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Full text of "Revue horticole : journal d'horticulture practique"

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HARVARD  UNIVERSITY 


OF  THE 


Received 


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in  2016  i I 


https://archive.org/details/revuehorticolejo1873unse 


REVUE 


HORTICOLE 


ANNÉE  1873 


ORLÉANS,  IMPRIMERIE  DE  G.  JACOB,  CLOÎTRE  SAINT-ÉTIENNE,  4. 


REVUE 


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HORTICOLE 

JOURNAL  D’HORTICULTURE  PRATIQUE 


Fondé  en  1 829  par  les  auteurs  du  Bon  Jardinier 


RÉDACTEUR  EN  CHEF  : M.  E.-A.  CARRIÈRE 


CHEF  DES  PÉPINIÈRES  AU  MUSÉUM 

ADMINISTRATEUR  : L.  BOURGUIGNON 


PRINCIPAUX  COLLABORATEURS  MM. 

D’AIROLLES,  ANDRÉ,  ANDRÉ  LEROY,  AIMÉ  DE  SOLAND,  AURANGE, 

BAILLY,  BALTET,  F.  BARILLET,  J.  BATISE,  BONCENNE,  BOSSIN,  BRIOT,  GARBOU, 
CLÉMENCEAU,  DELCHEVALERIE,  DENIS,  DUMAS, 

DUBREUIL,  DURUPT,  ERMENS,  FAUDRIN,  GAGNAIRE,  GLADY,  GROENLAND,  , 
HARDY,  HÉLYE,  HOULLET,  J.  LAFONT,  JEAN  SISLEY,  KOLB,  LACHAUME,  DE  LAMBERTYE, 
LAMBIN,  LAUJOULET,  LECOQ,  L.  LHÉRAULT,  MARTINS,  MAY,  G.  MINUIT, 
NARDY,  NAUDIN,  L.  NEUMANN,  D’OUNOUS,  PEPIN,  V.  PULLIAT,  QUETIER,  RAFARIN, 
J.  RAVENEL,  RIVIÈRE,  ROBINE,  ROUÉ,  O,  THOMAS,  TRUFFAUT,  VERLOT, 

A.  WESMAEL,  VILMORIN,  WEBER,  YSABEAU,  etc. 


45e  année.  — 1873 


\aris 

LIBRAIRIE  AGRICOLE  DE  LA  MAISON  RUSTIQUE 

2(5,  RUE  JACOB,  26 


1873 


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REVUE 


HORTICOLE 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quinzaine  de  décembre) 


Les  pluies  du  mois  de  décembre. — Don  fait  au  Muséum  à'wnP1w:nix  daciijlifera,  par  MM.  Ch.  Huber  et  C‘'. 
— La  sécheresse  à Montpellier.  — Destruction  des  fourmis  au  moyen  d’une  infusion  d’écorce  d'Osier  , 
communication  de  M.  Colin-Lebert.  — Les  espèces  di  Eucalyptus  cultivées  au  Fleuriste  de  la  ville  d( 
Paris.  — Le  Croton  pictum  et  le  C.  chrysostichum.  — Moyen  de  préserver  les  plantations  de  Pois  de^ 
attaques  des  rongeurs.  — Variétés  de  Rosiers  obtenues  par  la  greffe.  — Croissance  rapide  des  Cham- 
pignons : exemple  remarquable  fourni  par  un  Agaricus  campes  Iris.  — Conférence  du  docteur  Jeanne' 
au  Jardin  d’acclimatation  ; sa  théorie  sur  l’influence  des  arbres  dans  les  grandes  villes.  — Moyen  d( 
prévenir  les  inondations,  proposé  par  M.  Victor  Chatel.  — Continuation  de  l’Exposition  univei  selle  d( 
Lyon  en  1873.  — Action  de  la  tannée  sur  les  salades.  — Remarques  sur  quelques  variétés  de  Fraisiers  ; 
lettre  de  M.  Bouvet.  — Préparation  des  fonds  d’Artichauts.  — Pluies  continuelles  à Hyères  ; lettre  do 
M.  Nardy.  — Propriété  de  VEvonymus  radicans,  ^ ^ 


Si,  à l’exemple  de  presque  tout  le  monde, 
et  restant  dans  les  lieux  communs,  nous 
commencions  celte  chronique  par  ces  phra- 
ses banales  : cr  Quel  temps  ! Qu’allons-nous 
devenir?  etc.;  » en  un  mot,  si  nous  parlions 
« de  la  pluie  » et  «du  beau  temps,  » alors, 
suivant  notre  disposition  d’esprit , nous 
pourrions  dire  peu  ou  beaucoup , par 
exemple  que  depuis  plus  de  deux  mois  il 
pleut  à peu  près  tous  les  jours,  et  que 
le  beau  temps  est  presque  passé  à l’état  de 
mythe.  Si,  au  contraire,  essayant  de  tirer 
des  conséquences  de  cette  série  de  mauvais 
jours,  nous  entrions  dans  les  détails  afin 
d’en  montrer  les  résultats  acquis  ou  pro- 
bables, alors  les  si  et  les  mais  se  présente- 
raient en  telle  abondance,  que  ce  numéro 
ne  suffirait  même  pas  pour  les  enregistrer. 
Mais  à quoi  bon  ? et  à qui  cela  servirait -il, 
puisque  ça  ne  changerait  absolument  rien? 
Aussi,  au  lieu  de  gémir  et  de  récriminer, 
de  discourir  sur  le  temps  que  nous  ne  pou- 
vons changer,  acceptons-le  tel  qu’il  se  pré- 
sente, et  tâchons  d’en  tirer  le  meilleur  parti 
possible.  C’est  ce  que  nous  essaierons  de 
faire,  en  priant  nos  collaborateurs  de  nous 
continuer  leur  bienveillant  concours,  et  de 
nous  aider  de  leurs  lumières,  ainsi  qu’ils 
l’ont  fait  jusqu’à  ce  jour,  ce  dont  nous  les 
remercions. 


— Le  plus  fort,  et  probablement  le  plus 
beau  Dattier  qui,  de  mémoire  d’homme,  a 
vécu  en  France,  vient  de  mourir  à Hyères 
(Var),  dans  le  remarquable  établissement 
d'horticulture  de  MM.  Ch.  Huber  et  C‘e. 
dans  lequel  il  était  planté.  Voici  comment 
notre  collègue  et  collaborateur,  M.  Nardy, 
actuellement  chef  des  cultures  de  cet  éta- 
blissement, a raconté  le  fait,  dans  une  lettre 
qu’il  écrivait  à notre  collègue,  M.  Verlot, 
qui  a eu  l’obligeance  de  nous  la  communi- 
quer. La  voici  : 

Hyères,  8 décembre  1872. 

Cher  Monsieur  Verlot, 

Je  viens  de  faire  tomber  le  tronc  magnifique 
d’un  Phœnix  dactyliftra,  mort  cette  année  dans 
l’Établissement.  Cet  arbre,  qui  a 65  ans  d’âge, 
mesure  14  mètres  de  hauteur  du  sol  à la  cime, 
3m  70  de  circonférence  au  niveau  du  sol,  Im  95 
à la  moitié  de  la  hauteur,  et  !'«  50  tout  à fait  au 
sommet.  C’est  certainement  l’un  des  plus  beaux 
Dattiers  qui  a poussé  sur  le  sol  français. 

Sur  ma  demande,  M.M.  Huber  et  Cie  veulent 
bien  mettre  ce  tronc  à la  disposition  de  MM.  les 
administrateurs  du  Muséum  d’histoire  naturelle 
de  Paris,  où  il  irait  enrichir  les  collections  bota- 
niques françaises.  Il  est  bien  entendu  que  c’est 
à titre  complètement  gratuit,  et  que,  en  l’ac- 
ceptant, ces  Messieurs  n’auraient  qu’à  en  payei 
le  port. 

On  ne  peut  que  se  réjouir  en  apprenant 

1 


1er  JANVIER  1873. 


'6 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


cetfe  nouvelle.^  et  l’on  doit  surtout  remercier 
MM.  Ch.  Huber  et  C‘®  de  leur  grand  désin- 
téressement, et  d’avoir  bien  voulu  se  des- 
saisir, en  faveur  du  Muséum,  d’une  pièce 
aussi  remarquable,  et  dont  ils  auraient  pu 
tirer  un  bon  parti.  Ils  ont  préféré  faire  acte 
de  patriotisme  en  en  faisant  hommage  à 
leur  pays.  C’est  un  fait  qui  les  honore  et 
qui,  certainement,  ne  surprendra  pas  ceux 
qui  les  connaissent,  mais  qui  n’en  mérite 
:i|îc^s  moins  les  félicitations  et  les  remercî- 
ments  de  tous,  puisqu’il  est  fait  dans  l’inté- 
rêt de  tous. 

Espérons  que  l’administration  du  Muséum 
acceptera  l’offre  aussi  généreuse  que  désin- 
téressée de  MM.  Charles  Huber  et  C‘®,  et 
que  bientôt  ce  colosse  sera  placé  dans  les 
collections  botaniques  du  Muséum,  dont  il 
ne  sera  pas  la  pièce  la  moins  remarquable. 

— Tandis  que  l’ouest,  le  centre  et  le 
nord  de  la  France,  — pour  ne  parler  que 
de  notre  pays,  — sont  constamment  mouil- 
lés, il  fait  une.  sécheresse  extrême  dans  une 
partie  du  littoral  méditerranéen.  Ainsi,  à 
Montpellier,  en  ce  moment,  on  ferait  volon- 
tiers le  contraire  de  ce  que  l’on  fait  dans 
certaines  parties  du  nord  de  la  France  ; des 
prières  publiques  pour  obtenir  de  la  pluie. 
En  effet,  à Montpellier,  il  y a plus  de  deux 
mois  qu’il  n’est  tombé  d’eau.  Ici  tout,  là 
rien  (en  fait  de  pluie),  paraît  être  la  règle. 
Singulière  compensation  ! 

— On  ne  doit  être  indifférent  à quoi  que 
ce  soit  : toujours  il  y aura  à apprendre.  La 
nature  est  un  grand  livre  qui  est  continuel- 
lement ouvert,  mais  dans  lequel  il  faut  ap- 
prendre à lire.  Le  meilleur  maître,  c’est 
l’observation.  Très-souvent,  en  effet,  c’est 
en  s’occupant  d’une  chose  qu’on  en  trouve 
une  autre.  Les  exemples  abondent.  En  voici 
un  que  nous  fait  connaître  notre  collègue, 
M.  Colin-Lebert,  horticulteur  à Blois,  et  qui, 
nous  en  sommes  convaincu,  sera  bien  ac- 
cueilli de  nos  lecteurs.  Voici  ce  qu’il  nous 
écrit  : 

Blois,  17  novembre  1872. 

Monsieur  Carrière, 

Je  vois  à chaque  instant,  dans  la  Revue,  qu’il 
est  question  de  recherches  et  de  procédés  pour 
la  destruction  des  insectes  nuisibles  à l’horticul- 
ture. Ceci  me  rappelle  une  trouvaille  (c’est  le 
mol)  que  j’ai  faite,  et  que  plus  d’un,  j’en  suis 
certain,  sera  très-heureux  de  connaître.  Voici  : 

Je  me  sers  d’habitude,  pour  rapprocher  l’écus- 
son du  sujet,  de  pelure  ou  d’écorce  d’osier,  que 
je  fais,  au  préalable,  tremper  dans  l’eau,  soit 
dans  un  de  mes  bassins,  soit  dans  un  tonneau. 


La  pelure  retirée,  l’eau  a contracté  une  cou- 
leur noirâtre,  et  reste  imprégnée  d’une  odeur 
très-désagréable;  aussi,  la  besogne  terminée, je 
m’empresse  de  jeter  celte  eau. 

Craignant  qu’elle  soit  préjudiciable  à la  végé- 
tation, je  l’éloignais  de  toute  culture,  quand,  avi-  ;| 
sant  un  jeune  arbre  près  de  moi  qui  était  infesté 
de  fourmis,  je  l’aspergeai  de  cette  eau. 

Quel  ne  fut  pas  mon  étonnement  quand,  I 
quelques  instants  après,  je  vis  les  fourmis  tom- 
ber comme  frappées  de  mort  immédiate.  Je  ne  | 
m’attendais  pas  à un  succès  aussi  sérieux,  sur-  j 
tout  faisant  cela  au  hasard,  sans  but  arrêté  à 
l’avance.  Frappé  de  ce  résultat,  je  recommençai  | 
l’opération  sur  un  nid  ; cette  fois,  je  fus  certain 
de  l’effet  spontané,  et  j’en  conclus  que  cette  eau  , 
était  mortelle  aux  fourmis.  i| 

Ceci  établi,  j’avais  encore  une  chose  à recher-  j 
cher:  c’était  de  savoir  si  le  remède  ne  serait  pas  ; 
pis  que  le  mal. 

Les  fourmis  écartées,  l’arrosage  pouvait-il  in- 
commoder l’arbre  et  le  feuillage?  Après  plusieurs 
opérations,  je  conclus  négativement,  et  je  re-  J 
connus,  au  contraire,  que  les  arbres  débarras-  |, 
sés  de  ce  parasite  n’en  poussaient  que  plus  vi-  )•’ 
goureusement.  ! 

Vous  voyez.  Monsieur  le  rédacteur,  que  ce  | 
remède  est  bien  simple,  et  que  sans  frais  l’on 
peut  débarrasser  les  arbres  isolés  et  en  espa-  ; 
liers,  peu  importe,  de  ces  hôles  dangereux  : les 
fourmis.  | 

Si  vous  trouvez.  Monsieur  le  rédacteur,  que  ! 

cette  lettre  peut  être  de  quelque  utilité  à vos  j| 

abonnés,  je  vous  permets  de  lui  donner  la  pu-  | 

blicité  qu’il  vous  plaira.  ■ 

Agréez,  etc.  Colin-Lebert.  h 

— Aujourd’hui  que,  avec  raison,  les  i i 

idées  horticoles,  et  surtout  sylvicoles,  sont  ' 

aux  Eucalyptus,  il  n’est  pas  sans  in-  J! 
térêt,  croyons-nous,  de  faire  connaître  les  ' 
espèces  de  ce  genre  qui  sont  cultivées  au  ; 
Fleuriste  de  Paris,  et  dont  les  graines  ont 
été  données  par  M.  Ramel,  à qui  l’horticul-  ; 

ture  doit  tant,  et  dont  nos  lecteurs  ont  pu  i 

apprécier  le  zèle  et  le  désintéressement,  et  | 

quelques-unes  aussi  par  M.  Thozet,  bota-  j 

niste  français,  dont  nous  avons  parlé  dans  | 

un  des  précédents  numéros  de  ce  jour-  |’ 

nal  (1).  f 

Ce  sont  les  Eucalyptus  amygdalina  • 

(White  deppermint),  amygdalina  (Brown 
deppermint),  calophijlla,  coccifera,  colos-  | 

sea,  citriodora,  goniocalyx,  gigantea,  glo- 
hulus,  megacarpa,  mahogoni,  margi- 
nata,  occidentalis,  Risdoni,  rostrata,  puis 
une  espèce  innommée,  très-curieuse  par 
ses  feuilles  tout  à fait  laineuses,  et  trois 
autres  espèces,  dont  deux  sont  considérées 
comme  rustiques  et  pouvant  probablement 

(1)  V.  Revue  hort.,  1872,  p.  350.  > 


7 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


vivre  en  plein  air  sous  le  climat  de  Paris  ; 
Tune  d’elles  est  VEucalyptus  urnigera, 
trouvé  sur  le  mont  Wellington,  à une  très- 
grande  hauteur;  l’autre,  trouvée  dans  la 
même  localité,  est  sans  nom  ; quant  à la 
troisième,  elle  a été  trouvée  sur  le  mont 
Weller. 

A une  autre  époque,  alors  que  le  Fleu- 
riste de  Paris  était  dans  toute  sa  splendeur, 
le  nombre  des  espèces  d' Eucalyptus  était 
encore  beaucoup  plus  considérable.  En  voici 
l’énumération  : Eucalyptus  amygdalina 
argentea,  Blowood  tree,  coriacea,  capi- 
tellata,  cuprestinus,  carminata,  cornuta, 
elatus,  gigantea,  gig.  obliqua,  Gunnii, 
macrocarpa,  mennagum,  montana,  occi- 
dentalis,  odorata,  odor.  angustifolia,  pi- 
perita,  pendula,  Queen  of  Queen's,  ros- 
trata,  Rockingham-Bay , sideroxylon, 
sessilis,  Stuartiana,  salicifoUa,  stricta, 
tetraptera,  viminalis,  viminalis  glauca. 
Plus,  trente  espèces  inconnues  ou  innom- 
mées. 

Il  est  bien  entendu  que  nous  ne  garantis- 
sons pas  la  nomenclature  des  plantes  qui 
viennent  d’être  énumérées,  qui,  sans  aucun 
doute,  présente  des  inexactitudes  et  des 
doubles  emplois.  Mais,  en  admettant  qu’il 
faille  en  éliminer  au  moins  la  moitié,  il  en 
reste  encore  beaucoup  plus  que  n’en  pos- 
sèdent la  plupart  des  établissements  scienti- 
fiques. 

En  publiant  cette  liste,  nous  avons  voulu 
surtout,  tout  en  appelant  l’attention  sur  un 
genre  de  plantes  digne  d’intérêt,  montrer 
que  le  Fleuriste  de  Paris  n’a  pas,  comme 
tant  de  gens  le  prétendent  encore,  été  « une 
calamité  » pour  notre  pays,  et  qu’au  con- 
traire il  a rendu  d’immenses  services  à l’hor- 
ticulture et  à la  science,  qui,  il  faut  bien  le 
reconnaître,  n’en  a pas  profité,  les  savants 
en  général,  en  France,  ne  sortant  guère  de 
leur  cabinet  (1). 

— Bien  que  plusieurs  fois  déjà  nous  ayons 
recommandé  les  nouveaux  Crotons,  et  que 
ceux-ci  soient  réellement  très-beaux,  il  ne 
faut  pourtant  pas  oublier  les  anciens,  le 
Croton  pictum,  et  tout  particulièrement  aussi 
le  C.  chrysostichum,  qui,  à une  beauté  des 
plus  remarquables,  à un  très-beau  port  et  à 
un  feuillage  magnifique,  joint  une  vigueur 
peu  commune,  qui' en  fait  une  plante  vrai- 

(1)  Il  en  est  plusieurs  qui  n’ont  guère  connu  le 
Fleuriste  de  Paris  que  de  nom.  Pourtant,  combien 
ils  auraient  pu  voir  là,  à leur  porte,  de  choses  qu’on 
ne  trouverait  nulle  part  ailleurs  dans  les  cultures  ! 
Mais  il  aurait  fallu  se  déranger. 


ment  hors  ligne,  qui  se  ramifie  bien  et  cons- 
titue des  touffes  très-fortes  qu’on  peut 
employer  avec  un  grand  avantage  pour  i’or- 
nementation  des  appartements. 

Le  Croton  chrysostichum  est  une  forme 
fixée,  un  dimorphisme  du  C.  variegaturti, 
dont  il  ne  diffère  guère  que  par  le  pétiole  des 
feuilles,  qui  est  d’un  beau  rouge,  de  même 
que  l’écorce  des  jeunes  pousses.  Il  est  aussi 
un  peu  plus  vigoureux  que  le  C.  varie-^> 
gatum. 

— Arrivés  à l’époque  où  l’on  plante  les 
premiers  Pois,  nous  croyons  devoir  rappeler 
un  moyen  de  les  préserver  des  rongeurs  qui 
leur  font  une  guerre  active  pendant  tout  le 
temps  qu’ils  restent  dans  le  sol.  Ce  moyen, 
que  nous  avons  vu  employer  par  nos  grands 
parents,  consiste  à faire  tremper  les  Pois 
pendant  quarante-huit  heures  dans  une  forte 
décoction  froide  d’eau  de  suie.  Il  y a deux 
manières  de  procéder  pour  faire  cette 
décoction  : l’une  consiste  à mettre  de  la 
suie  dans  de  l’eau  froide,  où  elle  abandonne 
lentement  une  partie  de  ses  principes,  puis 
d’y  plonger  les  Pois,  qu’on  laisse  séjourner. 
L’autre  procédé,  qui  nous  paraît  préférable, 
consiste  à faire  bouillir  pendant  quelque 
temps,  pour  que  l’eau  dissolve  et  s’imprègne 
des  éléments  actifs  de  la  suie,  puis  de  lais- 
ser refroidir  et  de  décanter,  et  alors  de 
mettre  tremper  les  Pois  ainsi  qu’il  vient 
d’être  dit,  pendant  quarante-huit  heures 
avant  de  les  planter. 

Il  est  bien  entendu  que  nous  n^  garantis- 
sons pas  l’efficacité  de  ce  procédé  ; l’ayant 
vu  employer,  nous  le  rapportons,  en  enga- 
geant ceux  de  nos  lecteurs  qui  pourraient  le 
faire  de  l’essayer,  et  de  nous  faire  connaître 
les  résultats  qu’ils  auraient  obtenus,  que 
nous  nous  engageons  à publier. 

— Nous  appelons  dès  à présent,  et  d’une 
manière  toute  particulière,  l’attention  de  nos 
lecteurs  sur  un  article,  qu’on  trouvera  plus 
loin,  au  sujet  de  variétés  de  Rosiers  obte- 
nues par  la  greffe.  Si  le  fait  se  confirme,  il 
y aurait  là  une  nouvelle  et  probablement 
très-féconde  voie  d’ouverte  à l’horticulture, 
et  qui,  en  même  temps,  pourrait  jeter  un 
nouveau  jour  sur  la  physiologie. 

— Qui  n’a  dit  ou  n’a  entendu  dire  : « Ça 
vient  comme  des  Champignons?  » Cette  ex- 
pression, dont  on  se  sert  si  fréquemment 
dans  toutes  les  positions  et  conditions  so- 
ciales, s’emploie  surtout,  et  à peu  près  ex- 
clusivement, en  parlant  d’un  être  (végétal 


s CimONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


OU  animal)  dont  la  croissance  extrêmement 
rapide  paraît  s’opérer  sans  difficulté.  Elle 
est  basée  sur  la  croissance  des  Champi- 
gnons, qui,  dans  quelques  cas  et  pour  cer- 
taines espèces,  paraît  presque  instantanée. 
En  voici  un  exemple  remarquable  par  la 
rapidité  et  par  les  proportions  : 

Dans  les  premiers  jours  d’octobre  der- 
nier, à la  suite  de  pluies  orageuses,  il  se 
développa  tout  à coup,  dans  certaines  par- 
ties des  pépinières  du  Muséum,  des  Agarics 
comestibles  (Agaricus  campestris) , qui 
prirent  d’assez  fortes  dimensions  ; l’un 
d’eux  surtout  nous  frappa.  Ainsi,  le  5 au 
matin  il  se  montrait  à peine,  et,  en  soule- 
vant avec  précaution  la  terre  qui,  toute 
fendillée,  formait  une  petite  éminence,  on 
apercevait  une  petite  masse  sphérique  d’un 
aspect  gris  foncé,  pelucheux.  C’était  un 
Champigncn  de  l’espèce  précitée,  et  qui, 
vingt-quatre  heures  après,  présentait  les  di- 
mensions suivantes  : stipe,  15  centimètres 
de  longueur  ; chapeau,  20  centimètres  de 
diamètre.  Le  stipe,  dans  sa  partie  la  plus 
renflée,  qui  se  trouvait  à 4 centimètres  du 
sol,  mesurait  7 centimètres  de  diamètre.  Le 
poids  total  de  cet  Agaric  était  de  1 kil. 
l'7  gr.  Le  collier,  très-élargi,  non  déchiré, 
était  encore  très-frais,  ce  qui  peut  faire  sup- 
poser que  l’accroissement  de  ce  monstrueux 
cryptogame  n’était  pas  complet.  Nous  ajou- 
tons qu’il  était  très-sain,  d’une  saveur  déli- 
cieuse. 

— Le  23  juillet  1872,  M.  le  D^  Jeannel 
faisait,  au  Jardin  d’acclimatation  du  bois  de 
Boulogne,  une  conférence  sur  le  rôle  des 
arbres,  et  dans  laquelle  il  démontrait,  en 
s’appuyant  sur  des  preuves  qui  sont  loin 
d’être  dépourvues  de  valeur,  que  l’influence 
des  arbres  dans  les  grandes  villes,  comme 
Paris,  est  plutôt  mauvaise  que  bonne.  Mal- 
gré tout  ce  que  cela  a de  contraire  avec  les 
idées  qu’on  s’en  fait,  il  faut  bien  reconnaître 
que  M.  Jeannel  est  dans  le  vrai  sur  beau- 
coup de  points.  Aussi,  nous  n’hésitons  pas 
’i  recommander  la  lecture  de  cette  confé- 
rence, dont  un  compte-rendu  a été  publié 
dans  le  Dulletin  mensuel  de  la  Société 

acclimatation,  1872,  p.  532  et  suivantes, 
1 auquel  nous  nous  proposons  de  faire 
quelques  emprunts. 

— Un  de  ces  hommes  qu’on  est  à peu 
près  sûr  de  rencontrer  partout  où  il  y a 
[uelque  chose  d’utile  à faire,  qui  a publié  à 
ces  frais,  et  sans  espoir  d’en  retirer  le 
moindre  avantage,  une  grande  quantité  de 


circulaires,  de  mémoires,  d’opuscules,  etc., 
sur  les  diverses  parties  de  l’horticulture  et 
de  l’agriculture,  M.  Victor  Ghatel,  adres- 
sait, à la  date  du  18  novembre  dernier,  à 
M.  le  Ministre  de  l’agriculture,  une  lettre 
dans  laquelle  il  indiquait  différents  moyens 
préventifs  contre  les  inondations.  Ce  qui  fait 
la  force  des  arguments  de  M.  Chatel,  c’est 
que,  à l’appui  de  ses  dires,  il  indiquait  des 
faits.  Les  personnes  qui  voudraient  se  ren- 
seigner sur  ces  procédés  pourront  s’adres- 
ser à M.  Victor  Chatel,  à Campandré-Val- 
congrain  (Calvados). 

— C’est  une  affaire  à peu  près  décidée, 
l’Exposition  universelle  de  Lyon  reprendra 
son  cours  en  1873.  Voici  ce  que  nous  lisons 
dans  un  journal  lyonnais,  que  par  cette 
raison  nous  croyons  bien  renseigné,  la 
France  républicaine,  dans  son  numéro  du 
jeudi,  12  décembre  1872  : 

Lp  continuation  de  l’Exposition  pendant  Tan- 
née 1873  peut  être  considérée,  dès  maintenant, 
comme  un  fait  assuré.  La  souscription  du  capital 
nécessaire  à la  nouvelle  société  est  garantie,  de- 
puis plusieurs  jours  déjà,  par  des  arrangements 
spéciaux.  Il  ne  reste  plus  qu’à  accomplir  les  for- 
malités légales,  et  nous  savons  que  la  nouvelle 
administration  s’en  occupe  activement. 

On  nous  dit  d’autre  part  que  le  Conseil  muni- 
cipal est  tout  disposé  à favoriser  la  nouvelle  en- 
treprise aussitôt  qu’il  sera  saisi  des  questions 
qui  le  concernent. 

C’est  une  nouvelle  que  nos  lecteurs  ap- 
prendront avec  plaisir,  car  on  ne  peut  douter 
que  l’horticulture  y sera  représentée,  et 
d’une  autre  part  que,  profitant  de  l’expé- 
rience qu’ils  ont  pu  acquérir  pendant  l’ex- 
position de  1872,  les  horticulteurs  s’enten- 
dront mieux  sur  la  marche  à suivre,  qu’ils 
ne  commettront  pas  les  mêmes  fautes,  et 
qu’alors  tout  le  monde  y gagnera. 

— Tout  récemment,  en  parcourant  le 
jardin  d’un  de  nos  collègues,  et  en  exami- 
nant des  salades  de  diverses  natures  (Lai- 
tues, Romaines,  etc.),  nous  avons  été  frappé 
des  différences  considérables  que  présen- 
taient entre  elles  les  carreaux  où  elles 
étaient  plantées.  Cette  différence  était  telle 
que  certains  carreaux  paraissaient  avoir  été 
emblavés  très-longtemps  avant  les  autres, 
et  avoir  été  aussi  beaucoup  mieux  soignés, 
ce  qui  n’était  pas.  Elle  était  due  tout 
simplement  à une  petite  épaisseur  de  vieille 
tannée  dont  on  avait  recouvert  la  terre  avant 
de  repiquer  les  plants.  Quant  aux  soins,  ils 
avaient  été  absolument  les  mêmes,  et  toutes 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


ces  plantes  étaient  placées  dans  des  condi- 
tions à peu  près  identiques.  On  ne  pouvait 
donc  nier  que  cette  luxuriance  ne  fût  due  à 
l’influence  de  la  tannée  ; ce  qui  le  démontre, 
c’est  que  dans  les  autres  carreaux,  où  la 
terre  avait  pourtant  été  recouverte  d’un 
paillis,  les  plantes  étaient  beaucoup  moins 
belles. 

— Nos  lecteurs  n’ont  pas  oublié  le  très- 
intéressant  article  sur  la  culture  des  Frai- 
siers, par  notre  collègue,  M.  Robine,  et  que 
nous  avons  publié  dans  la  Revue  horticole 
(1872,  p.  410).  A ce  sujet,  nous  avons  reçu 
une  lettre  qui  peut  être  considérée  comme 
un  complément  et  une  confirmation  du  con- 
tenu de  cet  article.  La  voici  : 

Saint-Servan,  12  novembre  1872. 

Monsieur  et  ami, 

C’est  avec  un  très-vif  intérêt  que  j’ai  lu  l’ar- 
ticle de  M.  Robine  sur  les  Fraisiers;  on  ne  peut 
s’exprimer  plus  clairement  et  plus  à la  portée  de 
tout  le  monde.  La  culture  de  ces  plantes  pa- 
raîtra très-facile  à ceux  qui  voudront  lire  cet 
article  avec  attention.  Je  connais  un  certain 
nombre  des  Fraises  qu’il  recommande  dans  sa 
liste  des  24  variétés  ; je  suis  sûr,  d’ailleurs,  de 
les  posséder  identiquement,  puisque  je  les  tiens 
de  M.  Gloède,  un  de  nos  meilleurs  propagateurs 
de  Fraises. 

Je  connais  parfaitement  les  variétés  nos  2, 
3,  4,  5,  6,7,11,12,15,  17,  18,  19,  23  et  24(1); 
je  peux  donc  me  permettre  d’ajouter  aux  des- 
criptions de  M.  Robine  quelques  observations, 
qui,  je  l’espère,  pourront  être  utiles  aux  ama- 
teurs. 

May  queen  a toujours  beaucoup  mieux  réussi 
chez  moi  que  Princess  of  Wales,  qui,  toutes 
choses  égales  d’ailleurs,  prend  beaucoup  plus  de 
place  par  l’étendue  de  ses  feuilles,  et  donne 
beaucoup  moins  de  fruits,  quoiqu’il  soit  plus 
beau  et  meilleur.  De  plus,  May  queen  ]omt  à sa 
précocité  et  à son  extrême  fertilité  l’avantage  de 
remonter  quelquefois.  Un  de  mes  amis,  qui  la 
cultive  sur  une  certaine  étendue,  en  cueille  sou- 
vent de  petites  assiettées  à l’automne. 

Victoria  Trolloppe.  Son  défaut  est,  il  est  vrai, 
d’être  trop  tendre  ; mais  c’est  surtout  dans  les 
années  humides  et  dans  les  terres  froides.  En  la 
cultivant  dans  une  terre  sableuse,  je  l’ai  vue 
donner  des  fruits  de  toute  première  qualité, 
presque  comparables  à ceux  de  la  British  queen; 
quant  à la  fertilité,  elle  est  très-grande.  C’est 
une  variété  d’autant  plus  avantageuse,  que  ses 
fleurs  n’avortent  presque  jamais,  et  que  ses 
fruits  sont  d’une  beauté  et  d]une  égalité  remar- 
quables. Je  ne  saurais  trop  recommander  la  cul- 
ture en  grand  de  cette  variété  dans  toutes  les 
terres  sablonneuses  qui  avoisinent  la  mer. 

(1)  Voir  l’article  Les  Fraisiers,  Rev.  hort.,  1.  c. 


9 

Les  Caprons.  En  les  plantant  en  terre  fraîche, 
bien  amendée  avec  du  terreau  consommé,  et  en 
les  arrosant  plus  abondamment  que  d’autres 
Fraisiers,  j’en  obtiens  des  fruits  de  «lenxièmc 
grosseur,  parfois  plus  gros  que  May  queen.  En 
soutenant  les  hampes  avec  de  petits  tuteurs, 
comme  le  conseille  M.  Gloède  dans  son  ouvrage: 
Les  bonnes  Fraises,  j’ai  obtenu  de  la  Belle-Bor- 
delaise un  coloris  foncé  magnifique.  En  général, 
les  Caprons  ne  sont  pas  assez  cultivés.  Tout 
amateur  devrait  en  avoir  une  planche  dans  sa 
collection.  Le  fruit,  mangé  seul,  a,  il  est  vrai, 
un  parfum  très-prononcé,  et  qui,  pour  cette 
raison,  peut  plaire  aux  uns  et  déplaire  aux 
autres;  mais  mélangé  aux  Fraises  améiicaines, 
ou  à de  la  crème,  il  est  excellent  et  plaît  géné- 
ralement. 

Il  est  un  autre  Fraisier  qui  ne  se  trouve  pas 
dans  la  liste  de  M.  Robine,  qui,  je  pense,  ne 
m’en  voudra  nullement  d’ajouter  une  vingt-cin- 
quième variété.  C’est  le  Sir  Harry.  La  plante 
est  d’une  fertilité  incomparable.  J’ai  eu  cette  an- 
née, sur  une  touffe  de  trois  ans,  221  Fraises, 
sans  compter  les  petites  fleurs  secondaires  ; de 
plus,  ce  Fraisier  remonte  très-souvent  (du  moins 
chez  moi).  Sur  21  pieds  que  je  possède,  j’en  ai 
eu  13  qui  ont  parfaitement  remonté  cet  automne. 
J’ai  encore  cueilli,  le  6 novembre  dernier,  des 
Fraises  Sir  Harry  du  plus  beau  coloris,  et  tout 
le  monde,  à Saint-Servan,  est  surpris  de  voir  en- 
core des  Fraises  dans  mon  jardin.  Les  fruits  de 
cette  variété  ne  laissent  absolument  rien  à dé- 
sirer pour  la  qualité,  qui  est  au  moins  égale  à 
celle  de  British  queen;  si  elle  est  un  peu  moins 
sucrée,  elle  a beaucoup  plus  de  parfum.  La  gros- 
seur est  considérable  (15  à 20  grammes  en 
moyenne,  atteignant  très-souvent  30  et  au-dessus, 
et  j’en  ai  même  obtenu  l’année  dernière  qui  pe- 
saient jusqu’à  37  grammes). 

Au  moment  où  j’écris,  j’ai  encore  de  très- 
belles  Fraises  sur  mes  touffes  Sir  Harry.  Si  le 
mois  de  novembre  continuait  à être  chaud,  elles 
pourraient  mûrir,  si  toutefois  les  limaces,  très- 
abondantes  à cette  époque  de  Tannée,  ne  les 
attaquaient  pas. 

Agréez,  etc.  E.  Bouvet. 

— Une  recette  qui  intéresse  à la  fois  les 
horticulteurs,  les  jardiniers,  les  amateurs, 
les  ménagères,  et  même  tous  les  gourmets, 
quel  qu’en  soit  le  sexe  et  la  position,  a 
toute  chance  d’être  bien  accueillie.  Telle  est, 
ce  nous  semble,  celle  dont  nous  allons  par- 
ler. Il  s’agit  de  fonds  d' Artichauts  préparés 
de  manière,  sinon  à remplacer,  du  moins  à 
tenir  lieu  de  Champignons. 

Le  moyen  est  bien  simple  ; le  voici  en 
deux  mots.  On  choisit  des  Artichauts  bien 
mûrs  ; on  en  enlève  les  feuilles,  qu’on  peut 
alors  manger  si  Ton  veut,  puis  vient  le  tour 
des  organes  floraux,  qu’on  nomme  vulgai- 
rement foin.  Ceci  terminé,  on  fait  blanchir 
dans  de  Teau,  à laquelle  on  ajoute  un  peu 


10 


LÎLIUW  TIGRINUM  FLORE  PLENO. 


fie  sel,  puis  on  retire  ces  foiids  d’Arti- 
cliauts  ; on  les  laisse  ressuyer,  et  on  les 
met  quelque  temps  dans  un  four,  ainsi 
qu’on  le  fait  soit  des  pruneaux,  soit  de  dif- 
férents légumes  qu’on  veut  conserver,  opé- 
ration qu’on  répète  si  on  le  juge  nécessaire. 
Quand  ils  sont  bien  desséchés,  on  les  met 
dans  des  sacs  de  papier  ou  de  toile,  qu’on 
suspend  dans  un  endroit  quelconque  à l’abri 
de  l’humidité,  où  ils  peuvent  se  conserver 
presque  indéfiniment. 

Lorsqu’on  veut  manger  ces  fonds  d’Ar- 
tichaiits,  on  en  prend  la  quantité  dont  on  a 
besoin,  et  on  les  plonge  dans  de  l’eau  tiède 
pendant  quelques  instants,  afin  de  les  faire 
ramollir  {revenir,  en  terme  culinaire)  ; en- 
suite on  les  accommode  soit  au  beurre,  soit 
à la  graisse,  — on  les  fait  sauter,  comme 
l’on  dit,  — ou  bien  on  les  fait  entrer  dans 
les  ragoûts,  absolument  comme  s’il  s’agissait 
de  Champignons. 

Ainsi  préparés,  ces  fonds  d’ Artichauts 
sont  très-bons,  et  constituent  un  mets  aussi 
sain  qu’agréable  à manger. 

•—  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  environs 
de  Paris  qui  souffrent  des  pluies  à peu  près 
continuelles  ; le  sud-est  non  plus  n’est  guère 
plus  épargné.  Ainsi,  dans  une  lettre  qu’il 
nous  écrit  d’Hyères,  notre  collègue,  M.  Nar- 
dy,  nous  dit  : 

LILIÜM  TIGRINl 

La  magnifique  espèce  qui  est  représentée 
ci-contre,  et  dont  nous  allons  donner  la  des- 
cription, est  originaire  du  Japon,  d’où  elle  a 
été  introduite  par  M.  le  comte  de  Monte- 
bello,  il  y a trois  ans,  au  Jardin  d’acclima- 
tation, où  elle  a fleuri  et  où  nous  l’avons 
fait  peindre.  Son  port,  ses  feuilles,  en  un 
mot  son  faciès,  rappellent  celui  du  type  : 
Lilium  tigrmum,  qui,  comme  on  le  sait, 
est  une  des  jolies  espèces  du  genre. 

Le  L.  tigrinum  flore  pleno  a les  boutons 
un  peu  plus  courts  que  ceux  du  type  ; ses 
fleurs,  qui  sont  nombreuses  et  disposées 
comme  celles  de  ce  dernier,  ont  les  pétales 
un  peu  plus  étroits,  imbriqués  et  presque 
opposés  les  uns  aux  autres,  de  sorte  qu’ils 
se  recouvrent  un  peu  et  forment  comme  une 
étoile  à six  branches.  La  couleur  est  aussi 
la  même  que  celle  du  type,  mais  les  ponc- 
tuations sont  un  peu  plus  étroites. 

Dans  l’envoi  fait  au  Jardin  d’acclimatation 
par  M.  le  comte  de  Montebello,  se  trouvait, 
avec  deux  Oignons  de  la  variété  à fleurs 


Des  pluies  diluviennes,  et  qui  durent  depuis 
plus  de  deux  mois  dans  notre  région,  ont  nui  au 
bon  développement  de  certains  végétaux  cultivés 
ici  pour  l’approvisionnement  hivernal  de  Paris. 
Ce  sont  surtout  les  Chicorées  et  les  Artichauts. 
Les  beaux  jours  [sont  ardemment  désirés.  Notre 
pauvre  pays  est  en  proie  au  désordre  apparent 
dans  l’ordre  météorologique. 

— Une  propriété  peu  connue  que  possède 
V Evonymus  radicans,  dont  plusieurs  fois 
déjà  nous  avons  parlé  et  recommandé  pour 
la  confection  des  bordures,  à laquelle,  du 
reste,  ilj  est  éminemment  propre,  est  de 
pouvoir,  comme  le  Lierre,  s’attacher  après 
les  murs  et  de  les  cacher.  C’est,  du  reste, 
une  propriété  que  semble  indiquer  le  quali- 
ficatif radica?is.  Nous  ne  disons  pas,  toute- 
fois, quel’L'.  radicans  peut  et  doit  rempla- 
cer le  Lierre,  qui  'est  irremplaçable  dans 
beaucoupMe  cas,  mais  qu’on  peut  l’employer 
d’une  manière  analogue.  Rappelons  aussi 
que  cette  espèce  vient  bien  à l’ombre , 
comme  le  Lierre  encore;  qu’on  peut  l’em- 
ployer pour  couvrir  le  sol  là  ou  peu  de  vé- 
gétaux pourraient  pousser.  Chercher,  étu- 
dier les  choses  en  vue  d’en  faire  l’application, 
est  un  des  plus  beaux  rôles  réservés  à 
l’homme. 

E.-A.  Carrière. 


[ FLORE  PLENO 

doubles  dont  nous  parlons,  un  Oignon  qui, 
mis  en  pot  avec  d’autres  appartenant  au  L. 
tigrinum,  a produit  une  plante  qui  en  diffère 
néanmoins  d’une  manière  tellement  sen- 
sible, que  certains  botanistes  la  considèrent 
comme  une  espèce  distincte,  tandis  que 
d’autres  en  font  une  variété  du  L.  tigri- 
num. M.  Duchartre,  dans  la  séance  du 
22  août  1872  de  la  Société  centrale  d’horti- 
culture de  France,  en  parle  ainsi  dans  son 
compte-rendu  ; 

«...  Cet  Oignon  a été  planté  dans  le  même 
pot  que  deux  autres  appartenant  réellement 
au  L.  tigrmum  type.  Il  a donné  une  tige 
haute  de  près  de  1 mètre,  assez  grêle,  verte, 
mais  pointillée  abondamment  de  rouge 
brun  sur  sa  partie  inférieure,  qui  portait 
des  feuilles  semblables  à celles  du  L.  tigri- 
num pour  la  forme,  la  direction,  la  consis- 
tance, et  parcourues  également  par  trois  ou 
plus  rarement  cinq  nervures  ; seulement  il 
n’est  pas  venu  de  bulbilles  à l’aisselle  de  ces 
feuilles.  Cette  tige  se  terminait  par  une 


ccreiox^,  deL. 


PNC  //orfi<‘o/c  . 


Li/iiun  tf^/Y/in///  ^y<97Y  p/7^/ic> 


CULTURE  DU  TRITELEFA  UNIFLORA  FUR  SOUCOUPES. 


11 


seule  fleur  nutante,  semblable,  pour  la  gran- 
deur, la  forme  et  la  maculature,  à celles  du 
L.  tigrinum,  mais  dont  la  couleur  générale 
était  un  jaune  citron  verdâtre  assez  pâle  ; 
de  plus,  les  pièces  du  périanthe  étaient  la- 
vées de  rouge  vers  leurs  bords,  dans  leur 
partie  inférieure,  à leur  face  interne.  M.  Du- 
chartre  croit  qu’on  ne  peut  voir  dans  ce  Lis 
qu’une  variété  de  Lis  tigré  ; seulement  ce 
serait  une  variété  encore  inconnue  en  Eu- 
rope, qu’il  n’a  vue  mentionnée  nulle  part. 
Cette  variété  serait,  en  outre,  intéressante 
comme  formant  un  intermédiaire  entre  le 
L.  tigrinum  proprement  dit  et  la  plante 
japonaise  que  M.  Laiton  Hooker  a publiée 
comme  une  espèce  particulière  sous  le  nom 
de  L.  Leichtlinii,  et  dans  laquelle  la  fleur 
est  décrite  comme  étant  d’un  beau  jaune 
d’or  uniforme,  maculée  de  même.  Il  en  ré- 
sulterait probablement  que  cette  dernière 

CULTURE  DU  TRITELEIA  T 

Vers  le  milieu  du  mois  de  février  dernier, 
on  pouvait  remarquer  dans  notre  maison  de 
commerce,  20,  quai  de  la  Mégisserie,  de 
charmantes  soucoupes  remplies  de  mousses 
fraîches  ou  de  gazons  fins,  serrés,  et  d’un 
beau  vert,  sur  lesquels  tranchaient  les  élé- 
gants coloris  des  fleurs  de  plusieurs  jolies 
plantes  bulbeuses,  telles  que  : Ornithogale 
d’Arabie,  Crocus  variés,  Scilla  divers,  etc. 
A la  même  époque,  les  amateurs  de  plantes 
fleuries  pour  appartements  ont  pu  remar- 
quer aussi  dans  notre  établissement,  où  ils 
avaient  été  soumis  au  même  mode  de  trai-' 
tement,  des  Triteleia  uniflora,  jolie  Liliacée 
du  Texas,  et  que  tout  le  monde  connaît.  Di- 
sons de  suite  que,  à notre  connaissance  du 
moins,  c’était  la  première  fois  que  cette 
plante  était  cultivée  ainsi.  Nous  ne  pensons 
pas,  en  effet,  cp’aucune  personne  ait  songé 
à Tutiliser  de  cette  façon.  A ce  titre,  nous 
croyons  être  utile  aux  amateurs  en  donnant 
quelques  renseignements  sur  la  manière 
que  nous  avons  employée  pour  obtenir  le 
résultat  qu’on  a pu  constater. 

Le  moment  le  plus  convenable  pour  plan- 
ter les  Oignons  de  Triteleia  est  novembre 
et  décembre  ; mais  on  peut  réussir  aussi  en 
ne  plantant  qu’en  janvier.  Le  mode  de  plan- 
tation est  aussi  simple  que  possible.  On 
prend  de  la  mousse  ordinaire  {Hgpnum 
triquetrum  ou  IL  cupressi forme),  natu- 
relle et  non  teinte,  qu’on  humidifie  si  elle  est 
trop  sèche,  et  l’on  en  emplit  les  assiettes  ou 
soucoupes  qu’on  destine  à cette  culture. 


espèce,  à laquelle  M.  Baker  lui-même  a fait 
grâce  dans  son  récent  travail  sur  le  genre 
Lis,  ne  serait  qu’une  variété  du  L.  tigri- 
num, ainsi  que  le  présumait  Lemaire  {Illust. 
hort.,  1808,  pl.  540).  Toutefois,  M.  Du- 
chartre  ajoute  que,  n’ayant  encore  jamais  eu 
occasion  de  voir  le  L.  LeichÜinii  en  nature, 
il  n’exprime  cette  idée  qu’avec  toute  ré- 
serve. )) 

Le  L.  tigrinum'  flore pleno  est  tout  aussi 
rustique  que  le  type;  sa  culture  et  sa  mul- 
tiplication sont  également  semblables  à celles 
de  ce  dernier.  Comme  lui  aussi,  on  le  mul- 
tiplie par  bulbilles,  et,  à défaut  de  celles-ci, 
par  boutures  d’écailles.  On  peut  se  procurer 
cette  espèce,  en  oignons  de  force  à fleurir, 
chez  MM.  Vilmorin-Andrieux  et  C^®,  4,  quai 
de  la  Mégisserie,  à Paris. 

E.-A.  Carrière. 


NIFLORA  SUR  SOUCOUPES 

Les  assiettes  ou  les  soucoupes  que  nous 
employons  à cet  usage  ont  environ  20  cen- 
timètres de  diamètre  sur  3 de  profondeur. 
On  place  simplement  les  bulbes  sur  un  petit 
amas  de  l’une  des  mousses,  et  l’on  a soin 
de  tenir  dans  les  assiettes  ainsi  parées  une 
certaine  quantité  d’eau  qui,  dans  aucun  cas, 
ne  devra  cependant  dépasser  la  moitié  de 
la  profondeur  des  soucoupes.  La  plantation 
opérée,  on  transporte  ces  assiettes  ou  sou- 
coupes dans  un  lieu  un  peu  obscur,  comme 
on  le  fait  en  général  pour  les  plantes  bul- 
beuses qu’on  cultive  en  vase  percé  ou  sur 
carafe.  Une  cave,  une  armoire,  peuvent 
parfaitement  remplir  ce  but.  L’obscurité, 
comme  aussi  une  température  un  peu  éle- 
vée, et  surtout  humide  et  régulière,  favo- 
risent considérablement  l’émission  des  ra- 
cines. Quant  celles-ci  sont  assez  nombreuses 
et  suffisamment  développées,  ce  qui  a lieu 
d’ordinaire  au  bout  du  laps  de  temps  que 
nous  avons  indiqué,  on  transporte  les  sou- 
coupes dans  un  lieu  bien  éclairé,  et  où  les 
plantes  ne  puissent  être  atteintes  par  la  ge- 
lée. La  floraison  des  Tritéléias  ainsi  traités 
s’effectue  en  général  trois  mois  après  le  pla- 
cement de  leurs  bulbes  tel  que  nous  l’avons 
indiqué. 

On  peut  enjoliver  ces  sortes  d’ornements 
par  le  semis  de  Graminées  à feuillage  fin  et 
ténu;  mais  on  ne  doit  semer  ces  graines 
qu’environ  six  semaines  ou  deux  mois  après 
la  plantation  des  bulbes,  afin  d’obtenir,  en 
même  temps  qu’une  verdure  qui  n’est  pas 


12 


YxVUIÉTÉS  DE  ROSES  OBTENUES  PAR  LA  GREFFE. 


sans  effet,  la  floraison  toujours  assurée  de 
la  plante.  Une  simple  bordure  de  gazon  en- 
tourant l’assiette  est  plus  élégante  que  le 
résultat  d’un  semis  de  même  nature  tait  en 
plein  ; car.il  y aurait  toujours  dans  ce  der- 
nier cas  une  confusion  regrettable.  De  plus, 
la  tonte  du  gazon,  qu’on  peut  effectuer  avec 
des  ciseaux,  est  rendue  plus  facile  lorsqu’on 
n’a  affaire  qu’à  une  bordure  extérieure. 

Les  mousses  ordinaires,  qu’on  trouve  dans 
le  commerce  {Ilypnum  triquetrum  et 
autres),  sont  très-bonnes  pour  cette  culture. 
Toutefois,  nous  avons  cru  remarquer  que 
les  diverses  espèces  de  sphagnum  leur 
étaient  préférables. 

Le  Triteleia  uniflora  est,  sans  contredit, 
parmi  toutes  les  plantes  bulbeuses  que  nous 
avons  essayé  de  cultiver  ou  plutôt  de  sou- 
mettre au  mode  de  traitement  précité,  celle 
qui  pousse  le  plus  rapidement.  Planté  en 
octobre  ou  en  novembre,  il  produit  tout 
l’hiver  un  feuillage  élégant  qui  n’est  pas 
sans  mérite,  et  qui  persiste  jusqu’à  la  fin  de 
la  floraison  de  la  plante.  Celle-ci,  par  le 
développement  successif  des  inflorescences 


de  chaque  bulbe,  ne  dure  pas  moins  d’un  T 
mois  à[^cinq  semaines. 

Nous  croyons  que  toutes  les  plantes  bul- 
beuses à floraison  vernale,  ainsi  que  la  ma- 
jorité de  celles  qu’on  cultive  sur  carafes, 
peuvent  se  prêter  à cette  culture  de  fantai- 
sie. Telles  sont  ; les  Scilla,  les  Jacinthes,  ; 

les  Ornithogales,  l’Iris  de  Perse,  les  Nar-  | 

cisses,  etc.  Enfin,  nous  avons  parfaitement  I 

réussi  par  ce  procédé  à cultiver  des  Perce-  j 

Neige,  des  Tulipes  Duc  de  Thol  et  Tour-  i 

nesol,  voire  même  le  Camassia  esculenta 
ou  Quamasch  des  Mexicains.  Notons  toute-  ■' 
fois  que  les  Tulipes  restent  fort  longtemps 
sur  la  mousse  sans  émettre  de  racines;  mais 
quand  celles-ci  ont  commencé  à apparaître, 
leur  accroissement  est  assez  rapide.  Le  dé-  : 
veloppement  des  feuilles  et  des  fleurs  ne 
tarde  pas  non  plus,  ce  premier  résultat  ob-  i 
tenu,  à se  produire  d’une  façon  le  plus  sou- 
vent satisfaisante.  Nous  avons  essayé,  il  y a ' 
quelques  années,  de  cultiver  en  carafes 
VAletris  capensis  ; le  résultat  a été  si  com- 
plet, qu’il  n’a  pas  été  longtemps  sans  être 
remarqué.  A.  Legaron. 


VARIÉTÉS  DE  ROSES  DETENUES  PAR  LA  GREFFE 


IIAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DÉLÉGUÉE  PAR  L 
A Monsieur  Zenone  Zen. 

Le  rapport  suivant  lui  est  communiqué, 
après  avoir  été  approuvé  par  l’Institut 
royal,  dans  la  séance  du  22  juillet  de  cette 
année. 

La  communication  en  a été  faite  sur  la 
demande  déposée  le  21  juin  1871,  sous  le 
n°  319. 

Le  Secrétaire  et  membre  de  l’Institut  royal, 

Na  MI  AS. 

((  L’honorable  M.  Zenone  Zen,  de  A'enise, 
qui  cultive  avec  passion  et  intelligence  une 
nombreuse  collection  de  Roses  dans  le  jardin 
de  sa  propriété,  situé  près  de  la  fondation 
du  Carminé,  annonçait  par  sa  lettre  du 
24  juin,  enregistrée  sous  le  n®  319,  qu’après 
de  longues  éludes  et  de  longues  expériences, 
il  avait  réussi  à obtenir  d’estimables  variétés 
dans  les  fleurs  des  Roses,  par  la  simple 
greffe. 

(L  Afin  de  s’assurer  la  propriété  de  son 
invention,  il  insistait  pour  que  le  fait  qu’il 
exposait  fût  reconnu  par  notre  Institut 
même.  En  conséquence,  la  présidence  délé- 
guait MxM.  Visiani  et  Zanardini  dans  ce  but. 


/INSTITUT  ROi'AL  DE  VENISE  LE  5 AOUT  1872 

au  cas  où  les  résultats  des  expériences  qui 
devaient  s’effectuer  avec  leur  concours  mé- 
riteraient d’accorder  cette  demande. 

c(  Au  mois  de  septembre  suivant,  M.  Zen, 
en  présence  d’un  des  soussignés,  demeurant 
à Venise,  commença  trois  essais  de  preuves 
avec  les  Roses  connues  dans  les  jardins  sous 
le  nom  de  Malmaison  ruhra,  Colonel 
Foissy  et  Cardinal  Patrizy.  Désirant  lui- 
même  procéder  avec  une  rigueur  qui  ga- 
rantît l’authenticité  des  expériences,  il  prit 
les  bourgeons  sur  des  rameaux  qui  portaient 
des  fleurs  des  variétés  mentionnées,  et  les 
greffes  en  écusson  pratiquées  avec  ces 
bourgeons  furent  fermées  par  des  rubans  à 
fil  de  plomb,  timbrés  à chaque  extrémité 
avec  de  la  cire  à cacheter  portant  l’empreinte 
de  notre  cachet.  Toutes  ces  greffes  réussi- 
rent bien,  et  les  deux  premières  donnèrent 
des  fleurs  en  mai  dernier.  Nous  avons  at- 
tendu en  vain  la  floraison  de  la  troisième, 
la  pousse  nouvelle  ayant  été  piquée  et  cor- 
rodée par  les  insectes.  Mais  les  deux  pre- 
miers essais  ont  suffi  pour  nous  montrer  des 
fleurs  bien  diverses  par  la  forme,  par  la 
teinte  et  })ar  certaines  taches  ou  pana- 
chures  de  couleur  plus  inte7ise.  Après  di- 
verses interrogations  et  diverses  questions 


1 


CERISE  A COLLIER. 


13 


que  nous  fîmes  à l’operateur,  nous  eûmes 
les  dérlaraiions  suivantes  : 

((  1"  Que  dans  la  deuxième  et  même  dans 
la  troisième  année,  quand  les  greffes  de- 
viennent robustes  et  déploient  une  grande 
vigueur,  les  panachures  se  détachent  da- 
vantage avec  des  teintes  également  plus 
vives  ; et,  en  effet,  nous  vîmes  d’autres  va- 
riélés  obtenues  par  lui,  de  plus  vieille  date, 
à panachures  bien  prononcées,  et  dont  les 
teintes  étaient  vraiment  brillantes  ; 

((  2o  Que  ces  variétés  se  maintiennent 
constantes,  tant  par  marcottes  que  par 
greffes  ordinaires,  en  fente  ou  en  écusson  ; 

((  3»  Que,  si  on  les  perd,  on  peut  les  re- 
produire en  répétant  l’opération  dans  des 
conditions  identiques  ; 

« Que  toutes  les  espèces  de  Roses  ne 
donnent  pas  les  mêmes  résultats.  Il  y en  a 
quelques-unes  qui  donnent  des  variétés  plus 
marquées  et  plus  belles. 

« Ignorant  complètement  le  procédé  dont 
on  se  sert  en  dehors  de  l’opération,  qui  ne 
diffère  en  rien  de  celle  qu’on  pratique  ordi- 
nairement pour  la  greffe  en  écusson,  nous 
devons  nous  borner  à attester  simplement  le. 
fait,  et  à affirmer  que  les  fleurs  que  nous 
avons  vues  sont  hien  différentes  de  celles 
des  rameaux  sur  lesquels  on  avait  pris  les 
bourgeons  greffés. 

((  M.  Zen,  dans  sa  lettre  citée  ci-dessus, 
se  montre  disposé  à communiquer  sa  ma- 
nière d’opérer  à l’Institut,  ce  qui  serait  à 
désirer  ; car  ce  n’est  que  lorsque  le  procédé 
sera  connu  qu’on  pourra  interroger  la  science 
pour  essayer  d’en  avoir  quelque  réponse, 
qui  nous  donnerait  peut-être  l’explication 
des  résultats  obtenus. 

(ü  Ajoutons  que  si  cette  méthode  était 
connue  et  répandue,  les  expériences  se  mul- 
tiplieraient sur  une  plus  large  échelle  pour 

CERISE  l 

La  variété  dont  nous  allons  parler  n’a 
rien  de  particulier  en  ce  qui  concerne  l’ar- 
bre, qui  ressemble  assez  exactement  par  son 
aspect  aux  Cerisiers  francs  de  pieds,  si  com- 
muns à peu  près  partout,  et  que,  par  con- 
séquent, tout  le  monde  connaît.  Les  feuilles, 
largement  ovales-elliptiques,  sont  coriaces, 
fortement  nervées,  brusquement  arrondies 
au  sommet  qui  est  terminé  en  une  pointe 
cuspidée  courtement  obtuse,  à dents  assez 
profondes  ; le  pétiole,  rouge  foncé,  porte 
près  de  son  sommet  deux  larges  glandes  ré- 
niformes.  Les  fleurs  ne  présentent  rien  de 


recberclier  jusqu’à  quel  point  on  peut  l’ap- 
pliquer à d’autres  plantes  d’ornement  et  aux 
arbres  fruitiers  même,  afin  de  s’assurer  si 
l’art  du  jardinage  et  l’industrie  horticole 
pourraient  en  tirer  avantage. 

<^  Quoi  qu’il  en  soit,  laissant  au  temps  à 
juger  de  quelle  importance  et  de  quelle  uti- 
lité peut  être  la  découverte  de  M.  Zen,  nous 
pensons  que  [dès  à présent  on  lui  doit  des 
éloges  et  des  encouragements  pour  les  soins 
assidus  qu’il  met  à augmenter  d’une  ma- 
nière bien  plus  facile,  plus  prompte  et  plus 
sûre,  le  nombre  des  variétés  d’une  plante 
qui,  avec  raison,  est  généralement  consi- 
dérée comme  la  reine  des  fleurs. 

((  Signé  : Professeur  De  Visiani, 
D*"  Zanardini,  rapporteur. 

((  Pour  copie  conforme, 

« Luigi  Morossi.  » 

Cet  article,  dont  nous  devons  la  commu- 
nication à l’obligeance  de  notre  ami,  M.  Jean 
Sisley,  et  qui  a été  traduit  du  Giardini, 
journal  de  la  Société  horticole  de  Lom.bardie 
(Milan,  octobre  1872),  est  des  plus  intéres- 
sants. Les  faits  qu’il  contient  sont  tellement 
différents  de  tout  ce  que  l’on  connaît  en 
horticulture,  que,  si  n’était  son  caractère 
officiel,  on  n’hésiterait  pas  à les  considérer 
comme  une  gasconnade  italienne.  Mais  vu 
les  garanties  dont  ils  semblent  entourés,  le 
caractère  d’honnêteté  dont  ils  sont  revêtus, 
toutes  les  précautions  minutieuses  même 
qu’on  a prises  pour  empêcher  jusqu’à  la 
moindre  supercherie,  nous  devons  sus- 
pendre notre  jugement  jusqu’à  plus  amples 
renseignements,  et  nous  borner,  en  faisant 
connaître  ces  faits,  à appeler  sur  eux  l’at- 
tention de  nos  lecteurs. 

(Rédaction.) 

COLLIER 

particulier.  Quant  aux  fruits,  qui  mûrissent 
dans  la  deuxième  quinzaine  d’août,  ils  sont 
en  cœur  allongé,  à peine  sillonnés;  la  peau, 
d’un  rouge  vermillon,  est  presque  noire 
sur  les  parties  fortement  insolées  ; la  chair 
est  ferme,  adhérente,  douce,  sucrée,  un  peu 
croquante,  rappelant  le  Bigarreau. 

Ce  qui  caractérise  et  particularise  la  Ce- 
rise à collier,  et  qui  nous  a engagé  à en 
donner  une  figure,  c’est  la  persistance  de  la 
corolle,  qui  reste  jusqu’à  la  complète  matu- 
rité du  fruit,  et  forme  autour  de  celui-ci 
une  sorte  de  cupule  ou  d’anneau  qu’on  a 


U 


DU  TRACÉ  DES  JARDINS. 


comparé  à un  collier,  d’où  le  nom  de  Cerise 
à collier  qu’on  a donné  à cette  variété.  Là 
ne  se  borne  pas  l’anomalie  ; il  arrive  souvent 


Fig.  1.  — Cerise  à collier  (grandeur  naturelle). 

qu’il  se  développe  à la  base  de  l’ovaire,  entre 
celui-ci  et  la  corolle,  mais  sur  celle-ci,  des 
pédoncules  fructifères  qui  atteignent  une 


longueur  normale,  mais  dont  le  fruit  qui  les- 
termine  ne  se  développe  pas  complètement,, 
ce  que  démontre  la  figure  1.  Toutefois,  ces 
fruits  secondaires  ne  se  montrent  pas  régu- 
lièrement, ni  ne  sont  pas  toujours  en  nombre 
égal  ; ils  manquent  parfois  complètement. 

La  corolle  aussi,  bien  que  persistante,  se 
détache  à la  maturité  du  fruit  ; mais  comme 
les  pétales  sont  légèrement  soudés  à leur 
base,  il  en  résulte  une  sorte  d’anneau  muni 
de  lames  ou  de  dents  (pétales)  qui,  par  leur 
base,  sont  fixées  à l’anneau  devenu  mobile 
par  le  fait  de  sa  séparation  avec  la  base  du 
fruit  ; il  peut  monter  et  descendre  le  long  du 
pédoncule,  absolument  comme  fait  un  cou- 
lant de  parapluie.  Lorsqu’il  y a des  fruits 
secondaires,  comme  ils  sont  attachés  sur  la 
base  de  la  corolle,  ils  sont  entraînés  par 
celle-ci. 

Cette  anomalie,  qui  est  constante,  consti- 
tue une  variété  particulière  assez  estimée 
par  ses  fruits,  et  qu’on  cultive  depuis  long- 
temps dans  certaines  parties  de  la  Norman- 
die,(:d’où  nous  en  avons  fait  venir  des  ra- 
meaux et  des  fruits,  à l’aide  desquels  a 
été  faite  la  figure  1 , ainsi  que  la  descrip- 
tion qui  l’accompagne. 

E.-A.  Carrière. 


DU  TRACÉ  DES  JARDINS*'^ 


Bes  pelouses.  — En  même  temps  qu’il 
trace  les  allées,  le  dessinateur  doit  avoir  en 
vue  les  différentes  formes  qu’il  donnera  aux 
pelouses.  Il  devra  également  songer  à l’éten- 
due et  à la  quantité  de  celles-ci,  qui  seront 
proportionnées  à la  superficie  du  jardin  ou 
du  parc. 

Les  pelouses,  que  représente  l’espace 
laissé  entre  les  allées,  ne  sont  autre  chose 
que  des  polygones  irréguliers,  dont  tous  les 
côtés  sont  des  lignes  curvilignes. 

Ces  lignes  curvilignes  sont  des  courbes, 
qui  se  composent  de  plusieurs  arcs  ou  por- 
tions de  cercle. 

Nous  ne  parlerons  ici  que  de  la  forme  des 
pelouses  comprises  entre  les  allées  princi- 
pales, ces  pelouses  pouvant  être  divisées  par 
de  petites  allées,  et  toutes  les  divisions  for- 
mer par  conséquent  des  figures  de  formes 
plus  ou  moins  bizarres,  déterminées  par 
l’étendue  de  terrain  et  son  emplacement. 

Il  est  difficile  de  recommander  telle  ou 
telle  forme.  Dans  ce  cas,  le  dessin  dépend 

(1)  V.  Revue  horlicole,  1872,  p.  469. 


de  l’habileté  du  dessinateur  paysagiste  ; ce- 
pendant, il  est  de  mauvais  goût  d’employer 
les  figures  qu’on  nomme  en  terme  d’ateliers 
chapeau  bicorne,  haricot,  etc. 

Éviter  le  défaut  de  beaucoup  d’architectes, 
qui,  oubliant  l’ensemble,  ne  tiennent  pas 
compte  de  la  position  des  sites,  et  qui  ne  se 
préoccupent  ni  des  vallonnements,  ni  des 
points  de  vue  que  doit  produire  l’exécution 
du  plan.  Aussi  tracent-ils  immédiatement 
des  lignes  onduleuses,  des  portions  de  cer- 
cle, de  manière  à faire  des  S majuscules  de 
toutes  dimensions. 

Nous  rappellerons  que  les  formes  les 
meilleures  sont  toujours  les  plus  gracieuses. 
Les  plus  généralement  employées  sont  tirées 
de  la  géométrie  : les  triangles  curvilignes, 
les  ovales,  les  ellipses,  les  cycloïdes,  etc., 
ce  qui,  toutefois,  ne  veut  pas  dire  que  les 
jardins  doivent  se  composer  strictement 
de  ces  figures,  dont  l’ensemble  serait  d’un 
effet  désagréable.  Je  pourrais  citer  comme 
exemple  de  cette  fâcheuse  disposition  les^ 
dix  triangles  ou  chapeaux  tricornes  dont  s 
compose  le  square  du  Point-du-Jour,  àParis. 


15 


• DES  FLEURS  DANS  LES  JARDINS 

Il  faut  éviter  la  trop  grande  répétition  des 
mêmes  figures  lorsqu’elles  sont  placées  sy- 
métriquement, qu’elles  sont  adossées  l’une 
à l’autre,  ou  bien  qu’une  grande  figure  en 
ambrasse  une  plus  petite  qui  lui  est  sem- 
blable comme  forme  et  non  comme  dimen- 
sions, par  exemple  deux  croissants. 

Des  diverses  figures  géométriques  citées 
plus  haut,  nous  voyons  donc  que,  en  géné- 
ral, une  figure  qui  a plus  de  trois  angles  est 
défectueuse,  et  qu’autant  que  possible,  on 
devra  l’éviter. 

Lorsque  le  terrain  est  très-vaste,  on  devra 
donner  aux  figures  de  grandes  courbes,  et 
éviter  que  celles-ci  ne  soient  point  petites 
ici,  plus  grandes  là,  mais  qu’elles  aient 
toutes  la  même  importance  relative. 

Les  sinuosités  trop  multipliées  rentrent 
dans  le  style  dit  chinois. 

Éviter  qu’une  ligne  droite  fasse  suite  à 
des  lignes  courbes. 


A PROPOS  DE  LA  TEMPÉRATURE. 

Les  angles  ne  seront  pas  toujours  de 
forme  obtuse,  mais  plus  souvent  aiguë. 
Toutes  les  pointes  doivent  être  également 
arrondies  ; une  différence  en  ce  genre  dé- 
truit l’harmonie. 

Une  des  règles  précédentes  sur  les  allées 
nous  mène  à dire  que  plusieurs  angles  de 
figures  différentes  ne  doivent  point  aboutir 
parallèlement  au  même  point. 

Les  figures  composées  de  deux  arcs  sont 
mauvaises. 

Un  des  principaux  éléments,  tant  pour 
l’effet  de  l’exécution  que  pour  l’harmonie, 
est  de  placer  devant  la  façade  principale  de 
l’habitation  la  pelouse  la  plus  importante 
comme  étendue  et  comme  forme.  Les  côtés 
de  l’habitation  seront  également  entourés 
par  la  partie  la  plus  importante  des  figures 
voisines.  F.  Barillet. 

(La  suite  prochainement.) 


DES  FLEURS  DANS  LES  JARDINS 

A PROPOS  DE  LA  TEMPÉRATURE 


Plantes  en  fleur  en  plein  air  à Paris  et  ses  environs  pendant  la  première  semaine  de 
novemhy'e  1812  {du  au  1 inclusivement)  (1) 


Il  nous  paraît  intéressant  d’indiquer  dans 
la  Revue  les  plantes  qui,  dans  cette  année 
exceptionnelle,  se  trouvaient  encore  en  pleine 
floraison  dans  les  principaux  jardinsjpublics 
de  Paris  et  de  Versailles,  ainsi  que  dans 
quelques  jardins  particuliers  des  environs. 

Après  les  premières  gelées  précoces  du 
mois  d’octobre,  qui  avaient  arrêté  ou  sus- 
pendu la  végétation  des  plantes  à floraison 
automnale,  est  survenue  une  période  de 
temps  relativement  doux,  pendant  laquelle 
certaines  plantes  rustiques  se  sont  remises 
à végéter  et  à fleurir  abondamment  (et  dans 
ce  cas  se  trouvent  les  Véroniques  ligneuses, 
les  Fuchsias,  les  Tagètes  divers,  les  Pents- 
témons,les  Agératums,  la  Sauge  rouge  écla- 
tante, la  Violette  des  Quatre-Saisons,  et 
surtout  les  Dahlias,  qu’on  n’avait  peut-être 
jamais  vus  aussi  beaux  et  aussi  abondam- 
ment fleuris  à cette  époque),  tandis  que 
d’autres  plantes,  plus  fatiguées  ou  plus  déli- 
cates, s’essayaient  à sourire  aux  derniers 

(1)  Depuis  l’époque  (15  novembre)  où  cet  article 
a été  écrit,  les  choses  n’ont  guère  changé,  et  les 
plantes  indiquées  dans  cette  note  existent  encore  là 
où  on  les  a laissées  ; la  seule  différence,  c’est  que  les 
fleurs  deviennent  de  plus  en  plus  rares,  fait  qui 
s’explique  par  la  fréquence  des  pluies  qui  humidi- 
fient et  refroidissent  le  sol.  Néanmoins,  par  suite  de 


beaux  jours,  en  développant  encore  quel- 
ques-uns de  ces  regains  floraux,  toujours  si 
appréciés  et  si  recherchés  d’ordinaire  à cette 
époque  avancée  de  l’année. 

Un  certain  nombre  de  plantes  pittoresques 
ou  à feuillage  faisaient  encore  très -bonne 
contenance  sur  les  pelouses  et  dans  les  mas- 
sifs, et  parmi  celles-ci  nous  devons  men- 
tionner en  première  ligne  le  Cyperus 
papyrus^  les  Ricins,  le  Montagnœa  liera- 
cleifolia,  le  Ferdinanda  eminens,  les  Ba- 
lisiers ou  Cannas,  plusieurs  Bégonias,  divers 
Solanums,  le  Phormium,  qui  avaient  con- 
servé une  fraîcheur  d’autant  plus  remar- 
quable, qu’on  est  généralement  disposé  à 
considérer  ces  plantes  comme  assez  fri- 
leuses. 

Parmi  les  plantes  annuelles,  nous  avons 
admiré  plusieurs  espèces  en  pleine  fleur, 
ce  qui  est  dû  à ce  que  le  semis  en  avait  été 
fait  tardivement  et  hors  de  saison  habituelle, 
démontrant  ainsi  le  parti  qu’une  main  ha- 

la  température  qui  généralement  se  maintient  très- 
élevée,  eu  égard  à la  saison,  le  bourgeonnement 
marche,  et  aujourd'hui,  25  décembre,  les  Sureaux 
commencent  à montrer  leurs  feuilles,  et  dans  cer- 
tains endroits  des  pieds  de  Chænomeles  Japonica 
(Coignassier  du  Japon)  épanouissent  leurs  fleurs. 

{Rédaction). 


A PROPOS  DE  LA  TEMPÉRATURE. 


d6  DES  FLEURS  DANS  LES  JARDINS 

bile  saurait  en  tirer  au  moyen  de  semis  suc- 
cessifs et  bien  combinés.  Parmi  ces  der- 
nières, nous  avons  surtout  noté  les  Œillets 
d’Inde,  les  Roses  d’Inde,  les  Amaranihes 
Queue-de-Renard,  les  Escholtzia,  lesPhlox 
de  Drummond,  le  Réséda,  les  Mufliers,  les 
Chrysanthemiim  coronarium^  les  Pensées, 
et  surtout  les  Pâquerettes  doubles,  dont  on 
est  loin  de  savoir  (comme  le  disait  récem- 
ment M.  Carrière)  tirer  tout  le  parti  désirable. 

Parmi  les  plantes  à feuillage  coloré,  nous 
devons  aussi  une  mention  toute  spéciale  aux 
charmants  Alternanthera  et  Teleianlhera, 
au  Pyrèthre  à feuilles  jaunes  (feuilles  d’or), 
aux  Echeveria  secunda  glauca,  aux  Gerais- 
tes  à feuilles  blanches,  au  Stachys  laineux, 
eimème  kVAchyranthes  Verschaffeltii,  qui 
produisaient  encore  un  elïet  très-satisfaisant 
dans  les  parterres,  bordures  et  mosaïques, 
auxquels  on  les  emploie  habituellement. 
Mais  une  des  plantes  sur  lesquelles  nous  ne 
saurions  assez  appeler  l’attention  de  tous  les 
amateurs  de  fleurs  tardives,  et  surtout  des 
horticulteurs,  qui  en  trouveraient  toujours 
un  débouché  certain,  soit  comme  fleurs 
coupées  pour  bouquets  et  garnitures  de 
vases,  soit  comme  plante  de  pots  pour  l’or- 
nement des  cimetières  à l’époque  des  fêtes 
de  la  Toussaint,  où  les  fleurs  blanches  sont 
si  recherchées,  c’est  la  nouvelle  Matricaire, 
que  MM.  Vilmorin-Andrieux  et  ont  ob- 
tenue ces  années  dernières,  et  qu’ils  ont 
mise  dans  le  commerce  sous  le  nom  de  Ma- 
tricaria  eximia  grandiflora.  Cette  magni- 
fique variété  à grandes  fleurs  doubles,  d’un 
blanc  pur,  disposées  en  volumineux  bou- 
quets élégamment  et  longuement  pédon- 
culés,  se  prête  admirablement  à la  culture 
annuelle.  Ainsi,  étant  semée  en  mars-avril 
en  pépinière,  sur  couche  tiède,  ou  bien  en 
pots,  terrines,  caisses,  ou  en  plate  bande 
bien  exposée,  et  les  plants  étant  repiqués  en 
place  en  mai,  à 40  ou  50  centimètres  de 
distance,  ils  arrivent  à faire  de  belles  touffes 
qui  se  mettent  à fleurir  franchement  et 
abondamment  en  octobre-novembre  ; ajou- 
tez que,  levée  de  la  pleine  terre  et  empotée 
ou  transplantée  à volonté,  elle  ne  souffre  ni 
ne  se  fane  aucunem.ent,  et  l’on  comprendra 
pourquoi,  dans  un  article  de  ce  genre,  nous 
nous  sommes  autant  appesanti  sur  le  mé- 
rite de  cette  variété,  que  nous  recomman- 
dons à tous  les  horticulteurs  qui  alimentent 
les  marchés,  et  aux  amateurs,  qui  y trouve- 
ront pour  leurs  plates-bandes,  leurs  par- 
terres et  même  pour  les  serres  et  les  oran- 
geries , une  excellente  addition  aux  trop 
rares  fleurs  de  cette  saison. 


Une  autre  plante,  beaucoup  trop  négligée 
aussi  comme  fleur  d’arrière-saison,  est  le 
Vittadinia  triloha  ou  trilohata,  qui  se 
couvre  à l’approche  des  froids  de  myriades 
de  petits  capitules  blancs  et  blancs  rosés, 
d’une  grande  délicatesse  et  d’un  port  très- 
léger  ; on  peut  la  cultiver  aussi  bien  en 
pleine  terre,  massifs,  plates-bandes,  ou,  ce 
qui  vaut  mieux,  en  bordures  et  aussi  en  pots, 
où  elle  continue  à fleurir  pendant  tout  l’hiver 
si  on  a le  soin  de  la  rentrer  sous  verre. 

Nous  n’avons  pas  encore  parlé  des  véri-  ' 
tables  fleurs  de  la  saison,  c’est-à-dire  des 
Chrysanthèmes  vivaces  de  l’Inde,  de  Chine 
et  du  Japon,  parce  que  ce  sont  les  fleurs 
d’automne  par  excellence,  et  que  novembre 
est  l’époque  habituelle  et  normale  de  leur 
floraison.  Nous  avons  cependant  remarqué  ! 
que.  grâce  à la  douceur  de  la  température 
de  ces  derniers  temps,  leur  floraison  est  ' 
beaucoup  plus  belle,  plus  abondante  et  plus 
complète  que  ces  dernières  années,  où  l’on 
était  obligé  de  les  rentrer  en  serre  ou  en 
orangerie,  même  pour  obtenir  l’épanouisse- 
ment des  premiers  capitules  floraux.  Cette 
année,  on  n’aura  besoin  de  prendre  cette 
précaution  que  pour  prolonger  la  produc- 
tion de  ces  précieuses  fleurs. 

Dehors,  la  merveilleuse  Capucine  de 
Lobb,  var.  Spit  fire,  continue  à couvrir  les 
murailles,  treillages  et  berceaux  de  ses 
guirlandes  de  fleurs  d’un  rouge  éclatant. 
Les  personnes  qui  auront  eu  le  soin  de  ren- 
trer quelques  pieds  de  celte  variété  en  serre 
froide  ou  tempérée,  bien  éclairée,  et  surtout 
de  l’y  mettre  en  pleine  terre,  obtiendront 
tout  l’hiver  une  abondante  floraison  de  cette 
variété  si  précieuse,  surtout  avec  ses  longs 
pédoncules  filiformes  et  son  riche  coloris, 
qui  la  rendent  si  appropriée  à la  confection 
des  bouquets  et  des  garnitures  ; la  fleur  de 
cette  variété  étant  une  de  celles  qui,  coupées, 
se  maintient  le  plus  longtemps  fraîche. 

Sous  les  châssis  et  en  serre,  voici  l’époque 
où  vont  abonder  les  Primevères  de  Chine, 
les  Phylica  ou  Rruyèrcs  du  Cap,  plusieurs 
vraies  Bruyères  ou  Ey'ica,  le  Laurier- 
Tin,  l’Héliotrope,  les  Roses,  les  Lilas  for- 
cés, etc.;  puis  aussi  une  petite  plante  bien 
peu  connue,  et  qui,  placée  sous  châssis 
froid,  très-près  du  verre,  continuera  à se 
couvrir  de  fleurs  depuis  novembre  jusqu’en  j 
mars-avril  ; nous  voulons  parler  du  petit 
lonopsidium  acaide,  aux  petites  touffes  | 
élégantes  couvertes  de  fleurs  à pétales  en 
croix,  lilas  ou  blancs,  à odeur  de  miel.  Dans  | 
le  midi  de  la  France,  on  en  fait  des  massifs  | 
ou  des  bordures  qui  fleurissent  en  plein  air  | 


17 


DES  FLEURS  DANS  LES  JARDINS 

tout  l’hiver;  pour  cela,  il  suffit  de  semer  les 
graines  en  octobre,  en  les  recouvrant  fort 
peu. 

Quelque  long  et  fatigant  que  soit  déjà  cet 
article,  sur  un  sujet  où  il  y aurait  cependant 
tant  à dire  encore,  nous  ne  voulons  pas  le  clore 
sans  parler  de  la  merveille  des  merveilles 
comme  plante  ornementale  d’automne  et  d’hi- 
ver. Cette  plante,  ou  plutôtces  plantes, sont  les 
Choux  d’ornement  à feuillage  frisé,  crépu, 
déchiqueté,  lacinié,  tantôt  unicolore  en  vert, 
rouge,  bronzé,  violet,  tantôt  élégamment 
panaché  de  blanc,  de  rouge  ou  de  violet. 

Quand  on  connaît  ces  Choux,  on  est  vrai- 
ment étonné  que  dans  un  pays  comme  le 
nôtre,  où  l’élégance  et  le  bon  goût  sont  pro- 
verbiaux, ils  ne  soient  pas  plus  cultivés  ni 
employés  aussi  bien  à la  décoration  des  jar- 
dins, parcs,  plates-bandes,  que  dans  les  ap- 
partements et  les  serres.  Serait-ce  par  ha- 
sard que  ce  nom  vulgaire  et  légumier  de 
Chou  fait  horreur,  et  les  a fait  d’avance 
frapper  d’un  ostracisme  qui,  nous  en  sommes 
convaincu,  cesserait  bien  vite  si,  au  lieu  de 
les  condamner  sans  les  voir,  sans  les  con- 
naître, on  employait  ces  Choux  soit  à en 
confectionner  en  plein  air  des  lignes  ou  des 
massifs,  en  y disposant  harmonieusement 
les  formes,  hauteurs  et  couleurs,  soit  en  les 
élevant  en  pots  pour  la  décoration  des  serres 
froides,  fenêtres  et  appartements?  Notons 
enfin  que  ces  Choux  sont  rustiques,  qu’ils 
peuvent  fournir  tout  l’hiver  leur  élégant 
feuillage,  de  très-longue  durée  à l’état  frais, 
pour  décorer  les  vases,  les  surtouts  de  table, 
pour  parer  les  mets,  faire  des  garnitures  de 
jardinières  et  d’appartements,  et  l’on  com- 
prendra pourquoi  les  Anglais,  les  Russes, 
les  Allemands  du  Nord  nous  ont  depuis 
longtemps  devancés  dans  la  culture  de  ces 
Choux,  qu’il  suffit,  pour  en  jouir  en  plein 
hiver,  de  semer  de  mai-juin  en  juillet  en 
pleine  terre  de  jardin,  de  les  repiquer 
comme  tous  les  autres  Choux,  en  plein 
carré  ou  dans  les  champs  où  l’on  ira  cueil- 
lir au  fur  et  à mesure  des  besoins,  et  d’où 
l’on  pourra  aussi,  quand  on  le  voudra,  les 
lever,  sans  qu’ils  en  souffrent,  soit  pour 
les  mettre  en  pots,  soit  pour  faire  les  garni- 
tures hivernales  des  massifs  et  du  parterre, 
en  remplacement  de  toutes  les  plantes  et 
fleurs  alors  disparues  des  jardins.  Enfin, 
ajoutez  que  ces  Choux  (feuilles  et  jeunes 
pousses)  sont  un  légume  d’une  grande 
finesse,  tous  motifs  qui  devront  attirer  l’at- 
tention des  jardiniers  et  amateurs  sur  les 
Choux  d’ornement,  et  les  faire  introduire 
dans  tous  les  jardins. 


A PROPOS  DE  LA  TEMPÉRATURE. 

Nous  ne  prolongerons  pas  davantage  cet 
article,  que  nous  faisons  suivre  de  la  liste 
des  plantes  d’ornement  observées  à Paris, 
Versailles,  et  à quelques  lieues  à la  ronde 
pendant  les  premiers  jours  de  novem- 
bre 18J2  (du  1®*’  au  7 inclusivement). 

Liste  des  plantes  d’ornement  observées  en  fleur 
ou  en  bon  état,  en  plein  air,  à Paris  et  aux 
environs,  pendant  la  première  semaine  de  no- 
vembre 1872. 

Althernanthera  paronychioides.  — Achil- 
lée  mille  feuilles.  — A.  ptarmique,  à fleurs 
doubles.  — Achyranthes.  — Aira  pulchella 
(semis  tardif).  — Aconit  du  Japon.  — A. 
d’automne.  — Agératum  bleu.  — A.  de 
Lasseaux.  — Alysse  odorant  (peu).  — Am- 
mobium  alatum.  — Amomon  (solanum). — 
Amaranthus  paniculatus  (semis  tardif).  — 
A.  caudatus  (semis  tardif).  — A.  panicula- 
tus (semis  tardif).  — Anémone  du  Japon. 

— A.  élégante.  — A.  Honorine  Joubert.  — 
Anthémis  frutescents.  — Amaryllis  lutea 
(Sternhergia).  — Alonzoa  incisæfolia  (peu). 

— Aster  tenuifolius.  — A.  amelloïdes.  — 
A.  roseus.  — A.  novæ-angliæ.  — A.  gran- 
diflorus.  — A.  multiflorus.  — A.  versico- 
lor  et  quelques  autres  espèces.  — Arbou- 
sier commun.  — Balisier  (Canna).  — 
Bruyère  vagabonde.  — Browallia  (peu).  — 
Bégonia  semperflorens.  — B.  discolor  et 
beaucoup  d’autres  espèces.  — Bellis  (Pâque- 
rettes), semis.  — Bengale  (Rosiers).  — Ca- 
pucine de  Lobb  et  variétés.  — C.  spit-fire 
et  autres.  — Coreopsis  de  Drummond  (se- 
mis tardif).  — C.  elegans  (semis  tardif). 

— Cassia  floribunda,  corymbosa.  — C.  læ- 
vigata.  — Ceraistes  (feuillage).  — Campa- 
nule pyramidale  (peu). — C.  gantelée  (peu). 

— C.  des  Carpathes  (peu).  — Cineraria 
(Agathæa)  amelloïdes.  — C.  maritime 
(feuilles).  — Centaurea  candidissima  ( feuil- 
les). — C.  gymnocarpa  (feuilles).  — Choux 
à feuillage  d’ornement  (feuilles  et  port). — 
Cobæa  scandens.  — Coqueret  officinal  (Al- 
kékenge),  fruits.  — Cyperus  papyrus  (en 
très-hon  état  dehors).  — C.  alternifolius 
(en  très-hon  état  dehors).  — Cosmos  bi- 
penné  et  variétés.  — Coreopsis  vivace.  — 
Cyclamen  d’Europe  et  à feuilles  de  Lierre. 

— Centranthus  macrosiphon  (semis  tardif). 

— Crocus  (Safran)  d’automne.  — C.  spe- 
ciosus.  — Chrysanthèmes  vivaces  de  l’Inde. 

— C.  de  Chine  et  du  Japon.  — C.  frutes- 
cents. — C.  des  jardins  (C.  coronarium). 

— Coloquinte  vivace  (feuillage  et  fruits. — 
Cupheaplatycentra. — C.strigulosa. — C.pur- 


18  DES  FLEURS  DANS  LES  JARDINS 

purea  et  var.  — G.  Jorullensis  (eminens). 

— Corydale  (Fumeterre)  jaune  {murailles). 

— Dahlias  divers  {superbes).  — Erodium 
manescavi.  — Escholtzia  {semis  tardif).  — 
Enolhères  {faibles  regains).  — Erigeron 
glaucum.  — E.  speciosum.  — Erysimum 
Petrowskianum  {semis  tardif).  — Euchsia 
{superbes).  — Fougère  {feuilles).  — F.  po- 
lypode  vulgaire  et  var.  — F.  mâle.  — F. 
scolopendre  et  var.  et  plusieurs  autres. 

— Ferdinanda  eminens  {feuillage).  — 
Gaillardia  picta  et  var.  {regains).  — Gaza- 
nia  {regains).  — Gnaphalium  à feuillage 
gris  {plusieurs).  — Gymnotrix  latifolia 
{feuillage).  — Giroflées  quarantaine  d’au- 
tomne. — G.  annuelles  {semées  tard).  — 

G.  jaune  brune  hâtive.  — Géranium  zonale 
et  inquinans.  — Gynérium  argenteum  {très- 
beau).  — Hellebore  fætide  {feuillage).  — 

H.  noir  (Rose  de  Noël)  {commence). — Hélio- 
tropes {regains).  — Hebeclinium  urolepis 
{superbe).  — Hélianthe.  Soleil  du  Texas  et 
var.  — Humea  elegans.  — • lonopsidium 
acaule.  — Ipomopsis  élégant.  — Immortel- 
les annuelles  {regains).  — Là  bractées 
{regains).  — Jasmin  d’Espagne.  — Lantana 
camara  et  var.  — L.  Sellowdi.  — Lamier 
taché.  — L.  blanc  (Ortie  blanche).  — Lar- 
mes de  Job  (Goix).  — Lupin  changeant  {re- 
gains). — L.  de  Gruikshank  et  var.  {re- 
gains). — L.  pubescent  {regains).  ■ — Lierre 
en  fleurs  {regains).  — Lobelia  erinus  {re- 
gains). — Mauve  frisée  {superbe).  — M. 
d’Alger.  — M.  en  arbre.  — Maurandia  di- 
vers. — Matricaire  double  et  Mandiane.  — 
M.  eximia.  — M.  eximia  grandiflora  {su- 
p>erbe).  — Montagnea  heracleifolia  {feuil- 
lage magnifique).  — Matricaria  inodora 
flore  pleno.  — Mufliers  {regains).  — Morel- 
les  solanum  (beaucoup  d’espèces  de  serre) 
{feuillage).  — Myosotis  alpestris  {regains). 

— M.  palustris  (regfams).  — Œillets  Flon. 

— Œ.  de  Ghine  et  variétés.  — Œ.  Hedde- 
wig  et  lacinié.  — Œ.  â larges  feuilles.  — 
Œ.  dentosus  {peu).  — Œ.  remontants  {plu- 
sieurs). — (È.  remontants  belle  Zora.  — 
Œ.  d’Inde  divers.  — Oxalis  à feuilles  pour- 
pre. — O.  floribunda  et  var.  — Pâquerettes 
de  semis.  — Pensées.  — Poirées  d’orne- 
ment (feuilles).  — Phytolacca  decandra.  — 
Pélargonium  zonale  et  inquinans.  — Phlox 
Drummondii  {semés  tard).  — Pétunia  {fai- 
bles regains).  — Pentstemon  gentianoides 
et  var.  {superbes).  ■ — P.  hybrides  {très- 
beaux).  — P.  campanulatus  et  pulchellus. 

P . Hartwegii.  — Persicaire  d’Orient 
{semis  tardif).  ~ Piments  {fruits).  — 
Pieds  d’alouette  vivaces  {regains).  — Pri^ 


A PROPOS  DE  LA  TEMPÉRATURE. 

mevères  des  jardins  {quelques  fleurs).  — 
Pennisetum  longistylurn  {beau).  — Phor- 
mium. — Plumbago  Larpente.  — Reines- 
Marguerites  {semis  tardif).  — Réséda  odo- 
rant. — Ricins  {superbes).  — Rudbeckia 
speciosa  {regains).  — Rosiers  remontants 
{regains).  — R.  Bengale  ordinaire.  — R. 
Bengale  pourpre.  — Rose  d’Inde  {semis  tar- 
dif). — Saxifrage  de  Sibérie  {quelques 
hampes  anticipées).  — Safran  d’automne. 

— Sauge  éclatante  {splendens,  colorans). 

— S.  de  Graham.  — Scabieuses  des  jardins 
{faibles  regains).  — Sedum  Sieboldii.  — 
Solanum  {feuilles,  plusieurs  espèces).  — 
S.  {fruits,  plusieurs).  — Stachys  lai- 
neux {feuillage).  — Stevia  serrata  et  pur- 
purea.  — Seneçon  double  {quelques  faibles 
regains).  — Souci  double  {semis  tardif).  — 
Soleil  du  Texas  et  Oxalis.  — Statice  si- 
nuata  {semis  tardif).  — S.  Thonini  {semis 
tardif)'.  — Tamarix  indica,  Persica  {re- 
gains). — Tabacs  {divers).  — T.  glauque. 

— Tubéreuses  {retardataires).  — Tourne- 
fortia  heliotropioides.  — • Tritoma  uvaria  et 
var.  {hampes  tardives).  — Uhdea  bipen- 
nata  {feuillage).  — Valériane  d’Alger  {se- 
mis tardif).  — V.  macrosiphon  {semis 
tardif).  — V.  des  jardins  {regains).  — Ver- 
veines hybrides  et  var.  {semis).  — V.  gen- 
tilles {semis).  — V.  Drummond  {semis  tar- 
dif). — Vernonia  {plusieurs,  très-beaux). 

— Venidium  calenduloides  {regains).  — 
Violette  des  Quatre-Saisons  {très-abon- 
dante). — V.  remontantes,  le  Gzar  et  au- 
tres. — V.  Pensées  {semis  d'été  ) — Witta- 
dinia  triloba  {en  pleine  fleur).  — Veronica 
Lindleyana  {en  bonne  floraison).  — V. 
Andersoni  {en  bonne  floraison).  — V.  sa- 
licifolia  et  autres  ligneuses  {en  bonne  flo- 
raison). — Wigandia  {feuilles).  — Yucca 
{hampes  tardives).  — Zinnia  du  Mexique 
{semis  tardif).  — Z.  élégant  double  {re^ 
gains). 

De  la  longue  liste  qui  précède,  il  ressort 
pour  nous  qu’au  moyen  de  semis  successifs 
et  tardifs  de  certaines  plantes  annuelles,  on 
peut  obtenir  une  floraison  automnale  pas- 
sable, surtout  si  le  temps  se  maintient  doux 
longtemps,  floraison  qu’on  peut  d’ailleurs 
obtenir  plus  sûrement  en  couvrant  de  verre 
ou  panneautant  à l’approche  des  froids  les 
végétaux  prêts  à fleurir  ou  en  fleurs,  comme 
le  font  d’ailleurs  pour  les  Reines-Margue- 
rites, les  Véroniques,  les  Ghrysanthèmes, 
les  Violettes,  etc.,  nombre  d’habiles  jardi- 
niers, qui  alimentent  les  marchés  aux  fleurs 
de  la  capitale.  Les  jardiniers  soigneux  et 
expérimentés  savent  bien  aussi  que,  en 


LES  CATALOGUES.  — PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


nettoyant  convenablement  et  en  taillant  et 
coupant  à propos  les  parties  défleuries  ou 
inutiles  de  certaines  plantes,  on  les  dispose 
fréquemment  à repousser,  à « remonter,  » 
et  l’on  a parfois  de  la  sorte,  en  plein  air, 


des  fleurs  qui  se  succèdent  jusqu’à  l’arrivée 
des  froids,  et  qui  sont  parfois  on  ne  peut 
plus  précieuses  et  agréables  à cette  époque 
de  l’année. 

Clemenceau. 


LES  CATALOGUES 


M.  Vaudrey-Evrard,  pépiniériste  à Mire- 
court  (Vosges),  vient  de  publier  son  cata- 
logue prix-courant  pour  l’automne  1872  et 
le  printemps  1873.  Son  établissement,  qui 
comprend  surtout  des  collections  d’arbres 
et  d’arbrisseaux  fruitiers,  forestiers  et  d’or- 
nement, renferme  également  des  plantes 
vivaces,  des  Oignons  à fleurs,  des  graines 
de  légumes  et  de  fleurs. 

L’établissement  de  M.  Démouilles,  situé 
à Toulouse  (Haute-Garonne),  près  le  Pont- 
des-Demoiselles,  vient  de  publier  un  cata- 
logue général  des  végétaux  disponibles  pour 
l’automne  1872  et  le  printemps  1873,  Nos 
lecteurs  savent  que  cet  établissement  est 
aujourd’hui  l’un  des  plus  considérables  et 
surtout  des  mieux  assortis  du  Midi,  ce  qui 
s’explique  par  les  sacrifices  que  n’hésite  pas 
à faire  son  propriétaire,  M.  Démouilles. 

Ce  catalogue  comprend  trois  parties  : la 
première  est  relative  aux  arbres  fruitiers; 
la  deuxième  aux  arbres  et  arbustes  fores- 
tiers et  d'oimement;  la  troisième  est  parti- 
culière aux  plantes  de  serre.  A ces  trois 
parties,  divisées  chacune  en  un  certain  nom- 
bre de  sections,  a été  ajoutée  une  section 
spéciale  aux  graines  de  plantes  potagères  et 
d’ornement,  de  manière  à embrasser  dans 
son  ensemble  à peu  près  tout  ce  que  com- 
porte le  jardinage  pris  dans  son  acception  la 
plus  générale.  En  outre  de  l’énumération 
des  plantes,  on  trouve  dans  ce  catalogue 
des  renseignements  sur  la  nature  "et  les 
principaux  caractères  des  plantes,  ainsi 


que  sur  les  soins  qu’il  convient  de  leur  don- 
ner. 

Un  autre  établissement  du  Midi  aussi,  qui 
renferme  un  assortiment  d’arbres  fruitiers  et 
d’ornement,  est  celui  de  M.  Philippe  Sen- 
dral,  propriétaire  à Soual-Lestap  (Tarn). 
V extrait  de  son  catalogue  général,  qu’il 
vient  de  faire  paraître,  comprend  l’énumé- 
ration des  genres  de  plantes  qu’on  peut 
trouver  dans  cet  établissement.  Les  per- 
sonnes qui  désireraient  recevoir  ce  cata- 
logue devront  en  faire  la  demande  par  let- 
tre affranchie. 

M.  Bruant,  horticulteurà  Poitiers  (Vienne), 
vient  également  de  faire  paraître  un  cata- 
logue prix-courant  pour  l’automne  1872  et 
le  printemps  1873.  Cet  extrait  est  surtout 
particulier  aux  arbres  et  arbrisseaux  frui- 
tiers et  d’ornement.  — On  trouve  également 
dans  cet  établissement  des  collections  de 
plantes  diverses , soit  de  serre , soit  de 
pleine  terre. 

Un  établissement  d’horticulture  dont  le 
nom  est  bien  et  avantageusement  connu  est 
celui  de  M.  Desfossés-Thuillier,  à Orléans. 
Son  catalogue  prix-courant,  que  nous  ve- 
nons de  recevoir,  comprend  tout  particuliè- 
rement les  arbres  fruitiers,  forestiers  et 
d’ornement  disponibles  dans  cet  établisse- 
ment, où  l’on  trouve  aussi  des  collections 
d’arbustes  de  terre  de  bruyère,  de  Rosiers, 
de  Conifères,  etc.,  etc.,  ainsi  que  des  plants 
d’arbres  et  d’arbustes  forestiers  et  d’orne- 
ment de  différents  âges.  E.-A.  Carrière. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Eleagnus  Sim  onii. — Cette  espèce  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  mais  qui  est  encore  rare, 
qui  se  recommande  par  la  beauté  et  la  persis- 
tance de  son  feuillage,  présente  cet  autre  avan- 
tage de  fleurir  en  octobre-novembre,  époque 
où  les  fleurs  sont  très-rares  en  plein  air.  Ses 
fleurs  qui  sont  blanches,  longuement  tubu- 
leuses, réunies  par  petits  groupes  à l’aisselle 
des  feuilles,  sont  très-odorantes:  leur  odeur 
suave,  comme  légèrement  poivrée,  rappelle 
un  peu  celle  des  clous  de  Girofle.  Originaire  | 


de  la  Chine,  Y Eleagnus  Simonii  est  assez 
rustique  pour  supporter  le  plein  air  sous  le 
climat  de  Paris. 

Eupatorium  aromaticum,  L.  — Si  nous 
revenons  sur  cette  espèce  dont  nous  avons 
déjà  parlé  dans  la  Revue,  c’est  que,  à nos 
yeux,  elle  présente  de  très-grands  avantages, 
d’abord  d’être  rustique,  vigoureuse,  et  de 
croître  à peu  près  dans  tous  les  terrains  ; 
elle  est  vivace,  atteignant  environ  80  centi- 
mètres à 1 mètre  de  hauteur,  très-ramifiée 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


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dèslabase.  Ses  ramifications  qui  sontopposées 
et  longues  se  terminent  par  une  sorte  de  ra- 
cème  assez  grosse,  très-légère,  contenant  des 
milliers  de  petites  fieurs  blanches  réunies 
dans  des  capitules  carnpanoïdes;  ses  feuilles 
sont  opposées,  cordiformes,  régulièrement 
dentées,  longuement  atténuées  au  sommet 
en  une  pointe  fine,  aiguë. 

Cette  espèce,  que  nous  n’hésitons  pas  à 
placer  en  première  ligne  comme  une  plante 
à grand  effet  pour  l’ornement  des  jardins, 
nous  paraît  susceptible  d’être  « travaillée  » 
pour  le  commerce  de  Paris,  c’est-à-dire  pour 
le  quai  aux  Fleurs,  cela  d’autant  plus  que, 
à l’époque  où  elle  fleurit  (depuis  le  mois 
de  septembre  jusqu’aux  gelées),  les  fleurs 
blanches  font  à peu  près  complètement  dé- 
faut. 

Ceanotus  azureus,  Desf.  ; C.  cœruleus, 
Lagasc.  — Cette  espèce  originaire  de  Mexico 
est  sans  aucun  doute  la  plus  remarquable 
du  genre,  c’est-à-dire  de  la  série  du  Cea- 
nothus  Americanus  dont  elle  fait  évidem- 
ment partie  ; elle  est  très-vigoureuse  et  très- 
floribonde  mais  elle  est  sensible  au  froid 
sous  le  climat  de  Paris,  où  il  est  prudent 
d’en  conserver  quelques  pieds  dans  une 
orangerie,  et  de  couvrir  un  peu  les  pieds 
qui  sont  en  pleine  terre.  Les  feuilles  sont 
assez  épaisses,  fortement  nervées,  tomenteu- 
ses-feutrées  en-dessous  par  des  poils  d’un 
gris  cendré  métallique;  elles  sont  assez  lon- 
gues et  relativement  étroites,  dentées.  Les 
fleurs  sont  d’un  très-beau  bleu  indigo  foncé  : 
comme  couleur  bleue,  c’est  une  des  plus  bel- 
les qu’on  puisse  voir. 

Sedum  reflexum  major.  — Celte  forme, 
que  l’on  trouve  dans  quelques  jardins  sous 
le  nom  de  Sedum  reflexum,  s’en  distingue 
très-nettement  par  sa  vigueur,  qui  est  beau- 
coup plus  considérable.  Ses  tiges  stériles, 
qui  ne  sont  pas  plus  fortes  que  celles  du  S. 
reflexum,  sont  munies  de  feuilles  beaucoup 
plus  dressées,  plus  allongées,  plus  aiguës, 
et  d’un  vert  un  peu  plus  foncé.  Quant  aux 
tiges  florales,  elles  sont  droites,  raides,  plus 
du  double  plus  fortes  que  celles  du  type  ; 
elles  sont  également  plus  hautes  (20  à 
25  centimètres),  vertes,  tandis  que  celles  du 
type  (S.  reflexum)  sont  grêles,  divariquées, 
moins  nombreuses,  plus  ténues  ; de  plus, 
elles  sont  rougeâtres.  Celles  de  la  variété 
major  sont  d’un  vert  jaunâtre,  non  colorées. 


L’inflorescence  du  S.  reflexum  major  est 
aussi  infiniment  plus  développée,  et  les 
fleurs  sont  par  conséquent  beaucoup  plus 
nombreuses  que  ne  le  sont  celles  du  S. 
reflexum,  L.,  plante  vivace,  que  l’on  ren- 
contre dans  diverses  parties  de  la  France. 
Quant  à la  couleur,  elle  est  à peu  près  la 
même  chez  les  deux  plantes  : d’un  beau 
jaune  d’or. 

Le  S.  reflexum  major,  que  nous  n’avons 
jamais  vu  qu’au  Muséum,  est-il  une  variété, 
ainsi  que  nous  le  supposons  ici?  C’est  à re- 
voir, et  nous  appelons  sur  ce  sujet  l’atten- 
tion des  hommes  compétents  ; nous  nous 
bornons,  après  ce  que  nous  venons  d’en 
dire,  de  le  recommander  d’une  manière 
toute  spéciale  aux  amateurs  comme  étant 
une  très-jolie  plante  vivace,  très-rustique, 
avec  laquelle  on  peut  faire  de  très-jolies 
bordures  dans  des  parties  très-sèches,  où 
peu  d’autres  végétaux  pourraient  croître. 
Lors  de  la  floraison,  qui  a lieu  fin  de  juin  à 
août,  c’est  une  masse  compacte  de  fleurs 
(toutes  les  inflorescences  se  touchent);  avant 
et  après  la  floraison,  le  sol  est  couvert  par 
les  ramifications  stériles  qui,  garnies  de 
feuilles,  constituent  à elles  seules  un  orne- 
ment. 

Chelone  harhata,  Cavan.  — Cette  espèce, 
bien  qu’originaire  du  Mexique,  est  néan- 
moins rustique  ; elle  est  vivace,  cespiteuse, 
et  couvre  le  sol  de  ses  feuilles  lancéolées, 
d’un  beau  vert.  Les  feuilles  caulinaires  sont 
opposées,  sessiles,  entières,  atténuées  de  la 
base  au  sommet,  arquées,  révol utées,  lon- 
gues d’environ  20  centimètres.  Ses  fleurs, 
d’un  rouge  cocciné  ou  écarlate,  sont  tubu- 
leuses, pendantes,  disposées  en  grappes  spi- 
ciformes  très- ramifiées , qui  atteignent 
80  centimètres  et  plus  de  longueur;  ^es  ra- 
mifications, qui  partent  presque  de  la  base 
de  l’inflorescence,  sont  strictement  dres- 
sées, de  sorte  que  l’inflorescence  est  très- 
étroite  relativement  à sa  longueur.  La  flo- 
raison, qui  commence  en  juin,  se  continue 
jusqu’en  août  et  même  septembre.  C’est 
une  plante  très-élégante  et  d’une  beauté  peu 
commune,  que  l’on  peut  mettre  au  nombre 
des  plus  méritantes.  Elle  a pour  synonymes 
Chelone  formosa,  Wendl.;  C.  ruelloides, 
Andr.;  harhafa,  Rchbch.;  Pents- 

temon  harhatus,  Nutt. 

E.-A.  Carrière. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  Cioitre  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  de  janvier) 

Température  exceptionnelle,  non  seulement  en  France,  mais  dans  toute  l’Europe.  — Lettre  du  Japon  : 
les  Séquoia  sempervirens.  — Floraison  des  Pâquerettes,  Violettes,  etc.;  récolte  d’Asperges  en  plein  air. 

l^Emhothrium  coccineum,  offert  au  Muséum  par  M.  Ilamond.  — Exemple  de  dimorphisme  observé 

sur  un  Tilleul  argenté. — Une  nouvelle  Poire  : le  Beurré  Alexandre  Lucas.  — Le  Pélargonium  zonale 
double  blanc,  obtenu  par  M.  J.  Sisley;  communication  de  M.  J.  Sisley.  — L’agriculture  en  Californie.— 
Floraison  des  Bambous;  Bambusa  arundmacca  ; les  Bambous  sont-ils  monocarpiques  ? — Les  Cléma- 
tites, ouvrage  de  MM.  Thomas  Moore  et  Georges  Jackmann.  — Nécrologie  : M.  Auguste  Neumann.  — 
Les  Pélargoniums  zonales  blancs  vendus  par  l’Allemagne.  — Le  Phylloxéra  et  quelques-uns  des  remèdes 
proposés. 


Dans  une  précédente  chronique  (1),  en 
parlant  de  la  température  exceptionnelle 
dont  nous  jouissons,  nous  disions  que  ce 
n’était  pas  seulement  la  France,  mais  que 
l’Europe  tout  entière  était  dans  ce  cas.  A 
l’appui  de  nos  dires,  nous  citions  la  Russie  ; 
aujourd’hui,  nous  pouvons  citer  une  partie  de 
l’Allemagne,  la  Bavière.  Ainsi,  dans  une  lettre 
qu’il  nous  adresse,  notre  collègue  et  ami, 
M.  Max  Kolb,  nous  informe  que,  à Munich,  on 
jouit  également  d’un  « hiver  exceptionnel; 
toujours  du  beau  temps  ; le  thermomètre 
n’a  pas  descendu  au-dessous  de  2 degrés  ; 
il  n’y  a pas  de  neige.  » Il  ajoute  : « Aussi, 
nos  brasseurs  sont-ils  dans  une  grande^ca- 
lamité.  Je  ne  me  rappelle  pas  d’avoir  jamais 
vu  un  temps  pareil.  Qu’allons-nous  devenir  ? 
Comment  la  science  va-t-elle  expliquer  ces 
faits?  » 

Ainsi  qu’on  peut  le  voir,  là  comme  ici,  il 
fait  beau,  et  comme  ici  aussi  on  semble 
s’en  plaindre,  craindre.  Au  lieu  de  cela, 
ne  faudrait  - il  pas  mieux  s’en  réjouir 
et  dire:  Il  fait  beau,  doux;  tant  mheux, 
profitons-en.  Tel  le  recommande  la  vraie 
philosophie.  Se  plaindre  du  beau  temps 
quand  rien  ne  démontre  qu’il  est  préjudi- 
ciable peut  être  comparé  à un  homme  qui 
se  plaindrait  d’un  excès  de  santé,  sousje 
prétexte  qu’il  pourrait  être  suivi  fd’une 
maladie.  Si,  effrayé  de  l’avenir,  qu’il  ne 
connaît  pas,  il  manifestait  ses  craintes  à un 
médecin,  il  est  probable  que  celui-ci  lui  di- 
rait : ((  Yous  vous  portez  bien';  [tant  mieux, 
profitez-en,  et  lorsque  vous  serez  malade,  il 
sera  assez  temps  d’y  songer.  » Faisons  de 
même  par  rapport  au  temps. 

— Notre  collaborateur  et  ami,  M.  Jean 
Sisley,  nous  envoie  un  extrait  d’une  lettre 
qu’il  a reçue  du  Japon,  et  que  nous  nous 
empressons  de  reproduire,  bien  convaincu 
que  nous  sommes  qu’il  sera  lu  avec  beau- 

(1)  V.  Bevue  horticole,  1872,  p.  441. 

16  JANVIER  1873. 


coup  de  plaisir  par  les  abonnés  de  la  Revue. 
Voici  cet  extrait  : 

Yokohama,  4 octobre  1872. 

...  Nous  avons  profité  d’un  intervalle  de  beau 
temps  pour  aller  visiter  les  temples  d’Oucno  ; ils 
n’ont  rien  de  bien  remarquable,  mais  sont  bâtis 
sur  une  colline,  au  milieu  d’arbres  splendides  : 
des  Gin'kgo  gros  comme  nos  plus  gros  Noyers, 
des  Cryptomeria  et  des  Séquoia  sempervirens 
gros  comme  de  très-gros  Sapins;  puis,  dessous 
ces  grands  arbres,  des  bosquets  de  Camellias, 
d’Azalées,  de  Néfliers  du  Japon  et  de  Troènes 
du  Japon.  C’est  très-beau  comme  végétation... 

Nous  sommes  revenus  d’Yédo  le  dimanche  25, 
avec  le  beau  temps,  et  nous  avons  pu  voir  la 
campagne.  Elle  est  très-belle  : des  rizières  admi- 
rablement cultivées  et  couvertes  de  Riz  bientôt 
mûr  forment  la  grande  culture  du  pays.  On  voit, 
en  outre,  de  petites  parcelles  de  Coton,  de  Pa- 
tates, de  Sorgho,  de  Millet,  et  de  véritables 
champs  d’Aubergines.  Tout  cela  montre  que  le 
pays  est  plus  chaud  que  le  nôtre,  ou  du  moins 
que  la  chaleur  y est  beaucoup  plus  prolongée. 
Les  Camellias  gros  comme  un  homme,  et  les  Né- 
fliers du  Japon  beaucoup  plus  gros,  ne  sont  pas 
rares.  Cependant  le  pays  n’a  plus  du  tout  l’air 
tropical;  le  seul  arbre  qui  rappelle  les  tropiques, 
c’est  le  Chamœrops  de  la  Chine,  et  encore  il  est 
loin  d’être  vigoureux  : il  a évidemment  Pair  de 
souffrir  de  l’hiver.  Nos  Orangers  sont  ici  cultivés 
en  vases;  ils  gèlent  dehors.  En  revanche,  il  y a 
un  Oranger  à trois  feuilles  qui  pousse  comme  du 
Chiendent  dans  les  haies.  Aug.  Hénon. 

Pas  n’est  besoin  d’insister  pour  faire  res- 
sortir l’immense  intérêt  que  présente  cette 
lettre,  qui,  déjà,  laisse  entrevoir  que,  ainsi 
que  nous  l’avons  dit  plusieurs  fois,  ce  pays 
n’est  guère  connu  des  Européens.  Un  fait 
qui  nous  frappe  tout  particulièrement,  qui 
suffirait  pour  justifier  nos  dires,  est  la  pré- 
sence dans  cette  partie  de  l’Asie  ((  d’énormes 
Séquoia  sempervirens  » associés  au  Gink- 
go.  S’il  en  est  ainsi,  et  s’il  n’y  a pas  là  une 
erreur  d’appréciation,  — et  nous  avons  lieu 
de  croire  qu’il  n’en  est  rien,  M.  Hénon  con- 
naissant très-bien  le  Séquoia  sempervirens, 

2 


22  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


— cette  espèce,  qui  jusqu’ici  était  regardée 
comme  exclusivement  propre  à la  Califor- 
nie, existerait  donc  en  Cliine  depuis  un 
temps  presque  immémorial.  Aurait-elle  été 
introduite  là  de  l’Amérique  nord-ouest  (de 
la  Californie),  ou  y serait-elle  indigène? 
C’est  là  un  point  qui  reste  à éclaircir,  et  qui 
peut-être  pourra  apporter  quelques  lumières 
à la  géographie  botanique,  et  ajouter  quel- 
ques matériaux  à la  note  très-intéressante 
de  la  Généalogie  des  W ellingtonia , que  nous 
avons  rapportée  dans  ce  journal  {Revue  hov' 
ticole,  1872,  p.  427,  et  1873,  p.  32).  Les 
conséquences  que,  d’après  cette  lettre,  l’on 
peut  tirer  du  climat  japonais,  peuvent  être 
très-avantageuses  pour  la  culture  des  plantes 
japonaises  dont  on  voudra  tenter  l’introduc- 
tion en  France.  Nos  lecteurs  seront  sans 
doute,  comme  nous,  frappés  des  dimensions 
colossales  qu’acquièrent  les  Camellias  et  les 
Néfliers  du  Japon  {Ergohothria  japonica)\ 
mais  néanmoins  ils  pourront  difficilement 
se  faire  une  idée  exacte  de  la  beauté  que 
peuvent  présenter  ces  espèces,  dont  le  tronc 
atteint  « la  grosseur  d’un  homme,  » et  par- 
fois même  plus  gros.  Nous  avouons  cepen- 
dant ne  pouvoir  nous  rendre  compte  de  ce 
climat  japonais  en  réfléchissant  à ces  végé- 
tations si  remarquables,  et  à côté  de  cela 
d’apprendre  que  le  Chamœrops  excelsa 
< semble  souffrir  du  froid,  y>  et  que  « nos 
Orangers  y sont  cultivés  en  vases.  »’Quant  à 
l’Oranger  à trois  feuilles  « qui  pousse 
comme  du  Chiendent  dans  les  haies,  y> 
qu’est-ce  que  cette  espèce?  Est-ce  le  Citrus 
triptera,  qui  chez  nous  résiste  parfaitement 
au  froid  de  nos  hivers  ? 

— La  température  exceptionnelle  dont 
nous  jouissons  a déterminé  des  effets  de  vé- 
gétation qu’on  n’est  pas  non  plus  dans  l’ha- 
bitude de  voir  ; par  exemple,  la  floraison  de 
plantes  qui,  ordinairement,  ne  montrent 
leurs  fleurs  qu’en  mars  ou  avril.  Ainsi,  dès 
les  premiers  jours  de  janvier,  les  Pâque- 
rettes, Y Amydalus  orientalis  étaient  en 
pleine  fleur  ; \es  Jasminum  nudiflorum, 
les  Lonieera  Sta7idishi  et  fragrantissima 
étaient  dans  le  même  cas.  Mais  le  fait  peut- 
être  le  plus  curieux,  c’est  la  production  des 
Asperges  à l’air  libre,  en  plein  champ.  Ainsi, 
à Sceaux,  le  30  décembre  1872,  l’on  en  a 
coupé  à peu  près  une  demi-botte  dans  une 
pièce  de  terre  d’une  petite  étendue  et  bien 
■que  placée  dans  des  conditions  d’insolation 
qui  ne  sont  pas  des  plus  favorables.  Quant 
aux  Violettes,  la  floraison,  aujourd’hui  en- 
•core  (14  janvier),  est  splendide;  les  champs 


en  sont  tout  bleus,  comme  on  les  voit  ordinai- 
rement en  avril  : aussi  les  marchés  en  sont- 
ils  régulièrement  approvisionnés,  comme  ils 
le  sont  chaque  printemps. 

— En  nous  envoyant  récemment  un  pied 
d'E^nhothrium  coccineum,  et  en  nous  don- 
nant connaissance  de  cet  envoi,  MM.  James 
Veitch  et  fils  nous  communiquaient,  au  sujet 
de  cette  espèce,  les  quelques  renseignements 
suivants  : 

...  Ce  magüifiqne  arbrisseau,  originaire  du 
Chili  et  de  la  Patagonie,  fut  introduit  en  Angle- 
terre par  M.  W.  Lobb,  lors  de  ses  voyages  dans 
l’Améiique  du  Sud. 

Mis  en  pleine  terre  à Exeter,  un  pied  d'Em- 
bothrium  coccineum  atteignit  la  hauteur  de  10  à 
12  pieds,  et  fleurit  pendant  plusieurs  saisons  en 
grande  profusion,  mûrissant  franchement  ses 
graines. 

Dans  plusieurs  endroits  du  Cornwall,  où  on  l’a 
planté  en  pleine  terre,  à Pair  libre,  il  réussit  à 
merveille,  et  produit  un  charmant  effet  par  ses 
fleurs  d’un  corail  brillant. 

Nous  pouvons  aussi  mentionner  un  très-bel 
exemplaire  de  cette’espèce  planté  dans  le  jardin 
de  Sa  Majesté,  à Osborne,  où  il  a atteint  14  pieds 
de  hauteur. 

Le  Muséum  doit  le  pied  d'E.  coccineum 
qu’il  possède  à la  bienveillante  générosité 
d’un  des  plus  grands  amateurs  d’horticul- 
ture, M.  Horace  Hamond,  consul  d’Angle- 
terre à Cherbourg.  En  signalant  ce  fait, 
nous  sommes  personnellement  heureux  de 
cette  occasion,  qui  nous  permet  de  l’en  re- 
mercier publiquement.  — Les  personnes  qui 
désirent  se  procurer  cette  espèce  pourront 
s’adresser  à MM.  James  Veitch  et  fils,  hor- 
ticulteurs à Londres. 

— Un  fait  de  dimorphisme  sur  lequel 
nous  croyons  devoir  appeler  l’attention  est 
le  suivant  : un  Tilleul  argenté,  très-gros, 
greffé  à environ  40  du  sol,  ayant  été 
rompu  un  peu  au-dessus  de  la  greffe,  fut 
ensuite  arraché  entre  deux  terres,  par  con- 
séquent bien  au-dessous  de  la  greffe.  De  la 
souche  partirent  trois  forts  jets,  de  force  et 
de  vigueur  à peu  près  égales.  L’un  d’eux 
était  exactement  identique  au  Tilleul  ar- 
genté ; les  deux  autres  en  différaient  totale- 
ment par  Vargc7iture,  qui  faisait  complète- 
ment défaut.  A quoi  est  dû  ce  phénomène  ? 
Nous  ne  pouvons  le  dire.  Mais  ce  qu’il  est 
permis,  c’est  d’émettre  des  doutes  sur  la 
valeur  spécifique  absolue  du  Tilleul  argenté, 
surtout  si  l’on  songe  que  dans  les  semis 
qu’on  fait  de  ses  graines  on  trouve  toujours 
des  individus  à feuilles  plus  ou  moins  ar- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


gentéeSj  et  d’autres  qui  ne  le  sont  pas  du 
tout.  Le  Tilleul  argenté  ne  serait-il  pas  une 
forme  locale  du  Tilleul  à larges  feuilles, 
qui,  lui-même,  n’est  qu’une  forme  du  Til- 
leul sauvage  ? 

— Nous  avons  reçu  de  M.  Colin-Lebert, 
horticulteur  à Blois,  quelques  spécimens 
d’une  variété  inédite  de  Poires,  qu’il  se  pro- 
pose de  mettre  au  commerce  vers  la  fin  de 
l’année  1873.  C’est  un  fruit  magnifique  de 
forme,  très-gros  et  de  qualité  supérieure, 
ce  qui  ne  gâte  rien.  Elle  tient  à la  fois  du 
Beurré  magnifique,  de  la  Duchesse  d’Angou- 
lême  et  du  Doyenné  d’hiver.  Elle  mûrit  en 
décembre-janvier.  C’est  la  Poire  Beurré 
Alexandre  Lucas,  dont  prochainement  nous 
donnerons  une  description  et  une  figure. 

— A propos  du  Pélargonium  zonale 
double  blanc,  qu’il  a obtenu  cette  année, 
M.  J.  Sisley  nous  adresse  une  lettre  pleine 
d’intérêt  et  d’enseignem.ents,  et  que  nous 
nous  empressons  de  reproduire.  La  voici  : 

j Lyon,  ce  15  octobre  1872. 

Mon  cher  rédacteur, 

Dans  votre  chronique  du  10  octobre,  en  par- 
I lant  de  mou  Pélargonium  zonale  double  blanc, 
vous  dites  qu’il  est  « le  résultat  de  combinaisons 
scientifiques.  » 

! Permeltez-moi  de  ne  pas  accepter  cette  appel- 
I lation  élogieuse. 

Lorsqu’il  y a six  ans  je  commençai  à m’occu- 
per de  la  fécondation  artificielle  des  Pélargo- 
niums  zonales,  je  n’avais  aucun  système  arrêté. 

Je  me  procurai  d’abord  une  collection  d’environ 
cinquante  variétés  à fleurs  simples,  choisies  parmi 
les  meilleures  dans  tous  les  coloris,  puis  envi- 
ron deux  cents  sujets  de  doubles  des  variétés 
existantes  alors,  et  jusqu’en  1870  j’ai  acheté 
toutes  les  variétés  nouvelles  à fleurs  doubles 
qui  étaient  mises  au  commerce,  et  les  simples 
qui  différaient  de  coloris  avec  ceux  de  ma  col- 
lection. 

Je  fécondai  sans  choix  toutes  les  variétés  à 
fleurs  simples  par  le  pollen  des  doubles  qui 
î avaient  des  étamines. 

Pendant  trois  ans  je  n’obtins  aucun  résultat, 

, lorsqu’on  1869  je  trouvai  Victoire  de  Lijon  et 
Clémence  Royer.  J’étais  sur  le  point  d’abandon- 
I ner  la  partie,  lorsque  cette  trouvaille  me  re- 
donna courage. 

Chaque  fois  que  dans  mes  semis  de  simples  je 
trouvais  une  plante  équivalente  pour  la  forme  et 
le  coloris  à une  variété  de  ma  collection,  j’élimi- 
nais l’ancienne  pour  y substituer  la  nouvelle. 

J’opérai  de  même  pour  les  doubles,  et  con- 
servai parmi  ceux-ci  de  préférence  les  variétés 
qui  offraient  quelques  variations  dans  le  coloris, 
fussent-elles  semi-doubles. 


En  continuant  ainsi,  je  n’ai  plus  pour  porte- 
graines  dans  les  plantes  du  commerce,  et  parmi 
les  simples,  que  : Beauté  de  Suresnes,  Ami  Poi- 
zeau,  Tricolor,  Crimson  Nosegay,  Chant  natio- 
nal, Floribunda  alba.  Docteur  Muret.  Charles 
Dagneau,  M««e  Jules  Smith,  Arlequin,  Orphée  et 
Oracle,  toutes  variétés  dont  je  n’ai  pas  trouvé  les 
similaires  dans  mes  semis. 

Et  parmi  les  doubles  : Auguste  Ferrier,  Mar- 
tial de  Champflour,  Gloire  de  Nancy,  M“‘e  Le- 
moine, Triomphe  (Lemoine),  Triomphe  de  Lor- 
raine, Mme  Boudet,  Victoire  de  Lyon,  Clémence 
Boyer,  Émilio  Castelar,  François  Arles  Dufour, 
Charles  Darwin  et  Rose  pur,  ayant  réformé 
toutes  les  variétés  qui  ont  peu  ou  point  d’éta- 
mines. 

Tous  les  autres  doubles  qui  me  fournissent  des 
étamines  pour  la  fécondation  proviennent  de  mes 
semis. 

En  opérant  ainsi,  j’ai  été  guidé  par  la  pensée 
que  des  simples,  issus  de  simples  fécondés  par 
des  doubles,  pourraient  peut-être  avoir  plus  de 
dispositions  à donner  des  doubles  que  les  vieilles 
variétés.  Voilà,  mon  cher  rédacteur  en  chef, 
toutes  les  combinaisons  scientifiques  dont  j’ai  fait 
preuve.  La  nature  a fait  le  reste. 

Puisque  j’ai  réussi  par  cette  sélection,  j’engage 
les  jeunes  horticulteurs  à la  pratiquer  n’importe 
sur  quelle  espèce  de  plantes,  et  surtout  les  jar- 
diniers de  maisons  bourgeoises,  car  les  horticul- 
teurs marchands  ont  en  général  trop  peu  de  loi- 
sirs pour  se  livrer  à la  fécondation  artificielle 
d’une  manière  suivie. 

Je  dois  ajouter  que  depuis  six  ans  je  tiens  un 
registre  où  sont  notés  les  noms  des  variétés 
simples  et  doubles  qui  ont  servi  à les  féconder, 
et  chaque  variété  de  double  est  représentée  par 
de  la  laine  d’une  couleur  différente,  que  j’attache 
à la  fleur  après  sa  fécondation. 

Mais,  jusqu'à  présent,  ce  travail  (que  je  re- 
commande cependant)  ne  m’a  fourni  aucune  lu- 
mière ; car  la  même  mère  fécondée  par  le  même 
père  m’a  donné  des  produits  très-différents  : 
tantôt  c’était  le  coloris  de  la  mère,  tantôt  celui 
du  père  qui  dominait,  et  quelquefois  c’étaient  des 
nuances  intermédiaires,  la  plupart  des  simples 
et  peu  de  doubles  en  proportion.  Sur  deux  mille 
semis,  j’ai  cette  année  environ  cent  doubles. 

Mon  double  blanc  est  le  produit  d’un  simple 
blanc  fécondé  par  un  rouge;  mais  quatre  autres 
issus  de  la  même  fécondation  sont  ou  roses,  ou 
rouges,  ou  blancs  et  simples. 

Je  n’ai  donc  encore  rien  appris  qui  puisse  me 
guider  à coup  sûr  ou  que  je  croie  devoir  con- 
seiller. Ce  qui  se  passe  dans  le  règne  végétal  ne 
se  produit-il  pas  exactement  de  même  dans  le 
règne  animal?  Et  la  nature  ni  la  science  ne  nous 
ont  pas  encore  montré  pourquoi  tous  les  enfants 
d’une  même  mère  et  d’un  même  père  diffèrent 
TOUJOURS  entre  eux. 

Tout  ce  que  je  sais,  et  que  tout  le  monde  sait, 
c’est  que  pour  obtenir  des  fleurs  doubles,  il  faut 
féconder  les  fleurs  simples  par  des  doubles. 


Votre  bien  dévoué. 


Jean  Sisley. 


24 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


— La  Californie  n’est  pas  seulement  le 
pays  de  l’or  ; c’est  surtout  ^ — et  c’est  là  pré- 
cisément le  point  capital  qui  assure  l’avenir 
de  ce  pays  — un  lieu  de  production  agri- 
cole. Un  de  nos  collègues,  dont  le  nom  est 
bien  connu  en  horticulture,  Félix  Lance- 
zeur,  nous  assurait  que  nos  meilleures  ré- 
coltes, soit  en  Froment,  soit  en  Raisin,  pou- 
vaient à peine  donner  une  idée  de  la  récolte 
californienne  pour  ces  mêmes  denrées  ; et, 
de  plus,  que  là  on  ne  connaissait  pas  de 
mauvaises  années.  Est-ce  vrai  ? Quoi  qu’il 
en  soit,  l’année  que  nous  venons  de  traver- 
ser (1872)  paraît  avoir  été  exceptionnelle- 
ment favorable  à la  production  des  céréales. 
Ainsi,  d’après  certains  journaux  américains 
cités  par  le  Journal  d’ Agriculture  pra- 
tique, déduction  faite  de  ce  qui  est  néces- 
saire à la  consommation,  la  Californie  peut 
disposer  de  600,000  tonnes  de  froment, 
quantité  telle  qu’il  est  presque  douteux 
qu’on  puisse  trouver  des  navires  pour  la 
transporter.  Si  l’on  ajoute  que,  en  France  et 
dans  diverses  autres  parties  de  l’Europe,  la 
récolte  aussi  a été  très-bonne,  on  verra  que 
la  famine  n’est  pas  à redouter.  Tant  mieux. 

— La  floraison  des  Bambous  est  un  fait 
tellement  rare,  même  dans  les  endroits  où 
ils  croissent  naturellement,  qu’on  doit  si- 
gnaler avec  soin  les  faits  toutes  les  fois  qu’il 
s’en  présente.  C’est  ce  qui  nous  engage  à ap- 
peler l’attention  sur  celui  qui  s’est  produit 
récemment  au  Muséum.  Toutefois,  signaler 
simplement  le  fait  n’est  pas  suffisant;  il  nous 
paraît  nécessaire  d’en  faire  connaître  les  par- 
ticularités. Posons  d’abord  cette  question: 
Qu’entend-on  par  Bambou,  et  est-on  d’ac- 
cord sur  ce  point?  Non,  certes.  Mais,  le  se- 
rait-on,  qu’on  ne  pourrait  encore  que  très- 
difficilement  s’entendre;  car  qui  oserait 
affirmer  que  toutes  les  espèces  se  comportent 
de  la  même  manière,  qu’elles  ont  des  tem- 
péraments identiques,  qu’il  n’y  en  a pas  de 
caractères  très-divers,  soit  pour  l’inflores- 
cence, la  fructification,  la  durée,  etc.,  etc., 
ainsi  que  cela  se  voit  à peu  près  chez  tous 
les  autres  genres  de  végétaux? 

La  plante  qui  vient  de  fleurir  au  Muséum, 
au  mois  de  novembre  1872,  appartient  à 
cette  grande  espèce  indienne  généralement 
connue  sous  le  nom  de  Bambusa  arundi- 
nacea,  que,  à tort  ou  à raison,  on  appelle 
aussi  B.  Thouarsii.  Le  pied,  qui  est  planté 
dans  le  pavillon  chaud  depuis  plus  de 
trente  ans,  donne  des  jets  qui  atteignent 
jusque  10  mètres  et  plus  de  hauteur,  sur 
6-10  centimètres  de  diamètre.  Ces  jets,  qui 


présentent  des  ramifications  elles-mêmes 
ramifiées,  portent  des  feuilles  de  30  à 40  cen- 
timètres de  longueur  sur  6-8  de  largeur  ; 
les  feuilles,  minces  et  coriaces,  sont  d’un 
vert  luisant  en  dessus,  plus  pâles  en  des- 
sous, non  glauques  ; les  ligules,  tronquées 
au  niveau  de  l’insertion  du  limbe,  sont  rus-  f 
tiques  ou  très-légèrement  et  courtement  ci- 
liées, de  même  que  les  bords  de  la  gaîrie. 

Le  B.  arundinacea,  qui  vient  de  fleurir 
au  Muséum,  appartient  à la  division  spa- 
thacée  (1).  Les  fleurs  sessiles  sont  disposées 
en  épis  distants,  courts,  placés  sur  des  ra- 
milles grêles,  parfois  très-longues,  et  dans 
ce  cas  arquées  et  pendantes.  Quant  à la  f 
question  de  savoir  si,  comme  on  le  dit  gé- 
néralement, les  Bambous  sont  monocarpi- 
ques,  nous  ne  pouvons  rien  affirmer  ; nous 
pouvons  seulement  dire  que  des  deux  tiges 
du  B,  arundinacea  qui  viennent  de  fleurir, 
l’une  est  à peu  près  complètement  morte; 
l’autre,  bien  que  chargée  de  ramilles  feuil-  ; 
lées,  semble  ralentir  sa  végétation.  [ 

Une  autre  question  qui  se  présente,  très-  | 
importante  aussi  au  point  de  vue  qui  nous  * 
occupe,  est  celle-ci  : Les  Bambous  sont-ils 
monocarpiques?  Sur  ce  point  encore,  nous  | 
ne  pouvons  — ou  mieux  on  ne  peut  — rien  ! 
affirmer  ; ce  qu’on  en  a dit  et  ce  que  nous 
en  avons  vu  n’est  pas  assez  concluant  pour 
que  nous  puissions  nous  prononcer  autre-  ! 
ment  que  pour  la  négative,  et  cela  en  nous 
appuyant  sur  le  fait  dont  il  est  question.  En 
effet,  sur  la  plante  du  Muséum  qui  porte 
plusieurs  tiges  de  différents  âges  (de  huit  à 
trente  ans  et  même  plus),  deux  seulement  ; 
ont  fleuri  : l’une,  qui  était  tronquée  à environ 
2™  50,  est  à peu  près  morte  ; mais  l’autre,  i 

qui  a environ  6 mètres  de  hauteur,  qui  porte  | 

de  nombreuses  ramifications  chargées  de  ' 
feuilles  bien  vertes,  va-t-elle  persister  ? , 

C’est  ce  que  nous  nous  proposons  de  faire  | 
connaître.  Disons  néanmoins  que  la  tige  pa-  j 
raît  prendre  une  teinte  plus  pâle  ; rappelons  ' 
aussi  que  sur  cette  tige  les  fleurs  se  sont  ' 
montrées  à environ  3 mètres  de  hauteur.  | 

I 

■ — Une  nouvelle  que  nos  lecteurs  appren-  | 
dront  avec  plaisir,  c’est  la  publication  d’un 
ouvrage  exclusivement  consacré  aux  Cléma- 
tites, plantes  qui,  avec  raison,  sont  très-re- 
cherchées aujourd’hui,  qui,  comme  on  le 
dit,  sont  « à la  mode.  » Ce  livre  ne  contient 
pas  seulement  les  variétés  qui  font  l’objet 
de  l’ornementation;  il  comprend  la  descrip- 
tion des  types  et  indique  pour  chacun  d’eux 

(1)  Voir  notre  Essai  de  classification  des  Bair  ' 
bous,  dans  le  Journal  de  la  ferme,  1865,  p.  121. 


25 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


les  plantes  qui  en  sont  sorties,  les  moyens 
de  multiplication  et  la  culture  qui  leur  con- 
vient. L’énumération  et  la  description  de  ces 
magnifiques  hybrides  faites  depuis  ces  der- 
nières années  sont  admirablement  traitées, 
et  l’on  reconnaît  de  suite  qu’elles  sont  faites 
de  ((  main  de  maître,  » comme  l’on  dit.  On 
n’en  sera,  du  reste,  pas  surpris  lorsqu’on 
saura  que  cette  publication  est  faite  par  deux 
hommes  qui  réunissent  les  conditions  dési- 
rables pour  traiter  et  mener  à bien  un  pa- 
reil sujet  : la  pratique  et  la  théorie.  En 
effet,  l’un  est  M.  Thomas  Moore,  auteur 
d’importantes  publications  sur  l’horticul- 
ture; l’autre  M.  Georges  Jackmann,  le  cé- 
lèbre hyhrideur  de  Clématites,  et  dont, 
sous  ce  rapport , le  nom  est  universel- 
lement connu.  Aussi,  le  livre  qu’ils  viennent 
de  publier,  intitulé  : Les  Clématites  {The 
Clematis),  réunit-il  tout  ce  qu’on  peut  dé- 
sirer sur  cette  matière.  C’est  un  guide  in- 
dispensable à tout  amateur  de  ces  belles 
plantes.  — Dix-sept  planches,  dont  plusieurs 
coloriées,  représentant  des  plantes  soit  iso- 
lées, soit  en  groupes,  afin  de  mieux  faire 
ressortir  l’emploi  que  l’on  peut  en  faire  au 
point  de  vue  ornemental,  complètent  heu- 
reusement ce  travail,  qui  doit  trouver  une 
place  dans  toutes  les  bibliothèques. 

— Nous  avons  le  regret  d’annoncer  à nos 
lecteurs  la  mort  d’un  de  nos  bons  collègues, 
de  M.  Auguste  Neumann,  dont  il  a été  plu- 
sieurs fois  question  dans  ce  journal,  et  tout 
particulièrement  à propos  de  la  fructifica- 
tion du  Rhapis  flahelli  for  rnis  (1).  Fils  de 
feu  Neumann,  jardinier  en  chef  au  Muséum 
d’histoire  naturelle,  et  dont  le  nom  était 
universellement  connu,  M.  Auguste  Neu- 
mann, après  avoir  fait  ses  éludes  horticoles 
à Paris,  puis  en  Allemagne,  occupa  succes- 
sivement la  place  de  jardinier  en  chef  au 
palais  impérial  de  Biarritz,  puis  à celui  de 
Pau,  puis  enfin  au  palais  impérial  de  Fon- 
tainebleau, où  il  est  mort  le  24  décembre 
dernier,  dans  sa  46®  année. 

— Sur  un  journal  allemand,  le  Allge- 
meine  samen,  U.  Pftanzen  offert,  n®  du 
20  octobre  1872,  on  lit  ce  qui  suit  : 

Toutes  les  personnes  qui  l’année  passée  ont 
demandé,  au  prix  de  10  thalers,  d’après  le  cata- 
logue d’un  établissement  horticole  très-connu  de 
Dresde,  les  Pélargoniums  zonales  blancs  et  dou- 
bles A.  Varge  et  Triomphe^  sont  priées  d’envoyer 
au  directeur  des  jardins  botaniques  de  Leipzig 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  pp.  343  et  463. 


leur  adresse,  et  les  résultats  obtenus  à la  llo- 
raison. 

Nous  saisissons  avec  empressement  cette 
occasion  pour  informer  non  seulement  le 
<L  directeur  des  jardins  botaniques  de  Leip- 
zig, 3)  mais  le  chef  de  cet  « établissement 
horticole  hien  connu,  j)  ainsi  que  tous  les 
horticulteurs  et  amateurs  du  monde  entier, 
que  M.  Boucharlat  aîné,  horticulteur  à 
Lyon,  a reçu  l’année  dernière  de  Garl 
Petzod,  de  Dresde,  les  susdits  Pélargoniums 
qui  étaient  indiqués  comme  blancs,  et  qui, 
au  lieu  de  cela,  étaient  roses  et  rouges. 

M.  Cari  Petzod  serait-il  l’horticulteur 
((  bien  connu  » de  Dresde?  Si  oui,  pourquoi 
ne  pas  le  dire?  Mais,  dans  tous  les  cas.  Ton 
est  en  droit  de  demander  pourquoi  encore, 
puisqu’il  s’agit  de  plantes  vendues  par  un 
horticulteur  de  Dresde,  recommander  aux 
acheteurs  de  dire  ce  qu’ils  pensent  de  ces 
plantes  au  « directeur  des  jardins  botaniques 
de  Dresde  ? j)  Gela  fait  supposer  qu’il  y a 
là-dessous  quelque  chose  que  l’on  tient  à 
cacher. 

— Malgré  tous  les  efforts  et  les  recherches 
que  l’on  fait  pour  trouver  un  remède  contre 
le  phylloxéra,  et  le  haut  prix  qu’on  a atta- 
ché à cette  découverte,  ce  remède  est  encore 
à trouver.  Aussi,  d’après  les  déclarations 
formelles  qui  en  ont  été  faites,  le  ministre 
de  l’agriculture  a-t-il  prorogé  jusqu’au 
31  décembre  i 873  le  délai  fixé  pour  le  con- 
cours du  prix  de  20,000  fr.,  qui  devait  avoir 
lieu  au  31  décembre  1872.  En  sera-t-il  au- 
trement plus  tard,  et  sera- t-on  plus  heureux 
en  1873?  Le  fait  nous  paraît  douteux,  si 
l’on  s’en  tient  à l’esprit  du  programme,  qui 
exige  un  « procédé  pratique,  et  si  d’une 
autre  part  on  tient  compte  de  la  nature  des 
communications  — de  certaines,  du  moins, 
— qui  sont  faites,  ce  dont  on  peut  juger  par 
celles  que  nous  trouvons  dans  les  Comptes- 
rendus  de  rinstitut,  numéro  du  9 no- 
vembre 1872,  p.  1612,  et  que  nous  repro- 
duisons : 

<r  M.  L.  Balistat  adresse  une  note  con- 
cernant la  destruction  du  phylloxéra. 

((  L’auteur  voudrait  qu’on  attirât  {sic)  le 
phylloxéra  à l’aide  d’une  substance  dont  il 
serait  avide,  sur  des  fragments  de  racines 
qu’on  placerait  dans  le  voisinage  des  sou- 
ches malades,  et  qu’on  les  brûlât  en- 
suite. » 

La  communication  suivante  est  encore 
plus  curieuse;  ça  va  crescendo.  C’est  comme 
chez  Nicollet,  de  plus  fort  en  plus  fort  : 

« M.  Erber  adresse  de  Thoner  (Suisse) 


DEUX  BONNES  VARIÉTÉS  DE  MELONS. 


26 

line  Dote  relative  à un  procédé  de  destruc- 
tion du  pliylloxera. 

<(  Ce  procédé  consisterait  à arracher  les 
plants  de  Vignes,  les  nettoyer  avec  l’eau  et 
la  brosse,  les  soumettre  à des  fumigations 
soufrées,  à retourner  la  terre,  l’arroser  avec 
de  l’eau  sulfurée  ; enfin,  à replanter  les 
ceps. 

Pour  compléter  son  procédé  de  guérison, 
M.  Erber  aurait  dû  ajouter  qu’après  avoir 
fait  toutes  les  opérations  qu’il  recommande, 
et  que  nous  venons  de  rapporter,  il  fallait 
mettre  les  Vignes  dans  un  four  bien  chaud 
pendant  quelques  heures.  C’est  sans  doute 
un  oubli  ; c’est  regrettable,  car  cette  der- 
nière opération  eût  eu  le  grand  avantage  de 

DEUX  BONNES  VA: 

Un  écrivain  horticole  a dit  : « Hélas  î un 
bon  Melon  est  rare  comme  un  bon  ami.  » 
Evidemment  cet  homme  exagérait  ; il  ca- 
lomniait une  famille  du  règne  végétal,  et, 
nous  devons  l’avouer  sans  détour,  un  bon 
-ami  est  plus  rare  qu’un  bon  Melon. 

En  effet,  si  le  bon  et  véritable  ami  est 
d’une  rareté  incontestée,  par  contre,  plu- 
sieurs variétés  de  Melons  nous  donnent  de 
bons,  d’excellents  fruits. 

Presque  partout  est  connue  la  variété 
Melon  cantaloup  ou  prescot  argenté  (G.  à 
fond  blanc).  Bien  cultivée,  elle  donne,  et 
par  deux  par  plantes,  ses  fruits  aussi  bons 
que  beaux.  La  variété  Melon  ananas  ou  des 
États-Unis,  dont  le  fruit  est  souvent  appelé 
Meloyi  de  poche  à cause  de  son  petit  volume, 
produit,  si  elle  n’est  pas  dégénérée,  jusqu’à 
six  à huit  fruits  par  plante,  et  presque  tous 
bons  ; il  produit  deux  variétés  également 
méritantes  : l’une  à chair  rouge,  l’autre  à 
chair  blanche.  Celle-ci  est  plus  sucrée,  mais 
moins  parfumée  que  celle  à chair  rouge. 

Plusieurs  autres  variétés  donnent  égale- 
ment de  bien  bons  fruits.  Je  citerai  spécia- 
lement la  variété  hâtive  dite  Melon  de  Ca- 
vaillon,  à fruit  gros,  à chair  rouge,  souvent 
peu  fine,  mais  en  revanche  très- sucrée  et 
parfumée  ; puis  les  variétés  Melons  canta- 
loup d’Alger,  cantaloup  noir  des  Carmes, 
sucrin  de  Tours,  et  les  Melons  d’Espagne 
ou  d’hiver,  à chair  blanche  et  si  sucrée. 

Je  quitte  maintenant  ces  variétés  généra- 
lement connues  et  cultivées,  pour  en  signa- 
ler deux  autres  que  je  crois  très-peu  con- 
nues, et  qui  méritent  bien  de  l’être.  Ce  sont 
les  variétés  Melon  dit  Gros- Cantaloup,  et 
Melon  (T Esclavoyiie.  A Hyères,  tous  les  ma- 


dispenser  des  autres.  Mieux  que  cela.  N’eût- 
il  pas  été  plus  simple  de  dire  que  pour  em- 
pêcher que  les  Vignes  soient  mangées  par 
le  phylloxéra,  il  fallait  les  arracher? 

En  lisant  de  telles  absurdités,  on  ne  sait 
que  penser  de  ceux  qui  les  ont  écrites  ; l’on 
est  porté  à se  demander  si  leurs  auteurs  ne 
se  moquent  pas  de  l’Institut,  ou  s’ils  jouis- 
sent bien  de  toutes  leurs  facultés.  L’on  re- 
grette surtout  que  ce  dernier  les  ait  repro- 
duites. C’eût  déjà  été  trop  d’honneur,  à 
l’exemple  de  ce  qu’on  fait  dans  beaucoup 
de  nos  administrations...  de  les  enfermer 
dans  des  cartons  ; le  panier  était  suffisant. 

E.-A.  Carrière. 


lÉTÉS  DE  MELONS 

raîchers  cultivent,  et  en  grand,  la  première, 
sous  le  nom  ci-dessus,  qui  est  bien  justifié. 
En  effet,  le  fruit,  qui  a tout  à fait  la  forme 
d’un  Melon  cantaloup,  est  gros,  et  parfois 
très-gros;  il  en  est  souvent  du  poids  de 
3 kilogrammes.  Chaque  plante  bien  cultivée 
porte  deux  fruits  en  moyenne.  Ce  fruit  est 
à côtes  ou  tranches  bien  séparées,  larges  et 
assez  semblables  ; la  peau,  très-bosselée,  est 
vert  foncé;  elle  jaunit'un  peu  lors  de  la  ma- 
turité du  Melon  ; la  chair,  orange  vif,  est 
épaisse,  assez  fine,  ferme,  très-sucrée  et 
très-parfumée.  C’est  un  fruit  exquis.  La 
plante  est  vigoureuse  et  rustique.  Cette  va- 
riété peut  être  considérée  comme  hâlive. 

J’ai  trouvé  et  observé  la  variété  Melon 
d’Esclavonie  dans  les  cultures  de  MM.  Ch. 
Huber  et  C'®,  horticulteurs  à Hyères  ; elle 
appartient  à leur  collection  de  Melons  culti- 
vés pour  la  vente  des  graines.  Comme  la 
précédente,  elle  est  de  vigoureuse  et  rus- 
tique végétation;  ses  fruits  sont  de  maturité 
moyenne,  ou  plutôt  tardive.  Ils  viennent  au 
nombre  de  deux  ou  trois  par  plante,  sont  de 
grosseur  inégale,  mais  généralement  gros  et 
pesant  parfois  jusque  3 kilogrammes  et 
plus  ; ils  sont  ronds,  un  peu  allongés,  apla- 
tis à l’extrémité.  Les  côtes  ou  tranches  sont 
de  diverses  largeurs,  et  souvent  peu  appa- 
rentes ; la  peau,  un  peu  bosselée,  est  blan- 
che, et  elle  jaunit  légèrement  lors  de  la  ma- 
turité du  fruit,  qui  n’est  complète  — c’est- 
à-dire  que  la  chair  n’a  atteint  toutes  ses 
qualités,  — que  lorsque  la  peau  du  Melon 
a revêtu  depuis  six  à huit  jours  la  teinte 
blanc  jaunâtre,  et  que  l’extrémité  du  fruit 
fléchit  aisément  sous  la  pression  du  doigt. 
Celte  chair,  ainsi  à point,  est  de  couleur  blanc 


CULTURE  FORCÉE  DES  RAMEAUX. 


de  lait,  épaisse,  fondante,  très-fine,  très- 
sucrée,  et  de  saveur  néanmoins  relevée  et 
très-agréable.  C’est  un  excellent  fruit. 

Le  Melon  d' Esclavonie  est  une  variété 
d’été;  mais  l’expérience  m’a  appris  qu’il 
peut  être  rangé  parmi  celles  d’hiver.  Fin 
septembre , je  devais , pour  faire  place  à 
d’autres  végétaux,  arracher  les  plantes  de 
cette  sorte  de  Melon.  Je  cueillai  alors  quel- 
ques fruits  jeunes,  et  qui,  de  longtemps  en- 
core, n’eussent  été  mûrs,  et  je  les  déposai 
dans  un  cellier.  En  novembre,  ces  fruits 


27 

ont  successivement  pris  la  couleur  indi- 
quant la  maturité,  et  ils  ont  été  bons. 

C’est  donc  avec  toute  assurance  que  je 
recommande  ces  deux  variétés  bien  méri- 
tantes aux  amateurs  de  Melons.  La  pre- 
mière, la  variété  Gros-Cantaloup,  doit  trou- 
ver place  dans  toutes  les  cultures  faites 
par  les  maraîchers  approvisionneurs  ; elle 
leur  donnera  un  produit  certain  et  rémuné- 
rateur, en  même  temps  qu’elle  fournira  un 
bon  fruit  aux  consommateurs. 

Nardy  aîné. 


CULTURE  FORCÉE  DES  RAMEAUX 


Toutes  les  personnes  qui  s’occupent  tant 
soit  peu  d’horticulture  savent  que  les  ar- 
bres, arbrisseaux,  arbustes  qui  se  prêtent 
le  mieux  à la  culture  forcée  sont  ceux  chez 
lesquels  les  inflorescences  ou  les  rudiments 
des  fleurs  sont  complètement  organisés  et 
formés  dans  les  bourgeons,  lorsque  ces  vé- 
gétaux entrent  dans  la  période  de  repos. 
Il  en  est  de  même  des  plantes  herbacées  vi- 
vaces, et  plus  particulièrement  des  plantes 
tuberculeuses,  rhizomateuses  et  surtout 
bulbeuses  ; ce  sont  celles  chez  lesquelles  les 
inflorescences  sont  déjà  préparées  dans  le 
bourgeon  au  moment  où  les  bulbes  rhûris- 
sent,  qui  se  forcent  le  plus  facilement;  tel 
est  le  cas  pour  les  Jacinthes,  Narcisses, 
Scilles,  etc.  Etant  donné  un  Ognon  d’une 
de  ces  espèces  de  force  à fleurir,  on  pourra, 
de  juin-juillet  en  octobre- novembre  ou  dé- 
cembre, se  convaincre,  en  le  coupant  par  le 
milieu,  que  tout  ce  qui  devra  constituer  l’in- 
florescence (hampe,  fleurs,  organes  floraux), 
tout  est  déjà  organisé  et  visible,  si  pas  à 
Tœil  nu,  tout  au  moins  à la  loupe  ; et  avec 
la  pointe  d’une  aiguille,  une  personne  un 
peu  exercée  pourra  déjà  prédire  si  les  fleurs 
seront  simples  ou  doubles,  combien  de 
pièces  et  d’organes  les  composeront,  etc.,  etc. 

Il  existe  la  plus  grande  anologie  d’organi- 
sation entre  tout  bourgeon  à fleurs  et  un 
bulbe  ; aussi  suffira-t-il,  à l’automne  ou  en 
hiver,  de  couper  et  d’examiner  de  même  un 
bourgeon  floral  de  Lilas,  de  Marronnier 
d’Inde,  de  Poirier,  de  Pêcher,  etc.,  pour  voir 
que  tout  ce  qui  devra  être  en  sa  saison  la 
fleur  est  déjà  préparé,  n’attendant  plus 
que  les  conditions  d’une  température  pro- 
pice pour  finir  de  se  développer  et  fleurir. 

C’est  cette  raison  qui  fait  que  très-souvent, 
à l’arrière-saison,  surtout  quand  après  un 
temps  très-sec  survient  de  l’humidité  et 
une  douce  température , on  voit  certains 


de  ces  bourgeons,  excités  et  trompés  par 
des  conditions  atmosphériques  analogues 
à celles  dans  lesquelles  s’opère  la  floraison 
normale,  se  mettre  à fleurir  intempesti- 
vement. La  même  chose  arrive  aussi  fré- 
quemment pour  les  bourgeons  feuillus, 
principalement  chez  les  arbres  qui,  ayant 
souffert  de  la  sécheresse  ou  des  attaques 
des  insectes,  se  sont  dépouillés  de  bonne 
heure  en  été.  Aux  premières  pluies  de 
fin  d’été  et  d’autonne,  on  les  voit  se  cou- 
vrir de  feuilles  jaunes  qui,  normalement, 
n’auraient  dû  se  montrer  qu’au  printemps. 

Ceci  établi,  on  comprendra  facilement 
pourquoi  certains  végétaux  se  prêtent  plus 
facilement  et  plus  rapidement  que  d’autres  à 
la  culture  chauffée,  dans  le  but  d’en  obtenir 
la  floraison  à contre-saison.  Nous  n’entrerons 
pas  dans  les  détails  de  cette  culture  forcée, 
que  tout  le  monde  connaît,  et  qui  se  trouve 
d’ailleurs  exposée  dans  tous  les  bons  traités 
d’horticulture.  Mais  ce  que  l’on  ne  sait  pas, 
et  ce  que  nous  voulons  signaler  aux  lecteurs 
de  la  Revue,  c’est  que  les  rameaux  d’un  cer- 
tain nombre  d’arbres  et  d’arbustes  étant  choi- 
sis avec  boutons  à fleurs,  étant  plongés  par 
leur  base  dans  de  l’eau,  du  sable  humide  ou 
delà  terre  mouillée  et  soumis  à la  tempéra- 
ture chaude  et  humide  d’une  serre,  peuvent 
arriver  à fleurir  d’une  façon  assez  satisfai- 
sante. Aux  personnes  quiauront  des  loisirs  et 
qui  voudronts’arnuser  à tenter  quelquesessais 
dans  ce  genre,  nous  signalerons  entre  au- 
tres, comme  donnant  des  résultats  assez  cer- 
tains : le  Saule  Marsault  ; les  Spirœa  lan- 
ceolata  ou  Reevesi,  prunifolia,  lævigata; 
le  Berheris  dulcis  ; les  Mahonia  repens, 
aquifoliurn;  les  divers  Ghamœcérisiers  ; les 
Ribes  sayiguineum,  palmatum,  aureum, 
et  autres  analogues  ; les  Amygdalus  per- 
sica.  Prunus  et  Cerasus  à feuillescaduques; 
le  Kerria  Japonica;  le  Forsythia  viridis- 


28 


GLOXINIAS  A COROLLE  DOUBLE. 


sima,  suspensa;  le  Jasminium  nudifto- 
rum;  certains  Chèvrefeuilles,  notamment' le 
fragrantissima,  et  nombre  d’autres  qu’il 
serait  trop  long  d’énumérer.  Il  peut  parfois 
être  avantageux,  pour  certaines  garnitures 
d’hiver,  d’avancer  le  développement  des  cha- 
tons des  Noisetiers  (Coudriers),  des  Aulnes 
et  du  Garrya  clliptica  ou|les  fleurs  du  Cor- 
nouillier  mâle  , etc.  On  y peut  arriver 
par  le  môme  procédé  ; cependant,  certaines 
espèces,  comme  les  Lilas,  les  Deutzia,  les 
Coignassiers  du  Japon,  etc.,  qui  réussissent 
Lien  étant  chauffés  avec  les  racines,  ne  fleu- 
rissent pas  ou  fleurissent  mal  au  moyen 
des  simples  rameaux  ; du  moins  c’est  ce 
qui  nous  est  arrivé  lorsqu’il  y a quelques 
années  nous  nous  occupions  de  cette  ques- 
tion, dont  nous  avions  déjà  dit  alors  un 
mot  dans  ce  journal. 

Nous  avons  pensé  intéressant  de  revenir 


sur  cette  question,  qui  présente  peu  d’inté- 
rêt cette  année,  parce  que  l’hiver  a été  très- 
doux  et  qu’on  n’a  guère  manqué  de  fleurs 
jusqu’à  présent  ; mais  dans  un  hiver  rigou- 
reux, on  peut  trouver  à mettre  cette  idée  à 
profit, 'et  si  quelques-uns  des  lecteurs  de  la 
Revue  veulent  en  essayer  et  rendre  compte 
de  ce  qu’ils  auront  obtenu,  ils  ne  pourront 
qu’être  agréahles'à  tous  ceux  que  les  ques- 
tions de  ce  genre  intéressent. 

Nous  [dirons  en  terminant  qu’il  est  préfé- 
rable de  ne  couper  les  rameaux  destinés  à 
cette  culture  que  quelque  temps  après  que 
la  gelée  aura  complètement  arrêté  le  mou- 
vement de  la  sève,  et  enfin  que  pour  éviter 
que  l’eau  dans  laquelle  on  plantera  ces  ra- 
meaux ne  [se  corrompe,  on  devra  y mettre 
un  peu  de  charbon  en  poudre  ou  en  me- 
nus morceaux. 

Noblet. 


GLOXINIAS  A COROLLE  DOUBLE 


Si  la  famille  des  Gesnériacées  fait  les  dé- 
lices des  horticulteurs,  en  revanche,  par  la 
polymorphie  des  plantes  qu’elle  [renferme, 
elle  est  de  nature  à faire  le  désespoir  des 
botanistes,  et  l’on  en  connaît  plusieurs®qui 
y ont  « perdu  leur  latin.  y>  Cette  polymor- 


Fig.  2.  — Gloxinia  à corolle  double. 

phie  est  telle  que  les  très-nombreux  genres 
que  l’on  a faits  dans  ce  groupe  sortent  de 
quelques  types  qui  avaient  été  fécondés  les 
uns  par  les  autres.  Aujourd’hui  les  bota- 
nistes ont  à peu  près  abandonné  ces  plantes 
aux  horticulteurs,  qui,  du  reste,  en  ont  tiré  un 


excellent  parti  au  point  de  vue  ornemental, 
ce  qui,  au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  est 
l’essentiel.  Mais,  d’une  autre  part,  notre  but 
n’élant  que  d’appeler  l’attention  sur  un  ca- 
ractère particulier  et  nouveau  que  présente 
le  genre|Gioæmia,  nous  ne  parlerons  donc 
que  de  celui  qui,  par  sa  polymorphie,  nous 
donne  un  exemple  de  plus  de  la  manière 
dont  se|forment  les  caractères,  et  par  consé- 
quent les  espèces. 

Les  Gloxinias,  qui  forment  aujourd’hui 
de  si  belles  plantes  d’ornement,  sont  de 
dates  relativement  très-récentes,  et  à peu 
près  tous  les  horticulteurs  se  rappellent  du 
type,  le  Gloxinia  speciosa,  introduit  en 
Angleterre  vers  1815.  C’est  une  espèce  tu- 
berculeuse, acaule,  à fleurs  penchées  et 
violettes.  Une  seconde  espèce,  qui  parut 
vers  1825,  était  également  tuberculeuse,  à 
fleurs  penchées  et  violettes,  comme  la  pré- 
cédente, mais  elle  était  caulescente:  c’est  le 
G.  caulescens.  Un  peu  plus  tard  apparut 
une  troisième  espèce,  le  G.  rubra,  qui, 
sauf  la  couleur  des  fleurs,  qui  était  rouge, 
avait  tous  les  autres  caractères  tellement 
semblables  à ceux  du  G.  speciosa,  qu’on 
pourrait  le  considérer  comme  n’en  étant 
qu’une  variété.  C’est  à partir  de  ce  dernier, 
et  peu  de  temps  après  son  apparition,  qu’on 
commença  à obtenir  des  variétés  de  nuances 
diverses,  et  dont  sont  sorties  ces  admirables 
variétés  que  l’on  possède  aujourd’hui,  dans 
lesquelles  il  serait  difficile  de  reconnaître  le 
type,  et  avec  lesquelles  on  a créé  des  genres. 


A PROPOS  DU  BOUSSINGAULTIA  BASELLOIDES. 


29 


Sans  remonter  bien  loin,  il  est  facile  de  se 
rappeler  ces  faits,  et  aussi  que  pendant  les 
premières  années  l’on  ne  voyait  guère  d’au- 
tres Gloxinias  que  ceux  dont  la  corolle,  lar- 
gement tubuleuse,  un  peu  bilabiée,  était 
penchée,  et  en  général  de  couleur  violette 
ou  lilacée.  Puis  tout  à coup  un  jardinier  an- 
glais, nommé  Fyfe,  obtint  une  variété  à 
fleurs  dressées,  à laquelle  on  donna  le  qua- 
lificatif Fyfiana,  et  dont  la  fleur,  à tube  ré- 
gulier, peu  ouvert,  est  complètement  dres- 
sée. A partir  de  ce  moment,  soit  par  suite 
de  croisements,  soit  naturellement  et  par 
semis,  on  obtint  beaucoup  de  plantes  à 
fleurs  dressées^  et  aujourd’hui,  sans  aucun 
soin,  on  n’en  obtient  guère  plus  d’autres. 
Ainsi  que  cela  a presque  toujours  lieu, 
l’exception  est  devenue  la  règle  : une  nou- 
velle section  est  formée,  qui  même  tend  à 
supplanter  l’ancienne.  C’est  encore  une 
grande  loi  : les  enfants  remplacent  les  pa- 
rents... sans  leur  ressembler. 

La  nouvelle  forme  que  nous  représentons 
est  apparue  récemment.  Où?  En  Angleterre, 
probablement  ; elle  est  déjà  représentée  par 
deux  variétés  : Lady  Crémorne  (fig.  2)  et 
John  Gray,  qui,  à part  la  couleur,  a à peu 
près  les  mêmes  caractères.  Ce  qui  les  dis- 
tingue surtout,  c’est  un  commencement  de 
duplicature  très-marquée,  caractère  qui  très- 
probablement  encore  va  s’accroître,  de  sorte 


que  bientôt  on  aura  des  fleurs  complètement 
doubles.  Il  semblerait  que  cette  figure  re- 
présente deux  fleurs  emboîtées  l’une  dans 
l’autre  : la  plus  interne  à tube  entier,  et 
ayant  à l’intérieur  le  nombre  normal  d’or- 
ganes sexuels;  tandis  que  l’externe,  pro- 
fondément déchirée,  a les  étamines  rejetées 
d’un  seul  côté,  ainsi  qu’on  peut  le  voir  par 
cette  figure  2. 

Les  G.  Lady  Crémorne  et  John  Gray 
ont  été  mis  au  commerce  par  la  maison 
Veitch  et  fils,  de  Londres.  Le  premier  est 
d’un  très-beau  blanc  crémeux  à l’extérieur, 
violet  lilacé  à l’intérieur  ; tandis  que  chez  le 
deuxième  les  cinq  divisions  qui  forment  la 
seconde  enveloppe  florale  présentent  une 
disposition  de  coloris  inverse  : l’extérieur 
est  lilas  violacé  ; l’intérieur  est  blanc  pur. 
Ajoutons  que  tous  deux  ont  les  fleurs  dres- 
sées. 

La  culture  et  la  multiplication  de  ces  deux 
variétés  sont  exactement  semblables  à celles 
des  autres  Cesnérias  acaules.  On  les  cultive 
en  serre  chaude.  Quant  à leur  multiplica- 
tion, on  la  fait  de  boutures  de  feuilles,  qu’on 
place  sous  cloche  dans  le  courant  de  l’été, 
et  qui  au  printemps  suivant  sont  rempotées 
en  terre  de  bruyère  neuve,  et  forment  de  « 
belles  plantes  pour  l’ornement. 

May. 


A PROPOS  DU  BOUSSINGAULTIA  BASELLOIDES 


J’ai  observé,  au  sujet  du  Boussingaultia 
haselloides,  un  fait  que  je  ne  trouve  indiqué 
nulle  part,  et  sur  lequel  je  crois  intéressant 
d’appeler  l’attention  des  lecteurs  de  la  Revue 
horticole.  Tout  le  monde  connaît  cette 
plante  grimpante,  aux  feuilles  larges,  épais- 
ses, et  d’un  beau  vert  ; c’est  une  de  celles 
qui  rendent  le  plus  de  services  quand  il 
s’agit  de  garnir  un  mur  ou  des  treillages  à 
des  expositions  très-chaudes.  Aussi,  dans  le 
Midi,  est-ce  une  des  plantes  les  plus  géné- 
ralement adoptées  pour  cet  usage,  et  on  la 
rencontre  pour  ainsi  dire  partout.  Il  n’est 
pas  rare  même,  à la  suite  d’hivers  doux,  de 
voir  la  partie  inférieurr^e  de  la  tige  devenir 
ligneuse  et  se  conserver  plusieurs  années, 
reproduisant  ainsi  ce  qui  se  passe  dans  son 
pays  natal,  le  centre  de  l’Amérique  méri- 
dionale, du  Pérou  à la  Plata,  où  le  Boussin- 
gaultia  se  comporte  comme  un  arbrisseau 
grimpant.  La  multiplication  se  fait,  on  le 
sait  aussi,  avec  une  extrême  facilité,  par  la 
division  des  tubercules  (ou rhizomes?),  que 


la  plante  produit  |en  abondance.  Tous  ces 
détails  sont,  du  reste,  très-connus,  et  il  se- 
rait oiseux  de  les  répéter. 

Mais  voici  le  fait  que  je  crois  intéressant 
de  signaler  aux  observateurs. 

Un  amateur  d’Avignon,  confiant  dans  la 
clémence  habituelle  du  climat,  avait  négligé, 
un  de  ces  derniers  hivers,  de  rentrer  ses 
Boussingaultia,  et  ne|les  avait  abrités  que 
d’une  manière  insuffisante.  Grande  fut  sa 
surprise  en  constatant,  les  froids  passés, 
que  ses  tubercules  étaient  pourris  et  réduits 
en  une  sorte  de  gelée^gluante  qui  ne  laissait 
aucun  espoir.  Il^^se  voyait  donc  dans  la  né- 
cessité de  s’en  procurer  d’autres  à prix  d’ar- 
gent, ce]  qui  lui]  était  d’autant  plus  désa- 
gréable] qu’il  s’agissait  d’une  plante  plus 
triviale  et  considérée  d’habitude  comme  de 
mince  valeur,  quand  il  remarqua  à la  sur- 
face du  sol  des  germinations  assez  nom- 
breuses ; l’idée  lui  vint  que  ce  pourrait  être 
des  semis  naturels  du  Boussingaidtia.  Il 
les  ménagea,  et  il  en  obtint  rapidement,  sous 


POMME  DE  TERRE  EARLY  ROSE. 


30 

l’influence  de  conditions  favorables  de  ferti- 
lité de  sol  et  d’arrosages,  des  plantes  qui 
arrivèrent  dans  l’année  même  à un  dévelop- 
pement tout  à fait  satisfaisant. 

De  ceci,  l’on  est  en  droit  de  conclure  que 
le  BoussingauUia  peut  donner  des  graines 
fertiles,  du  moins  sous  le  climat  du  midi  de 
la  France,  et  se  reproduire  de  semis.  C’est  ce 
que  je  n’ai  vu  indiqué  nulle  part.  Les 
Fleurs  de  plehie  terre,  de  MM.  Vilmorin 
et  C'®,  le  Bon  Jardinier,  n’en  disent  rien. 
M.  Moquin-Tandon,  dans  le  Prodrome,  dé- 
crit, il  est  vrai,  la  forme  d\i  fruit  et  de  la 
graine;  mais  il  aurait  pu  ne  l’avoir  fait  que 
sur  des  échantillons  spontanés  qu’il  aurait 
rencontrés  dans  les  herbiers.  Aussi,  ce  semis 
naturel  d’une  plante  dont  les  graines  et  leur 
germination  paraissaient  avoir  échappé  jus- 
qu’ici, m’avaient  laissé  quelque  peu  incré- 
dule. Il  pourrait  se  faire  que  des  bourgeons, 
plus  robustes  que  le  reste  de  la  plante, 
fussent  nés  sur  quelqu’une  de  ses  parties, 
et,  conservés  dans  le  sol,  eussent  servi  à la 
reproduire.  Étaient-ce  bien  en  réalité  des 
graines  qui  donnaient  naissance  à ces  nou- 
velles plantes?  Le  doute,  qui  alors  était  per- 
mis, ne  l’est  plus  aujourd’hui,  du  moins 
pour  moi.  J’ai  là,  sous  les  yeux,  une  de  ces 
grappes  de  fleurs,  autrefois  d’un  blanc  de 
lait,  mais  bientôt  brunies  par  l’âge,  qu’on 
voit  se  développer  à toutes  les  aisselles  su- 
périeures des  tiges  du  BoussingauUia  ^ au 
centre  de  la  fleur  desséchée  se  trouve  un 
fruit  comprimé,  lenticulaire,  de  couleur 
brune,  comme  les  autres  organes.  Sous  l’in- 
fluence d’un  frottement,  même  très-léger, 
l’enveloppe  papyracée  extérieure  de  ce  fruit 
se  détruit,  et  l’on  aperçoit  une  graine  d’un 
blanc  un  peu  jaunâtre,  d’un  millimètre  en- 
viron de  diamètre,  et  qui  semble  formée 
d’un  embryon  cylindrique  courbé  en  cercle, 
et  laissant  entre  ses  deux  extrémités  un  es- 

POMME  DE  TER 

La  Pomme  de  terre  Early  rose  étant, 
parmi  les  variétés  nouvellement  introduites, 
une  de  celles  qui  se  recommandent  le  plus 
par  ses  qualités,  nous  avons  pensé  qu’il  se- 
rait utile  de  la  signaler  particulièrement  aux 
lecteurs  de  la  Bevue  horticole,  en  leur  fai- 
sant connaître  les  résultats  que  nous  en  avons 
obtenus  dans  nos  cultures. 

Nous  l’avons  reçue  simultanément  en 
1869  de  notre  correspondant  de  New-York 
et  de  MM.  Courtois-Gérard  et  Pavard,  mar- 
chands de  graines  à Paris,  rue  du  Pont- 


pace  libre,  d’où  résulte  une  échancrure. 
Mais  ce  n’est  pas  tout.  J’ai  aussi  sous  les 
yeux  des  germinations  longues  d’un  centi- 
mètre, dont  les  deux  cotylédons  ne  se  sont 
pas  encore  dégagés  de  la  fleur,  restée  en- 
tière, au  centre  de  laquelle  la  graine  était 
placée. 

Le  doute  n’est  donc  plus  possible  : ces 
épis  brunis  qu’on  voit  persister  après  la  flo- 
raison contiennent  des  graines,  et  ces  graines 
sont  fertiles  et  peuvent  servir  à assurer  la 
reproduction;  on  l’a  vu  dans  le  cas  qui  nous 
occupe:  elles  ont  perpétué  la  plante  dans  un 
jardin  où,  sans  elles,  elle  était  perdue. 
Maintenant,  quel  intérêt  horticole  y aura-t-il 
à retirer  du  fait  en  lui-même  ? Il  est  évi- 
dent que  le  mode  de  propagation  habituel 
par  tubercules  est  trop  simple  et  trop  pra- 
tique pour  qu’il  soit  abandonné  ; ce  sera 
toujours  lui  qu’on  emploiera  de  préférence. 
Mais  n’y  a-t-il  pas,  dans  tous  les  cas,  intérêt  à 
pouvoir  semer  les  graines  d’une  plante?  Sans 
vouloir  prendre  parti  pour  les  savants,  qui, 
peut-être  sur  des  vues  un  peu  théoriques, 
affirment  l’abâtardissement  et  la  dégénéres- 
cence d’un  végétal  se  reproduisant  toujours 
de  drageons  et  de  boutures,  ne  serons-nous 
pas  en  droit  d’espérer  que  par  le  semis  on 
arriverait  à obtenir  des  variétés  nouvelles 
plus  vigoureuses  encore  ou  diversement  co- 
lorées ? Des  hybridations  peuvent  être  ten- 
tées aussi  avec  des  genres  voisins,  et  nous 
citerons  entre  autres  les  Baselles.  Et  qui 
nous  dit  qu’il  n’en  résulterait  pas  des  modi- 
fications importantes  dans  la  coloration  des 
fleurs,  le  feuillage,  etc.?  Mais,  n’en  obtînt-on 
rien  de  vraiment  méritant,  que  ce  n’en  se- 
rait pas  moins  une  bonne  chose  que  d’avoir 
jeté|à  bas  une  contre-vérité  comme  celle-ci: 
que  les  BoussingauUia  ne  donnent  pas  de 
graines. 

Ludovié. 

lE  EARLY  ROSE 

Neuf.  Elle  provient  de  la  presqu’île  Alaska, 
dans  l’Amérique  russe,  et  fut  apportée  en 
1867  à Madilla,  dans  les  États-Unis,  d’où 
elle  nous  est  parvenue. 

Les  tubercules  de  cette  variété  sont  de 
forme  assez  régulière,  oblongs  et  fortement 
comprimés  sur  les  côtés  ; les  yeux,  nom- 
breux, sont  répartis  régulièrement  à sa  sur- 
face, mais  cependant  plus  rapprochés  vers 
l’extrémité  supérieure.  La  peau  est  claire  et 
rosée  ; la  chair  est  jaunâtre  et  nuancée  de 
rose,  farineuse  et  de  bonne  qualité  ; elle 


ncc.  Horticole  . 


. Ctt^OT7ZoZitliy  G-- <Sevef^e^TZS . 


Ituicreujo'.  cle2. 


Foire 


IfeJin  !)ee{j/s7iey. 


POIRE  HENRI  DECAISNE. 


31 


nous  a paru  suffisamment  riche  en  subs- 
tances azotées  (albumine  et  dextrine)  et  en 
fécule.  Elle  peut  être  accommodée  de  toutes 
façons. 

Cette  Pomme  de  terre  est  généralement 
de  bonne  grosseur.  La  plupart  atteignent  le 
poids  de  150  grammes.  M.  Vavin  dit  en 
avoir  obtenu  de  347  grammes.  Quant  aux 
tiges,  elles  sont  nombreuses  et  s’élèvent  de 
30  à 40  centimètres  au-dessus  du  sol.  Les 
feuilles  sont  larges,  d’un  vert  peu  foncé, 
à nervures  d’un  rose  violacé,  quPdisparaît 
lorsqu’elles  atteignent  leur  entier  dévelop- 
pement. Très-pubescentes  à leur  sortie  de 
terre,  les  parties  foliacées  ont  un  aspect 
particulier  qui  empêche  de  les  confondre 
avec  les  autres  variétés.  Elles  se  développent 
avec  une  vigueur  exceptionnelle,  et  ne  tar- 
dent pas  à couvrir  entièrement  le  sol.  Cette 
variété  ne  donne  pas  de  graines. 

Voici  les  résultats  que  nous  avons  obte- 
nus cette  année,  qui,  du  reste,  ont  été  iden- 
tiques avec  ceux  des  deux  années  précédentes. 

Les  tubercules  ont  été  mis  en  terre  le 
30  janvier,  en  même  temps  que  ceux  des 
autres  variétés  très-précoces  {Marjolain, 
Hérincq,  Royale  Aschleaved-Kidney  et 
Glocester-Kidney).  Les  premiers  tubercules 
mangeables  ont  été  récoltés  le  26  mai  ; les 
Marjolains  les  avaient  devancés  de  sept 
jours  : ils  étaient  complètement  mûrs  le 
26  juin.  Le  produit  était  triple  de  celui  de 
la  Marjolain,  et  double  des  variétés  Gloces- 
ter-Kidney et  Hérincq. 


Nous  devons  encore  constater  ce  fait,  que 
notre  plantation  ayant  été  atteinte  par  la  ge- 
lée du  20  avril,  qui  en  avait  complètement 
détruit  les  tiges,  elles  repoussèrent  toutes 
avec  la  plus  grande  vigueur,  tandis  qu’un 
tiers  des  Marjolains  ne  put  émettre  de  nou- 
velles pousses,  et  par  suite  ne  produisit 
presque  rien  à l’arrachage. 

En  résumé,  nous  considérons  la  Pomme 
de  terre  Early  rose  comme  une  variété  des 
plus  avantageuses  pour  la  culture  maraî- 
chère, surtout  à cause  de  sa  fertilité,  qui 
dépasse  de  beaucoup  celle  des  autres  va- 
riétés, dont  la  maturité  arrive  en  même 
temps. 

Nous  n’avons  pas  essayé  cette  Pomme  de 
terre  en  culture  forcée,  mais  nous  en  avions 
remis  quelques  tubercules  à M.  Bossin, 
notre  ^excellent  et  consciencieux  collègue;  il 
les  a fait  cultiver  sous  châssis,  et  les  ayant 
vus  arrachés,  nous  avons  constaté  que  le 
produit  était  beaucoup  moindre  qu’en  pleine 
terre.  Nous  pensons  que  dans  ce  genre  de 
culture  le  développement  excessif  des  tiges 
et  leur  vigueur  exceptionnelle  sont  loin  de 
favoriser  leur  précocité. 

Les  personnes  qui  voudraient  se  procurer 
cette  précieuse  variété  peuvent  s’adresser  à 
MM.  Courtois- Gérard  et  Pavard,  rue  du 
Pont-Neuf,  4,  à Paris,  qui  furent  des  pre- 
miers à l’introduire  en  France. 

Jules  Rayenel, 

Vice-Secréfaire  de  la  Société  d’Agriculture  de  Falaise. 


POIRE  HENRI  DECAISNE 


Cette  variété,  dédiée  par  M.  Decaisne, 
professeur  au  Muséum,  à la  mémoire  de  son 
frère,  M.  Henri  Decaisne,  artiste  peintre, 
provient  d’un  pépin  de  Poire  Belle  Alliance 
ou  Serrurier.  En  voici  les  caractères  : 
Arbre  de  vigueur  moyenne  sur  Coignas- 
sier,  très-fertile.  Branches  dressées;  ra- 
meaux gros  et  bien  nourris,  relativement 
courts,  à écorce  gris  cendré,  jaunâtre,  len- 
ticellée  ; lenticelles  saillantes,  petites,  gris 
blanchâtre.  Feuilles  étalées  sur  un  pétiole 
robuste,  jaunâtre;  limbe  très-arqué  à partir 
de  sa  base,  largement  ovale,  cordiforme, 
très- courtement  arrondi  au  sommet,  à dents 
excessivement  petites,  parfois  nulles,  d’un 
vert  pâle,  comme  un  peu  jaunâtre.  Fruit  ré- 
gulier, gros,  allongé,  parfois  légèrement 
rétréci  un  peu  au-dessus  du  milieu,  ar- 
rondi, obtus,  plus  rarement  un  peu  inéqui- 


latéral, à surface  souvent  légèrement  bosse- 
lée; queue  courte,  forte,  implantée  au 
milieu  duHruit  ; œil  à divisions  courtes, 
étroites,  à peine  étalées;  peau  vert  jaunâtre, 
striée,  lavée,  et  ordinairement  pictée  de 
rouge,  se  colorant  souvent  très-fortement  à 
la  maturité,  qui  a lieu  en  septembre-oc- 
tobre, et  prenant  alors  une  belle  couleur 
vermillonnée  sur  presque  toutes  ses  parties; 
chair  blanche,  fondante,  de  saveur  agréable. 

Comme  la  plupart  des  variétés  qui  mû- 
rissent à cette  époque,  la  Poire  Henri  De- 
caisne passe  très- vite  ; il  est  bon  de  la  cueil- 
lir un  peu  avant  sa  maturité.  Pris  à point, 
c’est  un  fort  bon  fruit. 

On  peut  se  procurer  le  Poirier  Henri  De- 
caisne chez  M.  Jamain,  pépiniériste,  Grande- 
Rue,  1,  à Bourg-la-Reine  (Seine). 

E.-A.  Carrière. 


32 


GENEALOGIE  DES  WELLINGTONIAS. 


GÉNÉALOGIE  DES  WELLINGTONIAS  « 


Si  nous  comparons  maintenant  la  flore 
des  États-Unis  avec  celle  du  Japon,  de  la 
Mandchourie  et  du  nord  de  la  Chine,  nous 
trouvons  une  similitude  étonnante.  La  plus 
grande  partie  des  genres  de  notre  région, 
qui  manquent  à la  flore  californienne,  se 
trouvent  au  Japon  ou  à la  Mandchourie 
parmi  beaucoup  d’autres  espèces  particu- 
lières à ces  contrées.  Il  y a des  plantes  d’une 
région  qui  n’ont  pas  de  représentant  dans 
d’autres  ; il  y a des  plantes  du  Sud  qui  pa- 
raissent avoir  atteint  les  États  de  l’Atlan- 
tique, et  il  y a un  grand  mélange  de  types 
subtropicaux  asiatiques  dans  la  Chine  tem- 
pérée et  au  Japon,  quoiqu’il  n’y  ait  que  peu 
de  rapports  entre  les  deux  contrées.  Il  y a 
aussi,  comme  je  l’ai  déjà  dit,  un  grand 
nombre  de  genres  et  quelques  espèces  qui, 
bien  que  communes  dans  la  totalité  ou  dans 
la  plus  grande  partie  de  la  zone  nord  tem- 
pérée, n’ont  aucune  signification  particu- 
lière, à cause  de  leur  présence  dans  ces  deux 
flores  antipodiennes,  quoiqu’elles  apportent 
un  appui  à la  question  générale  de  distribu- 
tion géographique.  Le  fait  remarquable  est 
qu’une  grande  proportion  des  genres  et  des 
espèces  particuliers  à l’Amérique  du  Nord, 
comparés  avec  l’Europe,  est  largement  re- 
présentée dans  les  États  de  l’Atlantique  de 
l’Amérique  du  Nord,  comparés  avec  les  ré- 
gions californiennes,  et  sont  aussi  repré- 
sentés au  Japon  et  en  Mandchourie,  soit  par 
des  espèces  identiques,  soit  par  d’autres 
très-rapprochées.  La  même  loi  règne  sur 
une  ligne  plus  au  nord,  quoique  peut-être 
moins  accusée.  Si  nous  comparons  les 
plantes  de  la  nouvelle  Angleterre  et  de  la 
Pensylvanie  (lat.  40  à 47  degrés)  avec 
celles  de  l’Orégon  et  ensuite  avec  celles  du 
nord-est  de  l’Asie,  nous  trouverons  beau- 
coup des  nôtres  représentées  dans^cette  der- 
nière région,  tandis  que  seulement  un  petit 
nombre  d’entre  elles  sont  connues  dans 
notre  contrée  aussi  loin  que  la  limite  ouest 
des  montagnes  Rocheuses.  Et  ces  répétitions 
des  traits  de  l’Amérique  du  Nord  au  Japon  et 
dans  les  districts  environnants  sont  tout  à fait 
semblables.  Quelquefois  les  uns  ne  peuvent 
être  distingués  des  autres  ; quelquefois  il  y 
a seulement  une  petite  différence  d’aspect  ; 
quelquefois  les  deux  plantes  seraient  quali- 
fiées de  variété  différente  si  elles  poussaient 

(1)  V.  Revue  horticole^  1872,  p.  427. 


naturellement  dans  la  même  forêt  ou  dans 
la  même  région  ; quelquefois  encore  elles 
sont  ce  que  les  botanistes  appellent  espèces 
représeyitatives,  l’une  répondant  à l’autre 
avec  quelques  différences  regardées  comme 
spéciales,  ou  les  deux  sont  simplement  du 
même  genre  ou  à peu  près,  mais  d’une  es- 
pèce unique,  ou  très-peu  répandue  dans 
chaque  contrée.  Or,  le  point  qui  nous  inté- 
resse est  que  ce  type  limité  se  présenterait 
seulement  aux  antipodes. 

Notre  Rhiis  toxicodendron  est  exacte- 
ment répété  au  Japon  ; mais  il  ne  se  trouve 
nulle  autre  part,  quoiqu’une  espèce  lui  res- 
semblant beaucoup  abonde  en  Californie. 

Notre  Rhus  venenata  n’a  aucun  repré- 
sentant dans  l’ouest  de  l’i^mérique  ; mais  il 
a au  Japon  un  représentant  qui  en  est  telle- 
ment voisin,  que  les  deux  ont  été  regardés 
comme  identiques  par  Thunberg  et  Linné, 
et  que  tous  deux  sont  désignés  sous  le  nom 
de  Rhus  vernix. 

Notre  Vitis  labrusca  est  entièrement 
confiné  aux  États  de  l’Atlantique,  excepté 
qu’il  apparaît  au  Japon  et  dans  cette  région. 

Le  Wistaria  frutescens,  plante  ligneuse 
grimpante,  est  originaire  des  États  de  l’At- 
lantique ; une  autre  espèce,  bien  connue 
dans  la  culture,  est  le  Wistaria  sinensis, 
qui  est  originaire  de  la  Chine,  ou  peut-être 
simplement  du  Japon,  où  il  est  certainement 
indigène. 

Notre  Cladrastis  habite  un  district  très- 
limité  sur  les  hauteurs  ouest  de  l’Alléghanie. 
Son  seul  et  très-proche  parent  est  le  Maa~ 
Ma,  qui  se  trouve  dans  la  Mandchourie. 

VHydrayigea  a quelques  représentants 
dans  nos  régions  alléghaniennes  ; tout  le 
reste  appartient  à la  région  chino-japo- 
naise. 

La  même  chose  peut  être  dite  des  Syrin- 
ga,  excepté  qu’il  y en  a une  ou  deux  qui 
sont  à peu  près  les  mêmes  en  Californie  et 
dans  rOrégon. 

Notre  Caulophyllum  existe  seulement 
dans  les  bois  des  États  de  l’Atlantique  ; mais 
il  a été  découvert  dernièrement  au  Japon. 
Un  de  ses  proches  parents,  Diphyllea, 
trouvé  seulement  dans  les  plus  hautes  mon- 
tagnes alléghaniennes,  est  aussi  répété  au 
Japon  avec  une  si  légère  différence,  qu’on 
peut  à peine  les  distinguer. 

Je  ne  dois  pas  oublier  le  Jinseng,  dont  la 
racine  est  si  estimée  des  Chinois,  et  qu’ils 


GÉNÉALOGIE  DES 

tirent  de  leurs  provinces  du  Nord  et  de  la 
Mandchourie.  Nous  Favons  aussi  de  la  Corée 
et  du  nord  du  Japon.  Les  Pères  Jésuites 
ayant  cru  trouver  cette  plante  au  Canada  et 
dans  les  États  de  l’Atlantique,  lui  ont  donné 
le  nom  chinois  sous  lequel  nous  la  connais- 
sons, et  en  ont  alors  fait  un  grand  com- 
merce qui  pendant  longtemps  leur  a été 
très-avantageux.  Malgré  cela,  il  n’est  pas 
certain  que  l’exportation  du  Jinseng  en 
Chine  ait  tout  à fait  cessé.  Toutefois,  il 
n’est  pas  bien  constaté  que  le  Jinseng  amé- 
ricain et  le  Jinseng  asiatique  soient  tout  à 
fait  semblables  ; mais,  dans  tous  les  cas,  la 
différence,  si  elle  existe,  doit  être  très-mi- 
nime. 

Il  y a ici  un  arbuste,  Elliothaj  qui  est  si 
rare  et  si  local,  qu’il  n’est  connu  seulement 
que  dans  deux  endroits  de  la  rivière  Sa- 
vannah,  en  Géorgie;  il  est  d’une  structure 
particulière , et  était  considéré  comme 
n’ayant  pas  de  représentant,  lorsque  tout 
récemment  on  en  découvrit  un  au  Japon  qui 
lui  est  si  semblable,  qu’il  est  impossible  de 
les  distinguer,  excepté  par  la  fleur  qui  est 
à trois  au  lieu  d’ètre  à quatre  divisions, 
différence  qui  se  rencontre  souvent  dans  le 
même  genre  et  parfois  dans  une  même  es- 
pèce. Supposons  que  VElliotha  eût  été 
trouvé  seulement  une  fois  il  y a longtemps, 
et  que  la  connaissance  de  son  district  soli- 
taire et  limité  soit  perdue,  et  que  pendant 
ce  temps  la  forme  japonaise  vienne  à être 
connue  ; un  tel  cas  serait  parallèle  avec  une 
actualité.  Un  spécimen  d’une  espèce  parti- 
culière a été  trouvé  dans  l’herbier  de  feu 
Michaux,  qui  l’a  ramassé,  ainsi  que  le 
prouve  l’étiquette  autographe,  quelque  part 
dans  les  hautes  montagnes  alléghaniennes,  il 
y a plus  de  quatre-vingts  ans;  personne  n’a 
vu  la  plante  vivante  depuis  cette  époque.  A 
la  fin,  elle  est  trouvée  au  Japon,  et  j’ai  eu 
la  satisfaction  d’en  faire  moi-même  l’identi- 
fication. Une  autre  espèce  congénère  existe 
aussi  au  Japon,  et  une  autre  vient|d’être  dé- 
couverte au  Thibet. 

Que  les  plantes  japonaises  et  les  allégha- 
niennes soient  identiquement  les  mêmes,  le 
fait  n’est  pas  prouvé  ; pour  s’en  assurer,  il 
faudrait  des  spécimens  complets  des  deux 
sortes.  Autant  que  nous  les  connaissons, 
elles  sont  tout  à fait  semblables.  Et  même 
I si  quelque  différence  entre  eux  venait  à 
être  découverte,  elle  n’altéreraient  pas  d’une 
manière  appréciable  la  question  de  savoir 
comment  un  tel  résultat  a pu  provenir.  Cha- 
cune des  causes  analogues  que  j’ai  détail- 
lées, et  auxquelles  je  pourrais  en  ajouter 


WELLINGTONIAS.  33 

beaucoup  plus,  soulève  la  même  question, 
et  les  résultats  sont  les  mêmes. 

Ces  rapports  singuliers  ont  attiré  de  bonne 
heure  ma  curiosité  dans  le  courant  de  mes 
études  botaniques,  quand  comparativement 
peu  d’entre  eux  étaient  connus  ; et  dans  ces 
dernières  années,  quand  j’avais  de  nom- 
breuses et  nouvelles  plantes  japonaises  à 
étudier,  j’apportais  à cette  étude  la  plus 
grande  attention. 

Ceci  se  passait  avant  que  Heer  ait  fait 
connaître  la  richesse  de  la  botanique  fossile 
de  la  zone  arctique,  avant  que  l’immense 
antiquité  des  espèces  existantes  de  plantes 
fût  reconnue,  et  avant  aussi  que  la  publica- 
tion du  remarquable  livre  de  Darwin  sur 
V Origine  des  espèces  ait  été  faite  et  ait 
familiarisé  le  monde  scientifique  avec  le 
courant  d’idées  concernant  l’histoire  et  les 
vicissitudes  des  espèces,  avec  lequel  j’ai  es- 
sayé de  travailler  dans  une  voie  modeste. 
Dans  ces  sortes  de  recherches,  je  m’appuyais 
surtout  sur  le  refroidissement  de  la  zone 
tempérée  du  Nord  et  l’interférence  d’une 
période  plus  chaude  précédant  ce  refroidis- 
sement (et  peut-être  devant  le  suivre).  Je 
considérais  que  notre  présente  végétation, 
ou  celle  qui  en  était  la  plus  rapprochée,  doit 
avoir  occupé  la  zone  arctique  et  subarctique 
dans  des  temps  antérieurs,  et  qu’elle  a été 
graduellement  poussée  vers  le  Sud,  à me- 
sure que  la  température  baissait,  et  que  le 
refroidissement  avançait,  même  plus  loin 
que  la  limite  présente.  Les  plantes  de  la 
même  famille,  probablement  rangées  au- 
tour de  la  zone  arctique  comme  le  sont 
maintenant  les  espèces  habitant  cette  zone, 
ont  émigré  vers  le  Sud  à des  longitudes 
grandement  différentes,  et  se  sont  reculées 
plus  ou  moins,  selon  que  le  climat  était 
plus  ou  moins  chaud  ; que  la  différence  gé- 
nérale de  climat  qui  marque  les  côtes  Est  et 
Ouest  des  continents  (l’un  extrême  et  l’autre 
moyen)  était  déjà  sans  aucun  doute  établie, 
de  sorte  que  des  espèces  semblables  seraient 
à même  de  s’implanter  profondément  dans 
les  climats  identiques  au  Japon  et  des  États- 
Unis  de  l’Atlantique,  mais  non  dans  les  ré- 
gions intermédiaires  de  différentes  distri- 
butions de  chaleur  et  d’humidité  ; de  sorte 
que  diverses  espèces  du  même  genre,  comme 
dans  les  Torreya,  ou  différents  genres  du 
même  groupe,  tels  que  Séquoia,  Taxodium 
et  Glyptostrohus,  ou  bien  différentes  asso- 
ciations d’arbres  forestiers,  pourraient  s’éta- 
blir elles-mêmes  chacune  dans  les  différentes 
régions  qui  leur  conviennent  le  mieux  pour 
leurs  besoins  particuliers,  tandis  qu’elles  ne 


34 


GÉNÉALOGIE  DES  WELLINGTONIAS. 


réussiront  pas  partout  ailleurs.  Ces  vues  in- 
diquent où  doivent  être  cherchées  les  sources 
de  noire  végétation  actuelle,  et  présupposent 
des  ancêtres  existant  dans  des  temps  anté- 
rieurs dans  les  hautes  régions  du  Nord.  Il 
est  probable  que  la  présence  d’espèces  par- 
ticulières au  nord  de  l’Amérique,  en  Eu- 
rope, dans  la  période  tertiaire  (tels  que 
Taxodium,  Carija,  Liquido,rnbar , Sassa- 
fy^as,  Negundo,  etc.),  pourraient  très-bien 
expliquer  l’opinion  des  communications  pri- 
mitives à travers  le  nord  de  l’Asie,  plutôt  que 
par  ((  l’Atlantide  de  la  fable.  )) 

L’hypothèse  suppose  une  graduelle  modi- 
fication des  espèces  dans  différentes  direc- 
tions et  sous  des  conditions  altérantes,  au 
point  de  produire  des  variétés  différentes, 
des  sous-espèces  ou  des  espèces  représen- 
tatives, selon  le  point  de  vue  où  on  les  con- 
sidère, de  même  que  l’origine  simple  et 
locale  de  chaque  type  est  maintenant  univer- 
sellement reconnue. 

Les  faits  remarquables  de  la  flore  du 
nord-est  de  l’Amérique  et  de  celle  du  nord- 
est  de  l’Asie,  que  ces  suppositions  doivent 
expliquer,  ont  été  depuis  augmentés  en 
nombre,  plus  spécialement  par  les  admi- 
rables collections  du  Maximowicz,  au 
Japon  et  dans  les  contrées  adjacentes,  et  les 
comparaisons  critiques  qu’il  a faites  et  qu’il 
fait  encore. 

Je  dois  constater  que  dans  un  récent  ou- 
vrage d’un  botaniste  distingué,  le  professeur 
Griesbach,  de  Gotlingen,  ces  faits  ont  été 
privés  de  toutes  significations  spéciales,  et 
que  les  relations  entre  les  flores  japonaises 
et  les  États-Unis  de  l’Atlantique  sont,  dit- 
on,  plus  intimes  encore  que  leur  situation 
respective  ne-le  ferait  penser.  Cette  conclu- 
sion extraordinaire  est  sanctionnée  lorsqu’on 
regarde  comme  espèces  distinctes  toutes  les 
plantes  communes  aux  deux  contrées,  entre 
lesquelles  la  moindre  différence  a été  ob- 
servée, quoique  probablement  cette  diffé- 
rence aurait  compté  pour  peu  de  chose  si 
les  deux  arbres  avaient  poussé  dans  la  même 
contrée,  en  transférant  ainsi  de  ma  liste  de 
plantes  identiques  beaucoup  d’entre  elles 
qui  sont  représentatives,  et  enfin  en  élimi- 
nant de  l’entière  combinaison  des  espèces 
représentatives  tous  les  cas  dans  lesquels  les 
plantes  japonaises  et  américaines  ne  sont 
pas  exactement  semblables. 

Comme  si,  en  prononçant  le  mot  cabalis- 
tique species,  la  question  était  vidée,  ou 
plutôt  la  plus  grande  part  de  cette  question 
mise  en  dehors  du  domaine  de  la  science  ; 
comme  si,  pendant  que  la  complète  identité 


de  formes  affirme  la  communauté  d’origine^ 
la  moindre  différence  éloignerait  la  pré- 
somption de  parentés  ; aussi,  laissons  tous 
ces  singuliers  duplicata  qui  nous  étonnent, 
mais  qui  sont  au-dessus  de  toutes  nos  re- 
cherches ! 

Maintenant,  la  seule  cause  connue  d’une 
telle  ressemblance  est  due  à l’héritage  et  à 
la  transmission  de  ressemblance  dans  les 
individus  et  à quelques  conditions  qui  ont 
été  changées;  et  comme  elles  sont  biencon-  'i 
nues,  il  me  semble  que  si  la  haute  antiquité  , 
de  notre  végétation  actuelle  pouvait  être  : 
rendue  probable,  sinon  certaine,  et  que  si  | 
l’habitation  primitive  de  nos  espèces  ou  de 
leurs  très-proches  parents  dans  les  hautes 
régions  du  Nord  pouvait  être  affirmée,  la 
cause  entière  serait  mise  au  clair. 

Les  faits  nécessaires  que  j’ignorais  quand 
mon  essai  fut  publié  sont  aujourd’hui  bien 
connus,  en  grande  partie  du  moins,  grâce  ; 
aux  recherches  de  Heer  dans  d’abondantes 
collections  de  plantes  arctiques  fossiles. 

Ces  faits  ont  été  confirmés  et  étendus  par 
de  nouvelles  investigations  de  Heer  et  Les- 
quereux,  dont  le  résultat  m’a  été  commu- 
niqué par  ce  dernier.  Le  Taxodium,  qui 
abonde  partout  dans  la  formation  miocène  en 
Europe,  a été  trouvé  identique  à notre  com- 
mun Cyprès  des  États  du  Sud,  première- 
ment par  Gœppert,  et  ensuite  par  Heer  ; il 
a été  trouvé  fossile  au  Spitzberg,  dans  le 
Groenland  et  dans  l’Alaska;  dans  cette  der- 
nière contrée,  parmi  les  débris  d’autres 
formes  fossiles  faciles  à distinguer,  mais 
presque  semblables  à l’espèce  commune,  et  . 
ceci  a été  bien  constaté  par  Lesquereux  . 
dans  les  miocènes  des  montagnes  Rocheuses. 
Ainsi,  il  y a une  espèce  d’arbre  qui,  de  la  j 
période  tertiaire,  est  venue  jusqu’à  nous  j 
sans  modification.  Cette  espèce  a habité  ! 
pendant  longtemps  l’Europe  et  le  nord  de  i 
l’Amérique,  et  aussi  à plusieurs  époques  de  I 
cette  période  la  région  qui  géographique-  I 
ment  rassemble  les  deux,  lesquelles,  sans 
aucun  doute,  étaient  beaucoup  plus  rappro- 
chées qu’elles  ne  le  sont  maintenant,  survi-  • 
vent  seulement  dans  les  États-Unis  de  l’At-  • 
lantique  et  au  Mexique. 

Le  Séquoia,  qui  abonde  dans  les  mêmes  j 
formations  miocènes  du  nord  de  l’Europe, 
a été  trouvé  en  grande  quantité  dans  celles 
de  l’Islande , du  Spitzberg , du  Groen-  i 
land,  de  la  rivière  Mackensie  et  Alaska. 

Il  est  nommé  Séquoia  Landsdorffii , i 
mais  il  est  reconnu  comme  très -voisin 
du  Séquoia  semperviveyis  (le  Séquoia 
existant  de  la  côte  californienne),  et  être  ' 


GÉNÉALOGIE  DES  WELLINGTONIAS. 


l’ancien  représentant  de  ce  Séquoia.  Des 
spécimens  fossiles  d’une  espèce  très-rap- 
prochée,  sinon  semblable,  ont  été  récem- 
ment découverts  dans  les  montagnes  Ro- 
cheuses par  Haiden,  et  déterminés  par  notre 
éminent  botaniste  paléontologique  Lesque- 
reux,  qui  m’a  assuré  avoir  trouvé  le  Séquoia 
commun  dans  un  dépôt  de  l’âge  tertiaire, 
dans  rOrégon.  Un  autre  Séquoia  {Séquoia 
Stemhergii),  découvert  dans  les  dépôts  mio- 
cènes du  Groenland,  est  regardé  comme  le 
représentant  du  Séquoia  {Wellingtonià) 
gigantea,  le  grand  arbre  de  la  Sierra,  en 
Californie.  Si  le  Taxodium  de  l’époque 
tertiaire,  qui  se  trouve  en  Europe  et  au  tra- 
vers des  régions  arctiques,  est  l’ancêtre  de 
notre  Cyprès  chauve , qui  est  regardé 
comme  identique,  alors  je  pense  que  nous 
pouvons,  avec  nos  connaissances  présentes, 
dire  que  les  deux  espèces  de  Séquoia  de  la 
Californie  en  sont  les  descendants  probables, 
d’autant  plus  qu’ils  leur  ressemblent  très- 
étroitement. 

Les  forêts  de  la  zone  arctique,  dans  les 
temps  tertiaires,  contenaient  au  moins  trois 
espèces  de  Séquoia,  dont  l’une,  celle  du 
Spitzberg,  ressemble  beaucoup  au  Séquoia 
commun  de  la  Californie.  Un  autre,  qui 
semble  avoir  été  le  Conifère  le  plus  commun 
de  ces  temps,  était  répandu  en  Angleterre 
et  en  d’autres  parties  de  l’Europe.  Ainsi  les 
Séquoia,  qui  sont  maintenant  remarquables 
par  leur  nombre  restreint  et  le  peu  d’espace 
qu’ils  occupent,  aussi  bien  que  par  leur 
taille  extraordinaire,  sont  d’une  ancienne 
race  ; leur  famille  et  leurs  ancêtres  for- 
maient une  grande  part  des  forêts  qui  flo- 
rissaient  dans  les  régions  polaires  mainte- 
nant désolées  et  bordées  de  glaces,  et  qui 
s’étendaient  dans  les  basses  latitudes  en  Eu- 
rope. Dans  ce  continent,  une  espèce  a atteint 
les  environs  de  sa  présente  habitation  avant 
le  refroidissement  de  la  région.  Parmi  les 
spécimens  fossiles  déjà  trouvés  en  Califor- 
nie, et  que  notre  recommandable  botaniste 
paléontologique  n’a  pas  encore  eu  le  temps 
d’examiner,  nous  espérons  trouver  l’évi- 
dence de  l’arrivée  de  ces  deux  espèces  de 
Séquoia  sur  le  terrain  qu’ils  occupent  main- 
tenant, en  si  petit  nombre  et  après  tant  de 
I vicissitudes.  Les  différences  de  climat,  les 
! circonstances  d’émigration,  ou  peut-être 
' les  deux,  doivent  avoir  déterminé  l’arrivée 
du  Séquoia  sur  les  côtes  du  Pacifique,  et  du 
I Taxodium  sur  les  côtes  de  l’Atlantique.  Et 
maintenant  encore,  les  Séquoia  ne  vivraient 
pas  plus  dans  l’Est  que  notre  Taxodium 
ne  fleurirait  en  Californie. 


35 

Quant  à l’espèce  la  plus  rapprochée  du 
Séquoia,  le  Glyptostrohus  de  Chine,  une 
espèce  du  même  genre  et  son  véritable  re- 
présentant, était  commun  avec  le  Séquoia 
et  le  Taxodium,  non  seulement  dans  l’Eu- 
rope tempérée,  mais  dans  toute  la  région 
arctique  du  Groenland  à l’Alaska.  La  des- 
tinée de  cet  arbre  est  semblable  à celle  d’un 
Gymnosperus,  qui  nous  est  plus  familier,  le 
Ginkgo  ou  Salishuria,  qui  est  maintenant 
indigène  seulement  au  Japon.  Ses  ancêtres 
(comme  nous  pouvons  les  appeler,  puisque 
d’après  Heer  ils  sont  si  semblables  à l’es- 
pèce existante  que  l’on  peut  à peine  les  dis- 
cerner) habitaient  autrefois  le  nord  de  l’Eu- 
rope et  la  région  arctique  entière  ; il  avait 
même  des  représentants  plus  au  sud,  dans 
nos  montagnes  Rocheuses. 

D’un  autre  côté,  le  Lïbocedrus  semble 
avoir  eu  la  même  destinée  que  le  Séquoia. 
D’après  Heer,  deux  espèces  existaient  au- 
trefois dans  le  Spitzberg.  Des  deux  espèces 
maintenant  existantes,  l’une,  le  Lïbocedrus 
decurrens  (le  Cèdre  à encens),  est  un  des 
plus  nobles  associés  du  Séquoia  ; l’autre  se 
trouve  beaucoup  plus  au  sud,  dans  les 
Andes  du  Chili. 

La  généalogie  des  Torreya  est  plus  obs- 
cure ; cependant  il  n’est  pas  impossible  que 
le  Taxites,  qui  florissait  avec  les  Séquoia 
dans  les  forêts  arctiques  de  l’époque  ter- 
tiaire, soient  les  plus  anciens  ancêtres  des 
Torreya  qui  sont  maintenant  dans  la  Flo- 
ride, en  Californie  et  au  Japon.  Quant  aux 
Pins,  ils  étaient  associés  en  plus  grand 
nombre  avec  les  anciens  Séquoia  des  forêts 
polaires  qu’avec  leurs  représentants  main- 
tenant existants  ; mais  probablement  d’es- 
pèces différentes  et  plus  semblables  à celles 
de  l’est  qu’à  celles  de  l’ouest  du  nord  de 
l’Amérique,  ils  doivent  avoir  entièrement 
entouré  le  cercle  polaire  comme  ils  entou- 
rent maintenant  la  zone  tempérée. 

Je  dois  aussi  faire  l’énumération  des  arbres 
et  arbustes  à feuilles  caduques  qui  sont  main- 
tenant connus  par  leurs  restes  fossiles,  et  qui 
florissaient  dans  les  régions  polaires  quand 
le  Groenland  (Terre-Verte)  méritait  mieux 
son  nom  et  jouissait  du  climat  de  Ne\v-En- 
gland  et  New-Jersey.  Alors  le  Groenland  et 
le  reste  du  Nord  abondaient  en  Chênes  re- 
présentant les  différents  groupes  d’espèces 
habitant  maintenant  nos  districts;  plusieurs 
Peupliers  très-semblables  à notre  Baurnier 
de  Gilead,  ainsi  que  plusieurs  plantes  her- 
bacées. Malheureusement,  à cause  de  leur 
nature  peu  résistante,  celles-ci  se  trouvent 
rarement  conservées  à l’état  fossile  ; autre- 


GÉNÉALOGIE  DES  WELLINGTONIAS. 


86 

ment  elles  apporteraient  un  témoignage  ad- 
ditionnel à l’antiquité  et  à l’existence  de 
notre  végétation  et  à sa  grande  diffusion 
dans  la  zone  nord  et  dans  la  zone  glaciale, 
dont  les  migrations  ont  été  forcées  à cause 
des  changements  de  climat. 

Supposons  que  notre  végétation  existante 
en  général  est  une  continuation  de  celle  de 
la  période  tertiaire  ; pouvons-nous  en  con- 
clure qu’elle  tire  son  origine  absolue  de  cette 
végétation?  Évidemment  non.  La  précé- 
dente période  crétacée  a fourni  à Carruthers, 
en  Europe,  un  fruit  fossile  semblable  à celui 
du  Séquoia  (WelUngtonia)  gigantca,  as- 
socié avec  des  Pins  du  même  caractère  que 
ceux  qui  accompagnent  aujourd’hui  cet 
arbre.  Cette  période  a aussi  fourni  à Heer, 
dans  le  Groenland,  deux  espèces  de  Séquoia, 
dont  l’une  est  identique  avec  une  espèce 
tertiaire,  et  l’autre  en  est  très-rapprochée, 
le  Séquoia  Langsdorffii,  qui,  à son  tour, 
est  probablement  un  ancêtre  du  Séquoia 
comm.un  de  la  Californie.  Cette  période  a 
également  fourni  à Lesquereux,  dans  l’Amé- 
rique du  Nord,  les  restes  d’un  autre  ancien 
Séquoia,  de  Glyptostro'bus  et  de  Liqui- 
damhar,  ainsi  que  des  Chênes  analogues 
au  Chêne  existant  ; des  feuilles  d’un  Pla- 
tane de  la  période  tertiaire,  et  que  l’on  peut 
à peine  distinguer  de  notre  Platanus  ocei- 
dentalis  ; d’un  Magnolia,  d’un  Tulipier  et 
d’un  Sassafras,  qu’on  ne  peut  distinguer  de 
ces  mêmes  espèces  existantes.  Je  ne  crois 
pas  nécessaire  de  continuer  davantage  cette 
énumération.  Les  faits  justifieront  la  con- 
clusion que  Lesquereux,  chercheur  très- 
scrupuleux,  a déjà  prononcée  : <(  que  les 
types  essentiels  de  notre  flore  actuelle  sont 
marqués  dans  la  période  crétacée,  et  sont 
venus  jusqu’à  nous  à travers  les  formations 
tertiaires  de  notre  continent,  sans  change- 
ment notable.  » 

En  réunissant  et  en  coordonnant  tous  ces 
faits,  on  reconnaît  l’adaptation  successive 
des  plantes  en  rapport  avec  le  changement 
successif  aux  conditions,  et  qu’au  lieu  d’être 
brusques  et  absolues,  les  modifications  ont 
été  graduelles.  Pour  moi,  je  ne  peux  douter 
que  les  espèces  existantes  ne  soient  les  suc- 
cesseurs directs  de  celles  qui  ont  garni  la 
terre  dans  l’époque  qui  les  a précédées,  et 
qu’elles  étaient  aussi  bien  adaptées  à leur 
époque  que  les  plantes  qui  florissent  et  fleu- 
rissent autour  de  nous  le  sont  à leur  condi- 
tion présente.  Un  ordre  et  une  adaption 
exquises  n’avaient  pas  attendu  la  présence 
d’un  homme  pour  se  montrer.  La  nature 
organique  (c’est-à-dire  le  système  et  la  to- 


talité'des  choses  vivantes  et  leur  adaption 
mutuelle),  avec  toute  sa  stabilité  réelle  et 
apparente,  peut  être  comparée,  non  pas  à 
l’Océan,  qui  varie  de  son  niveau  par  des  ma- 
rées périodiques,  mais  plutôt  à une  rivière, 
si  vaste  que  nous  ne  pouvons  en  apercevoir 
les  rives  pas  plus  qu’atteindre  sa  source,  et 
dont  le  courant  n’en  est  pas  moins  réel, 
quoiqu’il  soit  trop  lent  pour  être  observé 
par  les  êtres  éphémères  qui  errent  sur 
sa  surface  ou  qui  sont  nés  dans  son 
sein. 

Ces  idées,  quoiqu’elles  répugnent  encore 
à quelques-uns,  ont  tellement  occupé  l’es- 
prit des  naturalistes  du  jour,  qu’il  est  rare 
qu’un  discours  soit  prononcé  ou  qu’une  re- 
cherche soit  faite  sans  qu’il  en  soit  fait  men- 
tion. Je  suppose  que  les  vues  dont  nous  par- 
lons sont  peu  (si  même  elles  le  sont)  en 
avance  de  l’avérage  scientifique  du  jour.  Je 
ne  puis  les  regarder  comme  moins  no- 
bles que  celles  auxquelles  elles  succè- 
dent. 

Une  personne  très-savante  en  matière 
philosophique,  Frances  Power-Gobbe, 
a dit  récemment,  et  avec  beaucoup  de  raison  : 
« G’est  un  fait  singulier  (1)  que,  lorsque 
nous  arrivons  à savoir  comment  une  chose 
est  faite,  notre  première  conclusion  semble 
être  que  Dieu  n'ij  est  pour  rien  f Qu’im- 
porte sa  beauté,  son  merveilleux?  qu’im- 
porte la  complication  intime  et  délicate  de  la 
machine  qui  a travaillé  des  siècles,  peut- 
être  des  millions  d’âges,  pour  produire  ces 
résultats  avantageux?  Si  un  jour  nous  par- 
venons à comprendre  le  jeu  d’un  de  ses 
rouages,  son  caractère  divin  aussitôt  dis- 
paraît (2).  y> 

Avec  l’écrivain  que  je  viens  de  citer,  je 
reconnais  que  cette  première  conclusion  est 
prématurée;  je  dis  même  qu’elle  est  déplo- 
rable. A travers  quelles  erreurs  ou  infirmi- 
tés du  dogmatisme  d’un  côté,  et  de  scepti- 
cisme de  l’autre,  arrive-t-on  à penser  ainsi? 
G’est  ce  que  nous  n’avons  pas  à rechercher. 
Espérons  que  cela  ne  durera  pas  ; que  la  foi 
religieuse,  qui  survécut  sans  choc  à la  no- 
tion erronée  de  la  fixité  de  la  terre,  survivra 

(1)  Loin  d’être  « singulier,  » ce  fait  est  tout  na- 

turel, conforme  à ce  qui  a toujours  été  et  qui  sera 
toujours.  C’est  le  principal  caractère  de  la  vérité  : 
chasser  le  merveilleux.  A mesure  que  la  lumière 
se  fait,  l’obscurité  disparaît  : c’est  logique.  Il  en  est 
de  l’erreur  comme  d’un  écheveau  de  fd  emmêlé  : 
quand  on  en  a trouvé  le  sens,  toute  difficulté  dis- 
paraît. [Rédaction.) 

(2)  Darwinism  in  morals,  in  Theological  Re~ 
wiew,  april  1871. 


PSEUDOTSUGÂ  DAVIDIANA. 


37 


à celle  de  la  fixité  absolue  des  espèces  qui 
l’habitent;  que  dans  l’avenir,  même  plus 
que  dans  le  passé,  la  foi  dans  un  ordre 
qui  forme  la  hase  de  la  science  ne  sera 


pas  séparée  de  la  foi  dans  un  ordonnateur  (1), 
qui  est  la  base  de  la  religion.  Asa-Gray. 

Traduit  du  Gardener’s  Ghronicle 
'par  H.  Jamain  fils. 


PSEUDOTSUGA  DAVIDIANA 


Si,  à cause  de  l’insuffisance  des  documents 
que  nous  possédons,  nous  ne  pouvons  dire 
d’une  manière  absolue  quelle  est  la  vérita- 
ble place  que  doit  occuper  l’espèce  qui  fait 
le  sujet  de  cette  note,  nous  pouvons  du 
moins  affirmer  qu’elle  est  nouvelle  et  que 
jusqu’à  ce  jour  nous  ne  sachions  pas  qu’il 


en  existe  nulle  part  en  Europe  de  sembla- 
ble. Elle  est  même  tellement  rare  en  Chine, 
d’où  elle  est  originaire,  que,  ainsi  que  nous 
le  disons  plus  loin,  l’on  n’en  a trouvé  qu’un 
seul  individu.  L’heureux  découvreur  est 
l’abbé  David,  à qui  toutes  les  sciences  natu- 
relles sont  si  redevables, la  France  particuliè- 


Fig.  3.  — Branche  de  Pseudotsuga  Davidiana  Fig.  4.  — Portion  de  rameau  de  Pseudotsuga  Davidiana 
(1/10®  de  grandeur  naturelle).  (grandeur  naturelle). 


rement,  qu’il  a dotée  de  bon  nombre  d’échan- 
tillons qu’elle  ne  possédait  pas. 

Cette  espèce  est  tellement  différente  de 
tout  ce  que  nous  connaissons,  que,  ne  pou- 
vant la  faire  entrer  dans  ^ aucun  des  genres 
établis,  nous  avions  créé  pour  elle  celui  de 
Pseudo  Ahies,  à cause  de  la  communauté  de 
! plusieurs  de  ses  caractères  avec  ceux  du 

î (1)  Mais  quel  est-il,  et  où  est-il,  cet  ordonnateur 
1 qui  forme  c(  la  base  de  la  religion,  » si,  ainsi  qu’on 
le  remarque,  la  science  lui]  est  funeste,  et  si, 
comme  le  dit  Frances  Power  Cobbe,  à mesure 
que  l’on  connaît  mieux  les  choses,  « le  caractère 
divin  disparait?  » Qu’on  ne  l’oublie  pas,  ce  n’est 
; point  dans  un  monde  imaginaire,  mais  dans  le 
i inonde  réel,  c’est-à-dire  dans  la  nature,  où  il  se 
i montre  partout  et  dans  tout,  qu’il  faut  chercher 
cet  ordonnateur,  et  c’est  la  science,  la  science 
seule,  dépouillée  du  « vieux  levain,  » c’est-à-dire 


genre  Ahies,  |dont  pourtant  elle  se  sépare 
nettement  par  certains  autres.  Nous  avions 
pris  cette  détermination,  lorsque,  sur  le 
point  de  publier,  nous  avons  appris  qu’un 
jeune  savant,  M.  Bertrand  (2),  avait  fait  une 
étude  particulière  de  cette  plante,  étude  qui 
lui  a démontré  qu’elle  rentre  dans  le  genre 
Pseudotsuga,  que  nous  avons  établi  (3),  et 

des  erreurs  de  la  tradition,  qui  n’est  autre  que 
l’enfance  de  l’humanité  : c’est  l’ange,  pourrait-on 
dire,  qui  est  appelé  à nous  éclairer,  à nous  « puri- 
fier, » comme  dit  l’Ecriture.  Rappelons-le  bien, 
ce  n’est  pas  avec  la  foi  aveugle  qu’on  fait  de  la 
science  digne  de  ce  nom  ; c’est  au  contraire  avec 
le  doute,  qui  est  le  pionnier,  le  compagnon  indis- 
pensable de  la  vérité,  et  qui  y conduit. 

(Rédaction.) 

(2)  G.  E.  B.,  Journal  de  ITnstitut,  janvier  4872. 

(3)  Traité  général  des  Conifères,  2®  édit,,  p.  256. 


PSEUDOTSUGA  DAVIDIANA. 


38 

avec  laquelle  il  a créé  l’espèce  Davidiana, 
que  nous  nous  empressons  d’adopter  et  que 
nous  allons  décrire. 

Pseudotsuga  Davidiana  G.  E.  B.,  m 
Herh.  Mus.  Paris  {sine  descriptio).  Grand 
arbre  dont  le  port,  dit  l’abbé  David,  ressem- 
ble, quand  on  le  voit  de  loin,  à celui  d’un 
Araucaria.  Branches  (figure  3)  étalées  ho- 
rizontalement, ramifiées  latéralement  comme 
celle  desAhies.  Feuilles  (fig.  3 et  4)  siibdis- 


ttques  par  renversement,  longues  de  3-5  cen- 
timètres, larges  d’environ  4 millimètres, 
épaisses, coriaces,  fortement  carénéesen  des- 
sous , largement  canaliculées  en  dessus  , à 
bords  repliés  et  constituant  à la  partie  infé- 
rieure , de  chaque  côté  de  la  carène , un 
large  sillon.  Gônes  (figure  5)  assez  longue- 
ment pédonculés,  pendants  (1),  longs  de  12- 

(1)  Bien  que  nous  n’ayons  aucun  renseignement 
sur  la  position  des  cônes  du  Pseudotsuga  Davi- 
diana, et  que  nous  ne  les  ayons  vus  que  détachés 
des  rameaux,  nous  avons  la  certitude,  vu  la  lon- 
gueur de  leur  pédoncule,  qu’ils  ne  peuvent  occuper 


15  centimètres  sur  environ  6 de  diamètre 
quand  ils  sont  ouverts.  Ecailles  persistantesj 
non  gibbeuses,  dépourvues  de  protubérance, 
par  conséquent  d’apophyse,  un  peu  réflé- 
chies au  sommet,  qui  est  recouvert  par  l’ex- 
trémité des  ailes  des  graines  qui  persistent 
et  restent  dans  le  cône  même  après  l’ouver- 
ture des  écailles.  Ecailles  roux  fauve,  rap- 
pelant exactement  par  l’aspect,  la  forme,  la 
nature  et  les  dimensions  celles  du  Pinus 
strohus.  Bractées  divisées  la- 
ciniées,  atteignant  environ  la 
moitié  de  la  hauteur  de  l’é- 
caille, à division  centrale  plus 
longue,  acuminée  mucronée. 
Graines  (figure  5)  irréguliè- 
rement trigones,  cunéiformes, 
à aile  persistante  blanc  jau- 
nâtre, luisante,  assez  consis- 
tante, longue  de  2 centimètres 
à partir  de  la  gaine,  large  de 
15  millimètres  dans  son  plus 
grand  diamètre. 

Ainsi  qu’on  peut  en  juger 
par  la  description  qui  pré- 
cède et  s’en  convaincre  par 
les  figures  3,  4 et  5,  le 
Pseudotsuga  Davidiana  est 
une  espèce  des  plus  curieu- 
ses. La  plante  est  originaire 
de  la  Ghine,  où  elle  paraît  être 
assez  rare , puisque  l’abbé 
David,  qui  pourtant  a beau- 
coup voyagé  dans  diverses 
parties  de  cet  empire,  n’en 
a jamais  rencontré  qu’un  seul 
individu  planté  dans  une  pro- 
vince des  environs  de  Pékin,  | 

lequel,  a-t-il  dit,  présentait  ' 
de  loin  un  aspect  très-joli, 
semblable  à celui  d’un  Arau-  | 
caria.  I 

Get  individu  est-il  le  seul  ! 
qui  existe  en  Ghine?  Le  fait 
paraît  au  moins  douteux,  et 
il  est  permis  d’espérer  que  dans  un  pays  si 
vaste  et  où  tant  de  parties  n’ont  pas  encore 
été  visitées  des  Européens,  l’on  trouvera 
bientôt  quelque  représentant  de  celte  espèce 
si  intéressante,  et  qu’alors  on  pourra  en  in- 
troduire des  graines  qui  permettront  de  la 
multiplier  en  Europe 

E.-A.  Garrière. 

d’autre  position  lors  de  leur  complet  développe- 
ment; le  fait  ne  peut  être  douteux.  S’il  en  était 
autrement,  ce  ne  pourrait  être  que  pendant  leur 
jeunesse,  époque  où  tous  les  cônes  sont  dressés. 
Nous  ne  connaissons,  du  moins,  pas  d’exception. 


LES  CATALOGUES. 


39 


■ t.- 


LES  CATALOGUES 


! Un  extrait  du  catalogue  des  cultures  de 
de  M.  F.  Morel,  pépiniériste  à Vaise-Lyon, 
fait  connaître  les  végétaux  actuellement  dis- 
ponibles dans  cet  établissement,  et  qui  sont 
particulièrement  consacrés  à l’arboriculture 
fruitière  et  ornementale  : arbres  fruitiers  pro- 
prement dits,  arbres  et  arbustes  variés,  Co  - 
nifères.  Rosiers,  Pivoines  en  arbre.  Cléma- 
tites, etc.,  etc. 

M.  Dumas,  jardinier  chef  à la  ferme-école 
de  Bazin  (Gers),  vient  de  publier  son  cata- 
■'  logue  prix-courant,  qui  est  spécial  aux  ar- 
; bres  fruitiers  : Poiriers,  Pêchers,  Pru- 
niers,  etc.  On  trouve  dans  cet  établissement 
un  choix  des  variétés  les  plus  méritantes. 

I On  y trouve  surtout  beaucoup  de  variétés 
de  Pêchers  propres  au  climat  du  Midi,  et 
qu’on  trouverait  difficilement  ailleurs. 

Avec  un  extrait  des  plantes  disponibles 
dans  son  établissement,  M.  Schmitt,  horti- 
culteur, rue  Saint-Pierre- de-Vaise,  à Lyon, 
envoie  une  circulaire  pour  annoncer  la  vente 
d’une  nouvelle  Fraise  qu’il  a obtenue  dans 
son  établissement,  et  qu’il  nomme  Fraisier 
Schmitt.  C’est  une  nouvelle  variété  du  Frai- 
sier des  Quatre-Saisons.  Voici  qu’il  en  dit  : 

Ce  Fraisier  — issu  de  la  variété  Gloire-de- 
Saint-Genis-Laval  — n’est  pas  le  produit  d’un 
: récent  semis.  Depuis  six  ans  je  le  possède  ; j’ai 
! donc  pu  apprécier  exactement  ses  qualités. 

C’est  une  variété  excessivement  productive  ; 
du  printemps  aux  gelées  elle  ne  cesse  de  fructi- 
fier, et  les  récoltes  sont  en  tout  temps  d’une 
égale  abondance.  Le  fruit  est  le  plus  gros  des 
variétés  des  Quatre-Saisons;  la  chair  est  ferme, 

' juteuse,  sucrée  et  délicieusement  parfumée... 

On  trouve  également  dans  cet  établisse- 
: ment  des  plantes  diverses  de  serre,  à feuil- 
1 îage  ornemental  ou  à fleurs,  des  Dah- 
lias, etc. 

De  même  que  les  années  précédentes, 
M.  Ortgies,  directeur  du  Jardin  botanique 
j de  Zurich  (Suisse),  vient  de  publier  une 
! liste  des  graines  récoltées  par  M.  Roezl  en 
j septembre  1872,  dans  les  montagnes  Ro- 
cheuses et  dans  diverses  parties  du  nord  du 
Nouveau-Mexique.  La  plupart  de  ces  grai- 
nes appartiennent  à des  espèces  rares  ou 
peu  connues,  qui,  de  plus,  présentent 
l’avantage  d’être  à peu  près  rustiques  sous 
i notre  climat.  Adresser  les  demandes  à 
I M.  Ortgies,  au  Jardin  botanique  de  Zurich, 
à qui  l’on  pourra  aussi  demander  un  cata- 
logue, ce  que  nous  engageons  de  faire,  vu 
l’importance  de  ces  graines. 


M.  Claude  Sahut,  horticulteur,  marchand 
grainier  à Montpellier,  vient  de  publier  un 
extrait  de  catalogue  propre  aux  graines  et 
plantes  qu’il  est  en  mesure  de  fournir.  On 
trouve  dans  cet  établissement,  l’un  des  plus 
remarquables  du  midi  de  la  France  par 
l’étendue  et  la  variété  des  cultures  qu’il 
renferme,  des  collections  de  graines  pota- 
gères, fourragères,  d’arbres  et  d’arbus- 
tes, etc.;  une  collection  de  Nerium  (Lau- 
riers roses),  probablement  la  plus  complète 
qu’on  puisse  se  procurer  aujourd’hui.  En 
effet,  elle  ne  comprend  pas  moins  de  cin- 
quante variétés  à fleurs  simples,  et  vingt- 
quatre  à fleurs  doubles.  Nous  trouvons  aussi 
indiquées  sur  l’extrait  de  catalogue  dont 
nous  parlons  quelques  nouveautés  obtenues 
dans  l’établissement  de  M.  Sahut,  et  dont  voici 
les  noms  : Althœa  pompon  pourpre,  Au- 
bépine royale  à feuilles  panachées,  Cu- 
pressas  Goweniana  glaucescens,Escalonia 
stenopetala  ruhra,  Fusain  du  Japon  py- 
ramidal à très-grandes  feuilles,  Lagers- 
trœmia  elegans  carnea.  Taxodium  sem- 
pervirens  ferrugineum,  Tecoma  grandi- 
fiora  ruhra. 

Dans  une  circulaire  qu’il  vient  de  publier, 
M.  Boucharlat  aîné  informe  les  horticulteurs 
et  amateurs  qu’il  livrera  au  commerce,  à 
partir  du  1^'’  janvier  1873,  quelques  plantes 
nouvelles,  presque  toutes  obtenues  dans  son 
établissement.  Ce  sont:  deux  Pélargoniums 
zonales  à fleurs  doubles;  un  Pélargonium 
zonale  « d’un  nouveau  genre  : '»  V Avenir  ; 
puis  douze  autres  variétés  également  nou- 
velles, appartenant  aussi  aux  Pélargoniums 
zonales  ; une  variété  de  la  section  des  uni- 
ques ; deux  variétés  de  Lantana  ; une 
de  Verveine,  « la  Phénoménale,  d’une  gran- 
deur unique  et  de  toute  perfection,  presque 
monopétale;  » puis  douze  autres  variétés; 
une  Chrysanthème  : Globe  d'or,  « fleur 
grande,  croisée,  pleine,  pétales  tuyautés,  à 
rayon  d’un  jaune  jonquille  éclatant  ; » en- 
fin, une  variété  AOxalis  : VOx.  alba  ar- 
borea,  cc  variété  de  VOx.  rosea,  d’un  blanc 
de  neige.  » 

M.  Eugène  Mezard,  horticulteur  à Rueil 
(Seine-et-Oise),  avantageusement  connu  de 
nos  lecteurs  pour  sa  spécialité  de  Pélargo- 
niums  zonale,  et  à qui  l’horticulture  est  déjà 
redevable  de  variétés  très-méritantes,  a livré 
au  commerce,  à partir  du  15  novembre 
1872,  huit  nouvelles  variétés  à fleurs  sim- 
ples. On  trouve  dans  cet  établissement  une 


MULTIPLICATION  DE  L’EXOCORDA  GRANDIFLORA 


collection  complète  (environ  400  variétés)  de 
Pélargoniums  appartenant  aux  diverses  sec- 
tions de  ce  genre,  ainsi  que  plusieurs  autres 
genres  de  plantes  herbacées  particulièrement 
propres  à l’ormentation  des  jardins  pendant 
l’été. 

A partir  du  25  mars  prochain,  M.  Alé- 
gatière,  horticulteur,  chemin  de  Saint-Priest, 
àMonplaisir-Lyon(Rhone),  mettra  au  com- 
merce quelques  nouveautés  inédites  très- 
remarquables  appartenant  aux  Pélargo- 
7iiwns  zoucile  à fleuvs  doubles  et  aux  Œil- 
lets remontants.  Parmi  les  premiers  se 
trouve  la  variété  à fleurs  blanehes,  plante 
des  plus  remarquables  et  dont  il  a été  déjà 
question  dans  ce  journal  (1)  : c’est  Aime 
Sisley,  obtenue  par  M.  Jean  Sisley,  et  dont 
voici  la  description  : a Plante  naine,  trapue 
et  florifère  ; feuillage  petit,  zoné  vert  foncé  ; 
fleurs  blanches  (même  teinte  que  Madame 
Vaucbé) , doubles  et  de  moyenne  gran- 
deur. » Deux  autres  variétés,  Asa-Gray  et 
Charles  Lyell,  également  obtenues  par 
M.  Jean  Sisley,  sont  des  plus  remarquables 
par  leur  coloris  nouveau.  Jeanne  Aléga- 
tiëre  et  Exposition  de  Lyon  sont  des  va- 
riétés de  premier  mérite,  obtenues  par 
M.  Alégatière.  Ces  plantes,  également  à 
fleurs  doubles,  rentrent,  par  leur  coloris, 
dans  la  sériej'du  P.  Victoire  de  Lyo7i,  qui 
est  aussi  un  gain  de  M.  Jean  Sisley. 

Les  Œillets  remontants  qui  vont  être 
mis  au  commerce  le  25  mars  prochain  par 
M.  Alégatière,  qui  en  est  l’obtenteur,  sont 


au  nombre  de  quatre.  Dire  qu’ils  sont  d’un 
mérite  hors  ligne  serait  au  moins  inutile 
pour  ceux  qui  savent  que  M.  Alégatière, 
qui  fait  de  ce  genre  une  spécialité,  n’a  ja- 
mais mis  au  commerce  que  des  plante& 
d’élite. 

Au  lieu  d’un  catalogue,  c’est  une  circu- 
laire que  vient  de  publier  M.  D.  L’Huil- 
lier,  horticulteur,  faubourg  Saint-Pierre,  à 
Nancy;  elle  est  relative  aux  plantes  nouvelles 
obtenues  dans  son  établissement,  etqu’illivre 
à partir  du  15  janvier  1873.  — La  première 
de  ces  plantes  est  le  Fuchsia  serratifolia 
grandiftora,  à « nombreuses  et  éclatantes 
fleurs,  rehaussées  d’un  large  et  beau  feuil- 
lage... » Puis  viennent  trois  variétés  de  Pe- 
largonium  à grandes  fleurs  dont  M.  Sisley, 
dans  son  compte-rendu  de  l’exposition  de 
Lyon  (Rev.  hort.,  1872,  p.  345),  a fait  res- 
sortir le  mérite,  deux  Pélargonium  zonale 
à fleur  simple  ; huit  variétés  de  Pétunias, 
dont  quatre  à fleur  double  ; quatre  variétés 
de  Verveines  ; enfin,  comme  a haute  nou- 
veauté, ))  deux  Pelargo7iium  zonalehü.e.\xYS 
doubles  : VAlha  plena,  plante  vendue  par 
M.  Boucharlat  aîné,  et  dont  il  a été  plusieurs 
fois  question  dans  la  Revue  (voir  1872, 
p.  161  et  342),  et  D.  UHuillier,  « pro- 
clamée par  toutes  les  personnes  qui  l’ont 
cultivée  l’année  dernière  comme  la  plus 
jolie  variété  de  zonales  à fleurs  roses , 
doubles,  connues  jusqu’à  ce  jour » 

E.-A.  Carrière. 


MULTIPLICATION  DE  L’EXOCORDA  GRANDIFLORA 


Il  est  peu  de  nos  lecteurs  qui  ne  con- 
naissent VExocorda  grandijlora,  si  ce 
n’est  sous  ce  nom,  du  moins  sous  celui  de 
Spiraea  grandiflora.  C’est  un  arbuste  vi- 
goureux, à très- grandes  fleurs  blanches  non 
odorantes,  très-jolies,  et  qui  par  leur  aspect 
— moins  les  caractères,  bien  entendu,  — 
et  surtout  par  leur  disposition  en  sorte  d’épis 
terminaux, rappellent  assez  exactement  celles 
d’un  Seringat  {Philadelphus)  à grandes 
fleurs.  Toutefois,  notre  but  n’étant  pas  de 
décrire  les  fleurs  de  VExocorda,  qui  sont 
assez  connues,  mais  seulement  d’en  indi- 
quer la  multiplication,  nous  allons  faire  con- 
naître celle-ci.  Jusqu’ici  cette  espèce,  quoi- 
que jolie  et  très-rustique,  est  toujours  rare, 
ce  qui  tient  à la  difficulté  de  sa  propagation. 
Ne  donnant  pas  encore  de  graines,  que  nous 
sachions  du  moins,  il  faut  recourir  aux 

(1)  V.  Revue  horticole,  1872,  p.  3(54. 


moyens  ordinaires  (boutures  et  couchages), 
qui  ne  réussissent  que  très-difficilement  et 
demandent  toujours  un  temps  assez  long. 
Quant  à la  greffe,  on  ne  pouvait  non  plus 
l’employer,  ne  connaissant  pas  de  sujet  sur 
lequel  on  pût  la  pratiquer.  Il  en  est  autre- 
ment aujourd’hui  ; Texpérience  a démontré 
qu’on  peut  greffer  VExocorda  sur  ses  pro- 
pres racines,  absolument  comme  on  le  fait 
des  Tecomas,  des  Glycines,  etc.  L’époque 
qui  paraît  la  plus  favorable  pour  pratiquer 
cette  opération  est  la  fin  de  l’hiver  ou  le 
commencement  du  printemps.  Les  greffes 
faites,  on  les  repique  en  terre  de  bruyère, 
soit  à l’air  libre,  ou  mieux  abritées  sous 
cloches,  soit  dehors,  soit  dans  une  serre  à 
multiplication,  où  elles  reprennent  très- 
bien.  J.  Goujon. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  Cioitre  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quinzaine  de  janvier) 

Continuation  de  la  température  exceptionnelle  de  l’hiver;  violent  orage  du  19  janvier.  — Reprise  du 
cours  de  M.  Auguste  Rivière,  au  Luxembourg.  — Plantes  nouvelles  livrées  au  commerce  par 
M.  J.-B.  Rendatler,  horticulteur  à Nancy.  — Rapport  de  M.  Duclaux  sur  le  Phylloxéra.  — Une 
excursion  dans  l’inlérieur  du  Japon  : lettre  du  docteur  Auguste  Hénon.  — Panachure  des  Roses 
résultant  de  la  greffe.  — Moyen  de  prolonger  la  récolte  des  Tomates  sur  pied;  conservation  des 
Tomates  : communication  de  M.  J.-B.  Carbou.  — Dernière  séance  du  Congrès  pomologique  de  France, 
à Lyon  ; M.  Mas,  président  : médaille  d’or  décernée  à M.  Mas.  — Moyen  de  préserver  des  rongeurs 
les  semis  de  Pois  : communication  de  M.  Ferdinand  Gloède.  — Le  Phylloxéra  et  les  Vignes  améri- 
caines. — La  Société  d’horticulture  de  Soissons  et  les  instituteurs  ; M.  Salleron  : communication  de 
M Lambin.  — Trente-unième  Exposition  de  la  Société  d’horticulture  du  Bas-Rhin,  les  27  et  28  avril  1873. 
— Le  Chou-Fleur  Gamhe\j.  — La  température  dans  l’Ille-et-Vilaine  : lettre  de  M.  Bouvet.  — Les 
Manguiers  de  M.  Lafon,  à Bordeaux.  — Produitsjébrifuges  du  Laurier  d’Apollon;  compte-rendu  de 
M.  Dorain. 


Bien  que  nous  soyons  en  plein  hiver,  la 
température  est  toujours  à peu  près  la 
même,  celle  du  printemps  ; aussi,  si  nous 
en  parlons,  ce  n’est  pas  avec  l’intention  de 
l’apprendre  à nos  lecteurs  qui,  sous  ce  rap- 
port, en  savent  tout  autant  que  nous,  mais 
seulement  pour  constater  et  enregistrer  le 
fait,  de  manière  que  plus  tard,  il  puisse  ser- 
vir de  point  de  comparaison. 

Ainsi,  depuis  plus  d’un  mois,  une  seule 
fois,  le  7 janvier,  croyons-nous,  le  thermo- 
mètre, le  matin  à sept  heures,  marquait  un 
degré  au-dessous  de  zéro  ; la  nuit  il  était 
descendu  à — 2.  Excepté  cela,  il  a varié,  le 
matin  de  -h  2 à -h  7,  et  dans  la  journée  de 
-h  8 à -h  12-50.  Doit-on,  comme  le  font 
tant  de  gens,  s’en  alarmer,  en  s’appuyant 
sur  cette  hypothèse  : que  les  végétaux  vont 
pousser  plus  qu’ils  ne  devraient  le  faire,  et 
qu’il  pourra  venir  des  gelées  tardives  qui 
les  feront  souffrir  et  compromettront  cer- 
taines récoltes,  celle  des  fruits  par  exemple? 
Tel  n’est  pas  notre  avis.  D’abord,  la  chose 
ne  servirait  à rien  ; ensuite  il  arrive  très- 
fréquemment  que  c’est  à la  suite  d’hivers 
longs  !et  très-rigoureux  qu’il  survient  des 
gelées  tardives,  qui  détruisent  les  fleurs  et 
les  fruits.  Donc,  puisque  les  fortes  gelées 
de  décembre  et  de  janvier  n’empêchent  pas 
les  arbres  fruitiers  ni  les  vignes  d’être  ge- 
lés en  avril-mai,  et  puisque  d’autre  part  il 
n’est  pas  vrai,  ainsi  que  le  croient  encore 
tant  de  gens,  « que  les  gelées  détruisent 
les  insectes,  » elles  ne  sont  pas  aussi  in- 
dispensables qu’on  le  dit.  Attendons  pour 
juger  ; mais  un  fait  que  nous  devons  rappe- 
ler et  consigner,  non  qu’il  soit  sans  exemple, 
mais  parce  qu’il  est  rare,  c’est  un  violent 
orage,  survenu  à Paris  le  19  janvier,  de 
sept  heures  et  demie  à environ  neuf  heures  du 

1er  février  1873. 


soir,  pendant  lequel  les  éclairs  et  le  ton- 
nerre ne  discontinuaient  pas  ; à une  pluie 
assez  abondante  était  mélangée  une  très- 
grande  quantité  de  grêle  ; c’est  à ce  point 
que  le  22,  c’est-à-dire  trois  jours  après,  il  y 
en  avait  encore  dans  certains  endroits  où 
elle  s’était  accumulée.  Doit-on,  en  pensant  à 
ce  vieux  proverbe  : « Quand  il  tonne  en 
janvier,  la  truie  n’a  rien  à faire  sous  le  poi- 
rier, » en  conclure  que  la  récolte  des  Poires 
est  compromise?  Non.  Les  faits  que  nous  ve- 
nons de  rappeler  ne  pourraient  avoir  d’in- 
fluence que  si  les  Poiriers  étaient  en  fleurs 
ou  portaient  de  jeunes  fruits  qui  puissent 
en  souffrir,  ce  qui  heureusement  n’est  pas. 
Toutefois,  ne  nous  hâtons  pas  de  juger  : de- 
puis deux  jours  nous  entrons  dans  une  pé- 
riode sensible  de  froid.  Nous  y reviendrons. 

— M.  Auguste  Rivière,  jardinier  en  chef 
du  Luxembourg,  a commencé  son  cours 
public  et  gratuit  de  culture  et  de  taille  des 
arbres  fruitiers,  le  mercredi  22  janvier,  dans 
le  pavillon  de  la  Pépinière.  Il  le  continuera 
les  lundi,  mercredi  et  vendredi  de  chaque 
semaine,  à neuf  heures  du  matin. 

— M.  J.-B.  Rendatler,  horticulteur  à 
Nancy,  dans  une  circulaire  qu’il  vient  de 
publier,  fait  connaître  les  plantes  nouvelles 
obtenues  dans  son  établissement,  et  qu’il 
livre  au  commerce  à partir  du  20  jan- 
vier 1873.  Ce  sont  d’abord  26  variétés  de 
Pétunias  ainsi  reparties  : 11  à fleurs  doubles 
et  à pétales  dentés  ; 10  à fleurs  également 
doubles,  mais  à pétales  entiers  ; enfin  5 à 
fleurs  simples.  — Quatre  variétés  de  Pe- 
largoniums  à fleurs  doubles  ; puis  neuf  à 
fleurs  simples  ; — trois  variétés  d’Hélio- 
tropes  ; — cinq  de  Delphinium  ; — trois 

3 


V2  CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


variétés  de  Phlox  decussata  et  huit  appar- 
tenant à la  section  dite  pyramidcde  omni- 
flore;  cnün,  quatre  variétés  dePentstemons, 
plantes  qu’on  ne  peut  trop  recommander 
pour  l’ornement  des  jardins. 

— D’une  communication  faite  à l’Institut 
par  M.  Duclaux  qui  avait  été  chargé  par  cette 
compagnie  de  faire  un  rapport  sur  le  Phyl- 
loxéra, il  résulte  que  l’on  ne  connaît  en- 
core aucun  remède  pour  détruire  cet  insecte, 
que  le  seul  moyen  qui  a donné  de  bons  ré- 
sultats est  la  submersion  complète,  recom- 
mandée par  M.  Faucon,  et  dont  nous  avons 
déjà  parlé  dans  la  Revue.  Dans  ce  rapport, 
après  avoir  fait  connaître  quelques  particu- 
larités sur  la  nature  des  différents  terrains, 
et  de  quelques  conditions  qui  paraissent 
utiles  ou  nuisibles  au  développement  du 
plylloxera  , mais  qui  en  réalité  n’offrent 
que  très-peu  d’intérêt,  M.  Duclaux  trace  la 
marche  qu’a  suivie  le  terrible  insecte  depuis 
l’époque  où,  pour  la  première  fois,  l’on  a 
constaté  sa  présence:  c’était,  paraît-il,  en 
1865,  sur  le  plateau  de  Pujaut,  aux  envi- 
rons de  Roquemaure.  Depuis  ce  moment,  il 
n’a  cessé  de  s’étendre,  non  seulement  en 
France,  mais  même  en  Europe.  Mais  la 
plus  triste  conclusion  qu’on  peut  tirer  du 
rapport  de  M.  Duclaux,  c’est  que  le  pyl- 
loxera,  en  France,  a déjà  envahi  plus  d’un 
million  d’hectares  de  vigne.  Dans  notre  pro- 
chaine chronique,  nous  reviendrons  sur  ce 
sujet  et  entrerons  à cette  occasion  dans 
quelques  détails  que  nous  croyons  de  nature 
à intéresser  nos  lecteurs. 

— Voici  un  extrait  d’une  lettre  de  M.  le 
docteur  Auguste  Hénon,  en  date  du  17  oc- 
tobre 1872,  que  nous  a communiqué  M.  Jean 
Sisley,  et  que  nous  croyons  devoir  repro- 
duire : 

...  Nous  avons  passé  trois  jours  à Kohé  ; cette 
ville,  presque  européano- américaine,  est  assez 
jolie.  Il  y a à environ  trois  milles  de  distance 
une  charmante  cascade  dans  la  montagne; 
nous  y avons  fait  une  excursion  ; de  là  nous 
sommes  revenus  à travers  champs,  en  suivant 
les  sentiers  des  rizières.  Nous  avons  trouvé  dans 
plusieurs  fossés  l’Irts  Kæmpferi  encore  très- 
bien  fleuri.  Le  pays  est  très-beau  et  beaucoup 
plus  chaud  que  Yokoama  ; outre  l’Oranger  à 
petites  feuilles  à trois  lobes,  il  y a dans  les  jar- 
dins de  gros  Orangers,  et  on  cultive  de  grands 
«champs  de  Coton,  ainsi  que  des  Caladium,  ces 
•derniers  pour  leurs  racines  alimentaires.  11  y a 
dans  quelques  jardins  des  Bananiers,  mais  ils 
ne  portent  jamais  de  fruits. 

Nous  sommes  partis  le  7 octobre  de  Kobé  pour 
Osaka,  qui  est  une  ville  de  7,000  à 8,000  âmes, 


presque  entièrement  japonaise  ; nous  avons  vi- 
sité la  Monnaie  et  le  marché  aux  poissons,  le 
mieux  approvisionné  que  faie  jamais  vu  : les 
Halles  de  Paris  sont  bien  peu  de  chose  à côté.  On 
y voit  de  grandes  quantités  de  poissons,  dont  les 
uns  ressemblent  aux  nôtres,  mais  dont  une  quan- 
tité d’autres  me  sont  inconnus. 

Nous  sommes  partis  le  9 pour  Kioto,  la  ville 
sainte,  qui  n’est  pas  encore  ouverte  aux  Euro- 
péens ; nous  avons  visité  le  palais  du  Mikado, 
et  nous  sommes  les  premiers  Européens  qui 
aient  visité  l’intérieur.  J’y  ai  vu  des  peintures 
de  Heurs  et  d’oiseaux,  aussi  ou  peut-être  plus 
belles  que  tout  ce  que  j’ai  vu  dans  ce  genre  en 
Europe. 

J’ai  vu  à Kioto  la  fameuse  salamandre  longue 
de  1 mètre,  et  qui  est  très-rare  et  très-recher- 
chée comme  aliment;  elle  vient  des  lacs  Biwa. 

Il  ressort  de  la  lecture  de  cette  intéres- 
sante lettre  que,  ainsi  que  nous  l’avons  plu- 
sieurs fois  déjà  dit,  nous  connaissons  peu  — 
et  surtout  mal  — le  Japon,  soit  pour  le  cli- 
mat, soit  pour  ses  cultures,  soit  même  au 
point  de  vue  du  bien-être  et  des  ressources 
qu’il  présente.  On  est  même  en  droit  de  sup- 
poser que  sous  certains  rapports  il  y a là  de 
quoi  rabattre  un  peu  de  nos  prétentions  à 
nous  croire  toujours  le  « premier  peuple  de  la 
terre.  » Ceci  considéré  relativement,  bien 
entendu. 

— Tout  récemment,  en  parcourant  la 
Revue  horticole,  nous  avons  trouvé  à la 
page  179  de  l’année  1871  un  article  de 
notre  grand  maître  en  arboriculture,  M.  Du 
Breuil,  intitulé  : Panachure  des  Roses  ré- 
sidtant  de  la  greffe,  qui  nous  a rappelé 
celui  extrait  du  Giardini,  dont  nous  avons 
parlé  récemment  (1),  avec  lequel  même  il 
nous  a paru  avoir  beaucoup  d’analogie  quant 
aux  résultats.  En  effet,  dans  l’un  comme 
dans  l’autre  cas,  au  moyen  de  la  greffe  en 
écusson,  on  obtient  des  variétés  particu- 
lières autres  que  celles  dont  on  s’est  servi 
pour  effectuer  les  greffes.  Voici  ce  que  dit 
M.  Du  Breuil,  l.  c.: 

L’opération  de  la  greffe  donne  lieu  parfois  à 
des  anomalies  singulières  sur  les  individus  ob- 
tenus à l’aide  de  ce  procédé.  Je  vais  en  citer  un 
nouvel  exemple  que  je  trouve  sur  mes  notes  de 
voyage. 

Au  mois  de  juillet  1867  je  visitais,  à Bagnères- 
de-Bigore,  le  jardin  d’un  juge,  grand  amateur 
d’arboriculture  et  de  floricultnre,  et  dont  je  re- 
grette d’avoir  oublié  le  nom.  Il  me  montra  plu- 
sieurs Rosiers  à haute  tige,  entre  autres  la  va- 
riété Géant  des  batailles,  dont  toutes  les  fleurs, 
d’un  rouge  foncé,  étaient  sur  certains  individus 
maculées  de  nombreuses  taches  d’un  rose  pâle. 

(1)  Revue  horticole,  1873,  p.  12. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JANVIER).  43 


Je  fis  la  même  remarque  sur  d’autres  variétés  de 
couleur  moins  foncée,  telles  que  celles  du  Gé- 
néral Jacqueminot,  par  exemple.  Tous  ces  Ro- 
siers étaient  d’abord  dans  un  très-bon  état  de 
végétation,  et  présentaient  tous  les  autres  carac- 
tères inhérents  à leur  variété.  Le  propriétaire, 
M.  X.,  m’affirma  que  cette  panachure  était  cons- 
tante, et  que  les  Rosiers  que  j’observais  avaient 
alors  six  à huit  ans  de  greffe.  11  m’affirma  éga- 
lement qu’elle  était  transmissible  au  moyen  de 
la  greffe. 

Quelle  pouvait  être  la  cause  de  cette  bizarre- 
rie? M.  X.  m’apprit  qu’obligé,  il  y a quelques 
années,  faute  de  mieux,  de  lever  des  écussons 
dépourvus  d’yeux  apparents,  il  en  obtint  cepen- 
dant une  pousse  qui  donna  lieu  à un  Rosier  dont 
toutes  les  fleurs  offraient  la  particularité  dont 
je  viens  de  parler.  Il  attribua  cette  coloration 
anormale  à la  conformation  imparfaite  de  l’écus- 
son employé.  Il  répéta  alors  ce  mode  d’opérer, 
et  obtint  le  même  résultat.  Aujourd’hui,  il  fait 
naître  cette  panachure  à volonté,  en  procédant 
comme  il  vient  d’être  dit. 

On  pourra  juger  nos  dires  en  se  reportant 
à l’article  extrait  du  journal  italien,  tant  par 
le  mode  d’opérer  que  par  les  résultats  ob- 
tenus. Toutefois,  nous  n’affirmons  pas  que 
les  procédés  soient  identiques;  seulement, 
nous  avons  voulu  appeler  l’attention  sur  leur 
similitude,  de  manière  à prendre  date,  et 
au  besoin  à revendiquer  la  priorité  dans  le 
cas  où  il  y aurait  identité  dans  le  mode 
d’opérer,  et  alors  de  rendre  à César  ce  qui 
appartient  à César. 

Mais  si,  d’une  autre  part,  et  en  écartant 
la  priorité  de  la  découverte  du  procédé,  on 
cherche  à tirer  des  conclusions  des  faits,  on 
sera  amené  à reconnaître  que  ceux-ci  sont 
complexes,  peut-être  locaux  ou  inhérents  à 
telles  ou  telles  variétés.  Très-souvent,  en 
effet,  — surtout  pour  les  variétés  nouvelles 
ou  rares,  — les  rosiéristes  se  servent  d’yeux 
à peine  développés,  et  nous  ne  sachions  pas 
qu’ils  obtiennent  des  résultats  semblables  à 
ceux  que  nous  venons  de  faire  connaître.  Il 
y a donc  là  sinon  des  mystères,  mais  des 
lois  de  végétation  qui  ne  sont  pas  connues, 
et  sur  lesquelles  nous  appelons  l’attention. 

— La  lettre  suivante,  que  nous  a adressée 
notre  collègue,  M.  Carbou,  contient  certains 
faits  qui  peuvent  intéresser  nos  lecteurs,  ce 
qui  nous  engage  à la  publier  : 

Carcassonne,  le  12  décembre  1872. 

Monsieur  le  directeur. 

Tout  le  monde  sait  que,  en  horticulture 
comme  en  toute  autre  chose,  les  plus  petites 
observations,  les  moindres  renseignements  pro- 
duisent souvent  de  très-bons  résultats.  Aussi, 
est-ce  avec  cette  conviction  et  le  désir  d’être 


utile  à quelques-uns  de  vos  lecteurs  que  je  m’em- 
presse de  vous  faire  part  d’une  de  ces  petites 
observations,  qui  bien  qu’en  apparence  peu  im- 
portante, pourrait  néanmoins  produire  de  très- 
bons  résultats.  Il  s’agit  de  la  Tomate.  Voici  le 
fait  : 

Cette  année,  ma  récolte  de  Tomates  a été  plus 
abondante  qu’elle  ne  l’était  ordinairement,  fait 
que  je  dois  à un  procédé  auquel  personne  ne  fait 
attention,  et  que  je  vais  faire  connaître.  Après 
que  j’eus  cueilli  les  fruits  de  mes  Tomates  et  de 
deuxième  fleur,  je  supprimai  tous  les  pédoncules 
qui  avaient  produit  leur  fruit,  et  je  coupai 
aussi  toutes  les  branches  mutilées  ou  tachées, 
les  feuilles  à demi-sèches  ou  gâtées,  en  un  mot 
je  réhabillai  de  nouveau  toutes  mes  plantes,  et 
donnai  ensuite  un  bon  labour  à la  houe,  et  j’ar- 
rosai copieusement.  Au  bout  d’un  très -petit 
nombre  de  jours,  je  remarquai  une  exubérance 
de  végétation  des  plus  belles  : les  fruits,  qui  sem- 
blaient arrêtés,  reprirent  de  la  force  et  devinrent 
magnifiques  ; de  manière  que  par  ce  procédé  de 
nettoyage  des  plantes,  j’ai  obtenu  une  prolonga- 
tion de  la  récolte  de  ce  précieux  légume  jusqu’en 
décembre,  tandis  qu’auparavant,  lorsque  j’aban- 
donnais mes  plantes  ainsi  qu’on  est  dans  l’habi- 
tude de  le  faire,  elles  étaient  presque  toutes 
sèches  en  septembre. 

Ce  procédé,  s’il  était  généralisé,  dispenserait 
plusieurs  de  nos  jardiniers  de  faire  des  planta- 
tions en  juin,  comme  on  le  fait  souvent,  pour 
avoir  des  Tomates  à l’arrière-saison  ; car,  en  les 
traitant  ainsi  (j’entends  toujours  que  les  Tomates 
auront  été  soumises  au  palissage  et  à la  taille), 
on  pourrait  se  procurer  la  jouissance  de  ce  pré- 
cieux légume  jusqu’aux  gelées. 

La  Tomate  étant  une  plante  robuste  et  ne 
craignant  guère  que  la  gelée,  se  trouvera  tou- 
jours garnie  d’un  grand  nombre  de  fruits  ; aussi 
est-il  très-important,  lorsqu’on  prévoit  les  pre- 
mières gelées,  de  couper  tous  les  fruits  avec  une 
partie  de  leurs  branches,  et  de  les  suspendre 
soit  dans  une  serre,  soit  dans  tout  autre  lieu  à 
l’abri  de  la  gelée,  où  ils  mûriront  parfaitement. 
De  cette  manière,  on  en  conservera  bien  avant 
dans  la  saison  froide. 

Pour  jouir  de  ce  légume  bien  plus  longtemps, 
beaucoup  d’amateurs  coupent  les  Tomates  par 
morceaux,  les  mettent  dans  des  bouteilles,  que 
l’on  remplit  avec  de  l’eau  salée.  On  ferme  her- 
métiquement, et  on  fait  bouillir  pendant  quelques 
minutes  dans  une  chaudière. 

Veuillez  agréer,  etc.  J.-B.  Carbou. 

— Dans  sa  séance  du  4 octobre  1872,  le 
Congrès  pomologique  de  France,  à Lyon,  a 
élu  son  président.  M.  Mas  ayant  obtenu 
toutes  les  voix,  moins  une,  — on  sait  la- 
quelle, — a été  proclamé.  C’est  de  bon  au- 
gure. Dans  cette  même  séance,  l’assemblée 
a décidé  qu’on  allait  immédiatement  impri- 
mer le  huitième  volume  de  la  Pomologie, 
qui  devra  clore  cet  ouvrage.  Ensuite  l’as- 


44  CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


semblée  ayant  à décerner  une  médaille  d’or 
à la  personne  qui  avait  rendu  les  plus  grands 
services  à la  pomologie,  procéda  au  scrutin 
secret,  qui  accorda  tous  les  su  tirages  à 
M.  Mas.  — Le  choix  ne  pouvait  être  meil- 
leur. 

Avant  de  clore  sa  session,  l’assemblée, 
sur  la  proposition  qui  lui  en  a été  faite,  a 
décide  que  le  prochain  congrès,  pour  1873, 
sera  tenu  à Marseille. 

— Ce  que  nous  avons  dit  dans  notre  chro- 
nique du  1®*'  janvier  dernier,  page  7,  au 
sujet  de  la  préparation  des  Pois,  nous  a valu 
l’intéressante  lettre  suivante,  que  certaine- 
ment bon  nombre  de  nos  lecteurs  liront  avec 
plaisir.  La  voici  : 

Eppenzorf-Hamhourg,  9 janvier  1873. 

Monsieur  et  cher  collègue, 

Je  vois  dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue 
horticole  un  moyen  pour  combattre  les  ravages 
que  font  les  rongeurs  dans  les  semis  de  Pois. 
Peut-être  ne  sera-t-il  pas  sans  intérêt  pour  vos 
lecteurs  de  connaître  un  préservatif  qui  m’a 
toujours  donné  des  preuves  incontestables  d’ef- 
ficacité, bien  que  je  sois  persuadé  que  bon 
nombre  de  personnes  en  France  Paient  employé 
avant  moi.  Néanmoins,  je  crois  qu’une  bonne 
chose  ne  peut  jamais  être  trop  répandue  ou  ré- 
pétée lorsqu’il  s’agit  de  choses  d’une  utilité  géné- 
rale, par  conséquent  utiles  à l’humanité.  Voici 
comment  je  procède  : 

Vingt-quatre  heures  avant  de  semer,  je  fais 
tremper  mes  Pois  dans  de  l’eau,  et,  après  les  avoir 
retirés,  je  les  saupoudre  avec  du  minium,  en  les 
agitant  en  tous  sens  pour  bien  faire  adhérer 
cette  substance  à la  totalité.  Ensuite  je  plante 
comme  on  le  fait,  et  jmnais,  depuis  plus  de  dix 
ans  que  j’employe  le  minium,  mes  semis  n’ont  été 
attaqués. 

Il  arrive  même  quelquefois  que  dans  les  pre- 
miers semis,  qui  restent  assez  longtemps  en  terre 
sans  germer,  des  oiseaux  grattent  et  retirent 
quelques  Pois,  mais  les  laissent  ensuite  sur  terre 
et  n’y  touchent  plus.  Est-ce  la  couleur  rouge  qui 
les  effraie,  ou  bien  ont-ils  l’instinct  de  ce  que  le 
minium  les  empoisonnerait?  Je  ne  saurais  le  dire  ; 
toujours  est-il  que  mes  Pois  ne  sont  point  man- 
gés et  qu’ils  lèvent  régulièrement,  tandis  que  si 
par  un  motif  quelconque  j’ai  semé  un  rang  ou 
deux  sans  minium,  ils  sont  dévorés  dans  l’es- 
pace de  quelques  jours,  de  manière  qu’il  faut  en 
semer  d’autres. 

En  attendant,  je  vous  prie,  Monsieur  et  cher 
collègue,  d’agréer  mes  salutations  amicales. 

Ferdinand  Gloède. 

Nous  sommes  doublement  satisfait  de 
l’intéressante  communication  qui  précède  ; 
d’abord  parce  qu’elle  fait  connaître  un  pro- 
cédé utile  et  pratique  dont  pourront  profiter 


nos  lecteurs,  ensuite  qu’elle  nous  procure  le 
plaisir  de  nous  entretenir  avec  notre  col- 
lègue M.  Gloède,  ce  dont  nous  étions  privé 
depuis  trop  longtemps. 

— L’idée  qu’on  avait  émise  dernièrement 
de  se  défendre  contre  le  phylloxéra  en  gref- 
fant nos  Vignes  sur  des  espèces  américaines, 
et  que  nous  avons  combattue,  était  double- 
ment mauvaise  : d’abord  parce  que,  ainsi  que 
nous  l’avons  dit,  le  procédé  n’est  pas  possible, 
ensuite  parce  que  les  Vignes  américaines, 
les  types,  dit-on,  sont  elles-mêmes  envahies 
par  ce  terrible  insecte.  Ainsi,  dans  une  lettre 
qu’il  vient  de  nous  adresser  de  Munich  (Ba- 
vière), notre  collègue,  M.  Kolb,  nous  dit: 

M.  P)abo,  un  des  plus  célèbres  viticulteurs  de 
l’Autriche,  publiera  prochainement  une  bro- 
chure sur  le  phylloxéra.  Les  Vignes  sont  mal- 
heureusement envahies  par  ce  terrible  insecte, 
qui  lui  est  arrivé  par  des  Vignes  américaines. 

Espérons  que  le  célèbre  viticulteur  autri- 
chien sera  plus  heureux  que  nos  savants,  et 
que  son  livre  ne  se  bornera  pas  à la  des- 
cription de  l’insecte,  que  nous  connaissons 
beaucoup  trop,  hélas  ! et  qu’au  lieu  de  nous 
faire  connaître  simplement  la  chose,  il  nous 
indiquera  le  moyen  de  nous  en  débarrasser, 
ce  qui  est  bien  préférable. 

— L’intéressante  lettre  de  M.  Paul  des 
Héberts,  président  de  la  Société  d’horticul- 
ture d’Yvetot,  que  nous  avons  publiée  ré- 
cemment (1),  nous  en  a valu  une  non  moins 
intéressante  de  notre  collègue  et  collabora- 
teur M.  Lambin,  et  que  nous  reproduisons 
à cause  des  bons  enseignements  qu’elle  con- 
tient. La  voici  : 

Soissons,  4 décembre  1872. 

Mon  cher  rédacteur. 

En  parcourant  le  numéro  du  Pr  décembre  1872 
de  la  Revoie  horticole,  j’y  ai  trouvé  une  lettre  de 
M.  Paul  des  Héberts,  relativement  à l’enseigne- 
ment horticole,  et  dans  laquelle,  après  avoir  cité 
les  paroles  de  M.  Joigneaux  et  les  pensées  si  éle- 
vées de  notre  ami  Charles  Baltet,  il  exprime  le 
désir  de  voir  se  généraliser  de  plus  en  plus 
l’enseignement  horticole  dans  nos  campagnes. 

Les  moyens  employés  par  la  Société  d’horti- 
culture d’Yvetot,  et  qu’indique  M.  des  Héberts, 
sont  certainement  ceux  à l’aide  desquels  l’on 
pourra  arriver  vite  et  bien  à augmenter  l’ai- 
sance des  habitants  de  la  campagne,  puisque 
dans  le  présent  comme  dans  l’avenir  ils  devront 
bénéficier  des  moyens  inspirés  par  ces  géné- 
reux sentiments  de  patriotisme.  Aussi,  félicitons- 
nous  tout  particulièrement  la  Société  d’horticul- 
ture d’Yvetot,  et  son  digne  président,  d’avoir 

(1)  V.  Revue  horticole,  1872,  p.  442. 


Ao 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


admis  gratuitement  dans  son  sein  les  institu- 
teurs. Ôn  ne  pouvait  assurément  choisir  de  meil- 
leurs vulgarisateurs,  ni  de  plus  solides  et  instruits 
porte-drapeaux. 

La  Société  d’horticulture  de  l’arrondissement 
de  Soissons  en  sait  quelque  chose,  depuis  dix  ans 
qu’elle  a associé  à son  œuvre  les  142  institu- 
teurs de  son  rayon,  lesquels,  depuis,  n’ont  cessé 
de  participer  à ses  travaux.  Et  pour  rendre  l’en- 
seignement plus  efficace,  cette  Société  s’est  at- 
taché un  professeur  qui,  chaque  mois,  se  rend 
dans  un  chef-lieu  de  canton,  et  fait  aux  institu- 
teurs, aux  amateurs,  ainsi  qu’aux  jardiniers  réu- 
nis, une  conférence  sur  V arboriculture  fruitière, 
sur  la  culture  maraîchère,  et  parfois  aussi  sur 
la  culture  des  fleurs  de  pleine  terre.  Elle  a,  de 
plus,  et  en  y consacrant  une  partie  de  ses  res- 
sources, organisé,  dans  un  terrain  d’une  con- 
tenance de  12,000  mètres,  un  jardin  d’expé- 
riences où  se  trouvent  réunies  une  école  fruitière, 
une  école  maraîchère,  ainsi  que  les  espèces 
d’arbres  et  d’arbustes  les  plus  intéressants. 
Enfin,  pour  compléter  son  enseignement,  la  So- 
ciété organise  en  ce  moment  un  jardin  bota- 
nique dans  lequel  elle  réunit  les  plantes  les 
plus  utiles  à l’industrie,  à la  médecine  et  au 
commerce,  qu’elle  doit  à la  générosité  du  Mu- 
séum d’histoire  naturelle  de  Paris. 

De  son  côté,  le  Conseil  général  de  l’Aisne  vote 
chaque  année  un  assez  fort  crédit,  spécialement 
affecté  à l’entretien  du  Jardin  des  instituteurs, 
de  sorte  que  ceux-ci  n’ont  qu’à  demander  à la 
préfecture  une  subvention  en  rapport  avec  leurs 
besoins,  et  qui  leur  est  toujours  accordée. 

A la  fin  de  chaque  année,  une  commission 
nommée  par  le  bureau  central  de  la  Société  vi- 
site leurs  jardins,  fait  un  rapport  dans  lequel 
elle  signale  les  améliorations  obtenues,  et  dé- 
signe les  plus  méritants,  qui  reçoivent  en  ré- 
compense de  leurs  efforts  des  médailles  d’or,  de 
vermeil,  d’argent  ou  de  bronze.  Presque  tou- 
jours, des  personnes  généreuses  ajoutent  à la 
récompense  des  arbres  fruitiers  ou  des  traités 
d’horticulture  reconnus  les  meilleurs  et  choisis 
par  le  professeur  de  la  Société. 

Enfin,  si  dans  l’association,  composée  d’un  mil- 
lier de  membres,  le  malheur  s’est  appesanti  sur 
une  famille,  des  sociétaires  aux  sentiments  éle- 
vés et  généreux  ajoutent  des  secours  qui  prévien- 
nent les  premiers  besoins  et  enraient  la  gêne,  et 
cela  avec  la  plus  grande  discrétion.  Voilà  en  un 
mot,  mon  cher  directeur,  le  but  de  cette  Société  : 
moraliser  et  instruire  les  habitants  de  la  cam- 
pagne par  un  travail  intelligent  et  rémunérateur. 

Pour  être  juste,  nous  devons  ajouter  que  les 
Sociétés  d’horticulture  de  Senlis,  de  Clermont, 
de  Montdidier,  et  tout  particulièrement  de  Beau- 
vais, précèdent  ou  suivent  dans  cette  voie  la  So- 
ciété d’horticulture  de  Soissons,  avec  cette  seule 
différence,  croyons-nous,  que  ces  Sociétés  n’ont 
pas  admis  gratuitement  les  instituteurs  au 
nombre  des  membres  de  leur  famille  horticole. 

Mais,  nous  le  constatons,  pour  que  ces  nobles 
et  judicieuses  pensées  réussissent,  il  faut  à la 


tête  de  semblables  institutions  des  hommes 
pleins  de  cœur  et  de  dévoûment,  et  dont  l’intel- 
ligence soit  à la  hauteur  du  patriotisme  ; en  un 
mot,  qu’ils  ressemblent  à l’homme  de  bien  que 
la  Société  d’horticulture  de  Soissons  a eu  la  dou- 
leur de  perdre  il  y a peu  de  temps,  M.  Charles 
Salleron,  fondateur  et  président  de  cette  So- 
ciété. 

A vous,  cher  ami. 

E.  Lambin. 

C’est  avec  plaisir  que  nous  publions  cette 
lettre,  sur  laquelle  nous  appelons  tout  par- 
ticulièrement l’attention  de  nos  lecteurs,  et 
qui  montre  que  la  Société  d’horticulture  de 
Soissons  est  depuis  longtemps  entrée  dans 
la  véritable  voie  du  progrès.  Nous  sommes 
heureux  de  cette  circonstance,  qui  nous  per- 
met de  rendre  un  hommage  bien  mérité  à 
cette  Société,  qui,  à tous  les  points  de  vue, 
peut  être  prise  comme  modèle. 

— Le  dimanche  27  et  le  lundi  28  avril 
1873,  la  Société  d’horticulture  du  Bas-Rhin 
fera  sa  31®  exposition  de  fleurs,  de  fruits, 
d’arbustes,  de  légumes,  etc.,  à laquelle  elle 
convie  les  horticulteurs  de  tous  les  pays.  Le 
jury  aura  à sa  disposition  6 médailles  d’or, 
10  médailles  d’argent  de  l*"®  classe  et 
15  médailles  d’argent  de  2®  classe,  ainsique 
des  mentions  honorables  et  des  mentions 
((  très -honorables,  » ce  qui  peut  faire  sup- 
poser qu’il  en  est  de  l’honneur  comme  des 
médailles,  qu’il  y en  a de  valeurs  diffé- 
rentes. 

— Le  numéro  34  (1872)  des  Annales  de 
la  Société  horticole,  vigneroime  et  fores- 
tière, à Troyes,  contient  l’indication  d’une 
nouvelle  variété  de  Chou-Fleur,  le  Chou- 
Fleur  Gamhetj,  obtenu  de  semis  en  1871 
par  M.  Auguste  Gambey,  et  dont  voici  la 
description  : 

C’est  une  variété  de  Chou-Fleur  tendre,  de 
printemps,  dont  les  caractères  présentent  quel- 
que analogie  avec  le  Chou-Fleur  Lenormand  et 
le  Chou-Fleur  Salomon. 

La  feuille  est  plus  large  que  celle  du  Chou- 
Fleur  Lenormand,  et  le  bord  n’en  est  pas  on- 
dulé ou  gaufré  comme  sur  le  Chou-Fleur  Sa- 
lomon. 

Le  feuillage  bien  développé  prend  un  aspect 
plutôt  dressé  qu’étalé,  ce  qui  permet  de  plan- 
ter les  sujets  à une  moins  grande  distance.  Par 
exemple,  on  peut  en  mettre  six  par  panneau  de 
châssis  au  lieu  de  quatre. 

La  pomme  est  forte,  unie  et  légèrement  bom- 
bée; le  grain  en  est  serré,  d’un  beau  blanc,  et 
lent  à se  diviser.  Cette  variété  marque  aussitôt 
que  le  Salomon. 

Le  Chou-Fleur  Gambey  est  robuste,  à pied 


43 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


très-court,  et  convient  aussi  bien  à la  culture 
forcée  qu’à  la  culture  à froid. 

M.  A.  Gambey  est  maraîcher  à Saint - 
André. 

— Le  5 janvier,  M.  E.  Bouvet  nous  adres- 
sait de  Saint  - Servan  (Ille-et-Vilaine)  une 
lettre  dont  nous  extrayons  le  passage  sui- 
vant, qui  nous  paraît  de  nature  à intéresser 
nos  lecteurs  : 

...Le  mois  de  décembre  a été  tellement  doux, 
que  j’ai  cueilli  des  Framboises  parfaitement  mûres 
le  1er  et  le  2 janvier.  La  température  moyenne 
a été  de  8»,  l’une  des  plus  élevées  que  l’on 
connaisse.  Par  contre,  ce  mois  a été,  ici  comme 
partout,  horriblement  pluvieux:  144  millimètres 
d’eau  répartis  en  vingt-six  jours  de  pluie.  Quant 
à la  tempête  du  10,  qui  a été  si  violente  dans 
certaines  parties  de  la  France,  elle  s’est  bornée 
ici  à une  forte  brise  qui  n’a  causé  aucun  dégât. 
11  y a toute  apparence  que  la  douceur  du  temps 
va  continuer  en  janvier;  mais  tout  me  fait  pré- 
voir que  février  sera  très-rigoureux.  Avis  aux 
amateurs! 

Agréez,  etc.  E.  Bouvet. 

Tout  en  remerciant  notre  collaborateur, 
M.  Bouvet,  de  son  intéressante  communi- 
cation, nous  désirons  vivement  qu’il  soit 
trompé  dans  ses  prévisions,  et  nous  ne  crai- 
gnons pas  de  nous  tromper  en  disant  qu’il 
est  de  notre  avis. 

— Dans  une  lettre  qu’il  nous  adressait 
dernièrement,  M.  J.-E.  Lafon  nous  donnait 
quelques  détails  au  sujet  des  magnifiques 
Manguiers  qu’il  a fait  venir  du  Brésil,  et 
dont  nous  avons  parlé  dans  ce  journal  (I). 
Ces  renseignements,  qui  intéressent  à la  fois 
l’horticulture  et  la  science,  nous  paraissent 
devoir  être  connus,  ce  qui  nous  engage  à 
les  publier.  Voici  ce  qu’il  nous  écrivait  le 
10  décembre  1872  : 

Cher  Monsieur, 

Vous  avez  publié  il  y a quelque  temps  déjà, 
dans  voire  journal,  l’histoire  de  deux  Manguiers 
expédiés  de  Pdo-Janeiro  par  M.  Glaziou  à mon 
adresse,  et  leur  arrivée  heureuse  après  une  tra- 
versée longue  et  difficile. 

L’un  de  ces  Manguiers,  après  avoir  développé 
deux  fois,  celte  année,  des  pousses  énormes, 
produit  en  ce  moment  une  troisième  végé- 
tation , et  se  charge  de  grappes  de  fleurs 
qui  ont  commencé  à paraître  le  23  novembre, 
et  qui  aujourd’hui  mesurent  20  à 30  centimètres 
de  longueur.  Il  y en  a ainsi  trente-sept  ; les  au- 
tres branches  prennent  également  un  accroisse- 
ment très-grand  et  développent  des  bifurcations 
nombreuses. 

(1)  Revue  horticole^  1872,  p.  103. 


Ceci  me  surprend  d’autant  plus,  que  mes 
serres  chaudes  n’avaient  pas  encore  été  chauf- 
fées. La  température  de  la  terre  dans  laquelle 
ce  Manguier  est  cultivé  était  de  17  degrés  centi- 
grades ; celle  de  la  serre  variait  suivant  le  temps, 
et,  non  couverte,  descendait  dans  les  matinées 
froides  à 7 ou  8 degrés. 

Quelques  fleurs  commencent  à se  développer 
franchement,  et  conformément  à la  description 
et  à la  gravure  donnée  par  M.  Ilooker  dans  son 
fie  volume  de  la  3^  série,  p.  4510. 

Pour  essayer  d’obtenir  la  fructification,  chose 
difficile  en  cette  saison,  j’ai  élevé  la  température 
de  ma  serre,  et  surtout  de  la  terre  qui  renferme 
les  racines.  Aujourd’hui,  j’y  maintiens  26  de- 
grés, et  le  jour,  dans  ma  serre,  entre  25  et  35. 

Quelques  fleurs  sont  parfaitement  dévelop- 
pées, et  laissent  voir  le  fruit,  qui  paraît  formé. 

Je  vous  donnerai  plus  tard  d’autres  détails,  et 
yous  dirai  ce  que  j’ai  pu  obtenir. 

Pour  féconder  ces  fleurs,  mon  jardinier-chef 
les  brosse  légèrement  avec  des  pinceaux  en  poil 
très-fin.  J’arrose  aussi  avec  des  eaux  pluviales 
chargées  de  sucs  nutritifs,  et  à la  température 
de  75  degrés  centigrades. 

Veuillez  agréer,  etc.  J.-E.  Lapon  fils, 

30,  rue  Neuve,  à Bordeaux. 

On  peut  voir  par  cette  lettre,  et  ainsi  que 
nous  Lavons  déjà  dit,  que  M.  J.-E.  Lafon 
est  un  de  ces  rares  amateurs  qui  font  tous 
les  sacrifices  nécessaires  pour  atteindre  au 
but  qu’ils  visent.  Espérons  que  tant  de  soins 
et  de  dépenses  seront  suivis  de  succès,  et 
que  bientôt  nous  pourrons  faire  savoir  à nos 
lecteurs  que,  grâce  à M.  Lafon,  on  a fait  à 
Bordeaux  une  ample  récolle  de  Mangues, 
fruit  considéré  comme  le  meilleur  de  tout 
ce  que  l’on  peut  envier  aux  pays  étran- 
gers. 

— Tous  les  jours  de  nouvelles  décou- 
vertes viennent  agrandir  le  cercle  des  con- 
naissances humaines,  lesquelles,  en  justifiant 
cette  parole  de  l’Évangile  : « Cherchez,  et 
vous  trouverez,  » montrent  que  c’est  à 
l’homme  à s’occuper  de  l’homme,  et  qu’il 
est  le  véritable  arbitre  de  sa  destinée,  mais 
aussi  que,  faisant  partie  du  grand  tout,  il 
doit  subir  les  lois  qui  le  régissent,  lois  dont 
il  peut  toutefois  modifier  le  cours  de  ma- 
nière à les  faire  tourner  à son  profit  : trans- 
former les  choses  et  changer  le  mal  en  bien, 
ce  qu’il  fait  à chaque  instant.  Métaphori- 
quement, on  peut  dire  que  l’homme  est  un 
grand  magicien  qui  a la  création  pour 
théâtre.  En  effet,  combien  de  maux  n’est-il 
pas  arrivé  à guérir  à Laide  de  substances 
considérées  comme  mortelles  ! Dans  ses 
mains,  le  curare,  V arsénié,  la  strychnine, 
le  terrible  venin  du  crotale  ou  serpent  à 


LE  PEUPLIER  RÉGÉNÉRÉ. 


47 


sonnette,  sont  devenus  des  médicaments 
précieux  à l’aide  desquels  on  rétablit  les 
santés  altérées. 

Tous  les  jours  encore  de  nouveaux  pro- 
duits sont  découverts  là  où  on  n’en  soup- 
çonnait même  pas  la  présence,  bien  qu’on 
les  ait  fréquemment  sous  les  yeux.  De  ceux- 
ci  il  en  est  un  qui,  bien  qu’il  ne  se  rat- 
tache pas  à l’horticulture,  nous  paraît  devoir 
trouver  place  dans  cette  chronique,  d’une 
part  à cause  des  services  qu’il  est  appelé  à 
rendre  à l’humanité,  de  l’autre  parce  qu’il 
est  le  produit  d’une  plante  bien  connue  et  à 
la  portée  de  tout  le  monde.  Le  fait  est  rap- 
porté dans  les  Comptes-rendus  de  Vlns- 
titut,  numéro  du  4 novembre  1872,  d’où 
nous  l’extrayons.  Voici  comment  s’exprime 
M.  A.  Dorain,  l’auteur  de  cette  décou- 
verte : 

J’ai  l’honneur  de  signaler  à l’Académie  les 
produits  fébrifuges  et  anti-périodiques  du  Lau- 
rier d’Apollon  {Laurns  nobilis). 

Mode  de  préparation.  — Je  dessèche  les 
feuilles  vertes  sur  le  feu  à une  douce  chaleur, 
dans  un  brûloir  à café,  clos,  afin  d’éviter  Ja  dé- 
perdition des  matières  volatiles,  jusqu’à  ce 
qu’elles  soient  devenues  casssantes,  mais  sans 
leur  laisser  subir  d’altération.  Je  les  pile  et  les 
réduis  en  poudre  assez  fine. 

Mode  d’administration.  — Je  fais  macérer 
dans  un  verre  d’eau  froide,  durant  dix  ou  douze 
heures,  1 gramme  de  ma  poudre  ; deux  heures 
avant  le  moment  présumé  de  l’accès,  je  fais 
prendre  au  malade  la  liqueur  et  la  poudre.  Aucun 
effet  anormal  ne  se  produit;  le  plus  souvent 


l’accès  ne  paraît  pas  dès  l’absorption  du  premier 
paquet.  Je  ne  fais  suivre  aucun  traitement, 
aucun  régime  pendant  les  huit  jours.  Je  répète 
cette  médication  trois  fois  par  jour. 

Résultats.  — Je  n’ai  pas  eu  un  insuccès  dans 
les  cas  de  fièvre  quotidienne  ou  tierce,  môme  de 
ceux  qui  étaient  rebelles  à l’action  du  sulfate  de 
quinine.  J’ai  la  conviction  que  si  mon  remède 
avait  été  appliqué  de  la  même  façon  dans  les 
fièvres  quartes,  il  aurait  produit  les  mêmes 
effets. 

Ajoutons  que,  d’après  cette  note,  cinq 
autres  médecins  placés  dans  différentes  par- 
ties de  la  France  auraient  obtenu  des  ré- 
sultats analogues  à ceux  qui  viennent  d’être 
rapportés.  Ainsi,  sur  trente- quatre  cas  qu’ils 
citent,  ils  ont  obtenu  vingt-huit  succès. 

Tous  ces  faits  autorisent  à croire  que  le 
traitement  de  M.  A.  Dorain  est  efficace,  et 
comme,  d’une  autre  part,  il  n’est  pas  dis- 
pendieux, et  qu’il  est  tout  particulièrement 
à la  portée  des  horticulteurs,  jardiniers  et 
amateurs  d’horticulture,  puisque  à peu  près 
tous  cultivent  la  plante  — Laurus  nobilis 
— avec  laquelle  on  l’opère,  nous  osons 
croire  que  nos  lecteurs  nous  pardonneront 
de  nous  être  un  peu  écarté  de  notre  sujet, 
et  d’avoir  consacré  quelques  lignes  à autre 
chose  qu’à  des  faits  horticoles.  Mais,  après 
tout,  est-ce  vraiment  déserter  la  cause?  et 
n’est-ce  pas  servir  l’horticulture  que  d’indi- 
quer aux  horticulteurs  un  moyen  de  recou- 
vrer la  santé  lorsqu’ils  l’ont  perdue  ? 

E.-A.  Carrière. 


LE  PEUPLIER  RÉGÉNÉRÉ 


Depuis  quelques  années  la  culture  du 
Peuplier  suisse  a pris  beaucoup  d’exten- 
sion dans  les  vallées  de  la  Marne,  de  l’Oise 
et  de  l’Aisne.  Si  l’on  recherche  les  motifs 
qui  ont  poussé  beaucoup  de  propriétaires  à 
adopter  cette  culture  dans  ces  différentes 
contrées,  on  est  frappé  d’étonnement  devant 
ks  résultats  qu’ils  obtiennent  et  les  nom- 
breux avantages  qu’ils  en  retirent,  surtout 
dans  des  terrains  qui,  la  plupart  du  temps, 
se  refusent  à toute  autre  culture,  soit  à cause 
de  la  mauvaise  qualité  du  sol,  soit  par  suite 
des  difficultés  que  présente  toute  autre  es- 
pèce de  récolte,  puis  que,  le  plus  souvent, 
les  plantations  sont  effectuées  dans  des  ter- 
rains marécageux  ou  tourbeux,  ne  produi- 
sant que  des  joncs  ou  des  herbes  dures,  re- 
fusées même  par  les  animaux  les  moins 
difficiles  sur  la  nourriture. 

Les  plantations  de  Peupliers,  dont  l’origine 


se  perd  dans  la  nuit  des  temps,  ont  été,  jus- 
qu’à ce  jour,  créées  à l’aide  du  Peuplier  blan- 
châtre {Populus  canescens),  vulgairement 
appelé  grisard  ; du  Peuplier  tremble  {Popu- 
lus tremula),  et  tout  particulièrement  en 
employant  le  Peuplier  à chapelet  {Populus 
monilifera),  appelé  encore  dans  la  pratique 
Peuplier  suisse  ou  Peuplier  de  Virginie. 
L’avantage  que  procure  cette  dernière  va- 
riété sur  la  variété  dite  grisard  est  incontes- 
table, quoique  le  bois  de  ce  dernier  offre 
plus  de  dureté  et  de  solidité  que  le  Peuplier 
suisse;  mais  il  croît  moins  vite,  et  tandis 
qu’à  25  ans  on  peut  exploiter  le  Peuplier 
suisse,  le  grisard  n’est  exploitable  que  10 
ou  15  ans  plus  tard,  c’est-à-dire  de  35  à 45 
ans,  si  l’on  veut  en  retirer,  à plantations  éga- 
les, un  revenu  net  aussi  élevé  qu’en  em- 
ployant le  Peuplier  suisse. 

Malgré  les  nombreux  avantages  que  pré- 


48 


LE  PEUPLIER  RÉGÉNÉRÉ. 


sentent  ces  deux  sortes  d’arbres,  et  les  ser- 
vices qu’ils  ont  rendus  jusqu’à  ce  jour,  ils 
sont  actuellement  détrônés  par  le  Peuplier 
régénéré. 

Qu’est-ce  que  le  Peuplier  régénéré,  et 
qu’entend-on  par  cette  nouvelle  variété?  C’est 
autant  de  questions  auxquelles  il  nous  est 
impossible  de  répondre,  malgré  les  nom- 
breuses recherches  que  nous  avons  faites 
jusqu’à  présent,  et  les  renseignements  de- 
mandés aux  pépiniéristes  qui  le  cultivent 
exclusivement  et  qui  en  vendent  depuis 
quelques  années  par  milliers  dans  les  con- 
trées citées  plus  haut.  Encore  une  fois,  cette 
sorte  est  due  au  hasard  ou  à des  essais  de 
culture  perfectionnée  dont  elle  serait  le  ré- 
sultat (1).  Pour  nous,  nous  nous  bornons  à 
constater  le  fait,  tout  en  engageant  les  per- 
sonnes qui  ont  des  Peupliers  à planter  à 
essayer  cette  intéressante  variété,  leur  assu- 
rant d’avance  qu’elles  en  seront  satisfai- 
tes. Ce  Peuplier  a beaucoup  de  ressemblance 
avec  le  Peuplier  suisse  ; il  en  sort  très-pro- 
bablement, avec  cette  différence  qu’il  est 
beaucoup  plus  vigoureux  ; ses  feuilles  sont 
aussi  plus  grandes,  et  le  grain  du  bois  est 
plus  serré  et  plus  fin. 

D’après  les  observations  faites  par  plu- 
sieurs propriétaires,  et  notamment  par 
M.  Garder,  d’Oulchy-le-Château  (Aisne),  sa- 
vant et  passionné  sylviculteur,  qui  depuis 
30  ans  plante  cette  essence  dans  tous  les 
terrains  qu’il  trouve  à acheter,  on  a constaté 
que  le  produit  du  Peuplier  régénéré 
égalait  à 20  ans  le  même  produit  obtenu 
avec  le  Peuplier  suisse  à 25  ans,  les  deux 
variétés  également  plantées  dans  les  mêmes 
conditions  d’âge,  de  terrain  et  de  climat.  Il 
y a donc  un  grand  avantage  à planter  le 
Peuplier  régénéré,  puisque,  cinq  ans  plus 
tôt,  on  peut  capitaliser  le  produit  total  de 
l’exploitation,  et  recommencer  aussi  cinq 
ans  plus  tôt  la  replantation  du  terrain  ex- 
ploité en  employant  encore  la  même  essence. 
A Valsery,  près  Cœuvres,  il  existe  une 
plantation  assez  considérable  de  ces  Peu- 
pliers, qui  succèdent,  nous  a dit  le  proprié- 
taire, à deux  autres  plantations  dont  la  pre- 
mière avait  été  faite  il  y a environ  cinquante 
ans.  Cette  troisième  plantation,  âgée  d’une 
dizaine  d’années,  donne  les  plus  belles  espé- 
rances, et  le  planteur  espère  aussi  pouvoir 
les  exploiter  encore  lui-même  ! 

Culture.  — Cette  variété  de  Peuplier 
aime,  comme  ses  congénères,  un  sol  argi- 
leux et  frais,  et  vient  même  admirablement 

(1)  Voir  la  note  à la  fin  de  cet  article. 


dans  les  lieux  marécageux;  elle  végétera 
d’autant  plus  vigoureusement,  que  ses  raci- 
nes avoisineront  un  cours  d’eau. 

La  multiplication  se  fait  à l’aide  de  bou- 
tures ou  de  plançons  mis  dans  une  pépi- 
nière située  dans  un  terrain  frais.  Quelques 
ébourgeonnages  sur  la  tige  pendant  la  vé- 
gétation et  quelques  binages  pendant  l’été 
suffiront  pour  élever  les  jeunes  plants.  On 
leur  conserve  une  tige  unique  à laquelle 
on  réserve  précieusement  l’extrémité  supé- 
rieure. 

A moins  d’être  par  trop  pressé  de  planter, 
il  faudra  attendre  que  les  plants  aient  3 ans 
de  pépinière  pour  effectuer  les  plantations 
qu’on  aurait  à faire.  Mais  il  serait  préférable 
cependant  de  choisir  des  plants  de  2 ans, 
forts  et  vigoureux,  plutôt  que  d’avoir  recours 
à des  plants  âgés  de  4 ans,  dont  les  tiges  sont 
dures  et  la  reprise  toujours  moins  assurée. 
Pour  le  succès  d’une  bonne  plantation,  nous 
ne  pourrions  trop  recommander  les  plants 
de  3 ans,  dont  la  circonférence,  à l"*  20  du 
sol,  est  de  16  à 18  centimètres.  Dans  les 
terrains  marécageux,  on  peut  se  dispenser 
de  plants  enracinés;  il  suffît  de  détacher 
sur  des  arbres  adultes  des  rameaux  droits 
et  sains,  ayant  environ  2 mètres  de  hauteur, 
et  de  les  ficher  en  terre  à la  profondeur  de 
30  centimètres,  en  ayant  soin,  comme  pour 
les  autres  plantations,  de  les  aligner  au  cor- 
deau ou  à l’œil  en  les  plantant. 

Si  la  plantation  est  faite  sur  les  bords 
d’un  fossé,  d’une  rivière,  d’un  champ  cul- 
tivé ou  d’une  route,  les  arbres  pourront  être 
plantés  à 5 mètres  les  uns  des  autres  sur  la 
ligne  ; à cette  distance,  ils  auront  encore  as- 
sez d’air  et  de  lumière  pour  se  développer 
dans  de  bonnes  conditions.  Mais  si  la  plan- 
tation est  faite  en  plein,  il  faudra  les  espa- 
cer de  6 à 8 mètres  en  tous  sens,  pour  faire 
acquérir  plus  de  solidité  aux  tissus  ligneux. 
Nous  verrons  plus  loin  comment  l’intervalle 
entre  les  lignes  devra  être  rempli. 

Lorsqu’on  opère  sur  un  terrain  par  trop 
marécageux,  il  faut,  pour  obtenir  de  bons 
résultats,  diviser  à l’aide  de  fossés  le  terrain 
par  bandes  parallèles  de  4 ou  de  8 mètres 
de  largeur,  et  rejeter  sur  l’espace  resté  libre 
la  terre  extraite  des  fossés.  Si  la  plate-bande 
a 4 mètres  de  largeur,  il  ne  faudra  planter 
qu’une  rangée  de  Peupliers  et  la  placer  au 
centre  ; au  contraire,  faire  deux  rangées  si  la 
plate-bande  a 7 mètres  de  largeur,  et  dans 
ce  cas  placer  les  arbres  sur  le  sommet  de 
la  terre  rejetée  des  fossés,  et  àl  mètre  50  du 
bord  de  ceux-ci. 

La  première  année  de  plantation,  les 


LE  PEUPLIER  RÉGÉNÉRÉ. 


soins  consistent  à supprimer  à la  serpette, 
pendant  la  végétation,  les  bourgeons  qui  se 
développent  depuis  la  base  jusqu’à  la  pre- 
mière couronne  de  branches,  et  les  années 
suivantes,  si  l’on  veut  avoir  de  beaux  arbres, 
l’élagage  devra  être  fait  soigneusement  à la 
serpe  et  à raz  de  l’écorce,  en  conservant  5 à 
6 couronnes  de  branches  destinées  à appeler 
la  sève  vers  la  partie  supérieure  de  l’arbre. 
En  laisser  moins,  c’est  paralyser  la  végéta- 
tion, en  enlevant  une  partie  des  organes 
respiratoires  et  absorbants  ; en  conserver 
plus,  c’est  circonscrire  la  végétation  à la  base 
du  tronc  et  faire  dévier  dans  les  branches 
latérales  une  certaine  quantité  de  sève  des- 
tinée à la  tige,  qui  a dix  fois  plus  de  valeur 
pour  l’industrie  que  les  branches  latérales, 
qu’on  ne  peut  employer  qu’à  l’état  de  bois 
de  chauffage  de  troisième  ou  quatrième 
choix. 

Vers  la  vingtième  année,  les  arbres  sont 
bons  à exploiter,  et  si  les  soins,  qui  sont  peu 
nombreux  du  reste,  leur  ont  été  donnés 
avec  méthode,  les  arbres  vaudront  l’un  dans 
l’autre  environ  20  fr.  Dans  certains  terrains, 
ils  vaudront  plus,  et  les  cultivateurs  m’ont 
assuré  que,  sur  les  bords  des  rivières  ou  des 
routes,  la  végétation  se  chiffrait  annuelle- 
ment par  1 fr.  50  de  bénéfice.  En  se 
contentant  de  20  fr.  pour  20  années  de  plan- 
tation, on  arrive  encore  à un  fort  beau  résul- 
tat si,  par  hectare,  on  a planté  de  4 à 500 
Peupliers.  C’est  donc  8 à 10,000  fr.  de  trou- 
vés sur  un  terrain  destiné  la  plupart  du 
temps  à une  stérilité  complète.  Il  est  vrai 
qu’on  aura  à déduire  les  frais  d’achat  d’ar- 
bres, si  on  ne  les  a faits  soi-même  ainsi  que 
ceux  de  plantation,  de  loyer  du  terrain  et  les 
contributions.  Mais  nous  ferons  remarquer 
que  si  la  culture  des  Peupliers  est  faite  dans 
une  prairie  où  l’herbe  est  de  bonne  qualité, 
la  récolte  n’en  sera  guère  amoindrie  les  pre- 
mières années,  et  que  aussi,  dans  ces  condi- 
tions, l’arbre  rapportera  plus  de  20  fr.  en 
vingt  années.  Ce  produit  est  certainement 
remarquable,  et  on  ne  l’obtiendra  d’aucune 
autre  espèce  en  aussi  peu  de  temps.  Gomme 
la  plantation  de  cette  essence  convient  tout 
particulièrement  dans  les  terrains  maréca- 
geux, impropres  à tout  pâturage,  les  frais  de 
plantation,  dans  ces  sortes  de  terrains,  se- 
ront encore  diminués  par  le  produit  d’une 
plantation  d’ Aulnes,  faite  la  même  année 
que  les  Peupliers,  et  de  laquelle  on  retire 
tous  les  cinq  ans  environ  un  bénéfice  fort 
avantageux,  qui  compense  au  delà  les  frais 
généraux  de  la  plantation  entière.  Les  touf- 
fes d’ Aulnes  doivent  être  espacées  de  1“  50 


49 

en  tous  sens  et  plantées  parallèlement  aux 
lignes  de  Peupliers. 

En  résumé,  le  Peuplier  régénéré  réussit 
très-bien  dans  notre  climat,  dans  les  terrains 
humides  et  marécageux;  il  croît  rapidement, 
et  il  donne  un  bois  précieux  pour  beaucoup 
d’usages;  aussi,  dans  bien  des  circonstances, 
il  égale  au  moins  le  Sapin,  avec  la  diffé- 
rence qu’il  croît  plus  vite  que  ce  dernier. 

E.  Lambin. 

Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  répon-- 
dre,  en  partie  du  moins,  aux  questions  que 
vient  de  poser  notre  collaborateur  et  ami, 
M.  Lambin,  dans  l’intéressant  article  qu’on 
vient  de  lire  ; nous  extrayons  ces  renseigne- 
ment de  notes  que  nous  avons  publiées  sur 
ce  Peuplier.  Voici  ce  que  nous  écrivions 
dans  la  Revue  horticole,  1865,  p.  58  : 

....  L’origine  de  ce  Peuplier  est  obscure.  D’a- 
près les  renseignements  que  nous  avons  pu  re- 
cueillir, le  Peuplier  régénéré  aurait  été  obtenu 
vers  la  fin  de  1814,  par  M.  Michia,  pépiniériste  à 
Arcueil,  près  Paris,  du  Populus  Virginiana,  plus 
généralement  connu  sous  le  nom  de  Peuplier 
suisse,  mais  sans  qu’il  le  remarquât.  Ce  fut 
M.  Romanet  (1),  qui  vers  cette  même  époque  était 
pépiniériste  particulier  de  M.  le  duc  de  Laro- 
chefoucault,  à Montmirail,  et  ayant  eu  besoin  de 
plants  de  Peupliers,  s’adressa  à M.  Michia,  qui  le 
lui  fournit.  C’était  vers  1816. 

M.  Romanet,  qui  observait  avec  soin  la  crois- 
sance de  ses  arbres,  en  remarqua  un  qui,  par  son 
faciès  et  particulièrement  par  sa  végétation,  dif- 
férait des  autres  ; il  le  multiplia  autant  qu’il  put 
le  faire,  et  pour  le  distinguer  le  nomma  Peuplier 
régénéré.  Plus  tard,  il  en  donna  à M.  Bujot,  pé- 
piniériste à Chiary,  près  Château-Thierry  (Aisne), 
qui  le  multiplia  et  le  vendit  sous  le  nom  de  Peu- 
plier Bujot,  nom  sous  lequel  on  ne  le  connaît 
plus  guère  aujourd’hui. 

Le  Peuplier  régénéré  diffère  du  Peuplier  de 
Virginie  par  sa  vigueur  beaucoup  plus  grande, 
par  son  écorce  beaucoup  plus  lisse,  et  surtout 
par  la  forme  particulière  de  sa  tige,  qui  permet 
de  le  reconnaître  même  à distance  ; cette  tige, 
au  lieu  d’être  allongée  et  presque  de  la  même 
grosseur  dans  une  grande  partie  de  la  hauteur, 
est  sensiblement  conique,  renflée  à la  base,  puis 
rétrécie  en  allant  vers  le  sommet,  de  sorte  que 
l’ensemble  forme  un  cône  assez  resserré....  Les 
personnes  qui  désirent  se  procurer  le  Peuplier 
régénéré  pourront  s’adresser  à M.  Terré,  jardi- 
nier à Lizy-sur-Ourcq  (Seine-et-Marne). 

Dans  un  autre  article,  l.  c.,  p.  277,  reve- 
nant sur  le  Peuplier  régénéré,  et  après 
avoir  constaté  que  ce  Peuplier  est  femelle 

(1)  M.  Romanet  est  aujourd’hui  agent  de  la  Com- 
pagnie du  canal  de  l’Ourcq,  chargé  spécialement 
des  pépinières  de  ladite  Compagnie,  à Lizy-sur- 
Ourcq.  ' 


50 


COLORATION  DES  FEUILLES  A L’AUTOMNE. 


(ce  qui  est  un  inconvénient  pour  les  prairies 
ou  pâturages  dans  lesquels  cet  arbre  est 
planté),  nous  ajoutions  : 

....  Au  point  de  vue  de  la  vigueur  et  de  la  ra- 
pidité de  croissance,  et  par  conséquent  de  l’avan- 
tage que  sous  ce  rapport  les  Peupliers  régénérés 
présentent  sur  l’ancienne  sorte,  nous  mainte- 
nons de  tout  point  ce  que  nous  en  avons  dit.  La 
plus-value  qu’ils  présentent  sur  les  anciens  est 


d’environ  2 à 3 fr.  par  arbre  de  18  ans,  plus- 
value  qui  augmente  en  disproportion  et  qui,  par 
exemple,  pourrait  être  au  moins  de  6 à 10  fr. 
pour  des  arbres  de  25  à 30  ans. 

Disons  en  terminant  que,  aujourd’hui, 
dans  toute  la  vallée  de  l’Ourcq,  le  Peuplier 
régénéré  est  à peu  près  le  seul  qu’on 
plante. 

{Rédaction.) 


COLORATION  DES  FEUILLES  A L’AUTOMNE 


Plusieurs  personnes  m’ayant  adressé  à peu 
près  cette  question  : Comment  expliquez- 
vous  qu'à  Vauto7nne  les  feuilles  vertes  de 
plusieurs  arbres  et  arbustes  se  colorent  en 
jaune  ou  en  rouge?  je  crois  devoir  géné- 
raliser ma  réponse  en  la  publiant  dans  ce 
journal. 

D’abord,  on  sait  que  les  feuilles  des  arbres 
et  des  arbustes  sont  généralement  des  lames 
minces,  de  formes  diverses,  composées  de 
faisceaux  fibreux  vasculaires  (pétiole  et 
nervures)  qui  en  forment  la  charpente,  et 
dont  l’intervalle  est  plus  ou  moins  rempli 
par  du  tissu  cellulaire  recouvert  d’un  épi- 
derme dans  lequel,  au  microscope,  on  cons- 
tate, surtout  à la  page  inférieure,  un  nombre 
considérable  de  stomates  ou  [glandes  épi- 
dermoïdales,  sortes  de  bouches  servant  de 
pores  respiratoires  et  évaporatoires. 

Ensuite,  il  est  admis  que,  à l’aide  de  ces 
stomates,  les  feuilles,  soumises  à l’influence 
de  la  lumière,  absorbent  l’acide  carbonique 
et  dégagent  l’oxygène,  tandis  que  l’eflèt  in- 
verse se  produit  dans  l’obscurité,  mais  avec 
des  proportions  inégales  quant  à l’oxygène  ; 
enfin,  que  généralement  les  feuilles  des 
arbres  et  des  arbustes  sont  vertes,  puis 
qu’à  l’automne  presque  toutes  se  colorent 
en  brun,  en  jaune  ou  en  rouge,  états  qu’on 
peut  expliquer  de  la  manière  suivante  : 

La  coloration  verte  des  feuilles  provient 
d’une  matière  contenue  dans  le  tissu  cellu- 
laire, se  dissolvant  dans  l’alcool,  et  qui  a 
reçu  le  nom  de  chlorophylle  ; 

2»  La  coloration  en  brun  précède  ou  suit 
la  chute  des  feuilles  ; c’est  l’abandon  de  la 
vie,  la  désorganisation  des  fibres  et  des  tissus 
qui  doivent  se  convertir  bientôt  en  humus  : 
elle  ne  peut  être  séparée  des  fibres  et  des 
tissus  par  aucun  dissolulif.  Sévèrement  exa- 
minée, ce  n’est  pas  une  coloration  orga- 
nique, mais,  pourrait-on  dire,  l’état  rrior- 
bifère  de  toutes  les  feuilles  de  nos  arbres  et 
arbustes  ; 

3o  La  coloration  en  jaune  des  feuilles,  à 


l’automne,  indique  la  présence  dans  les 
fibres  et  les  tissus  d’une  matière  appelée 
xanthophylle,  soluble  dans  l’alcool  ; 

4»  Enfin,  la  coloration  en  rouge  des 
feuilles,  à l’automne,  indique  l’existence 
dans  les  fibres  et  les  tissus  d’une  matière 
qui  a reçu  le  nom  à'érythrophylle,  et  que 
dissout  l’alcool. 

Quelques  physiologistes  ont  attribué  les 
changements  du  coloris  des  feuilles  à la  pri- 
vation de  nourriture  à l’automne,  à un  état 
maladif  de  l’arhre  et  de  l’arbuste,  enfin  à 
la  transformation  de  la  chlorophylle  en  xan- 
thophylle ou  en  érythrophylle. 

La  première  et  la  deuxième  de  ces  hypo- 
thèses doivent  être  rejetées,  attendu  que  le 
changement  de  coloration  des  feuilles  à 
l’automne  est  un  fait  normal,  périodique  et 
spécial  à telle  ou  telle  espèce  ou  variété, 
tandis  que  la  privation  de  nourriture  à l’au- 
tomne est  propre  à tous  les  arbres  et  ar- 
bustes, sans  distinction  d’espèces  et  de  va- 
riétés, et  que  la  maladie  est  un  état  irrégulier 
et  normal. 

La  troisième  paraît  possible  et  accep- 
table ; mais  comment'expliquer  la  transfor- 
mation?... 

C’est  pour  répondre  à la  question  qui 
nous  a été  posée  que  nous  avons  entrepris 
de  longues  et  nombreuses  expériences,  dont 
les  résultats  déjà  connus  nous  portent  à 
croire  que  le  changement  du  coloris  des 
feuilles  à l’automne  doit  être  attribué  au 
développement  d’un  pigment  jaune  ou 
rouge  dont  nous  avons  constaté  l'exis- 
tence, à l’état  latent,  dans  les  mêmes 
feuilles  vertes.  Donc,  au  lieu  de  transfor- 
mation, il  y aurait  substitution. 

Quant  au  développement  de  ce  pigment, 
nous  dirons  que  tant  qu’une  certaine  rela- 
tion existe  entre  la  durée  des  fonctions 
diurnes  et  nocturnes  des  feuilles,  il  y a pro- 
duction et  conservation  de  la  chlorophylle  ; 
mais  lorsque  par  la  prolongation  des  nuits, 
à l’automne,  celte  relation  n’existe  plus,  il 


Rei>LLe  Hor/Roh>.. 


-Rûicrei^^:  dely. 


Ch/’'07TU}ZiéR  G:  Se'Z>er^ez/7ZS . 

J£jf/ran(jea  pofuru/aéa  jmn<^i/7am. 


IIYDRANGEA  PANICULATA  GRANDIFLORA.  — CULTURE  DU  MUGUET. 


51 


y a,  par  suite  cFune  surabondance  d’oxygène 
absorbé,  production  de  principes  vivifiant 
le  pigment  à l’aide  desquels  il  doit  s’étendre 
sur  la  surface  de  la  feuille. 

Ceci  est  basé  sur  ce  principe  admis  : que 
la  durée  relative  de  la  lumière  et  de  l’obs- 
curité règle  la  quantité  d’acide  carbonique  et 
d’oxygène  absorbée  et  dégagée  parles  feuilles. 


Nous  pensons  que  les  résultats  des  ex- 
périences que  nous  avons  entreprises,  et 
qui  ne  sont  pas  encore  terminées,  viendront 
confirmer  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut. 
S’il  en  était  autrement,  nous  nous  ferions 
un  devoir  de  le  publier. 

Rafarin. 


HYDRANGEA  PANICULATA  GRANDIFLORA 


I Une  des  meilleures  introductions  qu’on  a 
faites  dans  ces  dernières  années,  au  point  de 
vue  de  l’ornement,  c’est  assurément  la  plante 
I que  nous  allons  décrire,  V Hydrangea  pa- 
niculata  grandiflora,  que  représente  la 
1 figure  coloriée  ci-contre,  et  dont  voici  la 
description  : 

i Arbuste  de  50  à 80  centimètres  de  hau- 
' teur,  à rameaux  nombreux  étalés  ou  tom- 
i bants,  couverts  d’une  écorce  roux  foncé. 
1 Feuilles  caduques,,  pétiolées,  opposées  ou 
I ternées,  — et  dans  ce  dernier  cas  il  y en  a 
I deux  qui  sont  presque  opposées,  — ellip- 
I tiques,  atténuées  aux  deux  bouts,  acumi- 
nées  au  sommet  qui  est  mucronulé,  cour- 
tement  dentées,  à dents  distantes,  couchées, 
d’un  vert  foncé,  scabres  de  toutes  parts,  sur- 
tout en  dessus  par  des  poils  courts  ; pétiole 
très-réduit,  un  peu  rugueux,  d’un  gris  roux 

i comme  l’écorce.  Fleurs  de  deux  sortes,  les 
stériles  longuement  tubulées,  à tube  grêle, 
terminé  par  quatre  divisions  largement 
oblongues,  d’abord  blanches,  puis  d’un  rose 
i qui  présente  toutes  les  nuances  les  plus  dé- 
licates, pour,  en  dernier,  passer  au  rouge 
violacé  vineux,  parfois  verdâtre.  Fleurs  fer- 
tiles, très-petites,  relativement  rares,  pla- 
cées çà  et  là  parmi  les  autres,  parfois  réu- 

CULTURE 

I Les  Muguets  {Convallaria  majalis,  L.) 
étant  cultivés  principalement  pour  la  fleur 
forcée,  il  est  important  de  n’avoir  que  des 
griffes  à fleur  pour  le  forçage  ; dans  ce  but, 
et  pour  faire  cette  culture  avec  avantage,  il 
faut  laisser  la  plantation  en  place  pendant 
trois  années  ; si  on  la  relevait  la  deuxième 
année,  il  y aurait  beaucoup  de  griffes  qui 
ne  seraient  pas  à fleur,  et  si  on  attendait  la 
quatrième  année,  ces  mêmes  griffes  seraient 
tellement  serrées  et  les  unes  sur  les  autres, 
que  la  majeure  partie  des  plantes  ne  seraient 
pas  constituées,  qu’elles  ne  produiraient 
que  des  feuilles. 


nies  en  petits  groupes,  et  alors  plus  nom- 
breuses. 

VHydrangea  paniculata  grandiflora, 
Sieb.,  est  originaire  du  Japon,  d’où  il  a été 
introduit  vers  1864  par  M.  Siebold,  qui  en 
a vendu  la  propriété  à M.  Lemoine,  horti- 
culteur à Nancy.  C’est  une  plante  de  pre- 
mier mérite,  que  par  conséquent  on  devra 
trouver  partout  ; elle  vient  dans  presque 
tous  les  terrains,  à toutes  les  expositions;  et 
quelles  que  soient  les  conditions  où  elle  se 
trouve,  elle  fleurit  abondamment.  Sa  rusti- 
cité est  complète,  et  sa  multiplication  est  des 
plus  faciles  ; les  boutures  s’enracinent  très- 
promptement,  et  l’on  peut  également  la 
multiplier  par  éclats. 

Cette  espèce,  de  même  que  plusieurs  au- 
tres du  même  genre,  a les  fleurs  marces- 
centes  et  changeantes  (mutables),  de  sorte 
que  l’aspect  de  ses  fleurs  varie  de  jour  en 
jour  : après  avoir  passé  du  rose  très-tendre 
carné  au  rose  foncé,  elles  prennent  une  cou- 
leur rouge  cuivré  ou  ferrugineux  qui,  après 
avoir  augmenté  d’intensité,  s’affaiblit  pour 
passer  au  brun  verdâtre.  Les  ramifications 
florales  semblent  tendre  à la  lignosité. 

E.-A.  Carrière. 


ü MUGUET 

La  plantation  du  Muguet  doit  être  faite 
dans  une  terre  bien  meuble  et  légèrement 
humide,  car  les  plants  se  desséchant  très- 
facilement  seraient  fanés  avant  que  la  pluie 
ne  parvienne  jusqu’à  eux,  et  une  fois  fanés, 
la  moisissure  s’y  mettrait  à la  première 
humidité  ; cependant  si  la  terre  était  trop 
humide , les  plants  étant  si  rapprochés , 
l’air,  en  y pénétrant,  produirait  le  même 
effet. 

La  plantation  du  Muguet  se  fait  en  rangs 
espacés  d’à  peu  près  25  centimètres  de  dis- 
tance ; on  fait  de  petites  dranchées  dans  les- 
quelles on  place  les  griffes,  de  façon  à ce 


5^ 


CULTURE  DU  MUGUET. 


qu’elles  se  trouvent  recouvertes  d’environ 
4 à 5 centimètres  de  terre.  Au  moment  de 
planter,  les  racines  des  griffes  seront  cou- 
pées à environ  3 ou  4 centimètres  du  collet; 
cette  opération  n’est  aucunement  nuisible  et 
simplifie,  par  conséquent  facilite  beaucoup 
la  plantation. 

Les  Muguets  peuvent  être  plantés  à l’au- 
tomne dans  les  mois  d’octobre  et  de  no- 
vembre, et  au  printemps  en  février  et 
mars  ; mais  cette  époque  est  la  dernière 
limite  ; plus  tard,  l’opération  réussirait  mal. 
La  meilleure  terre  pour  une  plantation  de 
Muguet  est  une  terre  sableuse  et  fraîche. 
Les  griffes  à fleur  qui  ont  été  cultivées  dans 
cette  terre  seront  bonnes  à forcer  à partir 
du  15  novembre  jusqu’à  la  fin  de  la  saison  ; 
au  contraire,  les  griffes  cultivées  en  terre 
argileuse,  ou  dépourvue  de  sable  (comme 
les  terres  tourbeuses  de  la  Plollande),  ne 
peuvent  être  soumises  qu’au  forçage  tardif, 
c’est-à-dire  au  plus  tôt  vers  la  fin  de 
janvier. 

Le  terrain  où  doit  être  fait  une  plantation 
de  Muguet  ne  doit  pas  être  fumé  avec  des 
engrais  frais,  mais  avec  du  terreau  ou  de  la 
gadoue  bien  consommée.  Quand  l’époque 
de  l’arrachage  est  arrivée,  c’est-à-dire  vers 
la  fin  de  septembre,  on  relève  le  carré  en 
masse.  Les  griffes  à fleur  sont  mises  à part, 
placées  en  jauge  et  recouvertes  de  terre , 
d’où  on  les  tire  au  fur  et  à mesure  du 
besoin.  Les  griffes  qui  ne  seront  pas  à fleur 
seront  mises  dans  une  fosse  et  recouvertes 
de  terre  ; il  ne  faut  pas  les  placer  trop 
épais,  afin  d’éviter  la  fermentation. 

On  distingue  très-facilement  les  griffes  de 
Muguet  qui  sont  à fleur  de  celles  qui  ne  le 
sont  pas  : les  premières  ont  le  bout  du  bou- 
ton presque  carré,  et  en  pressant  un  peu, 
on  le  trouvera  comme  plein  et  dur;  au 
contraire,  les  griffes  qui  ne  sont  pas  à fleur 
sont  plus  pointues,  coniques,  et  quand  on 
les  presse,  on  sent  qu’elles  sont  plus  molles. 

Forçage.  — Les  griffes  choisies  pour  le 
forçage  doivent  avoir  les  racines  taillées 
plus  ou  moins  longues,  suivant  la  saison  où 
elles  sont  employées . Si  le  forçage  se  fait  de 
bonne  heure,  les  racines  seront  coupées  à 
environ  7 à 8 centimètres  du  collet  ; pour 
celles  forcées  au  printemps,  5 à 6 centi- 
mètres suffisent. 

Le  rempotage  des  griffes  de  Muguet  est 
une  opération  assez  difficile,  et  bien  que 
très-simple  en  soi,  elle  exige  un  peu  d’ha- 
bitude pour  être  faite  convenablement.  Il 
faut  prendre  d’abord  un  peu  de  terre  dans 
la  main  gauche,  puis  placer  dessus  quatre 


griffes  de  Muguet,  un  peu  de  terre  sur  les 
racines,  puis  quatre  autres  griffes,  et  ainsi 
de  suite  jusqu’à  ce  que  l’on  ait  douze  ou 
quinze  griffes  dans  la  main  ; on  couvre  les 
racines  de  terre,  et  on  presse  le  tout  de 
façon  à rendre  la  poignée  aussi  compacte 
que  possible;  ensuite  on  prend  un  godet 
d’environ  10^  centimètres  de  diamètre,  on 
met  un  peu  de  terre  au  fond,  et  prenant  la 
poignée  de  griffes  à deux  mains,  on  l’intro- 
duit dans  le  godet,  en  la  serrant  de  manière 
à ce  que  les  racines  soient  courbées  le 
moins  possible  ; ensuite  on  écarte  symétri- 
quement les  plantes  dans  le  pot,  en  intro- 
duisant bien  la  terre  dans  les  racines,  et  en 
foulant  fortement.  Il  ne  faut  pas  que  le 
bouton  de  la  griffe  soit  le  moins  du  monde 
enterré  ; cela  exposerait  la  fleur  à pourrir 
avant  son  développement.  Il  n’y  a au  con- 
traire aucun  inconvénient  à ce  que  les  ra- 
cines soient  hors  de  terre  de  quelques  mil- 
limètres. Après  l’empotage  on  donne  une 
bonne  mouillure,  et  on  laisse  les  potées 
dans  une  serre  froide  jusqu’à  ce  que  la  serre 
à forcer  soit  prête  à les  recevoir. 

La  serre  à forcer  les  Muguets  doit  être 
A UNE  PENTE  et  exposée  au  midi,  basse, 
PLATE  et  bien  éclairée.  La  température  doit 
être  chaude  et  humide.  Les  potées  de  Muguet 
seront  placées  sur  une  bâche  au-dessous 
de  laquelle  doivent  passer  au  moins  deux 
tuyaux  de  chauffage  ; ces  tuyaux  devront 
être  entièrement  renfermés,  afin  de  pou- 
voir donner  une  forte  chaleur  au  pied  des 
Muguets  ; de  petits  réservoirs  seront  placés 
sur  les  tuyaux,  afin  de  produire  une  chaleur 
humide,  et  de  petites  trappes  seront  ména- 
gées pour  laisser  échapper  la  chaleur  de  la 
bâche  quand  cela  est  nécessaire.  Les  potées 
seront  placées  à touche-touche,  dans  de  la 
mousse,  et  recouvertes  d’environ  5 centi- 
mètres d’une  couche  de  mousse.  Pour  les 
premières  plantes  forcées,  il  serait  bon  de 
couvrir  la  bâche  de  châssis  jusqu’à  ce  que 
les  Muguets  aient  traversé  la  mousse  qui 
les  recouvre.  La  température  de  la  serre 
sera  d’environ  18  à 24  degrés  Réaumur, 
ni  plus  ni  moins,  et  la  chaleur  à donner  au 
pied  de  25  à 28  degrés  Réaumur.  Plus  on 
avance  en  saison,  moins  la  chaleur  au  pied 
a besoin  d’être  élevée , et  à l’époque  où 
l’on  pratique  les  derniers  forçages,  elle 
devra  être  égale  à la  température  de  la 
serre. 

La  mousse  qui  recouvre  les  potées  ne 
doit  jamais  être  sèche,  de  même  que  les 
plantes  doivent  être  très -surveillées  à l’ar- 
rosage ; sans  ces  précautions,  on  comprend 


LES  ECIIEVERIAS  D'oRNEMENT. 


53 


1 1 que,  avec  une  chaleur  aussi  forte,  les  ra- 
cines seraient  infailliblement  brûlées,  si  elles 
, n’étaient  entretenues  dans  un  état  constant 
d’humidité  ; cependant  il  ne  faudrait  pas  les 

i « noyer,  » car  le  Muguet  forcé  ne  faisant 
I pas  de  nouvelles  racines,  la  grande  chaleur 

: avec  l’excès  d’humidité  engendrerait  la  fer- 

ii  mentation,  ce  qui,  bien  entendu,  ferait 
1 manquer  l’opération,  « la  fournée,  » comme 
t l’on  dit  vulgairement.  Chaque  fois  que  l’on 


i et  la  replacer  aussitôt  l’opération  finie.  On 
I reconnaît  que  les  potées  sont  brûlées  à 
l’odeur  infecte  que  dégagent  les  racines,  qui 
I alors  ne  tardent  pas  à entrer  en  fermen- 
tation. 

Les  arrosages  doivent  être  faits  avec  de 
; l’eau  à la  température  de  la  serre,  afin  de 
I ne  pas  saisir  » les  racines  avec  de  l’eau 
I trop  froide. 

Quand  les  pousses  ont  environ  5 ou  6 cen- 
! timètres  de  longueur,  on  retire  les  pots  de 
la  mousse,  et  on  les  place  à touche-touche 
sur  des  gradins  en  pleine  lumière,  et  aussi 
près  du  verre  que  possible.  L’arrosage  doit 
i être  soigné,  et  les  plantes  seringuées  au 
moins  deux  fois  par  jour,  sans  employer  de 
l’eau  trop  froide.  Pour  opérer  les  serin - 
gages,  il  faut  que  l’eau  soit  de  quelques 
degrés  au-dessous  de  la  température  de  la 
serre,  afin  de  rafraîchir  le  feuillage  et  lui 
I donner  plus  de  vigueur.  Quand  le  soleil  de- 
j vient  trop  fort,  il  faut  ombrer  légèrement, 

I seulement  assez  pour  briser  les  rayons  du 
soleil,  sans  détruire  leur  force. 


Les  Muguets  font  leur  période  entière  de 
forçage  dans  la  même  serre,  et  n’en  sont 
retirés  que  pour  être  vendus.  A mesure 
qu’il  sont  bons  pour  la  vente,  on  les  place 
pendant  un  jour  ou  deux  dans  une  serre 
tempérée,  de  manière  à les  c<  habituer  un 
peu  à l’air  plus  froid  du  dehors  ; pourtant 
cette  précaution  n’est  pas  absolument  néces- 
saire. 

Le  temps  de  forçage  est  d’environ  trois 
semaines.  La  saison  de  forçage  commence 
vers  la  mi-novembre  ; mais  les  Muguets 
forcés  de  cette  époque  doivent  avoir  été 
cultivés  dans  un  terrain  hâtif,  c’est-à-dire 
chaud;  encore  fleurissent-ils  sans  montrer 
de  feuilles  ; ceux  qui  sont  forcés  après  la 
première  semaine  de  décembre  réussissent 
à souhait.  Le  contraire  arrive  vers  la  fin  de 
février  ; alors  les  feuilles  prennent  plus  de 
développement,  et  les  fleurs  sortent  de  moins 
en  moins  au-dessus  des  feuilles  à mesure 
que  la  saison  avance,  où  ils  fleurissent  de- 
hors. Quand  les  griffes  ont  été  forcées,  elles 
ne  valent  plus  rien  : on  les  jette. 

Les  Muguets  ne  développant  pas  de  nou- 
velles racines  lorsqu’on  les  force,  la  terre 
employée  est  donc  de  peu  d’importance  ; 
l’essentiel  est  qu’elle  soit  fine,  afin  qu’elle 
puisse  pénétrer  entre  les  racines  ; légère  et 
sableuse,  pour  ne  pas  retenir  d’humidité 
surabondante.  Un  mélange  composé  par 
moitié  de  terreau  de  fumier  et  moitié  de 
vieille  terre  de  bruyère  sableuse,  le  tout 
passé  au  crible  fin,  fera  un  excellent  compost 
pour  cet  usage.  H.  Jamain  fils. 


LES  ECHEVERIAS  D’ORNEMENT 


Le  genre  Echeveria,  créé  par  De  Can- 
dolle  en  l’honneur  du  botaniste  mexicain 
1 Echeveri,  habile  peintre  de  plantes,  mais 
dont  les  dessins  sont  inédits,  se  compose  de 
plantes  exclusivement  mexicaines,  caules- 
centes,  subacaules  ou  acaules,  dont  les 
I feuilles  sont  rosulées  au  sommet  des  bran- 
ches ou  rosulées  radicales. 

Plusieurs  espèces,  introduites  dans  les 
I collections  depuis  environ  un  demi- siècle, 

I ne  servaient  guère  qu’à  faire  nombre  dans 
les  collections  des  amateurs  de  plantes 
i grasses  ou  dans  les  jardins  botaniques. 

I Ce  n’est  guère  que  dans  ces  derniers 
temps,  c’est-à-dire  depuis  que  les  jardiniers 
décorateurs  recherchent  de  tous  côtés  des 
plantes  pouvant  augmenter  le  nombre  de 
celles  déjà  existantes  pour  décorer  les  jar- 
dins pendant  l’été,  que  les  Echeveria  ont 


été  tirés  de  l’oubli,  soit  par  l’emploi  d’es- 
pèces déjà  connues,  soit  par  l’introduction 
de  nouvelles  espèces  ou  par  l’obtention  de 
nouvelles  variétés  ou  d’hybrides.  Il  en  a été 
des  Echeveria  comme  de  bien  d’autres 
genres  de  plantes,  qui  sont  restés  longtemps 
confinés  dans  les  collections  en  nombre 
très-limité  d’espèces  ; mais  une  fois  que 
l’horticulture  s’en  est  emparée,  on  a vu  ap- 
paraître de  tous  côtés  des  formes  nouvelles. 

Aujourd’hui,  on  ne  cultive  pas  moins 
d’une  quinzaine  d’espèces  Echeveria  bien 
distinctes.  Nous  ne  parlerons  que  de  celles 
dont  nous  avons  constaté  le  mérite,  soit 
comme  plante  à floraison  hivernale  pour  la 
décoration  des  appartements,  soit  pour  dé- 
corer les  jardins  pendant  l’été. 

L’espèce  la  plus  cultivée  pour  son  abon- 
dante floraison  est  VE.  retiisa,  Lindl.,  et 


LES  ÉCHEVERIAS  D’ORNEMENT. 


54 

ses  variétés  ; elle  a pour  synonyme  VE.  ful- 
gens,  PL  V.  Houtte.  C’est  une  plante  très- 
robuste,  peu  ramifiée  et  caulescente.  Les 
feuilles,  rosulées  au  sommet  des  tiges,  sont 
obovées-spathulées,  plissées,  mucronées  et 
creuses  en  dessus.  Les  inflorescences  sont 
en  racèmes  simples  ; les  fleurs  sont  grandes, 
d’un  beau  rouge  vif,  et  produisent  beaucoup 
d’effet  dans  une  saison  où  les  fleurs  sont 
rares,  car  elles  apparaissent  dans  le  courant 
d’automne  et  se  succèdent  pendant  une 
partie  de  l’hiver. 

Pour  l’ornementation  pendant  l’été,  l’es- 
pèce qui  produit  le  plus  bel  effet  est 
sans  contredit  VE.  metallica.  C’est  une 
plante  qui  prend  un  développement  considé- 
rable. Ses  feuilles,  comparativement  gran- 
des, sont  orbiculaires,  d’un  brun  cuivré  à 
reflet  métallique,  d’où  lui  vient  son  nom. 
Associé  avec  d’autres  plantes  à couleurs 
plus  vives,  soit  en  bordure,  soit  en  rosace, 
VE.  metallica  produit  un  contraste  très- 
agréable.  Si  on  l’associait  avec  des  Achy- 
ranthes,  Coleus,  ou  avec  d’autres  plantes 
de  même  hauteur,  il  faudrait  mettre  cette 
espèce  au  premier  plan,  car  elle  s’élève 
moins  que  ces  dernières,  tandis  que  si 
c’était  avec  des  Alyssum  maritimum,  Al- 
ternanthera,  Lohelia  erinus,  etc.,  il  fau- 
drait la  mettre  au  dernier  plan. 

A la  suite  de  cette  espèce,  et  pouvant 
servir  aux  mêmes  usages,  nous  placerons 
VE.  atropurpurea,  H.  N.  {E.  sangximea, 
H.  L.),  qui  prend  aussi  un  grand  développe- 
ment. Ses  feuilles  sont  oblongues, lancéolées, 
spathulées,  d’un  rouge  brun  en  dessus,  plus 
clair  en  dessous,  et  forment  surtout  un  joli 
contraste  associé  aux  feuillages  blanchâtres. 

V E . pulverulenta,  Nutt.,  est  une  grande 
et  magnifique  espèce  dont  les  feuilles  sont 
élargies  en  spathule,  terminées  par  une  pe- 
tite pointe,  recouvertes  d’une  pulvérulence 
blanche.  Il  produirait,  même  rien  qu’associé 
aux  précédents,  un  effet  des  plus  charmants. 

Enfin,  nous  pouvons  encore  ajouter  à 
cette  section,  dont  les  espèces  prennent  un 
grand  développement,  VE.  grandifloraj 
Haw.,  remarquable  par  sa  belle  floraison 
pendant  l’hiver.  Ce  colosse  du  genre,  dont 
la  tige  atteint  presque  la  grosseur  du  bras 
et  souvent  plus  d’un  mètre  de  hauteur,  a les 
feuilles  orbiculaires,  longuement  pétiolées 
et  comme  côtelées,  d’un  blanc  verdâtre, 
glaucescentes,  comme  vernissées  et  recou- 
vertes d’une  efflorescence  pruineuse  ; quoi- 
que moins  ornemental  que  les  précédents, 
il  est  encore  d'un  très-bel  effet  employé 
dans  les  mêmes  conditions. 


VE.  metallica  glauca,  issu  des  deux 
espèces  dont  il  porte  le  nom,  est  d’une  cou- 
leur intermédiaire,  ayant  conservé  le  vert 
glauque  de  VE.  glauca,  rehaussé  de  la 
teinte  bronzée  de  VE.  metallica.  Comme 
forme  et  développement,  la  plante  est  éga- 
lement intermédiaire;  elle  s’élance  moins, 
forme  des  rosettes  à la  manière  des  Joubar- 
bes, et  devient  par  là  une  espèce  précieuse 
pour  former  des  bordures  naines,  des  fes- 
tons et  entourages  d’autres  plantes.  Toutes 
ces  espèces  conviennent  tout  particulière- 
ment pour  les  endroits  escarpés  ou  brûlants 
du  soleil,  où  aucune  autre  plante  ne  résis- 
terait. Dans  ces  conditions,  les  Echeveria 
persistent  très-bien  et  restent  dans  toute 
leur  fraîcheur  jusqu’aux  gelées.  On  les 
trouve  chez  M.  Jacotot,  horticulteur,  avenue 
du  Parc,  à Dijon  (Côte-d’Or). 

Pour  avoir  des  plantes  convenables  aux 
usages  dont  nous  venons  de  parler,  il  faut 
une  année  avant  de  les  mettre  en  pleine 
terre,  car  les  sujets  faits  le  même  prin- 
temps sont  trop  faibles,  tandis  que  ceux 
plus  âgés  s’allongent  trop  et  se  dégarnis- 
sent à leur  base.  On  doit  aussi  supprimer 
les  inflorescences  à mesure  qu’elles  appa- 
raissent, parce  qu’elles  détruiraient  la  sy- 
métrie et  cacheraient  le  feuillage,  qui  en  est 
le  principal  ornement. 

La  multiplication  des  Echeveria  est  des 
plus  faciles.  Lorsqu’on  ne  désire  pas  en  faire 
une  grande  quantité,  on  les  multiplie  de 
boutures,  soit  des  tiges  florales,  soit  des  re- 
jets de  la  base.  Ces  derniers  sont  de  beau- 
coup préférables , car  ils  forment  des 
plantes  qui  restent  trapues  plus  longtemps. 
Il  est  bon  de  les  laisser  quelques  jours  à 
sec,  c’est-à-dire  sans  être  plantés,  pour  ci- 
catriser la  coupe,  ensuite  les  placer  à l’air 
libre  dans  une  bonne  serre  tempérée.  Si, 
au  contraire,  on  veut  en  faire  la  multiplica- 
tion en  grand,  on  détache  les  feuilles,  que 
l’on  plante  obliquement  sur  des  pots  rem- 
plis de  terre  ; en  enterrant  à peine  leur  base, 
les  racines  ne  tarderont  pas  à se  développer, 
puis  peu  après  la  jeune  plante  apparaîtra. 

Les  Echeveria  s’accommodent  très-bien 
pendant  l’hiver  de  la  serre  tempérée;  ils 
doivent  être  placés  près  du  jour,  et  tenus 
assez  sèchement  pendant  tout  le  temps  du  re- 
pos. Un  mélange  composé  de  deux  parties  de 
terre  de  bruyère  ou  de  terreau  de  feuilles,  et 
une  partie  de  terre  franche,  est  celui  qui  lui 
convient.  Un  bon  drainage  est  nécessaire, 
afin  que  l’eau  des  arrosements  ne  séjourne 
pas  dans  le  fond  des  pots. 

J. -B.  Weber. 


PANIER  PORTE-BOUQUET. 


55 


PANIER  PORTE-BOUQUET 


Qui  est  au  juste  l’inventeur  de  cet  ingé- 
nieux petit  appareil  ? Où  et  quand  l’a-t-on 
imaginé?  Je  ne  saurais  le  préciser.  Ce  que 
je  puis  dire,  c’est  que,  lorsque  je  le  vis 
pour  la  première  fois,  c’était  dans  un  voyage 
que  je  fis  à Bordeaux,  il  y a de  cela 
quelques  années.  Je  traversais  rapide- 
ment une  des  promenades  de  la  ville, 
lorsque  chemin  faisant,  je  me  croisai  avec 
une  personne  qui  portait  dans  chaque  main 
deux  ou  trois  bouquets,  enfermés  [chacun 


dans  un  de  ces  paniers...  Elle  courait... 
Moi-même  j’étais  pressé,  en  sorte  que  je 
n’eus  pas  le  temps  d’examiner  ces  appa- 
reils, ni  de  m’enquérir  chez  qui  j’en  pour- 
rais voir  ou  en  acheter.  Quelques  jours  plus 
tard,  je  partais,  et  la  chose  en  resta  là. 

Depuis  lors,  je  me  rappelai  à plusieurs 
reprises  de  ces  porte-bouquets,  et  j’espé- 
rais toujours  avoir  l’occasion  de  les  revoir 
sur  place  ; mais  n’ayant  pu  retourner  à 
Bordeaux,  je  priai  un  de  mes  amis,  dont 


Fig.  6.  — Panier  porte-bouquet  entr’ouvert 
(1/8®  de  grandeur  naturelle). 


Fig.  7.  — Panier  porte-bouquet  fermé  et  contenant 
un  bouquet  (1/8®  de  grandeur  naturelle). 


la  famille  habite  cette  ville  et  qui  y va  lui- 
même  quelquefois,  de  se  renseigner  à mon 
intention,  ou  plutôt  à l’intention  des  lecteurs 
de  la  Revue.  Il  a eu  l’obligeance  de  le  faire, 
et  a bien  voulu  m’en  procurer  un  exem- 
plaire, qui  a servi  de  modèle  pour  les  deux 
gravures  que  nous  en  donnons  aujourd’hui, 
et  qui  ont  été  si  exactement  faites  par  notre 
dessinateur,  M.  Godard,  que  toute  explica- 
tion est  devenue  pour  ainsi  dire  superflue. 

Néanmoins,  et  ainsi  qu’on  peut  le  voir 
par  la  figure  6,  qui  représente  un  de  ces 
paniers  vide  et  ouvert,  le  tout  est  d’une 
grande  simplicité,  et  construit  en  vannerie 
grossière,  que  l’on  pourra  imiter  partout. 

Au  centre,  un  pied,  ou  manche  creux, 
assez  évasé  à la  partie  inférieure,  pour 


pouvoir  être  posé  et  se  tenir  debout,  et  se 
prolongeant  à la  partie  supérieure  de 
quelques  centimètres  au-dessus  du  plateau, 
de  façon  à maintenir  le  bouquet  un  peu 
élevé  et  à le  soutenir  par  sa  partie  la  plus 
solide,  c’est-à-dire  par  le  haut  de  la  queue, 
ce  qui  empêche  le  tour,  les  côtés  et  le  des- 
sous d’être  fatigués  et  écrasés.  Le  plateau 
qui  accompagne  le  pied  s’étale  en  enton- 
noir très-évasé  ou  surbaissé,  presque  plan. 
Quant  au  couvercle,  il  est  fixé  à la  base  ou 
pied  de  l’appareil  par  une  boucle  en  van- 
nerie, faisant  charnière  et  ayant  assez  de 
jeu  pour  faciliter  le  basculement  du  cou- 
vercle; du  côté  opposé  à la  charnière, 
quatre  boucles  ou  anneaux  s’entre-croisent, 
dont  deux  fixés  au  plateau  inférieur,  et 


EFFETS  DU  GALVANISME  CHEZ  LES  VÉGÉTAUX. 


5G 

deux  autres  placés  à la  partie  supérieure  ou 
couvercle,  de  telle  manière  que,  une  fois 
l’opercule  ou  couvercle  abaissé,  on  puisse 
opérer  la  fermeture  ou  la  maintenir  solide- 
ment, au  moyen  d’une  petite  baguette  ou  une 
branche  d’arbre,  une  badine  llexible  (osier, 
jonc-rottin,  etc),  que  l’on  introduit  dans  les 
quatre  anneaux,  en  l’y  faisant  glisser  comme 
un  verrou.  Il  va  de  soi  qu’on  peut  sup- 
pléer la  baguette  par  un  lien  quelconque, 
ficelle,  jonc,  etc.  ; l’important  est  que  le  cou- 
vercle soit  assez  solidement  fermé,  fig.  7, 
pour  supporter  le  poids  total  du  bouquet 
qui  se  transporte,  ainsi  qu’on  peut  le  voir 
d’après  les  figures  6 et  7,  par  l’anse  ou  poi- 
gnée placée  à la  partie  supérieure. 

Quant  à la  disposition  de  la  vannerie,  les 
figures  l’indiquent  assez  suffisamment  pour 
que  nous  n’ayons  pas  besoin  d’en  donner 
une  description. 

Le  grand  avantage  que  nous  voyons  dans 
ces  porte-bouquets,  c’est  qu’on  évite  détenir 
les  fleurs  à pleine  main,  ce  qui  les  échauf- 
fait, les  faisait  faner  rapidement,  tout  en 
fatiguant  beaucoup  la  main  qui  les  portait  ; 
tout  frôlement  et  froissement  est  évité,  le 
bouquet  étant  garanti  de  tous  côtes  par  sa 
cage-crinoline,  et  complètement  immobilisé. 
L’air  qui  circule  de  toutes  parts  empêche 
la  concentration  de  la  chaleur  ; mais  cepen- 
dant, si  l’on  avait  à craindre  que  le  soleil 
n’abîmât  les  fleurs,  rien  n’empêcherait  d’en- 
velopper le  tout,  soit  d’une  coiffe  en  papier 
ou  en  toile  blanche,  qui  réfléchirait  les 
rayons  solaires,  soit  d’un  papier  ou  d’une 
toile  cirée,  si  au  contraire  on  avait  à craindre 
la  pluie  ou  la  gelée.  — Une  fois  le  bouquet 
placé  dans  ces  paniers,  on  conçoit  qu’il  suf- 
fit d’en  fixer  la  queue  ou  hampe,  en  l’atta- 
chant aux  parois  du  pied,  pour  empêcher 
tout  déplacement  et  tout  mouvement  ; en 
sorte  qu’une  fois  le  couvercle  bien  assujetti, 
on  peut  coucher  le  panier  où  le  placer  dans 
n’importe  quel  sens,  sans  avoir  crainte  que 
les  fleurs  ne  se  détériorent,  ni  que  le  bou- 
quet ne  tombe  ou  vacille. 

Ces  paniers  sont  on  le  voit,  on  ne  peut 
plus  convenables,  non  seulement  pour  le 
transport  des  bouquets  à la  main,  mais 
aussi  (étant  solidement  construits)  pour 
l’expédition  et  le  transport  des  bouquets  en 
voitures,  chemin  de  fer,  etc.  Nous  savons, 


par  l’ami  qui  a bien  voulu  nous  transmettre  I ! 
ces  renseignements,  que  des  bouquets  ainsi  i 
emballés  (avec  coiffe  ou  manteau  en  toile  |: 
pour  préserver  les  fleurs  de  toute  souillure,  ; 
poussière,  etc.,  et  cadenas  au  besoin,  sur-  ! 
tout  pour  soustraire  les  fleurs  aux  mains 
indiscrètes)  ont  été  expédiés  à cent  et  même 
deux  cents  lieues  de  distance,  et  qu’ils  sont 
arrivés  en  parfait  état.  Lorsque  pour  les 
transports  en  véhicules  on  peut  suspendre  ^ 
le  panier  par  l’anse  supérieure,  ou,  ce  qui  ; 
vaut  encore  mieux,  la  tête  en  bas,  de  façon  j 
qu’il  puisse  se  balancer  mollement  dans  le  j 
vide,  les  fleurs  arrivent  dans  un  état  de  ! 
fraîcheur  bien  plus  grand  que  si  le  panier 
est  posé  par  terre  ou  fixé  contre  des  parois  " 
de  voitures,  où  il  supporte  le  cahotement  ) 
et  les  mille  heurts  ou  chocs  que  connaissent  ‘ 
toutes  les  personnes  qui  ont  voyagé.  On  peut  1 1 
aussi,  pour  en  maintenir  la  fraîcheur,  gar-  |j 
nir  la  queue  du  bouquet  soit  de  mousse  :| 
humide,  soit  de  terre  glaise.  d 

Nous  ne  parlerons  pas  non  plus  des  di-  ' 
mensions  à donner  à ces  paniers;  on  les 
fait  de  la  grandeur  que  l’on  veut.  Le  mieux 
serait  d’en  avoir  de  plusieurs  tailles,  appro-  ^ - 
priés  aux  diflerents  volumes  des  bouquets  ; 
que  l’on  peut  avoir  à transporter.  Celui  que  ! 
nous  représentons  a 45  centimètres  de  dia- 
mètre, et  cette  même  mesure  du  haut  de  i 
l’anse  à la  partie  inférieure  de  la  queue. 
Quant  au  couvercle,  la  forme  peut  être  plus  ; 
ou  moins  allongée  ou  surbaissée  en  cône, 
entonnoir,  ou  même  cylindrique,  suivant  la 
forme  plus  ou  moins  aplatie  , pyramidale  ï 
ou  pointue  que  l’on  donnera  au  bouquet. 

Il  nous  reste  maintenant  à dire  chez  qui, 
en  cas  de  besoin,  on  pourrait  se  procurer  à ^ 
Bordeaux  les  paniers  en  question.  — Notre  i f 
ami  a fait  prendre  des  renseignements  ; 
mais  il  n’a  'pu  obtenir  l’adresse  du  vannier 
qui  les  fabrique.  Toutefois,  d’après  ce  qu’il 
a appris,  ce  serait  la  maison  Catros-Gérand, 
le  célèbre  horticulteur- grainier  de  Tivoli  et  : 
des  allées  de  Tourny,  qui  emploie  et  qui  au- 
rait, paraît-il,  fait  pour  la  première  fois  ç 
usage  de  ces  porte-bouquets,  que  l’on  peut  ; 
également  se  procurer  dans  la  maison  Ca- 
deau, autre  marchand  grainier-fleuriste  et 
bouquetier,  demeurant  aussi  à Bordeaux,  | 
58,  rue  Fondaudége. 

E.-A.  Carrière. 


EFFETS  DU  GALVANISME  CHEZ  LES  VÉGÉTAUX 


Nous  extrayons  du  Gardner's  Chronicle, 
numéro  du  16  novembre  1872,  le  petit  article 


suivant,  qui,  nous  le  croyons,  sera  lu  avec 
plaisir  parles  abonnés  de  la  Revue  horticole. 


57 


EFFETS  DU  GALVANISME  CHEZ  LES  VÉGÉTAUX. 


Il  y a environ  trois  ans,  j’achetai  une  pe- 
I lite  serre  d’appartement  que  je  fis  garnir  de 
Fougères  pour  un  de  mes  fils,  demeurant 
dans  le  voisinage  de  Gavendisli  square. 

1 Quelque  temps  après,  mon  fils  m’apprenait 
, qu’il  ne  pouvait  rien  conserver  dans  cette 
j serre,  ce  qui  m’étonna  beaucoup,  1 ayant 
I jugée,  au  contraire,  favorable  à cette  cul- 
ture ; je  fus  très-surpris  de  cet  insuccès,  que 
f j’attribuai  d’abord  à une  mauvaise  direction 
, dans  les  soins  apportés  à la  culture,  car  je 
, savais  que  les  conditions  d’exposition  de  cet 
i appareil  étaient  excellentes.  J’avais  trans- 
porté moi-même  cette  miniature  de  serre 
l'  chez  un  fleuriste  du  marché  de  Covent- 
Garden,  où  je  choisis  pour  l’appareil  une 
série  d’espèces  faciles  à cultiver  et  pouvant 
I vivre  à peu  près  partout,  ce  qui  m’était  d’au- 
i tant  plus  facile  à faire  que  j’avais  cultivé  les 
Fougères  avec  succès  pendant  de  nom- 
j breuses  années.  Après  avoir  assisté  à la 
plantation  et  à l’arrosement,  j’envoyai  cette 
serre  à la  maison  de  mon  fils,  où  on  la  plaça 
dans  un  milieu  un  peu  ombragé,  à tempé- 
rature douce,  et  à une  exposition  méridio- 
nale. Le  lendemain  matin,  on  observa  que 
toutes  les  frondes  légèrement  avariées  étaient 
couvertes  de  végétation  cryptogamique  ; ces 
frondes  ainsi  attaquées  furent  coupées  et  en- 
levées avec  soin.  Mais  il  arriva  que  toutes, 
les  unes  après  les  autres,  pièces  par  pièces, 
se  pourrirent,  pendant  que  le  sol  lui-même 
se  trouvait  envahi  par  cette  végétation,  lais- 
sant dans  l’intérieur  de  cette  vitrine  une 
mauvaise  odeur  de  moisissure.  Après  cet 
échec,  une  nouvelle  terre  et  une  nouvelle 
série  de  plantes  vigoureuses  venant  de  la  cam- 
pagne furent  réinstallées  dans  l’appareil,  qui 
fut  remis  à neuf  ; mais  malgré  cela,  le  ré- 
sultat fut  identique.  J’ordonnai  alors  qu’on 
me  le  renvoyât,  afin  d’étudier  et  de  recher- 
i cher  les  causes  de  ces  échecs.  Je  le  fis  pla- 
cer dans  une  serre  chaude,  entouré  de  toutes 
les  conditions  favorables;  mais  la  vie  des 
plantes  me  parut  impossible  dans  ce  milieu. 
Le  fait  ayant  été  entièrement  établi,  mon 
attention  se  reporta  sur  la  construction  de 
l’appareil  lui-même,  et  cela  m’amena  à la 
découverte  immédiate  de  la  source  de  ce 
mystère.  La  carcasse  (sic)  (charpente) 
était  en  zinc,  et  la  table  bronzée  servant  de 
support  était  en  fer;  et  comme  ces  deux 
métaux  se  trouvaient  en  contact  l’un  avec 
l’autre,  il  s’établissait  un  courant  galva- 
nique qui  m’expliqua  l’origine  du  désastre, 

: ou  plutôt  ce  qui  en  était  la  cause  ; car,  en 

séparant  la  vitrine  de  sa  table,  et  en  plaçant 
des  calles  en  bois  entre  les  deux,  le  charme 


fut  rompu,  et  les  plantes  commencèrent 
immédiatement  à donner  des  signes  de  bien- 
être.  En  effet,  le  lendemain  matin  les  fron- 
des des  Fougères,  au  lieu  d’être  flasques  et 
pendantes,  avaient  repris  leur  rigidité  nor- 
male, et  montraient  des  signes  très-évidents 
de  rétablissement. 

Les  nombreuses  questions  faites  par  un 
grand  nombre  de  personnes  pour  connaître 
les  meilleurs  moyens  à employer  pour  ob- 
tenir de  bons  résultats  avec  ces  appareils 
semblent  prouver  que  ce  cas  s’est  présenté 
souvent  ; et  comme  ces  vitrines  sont  géné- 
ralement à armature  de  zinc  et  sur  des  sup- 
ports en  fer,  il  est  fort  probable  que  cette 
combinaison  arrive  fréquemment.  Il  est 
donc  bon  de  recom.mander  à ceux  qui  ren- 
contreraient ces  inconvénients  d’isoler  du 
fer  leur  vitrine  à l’aide  de  calles  en  bois. 

Quoique  l’électricité,  étudiée  au  point  de 
vue  de  la  végétation,  ait  déjà  attiré  quel- 
que peu  l’attention,  il  ne  paraît  pas  que  des 
résultats  pratiques  aient  jusqu’ici  été  obte- 
nus. Ici,  cependant,  nous  avons  la  constata- 
tion d’un  fait  important  : à savoir  que  sous 
une  des  deux  conditions  électriques,  les 
plantes  meurent.  Jusqu’à  quelle  limite  peut- 
il  en  être  autrement  en  renversant  les  con- 
ditions ? C’est  une  question  qui  reste  à ré- 
soudre, et  jusqu’ici  il  serait  prématuré  de 
se  baser  sur  les  résultats  obtenus  pour  en 
tirer  des  conclusions  absolues. 

Mes  observations  personnelles  en  élec- 
tro-physiologie, s’étendant  au-delà  d’une 
douzaine  d’années  et  plus,  m’ont  clairement 
démontré  trois  points  : que,  comme 

dans  l’électro-courant  des  métaux,  toute  vé- 
gétation ou  accroissement  de  substance  a 
lieu  à une  surface  électro-négative  ; 2®  qu’une 
condition  polaire  est  l’arrangement  essentiel 
de  la  végétation  ; 3°  que  toute  oxygénation 
et  décomposition  est  effectuée  sous  la  com- 
binaison électro-positive.  De  sorte  que  dans 
le  cas  actuel  le  zinc  étant  électro-positif 
au  fer,  la  décomposition  de  la  matière  végé- 
tale et  le  développement  des  Champignons 
seraient  un  résultat  normal  : les  bas  ordres 
cryptogamiques  peuvent  être  considérés 
comme  des  sortes  de  cc  boueux,  )>  serv^ant 
le  dessein,  non  de  faire  une  matière  nou- 
velle pour  eux-mêmes,  mais  de  convertir  la 
matière  organique  déjà  existante  d’autres 
corps  ou  formes  vitales  d’ordre  inférieur, 
possédant  deux  choses  : une  existence  plus 
courte,  et  étant  plus  facilement  et  plus  ra- 
pidement décomposée,  et,  par  ces  moyens, 
aidant  et  précipitant  le  retour  de  la  matière 
organique  agonisante  à ses  éléments  gazeux 


LE  SOU-LI  KOUA  DE  VEITCH. 


58 

originaires,  tout  prêts  pour  une  nouvelle 
course  dans  la  vie  d’une  autre  forme. 

Pendant  plusieurs  semaines,  la  vitrine 
a été  remplie  avec  des  Fougères  de  Madère, 
plantées  avec  toutes  leurs  frondes  avariées, 
comme  elles  étaient  arrivées,  et  aucune 
trace  de  décomposition  n’a  encore  été  ob- 
servée, quoique  dans  les  conditions  anté- 
rieures il  suffisait  de  quelques  heures  pour 
tout  gâter. 

Ainsi,  dans  la  condition  électrique  nor- 
male de  la  terre  et  de  l’atmosphère,  c’est-à- 
dire  quand  la  terre  est  négative  et  l’air  positif, 
il  y a peu  ou  même  il  n’y  a aucune  tendance 
de  développement  cryptogamique  ; pendant 
que  dans  la  condition  anormale  de  la  terre, 
quand  elle  est  rendue  positive,  il  semblerait 
impossible  d’empêcher  la  formation  crypto- 
gamique n’importe  où  il  existe  un  peu  d’hu- 
midité. C’est  pourquoi  le  renversement  de 
la  condition  électrique  de  la  surface  de  la 
terre,  ou  des  couches  inférieures  de  l’at- 
mosphère pendant  un  orage,  est  suffisant 
pour  expliquer  l’accroissement  rapide  des 
Champignons,  qui  succède  ordinairement  à 
ce  phénomène,  en  même  temps  qu’il  offri- 
rait une  explication  de  la  cause  probable  du 
développement  de  la  nielle,  et  jetterait  quel- 
que lumière  sur  le  mode  d’action  des  engrais 

LE  SOU-LI  KO 

J’ai  reçu,  il  y a quelques  jours,  de  la 
maison  Huber  et  Ci®,  d’Hyères,  sous  le 
nom , euphonique  pour  des  Chinois , de 
Sou-li  KouŒj  un  fruit  de  Cucurbitacée  assez 
étrange , dont  on  me  demandait  le  nom 
botanique.  Qu’on  se  figure  une  massue  de 
la  grosseur  du  bras  d’un  homme,  longue  de 
1"®  22,  ouverte  à l’extrémité  florale  par  la 
chute  d’une  sorte  de  couvercle  obtusément 
quadrangulaire,  ridée  dans  le  sens  trans- 
versal et  rayée  longitudinalement  de  sept  ou 
huit  lignes  d’un  vert  noir  sur  un  fond  plus 
clair,  et  on  en  aura  une  idée  assez  exacte. 
Il  ne  me  fut  pas  difficile  d’en  reconnaître  le 
genre  : c’était  un  fruit  de  Luffa,  mais  de 
proportions  telles  que  je  n’en  avais  pas 
encore  vu  jusqu’à  ce  jour. 

Au  premier  abord,  j’ai  cru  avoir  sous  les 
yeux  une  espèce  nouvelle  ; mais  après  un 
examen  plus  attentif,  j’ai  conclu  que,  selon 
toute  probabilité,  j’avais  affaire  à une  simple 
variété,  mais  variété  gigantesque , d’une 
espèce  anciennement  connue , le  Luffa 
cylindrica,  que  j’ai  cultivé  plusieurs  années 
au  Muséum,  où  il  existe  certainement 


répandus  à la  surface  du  sol  ; car,  pendant 
qu’il  est  admis  que  ces  substances  agissent 
chimiquement;  l’action  chimique  et  l’élec- 
tricité sont,  après  tout,  seulement  de  dif- 
férentes phases  de  la  même  condition,  et 
comme  la  vie  végétale  n'est  rien  autre 
chose  qu’une  série  de  ynodifications  chi- 
miques, ses  moindres  rapports  avec  les  com- 
binaisons normales  électriques  qui  l’envi- 
ronnent doivent  nécessairement  avoir  une 
influence  correspondante,  en  bien  ou  en  mal, 
dans  sa  prospérité. 

c(  W.-K.  Bpjdgman,  Norwich.  » 

Ces  sortes  de  serres  miniatures  étant 
très  en  vogue  chez  nous,  et  leur  construc- 
tion étant  souvent  analogue  à celles  indi- 
quées dans  cette  note,  nous  avons  jugé  à 
propos  de  donner  connaissance  de  ces  ex- 
plications aux  lecteurs  de  la  Revue. 

L.  Neumann. 

Nous  ne  saurions  trop  appeler  l’attention 
sur  l’article  qui  précède,  qui,  indépendam- 
ment qu’il  prouve  les  hautes  connaissances 
de  l’auteur,  doit  faire  réfléchir  les  gens  sé- 
rieux, ceux  qui,  sans  parti  pris,  étudient  les 
phénomènes  naturels  en  vue  de  rechercher 
les  grandes  lois  de  la  vie.  (Rédaction.) 

A DE  VEITCH 

encore  (1).  Cependant,  avant  d’avoir  vu  la 
plante  elle-même,  je  m’abstiens  d’affirmer 
cette  identité.  En  attendant  que  ma  pré- 
somption se  confirme,  et  pour  ne  rien  pré- 
juger, je  me  contenterai  de  [désigner  cette 
forme  nouvelle  sous  le  nom  de  L.  Veitchii, 
qui  rappellera  celui  de  son  introducteur, 
M.  Gould  Veitch,  de  Londres. 

L’accroissement  exagéré  des  fruits  chez 
les  Cucurbitacées,  et  les  figures  diverses 
qu’ils  prennent  à la  suite  d’une  culture 
prolongée,  sont  des  modes  de  déviation  assez 
ordinaires,  et  qui  ont  été  la  principale  cause 
de  la  confusion  dans  la  nomenclature  des 
espèces.  Pour  n’en  citer  que  des  exemples 
très-connus,  je  rappellerai  la  Gourde  mas- 
sue et  la  Gourde  trompette,  longue  quelque- 
fois d’un  mètre  et  demi,  et  par  là  fort  dif- 
férente de  la  Gourde  plate  de  Corse,  si 
petite  et  si  déprimée  qu’on  en  fait  des  taba- 

(1)  Dans  la  forme  type,  la  seule  que  l’on  possède 
dans  les  jardins  botaniques,  les  plus  grands  fruits 
de  ce  Luffa  n’ont  guère  que  35  à 40  centimètres 
de  longueur;  souvent  même  ils  en  atteignent  à 
peine  30. 


REVUE  DES  SQUARES  DE  TOULOUSE. 


59 


tières;  le  Melon  serpent,  le  Trichosantes 
coluhrina  et  même  la  grande  Courge  porte- 
manteau, cpii  n’est  aussi  qu’une  forme 
allongée  d’un  fruit  normalement  ovoïde,  et 
parfois  tout  aussi  raccourci  et  déprimé  que 
la  Gourde  plate  dont  je  viens  de  parler.  Le 
Sou-li  Koua  de  Veitch  me  paraît  rentrer 
dans  celte  catégorie  de  fruits  exagérés. 

Simple  variété  ou  espèce  nouvelle,  c’est 
une  intéressante  introduction,  du  moins 
pour  les  amateurs  de  curiosités.  La  plante. 


d’après  ce  qu’on  m’en  a dit,  est  beaucoup 
plus  forte  que  celle  du  L.  cylindrica  ordi- 
naire ; elle  peut  s’élever  à 10  mètres  et  plus, 
et  couvrir  un  arbre  de  son  feuillage  vert 
sombre,  sur  lequel  se  détachent  de  larges 
et  nombreuses  fleurs  jaune  orangé,  qui  se 
renouvellent  chaque  jour.  Comme  espèce 
ornementale,  elle  n’est  donc  pas  sans  mé- 
rite, ce  à quoi  elle  ajoute  une  suffisante 
rusticité. 

Naudin. 


REVUE  DES  SQUARES  DE  TOULOUSE 


Ayant  suivi  avec  intérêt  la  végétation  et 
la  floraison  des  végétaux  de  nos  squares,  je 
: vais  faire  connaître  le  résultat  de  mes  ob- 
i servations. 

La  végétation  de  l’année  1872  a été  très- 
prolongée  ; car  aujourd’hui,  30  décembre, 
i nous  avons  beaucoup  de  plantes  molles  en 
bordures  et  corbeilles,  tout  aussi  jolies 
qu’elles  l’étaient  au  mois  de  septembre. 

Dans  le  square  de  La  Fayette,  l’on  ad- 
mire quelques  beaux  pieds  de  Ricin  d’un 
grand  développement,  des  Aralia  papyri- 
I fera;  quelques  Cannas  ou  Balisiers  n’ont 
nullement  souffert. 

On  voit  dans  ce  jardin,  en  pleine  florai- 
son, des  fortes  touffes  de  Bibaciers  ou  Né- 
! fliers  du  Japon,  charmant  arbrisseau  à beau 
i feuillage  ample  et  superbe,  couvert  de  fortes 
I et  jolies  grappes  de  fleurs  à odeur  suave, 

! comme  celle  des  fleurs  de  l’Aubépine.  De- 
puis l’année  1866,  nous  sommes  privés  de 
ses  bons  fruits,  pleins  de  jus  et  très-agréa- 
i blés  à manger. 

Le  square  du  Grand- Rond  est  mieux 
partagé  en  végétation  tardive,  comme  en 
floraison  printanière. 

La  végétation  tardive  est  représentée  par 
des  bordures  en  pleine  floraison  de  Py- 
rèthres  à fleurs  blanches  ; les  Solanum 
laciniatum,  avec  leurs  jolies  feuilles  vert 
noir  luisantes  ; le  Solanum  marginatum  à 
grandes  feuilles  tomenteuses,  sinuées  et 
marginées  de  blanc  ; des  Pélargoniums  zo- 
nales  à fleurs  simples  et  à fleurs  doubles. 
Le  Nicotiana  glauca,  cette  si  belle  plante, 
qu’on  néglige  trop,  pousse  encore  avec  vi- 
gueur, et  ses  rameaux  sont  encore  garnis 
de  petites  fleurs  jaunes.  Mais  la  plante  qui 
est  la  plus  remarquée  est  une  forte  touffe 
de  Yucca  gloriosa,  avec  trois  grandes  pani- 
cules  ou  hampes,  qui  ont  de  1 mètre  à 1™  50 
de  hauteur,  garnies  d’une  masse  de  fleurs 
blanches  en  forme  de  Tulipes  ; elle  produit 


un  effet  splendide,  qui  fait  un  charmant 
contraste  avec  le  vert  foncé  des  pelouses. 
Partout  aussi  les  Rosiers  Souvenir  de  la 
Malmaison,  Gloire  de  Dijon,  sont  en  pleine 
fleur,  et  les  Rosiers  non  taillés  émettent  des 
bourgeons  qui , chez  certaines  espèces, 
montrent  des  boutons  déjà  très-gros. 

La  floraison  printanière  se  fait  remar- 
quer à l’entrée  des  allées  des  Zéphyrs  par 
un  grand  massif  bordé  de  Gydonia  Japo- 
nica,  plus  connu  à Toulouse  sous  le  nom 
de  Poirier  du  Japon.  Ce  charmant  arbuste 
est  couvert,  depuis  rez  terre  jusqu’à  l’extré- 
mité des  rameaux,  de  jolies  fleurs  brillantes 
d’un  beau  rouge  vif. 

Les  Mahonia  portent  de  nombreuses 
grappes  de  fleurs  jaunes  fort  élégantes,  qui 
font  très-bien  sur  le  vert  foncé. 

I^es  Saxifrages  sont  couverts  de  jolies 
fleurs  rose  foncé,  et  les  Anémones  font  pa- 
raître leurs  fleurs  en  quantité  considérable. 

Les  Violettes  à fleurs  doubles  fleurissent 
sans  être  couvertes  ; il  y en  a en  si  grande 
quantité,  qu’elles  se  vendent  dans  la  rue  à 
25  et  40  centimes  les  bouquets  de  100  fleurs. 

La  température  est  tellement  douce,  que 
de  toutes  parts  l’on  reconnaît  que  depuis 
très-longtemps  on  n’avait  eu  un  hiver  comme 
celui-ci.  Pendant  les  mois  de  novembre  et 
décembre,  le  thermomètre,  une  ou  deux 
fois  seulement,  est  descendu  à glace,  ou 
l’on  a parfois  remarqué  des  gelées  blanches 
qui  nous  annonçaient  pour  le  lendemain  un 
vent  d'autan  (du  Midi). 

Aujourd’hui,  7 janvier,  j’ai  dans  mon  éta- 
blissement des  Amandiers  et  des  Abrico- 
tiers qui  commencent  à épanouir  leurs 
fleurs  ; mais,  dans  notre  pays,  nous  avons  à 
redouter  les  mois  de  février  et  mars.  Espé- 
rons qu’ils  seront  favorables,  et  que  nos 
craintes  ne  se  réaliseront  pas. 

F.  Brassag, 

Horticulteur  à Toulouse. 


GO 


BIBLIOGFIAPHIE.  — PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


BIBLIOGRAPHIE 


Le  livre  dont  nous  allons  parler,  et  dont 
nous  avons  dit  quelques  mots  dans  un  des 
précédents  numéros  de  la  Revue  horticole, 
est  un  de  ceux  qui  font  époque.  Il  a,  du 
reste,  pour  cela,  deux  qualités  essentielles  : 
1*^  il  correspond  à un  besoin  et  remplit  une 
lacune  qui  existait  dans  le  répertoire  horti- 
cole ; il  est  fait  d’une  manière  simple  et 
pratique,  bien  que  savante.  Cet  ouvrage,  du 
reste,  n’est  pas  un  essai  ; déjà  une  première 
édition  (2)  a légitimé  son  mérite.  Disons 
toutefois  que  ce  n’est  pas  une  réimpression, 
mais  bien  une  deuxième  édition,  non  seule- 
ment revue  et  corrigée,  mais  sensiblement 
augmentée. 

Les  connaissances  profondes  et  variées 
que  possède  l’auteur  de  la  Culture  forcée 
a7^tificielle  des  arbres  fruitiers,  M.  Py- 
naert,  lui  ont  permis  de  traiter  ce  sujet  non 
seulement  au  point  de  vue  théorique  et  pra- 
tique, mais  aussi  au  point  de  vue  historique. 
Sous  ce  dernier  rapport,  il  a résumé  à peu 
près  tout  ce  qui  a été  dit  et  écrit  sur  le  for- 
çage des  arbres  fruitiers.  Aussi,  son  Aperçu 
historique  et  bibliographique  est-il  des 
plus  intéressants  à consulter. 

Dans  cet  ouvrage,  qui  contient  plus  de 
360  pages,  l’auteur  a passé  en  revue  tous 
nos  arbres  fruitiers,  tels  que  : Abricotiers, 
Cerisiers,  Figuiers,  Framboisiers,  Groseil- 
liers, Mûriers  noirs,  Pêchers,  Poiriers, 
Pommiers,  Pruniers,  Vignes,  consacrant  à 
chacun  un  nombre  de  pages  en  raison  de 
l’importance  du  sujet,  mais  toujours  suf- 
fisant pour  ne  rien  omettre  d’essentiel.  Les 
soins  généraux  que  réclament  les  arbres,  le 
traitement  qu’il  faut  leur  appliquer  pour  les 
disposer  au  forçage,  celui  qu’il  convient  de 


leur  accorder  pendànt  l’époque  de  dévelop- 
pement, etc.,  etc.,  en  un  mot  rien  n’a  été 
oublié,  ce  que  va  démontrer  l’énumération 
que  nous  allons  faire  des  diverses  opérations 
appliquées  à un  genre.  Nous  prenons  comme 
exemple  le  genre  Pêcher,  qui  comprend 
27  pages  ainsi  divisées  : 

Opérations  préparatoires.  — 1.  Des 
serres.  — 2.  De  la  plantation  et  du  sol.  — 
3.  Du  choix  des  variétés.  — 4.  Formation 
et  conduite  des  arbres. 

Traitennent  à faire  subir  aux  arbres 
pc77da7it  Vété  qui  précède  le  forçage.  — 
Traite7ne7it  en  so^re.  — 1.  De  l’époque 
du  forçage  en  première  saison.  — 2.  De  la 
taille  des  productions  fruitières.  — 3.  Du 
forçage  proprement  dit.  — Première  pé- 
riode : Mise  en  végétation.  — Deuxième 
période  : Floraison  et  fécondation.  — Troi- 
sième période  : For7natio7i  du  noyau.  — 
Quatrième  période  : Maturité. 

Si  nous  ajoutons  que  tous  les  soins,  toutes 
les  précautions  à prendre  sont  indiquées 
pour  chacune  de  ces  opérations,  que  tous 
les  détails  nécessaires  ont  été  donnés  de  ma- 
nière à les  conduire  à bonne  fin,  que  de 
nombreuses  figures  intercalées  dans  le  texte 
parlent  aux  yeux  et  rendent  très-compré- 
hensibles certains  détails  que  le  langage 
ne  peut  rendre,  l’on  pourra  se  faire  une 
idée  de  l’importance  du  livre  dont  nous  par- 
lons, et  alors,  comme  nous,  l’on  sera  con- 
vaincu que  son  auteur,  M.  Pynaert,  a rendu 
un  immense  service,  nous  ne  dirons  pas 
seulement  à la  Belgique,  son  pays,  ni  à la 
France,  qui  est  le  nôtre,  mais  au  monde 
entier. 

E.-A.  Carrière. 


PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Cha777œcyparis  Lawso7iiana  ccerw/es- 
cens.  — Plante  naine,  analogue  par  son 
portauBiofa  compacta.  Branches  très-nom- 
breuses excessivement  ramifiées,  à ramifi- 

(1)  Les  Serres-Vergers.  — Traité  complet  de 
la  eulture  forcée  et  artificielle  des  arbres  frui- 
tiers, par  Ed.  Pynaert.  G.  Masson,  éditeur,  1, 
place  de  FÉcole-de-Médecine.  Un  vol.  in-18  de 
3G7  pages  et  de  65  figures. 

(2)  Manuel  théorique  et  pratique  de  la  culture 
forcée  des  arbres  fruitiers. 


cations  courtes,  constituant  une  tête  large- 
ment sphérique,  à feuilles  d’un  vert  glauque 
bleuâtre,  marquées,  surtout  en-dessous,  de 
bandes  blanchâtres,  ou  d’un  gris  argenté. 
Le  pied -mère  que  nous  avons  vu  chez 
MM.  Thibault  et  Keteleer,  horticulteurs  à 
Sceaux,  haut  de  60  centimètres,  n’a  pas 
moins  de  35  centimètres  de  diamètre  ; il 
forme  un  buisson  d’un  aspect  des  plus 
agréables.  E.-A.  Carrière. 


Orléans,  irap.  de  G.  Jacob,  Cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première 


quinzaine  de  février) 


L luver  parait  commencer.  - Exposition  de  la  Société  d’iiorticultnre  de  Seine-ct-Oise  ■ c.n 

- Le  Marronnier  commun  du  château  de  Bercy;  son  introduction  en  Europe  _ n " 

Japon  : culture  des  Orangers,  maturité  des  Kaki,  le  Cryplomena  Japonica;  leUres  de  u “ 

- La  température  dans  le  Midi  : communication  de  M.  Doumet-Adanson  • son  onin'  ^ 
variétés  de  Fraises  : Victoria  Trollop,  May  queen  et  Sir  Ilan-y.  — La  Pomme  de  fe 
moyen  de  multiplier  ses  bourgeons.  - Fructification  de  l’.lraiicana  imbricata:  lire  Tm 

- Observai  ons  de  M.  Weber,  au  jardin  botanique  de  Dijon,  au  sujet  du  Rosier  Julec  Maryomll 

la  maladie  des  Pommes  de  terre  et  du  Fraisier  Y Inépuisable.  - Opinion  de  M Dupont  de  k!  ^ 
sur  le  Phylloxéra  ; extrait  du  Journal  d’.igricullure  pratique.  ^ 


A partir  du  26  janvier  dernier,  on  pouvait 
se  croire  entré  dans  une  nouvelle  phase  de 
température,  qui,  sans  être  froide,  semblait 
annoncer  ce  que  chez  nous  on  entend  par 
l’hiver.  En  effet,  ce  jour  (6  février)  au  ma- 
tin, le  thermomètre  marquait  2 degrés  au- 
dessous  de  zéro.  Jusqu’au  31,  le  froid  se 
maintenait  ; le  thermomètre,  après  avoir 
varié  entre  1 et  5 degrés  au-dessous  de  zéro 
(le  29  janvier  au  malin  il  était  à 5 degrés), 
reprit  son  cours  habituel,  et  depuis  le 
31  janvier,  où  le  dégel  est  arrivé,  et  que 
toute  la  neige  qui  était  tombée  dans  la  nuit 
du  29  au  30  a fondu,  la  température  a os- 
cillé le  matin  entre  0,  2 et  même  3 degrés 
au-dessus.  Les  jours  sont,  à très-peu  d’ex- 
ceptions près,  pluvieux  ou  neigeux  ; et  il 
semble  que  la  période  de  pluie,  qui  a com- 
mencé vers  la  fin  de  septembre  1872,  et  qui 
a causé  tant  de  désastres  sur  différents 
points,  veut  se  continuer. 

Mais  un  fait  que  nous  devons  signaler, 
c’est  que  le  changement  de  température  dont 
nous  venons  de  parler  paraît  s’être  produit 
en  même  temps  dans  toute  l’Europe,  plus 
ou  moins  fort,  bien  entendu,  en  raison  des 
climats.  Ainsi,  dans  une  lettre  qu’il  nous 
écrivait  de  Munich  (Bavière)  le  25  janvier, 
notre  collaborateur  et  collègue,  M.  Kolb,  jar- 
dinier en  chef  au  jardin  botanique  de  cette 
ville,  nous  informait  que  ce  jour  même,  et 
sans  que  rien  l’annonçât,  ils  avaient  eu 
le  matin  7 degrés  Réaumur  au-dessous  de 
zéro.  Une  lettre  de  Pesth  (Hongrie),  que 
nous  venons  de  recevoir,  nous  annonce 
qu’il  s’est  produit  là  des  faits  analogues, 
qu’il  y a eu  5 degrés  au-dessous  de  zéro,  et 
qu’il  est  tombé  de  la  neige.  Jusque-là,  la 
température  était  restée  très-douce  ; le  ther- 
momètre n’était  pas  descendu  au-dessous  de 
2 degrés,  et,  comme  chez  nous,  les  plantes 
de  serre  qu’on  avait  laissées  dehors  conti- 
nuaient à végéter  et  à fleurir. 

16  FÉVRIER  1873. 


— La  Société  d’horticulture  de  Seine-et- 
üise  fera  à Versailles,  les  30,  31  mai  et 
y juin,  une  exposition  à laquelle  elle  convie 
tous  les  horticulteurs  et  amateurs  d’horti- 
culture. Quant  à l’industrie,  la  Société  n’ad- 
met que  ce  qui  se  rapporte  directement  à 
1 horticulture. 

Les  109  concours  qui  sont  ouverts  ren- 
trentdans  les  catégories  suivantes:  Intro- 
duchons  Semis,  Belle  culture,  Serre 
chaude,  Serre  tempérée,  Pleine  terre  de 
bruyère.  Pleine  terre.  Arbres  fruitiers, 
Legum.es,  Fruits,  Objets  d'art  et  d'indus- 
trie  horticoles. 

Les  objets  destinés  à l’e.xposition  devron*. 
etre  rendus,  aux  frais  des  exposants,  sous 
la  tente,  au  plus  tard  le  mercredi  98  mai 
avant  6 heures  du  soir.  “ ’ 

Le  jury  se  réunira  le  jeudi  29  mai,  à 

locirrE^r^ 

Des  médailles  de  différentes  valeurs,  ainsi 
que  des  médaillés  exceptionnelles  sur  les- 
quelles nous  reviendrons,  seront  attribuées 
aux  exposants  par  ordre  de  mérite. 

— Parmi  les  milliers  d’arbres  qui  ontélé 
renversés  par  la  tempête  du  mois  de  dé- 
cembre yrnier,  il  en  est  un  que  nous 
croyons  devoir  citer  tout  particulièrement. 

L est  un  de  ces  vétérans  du  régne  véo-étal 
qui  deviennent  de  jour  en  jour  plus  ra7es 
un  Marronnier  commun  dont  la  plantation 
remonte  aux  premières  années  du  XVIP  siè- 
cle, peut-être  même  à la  lin  du  XVP.  H fai^ 
sait  partie  du  parc  du  château  de  Ber'cv  oui' 
existait  déjà  en  1610,  lors  de  l’avènement 


au  trône  de  Louis  XIII,  et  qui  alors  était 
désigné  sous  le  nom  de  « Grand- Châ- 
teau. » Cette  remarquable  propriété  dont 
naguères  on  voyait  encore  d’importants 
restes,  occupait  toute  la  portion  de  terrain 
à partir  de  Conflans  jusqu’à  la  rue  Grande- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


62 

aux  -Marais,  pour  le  distinguer  du  « Petit- 
Château,  y>  qui  existait  il  y a peu  d’années 
encore  aux  n<^s  43^  44  et  45  du  quai  de 
Bercy.  Ce  dernier  fut  entouré  d’arbres, 
de  Marronniers  en  grande  partie , sous 
Henri  IV,  — de  1589  à 1610.  — Ceux  de  la 
rue  Gallois  actuelle,  n®  12  (ancienne  cour 
du  Petit-Château),  sont  les  plus  anciens. 
Dans  les  livres  publiés  vers  ces  époques  et 
que  l’on  trouve  à la  Bibliothèque  nationale, 
on  fait  remonter  la  plantation  de  ces  arbres 
à l’année  1600.  C’est  donc  deux  cent 
soixante-douze  ans  qu’aurait  le  remarquable 
Marronnier  dont  nous  parlons  ; il  était  en- 
core vigoureux  lorsqu’il  fut  renversé  ; son 
tronc  mesurait  5"™  40  de  circonférence. 

Nous  devons  faire  remarquer  que  si  ces 
renseignements  sont  exacts,  et  nous  avons 
tout  lieu  de  le  croire,  ce  ne  serait  pas  vers 
1615  que  le  Marronnier  commun  aurait  été 
introduit,  ainsi  qu’on  l’a  rapporté,  mais  bien 
avant  cette  époque.  Ces  renseignements  ont 
été  fournis  par  M.  Alfred  Sabatier,  auteur 
de  V Histoire  de  Bercy  ; nous  les  devons  à 
l’obligeance  de  M.  Docker-Perdereau,  mar- 
chand de  vins  en  gros,  entrepôt  du  Petit- 
Château,  qui  a d’excellentes  raisons  pour 
se  rappeler  du  sinistre  ouragan  du  10  dé- 
cembre, lequel,  en  renversant  le  Marronnier 
dont  nous  parlons,  et  qui  très-probable- 
ment était  un  des  premiers  pieds  (le  premier 
peut-être)  introduits  en  Europe,  a eu  plus  de 
trente  barriques  de  vin  écrasées  et  complè- 
tement perdues  par  les  débris  de  ce  vétéran 
du  règne  végétal  dont  nous  avons  essayé  de 
retracer  l’histoire  et  de  la  perpétuer,  en  la 
consignant  dans  ce  recueil. 

— Quand  il  s’agit  d’un  pays  aussi  inconnu 
que  l’est  pour  nous  le  Japon,  et  que  d’une 
autre  part  il  présente  un  si  grand  intérêt  au 
point  de  vue  de  l’horticulture,  on  ne  doit 
négliger  aucun  des  faits  qui  peuvent  jeter 
quelque  lumière  sur  ce  pays,  ce  qui  nous 
engage  à reproduire  quelques  passages  ex- 
traits de  deux  lettres  adressées  à notre  ami 
et  collaborateur,  M.  Jean  Sisley,  par  son  fils 
M.  Léon  Sisley,  ingénieur  des  mines,  au 
service  du  gouvernement  japonais.  Voici  : 

Kobé,  17  novembre  1872. 

Kobé  est  abrité  au  nord  par  une  chaîne 

de  montagnes  distante  à peine  d’une  demi-heure 
de  la  mer.  Cette  chaîne  est  une  série  de  mame- 
lons enchevêtrés,  qui  au  premier  coup-d’œil 
paraissent  une  suite  continue  de  montagnes, 
mais  qui,  lorsqu’on  s’en  approche,  se  trouvent 
coupées  par  de  nombreuses  gorges  profondes. 
Les  montagnes  peu  boisées  par  quelques  pins  sont 


vertes  cependant,  grâce  aux  Azalées  et  aux  nom- 
breux arbrisseaux  à feuilles  persistantes  qui  les 
couvrent.  Si  pendant  quelques  années  les  Japo- 
nais se  dispensaient  d’y  couper  du  bois,  elles 
seraient  vite  reboisées,  car  partout  les  jeunes 
pins  y poussent  au  milieu  des  autres  broussailles. 
Nous  avons  vu  déjà  plusieurs  de  ces  vallées. 

Au  pied  de  la  montagne  sont  construits  de 
nombreux  villages  japonais,  généralement  en- 
tourés de  massifs  de  bambous.  Ces  sortes  de 
petits  bois  sont  d’un  joli  vert,  et  leur  légèreté 
les  rend  agréables  à l’œil.  Ils  sont  presque  tou- 
jours entourés  d’une  clôture  également  en  Bam- 
bous, car  tu  sais  qu’au  printemps  les  Japonais 
mangent  les  jeunes  pousses  de  cette  graminée  ; 
il  faut  donc  bien  les  protéger  contre  les  marau- 
deurs. Le  Bambou  est  bien  précieux  pour  les 
Japonais  : les  nombreux  usages  qu’ils  en  font  en 
sont  une  preuve  palpable 

A la  date  du  23  novembre  1872,  le  même 
M.  Léon  Sisley  écrivait  : 

J’ai  fait  plusieurs  promenades  aux  envi- 
rons de  Kobé  qui  me  sont  maintenant  assez  con- 
nus. Toute  la  plaine  qui  s’étend  entre  la  mer  et 
les  montagnes,  dans  la  direction  d’Osalka,  a une 
largeur  variant  de  deux  à trois  kilomètres.  Elle 
est  admirablement  cultivée  et  disposée  de  ma- 
nière à être  irriguée  ou  asséchée  à volonté.  Les 
travaux  qu’ont  nécessités  ces  dispositions  ont  dû 
être  longs  et  dispendieux,  car  il  a fallu  niveler 
les  terrains  en  les  disposant  par  étages  successifs 
et  en  les  coupant  par  les  nombreux  ruisseaux  qui 
doivent  amener  l’eau  aux  rizières.  La  terre  des 
rizières  parait  très-bonne  ; c’est  une  terre  légère, 
presque  noire,  et  ressemblant  à du  terreau  très- 
consommé  ; les  récoltes  aussi  y sont  belles. 

Maintenant  les  riz  sont  tous  enlevés,  et  les  ri- 
zières, asséchées  depuis  quelque  temps  déjà, 
sont  labourées  et  ensemencées  en  blé,  en  orge, 
en  fèves,  en  pois  ou  en  raves,  ce  qui  fait  que  la 
plaine  ressemble  aujourd’hui  à un  vaste  jardin 
maraîcher. 

Du  reste,  le  travail  y est  aussi  soigné  et  la 
terre  aussi  bien  cultivée  : on  voit  que  la  main- 
d’œuvre  n’est  pas  chère,  car  ils  ne  l’économi- 
sent pas. 

Aussitôt  les  grains  semés,  ils  les  fument. 
Presque  toutes  les  graines,  mêmé  le  blé,  sont 
semées  en  ligne.  Aussitôt  la  raie  recouverte  de 
terre,  un  ouvrier  passe,  portant  dans  deux 
seaux  suspendus  à un  bâton  le  fumier  liquide 
qu’il  distribue  avec  largesse  au  moyen  d’une 
petite  poche  en  Bambou. 

Dans  beaucoup  de  champs,  des  tonneaux  en- 
foncés au  niveau  du  sol  contiennent  le  précieux 
liquide.  C’est  là  un  danger  auquel  il  faudra  faire 
attention  quand  nous  irons  à la  chasse. 

Ici,  en  fait  d’arbres,  on  ne  cultive  guère  que 
les  Orangers,  une  certaine  espèce  de  Prunier 
dont  je  ne  connais  pas  la  valeur,  et  le  Diospyros 
KaJd  dont  les  fruits  sont  très-bons,  mais  main- 
tenant ils  sont  presque  finis. 

Les  environs  sont  peu  boisés,  et  les  pins  qui 


63 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


couvraient  les  montagnes  ont  presque  tous  dis- 
paru. Pour  trouver  de  beaux  arbres,  il  faut 
aller  aux  environs  des  temples,  où  il  est  défendu 
de  couper  du  bois  ; là,  on  voit  d’énormes  pins  ; 
mais  pas  un  d’entre  eux  n’est  droit:  ils  sont  tous 
plus  ou  moins  tortueux.  Un  des  plus  beaux  Coni- 
fères que  j’aie  vus  jusqu’à  ce  jour  est  le  Crypio- 
meria  Japonica,  qu’ils  appellent  ici  Sougui  ; ce- 
lui-là s’élève  tout  droit  à de  grandes  hauteurs.  On 
voit  aussi  beaucoup  d’espèces  de  Lauriers,  ou  du 
moins  des  arbres  qui  y ressemblent,  d’assez  • 
beaux  Camellias,  etc.,  etc. 

J’ai  vu  beaucoup  de  plantes  en  graines  ; mais 
en  cueillir  sans  savoir  ce  que  cela  vaut  ne  me 
semble  pas  pratique  ; aussi  aurai-je  probable- 
ment peu  de  chose  à recueillir  cet  automne.  Les 
Chrysanthèmes  sont  très-belles  et  très-abon- 
dantes ici. 

Nous  appelons  tout  particulièrement  l’at- 
tention sur  divers  passages  que  nous  venons 
de  rapporter,  sur  trois  points  principalement, 
qui  nous  paraissent  de  nature  à donner  une 
idée  plus  exacte  du  Japon  que  toutes  les 
mesures  thermométriques  qu’on  pourrait 
invoquer.  L’un  est  la  culture  des  Orangers 
qui,  paraît- il,  est  faite  sur  une  assez  grande 
échelle,  et  dont  n’ont  jamais  parlé  les  au- 
teurs — Siéhold  y compris  — qui  ont  écrit 
sur  le  Japon,  ce  qui  semble  prouver  qu’ils 
l’ont  peu,  ou  du  moins  qu’ils  l’ont  mal 
connu  ; le  deuxième  est  relatif  à la  maturité 
des  Kaki,  qui  était  à peu  près  terminée 
avant  la  fin  de  novembre,  fait  qui  a lieu  d’é- 
tonner, ces  fruits  ne  mûrissant,  même  dans 
les  parties  chaudes  de  la  France,  que  vers  la 
fin  de  décembre.  Le  troisième  point  repose 
sur  les  dimensions  considérables  et  particu- 
lièrement sur  la  beauté  tout  exceptionnelie 
que  présente,  au  Japon,  le  Cryptomeria  Ja- 
ponica, fait  déjà  signalé  par  un  observateur 
aussi  expérimenté  que  compétent,  feu  John 
Gould  Veitch,  d’où  l’on  pourrait  conclure 
que,  en  France,  cette  espèce  n’aurait  chance 
de  réussir  que  dans  certaines  parties  de  nos 
côtes  maritimes  de  l’ouest  ou  du  sud-ouest. 
C’est  à essayer.  Quant  au  perfectionne- 
ment des  cultures , on  pourrait  conclure 
que  sous  beaucoup  de  rapports  nous  ne 
sommes  pas  encore  « le  premier  peuple  du 
monde.  y> 

— Dans  une  lettre  qu’il  vient  de  nous 
adresser,  et  dont  nous  le  remercions  tout 
particulièrement,  M.  Doumet-Adanson,  pré- 
sident de  la  Société  d’horticulture  et  d’his- 
toire naturelle  de  l’Hérault,  nous  informe 
que  nous  avions  été  induit  en  erreur  relati- 
vement à la  prétendue  sécheresse  qu’il  au- 
rait faite  dans  certaines  parties  de  la  région 


du  Midi  (1),  et  que  sans  avoir  été  excessi- 
vement humide,  la  saison  l’a  cependant  été 
plus  que  dans  les  années  ordinaires,  et  que 
la  quantité  d’eau  tombée  à Cette,  « l’un  des 
points  les  plus  secs  du  pays,  a été  de 
582  millimètres,  soit  20  à 25  centimètres 
de  plus  que  la  moyenne  ordinaire...  t> 
M.  Doumet  ajoute  : 

Si  donc  l’hiver  actuel  se  distirgne  des  autres, 
ce  n’est  pas  par  la  sécheresse,  mais  par  l’éléva- 
tion anormale  de  la  température.  Nous  n’avons 
eu,  en  effet,  jusqu’à  présent,  que  trois  jours  de 
gelée;  nos  minima  nocturnes  se  maintiennent  le 
plus  souvent  entre  10  et  13  degrés  centigrades, 
et  nos  maxima  approchent  parfois  de  20  degrés. 
Sous  l’influence  de  cette  douce  température,  la 
végétation  se  met  en  mouvement,  et  l’on  a vu 
dans  certaines  communes  de  l’Hérault  des  Aman- 
diers fleuris  dès  le  20  décembre. 

Puisque  j’ai  pris  la  plume  à propos  d’une 
inexactitude  qui  s’était  glissée  dans  la  chronique 
de  la  Revue,  je  vais  en  profiter  pour  confirmer, 
au  contraire,  l’opinion  émise  par  M.  E.  Bouvet 
au  sujet  de  certaines  variétés  de  Fraises.  Je  suis 
donc  complètement  d’accord  avec  lui  pour  re- 
commander Victoria  Trollop  et  May  queen,  la 
plus  précoce  et  l’une  des  plus  fécondes  variétés 
que  l’on  cultive.  11  est  parfaitement  exact  que 
cette  dernière  a une  très-grande  tendance  à re- 
monter; je  dirai  même  que  dans  notre  Midi,  elle 
remonte  presque  toujours  quand  on  a le  soin  de 
l’arroser.  Je  ne  saurais  non  plus  être  en  désac- 
cord avec  M.  Bouvet  au  sujet  de  Sir  f/arr?/,  que 
j’ai  chaudement  recommandée  il  y a plusieurs 
années  dans  cette  revue,  ce  qui  me  valut  même 
une  polémique  aigre-douce  avec  un  de  nos  col- 
laborateurs, lequel  contestait  à cette  excellente 
Fraise  la  faculté  de  remonter,  tandis  que  je  sou- 
tenais le  fait  que  j’avais  signalé.  Je  suis  donc 
très-heureux  de  voir,  quelques  années  après, 
mon  opinion  confirmée  de  nouveau  par  l’expé- 
rience, et  dans  le  même  journal  horticole. 

Veuillez_agréer,  etc.  N.  Doumet-Adanson, 

Président  de  la  Société  d’horticulture 
et  d’histoire  naturelle  de  l’Hérault. 

— Tous  les  cultivateurs  savent  que  la 
Pomme  de  terre  Marjolin  est  l’une  des 
meilleures  et  des  plus  hâtives  que  l’on  con- 
naisse, mais  aussi  qu’elle  a le  défaut  de 
pousser  de  très- bonne  heure,  — ce  qui,  du 
reste,  est  la  conséquence  de  son  hâtiveté,  — 
et  surtout,  en  général,  de  n’émettre  qu’un 
bourgeon  à son  sommet,  et  qu’il  faut  mé- 
nager, parce  que  si  on  le  casse  il  n’en  re- 
pousse pas  d’autre,  ou  du  moins  qu’il  ne 
pousse  que  de  très-petits  bourgeons  filifor- 
mes à peu  près  improductifs.  On  est  donc 
obligé  de  ménager  ce  bourgeon  principal, 
chose  d’autant  plus  difficile  que,  poussant 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  6. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


64 

de  très-bonne  heure,  il  faut  le  préserver 
pendant  longtemps,  mettre  les  Pommes  de 
terre  par  lits  et  par  ordre,  de  manière  à ne 
pas  le  rompre,  ce  qui  occasionne  des  frais 
de  main-d’œuvre  et  nécessite  beaucoup 
d’emplacement.  D’une  autre  part  encore, 
les  tubercules  de  Pommes  de  terre  étant 
produits  par  les  bourgeons,  plus  ceux-ci 
seront  nombreux,  plus  ceux-là  seront  abon- 
dants. Aussi,  un  moyen  qui  permettrait  de 
multiplier  ces  bourgeons,  tout  en  les  rendant 
moins  susceptibles  de  se  rompre,  serait  une 
chose  très-avantageuse.  Ce  moyen  existe;  il 
est  connu  et  pratiqué  par  quelques  jardi- 
niers intelligents,  et  comme  il  nous  a paru 
avantageux  et  essentiellement  pratique,  nous 
avons  cru  devoir  en  parler,  afin  de  le  vulga- 
riser, cela  d’autant  plus  qu’il  est  très-simple 
et  des  plus  faciles  à exécuter.  Il  suffit,  en 
effet,  aussitôt  que  le  bourgeon  a atteint  4 à 
5 centimètres  de  longueur,  d’en  pincer  l’ex- 
trémité, ce  qui  fait  développer  plusieurs 
sous-bourgeons  qui,  en  multipliant  les 
tiges,  détermineront  une  augmentation  de 
tubercules.  Toutefois,  nous  croyons  que  ce 
procédé,  qui  présente  certainement  des 
avantages,  doit  retarder  un  peu  la  produc- 
tion, et,  par  conséquent,  qu’il  ne  convien- 
drait pas  de  l’employer  lorsqu’il  s’agit  de 
Pommes  de  terre  de  primeur. 

— D’une  note  publiée  par  notre  collègue, 
M.  Delaire,  secrétaire  de  la  Société  d’horti- 
culture d’Orléans,  au  sujet  de  V Araucaria 
imhricata,  Pav.,  sur  sa  fructification  au 
château  du  Colombier,  commune  de  Mon- 
contour  (Côtes-du-Nord) , nous  extrayons 
les  passages  suivants,  qui  nous  paraissent 
intéressants  pour  nos  lecteurs  ; 

Le  cône  qui  fait  le  sujet  de  cette  note 

nous  a été  communiqué  par  M.  de  Martel.  II  a 
été  récolté  sur  le  magnifique  spécimen  que  pos- 
sède M.  le  comte  de  Lorgeril,  au  château  du  Co- 
lombier (commune  de  Moncontour,  Côtes-du- 
Nord).  Les  chatons  mâles  ont  paru,  dit  M.  de 
Lorgeril,  vers  le  mois  d’août  1871,  et  ont  fé- 
condé des  cônes  femelles  qui  ont  paru  à la 
même  époque,  et  ont  été  récoltés  en  août  1872, 
c’est-à-dire  un  an  après.  Le  chaton  mâle  dressé, 
légèrement  conique,  mesurait  à peine  10  centi- 
mètres de  haut  sur  6 centimètres  de  large.  Le 
cône  femelle  mesurait  55  centimètres  de  circon- 
férence sur  20  centimètres  de  hauteur  ; les 
écailles  noires  sont  terminées  par  une  pointe  ou 
mucron  bractéiforme  ayant  la  couleur  verte  des 
feuilles.  Les  graines,  d’un  brun  roux,  sont  lon- 
gues de  4 à 5 centimètres,  anguleuses,  à angles 
arrondis,  rétrécies  à la  base,  comestibles. 

Un  fait  important,  et  qui  intéresse  la  science, 


c’est  que  cet  arbre,  que  beaucoup  d’auteurs 
avaient  cru  dioïque,  est  monoïque.  Ce  fait  vient 
confirmer  les  observations  de  M.  Rivière,  lequel  a 
constaté,  l’année  dernière,  au  mois  d’août,  des  in- 
florescences mâles  et  femelles  sur  un  Araucariaex- 
celsa  planté  dans  le  jardin  du  Hamma,  près  Alger. 

Voici,  au  sujet  de  V Araucaria  imbricata,  ce 
que  nous  écrît  M.  le  comte  de  Lorgeril,  à la  date 
du  12  septembre  1872: 

« Je  n’ai  qu’un  seul  spécimen  de  cette  espèce; 
il  est  âgé  de  quarante  ans  environ,  et  atteint  la 
hauteur  de  11  mètres;  il  porte  â la  fois  des  cha- 
tons mâles  et  des  cônes  femelles.  Sans  aucune 
précaution,  il  a résisté  jusqu’ici  aux  hivers  les 
plus  rigoureux,  ainsi  qu’aux  plus  forts  coups  de 
vent,  que  je  redoute  davantage  pour  lui  à cause 
de  sa  forte  ramure.  Son  tronc  mesure  2 mètres 
de  circonférence  à sa  base. 

Le  chaton  mâle  paraît  en  juillet-août,  au 
moment  où  se  montrent  de  leur  côté  les  pe- 
tits cônes  femelles  ; il  est  plus  allongé,  et  d’une 
longueur  de  8 à 9 centimètres.  Le  printemps 
suivant,  il  laisse  échapper  le  pollen,  et  les  cônes 
femelles  s’ouvrent  et  éclatent  au  mois  d’août, 
comme  ceux  du  Sapin  argenté,  pour  laisser 
tomber  leurs  graines. 

« Les  graines  que  j’ai  récoltées  les  années 
précédentes  m’ont  donné  de  petits  Araucaria 
très-vigoureux.  » 

— A la  date  du  10  décembre  1872,  notre 
collègue  et  collaborateur,  M.  Weber,  jardi- 
nier en  chef  au  jardin  botanique  de  Dijon, 
nous  adressait  la  lettre  suivante,  sur  laquelle 
nous  appelons  l’attention  : 

Cher  Monsieur  Carrière, 

Dans  votre  chronique  du  1er  décembre,  que 
je  viens  de  lire  seulement,  trois  faits  m’ont  par- 
ticulièrement frappé,  sur  lesquels  je  me  permets 
de  vous  faire  mes  observations,  vous  laissant 
libre  de  les  rendre  publiques  si  vous  le  jugez  à 
propos.  Le  premier  est  relatif  au  Rosier  Jules 
Marqoliin,  qui  s’est  panaché  chez  M.  Pertusati, 
à Milan.  Le  même  fait  s’est  produit  la  même 
année  à Dijon  ; le  propriétaire  s’est  empressé  de 
greffer  les  yeux  des  rameaux  dont  les  fleurs 
étaient  panachées,  et  aujourd’hui  cette  pana- 
chure  est  très-bien  fixée  : l’on  a un  Rosier  Jules 
Margotlin  bien  panaché.  J’attribuai  d’abord  ce 
fait  à cette  force  appelée  atavisme,  c’est-à-dire 
à un  retour  au  type  ; mais  à la  lecture  de  la 
lettre  de  M.  Pertusati,  j’ai  pensé  que  le  même 
fait  pouvait  encore  s’être  produit  dans  d’autres 
endroits.  11  n’est  pas  possible  de  l’attribuer  à ce 
prétendu  retour,  et  il  doit  y avoir  une  tout 
autre  cause,  par  exemple  une  modification  gé- 
nérale de  cette  variété,  un  passage,  si  l’on  peut 
s’exprimer  ainsi,  comme  on  en  a déjà  observé 
plusieurs  fois  chez  d’autres  plantes  qui  ont  pré- 
senté à la  fois  des  changements  identiques  et 
produit  les  mêmes  variétés  dans  des  pays  dif- 
férents, et  qui,  finalement,  ont  disparu  à peu  près 
à la  même  époque. 


05 


• CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  DE  FEVRIER). 


Le  second  fait  est  relatif  à la  maladie  des  I 
Pommes  de  terre,  dont  on  persiste  à trouver  les 
germes  sur  les  tubercules  mêmes  avant  la  plan- 
tation. Je  respecte  trop  le  journal  le  Garden  et 
le  rapporteur  de  l’article  pour  critiquer  et 
mettre  en  doute  leur  bonne  foi  ; seulement  je 
ferai  remarquer  que  si  le  fait  rapporté  était 
vrai,  la  maladie  devrait  commencer  par  les  par- 
ties souterraines  et  finir  par  les  liges  et  feuilles, 
tandis  que,  en  général,  c’est  le  contraire  qui  est 
; vrai,  en  France  du  moins. 

II  est  certain  que  si  l’on  plante  des  tubercules 
malades,  le  fait  rapporté  par  le  Garden  est  très- 
vrai;  et  dans  ce  cas  on  peut,  ce  me  semble, 
l’assimiler  aux  semis  de  Champignons  que  l’on 
fait  dans  certaines  localités  ; seulement,  au  lieu 
de  ne  semer  que  la  partie  renfermant  les  spo- 
I ranges,  on  sème  un  autre  végétal  renfermant 
sporanges  et  mycélium.  Quant  à moi,  je  consi- 
dère, d’après  mes  observations,  la  maladie  des 
Pommes  de  terre  comme  absolument  semblable  à 
! l’oïdium  de  la  Vigne  et  à la  tavelure  des  fruits,  et 
I je  pense  que  l’on  pourrait  préserver  les  tuber- 
cules par  les  mêmes  procédés,  c’est-à-dire  par  le 
soufrage.  A l’appui  de  mon  assertion,  je  citerai 
I le  fait  suivant.  En  1870,  j’avais  le  long  d’une 
! treille  une  collection  de  Pommes  de  terre  ; l’oï- 
dium  sévissant  alors  sur  la  treille,  je  fis  appli- 
i quer  deux  soufrages  à la  houpe,  de  sorte  qu’il 
I tombait  beaucoup  de  soufre  qui  se  répandait  sur 
i les  touffes  de  Pommes  de  terre  les  plus  près  de 
la  treille.  Quelle  ne  fut  pas  ma  surprise  lors- 
I que  je  vis  que  la  maladie  détruisait  feuilles  et 
I tiges  des  lignes  qui  n’avaient  pas  reçu  de  soufre, 

I tandis  que  celles  qui  avaient  été  soufrées  res- 

I tèrent  vertes  jusqu’à  l’arrachage.  II  en  était  de 

I même  des  tubenmles:  sur  les  pieds  dont  les 
j feuilles  avaient  été  préservées  de  la  maladie,  il 
I n’y  avait  aucun  tubercule  malade,  tandis  que 
! dans  les  autres,  il  s’en  trouvait  beaucoup  et  près 
d’un  quart,  un  mois  après  l’arrachage,  qui  étaient 
gâtés;  mais  au  lieu  de  faire  constater  le  fait 
] par  une  commission  spéciale  de  la  Société  d’hor- 
ticulture, comme  je  pensais  le  faire,  ce  sont  les 
Prussiens  qui  sont  venus  me  les  manger.  Du 
reste,  le  fait  que  je  viens  de  rapporter  ne  doit 
pas  étonner  quand  on  se  rappelle  que  plusieurs 
fois  déjà  on  a conseillé  la  suppression  des  parties 
aériennes  aussitôt  l’apparition  de  la  maladie,  afin 
de  préserver  les  parties  souterraines. 

La  troisième  observation  que  j’avais  à faire  a 
rapport  au  Fraisier  V Inépuisable  ; et  à ce  sujet 
I je  vous  dirai  que  j’ai  visité  en  octobre  dernier, 

1 chez  un  de  mes  collègues,  une  plantation  de  cin- 

i quante  pieds  de  cette  variété.  La  moitié  a été  soi- 

I gneusement  effilée  en  vue  de  faciliter  la  fructifi- 

I cation,  et  l’autre  non,  afin  d’avoir  des  filets  pour 

la  multiplication.  Les  uns  et  les  autres  n’ont 
i montré  que  quelques  rares  fleurs,  tandis  que  nos 
j bonnes  variétés  soumises  au  même  traitement 
I avaient  déjà  donné  une  bonne  récolte.  En  sera- 
I t-il  autrement  l’an  prochain?  C’est  ce  que  nous 
verrons,  et  que  je  me  propose  de  faire  connaître. 

Agréez,  etc.  J. -B.  Weber. 


— S’il  faut  en  croire  M.  Dupont  (de  Bor- 
deaux), le  phylloxéra  n’entrerait  que  pour 
une  très-petite  part  dans  la  mortalité  dont 
sont  frappés  la  plupart  de  nos  vignobles. 
C’est  du  moins  ce  qu’il  essaie  de  démontrer 
dans  un  article  qu’il  a écrit  sur  ce  sujet  et 
qui  a été  publié  dans  le  Sommai  d' Agri- 
culture pratique,  1873,  p.  78.  D’après  lui, 
le  mal,  qui  en  dernier  ressort  se  traduit  par 
une  affection  cryptogamique,  serait  plutôt 
la  conséquence  de  Vignes  plantées  dans  des 
conditions  défectueuses  : 

Si,  dit  M.  Dupont,  l’insecte  était  le  seul  cou- 
pable, ne  pouvait-on  l’arrêter  avecTinnombrable 
série  de  substances  insecticides  que  la  science 
révèle  et  dont  elle  vante  l’efficacité  ? Les  Vi- 

gnes meurent,  malgré  les  chimistes,  les  mar- 
chands d’engrais,  d’amendements  et  de  remèdes 
secrets.  Elles  meurent,  malgré  le  génie  que 
donnent  à certaines  personnalités  le  désir  de  ga- 
gner les  prix  affectés  au  destructeur  du  puceron. 
Elles  meurent cela  n’est  que  trop  vrai,  par- 

tout où  l’homme  n’aurait  pas  dû,  peut-être,  plan- 
ter de  la  vigne  ; partout  où  les  expositions  du 
sol  sont  mauvaises  ; partout  où  le  régime  des 
eaux  souterraines  est  vicieux.  Elle  meurt  partou 
où  elle  a été  frappée  par  les  accidents  atmos 
phériques  qui,  depuis  quelques  années,  ont  ca- 
ractérisé nos  saisons  et  ajouté  tant  de  désastres 
agricoles  à nos  autres  désastres. 

Un  peu  plus  loin,  M.  Dupont  ajoute  : 

Quant  à nous,  nous  avons  apporté  dans  l’étude 
de  la  maladie  qui  fait  mourir  nos  Vignes  la  plus 
impartiale  et  la  plus  sévère  attention.  Les  ra- 
vages rapides  qu’elle  fit  dans  le  Vaucluse  nous 
avaient  surpris.  Mais  avant  ces  désastres,  le  Vau- 
cluse avait  eu,  pendant  deux  ou  trois  années, 
tout  son  vignoble  couvert,  à 1“  50  de  hauteur, 
pendant  plusieurs  jours,  par  les  neiges  de  l’hi- 
ver. Le  Vaucluse  a souffert,  comme  toute  la  ré- 
gion viticole  française,  des  accidents  et  des  vi- 
cissitudes atmosphériques  qui  ont  accumulé,  pen- 
dant plusieurs  années  consécutives,  tant  de 
ruines  sur  notre  agriculture.  Les  phylloxéristes 
n’ont  pas  encore  fait  une  part  à cette  cause,  à ce 
fléau.  Et  cependant,  quelles  causes  plus  fatales 
peuvent  atteindre  cet  arbuste  si  rustique? 

Bien  que  nous  n’accordions  pas  une 
créance  absolue  à tout  ce  qu’ont  dit  les 
« phylloxeristes,))  comme  les  appelle  M.  Du- 
pont, nous  sommes  loin  de  partager  tous 
ses  dires,  et  nous  croyons  qu’il  va  trop  loin 
dans  ses  affrmations.  Qu’il  y ait  eu  de  l’exa- 
gération dans  les  rapports  qui  ont  été  faits, 
c’est  ce  que  nous  voulons  bien  croire.  Mais 
aussi,  qui  oserait  soutenir  que  M.  Dupont 
seul  ait  connu  la  véritable  cause  du  mal  ? Il 
est  toutefois  bien  entendu  que  nous  ne  pre- 
nons parti  pour  personne,  et  que  si  nous 
1 nous  préoccupons  de  cette  question,  c’est 


UNE  PYRAMIDE  DE  BEGONIAS. 


66 

parce  que  son  importance  est  telle,  que 
personne  ne  peut  y être  indifférent,  que  tous, 
au  contraire,  nous  avons  intérêt  à ce  qu’elle 
soit  résolue.  Mais,  d’un  autre  côté,  est -il 
vrai  que  le  Philloxera,  n’entre  que  pour  une 
si  petite  part  dans  les  dégâts  que  l’on  cons- 
tate et  qu’on  lui  attribue?  M.  Dupont  est-il 
le  seul  qui  aurait  vu  juste,  et,  ainsi  que  nous 
l’avons  dit  ci-dessus,  n’y  aurait-il  pas  un 
peu  d’exagération  dans  ses  dires?  C’est  ce 
qu’il  importe  de  s’assurer.  Si  les  vignes  ne 
mouraient  que  là  où  elles  ont  été  plantées 
« dans  de  mauvaises  conditions,  » on  ne  les 
verrait  pas  périr  tout  à coup  dans  tant  de 
localités  où,  de  mémoire  d’homme,  on  ne 
les  avait  même  pas  vues  malades  ? Ce  qui 
vient  encore  donner  de  la  force  à ce  que 
nous  venons  de  dire,  c’est  que  ce  mal  se  fait 
également  sentir  sur  presque  toutes  les 
Vignes  du  globe,  souvent  dans  les  conditions 
les  plus  diverses,  et  là  aussi  où  jamais  les 
Vignes  n’avaient  présenté  de  signes  d’affai- 


blissement, excepté  ceux  qui  sont  normaux, 
qui  proviennent  soit  de  l’épuisement  de  la 
Vigne,  soit  par  suite  de  la  vieillesse,  soit  à 
cause  de  l’appauvrissement  du  sol,  cas  aux- 
quels on  pouvait  facilement  remédier  soit  en 
plantant  de  jeunes  Vignes,  soit  en  donnant 
au  sol  les  éléments  qui  lui  manquaient.  On  ne 
saurait  trop  appeler  l’attention  sur  toutes 
ces  questions.  Que,  ainsi  que  le  soutiennent 
certaines  personnes,  le  phylloxéra,  au  lieu 
d’être  la  cause  du  mal,  n’en  soit  que  l’effet, 
ce  qu’on  est  forcé  d’admettre,  c’est  qu’il 
existe  un  premier  principe  autre  que  celui 
dont  a'parlé  M.  Dupont  (de  Bordeaux).  Quel 
est-il  ? 

Quant  à admetfre  que  la  perte  actuelle 
des  Vignes  du  Vaucluse  paraît  avoir  pour 
cause  la  grande  quantité  de  neige  (l""  50  de 
hauteur)  survenue  pendant  deux  ou  trois 
années,  l’hypothèse  nous  paraît  trop  invrai- 
semblable pour  qu’on  puisse  s’y  arrêter. 

E.-A.  Carrière. 


UNE  PYRAMIDE  DE  BÉGONIAS 


Je  commence  par  dire  que  les  Bégonias 
que  je  cultive  sont  tous  de  la  section  du 
Bégonia  rex  et  que  toutes  ces  plantes, 
d’après  une  expérience  de  dix  années,  sont 
parfaitement  de  serre  froide. 

J’ai  parlé  précédemment,  dans  la  Revue 
horticole^  de  la  culture  et  de  la  disposition  du 
terrain  que  j’affecte  à ces  plantes.  Si  j’y  re- 
viens aujourd’hui,  c’est  que  j’ai  employé  une 
autre  manière  de  les  présenter  à l’œil,  c’est- 
à-dire  qu’au  lieu  de  les  placer  en  amphi- 
théâtre, comme  je  l’ai  conseillé,  j’ai  disposé 
mon  terrain  en  pyramide;  c’est  ce  moyen  que 
je  vais  essayer  de  décrire  dans  cet  article. 

Cela  n’est  peut-être  pas  nouveau  ; mais 
comme  c’est  très-joli,  je  crois  devoir  en  faire 
part  aux  amateurs. 

J’ai  bâti  avec  des  pierres  brutes  et  de  la 
terre  de  bruyère  une  pyramide  de  trois 
mètres  d’élévation,  appuyée  sur  la  muraille 
d’un  des  bouts  de  ma  serre,  qui  est  plus 
longue  que  large. 

On  devra  employer,  si  l’on  peut  se  les 
procurer,  des  blocs  erratiques  vieillis  par  les 
siècles.  En  plaçant  ces  pierres,  j’ai  eu  soin 
de  ménager  sur  toute  la  surface  extérieure 
de  la  pyramide  des  cavités  que  j’ai  remplies 
de  terre  de  bruyère  dans  lesquelles  j’ai 
planté  mes  Bégonias,  en  ayant  le  soin  d’al- 
terner les  diverses  couleurs  des  belles 
feuilles  de  ces  plantes. 

Je  les  ai  entourés  ensuite,  ou  plutôt  sur 


le  devant  j’ai  formé  de  petites  cuvettes  avec 
de  la  teri'e  de  bruyère  détrempée,  afin  de 
pouvoir  recevoir  et  conserver  les  arrose- 
ments dont  ces  végétaux  sont  très-avides. 

Sur  cette  terre,  j’ai  appliqué  de  petites 
touffes  de  Selaginella  denticulata  varie- 
gata.  J’ai  aussi  mélangé  parmi  mes  Bégonias 
quelques  jolieset  gracieuses  Fougères,  telles 
que  Adiantum  capillus  veneris,  tene~ 
Tum^  etc.,  Pteris  serridata,  crût  ata  ; enfin, 
j’ai  couronné  ma  rocaille  par  un  beau  pied 
de Platy cérium alcicor ne.  Cette  Fougère  fait 
un  grand  effet  sur  l’extrême  altitude  de  ma 
construction.  C’est  surtout  au  crépuscule 
que  la  Selaginella  denticulata  variegata 
produit  son  plus  bel  effet  ; il  a pour  résultat 
d’éclairer  la  pyramide.  On  dirait  une  mul- 
titude de  petites  touffes  d’argent  se  jouant 
au  milieu  des  Bégonias  et  des  pierres. 

Si  l’on  veut  jouir  d’un  magnifique  loin- 
tain, d’une  perspective  délicieuse,  on  n’a 
qu’à  se  placer  à l’autre  extrémité  de  la 
serre,  à une  distance  de  12  mètres  environ, 
former  avec  les  deux  mains  un  tube  que 
l’on  porte  à l’œil,  et  regarder  : on  obtient 
une  petite  vue  admirable.  Tous  ces  Bégonias 
aux  resplendissantes  couleurs  métalliques, 
mélangés  aux  Fougères  si  gracieuses  et  si 
légères,  aux  Sélaginelles  argentées  et  aux 
pierres  brutes  en  grès  sillonnées  de  belles 
veines  de  quartz  blanc,  forment  un  en- 
semble du  plus  ravissant  effet. 


67 


EXPOSITION  DES  INSECTES  EN  1872. 


J’expose  ici  mes  petits  artifices  ; si  on  les 
trouve  bons,  on  pourra  les  employer. 

Je  ne  dirai  qu’un  mot  sur  la  culture  que 
je  donne  à ces  plantes,  ayant  déjà  traité  le 
sujet  dans  la  Revue.  Mes  plantes  sont  pla- 
I cées  dans  une  serre  froide  dont  les  vitres 
i sont  peintes  à riiuile,  en  couleur  blanche  ; 
I cela  l’assombrit  considérablement.  Je  laisse 
constamment  ma  serre  fermée  ; l’atmos- 
phère est  conséquemment  très-concentrée 
et  très-humide.  Peu  de  plantes  se  plaisent 
dans  un  pareil  milieu;  les  Fougères,  les 
Bégonias  sont  là,  à ce  qu’il  paraît,  dans 
leur  véritable  élément,  puisqu’ils  y viennent 
à merveille. 

j L’été,  je  donne  beaucoup  d’arrosements, 
pas  de  seringage  ; en  hiver,  peu  ou  pas 
d’arrosements.  Dans  ces  conditions,  les 

EXPOSITION  DES 

« Quand  la  fête  est  passée,  adieu  le 
) saint.  ))  C’est  ce  qu’on  répète  bien  souvent 
dans  les  diverses  circonstances  de  la  vie, 
comme  si  pour  toutes  les  choses  il  y avait 
un  à-propos,  un  moment  qu’il  faut  saisir 
pour  en  parler.  Ce  vieux  proverbe  est-il 
I vrai  d’une  manière  absolue?  Nous  ne  le 
pensons  pas  ; et  tout  en  le  considérant  vrai 
d’une  manière  générale,  nous  croyons  que 
dans  certains  cas  il  est  inexact.  La  raison 
en  est  que  lorsque  le  fait  est  passé,  son 
influence  se  fait  moins  sentir,  et  qu’alors,  en 
! y réfléchissant,  on  peut  être  amené  à tirer 
des  conclusions  plus  judicieuses,  mieux  fon- 
dées, c’est-à-dire  plus  en  rapport  avec  la 
. vérité.  Ce  sont  ces  considérations  qui  nous 
i ont  fait  ajourner  cet  article  sur  l’exposition 
i des  insectes  qui  a eu  lieu  au  mois  de  sep- 
tembre de  l’année  1872,  et  dont  probable- 
I ment  la  rédaction  eût  été  différente  si 
I nous  l’eussions  faite  « séance  tenante,  » 
I comme  l’on  dit.  Après  cette  sorte  de  digres- 
! sion,  nous  entrons  en  matière, 
i Au  lieu  de  finir  le  15  octobre,  ainsi  que 
j cela  avait  été  annoncé,  l’exposition  des  in- 
sectes  utiles  et  nuisibles.^  qui  a eu  lieu  au 
Luxembourg,  n’a  été  fermée  que  le  22  du 
j même  mois.  C’est  donc  une  prolongation  de 
sept  jours,  qui  a permis  aux  nombreux  visi- 
i teurs  d’aller  examiner,  à côté  des  insectes, 
des  collections  de  pains  d’épices,  de  dra- 
gées, de  pastilles,  d’hydromel,  et  même 
de  certains  vins,  toutes  choses  qui  étaient 
là  sous  prétexte  qu’elles  contenaient  du 
miel. 

j II  y avait  aussi  force  cires  (brute  ou  fabri- 


i 


plantes  sont  très  - vigoureuses  et  d’une 
fraîcheur  hors  ligne.  Ce  qu’il  y a surtout  de 
précieux,  c’est  qu’elles  sont  exemptes  d’in- 
sectes. 

On  pourrait  me  dire  : Puisque  les  insectes 
ne  peuvent  pas  vivre  dans  un  pareil  milieu, 
comment  les  plantes  peuvent-elles  y pros- 
pérer? Je  ne  sais  ; mais  ce  que  je  puis  af- 
firmer, c’est  que  les  plantes  que  je  viens  de 
citer  y jouissent  d’une  brillante  santé,  et 
que  les  insectes  y meurent,  particulière- 
ment le  trips,  insecte  dont  on  se  débarrasse 
si  difficilement  et  qui  défigure  prompte- 
ment les  plantes,  surtout  les  Fougères,  dont 
il  est  très-avide.  Les  limaçons  résistent  à 
tout  cela  ; mais  en  les  cherchant  de  grand 
malin  et  le  soir,  on  peut  s’en  débarrasser  fa- 
cilement. T.  Ternisien. 

INSECTES  EN  1872 

quée),  des  miels  en  gâteaux,  et  toutes  choses 
assurément  très-belles  et  dignes  d’intérêt, 
que  tout  le  monde  — nous  y compris  — a 
admirées,  ainsi  qu’un  matériel  complet 
propre  à l’apiculture,  qui,  en  somme,  avait 
bien  droit  d’être  représentée,  l’exposition 
étant  faite  sous  les  auspices  de  la  Société 
centrale  d’apiculture.  Bref,  notons  que 
tout  le  rez-de-chaussée,  ainsi  qu’une  annexe 
couverte  d’une  toile  attenant  au  local  de 
l’exposition,  étaient  entièrement  occupés  par 
des  objets  complètement  étrangers  au  pro- 
gramme, que  toute  cette  partie  ressemblait 
assez  bien  à une  boutique  d’épicerie  de 
choix,  et  montons  au  premier  étage,  qui 
seul  semblait  être  dans  l’esprit  de  l’exposi- 
tion. Faisons  d’abord  observer  que  cet  en- 
droit était  des  plus  petits,  beaucoup  trop 
petit  même.  C’était  dérisoire.  Qu’on  se 
figure,  en  effet,  un  rectangle  de  6 mètres 
de  largeur  sur  10  de  longueur,  dans  lequel 
étaient  placés  deux  rangs  de  tables  et  une 
sorte  de  pupitre-étagère,  le  tout  séparé  par 
des  chemins  de  moins  del  mètre  de  largeur 
(il  y en  avait  deux  qui  ne  mesuraient  que 
70  centimètres).  Aussi,  lorsqu’il  y avait  une 
centaine  de  personnes,  ne  pouvait-on  cir- 
culer : on  ne  marchait  pas,  l’on  grouillait  ; 
il  n’y  avait  plus  qu’une  masse  qui  s’agitait 
sans  pouvoir  voir,  mais  qui,  comme  com- 
pensation, étouffait,  et  l’on  aura  une  idée 
exacte  du  local  qui,  à vrai  dire,  renfermait 
toute  l’exposition  des  insectes  utiles  et  des 
insectes  nuisibles.  Pouvait-on  faire  plus,  et 
ne  pouvait- on  trouver  dans  Paris  un  endroit 
mieux  approprié  et  surtout  plus  grand  que 


68 


EXPOSITION  DES  INSECTES  EN  1872. 


celui  qu’on  a clioisi  ? Nous  posons  la  ques- 
tion, laissant  à nos  lecteurs  le  soin  de  la 
résoudre. 

. Si  l’on  objecte  qu’à  cette  époque  avan- 
cée de  l’année  les  orangeries  du  Luxem- 
bourg n’étaient  plus  disponibles,  on  pour- 
rait répondre  : Pourquoi  alors  a-t-on  attendu 
si  tard  pour  faire  cette  exposition,  et  que  le 
le  temps  fût  devenu  froid  ou  pluvieux,  ainsi 
que  cela  a généralement  lieu  à cette  époque 
de  l’année? 

Mais  assez  sur  ce  sujet,  et  après  ces 
quelques  réflexions  critiques,  mais  justes, 
parlons  de  ce  qu’était  réellement  l’expo- 
sition, qui,  bien  que  toute  petite,  présen- 
tait beaucoup  d’intérêt,  grâce  surtout  à la 
magnifique  collection  de  M.  Dillon,  capi- 
taine en  retraite  à Tonnerre.  Cette  collec- 
tion, aussi  nombreuse  que  bien  préparée, 
attirait  particulièrement  l’attention  des  visi- 
teurs. Chaque  insecte,  placé  sur  les  plantes 
qu’il  dévore  ou  auprès  d’elles,  portait  avec 
soi  son  enseignement.  C’était  donc  beau, 
utile  et  très-intéressant  ; aussi  ne  saurait- 
on  trop  féliciter  M.  le  capitaine  Dillon  de 
l’emploi  que  dans  sa  retraite  il  sait  donner  à 
ses  loisirs. 

A côté  de  cela,  il  y avait  bien  quelques 
autres  choses  intéressantes,  par  exemple  des 
oiseaux  divers,  et  qui,  d’après  leurs  carac- 
tères particuliers,  étaient  classés  dans  les 
catégories  utiles,  nuisibles  ou  mixtes.  Con- 
sidérant combien  il  est  difficile  de  délimiter 
ces  propriélés  — le  fait  est  complètement 
impossible,  — nous  aurions  désiré  que  la 
catégorie  des  mixtes  ou  auxiliaires  ait 
compris  à elle  seule  dix  fois,  vingt  fois, 
cent  fois  et  même  plus  d’animaux  que  les 
deux  autres  ensemble  ; car  il  n’y  a pas,  il 
n’y  a jamais  eu,  et  il  ny  aura  jamais 
d’animaux  complètement  utiles  ou  complè- 
tement nuisibles  : tel  est  utile  pour  l’im, 
qui  est  nuisible  pour  un  autre.  Il  y a plus  : 
tel  était  utile  hier,  qui  est  indifférent  au- 
jourd’hui et  sera  nuisible  demain. 

C’est  malheureusement  ce  qu’on  ne  veut 
pas  comprendre.  Cette  grande,  éternelle 
et  universelle  vérité  a été  énoncée  il  y a 
bien  des  siècles,  et  se  trouve  dans  ces 
quelques  mots  : ((  Il  n’y  a si  petit  buisson 
qui  ne  porte  ombrage.  » Qu’on  médite  bien 
ces  paroles,  et  l’on  verra  que  nous  avons 
complètement  raison. 

Tout  autour,  et  appendus  aux  murs  de  ce 
même  étage,  il  y avait  des  tableaux  d’his- 
toire naturelle,  où  presque  toutes  les  classes 
d’animaux  avaient  des  représentants,  et 
dans  lesquels  ils  étaient  classés  par  catégo- 


ries d’après  leurs  caractères,  c’est-à-dire 
d’après  leurs  instincts,  toutes  choses  qui  va- 
rient avec  les  lieux,  les  climats,  les  mi- 
lieux, etc. 

Nous  pouvons  donc  dire  d’après  ces  ta- 
bleaux ce  que,  d’une  manière  générale, 
nous  avons  dit  plus  haut.  Toutefois,  nous 
croyons  qu’il  ne  suffit  pas  de  générali- 
ser, qu’il  convient  d’appuyer  nos  dires  par 
quelques  exemples.  Commençons  par  la 
taupe,  que,  nous  ne  savons  pourquoi,  les 
savants  de  cabinet  ou  les  écrivains  à tant  la 
ligne,  souvent  aussi  étrangers  à ce  dont  ils 
parlent  que  les  habitants  de  la  terre  le  sont 
à ceux  de  la  lune,  persistent  à classer  dans 
les  animaux  utiles,  et  cela  en  dépit  des 
cultivateurs,  — ceux-là  qui  s’y  connaissent, 
— qui  leur  font  une  guerre  d’extermi- 
nation. 

Demandez  aux  savants  dont  nous  venons 
de  parler  pourquoi  ils  agissent  ainsi  ; ils  vous 
répondront  avec  une  assurance  qui  n’a  de 
comparable  que  leur  ignorance  : « C’est  que 
les  taupes  mangent  les  vers  blancs  ; aussi, 
aveugles  qui  les  tuez,  ne  vous  plaignez  pas 
si  vos  Fraisiers  sont  dévorés,  si  vos  Pommes 
de  terre  sont  mangées,  si  vos  arbres  n’ont 
plus  de  racines,  etc.,  etc.;  c’est  de  votre 
faute  ; vous  tuez  les  taupes,  ces  précieux 
auxiliaires,  etc.  » Et  tout  une  série  de  re- 
montrances de  ce  genre,  tendant  à persuader 
que  tous  les  maux  qui  arrivent  sont  le  fait 
de  l’homme,  qu’ils  sont  dus  à son  impré- 
voyance, etc.  A ces  sortes  de  jérémiades, 
dont  la  plupart  reposent  sur  des  mots,  nous 
pouvons  opposer  des  faits  et  des  témoi- 
gnages d’hommes  compétents  ; sous  ce  der- 
nier rapport,  les  témoignages  tout  récents 
d’un  taupier,  qui  nous  a affirmé  que  bien 
des  fois  il  avait  ouvert  des  taupes,  et  que 
jamais,  pour  ainsi  dire,  il  n’avait  trouvé  de 
vers  blancs  dans  leur  estomac,  qui  toujours, 
au  contraire,  renfermait  beaucoup  de  vers 
de  terre.  Bien  que  nous  sachions  qu’il  disait 
vrai,  nous  manifestâmes  des  doutes,  en  té- 
moignant le  désir  d’être  témoin  des  faits. 
Il  ne  se  fit  pas  prier,  et  à l’instant  ouvrant 
son  carnier,  il  en  tira  trois  taupes,  qu’il 
s’empressa  d’ouvrir.  C’est  alors  qu’avec  une 
satisfaction  des  plus  grandes  et  des  plus 
visibles , il  nous  dit  en  nous  montrant 
chacun  de  ces  estomacs  : ((  Voyez,  Mon- 
sieur, si  j’ai  raison  ; je  ne  mens  pas,  et  ce 
que  je  vous  affirme,  je  l’ai  toujours  vu.  » 
Quoique  ces  dires  concordassent  parfaite- 
ment avec  ce  que  nous  savions,  nous  n’étions 
cependant  pas  fâché  de  les  voir  confirmer 
d’une  manière  aussi  éclatante.  Nous  con- 


EXPOSITION  DES  INSECTES  EN  1872. 


69 


naissons  beaucoup  d’autres  faits  qui  appuient 
et  justifient  notre  manière  de  voir.  Ainsi, 
bien  souvent  nous  avons  vu  des  Fraisiers 
complètement  labourés  et  retournés  par  les 
taupes,  et  qui  néanmoins  étaient  rongés  de 
vers  blancs  ; ceux-ci  se  trouvaient  même  jus- 
que dans  les  galeries  des  taupes,  qui,  allant 
en  tous  sens  à la  recherche  des  lombrics,  ne 
touchaient  pas  aux  vers  blancs.  Nous  ne 
prétendons  pas  dire  que  les  taupes  ne  man- 
gent jamais  de  vers  blancs  ; ce  que  nous 
soutenons,  c’est  que  le  fait  est  exceptionnel, 
et  qu’alors  il  en  est  des  taupes  comme  de 
toutes  bêtes  de  la  création,  qui,  faute  de  ce 
qu’elles  aiment  beaucoup,  se  contentent  de  ce 
qu’elles  aiment  peu,  ou  même  n’aiment  pas  ; 
ce  qui  justifie  ce  proverbe  : « Quand  on  n’a 
pas  ce  que  l’on  aime,  il  faut  aimer  ce  que 
l’on  a.  » Mais  il  y a plus,  et  en  admettant, 
contre  l’évidence,  que  les  taupes  mangent 
communément  des  vers  blancs,  il  est  un 
autre  côté  de  la  question  qu’il  faut  exami- 
ner, celui  qui  dans  toutes  les  affaires  de  la 
vie  sert  de  vrai  critérium  : les  avantages  et 
les  inconvénients.  Or,  dans  cette  circons- 
tance, ceux-ci  sont  toujours  plus  considéra- 
bles que  ceux-là.  Ceux  qui  en  douteraient 
pourront  se  renseigner  auprès  des  cultiva- 
teurs et  de  TOUS  les  jardiniers,  qui,  laissant 
de  côté  les  hypothèses  toutes  gratuites  qu’on 
a émises  à ce  sujet,  jugent  d’après  les  faits, 
c’est-à-dire  d’après  la  vérité.  Voilà  pour  la 
taupe  (1). 

Parmi  les  oiseaux,  nous  avons  vu,  non 
sans  surprise,  le  milan  et  le  corbeau  classés 
dans  les  animaux  utiles  à l’agriculture,  ce 
qui  nous  paraît  difficile  à comprendre,  à 
moins  d’y  mettre  beaucoup  de  complaisance 
et  d’être  pas  mal  inconséquent.  En  effet,  si 
le  milan  et  le  corbeau  détruisent  quelques 
rongeurs,  on  semble  oublier  que  ces  oiseaux 
■ — le  milan  surtout  — se  nourrissent  pres- 
que exclusivement  d’oiseaux  insectivores,  et 
que  d’une  autre  part  le  corbeau  fait  souvent 
payer  bien  cher  ses  services,  soit  en  man- 
geant certains  fruits  (Noix,  etc.),  soit  même 
en  picorant  les  Blés  et  les  Avoines,  etc.,  lors 
des  semailles,  ou  quelque  temps  après  qu’ils 
sont  semés  et  qu’ils  entrent  en  germina- 
tion. 

On  peut  se  demander  aussi  en  quoi  les 
étourneaux  et  les  grives  sont  utiles  à l’agri- 
culture ; nous  ne  leur  voyons  rendre  aucun 
service;  mais  à côté  de  cela  nous  constatons 
qu’ils  sont  un  véritable  fléau  pour  les  Vignes 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.427,  un  article 
de  M.  Hauguel,  intitulé  : La  Taupe. 


et  surtout  pour  les  Oliviers.  Demandez-le  aux 
gens  du  Midi.  Ainsi,  en  Espagne,  aux  envi- 
rons de  Saragosse,  nous  avons  vu  des  Oliviers 
dont  chaque  année  la  récolte  était  mangée 
par  les  étourneaux , de  sorte  qu’on  était 
obligé  de  les  faire  garder.  Aussi,  là,  au  lieu 
de  les  protéger,  leur  faisait-on  ouvertement 
une  guerre  à mort  ; et  il  n’y  avait  pas  de 
nuit,  à l’arrière-saison , qu’on  n’en  tuât 
des  quantités  considérables,  des  milliers 
même,  dans  les  marais  de  la  Fmnca,  où 
ils  se  retiraient  à la  tombée  du  jour  pour 
passer  la  nuit  sur  les  arbres,  qui  alors  dis- 
paraissaient sous  leur  nombre. 

Il  n’est  pas  moins  ridicule  non  plus 
de  voir  le  gros  bec  et  le  friquet,  deux  sortes 
de  moineaux,  classés  parmi  les  animaux 
utiles  à l’agriculture,  dont,  en  général,  ils 
sont  un  fléau.  Il  en  est  à peu  près  de  même 
pour  l’horticulture.  Et  le  merle  noir,  qui 
est  également  classé  dans  les  animaux  wiiïes 
à l’agriculture,  pourquoi  ? Nous  ne  voyons 
à cela  aucune  raison.  Mais,  par  contre, 
nous  constatons  que  c’est  un  ennemi  très- 
redoutable  pour  les  jardins;  aussi,  tous  les 
jardiniers  l’ont-ils  voué  à l’exécration.  Nous 
nous  joignons  à eux.  Tout  ce  qu’on  pourrait 
dire  en  faveur  du  merle,  c’est  qu’il  cherche 
les  lombrics.  C’est  vrai  ; mais  ce  qui  ne 
l’est  pas  moins,  c’est  que  pour  détruire 
quelques  lombrics,  qui  ont  même  trouvé 
des  défenseurs , — ^ qui  n’en  pourrait 
trouver?  — ils  détruisent  des  quantités 
considérables  de  semences,  qu’ils  arrachent 
et  laissent  sur  le  sol.  Pendant  l’été,  ils  en- 
lèvent le  paillis  des  plantes,  afin  de  cher- 
cher leur  nourriture  au  pied  de  celles-ci, 
dont  ils  mettent  souvent  les  racines  à nu. 
Ils  font  de  même,  pendant  l’hiver,  des 
feuilles  ou  du  fumier  qu’on  met  autour  des 
végétaux  délicats  ou  sensibles  au  froid,  de 
sorte  qu’ils  se  trouvent  souvent  découverts  et 
gèlent  pendant  cette  saison.  Mais,  d’une  autre 
part  encore,  les  fruits  (Prunes,  Poires,  Ce- 
rises, etc.,  etc.)  n’ont  pas  de  plus  grands 
ennemxis  que  les  merles.  Voilà  d’importants 
dégâts  bien  constatés  à opposer  à des 
services  au  moins  illusoires , ou  très- 
hypothétiques.  Quant  à la  mésange,  qu’on 
considère  aussi  comme  faisant  partie  des 
animaux  utiles,  on  sait  qu’elle  est  très-re- 
doutable pour  les  ruchers  ; que,  de  plus,  elle 
fait  une  guerre  acharnée  aux  petits  oiseaux; 
que  pendant  l’hiver,  où  elle  se  montre  sur- 
tout, les  insectes  sont  excessivement  rares, 
excepté  parfois  les  jeunes  chenilles,  qui  sont 
enveloppées  dans  leurs  nids,  et  qu’elle  ne 
mange  même  que  si  elle  y est  absolument 


70 


EXPOSITION  DES  INSECTES  EN  1872. 


poussée  par  le  besoin  ; et  encore  ? Ce  que 
nous  venons  de  dire  de  la  mésange,  nous 
pourrions  le  dire  de  la  pie-grièche  écor- 
cheuse,  qui,  à cette  exposition,  était  aussi 
classée  parmi  les  animaux  utiles  ; sa  quali- 
fication, qui  indique  que  la  douceur  de  ses 
mœurs  n’est  pas  la  dominante , suffit 
pour  faire  connaître  combien  elle  est  redou- 
table pour  les  petits  oiseaux. 

Nous  avons  dit  plus  liaut  que  toutes  les 
grandes  divisions  du  règne  animal  avaient 
fourni  un  certain  nombre  d’espèces  utiles, 
ou  du  moins  regardées  comme  telles  ; c’est 
vrai.  Ainsi,  — il  faut  le  voir  pour  le  croire, 

• — parmi  les  reptiles,  on  a regardé  comme 
uiiles  à V agriculture  les  salamandres,  sorte 
de  lézard  d’eau  qui  se  meut  très-lentement 
et  avec  difficulté,  et  qu’on  ne  trouve  que 
dans  les  mares  où  l’eau  croupit,  ou  sous  les 
pierres  des  lieux  très-humides,  parfois  dans 
les  caves  malsaines  où  l’eau  ruisselle.  Le 
paysan  à qui  l’on  dirait  de  semblables  ba- 
lourdises vous  rirait  au  nez  : il  aurait  rai- 
son. Il  en  est  absolument  de  même  du  lézard, 
de  la  grenouille,  du  crapaud  et  de  la  cou- 
leuvre. Vraiment,  il  faut  avoir  perdu  l’usage 
du  sens  commun  pour  considérer  ces  ani- 
maux comme  « utiles  à l’agriculture.  » Ici 
encore,  indépendamment  qu’on  est  en  droit 
de  contester  le  fait,  il  y a inconséquence  et 
illogisme.  En  effet,  si  les  grenouilles  et  les 
crapauds  sont  utiles  à l’agriculture,  ce  qui 
est  plus  que  douteux,  la  couleuvre,  qui  s’en 
nourrit  presque  exclusivement,  lui  est  donc 
indirectement  nuisible  ! Et,  d’une  autre 
part  encore,  la  couleuvre  n’est-elle  pas  l’en- 
nemi le  plus  redoutable  pour  tous  les  oiseaux 
insectivores  qui  nichent  dans  les  buissons, 
et  dont  elle  dévore  les  œufs,  les  petits,  et 
même  les  pères  et  mères  quand  elle  peut 
les  joindre?  Ce  sont  là  des  faits  bien  connus 
des  cultivateurs  et  des  paysans,  qui  n’en 
disent  rien,  mais  complètement  ignorés  de 
ceux  qui  en  parlent  et  qui  se  posent  en  édu- 
cateurs du  peuple.  C’est  ainsi  qu’on  écrit 
l’histoire. 

La  classe  des  insectes  a aussi  fourni  son 
tribut.  Comme  toutes  les  autres,  elle  conte- 
nait des  sauveurs,  des  « auxiliaires,  » di- 
rait-on. Parmi  cette  classe,  où  tout  ce 
qui  a été  dit  et  fait  est  contestable,  nous 
ferons  seulement  remarquer  la  famille  des 
arachnides,  en  nous  bornant  au  genre 
araignée,  au  sujet  duquel,  dans  un  tableau, 
est  écrit  cette  phrase  : « L’araignée,  si  ré- 
pulsive, si  calomniée,  n’est  nullement  nui- 
sible aux  horticulteurs.  Elle  fait  la  guerre  à 
certaines  larves  de  mouches,  et  rend,  sous 


ce  rapport,  de  véritables  services.  » Ici  en- 
core, nous  relevons  cette  phrase,  dont  nous 
n’hésitons  pas  à contester  la  valeur.  D’abord, 
ce  qui  est  certain,  c’est  que  c’est  avec  raison 
qu’on  la  repousse  comme  étant  malsaine  ; 
et,  d’une  autre  part,  il  est  loin  d’être  prouvé 
qu’elle  mange  des  larves  : des  mouches, 
oui;  mais,  toutefois,  c’est  en  quantité  si  mi- 
nime, qu’il  faut  être  bien  à court  de  faits 
pour  invoquer  celui-ci.  D’une  autre  part  en- 
core, ainsi  que  nous  l’avons  déjà  dit,  les 
mouches  n’ont-elles  pas  trouvé  des  défen- 
seurs dans  certains  naturalistes,  qui  ont  vu 
en  elles  des  sortes  de  gardiens  hygiéniques 
chargés  de  faire  disparaître  les  cadavres 
qui,  abandonnés,  vicieraient  l’air  et  le  ren- 
draient insalubre?  Mais,  à côté  de  ces  hypo- 
thèses toutes  gratuites,  ce  qui  est  vrai,  et 
que  les  jardiniers  savent  très-bien,  c’est 
que,  en  quelques  heures,  les  araignées 
peuvent  détruire  un  bon  nombre  de  cer- 
taines espèces  de  jeunes  plantes , des 
Carottes,  par  exemple.  C’est  donc  avec 
raison  que  les  horticulteurs  les  accusent, 
et  ceux  qui  ont  tort,  ce  sont  ceux  qui  les 
défendent,  sans  les  connaître  autrement  que 
de  nom  et  sans  les  avoir  vues  ailleurs  qu’en 
gravures. 

Nous  n’en  finirions  pas  s’il  nous  fallait 
relever  toutes  les  absurdités  qu’on  a dites 
en  ce  genre,  et  il  n’est  pas  un  de  ces  dires 
qui  ne  puisse  être  contesté,  ce  qui  pourtant 
n’est  pas  non  plus  une  raison  pour  repous- 
ser tout  ce  qui  a été  dit  et  écrit  sur  ce  sujet. 
Que  certains  animaux  en  mangent  d’autres, 
le  fait  n’est  pas  douteux  ; c’est  même  la 
grande  loi  universelle  à laquelle  nous- 
mêmes  sommes  soumis,  et  sous  ce  rapport 
on  peut  sans  crainte  nous  placer  en  pre- 
mière ligne. 

Faut-il,  de  tout  ce  qui' précède,  conclure 
que  l’exposition  dont  nous  venons  de  parler 
a été  tout  à fait  infructueuse  ? Ce  serait  un 
tort.  Elle  a été  utile  aux  exposants,  aux  épi- 
ciers surtout,  qui  ont  pu  étaler  certains  de 
leurs  produits.  Elle  ne  l’a  pas  été  moins 
pour  le  public,  principalement  pour  ceux 
qui  savent  voir  et  veulent  apprendre;  car  là, 
en  présence  de  ces  contradictions,  ils  ont  pu 
réfléchir  et  voir  que  tout  étant  à la  fois  utile 
et  nuisible,  on  ne  doit  rien  rejeter  d’une 
manière  absolue , et  que,  en  fait  d’utilité  ou 
de  nuisibilité,  il  n’y  a de  vrai  critérium  que 
l’intérêt  particulier,  ce  que  nous  allons  es- 
sayer de  démontrer  en  terminant  cet  ar- 
ticle, en  employant  pour  cela  l’hypothèse 
suivante  : 

Dans  un  champ  de  Pommes  de  terre,  en 


K^üue.  Horfwole 


Chr'07'Tooïiih--  G-.  Se-verej^7zs . 


Miocretaxy,  ôieZ'- 


Poij^e  Riocr^ciia: . 


POIRE  RIOCREUX. 


71 


apercevant  des  pies  et  des  geais  qui  pico- 
rent dans  ce  champ  pour  chercher  des 
vers  blancs  afin  de  s’en  nourrir,  vous  vous 
écriez  : ((  Quels  précieux  oiseaux  ! Voilà  bien 
les  véritables  amis  de  l’homme  ! Que  de 
services  ils  lui  rendent  ! Et  pourtant,  com- 
bien de  fois,  dans  son  aveuglement,  ne  lui 
arrive-t-il  pas  de  les  tuer!...  y>  Cela  se  pas- 
sait il  y a quelques  jours  ; aujourd’hui,  vous 
voyez  ces  mêmes  oiseaux  manger  vos  Ce- 
rises, vos  Pois,  etc.  Oh  ! cette  fois,  vous  êtes 
animé  de  sentiments  bien  différents  : ce  sont 
des  ennemis,  et  vous  les  traitez  comme  tels. 
Voici  un  autre  exemple  : en  vous  prome- 
nant dans  votre  jardin,  vous  apercevez  des 
moineaux  qui  font  la  chasse  à des  hanne- 
tons. Vous  êtes  contents , et  vous 
n’hésiteriez  pas  à les  défendre  si  quel- 
qu’un cherchait  à leur  faire  du  mal. 
Tout  à coup  ces  moineaux  s’envolent  et 
vont  s’abattre  sur  les  treilles  de  votre  voi- 
sin, où  ils  se  mettent  à picorer  le  Raisin. 
Que  va  faire  celui-ci  ? Ce  que  nous  ferions 
si  nous  étions  à sa  place  : les  tuer  s’il  le 
peut.  Et  pourtant,  qui  fait  agir  si  différem- 
ment? Le  même  mobile  : Vîntérêt,  qui  s’est 
déplacé.  Quant  aux  oiseaux,  ils  obéissent 
à leur  nature;  ils  remplissent  leur  rôle 
harmonique,  qui  est  fatalement  déterminé 
par  les  grandes  et  universelles  lois  aux- 
quelles tout  est  soumis... 

Mais  malgré  cela,  et  quoi  qu’il  en  soit,  il 


faut  bien  reconnaître  qu’il  y a des  animaux 
— des  insectes  surtout  - — qui  nous  sont 
particulièrement  nuisibles,  et  que  notre  in- 
térêt nous  autorise  à détruire.  C’est  alors 
un  cas  de  légitime  défense,  l’application  de 
cette  expression  aussi  vraie  qu’elle  est  phi- 
losophico -poétique,  employée  par  l’immortel 
Darwin  : une  conséquence  de  la  (C  bataille 
de  la  vie.  y>  Mais  à côté  de  ces  nombreux 
dégâts,  qui,  certes,  n’étaient  pas  faits  pour 
nous  apitoyer  sur  le  sort  des  délinquants, 
on  avait  eu  soin  de  placer  un  correctif,  de 
sorte  que  nous  pouvons  nous  rassurer,  car 
si  les  maux  sont  grands,  les  remèdes  pa- 
raissent être  proportionnés,  du  moins  si  l’on 
en  juge  par  les  spécifiques  exposés,  mis  en 
regard  avec  les  fléaux  qu’ils  sont  chargés 
de  combattre.  On  voyait  là  des  c(  panacées 
universelles,  y>  auxquelles  on  aurait  vrai- 
ment tort  de  ne  pas  recourir,  et  dont,  par 
conséquent,  nous  devons  citer  les  noms,  en 
nous  réservant  d’y  revenir  à l’occasion  : 
c’était  V Insecticide  foudroyant,  la  Poudre 
insecticide  Tachet,  VInsecticide  liquide 
Carnet,  VInsecticide  alcoolique,  etc.,  etc., 
moyens  « infaillibles  pour  détruire  tous 
les  insectes.  » A ce  sujet,  nous  devons  re- 
connaître que  tous,  aussi,  sont  brevetés 
((  sans  garantie  du  gouvernement,  » fort 
heureusement  pour  ce  dernier. 

E.-A.  Carrière. 


POIRE  RIOCREUX 


Cette  variété,  dédiée  par  M.  Decaisne 
au  célèbre  aquarelliste  M.  Riocreux,  tout 
particulièrement  connu  des  lecteurs  de  la 
Revue  horticole  dont  il  fait  les  aquarelles, 
est  issue  d’un  semis  de  Belle- Alliance  fait 
au  Muséum  par  feu  Louis  Cappe  (2),  à qui 
l’horticulture  doit  tant,  et  qui  a contribué  pour 
une  très-large  part  à la  partie  des  Poires, 
dans  le  Jardin  fruitier  du  Muséum.  En 
voici  la  description  : 

Arbre  de  vigueur  moyenne,  très-produc- 
tif. Scions  nombreux  dressés,  à écorce  brun 
jaunâtre,  luisante,  à peine  marquée  çà  et  là 
de  très-petits  points  blancs.  Feuilles  arquées, 
relativement  petites,  rappelant  un  peu  celles 
du  Saint- Germain,  coriaces,  luisantes,  d’un 
vert  très-foncé,  courtement  dentées  (les 
feuilles  des  parties  fructifères,  allongées  et 

(1)  Alfred  Riocreux,  né  à Sèvres  (Seine-et-Oise), 
le  8 janvier  1820. 

(2)  Voir  Revue  horticole,  1868,  p.  226. 


éîroites,  sont  portées  sur  un  pétiole  grêle, 
très-long).  Fruits  réunis  en  bouquets,  plus 
rarement  solitaires,  très-allongés  et  régu- 
lièrement calebassiformes,  renflés  arrondis 
aux  deux  bouts,  rétrécis  au  milieu.  Queue 
grosse,  courte  (25-30  millimètres),  droite 
ou  légèrement  oblique.  Peau  unie,  d’un  vert 
mat,  jaunâtre,  cireux  à la  maturité,  fine- 
ment pointillée,  parfois  légèrement  maculée 
ou  réticulée  gris  (crottée),  surtout  près  delà 
queue,  quelquefois  lavée-flagellée  rouge  sur 
les  parties  fortementinsolées.  Œil  petit  placé  à 
fleur  du  fruit,  à divisions  grosses,  presque 
droites,  rapprochées,  raides.  Chair  blanche 
excessivement  fondante  (beurrée),  dépour- 
vue de  granules  (pierres),  contenant  en 
abondance  une  eau  sucrée,  très-finement  et 
agréablement  relevée,  et  d’un  parfum  ex- 
quis ; pépins  peu  nombreux,  de  couleur 
roux  brunâtre. 

Le  Poirier  Riocreux  mûrit  ses  fruits  en 
août-septembre;  ces  fruits  ne  sont  pas  seu- 


72  PLANTATIONS  COSMOPOLITES.  — 

lement  très-bons  ; ils  sont  beaux  <c  paient 
de  mine,  )>  comme  l’on  dit  vulgairement;  ils 
sont  donc  d’un  placement  facile.  Les  arbres 
que  nous  possédons,  greffés  sur  Cognassiers, 
poussent  assez  faiblement,  quoiqu’ils  se 
maintiennent  dans  un  parfait  état  de  santé. 


CHÊNE-CHAPELLE  D’ALLOUVILLE. 

ce  qui  fait  supposer  qu’on  devra  greffer  sur 
franc,  si  l’on  veut  avoir  des  arbres  vigou- 
reux. — Les  personnes  qui  désireront  se 
procurer  cette  variété  devront  s’adresser  à 
M.  Jamin,  pépiniériste,  1,  Grande-Rue,  à 
Bourg-la-Reine.  E.-A.  Carrière. 


PLANTATIONS  COSMOPOLITES 


Ce  titre,  qui  pourra  paraître  prétentieux 
à quelques  lecteurs  de  la  Revue  horticole 
est  cependant  bien  le  plus  exact  que  l’on 
puisse  appliquer  aux  plantations  dont  nous 
allons  parler.  Que  nos  lecteurs  se  rassurent, 
du  reste;  nous  ne  voulons  pas  entreprendre 
ici  un  travail  complet  sur  tout  ce  qui  pour- 
rait se  faire  dans  ce  genre  de  plantation  ; 
non,  notre  but  est  tout  simplement  de  faire 
connaître  le  résultat  des  expériences  que 
nous  poursuivons  depuis  quelques  années, 
et  de  faire  entrer  dans  la  composition  de 
nos  jardins  et  de  nos  parcs  certains  végé- 
taux cultivés  encore  de  nos  jours  dans  nos 
serres  et  nos  orangeries,  et  qui  pourraient 
jouer  un  rôle  très-important  dans  l’orne- 
mentation des  jardins. 

Si  l’on  jette  un  coup-d’œil  sur  les  plan- 
tations anciennes  ou  récentes,  on  rencontre 
à peu  près  partout  les  mêmes  arbres  et  ar- 
bustes, à part  quelques  rares  exceptions. 

La  création  des  paysages  est  devenue  de 
nos  jours  une  des  plus  importantes  bran- 
ches de  l’horticulture;  mais  ne  dirait-on  pas 
que,  tout  en  perfectionnant  cet  art,  on  se  soit 
préoccupé  spécialement  de  la  forme  en  né- 
gligeant un  peu  trop  le  fond?  Pour  rendre 
notre  pensée  plus  compréhensible,  que  l’on 
nous  permette  de  prendre  pour  comparaison 
une  maison  à laquelle  on  cherche  à donner 
une  forme  gracieuse  et  élégante,  et  dont 
l’ameublement  intérieur,  tout  à fait  ordi- 
naire, ne  répond  nullement  aux  apparences 
extérieures.  Toutefois,  nous  ne  contestons 
pas  que  la  forme  à donner  aux  pelouses,  les 
courbes  gracieuses  des  allées,  les  vallon- 
nements bien  compris,  les  rochers,  les  cas- 
cades et  les  pièces  d’eau  pittoresquement 
combinés  ne  soient  d’une  grande  importance  ; 
mais  tout  ceci  devant  rester  par  sa  nature 


même  à peu  près  invariable,  l’œil  s’y  habi- 
tue, et  au  bout  de  quelques  années  on  ar- 
rive à trouver  monotone  ces  sites  que  l’on 
trouvait  d’abord  charmants,  surtout  si,  après 
leur  création,  les  végétaux  qui  doivent  com- 
pléter la  parure  ne  venaient  chaque  année 
y apporter  quelques  charmes  nouveaux,  les 
uns  par  leur  feuillage,  les  autres  par  leurs 
fleurs  et  leurs  fruits,  d’autres,  enfin,  par 
leurs  formes  infiniment  variées.  Mais  à cette 
grande  famille  de  végétaux  déjà  nombreux 
employés  à la  décoration,  n’y  a-t-il  rien  à 
ajouter?  Telle  est  la  question  que  nous  nous 
sommes  posée  lorsque  nous  sommes  entré 
dans  la  carrière  d’architecte-paysagiste. 

Sans  doute,  le  dernier  mot  n’est  pas  dit  ; 
il  y aura  toujours  à faire,  à chercher. 
Certains  végétaux  déjà  sont  venus  jeter  une 
heureuse  diversion,  et  donner  un  cachet 
tout  particulier  aux  plantations  ; tels  sont 
les  Rhododendrum  arhoreum,  les  Camel- 
lias,  les  Azalées  de  l’Inde,  les  Orangers,  les 
Nériums,  les  Myrthes,  certains  Palmiers, 
des  Mimosas,  des  Ericas,  etc.  Que  l’on  se 
figure  un  jardin  complanté  en  partie  avec 
les  arbrisseaux  que  nous  venons  de  nom- 
mer, et  l’on  pourra  se  faire  une  idée  de  ces 
ravissants  tableaux  que  nous  offrent  les  jar- 
dins des  environs  du  golfe  Juan,  de  Cannes, 
de  Nice,  etc.  Quelle  différence  de  vigueur 
de  ces  plantes  cultivées  en  pleine  terre  à 
côté  de  celles  que  nous  cultivons  en  pots,  et 
qui,  malgré  tous  les  soins  que  nous  mettons 
à leur  procurer  de  la  nourriture,  restent 
toujours  dans  un  étal  relativement  languis- 
sant, et  ont  toujours  l’air  de  pauvres  pri- 
sonniers que  le  manque  d’air  et  d’espace 
affaiblit  et  fait  vieillir  prématurément  ! 

Léon  Aurange. 


CHÈNE-GHAPELLE  D’ALLOUYILLE 


L’arbre  dont  nous  allons  parler  et  que  re- 
présente la  figure  8 est  peut-être  un  des 
plus  curieux  qu’il  y ait  en  France,  tant  au 
point  de  vue  historique  qu’à  celui  de  sa  vé- 


gétation. Nous  allons  essayer  d’en  faire  la 
description,  envisagée  sous  ces  deux  rap- 
ports. 

Historique.  — Nous  avons  pour  nous  aider 


CHÊNE  CHAPELLE  D’ALLOUVILLE. 


73 


dans  cette  recherche  une  brochure  publiée 
à Bolbec  en  1863,  mais  qui  malheureuse- 
ment ne  nous  donne  pas  les  détails  essen- 
tiels, c’est-à-dire  ceux  de  son  origine  et  de 
sa  plantation. 

On  dit  bien  que  cet  arbre  est  très-âgé 
(dix  siècles  peut-être),  mais  rien  de  pré- 
cis, pas  même  d’à  peu  près,  sur  ce  point 
qui  est  des  plus  importants.  Comme  fout 
ce  qui  est  vieux,  ce  Chêne  jouit  d’une 
sorte  de  respect  et  de  vénération  ; on  en  a 
même  fait  un  monument  religieux,  ce  qui 
peut  s’expliquer  : par  la  position  toute 

particulière  qu’il  occupe,  étant  placé  près 
de  l’église  qui,  comme  cela  avait  lieu  par- 


tout dans  l’antiquité,  est  entourée  du  cime- 
tière ; 2"  par  la  cavité  considérable  que 
contient  son  tronc,  et  dont  on  a fait  deux 
chapelles,  fait  attesté  par  une  inscription 
qui  se  trouve  au-dessus  de  la  porte  de  la 
chapelle  intérieure,  et  qui  est  ainsi  conçue  : 
« A Notre-Dame-de-la-Paix^  érigée  par 
M.  Vahhé  du  Détroit,  en  i696,  » Cette 
cavité,  dont  la  partie  noire  de  la  figure  8 
indique  l’entrée,  n’a  pas  moins  de  1*"  60 
de  diamètre  à l’intérieur  ; la  base  est  par- 
quetée ; le  pourtour  est  fait  de  planches 
bien  jointes  et  très-propres. 

La  cavité  dont  nous  venons  de  parler 
indique  déjà  le  diamètre  considérable  que 


doit  avoir  le  tronc  de  ce  Chêne  qui  est  d’en- 
viron 5"^  40. 

L’écorce,  qui  est  subéreuse  et  profondé- 
ment fendillée,  présente  jusqu’à  10  centim. 
et  même  plus  d’épaisseur.  La  hauteur  de 
l’arbre  est  d’environ  15  mètres  ; l’extrémité 
a été  coupée  ou  brisée  à une  époque  reculée, 
et  là  où  a eu  lieula  troncature,  dans  une  sorte 
de  dépression,  on  a construit  une  espèce  de 
clocheton,  terminé  par  une  croix  qui  s’élève 
presque  à la  même  hauteur  que  les  branches 
supérieures. 

Des  plaies  nombreuses  et  larges,  pro- 
venant de  la  suppression  de  grosses  bran- 
ches, sont  recouvertes  avec  soin  de  plan- 
chettes qui  les  mettent  à l’abri  des  in- 


fluences atmosphériques.  A une  certaine 
hauteur,  presque  au-dessus  de  la  chapelle 
inférieure,  on  en  a construit  une  autre  — 
toujours  dans  l’intérieur  du  tronc  — à la- 
quelle on  monte  par  un  escalier  externe 
disposé  en  spirale,  ainsi  que  le  montre  la 
figure  8. 

Bien  que  très-âgé  et  sans\cœur,  le  Chêne 
d’Allouville -Bellefosse  , qui  appartient  à 
l’espèce  pedunculata,  n’en  est  pas  moins 
très-vigoureux  ; ses  branches  très-longues 
et  très-grosses,  étalées-divariquées,  relevées 
à leur  sommet,  se  couvrent  chaque  année 
d’un  beau  et  large  feuillage,  et  ordinaire- 
ment aussi  d’une  grande  quantité  de  glands. 
Pour  donner  une  idée  de  l’étendue  de  ces 


74 


CHÊNE-CHAPELLE  D’ALLOUVILLE. 


branches,  il  nous  suffira  de  dire'  qu’elles 
couvrent  une  surface  de  236  mètres 
carrés. 

Origine.  — Ainsi  que  nous  l’avons  dit 
ci-dessus,  on  ne  connaît  rien  de  certain  sur 
l’origine  du  Chêne  d’Allouville,  et  la  bro- 
chure sus-indiquée  ne  nous  apprend  rien 
à ce  sujet,  sinon  qu’autrefois  une  ceinture 
d’arbres  bordait  le  cimetière  où  il  se 
trouve  actuellement  placé,  et  que  c’est 
((  probablement  » un  de  ceux-ci  qui  sera 
resté.  Ainsi  qu’on  le  voit,  il  n’y  a dans  ces 
dires  rien  de  certain;  tout,  au  contraire,  est 
vague,  et  nous  avouons  que  l’examen  le  plus 
minutieux  que  nous  avons  fait  des  lieux 
est  loin  de  nous  convaincre;  aussi  allons- 
nous  essayer  d’émettre  une  tout  autre  hy- 
pothèse sur  l’origine  de  ce  Chêne  si  l’emar- 
quable.  Disons  toutefois  que  cette  hypo- 
thèse n’est  pas  entièrement  de  (c  notre 
crû,  ))  comme  l’on  dit,  et  que  nous  l’avons 
entendu  formuler  par  une  personne  très- 
âgée  d’Allouville  à laquelle  nous  deman- 
dions quelques  renseignements,  et  quelle 
était  son  opinion  sur  ce  Chêne  qui  fait  l’or- 
gueil de  la  commune,  à la  réputation  de 
laquelle  il  a largement  contribué.  Ce  vieil- 
lard nous  assurait  que,  dans  sa  jeunesse,  il 
avait  entendu  dire  à des  gens  d’un  âge  très- 
avancé  «c  que  ce  Chêne  était  un  reste  d’une 

forêt  qui  avait  été  détruite i)  Si  cela 

n’est  pas  absolument  vrai,  ce  n’en  est  pas 
moins  très-vraisemblable,  et  il  n’y  a dans 
ce  récit,  qui  est  une  sorte  d’écho  de  la  tra- 
dition, qui  dans  cette  circonstance  a une 
très-grande  valeur,  rien  qui  ne  puisse  être 
admis  et  même  expliqué,  sinon  justifié, 
lorsque,  examinant  les  lieux  et  remontant 
la  série  des  siècles,  l’on  essaie  de  se  rendre 
compte  de  ce  que  ces  derniers  produisent, 
et  qu’on  ose  en  tirer  les  conséquences. 
Pour  le  cas  qui  nous  occupe,  la  tâche  n’est 
même  pas  très-difficile,  car  il  y a encore 
des  sortes  de  témoins,  des  jalons  ou  des 
points  de  repère.  En  effet,  lorsqu’on  exa- 
mine la  commune  d’Allouville  et  surtout 
ses  environs,  on  semble  reconnaître  que 
tout  est  relativement  récent,  de  sorte  que 
si,  d’une  part,  en  essayant  de  remonter  les 
âges,  l’on  réfléchit  que  presque  partout  le 
sol  était  antérieurement  couvert  de  forêts,  que 
d’une  autre  part,  il  ne  faut  pas  encore  aller 
bien  loin  — 3 kilomètres  environ,  croyons- 
nous  — pour  trouver  une  forêt , — celle 
de  Maulevrier,  — l’on  comprendra  qu’il  n’y 
a rien  de  forcé  à admettre  que  cette  forêt  de 


Maulevrier  s’étendait  autrefois  jusqu’à  Allou- 
ville,  peut  être  même  beaucoup  plus  loin,  et, 
que,  avec  les  siècles,  l’augmentation  et  l’ex- 
tension de  la  population  aient  nécessité 
l’abatage  successif  des  forêts.  N’est-cè  pas 
du  reste  ainsi  que  se  sont  toujours  passées 
les  clioses  et  qu’elles  se  passent  encore  de 
nos  jours?  Dans  cette  circonstance,  et  en 
admettant  comme  un  fait  l’hypothèse  que 
nous  venons  d’émettre,  qu’y  a-t-il  d’éton- 
nant  qu’on  ait  ç’i  et  là  conservé  certains 
bouquets  de  bois  d’abord,  puis,  ceux-ci  dis- 
paraissant à leur  tour,  que  quelques  arbres 
seuls  aient  été  épargnés,  et  que  le  Chêne 
d’Allouville  ne  soit  un  de  ceux-ci?  C’est 
encore,  nous  le  répétons,  de  cette  manière 
que  les  choses  se  passent  de  nos  jours. 
Des  circonstances  particulières  qu’on  ne 
peut  apprécier,  mais  que  par  analogie  l’on 
peut  supposer,  tels  que  d’abord  la  grosseur 
ou  l’aspect  particulier  de  l’arbre,  un  fait 
qui  s’y  rattache,  peuvent  aussi  avoir  con- 
tribué à la  conservation  de  ce  vétéran  de  la 
végétation. 

On  a dit  que  les  arbres  sont  des  témoins 
« muets.  ))  Est-ce  vrai?  Et  n’est-ce  pas 
plutôt  parce  que,  s’adressant  au  jugement, 
les  arbres  parlent  un  langage  particulier 
que  le  jugement  seul  peut  comprendre, 
qu’on  a admis  cette  hypothèse  ? Les  arbres 
sont  des  sortes  de  caractères  hyéroglyphiques 
dont  il  faut  chercher  la  clef.  Nous  n’igno- 
rons pas  que  dans  ces  sortes  de  recherches 
il  faut  être  prudent,  craindre  les  écarts. 
Mais  là  où  l’on  n’a  rien  de  certain,  que  tout 
repose  sur  des  hypothèses,  est-ce  un  mal 
de  s’aventurer,  d’essayer  à aller  plus  loin  à 
l’aide  d’autres  hypothèses?  Nous  croyons  le 
contraire;  et  c’est  là  ce  qui  explique  les 
suppositions  que  nous  venons  de  faire.  Il  va 
sans  dire,  du  reste,  que  nous  n’y  attachons 
pas  autrement  d’importance,  notre  but  étant 
plutôt  d’appeler  sur  ce  sujet  l’attention  des 
hommes  compétents,  ce  que  nous  n’avons 
nullement  la  prétention  d’être. 

Au  point  de  vue  scientifique,  le  Chêne 
d’Allouville  ne  présente  rien  de  parti- 
culier, si  ce  n’est  sa  grande  longévité  et  une 
preuve  de  plus  que  la  vie  dans  les  végétaux 
s’exerce  surtout  à la  périphérie,  ce  qui  est 
le  contraire  chez  les  animaux — chez  les  ani- 
maux supérieurs  du  moins.  — Quant  à ses 
caractères,  ils  sont  semblables  à ceux  que 
présente  l’espèce  à laquelle  il  appartient  : 
au  Quercus  pedunculata. 

E.-A.  Carrière. 


TOILES-ABRIS. 


75 


TOILES-ABRIS 


Il  ne  suffit  pas  qu’une  chose  soit  bonne 
pour  qu’elle  soit  profitable  ; il  faut  surtout 
qu’elle  soit  connue.  Combien,  en  effet,  pas- 
sent inaperçues  ou  sont  à peine  remarquées, 
bien  qu’elles  pourraient  rendre  d’immenses 
services  ! De  ce  nombre,  en  nous  plaçant  au 
point  de  vue  horticole,  le  seul  qui,  ici,  doit 
nous  préoccuper,  nous  n’hésitons  pas  à dire 
que  les  toiles-abris  dont  nous  allons  par- 
ler doivent  entrer  en  première  ligne. 

Mais,  indépendamment  du  bon  usage  des 
choses,  c’est-à-dire  de  leur  valeur  réelle,  il 
y a aussi  ïà-propos,  et  cette  fois  encore 
les  circonstances  viennent  nous  servir.  En 
effet,  l’absence  à peu  près  complète  d’hiver, 
une  température  régulière,  non  seulement 
douce,  mais  relativement  chaude,  ont  fait 
que  les  plantes  ont  à peine  cessé  de  végé- 
ter, que  beaucoup  même  ont  une  avance  de 
deux  mois,  au  moins,  sur  les  années  ordi- 
naires. Mais  comme  d’une  autre  part  l’in- 
constance et  l’irrégularité  des  saisons  sont 
telles  sous  notre  climat  qu’on  a toujours  à 
craindre  les  contre-temps  tant  qu’on  n’est 
pas  arrivé  à la  première  quinzaine  de  mai, 
on  peut  donc  redouter  les  gelées  tardives, 
et  par  contre,  on  doit  se  mettre  en  mesure 
d’y  parer. 

Bien  qu’un  bon  nombre  d’espèces  de 
plantes  pourraient  souffr  ir  de  ces  froids  tar- 
difs. ce  sont  surtout  les  arbres  fruitiers  qui 
donnent  de  plus  grandes  craintes,  ce  qui  se 
comprend,  eu  égard  à la  valeur  des  produits. 
Qu’une  plante  herbacée  souffre  du  froid, 
qu’elle  soit  « pincée,  » comme  l’on  dit  vul- 
gairement, c’est  un  mal,  sans  doute,  mais  qui 
toutefois  n’est  pas  comparable  à celui  qui  se 
produit  quand  le  fait  a lieu  sur  les  arbres 
fruitiers,  d’abord  parce  qu’alors  la  perte  est 
complète,  puisque  c’est  une  année  de  per- 
due, et  que  d’une  autre  part  elle  est  intrin- 
sèquement beaucoup  plus  considérable.  Au 
contraire,  lorsque  ce  même  mal  s’exerce 
sur  des  végétaux  d’ornement,  indépendam- 
ment que  la  valeur  est  toujours  beaucoup 
moindre,  il  arrive  même  que  pour  beaucoup 
cela  n’occasionne  qu’un  relard,  et  qu’après 
les  premiers  bourgeons  gelés  il  en  repousse 
d’autres  qui  fleurissent  et  même  fructifient, 
comme  cela  a lieu  normalement. 

Après  ces  considérations  générales,  nous 
croyons  qu’il  convient  de  dire  quelques 
mots  de  la  gelée,  et  de  rappeler  comment 
son  action  s’exerce,  de  manière  à indiquer 


comment  on  doit  agir  pour  en  paralyser 
l’action.  La  gelée,  on  le  sait,  est  un  résultat 
du  rayonnement  des  corps  avec  l’espace, 
d’un  échange  de  calorique  qui  se  fait  conti- 
nuellement entre  eux  jusqu’à  ce  qu’ils  soient 
parvenus  à un  équilibre  relatif  de  tempéra- 
ture, ce  qui  indique  que  tous  les  corps  ten- 
dent à gagner  ou  à perdre  (à  se  réchauflér 
ou  à se  refroidir)  de  la  chaleur.  Or,  cet 
échange  se  faisant  toujours  (du  moins  dans 
les  premiers  temps,  et  lorsque  la  tempéra- 
ture n’est  pas  encore  très-basse)  à peu  près 
verticalement,  il  suffit  de  placer  la  moindre 
chose  entre  les  plantes  et  l’espace,  de  ma- 
nière à intercepter  le  rayonnement.  Ce  fait, 
du  reste,  est  bien  connu  des  praticiens,  et 
son  efficacité  est  suffisamment  démontrée  et 
justifiée  dans  l’emploi  des  auvents  qu’on 
place  au  haut  des  murs  pour  garantir  les 
arbres  qui  sont  placés  contre.  Il  n’est  pas 
nécessaire  que  le  corps  qu’on  emploie  pour 
intercepter  le  rayonnement  soit  épais  ; la 
moindre  chose  formant  écran,  une  feuille 
de  papier,  parfois  même  une  toile  d’arai- 
gnée, suffit.  Toutefois,  ces  corps  ne  peuvent 
être  employés  à cause  de  leur  peu  de  résis- 
tance, et  si  nous  en  parlons,  c’est  afin,  sinon 
de  bien  faire  comprendre  la  théorie  de  la 
gelée,  du  moins  d’en  donner  une  idée. 

Les  principaux  avantages  que  doivent  pré- 
senter les  objets  dont  on  se  sert  pour  ga- 
rantir les  végétaux  sont  au  nombre  de  trois: 
durée,  légèreté  et  facilité  dans  le  place- 
ment, trois  qualités  qui  en  déterminent  une 
quatrième  : Véconomie.  Eh  bien,  tous  ces 
avantages  se  trouvent  réunis  dans  les  toiles- 
abris  dont  nous  allons  parler,  fabriquées 
sur  une  très-vaste  échelle  par  MM.  Saint 
frères,  négociants  à Paris,  4,  rue  du  Pont- 
Neuf,  et  13  à 19,  rue  des  Bourdonnais.  Ces 
toiles-abris  sont  de  deux  sortes,  et  toutes 
deux,  fabriquées  avec  le  plus  grand  soin, 
sont  identiques  de  qualité  ; la  différence 
consiste  dans  le  sulfatage  que  l’on  fait  subir 
à l’une  d’elles,  ce  qui  en  augmente  considé- 
rablement la  durée,  qui  devient  presque  in- 
définie pour  le  peu  qu’on  apporte  quelque 
soin  à leur  conservation.  A notre  avis,  et 
bien  qu’elles  soient  un  peu  plus  chères, 
elles  sont  bien  préférables  et  nous  paraissent 
réaliser  une  notable  économie.  C’est  là,  du 
reste,  une  question  économique  à laquelle 
nous  n’avons  rien  à voir.  Ces  toiles  présen- 
tent aussi  le  très-grand  avantage  d’être  lé- 


TEUCraUM  ORIENTALE.  — BIBLIOGRAPHIE. 


76 


gèreS;  d’un  emploi  facile,  et  de  ne  point 
fatiguer  les  parties  sur  lesquelles  on  les 
place. 

L’avantage  de  ces  toiles  ne  se  borne  pas 
exclusivement  à l’emploi  que  l’on  peut  en 
faire  contre  la  gelée  ; on  peut  les  employer 
avec  non  moins  de  succès  pour  garantir  les 
végétaux  du  soleil  pendant  l’été,  les  abriter 
de  l’action  directe  de  l’air,  et  surtout  aussi 
pour  préserver  les  fruits  de  la  rapacité  des 
oiseaux,  usage  pour  lequel  elles  sont  infini- 
ment plus  convenables  que  les  filets  qu’on 
emploie  parfois,  qui,  indépendamment  qu’ils 
sont  loin  de  présenter  les  mêmes  avantages, 
coûtent  beaucoup  plus  cher.  Avec  ces  toiles- 
abris^  on  peut  aussi  confectionner  soit  des 
sortes  de  cloches  ou  de  crinolines,  qu’on 
place  au  besoin  sur  les  plantes  que  l’on  veut 
garantir,  soit  des  sortes  à' abris-claies,  ainsi 
qu’on  en  fait  avec  de  la  paille  étendue  en 


TEUCRIÜM 

Véritable  miniature  par  sa  beauté.  Tiges 
quadrangulaires  extrêmement  ramifiées, ter- 
minées par  des  panicules  très-larges  et  com- 
pactes, bien  que  légères.  Les  ramifications, 
qui  sont  opposées,  décussées,  sont  égale- 
ment tétragones.  Les  feuilles  sont  élégam- 
ment découpées-pectinées;  chaque  décou- 
pure linéaire  se  bifurque  ou  trifurque,  ce  qui 
donne  à l’ensemble  un  aspect  des  plus  sin- 
guliers. Les  fleurs,  très-irrégulières,  sont 
réduites  à une  seule  pièce  pendante  à cinq 
divisions,  les  deux  supérieures  très-petites, 
les  deux  suivantes  un  peu  plus  développées, 
et  la  cinquième,  beaucoup  plus  grande. 


une  couche  très-mince,  et  maintenue  avec 
de  la  ficelle  ou  avec  des  baguettes  ou  trin- 
gles en  bois.  Confectionnés  avec  les  toiles- 
abris,  ces  objets  seraient  plus  propres, 
plus  avantageux  par  la  régularité  des  tis- 
sus, et  surtout  aussi  beaucoup  plus  écono- 
miques. 

Donc,  .à  tous  les  points  de  vue,  nous 
n’hésitons  pas  à recommander  l’emploi  des 
toiles-  abris  en  horticulture,  bien  convaincu 
que  nous  sommes  qu’elles  peuvent  rendre 
d’importants  services  ; le  plus  médiat,  nous 
le  rappelons,  est  l’usage  qu’on  devra  en 
faire  de  suite  pour  préserver  beaucoup  de 
végétaux  qui,  à cause  de  la  température  ex- 
ceptionnellement douce  dont  nous  avons 
joui  jusqu’ici,  ont  développé  de  nombreux 
bourgeons , et  même  des  fleurs  qu’une 
gelée  pourrait  détruire. 

E.-A.  Carrière. 


ORIENTALE 

légèrement  concave,  est  arrondie,  légère- 
ment acuminée  à la  base.  Les  étamines, 
au  nombre  de  quatre,  inégales  par  paires, 
sont,  avec  le  style,  relevées  et  arquées  au 
sommet  des  fleurs,  auxquelles  elles  don- 
nent assez  bien  l’aspect  d’une  araignée  ; 
la  couleur  est  lilas  violacé,  strié  à l’inté- 
rieur des  fleurs  de  lignes  plus  foncées.  Le 
T.  orientale,  L.,  fleurit  de  juin  à fin  de 
juillet;  il  est  originaire  du  Caucase,  vivace, 
rustique.  C’est  une  des  plus  jolies  plantes, 
dont  les  milliers  de  fleurs  légères  donnent  à 
l’ensemble  une  certaine  ressemblance  avec 
le  Schizanthus  pinnatus.  Lebas. 


BIBLIOGRAPHIE 


Il  en  est  des  livres  comme  de  toutes  les 
autres  marchandises  : ils  ont  une  valeur  qui 
permet  de  les  classer.  Quelle  que  soit  cette 
valeur,  elle  est  toujours  relative  et  en  rap- 
port avec  le  but  qu’on  se  propose  d’atteindre 
et  qui  doit  servir  de  guide.  D’où  il  s’ensuit 
que,  pour  l’éditeur,  la  première  chose  à 
faire,  après  avoir  déterminé  le  but,  c’est  de 
savoir  choisir  l’homme  qui  peut  le  mieux 
l’atteindre.  Or,  puisque  pour  le  cas  qui  nous 
occupe  il  s’agit  de  plantes  et  de  faire  un 
<c  livre  d’étrennes,  » deux  choses  étaient  né- 
cessaires : instruire  en  amusa^it,  ce  qui 
nécessite  un  sujet  intéressaîit,  un  bon 
maître  et  des  matériaux  bien  ajjpropriés , 


choisis  ad  hoe,  trois  choses  dont  nous  allons 
dire  quelques  mots. 

Le  sujet:  Les  Plantes  alpines,  indique 
bien  la  nature  de  l’ouvrage  ; on  ne  pouvait 
certainement  mieux  choisir,  car  indépen- 
damment que  les  plantes  des  montagnes 
présentent  un  intérêt  tout  particulier,  les 
différents  sites  où  elles  croissent,  la  plu- 
part d’aspect  aussi  pittoresque  que  gran- 
diose et  imposant,  donnent  à l’ensemble  un 
attrait  qui  impressionne  vivement  le  lec- 
teur et  porte  à la  réflexion,  en  même  temps 
qu’il  élève  et  agrandit  la  pensée. 

Le  maître?  Il  ne  pouvait  être  mieux 
choisi.  Pour  parler  des  Alpes  et  des  plantes 


BIBLIOGRAPHIE. 


qu’elles  nourrissent,  il  fallait  un  homme 
qui  connût  les  unes  et  les  autres  : tel  est 
notre  collègue,  M.  Baptiste  Verlot,  jardinier 
en  chef  à l’école  de  botanique  du  Muséum. 
En  effet,  enfant  des  Alpes,  pourrait-on  dire, 
il  connaît  parfaitement  les  plantes  de  ces 
montagnes  qu’il  a parcourues  bien  des  fois 
aux  différentes  époques  de  l’année  ; de 
plus,  il  est  botaniste,  ce  qui  ne  gâte  rien. 
Aussi,  personne  mieux  que  lui  n’était  plus 
capable  de  mener  à bonne  fin  ce  travail, 
dont,  du  reste,  il  s’est  acquitté  avec  un  rare 
talent. 

Restent  les  matériaux.  Cette  fois,  nous 
n’iiésitons  pas  à dire  que  l’on  pouvait  faire 
mieux  ; en  effet,  parmi  les  planches  colo- 
riées, toutes  d’une  exécution  des  plus  re- 
marquables, tant  par  l’exactitude  des  ca- 
ractères que  par  le  fini  du  travail,  il  en  est 
un  certain  nombre  qui  représentent  des 
plantes  complètement  étrangères  aux  Alpes. 
Nous  pouvons  en  dire  autant  des  vignettes  : 
il  en  est  beaucoup  qui  forment  un  double 
emploi,  qui  sont  des  répétitions  des  figures 
coloriées.  On  en  trouve  aussi  qui  n’ont  rien 
de  commun  avec  les  Alpes,  puisque  ce  sont 
des  gravures  représentant  soit  des  temples, 
des  cascades  ou  des  rochers  factices  de 
quelques-uns  de  nos  jardins  publics  pari- 
siens (bois  de  Boulogne,  bois  de  Vincennes, 
buttes  Chaumont).  On  reconnaît  là  des 
images  d’occasion,  des  matériaux  étrangers 
au  plan,  et  ne  se  rapportant  au  sujet  que 
d’une  manière  très-indirecte.  Néanmoins,  et 
grâce  à l’habileté  de  l’architecte,  toutes  ces 
gravures  ont  été  mises  à profit.  Disons 
mieux,  que  notre  collègue  a su  en  tirer  un 
excellent  parti. 

Après  cette  sorte  d’exposé,  dont  le  but  est 
moins  de  critiquer  l’ouvrage  que  d’en  don- 
ner une  idée  exacte,  nous  allons  énumérer 
les  diverses  parties  qu’il  contient. 

Dans  V introduction,  l’auteur  cherche  à 
démontrer  les  différents  sites  des  montagnes 
alpestres,  à initier  le  lecteur  et  à le  mettre 
au  courant  de  ces  beautés  grandioses,  es- 
sayant de  lui  en  donner  une  idée  à l’aide  de 
quelques  dessins  assez  heureusement  choi- 
sis. On  sent  là  le  guide  qui  marche  d’un 
pied  ferme  au  milieu  des  difficultés  dont  il 
semble  se  jouer,  et  qui  seraient  insurmon- 
tables pour  beaucoup  d’autres  que  pour  lui. 
Chemin  faisant,  à l’aide  de  quelques  plantes 
spéciales,  il  fait  ressortir  les  caractères  des 
localités,  indiquant  ainsi  ce  qu’il  faut  en- 
tendre par  stations,  et  montrant  comment 
s’échelonne  et  se  répartit  la  végétation  al- 
pine, et  comment  aussi,  suivant  qu’on 


s’élève  sur  la  montagne  ou  qu’on  en  gravit 
les  divers  versants,  la  végétation  revêt  des 
caractères  particuliers  en  rapport  avec  ces 
milieux  spéciaux,  qui,  bien  que  très-diffé- 
rents, s’harmonisent  toujours  avec  ces  mi- 
lieux. 

Dans  le  chapitre  D«’,  l’auteur  traite  de 
la  culture  des  plantes  alpines,  qu’il  di- 
vise en  sections  consacrées,  l’une  aux  prm- 
cipes  généraux,  c’est-à-dire  à des  observa- 
tions sur  les  caractères  des  végétaux  dont  il 
va  parler,  de  leur  mode  de  végétation  en 
rapport  avec  la  nature  du  sol,  l’altitude,  etc., 
de  manière  à bien  initier  le  lecteur  à la 
culture  proprement  dite,  qui  fait  l’objet  du 
paragraphe  2,  dans  lequel  il  donne  tous  les 
renseignements  nécessaires  pour  obtenir  les 
meilleurs  résultats  possibles.  M.  Verlot  est 
d’autant  plus  apte  à fournir  tous  ces  rensei- 
gnements, que  depuis  de  longues  années  il 
se  livre  particulièrement  à la  culture  des 
plantes  alpines. 

Dans  le  chapitre  11,  qui  est  consacré  aux 
excursions,  l’auteur,  en  vous  faisant  par- 
courir d’abord  \Qmont  Viso,  le  Lautaret, 
le  Cirque  de  Gavarnie,  le  Pic  du  Midi,  le 
Pic  de  Belledone,  la  Grande-  Chartreuse, 
le  mont  Cenis,  le  mont  Blanc,  les  Grands- 
Midets,  le  mont  Ventoux,  vous  indique  en 
même  temps  les  différentes  espèces  de 
plantes  que  l’on  peut  trouver  dans  les  di- 
verses parties  de  ces  montagnes,  de  sorte 
que  c’est  non  seulement  une  promenade 
très-intéressante  pour  le  simple  touriste, 
mais  d’une  utilité  des  plus  grandes  au  point 
de  vue  de  la  botanique.  Son  livre  devient 
donc  une  sorte  de  guide- pratique  pour 
herboriser  avec  fruit  dans  ces  monta- 
gnes. Des  vignettes,  représentant  certaines 
parties  agrestes  ou  pittoresques,  soit  des  ro- 
chers, soit  de  quelques-unes  des  plantes  lo- 
cales des  plus  intéressantes  qu’on  y ren- 
contre, viennent  encore  ajouter  à l’intérêt 
déjà  si  grand  de  ces  excursions. 

Dans  le  chapitre  III,  après  avoir  consacré 
quelques  pages  à la  récolte  et  au  transport 
des  plantes  alpines,  M.  Verlot  traite  de  la 
multiplication  et  de  l’emploi  de  ces  plan- 
tes, toutes  choses  qu’il  peut  d’autant  mieux 
faire  que,  ainsi  que  nous  l’avons  dit,  il  se 
livre  tout  particulièrement  à la  culture  de 
ces  plantes.  Une  liste,  choisie  parmi  les  plus 
belles  plantes  alpines  et  alpestres,  termine 
le  chapitre  sur  la  culture  dont  il  est  le  com- 
plément, et  clôt  d’une  manière  heureuse  la 
première  partie  du  livre,  qui  comprend 
216  pages. 

La  seconde  partie  des  Plantes  alpines 


BOUTURAGE  DES  CONIFÈRES.  — LES  CATALOGUES. 


78 

est  consacrée  aux  planches  coloriées  et  aux 
descriptions.  C’est  la  partie  vraiment  orne- 
mentale du  livre,  qui  se  compose  de  cin- 
quante belles  planches  en  chromo-lithogra- 
phie, exécutées  avec  le  plus  grand  soin, 
et  comprenant  cent  deux  espèces.  A côté  de 
chaque  planche,  souvent  même  en  regard, 
se  trouvent  les  descriptions  de  chacune  des 
espèces  représentées,  parfois  même  accom- 
pagnées d’une  vignette  ou  gravure  sur  bois. 

Mais  ici,  reconnaissant  que  notre  tâche 
est  finie,  nous  n’essaierons  pas  de  donner 
une  idée  de  ces  descriptions,  qui,  bien  que 
courtes  et  très-concises,  indiquent,  avec  les 
caractères  botaniques  des  plantes  aux- 
quelles elles  s’appliquent,  les  principaux 
renseignements  sur  la  culture  et  la  multi- 
plication  qui  leur  conviennent,  car  ce  serait 
déflorer  le  travail  sans  atteindre  le  but  ; 
nous  laissons  ce  soin  au  lecteur,  qui,  nous 
l’espérons,  nous  remerciera  de  lui  avoir  fait 

BOUTURAGE  I 

En  abordant  la  question  de  la  multiplica- 
tion des  Conifères  à l’aide  du  bouturage, 
nous  n’avons  pas  l’intention  d’indiquer  ni 
l’époque  où  l’on  doit  faire  les  boutures,  ni 
les  conditions  dans  lesquelles  on  doit  opé- 
rer, non  plus  que  les  soins  qu’on  doit  leur 
donner,  toutes  choses  variables  suivant  les 
climats  où  l’on  est  placé,  les  espèces  à mul- 
tiplier et  les  moyens  dont  on  dispose.  Notre 
but  est  seulement  d’indiquer  quelles  sont 
les  parties  des  plantes  qui  sont  les  plus 
avantageuses,  c’est-à-dire  dont  la  reprise, 
en  général,  est  plus  certaine. 

Contrairement  à ce  qui  se  passe  pour  un 
grand  nombre  de  plantes  herbacées,  dont 
les  parties  grêles,  ténues,  petites,  repren- 
nent souvent  mieux  que  celles  qui  sont  bien 
nourries  et  très-aqueuses,  chez  les  Coni- 
fères, en  général,  il  y a un  très-grand  avan- 
tage à se  servir  de  bois  fait,  c’est-à-dire 
bien  aoûté,  et  surtout  — et  c’est  là  l’essen- 
tiel — que  les  parties  soient  relativement 
fortes.  Il  y a à cela  un  très-grand  avan- 
tage ; car,  indépendamment  qu’elles  fondent 
moins,  que  la  reprise  en  est  plus  assurée,  à 
peine  enracinées,  les  plantes,  au  besoin, 
peuvent  être  livrées.  Un  autre  avantage  qui 
en  résulte,  qui  est  aussi  de  première  im- 


connaître  un  livre  où  il  a trouvé  tant  de 
charmes,  appris  tant  de  choses  intéressantes 
qu’il  n’oubliera  jamais,  et  qui,  gravées  dans 
sa  mémoire,  y resteront  et,  lui  donneront 
une  jouissance  toute  particulière,  en  impri- 
mant à ses  idées  un  tableau  permanent,  une 
sorte  de  panorama  vivant  des  Alpes,  cela 
lors  même  qu’il  ne  les  aurait  jamais  vues. 
Tel  est  le  propre,  le  grandiose,  pourrait-on 
dire,  des  vraies  beautés  de  la  nature,  que 
rappelle  si  bien  le  livre  des  Plantes  al- 
pmes,  dont  M.  B.  Verlot  est  l’auteur. 

Ajoutons  que,  sauf  ce  que  nous  avons  dit 
des  dessins,  l’éditeur  n’a  rien  négligé  : le 
papier  est  très-fort,  d’une  belle  nuance  et  de 
premier  choix  ; le  texte,  très-net,  est  en 
beaux  caractères  et  bien  appropriés,  et  les 
marges,  qui  sont  larges,  donnent  à l’en- 
semble un  caractère  qui  justifie  la  qualifi- 
cation de  « livre  d’étrennes  » par  lequel 
on  le  désigne  parfois.  E.-A.  Carrière. 

ÎS  CONIFÈRES 

portance,  c’est  que  les  plantes  ainsi  obte- 
nues sont  beaucoup  moins  délicates,  croissent 
plus  vite  et  conservent  pendant  très-long- 
temps une  supériorité  très-marquée  sur 
celles  qui  ont  été  obtenues  à l’aide  de  par- 
ties très-réduites  ou  grêles,  qui  pendant 
très-longtemps  peuvent  à peine  se  maintenir, 
et  auxquelles  on  est  obligé  de  mettre  un  tuteur. 

Disons,  du  reste,  que  le  moyen  que  nous 
indiquons  n’est  pas  seulement  avantageux 
pour  les  végétaux  conifères  ; qu’il  l’est  éga- 
lement pour  tous  les  végétaux  ligneux  ; que, 
dans  certains  cas,  lorsqu’il  s’agit  d’arbres, 
par  exemple,  et  surtout  de  grands  arbres, 
soit  forestiers,  soit  d’ornement,  la  compa- 
raison est  à peine  possible.  Ainsi,  tandis  que 
des  boutures  de  Peupliers,  de  Saules,  de 
Platanes,  faites  avec  du  gros  bois  bien 
nourri,  donnent  de  suite  de  beaux  arbres 
vigoureux  et  robustes,  des  boutures  de  ces 
mêmes  espèces  faites  avec  des  branches 
grêles,  effilées,  maigres,  comme  l’on  dit, 
ne  produiront  que  des  arbres  chétifs,  élan- 
cés, pouvant  à peine  se  soutenir,  et  qui  ne 
donneront  jamais,  ou  du  moins  que  rare- 
ment et  difficilement,  une  tige  vigoureuse 
et  robuste,  ce  qui  est  indispensable  pour  ces 
sortes  d’arbres.  Briot. 


LES  CATALOGUES 


Une  circulaire-annonce  du  mois  de  jan-  1 teur  à Poitiers  (Vienne),  énumère  et  décrit 
vier  1873,  publiée  par  M.  Bruant,  horticul-  I les  plantes  obtenues  dans  cet  établisement, 


LES  CATALOGUES. 


79 


et  qu’il  livre  au  commerce  à partir  de  cette 
époque.  Ce  sont,  dans  les  Pélargoniums  zo- 
nales  à fleurs  doubles,  quatre  variétés,  cinq 
variétés  à fleurs  simples  ; dans  les  Pétunias  à 
fleurs  doubles,  treize  variétés;  dans  ceux  à 
fleurs  simples,  sept  variétés  ; dans  ce  même 
genre,  section  des  multiflores  ou  lilliputs, 
variétés  à petits  feuillage  et  à petites  fleurs, 
douze  variétés.  Dans  le  genre  Verveine, 
vingt-six  variétés  sont  en  vente.  Entin  le 
genre  Pentstemon  comprend  six  variétés 
nouvelles. 

Un  pépiniériste-viticulteur,  M.  F.  Fau- 
veau,  à Beaulieu,  près  Saint-Lambert-de- 
Lattay  (Maine-et-Loire),  informe  le  public 
qu’il  est  en  mesure  de  fournir  des  quantités 
considérables  de  plants  de  Vigne  bien  enra- 
cinés et  propres  à la  plantation.  Ces  plants 
sont  divisés  en  quatre  catégories,  correspon- 
dant et  appropriés  aux  quatre  groupes  des 
grands  vins  de  France,  dont  voici  les  noms  : 
vins  blancs  de  Bourgogne,  vins  rouges  de 
Bourgogne,  vins  rouges  de  Bordeaux,  vins 
rouges  de  Bourgueil.  Des  explicaticns  in- 
diquant les  qualités  et  propriétés  de  ces 
Vignes  guident  l’acheteur  et  le  mettent  à 
même  de  faire  un  choix  selon  le  but  qu’il 
veut  atteindre.  Fn  outre  des  cépages  que 
nous  venons  d’indiquer,  qui  sont  exclusive- 
ment propres  à la  fabrication  du  vin, 
M.  Fauveau  est  en  mesure  de  fournir  près 
ûe  100  des  meilleures  variétés  dans  le  Raisin 
de  table. 

A partir  du  15  janvier  dernier,  M.  Crousse, 
horticulteur  à Nancy,  a mis  au  commerce 
pour  la  première  fois  un  certain  nombre  de 
plantes  nouvelles  provenant  de  ses  semis; 
ce  sont  : seize  variétés  de  Pétunias  à fleurs 
doubles  et  douze  variétés  à fleurs  simples; 
quatre  variétés  de  Pélargnoniums  zonalesk 
fleurs  doubles  et  quatre  variétés  à fleurs 
simples  ; puis  quatre  variétés  de  Pentstemon , 
et  sept  variétés  de  Phlox  decussata,  sept 
variétés  de  Pivoines  herbacées. 

Fn  outre,  à partir  du  15  mars  1873,  le 
même  horticulteur  mettra  également  au 
commerce  pour  la  première  fois,  et  prove- 
nant de  ses  semis,  deux  variétés  de  Pélar- 
gonium zonale  à fleurs  doubles,  l’un  de  cou- 
leur blanc  saumoné:  c’est  Alice  Crousse; 
l’autre  à fleurs  de  couleur  pourpre  : c’est 
M.  Crousse.  D’après  l’obtenteur  ce  sont, 
deux  plantes  des  plus  naines,  très-bonnes 
pour  faire  des  massifs,  en  un  mot  tout  à fait 
hors  ligne. 

La  maison  Vilmorin-Andrieux  et  vient 
de  faire  paraître  plusieurs  publications  dont 
nous  allons  parler  d’une  manière  générale. 


Ce  sont  d’abord  quatre  catalogues  dont  trois 
spéciaux,  relatifs,  l’un  aux  Glaïeuls,  le 
deuxième  aux  Da/ih'as  et  aux  Cu7mas;  le 
troisième  ,qui  est  un  supqüément  aux  cata- 
logues, contient  l’énumération  et  les  des- 
criptions des  nouveautés  qui  paraissent  pour 
la  première  fois,  quels  que  soient  le  genre 
et  la  catégorie  de  plantes  (légumes,  fleurs, 
plantes  bulbeuses,  etc.)  à laquelle  elles  ap- 
partiennent. Le  quatrième  est  le  Catalogue 
général,  sorte  de  résumé  qui,  comprenant 
tout  ce  qui  se  trouve  dans  cet  établisse- 
ment, l’un  des  plus  importants  de  l’Europe, 
tant  par  le  nombre  que  par  la  diversité  des 
objets  qu’il  contient,  renferme,  de  même 
que  le  supplément,  une  quantité  considé- 
rable (180)  de  vignettes,  ce  qui,  joint  aux 
descriptions,  donne  aux  amateurs  une  idée 
des  plantes  et  peut  les  guider,  soit  dans  le 
choix  des  plantes,  soit  dans  la  culture  qu’ils 
doivent  leur  donner.  Aussi  ces  catalogues 
sont-ils  très-précieux  et  méritent-ils  de  trou- 
ver une  place  dans  toutes  les  bibliothèques. 
A vrai  dire,  ce  sont  de  véritables  documents 
scientifiques,  des  archives  où  tous,  savants  et 
praticiens,  trouveront  d’utiles  renseigne- 
ments. On  comprendra  donc  que  nous  n’es- 
sayons pas  d’en  indiquer  le  contenu  ; tout  ce 
que  nous  pouvons  faire,  c’est  d’engager  de 
les  lire,  et  par  conséquent  d’en  faire  la  de- 
mande à MM.  Vilmorin-Andrieux  et  0^®, 
marchands  grainiers,  4,  quai  de  la  Mégis- 
serie. 

En  même  temps,  et  indépendamment  de 
ces  catalogues,  cette  même  maison  vient  de 
publier  un  Calendrier  des  semis  à faire 
mois  par  mois.  C’est  une  brochure  in-8® 
de  92  pages,  dans  laquelle  sont  indiquées 
d’une  manière  générale,  parfois  même  très- 
précise,  les  époques  où  il  convient  de  semer 
ou  de  stratifier  les  graines,  ainsi  que  celles 
où  elles  fleurissent  et  donnent  leurs  pro- 
duits. Des  observations  ou  des  remarques, 
soit  sur  les  particularités  que  présentent  les 
plantes,  soit  sur  les  soins  qu’il  convient  de 
leur  donner,  complètent  le  tout  et  font  de 
cette  publication  un  véritable  guide  qui  ne 
devra  manquer  dans  aucune  bibliothèque, 
et  pourrait  même  tenir  lieu  de  beaucoup 
d’autres.  Cela  d’autant  plus  qu’elle  s’étend 
à presque  toutes  les  plantes  annuelles,  bis- 
annuelles, vivaces,  plantes  bulbeuses  ou  tu- 
béreuses, arbres,  arbrisseaux,  arbustes, 
fleurs,  légumes,  etc. 

Un  Tableau-Guide  et  un  Tableau-Ba- 
rême, indiquant  l’un  les  principaux  modes 
de  plantation  les  plus  en  usage  lorsqu’il 
s’agit  de  végétaux  ligneux,  tels  que  vigno- 


LES  CATALOGUES. 


80 

Lies,  forêts,  pépinières,  vergers,  etc.,  avec 
l’indication  du  nombre  d’individus  à planter 
par  hectare,  d’après  les  distances  adoptées 
pour  chacun;  l’autre,  letahleaxi-harême,  in- 
dique en  centimètres  pour  un  are  le  nombre 
de  sujets  nécessaires  suivant  l’espacement 
observé  entre  eux  dans  la  plantation;  tout 
cela  disposé  à peu  près  dans  l’ordre  d’une 
table  de  multiplication,  de  sorte  que  l’espa- 
cement entre  les  lignes  et  celui  des  plants 
sur  les  lignes  étant  donné,  on  voit  de  suite  à 
la  case  d’intersection  correspondante  de  ces 
lignes  le  nombre  de  plants  qu’il  faut  em- 
ployer, tous  renseignements  qui,  ainsi  qu’on 
peut  le  voir,  sont  d’une  très-grande  utilité, 
et  aussi  simples  qu’ils  sont  pratiques. 

En  dehors  de  toute  cette  série  de  publi- 
cations, des  tableaux  représentant  119  vi- 
gnettes dessinées  et  gravées  avec  le  plus 
grand  soin,  se  rapportant  aux  fourrages - 
racines  ou  autres,  aux  légumes  divers,  tels 
que  betteraves,  carottes,  panais,  navets, 
choux  variés,  laitues,  etc.,  puis  à un  choix 
de  plantes  d’ornement  au  nombre  de  trente- 
six,  complètent  heureusement  ce  travail  que 
nous  n’hésitons  pas  àrecommander,  à cause 
des  immenses  services  qu’il  est  appelé  à 
rendre  d’abord  à la  pratique,  en  lui  indi- 
quant un  choix  de  plantes  dont  le  mérite  est 
bien  constaté , ensuite  à la  science,  en  dé- 
montrant les  innombrables  formes  que  peu- 
vent produire  les  types,  lesquelles,  par  leur 
fixité  à se  reproduire,  sont  de  nature  à faire 
réfléchir  les  savants  et  à les  éclairer  sur  la 
manière  dont  se  forment  les  espèces,  toutes 
choses,  qui  nous  l’espérons,  justifient  les  de- 
tails dans  lesquels  nous  venons  d’entrer. 

On  pourra  se  procurer  toutes  les  publi- 
cations en  en  faisant  la  demande  à MM.  Yil- 
morin-Andrieux  et  C‘®,  4,  quai  de  la  Mégis- 
serie. 

Nous  recevons  de  la  maison  Paul  Tollard, 
successeur  M.  A.  Lecaron,  marchand  grai- 
nier,  20,  quai  de  la  ^légisserie,  le  catalogue 
de  graines  pour  1873,  qui  comprend  les 
sections  suivantes  ; graines  potagères,  de 
plantes  médicinales,  de  plantes  de  grande 
culture,  fourragères,  de  plantes  économi- 
ques, d’arbres,  de  fleurs,  racines  fourra- 
gères, oignons  à fleurs,  etc.,  etc. 

Nous  appelons  tout  particulièrement  l’at- 


tention sur  une  circulaire  jointe  au  catalogue, 
relative  à V ensemencement  des  'prairies  et 
aux  semis  de  gazons.  D’après  des  rensei- 
nements  précis,  bien  que  généraux,  sur  les 
semis  de  gazons  et  sur  les  soins  qu’il  con- 
vient de  leur  donner,  on  trouve  indiqués  des 
assortiments  de  graines  pour  former  des 
prairies  à faucher  ou  propres  au  pâturage 
suivant  les  conditions  de  terrain  ou  d’expo- 
sition dans  lesquelles  on  se  trouve  placé,  et 
qui,  en  indiquant  la  quantité  de  graines 
qu’il  convient  de  mettre  pour  chaque  espèce 
et  pour  un  hectare,  fait  de  ce  document  un 
guide  aussi  utile  qu’intéressant  et  dont  nous 
recommandons  la  lecture.  On  peut  se  pro- 
curer cette  circulaire,  ainsi  que  les  catalo- 
gues de  la  maison,  en  s’adressant  à M.  Le- 
caron. 

L’établissement  d’horticulture  de  Haage 
et  Schmidt,  à Erfurth,  vient  de  publier  son 
catalogue  pour  1873.  Il  est  relatif  aux 
graines  de  toutes  sortes  et  aux  collections 
aussi  nombreuses  que  variées  que  renferme 
cet  établissement.  On  pourra  s’en  faire  une 
idée  par  le  catalogue  dont  nous  parlons,  et 
qui  ne  comprend  pas  moins  de  240  pages 
petit  in-8o  sur  deux  colonnes.  De  nom- 
breuses figures  intercalées  dans  le  texte  se 
rapportant,  soit  à des  plantes  nouvelles,  soit 
à des  plantes  rares,  donnent  à ce  catalogue 
une  valeur  qui  le  fera  rechercher  des  ama- 
teurs, qui  pourront  y puiser  d’utiles  ensei- 
gnements. 

MM.  Lévêque  et  fils,  horticulteurs,  26, 
rue  du  Liégat,  à Ivry-sur-Seine,  près  Pa- 
ris, avantageusement  connus  pour  leur  cul- 
ture spéciale  de  Rosiers,  viennent  de  publier 
un  nouveau  catalogue  des  plantes  qu’ils  sont 
en  mesure  de  fournir.  Bien  que  les  Rosiers 
constituent  la  partie  la  plus  importante  de 
leur  établissement,  on  trouve  là  aussi  un  bon 
nombre  d’autres  plantes  très-méritantes  au 
point  de  vue  ornemental,  telles  que  Glaïeuls, 
Pivoines,  Phlox,  Camellias,  Azalées,  Lis, 
Hoteia,  etc.,  etc.  Inutile  de  dire  que,  en 
fait  de  Rosiers,  MM.  Lévêque  sont  en  me- 
sure de  fournir  toutes  les  variétés  les  plus 
nouvelles  : celles-ci  sont  au  nombre  de  cin- 
quante-quatre, appartenant  aux  différents 
groupes  que  comprend  le  genre  Rosier. 

E.-A.  C.VRRIÉRE. 


Orléans,  irap.  de  G.  Jacob,  Cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quineaine  de  février) 


Température  du  mois  de  février.  — Rectification.  — Nouveaux  Gloxinias  livrés  au  commerce  par 
M.  Vallerand,  horticulteur  à Bois-Colombes;  le  Scheeria  Président  Malet.  — La  floraison  des 
Carnellia  au  Japon;  communication  de  M.  Léon  Sisley. — Procédé  pour  détruire  les  rats:  lettre  de 
M.  Barillet.  — Souscription  organisée  par  M.  Rafarin,  pour  venir  en  aide  aux  victimes  des  inondations; 
liste  des  donateurs.  — Variété  de  Rosier  J?anA;s,  obtenue  par  M.  Doumet-Adanson.  — Exposition  inter- 
nationale gastronomique,  culinaire,  vinicole  et  florale  aux  Champs-Elysées,  à Paris,  du  15  mars  au 
1er  avril  1873.  — Observations  sur  le  Ramié.  — Une  nouvelle  maladie  des  Pommes  de  terre;  les 
Pommes  de  terre  fialeuses.  — Ce  qu’on  lit  sur  un  Wellingtonia  fjiga?itesqiie  de  la  Californie.  — 
Opinion  de  M.  Casimir  Gary  sur  le  Phylloxéra,  extrait  du  Journal  d’ Agriculture  pratique. — Les 
Gloxinias  à corolle  double.  — Création  d’un  nouveau  parc  en  Amérique,  le  Yellow  stone  national 
Park. — Circulaire  du  Cercle  horticole  lyonnais.  — Le  Jardin  d’acclimatation  d’Hycres;  sa  création 
et  son  but,  annoncés  par  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  à la  Société  d’acclimatation. 


Sans  être  froi(ie,  la  période  dans  laquelle 
nous  étions  entrés  depuis  quelques  jours  est 
celle  que , généralement , l’on  considère 
comme  marquant  l’hiver  : ciel  couvert, 
temps  brumeux-givreux  (temps  gris),  pen- 
dant lequel,  néanmoins,  la  température  est 
restée  relativement  élevée.  Ainsi,  le  thermo- 
mètre, descendu  une  fois  seulement,  et  pen- 
dant quelques  heures,  à 3 degrés  au-dessous 
de  zéro,  s’est  élevé  parfois  jusqu’à  10  degrés 
au-dessus.  C’est  à peu  près  ainsi  que  ce 
sont  passées  les  choses  à Lyon,  où,  à la  date 
du  18  février,  notre  ami,  Jean  Sisley,  nous 
écrivait  : (c  Février  est  le  mois  le  plus  froid 
que  nous  ayons  eu  ; depuis  quelques  jours, 
le  thermomètre,  la  nuit,  est  descendu  à 
4-5  degrés  au-dessous  de  zéro  ; les  jours 
sont  clairs  et  assez  chauds,  10  à 12  degrés.  » 
A Munich  (Bavière),  il  y a également  eu  une 
recrudescence  de  froid.  Notre  collègue, 
M.  Kolb,  nous  écrivait  récemment  que  le 
16  février  au  matin,  le  thermomètre  mar- 
quait 11  degrés  au-dessous  de  zéro,  et  que 
la  terre  était  couverte  d’un  pied  de  neige. 
Notons  que  depuis  le  23  février,  le  temps 
doux,  printanier,  mais  malheureusement 
pluvieux,  est  revenu,  et  que  tous  les  matins 
le  thermomètre  est  au-dessus  de  zéro. 

— Dans  notre  dernière  chronique,  dans 
la  citation  que  nous  avons  faite  d’une  lettre 
que  nous  a écrite  M.  Doumet-Adanson,  il 
s’est  glissé  une  erreur  de  chiffres  qui  déna- 
ture complètement  les  faits,  et  que  nous 
nous  empressons  de  rectifier  : c’est  à la 
page  63,  ligne  6,  où  il  est  dit  que  la  quan- 
tité d’eau  tombée  à Cette  est  de  582  milli- 
mètres ; au  lieu  de  cela,  c est  8S2  milli- 
mètres qu’il  faut  lire. 

— M.  J.  Vallerand,  horticulteur,  13,  rue 
1er  mars  1873. 


de  la  Procession,  à Bois-de-Colombes  (Seine), 
particulièrement  et  avantageusement  connu 
par  ses  cultures  spéciales  sur  les  Gesnéria- 
cées,  vient  de  publier  une  circulaire  par 
laquelle  il  informe  le  public  qu’à  partir  du 
15  mars  prochain,  il  livrera  au  commerce 
une  série  de  nouveaux  Gloxinias,  tous  des 
plus  remarquables,  tant  par  la  forme  que 
par  le  coloris,  ce  qui,  du  reste,  a été  cons- 
taté par  un  rapport  inséré  dans  le  Journal 
de  la  Société  centrale  dliorticultiire  de 
France.  Toutes  ces  variétés,  au  nombre  de 
vingt-deux,  ont  les  fleurs  dressées. 

Une  autre  Gesnériacée  toute  nouvelle, 
qu’il  mettra  également  au  commerce  à la 
même  époque,  est  le  Scheeria  Président 
Malet,  sur  lequel  nous  devons  dire  quelques 
mots.  Cette  plante  est  un  hybride  entre  le 
Scheeria  Mexicana  et  le  Nœgelia  amahi^ 
lis.  Un  fait  très-remarquable,  indépendam- 
ment de  son  mérite  particulier,  c’est  que  le 
-S.  Président  Malet  est,  relativement,  exces- 
sivement rustique,  beaucoup  plus  même  que 
ses  parents,  qui  déjà  le  sont  passablement. 
Nous  reviendrons  sur  cette  espèce,  dont 
nous  donnerons  une  figure  coloriée  et  une 
description  aussi  complète  que  possible,  de 
manière  à bien  faire  ressortir  l’intérêt  tout 
particulier  qu’elle  présente  au  point  de  vue 
scientifique. 

Les  amateurs  de  Gesneriacées  trouveront 
chez  M.  Vallerand  un  grand  nombre  d’es- 
pèces diverses,  appartenant  à ce  groupe , 
qu’il  affectionne  tout  particulièrement. 

— L’extrait  suivant  d’une  lettre  adressée 
à notre  ami,  M.  Jean  Sisley,  par  l’un  de  ses 
fils,  M.  Léon  Sisley,  ingénieur  des  mines 
au  Japon,  nous  parait  de  nature  à intéres- 
ser nos  lecteurs  : 


82 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


1 Kouno,  29  décembre  1872. 

Nous  avons  eu  cette  semaine  le  commen- 
cement de  l’hiver  : delà  neige  qui  a tenu  une 
nuit  et  des  gelées  de  3 à 4 degrés  le  matin,  ce 
qui  n’empêche  pas  les  Camellias  de  commencer 
à épanouir  leurs  boutons. 

Quant  aux  autres  plantes,  on  ne  peut  guère  en 
juger  maintenant;  nous  sommes  arrivés  ici  deux 
mois  trop  tard,  et  il  faut  remettre  bien  des  choses 
à l’année  prochaine. 

Si  par  cette  température  de  4 degrés  au- 
dessous  de  zéro,  et  par  un  temps  de  neige 
et  d’humidité,  la  floraison  des  Camellias 
s’opère  bien  en  pleine  terre,  il  faut  recon- 
naître ou  que  cette  floraison  s’effectue  plus 
facilement  qu’on  ne  le  croit  généralement, 
ou  que  des  circonstances  locales  modifient 
au  Japon  l’action  du  froid,  ou  encore  qu’il 
y aurait  là  des  variétés  plus  rustiques  que 
celles  que  nous  possédons.  Quelle  est  celle 
de  ces  choses  qui  est  vraie?  Ne  le  sont-elles 
pas  toutes  relativement  ? 

— Une  lettre  que  nous  a adressée  notre 
collaborateur,  M.  Barillet,  au  sujet  d’un 
procédé  pour  détruire  les  rats,  nous  paraît 
intéressante  ; nous  croyons  devoir  la  repro- 
duire : 

Mon  cher  Monsieur  Carrière, 

La  lettre  de  M.  Vuitry  père,  insérée  dans  votre 
numéro  du  1er  novembre  (1),  sur  la  destruction 
des  souris  et  des  mulots,  me  suggère  l’idée  de 
vous  donner  connaissance  de  l’invention  de  M.  le 
capitaine  Godreuil  pour  détruire  les  rats.  Voici 
ce  qu’il  dit  : 

« Pendant  ma  traversée  de  Callao  à Saint- 
Pierre  (Martinique),  il  y avait  à bord  une  grande 
quantité  de  rats.  Le  navire  était  chargé  de  guano. 
Naturellement  tous  ces  rongeurs  se  rassemblaient 
dans  le  magasin  aux  provisions,  puisqu’ils  ne 
trouvaient  rien  dans  la  cale  pour  leur  nourriture. 
Les  ravages  qu’ils  faisaient  dans  les  provisions 
et  la  voilure  étaient  considérables,  et  j’estime  à 
plus  de  500  fr.  les  pertes  de  cette  dévastation. 
Désolé  j’étais.  Je  fis  installer  un  système  de  ra- 
tière qui  m’a  parfaitement  réussi  ; voilà  pour- 
quoi j’en  donne  connaissance,  et  voici  comment 
elle  était  installée  : 

« Je  fis  prendre  un  baril  à farine  vide,  dont 
on  ôta  tous  les  cercles,  à l’exception  de  trois  : 
un  au  bas,  l’autre  au  milieu  et  le  troisième  en 
haut  ; on  suiffa  bien  l’extérieur,  de  manière  à ce 
que  les  rats  ne  pussent  monter  par  les  côtés  du 
baril.*  Je  fis  faire  un  couvercle  de  2 centimètres 
de  moins  de  diamètre  que  le  fond  du  baril,  et 
parfaitement  poli  ; ce  couvercle  fut  fixé  au  baril 
par  deux  pointes  diamétralement  opposées,  de 
manière  à ce  qu’il  pût  pivoter  parfaitement  par 
le  plus  léger  poids  posé  sur  les  côtés.  Une  autre 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  403. 


pointe  fut  ensuite  fixée  sur  le  centre  du  cou- 
vercle, pour  servir  d’attache  à l’appât,  qui  était 
un  morceau  de  lard  bien  grillé,  de  manière  à ce 
qu’il  dégageât  une  forte  odeur,  afin  de  bien  allé- 
cher tous  ces  rongeurs  ; le  dedans  du  baril  avait 
été  poli  et  suiffé  avec  le  plus  grand  soin,  de 
même  que  le  couvercle. 

« Ceci  fait,  je  fis  installer  un  morceau  de 
planche,  dont  l’une  des  extrémités  partait  du  sol 
ou  de  l’endroit  d’où  venaient  les  rats,  tandis  que 
l’autre  extrémité  arrivait  environ  à un  pied  au-des- 
sus du  baril  ; de  sorte  que  pour  atteindre  le  lard, 
les  rats  étaient  obligés  de  prendre  le  chemin  de 
la  planche,  et  une  fois  à l’extrémité  de  cette 
planche,  ils  étaient  obligés  de  sauter  pour  arri- 
ver au  lard  : leur  poids  seul  faisait  basculer  le 
couvercle,  et  ils  tombaient  dans  le  baril,  au  fond 
duquel  il  y avait  du  biscuit  et  du  lard.  Le  bruit 
qu’ils  y faisaient  attirait  les  autres.  J’ai  vu,  en 
une  heure,  en  prendre  une  douzaine;  en  huit 
jours,  tous  les  rats  étaient  détruits,  et  je  compte, 
sans  exagération,  qu’il  en  a été  détruit  plus  de 
trois  cents.  » 

Ce  système,  qui  est  très-économique  et  très- 
simple,  est,  je  crois,  très-pratique  ; aussi,  je 
n’hésite  pas  à en  recommander  l’emploi,  priant 
tous  ceux  qui  voudraient  bien  l’employer  de  vou- 
loir bien  faire  connaître  les  résultats  qu’ils  au- 
raient obtenus. 

Agréez,  etc.  H.  Barillet. 

— Mu  par  des  sentiments  qu’on  ne  saurait 
trop  louer,  notre  collègue,  M.  Rafarin,  dans 
le  but  de  venir  en  aide  aux  victimes  des 
inondations,  fit  appel  à la  générosité  d’un 
certain  nombre  de  pépiniéristes  et  de  mar- 
chands grainiers,  qui,  il  faut  le  reconnaître, 
se  sont  empressés  de  répondre  à l’appel  qui 
leur  était  fait,  en  mettant  à sa  disposition, 
soit  des  graines,  soit  des  arbres. 

En  présence  d’un  pareil  acte,  notre  de- 
voir est  tout  tracé  : le  signaler  à l’attention 
publique  en  faisant  connaître  les  noms  des 
personnes  qui  ont  bien  voulu  concourir  à 
cette  bonne  œuvre.  Ce  sont  : 

Pour  les  graines  potagères  diverses  : 
MM.  Vilmorin  et  Ci®,  4,  quai  de  la  Mégisse- 
rie, valeur  100  fr.  ; Mangin,  rue  du  Louvre, 
un  lot  varié  ; Gontier,  6,  quai  de  Gèvres, 
25  kil.  diverses  espèces;  Havard,  rue  Auber, 
valeur  100  fr.  ;Thiébault,  place  de  la  Made- 
leine, un  lot  varié  ; Martin,  quai  de  la  Mé- 
gisserie, valeur  100  fr.  ; Lecaron,  quai  de 
la  Mégisserie,  83  kil.  diverses  espèces; 
Courtois- Gérard  et  Pavard,  rue  du  Pont- 
Neuf,  valeur  minima  200  fr.;  Daubas,  jar- 
dinier en  chef  de  la  Légion-d’Honneur  de 
Saint-Denis,  autorisé  par  M.  le  général  Vi- 
noy,  195  litres  diverses  espèces. 

2°  Pour  les  arbres  et  arbustes  fruitiers  : 
MM.  Groux  et  fils,  à Aulnay-Sceaux,  un  lot 


83 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


varié  ; Durand,  à Bourg-la-Reine,  un  lot 
varié  ; Honoré  Defresne,  à Vitry-sur-Seine, 
un  lot  (800  arbres  et  arbustes)  varié. 

3"  Pour  les  outils"  de  jardinage  : MM.  Al- 
lez frères,  1,  rue  Saint-Martin,  divers  outils 
de  jardinier. 

Quant  à l’auteur  de  cette  démarche,  M.  Ra- 
farin,  il  trouvera  un  large  dédommagement 
dans  les  résultats  qu’il  a obtenus.  Aussi,  au 
lieu  de  le  féliciter,  nous  nous  bornons  à si- 
gnaler le  fait,  laissant  à nos  lecteurs  à en 
faire  l’appréciation. 

— Le  6 février  dernier,  M.  N.  Doumet- 
Adanson,  président  de  la  Société  d’horticul- 
ture et  d’histoire  naturelle  de  l’Hérault, 
nous  écrivait  : 

A propos  de  la  note  de  M.  Dubreuil  sur  la 
panachure  des  Roses,  due  à certain  mode  de 
greffe,  je  puis  vous  signaler  un  fait  peu  différent, 
dû  sans  doute  à la  même  cause.  Un  amateur  pas- 
sionné de  cette  belle  fleur,  dont  le  jardin  est  voi- 
sin du  mien,  M.  Bénézech,  a obtenu,  en  greffant 
sur  Banks  une  Gloire  de  Dijon,  une  variété  très- 
différente,  qui  s’est  perpétuée  depuis,  et  à la- 
quelle il  a donné  le  nom  de  Gloire  de  Java. 
Cette  rose  diffère  tant  de  son  type  originel,  par 
la  forme  et  par  le  coloris,  que  lorsqu’il  me  la 
présenta  dernièrement,  je  crus  à une  variété  ob- 
tenue de  semis. 

Encore  un  exemple  de  la  mutabilité  des 
végétaux  qui  renferme  d’utiles  enseigne- 
ments. Nous  le  signalons  à nos  lecteurs. 

— Du  15  mars  au  avril  prochain, 
aura  lieu  à Paris,  aux  Champs-Elysées, 
dans  un  local  préparé  ad  hoc,  une^  exposi- 
tion étrangère  au  sujet  que  doit  traiter  la 
Revue  horticole,  et  dont  nous  ne  parlerions 
pas  si,  par  certain  côté,  elle  ne  se  rattachait 
directement  à l’horticulture.  C’est  une  Ex- 
position universelle  internationale,  gas- 
tronomique , culinaire , vinicole  et  flo- 
rale. 

Cette  exposition  comprendra  tout  ce  "qui 
se  mange  et  tout  ce  qui  se  boit  ; des  con- 
cours spéciaux  auront  lieu  pour  arriver  à 
donner  à la  classe  ouvrière  une  nourriture 
saine  et  confortable,  en  même  temps  qu’é- 
conomique. 

Pour  donner  plus  d’attrait  à cette  solen- 
nité, dans  le  même  local,  se  fera  en  même 
temps  une  exposition  florale,  composée  de 
fleurs  et  de  plantes  grasses  diverses. 

<c  Les  exposants  pourront  vendre  leurs 
produits,  à la  condition  qu’ils  les  remplacent 
par  d’autres. 

« Les  récompenses  consisteront  en  pri- 


mes en  espèces,  objets  d’arts  divers,  mé- 
dailles d’or,  vermeil,  argent,  bronze,  men- 
tions honorables,  etc.,  etc. 

« Les  exposants  n’auront  pas  à s’occuper 
de  l’agencement  de  leur  exposition,  tous  les 
préparatifs  ayant  été  faits  à l’avance.  » 

Dans  les  mêmes  locaux,  le  4 avril  sui- 
vant, s’ouvrira  une  Exposition  universelle 
internationale  des  races  canine,  galline  et 
féline,  accompagnée  de  plusieurs  grands 
concours  pour  l’amélioration  des  chiens  ra- 
tiers,  etc.,  etc. 

Les  personnes  qui  désirent  exposer  doi- 
vent s’adresser,  par  lettres,  au  bureau  pro- 
visoire, 21,  rue  d’Arcole,  ou,  à partir  du 
15  février,  au  siège  de  l’Exposition,  aux 
Champs-Elysées,  derrière  le  Palais  de  l’In- 
dustrie. 

Quelques  lecteurs  trouveront  peut-être 
singulier  que  nous  annoncions  une  exposi- 
tion du  genre  de  celle  dont  nous  venons  de 
parler  ; nous  avons  pour  cela  deux  raisons  : 
la  première  que,  ainsi  qu’on  a pu  le  voir  par 
le  programme,  cette  exposition  n’est  pas 
complètement  étrangère  à l’horticulture  ; la 
deuxième  que,  se  rattachant  en  très-grande 
partie  à l’économie  domestique,  elle  est  d’in- 
térêt général,  s’adresse  à tous  et  à toutes. 

— Il  est  certaines  questions  dont  on  pour- 
rait presque  parodier  l’insolubilité  par  cette 
citation  que  l’on  fait  souvent  : « C’est  comme 
une  bouteille  d’encre  ; plus  on  l’agite, 
moins  l’on  y voit.  » Phrase  dont  les  consé- 
quences pourraient,  avec  assez  d’à-propos 
et  de  justesse,  être  appliquées  au  Ramié. 
Jusqu’ici  en  effet,  et  quoi  qu’on  en  dise,  on 
est  bien  obligé  de  reconnaître  que  le  désac- 
cord est  complet,  et  que,  malgré  ce  qu’en 
ont  dit  les  savants,  l’on  ne  sait  encore  rien 
de  certain|àce  sujet.  Quant  aux  plantes  qu’elle 
comprend,  ainsi  que  de  leur  valeur  indus- 
trielle, nous  avouons  que  tout  ce  que  nous 
avons  lu  sur  ce  sujet  est  loin  d’avoir  résolu  la 
question,  au  contraire.  Que  faut-il  en  con- 
clure ? Ceci  : que,  au  lieu  de  s’adresser  à la 
science,  il  faut  recourir  à la  pratique,  faire 
parler  les  faits.  Aussi,  que  nos  lecteurs  se 
rassurent,  nous  n’avons  pas  l’intention  de 
les  convaincre  par  des  phrases,  car  nous  ne 
pourrions  que  répéter  à peu  près  — en 
d’autres  termes  peut-être  — ce  qui  a été 
dit,  ce  qui,  au  lieu  d’avancer  la  question, 
pourrait  produire  un  effet  analogue  à ce  qui 
se  passe  lorsqu’on  « agite  la  bouteille  à 
l’encre.  » Nous  nous  en  garderons  bien  ; 
notre  but,  c’est  de  faire  connaître  aux  ama- 
teurs de  cette  plante  un  fait  qui  les  intéres- 


84 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


sera,  que  nous  trouvons  consigné  dans  V Il- 
lustration horticole^  numéro  du  1®^  octobre, 
d’où  nous  l’extrayons.  « Nous  avons  le  plai- 
sir, dit  M.  André,  d’annoncer  que  M.  Du- 
rieu  de  Maisonneuve  vient  d’obtenir  une 
race  nouvelle  et  hâtive,  par  semis  de  graines 
venues  de  la  Chine  il  y a quelques  années, 
par  l’intermédaire  de  la  Société  d’acclimata- 
tion. Ordinairement  les  fleurs  femelles  de 
l’Ortie  de  Chine  se  montrent  fin  de  sep- 
tembre ou  commencement  d’octobre,  et 
n’ont  pas  le  temps  de  mûrir  léurs  graines. 
Cette  nouvelle  variété  ouvre  ses  fleurs  dès  le 
15  août,  et  ses  graines  sont  parfaites  dès  le 
15  octobre.  » 

Si,  comme  il  est  arrivé  à tant  d’autres  cho- 
ses, le  Ramié  n’a  pas  été  un  peu  surfait,  on 
a lieu  de  se  réjouir  du  fait  que  nous  venons 
de  rapporter,  car  en  récoltant  facilement  des 
graines,  on  pourra  (aire  des  semis  plus  con- 
sidérables, et,  ainsi  que  cela  s’est  vu  pour 
tant  d’aulres  plantes,  obtenir  des  variétés 
encore  plus  méritantes  que  celles  desquelles 
elle  sortent, 

— Le  fait  dont  nous  avons  parlé  dans 
notre  chronique  du  16  avril  1872,  pp.  146, 
■147,  relatif  à une  affection  que  présentent 
parfois  les  Pommes  de  terre,  et  qui  n’était 
que  local  et  même  exceptionnel,  tend  à se 
généraliser  et  à passer  à l’état  de  fléau.  Il 
s’agit  de  Pommes  de  terre  « fialeuses  » qui, 
au  lieu  de  produire  des  bourgeons  vigou- 
reux, n’en  donnent  plus  que  de  filiformes, 
et  à peu  près  tout  à fait  impropres  à la  re- 
production. On  nous  informe  que  dans  plu- 
sieurs départements,  des  quantités  considé- 
rables sont  atteintes  de  cette  affection,  et  il 
y a quelques  jours,  un  fort  propriétaire  de 
la  Charente-Inférieure  nous  assurait  que 
dans  une  grande  partie  du  département,  on 
ne  trouverait  pas  assez  de  Pommes  de  terre 
pour  faire  la  plantation.  Nous  reviendrons 
prochainement  sur  cette  question,  en  indi- 
quant ce  qu’il  convient  de  faire  pour  se  sous- 
traire à ce  nouveau  fléau. 

— Nous  lisons  dans  un  journal  horticole, 
sur  les  Wellingtonias  gigantesques  de  la 
Californie,  que  l’un  de  ces  colosses,  qui  est 
couché  sur  le  sol,  « a le  bois  ferme  et  par- 
faitement sain  ; que  son  âge,  d’après  ses  an- 
neaux ou  couches  de  bois,  serait  de  3,100  an- 
nées — il  n’y  a pas  de  fractions  ; — qu’il 
renferme  25,000  pieds  cubes  de  bois  de  ser- 
vice, et  qu’il  y a environ  1,000  ans  qu’il  fut 
endommagé  par  le  feu  que  les  Indiens 
avaient  allumé  à son  pied,  comme  ils  ont 
encore  l’habitude  de  le  faire  aujourd’hui,  d 


Si  l’on  réfléchit  que  d’après  des  études  sé- 
rieuses, l’âge  de  ces  colosses  a été  évalué  à 
environ  1,800  ans, — ce  qui  est  déjà  un  beau 
chiffre,  — on  sera  amené  à établir  quelque 
comparaison  de  ces  dires  avec  la  fable  de 
La  Fontaine  intitulée:  « Les  femmes  et  le 
secret.  » 

— Si  M.  Casimir  Gary  n’est  pas,  comme 
M.  Dupont  (de  Bordeaux)  (1),  un  anti- 
phylloxériste,  il  n’en  est  pas  moins  un  en- 
nemi de  tous  les  moyens  qu’on  a préconisés 
jusqu’à  ce  jour  pour  combattre  le  phyl- 
loxéra, ce  qui  provient  de  ce  que,  considé- 
rant cet  insecte  comme  un  effet,  la  logique 
le  conduit  à s’en  prendre  à la  cause.  Sous 
ce  rapport,  M.  Gary  a raison  ; il  est  consé- 
quent avec  lui-même.  Pour  le  juger,  il  suffit 
d’examiner  la  cause,  ce  que  nous  allons  faire. 

D’un  article  publié  dans  le  Journal 
d' Agriculture  pratique,  1873,  page  127, 
par  M.  G.  Gary,  il  résulte  que  la  cause  du 
mal  sur  nos  vignobles  serait  due  au  soufre 
qu’on  a employé  soit  pour  les  guérir,  soit 
pour  les  préserver  de  l’oïdium.  Pour  justi- 
fier nos  dires  et  convaincre  nos  lecteurs, 
nous  croyons  devoir  mettre  sous  leurs  yeux 
certains  passages  de  l’article  dont  nous  par- 
lons : 

L’oïdium,  fléau  des  Vignes,  a longtemps  sévi 
dans  diverses  contrées  de  l’Europe.  Après  plu- 
sieurs essais,  les  vignerons  ont  atténué  ses  ra- 
vages en  employant  la  fleur  de  soufre,  injectée 
sur  les  feuilles  et  les  Raisins  en  voie  d’accrois-. 
sement. 

Le  soufre  était  devenu  l’arbitre  souverain  de 
la  récolte,  à ce  point  que  le  viticulteur  qui  en 
manquait  considérait  comme  bien  aventurée  la 
production  de  ses  Vignes. 

Dans  certains  vignobles  de  France,  l’oïdium 
ne  s’est  fait  sentir,  dans  ses  diverses  apparitions, 
que  sur  une  ou  deux  récoltes  consécutives.  Dans 
le  sud,  il  a été  plus  persistant. 

Dès  avant  l’année  1859,  les  Vignes  du  midi  de 
la  France  étaient  envahies  par  l’oïdium.  Souvent 
on  l’a  vu  disparaître  à la  suite  d’un  grand  orage 
fortement  électrisé,  et  les  Raisins,  débarrassés 
tout  à coup  de  la  poussière  de  l’oïdium,  arriver 
à parfaite  maturité,  même  dans  les  Vignes  non 
soufrées. 

Entre  temps,  le  soufrage  permanent,  qui  avait 
été  adopté  comme  assurance  de  la  récolte  dans 
les  environs  de  Marseille,  dans  la  vallée  du 
Rhône,  les  plaines  du  Languedoc  et  du  Roussil- 
lon, a fait  surgir  un  autre  ennemi  bien  plus  à 
craindre;  car,  d’après  les  viticulteurs,  il  attaque 
dans  sa  sève  l’écorce  vive  de  la  Vigne,  dont  il  dé- 
truit la  végétation. 

Cet  ennemi,  auquel  on  a donné  le  nom  de 
phylloxéra  vastatrix,  ne  paraît  pas  être  une 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  C5. 


85 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


cause,  mais  un  effet,  car  il  se  montre  sur  les 
racines  des  Vignes  longtemps  soumises  à celte 
application  délétère  du  soufre. 

Il  va  sans  dire  que  nous  ne  partageons 
pas  l’opinion  de  M.  Gary.  Si  nous  avons 
rapporté  quelques  passages  de  son  article, 
c’est  pour  montrer  jusqu’à  quel  point  les 
opinions  peuvent  diflcrer  sur  un  même  su- 
jet. Toutefois,  sans  prendre  parti  ni  pour 
ni  contre  ce  qui  précède,  nous  croyons  de- 
voir observer  qu’une  semblable  théorie  est 
difficile  à accorder  avec  les  faits.  Ainsi,  par 
exemple,  comment  se  fait-il  que  depuis  plus 
de  vingt  ans  qu’on  soufre  les  Vignes,  le 
phylloxéra  ne  soit  apparu  que  depuis  quel- 
ques années  seulement?  Et,  d’une  autre 
part,  puisque  l’oïdium  a envahi,  plus  ou 
moins,  à peu  près  toutes  les  Vignes  de  l’Eu- 
rope, et  qu’on  les  a toutes  soufrées  pour  les 
guérir,  comment  se  fait-il,  si  le  phylloxéra 
n’est  qu’un  effet  occasionné  par  le  soufrage, 
que  cet  insecte  ne  se  soit  montré  que  dans 
certaines  localités  et  sur  quelques  parties 
seulement,  qui  parfois  même  n’avaient  pas 
été  soufrées?  Ce  sont  des  questions  que  l’on 
pourrait  poser  à M.  Gary. 

— En  parcourant  dernièrement  des  notes 
que  nous  avions  prises  il  y a déjà  longtemps, 
nous  en  avons  remarqué  une  qui  a assez 
d’analogie  avec  celle  publiée  récemment  par 
la  Revue,  intitulée  : Gloxinia  à corolle 
double  (1),  et  de  laquelle  il  résulte  que  ce 
caractère  de  duplicature  s’est  montré  il  y a 
déjà  plusieurs  années,  et  même  qu’il  ten- 
dait à se  reproduire,  fait  démontré  par  des 
expériences  faites  au  Muséum  par  notre 
collaborateur  et  collègue,  M.  L.  Neumann. 
Ayant  reçu  de  MM.  Thibaut  et  Keteleer  un 
pied  de  Gloxinia  Taragona  {Ligeria  Ta- 
ragono),  dont  presque  toutes  les  fleurs 
étaient  plus  ou  moins  doubles,  M.  Neu- 
mann récolta  des  graines  sur  les  fleurs  qui 
étaient  les  plus  transformées,  avec  les- 
quelles il  obtint  des  plantes  dont  les  fleurs 
étaient  régulièrement  et  normalement  dou- 
bles, chez  lesquelles,  néanmoins,  les  par- 
ties qui  formaient  la  duplicature,  qui  sem- 
blait formée  par  un  dédoublement  du  calice, 
n’arrivaient  que  vers  la  moitié  de  la  corolle. 

Est-ce  de  la  même  espèce  (Ligeria  Ta- 
ragona) que  sont  sorties  les  deux  plantes 
dont  il  a été  récemment  question  dans  la 
Revue  hoy'ticole,  l.  c.Ÿ  Nous  ne  pouvons  le 
dire.  Nous  nous  bornons  à signaler  le  fait. 

— Dans  la  chronique  du  15  octobre  1872 

(1)  V.  Pievue  horticole,  1873,  p.  28. 


de  V Illustration  horticole^  notre  collègue, 
M.  Ed.  André,  parle  d’un  nouveau  parc,  le 
<(  Yelloiü  stone  national  park,  » ou  nou- 
veau parc  national  de  la  Roche-Jaune, 
qu’on  va  établir  en  Amérique,  et  dont 
l’étendue  dépasse  non  seulement  ce  qu’on 
est  habitué  à voir  en  ce  genre,  mais  même 
ce  que  l’on  peut  imaginer.  En  effet,  ce  n’est 
pas  seulement  quelques  centaines  d’arpents, 
— ce  qui  serait  déjà  bien  respectable,  — il 
s’agit  de  5,575  milles  carrés,  c’est-à-dire 
une  superficie  plus  grande  que  celle  de  toute 
la  Belgique.  Dans  cette  immense  étendue, 
située  entre  les  llO®  et  IIR  degrés  de  lon- 
gitude ouest  de  Greenwich,  et  entre  les  44® 
et  45®  degrés  de  latitude  nord,  qui  renferme 
toutes  les  beautés  naturelles  que  l’on  peut 
désirer,  tels  que  lacs,  cascades,  sources  mi- 
nérales, geyzers,  etc.,  etc.,  et  qui,  comme 
on  peut  le  penser,  englobe  de  nombreuses 
propriétés  particulières,  personne  n’aura 
le  droit  d’enclore  ni  de  cultiver  sans  la  per- 
mission du  secrétaire  de  l’intérieur. 

— Se  basant  sur  ce  dicton  : ce  Qui 
veut  la  fin  veut  les  moyens , » le  Cercle 
horticole  lyonnais  vient  de  faire  tirer  à 
1,000  exemplaires  la  circulaire  suivante, 
qu’il  a envoyée  aux  sociétés  d’horticulture  et 
aux  principaux  horticulteurs  : 

Le  Cercle  horticole  lyonnais  a été  fondé  en 
août  1872,  par  un  groupe  d’horticulteurs  et 
d’amateurs,  pour  donner  une  nouvelle  impulsion 
à l’art  et  à l’industrie  horticoles. 

Dans  ce  but,  il  a créé  une  bibliothèque  horti- 
cole et  des  sciences  qui  s’y  rattachent,  s’est 
abonné  aux  principaux  journaux  horticoles  de 
l’Europe,  recevra  les  catalogues  des  horticulteurs 
français  et  étrangers,  aura  des  réunions  men- 
suelles, des  conférences,  et  fera  des  expositions. 

11  s’affiliera  à toutes  les  sociétés  horticoles  et 
scientifiques,  établira  des  correspondances  avec 
les  savants  de  la  France  et  de  l’étranger  qui 
voudront  concourir  à son  œuvre. 

Les  membres  du  Cercle  trouveront,  dans  le 
local  de  la  bibliothèque,  la  liste  de  tous  les 
horticulteurs  du  département  du  Rhône,  l’indi- 
cation de  leurs  cultures,  l’annonce  des  plantes 
nouvelles,  et  tous  les  renseignements  qu’ils 
pourront  désirer. 

Les  instituteurs  communaux  et  les  élèves  en 
horticulture  seront  admis  gratuitement  dans  les 
assemblées  générales,  aux  conférences  et  à la 
bibliothèque. 

Le  Cercle  horticole  lyonnais  fait  appel  à tous 
les  horticulteurs  et  amateurs  de  tous  pays,  afin 
de  réunir,  pour  une  œuvre  commune,  toutes  les 
aptitudes,  toutes  les  intelligences  isolées.  Il  ose 
compter,  Monsieur,  sur  votre  concours. 

Le  Secrétaire  général, 
Jean  Sisley. 


PLANTATION  ET  CULTURE  DES  FRAISIERS^ 


8G 

Non  seulement  toutes  nos  sympathies  sont 
acquises  au  Cercle  horticole  lyonnais ,etnous 
faisons  des  vœux  pour  que  ses  efforts  soient 
couronnés  de  succès,  mais  nous  le  seconde- 
rons autant  qu’il  nous  sera  possible,  et  dans 
ce  but  nous  rappellerons  à tous  les  horti- 
culteurs la  demande  de  catalogues  qui  leur 
a été  adressée.  Nous  espérons  qu’ils  n’y 
manqueront  pas  ; car,  indépendamment 
qu’ils  feront  une  bonne  chose  en  prêtant 
leur  concours  à une  œuvre  éminemment 
utile  et  d’un  intérêt  général,  eux,  les  pre- 
miers, y trouveront  leur  compte  en  ouvrant 
un  nouveau  débouché  à leurs  produits,  les 
catalogues  devant  être  lus  par  les  horticul- 
teurs et  amateurs  d’horticulture. 

Tous  les  catalogues,  brochures,  etc.,  etc., 
doivent  être  adressés  à M.  Jean  Sisley,  se- 
crétaire général  du  Cercle  horticole  lyon~ 
nais,  rue  Saint-Maurice,  Monplaisir-Lyon. 

— Dans  sa  séance  du  25  avril  1872,  sur 
la  proposition  qui  lui  en  avait  été  faite  par 
M.  le  maire  d’Hyères  (Var),  le  Conseil  d’ad- 
ministration de  la  Société  zoologique  d’ac- 
climatation du  bois  de  Boulogne  acceptait 
un  terrain  d’une  contenance  de  6 hectares, 
et  le  24  juillet  de  cette  même^année,  un  acte 
notarié  consacrait  la  donation  et  en  rendait 
ladite  Société  possesseur  pour  vingt-six  an- 
nées, sans  autre  charge  que  l’entretien  et 
l’embellissement  de  ce  terrain,  placé  à 
800  mètres  du  centre  de  la  ville,  par  con- 
séquent dans  les  meilleures  conditions  pos- 
sibles. 

Cette  propriété  n’est  pas  un  champ  vague, 
mais  un  beau  jardin  « dessiné  par  M.  Ba- 
rillet, planté  par  MM.  Aumont  et  Chevallier, 
et  très-bien  réussi  au  point  de  vue  paysa- 
ger. Une  rivière  artificielle  a été  creusée  ; 
elle  traverse  un  lac  dTme  assez  grande  éten- 


due, et  se  jette  dans  le  Roubaud,  ruisseau 
important,  qui  limite  la  propriété  au  sud...  d 

En  annonçant  cette  nouvelle  à l’assem- 
blée des  membres  de  la  Société  d’acclima- 
tation, M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  qui  est  le 
directeur  de  ce  très-remarquable  établisse- 
ment, ajoutait  : 

Le  jardin  d’acclimatation  d’Hyères  devra  être 
avant  tout  un  lieu  de  production.  Nous  y multi- 
plierons les  espèces  trop  délicates  pour  supporter 
nos  hivers  parisiens,  et  celles  qui  pourraient  être 
utilement  introduites  dans  les  parties  tempérées 
de  la  France.  Nous  y entretiendrons  des  étalons 
des  races  d’animaux  domestiques  propres  à amé- 
liorer les  races  locales.  Nous  aurons  donc  à éta- 
blir des  écuries,  des  fabriques,  des  parcs  et  des 
volières  pour  les  animaux  ; à faire  des  planta- 
tions, de  façon  à continuer  plus  en  grand,  sous 
le  ciel  favorable  de  la  Provence,  les  essais  que 
nous  poursuivons  à Paris. 

Le  jardin  d’Hyères  sera  un  jardin  public  li- 
brement ouvert  au  public  ; pour  subvenir  à son 
entretien,  nous  devrons  faire  à ce  nouvel  éta- 
blissement, à côté  de  nos  cultures  expérimen- 
tales, des  cultures  commerciales. 

Nous  avons  l’assurance  qu’avant  peu  d’années 
la  succursale  du  Jardin  d’acclimatation  de  Paris 
donnera  des  produits  importants,  qui  lui  per- 
mettront de  se  développer  sérieusement.  Nous 
pourrons  alors  donner  une  extension  plus  consi- 
dérable aux  expériences  de  naturalisation  qui 
sont  dès  maintenant  instituées. 

Nous  désirons  qu’il  en  soit  ainsi  que  le 
présume  M.  le  directeur.  Mais  en  serait-il 
autrement,  et  cette  entreprise  dût-elle  ne 
pas  être  [ce  qu’on  appelle  « une  bonne  af- 
faire, » — ce  que  nous  regretterions,  — que 
nous  n’en  féliciterions  pas  moins  la  Société 
d’avoir  pris  cette  mesure,  qui,  au  double 
point  de  vue  de  la  science  et  du  progrès, 
ne  peut  avoir  que  d’heureux  résultats,  ce 
qui  est  l’essentiel.  E.-A.  Carrière, 


PLANTATION  ET  CULTURE  DES  FRAISIERS 


Ainsi  que  nous  l’avons  dit  à l’automne 
dernier  (1),  notre  article  sur  la  plantation 
des  Fraisiers  ayant  paru  un  peu  [tard,  les 
personnes  qui  auraient  peut-être  planté  et 
essayé  de  cultiver  des  Fraisiers  d’après 
nos  indications  n’ont  pas  osé  le  faire,  dans  la 
crainte  de  voir  ces  plantations  surprises  par 
les  grands  froids  avant  la  reprise  des  plants. 
Et  pourtant,  si  elles  eussent  su,  et  si  nous 
pouvions  savoir  ! que  de  choses  nous  pour- 
rions faire  avec  certitude  ; car  pour  celle 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  410. 


qui  nous  occupe,  l’automne  dernier  et  le 
présent  hiver,  qui  est  déjà  bien  avancé, 
ayant  été  exceptionnellement  doux,  l’époque 
où  a paru  notre  premier  article  eût  été  très- 
favorable  à la  plantation  des  Fraisiers,  sur- 
tout dans  les  terres  sableuses  ou  légères, 
faciles  à travailler  au  moment  des  grandes 
pluies. 

Aussi,  l’hiver  qui  s’achève  dans  des  con- 
ditions de  température  exceptionnellement 
douce,  et  l’accueil  bienveillant  que  quelques 
personnes  ont  fait  à l’article  en  question, 
nous  engagent  à le  compléter,  en  lui  don- 


PLANTATION  ET  CULTURE  DES  FRAISIERS. 


nant,  pour  ainsi  dire,  im  supplément  pour 
ce  qui  concerne  la  plantation  des  Fraisiers 
faite  à la  fin  de  Thiver  ou  au  printemps. 

Nous  ne  reviendrons  donc  ni  sur  les  tra- 
vaux préparatoires,  ni  sur  les  fumures,  etc., 
que  nous  avons  déjà  indiqués,  et  qui  sont 
les  mêmes  pour  toutes  les  plantations  faites 
n’importe  à quelles  époques. 

Nous  avons  déjà  dit  qu’il  est  avantageux 
de  repiquer  les  Fraisiers  à l’automne  ; nous 
répétons  qu’il  convient  aussi  de  les  repiquer 
à la  fin  de  l’hiver,  et  de  donner  aux  jeunes 
plants  une  culture  particulière  et  des  soins 
spéciaux. 

Certes,  beaucoup  de  cultivateurs  ne  se 
donnent  pas  autant  de  peine  pour  planter 
des  Fraisiers,  et  surtout  les  cultivateursfqui 
plantent  dans  les  champs  pour  récolter  des 
Fraises  destinées  à l’approvisionnement  des 
marchés  ; mais  aussi,  combien  de  plants 
souffrent  et  meurent  avant  leur  reprise  ! En 
outre,  dans  ce  dernier  cas,  la  plantation 
n’est  ordinairement  pas  faite  enlvue  de  ré- 
colter des  Fraises  la  première  année. 

Du  reste,  il  ne  faut  pas  oublier  que  le  re- 
piquage ne  retarde  pas  la  pousse  ni  la  pros- 
périté des  Fraisiers  ; au  contraire,  il  les 
fortifie,  fait  émettre  de  nouvelles  racines  et 
les  avance  ; et  s’ils  pouvaient  être  repiqués 
deux  et  même  trois  fois  avant  leur  mise  en 
place,  cela  n’en  vaudrait  que  mieux.  En 
outre,  en  repiquant  les  Fraisiers  sur  un 
petit  espace  de  terrain,  on  peut  le  mieux 
choisir  pour  la  qualité  et  l’exposition,  mieux 
l’amender,  le  préparer  avec  plus  de  soin,  et 
mieux  soigner  les  plants  que  s’ils  ont  été  de 
suite  plantés  en  place  sur  une  grande 
étendue. 

Nous  conseillons  donc  de  faire  le  repi- 
quage des  Fraisiers  aussi  bien  au  printemps 
qu’à  l’automne,  avant  de  les  mettre  à leur 
place  définitive,  mais  à condition  toutefois, 
dans  le  premier  cas,  de  faire  cette  opéra- 
tion de  bonne  heure,  c’est-à-dire  en  février 
ou  avant  la  fin  de  mars,  car  si  elle  était  faite 
plus  tard,  on  comprendra  facilement  que  les 
plants  de  Fraisiers  n’auraient  pas  le  temps 
de  reprendre  et  de  se  fortifier  avant  la  plan- 
tation définitive,  ce  qui  ne  veut  pas  dire 
qu’on  ne  peut  encore  planter  des  Fraisiers 
en  avril,  mais  alors  on  devra  les'mettre  à 
leur  place  définitive. 

Pour  le  repiquage,  on  procède  donc  delà 
manière  que  nous  avons  indiquée  dans  notre 
article  précédent  (1),  c’est-à-dire  qu’on  choi- 
sit toujours  un  peu  de  terrain  aussi  bon  que 

(1)  Revue  horticole,  1.  c. 


87 

possible,  exposé  au  midi  ou  au  levant  ; on  le 
fume  fortement  avec  un  des  engrais  bien 
consommés,  et  que  nous  avons  déjà  indiqués 
précédemment,  ou  même,  si  ces  engrais 
manquent,  on  prépare  le  terrain  d’abord, 
et  ensuite  on  met  dessus  une  bonne  épais- 
seur de  terreau  de  couche,  surtout  si  la  terre 
est  forte™et  compacte,  et  on  le  mêle  un  peu  à 
la  terre  en  donnant  un  bon  coup  de  fourche  ou 
de  râteau  à grandes  dents.  Lorsque  le  terrain 
est  préparé  et  dressé  (toujours  d’après  nos 
indications  d’automne),  on  couvre  le  dessus 
d’un  paillis  fin  ou  assez  fin,  et  on  plante  de 
la  façon  et  aux  distances  déjà  recomman- 
dées. Nous  ajouterons  que  si  l’on  peut  em- 
ployer des  plants  qui  aient  été  repiqués 
d’automne,  cela  n’en  vaudrait  que  mieux. 

Lorsque  le  repiquage  aura  été  fait,  il  n’y 
aura  plus  qu’à  tenir  les  plants  bien  propres, 
en  donnant  des  binages  ou  en  remuant  la 
terre  avec  les  mains  entre  les  Fraisiers 
quand  le  dessus  devient  trop  dur,  quand 
elle  est  croûtée,  comme  disent  les  jardi- 
niers, ou  que  les  mauvaises  herbes  com- 
mencent à croître.  On  devra  aussi  retirer 
les  feuilles  jaunes  ou  avariées  qui  se  forme- 
ront surjes  Fraisiers;  on  arrosera  de  temps 
en  temps  si  la  terre  se  dessèche  trop,  et  on 
retirera  toujours  les  filets  au  fur  et  à me- 
sure qu’ils  pousseront. 

Vers  la  fin  d’avril  et  jusqu’au  15  de 
mai,  selon  que  l’on  aura  repiqué  au 
commencement  ou  à la  fin  de  mars,  on 
fera  la  plantation  définitive  absolument  de 
la  même  manière  que  nous  l’avons  indiquée 
précédemment,  et  les  soins  ultérieurs  se- 
ront aussi  les  mêmes. 

Certes,  il  ne  faudra  pas  compter  sur  une 
forte  récolte  de  Fraises  cette  première  an- 
née, parce  que  les  pieds  de  Fraisiers  ne 
pourront  être  bien  forts  et  assez  empiètes 
dans  le  sol  en  aussi  peu  de  temps  que  celui 
qui  se  sera  écoulé  entre  la  plantation  des 
Fraisiers  et  la  maturité  des  fruits  ; et  si 
ceux-ci  nouaient  même  en  trop  grande  abon- 
dance, il  serait  bon  d’en  retirer  une  cer- 
taine quantité  pour  ne  pas  épuiser  les  pieds 
de  Fraisiers  dès  cette  première  récolte. 
Mais  enfin,  pour  les  personnes  qui  n’au- 
raient pas  repiqué  des  plants  de  F raisiers  à 
l’automne  dernier,  et  qui  désireraient  en 
planter,  il  sera  encore  bien  préférable  pour 
elles  de  le  faire  comme  nous  l’indiquons  ici 
que  d’attendre  de  nouveau  à l’automne  pro- 
chain. 

Une  autre  méthode  consiste  à repiquer  à 
l’automne  ou  au  printemps,  de  replacer  les 
plants  une  seconde  ou  une  troisième  fois  en 


PLANTATION  ET  CULTURE  DES  FRAISIERS. 


88 

pépinière  en  mars  ou  juin,  à des  distances 
qui  varient  entre  20  et  30  centimètres,  de 
les  laisser  passer  ainsi  le  reste  du  printemps 
et  l’été,  et  de  ne  les  mettre  en  place  que  vers 
le  15  septembre,  pour  avoir  une  pleine  ré- 
colte la  deuxième  et  même  la  troisième  an- 
née, si  l’opération  a commencé  dès  le  pre- 
mier automne. 

Certes,  par  cette  méthode,  on  obtient 
des  plantes  très-fortes  au  moment  de  la 
fructification.  Mais,  outre  qu’elle  est  très- 
longue,  et  que  peu  de  jardiniers  ou  cultiva- 
teurs se  résigneront  à la  pratiquer,  cette 
méthode  a encore  l’inconvénient  de  fatiguer, 
d’user,  pour  ainsi  dire,  les  pieds  de  Frai- 
siers, surtout  de  certaines  variétés  qui  s’é- 
puisent vite,  en  leur  faisant  passer  l’époque 
de  la  récolte  en  stérilité,  de  les  laisser  vieillir 
et  durcir  l’été  au  moment  des  chaleurs,  de 
manière  qu’ils  ont  déjà  des  racines  dures 
au  moment  de  la  mise  en  place  définitive. 

Quant  aux  variétés  à planter,  nous  con- 
seillons de  choisir  toutes  ou  partie  de  celles 
indiquées  dans  notre  tableau  {Rev.  hort. 
1872,  p.  410). 

Nous  ne  poussons  pas  plus  loin  nos  indi- 
cations sur  la  culture  des  Fraisiers,  parce 
que  ce  n’est  pas  en  deux  petits  articles  qu’on 
peut  faire  un  traité  complet  de  toutes  les 
cultures  et  des  soins  à donner  aux  Fraisiers. 
Pourtant,  nous  croyons  devoir  ajouter  à ce 
que  nous  avons  déjà  dit  quelques  notions 
sur  la  culture  forcée,  sur  couche  tiède  et  à 
froid. 

Ainsi,  les  personnes  qui  auraient  à leur 
disposition  quelques  châssis  pourront  très- 
bien,  et  à peu  de  frais,  avancer  leur  récolte 
de  Fraises  d’un  mois  à six  semaines.  Il 
suffit  pour  cela  d’avoir  à sa  disposition  des 
plants  de  Fraisiers  assez  forts  qui  auront 
été  plantés  au  printemps  1872  ou  à l’au- 
tomne de  cette  même  année.  Dans  ce  cas,  il 
y a deux  manières  de  procéder.  La  pre- 
mière, qui  avancera  un  peu  plus  la  récolte 
que  l’autre,  consiste  à faire  une  couche  dès 
les  premiers  jours  de  mars,  soit  avec  du  fu- 
mier frais  de  cheval,  ou  mieux  de  mêler  ce- 
lui-ci avec  moitié  de  feuilles,  ce  qui  évitera 
une  trop  grande  chaleur  et  la  fera  durer 
plus  longtemps.  Cette  couche  devra  avoir 
une  épaisseur  de  40  à 50  centimètres.  Lors- 
qu’elle aura  été  « montée,  » et  placée  au- 
tant que  possible  le  long  d’un  mur  au  midi, 
on  posera  les  coffres  dessus,  en  leur  don- 
nant la  plus  forte  inclinaison  possible  vers 
le  midi.  Lorsqu’ils  seront  bien  posés  d’a- 
plomb et  de  niveau,  on* mêlera  par  moitié  de 
la  terre  franche  et  du  bon  terreau  avec  addi- 


tion d’un  peu  de  sable  ordinaire  ou  grave- 
leux ; le  tout  sera  bien  divisé  et  passé  au 
râteau  fin,  pour  en  retirer  les  pierres  ou  les 
grosses  mottes,  ou  mieux  passé  à travers 
une  claie  à divisions  un  peu  écartées,  et 
l’on  meltra  de  ce  mélange  environ  deux 
bonnes  brouettées  par  châssis.  Lorsque  ce 
mélange  sera  bien  étalé,  on  procédera  à la 
plantation  de  la  manière  suivante.  On  ira 
chercher  les  Fraisiers  où  ils  ont  été  repi- 
qués (ou  si  l’on  n’en  a pas,  on  devra  s’en  pro- 
curer auprès  des  fraisiéristes  ou  des  per- 
sonnes qui  en  possèdent  ; mais  si  on  les  fait 
venir  de  loin,  il  faut  avoir  soin  de  recom- 
mander qu’ils  soient  levés  et  envoyés  en 
mottes)  ; on  les  lève  avec  une  bonne  motte 
à l’aide  d’un  déplantoir  ou  d’une  houlette  ; 
puis  on  arrondit  cette  motte  en  retirant  la 
terre  de  dessus,  et  ne  laissant  que  celle  qui 
est  maintenue  par  les  racines.  On  nettoie 
aussi  les  Fraisiers  en  enlevant  les  feuilles 
mortes  ou  avariées  ; l’on  met  ces  mottes  les 
unes  à côté  des  autres  et  d’un  seul  lit, 
soit  dans  une  brouette,  soit  dans  une  boîte 
plate,  dont  on  se  sert  ordinairement  pour 
porter  des  plantes,  et  on  les  mène  auprès 
des  coffres.  On  les  plante  par  rangs  longi- 
tudinaux, espacés  de  25  centimètres,  en 
commençant  le  premier  rang  à 15  centi- 
mètres de  la  planche  du  haut  du  coffre,  et 
en  finissant  à 20  centimètres  au  moins  de 
celle  du  bas,  parce  que  le  long  de  celle-ci  il 
y a toujours  plus  d’humidité  et  moins  de 
soleil.  On  place  les  Fraisiers  également  à 
25  centimètres  les  uns  des  autres  sur  la 
longueur  des  rangs,  et  en  quinconce  ; de 
cette  façon,  il  en  tiendra  environ  vingt-cinq 
pieds  par  châssis,  ayant  1^  40  à l"i  45  de 
long  sur  1»*  30  de  large.  Pour  planter,  on 
fait  chaque  trou  à la  main  ou  à la  houlette, 
un  peu  plus  grand  que  la  grosseur  des 
mottes;  on  y place  chacune  d’elles,  en  ayant 
soin  d’étaler  les  racines  et  non  de  les  re- 
brousser; puis  on  rabat  la  terre  de  chaque 
côté,  en  ne  la  foulant  que  très-peu,  ou 
même  pas  si  elle  est  humide.  On  donne  une 
légère  mouillure  pour  lier  ou  mieux  faire 
adhérer  la  terre  avec  les  mottes  et  les  ra- 
cines de  Fraisiers,  et  ensuite  on  met  les 
châssis  sur  les  coffres.  Pour  faciliter  la  re- 
prise des  Fraisiers,  on  les  laisse  pendant 
plusieurs  jours  sans  leur  donner  d’air,  car 
à cette  époque  le  soleil,  s’il  paraît,  n’est  pas 
encore  assez  fort  pour  qu’il  puisse  les  fati- 
guer; mais  ensuite,  on  donne  de  l’air  le 
jour  s’il  fait  beau,  en  l’augmentant  succes- 
sivement à mesure  qu’on  avance  vers  et  dans 
le  printemps.  On  en  donne  surtout  beau- 


PUNAISES  GRANIVORES. 


89 


coup  lorsqu’arrive  la  floraison,  un  peu 
moins  lorsque  les  fruits  sont  noués  et  sur- 
tout lorsqu’ils  commencent  à mûrir  ; mais 
aussitôt  après  la  plantation,  on  doit  couvrir, 
les  nuits,  avec  des  paillassons,  et  continuer 
ainsi  jusque  vers  le  15  avril,  c’est-à-dire 
jusqu’à  l’époque  de  la  maturité,  surtout 
s’il  fait  froid.  Il  n’y  aurait  d’exception  que 
pour  les  nuits  douces,  où  il  n’y  aurait  ni 
brouillard,  ni  humidité  ; mais  il  faut  avoir 
soin  de  découvrir  dès  le  matin,  et  de  ne 
couvrir  que  le  soir  à la  nuit,  car  les  Frai- 
siers aiment  la  lumière  et  l’air,  et  ce  n’est 
pas  de  trop  de  leur  donner  toute  celle  de 
chaque  jour.  Avant  la  floraison,  lorsque  le 
soleil  est  déjà  chaud  et  qu’il  est  utile  d’ar- 
roser plus  abondamment,  on  couvre  la  terre 
d’un  bon  paillis  entre  les  Fraisiers.  On 
aura  soin,  comme  pour  les  Fraisiers  plan- 
tés en  plein  air,  et  mieux  encore  que 
pour  eux,  de  tenir  ceux  qui  sont  plantés 
sous  châssis  bien  propres  ; on  devra  les 
nettoyer  à la  main,  en  ayant  soin  de  re- 
muer la  terre  et  d’enlever  les  feuilles 
mortes  ou  avariées,  ainsi  que  tous  les  filets, 
s’il  s’en  développait.  On  doit  arroser  de  pré- 
férence le  matin  vers  neuf  heures,  lorsque 
la  terre  sera  séchée,  surtout  lorsqu’il  fera 
un  beau  soleil.  On  a dit  qu’il  ne  fallait  pas 
mouiller  les  fleurs,  mais  cela  n’a  aucune 
conséquence  fâcheuse,  à la  condition,  tou- 
tefois, de  ne  pas  arroser  le  soir  ou  quand  il 
fait  froid.  On  doit  toujours  choisir  un  beau 
jour  pour  arroser  ; alors,  aussitôt  après,  on 
donne  de  l’air,  pour  faire  « ressuyer  y>  et 
« sécher  » les  fleurs  qui  auraient  été  mouil- 
lées ; mais  au  moment  où  les  fruits  mûris- 
sent, il  faut  suspendre  les  arrosements  ou 
n’en  donner  que  peu,  de  manière  à éviter 
l’humidité,  qui  pourrait  faire  pourrir  les 
Fraises. 

La  deuxième  manière  est  plus  simple, 
mais  avance  moins  la  récolte  des  fruits  ; 
elle  consiste  à placer  des  coffres  de  la  même 


manière  et  aux  mêmes  expositions  qu’il  est 
dit  ci-dessus.  Après  avoir  préalablement 
bien  labouré  le  terrain  et  bien  divisé  les 
mottes,  on  mettra  aussi  deux  brouettées 
par  châssis  du  mélange  qui  est  indiqué  ci- 
dessus;  on  l’étalera  bien,  et  on  plantera 
ainsi  qu’il  a été  dit  pour  les  Fraisiers  plan- 
tés sur  couches.  La  culture  et  les  soins  se- 
ront ensuite  les  mêmes,  sauf  qu’on  pourra 
donner  généralement  moins  d’air  et  moins 
d’eau,  parce  que  les  Fraisiers  plantés  ainsi 
en  pleine  terre  dessécheront  moins,  et 
craindront  moins  l’humidité  que  ceux  qui 
recevraient  la  chaleur  et  la  huée  d’une 
couche. 

Si  l’on  avait  des  planches  de  Fraisiers 
plantées  en  place  définitive  du  printemps  ou. 
de  l’automne  de  1872,  d’environ  30  centi- 
mètres de  moins  large  que  les  coffres  dont  ' 
on  peut  disposer,  on  pourrait  y placer  ceux- 
ci,  ainsi  que  leur  châssis,  et  on  traiterait  en- 
suite les  Fraisiers  qui  seraient  dessous,, 
pour  la  culture  et  pour  les  soins,  ainsi  qu’iL 
vient  d’être  dit. 

Les  mulots,  les  souris,  les  musaraignes  ou 
musettes,  sont  très-friands  de  Fraises,  et 
coupent  souvent,  en  une  seule  nuit,  beau- 
coup de  fruits,  qu’ils  mangent  ou  laissent 
sur  le  terrain,  après  les  avoir  ainsi  détério- 
rés. On  les  prend  avec  des  souricières  à trous, 
ou  en  plaçant  des  pots  renversés  sur  des  mor- 
ceaux d’ardoises,  des  carreaux  ou  autres 
choses  dures  et  unies,  et  en  soutenant  ces  pots 
sur  le  bord  extérieur  avec  une  Noix,  qu’on 
ouvre  par  l’un  des  bouts,  en  ayant  soin  que 
celui-ci  regarde  le  fond  du  pot,  de  sorte 
que  pour  manger,  l’animal  doit  pénétrer 
à l’intérieur,  et  qu’alors,  en  remuant  la  Noix, 
il  fait  tomber  le  pot  sur  lui  et  se  trouve  pris. 
On  enlève  le  pot  et  son  support,  et  on  jette 
la  bête  dans  un  bassin  ou  un  tonneau  rempli 
à moitié  d’eau,  où  elle  se  noie. 

Robine, 

HorticuUeur  à Sceaux  (Seine). 


PUNAISES  GRANIVORES 


Dès  les  premiers  jours  de  printemps,  pour 
peu  que  le  soleil  soit  chaud,  l’on  aper- 
çoit déjà  au  pied  des  murs,  sur  l’écorce  des 
arbres  et  dans  d’autres  endroits,  abrités  à 
bonne  exposition,  des  rassemblements  nom- 
breux d’une  punaise  aux  couleurs  vives  et 
brillantes,  ayant  sur  le  dos  un  dessin  simu- 
lant grossièrement  une  tête  de  mort,  enle- 
vée en  noir  sur  fond  vermillon. 

Cet  insecte  qui,  en  été,  est  excessivement 


nombreux,  m’avait  toujours  paru  inoffensif 
pour  nos  jardins.  Ne  le  voyant  jamais  sucer 
les  plantes,  je  m’étais,  sans  y faire  grande 
attention,  imaginé  qu’il  vivait,  comme  cer- 
tains héteroptères,  du  suc  des  chenilles  ou 
d’autres  insectes.  L’année  passée,  pourtant, 
j’ai  pris  sur  le  fait  d’une  œuvre  nullement 
méritoire  des  quantités  de  ces  jolis  insectes 
que  nous  nommions  ((  suisses  » quand  j’é- 
tais au  collège. 


90 


CUCUMIS  ZAPÂLLITO. 


En  récoltant  des  graines  sur  quelques 
pieds  de  Ketmie  (Hibiscus)  d’Afrique,  si- 
tués dans  diverses  parties  du  jardin,  je 
trouvai  dans  chaque  capsule  de  un  à quatre 
de  ces  insectes  qui,  sans  déranger  les  graines 
ni  attaquer  leurs  coques  d’une  manière  ap- 
préciable, les  avaient  si  bel  et  bien  vidées 
que  sur  cent  il  n’y  en  avait  certes  pas, 
plus  de  dix  de  bonnes.  Si  cet  insecte  est  le 
même  que  le  Garden  a décrit  sous  le  nom 


de  c punaise  à Choux  (strac/iitjt  ornata),  » il 
vit  aux  dépens  du  suc  de  diverses  plantes  et 
affectionne  spécialement  les  Choux.  La  sec- 
tion terrestre,  des  hétéroptères  est  cepen- 
dant fort  nombreuse,  et  il  est  possible  que 
mes  (L  suisses  » soient  une  espèce  à part; 
en  tous  cas,  ils  aiment  la  graine  d’Hibiscus, 
et  je  compte  les  guetter  cet  été,  pour  voir 
s’ils  ont  d’autres  plantes  de  prédilection. 

Fréd.  Palmer. 


CUCUMIS  ZAPÂLLITO 


Au  sujet  de  celte  plante,  dont  nous  avons 
plusieurs  fois  parlé  sous  le  nom  de  Rapal- 
lito,  nous  trouvons  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  d' acclimatation  l’article  ci-après, 
que  nous  croyons  devoir  reproduire  : 

LE  ZAPALLITO  TIERNO. 

Lettre  adressée  à M.  Drouyn  de  Lhuys,  président 
de  la  Société  d'acclimatation,  par  M.  Balcarce, 
ministre  jilénipotentiaire  de  la  République  Ar- 
gentine à Paris. 

Monsieur  le  Président, 

J’ai  l’honneur,  en  répondant  à la  lettre  que 
vous  avez  bien  voulu  m’écrire  le  29  octobre  der- 
nier, de  vous  fournir,  suivant  le  désir  que  vous 
en  exprimez,  quelques  renseignements  complé- 
mentaires sur  le  petit  Potiron  buenos-ayrien, 
dont  il  m’a  été  si  agréable  d’offrir,  à diverses 
reprises,  des  graines  à la  Société  d’acclimata- 
tion, et  de  rectifier,  à cette  occasion,  ce  qui  se 
rencontre  d’inexact,  à certains  égards,  dans  la 
description  qu’en  a faite  M.  Carrière  dans  la 
Revue  horticole  du  16  octobre. 

lo  C’est  par  erreur  que  M.  Carrière  donne  à 
cette  plante  le  nom  de  Rapallito  : son  véritable 
nom  est  Zapallito,  diminutif,  comme  vous  le 
faites  justement  observer,  de  Zapallo,  dénomi- 
nation commune  par  laquelle  est  désigné,  en 
Amérique,  le  Potiron  d’Espagne. 

J’ajoute,  au  point  de  vue  de  sa  désignation 
qualificative,  qu’on  y associe  les  mots  tierno  (1) 
ou  de  tronco,  car  le  fruit  vient  et  se  développe 
autour  du  tronc,  soit:  Zapallito  tierno  ou  de 
tronco. 

2o  J’ignore  si  cette  plante  a été  décrite  et  dé- 
nommée botaniquement  avant  la  description  que 
j’en  ai  faite  en  1870,  et  que  le  Bulletin  de  la  So- 
ciété d’acclimatation  a publiée.  La  publication 
de  1871,  dont  s’autorise  M.  Carrière,  n’est  venue 
qu’après. 

3o  Le  caractère  distinctif  du  Zapallito,  c’est 
qu’il  ne  trace  pas.  Quand  il  en  est  autrement, 
c’est-à-dire  quand  il  trace,  ainsi  qu’il  est  arrivé 
pour  mes  dernières  graines  de  Buenos-Ayres, 
c’est  que  la  plante  a joué,  qu’elle  s’est  croisée 
avec  des  plantes  de  la  même  famille,  et  que  la 

(1)  Tendre. 


graine,  par  suite,  a dégénéré,  ce  qui,  du  reste, 
advient  fréquemment  aux  plantes  de  même  race 
qui  se  trouvent  à proximité  les  unes  des  autres. 

Voilà  plus  de  vingt  années  que  je  me  préoc- 
cupe en  France,  dans  ma  campagne,  de  la  cul- 
ture de  cette  variété  de  Cucurbitacée,  et  j’ai  dû, 
en  raison  de  ces  croisements  accidentels  ame- 
nant la  dégénérescence,  renouveler  les  graines 
tous  les  deux  ou  trois  ans,  en  en  faisant  venir  de 
Buenos-Ayres. 

Qu’il  me  soit  permis,  en  terminant,  de  recti- 
fier une  inexactitude  de  M.  Carrière,  résultant 
de  la  citation  qu’il  fait  d’un  passage  deM.  Lam- 
bin, lequel  attribue  à mon  honorable  collègue, 
M.  le  ministre  du  Brésil,  la  remise  et  l’envoi  des 
graines  du  Zapallito  tierno  ou  de  tronco  à la 
Société  d’acclimatation.  C’est  à moi  que  ce  plai- 
sir et  cet  honneur  sont  échus.  Il  me  sera  permis, 
comme  un  de  ses  membres,  de  tenir  à le  rap- 
peler ici,  en  vous  réitérant.  Monsieur  le  Prési- 
dent, l’expression  confraternelle  de  mes  senti- 
ments les  plus  distingués. 

Le  ministre  plénipotentiaire  de  la  République 
Argentine,  Balcarce. 

Cette  lettre,  dont  nous  remercions  tout 
particulièrement  l’auteur,  puisque,  en  réta- 
blissant la  vérité,  elle  nous  permet  de  recti- 
fier certains  faits,  et  surtout  de  rendre  à 
César  ce  qui  appartient  à César,  nécessite 
néanmoins  quelques  éclaircissements  que 
nous  allons  essayer  de  donner,  tant  au  point 
de  vue  scientifique  qu’au  point  de  vue  éco- 
nomique. 

Faisons  d’abord  observer  que  tout  ce  qu’il 
y a (ï:  d’inexact  » dans  la  description  que 
nous  en  avons  donnée  (1)  se  réduit  à deux 
choses  qui  ne  tirent  pas  à conséquence  : le 
changement  [du  Z en  R pour  ce  qui  con- 
cerne le  nom,  ce  qui  fait  Rapallito,  au 
lieu  de  Zapallito  ; la  seconde,  c’est  que, 
nous  appuyant  sur  ce  qu’avait  écrit  notre 
collègue  et  ami,  M.  Lambin,  nous  avons  at- 
tribué l’envoi  des  graines  à son  « honorable 
collègue,  M.  le  ministre  du  Brésil,  » tandis 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  399. 


Hepiæ  Iforù<^olÆi^ 


Sahyia  ^waiaceœ 


SALVIA  FARINAGE  A. 


91 


que  c’est  à M.  Balcarce,  ministre  plénipoten- 
tiaire de  la  République  Argentine  à Paris, 
« que  ce  'plaisir  et  cet  honneur  sont  dus.  » 
Nous  sommes  heureux  de  l’occasion  qui  se 
présente  de  rendre  à M.  Balcarce  ce  qui  lui 
appartient,  tout  en  faisant  remarquer  que 
ce  bagage  est  assez  mince  ; mais,  quel  qu’il 
soit,  il  lui  appartient.  En  le  revendiquant,  il 
a usé  de  son  droit;  de  notre  côté,  nous  avons 
fait  notre  devoir  en  constatant  publique- 
ment le  fait.  A ce  point  de  vue,  la  question 
est  donc  vidée.  Là,  pourtant,  ne  se  borne 
pas  notre  tâche,  car  de  la  lettre  de  M.  Bal- 
carce ressortent  certains  faits  qui  nécessitent 
quelques  explications  que  nous  allons  essayer 
de  donner. 

D’abord,  M.  Balcarce  semble  élever  sa 
plante  au  titre  de  genre,  qui  alors  serait  Za- 
pallito,  et  tierno  (tendre)  comme  nom  spé- 
cifique. Bien  que  nous  ne  reconnaissions  à 
personne  le  monopole  scientifique,  et  qu’au 
contraire  nous  admettons  que  toute  per- 
sonne a le  droit  de  créer  un  genre,  il  faut 
pourtant  reconnaître  que  c’est  à la  condition 
que  cette  dénomination  aura  une  raison 
d’être,  qu’elle  caractérisera  une  plante  qui, 
alors,  et  par  ce  fait,  sera  facile  à distinguer 
de  ses  congénères,  ce  qui  n’est  nullement 
le  cas  pour  la  plante  qui  nous  occupe  ; au 
contraire,  elle  constitue  à peine  une  forme 
dans  le  genre  Cucurhita,  où  nous  l’avons 
placée  et  où  elle  doit  rester.  Quant  à la  qua- 
lification tierno  (tendre),  elle  est  mauvaise, 
et  en  admettant  qu’elle  soit  appliquée  à 
Buenos-Ayres,  il  faut  bien  se  garder  fie 
l’adopter,  puisqu’au  contraire,  loin  d’être 
tendre,  l’écorce  du  fruit  est  tellement  dure, 
que  c’est  à peine  si  on  peut  l’entamer  ; elle 
est  presque  ligneuse.  Cette  dénomination 
étant  fausse,  il  faut  donc  la  rejeter. 

M.  Balcarce  n’est  guère  plus  heureux  lors- 
qu’en  parlant  du  caractère  « distinctif  » du 
Zapallito  il  dit  « que  cette  plante  ne  trace 
pas.  » Qu’il  y ait  des  endroits  où  elle  trace 


peu,  d’autres  où  elle  ne  trace  pas,  c’est  pos- 
sible. Dans  tous  les  cas,  ce  serait  une  excep- 
tion, même  une  exception  très-rare,  ce  qui  est 
lo(n  de  former  une  règle,  d’être  un  ((  carac- 
tère distinctif.  » Qu’au  Brésil  il  en  soit  autre- 
ment, que  là  lecaractère  coureur  soit  l’excep- 
tion, cela  peut  être  — et  encore  ; — mais  nous 
sommes  en  France,  et  c’est  avec  son  climat 
que  nous  devons  compter.  Nous  ajoutons 
même,  contrairement  à l’opinion  de  M.  Bal- 
carce, que  ce  caractère  coureur  n’est  pas  le 
fait  d’une  hybridation  des  fleurs  du  Zapal- 
lito avec  celles  d’autres  espèces  de  Gucurbi- 
tacées,  qu’il  est  naturel  et  devra  s’exercer  en 
dehors  de  toute  influence  de  ce  genre.  Ce  ca- 
ractère est  la  conséquence  d’une  grande  loi 
universelle  et  qui  agit  sur  tous  les  êtres  — 
bêtes  et  gens,  — et  leur  fait  prendre  des 
caractères,  un  faciès,  un  habit,  pourrait- 
on  dire,  en  rapport  avec  les  milieux  où  ils 
se  trouvent  placés.  C’est  cette  loi,  dont  l’évi- 
dence éclate  à chaque  instant,  qui  fait  les 
espèces,  ce  qu’on  ne  saurait  trop  répéter. 

Pour  nous  résumer,  nous  disons  : On  a 
pu  voir  d’après  tout  ce  qui  vient  d’être  dit, 
que,  à part  la  qualification  Rapallito,  qui 
doit  être  changée  en  celle  de  Zapallito  ; à 
part  l’origine  que,  sans  le  vouloir,  nous 
avions  un  peu  faussée,  tout  ce  que  nous 
avons  dit  de  cette  plante  (1)  doit  être  con- 
servé comme  conforme  à la  vérité  relative, 
c’est-à-dire  à ce  qui  est  aujourd’hui.  En 
parlant  ainsi,  nous  nous  appuyons  sur  cette 
grande  vérité  : que  tout  se  modifie  avec  le 
milieu,  qui  change  sans  cesse,  d’où  ressort 
ce  fait,  à peu  près  certain,  que  si  la  culture 
du  C.  Zapallito  est  pratiquée  sur  une  grande 
échelle,  il  sortira  de  cette  plante  des  formes 
entièrement  différentes  de  celles  que  nous 
connaissons  aujourd’hui.  Gomme  toujours, 
les  enfants  différeront  de  leurs  parents,  de 
même  que  nous  différons  complètement  de 
nos  véritables  ancêtres. 

E.-A.  Garrière. 


SALVIA  FARINACEA 


Plante  vivace,  à souche  robuste,  presque 
cespiteuse,  de  laquelle,  chaque  printemps, 
partent  de  nombreuses  tiges  qui  atteignent  50 
à 70  centimètres  de  hauteur.  Tiges  tétragones, 
canaliculées,  fortement  anguleuses,  à angles 
très-saillants  arrondis,  couvertes  sur  toutes 
les  parties,  ainsi  que  sur  les  feuilles,  d’un 
duvet  très-court,  feutré-serré,  qui  donne  à 
l’ensemble  un  aspect  gris  blanchâtre  pulvé- 
rulent-farinacé,  d’où  le  qualificatif  farina- 


cea.  Feuilles  longuement  et  étroitement  lan- 
céolées, atténuées  à la  base,  acuminées  au 
sommet,  courtement  dentées,  à dents  dis- 
tantes, couchées.  Fleurs  nombreuses,  dis- 
posées en  larges  épis  paniculés,  réunies  en 
verticilles  très-denses.  Galice  gris  argenté, 
violacé,  tomenteux.  Gorolle  d’un  très-beau 
bleu  améthyste,  bilabiée,  très-velue,  à divi- 


(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  399. 


EVONYMUS  JAPOMCA  ELEGANS. 


92 

sions  inférieures  largement  étalées,  à divi- 
sion supérieure  beaucoup  plus  petite,  d’un 
violet  foncé. 

Le  Salvia  farmacea,  Benih.,  est  origt- 
naire  des  parties  froides  du  Mexique  (on  le 
rencontre  fréquemment  au  Texas).  C’est 
une  plante  à grand  effet,  qui  forme  d’énormes 
toulFes  qui  se  couvrent  de  Heurs  pendant 
tout  l’été  et  une  grande  partie  de  l’automne. 
Si  l’on  n’y  met  pas  de  tuteur,  les  tiges  se 
couchent  sur  le  sol,  et  la  plante  alors  prend 
beaucoup  de  place.  Isolée,  elle  produit  un 
effet  charmant. 

La  culture  et  la  multiplication  du  S.  fa- 


rinacea  n’offrent  rien  de  particulier.  Un  sol 
léger,  chaud,  plutôt  un  peu  sec  que  trop 
humide,  lui  convient  particulièrement,  bien 
qu’elle  vienne  également  dans  d’autres, 
pourvu  qu’ils  ne  soient  pas  alumineux,  et 
que  l’eau  surabondante  puisse  s’écouler  fa- 
cilement. Ce  qui  est  essentiel,  c’est  qu’elle 
soit  bien  aérée,  et  surtout  placée  à bonne 
exposition,  c’est-à-dire  au  soleil.  Quant  à la 
multiplication,  on  la  fait  par  éclats  ou  par 
division  du  pied,  opération  qui  doit  se  faire 
au  printemps,  quand  les  plantes  commen- 
cent à pousser. 

E.-A.  Carrière. 


EVONYMUS  JAPONICA  ELEGANS 


Les  arbustes  à feuilles  persistantes  for- 
ment un  groupe  d’autant  plus  précieux, 
qu’ils  impriment  à nos  jardins,  durant  les 
frimas,  une  apparence  de  vie  dont  ils  se- 
raient totalement  privés,  si  Ton  se  bornait  à 
complanter  les  massifs  exclusivement  d’ar- 
brisseaux ou  d’arbres  à feuilles  caduques. 

Dans  les  contrées  tempérées,  exemptes 
des  sécheresses  prolongées  ou  des  chaleurs 
excessives  de  l’été,  ce  sont  les  Rhododen- 
drons, les  Lauriers  cerises,  les  Azareros,  les 
Aucubas,  les  Houx  et  autres,  qui  remplis- 
sent ce  rôle  ornemental  d’hiver  et  se  joi- 
gnent encore,  certains  du  moins,  par  leur 
luxuriante  floraison  de  printemps  ou  d’été, 
à la  cohorte  plus  nombreuse  des  végétaux  à 
feuilles  caduques. 

Dans  les  pays  méridionaux,  principale- 
ment dans  la  région  de  l’Olivier,  où  les  in- 
fluences desséchantes  d’un  été  très-chaud, 
non  moins  que  la  nature  plus  ingrate  du 
sol,  permettent  rarement  la  culture  en 
pleine  terre  des  plantes  réputées  de  terre 
de  bruyère,  ce  sont  les  Lauriers  d’Apollon, 
les  Lauriers  roses,  les  Lauriers  - Tin,  les 
Alaternes,  les  Phyllirea,  les  Pittospores, 
les  Arbousiers,  les  Troènes  du  Japon,  les 
Photinia,  les  Néfliers  du  Japon,  les  Buis  de 
Mahon,  les  Fusains  du  Japon,  qui  remplis- 
sent cet  office,  et  avec  l’aide  d’un  beau  so- 
leil font  oublier  la  saison  morte,  non  seule- 
ment par  leur  vertes  feuilles,  mais  quelques- 
uns  aussi  par  une  masse  de  fleurs. 

Parmi  ces  végétaux,  le  Fusain  du  Japon 
surtout  se  fait  remarquer  par  son  feuillage 
toujours  vernissé,  tenant  le  milieu  entre 
ceux  du  Buis  et  du  Cameïh'a.  Introduit  déjà 
depuis  pas  mal  d’années,  il  est  aujourd’hui 
très-répandu  dans  tous  les  jardins  de  la  ré- 
gion méditerranéenne,  où  il  est  complètement 


rustique  et  même  l’un  des  premiers  à végé- 
ter parmi  les  arbustes  verts.  Rien  de  plus 
gai  que  la  couleur  tendre  de  ses  pousses 
nouvelles  qui  surgissent  en  mars-avril,  quel- 
quefois en  février,  de  chaque  aisselle  de 
feuille.  Plus  tard,  d’abondantes  inflores- 
cences couvrent  les  rameaux  par  petits  bou- 
quets de  3 à 6 ou  8 fleurons.  Les  fleurs, 
d’une  élégante  légèreté,  n’ont  rien  de  bril- 
lant et  ne  nouent  habituellement  qu’en  pe- 
tit nombre,  ce  qui  fait  que  les  fruits  du  Fu- 
sain du  Japon  passeraient  souvent  inaperçus 
si,  à la  fin  de  l’hiver  suivant,  ilsne  laissaient 
échapper,  en  rompant  leur  enveloppe,  une 
graine  d’un  rouge  vermillon.  Le  Fusain  du 
Japon  ordinaire  est  donc  un  arbuste  orne- 
mental par  son  feuillage,  plutôt  que  par  ses 
fleurs  ou  ses  fruits. 

Mais  le  hasard  s’est  chargé  de  le  complé- 
ter en  faisant  surgir,  sans  doute  dans  un  des 
nombreux  semis  qui  ont  été  faits  de  cet  ar- 
buste, la  variété  que  je  désigne  sous  le  nom 
d'Elegans,  et  dont  j’ai  eu  l’heureuse  chance 
de  rencontrer  un  seul  pied,  parmi  le  grand 
nombre  d'Evonymus  Japonica,  qui  crois- 
sent dans  mon  jardin. 

L’arbuste  dont  il  s’agit  forme  à l’heure 
qu’il  est  un  buisson  touffu  de  plus  de  2^  50 
de  haut,  qui  se  distingue  de  tous  les  autres 
à première  vue,  par  un  feuillage  beaucoup 
plus  amjde,  moins  dentelé,  plus  cordiforme 
et  d’un  vert  un  peu  différent,  qualités  qui  le 
rendraient  déjà  recommandable,  mais  pas 
assez  cependant  à mes  yeux  pour  que  je 
l’eusse  signalé,  s’il  ne  joignait  à cela  un  mé- 
rite bien  plus  grand,  celui  de  rester  littéra- 
lement couvert  pendant  tout  l’hiver  de  fruits 
aussi  gracieux  qu’abondants.  Ces  fruits, 
plus  gros  que  ceux  du  type  commun,  sont 
teintés  d’un  rose  purpurin,  rappelant  beau- 


GERANIUM  ANEMONÆFOLIUM. 


93 


coup  la  coloration  de  ceux  du  Fusain  d’Eu- 
rope. Ils  sont  portés  au  nombre  de  6 à 
par  un  pédoncule  pseudo-ombellé  assez  long 
et  donnant  à l’arbuste,  de  novembre  à fé- 
vrier, l’apparence  d’un  buisson  paré  de  bou- 
quets de  corail  rose  foncé. 

Depuis  plusieurs  années  que  j’observe 
cette  plante,  elle  ne  s’est  jamais  démentie  ; 


c’est  pourquoi  je  la  recommande  tout  parti- 
culièrement à l’attention  des  horticulteurs 
et  des  amateurs,  comme  l’un  des  arbustes 
les  plus  décoratifs'pour  l’hiver,  surtout  dans 
le  midi  de  la  France. 

N.  Doumet-Adanson, 

Président  de  la  Société  d’hort.  et  d’hist.  naturelle 
de  l’Hérault. 


GERANIUM  ANEMONÆFOLIUM 


Peu  de  plantes  sont  aussi  jolies  et  surtout 
aussi  majestueuses  que  celle  qui  fait  l’objet 
de  cette  note;  elle  réunit  à la  beauté  la  grâce 
et  la  noblesse.  C’est,  pourrait-on  dire,  l’es- 
pèce aristocratique  du  genre,  fait  qui,  du 
reste,  va  ressortir  de  la  description  que 
nous  allons  en  faire. 


Tige  simple,  grosse,  pouvant  atteindre 
1 mètre,  parfois  plus,  de  hauteur,  ressem- 
blant alors  assez  exactement  à celle  d’une 
Fougère  en  arbre.  Feuilles  glabres,  à limbe 
digité,  à digitations  très-élégamment  pecti- 
nées,  atteignant  jusqu’à  30  centimètres  et 
plus  de  diamètre,  portées  sur  un  pétiole 


gros,  cylindrique,  de  40  à 50  centimètres  de 
longueur.  Pédoncules  floraux  axillaires 
atteignant  1 mètre  et  plus,  liès-ramifiés, 
constituant  une  tète  subsphérique  de  50 
à 2 mètres  de  diamètre.  Fleurs  très-nom- 
breuses, d’un  beau  rose  foncé  lilacé,  com- 
posées de  cinq  pétales  brusquement  et  large- 
ment obovales,  portant  près  de  l’onglet  une 
partie  plus  foncée,  qui  forme  une  sorte  d’œil 
à la  base  de  la  fleur,  qui  atteint  28-30  mil- 
limètres de  diamètre. 

Le  Géranium  anemonœfolium , Herit. 
(fig.  9);  G.  lœvigatum,  Burm.;  G.  pal- 


matum,  Cav.;  G.  rutilans,  Ehrh.,  est  ori- 
ginaire de  Madère  et  de  Ténériffe,  ce  qui 
indique  que  sous  le  climat  de  Paris  il  faut 
l’abriter  l’biver  dans  une  serre  froide,  une 
orangerie,  ou  seulement  sous  des  châssis  ; 
comme  pendant  l’hiver  les  plantes  sont  dans 
un  repos  à peu  près  complet,  il  suffît  de  les 
garantir  de  la  gelée.  Il  va  sans  dire  aussi 
que  les  arrosements  devront  être  presque 
entièrement  suspendus  pendant  cette  saison, 
et  qu’on  ne  devra  donner  d’eau  que  ce  qui 
est  nécessaire  pour  empêcher  les  plantes  de 
mourir. 


94 


LES  SEMENCES. 


La  multiplication  est  des  plus  faciles  à 
l’aide  des  graines,  qui  lèvent  parfaitement, 
même  seules,  c’est-à-dire  sans  qu’on  les 
ait  semées  ; il  suffit  que  le  sol  environnant 
soit  bien  net,  c’est-à-dire  que  la  surface  soit 
appropriée. 

Les  feuilles  inférieures  du  G.  anemonœ- 
folium  tombent  successivement,  de  sorte  que 
chaque  année  la  tige  se  dénude  à sa  base,  et 
qu’elle  va  constamment  en  s’allongeant, 


ainsi  que  cela  a lieu  chez  la  plupart  des 
plantes  à feuilles  persistantes.  Un  pied  isolé 
de  cette  espèce,  planté  en  pleine  terre  et  en 
plein  air  à bonne  exposition,  dans  un  mé- 
lange de  terre  de  bruyère,  de  terre  franche 
et  de  terreau  bien  consommé,  acquiert 
promptement  de  fortes  dimensions,  et  pro- 
duit alors  un  effet  qu’on  obtient  rarement  à 
l’aide  de  certaines  espèces  qu’on  emploie 
ordinairement  à cet  usage.  Lebas. 


LES  SEMENCES 


Dans  le  numéro  de  la  Revue  horticole  du 
16  octobre  1872,  nous  avons,  avec  la  plus 
grande  indépendance,  rendu  compte  du  pre- 
mier volume  d’un  ouvrage  publié  par 
MM.  Monnier  et  G'®,  cultivateurs-grainiers 
à Trélazé  (Maine-et-Loire),  intitulé  : Les 
Semences.  Nous  avons  dit  de  cette  publica- 
tion ce  que  nous  en  pensions  alors  ; et  au- 
jourd’hui, après  avoir  examiné  en  détail, 
nous  venons  entretenir  nos  lecteurs  sur  le 
mérite  du  second  volume,  qui  vient  de  pa- 
raître, et  que  les  amateurs  pourront  se  pro- 
curer en  s’adressant  à la  Librairie  agricole 
et  horticole,  26,  rue  Jacob,  à Paris. 

Ce  deuxième  volume  est  dédié  à M.  Drouyn 
de  Lhuys,  président  de  la  Société  d’acclima- 
tation et  de  celle  des  agriculteurs  de  France. 
Il  ne  laisse  rien  à désirer  sous  le  rapport  de 
l’impression,  et  il  est  précédé  d’un  vocabu- 
laire nécessaire  pour  servir  à l’intelligence 
de  l’ouvrage  et  du  lecteur.  Ce  volume  est 
suivi  d’un  appendice  indiquant  les  plantes 
potagères  qui  sont  parvenues  à la  connais- 
sance de  M.  Monnier  depuis  la  publication 
du  premier  volume,  et  le  nombre  en  est 
considérable,  tant  dans  les  légumes  nou- 
veaux dont  s’est  enrichie  l’horticulture  fran- 
çaise, que  ceux  qui  ont  paru  à l’étranger. 
C’est  donc  un  ouvrage  complet  en  deux  vo- 
lumes que  M.  Monnier  vient  de  nous  don- 
ner, et  nous  ajouterons  qu’il  est  des  plus 
intéressants,  puisqu’il  nous  fait  connaître, 
dans  les  deux  parties  de  l’ouvrage,  toutes 
les  espèces  et  variétés  connues  jusqu’à  ce 
jour.  Chaque  amateur  pourra  donc  le  con- 
sulter avec  fruit  sur  le  genre  de  plantes 
qu’il  voudra  adopter.  Rien  n’y  est  oublié. 
Toutes  les  collections  de  Haricots,  de  Lai- 
tues, de  Romaines,  de  Pois,  de  Pommes  de 
terre,  de  Navets,  de  Radis,  etc.,  sont  men- 
tionnées en  détail,  et  chacune  des  variétés 
est  accompagnée  d’une  note  succincte  sur  les 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  396. 


avantages  et  sur  la  culture  qu’elle  exige, 
soit  en  pleine  terre,  soit  sous  châssis,  ainsi 
que  l’époque  des  semis  et  celle  du  repi- 
quage des  jeunes  plants,  et  les  soins  à leur 
donner  pendant  toutes  les  phases  de  la  vé- 
gétation. 

Cet  ouvrage  est  illustré  de  quatorze  ma- 
gnifiques planches  sur  beau  papier  rouge, 
de  la  grandeur  du  texte;  cela  facilite  les  re- 
cherches. Elles  portent  toutes  plusieurs  gra- 
vures lithographiées,  représentant  parfaite- 
ment les  légumes  et  les  fruits  légumiers. 
Sur  celle  où  sont  représentés  quatre  fruits 
de  Melons,  nous  ferons  remarquer  aux  au- 
teurs du  livre  que  l’artiste  a fait  une  erreur 
dans  la  figure  du  Melon  ananas  Amé- 
rique à chair  verte,  qui  ne  s’accorde  pas 
du  tout  avec  la  description  qu’il  en  donne 
page  19,  et  qui  est  parfaitement  exacte. 
Cette  figure  ne  représente  ni  la  grosseur,  ni 
la  forme  du  petit  Melon  ananas  que  nous 
cultivons  nous-même,  qui  est  aplati  aux 
deux  pôles,  et  qui  est  de  forme  arrondie. 
Mais  nous  signalerons  en  passant  l’absence 
totale  des  Oxalis  dans  ce  traité,  où  cepen- 
dant ils  devraient  figurer  comme  plante 
alimentaire  de  n’importe  quelle  valeur  ; car 
les  Oxalis  crenata,  Deppei,  etc.,  mérite- 
raient bien  une  place  dans  cette  publi- 
cation, dans  laquelle  nous  rencontrons  les 
Physalisledulis,  le  Trapa  natans,  le  Si- 
napis  aïba,  etc.  Nous  pensons  donc  que  les 
Oxalis  ont  autant  de  mérite  que  ces  der- 
nières plantes.  Pourquoi  donc  n’y  sont-elles 
pas  mentionnées  dans  la  section  des  Pois, 
très-bien  établie  scientifiquement,  nous  le 
reconnaissons  ? Mais  il  nous  semble  qu’une 
classification  eût  été  plus  utile  aux  amateurs, 
si  ces  variétés  nombreuses  avaient  été  sous- 
di visées  par  groupes.  Ainsi,  dans  le  pre- 
mier, auraient  figuré  les  espèces  que  l’on 
doit  cultiver  sous  châssis  ; les  seconds  au- 
raient compris  ceux  quijsont  les  plus  hâtifs 
pour  la  pleine  terre  ; les  troisièmes,  compo- 


SUR  LA  VÉGÉTATION 

sés  des  variétés  demi-hâtives  ou  de  deuxième 
saison  ; puis  viendraient  les  autres  de  troi- 
sième et  quatrième  saisons,  de  manière  que 
les  amateurs  n’auraient  été  embarrassés  que 
du  choix  à faire  dans  ces  variétés.  Ceci  nous 
aurait  sans  doute  paru  moins  savant  ; mais 
les  cultivateurs  y auraient  trouvé  un  avan- 
tage sous  la  main,  sans  la  moindre  recher- 
che, toujours  si  fastidieuse.  Tel  est  du  moins 
notre  avis  à nous,  vieux  praticien. 

A la  fin  de  l’ouvrage,  on  trouve  les  prin- 
cipes généraux  sur  la  préparation  du  sol, 
sur  les  engrais,  les  paillis,  le  terreau,  les 
arrosements  ; sur  la  manière  d’établir  des 
couches  chaudes  et  tièdes,  les  réchauds  ; 
sur  les  châssis,  les  cloches  ; sur  la  culture 
des  terres,  les  défoncements,  les  labours, 
les  hersages,  les  binages,  le  sarclage,  le  re- 
piquage ; et  enfin  sur  les  semis  en  lignes  et 

SUR  LA  VÉGÉTATION 

A mesure  que  l’instruction  se  répand,  que 
les  relations  s’étendent,  les  erreurs,  au  su- 
jet des  pays  lointains,  accumulées  par  les 
siècles,  disparaissent,  comme  font  les  glaces 
ou  les  neiges  devant  la  chaleur,  qui  peut 
être  considérée  comme  le  véritable  agent  de 
l’activité  humaine,  et  comme  étant  à l’er- 
reur — mais  dans  un  autre  sens  — ce  que 
la  chaleur  est  aux  glaces,  que,  dans  cette 
circonstance,  nous  considérons  comme  re- 
présentant l’erreur. 

Mais  comme  il  est  dans  l’ordre  naturel  et 
fatal  des  choses  que  l’homme  cherche  à 
s’instruire,  c’est  donc  à la  science  qu’in- 
combe cette  tâche  ; aussi  est-ce  à elle,  à elle 
seule,  qu’appartient  l’avenir.  Les  moyens 
dont  elle  dispose  sont  nombreux  et  variés  ; 
un  des  principaux,  ce  sont  les  excursions  et 
les  voyages.  Mais  aussi,  comme  d’une  autre 
part,  et  à cause  des  dépenses  que  cela  en- 
traîne, il  n’est  qu’ün  nombre  relativement 
très-petit  de  gens  qui  peuvent  voyager,  et 
surtout  voyager  avec  fruit,  il  est  donc  bon, 
ou  plutôt  c’est  un  devoir,  de  faire  connaître 
les  découvertes  qu’ils  ont  faites  à tous  ceux 
qui,  par  une  circonstance  ou  par  une  autre, 
par  suite  d’exigences  sociales,  sont  liés  à tels 
ou  tels  coins  de  terre  où  ils  doivent  rester, 
et  qui  alors  ignoreraient  toujours  ce  que 
sont  certaines  parties  du  globe,  que  pour- 
tant ils  ont  tant  d’intérêt  à connaître.  « En- 
seignez aux  autres  ce  que  vous  savez,  y>  dit 
l’Écriture. 

Ce  sont  toutes  ces  considérations  qui  nous 
ont  engagé  à reproduire  une  notice  sur  la 


U NORD  DE  LA  CHINE.  95 

à la  volée,  en  pépinières,  en  pots  et  sur 
couches,  etc.  Tout  cela  est  bien  indiqué  et 
très-clair,  même  pour  les  commençants. 
Puis  l’ouvrage  est  terminé  par  une  table  al- 
phabétique, ^depuis  la  lettre  M jusqu’à  la 
lettre  V. 

Nous  concluons  en  recommandant  cet  ou- 
vrage à tous  les  amateurs  de  jardins  pota- 
gers, et  surtout  aux  amateurs  de  légumes  ; 
ils  y trouveront  toutes  les  espèces  et  les  va- 
riétés décrites  avec  soin,  et  dont  beaucoup 
sont  représentées  fidèlement  sur  les  plan- 
ches qui  accompagnent  ce  traité,  qui  est  le 
plus  complet  de  tous  ceux  que  nous  con- 
naissons, et  c’est  à ce  titre  que  nous  ne  crai- 
gnons pas  de  le  recommander  à tous  les 
propriétaires  et  aux  amateurs  qui  voudraient 
cultiver  les  légumes  sous  châssis  et  en 
pleine  terre.  Bossin. 

)U  NORD  DE  LA  CHINE 

Chine  (1),  publiée  par  M.  Martin,  médecin 
de  la  légation  de  France  à Pékin,  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  centrale  d'acclima- 
tation, numéro  du  mois  de  mars  1872,  d’où 
nous  l’extrayons.  Toutefois,  nous  ne  nous 
bornerons  pas  à copier,  et  tout  en  rappor- 
tant fidèlement  les  dires  de  M.  Martin,  dans 
l’intérêt  de  la  science,  et  pour  éclairer  nos 
lecteurs,  nous  nous  permettrons  d’y  faire 
quelques  observations  ou  d’y  ajouter  des 
notes  lorsque  nous  le  jugerons  nécessaire. 

Parmi  les  documents  scientifiques  que 
je  me  suis  efforcé  de  rassembler  pendant 
mon  séjour  dans  le  nord  de  la  Chine,  écrit 
M.  Martin,  se  trouvent  quelques  notes  pra- 
tiques ou  qui  m’ont  paru  ne  pas  trop  s’écar- 
ter de  l’ordre  d’idées  dont  s’occupe  plus 
spécialement  votre  Société.  Ce  sont  ces  hum- 
bles notes  que  je  soumets  en  partie  à la 
Société,  et  à la  lecture  desquelles  je  don- 
nerai suite  dans  les  autres  séances,  si  je  n’ai 
pas  abusé  aujourd’hui  de  vos  instants. 

En  Mongolie,  l’abbé  David  a rencontré 
des  silex  taillés  en  forme  de  haches  et  de 
pointes  de  flèche. 

Au  nord-est  de  la  Chine  s’étend  un  im- 
mense dépôt  uni  ou  plaine,  qui  comprend 
toute  la  province  du  Tcheli,  le  Kiannang, 
l’est  du  Honan,  le  nord  du  Shan-tong,  le 
nord-est  du  Hou-kouang  et  une  faible  por- 
tion du  Kiansi.  C’est  environ  la  douzième 

(1)  Étude  générale  sur  la  végétation  dans  le 
nord  de  la  Chine,  et  son  importance  au  point  de 
vue  de  la  question  de  V acclimatation,  1872,  p.l84 
et  suivantes. 


96 


SUR  LA  VÉGÉTATION  DU  NORD  DE  LA  CHINE. 


partie  du  territoire  de  l’empire.  Je  ne  pré- 
tends pas  donner  ici  une  délimitation  pré- 
cise, mais  simplement  une  indication  basée 
sur  les  recherches  des  rares  géologues  qui 
ont  entrepris  des  explorations  sérieuses; 
car,  bien  que  quelques  voyageurs  aient  es- 
sayé de  tracer  les  limites  de  cette  plaine,  il 
est  douteux,  en  raison  même  des  diver- 
gences, qu’elles  aient  un  caractère  de  ri- 
gueur scientifique  suffisant.  La  formation 
géologique  du  continent  asiatique  a une  im- 
portance considérable  : il  y a peu  de  points 
du  globe  où  le  géologue  puisse  la  rencon- 
trer aussi  nettement  accusée.  Cependant, 
jusqu’ici,  les  études  sont  restées  incom- 
plètes et  les  théories  discutables.  La  déli- 
mitation fournie  par  Pumpelli,  de  la  Société 
smithsonienne , sur  la  formation  alluviale, 
est  peu  d’accord  avec  les  observations  pos- 
térieures et  récentes  du  baron  de  Richtofen 
et  du  P.  David.  Il  convient  aussi  de  ne  pas 
confondre  la  formation  jaune  avec  le  terrain 
alluvial,  celui-ci  étant  composé  d’éléments 
arables  et  fécondants,  tandis  que  les  atter- 
rissements du  grand  fleuve  (fleuve  Jaune) 
ne  sont  que  des  dépôts  arénacés  presque 
absolument  infertiles. 

Nous  admettrons  donc,  dans  l’état  ac- 
tuel des  données  géologiques,  que  la  plaine 
du  nord  de  la  Chine  est  un  terrain  d’allu-  ! 
vion,  offrant  de  légères  ondulations  aréna- 
cées  et  une  mince  couche  arable  due  aux 
grandes  inondations  du  fleuve  Jaune.  Aussi 
la  fertilité  des  environs  de  Pékin,  situé  à 
l’extrémité  septentrionale  de  cette  plaine,  a 
été  de  tout  temps  regardée  comme  très-mé- 
diocre, et  l’on  s’étonnerait  du  choix  de  ce 
lieu  pour  capitale,  si  l’historien  n’en  trou- 
vait la  raison  dans  des  considérations  poli- 
tiques sur  lesquelles  je  ne  m’étendrai  pas 
ici. 

Depuis  longtemps  déjà,  les  forêts  de  la 
Chine  disparaissent  (i)  ; mais  c’est  dans  la 
région  qui  nous  occupe  que  ce  triste  état  de 

(1)  Aucune  partie  du  globe  ne  peut  échapper  à 
la  grande  loi  de  la  destruction  des  forêts,  qui  tou- 
jours est  en  raison  directe  de  l’augmentation  de  la 
population,  et  surtout  de  la  civilisation  de  celle-ci, 
fait  qui  s’explique  facilement  : d’une  part  par  les 
avantages  immenses  que  l’industrie  retire  des  fo- 
rêts, de  l’autre  par  le  besoin  que  les  habitants  ont 
d’étendre  les  cultures  de  plantes  herbacées  (cé- 
réales, légumières,  fourragères,  etc.),  afin  de 
subvenir  à leurs  besoins,  qui  vont  constamment  en 
augmentant.  L’Orient,  et  même  plusieurs  contrées 
ou  localités  de  l'Occident,  qui  aujourd’hui  sont  à 
peu  près  complètement  dépourvus  de  forêts,  sont 
là  pour  confirmer  nos  dires.  Ce  n'est  pas  seulement 
le  Vieux-Monde  qui  nous  montre  ces  faits,  et  déjà 
beaucoup  de  parties  du  Nouveau  en  présentent 
d’analogues,  et  l’on  a pu  voir,  d’après  des  docu- 


choses  frappe  surtout.  La  monotonie  des 
sites  n’est  guère  rompue  que  par  quelques 
bouquets  d’arbres  servant  de  clôtures  et 
d’ornement  aux  sépultures  éparses  au  mi- 
lieu des  campagnes,  car  les  cimetières  sont 
rares  en  Chine,  ou  plutôt  tout  le  sol  est  un 
immense  cimetière  ; et  quand  le  voyageur 
se  promène  au  printemps,  ses  regards  ren- 
contrent de  tous  côtés  de  petits  tertres 
gazonnés  qui  ne  sont  autre  chose  que  des 
tombes.  Le  propriétaire  d’un  champ  inhume 
les  siens  dans  ce  champ  ; le  pauvre,  sur  le 
bords  des  chemins.  Mais  on  creuse  à peine  : 
le  cercueil  est  déposé  sur  le  sol,  puis  re- 
couvert d’une  pyramide  de  terre  plus  ou 
moins  importante  et  élevée  suivant  le  rang 
du  défunt,  mais  toujours  la  charrue  passe  à 
côté  de  la  sépulture  en  la  respectant.  Or,  il 
est  évident  que  c’est  là  une  cause  de  raré- 
faction progressive  du  sol  cultivable;  et, 
bien  que  le  temps  finisse  par  livrer  au  vent 
la  poussière  des  morts,  il  agit  moins  vite 
que  le  mouvement  toujours  croissant  de  la 
population,  car  la  Chine  est  une  nation  chez 
laquelle  (par  un  phénomème  contradictoire) 
la  décadence  sociale  et  politique,  les  guerres 
intestines  périodiques  et  tous  les  fléaux  qui 
déciment,  n’entraînent  pas  cependant  ce 
qu’on  a appelé  la  dégénérescence  numé- 
rique, tant  est  grande  la  puissance  proli- 
fique chez  la  race  jaune  (1). 

Ce  n’est  guère  qu’au  sud  de  la  Grande- 
Plaine  qu’on  rencontre  quelques  coquilles 
marines,  dont  les  principales  sont  le  Ceri- 
thiiün,  le  Buccinium  et  une  Anodonte  de 
grande  dimension. 

Aux  environs  de  Tien-tsin,  on  trouve 
quelques  espèces  fossiles  ; près  de  Pékin,  je 
n’ai  vu  que  des  espèces  fluviales  et  aussi 
quelques  variétés  nouvelles,  intéressantes  et 

ments  sérieux  que  nous  avons  rapportés  (a),  que, 
en  Californie,  où  les  forêts  étaient  naguère  encore 
si  abondantes,  elles  sont  aujourd’hui  très-res- 
treintes, et  même  que  bientôt  elles  seront  insuffi- 
santes. (Note  du  rédacteur.) 

(1)  Cette  particularité  d’une  augmentation  conti- 
nuelle de  population  chez  un  peuple  qui  décroît 
serait  une  exception  tellement  grande,  qu’on  ne 
peut  même  l’admettre.  Il  doit  y avoir  des  faits  qui 
ont  échappé  à l’auteur,  et  qui  ne  lui  ont  pas  per- 
mis de  se  rendre  un  compte  exact.  Que,  par  suite 
de  la  « grande  puissance  prolifique  chez  la  race 
jaune,  » la  diminution  de  la  population  soit  moins 
sensible  qu’elle  ne  l’est  dans  certaines  parties  de 
l’Europe  que  nous  connaissons,  cela  n’a  rien  qui 
doive  surprendre;  mais  que  cette  diminution  n’existe 
pas,  le  fait  est  impossible.  11  y aurait,  du  reste, 
contradiction  dans  les  termes,  car,  là  où  la  popula- 
tion augmente,  l’affaiblissement  ne  peut  avoir  lieu. 
Ce  serait  un  non  sens.  {Note  du  rédacteur.) 

(a)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  429. 


SUR  LA  VÉGÉTATION  DU  NORD  DE  LA  CHINE. 


9 


tout  à fait  microscopiques,  fort  répandues 
dans  la  poussière  de  Pékin  et  des  envi- 
rons. 

Il  est  probable  que  sous  la  couche  aréna- 
cée  et  d’humus  due  aux  dépôts  successifs  du 
Pei-ho  et  du  Houan-ko,  on  rencontrerait  les 
mêmes  espèces  marines  que  dans  les  points 
les  plus  rapprochés  du  Yan-lze-kiang,  qu’on 
peut  considérer  comme  la  limite  méridio- 
nale de  la  Grande-Plaine. 

A l’ouest  et  au  nord,  Pékin  est  cerné 
par  un  vaste  amphithéâtre  de  montagnes. 
Ce  sont  elles  qui  servent  d’assises  à la  grande 
muraille  ; les  contre-forts  de  la  chaîne 
s’avancent  jusqu’à  quelques  kilomètres  de 
Pékin  : leur  nature  essentiellement  volca- 
nique explique  les  tremblements  de  terre 
qui  ont  si  souvent  éprouvé  la  ville  et  jus- 
tifié le  peu  de  hauteur  des  constructions. 

Sur  la  colline  la  plus  rapprochée  s’élève 
le  palais  d’été  de  l’empereur,  splendide  ré- 
sidence où  étaient  accumulés  tant  de  tré- 
sors artistiques  et  littéraires,  que  les  armées 
alliées  ont  cru  devoir  détruire,  mais  qu’elles 
auraient  pu  se  dispenser  de  piller  : car  dé- 
truire est  quelquefois  une  dure  nécessité 
de  la  guerre;  piller  est  toujours  sans  ex- 
cuse. 

Ces  collines,  disent  les  Chinois,  étaient 
autrefois  très-boisées  ; aujourd’hui  elles  sont 
presque  dénudées,  sauf  les  points  occupés 
par  les  temples. 

Cette  assertion  des  historiens  indigènes 
est  véridique  : le  témoignage  de  Marco 
Paulo,  fût  - il  unique,  suffirait  pour  le 
prouver.  Il  est  certain  que  beaucoup  de 
cours  d’eau  descendant  de  ces  collines  sont 
aujourd’hui  desséchés  ; leur  existence  est 
attestée  par  la  grande  quantité  de  ponts  et 
d’arches  que  l’œil  aperçoit  de  toutes  parts, 
et  qui  sont  maintenant  sans  utilité  (1). 

(1)  Des  faits  identiques  à ceux  que  rapporte 
M.  Martin  sont  très-communs  en  Europe,  ou  plutôt 
l’on  en  voit  partout  : ils  abondent  en  France,  et  il 
n’est  personne  qui,  pour  peu  qu’il  examine  et 
réfléchisse,  ne  puisse  en  constater  des  exemples. 
Ces  faits,  du  reste,  n’ont  rien  qui  doivent  nous 
étonner,  puisqu’ils  sont  fatals,  étant  la  conséquence 
d’une  grande  loi  qui  détermine  la  diminution  uni- 
verselle de  l’eau  à la  surface  de  notre  globe,  et 
dont  le  déboisement  pousse  à la  réalisation  en  en- 
levant les  condensateurs  réfrigérants,  et  en  facili- 
tant l’évaporation.  On  constate,  en  effet,  que  les 
cours  d’eau  diminuent  d’autant  plus  vite  que  les 
endroits  où  ils  prennent  leur  source  sont  plus  dé- 
pourvus d'arbres.  Quant  aux  ponts  sans  eau,  ils  sont 
également  communs,  et  il  n’est  non  plus  personne 
qui  n’en  puisse  citer.  Combien,  en  effet,  de  petites 
rivières  sont  aujourd'hui  transformées  en  ruis- 
seaux, et  combien  de  ceux-ci,  qui  naguère  encore 
étaient  continuellement  pourvus  d'eau,  et  où  l’on 


Ainsi,  ce  qu’on  appelle  la  campagne  de 
Pékin  offre  un  aspect  assez  pauvre,  et  les 
collines,  sauf  autour  des  demeures  boud- 
dhiques et  lamaïques,  montrent  un  en- 
semble triste  et  désolé.  Quelques  Jujubiers 
sauvages  émergent  çà  et  là  des  immenses 
blocs  de  la  roche  granitique  ; on  y voit  aussi 
les  innombrables  trous  des  mines  que,  de 
temps  immémorial,  les  Chinois  ont  creu- 
sées dans  les  montagnes  inépuisables  en 
houille. 

En  s’avançant  plus  au  nord,  le  voya- 
geur découvre  une  végétation  moins  pauvre. 
Quelques  oasis  viennent  égayer  le  paysage: 
on  voit  des  buissons  d’Églantiers,  des  Lilas; 
des  arbres  fruitiers.  Pêchers,  Abricotiers, 
Pruniers,  apparaissent  ; les  espèces  aroma- 
tiques, l’Arlémise  surtout,  se  multiplient. 
Les  ruches  à miel  affectent  des  formes  va- 
riées et  sont  quelquefois  construites  avec  un 
vieux  tronc  d’arbre.  Le  miel  en  est  excellent  ; 
on  le  vend  à Pékin,  mais  il  est  moins  bon  : 
je  me  suis  aperçu  qu’on  le  mélange  de  fa- 
rine, car  les  Chinois  savent,  tout  comme 
nous,  falsifier  les  matières  alimentaires  ; 
mais  il  est  juste  de  reconnaître  qu’ils  n’em- 
ploient jamais  d’ingrédients  nuisibles  à la 
santé.  C’est  fort  heureux,  car  la  police  sa- 
nitaire n’existe  pas  chez  eux  : ils  semblent 
ne  relever  en  cela  que  de  leur  conscience. 
C’est  ainsi  que  la  viande  de  cheval  et  de 
mulet  a été  de  tout  temps  utilisée  chez  eux, 
et  je  n’ai  jamais  entendu  parler  d’accidents, 
bien  que  tout  animal  soit  abattu  et  débité 
sans  contrôle. 

La  plupart  des  temples  et  des  sépul- 
tures avaient  jadis  une  splendeur  dont  il  ne 
reste  plus  guère  de  traces  aujourd’hui. 
C'est,  disais -je,  autour  d’eux  qu’on  voit 
souvent  de  beaux  arbres  dont  les  espèces 
dominantes  sont  le  Genévrier,  le  Pin  blanc, 
le  Sophora,  le  Thuia,  le  Salishuria  adian- 
tifolia,  le  Noyer,  le  Chêne  à larges  feuilles 
et  l’Ailante.  Ce  dernier  est  connu  aussi  sous 
le  nom  impropre  de  Vernis  du  Japon,  car  il 
est  originaire  de  Chine.  Il  comprend  deux 
espèces  dont  j’ai  à dire  quelques  mots.  L’une 
est  très-bien  acclimatée  et  répandue  chez 
nous,  peut-être  même  abusivement.  C’est, 
si  je  ne  me  trompe,  l’essence  la  plus  rus- 
tique ; c’est  une  qualité,  mais  son  grand  dé- 
faut, c’est  de  tracer  prodigieusement  et  de 

n'en  voit  plus  que  pendant  quelques  heures  à la 
suite  de  fortes  pluies!  Le  reste  de  l’année,  ils  sont 
absolument  sans  eau,  ce  qui  permet,  ainsi  que 
M.  Martin  le  rapporte  de  la  Chine,  de  voir  « des 
ponts  et  des  arches  sans  utilité.  » 

{Note  du  7'édacteur.) 


98 


DU  romiER  ET  DU  POMMIER. 


devenir  un  voisin  fort  incommode  pour  les 
jardins  et  les  champs.  On  plante  un  Allante 
quelque  part  ; Tannée  suivante,  on  voit  ses 
rejetons  surgir  de  partout.  Quant  à sa  rus- 
ticicité,  on  coupe  aussi  négligemment  qu’on 
veut  une  branche  ; on  Tenfonce  tout  bonne- 
ment dans  le  sol,  et  elle  pousse  rapide- 
ment. 

On  ne  devrait  donc  le  planter  que  le 
long  des  promenades  et  des  boulevards,  ou 
dans  les  terrains  des  magnaneries,  car  il 
constitue  la  précieuse  et  facile  nourriture 
du  ver  à soie  qui  porte  son  nom,  et  dont  on 
s’occupe  tant  depuis  que  le  Bombyx  du  Mû- 
rier, devenu  chroniquement  malade,  rend 
la  France  tributaire  de  plusieurs  millions 
par  an  pour  l’importation  des  graines  de 
Chine  et  du  Japon. 

Cet  Allante  a en  outre  le  désagrément 
de  donner  une  fleur  qui  répand  une  odeur 
nauséabonde  ; mais,  limité  aux  usages  que 


je  signalais  tout  à l’heure,  il  rachète  heu- 
reusement ses  défauts  par  sa  rusticité  et  la 
beauté  de  son  feuillage. 

La  deuxième  espèce,  à peine  connue  chez 
nous,  ne  trace  pas  autant,  et  sa  fleur  est 
d’un  parfum  agréable  (1).  Les  Chinois  sont 
très-friands  de  la  jeune  feuille.  Lorsqu’on 
se  promène  au  printemps,  on  est  étonné  de 
voir  TAilante  nu  et  dépouillé,  tandis  que  les 
autres  arbres  ont  tout  leur  feuillage.  On 
croit  aux  ravages  d’un  insecte  ; il  n’en  est 
rien  : ce  sont  les  Chinois  qui  ont  moissonné 
les  jeunes  pousses.  Le  fait  est  que  j’en  ai 
mangé  en  salade,  et  que  je  les  ai  trouvées 
bonnes. 

Cet  arbre  fournit  aussi  à la  pharmaco- 
pée chinoise  une  racine  contenant  un  prin- 
cipe astringent  fort  apprécié  des  Chinois,  et 
qui  m’a  rendu  des  services  réels.  » 

Martin. 

[La  suite  prochainement.) 


DU  POIRIER  ET  DU  POMMIER 

MANIÈRE  DE  METTRE  A FRUIT  LES  ARBRES  LES  PLUS  REBELLES.  — MOYEN  DE  DONNER 
DE  LA  VIGUEUR  A CEUX  DONT  LA  VÉGÉTATION  EST  LANGUISSANTE  ET  STATIONNAIRE. 


Les  personnes  qui  s’occupent]  d’horticul- 
ture, et  particulièrement  celles  qui  font  de 
la  culture  fruitière  leur  amusement  ou  leur 
spécialité,  savent  que  la  croissance  des  ar- 
bres est  différente  suivant  la  nature  du  ter- 
rain et  selon  le  climat  où  ils  sont  placés  ; une 
certaine  humidité,  aidée  d’une  température 
assez  élevée,  sont  les  conditions  les  plus  fa- 
vorables à leur  développement;  elles  savent 
aussi  que  la  végétation  est  parfois  bien  dif- 
férente, suivant  les  variétés,  et  qu’il  en  est 
qui  acquièrent  une  croissance  remarquable 
dans  très-peu  de  temps,  tandis  qu’il  en  est 
d’autres  pour  l’accroissement  desquelles  il 
faut  de  longues  années. 

Beaucoup  de  plantations  fruitières  réus- 
sissent mal,  parce  que  les  connaissances  les 
plus  élémentaires  font  complètement  défaut 
aux  personnes  chargées  de  cette  opération, 
qui,  du  reste,  n’est  pas  la  plus  facile  à saisir 
et  à bien  exécuter. 

Il  n’est  pas  rare  de  rencontrer  dans  les 
jardins  des  Poiriers  greffés  sur  Coignassier 
dans  des  terrains  qui,  par  leur  composition 
chimique,  ne  conviennent  qu’à  des  arbres 
greffés  sur  franc,  et,  au  contraire,  ces  der- 
niers plantés  dans  un  sol  très -favorable  au 
Coignassier.  Il  en  est  de  même  des  Pom- 
miers greffés  sur  franc  ou  sur  doucin,  pré-  1 


cisément  là  où  le  sol  ne  convient  qu’à  ceux 
qui  sont  greffés  sur  paradis. 

Lorsqu’une  plantation  est  faite  dans  de 
telles  conditions,  et  qu’à  cette  première  faute 
vient  se  joindre  un  mauvais  choix  dans  les 
variétés  à fruits,  les  résultats  sont  déplora- 
bles. Ce  n’est  pas  tout;  il  arrive  souvent 
qu’une  mauvaise  taille  vient  compléter  les 
tristes  effets  de  l’ignorance  et  de  l’incapa- 
cité. 

Tout  le  monde  sait  que  les  arbres  sont 
des  êtres  organisés  et  vivants,  mais  privés 
de  mouvement  volontaire,  ce  qui  est  une 
raison  pour  que  les  personnes  qui  se  des- 
tinent à leur  culture  sachent  discerner  le  sol 
et  l’exposition  qui  leur  conviennent.  Aussi, 
un  arbre  ne  pouvant  sortir  du  milieu  où 
l’homme  Ta  placé,  si  ce  milieu  n’est  pas  fa- 
vorable à sa  nature,  à son  essence,  il  en  ré- 
sulte de  graves  inconvénients  qui  ne  tardent 
pas  à détruire  Tespoir  du  cultivateur.  L’arbre 
pourra  se  développer  avec  une  grande  vi- 
gueur, mais  ne  donner  sur  toute  son  éten- 
due que  des  productions  à bois,  et  rarement 

(1)  Cette  deuxième  espèce  pourrait  bien  être 
celle  que  nous  avons  reçue  de  la  Chine  il  y a quel- 
ques années,  et  que  nous  avons  nommée  Àilantus 
flavescens.  Nous  n’en  avons  pas  encore  vu  les 
fleurs.  (Note  du  Rédacteur.) 


DU  POIRIER  ET  DU  POMMIER. 


quelques  mauvais  fruits.  Il  en  est  d’autres 
dont  les  racines  ne  rencontrent  pas  dans  le 
sol  les  matières  nutritives  qui  leur  convien- 
nent; leur  période  végétative  est  bientôt 
terminée,  les  racines  ne  procurant  à l’arbre 
qu’une  nourriture  toujours  insuffisante  à 
l’entretien  et  à la  prolongation  de  sa  vie.  On 
obtient  d’abord  quelques  fruits;  mais  bien- 
tôt l’arbre  dépérit  et  meurt,  parce  qu’il  ne 
peut  plus  se  défendre  contre  les  lichens  et 
autres  cryptogames  parasites  qui  finissent 
par  le  couvrir  et  bouchent  les  pores  ou  sto- 
mates, qui  sont  aussi  des  organes  de  res- 
piration et  d’absorption. 

Un  autre  mode  défectueux  qu’il  n’est  pas 
' rare  de  rencontrer,  et  qui  n’est  pas  sans  in- 
fluence sur  la  durée  des  arbres,  consiste  à 
remplacer  par  un  jeune  arbre  celui  qui  pré- 
cédemment y existait  depuis  de  longues  an- 
nées. Je  ferai  donc  remarquer  que  ce  genre 
de  plantation,  malheureusement  trop  usité, 
n’offre  aucun  avantage  ; au  contraire,  cette 
manière  de  procéder  ne  constitue  d’abord 
qu’un  retard  d’abord  inappréciable,  mais  un 
préjudice  réel  pour  l’avenir,  indépendam- 
ment du  temps  employé  inutilement.  Toute 
autre  chose  s’achète,  mais  non  le  temps,  qui 
est  toujours  précieux  pour  l’homme  labo- 
rieux et  intelligent.  Le  temps  est,  dit-on, 
l’étoffe  dont  la  vie  est  faite.  Il  faut  donc 
l’économiser.  Souvent  l’arbre  que  l’on  plante 
ainsi,  après  avoir  poussé  avec  assez  de  force 
pendant  quelques  années,  s’arrête  tout  à 
coup.  Son  état  de  souffrance  détermine  le 
blanc  ou  Champignons  aux  radicelles.  Enfin, 
quelques  fruits  mal  constitués  se  montrent, 
et  terminent  l’existence  de  ces  arbres. 

On  objectera  peut-être  qu’en  fouillant, 
qu’en  pratiquant  un  bon  trou  pour  enlever 
toute  cette  terre  épuisée,  et  en  la  rempla- 
çant par  une  autre  contenant  toutes  les  pro- 
priétés qui  peuvent  constituer  un  bon  sol, 
l’arbre  que  l’on  y plantera  devra  pousser  et 
prospérer  comme  son  prédécesseur,  qui  y 
était  depuis  cinquante  ans  ou  plus,  et  qui 
avait  donné  beaucoup  de  bons  fruits.  Gela  est 
une  erreur.  Le  jeune  arbre  qui  succédera 
à un  ancien  poussera  certainement  très- 
bien  jusqu’à  ce  qu’il  ait  absorbé  les  prin- 
cipes vitaux  contenus  dans  la  terre  qu’on  a 
rapportée  ; mais  lorsqu’il  arriverafau  pour- 
tour de  ce  trou  et  en  dehors,  où  il  ne  ren- 
contrera plus  qu’une  terre  maigre,  épuisée, 
incapable  de  produire,  alors  commencera 
une  période  de  décroissement.  Il  sera  dans 
des  conditions  analogues  à celles  d’un  ar- 
buste planté  dans  une  caisse,  et  dont  la  terre 
est  usée.  Si  l’on  ne  veut  pas  perdre  ce  der- 


99 

nier,  il  faut  le  rencaisser,  changer  la  terre, 
et  trancher  quelques  racines  avant  de  le  re- 
mettre dans  une  caisse  plus  grande,  pour 
qu’il  puisse  suivre  le  cours  de  sa  végétation. 
Gomme  on  ne  peut  en  faire  autant  d’un 
arbre  lorsqu’il  est  en  terre,  il  ne  faut  pas,  à 
moins  d’y  être  obligé,  mettre  un  jeune  arbre 
à la  place  d’un  vieux,  si  l’on  ne  peut  faire 
que  le  trou  absolument  nécessaire  pour  le 
mettre  en  terre. 

La  culture  des  arbres  fruitiers  soumis  à 
la  taille  n’est  encore  connue  aujourd’hui  que 
par  un  petit  nombre  de  praticiens  et  d’ama- 
teurs éclairés,  d’où  il  résulte  que  la  plupart 
des  arbres  fruitiers  sont,  dans  beaucoup  de 
localités,  abandonnés  à une  abominable  rou- 
tine. On  peut  espérer  que  dans  un  avenir 
prochain  il  en  sera  autrement,  et  que  les 
jardins  et  vergers  d’alors  échapperont  aux 
mauvais  résultats,  qui  ne  sont  pas  toujours 
le  fait  d’un  mauvais  vouloir,  mais  bien  le 
défaut  de  connaissances  indispensables  dos 
principes  de  physiologie  végétale. 

Eu  égard  aux  raisons  que  j’ai  données 
plus  haut,  il  arrive  dans  certains  cas  que 
des  arbres  se  développent  avec  une  grande 
vigueur,  deviennent  rebelles,  ne  produisent 
que  du  bois  et  peu  ou  pas  de  fruits.  Dans 
cette  circonstance,  en  attendant  qu’il  soit 
possible  d’avoir  de  nouveaux  arbres  bien 
taillés,  et  avant  tout  bien  plantés,  voici  ce 
qu’il  faut  faire  : 

Si  l’on  a affaire  à une  pyramide,  après 
avoir  pris  l’aplomb  de  l’arbre,  on  supprime 
les  grosses  branches,  puis  on  en  conserve 
des  petites  qui,  après  être  taillées,  sont 
mises  en  équilibre  avec  la  flèche.  Ges  nou- 
velles'productions  remplacent  les  anciennes, 
et  sont  fixées  sur  des  baguettes  au  moyen 
de  très-petits  osiers.  A l’époque  de  la  taille, 
on  retranche  peu  ou  point  sur  la  longueur 
de  ces  jeunes  branches,  qui  se  garnissent 
ordinairement  de  boutons  à fruits  sur  une 
partie  de  leur  longueur. 

Tous  les  nouveaux  bourgeons,  en  dehors 
de  ceux  qui  sont  nécessaires,  seront  stricte- 
ment retranchés  au  fur  et  à mesure  de  leur 
apparition,  afin  de  faire  profiter  ceux  que 
l’on  conserve  de  la  sève  qui  aurait  alimenté 
les  parties  supprimées,  et  qui  produiront  de 
nouvelles  branches  et  des  boutons  à fruits. 

11  est  bien  entendu  que  je  ne  parle  ici  de  ce 
traitement  vigoureux  que  comme  moyen  ap- 
plicable aux  arbres  gros  et  formés,  et  qui 
depuis  de  longues  années  ne  donnent  pas  de 
fruits.  En  procédant  ainsi,  on  n’a  pas  be- 
soin d’avoir  recours  aux  moyens  préconisés 
jusqu’à  présent,  tels  que  la  transplantation 


DU  POIRIER  ET  DU  POMMIER. 


100 

des  arbres,  la  coupure  des  racines,  la  tor- 
sion des  branches  et  leur  entrelacement,  etc. 
Il  n’est  pas  nécessaire  non  plus  de  laisser 
une  quantité  de  brindilles  ou  de  gourmands, 
qui  ne  peuvent  être  que  nuisibles  à l’arbre 
par  leur  nombre  et  le  développement  qu’ils 
prennent. 

2»  Faire  les  suppressions  indiquées  ci- 
dessus  ; ne  laisser  aucun  bourgeon  à bois, 
les  couper  au  fur  et  à mesure  qu’ils  pous- 
sent ; ne  conserver  que  les  yeux  stipulaires, 
et  laisser  libres  toutes  les  flèches  de  chaque 
branche  charpentière.  Au  mois  d’août,  on 
effeuille  l’arbre  entièrement  ; le  reste  de  la 
sève  tournera  au  profit  des  yeux,  qui  gros- 
siront et  se  transformeront  en  boutons  à 
fruits.  S’il  arrive  qu’après  cette  operation  il 
se  développe  quelques  bourgeons,  on  les  re- 
tranche à mesure  qu’ils  paraissent. 

3®  Au  mois  de  mars,  faire  à 20  centimètres 
au-dessus  de  la  greffe  deux  incisions  circu- 
laires de  l’écorce  jusque  sur  l’aubier.  La 
distance  de  ces  deux  incisions  entre  elles 
varie  de  2 centimètres  jusqu’à  10,  selon  la 
grosseur  du  sujet,  de  manière  à localiser  la 
sève  au-dessus  de  la  partie  incisée.  En  effet, 
lorsque  l’écorce  est  enlevée  et  séparée  de 
l’arbre,  l’aubier  se  trouve  à nu  ; ses  tissus 
se  resserrent  sous  l’influence  de  l’air  et  du 
soleil  ; la  marche  ascendante  de  la  sève  se 
ralentit  notablement,  et  lorsqu’elle  parvient 
dans  les  rameaux,  qu’elle  en  a imbibé  les 
extrémités,  elle  abandonne,  sous  l’influence 
de  la  chaleur,  la  surabondance  des  sucs 
aqueux  qu’elle  contient,  se  modifie,  s’éla- 
bore, et  reflue  ensuite  par  un  mouvement 
rétrograde  entre  la  couche  d’aubier  la  plus 
extérieure  et  le  liber  de  l’écorce,  en  dépo- 
sant sur  son  passage  les  éléments  néces- 
saires à la  constitution  d’une  nouvelle  couche 
d’aubier  et  de  liber.  Arrivée  au-dessus  de 
l’endroit  où  l’écorce  est  enlevée,  elle  s’y  ar- 
rête, en  recouvrant  peu  à peu  l’aubier.  Au 
bout  de  quelques  années,  cette  sève  élabo- 
rée ou  cambium  vient  se  remettre  en  com- 
munication avec  les  tissus  de  la  partie  infé- 
rieure de  l’arbre,  de  sorte  qu’il  est  difficile 
de  reconnaître  l’endroit  où  l’écorce  a été  en- 
levée. 

4°  Au  mois  de  mars,  enlever  la  terre  au 
pied  de  l’arbre  jusque  sur  les  racines,  et 


cela  tout  autour  (50  centimètres)  ; éviter  de 
les  blesser;  puis  on  laisse  les  choses  en  cet 
état.  Ne  tailler  l’arbre  que  très-tard,  lors- 
que la  sève  est  répandue  dans  toutes  les 
productions.  Les  vaisseaux  mis  à nu  à 
celte  époque  sont  gorgés  de  sève,  qui,  alors, 
s’échappe  dans  l’atmosphère  par  suite  de  l’é- 
vaporation. L’année  suivante,  lorsque  les  pro- 
ductions sont  toutes  transformées  en  rami- 
fications fruitières,  on  pratique  la  taille  de 
bonne  heure,  comme  on  le  fait  pour  tous  les 
arbustes  d’une  végétation  ordinaire.  Ensuite 
on  étale  une  épaisseur  de  fumier  bien  con- 
sommé sur  les  racines,  puis  on  le  recouvre 
avec  la  terre  qui  a été  enlevée  au  début  de 
cette  opération. 

Dans  beaucoup  de  jardins,  on  rencontre 
des  arbres  malades  par  suite  d’un  manque 
de  sève,  et  qui,  le  plus  souvent,  arrivent  à 
une  fin  prématurée.  Contrairement  à ce  qui 
vient  d’être  dit  pour  les  arbres  vigoureux, 
voici  la  manière  d’opérer  : il  suffit  de  dé- 
couvrir les  racines  de  l’arbre  ainsi  affaibli, 
d’en  rechercher  les  plus  grosses,  et  d’y  faire 
avec  la  scie,  ainsi  que  sur  le  tronc,  des  inci- 
sions assez  profondes  en  différents  endroits. 
Cette  opération  faite,  on  recouvre  les  ra- 
cines avec  la  meilleure  terre  du  jardin. 
L’année  suivante,  l’arbre  a développé,  au- 
dessus  des  incisions,  une  grande  quantité 
de  petites  racines  qui  fournissent  à l’arbre 
la  quantité  de  sève  dont  il  a besoin. 

Il  arrive  aussi  que  des  arbres  greffés  sur 
Coignassier,  étant  plantés  dans  un  terrain 
qui  ne  convient  qu’à  des  arbres  greffés  sur 
franc,  ne  poussent  que  médiocrement.  On 
remédie  à cet  état  de  choses  en  affranchis- 
sant ces  arbres,  c’est-à-dire  en  pratiquant 
des  incisions  longitudinales  dans  le  bourre- 
let de  la  greffe  pour  en  obtenir  des  racines. 
Si  le  bourrelet  est  au-dessus  du  sol,  on 
l’enterre  en  amoncelant  de  la  terre  autour. 
En  procédant  ainsi,  on  obtient  des  racines 
qui  donnent  à l’arbre  la  même  vigueur  que 
s’il  était  greffé  sur  franc.  Je  ne  parle  ici  que 
des  arbres  qui  manquent  de  sève,  car  pour 
les  arbres  vieux  et  usés,  les  incisions  ne 
sauraient  leur  rendre  la  vie. 

C.  Vigneron, 

Professeur  d’arboriculture,  place  de  l’Église,  6, 
à Vilry-sur-Seine, 


Orléans,  irnp.  de  G.  Jacob,  Uoitre  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  QUINZAINE  DE  MARS) 

Le  Dattier  du  Muséum.  — Les  Expositions  de  la  Société  d’horticulture  de  la  Haute-Garonne  pour 

l’année  1873.  — Nécrologie  : M.  Lambert  Jacob,  de  Liège.  — La  fécondation  artificielle. Culture  du 

Cnjptomeria  Japonica;  lettre  de  M.  Hélye;  influence  générale  des  milieux  sur  la  végétation  ; exemple 
tiré  des  Magnolia  grandi flora ; vérité  du  proverbe  : Expérience  passe  science.  — Bibliographie  : La 
Greffe  à la  portée  des  classes  populaires,  par  M.  Faudrin,  professeur  d’arboriculture;  le  Jardin  de 
Vinstüuteur,  par  M.  Burvenich,  de  Belgique;  extrait  du  livre.  — La  Revue  de  V arboriculture;  obser- 
vations sur  la  non-dégénérescence  des  arbres  fruitiers.  — Les  nouveaux  engrais  en  horticulture  • les 
expériences  au  Jardin  d’acclimatation.  — Le  Laurocerasus  vulgaris  : ses  caractères,  ses  qualités,  ses 
divers  emplois. 


Le  bel  échantillon  de  Dattier  offert  au 
Muséum  par  MM.  Charles  Huher  et  G‘®, 
horticulteurs  à Hyères  (Var),  et  dont  nous 
avons  parlé  dans  notre  chronique  du  1'’**  jan- 
vier, p.  5,  est  arrivé  au  Muséum.  Il  va  être 
placé  dans  la  galerie  de  botanique,  où  on 
pourra  l’admirer  et  se  faire  une  idée  de 
cette  plante  qui  caractérise  certaines  ré- 
gions chaudes  de  l’Asie  et  de  l’Afrique,  et 
juger  par  là  de  ce  qu’est  le  climat  si  favorisé 
de  ce  petit  coin  de  la  France  où  est  située  la 
ville  d’Hyères.  Cet  échantillon,  dont  nous 
avons  donné  les  dimensions  (1),  est,  paraît- 
il,  un  des  plus  forts  que  l’on  connaisse. 

— Du  24  au  27  avril  prochain,  la  Société 
d’horticulture  de  la  Haute- Garonne  fera  à 
Toulouse  une  exposition  générale  qui  com- 
prendra, indépendamment  des  plantes  or- 
nementales de  la  culture  maraîchère  et  de 
l’arboriculture,  tous  les  différents  produits 
qui  se  rattachent  à l’horticulture.  Outre 
cette  exposition,  la  Société  en  fera  deux  au- 
tres, l’une  le  25  mai,  entièrement  consacrée  : 
aux  Rosiers  de  collection  fleuris  et  en 
pots  ; 2<^  aux  Rosiers  de  semis  fleuris  et  en 
pots  ; 30  aux  Rosiers  coupés.  L’autre  — qui 
sera  la  troisième  de  l’année  1873  — qui  aura 
lieu  du  18  au  19  octobre,  sera  exclusive- 
ment consacrée  aux  fruits  d’automne  et 
d’hiver.  Toutes  les  personnes  sont  admises 
à concourir  conformément  au  programme. 
Pour  cela,  elles  devront  en  faire  la  déclara- 
tion au  moins  quinze  jours  avant  l’exposi- 
tion où  elles  désirent  concourir,  et  adresser, 
à cet  effet,  au  président  ou  au  secrétaire  gé- 
néral de  la  Société,  place  Saint-Georges, 
n»  15,  à Toulouse,  une  lettre  contenant 
l’énumération  des  produits  qu’elles  se  pro- 
posent d’exposer. 

— L’horticulture  vient  de  perdre  un  de 
ses  principaux  membres  en  la  personne  de 

(1)  Revue  horticole,  1873,  p.  5. 

1er  mars  1873. 


M.  Lambert  Jacob,  plus  connu  sous  le  nom 
de  Jacob-Makoy.  C’était  un  de  ces  hom- 
mes de  plus  en  plus  rares,  qui,  à un  amour 
passionné  des  plantes,  unissent  les  connais- 
sances et  l’activité  nécessaires  pour  mener 
une  entreprise  à bonne  fin.  Aussi,  l’éta- 
blissement qu’il  avait  créé  à Liège  fut-il 
bientôt  connu  de  toute  l’Europe.  M.  Lam- 
bert Jacob  est  décédé  à Liège,  le  4 mars  1873, 
à l’âge  de  quatre-vingt-trois  ans. 

— Dans  un  article  que  nous  avons  publié 
sur  la  fécondation  artificelle  (1),  en  appe- 
lant l’attention  sur  diverses  fécondations 
faites  par  notre  ami,  le  patient  et  conscien- 
cieux fécondateur,  M.  Quetier,  sur  des 
Poiriers,  dans  le  but  d’en  obtenir  des  varié- 
tés méritantes,  nous  disions,  en  parlant  d’un 
Poirier  Saint-Germain  fécondé  par  Bon- 
Chrétien  d’hiver  : <i  L’aspect  général  de 
l’arbre  est  celui  du  Saint-Germain;  les 
feuilles  sont  longuement  pliées  en  gouttière  ; 
le  fruit  gros  et  long,  renflé  au  milieu,  atté- 
nué aux  deux  bouts,  semble  tenir  des  deux 
parents  : du  Saint-Germain,  mais  surtout 
du  Bon-Chrétien  d’hiver.  Nous  y revien- 
drons. » ~ Aujourd’hui  que  nous  avons 
étudié  le  fruit,  nous  pouvons  complé- 
ter et  dire  qu’il  n’a  pas  répondu  à l’idée 
qu’on  s’en  était  faite.  Ce  fruit,  qui  est  d’une 
moyenne  grosseur,  n’est  pas  d’une  qualité 
supérieure,  tant  s’en  faut.  De  plus,  il  a le 
grave  inconvénient  de  blétir  promptement 
cela  sans  que  ce  fait  se  manifeste  extérieu- 
rement. Si  nous  parlons  de  cette  Poire,  ce 
n’est  donc  pas  pour  la  recommander,  mais 
pour  faire  voir  que,  contrairement  à l’idée 
qu’on  a émise,  il  ne  suffit  pas  de  féconder  les 
fleurs  de  deux  bonnes  variétés  pour  avoir 
un  bon  fruit  ; et  que  des  pépins  de  Poires 
provenant  de  variétés  émérites,  peuvent 
produire  un  fruit  inférieur,  ce  qui  s’est 
montré  dans  l’expérrence  que  nous  rappe- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1871,  p,  390. 


6 


i02  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MARS). 

Ions.  Toutefois,  il  ne  faudrait  pas  prendre  | tiens  des  voyageurs  dos  contradictions  manifestes 
ce  résuHat  pour  règle  ; et  nous  croyons,  au  ■ sur  lesquelles  je  serais  heureux  d’avoir  quelques 

éclaircissements.  D.  IIélye. 


contraire,  malgré  cette  défection , qu  il  y 
aura  toujours  infiniment  plus  de  chance 
d’obtenir  de  bons  fruits  en  semant  des  pé- 
pins provenant  de  fécondation  entre  bonnes 
variétés,  de  même  qu’on  serait  beaucoup 
plus  sûr  d’obtenir  un  bon  vin  en  mélangeant 
ensemble  deux  bonnes  sortes  , que  si  l’on 
prenait  pour  faire  le  mélange  deux  vins  de 
mauvaise  qualité.  Nous  reviendrons  sur  ce 
sujet. 

— Au  sujet  de  certains  faits  de  végéta- 
tion qu’il  a observés  relativement  à la  végé- 
tation des  Cryptomeria , notre  collègue, 
M.  Hélye,  nous  adresse  la  lettre  suivante  : 

Mon  cher  Carrière , 

Permettez-moi  de  vous  demander  une  petite 
place  dans  votre  journal  pour  insérer  cette  let- 
tre. En  vous  l’adressant,  mon  but  est  d’appeler 
l’attention  des  lecteurs  de  la  Revue  horticole  sur 
la  culture  du  Cryptomeria  Japonica.  Bien  que 
l’introduction  de  celte  espèce  remonte  déjà  à un 
grand  nombre  d’années,  on  est  encore  à se  de- 
mander quel  est  le  sol  qui  lui  convient,  et  dans 
lequel  elle  doit  être  plantée  afin  d’obtenir  une 
croissance  rapide,  et  surtout  une  végétation  sa- 
tisfaisante, ce  que  sont  loin  de  présenter  les  in- 
dividus que  j’ai  eu  occasion  de  voir  dans  diver- 
ses parties  de  la  France.  On  prétend  qu’au 
Japon  on  le  rencontre  spontané  dans  les  bas- 
fonds  des  forêts  humides  et  tourbeuses.  A dire 
vrai,  partout  où  il  est  planté  dans  les  terrains 
calcaires  des  environs  de  Paris, il  y végète  faible- 
ment, perd  ses  branches  et  finit  par  périr.  Sans 
nier  ce  qu’ont  dit  les  difl'érents  voyageurs  qui  ont 
eu  l’occasion  de  voir  le  Cryptomeria  au  Japon, 
je  crois  que  le  fait  n’est  pas  suffisant  pour  nous 
indiquer  les  conditions  dans  lesquelles  il  convient 
de  planter  cette  espèce.  J’appuie  mon  dire  sur  un 
fait  que  j’ai  observé  récemment,  et  que  je  vais 
rapporter  ; ce  sont  deux  magnifiques  spécimens 
que  j’ai  remarqués  récemment  dans  l’ancienne 
propriété  de  M.  Pescatore,  à la  Celle-Saint-Cloud. 
Ces  sujets,  de  11  mètres  de  hauteur,  mesurent 
34  centimètres  de  circonférence  à 1 mètre  du 
sol,  et  sont  garnis  de  la  base  au  sommet  de 
nombreuses  branches  très-ramifiées,  couvertes 
de  feuilles  d’un  beau  vert,  qui  annonce  un 
état  sanitaire  des  plus  satisfaisants.  Et  pourtant 
ces  deux  arbres  sont  plantés  dans  des  conditions 
de  sol  très-différentes  ; l’un  est  placé  sur  un  ta- 
lus, à demi-pente,  où  il  est  éloigné  de  toute  hu- 
midité, tandis  que  l’autre  se  trouve  sur  une  ter- 
rasse où  l’humidité  fait  également  défaut,  mais 
tous  deux  dans  une  terre  argilo -siliceuse.  Et 
pourtant,  je  le  répète,  ces  deux  plantes  sont 
magnifiques  et  très-remarquables,  tant  par  la  dis- 
position de  leurs  branches  arquées  que  par 
leur  végétation  qui  est  des  plus  luxuriantes.  Il  y a 
entre  le  fait  que  je  viens  de  rapporter  et  les  asser- 


Si  le  fait  que  vient  de  rapporter  notre 
collègue,  et  dont  nous  le  remercions,  est 
rare,  il  n’en  est  pas  de  même  de  ses  équi- 
valents qui  se  rencontrent  à peu  près  par- 
tout. En  effet,  qui  ne  sait  que  les  mêmes 
plantes  viennent  parfaitement  dans  des  con- 
ditions très -diverses,  tandis  qu’au  contraire 
elles  ne  peuvent  parfois  vivre  lorsqu’on  les 
place  dans  des  conditions  en  apparence  ana- 
logues, sinon  identiques?  Les  exemples 
abondent  ; et,  parmi  les  milliers  que  nous 
pourrions  citer,  nous  en  rappellerons  seule- 
ment quelques-uns  que  nous  choisissons 
exprès,  parce  qu’ils  sont  très-communs  et 
bien  concluants.  Par  exemple,  les  Magno- 
lia grandiflora  qui,  à Nantes,  à Angers  et 
dans  d’autres  conditions  analogues,  vivent 
très-bien  plantés  dans  la  terre  ordinaire, 
exigent  à Paris  de  la  bonne  terre  de  bruyère, 
et  aussitôt  que  celle-ci  est  usée  et  que 
les  racines  pénètrent  dans  le  sol  naturel, 
les  plantes  jaunissent,  s’affaiblissent  et  meu- 
rent. Il  y a plus,  et  combien  de  milliers 
plantes,  dites  de  terre  de  bruyère,  ne  vi- 
vent pas  à Paris,  bien  qu’on  leur  donne  tous 
les  soins  et  de  la  bonne  terre  de  bruyère  ! S 
l’on  objecte  que  cet  insuccès  est  dû  à la  na- 
ture de  l’air  — ce  que  nous  reconnaissons 
volontiers  — nous  opposerons  des  faits 
analogues  à l’abri  de  l’air,  c’est-à-dire  dans 
des  serres.  Ainsi,  tous  les  horticulteurs  sa- 
vent qu’en  Angleterre  on  cultive  les  plantes 
les  plus  délicates  dans  une  terre  forte,  très- 
consistante,  le  loam , où  cependant  elles 
viennent  très-bien,  tandis  qu’à  Paris  ces 
mêmes  plantes  ne  peuvent  vivre  qu’en 
bonne  terre  de  bruyère.  C’est  au  point  que 
lorsqu’on  fait  venir  ces  plantes  d’Angleterre 
on  est  obligé,  si  l’on  veut  les  conserver, 
de  les  « secouer,  » c’est-à-dire  d’en  enlever 
la  terre  et  de  la  remplacer  par  d’autre  ap- 
propriée au  nouveau  milieu  dans  lequel  el- 
les doivent  vivre.  Le  fait  inverse  se  montre 
en  Angleterre  pour  les  plantes  qui  viennent 
de  France  ; là  aussi  on  doit  les  « secouer  » 
pour  les  rempoter  dans  une  terre  appro- 
priée aux  nouvelles  conditions  dans  les- 
quelles on  les  place.  Mais,  d’une  autre  part, 
les  milieux  ne  peuvent  être  identiques  ; il 
a des  équivalents,  et  c’est  précisément 
ceux-ci  que  les  horticulteurs  doivent  cher- 
cher, et  ceux-ci  peuvent , parfois  , se  ren- 
contrer dans  des  conditions  en  apparence 
très-diverses,  grâce  aux  équivalents.  Ainsi, 
pour  nous  résumer  et  faire  aux  Cryptome- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  DE  MARS).  d03 


ria  l’application  des  principes  que  nous 
venons  d’indiquer,  nous  dirons  que,  au 
Japon,  la  fréquence  de  l’eau,  le  voisinage  de 
la  naer  constituent  une  sorte  de  climat  mari- 
time ; l’air  est  constamment  modifié,  ou 
plutôt  est  chargé  de  particules  aqueuses,  qui 
en  tempèrent  la  vive  action,  l’énergie  pour- 
rait-on dire.  A la  Celle-Saint-Gloud,  au  con- 
traire, le  terrain  est  sec,  argilo-siliceux  ; 
mais  l’air  qui  y est  très-vif  se  trouve  modi- 
fié par  la  position  topographique  de  la  loca- 
lité et  surtout  par  le  voisinage  des  forêts  ou 
des  collines  plus  ou  moins  boisées. 

On  doit  comprendre  toutefois  que  tout 
ceci  est  complexe  (1) , que  nous  ne  cher- 
chons pas  à définir  le  milieu,  ce  qui  est 
tout  à foit  impossible;  le  milieu  constitue 
la  vie,  ou  plutôt  il  en  fait  partie  ; aussi  est-il 
indéfinissable.  Nous  avons  voulu,  dans  ces 
quelques  lignes,  en  appelant  l’attention  sur 
certains  faits,  engager  nos  lecteurs  à en 
tirer  les  conséquences,  à faire  des  rappro- 
chements, à comparer,  et,  par  des  analo- 
gies, à poser  des  règles  dont  l’application 
pourra  leur  être  utile;  en  un  mot,  à dé- 
montrer qu’il  n’y  arien  d’absolu,  que  l’on 
doit  toujours  chercher,  et  que  la  pratique  et 
l’observation  sont  les  seules,  les  véritables 
divinités  que  l’on  doit  invoquer.  Ce  qui  ex- 
plique et  justifie  ce  proverbe  : « Expérience 
passe  science.  )) 

— Simplifier  les  opérations  tout  en  les  ren- 
dant plus  faciles  et  plus  certaines  comme  ré- 
sultat, tel  doit  être,  dans  la  pratique,  le  but  de 
tout  homme  qui  vise  au  véritable  progrès. 
Il  en  est  absolument  de  même  en  théorie, 
surtout  aujourd’hui  que  les  besoins  s’éten- 
dent constamment,  et  que,  devant  s’occuper 
à la  fois  de  beaucoup  de  choses  diverses,  on 
ne  peut  consacrer  à chacune  qu’un  temps 
relativement  court.  C’est  ce  qu’a  très-bien 
compris  M.  Faudrin,  professeur  d’arbori- 
culture à Châteauneuf-de-Gadagne  (Vau- 
cluse), en  publiant  un  petit  traité  sur  la 

(1)  Il  ne  faut  pas  non  plus  oublier  que,  si  le  mi- 
lieu est  complexe,  il  en  est  de  même  des  êtres 
qui  l’habitent;  que  pas  un  non  plus  n’a  un  tempé- 
rament identique;  que  sous  ce  rapport  on  constate 
parfois  les  plus  grandes  diversités,  et  que  ce  qui 
convient  à l’un  peut  être  indifférent  à un  autre, 
nuisible  à un  troisième  ; par  conséquent  que, 
dans  des  espèces  appartenant  à un  même  genre, 
des  variétés  sortant  d’une  même  espèce  pour- 
ront exiger  des  soins  très-différents,  et  que  là  où 
l’une  ne  pourrait  vivre,  une  autre,  au  contraire,  s’y 
développerait  parfaitement.  C’est  l’ensemble  de  ces 
connaissances  qui  constitue  ce  qu’on  peut  appeler 
Vart  horticole,  c’est-à-dire  qui  en  est  la  quintes- 
sence. 


greffe,  intitulé  : La  Greffe  à la  portée  des 
classes  populaires. 

Dans  cet  opuscule,  de  48  pages  seule- 
ment, l’auteur  a trouvé  moyen  de  démon- 
trer d’une  manière  aussi  simple  que  claire 
tout  ce  qui  est  sinon  indispensable,  mais  du 
moins  très-ulile  de  connaître  pour  mener  à 
bonne  fin  l’opération  de  la  greffe,  qui, 
comme  on  le  sait,  est  une  des  plus  impor- 
tantes de  l’arboriculture.  On  s’explique 
pourtant  ce  résultat,  lorsqu’on  sait  que  qua- 
rante-six figures  intercalées  dans  le  texte 
dispensent  d’entrer  dans  de  longs  détails, 
qui  souvent  même  ne  seraient  pas  compris 
sans  la  présence  de  ces  figures,  qui,  bien 
choisies  et  bien  appropriées,  démontrent  au 
moindre  examen  ce  que  le  langage  ne  pour- 
rait rendre. 

Une  liste  des  « meilleures  variétés  » de 
tous  nos  fruits  cultivés,  indiquant  les  di- 
mensions des  fruits,  l’époque  où  ils  mûris- 
sent et  la  fertilité  de  l’arbre,  termine  et 
complète  de  la  manière  la  plus  heureuse  ce 
petit  livre,  et  justifie  pleinement  son  titre  : 
La  Greffe  mise  à la  portée  des  classes  po- 
pulaires. 

— M.  Burvenich,  dont  le  nom  est  bien  et 
avantageusement  connu  non  seulement  en 
Belgique,  mais  dans  le  monde  entier,  vient 
de  publier  un  tout  petit  livre,  intitulé  : Le 
Jardin  de  Vinstituteur  (1).  Sous  ce  titre, 
de  très-modeste  apparence , se  cachent  de 
grandes  vérités,  un  chemin  sûr  qui  con- 
duit au  véritable  progrès,  au  bonheur  de 
l’humanité.  Tout,  dans  ce  livre,  est  marqué 
du  sceau  de  la  pratique,  — nous  dirions 
presque  de  la  sagesse,  si  nous  ne  craignions 
de  blesser  la  modestie  de  l’auteur.  — Il  n’y 
a pas  jusqu’à  cette  devise  : « Dresser  l’arbre 
quand  il  est  jeune,  » qui  est  sur  la  couver- 
ture, qui  n’ait  été  très-heureusement  choi- 
sie. En  effet,  pouvait-on  mieux,  c’est-à-dire 
d’une  manière  plus  simple,  plus  vraie  et 
plus  poétique,  indiquer  ce  que  doit  être 
l’éducation,  comment  il  faut  la  pratiquer 
tout  en  assimilant,  en  harmonisant  ces  deux 
choses  : faire  des  hommes  et  former  {dres- 
ser) des  arbres,  tout  en  montrant  comment 
il  faut  agir,  en  opérant  en  temps  opportun, 
c’est-à-dire  lorsqu’ils  sont  jeunes,  de  ma- 
nière à pouvoir  s’en  rendre  maître  en  leur 
donnant  une  bonne  direction?  Du  reste,  le 
but  de  l’auteur  est  nettement  indiqué  dans 
les  deux  premiers  alinéas  de  son  opuscule, 
sous  le  titre  : Généralités.  Qu’on  en  juge. 

(1)  Gand,  imprimerie  C.  Annoot-Braeckmann. 


104  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MARS). 


Ea  détachant  le  jardin  de  l’instituteur  de  toute 
autre  exploitation  culturale,  grande  ou  petite, 
nous  n’établissons  pas  une  distinction  subtile. 
N’avons-nous  pas,  d’ailleurs,  comme  jardins  plus 
ou  moins  distincts,  ceux  du  locataire,  du  fermier, 
du  presbytère,  des  communautés,  des  hôpitaux, 
des  pensionnats,  des  camps,  des  chefs  de  gare, 
et  enfin,  et  non  pas  le  moins  important,  le  jar- 
din du  pauvre? 

Le  jardin  de  l’instituteur  a pour  nous  un  ca- 
ractère tout  particulier  autant  par  la  position 
du  fonctionnaire  qui  l’exploite  que  par  le  but 
multiple  qu’il  doit  s’efforcer  d’atteindre.  C’est  ce 
qui  nous  détermine  à traiter  spécialement  et 
assez  longuement  ce  genre  de  culture  au  point 
de  vue  de  l’intérêt  particulier  et  de  l’utilité  gé- 
nérale qu’il  présente.  Et,  en  effet,  disons-le  sans 
autre  préambule,  le  jardin  répond  à un  besoin 
physique,  matériel  et  moral,  pour  ces  fonction- 
naires peu  privilégiés,  que  leur  rude  et  hono- 
rable profession  n’enrichit  guère  ; de  plus,  bien 
distribué  et  entretenu  d’après  les  indications  que 
nous  donnerons  dans  le  cours  de  ce  travail,  le 
jardin  de  l’école  primaire  est  appelé  à servir 
d’exemple  aux  populations  rurales,  et  à contri- 
buer ainsi  dans  une  large  mesure  à la  propa- 
gande des  bons  procédés  de  culture  et  des 
meilleurs  fruits  et  légumes. 

Après  des  considérations  générales  sur  ce 
qu’est  en  Belgique  le  jardin  de  l’instituteur, 
M.  Burvenich  s’attache  à démontrer  ce  qu’il 
devrait  être,  eu  égard  à la  mission  que  doit 
remplir  l’instituteur,  à poser  quelques  bases 
d’après  lesquelles  les  plantations  devraient 
être  faites,  quel  est  le  traitement  qu’il  con- 
vient d’appliquer  aux  arbres  ainsi  qu’aux 
légumes,  et  quel  en  doit  être  le  choix,  toutes 
choses  des  plus  intéressantes  et  dignes  d’être 
méditées. 

B serait  à désirer  que  de  semblables  pu- 
blications fussent  faites  dans  toutes  les  com- 
munes de  France;  elles  seraient  beaucoup 
plus  utiles  que  certains  bulletins  que  de 
temps  à autre  l’on  envoie  aux  instituteurs.... 

— Dans  le  numéro  du  janvier  1873  de 
la  Revue  de  Varhorieidture,  où  les  lecteurs 
trouveront  une  grande  quantité  de  faits  in- 
téressants, nous  avons  surtout  remarqué  un 
article  sur  lequel  nous  appelons  tout  parti- 
culièrement l’attention,  mais  principalement 
de  ceux  qui  soutiennent  la  non  dégénéres- 
cence des  arbres  fruitiers.  Écrit  par  un  des 
praticiens  les  plus  éclairés,  notre  éminent 
collègue,  M.  F.  Thomas,  directeur  des  pé- 
pinières de  MM.  Simon-Louis,  à Metz,  cet 
article,  qui  a pour  titre  : le  Beurré  d’Har- 
denpont  (variété  plus  connue  en  France 
sous  le  nom  de  B.  d' Arenberg)^  nous  pa- 
raît de  nature  à convaincre  ceux  qui,  n’ayant 


pas  de  parti  pris,  veulent  bien  examiner  et 
tenir  compte  des  faits.  Quant  aux  autres, 
nous  n’en  parlons  pas  : les  raisons  — nous 
ne  disons  pas  les  bonnes  raisons  (ne  pas 
confondre)  — ne  leur  manqueront  pas  pour 
soutenir  leur  opinion.  Dans  cet  article, 
après  avoir  établi  par  certains  exemples  que 
l’infertilité  de  l’arbre  et  l’altération  des 
fruits  que  présente  souvent  le  B.  d'Harden- 
_pon^  résultentd’un  affaiblissement  graduel  de 
l’arbre,  qui  alors  devient  plus  délicat,  notre 
collègue  termine  ainsi;  « Si  je  suis  dans  le 
vrai,  le  remède  est  simple  : préserver  au- 
tant que  possible  cet  arbre  précieux  des 
causes  que  je  viens  de  signaler,  et  se  rési- 
gner à le  classer  parmi  les  variétés  de  Poires, 
malheureusement  assez  nombreuses  déjà  et 
dont  le  nombre  tend  à s’accroître  de  jour  en 
jour,  qui  demandent  à être  dorlotées.  y> 
Oui,  notre  collègue  est  dans  le  vrai. 

— On  ne  peut  nier  que  sous  tous  les  rap- 
ports nous  sommes  arrivés  à une  époque  de 
progrès  très-marquée.  En  culture,  indépen- 
damment des  améliorations  considérables 
apportées  à l’outillage,  qui  facilitent  ou  sim- 
plifient la  main-d’œuvre,  et  par  conséquent 
en  allègent  notablement  les  frais  tout  en 
augmentant  les  bénéfices,  il  y a surtout  les 
découvertes  faites  dans  l’emploi  de  bouveaux 
engrais,  qui  est  le  côté  principal,  la  base, 
on  peut  dire,  de  la  culture.  En  agriculture, 
le  fait  est  acquis,  et  les  résultats,  en  général 
très-avantageux,  sont  hors  de  toute  contes- 
tation ; on  ne  peut  donc  différer  que  sur  des 
faits  d’appropriation  dépendant  des  condi- 
tions de  milieu,  de  sol,  de  climat,  etc.,  dans 
lesquelles  on  se  trouve  placé.  En  horticulture, 
et  bien  qu’il  soit  à peu  près  certain  que  les 
engrais  ou  des  analogues  sont  également  ap- 
pelés à jouer  un  jour  un  important  rôle,  il 
faut  bien  reconnaître  que,  jusqu’ici,  l’on 
n’a  encore  rien  de  certain,  les  quelques  es- 
sais qui  ont  été  faits  n’étant  pas  assez  bien 
établis  pour  qu’on  puisse  rien  conclure  d’une 
manière  absolue  du  moins;  aussi,  malgré 
les  expériences  qu’on  a faites  au  Jardin 
d’acclimatation  du  bois  de  Boulogne,  et  ce 
qu’ont  dit  beaucoup  de  gens  incompétents 
ou  d’autres  qui  ont  parlé  de  ces  expé- 
riences sans  les  avoir  vues,  nous  qui,  sans 
les  avoir  suivies  d’une  manière  continue, 
les  avons  cependant  vues  plusieurs  fois 
de  très-prés  et  examinées  avec  soin,  ne 
craignons  pas  d’affirmer  que,  en  général, 
toutes  ces  expériences  ont  été  mauvaises, 
que  celles  qui  faisaient  exception  pouvaient 
à peine  être  considérées  comme  passables. 


105 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MARS). 


ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu’il  n’y  a pas  là  un 
champ  très-avantageux  à exploiter,  mais 
seulement  que  les  résultats  qu’on  a obtenus 
ne  sont  pas  de  nature  à ce  qu’on  puisse,  les 
considérant  comme  bons,  indiquer  comme 
règles  à suivre  les  procédés  employés. 

— On  nous  écrit  la  lettre  suivante,  qui, 
nous  en  sommes  certain,  sera  lue  avec  plai- 
sir, et  que,  pour  cette  raison,  nous  nous 
empressons  de  publier  : 

Monsieur  le  rédacteur, 

Je  prends  la  liberté  de  vous  adresser,  sous 
forme  de  lettre,  quelques  observations  au  sujet 
d’une  pldnte  très-vulgaire,  et  assurément  bien 
connue  de  vos  lecteurs,  mais  qui,  pourtant,  pré- 
sente certains  avantages  peu,  pan  ou  pas  assez 
connus,  et  que,  pour  cette  raison,  je  crois  bons 
à signaler.  Il  s’agit  du  Laurocerasus  commun. 
Du  reste,  vous  en  jugerez,  et  si  vous  croyez  que 
i ces  détails  présentent  quelque  intérêt,  je  vous 
autorise  à les  publier. 

Je  commence  par  faire  remarquer  que  cette 
plante,  qu’on  appelle  vulgairement  Laurier-Ce- 
rise, Laurier  au  lait,  Laurier  amande,  n’est 
pas  un  Laurier,  et  qu’elle  ne  rentre  même  pas 
dans  la  famille  des  Laurinéês,  que  nos  lecteurs 
peuvent  se  représenter  par  le  Laurier-sauce 
(Laurus  nobilis),  espèce  si  fréquemment  plantée 
dans  nos  jardins,  et  que  tout  le  monde  connaît 
par  l’usage  qu’on  fait  de  ses  feuilles  dans  les  ra- 
goûts. La  plante  dont  il  est  question  ici  appar- 
! tient  à la  grande  famille  des  Rosacées,  dans 
laquelle  elle  doit  constituer  une  tribu  particu- 
lière. Elle  porte  les  noms  scientifiques  suivants  : 

I Prunus  Laurocerasus,  Lin.;  P.  Lusitanica, 
Güldenst,  non  Lin.;  Cerasus  Laurocerasus, 
Loisl.;  et  Padus  Laurocerasus,  Mil!. 

Considérant  qu’elle  ne  peut  rentrer  dans  au- 
! cun  des  genres  où  on  l’a  placée,  je  n’hésite  pas 
à en  former  un  genre  particulier,  le  genre  Lau- 
I rocerasus,  auquel  je  rattache  toutes  les  sortes  à 
feuilles  persistantes,  tels  que  les  Laurocerasus 
Lusitanica,  Caroliniana,  Capulinos,  etc.,  etc., 
et  doit  porter  le  qualificatif  mlgaris.  Si  je  parle 
' de  cette  espèce,  ce  n’est  ni  pour  la  faire  con- 
naître, ni  pour  la  recommander  ; car,  sous  ces 
deux  rapports,  je  n’apprendrais  rien  à personne, 
puisqu’elle  est  connue  à peu  près  de  tout  le 
I monde,  et  que  son  usage,  comme  plante  d’orne- 
ment, est  des  plus  répandus,  en  ■ France  du 
moins.  Le  but  que  je  me  propose  en  écrivant 
I cette  note,  c’est  d’énumérer  les  propriétés  de 
I cette  plante,  en  rappelant  brièvement  celles  qui 
sont  généralement  connues,  et  en  m’étendant  un 
peu  plus  sur  d’autres  qui  le  sont  moins.  Ces  pro- 
priétés sont  tout  particulièrement  dues  à l’acide 
prussique  (1),  qui  s’y  trouve  en  plus  ou  moins 
grande  quantité,  souvent  allié  à quelques  autres 
principes  qui  en  tempèrent  l’énergie,  en  faisant 

(1)  L’un  des  poisons  les  plus  violents,  si  ce  n’est 
le  plus  violent. 


en  même  temps  varier  les  propriétés  des  parties 
où  elles  se  trouvent.  C’est,  à peu  près  exclusive- 
ment, dans  les  feuilles  où  on  les  rencontre; 
aussi  sont-ce  à peu  près  les  seules  parties  dont 
on  fait  usage,  Dans  l’économie  domestique,  les 
ménagères  emploient  ces  feuilles  pour  aromati- 
ser leur  lait,  d’où  le  nom  de  Laurier -au-lait 
qu’on  donne  à la  plante  ; le  nom  de  Laurier  Ce- 
rise lui  vient  de  la  comparaison  qu’on  a faite  de  ses 
fruits  avec  ceux  d’un  Cerisier.  Quant  au  nom 
Laurier  amande,  il  lui  a été  donné  à cause  de 
la  saveur  toute  particulière  que  les  feuilles  com- 
muniquent aux  mets  (crèmes,  pâtes,  gâteaux,  etc.) 
dans  lesquels  on  les  fait  entrer. 

Voilà,  certes,  déjà  assez  de  propriétés  pour 
recommander  le  Laurocerasus  mlgaris;  il  est  un 
bon  nombre  de  plantes  qui  sont  infiniment  moins 
utiles  et  qui,  pourtant,  sont  avidement  recher- 
chées. Sous  ce  rapport,  il  en  est  un  peu  des 
plantes  comme  des  gens.  Ce  n’est  pas  tout,  ce- 
pendant, et  le  Laurocerisier  commun  en  possède 
quelques  autres  qui  ne  sont  pas  moins  utiles. 
Ainsi,  au  point  de  vue  médical,  cette  espèce  rend 
de  très-grands  services  aux  classes  pauvres,  par 
l’application  que  l’on  fait  de  ses  feuilles  qui,  en 
même  temps  qu’elles  sont  stimulantes,  sont  ré- 
solutives, détersives  et  sédatives,  ce  qui  les  rend 
précieuses.  Appliquées  sur  les  plaies,  elle  les 
nettoient,  vivifient  la  chair  et  en  déterminent 
promptement  la  guérison.  J’en  ai  vu  faire  un  em- 
ploi très-avantageux  contre  les  brûlures,  dans 
une  verrerie,  où,  ainsi  qu’on  le  sait,  ces  acci- 
dents sont  très-fréquents.  Dans  cette  prévision, 
on  en  avait  fait  planter  quelques  pieds  dans  la 
cour,  à la  portée  des  ouvriers,  de  manière 
qu’aussitôt  qu’ils  se  brûlaient^  ils  prenaient  des 
feuilles,  dont  ils  enlevaient  l’épiderme,  et  qu’ils 
appliquaient  immédiatement  sur  la  plaie. 

En  mettant  des  feuilles  macérer  dans  de  l’al- 
cool, on  obtient  un  liquide  qu’on  peut  employer 
avec  un  très-grand  avantage  pour  laver  les  plaies 
et  les  blessures,  dont  il  détermine  très-prompte- 
ment la  guérison;  j’ai  même  vu  certaines  de  ces 
maladies  réputées  incurables,  qui  ont  été  gué- 
ries par  un  emploi  judicieux,  répété  et  varié,  de 
feuilles  ou  de  décoctions  de  Laurocerasus  vul- 
garis.  Dois-je,  à tout  ce  qui  précède,  ajouter  que 
depuis  quelque  temps  on  emploie  avec  un  très- 
grand  avantage  les  feuilles  du  Laurocerisier  com- 
mun (1)  pour  conserver  les  collections  d’histoire 
naturelle,  et  éloigner  les  insectes  qui  les  dévo- 
rent? C’est  surtout  en  entomologie  où  l’on  s’en 
sert  pour  cet  usage.  Coupées  en  lanières  et 
mises  dans  des  flacons  ou  dans  d’autres  endroits 
fermés  où  sont  placées  les  collections,  ces  feuilles 
en  éloignent  les  insectes,  qui  sans  cela  les  dé- 
truiraient. Dans  ce  cas,  elles  ont  l’avantage  de 
ne  pas  durcir  les  insectes,  de  les  conserver  frais 
avec  tous  leurs  caractères,  ce  que  ne  font  pas  la 

(1)  Il  est  à peu  près  hors  de  doute  que  toutes 
les  formes  ou  variétés  de  ce  type,  telles  que  les 
Lauracerasus  Caucasica,  colchica,  latifolia,  etc., 
possèdent  les  mêmes  propriétés  que  le  type,  et 
‘ qu’elles  peuvent  être  employées  aux  mêmes  usages. 


106  CULTURE  DU  TRITELEIA  UNIFLORA  AVEC  LES  JACINTHES  ET  LACHENALIA. 


plupart  des  autres  préservatifs  qu’on  emploie 
parfois.  Toutefois,  je  crois  que  ceci  peut  être 
considéré  comme  un  des  moindres  avantages  que 
présentent  les  feuilles  de  Laurocerisier  ; néan- 
moins, j’ai  cru  devoir  le  rappeler,  puisqu’il 
peut  être  très-utile  à ceux  qui  ignorent  ce  fait. 

C’est  avec  un  grand  plaisir  que  nous  pu- 
blions cette  lettre,  dont  nous  remercions 
l’auteur,  qui,  pour  des  raisons  particulières, 
nous  a prié  de  taire  son  nom. 

Bien  que  cette  communication  puisse  pa- 
raître étrangère  à l’horticulture,  — ce  qui 
n’est  pas,  — nous  avons  néanmoins  cru  de- 


voir la  publier;  nous  la  regardons  au  con- 
traire comme  s’y  rattachant,  et  en  même 
temps  comme  très-utile,  car  elle  fait 
partie  de  l’économie  domestique,  qui  ne 
peut  être  étrangère  à l’horticulture,  puis- 
qu’elle comprend  l’hygiène,  c’est-à-dire  les 
moyens  de  conserver  la  santé  et  de  rame- 
ner celle-ci  lorsqu’elle  est  compromise,  et 
que  sans  la  santé  tout  travail  est  impos- 
sible, de  sorte  qu’indiquer  ces  moyens, 
c’est  non  seulement  servir  l’horticulture, 
mais  même  toutes  les  sciences. 

E.-A.  Carrière. 


CULTURE  DU  TRITELEIA  UNIFLORA 

AVEC  LES  JACINTHES  ET  LACHENALIA 


Jusqu’aujourd’hui,  Ton  ne  semble  pas 
avoir  compris  tout  le  parti  que  Ton 
pourrait  tirer  des  petits  oignons  de  Triteleia 
mélangés  avec  d’autres  oignons  à fleurs. 

Depuis  quelques  années,  j’ai  fait  des  es- 
sais de  culture  du  Triteleia  uniflora,  mé- 
langé avec  des  Jacinthes  et  des  Laehenalia, 
qui  m’ont  donné  des  résultats  des  plus  sa- 
tisfaisants, et  cela  d’autant  plus  que  ces 
plantes  fleurissent  de  janvier  à la  fin  de  mars, 
époque  où  Ton  a beaucoup  de  plantes  à 
feuillage  dans  les  appartements,  mais  où  les 
fleurs  manquent  le  plus  généralement. 
Voici  comment  j’opère  : 

Du  25  août  à la  fin  de  septembre,  je 
plante  chaque  dix  jours  un  nombre  suffi- 
sant de  Jacinthes  doubles  et  simples,  à fleurs 
de  couleurs  vives,  rouge  ou  rose  foncé,  bleu 
foncé  et  bleu  noir.  Si  Ton  prend  dans  les 
jaunes,  il  faut  choisir  les  plus  foncées.  Il 
faut  éviter  de  planter  des  Jacinthes  de  cou- 
leurs claires,  car  ces  couleurs  se  perdent 
lorsqu’on  les  mélange  avec  le  blanc.  Après 
avoir  bien  drainé  le  fond  du  pot,  je  place 
chaque  oignon  au  milieu  des  pots,  qui  sont 
ensuite  mis  dans  une  bâche  recouverte  de 
châssis  de  nattes.  Lorsqu’au  bout  de  quarante 
à cinquante  jours  les  Jacinthes  commencent 
à sortir  de  terre,  je  plante  autour  de  chacune 
les  oignons  de  Triteleia  uniflora,  de  ma- 
nière à former  une  sorte  de  couronne.  On 
peut  alors  enlever  les  châssis  et  laisser  les 
pots  à découvert,  en  ayant  soin,  toutefois, 
d’éviter  les  grandes  pluies.  Au  bout  de  dix 
à quinze  jours,  les  Triteleia  sortent  de  terre 
et  forment  autour  de  la  Jacinthe  une  bor- 
dure de  verdure. 

Dans  les  premiers  jours  de  novembre,  il 

(1)  V.  Revue  horlicole,  1873,  p.  11. 


faut  placer  les  pots  près  des  vitres  de  la  serre 
et  tenir  la  terre  un  peu  humide.  Ainsi  trai- 
tées, ces  plantes  fleuriront  en  janvier  et 
produiront  un  effet  des  plus  jolis,  car  tous 
les  oignons  fleurissent  à la  fois,  et  alors  le 
beau  feuillage  des  Triteleia,  qui  retombe 
sur  le  bord  du  pot  qu’il  cache,  joint  aux 
fleurs  étoilées  des  Triteleia  qui  sont  d’un 
beau  blanc  nuancé  de  bleu,  produisent  un 
des  plus  jolis  contrastes  avec  les  hampes 
fleuries  des  Jacinthes. 

Grâce  à cette  heureuse  disposition , le 
Triteleia  uniflora  a une  place  importante 
dans  les  serres  et  appartements  du  Midi. 

La  culture  des  diverses  espèces  de  La- 
chenalia  mélangées  avec  les  Triteleia  uni- 
flora demande  un  peu  plus  de  soin.  Voici 
comment  je  la  pratique  : je  plante  ordinai- 
rement les  Lachenalia  au  mois  de  septem- 
bre, dans  des  pots  de  5 pouces  que  je  place 
sur  les  étagères  de  la  serre,  et  une  fois  que 
les  plantes  sont  bien  développées,  c’est-à- 
dire  que  la  hampe  a environ  5 centimètres 
au-dessus  du  feuillage,  je  plante  tout  autour, 
comme  pour  les  Jacinthes,  les  Triteleia. 
Toutefois,  il  est  urgent  de  planter,  aupara- 
vant, les  Triteleia  dans  de  très-petits  pots 
sans  fond.  Si  Ton  plantait  comme  on  le  fait 
des  Jacinthes,  les  nombreuses  feuilles  de 
Triteleia  couvriraient  les  hampes  fleuries 
des  Laehenalia  , et  produiraient  un  mau- 
vais résultat.  Il  est  difficile  ou  plutôt  impos- 
sible, si  on  ne  Ta  pas  vu,  de  se  faire  une  idée 
de  la  beauté  que  produisent  les  hampes  de 
fleurs  pendantes  des  Laehenalia,  dont  la 
belle  couleur  vive,  d’un  beau  jaune  citron 
et  pourpre  fait  un  admirable  contraste  avec 
les  fleurs  blanches  des  Triteleia. 

J'ai  en  ce  moment  (Dr  janvier),  dans  une 
serre  de  mon  établissement,  de  nombreuses 


CHAQUE  CHOSE  A SA  PLACE. 


107 


potées  des  plantes  dont  je  viens  de  parler  et 
qui  commencent  à fleurir  ; rien  n’est  plus 
joli;  aussi  sont-elles  enlevées  dès  que  les 
hampes  florales  commencent  à paraître. 

En  opérant  ainsi  que  je  viens  de  le  dire, 
on  peut  pendant  les  trois  premiers  mois  de 


l’année,  c’est-à-dire  à l’époque  où  les  fleurs 
font  généralement  défaut,  avoir  des  fleurs  en 
grande  abondance  pour  la  garniture  des 
serres  et  des  appartements. 

F.  Brassac, 

HorlicuUeur  à Toulouse. 


CHAQUE  CHOSE  A SA  PLACE 


Cette  maxime,  applicable  partout,  a au- 
tant d’importance  dans  les  jardins  qu’ail- 
leurs,  et  peut  dans  beaucoup  de  cas  servir  à 
éviter  l’abus  qu’on  fait  de  ce  précepte  : « Mê- 
ler l’utile  à l’agréable.  » 

Rien,  certes,  ne  paraît  plus  sage  que  l’ap- 
plication de  ce  précepte  si  connu  ; mais, 
dans  la  pratique,  il  rencontre  bien  des  dif- 
ficultés, et  le  goût  proteste  souvent  contre 
son  emploi  irréfléchi. 

Il  va  sans  dire  que  nous  ne  voulons  pas 
parler  des  conséquences  où  l’on  peut  arri- 
ver en  forçant  la  logique  à ce  sujet,  ni  cher- 
cher à prouver,  par  exemple,  qu’un  bouquet 
doit  se  faire  avec  des  fleurs,  et  qu’on  ne 
doit  pas  y introduire  de  Persil  ni  de  Ca- 
rottes, sous  prétexte  d’utilité.  En  restant 
dans  les  bornes  de  la  vraisemblance,  et  en 
examinant  seulement  ce  qui  se  rencontre 
partout,  il  y a là  plus  qu’il  n’en  faut  pour 
faire  voir  qu’on  devrait  user  du  titre  de  cet 
article  avant  d’adopter  Viitile  dulci. 

Presque  toujours,  mêler  l’utile  à l’agréa- 
ble en  jardinage  se  traduit  par  un  mélange 
de  choses  qui  devraient  être  séparées,  et 
qui  souvent  même  semblent  s’exclure.  Ainsi, 
dans  beaucoup  de  jardins,  où  la  grandeur 
n’a  été  ni  une  raison,  ni  un  obstacle,  on 
trouve  des  parties  de  culture  potagère  se- 
mées au  milieu  des  promenades.  Il  a fallu 
se  plier  aux  courbes  des  allées,  aux  con- 
tours des  massifs,  aux  mouvements  du  ter- 
rain, etc.;  et  tout  jardinier  connaît  l’ennui 
et  même  les  difficultés  de  ces  irrégularités 
en  culture  potagère,  surtout  si  l’on  y ajoute 
la  posilion  plus  ou  moins  éloignée  de  ces 
parties  détachées  : on  pourrait  dire  éga- 
rées. 

Il  y faudrait  une  propreté  impossible  à 
obtenir  avec  des  légumes,  soit  au  moment 
de  la  récolte,  soit  lorsqu’elle  est  passée.  On 
y voit  toujours  des  terrains  en  labour,  en 
nettoyage,  couverts  de  fumiers,  de  paillis, 
enfin  de  ces  choses  qu’on  ne  tolère  que  dans 
un  jardin  potager.  Ici  ces  détails,  cette  demi- 
propreté,  n’ont  plus  la  même  portée  ; et 
avec  des  allées  propres,  des  bordures  bien 
nettes,  des  arbres,  s’il  y en  a,  bien  soignés, 


on  ne  s’offense  pas  de  voir  un  carré  de 
Choux  ou  de  salades  à demi-enlevés,  ou  des 
planches  de  Pois  et  de  Haricots  presque 
secs.  Dans  une  partie  d’agrément,  c’est  un 
hors-d’œuvre  de  mauvais  goût,  et  qui, 
certes,  n’est  pas  à sa  place. 

On  cite  parfois  la  beauté  d’un  champ  de 
Pommes  de  terre  en  végétation  ou  en  fleurs; 
et  alors,  dans  un  élan  d’admiration,  sincère 
sans  doute,  on  en  arrive  à regretter  de  ne 
pas  voir  quelques  parties  des  jardins  trans- 
formées par  ces  cultures,  et  fournissant 
l’été  des  coups-d’œil  ravissants.  Mais  c’est 
là  le  même  genre  de  sensation  qui  fait  ad- 
mirer, au  grand  scandale  des  agriculteurs, 
les  masses  de  Coquelicots  ou  de  Bleuets  dont 
certains  champs  sont  couverts.  Dans  le  sens 
de  V utile  dulci,  est-ce  que  les  Foins  ne  sont 
pas  à considérer,  avec  les  milliers  de  fleurs 
qui  les  émaillent  toujours,  malgré  la  pureté 
des  graines  de  semis?  Au  moins,  après  la 
coupe  il  reste  de  l’herbe,  et  par  conséquent 
de  la  verdure.  La  place  des  Pommes  de 
terre,  aussi  bien  que  les  Coquelicots,  n’est 
pas  dans  nos  pelouses,  si  ce  n’est  quelque- 
fois pour  les  premières,  afin  d’apprêter  et 
nettoyer  le  terrain  pour  les  semis  de  gazon 
qui  doivent  suivre. 

Combien  ne  trouve-t-on  pas  également, 
jusque  dans  les  endroits  les  plus  reculés  des 
grands  jardins,  de  murs  consacrés  à des 
arbres  fruitiers,  à de  la  Vigne,  etc.,  sous 
prétexte  de  bonne  exposition,  et  qui,  par 
leur  isolement,  sont  la  proie  des  animaux, 
des  oiseaux,  même  des  maraudeurs,  sans 
compter  le  voisinage  de  plantations  qui 
viennent  ronger  le  terrain,  parfois  même 
les  couvrir  de  leur  ombrage  ? 

Il  en  est  de  même  des  groupes  d’arbres 
fruitiers  dans  des  pelouses,  ou  n’importe 
dans  quelles  parties  d’agrément.  Ce  sont 
parfois  des  restes  d’anciennes  plantations 
qu’on  a conservées.  Pommiers  pour  la  plu- 
part ; on  a raison  de  les  conserver,  si  leur 
posilion  ne  s’y  oppose  pas.  Mais  il  en  est  au- 
trement lorsqu’on  veut  créer  exprès  des  grou- 
pes de  Pommiers,  Cerisiers,  Abricotiers, etc.; 
leur  place  n’est  pas  là  non  plus,  et  si  le 


108 


CHAQUE  CHOSE  A SA  PLACE. 


promeneur  les  admire,  il  les  trouverait  1out 
aussi  beaux  et  mieux  placés  dans  un  verger 
ad  hoc,  comme  nous  en  connaissons  quel- 
ques-uns, malheureusement  beaucoup  trop 
rares. 

Nous  n’en  sommes  pas  à exclure  impi- 
toyablement d’un  jardin  ou  d’un  parc  tout 
ce  qui  n’est  pas  pur  agrément,  ni  d’un  po- 
tager ce  qui  n’est  pas  légume  ou  fruit;  nous 
ne  combattons  que  le  principe  dans  ce  qu’il 
a d’arbitraire,  et  pour  tous  les  cas  où  le 
goût  seul  doit  décider.  Il  en  résulte  naturel- 
lement que  ces  observations  s’appliquent 
bien  moins  directement  aux  petits  jardins, 
où  il  est  souvent  difficile  de  séparer  les  par- 
ties d’agrément  des  cultures  potagères.  Ici 
le  cadre  est  quelquefois  si  exigu,  qu’on 
mêle  volontiers  tout  ce  qu’on  y veut  faire 
entrer. 

En  continuant  d’examiner  la  manière  dont 
chaque  chose  se  trouve  plus  ou  moins  à sa 
place,  nous  trouvons  une  méthode,  presque 
un  système,  qui  consiste  à rejeter  le  Buis 
comme  bordure  dans  un  potager,  et  de  le 
remplacer  par  des  plantes  variées  : Oseille, 
Fraisiers,  Thym,  même  des  plantes  d’orne- 
ment ; nous  en  connaissons  en  Cerastium, 
en  Violette,  en  Chiendent  panaché,  en  Om- 
phalodes,  etc.,  etc.  N’en  déplaise  aux  ama- 
teurs de  cette  réforme,  il  n’y  a rien  encore 
qui  puisse  remplacer  le  Buis  avec  avantage 
comme  bordure  de  ce  genre.  Il  a des  dé- 
fauts, sans  doute,  dont  le  plus  grave  peut- 
être  est  de  servir  de  refuge  à une  foule  d’in- 
sectes et  d’animaux  nuisibles,  de  limaces  et 
limaçons  particulièrement,  surtout  lors- 
qu’on l’a  trop  laissé  grandir.  Mais,  outre  que 
pour  d’autres  plantes  l’inconvénient  est  à peu 
près  le  même,  aucune  ne  présente  ce  carac- 
tère de  netteté  et  de  propreté  qui  le  dis- 
tingue, et  qui  doit  être  le  cachet  particulier 
d’une  bordure,  et  aucune  non  plus  ne 
montre  moins  d’exigence  pour  le  sol  et  la 
position  qu’on  leur  destine.  En  outre,  le 
produit,  lorsque  ce  sont  des  plantes  utiles, 
est  très -contestable  ; les  Fraisiers,  entre 
autres,  ne  pouvant  être  paillés  convenable- 
ment, donnent  des  fruits  sableux  et  à demi- 
écrasés  ; celles  qui  ne  redoutent  pas  cette 
position  au  même  degré,  telles  que  l’Oseille, 
ne  présentent  pas  une  ligne  suffisante  pour 
arrêter  les  terres  des  plates-bandes,  qui, 
par  les  temps  pluvieux,  coulent  dans  les  al- 
lées et  les  rendent  boueuses  et  sales.  Quant 
aux  plantes  d’agrément,  elles  ne  valent  pas 
mieux,  et  si  l’on  tient  absolument  à leur  flo- 
raison, on  peut  à la  rigueur  les  mettre  en 
contre-bordures,  ou,  ce  qui  est  préférable. 


vu  la  beauté  réelle  de  certaines  d’entre  elles, 
leur  consacrer  un  endroit  dans  un  carré  spé- 
cial. Enfin,  jusqu’à  présent,  nous  n’avons 
pas  de  plante  à opposer  au  Buis  avec  avan- 
tage pour  ce  genre  de  bordure.  Ne  voulant 
pas  ou  ne  pouvant  pas  l’employer,  autant 
vaudrait  mettre  des  tuiles,  comme  cela  a 
déjà  été  proposé,  si  elles  n’avaient  le  défaut 
de  se  casser,  et  celui,  tout  aussi  grand,  de 
se  déplacer  par  les  labours. 

En  cherchant  plus  haut,  et  adoptant  alors 
un  autre  ordre,  nous  aurions  pu  commen- 
cer par  examiner  successivement  les  places 
qu’on  aflecte  à la  maison  d’habitation,  à ses 
dépendances,  au  jardin  potager,  aux  bâti- 
ments d’utilité,  hangars,  serre  à légumes, 
habitation  du  jardinier  même,  toutes  choses 
qui  ne  sont  pas  souvent  où  il  faudrait  les 
placer,  souvent  au  hasard,  suivant  le  caprice 
ou  le  goût  du  propriétaire,  ce  qui  se  com- 
prend assez,  du  reste,  mais,  chose  plus 
grave,  suivant  le  goût  d’un  commensal  par- 
faitement désintéressé  dans  la  question,  et 
qui  fait  du  pittoresque  et  de  la  poésie  aux 
frais  de  son  amphytrion.  (Nous  en  parlons 
par  expérience.)  Tout  cela  exigerait  un  vo- 
lume, et  surtout  des  exemples  et  des  faits, 
pour  lesquels,  à vrai  dire,  on  n’a  que  l’em- 
barras du  choix,  mais  qui  demanderaient  du 
temps,  et  où  l’on  serait  souvent  arrêté  par 
l’inconnu  des  motifs  : il  faudrait  se  borner  à 
constater  les  résultats.  C’est  une  chose  que 
tout  le  monde  peut  faire,  et  où  l’on  est  as- 
suré de  marcher  de  surprise  en  surprise. 
Bornons-nous,  pour  le  moment,  à parler  des 
serres. 

Leur  emplacement  est  une  de  ces  ques- 
tions qu’on  ne  saurait]  trop  étudier.  Sous 
prétexte  de  bonne  exposition  (ce  qui  doit 
toujours  être  pris  en  considération),  on  les 
sème  partout,  et  dans  les  endroits  les  plus 
inconvenants.  Nous  n’ignorons  pas  que  la 
disposition  du  terrain,  plus  souvent  leur 
construction  dans  un  jardin  ancien,  peuvent 
contrarier  les  principes  d’ordre  dont  nous 
parlons;  mais  ce  sont  des  difficultés  plus 
apparentes  que  réelles.  Pour  bien  faire,  il 
suffit  souvent  de  vouloir. 

Pour  les  serres  d’utilité,  lorsqu’il  n’y  a 
pas  un  endroit  spécial  pour  elles,  le  potager 
ou  son  voisinage  peut  toujours  fournir  une 
place  convenable.  Le  mieux  est  de  les  réu- 
nir ; le  travail  y gagne  toujours.  Alors 
aussi,  on  peut  voir  auprès  les  dépôts  de 
terre,  de  pots,  de  charbon,  etc.,  toutes 
choses  indispensables,  et  qui,  éloignées, 
rendent  le  travail  difficile  et  jettent  du  dé- 
sordre partout. 


CHAQUE  CHOSE  A SA  PLACE. 


109 


Nous  n’avons  pas  à nous  occuper  pour  le 
moment  de  la  forme  et  de  la  destination  des 
serres  de  travail  ; nous  ne  pouvons  que  dire 
en  passant  qu’on  en  voit  beaucoup  qui  ont 
par  trop  le  caractère  de  serre  à « deux  fins,  d 
Leur  construction  les  range  jusqu’à  un  cer- 
tain point  dans  les  serres  d’ornement,  tandis 
que  leur  destination  est  purement  utile. 
Aussi,  les  résultats  laissent-ils  toujours  à 
désirer.  Quant  aux  serres  d’ornement  et 
jardins  d’hiver,  on  devrait  toujours  préparer 
leur  emplacement,  ou  tout  au  moins  mettre 
leur  entourage  en  rapport  avec  elles. 

Pour  mieux  faire  comprendre  comment 
nous  entendons  pour  cela  l’application  du 
principe  de  « chaque  chose  à sa  place,  » ci- 
tons quelques  exemples  assez  connus.  Au 
château  de  Ferrières,  chez  le  baron  de 
Rothschild,  l’emplacement  des  serres  con- 
siste dans  une  sorte  de  parterre  à la  fran- 
çaise, en  pente,  dont  nous  ne  voulons  pas 
en  ce  moment  discuter  la  valeur  ni  la  beauté 
en  elle-même,  et  où  les  serres  sont  rassem- 
blées en  lui  sentant  de  cadre  naturel.  Si 
l’on  admet  que  ce  parterre  pourrait  être  plus 
orné  ou  dessiné  d’une  façon  moins  simple, 
enfin  si  l’on  critique  avec  trop  de  raison  la 
petitesse  du  jardin  d’hiver  qui  est  en  bas,  si 
ses  appendices  sont  d’un  goût  contestable  et 
paraissent  écraser  la  serre  qu’ils  sont  desti- 
nés à accompagner,  on  ne  peut  méconnaître 
que  l’idée  de  rassembler  là  ces  serres  avec 
une  sorte  de  symétrie  qui  convient  à ce 
genre  de  construction,  et  d’avoir  utilisé  de 
cette  façon  l’espace  qu’elles  renferment,  est 
une  conception  excessivement  rare. 

Mettons  en  parallèle  d’autres  exemples 
aussi  connus.  Parlons  d’abord  du  château 
de  Rocquencourt,  près  de  Versailles.  Il  y a 
là  un  magnifique  jardin  d’hiver,  en  atten- 
dant qu’un  autre  encore  plus  considérable 
vienne  s’ajouter  à l’ancien  (1).  Quel  est 
l’amateur  qui,  tout  en  admirant  l’édifice  et 
surtout  ce  qu’il  renferme,  ne  trouve  pas 
qu’il  a été  placé  là  comme  au  hasard,  que 
l’entourage  est  loin  de  répondre  à cette 
construction,  et  qu’enfin  il  n’a  pas  du  tout, 
comme  on  dit,  l’air  d’être  « chez  lui?  j> 
Quelles  difficultés  pouvait-on  invoquer  pour 
justifier  un  manque  de  goût  pareil?  Est-ce 
que  dans  le  parc  de  Rocquencourt  il  était 
impossible  de  lui  trouver  une  place  plus 
convenable?  Et  s’il  y a eu  pour  cela  une 
question  économique,  était-elle  de  mise  dans 
ce  cas  ? Disons,  du  reste,  qu’on  n’y  a guère 
songé,  que  la  question  n’a  pas  été  étudiée, 

(1)  Ce  n’est  plus  un  projet;  le  fait  exista  aujour- 
<l’hui.  {Rédaction.) 


et  qu’on  n’a  pas  su  tirer  parti  des  moyens  et 
de  l’espace  dont  on  disposait.  Il  en  résulte 
que,  à différents  points  de  vue,  le  parc  de 
Rocquencourt  est  insignifiant. 

Nous  pouvons  citer  aussi,  comme  un  mo- 
dèle du  genre,  le  jardin  d’hiver  du  château  du 
Val,  près  Saint-Germain.  Cet  énorme  mor- 
ceau d’architecture  horticole  est  presque  en- 
tièrement enterré  dans  l’emplacement  d’une 
carrière.  Invisible  partout  dans  le  parc,  dont  il 
aurait  pu  être  le  plus  bel  ornement,  il  faut  être 
dessus,  nous  dirions  presque  dedans,  pour 
l’apercevoir.  Pour  les  amateurs  de  l’impré- 
vu, c’.est  une  merveille.  On  a invoqué  pour 
cette  position  la  difficulté  de  la  pente  géné- 
rale du  terrain,  la  forme  étroite  du  parc,  les 
remaniements  nécessaires  dans  son  tracé, 
l’exposition  exceptionnellement  abritée,  etc. 
Assurément,  en  face  des  sommes  qu’il  a coû- 
tées, les  travaux  nécessaires  pour  faire  sa 
place  dans  le  parc  eussent  été  une  bagatelle, 
et  si  réellement  il  y avait  eu  là  aussi  une 
question  économique,  ce  serait  de  la  lési- 
nerie,  pour  ne  pas  dire  plus. 

On  comprend  difficilement  les  idées  qui 
président  à ces  choix  d’emplacement,  car 
on  ne  peut  pour  cela  essayer  du  pittoresque, 
qui  souvent  expliquela  place  d’un  pont,  d’une 
statue  ou  d’un  pavillon  rustique.  Ces  cons- 
tructions, souvent  considérables,  ne  de- 
vraient pas  admettre  la  fantaisie  ou  l’écono- 
mie dans  les  décisions  d’emplacements. 

Pour  quiconque  connaît  un  peu  les  jardins 
les  plus  en  renom  de  notre  temps,  il  est  facile 
de  reconnaître  que  les  exemples  que  nous 
venons  de  citer  en  dernier  lieu  ne  man- 
quent pas  [d’imitations  plus  ou  moins  bi- 
zarres. 

Qu’on  nous  permette  maintenant  de  re- 
venir un  peu  en  arrière,  au  parallèle  que 
que  nous  avons  indiqué  au  sujet  de  ces  deux 
maximes  : « Mettre  chaque  chose  et 
place,  » et  « mêler  <r  V utile  à l’agréable^.  » > 

Nous  comprendrions  mieux  Vutile  dulci  « 
par  l’étude  qu’on  peut  faire  dans  un  jardin  ^ 
des  plantes  et  de  la  végétation  en  général.  . 
Ainsi,  sans  chercher  à rappeler  une  école  de  - 
botanique,  nous  ne  voyons  pas  pourquoi  les 
plantes  un  peu  remarquables  ne  sont  pas 
étiquetées.  Le  promeneur  passe  indifférent 
devant  un  bel  arbre  inconnu  ; mais  s’il  ap- 
prend que  ce  magnifique  végétal  est  un 
Cèdre  du  Liban  ou  un  jeune  spécimen  de 
ces  gigantesques  Conifères  que  la  Californie 
nous  a cachés  si  longtemps,  ou  même  sim- 
plement une  de  ces  nombreuses  et  si  cu- 
rieuses variétés  horticoles  de  genres  bien 
connus,  alors  l’imagination  s’éveille,  et  il 


110 


A D H A T O D A C Y D O X r Æ F O L I A . 


éprouve  ce  qu’on  peut  appeler  le  plaisir  de 
la  curiosité.  De  même  qu’en  visitant  une 
serre,  il  s’arrêtera  avec  intérêt  devant  un 
Saccharum,  un  Cocos,  un  Ficus  elastica, 
lorsqu’il  saura  qu’il  a devant  lui  la  Canne  à 
sucre,  le  Cocotier,  l’arbre  à caoutchouc. 
Quand  on  voit,  on  aime  à connaître,  et  l’on 
ne  comprend  guère  cette  fantaisie  d’un  riche 
amateur,  qui  ordonna  à son  jardinier  de 
supprimer  les  étiquettes  des  plantes  de  ses 
serres,  sous  prétexte  que  cela  ressemblait  à 
des  cultures  marchandes.  Heureusement 
pour  les  plantes  que  l’ostracisme  ne  put 
durer  au-delà  d’une  quinzaine  de  jours. 
Voilà  des  cas  où  Vutile  dulci  trouve  une 
belle  application. 

Nous  avons  vu  un  parc,  à Versailles,  où 
les  plus  beaux  végétaux  avaient  des  éti- 
quettes, et  certes  ils  n’y  perdaient  ni  en  in- 
térêt, ni  en  curiosité,  pas  plus  qu’en  pitto- 
resque, malgré  ce  qu’en  peuvent  dire  les 
enthousiastes  admirateurs  de  la  nature,  qui 
voudraient  qu’elle  fût  toujours  prise  pour 
modèle  unique  et  absolu,  et  repoussent  tout 
ce  qui  sent  la  main  de  l’homme. 


Pour  ceux-ci,  la  beauté  sauvage  des 
ronces  envahissant  tout,  les  arbres  écheve- 
lés et  à demi-brisés  par  les  vents,  les  allées 
herbeuses  et  devenues  des  sentiers,  les  pe- 
louses où  la  nature  toujours  si  belle  et  sur- 
tout si  généreuse  a remplacé  le  Gazon  par 
le  Chiendent,  le  Plantain  et  les  Pissenlits  : 
voilà  le  pittoresque  et  l’idéal. 

Pour  nous,  la  nature  est  « à sa  place  » 
dans  les  endroits  où  l’agriculteur,  et  même 
le  forestier,  sont  obligés  de  la  laisser  tran- 
quillement en  possession  de  terrains  boule- 
versés et  impossibles  à utiliser;  et  cela  ne 
nous  empêche  pas  de  la  retrouver  et  de  l’ad- 
mirer à travers  les  travaux  de  l’homme. 
Mais  dans  un  jardin,  son  imitation  ne  peut 
porter  que  sur  ses  beaux  côtés,  en  lui  lais- 
sant toutefois  son  immensité;  et  surtout 
l’ordre  et  la  propreté  doivent  être  sa  pre- 
mière parure.  Le  désordre  et  la  négli- 
gence sont  l’apanage  des  ruines,  que  cette 
nature  et  surtout  l’homme  laissent  conti- 
nuellement en  arrière,  comme  pour  servir 
de  comparaison  aux  travaux  futurs. 

J.  Batise. 


ADHATODA  CYDONIÆFOLIA 


Le  genre  (1) , formé  aux  dé- 

pens de  Justicia,  ne  comprend  qu’un  petit 
nombre  d’espèces  ; celle  dont  nous  parlons 
et  dont  la  figure  ci-contre  a été  faite  d’après 
un  échantillon  du  Fleuriste  de  la  ville  de 
Paris,  nous  paraît  être  une  des  plus  jolies. 

U Adhatoda  cydomœ folia,  est  ori- 

ginaire du  Brésil  ; c’est  une  espèce  très- 
voisine  de  VAdh.  holosericea,  et  même  tel- 
lement voisine  que,  d’après  M.  Van  Houtte, 
qui  l’a  figurée  dans  la  Flore  des  serres, 
vol.  XII,  p.  79,  t.  1222,  dit  « que  sir  Wil- 
liam Hooker  a hésité  à les  regarder  comme 
synonymes.  » Quoi  qu’il  en  soit,  c’est  une 
très-jolie  plante  dont  nous  n’hésitons  pas  à 
recommander  la  culture.  Voici  l’énuméra- 
tion des  caractères  qu’elle  présente  : 

Plante  vigoureuse,  volubile,  pouvant  at- 
teindre jusqu’à  2 mètres  de  hauteur  lors- 
que, mise  en  pleine  terre,  on  la  soutient  à 

(1)  Voici  encore  un  exemple  qui  semble  démon- 
trer que  l’orthographe  des  noms  est  un  peu  une 
affaire  personnelle,  sinon  arbitraire.  Ainsi,  certains 
botanistes  ont  écrit  Adathoda,  d’autres  Adhadofa, 
tandis  que  d’autres  écrivent  A dhatoda.  Pourquoi  ce 
désaccord?  Si  ces  choses  ditférentes  sont  vraies  en 
même  temps,  n’est -ce  pas  une  preuve  que  la  vérité 
est  relative,  et  que  dans  cette  circonstance  la  voie 
est  large? 


l’aide  de  tuteurs,  à rameaux  nombreux,  allon- 
gés, divariqués.  Feuilles  opposées,  ellipti- 
ques, épaisses,  coriaces,  luisantes  en  dessus, 
fortement  nervées,  à nervures  opposées,  paral- 
lèles, garnies  de  poils  courts  feutrés.  Fleurs 
très-grandes,  disposées  par  petits  groupes 
spiciformes  axillaires,  profondément  labiées, 
arquées,  à lèvre  supérieure  entière,  con- 
nexe, blanc  argenté  en  dessus  par  une  abon- 
dante villosité,  légèrement  violacées  à l’in- 
térieur, surtout  vers  les  bords  et  au  som- 
met; la  lèvre  inférieure,  arquée  comme  la 
lèvre  supérieure,  est  profondément  trilobée 
d’un  très-beau  violet  foncé,  légèrement 
rosé  à l’intérieur.  Etamines  2,  plus  courtes 
que  le  style  ; anthères  largement  cordi- 
formes. 

Cette  espèce,  qui  bien  que  très-jolie  est 
peu  cultivée,  ce  qui  tient  à ce  qu’elle  est  à 
peine  connue,  fleurit  à partir  de  novembre 
jusqu’en  janvier,  par  conséquent  à une  épo- 
que où  les  fleurs  sont  rares,  ce  qui  en  aug- 
mente encore  le  mérite.  On  la  cultive  en 
serre  chaude,  dans  une  terre  consistante, 
composée  de  terre  franche  légère  et  de  ter- 
reau, qu’on  peut  additionner  d’un  peu  de 
terre  de  bruyère.  Quant  à sa  multiplication, 
on  la  fait  par  boutures  qui,  plantées  en  terre 


Horftco/c  . 


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CkroTTzoTztdi.'  G:  Sever^ns . 


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DU  TRACÉ  DES  JARDINS. 


\ de  bruyère  et  placées  sous  cloche,  s’enraci- 
■ nent  promptement. 

Nous  ne  sommes  pas  éloigné  de  croire  que 
« travaillée  » par  les  fleuristes  de  Paris, 


lit 

VAdh.  cydoniœ folia  pourrait  constituer 
une  belle  plante  de  marché. 

E.-A.  Carrière. 


DU  TRACÉ  DES  JARDINS 


Plantation.  — Trois  modes  sont  employés 
pour  les  arbres  : plantation  en  massifs,  en 
groupes  ou  isolés. 

Les  massifs  d’arbres  ont  des  dimensions 
plus  ou  moins  grandes,  selon  l’étendue  du 
terrain.  L’un  des  premiers  principes  est  de 
les  placer  aux  points  où  se  rencontrent  les 
allées.  C’est  là  un  moyen  d’agrandir  la  pro- 
priété, Mais  leur  emplacement  sur  le  plan 
ne  sera  fixé  qu’après  avoir  tiré  les  différents 
points  de  vue,  afin  de  juger  de  l’effet.  Souvent 
les  arbres  sont  adossés  à des  bâtiments,  aux 
murs  qui  limitent  la  propriété.  Dans  ce  cas, 
il  faut  leur  donner  de  l’épaisseur  et  les 
allonger  en  des  points  différents  au-delà  de 
l’allée  de  ceinture.  Cependant  ils  devront 
parfois  être  disposés  de  manière  à laisser 
des  éclaircies  en  face  d’une  clôture  de  haies, 
d’un  fossé,  ou  sur  la  ligne  d’un  point  de  vue 
s’étendant  au-dehors  de  la  propriété. 

Les  massifs  environnant  l’habitation  se- 
ront peu  nombreux,  et,  à mesure  qu’ils 
s’éloigneront  de  celle-ci,  ils  se  multiplieront. 
Ils  gagneront  également  en  surface,  afin  de 
donner  une  perspective  plus  étendue.  Au 
bord  d’une  rivière  ou  d’un  lac,  ces  massifs 
produiront  un  bel  effet.  Leurs  contours 
ne  seront  jamais  bien  nettement  arrêtés;  ils 
s’associeront  à des  arbres  isolés,  qui  seront 
d’autant  plus  espacés  les  uns  des  autres 
qu’ils  s’écarteront  davantage  du  centre  du 
massif.  On  devra  éviter  de  les  placer  au 
centre  des  pelouses,  excepté  lorsque  celles- 
ci  ont  une  surface  de  plusieurs  hec- 
tares. Règle  générale,  ils  seront  toujours 
voisins  d’une  allée  et  serviront  à lui  donner 
de  l’ombrage. 

Les  arbres  plantés  en  groupe  sont  ceux 
qui  doivent  ménager  la  vue  et  la  lumière, 
sans  surcharger  le  paysage.  Le  bord  des 
pièces  d’eau,  le  centre  des  pelouses  et  le 
voisinage  des  allées  leur  conviennent  beau- 

• coup. 

Les  arbres  isolés,  quoique  assez  éloignés 

• des  massifs  et  des  groupes,  sembleront  tou- 
jours se  relier  à eux.  Ici  nous  ne  pouvons 
déterminer  leur  emplacement  d’une  ma- 
■nière  exacte,  car  il  varie  selon  l’essence  des 
arbres. 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  469,  et  1873,  p.  14. 


Rivières  et  lacs.  — L’eau,  qui  égaie, 
anime  le  paysage,  se  présente  sous  diverses 
formes  : lacs,  rivières,  etc.  Les  rivières 
imitent  de  longs  rubans  agités  par  le  vent  et, 
semblables  à ceux-ci,  ont  des  rives  sinueuses. 
Si  nous  étudions  la  nature,  nous  remarque- 
rons que  le  tracé  des  bords  est  celui-ci  : 
l’un  des  bords  est,  à sa  concavité,  en  face 
d’un  autre  bord  en  ligne  droite,  ce  qui  s’ex- 
plique : le  courant  venant  buter  contre  la 
terre  y produit  un  creux;  de  là  l’eau  est 
renvoyée  sous  un  angle  obtus,  en  passant 
par  un  passage  étroit,  contre  un  autre  bord 
où  elle  produit  le  même  effet.  Lorsque  les 
rivières  passeront  sous  des  allées,  elles  les 
couperont  à angles  droits.  Elles  occuperont 
le  point  le  plus  bas  de  la  propriété,  et  à la 
partie  la  plus  large,  elles  formeront  un  lac, 
ou  bien  celui-ci  terminera  les  rivières.  On 
donnera  au  lac  une  forme  irrégulière,  tout 
à la  fois  gracieuse,  mais  de  plus  grande  di- 
mension du  côté  opposé  à l’arrivée  de  l’eau. 
N’oublions  point  que  c’est  un  des  princi- 
paux points  de  vue  |de  l’habitation.  Si  les 
lacs  présentent  une  grande  étendue  d’eau, 
ils  seront  accompagnés  d’îles  que  l’on  pro- 
portionne à leur  superficie  et  à la  rapidité 
plus  ou  moins  grande  du  courant. 

Les  îles  sont  tantôt  rapprochées  d’un  des 
bords  du  lac,  lorsqu’elles  sont  de  petite 
étendue;  tantôt  au  milieu  de  l’eau,  lors- 
qu’elles offrent  de  grandes  proportions. 

Rochers.  — Parmi  les  rochers,  on  distin- 
guera ceux  qui  renferment  le  point  de  dé- 
part de  l’eau  et  ceux  qui,  étant  construits 
pour  la  circonstance,  supportent  un  belvé- 
dère, abritent  une  allée,  etc. 

Les  premiers,  retirés  autant  que  possible 
dans  un  épais  massif,  s’appuieront  généra- 
lement contre  une  butte  de  terre.  Tantôt 
ces  rochers  déverseront  leurs  eaux  dans  un 
lac  ; tantôt  une  allée  ou  un  pont  les  sépa- 
reront, et  une  petite  pièce  d’eau  ad  hoc  fera 
déversoir.  D’autres  fois,  ses  eaux  couleront 
dans  une  rivière  qui  conduit  à un  lac.  Il  est 
d’usage  d’éloigner  les  rochers  le  plus  pos- 
sible de  la  maison  d’habitation. 

Les  autres  rochers,  tout  en  étant  près 
d’une  pièce  d’eau,  surmontent  un  lieu  de 
repos,  un  kiosque  ou  un  temple  tel  que  le 


PLUMBAGO  COCCINEA. 


m 

rocher  des  buttes  Chaumont,  qui  semble 
élever  dans  les  airs  le  temple  de  la  Sibylle. 
Enfin  il  en  est  qui  servent  de  refuges, 
forment  une  grotte  ou  ne  sont  que  des  amas 
de  pierres  ou  roches  dispersées  sur  des 
tertres  de  gazon  ; mais  il  faut  que,  à 
l’exemple  des  arbres  isolés,  ces  roches 
soient  peu  éloignées  du  centre  principal  du 
rocher. 

Points  de  vue,  fabriques,  fleurs.  — Les 
points  de  vue  sont  intérieurs  ou  extérieurs. 
Les  extérieurs  sont  ceux  qui  sortent  de  la 
propriété,  donnent  sur  des  vallées,  des  vil- 
lages, des  clochers  d’église,  des  construc- 
tions particulières,  etc.  Les  points  de  vue 
intérieurs  sont  ceux  qui  ne  s’étendent  point 
hors  des  limites  de  la  propriété.  Les  points 
de  vue  partent  indifféremment  de  l’habita- 
tion ou  de  constructions  plus  ou  moins  im- 
portantes. Le  plus  souvent,  c’est  de  l’habita- 
tion qu’ils  rayonnent  tous  : sur  un  lac, 
un  rocher,  un  lieu  de  repos,  etc.  Tou- 
jours il  doit  en  exister  un  de  l’habitation 
sur  l’entrée  principale  de  la  propriété. 

Nous  recommanderons  d’être  sobre  de 
fabriques  ; l’abondance  dénote  un  mauvais 
goût.  Rejetez  l’emploi  des  ermitages,  des 
moulins,  des  ruines  factices,  des  monuments 
avec  inscriptions,  etc. 

Les  fleurs  se  groupent  en  plates-bandes, 
en  corbeilles,  ou  servent  de  bordure  aux 
massifs  d’arbustes.  Les  plates-bandes  envi- 
ronnent l’habitation  ; les  corbeilles  sont  de 
forme  ovale  et  détachées  sur  les  pelouses, 
mais  toujours  aux  bords  des  allées.  Elle  se- 


PLUMBAGO 

Cette  plante,  qui  n’est  probablement 
qu’une  variété  du  Plumbago  rosea,  paraît 
avoir  été  mise  au  commerce  par  M.  Wil- 
liam Bull,  il  y a une  dizaine  d’années  envi- 
ron. Si  son  origine  ne  nous  est  pas  bien 
connue,  en  revanche  nous  pouvons  en  par- 
ler au  point  de  vue  ornemental,  et,  sous  ce 
rapport,  affirmer  que  c’est  une  des  plantes 
de  serre  chaude  les  plus  méritantes , d’a- 
bord par  la  beauté  toute  particulière  de  ses 
fleurs  qui  sont  d’un  rouge  brillant , très- 
vif,  et  surtout  aussi  par  leur  durée,  qui  est 
occasionnée  par  la  succession  continuelle  de 
ses  fleurs  disposées  en  épis,  qui  atteignent 
jusqu’à  50  centimètres  de  longueur.  Si 
nous  ajoutons  que  cette  plante  est  remon- 
tante et  qu’elle  fleurit  sans  interruption 
pendant  tout  l’hiver,  l’on  comprendra  faci- 


ront  plus  nombreuses  aux  abords  de  l’habi- 
tation. On  les  placera  sur  les  rives  d’un  lac, 
près  des  fabriques,  généralement  dans  le 
voisinage  des  constructions.  Comme  tout  le 
reste,  l’excès  des  fleurs  est  quelquefois  dé- 
sagréable : il  faut  l’éviter. 

Le  paysagiste  n’oubliera  pas  de  disperser 
çà  et  là  des  lieux  de  repos,  au  milieu  ou 
près  d’une  allée  : ils  sont  ronds,  ovales  ou 
demi -circulaires.  Dans  ce  dernier  cas,  ils 
font  plus  souvent  corps  avec  l’allée. 

N’oublions  pas  le  côté  utile  : les  serres, 
les  jardins  d’hiver,  les  orangeries,  !e  potager 
qui  se  lieront  d’une  façon  gracieuse  à la 
partie  agréable  du  jardin. 

Pour  conclure,  disons  que  dans  la  créa- 
tion d’un  jardin,  l’architecte  ne  devra  pas 
perdre  de  vue  la  nature,  afin  de  s’en  inspi- 
rer pour  la  disposition  des  parties  ; qu’il 
doit  l’aimer,  observer,  étudier  le  caractère 
et  les  contours  bizarres  des  chemins  qu’elle 
semble  avoir  tracés  ; il  doit  imiter  les  pers- 
pectives, varier  les  aspects,  contrarier  les 
sites,  tout  en  les  harmonisant  ; en  un  mot 
tâcher  de  représenter  en  petit  la  grandeur 
et  la  magnificence  quelle  montre  partout. 

Disons  toutefois  en  terminant  que  dans 
ces  quelques  lignes,  nous  n’avons  pas  la 
prétention  d’avoir  posé  toutes  les  règles  de 
l’architecture  des  jardins  ; nos  désirs  sont 
plus  modestes,  et  si  nous  avons  pu  inspirer 
quelques  bonnes  idées  et  dont  l’application 
puisse  être  utile,  ils  seront  largement  sa- 
tisfaits. 

F.  Barillet. 


COCCINEA 

1 

lement  que,  ainsi  qu’il  a été  ci-dessus,  le  P.  ^ 
coccinea  doit  trouver  une  place  dans  toutes  ■ ; 
les  serres  chaudes.  C’est  une  plante  plus  ! | 
vigoureuse  que  le  P.  rosea  , s’élançant  j 
beaucoup,  très-propre  par  conséquent  à gar-  i 
nir  les  murs  ou  les  colonnes  : c’est  même  là 

^ I 

qu’est  sa  véritable  place.  Ses  fleurs  sont  non  ; 
seulement  d’un  coloris  infiniment  plus  vif  | 
que  celles  du  P.  rosea;  elles  sont  aussi  | 
sensiblement  plus  grandes. 

La  culture  en  est  très-facile  ; la  terre  de  i 
bruyère  pure  lorsque  les  plantes  sont  jeu-  j 
nés,  et  additionnée  de  terre  franche  et  de  | 
terreau  lorsqu’elles  sont  fortes,  est  ce  qui 
convient  à cette  espèce.  Quant  à la  multi-  i 
plication,  on  la  fait  de  boutures  qu’on  plante  | 
en  terre  de  bruyère  et  qu’on  place  sous 
cloche  dans  la  serre  à multiplication. 


CINCHONA  CALISAYA. 


113 


On  peut  se  procurer  cette  espèce  chez 
M.  Rougier-Chauvière,  horticulteur,  rue  de 
la  Roquette,  152,  à Paris,  où  nous  l’avons 


vue  en  fleurs,  sans  interruption,  depuis 
l’automne  dernier. 

Houllet. 


CINCHONA 

S’il  n’est  aucun  de  nos  lecteurs  qui  ne 
connaisse  le  sulfate  de  quinine,  cette  pou- 
dre blanche  à l’aide  de  laquelle  on  guérit  de 
la  fièvre  les  personnes  qui  en  sont  atteintes, 
il  n’en  est  probablement  qu’un  très-petit 
nombre  qui  savent  d’où  vient  ce  produit  qui 
est  d’une  si  grande  utilité  et  d’un  si  fréquent 
emploi.  C’est  pour  faire  connaître  son  origine 
que  nous  avons  fait  dessiner  la  figure  10  qui 
représente  l’espèce  la  plus  usitée  , le  Gin- 
cliona  calisaya. 

Le  genre  Quinquina  Cmc/iona  renferme  un 
assez  grand  nombre  d’espèces  (la  plupart  ne 
sont  très-probablement  que  des  for- 
mes d’un  même  type),  qui  toutes 
renferment,  en  plus  ou  moins  grande 
quantité,  l’élément  fébrifuge;  et  J| 

bien  que  l’espèce  que  nous  repré-  |l| 

sentons  ci-contre  soit  celle  que  l’on 
paraît  rechercher  plus  particulière- 
ment,  il  faut  bien  reconnaître  que 
presque  toujours,  lorsqu’elle  nous 
arrive,  elle  est  mélangée  avec  d’au- 
tres , ce  qui  s’explique  par  la  très- 
grande  analogie  qu’elles  offrent 
entre  elles.  C’est  à ce  point  que 
même  les  connaisseurs  peuvent  s’y 
tromper.  L’écorce  est  la  seule  partie 
des  arbres  où  se  trouve  la  quinine. 

Deux  très-remarquables  ouvra- 
ges ont  été  faits  sur  les  Quinquinas  : M 

l’un  par  M.  Weddel  (1),  docteur  en 
médecine,  l’autre  par  M.  Triana, 
botaniste  de  la  Commission  cho-  mif 
rographique  des  Etats  - Unis  , de 
la  Colombie  (Nouvelle-Grenade)  (2).  Fig.  K 

Le  premier  est  particulier  aux 
Quinquinas  des  Andes  du  Pérou 
et  de  la  Rolivie.  Le  deuxième  com- 
prend tous  les  Quinquinas  propres  à la 
Nouvelle-Grenade.  Ces  deux  très-remar- 
quables ouvrages  renferment  tout  ce  que 
l’on  peut  désirer  sur  les  Quinquinas  : his- 
toire, description, culture,  exploitation,  etc., 
tout  en  un  mot  s’y  trouve.  Tous  ces  détails 

(1)  Histoire  naturelle  des  Quinquinas , grand 
in-f%  avec  ‘28  planches,  dont  une  coloriée,  particu- 
lière aux  écorces.  Paris,  Victor  Masson,  éditeur, 
1849. 

(2)  Nouvelles  études  sur  les  Quinquinas,  très- 
grand  in-fo,  avec  31  planches.  Paris,  F.  Savy,  li- 
braire-éditeur, rue  Hautefeuille,  1870. 


CALISAYA 

sont  d’autant  plus  intéressants  qu’ils  ont  été 
pris  sur  lieux  mêmes  et  par  des  savants 
très-distingués,  et  tous  deux  des  plus  com- 
pétents ; aussi  est-il  indispensable  de  con- 
sulter leurs  travaux  lorsqu’il  s’agit  des 
Quinquinas. 

Le  nombre  d’espèces  indiquées  est  de 
trente-six  pour  la  Nouvelle-Grenade,  de 
dix-huit  espèces  et  presque  autant  de  varié- 
tés pour  les  Andes  du  Pérou,  la  Rolivie,  etc. 
Dans  l’une  comme  dans  l’autre  de  ces  deux 
contrées,  on  trouve  des  espèces  très -naines, 
des  arbustes  de  1 à 3 mètres  de  hauteur 


I.  — Rameau  de  Quinquina  calisaya  au  1/5,  avec 
fleurs  et  fruits  de  grandeur  naturelle. 


{Cinchona  car  ah  ay  en  sis),  d’autres  qui  at- 
teignent 10  à 15  et  même  20  mètres  (G. 
amygdalifolia,  Boliviana,  suhorhiculata, 
etc.),  d’autres  qui  atteignent  des  dimensions 
encore  plus  considérables.  Tel  est  entre  au- 
tres le  Cinchona  calisaya  (fig.  10),  dont  le 
dessin  a été  fait  sur  une  petite  plante  qui  a 
fleuri  dans  les  serres  du  Muséum.  En  voici 
la  description  : 

Feuilles  opposées,  décussées,  et  longues 
de  12-15  centimètres,  larges  de  6-8, 
très-entières  (comme  le  sont  du  reste  celles 
de  toutes  les  espèces),  ovales-elliptiques, 


114 


CINCHONA  CALISAYA. 


lisses  et  luisantes,  à nervures  rouges  en 
dessus.  Inflorescence  en  larges  panicules  ter- 
minales, à ramifications  nombreuses,  oppo- 
sées, dichotomes.  Fleurs  très-éphérnères, 
blanches,  longuement  tubuleuses,  à tube 
extérieur  légèrement  rosé,  surtout  à la  base, 
à cinq  divisions  légèrement  réfléchies,  lon- 
guement et  très-élégamment  fimbriées,  — 
frangées  sur  les  bords,  — répandant  une 
odeur  fine  et  très -agréable,  qui  rappelle  un 
peu  celle  du  Giroflier. 

Le  Cinchona  calisaya  qui , d’après 
M.  Weddel,  forme  un  arbre  très-élevé,  est 
assez  vigoureux  dans  nos  cultures,  où  il 
vient  très-bien  et  paraît  assez  floribond, 
puisque  l’individu  qui  a servi  à faire  notre 
dessin,  qui  portait  plusieurs  inflorescences, 
avait  à peine  60  centimètres  de  hauteur. 

Bien  qu’originaires  de  contrées  générale- 
ment chaudes,  les  Quinquinas  s’accommo- 
dent très-bien  d’une  serre  tempérée  ; il  en 
est  même  très-probablement  qui  vivraient 
bien  en  serre  froide , peut  - être  dans 
une  orangerie  bien  éclairée,  si  les  sujets 
étaient  forts.  On  cultive  les  jeunes  plantes 
en  terre  de  bruyère  grossièrement  con- 
cassée, que  l’on  peut  remplacer,  lorsque  les 
plantes  sont  fortes,  par  une  terre  franche 
légère,  un  peu  siliceuse,  mélangée  par  moi- 
tié avec  du  terreau  de  feuilles.  La  multipli- 
cation se  fait  avec  des  rameaux  demi-herba- 
cés, qu’on  plante  en  pot,  en  terre  de  bruyère, 
sous  cloche,  dans  la  serre  à boutures. 

Voici  la  liste  des  espèces  décrites  et  la 
plupart  figurées. 

Dans  l’ouvrage  de  M.  Weddel  : 

C.  calisaya,  Wedd.  — Il  a une  variété 
Josephia.na  ; — Condaminea,  Lamb.  — Il 
a une  variété  CandoUei  ; — suhorhiculata, 
Humb.  et  Bonpl.  — Il  a une  variété  Delon- 
driana  ; — amygdalifolia,  Wedd,  ; niti- 
da,  Ruiz  et  Pav.  ; australis,  Wedd.; 
Boliviana , Wedd  ; micrantha,  Ruiz  et 
Pav.  — Il  a deux  variétés  : rotundi- 
folia  et  ohlongifolia  ; — puhescens,  Vahl. 
— Il  a deux  variétés  : Peiteiieriana  et 
purpurea  ; — cordifoUa,  Mutis.  — Il  a une 
variété  : rotundifoUa  ; — piirpurascens, 
Wedd.  ; ovata,  Fl.  Per.  — Il  a trois  va- 
riétés : vulgaris  , rufmervis  et  eryihro- 
derma  ; — chomeliana,  Wedd.  ; glan- 
didifera,  Fl.  Per.  ; asperifoUa,  Wedd.  ; 
Hiimholdiana  , Lamb.  ; ('.arahayensis, 
Wedd.;  Muiisii,  Lamb.  — Il  a deux  va- 
riétés : microphylla  et  crispa. 

2»  Dans  l’ouvrage  de  M.  Triana  : 

C.  lancifolia,  Mutis;  officmalis,  L.;  Cha- 
huarguera,  Ruiz  et  Pav.  ; umhellulifera, 


Pav.  ; macrophylla,  Pav.  ; hirsuta,  Ruiz 
et  Pav.  ; pitayensis,  Wedd.  ; lucurnœfolia, 
Pav.  ; nitida,  Ruiz  et  Pav.  ; peruviana, 
Howard  ; obovata,  Pav.  ; scrohriulata, 
Humb.  et  Bonpl.  ; m^cran^/la,  Ruiz  et  Pav.; 
amygdalifolia,  Wedd.  ; calisaya,  Wedd.; 
australis,  Wedd.;  lanceolata , Ruiz  et 
Pav.;  2)'f'^i>cscens,  Vahl.;  palalha,Eow.  ; 
purpurascens,  Wedd.;  svcziruhra,  Pav.  ; 
ovata,  Ruiz  et  Pav.  ; cordifolia,  Mutis  ; 
Lechleriayia,  Schlecht.  ; purpurea,  Ruiz  et 
Pav.  ; decurrenti folia,  Pav.  ; harhacoen- 
sis,  Karst.  ; Humholdiana,  Lamb.  ; con- 
glomerata,  Pav.  ; glandulifera,  Ruiz  et 
Pav.  ; asperifoUa,  Wedd.  ; rugosa,  Pav.  ; 
Mutisîi,  Lamb.  ; Carahayensis,  Wedd.  ; 
Hasskarliana,  Mig. 

Indépendamment  des  nombreuses  espèces 
de  Quinquinas  que  nous  venons  d’énumé- 
rer, on  trouve  comme  espèces  voisines,  vi- 
vant en  commun  avec  elles,  les  Cascarillas, 
qui  ont  tellement  de  rapports  avec  les  pre- 
miers, que  pendant  longtemps  on  a les  con- 
fondus, ce  qui  fait  supposer  que  beaucoup 
ont  des  propriétés,  sinon  identiques,  du 
moins  analogues  avec  les  Quinquinas.  Le 
principal  caractère  distinctif  consiste  dans  la 
déhiscence  du  fruit,  qui  a lieu  de  bas  en 
haut  dans  le  Quinquina,  ainsi  que  le  dé- 
montre la  figure  10,  tandis  que  dans  le 
genre  Cascarilla  elle  se  fait  en  sens  inverse, 
c’est-à-dire  du  sommet  à la  base.  Les  espè- 
ces de  Cascarilla  énumérées  et  décrites, 
soit  par  M.  Weddel,  soit  parM.  Triana,  sont 
au  nombre  de  vingt-une. 

Pour  retirer  Vécorce  de  Quinquina,  qui 
paraît  être  la  seule  partie  dans  laquelle  se 
trouve  la  quinine,  on  abat  les  arbres  du  pied, 
puis  on  les  dépouille  de  leur  écorce.  Un 
pareil  procédé,  surtout  lorsqu’il  n’est  soumis 
à aucun  réglement,  que  chacun  est  libre 
d’abattre  les  arbres  qui  lui  conviennent,  jeu- 
nes ou  vieux,  peut  être  très-préjudiciable.  ; 
Aussi,  bien  que  ces  arbres  soient  encore 
très-nombreux,  la  consommation  de  quinine  | 
que  l’on  fait  est  tellement  grande,  que  sur 
plusieurs  points  on  a manifesté  des  crain-  , 
tes  en  voyant  la  disparition  rapide  des  es-  ; 
pèces  qui  la  fournissent.  Aussi , depuis 
quelques  années  a-t-on  établi  sur  plusieurs 
de  véritables  cultures  de  Quinquinas  faites  i 
en  vue  de  l’exploitation.  j 

Les  personnes  qui  désireraient  se  procu-  ! 
rer  des  renseignements  sur  ce  sujet  en 
trouveront  de  précis  et  suffisamment  dé- 
taillés dans  le  travail  de  M.  Triana.  | 

Les  Quinquinas  (^Cinchona)  appartien- 
nent à la  famille  des  Cinchonées,  dans  la- 


CULTURE  DES  HARICOTS  SOUS  CHASSIS. 


H5 


quelle  rentre  aussi  une  autre  plante  égale- 
ment très-importante,  par  les  nombreux 
services  qu’elle  rend  à riiumanilé»;  c’est 


V Ipecacuanka  doni^  prochainement,  nous 
donnerons  une  description  et  une  figure. 

E.-A.  Carrière. 


CULTURE  DES  HARICOTS  SOUS  CHASSIS 


Si  la  culture  du  Haricot  en  pleine  terre 
(c’est-à-dire en  commençant  à le  semer  vers 
le  20  avril  sous  le  climat  de  Paris,  dans  un 
sol  léger  et  quelque  peu  abrité)  est  des  plus 
faciles  jusque  vers  le  10  août,  où  on  sème  en 
dernière  saison  sur  plates-bandes  abritées, 
il  n’en  est  pas  de  même  de  sa  culture  sous 
châssis,  surtout  lorsque  l’hiver,  au  lieu 
d’être  sec  et  froid,  est  humide  et  brumeux. 
Dans  de  telles  conditions,  cette  culture  de- 
vient une  des  plus  difficiles,  comparée  à 
beaucoup  d’autres  produits  alimentaires 
soumis  à la  culture  forcée. 

Les  difficultés  qui  se  renouvellent  si  fré- 
quemment à cette  époque  de  l’année,  par 
suite  des  brusques  changements  de  tempé- 
rature, se  trouvent  considérablement  amoin- 
dries quand  on  a des  bâches  bien  établies  et 
appropriées  à celte  culture.  Dans  ce  cas, 
tout  est  facile;  on  peut  préciser,  à quelques 
jours  près,  l’époque  où  il  sera  possible  de 
récolter  les  premiers  Haricots.  Il  suffit  d’en 
; bien  régler  la  température,  en  leur  procu- 
rant un  milieu  atmosphérique  analogue  à 
ji  celui  qui  -favorise  leur  développement  à 
; l’état  normal,  à partir  de  l’époque  où  les 
I plantes  commencent  à entrer  en  végéta- 
! tion,  jusqu’au  temps  où  celle-ci  s’arrête. 

Il  va  sans  dire  que  cette  température  ne 
i saurait  être  la  même  pendant  tout  le  temps 
de  la  végétation,  mais  qu’elle  doit  être  en 
! raison  du  développement  des  plantes, 
i Les  Haricots  verts  étant  des  légumes  très- 
I sains  et  très-estirnés,  on  comprend  que  l’on 
i cherche  à s’en  procurer  en  toute  saison,  ce 
I qu’on  peut  faire  lorsqu’on  a du  fumier 
d’écurie,  des  feuilles  et  des  châssis.  Toutes 
; les  variétés  ne  sont  pas  également  propres 
j à la  culture  forcée;  celles  que  j’emploie  de 
I préférence  sont  le  Petit  noir  de  Belgique 
et  le  Flageolet  nain  de  Hollande. 

Quand  on  n’a  pas  de  thermosipbon,  ce 
qui  est  le  cas  le  plus  fréquent,  on  récolte 
un  peu  plus  tard,  et  la  culture  est  beaucoup 
i plus  difficile,  parce  qu’il  n’est  pas  aussi  fa- 
I cile  de  régler  comme  il  le  faudrait  le  degré 
! de  chaleur  nécessaire  à la  végétation.  Néan- 
' moins,  avec  des  soins  et  du  travail,  on  peut 
y arriver.  Voici  alors  comment  j’opère.  Dans 
les  premiers  jours  de  janvier,  je  monte  une 
couche  (pour  un  coffre  simple)  de  60  à 


70  centimètres  d’épaisseur,  avec  deux  tiers 
de  fumier  neuf  et  un  tiers  de  feuilles  soit  de 
Chêne  ou  de  Châtaignier.  Je  tiens  essen- 
tiellement à ce  que  ces  feuilles  soient  bien 
saines,  c’est-à-dire  non  humides,  et  n’ayant 
pas  subi  d’altération  par  la  fermentation. 
Après  avoir  mélangé  feuilles  et  fumier  d’une 
manière  uniforme,  je  foule  serré  cette  petite 
couche,  à laquelle  je  donne  une  légère  incli- 
naison vers  le  midi.  Ceci  fait,  je  pose  un 
coffre,  puis  je  recouvre  d’un  châssis  sur  le- 
quel je  pose  un  ou  deux  paillassons,  selon 
l’état  de  la  température.  Je  laisse  les  choses 
en  cet  état  pendant  quelques  jours.  Toute- 
fois, lorsqu’il  gèle  fort,  j’entoure  le  coffre 
de  bons  réchauds,  afin  que  la  fermentation 
ne  soit  pas  retardée.  Lorsque  la  chaleur  de 
la  couche  a atteint  un  degré  élevé,  je  rem- 
plis le  coffre  d’un  mélange  ainsi  composé  : 
un  tiers  de  terreau,  un  tiers  de  bonne 
terre  de  jardin  plutôt  légère  que  forte,  et 
un  tiers  de  sable  jaune  très-fin.  Cette  com- 
position doit  être  passée  à la  claie , afin 
d’en  extraire  les  corps  étrangers. 

Au  bout  de  quelques  jours,  quand  la  cha- 
leur a suffisamment  pénétré  la  terre,  et 
qu’on  n’a  plus  à redouter  les  coups  de  feu, 
comme  l’on  dit  vulgairement,  je  creuse  avec 
la  main  trois  ou  quatre  rayons  très- rappro- 
chés les  uns  des  autres  dans  la  partie  supé- 
rieure du  coffre,  et  d’environ  3 à 4 cen- 
timètres de  profondeur,  puis  je  répands  les 
Haricots  dans  le  fond  de  chaque  rigole,  de 
façon  à ce  qu’ils  se  touchent  ; j’appuie  légè- 
rement le  semis  avec  la  main,  et  je  recouvre 
légèrement.  Il  est  rare,  dans  les  jardins  pri- 
vés, que  le  contenu  d’un  châssis  ordinaire 
ne  soit  pas  plus  que  suffisant  pour  un  pre- 
mier semis  de  Haricots.  Dans  ce  cas,  on 
utilise  l’espace  resté  libre  par  d’autres  se- 
mis tels  que  Melons,  Concombres,  To- 
mates, Piment,  Aubergines,  Chicorées,  Pé- 
tunias, etc.,  etc.  Toutes  ces  plantes  trouvent 
dans  ce  milieu  les  conditions  nécessaires  à 
leur  premier  développement.  Un  peu  plus 
tard  elles  sont  traitées  sur  d’autres  cou- 
ches préparées  à l’avance  pour  les  re- 
cevoir. 

Les  semis  terminés,  je  remets  le  châssis, 
puis  les  paillassons,  que  je  ne  retire  qu’au 
bout  de  deux  jours,  lorsque  le  soleil  luit, 


116 


CULTURE  DES  HARICOTS  SOUS  CHASSIS. 


pour  ne  les  remettre  que  vers  trois  heures 
du  soir.  Trois  jours  après  le  semis,  les  Ha- 
ricots montrent  leurs  cotylédons  et  leurs 
feuilles  primordiales.  Alors,  si  le  temps  est 
doux  et  qu’il  fasse  du  soleil,  je  donne  un 
peu  d’air,  en  plaçant  un  petit  morceau  de 
tuile  sous  le  châssis,  du  côté  opposé  au 
vent. 

Aussitôt  que  tous  les  Haricots  sont  levés, 
il  faut  préparer  une  autre  couche,  que  l’on 
construit  avec  feuilles  et  fumier  ; elle  doit 
avoir  70  à 80  centimètres  de  hauteur  une 
fois  foulée.  Quant  à sa  longueur,  elle  est 
déterminée  par  le  nombre  de  châssis  dont 
on  dispose.  On  place  les  coffres  et  les  châs- 
sis, puis  on  recouvre  de  paillassons.  Comme 
pour  la  couche  de  semis,  on  attend  que 
celle-ci  ait  atteint  son  degré  maximum  de 
chaleur  ; ensuite  on  charge  de  terre  conve- 
nablement préparée.  Il  est  bon  de  ne  pas 
mettre  la  terre  sur  les  couches  immédiate- 
ment après  qu’elles  sont  construites,  car  la 
température,  souvent  très-élevée,  qui  se  dé- 
gage pendant  quelques  jours  en  traversant 
la  terre,  la  dessèche,  la  brûle  et  lui  enlève 
les  éléments  nutritifs  qu’elle  contient. 

Il  va  sans  dire  qu’à  celte  époque  de  l’an- 
née on  doit  chercher  autant  que  possible  à 
approcher  les  plantes  des  rayons  lumineux. 
Il  faut  donc,  lorsqu’on  met  la  terre  dans  les 
coffres,  que  ceux-ci  soient  bien  remplis,  de 
façon  qu’après  être  recouverts  de  châssis,  il 
n’y  ait  que  quelques  centimètres  d’espace 
entre  la  terre  et  les  vitres.  Il  vaut  mieux 
exhausser  les  coffres  au  fur  et  à mesure  du 
développement  des  plantes  que  de  les  ex- 
poser à s’étioler. 

En  attendant  que  cette  deuxième  couche 
ait  atteint  le  degré  de  chaleur  convenable 
pour  recevoir  les  jeunes  plants  de  Hari- 
cots on  surveille  ceux-ci,  en  renouvelant 
Tair  le  plus  souvent  possible,  en  essuyant 
au  besoin  avec  une  éponge  la  buée  qui  s’at- 
tache aux  vitres,  et  qui,  en  tombant  sur  les 
plantes,  les  exposerait  à pourrir. 

Lorsque  la  chaleur  de  la  couche  est  des- 
cendue à 25  degrés  environ,  on  procède  à 
la  plantation,  ce  que  je  fais  de  la  manière 
suivante  : 

Je  trace  quatre  rayons  de  5 centimètres 
de  profondeur,  ainsi  disposés  : le  premier 
à 25  centimètres  de  la  partie  supérieure 
du  coffre,  et  j’espace  les  autres  de  30  cen- 
timètres entre  eux.  Ceci  fait,  j’enlève  le 
plant  en  plongeant  la  main  dans  la  cou- 
che de  façon  à le  retirer  avec  toutes  les  ra- 
cines intactes.  Je  tiens  un  plant  de  la  main 
gauche,  puis  avec  la  main  droite,  que  j’en- 


fonce dans  la  couche,  je  prépare  un  petit 
monticule  sur  lequel  j’étale  les  racines,  que 
je  recou\*re  avec  précaution  pour  ne  pas  les 
mutiler.  A 15  centimètres  de  ce  premier 
plant  j’en  place  un  second,  puis  un  troi- 
sième, etc.;  et,  afin  d’assurer  une  récolte 
abondante,  je  plante  entre  toutes  les  lignes 
une  rangée  du  même  plant  en  échiquier. 
Après  avoir  nivelé  le  sol  de  la  couche,  le 
plant  se  trouve  enterré  jusqu’aux  cotylé- 
dons. Une  fois  la  plantation  terminée,  je 
prends  de  l’eau  tiède  que  je  verse  en  petite 
quantité  au  pied  de  chaque  plant,  en  évi- 
tant avec  le  plus  grand  soin  d’en  répandre 
sur  les  feuilles.  Je  recouvre  ensuite  de  châs- 
sis et  de  paillassons,  que  je  double  pendant 
la  nuit  si  le  froid  augmente.  Je  laisse  ainsi 
la  plantation  pendant  deux  jours.  Alors  j’en- 
lève les  paillassons  pendant  les  quelques 
heures  les  plus  chaudes,  et  je  continue  ainsi 
pendant  une  huitaine  de  jours,  époque  à la- 
quelle je  découvre  de  bonne  heure,  et  donne 
de  l’air  le  plus  souvent  et  le  plus  longtemps 
possible.  De  l’air  souvent,  et  pas  d’humi- 
dité, sont  (feux  conditions  importantes  dans 
les  résultats  de  cette  culture. 

Douze  ou  quinze  jours  après  la  planta- 
tion, je  profite  de  quelques  instants  de  so- 
leil pour  donner  un  binage.  Cette  opération 
doit  être  faite  avec  toute  la  célérité  possible, 
en  rapprochant  avec  la  main  la  terre  autour 
des  plantes.  S’il  se  trouvait  quelques  feuilles 
atteintes  de  moisissure,  il  faudrait  les  en- 
lever avec  soin.  Ce  travail  doit  se  faire  lors- 
que les  plantes  sont  exemptes  d’humidité. 

Les  réchauds  ayant  été  faits  à l’époque  de 
la  plantation,  on  les  remanie  aussitôt  qu’on 
s’aperçoit  que  la  chaleur  n’est  plus  suffi- 
sante. Pour  cela,  on  enlève  la  moitié  envi- 
ron du  réchaud,  puis  on  mélange  le  reste 
avec  moitié  de  bon  fumier  d’écurie. 

Lorsque  les  Haricots  vont  toucher  les 
vitres,  on  exhausse  les  coffres,  lesquels  sont 
calés  soit  avec  des  morceaux  de  bois  ou  de 
briques,  et  si  l’on  n’en  a pas,  avec  des  tor- 
ches de  fumier.  On  arrange  ensuite  les  ré- 
chauds en  les  appuyant  fortement  auprès 
des  coffres.  Les  réchauds  doivent  toujours 
être  à la  même  hauteur  que  les  châssis. 

Malgré  les  précautions  qu’on  peut  avoir 
prises  en  relevant  les  coffres,  la  terre  est  tou- 
jours plus  ou  moins  ébranlée,  d’où  il  résulte 
des  vides  plus  ou  moins  grands  dans  leur  in- 
térieur. Au  lieu  de  fouler  la  terre  pour  com- 
bler ces  déchirures  et  boucher  les  trous, 
on  prend  de  la  terre  préparée,  puis  avec  les 
mains  on  la  répand,  en  la  faisant  entrer 
dans  les  cavités,  puis  on  charge  de  cette 


LES  CATALOGUES. 


117 


même  terre  l’intérieur  des  châssis,  jusque 
sous  les  premières  feuilles  des  Haricots. 
Cette  opération  est  importante.  Quelques 
jours  après,  on  répand  un  léger  paillis  dans 
tous  les  châssis. 

On  continue  les  mêmes  soins  indiqués 
plus  haut,  en  donnant  plus  d’air  à mesure 
que  les  plantes  se  développent  et  que  le  so- 
leil est  plus  chaud.  Les  plantes  doivent  tou- 
jours être  tenues  dans  un  état  de  propreté 
parfaite;  on  éloigne  l’humidité,  l’ennemi  le 
plus  à craindre  pour  les  Haricots  soumis  à 
la  culture  en  cette  saison. 

Beaucoup  de  praticiens  se  servent  de  gau- 
lettes,  qu’ils  placent  sur  les  tiges  de  Hari- 
cots pour  les  coucher  vers  le  haut  des  cof- 
fres ; quand  l’extrémité  des  tiges  se  relèvent, 
ils  retirent  les  gaulettes.  J’ai  pratiqué  ce 
moyen  pendant  plusieurs  années,  puis  je  l’ai 
abandonné , l’expérience  m’ayant  démontré 
qu’il  valait  mieux  laisser  se  développer  les 
plantes  naturellement  que  de  les  soumettre 
à la  torture  presque  au  début  de  leur  dévelop- 
pement ; au  lieu  de  cela,  je  préfère  relever 
les  coffres  au  fur  et  à mesure  du  besoin. 

Lorsque  les  Haricots  commencent  à fleu- 
rir, je  donne  de  temps  à autre  quelques 
bassinages  ; j’emploie  pour  cela  de  l’eau 
tiède,  et  je  me  sers  de  la  pompe  à main  ou 
d’un  petit  arrosoir  à pomme  percée  de  trous 
très-fins.  Après  ce  léger  arrosage,  si  le  so- 
leil luit,  et  qu’il  fasse  du  hâle,  je  donne  un 
peu  d’air,  puis  je  répands  un  léger  paillis  sur 
les  vitres  pour  briser  les  rayons  solaires,  et 
empêcher  une  trop  prompte  évaporation  de 
l’eau.  De  cette  façon,  les  plantes  se  trouvent 


pendant  quelques  heures  dans  un  milieu 
chaud  et  humide,  conditions  très-favorables 
pour  la  végétation.  Une  fois  que  les  plantes 
ont  entièrement  absorbé  l’humidité,  je 
referme  les  châssis,  afin  de  concentrer  la 
chaleur , puis  je  donne  un  nettoyage  aux 
vitres  pour  enlever  le  paillis.  Lorsque  les 
Haricots  commencent  à défleurir,  je  sus- 
pends les  arrosages,  ou  plutôt  les  bassi- 
nages, que  je  n’ai  donnés  aux  plantes  pen- 
dant la  floraison  que  lorsque  le  temps  était 
sec  et  qu’il  faisait  du  soleil. 

On  continue  de  donner  le  plus  d’air  pos- 
sible. On  arrose  légèrement  lorsque  le  temps 
est  aride  et  que  le  soleil  est  brûlant,  et  on 
cesse  les  arrosages  lorsque  la  température 
baisse. 

En  procédant  ainsi,  dans  les  premiers 
jours  de  mars  on  peut  commencer  à cueillir 
des  Haricots  verts  dont  la  grosseur  est  celle 
d’un  tuyau  de  plume  ordinaire  et  longs  de 
6 à 7 centimètres  environ,  et  cela  de  plus 
en  plus,  jusque  vers  le  10  avril,  époque  où 
d’autres  produits  du  même  genre  viennent 
succéder  à cette  première  saison.  Pour  la 
seconde  saison,  je  fais  une  couche  un  peu 
moins  forte  que  pour  la  première.  Les  ré- 
chauds sont  également  moins  forts  ; il 
n’est  pas  non  plus  nécessaire  de  les  renou- 
veler aussi  fréquemment  ; la  saison  étant 
plus  avancée,  supplée  avantageusement,  en 
diminuant  de  beaucoup  les  soins  qu’il  est 
indispensable  d’apporter  dans  la  culture 
des  Haricots  cultivés  en  première  saison. 

G.  Vigneron, 

Ex-professeur  d’arboriculture  et  d’horticulture 
à l’école  de  Tournay. 


LES  CATALOGUES 


Depuis  la  publication  de  notre  dernier 
i article  sur  les  catalogues,  nous*  en  avons 
reçu  plusieurs  dont  nous  allons  dire  quel- 
ques mots.  L’un,  de  M.  Van  Houtte,  horti- 
' culteur  à Gand  (Belgique),  est  particulier  : 

I 1®  aux  arbres,  arbrisseaux,  arbustes,  ainsi 
I qu’aux  Gonifères  de  plein  air,  aux  Ro- 
j siers,  etc.,  etc.;  2»  aux  arbres,  arbrisseaux 
et  arbustes  fruitiers,  tels  que  Poiriers,  Pom- 
miers, Pêchers,  Mûriers,  Groseilliers,  Vi- 
gnes, etc.,  etc.  Il  e.st  inutile  d’ajouter  que 
I dans  cet  établissement,  unique  en  son 
; genre,  on  trouve  à peu  près  tout  ce  qui  est 
! nécessaire  pour  l’ornement  des  jardins,  soit 
en  plantes  de  serre,  soit  en  espèces  de  pleine 
terre. 

^ Le  catalogue  que  MM.  Vilmorin  et  G>e 
viennent  de  publier  est  relatif  aux  graines 


d’arbres  et  d’arbustes  de  pleine  terre  et  de 
plantes  de  serre.  Nous  étendre  sur  l’éten- 
due de  ces  collections  n’est  pas  nécessaire, 
cette  maison  étant  connue  du  monde  en- 
tier ; aussi  nous  bornons-nous  à appeler 
l’attention  sur  quelques  espèces  d’origine 
américaine  qui  s’y  trouvent  en  petite  quan- 
tité, ou  dont  les  propriétés  germinatives 
disparaissent  promptement,  que  par  consé- 
quent l’on  doit  semer  de  suite  ; tels  sont  les 
Glands,  les  Noix,  les  Garryas,  Araucaria 
imhricata,  etc.,  etc. 

MM.  Jacquemet-Bonnefont,  horticulteurs- 
pépiniéristes  et  marchands  grainiers  à An- 
nonay  (Ardèche),  viennent  de  publier  un 
catalogue  prix-courant,  pour  1873,  des  grai- 
nes de  plantes  potagères,  fourragères  et  cé- 
réales que  leur  établissement,  l’un  des  plus 


118  DU  GALVANISME  I 

grands  de  l’Europe,  est  en  mesure  de  livrer 
au  public.  On  trouve  aussi  dans  cet  établis- 
sement tout  ce  qu’on  peut  désirer  en  arbres, 
arbrisseaux  fruitiers,  forestiers  et  d’orne- 
ment. 

L’établissement  Frœbel  et  G'®,  horticul- 
teurs à Neuminster  (Zurich),  vient  de  pu- 
blier un  extrait  de  son  catalogue,  particu- 
lier : 1®  aux  graines  de  légumes,  Grami- 
nées et  fleurs;  2®  aux  plantes  propres  à la 
décoration  des  pelouses,  parterres  et  mas- 
sifs. Get  établissement,  l’un  des  plus  impor- 
tants de  la  Suisse,  est  aussi  très-bien  assorti 
en  plantes  diverses  de  serre,  ainsi  qu’en 
arbres,  arbrisseaux  et  arbustes  de  pleine 
terre,  Gonifères,  etc.,  etc. 

M.  Henry-Jacotot,  horticulteur  à Dijon 
(Gôte-d’Or),  vient  de  faire  paraître  un  ca- 
talogue général,  pour  1873,  des  végétaux 
disponibles  dans  son  établissement.  En 
voici  l’énumération  : plantes  de  serre  chau- 
de, de  serre  tempérée,  vivaces  de  pleine 
terre  ; arbustes  d’ornement  à feuilles  cadu- 
ques et  à feuilles  persistantes,  Gonifères, 
Magnolias,  Rhododendrons,  Rosiers,  etc., 

DU  GALVANISME  SI 

Nous  trouvons  dans  le  Gardyier's  Chroni- 
cle  du  11  janvier  1873  quelques  nouveaux 
détails  au  sujet  du  galvanisme  sur  les  vé- 
gétaux ; et  quoique  l’article  de  M.  Bridgman, 
de  Norwich,  ne  fasse  pas  complètement  la 
lumière  sur  les  phénomènes  chimiques  et 
physiques  qui  se  passent  dans  le  cas  en  ex- 
périence , nous  croyons  bon  d’enregistrer 
tous  les  plus  petits  faits  relatifs  à ces  curieux 
phénomènes  de  la  vie  et  de  la  mort  des  vé- 
gétaux ; et,  aujourd’hui  surtout  que  dans 
les  constructions  horticoles  on  associe  sou- 
vent différents  métaux  tels  que  le  fer,  le 
zinc,  le  cuivre  et  le  plomb,  il  est  important  de 
connaître  les  avantages  et  les  inconvénients 
que  ces  associations  peuvent  présenter  pour 
les  cultures.  Déjà,à  l’actif  du  fer  dans  ces  cons- 
tructions, nous  enregistrons  journellement 
de  nouveaux  inconvénients,  principalement 
dus  aux  transitions  brusques  de  chaleur  et 
de  froid  impossibles  à éviter  avec  le  fer,  ainsi 
qu’à  la  condensation  trop  rapide  des  va- 
peurs tenues  en  suspension  dans  le  milieu  am- 
biant des  serres.  Après  ces  quelques  consi- 
dérations générales,  nous  allons  reproduire 
l’article  de  M.  W.-K.  Bridgman  : 

Quand  un  chimiste,  dit  ce  savant,  a ob- 
tenu des  résultats  par  les  analyses,  et  peut 

(1)  V.  Revue  hort.,  1873,  p.  5(3. 


R LES  VÉGÉTAUX. 

Oignons  à fleurs,  graines  de  fleurs,  arbres 
fruitiers  et  forestiers,  etc. 

Le  catalogue,  pour  1873,  de  MM.  Gour- 
tois-Gérard  et  Bavard,  marchands  grai- 
niers,  24,  rue  du  Pont-Neuf,  que  nous  ve- 
nons de  recevoir,  comprend  les  séries 
suivantes  : graines  potagères , graines 
fourragères- graminées,  racines  fourra- 
gères et  plantes  industrielles,  graines 
d'arhres,  graines  de  fleurs.  Un  supplé- 
ment, qui  vient  également  de  paraître,  in-  1 
dique  les  nouveautés  de  ces  diverses  séries,  | 
puis  les  collections  de  Glaïeuls  et  de  Pom-  j 
mes  de  terre,  que  l’on  trouve  aussi  dans  cet  | 
établissement.  | 

Nous  recevons  de  M.  G. -G.  Rust,  horti-  ■ 
culteur  à Brunswick  (Allemagne),  un  cata-  ! 
logue  indiquant  les  graines  que  cet  établis- 
sement est  en  mesure  de  fournir,  soit  en 
plantes  annuelles,  vivaces.  Graminées  or-  | 
nementales,  Gucurbitacées,  de  serre  tem-  S 
pérée,  etc.,  etc.  On  trouve  là  aussi  des  col-  I 
lections  complètes  de  Giroflées  diverses,  ; 

Gccardeau,  Reines-Marguerites,  Balsami-  ! 
nés,  etc.,  etc.  E.-A.  Garrière.  | 

El  LES  VÉGÉTAUX 

de  ces  résultats,  par  la  synthèse , recons- 
truire un  composé  identique  avec  celui  j 
préalablement  détruit,  il  se  trouve  satisfait 
de  la  preuve  corroborative  ainsi  fournie  de 
l’exactitude  de  ses  travaux  ; c’est  pourquoi, 
en  recevant  l’intimaticn  des  doutes,  très- 
compréhensibles  , si  délicatement  énoncés 
dans  le  commentaire  de  la  rédaction  du  | 
Gardner's  Chronicle,  j’ai  immédiatement 
enlevé  les  calles  de  bois  qui  séparaient  la  " 
cage  vitrée  de  son  support  en  fer , dans  le  ! 
but  de  reproduire  les  mêmes  effets  que  j’a-  ! 
vais  précédemment  constatés,  choses  qui  se  , 
sont  encore  vérifiées.  On  devra  comprendre  j 
que  cette  vitrine  était  remplie  de  pots  con-  j 
tenant  des  Fougères  de  Madère  qui  avaient  ' 
été  plantées  avec  toutes  leurs  frondes,  ava-  i 
riées  ou  non,  telles  qu’elles  étaient  arrivées,  : 
et  que  ces  Fougères  étaient  restées  pendant  j 
plusieurs  semaines  dans  de  bonnes  condi-  ; 
tions  de  santé  et  de  vigueur,  sans  le  moin-  ! 
dre  vestige  de  décomposition.  I 

Le  changement  fut  fait  à dix  heures  le  I 
samedi;  et,  le  matin  suivant,  les  frondes, 
mortes  ou  avariées  dans  le  centre  de  la 
vitrine,  ont  paru  comme  saupoudrées  de  fa- 
rine, et  elles  sentaient  fortement  la  moisis- 
sure. Mais  , après  quarante-huit  heures,  la 
pourriture  était  si  avancée,  que  j’ai  craint 


DU  GALVANISME  SUR  LES  VÉGÉTAUX. 


de  ne  pouvoir  plus  sauver  mes  pauvres 
plantes,  et  je  me  vis  forcé  de  replacer  les 
cales  d’isolement,  pour  leur  permettre  de  se 
remettre  de  leur  terrible  secousse.  Non  seu- 
lement les  frondes  avariées  ou  mortes  étaient 
en  pourriture,  mais  les  vertes  très-vivantes 
étaient  littéralement  couvertes  d’un  épais 
nuage  de  champignons  qui  les  enveloppaient 
comme  une  toile  d’araignée. 

Maintenant  il  est  à remarquer  que  les 
parties  vivantes  et  en  végétation  étaient  les 
plus  affectées  ; mais,  ce  qui  est  le  plus  sin- 
gulier encore,  c’est  qu’au  bout  de  deux  ou 
trois  heures  que  les  cales  de  bois  avaient 
été  replacées,  un  changement  s’était  déjà 
opéré  dans  l’aspect  des  moisissures  ; au  lieu 
de  petits  poils  raides  qu’elles  présentaient 
avant,  ces  poils  étaient  couchés  et  formaient 
une  petite  couche  laineuse  qui  s’étendait 
d’une  pinule  à l’autre. 

Ici,  alors,  comme  base  de  notre  expé- 
rience, nous  sommes  en  possession  du  pre- 
mier fait,  car  il  est  démontré,  d’une  manière 
indéniable,  que  dans  une  vitrine  à arma- 
ture de  zinc  en  contact  avec  des  supports  de 
fer,  les  ordres  élevés  du  règne  végétal  ne 
peuvent  pas  croître.  Mais  je  crains  qu’il  ne 
soit  pas  aussi  commode  d’être  assez  clair  et 
intelligible  à la  plupart  des  lecteurs  pour 
leur  faire  comprendre  ce  que  sont  les  phé- 
nomènes qui  se  produisent  dans  une  telle 
combinaison,  et  pourquoi  une  chose  si  or- 
dinaire que  le  contact  de  deux  métaux  est 
capable  d’exercer  une  si  énorme  influence 
dans  les  lois  de  la  vie  et  de  la  végétation. 

La  chimie  et  l’électricité  peuvent  être 
considérées  comme  des  sciences  d’expéri- 
mentation, car  nous  ne  pouvons  pas  faire 
un  pas  dans  l’une  ou  dans  l’autre  sans  être 
obligés  d’avoir  recours  à leur  aide  ; c’est 
pourquoi  le  chercheur  doit  se  contenter 
d’accepter  les  descriptions  comme  elles  sont 
enregistrées,  ou,  ce  qui  est  beaucoup  mieux, 
il  doit  les  contrôler  lui-même  en  les  répé- 
tant, et  ici  il  est  une  expérience  très-sim- 
ple qui  peut  fournir  une  leçon  utile,  et  ai- 
der à rendre  notre  explication  plus  claire 
que  n’importe  quelle  bonne  description 
sans  l’expérience. 

j Prenez  une  petite  plaque  de  zinc,  et  pla- 
cez-la  dans  une  soucoupe  à peu  près  remplie 
I de  sel  et  d’eau  (environ  une  petite  cuillérée 
à café  de  sel  en  dissolution),  puis  vous  pla- 
I cerez  sur  la  plaque  de  zinc  un  clou  en  fer, 
ou,  ce  qui  vaut  mieux  , un  petit  bout  de  fil 
de  fer,  et  à côté,  sans  qu’ils  se  touchent,  un 
autre  bout  de  fil  de  fer  galvanisé.  Ils  de- 
vront rester  dans  cette  position  sans  les  re- 


119 

muer  pendant  deux  ou  trois  jours.  Le  pre- 
mier effet  visible  sera  qu’au  bout  de  quel- 
ques heures,  le  clou  en  fer  ou  le  fil  de  fer 
sera  couvert  de  petits  globules  de  gaz  adhé- 
rant à sa  surface.  Plus  tard , cette  surface 
sera  recouverte  d’un  dépôt  blanc,  et,  si  on 
le  retire  et  qu’on  le  sèche  au-dessus  d’un 
jet  de  lampe  ou  de  gaz,  il  deviendra  comme 
s’il  avait  été  blanchi. 

Ce  dépôt  blanc  se  trouvera  aussi  bien  sur 
la  surface  de  la  plaque  de  zinc  au  point  de 
contact  ; et  si  cette  dernière  est  séchée  à la 
chaleur,  les  contours  du  clou  ou  du  fil  de 
fer  seront  nettement  dessinés  sur  la  surface, 
et  ce  ne  serait  plus  qu’une  affaire  de  temps 
pour  qu’un  trou  se  fasse  à travers  la  plaque. 
Mais  quant  au  fil  de  fer  galvanisé,  s’il  est 
bien  recouvert  de  zinc,  il  ne  montrera  rien 
de  semblable,  mais  il  aura  partagé  les  ef- 
fets avec  le  zinc,  ne  sera  pas  attaqué  par  le 
fer  de  son  intérieur,  et  ne  laissera  qu’une 
marque  noire  au  lieu  d’une  blanche.  Main- 
tenant, le  changement  qui  a eu  lieu  est 
celui-ci  : l’oxygène  a agi  sur  la  surface 
du  zinc  qui  a converti  le  métal  en  oxyde, 
ceci  étant  le  premier  pas  en  descen  - 
dant  de  tout  métal  subissant  une  trans- 
formation en  une  autre  forme,  telle  que  solu- 
tion et  sels  cristalisés.  Quant  à la  raison  qui 
fait  que  l’oxygène  est  attiré  par  le  zinc 
plutôt  que  par  le  fer,  c’est  une  des  lois  de 
la  nature  que  jamais  deux  corps  n’ont  une 
attraction  égale  ou  une  affinité  identique 
pour  le  même  élément,  et  ainsi  n’importe 
quel  métal  peut  être  positif  à quelques  mé- 
taux, et  cependant  négatif  à d’autres.  L’ac- 
tion immédiate  de  cette  force  isolante  est 
que  comme  l’eau  est  formée  de  deux  gaz  et 
le  zinc  n’en  demandant  qu’un  (l’oxygène), 
le  fer  attire  l’autre  (l’hydrogène),  et  comme 
il  ne  peut  pas  se  l’approprier,  il  s’échappe, 
et  c’est  ce  qui  forme  bientôt  les  bulles  qui 
apparaissent  sur  le  clou  ou  le  fil  de  fer  dont 
nous  avons  parlé. 

Nous  sommes  maintenant  en  possession 
du  deuxième  fait,  c’est-à-dire  que  dans  une 
combinaison  de  fer  et  de  zinc  le  fer  repousse 
l’oxygène,  pendant  que  le  zinc  l’attire.  Les 
physiciens  appellent  jjositif  le  corps  qui 
attire  l’oxygène,  et  négatif  celui  qui  le  re- 
pousse. Nous  venons  de  constater  que  la 
combinaison  d’un  métal  avec  l’oxygène  est 
le  premier  pas  en  descendant  l’échelle  or- 
ganique ; par  la  même  règle  l’abstraction  de 
l’oxygène  est  le  dernier  pas  dans  sa  restau- 
ration à l’état  élémentaire  comme  parfait 
métal.  Gomme  nous  comptons  avec  les  faits 
seulement,  il  sera  bon  de  donner  des  preu- 


120  DIMORPHANTUS  MANDSCHURICUS.  — PLANTES  MERITANTES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


ves  de  ce  que  nous  avançons,  et  c’est  pour- 
quoi nous  soumettons  au  lecteur  un  mode 
très-simple  d’expérimentation. 

Qu’il  se  procure  chez  un  chimiste  un  grain 
de  nitrate  d’argent;  qu’il  le  fassse  dissoudre 
dans  une  cuillerée  à café  d’eau  distillée  ou 
d’eau  de  pluie  ; qu’il  place  une  petite  por- 
tion de  ce  liquide  sur  une  plaque  de  verre 
très-propre,  puis  il  laissera  tomber  dans  ce 
liquide  une  petite  rognure  de  cuivre  ; au  bout 
de  quelques  minutes,  une  très-belle  cristal- 
lisation de  pur  argent  sortira  de  ce  mélange, 
prenant  de  très-jolies  formes,  du  brillant  le 
plus  beau.  L’acide  qui  rendait  l’argent  solu- 
ble a été  extrait,  attiré  par  la  plus  grande 
attraction  pour  lui  du  cuivre,  qui,  à son 
tour,  devient  oxyde , ne  laissant  à l’argent 
aucune  alternative  que  de  retourner  à sa 
forme  ancienne.  Nous  avons  dans  les  pré- 
cédents faits  un  épitome  de  ce  qui  se  passe 
dans  la  nature  : l’un  qui  représente  la  dé- 
sorganisation , l’autre  la  végétation  ; mais 
nous  pouvons  les  appliquer  à la  solution 
d’une  question  qui  est  actuellement  un  sujet 
de  controverse.  — C’est  de  savoir  si  le  fil  de 
fer  galvanisé  produit  des  effets  désastreux 
sur  les  arbres  fruitiers.  — Le  fil  de  fer 

DIMORPHANTUS 

Cette  magnifique  plante  de  pleine  terre  et 
de  plein  air,  que  nous  avons  admirée  en  Bel- 
gique et  à la  Muette,  dans  l’établissement  de 
la  Ville  de  Paris,  nous  avait  semblé  de  loin 
(la  première  fois  que  nous  la  rencontrâmes) 
être  un  Rhopala  ; de  là  l’attention  que  nous 
lui  avons  donnée,  et  qui  nous  engage  à la 
faire  connaître  aux  lecteurs  delà  Revue  lior- 
tieole.  Les  amateurs  de  plantes  rustiques 
seront  servis  à souhait.  Nous  ne  croyons  pas 
décrire  mieux  cette  plante  nouvelle  qu’en 
reproduisant  ici  la  description  de*M.  Robin- 
son, extraite  de  son  volume  intitulé  : Suh- 


galvanisé  est  tout  simplement  du  fer  recou- 
vert de  zinc  ; ainsi,  il  sera  facile  de  com- 
prendre que  si  les  bouts  coupés  ou  n’importe 
quelle  cause  exposent  le  fer  à l’action  de  l’air, 
ou  si  le  fil  est  attaché  avec  du  fer  ou  du 
cuivre,  comme  clous  ou  autre  système  d’at- 
tache, il  aura  la  même  action  préjudiciable 
qu’on  a vue  dans  la  vitrine.  D’un  autre  côté, 
si  le  fer  est  parfaitement  recouvert  par  le 
zinc  et  se  trouve  fixé  par  des  attaches  gal- 
vanisées, notre  première  expérience  mon- 
trera qu’il  sera  sans  effet  et  qu’il  restera  tout 
à fait  intact.  Le  remède  est  donc  de  recou- 
vrir d’une  couche  de  peinture  ou  de  goudron- 
ner les  bouts  de  fil  de  fer  galvanisés,  ou 
toutes  les  parties  où  le  fer  est  à l’air,  s’il  en 
existe,  ainsi  que  tous  les  points  d’attache, 
pour  détruire  tout  contact  avec  l’air,  et  alors 
il  ne  se  produira  aucun  effet  fâcheux.  Nous 
avons  vu  comment  se  sont  comportés  ces 
métaux  sous  l’action  du  sel  et  de  l’eau  ; 
nous  aurons  prochainement  à expliquer 
l’action  qui  a lieu  sous  l’influence  de  l’at- 
mosphère W.-K.  Bridgman. 

(Ext.  du  Gardner's  Chronicle, 
par  L.  Neumann.) 

MANDSGHÜRICUS 

tropical  Garden,  dont  il  a été  déjà  ques- 
tion dans  ce  recueil.  « Le  Dimorphantus^ 
dont  le  nom  spécifique  indique  la  prove- 
nance, est  un  superbe  arbrisseau  à feuilles 
droites,  divisées  et  épineuses,  ressemblant  à 
l’Angélique  de  l’Amérique  du  Nord;  il  peut 
atteindre  de  G à 10  pieds  de  hauteur.  » Cette 
nouvelle  introduction  sera  d’un  grand  se- 
cours, comme  sujet  à isoler  sur  les  pelouses, 
où  elle  produira  un  grand  effet,  — dans  une 
terre  meuble  et  bien  drainée;  — essayée 
dans  nos  cultures,  elle  a très-bien  réussi. 

Alphonse  D***,  amateur. 


PLANTES  MÉRITANTES,  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Mahonia  aquifolium  rubrum.  ■ — La 
qualification  que  nous  donnons  à cette 
plante  suffirait  pour  la  caractériser  ; elle 
est  tirée  de  la  couleur  des  jeunes  pousses, 
qui  toute  l’année  sont  d’un  rouge  assez  in- 
tense, caractère  qui,  à ce  point  de  vue  seu- 
lement, suffirait  pour  en  faire  une  des  plus 
jolies  plantes  ornementales.  Ce  n’est  pas 
tout,  pourtant  : chaque  printemps,  de  même 
que  toutes  les  espèces  du  genre,  le  M.  aqui- 
folium rubrum  se  couvre  de  fleurs.  Ajou- 
tons que  la  plante  est  très-vigoureuse,  que 


ses  branches  sont  dressées,  presque  fasti- 
giées,  et  qu’elle  vient  relativement  très- 
grande.  Nous  l’avons  reçue  de  notre  bien 
regretté  collègue,  feu  Billiard,  horticulteur 
à Fontenay,  qui  l’avait  obtenue  dans  un  se- 
mis. Bien  que  les  organes  sexuels  paraissent 
très-bien  conformés,  le  M.  aquifolium  ru- 
brum ne  fructifie  pas  ; c’est  du  moins  ce 
que  nous  avons  observé  jusqu’à  ce  jour. 

E.-A.  Carrière. 


Orléans,  irap.  de  G.  Jacod,  Cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  QUINZAINE  DE  l'AUS) 

Exposition  de  la  Société  d'horticulture  do  l’arrondissement  de  Meaux,  à Lagny.  — Le  nouveau  quai  aux 
Heurs  : les  deux  plans  proposés;  création  de  trois  nouveaux  marchés  aux  Heurs.  — Une  nouvelle  plante 
fibreuse  . V Apoc\jnum  venehim  ; communication  de  M.  Jean  Sisley,  extraite  du  Garden.  — Nouveautés 
mises  dans  le  commerce  par  MM.  Thibaut  et  Keteleer.  — Discussion  des  règles  à observer  dans  la 
conduite  des  arbres  fruitiers;  ces  règles  sont-elles  immuables?  Lettre  de  M.  Paszkiewicz,  secrétame 
de  la  Société  d’horticulture  du  Cher.  — Moyen  de  se  procurer  des  graines  de  la  Férule  de  Tanger 
(Ferula  Tingitana).  — Catalogues  de  M.  Louis  Van  Iloutte,  à Gand  ; de  M.  Boucharlat  aîné,  horticulteur 
à Cuire-lès-Lyon.  — Le  climat  de  la  Provence  : lettre  de  M.  Chabaud,  jardinier  en  chef  au  jardin  bota- 
nique de  Saint-Mandrier.  — Germination  des  graines  de  Primula  Japonica  : leilve  de  M.  Sisley; 
expérience  de  M.  Duval,  horticulteur  à Versailles. 


Les  1®^',  2 et  3 juin  1873,  la  Société  d’hor- 
ticulture de  l’arrondissement  de  Meaux  fera 
sa  34e  exposition  ; elle  aura  lieu  à Lagny 
(Seine-et-Marne). 

Tous  les  horticulteurs  et  amateurs  d’hor- 
ticulture, ainsi  que  les  fabricants  d’outils, 
d’instruments  ou  d’autres  objets  concernant 
le  jardinage,  sont  invités  à prendre  part  à 
cette  Exposition.  Ils  devront,  en  conséquence, 
en  faire  la  déclaration  franco,  au  moins 
huit  jours  avant  l’Exposition,  à M.  le  baron 
d’Avène,  président  de  la  Société,  à Brinches, 
par  Trilport  (Seine-et-Marne),  en  indiquant 
le  nombre  et  la  nature  des  objets  qu’ils  se 
[ proposent  d’exposer. 

Les  membres  du  jury  se  réuniront  le  sa- 
medi 31  mai,  à une  heure,  au  local  de  l’Ex- 
position. 

— Plus  que  jamais  l’on  s’occupe  de  l’ins- 
tallation, ou  plutôt  de  la  réinstallation  de 
l’ancien  marché  aux  fleurs,  connu  depuis 
très-longtemps  sous  cette  simple  désignation  : 
((  quai  aux  Fleurs,  » qu’il  devait  à sa  position 
! qui,  en  effet,  longeait  la  Seine  dans  la  Cité, 
par  conséquent  dans  le  vieux  Paris.  C’est 
encore  là,  à peu  près  dans  le  même  endroit, 
entre  le  tribunal  de  commerce  et  le  nouvel 
Hôtel-Dieu,  que  va  être  placé  le  nouveau 
I marché  aux  fleurs. 

j Comme  l’ancien,  il  comprendra  trois  sé- 
I ries  : l’une,  le  plateau,  qui  occupera  l’em- 
' placement  dont  nous  venons  de  parler,  sera 
consacrée  aux  plantes  en  pots  et  aux  fleurs, 
coupées.  La  deuxième  série,  qui  sera  placée 
sur  le  quai,  derrière  l’Hôtel-Dieu,  'com- 
! mencera  au  coin  du  pont  Notre-Dame  et  se 
I terminera  au  pont  d’Arcole  ; elle  sera  af- 
! fectée  aux  arbustes  à feuilles  caduques  et  à 
feuilles  persistantes,  aux  Rosiers,  aux  plan- 
tes  grimpantes,  aux  plants  de  légumes,  etc. 

] A partir  du  pont  d’Arcole  jusqu’au  pont  de 

le>'  AVRIL  1873. 


la  Morgue,  toute  cette  place  sera  consacrée 
aux  grands  arbres  fruitiers,  forestiers,  etc. 

Nous  n’avons  pas  à nous  occuper  si  ces 
divisions  sont  bonnes,  si  la  différence  sera 
facile  à faire  entre  les  arbres  et  les  arbustes, 
et  si  même  pour  le  commerce  il  n’aurait  pas 
mieux  valu  laisser  un  peu  plus  de  liberté 
aux  marchands,  pourvu  toutefois  qu’ils 
n’aient  ni  entravé  la  circulation,  ni  le  ser- 
vice, ni  nui  à leurs  voisins. 

Toutefois,  paraît-il,  rien  n’est  encore  dé- 
finitivement arrêté,  et,  à l’heure  qu’il  est, 
si  nos  renseignements  sont  exacts,  — et 
nous  avons  lieu  de  les  croire  tels,  — il  y 
aurait  pour  la  série  principale,  le  p)lateau, 
deux  projets,  dont  l’un  émane  de  l’autorité; 
l’autre  qui  est  présenté  par  une  commis- 
sion de  jardiniers,  lequel  projet,  cela  va 
sans  dire,  est  infiniment  plus  conforme  aux 
besoins  du  commerce.  Malgré  cela,  il  est 
fort  à craindre  que  ce  projet  soit  rejeté,  ce 
qui,  toutefois,  n’a  rien  d’étonnant  dans 
notre  pays,  où  il  est  presque  admis  en  prin- 
cipe que  l’autorité  ne  peut  avoir  tort. 

Dans  le  plan  officiel,  le  terrain  est  par- 
tagé en  deux  divisions  principales,  allant  du 
bord  de  la  Seine  à l’avenue  de  Constantine, 
et  séparées  entre  elles  par  une  voie  carros- 
sable de  8 mètres  de  large  ; puis  chacune 
de  ces  divisions  est  partagée  transversale- 
ment en  sept  séries  par  des  allées  bitumées 
de  3 mètres  de  large.  C’est  dans  ces  inter- 
valles ou  sortes  de  petits  rectangles  que  sont 
comprises  les  places  que  devront  occuper 
les  jardiniers  ou  les  marchands  de  plantes, 
lesquelles  places  sont  au  nombre  de  douze 
par  série. 

Dans  le  plan  proposé  par  les  jardiniers,  il 
y a trois  grandes  divisions  parallèles,  se  di- 
rigeant, comme  dans  le  plan  officiel,  du  quai 
à l’avenue  de  Constantine,  les  deux  exté- 
rieures limitées,  l’une  par  la  rue  qui  longe 

7 


122  CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MARS). 


le  tribunal  de  commerce,  l’autre  par  celle 
de  la  Cité  ; la  division  intérieure  serait  sé- 
parée des  deux  autres  par  une  voie  carros- 
sable de  8 mètres  de  large.  Dans  ce  dernier 
plan,  il  y aurait  trois  bassins  : l’im  tout  à 
fait  au  centre,  les  deux  autres  à chaque  ex- 
trémité de  la  division  intérieure  ou  du  mi- 
lieu. Dans  le  plan  officiel,  il  n’y  aurait  qu’un 
bassin  placé  au  centre. 

Ces  deux  projets  présentent  encore  cette 
différence,  .que  dans  le  premier  chaque  [ 
place  aurait  3 mètres  de  façade  sur  2 mètres  ! 
de  profondeur,  tandis  que  dans  celui  des  ; 
jardiniers  chaque  place  n’aurait  que  2 mè-  | 
très  de  façade  sur  4 mètres  de  profondeur,  | 
ce  qui  non  seulement  donnerait  une  plus 
grande  surface,  mais  serait  surtout  beau-  ' 
coup  plus  avantageux,  car  le  fond  pourrait 
être  considéré  comme  une  sorte  d’arrière-  i 
boutique  servant  de  réserve,  soit  pour  pré-  ' 
parer  les  plantes,  confectionner  des  bon-  ■ 
quets,  etc.,  etc.  j 

Tous  ces  détails,  bien  qu’à  peu  près  [ 
exacts,  ne  doivent  pourtant  être  pris  que  i 
comme  des  renseignements  généraux  ; nous  ^ 
n’affirmons  pas. 

Il  paraît  également  à peu  près  certain  que 
l’on  a décidé  la  création  de  trois  nouveaux 
marchés  aux  fleurs,  qui  seraient  placés  : | 
l’im  2^lace  de  Clichy,  à Batignolles,  l’autre  , 
dans  le  faubourg  Saint-Antoine  (probable-  : 
ment  à la  place  des  Vosges),  le  troisièm.e 
sur  la  place  de  Jussieu,  ce  qui  ferait  sept  | 
marchés,  en  y comprenant  ceux  qui  exis-  | 
tenl  déjà,  qui  sont  ; le  grand  marché,  dans  ■ 
la  cité,  qui  tient  le  mercredi  et  le  samedi  ; | 
la  Madeleine,  le  mardi  et  le  vendredi  ; le  | 
Château-d'Eau,  le  jeudi  ; enfin,  le  marché  | 
de  la  place  Saint-Sulpice,  qui  tient  les  i 
lundis  et  les  jeudis,  plus  le  marché  Saint-  | 
Honoré,  dans  lequel  une  très-grande  sur-  : 
face  est  consacrée  à la  vente  des  fleurs  cou-  : 
pées  et  en  bouquets,  des  plantes  en  pots,  ' 
ainsi  qu'aux  accessoires  pour  l’ornementa-  ' 
tion  des  jardins  et  des  appartements,  outils  | 
et  ustensiles  de  jardinage,  etc.  ' 

De  tous  ces  marchés,  celui  de  la  Cité  est  j 
le  seul  où,  jusqu’à  présent,  l’on  vend  des  i 
arbres  en  arrachis.  I 

Le  grand  marché,  ainsi  que  ceux  qu’on  | 
est  sur  le  point  d'établir,  seront-ils  cou-  ' 
verts,  et  dans  ce  cas,  comment?  C’est  ce  : 
que  nous  ne  savons,  et  que  nous  nous  pro-  | 
posons  de  faire  connaître  plus  tard.  | 

I 

— Notre  ami,  M.  Jean  Sisley,  nous  com-  | 
munique  la  note  suivante,  extraite  du  j 
Garden  (de  Londres)  : I 


Une  plante  fibreuse,  VAponpuim  veneiim,  a 
été  trouvée  à l’état  sauvage  en  très-grande  ipian* 
tilé  dans  le  Tiirkestan,  et  bientôt  nous  espérons 
qu’elle  apparaîtra  sur  nos  marchés. 

Ses  fibres  sont  tendres  et  délicates,  comme 
celles  du  Chanvre,  aussi  fortes  et  aussi  tenaces 
que  celles  du  Lin,  et,  réunissant  ces  deux 
qualités,  leur  sont  bien  supérieures. 

Il  est  à espérer  qu’on  utilisera  cette  décou- 
verte. 

Cette  espèce,  qui  croît  spontanément 
dans  les  parties  humides  ou  marécageuses 
de  la  Tauride  et  du  Caucase,  est  depuis  bien 
longtemps  introduite  au  Muséum  ; elle  est 
assez  jolie  et  ornementale  par  la  couleur  et 
surtout  par  la  quantité  de  ses  fleurs  ; mais 
elle  a l’inconvénient  de  tracer  considérable- 
ment, ce  qui,  pour  les  jardins,  est  un  grand 
défaut.  Elle  fait  partie  de  ces  plantes  qu’on 
nomme  vulgairement  « gobe-mouches,  y> 
nom  qui  leur  a été  donné  à cause  de  l’irri- 
tabilité dont  jouissent  les  fleurs,  qui,  lorsque 
les  mouches  ou  d’autres  petits  insectes  s’in- 
troduisent dans  l’intérieur  pour  en  sucer  la 
liqueur  sucrée  qui  s’y  trouve,  se  contractent 
et  les  font  périr. 

Une  autre  espèce  très-voisine  de  celle-ci 
est  V Apocymnn  cannahifoUum,  L.,  origi- 
naire de  l’Amérique  septentrionale.  On  ne 
peut  guère  douter  qu’elle  ait  les  mêmes  pro- 
priétés textiles.  Elle  pourrait  donc  être  em- 
ployée aux  mêmes  usages,  peut-être  même 
avec  avantage,  puisqu’elle  est  un  peu  plus 
vigoureuse.  Ce  sont  deux  plantes  très-rus- 
tiques, mais  « coureuses,  » comme  disent 
les  jardiniers. 

— Sur  le  catalogue  général  de  MM.  Thi- 
bault et  Keteleer,  pour  1873,  qui  vient  de 
paraître,  nous  remarquons,  parmi  les  nou- 
veautés qu’ils  vont  mettre  au  commerce,  dix 
variétés  de  Gloxinias,  dont  deux  à corolles 
penchées;  huit  variétés  de  Pélargoniums  à 
grandes  fleurs  simples,  gains  de  leur  Éta- 
blissement. On  trouve  là  aussi  des  collec- 
tions aussi  nombreuses  que  variées  de  plantes 
diverses  de  serre  chaude  et  de  serre  froide, 
de  pleine  terre,  de  plantes  de  terre  de 
bruyère  et  de  Fougères,  de  Phlox,  Pétunias, 
Fuchsias,  Delphinium,  etc.,  etc.  Parmi  les 
arbrisseaux  et  arbustes  de  pleine  terre  nou- 
veaux ou  rares,  nous  citerons  les  Érables 
japonais,  VÆsculus  sinensis,  vingt-six  va- 
riétés d’Aucubas,  Berheris  stenophylla, 
Cardiandra  alternifolia,  Cerasus  pumila, 
Corylopsis  spicata,  Daphné  salicifolia, 
Enkianthus  japonica,  Fontanesia  For- 
tunei,  Garrya  Thureti,  Gaultheria  Shal- 


123 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MARS). 


Ion,  Idesia  pohjcarpa,  Lespedeza  hicolor, 
Jugions  macropliylla,  Mahonia  Sieboldi, 
Negundo  cissi folium,  Parrolia  persica;  les 
Prunus  tomentosa,  virgata  rosea  plena, 
Simonii,  Platijcrater  Sieboldi,  Pteros- 
tyrax  hispidum;\es>  Quercus  angustifolia, 
Daimyo,  dentata,pectinata,  \ e Raphiolepis 
ovata,  Slachyurus  prœcox,  Stuartia  gran- 
dijlora,  Viburnum  reticulatum,  etc.,  etc. 
Enlin,  une  magnifique  collection  de  Cléma- 
tites, de  Chœnomeles,  etc. 

— Nous  avons  reçu  de  M.  L.  Paszkiéwicz, 
secrétaire  de  la  Société  d’horticulture  du 
Cher,  et  relativement  à certaines  pratiques 
de  l’arboriculture,  une  lettre  qui,  par  son 
importance,  nous  paraît  digne  de  la  plus 
grande  attention,  et  que  pour  celte  raison 
nous  croyons  devoir  reproduire.  La  voici  : 

Monsieur  le  rédacteur  en  chef, 

Vous  avez  très-justement  dit  qu’un  livre,  un 
article  quelcon<|ue,  n’était  pas  seulement  bon 
par  son  contenu,  mais  aussi  par  les  réflexions 
qu’il  inspirait  au  lecteur.  Je  le  pense  comme 
vous,  et  c’est  pourquoi  je  vous  adresse  les  quel- 
qu^^s  lignes  qui  suivent. 

La  Revue  horticole  a publié,  dans  son  numéro 
du  1er  septembre  1872,  un  extrait  du  Bulletin 
d'arboriruUure,  de  floricuHure  et  de  culture 
maraîchère.  J’y  trouve  cette  phrase:  « L’opéra- 
tion du  pincement  doit  être  uniforme  dans  tous 
les  terrains,  sur  toutes  les  formes,  pour  toutes 
les  variétés.  » S’il  a fallu  à l’auteur  de  cette  pro- 
position une  conviction  profonde  pour  formuler 
aussi  nettement  sa  manière  de  voir,  vous  m’ac- 
corderez, Monsieur  le  rédacteur,  qu’il  y a un 
certain  courage  à venir  discuter  ici  l’opinion  d’un 
maître  comme  M.  Burnevich,  surtout  lorsque 
cette  opinion  est  aussi  catégoriquement  expri- 
mée. Si  j’en  saisis  bien  le  sens,  cette  phrase  si- 
gnifie que  les  règles  de  la  conduite  des  arbres 
fruitiers  sont  immuables,  non  seulement  quant 
aux  principes  sur  lesquels  elles  reposent,  mais 
même  dans  leur  application;  en  conséquence,  on 
doit  compromettre  le  succès  dès  qu’on  introduit 
des  modifications  dans  les  préceptes  d’une  taille 
rationnelle. 

Telle  est  bien,  en  effet,  la  pensée  de  l’auteur, 

1 si  j’en  juge  par  celte  autre  phrase,  que  je  trouve 
dans  le  même  article:  «Je  ne  puis  admettre,  dit 
encore  M.  Burnevich,  qu’un  arbre  puisse'  être 
, soumis  à un  traitement  différent  parce  qu’il  se 
i trouverait  placé  dans  des  conditions  acces- 
' soires...  etc.  » 

Ou’entend-on  par  « condilious  accessoires?  » 
Seraient-ce  les  comlitions  de  végétation  dans  les- 
! quelles  se  trouve  l’arbre?  Si  oui,  et  c’est  ce  qui 
semble  ressortir  de  la  phrase  citée,  elles  ne  de- 
vraient donc  en  rien  préoccuper  l’arboricul- 
teur, puisqu’elles  ne  sont  qu’accessoires  et  ne 
peuvent  en  rien  modifier  le  traitement  qu’il  doit 
appliquer  à l’arbre. 


Est-il  possible  de  laisser  sans  discussion  affir- 
mer ainsi  le  principe  de  l’immulahililé  dans  la 
conduite  des  arbres  fruitiers  ? Je  ne  le  pense 
pas  ; je  crois,  au  contraire,  qu’il  est  utile  d’exa- 
miner celte  question,  qui  doit,  à mon  sens,  sou- 
lever des  objections  nombreuses. 

Supposons  pour  un  instant  que  partout  et  tou- 
jours les  règles  de  la  conduite  des  arbres  fruitiers 
doivent  être  appliquées  d’une  façon  identique; 
que  deviendra  cet  axiome  admis  dans  la  science 
laborieusement  acquise  de  l’arboriculture?  Ne 
suffira  t-il  pas,  en  effet,  au  profane,  pour  passer 
maître,  de  se  graver  dans  la  mémoire  les  cha- 
pitres d’un  livre  quelconque,  après  quoi,  sans 
crainte,  il  pourra  tailler,  rogner,  pincer  à plai- 
sir, pourvu  toutefois  qu’il  ne  s’imagine  pas  d’ap- 
porter le  moindre  changement  aux  préceptes  du 
maître?  Kemarquez  bien.  Monsieur  le  rédacteur, 
que  si  je  croyais  la  chose  aussi  facile,  je  m’en 
réjouirais  fort,  car  on  cultiverait  prohablement 
mieux  les  arbres  qu’on  ne  le  fait  généralement. 

Je  sais  bien  qu’une  grave  difficiihé  vient  com- 
pliquer la  question.  Quel  maître  choisira-t-on 
pour  guide?  Sera-ce  celui  qui  préconise  le  pin- 
cement court  et  réitéré,  ou  celui  qui  ne  rogne 
les  bourgeons  que  lorsqu’ils  ont  de  10  à 15  cen- 
timètres, ou  celui  qui  ne  pince  pas,  mais  qui 
casse  en  vert,  ou  encore  celui  qui?...  Vous  sa- 
vez, Monsieur  le  rédacteur,  que  je  pourrais  en 
citer  bien  d’autres.  Pour  moi,  j’ai  lu  un  grand 
nombre  d’ouvrages  traitant  de  la  conduite  des 
arbres  fruitiers  ; j’ai  expérimenté  bien  des  sys- 
tèmes de  culture;  eh  bien!  je  le  déclare,  dans 
TOUS  j’ai  trouvé  quelque  chose  d’utile,  dans  TOUS 
j’ai  rencontré  certaines  pratiques  qui,  une  cir- 
constance spéciale  étant  donnée,  m’ont  permis 
d’atteindre  le  but  que  je  me  proposais  en  les 
appliquant.  En  aurait-il  été  ainsi  si  les  préceptes 
de  la  conduite  des  arbres  étaient  immuables? 
Aussi  bien,  n’est-il  pas  évident  que  l’arbre  jeune 
et  vigoureux  ne  doit  pas  être  traité  comme 
l’arbre  vieux  et  faible;  que  l’exubérance  de  jeu- 
nesse de  la  nouvelle  variété  demande  des  soins 
autres  que  ceux  qu’exige  la  faiblesse  de  cer- 
taines variétés  plus  anciennes?  En  vérité,  je 
ne  crois  pas  qu’il  puisse  y avoir  doute  à cet 
égard. 

Je  vais  cependant,  si  vous  le  permettez.  Mon- 
sieur le  rédacteur,  m’arrêter  un  instant  sur  un 
point  particulier  de  la  conduite  des  arbres  frui- 
tiers, qui  servira,  j’espère,  de  preuve  à l’appui 
de  ce  qui  précède.  Notre  maître  à tous,  M.  Du 
Breuil,  au  talent  duquel  je  suis  heureux  de 
rendre  hommage,  M.  Du  Breuil,  dans  son  Cours 
d’arboriculture  fruitière  (1),  conseille  la  torsion 
à 12  centimètres  des  bourgeons  du  Poirier,  ou- 
bliés lors  du  premier  pincement.  A la  taille 
d'hiver,  ces  bourgeons  subissent  le  cassement 
complet,  soit  seul,  soit  combiné  avec  le  casse- 
ment partiel.  A cela,  on  a objecté  que  l’effet  de 
la  torsion  étant  de  provoquer  la  formation  de 
boutons  à fruits  à l’extrémité  des  rameaux  tor- 
dus, casser  complètement  ces  rameaux  était 

(1)  Sixième  édition,  p.  365-367. 


! 


124  CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MARS). 


perdre  à plaisir  tout  le  bénéfice  de  l’opération. 
Ce  sont,  en  effet,  les  yeux  supérieurs  qui,  les 
premiers,  se  transforment  en  boutons  à fruits  ; 
aussi,  comme  la  direction  tourmentée  que  la 
torsion  inflige  au  rameau  suffit  amplement  à en 
modérer  la  vigueur,  on  pourra,  dans  certains 
cas  et  lorsque  ses  dimensions  le  permettront, 
laisser  ce  rameau  intact.  Mais  la  sève,  ne  péné- 
trant plus  qu’avec  peine  dans  le  rameau  tordu, 
il  est  à craindre,  lorsqu’on  le  laisse  entier,  de 
voir  les  yeux  de  sa  base  abandonnés  parla  sève, 
et  finir  par  s’annuler  complètement.  On  n’a  plus 
alors  qu’une  production  très-longue,  contournée, 
dont  la  base  dénudée  rend  le  rapprochement 
très-difflcile,  et  qui,  somme  toute,  étant  placée 
dans  les  conditions  les  plus  défavorables  à sa  vé- 
gétation, doit  nécessairement  finir  par  dispa- 
raître, après  n’avoir  souvent  produit  que  des 
fruits  de  peu  de  valeur. 

Ainsi  donc,  en  cassant  indistinctement  fOMS  les 
rameaux  tordus,  il  arrive  que  pour  certains 
d’entre  eux  on  enlève  tout  espoir  de  récolte  ; en 
les  laissant  tous  intacts,  on  obtient  nécessaire- 
ment des  productions  fruilières  défectueuses.  On 
ne  peut  éviter  de  tomber  dans  l’un  ou  dans 
l’autre  de  ces  inconvénients  qu’en  sachant  modi- 
fier à propos  la  règle  dans  son  application,  sui- 
vant la  vigueur  de  l’arbre,  et  sa  plus  ou  moins 
grande  tendance  à se  mettre  à fruits  ; suivant 
aussi  la  force  du  rameau  tordu,  en  tenant  compte, 
en  un  mot,  de  tout  ce  qui  peut  influer  sur  sa 
manière  de  végéter.  Il  me  paraît  complètement 
impossible  de  cultiver  les  arbres  fruitiers  d’une 
manière  rationnelle  si  on  néglige  toutes  ces  con- 
sidérations, qui  sont  loin,  quoiqu’on  ait  pu  dire, 
de  n’être  qu’accessoires. 

Mais  est-il  bien  certain  que  tout  le  bénéfice  de 
la  torsion  soit  enlevé  par  le  cassement  complet? 
D’après  ce  qui  précède,  on  voit  que  ce  résultat 
serait  surtout  produit  par  un  cassement  opéré 
sans  réflexion.  Du  reste,  je  ne  crois  pas  que 
cette  opération  soit  aussi  nuisible  qu’on  l’a  pré- 
tendu, car  la  torsion  n’a  pas  seulement  d’action 
sur  les  yeux  supérieurs  ; le  rameau  entier  s’en 
ressent,  et  le  plus  souvent  les  yeux  de  la  base 
se  transforment  aussi  facilement  en  lambourdes 
productives,  si  on  ne  laisse  pas  arriver  jusqu’à 
eux  une  trop  grande  quantité  de  sève,  ce  à quoi 
il  est  facile  de  réussir  en  cassant  le  bourgeon 
plus  ou  moias  long,  suivant  qu’il  est  plus  ou 
moins  vigoureux. 

En  définitive,  l’arboriculteur  se  trouve  donc  à 
tout  instant  forcé  de  tenir  compte  des  conditions 
de  végétation  de  l’arbre  qu’il  cultive,  et  il  ne  lui 
est  pas  permis  de  négliger  une  seule  des  cir- 
constances qui  peuvent  influer  sur  sa  manière  de 
végéter,  bien  plus,  c’est  la  juste  appréciation  de 
l’intensité  avec  laquelle  ces  causes  doivent  agir 
sur  chaque  rameau  qui  constitue  le  véritable 
talent  du  cultivateur,  qui  ne  l’acquiert  que  par 
la  pratique  et  l’expérience. 

Ne  serez-vous  pas  de  mon  avis,  Monsieur  le 
rédacteur,  si  je  vous  dis  que  tout  ce  qui  précède 
ne  me  paraît  pas  être  complètement  en  faveur 


i 

i 


I 


de  la  torsion  ? Je  l’espère,  et  crois  qu’il  y 
a moyen  d’arriver  plus  sûrement  et  plus  avan- 
tageusement à la  transformation  des  bourgeons 
déjà  ligneux  du  Poirier;  aussi,  tout  en  recon- 
naissant que  la  torsion  est  parfois  profitable, 
je  ne  puis  conseiller  d’en  généraliser  l’emploi.  Je 
pourrai,  du  reste,  si  vous  le  trouvez  bon,  Mon- 
sieur le  rédacteur,  revenir  prochainement  sur 
cette  question. 

Veuillez  agréer,  etc.  L.  Paszkiewicz. 

Inutile  d’insister  pour  faire  ressortir  l’im- 
portance de  cette  lettre,  dont  nos  lecteurs 
sauront  tirer  les  conséquences  pour  en 
faire  l’application.  Elle  justifie  de  plus  ce 
que  nous  avons  dit  tant  de  fois,  et  que  nous 
ne  cesserons  de  répéter,  que  nulle  part, 
mais  en  culture  principalement,  il  ne  peut 
y avoir  de  règle  absolue,  ce  qui  confirme 
ce  dicton,  que  : « la  meilleure  chose  j our 
devenir  mauvaise  lorsqu’on  la  pousse  à 
l’excès.  )) 

— Dans  une  lettre  qu’il  vient  de  nous 
adresser,  notre  ami,  M.  Sisley,  nous  prie 
d’informer  les  lecteurs  de  la  Revue  horti- 
cole qu’il  met  à leur  disposition  des  graines 
de  Ferula  Tmgitan^  (Férule  de  Tanger, 
Afrique),  plante  magnifique,  rare  et  à peine 
connue  en  dehors  de  quelques  jardins  bota- 
niques. C’est  une  espèce  vigoureuse  des 
plus  jolies  à isoler  comme  plante  décorative  ; 
son  feuillage,  d’un  vert  luisant,  est  d’une 
grande  élégance  ; la  tige  très-forte,  qui 
atteint  jusque  2 mètres  et  plus  de  hauteur, 
émet  de  nombreuses  ramifications  qui,  ainsi 
que  la  tige , se  terminent  par  de  très- 
larges  ombelles  d’un  beau  jaune  d’or. 
Bien  qu’originaire  d’une  région  très-chaude, 
le  F.  Tingitana  est  d’une  rusticité  telle 
qu’il  supporte,  sans  souffrir,  les  froids  les 
plus  rigoureux.  Pour  éviter  des  mécomptes, 
nous  croyons  devoir  prévenir  nos  lecteurs 
que  les  graines  de  Ferula  ne  lèvent  qu’au 
bout  de  deux  ans,  c’est-à-dire  l’année  qui 
suit  celle  où  elles  ont  été  semées  ; néan- 
moins, il  est  bon  de  les  mettre  en  terre 
aussitôt  qu’elles  sont  récoltées;  cela  les 
avance  toujours.  — Faire  la  demande  par 
lettre  affranchie  à M.  Jean  Sisley,  secré- 
taire général  du  Cercle  horticole  lyonnais, 
rue  Saint-Maurice-Monplaisir,  à Lyon,  et 
mettre  dans  la  lettre  un  timbre-poste  pour 
payer  l’envoi. 

— Le  catalogue  n®  147,  de  M.  Louis 
Van  Houlle,  vient  de  paraître  ; il  est  parti- 
culier : 1"  aux  graines  de  plantes  annuelles 
et  vivaces  de  plein  air,  d’arbres  d’orne- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MARS). 


ment  de  pleine  terre  et  de  serre,  de  plan- 
tes potagères  et  fourragères;  à un  sup- 
plément de  plantes  bulbeuses  ou  tubéreuses, 
telles  qu’ Anémones,  Renoncules,  Lis,  Capu- 
cines, Caladium,  etc.,  ainsi  qu’à  différente 
groupes  de  Gesnériacées  : Achimenes,  Eu- 
codonia,  Gesneria,  Gloxinia,  Nœgœlia, 
Plectopoma,  Rosanovia , Tydœa , etc. 
Comme  les  précédents,  ce  catalogue  ne  se 
borne  pas  à l’énumération  des  plantes;  des 
descriptions  scientifiques,  ainsi  que  des 
observations  sur  la  culture  ou  sur  des  par- 
ticularités qui  s’y  rattachent,  font  de  ce  ca- 
talogue un  livre  utile  aux  savants  et  aux 
praticiens. 

— M.  Boucbarlat  aîné,  horticulteur  à 
Cuire-lès-Lyon  (Rhône),  vient  de  publier 
un  catalogue  général  des  plantes  qu’il  est 
en  mesure  de  fournir.  Ces  plantes  rentrent 
principalement  dans  les  genres  tout  particu- 
lièrement propres  à l’ornementation  des 
jardins,  tels  que  Pélargonium  zonale  et  à 
grandes  fleurs,  Fuchsia,  Pétunia,  Verhena, 
Lantana,  Chrysanthèmes,  Héliotropes,  etc. 
On  trouve  là  aussi  une  collection  complète 
d’Œillels  remontants,  plantes  dont  on  ne 
saurait  trop  recommander  la  culture. 

— L’extrait  suivant  d’une  lettre  que  nous 
a adressée  notre  collègue,  M.  Chabaud,  jardi- 
nier en  chef  au  jardin  botanique  de  Saint- 
Mandrier  (Toulon),  en  même  temps  qu’elle 
précise  ce  qu’a  été  l’hiver,  peut  donner  une 
idée  de  ce  qu’est  ce  climat  tout  privilégié  de 
cette  partie  delà  France.  Voici  cet  extrait  : 

Saint-Mandrier,  l'2  février  1873. 

Mon  cher  Monsieur , 

L’hiver  est  cette  année  excessivement  doux 

en  Provence  ; le  thermomètre  minima,  à Saint- 
Mandrier,  n’a  pas  atteint  un  degré  au-dessous 
de  zéro.  Aussi  la  floraison  de  quelques  végétaux 
est-elle  très-précoce.  Les  Kennedia,  les  Harden- 
hergia,  plusieurs  Acacias  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, le  Cassia  tomentosa,  le  Sparmannia  afri- 
cana,  sont  en  fleurs  depuis  le  commencement 
de  janvier.  Les  Abutilons,  les  Habrothamnus  et 
les  Héliotropes  n’ont  pas  cessé  de  fleurir  depuis 
l’élé  dernier.  Les  spalhes  de  Dattiers  mâles 
commencent  à s’entrouvrir  ; celles  des  femelles 
apparaissent  à peine.  Les  capitules  de  Chrysan- 
themum  frutescens  étalent  leurs  corolles  ; les 
fleurs  de  la  ravissante  Musacée  du  Cap,  la  Stre- 
litzia  reginæ,  sont  sorties  de  leurs  spathes  vers 
le  milieu  du  mois  dernier,  en  même  temps  que 
celles  des  plantes  cultivées  en  serre  froide.  Les 
charmantes  petites  fleurs  du  Chorizema  varium, 
r qui  ne  se  montrent  généralement  qu’à  la  mi- 
mars,  entr’ouvrent  en  ce  moment  leurs  boutons  ; 


m 

le  PïiGtinia  glabra  étale  ses  larges  corym- 
bes,  etc.,  etc. 

Veuillez  agréer,  etc. 

— On  a déjà  bien  des  fois  parlé,  et  sur- 
tout très-diversement  parlé,  de  la  difficulté 
que  l’on  éprouve  à faire  lever  les  graines  de 
Primevères,  et  surtout  du  Primula  japo- 
nica.  Aussi,  croyons-nous  que  la  lettre  sui- 
vante, que  vient  de  nous  adresser  M.  Sisley 
sur  ce  sujet,  sera  lue  avec  plaisir  : 

Monplaisir,  ce  10  mars  1873. 

Cher  Monsieur  Carrière, 

La  germination  des  graines  de  Primula  jap«o- 
nica  préoccupe  le  monde  horticole  depuis  quelque 
temps.  Comme  tous  ceux  qui  se  sont  occupés  de 
cette  charmante  plante,  j’ai  eu  des  craintes,  et 
l’appréhension  d’attendre  longtemps  et  en  vain. 
Voici,  mon  cher  Monsieur,  ce  que  j’ai  fait  et  ee 
qui  m’est  advenu  : 

Au  commencement  de  l’année  dernière,  je  fis 
venir  d e Londres  des  graines  des  dilférentes  va- 
riétés de  Primula  japonica  annoncées  sur  les 
catalogues.  Je  les  semai  aussitôt  la  réception, 
le  10  mai  ; mais,  jusqu’à  ce  jour,  rien  ne  bouge. 

J’avais  aussi  reçu  de  MM.  Thiébaut  et  Keteleer 
une  plante  du  type,  qui  me  donna  une  belle 
hampe  de  fleurs  et  des  graines  qui  mûrirent  dans 
les  premiers  jours  de  juillet,  et  furent  successi- 
vement semées  aussitôt  récoltées  dans  de  petites 
terrines,  très-légèrement  recouvertes  de  terre  et 
d’une  couche  de  1 centimètre  de  mousse  hachée. 
Ces  terrines  furent  placées  sur  une  tablette  de 
ma  serre,  contre  les  châssis  du  midi. 

Comme  cette  serre  renferme  principalement 
desPelargoniums  zonales,elle  est  toujours  ouverte 
par  le  bas  en  été,  même  la  nuit  ; et,  en  hiver, 
je  donne  grand  air  le  jour,  chaque  fois  que  la 
température  extérieure  est  à 5 degrés  au-dessus 
de  zéro,  et  l’hiver  il  y a eu  constamment  10  de- 
grés la  nuit.  Ces  terrines  étaient  donc  exposées 
au  soleil,  excepté  jusqu’au  15  septembre,  ma 
serre  étant  ombragée  au  midi  au  milieu  du  jour 
pendant  les  grandes  chaleurs. 

Depuis  trois  jours  mes  graines  de  Primula 
japonica  lèvent  à foison. 

Il  est  peut-être  utile  de  dire  que,  ne  voyant  pas 
mes  semis  de  Pélargonium  zonale  lever  assez  vite  à 
mon  gré,  je  les  ai  arrosés  depuis  trois  semaines 
avec  de  l’eau  chaude,  de  60  à 70  degrés,  ainsi 
que  tous  mes  autres  semis. 

Cela  a-t-il  pu  hâter  la  germination  des  Pri- 
mula? Je  ne  sais. 

Le  18 juillet,  M.Ed.  André  eut  fobligeance  de 
m’envoyer  quelques  graines  de  Primula  japonica 
récoltées  par  lui;  elles  commencent  à germer, 
mais  moins  vivement  que  celles  récoltées  chez 
moi  et  semées  de  suite. 

Ce  qui  me  paraît  ressortir  de  ceci,  c’est  qu’il 
faut  semer  les  graines  de  Primula  japonica  aus- 
sitôt leur  maturité,  et  qu’elles  lèveront  le  prin- 
temps suivant  aussi  bien  en  serre  que  dehors,  et 


MARCHE  DE  LA  SÈVE  DAXS  LES  VÉGÉTAUX. 


126 

je  préfère  faire  les  semis  en  serre,  pouvant 
mieux  les  surveiller. 

Votre  bien  dévoué.  J.  Sisley. 

On  peut  voir  par  cette  lettre  que,  con- 
trairement à ce  que  l’on  craignait,  les  grai- 
nes de  Primula  japonica  lèvent  très-bien 
lorsqu’elles  sont  semées  opportunément, 
c’est-à-dire  aussitôt  qu’elles  sont  récoltées  , 
ce  qui  toutefois  ne  veut  pas  dire  que  les 
soins  sont  inutiles,  bien  que  les  différents 
modes  aient  donné  des  résultats  presque 
identiques.  L’essentiel,  c’est  de  les  semer 
aussitôt  qtj’olles  sont  mûres;  mais  quoi  qu’il 
en  soit,  il  est  bon,  croyons-nous,  dans  l’in- 
térêt général,  de  faire  connaître  les  divers 
modes  employés,  et  les  résultats  qu’ils  ont 
produits,  ce  qui  nous  engage  à publier  ce 
qui  suit  : 

Un  des  bons  horticulteurs  de  Versailles, 
M.  Duval,  avait  semé  des  graines  de  P-  ja- 
ponica vers  la  fin  de  septembre  dans  des 


terrines  qui  ont  été  placées  à froid  sous  des 
châssis  d’où  elles  ont  été  retirées  le  2 mars 
et  mises  dans  une  serre  chaude.  U y avait  à 
peine  quarante-huit  heures  qu’ellesy  étaient, 
que  les  graines  levaient  « comme  du  chan- 
vre. » Dans  ce  cas  nous  admettons  — ce  qui 
est  hors  de  doute  — que  la  température 
élevée  de  la  serre  a activé  la  levée  des  grai- 
nes, de  même  qu’il  peut  se  faire  que  l’eau 
à 70  degrés,  employée  par  M.  Sisley,  ait 
contribué  au  même  résultat  ; mais  ce  qui  est 
également  probable,  c’est  que  ces  graines 
auraient  levé  lors  même  qu’on  les  eût 
laissées  à froid.  D’où  nous  concluons  que 
lorsqu’on  a semé  les  graines  dans  de  bonnes 
condilions,  il  faut  savoir  attendre.  C’est  alors 
une  question  de  temps , le  cas  d’appliquer 
ce  proverbe  : « Patience  et  longueur  de 
temps  font  plus  que  force  et  que  rage.  » 

E.-A.  Carrière. 


MARCHE  DE  LA  SÈVE  DANS  LES  VÉGÉTAUX 


Malgré  le  nombre  considérable  d’obser- 
vations et  d’expériences  qui  ont  été  faites 
pour  démontrer  la  marche  de  la  sève,  il  faut 
bien  recormaître  qu’on  est  loin  d’être  fixé,  et 
quetouteslesthéoriesqu’onaémises  àce  sujet 
reposent  sur  des  hypothèses.  Aussi,  comme 
c’est  une  question  très-importante,  doit-on, 
chaque  fois  que  l’occasion  se  présente,  cher- 
cher à l'éclairer.  C’est  dans  ce  but  que  plu- 
sieurs fois  déjà,  et  tout  récemment  encore 
{Rev.  /lort.,  1872,  p.  105),  nous  avonsappelé 
l’attention  sur  ce  sujet,  ce  qui  nous  a valu 
une  très-intéressante  lettre  d’un  de  nos  abon- 
nés, M.  Royer,  et  que  nous  allons  rapporter. 
La  voici  : 

Dans  la  chronique  de  la  Revue  horticole  (nu- 
méro 6,  du  16  mars  1872,  page  105),  vous  citez 
un  Orme  dont  la  végétation  ne  paraît  pas  souffrir, 
bien  quedepuis  plus  d’un  an  il  ait  perdu  dans  le 
pourtour  de  son  tronc,  sur  une  hauteur  d’un 
mètre,  toute  son  écorce  et  une  notable  partie  de 
son  bois.  Le  fait  est  très-intéressant,  et  vous  en 
concluez  que  « les  deux  sèves,  si  elles  existent, 
ont  dû  passer  par  le  centre  de  l’arbre,  ce  qui 
est  loin  de  s’accorder  avec  la  théorie  admise 
dans  beaucoup  de  traités  de  physiologie.  » 

PermeUez-moi  à ce  sujet.  Monsieur,  de  vous 
communi  pier  les  résultats  de  mes  expériences 
sur  les  dénudations  annulaires.  Si  l’arbre  a des 
rameaux  au-dessous  de  la  plaie  du  tronc,  il  peut 
vivre  un  certain  nombre  d’années,  mais  sa  végé- 
tation est  languissante  ; s’il  n’en  a pas,  il  périra 
après  une  à deux  années.  Quand,  au  lieu  d’écor- 
cer  le  tronc,  on  n’opère  que  sur  une  branche, 


cette  branche  pourra  vivre  et  même  fructifier 
plusieurs  années,  mais  en  perdant  beaucoup  de 
sa  vigueur.  La  mort  qui  frappe  l’arbre  lorsqu’il 
n’y  a pas  de  parties  foliacées  au-dessous  de  la 
plaie  semble  prouver  suffisamment  qu’il  manque 
alors  aux  racines  un  élément  de  vie  , et  cet 
élément  est  la  sève  descendante^  inhabile  à 
passer  par  le  bois,  et  qui  s’accumule  eu  bourrelets 
sur  la  lèvre  supérieure  de  la  blessure. 

L’Orme  que  vous  citez.  Monsieur,  peut  donc 
avoir  encore  plusieurs  années  de  vie  ; mais  dans 
ce  cas,  je  suis  porté  à croire  que  ses  racines 
recevront  de  la  sève  descendante,  soit  par  des 
rameaux  situés  au-dessous  de  la  plaie,  soit  par 
des  drageons,  si  communs  chez  cet  arbre,  ra- 
meaux et  drageons  dont  l’émission  a dû  être 
provocpiée  par  la  dénudation  annulaire,  si  déjà 
ils  n’existaient  pas  antérieurement. 

Veuillez,  Monsieur,  etc.  Royer, 

Abonné  à la  Revue  horticole. 

Saint  - Rémy  , par  Monlbard  ( Côte-d’Or  ) , 
9 avril  1872. 

Nous  remercions  M.  Royer  de  l’intéres- 
sante lettre  qu’il  nous  a écrite  et  que  nous 
venons  de  rapporter;  nous  en  profitons  pour 
revenir  de  nouveau  sur  cette  question  de  la 
marche  de  la  sève,  question  très-intéressante, 
nous  le  répétons,  sur  laquelle,  et  quoi  qu’on 
en  dise,  on  ne  possède  encore  que  des  don- 
nées très-hypothétiques.* 

En  écrivant  le  passage  que  M.  Royer  a 
rappelé,  nous  n’avions  pas  pour  but  d’admettre 
ni  de  rejeter  aucun  des  systèmes  qui  ont 
été  préconisés,  mais  seulement  de  faire  re- 


MARCHE  DE  LA  SÈVE 

marquer  que  les  faits,  dans  ces  circonstan- 
ces, ne  s’accordaient  pas  avec  les  théories 
admises  sur  la  présence  de  sèves,  l’une 
ascendante,  l’autre  descendante.  Aussi, 
sans  rien  affirmer,  nous  n’hésitons  pas  au- 
jourd’hui à rejeter  celte  théorie  de  la  dis- 
tinction de  deux  sèves;  notre  opinion,  du 
reste,  sur  ce  sujet  n’est  ni  due  au  hasard,  ni 
nouvelle  : elle  repose  sur  des  faits  que  déjà 
nous  émettions  dans  nos  Entretiens  famU 
tiers  sur  V horticulture,  ouvrage  que  nous 
avons  publié  en  1859.  Voici  ce  que  nous 
disions  à propos  de  l’accroissement  des  végé- 
taux, et  particulièrement  des  tiges  : 

D.  Avant  que  de  quitter  l’élude  des  liges, 
pourriez- vous  m’expliquer  commenl  se  fait  leur 
accroissement  ? 

R.  Je  vais  le  tenter,  quoique  cela  ne  soit  pas 
chose  facile,  car  il  s’agit  ici  d’expliquer  les  luis 
de  la  vie,  et,  malgré  les  efforts  qu’on  a faits  pour 
les  découvrir,  on  ne  les  connaît  encore  (si  tou- 
tefois meme  il  est  permis  de  dire  qu’on  les  con- 
naît) que  très-imparfaitement  ; il  faudra  donc  se 
borner  à admettre  les  faits,  et  considérer  comme 
à peu  près  certaines  les  différentes  hypothèses 
qu’ont  admis  les  physiologistes,  afin  d’expliquer 
ces  phénomènes.  Parmi  ces  hypolhèses,  il  eu  est 
une,  la  principale  sans  doute,  qui  se  présente 
tout  d’abord  et  fait  le  fondement  de  tout  le  sys- 
tème ; c’est  la  force  vitale,  principe  indéniable, 
dont  les  effets  sont  des  plus  sensibles,  des  plus 
manifestes,  mais  dont  la  cause  est  complètement 
inconnue  et  qu’il  faut  admellre  sans  contrôle  : 
c’est  une  de  ces  vérités  dont  l’évidence  s’oppose 
à toute  démonstration.  Ainsi,  l’arbre  une  fois 
planté,  ses  racines  se  développent  et  s’étendent 
dans  le  sol,  où  elles  absoibent  les  diverses 
substances  que  l’eau,  l’air  et  d’autres  agents  ont 
décomposées  et  rendues  assimilables;  ces  subs- 
tances, ces  éléments,  après  avoir  subi , dès 
l’origine,  sous  l’action  de  la  force  vitale,  une 
première  transformation,  ou,  si  vous  voulez,  un 
premier  amalgame,  sont  transportés,  à travers 
les  différents  vaisseaux,  dans  toutes  les  parties 
de  l’arbre.  Ces  mêmes  éléments,  qui,  d’abord 
liquides,  portent  le  nom  de  sève,  sont  ceux  qui, 
plus  lard,  en  se  modifiant  sous  l’influence  des 
lois  de  la  vie  et  par  l’addition  de  certains  prin- 
cipes extérieurs,  devront  constituer  le  bois,  et 
par  conséquent  former  le  végétal,  de  même 
qu’une  certaine  partie  du  sang,  après  avoir  cir- 
culé dans  toutes  les  parties  des  animaux,  s’est 
modifiée  pour  constituer  la  chair  et  former  l’ani- 
mal. L’on  peut  donc  dire  que  la  sève  est  du  bois 
liquide,  comme  le  sang  est  de  la  chair  coulante. 
Tout  ceci  admis,  je  vous  dirai  que  l’on  a supposé 
que  la  sève  monte  plus  particulièrement  par  les 
parties  centrales  de  l’arbre  ; que  dans  son  par- 
cours elle  subit  continuellement  des  modifica. 
tions,  devient  plus  dense,  et  qu’arrivée  dans  les 
branches  elle  passe  dans  les  feuilles,  où  s’ac- 
complissent les  phénomènes  les  plus  remarqua- 


DANS  LES  VÉGÉTAUX.  R27 

blés  ; que  là  elle  se  dépouille  de  certains  prin- 
cipes et  dégage  surtout  de  l’oxigène  ; qu’alors, 
devenue  plus  concrète  et  mieux  élaborée,  elle 
prend  le  nom  de  cambium,  et  redescmd  vers  la 
base  du  végétal,  mais  par  une  voie  différente  de 
celle  qu’elle  a suivie  pour  arriver  au  sommet, 
c’est-à-dire  entre  Vécorce  et  Vaubier,  le  long  du- 
quel elle  se  fixe  successivement,  en  htrmaut  au- 
tour de  ce  dernier  une  nouvelle  couche  de  bois. 
D’après  celte  théorie,  il  y aurait  doue  deux 
sèves  distinctes  : l’une  qui  monte,  et  qu’on  a 
nommée  sève  ascendante  ; l’autre  qui  descend, 
et  que,  pour  celle  raison,  on  a nommée  sève 
descendante. 

D La  présence  de  ces  deux  sèves  est-elle  bien 
démontrée  , et  pensez-vous  que  les  choses  se 
passent  réellement  ainsi  que  vous  venez  de  me 
l’expliquer? 

R.  Dans  cette  théorie,  comme  dans  toutes  les 
autres,  il  y a nécessairement  des  hypolhèses 
plus  ou  moins  vraisemblables,  et  quoi(]u’il  soit 
difficile  de  contester  les  faits,  il  me  semble  ce- 
pendant que  l’on  pourrait  y faire  quelques 
objections.  D’abord,  pour  que  les  choses  se  pas- 
sassent ainsi  que  je  viens  de  vous  le  dire,  il  fau- 
drait qu’il  y eût  circulation,  et  celle-ci,  à mon 
avis,  ne  peut  exister  que  dans  les  êtres  supé- 
rieurs, chez  lesquels  il  n’y  a qu’un  centre  ou 
fo;,er  vital  d’où  partent  et  vers  lequel  reviennent 
sans  cesse  les  liquides  nourriciers.  Dans  les  vé- 
gétaux, ce  centre  n’existe  pas  ; chacune  des  pièces, 
chacun  des  fragments  est  à la  fois  centre  et  partie, 
de  sorte  qu’il  y a autant  de  centres  vitaux  qu’il 
y a de  parties.  Si  les  choses  se  passaient  réelle- 
ment ainsi  qu’on  le  croit  et  que  je  viens  de  vous 
l’exposer,  il  devrait  se  produire  des  résultats 
complètement  différents  de  ceux  qu’on  constate 
chaque  jour  ; par  exemple,  le  sommet  des  bran- 
ches devrait  toujours  être  le  premier  aoûté, 
tandis  que  c’est  précisément  le  coniraire  qui  a 
lieu  ; il  en  résulterait  aussi  que  l’extrémité  des 
arbres,  de  même  que  celle  des  branches,  devrait, 
à peu  de  chose  près,  être  aussi  grosse  que  leur 
base,  ce  qui  est  bien  loin  d’être.  Si,  d’une  autre 
part,  l’existence  de  la  sève  descendante  était 
aussi  facile  à constater  qu’on  le  prétend,  ne 
serait-ce  pas  au  printemps,  par  exemple,  lorsque 
les  plantes  sont  en  pleine  végétation,  qu’il  de- 
vrait être  facile  de  le  faire  ? Mais  les  observa- 
tions les  plus  suivies  n’ont  pu  prouver  cette  exis- 
tence ; si,  au  coniraire,  à celte  époque  de  l’an- 
née on  fait  une  entaille  à une  branche  de  Vigne, 
on  voit  alors  la  sève  s’en  écouler  avec  plus  ou 
moins  d’abondance  de  la  partie  inférieure,  c’est- 
à-dire  de  bas  en  haut,  mais  jamais  de  la  partie 
opposée,  c’est-à-dire  de  haut  en  bas  (1).  N’est- 

(1)  Du  reste,  comme  il  en  est  des  végétaux  de 
même  que  des  animaux,  comme  aucune  de  leurs 
diverses  parties  ne  peut  exister  si  elle  n'est  sans 
cesse  vivifiée  par  un  principe  réparateur,  qui  pour 
les  animaux  est  le  sang,  la  sève  pour  les  végétaux, 
il  n’y  a rien  de  surprenant  à ce  que,  chez  ces  der- 
niers, lorsqu’on  en  enlève  quelques  parties,  on  voie 
de  tous  les  côtés  de  ces  blessures  s’échapper  des  li- 


MARCHE  DE  LA  SÈVE  DANS  LES  VÉGÉTAUX. 


128 

ce  pas  là  un  motif  de  conclure  qu’il  n’y  a pas  de 
sève  descendante,  ou  que,  si  elle  existe,  c’est  en 
quantité  si  minime  que  sa  présence  n’est  mani- 
feste que  pour  le  physiologiste,  qui,  sans  par- 
venir à la  voir,  constate  sa  présence  par  les  ré- 
sultats, la  considère  comme  étant  celle  qui  pro- 
duit les  racines,  et  cela  en  se  fondant  sur  ce  fait 
que  le  développement  de  ces  dernières  a toujours 
lieu  de  haut  en  bas?  Cette  conclusion  n’est-elle 
f as  un  peu  forcée , et  le  mode  de  déve- 
loppement des  racines  suffit-il  pour  nous  faire 
admettre  qu'il  est  dû  à l’action  de  la  sève 
descendante?  D’ailleurs,  en  admettant  même 
ce  fait,  que  rien  ne  justifie,  la  présence  de  deux 
sèves  est-elle  nécessaire  pour  l’expliquer?  Ne 
suffit-il  pas  d’admettre  que  c’est  la  partie  de  la 
sève  la  mieux  élaborée  qui , beaucoup  plus 
dense,  obéit  à d’autres  lois  et  redescend  alors 
jusque  dans  les  parties  inférieures  des  végétaux, 
•ù  finalement  elle  se  transforme  en  racines? 
Mais,  d’une  autre  part,  dans  l’impossibilité  où 
nous  sommes  d’expliquer  et  même  de  connaître 
la  cause  de  ces  phénomènes,  ne  nous  suffit-il 
pas  d’en  constater  les  effets,  de  reconnaître  que 
ceux-ci  sont  dus  à ce  principe  vital  qui  dans  tout 
végétal,  de  même  que  dans  le  moindre  de  ses 
fragments,  se  décompose  en  deux  forces  agis- 
sant dans  un  sens  exactement  contraire?  On  n’a 
donc  pas  plus  de  raisons  de  connaître  pourquoi 
les  racines  s’enfoncent  dans  le  sol  qu’on  n’en  a 
de  savoir  pourquoi  la  tige  tend  constamment  à 
en  sortir.  D’ailleurs,  si  cette  sève  descendante 
existe,  et  si  son  existence  ne  peut  se  manifester 
qu’après  que  la  première  (la  sève  montante)  a 
été  élaborée  par  les  feuilles,  comment  celte  pré- 
tendue élaboration  aura-t-elle  lieu  sur  les  arbres 
à feuilles  caduques  avant  que  les  feuilles  se  soient 
développées?  A plus  forte  raison,  comment 
expliquer  son  action  sur  les  végétaux  qui 
sont  constamment  dépourvus  de  feuilles , et 
par  suite  leur  accroissement,  puisque,  d’après 
toutes  les  théories  admises,  ce  dernier  ne 
peut  avoir  lieu  ([uii  l’aide  de  la  sève  élaborée? 
De  plus  encore,  s’il  y avait  une  sève  des- 
cendante, il  y aurait  nécessairement  circulation, 
et  nous  avons  vu  plus  haut  que  ce  fait  n’a  pas 
lieu.  Admettons  d’ailleurs  un  moment  qu’il  en 
soit  ainsi  ; n’arriverait-il  pas  que,  la  sève  aban- 
donnant en  premier  lieu  les  extrémités  des  ra- 
meaux, c’est  par  là  que  devrait  commencer  la 
ehute  des  feuilles  ? Eh  bien  ! ici  encore  c’est  l’in- 
verse qui  a lieu  ; ou  voit  celles  du  sommet  per- 
sister longtemps  encore  après  que  les  inférieures 
sont  tombées.  C’est  une  preuve  nouvelle  qu’<7 
n’y  a pas  de  sève  descendante,  qu’au  contraire 
elle  termine  sa  marche  aux  extrémités  supé- 
rieures des  diverses  parties  des  végétaux.  Tout 
ceci,  en  renversant  la  théorie  de  la  circulation, 
qu’admettent  quelques  auteurs  et  un  assez  grand 
nombre  de  jardiniers,  donne  au  contraire  beau- 
coup de  poids  à cette  hypothèse  que  tout,  dans 

quides,  et  cela  sans  qu'on  soit  en  droit  d'en  conclure 
qu'il  y a une  sève  descendante,  car  alors  on  aurait 
également  raison  d’admettre  une  sève  latérale. 


un  végétal,  va  s’accroissant  plus  ou  moins  régu 
lièrement  de  la  base  au  sommet. 

V^oici  plutôt,  à mon  avis  du  moins,  comment 
les  choses  se  passent  : la  sève,  poussée  par  la 
force  vitale,  s’élève  dans  toutes  les  parties  de 
l’arbre  ; à mesure  qu’elle  monte,  elle  se  trouve 
en  contact  avec  l’air  extérieur  par  l’intermédiaire 
des  rayons  médullaires  qui,  de  tous  les  points 
intérieurs  de  l’arbre,  aboutissent  à sa  circonfé- 
rence, où  ils  se  terminent  par  des  myriades  de 
pores  ou  petites  bouches,  de  sorte  que  l’air  qui 
entre  par  tous  ces  orifices  exerce  non  seulement 
sur  tous  les  principes  intérieurs  une  action  qui 
les  modifie,  mais  se  trouve  lui-même  décomposé 
sous  l’influence  des  lois  de  la  vie  ; il  abandonne 
d’abord  son  carbone,  qui  se  fixe  et  forme  le  bois. 
Devenue  alors  plus  légère  par  cette  décompo- 
sition et  par  ce  mélange  de  l’air  extérieur,  la 
sève  s’élève  avec  plus  d’activité,  et  incessam- 
ment soumise  à ce  travail,  arrive  dans  les  bran- 
ches et  pénètre  dans  toutes  les  feuilles,  où  elle 
abandonne  le  peu  de  carbone  qui  lui  reste  ; elle 
est  alors  pour  ainsi  dire  réduite  à une  de  ses 
parties  élémentaires,  l’oxygène  , qui  s’échappe 
pour  se  répandre  de  nouveau  dans  l’atmo- 
sphère. 

Comme  la  sève  devient  de  moins  en  moins 
abondante  à mesure  qu’elle  s’élève,  comme  elle 
est  aussi  de  moins  en  moins  riche  en  principes 
solidi fiables,  l’accroissement  et  la  solidification 
doivent  être  moins  considérables  dans  les  extré- 
mités des  végétaux,  fait  absolument  conforme  à 
ce  que  l’on  peut  constater.  Remarquez  encore 
que  si  la  sève  descendait  avec  la  régularité 
qu’on  admet  encore  trop  généralement,  ce  serait 
la  partie  supérieure  des  branches  qui  acquerrait 
la  première  une  grande  consistance,  ce  qui  n’est 
pas,  au  contraire  ; elle  serait  aussi  la  première 
aoûtée,  puisque  la  sève  descendante  (celle  qui, 
selon  la  théorie  que  nous  combattons,  forme  le 
bois)  les  abandonnant  les  premières,  il  en  résul- 
terait cet  autre  fait,  que  l’observation  dément, 
que  ce  serait  dans  les  parties  supéiieures  que 
l’écorce  commencerait  à adhérer  au  bois,  tandis 
que,  vers  les  parties  inférieures,  où  la  sève  ter- 
minerait sa  course,  elle  formerait  une  couche 
moins  consistante,  qui  permettrait  à l’écorce  de 
se  détacher  facilement;  or,  c’est  justement  le 
contraire  qui  a lieu.  Mais,  de  plus,  si  les  choses 
se  passaient  ainsi,  tous  les  arbres,  de  même  que 
toutes  leurs  parties,  ressembleraient  à de  grands 
cylindres  d’un  diamètre  à peu  près  uniforme 
dans  toute  leur  longueur,  fait  tout  à fait  contraire 
à la  réalité.  D’une  autre  part  encore,  si,  comme 
on  le  prétend,  il  y avait  une  sève  descendante 
mieux  élaborée,  celle-ci,  en  se  portant  dans 
toutes  les  parties  inférieures  des  végétaux,  les 
alimenterait  sans  cesse  et  empêcherait  qu’aucune 
ne  s’épuisât  faute  de  nourriture.  C’est  l’inverse 
qui  a lieu. 

Dans  l’hypothèse  que  j’ai  établie,  au  contraire, 
la  sève  termine  sa  marche  à l’extrémité  supé 
rieure  du  végétal,  où  alors,  moins  substantielle 
et  moins  consistante,  c’est-à-dire  moins  chargée 


MARCHE  DE  LA  SÈVE  DANS  LES  VÉGÉTAUX. 


129 


de  principes  soUdifiahleSy  le  bois  qu’elle  forme 
est  nécessairement  moins  compact,  de  sorte 
que  l’écorce  s’en  détache  encore  lorsque  depuis 
quelque  temps  déjà  elle  est  complètement  adhé- 
rente dans  toutes  les  parties  inférieures.  En 
résumé,  et  toujours  d’après  mon  hypothèse,  la 
sève,  pompée  dans  le  sol  par  les  racines,  qui 
font  subir  aux  principes  qu’elles  absorbent  une 
première  préparation,  monte  par  toutes  les  par- 
ties de  l’arbre  ; mais  à mesure  elle  irradie  par 
les  rayons  médullaires,  et  se  trouve  en  contact 
avec  l’air  extérieur  auquel  elle  soutire  une  partie 
de  son  carbone,  en  mettant  en  liberté  et  en  re- 
jetant ainsi  dansl’atmoshère  l’oxygène,  qui,  dans 
toute  organisation  primitive,  et  avec  le  concours 
de  l’azote  (ce  dernier  corps,  qui  disparaît  de 
bonne  heure  dans  la  plupart  des  tissus  végétaux, 
y existe  toujours  au  début),  paraît  avoir  pour 
principal  rôle  d’exciter  de  provoquer  les  fonc- 
tions vitales  et  de  déterminer  la  transformation 
des  différents  principes  contenus  dans  les  végé. 
taux,  afin  de  les  rendre  assimilables. 

Ce  qui  paraît  donner  un  certain  poids  à cette 
hypothèse  de  l’accroissement  normal  de  bas  en 
haut,  sans  sève  descendante^  et  démontrer  que 
les  rayons  médullaires  jouent  dans  cette  cir- 
constance le  principal  rôle,  c’est  que,  là  où  ils 
manquent,  les  choses  se  passent  tout  différem- 
ment ; l’accroissement  alors  se  fait  presque  uni- 
quement en  longueur  ; aussi  les  tiges,  dans  ce 
cas,  sont-elles  à peu  près  uniformes  dans  une 
grande  partie  de  leur  hauteur,  fait  qu’on  observe 
dans  tous  les  végétaux  monocotylédonés , qui 
sont  toujours  dépourvus  de  rayons  médullaires. 

D.  Comment,  avec  ce  dernier  système,  peut-on 
expliquer  la  formation  annuelle  d’une  nouvelle 
couche  de  bois  ? 

R.  11  en  est  de  cette  théorie  comme  de  toutes 
celles  à l’aide  desquelles  on  essaie  de  démontrer 
les  lois  de  la  vie  ; il  faut  s’en  rapporter  aux 
hypothèses  les  plus  vraisemblables.  Ainsi,  en 
admettant,  comme  nous  l’avons  fait,  que  la  sève 
se  trouve  modifiée  par  l’aciion  de  l’air  à me- 
sure qu’elle  s’élève  dans  l’arbre  ; en  outre,  que  le 
travail  d’assimilation  est  beaucoup  plus  énergique 
à la  circonférence  qu’au  centre,  parce  que  c’est 
le  point  le  plus  rapproché  de  l’air  et  de  la  lu- 
mière, et  surtout  parce  que  la  densité  beaucoup 
moindre  des  tissus  permet  aux  phénomènes 
d’élaboration  d’y  acquérir  plus  d’activité  et  de 
perfection,  il  en  résulte  que  c’est  par  là  que 
doivent  commencer  les  accumulations,  et  pour 
ainsi  dire  le  dépôt  des  principes  assimilables. 
Une  partie  de  la  sève,  la  mieux  élaborée, 
pénètre  alors  plus  avant  et  forme  de  nouveaux 
dépôts,  tandis  qu’une  autre  partie,  en  s’élevant 
sous  les  mômes  influences,  constitue  successive- 
ment cette  couch3  annuelle,  toujours  plus  épaisse 
à la  base  qu’au  sommet  de  l’arbre  , fait  qui 
s’explique,  d’une  part,  par  la  diminution  pro- 
gressive de  la  quantité  de  sève  à mesure  qu’elle 
s’élève  et  surtout  pas  son  appauvrissement  con- 
tinuel, résultant  de  l’abandon  qu’elle  fait  cons- 
tamment de  ses  principes  assimilables.  De  là  la 


forme  conique  que  présentent  toutes  les  parties 
des  végétaux  dicotylédones . Il  suffit  donc,  pour 
expliquer  la  formation  annuelle  d’une  couche  de 
bois,  de  reconnaître  (ce  qui  du  reste  est  rigou- 
reusement vrai)  que  tous  les  ans  le  môme  travail 
recommence  avec  une  nouvelle  énergie,  qui  est 
toujours  en  rapport  avec  l’àge,  la  nature  et  l’état 
de  santé  des  végétaux,  ainsi  qu’avec  les  diverses 
conditions  dans  lesquelles  ils  sont  placés. 

Ce  que  nous  pensions  à cette  époque,  au 
sujet  de  la  marche  de  la  sève,  nous  le  pen- 
sons encore  aujourd’hui  ; sur  ce  sujet  notre 
opinion  est  restée  à peu  près  la  même.  Tou- 
tefois, nous  faisons  observer  que  nous  n’af- 
firmons  rien  d’une  manière  absolue.  A des 
hypothèses  que  les  faits  repoussent,  nous  en 
substituons  d’autres  qu’ils  semblent  confir- 
mer. Du  reste,  nous  ne  sommes  pas  seul 
qui  rejetons  celte  théorie,  et  nous  pourrions 
citer  de  véritables  savants,  de  bons  physiolo- 
gistes, qui  n’admettent  pas  cette  marche  ré- 
gulière de  la  sève,  sur  laquelle  s’appuient  à 
peu  près  tous  les  arboriculteurs.  Mais  ce 
n’est  pas  seulement  des  théoriciens,  mais 
d’éminents  praticiens  qui  rejettent  la  théorie 
de  la  circulation  de  la  sève,  d’où  résulterait 
une  marche  régulière,  qui  constituerait  la 
sève  descendante.  Ainsi,  nous  avons  sous 
les  yeux  un  opuscule  tout  récemment  pu- 
blié par  un  homme  qu’on  peut,  à juste  titre, 
considérer  comme  très-compétent  en  la  ma- 
tière, et  qui  n’hésite  pas  à se  prononcer 
contre  la  théorie  de  la  circulation  de  la  sève: 
c’est  M.  Emile  Rodigas,  professeur  à l’École 
d’horticullure  de  l’Etat,  à Gand,  secrétaire 
général  du  Cercle  d’arboriculture  de  Belgi- 
que. Dans  cet  opuscule,  intitulé:  La  sèvene 
CIRCULE  PAS,  après  avoir  rappelé  quelques 
discussions  dont  nous  n’avons  pas  à nous 
occuper,  M.  E.  Rodigas  cite  quelques  expé- 
riences à l’appui  de  son  opinion,  et  qui  sem- 
blent la  confirmer.  Nous  allons  les  rapporter 
sans  y ajouter  de  commentaire,  laissant  le 
lecteur  libre  d’en  tirer  les  conséquences  qu’il 
voudra  : 

La  sève  végétale  n’est  pas,  comme  on 

pense  communément,  une  sorte  de  bouillon  plus 
ou  moins  léger,  concentré  ou  élaboré,  qui  cir- 
culerait dans  les  veines  des  plantes.  Celle  sève- 
là  n’a  jamais  existé  que  dans  la  théorie  de  beau- 
coup de  praticiens.  Ceux-ci  ont*eu  tort  de  sup- 
poser chez  les  plantes  l’existence  de  quelque 
chose  d’analogue  au  sang  chez  l’homme.  Les 
éléments  nutritifs  des  plantes  consistent  en  eau, 
en  gaz,  en  composés  alimentaires  et  en  maté- 
riaux plastiques.  Ces  derniers  sont  nombreux; 
tous  se  transportent  distinctement  pour  leur 
propre  compte,  et  chacun  selon  sa  nature  et  les 
besoins  de  la  vie  végétale. 


130 


MARCHE  DE  LA  SÈVE  DANS  LES  VÉGÉTAUX. 


Il  ne  faut  pas  confondre  l’eau  d’évaporation  avec 
l’eau  de  végétation  ; il  ne  faut  pas  croire  que  les 
plantes  absorbent  dans  le  sol  une  solution  dé- 
terminée de  ce  qu’on  appelle  les  sucs  de  la 
terre. 

Ceux  qui  s’occupent  de  physiologie  végétale 
doivent  connaître  les  fonctions  des  tubes  cribleux, 
cet  élément  anatomique  important,  qui  a été 
signalé  depuis  quelques  années  comme  jouant 
un  grand  rôle  dans  la  vie  végétale. 

Et  comme  la  sève  ascendante  des  arboricul- 
teurs n’existe  pas,  à plus  forte  raison  il  ne  sau- 
rait plus  être  question  de  sève  descendante. 

L’on  sait  que  la  théorie  qui  admet  une  sève 
descendante  chez  les  Dicotylédonées  s’appuie 
principalement  et  à vrai  dire  uniquement  sur  la 
formation  d’un  bourrelet  au-dessus  des  décorti- 
cations produites  sur  les  arbres.  Toutefois,  les 
faits  de  cette  nature  ne  sont  guère  concluants  en 
faveur  de  la  théorie,  et  il  faudrait  des  raisons 
bien  autrement  décisives  pour  faire  admettre  une 
sève  spéciale,  élaborée,  descendante.  Relative- 
ment à ce  sujet,  nous  pouvons  rapporter  les 
expériences  suivantes  que  l’un  de  nos  confrères, 
M.  le  docteur  F.  Vau  Horen,  a entreprises  sous 
nos  yeux,  à Saint-Trond,  il  y a trois  ans. 

Ces  observations,  dont  il  a eu  l’obligeance  de 
nous  communiquer  les  résultats,  portèrent  sur 
trois  essences  ; le  Poirier,  le  Cerisier  et  le 
Frêne  pleureur.  Les  liges  et  les  branches  sou- 
mises à des  décortications  étaient  épaisses  de 
0“  01  à Om  25.  La  décortication  était  annulaire  ; 
la  largeur  variait  de  0'«005à  0^  02,  et  l’espace 
privé  d’écorce  était  enduit  d’un  vernis,  afin 
d’empêcher  la  dessiccation. 

Le  Frêne  et  le  Poirier  donnèrent  les  bourre- 
lets les  mieux  prononcés.  Le  Cerisier  supporta 
moins  bien  la  décortication. 

Voici  les  faits  qui  furent  constatés  : 

1°  Quand  la  décortication  était  peu  large  rela- 
tivement à l’épaisseur  de  la  tige,  il  y avait  tou- 
jours formation  de  deux  bourrelets , l’un  au- 
dessus,  l’autre  au-dessous  de  la  décortication. 
Quand  l’anneau  d’écorce  enlevée  était  peu  large, 
les  deux  bourrelets,  en  s’accroissant,  finissaient 
par  se  joindre  et,  la  plaie  se  trouvant  fermée, 
l’arbre  reprenait  sa  croissance  normale.  Dans  ce 
premier  cas,  le  bourrelet  le  plus  rapproché  de 
l’extrémité  de  la  branche  ou  tige  était  le  plus 
gros,  du  moins  chez  le  Frêne  pleureur. 

La  décortication  s’élargissant,  on  obtenait 
des  résultats  qui  variaient  avec  la  largeur  de 
l’anneau  enlevé.  Les  deux  bourrelets  se  formaient 
encore,  mais  sans  prédominance  du  bourrelet 
supérieur,  et  bientôt  ils  ne  parvenaient  plus  à se 
rejoindre  pour  fermer  la  plaie. 

Quand  celle-ci  était  plus  large,  le  bourrelet 
inférieur  devenait  le  plus  gros  ; la  partie  de 
la  tige,  au-dessus  de  la  décortication,  ne  pro- 
duisait plus  que  des  rameaux  chétifs,  et  au- 
dessous  de  la  décortication  jaillissaient  des  ra- 
meaux plus  forts,  qui  remplaçaient  ceux  de  la 
cime  normale. 

Enfin,  quand  la  décortication  était  d’une  lar- 


geur plus  considérable  encore,  relativement  à 
l’épaisseur  de  la  lige  ou  à l’essence  de  l’arbre, 
le  bourrelet  ne  se  formait  plus  qu’en  dessous. 
La  partie  de  la  lige  supérieure  à la  plaie  péris- 
sait. Ce  résultat  était  obtenu  chez  le  Cerisier  par 
une  décortication  relativement  peu  large. 

Ces  faits  se  concilient  mal  avec  la  théorie  qui 
suppose  que  ces  bourrelets  seraient  provoqués 
par  un  afflux  de  la  sève  descendante  arrêtée 
dans  sa  marche.  D’une  part,  le  bourrelet  formé 
inférieurement  à la  décortication  ne  saurait  avoir 
celte  raison  d’origine;  de  l’autre,  la  sève  des- 
cendante, dans  l’hypothèse  qu’elle  existât,  arrêtée 
dans  sa  marche  par  la  décortication,  devrait 
produire  au-dessus  de  celle-ci  des  rameaux 
extraordinairement  vigoureux , tandis  que  les 
bourgeons  situés  en  dessous  de  la  plaie,  ne  re- 
cevant plus  guère  de  sève  descendante,  si  ce  n’est, 
selon  la  théorie  citée,  par  des  voies  détournées, 
devraient  ou  s’arrêter  dans  leur  développement, 
ou  ne  donner  naissance  qu’à  des  rameaux  ché- 
tifs. Or,  les  faits  observés  sont  diamétralement 
contraires  à ces  conclusions. 

En  regard  de  ces  faits,  nous  pouvons  encore 
citer  les  suivants  : 

Des  Marronniers  formant  une  avenue  à Saint- 
Trond  ont  subi  par  malveillance  des  décortica- 
tions assez  larges,  atteignant  parfois  1^"S  2/3  de 
la  périphérie  de  l’arbre,  et  montrent  le  bourrelet 
bien  développé,  tantôt  au-desus,  tantôt  exclusi- 
vement en-dessous,  d’ordinaire  sur  les  côtés. 

Les  Peupliers  de  nas  routes  présentent  le 
bourrelet  régulièrement  tout  autour  des  plaies, 
principalement  sur  les  côtés. 

Enfin,  l'on  sait  que  lorsqu’on  enlève  un  jeune 
rameau  au  niveau  d’une  tige,  il  se  forme  un 
bourrelet  non  seulement  à la  partie  supérieure 
de  la  plaie,  mais  tout  autour  de  celle-ci.  Ce 
bourrelet  circulaire  va  en  se  rétrécissant,  et  le 
cercle  qu’il  circonscrit  finit  par  être  complète- 
ment envahi,  de  sorte  que  la  plaie  primitive  se 
trouve  entièrement  recouverte  et  fermée. 

De  ces  phénomènes  on  peut  conclure  que  les 
bourrelets  sont  sans  l’appports  aucuns  avec  une 
sève  descendante  arrêtée  dans  sa  marche,  mais 
qu’ils  sont  le  produit  d’un  simple  travail  cicatrical 
se  faisant  autour  d’une  plaie,  de  tous  les  côtés  où 
l’arbre  continue  sa  croissance. 

Cette  conclusion  est  conforme  à la  nouvelle 
théorie  et  pourrait  la  corroborer.  La  nouvelle 
théorie  admet  purement  et  simplement  un  liquide 
ascendant  dont  l’eau  superflue  s’échappe  par  les 
stomates.  Les  feuilles  servent,  comme  dans  la 
théorie  ancienne  , de  laboratoires  principaux  ; 
seulement  leurs  produits,  fécule,  etc.,  ne  des- 
cendent point  réunis  sous  f)rme  d’une  sève 
spéciale  ; mais  ils  sont  portés  par  diffusion,  iso- 
lément, auxorganesqui  lesi  éclament,  que  ceux-ci 
soient  situés  au-dessus  ou  au-dessous  des  feuilles 
productrices.  La  fécule  notamment  paraît  être 
(toilée,  après  une  transformation  préalable  qui 
permet  sa  dissolution  (1)  (elle  devient  dextrine, 

» 

(1)  Nægeli  pense  que  la  fécule  se  dissout  chaque 


R Plia  HorfiaoJa-. 


Col<jiJioiui  la.  f omeniosa. 


Chr'OTTVoIü^  G:  Sez>er’^jz^ . 


I 


COLQUHOUNIA  TOMENTOSA. 


131 


sucre),  surtout  aux  jeunes  organes  en  voie  de 
développement,  et  aussi  aux  organes,  tels  que 
bulbes,  tubercules,  qui  à certaines  époques  en 
font  provision.  Ces  derniers  organes  transforment 
alors  à leur  tour  le  sucre  en  fécule,  et  c’est  sous 
celte  dernière  forme  que  s’emmagasine  la  subs- 
tance qui  va  servir  au  développement  des  bour- 
geons de  l’année  suivante. 

H existe  donc  en  réalité  une  migration  et  non 
une  circulation  de  principes  plastiques  : ils  se 
rendent  des  organes  d’élaboration  vers  les 
centres  de  consommation  (zone  génératrice, 
racines,  etc.),  ou  bien  des  lieux  de  production 
vers  des  organes  de  dépôt  (moelle,  écorce,  bulbe, 
tubercule);  souvent  des  lieux  de  dépôt  vers  les 
organes  en  voie  de  développement.  Ainsi,  il  est 
évident  que  les  principes  élaborés  montent  pen- 
dant la  pousse  des  Pommes  de  terre,  la  floraison 
des  Jacinthes,  la  germination  des  Pois,  le  déve- 


loppement des  fruits  terminaux , etc.  Ces  faits 
primordiaux  auraient  dû  suflire  seuls  pour  ré- 
duire à néant  la  vieille  théorie  de  la  sève  des- 
cendante. 

Nous  n’affirmons  pas  plus  d’une  manière 
absolue  les  laits  signalés  par  M.  E.  Rodigas 
que  ceux  qui  reposent  sur  les  opinions  que 
nous  avons  émises  ci-dessus.  Nous  les 
avons  rapportés  pour  faire  remarquer  que, 
jusqu’à  un  certain  point,  ils  concordent  et 
tendent  à démontrer  que  la  théorie  des  deux 
sèves,  si  elle  existait  (ce  que  nous  ne  croyons 
pas),  serait  bien  loin  d’être  confirmée  par  les 
moyens  à l'aide  desquels  on  essaie  de  la  sou- 
tenir, que  c’est  plutôt  le  contraire  qui  se- 
rait vrai. 

' E.-A.  Carrière. 


COLUÜHOUNIA  TOMENTOSA 


Le  genre  Colquhounia,  créé  par  Wallich, 
n’est  pas  nombreux  en  espèces  ; celles  qu’il 
contient,  originaires  des  Indes-Orientales  ou 
du  Népaul,  forment  des  arbrisseaux  ou 
même  des  arbres.  Chez  nous,  ce  sont  des 
arbustes  qu’il  faut  cultiver  en  serre  tempé- 
rée où  ils  fleurissent  parfaitement;  quel- 
ques espèces  s’accommodent  bien  d’une  serre 
chaude  ; celle  figurée  ci-contre  présente 
les  caractères  suivants  : 

Arbrisseau  très-ramifié,  à rameaux  et 
I bourgeons  dressés,  très-abondamment  cou- 
I verts  d’un  tomentum  feutré,  gris  blanchâtre; 

! feuilles  opposées,  distiques,  sur  un  pétiole 
robuste  tomenteux  laineux,  à limbe  très- 
longuement  ovale,  régulièrement  atténué  en 
pointe,  bordé  de  dents  courternent  arron- 
dies, peu  profondes,  tomenteuses-feutrées, 
ij  argentées  en  dessous,  très-douces  au  tou- 
cher par  des  poils  qui  les  garnissent  de  tou- 
tes parts  ; fleurs  nombreuses  rapprochées, 
et  formant  des  sortes  d’épis  axillaires,  qui 
parfois,  au  lieu  de  s’allonger,  constituent  des 
agglomérations  verticillées,  ainsi  que  cela  a 
lieu  chez  beaucoup  de  plantes  de  la  famille 
des  Labiées,  à laquelle  notre  espèce  appar- 
tient. Calyce  court,  régulier,  vert  gris  par  un 
duvet,  à cinq  dents  égales  ; corolle  bilabiée, 
d’un  beau  rouge  orangé  brillant,  à lèvre  in- 
férieure profondément  trilobée,  à lobes  dis- 
tants, arrondis  ; étamines  4,  ordinairement 

fois  qu’elle  passe  à travers  les  membranes  pour  se 
précipiter  en  quelque  sorte  de  cellule  en  cellule. 


un  peu  plus  courtes  que  la  lèvre  inférieure 
sur  laquelle  elles  sont  placées. 

Le  Colquhounia  fomentosa,  Wall.,  ori- 
ginaire du  Népaul,  fleurit  en  septembre-oc- 
tobre. C’est  une  plante  très-floribonde  qui, 
par  la  belle  couleurdeses  fleursqui rappelle 
celle  des  fleurs  du  Leucas  Leonurus  {Phlo- 
mis  Leonurus)^  produit  un  très-joli  effet;  elle 
a cet  autre  avantage  de  fleurir  même  lors- 
qu’elte  est  très-petite.  Dans  les  parties  chau- 
des de  la  France,  où  probablement  celte  es- 
pèce passera  en  pleine  terre,  elle  consti- 
tuera un  des  plus  jolis  arbustes  d’ornement. 
Toutefois,  il  serait  peut-être  prudent  d’en- 
tourer le  pied  de  feuilles,  ou  seulement  de 
le  butter  fortement  à l’approche  de  l’hiver, 
afin  d’éviter  les  mécomptes  ; à Paris,  on 
pourrait  peut-être  la  planter  en  pleine  terre 
au  printemps  et  la  relever  à l’approche  de 
l’hiver,  ainsi  qu’on  le  fait  pour  beaucoup  de 
plantes  de  serre.  Il  va  sans  dire  que  dans 
ce  cas  l’on  devrait  planter  dans  des  parties 
chaudes  et  exposées  au  soleil. 

On  cultive  le  C.  tomentosa  dans  une 
bonne  terre  franche  à laquelle  on  ajoute  du 
terreau  bien  consommé,  que  l’on  pourrait 
additionner  d’un  peu  de  terre  de  bruyère. 
Quant  à la  multiplication,  on  la  fait  de  bou- 
ture, en  prenant  des  bourgeons  un  peu 
aoûtés  qu’on  plante  dans  des  petits  pots 
remplis  de  terre  de  bruyère,  et  qu’on  place 
sous  cloche  dans  une  serre  à multiplication, 
où  elles  s’enracinent  facilement. 

Houllet. 


432  GLOXIMAS.  — CONSERVATIOX  DES  POIRES  AU-DELA  DE  L’ÉPOQUE  HABITUELLE  DE  MATURITÉ. 


LES  GLOXINIAS 


Malgré  tout  ce  qui  a été  dit  sur  cette  ma- 
gnifique Gesnériacée,  qui  est  devenue  un 
des  plus  beaux  ornements  de  nos  serres 
froides^  il  reste  certainement  encore  beau- 
coup à faire.  C’est  à dessein  que  nous  sou- 
lignons ces  derniers  mots,  car  c’est  une  er- 
reur accréditée  chez  un  grand  nombre 
d’amateurs,  de  croire  que  les  Gloxinias 
exigent  la  serre  cbaude,  et  sont  par  cela 
même  d’une  culture  coûteuse  et  difficile. 

G’est  très-certainement  une  pareille  idée, 
bien  à tort  préconçue,  qui  a fait  obstacle  à la 
vulgarisation  de  ces  splendides  plantes  ; mais 
si  le  nombre  des  personnes  qui  peuvent  se 
permettre  le  luxe  d’une  serre  chaude  est 
assez  restreint,  il  est  peu  d’amateurs  qui 
n’aient  au  moins  une  serre  froide. G’està  ceux- 
ci  que  nous  nous  adressons,  avec  la  convic- 
tion qu’ils  nous  sauront  gré  des  quelques 
conseils  que  nous  allons  donner. 

Utilisée  l’hiver,  la  serre  froide  reste  vide 
l’été.  Il  n’est  pas  facile,  en  effet,  de  rencon- 
trer des  plantes  qui,  supportant  ou  exigeant 
dans  la  belle  saison  la  température  élevée 
d’un  abri  vitré,  puissent  pendant  les  froids 
rigoureux  se  passer  de  la  serre  chaude. 

Les  Gloxinias  viennent  heureusement 
remplir  cette  lacune.  On  peut,  pendant  toute 
la  mauvaise  saison,  les  laisser  dormir  dans 
leur  vase,  en  les  empilant  même  les  uns  sur 
les  autres,  et  sans  avoir  à s’en  préoccuper 
jusqu’au  printemps  ; il  suffit  qu’ils  soient  à 
l’abri  de  la  gelée  et  de  l’humidité.  Quant  à 
la  culture,  elle  est  des  plus  faciles,  et  tous 
les  soins  à donner  peuvent  se  résumer  en 
ces  quelques  mots.  Au  printemps,  c’est-à- 
dire  en  mars,  si  les  tubercules  ont  été  hiver- 
nés  en  serre,  et  en  avril  s’ils  ont  été  con- 
servés dans  un  endroit  moins  chaud,  après 


avoir  préparé  de  la  terre  de  bruyère  légère, 
à laquelle  on  a ajouté  un  quart  de  vieux  fu- 
mier de  cheval  consommé,  on  rempote  dans 
des  pots  de  3 à 5 [louces,  suivant  la  gros- 
seur du  tubercule,  en  ayant  soin  de  bien 
drainer  le  pot  et  de  ne  pas  trop  fouler  la 
terre.  On  place  ensuite  les  pots  dans  la 
serre,  sur  une  tablette,  et  l’on  arrose  légère- 
ment. Il  faut  leur  donner  peu  d’eau  en  com- 
mençant, puis,  à mesure  (jue  le  feuillage  se 
développe,  on  augmente  les  arrosements  et 
les  bassinages  (suivant  la  chaleur),  jusqu’à 
ce  que  les  premières  fleurs  apparaissent.  Il 
faut  alors  les  mouiller  avec  un  arrosoir  et 
cesser  les  bassinages,  non  que  les  plantes 
les  redoutent,  mais  parce  que  l’humidité 
projetée  sur  les  fleurs  en  hâte  la  déflorai- 
son. Il  faut  aussi  leur  donner  un  peu  d’air 
au  milieu  du  jour,  lorsque  la  chaleur  devient 
trop  intense,  afin  d’éviter  l’étiolement  des 
plantes.  G’est  au  commencement  de  juillet, 
et  même  vers  la  fin  de  juin,  que  les  Gloxinias 
commencent  à fleurir.  Sans  faire  de  dépense 
pour  ainsi  dire,  et  à l’aide  des  quelques  soins 
que  nous  venons  d’indiquer,  on  obtient  des 
plantes  d’une  beauté  des  plus  remarqua- 
bles, et  une  serre  garnie  de  Gloxinias  pré- 
sente à l’époque  de  la  floraison  un  aspect 
merveilleux,  un  coup  d’œil  impossible  à dé- 
crire ; aussi  ne  l’essaierons-nous  pas,  n’ayant, 
au  reste,  ni  la  prétention  de  vulgariser  une 
découverte,  ni  de  faire  une  monographie. 
Nous  avons  voulu  seulement  essayer  de 
réagir  contre  cette  idée  fausse,  encore  trop 
accréditée,  que  les  Gloxinias  ne  peuvent 
être  cultivés  qu’en  serre  chaude. . 

Léon  Aurange, 

Horticulteur  k Privas. 


CONSERVATION  DES  POIRES 

AU-DELA.  DE  L’ÉPOQUE  HABITUELLE  DE  MATURITÉ 


Il  y a quelques  années,  diverses  Sociétés 
d’horticulture  avaient  établi  des  concours 
pour  la  conservation  des  Poires  de  doyenné  et 
autres  au-delà  de  leur  maturité  ordinaire, 
et  feu  Loiseleur- Deslonchamps,  notre  maître 
et  notre  ami,  en  a obtenu  le  premier  prix,  qui 
consistait  en  une  médaille  d’or  delà  valeur  de 
200  fr.  Aujourd’hui  nous  venons  faire  con- 
naître aux  amateurs  de  fruits  conservés  un 


moyen  que  nous  avons  mis  en  pratique  cette 
année,  et  qui,  sans  nous  en  douter,  nous  a 
parfaitement  réussi  ; le  voici  dans  toute  sa 
simplicité  et  dans  tous  ses  détails,  bien  qu’un 
peu  étranger  à l’horticulture.  Nous  allons, 
pour  bien  préciser  la  question,  dire  ce  qui 
nous  paraît  avoir  quelque  importance  pour 
les  propriétaires  et  les  amateurs  qui  vou- 
dront le  suivre  et  l’expérimenter  cette  année 


CULTURE  DES  BAMBOUS. 


133 


à l’époque  de  la  maturité,  s’ils  veulent  en 
tirer  profit,  ainsi  que  nous  l’avons  fait,  un 
peu  malgré  nous,  il  est  vrai.  Nous  recon- 
naissons que  ce  procédé  nous  a été  très- 
utile  en  hiver  ; nous  racontons  ce  qui  s’est 
passé  chez  nous,  rien  de  plus. 

Nous  avions  un  domestique  qui  s’est  en- 
gagé au  moment  de  la  guerre  et  qui  eut  la 
cuisse  traversée  par  une  balle  dans  l’un  des 
nombreux  combats  livrés  alors  aux  environs 
d’Orléans,  d’où  il  fut  ramassé  sur  les  champs 
de  bataille  et  transporté  à l’ambulance  de 
la  duchesse  de  Levis,  au  château  de 
Montigny-les-Ganneton,  où  il  reçut  les  soins 
les  plus  empressés  de  toute  nature.  Lors- 
qu’il fut  sinon  guéri,  du  moins  en  état  de 
marcher,  on  lui  donna  des  habits  autres  que 
ceux  de  soldat,  à l’aide  desquels  il  put  tra- 
verser les  lignes  prussiennes,  ainsi  qu’une 
somme  de  20  fr.  pour  l’aider  à taire  sa 
route,  ainsi  du  reste  qu’on  le  faisait  pour 
tous  ceux  qui  se  trouvaient  dans  le  même 
cas. 

Pendant  son  absence,  nous  avions  rem- 
placé ce  domestique  par  un  autre,  suisse 
d’origine,  âgé  de  dix-neuf  à vingt  ans,  dont 
les  habitudes  de  gourmandise  étaient  une 
seconde  nature,  et  dont  il  ne  pouvait  se  dé- 
faire, malgré  nos  remontrances  et  celles  que 
ne  manquait  pas  de  lui  faire  le  jardinier.  Ce 
jeune  homme  avait  le  très-mauvais  défaut 
de  faire  main  basse  sur  tous  les  fruits  : verts 
ou  mûrs,  peu  lui  importait  ; tout  lui  était 
bon,  et  on  sait  qu’en  1872  il  y en  eut  très-peu, 
surtout  dans  notre  jardin,  où  ils  étaient  très- 
rares.  Tous  les  jours  nous  nous  apercevions 
denouvelles  déprédations  très-désagréables, 
on  le  comprendra  sans  peine,  et  nous  réso- 
lûmes d’y  mettre  ordre,  ce  que  nous 
fîmes  vers  le  milieu  de  septembre.  Mais 
pour  nous  soustraire  à ces  trop  fréquents 
larcins,  nous  cueillîmes  toutes  nos  belles 
Poires  de  duchesse  d' Angoulême,  nos  Poi- 
res de  curé  et  nos  Poires  de  beurré  Clair- 
geau,  et  beaucoup  d’autres  encore;  nous  les 
mîmes  au  fruitier  avant  la  maturité,  et  bien 


nous  en  a pris,  pour  deux  raisons  : la  pre- 
mière c’est  que  toutes  les  Poires  auraient  été 
dévorées  parce  domestique;  en  second  lieu, 
c’est  que  ces  Poires,  qui  habituellement  ne 
se  conservent  pas,  qui  mollissent  et  blétis- 
sent  — celles  de  Duchesse  surtout  — vers 
le  milieu  du  mois  d’octobre,  se  sont  conser- 
vées dans  le  fruitier  en  très-bon  état  jusqu’à 
la  fin  de  décembre,  et  le  5 janvier  nous 
avons  mangé  la  dernière  sans  être  ni  blette, 
ni  molle  ; et  en  ce  moment  30  janvier  notre 
fruitier  nous  fou  mit  encore  les  Poires  ùeitrré 
Clairgeau  et  les  Poires  de  curé,  dont 
ici  nous  faisons  très-grand  cas,  quoique 
plusieurs  pomologistes  rangent  cette  variété 
au  troisième  ou  quatrième  rang  des  Poires  ; 
en  général  le  beurré  Clairgeau  est  fin, 
fondant,  juteux  et  parfumé,  et  jamais,  depuis 
vingt  ansquenous  cultivons  en  quenouilles  et 
en  espalier,  nous  n’avons  mangé  de  meilleurs 
fruits. 

Ainsi  qu’on  peut  en  juger,  les  faits  que 
nous  venons  de  rapporter  de  la  conservation 
des  Poires  beurré  Clairgeau,  curé  et  du- 
chesse d’ Angouléme,  ne  doivent  pas  être 
portées  à notre  acquit  ; nous  les  devons  non 
pas  au  hasard,  mais  à un  grand  défaut,  qui 
malheureusement  n’est  pas  rare  chez  l’es- 
pèce humaine,  ce  qui  semble  justifier  ce 
proverbe  : « A quelque  chose  malheur  est 
bon.  » Mais  quoi  qu’il  en  soit,  nous  avons  cru 
devoir  faire  connaître  ces  faits  qui,  nous  le 
croyons,  pourront  rendre  quelques  services, 
non  seulement  aux  propriétaires  et  amateurs, 
mais  aux  personnes  qui  font  des  fruits  une 
spéculation. 

Il  va  sans  dire  que  les  variétés  de  Poires 
que  nous  avons  citées  ne  sont  pas  les  seules 
dont  la  conservation  pourrait  être  prolongée, 
et  qu’il  en  est  beaucoup  d’autres  qui,  sou- 
mises à ce  traitement,  présenteraient  des 
avantages  analogues  à ceux  que  nous  ve- 
nons de  rapporter  ; c’est  à ceux  qui  ont  in- 
térêt à ces  sortes  de  choses  à tenter  des  ex- 
périences. Nous  avons  indiqué  la  voie  ; à eux 
de  la  suivre  s’ils  le  veulent.  Bossin. 


CULTURE  DES  BAMBOUS 


Dans  une  excursion  que  je  fis  il  y a 
quelque  temps  dans  les  Basses -Pyré- 
nées, je  visitai  avec  mon  collègue,  M.  Maxi- 
min, jardinier  de  la  ville  de  Pau,  le  beau  et 
splendide  château  de  cette  ville  où  naquit 
Henri  IV.  Ainsi  qu’on  peut  le  penser,  je  ne 
manquai  pas  d’aller  visiter  la  ferme-école 
du  département,  qui  est  située  à sept  ou  huit 


kilomètres  de  la  ville.  J’avais  déjà  vu  cette 
ferme-école  en  1857,  lors  du  concours  ré- 
gional de  Pau.  Aujourd’hui  les  cultures  sont 
complètement  transformées  ; au  lieu  de 
mauvaises  Vignes  en  hautains,  on  trouve 
de  bonnes  variétés  de  Vignes,  jeunes  et 
belles,  et  surtout  très-bien  conduites  ; un 
jardin  et  des  cultures  variées,  remarquables 


CULTURE  DES  BAMBOUS. 


134 

surtout  par  la  bonne  tenue  et  l’ordre  qui 
régnent  de  toutes  paris  ; une  élable  garnie 
de  beaux  animaux  choisis  parmi  les  races 
locales.  Un  champ  d’expérience,  dans  le- 
quel l’engrais  de  M.  Ville  est  employé  com- 
parativement avec  le  fumier  de  ferme, 
montre  que  tout,  outillage  et  culture,  ont 
subi  de  notables  améliorations  Tous  ces 
changemerds  sont  dus  à M.  Garrigues,  an- 
cien élève  de  cette  belle  et  si  fructueuse 
école  de  la  Saulsaie.  Je  dois  aussi  dire,  re- 
lativement à l’emploi  des  engrais,  que  celui 
de  M.  Ville  donne  des  résultats  bien  supé- 
rieurs à celui  qu’on  obtient  avec  du  fumier 
de  ferme. 

Le  matériel  horticole  de  la  ferme-école  a 
subi  de  très- notables  améliorations.  On  voit 
là  aujourd’hui  une  serre  chaude,  une  serre 
tempérée  et  une  orangerie,  où  sont  plantés 
en  pleine  terre  des  Orangers  d’une  vigueur 
et  d’une  végétation  des  plus  remarquables. 

La  ferme- école  appartient  à M.  Guillemin, 
riche  propriétaire,  et  grand  amateur  de 
plantes  et  de  fleurs. 

Devant  cette  riche  habitation,  on  trouve 
quelques  pieds  de  Chamœrops  excelsa,  qui 
peuvent  rivaliser  avec  les  plus  beaux  que  l’on 
trouve  en  France.  Mais  ce  qui  surtout  me 
frappa  et  m’étonna  le  plus,  ce  fut  un  grand 
massif  de  Bambous  d’une  vigueur  éton- 
nante, et  dont  un  grand  nombre  de  nou- 
velles tiges  étaient  alors  en  plein  dévelop- 
pement. Une  de  ces  tiges,  que  je  mesurai, 
avait  5 mètres  de  haut  ; et  ce  qui  me  sur- 
prit, c’est  que,  avec  une  si  grande  vi- 
gueur, cette  tige  n’avait  développé  ni  feuille, 
ni  ramification  ; tous  ces  organes  se  trou- 
vaient encore  renfermés  comme  dans  un 
étui. 

Comment  se  fait-il  qu’un  bourgeon  puisse 
acquérir  un  développement  aussi  ctmsidé- 
rable  sans  pousser  une  seule  feuille?  G’est 
ce  que  je  ne  sais  pas,  et  qui  m’intéresse 
beaucoup  (1). 

Depuis  que  j’ai  visité  la  ferme- école  des 

(1)  Le  fait  dont  parle  icf  notre  collègue  est  dû  à 
la  rapidité  avec  laquelle  se  fait  le  développe  - 
ment  des  jets  de  Bambous,  qui  est  tel  que  ce  n’est 
souvent  qu'après  que  le  développement  est  complet 
que  les  ramifications  apparaissent,  lesquelles  aussi 
sont  en  rapport  avec  la  vigueur.  Ainsi,  tandis  que 
chez  les  forts  bourgeons  les  nœuds  sont  très-dis- 
tants, ils  sont  très-rapprochés  sur  les  Jets  grêles; 
de  plus,  tandis  que  ceux-ci  ont  des  ramifications  à 
partir  de  leur  bise,  les  jets  très-vigoureux  en  sont 
souvent  dépourvus  dans  toute  leur  paitie  inférieure. 
La  végétation  des  Bambous  est  souvent  tei  minée 
dans  l’espace  d'environ  six  semaines,  de  sorte  que 
chez  les  espèces  qui  atteignent  6 mètres  et  plus  de 
hauteur,  la  croissance  est  de  1 mètre  par  semaine. 


Basses-Pyrénées,  j’ai  vu  aussi  plusieurs 
riches  châteaux,  et  partout  j’ai  trouvé  des 
massifs  de  Bambous,  mais  alors  petits,  ché- 
tifs, et  tout  à fait  au-dessous  de  la  moyenne 
de  ce  que  l’on  peut  obtenir.  Un  jardinier 
d’un  riche  château  me  disait  il  y a quelques 
jours  : « Voilà  déjà  trois  fois  que  nous  plan- 
tons des  Bambous,  et  nous  ne  pouvons  pas 
les  réussir.  Notre  terrain  ne  leur  convient 
pas.  — Votre  terrain  est  au  contraire  ex- 
cellent pour  cette  plante,  lui  répondis-je; 
ce  sont  vos  procédés  qui  sont  mauvais.  » — 
Là-dessus  je  lui  indiquai  le  moyen  de  réus- 
sir, et  que,  dans  le  but  d’être  utile,  je  vais 
faire  connaître.  Voici  : 

Pour  obtenir  des  Bambous  d’une  grande 
vigueur,  il  faut  : 

1"  Donner  au  terrain  où  l’on  désire  les 
planter  un  bon  défoncement,  comme  si  l’on 
voulait  y planter  des  arbres  fruitiers,  et  en 
même  temps  une  bonne  fumure; 

2"  La  plantation  doit  se  faire  en  automne, 
ou  au  plus  tard  de  janvier  à février.  Quant 
à la  multiplication,  on  la  fait  au  moyen  de 
rhizomes,  que  l’on  coupe  et  plante  à 25  ou 
30  centimètres  de  profondeur; 

3»  Tous  les  terrains  conviennent  à cette 
plante,  mais  elle  préfère  pourtant  les  sols 
profondément  défoncés; 

4*  Lorsque  les  grandes  gelées  arrivent  en 
automne,  on  couvre  les  plantes  de  feuilles 
sèches  ou  de  balles  de  céréales;  on  y ap- 
plique ensuite  une  forte  couche  de  fumier 
par  dessus.  D ns  ces  conditions,  je  crois 
pouvoir  dire  qu’on  peut  cultiver  cette  plante 
dans  toute  la  France. 

Les  meilleures  variétés  sont  le  Bambou 
noir  et  le  Bambou  doré. 

Outre  son  utilité  comme  plante  d’agré- 
ment, le  Bambou  peut  encore  rendre  d’au- 
tres services.  Lorsque,  dès  sa  troisième 
année  de  plantation,  le  massif  est  assez  bien 
garni,  on  peut,  au  printemps,  manger  les 
nouvelles  pousses  à mesure  qu’elles  sortent  i 
de  terre,  exactement  comme  les  Asperges  (1). 

A.  Dumas, 

Jardinier-chef  de  la  ferme-école  du  Gers. 

(1)  Les  nombreuses  expériences  que  nous  avons 
faites  sur  la  culture  des  Bambous  nous  ont  démontré 
que,  sous  le  climat  de  Paris,  les  choses  se  passent 
un  peu  dilféiemrnent  que  l’a  rappoité  notre  col-  j( 
lègue.  Ainsi,  chez  nous,  il  faut  aux  Bambous  une  ! 
terre  forte,  bien  que  légère,  c’est-à-dire  argilo-  , 
siliceuse,  et  surtout  Iraîrlie.  Excepté  dans  les  hivers  | < 
excessifs,  comme  celui  de  l’année  dernière,  les  il 
Bambous  que  recommande  notre  collègue  ve  souf~  ! * 
frenf.pas  du  f7'oid.  Quant  aux  espèces  les  plus  inté-  ^ ■ 
cessantes  à Paris,  les  voici  par  ordre  de  mérite:  |‘ 

Bambusa  viridi-glaucesce^is^  violasceris,  aurea,  j 
milis,  nicjra  (bien  qu’un  peu  délicat),  Sûnonii,  me-  [ 


PSOPHOCARPUS  TETRAGONOLOBUS.  — RUTABAGA  QUETIERI  ET  CHOU-RAVE. 


' 135 


PSOPHOCARPUS  TETRAGONOLOBUS 


Nous  avons  remarqué  dans  plusieurs  ca- 
taloi^ues  de  graines  publiés  en  Angleterre  une 
plante  qui,  bien  qu’ayant  élé  introduite  il  y a 
cinquante  ans  environ,  peut  néanmoins  être 
considérée  comme  une  nouveauté,  ayant 
disparu  presque  aussitôt  après  son  intro- 
duction. 

C’est  à MM.  Hend^rson  et  son’s,  horti- 
culteurs à Londres  (Wellington  Road,  John’s 
Wood),  que  l’horticulture  devra  la  réappa- 
rition de  cette  curieuse  plante  volubile,  des- 
tinée à orner  les  colonnes  ou  la  charpente 
des  serres  chaudes,  où  elle  produira  des 
guirlandes  d’un  efTet  aussi  coquet  par  son 
élégant  feuillage  qu’original  par  la  forme 
bizarre  de  ses  fruits. 

Le  Psophocarpus  tetragonolohus  appar- 
tient à la  famille  des  Légumineuses.  C’est 
une  plante  vivace,  à racines  tubéreuses  ; 
tiges  volubiles,  de  3 à 7 mètres  de  longueur; 
feuilles  trifüliolées,  à folioles  corditormes; 
fleurs  axillaires,  de  couleur  bleu  clair  ; 
fruits  apocarpés;  gousses  légèrement  ar- 
quées, de  30  centirrrètres  de  longueur  envi- 
ron, terminées  par  une  petite  vrille,  ornées 
longitudinalement  de  quatre  membranes  ou 


sortes  d’ailes,  doublement  et  irrégulière- 
ment dentées,  de  couleur  vert  émeraude,  et 
renfermant  dix  à quinze  graines. 

Les  graines  doivent  être  semées  sur  cou- 
che chaude,  sous  châssis  ou  sous  cloche, 
dans  la  serre  à multiplication.  Au  fur  et  à 
mesure  du  développement,  les  sujets  seront 
changés  de  pots  qui,  si  l’on  veut  activer 
la  végétation,  devront  être  plongés  dans  une 
couche  ou  dans  la  tannée  d’une  serre 
chaude. 

Lorsque  ces  sujets  auront  acquis  environ 
1 mètre  de  hauteur,  si  cela  est  possible,  on 
les  plantera  en  pleine  terre  ; dans  le  cas 
contraire,  on  placera  les  pots  près  des  co- 
lonnes ou  à proximité  de  fils  de  fer  attachés 
à la  charpente  de  la  serre,  afin  d’y  faire 
grimper  les  tiges. 

Enfin,  si  l’on  veut  obtenir  promptement 
le  maxima  de  végétation  de  cette  plante,  et 
par  conséquent  jouir  plus  vite  de  ses  fleurs 
et  de  ses  curieux  fruits,  on  pourra,  une  ou 
deux  fois  par  mois  seulement,  se  servir, 
pour  les  arrosements,  d’eau  additionnée 
d’engrais  facilement  solubles. 

Rafarin. 


RUTABAGA  QUETIERI  ET  CHOU-RAVE 


Un  fait  qui,  en  même  temps  qu’il  sert  et 
éclaire  la  science,  est  utile  à l’économie  do- 
mestique, intéi  esse  nécessairement  les  agri- 
culteurs. Celui  dont  nous  allons  parler  est 
dans  ce  cas  ; nous  ♦^n  devons  la  connaissance 
à notre  ami  M.  Quelier,  l’un  des  horticul- 
teurs les  plus  distingués  de  Meaux  : il  re-- 
pose  sur  la  fécondation  artificielle,  c’est- 
à-dire  sur  l’hybridation  qui,  comme  on  le 
sait,  consiste  à prendre  deux  sujets  d’espèces 
particulières,  parfois  de  genres  différents,  et 
à les  féconder  l’un  par  l’autre  de  manière  à 
obtenir  des  intermédiaires. 

En  général  on  désigne  cette  opération  par 
des  noms  dilférents,  suivant  qu’on  la  prati- 
que sur  les  végétaux  ou  sur  les  animaux  ; 
ainsi,  tandis  qu’on  la  nomme  fécondation 
lorsqu’il  s’agit  de  végétaux,  on  l’appelle 
croisement  quand,  au  contraire,  on  la  pra- 

take,  toutes  espèces  très-rustiques.  Quant  à manger 
les  nouvelles  pousses  « comme  des  Asperges,  » cela 
se  dit,  mais  ne  se  fait  jamais,  à moins  toutefois 
qu’on  n’ait  rien  de  mieux  à manger.  Alors,  le  fait 
s’explique. 


tique  sur  des  animaux.  Mais  le  but  que  l’on 
l'on  se  propose,  dans  un  cas  comme  dans 
l’autre,  c’est  d’obtenir  des  formes  intermé- 
diaires entre  les  deux  parents,  soit  par  par- 
tie égale,  soit  parfois  en  cherchant  à faire 
prédominer  tel  ou  tel  caractère  propre  à 
l’un  ou  à l’autre  des  deux  parents. 

Ce  sont  là  des  données  bien  connues  de 
nos  lecteurs,  mais  que  néanmoins  nous 
avons  cru  devoir  rappeler.  Disons  encore 
que,  au  point  de  vue  scientifique,  on  est 
loin  d’être  d’accord  sur  la  nature  des  pro- 
duits résultant  de  ces  mélanges  : certains 
prétendent  que  ces  produits  ne  sont  que 
passagers  ; d’autres  soutiennent  qu’ils  peu- 
vent être  permanents  et  consituer  des  races  : 
nous  sommes  de  l’avis  de  ces  derniers. 
Toutefois  ce  sont  là  des  questions  secondai- 
res, et,  le  plus  souvent,  les  discussions 
auxquelles  elles  donnent  lieu  ne  reposent 
que  sur  des  mots  ; l’essentiel , c’est  que  les 

(1)  Extrait  du  Journal  d'Agriculture  pratique, 
18:3,  p.  373. 


RUTABAGA  QUETIERI  ET  CHOU-RAYE. 


m 

résultats  de  l’hybridation  ou  du  croisement 
présentent  un  réel  avantage.  Tel  est  le  cas 
du  sujet  qui  nous  occupe. 

Ainsi  que  le  savent  également  nos  lec- 
teurs, le  Rutabaga  est  un  excellent  produit 
pour  la  grande  culture,  mais  que  l’on  peut 
aussi  utiliser  pour  la  cuisine,  bien  que  sous 
ce  rapport  il  laisse  à désirer  ; sa  racine  est 
sèche,  parfois  un  peu  dure  et  filandreuse. 
Partant  de  ce  principe  que,  si  l’on  pouvait 
donner  au  Rutabaga  quelques-  unes  des 
qualités  qui  lui  manquent,  par  exemple  une 
chair  plus  fine,  plus  tendre  et  surtout  plus 
savoureuse,  on  aurait  dans  ce  produit  un 
bon  légume  pour  la  cuisine,  et,  en  môme 
temps , un  excellent  fourrage -racine. 
M.  Quetier  pensa  que  l’on  aurait  quelque 


Fig.  11.  — Navet  plat  d’Auvergne,  au  1/4  de 
grandeur  naturelle. 

chance  d’obtenir  ce  résultat  à l’aide  de  la 
fécondation  artificielle.  L’idée  venue,  il  n’y 
avait  plus  qu’à  la  mettre  en  pratique.  Tou- 
tefois, une  difficulté  se  présentait  : l’une  des 
plantes  étant  connue,  quelle  était  celle  qu’il 
convenait  de  prendre  pour  obtenir  le  résul- 
tat cherché  ? L’embarras  était  grand,  les 
plantes  du  groupe  desCrucifères,  et  surtout 
des  Choux,  étant  très-nombreuses  et  pou- 
vant presque  toutes  se  féconder  réciproque- 
ment. Désirant  communiquer  au  Rutabaga 
la  saveur  légèrement  sucrée  qui  lui  man- 
que, M.  Quetier  pensa  au  Navet,  et  parmi 
les  nombreuses  variétés  il  s’arrêta  au  Na- 
vet plat  d’Auvergne  (fig.  11),  dont  la  moitié 
supérieure  est  d’un  beau  violet  légèrement 
rosé,  et  dont  la  chair  blanche  sucrée  est 
très-agréable.  En  choisissant  cette  sorte,  le 
but  de  M.  Quetier  était  d’obtenir  des  racines  I 


de  bonne  qualité,  et  en  même  temps  relati- 
vent  courtes  et  renflées  de  manière  qu’on 
puisse  facilement  les  arracher.  Son  espoir 
ne  fut  pas  trompé,  et  ainsi  qu’on  le  voit  par 
les  figures  12,  13  et  14,  et  par  ce  que  nous 
allons  dire  des  caractères  des  plantes,  on 
pourra  se  convaincre  qu’il  a atteint  son  but, 
et  que  s’il  n’est  pas  arrivé  aux  limites  de  la 
perfection,  il  a néanmoins  fait  faire  un  grand 
pas  à cette  question;  l’amélioration  est  sen- 
sible. 

Ayant  résolu  de  prendre  pour  parents  le 
RutabagaeÜe  Navet  d' Auvergne, M.Qiielier 
aurait  pu  choisir  pour  père  l’un  ou  l’autre 
des  deux  ; il  a pris  comme  père  le  Ruta- 
baga (fig.  12),  et  pour  mère  le  Navet  (fig.  11). 


Fig.  12.  — Rutabaga,  au  1/4  de  grandeur  naturelle. 

Pourquoi?  C’est  une  affaire  d’intuition.  Dé- 
sirant faire  prédominer  la  saveur  du  Navet, 
il  a cru  devoir  le  prendre  pour  mère.  A-t-il 
bien  fait?  Aurait-il  obtenu  un  meilleur  ré- 
sultat en  procédant  d’une  manière  inverse  ? 
A ce  sujet,  on  ne  peut  émettre  que  des  hy- 
pothèses , ce  dont  nous  n’avons  pas,  du 
reste,  à nous  occuper,  puisqu’il  s’agit  de 
faits  connus. 

Les  figures  11  à 13,  qui  représentent  les 
parents  et  l’enfant,  montrent  que  ce  der- 
nier, par  la  forme  et  l’aspect,  est  tout  à fait 
intermédiaire  ; le  fait  n’est  pas  moins  sensi- 
ble si,  au  lieu  de  la  forme  et  de  l’aspect  des 
racines  seulement,  nous  examinons  les 
plantes  tout  entières.  Ainsi,  tandis  que  le 
Rutabaga  (père,  fig.  d2)  a les  feuilles  d’un 


RUTABAGA  QUETIERI  ET  CHOU-RAVE. 


137 


Ivert  foncé,  coriaces,  glabres,  glauques  et 
comme  glacées  ; que  le  Navet  (mère,  flg.  11) 
a les  feuilles  d’un  vert  très-clair,  minces, 
peu  rugueuses,  scabres  par  des  sortes  de 
poils  courts  et  tuberculeux  qui  se  trouvent 
principalement  sur  les  nervures  où  ils  sont 
1 un  peu  plus  saillants  ; l’enfant  (le  Rutabaga 
( Quetieri,  fig.  13)  a les  feuilles  consis- 
» tantes  et  plus  glauques  que  le  Navel,  mais 
f moins  que  le  Rutabaga  commun,  qui  a 
f servi  de  père.  Des  différences  analogues 
[ existent  dans  les  racines.  Si  la  forme  du 
' R.  Qiietieri  est  tout  à fait  intermédiaire 
entre  les  deux  autres,  il  en  est  absolument 
de  même  de  la  chair,  soit  par  sa  couleur, 

’ soit  par  sa  nature.  Ainsi  la  chair  du  père 


Fig.  13.  — Rutabaga  Quetieri,  au  1/4  de  grandeur 
naturelle. 

1 est  dure,  jaune,  cassante,  à peine  savou- 
reuse ; celle  de  la  mère  est  d’un  blanc  de 
lait,  sucrée  et  fortement  empreinte  de  la 
saveur  particulière  au  Navet.  L’enfant  {R. 
i Quetieri),  au  contraire,  a la  chair  fine, 
blanche,  très-légèrement  sucrée,  de  sorte 
qu’on  pourrait  même  le  manger  cru  ; cui- 
j tes,  surtout  si  on  les  prend  un  peu  avant 
I qu’elles  aient  atteint  leur  complète  matu- 
rité, ces  racines  constituent  un  mets  déli- 
i deux. 

I Si  nous  ajoutons  que  le  R.  Quetieri  est 
tout  aussi  rustique  et  aussi  vigoureux  que 
le  Rutabaga  commun,  on  sera  convaincu, 

■ comme  nous,  que  cette  race  est  appelée  à 
prendre  place  dans  la  grande  culture,  soit 


dans  les  champs , soit  dans  le  potager,  ou 
mieux  dans  les  deux.  Quant  à la  culture, 
elle  est  la  même  que  celle  du  Rutabaga  or- 
dinaire ; on  sème  en  pépinière,  et,  lorsque 
les  plants  sont  assez  forts,  on  les  repique, 
dans  un  terrain  labouré  et  surtout  bien  fumé, 
à environ  0'»  40  en  tout  sens,  à peu  près 
comme  on  le  fait  pour  le  Colza,  dont,  au 
reste,  la  culture  est  à peu  près  la  même. 

En  terminant,  et  pour  justifier  le  litre  de 
cet  article,  nous  devons  dire  quelques  mots 
des  Choux-Raves,  Deux  raisons  nous  y en- 
gagent : l’une  à cause  des  Rutabagas,  qu’on 
nomme  aussi  Choux-Navets,  Navets  de 
Suède,  et  avec  lesquels  on  les  confond  gé- 
néralement ; l’autre,  parce  que  tous  les  deux 
peuvent  rendre  des  services  analogues,  sinon 
identiques. 


Fig.  14.  — Chou-Rave,  au  1/4  de  grandeur 
natarello. 

Les  Choux-Raves  (fig.  14)  diffèrent  des 
Choux-Navets  principalement  par  la  nature 
de  la  partie  renflée  qui,  chez  les  premiers, 
est  due  à la  lige;  fait,  du  reste,  que  démon- 
trent les  feuilles  qui  naissent  dessus  : c’est 
une  tige  qui,  au  lieu  de  s’élever,  comme 
cela  a lieu  pour  beaucoup  d’autres,  — le 
Chou  moellier,  par  exemple,  — est  très- 
réduite  en  hauteur,  et,  au  contraire,  a gagné 
en  diamètre.  Cette  partie  renflée,  que  l’on 
mange,  est  donc  en  réalité  la  moelle  de  la 
tige.  Un  autre  caractère  très-distinctif  aussi 
de  ces  plantes,  c’est  que  les  Choux-Raves 
viennent  sur  terre,  c’est-à-dire  que  la  partie 
renflée  se  trouve  en  dehors  du  sol,  tandis 
que,  chez  les  Choux-Navets  ou  Rutabagas, 
cette  partie  renflée  qui,  étant  due  à la  racine. 


138 


PIÈGE  A PAPILLONS  CRÉPUSCULAIRES  ET  NOCTURNES. 


est  toujours  dépourvue  d’yeux,  par  consé- 
quent de  feuilles,  pousse  dans\e  so\. 

Les  deux  races  présentent  aussi  des  ana- 
logies quant  à la  couleur  ; ainsi  chez  les 
Choux-Raves,  qui  ont  tous  la  chair  blanche, 
on  trouve  d’abord  la  sous-race  verte^  puis  une 
dont  l’écorce  est  violette.  Dans  les  Choux- 
Navets  ou  Rutabagas,  on  trouve  également 
deux  sous-races  : l’une  à chair  blanche, 
l’autre  à chair  jaune  ; puis,  chez  les  deux, 
une  variété  à collet  vert,  et  une  à collet  vio- 
let. Mais  tous  ces  derniers  (Rutabagas),  nous 
le  répétons,  se  distinguent  nettement  des 
Choux-Raves  par  leur  renflement  qui,  tou- 
jours dépourvu  de  feuilles,  pousse  dans  le 
sol,  ce  qui  n’est  pas  le  cas  pour  les  Choux- 


Raves,  dont  seule  l’extrémité  de  la  racine 
entre  en  terre.  Ajoutons  que,  comme  plante* 
culinaire,  les  Choux-Raves  sont  bien  supé- 
rieurs en  qualité  ; que,  pris  à temps,  c’est 
même  un  excellent  légume  trop  délaissé  ou 
même  inconnu  dans  la  plus  grande  partie 
de  la  France,  où  pourtant  il  pourrait  rendre 
d’immenses  services. 

Comme  à peu  près  toutes  les  plantes  de 
la  famille  des  Crucifères,  les  Choux-Navets 
et  les  Choux-Raves  aiment  beaucoup  l’en- 
grais ; sous  ce  rapport,  l’excès  n’est  pas  à 
craindre.  Quant  au  sol,  il  doit  être  consis- 
tant, plutôt  un  peu  fort  que  léger,  et  surtout 
un  peu  frais. 

E.-A.  Carrière. 


PIÈGE  A PAPILLONS  CRÉPLSCULAIIIES  ET  NOCTURNES 


Vulgariser  les  moyens  de  destruction  des 
insectes  nuisibles  à l’agriculture  et  à l’hor- 
ticulture est  le  but  auquel  doit  viser  toute 
personne  qui  s’intéresse  au  bien-être  de 
l’humanité.  Aussi,  je  crois  utile  de  donner  la 
publicité  la  plus  étendue  à une  remarque  que 
j’ai  faite  sur  VArauja  albens  (Physianthiis 
albens),  plante  de  la  famille  des  Asclépia- 
dées,  et  dont  chaque  fleur  renferme  plu- 
sieurs pièges  à papillons. 

Les  fleurs  de  cette  liane  originaire  du 
Brésil  attirent  par  leur  doux  parfum  une 
myriade  d’insectes,  de  papillons  surtout,  qui 
viennent  chaque  jour  butiner  la  liqueur 
mieilleuse  qu’elles  contiennent.  Or,  voici  le 
sort  réservé  aux  insectes  qui  ont  la  trompe 
assez  développée  pour  atteindre  cette  li- 
queur enfermée  au  fond  de  la  corolle. 

On  sait  que  toutes  les  fleurs  des  végétaux 
de  la  famille  des  Asclépiadées  ont  des  ap- 
pendices plus  ou  moins  développés.  Dans 
celles  de  VArauja,  ces  appendices,  au  nom- 
bre de  cinq,  constituent  au  fond  de  la  co- 
rolle une  couronne  tout  autour  de  1 ovaire. 
Les  bords  de  ces  appendices  sont  formés 
d’une  matière  jaune  cartilagineuse  qui,  étant 
en  contact  avec  l’appendice  voisin,  con-^titue 
autant  de  rainures  serrées  qu’il  y a d’appen- 
dices, et  la  liqueur  mielleuse  se  tiouve 
dans  l’intérieur  de  la  couronne,  autour  de 
l’ovaire.  Pour  atteindre  ce  point,  le  papillon 
n’a  d’autre  accès  que  la  base  de  chaque  rai- 
nure, un  peu  élargie,  et  c’est  en  effet  par  là 
qu’il  introduit  sa  trompe  pour  sucer  la  li- 
queur. Mais  quand  il  veut  se  retirer,  cette 
trompe  s’engage  dans  le  haut  de  la  rainure, 
beaucoup  plus  resserré,  et  elle  reste  prise 
par  son  extrémité,  qui  est  légèrement  renflée. 


Ainsi  prisonniers,  les  papillons  ne  peu- 
vent s’envoler  que  dans  le  cas  où  leur 
trompe  viendrait  à se  briser,  ce  qui  est  as- 
sez rare,  de  sorte  qu’on  a le  temps  de  les 
saisir  et  de  les  tuer. 

La  quantité  de  papillons  qui  se  prend 
ainsi  est  incalculable;  j’en  ai  compté  jusqu’à 
cent  cinquante  sur  un  seul  pied.  11  y en 
avait  de  toute  espèce  et  de  dimensions  très- 
différentes. 

Le  papillon  à l’état  parfait  n’est  pas  nui- 
sible aux  végétaux,  mais  il  n’en  est  pas  de 
même  à l’état  de  chenille;  sous  cette  forme, 
il  s’attaque  à toutes  les  parties  des  plantes, 
au  bois,  aux  feuilles,  aux  fruits,  et  même 
aux  graines.  Or,  si  l’on  pense  à la  quantité 
de  chenilles  que  l’on  peut  détruire  en  tuant 
les'^papillons  (ils  pondent  de  cent  à plusieurs 
milliers  d’œufs),  on  s’empressera,  je  l’es- 
père, de  propager  dans  les  champs  et  dans 
les  jardins  VArauja  albens,  qui,  du  reste, 
n’est  pas  difficile  sur  la  nature  du  terrain. 
Tout  sol  lui  convient,  pourvu  qu’il  ne  soit 
pas  trop  aride. 

Malheureusement,  à cause  de  sa  prove- 
nance, cet  arbrisseau  ne  peut  pas  être  cul- 
tivé en  plein  air  dans  toute  la  France;  il  ne 
résiste,  je  crois,  qu’au  climat  du  Midi  et  à 
celui  de  l’Ouest.  Mais  dans  les  parties  plus 
froides,  on  pourra  toujours  en  avoir  quel- 
ques pieds  en  vases,  que  l’on  hivernera  en 
serre,  ou  à défaut  dans  une  orangerie  ou 
sous  un  hangar.  On  pourra  aussi  le  cultiver 
dans  les  autres  régions  de  la  France  ; et  si 
les  tiges  gèlent,  le  pied  pourra  peut-être  ré- 
sister en  le  garantissant  du  froid. 

Je  n’ai  jamais  rencontré  dans  mes  excur- 
sions que  trois  espèces  d' Ar au j a ; ce  sont  : 


FRUCTIFICATION  DU  ROBINIA  CdLUTEOIDES.  — DES  FRANCISCEA. 


les  A.  sericifolia,  undulata  (1)  et  albens  ; 
elles  produisent  un  très-joli  effet  dans  les 
parterres,  sur  les  treillis,  les  berceaux,  les 
tonnelles,  à cause  de  l’abondance  et  de  la 
suavité  de  leurs  fleurs  blanches,  violettes  et 


139 

roses,  qui  se  succèdent  de  juillet  en  oc- 
tobre, ainsi  que  par  la  couleur  blanchâtre 
de  leur  feuillage,  qui  tranche  agréablement 
sur  le  vert  clair  et  foncé  des  autres  végé- 
J. -B.  Ghabaud. 


FRUCTIFICATION  DU  ROBINIA  COLUTEOIDES 


Cette  variété,  qui  a été  obtenue  il  y a une 
(juinzained’annés  environ,  a quelque  rapport 
avec  une  autre  : le  Robinier  Gondoin,  qui 
se  nomme  aussi  monstrueux  {Robinia 
monstruosa).  Toutefois,  il  n’a  pas  d’épine, 
tandis  que  ce  dernier  en  a quelques-unes 
bien  courtes  et  rares,  pourtant.  C’est  un 
arbre  d’une  bonne  vigueur,  mais  qui  néan- 
moins n’atteint  jamais  que  de  petites  propor- 
tions; ses  branches  nombreuses,  courtes  et 
ramassées  constituent  une  tête  arrondie  sub- 
sphéiique;  ses  folioles  sont  arrondies,  sub- 
orbiculaires,  assez  épaisses;  elles  ont  par 
leur  aspect  quelque  rapport  avec  celles  du 
Colutea  arborescenSy  d’où  la  qualification 
coluteoides.  Le  plus  important  ici,  ce  qui 
nous  a surtout  déterminé  à écrire  cette  note 
sur  le  Robinia  coluteoides^  c’est  afin  d’en 
faire  connaître  la  fructification,  que  seul. 


peut-être,  jusqu’à  ce  jour  nous  avons  ob- 
servée. Les  fleurs,  relativement  peu  nom- 
breuses, disposées  en  grappes  courtes,  lâches 
et  élargies,  sont  blanches  comme  celles  du 
type,  un  peu  plus  petites  que  chez  ce  der- 
nier. Quant  aux  fruits,  ils  sont  différents 
non  seulement  de  ceux  du  type,  mais  de 
tout  ce  que  nous  connaissons.  Ainsi  les 
gousses  qui  sont  très -glabres  partout,  ex- 
cessivement étroites  et  fortement  arquées, 
atteignent  jusque  10  centimètres  et  plus  de 
longueur.  Elles  rappellent,  presque  à s’y 
méprendre,  les  gousses  de  certaines  variétés 
de  Haricots.  C’est  donc  un  nouveau  carac- 
tère à ajouter  à ceux  des  fruits  des  descen- 
dants du  Robinier  commun.  Est-ce  une 
variété  qui  tend  à s’émanciper,  à former 
une  race?  Pourquoi  non?  n’est- ce  pas  la 
loi  universelle?  E. -A.  Carrière. 


DES  FRANCISCEA  AU  POINT  DE  VUE  DE  L’ORNEMENT 


Si  jamais  des  plantes  ont  mérité  la  quali 
fîcation  semperfîorens  (de  semper,  comme 
disent  les  jardiniers),  c’est  assurément  les 
Franciscea,  désignés  scientifiquement  sous 
le  nom  générique  de  Bruns felsia.  En  effet, 
excepté  pendant  le  court  espace  de  temps 
où  les  plantes  entrent  en  repos,  — et  en- 
core, — ces  plantes  sont  toujours  en  fleurs. 
C’est,  disons-le  sans  crainte  d’être  démenti, 
le  plus  bel  ornement  des  serres  chaudes 
pendant  tout  l’hiver,  saison  pendant  laquelle, 
ainsi  qu’on  le  sait,  les  fleurs  sont  très-rares 
et  ne  brillent  souvent  que  par  leur  absence. 
C’est,  au  contraire,  pendant  cette  saison  que 
les  Franciscea  sont  dans  leur  plus  grande 
beauté.  Aussi,  a-t-on  lieu  d’être  surpris  de 
ies  rencontrer  si  rarement  dans  les  cultures. 

Les  Franciscea  sont  originaires  des  par- 
ties chaudes  de  l’Amérique  méridionale;  les 
feuil'essont  persistantes,  épaisses,  luisantes 
en  dessus,  douces  au  toucher,  entières,  sou- 
vent légèrement  ondulées  ; les  fleurs,  agréa- 
blement odorantes  chez  la  plupart  des  es- 
pèces, ont  une  corolle  hypocratériforme,  à 


(1)  Les  Arauja  sericifolia  et  undulata,  a^ant  les 
mêmes  appendices  que  1’^.  albens,  peuvent  servir 
également  comme  pièges  à papillons. 


cinq  divisions  régulièrement  étalées-ondu- 
lées,  qui  varie,  suivant  les  espèces,  de  3 à 
6 centimètres  de  diamètre;  toutes  sont  plus 
ou  moins  mutables,  c’est-à-dire  que  leurs 
nuances  varient  suivant  l’état  plus  ou  moins 
avancé  des  fleurs.  Il  est  plusieurs  espèces 
chez  lesquelles  ce  changement  est  tel,  que 
toujours  l’on  remarque  en  même  temps  des 
fleurs  blanches  et  des  fleurs  lilas  violacé, 
qui  est  de  beaucoup  la  couleur  dominante 
du  genre,  ce  qui  produit  un  effet  aussi  sin- 
gulier que  joli. 

Les  espèces  les  plus  méritantes  sont  les 
F.  calycina  (1),  eximia,  hopeana,  lati fo- 
lia, hydrangœformis , macrantha,  etc. 
On  les  trouvera  chez  M.  Rougier-Chauvière, 
horticulteur,  rue  de  la  Roquette,  152,  où 
pendant  tout  l’hiver  ils  font  l’admiration  des 
visiteurs. 

On  cultive  les  Franciscea  en  terre  de 
bruyère  grossièrement  concassée.  On  les 
arrose  fréquemment  pendant  l’époque  de  la 
forte  végétation  ; au  contraire,  on  les  e mé- 
nage à l’eau  » lorsque  le  fort  de  la  floraison 
est  passé.  Quant  à la  multiplication,  on  la 
fait  par  bouture,  qu’on  plante  en  terre  de 

(1)  V.  Eevue  horticole,  1868,  p.  852. 


CRYPTOMEIUA  PUNGENS  RUBIGINOSA.  — BUIS  A BRAN’CHES  DRESSÉES. 


l/lO 

bruyère  et  qu’on  place  sous  cloche  dans  la  jeunes  pousses  bien  aoûtées,  à partir  du  mois 
serre  à multiplication,  en  se  servant  de  d’octobre  jusqu’au  mois  de  février.  Lebas. 


GRYPTOMERIA  PÜNGENS  RUBIGINOSA 


Commençons  par  rappeler  que  le  Cryp- 
tomeria  pungens  est  une  forme  du  C.  ja- 
_ponica, assez  distincte  pourtant;  ses  feuilles, 
plus  écartées  et  surtout  plus  robustes,  sont 
aussi  plus  piquantes,  d’où  la  qualification 
pungens. 

Mais  quoi  qu’il  en  soit  sur  ce  sujet,  que 
le  Crgpiomeria  pungens  soit  une  forme  ou 
une  variété  du  C.  japonica,  ainsi  que  nous 
le  croyons,  qu’il  soit  une  espèce  particu- 
lière, ainsi  que  le  soutiennent  certaines  per- 
sonnes, ce  fait,  ici,  n’a  qu’une  importance 
secondaire.  Le  point  essentiel,  c’est  de  faire 
connaître  la  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette 
note. 

Le  C.  pungens  riibiginosa  a été  trouvé 
dans  un  semis  provenant  de  graines  en- 
voyées du  Japon  sans  autre  dénomination 
que  celle-ci  : Criptomeria  sp.  Ces  graines 
avaient-elles  été  récoltées  sur  un  individu 
considéré  comme  rentrant  dans  ce  qu’on 
nomme  le  « type  » de  l’espèce,  ou  prove- 
naient-elles d’une  forme  particulière  ren- 
trant dans  celle  qu’on  a qualifié  jmngens  ? 
Nous  ne  saurions  le  dire.  Ce  que  nous  pou- 
vons affirmer,  c’est  que  dans  ce  semis,  qui 
comprenait  plusieurs  centaines  d’individus, 
la  plupart  présentaient  des  caractères  pro- 
pres au  C.  pungens.  Quoi  qu’il  en  soit,  voici 
l’indication  des  caractères  que  présente  notre 
plante  : 

BUIS  A BRAN( 

Lorsqu’on  réfléchit  à la  beauté  ornemen- 
tale, presque  exceptionnelle,  du  Buis,  à la 
variation  infinie  de  son  feuillage,  qui  de 
plus  est  persistant,  et  qu’avec  tout  cela 
il  est  d’une  rusticité  absolue,  il  semble  im- 
possible qu’on  puisse  rien  ajouter  à tant  et 
de  si  rares  mérites.  H n’en  est  rien  pour- 
tant; il  y a encore  une  qualité  dont  on  doit 
tenir  un  très-grand  compte  : c’est  le  port  ou 
faciès,  la  tenue,  pourrait-on  dire,  qui  joue 
un  si  grand  rôle  au  point  de  vue  ornemen- 
tal. Sous  ce  dernier  rapport,  il  en  est  un 
peu  des  plantes  comme  des  gens,  et  chacun 
sait  quelle  différence  d’effet  peut  produire 
un  même  vêtement,  selon  qu’il  est  bien  ou 
mal  porté.  Eh  bien!  la  sorte  dont  nous  par- 
lons a cet  avantage  qu’elle  porte  admirable- 
ment son  bois,  d’avoir  ses  rameaux  qui  sont 
nombreux,  très-régulièrement  dressés,  ce 


Arbre  vigoureux  et  robuste,  à branches 
fortes,  bien  nourries,  longuement  étalées. 
Feuilles  distantes,  longues,  écartées,  fortes, 
très-piquantes. 

Ces  quelques  mots,  qui  pourraient  s’ap-  i 
pliquer  à un  grand  nombre  de  Cryptomeria, 
bien  qu’exacts,  sont  certainement  insuffi- 
sants pour  faire  reconnaître  celui  dont  nous 
parlons.  Le  caractère  vraiment  saillant  qui  le 
distingue  consiste  dans  la  couleur  rouge 
fauve  ou  cuivrée  que,  dès  le  mois  d’août, 
revêtent  toutes  ses  parties  (branches,  ra- 
meaux, feuilles,  etc.),  ce  qui  lui  donne  un  | 
aspect  tout  particulier,  comparable  à cer- 
tains Conifères  {Dacrydium,  Podocar- 
pus,  etc.)  de  la  Nouvelle-Zélande.  Sous  ce 
rapport,  c’est  une  plante  des  plus  singu-  j 
Hères,  et  qui,  pendant  au  moins  sept  mois  | 
de  l’année,  présente  un  aspect  des  plus  eu-  j 
rieux  qui  contraste  singulièrement  avec  tous 
les  autres  Conifères,  dont  les  feuilles  per-  | 
sistantes  sont  toujours  vertes. 

L’arbre  n’est  pas  plus  difficile  que  les  , 
autres  sur  la  nature  du  terrain,  au  con-  | 
traire  ; quant  à sa  multiplication,  on  la  fait  ; 
par  boutures,  qui  reprennent  assez  bien,  en 
ayant  soin  de  prendre  des  parties  assez  | 
fortes,  afin  qu’elles  constituent  des  plantes 
vigoureuses,  ce  qu’on  n’obtiendrait  que  diffi- 
cilement si  l’on  prenait  des  petites  ramifica- 
tions grêles  et  maigres.  E. -A. Carrière. 

lES  DRESSÉES 

qui  donne  à l’ensemble  une  forme  conique  j 
des  plus  régulières  ; et  comme  d’une  autre  j 
part  elle  est  vigoureuse,  qu’elle  atteint  de 
grandes  dimensions,  et  que  ses  feuilles  sont  1 1 
larges  et  d’un  beau  vert,  elle  constitue  des  ' ' 
pyramides  magnifiques  qui,  isolées,  pro- 
duisent un  des  plus  jolis  effets,  et  cela  sans  ; i 
qu’on  ait  jamais  besoin  de  le  tailler,  en 
l’abandonnant  complètement  à lui-même. 

Le  Buis  à branches  dressées  {Buxus  vul- 
garis  pyramidata)  a été  obtenu  par  notre 
collègue  etami,  M.  Briot,  chef  des  pépinières  j 
de  l’Etat  à Trianon.  C’est,  nous  le  répétons,  i 
l’une  des  plus  jolies  variétés  qui,  isolée  ou 
plantée  en  avenue,  constitue  un  des  plus  j 
beaux  arbres  d’ornement.  E.-A.  Carrière.  | 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacüb,  Uloitre  Saint-Etienne,  4. 


I 

CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  d’avril) 

Exposition  de  la  Société  royale  d’horticulture  et  de  botanique  de  Gand.  — Cours  public  d’arboriculture, 
professé  par  M.  Du  Breuil  à l’école  municipale  du  bois  de  Vincennes.  — Graines  de  Ferula  Tingitmia-, 
offertes  par  M.  Jean  Sisley.  — Exposition  de  la  Société  tourangelle  d’horticulture.  — Exposition  de  ia 
Société  d’horticulture  de  Picardie. — Le  Dattier  de  MM.  Ch.  Iliiber  et  C*e.— Le  Xanlhoceras  sorbifoliadxt 
Jardin-des-Plantes.  — La  grelTe  des  Rosiers  sur  Rosiers  de  semis.  — Mise  en  vente  à Paris  des  Aafcû 
japonais.  — Le  Moniteur  horticole  illustré  (Illustrirte  Berichte  über  Gartenban) . — Les  panachures. 
exemple  tiré  du  Taxus  baccata  Doxcastonii.  — Les  divers  insecticides  et  leurs  propriétés,  d’après 
leurs  auteurs. 


Au  moment  où  paraîtra  ce  numéro,  l’expo- 
sition quinquennale  de  la  Société  royale  d’hor- 
ticulture et  de  botanique  de  Gand  sera  un 
fait  accompli  ; toute  l’Europe  savante  aura 
admiré  cette  fête  qui,  à ce  qu’on  nous  assure 
de  toutes  parts,  a été  l’une  des  plus  remar- 
quables qu’il  y ait  jamais  eu  en  ce  genre. 
Invité  par  l’administration  de  cette  Société, 
dont  nous  sommes  membre  honoraire,  à 
faire  partie  du  jury  de  cette  exposition,  nous 
avions  répondu  affirmativement,  pensant 
bien  qu’une  telle  démarche,  qui  ne  pouvait 
qu’être  utile  au  Muséum,  puisque,  y allant 
à nos  frais,  les  remarques  que  nous  au- 
' rions  pu  faire  et  les  connaissances  que  nous 
aurions  pu  acquérir  auraient  profité  à cet 
Établissement,  serait  agréée  par  notre  chef 
! de  service,  M.  Decaisne.  Nous  nous  trom- 
pions, et  le  très-savant  professeur,  dont 
nous  respectons  les  décisions,  et  dont,  au 
reste,  tout  le  monde  reconnaît  la  généro- 
j sité,  l’ampleur  des  idées  et  surtout  \e  puri- 
tanisme lorsqu’il  s’agit  d’équité,  pour  des 
raisons  dont  nous  n’avons  pas  à discuter  la 
valeur,  nous  a refusé  l’autorisation.  Nous  le 
regrettons,  moins  toutefois  pour  nous  que 
pour  nos  lecteurs,  à qui  nous  nous  étions 
promis  de  faire  connaître  les  principales  ri- 
chesses végétales  qui,  de  toutes  les  parties 
du  monde,  étaient  réunies  sur  ce  point  de 
l’Europe.  Tout  n’est  pas  perdu  pourtant,  et 
nous  sommes  heureux  de  leur  annoncer 
qu’un  de  nos  collègues,  M.  Verlot,  chef  de 
l’École  de  botanique  au  Muséum,  ayant  été 
i plus  heureux  et  surtout  mieux  favorisé  que 
nous,  a été  envoyé  à cette  exposition,  et  qu’il 
a bien  voulu  se  charger  d’en  faire  un  compte- 
, rendu  qui,  nous  l’espérons,  paraîtra  dans  le 
prochain  numéro  de  la  Revue  horticole. 

— Nous  nous  empressons  d’informer  nos 
lecteurs  que  le  cours  public  et  gratuit  d’ar- 
boriculture de  la  ville  de  Paris,  pour  1873, 
fait  par  l’éminent  professeur  Du  Breuil, 
commencé  il  y a déjà  quelque  temps  pour  i 

16  AVRIL  1873. 


la  partie  théorique,  va  entrer  dans  une  nou- 
velle phase  : celle  de  la  pratique.  En  voici 
une  indication  très- sommaire  : 

Les  leçons  pratiques,  pour  les  opérations  d’hi- 
ver, terminées  le  30  mars,  recommenceront  le 
20  avril,  à une  heure  et  demie,  dans  l’école  mu- 
nicipale du  bois  de  Vincennes  (porte  Daumesnil), 
pour  l’étude  des  opérations  à appliquer  aux  ar- 
bres fruitiers  pendant  leur  végétation. 

Nous  ne  saurions  trop  engager  les  per- 
sonnes que  cette  culture  intéresse  à visiter 
cette  école,  unique  en  Europe,  et  dans  la- 
quelle on  trouvera  l’exemple  du  meilleur 
mode  de  culture  intensive  pour  la  produc- 
tion industrielle  des  fruits  de  table.  Ce  jar- 
din fruitier,  planté  en  ISGO,  commencera 
cette  année  à donner  son  produit  maximum. 
Cet  établissement  est  ouvert  au  public  les 
dimanches,  mardis  et  jeudis,  à partir  de 
une  heure.  Inutile  d’insister  sur  la  valeur 
de  cet  enseignement,  qui  est  aujourd’hui 
connu  du  monde  entier. 

— En  annonçant,  dans  notre  précédente 
chronique,  que  notre  collègue,  M.  Jean 
Sisley,  mettait  des  graines  de  Ferula  Tin- 
gitana  à la  disposition  des  personnes  qui 
voudraient  bien  lui  en  faire  la  demande, 
nous  prévenions  en  même  temps  nos  lec- 
teurs que  ces  graines  ne  lèvent  que  la 
deuxième  année  après  qu’elles  ont  été  se- 
mées (1).  A ce  sujet,  notre  ami  nous  écrit 
qu’il  n’en  est  rien  et  que  les  différents  semis 
qu’il  a faits  de  ces  graines  ont  toujours  pro- 
duit de  bons  résultats  dans  un  intervalle  de 
temps  qui  variait  de  trois  à six  semaines  . • 
Nous  nous  empressons  de  porter  ce  fait  à la 
connaissance  de  nos  lecteurs,  qui  pourront 

(l)  C’est,  en  effet,  ce  qui  nous  est  arrivé  les; 
deux  fois  que  nous  avions  semé  des  graines  de 
Ferula.  Ayant  reçu  ces  graines  d’Espagne,  est-ce 
parce  qu’elles  étaient  trop  vieilles  ou  que  noas 
avons  opéré  dans  des  conditions  défavorables  ? Du 
reste,  tous  ceux  qui  ont  semé  des  graines  d'ombel- 
lifères  savent  quelles  différences  se  montrent  par- 
fois dans  le  temps  nécessaire  à leur  germinaison. 

8 


142  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  D’AVRIL). 


encore,  cette  année,  profiter  de  l’offre  géné- 
reuse que  fait  M.  Jean  Sisley.  — Faire  la 
demande  par  lettre  affranchie  à M.  Jean 
Sisley,  secrétaire  général  du  Cercle  horti- 
cole lyonnais,  rue  Saint-Maurice-Monplai- 
sir,  à Lyon,  et  mettre  un  timbre-poste  pour 
payer  l’envoi. 

— Le  7 mai  prochain,  à l’occasion  du 
Concours  régional  qui  se  tiendra  à Tours,  la 
Société  tourangelle  dliorticulture  fera 
une  exposition  à laquelle  elle  convie  les  hor- 
ticulteurs et  amateurs,  ainsi  que  les  indus- 
triels dont  les  produits  se  rattachent  à l’hor- 
ticulture. 

— Les  10,  il  et  12  mai  1873,  la  Société 
d’horticulture  de  Picardie  fera,  à Amiens, 
une  exposition  à laquelle  elle  convie  tous 
les  horticulteurs  et  amateurs,  ainsi  que  les 
industriels  dont  les  produits  se  rattachent  à 
l’horticulture.  Les  personnes  qui  désirent 
exposer  devront  en  donner  connaissance  à 
M.  Mennechet,  président  de  la  Société, 
avant  le  25  avril  1873,  en  indiquant  le 
nombre  et  la  nature  des  objets  qu’ils  se 
proposent  d’exposer. 

Les  membres  du  jury  devront  se  trouver 
au  local  de  l’Exposition,  à la  salle  Longue- 
ville, le  samedi  10  mai,  à neuf  heures  très- 
précises  du  matin. 

— Voici,  au  sujet  du  magnifique  Dattier 
envoyé  au  Muséum  par  MM.  Ch.  Huber 
et  G‘e,  horticulteurs  à Hyères,  quelques  dé- 
tails qui  nous  paraissent  intéressants  et  di- 
gnes d’être  connus;  ils  complètent  l’his- 
toire de  ce  remarquable  et  curieux  végétal, 
dont  deux  fois  déjà  nous  avons  parlé  (1). 
Ces  renseignements,  dont  nous  pouvons  ga- 
rantir l’authenticité  et  l’exactitude,  sont  ex- 
traits de  la  copie  qui  nous  a été  donnée 
d’une  lettre  adressée  à M.  Brongniart,  pro- 
fesseur de  botanique  au  Muséum,  lors  de 
l’envoi  de  ce  Dattier. 

...  Par  une  coïncidence  heureuse,  Page  du 
Palmier  qui  vous  est  adressé  peut  être  exactement 
indiqué.  Cet  arbre  est  le  produit  d’une  Datte  mise 
en  terre  le  19  mars  1810,  jour  de  la  naissance 
d’un  fils  du  fermier  qui  à cette  époque  occupait 
le  terrain  qui  aujourd’hui  est  la  propriété  de 
MM.  Ch.  Iluber  et  Cette  date  est  certaine  : 
elle  émane  de  l’homme  même  dont  le  père  a 
semé  le  Palmier;  et,  d’autre  part,  la  même 
date,  ainsi  que  les  circonstances  que  je  viens  de 
rappeler,  sont  connues  et  fréquemment  répétées 
par  beaucoup  de  personnes  de  la  ville. 

La  mort  de  ce  Palmier,  âgé  de  63  ans,  ne 

(1)  Reme  horticole,  1873,  pp.  5 et  101, 


peut  être  attribuée  au  froid  de  l’hiver  de  1870- 
1871,  dont  il  n’avait  pas  paru  souffrir  ; il  s’est 
lentement  éteint  en  passant  de  1871  à 1872,  et 
sans  que  la  température,  peu  rigoureuse  du 
reste  ici,  ait  pu  la  déterminer. 

Cet  arbre,  lorsqu’il  était  vivant,  occupait  à peu 
près  le  milieu  entre  deux  autres  Palmiers  égale- 
ment fort  beaux,  quoique  moins  élevés,  et  qui, 
d’une  végétation  vigoureuse,  ne  manifestent  pas 
la  moindre  souffrance. 

Si  l’on  ne  peut  admettre  — et  le  fait  est 
hors  de  doute  — que  ce  n’est  pas  le  froid 
qui  a fait  périr  le  Dattier  dont  il  s’agit,  il  ne 
faudrait  pas  non  plus  croire  que  la  mort  ait 
été  le  fait  de  l’âge,  les  arbres  de  cette  espèce 
pouvant  vivre  beaucoup  plus  longtemps  que 
soixante-trois  ans.  Quelque  circonstance  par- 
ticulière, inconnue,  a dû  la  déterminer, 
ainsi,  du  reste,  que  cela  arrive  chez  tous  les 
êtres,  où  certains  individus  très-forts  meu- 
rent tout  à coup,  sans  que  rien  fasse  pré- 
voir la  maladie  qui  les  a emportés. 

— Ceux  de  nos  lecteurs  qui  habitent 
Paris  ou  qui  s’y  trouvent  en  ce  moment 
pourront,  s’ils  le  veulent,  admirer  le  Xan- 
thoceras  sorbifolia  dont  il  a été  plusieurs 
fois  question  dans  ce  journal  où  il  a même 
été  figuré  (1).  Cet  arbuste,  qui  a environ 
50  de  hauteur  et  qui  porte  plus  de  cent 
inflorescences  qui,  en  ce  moment,  commen- 
cent à épanouir  leurs  fleurs,  est,  sans  au- 
cun doute,  la  plus  jolie  introduction  qui  ait 
été  faite  depuis  longtemps;  il  est  planté 
dans  le  carré  creux  attenant  à la  fosse  aux 
ours,  le  long  du  mur  de  la  ménagerie,  et 
d’où  l’on  peut  le  voir,  soit  de  l’allée  des 
Marronniers  qui  longe  la  fosse  du  côté  du 
midi,  ou  mieux,  de  l’allée  qui  est  au  nord 
et  parallèle  à celle-ci,  et  qui  longe  le  carré 
où  se  trouve  planté  le  Xanthoceras. 

• — Dans  ces  derniers  temps,  on  a beau- 
coup parlé  de  la  greffe  des  Rosiers  greffés 
sur  des  Rosiers  de  semis.  11  en  a même  été 
question  dans  ce  recueil  (2),  mais  à un  autre 
point  de  vue  : pour  constater  l’origine  de  ce 
procédé,  et  réclamer  la  priorité  pour  la 
France,  priorité  qu’un  horticulteur  anglais 
paraissait  vouloir  s’attribuer.  Un  des  grands 
avantages  de  ce  procédé,  disent  certaines 
personnes,  « c’est  que  les  pieds  ainsi  greffés 
ne  donnent  pas  de  drageons,  » et  tout  ré- 
cemment, à une  séance  de  la  Société  cen-  | 
traie  d’horticulture  de  France,  le  fait  a été  i 
affirmé  de  nouveau.  Tout  en  reconnaissant 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  291.  J 

(2)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  443.  j 


143 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D'AVRIL). 


certains  avantages  que  présente  ce  mode 
de  multipHcalion,  par  exemple  de  fournir 
des  pieds  mieux  enracinés,  peut-être  plus 
vigoureux,  nous  croyons  devoir  affirmer 
qu’il  n’a  pas  celui  qu’on  lui  attribue  : « d’em- 
pêcher la  production  des  bourgeons  par  les 
racines.  » Les  faits  contraires  ne  sont  pas 
rares,  et  ceux  qui  désireraient  en  voir  pour- 
ront aller  chez  MM.  Lévêque  et  fils,  horti- 
culteiirs-rosiérisles,  rue  du  Liégat,  à Ivry 
(Seine).  Toutefois,  ceci  ne  veut  pas  dire  que 
le  procédé  est  mauvais,  et  qu’il  faut  le  re- 
jeter. Non  ; et  en  rapportant  ce  fait,  notre 
but  est  de  montrer  que,  comme  toute  autre, 
la  règle  que  l’on  croyait  générale  présente 
de  nombreuses  exceptions. 

— Grâce  aux  moyens  faciles,  et  surtout 
rapides,  de  communication  qui  existent  au- 
jourd’hui, toutes  les  parties  du  globe  sont  en 
rapport  d’intérêts;  les  productions  récipro- 
ques sont  continuellement  échangées  et  trans- 
portées là  où  le  commerce  trouve  son  avan- 
tage. Parmi  les  différents  produits  récemment 
importés  en  France,  il  en  est  un  dont  il  a été 
question  bien  des  fois  dans  la  Revue,  dont 
aussi,  et  pour  cette  raison,  nous  devons  dire 
quelques  mots.  Il  s’agit  de  ces  fameux  Kakis 
japonais,  qui  jusqu’à  ce  jour  ne  nous  étaient 
guère  connus  que  par  des  descriptions  ou 
des  figures  qui  en  avaient  été  faites  (1)  ; au- 
jourd’hui il  en  est  tout  autrement,  et  l’on 
peut,  à Paris  comme  à Yedo,  trouver  (en 
moindre  quantité  bien  entendu,  et  proba- 
blement aussi  à un  prix  beaucoup  plus 
élevé)  ces  fruits,  qui  jusqu’à  présent  ne 
nous  étaient  guère  connus  que  de  nom. 

Les  Kakis  que  nous  avons  vus  étaient  ex- 
posés aux  vitrines  de  MM.  Cuvillier  et 
frères,  marchands  de  comestibles,  16,  rue 
de  la  Paix  ; ils  étaient  placés  les  uns  à côté 
des  autres,  et  semblaient  avoir  été  séchés  et 
préparés  comme  on  le  fait  chez  nous  des 
Figues  ou  des  Raisins.  Les  fruits,  compri- 
més, avaient  de  7 à 8 centimètres,  et  même 
plus,  de  longueur  ; ils  étaient  atténués  en 
pointe  assez  allongée  au  sommet,  ce  qui 
pourrait  bien  être  dû  à la  pression.  La  chair 
est  très-consistante,  ferme  et  comme  un  peu 
gélatineuse,  d’un  roux  brun  ; elle  est  su- 
crée, peu  relevée,  assez  agréable  et  sans  as- 
tringence. L’intérieur  contient  des  graines 
allongées,  longues  d’au  moins  2 centimè- 
tres, droites  d’un  côté,  arrondies  en  cercle 
du  côté  opposé. 

A quelle  espèce  ces  Kakis  appartiennent- 

(1)  Voir  Revîic  horticole,  1870,  p.  131;  1871, 
p.  410;  1872,  pp.  77, 196  et  252. 


ils?  C’est  ce  que  probablement  personne  ne 
pourrait  dire.  C’est  d’autant  plus  difficile,  en 
effet,  que,  au  Japon,  les  Kakis  sont  des  arbres 
fruitiers,  qu’on  en  trouve  de  très-nombreu- 
ses et  très-diverses  variétés,  et  désignées 
toutes  sous  l’appellation  générale  Kakis,  sous 
laquelle  ils  nous  arrivent  aussi  à Paris,  fait  qui 
ressort  d’un  passage  d’une  lettre  que  nous  a 
adressée  M.  Coignet,  ingénieur  des  mines 
au  Japon,  et  que  nous  croyons  devoir  rap- 
peler. Le  voici  : 

Il  existe  au  Japon  de  nombreuses  variétés  de 
Kakis,  TOUTES  DÉSIGNÉES  SOUS  CE  MÊME  NOM,  et 
atteignant  ordinairement  une  dizaine  de  mètres 
de  hauteur.  La  grosseur  des  fruits  varie  de  celle 
d’im  gros  ævf  de  poule  à celle  du  poing.  Les 
uns  sont  sphériques  ou  à peu  près,  d’autres 
oblongs;  la  peau  est  quelquefois  douce,  d’autres 
fois  rugueuse  et  légèrement  velue;  \w  pointe  (1) 
(comme  dans  la  Pèche)  est  très-prononcée  ou 
très- petite;  la  couleur  varie  du  jaune  orange 
clair  au  rouge  orange  foncé;  enfin,  certains  sont 
dépourvus  de  noyaux.  Les  plus  estimés  pour  leur 
volume  et  leur  goût  sont  ceux  de  Miako-no-d'jô 
(province  de  Fiouga,  au  sud-est  de  l’île  de  Kiou- 
siou)  et  de  la  province  d’Omi,  au  nord  du  lac 
Biwa,  près  de  Kioto,  ancienne  résidence  des  Mi- 
kados. 

Les  fruits  des  Kakis  sont  bons  à manger:  R un 
peu  avant  la  maturité,  lorsqu’ils  sont  encore 
durs,  légèrement  colorés,  et  que  le  sucre  com- 
mence à se  former;  on  les  coupe  alors  en  seg- 
ments, et  on  enlève  les  noyaux  et  les  alvéoles  ; 
sa  chair  craque  sous  la  dent  et  est  très-agréable  ; 
2o  lorsque  la  maturité  est  complète  : on  les 
mange  alors  à la  cuillère.  Cueillis  dans  cet  état, 
séchés  au  soleil  et  conservés  dans  de  la  farine, 
ils  donnent  au  bout  de  deux  ou  trois  mois  un 
fruit  qui  peut  rivaliser  avec  nos  meilleures 
Figues  sèches. 

C’est  très-probablement  sous  ce  dernier 
état  et  ainsi  préparés  qu’on  nous  envoie  les 
Kakis  dont  nous  parlons,  que  nous  avons 
vus  à l’étalage  de  la  rue  de  la  Paix,  où  ils 
étaient  éüqueiés  Kakis  japonais.  Toutefois, 
nous  devons  déclarer  — est-ce  par  suite 
d’habitude?  — que  nous  préférons  les  Fi- 
gues aux  Kakis. 

— Un  journal  horticole  peu  connu  en 
France,  et  qui  mérite  de  l’être  davantage, 
c’est  le  Moniteur  horticole  illustré  {Illus- 
trirte  Berichte  über  Gartenhau).  Cette  pu- 
blication, dont  nous  avons  sous  les  yeux  le 
premier  numéro  de  l’année  1873,  n’est 
pourtant  pas  à son  début  ; elle  paraît  déjà 

(1)  Par  pointe  M.  F.  Coignet  désigne  le  point 
pistillaire  ou  légère  saillie  qui  est  au  sommet  du 
fruit.  (Rédaction.) 


144 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’AYRIL). 


depuis  quelques  années;  mais  à partir  du 
1er  janvier  dernier,  la  direction  a été  chan- 
gée, et  tout  fait  espérer  que  ce  sera  à l’avan- 
tage de  l’horticulture.  Ce  recueil,  qui  est 
écrit  en  trois  langues  : français^  allemand 
et  anglais,  est  une  revue  internationale  qui 
tend  à vulgariser,  à universaliser,  pourrait- 
on  dire,  les  connaissances  horticoles  ; aussi 
sommes-nous  tout  disposé  à lui  accorder 
notre  concours,  et  à ce  sujet  nous  croyons 
devoir  rappeler  ce  que  nous  avons  déjà 
dit  : que  la  science  n’a  pas  de  nationalité, 
et  que,  au  contraire,  c’est  elle,  elle  seide, 
qui  est  appelée  à les  faire  disparaître  ; 
la  servir  est  donc  servir  l’humanité,  con- 
tribuer à l’union  et  à la  fraterniié  uni- 
verselles, qui,  quoi  qu’on  en  puisse  dire, sont 
fatales.  C’est  une  question  de  temps.  Tâ- 
chons d’en  abréger  la  durée. 

Le  Moniteur  horticole  illustré,  format 
grand  in-quarto,  paraît  six  fois  par  an,  au 
prix  de  27  fr.  pour  l’année.  La  rédaction 
principale  est  confiée  à MM.  de  Decken- 
Ringelheim  et  E.  Rodigas,  professeur  à 
Gand.  Toutes  les  questions  horticoles,  ainsi 
que  tous  les  arts  et  toutes  les  industries  qui 
s’y  rapportent,  s’y  trouvent  traitées  plus  ou 
moins  longuement,  en  raison  de  leur  im- 
portance. Des  figures  noires  intercalées  dans 
le  texte  aident  puissamment  l’intelligence, 
en  rendant  sensible  aux  yeux  ce  que  le  lan- 
gage ne  peut  reproduire.  De  magnifiques 
planches  coloriées,  du  format  du  journal, 
parfois  même  doubles,  augmentent  le  mé- 
rite de  cette  publication,  qui  devient  non 
seulement  utile,  mais  luxueuse,  ce  qui  ne 
gâte  jamais  rien.  On  peut  s’abonner  à Paris, 
chez  G.  Borrani,  libraire-éditeur,  9,  rue  des 
Saints-Pères. 

— Qu’est-ce  qui  détermine  les  pana- 
chures?  Y a-t-il  une  loi  qui  en  règle  la  re- 
production? Et,  si  oui,  quelle  est-elle?  Ces 
différentes  questions  nous  sont  suggérées 
par  le  fait  suivant,  que  nous  allons  rappor- 
ter, et  qui  est  particulier  au  Taxus  haccata 
Bowastonii.  Voici: 

Il  y a déjà  quelques  années  (c’était  vers 
1864,  croyons-nous),  nos  collègues,  MM.  Thi- 
bault et  Keteleer,  avaient  récolté  une  assez 
grande  quantité  de  graines  (environ  deux 
cents)  du  Taxus  haccata  Doivasto^nii.  Se- 
mées, ces  graines  ont  donné  un  cinquième 
au  moins  de  plantes  bien  panachées  ; les 
autres,  qui  étaient  vertes,  ressemblaient  au 
type,  T.  haccata.  Parmi  les  individus  à 
feuilles  panachées,  il  s’en  trouvait  quel- 
ques-uns dont  le  port  différait  un  peu  de 


celui  du  type,  sans  pourtant  présenter  des 
caractères  assez  tranchés  pour  qu’on  pût  les 
considérer  comme  des  variétés  distinctes; 
mais  il  y en  avait  deux  qui  rappellent  par- 
faitement le  T.  haccata  Bowastonii  pour  le 
port  et  la  végétation,  et  dont  la  panachure, 
très-jolie  et  très-constante,  est  aussi  pro- 
noncée que  chez  le  T.  haccata  elegantis^ 
sima.  Ce  sont  donc  des  gains  très-remar- 
quables, et  qui,  nous  n’en  doutons  pas,  se- 
ront fort  appréciés  des  amateurs. 

Quelle  cause  a déterminé  cette  variation? 
Nous  n’en  voyons  là  aucune  de  celles  qu’on 
invoque  ordinairement  en  pareil  cas.  En  effet, 
dans  tout  le  jardin,  et  probablement  à une  dis- 
tance considérable  de  ce  jardin,  il  n’y  avait 
pas  d’If  à feuilles  panachées.  Le  fait  dont  il 
s’agit  n’est  donc  pas  dû  à la  fécondation.  Il  se- 
rait difficile  aussi  d’admettre  que  c’est  un  cas 
de  maladie,  puisque  ces  plantes  panachées 
étaient  tout  aussi  vigoureuses,  parfois  même 
plus,  que  celles  qui  étaient  vertes.  A quoi 
donc  ce  fait  est-il  dû?  Nous  ne  savons,  et 
nous  croyons  avoir  cela  de  commun  avec 
tout  le  monde.  Mais  ce  que  nous  pouvons 
affirmer,  c’est,  nous  le  répétons,  que  les 
deux  formes  de  Taxus  haccata  Bowastonii 
dont  nous  venons  de  parler,  et  que  l’on 
pourra  se  procurer  chez  MM.  Thibaut  et 
Keteleer,  horticulteurs  à Sceaux,  sont  des 
plantes  tout  à fait  hors  ligne. 

— A propos  des  divers  insecticides  dont 
nous  avons  parlé  récemment  (1),  et  dont 
nous  avons  seulement  cité  les  noms,  un  de 
nos  abonnés  nous  a écrit  pour  nous  faire  sa- 
voir que,  voulant  essayer  sinon  tous,  du 
moins  quelques-uns  de  ces  produits,  il  dé- 
sire savoir  où  on  les  vend,  et  nous  prie,  par 
conséquent,  de  vouloir  bien  lui  faire  con- 
naître les  adresses,  ce  que  nous  allons  faire, 
en  indiquant  même  — d’après  les  prospec- 
tus — quelques-unes  des  propriétés  de 
ces  préservatifs  que  les  inventeurs  leur  i 
reconnaissent.  — Ne  pas  oublier  qu’il  s’a- 
git de  leurs  enfants.  — Ainsi , Vinsec-  I 
ticide  foudroyant,  <f  infaillible  contre  les  [ 
insectes,  tels  que  mouches,  cousins,  pu- 
ces,  punaises,  poux,  cafards,  fourmis,  | 
chenilles,  mites,  etc.,  etc.,  » se  vend  ^ 
chez  M.  E.  Galzy,  28,  rue  Bugeaud,  à Lyon.  | 
— La  poudre  insecticide  Tachet,  dont  les  ] 
propriétés  sont  au  moins  égales  à celles  de  , 
V insecticide  foudroyant,  se  vend  dans  la 
même  maison.  — L’insecticide  liquide  Car- 
net, qui,  dit  le  prospectus,  « détruit  radi-  > 


(i)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  71. 


DU  GALVANISME  CH 

calement  et  instantanément  tous  les  in- 
sectes et  TOUS  leurs  œufs,  » se  vend  à Paris, 
21,  boulevard  Magenta.  Il  est  supérieur  à 
beaucoup  d’autres  insecticides;  c’est,  du 
moins,  l’avis  du  prospectus  : 

La  poudre  insecticide,  connue  et  vendue  sous 
différents  noms,  rend  quelques  services,  mais  est 
loin  de  satisfaire  complètement  le  public,  surtout 
pour  la  destruction  des  chenilles,  fourmis,  pu- 
naises, mites  et  larves  de  toute  espèce. 

Les  insectes  que  le  hasard  met  en  contact  avec 
la  poudre  sont  seuls  détruits,  et  les  larves  ou 
œufs  de  ces  insectes  ne  le  sont  jamais.  11  était 
donc  urgent  de  trouver  un  produit  détruisant 
radicalement  jusqu’à  la  semence  même  de 
l’animal. 

C’est  ce  produit,  Vinsecticide  Carnet,  appelé  à 
rendre  d’éminents  services,  que  je  livre  à la  con- 
sommation. 

Peut-on,  d’une  manière  plus  claire,  rap- 
peler celte  phrase  si  caractéristique  : a Pre- 
nez mon  ours.  )) 

h' insecticide  alcoolique  de  MM.  Prunot 
et  C‘«,  « seuls  inventeurs,  » se  vend  à Paris, 
rue  Picpus,  n«  7.  Si  l’on  s’en  rapporte  au 
prospectus,  l’on  constate  que  cet  insecticide 
est  encore  de  beaucoup  supérieur  aux  pré- 
cédents par  ses  qualités.  En  effet,  d’après 
ce  prospectus,  l’insecticide  alcoolique  Prunot 
et  « détruit  toutes  espèces  d’insectes  sur 
les  arbres  fruitiers  et  espaliers,  V écrivain  et 
Voïdiuni  de  la  Vigne,  les  vers  blancs,  cha- 

DU  GALVANISME  CH 

C’est  le  sort  commun  à toutes  les  décou- 
vertes, de  rencontrer  à leur  début  un  cer- 
tain degré  de  scepticisme  ; aussi  ne  devrait- 
on  pas  espérer  qu’aucune  explication  d’une 
circonstance  si  peu  prévue  et  si  peu  en  rap- 
port avec  toutes  les  pratiques  antérieures  soit 
acceptée  sans  hésitation  ; et  il  est  même 
mieux  qu’il  en  soit  ainsi,  afin  que,  par  un 
travail  raisonné  et  basé  sur  les  connais- 
sances acquises,  on  puisse  arriver  à une  ex- 
plication bien  fondée  des  phénomènes  qui 
nous  occupent,  sachant  parfaitement  bien 
que  toutes  les  coïncidences  de  la  nature  sont 
l’accomplissement  de  lois  formées  spéciale- 
ment sous  une  influence  directrice,  et  que 
les  faits  s’ajoutent  aux  faits  dans  un  certain 
enchaînement  harmonique,  avec  autant  de 
régularité  qu’un  jour  s’ajoute  à l’autre,  et 
que  ce  fait  était  l’un  seulement  d’une  série 
de  cet  ordre.  Bien  convaincu  de  ces  choses 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  pp.  5G,  118. 


Z LES  VÉGÉTAUX.  Hl* 

rançons,  courtïllières,  etc,  y>  C’est  presque 
une  panacée  horticole.  Qu’on  en  juge  : 

...  Tous  les  ans,  les  horticulteurs,  pépinié- 
ristes et  jardiniers,  perdent  des  sommes  considé- 
rables faute  de  pouvoir  détruire  tous  les  insecteià 
qui  rongent  et  détériorent  les  arbres  et  les  plan- 
tes, espaliers.  Rosiers,  etc. 

Jusqu’à  ce  jour,  pour  obtenir  la  destruction  de 
ces  insectes,  on  a employé  des  poudres  qui  ont 
été  loin  de  remplir  le  but  que  l’on  désirait.  Jp 
suis  parvenu,  au  moyen  de  mon  insecticide,  a 
détruire  instantanément  tous  ces  rongeurs, 
toute  espèce  de  vermine  indistinctement.  Depui.s 
quatre  ans,  les  résultats  obtenus  par  mon  insec- 
ticide chez  les  principaux  jardiniers,  pépinié- 
ristes, horticulteurs,  sont  une  garantie  de  l’in- 
faillibililé  de  mon  produit.... 

Après  ces  quelques  citations  d'extraks, 
toute  observation  nous  paraît  inutile.  Un 
fait  pourtant  peut  étonner  : c’est  d’entenchr 
tous  les  jours  de  si  nombreuses  et  trop  légi- 
times plaintes  relativement  aux  dégâts  qu’oc- 
casionnent soit  les  insectes,  soit  les  rongeur, s, 
les  vers  blancs,  etc.,  etc.,  lorsqu’il  existe 
des  moyens  si  simples  et  si  faciles  de  se  dé- 
barrasser « radicalement  » et  « instanta- 
nément y>  de  tous  ces  fléaux.  Est-ce  parce 
que  les  moyens  dont  nous  venons  de  parler 
ne  seraient  pas  suffisamment  connus,  ou  .se- 
rait-ce que  l’efficacité  de  ces  moyens  au- 
rait été  considérablement  surfaite  ? Nous 
appelons  sur  ce  point  toute  l’attention. 

E.-A.  Carrière. 

5Z  LES  VÉGÉTAUX 

je  fus  conduit  à préparer  une  expérience 
correspondant  à celle  de  la  vitrine,  en  me 
servant  seulement  d’une  batterie  galvani- 
que, sur  laquelle  il  ne  pouvait  y avoir  au- 
cun doute  quant  à l’action  qui  s’ensuivrait. 

Mes  expériences  antérieures  en  électro- 
physiologie  ont  presque  toutes  porté  sur 
les  substances  animales,  telles  que  le  blanc 
d’œuf  ou  albumine,  le  sang,  le  lait,  etc,, 
mais  il  est  bien  évident  que  des  résultats 
plus  éloquents  seront  obtenus  du  règne  vé- 
gétal dans  l’espace  de  quelques  mois,  lors- 
que la  végétation  sera  plus  active  ; et  c’est 
pourquoi  il  est  à souhaiter  que  ceux  qui  dé- 
sirent faire  des  recherches  sur  ce  sujet 
puissent  être  pourvus  d’indications  sur  les 
meilleurs  moyens  de  conduire  leurs  expé- 
riences. Dans  le  cas  présent,  un  simple  élé- 
ment d’une  petite  batterie  galvanique  (de 
Smee)  fut  mis  en  action  avec  de  l’acide  sul- 
furique dilué,  de  manière  à obtenir  une 
très-faible  action  continue.  Une  plaque  de 


DU  GALVANISME  CHEZ  LES  VÉGÉTAUX. 


ii6 

verre  d’à  peu  près  3 pouces  carrés  fut  en- 
suite recouverte  par  deux  plaques  de  fer-  ' 
Idanc,  écartées  l’une  de  l’autre  d’environ  un 
dixième  de  pouce,  les  empêchant  de  se  tou- 
cher. Sur  ces  plaques  fut  placé  un  morceau 
épais  de  feutre  saturé  d’eau  de  pluie,  sur 
lequel  on  étendit  une  couche  mince  de 
graines  de  Cresson  (préalablement  trempées 
dans  l’eau  jusqu’à  ce  qu’elles  soient  arri- 
vées à l’état  de  mucilage),  de  façon  à re- 
couvrir entièrement  toute  la  surface.  Les 
deux  fils  de  la  batterie  passent  à travers  les 
graines  et  le  feutre  reposant  sur  le  fer-blanc, 
l’un  sur  une  plaque,  l’autre  sur  l’autre,  à 
une  distance  de  près  de  2 pouces  d’écarte- 
ment entie  eux,  de  manière  que  chaque 
pièce  forme  un  électrode  terminal  de  la  bat- 
terie, la  jonction  du  circuit  de  la  batterie 
étant  effrclnée  par  le  feutre  mouillé  reliant 
les  deux  plaques  de  fer-blanc.  Une  portion 
du  feutre  et  ses  graines  fut  ainsi  rendue 
électro-négatwement  « polaire,  i>  pendant 
que  l’antre  portion  devint  électro -positive, 
position  dans  laquelle  on  les  laissa  sans  les 
déranger.  Au  bout  de  quatre  jours  (sans  em- 
ployer de  chaleur  artificielle),  les  graines 
autour  du  fil  positif  commencèrent  à mon- 
trer des  signes  de  germination,  en  même 
temps  qu’elles  paraissaient  légèrement  ri- 
dées, et  que  leurs  enveloppes  noircissaient. 
Autour  du  fil  négatif,  les  graines  étaient 
îrès-considérablement  gonflées  et  commen- 
çaient à p<  rcer  leurs  enveloppes,  et  conser- 
vaient leur  couleur  naturelle.  Au  bout  de 
six  jours,  ces  dernières,  dont  le  gonflement 
s’était  encore  accru,  laissaient  échapper 
leurs  cotylédons.  En  même  temps  que  cette 
expérience  était  préparée,  on  sema  de  ces 
mêmes  graines  sur  un  morceau  de  feutre 
humide,  qu’on  plaça  dans  une  soucoupe  à 
côté  des  autres,  pour  servir  de  terme  de 
comparaison.  Les  graines  autour  de  l’élec- 
trode négatif  n étaient  pas  seulement  plus 
gonflées  ; mais  elles  étaient  aussi  de  beau- 
coup en  avance  sur  celles  qui  .se  trouvaient 
comme  comparaison  sur  le  feutre  tout  à 
côté.  Mais  il  y a aussi  une  circonstance  très- 
remarquable  accompagnant  ces  conditions 
d’accroissement  électro-polaire  qui  explique 
ce  fait  d’une  manière  plus  efficace  ; ainsi, 
pendant  que  les  radicules  des  graines  au- 
tour du  fil  négatif,  qui  donnaient  ainsi  des 
preuves  d’une  croissance  luxuriante,  se 
tournaient  par  en  bas  et  pénétraient  dans  le 
feutre  humide,  les  radicules  des  graines  au- 
tour du  fil  positif,  déjà  noircies  et  ridées,  se 
développa’umt  en  sens  inverse  des  autres, 
c’est-à-dire  les  racines  en  l’air.  Ce  fait,  ce- 


pendant, n’est  pas  sans  précédent.  Dans  les 
comptes-rendus  du  4 novembre  1867, 
M.  Ch.  Blondeau  constate  qu’en  soumettant 
des  Pommes,  Poires  et  Pêches  à l’action 
d’un  courant  électrique,  on  accélère  leur 
maturation  ; d’une  autre  part,  ayant  rendu 
des  graines  bons  conducteurs  en  les  humec- 
tant, il  affirme  qu’en  les  électrisant  il  les 
fait  germer  plutôt  que  des  mêmes  graines 
non  soumises  à cette  action.  Il  dit  : « Des 
Haricots  qui  furent  électrisés  montrèrent 
une  singulière  particularité  : ils  germèrent 
la  tète  en  bas  et  les  racines  en  Vair.  Ce 
fait  paraît  in)portant,  en  ce  qu’il  explique  la 
raison  par  laquelle  les  plantes  poussent 
leurs  racines  dans  le  sol  et  leurs  tiges  dans 
l’air.  La  tendance  est  si  forte,  que  tout  ef- 
fort pour  les  faire  agir  autrement  demeure 
infructueux  ; mais  pourtant  on  arrive  à 
vaincre  cette  difficulté  par  le  choc  élec- 
trique, de  la  même  manière  qu’on  renverse  | 
les  pôles  d’un  aimant.  Nous  sommes  tentés 
de  comparer  l’embryon  à un  petit  aimant,  | 
avec  des  pôles  opposés.  » (Intellectual  ob- 
server, 7 décembre  1867.)  Nous  avons  ici  ; 
une  petite  idée  de  ce  qui  est  maintenant 
plus  clairement  compris;  on  observera  que 
ces  effets  sont  présentés  dans  les  notes  ci- 
dessus  comme  dus  simplement  à l’action 
électrique  des  courants  sur  ces  végétaux. 
Mais  on  ne  trouva  pas  que  ces  différents 
résultats  fussent  déterminés  par  une  sorte 
spéciale  de  polarité  employée.  Les  mots  : 
électricité,  électrisant  ou  électrifiayit  de- 
viennent hors  d’usage  à cause  de  leur  défi- 
nition vague,  et  devront  être  bientôt  rem- 
placés par  une  subdivision  de  termes 
impliquant  différentes  nuances  de  défini- 
tions, telles  que  tension  électrique,  pola- 
rité électrique,  électro -négatif  et  électro- 
positif, etc.;  dans  le  cas  présent,  nous  j 
avons  affaire  spécialement  avec  ce  dernier. 

Il  est  ainsi  démontré  d’une  manière  à ne 
pas  s’y  tromper  que  pendant  qu’une  végé-  , 
talion  vigoureuse  s’obtient  autour  des  élec-  ; 
trodes  négatifs,  il  se  produit  des  effets  d’une 
nature  plus  compliquée  au  bout  opposé  ; 
c’est  donc  à ce  dernier , c’est-à-dire  à 
l’électro-positif  électrode,  que  l’appropria- 
tion de  l’oxygène  prend  place,  et  cependant 
c’est  ici  qu’une  végétation  vigoureuse  ne  se 
présente  pas,  ce  qui  est  une  indication  claire  [ 
que  ((  l’appropriation  » de  l’oxygène  par  la  i 
plante  n’est  pas  effectuée  delà  manière  com- 
munément supposée;  mais,  quoi  qu’il  en  soit, 
un  pas  essentiel  est  fait  dans  la  préparation  de 
la  nourriture  des  plantes.  Ce  qui  s’est  passé  ^ 
réellement  est  ceci  : l’oxygène  a été  con-  | 


UN  NOUVEAU  LIEN  HORTICOLE. 


147 


sumé  par  l’enveloppe  de  la  graine,  laquelle 
a cédé  une  portion  de  son  hydrogène  et  laissé 
le  carbone  comme  charbon,  exactement 
comme  un  fragment  de  paille,  bois  ou  bou- 
chon trempés  dans  de  forte  huile  de  vitriol 
(acide  sulfurique)  se  charbonne.  La  pre- 
mière chose  nécessaire  à la  végétation  d’une 
graine  est  l’humidité,  la  seconde  un  degré 
convenable  de  chaleur  ; et  sous  ces  deux 
conditions,  le  premier  effet  qui  se  produit 
est  un  certain  changement  chimique  qui 
s’opère  parmi  les  éléments  constituants  des 
lobes  de  la  graine  ou  ses  cotylédons;  et  jus- 
qu’à ce  que  la  graine  ait  formé  ses  organes 
polaires  propres  de  manière  à pouvoir  pré- 
parer et  assembler  de  nouveaux  aliments, 
elle  vit  entièrement  à ses  propres  dépens, 
c’est-à-dire  qu’elle  consomme  la  nourriture 
qui  a été  amassée  dans  son  intérieur,  et 
c’est  pour  cette  raison  qu’autour  de  l’élec- 
trode positif  ayant  pour  stimulant  de  l’oxy- 
gène, on  remarque  les  premiers  signes  de 
végétation,  quoique  cet  accroissement  s’é- 
puise bientôt,  n’étant  pas  dans  une  condi- 
tion convenable  pour  réparer  ses  pertes. 

UN  NOUVEAU  ] 

Au  mot  nouveau^  qui  est  exact,  nous 
I pouvons  sans  crainte  ajouter  bon.  Ces  deux 
I qualités,  qu’on  est  loin  de  toujours  rencon- 
f trer  réunies,  se  trouvent  au  plus  haut  degré 
j dans  le  produit  dont  nous  allons  parler,  et 
I dont  nous  allons  d’abord  dire  quelques  mots 
[ quant  à l’origine.  Sous  ce  dernier  rapport, 

' on  est  loin  d’être  suffisamment  renseigné, 
ainsi  qu’on  va  le  voir. 

D’après  M.  Martin  Müller,  horticulteur  à 
Strasbourg,  qui  nous  paraît  être  le  princi- 
pal détenteur  de  ce  produit,  celui-ci  vien- 
drait du  Japon,  d’où  il  aurait  été  envoyé  en 
Allemagne  par  spéculation,  dans  le  but  d’en 
faire  du  papier;  l’affaire  n’ayant  pas  réussi, 
c’est  donc  à cet  insuccès  que  l’horliculture 
serait  redevable  de  ce  produit,  fait  qui, 
comme  toujours,  confirme  ce  vieux  pro- 
veibe:  « À quelque  chose  malheur  est 
bon.  » Mais,  d’une  autre  part,  un  célèbre 
botaniste,  le  professeur  Koch,  de  Berlin,  à 
qui  M.  Martin  Müller  a montré  ce  produit, dit 
qu’il  est  dû  à des  pennules  de  feuilles  d’un 
I Palmier,  le  Raphia  tœdigera.  Disons  tou- 
tefois qu’il  ne  peut  en  être  ainsi,  puisque  les 
deux  assertions  sont  en  contradiction  mani- 
feste. En  effet,  si,  comme  l’a  dit  le  savant 
professeur  allemand,  ce  produit  est  formé 
par  le  R.  tœdigera,  il  ne  viendrait  pas  du 


Il  y a bien  d’autres  faits  en  rapport  avec 
cette  action  électro -polaire  de  la  vie  des 
plantes  auxquels  nous  pourrions  recourir  ; 
mais  on  peut  nous  objecter  qu’il  n’y  a au- 
cune de  ces  plaques,  fils  ou  acides,  dans  les 
œuvres  de  la  nature,  à l’aide  desquels  de 
tels  effets  puissent  se  produire  en  plein  air. 
C’est  vrai.  Mais  tout  cela  se  trouve  com- 
pensé ; car  il  y a une  organisation  merveil- 
leuse d’une  grande  simplicité,  par  laquelle 
chaque  arbre,  plante  ou  brin  d’herbe,  atteint 
ses  conditions  polaires,  et  est  ainsi  rendu 
apte  à pourvoir  à tous  ses  besoins;  et  c’est 
en  augmentant  ces  conditions  polaires  que 
nous  pouvons  espérer  devenir  capables  de 
contrôler  et  d’augmenter  artificiellement  la 
végétation.  Mais  comme  ces  faits  dépendent 
en  grande  partie  de  l’oxygène  de  l’atmos- 
phère, il  sera  nécessaire  premièrement  de 
particulariser  les  conditions  spéciales  de  la 
composition  de  l’air,  qui  permet  à ces  effets 
de  se  produire.  — W.-K.  Rridgmann 
Norwick. 

(Extrait  du  Gardener’s  Chronicle, 
par  Louis  Neumann.) 

EN  HORTICOLE 

Japon,  mais  bien  du  Brésil,  d’où  ce  Palmier 
est  originaire  (1). 

Les  quelques  recherches  que  nous  avons 
faites  à ce  sujet  ne  nous  ont  rien  appris  non 
plus  sur  l’origine  ni  sur  la  plante  qui  four- 
nit ce  produit.  Mais,  quoi  qu’il  en  soit,  et 
malgré  cette  lacune  assurément  regrettable, 
ce  fait  n’est  pourtant  que  très- secondaire  ; 
l’essentiel,  c’est  que  ce  produit,  auquel  il 
faut  bien  donner  un  nom  afin  de  s’entendre, 
et  que  nous  nommons  natte  Müller,  est, 
nous  en  avons  la  conviction,  appelé  à rendre 
de  grands  services  à rhorticultore.  Du 
reste,  sous  ce  rapport,  l’essai  n’est  pas  à 
faire  ; l’emploi  qu’en  a fait  M.  Müller  et  bon 
nombre  d’autres  personnes  a prouvé  que 
cette  natte,  qui  réunit  toutes  les  qualités, 
est  de  beaucoup  préférable  à tout  ce  qu’on 
connaît  en  ce  genre.  On  la  trouve  sous  la 
forme  de  lanières  longues  de  1™  50  et  plus; 
elle  est  des  plus  souples  et  des  plus  douces 
au  toucher.  Quant  à sa  solidité,  elle  est  telle 
que,  même  sèche,  on  peut  en  faire  des 

(1)  Toutes  les  espèces  du  genre  Raphia  habitent 
des  pays  très-chauds.  On  en  rencontre  à Java,  aux 
Moluques,  à Madagascar.  Quant  au  Jl.  tœdigera, 
il  se  trouve  cultivé  dans  beaucoup  de  localités  tro- 
picales ou  chaudes,  ce  qui  s’explique  par  les  nom- 
breux usages  que  l’on  fait  de  ses  diverses  parties.^ 


LONICERA  STANDISHI.  — RHAMNUS  HYBRIDUS. 


14S 

ïiœuds,  des  boucles,  etc.,  absolument 
comme  on  le  ferait  avec  de  la  ficelle  ; on 
|)cut  également  la  diviser  dans  toute  sa  lon- 
gueur en  fragments  ténus  comme  des  fils, 
fjui,  néanmoins,  conservent  une  solidité 
relativement  considérable,  et  avec  lesquels 
^n  peut  attacher,  mousser  les  plantes,  etc., 
ainsi  qu’on  pourrait  le  faire  avec  de  la 
ficelle.  Il  va  sans  dire  aussi  qu’on  peut  s’en 
servir  pour  lier  les  greffes,  ce  à quoi  ces 
liens  sont  d’autant  plus  propres  qu’ils  sont 


très-doux  et  très-moelleux,  ne  coupent  pas 
le  bois,  et  ont  aussi  cet  autre  avantage  de 
se  décomposer  assez  vite  pour  qu’on  n’ait 
pas  à délier  les  greffes. 

Un  dépôt  de  7iatte  Mïdler  existe  à Paris, 
chez  M.  Loise-Chauvière,  marchand  grai- 
nier,  quai  de  la  Mégisserie,  14.  Les  per- 
sonnes qui  se  trouvent  plus  rapprochées  de 
Strasbourg  que  de  Paris  pourront  s’adres- 
ser dans  cette  ville  à M.  Martin  Müller, 
horticulteur.  E.-A.  Carrière. 


LONICERA 

Arbuste  vigoureux,  buissonneux  ; ra- 
meaux étalés,  à écorce  roux  brunâtre. 


sjcabre  par  de  nombreux  poils  tuberculeux 
presque  noirs.  Feuilles  longtemps  persis- 
tantes, bien  que  caduques,  opposées,  parfois 

RHAMNUS 

Les  froids  exceptionnels  de  l’hiver  1871- 
1872,  en  faisant  périr  une  très-grande  quan- 
tité d’espèces  de  plantes  à feuilles  persis- 
tantes que  l’on  avait  considérées  comme 
rustiques,  ont  fait  connaître  celles  qui  réel- 
lement peuvent  être  considérées  comme 
telles  sous  le  climat  de  Paris.  Le  nombre 
est  loin  d’en  être  grand,  et  lorsqu’on  a cité 
le  Buis  et  les  Mahonias  (nous  ne  parlons 
pas  des  Conifères,  tels  qu’lfs,  Thuias,  etc.), 


STANDISHI 

subdistiques,  très-courtement  pétiolées,  el- 
liptiques , régulièrement  acuminées  en 
pointe  au  sommet,  coriaces,  sèches,  sca- 
bres,  dures  au  toucher,  velues  hispides  de 
toutes  parts,  surtout  lorsqu’elles  sont  jeunes. 
Fleurs  se  montrant  de  décembre  à mars, 
géminées,  axillaires,  sessiles  ou  subsessiles, 
blanches,  légèrement  rosées  à l’intérieur, 
très-odorantes,  à odeur  fine  et  très-agréable, 
rappelant  celle  de  fleur  d’Oranger,  mais 
plus  douce. 

Le  Lonicera  Standishi,  Lindl.  (fig.  16), 
est  originaire  de  la  Chine  d’où  il  fut  en- 
voyé à M.  Standish  par  M.  Fortune  il  y a 
une  quinzaine  d’années  environ.  C’est  un 
arbuste  qui,  à l’avantage  d’être  peu  délicat 
et  de  venir  à peu  près  partout,  a celui  non 
moins  grand  de  fleurir  dans  une  saison  où 
les  fleurs  sont  rares,  et  d’embaumer  — l’ex- 
pression n’est  que  juste  — nos  jardins  à 
une  époque  où  ils  sont  généralement  dé- 
pourvus d’intérêt.  Aussi,  devrait-on  en 
planter  au  moins  un  pied  dans  tous  les  jar- 
dins. Quant  à sa  multiplication,  on  la  fait 
par  boutures  avec  des  rameaux  dépourvus 
de  feuilles,  de  décembre  à février,  et  on  les 
pique  en  pleine  terre,  comme  on  le  fait 
lorsqu’il  s’agit  de  boutures  de  Groseilliers. 

E.-A.  Carrière. 

HYBRIDUS 

on  est  obligé  de  s’arrêter,  bien  que  cer- 
taines autres  espèces  puissent  être  considé- 
rées comme  assez  résistantes.  Parmi  ces 
dernières,  on  peut  compter  les  Aucubas, 
le  Buisson  ardent  {Cratœgus  pyracan- 
1ha)y  etc.,  mais  surtout  les  Rhamnus  in~ 
termedius,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  et  sur  ' 
lesquels  nous  reviendrons  prochainement 
à propos  de  quelques  formes  des  plus  inté- 
ressantes, que  nous  avons  obtenues  de  semis.  ^ 


149 


QUELQUES  PLANTES  POTAGÈRES 

Au  nombre  des  espèces  rustiques,  et 
même  très-rustiques,  nous  pouvons  ajouter 
celle  qui  fait  le  sujet  de  cet  article,  le 
Rhamnus  hyhridus,  plante  peu  connue, 
par  conséquent  rare,  tandis  qu’elle  devrait 
se  trouver  partout;  ses  feuilles,  qui  sont 
grandes,  coriaces,  d’un  vert  très-foncé,  per- 
sistent tout  l’hiver,  et  ne  tombent  que  du 
mois  de  mars  au  mois  de  mai,  lorsque  de 
nouvelles  commencent  à pousser,  de  sorte 
que  les  plantes  sont  toujours  vertes.  On  peut 
donc  les  considérer  comme  étant  à feuilles 
persistantes  et  des  plus  précieuses,  puisque 
jamais  elles  ne  souffrent  du  froid,  même 
dans  les  hivers  les  plus  rigoureux^,  aussi, 
n’hésitons-nous  pas  à la  recommander.  Elle 
présente  cet  avantage  de  croître  à peu  près 
dans  tous  les  sols  et  à toutes  les  expositions. 
Pour  les  terrains  secs,  chauds,  effrités  et 
peu  aérés,  comme  sont  en  général  ceux  des 
jardins  de  Paris,  c’est  une  plante  de  premier 


NOUVELLES  OU  PEU  RÉPANDUES. 

mérite,  qui,  sans  être  comparable  au  Fu- 
sain du  Japon,  va  de  pair  avec  lui,  sauf  la 
rusticité,  qui  est  beaucoup  plus  grande. 

Comme  le  R.  hyhridus  ne  donne  pas  de 
graines,  on  le  multiplie  par  couchages,  qui, 
incisés,  reprennent  facilement. 

En  terminant  cette  note,  nous  rappelons 
et  recommandons  aussi  une  autre  vieille 
plante  que  l’on  néglige  beaucoup  trop,  et 
qui  pourrait  également  rendre  de  très-grands 
services  : c’est  le  Buplevrmn  fruticosum, 
qui,  à feuilles  persistantes  lorsqu’il  est  jeune, 
semi- persistantes  lorsqu’il  est  adulte,  est 
très-vigoureux,  rustique,  et  supporte  bien 
la  taille,  de  sorte  que,  au  besoin,  on  peut  en 
faire  des  haies  ou  des  abris.  Il  a aussi  cet 
immense  avantage  de  croître  à peu  près 
dans  tous  les  terrains  et  à toutes  les  exposi- 
tions, et  de  se  multiplier  par  graines  avec 
la  plus  grande  facilité. 

E.-A.  Carrière. 


QUELQUES  PLANTES  POTAGÈRES  NOUVELLES 

ou  PEU  RÉPANDUES 


Quoique  nous  ne  nous  rendions  pas  un 
compte  bien  exact  du  peu  d’intérêt  que  l’on 
porte  en  apparence  aux  légumes,  et  que  la 
partie  du  jardin  où  on  les  cultive  soit  peu 
visitée  par  les  propriétaires,  sous  le  prétexte 
qu’elle  n’est  pas  agréable  à l’œil,  nous  n’hé- 
sitons pas  à dire  que,  à notre  point  de  vue, 
un  potager  bien  tenu,  dont  les  planches  sont 
tirées  au  cordeau,  dans  lequel  les  légumes 
sont  semés  ou  plantés  en  lignes  parfaite- 
ment espacées  les  unes  des  autres,  à la  dis- 
tance qui  leur  convient  eu  égard  à leur  dé- 
veloppement, et  que  la  terre  est  couverte  de 
beaux  produits,  bien  sarclés  et  bien  entre- 
tenus, comme  ils  doivent  toujours  l’être, 
nous  disons  qu’un  jardin  potager  dans  ces 
conditions  est  non  seulement  joli,  mais  très- 
intéressant  et  surtout  très-utile,  ce  qui  n’est 
pas  le  moindre  mérite.  D’une  autre  part,  le 
plaisir  qu’offre  le  maraîchage  ou  l’hortolage 
n’est  ni  moins  grand,  ni  moins  varié  que 
celui  que  procure  la  culture  des  fleurs. 

I Comme  dans  celles-ci,  il  y a l’imprévu,  l’ob- 
j servation  et  l’étude  des  nouveautés  qui  ap- 
paraissent chaque  année.  C’est  tout  particu- 
î lièrement  l’énumération  d’un  certain  nombre 
de  ces  nouveautés  qui  va  faire  l’objet  de  cet 
article,  que  nous  publions  en  vue  d’être 
! utile  aux  lecteurs  de  la  Revue  horticole  ; 
et,  conformément  au  proverbe  : « A tout 
seigneur,  tout  honneur,  » nous  commençons 
par  celles  mises  au  commerce  cette  année 


par  MM.  Vilmorin  et  C*®,  marchands  grai- 
niers  à Paris.  Les  voici  par  ordre,  et  avec 
quelques  détails  : 

Betterave  rouge  pyriforme  de  Stras- 
bourg. — Racine  moyenne,  demi-longue, 
en  forme  de  Poire,  de  couleur  très-foncée. 

Carotte  rouge  demi -longue  de  Luc.  — 
Variété  perfectionnée,  cylindrique,  obtuse, 
ayant  la  forme  de  la  Nantaise. 

Chicorée-Scarole  béglaise  de  Bordeaux. 
— Voisine  de  la  Scarole  en  cornet.  Semée 
en  août,  elle  a bien  passé  l’hiver  dehors  chez 
M.  Vilmorin,  et  elle  a formé  au  printemps 
une  véritable  pomme  ovoïde,  allongée,  assez 
forte,  se  coiffant  et  blanchissant  seule. 

Chou  de  Habas  hâtif,  blond,  à pied 
court.  — Ce  Chou  est  blond  et  hâtif,  et  à 
pomme  ondulée,  peu  serrée. 

Chou-Navet  jaune  plat  hâtif.  — Variété 
à racines  rondes,  aplaties;  recommandable 
pour  la  culture  potagère  et  jardinière. 

Concombre  Agourei  de  Russie.  — Va- 
riété hâtive,  à fruit  ellipsoïde,  à écorce  brun 
clair  ou  mordoré,  fendillée  de  manière  à si- 
muler une  broderie  grisaille. 

Courge  Zapallito  du  Brésil.  — Petite 
Courge  non  coureuse  (1),  à fruit  aplati  aux 

(1)  Cette  espèce,  dont  il  a déjà  été  plusieurs  fois 
question  dans  la  Revue,  et  dont  nous  avons  essayé 
la  culture,  nous  a toujours  donné  des  plantes  plus 
ou  moins  coureuses  et  même  de  formes  particu- 
lières. Nous  en  avons  aussi  obtenu  d’assez  remar- 


UUELQUES  PLANTES  POTAGÈRES  NOUVELLES  OU  PEU  RÉPANDUES. 


150 

deux  pôles,  à écorce  d’une  teinte  vert  gri- 
sâtre; chair  jaune  verdâtre.  Nos  honorables 
confrères,  MM.  Vavin  et  Ravenel,  ont  cul- 
tivé cette  variété,  dont  ils  ont  été  satisfaits. 
On  peut  les  planter  comme  les  Potirons,  à 
la  distance  de  50  à 60  centimètres  en  plein 
carré.  Le  Zapallilo  demande  des  arrose- 
ments. 

Dolique  corne-de-hélier  {Dolichos  hicon- 
tortus).  — Très-curieuse  plante  japonaise, 
à gousses  opposées,  contournées  et  dispo- 
sées comme  les  cornes  d’un  bélier. 

Haricot  prédome  nain  rose.  — Variété 
sans  parchemin,  à manger  frais,  cosse  et 
graine.  Très-précoce  et  très-abondant. 

Haricot  comte  de  Vougy.  — Une  va- 
riété déjà  ancienne,  recommandable  pour 
en  manger  les  jeunes  aiguilles.  Ce  Haricot 
paraît  être  le  même  que  le  Haricot  chocolat 
de  M.  Vavin. 

Oignon  hlanc  rond  dur  de  Hollande. 
— Variété  très-blanche,  aussi  hâtive  et  de 
même  grosseur  que  l’Oignon  blanc  hâtif 
de  Paris,  mais  plus  épais  et  plus  ferme. 

Pois  remontant  hlanc  à rames,  et  Pois 
remontant  vert  à ramesJ  — Si  l’étiquette 
justifie  le  contenu  du  sac,  c’est  assurément 
une  bonne  acquisition  de  plus  pour  les  jar- 
dins potagers  que  d’avoir  des  Pois  remo7i- 
tants.  Ces  deux  races  nouvelles  ont  été  com- 
muniquées par  M.  Gauthier  à M.  Vilmorin; 
elles  ont  le  mérite  de  produire  pendant  une  pé- 
riode de  temps  extrêmement  long;  elles  com- 
mencent à fleurir  en  mêmetemps  que  les  Pois 
Michaux,  et  donnent  une  production  inces- 
sante pendant  une  partie  de  l’été,  aussi  bien 
sur  la  tige  principale,  qui  présente  souvent 
de  quinze  à seize  étages,  que  sur  les  ramifi- 
cations inférieures  qui  naissent  des  nœuds 
inférieurs  n’ayant  pas  fleuri.  Les  gousses 
sont  ordinairement  au  nombre  de  deux  à la 
maille. 

Viennent  ensuite  d’autres  Pois  d’origine 
anglaise,  ainsi  que  diflerentes  variétés  de 
Pommes  de  terre  des  plus  recomman- 
dables. 

Parmi  les  nouveautés  indiquées  par 

quables  que  nous  essayons  de  fixer,  et  dont  nous 
parlerons  à la  fin  de  cette  année  1873.  Ces  résultats 
confirment  notre  opinion  sur  cette  plante,  quelle 
n’est  qu’une  variété  ou  une  des  innombrables  formes 
du  Cucurbita  maxima.  Une  des  principales  qua- 
lités que  présente  cette  plante  est  la  longue  con- 
servation des  fruits.  Ainsi,  aujourd'hui,  10  avril, 
nous  en  avons  encore  qui,  extérieurement,  ne  pré- 
sentent aucun  signe  d’altération  : l’intérieur  seul 
montre  quelques  taches  dans  la  chair,  indiquant 
qu’elle  a atteint  ses  dernières  limites. 

(Rédaction.) 


M.  Duflot,  marchand  de  graines,  quai  de  la 
Mégisserie,  n"  2,  à Paris,  nous  extrayons 
celles  qui  suivent  : 

Betterave  rouge  noire  longue,  à feuilles 
rouge  foncé  extra. 

Betterave  rouge  plate  d'Egypte.  — 
Très-hâtive,  à chair  rouge  foncé  et  sucrée. 

Céleri  plehi  hlane  court.  — Hâtif,  et 
blanchissant  seul. 

Chou-fleur  Lenormand  à pied  court.  — 
Excellente  variété. 

Chou-fleur  impérial.  — De  culture  fa- 
cile sous  châssis,  et  plus  précoce  que  celui 
de  Lenormand.  Le  Chou-Fleur  impérial  » 
donne  des  têtes  aussi  fortes  que  celles  de  ce 
dernier;  le  grain  en  est  bien  blanc  et  serré, 
très-uni  ; son  feuillage  est  d’un  vert  pâle, 
plus  long  et  moins  cloqué  ; à la  dégustation, 
il  est  moelleux  et  crémeux,  et  il  n’a  pas 
l’odeur  du  Chou,  ce  qui  convient  particuliè- 
rement aux  estomacs  débiles.  Nous  le  con- 
naissons, et  nous  affirmons  que  c’est  une 
bonne  variété. 

Concombre  long  vert  grec  d'Athènes. 
— Excellent,  et  le  plus  fécond  de  tous  les 
Concombres  ; il  donne  des  produits  gros  et 
abondants. 

Haricot  intestin.  — Variété  nouvelle, 
dont  il  a déjà  été  parlé  dans  la  Bevue  hor- 
ticole, à cosse  charnue  et  mange-tout. 

Haricot  Bossin.  — A très-hautes  rames, 
classé  parmi  les  mange-tout;  d’une  très- 
grande  fertilité,  et  bon  à manger  en  grains 
frais  et  secs. 

Haricot  comtesse  de  Chambord.  — Va- 
riété déjà  ancienne,  à grain  blanc,  et  très- 
productive. 

Laitue  Nuheman  park  wmter  cas  lat- 
tuce.  — Laitue  romaine  anglaise,  remar- 
quable par  sa  rusticité  et  sa  grosseur  ; à 
feuilles  douces  et  cassantes,  à pomme  très- 
serrée. 

Laitue  romaine  pomme  en  terre.  — 
Très-bonne  pour  la  culture  forcée  et  pour 
la  pleine  terre. 

Laitue  reine  des  Laitues.  — Excellente 
variété  pour  la  pleine  terre. 

Laitue  Palatine  impériale.  — Très- 
rustique,  très-grosse,  et  d’excellente  qua- 
lité. 

Laitue  Bossin.  — La  plus  volumineuse 
de  toutes  les  Laitues.  Chez  nous,  elle  atteint 
souvent  le  poids  de  3 à 4 kilogrammes;  elle 
est  croquante,  cassante,  et  d’un  très-bon 
goût  ; elle  est  bonne  en  salade,  et  très-avan- 
tageuse pour  cuire. 

Mâche  verte  d'Étampes.  — Plus  grosse 
et  plus  méritante  que  la  Mâche  ronde. 


/lo/'/û‘<>7c 


BUDDLEIA  INTERMEDIA. 


Melon  Garihaldi.  — A fruit  rond,  petit, 
à côtes  peu  marquées,  recouvertes  d’une 
broderie  fine;  chair  rouge  pâle,  excellente 
et  trés-sucrée  ; variété  hâtive. 

Melon  Victor-Emmanuel.  — Très-bon 
fruit,  oviforme,  peau  lisse  avec  broderies. 

' Melon  cantaloup  de  vingt-huit  jours. — 
Variété  déjà  ancienne,  mais  bonne. 

Melon  camerton  court.  — Très-bonne 
variété  à cultiver,  de  forme  oblongue;  chair 
jaune,  nuisquée,  croquante  et  sucrée. 

Melon  W inter  d'Arck  green.  — De 
forme  oblongue;  bon  à cultiver;  chair 
jaune,  juteuse  et  sucrée. 

Melon  de  Saint-Nicolas.  — Fruit  oblong, 
à chair  rouge,  sucrée  et  fondante. 

Melon  moschatello  de  la  fourmilière.  — 
Oblong;  chair  rouge,  croquante  et  su- 
crée. 

Melon  d'Esclavonie.  — Bon  à cultiver 


151 

dans  les  jardins  ; chair  verte,  fine  et  très- 
sucrée. 

Radis  gris  d’hiver  de  Laon.  — Variété 
très-recommandable. 

Radis  gris  de  Gournay  et  Radis  violet 
de  Montdidier. 

Tomate  Trophy.  — Variété  américaine 
et  très- prônée,  à fruits  énormes  et  d’un 
goût  exquis. 

En  publiant  ces  deux  listes  de  graines  po- 
tagères nouvelles,  nous  n’avons  qu’un  but, 
celui  de  tenir  au  courant  les  amateurs  de 
légumes  ; c’est  à eux  maintenant  de  choisir 
les  espèces  et  les  variétés  qui  peuvent  être 
adaptées  à leur  terrain,  et  qui  sont  suscep- 
tibles d’y  prospérer,  avec  les  soins,  bien  en- 
tendu, que  ces  plantes  exigent. 

Bossin. 


BUDDLEIA  INTERMEDIA 


Si  jamais  quelque  chose  pouvait  éclairer 
la  science,  ou  mieux  ceux  qui  la  servent, 
sur  la  marche  et  la  formation  des  espèces, 
ce  serait  évidemment  la  plante  qui  fait  l’ob- 
jet de  cette  note,  le  Buddleia  intermedia. 
En  effet,  issu  du  B.  curviflora,  il  n’a  pour 
ainsi  dire  rien  de  commun  avec  sa  mère  ; 
mais,  d’un  autre  côté,  il  se  rapproche  du  B. 
Lindleyana,  fait  qui  explique  le  qualifi- 
catif intermedia  que  nous  lui  avons  donné. 
En  venant  fondre  ces  deux  types,  et  consti- 
tuant un  type  secondaire  ou  moyen,  le  B. 
intermedia  démontre  ce  que  sont  les  types, 
et  surtout  comment  ils  se  forment.  Encore 
une  pierre  d’arrachée  au  bagage  des  savants, 
qui  soutiennent  l’immuabilité  des  types, 
mais  à l’avantage  de  la  science,  qu’il  ne  faut 
pas  confondre  avec  ceux  qui  l’exploitent 
tout  en  s’en  disant  les  ministres.  Mais  assez 
sur  cet  exposé,  dont  ceux  qui  n’ont  pas  de 
parti  pris,  qui,  contrairement  à ce  dicton 
évangélique  : « Oculos  hahent  et  non  vide- 
hunt,  j>  ont  des  yeux  et  veulent  voir , 
sauront  tirer  les  conséquences,  et  arrivons  à 
la  plante  qui  est  figurée  ci-contre,  et  dont, 
après  avoir  fait  connaître  l’origine,  nous  in- 
diquons les  caractères. 

Origine.  — Cette  espèce  — c’est  avec  in- 
tention que  nous  nous  servons  de  cette  ex- 
pression (1)  — fut  trouvée  par  nous  dans 

(1)  En  donnant  à cette  plante  la  qualification 
d’espèce,  nous  manquons  aux  règles  de  l orthodoxie 
scientifique,  ce  qui  n’étonnera  personne  de  ceux 


un  semis  que  nous  avions  fait  de  graines  de 
B.  curviflora  au  printemps  de  1871.  Nous 
avons  obtenu  trois  plantes  d’apparence  assez 
semblable  et  qui  ne  diffèrent  que  par 
des  caractères  secondaires  de  peu  d’impor- 
tance ; l’une,  celle  que  nous  décrivons,  est 
considérée  comme  tête  de  la  série  interme- 
dia;  les  deux  autres,  sur  lesquelles  nous 
reviendrons  plus  lard,  conserveront  la  qua- 
lification intermedia,  à laquelle  nous  ajou- 
terons un  sous -qualificatif  qui  les^  distin- 
guera. Pour  aujourd’hui,  nous  allons  décrire 
celle  qui  est  figurée  ci-contre.  En  voici  les 
caractères  principaux  : 

Plante  buissonneuse,  très-ramifiée,  à ra- 
meaux longuement  étalés,  tombants.  F euilles 
un  peu  plus  grandes,  mais  très-semblables, 
pour  la  forme,  l’aspect  et  la  nature,  à celles 
du  Buddleia  Lindleyana,  à laquelle  la 
plante  ressemble  beaucoup,  mais  d’un  vert 
plus  foncé.  Feurs  très-nombreuses,  plus 
fortes  que  celles  du  B.  Lindleyana,  à tube 
un  peu  moins  fort  et  à divisions  plus  larges 
et  plus  ouvertes,  d’un  lilas  cendré  à l’exté- 
rieur, violet  foncé  à l’intérieur. 

Pour  mettre  nos  lecteurs  à même  de  com- 
parer et  de  juger,  nous  avons  mis  en  regard 
et  en  opposition  les  caractères  de  la  mère  et 
ceux  de  son  enfant,  de  manière  à en  faire 
mieux  ressortir  les  différences  : 

qui  connaissent  notre  opinion  sur  cette  question, 
puisque  nous  sommes  coutumier  du  fait. 


152 


LE  PREMIER  ROBINIER  INTRêDUIT  EN  EUROPE. 


Jiuddlda  curviflora. 

Plante  vigoureuse  et  très- 
robuste,  dressée,  à ra- 
meaux droits,  bientôt  lé- 
gèrement arqués  par  le 
poids  des  fleurs. 

Végétation  très-active, 
mais  courte,  complètement 
terminée  en  juillet-août. 

Feuilles  très-caduques, 
grandes,  molles,  ellipti- 
ques, atteignant  jusque 
25  centimètres  de  longueur 
sur  4-6  centimètres  de  lar- 
geur , longuement  atté- 
nuées en  une  pointe  ob- 
tuse. 

Inflorescence  spiciforme, 
très  - forte,  dressée , puis 
arquée  , à ramifications 
robustes.  Fleurs  très-den- 
ses, petites,  lilas  pâle,  par- 
fois rosées  à l’intérieur. 

Capsules  toutes  fertiles, 
très-grosses  et  très-nom- 
breuses (se  touchant),  et 
recouvrant  l’axe  de  toutes 
parts,  constituant  ainsi  des 
sortes  de  gros  cylindres 
très-denses,  se  séparant  en 
deux  à la  maturité  qui  a 
lieu  à partir  de  septembre, 
et  formant,  par  suite  du 
replis  des  cloisons  pariéta- 
les, comme  deux  capsules 
ouvertes  au  milieu  dans 
toute  leur  longueur  par 
suite  de  l’arrêt  de  dévelop- 

ftement  des  cloisons,  ren- 
ermant  un  nombre  consi- 
dérable de  graines. 


Buddleia  intermedia. 

Plante  buissonneuse,  dif- 
fuse, à rameaux  allongés, 
relativement  grêles,  tom- 
bants. 

Végétation  à peu  près 
continue,  ne  s’arrêtant 
guère  que  par  suite  des 
fortes  gelées. 

Feuilles  subpersistantes, 
relativement  très-petites 
(8-12  centimètres),  coriaces, 
luisantes,  d’un  vert  très- 
foncé  en  dessus,  glauces- 
centes  en  d(^ssous',  étroite- 
ment accuminées-aigues. 

Inflorescence  simple, 
grêle,  bientôt  pendante, 
atteignant  jusque  50  centi- 
mètres et  plus  de  longueur. 
Fleurs  lilas  à l’exterieur, 
violacé  à l’intérieur. 

Capsules  fertiles  rares, 
parfois  môme  très-rares 
(à  peine  du  tiers  de  la  gran- 
deur de  celles  du  B.  cur- 
viflora), distantes,  mûris- 
sant très-tardivement  (no- 
vembre-décembre), ovales, 
atténuées  aux  deux  bouts, 
s’ouvrant  en  deux  au  som- 
met à l’époque  de  la  matu- 
rité, ne  renfermant  qu’un 
très-petit  nombre  de  grai- 
nes. 


On  peut,  par  ce  qui  précède,  voir,  ainsi 
que  nous  l’avons  dit  ci-dessus,  que  ces  deux 
plantes  diffèrent  considérablement  l’une  de 
l’autre  ; que  l’enfant  n’a  presque  rien  de 
commun  avec  sa  mère,  dont  nous  n’hési- 
tons pas  à le  séparer,  en  lui  enlevant  son 
qualificatif.  Mais,  pourront  peut-être  dire 
certains  partisans  de  la  fixité  absolue  des 
espèces,  cette  plante  est  un  hybride  du  B. 
curviflora  et  du  B.  Lindleyana,  dont  elle 
a tous  les  caractères  intermédiaires,  et 
même,  ce  qui  suffirait  pour  le  démontrer, 
c’est  sa  presque  stérilité.  A cela,  nous  ré- 
pondrions que  rien  n’est  moins  prouvé  que 
cette  hypothèse  toute  gratuite  ; que  s’il  fal- 
lait considérer  toutes  les  plantes  intermé- 


diaires comme  des  hybrides,  il  n’y  en 
aurait  guère  d’autres,  attendu  qu’il  ne  peut 
y en  avoir  qui  ne  soient  intermédiaires  entre 
certaines  autres  qui  appartiennent  à un 
même  groupe  donné,  puisque  c’est  là  pré- 
cisément ce  qui  constitue  ce  magnifique  en- 
chaînement qui  a fait  dire  au  grand  Linné  : 

((  Natura  non  fecit  saltum.  » D’une  autre 
part,  le  caractère  de  la  presque  stérilité  re- 
lative n’est  pas  non  plus  une  preuve  d’hy- 
bridité,  puisqu’il  est  commun  à beaucoup 
d’autres  plantes,  qu’on  considère  néanmoins 
comme  de  « bonnes  espèces,  » et  que, 
même  en  se  basant  sur  ce  dernier  carac- 
tère, on  serait  amené  à dire  que  le  B.  Lind- 
leyana est  un  véritable  hybride,  puisqu’il  ne 
donne  à peu  près  jamais  de  graines. 

Ce  qu’il  y a de  mieux  à faire,  c’est  de 
prendre  le  B.  mtermedia  pour  ce  qu’il  est, 

' c’est-à-dire  pour  une  bonne  plante,  et  tâcher 
d’en  tirer  parti,  sans  s’occuper  d’où  il  vient. 
C’est  plus  sage,  plus  pratique  et  surtout 
moins  compromettant. 

S’il  fallait,  pour  jouir  des  choses,  savoir 
d’où  elles  viennent,  combien  en  est-il  dont 
il  faudrait  nous  passer,  bien  que  nous  les 
regardions  comme  absolument  nécessaires? 

Le  B.  intermedia  est  très-rustique  ; il 
sera  très-avantageux  pour  l’ornementation. 
En  attendant  qu’on  en  ait  des  graines,  on 
devra  le  multiplier  de  couchages  et  par  bou- 
tures. Les  premiers  qui  pourront  être  faits 
en  herbacé  ou  en  sec,  c’est-à-dire  après  la 
première  pousse  d’été,  ou  alors  vers  la  fin 
de  l’hiver,  avant  le  départ  de  la  végétation, 
devront  être  incisés  et  faits  en  terre  de 
bruyère.  Quant  aux  boutures,  on  devra  les 
faire  dans  le  commencement  de  septembre, 
à l’aide  de  bourgeons  semi-aoûtés,  que  l’on 
plantera  en  terre  de  bruyère,  et  qu’on  pla- 
cera sous  cloche. 

E.-A.  Carrière. 


LE  PREMIER  ROBINIER  INTRODUIT  EN  EUROPE 


Parmi  les  plantes  les  plus  utiles  qui  ont 
été  introduites  du  Nouveau-Monde  dans 
l’ancien  continent,  on  doit,  à cause  des  avan- 
tages nombreux  qu’il  offre,  soit  au  point  de 
vue  industriel,  soit  au  point  de  vue  orne- 
mental, citer  en  première  ligne  le  Robinier 
ou  faux  Acacia,  plus  souvent  désigné  sous  le 
nom  d’ Acacia,  et  dont  l’introduction  est  re- 
lativement récente. 

Si  nous  essayons  de  rappeler  en  quelques 
mots  les  différentes  qualités  de  cet  arbre. 


aujourd’hui  répandu  dans  tous  les  climats 
tempérés  ou  tempérés-chauds  de  l’Europe, 
où  il  prospère,  ainsi  que  dans  les  régions 
plus  froides,  par  exemple  dans  la  province 
de  Smoland,  située  sous  le  57®  parallèle,  sa 
limite  septentrionale,  mais  où  il  ne  fleurit 
qu’exceptionnellement,  nous  voyons  que, 
comme  le  Charme,  qui  ne  s’avance  guère 
plus  au  nord,  le  Robinier  est  des  plus  rus- 
tiques ; qu’il  s’accommode  des  conditions  de 
sol  et  d’exposition  les  plus  diverses  ; que, 


LE  PREMIER  ROBINIER  INTRODUIT  EN  EUROPE 


croissant  très-vite,  notamment  dans  les  pre- 
mières années  de  sa  jeunesse,  il  arrive  ra- 
pidement à son  développement  ultime  ; et 
enfin  que  sa  haute  stature,  la  beauté  de  son 
port,  l’élégance  de  son  feuillage,  le  nombre, 
la  disposition  et  l’odeur  agréable  de  ses 
fleurs,  en  font  l’un  des  arbres  d’alignement 
les  plus  précieux;  qu'il  peut  contribuer  aussi 
pour  une  large  part  à la  décoration  de  nos 
parcs;  et  qu’il  est  enfin,  à cause  de  sa  grande 
difl'usion,  l’objet  d’un  com- 
merce de  pépinière  considé- 
rable. 

Ses  qualités  industrielles  le 
font  ou  devraient  le  faire  re- 
cbercbei^  davantage  encore  ; 
son  bois  jaune  verdâtre  et 
marbré,  assez  joli,  mais  ne 
recevant,  malgré  sa  densité, 
que  difficilement  le  poli,  et 
se  fendant  facilement , peut 
pourtant  servir  à la  fabrica- 
tion des  meubles  d’agrément; 
d’une  autre  part,  ce  bois  ré- 
siste très-longtemps  à l’ac- 
tion de  l’air  et  de  l’eau,  et 
enfin  ses  feuilles , surtout 
celles  des  variétés  inermes, 
peuvent  servir  à la  nourriture 
des  bestiaux. 

La  plupart  des  plantes  éco- 
nomiques ou  ornementales 
de  nos  jardins  et  de  nos  pro- 
menades sont  d’introduction 
relativement  plus  nouvelle 
qu’on  ne  pourrait  le  supposer. 

Sans  nous  écarter  beaucoup 
du  sujet  qui  nous  occupe , 
nous  rappellerons  que  les  Pla- 
tanes nous  ont  été  apportés 
il  y a à peine  trois  cents  ans, 
l’un,  le  plus  rare,  d’Orient, 
l’autre,  le  plus  répandu,  de 
l’Amérique  du  Nord,  patrie 
de  notre  Robinier  ; que  l’in- 
troduction du  Marronnier 
d’Inde  et  du  Lilas  remontent  environ  à la 
même  époque. 

Le  patriarche  de  tous  les  Robiniers  fran- 
çais, que  représente  la  figure  15,  et  dont 
nous  donnons  plus  loin  la  description,  existe 
encore  au  Muséum  d’histoire  naturelle  (1).  Il 
provient  de  graines  reçues  directement  en 
1601  de  l’Amérique  du  Nord,  du  Canada  ou 

(1)  Cette  figure  a été  faite  en  1869,  à l’époque  où 
le  café  existait  encore  ; au  pied  du  Robinia  il  y avait 
un  petit  terre-plein  servant  de  parterre  et  entouré 
d’un  petit  treillage  très-bas.  {Rédaction). 


153 

de  la  Virginie,  par  Jean  Robin,  professeur 
de  botanique  au  Jardin-des-Plantes.  L’indi- 
vidu qui  nous  occupe  fut  planté  par  Vespa- 
sien  Robin,  en  1636.  C’est  de  cet  individu  que 
sont  sortis  tous  ceux  de  même  espèce  qu’on 
voit  maintenant  dans  toute  la  France  (2). 
A peu  près  vers  la  même  époque,  les  An- 
glais reçurent  aussi  de  la  Virginie  des  grai- 
nes de  Robinier,  et,  comme  l’ont  fait  les 
Français,  ils  ne  tardèrent  pas  à le  multi- 


plier. De  la  France  d’abord,  et  de  l’Angle- 
terre ensuite,  ce  splendide  végétal  a été  ré- 
pandu dans  d’autres  parties  de  l’Europe,  où 
sa  présence  ne  pouvait  être  trop  généra- 
lisée. 

L’individu  qui  fait  le  sujet  de  cette  note, 
et  dont  les  graines  ont  doté  la  France  et 
d’autres  pays  d’une  espèce  à la  lois  utile  et 

(2)  Ce  fait  est  très-contestable,  puisque,  à peu 
près  en  môme  temps,  le  Robinier  commun  était 
introduit  en  Angleterre  d’où  les  graines  se  sont  ré- 
pandues par  toute  l’Europe.  {Rédaction .) 


Fig.  16.  Robinia  pseudoacacacia,  premier  individu  introduit  en 
Europe,  et  planté  au  Muséum  d’histoire  naturelle. 


LE  PREMIER  ROBINIER  INTRODUIT  EN  EUROPE. 


454 

élégante,  a été  planté  en  compagnie  d’au- 
tres d’introduction  contemporaine  ou  quel- 
que peu  postérieure.  C’est  ainsi  qu’on  re- 
marque entre  autres,  dans  son  voisinage, 
le  premier  Styphnolohium  Japonicum  ou 
Sophora  du  Japon  qui  ait  fleuri  en  Europe. 
Notre  Robinier  est  l’un  des  nombreux  ar- 
bres remarquables  du  Muséum.  Planté  au 
voisinage  de  l’emplacement  qui  a été  oc- 
cupé longtemps  par  le  cale  du  Jardin,  c’est- 
à-dire  près  de  la  porte  de  sortie  située  à 
l’extrémité  nord  des  galeries  de  botanique 
et  donnant  accès  rue  de  Buffon,  l’arbre  de 
Vespasien  Robin  conserva  pendant  de  lon- 
gues années  sa  vigueur  primitive.  Mais, 
abrité  par  la  cime  élevée  des  arbres  vigou- 
reux qui  se  trouvaient,  à une  époque  déjà 
un  peu  reculée,  dans  son  voisinage,  et  bien 
certainement  aussi  à cause  de  sa  vieillesse, 
ce  vénérable  vétéran,  l’une  des  gloires  du 
Muséum,  périclitait  depuis  longtemps,  et 
semblait  même  marcher  rapidement  à sa 
fin.  Ce  résultat  se  serait  sans  doute  produit 
depuis  plusieurs  années,  sans  les  soins  dont 
il  a été  l’objet.  R est  aujourd’hui  entouré 
d’un  beau  gazon,  et  la  suppression  des 
grands  arbres  qui  l’entouraient  lui  a donné 
l’air  et  la  lumière  dont  il  manquait.  Plus 
aérés,  les  quelques  rameaux  vivants  qu’il 
possède  continueront  longtemps  encore,  il 
faut  l’espérer,  à perpétuer  les  souvenirs 
qui  se  rattachent  à son  histoire. 

Le  premier  Robinier  introduit  en  France 
n’est  plus,  comme  le  montre  notre  gravure, 
qu’un  arbre  tronçonné,  plutôt  mort  que  vif, 
mais  que  l’on  ne  manque  pas  de  visiter,  et 
qui  est  entouré  du  respect  et  de  la  vénéra- 
tion de  tous. 

R est  difticile  de  se  faire  une  idée  bien 
exacte  de  la  forme  que  présentait  cet  arbre 
au  moment  où  il  était  dans  toute  sa  vigueur. 
Cependant,  on  peut  soupçonner  que  la  forme 
générale  n’en  a peut-être  pas  été  aussi 
bonne  que  celle  de  la  plupart  des  individus 
que  l’on  rencontre  à chaque  pas.  Toutefois, 
il  est  difficile  d’en  juger  par  suite  des  mu- 
tilations nombreuses  qu’a  nécessitées  sa  con- 
servation. 

Sou  tronc,  dont  on  a dû  couper  il  y 
a plusieurs  années  la  partie  supérieure, 
mesure  à la  hase  3 mètres  de  circonfé- 
rence, et  70  à 1 mètre  de  hauteur.  Par 
suite  du  peu  de  vigueur  de  l’arbre,  consé- 
quence du  nombre  de  ses  années,  ce  tronc 
s’est  extrêmement  fendillé  ou  crevassé.  Sa 
conservation  a nécessité  l’emploi  du  maçon- 
nement  des  parties  les  plus  détério- 
rées. Incliné  vers  le  sud,  il  ne  porte  plus 


que  cinq  branches,  qui  ont  été  consolidées 
par  des  armatures  en  fer.  R n’y  a,  malheu- 
reusement, que  les  deux  branches  infé- 
rieures qui  soient  encore  vivantes.  La  pre- 
mière est  placée  sur  le  côté  sud  du  tronc,  et 
à l‘“  30  du  sol  ; elle  a 2'!^  80  de  longueur,  et 
porte,  à un  mètre  de  sa  naissance,  une  assez 
forte  ramification  ; son  empâtement  a 30  cen- 
timètres de  circonférence.  La  deuxième 
branche,  qui  est  située  à 2"^  80  du  sol,  pré- 
sente des  dimensions  une  fois  plus  grandes, 
et  s’est  élevée  presque  verticalement.  A une 
époque  peu  reculée,  il  s’est  développé,  à la 
partie  inférieure  du  point  de  naissance  de 
cette  seconde  branche,  un  jeune  rameau  qui 
ne  pourra  sans  doute  que  croître  et  pros- 
pérer. 

C’est  à peu  près  à la  même  hauteur 
qu’existe  la  base  des  trois  principales  bran- 
ches. Chacune  d’elles  mesure  environ  1 mè- 
tre de  circonférence  sur  près  de  3 mètres 
de  longueur  ; elles  se  dirigent,  l’une  à 
l’ouest,  l’autre  au  nord,  et  la  troisième  au 
nord-est.  Ces  trois  tronçons,  qui  témoignent 
de  la  force  et  de  la  vigueur  que  possédait 
cet  arbre,  servent  maintenant  à consolider 
les  deux  rameaux.  Le  tronc  supporte  l’éti- 
quette suivante  : 


ROBINIA  PSEUDOACACIA,  L., 
Acacia  Virginensis  spinosa^  Roy. 
Amérique  septentrionale. 
Introduit  en  France  par  Jean  Robin, 
en  1601. 

Planté  par  Vespasien  Robin, 
en  1636. 


Il  n’est  peut-être  pas  inutile  de  rappeler  à 
ce  propos  que  notre  Robinia pseudoacacia  a 
produit  un  grand  nombre  de  variétés  qui  dif- 
fèrent entre  elles  surtout  par  leurs  organes 
de  végétation.  Quant  à l’origine  de  ces  va- 
riétés, il  est  à peu  près  hors  de  doute  que  c’est 
dans  les  semis  qui  ont  été  faits  qu’elles  ont 
été  trouvées.  R ne  semble  pas,  d’après  les 
flores  américaines,  qu’on  rencontre  aux 
États-Unis  et  au  Canada  ces  nombreuses 
formes  que  nos  pépiniéristes  conservent  et 
propagent  par  la  greffe;  et  dans  tous  les 
cas,  bien  certainement,  aucune  n’en  a été 
importée  directement  Or,  comme  la  souche 
de  tous  nos  Acacias  vivant  maintenant  sur 
l’ancien  continent  est  Uarbre  dont  nous  nous 
occupons  (1),  c’est,  selon  toute  vraisem- 
blance, de  lui  que  sont  sorties  lesnombreuses 

(1)  Voir  la  note  à la  page  ci-dessus. 

{Rédaction.'^ 


LE  PREMIER  ROBINIER  INTRODUIT  EN  EUROPE. 


155 


variétés  que  nous  possédons,  et  dont,  à ce 
titre,  nous  nous  proposerons  d’énumérer 
les  principales  un  peu  plus  loin. 

îs’ous  trouvons  dans  ce  fait  un  nouvel 
exemple  de  l’influence  pour  la  production 
des  variétés  : 1»  du  dépaysement  d’une 
plante,  avec  toutes  les  modifications  qu’il  en- 
traîne ilans  les  conditions  d’existence  de 
celte  plante;  2»  de  la  culture  prolongée  et 
des  semis  répétés  pendant  une  longue  suite 
d’années.  Nous  avons,  en  effet,  affaire  ici  à 
un  Robinier  identique  à ceux  qu’on  trouve 
dans  son  pays  natal,  et  qui  cependant  nous 
a fourni  des  individus  qui  seraient  considé- 
rés, si  on  les  rencontrait  isolément,  comme 
de  bonnes  et  légitimes  espèces.  Comment 
agissent  ces  deux  causes  bien  certaines  de 
modifications:  le  dépaysement  et  le  semis 
répété?  C’est  là  une  question  fort  obscure, 
et  dont  la  solution  ne  nous  paraît  pas  en- 
core près  d’étre  trouvée.  On  a parlé  aussi, 
au  sujet  de  la  production  de  ces  formes  nou- 
velles de  Robinier,  de  l’hybridation.  Mais  il 
ne  faut  entendre  ce  mot  d’hybridation  que 
dans  le  sens  vague  que  les  jardiniers  lui 
donnent  trop  souvent,  et  qui  n’a  rien  de 
précis  ni  de  scientifique.  Pour  qu’il  y ait 
hybridation,  il  faudrait  l’influence  d’un 
pollen  étranger.  Et  d’où  serait  venu  ce  pol- 
len ? On  ne  s’est  jamais  donné  la  peine  de 
le  dire. 

Nous  croyons  utile,  pour  compléter  cette 
notice,  de  rappeler  ici  les  principales  varié- 
tés que  l’arbre  de  Robin  a produites  ; ce  sont  : 

1**  Le  R.  inermis.  Arbre  aussi  élevé  que 
le  type  de  l’espèce,  et  caractérisé,  ainsi  que 
son  nom  l’indique,  par  ses  rameaux  iner- 
mes.  C’est  un  fort  bel  arbre,  connu  aussi 
dans  les  collections  scientifiques  et  dans  les 
pépinières  renommées  sous  le  nom  de  R. 
spectahilis.  Le  R.  Utterharti,  obtenu  en 
1843  par  M.  Utterhart  dans  un  semis  de 
Robinier  ordinaire,  plante  assez  ré}>andue 
dans  les  jardins,  doit  êtr  e sans  doute  rat- 
taché au  précédent  à titre  de  synonyme.  Ce 
Robinier  d’Utterharl  fleurit  et  fructifie 
abondamment  ; mais  les  individus  qui  nais- 
sent de  ses  graines  retournent  tous  à l’es- 
pèce. C’est,  ainsi  que  le  R.  inermis,  un 
excellent  fourrage.  Dans  ce  but,  on  le  greffe 
à rez  de  terre,  ainsi  que  M.  Rriot  l’a  indi- 
qué le  premier.  Dans  ces  conditions,  le  Ro- 
binier inerme  peut  donner  deux  coupes  dans 
1 année.  Ainsi  cultivé,  il  peut  former  aussi 
d’élégants  buissons  qui,  plantés  isolément 
sur  les  pelouses  et  autres  parties  acciden- 
tées des  jardins  paysagers,  ne  sont  pas  sans 
effet. 


2»  Le  R,  crispa.  Grand  arbre  dont  pres- 
que toutes  les  folioles,  surtout  celles  des 
rameaux  adultes,  sont  plus  ou  moins  ondu- 
lées ou  crispées.  L’individu  qui  représente 
cette  forme  à l’école  de  botanique  du  Mu- 
séum diffère  de  la  variété  type  en  ce  que, 
seules,  les  folioles  supérieures  des  feuilles 
présentent  ce  caractère,  les  trois  ou  quatre 
paires  inférieures  restant  entières. 

3"  Le  R.  umhraculifera.  C'est  le  Robi- 
nier inerme  de  Dumont  de  Courset,  et  celui 
aussi  qui  est  vulgairement  désigné  sous  le 
nom  d’ Acacia  parasol.  C’est  un  arbre  de 
moyenne  grandeur,  à port  caractéristique,  et 
principalement  recherché  pour  l’ornement 
des  jardins  paysagers;  ses  rameaux,  peu 
étalés  et  extrêmement  touffus,  forment  un 
ombrage  presque  impénétrable  aux  rayons 
du  soleil.  Cette  qualité  le  fait  aussi  recher- 
cher dans  les  grands  jardins  réguliers  pour 
la  plantation  des  contre-allées.  Cultivé  à rez 
de  terre,  il  peut  aussi,  comme  le  Robinier 
inerme,  servir  à l’alimentation  des  bes- 
tiaux. 

4»  Le  R.  tortuosa,  ainsi  nommé  à cause 
de  la  forme  tortueuse  de  ses  rameaux,  qui 
se  subdivisent  à chaque  pousse.  C’est  un 
arbre  de  moyenne  grandeur,  et  générale- 
ment peu  répandu. 

Telles  sont  les  formes  du  Robinier  les  plus 
anciennement  connues,  et  que  de  Candolle  a 
signalées  dans  son  Prodrome.  A ce  nombre, 
il  faut  ajouter  les  suivantes,  obtenues  plus 
récemment,  et  qui  compléteront  la  série  des 
variétés  les  mieux  caractérisées  : 

5"  Le  R.  pyramidalis,  R.  stricta  ou  en- 
core R.  fastigiata.  Grand  arbre  introduit 
dans  les  pépinières  de  M.  A.  Leroy,  d’An- 
gers, en  1839;  extrêmement  curieux  par 
ses  rameaux  dressés,  qui  lui  donnent  l’ap- 
parence extérieure  du  Peuplier  d’Italie, 
avec  lequel  on  le  confondrait,  surtout  l’hi- 
ver. L’exemplaire  de  l’école  botanique  du 
Muséum  est  sans  contredit  l’un  des  plus  re- 
marquables, soit  par  sa  forme,  soit  pour  sa 
hauteur.  Planté  en  1843  par  M.  Pépin,  il 
fleurit  pour  la  première  fois  en  1853,  et 
donna  un  certain  nombre  de  graines  ; celles- 
ci,  au  nombre  de  vingt-trois,  furent  semées 
en  1854.  Dix-sept  de  ses  graines  ont  produit 
autant  d’individus,  qui  ont  répété  le  type 
plus  ou  moins  exactement.  En  1859,  l’indi- 
vidu de  l’école  de  botanique  mesurait  en- 
ron  17  mètres  ; aujourd’hui  sa  hauteur  dé- 
passe 20  mètres. 

00  Le  i\.  Decaisneana , décrit  et  figuré  dans 
la  Revue  horticole  de  1863.  Variété  très-vî- 
goureuse,  dont  le  développement  ne  le  cède 


LES  CATALOGUES. 


156 

pas  au  Robinier  ordinaire.  C’est,  on  le  sait, 
une  forme  récente  obtenue  par  M.  Yille- 
velle,  pépiniériste  à Manosque  (Basses- 
Alpes),  où  elle  fleurit  pour  la  première  fois 
en  1862.  Mais  ce  qui  fait  surtout  le  mérite 
de  cet  arbre  n’est  pas  tant  sa  vigueur  que 
l’abondance  de  ses  fleurs  rose  clair  ou  plus 
ou  moins  foncé,  selon  le  lieu  où  il  est 
planté.  Cette  coloration  rose  dans  un  type  à 
fleurs  blanches  est  une  exception  singulière. 
On  ne  connaît,  en  effet,  qu’un  très-petit 
nombre  d’espèces  à fleurs  blanches  ayant 
produit  des  variétés  à fleurs  colorées.  Ci- 
tons, parmi  celles  qui  nous  reviennent  à la 
mémoire,  le  Muguet,  le  Lis,  et  très-ré- 
cemment décrits  le  Fr ag aria  roseiflora, 
qui  n’est,  selon  toute  apparence,  qu’une  va- 
riété du  Fraisier  ordinaire. 

7»  Le  R.  monophylla,  obtenu  vers  1855 
par  un  pépiniériste  de  Maine-et-Loire, 
M.  Deniaux.  Cette  singulière  forme  a fleuri 
au  Muséum  pour  la  première  fois  en  1864. 
Elle  est  assez  inconstante,  et  dans  la  grande 
généralité  des  cas,  ses  feuilles  présentent 
plusieurs  folioles. 

Il  nous  reste,  outre  ces  variétés,  qui, 
nous  le  répétons,  sont  les  mieux  caractéri- 
sées, à rappeler  d’autres  formes  de  moindre 
importance,  et  cela  moins  pour  l’apprendre 


à nos  lecteurs  que  pour  montrer  combien  a 
varié  le  siège  sur  lequel  ont  porté  les  modi- 
fications que  le  type  a subies.  Nous  mention- 
nerons donc  encore  les  Rohinia  patula, 
simple  forme  de  Vumbraculifera,  mais  à 
rameaux  plus  étalés;  le  il.  microphylla,  et 
par  opposition,  les  R.  sophorœfolia,  ma- 
crophylla  et  edwardsiœ folia,  que  carac- 
térisent leurs  folioles  ; \e  R.  dissecta,  dont 
les  folioles  sont  pour  ainsi  dire  réduites 
leur  nervure  principale  ; le  R.  bullata,  à 
folioles  boursouflées  ; le  R.,  ordinaire,  à 
feuilles  panachées  de  blanc,  et  un  autre  de 
jaunâtre;  le  R.  inermis,  var.  pendula ; le 
R.  jaspidea,  dont  le  bois  est  véritablement 
jaspé  ; les  R.  cornigera,  à tiges  armées  de 
forts  aiguillons  ; monstrosa,  à rameaux 
plus  ou  moins  déformés  ou  fasciés  ; le  R. 
p)seudoacacia,  à fleurs  blanc  jaunâtre,  et 
enfin  le  R,  latisiliqua,  caractérisé  par  seè. 
larges  siliques. 

On  voit,  d’après  l’énumération  qui  pré- 
cède, que  presque  tous  les  organes  de  la  vé- 
gétation sont  devenus,  dans  le  Robinier,  le 
siège  de  modifications  souvent  nombreuses, 
et  que  les  organes  de  la  fructification  eux- 
mêmes,  fleurs  et  fruits,  n’ont  pas  échappé  à 
la  variation. 

B.  Yerlot. 


LES  CATALOGUES 


Parmi  les  catalogues  parus  depuis  le  der- 
nier numéro  de  la  Revue  horticole,  nous 
citons  en  première  ligne  celui  de  M.  Le- 
moine, horticulteur  à Nancy,  sur  lequel 
nous  trouvons  indiquées  les  nouveautés  énu- 
mérées ci-après,  qui  seront  mises  au  com- 
merce à partir  du  avril  1873.  — En 
plantes  de  serre  chaude  : Clorophyton  pro- 
digiosum  foliis  variegatis;  Iresine  Lin- 
deni  foliis  aureo  reticulatis.  — En  plantes 
de  serre  tempérée  : quatre  variétés  de  Bé- 
gonias nouveaux,  hybrides  du  B.  Veitchi, 
Sedeni  et  Pearci,  fécondés  les  uns  par  les 
autres  ; un  Pélargonium  à grandes  fleurs  : 
Marie  Lemoine;  six  variétés  de  Pélargo- 
niums  zonales  à fleurs  simples  ; trois  Yéro- 
niques  frutescentes  issues  des  V.  decussata. 
— En  plantes  vivaces  : deux  Delphiniums  à 
fleurs  pleines  ; cinq  variétés  de  Phlox  de- 
cussata; trois  variétés  de  Pyrèthres.  Enfin, 
un  arbuste,  le  Syringa  vulgaris  aurea. 
Nous  extrayons  ces  quelques  nouveautés  du 
catalogue  général  que  vient  de  faire  paraître 
M.  Lemoine,  sur  lequel  on  trouvera  un 


nombre  considérable  d’autres  plantes  inté- 
ressantes, que  nous  ne  pouvons  citer. 

Sur  le  catalogue  de  MM.  Thomas-Gripps 
et  Son,  marchands  grainiers,  fleuristes  et 
pépiniéristes  à Tunbridge-YVelles  (Kent), 
pour  1873,  que  nous  venons  de  recevoir, 
nous  trouvons  indiqués,  d’abord  un  assorti- 
ment complet  de  Conifères  de  toutes  dimen- 
sions, puis  une  belle  collection  d’arbres, 
d’arbrisseaux  et  d’arbustes  à feuilles  ca- 
duques et  à feuilles  persistantes,  parmi  les- 
quels nous  remarquons  les  suivants  : Ber- 
beris  empetrifolia,  Citrus  triplera,  Coto- 
neaster  Sikkimensis,  les  Daphné  collina 
Fioniana,  elegantissima,  Fortunei,  Embo- 
thrium  coccmeum,  Fremontia  califor- 
nica  (1),  Genista  tinctoria  flore  qjle?io, 
Maakia  Amurensis,  Phlomis  Russeliaiia. 
En  outre  de  ces  quelques  espèces,  on  trouve 
dans  cet  établissement  des  collections  de 
plantes  diverses,  soit  de  serre,  soit  de  pleine 
terre,  de  plantes  grimpantes,  de  plantes  de 
terre  de  bruyère,  etc.,  etc. 

(1)  Voir  Revue  horticole,  18(37,  p.  31. 


157 


DES  MASTICS  OU  CIRES 

Le  catalogue  pour  1873  de  M.  Berlhier- 
Rendatler,  horticulteur  à Nancy,  qui  vient 
de  paraître,  contient  d’abord  l’énumération 
des  plantes  nouvelles  que  cet  établissement 
annonce  pour  la  première  fois,  comprises 
dans  les  genres  Pblox,  Pélargoniums  à 
fleurs  doubles  et  à fleurs  simples.  Ver- 
veines, etc.;  puis  viennent  les  Dahlias,  les 
plantes  à feuillage  ornemental,  les  plantes  à 
bordures,  les  plantes  de  serre  chaude  ; des 
collections  variées  de  plantes  de  pleine 
terre,  etc.,  etc.;  de  Pivoines  herbacées.  Pi- 
voines en  arbre,  etc.,  etc. 

Trois  autres  catalogues  pour  1873  nous 
parviennent  de  Nancy,  cette  ville  qui,  en 
France,  est  pour  l’horticulture  l’analogue 
de  ce  que  la  ville  de  Gand  est  pour  la  Bel- 
gique. L’un  est  de  M.  Lhuillier,  horticul- 
teur, faubourg  Saint-Pierre.  B est  particu- 
lier aux  plantes  nouvelles  de  pleine  terre  et 
de  serre  froide,  aux  plantes  de  serre  chaude, 
aux  plantes  vivaces  et  arbustes  de  pleine 
terre,  telles  que  Pentstémons,  Phlox,  Œillets 
de  diverses  sortes,  etc.,  etc.  On  y trouve 
aussi  des  plantes  pour  la  garniture  des  mas- 
sifs d’été,  tels  que  Pélargoniums,  Ver- 
veines, Cannas,  Pétunias,  etc. 

En  tête  du  catalogue  de  M.  Crousse,  horti- 
culteur, faubourg  Saint-Stanislas,  se  trouvent 
indiquées  et  décrites  deux  nouveautés  obte- 


A GREFFER  A FROID. 

nues  de  semis  dans  son  établissement;  ce 
sont  deux  variétés  très-remarquables  de  Pé- 
largoniums zonales  à fleurs  doubles  : le  pre- 
mier, Alice  Crousse,  est  «c  une  plante  toute 
naine,  excessivement  florifère,  s’élevant  à 
peine  à 20  centimètres;  i>  les  fleurs  sont  d’un 
blanc  légèrement  saumoné  ; le  deuxième, 
M.  Crousse,  est  à fleurs  doubles  pourpres. 
« C’est  une  plante  extra- naine,  des  plus 
florifères  ; le  pied  de  semis  a donné  sa  pre- 
mière ombelle  de  fleurs  à la  taille  de  15  cen- 
timètres de  hauteur...  » On  trouve  égale- 
ment dans  l’établissement  de  M.  Crousse 
des  assortiments  de  plantes  de  serre  chaude 
et  de  serre  froide,  ainsi  que  des  collections 
soit  de  plantes  vivaces,  soit  d’arbustes  de 
pleine  terre,  tels  que  Pivoines,  Phlox,  Pents- 
témons, Primevères,  Rosiers,  Weigelia, 
Yucca,  etc.,  etc. 

Le  troisième  catalogue  est  de  M.  Rœm- 
pler,  horticulteur,  rue  des  Jardiniers.  11  est 
d’abord  particulier  aux  plantes  de  serre 
chaude  et  de  serre  froide,  dont  les  collec- 
tions sont  nombreuses  et  variées.  Les  Pé- 
largoniums, les  Lantanas,  Verveines,  Hé- 
liotropes, Pétunias,  les  Delphiniums,  les 
Œillets  remontants  et  autres,  les  Phlox, 
Clématites,  etc.,  etc.,  sont  également  cul- 
tivés sur  une  vaste  échelle. 

E.-A.  Carrière. 


DES  MASTICS  OU  CIRES  A GREFFER  A FROID 


Il  n’est  personne  qui,  pour  peu  qu’il  s’oc- 
cupe de  jardinage,  n’ait  eu  l’occasion  d’ap- 
précier le  grand  avantage  que  présentent  les 
mastics  ou  cires  à greffer  à froid.  D’abord, 
on  peut  les  avoir  constamment  sous  la  main, 
et  s’en  servir  à chaque  instant  et  sans  ap- 
prêt, ce  qui  n’est  pas  pour  ces  mêmes  in- 
grédients, qui  ne  s’emploient  qu’à  chaud. 
En  effet,  n’aurait-on  qu’une  greffe  à faire, 
on  est  obligé  d’allumer  le  feu  et  d’attendre 
que  la  cire  soit  arrivée  à un  état  de  liqué- 
faction convenable  pour  l’employer.  D’une 
autre  part,  il  peut  aussi  arriver  que  le  li- 
quide soit  trop  chaud  et  que  l’on  brûle  les 
tissus,  surtout  s’ils  sont  herbacés.  Avec  les 
mastics  à greffer  à froid,  on  n’a  à craindre 
aucun  de  ces  inconvénients,  ce  qui  explique 
leur  emploi  de  plus  en  plus  grand,  et  aussi 
les  différentes  sortes  que  l’on  a vu  surgir 
depuis  environ  une  vingtaine  d’années.  Les 
inventeurs,  qui  sont  assez  nombreux,  sont 
tous,  ou  à peu  près  tous,  brevetés  s.  g.  d.  g.; 
mais  à peu  près  tous  aussi,  même  ceux  qui 
n ont  pas  pris  de  brevet,  tiennent  leur  dé- 


couverte secrète,  de  sorte  qu’il  faut  tou- 
jours recourir  à eux,  ce  qui  a parfois  son 
mauvais  côté  ; par  exemple,  si  l’on  est  loin 
d’un  dépôt  de  mastic  et  que  l’on  en  ait 
besoin  de  suite,  il  faut  parfois  attendre  plus 
ou  moins  longtemps,  ce  qui  peut  être  une 
cause  d’ennuis,  parfois  aussi  une  perte  de 
temps,  toutes  choses  aussi  que  l’on  pourrait 
éviter  si  l’on  pouvait,  à volonté  et  à ses 
heures,  faire  soi-même  son  mastic. 

Si  l’on  examine  les  différents  mastics  au- 
jourd’hui en  usage,  on  reconnaît  de  suite, 
soit  à la  couleur,  soit  à la  nature,  soit  à ces 
deux  choses,  qu’ils  diffèrent  les  uns  des 
autres,  que  par  conséquent  la  composition 
n’est  pas  identique,  ce  qui  démontre  qu’on 
peut  arriver  à des  résultats  analogues  par 
des  procédés  différents,  ce  qui  toutefois  ne 
veut  pas  dire  que  tous  ces  produits  se  va- 
lent. Aussi,  croyons-nous  qu’il  est  bon  de 
faire  connaître  ce  que  l’on  sait  à ce  sujet, 
quand,  bien  entendu,  on  ne  fait  pas  de  cette 
chose  une  spéculation. 

Disons  d’abord  que  l’alcool  est  indispen- 


DES  MASTICS  OU  CIRES  A GREFFER  A FROID. 


158 

sable  à tous  pour  faire  dissoudre  les  ma- 
tières résineuses  et  les  matières  grasses  qui, 
toujours,  entrent  dans  les  mastics  à greffer 
à froid. 

Nous  trouvons  dans  le  dernier  Bulletin 
d'arboriculture,  de  ftoriculture  et  de  cul- 
ture potagère  (organe  du  Cercle  d’arboricuU 
ture  de  Belgique),  numéro  de  février  1873, 
l’indication  d’une  recette  que  nous  croyons 
devoir  reproduire  sans  y rien  changer.  La  j 
voici  avec  son  titre  : 

Mastic  à greffer  à froid.  — Notre  confrère, 
M.  Rademaekers,  de  Maeseyck,  a bien  voulu 
nous  communiquer  la  composition  suivante  : 

Colophane  brune 36ü&r 

Axonge 60 

Alcool  à 39  degrés.  ...  80 

On  fait  fondre  à une  douce  chaleur  les  deux 
prenjières  substances  ; on  ôte  le  vase  du  feu;  on 
ajoute  l’alcool  par  parties  et  le  plus  proniple- 
ment  possible,  en  remuant  continuellement  avec 
une  spatule  on  un  couteau,  et  on  verse  le  mé- 
lange dans  une  boîte  en  fer-blanc  fermant  bien. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  les  mastics 
à greffer  que  l’on  trouve  dans  le  commerce 
sont  de  natures  différentes  ; on  va  en  avoir 
la  preuve  dans  la  composition  de  celui  dont 
nous  venons  de  parler,  si  on  la  compare 
avec  celui  que  nous  allons  faire  connaître. 

Commençons  par  dire  que  nous  ne  som- 
mes pas  l’inventeur  de  ce  mastic  ; nous  en 
devons  la  connaissance  à M.  Charles  Wim- 
berger,  jardinier,  né  à Pesth,  et  qui  dans 
ce  moment  travaille  avec  nous  dans  les  pé- 
pinières du  Muséum.  En  voici  la  composi- 


tion (1)  : 

Colophane »gr 

Suif 5)  225 

Térébenthine  ....  » 65 

Alcool » 500 


. Voici  comment  on  opère  : 

On  prend  un  vase  en  fonte,  en  fer,  en 
zinc,  etc.,  mais  toujours  plus  grand  que  la 
masse  que  doivent  produire  les  diverses  subs- 
tances réunies,  car  lorsqu’elles  sont  en  ébul- 
lition, elles  augmentent  de  volume,  « mon- 
tent, J)  comme  l’on  dit.  Après  avoir  mis  ce 
vase  sur  le  feu,  on  y verse  d’abord  la  colo- 
phane, qui,  de  solide  qu’elle  était,  ne  tarde 
pas  à entrer  en  fusion;  alors  on  y ajoute  le 
suif,  et  l’on  agile  avec  une  baguette  ou  une 
spatule  en  bois  pour  accélérer  la  fusion. 
Lorsque  le  tout  est  complètement  fondu,  on 
verse  la  térébenthine,  en  ayant  soin  de  tour- 
ner avec  la  spatule  afin  de  bien  mélanger 
les  substances.  Quand  la  liquéfaction  est 

(1)  Ce  mastic  est  employé  en  Hongrie  depuis 
plusieurs  années. 


complète,  que  le  tout  est  bien  bouillant, 
c’est  alors  qu’on  ajoute  l’alcool,  mais  par 
très-petites  parties,  et  en  ayant  soin  détour- 
ner continuellement  et  même  vivement,  car 
il  se  produit  une  dilatation  subite,  une  sorte 
d’effervescence  analogue  à ce  qui  se  passe 
lorsque  du  lait  entre  en  ébullition.  A partir 
du  moment  où  l’on  commence  à mettre  l’al- 
cool, on  peut  ralentir  le  feu,  et  l’on  peut 
même  ôter  momentanément  le  vase,  que 
l’on  maintient  à une  petite  distance  -du 
foyer.  Il  faut  éviter  que  la  matière  s’en- 
flamme, car  c’est  toujours  à son  détriment, 
puisqu’une  partie  de  l’alcool  se  consume. 
Cependant,  et  malgré  toutes  les  précautions 
I que  l’on  peut  prendre,  le  feu  prend  parfois. 
Dans  ce  cas,  on  ferme  de  suite  le  vase  à 
l’aide  de  son  couvercle,  ou  l’onsoufle  sur  le 
liquide  afin  d’éteindre  la  flammé,  et  au  be- 
soin on  enlève  le  vase.  On  ralentit  le  feu  de 
plus  en  plus,  et  l’on  continue  à verser  par 
parties  tout  l’alcool,  en  agitant  toujours. 
L’opération  est  alors  terminée,  et  il  ne  reste 
plus  qu’à  verser  le  liquide  dans  des  vases 
ou  dans  des  boîtes,  que  l’on  ferme  soit  avec 
un  bouchon,  soit  avec  toute  autre  chose, 
de  manière  à le  préserver  du  contact  de 
l’air. 

Le  mastic  dont  nous  venons  de  parler  est 
bon,  conserve  sa  ductilité,  ce  qui  en  rend 
l'emploi  facile.  Il  a une  consistance  conve- 
nable, et  durcit  suffisamment  à l’air,  sans 
devenir  cassant. 

On  a pu  voir,  par  la  différence  de  compo- 
sition des  deux  mastics  dont  il  vient  d’être 
parlé,  qu’il  n’y  a sous  ce  rapport  rien  d’ab- 
solu ; mais  aussi  qu’il  y a sans  doute  encore 
beaucoup  d’essais  à faire,  « de  la  marge,  y> 
comme  l’on  dit,  pour  arriver  à la  perfec- 
tion ; d’où  nous  concluons  que  chacun  devra 
tenter  des  essais,  soit  pour  améliorer  la  qua-  i; 
lité  de  ces  mastics,  soit  pour  en  diminuer  le 
prix  de  revient,  soit  surtout  pour  obtenir 
ces  deux  résultats.  On  pourra  donc  essayer 
s’il  n’y  aurait  pas  avantage  à remplacer  la 
colophane  par  de  la  résine,  le  suif  épuré  par 
de  la  graisse  plus  commune,  y ajouter  un 
peu  de  cire,  diminuer  ou  même  supprimer  la 
térébenthine,  etc.  Ce  que  l’on  peut  faire  assu- 


un  produit  très-analogue,  moins  cher,  l’ar- 
canson,  par  exemple,  et  même,  peut-être, 
par  celui  de  deuxième  qualité.  Enfin,  nous 
ne  saurions  trop  répéter  que  le  champ  est 
large,  et  que  chacun  peut  et  doit  exercer 
son  intelligence.  En  tenant  compte  des  pro- 
cédés que  nous  avons  indiqués,  on  peut  être 
à peu  près  assuré  de  réussir.  On  doit  toute- 


QUELQUES  OBSERVATIONS  SUR  LES  BAMBOUS. 


fois  agir  prudemment,  n’expérimenter  que 
sur  de  faibles  parties,  jusqu’à  ce  que  l’on  ait 
trouvé  une  bonne  formule. 

Lorsque  le  mastic  est  refroidi,  si  l’on 
s’aperçoit  qu’il  n’a  pas  les  qualités  que  l’on 
désire,  il  ne  faut  pas  le  considérer  comme 
perdu  pour  cela  ; on  peut  le  modifier  en  le 
mettant  de  nouveau  sur  le  feu,  et  en  y ajou- 
tant les  substances  capables  de  lui  commu- 
niquer les  propriétés  qui  lui  manquent,  par 


159 

exemple  un  peu  de  graisse  ou  suif,  si  l’on 
reconnaît  qu’il  est  trop  sec  ou  cassant;  de  la 
résine  si,  au  contraire,  il  manque  de  soli- 
dité, ou  de  l’alcool  s’il  est  trop  consistant.  Il 
va  sans  dire  que,  dans  ce  cas,  l’on  doit  de 
nouveau  faire  bouillir  et  remuer  constam- 
ment, afin  que  toutes  les  substances  se  mé- 
langent et  forment  une  masse  aussi  homo- 
gène que  possible. 

E.-A.  Carrière. 


QUELQUES  OBSERVATIONS  SUR  LES  BAMBOUS 


Les  Bambous  continuent  à attirer  tout 
particulièrement  l’attention  des  amateurs, 
ce  qui  toutefois  n’a  pas  lieu  de  surprendre 
lorsqu’on  connaît  tout  le  mérite  ornemental 
qu’ils  présentent,  et  qu’on  sait  quel  est 
l’avantage  qu’on  peut  en  retirer  à ce  point 
de  vue,  ce  qui  explique  les  fréquentes  publi- 
cations, sur  les  différents  organes  horticoles, 
d’articles  au  sujet  de  ces  plantes.  Malheureu- 
sement la  plupart  des  Bambous  sont  si  mal 
connus,  et  la  synonymie  en  est  tellement 
embrouillée,  qu’il  est  difficile  de  s’entendre. 
Aussi  arrive-t-il  fréquemment  qu’une  des- 
cription faite  pour  une  espèce  quelconque 
pourrait  s’appliquer  à la  plupart  des  autres 
espèces.  Il  en  est  absolument  de  même  des 
synonymies;  de  sorte  que,  malgré  tous  ces 
articles  écrits  avec  l’intention  d’éclaircir 
cette  question,  on  est  bien  obligé  de  recon- 
naître qu’elle  s’embrouille  d’autant  plus 
qu’on  y touche  davantage. 

Ces  réflexions  nous  sont  suggérées  par  la 
lecture  d’un  article  que  nous  avions  lu  sur 
le  Gardener^s  Chronicle  du  14  septem- 
bre 1872,  et  qui  a été  reproduit  dans  le 
Journal  de  la  Société  centrçile  d’horticul- 
ture de  France,  numéro  d’oeiobre,  page  614, 
sous  ce  titre  : Les  Bambous  rustiques.  Ce 
litre,  qui  est  loin  d’être  exact,  du  moins 
pour  notre  pays,  peut  même  être  préjudi- 
ciable, en  laissant  croire  à la  rusticité  de 
certaines  espèces  qui  y sont  décrites.  Dans 
cet  article,  qui  est  de  M.  Fenzi,  de  Florence, 
plus  de  vingt  espèces  sont  énumérées  et  dé- 
crites, parmi  lesquelles  il  en  est  un  certain 
nombre  qui  sont  loin  d’être  rustiques  sous 
le  climat  de  Paris  ; tels  sont  : les  Bamhusa 
verticillata , gracilis,  falcata,  scripto- 
ria,  glaucescens,  distorsa,  etc.,  etc.  Il  en 
est  même  parmi  les  espèces  que  nous 
venons  de  citer  qui  s’accommodent  très- 
bien  d’une  serre  tempérée  et  même  d’une 
serre  chaude,  fait  qui  justifie  notre  dire, 
que  le  titre  Bambous  rustiques  est  mauvais. 


Si,  pour  le  justifier,  on  dit  que  ce  titre  est 
exact  à Florence,  il  fallait  indiquer  qu’il 
s’appliquait  à ce  pays,  ou  signaler  les  ex- 
ceptions qui  se  montrent  sous  le  climat  de 
Paris.  Ceci  n’est  pas  une  critique  que  nous 
faisons,  c’est  une  simple  observation. 

Nous  avons  parlé  ci-dessus  de  synonymies 
inexactes  ; en  voici  une  que  nous  croyons 
devoir  indiquer  : elle  se  rapporte  au  B.  Si- 
monii,  espèce  des  plus  distinctes  et  qu’on 
ne  peut  confondre  avec  aucune  autre,  qui 
a été  envoyée  de  la  Chine  au  Muséum  il  y a 
déjà  bon  nombre  d’années,  par  M.  Eugène 
Simon,  à qui  nous  l’avons  dédiée.  Relative- 
ment à cette  espèce,  voici  ce  qu’écrit 
M.  Fenzi  : 

« Bambusa  Simonii  ou  Maximowîczii. 
Celui-ci  paraît  avoir  été  introduit  en  même 
temps,  en  France  par  M.  Eugène  Simon,  à 
Saint-Pétersbourg  par  M.  Maximowicz.  Il 
sera  sans  doute  très-rustique,  sa  patrie 
étant  la  Mandchourie.  Bien  qu’il  n’en  pos- 
sède encore  que  de  très-jeunes  pieds, 
M.  Fenzi  présume  qu’ils  arriveront  aux  di- 
mensions du  Bambou  doré.  » 

Il  y a dans  ce  que  nous  venons  de  rap- 
porter des  inexactitudes  capitales  que  nous 
croyons  devoir  faire  ressortir.  Le  B.  Si- 
monii est  une  espèce  essentiellement  chi- 
noise, excessivement  traçante,  qui  appar- 
tient à la  division  spathacée,  que  nous  avons 
établie  dans  l’essai  de  classification  que  nous 
avons  fait  sur  les  Bambous  (1).  C’est  une 
plante  très-buissonneuse  par  la  multiplicité 
considérable  de  ses  ramifications,  et  qui, 
nous  le  répétons,  n’a  rien  de  commun  avec 
aucune  autre  espèce.  Le  B.  Maximowiczii, 
au  contraire,  rentre  dans  notre  division  nu- 
dicaule.  C’est  une  espèce  dont  la  végétation 
et  le  faciès  ont  assez  d’analogie  avec  la  série 
des  B.  aurea  ; — c’est,  du  moins,  ce  qu’on 
peut  juger  d’après  les  faibles  échantillons 

(1)  Voir  le  Livre  de  la  ferme,  1865,  pp.  121,122. 


iGO  PRUNUS  OBOVALIFOLIA.  — PLANTES  MÉRITANTES,  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


que  l’on  possède  dans  les  cultures  ; — les 
feuilles  sont  liserées  de  blanc  jaunâtre,  ce 
qui  lui  donne  une  certaine  ressemblance 
avec  une  autre  plante  qui  est  également  peu 
connue,  et  qui  a été  aussi  introduite  récem- 
ment sous  les  noms  de  B.  striata  et  viridi- 
stria.  Ajoutons  que  les  deux  espèces  ont 
été  introduites  à des  époques  différentes, 
puisque,  tandis  que  nous  possédons  le  B. 
Simonii  depuis  une  douzaine  d’années  en- 
viron, nous  n’avons  que  des  jeunes  plantes 
du  B.  Maximowiczii  ; — et,  ainsi  qu’on 
peut  le  voir,  que  M.  Fenzi  est  absolument 
dans  le  même  cas  que  nous,  — ce  qui 
semble  démontrer  que  les  deux  plantes  n’ont 


pas  (L  été  introduites  en  même  temps,  d Du 
reste,  ce  qui  suffirait  à établir  que  la  syno- 
nymie qu’en  fait  M.  Fenzi  est  inexacte,  c’est, 
ainsi  que  nous  l’avons  déjà  dit,  que  ces 
plantes  sont  complètement  différentes.  Tou- 
tefois, nous  croyons  devoir  ajouter  que,  en 
écrivant  cette  note,  notre  intention  n’est  pas 
de  critiquer  en  quoi  que  ce  soit  l’article  de 
M.  Fenzi,  mais  seulement  de  chercher  à 
éviter  de  nouvelles  confusions  dans  la  série 
des  Bambous,  où  déjà  elles  sont  très-nom- 
breuses, et  de  montrer  combien  il  faut  être 
réservé  dans  l’établissement  des  synonymies 
que  l’on  fait  des  espèces. 

E.-A.  Carrière. 


PRUNUS  OBOVALIFOLIA 


Malgré  que  la  plante  qui  fait  le  sujet  de 
cette  note  sorte  du  Prunus  spinosa,  nous 
ne  lui  en  donnons  pas  le  qualificatif,  par 
cette  raison  qu’elle  n’en  a pas  les  caractères 
et  parce  que,  ainsi  que  nous  ne  saurions  trop 
le  répéter,  nous  sommes  un  ennemi  très-dé- 
claré  de  ces  filiations  boiteuses,  qui, n’ayant 
souvent  plus  rien  de  commun  que  le  nom,  ne 
servent  qu’à  embrouiller  l’étude  des  végé- 
taux, qui  déjà  laisse  tant  à désirer  pour  la 
clarté.  — Le  P.  ohovalifolia  est  issu  d’un 
noyau  du  P.  spinosa,  semé  par  nousenl865. 
C’est  un  arbre  vigoureux,  à tige  très-droite, 
non  épineuse  ; ses  branches,  complètement 
inermes,  sont  étalées;  ses  rameaux,  longs 
et  vigoureux,  ont  l’écorce  rousse,  bien  lui- 
sante. Feuilles  très-rapprochées,  étalées  à 
angle  droit,  sur  un  pétiole  d’environ  15  mil- 
limètres, roux  brun  comme  l’écorce  ; très- 
largement  obovales,  arrondies  au  sommet; 
brusquement  atténuées  à la  base,  coriaces, 
sèches,  à peine  dentées,  d’un  vert  gai  en 
dessus,  plus  pâles  en  dessous.  Fleurs  nom- 
breuses, blanches,  un  peu  plus  grandes 


que  celles  du  P.  spmosa,  bien  ouvertes. 
Fruit  de  2 centimètres  de  diamètre,  légère- 
ment allongé,  d’un  violet  noir  pruineux, 
mûrissant  dans  la  première  quinzaine  d’août, 
persistant  longtemps  sur  l’arbre  après  être 
mûr.  Chair  adhérente,  pulpeuse,  verdâtre, 
très-astringente.  Noyau  ovale,  elliptique, 
aplati  sur  les  deux  faces.  Queue  d’environ 
15  millimètres  de  longueur. 

La  première  fructification  du  P.  ohovali- 
yolia  a eu  lieu  en  1872  ; l’arbre  était  donc 
âgé  de  sept  ans.  Si,  par  son  fruit,  cette 
plante  n’est  pas  digne  d’entrer  dans  nos  col- 
lections fruitières,  elle  n’en  est  pas  moins 
des  plus  remarquables  au  point  de  vue  scien- 
tifique, en  nous  montrant  qu’elle  a pu,  ou 
plutôt  qu’elle  a dû  être  l’origine  de  ceux-ci. 
Insister  sur  ce  fait  serait  au  moins  inutile, 
puisque  nous  ne  parviendrons  pas  à con- 
vaincre certaines  gens  habitués  à suivre  re- 
ligieusement les  traditions.  Au  lieu  de  dis- 
cuter, nous  citons  des  faits,  laissant  à chacun 
le  soin  d’en  déduire  les  conséquences  qu’il 
voudra.  E.-A.  Carrière. 


PLANTES  MÉRITANTES,  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Nœgelia  Margarita.  — De  toutes  les  va- 
riétés à fleurs  blanches  que  comprend  le 
beau  genre  Naugelia,  il  n’en  est  aucune  qui 
puisse  rivaliser  avec  le  iV.  Margarita  ob- 
tenu par  M.  Desmoulins , jardinier  chez 
M.  Binder,  àl’Ile-Adam,  par  la  fécondation 
du  N.  amahilis  avec  le  N.  alba  liUescens. 
Sa  vigueur  est  bonne  ; ses  feuilles  très-ve- 
lues, comme  celles  de  tous  les  Nægelias, 
sont  grandes,  irrégulièrement  dentées-cré- 
nelées,  d’un  vert  pâle  ainsi  que  la  tige,  ou 
à peine  légèrement  ferrugineuses,  mais  non 
rouge  zoné  ou  zébré,  ainsi  que  cela  est  par- 


ticulier à beaucoup  d’espèces  de  ce  genre. 
La  tige  florale  se  tient  très-bien.  Quant  aux 
fleurs,  qui  sont  grandes  et  d’un  blanc  pur, 
elles  sont  rapprochées,  inclinées,  pendantes, 
formant  ainsi  un  épi  conique,  compact, 
d’un  très-joli  effet.  Gomme  tous  les  Næge- 
lias, celui-ci  fleurit  à partir  de  septembre- 
octobre  jusqu’à  la  fin  de  l’hiver.  C’est  une 
plante  de  premier  mérite  pour  l’ornement 
des  serres  chaudes. 

Clemenceau. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  Cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quinzaine  d’avril) 

Transformation  du  Radis  sauvage  en  Radis  cultivé.  — Nécrologie:  M.  Ysabeau.  —Catalogue  pour  1873  de 
M.  Rougier-Cliauvière.  — Les  serres  du  jardin  d’acclimatation.  — Propriété  du  Pleris  aquilma.  — 
L’hiver  au  Japon  : correspondance  de  M.  Léon  Sisley.  — Le  nouveau  marché  aux  Heurs  du  boulevard 
de  Clichy. Genre  de  YAgeratimi  Lasseauxii.  — Un  nouveau  procédé  de  la  destruction  des  chenilles. 

— Statuts  de  la  Société  française  depornologie.  — M.  Delchevalerie  à l’Exposition  de  Vienne  : compte- 
rendu de  l'Exposition  des  produits  de  l’horticulture.  — Mise  en  vente  du  troisième  volume  du  Diction- 
naire de  pomologiCy  par  André  Leroy.  — Ouverture  du  cours  de  M.  Decaisne,  professeur  au  Muséum. 

— Nouveautés  mises  dans  le  commerce  par  M.  Chatté,  horticulteur.  — V Aponogeton  distachyum.  — 
La  Patate  blanche  : lettre  du  docteur  Sacc.  — Les  maladies  des  Merisiers.  — La  Natte  Müller.  — Sin- 
gulière Horaisond’un  Camellia  albaplena. 


Un  des  principaux  caractères  de  la  vé- 
rité, c’est  d’ètre  au-dessus  de  tout  ce  qu’on 
peut  lui  opposer  ; aussi,  quand  on  en  a dé- 
couvert une,  n’a-t-on  pas  à se  préoccuper 
de  sa  défense  ; le  temps  s’en  charge  : il  suffit 
de  la  proclamer. 

Tous  ces  dires  sont  applicables  à ce  que 
nous  avons  avancé  sur  la  transformation  du 
Radis  sauvage  en  Radis  cultivé  ; aussi,  bien 
que  nous  ayons  été  combattu  par  des  hommes 
puissants,  le  temps  nous  a donné  raison;  et 
aujourd’hui,  ce  n’est  pas  un  simple  ouvrier 
comme  nous  qui  proclame  le  fait  que  nous 
avons  avancé;  c’est  une  célébrité  scientifi- 
que, un  véritable  savant  qui  étudie,  observe 
et  descend  dans  le  jardin,  où  il  expéri- 
mente, contrairement  à certains  autres  qui, 
s’appuyant  de  leur  nom  et  comptant  sur  l’opi- 
nion publique  et  la  réputation  qiCon  leur  a 
faite,  se  contentent  de  dire  doctoraîeinent  : 
— et  cela  sans  sortir  de  leur  cabinet  — 
c(  Cela  n’est  pas,  » ce  qui  pourtant  n’est  pas 
suffisant,  la  négation  n’étant  pas  une  preuve 
de  la  vérité. 

On  trouvera  plus  loin,  page  172,  un  ar- 
ticle extrait  d’un  recueil  allemand  par 
M.  Duchartre,  et  reproduit  dans  le  Jour- 
nal de  la  Société  centrale  d'horticulture 
de  France,  qui  démontre  que,  encore  une 
fois,  nous  avons  raison  contre  la  science 
officielle. 

— Nous  avons  le  regret  d’annoncer  la 
mort  d’un  de  nos  collaborateurs  à la  Revue 
horticole,  de  A.  Ysabeau,  décédé  à Paris, 
le  21  avril,  à l’âge  de  73  ans.  C’était  un 
écrivain  des  plus  instruits,  et  qui  aimait 
beaucoup  les  plantes  ; aussi,  ses  prome- 
nades favorites  étaient-elles  les  jardins,  celui 
du  Muséum  surtout,  qu’il  fréquentait  depuis 
sa  jeunesse;  et  c’était  avec  un  véritable  bon- 
heur qu’il  en  parlait,  lorsque,  vieux  et  in- 
firme, il  ne  pouvait  plus  y aller  : il  était  alors 
heureux  de  souvenirs,  et  rien  n’était  plus 

1er  mai  1873. 


agréable  pour  lui  que  de  parler  de  cet  éta- 
blissement et  de  rappeler  le  nom  des  per- 
sonnes qu’il  y avait  connues.  Il  a publié  un 
bon  nombre  d’ouvrages  sous  des  pseudony- 
mes; le  dernier,  bien  connu  de  nos  lecteurs, 
a pour  titre:  Les  Champignons,  par  Jules 
Remy. 

— Nous  avons  sous  les  yeux  le  catalogue 
prix-courant,  pour  1873,  que  vient  de  pu- 
blier M.  Rougier-Chauvière,  horticulteur, 
152,  rue  de  la  Roquette,  à Paris.  Nous 
sommes  heureux  de  constater  que  cet  éta- 
blissement est  toujours  l’un  des  mieux  as- 
sortis, en  plantes  de  serre  particulièrement. 
C’est  le  seul,  à Paris,  où  aujourd’hui  il  est 
possible  de  trouver  ce  qu’on  peut  appeler 
des  (C  collections  générales,  » et  qui  a con- 
servé une  foule  de  (C  vieilles  » espèces  dont 
le  temps  n’a  pu  effacer  la  beauté,  et  qui, 
malgré  la  mode,  sont  toujours  recherchées 
des  amateurs  ; ce  qui,  toutefois,  n’empêche 
que  l’on  peut  se  procurer  là  toutes  les  nou- 
veautés, car  M.  Rougier  n’est  pas  seulement 
horticulteur;  il  aime  passionnément  les 
plantes,  ce  qui  explique  comment  son  éta- 
blissement est  toujours  si  bien  pourvu. 
Ainsi,  nous  citerons  comme  exemple  une 
seule  section,  celle  des  plantes  grimpantes 
de  serre,  toujours  si  recherchées  : elle  ne 
contient  pas  moins  de  quarante  genres,  com- 
prenant plus  de  cent  cinquante  espèces.  De 
ce  nombre  sont  les  Bignonia,  Bougainvil- 
lea,  Comhretum,  Hoya,  Jasminum,  Ber- 
heridopsis,  Kennedia,  Lapageria,  Man- 
devillea,  Passiflora,  etc.,  etc.  Ajoutons  le 
Gelsemium  sempervirens,  vieille  plante, 
très-rare  et  à peine  connue,  qui  pourtant 
commence  à être  recherchée.  On  trouve 
également  dans  cet  établissement,  outre  les 
collections  de  plantes  de  terre  proprement 
dites,  des  assortiments  de  plantes  de  pleine 
terre  tels  que  Fuchsias,  Pentstémons,  Pé- 
largoniums.  Œillets  remontants.  Verveines, 

9 


162 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AVRIL). 


Pivoines,  etc.,  etc.,  ainsi  qu’un  choix  d’ar- 
bres et  d’arbustes  de  pleine  terre.  Inutile 
d’ajouter  qu’on  trouve  chez  MM.  Rougier- 
Chauvière  une  collection  de  Dahlias  aussi 
complète  et  bien  choisie  que  possible.  Sous 
ce  rapport,  nous  n’avons  rien  à apprendre  à 
nos  lecteurs  ; il  suffit  de  rappeler  le  nom  du 
fondateur  de  l’établissement  : Chauvière. 

— Le  Jardin  d’acclimatation  duboisdeBou- 
logne  n’est  pas  seulement  une  des  plus  jolies 
et  des  plus  attrayantes  promenades  : celle-ci 
est  surtout  utile.  On  voit  là,  dans  la  véritable 
acception  du  mot,  l’utile  joint  à l’agréable. 
A chaque  pas,  on  trouve  des  choses  des  plus 
intéressantes  qui  tiennent  continuellement 
l’imagination  en  éveil.  L’enfant  s’y  amuse 
en  s’instruisant  ; l’adulte  y trouve  l’applica- 
tion de  faits  dont  il  tire  des  conséquences 
pour  son  avantage  ; le  vieillard,  en  présence 
de  choses  si  curieuses,  se  sent  revivre,  et 
comparant  toutes  ces  merveilles  à ce  qu’il  a 
vu  dans  son  jeune  âge,  reconnaît,  tout  en 
l’admirant , l’immense  progrès  accompli 
que  tant  de  gens  encore,  admirateurs  ou- 
trés du  passé,  — aveugles  même,  — per- 
sistent à nier. 

Bien  que  la  partie  du  jardinage  ne  soit 
pas  la  mieux  dotée,  elle  n’est  pas  sans  im- 
portance, tant  s’en  faut  ; et  bien  souvent 
déjà  nous  avons  pu  observer  là  des  plantes 
très-intéressantes  et  inédites,  fait  dont  pour- 
ront se  convaincre  nos  lecteurs  en  parcourant 
ce  recueil  (1).  Tout  récemment  encore,  nous 
avons  pu  admirer  le  magnifique  Cerasus 
Lanesiana  (2),  dont  nous  avons  déjà  parlé, 
et  sur  lequel  nous  reviendrons  prochaine- 
ment en  en  donnant  une  figure  coloriée.  En 
nous  promenant  dans  la  grande  serre  de  cet 
établissement,  nous  avons  remarqué  un  fait 
très-curieux  qui  dément  singulièrement  la 
qualification  de  la  plante  qui  présente  ce 
fait.  C’est  un  Cordyline  mdivisa,  appelé 
aussi  Dracœna  indivisa,  dont  la  tige 
simple,  dans  une  longueur  de  7 mètres,  se 
divise  (indivisa  qui  se  divise)  en  dix  bran- 
ches, à peu  près  uniformes  et  toutes  égales, 
d’environ  1 mètre  de.  longueur,  placées  très- 
régulièrement  à peu  près  comme  le  sont 
les  branches  d’un  parapluie  sur  la  canne 
d’où  elles  partent.  Dans  cette  même  serre 
se  trouvent  aussi  un  magnifique  Chamæ- 
rops  excelsa^  une  très-forte  touffe  de  Bam- 
husa  fiexuosa,  espèce  nouvelle,  et  un  B, 
gracilis,  espèce  qui,  ainsi  que  nous  l’avons 

(1)  Voir  Revue  horticole^  1869,  p.  366  à 371. 

(2)  Id.,  1872,  p.  198. 


déjà  dit,  nous  paraît  être  voisine,  sinon  la 
même,  que  VAmndinaria  falcata  (1). 

— D’après  M.  E.  Morren,  il  suffirait, 
pour  éloigner  des  Choux  certaines  chenilles 
{pieris  hrassicœ),  de  mettre  dessus  quel- 
ques feuilles  du  Pteris  aquüina,  cette 
grande  Eougère  si  commune  dans  presque 
tous  les  bois,  qui  atteint  1 mètre  et  plus  de 
hauteur,  et  qu’on  emploie  fréquemment 
pour  emballer  certaines  marchandises,  le 
poisson  notamment.  Si  le  fait  est  exact,  les 
feuilles  de  cette  Fougère,  bien  que  .si  diffé- 
rentes de  celles  de  Sureau,  jouiraient  donc, 
au  point  de  vue  dont  nous  parlons,  de 
propriétés  identiques  à celles  de  ce  der- 
nier (2)  ou  du  Chanvre  commun  (3). 

Mais  quel  serait  donc  le  principe  qui  peut 
agir,  si  des  plantes  aussi  différentes  peu- 
vent produire  des  faits  analogues?  Nous  ap- 
pelons sur  ce  sujet  l’attention  de  nos  lec- 
teurs, et  ne  saurions  trop  les  engager  à 
renouveler  et  même  à multiplier  les  expé- 
riences. 

— Nous  devons  à l’obligeance  de  notre 
ami,  M.  Jean  Sisley,  l’extrait  suivant  d’une 
lettre  que  lui  a adressée  du  Japon  son  fils, 

M.  Léon  Sisley,  et  sur  lequel  nous  appelons 
tout  particulièrement  l’attention  de  nos  lec- 
teurs. Voici  cet  extrait  : 

Ikouno,  5 février  1873.  i 

...Nous  sommes  maintenant  à l’époque  la  plus 
froide  de  l’hiver,  qui  est  assez  tardif.  Presque 
tout  le  mois  dernier  nous  avons  eu  de  la  neige, 
et  depuis  quelques  jours  le  froid  est  devenu  bien  ' 
plus  intense  : nous  avons  eu  presque  10  degrés 
centigrades  au-dessous  de  zéro,  ce  qui,  paraît-  , 
il,  est  beaucoup  pour  Ikouno.  Malgré  cela,  les 
Camellias  et  les  Azaléas  ne  paraissent  pas  souf- 
frir. Ils  sont  donc  bien  moins  délicats  qu’on  ne  J 
le  croit  généralement  en  France.  { 

Il  semblerait  qu’ici  les  Camellias  sont  plus  rus-  ; 
tiques  que  les  Aucubas;  car,  sous  l’influence  de  i 
10  degrés  de  gelée,  ces  derniers  baissaient  leurs  ! 
feuilles,  tandis  que  les  premiers  se  tenaient  I 
bien.  ' 

Je  crois  que  tous  les  arbres  et  arbustes  qui  ! 

(1)  Nous  profitons  de  cette  occasion  pour  faire 
connaître  qu’il  en  est  du  B.  gracilis  comme  de 
beaucoup  d’autres  plantes,  qu’elle  varie  lorsqu’on  en  | 
fait  des  semis.  Ainsi,  il  y a environ  une  douzaine 
d'années,  lorsque  des  graines  du  B.  gracilis  furent 
introduites,  nous  en  avions  fait  un  semis  assez  im- 
portant qui  nous  a donné  des  plantes  très-différentes 
entre  elles,  tant  par  la  vigueur  et  le  faciès  que  par 
la  coloration.  Il  y en  avait  dont  les  tiges  étaient  : 
presque  noires,  tandis  que  d’autres  étaient  vert 
plus  ou  moins  foncé  et  môme  jaunâtres. 

(2)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  31. 

(3)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  84. 


163 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  d’AVRIL). 


viennent  ici  passeraient  parfaitement  l’hiver  dans 
le  midi  et  peut-être  dans  le  centre  de  la  France. 
Il  me  paraît  que  ce  qu’ils  doivent  redouter  le 
plus,  ce  sont  les  sécheresses  de  l’été,  qui  ici  est 
humide.  Quand  je  connaîtrai  mieux  les  plantes 
de  ce  pays,  je  pourrai  te  donner  de  plus  amples 
détails  à ce  sujet. 

J’ai  reconnu  dans  la  montagne  le  Deutzia  sca- 
hra,  le  Wegelia,  VAralia  spinosa,  et  dans  les 
rochers  des  parties  non  boisées  beaucoup  de 
Rhododendrons. 

Le  nombre  des  arbustes  à feuilles  persistantes 
est  considérable,  et  grand  nombre  d’entre  eux 
m’est  inconnu.  Je  tâcherai  de  m’en  procurer 
des  graines  l’automne  prochain. 

Quant  aux  Oignons  et  bulbes,  ils  sont  encore 
tous  en  terre  et  ne  commencent  pas  encore  à pous- 
ser; du  reste,  le  printemps  serait,  je  crois,  un 
mauvais  moment  pour  les  arracher  et  les  expé- 
dier ; il  vaudra  mieux  attendre  qu’ils  aient  passé 
fleur;  je  pourrai  alors  dire  à quoi  ils  res- 
semblent. 

Nous  avons  fait  transplanter  des  Bambous  pour 
enclore  notre  jardin  ; nous  avons  craint  que  le 
moment  ne  fût  pas  propice  à cause  du  froid  et 
de  la  neige,  mais  notre  jardinier  nous  ayant  af- 
firmé que  c’était  le  moment  de  les  arracher, 
nous  l’avons  laissé  faire.  Après  avoir  coupé  les 
tiges  à 4,  5 et  6 mètres,  il  a recouvert  la  partie 
coupée  d’un  capuchon  de  papier  huilé,  pour  em- 
pêcher l’eau  d’entrer  dans  la  tige.  C’est  ainsi 
que  l’on  fait  toujours  ici  ; nous  pourrons  bientôt 
juger  du  résultat.  Léon  Sisley, 

Ingénieur  des  mines  au  service  du 
gouvernement  japonais. 

— L’installation  des  trois  nouveaux  mar- 
chés aux  fleurs,  dont  nous  avons  parlé  ré- 
cemment (1),  a été  proposé  au  Conseil 
municipal  par  M.  Frémyn,  dans  la  séance 
du  11  avril  1873.  Un  seul  a été  adopté:  c’est 
celui  du  boulevard  de  Glicby  à Batignolles. 
Selon  nous,  on  a bien  fait  de  rejeter  celui  de 
la  place  De  Jussieu,  qui  ne  pouvait  rendre 
aucun  service  par  suite  du  peu  d’aisance  des 
habitants,  qui,  du  reste,  sont  aussi  relative- 
ment peu  nombreux.  Il  aurait  pu  en  être 
tout  autrement  de  celui  de  la  place  des 
Vosges  (ancienne  place  Royale),  située  dans 
un  quartier  très-populeux,  où  l’aisance,  la 
fortune  même,  ne  manquent  pas. 

— ■ La  plante  que  nous  avons  nommée 
Agératum  Lasseauxii,  en  mémoire  de 
notre  regretté  collègue,  feu  Lasseaux,  doit, 
d’après  M.  Durieu  de  Maisonneuve  {Cata- 
logue ^des  graines  du  Jardin  des  plantes  de 
la  ville  de  Bordeaux,  1873,  p.l5),  changer 
de  genre.  Elle  appartient,  dit  le  savant  direc- 
teur du  Jardin  de  Bordeaux,  au  genre  Co- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  122. 


noclinium,  tout  en  conservant  son  noui 
spécifique.  Elle  devient  donc  le  Conoclinium 
Lasseauxii,  Hort.  Burd. 

— Dans  une  lettre  qu’il  vient  de  nous 
adresser,  M.  Faudrin,  professeur  d’arbori- 
culture à Gadagne  (Vaucluse),  nous  fait 
connaître  un  procédé  pour  détruire  les  che- 
nilles, quand,  ayant  quitté  les  nids,  elles 
sont  dispersées  sur  les  branches,  où,  alors, 
il  n’est  pas  facile  de  les  atteindre.  Voici  ce 
qu’il  nous  écrit  à ce  sujet  : 

Dernièrement,  à Saint-IIypolyte-du-Fort  (Gard), 
où  j’avais  été  appelé  par  le  Comice  agricole  du 
Vigan,  pour  faire  un  cours  d’arboriculture,  j’ai 
appris  d’un  cultivateur  un  moyen  simple  et  pra- 
tique de  se  débarrasser  des  chenilles.  Ce  procédé 
consiste  à placer  dans  l’angle  ou  enfourchure 
des  branches  des  mottes  de  Gazon  desséché.  Les 
chenilles  vont  s’y  réfugier,  soit  pour  chercher 
un  abri,  soit  même  pour  y déposer  leurs  œufs  ; 
et  rien,  alors,  n’est  plus  facile  que  de  les  dé- 
truire, soit  en  brûlant  ces  mottes,  soit  en  les 
écrasant.  Toutefois,  l’on  m’a  assuré  que  ce  pro- 
cédé n’est  pas  nouveau,  que  depuis  longtemps  il 
est  appliqué  dans  diverses  parties  du  Midi  : dans 
l’Ariége  et  surtout  en  Espagne. 

— Le  Congrès  pomologique  de  France, 
d’après  sa  nouvelle  organisation,  porte  le 
titre  de  Société  française  de  pomologie. 
Voici  les  nouveaux  statuts  adoptés  par  cette 
Société  : 

Art.  1er.  — Le  Congrès  pomologique  devient 
une  Société  générale  qui  fait  appel  à toutes  les 
Sociétés  locales  d’horticulture,  comme  au  con- 
cours de  toutes  les  personnes  qui  s’occupent  de 
la  culture  des  fruits. 

Art.  2.  — Cette  association  prendra  à l’avenir 
le  titre  de  Société  française  de  pomologie. 

Art.  3.  — Le  but  de  la  Société  est  d’étudier, 
d’une  manière  continue,  les  différentes  espèces 
de  fruits  et  leur  culture. 

Art.  4.  — Le  siège  de  l’administration  et  le 
centre  des  études  sont  établis  à Lyon,  berceau 
du  Congrès  pomologique  de  France,  point  cen- 
tral et  favorable  à la  culture  des  arbres  frui- 
tiers. 

Art.  5.  — Les  membres  de  la  Société  se  réu- 
nissent tous  les  ans  en  Congrès,  sur  un  des 
points  de  la  France,  et  désignent  la  ville  dans 
laquelle  sera  tenue  la  session  suivante. 

Art.  6.  — Dans  chaque  session,  la  Société 
nomme,  en  assemblée  générale  et  au  scrutin  se- 
cret: 1°  le  bureau  de  la  session;  2»  le  président 
de  la  Société,  lequel  est  toujours  rééligible; 

un  conseil  chargé  de  l’administration  cen- 
trale. 

Ce  conseil  se  compose  de  neuf  membres,  tous 
rééligibles  et  renouvelables  par  tiers  chaque  an- 
née; il  nomme  dans  son  sein  deux  vice-prési- 


1G4 


CimONI-l  E HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AVRIL). 


(lents,  un  secrétaire,  un  secrétaire-adjoint  et  un 
trésorier. 

Alt.  7.  — Chaque  année,  le  conseil  rend 
compte  à l’assemblée  générale  de  son  adminis- 
tration. 

Art.  8.  — L’étude  des  fruits  de  toutes  sai- 
sons est  confiée  à une  commission  permanente 
qui  se  l'éunit  à des  époques  fixes  et  (iéterminées 
à l’avance. 

Art.  9.  — La  commission  permanente  des 
clu'les  sera  composée  d’un  nombre  déterminé  de 
membres  résidants  et  de  membres  correspon- 
dants, tous  les  sociétaires  présents  ayant  d’ail- 
leurs le  droit  de  participer  aux  travaux  des  réu- 
nions de  cette  commission. 

Les  membres  résidants  sont  nommés  chaque 
année  par  l’assemblée  générale  ; les  membres 
correspondants  le  sont  par  la  commission  per- 
manente. 

Art.  10.  — Chaque  membre  de  l’association 
est  assujetti  à une  cotisation  annuelle,  et  il  re- 
çoit toutes  les  pul)iicalions  de  la  Société. 

L’assemblée  a fixé  la  cotisation  à 10  fr.  pour 
les  Sociétés,  de  meme  que  pour  les  sociétaires. 

Les  publications,  suivant  le  président,  con- 
sistei  ont  en  procès-verbaux,  catalogue,  bulletin 
périodique. 

Ces  statuts  approuvés,  et  avant  de  terminer  la 
session,  M.  le  Président  propose  de  nommer  de 
suite  le  nouveau  Conseil  d’administration,  sié- 
geant à Lyon.  Vnici  le  résultat  des  élections  : 

Président  : M.  Mas. 

Membres:  MM.  Bied-Charreton,  de  Mortillet, 
Beverchon,  Willermoz,  Cusin,  Luizet,  Treyve, 
Morel  et  Rigaud. 

La  commission  permanente  d’étude  reste  la 
meme.  11  est  décidé  que  le  conseil  formera  son 
bureau  et  s’occupera  de  faire  un  nouveau  régle- 
ment. 

Il  est  également  décidé  que  le  8e  volume  qui 
doit  terminer  la  pomologie  de  la  France  paraîtra 
au  plus  tôt. 

L’ordre  du  jour  étant  épuisé,  M.  le  Président 
déclare  la  15e  session  close,  et  chacun  se  donne 
rendez-vous  pour  l’année  prochaine,  à Marseille. 

— Nous  sommes  heureux  d’informer  nos 
lecteurs  que  grâce  à l’obligeance  de  notre 
collègue  et  ami,  M.  Delchevalerie,  la  Revue 
hortieole,  dont  il  est  un  des  collaborateurs, 
pourra  donner  un  compte-rendu  de  la  partie 
horticole  de  l’Exposition  de  Vienne,  auprès 
de  laquelle  il  est  délégué  par  le  vice-roi 
d’Égypte,  qui  a envoyé  à cette  exposition 
des  collections  aussi  nombreuses  que  va- 
riées. Voici  ce  que  nous  écrit  notre  collègue 
à la  date  du  14  avril  : 

Mon  cher  Monsieur  Carrière, 

...  Je  suis  à Vienne  depuis  quelques  jours,  où 
le  vice-roi  m’a  délégué  pour  l’Exposition  des 
produits  de  l’horticulture  et  de  l’agriculture 
égyptienne.  Si  cela  pouvait  vous  être  utile,  je 


pourrais  vous  envoyer  un  petit  compte-rendu  de 
la  prochaine  exposition  temporaire  horticole,  à 
moins  que  vous  n’ayez  quelqu’un  de  délégué 
pour  cela.  Enfin,  je  me  mets  à votre  disposition 
en  ma  qualité  de  collaborateur  de  la  Revue  hor- 
ticole. 

Les  jardiniers,  en  grand  nombre,  travaillent  à 
la  création  d’un  jardin  pour  l’exposition  tempo- 
raire (1er  au  10  mai),  qui  sera  situé  dans  l’en- 
ceinte de  l’Exposition,  à gauche  de  la  partie  du 
sud  (entrée  principale  de  l’Exposition),  tout  à 
coté  des  mosquées  égyptiennes  et  des  construc- 
tions japonaises.  Les  ouvriers  sont  en  train  de 
vitrer  une  grande  serre  dans  le  jardin  réservé, 
pour  servir  à l’exposition  des  plantes  tropicales. 
Cette  exposition,  je  crois,  ne  comportera  guère 
que  les  plantes  à tloraison  printanière,  telles  que 
Jacinthes,  Tulipes,  Camellias,  Azalées,  Bhododen- 
drons,  Acacias  de  la  Nouvelle-Hollande,  etc.,  etc. 

Il  va  sans  dire  que  nous  nous  empressons 
d’accueillir  la  proposition  de  notre  collègue 
M.  Delchevalerie  et  que,  à l’avance,  nous 
l’en  remercions  bien  sincèrement,  au  nom 
de  nos  lecteurs  et  au  nôtre  en  particulier. 

— Le  troisième  volume  du  Dictionnaire 
pomologique,  de  M.  André  Leroy,  vient  de 
paraître  : il  est  particulier  aux  Pommes  et 
comprend  depuis  la  lettre  A jusques  et  y 
compris  la  lettre  L.  C’est  un  ouvrage  des 
plus  importants,  et  des  plus  utiles  sur  le- 
quel nous  reviendrons  prochainement, 
(îlomme  les  deux  précédents,  on  le  trouve 
chez  l’auteur,  M.  A.  Leroy,  à Angers,  et,  à 
Paris,  dans  les  principales  librairies  agri- 
coles et  horticoles. 

— M.  Decaisne,  professeur  de  culture  au 
Muséum,  a commencé  son  cours  le  22  avril, 
à 8 heures  i /2,  et  le  continuera  les  mardis, 
jeudis  et  samedis,  à la  même  heure,  dans 
l’amphithéâtre  de  la  galerie  de  géologie.  Le 
professeur  traitera  de  l’organographie  et 
de  la  physiologie  végétale  appliquée  à la 
culture. 

— A partir  du  15  avril,  M.  Chaté,  horti- 
culteur, 9,  rue  Sibuet,  mettra  au  commerce 
les  nouveautés  suivantes  : quatre  Cannas 
dont  un,  Adrien  Rohine,  semble,  par  la 
beauté  de  son  feuillage,  dépasser  tout  ce 
qu’on  avait  jusqu’ici;  trois  Pélargoniums 
à grandes  fleurs;  trois  autres  appartenant 
aux  zonales  dont  un,  qui  pourra  devenir  ' 
le  point  de  départ  d’une  nouvelle  série, 
est  à fleurs  presque  jaunes:  c’est  Marie  j 
Rosetti  ; un  F uchsia  et  un  Phlox  decussata.  | 
On  trouve  dans  cet  établissement  des  col- 
lections nombreuses  et  variées  de  plantes  | 


il 


1G5 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AVRIL). 


de  serre  chaude  et  tempérée,  plantes  vi- 
vaces, etc.,  etc. 

— Aux  amateurs  de  plantes  aquatiques, 
nous  recommandons  tout  particulièrement 
V Aponogelon  distachyiim,  Thunb.,  comme 
étant  l’une  des  plus  jolies  et  des  plus  méri- 
tantes tant  par  l’abondance  et  l’odeur  de 
ses  fleurs  que  par  leur  succession  pour 
ainsi  dire  indéfinie.  En  effet,  dès  la  fin  de 
mars,  cette  espèce  couvre  la  surface  de  l’eau 
de  ses  feuilles  qui  s’étalent  et  disparaissent 
presque  sous  la  quantité  considérable  de 
fleurs  qui  s’élèvent  de  quelques  centimètres 
au-dessus  de  l’eau.  Ces  fleurs  ont  de  plus 
cet  immense  avantage  de  dégager  une  odeur 
des  plus  suaves  qui  rappelle  celle  des  fleurs 
d’Oranger,  mais  adoucie.  Les  personnes 
habitant  Paris  ou  ses  environs  qui  vou- 
dront en  juger  par  elles-mêmes  pourront 
aller  à Fontenay-aux-Roses,  à quelques 
mètres  de  l’arrivée  du  chemin  de  fer,  chez 
M.  Armand  Gonthier,  pépiniériste;  ils  ver- 
ront là  une  pièce  d’eau  entièrement  couverte 
de  fleurs  d’Aponogéton,  et  dont  la  présence 
leur  sera  même  indiquée  par  l’odeur  qu’elles 
dégagent.  M.  Armand  Gonthier  cultive  non 
seulement  cette  espèce,  mais  beaucoup 
d’autres  également  aquatiques,  et  qu’il  tient 
à la  disposition  des  amateurs. 

— Dans  une  lettre  qu’il  vient  de  nous 
adresser,  M.  Sacc,  de  Neufchâtel  (Suisse), 
après  nous  avoir  fait  connaître  que  le  Citrus 
triplera  (1)  s’est  montré  parfaitement  rus- 
tique chez  lui,  nous  donne  aussi  quelques 
détails  sur  un  nouveau  légume  japonais  : 
la  Patate  hlayiche^  et  qui  nous  paraissent 
de  nature  à intéresser  nos  lecteurs.  Voici  ce 
qu’il  nous  écrit  à ce  sujet  : 

MM.  Ch.  Hüber  et  Cie,  de  Hyères  (Var),  vien- 
nent de  m’envoyer  des  boutures  de  la  Patate 
blanche  importée  du  Japon  par  feu  le  colonel  de 
Siebold  ; c’est  un  excellent  légume  que  plusieurs 
fois  déjà  j’ai  recommandé,  autant  pour  ses  dé- 
licieuses racines  fécmlentes  que  pour  ses  succu- 
lentes feuilles  ; mais  je  l’avais  perdu  pendant 
mon  séjour  en  Espagne,  et  ce  n’est  qu’il  y a un 
1 an  que  j’ai  pu  en  faire  revenir  de  Yokohama, 
par  l’intermédiaire  de  M.  A.  Humbert,  l’ancien 
ministre  helvétique  au  Japon,  et  les  confier  à 
! MM.  Hüber. 

Agréez,  etc.  Sacc. 

— Ce  n’est  pas  seulement  la  Vigne  ni  les 
Pommes  de  terre  qui  sont  attaquées,  soit  par 
les  insectes,  soit  par  des  végétaux  parasites; 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1869,  p.  15. 


les  Merisiers,  dans  certaines  parties  de  la 
France  où  ils  constituent  un  produit  de  pre- 
mier ordre  par  la  liqueur  kirchwasser  que 
l’on  fait  avec  leurs  fruits,  sont  menacés  de 
disparaître,  ou  plutôt  disparaissent  de  jour 
en  jour.  Ainsi,  l’on  nous  informe  que  dans 
le  département  de  la  Haute- Saône,  des  sur- 
faces considérables  qui  étaient  plantées  en 
Merisiers,  en  sont  aujourd’hui  dégarnies. 
Tous  les  arbres  ont  été  arrachés  et  le  ter- 
rain livré  à la  culture.  « Rien,  nous  écrit- 
on,  n’indique  la  cause  du  mal,  qui  ne  se 
révèle  que  par  les  effets  : la  végétation  se 
ralentit;  les  pousses,  grêles,  courtes  et  ché- 
tives, portent  des  feuilles  jaunes  qui,  au  lieu 
de  tomber,  sèchent  et  restent  sur  les  arbres, 
et  tout  est  fini.  » Dans  la  lettre  qu’on  nous 
écrivait  à ce  sujet,  on  nous  demandait  notre 
avis  sur  les  moyens  qu’il  conviendrait  d’em- 
ployer pour  combattre  ce  mal  qui,  sur  cer- 
tains points,  prend  des  proportions  telles, 
qu’on  commence  à désespérer  de  cette  cul- 
ture, qui  devient  de  plus  en  plus  onéreuse, 
bien  que  le  kirch  ait  « considérablement 
augmenté  de  valeur.  i> 

Nous  regrettons  d’être  obligé  d’avouer 
que  nous  ne  connaissons  aucun  remède  à 
opposer  à ce  fléau  ; nous  croyons  même  que 
ce  qu’il  y a de  mieux  à faire,  c’est  de  n’en 
pas  chercher,  et  que,  au  lieu  de  lutter,  de 
faire  des  sacrifices  et  des  dépenses  inutiles, 
il  faut  cesser  cette  culture  et  la  remplacer 
par  d’autres  qui  seront  rémunératrices.  Si 
l’on  veut  continuer  avec  quelque  chance  de 
réussite,  comme  il  est  à peu  près  certain  que 
cette  affection  provient  du  sol  qui  est  épuisé 
pour  cette  sorte  de  culture,  et  aussi  par  le 
milieu  qui  est  changé,  il  faut  planter  des 
Merisiers  là  où  ils  viennent  bien,  où  le  mi- 
lieu leur  convient.  Plus  tard,  peut-être,  il 
en  sera  autrement,  et  alors  on  reviendra  à la 
culture  des  Merisiers  si  elle  présente  des 
avantages.  Ce  conseil,  nous  le  supposons, 
ne  satisfera  pas  certaines  personnes  dont 
l’intérêt  est  compromis  par  suite  de  cette 
maladie  ; pourtant,  que  faire,  sinon  se  ré- 
signer ? Mais  d’une  autre  part,  ce  fait  n’est- 
il  pas  conforme  à la  grande  loi  qui,  par  le 
déplacement  continuel  des  choses,  détermine 
le  progrès  universel  et  amène  successive- 
ment sur  les  différents  points  du  globe 
l’aisance  et  le  bien-être  auxquels  l’humanité 
tout  entière  a droit  ? 

— Dans  le  précédent  numéro  de  Revue 
horticole,  nous  avons  cherché  à appeler 
l’attention  sur  un  nouveau  produit  propre 
à divers  usages  en  horticulture,  et  que,  faute 


166  CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  D’AVAIL). 


de  connaître  rorigine  véritable,  nous  avons 
appelé  natte  Muller  (1)  ; nous  avons  de- 
puis appris  que  cette  matière  provient  d’un 
Palmier  de  l’Amérique  australe,  du  Sagus 
vinifera,  Pers.;  S.  Palma  Pinus,  Gærtn.  ; 
S.  Raphia,  Poir.;  S.  Ru f fia,  var.  Willd.  ; 
Metroxylon  viniferum,^ipr.;  Raphiavini- 
fera,  Poir.  ; espèce  dont  les  feuilles  très- 
longues  sont  divisées  de  chaque  côté  du  ra- 
chis en  nombreuses  pennules  qui  forment 
la  natte  Müller.  Ce  produit  ne  vient  donc 
pas,  comme  on  l’a  dit,  du  Japon.  Toutefois  le 
Sag^is  vinifera  n’est  pas  la  seule  espèce 
dont  011  puisse  utiliser  les  pennules  ; toutes 
les  autres  espèces  peuvent  être  employées 
aux  mêmes  usages  ; il  en  est  principalement 
une,  le  S.  tœdigera,  Mart.;  Metroxylon 
tœdigerum,  Spr.,  que  les  habitants  du 
Brésil  utilisent  fréquemment,  particulière- 
ment pour  la  fabrication  des  tissus,  des  cor- 
dages, etc. 

— Nous  trouvons  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  dliorticulture  de  Fontenay-le- 
Comte  (Vendée),  pour  1872,  p.  67,  sous  ce 
titre  : Singulière  floraison  d'un  Camellia 
albaplena,  une  lettre  adressée  par  M.  Gh. 
de  Sourdeval,  à Fontordine,  près  Saint- 
Gervais  (Vendée),  à M.  le  président  de 
cette  Société,  et  qui  nous  paraît  de  nature 
à intéresser  nos  lecteurs,  et  que  pour  cette 
raison  nous  avons  cru  devoir  reproduire  ; la 
voici  : 

Fontordine,  15  janvier  1873. 

Monsieur  le  président, 

J’ai  l’honneur  de  vous  adresser  trois  fleurs  de 
Gamellias  ; deux  sont  blanches  et  doubles;  la 
troisième  est  rouge  et  simple.  Toutes  trois 
sont  du  même  Camellia. 

Cet  arbuste,  que  j’ai  depuis  trente  ans  en 
pleine  terre,  et  au  midi,  devant  ma  maison,  se 
couvre,  tous  les  ans,  en  hiver,  d’innombrables 
fleurs  blanches  parfaitement  doubles  ; puis,  aux 
mois  d’avril  et  de  mai,  la  floraison  se  termine 
par  des  fleurs  rouges  et  simples,  aussi  nom- 
breuses que  furent  les  fleurs  blanches  ; les  fleurs 
simples  se  terminent  par  des  fruits  qui  n’abou- 
tissent pas  à maturité  parfaite  avant  l’hiver. 

Ce  sont  les  mêmes  branches  qui  produisent 
les  deux  fleurs  sur  toute  la  surface  de  l’arbuste. 
On  ne  peut  pas  dire  qu’il  y ait  de  rameau  en  de- 
hors de  la  greffe.  C’est  dans  un  même  groupe 
de  boutons,  au  bout  de  chaque  branche,  que  se 
trouvent  les  deux  fleurs  si  différentes  ; les  bou- 
tons contenant  les  fleurs  blanches  épanouissent 
depuis  novembre  jusqu’à  mars,  et  ensuite  les 
retardataires  fleurissent  simples  et  rouges. 


Je  voulais  récolter  séparément  une  fleur  blanche 
en  hiver  et  plus  tard  une  rouge  pour  vous  les 
envoyer  en  avril  ; mais,  par  bonne  chance,  j’ai 
trouvé  aujourd’hui  une  fleur  rouge,  plus  précoce 
que  les  autres  ; je  me  hâte  de  vous  envoyer  l’un 
et  l’autre  échantillon. 

Il  y a trente  ans  environ,  je  gagnai,  à une 
loterie  de  bienfaisance,  à Tours,  ce  Camellia, 
gros  comme  le  poing  et  ayant  deux  fleurs  blan- 
ches. Comme  je  partais  pour  la  Vendée,  le  Ca- 
mellia fut  du  voyage.  Je  l’ai  planté  sur  la 
terrasse  devant  ma  maison,  au  midi.  Il  a buis- 
sonné,  n’a  guère  atteint  qu’un  mètre  de  haut  et 
deux  d’envergure,  mais  il  est  vigoureux  et  ne 
manque  jamais  de  se  couvrir  de  fleurs  pour  sa 
double  floraison,  qui  dure,  en  tout,  près  de  six 
mois.  J’ai  encore  beaucoup  d’autres  Gamellias  en 
pleine  terre,  au  nord  et  au  midi;  aucun  ne  m’a 
réussi  comme  celui-ci.  Il  n’est  pas  en  terre  de 
bruyère;  je  n’en  ai  pas  à ma  disposition; il 
est  en  terre  schisteuse,  terre  qui  est  éminemment 
propre  aux  Gamellias  et  aux  Magnolias,  témoin 
tout  ce  que  l’on  voit  de  splendide  en  ce  genre  à 
Angers,  à Nantes,  à la  Roche-sur-Yon. 

Bien  que  des  phénomènes  analogues  à 
celui  que  nous  venons  de  rappeler  se  voient 
assez  fréquemment  sur  les  Gamellias,  ce  der- 
nier est  tellement  remarquable,  que  nous 
avons  cru  devoir  le  faire  connaître  à nos 
lecteurs,  d’autant  plus  que,  consigné  dans 
un  ouvrage  peu  répandu,  il  resterait  ignoré 
de  beaucoup  de  ceux  à qui  il  pourrait  être 
utile  par  les  réflexions  qu’il  est  de  nature  à 
suggérer,  principalement  à ceux  qui  s’occu- 
pent de  physiologie.  Signaler  les  faits  excep- 
tionnels n’est  pas  seulement,  ainsi  qu’on  le 
dit  communément,  « confirmer  les  règles; 
c’est,  en  leur  enlevant  ce  qui  est  nuisible, 
Vahsolu,  servir  la  science  en  démontrant 
certaines  lois  de  la  vie.  Aussi  ne  manque- 
rons-nous jamais  d’appeler  l’attention  sur 
tous  ces  faits  exceptionnels  auxquels,  en  gé- 
néral, on  porte  peu  d’attention,  que  très-  j 
souvent  même  on  rejette  de  suite  comme  ! 
gênantes,  parce  qu’elles  viennent  déranger  j 
certaines  combinaisons  ou  infirmer  des  I 
théories  qu’on  avait  faites,  en  les  qualifiant  | 
alors  « d anomalies,  » croyant  ainsi  les 
mettre  hors  les  lois  de  la  végétation,  ce  qui,  | 
bien  que  contraire  au  véritable  esprit  scien-  j 
tifique,  s’explique  pourtant  par  la  bonne  | 
opinion  que  chacun  a de  soi.  Fi  donc!  me  J 
tromper,  moi?  jamais  !...  La  nature,  c’est  j 
possible  : elle  a (C  des  écarts  ....  » Mais,  dans 
cette  circonstance,  qui  donc  se  trompe,  delà  I 
nature  ou  de  l’homme  qui  prétend  l’asservir? 

Nos  lecteurs  le  savent  bien,  et  peut-être.... 
d’autres  aussi. 


(1)  V.  Revue  horticole,  1873,  p,  147. 


E.-A.  Carrière. 


CULTURE  FORCÉE  DES  PALMIERS.  — CHICORÉE  A GROSSE  RACINE  EMPLOYÉE  COMME  LÉGUME.  167 


CULTURE  FORCÉ 

Beaucoup  d’amateurs  sont  effrayés  par  la 
lenteur  de  la  croissance  de  quelques  Pal- 
miers ; aussi  abandonnent-ils  la  culture  des 
espèces  rares  de  ce  beau  genre  ; peut-être  le 
prix  très-élevé  des  grands  exemplaires  et  des 
nouveautés  est- il  le  véritable  motif  qui  nous 
empêche  de  rencontrer  une  collection  de 
Palmiers  dans  chaque  serre  d’amateur.  C’est 
là  ce  qui  nous  a engagé  à donner  aux  lec- 
teurs de  la  Revue  liorticole  un  conseil 
utile  et  à leur  enseigner  une  méthode  fa- 
cile pour  faire  développer  rapidement  les 
Palmiers,  même  ceux  qui  sont  réputés  les 
plus  difficiles.  En  suivant  ces  recommanda- 
tions, on  aura  la  satisfaction  de  voir  en  peu 
de  temps  les  petits  exemplaires  des  espèces 
nouvelles,  livrées  en  godets,  devenir  en  peu 
de  temps  un  objet  de  haute  ornementation 
et  de  valeur. 

Dès  que  nous  recevons  un  Palmier  au- 
quel nous  voulons  donner  de  belles  pro- 
portions, nous  commençons  par  lui  faire 
prendre  de  bonnes  racines  en  le  plaçant  sur 
une  couche  de  tannée,  puis  on  l’arrose  co- 
pieusement ; dès  que  les  racines  sont  à 
plein  pot,  au  lieu  de  donner  un  rempotage, 
nous  plaçons  la  plante  en  pleine  terre  dans 
la  bâche  d’une  bonne  serre  chaude  ; là  nous 
traitons  comme  dans  la  culture  ordinaire  ; 
cependant  nous  ajoutons  à l’eau  des  arrose- 
I ments  un  peu  de  purin  de  vache  ; cet  élé- 
I ment  donne,  sans  danger  de  brûler  les  ra- 
I cines,  une  grande  vigueur  à la  végétation, 
et  les  feuilles  ne  tardent  pas  à prendre  une 
magnifique  teinte  verte  bien  connue  des  jar- 
diniers expérimentés. 

Au  bout  d’une  ou  de  deux  années,  sui- 
vant la  force  des  sujets,  on  relève  ceux  qui 
ont  atteint  une  taille  convenable.  On  doit 
commencer  l’opération  très-délicate  du  re- 
levage à l’automne,  à peu  près  à l’époque 

LA.  CHICORÉE  A GROSSE  RACI 

IUn  voyage  récemment  fait  en  Belgique,  à 
propos  de  l’Exposition  horticole  de  Gand, 
m’a  donné  l’occasion  de  voir  pour  la  pre- 
mière fois  un  légume  que  je  crois  inconnu 
ien  France,  quoiqu’il  soit  voisin  de  la  Barbe- 
ide-Capucin,  si  répandue  et  si  estimée  à Pa- 
Iris.  Il  s’agit  de  la  Chicorée  à grosse  racine 
ou  Chicorée  à café,  dont  les  feuilles,  forcées 
ret  blanchies,  constituent  un  légume  très- 


] DES  PALMIERS 

OÙ  l’on  commence  à chauffer  les  serres.  Les 
plantes  sont  privées  d’eau  pendant  les  dix 
ou  douze  jours  qui  précèdent  la  mise  en 
pot.  Le  moment  arrivé,  on  dégage  à la  main 
avec  précaution  la  terre  qui  entoure  les  ra- 
cines; puis,  après  avoir  levé  chaque  plante 
en  \Vi  saisissant  par  le  dessous  de  la  motte, 
onia  place  dans  un  pot  le  plus  petit  possible, 
et  on  la  remet  ensuite  sur  une  bonne  couche 
de  tannée  ayant  jcfé  son  feu,  ce  qui  est  très- 
important  pour  les  racines,  qui  autrement 
seraient  infailliblement  brûlées.  Les  arrose- 
ment doivent  être  modérés  ; on  devra  sur- 
tout tenir  les  plantes  dans  une  obscurité 
presque  complète  pendant  trois  semaines 
environ,  époque  à laquelle  on  s’aperçoit  de 
la  reprise  par  l’apparition  de  racines  nou- 
velles au  collet. 

C’est  par  le  moyen  que  nous  venons  d’in- 
diquer que  nous  avons  obtenu  en  trois 
années  un  Thrinax  elegans  de  3 mètres 
de  hauteur  ; à son  entrée  dans  nos  serres,  il 
mesurait  à peine  70  centimètres.  Nous  avons 
également  réussi  pour  le  très-délicat  Prit- 
chardia  Pacifica  (ou  Corypha  Martianci), 
Areca  speciosa,  Rhapis  flabelliformis  y 
Latania,  Cocos,  Calamus,  Phcenix,  etc. 

Les  horticulteurs  commencent  du  reste  à 
user  en  grand  de  ce  procédé,  qui  leur  per- 
met d’obtenir,  dans  un  temps  relativement 
court,  des  plantes  pour  le  marché  ; les 
amateurs,  croyons-nous,  pourront  facile- 
ment utiliser  ce  genre  de  culture  pour  éviter 
la  mort  des  plantes  devenues  trop  grandes 
pour  leurs  jardins  d’hiver  ; c’est  ainsi  qu’un 
horticulteur  d’Angers  a pu  sauver  un  ma- 
gnifique Ceroxylon  de  plusieurs  mètres, 
qui  aura  ainsi  doublé  ou  triplé  en  peu  de 
temps  sa  valeur. 

Alphonse 

Amateur. 

E EMPLOYÉE  GOMME  LÉGUME 

apprécié  et  très-recherché  en  Belgique  pen- 
dant l’hiver  et  au  premier  printemps.  11  y 
est  connu  sous  les  noms  flamands  de  Whit- 
Zoe/*  (feuilles  blanches)  ou  Ritterloof  {feuilles 
amères),  et  il  est  rare  que  les  marchés,  à 
Bruxelles  surtout,  n’en  soient  pas  pourvus 
depuis  Noël  jusqu’à  Pâques,  et  même  au- 
delà.  C’est  la  commune  de  Schaerbeck-lès- 
Bruxelles  qui  a la  spécialité  de  cette  culture, 


LA  CHICORÉE  A GROSSE  RACINE  EMPLOYÉE  COMME  LÉGUME. 


168 

comme  chez  nous  Argenteuil  pour  les  As- 
perges, Vanveset  Montrouge  pour  les  Cham- 
pignons, Croissy  pour  les  Navets,  etc.  Il  ne 
paraît  pas  résulter  des  renseignements  que 
j’ai  pu  recueillir  jusqu’ici  sur  la  culture  de 
ce  légume  qu’on  emploie  pour  le  produire 
une  variété  spéciale  de  la  Chicorée  à grosse 
racine.  Celle  qui  est  si  largement  cultivée 
pour  la  production  des  racines  dont  on  fait 
le  café  de  Chicorée  peut  également  servir  à 
obtenir  le  Whitloef.  Il  va  de  soi  que  les  va- 
riétés à feuilles  larges  et  entières  donnent 
des  pommes  mieux  faites  et  plus  belles  que 
celles  qui  proviennent  de  plantes  à feuilles 
étroites  et  découpées,  car  il  est  à remarquer 
qu’à  la  différence  de  la  Barhe-de~Capucin, 
où  chaque  feuille  se  développe  isolément  et 
tend  à s’écarter  des  autres,  elles  sont  dans 
le  Whitloef  étroitement  imbriquées  [et  se 
recouvrent  les  unes  les  autres,  de  manière 
à former  de  véritables  pommes  allongées, 
serrées,  pleines,  et  rappelant  un  peu  l’as- 
pect d’un  cœur  de  Romaine.  La  côte  de  la 
feuille  est,  comme  dans  la  Barbe-de-Capu- 
cin,  plus  développée  que  le  limbe  ; le  tout 
est  extrêmement  tendre,  croquant,  et  d’une 
saveur  très-fine,  légèrement  amère.  On 
l’emploie  cuit  ou  cru,  en  salade  ou  préparé 
de  la  même  manière  que  les  Chicorées 
d’été.  C’est  principalement  cuites  que  les 
pommes  de  Chicorée  à grosse  racine  sont 
appréciées  en  Belgique,  et  elles  sont  d’au- 
tant plus  recherchées  que  les  légumes  frais 
sont  rares  à la  saison  où  celui-ci  est  bon  à 
cueillir. 

La  culture  de  ce  légume  ressemble  en 
beaucoup  de  points  à celle  de  la  Barbe-de- 
Capucin.  Les  graines  se  sèment  vers  le  mois 
de  mai,  en  bonne  terre  de  jardin,  un  peu 
profonde.  Le  seul  soin  à prendre  est  de  ne 
pas  laisser  le  plant  trop  serré  ; les  racines 
ont  besoin  d’être  espacées  d’environ  dO  cen- 
timètres en  tous  sens  pour  se  développer  à 
l’aise  et  acquérir  toute  leur  grosseur,  ce  qui 
est  important,  la  beauté  de  la  pomme  dé- 
pendant du  diamètre  de  la  racine  qui  la 
produit. 

Au  mois  d’octobre,  les  racines  sont  arra- 
chées et  mises  en  place  pour  être  forcées, 
non  pas  dans  une  cave,  comme  la  Chicorée 
qui  sert  à faire  la  Barbe-de-Capucin,  mais 
en  pleine  terre,  debout  et  espacées  de  3 à 
4 centimètres,  sur  deux  ou  plusieurs  rangs, 
distants  entre  eux  de  30  centimètres  ; le 
tout  doit  être  recouvert  de  20  centimètres 
de  terre.  En  général,  pour  avoir  un  moindre 
maniement  de  terre,  on  ouvre  des  tranchées 


dans  lesquelles  les  racines  sont  placées 
comme  je  viens  de  le  dire,  et  de  telle  façon 
que  le  collet  se  trouve  à 20  centimètres  en 
contre-bas  du  bord  de  la  tranchée,  qui  est 
alors  remplie  jusqu’au  niveau  du  sol.  La 
plantation  est  terminée  ; il  n’y  a plus  qu’à 
chauffer  pour  déterminer  le  développement 
et  l’allongement  des  feuilles. 

Le  système  de  réchaud  employé  en  Bel- 
gique, et  consistant  en  un  lit  de  fumier  frais 
de  60  centimètres  à 1 mètre  d’épaisseur, 
établi  à l’air  libre  au-dessus  des  tranchées 
où  sont  placées  les  racines,  me  paraît  assez 
primitif  et  dispendieux.  Il  exige  une  grande 
quantité  de  fumier,  et  réclame  en  outre  quel- 
ques soins  : il  faut,  par  exemple,  couvrir  le 
fumier  avec  des  planches  lorsqu’il  survient 
de  grandes  pluies  qui  pourraient  le  noyer. 

Il  me  semble  que  nos  maraîchers  de  Paris 
et  des  environs,  si  habiles  pour  toutes  les 
cultures  légumières  forcées,  sauraient  ob- 
tenir le  même  résultat  à moins  de  frais. 
Quoi  qu’il  en  soit,  si  le  réchaud  donne  une 
chaleur  suffisante,  les  pousses  ou  pommes 
sont  bonnes  à couper  un  mois  à six  se- 
maines après  qu’on  a commencé  à chauf- 
fer. 

Les  pommes  de  Chicorée  à grosse  racine 
apportées  sur  les  marchés  de  Belgique  va- 
rient généralement  de  8 à 15  centimètres 
de  longueur  sur  un  diamètre  de  3 à 5 cen- 
timètres. On  détache,  en  même  temps  que 
les  feuilles  et  pour  qu’elles  ne  se  séparent 
pas,  une  petite  portion  du  collet  de  la  ra- 
cine, qui  dès  lors  n’est  plus  propre  à aucun 
usage.  Il  ne  faut  pas  attendre  pour  cueillir 
la  pomme  que  les  feuilles  s’allongent  jus- 
qu’au contact  du  fumier,  ni  même  qu’elles 
en  soient  séparées  par  une  épaisseur  de 
terre  moindre  de  4 à 5 centimètres,  car 
elles  sont  exposées  dans  ce  cas  à brunir  et 
à se  gâter. 

J’ai  pensé  qu’il  pourrait  être  intéressant  j 
pour  les  lecteurs  de  la  Revue  horticole  de  I 
connaître  ce  légume  et  sa  culture.  L’époque  j| 
à laquelle  il  paraît  sur  les  marchés  explique  ; 
pour  une  part  la  faveur  dont  il  est  l’objet  j 
en  Belgique,  mais  il  la  justifie  aussi  par  sa  | 
qualité.  Je  suis  persuadé  que  ce  nouveau  j 
produit  maraîcher,  aussi  frais  et  agréable  à ■ 
la  vue  que  délicat  au  goût,  serait  vite  appré-  I 
cié  à la  Halle  de  Paris,  et  triompherait  ai-  i 
sèment  de  la  résistance  que  la  force  des  I 
habitudes  prises  y fait  presque  toujours  op- 
poser à l’introduction  de  fruits  ou  de  légumes 
nouveaux. 


H.  Vilmorin. 


LfNICERA  FRAGRANTISSIMA.  — LIPARIS  CIIRYSORREA. 


ICO 


LONIGERA  FRAGRANTISSIMA 


D’où  vient  cette  espèce?  Nous  ne  pouvons 
rien  affirmer  à ce  sujet.  Ce  quenous  pouvons 
dire,  c’est  que  déjà,  en  1852,  lorsque  nous 
sommes  entré  aux  pépinières  du  Muséum, 
elle  y existait,  mais  alors  sans  nom , sous  cette 
dénomination  générale:  Caprifolium,  spec. 
nova  Chine.  Était-elle  nouvelle  et  originaire 
de  la  Chine  ? Toutes  les  recherches  que 
nous  avons  pu  faire  à ce  sujet  semblent  pen- 
cher en  faveur  de  l’affirmative.  Aussi, 
avons-nous  cru  devoir  lui  donner  un  quali- 
ficatif, afin  de  répandre  cette  espèce  qui,  du 
reste,  est  très-distincte,  et  a l’avantage  de 
ne  pouvoir  se  confondre  avec  aucune  autre. 
Nous  avons  établi  celui-ci  d’après  l’odeur 
des  fleurs,  qui,  bien  que  suave,  forte  et 
douce,  est  des  plus  agréables,  ce  que  nous 
avons  cherché  à indiquer  par  le  qualifi- 
catif fragrantissima.  Voici  la  description 
de  cette  espèce  : 

Arbuste  excessivement  vigoureux,  buis- 
sonneux, pouvant  atteindre  jusque  2 mètres, 
et  même  plus,  de  hauteur;  rameaux  divari- 
qués-étalés,  très-longs  et  subvolubiles  chez 
les  jeunes  plantes,  à écorce  glabre  luisante, 
jaune  pâle,  parfois  rouge  brun  dans  les  par- 
ties les  plus  jeunes.  Feuilles  subpersistantes 
chez  les  jeunes  plantes,  opposées,  irrégu- 
lièrement décussées,  très-courtement  pétio- 
lées,  largement  ovales-elliptiques,  parfois 
suborbiculaires,  atteignant  jusque  7 centi- 
mètres de  longueur  sur  4-5  de  largeur, 
courtementacuminées-arrondies  au  sommet, 
qui  est  souvent  mucronulé,  coriaces,  très- 
épaisses,  d’un  vert  foncé  luisant  et  comme 
glacé  en  dessus,  plus  pâle  en  dessous,  gla- 
bres sur  les  deux  faces.  Fleurs  irrégulières 
sur  des  ramilles  axillaires  très-courtes,  mu- 
nies de  larges  bractées  imbriquées,  gémi- 
nées, sessiles,  à l’extrémité  d’un  pédoncule 
|de  8-12  millimètres,  accompagné  à sa  base 
jlde  deux  bractées  largement  linéaires,  d’un 
blanc  nacré,  légèrement  violacé  à l’exté- 
rieur, à cinq  divisions,  dont  une  plus  longue 
et  plus  étroite,  fortement  réfléchie  ; éta- 


mines 4-5,  à filets  inégaux  ; style  de  la 
même  longueur  que  les  étamines,  à stig- 
mate capité  ou  hémisphérique  ; odeur  d’une 
suavité  exquise,  plus  fine  et  moins  péné- 
trante que  celle  de  fleurs  d’Orangers,  qu’elle 
rappelle  assez  exactement. 

Le  L.  fragrantissima  (fig.  17)  fleurit 
successivement  à partir  de  décembre  jus- 
qu’en février-mars,  ce  qui  expose  les  fleurs 


Fig.  17.  — Lonicera  fragrantissima. 


à être  gelées.  Néanmoins,  et  malgré  cet  in- 
convénient, le  parfum  en  est  tellement 
agréable,  qu’on  doit  planter  cette  espèce 
dans  tous  les  jardins.  Elle  est  très-rustique, 
ne  souffre  jamais  du  froid,  pousse  dans  tous 
les  terrains  et  à toutes  les  expositions.  C’est, 
en  un  mot,  un  arbuste  que  nous  n’hésitons 
pas  à recommander.  On  le  multiplie  par 
couchage  et  par  boutures  faits  en  vert  ou 
en  sec,  et  qui  toujours  reprennent  très- 
bien. 

E.-A.  Carrière. 


LIPARIS  CHRYSORREA 


Dans  le  numéro  du  l^r  avril  1871  de  la 
Revue  horticole,  notre  collègue,  M.  Car- 
ière,  a publié  une  notice  sur  la  chenille 
lommée  par  les  entomologistes  Liparis 
:hrysorrea,  ou  Chelonia  chrysorreaifioà.). 


Ces  chenilles  sont  bien  connues  des  culti- 
vateurs par  la  quantité  de  nids  qu’elles  con- 
fectionnent chaque  année,  sur  nos  arbres,  et 
surtout  par  les  dégâts  qu’elles  causent  à la 
sortie  de  leurs  nids,  qui  a lieu  à la  première. 


170 


LIPARIS  CHRYSORREA. 


apparition  des  feuilles,  où  elles  trouvent 
une  nourriture  abondante  après  un  jeûne  si 
prolongé.  Chaque  nuit  elles  se  réunissent 
par  groupes  dans  les  bifurcations  des  bran- 
ches; le  jour,  elles  cherchent  la  chaleur  vi- 
vifiante du  soleil,  et  par  les  temps  froids 
s’enveloppent  d’une  toile  soyeuse  pour  se 
garantir  des  pluies.  Au  printemps  de  1871, 
époque  où  les  cultivateurs  des  environs  de 
Paris  ne  sont  rentrés  que  dans  les  premiers 
jours  d’avril  dans  leurs  maisons,  qu’ils 
avaient  abandonnées  par  suite  de  la  guerre, 
les  chenilles  avaient  déjà  causé  de  grands 
ravages,  surtout  dans  nos  pépinières  de  Vi- 
try,  où  déjà  la  plupart  des  arbres  avaient 
toutes  leurs  feuilles  mangées. 

Ces  chenilles  sont  vénéneuses,  et  cau- 
sent des  irruptions  pustulaires  sur  la  peau 
des  ouvriers  chargés  de  les  détruire.  Dans 
ce  cas,  il  faut  avoir  recours  au  vinaigre  mé- 
langé d’eau  pour  atténuer  les  démangeai- 
sons. 

La  croissance  de  ces  chenilles  est  très- 
rapide  et  se  continue  jusqu’à  la  fin  de  juin, 
ce  qui  donne  trois  mois  et  demi  de  sé- 
jour sur  les  arbres,  si  la  température  leur  a 
permis  de  sortir  des  bourses  au  15  mars. 
Dans  les  premiers  jours  de  juillet,  on  les 
voit  se  fixer  sous  les  feuilles,  où  elles  tra- 
vaillent à fabriquer  un  réseau  en  til  soyeux 
qui  servira  de  support  au  cocon  qui  renfer- 
mera la  chrysalide,  après  quoi  elles  travail- 
lent à fabriquer  ce  dernier.  Le  choix  des 
plantes  pour  leur  transformation  paraît  leur 
être  indifférent,  car  nous  en  avons  même 
observé  sur  des  feuilles  de  certains  légumes, 
tels  que  Romaine,  Oseille,  etc.;  sur  tous  les 
arbres  fruitiers  et  forestiers,  cela  va  sans 
dire.  Sur  ceux-ci,  l’on  voit  très- souvent 
plusieurs  chenilles  se  réunir  en  commun 
sur  un  groupe  de  feuilles,  pour  opérer  leur 
transformation. 

Les  cocons  présentent  deux  sortes  de  cou- 
leur : les  uns,  qui  sont  d’un  blanc  jaunâtre, 
produiront  les  papillons  femelles,  et  les  au- 
tres, moins  nombreux,  de  couleur  brun 
clair,  produiront  les  mâles.  Ces  cocons  sont 
de  forme  ovale  ; quant  à la  chrysalide  ren- 
fermée dans  chaque  cocon,  elle  est  de  forme 
ovoïde,  arrondie  à la  tête,  et  se  termine  en 
pointe  à la  partie  postérieure  du  corps  ; 
sa  couleur  est  d’un  brun  noir. 

La  chenille  passe  sept  jours  à confection- 
ner son  cocon,  après  quoi  elle  subit  une 
mue,  en  se  dépouillant  de  sa  peau,  qu’elle 
fait  glisser  à la  partie  postérieure  de  son 
corps  à l’aide  de  mouvements  répétés. 

Du  20  au  23  juillet,  les  papillons  ont  com- 


mencé à sortir  des  cocons,  et  à se  fixer  sur 
le  limbe  inférieur  des  feuilles  de  l’arbre  où 
ils  se  sont  transformés.  Les  cocons  gris  brun 
ont  produit  des  papillons  mâles  qui  sont 
moins  nombreux,  et  dont  la  couleur  est 
nankin  clair,  tandis  que  les  papillons  fe- 
melles ont  le  corps  blanc  soyeux,  avec  point 
noir  sur  le  thorax.  Les  pattes  sont  garnies 
de  soies  longues  ; les  ailes  blanches  recou- 
vrent le  corps  en  faîtière  ; la  tête,  enveloppée 
de  soies  blanches,  porte  deux  yeux  noirs  et 
deux  antennes  soyeuses  ; le  corps  porte  à 
sa  base  un  groupe  de  poils  d’un  brun  noir. 

Pour  opérer  sa  ponte,  chaque  femelle  se 
fixe  sur  le  limbe  inférieur  d’une  feuille, 
assez  rarement  sur  la  face  supérieure,  où 
les  œufs  seraient  exposés  à être  détruits  ; là 
elle  commence  sa  ponte  sans  quitter  la 
feuille.  Ses  œufs  sont  groupés  en  forme  de 
cône  tronqué  au  sommet,  et  se  terminent  en 
pointe  à la  base.  Ces  groupes  varient  beau- 
coup, soit  dans  leur  forme,  soit  dans  leurs 
dimensions. 

La  femelle  reste  quarante  heures  à pondre 
sans  quitter  sa  place,  après  quoi  on  la  trouve 
morte  au  pied  de  l’arbre  où  elle  s’était  pla- 
cée. Nous  estimons  que  chaque  femelle  pond 
au  moins  deux  cents  œufs,  ce  qui  donnerait 
une  moyenne  de  cinq  œufs  à l’heure.  Ces 
œufs,  réunis  par  groupes,  sont  de  forme  lé- 
gèrement ovoïde,  de  couleur  jaune  paille, 
ayant  une  certaine  analogie  avec  nos  graines 
de  Pensées  ; ils  sont  séparés  du  tissu  de  la 
feuille  par  une  légère  cloison  de  filaments 
blancs,  tandis  que  la  partie  qui  regarde  le 
ciel  est  recouverte  d’un  tissu  feutré  de  poils 
jaunes  très-compact. 

Le  temps  de  la  ponte  dure  du  23  juillet 
jusqu’aux  premiers  jours  du  mois  d’août, 
ce  qui  fait  huit  à dix  jours.  Les  femelles, 
avant  la  ponte,  présentent  à l’observateur 
une  boule  sphérique  très -dilatée  à la  base 
de  l’abdomen,  composée  de  poils  que  les  fe- 
melles déposent  sur  leurs  œufs  au  fur  et  à 
mesure  de  la  ponte. 

Du  20  au  28  août,  les  petites  chenilles  ont 
commencé  à sortir  de  leur  berceau  en  per- 
çant de  petits  trous  à travers  le  tissu  de 
poils.  L’éclosion  suit  l’ordre  de  la  ponte; 
ainsi,  les  premières  chenilles  sont  sorties 
des  premiers  œufs  de  la  base  du  cône,  tandis 
que  le  sommet  renferme  encore  des  œufs. 
Au  bout  de  huit  jours,  les  chenilles  subis- 
sent la  première  mue,  et  alors  le  corps  com- 
mence à prendre  sa  couleur  naturelle.  A ce 
moment,  leur  longueur  est  de  0m,005. 
Aussitôt  leur  sortie  de  l’œuf,  ces  petites  che- 
nilles se  dirigent  sur  les  premières  feuilles 


deZ . 


Pojre  Louis  Lo 


If  emie.  Jioi  'fi<  o7o  , 


Ckr^ojnoZizL^  GiSs-vt 


POIRE  LOUIS  CAPPE. 


171 


qui  se  trouvent  à leur  portée,  et  se  nourris- 
sent du  tissu  cellulaire, ne  laissant  ainsique 
les  nervures,  de  sorte  que  chaque  feuille  se 
trouve  disséquée.  Elles  rejettent  leurs  ex- 
créments sur  un  point  de  la  feuille  où  il  ne 
reste  que  les  fihres;  puis,  lorsqu’elles  sont 
gorgées  de  nourriture,  elles  travaillent  à 
construire  un  réseau  de  fils  blanchâtres, 
servant  à réunir  les  feuilles  entre  elles,  de 
sorte  qu’au  fur  et  à mesure  que  le  tissu 
d’une  feuille  est  mangé,  elles  la  fixent  contre 
sa  voisine,  de  manière  à constituer  un 
groupe  qui  formera  la  bourse  ou  nid,  où 
elles  se  logeront  pour  passer  l’hiver.  Nous 
avons  trouvé  des  nids  composés  de  six  toiles 
ou  réseaux  superposés,  avec  trois  ou  quatre 
trous  ménagés  sur  le  côté  pour  favoriser  la 
sortie  et  la  rentrée.  Ce  sont  toujours  les 
chenilles  réunies  sur  le  même  rameau  qui 
travaillent  en  comniun  au  même  nid,  et  l’on 
observe  que  toutes  les  feuilles  du  rameau 
sont  englobées  dans  le  même  nid. 

La  nourriture  de  ces  chenilles  est  subor- 
donnée à la  durée  des  feuilles,  et  surtout  à 
la  température  locale,  qui  peut  retarder  ou 
avancer  l’époque  de  leur  réclusion,  qui, 
pour  les  environs  de  Paris,  a lieu  dans  le 
courant  d’octobre.  Une  fois  rentrées  dans 
leurs  nids,  ces  chenilles  continuent  à tra- 
vailler intérieurement,  en  établissant  de 
nouvelles  cloisons  où  elles  vivent  groupées, 
et  non  pas  isolément,  comme  on  l’a  dit. 
L’état  de  torpeur  où  elles  se  trouvent  dure 
depuis  octobre  jusqu’en  mars  ; c’est  donc 
près  de  six  mois  de  jeûne  forcé  qu’elles  doi- 

POIRE  LO 

Cette  variété,  obtenue  par  M.  Boisbunel, 
l’heureux  semeur  rouennais  si  bien  connu 
de  tout  le  monde  horticole,  est,  à tous 
égards,  digne  de  l’homme  à la  mémoire  du- 
quel elle  a été  dédiée,  feu  Louis  Cappe  (1), 
l’un  des  plus  savants  et  des  plus  modestes 
jardiniers  du  XIX®  siècle,  en  très-grande 
partie  l’auteur  delà  série  des  Poires  publiées 
dansle  Jardm  fruitier  du  Muséum,  ouvrage 
pomologique  des  plus  remarquables,  ce  qui 
n’a  pas  lieu  d’étonner,  lorsqu’on  pense  qu’il 
a été  publié  sous  la  haute  direction  de 
M.  Decaisne,  professeur  au  Muséum,  et  que 
les  collaborateurs  ou  plutôt  les  véritables 
auteurs  sont  ou  étaient  (2)  des  praticiens 
très-éclairés. 

(1)  Voir,  sur  la  vie  de  Louis  Cappe,  la  Revue 
horticole,  1868,  p.  226. 

(2)  L’auteur  des  premières  descriptions  sur  les 


vent  subir.  Les  plus  grands  froids  n’ont 
point  d’action  sur  elles  et  ne  les  font  point 
périr;  ainsi,  pendant  l’hiver  de  1871-1872, 
lorsque  le  thermomètre  était  descendu  à 
21  degrés  au-dessous  de  zéro,  nous  avons 
examiné  une  grande  quantité  de  nids,  et 
trouvé  les  chenilles  vivantes.  Datis  des  nids 
que  nous  avions  rentrés  sous  une  remise 
vers  les  premiers  jours  de  mars,  les  che- 
nilles ont  vécu  trente-cinq  jours  sans  prendre 
de  nourriture. 

Comme  les  chenilles  sont  sédentaires,  et 
que  les  papillons  ne  peuvent  se  transporter 
à de  très-grandes  distances,  il  serait  facile, 
au  point  de  vue  de  la  destruction  de  ces  in- 
sectes, de  ne  point  attendre  l’éclosion  des 
œufs,  en  ramassant  les  petits  papillons  avant 
la  ponte,  ce  qui  est  facile  dans  les  jardins. 
Nous  avons  encore  remarqué  que  très-sou- 
vent les  cultivateurs  jettent  les  nids  de  che- 
nilles sur  les  chemins,  ou  les  réunissent  en 
fagots  qu’ils  rentrent  sous  les  remises.  Cette 
manière  d’opérer  est  très-mauvaise,  car  les 
chenilles,  qui  n’ont  nullement  souffert, 
poussées  par  l’instinct  de  la  conservation, 
vont  sur  les  arbres  les  plus  proches,  où  alors 
elles  exercent  leurs  ravages.  Le  moyen  le 
plus  efficace  est  de  les  brûler  de  suite  sur 
place.  Quant  à celles  qui  échappent,  on  pro- 
fite du  moment  où  elles  sont  groupées  sur 
les  branches  pour  les  faire  périr,  en  les  tou- 
chant avec  de  l’huile  de  pétrole,  de  colza, 
ou  même  avec  de  l’eau  de  savon. 

J.  La  CHAUME, 
Arboriculteur  à Vitry  (Seine). 

IIS  CAPPE 

Le  Poirier  Louis  Cappe  provient  d’un 
semis  fait  en  1852,  très-probablement,  à ce 
que  croit  M.  Boisbunel,  d’un  pépin  de 
Doyenné  d’hiver,  dont  l’arbre  et  surtout  le 
fruit  ont  tous  les  principaux  caractères, 
moins  les  défauts.  En  effet,  l’arbre  est  très- 
vigoureux  ; son  port,  la  nature  et  l’aspect 
du  bois  ont  une  certaine  analogie  avec  ces 
mêmes  parties  chez  le  Doyenné  d’hiver. 
Quant  au  fruit,  il  est  un  peu  plus  gros  que 
celui  que  représente  la  figure  ci-contre  ; 
il  est  aussi  plus  agréablement  coloré,  c’est- 

Fraisiers,  Elisa  Vilmorin,  est  morte  le  août 
1868,  à Verrière-le-Euisson,  ce  qui  explique  l’in- 
terruption qui  a eu  lieu  dans  cette  partie  du  Jardin 
fruitier  du  Muséum,  mais  qui  va  probablement 
cesser,  notre  collègue,  M.  Robine,  ayant  été  chargé 
par  M.  Decaisne  de  la  continuation  de  ce  travail. 
Le  choix  ne  pouvait  être  meilleur,  M.  Robine  étant 
un  des  fraisiéristes  français  les  plus  compétents. 


SUR  UNE  VARIATION  REMARQUABLE. 


172 

à-dire  que  sa  peau,  qui  est  souvent  forte- 
ment lavée  et  flagellée  rouge  sur  les  parties 
frappées  par  le  soleil,  s’éclaircit  et  prend 
une  teintejaune  en  mûrissant.  La  chair,  d’un 
grain  fin  et  serré,  est  fondante  et  contienten 
grande  quantité  une  eau  dont  la  saveur 
parfumée  rappelle  au  plus  haut  degré  celle 
du  Doyenné  d’hiver. 

((  Cette  espèce,  écrit  M.  Boisbimel,  paraît 
parfaitement  rustique  jusqu’à  présent,  et 
peut  être  cultivée  soit  en  pyramide,  soit  en 
plein  vent  ; sous  cette  dernière  forme,  les 
fruits  viennent  bien  et  résistent  aux  coups 
de  vent,  grâce  à la  flexihilité  de  leur  pédon- 
cule qui  est  assez  long.  Enfin,  cultivée  en 
espalier,  en  cordon  ou  autrement,  ses  fruits 


sont  susceptibles  d’acquérir  un  plus  fort  vo- 
lume et  de  revêtir  un  assez  beau  coloris,  à 
l’instar  de  celui  que  présente  ceux  du 
Doyenné  d’hiver.  C’est  un  fruit  du  com- 
mencement d’hiver,  qui  n’a  pas  besoin  d’être 
entrecueilli.  On  doit  le  cueillir  le  plus  tard 
possible;  il  se  conserve  mieux.  y> 

A ce  qui  précède,  nous  pouvons  ajouter 
que  nous  avons  dégusté  des  fruits  de  la 
Poire  Louis  Cappe,  et  que  nous  les  avons 
trouvés  délicieux,  dignes,  nous  le  répétons, 
de  l’honnête,  modeste  et  savant  jardinier 
que  nous  avons  eu  le  bonheur  d’avoir  pour 
chef  et  surtout  pour  ami. 

E.-A.  Carrière. 


SUR  UNE  VARIATION  REMARQUABLE 

Par  M.  h.  HOFFMANN,  professeur  de  botanique  a l’Université  de  Giessen 


Lorsqu’on  1869  M.  Carrière  publia  les 
résultats  d’expériences  dans  lesquelles  il 
pensait  avoir  obtenu  la  tranformation  de  la 
racine  (mot  pris  ici  dans  un  sens  très-large) 
sèche  et  grêle  du  Raphanus  raplianistrum 
ou  Raifort  sauvage  en  un  corps  volumineux, 
épais,  charnu  et  comestible,  que  nous  ne 
voyons  se  produire  que  chez  les  Raiforts  et 
Radis  de  nos  jardins  (Raphanus  sativus), 
l’énoncé  de  ces  résultats  fut  critiqué  dans 
un  journal  d’horticulture  parisien,  avec  vi- 
vacité et  représenté  comme  une  véritable 
hérésie  scientifique.  Il  semblait  que  c’était 
saper  les  bases  mêmes  de  la  science  que 
d’avancer  le  fait  certainement  inattendu  d’un 
passage  du  Raifort  sauvage  à l’état  de  Rai- 
fort cultivé,  et  non  seulement  la  publication 
première,  mais  encore  la  reproduction  de  la 
note  de  M.  Carrière  dans  le  Journal  delà 
Société  centrale  dliorticulture  (2®  série, 
III,  1869,  p.  257-267,  329-334)  furent  cri- 
tiqués dans  les  termes  les  plus  énergiques. 
Cependant  aujourd’hui  ce  même  fait,  qui 
était  alors  déclaré  faux  et  impossible,  nous 
revient  d’Allemagne  appuyé  des  expériences 
et  de  l’autorité  d’un  botaniste  éminent,  ob- 
servateur aussi  habile  qu’expérimentateur 
consciencieux,  de  M.  H.  Hoffmann,  le  savant 
professeur  de  Giessen.  Dans  le  numéro  de 
la  Rotanische  Zeitung  qui  porte  la  date  du 
28  février  1873,  M.  H.  Hoffmann  vient  de 
publier  à ce  sujet  une  note  peu  étendue  dont 
nous  donnerons  ici  la  traduction  presque 
entière,  à cause  de  son  intérêt  majeur  et  en 

(1)  Extrait  du  Journal  de  la  Société  centrale 
d’horticulture  de  France,  1873,  p.  114. 


raison  du  jour  qu’elle  jette  sur  la  question 
capitale  des  variations  que  les  plantes  peu- 
vent subir. 

((  Comme,  dit  M.  Hoffmann,  dans  l’étude 
de  la  variation  des  plantes,  l’étendue  qu’elle 
peut  acquérir  a un  intérêt  tout  particulier, 
je  crois  devoir  publier  une  observation  qui, 
par  le  fait,  va  beaucoup  plus  loin  que  tout 
ce  qui  avait  été  regardé  jusqu’à  ce  jour 
comme  possible  ou  vraisemblable.  C’est  du 
moins  l’impression  qu’elle  a faite  sur  moi. 
Il  y a peu  d’années,  j’aurais  éprouvé  une 
extrême  répugnance  à tenir  pour  exacte 
une  pareille  observation,  si  elle  m’avait 
été  communiquée  par  un  autre;  mais  les 
années  que  je  viens  de  consacrer  à des  ex- 
périences de  culture  m’ont  fait  voir  bien 
des  particularités  inattendues  et  m’ont  ap- 
pris qu’on  doit  compter  avec  les  faits. 

((  Il  s’agit  de  la  démonstration  de  Viden- 
tité  spécifique  des  Raphanus  raphanis- 
trum  et  sativus.  Tandis  que  ces  deux  plan- 
tes n’offrent  pas  de  différence  notable  ou 
constante  dans  leurs  organes  végétatifs,  elles 
s’éloignent  tellement  l’une  de  l’autre  pour 
les  caractères  de  leur  fruit,  que  plusieurs 
botanistes  les  ont  rangées  dans  deux  genres 
distincts  et  séparés;  d’un  autre  côté,  elles 
ne  se  distinguent  point  l’une  de  l’autre  pour 
l’organisation,  ni  pour  la  couleur  de  leurs 
fleurs.  A la  vérité,  je  n’ai  pas  vu  encore  de 
Raifort  cultivé  à fleur  jaune,  tandis  que  cette 
couleur  est  celle  qu’a  d’ordinaire  la  fleur  du 
Raifort  sauvage  ; mais  inversement  celui-ci 
a si  souvent  la  corolle  blanche,  lilas,  même 
parfois  pourpre  clair,  qu’on  ne  peut,  sous 
ce  rapport,  le  distinguer  du  R.  sativus. 


SUR  UNE  VARIATION  REMARQUABLE. 


173 


((  Quant  au  fruit  de  ces  deux  plants,  j’ai 
déjà  prouvé,  l’an  dernier,  que,  du  moins 
dans  son  plan  d’organisation,  il  difïèrebeau- 
coup  moins,  chez  l’un  et  l’autre,  qu’on  ne 
l’admet  habituellement  ; même  que,  chez 
une  forme  particulière  du  Raifort  cultivé, 
le  Raphaniis  sativus  caudatus,  à côté  des 
longs  fruits  ordinaires,  on  en  voit,  sur  la 
même  tige,  qui  sont  intermédiaires  entre 
ceux  des  R.  sativus  et  raphanisirum , et 
d’autres  qu’on  ne  peut  plus  distinguer  de 
ceux  de  ce  dernier.  Il  résultait  déjà  de  là 
une  preuve  du  rapport  étroit  du  Raifort 
cultivé  avec  le  Raifort  sauvage;  mais  il 
manquait  la  démonstration  inverse,  c’est-à- 
dire  la  preuve  que  le  Raphanus  rapha- 
nistrum  peut  se  changer  en  R.  sativus. 
J’ai  réussi  à l’obtenir,  pendant  l’été  de 
1872. 

((  Depuis  1868,  sur  une  planche  isolée, 
étaient  cultivés  beaucoup  de  pieds  de  la 
forme  à fleurs  blanches  du  Raphanus 
raphanish'um  (venus  d’abord  de  graines 
récoltées  en  plein  champ,  sur  des  individus 
sauvages,  dans  les  environs  de  Giessen).  Le 
nombre  de  ces  pieds  variait  chaque  année, 
parce  qu’ils  se  ressemaient  généralement 
d’eux-mêmes  sans  que  la  terre  fût  tra- 
vaillée. En  1869  et  1870,  les  fleurs  de  ces 
plantes  ont  été  blanches;  en  1871,  il  y a 
eu  17  pieds  à fleurs  blanches  et  3 à fleurs 
jaunes  ; ceux-ci  ont  été  immédiatement 
supprimés.  En  1872,  il  y a eu  5 pieds  à 
fleurs  jaunâtres  et  20  à fleurs  blanches.  Ces 
plantes  ne  différaient  nullement  pour  la  vé- 
gétation ni  entre  elles,  ni  relativement  de 
celles  des  champs  (peut-être  plus  de  vi- 
gueur). Le  20  juillet,  j’ai  observé  sur  deux 
de  ces  pieds  à fleurs  blanches  de  vrais 
fruits  de  R.  sativus,  à côté  (sur  la  même 
tige)  d’autres  fruits  ayant  des  caractères 
intermédiaires,  enfin  d’autres  tout  sem- 
blables à ceux  du  R.  raphanistrum.  L’a- 
nalyse la  plus  attentive  n’a  pu  me  faire 
découvrir  de  différence  entre  les  premiers 
de  ces  fruits  et  ceux  du  Raifort  cultivé,  en 
exemplaires  maigres. 

((  L’importance  de  ce  fait  m’a  déterminé  à 
dégager  mon  observation  de  toute  cause 
possible  d’incertitude.  Comme  je  m’étais 
mis  à 1 abri  de  toute  possibilité  de  confusion 
de  semences,  j’avais  seulement  à craindre 
qu’une  hybridation  ne  fût  intervenue,  pro- 
duite par  l’intermédiaire  d’insectes.  S’il  est 
vrai  que,  comme  on  le  dit,  les  abeilles 
étendent  leurs  excursions  dans  un  rayon 
d’au  moins  un  mille,  on  ne  peut  jamais 
exclure  avec  pleine  certitude  tout  trans- 


port de  pollen  par  elles,  les  Raiforts  étant 
cultivés  dans  beaucoup  de  jardins  ; mais  si 
l’on  songe  que  (dans  une  autre  partie  du  jar- 
din botanique  de  Ciessen)  une  autre  planche 
de  Raphanus  raphanistrum  se  trouve, 
depuis  plusieurs  années,  tout  à côté  d’une 
planche  de  R.  sativus  sans  avoir  jamais 
offert,  malgré  ce  voisinage,  le  moindre 
indice  d’hybridation,  tandis  que  celle  dont 
il  s’agit  dans  celte  note  est  éloignée  d’au 
moins  250  pas  de  tout  pied  de  R.  sativus, 
un  arboretum  de  hautes  proportions  s’éle- 
vant encore  entre  deux,  on  sera  peu  porté 
à faire  intervenir  une  hybridation  dans  le 
cas  actuel  (1).  On  le  sera  même  d’autant 
moins  : 1®  qu’il  est  aujourd’hui  démontré 
anatomiquement  que  les  fruits  de  ces  deux 
plantes  different  beaucoup  moins  l’un  de 
l’autre  en  réalité  qu’on  ne  le  dirait  à la  vue 
de  leurs  caractères  extérieurs,  ou  d’après 
ce  fait  que,  à l’état  sec,  l’un  d’eux,  celui 
du  R.  raphanistrum,  se  rompt  aisément 
en  travers  ; 2»  que  le  passage  mentionné 
plus  haut  du  R.  sativus  caudatus  au  R. 
raphanistrum  montre,  d’un  autre  côté, 
que  la  transition  de  l’une  à l’autre  de  ces 
plantes  s’opère  dans  les  deux  sens. 

((  Le  fait  dont  il  s’agit  ici  est,  sous  beau- 
coup de  rapports,  analogue  aux  relations 
d’origine  qu’on  admet  avec  raison  entre 
l’Amandier  et  le  Pêcher  ; mais  il  est  encore 
plus  frappant. 

a II  ne  reste  plus  maintenant  qu’à  ren- 
contrer la  même  variation  en  plein  champ, 
loin  de  toute  culture  de  Raiforts,  ce  qui 
doit,  par  la  nature  même  des  choses,  être 
entouré  de  difficultés  et  ne  peut  s’offrir  que 
par  hasard  ; car,  lorsqu’il  s’agit  d’une  plante 
aussi  commune  que  le  R.  raphanistrum, 
il  est  difficile  de  porter  son  attention  sur 
chacun  des  pieds  en  nombre  très-considé- 
rable qu’on  en  rencontre. 

« M.  Alp.  de  Candolle  {Géogr.  bot. 
raison.,  p.  653,  717)  n’admet  le  R.  rapha- 
nistrum comme  indigène  ni  dans  l’Europe 
moyenne,  ni  dans  le  Nord-Amérique;  nous 
devrions  donc  voir  dans  cette  mauvaise 
herbe  si  commune  une  échappée  des  jar- 
dins métamorphosée,  une  transformation 
d’un  Raifort  propre  au  bassin  de  la  Médi- 
terranée et  revenant  à une  forme  originaire 
exotique.  Quant  au  Radis  {R.  radicula), 

(1)  Il  me  semble  d’ailleurs  qu’une  hybridation  ne 
rendrait  guère  compte  de  cette  circonstance  que 
c’est  le  même  pied  de  Raifort  sauvage  qui  a porté 
des  fruits  normaux  de  cette  espèce,  des  fruits  de 
Raifort  cultivé  et  des  formes  intermédiaires  entre 
les  deux.  {Note  du  traducteur.) 


UNE  NOUVELLE  MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE. 


174 

d’après  mes  expériences  de  culture,  il  rentre 
sans  difficulté  et  complètement  dans  le 
Raifort  de  forme  et  couleur  ordinaires  ; on 
ne  peut  donc  songer,  sous  aucun  rapport,  à 
le  classer  comme  une  espèce  distincte  et 
séparée. 

« Dans  le  Wochenschrift  für  Gœrtneri 
(1869,  m 32),  M.  K.  Koch  a publié  une 
note  intitulée  : Le  Pvaifort  sauvage  {R.  va- 
johanistrum,  L.),  plante  mère  de  nos  Piai- 
forts  et  Radis.  On  y voit  que  le  R.  rapha- 
nistrum  se  trouve  depuis  l’Europe  occiden- 
tale jusqu’au  Japon.  On  y trouve  l’exposé 
d’expériences  faites  par  M.  Carrière,  dans 
lesquelles  les  racines  de  cette  plante  ont 
gagné  considérablement  en  épaisseur,  sous 
l’influence  de  la  culture,  pour  devenir  ce  que 
M.  Carrière  nomme  Radis  sauvage  amé- 
lioré ; mais  il  n’y  est  nullement  question 
d’une  transformation  du  fruit  de  l’une  de 
ces  plantes  en  celui  de  l’autre.  Les  re- 
marques de  M.  Herincq  sur  ce  sujet  {Ohserv. 
crit.,  Paris,  1869,  p.  19)  n’ont  pas  non 
plus  avancé  cette  question  (1). 

((  Au  reste,  abstraction  faite  de  la  crois- 
sance hâtive  en  épaisseur,  la  marche  du  dé- 
veloppement des  racines  est  absolument  la 
même  chez  le  R.  sativus  que  chez  le  R, 
raphanistrum.  On  sait  que  les  jeunes  ra- 
cines de  Radis  ou  de  Raifort  présentent,  à 
leur  surface,  deux  oreillettes  membraneuses, 
attachées  par  leur  partie  supérieure,  dé- 
tachées dans  l’inférieure.  Ces  oreillettes 
n’appartiennent  pas  à l’écorce  ; ce  sont  les 
gaines  des  deux  cotylédons  qui  se  sont  sou- 
dées en  tube  et  que  rompt  le  grossissement 
de  la  racine  ; elles  restent  néanmoins  adhé- 


rentes par  le  haut  jusqu’à  ce  que  la  dé- 
composition les  fasse  disparaître.  Le  Radis 
est  donc  (chez  le  R.  sativus  épaissi)  l’axe 
hypocotylé  bien  distinct,  à sa  partie  infé- 
rieure, de  la  racine  : celle-ci  est  blanche; 
le  premier  est  ordinairement  rose.  Les 
choses  se  passent  à peu  près  de  même  chez 
la  Retterave,  chez  laquelle  toutefois  la  gaine 
cotylédonaire  reste  adhérenté  et  ne  se  dé- 
tache point  par  arrachement.  » 

Ajoutons  que  les  figures  que  M.  H.  Hoff- 
mann a jointes  au  texte  de  sa  note  montrent 
fort  bien  que  ces  oreillettes  se  trouvent  chez 
le  Raifort  sauvage  comme  chez  le  Raifort  ou 
Radis  cultivé.  Duchartre. 

Nous  sommes  très-heureux  de  voir  un 
savant  de  la  valeur  de  M.  Hoffmann,  à 
l’aide  d’expériences  aussi  sérieuses  que  dé- 
cisives, confirmer  les  faits  que  nous  avions 
avancés.  Toutefois,  et  bien  que  les  résultats 
qu’il  a obtenus  confirment  nos  dires,  nous 
ne  nous  en  prévalons,  pas  plus  que  nous 
n’aurions  été  désappointé  si  on  nous  eût 
annoncé  des  faits  contraires,  une  vérité  ne 
pouvant  être  infirmée  même  par  une  vérité 
contraire.  On  doit  comprendre  néanmoins  le 
mécontentement,  la  colère  sourde  de  cer- 
taines gens  qui,  sans  aucune  preuve,  et  avec 
cette  hardiesse  qui  sied  si  bien  à l’igno- 
rance, avaient  déclaré  que  la  chose  était 
fausse.  C’est  là,  toutefois,  un  mode  de  ré- 
soudre les  questions  qui  n’est  pas  sans  dan- 
ger pour  ceux  qui  l’emploient.  Nos  adver- 
saires en  savent  quelque  chose. 

E.-A.  Carrière. 


UNS  NOUVELLE  MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE 


L’affection  dont  il  s’agit  n’est  pas  pré- 
cisément nouvelle,  et  il  est  même  peu 
de  personnes  qui  n’en  aient  vu  quelques 
exemples,  mais  sans  y faire  attention,  parce 
qu’étant  très-rares,  ils  ne  causaient  aucun 
préjudice;  mais  il  en  est  tout  autrement 
aujourd’hui,  car  elle  prend  des  proportions 

(1)  Si  M.  H.  lîoffman  avait  eu  connaissance  du 
rapport  qui  a été  fait,  le  10  février  1870,  à la  Société 
centrale  d’horticulture,  par  M.  Courtois-Gérard,  au 
nom  d’une  commission  de  six  membres  (voyez  le 
Journal,  2^  sér.,  IV,  1870,  pp.  110-114),  il  aurait  vu 
que  la  transformation  du  fruit  du  R.  raphanistrum 
en  fruit  de  R.  sativus  y est  signalée  comme  ayant 
été  obtenue,  en  même  temps  que  celle  des  racines, 
dans  les  expériences  de  M.  Carrière.  Il  aurait  lu  en 
effet,  dans  ce  rapport,  le  passage  suivant,  à la 
page  112  ; « Si,  dans  la  question  du  Radis  sauvage 


telles  que,  sur  certains  points,  c’est  un  vé- 
ritable fléau  qui,  non  sans  raison,  préoccupe 
les  cultivateurs.  Déjà  l’année  dernière  nous 
écrivions,  à ce  sujet  (1),  ce  qui  suit  : 

« Reaucoup  de  nos  lecteurs  ont  sans 
doute  remarqué,  comme  nous,  qu’il  arrive 
parfois  que,  dans  les  Pommes  de  terre,  on 

amélioré,  on  examine  les  produits  de  la  fructifica- 
tion, on  trouve  que  le  développement  des  fruits  est 
parfaitement  en  rapport  avec  celui  des  racines  ; en 
effet,  longues,  étroites  et  à une  seule  loge  au  début, 
les  siliques  du  Radis  sauvage  arrivent  progressive- 
ment à la  forme  ventrue  très-développée  des  sili- 
ques du  Radis  cultivé.  Comme  ces  dernières,  arrivées 
à ce  point,  elles  sont  à deux  loges,  p 

(Note  du  secrétaire-rédacteur.) 

(1)  R.evue  horticole,  1872,  p.  146. 


UNE  NOUVELLE  MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE. 


175 


en  voit  quelques-unes  qui,  au  lieu  de  for- 
tes pousses,  n’émeltent  que  des  tigelles 
grêles,  ténues,  tout  à fait  impropres  à la 
production.  Ce  phénomène,  qui  jusqu’ici 
était  très -exceptionnel,  sémble  devoir  se 
généraliser,  mais  aussi  se  localiser.  C’est 
du  moins  ce  qui  résulte  des  dires  d’un  de 
nos  collègues,  M.  Lebatteux,  horticulteur  au 
Mans,  qui  tout  récemment  nous  assurait 
que  chez  eux,  à peu  près  partout,  l’on 
constate  que  toutes  les  variétés  présentent 
ce  phénomène  dans  une  proportion  vraiment 
effrayante  : 90  à 95  pour  100.  Là  ce  phé- 
nomène est  désigné  par  le  mot  fialer,  pro- 
bablement par  allusion  à la  ténuité  des 
pousses  qu’on  a comparée  à des  fils  (fig. 
18).  Ce  fait  va-t-il  se  généraliser?  Espérons 
que  non  ; mais,  en  attendant,  il  est  prudent 
de  ne  pas  planter  les  Pommes  de  terre  qui 
présentent  ce  caractère,  mais  de  changer  les 
semences  en  les  tirant  de  localités  où  elles 
sont  saines  et  bonnes,  et  surtout  exemptes 
du  caractère  exceptionnel  dant  nous  venons 
de  parler.  » 

Voilà  ce  que  nous  écrivions  l’année  der- 
nière; depuis,  et  contrairement  à ce  que 
nous  aurions  désiré,  au  lieu  de  s’atténuer, 
le  mal  a pris  de  l’intensité  tout  en  s’éten- 
dant davantage,  et  aujourd’hui  ce  n’est  pas 
seulement  le  département  de  la  Mayenne  qui 
nous  fournit  des  exemples  de  cette  altéra- 
tion, mais  ceux  de  l’Oise,  de  Loir-et-Cher, 
de  la  Vienne,  de  la  Côte-d’Or,  de  la  Cha- 
rente-Inférieure, etc.  Dans  ces  deux  derniers 
départements,  l’on  s’en  préoccupait  beau- 
coup, ce  qui  s’explique  par  l’extension  con- 
sidérable qu’a  pris  le  mal.  En  effet,  un  fort 
propriétaire  de  la  Charente-Inférieure  nous 
affirmait,  il  y a quelques  semaines,  que 
dans  une  grande  partie  de  ce  département 
l’on  ne  trouverait  pas  la  quantité  suffisante 
de  tubercules  pour  effectuer  la  plantation. 

Le  22  février  dernier,  notre  collègue, 
M.  Lebatteux,  à qui  nous  avions  demandé 
quelques  renseignements,  écrivait  du  Mans 
ce  qui  suit  : 

Mon  cher  collègue, 

Je  suis  allé  à la  campagne  pour  me  rendre 
un  compte  exact  de  la  maladie  des  Pommes  de 
terre.  L’espèce  dite  Marjolin  est  partout  dans 
de  meilleures  conditions  que  l’année  dernière  ; 
les  deux  environ  sont  propres  à la  reproduction. 
Malheureusement  il  n’en  est  pas  de  même  pour 
les  autres  espèces  ; le  chardon,  par  exemple, 
que  l’on  cultive  en  très-grande  quantité  dans  nos 
contrées,  parce  qu’elle  est  très- productive  et, 
par  conséquent,  très-avantageuse,  soit  pour  l’ali- 
mentation, soit  pour  la  nourriture  : un  quart  à 
peine  a de  bons  germes  ; la  longue  de  Hollande, 


une  rouge  un  peu  allongée,  ainsi  que  la  ronde 
dite  Saint-Jean,  n’en  ont  pas  une  pour  cent  de 
bonne...  Hier  vendredi,  jour  du  marché  au 
Mans,  j’ai  examiné  les  Pommes  de  terre  de 
toute  provenance  et  demandé  des  renseigne- 
ments à tous  les  fermiers  de  nos  environs  : 
d’après  leurs  dires,  les  quatre  cinquièmes  sont 
impropres  à la  reproduction. 

On  peut  voir  d’après  cette  lettre,  dont  on 
ne  peut  soupçonner  l’exactitude,  que  sous 
le  rapport  de  la  question  qui  nous  occupe  la 
situation  ne  s’est  guère  améliorée. 

Dans  le  département  de  la  Côte-d’Or, 
cette  affection  a pris  des  proportions  telles 
qu’elle  inspire  de  vives  craintes  ; les  savants, 
les  agronomes  s’en  occupent  beaucoup,  et, 
en  signalant  le  mal,  cherchent  quel  est  le 
remède  qu’on  pourrait  lui  opposer.  C’est  ce 
que  démontrent  deux  documents  qui  ont 
été  publiés  à Dijon,  l’un  dans  le  Journal 
d’agriculture  de  la  Côte-d’Or,  l’autre 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  d’horti- 
culture de  ce  même  département.  Procé- 
dant logiquement,  les  auteurs  de  ces  deux 
documents,  assurément  très-remarquables 
(celui  du  Bulletin  surtout),  après  avoir  dé- 
montré la  nature  du  mal,  cherchent  à en 
découvrir  la  cause,  qu’ils  considèrent  comme 
étant  due  « au  mauvais  choix  des  variétés 
nouvelles  » ou  à celui  des  plantes  « dont  la 
maturité  n’était  pas  complète  ».  Ce  dernier 
fait  serait  surtout  dû  à l’arrachage  prématuré 
des  tubercules,  en  vue  de  les  soustraire  à la 
maladie  (oïdium),  » et  qu’alors,  mal  consti- 
tués ou  affaiblis,  ces  tubercules  n’auraient 
produit  « que  des  bourgeons  très-faibles  en 
1870,  » de  sorte  que  « les  tubercules  ré- 
coltés cette  même  année  se  sont  trouvés 
dépourvus  de  bourgeons,  d’où  la  non-émis- 
sion de  bourgeons  sur  les  plants  de  semence 
en  1871  et  1872.  » Dans  l’un  de  ces  deux 
documents  on  invoque  aussi  comme  cause 
de  la  non  production  des  bourgeons,  de  la 
fileusité,  « l’abus  qui  résulte  de  la  culture 
trop  souvent  répétée  de  la  Pomme  de  terre 
dans  le  même  terrain,  comme  on  l’a  re- 
marqué bien  des  fois  aussi  pour  d’autres 
cultures.  » 

L’égermage  aussi  a été  considéré  comme 
une  des  causes  qui  contribuent  à déterminer 
la  fdeusité  des  Pommes  de  terre,  c’est-à- 
dire  leur  disposition  à émettre,  au  lieu  de 
forts  bourgeons,  des  jets  filiformes  plus  ou 
moins  stériles.  « L’égermage  — dit  l’un 
des  deux  mémoires  dont  nous  parlons  — 
doit  être  supprimé  pour  les  tubercules- 
semences  ; presque  tous  les  cultivateurs, 
pour  éviter  cette  grande  confusion  des  tiges 


176 


UNE  NOUVELLE  MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE. 


sur  les  tubercules-semences  mal  soignés, 
arrachent  les  pousses  au  mois  de  janvier  et 
de  février,  et  alors  ils  n’otit  plus,  au  mo- 
ment de  la  plantation,  que  les  germes  sui- 
vants ; ils  perdent,  ceci  est  prouvé  par  l’ex- 
périence, un  tiers  du  produit,  les  premières 
pousses  ayant  une  force  de  végétation  beau- 
coup plus  grande  que  les  suivantes.  » 

Telles  sont,  en  général,  les  principales 
causes  auxquelles  on  attribue  l’affection  dont 
il  s’agit  et  qui  se  manifeste  sur  les  Pommes 
de  terre.  Mais  tout  en  reconnaissant  que 


Fig.  18.  — Pomme  de  terre  fdeuse,  de  grandeur 
naturelle. 


toutes  ces  raisons  sont  d’une  grande  valeur, 
qu’elles  ont  la  logique  pour  elles,  que  les 
faits  . semblent  les  justifier  et,  par  consé- 
quent, que  l’on  doit  en  tenir  un  très-grand 
compte,  nous  allons  néanmoins  démontrer 
qu’il  n’en  est  pas  tout  à fait  ainsi,  que  les 
causes  sont  plus  complexes  que  l’on  ne  pa- 
raît l’avoir  remarqué,  et  même  que  bien 
des  faits  tendent  à infirmer  les  raisons  que 
l’on  invoque. 

Faisons  d’abord  remarquer  que  l’origine 
de  ces  Pommes  de  terre  fileuses  ne  date  pas, 
ainsi  que  l’on  paraît  le  croire,  de  ces  quel- 


ques dernières  années  seulement,  puisque, 
dans  la  Charente-Inférieure,  à ce  que  l’on 
nous  assurait  tout  récemment,  il  y a plus 
d’une  vingtaine  d’années  qu’on  les  remarque 
et  que  l’on  a pu  suivre  la  progression  cons- 
tante. Nous  nous  rappelons  que,  lorsque 
nous  étions  jeune  et  que  nous  n’avions  pas 
été  sage,  — ce  qui  nous  arrivait  souvent, — 
on  nous  a bien  souvent  imposé,  en  place  de 
vacances  du  jeudi,  d'égermer  les  Pommes 
de  terre  et  d'avoir  bien  soin  de  mettre  à 
part,  pour  les  dojiner  aux  cochons,  celles 
qui  étaient  dépourvues  de  germes  ou  qui 
n’en  avaient  que  de  ténus  comme  des  fils 
(Pommes  de  terre  lileuses  d’aujourd’hui). 
Ceci  ne  démontre  pas  seulement  que  cette 
sorte  d’affection  existait,  mais  aussi  que  l’on 
était  dans  l’habitude  d'égermer,  opération 
qui,  bien  que  mauvaise  en  soi,  s’est  faite  à 
peu  près  de  tout  temps  et  partout.  Gomment 
donc  se  fait-il  que,  à cette  époque,  on  ne 
voyait  nulle  part  cette  affection  s’étendre, 
et,  aujourd’hui  encore  que  cet  égermage  se 
fait  dans  presque  tous  les  pays  et  sur  pres- 
que toutes,  la  marjolin  exceptée,  — pour- 
quoi la  fdeusité  ne  se  remarque-t-elle  que 
dans  quelques  pays  seulement?  L’égermage 
n’est  donc  pas  la  seule  cause. 

D’une  autre  part,  il  est  également  évi- 
dent que  la  culture  des  Pommes  de  terre 
« trop  souvent  répétée  dans  un  même  ter- 
rain )i)  n’est  pas  non  plus  la  cause  ; tout  au 
plus  pourrait-elle  y contribuer,  si  l’on  ne 
restituait  au  sol,  par  les  engrais  ou  par  les 
amendements,  les  parties  alcalines  (potasse, 
soude,  etc.)  que  les  tubercules  auraient  pu 
lui  enlever.  Il  ne  faudrait  pas  non  plus  l’at- 
tribuer au  € mauvais  choix  des  variétés 
nouvelles,  » puisque  l’on  voit  les  mêmes 
variétés  fdeuses  être,  au  contraire,  très-vi- 
goureuses et  saines,  et  donner  d’excellents 
produits  dans  des  pays  très-voisins  de  ceux 
où  elles  fdent. 

Mais  ce  ne  sont  pas  seulement  les  « nou- 
velles variétés  » qui  sont  atteintes  de  cette 
affection  ; celle-ci  se  manifeste  également 
sur  des  variétés  anciennes,  et,  bien  mieux, 
là  où  elle  se  montre,  elle  les  attaque  toutes, 
anciennes  et  nouvelles.  Mais  pourquoi  aussi 
ne  se  montre-t-elle  que  sur  certains  points 
seulement,  souvent  à des  distances  considé-  ; 
râbles  les  unes  des  autres  et  dans  des  con-  i 
ditions  de  sol,  de  climat  et  d’exposition 
tout  à fait  différents,  tels  que  les  départe-  j 
ments  de  l’Oise,  la  Côte-d’Or,  de  la  ! 
Vienne,  de  la  Mayenne,  de  la  Charente-In-  ; 
férieure,  etc.?  ! 

Depuis  les  deux  publications  dont  nous  j 


UNE  NOUVELLE  MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE. 


177 


avons  parlé  ci-dessus,  l’attention  a été  attirée  I 
de  nouveau,  et,  à notre  connaissance,  deux 
articles  ont  été  publiés  au  sujet  de  l’affection 
dont  nous  parlons  : l’un  dans  un  recueil  très- 
répandu  (1),  par  Cora  Millet,  qui  dit 
que,  dans  la  Vienne,  cette  affection,  que  l’on 
nomme  mule  (2),  a envahi  ((  au  moins  la 
moitié  ))  de  ses  Pommes  de  terre.  Dans  son 
mémoire  (3),  M.  Prilleux,  étudiant  cette  af- 
fection surtout  au  point  de  vue  scientifique, 
essaie  d’en  trouver  la  cause  dans  l’altération 
de  certaines  parties  soit  aériennes,  soit 
souterraines;  mais  toutes  ses  recherches  ont 
été  vaines.  Constatons  que,  pas  plus  que 
Cora  Millet,  M.  Prilleux  n’a  indiqué  le 
remède. 

Phénomènes  que  présentent  les  Pommes 
de  terre  jileuses.  — Si  nous  ne  pouvons  in- 
diquer la  cause  de  la  fileiisité,  nous  pou- 
vons constater  les  caractères  que  présen- 
tent les  tubercules  qui  en  sont  atteints,  ce 
que  nous  allons  essayer  de  faire.  Jusqu’à  ce 
qu’ils  poussent,  rien  ne  paraît  indiquer  d’al- 
tération ; les  tubercules  sont  sains,  fermes 
et  de  belle  apparence  ; ce  n’est  que  lors  de 
l’émission  des  bourgeons  que  le  fait  se  ma- 
nifeste ; à ce  moment,  il  est  des  plus  sensi- 
bles : les  Pommes  de  terre  fileuses  (fig.  18) 
développent  des  bourgeons  excessivement 
ténus,  donnant  quelquefois  naissance  à de 
! petits  tubercules  qui,  lorsqu’ils  se  dévelop- 
pent bien,  n’excèdent  guère  la  grosseur 
d’une  Noisette,  parfois  moins  que  cela.  Quel- 
I quefois  ces  bourgeons  continuent  à s’allon- 
' ger  et  arrivent  même  à la  surface  du  sol, 
où  ils  donnent  des  tiges  très-maigres,  grê- 
' les,  toujours  peu  nombreuses.  Mais  le  plus 
souvent  ces  tigelles  filiformes,  au  lieu  de 
sortir  du  sol,  s’allongent  plus  ou  moins  et 

I se  terminent  par  un  très-petit  tubercule. 
Parfois  même  celui-ci,  sessile  ou  subsessile, 
repose  directement  sur  le  tubercule  mère. 

j Tous  ces  caractères  se  trouvent  représentés 
» I par  la  figure  18.  Afin  de  mieux  faire  ressor- 
i tir  ces  particularités,  nous  avons  fait  dessi- 
■ ; ner  une  Pomme  de  terre  saine  (fig.  19)  et 
î dans  de  bonnes  conditions  de  végétation, 

; 1 arrivée  à peu  près  au  même  état  de  déve- 
( i loppement  que  la  figure  18,  qui  représente 

I I une  Pomme  de  terre  fdeuse. 

(1)  Voir  Journal  d’ Agriculture  pratique,  1873, 
p.  159. 

(2)  Probablement  à cause  de  la  stérilité  de  ces 
J pommes  de  terre  que  l’on  a comparée  à celle  du 
I mulet. 

(3)  Notice  sur  une  altération  qui  s’est  pro- 
duite DANS  LA  VÉGÉTATION  DES  POMMES  DE  TERRE. 
Journal  de  la  Société  centrale  d’horticulture, 

1 1873,  p.  48. 


Les  quelques  observations  que  nous  avons 
faites  plus  haut,  et  auxquelles  nous  pour- 
rions en  ajouter  beaucoup  d’autres,  mon- 
trent d’une  manière  évidente  que  les  causes 
indiquées  dans  les  quelques  articles  dont 
nous  avons  parlé  ne  sont  pas  suffisantes 
pour  expliquer  le  mal,  par  conséquent  pour 
en  indiquer  le  remède  ; aussi  allons-nous 
essayer  de  rechercher  quel  est  celui  que 
l’on  pourrait  appliquer.  Mais  comme,  d’une 
autre  part,  il  est  également  évident  que  la 
cause  est  complexe,  il  doit  en  être  de  même 


Fig.  19.  — Pomme  de  terre  Marjolin,  saine, 
de  grandeur  naturelle 


des  effets  ; par  conséquent  encore,  les  re- 
mèdes doivent  être  multiples:  aussi,  tout  en 
admettant  ceux  que  l’on  a recommandés, 
tels  que  l’emploi  de  tubercules  bien  mûrs, 
munis  d’yeux  bien  marqués,  et  surtout  de 
germes  gros  et  bien  nourris,  nous  n’hési- 
tons pas  à dire  qu’il  en  est  un  qui,  à notre 
avis,  doit  primer  tous  les  autres,  bien  qu’il 
ne  doive  pas  en  interdire  l’usage.  Ce  moyen 
consiste  dans  le  changement  annuel  des  se- 
mences (1),  moyen,  du  reste,  des  plus  ra- 

(1)  C’est  par  suite  d’une  habitude  consacrée  par 
l’usage  que  l’on  appelle  semences  les  tubercules  de 


UNE  NOUVELLE  MALADIE  DES  TOMMES  DE  TERRE. 


tionnels  et  qui  est  employé  avec  beaucoup 
de  succès  dans  toutes  les  cultures,  soit  agro- 
nomiques, soit  même  horticoles.  Il  faut 
donc,  chaque  année,  et  jusqu’à  ce  que  le 
fléau  ail  tout  à fait  disparu,  faire  venir  les 
tubercules  dont  on  a besoin  pour  planter  de 
localités  que  l’on  sait  exemples  du  mal,  en 
ayant  toujours  bien  soin  de  s’approvisionner 
de  sortes  méritantes.  Mais  devrait-on  même 
en  prendre  de  qualité  un  peu  inférieure, 
qu’il  ne  faudrait  pas  hésiter,  l’important 
pour  le  moment  étant  de  faire  disparaître  le 
mal.  On  sait,  en  effet,  qu’il  est  beaucoup 
de  plantes  dont  les  propriétés  toutes  locales 
ne  se  maintiennent  que  lorsque  l’on  trans- 
porte les  plantes  dans  des  conditions  diffé- 
rentes de  celles  où  ces  propriétés  se  sont 
formées  ; et  comme  il  en  est  des  propriétés 
que  l’on  considère  comme  mauvaises  comme 
de  celles  que  l’on  considère  comme  bonnes, 
il  faut  donc,  suivant  le  cas,  repousser  les 
unes  ou  les  autres.  Dans  cette  circonstance, 
il  va  sans  dire  qu’il  faut  constamment  re- 
courir aux  bonnes,  c’est-à-dire  aux  variétés 
qui  sont  exemptes  de  l’affection  que  l’on 
tient  à faire  disparaître.  Il  faut  donc,  nous 
ne  saurions  trop  le  répéter,  là  où  il  y a seu- 
lement des  traces  de  mal,  ne  planter  aucune 
de  ces  Pommes  de  terre,  et,  au  contraire, 
en  faire  venir  des  endroits  où  elles  présen- 
tent toutes  les  qualités  que  l’on  recherche. 
On  doit  d’autant  moins  hésiter  à faire  ces 
échanges,  que  les  Pommes  de  terre  fdeuses, 
lorsque  l’on  en  fait  la  récolte,  ne  présentent 
aucun  signe  d’altération,  qu’elles  sont  alors 
aussi  saines  et  aussi  bonnes  à consommer 
que  celles  qui  présentent  des  caractères  con- 
traires, l’altération  ne  paraissant  résider  que 
dans  les  parties  correspondantes  aux  bour- 
geons, et  ne  se  développant  guère  que  vers 
l’époque  où  a lieu  l’émission  de  ceux-ci; 
c’est,  du  moins,  ce  que  nous  avons  observé. 
Pourtant  il  peut  arriver,  si  l’affection  est 
très- prononcée  ou  que  la  saison  soit  très- 
avancée,  que  les  Pommes  de  terre  fileuses 
soient  de  qualité  inférieure.  Dans  tous  les 
cas,  comme  cette  altération  ne  paraît  pro- 
duire rien  d’insalubre,  on  peut  toujours  les 
faire  manger  par  les  animaux  ou  en  faire  de 
la  fécule. 

De  tout  ce  qui  précède,  et  comme  résu- 
mé, nous  posons  les  règles  suivantes  : 

Changer  les  semences  chaque  année, 
en  les  tirant  de  localités  où  il  n’y  a pas  trace 
d’affection  ; 

Pommes  de  terre.  Le  mot  semence  ne  devrait  s’em- 
ployer que  lorsqu’il  s’agit  de  graines,  ce  qui  n’est 
pas  le  cas  pour  le  sujet  qui  nous  occupe. 


2®  Attendre  pour  planter  que  les  bour- 
geons en  germes  commencent  à se  dévelop- 
per (1),  afin  de  pouvoir  choisir  et  rejeter 
les  tubercules  qui  ne  présenteraient  pas  de 
germes  gros  et  bien  nourris  ; 

3»  .Mettre  les  Pommes  de  terre  destinées 
à la  plantation  dans  un  lieu  aéré,  et  autant 
que  possible  pas  trop  entassées,  afin  d’éviter 
qu’elles  ne  poussent  de  trop  bonne  heure, 
et  de  n’être  pas  obligé  de  pratiquer  l’éger- 
mage, lors  même  que  l’on  devrait  planter 
un  peu  plus  à bonne  heure  ; 

¥ Éviter  autant  que  possible  de  planter 
dans  les  endroits  où,  plusieurs  fois  en  peu 
d’années,  il  y a eu  des  Pommes  de  terre. 

Quant  aux  soins,  nous  n’en  voyons  pas 
de  particuliers  à recommander  autres  que 
ceux  qui  consistent  à entretenir  la  terre  en 
bon  état  par  des  binages  et  un  buttage 
faits  à propos,  moins  toutefois  pour  éviter  la 
fdeusité  que  pour  s’assurer  une  bonne  ré- 
colte. 

Quelques  personnes  ont  conseillé  de  plan- 
ter debout,  ou  de  telle  ou  telle  façon  les  tu- 
bercules, et  de  n’en  planter  que  de  gros 
ou  des  moyens  et  entiers  ; nous  ne  voyons 
dans  ces  recommandations  rien  qui  soit  de 
nature  à éviter  le  mal.  En  effet,  les  Pommes 
de  terre  fileuses  sont  pour  la  plupart  gros- 
ses, et  même  très-grosses  ; d’une  autre  part, 
il  nous  est  souvent  arrivé  de  planter  des 
fragments  de  Pommes  de  terre,  et  d’avoir 
de  plus  beaux  produits  qu’avec  des  tuber- 
cules entiers.  Quant  à la  position  des  tuber- 
cules, elle  nous  a paru  n’avoir  aucune  im- 
portance. 

On  a dit  aussi  que  certaines  variétés 
étaient  plus  rustiques  et  moins  sujettes  à la 
fdeusité  que  certaines  autres  ; les  recher- 
ches que  nous  avons  faites  à ce  sujet,  loin 
de  confirmer  ces  dires,  démontrent  que 
fow/es  y sont  sujettes  plus  ou  moins,  suivant 
les  lieux,  le  sol,  et  peut-être  aussi  suivant 
les  années,  ce  que  prouve  l’expérience. 
Ainsi,  l’on  a vu  parfois  une  variété  qui, 
après  avoir  produit  beaucoup  de  Pommes 
de  terre  fdeuses,  en  donnait  de  saines  en 
très-grande  partie,  et  cela  sans  que  l’on  ait 
pris  d’autre  précaution  que  de  planter  les 
tubercules  exempts  d’affection.  Ce  fait,  sur 
lequel  nous  appelons  particulièrement  l’at- 
tention, prouve  qu’il  ne  faut  pas  s’effrayer 
outre  mesure  de  cette  maladie,  qui,  comme 

(1)  Les  personnes  qui  voudraient  planter  comme 
primeur  pourront  exposer  les  tubercules  pendant 
quelque  temps  à la  chaleur  et  à l’obscurité,  afin  de 
provoquer  le  développement  des  germes,  de  ma- 
nière à pouvoir  faire  un  choix. 


DU  MOUVEMENT  DE  LA  SÈVE. 


toutes  les  autres,  du  reste,  disparaîtra,  et 
que,  en  se  conformant  aux  recommanda- 
tions que  nous  avons  faites  ci-dessus,  on  hâ- 
tera beaucoup  le  moment  de  sa  disparition, 
tout  en  atténuant  les  conséquences  immé- 
diates. 

En  terminant,  nous  croyons  devoir  dire 
quelques  mots  d’une  autre  affection  des 
Pommes  de  terre  qui  se  montre  depuis  peu 
de  temps,  mais  qui,  déjà,  préoccupe  égale- 
ment les  cultivateurs  dans  certaines  loca- 
lités. 

Cette  nouvelle  maladie  paraît  due  à une 
altération  des  parties  souterraines,  et  que 
rien  ne  peut  faire  prévoir,  puisqu’elle  se  dé- 
veloppe dans  le  sol  et  qu’on  ne  s’en  aper- 
çoit que  pendant  le  cours  de  la  végétation, 
à l’aspect  que  prennent  les  plantes.  C’est  le 
ramollissement  des  tubercules,  dont  nous 
allons  dire  quelques  mots. 

Dans  la  lettre  que  nous  avons  rapportée 
ci-dessus,  notre  collègue,  M.  Lebatteux, 
ajoutait  en  post-scriptum  ce  qui  suit  : 

Je  crois  devoir  vous  informer  que  nous 

craignons  une  autre  maladie  que  nous  remar- 
quons déjà  depuis  deux  ans. 

Longtemps  avant  la  maturité,  les  plantes  qui 
en  sont  atteintes  prennent  un  aspect  tout  par- 
ticulier; les  tiges  et  les  feuilles  jaunissent;  les 
Pommes  de  terre  deviennent  molles  comme  si 
elles  étaient  gelées,  et  restent  dans  cet  état  sans 
se  perdre  et  sans  pour  cela  être  propres  à grand 
chose.  Espérons  que  cela  n’aura  pas  de  suites 
fâcheuses. 

Malheureusement  encore,  il  ne  paraît  pas 
en  être  ainsi  que  le  souhaite  notre  collègue, 
et  récemment,  à la  séance  du  9 janvier  der- 
nier de  la  Société  centrale  d’horticulture  de 
France,  un  des  membres,  M.  Prilleux  (mé- 
moire cité),  dit  que  ((  dans  certaines  parties 
de  la  Normandie,  la  production  de  ce  que 
les  cultivateurs  ont  appelé  les  Pommes  de 
terre  molles  a causé,  dans  certains  champs, 
des  pertes  qui  se  sont  è\e\ées,  jusqu'au  tiers 
de  la  récolte.  Un  autre  membre,  M.  Petit- 
jean, dit  qu’aux  environs  de  Montargis  la 
récolte  a été  presque  détruite  sur  plu- 
sieurs points,  et  M.  Delavallée  rapporte 
que,  dans  une  autre  localité,  les  pertes  ont 


179 

été  tout  aussi  considérables  par  la  même 
cause.  » 

Dans  son  mémoire  {L  c.,  p.  51),  en  par- 
lant de  son  affection,  M.  Prilleux  dit  ; 

Quant  aux  Pommes  de  terre  molles^  elles 

se  sont  montrées  en  assez  petit  nombre  dans  un 
champ  où  j’étais  assuré  que  le  triage  des  tuber- 
cules-semences avait  été  fait  avec  un  très -grand 
soin  ; mais,  dans  bien  des  cultures,  elles  se  sont 
montrées  en  grande  quantité,  surtout  sur  les  va- 
riétés précoces,  et  en  particulier  sur  les  Pommes 
de  terre  anglaises  provenant  des  dons  faits, 
après  la  guerre,  par  les  agriculteurs  d’Angle- 
terre, et  cultivées  dans  le  pays  depuis  l’année 
précédente. 

Ici  encore,  les  quelques  exemples  que 
nous  avons  vus,  ainsi  que  les  renseigne- 
ments qu’on  nous  a fournis,  nous  ont  dé- 
montré que  ce  ne  sont  pas  seulement  les 
Pommes  de  terre  hâtives  qui  sont  sujettes 
au  ramollissement,  et  que,  comme  la  fileu- 
sité,  cette  affection  peut  se  produire  sur 
toutes  les  variétés.  Quant  à l’examen  phy- 
siologique, physique  et  anatomique,  auquel 
s’est  livré  M.  Prilleux,  il  ne  nous  parait 
avoir  rien  produit  de  certain  touchant  les 
symptômes  et  les  conjectures  qu’il  en  a ti- 
rées ; nous  dirons  même  que  certaines 
conclusions  qu’il  en  a déduites,  telle  que 
la  production  des  bulbilles  sur  les  tiges  aé- 
riennes ou  sur  l’écorcement  des  tiges  dans 
cette  même  partie,  ne  sont  nullement  des 
signes  de  ramollissement  des  tubercules, 
puisque  ces  caractères  se  montrent  sur  des 
pieds  dont  les  tubercules  sont  plus  ou 
moins  nombreux,  gros  et  bien  sains.  D’où 
nous  concluons,  d’une  part,  qu’il  n’est  au- 
cun caractère  scientifique  qui  puisse  indi- 
quer que  les  Pommes  de  terre  donneront 
des  produits  ramollis,  et  que,  ici  encore, 
et  jusqu’à  ce  jour,  c’est  à la  pratique  qu’il 
faut  recourir  ; d’une  autre  part,  qu’en  l’ab- 
sence de  donnée  positive  relativement  aux 
moyens  qu’il  convient  d’employer  pour 
combattre  cette  nouvelle  affection,  il  faut 
avoir  recours  aux  probabilités,  et  que 
celles-ci  nous  paraissent  reposer  unique- 
ment sur  les  recommandations  que  nous 
avons  faites  plus  haut,  énumérées  sur  les 
numéros  1,  2,  3 et  4.  E.-A.  Carrière. 


DU  MOUVEMENT  DE  LA  SÈVE 


Il  sera  peut-être  utile  de  rappeler,  chaque 
fois  que  l’on  tentera  de  définir  la  marche  de 
la  sève;  que,  par  cela  même,  à l’instar  des 
animaux,  les  végétaux  vivent  et  croissent, 
eux  aussi  doivent  ingérer,  digérer  et  s’assi- 


miler de  la  nourriture,  mais  que  ces  fonc- 
tions, qui  chez  les  animaux  se  font  à l’aide 
de  mouvements  plus  ou  moins  compliqués 
du  système  musculaire,  doivent  néces.saire- 
ment,  chez  des  êtres  plus  simples,  comme 


180  PLANTES  MERITANTES,  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


sur  les  végétaux,  s’accomplir  passivement  et 
pour  ainsi  dire  indépendammentde  la  plante. 
Si  la  nourriture  des  végétaux,  laquelle,  de 
fait,  n’est  que  de  l’eau  plus  ou  moins  riche 
en  atomes  nutritifs,  entre  chez  eux  par  le 
chevelu  des  racines,  monte  le  long  de  la 
tige  après  avoir  été  élaborée  dans  les  feuilles  ; 
si  de  là  elle  se  répand  par  tout  l’organisme, 
et  édifie  les  tissus  cellulaires  et  fibreux,  tout 
ceci  ne  peut  s’accomplir  que  par  des  lois  ou 
forces  naturelles  capables  d’effectuer  ces 
mêmes  mouvements  chez  les  liquides  gé- 
néralement. 

Les  seules  lois  applicables  sont  l’attrac- 
tion capillaire,  laquelle  fait  monter  un  li- 
quide dans  un  conduit  ou  tube  capillaire  ; la 
gravitation,  qui  fait  descendre  les  liquides  ; 
le  syphon,  qui  fait  monter  un  liquide,  passer 
un  coude  et  redescendre  ; et  l’endosmose, 
qui  force  deux  liquides  de  natures  diffé- 
rentes à changer  de  place  réciproquement  à 
travers  un  diaphgrame  organique  sans  l’aide 
d’ouverture.  Il  est  patent  que  chaque  arbre 
et  chaque  végétal  contient  au  moins  deux 
liquides  : la  sève  brute,  ou  nourriture  li- 
quide telle  qu’elle  sort  de  la  terre,  et  la  vé- 
ritable sève  ou  nourriture  digérée,  ce  dont 
chacun  peut  d’ailleurs  s’assurer  en  goûtant 
la  vraie  sève  de  l’Érable  à sucre,  celle  du 
Sapin,  etc.,  etc.  Il  n’est  donc  pas  irrationnel 
de  présumer  que  ces  deux  liquides  sont 
assez  différents  de  leur  nature  pour  pro- 
duire l’endosmose,  et  il  serait  d’ailleurs  im- 
possible, sans  cela,  d’expliquer  le  passage  des 
liquides  dans  les  nombreux  points  où  la 
continuité  des  conduits  cesse,  se  trouvant 
barrée  par  du  tissu. 

Ainsi  donc,  les  quatre  forces  susnom- 
mées pourraient  faire  entrer  la  nourriture 


liquide  aux  spongioles,  la  faire  monter  jus- 
qu’aux feuilles,  où  (suivant  l’expression  gé- 
néralement acceptée,  et  qui,  du  reste,  est 
fort  juste,  quoique  un  peu  bâtarde,  en  ce 
sens  qu’elle  confond  la  nourriture  avec  le 
sang  veineux)  elle  est  élaborée  dans  ces  soi- 
disant  poumons  de  la  plante  en  vraie  sève, 
et  ces  mêmes  forces  pourraient,  de  là,  la 
faire  passer  par  tout  l’organisme,  soit  en 
montant,  en  descendant,  'ou  horizontale- 
ment. 

Toute  force  extérieure  est  inadmissible 
comme  moteur  de  la  sève.  La  clialeur,  celle 
qui  exerce  le  plus  d’influence  sur  sa  marche, 
en  est,  il  est  vrai,  un  grand  accélérateur, 
mais  ne  peut  être  acceptée  comme  origina- 
teur,  vu  que,  même  en  hiver,  lorsque  le 
mouvement  est  ralenti  et  quand,  à l’instar 
des  pulsations  chez  certains  animaux  hyher- 
nants,  il  est  à peine  perceptible,  il  existe 
toujours  néanmoins,  comme  l’indiquent 
l’évolution  des  racines  et  autres  symptômes 
de  végétation  pendant  cette  saison. 

Quant  à l’édification  des  tissus  de  la 
plante,  elle  est  évidemment  effectuée  par  ces 
lois  ou  forces  chimiques,  communes  aux 
trois  règnes  de  la  nature,  par  lesquelles  les 
atomes  d’une  solution  minérale  édifient  tout 
aussi  artistiquement  et  sans  omettre  un  seul 
de  ses  angles  le  cristal  le  plus  compliqué 
de  forme,  que  le  font  les  liquides  animaux 
pour  les  os,  les  muscles,  la  graisse  et  autres 
parties  de  l’animal.  {Garden.) 

J’ajouterai  que  ces  données  toutes  ration- 
nelles ont  l’avantage  de  laisser  le  champ 
libre  aux  praticiens  et  aux  théoriciens  quant 
à la  définition  et  au  tracé  de  la  marche  de  la 
sève.  Fréd.  Palmer. 


PLANTES  MÉRITANTES,  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Yucca  filamentosa  major.  — Obtenu 
par  M.  Briot,  chef  des  pépinières  impériales 
de  Trianon,  le  Y.  filamentosa  major,  qu’on 
nomme  aussi  Y.  filamentosa  maxima,  est 
certainement  l’une  des  plus  belles  sortes  du 
genre.  Best  acaule,  d’une  vigueur  peu  com- 
mune et  constitue  de  très-fortes  touffes  ; ses 
feuilles,  qui  se  tiennent  bien,  larges,  grandes 
et  d’un  beau  vert,  sont  bordées  de  nom- 
breux et  gros  filaments  blancs  qui  se  dé- 
tachent et  s’enroulent  par  la  base,  de  ma- 
nière à constituer  des  sortes  de  spires  ou 


tire-bouchons  qui  produisent  un  joli  con- 
traste. 

Cette  plante,  admirable  pour  son  feuillage , 
ne  l’est  pas  moins  par  l’abondance  de  ses 
fleurs,  la  dimension  des  inflorescences  et 
l’extrême  facilité  qu’elle  a d’en  produire. 
Ajoutons  qu’elle  est  très-rustique,  qu’elle 
ne  souffre  pas  même  des  plus  grands  froids, 
et  qu’elle  produit  en  très-grande  quantité 
des  bourgeons  à l’aide  desquels  on  peut  la 
multiplier. 

Clemenceau. 


Orléans,  imp.  de.G.  JACOB,  Cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  de  mai) 

Exposition  de  la  Société  centrale  d’horticulture  de  France  ; dépendance  de  la  Société  d’horticulture  vis-à- 
vis  de  la  direction  des  Beaux-Arts.  — Nouvelles  variétés  de  Roses  mises  dans  le  commerce  par  M.  Eug. 
Verdier,  horticulteur  à Paris.  — Supplément  au  programme  de  l’Exposition  d’horticulture  de  Seine-et- 
Oise.  — Les  Dahlias  de  M.  Eug.  Mézard,  horticulteur  à Rueil.  — Rusticité  des  Calceolaria  rugosa  et 
excdsa.  — Le  Peuplier  de  V Arquebuse,  à Dijon.  — Procédé,  simple  et  peu  coûteux,  pour  copier  les 
lettres,  communiqué  par  M.  Jean  Sisley.  — La  coloration  des  feuilles;  un  Pocher  sanguin,  reçu 
d’Amérique  par  M.  Paillet,  horticulteur  à Châtenay.  — Les  Vignes  gelées  ; procédé  de  M.  Magister  pour 
les  remettre  à fruit  ; communication  de  M.  Prudhomme.  — Destruction  des  rats  : procédé  de  M.  Barillet. 
— Catalof^ue  de  M.  Linden.  — Supplément  au  catalogue  de  M.  Charles  Verdier,  horticulteur  à Paris.  — 
Observations  de  M.  Cornu,  sur  le  phylloxéra.  — L’hiver  de  1872-73  ; les  derniers  froids  ; nouvelles 
diverses  : communication  de  M.  Dumas. 


i 


Au  moment  où  paraîtra  ce  numéro,  il 
sera  trop  tard  pour  informer  nos  lecteurs 
que  la  Société  centrale  d’horticulture  de 
France  Na  faire  une  exposition,  puisque, 
devant  commencer  le  19  mai,  elle  sera  si- 
non ouverte,  du  moins  à la  veille  d’ouvrir. 
Quelle  est  donc  la  cause  d’un  fait  si  regret- 
table, d’une  décision  si  subite  ? La  dépen- 
dance dans  laquelle  s’est  mise  la  Société 
d’horticulture  auprès  de  la  Société  des 
Beaux-Arts,  dont  elle  est  à la  merci,  pour  ne 
pas  dire  plus.  En  effet,  qu’est-il  arrivé?  Que 
le  programme,  prêtTdepuis  plusieurs  mois, 
n’a  pu  être  envoyé  parce  qu’il  fallait  1 as- 
sentiment du  directeur  des  Beaux-Arts,  qui, 
pour  des  raisons  particulières  auxquelles 
nous  n’avons  rien  à voir,  trouvait  toujours 
moyen  d’apporter  des  entraves.  C’est  ainsi 
que,  quinze  jours  environ  à l’avance,  on  est 
arrivé  à fixer  définitivement  l’exposition  au 
19  mai.  Une  telle  marche,  on  doit  le  com- 
prendre, est  regrettable,  et  surtout  nuisible 
aux  intérêts  horticoles,  et  même  à la  beauté 
de  l’exposition  ; les  horticulteurs  ne  sachant 
pas  à l’avance  l’époque  où  elle  aura  lieu,  ne 
peuvent  agir  en  conséquence  et  préparer 
(forcer  ou  retarder)  certaines  plantes,  de 
manière  à en  faire  coïncider  la  floraison 
avec  l’époque  d’ouverture  de  l’exposition. 

Mais,  dira-t-on,  c’est  pour  la  Société  une 
question  d’économie  ; car,  de  cette  manière, 
elle  a moins  de  frais  à supporter,  le  local 
lui  étant  donné  pour  rien.  Sous  ce  rapport, 
il  y a certainement  du  vrai  ; mais  cette  rai- 
son est- elle  suffisante,  et  tout  doit-il  s’esti- 
mer au  poids  de  l’or?  D’une  autre  part, 

I celte  phrase  : « pour  rien,  » est-elle  exacte, 
i et  ne  s’abuse -t-on  pas  sur  la  valeur  des 
I mots?  La  dépendance  dans  laquelle  se  trouve 
i de  cette  façon  la  Société  d’horticulture  est- 
■ elle  donc  si  peu  de  chose?  et  à ce  sujet, 
[ nous  ne  pourrions  mieux  faire  que  de  ren- 

16  MAI  1873. 


voyer  à la  fable  de  La  Fontaine,  intitulée  : 
Le  Loup  et  le  Chien  : 

Il  vit  le  cou  du  chien  pelé  : 

Qu’est-ce  là?  lui  dit-il.  Rien... 

Le  collier  dont  je  suis  attaché... 

Attaché  ! dit  le  loup.  Vous  ne  courez  donc  pas 
Où  vous  voulez  ? — Pas  toujours  ; mais  qu’importe? 

En  outre  de  l’exposition  horticole  propre- 
ment dite,  qui  se  terminera  le  23  mai, 
comme  la  Société  d’horticulture  a pris  V en- 
gagement (le  collier  du  chien  de  la  fable) 
d’orner  le  jardin  pendant  toute  la  durée  de 
l’exposition  des  beaux-arts,  les  horticulteurs 
qui  désireraient  concourir  à cette  ornemen- 
tation permanente  le  pourront  en  s’adres- 
sant au  président  de  la  Société  d’horticul- 
ture. La  commission  d’organisation,  chargée 
d’examiner  les  produits  proposés,  pourra  les 
admettre  ou  les  rejeter,  suivant  qu’elle  le 
jugera  convenable. 

— A partir  du  mois  de  mai,  M.  Eugène 
Verdier,  horticulteur,  72,  rue  Dunois,  à 
Paris,  livrera  au  commerce,  en  sujets  gref- 
fés, un  certain  nombre  de  nouvelles  variétés 
de  Roses,  rentrant  dans  les  sections  sui- 
vantes: ThéSji^i;  Noisette,  5;  île  Bour- 
bon, 2;  moussu,  remontant,  1;  hybrides 
remontants,  39;  microphylla  non  remon- 
tant, 1 ; provins  panaché  non  remontant,  1; 
moussu  non  remontant,  1. 

— Le  Supplément  au  programme  de 
l’Exposition  d’horticulture  de  Seine-et-Oise, 
qui,  ainsi  que  nous  l’avons  annoncé  récem- 
ment (1),  aura  lieu  dans  le  parc  de  Ver- 
sailles les  30,  31  mai,  l^r  et  2 juin  1873, 
vient  de  paraître;  il  contient  la  liste  des 
PRIX  EXCEPTIONNELS  qui  scront  délivrés  à la 
suite  de  cette  exposition,  et  dont  voici  la 
liste  : 

(1)  Voir  Pievue  hortieole,  1873,  p.  01. 

10 


182  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MAI). 


Prix  d’honneur  fondé  par  le  comité  des 
dames  patronesses,  médaille  d’or  de  300  fr.; 
1er  prix  des  dames  patronesses,  médaille 
d’or;  prix  de  M.  le  Ministre  de  l’agri- 
culture et  du  commerce,  médaille  d’or  ; 
2®  prix  de  M.  le  Ministre  de  l’agriculture  et 
du  commerce,  médaille  d’or  ; prix  de 
Mme  Heine,  présidente  des  dames  patro- 
nesses, médaille  d’or  ; prix  de  la  ville  de 
Versailles,  médaille  d’or;  prix  Furtado, 
médaille  d’or;  2®  prix  des  dames  patro- 
nesses, médaille  d’or;  prix  de  la  Compa- 
gnie des  chemins  de  fer  de  l’Ouest,  mé- 
daille d’or  ; 2®  prix  de  la  Compagnie  des 
chemins  de  fer  de  l’Ouest,  médaille  d’or  ; 
3®  prix  des  dames  patronesses,  médaille  de 
vermeil  ; 4®  prix  des  dames  patronesses, 
médaillé  de  vermeil  ; prix  de  M»^®  Lusson, 
dame  patronesse,  grande  médaille  d’ar- 
gent. 

Si  à ce  nombre  de  médailles  exception- 
nelles on  ajoute  les  médailles  ordinaires 
(consistant  en  or,  argent  et  vermeil),  on 
verra  que  s’il  manque  quelque  chose  à l’ex- 
position de  Versailles,  ce  ne  seront  certaine- 
ment pas  les  récompenses  ; le  jury,  peut- 
être,  pourra  même  se  trouver  embarrassé 
pour  la  répartition.  Espérons  que  non,  tou- 
tefois, et,  comme  cela  a toujours  eu  lieu  jus- 
qu’ici, que  les  produits  seront  aussi  beaux 
que  nombreux. 

Rappelons  que  le  jury  se  réunira  le  jeudi 
29  mai,  à dix  heures  très-précises,  au  local 
de  l’exposition  (salle  des  Marronniers,  quin- 
conce du  nord). 

— M.  Eugène  Mézard,  horticulteur  à 
Rueil  (Seine-et-Oise),  vient  de  publier  un 
catalogue  spécial  de  Dahlias.  Nous  n’ap- 
prendrions rien  à personne  en  disant  que 
les  collections  de  Dahlias  de  M.  Mézard  sont 
des  plus  complètes  qu’on  puisse  se  procurer 
dans  ce  genre  de  plantes  si  éminemment  or- 
nementales. Rappelons  aussi  qu’on  trouve 
chez  M.  Mézard  des  collections  nombreuses 
et  variées  de  Pélargoniums,  Fuchsias,  Pé- 
tunias, etc.,  etc. 

— Encore  deux  plantes  d’ornement  qui 
vont  probablement  perdre  la  qualification 
« plantes  de  serre,  » dont  elles  jouissent 
depuis  longtemps  : ce  sont  les  Calceolaria 
rugosa  et  excelsa.  Jusqu’ici  ces  espèces, 
qui  sont  très-voisines  l’une  de  l’autre,  ont 
été,  à cause  de  leur  origine  chilienne,  con- 
sidérées comme  des  plantes  de  serre  tem- 
pérée. Un  fait  que  nous  avons  remarqué 
cette  année,  et  que  nous  allons  rapporter, 


semble  démontrer  que  ces  plantes  sont  re- 
lativement rustiques.  En  effet,  elles  ont 
parfaitement  passé  l’hiver  dans  un  jardin 
à Passy,  et  aujourd’hui  elles  sont  magni- 
fiques et  couvrent  presque  tout  le  sol  d’un 
massif  dans  lequel  elles  étaient  placées. 

A ceci  on  pourrait  objecter  que  l’hiver  n’a 
pas  été  froid,  ce  qui  est  vrai;  mais  si 
l’expérience  n’est  pas  concluante  pour  dé- 
montrer la  rusticité  absolue  de  ces  plantes, 
elle  suffit  néanmoins  pour  en  faire  ressortir 
la  rusticité  relative,  et  montrer  aux  ama- 
teurs qu’à  l’aide  d’un  léger  abri  pendant 
l’hiver,  ils  pourront  jouir  de  ces  deux  char- 
mantes plantes,  qui  concourent  pour  une 
si  large  part  à l’ornementation  des  jardins. 

— Un  arbre  dont  plusieurs  fois  déjà  il  a 
été  question  dans  ce  journal,  à cause  de 
son  âge  et  des  dimensions  vraiment  ex-  ; 
traordinaires  qu’il  présente,  est  un  Peu-  | 
plier  noir,  fréquemment  désigné  sous  le  | 
nom  de  Peuplier  de  V Arquebuse,  et  planté 
vers  1400  dans  le  jardin  botanique  de  Dijon  ; 
il  est  donc  âgé  d’environ  470  ans.  Sa  hau-  i 
teur  est  de  plus  de  100  pieds  (38  mètres), 
et  sa  circonférence  à sa  base  est  d’environ 
15  mètres.  Ces  dimensions  sont  d’autant 
plus  extraordinaires  qu’elles* se  rapportent 
à un  genre  dont  les  limites  extrêmes  d’âge 
dépassent  rarement  deux  siècles,  et  à une  ; 
espèce  qui,  sous  le  climat  de  Paris,  n’at- 
teint jamais  de  grandes  proportions. 

— Si  dans  un  très-grand  nombre  de  cas 
et  dans  la  généralité  des  ménages  on  n’a 
guère  à tenir  compte  de  sa  correspondance,  î 
ni  de  savoir  au  juste  ce  que  l’on  a écrit,  il  en 
est  tout  autrement  lorsqu’on  est  en  rapport 
d’affaires,  et  même  en  général  il  serait  bon  I 
d’avoir  toujours  à sa  disposition  une  preuve 
de  ce  que  l’on  a décrit  dans  telle  ou  telle 
circonstance.  Aussi,  la  découverte  des  ma- 
chines  (presses)  à copier  les  lettres  a-t-elle 
été  un  véritable  progrès.  Mais  ces  machines 
coûtent  assez  cher  ; l’encre  qu’elles  nécessi- 
tent est  également  d’un  prix  relativement 
élevé  (2  fr.  le  petit  flacon)  ; de  plus,  il  faut  i 
mettre  la  lettre  à copier  avant  que  l’écriture  ' 
soit  sèche.  Toutes  ces  précautions  sont  | 
une  raison  pour  empêcher  beaucoup  de  | 
personnes  de  garder  copie  des  lettres 
qu’elles  écrivent,  de  sorte  qu’il  n’y  a guère  j i 
que  celles  qui  y sont  à peu  près  obligées,  j 
par  exemple  les  commerçants,  qui  ont  re-  | | 
cours  à ce  procédé.  i 

Un  moyen  d’éviter  tous  ces  inconvénients,  | I 
simple,  peu  dispendieux  et  à la  portée  de  I ! 


183 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MAl). 


tout  le  monde,  serait  donc  très-avantageux, 
un  véritable  progrès.  Ce  moyen  existe  ; 
nous  en  devons  la  connaissance  à notre  ami, 
M.  Jean  Sisley,  qui  a bien  voulu  nous  le 
faire  connaître,  en  nous  autorisant  à le  pu- 
blier si  nous  le  jugeons  convenable,  ce  que 
nous  nous  empressons  de  faire.  Voici  ce 
qu’écrit  M.  Sisley  : 

Prenez  un  petit  flacon  d’encre  ordinaire,  qui 
se  vend  25  cent. 

L’encre  doit  peser  environ  60  grammes,  sans 
le  verre  ; ajoutez-y  moitié  du  poids  de  sucre 
candi,  et  de  quatre  à cinq  gouttes  de  gomme  ara- 
bique fondue  dans  de  l’eau. 

La  bouteille  d’encre  à copier  vous  coûtera  en- 
viron 35  cent.,  au  lieu  de  2 fr.  qu’elle  se  vend 
chez  les  papetiers  ; et  encore  celle  dont  je  vous 
donne  la  recette  est  meilleure,  car  la  copie  en 
est  plus  nette. 

La  lettre  écrite,  placez-la  sous  l’une  des 
feuilles  d’une  copie  de  lettre,  et  passez  la  main 
dessus  ; vous  obtiendrez  une  épreuve  parfaite  en 
une  seconde. 

Si  par  hasard  la  copie  ne  se  faisait  pas  bien, 
soit  à cause  de  la  composition  de  l’encre  ou  toute 
autre  cause  que  je  ne  puis  prévoir,  augmentez  la 
quantité  de  sucre  candi,  mais  en  aucun  cas  celle 
de  la  gomme. 


Désirant  bien  préciser  et  ne  laisser  au- 
cun doute  dans  l’esprit  de  nos  lecteurs  sur 
l’intéressant  procédé  dont  nous  venons  de 
parler,  ni  sur  les  moyens  de  l’employer, 
nous  avons  écrit  de  nouveau  à M.  Sisley, 
qui,  avec  sa  bienveillance  habituelle,  s’est 
empressé  d’ajouter  les  quelques  détails  que 
voici  : 


...La  copie  se  fait  instantanément  et  sans 
presse. 

Point  n’est  nécessaire  de  mouiller  le  papier  du 
copie  de  lettres. 

Quand  la  lettre  est  écrite,  on  la  place  sous  un 
des  feuillets  du  copie  de  lettres,  et  l’on  passe  la 
main  dessus  en  appuyant,  et  la  copie  est  faite. 

Point  de  papier  particulier  ; les  copies  de  let- 
tres sont  tous  bons. 

Je  copie  chaque  page  de  mes  lettres  à mesure 
qu’elle  est  écrite  ; cela  me  semble  plus  com- 
mode ; c’est  l’affaire  d’une  seconde. 


On  peut  cependant,  avec  cette  encre,  attendre 
dans  certains  cas  une  heure  avant  de  copier. 


! Inutile  d’insister  pour  faire  ressortir 
I l’importance  qui  s’attache  à cette  décou- 
t verte  ] aussi  n’hésitons-nous  pas,  au  nom  de 
nos  lecteurs  et  au  nôtre  tout  particulière- 
ment, à remercier  vivement  M.  Sisley,  qui 
a bien  voulu  nous  la  faire  connaître,  ce  qui, 
toutefois,  ne  nous  étonne  pas  de  sa  part. 
Faire  connaître  et  vulgariser  ce  qui  peut 
être  utile  à tous  est  sa  principale  devise. 
Ajoutons  qu’il  joint  l’exemple  au  précepte. 


— Malgré  tout  ce  qu’on  a dit  et  écrit  sur 
la  coloration  des  feuilles,  on  ignore  encore  à 
peu  près  complètement  ce  qui  la  détermine 
et  les  lois  qui  la  régissent  ; aussi  n’essaierons- 
nous  pas  de  l’expliquer  ; nous  ne  pourrions 
qu’embrouiller  la  question  en  ajoutant  une 
hypothèse  à toutes  celles  qu’on  a émises  sur 
ce  sujet.  Ce  que  nous  savons,  c’est  que 
cette  propriété,  qui  se  montre  spontanément, 
persiste  plus  ou  moins  longtemps,  et  que 
parfois  aussi  elle  devient  permanente.  Ainsi 
il  arrive  souvent  que  dans  un  semis  il  se 
montre  un  ou  plusieurs  individus  plus  ou 
moins  colorés,  mais  dont  la  couleur  s’atténue 
et  disparaît  pour  toujours,  tandis  que  chez 
d’autres,  après  s’être  affaiblie,  parfois  effacée, 
elle  se  montre  de  nouveau  chaque  année. 
C’est  une  coloration  périodiquement  per- 
manente; chez  d’autres  encore  elle  apparaît, 
se  miaintient,  s’affaiblit  très-légèrement  pen- 
dant l’été,  s’accentue  au  contraire  à l’au- 
tomne, puis  disparaît  avec  les  feuilles  si 
celles-ci  sont  caduques,  mais  pour  se  mon- 
trer de  nouveau  à chaque  printemps.  Dans 
cette  dernière  catégorie  rentrent  l’Épine- 
Vinetteà  feuilles  pourpres,  le  Hêtre  pourpre, 
le  Noisetier  pourpre,  etc.  Ce  caractère,  qui 
jusqu’à  présent  ne  s’était  montré  que  sur 
les  plantes  d’ornement  (ligneuses  ou  her- 
bacées), s’est  manifesté  d’une  manière  des 
plus  remarquables  sur  un  Pêcher.  Nous 
manquons  de  renseignements  précis  sur  son 
origine  ; tout  ce  que  nous  savons  à ce  sujet, 
c’est  qu’il  a été  trouvé  en  Amérique,  d’où  l’a 
reçu  notre  collègue  M.  Paillet,  horticulteur- 
pépiniériste  à Chatenay-lès-Sceaux  (Seine), 
où  nous  l’avons  admiré.  L’arbre  est  très- 
vigoureux  ; ses  feuilles,  d’un  pourpre  foncé 
à reflets  métalliques,  sont  grandes,  munies 
de  glandes  réniformes.  Ce  qui  rehausserait 
encore  le  mérite  et  même  l’intérêt  scienti- 
fique de  cette  variété,  ce  sont  les  fruits  qui, 
de  bonne  qualité  et  assez  gros,  sont  colorés 
en  rouge  dans  toutes  leurs  parties.  Si  ce  fait 
se  confirme,  ce  Pécher  appartiendrait  à la 
section  des  sanguines,  dans  laquelle  il  for- 
merait un  nouveau  type.  En  attendant,  nous 
pouvons  affirmer  que  c’est  une  heureuse 
acquisition  au  point  de  vue  de  l’ornement  ; 
aussi  est-il  hors  de  doute  qu’il  sera  bien 
accueilli  lors  de  sa  mise  au  commerce  qui, 
nous  le  croyons,  aura  lieu  à l’automne  pro- 
chain. 

— Dans  le  but  d’atténuer  autant  que  pos- 
sible le  mal  considérable  qu’ont  fait  aux 
Vignes  les  gelées  du  mois  dernier,  but  qu’on 
ne  saurait  trop  louer,  M.  Prudhomme,  édi- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MAI). 


teur  du  journal  le  Sud-Est,  publie  la 
note  suivante,  que  nous  nous  empressons 
. de  reproduire.  La  voici  : 

MM.  les  vignerons  remarqueront  que  toutes 
. les  pousses  ou  bourgeons  qui  viennent  d’être 
atteints  par  la  gelée  ont  noirci  et  sont  en  consé- 
quence frappés  de  mort.  11  faut  alors  se  hâter  de 
les  arracher  autant  qu’il  est  possible  jusqu’au 
^ talon  ou  à l’empâtement.  Voici  l’effet  qui  en 
'résultera:  dans  cet  empâtement, il  y a de  un  à 
' trois  bourgeons  latents  dont  au  moins  un  sera 
immédiatement  mis  en  mouvement  par  la  sève 
• qui  devait  se  porter  sur  le  bourgeon  gelé  et  en- 
levé. Ce  bourgeon  latent  se  développera  aussitôt 
avec  assez  de  force  et  remplacera  le  bourgeon 
mort  ; il  donnera  immanquablement  du  fruit 
pour  cette  année,  moitié  ou  les  deux  tiers  de  ce 
qu’aurait  pu  produire  le  bourgeon  défunt.  Il 
semble  que  la  nature  n’a  créé  ces  bourgeons  la- 
tents que  pour  subvenir  à la  défaillance  de  leur 
-aîné. 

Tout  le  monde  est  intéressé  à propager  ce 
moyen  pour  réparer  notre  désastre. 

Il  est  à remarquer  que,  si  on  ne  faisait  pas 
celte  opération,  les  deux  ou  trois  bourgeons  se 
. développeraient  lentement  et  formeraient  de 
simples  brindilles  qui  resteraient  improductives 
quelques  années.  Celle  observation  n’est  doncpas 
' à négliger  si  on  ne  veut  pas  compromettre  ses 
récoltes  à venir. 

Cette  communication  nous  est  faite  parM.  Ma- 
gister,  un  vigneron  très-expert  qui  habite  Vourey, 

' canton  de  Rives  (Isère),  et  qui,  dit-il,  conduit  sa 
Vigne  ainsi  depuis  vingt  ans,  chaque  fois  qu’elle  a 
été  atteinte  par  la  gelée.  Il  est  venu  nous  faire 
.part  de  son  procédé,  afin  que  nous  lui  donnions 
' Ja  plus  grande  publicité.  Comme  notre  journal 
le  Sud-Est  a paru  il  y a déjà  quelques  jours, 
nous  communiquons  ce  procédé  aux  grands 
'journaux  et  aux  journaux  de  l’agriculture,  pour 
qu’ils  le  publient  immédiatement. 

L’arrachage,  et  non  la  coupure,  est-il  bien 
sacramentel?  L’expérience  nous  l’apprendra; 

V l’inventeur  le  conseille  comme  moyen  infaillible. 

Ce  procédé,  nous  ne  l’avons  vu  indiqué  nulle 
.part. 

L’éditeur  du  Sud-Est., 
Prudhomme,  imprimeur  à Grenoble. 

De  même  que  noire  éminent  confrère,  nous 
mous  demandons  pourquoi  l’arrachage,  non 
le  coupage  des  bourgeons  gelés?  Loin  de 
voir  un  avantage  dans  ce  mode  de  procéder, 
nous  serions  plutôt  disposé  à y voir  un  in- 
convénient : celui  d’occasionner  une  dé- 
perdition de  sève  par  suite  des  plaies  ré- 
-sultant  des  déchirures.  D’une  autre  part,  ce 
procédé  nous  paraît  susceptible  de  détruire, 
ou  du  moins  de  fatiguer  les  yeux  latents  qui 
sont  à la  base  des  bourgeons  et  sur  lesquels 
on  fonde  l’espoir  du  succès.  Il  nous  semble 
qu’il  vaudrait  mieux  couper  très-ras  et  très- 
mets  les  bourgeons  gélés,  de  manière  à pro- 


voquer le  prompt  développement  des  yeux 
latents,  puis  choisir  parmi  ceux-ci  le  plus 
beau,  le  mieux  placé,  puis  supprimer  les 
autres,  à moins  qu’ils  aient  des  fruits.  Tou- 
tefois, ce  que  nous  venons  de  dire  n’est 
qu’une  hypothèse,  et  nous  ne  saurions  trop 
rappeler  que,  quelque  fondée  qu’elle  puisse 
paraître,  une  hypothèse  tombe  toujours  de- 
vant des  faits  qui  lui  sont  contraires. 

— Au  sujet  du  procédé  recommandé  par 
M.  Barillet  pour  la  destruction  des  rats,  et 
dont  nous  avons  parlé  récemment  (I),  notre 
collègue  M.  Hauguel,  dans  une  lettre  qu’il 
vient  de  nous  adresser,  confirme  l’excellence 
de  ce  moyen.  Voici  ce  qu’il  en  dit: 

....  Le  procédé  dont  parle  M.  Barillet  est 
des  plus  efficaces  ; je  l’ai  vu  employer  il  y a une 
quinzaine  d’années  par  un  charpentier  nommé 
F.  Gosselin,  dans  une  ferme  des  environs  de 
Montivilliers.  Le  propriétaire  avait  fait  marché 
avec  cet  homme  à raison  de  5 fr.  par  cent  de 
rats,  et  à 2 fr.  50  pour  les  souris  et  les  mulots. 

La  seule  différence  existant  entre  le  piège  dont 
a parlé  M.  Barillet  consiste  dans  ce  fait  que 
pour  amorcer  l’on  ne  mettait  que  de  la  farine 
sur  la  bascule,  et  d’une  autre  part  qu’on  ajoutait 
de  l’eau  au  fond  du  baril,  de  sorte  que  les  rats 
étaient  bien  vite  noyés. 

— Sur  le  catalogue  de  M.  J.  Linden,  pour 
1873,  qui  vient  de  paraître,  nous  remarquons 
d’abord  une  série  de  plantes  d’introduc- 
tion récente  qui  sont  livrées  au  commerce 
à partir  du  printemps  1873.  Ces  plantes,  au 
nombre  de  vingt-cinq,  à part  deux:  V Acer 
jpalmatumcrispum,  e\.pe\xi-è\XQ  le  Yucca 
haccata,  Torrey,  sont  de  serre  chaude  ou 
au  moins  tempérée.  Les  noms  de  chacune 
d’elles  sont  suivis  d’une  description  ou  d’ob- 
servations spéciales  qui  en  font  connaître 
les  caractères  ou  les  particularités.  Après 
cette  série  viennent  d’autres  catégories  de 
plantes  dont  nous  ne  pouvons  parler  ici,  et 
dont  voici  l’énumération  par  lettre  alpha-  ; 
bétique:  Arbres  fruitiers  des  tropiques, 
Azalea  indica  nouveaux,  Azalées  de  pleine 
terre,  Caladiums,  Camellias  nouveaux, 
Chrysanthèmes  nouveaux.  Introductions 
nouvelles.  Orchidées,  Palmiers,  Pelargo- 
niums.  Plantes  nouvelles  où  rares  de 
serre  chaude  et  tempérée.  Plantes  de  serre  \ 
froide.  Plantes  de  plein  air.  Plantes  utiles  ■ 
et  officinales.  Rhododendrons  nouveaux. 
Dans  la  section  des  plantes  nouvelles  ou  | 
rares  de  plein  air,  qui  sont  celles  accessibles  | 
au  plus  grand  nombre  de  personnes,  nous  j 
citerons  tout  particulièrement,  outre  les  | 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  85.  ! 


185 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MAI). 


Erables  japonais  et  quelques  espèces  de 
Primula  Japonica  et  autres,  le  Cerasus 
capollina  ou  capulinos,  dont  la  Revue  a 
plusieurs  fois  parlé;  VElœagnus  longipes 
crispa,  le  Fremontia  Californica,  le  Piper 
Futokadshura  et  le  Quercus  striata.  Rap- 
pelons que  le  L.  Fremontia  Californica  est 
une  plante  magnifique  des  plus  fïoribondes 
et  des  plus  ornementales,  mais  qui  malheu- 
reusement est  d’une  culture  difficile  ; sa 
multiplication  surtout  est  presque  impos- 
sible; aussi  cette  plante  est- elle  toujours 
rare.  Si  nous  parlons  du  Piper  Futokad- 
shura, c’est  moins  pour  la  beauté  que  pour 
la  singularité  exceptionnelle  que  présente 
cette  espèce.  En  effet,  jusqu’à  présent,  que 
nous  sachions,  toutes  les  espèces  de  ce  genre 
réclament  pour  l’hiver  au  moins  la  serre 
tempérée.  C’est  une  exception  que  nous 
avons  cru  devoir  signaler. 


i 

I 


— Dans  un  supplément  de  catalogue  qu’il 
vient  de  publier,  M.  Charles  Verdier,  hor- 
ticulteur, 12,  rue  Duméril,  informe  les  jar- 
diniers et  amateurs  qu’à  partir  du  com- 
mencement de  mai  1873,  il  livrera  en 
greffes  non  forcées  et  sur  sujets  cultivés  en 
pots  un  certain  nombre  de  Rosiers  nou- 
veaux se  répartissant  comme  suit  : Thés,  14; 
Noisettes,  5 ; Ile  Bourbon,  2 ; Hybrides  re- 
montants, 32;  Hybride  de  noisette  re- 
montant, 1;  Mousseux  remontant,  1; 
Mousseux  non  remontant,  1;  Provins  pa- 
naché, 1 ; Microphylla  sarmenteux  non 
remontant.  On  trouve  dans  l’établissement 
de  M.  Ch.  Verdier  différentes  autres  col- 
lections de  plantes  de  serre  et  de  pleine 
terre,  telles  que  Pivoines,  Glaïeuls,  Calà- 
diums,  etc. 


— D’après  une  communication  faite  ré- 
i cemment  à l’Académie  des  sciences  par 
1 M.  Dumas,  des  observations  que  vient  de 
[ faire  M.  Cornu,  qui,  comme  on  le  sait,  est 
I chargé  d’étudier  tout  particulièrement  le 
j phylloxéra,  il  résulte  que  le  commencement 
I du  printemps  serait  très-probablement  le 
moment  d’employer  les  diverses  substances 
I qu’on  a préconisées  pour  opérer  la  destruc- 
tion de  cet  insecte.  Cette  supposition  est 
fondée  sur  ce  fait  que,  l’insecte  venant  de 
se  débarrasser  de  son  ancienne  enveloppe, 
et  présentant  sur  toute  sa  surface  un  tissu 
très-peu  consistant,  il  serait  bien  plus  acces- 
sible à l’action  des  substances  plus  ou  moins 
corrosives  qu’on  pourrait  employer.  Sans 
nier  la  valeur  de  ces  observations,  nous  fe- 
rons observer  qu’elles  s’appuient  entière- 


ment sur  des  hypothèses,  et  nous  consta- 
tons de  nouveau  que  la  question  n’est  guère 
plus  avancée,  et  que  tous  les  rapports  qui 
ont  été  faits  sur  ce  sujet  n’ont  guère  servi 
qu’à  leurs  auteurs,  en  préparant  les  voies 
pour  arriver  à...  autre  chose. 

— Arrivés  bientôt  au  commencement  de 
l’été,  nous  pouvons  parler  de  l’hiver,  qu’on 
peut  considérer  comme  terminé  (au  point 
de  vue  du  froid),  par  conséquent  dire  ce 
qu’il  a été,  et,  sous  ce  rapport,  au  lieu  d’in- 
dications thermométriques  pour  constater  la 
température,  nous  croyons  mieux  faire  en 
citant  quelques  plantes  qui  ont  résisté  en 
plein  air,  à Paris  ou  dans  quelques  localités 
environnantes.  Ainsi  les  Pélargoniums,  An- 
thémis, Acacia  lophanta  et  autres,  le  Te- 
tranthera  japonica,  VEdwarsia  grandi- 
flora  (ces  deux  dernières  espèces  n’ont  pas 
perdu  leurs  feuilles),  les  Jasminum  revo- 
lutum  et  chrysanthum,  ont  à peine  cessé 
de  fleurir  ; le  Buddleia  globosa  n’a  même 
pas  perdu  de  feuilles.  Quelques  pieds  de 
Ceanothus  Gloire'  de  Versailles,  dont  les 
inflorescences  n’ont  pas  cessé  de  se  déve- 
lopper, sont  en  ce  moment  prêts  à épanouir 
leurs  fleurs.  Nous  avons  même  vu,  planté  le 
long  d’un  mur,  un  pied  de  Capucines  dont  les 
feuilles  seules  ont  été  détruites,  mais  qui 
en  ce  moment  se  développe  vigoureuse- 
ment. 

Ces  quelques  exemples  suffisent  pour  in- 
diquer que  l’hiver  1872-1873  a été  très- 
doux  ou  presque  nul.  Du  reste,  la  tempéra- 
ture n’a  atteint,  et  pendant  un  temps  très- 
court,  quelques  heures  à peine,  que  5» 
au-dessous  de  zéro.  Cela  présage-t-il  une 
bonne  année?  Espérons-le.  Ajoutons  que 
tout  semble  l’indiquer. — Voilà  ce  que,  dans 
une  note  volante,  nous  écrivions  le  22  avril, 
par  un  temps  magnifique,  où  alors  les  ar- 
bres étaient  couverts  de  fleurs,  la  plaine  et 
les  jardins  de  plantes  d’une  végétation  su- 
perbe. Mais  quelques  jours  plus  tard  tout 
changeait,  et,  ainsi  que  cela  se  voit  malheu- 
reusement trop  souvent  en  France,  à la  suite 
de  journées  très-chaudes,  ou  plutôt  excessi- 
vement chaudes,  tout  à coup  le  vent,  chan- 
geant de  direction,  se  refroidit,  et  le  ther- 
momètre, au  Muséum,  marquait,  au-dessous 
de  zéro,  le  24  avril  4 dixièmes,  le  25 
8 dixièmes,  et  le  26  un  degré  8 dixièmes. 
Cet  abaissement  de  température,  à Paris, 
semble  n’avoir  fait  aucun  mal  ; à peine  quel- 
ques plantes  très-sensibles  ont-elles  été 
« frisées,  » comme  l’on  dit  ; malheureuse- 
ment il  en  a été  tout  autrement  dans  les 


186 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMlà.lE  QUINZAINE  DE  MAl). 


provinces  et  dans  un  nombre  considérable 
de  localités,  où,  du  reste,  la  température  a 
été  beaucoup  plus  froide  ; tout  ce  qui  était 
susceptible  de  geler  a été  perdu  : Vignes, 
Noyers,  Pommes  de  terre  ; les  Seigles  même 
dans  beaucoup  d’endroits  ont  été  détruits, 
ainsi  qu’on  va  le  voir  par  les  ditlérents  ex- 
traits que  nous  allons  rapporter. 

Issoire  (Puy-de-Dôme),  27  avril  1873. 

...La  gelée  de  cette  nuit  a été  calamiteuse 
pour  l’Auvergne î Nos  Noyers  sont  grillés;  les 
Vignes  sont  perdues  aux  trois-quarts  ; les  fruits 
sont  mangés  ; les  Pêchers  et  les  Abricotiers  en 
espalier,  même  recouverts  par  des  paillassons, 
sont  anéantis;  les  seigles,  partout  épiés,  sont 
brûlés.  C’est  un  véritable  désastre. 

Lissay  (Cher),  27  avril  1873. 

...  Tous  les  Noyers  de  notre  contrée  viennent 
de  geler.  Pour  remplacer  l’huile  de  Noix,  qui 
va  nous  manquer,  je  vais  semer  de  l’œillette. 

Poligny  (Jura),  29  avril  1873. 

...Nos  jardiniers  me  demandent  un  rensei-  j 
gnement  : les  Pommes  de  terre  Marjolin,  qui 
avaient  déjà  des  pousses  de  20  à 25  centimètres, 
ont  été  entièrement  gelées  ; ils  désireraient  sa- 
voir s’il  faut  abandonner  cette  culture,  ou  si,  en 
patientant,  il  y a quelque  espoir  de  lui  voir  don- 
ner encore  une  récolte.  Je  vous  serais  très-re- 
connaissant, dans  leur  intérêt,  de  me  fournir  ce 
renseignement. 

Notre  désastre  est  incontestable  et  sans  précé- 
dent. Notre  vignoble,  qui  comprend  les  quatre 
cinquièmes  de  notre  territoire,  est  si  absolument 
gelé,  qu’il  ne  reste  pas  un  bourgeon  dans  toute 
son  étendue,  pas  im  seul. 

Après  l’invasion  et  deux  années  blanches  par 
suite  de  gelées  d’hiver,  pour  le  propriétaire  c’est 
une  véritable  ruine,  et  pour  ceux  des  vignerons 
que  le  propriétaire  ne  pourra  pas  nourrir  pen- 
dant dix-huit  mois,  c’est  la  dernière  misère.  Dans 
l’état  où  sont  les  esprits,  c’est  loin  d’être  ras- 
surant. 

Le  renseignement  que  je  vous  demande  pour 
la  Marjolin,  je  désirerais  également  l’avoir  pour 
la  Roi/al  ash  leared. 

Bar-le-Duc,  29  avril  1873. 

...Les  gelées  ont  beaucoup  fait  souffrir  les 
denrées.  Le  thermomètre  est  descendu  à 7 de- 
grés Réaumur.  Nos  Vignes  et  nos  fruits  sont  tous 
gelés. 

La  Bourgogne  aussi  a été  cruellement 
éprouvée,  ainsi  qu’on  va  le  voir  par  la  lettre 
suivante,  que  nous  adresse  notre  collègue, 
M.  Weber  : 

Dijon,  30  avril  1873. 

Mon  cher  Monsieur  Carrière, 

La  Bourgogne  vient  d’être  cruellement  éprou- 
vée par  des  gelées  comme  on  en  voit  rarement 


à cette  époque  de  l’année,  qui  ont  détruit  dans 
une  grande  partie  de  ses  vignobles  tout  espoir 
de  récolte.  Le  département  de  la  Côte-d’Or,  qui 
avait  tant  besoin  d’une  bonne  récolte  pour  ré- 
parer les  désastres  des  deux  années  précédentes, 
est  encore  celui  qui  a été  le  plus  frappé.  Aussi 
faut-il  avoir  reçu  l’éducation  du  travail  et  y avoir 
une  foi  robuste  comme  nos  vignerons  en  géné- 
ral, pour  ne  pas  se  décourager  après  de  sembla- 
bles épreuves  ; tandis  qu’il  n’en  est  rien,  et  déjà 
on  s’occupe  à remédier  aux  dégâts  en  relevant  | 
les  jeunes  couchages,  et  en  intercalant  d’autres  i 
cultures  dans  les  Vignes  plus  âgées;  cependant  i 
beaucoup,  très- âgées,  seront  livrées  au  feu. 

La  plupart  des  Vignes  avaient  des  bourgeons  î 
de  2 à 6 centimètres  de  longueur.  On  comprend 
aisément  l’effet  désastreux  que  doit  produire  sur 
une  telle  végétation  un  abaissement  de  tempé- 
rature, qui  a été,  dans  la  nuit  du  samedi  26  au  ■ 
dimanche  27,  aux  environs  de  Dijon,  de  4 à | 
5 degrés  centigrades  au-dessous  de  zéro;  dans  , 
d’autres  localités,  près  de  S degrés.  L’eau  des  ; 
mares  était  recouverte  d’une  couche  de  glace 
de  l’épaisseur  d’une  pièce  de  5 fr.  en  argent.  ! 

Agréez,  etc.  Wecer.  j 

Nous  avions  espéré  que  le  midi  de  la  F rance  ; 
aurait  du  moins  été  épargné;  mais  une 
lettre  que  nous  avons  reçue  de  Lectoure 
(Gers)  nous  fait  voir  que  nous  nous  étions 
trompé.  Voici  cette  lettre  : 

Ferme-école  de  Bazin,  le  28  avril  1873. 

Cher  Monsieur  Carrière, 

Je  vous  écris  pour  vous  faire  part  de  nos  dé- 
sastres. J’ai  pour  principe  de  ne  pas  me  presser  à 
gémir  ni  de  crier  trop  vite  à la  misère  ; mais 
cette  fois  je  suis  obligé  de  dire  que  dans  nos  pa- 
rages le  mal  est  très-grand.  La  nuit  du  24  au  25 
avait  été  funeste  aux  plantes  ; le  thermomètre 
était  descendu  à moins  de  2 degrés  au-dessous  de 
zéro  ; aussi,  toutes  les  collines  exposées  au  vent 
nord-ouest,  qui  dominait,  avaient-elles  eu  beau-  ; 
coup  à souffrir,  et  presque  partout  les  bourgeons  / 
de  la  Vigne  avaient  été  plus  ou  moins  rôtis.  Ce- 
pendant on  avait  encore  de  l’espoir  : le  mal  > 
n’était  pas  général,  et  presque  toutes  les  Vignes  ' 
en  plaine  et  sur  les  hauteurs  étaient  encore  sau-  | 
vées  ; mais  la  nuit  suivante,  du  25  au  26,  a été 
encore  plus  désastreuse  : excepté  dans  quelques 
rares  expositions  favorables,  presque  toutes  les 
Vignes,  dans  notre  contrée  de  Lectoure,  sont  ge- 
lées. C’est  à ce  point  que  l’on  croirait  que  le  feu 
est  passé  partout  : il  y a des  Vignes  de  10  hec-  : 
tares  dans  lesquelles  on  ne  trouverait  pas  un  j 
bourgeon.  Tel  est  le  vignoble  de  la  ferme-école  I 
de  Bazin. 

Au  jardin,  le  mal  est  à son  comble  : les  cor-  j 
dons  de  Vignes  chasselas  sont  comme  au  mois  de  i 
janvier  ; les  bourgeons,  qui  avaient  déjà  20  à | 

30  centimètres,  sont  tous  complètement  détruits.  i 
Les  arbres  aussi  étaient  cette  année  surchargés  j 
de  fruits;  c’était  curieux  avoir.  Toutes  les  Poires  j 
sont  complètement  gelées;  il  en  est  de  même  des  j 


A PROPOS  d’acclimatation. 


CeriseSj  Pêches,  Prunes,  môme  des  Fraises. 
Quant  aux  Abricotiers,  ils  avaient  déjà  perdu 
leurs  fruits  avant  les  gelées.  J’avais  un  Abrico- 
tier à floraison  tardive,  qui  était  très-joli  à voir 
à cause  de  la  quantité  considérable  de  fruits  qu’il 
portait;  aujourd’hui  tout  est  perdu,  bourgeons 
et  fruits,  et  je  crains  môme  pour  les  pieds  de  ces 
arbres.  J’avais  un  carré  de  Fèves  d’Espagne  à 
longues  cosses,  qui  avaient  plus  d’un  mètre  de 
hauteur,  chargées  de  fleurs  et  de  fruits  ; nous 
aurions  pu  commencer  à vendre  sous  peu  de 
jours  ; elles  sont  perdues.  Les  fruits  des  Arti- 
chauts sont  môme  glacés  sur  pied,  au  moment 
où  commençait  la  grande  saison  de  la  ré- 
colte. 

Dans  la  pépinière,  les  écussons  et  toutes  les 
jeunes  pousses  ont  beaucoup  souffert. 

Aujourd’hui  28  avril,  il  est  tombé  quelques 
gouttes  d’eau  pendant  la  nuit;  ce  matin  le  temps 
est  clair,  le  soleil  splendide,  mais  avec  cela  un 
vent  du  nord  glacial  comme  en  plein  hiver. 

Les  grands  arbres,  tels  que  Noyers,  Robi- 
niers, Frênes  à fleurs,  arbres  de  Judée,  Marron- 
niers, etc.,  etc.,  qui  étaient  fleuris,  ont  la  partie 
supérieure  complètement  gelée  ; les  Noyers,  par 
exemple,  le  sont  tout  à fait;  il  en  est  de  même 
des  Platanes,  dont  les  bourgeons  et  les  feuilles 
sont  perdus. 

Les  fourrages  ont  aussi  souffert,  mais  ils  ne 
sont  pas  gelés,  du  moins  chez  nous,  pas  même 
la  Luzerne.  Quant  aux  Blés,  ils  sont  de  toute 


187 

beauté,  et  ne  demandent  que  de  la  chaleur  et  un 
peu  d’eau. 

Agréez,  etc.  Dumas, 

Jardinier-chef  à la  ferme-école  de  Bazin. 

Cette  lettre  nous  révèle  des  faits  bien 
tristes,  que  nous  aurions  voulu  taire  ; mais 
à quoi  bon  ? Cacher  un  mal  n’est  pas  le  gué- 
rir; c’est  parfois  un  mal  ajouté  à un  autre. 
Quand  on  ne  voit  pas  l’ennemi,  on  peut 
s’endormir  dans  une  quiétude  qui  peut  de- 
venir funeste;  au  contraire,  lorsqu’on  le 
voit,  si  l’on  ne  peut  toujours  s’en  rendre 
maître,  on  peut  au  moins  afDnblir  ses  coups  : 
((  Un  bon  averti  vaut  plus  que  deux  qui  ne 
le  sont  pas,  » dit  un  vieux  proverbe.  Tou- 
tefois, espérons  que  le  mal  sera  moins  con- 
sidérable qu’on  paraît  en  droit  de  le  crain- 
dre; que,  comme  à peu  près  toujours  dans 
ces  sortes  de  circonstances,  l’on  a beaucoup 
exagéré  ; qu’un  grand  nombre  de  localités 
n’ont  pas  ou  n’ont  que  peu  souffert,  et  que 
là  même  où  le  mal  est  grand,  il  ne  sera  pas 
ce  qu’on  le  croyait,  vu  l’époque  avancée  où 
il  s’est  montré,  et  qu’alors  beaucoup  de  vé- 
gétaux pourront  repousser,  et  sinon  répa- 
rer, mais  du  moins  atténuer  les  dégâts.  C’est 
le  désir  qu’exprime  en  terminant 

E.-A.  Carrière. 


A PROPOS  D’AGGLIMATAÏION 


; Il  n’est  rien  tel  que  l’observation  et  l’ex- 
! périmentation  pour  trancher  les  questions 
i controversées;  mais  les  occasions  d’observer 
et  d’expérimenter  ne  se  présentent  pas  à 
point  nommé,  et  lorsqu’elles  se  présentent, 
on  n’est  pas  soi-même  à l’abri  des  fausses 
1 interprétations  et  des  erreurs.  Ceci  soit  dit 
en  manière  de  précaution  oratoire  pour  le 
cas  où  l’observation  qu’on  va  lire  serait 
serait  trouvée  en  défaut. 

Il  y a deux  ans,  j’ai  reçu  de  M.  le  D»’  Sa- 
got,  botaniste  - physiologiste  bien  connu, 

I actuellement  professeur  d’histoire  naturelle 
I à l’Ecole  normale  de  Cluny,  des  graines 
1 de  diverses  plantes  des  Canaries,  entre 
autres  celles  de  VEchium  plantagineiim. 
j Cette  espèce  étant  très-commune  à Col- 
I lioure,  j’ai  eu  l’idée  de  comparer  attentive- 
ment les  individus  des  deux  provenances 
pour  savoir  si,  en  tout,  ils  se  comporteraient 
de  la  même  manière.  Les  graines  ont  par- 
' faitement  levé,  et  la  ressemblance  dans  le 
feuillage  et  les  fleurs  s’est  trouvée,  sinon 
, parfaite,  du  moins  largement  suffisante 
; pour  qu’on  pût  raisonnablement  considérer 
. ces  individus  canariens  et  français  comme 


appartenant  bien  à une  même  espèce.  Pour- 
tant, dès  le  principe,  les  plantes  de  race 
canarienne  furent  sensiblement  en  retard 
et  prirent  beaucoup  moins  d’ampleur  que 
les  indigènes.  Il  y avait  donc  entre  elles  une 
certaine  différence  de  tempérament. 

Cette  différénce  s’accusa  bien  davantage 
en  hiver.  Dans  le  même  jardin,  à six  pas 
l’un  de  l’autre,  j’avais  'anÈchium  canarien 
issu  d’un  semis  fait  l’année  précédente,  et 
un  Echium  indigène  de  même  âge.  Tous 
deux  prospéraient,  mais  très-inégalement, 
l’indigène  marchant  au  moins  quatre  fois 
plus  vite  et  prenant  un  volume  propor- 
tionné. Le  8 février,  le  temps,  qui  avait  été 
fort  doux  jusque-là,  changea  subitement,  et 
le  thermomètre  descendit  pendant  une  nuit 
à un  ou  peut-être  deux  degrés  au-dessous 
de  zéro.  Ce  fut  le  critérium  de  l’expérience  : 
l’Echium  canarien  eut  toutes  ses  feuilles 
gelées  et  faillit  périr  ; l’indigène  ne  parut 
pas  s’apercevoir  du  changement  de  temps, 
car  sa  végétation  n’en  fut  pas  même  sus- 
pendue. Dès  le  milieu  du  mois,  il  ouvrit  ses 
premières  fleurs,  et  sa  floraison,  extrême- 
ment abondante,  continue  encore  aujour- 


188 


BIBLIOGRAPHIE. 


d’hui  (19  avril),  c’est-à-dire  depuis  deux 
mois.  La  pauvre  plante  canarienne  a eu 
toutes  les  peines  du  monde  à se  refaire, 
mais  enfin  elle  a survécu  ; elle  a poussé  cinq 
tiges  de  20  à 25  centimètres  de  hauteur,  où 
on  a déjà  vu  trois  ou  quatre  maigres 
fleurs  s’ouvrir.  En  somme,  elle  fait  triste 
figure  à côté  de  sa  congénère  de  Collioure, 
qui  est  devenue  une  touffe  portant  plus  de 
cinquante  tiges  ou  branches  principales,  et 
d’au  moins  4 mètres  de  tour.  C’est  une  su- 
perbe plante. 

Ainsi  voilà  deux  plantes  que  tous  les  bo- 
tanistes (non  Jordaniens,  s’entend)  rattachent 
à la  même  espèce,  et  qui  se  conduisent, 
l’une  comme  une  plante  absolument  rus- 
tique, endurant,  sans  en  souflrir,  les  plus 
rudes  hivers  du  pays  (et  il  y gèle  parfois  à 
— 7 ou  — 8),  l’autre  comme  une  plante  de 
pays  chaud,  qu’une  seule  gelée  très- légère 
et  de  courte  durée  met  à toute  extrémité. 
De  deux  choses  l’une,  car  la  logique  est  im- 
pitoyable : ou  les  deux  Echiums  mis  en  ex- 
périence étaient  différents  d’espèce,  ou  bien 
il  faut  admettre  que  la  même  espèce  s’est 


adaptée  à des  milieux  différents,  devenant 
rustique  sous  un  ciel  plus  froid  et  plus  sec, 
prenant  au  contraire  le  tempérament  sub- 
tropical et  frileux  dans  un  climat  plus  hu- 
mide et  plus  chaud.  Pour  ma  part,  je  n’hésite 
pas  à me  rallier  à cette  dernière  opinion, 
qui,  bien  que  n’étant  pas  absolument  dé- 
montrée, s’appuie  du  moins  sur  un  plus 
grand  nombre  de  faits  que  l’opinion  con- 
traire, et  sans  laquelle  une  multitude  de 
grands  phénomènes  naturels  resteraient  sans 
explication.  Ayant  déjà  exposé  cette  théorie 
il  y a bien  des  années,  je  m’abstiens  d’y  re- 
venir ici. 

Je  n’ajoute  plus  qu’un  mot:  c’est  une  ré- 
clame en  faveur  de  VEchium  plantagi- 
neum  (je  parle  de  l’indigène),  qui  a tout  ce 
qu’il  faut  pour  faire  une  plante  ornementale 
presque  de  premier  ordre,  par  sa  taille 
avantageuse,  sa  longue  et  abondante  flo- 
raison, et  la  grandeur  plus  qu’ordinaire  de 
ses  corolles  violettes  ; mais  il  a un  impar- 
donnable défaut  : il  ne  vient  pas  de  loin  ; il 
ne  coûte  rien  et  ne  demande  aucun  soin. 

Naudin. 


BIBLIOGRAPHIE 


Sous  ce  titre  : Les  Roses  (1),  M.  Rots- 
child  vient  de  publier  un  livre  dont  nous  al- 
lons essayer  de  donner  une  idée,  ce  qui 
li’est  pas  toujours  facile  ; car,  indépendam- 
ment de  la  valeur  du  livre,  il  faudrait  pou- 
voir sentir  comme  l’auteur,  afin  de  bien 
apprécier  son  œuvre,  en  se  plaçant  au  point 
de  vue  qui  le  lui  a fait  écrire.  Quoi  qu’il  en 
soit,  nous  allons  le  tenter. 

Il  y a plusieurs  manières  de  rendre 
compte  d’un  livre  ; deux  sont  surtout  en 
usage  : l’une,  qui  consiste  à se  guider  sur 
la  table,  et  d’après  celle-ci  dire  ce  que  l’on 
suppose  y être  contenu,  rester  dans  les  lieux 
communs,  en  se  payant  de  mots.  C’est  de 
beaucoup  le  moyen  le  plus  employé. 
L’autre  consiste  à parcourir  l’ouvrage,  afin 
d’en  apprécier  la  valeur  : il  est  plus  long, 
plus  difficile,  mais  plus  honnête.  C’est  ce- 
lui que  nous  adoptons. 

Disons  d’abord  que,  à priori  et  en  s’en 
tenant  à la  couverture,  — ce  qui  est  l’équi- 
valent de  l’étiquette  qu’on  place  sur  un  vase, 
— on  est  disposé  à bien  augurer  de  l’ou- 
vrage. En  effet,  les  auteurs  — car  ils  sont 

(1)  Un  fort  volume  grand  in-8®,  sur  très-beau  et 
fort  papier,  avec  78  planches  en  chromolithographie 
et  60  gravures  sur  bois  intercalées  dans  de  texte. 
Rotschild,  libraire-éditeur,  13,  rue  des  Saints-Pères. 


deux  — sont  des  maîtres  : MM.  Jamain 
(Hypolyte),  horticulteur  à Paris,  et  Fornay, 
professeur  d’arboriculture,  auteur  de  plu- 
sieurs ouvrages  estimés,  et,  entre  autres, 
d’un  Traité'sur  les  Rosiers.  Aussi,  ce  livre 
réunit-il  les  deux  conditions  essentielles  : la 
pratique  et  la  théorie.  Dans  l’examen  que 
nous  allons  en  faire,  nous  suivrons  l’ordre 
dans  lequel  il  est  écrit. 

La  partie  qui  commence  le  livre,  la  pré- 
face, est  un  morceau  de  littérature  poétique 
en  rapport  avec  le  sujet  dont  elle  est  digne; 
on  n’en  sera  pas  surpris  lorsqu’on  saura 
que  M.  Ch.  Naudin  en  est  l’auteur.  Aussi, 
après  l’avoir  lue,  n’a-t-on  qu’un  regret  : 
qu’elle  soit  si  courte. 

Après  la  préface  vient  Vhistoire  de  la 
Rose.  Celle-ci,  dont  nous  reconnaissons  la 
valeur,  a le  défaut  contraire  de  celle-là  : elle 
est  trop  longue,  à notre  avis  du  moins  ; elle 
gagnerait  à être  réduite  à ce  qu’il  est  réelle- 
ment utile  de  savoir,  et  à ne  pas  remonter 
aussi  loin  dans  l’antiquité  pour  rappeler  ce 
qui  a été  dit  bien  des  fois.  Ces  rappels  des 
temps  fabuleux  n’intéressent  que  très-mé- 
diocrement; le  plus  souvent  ils  fatiguent 
sans  rien  apprendre  ; aussi,  en  général,  les 
passe-t-on,  en  regrettant  toutefois  de  les 
voir  occuper  une  place  qui  pourrait  être 


I 


BIBLIOGRAPHIE. 


189* 


beaucoup  mieux  remplie.  Pourquoi,  en 
effet,  à propos  de  Roses,  parler  des  Ro- 
mains, des  Égyptiens,  du  « banquet  des 
noces  de  Psyché,  » des  « Cerneaux  rôtis  à 
l’eau  de  rose  ? » C’est  de  l’érudition  au  dé- 
triment du  sujet,  qui  en  rabaisserait  même 
le  mérite,  si  celui  de  la  Rose  était  suscep- 
tible de  déchoir. 

La  Rose  n’a  pas  besoin  d’être  chantée  ; 
elle  est  assez  connue  et  aimée  de  tout  le 
monde  pour  se  passer  de  la  trompette  de  la 
renommée,  surtout  lorsque  celle-ci  s’appuie 
sur  des  dires  dont  on  peut  constater  la  véra- 
cité. La  Rose  n’a  rien  à emprunter  à per- 
sonne; elle  se  suffit  à elle-même;  elle  trône 
parce  qu’elle  est  reine,  qu’elle  est  la  Rose  ! 

Après  ces  quelques  observations,  qui  sont 
moins  une  critique  qu’un  avis  personnel 
que  nous  nous  permettons  de  donner  aux 
auteurs,  nous  allons  examiner  leur  ouvrage, 
en  suivant  l’ordre  qu’ils  ont  adopté.  Toute- 
fois, nous  devons  faire  observer  que,  dans 
un  compte-rendu,  nous  ne  pouvons  entrer 
dans  de  minutieux  détails,  et  que  le  plus 
souvent  même  nous  devrons  nous  borner  à 
une  simple  énumération  des  sujets. 

, Le  chapitre  qui  traite  des  espèces  de  Ro- 
siers et  de  leur  distribution  géographique 
est  une  appréciation  rapide  des  différents 
types  et  des  contrées  qu’ils  habitent,  accom- 
pagnée d’une  énumération  de  leurs  princi- 
• paux  caractères;  puis  vient  un  examen  des 
espèces  indigènes  et  exotiques  cultivées 
dans  les  jardins.  Dans  cet  examen,  les  au- 
teurs ont  partagé  tous  les  Rosiers  en  trois 
groupes  : Rosiers  d'Europe,  Rosiers  de 
VInde,  Rosiers  sarmenteux.  Chaque  groupe 
j comprend  un  certain  nombre  d’espèces  dont 
I les  caractères  principaux,  ainsi  que  cer- 
taines particularités  qu’elles  présentent,  ont 
' été  indiqués  d’une  manière  nette  et  assez 
précise.  Toutefois,  l’on  doit  comprendre  que 
sans  être  arbitraire,  ce  travail  ne  peut  être 
considéré  que  comme  une  évaluation  rela- 
tive, rien  n’étant  plus  mal  connu  que  les 
I espèces  et  l’origine  des  Rosiers. 

Uhistoire  de  la  culture  des  Rosiers,  qui 
vient  immédiatement  après,  est  une  partie 
trè.s-intéressante  du  livre  sur  les  Roses, 
i C’est  un  coup  d’œil  rétrospectif  qui,  partant 
de  l’époque  la  plus  reculée,  montre  la 
marche  extensive  qu’a  suivie  la  culture  des 
Rosiers,  tout  en  indiquant  l’apparition  des 
nouveautés  qui  venaient  s’ajouter  successi- 
vement à celles  qu’on  avait,  déjà  obtenues, 
montrant  ainsi  la  formation  des  collections, 
et  faisant  ressortir  celle  d’un  homme  dont 
le  nom  restera  éternellement  lié  à la  cul- 


ture et  à l’histoire  des  Rosiers  : de  feu 
Vibert.  Des  extraits  faits  par  les  auteurs 
dans  divers  ouvrages  anciens,  puis  dans 
ceux  qui  ont  été  publiés  successivement, 
et  dans  lesquels  il  est  parlé  des  Rosiers", 
établissent  d’une  manière  scientifique  — 
autant,  du  moins,  que  cela  peut  se  faire" 
— la  marche  graduée  et  continuelle  qu’a' 
suivie  jusqu’à  nos  jours  la  culture  des  Ro- 
siers. Puis  vient  la  culture,  qui,  pour  les 
amateurs,  est  la  partie  essentielle  du  livre. 
De  nombreux  paragraphes,  en  séparant  les 
diverses  opérations  de  la  culture,  ont  per- 
mis aux  auteurs  d’indiquer  pour  chacune 
tous  les  détails  nécessaires  pour  les  bien 
comprendre,  et  font  du  tout  un  ensemble 
qui  embrasse  à peu  près  tout  ce  qu’il  est' 
utile  à un  amateur  de  connaître.  Nous  al- 
lons en  donner  les  sommaires  ou  titres  : 

Sol  et  exposition  qui  conviennent  aux  Ro- 
siers ; leur  multiplication,  les  époques  où 
il  convient  de  la  faire;  les  procédés  em- 
ployés, les  principaux  soins  qu’ils  récla- 
ment, la  greffe,  la  taille,  le  dressage,  etc.; 
puis,  comme  complément,  la  culture  for- 
cée, qui,  disons-le,  est  traitée  de  main  de 
maître,  ce  qui  n’a  pas  lieu  d’étonner  lors- 
qu’on sait  que  M.  H.  Jamainenest  l’auteur. 
Des  gravures  sur  bois,  au  nombre  de 
soixante,  intercalées  dans  le  texte,  viennent, 
ajouter  à la  clarté  déjà  si  grande  de  l’ensei- 
gnement, et,  en  suppléant  à l’insuffisance  du 
langage,  complètent  par  la  vue  ce  que  l’ex- 
pression ne  peut  rendre. 

Une  liste  des  variétés  de  Rosiers  les  plus 
recommandables  termine  cette  partie.  Vient' 
ensuite  le  chapitre  qui  traite  des  maladies^ 
et  insectes  nuisibles  aux  Rosiers.  Ici,  nous 
devons  constater  que  les  maux  indiqués, 
ainsi  que  les  remèdes  recommandés  pour' 
les  combattre,  sont  à peu  près  ceux  que  tout' 
le  monde  connaît,  et  que  l’on  trouve  rap- 
portés dans  tous  les  livres.  Après  cette  liste, 
vient  un  résumé  biographique  qui  peut  être' 
très-utile  à ceux  qui  veulent  se  livrer  à 
l’étude  particulière  des  Rosiers,  mais  qui 
n’ajoute  rien  d’essentiellement  utile  sur  le' 
livre  des  Roses. 

La  deuxième  partie  du  livre  comprend:' 
soixante  chromolithographies  représentant" 
soixante  variétés  des  plus  jolies,  et  apparte- 
nant à tous  les  groupes  du  genre  Rosier. 
Une  description,  placée  en  regard  de  chaque- 
figure,  fait  connaître  les  caractères  et  les  par- 
ticularités de  la  variété  qu’elle  représente;^ 
elle  se  termine  par  la  citation  de  la  per- 
sonne qui  a dbtenu  cette  variété,  ce  qui  a- 
l’avantage,  tout  en  en  démontrant  l’origine;. 


190 


PIÎASEOLUS  MACROPHYLLUS. 


de  constituer  ainsi  une  sorte  d’extrait  de 
naissance  qui  permettra,  au  besoin,  d’en 
faire  Thistoire. 

Dans  ce  compte-rendu,  nous  avons  clier- 
ché,  autant  que  cela  nous  était  possible,  à 
donner  une  idée  du  livre  Les  RoseSy  et  à 
faire  ressortir  son  mérite.  Quant  à celui  des 
auteurs,  c’était  inutile  : il  suffisait  d’en  citer 
les  noms  pour  donner  à ceux  qui  les  con- 
naissent une  idée  de  la  valeur  de  leur  ou- 
vrage, qui  pourtant,  nous  le  croyons,  ou 
plutôt  nous  le  craignons,  est,  pour  beaucoup 
de  gens,  affaibli  par  l’élévation  considérable 
du  prix.  C’est  là,  du  reste,  une  affaire  com- 
merciale qui  ne  regarde  que  l’éditeur,  et 
sur  laquelle,  à ce  point  de  vue,  nous  n’avons 
rien  à voir. 

Pourtant  nous  avons,  sinon  le  devoir, 
mais  du  moins  le  droit  de  dire  notre  pensée 
à ce  sujet,  ce  que  nous  allons  faire,  plutôt 
toutefois  comme  un  avis  que  comme  un 
conseil  que  nous  allons  nous  permettre  de 
donner  à l’éditeur. 

Le  livre  sur  les  Roses  n’est  pas  un  livre 
ordinaire  ; c’est  un  ouvrage  de  luxe,  bien 


que  pratique,  devant,  par  conséquent,  cor- 
respondre à cette  maxime  : « utile  dulci.  î 
En  est-il  ainsi  ? Nous  n’oserions  l’affirmer. 
En  effet,  si  le  texte,  le  papier,  les  carac- 
tères, sont  à peu  près  aussi  parfaits  qu’on 
peut  le  désirer,  il  n’en  est  pas  précisément 
de  même  des  figures  ; les  chromolithogra- 
phies, pour  un  certain  nombre  du  moins, 
laissent  énormément  à désirer.  Et  il  en  est 
de  même  des  gravures  sur  bois,  qui  sont  au 
moins  médiocres.  On  ne  s’est  pas,  ce  nous 
semble,  assez  pénétré  de  cette  devise  : « Qui 
veut  la  fin  veut  les  moyens.  » Le  but  arrêté, 
on  a donc  eu  tort  de  reculer  devant  les 
moyens  de  l’atteindre.  Il  semble  qu’on  a 
trop  visé  à l’économie,  ce  qui  est  regret- 
table. Mais,  toutefois,  ceci  est  un  détail,,  une 
simple  observation  faite  dans  l’intérêt  de 
l’éditeur,  pour  l’engager  à surveiller  la  se- 
conde édition  du  livre  sur  les  Roses,  qui  ne 
peut  tarder  à paraître,  un  ouvrage  de  cette 
nature  devant  trouver  une  place  dans  la  bi- 
bliothèque des  nombreux  amateurs  de  la 
((  Reine  des  fleurs.  » 

E.-A.  Carrière. 


PHASEOLUS  MACROPHYLLUS 


Cette  espèce,  qui  est  des  plus  remarqua- 
bles par  sa  vigueur,  l’est  également  par  ses 
fruits,  qui  sont  très -différents  de  ceux  du 
P.  multiflorus  (vulgairement  appelé  Hari- 
cot d Espagne),  dont  elle  sort,  et  dont  pour 
cette  raison  nous  ne  lui  donnons  pas  le  qua- 
lificatif. Sa  tige,  qui  prend  le  double  de 
force  de  celle  du  P.  multiflorus,  s’élève 
aussi  un  peu  plus  haut.  Quant  à ses  feuilles, 
elles  sont  presque  du  double  plus  fortes  que 
celles  de  ce  dernier.  Un  des  caractères  aussi 
des  plus  remarquables  que  présente  le  P. 
macrophijllus  consiste  dans  la  forme  de 
ses  fruits,  qui,  par  leur  nature,  leur  aspect 
et  leur  dimension,  sont  complètement  dif- 
férents de  ceux  du  P.  multiflorus,  dont 
néanmoins  la  plante  est  issue.  Ainsi,  tandis 
que  le  Haricot  d’Espagne  (P.  multiflorus) 
a la  cosse  courte,  renfermant  une,  deux  ou 
trois,  rarement  quatre  graines,  jamais  plus; 
que  celles-ci  sont  grosses,  fortement  renflées 
sur  les  faces,  et  que  sa  cosse  ou  gousse  est 
très-épaisse,  charnue,  à surface  non  unie, 
comme  chagrinée-bosselée,  souvent  un  peu 
irrégulière,  arquée,  brusquement  arrondie, 
terminée  au  sommet  par  an  apicule  court,  le 
P.  inacrophgllus,  au  contraire,  a la  cosse 
longue  et  régulière,  lisse,  unie,  parfois  très- 
légèrement  marbrée,  arquée,  aplatie,  rap- 


pelant le  Haricot  sabre,  ou  même  assez 
exactement  le  Haricot  de  Boissons  ; de  plus, 
ses  gousses  sont  un  Tpeii  mange-tout.  Quant 
à ses  graines,  souvent  au  nombre  de  six 
dans  chaque  cosse,  elles  sont  d’un  beau 
blanc,  assez  grosses  et  bien  nourries,  régu- 
lièrement réniformes,  parfois  nettement 
tronquées  obliquement  par  l’un  des  bouts. 

Cette  forme  est  aussi  beaucoup  plus  pro- 
ductive et  plus  hâtive  que  celle  dont  elle 
sort,  et  dont  elle  n’a  conservé  aucun  carac- 
tère, si  ce  n’est  la  vigueur,  qui  est  même 
beaucoup  plus  grande.  Nous  ajoutons  que  les 
fruits  qu’elle  donne  sont  excellents  à manger 
en  vert  et  en  sec.  Lui  conserver  le  qualificatif 
de  sa  mère  serait  non  seulement  un  non- 
sens,  puisqu’elle  n’a  plus  rien  d’elle  ; ce  se- 
rait jeter  la  confusion  et  le  trouble  dans  la 
pratique  et  dans  la  théorie,  où  déjà  ils 
abondent.  Nous  ne  le  ferons  pas.  Ce  n’est 
pas  un  enfant  de  tel  ou  tel  : c’est  une  indivi- 
dualité. Nous  ajoutons  encore,  et  ceci  n’est 
pas  le  moins  intéressant,  que,  indépendam- 
ment de  cette  forme,  nous  en  avons  obtenu 
une  autre  dans  ce  même  semis,  qui,  exacte- 
ment semblable  par  son  port,  sa  vigueur, 
ses  feuilles  et  ses  fleurs,  avec  le  Haricot 
d’Espagne,  en  est  complètement  différente 
par  ses  fruits,  qui  sont  nombreux,  serrés, 


^■obreu;c-.  d-eZ . 


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AMARYLLIS  PROCERA.  — ZYGOPETALUM  RIYIERI. 


191 


fortement  et  courtement  arrondis,  très-ren- 
flés, en  un  mot  des  sortes  de  houlois^  qui 
sont  également  très-bons.  Lien  que  de  na- 
ture différente  de  ceux  de  la  plante  dont 
elles  sortent.  Comment,  ici,  reconnaître  la 
flliation  ? Avis  aux  partisans  de  l’immuabi- 
lité des  types.  S’ils  voulaient  réfléchir  à ce 


fait  qui  se  produit  tous  les  jours  partout, 
— excepté  toutefois  dans  leur  cabinet,  d’où 
ils  ne  sortent  guère,  — ils  pourraient  se 
faire  une  véritable  idée  de  ce  qu’est  une 
espèce.  Mais  n’est-ce  pas  trop  leur  de- 
mander ? 

E.-A.  Carrière. 


AMARYLLIS  PROCERA 


I 


Cette  espèce,  très-jolie,  et  toujours  très- 
rare,  est  originaire  du  Brésil  ; elle  est  re- 
gardée comme  délicate,  et  surtout  d’une  flo- 
raison extrêmement  difficile,  faits  qui,  en 
partie  exacts,  sont  dus  à une  idée  fausse  que 
l’on  a de  cette  plante,  et  qui  lui  fait  donner 
une  culture  contraire  à celle  à laquelle  il 
conviendrait  de  la  soumettre.  Au  lieu  de  la 
tenir  constamment  dans  une  serre  chaude, 
ainsi  qu’on  a l’habitude  de  le  faire,  voici 
comment  il  faut  cultiver  cette  espèce  : la 
planter  en  terre  franche  mélangée  avec  un 
peu  de  terre  de  bruyère  ; la  tenir  pendant 
tout  l’été  à l’air  libre,  dans  une  position 
aérée  et  fortement  insolée  ; puis,  lorsqu’ar- 
rive  l’automne,  placer  les  pots  dans  une 
serre  tempérée,  à la  lumière.  Dans  ces  con- 
ditions, la  plante  fleurira  parfaitement  au 
printemps. 

Voici  une  description  sommaire  de  cette 
espèce  : souche  consistant  en  une  sorte  d’Oi- 
gnon  très- allongé,  que  l’on  peut  considérer 


comme  une  tige  tuniquée,  persistante,  ren- 
flée à la  base,  atteignant  60  centimètres  à 
1 mètre  de  longueur,  et  ayant  beaucoup  de 
rapport  avec  celle  de  certains  Criniim , 
terminée  par  de  larges  et  longues  feuilles 
réfléchies.  Hampe  florale  termine -centrale 
courte,  pluriflore.  Fleurs  disposées  ho- 
rizontalement, à cinq  pétales,  s’emboîtant 
et  se  recouvrant  par  leurs  bords,  consti- 
tuant ainsi  un  tube  d’environ  15  centimè- 
tres de  longueur,  un  peu  élargi  au  sommet 
qui  forme  six  dents  assez  longuement  acu- 
minées,  de  couleur  lilas  rosé  violacé,  à ner- 
vures réticulées,  un  peu  plus  foncées  que 
les  pétales,  ou  du  moins  paraissant  telles  à 
cause  de  la  transparence  de  ceux-ci. 

Nous  ne  serions  pas  étonné  que  l’Ama- 
ryllis  procera,  Dtre,  pût  passer  en  pleine 
terre  dans  différentes  parties  de  la  France: 
à Cannes,  à Antibes,  à Nice;  le  fait  nous 
paraît  à peu  près  certain. 

Houllet. 


ZYGOPETALUM  RIYIERI 


La  plante  qui  fait  le  sujet  de  celte  note,  le 
Z.  Rivieri,  est-elle  une  espèce  ou  n’est-elle 
qu’une  variété?  Le  fait  nous  importe  peu  ; 
la  plante  est  belle,  cela  suffit.  Nous  allons  la 
décrire. 

Plante  très-vigoureuse,  à pseudobulbes 
réguliers,  obtus  aux  deux  bouts,  un  peu 
comprimés,  non  anguleux.  Feuilles  longue- 
ment ensiformes,  atteignant  jusque  50  cen- 
timètres de  longueur  sur  5-7  de  Margeur, 
fortement  nervées  en  dessous.  Hampe  flo- 
rale de  80  centimètres  à 1 mètre  de  hauteur, 
suivant  la  vigueur  des  plantes,  nue,  por- 
tant dans  sa  longueur  deux  ou  trois  bractées 
largement  engainantes,  terminée  par  une 
inflorescence  longue  de  15  à 30  centimètres, 
et  composée  de  huit  à douze  fleurs.  Fleurs 
atteignant  12  centimètres  et  plus  de  hauteur 
(sans  être  étalées),  à divisions  supérieures 
(périanthe)  légèrement  ondulées,  arquées, 
puis  réfléchies  vers  le  sommet,  qui  est  cour- 


tement acuminé  en  pointe,  de  couleur  jaune 
sombre,  marquées  de  toutes  parts  de  larges 
macules  roux  ferrugineux,  qui  rappellent 
celles  de  V Oncidium  papüio ; labelle  de  6 
à 7 centimètres  de  diamètre,  ondulé-chif- 
fonné,  parcouru  de  lignes  très-rapprochées, 
d’un  beau  rose  lilacé. 

Les  fleurs  de  cette  plante,  qui  s’épanouis- 
sent en  novembre-décembre,  dégagent  une 
odeur  suave  très-agréable,  qui  rappelle 
celle  de  la  Jacinthe,  sont  de  longue  durée, 
ce  qui  est  un  avantage  à l’époque  où  elles  se 
montrent,  où,  en  général,  les  fleurs  ne  sont 
pas  communes. 

Le  Z.  Rivieri  est  originaire  du  Brésil, 
d’où  il  fut  envoyé  à M.  Rivière  vers  1870. 
Parmi  une  quinzaine  de  plantes  appartenant 
au  même  groupe  qui  furent  reçues,  il  y avait 
presque  autant  de  formes  que  d’individus  ; 
toutes  étaient  plus  ou  moins  belles  ; toute- 
fois, celle  que  nous  avons  fait  représenter. 


192 


CULTURE  PRATIQUE  DES  PALMIERS. 


et  que  nous  avons  dédiée  à notre  collègue, 
était  supérieure  tant  par  la  grandeur  des 
fleurs  que  par  la  vigueur  de  la  plante.  On  la 
dit  être  une  forme  de  Z.  Mackayi,  ce  que 
nous  voulons  bien  admettre,  en  constatant 
toutefois  qu’elle  est  bien  préférable  au  type  ; 
aussi,  n’hésitons- nous  pas  à la  recom- 
mander. 

On  cultive  les  Zigopetalum  en  serre  tem- 
pérée, dans  une  terre  de  bruyère  grossière- 
ment concassée,  mélangée  de  sphagnum  ; 


on  doit  leur  donner  beaucoup  d’eau  pendant 
toute  la  durée  de  la  végétation,  après  quoi 
on  suspend  en  grande  partie  les  arrose- 
ments, de  manière  à laisser  reposer  les 
plantes.  On  doit  aussi  leur  donner  beaucoup 
d’air.  La  vigueur  de  ces  plantes,  l’abondance 
et  la  durée  de  leurs  fleurs,  les  recommandent 
aux  amateurs,  peut-être  même  aux  horticul- 
teurs, qui  probablement  pourraient  en  faire 
une  plante  de  marché.  C’est  à essayer. 

E.-A..  Carrière. 


CULTURE  PRATIQUE  DES  PALMIERS 


Aujourd’hui  la  mode  est  aux  Palmiers, 
et  la  mode  à raison  ; autrefois  elle  était  aux 
Camellias,  aux  Agaves  et  aux  Cactus,  en  un 
mot  à toutes  les  plantes  de  serre  froide; 
actuellement  ce  genre  de  serre  est  encore 
très  en  faveur,  mais  c’est  presque  toujours 
un  local  plus  ou  moins  bien  vitré  et  dont  la 
température  tenue  généralement  plus  élevée 
que  celle  de  l’antique  orangerie,  et  cela  à 
cause  de  la  variété  des  plantes  qui  y sont 
entassées^  ce  n’est  pas  trop  dire  : on  veut 
avoir  un  peu  de  tout,  on  y arrive  en  effet, 
mais  rien  n’est  en  bon  état.  Malgré  les  dé- 
plorables inconvénients  de  cette  mauvaise 
habitude,  nous  tenons  cependant  à ne  pas 
trop  déprécier  celte  serre  omnibus  à tem- 
pérature moyenne  de  + 8 à 10»  cent.  ; on 
pourra  certainement  y cultiver  une  véritable 
collection  de  Palmiers,  ce  qui  sera  une 
grande  satisfaction  pour  les  amateurs  de  ce 
beau  genre  qui  ne  disposent  pas  de  serres 
élevées  et  spacieuses.  Quant  à ceux  qui, 
plus  heureux,  ont  à leur  service  une  serre 
chaude  digne  de  ce  nom,  ils  peuvent  être 
assurés  du  succès,  et  leur  désir  pourra 
même  s’étendre  jusqu’aux  plantes  les  plus 
rares  et  les  plus  délicates. 

Beaucoup  de  gens  sont  effrayés  par  les 
difficultés  de  cette  séduisante  culture  ; qu’ils 
se  rassurent:  après  quelques  essais, ils  vou- 
dront bientôt,  comme  nous,  cultiver  une 
collection  de  ces  intéressantes  plantes  de 
serre. 

Nous  supposons  que  le  riche  propriétaire 
désireux  de  cultiver  des  Palmiers  possède 
déjà  ou  va  faire  construire  une  de  ces  jolies 
serres,  à peu  près  semblable  à celles  qui 
ont  été  exécutées  dans  la  Revue  horticole, 
1868,  pages  170,  250.  La  serre  dont  nous 
disposons  et  qui  convient  parfaitement  à 
cette  culture  est  dans  le  même  style  ; elle 
est  divisée  en  quatre  compartiments  for- 
mant chacun  une  serre  différente  des  autres. 


par  la  disposition  des  bâches,  par  la  hau- 
teur ainsi  que  parla  température.  La  grande 
coupole  centrale  ou  jardin  d’hiver  est  occu- 
pée par  les  Palmiers  mis  en  pleine  terre;  la 
température  minima  y est  de  + 7 à 8*^  cen- 
tigrades par  les  plus  grands  froids  ; à droite 
se  trouve  une  serre  de  3 mètres  de  hauteur 
sur  6 de  large,  avec  bâche  centrale  au  ni- 
veau du  sol  ; la  température  moyenne  y est 
de  + 12».  A gauche,  une  autre  serre  sem- 
blable est  divisée  en  deux  compartiments 
qui  ont  au  centre  une  bâche  élevée  de  70 
centimètres  au-dessus  du  sol;  dans  l’un  des 
compartiments  cette  bâche  est  occupée  par 
une  couche  de  tannée  et  par  un  terre-plein 
destiné  à la  culture  des  plantes  peu  éle- 
vées, qui,  plus  tard,  seront  relevées  et 
mises  en  pots,  ainsi  que  nous  l’avons  dit  dans 
un  précédent  article  (1);  enfin,  le  second 
compartiment  est  muni  d’un  plancher  chauffé 
en  dessous  par  le  thermosiphon;  dans  ces 
deux  dernières  serres,  la  température  est 
maintenue  en  hiver  à + 18». 

Voilà  bien  des  serres,  dira-t-on,  pour  les 
mêmes  plantes.  Permettez-nous  de  vous 
répondre  que  ce  n’est  pas  encore  assez  et 
que  nous  avons  dû  faire  construire  un  grand 
jardin  d’hiver  froid  pour  les  Palmiers  qui 
supportent  une  température  moyenne  de 
+ 4 à 5».  Si  un  pareil  matériel  est  dispen- 
dieux, nous  devons  ajouter  que  l’amateur 
est  largement  récompensé  de  ses  sacrifices 
en  voyant  prospérer  sans  peine  les  espèces 
les  plus  difficiles  et  les  plus  variées. 

Nécessité  de  faire  un  choix  des  espèces 
à cultiver.  — Aujourd’hui  les  collections 
spéciales  renfermant  au-delà  de  500  à 600 
Palmiers,  ne  sont  pas  très-rares  ; on  com- 
prend toutefois  que  le  simple  amateur  ne 
puisse  s’imposer  le  luxe  d’une  pareille  dé- 
pense ; aussi,  pour  lui  faciliter  le  choix  des 
espèces  à cultiver  propres  à former  une 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  167. 


CULTURE  PRATIQUE  DES  PALMIERS. 


193 


collection  variée,  nous  en  donnerons  plus 
tard  une  liste  détaillée,  avec  l’indication  de 
la  serre  convenant  à chaque  variété,  et  de  la 
hauteur  moyenne  que  chaque  plante  peut 
atteindre  généralement  dans  la  culture. 

Culture,  soins  divers.  — Pour  ce  qui 
concerne  la  culture  proprement  dite,  nous 
prierons  nos  lecteurs  de  compléter  les  in- 
dications que  nous  donnons  aujourd’hui  par 
les  nôtres  déjà  publiées  dans  ce  recueil,  sous 
le  titre  de  : Culture  forcée  des  Palmiers  (1). 

Les  serres  qui  contiendront  ces  végétaux 
devront  être  parfaitement  aérées,  surtout 
celles  qui  sont  froides  ou  tempérées.  La 
haute  serre  chaude,  particulièrement,  devra 
être  aérée  par  des  châssis  ouvrant  sous  le 
faîtage,  afin  d’éviter  les  courants  d’air;  une 
chaleur  étouffée  est  selon  nous  très-utile 
pour  les  plantes  tropicales,  et  avec  beaucoup 
d’air  il  est  impossible  d’obtenir  une  cha- 
leur humide  ; c’est  surtout  dans  cette  der- 
nière serre  que  les  tuyaux  à gouttières 
trouveront  une  heureuse  application. 

Chauffage.  — Nous  ne  saurions  trop 
recommander  aux  jardiniers  de  chauffer 
lentement  leur  appareil  et  de  ne  mettre  leur 
chaudière  en  plein  feu  que  pendant  les  va- 
riations les  plus  basses  de  l’atmosphère; 
encore  faudrait-il,  dans  ce  cas-là,  avoir 
soin  de  bassiner  les  tuyaux,  pour  em- 
pêcher l’air  de  se  dessécher.  Un  thermo- 
siphon surchauffé  donne  certainement  une 
température  plus  élevée,  mais  les  plantes  en 
souffrent.  Pour  obvier  à cet  inconvénient 
grave,  nous  conseillons  une  longueur  de 
tuyaux  considérable  et  un  feu  doux. 

Arrosements.  — Si  les  plantes  ainsi 
chauffées  extérieurement  ont  en  même  temps 
un  peu  de  chaleur  de  fond,  elles  pourront 
être  maintenues  en  pleine  végétation,  c’est- 
à-dire  être  copieusement  arrosées  toute  l’an- 
née; il  serait  téméraire,  en  effet,  de  vouloir 
appliquer  le  même  traitement  aux  plantes 
de  serre  froide  ou  tempérée;  à plus  forte 
raison  encore  si  l’on  est  obligé  de  placer 
dans  ce  milieu  des  espèces  réputées  de 
serre  chaude  et  qui  pourront  certainement 
y vivre  malgré  l’abaissement  de  la  tempéra- 
ture exigée  par  elles  ordinairement,  quand 
on  aura  le  soin  de  les  tenir  très-sèches.  En 
hiver,  moins  vous  donnez  de  chaleur  ar- 
tificielle, plus  vous  devez  diminuer  les 
arrosements.  Nons  ne  pouvons  pas  donner 
de  meilleure  preuve  à cette  règle  que  ce 
qui  nous  est  arrivé  pendant  le  terrible  hiver 
de  1870-71. 

(1)  Voir  notre  article  sur  la  Culture  forcée  des 
Palmiers,  Rev.  hort.,  l.  c. 


Le  charbon  allait  manquer,  et  nous  ne 
savions  pas  où  et  quand  il  nous  serait  pos- 
sible de  nous  en  procurer;  pour  économiser 
le  combustible,  on  abaissa  la  témpérature 
des  serres;  tous  les  Palmiers,  même  les 
plus  délicats,  furent  privés  d’humidité,  tenus 
à Vétat  sec,  comme  l’on  dit  dans  la  pratique  ; 
nous  avons  pu  conserver  avec  une  tempé- 
rature de  -h  5o  pendant  près  de  trois  se- 
maines, sans  qu’ils  se  soient  tachés,  des 
Pandanus  utilis,  candelahrum  et  fur- 
catus;  des  Acrocomia,  Carludovica  pal- 
mata,  Ceroxylon,  Cocos,  Chamcedoreas, 
Orenga  et  Wallichias  caryotdides.  Notre 
haute  serre  chaude  devenue  serre  tempérée 
par  la  force  des  choses  abritait  : le  Phœ~ 
nicophorium  Sechellarum,  des  Calamus, 
Geo7ioma,  Latania  7'uhra,  des  Pandcmus 
ornatus  et  Javanicus,  ainsi  que  des  A^i- 
thurium,  Alocasia  et  Colocasia,  Cissus, 
etc.,  etc.  C’est  cet  exemple  concluant  qui 
nous  fait  dire  qu’une  très-haute  tempé- 
rature n’est  pas  absolument  nécssaire  pour 
faire  passer  l’hiver  aux  Palmiers. 

Température.  — Cependant,  pour  ob- 
tenir une  belle  et  vigoureuse  végétation,  la 
chaleur  de  fond  est  nécessaire,  ainsi  que 
des  arrosements  abondants,  auxquels  de 
temps  en  temps  on  ajoutera  de  l’engrais 
liquide  composé  de  purin  (de  vache),  de 
sang  des  abattoirs,  de  gros  sel,  de  guano, 
de  poudrette,  et  enfin  de  sulfate  de  fer  qui 
enlève  à 1^  fois  la  mauvaise  odeur  de  ce  mé- 
lange, tout  en  lui  communiquant  un 
principe  très -favorable  à la  végétation. 

Bâches-aquariums.  — Beaucoup  de  Pal- 
miers aiment  l’humidité,  au  point  qu’il  est 
indispensable  de  tenir  leurs  pots  dans  de 
l’eau  à la  température  de  la  serre,  pour 
ceux  de  serre  froide,  et  de  cultiver  les  es- 
pèces plus  délicates  dans  un  aquarium 
chauffé.  A Herrenhausen,  tous  les  Palmiers 
cultivés  sous  la  direction  de  M.  H.  Wend- 
land  reposent  sur  des  bâches  en  ciment, 
dont  la  surface  est  disposée  en  bassins  de  8 
à 10  centimètres  de  profondeur,  dans  les- 
quels on  entretient  une  couche  d’eau  de  1 à 
2 centimètres,  qui  chaque  jour  est  absorbée 
par  les  plantes;  les  espèces  très-délicates 
des  tropiques,  telles  que  leMauritiacarana, 
par  exemple,  sont  cultivées  au-dessus  de 
V Aquarium  de  la  Victoria  regia,  en  com- 
pagnie d’une  multitude  de  superbes  Aroïdées 
qui  se  trouvent  fort  bien  de  ce  traitement. 

Terre.  — La  terre  destinée  aux  Palmiers 
doit  être  sèche,  légère  et  sablonneuse  tout 
à la  fois  ; nous  donnons  à ceux  de  serre 
chaude  le  compost  suivant  : trois  parties  de 


194 


DU  POISON  CURARE. 


terre  de  bruyère  ordinaire  peu  écrasée,  une 
partie  de  sable,  une  partie  de  terreau  de 
feuilles  peu  décomposées.  Pour  ceux  de 
serre  froide,  nous  remplaçons  la  terre  de 
bruyère  par  du  terreau  bien  décomposé, 
auquel  on  mélange  de  la  bonne  terre  de 
jardin. 

Multiplication.  — Nous  n’entrerons  pas 
ici  dans  tous  les  détails  de  la  multiplication 
des  Palmiers,  qui  à peu  près  tous  s’obtien- 
nent à l’aide  de  graines  qu’il  est  facile  de 
faire  lever  sous  l’influence  d’une  grande 
humidité  et  d’une  haute  température  ; quel- 
ques espèces  se  multiplient  aisément  par  la 
division  des  touffes.  Nous  tenons  seulement 
à rappeler  que  les  jeunes  exemplaires  livrés 
par  les  horticulteurs  devront  toujours  être 
placés  dans  un  milieu  très-chaud,  et  être 
tenus  dans  une  serre  analogue  à celle  dont 
on  fait  usage  pour  les  jeunes  plantes  tropi- 
cales ; dès  que  cesjeunes  sujets  seront  durcis, 
on  les  livrera  aux  serres  plus  élevées,  qui 
alors  seront  ombrées  avec  soin. 

Ombrage  des  serres.  — Si  la  chaleur 
dont  on  dispose  nous  a déjà  donné  les  pro- 
portions des  arrosements,  elle  nous  fournit 
encore  les  indications  relatives  à l’ombrage 
des  serres.  Quand  les  plantes  exigent  la 
chaleur  humide,  on  doit  les  abriter  davan- 
tage contre  les  rayons  solaires;  du  reste, 
l’usage  en  apprendra  plus  que  des  volumes 
sur  ce  sujet  ; n’oublions  pas  cependant  que 
si  les  hommes  supportent  à la  longue  les 
climats  les  plus  durs,  les  plantes  s’habituent 
aussi  facilement  au  froid  et  au  soleil  ; c’est 
purement  et  simplement  chez  elles  une 
question  d’acclimatation  : comme  à nous, 
l’habitude  leur  donne  une  seconde  nature. 

Maladies  des  Palmiers.  — Les  Palmiers 
bien  cultivés  sont  rarement  malades  ; dès 
que  la  végétation  se  ralentit,  il  faut  l’activer 
par  une  bonne  chaleur  de  fond  et  par  les 
engrais  liquides.  Les  racines  qui  paraissent 
au-dessus  du  pot  et  sous  le  collet  de  la 
plante  souffrent  de  la  sécheresse  et  des 
variations  brusques  de  la  température;  il 
est  donc  utile  de  remédier  à ces  inconvé- 
nients, ce  à quoi  l’on  parvient  facilement  en 

DU  POISO 

De  tous  les  poisons  que  fournissent  les 
végétaux,  le  curare,  dont  nous  allons  par- 
ler, est  assurément  un  des  plus  célèbres. 
En  effet,  c’est  le  fameux  poison  légendaire 
que  fabriquent  de  nombreuses  tribus  dans 
certaines  parties  de  l’archipel  Malais,  tels 


les  couvrant  de  terre  de  bruyère  grossière- 
ment concassée,  et  en  mettant  du  spha^rnum 
tout  autour  du  collet  ; les  Areca,  Juhœa, 
Phœnix,  traités  ainsi,  reprennent  une  vi- 
gueur toute  nouvelle.  Les  plantes  dont  les 
racines  sont  pourries  se  refont  assez  vite  en 
les  plongeant  en  pleine  couche  de  tannée  ; 
et  surtout,  si  l’on  a le  soin  d’entourer  la 
motte  de  terre  de  sphagnum,  alors  bientôt 
de  jeunes  racines  paraîtront  : c’est  le  moment 
favorable  pour  remettre  en  pot  et  ensuite 
sur  couche  chaude. 

Insectes  nuisibles,  — Peu  d’insectes  sont 
nuisibles  aux  Palmiers;  les  thrips  et  les 
poux,  qui  sont  les  principaux,  viennent  prin- 
cipalement sur  les  plantes  malades  ou  peu 
vigoureuses;  on  les  rencontre  rarement  sur 
un  sujet  bien  portant.  Pour  se  débarrasser  de 
ces  parasites  et  de  ce  que  les  jardiniers 
appellent  la  grise,  on  devra  laver  souvent  les 
plantes  avec  une  éponge  ou  une  brosse  fine 
trempée  dans  de  l’eau  de  tabac  à laquelle  on 
ajoutera  du  savon  noir  et  de  la  fleur  de 
soufre.  Si  les  plantes  sont  fortement  atta- 
quées, comme  soin  préservatif,  le  lavage  à 
l’eau  de  savon  donne  de  bons  résultats,  ainsi 
que  des  fumigations  de  tabac  répétées  qua- 
tre ou  cinq  fois  par  hiver.  En  été,  avec  d’a- 
bondants bassinages,  aucun  accident  de  ce 
genre  n’est  à redouter. 

Les  procédés  de  culture  que  nous  venons 
d’énumérer  sont  le  fruit  de  longues  et  atten- 
tives observations  faites  dans  nos  cultures, 
et  aussi  le  résultat  de  nos  visites  aux  grands 
établissements  horticoles  français  et  étran- 
gers ; nous  avons  pris  un  peu  partout  où 
nous  avons  trouvé  des  choses  utiles  et  pra- 
tiques. Puisse  ces  notes  sans  prétention  être 
favorablement  accueillies  ! Nous  publierons 
prochainement  une  liste  générale  des  Pal- 
miers avecleurssynonymes,  leur  provenance 
et  la  température  qui  convient  à chacun 
d’eux,  en  ajoutant  à ces  divers  renseigne- 
ments la  hauteur  moyenne  à laquelle  ces 
plantes  peuvent  atteindre  dans  les  cultures. 

Alphonse  D***, 

Amateur. 


CURARE 

que  Java,  Sumatra,  Bornéo,  etc.,  ainsi  que 
dans  beaucoup  d’autres  contrées  de  l’Amé- 
rique méridionale.  Il  est  peu  de  personnes, 
peu  d’enfants  même,  qui  n’aient  entendu 
parler  de  ces  poisons,  avec  lesquels  « les 
sauvages  empoisonnent  leurs  flèches.  » 


DU  POISON  CURARE. 


m 


On  a tant  dit  et  même  écrit  sur  les  pro- 
priétés du  curare,  que  certaines  personnes 
ont  été  tentées  de  mettre  en  doute  non  seu- 
lement ses  propriétés,  mais  le  poison  lui- 
même,  et  cependant  rien  n’est  plus  vrai  que 
ces  deux  choses.  Mais  ce  qui  est  moins 
connu,  c’est  l’origine  exacte  du  poison,  ou 
plutôt  des  poisons,  ce  que  nous  allons  es- 
sayer de  démontrer,  en  nous  appuyant  du 
témoignage  d’hommes  compétents. 

Dans  une  brochure  intitulée  : Recherches 
sur  les  poisons  de  V Amérique  méridio- 
nale, et  au  sujet  des  curares  des  tribus  in- 
diennes du  Brésil  (province  du  Para),  M.  le 
docteur  F. -A.  Vincent,  premier  pharmacien 
en  chef  de  la  marine,  s’est  tout  particulière- 
ment occupé  de  l’étude  de  cette  question  : 
les  quelques  extraits  que  nous  avons  faits  de 
ce  travail,  et  que  nous  allons  mettre  sous 
les  yeux  de  nos  lecteurs,  démontreront, 
ainsi  que  nous  le  disons,  qu’on  est  loin 
d’être  d’accord  sur  la  nature  des  produits, 
et,  d’une  autre  part,  que  diverses  plantes 
entrent  dans  leur  composition.  Des  trois 
vases  qu’il  a figurés,  servant  tout  particu- 
lièrement à renfermer  les  curares,  et  qui, 
du  reste,  diffèrent  peu  les  uns  des  autres, 
l’un  est  exactement  semblable  à celui  que 
nous  reproduisons  figure  21,  lequel  a été 
dessiné  sur  un  modèle  venant  directement 
du  Para,  et  qui  contenait  du  curare  ;\\  avait 
été  rapporté  par  M.  Baraquin,  et  donné  à 
M.  Houllet,  qui  a bien  voulu  nous  le  com- 
muniquer, ce  qui  nous  a permis  de  repro- 
duire, d’examiner,  et  d’en  expérimenter  le 
contenu.  Ce  vase,  qui  est  authentique,  peut 
donc  être  considéré  comme  une  marque  de 
fabrique,  pourrait-on  dire,  et  une  sorte  de 
garantie  de  la  marchandise  qu’il  renferme. 
En  effet,  les  expériences  faites  avec  le  cu- 
rare qu’il  contenait  ont  démontré  son  éner- 
gique action,  qui  n’est  point  affaiblie,  mal- 
gré le  nombre  d’années  écoulées  depuis  sa 
préparation. 

Après  avoir  démontré  par  une  sorte  de 
dissertation  et  par  quelques  citations  qu’il 
est  difficile  de  s’entendre  sur  le  curare, 
qu’il  en  est  de  plusieurs  sortes  et  faits  avec 
des  plantes  diverses,  M.  le  docteur  Vincent 
consacre  quelques  lignes  au  curare  des  In- 
diens Mandrucus,  dont  il  fait  connaître 
l’analyse,  mais  sans  indiquer  les  plantes  qui 
fournissent  cette  substance  ; et  il  agit  de 
même  en  ce  qui  concerne  le  curare  du  Para. 
Dans  une  de  ses  dissertations,  M.  Vincent 
cite  le  passage  suivant  de  A.  de  Humboldt  et 
A.  Bonpland  : « Il  n’y  a aucune  preuve  que 
les  différents  poisons  vendus  sous  le  même 


nom  à rOrénoque  et  à l’Amazone  soient 
identiques  et  tirés  des  mêmes  plantes.  A 
rOrénoque  on  distingue  le  curare  de  Raiz 
(des  racines)  du  curare  de  Bejuco  (des 
lianes  ou  d’écorce  des  branches);  le  pre- 
mier est  faible  et  beaucoup  moins  recher- 
ché. ))  Plus  loin,  M.  Vincent  cite  une  note 
de  M.  Milleroux,  insérée  dans  les  Comptes- 
rendus  deV Académie  des  sciences  (vol.  47, 
p.  973),  et  dont  il  cite  ce  passage  : « ...  Il 
ne  semble  plus  permis  aujourd’hui,  dit 
M.  Milleroux,  d’ignorer  que  le  poison  wrari 
ou  kurari  des  forêts  de  la  Guyane  et  le 
curare  du  haut  Orénoque  ne  sont  autre 
chose  que  le  suc  concentré  de  l’écorce  de 
certaines  lianes  appartenant  aux  Strych- 
nées  (1).  ))  M.  Milleroux  ajoute  : « Le  curieux 
sujet  du  poison  à flèches  des  Indiens  m’a 
occupé  pendant  un  séjour  de  quelques  an- 
nées que  j’ai  fait  à la  Guyane  britannique  ; 
et  dans  une  de  mes  excursions  sur  le  haut 
Mazarony,  j’ai  pu  me  procurer,  de  la  main 
même  des  Indiens  Acaways,  plein  une 
demi-calebasse  d'urari.  Le  diamètre  de 
cette  coupe  est  de  55  millimètres,  et  sa  pro- 
fondeur de  50  millimètres.  lAurari  y fut 
coulé  encore  cbaud  et  liquide,  et  a mainte- 
nant la  dureté  d’une  résine.  )) 

Après  avoir  dit  quelques  mots  du  curare 
des  Indiens  Mandrucus,  mais  sans  rien 
rapporter  ni  de  son  origine,  ni  de  sa  nature, 
et  qu’il  a étudié  seulement  au  point  de  vue 
chimique,  M.  Vincent  aborde  la  question 
du  curare  du  Para,  dont  il  a dit  seulement 
avoir  reçu  un  échantillon  de  M.  Gauthier, 
chirurgien  de  classe  de  la  marine,  qui  le 
tenait  de  M.  L.  Ribeizo  dos  Guimarœns 
Peincoto,  capitaine  dans  l’armée  brésilienne, 
resté  en  garnison  pendant  six  mois  au  Para, 
et  dont  il  se  borne  à faire  connaître  la 
composition,  ainsi  que  certaines  propriétés 
chimiques  et  pathologiques.  Il  fait  égale- 
ment connaître  la  forme  et  les  dimensions 
du  vase  dans  lequel  cet  échantillon  de  cu- 
rare était  contenu,  et  qui  sont  exactement 
semblables  à celle  du  vase  que  représente 
la  figure  21. 

Le  document  probablement  le  plus  im- 
portant qui  ait  été  publié  sur  ces  poisons, 
avec  lesquels  les  Indiens  empoisonnent  leurs 
flèches,  est  de  Leschenault  ; il  a été  repro- 
duit dans  les  Annales  du  Muséum  (1810, 
V.  16,  p.  459);  il  a pour  titre:  Mémoire 
sur  le  Strychnos  tieute  et  TAntiaris 
TOXiCARiA  (fîg.  20),  plantes  vénéneuses  de 
Vile  de  Java,  avec  le  suc  desquelles  les  in- 

(1)  StrycJmos  toxifera,  urari;  Str.  Schomhur- 
ghii,  YAKKi;  Str.  cogens,  arimaru. 


DU  POISON  CURARE. 


196 

digènes  empoisonnent  leurs  flèches.  Nous 
allons  en  extraire  quelques  passages  : 

« ....  Lorsque  je  partis  pour  le  voyage  des 
découvertes  aux  terres  australes,  dit  Les- 
chenault,  le  respectable  et  savant  profes- 
seur, M.  de  Jussieu,  me  recommanda,  dans 
le  cas  où  j’aborderais  à Java,  de  prendre  à 
cet  égard  — il  s’agit  des  poisons  curares  — 
le  plus  possible  de  renseignements.  D’heu- 
reux hasards  et  quelque  persévérance  dans 
mes  recherches  m’ont  instruit  ; je  peux 
aujourd’hui  en  parler  avec  certitude. 

((  Je  me  suis  procuré  non  seulement  les 
deux  espèces  de  poisons  ou  upas  qui  se  re- 
cueillent et  se  préparent  à Java,  mais  en- 
core ceux  des  îles  Bornéo  et  Macassar... 
Je  vais  donner  ici  l’histoire  de  ces  poisons, 


la  manière  de  les  préparer,  et  la  description 
des  plantes  qui  les  fournissent. 

Ce  fut  à Sumanap,  sur  l’île  de  Madura, 
que  je  me  procurai  le  poison  qu’on  nomme 
ipo  dans  l’île  de  Bornéo.  Une  barque,  ve- 
nant de  ce  pays,  avait  à bord  un  de  ces 
hommes  qui  habitent  dans  l’intérieur  des 
montagnes,  et  qu’on  nomme  orang-daias ; 
ces  hommes  sont  faciles  à reconnaître,  parce 
que  tous  se  tatouent  les  bras  avec  une  subs- 
tance bleue  que  je  crois  être  de  l’indigo.  Ce 
sont  eux  seuls,  dans  l’île,  qui  possèdent  le 
secret  des  plantes  qui  fournissent  l’ipo,  et 
qui  savent  le  préparer;  ils  le  conservent 
roulé  avec  soin  dans  des  feuilles  de  Pal- 
mier. Les  orang-daias,  soit  pour  détourner 
la  curiosité,  soit  par  amour  de  cette  gloire 
qui  est  généralement  attachée  à ceux  qui 


ont  surmonté  les  difficultés  d’une  entreprise 
hasardeuse,  parlent  beaucoup  des  dangers 
qu’il  y a d’aller  recueillir  Vipo.  Celui  que 
je  vis  possédait  une  sarbacane  armée  d’une 
pique,  et  un  petit  carquois  rempli  de  flèches 
empoisonnées  ; ce  sont  les  armes  les  plus 
usitées  parmi  ces  insulaires  ; ils  s’en  servent 
à la  chasse  et  à la  guerre  ; je  les  lui  ache- 
tai, ainsi  que  trois  rouleaux  remplis  à'ipo, 
sur  la  récolte  et  la  préparation  duquel  il  ne 
me  dit  rien  de  raisonnable. 

((  ...Les  flèches  qui  servent  à la  chasse 
ont  leur  pointe  taillée  en  fer  de  lance  et  en- 
duite à'ipo  ; celles  destinées  pour  la  guerre 
ont  à leur  extrémité  une  petite  dent  de  re- 
quin, ou  une  petite  lame  de  cuivre  qui,  lé- 
gèrement enfoncée  dans  la  hampe  de  la 
flèche,  n’est  retenue  que  par 
la  gomme-résine  de  Vipo;  la 
chaleur  du  sang  la  faisant 
promptement  dissoudre,  la 
pointe  reste  implantée  dans  la 
plaie,  lors  même  qu’on  re- 
tire la  flèche,  et  la  quantité 
de  poison  dont  elle  est  enduite 
se  mêle  au  sang  et  cause  la 
mort  la  plus  prompte.  Je  fis 
plusieurs  expériences  avec  de 
petites  flèches  enduites  de 
cet  ipo,  sur  des  poules  et  un 
chien  : les  poules  moururent 
au  bout  de  une,  deux  ou 
trois  minutes,  selon  que  je 
laissai  dissoudre  davantage  du 
poison  dans  les  plaies  ; le 
chien  mourut  au  bout  de  huit 
minutes  : j’avais  enfoncé  la 
flèche  dans  la  partie  anté- 
rieure de  la  cuisse  d’envi- 
ron un  demi -pouce,  et  je 
l’y  laissai  jusqu’à  la  mort.  Tous  ces  ani- 
maux périrent  dans  de  violentes  convul- 
sions de  tétanos,  qui  les  renversaient  en 
arrière  et  étaient  intermittentes...  Il  en 
existe  deux  espèces,  connues  sous  le  nom 
diupas,  avec  lesquelles  les  habitants,  prin- 
cipalement de  la  partie  orientale,  enduisent 
de  petites  flèches  en  Bambou  qu’ils  lancent 
avec  des  sarbacanes,  et  dont  ils  se  servent 
pour  la  chasse;  ils  mêlent  aussi  Vupas  avec 
du  Biz  ou  des  fruits,  et  font  de  ce  mélangé 
un  appât  qui  donne  promptement  la  mort 
aux  animaux  qui  en  mangent  (1).  La  chair 
des  animaux  morts  de  cette  manière,  ou  de 
ceux  qui  ont  été  blessés  avec  des  flèches 

(1)  C’est  un  usage  analogue  à celui  que  l’on  fait 
chez  nous  avec  la  Noix  vomique,  qui  est  aussi  une 
Strychnée  {St7'ychnos  nux  vomicd). 


Fig.  20.  — Rameau  à'A  ntiaris  toxicaria,  portant  des  fleurs  mâles 
et  des  fleurs  femelles.  — A côté  et  détachées,  une  fleur  mâle  et 
une  fleur  femelle  grossies. 


DU  POISON  CURARE. 


197 


empoisonnées,  ne  conserve  aucune  qualité 
nuisible  ; il  faut  avoir  seulement  le  soin  d’en- 
lever les  parties  qui  ont  été  en  contact  im- 
médiat avec  ces  poisons.  Les  plantes  qui  les 
produisent  ne  paraissent  croître  que  dans  la 
province  de  Bagnia-  Vangni.  L’un  de  ces 
poisons  se  nomme  upas  antiar;  l’autre 
upas  tient é. 

« ...  Ce  fut  un  Javanais,  que  je  pris  à 
mon  service,  et  qui  me  tuait  des  oiseaux 
avec  des  flèches  enduites  de  Vupas  antiar, 
qui  me  fît  connaître  l’arbre  qui  donnait  ce 
poison,  et  m’apprit  sa  préparation  en  la  fai- 
sant devant  moi.  Voyant  que  j’attachais  du 
prix  à celte  connaissance,  il  me  dit  qu’il  y 
avait  dans  la  montagne  des  hommes  qui  con- 
naissaient une  autre  espèce  à'upas  qui  était 
encore  plus  violent  ; que  pour  lui  il  ignorait 
ce  que  c’était  ; qu’on  disait  seulement  que 
ces  hommes  l’allaient  chercher  au  loin  et 
dans  des  lieux  d’un  difficile  et  dangereux 
accès.  Je  le  chargeai  aussitôt  de  faire  venir 
un  de  ces  hommes,  auquel  je  donnai  de 
l’argent,  en  lui  promettant  davantage  s’il 
m’instruisait;  il  me  répondit  qu’il  avait  bien 
en  effet  de  ce  poison,  mais  que  c’était  un 
homme  mort  depuis  longtemps  qui  le  lui 
avait  donné,  sans  lui  dire  où  il  l’avait  pris. 
En  même  temps  il  m’offrit  de  m’en  vendre. 
Je  lui  dis  que  ce  n’était  pas  Vupas  que  je 
voulais,  mais  seulement  la  connaissance  du 
lieu  dont  il  venait,  et  des  plantes  qui  le 
fournissaient  ; que  s’il  avait  pu  et  voulu  me 
l’apprendre,  je  lui  aurais  donné  l’argent 
qu’il  m’aurait  demandé.  Je  fis  en  même 
temps  briller  à ses  yeux  quelques  piastres, 
qui  excitèrent  sa  cupidité.  Il  m’avoua  alors 
que  c’était  une  liane  nommée  tieuté,  qui 
croissait  dans  les  bois  des  environs,  qui 
fournissait  cet  upas;  que  c’était  avec  l’écorce 
de  la  racine  qu’on  le  préparait;  que  ceux 
qui  avaient  le  secret  ne  faisaient  cette  pré- 
paration qu’en  cachette  et  au  milieu  des 
bois.  Il  me  conduisit  alors  à une  demi- 
lieue  du  fort  hollandais,  dans  un  endroit  où 
je  vis  plusieurs  de  ces  lianes  ; elles  étaient 
sans  fleurs  et  sans  fruits.  Je  pris  plusieurs 
échantillons  de  la  plante,  tandis  que  le  Ja- 
vanais déterra  et  enleva  de  grands  mor- 
ceaux de  la  racine.  Revenu  chez  moi,  il  la 
rapa  avec  soin,  ayant  grande  attention  de  ne 
point  mêler  de  morceaux  de  bois  avec 
l’écorce,  qu’il  rassembla,  et  dont  il  mit  une 
partie  dans  un  pot  de  cuivre  avec  de  l’eau. 
Quand  cette  écorce  eut  bouilli  quelquetemps, 
il  décanta  la  décoction,  et  y mit  une  autre 
portion  d’écorce,  opération  qu’il  renouvela 
trois  fois  ; alors  il  laissa  réduire  cet  extrait 


jusqu’à  consistance  d’une  mélasse  épaisse. 
Quand  la  préparation  fut  sur  le  point  d’être 
achevée,  il  jeta  dedans  deux  Oignons,  une 
gousse  d’Ail,  une  forte  pincée  de  poivre, 
deux  morceaux  de  la  racine  du  Kœmpferia 
galenga,  nommé  en  malais  Konkior,  trois 
petits  morceaux  de  Gingembre,  nommé  en 
malais  Djiahe,  et  une  seule  graine  de  Cap^ 
sicum  fruticosum  ou  Piment.  Ce  mélange 
étant  fait,  il  laissa  très-peu  de  temps  le  ré- 
sidu sur  le  feu  ; il  le  nettoya,  ayant  soin  de 
détourner  la  tête  pour  ne  pas  respirer  la  va- 
peur qui  sortait  du  vase.  Trois  livres  envi- 
ron d’écorce  me  donnèrent  à peu  près 
quatre  onces  d’extrait.  J’en  enduisis  sur-le- 
champ  deux  morceaux  de  Bambous,  et  se- 
lon l’avis  du  Javanais,  je  les  laissai  sécher 
avant  de  m’en  servir.  Alors  je  piquai  une 
poule  de  moyenne  grosseur  à l’estomac,  elle 
périt  dans  l’espace  d’environ  une  minute 


Fig.  21.  — Vase  en  terre  cuite,  fabriqué  par  les 
Indiens  du  Para , contenant  le  poison  curare 
upas  antiar  (2/3  de  grandeur  naturelle). 


dans  de  violentes  convulsions  ; une  autre 
poule,  adulte  et  vigoureuse,  périt  de  la 
même  manière  au  bout  de  deux  minutes,  par 
l’effet  d’une  piqûre  faite  au  bas  de  la  jambe  ; 
un  coq  sauvage,  très-vigoureux,  piqué  à la 
cuisse  avec  une  petite  flèche  enduite  de  cet 
upas  resté  trois  jours  à l’air,  périt  au  bout 
de  quatre  minutes  ; deux  chiens  sont  morts 
au  bout  d’une  demi-heure. 

« Vupas  antiar  se  prépare  avec  la 
gomme-résine  qui  découle  d’un  arbre  très- 
grand,  au  moyen  d’entailles  faites  à son 
tronc.  La  préparation  de  ce  poison  se  fait 
à froid  dans  un  vase  de  terre  : on  mêle  à la 
gomme-résine  les  graines  du  Capsicum 
fruticosum,  du  poivre,  de  l’Ail,  les  racines 
du  Kœmpferia  galenga,  du  Maranta  ma- 
laccensis,  nommé  par  les  Malais  Banglé,  et 
celles  du  Costus  arahicus,  nommé  Kontjié. 
On  mélange  lentement  chacune  de  ces  subs- 
tances écrasées,  à l’exception  des  graines 


m 


DU  POISON  CURARE. 


du  Capsicum  fruticosum^  que  l’on  enfonce 
précipitamment  une  à une  au  fond  du  vase 
au  moyen  d’une  petite  baguette  de  bois. 
Chaque  graine  détermine  une  légère  fer- 
mentation et  remonte  à la  surface,  d’où  on 
la  retire  pour  en  remettre  une  autre,  jus- 
qu’au nombre  de  huit  à dix  ; alors  la  pré- 
paration est  terminée.  Les  effets  de  Vupas 
antiar  sur  l’économie  animale  sont  moins 
prompts  que  ceux  de  Vupas  tieuté;  il  n’agit 
pas  non  plus  de  la  meme  manière.  Une  pe- 
tite poule  d’eau,  que  je  piquai  à la  cuisse 
avec  une  flèche  enduite  du  poison  nouvelle- 
ment préparé,  mourut  au  bout  de  trois  mi- 
nutes ; à l’instant  d’expirer,  elle  a eu  une 
forte  convulsion,  et  a rendu  en  même  temps 
par  le  bec  la  nourriture  qu’elle  avait  dans 
l’estomac.  Un  azurin,  nommé  en  malais 
ponglor,  oiseau  de  la  grosseur  d’une  grive, 
également  piqué  à la  cuisse,  est  mort  dans 
le  même  espace  de  temps  et  avec  les  mêmes 
symptômes,  h'upas  antiar  a occasionné  à 
tous  les  animaux  blessés  de  fortes  évacua- 
tions par  toutes  les  voies,  ordinairement 
teintes  en  vert  et  écumeuses...  Il  résulte  de 
ces  observations  que  Vupas  antiar  agit 
d’abord  comme  purgatif  et  vomitif;  son  ac- 
tion se  porte  ensuite  sur  le  cerveau,  en 
trouble  les  fonctions,  et  cause  la  mort  avec 
des  convulsions  tétaniques.  Uipo  de  Ma- 
cassar  agit  de  la  même  façon,  ce  qui  peut 
faire  supposer  qu’il  est  le  même  que  Vupas 
antiar.  Le  même  raisonnement  a lieu  pour 
Vipo  de  Bornéo,  qui  provient  du  suc  de 
grandes  lianes,  et  qui  agit  de  la  même  ma- 
nière que  Vupas  tieuté,  auquel  il  ressemble 
aussi  pour  la  saveur,  qui  est  d’une  amer- 
tume excessive.  Aussi,  je  pense  que  c’est  la 
même  substance,  mais  la  préparation  dif- 
fère. A Java,  ce  poison  préparé  ressemble  à 
une  mélasse  épaisse  et  très-brune,  qu’on 
conserve  dans  des  petits  tuyaux  de  Bam- 
bou : tel  est  celui  que  j’ai  rapporté.  Celui 
de  Bornéo,  au  contraire,  est  concret  et  se 
conserve  dans  des  feuilles  de  Palmier. 
Pour  lui  donner  cette  consistance  sèche,  il 
paraît  qu’on  le  mélange  avec  une  sorte  de 
terre.  J’ai  fait  dissoudre  dans  de  l’eau  Vipo 
de  Bornéo;  il  s’est  précipité  au  fond  du  vase 
une  substance  brune  et  friable,  qui,  après 
avoir  été  lavée  à grande  eau  et  séchée, 
n’avait  que  très-peu  d’amertume.  V Antiar 
est  un  arbre  monoïque,  d’un  genre  nou- 
veau, que  je  nomme  Antiaris  toxicaria 
(figure  21);  il  est  très-grand...  Son  tronc 
est  droit,  et  offre  à sa  base  des  exostoses  pa- 
reils à ceux  du  tronc  du  Canarium  corn- 
mune  ; son  écorce  est  blanchâtre  et  lisse, 


son  bois  blanc  ; ses  feuilles  tombent  avant 
la  floraison,  et  ne  repoussent  qu’après  la 
chute  des  fleurs  mâles,  lorsque  les  germes 
sont  fécondés;  elles  sont  ovales,  coriaces, 
ordinairement  crispées,  d’un  vert  pâle, 
d’une  consistance  sèche  et  rude.  Le  suc  de 
cet  arbre  est  très-visqueux,  d’une  saveur 
amère;  celui  qui  sort  des  jeunes  branches 
est  blanc;  celui  du  tronc  est  jaunâtre  ; il 
coule  abondamment  quand  on  fait  une  in- 
cision à l’écorce.  )) 

On  avait  aussi  rapporté  que  le  voisinage 
de  V Antiaris  toxicaria  était  redoutable  soit 
aux  animaux,  soit  même  à l’homme,  ce  qui 
paraît  être  contraire  à la  vérité.  Voici  ce 
qu’en  dit  Leschenault  : 

((  L’arbre  qui  m’a  fourni  les  échantillons 
que  j’ai  rapportés  avait  plus  de  100  pieds 
de  hauteur,  et  son  tronc  environ  18  pieds  de 
tour  vers  sa  base.  Un  Javanais,  que  je  char- 
geai d’aller  me  chercher  des  branches  fleu- 
ries de  cet  arbre,  fut  obligé,  pour  y monter, 
de  faire  des  entailles.  A peine  parvenu  à 
25  pieds , il  se  trouva  incommodé  et 
fut  obligé  de  descendre.  Il  enfla  et  fut  ma- 
lade plusieurs  jours,  éprouvant  des  vertiges, 
des  nausées  et  des  vomissements,  tandis 
qu’un  second  Javanais,  qui  monta  jusqu’au 
sommet,  ne  fut  nullement  incommodé. 
Ayant  ensuite  fait  abattre  un  de  ces  arbres, 
qui  avait  4 pieds  de  tour,  je  me  suis 
promené  au  milieu  de  ses  branches  rom- 
pues ; j’ai  eu  les  mains  et  même  le  visage 
couverts  de  la  gomme-résine,  et  je  n’ai 
point  été  incommodé  ; il  est  vrai  que  j’ai  eu 
la  précaution  de  me  laver  aussitôt.  L’ap- 
proche de  V Antiar  n’est  pas  nuisible  aux 
animaux  : j’ai  vu  des  lézards  et  des  insectes 
sur  son  tronc,  et  des  oiseaux  perchés  sur 
ses  branches,  qui  semblaient  n’en  ressentir 
rien  de  désagréable.  )) 

Les  faits  dont  il  vient  d’être  question 
en  dernier  lieu  ne  sont  pas  sans  exemples 
chez  d’autres  végétaux  ; nous  en  avons  vu 
d’analogues  produits  par  le  Rhus  toxico- 
dendron,  par  exemple  un  de  nos  col- 
lègues couper,  par  la  chaleur,  des  bran- 
ches de  cette  espèce  et  avoir  presque  tout  le 
corps  couvert  du  suc  qui  s’écoulait  des 
plaies,  et  n’en  éprouver  aucun  effet,  bien 
qu’il  ne  prît  même  pas  la  peine  de  se  laver, 
tandis  qu’il  y a des  personnes  qui,  pour  le 
peu  qu’elles  y touchent,  sont  atteintes  d’un 
prurit  qui  peut  même  parfois  avoir  des  con- 
séquences assez  graves. 

D’après  ce  qui  précède,  il  est  hors  de 
doute  : que  des  plantes  d’espèces  très- 

diverses,  la  plupart  inconnues  de  la  science, 


LES  SCABIEUSES. 


f 

entrent  dans  la  composition  des  poisons  cé- 
lèbres connus  sous  le  nom  général  de  cu- 
rares ; qu’elles  appartiennent  à peu  près 
toutes  à des  espèces  laiteuses  : Strychées, 
Ménispermées,  Eiipliorbiacées  et  Artocar- 
pées;  2'"  qu’il  est  aussi  hors  de  doute  que  la 
préparation  diffère,  et  que  tous  ces  poi- 
sons sont  des  composés;  3»  que  l’action 
toxique  est  considérable  et  se  conserve 
longtemps  ; et  comme  preuve  nous  pouvons 
citer  les  expériences  dont  nous  avons  été 
témoin,  faites  sur  divers  animaux  avec  du 
curare  pris  dans  le  petit  vase  représenté 
figure  21,  lequel,  ainsi  que  nous  l’avons  dit 
précédemment,  a été  rapporté  du  Para  par 
M.  Baraquin. 

Malgré  ce  temps  déjà  considérable,  ce 
curare  parait  n’avoir  rien  perdu  de  ses  pro- 
priétés, et  il  a suffi  d’en  introduire  quel- 
ques parcelles  dans  une  plaie  faite  à diffé- 
rents animaux,  pour  qu’ils  périssent  en 
quelques  minutes. 

Mais  ce  qui  est  également  à peu  près  hors 
de  doute,  c’est  qu’on  ne  connaît  rien  d’ab- 
solument certain,  ni  sur  les  plantes,  ni  sur 
la  préparation  qu’on  leur  fait  subir,  qui,  du 
reste,  peut  varier  suivant  chaque  tribu,  et 
que  c’est  peut-être  même  à cette  circons- 
tance que  sont  dues  les  propriétés  diverses 
que  présentent  ces  poisons.  On  a pu  voir, 
en  effet,  que  certaines  tribus  se  bornent  à 
des  sortes  de  macérations,  tandis  que  d’au- 
tres emploient  la  coction,  et  font  même  su- 
bir une  sorte  de  réduction,  ce  qui  doit  en 
augmenter  la  puissance,  en  concentrant  les 
principes  toxiques.  Il  pourrait  bien  se  faire 
aussi  qu’une  partie  des  substances  qu’on 
ajoute,  telles  que  l’Ail,  l’Oignon,  le  Pi- 
ment, etc.,  n’aient  d’autre  but  que  de  don- 
ner plus  d’importance  à cette  préparation, 
de  donner  le  change  et  déjouer  les  recher-  | 


199 

ches  qui  pourraient  être  faites  à ce  sujet. 
Mais  ce  dont  on  ne  peut  douter,  c’est  que 
VAntiaris  toxicaria,  Leschen.  (figure  20), 
entre  dans  beaucoup  de  ces  poisons,  et  que 
son  action  pernicieuse  est  aussi  des  plus 
énergiques,  ce  qui  nous  a engagé  à le  re- 
présenter. 

Nous  allons  terminer  en  indiquant  les 
principaux  caractères  physiques  du  curare, 
de  celui  du  moins  dont  nous  avons  étudié 
les  propriétés,  et  qui  était  contenu  dans  le 
vase  représenté  par  la  figure  21 . C’est  une 
masse  d’un  brun  noir,  très-dure  et  excessi- 
vement friable  ; la  cassure,  brillante,  rap- 
pelle un  peu  celle  de  la  houille;  la  pellicule 
qui  la  recouvre  est  d’un  gris  sale  poudreux. 
La  masse  qui  adhère  au  pot  de  toutes  parts 
prouve  que  la  matière  a été  versée  liquide  et 
chaude.  A quelle  forme  de  curare  se  rap- 
porte celui  dont  nous  parlons?  Nous  ne 
pouvons  le  dire.  Ce  que  nous  pouvons  as- 
surer, c’est  que  ses  propriétés  toxiques  sont 
extrêmement  énergiques.  Ajoutons  que,  au 
lieu  de  chiffons,  le  pot  était  couvert  d’une 
membrane  végétale,  une  spathe  de  Palmier, 
ou  peut-être  des  vestiges  de  feuilles  de  Ba- 
nanier, et  que  la  ficelle  qui  la  fixait  autour 
du  pot  paraissait  faite  de  fils  d’Aloès  ou 
d’Agave,  et  d’une  autre  part  que  la  poterie 
était  grossière  et  primitive;  tous  faits  qui 
peuvent  être  considérés  comme  un  véritable 
cachet  d’origine.  On  assure  que  pris  à l’in- 
térieur, le  curare  ne  se  dissout  pas,  qu’il 
ne  pourrait  y avoir  de  danger  que  dans  le 
cas  où  la  muqueuse  présenterait  quelque 
lésion,  parce  qu’alors  le  poison  pénétrerait 
dans  la  circulation.  Quoi  qu’il  en  soit,  nous 
croyons  qu’il  serait  très-imprudent,  pour  ne 
pas  dire  autre  chose,  de  tenter  cet  essai. 

E.-A.  Carrière. 


LES  SCABIEUSES 


Les  Scabieuses  sont  de  charmantes  plantes 
de  la  famille  des  Dipsacées,  et  dont  la  cul- 
ture est  très-facile  ; elles  prospèrent  pour 
ainsi  dire  à toutes  les  expositions  et  dan 
tous  les  sols  propres  au  jardinage  ; cepen- 
dant il  va  de  soi  que  les  résultats  seront 
d’autant  plus  satisfaisants,  que  le  sol  sera 
plus  convenable  ; un  terrain  léger  et  subs- 
tantiel placé  à une  exposition  chaude  et 
aisée  est  ce  qu’il  y a de  mieux. 

Nous  allons  énumérer  quelques-unes  de 
ces  plantes  très-jolies,  et  qui  autrefois  ont 
rendu  de  si  grands  services  pour  l’ornemen- 


tation. Parmi  les  espèces  les  plus  recom- 
mandables, nous  citerons  la  Scabieuse  des 
jardins  {Scahiosa  atropurpureo),  à fleurs 
d’un  pourpre  velouté  presque  noir.  Cette 
plante,  connue  aussi  sous  le  nom  de  « fleur 
de  veuve,  »^a  produit  plusieurs  variétés,  se 
reproduisant  par  le  semis,  entre  autres  une 
variété  à fleurs  rose  cuivré,  une  à fleurs 
blanches,  et  enfin  d’autres  variétés  naines 
à fleurs  pourpres, roses,  blanches,  etc.  Quel- 
ques autres  espèces  tout  aussi  recomman- 
dables, bien  que  peu  cultivées,  sont  les  sui- 
vantes : Scabieuse  des  Alpes,  plante  vivace 


200  PLANTES  MERITANTES,  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


s’élevant  à 2 mètres,  à fleurs  d’un  jaune 
pâle,  propre  à la  décoration  des  grands 
massifs.  La  Scabieuse  à feuille  de  Graminée, 
belle  plante  vivace  haute  de  60  à 80  centi- 
mètres, a les  fleurs  bleu  clair  ou  rose  ; sa 
grande  rusticité  fait  qu’elle  peut  être  em- 
ployée soit  dans  les  rocailles,  soit  dans  les 
pentes  plus  ou  moins  arides. 

La  Scabieuse  du  Caucase,  haute  de  50  à 
80  centimètres,  à fleurs  d’un  bleu  lilas,  est 
également  employée  dans  les  grands  jardins, 
pour  l’ornement  des  plates-bandes  et  des 
massifs.  11  arrive  souvent  que  les  fleurs  de 
certaines  espèces,  par  exemple  la  Scabieuse 
des  jardins  et  la  Scabieuse  des  champs,  de- 
viennent prolifères;  dans  cet  état,  elles  ont 
assez  d’analogie,  du  moins  par  l’aspect  des 
fleurs,  avec  certaines  Composées,  telles  que 
les  Pâquerettes  monstrueuses,  vulgairement 
appelées  Mère  Gigogne  ou  Mère  de  famille  ; 
il  n’est  pas  rare  non  plus  que  ces  plantes 
produisent  des  fleurs  entièrement  vertes,  et 
prennent  une  apparence  foliacée,  ce  qui 
produit  un  effet  assez  singulier. 

Une  plante  aussi  que  nous  recommandons 
aux  horticulteurs  est  la  Scabieuse  colom- 


baire {Scahiosa  columbaria),  à cause  de  sa 
grande  facilité  à donner  des  variétés.  La 
culture  de  cette  espèce  croisée  avec  nos  va- 
riétés cultivées  en  amènerait  bientôt  de 
nouvelles  qui,  probablement,  seraient  préfé- 
rables au  type. 

La  multiplication  de  la  Scabieuse  des 
jardins  se  fait  par  semis.  On  sème  les  graines 
soit  en  mars,  soit  en  avril,  en  pleine  terre 
ou  sous  châssis  à froid,  si  l’on  veut  que  les 
plantes  fleurissent  la  même  année;  soit  à la 
fin  de  juillet  ou  au  commencement  d’août, 
en  bonne  terre  et  à l’ombre  pour  l’empêcher 
de  fleurir.  Dans  ce  dernier  cas,  on  relève  les 
plantes  au  printemps  pour  les  mettre  en 
place.  Les  plantes  obtenues  par  ce  dernier 
procédé  sont  d’ordinaire  très-vigoureuses  ; 
elles  se  lèvent  facilement  en  motte  lorsqu’on 
les  met  en  place  ; quelques  arrosements 
suffisent  pour  en  assurer  la  reprise. 

Les  autres  espèces  sont  vivaces;  elles  se 
multiplient  également  par  graines  que  l’on 
sème  au  printemps,  mais  le  plus  générale- 
ment par  la  division  des  touffes. 

P.  Hauguel. 


PLANTES  MÉRITANTES,  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Chamœcyparis  pisifera  lœtevirens.  Cette 
plante  n’est  pas  seulement  remarquable 
par  son  faciès  et  son  aspect  général  qui 
la  distinguent  nettement;  elle  l’esi;  en- 
core, et  surtout,  par  son  origine.  Issue  par 
dimorphisme  du  C.  pisifera^  dont  elle  a 
les  caractères  généraux,  elle  en  diffère 
particulièrement  par  la  couleur  de  son  feuil- 
lage, qui  est  d’un  vert  très-doux,  brûlant  et 
comme  légèrement  jaunâtre  ; ses  ramifica- 
tions sont  aussi  plus  nombreuses,  plus 
dressées  et  plus  compactes,  plus  ramifiées 
et  moins  effilées,  de  sorte  que  dans  son  en- 
semble, la  plante  est  beaucoup  plus  jolie 
que  le  type  duquel  elle  sort  ; les  bandes 
glauques  qui  se  trouvent  à la  partie  infé- 
rieure des  feuilles  sont  également  moins 
prononcées.  Ajoutons  encore  qu’elle  s’é- 
lance et  se  dégarnit  moins  que  le  C.  pisi- 
fera. Le  C.  pisifera  lœtevirens  s’est  mon- 
tré, ou  plutôt  s’est  créé,  pourrait-on  dire, 
au  Muséum  ; il  provient  de  boutures  de 
l’espèce.  Sur  environ  160  individus  que 
nous  avions  faits  en  1869,  il  y en  eut  8 
qui,  en  grandissant,  revêtirent  les  carac- 
tères exceptionnels  que  nous  venons  de 
faire  connaître.  Pourquoi? 

Helianthus  lætiflorus,  Pers.  — ■ Celte 


espèce,  qui  ne  convient  que  pour  les  grands 
jardins  ou  les  parcs,  est  très-vigoureuse  et 
d’une  complète  rusticité.  De  sa  souche  qui 
est  vivace  se  développent  des  tiges  très- 
scabres,  rugueuses  par  des  poils  tubercu- 
leux, et  qui  atteignent  1»^  50  à 2 mètres 
de  hauteur.  Les  feuilles  sont  longues,  ellip- 
tiques, lancéolées,  scabres  et  rugueuses  sur 
les  deux'/aces.  Fleurs  d’un  très-beau  jaune 
d’or,  larges  de  5-6  centimètres,  composées 
à l’extérieur  de  deux  rangées  de  ligules,  à 
l’intérieur  de  nombreux  fleurons  tubulés, 
petits,  solitaires,  à l’extrémité  de  ramilles 
dressées  , constituant  par  leur  ensemble 
des  masses  de  fleurs  très-jolies. 

Cette  espèce,  que  nous  n’hésitons  pas  à 
recommander  pour  les  grandes  propriétés, 
soit  qu’on  en  fasse  des  massifs,  soit  qu’on 
l’isole  et  plante  çà  et  là,  produit  pendant  les 
mois  d’août  et  de  septembre  un  effet  des 
plus  jolis  par  le  nombre  et  l’éclat  de  ses 
fleurs,  dont  la  couleur  d’un  jaune  brillant 
fait  un  contraste  magnifique. 

E.-A.  Carrière. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  Lloitre  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quinzajne  de  mai) 

L’Exposition  d’horticulture  au  Palais-de-l’Industrie.  — Succès  remporté  par  MM.  Ualtet  frères  et  par 
M.  Louis  Lhérault  à l’Exposition  de  Vienne.  — Exposition  de  Roses  à Lyon.  — Le  Beurré  Dubuisson  : 
extrait  du  Bulletin  d'arhoriculluro  de  Belgique.  — Exposition  horticole  à Cholel  (Maine-et-Loii  e).  — 
Variétés  nouvelles  de  Rosiers  mises  dans  le  commerce  par  MM.  Lévéqne  et  fils,  horticulteurs  à Ivry^ 
— Les  meilleures  Poires  d’hiver  pour  verger.  — La  Flore  des  serres  et  des  jardins  de  l'EuropeA 
4«,  5®  et  6®  livraisons  du  tome  XIX.  — Prorogation  de  l’Exposition  de  Lyon  ; section  d’horticulture.  . — 
Sur  l’origine  du  Bibes  albidum.  — Exposition  de  la  Société  d’agriculture  et  d’horticulture  de  l'Isle- 
Adam.  — Culture  du  Cryptomeria  Japonica.  — Apparition  simultanée,  en  France  et  en  Allemagne, 
du  Silène  pendula  pore  pleno.  — Procédé  simple  pour  rendre  les  piquets  incorruptibles,  extrait  du 

Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  Frayice.  — Recette  pour  faire  un  mastic  à greffer,. 

Bibliographie  : Éléments  de  jardinage,  par  M.  le  comte  de  Lambertye  ; Le  bon  arboriculteur  fruitier, 
par  M.  Faudrin.  — La  taupe  : communication  de  M.  Barutel. 


Le  fait  le  plus  marquant  de  l’horticulture 
parisienne,  c’est  l’exposition  qui,  ainsi  que 
nous  l’avions  dit  dans  notre  précédente  chro- 
nique, s’est  faite  au  Palais- de-l’Industrie 
du  19  au  24  mai  dernier.  Bien  qu’ils  n’aient 
pas  été  prévenus  en  temps  opportun,  les  hor- 
ticulteurs ont  répondu  largement  à l’appel 
qui  leur  avait  été  fait,  et,  nous  sommes  heu- 
reux de  le  constater,  les  plantes  abondaient; 
les  collections  étaient  nombreuses  et  bien 
choisies,  et,  contrairement  à ce  qui  arrive 
presque  chaque  année,  il  y avait  peu  de 
« remplissage  ; » toutes  les  places  étaient 
occupées  par  des  exposants.  On  s’en  fera, 
du  reste,  facilement  une  idée  lorsqu’on 
saura  que,  pour  l’horticulture  seulement,  il  y 
a eu  plus  de  cent  concours.  En  ajoutant  à ce 
chiffre  celui  des  exposants  industriels,  on 
arrive  au  nombre  d’environ  cent  soixante. 

— Bon  début.  La  première  nouvelle  qui 
nous  parvient  de  l’Exposition  de  Vienne  est 
une  victoire  remportée  par  la  France.  Voici 
ce  que  nous  lisons  dans  V Avenir  républi- 
cain de  l’Aube  : 

L’horticulture  troyenne  vient  de  remporter  un 
beau  succès  à l’Exposition  universelle  devienne. 
MM.  Baltet  frères  ont  obtenu  un  <r  certificat  de 
première  classe  » (premier  prix)  pour  les  arbres 
fruitiers  formés  et  sujets  de  pépinière,  exposés 
dans  le  parc  du  Prater.  Nous  enregistrons  avec 
plaisir  cette  distinction,  honorable  pour  notre 
pays  et  pour  nos  concitoyens. 

Nous  nous  associons  à la  satisfaction  ex- 
primée par  le  journal  de  l’Aube,  et  tout  en 
nous  empressant  de  le  reproduire,  nous 
avons  l’espoir  que  ce  n’est  que  le  prélude, 
que  nous  aurons  d’autres  succès  à faire  con- 
naître. 

Nous  venons  également  d’apprendre  que 
notre  collègue  et  collaborateur,  M.  Louis 

1er  JUIN  1873. 


Lhérault,  qui  avait  envoyé  des  Asperges  à 
l’Exposition  universelle  de  Vienne,  a ob- 
tenu, à V unanimité,  un  certificat  de  pre- 
mière classe  (premier  prix),  ce  qui  n’éton- 
nera personne  de  ceux  qui  connaissent  les 
cultures  si  remarquables  de  cet  éminent  as- 
pergiculteur . 

— Dans  une  chronique  de  l’année  dernière, 
nous  avons  fait  connaître  à nos  lecteurs  qu’un 
grand  nombre  d’horticulteurs  de  Lyon  s’é- 
taient réunis  et  avaient  constitué  un  congrès 
spécial  derosiéristes.  Cette  institution,  ainsi 
que  nous  en  avions  l’espoir  et  exprimé  le 
désir,  a progressé,  et  nous  avons  le  plaisir 
d’annoncer  que,  dans  une  réunion  tenue  ré- 
cemment, il  a été  décidé  qu’une  exposition 
spéciale  de  Roses  coupées  et  de  Rosiers  en 
pots  aura  lieu  à Lyon  le  12  juin  prochain, 
et  dont  la  durée  sera  de  trois  jours.  Tous  les 
horticulteurs  français  et  étrangers  sont  per- 
sonnellement invités  à prendre  part  à ce 
concours  et  à envoyer  leurs  produits,  dont 
ils  n’auront  à s’occuper  que  du  transport, 
car  une  fois  arrivés,  une  commission  s’oc- 
cupera du  placement  et  de  l’installation  des 
objets. 

Les  demandes  d’admission  devront  être 
adressées  le  plus  tôt  possible  à M.  Léon  de 
Saint-Jean,  président  du  congrès  des  rosié- 
sistes,  42,  rue  de  l’Hotel-de-Ville,  à Lyon. 

En  annonçant  cette  bonne  nouvelle,  nous 
sommes  heureux  de  constater  que  ce  con- 
grès spécial  n’est  pas  le  fait  d’une  dissen- 
sion parmi  les  membres  du  Cercle  horticole 
lyonnais  ; plus  que  jamais,  au  contraire,  ils 
sont  unis  pour  concourir  à l’œuvre  com- 
mune : au  lieu  de  se  séparer,  ils  se  multi- 
plient. 

Quand  un  nombre  suffisant  d’adhésions 
de  rosiéristes  de  France,  d’Angleterre,  de 

fl 


IPe  CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  MAI). 


d’Italie,  etc.,  seront  reçues,  une 
'jitaàon  générale  de  membres  sera  convo- 
'^læpour  élire  le  bureau,  discuter  le  régle- 
iDi»),  et  voir  s’il  ne  conviendrait  pas  de  faire 
àibris,  Londres,  Milan,  Gand,  Bruxelles, 
ifs  eispositions  exclusives  de  Roses.  En  at- 
voici  comment  se  compose  la  com- 
:sis5k)n  provisoire  du  congrès  des  rosiéristes  : 
^^'é'sident:  Léon  de  Saint-Jean;  vice-pré- 
-^ek^isil  : Jean  Sisley;  secrétaires:  Aunier 
imè,  Joseph  Schwartz;  membres  fonda- 
aiRWjrs:  Bernaix,  Th.  Denis,  Duchet,  Du- 
Damaizin,  Guillot  fils,  F.  Gaillard, 
X.  Jacquier,  Liabaud,  Levet,  Rambaux, 
Tæiî}&  ^sley. 

— Si  tout  passe,  — et  le  fait  est  certain, 
— ^avec  le  temps  on  s’habitue  si  bien  aux 
iiHçs  choses,  que  peu  à peu  on  y devient 
indifférent,  il  en  est  autrement  de 
cmlics  qui  sont  bonnes  : on  les  recherche  tou- 
jK'srs.Tel  est  le  fruit  dont  nous  allons  parler  : 
AaMre  Beurré  Dubuisson,  dont  nous  trou- 
'îfffis  une  description  et  une  figure  accom- 
pj^nées  de  force  recommandations  dans  un 
'BseK'jévo  du  Bulletin  d' arboriculture  et  de 
]^r^ric^Uure,  etc.  (organe  du  Cercle  d’arbo- 
:fe*Jiiire  de  Belgique).  G’est,  dit  ce  journal, 
j?isn  meilleurs  fruits,  réunissant  à peu 
Ventes  les  qualités  que  l’on  peut  dési- 
üfiv.,  c’est-à-dire  grosseur,  forme  et  aspect 
.^ès-jolis.  Voioi  ce  qu’on  lit  à ce  sujet, 

î^ons  regardons  )e Beurré  Dubuisson  comme 
^ ^ns  précieuse  conquête  de  ce  siècle,  en  ce 
qu’elle  égale  en  bonté  les  meilleures  Poires 
iTiftitïibre,  et  qu’elle  mûrit  en  carême,  février- 
.Æaar5,  à une  époque  où  l’on  manque  de  fruits 
ypidriVi^ment  fondants.  11  y a plus  : elle  a un 
s«iDtage  incomparable,  celui  de  se  conserver  au 
Irrolier,  mûre  pendant  quatre  mois  entiers,  de- 
igâ’S  le  commencement  de  décembre  jusqu’à 
tÿqpïes,  sans  subir  aucune  altération. 

’<esï-ce  pas  un  avantage  immense  pour  un 
:sæ»teur  que  de  pouvoir,  pendant  les  quatre  mois 
iÿâïver,  descendre  dans  son  fruitier  et  y trouver 
parfait  de  maturité  la  meilleure  des  Poires 
saison  ? 

Après  celte  description,  faite  par  des  per- 
jwiijfts  très-compétentes,  on  comprendra 
stous  nous  dispensions  de  toute  obser- 
En  pareille  circonstance,  discuter, 
:î»îomeïiter  les  faits,  serait  au  moins  inu- 
Qfe  : il  suffit  de  les  signaler. 

— Une  exposition  de  fleurs,  fruits,  lé- 
plantes,  arbres,  arbustes,  ainsi  que 
tUBies-  sortes  d’objets  d’art  ou  d’industrie 


horticole,  aura  lieu  à Cholet  (Maine-et- 
Loire),  les  5,  6 et  7 juillet. 

Les  personnes  qui  désirent  exposer  de- 
vront adresser,  avant  le  4 juillet,  soit  au 
président,  M.  Auguste  Fonteneau,  rue  Na- 
tionale, soit  à M.  Paul  Turpault,  secrétaire, 
une  demande  d’admission,  indiquant,  avec 
leur  adresse,  les  objets  qu’ils  se  proposent 
d’exposer. 

Le  jury  se  réunira  le  samedi  5 juillet,  à 
huit  heures  du  matin,  dans  le  jardin  de  l’Ex- 
position. 

— MM.  Lévêque  et  fils,  horticulteurs,  rue 
du  Liégat,  26,  à Ivry-sur-Seine,  viennent  de 
livrer  au  commerce  les  variétés  nouvelles  de 
Rosiers  de  J 872-1 873.  Ces  Rosiers,  au 
nombre  de  62,  se  répartissent  de  la  manière 
suivante  : Thés,  14;  Noisette,  4;  Ile-Bour- 
bon,  3;  hybrides  remontants,  36;  Mous- 
seux remontant,  1 ; Cent- Feuilles,  1 ; 
Mousseux  non  remontant,  1 ; Micro - 
phylla,  1 ; Provins,  1 . On  trouve  dans  cet 
établissement  un  grand  nombre  d’autres 
collections, de  plantes  diverses,  particulière- 
ment propres  à l’ornementation  des  jardins, 
telles  que  : Agératum,  Chrysanthèmes, 
Galcéolaires,  Héliotropes,  Th\ox,  Pétunias, 
Yucca,  Wigandia,  Gynérium,  Dahlias, 
Œillets,  Hortensias,  Coleus,  etc.,  etc. 

— Dans  le  numéro  d’avril  1873  de  la 
Revue  de  V arboriculture,  un  des  hommes 
les  plus  compétents  lorsqu’il  s’agit  de  fruits, 
notre  collègue,  M.  O.  Thomas,  rédacteur  en 
chef  de  ce  journal,  recommande  comme 
((  les  meilleures  Poires  d’hiver,  réussissant 
à haute  tige,  y>  et  par  conséquent  propres 
pour  verger,  les  variélés  suivantes  : Berga- 
motte  Espéreyi,  Bergamoite  Hertrich, 
Beurré  Luizet,  Beurré  Milet,  Comte  de 
Flandre,  de  Curé,  Doyenné  d'Alençon, 
Doyenné  Sieulle,  Joséphine  de  Malines, 
ftîarie  Guisse,  Passe- Colmar.  Si  ces  va- 
riétés ne  sont  pas  les  seules  que  l’on  puisse 
cultiver,  on  peut  du  moins  être  sûr  qu’elles 
sont  avantageuses  à peu  près  partout,  ce  qui 
pourtant  ne  veut  pas  dire  que  toutes  sont  de 
premier  mérite  comme  qualités,  mais  que, 
considérées  d’une  manière  générale,  elles 
réunissent  les  principales  qualités  qui  ca- 
ractérisent les  bons  fruits. 

— Parler  de  la  Flore  des  serres  et  des 
jardins  de  l’Europe  pour  en  indiquer  le 
mérite  serait  au  moins  inutile,  cet  ouvrage 
étant  universellement  connu  et  estimé  à 
sa  juste  valeur,  c’est-à-dire  comme  l’un  des 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MAI).  203 


plus  remarquables  du  genre  ; aussi,  regarde- 
t-on  toujours  comme  une  bonne  fortune  la 
publication  de  nouveaux  fascicules,  qui  mal- 
heureusement se  font  toujours  trop  attendre, 
ce  qui  explique  l’empressement  que  nous 
mettons  à parler  de  celui  qui  vient  de  pa- 
raître. Il  contient  les  5*  et  6“  livraisons 
du  tome  XIX,  soit  214%  215®  et  216^  de 
l’ouvrage.  Voici  l’énumération  des  figures 
coloriées  qui  y sont  reproduites  : Oncidium 
Kramerianum  (Ecuador,  serre  chaude); 
Amorphophallus  Rivieri,  Durieu  ; Rhodo- 
dendron chamœcistus,  L.;  Iris  iherica, 
Steven,  magnifique  plante  vivace,  dont  on  a 
fait  V O no  cy  dus  ïbericus  ; VOxalis  cernua 
flore  plenOy  dont  les  fleurs  jaunes,  très- 
pleines,  rappellent  celles  d’un  Aquilegia; 
le  Rosier  hybride  remontant  Louis  Van 
Houtte;  VAzalea  indica  Comtesse  Eu- 
génie  de  Kerchove  ; YOxalis  corniculata 
foliis  variegatis  ; les  Plectopoma  my- 
riostigma  et  ruban  rose,  deux  très-re- 
marquables Gesnériacées  de  serre  chaude, 
obtenues  par  M.  Van  Houtte  ; l’Azalée  in- 
dienne Charles  Leirens  ; le  magnifique 
Lis  de  Humboldt  {Lilium  Humboldti), 
Roezl  et  Leitcht.  ; le  Lilium  Washing- 
tonianum,  Kellogg.,  à fleurs  rose  carné; 
deux  plantes  très-jolies,  originaires  de  la 
Californie  : la  première,  à fleur  de  couleur 
^orange  maculée  de  noir,  rentre  dans  le 
I ^oupe  du  L.  superhum,  avec  lequel  elle 
! , a quelques  rapports  ; l’Azalée  indienne 
Princesse  Louise,  plante  extra,  ainsi  que  la 
précédente,  et  toutes  deux  obtenues  dans 
l’établissement  de  M.  L.  Van  Houtte.  En 
outre  de  ces  figures  se  trouvent  huit  plan- 
ches doubles  représentant,  les  six  premières, 
la  silhouette  — c’est-à-dire  la  figure  au  trait 
— de  36  variétés  de  Poires  ; les  deux  autres 
représentant  des  groupes  de  Poires  artiste- 
‘ ! ment  dessinées  et  coloriées.  Ces  planches 
i ; sont  des  spécimens  se  rattachant  à une  pu- 
I ! blication  que  M.  L.  Van  Houtte  est  sur  le 
. . point  de  faire,  et  dont  nous  parlerons  aus- 
' ■ sitôt  qu’elle  aura  paru. 

Avant  de  clore  cet  aperçu  que  nous  es- 
1 I sayons  de  donner  du  fascicule  dont  il  est 
question,  disons  que  la  rédaction  est  toujours 
à la  hauteur  des  figures,  et  que,  comme  tou- 
: jours,  on  trouve  là,  sous  un  style  aussi 

^ agréable  que  piquant,  des  indications  ou  des 
I particularités  qui  plaisent  et  instruisent  tout 
à la  fois  ; nous  allons  en  citer  un  exemple 
qui  se  rapporte  au  Rhododendron  chamœ- 
I cistus,  cette  miniature  végétale,  ce  lillipu- 
I tien  du  genre  qui  semble  fuir  la  civilisation 
& et  ne  se  plaire  que  dans  des  lieux  inhabités 


ou  presque  inhabitables  à l’homme.  Après 
avoir  esquissé  les  principaux  traits  de  cet 
élégant  arbuste,  M.  Van  Houtte  ajoute  : 
« ...  Il  faut  s’entendre,  cependant;  il  ne 
peut  être  question  d’engager  les  amateur.?  à 
planter  dans  leur  jardin  de  ces  petites  plan- 
tes alpinés,  arrachées  des  montagnes,  qui 
mourraient,  quand  ce  ne  serait  que  de  nos- 
tolgie,  dès  le  lendemain  de  leur  déplanta- 
tion, mais  de  les  élever  provenant  de  semis 
et  n’ayant  jamais  respiré  l’air  vif,  pétillant, 
des  lieux  où  déjà  ils  auraient  vécu.  Ce  jeune 
plant  non  seulement  est  cultivable,  mais 
prospère  même  en  terre  de  bruyère  et  à 
l’exposition  du  levant...  » 

Il  y a dans  cette  recommandation  une 
leçon  de  haute  importance,  un  guide  à peu 
près  certain  pour  arriver  à cultiver  des 
plantes  que,  en  général,  l’on  considère 
comme  tout  à fait  rebelles.  Il  y a là  une 
théorie  des  plus  rationnelles  dont  il  est  fa- 
cile de  se  rendre  compte,  et  dont  l’observa- 
tion pratique  pourrait  avoir  des  résultats 
favorables.  D’après  cette  recommandation, 
qui,  du  reste,  est,  nous  le  répétons,  très-ra- 
tionnelle, on  doit,  lorsqu’on  veut  cultiver 
avec  succès  des  plantes  de  climats  très- diffé- 
rents de  ceux  dans  lesquels  on  se  trouve, 
en  récolter  des  graines  et  les  semer  là  où 
l’on  est,  puis,  de  nouveau,  en  récolter  sur 
les  plantes  qui  proviennent  de  ces  semis, 
jusqu’à  ce  qu’on  ait,  sinon  fait  disparaître, 
du  moins  affaibli  les  premiers  caractères, 
ceux  qui  avaient  été  formés  dans  un  milieu 
tout  autre  que  celui  dans  lequel  on  se  trouve. 
Ces  dernières  plantes,  en  effet,  bien  qu’elles 
aient  conservé  les  caractères  physiques  de 
leurs  parents  sauvages,  n’en  auront  plus  le 
tempérament  ; elles  se  seront  habituées  à ce 
nouveau  milieu  : c’est  de  l’acclimatation. 

— Ainsi  que  nous  l’avons  dit  dans  une 
précédente  chronique,  l’Exposition  univer- 
selle internationale  de  Lyon  a été  prorogée. 
Fermée  à l’automne  1872,  elle  vient  d’ou- 
vrir le  31  mai  1873,  pour  se  terminer  le  31 
octobre  de  cette  même  année.  Nous  sommes 
heureux  d’informer  nos  lecteurs  que  nos 
prévisions  se  sont  réalisées,  que  cette  fois 
l’horticulture  aura  une  large  part  et  surtout 
qu’elle  sera  particulièrement  favorisée,  grâce 
à l’entente  qui  paraît  s’être  faite  entre  tous 
les  horticulteurs  et  amateurs.  C’est  ce  que 
nous  apprend  le  programme  que  nous  venons 
de  recevoir,  qui  est  tout  à fait  spécial  à 
l’horticulture  et  que  nous  reproduirons  dans 
notre  prochaine  chronique.  Pour  aujour- 
d’hui, nous  nous  bornons  à la  publication 


204  CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MAI). 


d’une  circulaire  qui  est  en  tête  du  pro- 
gramme. La  voici: 

Monsieur, 

L’korticulture  est  appelée  à prendre  une  large 
place  à position  universelle  de  Lyon,  pro- 
rogée en  1873;  elle  va  être  l’objet  d’une  attention 
spéciale.  Des  jardins  et  des  locaux  convenable- 
ment appropriés  sont  disposés  pour  recevoir  ses 
produits;  la  grande  nef,  convertie  en  un  vaste 
jardin  abiité,  fera  admirablement  ressortir  la 
beauté  des  plantes  en  maintenant  leur  fraî- 
cheur. 

Une  commission  a été  désignée  par  l’admi- 
nistration de  l’Exposition  universelle  de  Lyon, 
pour  s’occuper  spécialement  des  intérêts  de 
l’horticuUm  e et  pour  prendre  les  mesures  pro- 
pres à rendre  cette  exhibition  vraiment  bril- 
lante. 

Cette  Commission,  composée  de  personnes 
compétentes,  et  de  concert  avec  l’administration, 
ne  négligera  rien  de  ce  qui  peut  favoriser,  cette 
année,  les  exposants.  Elle  se  compose  de: 
MM.  Grobon  {E.),  président;  Fillion,  Simon  (IL), 
vice-présidents;  Sisley  (Jean),  Cusin,  secré- 
taires; Barriot,  Blanchon,  Chrétien  (J.),  Col- 
let (D  ),  Cuissard,  Denis  (T.),  Gaulain  (F.), 
Lagrang<^,  Liabaud,  Métrai  (J. -H.),  Rivoire  et 
Willermoz. 

Nous  faisons  appel  à tous  les  horticulteurs  de 
France  et  de  l’étranger,  à tous  les  organes  de 
publicité,  à tous  ceux  qui  peuvent  exposer  des 
produits,  pour  que  tous  nous  apportent  leur 
précieuse  collaboration. 

Nous  avons  l’honneur  de  vous  adresser  le 
réglement  ci-joint,  que  la  commission  et  l’ad- 
ministration ont  adopté;  vous  pourrez  voir  déjà 
par  ce  document  que  les  intérêts  de  l’horti- 
culture ont  été  pris  en  sérieuse  considération. 

Veuillez  agréer.  Monsieur,  l’assurance  de 
notre  considération  distinguée. 

Le  Président  de  la  Commission, 
Le  Directeur  de  V Exposition,  E.  Grobon. 

A.  Tharel. 

Ainsi  qu’on  peut  en  juger  par  ce  simple 
aperçu,  toutes  les  mesures  ont  été  prises 
pour  favoriser  les  exposants;  aussi  espé- 
rons-nous que  tous,  Français  et  étrangers, 
répondront  à l’appel  qui  leur  est  fait. 

— D’où  vient  le  Rihes  alhidum,  cette  si 
jolie  plante  que  nous  avons  déjà  recom- 
mandée, qu’on  devrait  voir  partout  et 
qu’on  ne  rencontre  presque  nulle  part?  Si 
l’on  s’en  rapportait  à la  loi  d’atavisme  ou  de 
retour,  on  pourrait  supposer  que  le  Rih, 
alhidum  est  issu  du  Rih.  sanguineum. 
Voici  pourquoi.  Cette  année,  sur  notre  pied 
mère  de  Rih,  alhidum,  il  est  développé  un 
rameau  portant  des  fleurs  rouges  tout  à fait 
identiques  à celles  du  R.  sanguineum. 
Mais  en  admettant  ce  fait,  l’origine  absolue 


ne  serait  pas  encore  démontrée,  car  l’on 
pourrait  se  demander  si  cette  plante  est 
issue  par  dimorphisme  ou  par  graines.  Les 
deux  choses  étant  possibles,  nous  nous  bor- 
nons à signaler  le  fait. 

— Du  27  juillet  au  3 août  1873,  la  Société 
d’agriculture  et  d’horticulture  de  l’Isle-Adam 
(Seine-et-Oise)  fera  à FIsle-Adam,  dans  les 
jardins  delà  maison  de  santé,  une  exposition 
agricole  et  horticole,  ainsi  que  des  produits 
des  arts  et  industries  qui  s’y  rattachent,  et  à 
laquelle  elle  convie  « tous  les  agriculteurs, 
horticulteurs,  jardiniers,  amateurs,  mar- 
chands, artistes,  fabricants,  industriels,  etc.  » 

Ainsi  qu’on  peut  le  voir,  le  programme 
est  large  ; il  est  même  peu  de  chose  qui  ne 
pourrait  y trouver  une  place.  Cela  vaut 
mieux,  ce  nous  semble,  car  qui  peut  plus 
peut  moins. 

Les  personnes  qui  voudront  prendre  part 
à cette  exposition  devront,  avant  le  10  juil- 
let, adresser  au  secrétaire  général  de  la  So- 
ciété, à risle-Adam,  une  demande  indiquant 
la  nature  des  objets  qu’ils  se  proposent 
d’exposer. 

Le  jury  se  réunira  au  local  de  l’Exposi- 
tion, le  26  juillet,  à onze  heures  du  matin. 

— Plusieurs  fois  déjà,  et  tout  récemment 
encore  (1)  nous  avons  parlé  du  Cryptomeria 
Japonica  pour  rappeler,  d’une  part,  que 
c’est  un  des  grands  et  surtout  des  plus 
beaux  arbres  du  Japon,  de  l’autre  pour  faire 
remarquer  que,  en  France,  à part  quelques 
endroits  privilégiés,  il  ne  vient  bien  nulle 
part  ; il  pousse  d’abord  vigoureusement, 
niais  se  dégarnit  très-vite,  de  sorte  que,  en 
très- peu  de  temps,  il  n’a  plus  que  quel- 
ques branches  au  sommet , et  souvent 
même  assez  dénudées,  portant  des  feuilles 
jaunes.  Il  y a peu  de  temps  {Revue  hor- 
tic.,  l.  c.)  nous  avons  signalé  une  exception 
qui,  sans  être  bien  saillante,  nous  a néan- 
moins parue  digne  d’être  connue.  Nous 
sommes  heureux  de  pouvoir  en  annoncer 
deux  autres,  mais  cette  fois  des  plus  re- 
marquables, et  qui  peut-être  pourront  nous 
éclairer  sur  la  culture  qui  convient  à cette 
plante,  cela  d’autant  plus  que  ces  deux 
exceptions  se  sont  montrées  dans  des  condi- 
tions et  sous  des  climats  très -différents.  En 
effet,  l’une  s’est  produite  à Anduze  (Var), 
dans  la  propriété  de  M.  Mazel,  située  sur 
l’un  des  versants  des  Cévennes  ; l’autre  à 
Brix,  près  Valognes  (Manche),  dans  la  pro- 


(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  102. 


205 


chronique  horticole  (deuxième  quinzaine  de  mai). 


priété  de  M.  Herpin  de  Frémont,  dont  tant 
de  fois  déjà  aussi  nous  avons  eu  l’occasion 
de  parler,  et  sur  laquelle  nous  reviendrons 
prochainement  à propos  de  la  végétation  des 
Conifères  et  des  dimensions,  relativement 
très-considérables,  que,  dans  ces  conditions, 
présentent  déjà  certaines  espèces.  A An- 
duze,  dans  un  sol  d’alluvion  très-fortement 
consistant , les  Cryptomeria  Japonica  y 
atteignent  très-vite  de  grandes  dimensions, 
tout  en  conservant  leurs  branches,  qui  sont 
garnies  de  feuilles  d’un  très  - beau  vert. 
Là,  c’est  une  des  plus  jolies  espèces,  qu’on 
est  même  en  droit  de  considérer  comme  un 
arbre  forestier  ; il  paraît  surtout  affectionner 
les  cours  d’eau,  et  les  terrains^  souvent 
irrigués  paraissent  lui  convenir  tout  particu- 
lièrement. C’est  dans  des  conditions  ana- 
logues, sinon  identiques,  quant  au  sol  et  à 
l’humidité,  que,  à Brix,  M.  Herpin  de  Fré- 
mont cultive  avec  tant  de  succès  le  C.  Japo- 
nica; les  résultats  sont  tels  qu’il  est  même 
permis  de  douter  que,  au  Japon,  ils  puissent 
être  meilleurs.  Qu’on  en  juge  par  l’exemple 
suivant.  Le  premier  pied  qu’a  planté  M.  Her- 
pin de  Frémont,  en  1852,  a aujourd’hui 
17  mètres  de  hauteur;  le  diamètre  de  la 
tige  à hauteur  d’homme  (1"^  80  environ) 
est  d’au  moins  50  centimètres.  Si  l’on  ajoute 
que  cet  arbre  est  couvert  de  branches  de  la 
base  au  sommet,  et  que  toutes  ses  branches 
sont  garnies  de  feuilles  d’un  beau  vert,  l’on 
comprendra  que,  ainsi  que  nous  le  disons,  le 
C.  Japonica  est  l’un  des  plus  beaux  arbres 
que  l’on  puisse  voir  et  qu’au  point  de  vue 
forestier  on  peut  espérer  qu’il  pourra  aussi 
jouer  un  important  rôle.  Mais  que  conclure 
de  ceci,  si  ce  n’est  que,  au  lieu  de  rejeter  le 
G.  Japonica  comme  impropre  à l’ornemen- 
tation et  à la  spéculation,  on  devra  l’em- 
ployer à ces  deux  fins,  seulement  en  tenant 
le  pied  dans  un  milieu  constamment  humide? 
M.  Herpin  de  Frémont  assure  que  cette 
culture  paraît  être  également  favorable  aux 
Chamœcyparis,  que  dans  ces  conditions 
les  plantes  poussent  beaucoup,  grainentpeu 
et  ne  se  dégarnissent  pas.  Nous  livrons  ces 
renseignements  à nos  lecteurs  en  les  enga- 
geant à les  mettre  à profit. 


souvent  très-éloignées  les  unes  des  autres, 
de  certaines  espèces  identiques  ou  analo- 
gues. Nous  signalons  ce  fait  à ceux  qui  s’oc- 
cupent de  la  géographie  botanique  ou  de  la 
répartition  des  végétaux,  et  surtout  aussi  à 
ceux  qui  recherchent  les  grandes  lois  de  la 
vie,  comment  elle  est  apparue,  et  comment 
elle  se  manifeste  encore  de  nos  jours.  Di- 
sons que  le  fait  dont  nous  voulons  parler  est 
l’apparition  simultanée,  en  France  et  en 
Allemagne,  du  Silene  pendula  flore  pleno. 
Ajoutons  que  dès  son  apparition,  en  France 
du  moins,  cette  plante  s’est  montrée  tellement 
stable,  qu’il  est  excessivement  rare  qu’on  en 
trouve  un  seul  pied  à fleurs  simples;  autre 
fait  qui  devrait  montrer  aux  botanistes  le 
peu  le  valeur  qu’a,  au  point  de  vue  de  la 
distinction  spécifique,  la  reproduction  iden- 
tique. 

— A la  page  756  (1872)  du  Journal  de  la 
Société  centrale  d'horticulture  de  France, 
M.  Düchartre  fait  connaître,  d’après  un  re- 
cueil anglais,  un  « procédé  simple  pour 
rendre  les  piquets  incorruptibles.  » Le 
voici  : 

Prenez  de  l’huile  de  lin  cuite,  et  délayez  de- 
dans du  poussier  de  charbon  jusqu’à  ce  qu’elle 
ait  la  consistance  d’une  couleur  préparée  pour 
la  peinture.  Passez  sur  le  bois  des  piquets  une 
couche  de  la  matière  ainsi  préparée,  et  un 
homme,  quel  qu’il  soit,-  ne  vivra  pas  assez  pour 
voir  ce  bois  pourrir.  « Il  y a quelques  années, 
continue  l’auteur  de  cet  article,  que  j’ai  décou- 
vert ce  moyen  de  rendre  le  bois  plus  durable 
dans  la  terre  que  du  fer  même  ; mais  il  m’a 
semblé  si  simple  et  si  peu  coûteux,  que  je  n’ai 
pas  cru  devoir  en  faire  grand  bruit.  Des  pi- 
quets de  bois  mou  préparés  de  cette  manière, 
après  être  restés  pendant  sept  ans  en  terre,  en 
ayant  été  retirés,  ont  été  trouvés  aussi  sains  que 
lorsqu’on  les  y avait  mis.  » Il  faut  seulement 
avoir  la  précaution  de  faire  avec  du  bois  bien  sec 
les  piquets  qu’on  se  propose  de  recouvrir  de 
cette  peinture  au  charbon. 

A ce  qui  vient  d’être  dit,  et  sut*  lequel  il 
ne  paraît  guère  possible  d’émettre  des 
doutes,  nous  ferons  une  observation  très- 
importante,  sur  laquelle  même  nous  appe- 
lons tout  particulièrement  l’attention  : c’est, 
lorsqu’il  s’agit  de  tuteurs,  d’avoir  le  soin 
d’enduire  non  seulement  la  base,  mais  un 
peu  au-dessus  de  la  partie  qui  doit  être 
enterrée,  car  c’est  toujours  au  niveau  du 
sol,  là  où  ils  sont  en  contact  d’une  part  avec 
l’air,  de  l’autre  avec  l’humidité  de  la  terre, 
que  les  tuteurs  se  cassent.  Il  va  sans  dire 
que  l’on  n’a  pas  cela  à craindre  lorsqu’il 
s’agit  de  piquets  qui  doivent  être  cotnplète- 
1 ment  enterrés. 


— Un  fait  aussi  curieux  qu’intéressant 
est  la  coïncidence  qui  se  montre  souvent, 
quant  à l’apparition  de  certaines  formes  ou 
variétés  de  végétaux.  Ce  fait,  dont  on  a déjà 
parlé,  qui  certainement  est  la  conséquence 
d’un  même  principe,  pourrait  peut-être, 
sinon  expliquer,  du  moins  donner  une  idée 
de  la  présence,  sur  des  parties  du  globe 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  MAI). 


— .Nous  venons  de  lire  dans  un  journal 
lerîïcole  une  « recette  pour  faire  un  mastic 
ciffîalogue  à celui  de  Lhomme-Lefort,  » et 
voici  la  composition  : 

Taire  fondre  doucement  500  grammes  de  poix 

mélèze,  250  grammes  graisse  de  bœuf  fondue 
rjm  suif,  bien  remuer,  puis  retirer  du  feu,  et 
tenter  250  grammes  d’essence  de  térébenthine, 
font  bien  mélanger  avec  le  reste. 

L’expérience  nous  ayant  démontré  les 
giPTtticieux  effets  que  produit  l’essence  de 
iiéréLenthine  lorsqu’on  l’emploie  pour  la  fa- 
brication des  cires  à greffer,  nous  avons  cru 
E^Toir  appeler  sur  ce  point  l’attention  des 
fificteurs,  afin  de  les  mettre  en  garde  contre 
•seitaines  déceptions  que  nous  avons  éprou- 
vées. Le  dissolvant  par  excellence,  en  pareil 
3ss^  c’est  l’alcool,  ainsi  que  nous  l’avons  dit 
feïs  un  précédent  numéro  de  la  Revue 
piS  avril,  p.  157),  en  parlant  de  la  fabrica- 
des  mastics  à greffer  à froid. 

— De  même  que  certains  genres  de  plan- 
iÎK',ne  produisent  que  des  espèces  utiles,  on 
W3Î  des  auteurs  ne  publier  que  de  bons  ou- 
Wcîfes.  Tel  est  M.  le  comte  de  Lambertye. 
Sccüs  le  modeste  titre  : Éléments  de  jardi- 
‘smge  (1),  M.  de  Lambertye  vient  de  publier 
cme  sorte  de  résumé  succinct  des  princi- 
}|aîes  opérations  du  jardinage  en  général, 
(ïïvec  l’indication  des  moyens  de  les  prati- 
et  des  principaux  résultats  qu’on 
citât  en  obtenir.  Voici  une  énumération 
3023raaire  des  principaux  sujets  traités  : 
t^Impâîre  Terres.  Engrais  et  amende - 
’jamès  ; engrais  d’origine  organique  ; engrais 
mmérsiux  ou  amendements;  des  eaux  et 
Farrosage.  — Chapitre  IL  Augmen- 
de  la  chaleur  du  sol  ; moyens  qu’on 
sïBpîoie  pour  activer  la  végétation.  — Cha- 
III.  Multiplication  des  plantes  par 
^pnaïnes  et  par  bourgeons;  semis,  bouturage, 
etc.,  etc.  — Chapitre  IV.  Entretien 
plantes  ; élevage,  arrosage,  plantation, 
ij^îîïe,,  etc.  — Chapitre  V.  Fécondation  na- 
atirelfe  et  artificielle  ; croisements  ; variétés  ; 
3?eQfs  doubles.  — Chapitre  VI.  Accidents 
isuxquels  les  plantes  sont  exposées;  mala- 
fjfe  ; animaux  nuisibles,  animaux  utiles. 
Is  chapitre  VII  et  dernier  est  consacré  au 
^matériel  en  général,  et  comprend  les  outils, 
~j|s<ensiles  et  machines  employés  dans  le 
Jaordïnage.  Telle  est,  en  substance,  l’énumé- 
330(1011  des  sujets  traités  dans  la  brochure 
ilaid  nous  parlons,  et  qui,  sous  le  titre  : 

Brochure  de  78  pages,  contenant  30  figures, 
éditeur,  82,  rue  des  Ecoles. 


Éléments,  comprend  à peu  près  tout  ce 
qu’il  est  nécessaire  de  savoir.  Rappelons, 
du  reste,  que  rien  n’est  difficile  à faire 
comme  un  ouvrage  élémentaire,  car  c’est  le 
fondement  des  choses.  Pour  conduire  à 
bonne  fin  un  semblable  travail,  il  faut  sa- 
voir dire  beaucoup  de  choses  en  peu  de 
mots,  ce  qui  est  une  connaissance  rare  que 
possède  M.  de  Lambertye,  ce  qui  s’explique 
par  cet  autre  fait  que,  avant  tout,  il  est  pra- 
ticien : ce  qu’il  dit,  il  le  sait;  et,  comme  le 
dit  un  des  meilleurs  poètes  français  : 

Ce  que  l’on  saisit  bien  se  dit  facilement. 

Et  les  mots,  pour  le  dire,  arrivent  aisément. 

— Tout  récemment,  nous  avons  rendu 
compte  d’un  opuscule  que  vient  de  publier 
M.  Faudrin,  professeur  d’arboriculture  à 
Châteauneuf-de-Gadagne  (Vaucluse),  inti- 
tulé : La  greffe  à V usage  des  classes  po~ 
pulaires  (i).  Aujourd’hui  nous  devons  dire 
quelques  mots  de  la  2™®  édition  qui  vient  de 
paraître:  Le  bon  arboriculteur  fruitier, 
ouvrage  très-recommandable,  comprenant 
241  pages  de  texte  et  265  gravures.  Peu 
connu  à Paris,  ce  livre  n’en  est  pas  moins 
l’un  des  plus  complets  et  surtout  des  plus 
pratiques  de  ceux  qui  ont  été  publiés  en  ce 
genre,  fait  dû  au  mode  particulier  de  dé- 
monstration usité  par  l’auteur.  Ce  qui  suffit 
pour  en  donner  une  idée  et  nous  dispenser 
d’entrer  dans  de  longs  détails  à ce  sujet, 
c’est  la  rapidité  avec  laquelle  s’est  écoulée 
la  première  édition.  Aussi,  au  lieu  de  cher- 
cher à en  faire  ressortir  le  mérite,  nous 
bornons-nous  à dire  qu’il  contient  à peu 
près  tout  ce  qu’il  est  nécessaire  de  connaître 
en  arboriculture. 

— Au  sujet  de  l’article  que  nous  avons 
publié  sur  l’exposition  des  insectes  (2),  nous 
avons  reçu  de  notre  collaborateur,  M.  Ba- 
rutel,  la  lettre  suivante  : 

Monsieur, 

Je  rentre  d’un  long  voyage,  et  je  me  hâte  de 
feuilleter  les  derniers  numéros  de  la  Revue  hor- 
ticole. Voici  une  courte  note,  née  de  cette  pre- 
mière lecture.  Si  vous  la  jugez  de  quelque  inté- 
rêt, je  vous  autorise  volontiers  à la  publier. 

L’excellent  article  de  M.  Noblet  sur  la  culture 
forcée  des  rameaux  m’a  remis  en  mémoire  un 
fait  qui  vient  à l’appui  de  ses  observations. 
J’avais  mis  en  pot  un  jeune  Prunier  à feuilles 
caduques,  et  je  m’étais  borné  à enfoncer  dans  la 
terre,  à côté  du  pied,  une  branche  qui  s’était 
rompue  pendant  cette  opération.  L’hivernage 

(1)  Voir  Revue  horticole^  1873,  p.  67. 

(2)  Ici.,  1873,  p.  103. 


MUSA  SUPERBA. 


eut  lieu  dans  un  appartement  chaud  ; et,  après 
les  grands  froids,  je  remarquai  que  des  boulons 
nombreux  couvraient  l’arbuste  et  la  branche. 
Celle-ci  fleurit  même  la  première,  sans  que  j’en 
soupçonne  la  raison;  puis  elle  se  flétrit  et  se  sé- 
cha. 11  y aurait  donc  là,  suivant  la  remarque  de 
M.  Noblet,  un  excellent  moyen  de  se  procurer 
des  fleurs  hâtives  ; et  un  peu  de  terre  maintenue 
humide  en  un  lieu  chauffé  suffirait  au  besoin. 

Cela  dit,  permettez-moi  de  vous  remercier  de 
la  satisfaction  que  j’ai  éprouvée  à lire  les  pages 
que  vous  avez  écrites  à propos  de  l’exposition 
des  insectes.  Elles  se  distinguent  à un  haut  de- 
gré par  cette  qualité  qui  donne  à la  Revue  hor- 
ticole un  cachet  tout  spécial  de  vérité  et  d’intérêt  : 
la  guerre  aux  préjuges,  qu’il  vienne  des  savants 
ou  des  ignorants.  Vous  avez  grandement  raison. 
Monsieur,  de  réagir  ainsi  contre  les  opinions 
toutes  faites  et  qui  ne  sont  pas  suffisamment 
prouvées.  Nous  ne  sommes  que  trop  portés,  par 
paresse  ou  par  impuissance,  à accepter  aveu- 
glément la  première  affirmation  qui  résout  un 
problème,  au  lieu  de  le  contrôler  par  d’impar- 
tiales recherches.  Cependant,  je  dois  le  dire,  je 
ne  partage  pas  entièrement  toutes  vos  conclu- 
sions ; et  je  retrouve  dans  mes  papiers  un  projet 
d’article  sur  la  taupe,  qui  y est  qualifiée  d’ani- 
mal utile.  J’admets  sans  doute,  avec  tous  les 
jardiniers,  que  la  taupe  fait  de  fréquents  dégâts 
dans  le  potager,  le  parterre  et  surtout  dans  les 
semis  ; mais  ceci  ne  me  paraît  être  que  le  défaut 
de  ses  qualités,  et  j’estime  qu’elle  nous  rend 
presque  partout  ailleurs  de  vrais  services.  Par- 
donnez-moi, Monsieur,  de  penser  autrement  que 
vous  en  cela  ; car  c’est  afin  de  penser,  comme 
vous,  qu’on  ne  doit  rien  rejeter  d’une  manière 
absolue,  et  que  toute  chose  est  souvent  suscep- 
tible d’avoir,  suivant  notre  intérêt,  un  bon  ou 
un  mauvais  côté.  Ainsi,  avant  de  qualifier  un 
animal  de  nuisible  ou  d’utile,  il  convient  d’avoir 
apprécié  et  comparé,  dans  leurs  résultats,  ces 
divers  rôles  d’auxiliaire  et  d’ennemi. 

En  ce  qui  concerne  la  taupe,  les  observations 
de  M.  Hauguel  ne  me  semblent  pas,  je  le  con- 
fesse, de  nature  à infirmer  absolument  celles  qui 
ont  été  faites  avant  lui.  Permettez-moi,  Mon- 
sieur, de  vous  citer  un  exemple.  Il  est  généra- 
lement admis  que  les  chats  mangent  les  rats  ; 
et  je  puis  affirmer  que  les  deux  chats  nourris  ici 
justifient  de  tous  points  celte  opinion.  Cepen- 
dant, il  y a quelques  mois,  dans  un  galetas  pres- 
que vide  et  sur  le  chemin  môme  que  ces  chats 
suivent  à chaque  instant,  soit  pour  dormir,  soit 
pour  prendre  leurs  repas,  je  ramassai  à terre, 
en  deux  ou  trois  fois,  dans  l’espace  d’une  couple 
d’heures,  trois  ou  quatre  souriceaux  qui  se  traî- 
naient à peine,  dont  le  nid  déserté  depuis  peu 
ne  pouvait  dès  lors  être  loin,  et  que  j’aurais  tous 


aperçus  sans  doute  dès  le  premier  mouMnE,,  aÉTi 
le  lieu  n’avait  été  un  peu  sombre.  Les  chais>„ 
dès  que  je  leur  eus  montré  cette  proie  déUcafis,, 
prouvèrent  bien  par  leur  empressement  Jà&MX 
que  leur  négligence  était  involontaire.  CottMfteatt 
dès  lors  expliquer  cette  négligence?  et 
vient  que  ces  ogres  à griffes  si  promptes 
pas  senti  la  chair  fraîche?  J’avoue  en  touîetâaà- 
plicité  que  je  n’en  sais  rien,  et  que  je  ncGs’ynfc- 
plique  pas  davantage  pourquoi  les  taupes 
lant  sous  les  Fraisiers  de  M.  Hauguei 
mangent  pas  tous  les  vers  blancs.  Mais,  en  âéffr 
nitive,  M.  Hauguel  n’est  peut-être  pas  bien  sur 
que  les  taupes  ont  complètement  épargné  les  rlî- 
vers  ennemis  de  son  jardin  ; et  si,  dans  les  âEe 
ficiles  conditions  de  leur  chasse  souterras^t 
elles  ont  été  mises  en  défaut,  j’en  suis  kisx 
moins  surpris  que  pour  mes  chats. 

Puisqu’une  taupe  captive  mange  avec 
des  êtres  vivants,  et  meurt  de  faim  plutôt 
de  loucher  à une  plante,  il  me  semble  qu’n«<stL 
assez  en  droit  de  voir  chez  elle  autre  ckoset 
qu’une  aberration  d’instinct  analogue  à celle  des 
naufragés  de  la  Méduse.  Prenons  garde  d'avtœtt: 
trop  d’esprit  ! Pour  ma  part,  je  n’y  mets  pas 
de  finesse,  deviens  de  présenter  deux  hanaÉâtfiïi; 
à un  pinson  : il  les  a immédiatement  dévoîésê^ 
j’ai  cru  pouvoir  en  conclure  que  cet 
mange  des  hannetons.  C’est  ainsi  que 
dans  les  expériences  que  je  me  propose  d^i^ûsse 
bientôt  sur  la  taupe.  Si  la  prisonnière  donae le; 
moindre  coup  de  dent  à une  racine,  je  vous^j» 
mets  d’en  tenir  note.  En  attendant,  je  vous  «é- 
voie  mon  article  : vous  y verrez  que  l’insocâate- 
lité  de  la  taupe  n’est  pas  pour  moi  un  faêc  dé- 
montré, et  que  par  hasard  j’avais  d’avaace 
répondu  à M,  Hauguel  au  sujet  du  Rida. 
pensé  qu’un  résumé  de  ce  qu’on  sait  déjà  m.  dfct 
ce  qu’on  a cherché  à savoir  sur  les  mœurs  fie 
taupe  donnerait  peut-être  à quelque  obsecvær 
teur  l’envie  de  continuer  ces  expériences,  eÊ&ÆSi 
lui  faciliterait.  E.  Barutei*. 

On  trouvera  plus  loin  l’article  dont  psife 
M.  Barutel  qui,  nous  n’en  doutons  pas, 
qu’il  le  dit,  est  bien  convaincu  de  rutiÜMdé 
la  taupe.  Il  en  ale  droit,  de  même  que 
avons  celui  d’être  d’un  avis  contraire.  Eki 
attendant  que  la  lumière  se  fasse  sur  oe 
jet,  nous  nous  associons  au  désir 
prime  cet  auteur  : que  de  nouvelles 
valions  soient  faites  afin  de  bien  étudies:  fe 
mœurs  de  la  taupe,  et  de  constater  si  les 
vices  qu’elle  rend  sont  compensés  parles, 
dommages  qu’elle  occasionne,  ce  qui 
paraît  plus  que  douteux. 

E.-A.  Garrièss- 


MUSA  SUPERBA 


Cette  belle  plante,  peu  connue  jusqu’à  1 était  cependant  assez  rare,  va  devenir 
présent,  si  ce  n’est  en  Angleterre,  où  elle  ! des  principaux  ornements  des  serres  teKsgé- 


^98 


RAIDI  SSE  UR  RAVET. 


MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE. 


rées  et  des  jardins  d’hiver,  probablement 
aussi  des  pelouses  pendant  l’été,  si  surtout 
les  quelques  graines  répandues  dans  le  com- 
merce donnent  de  bons  résultats,  qui  per- 
mettent de  faire  des  essais  sérieux.  La  cha- 
leur exigée  pendant  le  jeune  âge,  et  plus 
tard  l’espace  nécessaire  à l’état  adulte,  nous 
font  craindre  que  cette  magnifique  Musacée 
soit  toujours  tenue  à un  prix  relativement 
élevé;  comme  pour  le  M.  ensete,  bien  des 
graines  sont  mauvaises  et  ne  lèvent  pas,  ce 
qui  nous  est  malheureusement  arrivé. 

Le  dessin  original  de  cette  plante  se  trouve 
dans  les  Icônes  de  Wight;  il  a été  repro- 
duit l’année  dernière  dans  la  Flore  des 
serres.  M.  Duchartre,  dans  le  Manuel  des 
plantes,  t.  IV,  p.  584,  en  donne  la  descrip- 
tion suivante:  « Tige  conique,  d’un  mètre 
de  hauteur,  et  tellement  épaissie  par  la  base 
des  feuilles,  qu’elle  mesure  jusqu’à  2™  50 
de  tour  au  niveau  du  sol.  » 

Les  quelques  exemplaires  connus  dans 
les  cultures  ont  en  effet  donné  des  résultats 
merveilleux  comme  développement  de  la 
circonférence  du  tronc,  qui  est  même  plus 
élevé  que  le  prétend  l’auteur  dont  nous  ve- 
nons de  parler  ; 2 mètres  semblent  être  la 
hauteur  normale  de  la  tige.  Les  feuilles, 
longues  de  2 mètres  environ  sur  70  centi- 


mètres à 1 mètre  de  large,  ont  une  grande 
analogie . avec  celles  du  M.  ensete  ; étant 
moins  raides,  elles  sont  par  conséquent  plus 
gracieuses  que  chez  cette  espèce.  Originaire 
de  Travancore,  au  sud-ouest  de  l’Hindous- 
tan,  cette  plante  n’exigera  pas  une  très- 
forte  chaleur  quand  elle  aura  atteint  un 
certain  développement  ; car  dans  ce  pays  la 
température  est  adoucie  par  la  brise  de  mer. 
Les  horticulteurs  et  botanistes  anglais  con- 
sidèrent cette  plante  comme  assez  délicate. 
Nous  croyons  pouvoir  douter  de  leur  opi- 
nion; car,  si  notre  mémoire  ne  nous  fait  pas 
défaut,  nous  avons  vu  à la  Muette  (1)  de 
beaux  exemplaires  de  ce  Musa,  traités  et 
cultivés  comme  le  M.  ensete.  Ayant  eu  la 
bonne  chance  d’obtenir  quelques  plantes 
d’un  semis  fait  dans  nos  serres,  nous  sou- 
mettrons à divers  essais  cette  plante,  qui 
date  déjà  de  1823,  et  que  rajeunissent  les 
catalogues  de  1873,  en  la  faisant  passer 
comme  une  dernière  nouveauté. 

Si  les  résultats  que  nous  espérons  obtenir 
confirment  l’opinion  que  nous  avons  sur  la 
rusticité  du  Musa  superha  pour  la  décora- 
tion des  jardins  pendant  l’été,  nous  nous  fe- 
rons un  devoir  d’en  informer  les  lecteurs 
de  la  Revue  horticole.  Alphonse  D***, 

Amateur. 


RAIDISSEÜR  RAVET 


Pour  tendre  les  fils  de  fer,  soit  contre  les 
murs  ou  pour  les  contre-espaliers,  plusieurs 


systèmes  ont  été  et  sont  encore  préconisés  ; 
mais  tous  sont  plus  ou  moins  coûteux,  et  en 
horticulture  plus  qu’en  toute  autre  chose. 


l’économie  de  temps  et  d’argent  est  chose 
importante. 

Un  jardinier  de  notre  ville,  M.  Ravet, 
vient  d’inventer  un  moyen  excessivement 
simple,  facile  et  économique. 

Il  fait  une  boucle  à l’extrémité  du  fil  de 
fer  A qu’il  veut  tendre,  passe  dans  cette 
boucle  un  autre  morceau  de  fil  de  fer  B, 
figure  22,  qu’il  tourne  autour  du  poteau  G, 
qui  doit  soutenir  le  treillage,  et  à l’aide  de 
tenailles  il  tourne  les  deux  extrémités  D de 
ce  morceau  de  fil  de  fer,  qui  sont  croisées, 
jusqu’à  ce  qu’il  ait  obtenu  la  tension  con- 
venable. 

Rien  de  plus  simple,  de  plus  facile  à em- 
ployer ; rien  de  plus  économique. 

Jean  Sisley. 


MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE 


En  présence  des  plaintes  et  des  débats 
contradictoires  qui  ont  lieu  dans  tous  les 
journaux  d’agriculture  et  d’horticulture,  au 
sujet  de  nouvelles  maladies  dont  les  Pommes 


de  terre  sont  atteintes  dans  plusieurs  loca- 
lités, et  que  l’on  désigne  sous  toutes  sortes 

(1)  Voyez  le  Catalogue  de  cet  établissement  pour 
1866-1867. 


MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE. 


209 


•d’appellations  plus  ou  moins  fantaisistes, 
nous  venons  remplir  un  devoir  en  faveur  de 
ce  précieux  tubercule  qui,  s’il  venait  à 
manquer  à l’alimentation  générale  des 
hommes  et  des  animaux,  jetterait  la  plus 
grande  perturbation  dans  notre  régime  éco- 
nomique et  dans  l’assolement  de  la  petite 
et  de  la  grande  culture  ; ceci  est  incontes- 
table, et  il  nous  appartient  à nous  person- 
nellement, qui  avons  expérimenté  depuis 
bientôt  vingt-cinq  ans,  de  prendre  la  parole 
dans  ce  débat  sur  cette  grave  et  peut-être  la 
plus  importante  question  après  celle  du  blé, 
dont  la  Pomme  de  terre  est  la  succédanée. 

Et  d’abord,  nous  commencerons  par  de- 
mander à toutes  les  nobles  et  intéressantes 
victimes  de  ces  épidémies  à quelle  époque 
elles  plantent  leurs  Pommes  de  terre,  les  soins 
qu’elles  leur  donnent  pendant  leur  période 
végétative,  et  enfin  ce  qu’elles  font  pour  la 
conservation  des  tubercules  une  fois  que 
ceux-ci  sôntarrachés  et  placés  en  silos  ou  dans 
le  conservatoire.  En  attendant  leur  réponse, 
nous  allons  leur  faire  connaître  les  moyens 
que  nous  employons  depuis  1850,  sans  avoir 
eu  depuis  cette  époque  une  seule  Pomme  de 
terre  d’attaquée  par  l’affreux  hotrytis,  ni 
par  les  infirmités  de  différentes  sortes  dont 
se  plaignent  justement  nos  confrères,  dont 
les  plaintes  nous  touchent  profondément, 
car  on  sait  qu’il  y a une  véritable  solidarité 
entre  les  cultivateurs  d’une  contrée  et 
ceux  d’une  autre;  c’est  là  de  la  fraternité 
dans  toute  l’acception  du  mot,  et  à mon 
point  de  vue  je  n’en  connais  pas  d’aussi 
bonnes  que  celles-là.  Lorsqu’un  de  nos 
confrères  souffre,  nous  prenons  sérieuse- 
ment part  à ses  peines,  et  c’est  dans  ce  but, 
c’est-à-dire  pour  éclairer  et  venir  en  aide 
à ceux  qui  ont  à se  plaindre  de  la  maladie 
dont  nous  parlons  que  nous  écrivons  ces 
lignes.  Malheureusement  il  est  trop  tard 
pour  cette  année,  et  nos  conseils  ne  pourront 
être  suivis  que  l’année  prochaine,  puisque 
l’époque  de  la  plantation  de  la  Pomme  de 
terre  est  terminée,  et  que  c’est  de  l’époque 
de  la  plantation  que  dépend  le  succès. 

Depuis  vingt-trois  années  consécutives, 
nous  plantons  nos  Pommes  de  terre  dans  la 
première  quinzaine  de  février,  ou,  quand 
I nous  y sommes  forcés  par  une  raison  quel- 
i conque,  la  gelée  par  exemple,  qui  nous  em- 
pêche d’entamer  le  sol  pour  faire  cette 
plantation,  nous  l’ajournons  à la  seconde 
quinzaine  du  même  mois  de  février,  jamais 
plus  tard,  et  nous  sommes  heureux  de  pou- 
voir affirmer  à nos  confrères  que  c’est  à cette 
première  circonstance,  qui  permet  de  planter 


des  tubercules  sains  et  non  épuisés,  que 
nous  sommes  redevables  de  n’avoir  jamais 
un  tubercule  malade.  Voilà  le  premier  point 
essentiel  ; nous  allons  passer  aux  autres. 

Nous  classons  les  Pommes  de  terre  en 
trois  catégories  : la  première  en  Pommes  de 
terre  hâtives  ou  précoces,  telles  que  la  Mar- 
jolin,  la  Royale  Kidney,  la  Comice  d'A- 
miens^ etc.  ; la  seconde  en  Pommes  de  terre 
de  seconde  saison,  comme  la  Hollande  dite 
de  Brie,  la  Marceau,  la  Schaio,  la  Ségonzac 
ou  delà  Saint-Jean,  IsiBossin  dite  Caillaud, 
et  toutes  les  autres  variétés  dont  la  maturité 
a lieu  vers  la  fin  d’août  ou  dans  les  premiers 
jours  de  septembre,  c’est-à-dire  toutes  celles 
qui,  étant  arrivées  à leur  parfait  état  de  ma- 
turité, peuvent  être  rentrées  dans  la  cave  ou 
dans  le  cellier  avant  l’invasion  de  la  maladie 
qui  n’arrive  guère  qu’en  septembre,  à quel- 
ques exceptions  près  ; il  nous  arrive  donc 
par  ce  procédé  d’avoir  tous  les  ans  des 
tubercules  parfaitement  sains  et  parfaite^ 
ment  mûrs  avant  que  le  fléau  n’exerce  ses 
ravages  sur  les  Pommes  de  terre  ; de  cette 
façon  nos  tubercules  rentrés  bien  mûrs  sont 
excellents  pour  la  reproduction  et  pour  la 
plantation  suivante,  ce  qui  est  un  des  points 
les  plus  importants.  On  a pu  voir  que  dans  le 
nombre  des  Pommes  de  terre  que  nous 
venons  d’énumérer,  nous  avons  désigné 
intentionnellement  celles  qui  conviennent  à 
la  grande  culture,  afin  qu’on  ne  croie  pas 
que  nous  opérons  sur  des  variétés  purement 
jardinières  et  horticoles.  La  troisième  caté- 
gorie comprend  les  variétés  tardives  pro- 
prement dites,  telles  que  la  Chardon,  la 
Saucisse,  etc.;  de  celles-ci  nous  ne  nous  en 
occupons  que  médiocrement,  car  elles  ne 
forment  pas  la  base  de  notre  culture  ; elles 
mûrissent  généralement  trop  tard,  en  octo- 
bre et  en  novembre,  quand  la  maladie  a 
exercé  ses  ravages;  et  alors,  ou  il  faut  les 
arracher  trop  tôt,  avant  d’être  mûres,  et  les 
tubercules  s’épuisent  pendant  l’hiver,  et 
sont  tout  à fait  impropres  à la  reprodution. 
De  là  les  nouvelles  maladies  dont  on  se 
plaint  avec  raison,  parce  qu’on  n’a  pas  fait 
ce  qu’il  fallait,  et  au  lieu  de  s’en  prendre  à 
soi-même,  on  accuse  l’espèce  en  général 
d’avoir  dégénéré,  ce  qui  semble  beaucoup 
plus  facile  à dire  ; ou  bien  on  arrache  les 
variétés  tardives  en  octobre  et  en  novembre, 
alors  qu’elles  sont  mûres  ; mais  aussi  on  est 
obligé  d’en  laisser  la  moitié  ou  les  trois 
quarts  sur  le  sol,  parce  qu’elles  sont  gâtées, 
et  le  reste  est  descendu  à la  cave  entaché  de 
cette  maladie,  qui  ne  fait  que  s’accroître 
pendant  la  période  hivernale.  Nous  voyons 


MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE. 


210 

cela  tous  les  jours,  et  nous  en  parlons  en 
toute  connaissance  de  cause. 

Pendant  la  végétation,  nous  donnons  un 
premier  binage,  ou  mieux  un  bon  labour  à 
pleine  binette,  ou,  dans  nos  terres  fortes,  à 
pleine  houe  fourchue,  dès  que  les  Pommes 
de  terre  sont  sorties  de  terre.  Ce  labour  ré- 
chauffe le  pied,  et  a pour  but  et  pour  résultat 
de  faire  grossir  les  tubercules.  Un  mois  en- 
viron après  ce  travail,  nous  les  buttons 
assez  fortement  pour  maintenir  la  fraîcheur 
aux  touffes,  et  lorsque  le  moment  de  la  ma- 
turité est  arrivé,  nous  les  arrachons  par  un 
beau  temps,  et  nous  les  laissons  se  ressuyer 
srur  le  terrain  pendant  une  journée  ou  deux, 
avant  qu’elles  ne  verdissent  ; puis  nous  les 
mettons  en  tas  par  espèce  séparée  ; et  comme 
il  faut  à toute  chose  des  soins  particuliers 
et  qu’il  y a des  précautions  à prendre,  notre 
cave  ou  conservatoire  est  parfaitement  aéré, 
au  moyen  d’une  ventilation  bien  établie,  à 
l’est,  au  nord  et  au  midi.  Quand  la  tempé- 
rature du  dehors  est  trop  chargée  d’humi- 
dité, nous  bouchons  le  plus  hermétiquement 
possible  tous  nos  soupiraux  avec  de  la 
paille,  que  nous  enlevons  dès  que  le  temps 
est  beau  ; par  cette  méthode  simple  et  facile, 
il  nous  arrive  presque  tous  les  ans  d’at- 
teindre le  mois  de  janvier  sans  que  nous 
ayons  une  seule  Pomme  de  terre  de  germée  ; 
quelquefois  et  très-souvent  même,  on  n’en 
aperçoit  aucune  trace,  au  moment  de  la 
plantation,  qui  a régulièrement  lieu  chaque 
année  dans  la  première  quinzaine  de  fé- 
vrier. Nous  plantons  donc  depuis  vingt-trois 
ans  des  tubercules  constamment  sains  et 
parfaitement  mûrs,  qui  n’ont  jamais  dégé- 
néré depuis  1850  que  nous  cultivons  ces 
mêmes  variétés,  et  toujours  les  mêmes,  sans 
la  moindre  variation,  ni  sans  le  moindre 
épuisement.  Nous  avons  déjà  dit  et  écrit 
cela  bien  des  fois  depuis  nos  premières 
expériences,  dans  tous  les  journaux  d’agri- 
culture et  d’horticulture  ; cela  nous  prouve 
que  notre  voix  n’est  pas  prépondérante. 
Pour  bien  convaincre  nos  confrères  qui  ne 
seraient  pas  disposés  à croire  ce  que  nous 
avançons,  nous  les  invitons  à venir  nous 
voir  en  ce  moment  ; ils  trouveront  encore 
des  Pommes  de  terre  qui  nous  restent,  dont 
nous  faisons  usage  'pour  la  table,  et  que 
nous  donnons  aux  bestiaux,  et  ils  resteront 
convaincus  qu’avec  notre  système  de  plan- 
tation en  février  et  nos  moyens  de  conserva- 
tion, nos  tubercules  ne  commencent  qu’à 
émettre  des  tiges  nouvelles,  et  qu’ils  sont 
restés  bien  conservés.  Nous  devons  faire  ob- 
server toutefois  que  notre  récolte  de  Pommes 


de  terre  s’élève  chaque  année  au  chiffre  de 
trente  à quarante  hectolitres. 

On  voit  par  ce  qui  précède  que  nos  pro- 
cédés de  culture,  de  plantation  et  de  con- 
servation ne  sont  pas  difficiles  à suivre  ni  à 
exécuter  ; seulement  il  faut  les  faire  à temps  ; 
l’important  est  donc  de  le  vouloir.  Quant  à la 
plantation  des  Pommes  de  terre  en  février, 
ce  n’est  pas,  paraît-il,  un  fait  bien  nouveau; 
en  effet,  nous  lisons  dans  les  lettres  à M.  Bar- 
rai, par  notre  excellent  confrère  M.  Leroy- 
Mabille,  qu’en  1768,  Valmont  de  Bomare, 
dans  son  Dictio^inaire  dliistoire  naturelle^ 
recommandait  la  plantation  de  ce  précieux 
tubercule  dans  le  mois  de  février,  afin  de  le 
récolter  bien  mûr.  Si  l’on  avait  suivi  les 
excellents  conseils  que  n’a  cessé  de  donner 
pendant  une  trentaine  d’années  environ 
notre  honorable  ami,  M.  Leroy-Mabille,  on 
n’en  serait  certainement  pas  arrivé  où  l’on 
en  est  aujourd’hui:  il  conseillait  la  planta- 
tion hivernale,  et  il  avait  raison;  c’était  le 
meilleur  moyen  de  récolter  des  Pommes  de 
terre  en  état  complet  de  maturité,  et  qui 
n’auraient  pas  subi  les  influences  de  toutes 
les  maladies  qu’on  leur  découvre  aujour- 
d’hui. MM.  de  Rainneville,  Tougard,  de 
Montaignac,  et  d’autres  agriculteurs  en  re- 
nom, sont  venus  à plusieurs  reprises  con- 
firmer les  premières  expériences  de  M.  Leroy- 
Mabille,  et  c’est  dans  le  but  de  faire  adopter 
généralement  cette  bonne  méthode  que 
nous  nous  sommes  rapprochés  de  lui,  en 
plantant  plutôt  dans  la  première  quinzaine 
de  février  que  dans  la  deuxième.  Mais,  nous 
le  répétons,  la  méthode  de  M.  Leroy- 
Mabille  est  supérieure  à la  nôtre  ; elle  est 
peut-être  aussi  plus  rationnelle.  La  plan- 
tation des  Pommes  de  terre  dans  la  première 
quinzaine  de  février  a un  double  résultat: 
d’abord  de  soustraire  les  tubercules  à l’ac- 
tion de  la  maladie,  ensuite  d’augmenter  la 
récolte  dans  des  proportions  notables  que 
nous  pouvons  estimer  être  couramment  de 
25  à 30  P . 100,  ainsi  que  plusieurs  expé- 
riences réitérées  pendant  des  années  nous 
permettent  de  l’affirmer.  Il  est  donc  facile 
de  voir  que  nous  laissons  bien  derrière  nous 
les  cultivateurs  qui  remplissent  à juste  titre 
les  journaux  de  leurs  vraies  et  sincères  do- 
léances. Aussi,  ne  saurions-nous  trop  in- 
sister pour  la  plantation  des  Pommes  de 
terre  en  février  ; mais  M.  Leroy-Mabille  nous 
devance  de  beaucoup,  et  d’après  plusieurs  | 
rapports  qui  lui  ont  été  adressés  par  ceux 
qui  ont  contrôlé  sa  méthode,  le  rendement  à i 
la  récolte  des  tubercules  aurait  été  jusqu’à  j 
50  p.  100  en  plus  que  dans  la  plantation  | 


' du/ n I P en  d u 7i/7/)rimi 


DESMODIUM  PENDULIFLORUiM. 


^211 


d’avril  et  de  mai.  Dans  une  nouvelle  note, 
nous  ferons  connaître  le  chiffre  exact  de  la 
récolte  comparative  par  variétés,  plantées 
de  mois  en  mois  jusqu’en  mai,  époque  où 
cette  plantation  est  faite  encore  dans  beau- 
coup de  localités. 

Une  grande  objection  nous  est  faite  à l’oc- 
casion de  la  plantation  faite  ou  à faire  en 
février,  et  l’on  nous  dit  même  que  dans  les 
terres  fortes  elle  est  à peu  près  impossible  ; 
nous  savons  cela,  puisque  notre  sol  est  d’une 
nature  compacte  ; aussi,  rappellerons-nous  à 
celte  occasion  le  moyen  pratique  employé 
par  notre  père,  il  y a soixante  ou  soixante- 
dix  ans,  en  pleine  Beauce,  à Denonville 
(Eure-et-Loir),  où  les  terres  sont  des  plus 
fortes.  Notre  père  avait  un  plantoir  de  la 
grosseur  du  bras,  et  long  de  70  à 80  centi- 
1 mètres,  terminé  en  pointe  à la  partie  infé- 
! rieure,  tandis  qu’à  l’extrémité  opposée  il 
I était  traversé  par  une  assez  longue  cheville 
j qui  permettait  d’appuyer  les  deux  mains,  et 
s au  moyen  d’un  demi-tour  de  droite  à gauche 
1 et  de  gauche  à droite,  il  retirait  le  plantoir, 

! et  il  mettait  dans  le  trou  ouvert  ainsi  un 
j tubercule  de  Pomme  de  terre,  puis,  en  im- 
j primant  un  léger  coup  sur  le  sol  avec  la 
partie  pointue,  il  faisait  retomber  la  terre 


dedans  pour  couvrir  le  tubercule.  Eh  bien  I 
ce  que  notre  père  faisait  dans  les  premières 
années  de  ce  siècle,  nous  le  faisons  encore 
aujourd’hui  dans  notre  terrain  fort.  On  nous 
dira  peut-être  qu’on  ne  peut  pas  le  faire 
partout.  Pourquoi  ? Ne  le  pourrait-on  pas,  au 
moyen  d’une  planche  que  l’on  ferait  glisser 
sur  le  sol  et  d’un  seau  rempli  d’eau  dans 
lequel  on  tremperait  le  bout  du  plantoir, 
pour  favoriser  son  entrée  en  terre  ? Nous  ne 
'^ovons  aucun  inconvénient  à adopter  ce 
genre  ut  pi^întalion  partout  où  l’on  ne  peut 
faire  autrement.  Les  cultivateurs  de  la  Brie 
et  de  la  Beauce  savent  que  c’est  en  trem- 
pant dans  de  l’eau  leurs  instruments  qu’ils 
parviennent  à façonner  leurs  terres  fortes. 
Dans  les  terrains  sablonneux,  on  ouvrira  à 
la  pioche,  à la  bêche  ou  à la  charrue,  des 
trous  profonds  de  20  à 25  centimètres,  au 
fond  desquels  on  jettera  un  tubercule  moyen, 
ni  trop  gros,  ni  trop  faible.  En  terminant 
cette  note,  nous  conseillerons  aux  cultiva- 
teurs de  suivre  notre  procédé,  ou  celui  de 
M.  Leroy-Mabille,  que  nous  approuvons,  et 
nous  pouvons  les  assurer  que  s’ils  suivent 
ces  recommandations  ils  n’auront  plus  de 
Pommes  de  terre  malades. 

Bossin. 


DESMODIUM  PENDULIFLORUM 


Bien  que  la  beauté  soit  un  peu  une  af- 
1 faire  de  goût,  et  partant  relative,  il  faut 
néanmoins  convenir  qu’il  y a sinon  un  type 
absolu  du  beau,  du  moins  une  beauté  que 
l’on  pourrait  appeler  générale^  par  ce  fait 
qu’elle  convient  au  plus  grand  nombre, 
i Ceci  entendu  et  admis,  disons  que  la  plante 
i qui  fait  le  sujet  de  cette  note,  le  Desmo- 
dium  penduliftorum,  réunit  au  plus  haut 
degré  cette  qualité;  aussi,  n’hésitons-nous 
pas  à la  faire  figurer,  bien  que  ce  ne  soit 
pas  une  véritable  « nouveauté,  » comme 
l’on  dit.  Ce  qui  nous  y engage  encore,  c’est 
afin  de  continuer  la  marche  qu’a  suivie  jus- 
"qu’ici  la  Revue  horticole,  en  recommandant 
d’une  manière  toute  particulière  les  plantes 
dont  le  mérite  réel  est  bien  constaté,  et  qui 
présentent  un  avantage  à peu  près  pour  tout 
le  monde,  ce  qui  est  absolument  le  cas  pour 
' l’espèce  qui  nous  occupe,  et  dont  voici  la 
description  : 

I Plante  vivace  ou  à peine  sous-frutescente 
à la  base,  émettant  chaque  année  de  la 
souche  des  liges  annuelles,  grêles,  bien  que 
R très-vigoureuses,  qui  atteignent  jusqu’à 
■ 2 mètres,  parfois  plus,  de  hauteur,  rami- 


fiées dans  toute  leur  longueur,  lesquelles 
ramifications  se  terminent  toutes  par  de 
très-longues  inflorescences,  en  racèmes  spi- 
ciformes,  portant  un  nombre  considérable  de 
fleurs  qui  s’épanouissentà  partir  du  commen- 
cement de  septembre  et  se  succèdent  sans  in- 
terruption jusqu’aux  gelées,  de  sorte  que,  à 
certaine  époque,  la  plante  disparaît  complè- 
tement sous  une  masse  de  fleurs.  Rameaux 
anguleux,  à écorce  grisâtre  et  comme  pul- 
vérulente. Feuilles  composées,  trifoliolées, 
à folioles  longuement  elliptiques,  d’un  vert 
pâle  ou  gris  cendré  en  dessous,  et  comme 
feutré  par  de  longs  poils  très-courts.  Fleurs 
relativement  grandes,  d’un  rouge  vineux 
violacé,  à étendard  d’un  rouge  plus  pour- 
pre, mais  un  peu  plus  clair  que  les  autres 
parties  des  fleurs. 

Le  Desmodium  penduliflorum,  qui  très- 
probablement  est  la  même  plante  que  le  D. 
racemosum,  introduit  il  y a déjà  longtemps 
du  Japon  par  feu  Siébold,  est  très-rustique, 
nriême  sous  le  climat  de  Paris,  où  jamais 
il  ne  souffre  de  l’hiver,  quelle  que  soit  l’in- 
tensité du  froid.  On  doit  en  soutenir  les  tiges 
à l’aide  d’un  tuteur  au  fur  et  à mesure 


DU  GALVANISME  CHEZ  LES  VÉGÉTAUX. 


212 

qu’elles  se  développent  ; autrement  elles 
s’inclinent  et  s’affaissent  sous  le  poids  des 
fleurs.  Cette  espèce  n’est  pas  délicate  sur  le 
terrain  : à peu  près  tous  lui  conviennent; 
néanmoins,  ceux  qu’elle  semble  préférer, 
dans  lesquels  sa  vigueur  est  plus  considé- 
rable, sont  les  terrains  profonds  et  consis- 
tants, plutôt  un  peu  humides  que  secs. 
Nous  ne  sachions  pas  que  jusqu’à  ce  jour 


elle  ait  produit  des  graines  dans  les  cul- 
tures, ce  qui  oblige  à la  multiplier  par 
boutures,  qu’on  fait  avec  les  jeunes  pousses 
non  encore  à fleurs,  et  qu’on  plante  en 
pots  remplis  de  terre  de  bruyère,  qu’on 
place  sous  cloche  dans  la  serre  à boutures, 
où  elles  s’enracinent  facilement,  surtout  si 
les  plantes  mères  cultivées  en  pots  ont 
poussé  dans  une  serre.  E.-A.  Carrière. 


DU  GALVANISME  CHEZ  LES  VÉGÉTAUX 


Dans  l’expérience  faite  avec  les  graines 
de  Cresson,  et  dont  nous  avons  parlé  précé- 
demment, notre  intention  n’était  pas  de  dé- 
terminer jusqu’où  l’influence  électrique 
pourrait  s’étendre  pour  stimuler  la  végéta- 
tion des  plantes,  mais  simplement  de  dé- 
montrer que  des  résultats  opposés  pouvaient 
être  obtenus  des  deux  différentes  conditions 
polaires,  et  que  de  l’une  d’elles  nous  obte- 
nions une  accélération  et  une  vigueur  dans 
l’accroissement,  pendant  que  de  l’autre  nous 
trouvions  une  tendance  à la  production  des 
Champignons  et  à un  état  maladif  des  plan- 
tes. A cette  fin,  et  pour  obtenir  une  imita- 
tion aussi  vraie  que  possible  de  l’échelle  na- 
turelle, on  a employé  une  très-faible  somme 
de  polarité,  tout  juste  suffisante  pour  con- 
trebalancer l’équilibre  normal  ; mais  eût-on 
mis  en  œuvre  un  plus  grand  degré  d’in- 
tensité, la  disposition  au  renversement  des 
« racines  en  l’air  » aurait  été  plus  générale 
et  beaucoup  plus  accentuée.  Le  trait  le  plus 
remarquable,  cependant,  est  l’effet  produit 
par  l’oxygène,  et  ceci  est  un  point  qui  de- 
mande à être  considéré  attentivement,  parce 
que  le  gaz  oxygène  est  le  grand  agent  dans 
le  laboratoire  de  la  nature  ; mais  par  ((  na- 
ture ))  nous  entendons  simplement  une 
sphère  d’action  comprenant  les  instruments 
et  matériaux,  et  rien  de  plus.  Sous  la  direc- 
tion de  la  toute-puissance,  l’oxygène  est  le 
principal  agent  employé  dans  le  monde  ma- 
tériel pour  effectuer  ces  changements  con- 
sidérables et  indéfinis  qui  se  font  continuel- 
lement chez  nous  et  autour  de  nous.  Il 
constitue  le  chaînon  établissant  l’union 
entre  la  vie  organique  et  les  principes  qui 
l’alimentent.  Par  son  action,  le  carbone  qui 
forme  la  masse  de  toute  matière  organisée, 
animale  et  végétale,  est  rendu  soluble  et 
convenable  pour  être  absorbé  et  assimilé 
par  le  corps  vivant,  et  qui  ensuite,  par  son 
extraction,  l’abandonne  là  comme  accrois - 

(i)  Vùir  Revue  horticole,  1873,  p.  56, 118, 145. 


sement  additionnel  à celui  déjà  existant.  En 
volume,  l’oxygène  fournit  à peu  près  un 
cinquième  de  ce  qui  constitue  l’atmosphère. 
Il  comprend  un  tiers  du  volume  des  gaz  qui 
sont  combinés  pour  former  de  l’eau.  Il  est 
le  principe  acidifiant  de  tous  les  acides.  Il 
est  l’agent  destructeur  dans  la  rouille  des 
métaux.  Il  soutient  la  vie,  et  en  est  l’indis- 
pensable agent  par  lequel  le  carbone  con- 
sumé est  encore  dissous  et  éliminé  du  sys- 
tème. C’est  avec  son  aide  que  la  plante 
prépare  le  carbone  pour  l’usage  de  l’animal. 
La  grande  source  primitive  de  son  approvi- 
sionnement est  l’atmosphère.  Les  animaux 
peuvent  le  prendre  par  leur  propre  action 
volontaire  dans  l’acte  de  la  respiration  ; il  en 
est  autrement  des  plantes,  qui,  n’ayant  pas 
de  volonté  propre,  sont  sous  la  dépendance 
des  lois  naturelles  pour  pourvoir  à leurs  be- 
soins. Ce  que  sont  ces  lois,  et  comment  leur 
accomplissement  s’opère,  est  donc  le  point  à 
examiner. 

Il  est  bien  reconnu  que  chaque  végétal, 
herbe  ou  arbre,  dans  son  organisation,  est 
disposé  dans  un  sens  polaire,  c’est-à-dire 
qu’il  a une  certaine  portion  de  son  individu 
électro-négative,  et  l’autre  électro-positive  ; 
mais  de  ce  fait  il  sera  bon  d’en  donner  une 
preuve,  ainsi  que  d’indiquer  de  quelle  ma- 
nière une  telle  condition  est  établie  et  en- 
suite maintenue  en  action.  Ceci,  cependant, 
ne  peut  être  fait  qu’en  ayant  recours  à l’ex- 
périence, et  je  conseille  beaucoup  au  lecteur 
que  ce  sujet  intéresse  de  se  pénétrer  des 
conséquences  qu’il  peut  déduire  de  celle 
que  nous  allons  rapporter,  et  qui,  bien  que 
très-simple,  est  une  des  plus  instructives 
qu’on  puisse  indiquer. 

Il  y a beaucoup  d’expériences  dont  le 
succès  dépend  de  l’adresse  et  du  tact  de 
l’expérimentateur;  mais  heureusement  celle 
que  nous  recommandons  est  entièrement 
dépourvue  de  difficultés,  car  une  fois  dis- 
posée, on  la  laissera  opérer  par  elle-même,, 
tout  naturellement.  Qu’on  se  procure  trois 


DU  GALVANISME  CHEZ  LES  VÉGÉTAUX. 


213 


bocaux;  on  en  remplira  un,  et  les  deux 
autres  ne  seront  remplis  qu’à  moitié  avec 
de  l’acide  sulfurique  étendu  d’eau,  une 
partie  d’acide  pour  dix  d’eau  ; puis  on  se 
procurera  trois  morceaux  de  tringle  de 
cuivre,  dont  un  de  3 centimètres  de  lon- 
gueur, et  les  deux  autres  de  10  centimètres. 
On  placera  le  morceau  de  3 centimètres 
dans  le  bocal  rempli  ; on  le  bouchera  et  on 
le  marquera  n»  1,  et  on  le  mettra  de  côté. 
Puis  les  deux  autres  morceaux,  qui  sont 
plus  longs,  seront  placés  un  dans  chaque 
bocal,  de  manière  à ce  qu’ils  trempent  à 
moitié  dans  le  liquide  et  à moitié  dans  l’air, 
comme  le  démontre  la  figure  23  ; on  en  lais- 
sera un  bouché  marqué  n®  2,  et  l’autre  ou- 
vert, exposé  à l’air,  marqué  n»  3.  Ils  de- 
vront, dans  ces  conditions,  être  placés  sur 
une  tablette,  où  on  pourra  les  observer  et 
les  examiner  de  temps  en  temps  sans  les  dé- 
ranger. Le  premier  effet  qu’on  remarquera 
sera  dans  ces  deux  derniers,  et  au  bout  de 
peu  de  jours,  que  l’acide  commencera  à 
prendre  une  teinte  bleuâtre,  et  que  le  mor- 
ceau de  tringle  de  cuivre,  à l’endroit  mar- 
qué A,  juste  à la  surface  du  liquide,  sera  de- 
venu d’une  couleur  plus  brillante.  Au  bout 
d’une  semaine  ou  deux  (cela  dépend  de  la 
température),  des  cristaux  de  vitriol,  ou  sul- 
, fate  de  cuivre,  d’un  bleu  foncé,  commen- 
! ceront  à paraître  sur  la  tringle  au-dessus  de 
j l’acide,  et  au  bout  de  quelque  temps  cette 
i cristallisation  d.eviendra  plus  intense  et  oc- 
I cupera  la  plus  grande  partie  de  la  tringle 
exposée  à l’air  du  bocal.  On  remarquera 
alors  que  le  morceau  de  tringle  de  cuivre  a 
été  plus  influencé  précisément  au-dessus  du 
niveau  de  l’acide  ; qu’une  très-petite  partie 
I seulement  du  métal  plongé  dans  le  liquide  a 
subi  l’influence  dissolvante  de  l’acide,  et 
que  ce  qui  en  a été  dissous  n’est  pas  entré 
len  dissolution  dans  le  liquide,  mais  s’est 
élevé  et  a gagné  la  partie  supérieure  de  la 
tringle,  où  elle  s’est  cristallisée,  et  avec  le 
temps  le  morceau  de  tringle  se  trouvera  en- 
’ fièrement  corrodé,  au  point  de  se  séparer 
len  deux  morceaux  au  niveau  du  liquide.  La 
question  : Pourquoi  le  métal  se  trouve-t-il 
Iplus  influencé  à cet  endroit  plus  qu’à  un 
autre  ? se  posera  tout  naturellement,  et  c’est 
l’interprétation  exacte  de  ce  fait  qui  nous 
a dévoilé  et  expliqué  un  grand  nombre  de 
phénomènes  de  la  nature  jusqu’ici  encore 
jbien  inintelligibles. 

i En  plaçant  les  morceaux  de  tringle  dans 
jles  nos  2 et  3,  chacun  d’eux  dans  un  milieu 
jdifférent,  c’est-à-dire  une  partie  dans  l’air 
jet  l’autre  dans  le  liquide,  ils  ont  été  rendus 


polaires  ; chacun  est,  par  le  fait,  devenu  un 
aimant  électrique  ; dans  son  effet  il  a acquis 
le  pouvoir  d’attirer  l’oxygène  de  l’atmos- 
phère, et,  comme  on  l’a  déjà  remarqué, 
l’union  de  l’oxygène  est  une  nécessité  comme 
premier  pas  pour  rendre  le  métal  soluble, 
et  par  conséquent  là  où  la  plus  grande  at- 
traction pour  lui  existait,  le  métal  a été  le 
plus  réduit  en  volume.  Tels  sont  les  résul- 
tats, et  il  nous  reste  à expliquer  comment 
ces  phénomènes  se  produisent.  Le  premier 
agent  important  dans  le  travail  est  la  condi- 
tion électrique  de  l’atmosphère.  Il  y a deux 
forces  dans  la  nature  : la  gravitation  et  l’élec- 
tricité, qui  sont  similaires  sous  un  rapport, 
mais  différents  sous  un  autre.  Elles  sont  si- 
milaires sous  ce  rapport  qu’elles  agissent 
toutes  les  deux  sur  la  matière  «c  à une  dis- 
tance ; y>  mais  elles  diffèrent  dans  leur  mode 


Fig.  23.  — Expérience  de  Bridgman. 

d’action.  La  gravitation  attire  toute  matière 
en  proportion  de  sa  masse,  mais  l’électri- 
cité est  seulement  une  attraction  entre  les 
corps  dans  un  état  opposé,  c’est-à-dire  que 
c’est  une  force  polarisée  ou  divisée,  et  l’at- 
traction existe  seulement  entre  les  corps 
représentant  ces  deux  divisions.  Nous  avons 
la  lumière  et  la  chaleur,  toutes  deux  capa- 
bles d’être  polarisées,  et  la  conséquence  est 
que  la  gravitation  est  dans  le  même  cas  ; 
l’électricité  est  la  gravitation  dans  sa  forme 
polarisée,  la  force  attractive  des  deux  étant 
la  même,  mais  en  proportion  inverse  du 
carré  de  la  distance.  Le  magnétisme  étant 
seulement  une  autre  forme  d’attraction 
électrique,  nous  pouvons  nous  en  servir 
pour  démontrer  les  effets  d’induction  élec- 
trique. Ainsi,  si  une  aiguille  est  placée  à 
une  très-faible  distance  d’un  aimant,  on 
trouvera  qu’elle  devient  elle-même  un  ai- 


2U 


DU  GALVANISME  CHEZ  LES  VEGETAUX. 


mant,  capable  d’attirer  et  de  repousser 
comme  le  ferait  le  plus  gros  aimant  ; et  si 
un  morceau  de  papier  mince  est  placé  au- 
dessus  de  ces  deux  aimants,  et  qu’on  sème 
dessus  un  peu  de  limaille  de  fer  ou  de  fines 
rognures  de  fer,  et  qu’on  tape  légèrement 
sur  le  papier,  on  verra  le  fer  s’arranger 
d’une  certaine  manière,  montrant  qu’il  y a 
une  atmosphère  magnétique  ou  électrique 
qui  l’entoure.  11  en  est  de  même  de  notre 
atmosphère,  qui,  dans  son  état  normal,  pos- 
sède une  électricité  positive.  C’est  aussi  une 
loi  d’induction  que  le  courant  électrique  est 
invariablement  d’un  caractère  opposé  à 
celui  du  corps  qui  le  détermine,  ou,  en 
d’autres  termes,  que,  comme  l’électricité 
est  une  force  divisée,  l’une  de  ces  parties 
divisées  ne  peut  exister  sans  que  son  com- 
plément ne  s’y  adjoigne,  et  qui,  du  reste, 
est  toujours  prêt  pour  cette  réunion.  C’est 
pourquoi,  quand  l’atmosphère  manifeste 
une  électricité  positive,  celle  de  la  surface 
de  la  terre  sera  électro-négative.  Étendons 
cette  loi  un  pas  plus  loin,  et  nous  trouvons 
alors  que  la  partie  supérieure  du  morceau 
de  tringle  placée  au-dessus  de  l’eau  ac- 
querra le  courant  électrique  négatif  à cause 
de  l’électricité  positive  de  l’atmosphère, 
tandis  que  la  partie  immergée  dans  l’acide, 
qui  est  lui-même  électro -négatif,  deviendra 
électro-positive.  On  voit  par  ces  faits  com- 
ment le  pouvoir  initiant  dans  l’action  chimique 
qui  a lieu  est  d’abord  obtenu.  Il  y a un  autre 
arrangement,  à l’aide  duquel  ce  faible  degré 
de  polarité  est  rendu  suffisant  pour  sur- 
monter de  plus  puissantes  attractions,  qui 
démontre  que  l’atmosphère  est  la  source 
primitive  de  l’oxygène  nécessaire  à la  vie 
organique,  et  que  dans  l’air  que  nous  res- 
pirons cet  oxygène  existe  en  compagnie  avec 
d’autres  gaz  ; mais  ce  n’est  seulement  que 
par  un  assemblage  mécanique,  dans  lequel 
chaque  gaz  est  libre  et  non  mélangé.  Et 
c’est  pourquoi  chaque  substance  ayant  la 
plus  minime  attraction  pour  l’oxygène  est 
à même  de  l’obtenir  de  suite,  sans  qu’il  y 
ait  d’autre  attraction  opposante  à surmonter 
pour  arriver  à ce  but.  L’oxygène,  cependant, 
est  toujours  attiré  à la  surface  positive, 
pendant  que  l’hydrogène,  qui  lui  est  associé 
dans  la  composition  de  l’eau,  est  toujours  at- 
tiré à la  négative;  mais  comme,  d’une  autre 
part,  un  volume  d’oxygène  est  allié  à deux 
volumes  d’hydrogène  pour  former  un  atome 
d’eau,  il  en  résulte  que  les  deux  volumes 
d’hydrogène  ont  la  prépondérance,  et  en- 
traînent avec  eux,  à la  négative,  le  volume 
d’oxygène  combiné  sous  forme  d’eau  ; la  loi 


est  que  toutes  solutions  aqueuses  sont  tou- 
jours attirées  à la  surface  négative. 

Ce  dernier  fait  nous  ramène  à la  question 
de  la  plus  forte  somme  de  l’oxydation  mé- 
tallique prenant  place  au-dessus  de  la  sur- 
face du  liquide.  Celte  tendance  des  fluides  à 
la  surface  négative  force  l’acide  à s’élever  et 
à s’étendre  au-dessus  du  bout  négatif  de  la 
tringle;  et  en  faisant  ainsi,  il  rend  posi- 
tive la  portion  du  métal  qui  est  plus  bas,  et 
par  conséquent  attractive  de  l’oxygène  ; et 
comme  il  forme  seulement  un  très-mince 
« stratum»  de  fluide,  la  force  attractive  agit 
à travers,  et  l’oxygène  atteint  le  métal  sans 
empêchement.  Mais  immédiatement  l’oxy- 
gène s’est  combiné  et  a rendu  le  métal  so- 
luble; il  est  enlevé  par  l’acide,  et  la  solution 
concentrée  continue  alors  sa  course  en  mon- 
tant, et  subséquemment  dépose  son  char- 
gement sous  la  forme  de  cristaux  de  sulfate 
de  cuivre  du  plus  beau  brillant.  Il  faut  aussi 
remarquer  que  la  partie  immergée  de  la 
tringle  a été  de  moins  en  moins  influencée 
à mesure  que  sa  profondeur  dans  l’acide  a 
augmenté,  montrant  que  la  plus  grosse 
somme  de  décomposition  a eu  lieu  le  plus 
près  de  la  surface,  là  où  l’air  et  l’acide  arri- 
vaient en  contact.  L’acide  sulfurique  et  le 
cuivre  ont  été  employés  pour  cette  expé- 
rience, parce  que  l’intensité  de  la  couleur 
rendait  les  résultats  plus  visibles  ; mais  il  y 
a très-peu  de  substances,  si  même  il  en 
existe,  qui  n’agissent  conformément  à ces 
mêmes  lois,  ce  qui  explique  comment  les 
os  agissent  comme  engrais,  et  comment  la 
chaux  arrive  dans  les  végétaux,  etc.  Aussi, 
si  l’on  répète  l’expérience  avec  un  morceau 
d’os  au  lieu  d’employer  un  morceau  de 
tringle  de  cuivre,  on  obtiendra  des  résultats 
tout  à fait  analogues.  Ainsi,  si,  par  exemple, 
on  prend  le  manche  d’une  vieille  brosse  à 
dents,  et  qu’on  l’immerge  dans  un  pot  con- 
tenant de  l’eau  acidulée,  comme  cela'  a été 
fait  dans  la  figure  23,  il  commencera  bien- 
tôt à obéir  à la  même  influence,  par  la  chaux 
transférée  à la  partie  supérieure.  Au  bout 
d’une  semaine  ou  à peu  près,  le  bout  ex- 
posé, et  probablement  une  partie  du  bout 
immergé,  seront  recouverts  d’un  dépôt  de 
chaux  cristallisée,  justement  comme  le  mor- 
ceau de  tringle  de  cuivre  s’est  recouvert  par 
le  sel  de  cuivre  dans  l’expérience  précé- 
dente. Le  fait  que  c’est  l’influence  de  | 
l’atmosphère  qui  a été  cause  de  celte  action 
chimique  est  prouvé  par  ce  qui  a eu  lieu  j 
dans  les  autres  bocaux.  Dans  l’un  (n®  2),  la  j 
portion  d’air  confinée  a rendu  son  oxygène,  j 
et  l’action  a alors  cessé  par  besoin  « d’un  | 


HISTOIRE  NATURELLE  EN  AGRICULTURE.  — ANIMAUX  UTILES. 


changement  d’air.  » Dans  l’autre  (n°  1),  qui 
est  complètement  rempli  de  liquide,  l’ab- 
sence totale  d’air  en  contact  avec  le  métal  a 
forcé  le  cuivre  à rester  entièrement  sans  al- 
tération, l’acide  demeurant  aussi  incolore 
qu’au  début  ; mais  videz  de  l’acide  jusqu’à 
ce  que  la  partie  supérieure  du  morceau  de 
tringle  atteigne  la  surface  du  liquide,  et 
alors  là  l’opération  chimique  commencera 
tout  d’un  coup  et  continuera  jusqu’à  ce  que 
la  saturation  de  l’acide  mette  un  arrêt  à son 
action. 


215 

Ceci  étant  une  des  lois  immuables  de  la 
nature,  il  sera  facile  à voir  que  chaque  ar- 
bre, pieu,  tuteur,  etc.,  fixés,  une  partie  dans 
le  sol  et  l’autre  exposée  à l’atmosphère, 
devra  nécessairement  acquérir  les  memes 
conditions  polaires,  quoique  les  résultats 
qui  seront  produits  pourront  présenter 
quelques  différences,  suivant  que  l’individu 
sera  vivant  ou  mort.  — W.-K.  Bridgman, 
Norwich. 

Extrait  du  Gardener's  Chronicle 
par  Louis  Neumann. 


HISTOIRE  NATURELLE  EN  AGRICULTURE 

ANIMAUX  UTILES. 


§ Dr.  — La  TAUPE. 

Nul  mieux  que  moi  ne  rend  justice  à l’ex- 
périence de  l’habitant  des  campagnes;  j’es- 
time que,  sur  bien  des  points,  l’ignorant  qui 
voit  en  sait  plus  que  le  savant  qui  devine. 

Par  malheur,  l’homme  des  champs  est, 
plus  qu’il  n’est  juste,  persuadé  de  cet  avan- 
tage; il  oublie  que  d’ordinaire  s’il  voit  beau- 
coup, il  voit  mal;  et  ses  préjugés  sont  ex- 
trêmement difficiles  à déraciner.  Voici  la 
taupe,  par  exemple,  un  des  animaux  les 
mieux  faits  pour  attirer  son  attention,  et 
qu’il  a maintes  fois  enlevée  de  terre  et  tuée  à 
coups  de  houe  ; croyez-vous  qu’il  ait  songé 
à la  regarder?  Mon  Dieu,  non  ! Et  avec  cela 
il  prétend  aux  privilèges  de  celui  qui  a vu. 
Il  affirme  que  la  taupe  est  privée  d’yeux, 
alors  que  c’est  lui  qui  est  l’aveugle  ; et  il  ne 
songe  pas  même  à rectifier  cette  assertion 
étrange. 

Si  cette  erreur,  aisée  à contester,  est  si 
obstinément  ancrée  dans  son  esprit,  que 
sera-ce  de  celles  dont  la  fausseté  ne  peut 
être  démontrée  que  par  une  série  d’obser- 
vations ou  de  raisonnements?  Voilà  pour- 
quoi je  fais  appel  aux  lecteurs  de  ce  journal, 
et  je  les  prie  de  joindre  leurs  efforts  aux 
miens.  Instruire  les  ignorants,  leur  ap- 
prendre à mettre  à profit  les  divers  secours 
que  sont  tout  disposés  à leur  apporter  des 
auxiliaires  puissants  et  inattendus,  n’est -ce 
pas  une  belle  œuvre?  Et  puis,  pourquoi  ne 
le  dirais-je  pas  ? la  cause  de  ces  amis  qui 
nous  comblent  de  leurs  bienfaits  et  que 
nous  tuons,  m’attire.  Je  parlerai  donc  de 
quelques-uns  des  animaux  utiles  dont  on 
méconnaît  généralement  les  services,  et 
j’essaierai  de  détruire  la  prévention  qui 
pèse  sur  eux. 

J’ai  nommé  la  taupe  : je  vais  lui  consa- 


crer cette  première  étude.  Voilà  déjà  long- 
temps que  la  science  s’est  émue  en  sa  faveur, 
qu’elle  a cherché  à voir  ce  qu’il  y a de  fondé 
dans  l’accusation  portée  contre  elle  de  se 
nourrir  de  la  racine  des  végétaux.  Les  uns 
ont  examiné  son  système  dentaire  ; les  au- 
tres se  sont  livrés  à des  expériences  di- 
rectes; enfin,  les  observa,tions  de  M.  Flou- 
rens  ont  été  décisives,  et  il  est  parfaitement 
démontré  aujourd’hui  que  la  taupe  est  un 
animal  purement  et  exclusivement  carnas- 
sier, incapable  de  se  nourrir  de  plantes.  Ses 
vingt-quatre  dents , toutes  tranchantes , 
toutes  aiguës,  absolument  impropres  à 
broyer  la  fibre  d’un  végétal,  mais  admira- 
blement disposées  pour  percer  et  déchirer 
une  proie  vivante,  sont  un  indice  qui  ne 
trompe  pas.  Néanmoins , au  milieu  d’un 
grand  nombre  de  débris  d’insectes,  l’autopsie 
découvre  dans  son  estomac  quelques  rares 
traces  de  végétaux.  Ces  débris  peuvent  avoir 
été  avalés  par  hasard  avec  les  vers  blancs, 
les  vers  gris,  les  cloportes,  les  millepieds, 
ou  encore  provenir  des  intestins  de  ces  ani- 
maux mêmes  ; mais  il  importait  de  s’en  as- 
surer. C’est  dans  ce  but  qu’on  a présenté 
divers  aliments  à des  taupes  captives.  Or, 
on  a pu  constater  que  celles  qui  n’ont  eu  à 
leur  disposition  que  des  végétaux  sont 
mortes  de  faim  sans  y toucher,  tandis 
qu’elles  s’étaient  repues  avec  une  incroyable 
avidité  de  toute  chair,  cuite  ou  crue,  d’in- 
sectes, de  grenouilles  ou  d’oiseaux,  qui  leur 
avait  été  offerte.  Elles  ont  mordu  au  ventre 
un  moineau  vivant;  et,  suçant,  dévorant, 
elles  ont  plongé  avec  furie  leur  tête  tout  en- 
tière dans  ses  entrailles  pantelantes,  dont 
elles  s’enivraient  par  tous  les  sens.  Deux 
taupes,  mises  ensemble,  se  sont  battues 
jusqu’à  ce  que  l’une  d’elles  ait  succombé  ; 
et  quand  la  survivante  n’avait  pas  d’autre 


216 


HISTOIRE  NATURELLE  EN  AGRICULTURE.  — ANIMAUX  UTILES. 


proie  pour  assouvir  sa  faim,  elle  a mangé 
sa  victime.  Ce  sont  bien  là  les  mœurs  inso- 
ciables des  êtres  carnassiers.  La  plus  pres- 
sante nécessité  est  impuissante  à faire  chan- 
ger les  taupes  d’aliment  ; elles  se  mangeront 
entre  elles,  mais  elles  ne  toucheront  pas  à 
un  Navet. 

Ainsi,  la  taupe  n’est  nullement  une  herbi- 
vore, et  nous  devons  la  compter  au  nombre 
de  nos  plus  utiles  auxiliaires,  car  les  in- 
sectes dont  elle  se  nourrit  sont  les  plus  nom- 
breux, les  plus  dangereux  pour  les  plantes, 
ceux  qui  échappent  le  mieux  à nos  recher- 
ches. Chaque  jour  elle  en  engloutit  plus  de 
la  moitié  de  son  poids,  dit  Cari  Vogt,  tandis 
que,  d’après  M.  Boisduval,  elle  en  mange 
plusieurs  fois  son  poids.  Qu’on  juge,  dès 
lors,  de  la  quantité  de  larves  qu’une  taupe 
détruit  en  un  an  ! 

Je  n’ignore  pas  que  les  buttes  de  terre 
qu’elle  soulève  dans  les  prés  empêchent  de 
faucher  l’herbe,  si  l’on  n’a  pas  eu  soin  de  les 
éparpiller,  et  que,  dans  un  jardin,  son  pas- 
sage parmi  les  jeunes  plantes  leur  est  pres- 
que toujours  fatal.  Mais  savons-nous  le  tort 
qu’auraient  causé  les  insectes  qui  l’y  ont  at- 
tirée? Au  surplus,  n’y  aurait-il  pas  moyen 
de  profiter  de  ses  services  sans  souffrir  de 
ses  dégâts,  en  Vappelant  ou  la  portant  en 
masse  dans  certains  champs,  à certaines 
époques,  et  en  l’écartant  ou  l’enlevant  de 
ceux  où  elle  risquerait  de  nuire?  Son  tra- 
vail souterrain  est  un  labour  qui  aère  le  sol 
dans  des  circonstances  où  souvent  nul  de 
nos  instruments  ne  pourrait  fonctionner  ; et 
je  ne  sache  pas  qu’il  puisse  être  fait  plus 
économiquement  que  par  la  taupe,  qui  ne 
demande  pour  tout  salaire  que  de  manger 
nos  ennemis,  qu’elle  transforme  même  en 
substances  fertilisantes.  Mais  pour  tirer  de 
tant  d’avantages  tout  le  parti  possible,  il  im- 
porterait de  connaître  parfaitement  ses 
mœurs  et  son  histoire. 

On  affirme  que  chez  les  taupes  le  mari  est 
très-jaloux,  qu’il  suffit  de  l’approche  d’un 
autre  pour  qu’aussitôt  il  mette  Madame  en 
lieu  sûr  et  se  jette  sur  le  nouvel  arrivant 
jusqu’à  ce  que  mort  s’ensuive.  On  dit  même 
qu’il  ne  se  contente  pas  de  tuer  ce  rival  pos- 
sible, et  qu’il  le  mange  pour  être  bien  sûr 
qu’il  ne  reviendra  pas.  Mais  je  doute  que 
ceci  soit  bien  constaté.  On  pourrait  d’ailleurs 
expliquer  ce  petit  extra  par  une  modeste 
prévenance  du  mari,  qui  réunit  les  deux 
prétendants  en  un,  afin  d’offrir  à l’affection 
de  l’épouse  leur  tendresse  et  leurs  attraits 
combinés,  ou  bien  par  une  ardente  charité 
du  vainqueur,  qui,  l’ennemi  à peine  ter- 


rassé, se  sent  le  besoin  de  lui  prouver,  en 
le  croquant,  qu’il  l’aime  quand  même.  Quoi 
qu’il  en  soit,  si  ces  maris  sont  jaloux,  ils 
sont  tendres.  Ils  construisent  un  joli  nid 
bien  rembourré,  bien  chaud,  dans  lequel  les 

époux  vivent  heureux  et  fidèles Et  l’on 

assure  avoir  trouvé  plus  d’une  fois,  près  de 
l’épouse  prise  au  piège,  l’époux  mort  de 
douleur. 

Bien  qu’on  rencontre  des  petits  depuis  le 
mois  d’avril  jusqu’au  mois  d’août,  on  ne  sait 
pas  au  juste  s’il  y a plusieurs  naissances 
chaque  année.  Ces  petits  sont  nus  et  faibles  : 
la  mère  a besoin  de  beaucoup  de  lait  pour 
les  sustenter;  le  père,  alors,  pour  laisser 
plus  de  nourriture  à sa  disposition,  triomphe 
de  sa  double  tendresse  et  s’en  va.  On  a 
voulu  attribuer  ce  départ  à son  inconstance 
d’époux  et  à son  indifférence  de  père,  que 
les  cris  des  petits,  disgracieux  et  rougeauds, 
ennuieraient  ; mais  ce  sont  là,  j’(m  suis  con- 
vaincu, purs  propos  de  malveillants. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  que  la  taupe 
fouille  au  hasard  et  mène  une  vie  errante  et 
nomade.  Le  nid  des  petits  est  placé  dans  un 
endroit  où  plusieurs  galeries  aboutissent  et 
se  coupent,  afin  qu’il  reste  toujours  à la  fa- 
mille, en  cas  de  danger,  une  voie  ouverte 
pour  la  fuite.  De  plus,  à une  certaine  dis- 
tance de  cette  nursery,  en  un  lieu  abrité,  la 
taupe  s’est  ménagé  un  véritable  fort.  C’est 
là  sa  demeure  ordinaire.  Solidement  et  ar- 
tistiquement construite,  elle  renferme  au 
centre  une  chambre  tapissée  de  mousse, 
qui  est  pourvue  d’une  issue  vers  le  bas  et 
de  trois  vers  le  haut  ; ces  dernières  débou- 
chent dans  un  chemin  de  ronde  établi,  on  ne 
sait  dans  quel  but,  un  peu  au-dessus  de  la 
chambre,  et  communiquant  par  cinq  ou  six 
couloirs  à un  second  chemin  circulaire 
creusé  au  niveau  de  l’habitation  ; de  ce  che- 
min rayonnent  plusieurs  conduits  qui  se  re- 
courbent horizontalement  et  vont  joindre  la 
première  issue,  après  qu’elle  s’est  relevée  à 
hauteur  de  la  chambre.  Celle-ci  est  creusée 
dans  une  grosse  butte,  de  façon  à être  en- 
foncée à près  d’un  mètre  sous  terre,  quoi- 
que le  chemin  qui  en  débouche  se  trouve 
ensuite  assez  rapproché  de  la  surface  du  sol: 
elle  est  ainsi  abritée  à la  fois  des  inonda- 
tions et  de  la  pluie  ; j’ignore  pourquoi  l’ar- 
chitecte de  cette  citadelle  se  condamne  à tant 
de  détours  pour  y venir  ou  pour  la  quitter. 
Le  chemin  de  sortie  mesure  quelques  cents 
mètres  de  longueur,  et  c’est  seulement  à 
son  extrémité  que  commence  le  terrain  de 
chasse.  La  taupe  se  creuse,  à partir  de  cet 
endroit,  des  galeries  toujours  nouvelles  ; et 


HISTOIRE  NATURELLE  EN  AGRICULTURE.  — ANIMAUX  UTILES. 


217 


trois  ou  quatre  fois  par  jour,  après  chacun 
de  ses  repas,  elle  vient  se  reposer  dans  son 
habitation,  qu’elle  retrouve  avec  un  instinct 
admirable.  Il  en  résulte  que,  lorsqu’on  veut 
lui  tendre  un  piège,  il  faut  le  placer  dans  le 
tube  de  sortie,  qui  est  le  seul  où  elle  ait 
coutume  de  repasser  : j’en  ai  souvent  fait 
l’expérience.  Mais  d’où  vient  qu’alors  on  est 
presque  toujours  assuré  d’y  prendre  plu- 
sieurs de  ces  animaux?  L’insociabilité  de  la 
taupe,  à laquelle  on  a cru  reconnaître  des 
mœurs  solitaires  et  farouches,  serait-elle 
donc  une  erreur?  On  objecterait  en  vain 
qu’il  s’agit  en  pareil  cas  d’une  seule  nichée 
devenue  robuste.  Quand  les  liens  de  famille 
sont  si  lents  à se  briser,  j’ai  peine  à croire 
qu’on  ait  son  semblable  en  horreur  au  point 
de  ne  pouvoir  le  rencontrer  sans  qu’il  y ait 
! duel  à mort. 

On  le  voit,  la  vie  de  la  taupe  nous  est 
presque  entièrement  inconnue.  Mais  il  est 
aisé,  lorsqu’elle  chasse  à fleur  du  sol,  de 
voir  avec  quelle  rapidité  elle  se  creuse  un 
chemin,  lançant  la  terre  en  arrière  avec  ses 
pattes  postérieures,  la  rejetant  par  côté  avec 
celles  de  devant,  la  poussant  devant  elle 
{ avec  son  puissant  museau  ; son  nez,  pourvu 
d’un  os  spécial,  et  ses  larges  mains,  possè- 
dent une  force  inouïe  ; et  si  l’on  place  une 
taupe  dans  une  caisse  en  verre,  pleine  de 
I sable,  on  la  voit  s’y  mouvoir  aussi  aisément 
; qu’un  poisson  rouge  dans  son  bocal.  Il  suffit, 
d’ailleurs,  de  la  regarder  pour  reconnaître 
j en  elle  le  fouisseur  par  excellence,  comme 
I dit  La  Blanchère  : cou  large,  robuste,  point 
d’oreilles  extérieures  ; fourrure  courte  et 
serrée,  pour  lisser  et  consolider  les  parois 
des  tunnels.  Son  bouttoir  est  un  soc  ; ses 
,1  pieds  sont  des  pelles  et  des  pioches;  son  ac- 
tivité  fébrile,  sa  faim  insatiable,  sont  servies 
par  des  muscles  de  fer.  Certes,  on  en  con- 
viendra, ce  ne  serait  pas  pour  le  cultivateur 
une  médiocre  conquête  que  celle  d’un  tel 
' ouvrier. 

Ernest  Barutel. 

[ À cette  lettre,  dont  nous  remercions  l’au- 
î teur,  nous  allons  nous  permettre  de  faire 
quelques  observations,  non  toutefois  comme 
I rédacteur  en  chef  de  la  Revue  horticole, 

I mais  tout  simplement  comme  particulier, 
ce  qui  est  notre  droit,  mais  en  reconnais- 
sant à tous  la  liberté  de  soutenir  des  opi- 
nions tout  à fait  contraires  aux  nôtres  ; aussi, 
accueillerons-nous  toutes  les  observations 
qu’on  pourrait  nous  faire;  nous  n’oublie- 
rons jamais  que  si,  comme  on  le  dit,  la  lu- 
iûière  naît  du  choc  des  cailloux,  la  vérité 


ressort  de  la  discussion  : recherchant  celle- 
là,  jamais  nous  ne  repousserons  celle-ci. 

D’abord,  en  disant  au  commencement  de 
son  article  <r  que  l’ignorant  qui  voit  en  sait 
beaucoup  plus  que  le  savant  qui  devine,  » 
M.  Barutel  donne  gain  de  cause  au  prati- 
cien, à ((  l’homme  des  champs;  » car  n’est- 
ce  pas  lui  qui  voit  ? Et  qui  donc  ((  devine,  » 
sinon  les  savants,  les  écrivains,  qui  font  de 
la  science  dans  leur  cabinet  ? 

Dans  cette  lettre,  remarquable  à la  fois 
par  le  style  et  les  connaissances  scientifi- 
ques que  semble  posséder  M.  Barutel,  on 
chercherait  vainement  la  preuve  de  ce  qu’il 
paraît  soutenir,  c’est-à-dire  que  les  taupes 
mangent  les  vers  blancs,  ce  qui,  pourtant, 
était  l’essentiel  ; car,  quant  à ce  qu’il  dit  : 
que  les  taupes  « mangent  de  la  viande  crue, 
cuite,  des  insectes  de  toutes  sortes,  des  oi- 
seaux, et  à la  rigueur  qu’elles  se  mangent 
entre  elles,  » cela  n’a  pas  lieu  d’étonner  : 
beaucoup  d’animaux  réduits  en  captivité  en 
feraient  tout  autant  ; l’homme  même  n’agi- 
rait guère  autrement.  Mais,  d’une  autre 
part,  n’est-on  pas  en  droit  de  se  demander 
comment  M.  Barutel  a pu  faire  une  études! 
complète  de  la  taupe,  en  décrire  si  bien  les 
mœurs,  sa  manière  de  vivre,  et  même  ses 
amours  et  ses  sentiments,  soit  d’affection, 
soit  de  haine,  si,  comme  il  le  dit  avec  rai- 
son, ((  la  vie  de  la  taupe  nous  est  presque 
entièrement  inconnue?  » Il  y a là  des  dires 
qui  impliquent  contradiction.  Personne  non 
plus,  que  nous  sachions,  ne  conteste  que  la 
taupe  c(  est  un  fouisseur  par  excellence  ; 
au  contraire,  et  il  est  même  très-probable 
que  cette  qualité  entre  pour  une  très-grande 
part  dans  la  haine  que  lui  portent  les  culti- 
vateurs, qui,  probablement,  jamais  ne  com- 
prendront « ces  amis  qui  les  comblent  de 
bienfaits.  » Quant  au  conseil  que  donne 
M.  Barutel  de  cc  porter  des  taupes  en  masses 
là  où  il  y a des  vers  blancs,  puis  à les  en- 
lever et  les  porter  ailleurs  lorsque  le  sol  est 
débarrassé,  » le  fait  nous  paraît  être  une 
idée  tout  à fait  neuve,  et  il  peut  être  certain 
qu’on  ne  lui  en  contestera  ni  la  propriété,  ni 
la  priorité,  mais  qui  toutefois  est  de  nature 
à faire  douter  qne  M.  Barutel  connaisse 
quelque  peu  les  taupes,  leur  nature  et  sur- 
tout leur  manière  de  vivre.  D’une  autre  part 
encore,  personne  ne  conteste  que  la  taupe 
n’est  pas  essentiellement  carnivore,  et  l’on 
ne  voit  vraiment  pas  pourquoi,  pour  soute- 
nir et  appuyer  ses  dires,  M.  Barutel  appelle 
à son  secours  le  témoignage  de  M.  Flou- 
rens,  qui,  sous  ce  rapport,  n’en  savait  pro- 
bablement guère  plus  que  lui,  si  ce  n’est 


218 


PALMIERS  NOUVEAUX. 


moins.  Mais,  en  admettant  le  fait,  il  est 
difficile  de  comprendre  pourquoi  la  taupe 
« aurait  vingt-quatre  dents  aiguës,  » si  elle 


se  nourrit  particulièrement  et  exclusivement 
de  vers  blancs  et  d’insectes  analogues. 

(Rédaction.) 


PALMIERS  NOUVEAUX 


KENTIA  CANTERBURYANA  ET  KENTIA  FORSTERIANA 


Au  moment  où  tous  les  journaux  horti- 
coles étrangers  s’occupent  avec  passion  de 
la  culture  et  de  l’introduction  des  Palmiers, 
nous  croyons  devoir  recommander  aux  lec- 
teurs de  la  Revue  horticole  deux  nouvelles 
espèces  se  rattachant  au  genre  Kentia.  Ges 
Palmiers  sont,  croyons-nous,  destinés  au 
plus  brillant  avenir,  surtout  quand  on  sera 
certain,  ce  que  du  reste  nous  pouvons  affir- 
mer, qu’ils  n’exigent  pas  d’autre  tempéra- 
ture que  celle  de  la  serre  froide. 


Ges  deux  Kentias,  sérieusement  diffé- 
rents l’un  de  l’autre,  surtout  par  leur  port, 
ont  été  d’abord  introduits  en  Angleterre  et 
mis  l’année  dernière  au  commerce  particuliè- 
rement par  M.  W.  Bull  de  Ghelsea,  sous  les 
noms  de  K.  Canterhuryana  et  de  K.  Forste- 
riana  ; divers  horticulteurs  annoncent  une 
troisième  variété  sous  le  nom  de  K.  Austra- 
lis,  qui  nous  semble  être  la  même  plante  que 
le  K.  Canterhuryana  (figure  24)  ; de  même 
pour  le  K.  Balmoreana  de  M.  Linden,  que 
nous  avons  pu  apprécier  de  visu  à Gand.  Si 
la  différence  est  apparente  pour  quelques 


spécialistes  avides  de  fabriquer  des  nou- 
veautés, nous  leur  accorderons  facilement  le 
bénéfice  d’une  sélection  faite  dans  un  semis 
nombreux;  les  mêmes  graines  provenant 
d’un  même  pays,  mais  mûries  sous  une  in- 
fluence climatérique  différente,  ne  peuvent- 
elles  pas  donner  naissance  à des  sujets  lé- 
gèrement variés? 

Nous  restons  donc  convaincu  que  tous  ces 
noms  ont  été  donnés  à deux  espèces  seule- 
ment, c’est-à-dire  à celles  qui  nous  occu- 
pent ; c’est,  du  reste,  l’o- 
pinion du  savant  et  très- 
compétent  professeur  H. 
Wendland,  qui  a déter- 
miné ces  plantes,  et  avec 
lequel  nous  avons  eu  l’hon- 
neur de  nous  entretenir 
en  visitant  les  serres  de 
Herrenhausen , sur  les- 
quelles nous  espérons  re- 
venir dans  un  prochain 
article. 

Ges  deux  nouveaux  Pal- 
miers pourront  croître  à 
côté  de  VAreca  sapida  et 
du  Kentia  Baueri  (Sea- 
forthia  rohusta).  Leur 
provenance  de  lord  Howe’s 
Island  indique  la  néces- 
sité d’une  température 
moyenne  peu  élevée.  Dans 
leur  pays,  les  naturels  ap- 
pellent ces  plantes  Pal- 
miers à parasols  ; leur 
croissance  est  rapide  et 
vigoureuse,  tout  en  restant  trapues,  qualité 
rare  chez  les  Palmiers  destinés  à la  généra- 
lité des  serres  d’amateurs,  où  très-souvent 
l’espace  et  surtout  l’élévation  manquent 
pour  le  complet  développement  de  ce  ma- 
gnifique genre. 

Le  K.  Canterhuryana  (figure  24),  aussi 
appelé  Veitchia  Canterhuryana  , est  à 
feuilles  entièrement  divisées,  de  forme  ovale 
et  d’un  vert  brillant  ; les  frondes  s’étalent, 
les  pétioles  sont  légers  et  recourbés  ; les 
fruits,  d’une  couleur  rouge,  sont  de  la  gros- 
seur d’une  petite  Prune.  Malgré  la  diffé- 


MASSIFS  d’hiver. 


rence  bien  établie  de  ces  deux  Kentias,  ces 
espèces  ont  un  grand  air  de  famille,  quoique 
le  K.  Canterhuryana  soit  moins  élancé 
que  le  K.  Forsteriana,  qui,  en  revanche, 
n’a  pas  la  teinte  rougeâtre  des  pétioles  de  son 
frère. 

La  culture  de  ces  plantes  étant  très- 
facile,  nous  engageons  les  amateurs,  malgré 
le  prix  élevé  de  cette  nouveauté,  à se  pro- 
curer d’abord  le  K.  Canterhuryana.  Le 

I -MASSIFS 

I 

Sous  cette  signination  : massifs  d'hi- 
ver, nous  nous  proposons  d'attirer  l’atten- 
tion des  lecteurs  de  la  Revue  horticole  sur 
i quelques  modes  de  plantation  à l’aide  des- 
j quels  on  pourrait,  par  le  contraste  des  plantes 
I employées,  obtenir  des  effets  des  plus  agréa- 
! blés.  Pour  arriver  à ces  résultats,  il  n’est 
i pas  nécessaire  de  réunir  des  plantes  rares 
j ou  en.grand  nombre.  Non  ; au  contraire,  il 
j s’agit  d’espèces  rustiques  et  vigoureuses 
qu’on  trouve  partout,  sous  la  main,  et  qui 
présentent  aussi  cet  autre  avantage  de 
I croître  à peu  près  dans  tous  les  terrains  et 
! à toutes  les  expositions.  Quant  au  nombre, 

I il  n’a  pas  besoin  d’être  grand  ; quelques- 
unes  suffisent.  Il  va  sans  dire  qu’il  s’agit 
I d’espèces  ligneuses. 

j La  qualification  massifs  d'hiver  indique 
aussi  qu’il  ne  s’agit  pas  de  fleurs,  si  ce  n’est 
du  moins  que  très-exceptionnellement, 

I puisque  peu  de  plantes  fleurissent  dans 
j:  cette  saison.  Lorsqu’on  vise  aux  fleurs,  ce 
I n’est  donc  plus  de  l’ornement  d’hiver  pro- 
I prement  dit,  mais  de  l'ornement  de  premier 
printemps  ou  d’hiver-printemps  ; néan- 
i moins,  ces  deux  époques  s’enchaînent  telle- 
ment, qu’après  avoir  parlé  des  véritables 
massifs  d’hiver,  nous  dirons  quelques  mots 
des  massifs  de  premier  printemps. 

I A.  Massifs  d'hiver.  — Ceux-ci  sont  de 
deux  sortes  : entièrement  composés  de 
' plantes  à feuilles  persistantes,  ou  mélangés 
j avec  d’autres  à feuilles  caduques.  Dans  le 
j premier  cas,  on  emploiera  des  espèces  plus 
j ou  moins  variées,  en  rapport  avec  le  cli- 
I mat,  telles  que  : Houx  {Ilex),  Rhamnus, 

I Garrya,  Laurier  tin  {Vihurnum  tinus). 
Laurier  amande  {Laurocerasus  vulgaris) 
ou  ses  variétés  ou  formes,  Mahonias  variés, 

: Chênes  verts  {Quer eus  Ilex),  Buis  (Buxiis), 
Aucuha,  Fusain  du  Japon  {Evonymus  Ja- 
'ponica).  Troène  du  Japon  {Ligustrum  Ja- 
ponicum),  et  quelques  autres  espèces  du 
même  genre,  auxquelles  on  pourra  ajouter  | 


219 

succès  les  encouragera,  et  ils  s’empresse- 
ront de  compléter  leur  collection  par  la  se- 
conde espèce.  Puisse  ce  conseil  leur  être 
utile,  et  nous  aurons  la  satisfaction  d’avoir 
fait  une  expérience  profitable  à tous,  chose 
rare  en  horticulture,  où  les  succès  sont 
moins  fréquents  que  les  espérances  déçues. 

Alphonse  D***, 

Amateur. 


D’HIVER 

quelques  Conifères.  Si,  au  contraire,  on  y 
fait  entrer  de  plantes  à feuilles  caduques, 
on  aura  à choisir  dans  les  quelques-unes 
indiquées  ci-après. 

Les  massifs  d’hiver  à feuilles  caduques 
doivent  être  composés  d’espèces  dont  le 
bois,  ou  plutôt  l’écorce,  fortement  colorée, 
est  susceptible  de  former  de  frappants  con- 
trastes. Quelques  espèces  communes,  vi- 
goureuses et  rustiques,  se  prêtent  merveil- 
leusement à cet  usage;  ce  sont  les  suivantes: 
Cornouiller  à fruit  blanc  {Cornus  alha). 
Osier  jaune  {Salix  vitellma),  ainsi  que  sa 
variété  splendida.  Pêcher  à écorce  jaune 
(Persica  lutea).  Frêne  doré  {Fraxinus  ex- 
celsior  aurea).  Tilleul  corail  {Tilia  coral- 
lina),  Tilleul  à écorce  jaune  {Tilia  lutea). 
Toutes  ces  plantes  seront  mélangées  ou  dis- 
posées par  rangées,  suivant  l’étendue,  la 
forme  ou  la  disposition  des  massifs,  et  sui- 
vant aussi  l’effet  qu’on  se  propose  d’obtenir. 
La  vigueur  des  plantes  est  également  diffé- 
rente : quelques-unes  (Tilleul,  Frêne  et 
même  Pêcher)  pourraient  être  élevées  en 
arbres  ou  arbrisseaux,  ce  qui  n’empêche 
qu’on  pourrait  les  maintenir  à l’état  d’ar- 
bustes, suivant  le  besoin  qu’on  en  a ou  le 
but  qu’on  cherche  à atteindre.  Ce  sont  là 
des  questions  pratiques  qu’on  ne  peut  pré- 
ciser. 

Pour  multiplier  les  contrastes  et  varier 
l’effet  tout  en  augmentant  la  beauté,  on 
pourra  créer  à ces  massifs  un  fond  ou  tapis 
de  verdure  perpétuelle,  ce  qui  est  très-fa- 
cile à l’aide  de  quelques  plantes  qui  sont 
très-bien  appropriées  à cet  usage;  telles  sont 
les  diverses  variétés  de  Lierres,  et  aussi  de 
Pervenches.  Dans  certains  cas  même,  on 
pourrait  essayer  une  très-jolie  plante  tra- 
çante et  gazonnante,  qui  donne  aussi  de  très- 
jolies  et  grandes  fleurs  : c’est  VHypericum 
calycinum,  espèce  trop  peu  connue,  bien 
que  très-jolie.  Les  Pervenches  appartiennent 
à deux  espèces  : Yinca  major  et  herhacea. 


PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


220 

qui  toutes  deux  comprennent  une  variété  à 
feuilles  panachées  : il  en  est  de  même  pour 
le  Lierre,  qui  présente  aussi  de  nombreuses 
variétés,  soit  pour  la  forme,  soit  pour  la 
couleur  des  feuilles.  Il  est  facile  de  com- 
prendre quel  beau  contraste  et  quel  char- 
mant coup  d’œil  doit  résulter  d’un  tapis 
vert  ou  bigarré  varié  formant  le  fond,  au- 
dessus  duquel  s’élève  un  taillis  qui  présente 
les  couleurs  les  plus  vives  du  rouge  ou  du 
jaune,  et  cela  pendant  plus  de  quatre  mois, 
où  les  jardins  sont  en  général  si  tristes. 
Avec  deux  espèces  seulement,  le  Cornus 
alha  comme  dessus  et  le  Lierre  comme 
fond  ou  dessous,  on  obtient  quelque  chose 
de  splendide.  Voilà  pour  les  massifs  d’hiver. 

B.  Massifs  d'hiver -printemps.  — Pour 
créer  ces  massifs,  on  devra,  aux  espèces  in- 
diquées ci-dessus,  en  ajouter  quelques  autres 
qui  fleurissent  de  très-bonne  heure,  c’est-à- 
dire  avant  queles  feuilles  soient  développées, 
et  autant  que  possible  on  devra  choisir  des 
plantes  qui  donnent  des  fleurs  en  très- 
grande  quantité  ; tels  senties  Forsythia  viri- 
dissima,  Amygdalus  nana,  Amygdalopsis 
Lindleyi  et  virgata,  Prunus  spinosa  flore 
pleno,  Prunus  tomentosa,  Staphylea  col- 
chica,  Chœnomeles  Japonica,  Cornus 
Mas,  Salix  capræa,  etc.;  et  si  l’on  veut, 
pour  s’élever  çà  et  là  en  arbres,  et  augmen- 
ter l’effet  décoratif,  on  peut  ajouter  quelques 
Pêchers  et  Mérisiers  à fleurs  doubles,  ou 
des  arbres  fruitiers.  Pommiers,  Poiriers, 
Cerisiers,  etc.,  qui  seront  charmants  au 
printemps  par  leurs  fleurs,  et  qui  dans  l’été 
ou  à l’automne  ne  le  seront  guère  moins 
par  leurs  fruits.  Cette  addition  de  quelques 
espèces  à fleurs  peut  aussi  être  faite  aux 
massifs  d’hiver  à feuilles  persistantes  ; elle 
varierait  l’aspect  de  ceux-ci,  en  en  faisant 
disparaître  l’uniformité. 

PLANTES  NOUVELLES  ( 

Aphelandra  Roezlii.  — Il  n’est  pas  d’hor- 
ticulteurs, d’amateurs  encore  moins,  qui, 
possédant  une  serre  chaude,  ne  doivent  cul- 
tiver quelques  piedsde  cette  très-belleplante, 
qui  pendant  plus  de  deux  mois  d’hiver  (oc- 
tobre-novembre à janvier),  se  termine  par 
des  panicules  spiciformes  de  grandes  fleurs 
de  couleur  rouge  orangé  foncé  du  plus  grand 
éclat.  Elle  a cet  autre  avantage  d’être  très- 


Traitement.  — Sous  ce  titre,  nous  ne 
comprenons  pas  la  culture  proprement  dite, 
c’est-à-dire  la  plantation  ni  les  soins  à don- 
ner au  sol,  qui  sont  exactement  ceux  que 
l’on  accorde  à tous  les  arbres  et  arbustes, 
cela  d’autant  plus  que  toutes  les  espèces 
dont  nous  avons  parlé  sont  rustiques,  et  en 
général  aussi  très-vigoureuses  et  peu  déli- 
cates sur  la  nature  du  sol  ; il  s’agit  seule- 
ment des  soins  à donner  aux  arbres,  qui,  du 
reste,  sont  également  des  plus  élémen- 
taires. Indépendamment  du  nettoyage  et  de 
l’élagage,  qui  consistent  à enlever  les  par- 
ties mortes,  affaiblies,  mal  placées  ou  qui 
font  confusion,  il  faut  surtout  les  rabattre 
souvent,  de  manière  à avoir  des  jeunes 
pousses,  qui  sont  celles  dont  l’écorce  est  le 
plus  colorée.  Il  va  sans  dire  que  cette  opé- 
ration est  subordonnée  à l’emplacement  et  à 
la  dimension  des  massifs,  et  surtout  au  but 
que  l’on  cherche  à atteindre.  Ainsi,  dans 
certains  cas,  des  massifs  très-bas  convien- 
dront, et  alors  les  arbustes  seront  maintenus 
et  taillés  presque  en  têtes  de  Saules  (comme 
dans  les  oseraies);  dans  d’autres,  on  devra 
les  tenir  plus  élevés  : cela  va  de  soi.  Il  est 
aussi  bien  entendu  que  cette  opération  du  ra- 
battage dont  nous  parlons  ne  devra  s’appli- 
quer qu’aux  espèces  que  l’on  cultive  pour  la 
couleur  des  écorces;  quant  aux  autres,  c’est 
une  question  d’appropriation  qui  est  réglée 
par  les  conditions  dans  lesquelles  on  se 
trouve  placé  et  les  résultats  que  l’on  re- 
cherche. Il  va  de  soi  aussi  que,  bien  que  les  , 
indications  que  nous  venons  de  donner 
soient  pratiques  et  qu’on  puisse  les  suivre 
avec  l’assurance  d’obtenir  de  bons  résultats, 
on  pourra  les  modifier,  y ajouter  ou  re- 
trancher, suivant  le  besoin. 

E.-A.  Carrière. 


U PAS  ASSEZ  CONNUES 

floribonde.  Les  boutures  fleurissent  toutes^ 
petites;  il  en  est  également  de  même  des 
plantes  de  semis,  qui  fleurissent  dès  l’année 
où  les  graines  ont  été  semées,  c’est-à-dire 
lorsqu’elles  sont  âgées  de  quelques  mois. 
Terre  de  bruyère  grossièrement  concassée,, 
mélangée  à du  terreau  de  feuilles.  Arroser 
très-fréquemment  quand  les  plantes  sont  en. 
végétation.  E.-A.  Carrière. 


ürloans,  irap.  de  G.  Jacob,  Cloître  Saint-üitienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  de  juin) 

Les  froids  et  les  pluies  du  mois  de  mai.  — Les  Vignes  gelées  dans  le  Midi;  exagération  du  mal  ; pousse. 
' de  nouveaux  bourgeons  ; communication  de  M.  Dumias,  jardinier-chef  à la  ferme-école  de  Bazin.  — 
Les  Expositions  d'horticulture  de  Versailles  et  de  Lagny.  — Un  remède  contre  le  phylloxéra,  le 
puceron  lanigère,  etc.,  donné  par  le  journal  La  Vigne:  VApalhophile-CItalelain.  — Le  climat  des 
îles  Açores;  le  jardin  de  M.  le  D*-  Ernesto  Do  Canto  : eommunication  de  M.  Favresse.  — L’enfumage 
employé  contre  les  gelées  printanières  : efficacité  de  ce  procédé,  reconnue  à Lagny  par  M.  Lesscur. — 
Essais  de  nuages  artificiels  dans  le  département  de  Saône-et-Loire  ; résultats  obtenus.  — Grande 
Exposition  de  Roses  et  de  Heurs  ornementales  à Spa  (Belgique),  les  29  et  30  juin.  — L'horticulture  au 
Japon  ; les  froids  de  l’hiver  : lettre  de  M.  Hénon  ; communication  de  M.  Léon  Sisley  : quelques  nom.s 
japonais  donnés  aux  plantes  par  certains  auteurs  ; les  Azalées  au  Japon,  les  Primula,  les  Rosiers. 


Du  proverbe  : ((  Frais  mai,  chaud  juin, 
amène  pain  et  vin,  » une  partie  (le  frais) 
est  déjà  réalisée;  en  sera-t-il  de  même  de 
l’autre?  On  est  presque  en  droit  d’en  dou- 
ter. En  effet,  en  outre  des  gelées  printa- 
nières qui  sur  divers  points  de  la  France 
ont  anéanti  certaines  récoltes,  la  tempéra- 
ture, à part  de  rares  exceptions,  a été  très- 
basse  ; les  jours  sans  soleil  et  pluvieux  ont 
été  relativement  nombreux  ; le  30  mai,  dans 
différentes  localités,  il  a encore  gelé  assez 
fort  pour  détruire  des  Haricots  et  des 
Pommes  de  terre  ; et  le  31  mai,  et  surtout 
le  l*^*"  juin,  où^l’eau  n’a  guère  cessé  de  tom- 
ber toute  la  journée,  on  fut  obligé  de  se 
chauffer  : on  « grdotait.  » Y aura-t-il  com- 
pensa^tion  ? et  certains  produits  seront-ils 
plus  abondants  que  cela  arrive  ordinaire- 
ment? Nous  l’espérons  encore;  néanmoins 
nous  sommes)  obligé  de  reconnaître  que 
beaucoup  eiYsouffriront,  car  le  bonheur  des 
uns  ne  guérit,  n’affaiblit  même  pas  le  mal 
des  autres. 

— Ainsi  que  nous  en  avions  l’espoir,  et 
que  nous  en  avons  exprimé  le  désir  dans 
notre  avant-dernière  chronique,  le  mal  occa- 
sionné par  les  gelées  sera  beaucoup  moins 
j considérable  qu’on  ne  l’avait  d’abord  craint. 
C’est  uhfait  que  nous  sommes  heureux  d’an- 
noncer, que  nous  avons  pu  constater  sur  dif- 
férents points, Jet^que  confirment  plusieurs 
lettres  que  nous  avons'greçues,  une,  entre 
1 autres,  de  notre  collègue,  M.  Dumas,  et  que 
I nous  reproduisons  d’autant  plus  volontiers 
qu’elle  vient,  sinon  détruire  complètement, 
du  moins  affaiblir  beaucoup  les  désastres 
I qu’il  nous  avait  annoncés  dans  une  précé- 
! dente  lettre  {Rev.  hort.,  1873,  p.  186). 
Voici  Yette  lettre, |qu’il  nous  écrivait  de 
Bazin  (Gers),  à la^date  du  20  mai  dernier  : 

I Bi-zin,  le  20  imi  1873, 

Mon  cher  Monsieur^Carrière, 

I Je  ne  veux|pas|laisser  plus  longtemps  les  lec- 

16  JUIN  1873. 


leurs  de  la  Revue  horticole  sous  l’impression  de 
ma  lettre  que  vous  avez  publiée  dans  le  numéro 
du  16  mai.  Ainsi  que  je  l’ai  dit,  la  gelée  du  25 
et  du  26  avril  causa  une  panique  générale  dans 
nos  contrées.  De  toutes  parts  on  exagérait  le  mal, 
qu’on  portait  à son  comble.  A la  première  souche 
de  Vigne  qu’ofi  trouvait  gelée,  on  criait  que  tout 
le  vignoble  était  perdu  ; mais  heureusement  il 
n’en  était  pas  ainsi.  Toutefois,  dans  celle  circons- 
tance, il  s’est  produit  des  faits  assez  curieux  que 
je  crois  devoir  citer;  c’est  surtout  au  point  de 
vue  météorologique,  et  relativement  aux  expo- 
sitions, que  j’ai  pu  remarquer  des  choses  que 
je  n’avais  jamais  vues.  Ainsi,  règle  générale, 
dans  les  environs  de  Lectoure,  dans  tous  les  vi- 
gnobles exposés  au  grand  vent  du  nord  qui  ré- 
gnait alors,  pas  un  seul  bourgeon  n’a  été  gelé. 
D’autres  Vignes,  placées  dans  le  bas-fonds,  n’ont 
eu  rien  non  plus  à souffrir,  tandis  que  dans  cette 
même  position,  et  attenant  à ces  dernières, 
quelques  autres  ont  été  grillées. 

Dans  un  autre  endroit,  j’ai  vu  une  Vigne  où 
toute  la  partie  exposée  au  vent  a été  gelée, 
tandis  que  tout  le  reste  n’a  pas  eu  de  mal,  bien 
que  placé  dans  le  môme  enclos  et  planté  avec 
les  mêmes  cépages. 

Mais  malgré  tous  ces  dégâts,  je  suis  heureux 
de  constater  que  le  mal  est  beaucoup  moindre 
qu’on  ne  l’avait  d’abord  cru,  et  que  le  désir  que 
vous  avez  exprimé  en  finissant  votre  avant-der- 
nière chronique  se  réalise  tous  les  jours.  Le  mal 
est  grand,  sans  doute,  dans  certains  endroits, 
mais  pas  la  moitié  de  ce  qu’on  l’avait  fait  ; et 
même  dans  les  Vignes  qui  ont  été  fortement  en- 
dommagées, il  y aura  bien  encore  une  demi-ré- 
colte. Je  regardais  hier  un  pied  de  Vigne  en 
plein  champ,  qui  avait  été  grillé;  il  a maintenant 
quatorze  bourgeons,  dont  sept  ont  chacun  deux 
grappes.  Enfin,  l’ensemble  du  vignoble  présente 
aujourd’hui  un  coup  d’œil  assez  satisfaisant.  Tou- 
tefois, l’ébourgeonnage  devra  se  faire  cette  an- 
née avec  beaucoup  de  soin  et  d’attention  ; et 
sous  ce  rapport  je  partage  complètement  l’avis 
du  traitement  qu’a  recommandé  M.  Prudhomme, 
de  Grenoble,  et  que  vous  avez  reproduit  dans 
votre  chronique  du  16  mai.  Après  les  gelées 
dont  il  est  ici  question,  le  prix  du  vin  avait  dou- 
blé, et  même  on  ne  voulait  plus  vendre.  Aujour- 
d’hui, on  peut  être  à peu  près  sûr  de  voir  des- 

12 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN). 


222 

cendre  les  prix.  Depuis  celle  gelée,  je  n’avais 
pas  enleiidu  parler  qu’on  eût  vendu  du  vin  ; di- 
manche, 18  courant,  je  suis  allé  chez  un  ami 
pour  déguster  un  échantillon  du  vin  du  pays, 
qu’il  avait  payé  60  fr.  la  bordelaise,  ce  qui  est 
un  prix  raisonnable.  Quant  aux  grands  chaix,  ils 
ne  vendent  pas  encore. 

Aujourd’hui,  la  cueillette  des  fruits  se  fait  toute 
seule,  car  malheureusement  le  peu  qui  était 
resté  tombe  de  jour  en  jour. 

Depuis  quinze  jours,  notre  beau  soleil  de  Gas- 
cogne, qui  s’est  fait  constamment  sentir,  nous 
envoie  ses  rayons  bienfaisants.  Aujourd’hui  nous 
avons  une  pluie  abondante  qui  nous  fait  grand 
bien  à tous,  et  nous  pouvons  dire  que  nous  avons 
un  temps  splendide;  aussi,  dans  tous  nos  pa- 
rages, les  récoltes  sont  admirables.  On  com- 
mence la  coupe  des  fourrages,  qui  seront  même 
assez  abondants. 

Agréez,  etc.  A.  Dumas. 

— Depuis  la  publication  de  notre  dernier 
numéro,  nous  avons  à enregistrer  deux  ex- 
positions d’horticulture  que  nous  avions 
précédemment  annoncées  : celle  de  Ver- 
sailles et  celle  de  Lagny,  et  dont  nous  allons 
dire  quelques  mots,  mais  seulement  d’une 
manière  générale,  deux  de  nos  collabora- 
teurs ayant  bien  voulu  se  charger  d’en  faire 
un  compte-rendu.  Nous  nous  bornons  donc 
à dire  que  la  première  était  encore  beau- 
coup plus  jolie  que  les  précédentes,  ce  qui 
est  le  plus  bel  éloge  qu’on  puisse  en  faire. 
C’est  le  contraire  pour  celle  de  Lagny,  où 
ordinairement  les  expositions  sont  très-re- 
marquables, surtout  en  légumes;  ainsi  cette 
année,  probablement  à cause  de  la  saison 
défavorable,  beaucoup  d’horticulteurs  n’ont 
pas  répondu  à l’appel  qui  leur  avait  été  fait, 
ce  qui  est  toujours  un  tort,  car  qui  peut  plus 
peut  moins.  Ce  fait  est  d’autant  plus  surpre- 
nant, que  les  encouragements  pécuniaires  ne 
manquent  pas,  et  que  les  efforts  incessants 
du  président  de  la  Société  d’horticulture, 
M.  le  baron  Davènes,  et  ceux  de  M.  Me- 
nier,  conseiller  général  du  département, 
viennent  aplanir  les  difficultés  lorsqu’il  s’en 
présente. 

— Le  journal  La  Vigne,  dans  un  de  ses 
derniers  numéros  indique  contre  le  phyl- 
loxéra un  moyen  à l’aide  duquel,  paraît-il, 
on  peut  se  débarrasser  de  ce  redoutable  in- 
secte. C’est  par  l’emploi  — ne  riez  pas  — 
de  VApathophyte- Châtelain.  Nous  co- 
pions : 

Remède.  — V Apathophyte-Chatelain  est  le 
spécifique  que  M.  Châtelain,  chimiste  distingué, 
et  moi,  conseillons,  et  cela  après  de  nombreux 
essais,  essais  répétés  par  des  lecteurs  du  journal 
La  Vigne,  avec  un  plein  succès. 


Vieux  médecin,  je  dois  à mes  lecteurs  une 
ordonnance:  prenez  un  litre  d’Apalhophyle- 
Chatelain,  qui  coûte  1 fr.  50  le  litre;  ajoiUez-y 
100  litres  d’eau  ; remuez,  et  avec  cette  liqueur 
jaune  et  infecte,  lavez  à la  brosse,  au  pinceau  ou 
à l’éponge,  le  cep  de  la  vigne  infectée  ; il  est 
prudent  de  déchausser  un  peu  les  souches 
et  de  laver  aussi  bas  que  possible,  et  même, 
si  l’eau  est  abondante,  de  verser  environ  un  litre 
du  spécifique  au  pied  de  chaque  souche. 

Cette  opération  doit  se  faire  à la  fin  de  l’au- 
tomne, avant  les  gelées  ; à ce  moment  la  sève 
descendante  ne  peut  plus  atteindre  l’extrémité 
des  racines;  le  phylloxéra  alors  remonte  pour 
sucer  la  dernière  goutte  de  cette  sève,  et  on 
peut  ainsi  le  foudroyer  à quelques  centimètres 
du  sol. 

Un  peu  au-dessous,  on  lit  : 

L’Apalliophyte-Chatelain,  à différents  degrés 
de  concentration,  est  le  meilleur  insecticide  rural 
que  je  connaisse  contre  le  puceron  lanigère  et 
les  larves  de  fourmis,  etc.,  etc. 

Il  va  sans  dire  que  nous  ne  garantissons 
pas  le  succès,  non  seulement  contre  le 
phylloxéra,  mais  contre  le  puceron  lanigère, 
ni  contre  les  « larves  des  fourmis.  » 

— Notre  collègue,  M.  Favresse,  jardinier 
chez  M.  Do  Canto,  aux  Açores,  et  qui  nous 
a déjà  renseigné  sur  les  cultures  de  cette  île 
dont  le  climat  est  si  favorable  à l’horticul- 
ture, vient  encore  de  nous  adresser  sur  le 
même  sujet  une  lettre  qui,  nous  en  avons  la 
conviction,  devra  intéresser  nos  lecteurs.  La 
voici  : 

Ponta  Delgada,  27  mars  1873. 

Jardin  de  M.  le  Ernesto  Do  Canto. 

Ce  jardin,  par  sa  nature  rocheuse,  n’est  guère 
propre  aux  grands  arbres,  le  sol  étant  générale- 
ment peu  profond  ; aussi  a-t-on  eu  soin  d’y  mettre 
des  espèces  appropriées.  Les  plantes  propres  aux 
lieux  pittoresques  et  aux  rocailles  y sont  repré- 
sentées en  grand  nombre;  on  y voit  une  riche 
collection  de  Cactées  et  à' Agaves,  dont  plusieurs 
Agave  filifera  qui,  livrées  à la  pleine  terre, 
changent  notablement  d’aspect.  Ces  plantes  sont 
naturellement  plus  robustes,  mais  surtout  les 
filaments  d’un  blanc  d’argent  y sont  beaucoup 
plus  nombreux  et  forment  un  réseau  sur  les 
jeunes  feuilles  avant  leur  détachement.  L’un 
d’eux  est  en  fleur  en  ce  moment  ; la  hampe  a 
5 mètres;  elle  forme  un  épi  serré  qui  s’épanouit 
successivement,  mettant  ainsi  beaucoup  de  temps 
avant  que  la  floraison  atteigne  le  sommet  Ainsi 
qu’on  le  sait,  celte  espèce,  après  avoir  fleuri, 
meurt  épuisée,  tandis  qu’il  eu  est  autrement  de 
Y Agave  americana  et  de  sa  variété  panachée 
qai,  un  an  ou  deux  après  la  floraison  et  si  les 
plantes  sont  placées  dans  un  terrain  inculte  où 
l’on  ne  bêche  pas,  donnent  de  nombreux  dra- 
geons tout  autour  de  l’endroit  qui  était  occupé 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN).  223 


par  les  plantes-mères,  cela  jusqu’à  1 mètre  et 
plus  de  ^distance.  Plusieurs  Agave  glaucescens 
dont  un  en  tleur;  sa  hampe  qui  a 3 mètres,  se 
termine  par  un  robuste  épi  serré  ; les  fleurs, 
comme  dans  V Agave  fili fera,  sonl  blanc  verdâtre, 
mais  beaucoup  plus  grandes  ; l’épi  a 30  centi- 
mètres de  diamètre  lors  de  son  épanouissement. 
Toutes  ces  plantes  sont  jeunes  encore;  elles 
auraient  pu  acquérir  un  développement  plus 
considérable  si  elles  n’avaient  pas  fleuri  si 
promptement.  VAgave  glaucescens  diffère  aussi 
des  autres  en  ce  qu’il  devient  arborescent. 
Plusieurs  Bonapartea  tenuifolia,  B.  glauca,  des 
Yucca  gloriosa  et  gloriosa  variegata,  sont  éga- 
lement très-forts  ; ce  dernier  est  très-joli.  Une 
autre  espèce  à grandes  feuilles  glauques  et  rudes 
dont  j’ignore  le  nom  est  également  une  très- 
belle  plante;  les  Cycas  revoluta,  les  Strelitzia, 
Arduina  pyramidalis,  Araucaria,  Fourcroya 
gigantea,  Pliœnix  daclilifera,  ont  aussi  de  très- 
fortes  dimensions. 

Dans  presque  tous  les  jardins  il  y a d’anciennes 
carrières  où  l’on  a extrait  les  pierres  pour  les 
constructions,  murailles,  etc.,  ce  qui  constitue 
des  roches-grottes  très-pittoresques  ou  naturelles, 
que  l’on  garnit  généralement  de  Fougères.  Dans 
l’une  de  celles-ci,  et  adossé  à une  muraille,  on  y 
voit  un  Moastera  deliciosa  chargé  de  fruits  qui 
y mûrissent  très -bien;  des  Sanseviera,  des 
Broméliacées,  des  Achyranthes  à feuilles  pa- 
nachées obtenues  aux  Açores,  des  Farfugium 
grande,  des  Fougères  en  arbre  tels  que  Also- 
phila  AuslraFfs,  Cibolium  regale,  Cib.  glaucum, 
Balantiuîn  ardarcticum,  Lopliosoria  af finis. 

Les  espèces  herbacées  sont  représentées  par 
les  suivantes  : beaucoup  de  Gymnogramma  calo- 
melanos,  des  Polypodium,  Danalia,  Adiantum, 
Blecimum,  Pteris,  Aspidium,  Ligodium,  Sella- 
ginella,  etc.  On  y voit  aussi  des  Gesneria  zebrina, 
des  Maranta  zebrina  et  sanguinea,  Tacsonia 
ignea,  Lælia  superba,  Echites,  Bignonia,  le 
Plantain  à feuilles  panachées  de  blanc,  Cycas 
circinalis,  Pandanus  utilis,  Alocasia  metatlica 
(l’ancien),  etc.  Dans  une  autre  partie  etaucentre 
est  un  Jacaranda  mimosæfo'ia,  non  loin  duquel 
se  trouve  l’arbre  à bouteille,  Brach\chiton  pO' 
pulneum,  sterculiacée  d’Australie,  dont  le  pied 
renflé  a la  forme  d’une  bouteille;  le  Pinhaô 
d’Inde  {Jatropha  Curcas)  ou  Médicinier. 

La  partie  montageuseet  abrupte  du  jardin  est 
plantée  en  Pinus  et  Eucalyptus  globulus. 

Agréez,  etc. 

Auguste  Favresse. 

Cette  intéressante  communication,  dont 
nous  remercions  tout  particulièrement  Fau- 
teur, est  mieu.x  que  toutes  les  données 
j thermométriques  propre  à donner  du  cli- 
mat des  Açores  une  idée  sur  ce  qu’on 
pourrait  faire  là  au  point  de  vue  horticole. 
En  effet,  il  paraît  plus  difficile  de  dire  ce 
qui  ne  viendrait  pas  que  ce  qui  serait  sus- 
ceptible d’y  croître,  et  l’on  peut  même  se 
demander  si  une  grande  partie  des  plantes 


exotiques  propres  aux  pays  les  plus  chauds 
n’y  pourraient  pas  être  cultivées. 

— Les  gelées  printanières  qui,  chaque 
année,  occasionnent  tant  de  ravages  en 
France,  ont,  de  tout  temps,  presque  poussé 
les  cultivateurs  à tenter  des  expériences 
pour  se  mettre  à l’abri  de  leurs  désastres. 
Au  nombre  des  principaux  moyens  recom- 
mandés, on  peut  mettre  Y enfumage  qui, 
comme  on  le  sait,  consiste  à allumer  des 
feux  et  à les  entretenir  à l’aide  de  matières 
qui  font  beaucoup  de  fumée,  de  manière  à 
produire  des  nuages  artificiels  qui  para- 
lysent Faction  de  la  gelée.  Recommandé  de- 
puis bien  longtemps,  ce  procédé,  jusqu’ici, 
soit  qu’on  ne  Fait  pas  employé  à propos  ou 
qu’on  Fait  pratiqué  dans  de  mauvaises  con- 
ditions, paraissait  n’avoir  pas  donné  de  bons 
résultats.  Il  semble  pourtant,  d’après  des 
expériences  faites  récemment,  qu’il  peut 
être  très-efficace  et  même  employé  en  grand. 
C’est  alors  une  question  de  main-d’œuvre. 
Nous  reviendrons  prochainement  sur  cette 
question  dans  un  article  spécial  ; pour  au- 
jourd’hui, nous  terminons  sur  ce  sujet  en 
citant  un  fait  dont  nous  pouvons  garantir  la 
véracité  ; il  s’est  produit  à Lagny  (Seine-et- 
Marne).  Voici  comment  et  dans  quelles  con- 
ditions : 

Un  maraîcher  des  plus  habiles  et  dont 
les  cultures  sont  aussi  des  plus  importantes, 
M.  Lesseur,  avait  un  espalier  de  Vignes  qui 
était  chargé  de  Raisin  et  qu’il  tenait  beau- 
coup à conserver;  voyant  un  soir  qu’il  faisait 
froid,  que  le  temps  très-clair  menaçait  de  la 
gelée,  il  fit  préparer  et  disposer  des  matières 
combustibles  de  manière  à pouvoir  les  en- 
flammer promptement,  aussitôt  que  le  besoin 
s’en  ferait  sentir.  Ainsi  qu’on  peut  le  penser, 
il  ne  s’endormit  pas,  et  voyant  vers  trois 
heures  du  matin  que  la  gelée  était  sur  le 
point  de  commencer,  il  fît  lever  tout  son 
monde  et  donna  l’ordre  d’allumer,  ce 
qui  fut  fait  immédiatement;  on  entretint  les 
feux  avec  de  la  paille  mouillée,  du  fumier 
un  peu  pourri,  afin  de  faire  le  plus  de 
fumée  possible.  Grâce  à ce  travail  qui  se 
prolongea  jusqu’à  ce  que  le  thermomètre  au 
nord  fût  monté  à quelques  degrés  au-dessus 
de  zéro,  M.  Lesseur  put  sauver  toute  sa 
Vigne,  tandis  qu’à  côté,  là  où  l’on  n’avait 
rien  fait,  il  ne  restait  pas  un  seul  bourgeon; 
tous  avaient  été  gelés. 

Notons  toutefois  que  pour  pratiquer  avec 
fruit  Fenfumage,  il  y a certaines  précau- 
tions à prendre  en  raison  soit  de  la  position, 
soit  du  vent,  sans  lesquelles  on  n’obtiendrait 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN). 


224 

souvent  pas  de  bons  résultats,  et  dont  on 
pourra  se  faire  une  idée  par  le  passage 
d’une  lettre  que  nous  a adressée  un  de  nos 
collègues,  à qui  nous  avions  écrit  pour  avoir 
quelques  renseignements  au  sujet  des  froids 
de  la  fin  de  mai.  Voici  ce  passage  : 

....  Vous  me  demandez  quelques  nouvelles 
de  la  gelée.  Ces  nouvelles  valent  la  peine  d’être 
connues.  Sur  nos  hauteurs  nous  sentons  déjà  le 
climat  des  montagnes  (1),  et  il  y fait  encore  froid 
quand  il  fait  chaud  ailleurs.  Le  25  avril  au  matin, 
il  y avait  déjà  2 degrés  centigrades  au-dessous 
de  zéro,  et  avec  tous  les  arbres  fleuris  c’était 
dangereux,  mais  le  soleil  resta  caché  toute  la 
journée.  Nous  avions  fout  ce  qu’il  fallait  pour 
faire  des  nuages  artificiels  par  les  procédés  em- 
ployés dans  l’expérience  qui  a été  faite  à Suresnes 
ce  printemps.  J’en  ai  allumé  deux  ou  trois 
comme  essai  ce  jour-là;  c’était  insuffisant,  même 
comme  expérience. 

Le  soir  il  commença  à geler  vers  neuf  heures, 
et  le  26,  à cinq  heures  du  matin,  il  y avait  5 de- 
grés au-dessous  de  zéro  avec  un  soleil  splendide. 
Nous  avons  alors  allumé  toutes  nos  marmites 
d’huile  lourde  (environ  une  trentaine  pour  1 hec- 
tare de  jardin),  mais  il  y avait  un  léger  courant 
d’air,  et  la  fumée  ne  restait  pas  assez  pour  pro- 
duire l’effet  attendu.  Je  ne  croyais  pas  à l’efficacité 
delà  fumée  avec  un  pareil  froid;  mais  c’était 
une  expérience  pour  juger  l’effet  produit.  A dis- 
tance, le  nuage  paraît  épais  et  noirâtre;  quand 
on  est  dedans,  il  n’en  est  plus  de  même.  Cepen- 
dant le  soleil  paraît  terne  et  rougeâtre  à travers 
et  perd  beaucoup  de  son  éclat.  Nos  marmites 
contiennent  de  4 à 5 litres  d’huile;  avec  un  verre 
d’essence  dessus,  on  les  allume  instantanément; 
elles  brûlent  environ  deux  heures.  On  peut  les 
remplir  à volonté. 

Les  Poiriers  et  Cerisiers  en  plein  air  ne  con- 
servaient déjà  plus  de  fruits,  et  les  espaliers 
étaient  très-compromis  malgré  les  toiles  qui  re- 
couvraient les  Pêchers  ; cependant  quelques 
Pêches  garanties  par  le  feuillage  déjà  épais 
avaient  échappé. 

Le  soir,  la  gelée  commença  à huit  heures,  et 
le  27,  à trois  heures  du  matin,  il  y avait  5 degrés 
de  glace;  à cinq  heures  7,  et  à sept  heures 
et  demie,  après  une  heure  environ  de  soleil,  le 
thermomètre  était  encore  à zéro. 

Tous  les  arbres,  surtout  les  Cerisiers,  avaient 
l’aspect  de  plantes  confites  dans  du  sucre.  Aussi 
le  désastre  fut  complet.  Depuis  les  Pêches  jus- 
qu’aux Groseilles,  il  ne  reste  à peu  près  rien.  Les 
boutons  de  Pommiers,  bien  qu’à  peine  formés, 
ne  furent  pas  plus  respectés  que  les  autres. 

Maintenant  voici  quelques  bizarreries  : des 
bourgeons  de  Vigne  (une  vingtaine  à peine  sur 
120  mètres  de  mur)  longs  de  10  à 15  centimètres 
furent  complètement  épargnés,  et  cela  dans  des 
positions  les  plus  variées.  Un  fort  Pêcher,  Belle 
impériale,  venant  de  Paris,  et  resté  près  de  trois 
semaines  sans  être  planté,  conserve  à peu  près 

(1)  Limite  de  Saône-et-Loire,  près  du  Morvan. 


tous  ses  fruits  (une  douzaine).  Des  cordons 
obliques  arrachés  également,  mais  replantés  de 
suite  à côté,  n’en  ont  pas  un.  Des  Pommiers  en 
pyramide  abandonnés  en  ont  conservé  quelques- 
uns  du  côté  du  levant.  Nous  avons  des  Poiriers 
en  espaliers  (Crassane  et  Doyenné  d’hiver),  dont 
quelques  fruits  grossissent  normalement,  quoique 
le  cœur  soit  perdu  ; il  y en  a qui  ont  déjà  la 
grosseur  d’une  petite  Noix,  et  sans  montrer  une 
apparence  de  chute  prochaine.  Que  vont  devenir 
ces  fruits  sans  pépins?  Toutes  les  feuilles  des 
Pommiers  en  cordons  sont  cloquées,  et  c’est  à 
peine  si  l’on  en  remarque  sur  les  Pêchers.  Les 
Fraisiers  n’ont  perdu  que  les  fleurs  les  plus 
avancées,  c’est-à-dire  celles  qui  étaient  ouvertes 
ou  tout  près  de  s’ouvrir.  Des  plants  de  Choux  re- 
piqués depuis  peu  ont  à peine  souffert,  tandis  que 
le  reste  du  semis  a été  perdu.  Un  grainier  près 
d’ici  en  a perdu  au  moins  6 ares.  Dans  le  parc, 
les  Marronniers,  Kœlreuteria,  Tulipiers,  Plata- 
nes, Faux-Ébéniers,  Noisetiers,  Tilleuls  argentés, 
Deutzia  gracilis,  Weigelia,  ont  été  plus  ou  moins 
atteints,  ces  deux  dernières  espèces  d’une  façon 
inquiétante.  Je  ne  parle  pas  des  Chênes,  Frênes, 
Acacias,  etc.  etc.;  ils  sont  tous  noirs.  Les  Syco- 
mores s’en  sont  même  un  peu  sentis,  surtout  de 
jeunes  baliveaux  très-vigoureux.  Il  en  a été  de 
même  de  vastes  plantations  de  Mélèzes  qui  sont 
tous  roussis.  Dans  la  grande  culture,  les  Seigles 
avancés,  les  graminées  précoces  des  prairies,  les 
Trèfles  et  Luzernes  ont  tous  souffert. 

Le  28  il  a tombé  des  raffales  de  grêle  qui  ont 
achevé  les  Marronniers  et  leur  ont  donné  un  as- 
pect des  plus  misérables. 

Le  fait  le  plus  curieux  dans  ce  désastre  me 
paraît  être  le  Pêcher  nouvellement  planté  (en 
février)  dont  j’ai  parlé  ci-dessus,  qui,  sans  abri, 
a conservé  ses  fruits. 

— Les  29  et  30  juin  1873,  la  ville  de  Spa 
(Belgique)  fera  une  grande  exposition  de 
Roses,  de  plantes  ornementales,  de  fleurs 
coupées  de  pleine  terre,  et  des  produits  de 
la  flore  ardennaise.  Le  programme  dé- 
montre que  cette  exposition  est  surtout  faite 
au  point  de  vue  des  Roses,  puisque  sur  onze 
concours  qu’elle  comporte,  huit  sont  par- 
ticuliers à ces  fleurs.  Nous  avons  appris  que, 
bien  que  formé  depuis  peu  de  temps,  le 
Congrès  lyonnais  des  rosiéristes  n’a  pas  été 
oublié,  et  que  son  président,  M.  Léon  de 
Saint-Jean,  a été  prié  de  faire  partie  du 
jury  à cette  exposition,  que  non  seulement 
il  a accepté,  mais  que  le  comité  a décidé 
que  le  Congrès  exposerait  un  lot  d’ensemble, 
c’est-à-dire  au  nom  du  Congrès. 

En  outre  des  récompenses  destinées  à 
cette  exposition,  cinq  prix  seront  laissés  à la 
disposition  du  jury,  pour  les  envois  hors 
concours  dont  le  mérite  serait  bien  constaté. 

— Plusieurs  fois  déjà,  par  la  lecture  de 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN). 


lettres  que  nous  devions  à l’obligeance  de 
notre  ami,  M.  Jean  Sisley,  nos  lecteurs  ont 
pu  avoir  des  renseignements  précis  sur  le 
Japon,  et  se  faire  du  climat  de  ce  pays  des 
idées  vraies,  mais  en  général  très-diffé- 
rentes de  toutes  celles  qu’on  avait  jusqu’ici. 
Voici  encore  deux  extraits  de  lettres  ré- 
cemment reçues  du  Japon,  et  qui,  nous  le 
croyons,  seront  lues  avec  plaisir  ; 

Ikouno,  le  19  mars  1873. 

Cher  Monsieur  Sisley, 

...  Nous  avons  eu  ici  très-froid  cet  hiver,  des 
froids  de  10  à 12  degrés  en  janvier  et  février; 
en  mars,  il  a gelé  presque  toutes  les  nuits  à 3 
ou  4 degrés,  et  ce  qui  peut  donner  une  idée  du 
peu  d’élévation  de  la  température  moyenne  pen- 
dant l’hiver,  c’est  que  des  Pois  Michaud,  semés 
le  20  décembre,  ont  germé,  et  sont  actuellement 
très-vivants,  bien  qu’ils  ne  sortent  pas  encore  de 
terre.  Eh  bien!  malgré  ce  froid,  les  Camellias 
sont  très-bien  portants  ; c’est  à peine  si  quelques 
boutons  à fleurs  sont  endommagés,  et  seulement 
dans  les  pieds  exposés  au  soleil  ; ceux  qui  sont 
dans  les  bois  sont  aussi  verts  qu’en  automne.  A 
Ikouno  même,  nous  avons  de  très-gros  Camellias 
autour  de  quelques  temples;  plusieurs  ont  le 
tronc  aussi  gros  qu’un  homme  ; et  l’autre  jour, 
dans  une  promenade  avec  Coignet,  nous  en  ad- 
mirions un  dont  nous  évaluions  la  hauteur  à 
10  mètres.  Tous  ces  Camellias  sont  plantés  sous 
des  Pins,  des  Sapins  ou  des  Soughi  {Cryptome- 
ria  Japonica),  qui  les  garantissent  des  rayons 
du  soleil.  Ce  dernier  arbre  est  ici  superbe  ; il 
atteint  les  dimensions  de  nos  plus  beaux  Sapins  : 
gros,  il  paraît  ne  craindre  ni  le  froid,  ni  le  so- 
leil, mais  les  jeunes  plants  exposés  au  soleil  sont 
comme  brûlés  en  ce  moment.  Dans  les  environs 
d’ikouno,  il  y a d’assez  beaux  Chamœrops  ex- 
celsa.  Les  Japonais  en  plantent  beaucoup  autour 
des  cimetières;  ils  se  servent  des  fibres  des  pé- 
[ lioles  pour  faire  des  cordes  et  des  balais  assez 
bons.  Peut-être  les  Chamœrops  qui  m’avaient 
j paru  un  peu  malades  à Yokohama  souffraient- 
j ils  plus  de  l’air  de  la  mer  que  du  froid,  car  ici 
ils  paraissent  assez  bien  supporter  le  froid  et  la 
neige. 

Adieu,  cher  Monsieur  Sisley  ; je  vous  serre 
bien  affectueusement  la  main.  A Hénon, 

Médecin  au  service  du  gouvernement  japonais. 

Cette  lettre  confirme  ce  que  nous  avaient 
déjà  appris  certaines  autres  que  nous  avons 
publiées  : que  le  climat  du  Japon  n’est  pas 
aussi  doux  qu’on  le  croyait  généralement  ; 
que  si  tant  de  végétaux,  dans  ce  pays, 
viennent  très-bien  et  y acquièrent  même  de 
I grandes  dimensions,  il  faut  moins  l’attri- 
buer à la  chaleur  qu’à  la  nature  du  mi- 
lieu qui,  au  point  de  vue  de  la  végétation, 
est  différente  de  celle  qu’on  rencontre  dans 
une  grande  partie  de  la  France.  Pour  trou- 
1 ver  dans  notre  pays  des  conditions  analo- 


225 

gués  à celles  que  paraît  présenter  le  Japon, 
il  faut  se  rapprocher  du  littoral,  de  Cher- 
bourg à Nantes,  par  exemple. 

— La  lettre  suivante,  du  même  pays  que 
la  précédente,  et,  comme  elle,  écrite 
d’ikouno , indépendamment  du  mauvais 
temps  qu’elle  constate,  contient  quelques 
détails  assez  intéressants  que  nous  allons 
reproduire. 

Ikouno,  18  mars  1873. 

Mon  cher  père, 

...Depuis  le  commencement  de  mars,  il  gèle 
toutes  les  nuits,  et  aujourd’hui  nous  avons  de  la 
neige  ; aussi,  on  peut  dire  que  la  végétation  n’a 
pas  encore  commencé.  En  fait  d’arbres,  les  Pru- 
niers seuls  commencent  à montrer  leurs  fleurs, 
et  dans  la  campagne  je  n’ai  trouvé  encore  que 
deux  plantes  fleuries,  et  je  les  ai  séchées.  Je 
suis  sûr  qu’à  Lyon  vous  êtes  en  avance  sur  nous  ; 
du  reste,  Coignet  dit  n’avoir  jamais  vu  un  pareil 
hiver  à Ikouno. 

A propos  de  la  flore  du  Japon,  Hénon  a dé- 
couvert sur  les  notes  qu’il  avait  prises  sur  une 
description  de  plantes  japonaises  bon  nombre 
d’espèces  décrites  dont  l’auteur  donne  les  noms 
japonais.  11  se  trouve  que  plusieurs  d’entre  elles 
s’appellent,  d’après  lui,  Shiran,  ce  qui  veut  dire  : 

« Je  ne  sais  pas.  » C’est  sans  doute  la  réponse 
qu’on  lui  faisait  qu’il  a prise  pour  le  nom. 
D’autres  portent  le  beau  nom  de  Yama-Koussa 
ou  Yama-Kij  dont  la  signification  n’est  autre 
que  ; Herbe  des  montagnes  ou  Arbre  des  mon- 
tagnes. Cette  découverte  nous  a bien  amusés, 
et  encore  plus  les  Japonais  à qui  on  l’a  ra- 
contée. 

Les  plantations  du  jardin  sont  déjà  bien  avan-^ 
cées  ; il  ne  reste  plus  à planter  pour  cette  année 
que  quelques  arbustes  à feuilles  persistantes  et 
les  arbres  verts.  Dernièrement  j’ai  été  chercher 
des  Azalées  qui  étaient  à l’ancienne  habitation 
du  gouverneur.  Il  y en  a là  un  grand  nombre 
qui  étaient  cultivées  ; j’ai  choisi  naturellement  les 
plus  belles  ; quelques-unes  ont  une  tête  ayant 
jusqu’à  80  centimètres  à 1 mètre  de  diamètre. 
Comme  elles  ont  été  arrachées  avec  soin,  et  que 
depuis  leur  transplantation  elles  ne  paraissent  pas 
souffrir,  il  faut  espérer  qu’elles  fleuriront  bien,  et 
ce  sera  alors  très-beau.  Nous  en  avons  plus  de 
trente.  Les  Japonais  les  taillent  comme  nous, 
après  la  floraison,  pour  leur  former  une  tête. 
Ils  paraissent  en  avoir  plusieurs  variétés  ou  es- 
pèces. Les  Azalées  sont  très- abondantes  dans  la 
montagne,  partout  aux  environs  ; elles  paraissent 
exclusivement  rustiques  ; elles  poussent  à toutes 
les  expositions,  même  dans  les  fentes  de  rochers, 
où  elles  trouvent  de  bonne  terre.  Je  crois  qu’elles 
préfèrent  les  endroits  légèrement  ombragés.  On 
trouve  aussi  à l’état  sauvage  des  Rhododendrons 
tapissant  les  rochers;  ils  ne  se  rencontrent 
qu’exposés  au  nord,  et  les  rares  sujets  qui  se 
sont  égarés  au  soleil  ont  une  plus  mauvaise  mine 
dans  cette  saison. 


LES  GLOXINIAS. 


226 

Tu  me  demandes  si  j’ai  vu  des  Primulas.  Pas 
encore;  mais  il  se  peut  très-bien  que  j’en  trouve 
par  la  suite,  car  rien  ne  pousse  pour  le  moment. 
Pour  les  Lis,  il  faut  de  même  attendre  encore 
pour  avoir  d’autres  renseignements.  Je  t’ai  déjà 
donné  bien  des  détails  sur  les  plantes  que  j’ai 
emportées.  Tu  sais  que  les  Rosiers  ont  beaucoup 
souffert;  ceux  qui  avaient  le  mieux  résisté  sont 
les  Thés;  mais  les  grands  froids  en  ont  tué  une 
partie  qui  n’étaient  pas  bien  remis  de  leur 
voyage.  Les  survivants  forment  maintenant  un 
petit  mas^if  devant  la  maison. 

J’ai  remis  à M.  Réal,  qui  part  le  23,  un  petit 
paquet  de  graines.  Je  n’ai  vu  les  fleurs  d’aucune 
d’elles;  je  ne  puis  donc  te  renseigner  sur  leur 
valeur.  Je  pourrai  peut-être  te  le  dire  plus  tard  ; 
c’est  pour  cela  que  j’y  ai  mis  des  numéros,  afin 


de  m’y  reconnaître.  La  graine  de  Lis  qui  se 
trouve  parmi  elles  est  semblable  à celle  que  je 
t’ai  déjà  envoyée. 

Léon  SiSLEY, 

Ingénieur  au  service  du  gouvernement  japonais. 

Les  renseignements  qui  précèdent  sont 
non  seulement  précieux  par  les  connais- 
sances qu’ils  procurent  sur  le  climat  si  sin- 
gulier du  Japon  ; ils  montrent  encore  com- 
bien il  faut  se  tenir  en  garde  contre  certaines 
appellations  étrangères  relativement  à leur 
signification.  Ainsi,  quand  en  parlant  d’une 
plante  japonaise  d’après  certains  auteurs  on 
dit  : C’est  un  Shiran,  cela  signifie  : C’est  un 
((  je  ne  sais  pas.  » E.-A.  Carrière. 


LES  GLOXINIAS 

CULTURE  AU  POINT  DE  VUE  DU  MARCHÉ  AUX  FLEURS 


La  culture  des  Gloxinias  est  facile,  et  peut 
être  très-productive  si  elle  est  bien  com- 
prise. Au  point  de  vue  de  la  vente  sur  le 
marché,  la  meilleure  manière  de  multiplier 
les  Gloxinias  est  par  les  semis;  la  multipli- 
cation par  bouture  sert  à propager  quelques 
belles  variétés  que  l’on  tient  à conserver; 
mais  comme  produit  elle  est  loin  d’être  aussi 
avantageuse  que  les  semis.  Il  faut  donc, 
avant  tout,  se  procurer  des  graines. 

Les  Gloxinias  doivent  être  fécondés  arti- 
ficiellement pour  produire  de  la  graine; 
bien  que  quelquefois,  et  surtout  pour  les 
variétés  à fleurs  bleues,  la  fécondation  se 
fasse  naturellement,  il  vaut  toujours  mieux, 
ne  serait-ce  que  pour  l’amélioration  de  la 
race,  et  aussi  pour  plus  de  sûreté,  aider  la 
nature.  D’après  ce  que  je  viens  de  faire 
remarquer  : que  les  variétés  à fleurs  bleues 
sont  beaucoup  plus  aptes  à se  féconder  na-^* 
turellement  que  les  variétés  roses  ou  à 
fond  rose,  on  comprend  qu’il  sera  bon 
de  s’assurer  d’une  plus  grande  quantité  de 
ces  dernières,  car  il  arrive  encore  assez 
souvent  que  sur  dix  fleurs  fécondées  artifi- 
ciellement, deux  ou  trois  seulement  pro- 
duisent des  graines. 

Onsème  les  graines  de  Gloxinia  vers  le  com- 
mencement de  février,  dans  des  pots  remplis 
aux  trois  quarts  de  tessons,  pour  bien  assu- 
rer le  drainage  ; la  terre  de  bruyère  légère 
est  excellente  pour  les  semis;  elle  doit  être 
un  peu  foulée.  On  aura  soin  de  mettre  une 
légère  couche  de  sphagnum  sur  les  tessons 
pour  empêcher  la  terre  de  s’échapper  dans 
le  drainage.  Les  graines  seront  semées  un 
peu  claires,  et  recouvertes  de  1 ou  2 milli- 


mètres de  sable  blanc  fin  ; le  tout  sera  re- 
couvert d’un  verre  et  seringué  légèrement 
de  temps  en  temps  pour  entretenir  l’humi- 
dité dans  les  pots.  Si  la  serre  où  sont  placées 
les  graines  est  chaude  et  humide,  elles 
lèveront  promptement.  Quand  les  semis  ont 
développé  deux  feuilles  au-dessus  des  coty- 
lédons, il  faut  les  repiquer  dans  des  pots 
bien  drainés,  et  à environ  2 centimètres  de 
distance  les  uns  des  autres.  Il  ne  faut  pas 
les  tenir  trop  secs,  mais  ne  pas  oublier  non 
plus  que  la  moindre  humidité  surabondante 
les  ferait  fondre.  C’est  pourquoi  je  préfère 
pour  les  semences  et  les  repiquages  de  ces 
plantes,  ainsi  que  pour  toutes  celles  qui 
fondent  facilement,  les  pots  aux  terrines  or- 
dinaires, parce  que  dans  un  vase  profond 
le  drainage  est  toujours  dans  de  meilleures 
conditions. 

Aussitôt  que  les  jeunes  plants  seront  re- 
pris et  qu’ils  commenceront  à pousser,  il 
> faut  les  changer  de  serre,  si  celle-ci  est  trop 
humide  ; quand  ils  auront  acquis  environ 
3 ou  4 centimètres  de  hauteur,  il  faudra  les 
rempoter  dans  des  godets  de  8 à 10  centi- 
mètres de  diamètre.  Un  mélange  composé 
de  deux  tiers  de  terre  de  bruyère  sableuse 
avec  un  tiers  de  bon  terreau  de  feuilles  bien 
consommé  sera  très-bon  pour  ce  rempotage. 
Il  faut  presser  très-peu  la  terre  en  rem- 
potant, car  les  bulbes  des  Gloxinias  prennent 
beaucoup  de  développement  dans  les  pots. 

Ces  plantes  seront  placées  dans  une  serre 
tempérée,  plutôt  sèche  qu’humide,  car  il 
faut  surtout  éviter  l’humidité  sur  les  feuilles, 
ce  qui  les  fait  inévitablement  pourrir;  on 
devra  donc  s’abstenir  de  seringuage;  l’arro- 


RADIS  GARWOSKI. 


sage  doit  être  fait  soigneusement  et  copieu- 
sement pendant  l’été.  — En  suivant  cette 
méthode  de  culture,  on  arrivera  facilement 
à faire  fleurir  des  Gloxinias  pour  la  Notre- 
Dame  et  pour  la  Saint-Louis  (15  et  25  août), 
qui,  comme  chacun  sait,  sont  deux  époques 
où  la  vente  des  fleurs  prend  une  grande 
extension.  Les  plantes  ainsi  obtenues  sont 
presque  aussi  fortes  que  celles  de  boutures, 
et  c’est  assurément  une  année  de  gagnée. 
Aussitôt  la  fleur  passée,  il  faut  diminuer 
graduellement  l’arrosage  des  plantes  qui, 
alors,  entrent  dans  leur  période  de  repos; 
les  feuilles  se  pourrissent,  et  quand  on  juge 
le  moment  convenable,  on  les  dépote,  on 
enlève  soigneusement  tout  ce  qui  reste  des 
tiges,  et  on  les  met  dans  dû  sable  sec,  où 
ils  se  conservent  très-bien  jusqu’au  moment 
de  les  remettre  en  végétation. 

Si  l’on  désirait  avoir  des  Gloxinias  en 
fleur  de  bonne  heure,  c’est-à-dire  depuis  la 
mi-avril,  il  faudrait  les  mettre  en  végétation 
à partir  du  commencement  de  décembre. 
Pour  cela,  il  suffit  de  les  placer  dans  une 
serre  chaude  et  humide,  et  de  les  couvrir  de 
sable  que  l’on  aura  la  précaution  de  tenir 
i toujours  légèrement  humide.  Tous  les  quinze 
I jours  on  renouvelle  la  fournée^  afin  de  ne 
! par  mettre  d’intervalle  dans  la  floraison. 

Il  n’est  pas  indispensable  de  mettre  les 
I Gloxinias  en  végétation  avant  de  les  empo- 
' ter;  cependant  il  vaut  toujours  mieux  le 
faire,  car  il  arrive  quelquefois  que  les  yeux 
i de  la  base  des  tiges  de  l’année  précédente 
I sont  annulés,  et  alors  on  comprend  que  la 
h végétation  ne  pourrait  avoir  lieu.  J’ai  vu 
i!  de  ces  tubercules  rester  deux  années  sans 
pousser  et  devenir  coriaces  et  filandreux; 

1 i dans  ce  cas  ils  finissent  toujours  par  pourrir. 

] La  terre  pour  l’empotage  de  ces  Gloxinias 
' ji  sera  à peu  près  la  même  que  celle  indiquée 
I précédemment  ; on  pourrait  la  rendre  un 
peu  plus  substantielle  ou  plus  nutritive  en 
I forçant  un  peu  sur  le  terreau. 

Les  Gloxinias  peuvent  dès  la  deuxième 
année  être  soumis  au  forçage.  Pour  réussir, 
il  faut  que  la  température  de  la  serre  soit 
sèche  et  les  plantes  bien  entretenues  d’humi- 
dité au  pied.  Ils  supportent  une  tempéra- 


227 

ture  d’environ  20  degrés  centigrades  sans 
inconvénient.  Il  est  toutefois  bien  entendu 
que  c’est  seulement  de  la  chaleur  artificielle 
dont  je  veux  parler,  car  le  soleil  peut  quel- 
quefois faire  monter  le  thermomètre  bien 
plus  haut  sans  que  les  plantes  en  souffrent; 
seulement  il  ne  faut  pas  les  laisser  « avoir 
soif.  » 

Quand  le  soleil  devient  trop  ardent,  il  faut 
ombrer  un  peu,  mais  jamais  avec  des  pail- 
lassons qui  rendraient  la  serre  trop  sombre  ; 
il  faut  que  les  rayons  du  soleil  soient  seule- 
ment coupés  ; aussi  les  claies  sont-elles  de 
beaucoup  préférables. 

Les  Gloxinias  de  semis  sont  bien  plus 
vigoureux  que  les  Gloxinias  provenant  de 
boutures,  et  l’on  peut  hardiment  assurer 
qu’à  distance  égale  du  jour  de  la  mulliplica- 
tion,  les  plantes  de  semis  seront  la  deuxième 
année  au  moins  le  double  plus  fortes  que 
celles  obtenues  par  boutures.  Il  est  vrai  que 
les  variations  se  produisent  presque  à l’in- 
fini dans  les  semences  ; mais  si  l’on  a soin 
de  choisir  les  porte-graines  aussi  parfaits 
que  possible,  le  résultat  comme  plantes  et 
comme  fleurs  est  à peu  près  assuré,  et  tou- 
jours très- satisfaisant. 

La  multiplication  des  Gloxinias  par  bou- 
ture, quoique  moins  expéditive  sous  le  rap- 
port de  la  production,  est  aussi  très-facile. 
Voici  comment  on  la  pratique  : quand  les 
feuilles  sont  assez  aoûtées,  on  les  coupe,  et 
on  les  pique  dans  du  terreau  ou  de  la  vieille 
terre  de  bruyère;  si  l’on  peut  disposer  d’une 
vieille  couche,  on  la  remanie  pour  lui  donner 
un  peu  de  chaleur,  et  on  pique  les  boutures 
dessus;  on  couvre  la  couche  de  châssis,  et 
l’on  seringue  de  temps  en  temps  pour  entre- 
tenir la  fraîcheur;  quand  le  soleil  est  trop 
ardent,  on  ombre  avec  des  claies.  On  cesse 
les  arrosages  lorsqu’on  approche  de  la  saison 
d’automne,  et  quand  le  moment  de  les 
hiverner  est  arrivé,  on  relèvera  les  tuber- 
cules en  coupant  les  feuilles  qui  ne  seraient 
pas  encore  pourries  à environ  2 centimètres 
du  collet,  et  on  conserve  les  tubercules 
l’hiver  comme  il  a été  dit  ci-dessus. 

H.  J AM  AIN  fils. 


RADIS  GARWOSKI 


La  plante  dont  il  s’agit , à peu  près 
complètement  ignorée,  bien  qu’elle  puisse 
rendre  de  grands  services,  est  le  Radis 
Garwoski,  dont  les  graines  ont  été  envoyées 
par  le  gouvernement  russe,  vers  1868,  au 
gouvernement  français,  qui  les  fit  remettre  à 


la  Société  centrale  d’horticulture  de  France. 
Ces  graines,  ainsi  que  beaucoup  d’autres, 
ont  été,  comme  cela,  du  reste,  a toujours 
lieu  en  pareille  circonstance,  partagées  et 
distribuées  entre  divers  sociétaires,  qui  de- 
vaient les  semer  et  rendre  compte  des  ré- 


m 


LES  FROIDS  DE  LA  MI-MAI. 


sultats.  Malgré  cela,  l’espèce  en  question 
serait  très-probablement  perdue  sans  notre 
collègue,  M.  Dupuy-Jamain,  qui,  en  ayant 
reçu  quelques  graines,  les  a semées,  et  a 
par  conséquent  conservé  cette  plante,  chose 
d’autant  plus  importante  que  c’est  une  es- 
pèce qui,  nous  l’espérons,  pourra  rendre 
quelques  services,  surtout  à l’agriculture, 
bien  qu’elle  puisse  également  trouver  sa 
place  dans  le  potager.  C’est  une  de  ces 
plantes  mixtes  qu’il  serait  difficile  de  classer 
d’une  manière  absolue,  qu’on  ne  peut  que 
recommander  après  en  avoir  indiqué  les 
caractères,  ce  que  nous  allons  faire. 

Le  Radis  Garwoski,  dont  les  graines  ont 
été  envoyées  sous  le  nom  de  Radis-rave 
long  blanc  d’ automne,  est  très-vigoureux  ; 
avec  un  feuillage  tout  aussi  abondant  et  même 
plus  que  ne  l’est  celui  du  Radis  noir,  il  a 
l’avantage  de  produire  une  racine  énorme, 
qui,  dans  certains  cas,  peut  être  comparée 
pour  la  forme  et  pour  le  volume  à une  forte 
Betterave.  En  effet,  l’année  dernière,  en 
1872,  nous  en  avons  récolté  qui  pesaient 
jusqu’à  3 kilogrammes,  et  qui  mesuraient 
45  centimètres  de  longueur  sur  15  de  dia- 
mètre au  sommet,  qui  était  la  partie  la  plus 
large.  Ces  racines,  qui  s’amincissaient  ré- 
gulièrement sans  aucune  ramification , 
avaient,  sous  le  rapport  de  la  forme,  quel- 
que ressemblance  avec  la  grosse  Carotte 
blanche,  dite  Carotte  à vache.  C’est  donc, 
ainsi  qu’on  le  voit,  une  plante  qui  entrera 
dans  la  catégorie  des  fourrages-racines. 
Nous  avons  dit  ci-dessus  qu’elle  pourrait 
aussi  faire  partie  des  plantes  potagères, 
d’abord  comme  Radis  d’automne  et  d’hiver, 
vu  ses  dimensions.  Nous  devons  dire  ce- 
pendant que,  sous  ce  dernier  rapport,  le 
Radis  Garwoski  laisse  à désirer,  bien  qu’il 
soit  très-consommable.  Sa  chair,  d’un  blanc 
légèrement  jaunâtre , est  un  peu  sèche. 
Quant  à sa  saveur,  elle  est  stiptique,  comme 
celle  du  Radis,  un  peu  différente  pourtant, 
et  a quelque  chose  de  celle  du  Raifort;  nous 
ne  serions  pas  éloigné  de  croire  que,  donnée 
en  petite  quantité  aux  animaux  herbivores, 
elle  pût  agir  favorablement  sur  leur  écono- 
mie, par  exemple  comme  un  excitant  apé- 
ritif, et  en  même  temps  comme  dépuratif, 
propriétés  que,  du  reste,  cette  plante  par- 
tage avec  presque  toutes  celles  du  groupe 
des  Crucifères.  On  doit  toutefois  com- 


prendre que  sous  ces  différents  rapports 
nous  n’affirmons  rien. 

Nous  ne  pouvons  non  plus  rien  affirmer 
quant  à sa  culture.  Y aurait-il  avantage  à 
semer  les  graines  au  premier  printemps, 
afin  d’avoir  des  fourrages  verts  de  bonne 
heure,  ou  bien  plus  tard,  c’est-à-dire  en 
juin -juillet,  afin  d’avoir  des  racines  pour  la 
fin  d’automne  et  le  courant  de  l’hiver?  Cela 
peut  dépendre  des  conditions  dans  lesquelles 
on  se  trouve  placé,  ou  du  but  que  l’on 
cherche  à atteindre.  Ce  sont  donc  des  ques- 
tions que,  seule,  l’^^xnérience  peut  résoudre. 
Bien  qu’il  en  soit  à peu  près  de  même  pour 
ce  qui  est  relatif  au  sol  qui  pourrait  être  le 
plus  avantageux  pour  cette  culture,  nous 
pouvons  néanmoins  dire  qu’une  terre  forte- 
ment fumée,  bien  meuble,  plutôt  un  peu 
humide  que  sèche,  sera  très-favorable  au 
développement  du  Radis  Garwoski. 

Au  point  de  vue  de  l’économie  domes- 
tique, l’usage  de  cette  plante  nous  paraît  de- 
voir être  restreint,  en  France  du  moins,  où 
déjà  l’on  possède  plusieurs  espèces  de  bons 
Radis  ; néanmoins,  cette  espèce  n’est  pas  à 
rejeter,  tant  s’en  faut  ; on  pourra  en  man- 
ger avec  du  sel,  ou  préparés  ainsi  qu’on  le 
fait  des  Radis  noirs,  et  au  besoin  l’on  pourra 
en  mettre  dans  le  pot  comme  légumes,  en 
place  de  Navets.  Toutefois,  dans  ce  dernier 
cas.  Ton  devra  se  défier  de  la  force  de  sa  sa- 
veur, qui  pourrait  communiquer  au  bouillon 
un  goût  âcre. 

En  général,  les  racines  sont  d’un  blanc 
grisâtre  ; quelquefois  pourtant  il  s’en  montre 
de  plus  ou  moins  colorées.  R y a donc  lieu 
de  croire  que,  en  prenant  ceux-ci  pour  porte- 
graines,  on  fixerait  des  races  de  couleurs 
et  probablement  aussi  de  formes  diverses  ; 
et  qui  pourrait  dire  qu’on  n’obtiendrait  pas 
en  même  temps  des  qualités  particulières? 
N’est-ce  pas,  du  reste,  de  cette  manière  que 
les  races  se  forment,  soit  dans  les  végétaux, 
soit  dans  les  animaux?  Et  qui  ne  sait  que 
d’un  même  type,  parfois  d’un  faible  mérite 
relatif,  sont  sortis  des  types  secondaires  réu- 
nissant des  qualités  ou  propriétés  bien  su- 
périeures ? Du  simple  au  composé  dans  les 
principes,  de  l’imparfait  au  parfait  dans  les 
conséquences,  telles  sont  les  deux  grandes 
lois  du  progrès  universel  qui  constituent 
et  gouvernent  le  monde  physique  et  le 
I monde  moral.  E.-A.  Carrière. 


LES  FROIDS  DE  LA  MI-MAI 

L’abaissement  de  la  température,  qui  a | présenter  une  assez  grande  importance  au 
lieu  vers  le  15  du  mois  de  mai,  nous  parait  ! point  de  vue  de  l’horticulture,  pour  néees- 


GARDOQUIA  BETONICOIDES. 


229 


siter  quelques  explications  au  sujet  de  ce 
phénomène. 

Un  proverbe  dit  : Mi-mai,  queue  d'hiver. 
C’est  en  effet  à cette  époque  que,  en  géné- 
ral, les  derniers  froids  se  font  sentir.  C’est, 
du  reste,  ce  qu’indique  le  tableau  suivant 


la  températur 
mat  de  Paris  : 

e de  cette 

année,  sous 

9 mai.  . . . 

13»  5 au-dessus  de  zéro. 

10  mai.  . . . 

15o  S 

— 

11  mai.  . . . 

l5o  8 

— 

12  mai.  . . . 

210  5 

— 

13  mai.  . . . 

20o  0 

— 

l i mai.  . . . 

14o  3 

— 

15  mai.  . . . 

15o  3 

— 

16  mai.  . . . 

21o  0 

— 

Il  est  à remarquer  que  la  température, 
en  général,  s’abaisse  environ  pendant  trois 
jours.  Pour  Paris,  c’est  le  13,  le  14  et  le 
15  mai,  ainsi  qu’on  peut  le  lire  sur  le  ta- 
bleau ci-dessus.  A Lyon,  la  baisse  a eu 
lieu  du  19  au  22;  à Saint-Pétersbourg,  les 
9 et  10;  dans  le  nord  de  l’Allemagne  et  le 
centre  de  la  France,  elle  tombe  les  11,  12  et 
13.  Ces  trois  derniers  jours  sont  appelés  les 
trois  saints  de  glaee  : saint  Mamert,  saint 
Pancrace  et  saint  Servais.  Ce  fut  le  peu  de 
foi  prêtée  à ce  dicton  qui  lit  perdre,  en  1780, 
la  plupart  des  Orangers  du  palais  de  Sans- 
Souci.  Le  grand  Frédéric  se  promenait  sur 
les  terrasses  du  palais  par  une  de  ces  chaudes 
matinées  des  premiers  jours  de  mai,  lors- 
qu’il donna  l’ordre  à son  jardinier  de  sortir 
les  Orangers.  Celui-ci  lui  ayant  fait  obser- 
ver l’influence  des  trois  « saints  de  glaee,  » 
le  roi  se  mit  à rire,  et  voulut  quand  même 
que  la  sortie  des  Orangers  eut  lieu,  ce  qu’on 


fit,  bien  entendu.  Le  temps  fut  beau  jus- 
qu’au 10;  mais  lorsqu’arriva  le  11,  le  froid 
se  fit  sentir  ; le  12,  la  température  baissa 
encore  plus,  et  la  nuit  qui  précéda  la  saint 
Servais  fut  tellement  glaciale,  qu’une  bonne 
partie  des  Orangers  périrent.  Le  grand  Fré- 
déric ne  voulut  voir  dans  ce  fait  qu’une 
coïncidence  avec  les  paroles  de  son  jardinier, 
qui  n’avait  pas  été  trompé  par  cette  opinion 
populaire.  Sous  ce  rapport,  nous  sommes 
complètement  de  son  avis,  ce  qui  toutefois 
ne  nous  empêche  pas  de  reconnaître  que 
la  plupart  du  temps  ces  préjugés,  ou  d’au- 
tres analogues,  renferment  quelques  vérités 
qui,  mal  comprises,  sont  toujours  mal  ex- 
pliquées. 

Le  phénomène  qui  nous  occupe  peut  être 
causé  par  le  soleil,  qui,  le  l^^**  mai,  est  fort 
élevé  au-dessus  de  l’horizon,  et  la  durée  du 
jour,  qui  est  de  14  heures  31  minutes.  Le 
13,  cette  hauteur  augmente  de  3 degrés, 
et  le  jour  compte  15  heures  7 minutes. 
Quelques  auteurs  attribuent  cette  période 
de  refroidissement  au  passage  de  la  terre  au 
milieu  d’un  groupe  d’astéroïdes  qui,  par 
leur  interposition,  affaiblissent  la  chaleur  so- 
laire. D’autres  l’attribuent  à la  présence 
d’étoiles  filantes.  Ce  qui  nous  semble  le  plus 
admissible,  c’est  la  fonte  des  neiges  et  des 
glaces  dans  le  Nord.  En  effet,  l’on  sait 
que  la  neige  en  fondant  absorbe  une  grande 
quantité  de  chaleur  qu’elle  emprunte  à la 
terre,  à l’air,  et  aux  corps  environnants. 
Dans  ce  cas,  le  froid  qui  en  résulte  se  ré- 
pand du  nord  vers  le  sud,  et  produit  un 
abaissement  de  température. 

F.  Barillet. 


GARDOQUIA  BETONICOIDES 


Encore  une  des  plus  jolies  plantes,  à peu 
près  inconnue  en  dehors  de  certains  jardins 
botaniques,  et  dont  nous  n’hésitons  pas  à 
recommander  la  culture.  Elle  est  sous-fru- 
tescente, à souche  à peine  ligneuse  ; en  voici 
les  caractères  : tige  quadrangulaire,  à rami- 
fications très-nombreuses,  dressées;  feuilles 
très-étroitement  cordiformes,  longuement 
acuminées,  d’un  vert  cendré.  Fleurs  ex- 
cessivement nombreuses,  réunies  en  fasci- 
cules courtement  pédonculés  à la  base  des 
feuilles,  constituant  ainsi  des  sortes  d’in- 
florescences axillaires  spiciformes.  Galice 
tubuleux,  violet  rosé,  très- longtemps  per- 
sistant, à 5 divisions  profondes,  très-ai- 
guës. Corolle  très- longuement  tubuleuse, 
presque  de  la  même  couleur  que  le  calice. 


profondément  bilabiée , à lèvre  inférieure 
très-inégalement  divisée-dentée;  étamines 
saillantes  ; style  dépassant  longuement  les 
étamines. 

Le  Gardoquia  hetonicoides,  Benth.,  est 
originaire  du  Mexique.  A Paris,  il  faut  le 
garantir  du  froid;  le  plus  sûr  est  d’en  ren- 
trer quelques  pieds  dans  une  orangerie,  ou 
sous  des  châssis  à froid.  Pour  en  tirer  parti 
au  point  de  vue  de  l’ornement,  il  faut  le 
mettre  en  pleine  terre  dès  le  commencement 
du  printemps.  Ainsi  traitées , les  plantes 
fleurissent  tout  l’été  et  produisent  un  très- 
joli  effet.  On  multiplie  cette  espèce  par 
graines,  par  boutures  et  par  éclats.  Comme 
à peu  près  toutes  les  plantes  de  la  famille  des 
Labiées,  elle  demande  une  exposition  chaude 


230 


AZALEA  MOLLIS.  — DES  PERVENCHES  AU  POINT  DE  VUE  DE  L’ORNEMENT. 

et  aérée,  une  terre  légère,  plutôt  sèche  | pénétrante,  bien  qu’agréable  qui  rappelle  un 

qu’humide.  Cette  espèce  dégage  de  toutes  | peu  celle  des  Nepeta. 

ses  parties  une  odeur  extrêmement  forte  et  [ Lebas. 

AZALEA  MOLLIS 


Cette  espèce,  qui  est  originaire  du  Japon, 
est  appelée  à jouer  un  important  rôle  dans 
l’horticulture  ornementale,  et  probablement 
— c’est  mon  avis,  du  moins  — à faire  dis- 
paraître et  à remplacer  dans  un  temps  plus 
ou  moins  long  les  Azalées  américaines.  La 
raison,  c’est  que  la  culture  et  la  multipli- 
cation en  sont  très-faciles,  et  que  les  plantes 
se  « font  mieux,  » sont  plus  trapues,  mais 
surtout  parce  que  les  fleurs  sont  beaucoup 
mieux  faites  et  généralement  aussi  plus 
grandes.  Toutefois,  je  ne  me  hâte  pas  de 
conclure,  et  en  parlant  ainsi  que  je  le  fais, 
je  n’ai  pas  pour  but  de  proscrire  les  Aza- 
lées américaines,  que  j’aime  toujours,  et 
dont  je  ne  me  suis  jamais  expliqué  l’aban- 
don dans  lequel  on  les  laisse;  et  si  dans 
cette  circonstance  il  semble  que  je  donne 
la  préférence  aux  Azalées  japonaises,  c’est 
que  je  crois  que,  en  effet,  elles  sont  déjà 
supérieures  aux  Azalées  américaines,  et 
que,  dans  les  nombreux  semis  qui  existent 
déjà, l’on  obtiendra  des  variétés  encore  plus 
méritantes  ; c’est,  du  moins,  ce  qu’on  est 
en  droit  d’attendre. 

DES  PERVENCHES  AU  POH 

Les  Pervenches,  qui  jusqu’à  ce  jour  ont 
été  à peine  remarquées,  sont,  j’en  ai  l’es- 
poir, et  dans  un  avenir  prochain,  destinées 
à prendre  une  large  part  dans  l’ornementa- 
tion, et  je  ne  serais  pas  surpris  qu’il  se 
passe  à leur  égard  quelque  chose  d’analogue 
à ce  qui  s’est  passé  pour  une  autre  plante 
également  très-commune,  à laquelle,  néan- 
moins, pendant  des  milliers  d’années,  on 
n’avait  pas  fait  attention  : je  fais  allusion  au 
Lierre.  Gomme  celui-ci,  les  Pervenches 
sont  traînantes  et  gazonnantes,  excessivement 
coureuses  ; leurs  feuilles,  également  persis- 
tantes, sont  épaisses,  coriaces  et  luisantes  ; 
elles  ne  sont  pas  davantage  difficiles  sur  le 
terrain  et  sur  l’exposition,  et  comme  le 
Lierre  encore,  elles  viennent  à peu  près 
partout.  J’ajoute  qu’elles  présentent  un  avan- 
tage, celui  de  donner  de  magnifiques  fleurs 
bleues  ou  blanches,  suivant  la  variété  ; de 
plus,  coupées  et  mises  dans  l’eau,  les  tiges 
non  seulement  s’y  conservent  pendant  très- 
longtemps,  mais  même  y poussent  et  con- 


Parmi  les  variétés  que  l’on  possède,  celle 
qui  me  paraît  la  plus  jolie  et  que  je  n’hésite 
pas  à recommander,  c’est  celle  que,  à tort 
ou  à raison,  l’on  considère  comme  étant  le 
type  ; ses  fleurs,  très-grandes  et  bien  faites, 
rappellent  celles  des  belles  variétés  d’Aza- 
lées  indiennes  ; la  couleur,  qui  est  d’un 
rouge  ponceau  foncé,  lui  donne  un  éclat  ra- 
vissant et  en  fait  l’une  des  plus  jolies  plan- 
tes printanières.  On  pourrait  peut-être  lui 
faire  le  reproche  de  fleurir  un  peu  trop  à 
bonne  heure,  et  alors  d’être  exposée  aux 
gelées  printanières. 

Je  termine  en  faisant  observer  que  VA. 
ynollis,  Siéb  , fleurissant  à la  même  époque 
que  VA.  lüUiftora,  dont  les  fleurs  très- 
grandes  sont  du  blanc  le  plus  pur  qu’il  soit 
possible  d’imaginer,  on  pourrait  en  former 
des  massifs,  en  y mélangeant  un  certain 
nombre  de  pieds  d’A.  amœna,  espèce  de 
Chine,  très-rustique,  à fleurs  d’un  rose 
foncé  vif  et  brillant,  et  qu’on  obtiendrait 
ainsi  par  le  contraste  des  couleurs  une  or- 
nementation tellement  splendide,  qu’on  peut 
à peine  s’en  faire  une  idée.  Goujon. 

ï DE  VUE  DE  L’ORNEMENT 

tinuent  à fleurir.  Voilà,  certes,  bien  des 
qualités  qui  recommandent  les  Pervenches, 
et  les  rendent  propres  à de  nombreux  usages 
qui  doivent  varier  suivant  les  circonstances 
et  surtout  le  but  que  l’on  cherche  à at- 
teindre. Quoi  qu’il  en  soit,  et  bien  que  ce 
but  puisse  varier  considérablement,  je  vais, 
ne  serait-ce  qu’à  titre  de  renseignements, 
indiquer  les  principaux  usages  auxquels  on 
peut  les  employer.  D’abord  à l’ombre,  sous 
bois,  où  rien  ne  vient,  soit  comme  dessous 
et  pour  garnir  des  clairières,  soit  pour  bor- 
der les  massifs.  Mais  comme,  d’une  autre 
part,  les  Pervenches  sont  très-rustiques  et 
qu’elles  peuvent  également  braver  le  soleil 
et  la  sécheresse,  on  peut  les  employer  avec 
un  très-grand  avantage  pour  garnir  les  ter- 
rains en  pente,  usage  auquel  elles  sont 
d’autant  plus  propres  qu’elles  drageonnent 
énormément,  et  forment  un  lacis,  sorte  de 
plexus  ou  de  clayonnage  d’où  les  terres  ne 
peuvent  s’échapper. 

Un  autre  avantage  que  présentent  les  Per- 


H <n>i  IC-  Horiux>f^ 


^^ocT'eiu)y:  deZ/. 


Chr'077zo7.i;Û2^.  G.  Sevef^e^?zs . 


Pec?ze  Be7/e  de  >SairLt  - Gcs7in  . 


PÊCHE  BELLE  DE  SAINT-GESLIN.  — COMAROUNA  ODORATA.  231 


venches  est  de  pouvoir  être  employées  à la 
décoration  des  appartements,  usage  auquel 
elles  sont  très-propres,  tant  par  leur  rusti- 
cité que  par  la  beauté  de  leur  feuillage  ro- 
buste et  luisant,  ainsi  que  par  leur  port,  qui 
se  prête  admirablement  à cet  emploi.  En 
effet,  grâce  à la  flexibilité  de  leurs  rameaux, 
on  peut  placer  les  plantes  soit  sur  les  bords 
des  étagères  ou  des  jardinières,  soit  même 


les  employer  comme  plantes  de  suspen- 
sion. 

Bien  que  les  Pervenches  puissent  suppor- 
ter facilement  la  soif,  on  doit  néanmoins  les 
arroser  souvent  si  on  veut  les  avoir  belles. 
J’ajoute  que,  pour  les  appartements,  la 
grande  espèce  (Pinça  wa/or),  ou  ses  varié- 
tés, sont  les  seules  qu’il  convient  d’em- 
ployer. May. 


PÈCHE  BELLE  DE  SAINT-GESLIN 


Il  y a quelques  années,  M.  Joutrou,  pro- 
priétaire à Richelieu  (Indre-et-Loire),  trouva 
un  sauvageon  de  Pêcher  qui  avait  poussé 
spontanément  sur  les  ruines  de  la  vieille 
tour  de  Saint-Geslin,  dans  l’enceinte  de  sa 
propriété. 

L’arbre  produisit  des  fruits  ; on  les  trouva 
• fort  bons,  et  surtout  les  'plus  tardifs  de  tous 
ceux  que  M.  Joutrou  avait  dans  son  jardin. 
Il  fit  part  de  sa  trouvaille  à M.  Defains,  hor- 
ticulteur à Amboise,  qui  greffa  cette  variété, 
et  lui  trouva  un  mérite  assez  exceptionnel 
pour  que  nous  en  fassions  ici  l’objet  d’une 
planche  et  d’un  article  spécial. 

En  effet,  la  Pêche  Belle  de  Saint-Geslm 
(c’est  le  nom  qu’elle  portera  désormais)  est 
la  plus  tardive  des  Pêches  que  nous  con- 
naissions ; sa  maturité  dépasse  de  plus  de 
quinze  jours  celle  de  la  Pêche  Salvay,  qui 
est  ici  la  dernière  variété  en  date  que  nous 
mangions,  et  qui  ne  dépasse  pas  le  15  ou  le 
20  octobre,  tandis  qu’on  ne  livre  à la  table 
la  Belle  de  Saint-Geslin  qu’à  partir  de  cette 
époque  jusqu’à  la  Toussaint.  L’année  der- 
nière on  en  mangeait  encore  le  6 novembre. 
En  voici  la  description  : 

Arbre  vigoureux  ; rameaux'forts  et  allon- 
gés, à écorce  d’un  rouge  sanguin  foncé,  uni- 
forme. 

Feuilles  étalées,  robustes,  longuement 
ovales,  lancéolées-aiguës,  atténuées,  gau- 
frées à la  base,  très-finement  serrulées  et 
bordées  d’un  liseré  rouge  ; nervure  mé- 
diane rose  vif  en  dessous,  verte  à la  base  et 
en  dessous  ; glandes  réniformes,  inégales, 
assez  nombreuses,  sur  un  ferme  et  court 
pétiole. 

Fleurs  grandes,  blanc  rosé,  de  la  gran- 
deur et  de  la  forme  de  celles  de  la  Grosse 
migno'nne. 


Fruit  gros,  parfois  très-gros,  terminé  par 
un  mamelon  acuminé,  le  plus  souvent  obli- 
que; cavité  pédonculaire  peu  profonde,  ar- 
rondie, évasée  ; peau  se  détachant  difficile- 
ment, d’un  blanc  verdâtre  à la  maturité, 
frappée  de  rose  vif,  et  marquetée  du  côté 
insolé  d’un  rouge  violacé  léger  comme  le 
dessin  d’une  mosaïque,  couverte  d’un  duvet 
feutré  inégal,  caduc,  court,  soyeux  et  bril- 
lant; chair  non  adhérente,  d’un  blanc  pur 
ou  à peine  verdâtre,  sans  flagellations 
d’autre  nuance,  laissant  des  vides  caver- 
neux autour  du  noyau,  très-fine  et  très- 
fondante,  d’une  saveur  modérément  parfu- 
mée, comme  toutes  les  Pêches  d’arrière- 
saison,  excepté  la  Salvay  à chair  jaune  ; 
noyau  gros,  d’un  jaune  pâle,  elliptique 
allongé,  à base  obtuse  et  tronquée,  à som- 
met terminé  par  un  mucron  long  et  oblique, 
à surface  profondément  sillonnée,  se  déta- 
chant parfaitement  de  la  chair  ; suture  ven- 
trale saillante,  laminée;  suture  dorsale  pro- 
fonde, avec  un  large  sillon. 

Si  à première  vue  on  peut  trouver  de 
l’analogie  entre  cette  Pèche  et  la  Donou- 
vrier,  elle  s’en  distingue  rapidement  par  ses 
glandes  réniformes,  ses  grandes  fleurs  et 
surtout  sa  remarquable  tardiveté.  On  peut 
ajouter  à ces  renseignements  que  l’arbre  sur 
lequel  le  fruit  a été  cueilli  est  très-vigou- 
reux, exposé  au  midi,  et  que  par  consé- 
quent il  mûrit  ses  produits  beaucoup  plus 
tôt  qu’il  ne  le  ferait  si  on  le  plantait  au  nord- 
ouest  ou  au  nord-est.  On  peut  donc  affirmer 
qu’on  mangerait  ainsi  ces  Pêches  jusqu’aux 
fortes  gelées. 

M.  Defains,  horticulteur  à Amboise,  met- 
tra cette  précieuse  variété  au  commerce  à 
l’automme  1873. 

Ed.  André. 


COMAROUNA  ODORATA 


Il  est  sans  doute  bien  peu  de  nos  lecteurs  | met  dans  le  tabac  à priser,  et  qui,  alors, 
qui  ne  connaissent  la  Fève  Tonka,  que  Von  1 donne  le  « tabac  à la  Fève  »;  mais,  par 


232 


EXPOSITION  d’horticulture  DE  VERSAILLES. 


contre,  à peu  près  tous  ignorent  le  nom  de 
la  plante  qui  la  fournit  ; il  en  est  même 
beaucoup  qui  ne  savent  pas  que  ce  produit 
sort  d’un  végétal.  Il  est  vrai  que  cela  n’est 
pas  indispensable.  Pourtant,  loin  de  nuire, 
cette  connaissance  augmente  l’intérêt  de  la 
chose,  y ajoute  un  nouvel  attrait.  C’est  cette 
conviction  que  nous  avons  qui  nous  a en- 
gagé à faire  exécuter  les  deux  figures  ci- 


contre,  qui  se  rapportent  à une  plante  de  la 
Guyane  française,  au  Comarouna  odorata, 
Aubl.  (fig.  25),  dont  voici  les  principaux  ca- 
ractères : 

Arlire  atteignant  jusque  20  mètres,  par- 
fois plus,  de  hauteur,  très-ramifié.  Feuilles 
alternes,  rapprochées,  composées-pennées, 
à 5-7  folioles  longuement  ovales,  brusque- 
ment arrondies,  très-courtement  mucronu- 


Fig.  25.  — Comarouna  odorata,  Aubl.,  au  1/6. 


lées,  portées’sur  un  rachis  légèrement  ailé. 
Fleurs  très-nombreuses,,  disposées  en  pa- 
nicule  ramifiée  spiciforme,  d’un  rouge  plus 
ou  moins  foncé.  Fruit  (fig.  26)  obovale,  ar- 
rondi au  sommet,  légèrement  comprimé, 
rappelant  assez  exactement  la  forme  d’une 
Amande,  à testa  mince,  villeux,  à endocarpe 
épais  et  très-dur  renfermant  une  graine 
huileuse,  brune,  très-odorante,  et  qui  cons- 
titue ce  qu’on  nomme  « la  Fève.  » 

Le  Comarouna  odorata,  Aubl.;  Ba~ 
ryosma  Tongo , Gœrtn.;  Cumarouna, 


Fig.  26.  — Deux  fruits  de  Comarouna  odorata,  l’un  fermé, 
l’autre  ouvert,  pour  laisser  voir  la  graine  (la  fève).  — 
Grandeur  naturelle. 


Lamk.;  Dypterix  odorata,  Schreb.,  origi- 
naire de  la  Guyane,  exige  la  serre  chaude, 
où  on  le  cultive  en  terre  franche  légère,  à 
laquelle  on  ajoute  plus  ou  moins  de  terre  de 
bruyère,  suivant  la  force  des  plantes.  Il  n’y 
a aucun  espoir,  croyons -nous,  d’en  voir  les 
fruits  dans  nos  cultures;  et  comme,  d’une 
autre  part,  son  port  et  son  feuillage  n’ont 
rien  de  particulier  qui  puisse  faire  recher- 
cher cette  espèce,  elle  restera  donc  comme 
une  plante  historique  ou  une  simple  cu- 
riosité. E.-A.  Carrière. 


EXPOSITION  D’HORTICULTURE  DE  VERSAILLES 

DU  29  MAI  AU  !'■  JUIN  1873 


La  Société  d’horticulture  du  département 
de  Seine-et-Oise,  fondée  en  1840,  vient  de 
tenir  à Versailles  une  exposition  qui  sera 
terminée  au  moment  où  paraîtront  ces  lignes, 
mais  qui  restera  dans  le  souvenir  de  ceux 
auxquels  il  a été  donné  d’y  assister,  comme 
une  des  plus  splendides  et  des  plus  réussies 
que  l’on  puisse  voir. 

Un  instant  on  avait  pu  craindre  que  l’ex- 


position horticole,  d’ailleurs  fort  remar- 
quable, tenue  quelques  jours  auparavant  à 
Paris  au  Palais-de-flndustrie  par  la  Société 
centrale  (exposition  à laquelle  avaient  parti- 
cipé dans  une  large  mesure  plusieurs  horti- 
culteurs et  amateurs  du  département  et  de 
la  Société  de  Seine-et-Oise),  ne  nuisît  beau- 
coup au  succès  de  celle  de  Versailles  ; d’autre 
part,  la  température  anormale  et  exception- 


EXPOSITION  d’horticulture  de  VERSAILLES. 


233 


nellement  froide  et  irrégulière  dont  souf- 
frent cette  année  et  d’une  manière  si  géné- 
rale les  cultures  printanières  faisait  con- 
cevoir de  sérieuses  appréhensions  sur  la 
qualité  et  la  quantité  des  apports  ; mais  fort 
heureusement  ces  appréhensions  ne  se  sont 
pas  réalisées,  et  bien  au  contraire,  le  nombre 
des  exposants  était  tel,  qu’on  a craint  un 
moment  que  le  local  habituel  fût  insuffisant. 
Ces  résultats  sont  dus  en  majeure  partie  au 
concours  empressé  et  à l’iiabileté  des  expo- 
sants, mais  aussi  et  surtout  aux  nombreuses 
sympathies  et  à la  confiance  que  savent  ins- 
pirer les  personnes  appelées  à diriger  les 
travaux  de  la  Société,  et  particulièrement 
celles  qui  président  à l’organisation  de  ses 
expositions. 

Pour  ceux  des  lecteurs  de  la  Revue  hor- 
ticole qui  n’ont  pas  eu  comme  nous  le  bon- 
heur de  suivre  les  floralies  de  la  Société  ver- 
saillaise,  il  est  bon  de  dire  que  ses  exposi- 
tions offrent  cela  de  particulier,  qu’elles  sont 
plutôt  une  fête  de  famille,  une  fête  des  fleurs, 
qu’une  lutte,  un  tournois  horticole  ; tout  y 
est  : harmonie,  rapports  et  bonne  confrater- 
nité. Il  y a en  outre  dans  ces  expositions 
quelque  chose  qui  frappe  agréablement  à 
première  vue  : c’est  le  cachet  de  propreté, 
de  fraîcheur,  et  on  pourrait  dire  aussi  de 
coquetterie  artistique  et  de  distinction  qui  y 
dominent  dans  l’ensemble  et  les  détails.  On 
sent  que,  à Versailles  comme  à Gand,  on 
est  dans  une  ville  où  l’horticulture  est  ho- 
norée et  aimée,  où  tout  : poteries,  feuillages 
et  jusqu’à  la  terre,  est  propre,  bien  lavé, 
bien  sablé , bien  terreau  té  , bien  arrangé 
sans  affectation  ; et  l’on  n’y  voit  pas  de  ces 
négligences  et  de  ces  malpropretés  qui  dé- 
parent trop  souvent  les  plantes  et  les  expo- 
sitions, et  qui  indiquent  de  la  part  de  ceux 
qui  les  commettent  un  manque  de  goût  et  de 
ce  feu  sacré  sans  lesquels  rien  de  beau  ni  de 
bien  ne  peut  être  obtenu. 

Il  est  vrai  que  rien  ne  manque  à Ver- 
sailles, et  que  la  commission  d’organisation 
pourvoit  à tout,  procure  à l’avance  et  abon- 
damment le  sable,  etc.,  et  il  faut  en  savoir 
gré  aux  organisateurs,  qui  ne  négligent 
aucun  de  ces  détails  importants  ; mais  il 
faut  reconnaître  aussi  à leur  louange  que  les 
exposants  savent  employer  et  utiliser  à 
propos  les  éléments  de  succès  mis  généreu- 
sement à leur  disposition,  et  c’est  en  cela  et 
dans  la  disposition  coquette  et  artistique  de 
leurs  lots  qu’ils  font  preuve  de  ce  goût  dont 
nous  parlions  tout  à l’heure.  Honneur  donc 
et  félicitations  aux  uns  et  aux  autres. 

L’exposition  horticole  coïncidait  cette 


année  avec  le  concours  régional  agricole. 
Celui-ci,  avec  ses  machines,  ses  instruments, 
les  animaux,  les  produits  de  l’industrie 
agricole  et  de  la  culture,  etc.,  occupait  dans 
le  splendide  parc  de  Versailles  et  en  dehors 
de  la  grille,  à l’extrémité  du  tapis  vert,  les 
deux  côtés  du  canal. 

L’horticulture,  au  contraire,  se  trouvait 
placée,  comme  d’habitude,  à l’entrée  du  parc 
et  à droite  en  tête  du  tapis  vert,  dans  la 
partie  dite  Carré  des  Marronniers.  C’est  là 
que  sous  un  vaste  espace  circulaire  analogue 
à un  cirque,  fermé  sur  les  côtés  par  une 
enceinte  continue,  garni  de  toile  opaque 
et  couvert  par  une  immense  tente  fortement 
élevée  et  étirée  en  cône  sur  des  mats  placés 
au  centre;  c’est  là,  disons-nous,  que  se  trou- 
vaient groupés  sur  les  pelouses  verdoyantes 
d’un  délicieux  jardin  dessiné  à l’anglaise 
les  lots  des  nombreux  exposants  qui  étaient 
venus  participer  à cette  fête  des  fleurs. 
Cette  tente,  formée  de  toile  à voile  fine,  de 
nuance  claire  un  peu  jaunâtre  ou  gris  ver- 
dâtre très-clair,  laisse  passer  une  lumière 
assez  vive,  mais  cependant  d’un  ton  exces- 
sivement doux  et  des  plus  favorables  pour 
faire  valoir  les  coloris  des  plantes  et  des 
fleurs  ; d’autre  part  cette  tente,  tout  en  lais- 
sant pénétrer  suffisamment  l’air  extérieur, 
est  cependant  assez  fermée  pour  conserver 
les  mille  senteurs  qui  se  dégagent  des  divers 
genres  de  fleurs  et  de  fruits  exposés,  sen- 
teurs qui  se  mêlent,  se  fondent  en  un  par- 
fum moyen  général  qui  réjouit  agréablement 
l’odorat  du  visiteur  dès  son  entrée  dans  le 
jardin  de  l’exposition,  en  même  temps  que 
sa  vue  est  émerveillée  de  l’ensemble  de  ce 
ravissant  jardin. 

Au  fond,  en  face  de  l’entrée,  on  a cons- 
truit un  élégant  rocher  bien  agencé  et  orné 
de  petites  pièces  d’eau  bien  proportionnées, 
le  tout  habilement  décoré  de  plantes  appro- 
priées à la  situation  : Fougères,  etc.;  et  dans 
l’eau  : Richardïa,  Cyperus,  Aponoge- 
ton,  etc.  Çà  et  là  sur  les  pelouses  se  trou- 
vent isolément  disposés  de  magnifiques 
exemplaires  de  Rhododendrum  de  2 à 
3 mètres  de  diamètre  et  de  hauteur,  cou- 
verts de  centaines  de  bouquets  de  fleurs, 
les  unes  blanches,  les  autres  roses,  lilas, 
rougeâtres,  violettes,  etc.,  suivant  les  va- 
riétés, et  qui  indiquaient  une  culture  pa- 
tiente et  des  mieux  raisonnées.  Sur  d’autres 
parties  des  pelouses,  qui  avaient  été  formées 
la  veille  ou  le  matin  même  avec  des  plaques 
de  gazon  prises  dans  le  voisinage,  on  re- 
marquait un  splendide  Hydrangea  otaksa, 
provenant  de  la  maison  Léon  Duval,  de 


234 


EXPOSITION  d’horticulture  DE  VERSAILLES. 


50  et  plus  de  diamètre,  avec  une  cen- 
taine de  corymbes  floraux  d’un  rose  exces- 
sivement tendre  et  frais  ; puis  venait  un 
Chrysanthème  frutescent  à grande  fleur, 
variété  Comtesse  de  Chambord,  en  sujet 
élevé  sur  tige  trapue,  dont  les  ramifications  , 
nombreuses  et  bien  disposées  présentaient  . 
un  développement  en  diamètre  et  en  hau-  ; 
teur  de  50,  avec  des  myriades  de  fleurs.  i 
Ailleurs,  et  toujours  en  sujets  isolés,  on  re-  ■ 
marquait  quelques  beaux  spécimens  de  Pal-  ; 
miers,  Araucaria  excelsa,  d’Aucuba  pa- 
naché, d’énormes  touffes  de  Phormium  ; 
tenax,  une  ou  deux  Fougères  en  arbre,  aux  ; 
grandes  et  élégantes  frondes  ; de  beaux  spé-  j 
cimens  de  Pélargonium  fantaisie  ; puis  un  | 
magnifique  et  élégant  spécimen  de  Dimor-  \ 
phanthus  Mandschuricus  de  2 mètres  de  i 
hauteur,  arbrisseau  rustique,  au  port  pitto- 
resque et  majestueux,  ressemblant  par  le  ' 
feuillage  à une  Fougère  arborescente,  et  : 
plus  encore  à un  Aralia  Japonica  qui  i 
serait  dépourvu  d’épines  ; et  enfin  la  magni-  | 
fique  Rhubarbe  officinale  vraie,  espèce  tout  j 
à fait  nouvelle,  originaire  du  Thibet  oriental  ; 
et  de  la  Chine  occidentale,  récemment  in- 
troduite par  M.  Giraudot  de  Saint-Gervais, 
et  décrite  par  le  H.  Bâillon  sous  le  nom  j 
de  Rheum  officinale.  Cette  espèce,  qui  est  I 
susceptible  de  former  des  touffes  de  2 à | 
3 mètres  de  diamètre  et  de  hauteur,  est  re-  | 
marquable  par  son  feuillage  immense,  d’un  I 
vert  tendre  uniforme,  palmé-lobé,  en  vaste  ; 
éventail  étalé,  rappelant  en  très- grand  celui  : 
du  Ricin.  Outre  le  grand  intérêt  qu’elle  pré-  j 
sente  au  point  de  vue  médical  et  industriel,  i 
cette  espèce  est  appelée  à devenir  prompte-  | 
ment  un  des  ornements  obligés  de  tous  les  : 
jardins  paysagers  et  pittoresques,  d’autant  , 
plus  qu’elle  est  d’une  rusticité  à toute  | 
épreuve  et  d’une  culture  simple  et  facile,  i 
Le  spécimen  dont  nous  parlons  était  exposé  i 
par  M.  Fiasse.  j 

Une  plate-bande  circulaire  court  le  long  , 
des  parois  de  la  tente,  et  se  trouve  garnie  | 
d’une  façon  continue  par  de  nombreux  lots,  ' 
parmi  lesquels  nous  signalerons  en  passant  : i 
les  magnifiques  et  suaves  potées  de  Réséda  i 
pyramidal  amélioré  du  célèbre  spécialiste 
Gabriel  Yyeaux-Duvaux,  qui  avait  aussi 
exposé  des  lots  de  Chrysanthème  à grande 
fleur  Comtesse  de  Chambord,  de  Yiscaria 
pourpre,  et  du  charmant  Chrysanthème  tri- 
colore de  Barridge,  en  jolies  plantes  mar- 
chandes et  bien  travaillées  pour  les  marchés; 
puis  un  lot  de  jolies  Pensées  à M.  Mondin, 
avec  quelques  exemplaires  de  l’ancien  et 
toujours  beau  Pyrèthre  double  rose  M.  Bar- 


rai, plante  vivace  rustique,  qu’on  ne  saurait 
trop  multiplier  dans  tous  les  jardins  ; un 
beau  lot  d’Aucubas  en  collection  ; un  autre 
lot  de  Fusains  verts  et  panachés,  également 
en  collection  ; puis,  toujours  en  suivant,  un 
magnifique  lot  d’Azalées  pontiques  et  autres, 
américaines  et  asiatiques  de  pleine  terre. 
Ces  lots  étaient  exposés  par  M.  Moser,  l’ha- 
bile et  digne  successeur  des  Bertin.  Un  ma- 
gnifique lot,  composé  de  tous  les  plus  beaux 
légumes  forcés  et  de  saison  que  l’on  peut 
rencontrer  actuellement  sur  les  marchés  et 
chez  les  primeuristés,  se  faisait  admirer  par 
sa  fraîcheur  et  le  beau  et  bon  choix  des  spé- 
cimens. Ce  lot  était  exposé  par  M.  Guille- 
mard,  marchand  fruitier  primeurisle  à 
Yersailles,  et  a obtenu  un  premier  prix.  Un 
peu  plus  loin,  venait  le  splendide  lot  de 
Rhododendriun,  Kalmia  et  Azdlées  de 
pleine  terre,  cultivés  et  exposés  par  M.  Briot, 
l’habile  directeur  des  pépinières  de  Tria- 
non;  puis  la  remarquable  collection  de  Py- 
rèthes  doubles  de  M.  Yvon,  en  touffes  fleu- 
ries, splendides  et  bien  assorties,  auxquels 
nous  nous  proposons  de  consacrer  un  article 
spécial.  En  continuant  notre  promenade 
circulaire,  nous  trouvons  un  joli  lot  d’Aza- 
lées de  l’Inde  encore  très- frais  pour  la  sai- 
son, d’un  bon  choix  et  bien  cultivés  par 
leur  exposant,  M.  Boyer;  un  lot  de  Bégonias 
de  la  section  Rex,  exposé  par  M.  Doré  ; un 
lot  df  Aralia  ou  Fatsia  papyrifera  du  Ja- 
pon, en  bel  état,  envoyé  par  M.  Buisson;  de 
jolies  Anémones  et  Pienoncules  en  col- 
lection, envoyées  en  fleurs  coupées  par 
M.  Thiébaut  aîné.  Une  collection  nom- 
breuse et  remarquable  [de  plantes  mé- 
dicinales en  pots  était  exposée  par  M.  Con- 
gis,  qui  a été  récompensé  de  cette  bonne 
action  par  un  premier  prix.  C’est  une  ex- 
cellente idée  d’admettre  dans  les  expositions 
ces  collections  de  plantes,  qu’il  importe  à 
chacun  de  connaître,  pour  savoir  distinguer 
celles  qui  sont  utiles  de  celles  qui  sont  nui- 
sibles. Une  remarquable  collection  de  Fou- 
gères rustiques  de  pleine  terre  était  exposée 
par  M.  Moser  ; puis  venait  à côté  un  assor- 
timent de  jeunes  Orangers  en  plantes  mar- 
chandes, d’une  santé  et  d’une  culture  admi- 
rables. Ce  lot  était  exposé  par  M.  David- 
Dieuzy,  dont  le  talent  horticole  est  bien 
connu.  Quelques  jolis  spécimens  du  Cytisus 
elongatus  variegatus^  greffés  en  tête  sur  le 
Lahurneum,  étaient  exposés  par  M.  Chris- 
ten.  C’est  un  charmant  arbrisseau  rustique, 
dont  on  ne  saurait  assez  recommander  la 
culture.  On  dit  que  les  sujets  francs  de  pieds 
conviennent  encore  mieux  pour  la  pleine  terre 


EXPOSITION  d’horticulture  DE  VERSAILLES. 


que  ceux  qui  sont  greffés.  Un  lot  assez  consi- 
dérable de  Conifères  nains,  en  partie  nou- 
veaux, exposé  par  M.  Moser,  occupait  aussi 
cette  plate-bande  circulaire,  sur  laquelle  on 
admirait  encore  : la  belle  rocaille  de  M.  Ra- 
bier  ; les  magnifiques  Calcéolaires  herbacés 
de  M.  Bourdon,  ceux  de  MM.  Louis  Rous- 
seau et  Vaudron  ; les  Coléus  de  M.  Louis 
Doré  ; les  légumes  en  collection  de  M.  Weil  ; 
puis  les  Bégonias  en  collection  de  M.  Poi- 
rier. Ceux-ci,  bien  qu’en  assez  bon  état  de 
culture,  nous  faisaient  involontairement 
penser  à ces  belles  délaissées  qui,  il  y a 
quelques  années  à peine,  trônaient  en  reines 
et  faisaient  le  fond  de  toutes  les  expositions. 
Que  les  temps  sont  changés  ! et  que  nous 
sommes  loin  déjà  de  cette  époque  où  toutes 
les  couronnes  étaient  pour  ces  plantes,  alors 
considérées  comme  les  plus  dignes  et  les 
plus  belles!  Comme  tout,  la  beauté  passe!... 

Quittant  la  plate-bande  circulaire,  nous 
pénétrons  dans  la  partie  centrale  ou  sinueuse 
du  jardin.  Parcourant  les  méandres  gracieux 
qui  divisent  en  tous  sens  ce  jardin  enchanté, 
nous  allons  citer,  du  moins  autant  que  nous 
le  permettra  le  public  (qui  déjà  se  presse 
en  foule  dans  les  allées  devenues  trop  étroites 
et  nous  empêche  de  prendre  méthodique- 
ment nos  notes),  les  principaux  lots  qui  se 
présentent  à notre  vue  : 

Au  centre  se  trouve  un  immense  lot  de 
Rhododendrum  en  forts  exemplaires  de 
40  variétés  en  fleurs,  formant  un  massif 
bombé  d’un  très-grand  effet  décoratif;  ce 
lot  est  exposé  par  MM.  Croux  et  fils,  qui  ont 
aussi  présenté  un  peu  plus  loin  un  beau  lot 
d’Azalées  asiatiques  et  américaines,  ainsi 
que  des  Kalmia  latifolia  blancs  et  roses  en 
beaux  exemplaires  fleuris.  Plusieurs  lots 
d’ensemble  de  plantes  marchandes  à feuillage 
et  de  serre  froide,  tempérée  et  chaude,  se 
font  remarquer  par  le  choix,  la  variété  des 
sujets  et  leur  belle  culture  ; dans  l’un,  qui  ap- 
partient à M.  Moser,  on  remarque  un  superbe 
Araucaria  excelsa  alha  spica,  dont  toutes 
les  extrémités  des  ramifications  sont  élégam- 
ment argentées  ; un  bel  exemplaire  d' Arau- 
caria excelsa  glauca  robusta,  autre  belle 
forme  bien  distincte  ; un  Dasilijrion  longi- 
folium,  aux  très-longues  feuilles  pen- 
dantes; un  fort  exemplaire  d'Ophiopogon 
jahuran  foliis  variegatis,  dont  le  feuillage 
est  élégamment  panaché-rubanné  de  blanc, 
etc.,  etc.  Les  autres  lots,  provenant  des 
cultures  de  MM,  David,  Alfred  Pré  et  Doré, 
se  composaient  de  presque  toutes  les  bonnes 
plantes  usitées  dans  la  décoration  des  serres, 
jardin  d’hiver  et  appartement,  telles  que  : 


235 

Dracœna,  Corydiline,  Pandanus,  Pal- 
miers, Fougères,  Aspidtstra,  Aralia,  Bé- 
gonia, Araucaria,  Broméliacées,  etc., etc., 
et  dans  chacun  d’eux,  on  remarquait  des 
plantes  dignes  d’une  mention  spéciale.  — 
M.  Paillet  avait  exposé  une  belle  collection 
de  fleurs  coupées  de  Pivoines  arborées, 
parmi  lesquelles  plusieurs  variétés  encore 
peu  répandues  ; ce  lot  était  accompagné 
d’une  collection  de  Tropœolum  chiliens, 
parmi  lesquels  on  remarquait  le  toujours 
rare  Tropœolum  cœruleum,  aux  fleurs 
assez  grandes,  d’un  bleu  tendre  mélangé  de 
blanc;  le  T.  chymocarpum  ou  hrachyceras, 
avec  les  fleurs  entièrement  jaunes;  le  T. 
pentaphyllum.  ; le  T.  tricolor  et  sa  variété 
grandiflorum ; dans  le  nombre  se  trouvait 
un  exemplaire  d’un  T.  tricolor  à feuillage 
profondément  découpé,  incisé  en  lobes  li- 
néaires profonds  comme  dans  le  T.  cœru- 
leum, à fleurs  plus  foncées,  mais  moins 
fortes  que  dans  la  variété  grandiflorum; 
cet  exemplaire  pourrait  bien  être  une  nou- 
veauté. M.  Paillet  avait  en  outre  exposé 
son  nouveau  Wellingtonia  gigantea  pen- 
dula,  au  port  robuste,  et  un  fort  bel  exem- 
plaire du  nouveau  Pêcher  américain,  à 
feuillage  entièrement  pourpré,  d’un  très- 
joli  effet  décoratif.  Ces  deux  plantes  sont  de 
bonnes  acquisitions  pour  les  jardins  et  les 
parcs. 

M.  Moser,  déjà  nommé  plusieurs  fois, 
avait  présenté  en  outre  un  lot  d' Aralia,  qui 
renfermait  à peu  près  toutes  les  espèces  et 
variétés  cultivées;  puis  un  lot  de  P/iormû/m 
en  collection,  où  figuraient  les  quatre  prin- 
cipales variétés  panachées  connues,  en 
beaux  individus  bien  distincts.  C’est  aussi 
M.  Moser  qui  avait  apporté  la  plupart  de  ces 
volumineux  et  magnifiques  Bhododen- 
drum  qui  se  trouvaient  disséminés  sur  les 
pelouses  dont  il  a été  question  plus  haut. 

M.  Thibaut  et Keteleer,  de  Sceaux,  avaient 
apporté  des  collections  de  Pélargonium  à 
grandes  fleurs  (30  variétés),  de  fantaisie 
(15  variétés),  de  Pélargonium  zonale  in- 
quinans  à fleurs  simples  (50  variétés)  et 
doubles  (15  variétés),  qui  renfermaient 
l’élite  des  variétés  nouvelles  et  anciennes 
dans  ces  divers  genres,  le  tout  en  état  de 
floraison  splendide  et  en  sujets  d’une  santé, 
d’une  vigueur  et  d’uneculture  irréprochables, 
comme  tout  ce  qui  sort  de  cet  établissement 
renommé. 

Deux  lots  de  Caladium  à feuilles  pana- 
chées se  trouvaient  exposés  : l’un  par 
M.  Louis  Doré,  renfermait  de  jolis  spécimens 
de  la  plupart  des  bonnes  plantes  du  com- 


EXPOSITION  d’horticulture  DE  VERSAILLES. 


236 

merce;  l’autre  était  présenté  par  M.  Bleu, 
et  renfermait  quelques  nouveautés  très-re- 
marquables provenant  des  fécondations  de 
cet  habile  semeur,  qui  a déjà  créé  en  ce 
genre  de  si  admirables  merveilles.  Parmi  ses 
nouveaux  gains,  nous  avons  surtout  noté 
Agrippine  Dmitry,  au  grand  feuillage  lar- 
gement sagitté  et  se  présentant  bien,  pres- 
que entièrement  blanc,  à tissu  transparent 
et  d’une  finesse  extrême,  chez  lequel  les 
nervures  et  leurs  ramifications  seules  ont 
conservé  leur  coloration  verte  et  rose,  et 
forment  sur  le  limbe  un  réseau -mosaïque 
d’une  délicatesse  indescriptible.  Un  bien 
beau  lot  de  Rhododendrons  en  nombreuses 
variétés  de  choix  était  exposé  par  M.  Hervé 
François.  Le  même  horticulteur  avait  éga- 
lement apporté  un  ou  deux  Rhododendrons 
en  volumineux  et  magnifiques  spécimens 
que  l’on  avait  placés  isolément  sur  les  pe- 
louses ; à côté  se  trouvait  un  lot  considérable 
de  Rosiers  nains  en  pots,  composé  de  250 
plantes  en  parfait  état  de  santé,  de  fraîcheur 
et  de  floraison,  et  réunissant  l’élite  des  va- 
riétés cultivées  ; il  était  exposé  par  M.  Jules 
Margottin  fils,  de  Bourg-la-Reine  ; cette 
collection,  qui  formait  un  ensemble  ravis- 
sant, a été  récompensée  d’un  premier  prix 
offert  par  M^e  Heine,  la  présidente  des  dames 
patronesses.  Les  Gloxinia  étaient  re- 
présentés d’une  manière  splendide  par  des 
lots  qu’on  ne  pouvait  se  lasser  d’admirer,  — 
tant  par  leur  belle  culture  et  leur  abondante 
floraison  que  par  la  santé,  la  vigueur  et  le 
beau  choix  des  variétés.  L’un  des  lots  pro- 
venait des  cultures  de  M.  David,  premier 
prix,  et  l’autre  était  présenté  par  M.  Léon 
Duval,  autre  premier  prix,  qui  avait  exposé 
en  outre  et  à part  quelques  spécimens  de 
belle  culture  et  surtout  des  semis  parmi  les- 
quels trois  ou  quatre  variétés  semblaient 
avoir  atteint,  comme  forme,  coloris  et  am- 
pleur, le  maximum  de  la  perfection  en  ce 
genre. 

Quelques  Lauriers-Cerises  de  semis  dont 
nous  n’avons  pas  bien  pu  saisir  les  caractères 
distinctifs  étaient  exposés  par  M.  Constant 
Dieuzy,  qui  avait  présenté  en  outre  un  très- 
bel  exemplaire  d’Aucuba  mâle  à feuilles 
panachées;  auprès  de  là  se  trouvait  une 
collection  de  Pélargonium  zonale  en  variétés 
courantes,  exposée  par  M.  Alfroy.  Quel- 
ques Fuchsias  à fleur  double  et  un  petit 
nombre  de  Pélargonium  zonale  inqui- 
nans,  également  à fleur  double,  étaient  pré- 
sentés par  un  exposant  dont  nous  ignorons 
le  nom. 

La  collection  de  Mimulus  exposée  par 


M.  Vilmorin -Andrieux  et  C‘e  était  nom- 
breuse et  remarquable  par  le  choix  des  va- 
riétés et  leur  belle  culture.  Cette  maison 
avait  en  outre  exposé  un  lot  de  plantes 
annuelles  et  vivaces  se  reproduisant  de 
graine,  qui  formait  à l’entrée  de  la  tente  un 
lot  considérable  d’un  agencement,  d’une 
culture  et  d’une  fraîcheur  admirables.  Après 
avoir  parcouru  l’exposition  si  riche  en 
plantes  aux  coloris  voyants  et  à grand  effet, 
la  vue  éblouie,  fatiguée,  se  reposait  avec 
plaisir  sur  ce  massif  de  la  maison  Vilmorin, 
composé  de  plantes  charmantes  et  légères, 
dont  chaque  touffe,  examinée  séparément, 
présentait  quelque  attrait,  quelque  charme 
particulier. 

Nous  ne  quitterons  pas  ce  jardin  enchanté 
sans  mentionner  une  plante  admirable,  quoi- 
que bien  ancienne,  dont  M.  Dantier  avait 
formé  un  petit  lot  de  huit  sujets  d’une  cul- 
ture parfaite,  et  qui  attirait  de  loin  tous  les 
regards  par  son  élégance  et  la  légèreté  de 
ses  volumineuses  et  splendides  panicules, 
garnies  de  myriades  de  fleurs  blanches  odo- 
rantes ; cette  plante  est  )e  Saxifrage  pyra- 
midal ou  Saxifrage  cotylédon,  originaire 
des  Pyrénées,  où  les  bergers  des  hautes 
régions  la  nomment  Reine  des  Pyrénées ^ et 
les  anciens  livres  de  jardinage  Orpin  des 
jardiniers.  Nos  félicitations  à M.  Dantier, 
pour  avoir  tiré  de  l’oubli  cette  belle  dé- 
laissée, qui  ne  pourra  manquer  de  redevenir 
à la  mode  si,  comme  nous  l’espérons,  son 
présentateur  veut  bien  publier  la  recette 
culturale  qu’il  emploie  pour  arriver  à un 
aussi  beau  résultat.  Ces  Saxifrages  blancs 
étaient  entourés  d’une  ceinture  de  Muscaris 
monstrueux  ou  plumeux,  vulgairement  ap- 
pelés Lilas  de  terre,  plante  bulbeuse,  à 
volumineuse  panicule  plumeuse,  composée 
d’une  innombrable  quantité  de  filaments 
ramifiés,  d’une  jolie  couleur  améthyste  et 
qui  produisait  un  contraste  admirable  au- 
tour du  Saxifrage.  Voici  donc  encore  deux 
plantes  délaissées  bien  à tort;  et  quiconque 
a vu  ce  petit  lot  en  gardera  le  plus  agréable 
souvenir. 

N’oublions  pas,  avant  de  sortir,  de  men- 
tionner les  Cinéraires  en  beaux  specimens 
de  culture  présentés  par  M.  Buisson  ; les 
fleurs  laissaient  peut-être  à désirer  comme 
ampleur,  choix  et  variété  de  coloris,  mais 
les  plantes  étaient  belles  et  bien  arrivées; 
puis  de  magnifiques  Asperges  présentées 
par  MM.  Reauvivre  et  Girardin,  d’Argen- 
teuil  ; celles  envoyées  par  M.  Louis  Lhérault 
dépassaient  en  volume  et  en  beauté  tout  ce 
que  ce  célèbre  spécialiste  nous  avait  accou- 


237 


EXPOSITION  d’horticulture  DE  VERSAILLES. 


tumé  à voir  en  ce  genre.  N’oublions  pas  non 
plus  les  plans  de  jardins  exposés  contre  les 
parois  de  la  tente  et  dans  le  bureau  de 
l’exposition  par  MM.  Ferrand,  Bonvoisin, 
Laviale  et  L.-L.  Lebreton,  d’Orléans;  plu- 
sieurs des  dessins  de  ce  dernier  indiquent 
un  maître  consommé  dans  le  grand  art  de 
la  création  des  parcs  et  jardins.  Un  pla- 
teau ou  surtout  de  table  orné  de  fleurs 
coupées  avait  été  présenté  par  M.  Weil; 
l’agencement  en  était  assez  gracieux,  mais 
le  choix  des  fleurs  et  leurs  coloris  ne  réu- 
nissaient pas  toutes  les  conditions  voulues 
pour  produire  ces  effets  d’ensemble  si  agréa- 
bles à la  vue  quand  ils  sont  bien  harmonisés. 
Enfin,  citons  les  deux  plantes  les  plus  im- 
portantes de  l’exposition  par  leur  nouveauté 
et  leur  récente  introduction;  l’une  est  le 
Phyllothenium  Lindenii,  au  beau  feuillage 
panaché  et  ombré,  et  le  Cyrtodeira  fidgida, 
qui  nous  a paru  être  voisin  des  Acanthacées, 
si  même  ce  n’en  est  une.  Ces  deux  nou- 
veautés étaient  présentées  par  M.  Léon  Du- 
val,  l’habile  horticulteur  de  Versailles,  qui 
avaitaussi  exposé,  outre  les  lots  déjà  cités,  une 
collection  d’aquarelles  représentant  quel- 
ques-uns de  ses  plus  beaux  gains  de  Gloxi- 
nia  de  semis.  Des  plantes  et  fleurs  habile- 
ment desséchées  et  disposées  en  tableaux 
par  M'"®  la  baronne  de  Pages  sont  élégam- 
ment et  artistement  composées  ; nous  leur 
souhaitons  beaucoup  d’amateurs  et  d’ache- 
teurs, et  d’autant  plus  que  le  produit  de 
leur  vente  est  consacré  à une  bonne  œuvre, 
celle  des  mutilés  pauvres. 

Dans  la  partie  extérieure  qui  sert  d’ar- 
rivée et  qui  précède  l’entrée  de  la  tente  se 
trouvaient  disposés  sous  l’ombrage  des  Mar- 
ronniers deux  lots  splendides  et  considé- 
rables de  Conifères  en  collection  et  en  forts 
spécimens  de  choix  ; l’un,  le  plus  riche  en 
variétés,  était  exposé  par  M.  Moser,  qui 
avait  également  présenté  tout  à côté  une  ma- 
gnifique collection  de  PIoux  en  forts  sujets 
et  un  beau  lot  à' Araucaria  imhricata,  en 
sujets  bien  cultivés  et  bien  portants;  l’autre 
lot  de  Conifères,  moins  riche  en  variétés 
que  le  précédent,  mais  composé  de  spécimens 
de  première  force  et  d’un  beau  choix,  était 
exposé  parM.  Paillet,  déjà  nommé. 

Les  objets  d’art  et  d’industrie  horticoles 
se  trouvaient  exposés  sur  les  côtés  de  l’ave- 
nue conduisant  à la  tente.  Nous  y avons  re- 
marqué des  appareils  de  chauffage  présentés 
par  trois  fabricants  spécialistes  : MM.  Zani 
aîné.  Loyer  aîné  et  Duvoir  frères  ; les  appa- 
reils d’arrosage  de  MM.  Lambert  et  C^®,  puis 
ceux  de  M.  Raveneau,  dont  le  système  in- 


génieux est  susceptible  de  nombreuses  et 
utiles  applications  horticoles,  et  enfin  les 
pompes  hydrostatiques  à jet  continu  de 
M.  Dudon-Mahon,  au  sujet  desquelles  nous 
reviendrons  dans  un  prochain  article.  M.  Bo- 
rel,  de  Paris,  avait  exposé  une  nombreuse 
collection  d’instruments  et  ustensiles  de  jar- 
dinage, parmi  lesquels  se  trouvait  son  nou- 
veau cueille-asperge  à griffe,  dont  l’usage  ne 
peut  manquer  de  se  généraliser  prompte- 
ment. Nous  avons  aussi  remarqué,  parmi 
une  collection  de  coutellerie  horticole,  un 
sécateur  à verrou  d’un  modèle  nouveau  ; on 
le  dit  assez  recommandable.  Les  treillages 
divers  de  M.  Moulier  ; les  poteaux- raidis- 
seurs  et  autres  appareils  à palisser  de 
MM.  Louet  frères,  d’Issoudun  ; une  char- 
mante serre  en  fer  avec  ses  accessoires,  et 
des  constructions  horticoles  variées  présen- 
tées par  M.  Dormois;  d’intéressants  spéci- 
mens de  couvertures  plates  à ressaut,  avec 
couvre-joints  renforcés  pour  chaperons  d’es- 
paliers, et  des  modèles  d’abris  mobiles, 
étaient  exposés  par  M.  L.  Bart,  architecte; 
puis  venait  le  cortège  obligé  des  pompes,  tu- 
teurs, meubles  de  jardin,  gymnases,  etc., 
qui  ont  leur  application  dans  tous  les  parcs  et 
jardins,  et  se  rattachent  aussi  à l’horticul- 
ture. N’oublions  pas,  en  reporter  fidèle,  de 
mentionner  en  terminant  la  collection  des 
dessins  coloriés  d’histoire  naturelle,  dispo- 
sés en  tableaux  pour  servir  à l’enseignement 
des  sciences  naturelles.  Ces  tableaux,  qui 
peuvent  être  reliés  en  albums  ou  être  ap- 
pendusaux  murailles,  sont  très-intéressants 
et  dignes  d’ètre  recommandés  et  répandus 
dans  toutes  les  écoles,  aussi  bien  des  cam- 
pagnes que  des  villes.  Les  enfants  trouve- 
ront dans  ces  tableaux,  faits  à une  échelle 
suffisante,  d’excellentes  notions  élémen- 
taires, qui  s’assimileront  à l’intelligence  par 
les  yeux,  système  excellent  pour  instruire 
les  jeunes  gens.  Enfin,  une  paire  de  sabots 
à l’usage  des  maraîchers  d’Étampes,  qui  s’en 
servent  pour  tasser  la  terre  sur  les  se- 
mences, était  exposée  par  M.  Bergerat.  Ces 
sabots  ont,  quant  à la  partie  où  se  logent  les 
pieds,  la  forme  ordinaire  ; seulement  la  face 
inférieure,  ou  la  plante  des  pieds  des  sabots, 
est  large,  carrée  et  plane,  formant  plan- 
chette ou  batte;  les  côtés  (face  interne)  sont 
rectilignes;  en  sorte  que  l’ouvrier  étant 
chaussé  de  ces  sabots,  les  rapproche  bord  à 
bord,  et  peut  ainsi  marcher  sur  le  sol  ou  les 
faire  glisser  l’un  contre  l’autre  sans  solution 
de  continuité,  et  sans  qu’il  y ait  sur  le  ter- 
rain le  moindre  intervalle  qui  ne  soit  pas 
foulé  et  tassé  uniformément.  Ces  modestes 


238 


QUELQUES  OBSERVATIONS  GÉNÉRALES  SUR  L’ARBGRICULTURE. 


appareils  mériteraient  d’être  figurés,  et  nul 
doute  qu’étant  plus  connus,  leur  usage  ne 
se  généralise  dans  la  culture  horticole  des 
marais  et  même  dans  les  terrains  légers. 

En  résumé,  on  peut  dire  que  cette  expo- 
sition était  exceptionnellement  remarquable. 
Dans  la  partie  horticole,  90  à 100  lots  dis- 
tincts, formant  54  concours,  étaient  pré- 
sentés par  43  exposants,  auxquels  il  a été 
décerné  environ  80  prix,  dont  16  grands 
prix  qui  se  divisent  comme  suit: 

Un  prix  d’honneur  à M.  Moser  pour  ses 
15  concours. 

Neuf  premiers  grands  prix,  consistant  en 
médailles  d’or,  répartis  entre  MM.  Croux  et 


fils,  François  Hervé,  Léon  Duval,  Jules 
Margottin  fils,  Thibaut  et  Keteleer,  Vilmo- 
rin-Andrieux  et  C*e,  Doré,  Paillet,  David. 

Cinq  grands  prix  (médaille  de  vermeil), 
entre  MM.  Vaudron,  Alfred  Bleu,  Bourdon, 
Guillemard. 

Une  grande  médaille  d’argent  à M.  Ga- 
briel Vyeaux-Duvaux. 

Quant  aux  arts  et  à l’industrie  agricoles, 
ils  réunissaient  24  exposants,  auxquels  il  a 
été  accordé  sept  prix,  dont  : 

Une  médaille  d’or  à M.  Rabier,  rocailleur, 
trois  médailles  d’argent,  une  médaille  de 
bronze,  deux  mentions  honorables. 

Victor  Aymar. 


QUELQUES  OBSERVATIONS  GÉNÉRALES  SUR  L’ARBORICULTURE 


Les  arbres  fruitiers,  qui  furent  de  temps 
immémoriaux  l’objet  du  délassement  de 
l’homme,  tant  au  point  de  vue  de  l’art  de 
les  cultiver  que  sous  le  rapport  de  l’utilité 
de  leurs  produits,  présentent,  aujourd’hui 
un  bien  triste  spectacle.  Dans  beaucoup  d’en- 
droits on  ne  rencontre  que  des  arbres  jaunes, 
chlorotiques,  gercés,  cloqués,  gommés,  at- 
teints par  toutes  sortes  d’insectes  qui  les 
envahissent  et  les  font  périr,  etc.  ; tous  ces 
malheurs  n’ont-ils  pas  une  cause?  Assu- 
rément si  ! Mais  quelle  est  cette  cause  ? 
C’est  là  la  question  sur  laquelle  nous  nous 
proposons  d’appeler  l’attention. 

L’art  de  cultiver  les  arbres  fruitiers  étant 
pour  les  hommes  un  objet  de  satisfaction, 
on  en  voit  la  culture  s’étendre  continuelle- 
ment. Mais  pour  que  cette  culture  soit  satis- 
faisante ou  lucrative  (selon  le  but  que  l'on 
cherche  à atteindre),  il  faut,  à notre  sens, 
que  les  connaissances  de  l’anatomie  et  de  la 
physiologie  des  arbres  fruitiers  soient  mieux 
connues  et  surtout  plus  vulgarisées  que,  en 
général,  elles  ne  le  sont.  Rien  ne  nous  paraît 
en  effet  plus  contraire  au  succès  que  ces 
arbres  chicotés  et  greffés  comme  le  font  les 
particuliers  eux -mêmes  ; et  tant  soit  peu 
le  succès  de  leur  opération,  il  est  toujours 
préféré  à celui  d’un  pépiniériste,  même  le 
plus  intelligent  et  le  mieux  expérimenté. 
C’est  ici  une  satisfaction  personnelle  qui 
fait  donner  la  préférence  à ce  que  l’on  fait 
soi-même  plutôt  qu’à  ce  que  fait  un  autre. 
Mais  qu’en  résulte -t-il?  Des  troubles  or- 
ganiques ignorés  par  ceux  qui  en  sont  les 
auteurs.  L’évidence  à ce  sujet  est  que  la 
sève  qu’absorbent  les  racines  sous  l’action 
de  l’endosmose  est  transmise  à la  lige  par 
la  force  capillaire,  et  rendue  à l’insertion 


d’une  greffe  à peine  liée  et  que  quelques 
vaisseaux  seulement  alimentent,  tandis  que 
l’extrémité  de  tous  les  autres  est  envoie  de 
désorganisation.  D’autre  part,  le  cambium 
qui  afflue  entre  les  feuillets  du  liber  dé- 
chire le  parenchyme,  et  par  une  ouverture 
quelconque  que  présente  l’épiderme  se 
transforme  et  constitue  un  dépôt  de  gomme. 
Dans  les  feuilles,  les  fonctions  se  trouvent 
également  interverties,  de  sorte  que  la  sève 
s’agglomère,  le  parenchyme  s’altère;  et  les 
insectes  de  toutes  sortes,  trouvant  là  plus  de 
nourriture,  s’y  réunissent  et  y fixent  leur 
demeure  ; les  uns  y déposent  leurs  œufs  et 
forcent  les  feuilles  à se  replier  sur  elles- 
mêmes,  puis  de  toutes  parts  l’on  crie  ; « Voilà 
de  la  cloque;  c’est  dû  à la  température.  » Il 
est  bien  vrai  de  dire  qu’il  est  toujours  plus 
commode  de  se  plaindre  que  de  se  blâmer. 
Nous  ne  voulons  pas  dire  pourtant  que  la 
température  n’influe  pas  sur  le  ratatine- 
ment  des  feuilles,  mais  que,  à notre  avis, 
la  cause  est  en  grande  partie  due  à la  vicia- 
tion de  la  sève.  De  même,  ces  nécroses  qui, 
dans  certaines  parties  des  environs  de  Bor- 
deaux, anéantissent  la  presque  totalité  des 
produits  des  Pêchers  cultivés  en  plein  vent 
dans  les  vignes;  d’une  autre  part  cette  mul- 
titude d’insectes  que  l’on  voit  apparaître  tous 
les  jours,  n’est-elle  pas  déterminée  par  les 
mêmes  causes,  la  viciation  de  la  sève  ? 

Un  fait  bien  connu  de  tout  le  monde 
dans  le  règne  animal,  qui  paraît  justifier 
nos  dires,  est  le  suivant  : une  écurie,  pleine 
de  bestiaux  de  la  même  espèce  et  de  la 
même  race,  tenus  à la  même  crèche,  rece- 
vant la  même  nourriture  et  les  mêmes  soins, 
qu’arriverait-il,  si  dans  le  nombre  de  ceux- 
ci  il  y en  avait  quelques-uns  de  chétifs  ou 


RUSTICITÉ  DES  GYNERIÜMS.  - 

maladifs?  N’est-ce  pas  eux  qui  seront  les 
premiers  couverts  de  poux  et  de  toutes  sortes 
de  vermine?  Sans  aucun  doute.  Et  qu’y 
a-t-il  donc  chez  ces  chétifs  animaux  qui 
puisse  ainsi  attirer  ces  insectes  ? A notre 
avis,  ces  faits  sont  dus  à la  viciation  du  sang. 

Pourquoi  donc  les  viciations  de  la  sève  ne 
produiraient-elles  pas  des  effets  analogues? 
Suivant  nous,  c’est  toujours  à la  greffe  qu’il 
faut  attribuer  ces  graves  inconvénients,  ou 
aux  différents  procédés  de  formation  et  de 

RUSTICITÉ  DI 

Si  par  « plantes  rustiques  » on  entend 
celles  qui,  à peu  près  toujours,  passent  en 
pleine  terre  l’hiver  sans  aucune  couverture, 
les  Gynériums  ne  peuvent  être  considérés 
comme  tels  ; en  effet,  il  est  très-prudent  de 
les  garantir  plus  ou  moins  pendant  celte 
saison  ; il  y a même  des  terres  fortes  et  hu- 
mides où,  malgré  les  abris  grossiers  qu’on 
leur  met  ordinairement,  les  plantes  souffrent 
beaucoup,  lors  même  qu’elles  ne  périssent 
pas  tout  à fait.  Mais  pourtant,  à part  quelques 
circonstances  exceptionnelles,  les  Gynériums 
passent  assez  bien  l’hiver,  pour  le  peu  qu’on 
les  garantisse  soit  avec  des  feuilles,  de  la 
litière,  etc.  Disons  toutefois  qu’il  en  est  un 
peu  de  ces  plantes  comme  de  beaucoup 
d’autres,  et  qu’on  trouve  chez  les  Gynériums 
des  variétés  qui  présentent  quelque  diffé- 
rence entre  elles  sous  le  rapport  de  la  rus- 
ticité. Bien  qu’il  ne  soit  pas  possible  de  rien 
affirmer  quant  à la  cause,  on  peut  cependant 
dire  d’une  manière  générale  que  les  variétés 
à tige  très-grosse,  succulente,  et  à feuilles 


ROBINIA  TRAGACANTHOIDES.  239 

taille  des  arbres  fruitiers  qu’il  faut  attribuer 
ces  fruits  difformes,  gercés  et  de  mauvaise 
conservation,  que  l’on  rencontre  aujour- 
d’hui presque  partout.  C’est  l’étude  de  ces 
faits  que  nous  nous  proposons  d’aborder,  ce 
qui  nous  conduira  à examiner  : la  greffe; 

2o  la  formation  des  arbres;  3»  la  taille; 
4o  la  chimie  et  la  physique  horticole. 

Auguste  Raymond, 

Horticulteur,  ancien  élève  diplômé  de  la 

ferme-école  des  Charenles. 

5 GYNÉRIUMS 

fortes  (étoffées,  comme  l’on  dit),  résistent 
moins  que  celles  dont  les  bourgeons  relati- 
vement petits  portent  des  feuilles  grêles, 
sèches  et  plutôt  courtes  que  longues.  La 
variété  qui  nous  a paru  la  plus  rustique  est 
précisément — et  fort  heureusement  aussi — ^ 
une  des  plus  jolies;  c’est  celle  dont  les  pa- 
naches d’un  blanc  argenté  sont  extrêmement 
soyeux  et  élégants.  Comme  exemple  de 
rusticité,  nous  pouvons  citer  le  fait  suivant 
dont  nous  avons  été  témoin.  En  1870,  lors 
de  l’invasion  allemande,  MM.  Thibault  et 
Keteleer,  horticulteur  à Sceaux,  durent 
quitter  leur  établissement  dans  lequel  se 
trouvaient  beaucoup  de  Gynériums,  qui  par 
conséquent  ne  purent  être  garantis  contre 
le  froid  qui  fut  assez  intense.  Tous  gelèrent, 
à l’exception  de  celui  dont  nous  venons  de 
parler  ci-dessus,  qu’ils  nomment  Gynérium 
argenté  soyeux,  et  qui  nous  a paru  très- 
voisin  d’une  variété  que  nous  avons  parfois 
rencontrée  sous  le  qualificatif  elegans. 

E.-A.  Carrière. 


ROBINIA  TRAGACANTHOIDES 


Cette  variété,  que  l’on  confond  quelque- 
fois avec  le  Rohinia  sophorœfolia,  avec 
lequel  elle  a quelque  rapport,  bien  qu’elle 
en  soit  distincte,  n’est  pas  aussi  connue 
qu’elle  devrait  l’être.  Elle  constitue,  en 
effet,  par  son  feuillage  très-élégant  et  léger, 
un  arbrisseau  très-joli.  Cultivée  comme 
arbuste,  ainsi  que  nous  engageons  de  le 
faire,  elle  forme  des  buissons  charmants  et 
d’un  aspect  tout  particulier  ; quant  à ses  ca- 
ractères, il  est  assez  difficile  de  les  faire 
ressortir  dans  une  description,  ce  que  néan- 
moins nous  allons  essayer  de  faire. 

Arbrisseau  ou  arbre  à branches  longue- 
ment étalées,  relativement  grêles.  Bourgeons 
à écorce  rubigineuse,  finement  marquée  de 


nombreux  points  gris  blanc.  Feuilles  rap- 
prochées, à folioles  très-nombreuses,  pe- 
tites, étroitement  et  longuement  ovales,  ar- 
rondies aux  deux  bouts,  douces  au  toucher, 
légèrement  glaucescentes  en  dessous,  d’un 
vert  grisâtre  en  dessus. 

Nous  avons  reçu  le  Rohinia  tragacan- 
thoides  de  MM.  Simon-Louis,  de  Metz  ; 
c’est  très-probablement  une  des  nom- 
breuses descendances  à\x  R.  pseudoacacia. 
C’est  une  forme  qui  ne  nous  paraît  pas  être 
fioribonde,  car  depuis  quelques  années 
déjà  que  nous  la  cultivons,  elle  n’a  pas 
encore  fleuri.  Son  principal  mérite  — et  il 
est  grand  — consiste  dans  la  beauté  et  la 
légèreté  de  son  feuillage,  et  surtout  dans 


PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


m 

son  inermilé.  En  effet,  celle-ci  est  com- 
plète, et  jamais,  quelle  que  soit  la  vigueur 
des  plantes,  nous  n’avons  vu  — ne  serait-ce 
que  des  traces  — d’épines,  ce  qui  la  rend 
précieuse  pour  les  jardins  d’agrément.  Il  va 


sans  dire  qu’elle  est  tout  aussi  rustique  et 
aussi  peu  délicate  que  le  type  ; quant  à sa 
multiplication,  elle  est  absolument  la  même. 

E.-A.  Carrière. 


PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Laurocerasus  Otini.  — Arbuste  vigou- 
reux formant  un  buisson  compact,  trapu. 
Feuilles  coriaces,  épaisses,  légèrement  bul- 
lées-gauffrés,  luisantes  et  d’un  vert  très- 
foncé,  presque  noir  en  dessus,  largement 
ovales-ellipüques,  atteignant  jusque  20  cen- 
timètres de  longueur  sur  0-8  de  largeur, 
très-courtement  pétiolées,  à bords  courte- 
ment  denticulés,  parfois  dépourvus  de  dents. 

Cette  plante,très-jolie  et  précieuse  au  point 
de  vue  ornemental,  a le  grand  avantage  de 
ne  pas  s’élancer  et  de  constituer  des  touffes 
compactes,  très-feuillées,  d’un  effet  magni- 
fique. Elle  a été  obtenue  par  M.  Otin,  hor- 
ticulteur-paysagiste et  chef  du  Jardin-des- 
Plantes  de  Saint-Étienne,  de  graines  du 
Laurocerasus  Caucasica. 

Laurocerasus  microphylla.  — Char- 
mante miniature,  également  obtenue  par 
M.  Olin,  du  même  semis  que  la  plante  pré- 
cédente. C’est  une  espèce  très-naine  et  ex- 
cessivement ramifiée,  à branches  nom- 
breuses, relativement  ténues,  pouvant  même 
être  employée  pour  former  des  bordures. 
Feuilles  petites,  rapprochées,  longues  de  6- 
8 centimètres,  larges  d’environ  2,  d’un  vert 
clair,  lisses,  unies  et  luisantes,  à nervures 
à peine  sensibles,  à limbe  souvent  comme 
légèrement  plié  en  gouttière,  finement  et 
courtement  denticulé.  — Plante  remarquable 
et  qui,  comme  son  frère,  le  L.  Otini,  est 
appelée,  mais  dans  un  autre  genre,  à jouer 
un  important  rôle  dans  l’ornementation.  On 
est  même  en  droit  de  croire  que,  par  suite 
de  leur  nature  compacte,  on  pourrait  les 
utiliser  comme  plantes  vertes  pour  la  garni- 
ture des  appariements. 

Vinca  major  flavida.  — Tout  aussi  vi- 
goureuse et  rustique  que  le  type,  cette  va- 
riété s’en  distingue  d’abord  par  ses  rameaux 
à écorce  d’un  jaune  pâle  luisant,  par  ses 
feuilles  dont  toutes  les  nervures  sont  accom- 
pagnées d’une  fine  bande  d’un  jaune  pâle, 
parfois  comme  marbré,  qui  produit  un 
charmant  contraste  avec  le  beau  vert  foncé 
du  limbe. 


Cette  plante,  des  plus  remarquables,  a été 
obtenue  par  M.  Otin , horticulteur-paysa- 
giste au  Jardin-des-Plantes  de  la  ville  de 
Saint-Étienne. 

Verhena  Bonariense,  L.  — Cette  espèce, 
si  commune  dans  certaines  parties  de  l’Amé- 
rique australe  où  on  la  rencontre  à peu  près 
partout,  comme  la  Verveine  officinale  en 
Érance,  et  une  des  jolies  plantes  vivaces 
qu’on  ne  rencontre  dans  aucun  jardin,  tan- 
dis qu’on  devrait  la  rencontrer  dans  tous, 
fleurit  depuis  juillet-août  jusqu’à  ce  que  la 
gelée  vienne  la  détruire.  Ses  tiges  sont  stric- 
tement dressées,  très-ramifiées,  et  toutes  les 
ramifications  se  terminent  par  de  nombreu- 
ses fleurs  d’un  violet  rosé  qui  se  succèdent 
presque  indéfiniment.  Ses  feuilles  sont 
étroites,  très-longues,  fortement  dentées, 
très-rugueuses-scabres. 

Stiftia  chrijsantha.  — Cette  espèce,  qui 
est  aussi  jolie  qu’elle  est  rare,  est  originaire 
du  Brésil.  Elle  forme  un  arbrisseau  buis- 
sonneux qui  peut  atteindre  dans  nos  serres 
jusque  2 mètres,  même  plus,  de  hauteur; 
ses  feuilles,  qui  sont  persistantes,  longue- 
ment ovales-lancéolées,  sont  coriaces,  d’un 
vert  gai,  c’est-à-dire  clair;  les  fleurs,  exces- 
sivement nombreuses,  tubuleuses,  longues 
et  ténues,  sont  réunies  près  à près  dans  un 
invol ucre  calycinal,  le  tout  formant  une 
sorte  de  pinceau  qui  termine  les  ramilles 
florales  ; leur  belle  couleur  jaune  d’or  foncé 
donne  à tout  cet  ensemble  un  aspect  aussi 
singulier  que  joli,  et  en  même  temps  des 
plus  distingués.  Aussi,  lorsqu’on  voit  cette 
plante,  est-on  étonné  qu’elle  ne  soit  pas  plus 
répandue.  Bien  qu’on  la  tienne  ordinaire- 
ment en  serre  chaude,  on  pourrait  la  culti- 
ver, peut-être  même  avec  plus  de  succès,  en 
serre  tempérée.  Nous  ne  sommes  pas  éloigné 
de  croire  que,  « travaillée  » comme  les 
ffeuiistes  de  Paris  savent  si  bien  le  faire, 
on  ferait  du  Stiftia  chrysantha  une  très- 
belle  plante  de  marché.  Indépendamment 
de  son  mérite  intrinsèque,  elle  aurait  celui 
de  l’originalité.  E.-A.  Carrière. 


Orléans,  imp.  de  G.  J.\COB,  Uoilre  Sainl-Elienne,  4. 


GJIRONIQLE  HÜRÏICüLE  (înaxitME  quinzaine  de  jun) 

Examen  des  élèves  ayant  suivi  le  cours  de  M.  Du  Dreuil  ; cinq  diplômes  donnés.  — Le  Pécher  à feuilles 
pourpres:  son  histoire;  communication  de  M.  Paul  Étnery,  — Exposition  universelle  de  Vienne- 
récompenses  obtenues  pour  la  section  de  l'horticulture.  — Exposition  de  la  Société  d'horticulture  des 
arrondissements  de  Melun  et  de  Fontainebleau.  — Floraison  des  Aucubas.  — Les  tableaux  de  botanique 
à l’Exposition  d horticulture  du  Palais-dc-l'Industrie.  — Infusion  de  feuilles  d'Estragon  ; communication 
de  M.  F.  Bai-illet  — Procédé  de  conservation  des  Tomates  : extrait  du  Ihillcl'm  de  la  Sociéié  d'horti- 
cullure  de  Meaux;  conservation  des  échalas.  — Concours  pornologique  de  la  Société  d'horticulture  de 

Maine-et-Loire.  — Les  travaux  du  quai  aux  Fleurs.  — Les  Agave  Sal)nia)ia  de  M.  Coiqiil,  au  Pecq. 

Une  nouvelle  plante  textile,  le  Lapovlea  puslalala;  rapport  de  M.  Duchartre,  dans  le  .loarnal  de  la 
Sociélé  cealvale  dliorlicuUure  de  Franee.  — Moyen  de  piotéger  les  arbres  fruitieis  contre  l’attaque 
des  insectes.  — Floraison  dn  Phormium  lenax  foliis  variegalis,  au  Flemiste*  d<;  la  ville  de  Paris- 

lettre  de  M.  Drouet.  — Programme  de  l'Exposition  de  la  Société  d'hoi  ticultme  de  Marseille. Exemple 

de  conservation  du  pollen  des  fleurs.  — Fructification  du  Pinas  Ma.ssouiaaa,  chc/  M.  Hei-pin  de 
Frémont.  — Phénomènes  de  végétation,  signalés  par  M.  Lachaume.  — Trois  Poiies  nouvelles  du 
Bordelais,  signalées  par  M.  Glady.  — L’étourneau,  ses  ravages  ; extrait  de  la  Revue  de  Vurhorieulturc. 

Les  9 et  10  juin,  un  certain  nombre  d’é- 
lèves qui  avaient  suivi  les  cours  de  M.  le 
professeur  Du  Breuil  se  présentaient  devant 
un  jury  spécial  nommé  par  M.  le  Préfet  de 
la  Seine,  pour  subir  un  examen  et  obtenir 
un  diplôme  de  capacité.  Sur  13  qui  se  sont 
présentés,  5 seulement  ont  été  admis.  En 
voici  les  noms,  classés  par  ordre  de  mérite  : 

Meyer  (Louis),  né  à Schaffouse  (Suisse) 
le  28  août  1852,  diplôme  et  1®'^  prix.  — 

Mousse  (Galixte),  né  à Paris  le  16  avril 
1855,  diplôme  et  2«  prix.  — Alazard 
, né  à Cahors  (Lot)  le  24  avril 
liplôme.  — Hanneuse  (Prosper), 
né  à Dreux  (Eure-et-Loir)  le  25  juin  1843, 
diplôme.  — Poirson  (Félicien),  né  à Do- 
mèvre  (Meurthe)  le  15  avril  1841 , di- 
! plôme.  Les  autres  élèves,  au  nombre  de  8, 

I ont  été  ajournés. 

I 

I — Au  sujet  du  Pêcher  à feuilles  j)our- 
pres  dont  nous  avons  parlé  précédemment, 

Iun  de  nos  abonnés  nous  écrit  une  lettre 
aussi  intéressante  qu’instructive,  que,  pour 
cette  raison,  nous  croyons  devoir  reproduire. 

il  Paris,  29  mai  1873. 

Monsieur, 

Dans  la  Reime  horticole  du  18  mai,  vous  avez 
i parlé  d’une  variété  de  Pêcher  à feuilles  pourpres 
et  dont,  dites-vous,  l’origine  vous  est  inconnue. 

\ Désirant  vous  éclairer,  je  vous  adresse  les  quel- 
ques renseignements  que  je  sais  sur  l’histoire  de 
ce  Pêcher. 

Celte  belle  variété  a été  trouvée  aux  États- 
Unis  par  M.  P.  Connor,  horliculteur,  qui  faisait 
partie  d’une  batterie  d’artillerie  pendant  la 
guerre  de  sécession;  et  c’esf  en  parcourant,  en 
touriste,  quelques  années  plus  tard,  le  théâtre 
de  la  guerre,  qu’il  trouva,  sur  le  champ  de  ba- 
taille de  Champion-Hill,  où  il  était  présent,  et 

1er  JUILLET  1873.  13 


(Martin) 
1850,  d 


près  de  l’endroit  où  le  général  Tilgham  avait  été 
tué,  un  Pêcher  à feuilles  d’uu  pourpre  noir  qui 
sortait  d’un  buisson  de  ronces.  Il  en  apporta 
quelques  branches  et  les  multiplia  sous  le  nom 
de  Pêcher  Tilgham.  Nous  n’avons  qu’une  histoire, 
mais  nous  avons  deux  descriptions  différentes 
de  la  plante  et  qui  pourraient  faire  supposer 
qu’il  en  a été  répandu  une  autre  vers  la  même 
époque,  ce  que  j’ignore.  D’après  l’une  de  ces 
descriptions,  les  fleurs  sont  rouges  et  les  fruits 
pourpres;  d’après  l’autre,  les  fleurs  sont  roses 
et  les  fruits  blancs,  ce  qui  formerait  un  curieux 
contraste  avec  les  feuilles  noires.  J’incline  plutôt 
vers  cette  dernière  description,  en  m’appuyant 
sur  celte  donnée  que,  aux  Etats-Unis,  il  n’existe 
pas  de  Pêches  rouges,  et  que  toutes  les  variétés 
y sont  jaunes,  ver  tes  ou  blanches.  Dans  tous  les 
cas,  le  Pêcher  à feuilles  pourpres  est  une  plante 
remarquable  qui  mérite  toute  l’attention  des 
horticulteurs,  ne  sei’ait-ce  même  qu’au  point  de 
vue  de  Forrieaienl. 

I Agréez,  etc.  Paul  Emery. 

— Dans  VExposition  universelle  de 
T ienne^  organe  officiel  de  la  commission 
royale  de  Hongrie  (Autriche),  qui  paraît 
I toutes  les  semaines,  à Paris  et  à Vienne, 

I nous  trouvons,  dans  le  numéro  du  14  juin, 

I les  renseignements  suivants,  exclusivement 
: relatifs  à l’horticulture,  et  qui,  par  consé- 
I quent,  sont  de^nature  à intéresser  nos  lec- 
I leurs  : 

I Bulletin  of/icivl  n°  88.  — Première  exposition 
temporaire  d’horticnllure,  du  i^^au  15  mai. 

Jury  international.  — Président  : S.  E. 
M.  le  comte  Alfred  Potocki.  — Vice-Présidents  : 
M.  de  Cannait  d’Hamale,  sénateur,  vice-prési- 
dent de  la  commission  royale  de  Belgique  et 
président  de  l’union  des  sociétés  horticoles  de 
Belgique;  M.  le  baron  Ed.  Oppenheim,  con- 
seiller ï.  et  R.  d’Autriche-Hungrie  à Cologne. 


•2Ï2  CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  JUIN). 


— Membres  : MM.  Lothar  Abel,  architecte  à 
Vienne;  François  Antoine,  directeur  I.  et  R.  des 
jardins  de  la  Cour  à Vienne;  D>'  Rd.  Fonzl,  con- 
seiller 1.  et  U.  du  gouvernement,  professeur  et 
directeur  du  jardin  botanique  à Vienne;  llooi- 
brenk,  à Vienne;  François  Rauch,  inspecteur  I. 
et  R.  des  jardins  de  la  Cour  à Laxenbturg; 
.\dolphe  Weter,  inspecteur  I.  et  R.  des^ jardins 
de  la  Cour  à Schœnbrunn  (pour  l’Autriche); 
S.  E.  M.  le  comte  François  Zichy  (pour  la  Hon- 
grie); M Louis  Ravené,  conseiller  l.  et  R.  du 
commerce  prussien  à berlin;  M.  Walter,  jardi- 
nier en  chef  à Posidatn  (pour  l’empire  allemand); 
M.  A.  Ronnberg,  membre  de  la  commission 
royale  de  Relgique  et  directeur  de  la  division  de 
l’agriculture  au  ministère  de  l’intérieur  à 
Rruxelles  (pour  la  Relgique);  M.  H.  Witte,  hor- 
ticulteur du  jardin  botanique  à Leyde  (poiii  la 
Hollande);  M.  Th.  OrphaniJès,  professeur  cà  l’Ü- 
niversilé  royale  d’Athènes  (pour  la  Grèce); 
M.  (}.  Delchevalerie,  membre  de  l’Institut  d’E- 
gypte au  Caire  (pour  l’Egypte). 

LISTE  DES  RÉCOMPENSES  OBTENUES.  — PRIX  DE 
l’exposition  UNIVERSELLE. 

I.  Médaille  du  progrès  : M.  J.  Linden,  mem- 
bre de  la  commission  royale  de  Relgique  à l’Ex- 
position universelle,  vice-président  de  l’union 
des  sociétés  horticoles  à Bruxelles  ; Rudolphe 
Abel,  commerçant-jardinier,  à Hietzing  (Vienne)  ; 
Durand,  horticulteur  à Paris. 

II.  Médaille  pour  mérite.  (Nous  ne  reprodui- 
rons pas  in-exienso  les  autres  médailles  et  men- 
tions accordées  par  le  jury.  L’énumération  en 
serait  trop  longue,  et,  d’ailleurs,  cette  liste  a 
été  publiée  par  les  soins  de  la  Direction  géné- 
rale et  envoyée  aux  intéressés.  Nous  nous  bor- 
nerons à relever  ici,  au  milieu  de  beaucoup  de 
noms  allemands,  les  quelques  exposants  fran- 
çais, belges,  hollandais,  etc...,  qui  ont  obtenu 
des  récompenses  et  auxquels  notre  journal  doit 
s’intéresser  plus  particulièrement.  ) 

M.  J.  Linden,  à Bruxelles;  M.  Alexis  Dallière, 
à Gand  ; M.  F.-J.-C.  Jürgens,  à Hambourg;  S.  A. 
le  vice-riii  d’Egypte. 

HL  Médaille  pour  le  bon  goût  : M.  Cari  Kam- 
mel  et  C‘s. 

IV.  Médaille  pour  les  collaborateurs  : M.  Wil- 
hem  Novvotny,  jardinier  en  chef  de  la  Société 
horticole,  à Vienne;  M.  Richot,  jardinier  en  chef 
de  S.  E.  M.  le  comte  Franz  Zichy,  à Fodemes 
(Hongrie). 

V.  Mentious  honorables  : M.  Edouard  Van  der 
Cruysse,  à (jendbruge  (Belgique);  MM.  Ballet 
frères,  à Troyes  (France)  ; Société  pomologique 
de  Boskoopp  (Hollande);  MM.  V.-C.  Bor,  à 
Roskoopp  (Hollande);  Commission  impériale  ja- 
ponaiie;M.  L’Hérault,  horticulteur  à Argenteuil 
(France);  M.  Angelo  Piccoli,  à Rovigno  (Istrie). 

Il  semble  résulter  de  ce  document  officiel 
que  nos  collègues,  MM.  Baltet  et  L’Hérault, 
contrairement  à ce  que  nous  avons  annoncé 
dans  notre  précédente  chronique,  n’auraient 


obtenu  qu’une  mention  honorable,  tandis 
que  M.  Durand,  horticulteur  à Bourg-la- 
Beine,  aurait  obtenu  la  médaille  du  pro- 
grès, qui  est  la  première  de  l’Exposition. 

--  La  Société  d’horticulture  des  arron- 
dissements de  Melun  et  Fontainebleau  fera 
sa  23e  exposition  les  13,  14  et  15  septembre 
1873  à Brie-Comte-Bobert  (Seine-et-Marne). 
Quatre-vingts  concours,  comprenant  à peu 
près  tout  ce  qui  a rapport  à l’horticulture  ou 
aux  arts  et  industries  qui  s’y  rattachent, 
sont  ouverts. 

Tous  les  horticulteurs,  jardiniers  et  ama- 
teurs d’iiorticulture,  français  et  étrangers, 
les  instituteurs,  les  sociétés  d’horticul- 
ture, etc.,  sont  invités  à prendre  la  plus 
grande  part  possible  à cette  exposition. 

Les  personnes  qui  voudraient  exposer  de- 
vront en  faire  la  déclaration  au  moins 
quinze  jours  avant  l’exposition,  à M.  Ca- 
mille Bernardin,  secrétaire-général  de  la 
Société,  à Brie-Comte-Bobert. 

Le  jury  se  réunira  le  samedi  13  septembre, 
à midi  très-précis,  au  local  de  l’exposition, 
pour  procéder  immédiatement  à l’examen 
des  objets. 

— Dans  les  Aucubas  de  semis,  les  indi- 
vidus mâles  sont-ils  plus  nombreux  que  les 
sujets  femelles,  ou  bien,  ainsi  que  cela  a 
lieu  chez  beaucoup  de  plantes  monoïques 
ou  dioïques,  les  Heurs  mâles  se  développent- 
elles  beaucoup  plus  tôt  que  les  fleurs  fe- 
melles? Sous  ce  dernier  rapport,  nous  n’hé- 
sitons pas  à répondre  affirmativement.  En 
effet,  parmi  des  milliers  de  semis  d’Aucuba 
que  nous  possédons,  nous  avons  déjà  re- 
marqué ; 1°  que  ceux  qui  ont  fleuri  sont,  à 
très-peu  d’exceptions  près,  mâles;  2®  que 
les  quelques  pieds  femelles  qui  se  sont  mon- 
trés ont  épanoui  leurs  fleurs  beaucoup  plus 
tardivement  — ■ parfois  deux  et  même  trois 
mois  après  — que  les  individus  dont  les 
fleurs  étaient  mâles.  En  est-il  de  même  par- 
tout ailleurs? 

— A la  dernière  Exposition  d’horticul- 
ture, au  Palais- de -l’Industrie,  à Paris, 
M.  Cuisen  avait  exposé  six  grands  tableaux 
à l’aquarelle,  deslinés  à l’enseignement  bo- 
tanique. Ces  peintures,  qu’on  a beaucoup 
admirées,  ont  été  faites  pour  le  compte  du 
Muséum  et  sous  la  direction  de  M.  Bron- 
gniart.  Faites  uniquement  au  point  de  vue 
scientifique,  ces  gigantesques  peintures  sont 
inspirées  par  celles  qui  figurent,  depuis 
plusieurs  années,  au  (dours  de  botanique  de 


(DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JUIN). 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

la  Sorbonne,  et  dues  au  pinceau  d’un  ar- 
tiste des  plus  éminents  dont  le  talent,  du 
reste,  est  bien  connu,  M.  Faguet.  On  remar- 
quait, dans  celte  même  Exposition,  quatre 
lithographies  in-4°  d’ Araucarias  de  la  Nou- 
velle-Calédonie. 

— Bien  qu’étrangères  à l’horticulture, 
nous  croyons  que  les  recettes  domestiques 
doivent  trouver  place  dans  la  Revue,  sur- 
tout lorsqu’elles  présentent  un  intérêt  géné- 
ral ; telle  est  la  suivante,  que  nous  adresse 
notre  collaborateur  M.  Barillet. 

Mon  cher  Monsieur  Carrière, 

Après  l’infusion  de  Cassis  que  je  vous  signa- 
lais l’année  dernière  (1),  je  puis  vous  citer  une 
autre  boisson  qui  peut  lui  être  comparée.  C’est 
une  infusion  de  feuilles  d’Estragon  (Artemisia 
(Iracunculus,  L.),  appelé  aussi  Serpentine  ou 
Herbe  dragonne. 

En  outre  de  l’usage  fréquent  de  cette  plante 
dans  la  cuisine  pour  relever  le  goût  de  la  salade, 
dont  elle  facilite  la  digestion;  dans  la  parfume- 
rie, où  elle  entre  dans  la  composition  de  tous 
les  vinaigres  aromatiques,  elle  peut  n’être  pas 
moins  appréciée  dans  la  médecine. 

Appartenant  à la  famille  des  Composées,  elle 
en  possède  les  vertus  : tonique,  stimulante,  fé- 
brifuge, etc.  ; de  plus,  étant  à un  haut  degré 
stomachique,  elle  est  employée  en  infusion 
' ’ comme  thé. 

Dans  ce  cas  l’on  se  sert  des  feuilles  sèches  ; 
une  pincée  (environ  3 grammes)  pour  2 déci- 
litres d’eau  suffit. 

Cette  infusion  a une  odeur  pénétrante  et  une 
saveur  très-aromatique.  En  y ajoutant  quelques 
gouttes  de  rhum,  cette  boisson  prend  le  goût 
très-prononcé  de  l’Absinthe,  auquel  genre  l’Es- 
tragon appartient. 

L’emploi  que  j’en  ai  vu  faire  a pleinement 
réussi,  surtout  pour  des  faiblesses  d’estomac  et 
' des  indigestions. 

Agréez,  etc.  F.  Barillet. 

i — Nous  trouvons  dans  le  Bulletin  de  la 
c Société  d’horticulture  de  Meaux,  n»  2, 
h quelques  communications  ou  recettes  qui 
1 ‘ nous  paraissent  dignes  d’être  reproduites  ; 
j l’une,  due  à M.  Alexandre,  à Esbly,  est  re- 
ï lative  à un  procédé  de  conservation  des  To- 
mates. La  voici  : 

rj  A la  dernière  séance  (janvier  1873),  j’avais 
il  déposé  sur  le  bureau  de  la  Société  un  lot  de  To- 
n mates  parfaitement  conservées  depuis  le  mois 
1^1  d’août  187:2.  J’avais  employé,  pour  cela,  le  pro- 
cédé suivant  ; 

Choisir  des  Tomates  bien  saines  et  pas  trop 
avancées  ; en  enlever  la  queue  sans  les  endom- 
I magcr;  prendre  un  vase  quelconque,  de  préfé- 

I (1)  Voir  Revue  horticole,  181-2,  p.  82. 


rence  en  verre;  l’emplir  aux  deux  tiers  de  sa 
hauteur  de  Tomates  préparées  comme  il  est  dit 
ci-dessus;  mettre  de  l’eau  dans  le  vase  sans 
l’emplir  complètement,  et  par-dessus  une  couche 
d’huile  de  2 à 3 centimètres  d’épaisseur.  On 
aura  soin  que  le  niveau  de  l’huile  soit  à une 
certaine  distance  du  bord  du  vase  (2  centim'’- 
tres,  par  exemple),  de  façon  que  le  va  et  vient 
des  Tomates  occasionné  par  les  changements  de 
température  ne  fasse  pas  refluer  l’huile  i 
dehors. 

Ce  procédé  m’a  été  indiqué  par  Mme  Canivet, 
femme  de  notre  très-honoré  collègue,  M.  le 
maire  de  Chessy,  à qui  il  avait  déjà  fort  bien 
réussi. 

Voici  une  autre  recette,  relative  à un  en- 
gluement pour  recouvrir  les  plaies  ou  les 
grefifes,  afin  de  les  préserver  de  la  pluie  o i 
de  l’action  de  l’air  : 

Faire  fondre  lentement,  à une  chaleur  mo- 
dérée, 450  grammes  de  résine  ordinaire.  Lors- 
qu’elle est  transformée  en  un  sirop  clair,  ajouter 
455  grammes  d’esprit-de-vin;  mêler  et  verser 
dans  des  bouteilles  bouchées  avec  soin. 

Ce  mastic  peut  s’appliquer  dans  tous  les  temps  ; 
il  n’endommage  ni  l’écorce  ni  la  jeune  pousse, 
et  ne  pénètre  pas  dans  la  fente.  Une  seule 
couche  suffit  pour  protéger  les  greffes  et  recou- 
vrir les  plaies  faites  au  jeune  bois;  aussi  peut- 
on,  grâce  à son  emploi,  couper  des  branches  en 
plein  été.  Il  sèche  rapidement  et  forme  ime 
couche  mince  et  adhérente  qui  ne  se  fond  ni  ne 
s’écaille. 

Relativement  à la  conservation  des  écha- 
las,  nous  trouvons  indiqué  le  procédé  sui- 
vant : 

Mêlez  ensemble  40  parties  de  craie,  50  de  Ré- 
sine, 4 d’huile  de  lin  ; faites  fondre  le  tout  dans 
une  marmite  de  fer  ou  de  fonte;  ajoutez  une 
partie  d’oxyde  de  cuivre  natif  et  mêlez  intime- 
ment; puis  ajoutez  avec  précaution,  et  en  re- 
muant le  tout,  une  partie  d’acide  sulfurique.  Ce 
mastic,  appliqué  à chaud  sur  le  bois,  lorsqu’il 
est  sec,  au  moyen  d’une  forte  brosse,  constitue 
un  vernis  aussi  dur  que  la  pierre  et  imperméable 
à l’humidité.  Il  conserve  aussi  les  échalas_,  dont 
le  renouvellement  constitue  une  dépense  consi- 
dérable pour  les  vignerons.il  est  également  fort 
économique  et  conservateur  des  boiseries  et  des 
charpentes  sur  lesquelles  on  l’applique. 

— Du  21  au  27  septembre  prochain,  la 
Société  d’horticulture  de  Maine-et-Loire 
fera,  à Angers,  un  concours  pomologique, 
et  une  exposition  d’horticulture  et  des  arts 
et  industries  qui  s’y  rattachent.  L’article  2 
du  réglement-programme  est  ainsi  conçu  : 
((  Tous  les  horticulteurs  et  amateurs  du  dé- 
partement de  Maine-et-Loire  sont  invités  à 
prendre  part  à cette  exposition.  » 

En  limitant,  ainsi  qu’elle  semble  le  faire, 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JUIN). 


cette  exposition  au  département  de  Maine- 
et  Loire,  la  Société  d’horticulture  d’Angers 
semble  ou  craindre  la  concurrence,  ou  se 
croire  assez  puissante  pour  se  passer  du 
concours  des  autres  sociétés.  Nous  ne  tirons 
aucune  conséquence  de  ces  faits,  que  nous 
nous  bornons  à constater;  mais,  ce  que 
nous  n’hésitons  pas  à dire,  c’est  que  cette 
marche  nous  paraît  être  peu  favorable  au 
progrès. 

— Les  travaux  du  grand  quai  aux  Fleurs, 
dont  nous  avons  parlé  (1),  se  poursuivent 
avec  activité;  la  plupart  des  tentes  sont  déjà 
posées.  Mais,  ainsi  que  nous  en  avions  le 
pressentiment,  on  n’a  pas  tenu  compte  des 
observations,  pourtant  si  justes,  faites  par 
la  commission  des  jardiniers.  L’administra- 
tion a eu  raison,  ce  qui  devait  être,  puis- 
qu’elle est  la  plus  forte. 

— Nos  lecteurs  n’ont  sans  doute  pas  ou- 
blié le  remarquable  Agave  Salmiana  qui, 
l’année  dernière,  a fleuri  chez  M.  Goupil, 
au  Pecq,  près  Saint-Germain-en-Laye,  dont 
nous  avons  plusieurs  fois  parlé  et  dont  nous 
avons  donné  une  description  et  une  figure  (2). 
A propos  de  cette  plante,  nous  avons  dit  que 
dans  cette  même  propriété  se  trouvaient  deux 
autres  pieds  également  très-remarquables, 
et  dont  l’un,  surtout,  présentait  des  dimen- 
sions presque  aussi  considérables  que  celui 
qui  a fleuri  l’an  dernier  ; ce  pied  va  fleurir 
à son  tour,  et  à en  juger  par  les  apparences, 
la  hampe  florale  sera  probablement  plus 
forte  que  celle  qui  s’est  montrée  l’année  der- 
nière. Nous  reviendrons  sur  cette  plante,  et 
tiendrons  nos  lecteurs  au  courant  des  di- 
verses phases  de  son  développement. 

— S’il  faut  en  croire  certains  journaux, 
on  serait  à la  veille  d’avoir  une  nouvelle 
plante  textile  de  premier  mérite,  et  qui,  as- 
sure-t-on, présente  des  avantages  supé- 
rieurs à toutes  celles  connues  jusqu’ici. 
Cette  espèce,  dont  on  doit  l’introduction  en 
Europe  à M.  Roezl,  à qui  déjà  l’horticulture 
doit  tant,  appartient  au  genre  Laportea, 
dont  jusqu’à  présent  tout  le  mérite  se  bornait 
à l’ornementation  des  serres  chaudes.  A 
tous  les  points  de  vue,  c’est  donc  une  heu- 
reuse exception.  Voici  ce  qu’en  dit  M.  Du- 
charlre  dans  un  des  derniers  numéros  du 
Journal  de  la  Société  centrale  d'horticul- 
ture de  France,  1873,  p.  120: 

Nouvelle  plante  textile.  Laportea  pustu- 

(1)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  121. 

l‘i)  Td.,  1871,  p.  COI  ; 1872,  p.  222. 


lata,  Wedd.  Il  est  fort  question  en  ce  moment 
en  Allemagne  d’une  nouvelle  plante  à fibres  tex- 
tiles, qui  a été  découverte  par  le  voyageur-col- 
lecteur B.  Roezl,  dans  l’Amérique  du  Nord,  sur 
les  monts  Alleghanys,  à l’altitude  de  1 ,630  mètres 
au  dessus  du  niveau  de  la  mer,  c’est-à-dire  à 
une  hauteur  où  les  gelées  de  l’hiver  sont  aussi 
rigoureuses  que  dans  les  environs  de  Berlin. 
C’est  une  ürticée  et,  si  l’on  veut,  une  sorte 
d’Orlie  ou  de  Ramié.  Son  nom  botanique  est 
Laportea  pustntuta,  Wedd.  {Laportea  cana- 
densis,  var.  pastvlnta,  UC.,  Piod.).  D’après  le 
Polylechnisrhes  Centralbtatt,  le  ministre  d’agri- 
culture de  Prusse  en  avait  acheté  au  voyageur 
B.  Roezl,  il  y a queh;ues  années,  plusieurs  |deds, 
grâce  auxquels  on  a pu  faire  quelques  essais  de 
culture.  Cette  plante  se  distingue  de  la  généra- 
lité des  espèces  textiles  cultivées  en  Europe, 
comme  le  Lin  et  le  Chanvre,  en  ce  qu’elle  cons- 
titue une  herbe  vivace  qui  repousse  chaque  an- 
née, et  qu’on  peut  multiplier  facilement  et  rapi- 
dement par  division  des  pieds  faite  au  printemps, 
même  par  boutures  de  racines,  de  telle  sorte 
qu’on  n’a  pas  besoin  d’en  faire  chaque  année  de 
nouveaux  semis.  En  outre,  on  assure  que  la  pré- 
paration des  fibres  qu’on  en  obtient  est  beaucoup 
moins  pénible  et  moins  coûteuse  que  pour  le 
Chanvre.  Des  essais  de  culture  en  ont  été  faits 
simultanément  dans  le  Jardin  bolanitpie  de  Ber- 
lin, dans  les  dépendances  des  trois  Académies 
d’agriculture  de  Prusse,  et  à l’Institut  pomolo- 
gique  de  Proskau.  Le  résultat  n’en  a été  décidé- 
ment avantageux  qu’au  Jardin  botanique  de 
Berlin,  où  la  plante  a atteint  la  hauteur  de  plus 
d’un  mètre,  tandis  qu’ailleurs  elle  est  restée 
beaucoup  plus  basse.  11  paraît  dès  lors  que  la 
culture  en  sera  profitable  uniquement  dans  les 
terres  légères,  sableuses  et  mêlées  d’humus.  Les 
liges  qu’on  en  a obtenues  au  Jardin  botanique  de 
Berlin  ont  permis  de  faire  des  expériences  sur  la 
préparation  des  fibres  de  celte  ürticée  et  sur 
leurs  qualités.  Ces  essais  semblent  faits  pour 
encourager  à étendre  la  culture  de  cette  plante. 
Dans  le  Wurtemberg,  dont  le  climat  est  déjà 
beaucoup  moins  rigoureux  qu’en  Prusse,  il  est 
probable  qu’on  pourra  en  faire  deux  coupes  par 
année,  de  manière  à en  obtenir  un  produit  beau- 
coup plus  considérable.  On  n’est  pas  encore  en- 
tièrement fixé  sur  les  qualités  des  fibres  qu’on 
en  obtient  ; cependant,  l’examen  un  peu  super- 
ficiel qui  en  a été  fait  montre  que  l’emploi  en 
serait  avantageux.  Le  développement  de  cette 
plante  est  rapide,  et  il  y a lieu  de  penser  que, 
dans  les  bonnes  terres,  elle  deviendra  très- 
haute,  de  manière  à donner  beaucoup  de  fibres. 

— Pour  éloigner  des  arbres  fruitiers  les  | 
insectes  qui,  à l’époque  de  la  floraison,  per-  ; 
cent  les  jeunes  ovaires  pour  y déposer  leurs  j 
œufs,  il  sutfit,  dit  M.  Denis  {Revue  de  Var-  I 
horiculture,  1873,  p.  218),  ((  d’asperger  les  ! 
arbres,  au  moment  où  les  fleurs  vont  s’épa- 
nouir, avec  un  liquide  composé  d’eau  éten- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JUIN). 


due  de  vinaigre,  à la  dose  de  1 litre  pour 
9 litres  d’eau.  y>  Ce  procédé  étant  des  plus 
faciles,  ne  nécessitant  pour  ainsi  dire  au- 
cune dépense,  et  ne  pouvant  non  plus  avoir 
aucun  inconvénient,  on  aurait  tort  de  ne 
pas  l’essayer. 

— Un  des  plus  beaux  et  des  plus  forts 
pieds  de  Phormium  tenax  variegata,  et 
dont  nous  avons  déjà  parlé  dans  ce  recueil, 
est  celui  qui,  depuis  plusieurs  années,  est 
planté  en  pleine  terre  au  Fleuriste  de  Paris. 
Relativement  à cette  plante,  nous  avons  reçu 
la  lettre  suivante,  que  nous  nous  empres- 
sons de  publier  : 

Paris,  le  41  juin  1873. 

Monsieur, 

Lors  de  vos  trop  rares  visites  au  Fleuriste, 
vous  avez  plusieurs  fois  remarqué  le  magnifique 
Phormium  tenox  folLs  variegatis  qui  se  trouve 
sur  la  pelouse  à droite  en  entrant.  J’ai  le  plaisir 
de  vous  faire  connaître  que  celte  plante,  peut- 
être  unique  aujourd’hui  à Paris,  est  sur  le  point 
de  fleurir;  elle  porte  deux  superbes  hampes, 
hautes  l’une  de  1»’  75,  l’autre  de  1“  40,  qui  pro- 
mettent de  donner  beaucoup  de  fleurs. 

J’ai  pensé  qu’il  vous  serait  agréable  d’être  in- 
formé de  ce  phénomène  de  végétation,  pour  le 
cas  où  vous  jugeriez  bon  d’en  dire  un  mot  dans 
la  Revue.  C’est  pourquoi  je  me  suis  permis  de 
vous  écrire. 

Agréez,  etc.  Drouet, 

Conducteur  principal,  inspecteur  du  U>-  arrondissement 
des  promenades  et  plantations. 

Cette  lettre,  dont  nous  remercions  l’au- 
teur, M.  Drouet,  qui,  comme  on  le  sait,  est 
chargé  de  la  direction  du  Fleuriste  de  Paris, 
nous  fait  doublement  plaisir  : d’abord  pour 
nos  lecteurs,  à qui  elle  fait  connaîti’e  une 
chose  très- intéressante;  pour  nous,  à cause 
du  reproche  très  - bienveillant  que  nous 
adresse  M.  Drouet,  et  auquel  nous  sommes 
tout  particulièrement  sensible. 

— Le  6 septembre  prochain,  à l’occasion 
de  la  16®  session  du  Congrès  de  la  Société 
pomologique  de  France,  la  Société  d’horti- 
culture de  Marseille  fera  une  exposition 
burlicole  des  produits  méditerranéens,  con- 
sistant en  fruits,  légumes,  plantes  de  serre 
et  objets  d’art  et  d’industrie  horticole.  Voici 
un  extrait  du  programme  : 

Prix  d’honneur  à la  collection  la  plus  com- 
plète et  la  plus  remarquable,  contenant  les  fruits, 
légumes,  bouquets,  plantes  industrielles,  plantes 
marines  et  leurs  produits  ouvrés,  récoltés  dans 
le  bassin  de  la  Méditerranée  ; 

A la  collection  la  plus  complète  de  fruits  ré- 
coltés sur  le  littoral  rriéditerranéen  ; 

A la  collection  la  plus  complète  et  la  plus  re- 


245 

marquable  de  légumes  récoltés  dans  les  mêmes 
contrées  ; 

A la  plus  belle  collection  de  Raisins  de  table 
ou  de  cuve  ; ils  devront  être  présentés  sur  sar- 
ment ; 

A la  plus  belle  collection  d’Orantiacées,  Oran- 
ges, Citrons,  Cédrats,  etc.; 

A la  plus  belle  collection  de  fruits  divers,  tels 
que  Dattes,  Bananes,  Ananas,  Pistaches  et  tous 
autres  ; 

Au  meilleur  fruit  ou  légume  inconnu  sur  le 
marché  de  Marseille; 

A la  plus  bel.e  collection  d’Olives  présentées 
sur  rameau; 

Au  plus  beau  bouquet. 

Des  diplômes  d’honneur,  médailles  d’or  de  Re 
et  de  2®  classe,  de  vermeil,  d’argent  de  Re  et 
2e  classe,  et  des  médailles  de  bronze,  seront 
mis  à la  disposition  du  jury  pour  récompenser 
les  produits  qui  en  seront  jugés  dignes. 

Les  personnes  qui  voudront  prendre  part 
à cette  exposition  devront  adresser  une  de- 
mande franco  à M.  Sicard,  président  de 
la  commission  du  concours  méditerranéen, 
4,  rue  d’Arcole. 

— Bien  que  d’une  manière  générale  l’on 
sache  que  le  pollen  des  fleurs  peut  se  con- 
server plus  ou  moins  longtemps  lorsqu’on 
le  tient  à l’abri  de  l’humidité,  on  n’a  pour- 
tant sur  ce  sujet  que  des  renseignements 
assez  vagues;  aussi  est-il  bon,  croyons-nous, 
lorsqu’on  connaît  des  exemples  précis,  de 
les  indiquer.  Le  suivant  nous  paraît  être 
dans  ce  cas.  Avec  du  pollen  de  Cerato- 
zamia  Mexicana,  qu’il  recueillit  en  1807 
dans  les  serres  du  Muséum,  M.  Houllet  fé-- 
conda,  en  1872,  des  fleurs  femelles  du  Ce- 
ratozamia  Mexicana,  qui,  en  1873,  don- 
nèrent en  très-grande  quantité  des  fruits 
drupacés,  irrégulièrement  oblongs  arrondis, 
obsolètement  trigones,  d’environ  3 centi- 
mètres de  longueur,  et  remplis  d’une  pulpe 
consistante,  brunâtre,  entourant  un  noyau 
à testa  roux,  très-dur.  L’intérieur,  parfaite- 
ment plein , renfermait  un  embryon  bien 
développé  et  dans  d’excellentes  conditions 
de  germination. 

— Parmi  les  espèces  de  Conifères  récem- 
ment introduites  en  France  et  qui  y ont  fruc- 
tifié, nous  pouvons  citer  le  Pinus  Masso- 
niana,  originaire  du  Japon.  C’est  à Brix, 
près  Valognes  (Manche),  que  le  fait  s’est 
probablement  montré  pour  la  première  fois, 
en  1870.  L’individu  qui  a fructifié,  haut  de 
près  de  4 mètres,  est  vigoureux,  bien  ve- 
nant, droit,  raide,  et,  comme  on  dit,  « tient 
bien  son  bois.  » Tout  semble  faire  espérer 


246 


l’horticulture  a l’exposition  universelle  de  vienne. 


qu’on  aura  dans  cet  arbre  une  sorte  fores- 
tière. Une  partie  des  graines  étaient  fer- 
tiles, et  M.  Herpin  de  Frémont,  chez  qui  ce 
fait  s’est  produit,  possède  un  certain  nombre 
de  jeunes  sujets  qui  en  sont  issus. 

— Notre  collègue,  M.  Lachaume',  arbori- 
culteur cà  Vitry-sur-Seine,  nous  a écrit  pour 
nous  faire  part  de  quelques  observations 
qui  nous  paraissent  de  nature  à jeter  quel- 
que lumière  sur  des  questions  de  physio- 
logie végétale  fort  importantes,  et  que  nous 
croyons  dignes  d’ètre  connues.  Voici  sa 
lettre  : 

Vitry,  26  mni  1873. 

Mon  cher  Monsieur  Carrière, 

Je  suis  allé  hier  à Paris  pour  vous  donner  une 
poignée  de  main,  et  en  même  temps  pour  vous 
faire  part  de  quelques  observations  sur  des  faits 
de  végétation  qui  se  sont  produits  ce  printemps  : 

D’abord,  sur  les  Poiriers  P)eurré  d’Ardenpont, 
dont  la  floraison,  au  lieu  d’être  continue,  s’est 
elfectuée  en  deux  fois,  à un  intervalle  de  vingt 
jours;  puis  relativement  aux  Poiriers  beurré 
Diel,  Curé  et  Cuisse-Madame,  qui,  dans  beau- 
coup d’endroits,  ont  produit  des  fleurs  doubles. 
Ces  faits,  du  reste,  que  j’avais  déjà  observés,  con- 
firment complètement  vos  dires  au  sujet  de  la 
variabilité  de  l’espèce.  Je  vous  citerai  encore  des 
fleurs  de  Poiriers  dont  la  moitié  des  pétales, 
transformée  en  feuilles,  avaient  pris  un  dévelop- 
pement de  3 centimètres;  enfin,  beaucoup  de 
Poiriers  qui  ont  conservé  les  pétales  au  sommet 
du  calice. 

J’ai  aussi  observé  dans  un  jardin  de  Vitry  huit 
variétés  de  Giroflées  communes  ou  Ravenelles,  à 
fleurs  doubles,  qui  toutes  produisent  des  graines. 
Sur  la  quantité,  il  y a des  plantes  dont  les 
feuilles,  par  leur  ampleur,  ont  beaucoup  d’ana- 
logie avec  les  Giroflées  Quarantaines.  Voici, 
d’une  manière  générale,  l’indication  sommaire 
de  ces  variétés  : pourpre  foncé  ; jaune  liseré  de 
pourpre  ; marron  ; chocolat,  feuilles  très-larges  ; 
jaune  à onglet  pourpre;  fleurs  grandes,  pour- 
pres, rameau  florifère  très-long  ; fleurs  très- 
foncées,  feuilles  cloquées,  d’un  vert  noir  ; jaune 
citron  et  pourpre. 

Toutes  ces  variétés  proviennent  d'im  seul 
pied,  sur  lequel  on  a récolté  les  graines  en  1872, 
et  qui  était  à fleurs  doubles. 

Agréez,  etc.  Jean  Lachaume, 

L’HORTICULTURE  A L’EXPOSITI 

Vienne,  le  30  mars  1873.  | 

La  capitale  de  l’empire  autrichien  prend  i 
de  jour  en  jour  une  physionomie  plus  cos-  1 
mopolite.  Pour  s’en  convaincre,  on  n’a  qu’à  | 
faire  une  promenade  à la  Ringstrasse,  au  | 


— Dans  la  Revue  de  V arboriculture  (nu- 
méro de  mai  1873),  nous  trouvons,  entre 
autres  choses,  trois  Poires  nouvelles  du 
Bordelais,  signalées  et  décrites  par  M.  Glady. 

Ce  sont  : Jules  Gêrond,  qui  « mûrit  à Bor- 
deaux de  la  fin  d’octobre  au  20  novembre  : » 
Précoce  de  Tivoli,  qui,  « moins  bonne  que 
le  Beurré  Giffard,  mûrit  en  même  temps, 
mais  qui  ne  blétit  pas;  » Doyenné  Bouy- 
rou,  qui  c(  mûrit  à Bordeaux  du  10  au 
15  juillet,  à peu  près  comme  le  Beurré  Gif- 
‘ fard,  » et  qui,  comme  lui,  « doit  être  entre- 
cueilli. » 

— Que  vont  dire  les  défenseurs  des  ! 
étourneaux  en  lisant  l’article  suivant,  que  . 
nous  trouvons  dans  ce  même  numéro  de  la 
Revue  de  V arhoricidture  2 

M.  Oberdieck  se  demande  si  l’étourneau,  con- 
sidéré généralement  comme  un  oiseau  utile  parce 
qu’il  se  nourrit  d’un  grand  nombre  de  larves  et 
insectes,  n’a  pas  une  réputation  usurpée.  Il  dit 
que  dans  les  grandes  plantations  de  Cerisiers,  il 
fait  plus  de  tort  que  le  moineau  même,  parce 
qu’il  mange  les  Cerises  dès  qu’elles  commencent 
à rougir,  et  que  s’il  s’abat  par  bandes  de  dix  à 
cinquante,  quelquefois  cent,  sur  des  Cerisiers,  il 
les  a bientôt  dépouillés.  Sur  trente  gros  arbres 
qui  lui  promettaient  une  bonne  récolte,  il  n’a 
pas  obtenu  2 kilog.  de  Cerises  ayant  atteint  leur 
parfaite  maturité  ; et  bien  que  journellement  il  || 
tirât  sur  ces  bandes,  lorsqu’il  parvenait  à en  [ 
éloigner  une,  d’autres  revenaient.  — A l’automne 
dernier,  cet  oiseau  a causé  des  dommages  assez 
considérables  dans  les  Vignes  de  nos  contrées.  [ 
Dans  beaucoup  d’endroits,  on  a dû  vendanger 
avant  la  parfaite  maturité,  pour  soustraire  à | 
leur  voracité  la  très-petite  récolte  qu’avaient  f 
épargnée  les  gelées  de  décembre  1871.  j 

Malgré  que  le  fait  dont  il  vient  d’être  | 
question  soit  bien  constaté  par  la  pratique,  |p 
nous  ne  serions  pas  surpris  que  les  défen-  !|  ■ 
seurs  officiels  de  c(  l’harmonie  de  la  créa- 
tion » n’en  persistassent  pas  moins  à soute- 
nir que  l’étourneau  est  un  oiseau  utile.  Ils  i 
en  ont  dit  de  plus  fortes.  \ 

E.-A.  Carrière.  j , 

I 

)N  UNIVERSELLE  DE  VIENNE  ^ | 

Craben,  dans  le  Jagerzeile  et  au  Prater,  | 
pour  entendre  toutes  sortes  d’idiomes  con-  j 
nus  ou  inconnus  que  parlent  une  foule  de  | 
types  étrangers.  Japonais  ou  Égyptiens,  et  | 
enfin  de  toutes  les  parties  du  monde.  C’e.st  j 
un  indice  de  l’approche  de  l’ouverture  de  | 
l’Exposition.  ^ 


<1)  Extrait  de  la  Belgique  horticole. 


l’houticulture  a l’exposition  universelle  de  vienne. 


- Le  printemps  a ramené  la  Violette  à la 
boutonnière  des  promeneurs  élégants.  La 
ville  verra  sous  peu  circuler  clans  ses  rues 
une  affluence  considérable  d’étrangers;  les 
voitures  publiques  et  les  tramways  (ornni- 
bus  américains)  ne  suffiront  plus  pour  le 
transport  des  visiteurs,  car,  à l’heure  qu’il 
est,  il  est  déjà  difficile  de  se  procurer  des 
places  dans  les  voitures  publiques. 

Il  paraît  que  la  Compagnie  générale  des 
omnibus  de  Paris  a proposé  à la  direction 
générale  de  l’Exposition  de  venir  renforcer 
les  moyens  de  transport  des  visiteurs  en  en- 
voyant à Vienne,  pour  la  durée  de  l’Exposi- 
tion, des  voitures  de  conslruclion  nouvelle 
avec  impériale  couverte  ; les  omnibus  pari- 
siens adopteront  la  taxe  viennoise,  et  feront 
le  trajet  de  la  place  Schiller  à l’Exposition. 

11  y aura  aussi  des  trains  de  plaisir  pour 
visiter  les  environs  de  Vienne,  qui  ofïrent 
en  beaucoup  d’endroits  de  fort  beaux  sites. 

A Nussdorf,  on  fait  l’ascension  du  Kah- 
lenherg  et  du  Leopoldsberg,  du  sommet 
I desquels  on  découvre  une  magnifique  vue 
panoramique  sur  la  ville  de  Vienne,  le  Da- 
nube et  les  îlots  du  Prater. 

A Dornbarch,  il  y a un  parc  superbe  et 
' des  promenades  très-courues  en  été. 

A Schonbrunn  (le  Versailles  de  Vienne) 
se  trouve  le  palais  d’été  de  l’empereur;  il 
faut  une  heure  en  tramway  pour  y arriver; 
là,  on  trouve  des  sites  merveilleux,  un  ma- 
gnifique palais,  un  grand  parc,  d’immenses 
forêts  et  une  des  plus  belles  chasses  con- 
I nues  des  serres  et  des  collections  nom- 
breuses de  plantes  tropicales,  visitées  l’été 
;par  une  affluence  considérable  de  prome- 
neurs. 

Baden,  sur  le  chemin  de  fer  du  sud,  pos- 
sède une  station  thermale.  Par  la  même 
voie  on  se  rend  au  Sommering,  qui  offre 
l’aspect  du  Righi,  où  l’on  voit  de  merveil- 
leux travaux  d’art;  des  trains  de  plaisir, 
aller  et  retour  en  un  jour,  y conduisent  en 
I été. 

La  ville  de  Vienne  est  aujourd’hui  l’une 
des  plus  peuplées,  des  plus  élégantes  et  des 
^ plus  animées  de  l’Europe;  les  tramways  en 
'f  sillonnent  les  principales  artères.  Les  prin- 
--  cipaux  jardins  publics  sont  : le  Volkagarten, 

‘ le  Stadtpark,  le  Augarten  et  le  Prater. 

Le  Volkagarten  est  le  jardin  du  peuple  ; 

' on  y entend  les  concerts  de  Strauss  tous  les 

I soirs  en  été  ; ce  jardin  est  fréquenté  par  le 
naeilleur  monde. 

Le  Stadtpark  (Stuben  Ring)  est  un  jardin 
admirablement  dessiné  avec  pièce  d’eau  et 
bosquets  d’arbres  d’un  très-bel  effet;  ce 


247 

jardin  est  le  lieu  de  rendez-vous  de  la  bour- 
geoisie viennoise. 

Le  Augarten,  situé  à Léopoldstadt,  n’est 
pas  très-fréquenté. 

Enfin  le  Prater  (le  bois  de  Boulogne  de 
Vienne),  au  milieu  duquel  se  trouve  le  pa- 
lais de  l’Exposition,  est  la  plus  belle  prome- 
nade de  la  ville,  d’une  immense  étendue  et 
renfermant  une  végétation  vigoureuse  avec 
de  nombreux  bosquets  d’arbres  plusieurs 
fois  séculaires. 

Trois  allées  principales,  parlant  du  Pra- 
terstrasse  (Léopoldstadt),  divergent,  la  pre- 
mière à droite,  conduisant  au  Champ  de 
courses,  la  seconde,  celle  du  milieu,  me- 
nant à l’extrémité  du  centre  du  Prater,  et 
la  troisième,  celle  de  gauche,  conduit  vers 
le  Danube. 

La  première  avenue  à droite  est  plantée 
de  beaux  arbres,  avec  route  séparée  pour 
les  piétons,  les  cavaliers  et  les  voitures; 
cette  avenue  est  fréquentée  par  les  équi- 
pages du  beau  monde  et  les  élégants  de  la 
ville. 

La  seconde,  celle  du  milieu,  est  le  lieu 
de  la  promenade  du  peuple  curieux  ; on  y 
trouve  de  nombreux  cafés,  des  brasseries  et 
des  jeux  de  toute  sorte,  comme  aux  Champs- 
Elysées  de  Paris.  Cette  avenue  est  la  plus 
curieuse  du  Prater  à cause  de  son  animation 
et  son  caractère  original. 

La  troisième  avenue,  celle  de  gauche, 
conduit  au  Danube  ; cette  partie  du  Prater 
est  sauvage  et  offre  de  délicieux  paysages. 

Le  palais  de  l’Exposition  uni\erselle  se 
trouve  situé  entre  l’allée  de  droite  et  celle 
du  milieu,  à un  kilomètre  des  trois  entrées 
principales  du  Prater,  formant  une  série 
d’arcades  au-dessous  desquelles  on  entre 
sous  les  avenues  du  Prater,  tandis  qu’au - 
dessus  passent  les  trains  du  chemin  de  fer 
de  ceinture. 

Le  palais  est  situé  au  milieu  d’un  im- 
mense jardin,  non  encore  terminé,  entouré 
de  palissades  dans  le  genre  de  celles  qui 
entouraient  le  Champ-de-Mars  à l’Exposi- 
tion universelle  de  Paris,  en  1867. 

Du  côté  de  l’avenue  du  milieu  se  trouvent 
les  halles  aux  machines  et  pour  les  produits 
de  l’agriculture  ; vers  l’avenue  de  droite  se 
trouvent,  à côté  des  minarets  égyptiens,  une 
grande  serre,  presque  complètement  montée, 
et  autour  de  laquelle  pullulent  des  jardiniers 
bohémiens  sous  la  direction  de  M.  Maly 
(hofgartner).  C’est  là  qu’aura  lieu  l’exposi- 
tion d’horticulture,  entourée  de  magnifiques 
bosquets  d’arbres  gigantesques  au-dessous 
desquels  se  trouvent  déjà  des  arbres  frui- 


“248 


LONICERA  LONGIFLORA. 


tiers  en  jauge,  des  Conifères,  des  arbres  à 
feuilles  caduques  et  persistantes  appartenant 
à des  exposants  particuliers,  pour  figurer 
sans  doute  dans  le  jardin  d’horticulture. 

Des  jardiniers  japonais,  sous  la  direction 
de  M.  Isuda  Senya,  déballent  des  arbris- 
seaux et  arbustes  japonais  qu’ils  ont  appor- 
tés de  leur  pays. 

La  Commission  japonaise,  composée  de 
17  membres,  4 Européens,  parmi  lesquels 
le  fils  de  feu  le  Di"  von  Siebold,  et  40  ou- 
vriers japonais,  est  une  des  mieux  organi- 
sées et  des  mieux  rétribuées.  Le  Mikado 
leur  a ouvert  un  crédit  de  500,000  dollars. 
Le  catalogue  japonais  est  déjà  imprimé;  il 
en  est  de  même  d’un  splendide  catalogue 
illustré  qui  renferme  toutes  les  données  les 
plus  exactes  sur  l’hisfoire  du  pays,  la  fa- 
mille impériale,  la  population,  l’administra- 
tion, l’armée,  les  finances,  etc. 

Des  piles  de  florins  autrichiens  recouvrent 
la  table  du  secrétariat-général,  et  les  mem- 
bres de  la  Commission  japonaise  se  paient 
des  voitures  à 20  florins  par  jour.  Le  prix 
des  voitures  publiques  est  trop  élevé  à 
Vienne,  et  beaucoup  de  membres  des  autres 
commissions  étrangères  ou  européennes  ne 
reçoivent  pas  de  leur  gouvernement,  pour 
leurs  frais  généraux,  ce  que  les  Japonais  re- 
çoivent pour  leurs  voitures. 

Dans  la  galerie  égyptienne,  on  procède  au 
déballage  des  produits  de  l'horticulture  et 

LONICERA  : 

Cette  espèce,  l’une  des  plus  précieuses 
pour  l’ornement  à cause  de  sa  vigueur,  de 
sa  rusticité  et  de  la  persistance  de  ses 
feuilles,  est  encore,  malgré  tous  ces  avan- 
tages, très-peu  répandue  ; nous  ajoutons 
qu’elle  est  mal  connue,  que  partout  où  elle 
existe  on  lui  donne  une  fausse  dénomina- 
tion, celle  de  Lonicera  brachypoda,  espèce 
décrite  par  De  Candolle,  qui  diffère  com  - 
plètement  du  L.  longiflora^  puisqu’elle 
forme  un  petit  arbuste  à feuilles  caduques, 
qui  rentre  dans  le  groupe  des  Lonicera  Ta- 
tarica,  tandis  que  l’espèce  qui  nous  occupe 
est  excessivement  volubile,  à feuilles  per- 
sistantes, très-vigoureuse,  pouvant  s’élever 
sur  des  supports  jusqu’à  6 mètres  et  plus 
de  hauteur.  Du  reste,  on  peut  juger  de  la 
différence  qui  existe  entre  ces  deux  plantes, 
tant  par  ce  qui  précède  que  par  les  descrip- 
tions que  nous  allons  en  donner. 

Lonicera  longiflora,  DC.  Arbuste  très- 
vigoureux,  à rameaux  fortement  volubiles, 


de  l’agriculture;  les  produits  les  plus  re- 
marquables de  l’exposition  égyptienne  sont: 
les  céréales,  les  colons  et  tous  les  textiles, 
les  légumineuses  alimentaires,  les  plantes 
saccharines,  les  fourrages,  les  plantes  pota- 
gères et  des  tubercules  alimentaires,  parmi 
lesquels  des  patates  douces  de  J5  kilo- 
grammes. Les  Palmiers  Doum  {Hyphœne 
thebaïca)  et  le  Dattier  chargé  de  ses  fruits 
abondants,  des  roseaux  gigantesques  de 
20  mètres  de  hauteur;  les  produits  des 
plantes  oléagineuses  tinctoriales,  odorifé-  \ 

rantes,  papyiifères,  avec  leurs  plantes  et 
leurs  graines,  les  Tabacs,  les  arbres  et 
plantes  d’ornement,  etc.  Des  collections  de  i 
coupes  d’arbres  de  la  vallée  du  Nil  jusqu’en 
Abyssinie  et  au  Soudan,  dont  un  tronc  co- 
lossal formé  de  racines  adventives  du  Fi-  | 
guier  des  pagodes  (Ficus  bengalensis).  [ 

L’exposition  particulière,  ou  le  parc  égyp-  j 
tien,  qui  se  trouve  à côté  de  l’exposition  | 
d’horticulture  et  du  parc  japonais,  com-  j 
prend  : deux  mosquées  avec  les  minarets;  j 
la  reproduction  du  tombeau  de  Beni-Has-  j 
san  ; une  maison  égyptienne  avec  jardin,  et  i 
une  métairie  arabe  avec  pigeonnier,  moulin  ' 
à farine,  écuries  et  tous  les  instruments  em- 
ployés à l’horticulture  et  à l’agriculture  | 
dans  la  vallée  du  Nil. 

G.  Delchevalerie, 

Membre  de  la  Comniission  écfyptit'nne  chargé  I 
de  la  partie  agricole  et  lioriicole.  I 

,0NGIFL0RA 

pouvant  atteindre  6-8  mètres,  parfois  plus,  i 
de  hauteur.  Feuilles  persistantes,  la  plupart 
longuement  ovales,  atténuées,  arrondies  au  ! 
sommet,  glabres  ou  à peine  légèrement  ve-  j 
lues  lorsqu’elles  sont  très-jeunes;  les  au- 
tres, plus  rares,  plus  ou  moins  profondé-  i 
ment  incisées,  parfois  presque  peciinées,  I 
placées  sur  des  ramifications  particulières,  | 
ou  mélangées  sur  les  mêmes  rameaux  avec 
des  feuilles  entières.  Fleurs  très-longues,  ! 
arquées,  à divisions  inégales,  d’abord  rose  î 
violacé  extérieurement,  blanches  à Tinté-  j 
rieur,  ensuite  presque  complètement  jau- 
nes, très-odorantes  ; en  un  mot,  assez  sem-  j 
blables  à celles  du  L.  sinensis,  dont  le  L.  j 
longiflora  pourrait  bien  être  une  forme. 
Nous  ne  sommes  pas  éloigné  de  croire  que  1 
le  L.  heterophylla,  Dcne  (in  Jacquem., 
Int.,  p.  80,  t.  88),  soit  synonyme  du  L.  Ion-  | 
giflora. 

Lonicera  brac]njpoda,'Pyr.  DC.  (Prodr., 

4,  p.  335)  : cc  Tige  droite,  rameuse,  à ra- 


BIBLIOGHAPHIE.  — 

meaux  étalés,  très-velus.  Feuilles  «ovales, 
oblongues,  aiguës,  courtement  péliolées, 
glabres;  pétiole  villeux,  à nervures  pubes- 
centes.  Fleurs  subsessiles,  peu  nombreuses. 
Baie  globuleuse,  glabre.  Japon.  » DG.,  l.  c. 

De  ces  descriptions,  il  résulte  que  l’es- 
pèce qui  fait  l’objet  de  cette  note,  le  L.  lon- 
giflora,  est  complètement  différente  du  L. 
brachypoda,  avec  lequel  on  persiste  à le 


149 

confondre,  même  dans  les  Écoles  de  bota- 
nique. 

Le  L.  longiflora,  DG.,  est  très-voisin  des 
L.  chinemis,  Wats.,  et  L.  confusa^  DG.; 
mais  au  point  de  vue  de  l’ornement,  il  leur 
est  bien  préférable  à cause  de  sa  grande  rus- 
ticité. Nous  le  recommandons  tout  particu- 
lièrement à nos  lecteurs. 

E.-A.  Carrière. 


EXPOSITION  d’horticulture  A LAGNY. 


BIBLIOGRAPHIE 


• Dans  une  précédente  chronique  (2),  en 
informant  nos  lecteurs  que  la  première 
partie  du  Dictionnaire  de pomologie  (t.  III, 
Pommes,  A-L)  était  parue,  nous  prenions 
l’engagement  de  revenir  sur  cet  important 
ouvrage  aussitôt  qu’il  serait  complet,  ce  que 
nous  sommes  toujours  dans  l’intention  de 
faire.  Bien  que  paru  depuis  peu  de  temps, 
ce  livre  s’est  déjà  vendu  en  quantité  consi- 
dérable, ce  qui  toutefois  n’a  pas  lieu  de  sur- 
prendre, au  contraire.  En  attendant  la 
seconde  partie,  qui,  nous  assure-t-on,  pa- 
raîtra prochainement,  nous  croyons  devoir 
reproduire  un  article  qui  a été  publié  dans  la 
Belgique  horticole  (1873,  p.  105).  Le  voici  : 
((  On  sait  que  M.  André  Leroy,  le  grand 
I pépiniériste  d’Angers,  a entrepris  la  publi- 
cation d’un  vaste  dictionnaire  de  pomologie. 
Les  deux  premiers  volumes,  publiés  il  y a 
quelques  années,  et  que  nous  avons  signa- 
lés, concernent  le  Poirier.  Dans  le  nouveau 
volume  qui  vient  de  paraître,  M.  A.  Leroy 
traite  du  Pommier. 

« C’est  une  œuvre  considérable,  destinée 
à instruire  et  à éclairer  tous  ceux  qui  s’in- 
téressent au  jardin  fruitier  ; elle  comprend 
riiisloire  complète,  accompagnée  d’une  gra- 
■ vure  au  trait,  de  550  variétés  de  Pommes, 
auxquelles  1,880  noms  ont  été  appliqués. 
Le  premier  chapitre  traite  de  l’histoire  du 
Pommier  et  commence,  on  se  l’imagine  sans 
peine,  par  la  légende  du  Pommier  de  l’Éden  : 
E Malo  nascitur  omne  malum  ! Viennent 
\ ensuite  les  variétés  cultivées  chez  les  Grecs, 
'y  chez  les  Romains,  les  variétés  cultivées  en 
! Italie  au  XV®  siècle;  en  France,  depuis 
j Char lernape  jusqu’à  Louis  XIII;  l’histoire 
du  Pommier  dans  les  temps  modernes.  Le 


deuxième  chapitre  a pour  sujet  la  culture 
du  Pommier.  Dans  le  troisième,  l’auteur 
s’occupe  des  usages  et  des  propriétés  du 
fruit  et  du  bois. 

« Cette  introduction  est  remarquable  par 
les  renseignements  littéraires,  linguistiques 
et  historiques  dont  elle  est  composée.  Elle 
est  relativement  fort  courte,  tant  elle  est 
remplie  d’érudition  et  libre  de  toute  phrase 
inutile.  Elle  est  fort  agréable  à lire,  parce 
qu’elle  est  émaillée  d’anecdotes  et  de  traits 
piquants.  On  y trouve  des  documents  iné- 
dits et  des  observations  ingénieuses. 

« L’ouvrage  proprement  dit  comprend  la 
description  et  l’histoire  des  variétés  du 
Pommier;  elles  sont  disposées  par  ordre  al- 
phabétique. Pour  chaque  variété,  M.  Leroy 
donne  : les  synonymes,  la  silhouette,  la  des- 
cription de  l’arbre,  la  description  du  fruit, 
l’historique,  et  des  observations. 

« Les  questions  qui  concernent  les  noms 
et  les  origines  des  fruits  sont  traitées  avec 
beaucoup  de  talent  et  de  manière  à attacher 
le  lecteur;  par  exemple,  aux  mots  Calle- 
ville,  qu’il  faut  orthographier  comme  nous 
venons  de  le  faire,  et  non  Calville,  comme 
on  a coutume  de  l’écrire;  les  court-pendus 
et  beaucoup  d’autres. 

« Tout  le  monde  connaît  la  compétence 
de  M.  André  Leroy  en  matière  d’arboricul- 
ture et  de  pomologie.  Son  dictionnaire,  dont 
la  suite  était  attendue  avec  impalience,  est 
une  bonne  fortune  pour  ceux  qui  veulent 
s’instruire;  c’est  une  œuvre  considérable, 
et  M.  Leroy  n’a  rien  épargné  pour  la  rendre 
parfaite  : elle  est  écrite  tout  entière  au  point 
de  vue  de  l’homme  du  monde  et  du  praticien. 

« Ed.  Morren.  > 


EXPOSITION  D’HORTICULTURE  A LAGNY 


La  Société  d’horticulture  de  l’arrondisse- 

(1)  Un  volume  très-grand  in-octavo  de  444  pages 
et  258  figures  au  trait.  — A Angers,  chez  l’auteur, 
et  dans  les  principales  librairies  horticoles  et  agri- 
coles. 


ment  de  Meaux  a,  cette  année,  fait  son  ex- 
position à Lagny  les  et  2 juin. 

Peu  de  personnes,  hélas  ! ont  répondu  à 


(2)  Revue  horticole,  1873,  p.  164. 


EXPOSITION  d’horticulture  a lagny. 


^250 

J’appel  de  M.  le  baron  d’Avène,  Vhonorable  ] 
président  de  cette  société.  Si  l’on  joint  à 
cette  abstention  l’inclémence  du  temps^  on 
pourra  se  faire  une  idée  de  la  tristesse[^que 
semblait  présenter  cette  fête  florale. 

De  tout  temps,  c’est-à-dire  depuis  vingt 
ans  que  la  Société  d’horticulture  de  Meaux 
existe  et  fait  des  expositions,  nous  n’avions 
eu  à constater  chaque  année  que  des  pro- 
grès, et  dernièrement  encore,  au  mois  de 
septembre  1871,  alors  que  les  soudards 
d’outre-Rhin  cédaient  la  place  à notre  ar- 
mée, cette  société,  montrant  l’exemple,  ou- 
vrait à Meaux  (1)  une  exposition  pomolo- 
gique  à laquelle  nous  avons  applaudi  de 
toutes  nos  forces.  A quoi  donc  doit-on  at- 
tribuer ces  nombreuses  abstentions  ? Est-ce 
que  les  horticulteurs  et  maraîchers  du  riche 
et  fertile  arrondissement  de  Meaux  auraient 
perdu  le  feu  sacré,  ou  bien  serait-ce  par 
suite  de  taquineries  intestines?  Il  me  ré- 
pugne de  croire  à ces  choses  ; j’aime  mieux 
voir  là  une  cause  d’amour-propre,  que, 
n’ayant  pas  de  produits  aussi  beaux  qu’ils 
avaient  espéré  les  avoir,  ils  ont  préféré  ne 
pas  les  montrer.  A mon  avis,  c’est  un  tort. 
J’aime  à croire  qu’à  l’avenir  il  n’en  sera 
plus  ainsi,  et  que  ces  messieurs  n’oublieront 
pas  que  pendant  quinze  ans  ils  nous  ont 
montré  les  produits  d’une  science  dont  ils 
avaient  la  plus  grande  expérience,  et  qu’ils 
ont  ainsi  préparé,  assuré  même  les  pro- 
grès horticoles  les  plus  sérieux. 

Ce  n’est  donc  pas  le  moment  de  s’abste- 
nir ; il  faut,  au  contraire,  suivre  à grands 
pas  la  route  du  progrès. 

L’exposition  qui  nous  occupe  a eu  lieu 
sous  une  tente  dressée  tout  exprès  sur  la 
place  d’Armes. 

Un  jardin  anglais  avait  été  dessiné  sous 
cette  tente,  et  de  nombreuses  corbeilles 
étaient  dispersées  sur  les  pelouses. 

Elles  étaient  occupées  en  grande  partie 
j.ar  les  belles  collections  de  M.  Louis  Colin, 
jardinier  chez  M.  Ménier,  à Noisiel.  Ce  jeune 
jardinier  ne  peut  que  prospérer  dans  l’art 
liofticole,  en  recevant  l’impulsion  d’un 
amateur  aussi  distingué  qu’est  M.  Ménier. 

Parmi  les  plantes  exposées  par  M.  Colin, 
citons  les  genres  Latania,  Maranta,  Dra- 
cœna,  Bégonia  et  Caladium.  Nous  avons 
remarqué  en  outre  ses  belles  collections 
d’Azalées  indiennes,  de  Géraniums  zonales 
et  de  Gloxinias.  Sur  les  pelouses  étaient 
disséminés  de  forts  spécimens  en  bacs  de 
Latania  horhonica^  Pandanus  utilis  et 

(1)  Voir  Revue  horticole,  187  1,  p.  4Gl  . 


Azalées  de  l’Inde  élevées  en  pyramide,  qui 
rappelaient  assez  bien  les  jolies  plantes  de 
ce  genre  exposées  en  tl867  au  Ghamp-de- 
Mars  par  M.  Veitch,  de  Londres. 

Toutes  ces  collections  et  plantes  isolées 
sont  bien  cultivées,  et  prouvent  en  faveur 
de  leur  présentateur.  i 

M.  Roué,  jardinier  chez  M.  Ledoux,  au 
château  de  Vaires,  présentait  un  lot  de 
plantes  de  serre  chaude,  parmi  lesquelles  je 
citerai  : les  Latania  horhonica,  Pandanus  i 
utilis^  Pteris  argentea,  les  Maranta  ze- 
brina  et  Van  Houttei,  Phoenix  dactyli-  f 
fera,  etc.;  plus,  cinq  beaux  exemplaires  de 
Fuchsias  à tiges  de  2 à 3 mètres  de  hau- 
teur, élevés  en  pyramides,  et  de  forts  Pé- 
largonium zonale  d’une  culture  très-bien 
entendue.  Ces  divers  apports  dénotent  une  î 
grande  habileté  de  ce  jardinier,  qui  est 
passé  maître  dans  son  art. 

Les  Roses,  ces  reines  classiques  de  nos 
jardins,  n’étaient  représentées  que  par  le 
lot  de  M.  Pichou,  horticulteur  à Lagny,  et 
qui  a négligé  de  les  étiqueter. 

Un  ouvrier  typographe  de  Lagny,  dont  je 
regrette  de  n’avoir  pu  connaître  le  nom,  ‘ 
exposait  une  collection  de  Géranium  zo- 
nale. Nous  le  félicitons  de  consacrer  ses 
loisirs  à l’horticulture  ; ceci  est  d’un  bon  j 
exemple.  Il  a compris  que  dans  ces  exposi-  | 
tions,  à côté  d’un  enseignement  scientifique, 
se  trouve  l’élément  moralisateur.  | 

Enfin,  nous  avons  admiré  les  belles  Pen-  j 
sées  de  M.  Ratillard,  de  Boulogne,  et  les  j 
bouquets  à la  main  de  M.  Lefrançois,  de  j 
Meaux.  j 

M.  Lesseur,  horticulteur  à Lagny,  est  le  ! 
seul  maraîcher  qui  ait  présenté  un  lot  de  i 
légumes.  Mais  pourquoi  ses  collègues  se  k 
sont-ils  abstenus?  Venaient  ensuite  les  beaux  |.- 
Choux-Fleurs  de  M.  Loisel,  jardinier  chez  !■ 
M.  Gavé;  puis  les  colossales  Asperges  de  j 
M.  Collas,  d’Argenteuil.  ^ 

Parmi  les  objets  d’art  et  d’industrie  hor- 
ticoles, nous  avons  remarqué  une  nouvelle 
serpette  à virole  avec  arrêt,  qui  est  très-  ' 
recommandable,  et  dont  M.'Barth,  coutelier  p 
à Lagny,  est  l’inventeur.  Le  même  exposant  jj 
présentait  une  serpette  d’amateur,  dont  une  i 
scie  et  deux  greffoirs  se  dissimulent  dans  j 
le  manche.  C’est  un  objet  dont  les  ama-  | 
teurs  reconnaîtront  bientôt  l’incontestable  | 
utilité.  I 

En  résumé,  l’exposition  de  Lagny  n’a  pas  j 
répondu  à ce  qu’on  était  en  droit  d’attendre  i * 
d’elle.  Il  faut  plus  d’émulation  de  la  part 
des  horticulteurs  et  des  jardiniers  ; aussi, 
nous  espérons  bien  que  la  revanche  aura  < 


i 


Chr'Gnzolith  G:  Sever^ej^yis . 


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Hioc7-eitJcy.  dcZ . 


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251 


SALVIA  RUTILANS.  — QUELQUES  ARRIVES  REMARQUABLES 

lieu  l’année  prochaine.  Il  suffit  pour  cela  l’exposition  de  septembre  1871,  et  qui  sont: 
qu’ils  se  rappellent  les  paroles  prononcées  union,  travail,  progrès. 

par  leur  honorable  président  à la  suite  de  y Japlot 

SALVIA  RUTILANS 


Les  recherches  que  nous  avons  faites  pour 
découvrir  le  nom  de  cette  espèce  ayant  été 
vaines,  et,  d’une  autre  part,  l’ayant  vu  cul- 
tivée dans  quelques  maisons  bourgeoises, 
où  l’on  en  tire  un  très-bon  parti  comme 
plante  décorative  pour  orner  les  serres  tem- 
pérées à l’arrière-saison  et  môme  pendant 
une  partie  de  l’hiver,  nous  avons  cru  devoir 
la  faire  figurer  et  lui  donner  un  nom,  afin 
d’en  faciliter  la  vulgarisation.  E!n  voici  les 
caractères  : tiges  nombreuses,  ramifiées, 
atteignant  80  centimètres  à 1 mètre  20  cen- 
timètres de  hauteur,  mais  pouvant  être 
maintenues  beaucoup  plus  basses  à l’aide 
du  pincement,  quadrangulaires,  largement 
sillonnées  sur  chaque  face,  vivaces  ou  à 
peine  sous-frutescentes,  comme  feutrées  par 
de  nombreux  poils  blanchâtres  très-courts. 
Feuilles  longuement  ovales-lanciformes,  ar- 
rondies et  légèrement  échancrées  à la  base, 
très-longuement  et  régulièrement  acumi- 
nées  en  pointe  au  sommet,  molles  et  douces 
au  toucher  par  un  tomentum  court  abon- 
dant, portées  sur  un  petiole  gros,  arrondi, 
villeux,  long  de  6 à 10  centimètres.  Fleurs 
nombreuses,  d’un  rouge  écarlate  très-bril- 
lant, disposées  en  racèmes  spiciformes  à 
l’extrémité  des  ramifications. 

Cette  espèce,  qui  fleurit  dès  le  mois  d’oc- 
tobre, et  dont  la  floraison  se  succède  pen- 


dant une  grande  partie  de  l’hiver,  peut  être 
d’un  grand  secours  pour  l’ornementation  des 
serres  tempérées  pendant  toute  cette  saison 
où,  en  général,  les  fleurs  n’abondent  pas; 
elle  est  très-vigoureuse,  rustique  et  pousse 
parfaitement  dans  tous  les  sols,  pourvu 
qu’ils  soient  légers  et  un  peu  chauds.  Les 
jeunes  plantes  seront  cultivées  dans  une 
terre  franche  mélangée  de  terreau,  à la- 
quelle on  pourra  ajouter  un  peu  de  vieille 
terre  de  bruyère;  quant  aux  vieilles,  on 
pourra  les  mettre  en  pleine  terre  ordinaire 
dès  que  les  froids  ne  seront  plus  à craindre. 
Les  pieds  que  l’on  destine  à l’ornementation 
d’hiver  devront  être  plantés  en  plein  air, 
à bonne  exposition,  mais  surtout  très-aérée, 
dans  un  sol  préparé  et  ameubli;  pendant 
l’été  on  donnera  des  arrosages  s’il  en  est 
besoin,  et  l’on  en  pincera  les  parties  très- 
vigoureuses,  de  manière  à former  des 
plantes  de  forme  régulière  et  trapues;  on 
les  relèvera  de  la  pleine  terre  pour  les  mettre 
en  pots  que  l’on  rentrera  dans  une  serre 
tempérée,  en  ayant  soin  de  ne  pas  les  lais- 
ser manquer  d’eau,  dont  elles  sont  très- 
avides.  La  multiplication  se  fait  par  bou- 
tures, qui  reprennent  avec  la  plus  grande 
facilité.  On  peut  se  procurer  le  Salvia  ru- 
titans  chez  MM.  Thibaut  et  Keteleer,  horti- 
culteurs à Sceaux.  E.-A.  Carrière. 


QUELQUES  ARBRES  REMARQUABLES 


Dans  le  règne  végétal,  rien  ne  frappe  plus 
l’esprit  que  la  vue  d’un  vieil  arbre  aux  pro- 
portions gigantesques,  dont  l’origine  se  perd 
dans  la  nuit  des  temps. 

Qui  n’a  dans  le  cours  de  sa  vie  reporté  sa 
pensée  sur  l’Orme  ou  le  Chêne  du  hameau? 
Que  de  souvenirs  rappellent  ces  Châtai- 
gniers, ces  Platanes,  pour  la  plupart  plan- 
tés au  milieu  de  la  place  du  village,  en  face 
de  l’église!  Cet  emplacement  fut,  dit-on, 
fixé  par  une  ordonnance  de  Sully  en  1605, 
qui  voulait  que  chaque  commune  eût  « son 
Orme.  » C’était  le  rendez-vous  de  tous  les 
habitants  qui  venaient  à la  Saint-Jean  et  à 
la  Saint-Martin  payer  les  redevances  dues 
aux  seigneurs.  Le  plus  souvent  les  mau- 
vais payeurs  avaient  soin  d’éviter  l’arbre  ; 


c’est  de  là  qu’est  venu  ce  dicton  : « Atten- 
dez-moi  sous  l’Orme.  » Beaucoup  de  ces 
arbres  subsistent  encore  et  ont  atteint  des 
dimensions  colossales.  L’Orme  de  l’établis- 
sement des  sourds  et  muets,  à Paris,  date 
de  cette  époque.  Il  a 30  mètres  de  hauteur 
et  5 mètres  de  circonférence  au  niveau  du 
sol.  Tous  les  ans  il  est  couvert  de  feuilles, 
et  présente  une  masse  ronde  parfaitement 
régulière  qui,  vue  des  hauteurs  de  Paris,  le 
fait  prendre  pour  un  dôme  des  monuments 
de  la  capitale. 

Mais  les  Ormes  ne  sont  pas  les  seuls  : ils 
ont  des  rivaux  dans  le  Chêne,  le  Platane, 
l’If,  certains  Figuiers,  les  Cèdres,  etc. 

Parmi  les  arbres  les  plus  remarquables, 
on  cite  en  France  le  Chêne  d'Allouville 


-25^2 


QUELQUES  ARBRES  REMARQUABLES. 


(Quercus  pediinculata)  (1),  ea  Norman-  1 
die. 

La  même  espèce  se  remarque  dans  le 
Chêne  de  Monlravail,  près  Sdnles.  Situé  j 
aujourd’hui  dans  un  vieux  manoir,  il  faisait  j 
autrefois  partie  des  forêts  de  la  Saintonge.  j 
Une  salle  de  4 mètres  de  diamètre  sur  j 
3 mètres  de  hauteur  est  pratiquée  dans  l’in-  | 
térieur  de  son  tronc.  Elle  est  complétée  d’un  | 
banc  circulaire  taillé  en  plein  bois,  sur  le- 
quel douze  personnes  peuvent  s’asseoir. 
Enfin,  une  poite  et  une  fenêtre  découpées 
dans  l’écorce  terminent  cette  chambre.  On 
le  dit  âgé  d’environ  2,000  ans.  Mesuré  à 
l’extérieur,  à 1 mètre  de  hauteur,  il  donne 
près  de  7 mètres  de  circonférence;  du  sol 
au-dessous  des  branches,  7 mètres;  hauteur 
totale  de  l’arbre,  20  mètres.  Son  feuillage 
est  tous  les  ans  frais  et  abondant. 

Le  Chêne  d'Antein,  dans  la  forêt  de  Sé- 
nart,  dont  le  feuillage  couvre  27  mètres  car- 
rés, et  aux  branches  duquel,  dit-on,  l’on 
pendait  au  moyen  âge.  Son  tronc  a 5'^  20 
de  circonférence,  et  du  sol  aux  premières 
branches  on  compte  2‘"  50. 

Dans  le  département  du  Var,  l’Orme  de 
Brignolles,  dont  la  célébrité  remonte  au 
XV‘'  siècle.  Dans  l’intérieur  du  tronc,  main- 
tenant muré,  logeait  jadis  une  famille  en- 
tière. Une  de  ses  branches,  ayant  acquis 
beaucoup  de  vigueur,  allait  céder  sous  son 
propre  poids,  lorsque  la  municipalité  du 
lieu  lui  donna  comme  soutien  une  colonne 
en  pierre  haute  de  2 mètres.  Il  peut  encore, 
de  son  ombrage,  couvrir  plus  de  quarante 
personnes. 

Parmi  les  Châtaigniers  se  distingue  celui 
dit  d^Ésau,  en  Dauphiné  : I l à 12  mètres 
de  circonférence  pour  son  tronc  ; à hauteur 
d’homme,  9 mèlr-es,  et  une  hauteur  de 
12  mètres.  Malgré  sa  décrépitude,  il  donne 
tous  les  ans  une  abondante  récolte  de  Châ- 
taignes. 

Dans  l’Indre,  Vif  de  la  Motte-Feuilly, 
dont  le  tronc  mesure  8 mètres  de  tour  et  15 
de  hauteur;  l’ombre  qu’il  porte  a une  éten- 
due de  22  mètres.  C’est  à son  pied  que  vin- 
rent se  reposer,  vers  1500,  des  fatigues  de 
la  cour,  Charlotte  d’Albret  et  Jeanne  de 
France. 

Dans  le  Finistère,  pas  loin  de  la  mer,  le 
Figuier  de  Roscoff  {Ficus  carica),  situé 
dans  le  jardin  dit  enclos  des  Capucins.  Le 
terrain  couvert  par  ses  branches  (environ 
100  mètres  de  circonférence)  peut  contenir 
plusieurs  centaines  de  personnes.  Çà  et  là 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  72. 


des  piliers  en  pierre,  et  même  des  pans  de 
mur,  ont  été  élevés  pour  soutenir  ses  bran- 
ches. Sa  hauteur  est  de  20  mètres,  et  son 
tronc  a 6‘“  50  de  diamètre. 

La  Suisse  offre  de  nombreux  exemples 
d’arbres  monstrueux.  Tous  les  bords  du  lac 
de  Genève  en  sont  parsemés.  Un  des  plus 
visités  par  les  touristes  à cause  de  son  port 
pittoresque  est  le  Châtaignier  de  Neuve- 
Celle,  près  des  eaux  minérales  d’Évian.  Son 
tronc,  à hauteur  d’homme,  mesure  5 mètres 
de  diamètre. 

Non  loin  de  Genève  existe  le  Cèdre  de 
Beaulieu  {Cedrus  Liban!),  planté  en  1735, 
dont  la  hauteur  dépasse  aujourd’hui  30  mè- 
tres. A sa  base,  il  a 5 mètres  de  circonfé- 
rence, et  ses  branches  s’étendent  sur  une 
superficie  de  20  mètres  de  diamètre. 

Sans  quitter  la  Suisse,  notons  encore 
V Érable  de  Irons  {Acer  pseudo-plat  anus), 
dans  le  canton  des  Grisons.  Son  âge  dépasse 
600  ans.  Son  tronc,  qui  a pr  ès  de  10  mètres 
de  tour,  est  soutenu  par  un  mur  et  par  de 
nombreux  cercles  de  fer. 

En  Allemagne,  dans  le  royaume  de  Wur- 
temberg, le  célèbre  Tilleul  de  Neustadt, 
Les  branches  forment  une  circonférence  de 
133  mètres,  et  sont  appuyées  sur  106  co- 
lonnes de  pierre.  Les  deux  principales  por- 
tent les  armoiries  du  duc  Christophe  de 
Wurtemberg,  à la  date  de  1558.  Sur  les 
autres  colonnes  se  lisent  les  noms  de  ceux 
qui  les  ont  fait  élever.  Ce  Tilleul  se  divisait 
en  deux  grosses  branches  : l’une  atteint  une 
longueur  de  35  mètres,  mais  l’autre  fut 
brisée  par  le  vent  en  1773. 

Eu  Sicile,  le  fameux  Châtaignier  de 
VEtna,  aussi  nommé  le  Châtaignier  des 
Cent-Chevaux  {Castagnodi  Cento  Cavalli), 
dont  l’âge  est  indéterminable.  L’on  voyait 
autrefois  une  large  ouverture  dans  son  tronc, 
où  deux  voitures,  dit-on,  pouvaient  passer 
de  front.  Aujourd’hui  s’y  trouve  une  cabane 
avec  un  four  pour  la  cuisson  des  Châtaignes. 
La  base  de  la  tige  mesure  près  de  15  mètres 
de  circonférence  ; sa  hauteur  totale  est  de 
18  mètres. 

L’Asie  n’est  pas  moins  riche  en  végé- 
taux d’une  rare  longévité  : le  Platane  de 
Smgrne  {Platanus  orientcdis)  est  généra- 
lement désigné  comme  un  des  plus  curieux. 
Dans  les  environs  de  Smyrne,  sur  le  bord 
d’une  route,  l’on  voit  ce  vieux  Platane,  dont 
la  base,  partagée  en  deux  parties,  forme 
une  voûte  de  5 mètres  de  hauteur,  sous  la- 
quelle peuvent  passer  facilement  deux  ca- 
valiers. Les  branches  ne  sont  qu’à  7 mètres 
du  sol. 


QUELQUES  ARBRES  REMARQUABLES. 


-253 


Auprès  de  Bosphore  est  situé  le  Platane 
de  Bajucjdéré,  connu  également  sous  le 
nom  de  Platane  de  Godefroy  de  Bouillon, 
parce  qu’on  prétend  que  ce  dernier  s’arrêta 
sous  son  ombrage  avec  son  armée,  en  1097, 
avant  de  continuer  sa  roule  vers  Jérusalem. 
11  a l’aspect  d’un  seul  arbre;  mais,  après 
inspection,  on  reconnaît  qu’il  est  formé  de 
neuf  individus  soudés  entre  eux  et  divisés 
en  trois  groupes.  L’un,  composé  de  deux 
Platanes,  a 11  mètres  de  circonférence, 
l’autre  6,  et  le  dernier,  formé  par  six  troncs 
réunis,  mesure  24  mètres.  Le  premier  et  le 
dernier  groupe  ont  été  creusés  par  le  feu  et 
peuvent  loger  huit  à dix  personnes.  La  hau- 
teur de  ce  massif  d’arbres  est  de  60  mètres  ; 
la  projection  de  la  cime  sur  le  sol  donne 
112  mètres  de  pourtour.  Il  est  âgé  de  plus 
de  600  ans.  Théophile  Gauthier,  qui  l’a  vi- 
sité, l’appelait  à juste  litre  « une  forêt.  » 

Traversons  l’Archipel,  et  nous  rencontre- 
rons encore  un  Platane  : le  Platane  de  Vile 
de  Cos.  Il  s’élève  au  centre  de  la  ville,  et 
est  l’objet  d’un  culte  de  la  part  des  habi- 
tants. Ses  branches,  un  peu  affaissées,  sont 
retenues  par  des  colonnes  de  mar  bre  ou  de 
granit.  La  base  de  son  tronc  a 7 mètres  de 
pourtour  ; elle  est  circonscrite  par  un  mur 
de  2 mètres  de  hauteur.  Les  habitants  y 
viennei)t  chercher  de  la  fraîcheur,  et  puiser 
de  l’eau  à une  fontaine  placée  non  loin  de  là. 

• En  Dalmatie,  au  bord  de  la  mer,  le  Pla- 
tane de  Cannosa  {Platanus  orientalis), 
près  du  village  du  même  nom.  Ses  dimen- 
sions sont  : à 1 mètre  du  sol,  9 mètres  de 
pourtour;  hauteur,  36  mètres.  Une  de  ses 
branches  compte  2“^  80  de  circonférence. 
La  surface  couverte  par  la  cime  est  de 
2 ares,  et  son  âge  de  plus  de  300  ans. 

L’Amérique  et  l’Océanie  nous  montrent 
aussi  des  curiosités.  Au  Brésil,  des  foiêts 
renferment  des  sujets  que  quinze  et  vingt 
hommes  pourraient  à peine  circonscrire  en 
se  donnarït  les  mains.  Un  de  ces  arbres, 
appelé  par  les  Indiens  Jetai  ou  Jutai,  pa- 
rait, d’après  un  calcul  de  M.  Martius,  avoir 
3,000  ans,  et  être  contemporain  d’Homère. 
Humboldt,  dans  son  Voyage  aux  régions 
équinoxiales,  cite  Varhre  géant  de  Guère, 
au  Vénézuela,  appartenant  au  genre  Mi- 
mosa. Cet  arbre  peut  abriter  tout  un  batail- 
lon. Les  Séquoia  de  Californie,  dont  la 
tige,  qui  s’élève  parfois  à plus  de  100  mètres 
présente  un  diamètre  de  10  mètres  et  plus; 
quant  à leur  âge,  il  n’est  pas  connu.  D’après 
des  évaluations  qu’on  a lieu  de  croire  assez 
exactes,  il  est  certains  individus  qui  ont  plus 
de  2,000  ans. 


Dans  l’île  de  Van-Diémen  et  en  Australie, 
des  Eucalyptus  atteignent  100  mètres  et 
plus  de  hauteur,  sur  30  de  circonférence  à 
la  base.  En  1862,  à l’Exposition  de  Londres, 
les  visiteurs  admiraient  une  planche  VEu- 
calypius  de  23  mètres  de  long  sur  3'“  50  de 
large. 

A Nouka-lliva,  Dumont  d’Urville  parle 
d’un  Figuier  dont  le  tronc,  parfaitement  cy- 
lindrique, mesurait  25  mètres  de  circonfé- 
rence à 13  mètres  de  hauteur. 

L’exposé  de  ces  célébrités  végétales  né- 
cessiterait une  place  dont  nous  ne  pouvons 
disposer  dans  cet  article;  aussi,  pour  abré- 
ger, nous  allons  nous  borner  aux  citations, 
pourainsi  dire.  Ainsi,  les  Baobabs  d’Afrique 
{Adansonia  digitata),  dont  Adanson  en 
mesura  un  de  20  mètres  de  diamètre.  En 
Espagne,  dans  le  palais  de  Grenade,  le  Cy- 
près de  la  Sultane,  dont  l’âge  est  évalué  à 
900  ans.  Le  Dragonnier  de  VOrotava  (1), 
dans  l’île  de  Ténérilfe.  En  Écosse , Vif 
de  Fortingall , qui  a plus  de  3,000  ans. 
Vif  de  Foullehec,  dans  l’Eure,  qui,  en 
1822,  devait  être  âgé  de  1,200  ans.  Vif 
d’ Ankerwyke- Housse,  près  de  Staines.  Vif 
du  comté  de  Surrey,  qui  date  de  l’époque 
de  César.  Vif  du  comté  de  Fermanagh, 
en  Irlande,  sous  lequel  deux  cents  personnes 
peuvent  trouver  place.  Parmi  les  Tilleuls, 
le  Tilleul  de  Prilly,  près  de  Lausanne,  âgé 
de  plus  de  700  ans,  et  le  Tilleul  de  Fri- 
bourg, planté  en  1476  pour  célébrer  la  vic- 
toire de  Morat.  Le  Figuier  de  Malabar 
(Ficus  indica),  connu  du  temps  d’Alexan- 
dre-le-Grand,  qui  peut  abriter  une  armée 
de  7,000  hommes.  Le  Figuier  d'Anaraja- 
poura  (Ficus  religiosa),  dans  l’île  de  Cey- 
lan,  qui,  dit-on,  remonte  à l’an  288  avant 
l’ère  chrétienne.  Le  Pin  des  Canaries  (Pinus 
canariensis) , dans  le  district  de  Teror,  dont 
les  branches  soutiennent  le  beffroi  d’une 
petite  chapelle, qui  y est  adossée.  Le  Châ- 
taignier de  Robinson,  à Sceaux.  VOrme 
d’Abbeville,  dans  la  Somme.  Le  Chêne  de 
Villeneuve,  dans  le  Morbihan.  Le  Bouquet- 
du-Roi  et  le  Gros-Fouteau,  dans  la  forêt 
de  Fontainebleau.  Le  Uiêne  du  départ, 
dans  la  Charente- Inféiieure.  Enfin  les 
Chênes  dWuteuil,  au  bois  de  Boulogne, 
qui,  au  nombre  de  cinq,  faisaient  l’admira- 
tion des  promeneurs  avant  nos  derniers  dé- 
sastres. Ils  mesuraient  plus  de  5 mètres  de 
circonférence,  et  étaient  âgés  d’au  moins 
1,000  ans.  C’est  sous  leur  ombrage  que,  à 
une  époque  assez  rapprochée,  lorsque  le 

(1)  V.  Revue  horticole,  1869,  p.  416. 


254 


(JUILLA.IA  SAPOXARIA 


bois  de  Boulogne  était  un  véritable  bois,  — 
presque  une  forêt,  — Béranger  allait  s’as- 
seoir.. Malgré  les  troncs  coupés  qui  subsistent 
encore  aujourd’hui  (1),  ils  ne  resteront  pas 
naoins  gravés  dans  la  mémoire  des  hommes. 


car  leur  mort  a été  glorieuse.  Horace  l’a 
dit  : 

((  Duke  et  \decorum  est  pro  pair  la  mort, 

11  est  doux  et  glorieux  de  mourir  pour  la  patrie. 

F.  B.vpjllet. 


UUILLAJA 

Cette  espèce,  dont  l’usage  économique  est 
aujourd’hui  si  répandu,  est,  pour  cette  rai- 
son, connue  à peu  près  de  tout  le  monde 
sous  le  nom  de  hois  de  Panam  a , non 
qu’elle  soit  originaire  de  cette  partie  de 
l’Amérique,  mais  parce  que,  pendant  très- 
longtemps,  pour  arriver  en  Europe,  c’était 
exclusivement  par  là  qu’elle  passait.  N’étant 
point  connue  scientifiquement,  on  la  dési- 
gnait dans  le  commerce  par  le  nom  de  l’en- 


droit d’où  elle  était  expédiée,  qui  en  était 
comme  l’entrepôt  général.  C’est  du  reste  ce 
qui  a lieu  encore  pour  beaucoup  d’autres  bois 
exotiques  employés  soit  pour  la  teinture, 
soit  pour  l’ébénisterie  ; en  effet,  un  très- 
grand  nombre  nous  arrivent  en  France  sous 
le  nom  du  pays  ou  de  la  localité  où  a eu  lieu 
rembarquement.  Le  principe  saponifiant, 
pour  lequel  cette  espèce  est  exclusivement 

(1)  On  sait  en  effet  que  ces  Chênes  furent  abat- 
tus en  1870  p our  la  défense  de  Paris. 


SAPONARIA 

recherchée,  réside  dans  l’écorce;  il  suffit, 
pour  qu’il  se  développe,  de  faire  bouillir 
celle-ci;  mais  aujourd’hui  l’on  fait  plus,  et 
l’industrie  a trouvé  le  moyen  d’extraire  ce 
principe  et  de  le  combiner  avec  d’autres  ma- 
tières grasses  pour  en  faire  un  savon  dit  au 
hois  de  Panama.  Nous  ne  nous  étendrons 
pas  sur  ces  détails  industriels  qui,  d’une 
autre  part,  regardent  particulièrement  les 
ménagères. 

Les  Quillaja  appartiennent 
à la  famille  des  Rosacées;  ce 
sont  des  arbres  de  l’Amé- 
rique méridionale  : le  Chili 
est  presque  la  seule  partie  où 
on  les  rencontre.  Des  trois 
espèces  connues,  deux  habi- 
tent le  Chili  ; ce  sont  : le  Q. 
saponaria,  Molina,  fig.  27, 
et  le  Q.  p)^tiolaris,  Don.  ; la 
troisième,  le  Q.  lancifolia, 
Don.,  se  trouve  au  Pérou,  On 
a décrit  une  autre  espèce 
également  chilienne,  le  Q. 
smegmadermos^  mais  il  pa- 
raît y avoir  des  doutes  sur  sa 
valeur  spécifique.  L’espèce 
qui  est  de  beaucoup  la  plus 
importante,  par  le  commerce 
auquel  elle  donne  lieu,  est 
celle  que  nous  représentons, 
le  Q.  saponaria , et  dont 
voici  les  principaux  carac- 
tères. 

Arbre  atteignant  environ 
10  mètres  de  hauteur,  peu  ra- 
mifié, à feuilles  persistantes, 
simples,  coriaces,  alternes,  elliptiques,  ob- 
tuses ou  légèrement  aiguës,  entières  ou 
émarginées  - dentées.  Fleurs  régulières, 
blanches,  d’environ  12  millimètres  de  lar- 
geur, disposées  en  sortes  de  petits  corymbes. 
Calyce  blanchâtre  par  la  villosité;  pétales 
ovales-elliptiques,  un  peu  plus  grands  que 
les  sépales;  étamines  à filaments  cylin- 
driques, à anthères  oblongues  arrondies. 
Fruit  tomenteux,  composé  de  5 capsules  ou 
gousses,  divergeant  en  étoile. 

Le  Q.  saponaria  est  commun  dans  les 


EXPOSITION  INTERNATIONALE  DE  GAND. 


255 


vallées  boisées  et  sur  les  rochers  de  Los 
Horiios,  entre  les3|c et 38c degrés  de  latitude, 
où  il  s’élève  jusque  G, 540  pieds  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer.  Son  bois  dur,  résis- 
tant, est,  au  Chili,  très-recherché  pour  les 
constructions,  et  surtout  pour  les  mines,  où 
on  l’emploie  très-fréquemment  comme  pi- 
liers pour  soutenir  les  terres  ; il  se  conserve 
très-longtemps,  soit  à l’air,  soit  en  terre. 
Mais,  nous  le  répétons,  la  qualité  la  plus 
précieuse  que  présente  cet  arbre  réside  dans 
la  propriété  saponifiante  que  contient  son 
écorce  et  qui,  dit-on,  est  supérieure  à celle 
des  meilleurs  savons,  surtout  pour  nettoyer 
les  laines,  auxquelles  même  elle  donne  un 
brillant  qu’elles  n’acquerraient  pas  avec  du 
savon  ordinaire.  Le  savon  « au  bois  de  Pa- 
nama » jouit,  assure-t-on,  des  mêmes  pro- 
priétés. Aussi  l’écorce  du  Quülaja  fait-elle 
l’objet  d’un  commerce  important  au  Chili, 
pour  lequel  elle  est  un  revenu  assez  consi- 
dérable, et  où  l’on  en  fait  aussi  un  fréquent 
emploi.  D’après  M.  Cl.  Gay  {Flor.  du  Chili, 
Botan.,  vol.  II,  p.  275),  les  Chiliens  et  les 
Indiens  font  des  décoctions  d’écorce  de  Qîiil- 
laja  pour  se  laver  et  nettoyer  la  tête,  et  l’on 
croit  généralement  que  la  belle  chevelure 
brillante  des  Chiliens  et  des  Araucaniens  est 
due  aux  nombreux  lavages  qu’ils  font  de’leur 
chevelure  avec  de  l’eau  dans  laquelle  ils  ont 
fait  infuser  de  l’écorce  de  Quillaja  sapona- 
ria . 


Celte  espèce  est-elle  la  seule  du  genre 
qui  possède  des  propriétés  saponifiantes? 
Nous  ne  le  pensons  pas,  et  sommes  même 
disposé  à croire  que  cette  qualité  est  propre 
à toutes,  cela  d’autant  plus  que  les  diffé- 
rences entre  chacune  de  ces  espèces  ne  sont 
pas  très-grandes,  puisque  certains  botanistes 
les  considèrent  comme  de  simples  formes 
d’un  type  commun.  Peut  être  même  ces 
propriétés  se  trouvent-elles  à un  degré  plus 
ou  moins  développé  dans  les  Kageneckia, 
plantes  également  indigènes  au  Chili  et  au 
Pérou,  dont  les  caractères  ont  beaucoup 
d’analogie  avec  ceux  que  présentent  les  vé- 
ritables Quillaja.  Ce  n’est  là  toutefois  qu’une 
hypothèse  que  nous  émettons. 

Mais,  quoi  qu’il  en  soit,  les  Quillaja  (le 
Q.  saponaria  surtout)  sont  des  plantes  qui 
méritent  de  fixer  notre  attention  à cause 
des  propriétés  qu’elles  possèdent,  cela  d’au- 
tant plus  que  l’élévation  suprà-marine  où 
elles  croissent  peut  faire  supposer  qu’on 
pourrait  les  cultiver  dans  certaines  parties 
de  la  France  ou  au  moins  de  l’Algérie,  où 
peut-être  elles  deviendraient  un  important 
objet  de  commerce.  Nous  appelons  sur  ce 
point  l’attention  des  personnes  que  leur  po- 
sition ou  leurs  relations  mettraient  à même 
de  se  procurer  des  graines  de  ces  arbres. 

E.-A.  Carrière. 


EXPOSITION  INTERNATIONALE  DE  GAND 

(30  MARS  — G AVRIL  1873) 


Notre  honorable  rédacteur  en  chef  n’ayant 
pu  se  rendre  aux  fêtes  florales  de  Gand, 
nous  a prié  de  rédiger  pour  la  Revue  horti- 
cole un  compte-rendu  abrégé  de  cette  ma- 
gnifique exposition,  que  nous  essaierons  de 
faire  connaître  à nos  lecteurs. 

Toutes  les  notabilités  de  l’horticulture  et 
de  la  science  s’étaient  donné  rendez-vous 
à cette  fête,  soit  en  qualité  de  juges  ou  de 
simples  curieux.  Grâce  aux  soins  des  com- 
missaires, les  salles  étaient  merveilleuse- 
ment décorées,  et  les  groupes  de  plantes  et 
de  fleurs  disposés  de  façon  à produire  tout 
l’effet  désirable,  en  laissant  à la  fois  aux  visi- 
teurs la  facilité  de  bien  voir  tous  les  produits 
horticoles. 

Dans  la  grande  salle  le  coup  d’œil  était 
féerique  ; l’immense  et  splendide  groupe  des 
Azalées  du  centre  était  légèrement  pavoisé 
par  les  superbes  frondes  des  Palmiers  de 
1 établissement  Linden.  On  rencontrait  à 


droite  et  à gauche  des  massifs  très-variés 
de  plantes  fleuries  et  de  plantes  ornemen- 
tales sorties  des  établissements  de  MM.  Dal- 
lière,  J.  Verschaffelt,  F.  Spae  et  Glym, 
d’Utrecht. 

Le  lot  colossal  de  Gamellias  appartenant 
à M.  Vandermale  trônait  dans  la  grande  an- 
nexe; venaient  ensuite  les  lots  de  MM.  Beau- 
carne  et  Cam,  de  M.  de  Goster  (D>'  prix), 
suivis  de  près  par  ceux  de  MM.  J.  Vervaëne 
et  J.  Van  Eechhaute. 

La  serre  chaude  abritait  les  plantes  les 
plus  délicates.  Les  Broméliacées  placées  à 
l’entrée  auraient  encore,  si  c’était  possible, 
ajouté  à la  réputation  de  MM.  Van  Houtte, 
Gloner,  Van  (feert  et  Beaucarne.  On  dis- 
tinguait l’admirable  port  des  Nidularia 
innocenti,  Enchilirion  variés,  Vriesia 
Glaiziouana,  splendens,  Pitcairnea  tahu- 
lœformis  et  Tillandsia  tessellata. 

Quant  aux  Marantas,  les  anciennes  varié- 


256 


CULTURE  DES  BAMBOUS  AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  SPÉCULATION. 


tés,  telles  que  M.  Veitdii,  illustris,  roseo 
picta  et  majestica,  triomphaient  avec  leurs 
propriétaires  bien  connus;  est-il  besoin  de 
citer  M.  de  Gellinck  de  Walle,  Le- 

grelle  d’Hanis,  qui  ne  se  lassent  jamais  de 
leurs  succès,  d’ailleurs  bien  mérités? 

Les  Caladiums  de  M.  Van  Houtte  étaient 
fort  beaux;  ses  semis  méritent  des  éloges; 
ils  ne  valent  pas  cependant  les  adnnrables 
produits  d’un  amateur  français  bien  connu 
(j’ai  nommé  M.  Bleu),  qui,  encore  celte 
année,  a donné  des  preuves  de  son  merveil- 
leux talent  et  de  sa  persévérance.  Tout  le 
monde,  en  mai  dernier,  admirait  au  Palais- 
de-l’Industrie,  à l’exposition  de  notre  So- 
ciété d’horticulture,  ses  magnifiques  gains 
d’un  coloris  nouveau,  qui  porteront  les  noms 
de  il/'»®  Marne  et  de  il/'®®  de  la  Devansaye. 

A part  les  lots  de  M.  Linden,  de  M®i®  Le- 
grelle  et  de  M.  Beaucarne,  les  Orchidées 
exposées  prouvaient  que  celte  cultuie,  si 
populaire  en  Angleterre,  est  négligée  en 
Belgique.  A côté  de  ces  reines  des  petites 
serres  chaudes,  on  rencontrait  les  Nepe72tkes 
de  M.  Van  Houtte,  plantes  bien  cultivées, 
chose  rare  et  cependant  très-facile;  nous 
comptons  bien  faire  part  un  jour  à nos  lec- 
teurs de  la  méthode  que  nous  suivons  pour 
la  culture  de  ces  bijoux,  qui  ne  méritent 
point  la  réputation  de  « plantes  difliciles  » 
qu’on  leur  fait. 

Les  plantes  nouvelles  tenaient  une  large 
place  au  milieu  de  nos  vieilles  connais- 
sances d’autrefois.  Qui  n’a  pas  admiré  le 
Phyllotœniuyn  Lindeni  et  le  Curmeria 
picturata  de  M.  Linden,  le  Dracœna  Glo- 
neri,  un  Zamia  corallipes  et  le  Marattia 
Cooperi?  M.  Gloner  a remporté  le  l®*"  prix 
de  ce  groupe. 

Les  Palmiers  nouveaux  ont  encore  été  un 
triomphe  pourM.  Gloner  ; citons  au  hasard 
Oncospermum  Van  Houtieamim , Gla- 
ziora  insignis , Piychosperma  rupicola 
et  PritcharUia  fdifera,  rêve  des  riches 
amateurs.  Les  variétés  anciennes,  admira- 
blement représentées,  faisaient  honneur  aux 
serres  de  MM.  Linden  et  Van  Houtte.  N’ou- 
blions pas  la  collection  de  M'"®  Legrelle 

CULTURE  D] 

AU  POINT  DE  VUE  I 

A celui  qui,  il  y a seulement  un  demi- 
siècle,  aurait  dit  qu’il  viendrait  un  jour  où 
les  Bambous,  en  France,  pourraient  être  cul- 
tivés pour  l’industrie,  on  eût  certainement 
« ri  au  nez,  » en  considérant  la  chose  comme 


d’Hanis,  où  figuraient  un  très-beau  Cocos 
Weddeliana  et  un  Arenga  saccliarifera 
énorme.  M.  le  comte  de  Kerckove  avait  en- 
voyé son  superbii  Ceroxylon  andicola  et 
son  Pritchardia  pacifica. 

Les  Gycadées  rivalisaient  avec  succès  près 
des  Palmiers.  Tous  les  amateurs  ont  vu  ou 
connaissent  la  réputation  des  colleclions  en 
ce  genre  de  MM.  Ghellinck  de  Walle  et 
J.  Verschaffelt. 

Les  Dracænas  etles  Aroïdéesont  excité  une 
véritable  émotion  parmi  h’s  heureux  vi.'-ifeurs 
de  ces  merveilles  du  monde  végétal.  Nous 
devons  aussi  donner  une  mention  toute  spé- 
ciale aux  Amaryllis  et  aux  Gesnériacées  de 
M.  Van  Houtte,  qui  excelle  en  ce  genre,  au 
moyen  de  sa  fécondation  artificielle. 

Mais,  ainsi  qu’on  doit  le  comprendre, 
quelle  que  soit  l’étendue  des  détails  dans 
lesquels  nous  entrerions  au  sujet  de  celte 
exposition,  c’est  à peine  si  nous  pourrions 
en  donner  une  idée  à ceux  qui  ne  l’ont  pas 
vue;  aussi  croyons-nous  devoir  nous  arrêter 
en  constatant  le  succès  immense  de  celte 
exposition,  qui,  une  fois  de  plus,  prouve  la 
supériorité  des  horticulteurs  et  amateurs 
belges,  qui,  disons-le,  du  reste,  ont  triom- 
phé facilement  et  sans  lutte,  les  étrangers,  à 
part  de  très-rares  exceptions,  n’ayant  pas 
osé  se  mesurer  à de  pareils  cham[)ions. 

Puisse  cependant  ce  succès  si  bien  mérité 
ne  pas  trop  enorgueillir  nos  voisins  qui,  soit 
dit  en  passant,  profitent  un  peu  trop  de  leur 
monopole  en  répandant  d.ms  le  monde  hor- 
ticole des  catalogues  où  figurent  des  prix  de 
fantaisie,  souvent  peu  en  rapport  avec  la 
qualité  de  la  marchandise  offerte.  Que  les 
heureux  possesseurs  de  ces  belles  curiosités 
prennent  garde  qu’un  jour  vienne  où  l’on 
se  contentera  d’aller  purement  et  simple- 
ment admirer  leurs  expositions  de  fleurs  et 
de  plantes,  qui  excitent  des  déj«irs  qui  ne 
seront  jamais  satisfaits,  faute  d’une  mine 
assez  riche  pour  fournir  l’or  destiné  à payer 
le  prix  d’un  marché  qui,  alors,  devient  une 
folie. 

Alphonse 

Amateur. 

iS  BAMBOUS 

)E  LA  SPÉCULATION 

impossible;  pourtant  le  fait,  aujourd’hui,  est 
à peu  près  hors  de  doute.  A qui  doit-on  ce 
résultat?  A quelques  personnes  qui,  sur 
différents  points  de  la  France,  ont  fait  des 
essais.  Toutefois,  il  faut  convenir  qu’à  ce 


257 


CULTURE  DES  BAMBOUS  AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  SPÉCULATION. 


point  de  vue  cette  culture  sera  toujours 
restreinte  et  limiléeà  certaines  localités  seu- 
lement, ce  qui  n’est  pas  une  raison  pour  ne 
pas  lu  taire  là  où  elle  est  possible,  et  même 
pour  ne  pas  la  tenter  ailleurs. 

D’une  autre  part  aussi,  il  faut  reconnaître 
que  juscju’à  ce  jour  un  petit  nombre  d’es- 
pèces seulement  paraissent  propres  à cette 
culture  ; ce  soi\l\es  Bamhusa  mitis,  aurea, 
viriclûjlaucescens  et  nigra.  Parmi  celles 
qui  ne  nous  sont  pas  encore  suffisamment 
connues,  mais  qui  pourtant  semblent  pré- 
senter des  caractères  favorables,  nous  pou- 
vons citer  les  B.  Qiiilloi,  flexuosa^  et  tout 
particulièrement  'e  B.  Toutefois, 

sous  ce  rapport  on  ne  peut  émettre  que  des 
hypothèses;  il  peut  même  arriver  qu’une 
espèce  qui  présente  des  avantages  dans 
cei  taines  localités  n’en  donne  que  de  mé- 
diocres dans  d’autres,  bien  que  les  condi- 
tions de  sol  et  de  climat  paraissent  être  si- 
non indentiques,  du  moins  très-analogues. 
Sous  ces  dilTérents  rapports,  la  pratique  est 
le  seul  guide  qui  permet  de  se  prononcer 
avec  certitude,  car  il  ne  faut  pas  oublier, 
lorsqu’il  s’agit  d’essais,  que  le  grand  maître 
c’est  l’expérience  : ((  Expérience  passe 
science  » dit  un  vieux  proverbe.  C’est  vrai. 

Aux  expèces  citées  comme  pouvant  pré- 
senter de  l’avantage  au  point  de  vue  de 
l’exploitation,  nous  pouvons  ajouter  VArun- 
dinaria  falcata,  qui  dans  certaines  parties 
de  la  France  peut  fournir  des  tiges  an- 
nuelles de  6 mètres  et  plus  de  hauteur  (1)  ; 
mais  elle  est  sensible  au  froid  sous  le  climat 
de  Paris,  où  chaque  année  les  tiges  gèlent, 
tandis  que  les  espèces  énumérées  en  tète  de 
cet  article  y résistent  parfaitement.  Nous 
pouvons  encore  citer,  comme  très-rustiques 
et  supportant  les  hivers  du  centre  et  même 
du  nord  de  la  France,  les  B.  Simonii  et 
Metake,  mais  ils  ne  s’élèvent  pas  assez  ; en 
revanche  on  peut  les  utiliser  avec  avantage 
pour  fixer  les  sols  en  pente,  peut-être  même 
pourrait-on  le  faire  pour  les  dunes,  ce  à 
quoi  les  rend  particulièrement  propres  leur 
propriété  drageonnante  qui,  chez  le  B.  Si- 
monii,  est  excessive.  Bien  qu’il  soit  hors 
de  doute  que  tous  ces  Bambous  peuvent 
être  cultivés  pour  l’exploitation  avec  plus 
ou  moins  d’avantage,  suivant  les  espèces,  il 
faut  reconnaître  que,  en  France,  on  ne 
pourra  guère  tenter  cette  spéculation  que 
dans  quelques  parties  seulement  que  l’ave- 

(1)  C’est  ce  qui  a lieu  chez  M.  Ilerpin  de  Frémont, 
à Brix,  près  Cherbourg,  où  celte  espèce  pourrait 
- même  devenir  l'objet  d’une  spéculation.  Déjà,  là, 
ses  tiges  sont  employées  pour  fournir  des  tuteui  s. 


nir  seul,  c’est-à-dire  l’expérience,  pourra 
faire  connaître  : le  Sud-Ouest,  l’Ouest  peut- 
être  (surtout  le  littoral),  certaines  parties 
du  Midi  pourront  aussi  être  favorables  à 
celte  culture.  Quoi  qu’il  en  soit,  nous  allons 
indiquer  les  principales  conditions  dans  les- 
quelles on  pourra  la  tenter. 

Climat^  sol.  — Les  espèces  de  Bambous 
(à  part  V Arundinaria  falcata)  ne  redou- 
tent guère  le  froid  ; mais  ce  qui  paraît  leur 
être  très-favorable,  c’est  une  température 
chaude  l’été,  mais  surtout  d’être  plantés 
dans  un  bon  sol  et  fortement  arrosés.  Nous 
en  avons  la  preuve  par  ce  qu’on  voit  à 
Anduze  (Gard),  chez  M.  Mazel,  dont  plu- 
sieurs fuis  déjà  il  a été  question  dans  ce 
recueil.  Là,  en  effet,  où  pourtant  le  ther- 
momètre s’abaisse  parfois  l’hiver  jusqu’à 
20  degrés  et  même  plus  au-dessous  de  zéro, 
non  seulement  les  Bambous  ne  souffrent 
pas , mais  ils  acquièrent  des  dimensions 
considérables,  colossales,  pourrait-on  dire, 
comme  l’on  n’en  connaît  pas  d’exemple 
en  France,  et  qui  jusqu’à  un  certain  point 
peuvent  être  comparées  avec  celles  qu’on 
rencontre  au  Japon.  Toutefois,  nous  de- 
vons dire  que  là  aussi  les  conditions  sont 
exceptionnelles  : chaleur  considérable  l’été, 
de  l’eau  en  abondance  qui  permet  d’irriguer 
à volonté,  et  par-dessus  tout  un  sol  d’allu- 
vion  des  plus  riches,  ce  qui  est  un  des 
points  les  plus  importants  ; ajoutons  encore 
que  l’endroit  où  se  trouve  la  propriété  de 
M.  Mazel  est  abrité  de  presque  tous 
les  côtés  d’où  les  vents  pourraient  être 
nuisibles  à la  végétation.  Dans  ces  condi- 
tions, certaines  espècesde  Bambous  (le  mitis 
par  exemple),  donnent  des  bourgeons  qui 
atteignent  12  à 16  mètres  de  hauteur  sur 
6 à 8 centimètres  de  diamètre.  Ainsi,  cette 
année,  M.  Mazel  a pu  couper  plus  d’uN  cent 
de  liges  de  Bambous  ayant  à peu  près  la 
dimension  que  nous  venons  d’indiquer. 

Culture.  — Nous  venons  de  dire  qu’un 
sol  riche,  assez  profond  et  consistant,  était 
indispensable  pour  que  les  Bambous  puissent 
se  développer  vigoureusement;  ajoutons  que 
ces  plantes  sont  avides  d’engrais  et  que,  bien 
qu’elles  puissent  vivre  dans  les  sols  les  plus 
pauvres,  ce  n’est  que  dans  les  sols  riches 
qu’elles  peuvent  atteindre  des  dimensions 
assez  considérables  pour  pouvoir  être  ex- 
ploitées avec  quelque  avantage,  à moins 
toutefois  qu'elles  soient  placées  dans  des  con- 
ditions exceptionnelles  de  chaleur  et  d’humi- 
dité, comme  par  exemple  le  long  des  cours 
d’eau  du  Midi  où,  peut-être,  les  Bambous 
pourraient,  avec  avantage,  remplacer  la 


258 


CULTURE  DES  BAMBOUS  AU  POINT  DE  ^ UE  DS  LA  SPÉCULATION. 


Canne  de  Provence  {Arundo  donax).  Il 
sera  donc  très-bon,  lorsque  la  chose  sera 
possible,  de  labourer  et  fumer  le  sol  laissé 
libre  entre  les  plantes,  et,  lorsque  la  chose 
ne  pourra  se  faire,  on  se  trouvera  très-bien 
de  fumer  en  couverture  (1). 

Usage.  — Les  Bambous  peuvent  être 
cultivés  à trois  points  de  vue  : comme 

objet  d’ornementation;  comme  soutien 
pour  fixer  les  sols  en  pente;  3®  comme  pro- 
duit industriel,  c’est-à-dire  au  point  de  vue 
de  l’exploitation. 

Pour  y ornementation , on  choisit  les  es- 
pèces les  plus  jolies,  ou  qui  présentent  cer- 
tains avantages  particuliers  que  nous  ne 
pouvons  préciser,  puisque  c’est  une  affaire 
de  goût. 

Gomme  moyen  de  fixer  les  terres,  on 
prend  les  espèces  les  plus  vigoureuses,  les 
moins  délicates  et  surtout  les  plus  traçantes; 
on  a donc  le  choix  entre  les  Damhusa  Si- 
monii,  Metalie,  viridiglaucescens,  violas- 
cens  et  nigra.  C’est  une  question  d’appro- 
priation en  rapport  avec  le  but,  et  surtout 
avec  le  sol  et  les  conditions  dans  lesquelles 
on  se  trouve  placé. 

Comme  produitindustriel,  on  devra  choisir 
les  espèces  vigoureuses,  qui  donnent  les 
plus  belles  « Cannes  »,  ce  qui  dépend  en- 
core de  la  nature  des  conditions  dans  les- 
quelles on  se  trouve. 

Exploitation.  — Les  espèces  ayant  été 
choisies  en  raison  de  leur  plus  grande  vi- 
gueur, de  manière  à obtenir  des  bourgeons 
vigoureux,  les  plus  longs  et  les  plus  gros 
possibles,  reste  l’exploitation,  qui  doit  être 
faite  de  manière  à obtenir  la  plus  grande 
quantité  de  produits,  ce  qui  est  un  peu  su- 
bordonné au  but  que  l’on  se  propose  d’at- 
teindre, qu’on  ne  peut  toutefois  apprécier 
qu’en  se  rendant  bien  compte  de  la  végé- 
tation des  Bambous,  et  dont  nous  allons 
dire  quelques  mots. 

Comme  la  plupart  des  végétaux  monoco- 
tylédonés,  les  Bambous  atteignent  tout  leur 
développement  la  première  année,|et  même 
en  une  seule  fois,  dans  l’intervalle  de  six 
semaines  à deux  mois.  Après  ce  temps  et 

(t)  On  nomme  fumer  en  couverture  l'opération 
qui  consiste  à répandre  sur  le  sol,  oii  on  le  laisse 
ensuite  sans  l’enterrer,  une  couche  de  fumier  qui, 
en  même  temps  qu’elle  protège  les  plantes,  leur 
procure,  par  sa  décomposition,  la  noun  ifure  dont 
elles  ont  besoin.  Ce  mode  de  fumure,  qui  s’emploie 
surtout  pour  les  prairies  artificielles  ou  môme  na- 
turelles, est,  dans  la  grande  culture,  ce  que  le  ter- 
reautage est,  soit  à la  petite  culture,  soit  à l’horti- 
culture. (Carrière,  Encyclopédie  horticole,  article 
Fumer.) 


les  années  suivantes,  si  on  laisse  les  tiges, 
celles-ci  n’acquerrent  ni  grosseur  ni  éléva- 
tion ; les  ramifications  seules  s’allongent  un 
peu  chaque  année,  tout  en  se  multipliant. 
Mais  si  elles  ne  s’accroissent  pas,  ces  tiges 
prennent  énormément  de  solidité  et  de  du- 
reté, et,  pour  les  espèces  colorées  la  couleur 
devient  plus  intense;  c’est  ce  qui  a lieu  pour 
le  B.  nigra  par  exemple.  Mais  d’une  autre 
part,  il  y a une  considération  dont  il  faut 
, tenir  un  très-grand  compte  : c’est  la  pro- 
duction ultérieure  des  souches  qui  se  trouve 
liée  à celle  du  moment.  En  effet,  plus  celle- 
ci  reste  et  absorbe,  plus  celle-là  sera  com- 
promise. C’est  donc  une  question  d’évalua- 
! tion  qui,  cette  foisencore,  dépend  un  peu  du 
' but  et  des  conditions  dans  lesquelles  on  se 
I trouve.  Toutefois,  il  paraît  y avoir  une 
moyenne  qui  réunit  tous  les  avantages  : c’est 
trois  ans,  limite  adoptée  en  Chine,  où  les 
Bambous  sont  l’objet  de  cultures  raisonnées 
I et  bien  appropriées,  et  soumises,  d’après  ce 
I que  nous  a dit  M.  Eugène  Simon,  consul  de 
France  en  Chine,  à des  coupes  réglées,  ab- 
j solument  comme  le  sont  les  forêts  en  Europe, 

I dont  les  cultures  peuvent  être  regardées 
1 comme  l’équivalent.  Ceci  reconnu,  il  reste 
I encore  une  autre  question  dont  la  solution 
n’est  pas  sans  importance  : celle  de  savoir  s’il 
y a un  avantage  d’exploiter  en  une  seule 
fois,  tous  les  trois  ans  par  exemple,  c’est-à- 
dire  de  faire  une  coupe  réglée  ou  à blanc, 

I ou  bien  s’il  ne  serait  pas  préférable  de  pra- 
j tiquer  l’exploitation  dite  « en  jardinant,  » 

I qui  consiste  à enlever  chaque  année,  çà  et  là, 
les  tiges  qu’on  reconnaît  être  suffisamment 
mûres,  qui  ont  acquis  tout  leur  développe- 
ment ou  qui  gênent  à certaines  autres  dont 
elles  arrêtent  la  croissance.  Ce  sont  là  des 
questions  que  l’expérience  seule  peut  ré- 
soudre et  sur  lesquelles  nous  ne  pouvons 
qu’appeler  l’attention. 

Quant  aux  différents  usages  auxquels  on 
peut  employer  les  tiges  de  Bambous,  ils  sont 
nombreux,  et  augmenteraient  certainement 
beaucoup  si  l’on  pouvait  en  livrer  une  grande 
quantité  au  commerce.  On  pourrait  en  con- 
fectionner des  objets  rustiques  à l’usage  des 
jardins  ou  des  salons,  tels  que  chaises,  fau- 
teuils, jardinières,  berceaux,  kiosques;  et 
j même,  — nous  ne  sommes  pas  éloigné  de 
' le  croire  — les  employer  comme  conduites 
I d’eau,  ainsi  que  cela  a lieu  en  Chine  et  au 
I Japon,  ce  à quoi  ces  tiges  sont  d’autant  plus 
I propres  que,  indépendamment  qu’elles  sont 
I très-résistantes  et  très-solides,  elles  sont  d’une 
I durée  presque  indéfinie,  ce  qui  s’explique  par 
I latrès-grande  quantité  de  silice  qu’elles  con- 


LEPTOSIPHON  ROSEUS.  — PAULOWNIA  ROSEUS. 


tiennent.  Quant  aux  tiges  qui,  à cause  de 
leurs  faibles  dimensions,  ne  pourraient  être 
employées  dans  l’industrie,  on  pourrait  en 
faire  des  tuteurs  qui,  indépendamment  qu’ils 
sont  très-propres  et  s’harmonisent  bien  avec 


les  végétaux,  ont  l’avantage  detre très-solides 
et  de  mieux  résister  que  n’importe  quelle 
essence  à une  humidité  continuelle,  qui  est 
la  condition  dans  laquelle  se  trouvent  à peu 
près  tous  les  tuteurs.  E.-A.  Carrier  . 


LEPTOSIPHON  ROSEUS 


Dans  un  de  ses  derniers  catalogues, 
M.  Van  Houtte  dit,  en  parlant  du  Leptosi- 
phon  roseus  : 

((  Une  des  introductions  les  plus  jolies  du 
moment.  Ses  fleurs,  d’un  rose  très-tendre, 
plus  grandes  que  celles  du  Leptosiplion  au- 
reiis , sont  disposées  en  corymbes  et  se 
succèdent  pendant  des  semaines.  » 

Je  n’ai  rien  à retrancher  de  cette  descrip- 
tion, qui,  loin  de  surfaire  la  petite  plante, 
ne  laisse  pas,  à mon  avis,  supposer  tout  le 
mérite  qu’elle  a réellement. 

J’en  ai  reçu  des  graines  dans  le  courant 
de  l’hiver  de  1871-72,  de  M.  Thomson, 
d’Ipswich,  qui,  en  m’adressant  ce  cadeau, 
me  recommandait  le  nouveau  Leptosiplion 
comme  tout  à fait  digne  d’intérêt.  Ces 
graines  m’ont  donné  des  plantes  qui  ont 
justifié  de  tous  points  les  dires  de  M.  Thom- 
son, et  qui  ont  si  bien  réussi  qu’elles  se  sont 
ressemées  toutes  seules.  J’ai  en  ce  moment 
quantité  d’échantillons  de  la  plus  belle  ve- 
nue qui  ont  poussé  au  hasard  dans  le  jardin, 
et  dont  on  n’a  pour  ainsi  dire  pas  eu  à s’oc- 
cuper. Leur  floraison,  commencée  à la  fin 
d’avril,  se  continue  encore  aujourd’hui 
(5  juin)  et  ne  paraît  même  pas  près  d’at- 
teindre son  terme.  Les  plantes  disparaissent 


littéralement  sous  une  nappe  de  fleurs  qui 
se  renouvelle  chaque  matin. 

Le  port  du  L.  roseus  est  semblable  à ce- 
lui de  ses  congénères  : plante  basse,  cespi- 
teuse,  étalée  en  gazon  sur  le  sol,  à feuillage 
hérissonné,  d’un  vert  un  peu  gris.  Les  Heurs, 
toujours  très-nombreuses,  ont  la  corolle  lon- 
guement tubuleuse  ; leur  linrjbe  rotacé,  bien 
ouvei  t,  laige  de  12  à 13  millimètres,  est  du 
[)liis  j(,li  rose  carmin  qui  se  puisse  imaginer; 
ail  centre,  une  petite  macule  jaune  qui  fait 
le  tour  (le  la  gorge  relève  encore  cette  teinte 
brillante.  l\)ur  la  libéralité  de  la  floraison, 
la  beauté  du  coloris,  la  gentillesse,  la  rusti- 
cité, je  ne  connais  guère  de  plantes  de  par- 
terre qui  puissent  entrer  en  lice  avec  celle- 
ci.  Elle  vient  si  facilement,  que  je  ne  serais 
point  du  tout  surpris  qu’elle  se  naturalisât 
à Collioure,  comme  d’autres  plantes  exo- 
tiques que  j’y  ai  trouvées;  j’y  aiderai  peut- 
être. 

Je  ne  l’ai  encore  vu  citer  dans  aucun  ca- 
talogue d’horticulteur,  sauf  celui  de  M.  Van 
Houtte,  ainsi  que  je  l’ai  dit  en  commençant. 
C’est  donc  à lui  ou  à M.  Thomson  que  de- 
vront s’adresser  ceux  qui  voudraient  en 
avoir  des  graines. 

A’ AUBIN. 


PAULOWNIA  IMPERIALIS 


Le  Paulownia  n’est  pas  seulement  l’un 
des  plus  jolis  arbres  d’ornement  par  l’abon- 
dance, la  belle  couleur  bleue  et  l’odeur  de 
ses  fleurs;  il  est  encore  l’un  des  plus  pré- 
cieux pour  son  bois,  fait  bien  constaté,  et 
dont,  en  France,  on  ne  paraît  pas  se  douter. 
En  effet,  jusqu’aujourd’hui,  cette  espèce 
n’est  plantée  que  comme  arbre  d’ornement  ; 
pourtant,  je  le  répète,  au  point  de  vue  de 
son  bois,  elle  présente  des  qualités  qu’on 
ne  rencontre  qu’assez  rarement.  Ce  qui  est 
très- probablement  cause  qu’on  ne  s’en  est 
pas  préoccupé  à ce  point  de  vue,  c’est  sa 
très-grande  légèreté,  qui,  du  reste,  est  ex- 
cessive ; une  bille  de  Paulownia,  lorsqu’elle 
est  bien  sèche,  et  surtout  si  elle  provient 
d’un  jeune  arbre,  n’est  guère  plus  pesante 
que  du  liège.  Sans  acquérir  une  densité 


beaucoup  plus  grande,  le  bois  est  cependant 
un  peu  plus  compact  quand  il  provient  dTm 
arbre  âgé;  son  grain,  qui  est  alors  plus 
serré,  est  susceptible  d’un  beau  poli,  bril- 
lant, soyeux.  Mais  l’un  des  plus  grands  avan- 
tages que  pi'ésente  le  bois  du  Paulownia 
est,  lorsqu’il  est  débité,  de  ne  subir  aucun 
retrait,  de  rester  droit,  sans  se  fendi'e,  en 
un  mot  de  c(  ne  pas  tr'availler,  » comme  l’on 
dit,  même  lorsqu’il  est  vert,  et  cela  quelque 
mince  qu’il  soit,  toutes  qualités  qui  le  ren- 
dent éminemment  propre  à faire  des  pla- 
cages. 

Les  Japonais,  qui  ont  reconnu  et  apprécié 
ces  qualités,  les  mettent  à profit  : débité  en 
lames  très-minces,  ils  utilisent  le  bois  de 
Paulownia  à peu  près  comme  on  le  fait  chez 
nous  du  fort  carton,  soit  pour  faire  des 


260  EMPOTAGE  OU  SÉPARAGE  DES  PIVOINES.  ~ PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


boîtes,  des  petits  oécessaires,  ou  tous  autres 
objets  analogues.  Il  est  donc  très-probable 
qu’il  viendra  un  jour  où,  mieux  apprécié, 
cet  arbre  trouvera  de  nombreux  emplois 
dans  l’induslrie,  et  qu’alors  on  le  ydantera 
en  lignes  le  long  des  chemins,  sur  les  places 
publiques,  et,  qui  sait?  peut-être  en  fulaies, 
ce  qui  paraît  d’autant  plus  probable  que 
cette  espèce  pousse  très-vile  et  à peu  près 
partout. 

La  disposition  des  feuilles  (elles  sont  o})- 
posées),  par  conséquent  des  bourgeons,  fait 
que  les  arbres  se  couronnent  bien  vite,  et 
s’élèvent  peu  si  l’on  n’y  apporte  quelques 
soins.  Pour  obtenir  une  belle  lige  droite  et 
assez  élevée,  ce  qui  est  indispensable  quand 
on  cultive  les  arbres  au  point  de  vue  de  la 
spéculation,  il  faut  d’abord,  quand  les 
jeunes  plantes  sont  déjà  fortes  et  bien  en- 
racinées, les  receper  du  pied,  afin  d’obtenir 
un  long  et  vigoureux  jet;  comme  il  part 
toujours  deux  bourgeons,  on  supprime  le 
plus  faible  et  le  plus  mal  placé,  et  l’on  pro- 
tège l’autre,  que,  au  besoin,  on  maintient  à 
l’aide  d’un  tuteur.  On  agit  ainsi  pendant 
autant  d’années  que  cela  est  nécessaire,  afin 
de  constituer  une  tige  aussi  élevée  qu’on  le 


désire  ; alors  on  laisse  se  former  la  tête  de 
l’aibre,  à laquelle  au  besoin  on  donne  une 
forme  particulière,  en  raison  des  conditions 
dans  lesquelles  on  se  trouve  et  du  but  qu’on 
cherche  à atfeindre. 

Multiplication,  plantation.  La  multipli- 
cation des  Paulownia,  se  fait  par  semis  et 
par  bouture  de  racines.  On  sème  les  graines 
au  premier  printemps  dans  un  sol  chaud, 
léger,  uni  et  bien  ameubli  ; on  les  recouvre 
à peine  ; le  mieux  est  de  mettre  dessus  une 
légère  couche  de  paille  peu  épaisse,  qui,  tout 
en  maintenant  la  fraîcheur,  atténue  les 
rayons  solaires;  à l’automne,  on  arrache  les 
plants;  on  les  jauge  près  à près  dans  un  lieu 
sec  et  sur  lequel,  au  besoin,  on  répand  un 
peu  de  litière  pour  les  préserver  de  la  gelée. 
On  les  multiplie  également  à l’aide  de  ra- 
cines que  l’on  coupe  par  tronçons  d’envi- 
ron 12-15  centimètres,  et  qu’on  plante  à 
fieur  du  sol,  dans  un  terrain  chaud  et  léger. 
Cette  opération  doit  se  faire  en  mars-avril, 
lorsque  tes  plantes  sont  sur  le  point  d’entrer 
en  végétation.  Arrachées  avant  l’hiver,  lors- 
que les  arbres  entrent  dans  leur  période  de 
repos,  les  racines  pourraient  pourrir. 

E.-A.  Carrière. 


i 


! 


I 


i<::mpotage  or  sepaiiage  des  pivoines 


Ce  qui  suit,  bien  que  s’appliquant  à toutes 
les  Pivoines  indistinctement,  est  particuliè- 
rement écrit  pour  les  Pivoines  en  arbres,  et 
principalement  pour  les  jeunes  plantes  qui 
ont  été  greffées  en  pleine  terre.  L’époque 
considérée  comme  la  meilleure  pour  effec- 
tuer l’empotage  des  Pivoines  est,  en  géné- 
ral, le  mois  d’août,  quand  la  végétation  an- 
nuelle est  terminée.  C’est  également  celle 
où  l’on  pratique  les  séparages  des  touffes 
qui  sont  plantées  en  pleine  terre.  Je  ne  viens 
pas  combattre  ce  procédé  qui,  je  le  sais, 
donne  d’assez  bons  résultats , et  je  n’ai 
d’autre  but  que  de  faire  connaître  celui  que 
j’emploie  depuis  quelques  années,  et  dont 
je  suis  très-satisfait.  Le  voici  : j’arrache  mes 
Pivoines  avec  précaution  avant  qu’elles  j 
aient  terminé  leur  végétation  ; je  les  empote  i 


en  terre  de  bruyère,  et  les  place  sur  une  pe- 
tite couche  que  j’ai  préparée  d’avance  dans 
un  coffre,  où  je  les  prive  d’air  à l’aide  de 
châssis  que  je  recouvre  au  besoin  de  pail- 
lassons, de  manière  à les  garantir  du  soleil. 
Au  bout  d’environ  quinze  jours,  je  donne 
de  la  lumière,  puis  de  l’air  que  j’augmente 
au  fur  et  à mesure  qu’il  est  nécessaire, 
d’après  l’état  des  plantes.  Si  l’on  tarde 
trop  à faire  le  relevage,  il  vaut  mieux  at- 
tendre que- la  végétation  soit  à peu  près  ter- 
minée, et  supprimer  les  feuilles  en  ne  lais- 
sant que  le  pétiole.  C’est  ainsi  que  je 
procède,  et  je  m’en  trouve  bien.  Sur  plu- 
sieurs centaines,  au  moins,  que  je  fais 
chaque  année,  c’est  à peine  si  je  perds  une 
douzaine  de  plantes.  Guillon, 

Horliculleur. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Ceanothus  Theodor  Frœhel.  — Cette 
plante,  qui  a été  mise  au  commerce  au 
printemps  de  l’année  1872  par  l’établisse- 
ment Otto  Frœbel,  de  Zurich,  est  une  bonne 
nouveauté.  Elle  est  vigoureuse,  à branches 
dressées  ; ses  feuilles  ovales,  cordiformes,  I 
sont  régulières,  d’un  vert  foncé  en  dessus,  i 
glabres  et  d’un  vert  blond  en  dessous,  bor-  ; 


i dées  de  dents  étroites,  régulières,  penchées, 
I aiguës.  Les  fleurs,  qui  sont  nombreuses, 
disposées  en  longues  grappes  spiciformes, 
très-légères,  d’un  beau  rose  à reflet  lilacé, 
se  succèdent  jusqu’aux  gelées. 

E.-A.  Carrière. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  Cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  DE  juillet) 

Le  phylloxéra,  ses  ravages  dans  les  Bouches-du-Rhône  ; travaux  de  MM.  Duclaux,  Max.  Cornu,  Louis 
Faucon  ; rapport  à l’Acadéniie  des  sciences  de  la  commission  chargée  d'examiner  ces  travaux  • insucct  s 
des  recherches  scientiliques  ; communication  de  M.  Hetiri  Marès.  — Exposition  universelle  de  Vienne* 
lettre  de  M.  Delchevalerie  : Exposition  temporaire  d'horticulture  du  R>*  au  15  mai;  récompenses 
obtenues  par  la  France  ; le  diplôme  de  mérite  décerné  à la  com)nission  japonaise  pour  le  Dioscorea 
Japo}iica  et  le  happa  major.  — Exposition  de  la  Société  d’horticulture  d’Orléans.  — Ex{)osition  de 
Roses  à Lyon  ; division  en  sections  régionales  du  Congrès  international  ; élections  du  piésidcnt,  des 
vice-présidents  et  secrétaires;  les  cinq  variétés  de  Roses  primées.  — Exposition  de  la  Société  pratique 
d’horticulture  d'Yvetot.  — Société  pomologiquo  de  France  : iG®  session,  à Marseille,  le  G septembre  * 
lettie  de  M.  Mas,  président.  — Exposition  de  Champignons  utiles  et  nuisibles,  à S[)a.  — La  moRson 

de  1873.  — Société  horticole,  vigneronne  et  forestière  de  l’Aube  ; récompenses  décernées.  La 

marche  de  la  sève. 


En  n’entendant  plus  parler  du  phylloxéra, 
nos  lecteurs  ont  pu  supposer  que  ce  ter- 
rible fléau  était  disparu  ou  sur  le  point  de 
disparaître.  Malheureusement,  il  n’en  est 
pas  ainsi,  et  nous  avons  le  regret  d’annoncer 
que,  loin  de  se  circonscrire,  le  mal  tend  à 
augmenter,  que  sur  différents  points  où  on 
ne  l’avait  pas  encore  vu,  il  a fait  son  appa- 
rition, et  que  son  début  n’a  rien  qui  puisse 
rassurer. 

L’un  des  points  récemment  envahis  est  la 
petite  ville  de  Cassis  (Bouches-du-Rhône), 
qui,  jusqu’ici,  avait  à peu  près  échappé  au 
fléau  ; nous  disons  à peu  près,  parce  que, 
depuis  deux  ans  déjà,  on  avait  bien  remar- 
qué quelques  pieds  malades  ou  morts,  mais 
le  mal  semblait  vouloir  se  limiter;  c’est  du 
moins  l’espoir  qu’on  en  avait  ; cela  n’a  pas 
duré,  et,  dès  l’année  dernière,  un  proprié- 
taire, M.  Ferdinand  Vitagliano,  comptait 
dans  ses  Vignes  environ  200  pieds  attaqués 
ou  détruits  par  le  phylloxéra.  Cette  année, 
le  mal  paraît  devoir  augmenter  dans  des  pro- 
portions considérables,  puisqu’il  y a quelques 
jours  (c’était  le  15  juin),  ce  propriétaire 
nous  assurait  que  déjà  plus  de  1,200  pieds 
étaient  malades  ou  morts.  Contrairement  à 
ce  que  beaucoup  de  personnes  ont  avancé, 
ce  ne  sont  pas  les  vieilles  Vignes  ou  celles 
qui  ne  sont  pas  très-bien  portantes  qui  sont 
attaquées  ; au  contraire  : d’après  M.  Vita- 
gliano, ces  Vignes  sont  épargnées,  tandis 
que  celles  qui  sont  dans  leur  pleine  force, 
âgées  d’une  douzaine  d’années  environ,  sont 
les  premières,  et  parfois  même  les  seules 
envahies.  Cette  préférence  que  le  phylloxéra 
semblerait  avoir  pour  les  jeunes  Vignes  est- 
elle  due  aux  tissus  radiculaires  qui,  plus 
jeunes  et  par  conséquent  plus  tendres,  sont 
aussi  plus  gorgés  de  sucs,  ou  bien  serait-ce 
parce  que  les  racines  sont  moins  profondes 

i6  JUILLET  1873. 


chez  les  jeunes  Vignes  que  sur  les  vieilles? 
Les  deux  choses  sont  possibles.  Mais  ce 
n’est  pas  seulement  sur  le  point  que  nous 
venons  d’indiquer  que  le  phylloxéra  se 
montre;  dans  diverses  localilés  où,  l’an  der- 
nier, le  fléau  semblait  vouloir  disparaître, 
il  recommence  plus  que  jamais  ses  l avages; 
aussi  l’inquiétude  augmente- 1 -elle,  au  lieu 
de  diminuer;  des  lettres  l’affirment.  Mais 
en  même  temps,  ce  qui  est  plus  grave,  c’est 
que  la  science  reconnaît  et  avo.te  son  iin- 
puissance  à guérir  le  mal;  elle  se  borns  à 
le  constater  en  faisant  appel  à la  pratiqie, 
fait  qui  ressort  d’un  rapport  fait  à l’Aca- 
démie des  sciences  par  MM.  Duclaux,  Max. 
Cornu  et  Louis  Faucon,  et  consigné  dans 
les  Comptes-Rendus  de  VAcadétnie,  nu- 
méro du  d6  juin  1873.  Voici  la  conclusion 
qu’en  a tirée  la  commission  chargée  de  l’exa- 
men du  rapport.  Elle  dit  : 

En  résumé  : 

M.  Duclaux  a fait  connaître  la  marche  que 
l’extension  du  phylloxéra  a suivie  depuis  18G5 
jusqu’à  présent  ; il  a indiqué  les  conditions  de 
sol  qui  sont  les  plus  favorables  à sa  migralion. 

M.  Max.  Cornu  a étudié  les  transforuiaiions  que 
le  tissu  de  la  Vigne  éprouve  sous  son  influence; 
il  a reconnu  l’époque  précise  du  ternie  de  l’hy- 
bernalion,  celle  de  la  première  mue  printanière 
de  l’insecte  et  celle  de  l’apparition  de  ses  pre- 
miers œufs. 

M.  Louis  Faucon  a signalé,  pour  h destruction 
du  phylloxéra,  le  seul  procédé  dont  on  ait  eors- 
talé  l’efficacité  : la  submersion  des  Vignes  pen- 
dant l’hiver;  il  a constaté  le  premier  les  migra- 
tions du  phylloxéra  à la  surface  du  sol  par  le 
passage  d’une  crevasse  à une  autre  ; il  en  a pré- 
cisé la  durée  en  montrant  à quelle  époque  elles 
cessent  à l’automne  et  à quelle  époque  elles  re- 
commencent au  printemps. 

La  commission  ne  peut,  en  ce  moment,  que 
signaler  à l’attention  celte  époque  critique  de  la 
vie  du  phylloxéra,  qui  permet  de  l’attaquer  au 

U 


262 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PRE? 

commencement  d’avril  ou  vers  la  fin  de  mars. 
Elle  aurait  souhaité  pouvoir  apporter  dès  au- 
jourd’hui un  soulagement  sérieux  aux  souffrances 
de  nos  régions  vinicoles  atteintes  ou  menacées  ; 
mais  l’Académie,  qui  a souvent  reconnu  com- 
bien de  telles  études  exigent  de  temps,  de  pa- 
tience, de  soins,  ne  s’étonnera  pas  de  la  lenteur 
de  sa  marche.  Pour  arrêter  l’extension  de  ce 
mal  redoutable,  qui  menace  à la  fois  la  prospé- 
rité vinicole  et  la  fortune  de  la  France,  il  faut  le 
concours  sérieux  de  tous  les  efforts. 

La  commission  continue  ses  études,  mais  elle 
espère  bien  moins  de  ses  propres  travaux  que  de 
ceux  de  MM.  Planchon,  Henri  Marcs,  Lichtens- 
tein, Gaston  Bazile,  Louis  Faucon,  comte  de 
Lavergne,  Laliman,  etc.,  etc.,  et  de  ceux  de  di- 
vers membres  des  comices  du  Midi,  qui,  placés 
sur  les  lieux,  peuvent  suivre  chaque  jour  les  ha- 
bitudes de  vie  de  l’insecte  en  liberté  et  constater 
les  circonstances  qui  arrêtent  ou  favorisent  son 
développement.  C’est  à la  fois  pour  rendre  hom- 
mage au  dévoûment  des  savants  dont  nous  avons 
examiné  les  travaux  et  pour  fournir  des  maté- 
riaux à ceux  qui  consacrent  leurs  soins  à cette 
diflicile  étude,  que  nous  avons  l’honneur  de  vous 
proposer  de  décider  : 

lo  Que  les  mémoires  de  MM.  Duclaux,  Max. 
Cornu  et  Louis  Faucon  soient  admis  à faire  par- 
tie du  Recueil  des  savants  étrangers; 

2°  Que  l’utililé  d’une  étude  comparative  du 
phylloxéra  vastalrix  et  du  pemphigus  viti- 
foliæ  (1)  sera  signalée  à M.  le  ministre  de  l’agri- 
culture, et  qu’en  conséquence  il  sera  prié  d’exa- 
miner s’il  n’y  aurait  pas  lieu  d’envoyer,  à cet 
effet,  en  Amérique,  des  savants  et  des  praticiens 
compétents,  soit  eu  vue  de  résoudre  la  question 
controversée  de  leur  commune  origine,  soit  pour 
constater  les  caractères  qui  distinguent  les  Vi- 
gnes américaines  des  nôtres  dans  leurs  rapports 
avec  ces  deux  parasites. 

L’Académie  adopte  ces  conclusions. 

Le  document  dont  nous  venons  de  citer 
une  partie  fait  non  seulement  ressortir  de 
la  manière  la  plus  nette  l’insuccès  complet 
de  tous  les  travaux  scientifiques  qui  ont  été 
faits  jusqu’à  ce  jour  pour  arriver  à la  des- 
truction du  phylloxéra;  il  justifie  encore  ce 
que  nous  avons  dit  tant  de  fois,  que  dans 
toutes  ces  circonstances,  le  temps  seul  est  le 
premier  guérisseur.  Constatons  toutefois 
qu’en  appelant  la  pratique  à son  secours,  en 
reconnaissant  et  avouant  son  impuissance, 
la  science  reconnaît  que,  isolés,  ses  efforts 
sont  impuissants  : c’est  d’un  bon  augure. 

(1)  Le  pemphigus  vitifoliœ^  observé  pour  la  pre- 
mière fois  en  Amérique  en  1854,  est  un  insecte  qui, 
comme  le  phylloxéra,  parait  s’attaquer  particuliè- 
rement à la  Vigne,  mais  dont  les  dégâts  qu’il  cause 
sont,  dit-on,  d’une  nature  toute  différente,  puisqu’il 
est  aérien,  et  qu’au  lieu  d’attaquer  les  racines,  c’est 
sur  les  Jeunes  pousses  qu’il  exerce  ses  ravages. 

{Rédaction.) 


ERE  QUINZAINE  DE  JUILLET). 

Mais,  d’une  autre  part,  et  comme  pour  com- 
bler la  mesure,  le  phylloxéra  ne  paraît  pas 
être  le  seul  fléau  que  les  viticulteurs  aient 
à déplorer,  ainsi  que  le  témoigne  une  lettre 
de  M.  Henri  Marès,  et  dont  le  rapporteur 
de  la  commission  donne  connaissance  à l’A- 
cadémie. Voici  cette  lettre  : 

...  La  situation  dont  je  vous  ai  fait  part  dans 
ma  dernière  lettre,  relativement  à l’état  de  nos 
vignobles,  s’aggrave  tous  les  jours;  il  est  à 
craindre  que  la  destruction  des  Vignes  de  co- 
teaux, en  sols  maigres,  peu  profonds,  argileux, 
ne  soit  très-rapide. 

Je  me  demande  même  si,  une  fois  attaquées, 
ces  Vignes  de  coteaux,  peu  productives  et  qui 
ne  sauraient  supporter  de  grands  frais  de  traite- 
ment ou  de  préservation,  pourront  être  sauvées. 

Dans  les  bons  terrains,  le  mal  s’étend  beau- 
coup moins  vite,  quoiqu’il  devienne  grave  selon 
les  circonstances. 

Nous  voyons,  cette  année,  une  prodigieuse 
quantité  d’insectes  nuisibles  de  toute  nature;  la 
Vigne  en  est  réellement  accablée  : allises,  atte- 
labes,  gribouris,  pyrale,  phylloxéra,  etc.,  etc., 
tout  se  déchaîne  sur  elle  à la  fois.  J’observe  que, 
depuis  les  gelées  des  26  et  27  avril,  la  situation 
s’est  aggravée  pour  les  vignobles,  et  que,  dans 
une  foule  de  localités,  ils  se  développent  mal.  Le 
gribouri,  qui  est  un  produit  des  années  humides,  j 
fait  un  mal  considérable;  je  crains  que,  dans 
beaucoup  de  cas,  il  ne  soit  le  précurseur  du  i 
phylloxéra.  | 

Doit-on,  après  tout  ce  que  nous  venons  | 
de  rapporter,  se  décourager,  abandonner  la  i 
culture  de  la  Vigne,  en  un  mot,  comme  on  j 
le  dit  : « jeter  le  manche  après  la  cognée?  » 

Ce  serait  un  tort.  D’abord,  tout  espoir  de 
guérison  n’est  pas  perdu,  et  bien  que  la 
chose  paraisse  difficile,  il  est  probable  que 
l’on  trouvera  un  remède  au  mal;  mais,  n’en  j 
trouvàt-on  pas,  il  ne  faudrait  pas  pour  cela 
désespérer  de  la  Vigne  : au  lieu  de  s’ente-  ^ 
ter  à en  cultiver  là  où  le  mal  sévit,  il  fau- 
drait se  reporter  dans  des  localités  moins 
avantageuses,  plus  vers  le  centre  et  même 
le  nord  de  la  F'rance,  pendant  un  certain 
temps  du  moins,  c’est-à-dire  jusqu’à  ce  que  j i 
le  fléau  ait  disparu.  Il  ne  faut  pas  oublier  | 
que  rien  n’est  éternel,  que,  quel  que  soit  j ■ 
un  mal,  il  n’est  qu’un  effet  devant,  par  con-  j 
séquent,  disparaître  avec  la  cause  qui  l’a 
déterminé.  Donc,  pas  de  découragement  ; à 
l’œuvre,  il  faut  lutter,  lutter  toujours.  La 
vie  n’étant  rien  autre  qu’une  lutte  conti-  | 
nuelle,  l’homme  ne  peut  ni  ne  doit  cher  - 
cher  à déserter  : la  mort  seule  peut  le  sous- 
traire à cette  obligation  à laquelle,  du  reste, 
tous  les  êtres  sont  soumis,  plus  ou  moins, 
en  raison  de  leur  nature. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUILLET). 


— Nous  avons  reçu,  de  notre  collègue  et 
collaborateur,  M.  Del  chevalerie,  en  ce  nao- 
ment  juré  à l’Exposition  universelle  de 
Vienne,  quelques  renseignements,  un  peu 
tardifs,  sur  la  première  quinzaine  de  cette 
Exposition,  dont  nous  avons  déjà  reproduit 
une  partie  (1),  et  que,  par  conséquent,  nous 
ne  rappellerons  pas,  excepté  en  ce  qui  con- 
cerne la  France.  Voici  ce  qu’il  nous  écrit: 

La  première  exposition  temporaire  des  pro- 
duits de  l’horticulture  a été  ouverte  le  1er  mai. 

Cette  exposition  a eu  lieu  sous  une  tente  très- 
longue  et  étroite,  confectionnée  à Paris,  et 
comme,  à cette  époqne  de  l’année,  il  faisait  très- 
froid  à Vienne,  plusieurs  horticulteurs  ont  perdu 
quelques-unes  de  leurs  plantes  par  suite  de  l’a- 
baissement de  la  température,  notamment  M.  Lin- 
den, qui  avait  apporté  des  plantes  de  haute  serre 
chaude,  dont  quelques-unes  ont  été  totalement 
perdues. 

En  face  de  la  tente  de  l’exposition  des  fleurs 
se  trouve  un  petit  jardin  réservé,  où  sont  plan- 
tées les  collections  de  Conifères,  d’arbres,  ar- 
brisseaux et  arbustes  à feuilles  caduques  et  per- 
sistantes, les  Rosiers,  plantes  vivaces  et  annuelles, 
d’ornement,  etc. 

Dans  un  terrain  situé  à côté  du  jardin  réservé, 
sur  le  bord  d’une  petite  rivière,  sont  plantées  les 
collections  d’arbres  fruitiers. 

Avant  de  citer  les  lauréats  de  cette  première 
exposition,  disons  un  mot  sur  les  médailles. 

11  n’y  a pas  de  médailles  d’or  ni  d'argent; 
toutes  sont  en  bronze  et  n’ont  d’autre  valeur  que 
le  prestige. 

D’abord  : 

lo  La  médaille  pour  le  progrès  est  destinée 
« aux  exposants  qui  auront  prouvé  avoir  accom- 
pli des  progrès  importants  depuis  les  Expositions 
universelles  précédentes,  soit  par  de  nouvelles 
inventions,  soit  par  l’introduction  de  nouvelles 
plantes,  de  nouveaux  engins,  procédés,  etc.  » 

. 2®  La  médaille  pour  le  mérite  sera  adjugée 

« aux  exposants  qui  auront  acquis  un  titre  à la 
récompense  par  pne  culture  extraordinaire  de 
plantes,  l’extension  du  commerce  de  végétaux, 
l’étendue  de  la  production,  l’ouverture  de  nou- 
veaux marchés,  l’emploi  d’outils  et  de  machines 
perfectionnés  et  l’excellence  du  produit.  » 

3°  La  médaille  pour  le  bon  goût  est  réservée 
« aux  exposants  de  collections  ou  de  groupes  de 
plantes  en  fleurs  supérieurement  arrangés.  » 

4®  La  médaille  de  coopération  est  destinée 
« aux  personnes  signalées  par  les  exposants 
comme  ayant  eu  une  notable  part  dans  l’excel- 
lence de  la  production  ou  dans  l’extension  de 
l’écoulement  en  qualité  de  jardiniers  en  chef, 
gérants,  dessinateurs  ou  coopérateurs  distin- 
gués. » 

5®  Le  diplôme  de  mérite  peut  être  décerné 
« aux  exposants  dont  les  produits  ou  les  travaux 
ont  du  mérite,  mais  non  dans  un  degré  à pou- 

fl)  Voir  Bei'ue  horticole,  1873,  p.  !2iG. 


2G3 

voir  leur  décerner  la  médaille  pour  le  progrès, 
ni  celle  pour  le  mérite.  » 

France.  — 1®  La  médaille  pour  le  progrès  a 
été  décernée  à M.  Durand,  de  Rourg-la-Reine, 
pour  arbres  fruitiers  supérieurement  dressés. 

2®  Le  diplôme  de  mérite  a été  accordé  à 
M.  Ch.  Baltet  et  frère,  horticulteurs  à Troyes, 
pour  arbres  fruitiers  supérieurement  dressés. 

3®  Le  diplôme  de  mérite  a été  décerné  à 
M.  Louis  L’Hérault,  d’Argenleuil,  pour  deux 
bottes  d’Asperges  remarquables  par  leur  gros- 
seur. 

Parmi  les  autres  récompenses  qu’indique 
M.  Delchevalerie,  se  trouve  celle  accordée 
au  Japon.  Si  nous  en  parlons,  c’est  moins 
pour  celte  récompense  que  pour  faire  re- 
marquer les  deux  plantes,  Dioscorea  Japo- 
nica  et  Lappa  major,  auxquelles  elle  pa- 
raît s’adresser  tout  particulièrement.  D’où 
l’on  pourrait  conclure  : 

1®  Que  le  Dioscorea  Japonica  (D.  hata- 
tas,  Decne)  vient  beaucoup  plus  fort  au  Ja- 
pon qu’en  France;  2»  qu’il  en  est  de  même 
du  Lappa  major  (un  très-mauvais  légume, 
du  moins  si  l’on  doit  en  juger  par  ce  qu’il 
vaut  en  France),  une  Bardane  qui  nous 
paraît  tout  au  plus  propre  à faire  une  plante 
à feuillage  ornemental  ; ou  bien  encore  qu’on 
a voulu  faire  une  gracieuseté  aux  Japonais, 
ce  qui  ne  nous  surprendrait  pas,  que  nous 
comprenons  même  : il  faut  être  courtois. 

— Du  17  au  21  septembre  1873,  la  So- 
ciété d’horticulture  d’Orléans  fera,  dans 
cette  ville,  une  exposition  de  fruits,  légumes, 
arbres  et  arbustes,  plantes  fleuries,  fleurs 
coupées,  ainsi  que  d’objets  qui,  par  leur 
nature,  se  rattachent  à l’horticulture.  23  con- 
cours sont  ouverts  ; en  voici  l’énumération 
et  l’ordre  : nouveautés,  1 concours;  arbo- 
riculture, 9 concours;  floriculture,  9 con- 
cours; objets  ayant  un  rapport  direct  avec 
V horticulture,  2 concours;  concours  spé- 
ciaux, 2,  dont  un  entre  les  instituteurs; 
l’autre,  qui  est  « en  dehors  de  l’exposition,  » 
est  affecté  aux  anciens  jardiniers. 

Les  personnes  qui  désirent  prendre  part 
à cette  exosition  devront  s’adresser,  le 
8 septembre  au  plus  tard,  au  président  de 
la  Société,  rue  d’Escures,  15,  ou  au  secré- 
taire, M.  Delaire,  rue  R.oyale,  82. 

Le  jury  se  réunira  le  mercredi  17  sep- 
tembre, à neuf  heures  précises,  à l’Hôtel - 
de-Ville. 

— En  attendant  que  nous  puissions  pu- 
blier le  compte-rendu  de  l’exposition  de 
Roses  qui  a eu  lieu  à Lyon  du  19  au  23  juin, 
sous  les  auspices  du  congrès  des  rosiéristCvS, 


264  CHRONIÛUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  DE  JUILLET). 


et  par  ses  membres.  Nous  allons  indiquer 
qüelé[ues  dispositions  qui  ont  été  prises  par 
le  congrès,  lors  de  l’exposition.  Les  jurés 
étrangers  qui  avaient  répondu  à Lappel  qui 
leur  avait  été  fait  sont  MM.  Georges  Paul,  de 
Londres;  Jr>oup,ert,  de  Luxembourg;  Hippo- 
lyte  Jamain,  de  Paris;  A.  Rivière,  G.  Â^er- 
dier,  E.  Verdier,  de  Paris.  Aussitôt  réunis, 
les  jurés  se  sont  constitués  et  ont  nommé  : 
M.  A.  Rivière,  président;  secrétaire-rappor- 
teur, M.  Charles  Verdier,  dont  nous  publie- 
rons le  rapport  plus  tard. 

Après  le  travail  du  jury,  qui  fut  suivi 
d’un  banquet,  le&  membres  du  jury  et  un 
certain  nombre  d’autres  personnes  compé- 
tentes se  sont  réunies  en  assemblée  délibé- 
rative, pour  discuter  les  meilleurs  moyens 
de  réaliser  le  but  des  fondateurs.  Après 
avoir  nommé  pour  président  M.  Jean  Sisley, 
on  a déclaré  la  séance  ouverte. 

Il  a été  d’abord  décidé  que  les  pouvoirs 
des  membres  do  bureau  provisoire  du  con- 
grès venaient  d’expirer. 

I!  a élé  ensuite  décidé,  après  une  discus- 
sion oalrne  et  approfondie,  que  le  congrès 
international  serait  divisé  en  sections  ré- 
gionales, et  que  les  membres  présents  éli- 
raient un  ]yr ésïàëni  général  et  un  secrétaire 
général)  puis  un  vice-président  pour  les 
sections  déjà  existantes; 

Que  néanmoins  ces  nominations  ne  se- 
raient non  plus  que  provisoires,  jusqu’à  ce 
que  les  sections  fussent  plus  nombreuses, 
et  chacune  d’elles  constituée  par  un  certain 
nombre  de  membres,  et  qu’alors  de  nou- 
velles élections  auraient  lieu,  et  qu’un  ré- 
glement et  un  programme  seraient  faits  et 
votés  par  toutes  les  sections  réunies. 

Ceci  convenu^  l’on  a passé  au  vote.  Ont 
été  élus  : 

Président  général,  M.  Léon  de  Saint- 
Jean,  de  Lyon;  — vice-président  de  la  sec- 
tion de  Lgon,  M-.  Jean  Sisley;  secrétaire, 
M.  Th.  Denis; — vice-2orésident  de  la  sec- 
tion de  Paris,  M.  Charles  Verdier;  secré- 
taire, M.  A.  Rivière;  — vice-président  de 
la  section  de  Londres,  M.  Georges  Paul,  de 
Londres;  secrétaire,  à nommer;  — vice- 
président  de  la  sectioii  des  Pays-Bas, 
M.  Soupert,  de  Luxembourg;  secrétaire,  à 
nommer;  — vice -président  de  la  section 
de  Belgif[ue,  y[.  Louis  Van  Houtte  ; secré- 
taire, à nommer;  — vice  p)résident  de  la 
section  d' Italie,  M.  F.  Pertusati,  de  Milan  ; 
secrétaire,  à nommer. 

Dans  cette  exposition,  où  figuraient  un 
très-grand  nombre  de  nouvelles  Roses,  cinq 
seulement  ont  été  choisies  et  primées  par  le 


jury,  c’est-à-dire  ont  obtenu  un  certificat  de 
première  classe.  Ce  sont  : 

Roses  hybrides  remontants.  — Ma- 
dame Marie  Finger,  obtenue  par  M.  Ram- 
baux,  horticulteur  aux  Charpennes-Lyon, 
et  dont  voici  les  caractères  : arbuste  vigou- 
reux, à rameaux  droits,  glabres,  munis  de 
quelques  aiguillons  légèrement  arqués,  rou- 
geâtres. Feuilles  à cinq  folioles  luisantes, 
vertes  en  dessus,  blanchâtres  en  dessous, 
dentées  sur  les  bords.  Pétioles  armés  de  pe- 
tits aiguillons,  munis  à leur  base  de  stipules 
moyennes.  Pédoncules  longs  de  4 à 5 centi- 
mètres, glanduleux;  ovaire  glabre;  division 
calicinale  longue  de  2 à 3 centimètres.  Fleur 
grande,  forme  globuleuse,  d’un  beau  rose 
carné  vif,  plus  foncé  au  centre.  Cette  belle 
variété  est  issue  du  Rosier  Victor  Verdier, 
avec  lequel  elle  a comme  aspect  quelque  af- 
finité. 

Capitaine  Cliristy.  M.  F.  Lacharme, 
horticulteur,  quai  de  la  Vitriolerie,  à Lyon. 
Arbuste  vigoureux,  à rameaux  droits,  gla- 
bres, légèrement  violacés,  munis  de  quel- 
ques aiguillons.  Feuilles  à cinq  folioles 
larges,  acuminées,  vertes  à la  face  supé- 
rieure, blanchâtres  en  dessous  et  dentées. 
Pétioles  armés  de  quelques  aiguillons  ; sti- 
pules courtes  ; pédoncules  raides,  glandu- 
leux; ovaire  glabre;  divisions  calicinales 
très-longuement  foliacées.  Fleur  grande, 
pleine,  d’un  rose  carné  très-tendre,  à centre 
plus  vif. 

3o  Prince  Paul  Demidoff.  Produit  de 
M.  Guillol  fils,  horticulteur,  chemin  des 
Pins,  à Lyon.  Arbuste  très-vigoureux,  à ra- 
meaux droits,  forts,  armés  généralement 
d’aiguillons  courts,  droits  et  rouges.  Feuilles 
grandes,  de  2 à 5 folioles;  pétiole  flexueux 
armé  d’aiguillons,  folioles  amples,  ovali- 
formes,  dentés,  glabres;  pédoncule  de  3 à 
4 centimètres,  glanduleux;  ovaire  glabre,  à 
sépales  longuement  foliacées.  Fleur  grande, 
d’un  rose  carminé  clair.  Variété  issue  de  la 
Rose  Jides  Margottin. 

Rosiers  thé.  — Sliirley  Hihhe^'t,  obtenu 
par  M.  Levet,  horticulteur,  route  d’Hey- 
rieux,  à Lyon.  Arbuste  assez  vigoureux; 
rameaux  grêles,  rougeâtres,  flexueux  ; ai- 
guillons courts,  à larges  empâtements,  lé- 
gèrement arqués  et  rougeâtres.  Feuilles  à 
5-7  folioles  petites,  légèrement  acuminées, 
glabres  sur  les  deux  faces,  finement  den- 
tées; pétioles  armés  de  quelques  rares  ai- 
guillons. Pédoncules  longs  de  3 à 5 centi- 
mètres, larges,  glanduleux,  accompagnés 
de  bractées.  Ovaire  d’une  grosseur  moyenne, 
presque  globuleux,  glabre;  division  calici- 


255 


(première  quinzaine  de  juillet). 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

uale  courte.  Fleur  d’une  grandeur  moyenne, 
en  forme  de  coupe,  d’un  jaune  nankin  cha- 
mois, coloris  nouveau. 

Marie  Guillot,  obtenue  par  M.  Guillot 
fils,  horticultenr,  chemin  des  Pins,  à Lyon. 
Arbuste  à rameaux  droits,  de  grosseur 
moyenne,  raides,  légèrement  rougeâtres, 
armés  d’aiguillons  presque  droits.  Feuilles 
à 3-7  folioles  légèrement  arrondies,  acu- 
minées,  glabres.  Pétiole  arme  d aiguillons  , 
pédoncules  de  4 à 5 centimètres,  glabres  ; 
ovaire  urcéolé;  calice  court.  Fleur  grande, 
très-pleine,  blanche,  à reflets  légèrement 
jaunâtres. 

Après  avoir  choisi  ces  cinq  variétés,  le 
jury  a exigé  que  leurs  propriétaires  les 
nommassent  de  suite  ; il  a posé  aussi  comme 
condition  que  ces  Roses  seraient  mises  au 
commerce  cette  même  année  d873. 

— A l’occasion  du  Comice  agricole,  la 
Société  pratique  d’horticulture  de  l’arron- 
dissement d’Yvetot  (Seine-Inférieure)  fera 
à Yvetot,  les  2 et  3 août  1873,  une  ex- 
position des  produits  de  l’horticulture,  à la- 
quelle elle  convie  tous  les  horticulteurs, 
jardiniers  et  amateurs,  et  pour  laquelle  elle 
ouvre  43  concours  ainsi  répartis  : culture 
moraichëre,  9 concours  ; plantes  de  serre 
chaude,  5 concours;  plantes  de  plein  air, 
10  concours  ; arbustes,  3 concours  ; fruits, 

5 concours  ; industrie  horticole,  2 con- 
cours. 

Les  personnes  qui  voudraient  exposer  de- 
vront s’adresser  à M.  le  Président  de  la  So- 
ciété, jusqu’au  15  juillet  au  plus  tard,  en 
indiquant,  avec  l’emplacement  qui  leur  est 
nécessaire,  la  nature  des  objets  qu’ils  se 
proposent  d’exposer. 

Le  jury  se  réunira  le  vendredi  1®*”  août, 
à neuf  heures  du  matin,  au  local  de  l’expo- 
sition. 

— Au  sujet  de  la  prochaine  réunion  de 
la  Société  pomologique  de  France,  son  pré- 
sident, M.  Mas,  vient  d’adresser  à tous  les 
membres,  ainsi  qu’à  toute  la  presse  horti- 
cole, la  circulaire  suivante  : 

Lyon,  le  7 juin  1873. 

Monsieur, 

La  SùciHé  pomologique  de  France  se  réunira 
en  assemblée  générale,  celte  année,  à Marseille. 
Celte  session,  qui  sera  la  16e,  s’ouvrira  le  sa- 
medi G septembre,  à trois  heures,  et  sera  close 
le  jeudi  suivant;  elle  coïncidera  avec  l’exposition 
horticole  méditerranéenne  que  la  Société  de  cette 
ville  se  dispose  à organiser. 

Sans  attendre  le  programme  de  celte  session, 
I qui  vous  sera  bientôt  adressé,  le  Conseil  d’ad- 


ministration a pensé  qu’il  était  ulib  , au  moment 
où  les  fruits  vont  apparaître,  de  sli.nuler  le  zMe 
de  tous  les  membres  de  l’association,  et  de  les 
inviter  tous  à coopérer  au  succès  de  nos  études, 
soit  par  leurs  observations  personnelles,  soit 
par  l’envoi  de  fruits  à la  commission  perma- 
nente. 

La  liste  des  fruits  inscrite,  à la  suite  des  der- 
niers comptes-rendus  est  considérable,  et  ap- 
pelle un  examen  altenlif;  il  y a d’autres  fruits 
locaux  qui  n’ont  pas  encore  été  assez  appréciés, 
ainsi  que  des  introductions  utiles  à provoquer 
et  de  bons  gains  de  semis  à faire  connaître  et  à 
répandre. 

La  commission  permanente  des  études  s’est 
adjoint  de  nombreux  membres  correspondants 
en  tous  pays  ; elle  achève  en  ce  moment  la  ré- 
daction du  catalogue  général,  mais  en  meme 
temps  elle  fait  de  tous  les  fruil>  qui  lui  sont 
soumis  l’objet  de  la  plus  sérieuse  iilleulion. 

Nous  vous  rappelons  que  les  réunions  de  cette 
commission  ont  lieu  les  Rr  et  4^  samedis  de 
chaque  mois  ; des  sous-commissions  sont  d’ail- 
leurs instituées  pour  examiner  les  fruits  dont  la 
maturité  ne  coïnciderait  pas  avec  les  jours  ordi- 
naires des  réunions.  Nous  vous  prions  donc  ins- 
tamment de  vouloir  bien  adresser  au  secrétariat, 
au  Palais-des-Arts,  tous  les  fruits  inconnus,  dou- 
teux, dignes  d’être  étudiés,  tous  les  documents 
propres  à éclairer  les  investigations  : ils  seront 
l’objet  d’études  attentives,  et  les  résultats  uiiles 
seront  consignés  dans  le  bulletin,  dont  le  pre- 
mier numéro  va  vous  être  prochainement  adressé. 

Nous  prions  toutes  les  Sociétés  horticoles  de 
nous  prêter  leur  concours,  et  de  favoriser  l’ému- 
lation générale  par  les  travaux  de  leurs  com- 
missions. 

Avec  de  tels  éléments,  nous  devons  nécessai- 
rement arriver  à un  résultat  efficace,  et  la 
prochaine  session  sera  féconde  pour  la  pomo- 
logie. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  et  cher  collègue, 
l’assurance  de  nos  sentiments  dévoués. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

L.  CusiN. . Mas. 

— Le  23  septembre  1873.  la  ville  de  Spa 
(Belgique)  fera  une  exposition  de  Champi- 
gnons utiles  et  nuisibles,  ainsi  que  des  pro- 
duits de  la  culture  maraîchère  et  de  la  po- 
mologie.  C’est  là  une  heureuse  idée,  surtout 
en  ce  qui  concerne  les  Champignons,  qui, 
comme  on  le  sait,  sont  des  plantes  très-nu- 
tritives, et  qui,  dans  beaucoup  de  localités, 
constituent  une  alimentation  aussi  saine 
qu’agréable.  Malheureusement,  cette  ali- 
mentation n’est  pas  sans  présenter  de  sé- 
rieux dangers  à cause  du  nombre  con- 
sidérable des  espèces  de  Champignons 
très-vénéneux  qui  se  trouvent  souvent  mé- 
langées aux  bonnes,  avec  lesquelles,  très- 
souvent  aussi,  elles  ont  la  plus  grande  res- 
semblance. Les  différences  physiques  sont 


266 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈ AE  QUINZAINE  DE  JUILLET). 


parfois  tellement  minines,  que  c’est  à peine 
si  la  science  peut  les  indiquer  ; néanmoins,  la 
pratique  ne  s’y  trompe  guère,  et  il  est  très- 
rare  que  dans  chaque  pays  on  ne  sache  dis- 
tinguer les  bonnes  des  mauvaises  espèces. 
Si  tous  les  habitants  ne  savent  pas  faire  ces 
différences,  il  en  est  pourtant  qui,  plus  ex- 
périmentés, ne  se  trompent  jamais.  Il  serait 
donc  bon,  dans  l’intérêt  général,  que,  une 
fois  ou  deux  par  année,  à l’époque  où  cer- 
taines espèces  apparaissent  tout  particuliè- 
rement, les  autorités  locales  s’entendissent 
avec  la  Société  d’horticulture  la  plus  voisine 
pour  nommer  une  commission  qui  serait 
chargée  d’examiner  tous  les  Champignons 
que,  pour  cet  usage,  l’on  aurait  préalable- 
ment réunis  dans  un  lieu  où,  à un  jour  dé- 
terminé, on  aurait  convoqué  tous  les  habi- 
tants, qui  alors  auraient  pu  prendre  une 
leçon  et  apprendre  là  à distinguer  des 
plantes  qui  peuvent  rendre  d’immenses  ser- 
vices, et  qu'on  laisse  perdre  faute  de  les 
connaître.  Il  y aurait  là  une  sorte  d’ensei- 
gnement mutuel  très-avantageux  au  point 
de  vue  économique,  et  qui  pourrait  en 
même  temps  servir  la  science. 

— L’espérance  renaît  quant  à la  prochaine 
récolte;  on  commence  à reconnaître  que 
non  seulement  tout  n’est  pas  perdu,  mais 
encore  que  l’on  avait  beaucoup  exagéré,  que 
le  mal  est  bien  moindre  qu’on  ne  l’avait  dit. 
A part  un  peu  de  retard,  il  est  un  grand 
nombre  de  denrées  qui  seront  tout  aussi 
belles  et  en  aussi  grande  quantilé  qu’elles 
sont  habituellement.  C’est  avec  intention  que 
nous  avons  dit  « un  peu  ; » car,  en  effet,  si 
l’on  se  fonde  — et  l’on  a raison  de  le  faire 
— sur  la  floraison  du  Lis  blanc,  on  est  au- 
torisé à croire  que,  dans  un  rayon  de  vingt- 
cinq  lieues,  environ,  autour  de  Paris,  la 
moisson  commencera  vers  la  fin  de  juillet, 
puisque  le  Lis  blanc  a commencé  à fleurir 
du  18  au  20  juin,  et  que,  d’après  le  pro- 
verbe: « Autant  de  jours  cette  plante  fleurit 
avant  la  Saint-Jean,  autant  de  jours  l’on 
commence  la  moisson  avant  le  mois  d’août.  » 
Quant  à la  Vigne,  elle  va  bien  ; la  floraison 
s’est  faite  parfaitement,  et  en  général  on 
compte  sur  une  bonne  demi-année;  il  y a 
même  beaucoup  d’endroits  où  l’on  fera  plus. 
Si  l’on  ne  peut  encore  chanter  victoire , il 
faut  pourtant  reconnaître  qu’il  n’y  a pas 
lieu  de  se  décourager. 

— La  Société  horticole,  vigneronne  et  fo- 
restière de  l’Aube,  ne  faisant  pas  d’exposi- 
tion cette  année,  vient  d’organiser,  à l’occa- 


sion du  concours  du  Comice  agricole  à 
Bar-sur-Seine,  une  visite  des  jardins,  des 
bois,  des  Vignes,  des  plantations  sur  fri- 
che, etc. 

De  nombreuses  récompenses  ont  été  dé- 
cernées tant  aux  propriétaires  des  exploita- 
tions privées  qu’aux  jardiniers,  vignerons  et 
agents  forestiers  qui  s’y  trouvent  attachés. 

Nous  remarquons,  entre  autres  lauréats, 
deux  gardes  forestiers  qui  ont  détruit,  de- 
puis sept  ans,  près  de  17,000  vipères  dans 
les  bois  confiés  à leur  surveillance. 

Des  administrations  communales,  qui  ont 
transformé  leurs  friches  stériles  en  forêts 
productives  d’essences  feuillues  ou  rési- 
neuses, figurent  également  parmi  les  lau- 
réats. 

Les  plantations  spéculatives  d’arbres  frui- 
tiers, de  [plantes  potagères,  la  culture  de 
Vignes  à la  charrue,  ont  été  encouragées 
par  la  Société  de  l’Aube.  Nous  lui  en  adres- 
sons nos  compliments  sincères.  Les  popula- 
tions rurales  ont  tout  à gagner  au  contact,  à 
l’étude  et  à l’exploitation  de  l’horticulture. 

Parmi  les  objets  décernés  en  prix,  nous 
constatons  avec  plaisir  la  persistance  de  la 
Société  troyenne  à distribuer  des  ouvrages 
recommandés  : les  Etudes  des  vigyiohles  de 
France,  par  Jules  Guyot,  le  Potager  mo- 
derne, par  Gressent,  etc.,  etc. 

Le  moyen  employé  par  la  Société  de 
l’Aube  est  assurément  l’un  des  meilleurs; 
aussi  ne  saurait-on  trop  le  faire  connaître. 
Tout  en  excitant  à faire  mieux  en  satisfai- 
sant l’intérêt,  cette  sorte  de  récompense 
pousse  plus  qu’aucune  autre,  en  indiquant 
les  procédés  les  plus  convenables  pour  at- 
teindre ce  but. 

— Quand,  d’abord,  on  ne  s’entend  pes 
sur  les  mots,  il  est  impossible  d’être  d’ac- 
cord sur  les  choses  auxquelles  on  les  ap- 
plique; aussi  est-ce  une  des  principales  rai- 
sons qui  fait  que,  en  horticulture  surtout, 
on  voit  tant  de  discussions  rester  stériles, 
qu’après  de  longs  débats  personne  n’est 
convaincu  et  que  la  question  n’en  est  pas 
plus  avancée.  Ces  réflexions  nous  sont  sug- 
gérées par  certaines  observations  qu’on 
nous  a faites  relativement  à ce  que  diverses 
fois  nous  avons  écrit  sur  la  marche  de  la 
sève,  écrits  qui  nous  paraissent  avoir  été 
mal  interprétés.  Comme  preuve,  nous  al- 
lons rappeler  ce  que  nous  disait  dernière- 
ment un  de  nos  collègues  : ((  Comment  I 
nous  disait  ce  bienveillant  confrère — c’est 
vous  qui  niez  la  sève  descendante,  laquelle 
se  manifeste  si  visiblement  dans  presque 


DE  l’ombre  en  horticulture. 


2G7 


toutes  les  opérations  derarboriculture,elc.?i) 
Évidemment  notre  collègue  nous  a mal  com- 
pris, probablement  parce  que  nous  nous 
sommes  mal  expliqué,  et  comme  beaucoup 
de  nos  lecteurs  pourraient  penser  de  même, 
nous  croyons  devoir  faire  quelques  observa- 
tions à ce  sujet.  Nous  commençons  par  dire 
que  Jamais  nous  n’avons  eu  l’idée  de  nier  la 
sève  descendante  d’une  manière  absolue, 
ce  qu’on  ne  pourrait  faire,  du  reste,  à moins 
de  vouloir  nier  l’évidence,  que  la  moindre 
section  faite  à une  partie  quelconque  d’un 
végétal  démontre  de  la  manière  la  plus  for- 
melle. En  effet,  puisqu’il  se  forme  à la  base 
de  toute  section  d’un  rameau  un  bourrelet 
qui  n’est  autre  que  de  la  sève  modifiée  et 
que,  d’une  autre  part,  il  y a solution  com- 
plète de  continuité  entre  ce  rameau  et  l’arbre 
dont  il  provient,  il  est  donc  hors  de  doute 
que  cette  sève  vient  du  rameau , que,  par 
conséquent,  ce  ne  peut  être  que  de  la  sève 
descendante.  Mais,  aussi,  peut-on  de  là  in- 
férer, comme  tant  de  gens  semblent  encore 
l’affirmer,  que  tous  les  phénomènes  se  pas- 
sent de  la  même  manière,  et  que  toujours 
les  racines  se  forment  avec  cette  sève  éla- 
borée par  les  feuilles?  Nous  ne  le  croyons 
pas,  parce  que, (dans  beaucoup  de  cas,  les  ra- 
cines percent  dans  toute  la  longueur  des  ra- 
meaux qui  se  trouve  enterrée,  et  cela  même 
sans  qu’il  y ait  seulement  de  trace  de  bour- 
I relet.  C’est  ce  qui  arrive  pour  les  boutures 
de  Saule,  de  Peuplier,  de  Groseillier,  de 

DE  L’OMBRE  EN 

! 

I L’ouvrage  le  plus  élémentaire  sur  la  cul- 
! ture  donne , comme  conditions  indispen- 
I sables  à la  végétation  normale  de  beaucoup 
1 de  plantes,  à la  reprise  surtout  : « culture 
i à Vombre,  ou  à mi-ombre.  » Lorsque  ce 
! n’est  que  transitoire,  qomme  après  le  rem- 
I potage  par  exemple,  les  moyens  employés 
' ont  moins  d’importance  ; mais  en  culture  à 
demeure,  c’est-à-dire  pour  une  saison,  l’om- 
; brage  n’est  pas  très-bien  compris. 

I Mettre  une  plante  à V ombre  est,  en  gé- 
néral, la  soustraire  à l’action  plus  ou  moins 
directe  des  rayons  solaires.  Dans  la  plupart 
[ des  jardins,  on  profite  d’un  mur,  ou  de 
I plantations  spéciales  que  l’on  nomme  ri- 
deaux, palissades,  brise-vent,  etc.  On  em- 
ploie pour  cela  le  plus  souvent  des  arbres 
I verts.  Quelques  personnes  emploient  des 
arbres  fruitiers,  qui,  bien  qu’à  feuilles  ca- 
duques, ombragent  parfaitement  à l’époque 
: où  leur  emploi  est  nécessaire.  Enfin,  d’au- 
' très  se  servent  d’un  latis  de  fagot,  etc. 


Vigne,  etc.,  et  d’autre  part,  comment  aussi 
pourrait-on,  à l’aide  de  la  sève  descendante 
((  modifiée  par  les  feuilles,  » expliquer  la 
formation  de  racines  parfois  très-nombreuses 
et  très-longues  sur  des  parties  complète- 
ment dépourvues  de  feuilles,  parfois  même 
réduites  à un  simple  fragment  de  bois? 
N’est-ce  pas  ce  qui  a lieu  lorsqu’on  prend 
un  œil  de  Vigne  pour  le  bouturer?  Dans  ce 
cas,  en  effet,  nous  avons  parfois  remarqué 
de  longues  et  grosses  racines,  sans  qu’il  y 
ait  production  de  parties  foliacées.  D’où  ve- 
naient donc  ces  racines? 

Nous  ne  nions  pas  la  sève  descendante  ; 
mais  ce  que  nous  n’hésitons  pas  à nier  de  la 
manière  la  plus  formelle,  c’est  qu’il  y ait 
une  cir exdation  de  la  sève  analogue  à celle 
qui  a lieu  chez  les  animaux.  N’y  a-t-il  pas 
des  cas  même  où  la  sève,  qui  toujours 
MONTE,  semble  ne  pas  descendre?  C’est  ce 
que  semblent  démontrer  certaines  boutures 
qui  forment  un  bourrelet, — plus  ou  moins 
fort,  parfois  même  très-fort  à leur  sommet,  — 
et  qui  néanmoins  ne  produisent  ni  racines 
ni  même  de  bourrelet  à la  partie  inférieure. 

De  tout  ceci  nous  concluons,  ainsi  que 
nou's  l’avons  toujours  fait,  que  la  marche  de 
la  sève,  comme  tout  ce  qui  se  rattache  aux 
principes  fondamentaux  de  la  vie  des  êtres, 
est  un  phénomène  très-complexe  qui  est 
bien  loin  d’être  connu.  Le  sera-t-il  jamais? 
D’une  manière  absolue,  nous  n’hésitons  pas 
à dire  non.  E.-A.  Carrière. 

HORTICULTURE 

Les  plantes  placées  à l’ombre  sous  d’au- 
tres végétaux  s’étiolent.  Sous  les  latis  de 
bois  sec,  à lumière  égale,  l’étiolement  est 
beaucoup  moindre.  Pourquoi?  Si  nous  en 
recherchons  la  cause,  le  raisonnement  donne 
la  solution  suivante. 

De  même  que  dans  un  centre  populeux 
les  hommes  manquent  d’air  et  jouissent 
d’une  santé  moins  robuste  qu’à  la  cam- 
pagne, à cause  de  la  raréfaction,  qui  est 
moindre,  des  gaz  nécessaires  à l’alimenta- 
tion, les  plantes  sous  les  abris  de  végétaux 
vivants  souffrent  du  manque  d’air,  dont  l’ac- 
tion se  fait  principalement  sentir  dans  le 
sens  de  la  verticalité.  Pour  se  convaincre  de 
l’action  verticale  de  l’air,  il  suffit  de  consi- 
dérer l’effet  produit  par  un  obstacle  quel- 
conque mis  sur  une  plante.  Celle-ci  déviera 
de  sa  direction  primitive,  et  la  reprendra 
lorsqu’elle  aura  franchi  l’obstacle. 

Une  masse  ambiante,  uniforme,  d’air 
agit  sur  les  plantes  comme  sur  tous  les 


AUTÎGHAUT  DE  BEAULIEU. 


m 

autres  êtres  (végétaux  et  animaux).  Les  uns, 
par  leur  nature,  pour  vivre  normalement, 
ont  besoin  de  son  contact  immédiat;  les  y 
soustraire  ou  le  leur  distribuer  avec  parci- 
monie est  tout  à fait  illogique.  D’autres  ont 
besoin  que  l’air  ne  leur  arrive  qu’indirecte- 
ment  et  comme  tamisé  (les  Fougères  et 
la  plupart  des  Cryptogames).  D’autres, 
enfin,  ne  peuvent'  subir  son  influence  qu’à 
travei’s  l’eau,  ainsi  que  nous  le  montrent 
les  plantes  complètement  immergées. 

De  ce  qui  précède  nous  devons  conclure  ! 
que  des  plantes  végétant  bien  normalement 


au  grand  air  ne  peuvent  vivre  sans  difficulté 
à l’oriibre  des  grands  arbres,  car  ces  der- 
niers absorbent  en  partie  les  éléments  qui 
sont  utiles  aux  plantes  ombragées.  Les  abris 
de  bois  morts,  brisant  les  rayons  solaires, 
sont  de  beaucoup  préférables,  parce  que, 
indépendamment  qu’ils  n’absorbent  rien, 
leur  décomposition,  quelque  lente  qu’elle 
soit,  dégage  toujours  des  gaz  utiles  à 
l’absorption  des  plantes  qu’elles  protègent. 

H.  PiOBINET, 

Clief  des  cultures  de  la  maison  Dérr.ouillcs, 
à Toulouse. 


AUTIGHAUT  DE  BEAULIEU 


La  variété  dont  je  vais  parler  est  très- 
probablement  celle  qui  donne  les  pins  fortes 
inflorescences.  Nous  en  avons  récolté  dont 
une  seule  tête  qui,  pesait  1 kilogramme  220 
grammes,  mesurait  90  centimètres  de  cir- 
conférence. ‘Voici  comment  je  l’ai  obte- 
nue : 

C’était  en  1865.  Je  fis  un  semis  de  graines 
d’Articbaut,  qui  me  fournit  les  résultats  les 
plus  singuliers.  Chaque  sujet  provenant  de 
ce  semis  constituait  une  variété  ; les  têtes  ne 
se  ressemblaient  pas:  les  unes  pointues,  les 
autres  camuses,  avec  ou  sans  piquants, 
vertes  ou  violettes,  présentant  des  nuances 
plus  ou  moins  foncées.  Mais  au  milieu  de 
ces  variations,  mon  attention  fut  particu- 
lièrement attirée  par  un  sujet  aux  longues 
et  larges  feuilles,  d’une  viguc'ur  remar- 
quable. J’étais  impatient  de  voir  la  pomme 
sortir  et  se  développer.  En  l’examinant  avec 
attention,  il  me  sembla  reconnaître  une  dis- 
position inusitée  qui  me  paraissait  d’un  bon 
augure;  je  dois  dire  que,  loin  d’avoir  été 
déçues,  mes  espérances  ont  été  dépassées  ; 
il  produisit  une  tête  que  sans  exagération  je 
puis  qualifier  de  phénoménale.  La  pre- 
mière que  j’ai  récoltée  mesurait  72  centi- 
mètres de  circonférence,  et  pesait  875 
grammes.  Ce  résultat  me  paraissait  plus  que 
satisfaisant;  je  ne  pensais  pas  qu’il  me  fût 
possible  d’obtenir  encore  mieux  : jeme  trom- 
pais. Je  fis  enlever  les  œilletons  de  la  souche 
mère  pour  les  planter  ailleurs.  Sur  ces 
mêmes  œilletons,  j’ai  récolté  des  pommes 
mesurant  chacune  90  centimètres  de  cir- 
conférence, et  qui,  ainsi  que  je  l’ai  dit  ci- 
dessus,  pesaient  J kilogramme  220 grammes. 

Cette  variété  d’Artichaut  a-t-elle  dit  son 
dernier  mot?  Ne  peut-elle  pas  donner  des 
produits  dépassant  ceux  qu’elle  m’a  déjà 
donnés?  Je  ne  suis  pas  éloigné  de  le  croire. 


car  le  semis  des  graines,  la  plantation  des 
œilletons,  se  sont  faits  dans  des  conditions 
assez  défavorables,  dans  le  jardin  du  pres- 
bytère de  la  paroisse  de  Marc-Latour,  dont 
j’étais  alors  le  curé.  J’avais  trouvé  le  sol  de 
ce  jardin  complètement  épuisé;  je  l’avais 
engraissé  il  est  vrai  ; mais  outre  son  épuise- 
ment, il  avait  encore  un  défaut  capital  pour 
la  culture  de  l’Artichaut,  qui  demande  une 
terre  profonde,  afin  que  ses  racines  grosses 
et  longues  s’y  développent  et  s’y  étendent 
à leur  aise.  Ce  sol  a tout  au  plus,  en  épais- 
seur, de  20  à 25  centinaètres  de  terre  arable  ; 
au-dessous  on  ne  trouve  que  des  pierres  et 
I delà  terre  glaise  qui  constituent  le  sous-sol. 

I Dans  ces  conditions,  je  suis  arrivé  à des  ré- 
! sultats  inespérés.  Suis-je  téméraire  en  pen- 
I sant  qu’on  aurait  chance  d’obtenir  encore 
mieux  dans  un  terrain  plus  propice,  plus 
favorable  à la  culture  de  cette  plante? 

L' Artichaut  de  Beaulieu  végète  avec  vi- 
gueur; ses  feuilles,  d’un  vert  foncé,  sont  lar- 
ges et  longues.  Il  me  paraît  très-rustique. 
De  toutes  les  variétés  que  j’ai  obtenues  de 
semis,  c’est  la  seule  que  j’ai  pu  conserver 
pendant  le  rigoureux  hiver  de  1868.  La  tige 
qui  supporte  les  pommes  est  courte,  grosse 
et  trapue  ; on  peut  dire  que  c’est  une  variété 
naine.  Les  pommes  formées  sont  d’un  vert 
clair,  quoique  presque  violettes  à leur  nais- 
sance; à mesure  qu’elles  se  développent, 
cette  couleur  disparaît  pour  ne  laisser  de 
[ traces  que  sur  les  bractées  les  plus  infé- 
I rieures.  Les  bractées  (feuilles  de  la  pomme) 
sont  grosses  et  charnues;  le  fond  est  égale- 
ment très-gros,  charnu  et  épais.  La  saveur 
parliculière  de  ce  produit  plaît  beaucoup 
et  est  très-estimée  des  gourmets.  J’ai  déjà 
dit  quelle  en  est  la  grosseur,  quel  en  est 
le  pcids.  Il  ne  faut  pas  songer  à placer 
I plusieurs  têtes  dans  un  même  plat  ; une 


DEUX  BONNES  PLANTES  POUR  BORDURES. 


seule  suffit,  en  meme  temps  qu’elle  est  l’or- 
nement d’une  table  bien  servie. 

Un  examen  attentif  de  ces  produits,  fait 
par  des  juges  compétents,  a démontr  é qu’ils 
constituent  une  nouvelle  et  très-méritante 
variété.  Comparé  au  gr*os  Artichaut  de  Bre- 
tagne, V Artichaut  de  Beaulieu  donne  autant 
de  pommes  que  ce  dernier  ; mais  une  seule 
de  celui-ci  pèse  pr^esque  autant  que  cinq 
de  celui-là.  Tout  naturellement,  j’ai  cherxhé 
à multiplier  cette  espèce,  et  je  suis  en  me- 
sure aujourd’hui  d’en  fournir  à tous  ceux 
qui  m’en  demanderont. 

Une  variété  d’Artichaut  se  reproduit  rare- 
ment franche  de  graines,  tandis  que  les 
œilletons  donnent  toujours  invariablement  la 
la  même  variété. 

Les  plantations  de  juillet,  d’aout  et  de 
septembre  sont  préférables  à celles  du  prin- 
temps, et  nous  donnent  leurs  produits  tout 
aussitôt.  Les  sujets  qui  n’ont  atteint  que  la 
moitié  de  leur  développement  se  conservent 


-269 

mieux  pendant  l’hiver;  ceux  qui  sont  tout  à 
fait  forn)és  sont  plus  exposés  à périr,  fait 
qui,  du  reste,  se  montre  sur  d’autres  plantes 
potagères,  pour  les  Choux  notamment.  Ainsi, 
tandis  qu’un  Chou  non  pommé  brave  la 
gelée,  celui  qui  est  pommé  ne  peut  sup- 
porter l’hiver. 

L’Artichaut  peut  être  cultivé  en  France, 
dans  les  régions  les  plus  froides;  ce  qu’il 
craint  le  plus,  ce  n’est  pas  la  gelée,  mais 
bien  un  excès  d’humidité.  Les  soins  qu’on 
lui  donne  pendant  l’hiver,  les  précautions 
qu’on  prend  pour  le  conserver,  lui  sont  plus 
nuisibles  qu’utiles.  On  trouvera  dans  mon 
Manuel  pratique  d'horticulture  (ouvrage 
honoré  de  la  souscription  de  M.  le  Ministre 
de  l’agriculture  — prix  : 3 fr.)  un  moyen 
simple,  facile,  efficace,  peu  dispendieux, 
pour  préserver  cette  plante  de  l’humidité  et 
du  froid. 

L’Abbé  Morlion, 

Propriétaire  à Beaulieu  (Corrèze). 


DEUX  BONNES  PLANTES  POUR  BORDURES 


Une  des  principales  préoccupations  de 
l’architecte  ou  du  jardinier,  lorsqu’ils  ont 
créé  un  jardin,  est  de  savoir  comment  et 
avec  quoi  ils  entoureront  les  massifs  d’ar- 
bustes, les  carrés  du  potager,  les  plates- 
bandes  du  jardin  fruitier,  et  aussi  comment 
ils  pourront  gazonner  les  pentes  rapides,  les 
lieux  secs,  arides,  rocailleux,  et  même  les 
ruines.  Quand  le  terrain  est  de  bonne  qua- 
lité, suffisamment  humide,  on  peut  adopter 
le  Ray-grass  ou  le  Laiü?i-grass,  qui,  bien 
soignés,  souvent  tondus  et  arrosés,  permet- 
tront, avec  le  Buis,  lorsqu’on  trouvera  celui- 
ci  en  assez  grande  quantité,  de  se  tirer  d’af- 
faire. 

Mais  il  n’en  est  pas  toujours  ainsi,  le  ter- 
rain qui  est  situé  sur  des  pentes  arides, 
normalement  éclairé  par  les  rayons  solaires 
et  composé  de  rocailles  ou  de  sables  mai- 
gres, sur  lesquels  le  gazon  ne  résiste  pas, 
et  où  le  Buis  ne  se  maintient  qu’avec  peine, 
fournit  de  fréquentes  exceptions. 

Placé  dans  ces  conditions  lors  de  la  créa- 
tion du  jardin-école  ’de  Soissons,  il  nous  a 
fallu  essayer  un  peu  de  tout,  et,  à l’aide  de 
nos  tentatives,  nous  sommes  arrivé  à pos- 
séder de  belles  et  solides  bordures,  même 
dans  les  parties  les  plus  sèches  du  jardin, 
en  employant  l’Aubriétie  deltoïde  {Auhrie- 
tia  deltoidea)et  le  Petit  Chêne  {Teucrium 
Chamœdrys). 

La  facilité  avec  laquelle  ces  plantes  se 


multiplient  et  leur  robusticité  nous  engagent 
à les  recommander  à l’attention  des  jardi- 
niers. 

Le  Petit  Chêne  est  vivace;  ses  tiges  sous- 
ligneuses,  dressées,  atteignent  15  centimèt. 
de  hauteur;  ses  feuilles,  finement  découpées 
et  vernissées  sur  le  dessus,  font  un  aussi 
bon  effet  que  celles  du  Buis,  quoiqu’elles 
soient  d’un  vert  plus  sombre.  Les  fleurs 
purpurines,  en  grappes  allongées,  bien 
qu’elles  n’aient  rien  de  merveilleux,  pro- 
duisent néanmoins  un  certain  effet  décoratif 
qui  ajoute  à celui  des  feuilles.  On  peut  le 
multiplier  d’éclats  à l’automne  ou  au  prin- 
temps, et  surtout  de  boutures  faites  en  juin, 
à l’instar  des  boutures  de  Pélargoniums, 
c’est-à-dire  en  pleine  terre  et  à l’air  libre.  On 
détache  pour  cela  les  extrémités  des  tiges; 
on  leur  donne  une  longueur  d’etiviron  5 à 
6 centimètres,  et  on  les  repique  au  plantoir  à 
10 centimètres  en  tous  sens  dans  une  planche 
labourée  profondément  et  dont  on  aura  brisé 
les  mottes  ; ces  boutures  seront  bassinées 
plusieurs  fois  par  jour  jusqu’à  leur  reprise, 
qui  aura  lieu  environ  trente  jours  après  l’o- 
pération. Des  sarclages  et  des  arrosements 
suffisants  sont  de  rigueur  si  l’on  veut  avoir 
de  bons  petits  plants  à mettre  en  place  au 
printemps.  Celui-ci  arrivé,  il  ne  restera  plus 
qu’à  planter  le  Petit  Chêne  sur  trois  rangs, 
en  espaçant  les  pieds  de  15  à 20  centimètres 
en  tous  sens  ; on  complète  la  plantation  par 


270 


PALMIERS  NOUVEAUX. 


«le  copieux  arrosements.  Tous  les  ans,  vers 
te  15  juin,  si  l’on  veut  avoir  des  bordures 
bien  régulières,  on  tondra  avec  les  cisailles 
tes  sommités  des  plantes,  comme  on  le  fait 
luabituellement  pour  le  Buis,  en  ayant  soin 
de  faire  cette  opération  d’une  manière  cor- 
recte et  régulière  : c’est  à peu  près  le  seul 
soin  que  cette  plante  exige  pendant  sa  végé- 
tation. 

Aiibrietia  deltoidea  est  également  vi- 
vace; ses  tiges  très-rameuses,  gazonnantes, 
s’élèvent  à peine  à 1^  centimètres  ; ses  fleurs, 
d’un  bleu  violet,  font  un  merveilleux  effet 
si  les  plantes  sont  placées  en  ligne  ou  en 
masse  sur  un  massif  assez  bombé.  Cette 
charmante  plante  s’accommode  de  toutes 
les  situations,  même  des  plus  arides;  elle 
ne  paraît  redouter  que  les  endroits  ombra- 
gés ou  très-humides. 

On  peut  la  multiplier  par  semis  et  sur- 
tout par  éclats  après  la  floraison,  c’est-à-dire 

PALMIERS 

cocos  WEDDELIANA 

Ces  deux  plantes,  rêve  de  tous  les  ama- 
teurs, sont  assurément  ce  qu’il  y a de  plus 
beau  parmi  les  nouvelles  introductions  de 
ces  dernières  années. 

Le  Cocos  Weddeliana  et  le  Glaziova 
hisignis  sont  les  plus  élégants  des  petits 
Palmiers.  Le  C.  Weddeliana,  déterminé 
par  Martius,  avait  reçu  tout  d’abord  la  dé- 
nomination de  Jjeopoldinia  pulchra.  En 
Belgique,  les  catalogues  des  horticulteurs 
te  désignent  tantôt  sous  le  nom  de  Glaziova 
elegantissima , tantôt  sous  celui  de  C. 
Weddeliana. 

Autrefois,  quelques  exemplaires  de  ce 
Palmier,  originaire  du  Brésil,  avaient  été 
introduits  dans  certaines  cultures  spéciales, 
alors  que  les  plantes  ornementales  de  serre 
chaude  étaient  encore  délaissées,  et  que  les 
moyens  de  les  forcer  et  de  les  bien  cultiver 
étaient  à peu  près  inconnus  ou  restaient  le 
secret  de  quelques  praticiens  habiles. 

Ce  Coeos  ne  se  trouvait  donc  que  très- 
difficilement  dans  le  commerce  qui,  alors, 
en  demandait  un  prix  insensé.  Cependant 
tes  spécimens  des  jardins  botaniques  gran- 
dissaient et  faisaient  l’admiration  des  con- 
naisseurs; leur  réelle  beauté  donna  l’idée 
de  tirer  parti  de  ce  Palmier,  et  l’on  se  mit  à 
en  faire  chercher  des  graines  ; ce  fut  peine 
perdue  : il  fut  même  impossible  de  retrouver 
ta  station  de  cette  plante.  Un  infatigable 
diercheur,  M.  Binot,  plus  heureux  que  les 


depuis  le  mois  de  juillet  jusqu’à  la  fin  d’oc- 
tobre. Les  jeunes  plants,  placés  d’abord  en 
pépinière  à 10  ou  12  centimètres  en  tous 
sens,  sont,  à fautomne  ou  au  printemps, 
plantés  à demeure  à la  distance  de  25  à 
30  centimètres.  La  floraison  commence  dès 
le  premier  printemps,  et  se  continue  jusqu’à 
la  fin  de  juin;  dès  qu’elle  est  terminée,  il 
suffit  de  tondre  la  plante,  pour  la  faire 
pousser  de  nouveau  et  en  obtenir,  par  ce 
moyen,  une  seconde  floraison  à l’automne. 

C’est  peut-être,  de  toutes  les  plantes  vi- 
vaces pour  bordures,  la  meilleure,  la  plus 
floribonde,  et  en  même  temps  celle  qui 
exige  le  moins  de  soins  d’entretien. 

Le  semis  se  fait  en  mai-juin  en  pépinière  ; 
le  jeune  plant  est  également  repiqué  en  pé- 
pinière lorsqu’il  est  suffisamment  développé, 
puis  est  planté  à demeure  à l’automne  ou 
au  printemps. 

E.  Lambin. 

NOUVEAUX 

r GLAZIOVA  INSIGNIS 

autres  explorateurs,  découvrit  par  hasard, 
dans  ses  excursions,  l’objet  de  tant  de  re- 
cherches. Ce  Cocos  introuvable  croissait  sur 
les  bords  sablonneux  d’un  torrent.  Les 
quelques  graines  échappées  à la  voracité 
des  petits  animaux  rongeurs  qui  peuplent 
ces  contrées  avaient  été  entraînées  par  les 
eaux;  aussi,  pour  ne  pas  perdre  le  fruit  de 
ses  pénibles  recherches,  M.  Binot  releva 
avec  succès  une  quantité  de  jeune  Cocos 
qui,  en  grande  partie,  sont  ceux  que  l’éla- 
blissement  Linden  livre  au  commerce  à un 
prix  très-élévé.  Les  amateurs  ne  doivent 
pas  s’en  étonner,  M.  Linden  s’étant  assuré, 
autant  que  possible,  le  monopole  de  cette 
trouvaille. 

La  tige  du  C.  W^eddeliana  est  mince  e] 
entourée  d’un  épais  tissu  noir  ; ses  feuilles, 
qui  retombent  gracieusement,  atteignent 
environ  1'»  30  de  longueur;  elles  sont 
étroites  et  divisées  presque  jusqu’à  la  base 
du  pétiole;  leur  couleur  est  d’un  beau  vert 
foncé  en  dessus,  avec  un  reflet  d’un  gris 
métallique  en  dessous. 

Le  Glaziova  insignis,  originaire  des 
mêmes  régions,  diffère  de  l’espèce  précé- 
dente par  sa  taille  plus  élevée  et  par  ses 
feuilles  qui,  plus  droites,  ont  en  dessous  un 
reflet  argenté  très-accentué. 

La  culture  de  ces  Palmiers  est  facile  ; on 
devra  les  tenir  dans  une  terre  très-sablon- 
neuse mélangée  de  bonne  terre  franche. 


AGALMYLA  LONGISTYLA. 


271 


Les  arrosements  seront  abondants;  quand 
les  jeunes  plantes  seront  un  peu  faites,  elles 
ne  réclameront  plus  la  chaleur  qu’il  est 
bon  de  leur  donner  pour  activer  leur  crois- 
sance lorsqu’ils  sont  jeunes. 

M.  Binot  assure  qu’au  Brésil,  ces  plantes 
supportent  sans  souffrir  une  température 


qui  quelquefois  tombe  à zéro.  La  taille  de 
ces  Palmiers,  arrivés  à l’état  adulte,  est  de 
1 à 2 mètres  ; toutes  les  serres  peuvent  donc 
s’enrichir  de  ces  petites  merveillesvégétales. 

Alphonse  D***, 

Amateur. 


AGALMYLA  LONGYSTYLA 


L’espèce  que  nous  allons  décrire,  que 
représente  la  ligure  coloriée  ci-contre,  est 
très-rare  dans  le  commerce,  où  on  la  ren- 
contre sous  le  nom  de  Agalmyla  staminea, 
c’est-à-dire  A.  à longues  étamines.  Nous 
n’adoptons  pas  ce  nom  par  cette  raison  que 
les  caractères  de  notre  plante  sont  très-diffé- 
rents de  ceux  qui  s’appliquent  à l’espèce  qui 
a été  décrite  et  figurée  sous  le  qualificatif 
staminea  (1),  ainsi  du  reste  que  va  le  dé- 
montrer la  description  que  nous  allons  en 
faire,  et  que  laisse  voir  la  figure  que  nous  en 
donnons.  Plante  vigoureuse,  à tige  charnue, 
sarmenteuse,  couchée,  radicante,  ayant  une 
disposition  très -marquée  à se  contourner, 
grosse,  rougeâtre,  courtement  velue,  pubé- 
rulente  surtout  en  dessus.  Feuilles  forte- 
ment pétiolées,  à pétiole  d’environ  12  centi- 
mètres, gros,  succulent,  rougeâtre  et  v(du 
comme  la  tige,  longuement  lancéolées, 
atteignant  15-20  centimètres  de  longueur 
(non  compris  le  pétiole),  sur  environ  8 de 
largeur,  à limbe  très- épais,  coriace,  un  peu 
convexe,  huilé  et  très-luisant  en  dessus, 
vert  pâle,  glaucescent  en  dessous,  à bords 
réfléchis,  portant  de  grosses  et  courtes  dents 

(1)  Deux  figures  de  lLf  ga/»îîy/as^a>af;?ca,  à notre 
connaissance,  ont  été  publiées,  l’une  par  M.  Mor- 
ren  père,  dans  les  Ammles  de  la  Société  royale 
d’ayricxdlure  et  de  botaniyKe  de  Gand^  1848,  t.  IV, 
p.  255;  l’autre,  par  M.  Ch.  Lemaire,  dans  la  Flore 
des  serres  et  des  jardins  de  l'Europe,  1848  (juinV 
t.  IV,  p.  358. 

L’examen  de  ces  deux  figures  démontre  qu’elles 
ont  été  faites  Lune  sur  l’autre  (en  modifiant  très- 
légèrement  la  position  du  dessin);  de  plus  qu'il  est 
à peu  près  hors  de  doute  quelles  sont  des  copies, 
puisque  les  deux  auteurs,  en  la  décrivant  d'après 
Blurne,  se  tiennent  dans  des  considérations  géné- 
rales quanta  la  plante,  qui  n’avait  pas  encore  fleuri 
en  Belgique,  bien  quelle  y était  introduite,  fait  qui 
ressort  d’une  manière  formelle  de  ce  passage  de 
M.  Morren  : « C’est  M.  Thomas  Lobb  qui  l’a  rame- 
née de  Java,  et  aujourd’hui  les  principaux  horticul- 
teurs de  Gand  possèdent  cette  plante  remarquable 
dans  leurs  collections,  quoiqu’il  n’y  ait  que  fort  peu 
de  temps  qui  se  soit  écoulé  depuis  son  introduc- 
tion. » Mais  alors,  pourquoi  ne  pas  avoir  indiqué 
où  ils  avaient  puisé?  C’eût  été  un  renseignement 
do  plus,  ce  qui  ne  nuit  jamais. 

{Eote  de  la  rédaction.)  i 


écartées.  Fleurs  tubuleuses,  nombreuses, 
naissant  par  groupes  sur  un  très-court  et 
gros  pédoncule  coloré,  à tube  d’environ  5 
centimètres,  renflé  au  milieu,  qui  est  un 
peu  arqué,  à cinq  divisions  inégales,  l’in- 
férieure beaucoup  plus  longue,  réfléchie, 
les  deux  supérieures  très-courtes,  d’un  rouge 
ponceau  brillant  et  très-foncé,  — ion  chaud, 
comme  l’on  dit,  — portant  à la  partie  in- 
terne des  divisions,  surtout  sur  l’inférieure, 
une  macule  plus  foncée,  brunâtre.  Etamines 
5,  dont  2 fertiles,  à filets  rouge  violacé,  se 
renversant  de  suite  en  arrière,  c’est-à-dire 
sur  la  partie  convexe  de  la  corolle,  de  sorte 
que  l’on  n' aperçoit  jamais  que  les  styles; 
anthères  conjuguées,  adnées  latéralement  et 
comme  soudées  par  leur  extrémité,  ovales- 
allongées;  style  très-longuement  saillant,  à 
filet  gros,  raide  et  très-droit,  d’un  lilas  vio- 
lacé, terminé  par  un  stigmate  bifide  ou  bila- 
mellé,  à divisions  étalées  parallèlement. 

B arrive  parfois,  mais  très-rarement,  que 
le  style  avorte  sur  quelques  fleurs,  et  dans 
ce  cas  les  étamines  de  ces  fleurs  restent 
dressées.  Est-ce  par  suite  d’un  fait  analogue 
qui,  en  se  généralisant  sur  certains  pieds, 
aurait  déterminé  le  caractère  de  la  plante 
qu’on  a qualifiée  staminea  2 Serait-elle  une 
forme  de  celle  que  nous  décrivons,  ou  est- 
ce  celle-ci  qui  serait  une  variété  de  celle-là? 
Nous  ne  pouvons  le  dire  ; ce  que  nous  pou- 
vons affirmer,  c’est  que  VA.  longistyla  est 
une  plante  de  premier  mérite  ornemental, 
de  laquelle  on  pourra  tirer  un  très-bon 
parti,  en  disposant  ses  rameaux  soit  en  spi- 
rale, soit  de  toute  autre  manière,  afin  de 
multiplier  les  surfaces. 

La  floraison  de  V Agalmyla  a lieu  en 
hiver,  précisément  à l’époque  où  les  fleurs 
ne  sont  pas  abondantes,  ce  qui  est  un  mé- 
rite de  plus.  Quant  à sa  culture,  elle  est 
très-facile  : terre  de  bruyère  grossièrement 
concassée,  mélangée  de  sphagnum.  On  peut 
même  cultiver  en  terre  de  bruyère  ordi- 
naire, en  ayant  soin  de  ne  pas  la  fouler; 
peut-être  pourrait-on  cultiver  dans  de  la 
mousse  humide,  la  plante  émettant  de  nom- 


f 


CULTURE  DES  MELONS  ET  DE  L’IGNAME  DE  CHINE. 


breux  crampons  ou  suçoirs,  à l’intar  de  cer- 
taines espèces  parasites.  La  multiplication 
ne  présente  aucune  difficulté;  les  tiges 
coupées  et  placées  sous  cloche  s’enracinent 
très -promptement. 

Quoique  nous  ne  puissions  rien  affirmer 
d’absolu  quant  à son  origine,  on  peut  con- 
sidérer VA.  longistifla  comme  croissant  à 
Java,  dans  les  mômes  conditions  que  VA. 
staminea,  Blume.  On  doit  donc,  comme 
celle-ci,  la  cultiver  en  serre  clîaude. 

On  pourra  se  procurer  VA.  longistijla 
chez  M.  Luddemann,  horticulteur,  boule- 
vard d’Ilalie,  25,  où  nous  avons  fait  exécuter 
la  figure  représentée  ci-contre. 

Après  avoir  fait  connaître  les  caractères 
que  présente  VA.  longistgla,  nous  devons, 
en  terminant,  rapporter  quelques  obser- 
vations qu’on  nous  a faites,  de  manière,  tout 
en  justifiant  nos  dires,  à éclairer  une  ques- 
tion qui  paraît  présenter  quelque  obscurité, 
des  ((  points  noirs.  » Ainsi,  l’on  nous  a re- 
proché d’avoir  jeté  de  la  confusion  en  faisant 
c(  une  espèce  nouvelle,  » en  donnant  un  nom 
<(  nouveau  » à une  vieille  « plante,  » ce  que 
nous  n’admettons  pas  pour  diverses  raisons 
que  nous  allons  énumérer.  D’abord,  qui 
prouve  que  la  plante  est  vieille,  et,  à la 
rigueur,  qu’importe  l’âge  contre  la  vérité  ? 
Parce  qu’une  inexactitude  existerait  depuis 
longtemps,  serait-ce  une  raison  pour  la 
justifier?  Nous  ne  le  croyons  pas,  et  nous 
ne  sachions  pas  que  le  temps  ait  la  propriété 
de  légitimer  l’erreur.  Mais  d’une  autre  part, 
qui  prouve  qu’il  y a identité  entre  la  plante 
dont  nous  parlons  et  celle  qui  a été  décrite 
il  y a vingt- quatre  ans?  Et  qui  ne  sait 
qu’a  près  avoir  considéré  certaines  plantes 
comme  indentiques  pendant  très-longtemps, 
on  a dû  plus  tard  les  considérer  comme  difle- 
rentes?  Les  exemples  abondent. 

On  nous  a dit  aussi  : Mais  les  caractères 
sur  lesquels  vous  vous  appuyez  pour  former 
cette  espèce  sont  « anormaux  ; » ce  sont  des 

CULTURE  DES  MELONS  E 

Dans  son  excellent  traité  sur  une  nou- 
velle méthode  de  cultiver  les  Melons,  que 
notre  honorable  confrère,  M.  LoiseI,a  publié 
à la  Librairie  agricole  de  la  Maison  rus- 
ligne,  20,  rue  Jacob,  à Paris,  il  est  ques- 
tion, dans  un  chapitre  spécial,  de  la  culture 
sur  buttes  ou  cônes,  savamment  décrite 
par  cet  habile  praticien,  et  c’est  sur  la  re- 
commandation de  l’un  de  nos  collègues  à 
la  Société  d’horticulture  que  nous  avons 


exceptions.  Ici  encore  nous  disons  : Qui  le 
prouve?  La  question  vaut  la  peine  d’étre 
examinée.  D’abord  qu’est -ce  qu’une  ano- 
malie, sinon  ce  qui  est  opposé  à la  règle, 
c’est-à-dire  à ce  qu’on  considère  comme 
normal?  Or,  pour  le  sujet  qui  nous  occupe, 
toute  règle  veut  que  le  développement  ré- 
gulier des  organes  soit  considéré  comme  le 
fait  normal,  tandis  que  l’avortement  ou 
l’exception  constitue  l’anomalie.  Donc,  c’est 
nous  qui  aurions  raison,  puisque  nous  avons 
la  règle  pour  nous.  En  effet,  chez  notre  plante, 
étamines  et  pistils  se  développent  bien. 

Mais,  sans  nous  préoccuper  de  ce  qui  est 
ou  n’est  pas  normal,  nous  disons  : Bien  n’est 
plus  nuisible  à la  science  que  de  donner 
des  noms  semblables  à des  choses  différentes. 
Or,  une  plante  dont  toutes  les  étamines 
sont  dressées  et  dont  tous  les  styles  avortent 
ne  peut  pas  être  considérée  comme  identique 
à une  autre  dont  toutes  les  étamines  se  ren- 
versent complètement,  et  dont  le  style  gros, 
raide,  toujours  dressé,  est  tres-longuement 
saillant  (chez  notre  plante  il  dépasse  la  co- 
rolle d’au  moins  2 centimètres).  S’il  en  est 
ainsi,  ce  dont  il  n’est  pas  permis  de  douter, 
que  reste-t-il  à faire?  Ceci:  considérant 
que  les  deux  plantes  {Agalmgla  staminea 
et  A.  longistgla)  sont  très-voisines  l’une  de 
l’autre,  il  faut  regarder  l’une  des  deux 
comme  étant  une  variété  de  l’autre.  Et 
comme  dans  ces  sortes  de  questions  notre 
amour-propre  n’est  jamais  enjeu,  que,  con- 
trairement à certain  savant,  nous  n’avons 
aucune  prétention  à l’infaillibilité,  et  que 
d’une  autre  part  nous  n’accordons  aux  es- 
pèces qu’une  valeur  très-secondaire,  c’est- 
à-dire  celle  qu’elles  méritenf,  nous  laissons 
chacun  libre  d’en  faire  ou  penser  ce  qu’il 
voudra,  trouvant  que  notre  part  est  assez 
belle  si  nous  avons  pu  contribuer  à éclaircir 
un  fait  auquel  tous  nous  sommes  intéressés. 

E.-A.  Carrière. 


[ DE  LTGNAME  DE  CHINE 

résolu  de  l’expérimenter  cette  année  ici,  à 
Hanneucourt.  Bien  qtie  la  température  ni  le 
temps  dont  nous  avons  joui  jusqu’à  présent 
ne  soient  guère  favorables  aux  Melons  et  à 
leur  culture,  nous  avons,  depuis  le  mois  de 
janvier,  sans  désemparer,  essayé  ce  procédé, 
qui  réussit  si  bien  tous  les  ans  à M.  Loisel, 
et  nous  espérons  qu’en  suivant  exactement 
son  procédé,  nos  Melons  arriveront  aisément 
à maturité,  et  que  nous  obtiendrons  la 


Remtey  Horticole . 


Açalmyla/  lomjui/Tfia . 


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CULTURE  DES  MELONS  ET  DE  L’(GNAME  DE  CHINE. 


273 


môme  quantité  de  l)ons  fruits,  qu’il  estime 
-*Hre  de  dix.  à quinze,  selon  les  renseigne- 
ments qu’il  a reçus  des  amateurs  qui  ont 
suivi  si  méthode,  et  même  jusqu’à  vingt  et 
un  par  butte,  selon  d’autres,  plus  heureux  et 
plus  favorisés  par  le  climat  ou  par  d’autres 
circonstances.  On  comprend  combien  nous 
avons  du  être  frappé  de  cet  énorme  produit 
en  le  voyarit  consigné  dans  le  traité  de  M.  Loi- 
sel,  et  avec  quel  empressement  nous  nous 
sommes  mis  à l’œuvre  pour  essayer  si  nous 
ne  pourrions  pas  obtenir  de  semblables  ré- 
sultats. Nous  craignons  avoir  expérimenté 
•dans  une  mauvaise  année,  car  nos  Melons, 
aujourd’hui,  16  juin,  sont  à peine  plus 
avancés  que  le  29  mai,  jour  de  la  planta- 
tion. M.  Loisel  indique  que  c’est  dans  la 
première  quinzaine  de  juin  qu’il  faut  opérer 
le  second  pincem^mt  sur  les  branches  ; les 
branches  de  nos  Melons  commençant  à peine 
à se  montrer  en  ce  moment,  ne  pourront 
•être  soumis  au  premier  pincement  que  dans 
plusieurs  jours.  Cependant,  nous  avons  l’es- 
poir que  des  beaux  jours  succéderont  aux 
mauvais,  qui  durent  depuis  plus  de  six  mois, 
et  qu’ils  nous  permettront  d’obtenir  une 
bonne  récolte  et  de  beaux  fruits.  En  jardi- 
nage comme  en  toute  chose,  il  ne  faut  jamais 
désespérer.  On  saitque  l’homme  vit  beaucoup 
par  la  foi,  et  nous  en  sommes  là,  'pour  les  Me- 
lons surtout.  Voici  donc  comment  nous  avons 
•opéré  et  ce  que  nous  avons  fait,  en  priant 
nos  confrères  et  les  amateurs  de  Melons  de 
nous  redresser  si  nous  avons  manqué  à la 
règle  par  inexpérience,  et  d’avance  nous  les 
■en  remercions.  Qu’on  le  comprenne  bien: 
à notre  point  de  vue,  le  jardinage  en  gé- 
néral est  une  école  mutuelle  de  bonne  con- 
fraternité, mot  dont  on  use  et  abuse  si  sou- 
'vent  ; l’hordiculteur  a pour  organe  et  pour 
moniteur  la  Revue  horlicole  et  toutes  les 
publications  de  ce  genre,  qui  représentent 
les  intérêts  de  l’horticulture,  où  chacun  a le 
droit  et  le  devoir  de  dire  ce  qu’il  sait  et  ce 
«qui  peut  être  utile  aux  autres.  Si  tous  les 
praticiens  écrivaient  la  moitié  seulement  de 
■ce  qu’ils  savent  et  de  ce  qu’ils  font,  com- 
bien l’horticulture  serait  en  progrès!  Et  si, 
d’une  part,  tous  les  horticulteurs  publiaient 
<ze  qu’ils  ont  appris  par  la  pratique,  et, 
d’autre  part,  si  les  publications  horticoles  se 
trouvaient  dans  toutes  les  mains  des  jardi- 
niers et  des  amateurs,  et  surtout  si  elles 
étaient  lues  par  eux  avec  l’empressement 
<ïu’elles  méritent,  qui  peut  dire  les  avan- 
tages qui  en  résulteraient  pour  tous?  Mais 
non,  la  plupart  n’en  veulent  pas,  et  les 
•autres  ignorent  même  l’existence  de  ces 


journaux.  Mais  assez  sur  ce  sujet  : passons. 

Le  14  mai,  nous  avons  procédé  à la  con- 
fection des  buttes,  selon  les  sages  prescrip- 
tions indiquées  dans  le  Traité  de  àl.  Loisel. 
Deux  méthodes  sont  recommandées  dans 
ce  volume  : dans  l’une,  les  buttes  doivent 
être  espacées  à 2 mètres  de  distance  les 
unes  des  autres,  et  recevoir  chacune  deux 
pieds  de  Melons  ; les  autres,  plus  rappro- 
chées, sont  établies  à 1"^  50,  sur  lesquelles 
on  ne  plante  qu’un  seul  pied.  Ce  jour-là 
(14  mai),  nous  avons  construit  nos  monti- 
cules de  fumier  consommé,  auxquels  nous 
avons  donné  la  forme  d’un  cône  haut  de 
50  centimètres  et  de  60  centimètres  de  large 
à la  base,  que  nous  avons  foulé  avec  les 
pieds.  Nous  les  avons  recouverts  de  12  à 
15  centimètres  de  terre  du  potager,  puis 
nous  avons  mis  un  bon  paillis  non  seule- 
ment sur  les  buttes,  mais  même  sur  toutes 
les  parties  qui  les  avoisinent,  de  manière  que 
le  sol  soit  entièrement  couvert  de  fumier 
consommé.  La  veille,  c’est-à-dire  le  13  mai, 
nous  avions  semé  nos  Melons  sous  châssis, 
et  nous  ne  les  avons  plantés  que  le  29  mai, 
de  cette  manière  : deux  pieds  de  Melons 
sur  les  buttes  montées  à 2 mètres  de  dis- 
tance, et  un  pied  seulement  sur  celles  dont 
l’écartement  n’est  que  de  1™  50.  Voilà  donc 
nos  buttes  construites,  paillées  et  plantées  ; 
chaque  pied  a été  couvert  par  une  cloche 
en  verre,  et  nous  sommes  en  attendant  la 
récolte  ; mais,  nous  le  répétons,  le  mauvais 
temps  nous  inspire  de  sérieuses  craintes 
pour  le  résultat  de  notre  première  tentative. 
Toutefois,  et  quoi  qu’il  arrive,  nous  aurons 
soin  de  tenir  les  lecteurs  de  la  Rev'ue  au 
courant  de  notre  bonne  ou  mauvaise  chance. 
Dans  tous  les  cas,  il  n’y  aura  rien  de  notre 
faute  ; nous  aurons  fait  tout  ce  qu’il  aura 
dépendu  de  nous  : temps,  patience  et  frais 
de  fumier. 

Voici  les  variétés  de  Melons  que  nous 
avons  plantées  sur  buttes  ou  cônes  : Melons 
Anhergion,  Moschatello  de  MM.  Vilmorin, 
Moschatello  de  M.  Loisel,  Moschatello  de 
M.  Van  Houtte,  Moschatello  de  la  Fourmil- 
lière.  Melon  de  Bornéo  du  docteur  Gênas, 
Melon  des  Barnes  de  M.  Jules  Ravenel, 
Cantaloup  fond  noir,  Melon  de  Ronfleur, 
d’Angers  de  pleine  terre;  enfin  le  Can- 
ialoup  fond  blanc  de  troisième  saison. 
Toutes  ces  variétés  sont  chaque  année  cul- 
tivées sous  cloches  par  nous  avec  succès,  et 
nous  espérons  qu’ils  devront  bien  venir, 
étant  plantées  dans  les  conditions  que  nous 
venons  d’indiquer.  M.  Loisel  recommande 
surtout  le  M.  Moschatello. 


274 


DU  CHAUFFAGE  DES  SERRES  A BERLIN. 


Sur  ces  buttes,  qui  excèdent  le  sol  de 
00  centimètres  environ,  il  nous  a pris  fan- 
taisie de  faire  une  nouvelle  expérience,  qui 
toujours,  nous  Fespérons,  devra  réussir. 
Voici  en  quoi  elle  consiste  : sur  la  sommité 
des  buttes  espacées  à 2 mètres  les  unes  des 
autres,  nous  avons  planté  deux  tronçons 
d’igname  de  la  Chine  {Dioscorea  hatalas), 
un  de  chaque  côté  de  la  cloche.  Comme  il 
faut  à cette  plante  une  très- grande  profon- 
deur de  sol  à parcourir,  et  que  c’est  précisé- 
ment ce  qui  l’empêche  d’être  cultivée  dans 
les  jardins  à cause  de  la  difficulté  qu’elle 


présente  à l’arrachage,  nous  avons  pensé 
qu’elle  pourrait  très-bien  prospérer  sur  ces 
monticules  élevés  hors  de  terre,  et  qu’elle 
trouverait  assez  d’épaisseur  pour  dévelop- 
per ses  longs  et  gros  tubercules,  que  l’on 
déterrerait  facilement  à l’époque  de  la  ma- 
turité et  de  la  récolte.  Si  quelques  lecteurs 
de  la  Revue  avaient  fait  cette  expérience, 
nous  leur  serions  bien  reconnaissant  s’ils 
voulaient  bien  nous  communiquer,  par  un 
mot  dans  ce  journal,  leur  remarque  à ce 
sujet,  et  ce  qu’ils  en  ont  obtenu,  ce  dont 
nous  les  remercions  à l’avance.  Bossin. 


DU  CHAUFFAGE  DES  SERRES  A BERLIN 


Le  mode  de  cbaufiage  pour  les  serres,  le 
plus  généralement  employé  à Berlin  et  dans 
le  Nord  de  la  Prusse,  est  un  système  mixte 
à l’eau  et  à la  vapeur,  ou  plutôt,  c’est  l’eau 
qui  est  chauffée  par  la  vapeur.  Voici  com- 
ment : il  y a d’abord  une  machine  à vapeur 
simple,  c’est-à-dire  sans  aucun  des  acces- 
soires propres  à la  faire  servir  comme  force 
motrice.  De  cette  machine  sort  un  tuyau 
en  cuivre  d’environ  4 centimètres  de  dia- 
mètre, et  qui  parcourt  toutes  les  serres. 
Sur  ce  tuyau  sont  adaptées  des  prises  de  va- 
peur qui  vont  chauffer  de  grands  cylindres 
en  métal,  remplis  aux  trois  quarts  d’eau  et 
qui  se  trouvent  au-dessous.  C’est  tout  ; c’est 
donc,  ainsi  qu’on  peut  le  voir,  un  moyen 
très-simple,  ce  qui  toutefois  ne  veut  pas 
dire  qu’il  est  parfait  ; au  contraire.  Les  in- 
convénients sont  très-nombreux  : d’abord  la 
température  ne  peut  être  maintenue  égale- 
ment, parce  qu’une  fois  l’eau  bouillante  on 
est  obligé  d’arrêter  la  vapeur,  et  alors  la 
serre  n’étant  chauflee  que  par  l’eau  conte- 
nue dans  les  cylindres,  la  température  s’a- 
baisse à mesure  que  l’eau  se  refroidit.  Ainsi, 
j’ai  constaté  un  écart  de  5 degrés  Réaumur 
dans  la  température  d’une  serre  tempérée, 
dans  l’intervalle  de  deux  heures.  Il  est  vrai 
que  c'était  au  milieu  d’un  hiver  très-rigou- 
reux et  la  nuit.  Cela  s’explique  par  la  raison 
qu’une  fois  les  serres  chauffées  à la  tempé- 
rature voulue,  on  est  obligé  d’éteindre  le  feu  ; 
ensuite  les  cylindres  devant  contenir  de  l’eau 
qui  passe  de  l’état  froid  à l’état  d’ébullition. 


il  est  nécessaire  qu’il  y ait  un  conduit  d’é- 
chappement pour  laisser  écouler  l’eau  qui 
résulte  de  la  condensation  de  la  vapeur,  et 
pour  éviter  que  le  cylindre,  se  trouvant  trop 
plein,  ne  vienne  à se  fendre;  par  cet  échap- 
pement, l’eau  sort  et  tombe  sur  le  sol  de  la 
serre;  et  comme  dans  la  plupart  des  cas,  il 
n’y  a pas  d’écoulement,  elle  se  boit  et  en- 
gendre une  humidité  pernicieuse;  de  plus, 
si  le  chauffeur  manque  de  surveillance, 
l’eau  devient  tellement  chaude  que  la  va- 
peur sort  du  cylindre  et  que  bientôt  la  serre 
s’en  trouve  remplie.  En  outre,  ce  système 
n’est  rien  moins  qu’économique;  d’abord 
les  conditions  d’installation  d’une  machine 
à vapeur  sont  toujours  très-dispendieuses, 
et  comme  je  le  faisais  remarquer  plus  haut, 
l’exlinclion  souvent  répétée  (deux  fois  par 
jour,  matin  et  soir)  du  feu  augmente  encore 
les  frais,  et  cela  en  pure  perte;  néanmoins 
ce  chauffage  présente  un  avantage  incon- 
testable : c’est  de  pouvoir  chauffer  un  grand 
nombre  de  serres  de  n’importe  quelle  ca- 
tégorie, et  lors  même  qu’elles  sont  très- 
éloignées  les  unes  des  autres,  la  vapeur 
pouvant  être  envoyée  à de  plus  grandes  dis- 
tances que  l’eau  chaude,  et  cela  sans  aucun 
inconvénient  ; aussi  peut-être  qu’en  faisant 
subir  à ce  système  quelques  modifications, 
on  pourrait  le  rendre  à la  fois  pratique  et 
avantageux  pour  les  grands  établissements; 
c’est  principalement  ou  plutôt  exclusivement 
dans  le  but  d’attirer  l’attention  sur  ce  sujet 
que  j’ai  écrit  cet  article.  H.  Jamain. 


CEPHŒLIS  IPECAGUANHA 


En  publiant  cet  article  sur  le  Cephœlis 
ipecacuanha,  notre  intention  n’est  pas 
d’engager  nos  lecteurs  d’en  essayer  la  cul- 


ture, mais  seulement  de  leur  faire  connaître 
une  espèce  dont  à peu  près  tous  ont  entendu 
parler,  à laquelle  même  beaucoup  ont  eu 


CEPIIŒLIS  IPECACUANHA. 


275 


recours,  sinon  directement  (c’est-à-dire  à 
la  plante),  du  moins  au  produit  qu’on  en 
extrait,  à la  poudre  d'ipecacuanha.  Une 
plante  qui  a rendu  tant  et  de  si  grands  ser- 
vices à l’humanité  nous  a paru  devoir  être 
plus  connue  qu’en  général  elle  ne  l’est  ; 
c’est  cette  conviction  qui  nous  a déterminé 
à en  donner  une  figure  et  une  description. 

Bien  qu’un  assez  grand  nombre  d’espèces 
appartenant  même  à des  genres  différents 
puissent  fournir  un  principe  purgatif  ana- 
logue à celui  qu’on  extrait  de  VTpeca- 
cuanha,  il  n’en  est  pourtant  que  quelques- 
unes  qui  soient  regardées  comme  vraiment 
bonnes;  à peu  près  toutes  appartiennent 
au  genre  Ce2)hœlis  ou  à des  genres  très- 


voisins,  qui  n’en  diffèrent  que  par  des  ca- 
ractères excessivement  légers.  Mais  l’espèce 
la  plus  recherchée,  celle  dont  nous  allons 
parler  et  dont  nous  donnons  un  dessin,  est 
le  C.  ipecacuanha,  Rich.  (fig.  26);  Calli- 
cocca  ipecacuanha,  Gomez  et  Brotero  ; 
Ipecacuanha  fusca,  Pison  ; Poijado  Mato 
desJBrésiliens.  Cette  espèce,  qui  croît  dans 
les  forêts  épaisses  et  ombragées  du  Brésil, 
produit  une  tige  simple  qui  ne  s’élève  guère 
au-delà  de  30  centimètres;  dénudée  à sa 
base,  cette  tige  porte  vers  sa  partie  supé- 
rieure quelques  feuilles  opposées,  ovales- 
cordiformes,  entières,  le  tout  surmonté 
d’une  inflorescence  terminale  ayant  assez  la 
forme  d’un  capitule  ombelliforme;  les  fleurs 


Fig.  2G.  — Cephœlis  ipecacuanha  (a  i 1/3  de  la  grandeur  naturelle).  — Racine  et  intlorescence 

de  grandeur  naturelle. 


sont  petites,  blanches,  infundibuliformes,  à 
divisions  très-courtes,  légèrement  étalées; 
la  racine  est  fibreuse,  comme  noueuse, 
offrant  dans  toute  la  longueur  des  sortes 
d’étranglements. 

C’est  dans  la  racine  des  Cephœlis,  et 
surtout  dans  leur  écorce,  que  se  trouve  le 
principe  vomito-purgatif.  Ces  racines  sont 
longues,  et  présentent  des  renflements  cir- 
culaires très-rapprochés,  de  sorte  qu’elles 
paraissent  former  des  sortes  de  chapelets 
irréguliers. 

Dans  son  Histoire  naturelle  des  drogues 
simples,  M.  Guibourt  partage  les  Ipéca- 
cuanhas  en  deux  groupes,  les  vrais  et  les 
faux.  Les  premiers  comprennent  l’Ipéca- 
cuanha  annelé  gris  noirâtre,  l’Ip.  annelé 
gris  rougeâtre,  l’Ip.  annelé  majeur,  qui 


ne  sont  probablement  que  des  variétés  ou 
formes  d’un  même  type  ; l’Ip.  gris  cendré 
glycyrrhizé  ou  Psychotria  emetica,  L., 
qui  croît  au  Pérou  et  dans  la  Nouvelle - 
Grenade  ; et  enfin  l’Ip.  blanc  de  Bergius, 
dont  l’espèce  ne  paraît  pas  être  bien  con- 
nue. Tous  ces  Ipécacuanhas  ne  sont  pas 
également  riches  en  produits  médicaux  ; 
les, plus  recherchés  sont  les  trois  premières 
sortes  que  nous  avons  citées.  Le  principe 
qui  détermine  la  valeur  est  Vémétine,  qui, 
chez  les  espèces  dont  nous  parlons,  varie 
entre  14  et  16  p.  100. 

Parmi  les  autres  genres  qui  possèdent 
quelques  propriétés  analogues  ou  similaires 
à celles  qu’on  trouve  dans  les  Ipécacuanhas 
faux,  M.  Guibourg  place  le  faux  Ipéca- 
cuANHA  DU  Brésil,  qui  est  VIonidium  ipe- 


276 


SUR  LA  CULTURE  DU  FUCHSIA. 


cacwan/ia.  Vent.;  Viola  ipecacuanha,  L.; 
Pomhalia  ipecacuanha,  Vandelli,  qui  ap- 
partient à la  famille  des  Violariées.  Une 
autre  espèce  de  faux  Ipecacuanha  du 
Brésil  , c’est  Ylonidium  parviflorum , 
Vent.  {Viola  paroi  (lova,  L.);  le  faux  Jpé- 
CACUANiiADE  Cayenne,  qui  est  VJonidiiim 
itouhoa,  Vent.;  Violoria  calceolaria,  L.; 
Viola  itouhoa,  Aubl.  D’après  Aublet,  on 
emploie  également  à Cayenne,  sous  le  nom 
Ipecacuanha,  la  racine  vomitive  et  pur- 
gative du  Doerhaavia  diandra,  L.,  qui  ap- 
partient à la  famille  des  Nyctaginées;  le 
FAUX  Ipecacuanha  de  l’Amérique  septen- 
trionale est  le  Gilleniatrifoliata,'\\æ\\c\\.‘, 
Spiræxi  trifolicita,  L.,  de  la  famille  des 
Rosacées  ; un  autre  faux  Ipécacuanha  de 
l’Amérique  septentrionale  est  YEuphor- 
hia  ipecacuanha,  L.,  dont  la  racine,  bien 
qu’inodore  et  à peu  près  dépourvue  de  sa- 
veur, est  néanmoins  fortement  émétiqtie  ; 
YAsclepias  curassavica,  L.,  conslilue  le 
FAUX  Ipécacuanha  des  Antilles.  Cetfe  es- 
pèce, qui  est  fréquemment  cultivée  dans 
nos  serres  comme  plante  d’ornement,  est 
fortement  émétique;  elle  n’est  guère  em- 
ployée que  par  les  nègres  en  place  de  l’Ipé- 


cacuanba.  Le  faux  Ipécacuanha  de  l’Ile- 
de-France  ou  Ipécacuanha  blanc,  est  le 
Tylophora  asthmatica,  AVigbt  et  Arn.; 
Asclepias  asthmatica,  L.;  Cynanchum 
vomitorium,  Lam.  Enfin,  le  faux  Ipéca- 
cuanha DE  l’Ile-Bourron  est  le  Periploca 
Mauritiana,  Poir.;  Camptocarpus  MaurP 
tianus,  Dcne,  plante  de  la  famille  des  As- 
clépiadées. 

Toutes  les  plantes  employées  comme  Ipé- 
cacuarilia  conliennent  en  plus  ou  moins 
grande  quantité  un  principe  émétique  qui 
parfois  agit  comme  drastique  ; celles  qui 
viennent  d’ètre  citées,  bien  que  les  princi- 
pales, ne  sont  cependant  pas  les  seules  qui 
contiennent  ces  principes  actifs  ; presque 
toutes  les  Eupliotbiacées  — les  Euphorbes 
surtout,  même  celles  de  notre  pays  — pour- 
raient être  employées  aux  mêmes  usages. 

Les  espèces  de  Cephœlis  ou  Ipécacuaidias 
vrais  sont  délicates  et  poussent  peu  ; dans 
les  cultures,  on  les  tient  en  serre  chaude,, 
où  elles  n’acquièrent  jamais  non  plus  que 
de  très-petites  dimensions,  et  sont  presque 
toujours  attaquées  par  les  poux  blancs,  dont 
il  faut  avoir  soin  de  les  débarrasser. 

E.-A.  Carrière. 


SUR  LA  CULTURE  DES  FUCHSIAS 


Par  les  nombreuses  variétés,  la  floribon- 
dité,  la  forme  élégante  des  fleurs  et  la  faci- 
lité de  leur  culture,  les  Fuchsias  méritent 
bien  la  faveur  qu’on  leur  accorde  dans  tous 
les  jardins  ; et  si  à cela  nous  ajoutons  qu’on 
peut  en  faire  des  arbrisseaux  presque  aussi 
volumineux  que  des  Orangers,  pouvant  par 
conséquent  en  tenir  lieu  comme  ornemen- 
tation, et  aussi  que,  dans  l’espace  de  quel- 
ques mois,  on  peut  leur  donner  la  forme  et 
les  dimensions  qu’on  désire,  on  reconiiaitra 
que  ces  arbustes  sont  de  premier  mérite  au 
point  de  vue  de  l’ornement.  En  eifet,  que 
peut-on  imaginer  de  plus  splendide  que  ces 
gracieuses  pyramydes  de  Fuchsias,  hautes 
de  50  et  plus,  ramifiées  de  la  base  au 
sommet,  et  couvertes  de  milliers  de  fleurs 
pendant  toute  la  belle  saison?  Nous  allons 
décrire  la  culture  des  Fuchsias  telle  que 
nous  la  pratiquons,  et  qui  nous  donne  de 
très-bons  résultats  (1)  : 

Choix  de  la  terre.  Bien  qu’il  ne  soit  pas 
difficile  sur  le  choix  de  la  terre,  le  Fuchsia 
préfère  une  terre  assez  substantielle,  point 

(1)  C’est  Fauteur  de  cet  article,  M.  Houé,  qui 
avait  élevé  ces  magnifiques  Fuchsias  qui  ont  fait 
Fadmiralion  de  tous  ceux  qui  les  ont  vus  à Fexpo- 


argileuse,  riche  en  humus,  et  très-per- 
méable à l’air  et  à l’eau. 

Voici  le  moyen  de  composer  sûrement 
une  terre  qui  réunit  ces  conditions: 

Mettre  en  volume  toutes  les  parties  sous- 
indiquées,  dans  les  proportions  suivantes  : 
terre  franche  ou  bonne  terre  de  potager,, 
un  quart;  terreau  de  feuilles,  un  quart;, 
fumier  de  cheval  court  et  n’ayant  pas  fer- 
menté, un  quart  ; terre  de  bruyère,  uïa 
quart. 

Nous  ne  saurions  trop  recommander,  dans 
la  préparation  de  cette  terre,  d’irjcorporer 
immédiatement  le  fumier  aux  autres  par- 
ties, afin  d’éviter  la  fermentation,  qui  tou- 
jours en  altère  les  propriétés. 

Ce  mélange  doit  être  remué  tous  les^ 
quinze  jours.  Après  soixante  jours  de  pré- 
paration, il  est  bon  à employer. 

Nous  ne  passons  jamais  cette  terre  au< 
crible  ni  à la  claie;  c’est  une  pratique  vi- 
cieuse qui,  comme  tant  d’autres,  a fait  soi> 
temps,  et  que  l’expérience  finira  par  con- 
damner. 

siüon  de  Lagny  IVoir  Revve  horlicolr.,  1873,  p.  24t/) 
et  qui  lui  ont  fait  accorder  par  le  jury  une  grande 
médaille  d’or. 


SUR  LA  CULTURE  DU  FUCHSIA. 


277 


Arrosements.  Les  arrosements  ont  une 
gran<te  importance  dans  la  culture  du 
Fuchsia  ; Teau  doit  être  donnéè  avec  modé- 
ration pendant  l’éducation  des  jeunes  plantes 
sous  châssis,  et,  au  contraire,  distribuée 
abondamment  lorsqu’elles  sont  en  serre. 

Les  bassinages  doivent  aussi  être  donnés 
avec  beaucoup  de  ménagement  d’abord,  et 
seulement  par  les  jours  de  soleil. 

La  meilleure  eau  est  celle  de  rivière  ou  de 
pluie.  L’eau  très-chargée  de  calcaire  ou  qui 
est  trop  froide  est  très-nuisible  aux  plantes  ; 
mais  cependant  on  peut  la  rendre  propre  à 
la  végétation,  en  la  faisant  séjourner  quel- 
que temps  à l’air  ou  en  y ajoutant  un  peu 
de  guano  ou  toute  autre  substance  fertili- 
sante. 

Pourtant,  nous  avons  obtenu  des  résul- 
tats très-satisfaisants  avec  de  l’eau  fortement 
chargée  de  calcaire,  en  y ajoutant  un  demi- 
kilogramme  de  carbonate  de  potasse  par  hec- 
tolitre d’eau. 

Des  plantes- mères.  En  octobre  ou  no- 
vembre, on  rentre  dans  une  serre  modéré- 
ment chauffée  toutes  les  variétés  de  Fuchsias 
que  l’on  tient  à multiplier;  celles-ci  doivent 
être  placées  le  plus  près  possible  de  la  lu- 
mière, afin  que  les  jeunes  pousses  soient 
trapues  et  vigoureuses.  A mesure  que  ces 
pousses  ont  atteint  une  longueur  suffisante 
(10  centimètres  environ),  on  les  détache  de 
la  plante-mère,  on  les  coupe  à environ 
1 millirnè're  au-dessous  d’un  œil,  de  ma- 
nière à éviter  la  pourriture,  puis  on  les 
plante  dans  des  petits  godets  remplis  de 
terre  de  bruyère  sableuse,  point  tassée, 
mais  seulement  légèrement  appuyée,  pour 
que  les  boutures  puissent  s’y  tenir  sans  le 
secours  d’aucun  tuteur. 

Nous  savons  que,  en  général,  en  horti- 
culture , on  a l’habitude  de  fouler  forte- 
ment la  terre  des  pots,  soit  pour  des  bou- 
tures, soit  pour  des  plantes  faites.  C’est 
souvent  nécessaire  pour  ces  dernières;  mais 
quant  aux  boutures,  nous  avons  remarqué 
que  lorsqu’il  s’agit  de  Fuchsias,  les  bou- 
tures qui  sont  fortement  pressées  n’émettent 
des  racines  que  quatre  ou  cinq  jours  après 
celles  qui  sont  plantées  en  terre  légèrement 
appuyée. 

Lorsqu’elles  sont  plantées,  les  boutures 
reçoivent  une  légère  mouillure  si  la  terre 
n’est  pas  suffisamment  humidè,  et  les  pots 
sont  enfoncés  dans  une  couche  recouverte 
de  tannée,  de  sciure  de  bois,  etc.,  ou  tout 
simplemetjt  dans  une  serre  chaude  ou  une 
serre  à boutures.  Dans  tous  les  cas,  il  faut, 
si  l’on  opère  sur  couche,  que  la  substance 


employée  soit  aussi  sèche  que  possible,  de 
^manière  à éviter  la  pourriture  des  jeunes 
, boutures.  Si  ces  dernières  ont  été  faites  sous 
châssis,  il  faut  tous  les  soirs  les  couvrir  avec 
de  bons  paillaissons,  et  on  les  découvre  le 
jour,  à moins  de  trop  grand  froid,  car  il 
faut  une  température  de  18  à 20  degrés  pour 
que  les  boutures  de  Fuchsias*  s’enracinent 
promptement. 

Dès  que  la  reprise  est  assurée,  on  donne 
un  peu  d’air;  et  quelques  jours  après,  les 
boutures  peuvent  être  rempotées  en  godets 
de  7 centimètres  de  diamètre  et  en  terre  de 
bruyère  pure. 

Quelque  temps  à l’avance,  on  a dû 
monter  une  couche  composée  par  parties 
égales  de  feuilles  et  de  fumier;  sa  longueur 
doit  être  subordonnée  à la  quantité  des 
plantes  qu’on  doit  y placer.  On  la  recouvre 
de  coffres  fortement  inclinés,  puis  on  charge 
la  couche  d’environ  75  centimètres  de  tannée 
ou  de  terreau. 

Lorsqu’on  s’est  assuré  que  la  couche  a 
une  température  de  15  à 20  degrés  centi- 
grades, on  y enterre  les  pots,  en  les  dispo- 
sant de  façon  à ce  que  l’extrémité  des 
plantes  se  trouve  à environ  15  centimètres 
du  verre.  Gela  fait,  on  donne  de  l’air  toutes 
les  fois  que  la  température  le  permet,  et 
l’on  entretient  la  chaleur  de  la  couche  par 
de  bons  réchauds  qu’on  renouvelle  ou  re- 
manie  lorsque  cela  est  nécessaire. 

Les  plantes  doivent  être  visitées  tous  les 
jours  ; car  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que 
si  les  jeunes  F uchsias  redoutent  l’humidité, 
une  terre  trop  sèche  leur  est  également  nui- 
sible. Pendant  les  jours  de  soleil,  il  faut  de 
de  temps  à autre  donner  un  léger  bassinage 
à la  seringue. 

Si  l’on  suit  attentivement  les  quelques 
soins  que  nous  conseillons,  un  mois  de 
cette  culture  nécessitera  pour  les  plantes  un 
nouvel  empotage,  en  se  servant  de  pots  de 
11  centimètres  de  diamètre.  Comme  à celte 
époque  les  Fuchsias  cornmencenj  à prendre 
de  la  force,  qu’ils  sont  par  conséquent  moins 
délicats  qu’au  premier  empotage,  on  leur 
donnera  une  terre  plus  substantielle.  Une 
addition  d’un  quart  de  terre  de  bruyère  ou 
de  compost  sus-indiciué  leur  convient  par- 
faitement; mais,  en  raison  de  la  consistance 
de  la  terre,  il  faut  que  les  pots  soient  bien 
drainés.  Après  l’empotage,  les  plantes  peu- 
vent être  replacées  sur  la  même  couche, 
dont  il  faut  raviver  la  chaleur  par  des  ré- 
chauds nouveaux,  si  les  anciens  n’en  don- 
nent plus  suffisamment. 

Les  jeunes  Fuchsias  étant  plus  grands,  il 


-278 


SUR  LA  CULTURE  DU  FUCHSIA. 


faut  relever  les  coffres,  pour  conserver  tou- 
jours une  distance  convenable  pour  la  végé- 
tation. Les  soins  à donner  aux  plantes  sont 
les  mêmes  que  précédemment  ; mais  le  so- 
leil étant  plus  chaud  et  plus  souvent  visible, 
il  faut  augmenter  l’air  et  multiplier  les  bas- 
sinages. Du  reste,  on  peut  dire  pour  les 
jeunes  Fuchsias  ce  que  dit  M.  de  Lam- 
bertye  du  Fraisier  : ((  Jamais  une  feuille 
flétrie,  jamais  la  terre  saturée  d'eau.  » 

Ainsi  traitées , les  plantes  atteignent 
promptement  30  centimètres  de  hauteur; 
elles  poussent  avec  vigueur,  et  toutes  les 
branches  latérales  doivent  être  développées. 
C’est  le  moment  de  choisir  celles  qu’on  veut 
pousser  par  la  culture. 

En  général,  nous  n’admettons  pour  faire 
de  belles  plantes  que  celles  qui  ont  le  bois 
gros,  les  feuilles  assez  rapprochées,  et  les 
branches  latérales  toutes  bien  sorties. 

Ces  conditions  observées,  nos  plantes  de 
choix  sont  rempotées  dans  des  pots  de 
20  centimètres  de  diamètre,  qu’on  doit  bien 
drainer.  Pour  ce  troisième  rempotage,  on 
emploiera  la  terre  du  compost  pur,  en  évi- 
tant de  la  trop  fouler. 

Les  plantes  seront  de  nouveau  replacées 
sur  couche  tiède.  A partir  de  ce  moment,  il 
faut  exercer  une  grande  surveillance,  pour 
que  les  jeunes  pousses,  qui  sont  très-ten- 
dres, ne  soient  pas  brûlées  par  le  soleil.  On 
évite  ces  accidents  en  donnant  de  l’air,  et 
non  en  ombrant  les  plantes,  comme  cela  se 
pratique  le  plus  souvent.  Du  reste,  c’est  un 
procédé  que,  bien  que  conseillé  par  tous 
ceux  qui  ont  écrit  sur  le  Fuchsia,  nous  re- 
poussons absolument  ; car  l’expérience  nous 
a démontré  que  toutes  les  plantes  cultivées 
à mi-ombre  ne  donnent  que  des  sujets  élan- 
cés et  grêles.  Ainsi,  si  l’on  tient  à avoir  des 
plantes  trapues,  floribondes,  ayant  une 
forme  pyramidale  régulière,  on  les  espacera 
suffisamment,  en  les  plaçant  sous  châssis 
après  chaque  empotage.  Les  arrosements, 
aussi,  pourront  être  donnés  avec  moins  de 
parcimonie  que  précédemment,  et  les  ré- 
chauds remaniés  en  temps  opportun,  afin 
d’entretenir  une  température  convenable. 
Tels  sont  les  soins  qui,  selon  nous,  doivent 
être  donnés  aux  Fuchsias  pour  en  faire  des 
plantes  d’une  rare  beauté. 

Lorsque  les  plantes  ont  acquis  60  centi- 
mètres de  hauteur,  elles  demandent  de  nou- 
veau à être  changées  de  pots.  Nous  les  pla- 
çons alors  dans  des  pots  de  35  centimètres, 
et  toujours  dans  la  même  terre. 

Les  plantes,  dans  leurs  grands  pots,  pour- 
ront être  replacées  sous  châssis  pendant 


quelque  temps  encore;  car  il  peut  arriver 
qu’à  cette  époque  de  l’année  la  tempéra- 
ture soit  trop  basse  pour  placer  les  Fuch- 
sias en  serre.  D’ailleurs,  une  chaleur  de 
fond  convient  bien  aux  jeunes  plantes  jus- 
qu’à ce  que  leurs  racines  touchent  les  pa- 
rois du  pot.  C’est  alors  seulement  qu’on  voit 
les  Fuchsias  se  développer  avec  une  vigueur 
surprenante,  et  qu’ils  peuvent  être  placés 
en  serre.  Là,  on  les  disposera  sur  le  terre- 
plein  d’une  bâche  ou  sur  le  sol  de  la  terre, 
en  les  distançant  suffisamment  pour  que 
l’air  circule  librement  entre  elles. 

Gomme  à cette  époque  on  peut  aérer  la 
serre,  l’étiolement  des  plantes  n’est  plus  à 
redouter;  aussi,  la  distance  entre  elles  et  les 
vitres  de  la  serre  ne  peut  plus  exercer  au- 
cune mauvaise  influence  sur  la  végétation. 

Nous  avons  déjà  dit,  et  nous  ne  saurions 
trop  le  répéter,  qu’il  ne  faut  jamais  ombrer 
les  Fuchsias;  au  contraire,  il  faut  que  les 
vitres  soient  tenues  aussi  claires  que  pos- 
sible, car  c’est  en  partie  à cette  vive  lumière 
que  nous  attribuons  la  vigueur  de  nos 
plantes. 

Si  l’on  ne  peut  disposer  d’une  serre  à deux 
versants,  les  Fuchsias  exigeront  une  plus 
grande  surveillance  ; les  pots  devront  être 
tournés  de  temps  à autre,  de  manière  à ré- 
gulariser la  végétation  par  une  répartition 
égale  de  la  lumière.  Néanmoins,  malgré 
tous  ces  soins  donnés  aux  plantes,  il  peut 
arriver  que  quelques  branches  finissent  par 
dominer  les  autres  ; dans  ce  cas,  il  faut  en 
pincer  l’extrémité.  Ce  pincement  arrête  la 
sève  dans  sa  marche  au  profit  des  branches 
plus  faibles.  Parfois  aussi  il  nous  arrive  de 
pincer  toutes  les  branches  latérales  sur  des 
variétés  buissonnantes,  afin  de  forcer  la  sèvf 
à se  porter  dans  la  tige  et  à en  déterminer 
l’élongation. 

La  terre  des  sentiers  de  la  serre  doit  être 
tenue  continuellement  humide,  en  y répan- 
dant de  l’eau  abondamment,  au  besoin  plu- 
sieurs fois  par  jour.  Il  en  est  de  même  de 
celle  des  pots. 

Les  Fuchsias  resteront  en  serre  jusqu’à 
la  fin  du  mois  de  juin;  à cette  époque,  si 
l’on  a mis  judicieusement  en  pratique  les 
soins  de  culture  que  nous  conseillons,  et  qui 
sont  le  résumé  d’une  longue  pratique,  les 
plantes  auront  acquis  un  développement  des 
plus  surprenants  : 50  et  plus  en  hauteur, 

sur  1 mètre  ou  1“'  50  de  diamètre  à la  base, 
et  formeront  des  pyramides  du  plus  bel  effet, 
qui  se  couvriront  de  Heurs.  C’est  alors  qu’on 
pourra  placer  les  plantes  dans  des  bacs  de 
50  à 60  centimètres  de  diamètre,  en  ayant 


MULTIPLICATION  DU  POLYCAUPÂ  MAXIMOWICZII.  — WEIGELA  EXCELSA.  279 


soin  de  les  assujettir  à de  solides  tu- 
teurs. 

Ces  plantes  pourront  ensuite  être  placées 
dans  des  conditions  qui  paraîtront  les  plus 
avantageuses  pour  faire  ressortir  toute  la 
grâce  et  la  beauté  de  leurs  fleurs.  Pendant 


le  reste  de  l’été,  tous  les  soins  consistent  à 
donner  aux  Fuchsias  de  fréquents  arrose- 
ments, à enlever  les  feuilles  mortes,  et  à 
extirper  les  mauvaises  herbes.  Roué. 

{La  suite  prochainement.) 


MULTIPLICATION  DU  POLYGAIiPA  MAXIMOWJGZII 


Si  cette  espèce,  appelée  aussi  Idesia 
pohjcarpa,  n’a  pas  répondu  à l’idée  qu’on 
s’en  était  faite  comme  arbre  fruitier  (1), 
elle  n’en  reste  pas  moins  un  des  plus 
jolis  arbrisseaux  par  son  feuillage,  les  di- 
mensions et  l’aspect  des  feuilles.  Au  point 
de  vue  de  la  rusticité,  la  plante  ne  laisse 
non  plus  rien  à désirer.  Malgré  qu’elle  soit 
introduite  depuis  assez  longtemps,  cette  es- 
pèce est  encore  très-rare,  ce  qui  s’explique 
par  la  difficulté  qu’on  éprouve  à la  multi- 
plier par  boutures,  seul  moyen  qu’on  puisse 
employer,  puisque  jusqu’à  ce  jour  elle  ne 
donne  pas  de  graines.  Mais  maintenant  que 
l’on  a découvert  un  nouveau  procédé,  il  est 
présumable  qu’il  en  sera  autrement,  et  que 
bientôt  le  Pohjcarpa  Maximowiczii  sera 
planté  dans  un  grand  nombre  de  jardins.  Le 
procédé  dont  il  s’agit  consiste  dans  le  bou- 
turage des  racines,,  qui  se  fait  en  coupant 
celles-ci  par  petits  tronçons  d’environ  6 cen- 
timètres de  longueur,  qu’on  plante  dans  des 
terrines,  en  terre  de  bruyère,  et  qu’on  place 
dans  une  serre  ou  sous  des  châssis  ; l’ex- 
trémité supérieure  de  ces  boutures  doit  être 
à fleur  du  sol,  plutôt  excéder  un  peu  que 
d’être  recouverte.  L’époque  qui  paraît  être 

WEIGELA 

L’un  des  plus  jolis  du  genre  par  ses 
fleurs,  le  Weigela  excelsa  est  aussi  l’un  des 
plus  remaripuables  par  son  port  et  par  les 
dimensions  qu’il  atteint.  Au  lieu  de  former 
un  buisson  à branches  étalées,  divariquées  et 
tombantes,  ses  branches,  bien  que  surchar- 
gées de  fleurs,  sont  tout  à fait  dressées,  ja- 
mais tombantes  ni  divergentes  ; il  a aussi 
l’avantage  de  fleurir  un  peu  plus  tard  que 
l’espèce  commune  {Weigela  rosea,  Lindl.), 
ainsi  que  toutes  ses  variétés,  d’être  plus 
floribond,  et  d’avoir  des  fleurs  dont  la  du- 
rée est  plus  grande,  et  en  même  temps  de 
remonter.  Aussi,  est-ce  une  plante  de  pre- 
mier mérite.  En  voici  les  caractères  : 

Arbuste  vigoureux  pouvant  atteindre  3 mè- 
tres, peut-être  même  plus,  de  hauteur,  à 
branches  strictement  dressées,  peu  rami- 

(1)  Voir  Revue  horticole.,  1872,  p.  174. 


la  plus  convenable  pour  faire  ce  bouturage 
est  le  printemps,  ou  mieux  la  fin  de  l’hiver, 
lorsque  les  plantes  vont  entrer  en  végéta- 
tion. Quant  aux  soins,  ils  consistent  à arro- 
ser lorsque  la  terre  commence  à sécher,  de 
façon  à la  maintenir  légèrement  humide. 
Ainsi  traitées,  ces  boutures  ne  tardent  pas 
à émettre  des  bourgeons,  et  en  même  temps 
à produire  des  radicelles  dans  la  partie  qui 
se  trouve  couverte  de  terre.  Mais  comme  il 
arrive  fréquemment  aussi  que  chaque  ra- 
cine-bouture émet  plusieurs  bourgeons,  et 
qu’il  suffit  d’un  seul  pour  constituer  chaque 
plante,  on  choisit  pour  le  conserver  le  plus 
beau  et  le  mieux  placé,  et  l’on  coupe  les  au- 
tres à leur  empâtement,  lorsqu’ils  sont  suf- 
fisamment aoûtés,  et  on  les  plante  en  terre 
de  bruyère  sous  des  cloches,  où  elles  s’en- 
racinent assez  bien  et  promptement.  Quel 
est  l’inventeur  de  ce  procédé  de  multiplica- 
tion? Nous  ne  pouvons  le  dire.  Ce  que  nous 
pouvons  affirmer,  c’est  que  nous  l’avons  vu 
pratiquer  l’année  dernière  chez  MM.  Thi- 
baut et  Keteleer,  horticulteurs  à Sceaux. 
L’ayant  pratiqué  et  reconnu  avantageux, 
nous  avons  cru  devoir  le  faire  connaître. 

E.-A.  Carrière. 

EXGELSA 

fiées.  Feuilles  des  jeunes  bourgeons  vigou- 
reux ovales -elliptiques,  longuement  acu- 
minées  cuspidées,  recouvertes  à la  face 
inférieure  de  poils  courts  et  très-serrés, 
d’un  blanc  métallique  brillant.  Fleurs  dres- 
sées et  se  tenant  bien,  d’un  beau  rose  légè- 
rement violacé  à l’extérieur,  rose  carné 
très-tendre  (couleur  « cuisse  de  nymphe  ») 
à l’intérieur.  Galyce  roux  ferrugineux,  à 
divisions  profondes,  longuement  linéaires, 
régulièrement  acuminées.  Corolle  régu- 
lière, à cinq  divisions  étalées,  un  peu  chif- 
fonnées, à peu  près  égales  ; étamines  dres- 
sées, à filets  blancs  ou  à peine  rosés 
terminés  par  une  anthère  qui,  souvent 
droite,  semble  être  une  continuation  du 
filet;  style  dépassant  peu  l’extrémité  des 
anthères,  terminé  par  un  fort  stigmate  ca- 
pité,  subhémisphérique. 


LYCIINIS  VISCARIA  FLORE  PLENO.  — PIÈGE  A SOURIS. 


280 


D’où  le  W.  excelsa  est  il  originaire  ? 
Nous  ne  savons.  Ce  que  nous  pouvons  dire 
à ce  sujet,  c’est  que  nous  le  cultivons  depuis 
longtemps,  et  que  jamais  nous  ne  l’avons 
rencontré  dans  les  cultures.  Le  qualificatif 
excelsa,  que  nous  lui  avons  donné,  est  tiré 
du  port  dressé  de  la  plante  et  de  sa  disposi- 
iion  à s’élever;  ainsi,  notre  pied-mère,  qui 
a environ  2 mètres  de  hauteur,  n’a  que  trois 
branches  principales,  à peine  ramifiées,  qui 
secouvrentde  fleursdanstouteleurlongueur, 
et  produisent  un  effet  splendide  en  mai -juin. 

En  raison  de  la  végétation  toute  particu- 
lière que  présente  le  W.  excelsa,  on  pour- 


rait très-probablement  l’élever  sur  une  tige^. 
et  obtenir  ainsi  un  arbrisseau  qui  attein- 
drait des  dimensions  plus  grandes  que  si  on 
le  laissait  ramifier.  Dans  ce  cas,  il  faudrait 
veiller  à ce  qu’il  ne  ramifie  pas  trop  près  du 
sol,  et  même  supprimer  les  bourgeons  qui 
se  développeraient  vers  la  base,  à l’aide  des- 
quels on  multiplierait  la  plante  qui,  en  gé- 
néral, donne  peu  de  ramifications.  Pourtant, 
si  l’on  voulait  la  faire  ramifier  soit  au  point 
de  vue  de  la  multiplication,  soit  pour  faire 
des  buissons,  il  suffirait  de  couper  les  bran- 
ches principales,  ou  seulement  de  les  incli- 
ner fortement.  E.-A.  Carrière. 


LYCHNIS  YISCAPJA  FLORE  RLENO 


Amateur  passionné  des  plantes  vivaces, 
surtout  lorsqu’elles  sont  belles,  je  n’ai  ja- 
mais compris  l’abandon  à peu  près  complet 
que  l’on  fait  de  l’espèce  dont  je  vais  parler. 
En  effet,  que  pourrait- on  reprocher  au 
Lijchnis  viscaria  flore  j)leno9  C’est  une 
plante  vivace,  rustique,  d’une  culture  et 
d’une  multiplication  fociles,  très-floribonde, 
et  dont  les  fleurs,  qui  durent  très-longtemps 
(avril -mai  et  même  juin),  sont  odorantes, 
d’une  très-belle  couleur  rouge  vineux  ou 
rouge  sang  violacé.  J’ajoute  que  les  plantes, 
qui  ne  s’élèvent  pas  au  - dessus  de  25  à 
30  centimètres  (y  compris  les  hampes  flo- 
rales), sont  gazonnantes,  par  conséquent 
très -propres  à faire  des  bordures. 

La  culture  du  Lychnis  viscaria  flore 
pleno  est  des  plus  faciles.  Une  terre  légère, 
consistante,  lui  convient,  bien  qu’il  puisse 
croître  également  bien  dans  une  terre  fran- 
che, pourvu  qu’elle  ne  soit  pas  trop  compacte. 
On  le  multiplie  par  la  division  des  touffes, 
qu’on  doit  pratiquer  aussitôt  que  la  floraison 
est  passée,  ou  bien  en  septembre  et  d’assez 
bonne  heure,  afin  que  les  plantes  puissent 


reprendre  et  pousser  avant  l’hiver,  et  que  la 
floraison  printanière  suivante  n’en  puisse 
souffrir.  Quant  à l’usage  ornemental,  il 
varie  et  est  subordonné  aux  conditions  dans 
lesquelles  on  se  trouve  placé;  chez  moi,  où 
la  place  ne  manque  pas,  j’en  fais  des  bor- 
dures, et  les  plante  aussi  isolément  par 
touffes  sur  les  plates-bandes;  j’en  fais  éga- 
lement des  massifs,  ainsi  qu’on  le  fait  des 
Silene  imndula , et  je  n’exagère  pas  en  di- 
sant que  l’effet  est  beaucoup  plus  joli  que 
celui  que  j’obtiens  avec  ces  derniers,  qui 
ont  encore  parfois  l’inconvénient  de  fondre 
pendant  l’hiver.  D’où  je  conclus  que  le  L. 
viscaria  flore  pleno  est  une  plante  de  pre- 
mier mérite  ornemental,  et  que  pour  cette 
raison  je  n’hésite  pas  à recommander. 

J’ajoute  encore,  en  faveur  du  L.  viscaria- 
flore  pleno,  que  les  tiges,  droites  et  raides^ 
peuvent  être  employées  avec  avantage  à la 
confection  des  bouquets;  que  coupées  et 
mises  dans  l’eau,  elles  s’y  maintiennent 
assez  longtemps  sans  se  faner. 

Martin, 

Propriétaire  amateur. 


PIEGE  A SOURIS 


M.  James  Darnes  recommande,  dans  le 
dernier  numéro  du  Gardon,  le  moyen  sui- 
vant pour  prendre  la  souris  des  jardins  et 
des  champs,  comme  très-efficace,  facile  à 
poser,  et  ne  coûtant  presque  rien.  On  fait, 
dit-il,  tremper  des  pois,  puis  on  les  fait 
germer  d’un  centimètre  environ,  et  on  les  | 
enfile  par  deux  sur  des  bouts  de  fil  longs 
de  25  centimètres,  à chaque  bout  desquels 
on  fait  un  nœiuL  Puis  l’on  coupe  par  lon- 
gueur de  30  à 35  centimètres  des  déchets 
de  la  taille  de  Groseilliers,  Framboisiers, 
Vignes,  ou  de  n’importe  quels  branchages, 
assez  droits  et  forts  pour  former  de  petits 


pieux  capables  de  supporter  le  poids  d’uo 
des  bouts  d’une  brique  ordinaire.  On  fiche  j 
deux  de  ces  petits  pieux  en  terre,  un  de 
chaque  côté  d’une  brique;  on  en  fend  les 
extrémités  supérieures  et  on  place  le  fil  dan&  [ 
ces  fentes  ; le  nœud  y relient  le  fil.  Quand  j 
I on  place  l’extrémité  de  la  brique  dessus, [son  I 
autre  bout  posant  sur  terre,  on  sépare  un 
peu  les  deux  pois,  afin  que  la  souris  puisse 
grignoter  le  fil  et  se  faire  écraser  par  la 
brique  qui  lui  tombe  dessus.  L’on  peut  eiv  ^ 
poser  des  milliers  par  jour. 

Fréd.  Palmer. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  Oloitre  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quinzaine  de  juillet) 


La  moisson  de  1873.  — Le  CuUivatüur  de  la  rcfjion  hjonnaisc.  — Le  jardinier  de  Uempei  eur  de 
— NIission  de  M.  Planchon,  en  Amérique,  au  sujet  du  phylloxéra.  — Le  jardin  d’aeclimalalion  du  bois 
de  Boulogne.  — Insuccès  de  l’Exposition  de  Roses  à Spa  (Belgique).  — Exemple  de  Bcqonia  Sedeni  Ci 
fleurs  doubles.  — L'école  d’arboriculture  de  la  ville  de  Paris,  à Saint-Mandé  ; M.  Du  Breuil,  professeur; 
quelques  mots  sur  son  enseignement.  — La  végétation  des  Açores  : jardin  de  NI.  Machado,  le  Leitca- 
dendron  argenteum  ; les  Palmiers  du  jardin  de  M.  Antonio  Borges  ; communication  de  NI.  Eavresse-.  — 
Observations  de  NI.  Barillet  sur  les  squares  de  Paris.  — Exposition  horticole,  à Bordeaux,  de  la  Sociedt' 
d’horticulture  de  la  Gironde.  — L’horticulture  au  Japon  ; lettre  de  NI.  Ilénon  : les  Azalées,  le  Warahi, 
le  Caladium  comestible  ; les  bourgeons  de  Bambou.  — Distribution  solennelle  des  récompenses,  à k 
Société  centrale  d'horticulture  de  France. 


Les  prévisions  que  nous  avions  fondées  | 
dans  notre  dernière  chronique  (1),  au  sujet  I 
de  la  moisson,  se  sont  largement  réalisées. 
Dès  le  14  juillet,  on  coupait  des  seigles,  et 
le  21  nous  avons  assisté  aune  coupe  de  blé 
qui  s’est  faite  sur  le  territoire  de  Villejuif. 
On  peut  donc,  aujourd’hui,  être  à peu  près 
certain  qne  la  moisson  sera  à peu  près  com- 
plètement terminée  dans  le  mois  d’août. 

• — La  presse  horticole  vient  de  s’enrichir 
d’un  nouvel  organe  : le  Cultivateur  de  la 
région  lyonnaise,  journal  bi-mensuel,  qui 
se  publie  à Lyon  sous  le  patronage  de  la  So- 
ciété régionale  de  viticulture  et  du  Cercle 
horticole  lyonnais.  Née  sous  des  auspices 
aussi  favorables,  on  ne  peut  mettre  en  doute 
le  succès  qui  attend  cette  publication;  quant 
à nous,  nous  faisons  des  vœux  pour  que  ce 
succès  soit  complet.  Toutefois,  et  en  nous 
fondant  sur  les  faits,  nous  ne  pouvons  nous 
empêcher  d’exprimer  des  sentiments  de 
crainte,  car,  en  France,  on  lit  très- peu,  et 
nous  constatons  avec  regrets  que  les  jour- 
naux horticoles  surtout,  — à part  de  très- 
rares  exceptions,  — ont  bien  de  la  peine  à 
se  soutenir.  Ce  ne  sont  pas  les  journaux  qui 
manquent  aux  abonnés  ; non  ! c’est  l’inverse 
qui  est  vrai;  depuis  un  nombre  d’années  re- 
lativement très-court,  nous  en  avons  vu,  qui 
pourtant  paraissaient  dans  de  bonnes  con- 
ditions, tomber  au  bout  de  peu  de  temps. 
Paris  et  Lyon  pourraient  en  fournir  des 
exemples.  Il  va  sans  dire  que  nous  souhai- 
tons qu’il  en  soit  autrement  du  Cultiva- 
teur, dont  nous  sommes  heureux  de  saluer 
la  venue. 

— Dans  une  lettre  qu’il  nous  écrivait  ré- 
cemment, notre  collègue,  M.  Charles  Bal- 
te!, nous  disait  que  l’empereur  de  Chine 
avait  fait  demander  en  France  un  jardinier, 

(1)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  ^66. 

1er  AOUT  1873. 


dans  le  but  de  faire  moditier  ses  jardins 
d’en  créer  d’autres  à l’instar  de  ceux  qu’on 
lui  a dit  exister  à Paris.  Est-ce  que  par  ha- 
sard l’exemple  serait  contagieux,  et  que  le 
((  fils  du  soleil  » voudrait  imiter  le  vice-roi 
d’Égypte?  On  sait,  en  effet,  que  ce  dernier 
a fait  venir  de  France  un  certain  nombre  de 
chefs-jardiniers  des  plus  distingués  qui^ 
grâce  à la  libéralité  bien  connue  du  vice- 
roi,  ont  pu  créer  en  Égypte,  particulière- 
ment au  Caire  ou  dans  ses  environs,  des 
jardins  comme  l’on  n’en  voit  nulle  part  en 
Europe,  ce  qui  s’explique  par  le  climat  ex- 
ceptionnel de  cette  partie  de  l’Égypte.  Pour- 
rait-on mieux  faire  en  Chine?  et  le  c(  fils  du 
soleil  » voudrait-il  éclipser  la  gloire  d’un 
des  premiers  serviteurs  d’Allah  ? Attendons 
les  événements  pour  nous  prononcer.  Mais 
constatons  dès  à présent,  si  nous  sommes 
bien  informé,  que  sous  le  rapport  de  la  gé- 
nérosité, l’avantage  reste  au  c(  fils  du  so- 
leil. ))  En  effet,  les  appointements  qu’offre 
celui-ci  sont  bien  supérieurs  : soixante 
mille  francs  par  an  ! Si  cela  était,  ce  serait 
à exciter  des  rivalités  entre  les  jardiniers  au 
service  de  l’empereur  de  la  Chine  et  notre 
ambassadeur  dans  ce  même  pays,  chez  qui, 
assure-t-on,  ce  jardinier  devrait  être  logé. 
Mais  alors,  pourquoi  pas  dans  un  palais  chi- 
nois? N’y  aurait-il  pas  sécurité  pour  lui 
à habiter  librement  ce  pays  ? S’il  en  était 
ainsi,  pourquoi  le  faire  venir? 

— On  a pu  voir,  par  le  rapport  que  nous 
avons  publié  dans  notre  précédente  chro- 
nique au  sujet  du  phylloxéra,  que  la  com- 
mission, faute  de  mieux  sans  doute,  propo- 
sait au  ministre  de  l’agriculture  qu’il  voulût 
bien  envoyer  quelqu’un  en  Amérique  pour 
étudier  sur  les  lieux  les  ravages  que  cause 
sur  les  Vignes  le  Pemfigus  vitifoliœ  (IV 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  262. 

15 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZALNE  DE  JUILLET). 


"282 

Approuvant  la  proposition,  M.  le  Ministre 
vient  de  charger  de  cette  mission  M.  Plan- 
chon,  professeur  de  botanique  à la  Faculté 
des  sciences  de  Montpellier.  Certes,  le  choix 
ne  pouvait  être  meilleur,  et  nous,  qui  avons 
l’avantage  de  connaître  tout  particulière- 
ment M.  Planchon,  ne  craignons  pas  d’affir- 
mer qu’il  éclairera  la  question  autant  qu’elle 
peut  l’être  au  point  de  vue  scientifique. 

— Le  Jardin  d’acclimatation  du  bois  de 
Boulogne  n’est  pas  seulement  l’une  des  plus 
jolies  et  des  plus  intéressantes  promenades 
qu’on  puisse  voir;  c’est  encore  un  des  prin- 
cipaux établissements  d’utilité  publique  de 
la  France,  on  pourrait  même  dire  du  monde 
entier,  ce  qui  s’explique  par  ses  relations, 
qui  s’étendent  à peu  près  sur  toutes  les 
parties  du  globe.  Au  point  de  vue  de  la 
science,  ce  jardin  rend  d’immenses  services 
par  les  lumières  qu’il  répand  sur  différents 
sujets  à peu  près  complètement  inconnus  ou 
dont  on  n’avait  que  des  données  tout  à fait 
insuffisantes.  Les  services  qu’il  a rendus  au 
point  de  vue  économique  ne  sont  pas  moin- 
dres en  faisant  connaître  bon  nombre  d’ani- 
maux que  l’on  pourra  domestiquer,  et  qui 
pourront  rendre  de  grands  services.  Ces 
avantages  sont  obtenus  en  prêchant  d’exem- 
ple, mais  surtout  par  l’appel  incessant  que 
fait  l’administration  de  ce  remarquable  éta- 
blissement à toutes  les  lumières,  en  faisant 
entrer  dans  son  sein  les  savants  les  plus 
distingués  de  toutes  les  parties  du  monde, 
ainsi  que  par  le  concours  des  hommes  de 
bonne  volonté,  lors  même  qu’ils  seraient 
étrangers  aux  sciences.  Mais  un  des  moyens 
les  plus  puissants  peut-être,  ce  sont  les 
nombreux  encouragements  que  donne  an- 
nuellement la  Société,  soit  pour  des  expé- 
riences d’adaptation,  de  domestication,  ou 
d’amélioration  d’animaux  ou  de  végétaux, 
soit  pour  des  introductions,  soit  enfin  pour 
des  travaux  d’utilité  en  rapport  avec  le  but 
que  poursuit  la  Société.  On  pourra  s’en  faire 
une  idée  par  l’énumération  des  prix  ex- 
traordinaires qui  restaient  encore  à décerner 
lors  de  la  dernière  séance  annuelle  tenue  en 
avril  1873  : plus  de  60,000  fr.,  et  de  plus  un 
certain  nombre  de  médailles  en  or. 

— Les  nouvelles  que  nous  avons  reçues 
au  sujet  de  l’exposition  de  Roses  qui  a eu 
lieu  récemment  à Spa  (Belgique),  et  que 
nous  avions  annoncée  dans  un  précédent 
numéro  (1),  ne  sont  pas  des  plus  satisfai- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1878,  p.  224. 


santés.  Ainsi,  d’après  un  des  jurés,  c’était, 
nous  a-t-il  dit,  à peu  près  ce  que  vulgaire- 
ment on  nomme  un  « fiasco.  y>  Nous  le  re- 
grettons, et  désirons  qu’on  puisse  démon- 
trer le  contraire,  car  les  déceptions  en  ce 
genre  ne  sont  jamais  favorables  à personne  ; 
l’horticulture  surtout  a tout  à perdre. 

— Nos  lecteurs  apprendront  sans  doute 
avec  plaisir  que,  à Lyon,  au  parc  de  la  Tête- 
d’Or,  un  Bégonia  Sedeni  a fleurs  doubles 
s’est  montré  tout  récemment.  Ce  fait,  sur 
lequel  nous  manquons  encore  de  détails, 
mais  sur  lequel  nous  reviendrons  prochai- 
nement, nous  a été  communiqué  par  M.  Léon 
de  Saint-Jean,  vice- président  du  Cercle 
horticole  lyonnais,  qui  a bien  voulu  nous 
promettre  des  renseignements  sur  cette 
très-intéressante  nouveauté,  ce  dont  nous  le 
remercions  à l’avance. 

— Le  dimanche  29  juin,  à l’école  d’arbo- 
riculture de  la  ville  de  Paris,  à Saint-Mandé, 
on  a procédé  publiquement  et  au  plus  of- 
frant enchérisseur  à la  vente  des  fruits  de 
saison,  c’est-à-dire  de  ceux  qui  étaient 
mûrs , tels  que  Groseilles , Cerises  et 
Framboises.  On  en  avait  formé  des  lots  qui 
ont  été  vendus  comme  suit  : cinq  lots  de 
Cerises  pour  67  fr.;  trois  lots  de  Groseilles 
à grappes  et  à maquereaux,  et  un  lot  de 
Framboises,  ont  été  vendus  20  fr.  Toutes 
ces  choses,  nous  a-t-on  assuré,  ont  été  ven- 
dues infiniment  au-dessous  de  leur  valeur. 

Nous  profitons  de  celte  occasion  pour 
rappeler  que  cette  école  d’arboriculture, 
unique  en  Europe,  sinon  comme  étendue, 
du  moins  quant  à la  disposition  et  à la  tenue, 
est  toujours  ouverte  au  public,  qui  trouve 
là  toutes  les  catégories  d’arbres  fruitiers  dis- 
posés sous  les  formes  les  plus  variées.  On 
rencontre  donc  là,  réuni,  tout  ce  que  l’on 
peut  désirer  : la  pratique  et  la  théorie. 

Gette  école,  sur  laquelle  nous  reviendrons 
dans  un  article  spécial,  peut  être  considérée 
comme  une  des  plus  complètes  qu’on  puisse 
voir  ; elle  satisfait  à tous  les  besoins  : les 
formes  de  fantaisie,  de  même  que  celles  tout 
à fait  pratiques,  c’est-à-dire  pouvant  être  em- 
ployées au  point  de  vue  de  la  spéculation,  s’y 
trouvent,  de  sorte  qu’il  y a là  de  quoi  satis- 
faire tous  les  goûts.  B est  impossible  de  se 
rendre  compte  de  l’importance  et  des  im- 
menses avantages  que  présente  cette  école  si 
on  ne  l’a  pas  vue,  et  comme  la  chose  est  très- 
facile,  puisque  tout  le  monde  y est  admis, 
nous  ne  saurions  trop  engager  à la  visiter. 

Ge  ne  sont  pas  seulement  les  formes  les  plus 


CFIRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  (JUINZALNE  DE  JUILLET). 


di\erses  que  l’on  trouve  à l’école  d’arbori- 
cuUure  de  Saint-Mandé,  mais  aussi  tous  les 
modes  de  taille,  tous  les  procédés  employés, 
de  sorte  qu’on  a là,  sous  les  yeux,  tous  les 
exemples,  (pi’on  peut  alors  comparer  et  se 
faire  sur  chacun  d’eux  une  opinion  fondée. 
En  vrai  savant,  en  praticien  éclairé  qui  a 
beaucoup  vu,  M.  Du  Brcuil,  le  savant  pro- 
fesseur, n’admet  ni  ne  rejette  aucun  sys- 
tème à priori;  il  sait  combien  les  choses 
peuvent  varier  suivant  les  climats,  les  condi- 
tions et  la  nature  des  arbres  auxquels  on  a 
affaire  ; aussi,  bien  qu’il  affecte  et  préconise 
plutôt  certaines  formes  que  certaines  autres, 
il  n’en  proscrit  aucune  d’une  manière  ab- 
solue. Il  a raison  ; un  tel  enseignement  est 
le  seul  qu’il  convient  d’admettre.  Ainsi,  un 
mode  particulier  de  conduite  des  arbres 
dont  on  parle  souvent,  et  que  beaucoup 
combattent  et  proscrivent  sans  même  le  con- 
naître, est  le  procédé  de  M.  Grin  aîné,  de 
Chartres,  admis  et  pratiqué  par  M.  Du 
Breuil,  qui  n’hésite  même  pas  à le  recom- 
mander comme  pouvant  rendre  de  grands 
services  dans  un  très-grand  nombre  de  cas. 
Ce  système,  que  à tort  on  a beaucoup  dé- 
crié, est  appelé,  lorsqu’il  sera  bien  compris, 
à jouer  un  rôle  des  plus  importants  dans 
l’arboriculture,  et  déjà  un  bon  nombre  de 
ses  détracteurs  le  mettent  en  pratique  et 
s’en  trouvent  bien.  Mais,  soit  par  amour- 
propre,  soit  par  toute  autre  raison,  iis  ne 
veulent  pas  l’avouer,  ou  pour  se  tirer  d’af- 
faire, lui  font  subir  de  très-légères  modifi- 
cations, qui,  sans  y apporter  réellement 
aucun  changement,  leur  permet  de  l’appli- 
quer et  de  s’en  dire  même  les  perfection- 
neiirs.  C’est  un  moyen  détourné  de  prendre 
aux  gens  ce  qu’ils  ont,  tout  en  paraissant 
vouloir  les  servir. 

— Continuant  ses  observations  horticoles 
sur  la  végétation  des  Açores,  notre  collègue, 
M.  Auguste  Favresse,  nous  adresse  de  Pon- 
tadelgada,  à la  date  du  27  avril,  la  lettre 
suivante  : 

Pontadelgada,  27  avril  1873. 

Jardin  de  M.  Machado.  — La  plante  la  plus 
remarquable,  non  seulement  de  ce  jardin,  mais 
de  l’île,  est  un  Leucadendron  argenteum,  qui  a 
plusieurs  mètres  de  hauteur  et  de  diamètre,  se 
ramifiant  dès  la  base,  et  prenant  généralement 
une  belle  forme  conique.  Son  beau  feuillage 
blanc  se  dessine  admirablement  sur  le  vert  foncé 
des  arbres  résineux  et  autres  à feuilles  persis- 
tantes qui  l’environnent.  Il  est  placé  sur  une 
hauteur,  un  peu  isolé  et  exposé  à tous  les  vents, 
conditions  qui  paraissent  lui  convenir  parfaite- 


ment, et  qui,  du  reste,  ont  beaucoup  de  i'a[)por«. 
avec  celles  où  il  croît  nalurellemenl  sur  leri  mon- 
tagnes du  Cap,  où  il  règne  des  vents  consLmls 
Aussi,  si  on  le  plante  dans  des  parties  ahniées 
et  chaudes,  il  meurt  presque  toujours;  linîu, 
deux  beaux  sujets  de  celte  espèce,  plantés  Dans 
des  conditions  abritées,  sont  morts  raimée  der- 
nière dans  deux  jardins  difièrenls.  Près  de  là  e-  i 
un  superbe  Jimiperus  dcalbatn  ; des  Ficus  A vi\- 
tralis,  avec  leurs  racines  adventives  de  phisieu)-s 
mètres  de  long  qui  viennent  s'implanter  dans  la 
terre,  produisent  un  effet  des  plus  singuliers,  hn 
magnifique  Acacia  crispa,  placé  en  face  d’nn  des 
grillages  d’entrée,  domine  un  Fourcroya  giga)»- 
tesque  portant  des  feuilles  de  70  de  longueur. 
Plusieurs  autres  espèces  sont  en  Heurs  (dé- 
cembre), une  dont  la  hampe  a }dus  de  2 mètres 
de  hauteur,  qui  est  voisine  de.s  Agaves.  Le  Four- 
croya meurt  après  avoir  lleuri  ; mais  la  naïuis; 
lui  a fourni  un  moyen  de  reproduction  qui  n' 
pas  fréquent  dans  le  règne  végétal  : les  Heurs 
fécondées  se  transforment  presque  immédiate- 
ment en  sortes  de  fruits  (soboles),  d’où  sort  bien- 
tôt un  cotylédon,  de  sorte  que  lorsqu’il  tombe,  la 
plante  est  déjà  presque  formée;  aussi  s enra- 
cine-t-elle de  suite  avec  une  grande  facilité.  Un 
fait  remarquable,  c’est  que  sur  sa  hampe  (;e 
Furcroya  a donné  naissance  à une  petite  hampe 
latérale  rabougrie,  portant  à son  sommet  une 
agglomération  considérable  de  petites  plantes . 

Jardin  de  M.  Antonio  Borges  (28  avril  1873). 

• — Ce  qui  frappe  d’abord  lorsqu’on  est  en  face 
de  l’entrée  principale,  ce  sont  les  Palmiers  placés 
latéralement  le  long  de  deux  grands  chemins 
droits,  ainsi  que  beaucoup  d’autres  disséminés 
çà  et  là.  Les  deux  premiers  sont  des  Chamœrops 
humilis,  dont  l’un  paraît  être  une  variété  asse? 
remarquable;  il  est  robuste;  les  pétioles  allongés 
sont  garnis  de  fortes  épines,  et  quoique  jeune 
encore,  il  est  chargé  de  fruits  qui  ont  la  forme  er 
la  couleur  de  ceux  du  C.  humilis.  L’autre  a beau- 
coup d’analogie  avec  le  C.  palmeto  : le  pétiole, 
qui  est  pubescent,  est  aussi  plus  allongé  que  dans 
le  premier.  Les  autres  Palmiers  sont  des  Pluu- 
nix  leonensis  ou  Fulchironia  Senegalenüs.  aux 
feuilles  rapprochées,  courtes,  et  formant 
tête  touffue.  Celui  de  face,  étiqueté  P.  Senega- 
lensis,  a un  port  tout  différent;  le  slype,  beau- 
coup plus  grêle,  est  muni  de  feuilles  plus  flexibles 
et  inclinées  ; son  tronc  a 4 mètres  de  hauteur,  ^ 
tandis  que  le  P.  leonensis  n’a  guère  que  2 mè- 
tres. Ensuite  sont  deux  autres  Phœnix,  encore 
acaules  ; le  premier,  dont  le  pied  est  très-vo- 
lumineux, a une  forte  tête,  d’où  s’élancent  des 
feuilles  presque  droites,  qui  ne  mesurent  pas 
moins  de  50,  à pinnules  glauques,  presque 
planes,  minces,  et  dont  la  nervure  paraît  dorée 
par  la  transparence.  Le  pied  qui  lui  est  paral- 
lèle, et  qui  paraît  être  plus  jeune,  est  également, 
acaule  jusqu’ici  ; il  est  d’un  beau  vert  gai,  vigou- 
reux ; son  port  et  ses  feuilles,  grandes,  ressem- 
blent beaucoup  à ceux  d’un  Dattier  ; mais  les 
pinnules  du  bas  des  feuilles,  au  lieu  d’être  con- 
verties en  épines,  comme  cela  arrive  che^ 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JUILLET). 


Batiifîrs,  sont  an  contraire  Irès-développt^es  et 
presqne  du  double  plus  grandes.  Celle  iniéres- 
sanle  plante  est  sur  le  point  de  fleurir.  J’ajoute 
en  terminant  que,  indépendamment  des  plantes 
qui  viennent  d’étre  ciiées,  le  jardin  de  M.  An- 
tonio Borges  renferme  plusieurs  autres  Phœnix 
inédits,  qui  ont  été  envoyés  du  jardin  de  Kew. 

Agréez,  etc.  Auguste  Favresse. 

— Noire  collègue  et  collaborateur,  M.  Ba- 
rillet, vient  de  nous  adresser  quelques  ob- 
servations très-judicieuses  sur  les  squares 
de  Paris,  qui  nous  paraissent  devoir  trouver 
place  dans  cette  chronique.  Pleines  de  jus- 
tesse et  de  bon  sens,  ces  observations  ne 
peuvent  être  considérées  comme  une  cri- 
tique, puisqu’elles  sont  une  constatation  de 
faits  dont  notre  collègue  a su  tirer  d’heu- 
reuses conséquences. 

Dans  Regenrs  Parle,  les  Anglais  marchent  af- 
fairés, l'esprit  tendu  vers  un  but;  au  parc  rogal 
de  Bruxelles,  le  promeneur  s’ennuie;  au  Grahen 
de  Vienne,  il  rêve  assis  sur  un  banc;  aux  Til- 
leuls de  Berlin, il  discute;  mais  dans  les  squares 
de  notre  ville,  le  Parisien  est  flâneur  par  excel- 
lence et  send^le  avoir  pour  but  d’apprécier  les 
avaniages  ou  le  bien-être  que  peuvent  lui  pro- 
curer nos  jardins  publics. 

Les  squares,  dans  la  pensée  de  M.  Haussmann, 
ont  été  créés  pour  donner  de  l’espace,  de  l’air 
et  de  la  fraîcheur  aux  ciladins. 

Mos  voisins  d’oulre-Manche  les  appellent  du 
nom  signilicalif  de  poumons.  En  effet,  celle  qua- 
lification, sans  être  exacte,  est  une  véritable  al- 
légorie : la  vérité  voilée;  les  squares,  en  effet, 
doivent  è re  les  vrais  organes  de  la  respiration. 
Les  plantations,  plus  compactes  sur  ce  point, 
sont  chargées  de  dégager  l’oxygène,  si  néces- 
saire aux  habitants  des  villes. 

Dans  la  plupart  de  nos  squares,  on  n’a  point 
assez  tenu  compte  de  celte  disposition;  l’inlen- 
tion  dans  laquelle  ils  avaient  été  créés  a été  ré- 
putée pour  le  fait;  — ceci  a tué  cela,  dirait 
Victor  îîiigo.  — Témoin  \e  square  du  Trocadéro, 
qui  d’un  square  n’a  que  le  nom,  qui  ne  possède 
aucue  plantation,  et  où  le  public  ne  peut  péné- 
trer. Quoi  de  plus  facile  pourtant  que  de  réunir 
les  conditions  exigées  et  de  réaliser  en  même 
temps  l’économie  que  cherche  la  ville  de  Paris? 
Planter  de  nombreux  massifs  d’aibustes  et  d’ar- 
brisseaux nains,  et,  avec  ou  sans  des  espaces 
sablés,  laisser  librement  circuler  cette  popula- 
tion, tyranniquement  confinée  au  brûlant  trottoir 
d’asphalte. 

En  cela  notre  ingénieur  en  chef,  M.  Alpliand, 
est  en  contradiction  avec  lui-même.  En  effet,  lors 
de  la  création  du  premier  square,  celui  de  la 
leur  Saint-Jacques,  il  fut  question  de  le  fermer 
au  public,  à l’instar  de  ceux  de  Londres;  mais 
M.  Alphand,  avec  beaucoup  de  raison,  s’éleva 
fortement  contre  cette  idée,  et  se  prononça  dans 
un  sens  tout  à fait  contraire,  son  opinion  préva- 
lut non  seulement  pour  ce  square,  mais  aussi 


pour  tous  les  autres.  Pourquoi  donc,  aujourd’hui,  j 
seul,  le  square  du  Trocadéro  fait-il  exception? 

Il  eût  été  aisé  de  suivre  ce  qui  avait  été  exé-  | 
enté  jusqu’alors,  sans  , imiter  strictement  le  i 
square  des  Arls-el-MHiers,  qui.  pour  nou.;,  est 
le  type  parfait  du  square.  Planté  de  grands 
arbres  sous  les(p>els  tout  est  sablé,  il  ne  ren- 
ferme que  deux  petits  massifs  bordant  chacun 
un  bassin.  Dans  le  même  goût,  nous  signalerons 
le  nouveau  square  des  Pelils-Ménages  et  celui  du 
Ranelngh. 

Si  nous  suivons  une  progression  décroissante 
suivant  les  conditions  plus  ou  moins  remplies 
par  les  squares,  nous  les  classerons  ainsi;  square 
des  Batignolles,  de  Louis  XVI,  de  la  Trinité, 
Monlholon,  du  Temple,  des  Innocents,  Saint- 
Jacques,  Sainle-Clotilde,  des  Invalides,  Mont- 
rouge, etc  , qui,  tout  en  consi*rvant  le  style  pay- 
sagev,  ont  des  allées  spacieuses  et  de  larges 
carrefours,  où  tous  les  promeneurs  peuvent  fa- 
cilement trouver  place. 

Il  ressort  de  ces  dispositions  que  la  règle  sui- 
vante peut  être  suivie  pour  la  formation  des 
squares  ou  jardins  publics  : 

Un  jardin  public  doit  avoir  environ  un  sixième 
de  sa  surface  totale  livré  à la  circulation. 

F.  Barillet. 

— Du  4 au  8 septembre  -1873,  la  Société 
d’horticulture  de  la  Gironde  fera,  à Bor- 
deaux, une  exposition  générale  où  seront 
admis  tous  les  produits  horticoles,  ainsi  que 
ceux  des  arts  ou  industr  ies  qui  se  rattachent 
à Fhorliculture.  Jardiniers,  amateurs,  in-  > 
dustriels  français  et  étrangers  sont  invités  à { 
prendre  part  à cette  exposition.  Les  con- 
cours et  par  conséquent  les  récompenses,  ^ 
ne  sont  pas  limités.  Pas  de  programme  : li-  ? 
berté  complète.  C’est  ainsi  que  le  veut  le  “ 
progrès. 

Tous  ceux  qui  voudront  exposer  devront 
en  faire  la  demande,  axant  le  29  juillet,  à 
M.  le  D'’  Th.  Guigneau,  secrétaire  général, 
rue  de  Grassé,  9,  à Bordeaux,  en  indiquant 
sommairement  le  nombre  et  la  nature  des 
objets  qu’ils  se  proposent  d’exposer. 

Le  jury  se  réunira  le  mercredi  3 septem- 
bre, à dix  heures  du  matin. 

— Nous  avons  reçu  de  notre  collabora- 
teur et  ami,  M.  Jean  Sisley,  un  extrait  d’une 
lettre  que  lui  a adressée  du  Japon  M.  le 
docteur  A.  Hénon,  et  que  nous  croyons  de- 
voir intéresser  nos  lecteurs.  Le  voici  : 

IkouDO,  2 mai  1873. 

...  Dans  ce  moment  une  grande  pariie  des 
montagnes  sont  colorées  en  violet  éclatant  par  la 
floraison  d’Azalées  qui  forment  de  grands  buis-  | 
sons  dans  les  bois.  Cette  espèce,  que  je  ne  crois 
pas  avoir  vue  en  Europe,  s’élève  ici  à 3 et  4 mè- 
tres; elle  forme  un  buisson  lâche  et  paraît 


EUYSIMUM  PETROWSKIANUM. 


beaucoup  plus  vigoureuse  que  les  autres  Azalées 
à fleurs  rougis  ou  Mamlu,*s.  De  plus,  elle  dé- 
feziille  complètement  durant  l’hiver,  ce  qui  lui 
permelli  ait,  je  crois,  de  prospérer  en  pleine 
terre  dans  nos  irtas.'îits  en  France.  Elle  ne  vient 
que  dans  les  taillis,  tandis  que  les  autres  es- 
pèces croissent  aussi  bien  dans  les  endroits  dé- 
couverts. Ces  grands  buissons,  complètement 
couverts  de  fleurs  violettes  assez  grandes,  font 
un  très-joli  elFet. 

Les  Azalées  à fleurs  rouges,  à feuilles  plus  ou 
moins  perfislanles  et  ressemblant  assez  bien  à 
nos  variétés  cultivées  en  Europe,  commencent 
seulement  à fleurir.  Les  Giiiisiers  délleuiissent; 
ou  en  cultive  ici  une  grande  quantité  de  variétés 
comme  arbres  d’orueineul,  entre  autres  une  à 
fleurs  roses  doubles,  qui  est  très-belle. 

Dans  les  derniers  jours  du  mois  d’avril,  on  a 
commencé  à établir  les  pépinières  de  Diz  partout 
dans  les  environs  ; ce  lliz  restera  en  pépinière 
jusqu’à  la  moisson  du  Blé,  de  l’Orge  et  du 
Colza. 

Un  légume  qui  vient  ces  jours-ci  de  faire  son 
apparition  annuelle,  ce  sont  les  pousses  d’une 
Fougère,  appelée  Wai'ubi  par  les  Japonais  ; c’est 
mangeable.  Fendant  que  je  suis  sur  les  comes- 
tibles japonais,  je  te  dirai  que  j’ai  encore  essayé 
deux  ou  trois  plats  du  pays,  d’abord  les  tuber- 
cules d’un  Cutadium  qui  pourrait  bien  être  le 
Colocase;  les  Japonais  en  mangent  de  très- 
grandes  quantités  ; c’est  la  moins  chère  des 
racines  féculentes  qu’on  trouve  ici;  cuite  avec 
de  la  viande,  elle  est  assez  bonne,  mais  un  peu 
visqueuse. 

Je  crois  t’avoir  déjà  parlé  des  bourgeons  sou- 
terrains du  Bambou;  c’est  à présent  le  moment 
de  la  grande  abondance,  et  ce  légume  est  excel- 
lent, ressemblant  un  peu,  en  plus  ferme,  à des 
fonds  d Artichauts,  avec  un  goût  très-lin.  C’est 
encore  une  utilité  de  plus  à ajouter  à toutes 
celles  du  Bambou,  cette  plante  qui,Âci,  je  crois, 
est  une  des  plus  utiles. 

Nous  ne  sommes  pas  éloigné  de  croire 
que  l’espèce  d’Azalée  dont  parle  M.  le  doc- 
teur Hérion  est  VAzalea  mollis  dont  nous 
avons  plusieurs  fois  parié  dans  la  Pievue, 


notamment  à la  page  230  de  cette  année. 
Le  fait  nous  paraît  d’autant  plus  probabî® 
que  ce  qu’il  dit  de  la  caducité  complète  des 
feuilles  et  de  la  précocité  des  Heurs  sont  des 
caractèies  qui  se  rapportent  exactement  k 
ceux  que  nous  montre  ici  VA.  mollis.  Quast 
au  Warahi,  espèce  de  Fougère  dont  ob 
mange  les  pousses  au  Japon,  nous  avoms 
l’équivalent  en  France  dans  le  Pteris  a(£m- 
Ima,  — qui  est  peut-être  la  même  espèce, — 
dont  on  mange  également  les  jeunes  pousses 
lorsqu’elles  sont  très-tendres.  Quant  au  Ca- 
ladium et  aux  bourgeons  de  Bambou,  nws 
en  avons  quelquefois  goûté,  et  toujours  ça 
nous  a paru  médiocre.  Ces  produits  sont-ils 
meilleurs  au  Japon? 

— Le  jeudi  10  juillet  1873,  la  Société 
centrale  d’horticulture  de  France  faisait, 
dans  son  hôtel,  rue  Grenelle-Saint-GermaiB^ 
une  distribution  solennelle  des  récompenses 
qui  avaient  été  accordées,  tant  à propos  de 
l’exposition  que  des  différents  apports  qm 
avaient  été  faits  lors  des  réunions  ou  pas- 
suite  de  rapports  qui  avaient  été  renvoyés 
au  comité  de-  récompenses.  Malgré  Se 
bruit  et  l’entrain  général,  augmentés  en- 
core par  une  charmante  musique,  qui  sem- 
blait tout  confondre,  on  distinguait  néan- 
moins les  lauréats,  qui,  pourlant,  ne  pa- 
raissaient pas  tous  joyeux  : il  y en  avait 
qui,  tout  en  recevant  la  récompense  qui  leur 
avait  été  accordée,  paraissaient  peu  satisfaits 
et  semblaient  dire  : « Je  méritais  mieux  E 
Cela  peut  être  vrai,  mais  c’est  une  chose  à 
laquelle  nous  n’avons  rien  à voir,  que  noos 
constatons  seulement,  non  toutefois  pour  sa 
rareté,  puisqu’elle  est  habituelle.  En  effeî, 
quel  est  celui  qui  n’est  pas  un  peu  prévena 
en  sa  faveur,  et  qui  ne  croit  pas  mériter 
plus  que  ce  qu’on  lui  donne?  Le  inonde  n'a 
pas  changé.  E.-A.  Carrière» 


EMSIMÜM  PETROWSKIANUM 


Depuis  quelques  années  déjà  je  cultive 
celte  espèce,  et  j’ai  lieu  d’en  être  satisfait; 
elle  me  paraît  réunir  les  piinci pales  condi- 
tion^ qu’on  recherche  pour  l’ornement  : flo- 
raison abondante  et  prolongée;  quant  aux 
fleurs,  qui  sont  excessivement  nombreuses, 
elles  sont  d’un  beau  jaune  mordoré  ou  de 
couleur  orange  foncé.  Ce  qui  m’étonne,  c’est 
de  voir  qu’elle  est  encore  si  rare,  tandis 
qu’on  devrait  la  trouver  dans  tous  les  grands 
jardins,  où  depuis  mai  jusqu’en  août  et 
même  plus  tard,  l’on  pourrait  en  faire  des 


massifs  ou  des  bordures  qui  produiraieiii 
un  effet  des  plus  ravissants.  Aucune  diffi- 
culté pour  sa  culture,  qui,  du  reste,  es! 
parfaitement  indiquée  dans  les  Fleuri  de 
pleine  terre  de  MM.  Vilmorin  et  C*®,  3“  édi- 
tion, p.  385,  d’où  je  l’extrais. 

Celte  plante  produit  un  très-bun  effet 
dans  les  corbeilles  et  les  plates-bandes; 
toutefois,  comme  elle  est  un  peu  maigre, 
elle  a besoin  d’étre  semée  ou  plantée  bb 
peu  dru  ou  bien  en  touffes,  ou  encore  repi- 
quée plusieurs  pieds  ensemble.  Le  piiice^ 


283 


ROSES  DE  SEMIS. 


ment,  pratiqué  de  boniie  heure  sur  la  tige 
principale,  la  tait  quelquefois  ramifier  d’une 
manière  satisfaisante.  Ses  tleiirs  qui,  suivant 
l’époque  du  semis,  se  succèdent  depuis  mai 
jusqu’à  la  fin  d’août  et  meme  en  septembre- 
octobre,  sont  particulièrement  convenables 
pour  la  confection  des  bouquets.  Elle  croît 
volontiers  dans  toute  bonne  terre  de  jardin  ; 
cependant  elle  préfère  un  sol  léger  et  une 
exposition  aérée.  Ses  graines  doivent  être 
semées  : 1»  du  15  septembre  au  1«^'’  octobre; 
on  repique  les  jeunes  plants  en  pépinière, 
à bonne  exposition,  et  on  les  met  en  place 
en  mars-avril,  à environ  20  à 25  centimètres 
l’un  de  l’autre  : les  premières  fleurs  appa- 
raissent en  mai  et  se  succèdent  jusqu’à  la 


fin  de  juin;  2»  en  mars,  en  place,  pour  ob- 
tenir la  floraison  de  juin  en  août;  on  laisse 
alors  entre  les  pieds  un  espacement  de 
15  centimètres  ; 3'^  en  avril,  également  en 
place  : la  floraison  a lieu  en  août,  septembre 
et  octobre;  en  semant  en  place  à demi- 
ombre,  du  d5  juin  au  l*^*’ juillet,  on  peut 
encore  espérer  d’en  obtenir  une  floraison 
passable  en  septembre-octobre. 

En  suivant  ces  indications,  on  peut  être 
assuré  du  succès,  et  je  ne  crains  pas  d’a- 
vancer que  les  personnes  qui  s’y  seront  con- 
formées seront  de  mon  avis  ; que  VE.  Pe- 
trowskianum  est  une  des  plus  jolies  plantes 
d’ornement. 

J.  Goujon. 


ROSES  DE  SEMIS 


Si  l’on  remonte  le  cours  des  âges,  on 
constate  que,  il  y a environ  un  siècle,  les 
jardins  français  étaient  peu  pourvus  d’es- 
pèces et  de  variétés  de  Roses.  Cependant 
on  reconnaissait  à ce  genre  la  supériorité  sur 
beaucoup  d’autres,  puisqu’on  lui  attribuait 
la  première  place  dans  toutes  les  fêtes  pu- 
bliques de  l’antiquité,  à Pvome  et  ailleurs, 
ce  qui  valut  à la  Rose  le  surnom  de  « reine 
des  fleurs,  y>  comme  l’on  donnait  au  Lis 
blanc  celui  de  « roi  des  plantes.  » Cela 
semble  prouver  que  la  Rose  et  le  Lis  étaient 
très-appréciés  et  jouissaient  déjà  d’une 
grande  réputation  que  du  reste  ils  méritent, 
réputation  que,  probablement,  elles  conser- 
veront longtemps  encore,  tant  à cause  de  la 
forme  gracieuse  des  fleurs  que  par  leur 
coloris,  ainsi  que  par  la  suave  odeur  qu’elles 
répandent.  En  effet,  rien  n’est  plus  beau 
que  la  Rose,  rien  n’est  plus  majestueux  que 
le  Lis.  On  a donc  raison  de  s’occuper  de 
ces  deux  genres,  du  Rosier  particulière- 
ment, qui,  au  point  de  vue  de  l’ornement, 
est  une  plante  essentiellement  française. 

Primitivement,  on  ne  connaissait  en  hor- 
ticulture que  quelques  espèces  et  variétés  de 
Roses,  et  on  ne  cultivait  guère  que  les  Ro- 
siers Capucines,  la  Rose  jaune,  double  et 
simple,  la  Cuisse  de  Nymphe  (beaucoup 
trop  négligée  aujourd’hui),  la  Cent-Feuil- 
les, la  Rose  pompon,  les  Roses  de  Pro- 
vins, et  quelques  autres  à odeur  plus  ou 
moins  prononcée,  mais  toujours  agréables 
à la  vue.  Ce  n’est  guère  que  vers  la  fin  du 
XVIIR  siècle  que  l’on  s’occupa  sérieusement 
de  la  Rose,  et  que  les  horticulteurs  français 
en  firent  une  des  principales  branches  de 
l’industrie  horticole;  ils  firent  pour  le  genre 


Rosier  ce  qui  se  fait  en  Hollande  depuis  des  j 
siècles  pour  la  Jacinthe  et  les  autres  Oignons  | 
à fleurs.  On  sema,  et  l’on  obtint  des  résul-  | 
tats  admirables  tout  d’abord  ; cela  donna  | 
l’éveil,  et  les  semeurs,  encouragés  par  de  [ 
beaux  et  premiers  succès,  ouvrirent  la  voie  E 
à ceux  qui  leur  ont  succédé.  i 

Parmi  les  premiers  semeurs  infatigables  ,| 
et  des  plus  heureux  du  XIX®  siècle,  nous  i 
devons  citer  en  première  ligne  MM.  Lalfay, 
Vibert,  Desprez,  Noisette,  qui  bientôt  fu- 
rent imités  ou  suivis  par  d’autres.  Au- 
jourd’hui le  nombre  en  est  si  considé- 
rable, et  celui  des  variétés  si  nombreux, 
que  l’on  est  parvenu  à faire  chaque  année  . 
des  expositions  de  Roses  de  semis,  où  tous 
les  semeurs  et  les  amateurs  de  Roses  sont  i 
conviés.  R en  résulte  qu’après  chacune  de  | 
ces  expositions  remarquables  et  spéciales,  | 
où  chaque  fleur  a paru  et  où  elle  a pu  être  , 
appréciée  et  jugée  par  les  connaisseurs  et 
les  amateurs,  et  où  elle  a été  pour  ainsi 
dire  passée  au  crible,  elle  offre  une  sorte  ; 
de  garantie  pour  l’acheteur,  ce  qui  pourtant 
n’empêche  qu’il  y ait  bien  souvent  encore  ;i 
de  nombreux  mécomptes. 

Il  y a en  France,  sur  presque  tous  les  ' 
points  du  territoire,  des  semeurs  de  Roses.  î 
Nous  aussi  avons  essayé,  mais  nous  étions  i 
placé  dans  des  conditions  de  terrain  peu 
avantageuses,  et  surtout  à cause  des  vers  | 
blancs,  qui  nous  ont  fait  des  dégâts  consi-  | 
dérables  ; c’est  à ce  point  que  dans  l’année  h 
1865  ils  nous  ont  dévoré  plus  de  100,000  jeu-  j 
nés  Rosiers  dont  les  graines  avaient  été  se-  j 
mées  en  pleine  terre  à l’air  libre.  On  voit 
que  nous  opérions  sur  une  grande  échelle.  | 
Nous  sommes  donc  restreint  maintenant  à j 


ROSES  DE  SEMIS. 


semer  dans  des  terrines  ou  dans  des  caisses 
[ chaque  année,  pour  satisfaire  à notre  amour 
pour  les  semis  de  tous  genres.  Il  nous 
reste  bien  quelques  belles  Roses  révsul- 
tant  de  nos  semis  antérieurs  que  nous 
grelTons  sur  Églantiers,  dans  le  but  de  nous 
faire  une  collection  de  Roses  unique  et  iné- 
dite. En  prenant  les  soins  que  nous  allons 
indiquer,  rien  n’est  plus  facile,  et  il  s’agit 
de  le  vouloir.  Voici  comment  nous  opérons. 

Après  avoir  récolté  à l’automne  les  fruits 
de  nos  plus  belles  Roses,  que  nous  avons 
eu  le  soin  de  ne  pas  supprimer  après  la  flo- 
raison, nous  les  laissons  sécher  un  peu, 
pour  achever  leur  maturité.  Vers  la  fin  ou 
dans  le  courant  de  décembre,  nous  les  ou- 
vrons pour  en  extraire  les  graines,  que  nous 
semons  immédiatement,  à moins  d’obstacles 
imprévus,  pour  ne  les  semer  alors  qu’au 
printemps  suivant  en  terrine  ou  en  caisse, 
ou  en  pleine  terre  à l’air  libre,  de  la  ma- 
nière suivante  ; 

Semis  d’automne.  Nous  prenons  de 
grandes  terrines,  qui  ont  au  moins  15  cen- 
timètres de  profondeur,  ou  des  caisses  en 
bois  qui  présentent  la  même  profondeur. 
Nous  drainons  les  unes  et  les  autres  à l’aide 
de  tessons  que  nous  couvrons  ensuite  de 
terre  de  bruyère  pure  jusqu’à  3 centimètres 
en  contre-bas  des  bords;  nous  égalisons  ce 
sol,  puis  nous  répandons  uniformément  les 
graines  de  Rosiers,  que  nous  tassons  avec 
le  revers  de  la  main  ou  avec  une  petite 
planche,  de  manière  qu’elles  soient  [déjà  à 
moitié  enterrées;  nous  recouvrons  les  se- 
mences d’un  centimètre,  pas  plus,  de  la 
même  terre,  et  nous  rentrons  dans  l’oran- 
gerie nos  terrines  et  nos  caisses,  où  elles 
passent  l’iiiver  à l’abri  des  froids,  des  ge- 
lées et  même  de  l’humidité,  et  d’où  nous  ne 
les  sortons  que  dans  le  courant  d’avril,  lors- 
que les  mauvais  temps  ne  sont  plus  à 
craindre.  Par  cette  stratification,  elles  com- 
mencent à germer  dès  le  courant  de  mars, 
et  lorsque  nos  terrines  sont  dehors,  le  reste 
ne  tarde  pas  à lever  et  à pousser.  Nous 
les  plaçons  à mi-ombre,  ou  nous  les  met- 
tons sous  châssis  à froid,  comme  cette  an- 
née, par  exemple,  où  le  temps  a été  con- 
traire à ces  sortes  de  semis,  pour  ne  les 
mettre  à l’air  libre  que  dans  les  premiers 
jours  de  juin,  si  le  temps  le  permet.  C’est 
alors  qu’il  faut  exercer  une  grande  sur- 
veillance, car  les  pucerons  en  sont  très- 
friands  ; s’ils  se  montrent,  on  s’en  débar- 
rasse au  moyen  d’une  dissolution  de  tabac, 
avec  laquelle  il  faut  les  asperger  plusieurs 
fois.  Si  les  Rosiers  sont  atteints  par  la  ma- 


ladie dite  du  hlanc,  il  faut  les  couvrir  im- 
médiatement de  fleur  de  soufre  ; c’est  à 
l’aide  de  ces  soins,  qui  sont,  du  reste,  très- 
faciles,  que  nous  conservons  nos  semis  en 
bon  état. 

Semis  de  printemps.  Dans  le  courant  de 
février,  si,  par  une  raison  quelconque,  nous 
n’avons  pu  le  faire  à l’automne,  nous  se- 
mons en^  terrines  et  en  caisses  nos  graines 
de  Rosiers  exactement  de  la  même  ma- 
nière; seulement  nous  les  faisons  tremper 
dans  beau  pure,  sans  addition  d’aucune 
substance,  pendant  vingt-quatre  ou  qua- 
rante-huit heures,  selon  l’état  de  la  tempé- 
rature ambiante,  puis  nous  semons,  en 
ayant  soin  de  maintenir  la  terre  dans  un 
état  qui  ne  soit  ni  trop  humide,  ni  trop  sec, 
ce  qui  est  très-important.  Jusqu’à  l’entière 
germination  des  graines,  de  légers  bassi- 
nages fréquents  valent  en  général  pour  les 
semis  mieux  que  de  forts  arrosements. 
Voilà  pour  les  semis  en  caisses  et  en  ter- 
rines, que  l’on  peut  faire  partout  avec  le 
plus  grand  succès. 

Semis  en  pleine  terre.  Si  l’on  veut,  pour 
économiser  la  terre  de  bruyère,  ou  par  tout 
autre  motif  dont  nous  n’avons  pas  à nous  oc- 
cuper ici,  on  peut  semer  en  rayon  ; dans  ce 
cas  dans  chaque  planche,  dont  la  largeur  aura 
1'^  33,  on  ouvrira  des  rayons  profonds  de  8 à 
10  centimètres  et  larges  de  8 à 12  ; on  les 
remplira  de  6 à 8 centimètres  de  terre  de 
bruyère  meuble,  qui  sera  bien  nivelée,  puis 
on  répandra  la  graine  très-également  avec 
la  main,  de  manière  que  chaque  plante 
puisse  avoir  assez  d’espace  pour  prospérer, 
après  quoi  on  la  tassera  avec  le  dos  de  la 
binette,  qui  aura  servi  à l’ouverture  des 
j rayons,  puis  on  recouvrira  le  tout  d’un  cen- 
timètre ou  d’un  centimètre  et  demi  de  la 
I même  terre  de  bruyère,  et  on  attendra  la 
I levée,  qui  commencera  vers  le  mois  de  mai. 

Si  l’on  veut  opérer  en  grand,  comme  nous 
l’avons  fait  quelquefois,  et  semer  des  graines 
de  Rosier  par  centaines  de  mille,  il  faudra 
enlever  toute  la  terre  de  la  planche  à la  profon- 
deur de  12  à 15  centimètres,  et  faire  un  nou- 
veau sol,  composé  de  10  à 12  centimètres  de 
terre  de  bruyère  meuble,  dont  on  égalisera  la 
surface,  pour  éviter  que  l’eau  des  bassinages 
n’entraîne  pas  les  graines  sur  un  seul  point, 
ce  qui  est  toujours  très-désagréable.  Quand 
la  planche  entière  sera  ainsi  préparée,  on 
répandra  la  graine,  en  prenant  les  pré- 
cautions que  nous  avons  indiquées  plus 
haut,  et  le  semis  sera  recouvert  d’une  couche 
de  terre  de  bruyère  de  la  même  épaisseur 
que  celle  indiquée  pour  les  rayons.  On 


ROSES  DE  SEMIS. 


m 

m^iinfienfîra  également  le  semis  dans  un 
léger  élat  de  fraîcheur,  et  on  attendra  la 
levée.  Quand  on  a sous  la  main  de  bon 
terreau  I)ien  consommé,  il  sera  utile  d’en 
répandre  sur  le  semis  une  légère  couche  ; 
cela  ne  peut  faire  que  du  bien  aux  jeunes 
semis.  Pour  le  semis  au  rayon  comme  pour 
celui  en  planche,  il  sera  bon  de  faire  aussi 
macérer  les  graines  dans  l'eau  pendant 
vingt-quatre  ou  quarante-huit  heures,  ce 
qui  en  hâtera  la  germination.  Dans  les  terres 
sèches  et  fortes,  comme  celle  de  notre  jar- 
din, par  exem[)le,  celte  précaution  est  de  ri- 
gueur, ainsi  que  l’emploi  de  la  terre  de 
bruyère.  Dans  les  endroits  mieux  favorisés, 
Ton  pourrait  s’en  dispenser;  mais  nous  par- 
tons d’Han neucourt  et  de  nos  expériences, 
que  chacun  pourra  imiter  ou  modifier  à son 
gré.  Nous  avons  l’habitude  de  dire  ce  que 
nous  savons,  ce  que  nous  faisons,  ce  qui 
noos  réussit,  et  rien  de  plus.  Si  quelques- 
uns  de  nos  confrères  employaient  un  pro- 
cédé qui  soit  préférable  au  nôtre,  nous  les 
prierions,  dans  l’intérêt  de  la  science  et  de 
la  pratique  horticoles,  de  nous  le  faire  con- 
aaitre,  et  nous  en  serions  très-reconnais- 
sant, car  les  cultivateurs  doivent  s’instruire 
entre  eux,  sans  amour-propre  et  sans  au- 
cune rélicence. 

Lorsque  les  Rosiers  de  semis  fleurissent, 
il  ne  faut  pas  trop  se  presser  pour  les  juger; 
it  est  bon  pour  cela  d'attendre  plusieurs  flo- 
raisons pour  se  faire  une  juste  idée  de  leur 
valeur.  Voici  ce  qu’on  fliit  lorsqu’une  Rose 
paraît  à peu  près  bonne  : on  en  greffe  sur 
des  vieux  Églantiers,  et  l’on  attend  deux 
et  même  trois  ans,  au  bout  desquels  on 
peut  être  fixé.  Pour  ne  pas  s’ètre  conformé 
à cette  règle,  on  a souvent  eu  à s’en  repentir; 
et  certaines  espèces,  après  avoir  été  mises 
aa  commerce,  ont  dû  être  abandonnées. 

En  '1864,  nous  avions  reçu  de  MM.  Lé- 
vêque  père  et  fils,  rosiéristes  en  renom,  bien 
connus,  une  quantité  assez  considérable  de 
fruits  de  Rosiers  récoltés  sur  leurs  plus 
belles  variétés,  telles  que  Madame  Elisa 
Vilmorin  et  antres  également  belles.  Nous 
avions  d’un  seul  lot  1,423  grammes  de  se- 
mences nues,  qui  ont  fourni  37  graines  au 
gramme,  ce  qui  fait  un  total  de  52,651  bon- 
nes semences. 

ün  deuxième  lot,  contenant  43  grammes, 
qui  ont  donné  32  graines  au  gramme.  Total  : 
15376  graines. 

Un  troisième  lot  de  32  grammes  de  Ro- 
siers variés,  dont  le  nombre  était  de  48  grai- 
nes au  gramme,  ce  qui  fait  un  total  de 
I5536  graines.  Ces  fruits  ayant  été  récoltés 


tardivement,  ont  été  conservés,  et  les  graines 
n’ont  été  semées  qu’apres  l’hiver. 

Un  quatrième  lot  de  69  grammes  de 
graines  de  Rosier  Madame  Élisa  Vil- 
morin a donné  .37  semences  au  gramme. 
Total  : 2,553  graines. 

Un  cinquième  lot  de  79  grammes  de 
graines  de  la  même  variété,  provenant  de  la 
récolte  de  1863,  a produit,  sans  que  nous 
puissions  l’expliquer,  ,32  semences  au 
gramme,  formant  un  total  de  2,528  graines, 
qui  ont  été  extraites  des  fruits  en  dé- 
cembre 1864. 

Toutes  ces  graines  ont  été  semées  en 
planches  au  printemps  de  1865,  le  14  avril, 
avec  celles  de  notre  récolte,  en  pleine  terre, 
de  la  manière  que  nous  avons  indiquée 
plus  haut;  mais,  à notre  grand  regret,  à 
mesure  qu’elles  germaient,  les  jeunes  em- 
bryons disparaissaient  sous  la  dent  meur- 
trière du  ver  blanc,  qui  ne  nous  a laissé  sur 
cet  immense  champ  de  Rosiers,  sur  lequel 
nous  fondions  les  plus  belles  espérances, 
qu’une  cinquantaine  à peine  de  plantes  re- 
marquables. 

La  quantité  de  graines  contenues  dans 
chaque  fruit  de  Rosier  est  très-variable:  les 
uns  en  contiennent  de  24  à 30  très-bonnes 
pourla  semence,  tandis  que  dans  d’autres  on 
n’en  trouve  le  plus  souvent  que  de  12  à 20; 
on  en  rencontre  même,  quand  on  les  extrait, 
quelques-uns  qui  ne  renferment  que  une  ou 
deux  graines;  les  fruits  mal  faits  et  mal 
formés  offrent  cet  exemple.  Dans  les  espèces 
des  bois,  les  semences  sont  ordinairement 
belles  et  bien  faites,  mais  on  n’en  compte  que 
de  12  à 14  par  fruit  ; elles  sont  de  forme  en 
losange,  régulières,  très-belles  de  couleur, 
qui  est  le  jaune  citron  glacé.  Les  Rosiers 
qui  forment  nos  belles  collections  produi- 
sent des  graines  extrêmement  variables  dans 
la  couleur,  dans  la  forme  et  dans  la  gros- 
seur; les  unes  pèsent  quelquefois  1 centi- 
gramme, tandis  que  chez  d’autres,  comme 
on  l’a  vu,  il  n’en  faut  que  49  au  gramme,  et 
même  moins.  Nous  en  avons  trouvé  quel- 
ques-unes seulement  du  poids  del  gramme; 
mais  il  faut  dire  qu’elles  étaient  peu  nom- 
breuses dans  les  fruits  ; elles  sont  de  cou- 
leur brune,  jaune  basane,  noirâtre,  gri- 
sâtre, etc. 

En  terminant,  nous  engageons  tous  nos 
confrères  à semer  des  graines  de  Rosiers; 
c’est  le  moyen  de  se  faire  une  belle  collec- 
tion à soi,  et  dans  peu  d’années,  en  suivant 
nos  prescriptions,  ils  en  auront  formé  une 
des  plus  riches  et  des  plus  complèles. 

Bossin. 


FLEUR  MONSTRUEUSE  DE  FUCHSIA  GLOBOSA. 


â80 


FLEUR  MONSTRUEUSE  DE  EUCiïSIA  GLOBOSA 


La  figure  27  reproduit  le  rameau  d’une 
variété  de  Fuchsia  globosa  qui  nous  a été 
communiqué  par  M.  Cli.  Verdier.  Ce  ra- 
meau offre  une  anomalie  assez  singulière  et 
qui  n’a  pas  encore  été  jusqu’ici,  croyons- 
nous,  enregistrée  dans  les  annales  de  la  té- 
ratologie végétale. 

A priori  on  pourrait  croire,  en  raison  de 
l’opposition  apparente  de  l’organe  qui  la  pré- 
sente, avoir  affaire  à la  transformation  d’une 
feuille  en  fleur  plus  ou  moins  imparfaite.  Il 
n’en  est  rien.  En  effet,  à un  examen  un  peu 
attentif,  il  nous  a été  facile  de  reconnaître,  à 
l’aisselle  même  de  l’organe  qui  présente 
cette  anomalie,  le  point  d’insertion  d’une 
feuille  tombée,  et  qui  était 
bien,  comme  cela  est  cons- 
tant dans  les  plantes  de  ce 
genre,  parfaitement  oppo- 
sée à la  feuille  survivante. 

Ce  n’est  donc  pas,  comme 
l’échantillon  pouvait  le  lais- 
ser supposer,  — ce  qui 
aurait  été  fort  curieux  à 
constater,  — une  feuille 
transformée  en  fleur  plus 
ou  moins  imparfaite,  mais 
bien  une  fleur  mons- 
trueuse, portée  sur  un  pé- 
doncule normalement  pla- 
cé, c’est-à-dire  à l’aisselle 
de  la  feuille  absente,  qui, 
au  lieu  de  constituer  cette 
fleur  si  élégante  que  tout 
le  monde  cormaîl,  n’offrait 
que  la  déformation  reproduite  par  notre 
figure. 

Si  nous  essayons  de  donner  une  descrip- 
tion de  cette  transformation  un  peu  compli- 
quée, nous  verrons  d’abord  que  son  siège  ne 
réside  surtout  que  dans  les  diverses  parties 
de  la  fleur.  En  effet,  le  péiloncule  a con- 
servé sa  forme  et  sa  longueur  normales, 
ainsi  que  le  montre  le  renflement  de  sa 
partie  supérieure  (ovaire)  ; toutefois,  l’aspect 
de  celte  partie  terminale  du  pédoncule  était, 
comme  cela  est  indiqué  dans  la  fleur  déta- 
chée de  notre  dessin,  plus  allongée  que  dans 
les  ovaires  normaux  de  cetle  espèce  de 
Fuchsia,  et  le  renflement  allait  en  s’agran- 
dissant insensiblement  de  la  base  au  sommet 
sur  une  longueur  de  10  à 12  millimètres. 
La  monstruosité  ne  porte  donc  presque  ex- 
clusivement dans  le  cas  qui  nous  occupe  que 


sur  l’androcée  et  le  gynecée.  On  sait  que 
dans  le  genre  Fuchsia,  la  corolle  est  com- 
posée d’un  calice  coloré  à tube  étranglé  au- 
dessus  de  l’ovaire;  que  son  limbe  est  à 
quatre  parties  et  à préfloraison  valvaire; 
que  ses  pétales,  pareillement  au  nombre  de 
quatre,  sont  larges,  également  colorées, 
et  naissent  au  sommet  de  la  gorge  du  ca- 
lice; que  les  étamines,  au  nombre  de  huit, 
sont  disposées  sur  deux  rangées  : quatre 
opposées  aux  sépales  et  quatre  aux  pétales  ; 
que  l’ovaire  est  globuleux,  a quatre  loges, 
et  que  le  long  style  de  cette  fleur  est  ter- 
miné par  un  stigmate  à quatre  lobes  ; enfin, 
.que  le  fruit  est  bacciforme. 


— Fleur  monstrueuse  de  Fuchsia  globosa. 


Des  quatre  pièces  du  calice,  deux  seule- 
ment s’étaient,  ainsi  que  cela  est  représenté, 
transformées  en  un  limbe  foliacé,  verdâtre  et 
d’inégale  grandeur;  on  retrouvait  l’origine 
des  deux  autres  à la  présence  de  deux  pièces 
inégalement  développées  aussi,  mais  plus 
petites  que  les  précédentes,  de  consistance 
un  peu  épaisse  et  de  coloration  rosée  à l’in- 
térieur, blanchâtre  à l’extérieur.  Plus  au 
centre,  les  quatre  pétales  étaient  manifeste- 
ment visibles;  seulement  leur  forme  avait 
subi  une  altération  profonde  : petits,  repliés 
sur  leurs  bords,  informes,  pourrait-on  dire; 
trois  d’entre  eux,  de  teinte  blanc  carné  et 
de  configuration  distincte,  dépassaient  de 
beaucoup  le  quatrième,  qui  ne  se  montrait 
que  sous  l’apparence  d’une  squamule  inco- 
lore. Quant  aux  étamines,  il  ne  nous  a pas 
été  possible  de  retrouver  la  trace  de  plus  de 


PALMIERS  NOUVEAUX. 


Î29Û 

six  d’entre  elles.  Ici  la  déformation  était 
donc  encore  portée  à un  plus  haut  degré  ; 
de  plus,  la  position  de  ces  organes  ne  pou- 
vait être  rigoureusement  constatée.  Quoi 
qu’il  en  soit,  les  six  étamines  reconnues 
dans  cette  fleur  déformée  n’avaient  aucune 
ressemblance  avec  les  étamines  normales 
des  Fuchsias  : c’étaient  de  très-petites  lan- 
guettes foliacées,  un  peu  plus  larges  au  som- 
met qu’à  la  base,  et  offrant  parfois  sur  leur 
bord  un  épaisissement  allongé  qui  n’était 
autre,  selon  toute  vraisemblance,  que  des 


rudiments  d’anthères.  Du  gynecée,  il  ne 
nous  a pas  été  possible  de  retrouver  la  trace, 
le  centre  parfait  de  cette  monstruosité  ne 
présentant  qu’une  masse  charnue  et  à peu 
près  uniforme  dans  sa  configuration. 

On  voit  qu’il  s’agit,  dans  ce  cas,  d’une 
virescence  incomplète  du  calice,  et  en  même 
temps,  par  suite,  d’une  sorte  de  balance- 
ment organique  qui  a déterminé  l’avortement 
partiel  des  organes  les  plus  centraux  de  la 
fleur. 

B.  Vereot. 


l'ALMIERS  NOUVEAUX 


I.  Welfia.  — Ce  genre,  établi  par 
li.  Wendland  en  souvenir  du  dernier  roi 
de  Hanovre,  ressemble  un  peu  au  genre 
Geonoma.  Jusqu’à  présent  le  W.  Gecregii 
et  le  W.  regia  sont  les  seules  espèces  con- 
nues dans  les  cultures.  Le  premier  est  ori- 
ginaire de  Costa-Pdca , le  second  de  la  Nou- 
velle-Grenade. Comme  les  Géonomas  et  les 
Calyptrogynes,  ces  Palmiers  sans  épines  ont 
de  jolies  feuilles,  d’abord  bilobées,  puis 
pennées  avec  l’âge  ; leur  couleur  bronze  est 
fort  remarquable  et  persiste  à l’état  adulte 
chez  la  plupart  des  sujets. 

II.  Geonoma.  — Le  genre  Geonoma  com- 
[)rend  une  quantité  de  jolies  espèces,  dont 
les  plus  élevées  atteignent  à peine  2 mètres 
de  hauteur;  quelques-unes  sont  tout  à fait 
naines  : elles  ont  de  30  à 40  centimètres  de 
hauteur  lorsqu’elles  sont  adultes;  leur  tronc 
a la  grosseur  d’un  tuyau  de  plume  d’oie. 
Dans  l’Amérique  tropicale,  on  fait,  avec  les 
plus  grands  de  ces  charmants  végétaux,  des 
rannes  pour  la  promenade;  leurs  feuilles 
servent  à couvrir  les  toits  des  habitations, 
mais  elles  sont  loin  d’avoir  la  qualité  de 
celles  des  Corgpha  et  des  Sahal,  lesquelles 
sont  bien  plus  épaisses. 

Les  spadices,  sous  forme  de  pédoncules 
axillaires,  sont  terminés  par  un  épi,  et  quel- 
<(uefois  par  une  panicule  portant  des  fleurs 
monoïques  jaunes  ou  rouges.  Le  fruit  est 
ovale,  sphérique  ou  suhsphérique.  Ge  genre 
compte  environ  80  espèces  ou  variétés  ; les 
plus  belles  et  les  plus  répandues  dans  les 
serres  sont  : les  G.  fenestralis  (ou  Malor- 
tica),  G.  Antioquensis,  G.  interrupta,  G. 
iniermedia,  G.  Schottiana,  G.  Martiana 
(celle-ci,  très-jolie,  introduite  il  y a peu 
d’années  par  B.  Seeman),  G.  pumila,  G. 


Spixiana,  G.  Verschafj'elti,  trop  souvent 
confondu  avec  le  G.  Ghieshreghti,  qui,  lui- 
même,  n’est  autre  que  le  Calyptroggne 
spicata. 

III.  Calyptrogyne  (1).  — Le  genre  Ca- 
lyptrogyiie,  très- voisin  des  Geonoma  et  des 
Welfia,  habite  les  mêmes  contrées  et  forme 
le  sous-bois  de  certaines  forêts  de  Palmiers  ; 
son  port  ressemble  en  tous  points  à celui 
des  deux  espèces  déjà  décrites  ; la  différence 
consiste  dans  l’inflorescence  qui,  tout  d’a- 
bord, présente  deux  spathes,  dont  l’une  dis- 
paraît dès  que  les  fleurs  commencent  à 
s’ouvrir. 

Au  point  de  vue  de  l’horticulture  d’agré- 
ment, ces  Palmiers  sont  très-intéressants,  à 
cause  de  leur  charmant  feuillage  bronzé  et 
de  la  couleur  rouge  du  tronc  et  des  racines,  ; 
ainsi  que  cela  se  rencontre,  par  exemple, 
chez  le  C.  i 

Deux  autres  espèces,  presque  naines,  ont  j ; 
été  répandues  par  M.  H.  Wendland;  ce  U* 
sont  : le  C.  sarapiquensis  et  le  C.  spici-  U- 
gera.  Ges  deux  petits  Palmiers  ont  à peine  h 
1 mètre  de  hauteur  à l’état  adulte  ; ils  mé- 
ritent  d’être  cultivés,  particulièrement  pour  |j 
la  décoration  des  vases  et  potiches  des  ap-  - 
parlements,  où  ils  résisteront  bien.  il 

La  culture  des  trois  genres  que  nous  ve- 
nous  d’indiquer  est  très-facile;  la  voici  en  lin 
quelques  mots  : terre  légère,  mélangée  de 
sable  et  de  sphagnum;  beaucoup  d’humi-  ij-i 
dité  aux  racines  et  au  feuillage  ; de  l’ombre 
en  été;  pendant  l’hiver,  une  température  |7 
moyenne  de  4-  IS»  centigrades.  i( 

Alphonse  D**%  j. 

Ainaleiir.  u 

I 

I {\)  0\\  QQYii  àixs^l  Colypirogivic.  l 


del . 


Oi^'07?Z0Üt?i^  CrSi 


ever-^ej^izs 


R cpiùc  Hoj'fi<{>lr  . 


La^ia  JoNf/Ju'(in<ï 


LÆLIA  JONGHEANA.  — LES  PLANTES  ALIMENTAIRES. 


'20 1 

LÆLIA  JONGHEANA 


L’espèce  d’Orchidée  que  nous  représen- 
tons ci-contre  est  une  de  ces  plantes  qui 
font  époque;  bien  qu’introduite  depuis 
quelques  années  déjà,  ce  n’est  guère  que 
l’année  dernière  que  l’attention  a été  portée 
vers  elle  par  un  homme  très-compétent, 
M.  Reichenbach.  Voici  ce  qu’il  en  a dit  dans 
le  Gardeners-Chronicle,iS12,  p.  425: 

((  Lœlia  Jongheana,  n.  spec....  — Voici 
une  nouveauté  de  premier  ordre.  Ah!  Lœlia 
majalis  est  rabaissée;  les  Cattleya  Mossiœ 
et  lahiata  ont,  d’après  mon  goût,  une  rivale 
très-dangereuse.  Imaginez-vous  des  petits 
bulbes  d’un  vert  foncé,  luisant,  une  feuille 
oblongue  ligulée  du  vert  le  plus  intense, 
très-luisante,  excessivement  épaisse,  en  un 
mot,  une  véritable  beauté  de  feuille. 

cc  La  fleur  est  de  la  dimension  de  \a.  Lœlia 
majalis^  mais  du  plus  brillant  améthyste, 
comme  \3.Vanda  teres.  Sépales  étroits;  péta- 
les très-larges,  un  peu  crispés  ; labelle  avec 
des  lobes  latéraux  d’améthyste  pâle,  extérieu- 
rement jaune  à la  partie  antérieure  et  entiè- 
rement jaune  à l’intérieur.  Le  lobe  intermé- 
diaire blanchâtre  avec  une  large  bordure 
améthyste,  de  même  que  le  bord  antérieur 
des  lobes  latéraux,  crispés  et  denticulés. 
Sept  crêtes  d’un  orange  foncé  au  centre, 
plus  longues  que  la  colonne,  qui  est  arquée 
et  blanchâtre  ; toutes  les  veines  des  lobes 
latéraux  avec  crêtes  rayonnantes  dans  l’in- 
térieur. 

((  La  merveilleuse  beauté  de  cette  grande 
fleur  est  basée  sur  ses  couleurs  pures,  qui 
rappellent  ce  petit  joyau  Dendrobium  De- 
vonianum  par  la  combinaison  d’améthyste 
jaune  et  blanc. 

« La  plante  vient  de  fleurir  chez  MM.  Thi- 
baut et  Keteleer.  Le  mérite  de  son  introduc- 
tion est  dû  à M.  de  Jonghe,  de  Bruxelles,  et 


sa  découverte  à son  infortuné  voyageur, 
M.  Libon,  qui  a succombé  au  Brésil  victime 
de  son  zèle. 

« Cette  espèce  a été  cultivée  depuis  une 
dizaine  d’années  sous  le  nom  de  Brassavola 
Jongliei,  et  doit  porter  le  nom  de  Jonghe, 
suivant  le  désir  de  son  jeune  ami  et  zélé 
collecteur,  le  défunt  M.  Libon. 

((  M.  de  Jonghe  peut  regarder  autour  de 
lui  et  voir  combien  peu  d’Orchidées  peuvent 
rivaliser  avec  cette  seule  qui  lui  est  dédiée. 

((  H. -G.  Beiciienbacii  fils.  » 

Nous  n’avons  rien  à ajouter  à cette  des- 
cription, faite  de  main  de  maître;  nous  di- 
rons seulement  que,  d’après  nous,  le  mérite 
de  cette  plante  est  un  peu  exagéré  ; nous 
trouvons  même  que  certaines  variétés  de 
Cattleya  lahiata,  Mossiœ.  et  Trianei,  qui, 
du  reste,  sont  probablement  des  formes  d’un 
même  type,  sont  préférables,  — toujours 
d’après  notre  goût,  bien  entendu,  — au  La‘- 
lia  Jongheana,  ce  qui,  toutefois,  n’ôte  îien 
de  la  beauté  de  ce  dernier,  qui  n’en  reste 
pas  moins  une  plante  de  premier  mérite. 

La  culture  du  Lœlia  Jongheana  est  la 
même  que  celle  des  autres  espèces,  soit  de 
Lœlia,  soit  de  Cattleya.  Sphagnum  en  serre 
chaude. 

C’est  chez  M.  Luddernann,  horticulteur, 
boulevard  d’Italie,  20  (1),  à Paris,  qu’a  fleuri 
le  pied  de  L.  Jongheana  d’après  lequel 
l’habile  aquarelliste,  M.  Biocreux,  a fait  la 
figure  que  nous  offrons  à nos  lecteurs. 

Nous  ajoutons  qu’on  trouve,  chez  cet  hor^ 
ticulteur,  une  collection  d’Orchidées  aussi 
complète  que  variée,  ainsi  qu’une  grande 
quantité  de  plantes  diverses  de  serre  chaude, 
de  serre  froide  et  de  serre  tempérée. 

E.-A.  Carrière. 


LES  PLANTES  ALIMENTAIRES 

Pau  m.  Gustave  HEUZÉ,  inspecteur  génér.al  adjoint  de  l’agriculture,  etc. 


Entre  l’agriculture  et  le  jardinage,  le  lien 
est  si  étroit,  la  limite  si  indécise,  qu’il  est 
difficile  de  préciser  où  l’un  finit  et  où  l’autre 
commence.  A dire  vrai,  ce  sont  les  deux 
moitiés  d’un  même  tout,  qui  empiètent  fré- 
quemment l’une  sur  l’autre,  bien  qu’elles  se 
complètent.  On  n’est  point  agriculteur  par- 
fait si  l’on  reste  étranger  au  jardinage,  et 
réciproquement  le  jardinier  ne  comprend 


qu’à  demi  sa  profession  s’il  n’a  point  une 

(t)  Par  suite  d’une  erreur  typographique,  récem- 
ment (Rev.  hort.,  1873,  p.  271),  en  publiant  une 
description  et  une  figure  de  VAgalmyla  longistyla, 
on  a indiqué  que  cette  plante  se  trouve  dans  l’éta- 
blissement de  M.  Luddernann,  situé  boulevard  d’Ita- 
lie, 25.  Au  lieu  de  ce  chiffre,  c’est  2©  qu’il  faut  lire. 

(2)  2 vol.  in-8°  avec  atlas,  comprenant  un  très- 
grand  nombre  de  figures.  — Prix  30  fr.  — Librairie 
agricole  de  la  Maison  rustique,  26,  rue  Jacob. 


292 


LES  PLANTES  ALIMENTAIRES. 


connaissance,  au  naoins  somnaaire,  des 
plantes  de  la  ferme  et  des  procédés  de  cul- 
ture qu’on  y emploie. 

Le  dernier  et  récent  ouvrage  publié  par 
M.  Gustave  Heuzé,  sous  le  titre  de  : Plantes 
alimentaires,  sans  faire  la  part  égale  entre 
ces  deux  branches  de  l’industrie  du  sol, 
n’en  est  pas  moins  l’expression  de  leur 
grande  affinité.  C’est  le  tableau  presque 
complet  de  ce  que  l’homme,  l’être  omnivore 
par  excellence,  demande  au  règne  végétal 
pour  son  alimentation  sous  tous  les  climats 
de  la  terre.  Je  dis  presque  complet,  parce 
que  les  arbres  fruiliers  en  sont  exclus,  ce 
sujet  étant  sans  doute  réservé  pour  une 
autre  partie  du  Cours  général  d'agricul- 
ture, vaste  encyclopédie  à laquelle  appar- 
tient le  travail  dont  nous  allons  rendre 
compte. 

Dans  un  langage  simple  et  concis,  et  où 
perce  à chaque  page  une  érudition  profonde, 
Fauteur  trace  l’histoire  botanique,  écono- 
mique et  commerciale  de  cette  longue 
série  de  plantes,  qui  seraient  relativement 
peu  nombreuses  si  on  ne  les  envisageait  que 
comme  unités  spécifiques,  mais  qui  sont 
réellement  innombrables  par  les  variations 
qu’elles  ont  subies  dans  le  cours  des  siècles 
et  sous  l’influence  toute-puissante  de  la  cul- 
ture. Cette  plasticité  des  espèces  spéciale- 
ment affectées  aux  besoins  ou  aux  plaisirs 
de  l’homme  est  un  des  beaux  phénomènes 
de  la  biologie;  et  comme  l’homme  est  de 
moitié  dans  ces  résultats,  ou  peut  dire  de 
lui,  sans  métaphore  comme  sans  impiété, 
qu’il  a continué  l’œuvre  divine,  et  que  s’il 
n’a  pas  créé  les  espèces,  il  a créé  des  races 
tout  aussi  distinctes,  et  bien  mieux  appro- 
priées à ses  besoins  que  les  types  sauvages 
que  la  nature  lui  offrait. 

Tel  est  le  sujet  que  M.  G.  Heuzé  a entre- 
pris de  développer  dans  son  nouveau  travail. 
La  tâche  était  immense  autant  que  difficile; 
aussi  son  accomplissement  a-t-il  exigé  des 
années  d’études.  L’auteur  ne  s’y  est  point 
épargné  ; il  a,  à maintes  repr  ises,  parcouru 
la  France  et  les  pays  voisins,  du  nord  au 
sud  et  de  l’est  à l’ouest,  visitant  toutes  les 
régions  agricoles,  tirant  de  partout  des  ob- 
servations et  des  renseignements,  ne  dédai- 
gnant  rien,  utilisant  l’expérience  bornée  et 
locale  du  paysan  avec  la  même  sollicitude 
que  la  science  de  l’agrononre  consommé. 
Les  écoles  d’agricultui’e,  les  jardins  bota- 
niques, les  herbiers,  les  bibliothèques,  les 
halLs,  les  marchés,  etc.,  tout  a été  mis  par 
lui  à contribution,  et  c’est  muni  de  ces  ma- 
tériaux lentement  accumulés  qu’il  a pu  me- 


ner à bien  une  œuvre  que  le  public  atten- 
dait avec  impatience. 

Nous  n’avons  pas  la  prétention  d’en  faire 
ici  une  analyse  détaillée  ; ni  le  temps,  ni 
l’espace  ne  nous  le  permettraient;  mais  nous 
pouvons  énumérer  du  moins  les  têtes  de 
chapitres.  L’ouvrage  forme  deux  volumes 
in-8^,  d’une  bonne  épaisseur.  Tout  le  pre- 
mier et  une  partie  notable  du  second  sont 
consacrés  aux  céréales.  Le  Blé  seul  occupe 
398  pages,  et  on  ne  trouve  pas  que  ce  soit 
trop  quand  on  songe  au  rang  qu’il  occupe 
parmi  les  plantes  alimentaires,  • aux  im- 
menses étendues  de  terre  qui  lui  sont  con- 
sacrées dans  les  cinq  parties  du  monde,  à la 
multitude  de  sous-espèces,  de  races  et  de 
variétés  qu’il  renferme  et  qui  ont  chacune 
leurs  qualités  propres,  à son  importance 
prépondérante  dans  le  commerce  intérieur 
et  extérieur;  enfin,  à l’influence  incontestée 
qu’il  exerce  sur  l’état  politique  des  nations. 
Dans  cette  histoire  du  Blé,  une  des  plus  in- 
téressantes qu’on  puisse  lire,  tout  est  passé 
en  revue,  tout  est  approfondi  et  mis  en  re- 
lief: son  origine  d’après  les  antiques  tradi- 
tions; ses  races  connues  chez  les  Egyptiens, 
les  Hébreux,  les  Grecs,  les  Romains;  ses 
races  modernes  devenues  cosmopolites;  les 
conditions  climatériques  qui  lui  sont  favo- 
rables ou  contraires;  les  méthodes  de  cul- 
ture qui  lui  sont  appliquées  dans  les  di- 
verses contrées  du  globe,  la  récolte,  la 
conservation  des  grains,  la  meunerie,  le 
commerce  des  farines,  la  boulangerie,  la 
confection  des  pâtes  alimentaires,  vermicel- 
lerie,  pâtisserie,  etc.;  et  enfin  les  fraudes 
commerciales  qui  s’exercent  sur  le  Blé,  les 
plantes  parasites  qui  nuisent  aux  moissons, 
les  animaux  destructeurs  qui  en  dévorent 
le  grain  sur  pied  ou  emmagasiné.  N’insis- 
tons pas  plus  longtemps  sur  ces  détails  ; le 
Blé  est  le  roi  des  céréales,  et  M.  Heuzé  l’a 
traité  royalement. 

Après  le  Blé,  le  Seigle,  second  en  impor- 
tance, mais  digne  encore  d’une  grande  at- 
tention. Son  histoire,  quoique  resserrée  dans 
la  juste  mesure,  n’est  pas  moins  magistra- 
lement tracée  que  celle  du  Blé.  Après  lui, 
l’Orge  et  l’Avoine  complètent  le  premier  vo- 
lume. Le  second  s’ouvre  par  un  chapitre  de 
110  pages,  consacré  tout  entier  au  Maïs  ; le 
Riz  vient  à la  suite  et  nous  mène  jusqu’à  la 
page  218,  ce  qui  atteste  bien  l’importance 
agricole  et  économique  de  ces  deux  céréales 
exotiques,  toutes  deux  naturalisées  en  Eu- 
rope. Puis  ce  sont  les  Millets,  les  Panis,  les 
Sorghos  et  autres  Graminées  de  troisième 
et  de  quatrième  ordre,  qu’il  est  encore  bon 


CHARLES  DARWIN. 


293 


de  connaître.  Le  Sarrazin  ou  Blé  noir,  qui 
usurpe,  avec  un  certain  droit  pourtant,  le 
titre  de  céréale,  dot  cette  séiie  de  grains  fa- 
rineux, et  nous  mène  assez  naturellement 
aux  légumes  de  la  grande  culture. 

Ces  légumes  appartiennent  aussi  au  do- 
maine du  jardinage,  qui  vise  seulement  à 
les  obtenir  plus  fins.  Ce  sont  les  Haricots  et 
les  Doliques,  les  Fèves  et  les  Fèverolles,  les 
Lentilles,  les  Pois,  les  Garances,  les 
Gesses,  etc.  Dans  cette  énumération  de  lé- 
gumineuses alimentaires,  nous  n’en  voyons 
guère  qu’une  d’oubliée,  et  encore  l’auteur 
l’a-t-il  peut-être  omise  à dessein  : c’est  la 
Vesce  de  Narbonne  {Vicia  Narhonensis), 
cullivée  çà  et  là  par  les  paysans  du  Pvous- 
sillon,  qui  en  mangent  les  graines  en  purée. 

Ici  (page  483)  vient  un  chapitre  qui  a 
valu  quelques  critiques  à l’auteur,  comme 
étant  de  trop  dans  son  livre,  mais  dont  la 
présence  nous  paraît  suffisamment  justifiée, 
parce  que  sans  lui  l’ouvrage  aurait  été 
moins  complet.  Nous  ne  lui  reprochons  que 
d’interrompre  l’histoire  des  plantes  de  la 
culture  européenne,  et  nous  pensons  qu’il 
aurait  été  mieux  placé  à la  fin  du  livre. 
Quoi  qu’il  en  soit,  ce  chapitre  traite  des 
plantes  alimentaires  des  régions  intratropi- 
cales,  dont  quelques-unes  encore  ne  nous 
sont  pas  tout  à fait  étrangères.  Ce  sont 
d’aboi d les  Bâtâtes  ou  Patates,  dont  la  cul- 
ture ne  manque  pas  d’importance  dans  le 

CHARLES 

Dans  les  sciences,  comme  dans  la  poli- 
tique, il  y a des  hommes  qui,  par  leurs  tra- 
vaux, s’élèvent  de  beaucoup  au-dessus  du 
vulgaire,  et  qui,  comme  de  gigantesques 
flambeaux,  semblent  destinés  à éclairer  le 
monde* eu  lui  montrant  la  véritable  voie  du 
progrès.  Envisagés  comme  ils  doivent  l’être, 
e’est-à-dire  au  point  de  vue  des  lumières 
qu’ils  répandent,  ces  hommes  n’ont  pas  de 
nationalité;  l’univers  est  leur  patrie  : tel  est 
Darwin  (tig.  28).  Cet  homme  illustre  et  aussi 
remarquable  par  la  vaste  étendue  de  ses 
connaissances  que  par  la  profondeur  de  ses 
idées  a su,  pour  cette  raison,  et  avec  un 
rare  talent,  parler  des  choses  les  plus  déli- 
cates, et,  dans  certains  cas,  en  taire  les 
noms,  tout  en  les  montrant,  de  manière  à 
faire  ressortir  la  vérité  sans  blesser  per- 
sonne. Aussi  le  nom  de  Darwin  restera-t-il 
comme  l’une  des  plus  grandes  figures  du 
XlXe  siècle,  et  comme  caractérisant  une 
époque  progressive  des  plus  remarquables 


midi  de  l’Europe  et  en  Algérie  ; ensuite  les 
Dioscorées  ou  Ignames,  l’Arracacha,  le  Ma- 
nioc, les  Maranlas  et  les  Balisiers,  les  Colo- 
cases,  le  Tacca  des  Moluquea  et  des  Philip- 
pines, les  Palmiers  féculifères  des  îles  de  la 
Sonde  et  de  l’Inde,  les  Bananiers,  l’Ananas, 
et  quelques  autres  plantes  de  moindre  in- 
térêt. On  s’étonne  de  ne  pas  voir  le  Dattier 
de  l’Algérie,  plante  alimentaire  au  premier 
chef,  figurer  dans  cette  liste  ; il  y aurait  eu 
au  moins  autant  de  droit  que  le  Cactus  ou 
Figuier  de  Barbarie,  qui  est  loin  d’avoir  sa 
valeur. 

Par  la  dernière  partie  du  volume,  nous 
rentrons  dans  les  cultures  qui  nous  sont  fa- 
milières. Ce  sont  encore  des  plantes  pota- 
gères, mais  cultivées  en  plein  champ  : les 
Carottes,  les  Betteraves,  les  Navels,  Oi- 
gnons, Artichauts,  Asperges,  Chicorée, 
Choux,  Melons,  Potirons,  Tomates  et  Au- 
bergines. Comme  on  le  voit,  c’est  le  jardin 
empiétant  sur  la  ferme,  et  la  justification 
de  ce  que  nous  disions  en  commençant  cet 
article. 

J’oubliais  de  dire  que  l’ouvrage  contient 
un  grand  nombre  de  très-belles  gravures 
noires  intercalées  dans  le  texte,  et  qu’il  est 
en  outre  accompagné  d’un  allas  représen- 
tant 102  épis  de  céréales,  dont  le  dessin  et 
la  gravure  font  honneur  à MM.  Ilouyer  et 
Davesne. 

Naudin. 

DARWIN 

dans  les  annales  des  sciences  naturelles; 
nous  sommes  donc  heureux,  presque  fier 
de  le  faire  connaître  à nos  lecteurs  en  en 
donnant  une  photographie.  Nous  avons  l’es- 
poir que  l’éminent  savant  anglais  ne  sera 
pas  blessé  de  notre  hardiesse  à le  faire  re- 
présenter dans  un  recueil  aussi  modeste  que 
la  Revue  horticole.  Si  quelque  chose  pou- 
vait intervenir  en  notre  faveur  et  nous  faire 
pardonner  de  l’illustre  génie,  c’est  la  res- 
pectueuse estime,  la  con&idération,  nous  di- 
rions presque  la  vénération,  que  nous  avons 
pour  cet  homme,  dont  notre  collègue, 
M.  Edouard  André,  a bien  voulu  se  charger 
d’esquisser  la  biographie. 

Donnons  maintenant  la  parole  à M.  Ed. 
André,  en  lui  laissant  toute  la  responsabilité 
des  diverses  opinions  qu’il  émet  et  que,  pour 
une  certaine  partie,  nous  sommes  loin  de 
partager.  {Rédaction.) 

Au  commencement  de  l’automne  1868, 


CHAULES  DARWIN. 


^294 

par  une  de  ces  rares  matinées  de  soleil  dont 
on  jouit  parfois  sous  le  ciel  de  la  brumeuse 
Angleterre,  un  de  mes  amis  et  moi  nous 
prenions  place  à Londres  dans  un  train  qui 
nous  conduisait  rapidement  à Bromley,  sta- 
tion du  South-Western  raihvay,  dans  le 
comté  de  Kent.  De  Bromley,  une  heure  de 
voiture  nous  amenait  à la  porto  de  cette 
modeste,  mais  déjà  célèbre  résidence  de 
Down,  près  F arnborough,  retraite  verdoyante 
et  fleurie  qui  abrite  l’existence  de  Tun  des 
plus  grands  naturalistes  modernes,  Charles 
Darwin. 

Dûment  annoncés  et  certains  d’avance 
d’un  bon  accueil , nous  trouvâmes  en 
M.  Darwin  un  vieillard  de  soixante  ans,  à 
la  longue  barbe  blanche,  à la  voix  un  peu 
affaiblie  par  une  santé  précaire  depuis  de 
longues  années,  mais  à l’abord  aflable  et 
simple,  et  tout  prêt  à satisfaire  notre  légitime 
curiosité. 

Nous  vcni(ms  en  effet  poui*  causer  lon- 
guement avec  lui,  et  ajouter  aux  impres- 
sions occasionnées  par  certains  de  ses  sa- 
vants ouvrages  que  nous  connaissions  les  | 
impressions  plus  nettes  qui  devaient  résulter  j 
d’une  conversation  familière,  examiner  les  j 
lésultats  des  curieuses  expériences  qu’il 
instituait  depuis  près  de  trente  ans. 

Après  avoir  longuement  discuté  sur  cette 
fameuse  théorie  du  Transformisme,  à la- 
quelle la  science  a donné  le  nom  du  maître 
{darwinisme),  le  jardin  et  la  serre  furent 
visités,  ainsi  que  le  poulailler,  le  pigeonnier 
et  les  divers  appareils  qui  ont  servi  aux  re- 
marquables essais  destinés  à appuyer  ses 
conclusions. 

Dans  la  serre,  le  plus  beau  pied  de  Tac- 
sonia  Vayi  Yolxenii  que  nous  ayons  jamais 
vu  suspendait  au  vitrage  par  centaines  ses 
fleurs  aux  longs  pédoncules.  Sur  les  tablettes, 
quelques  curiosités  botaniques,  entre  autres 
le  Drosophyllum  Lusitanieum,  témoi- 
gnaient à chaque  pas  la  présence  d’un  savant, 
d’un  c(  curieux,  » comme  on  appelait  il  y a 
deux  siècles  les  amateurs  de  plantes  rares. 

Parmi  les  espèces  en  expérimentation, 
M.  Darwin  nous  fît  remarquer  celles  qui 
servaient  à démontrer  l’avantage  des  croise- 
ments. De  ces  unions  entre  variétés  résulte 
l’augmentation  du  volume  des  plantes,  soit 
aérien,  soit  souterrain,  par  le  moyen  du 
transport  du  pollen  d’un  individu  sur  le  stig- 
mate d’un  autre,  ou  même  du  pollen  d’une 
fleur  sur  le  stigmate  d’une  autre  fleur  de  la 
même  plante.  L’augmentation  de  vigueur 
qui  résulte  de  ce  simple  fait  est  générale  et 
constante;  elle  se  produit  avec  la  même  vi- 


gueur et  la  même  persistance  sur  toutes  les 
plantes  d'’une  même  es[)èce  parfaitement 
pure.  Des  Mimulus  luteus.  Pensées  {Viola 
iricolor).  Volubilis  {Pharhitis  hispida)  et 
nombre  d’autres  espèces  sont  plantées  dans 
des  pots,  sous  le  vitrage  d’une  sene,  ou 
placées  dehors  pendant  la  belle  saison.  Voici 
comment  M.  Darwin  procède  : 

Sur  la  plante  porte-graines,  une  partie 
des  fleurs  sont  fécondées  par  leur  propre 
pollen,  et  l’autre  partie  par  le  pollen  d’autres 
fleurs  prises  sur  le  même  sujet. 

Les  capsules  sont  soigneusement  mar- 
quées. On  sème  le  produit  de  toutes  ces  fé- 
condations dans  un  même  grand  pot,  afin 
que  le  milieu  soit  parfaitement  identique 
pour  toutes,  mais  en  ayant  soin  de  réserver 
une  moitié  du  pot  aux  graines  des  fleurs  fé- 
condées par  leur  propre  pollen,  et  d’attri- 
buer l’autre  moitié  aux  produits  de  la  fé- 
condation pai‘  le  pollen  des  autres  fleurs  de 
la  même  plante.  Eh  bieri!  sans  aucune  ex- 
ception, les  plantes  provenant  des  fleurs 
ayant  reçu  un  pollen  étranger  sont  plus 
vigoureuses. 

Diverses  autres  considérations  analogues 
nous  furent  exprimées,  d’autres  faits  dé- 
voilés, et,  après  plusieurs  bonnes  heures 
passées  dans  cet  échange  d’idées  et  de  dé- 
monstrations scientifiques,  nous  quittâmes 
M.  Darwin,  emportant  de  cette  discussion  le 
meilleur  et  le  plus  durable  souvenir. 

Avant  d’exposer  rapidement  en  quoi  con- 
siste la  doctrine  de  Darwin,  indiquons  en 
quelques  traits  ce  qui  se  rapporte  à sa  bio' 
graphie. 

Charles-Robert  Darwin  est  né  à Shrews- 
bury,  le  12  février  1809,  d’une  famille  déjà 
marquante  dans  les  sciences,  les  arts  et  la 
littérature.  Son  grand-père,  Erasme  Darwin, 
membre  de  la  Société  royale  de  Londres, 
est  fort  connu  comme  poète  naturaliste  par 
sa  Zoonomie,  et  surtout  par  son  Jardin  bo- 
tanique {The  hotanic  Garden)  publié  en 
1794,  et  divisé  en  deux  parties,  compre- 
nant : l’économie  de  la  végétation  et  les 
AMOURS  DES  PLANTES,  ouvrage  auquel  s’a- 
joutaient des  notes  philosophiques  assez 
étendues  et  beaucoup  de  considérations  ori- 
ginales pour  cette  époque.  Son  père.  Je 
docteur  Pmbert  Warring  Darwin,  était  petit- 
fils,  par  sa  mère,  du  célèbre  potier 
AVedgwood,  dont  les  charmants  vases  bleus 
et  blancs  et  les  autres  productions  céra- 
miques sont  cotées  aujourd’hui  à des  prix 
fabuleux.  B devint  ainsi  membre  de  la  So- 
ciété royale,  où  son  fîls  devait  le  remplacer 
un  jour  avec  une  si  grande  distinction. 


CHARLES  DARWIN. 


Charles  Darwin  fut  d’abord  élevé  à l’école 
de  Shrewsbury,  et  dirigé  dans  la  science  par 
le  docteur  Butler,  qui  devint  évêque  de 
Lichfield.  Il  passa  ensuite  deux  ans  à l’U- 
niversité d’Edimbourg,  entra  en  1828  au 
ChrisV s- College  de  Cambridge,  où  il  fut 
reçu  bachelier  en  1831.  Sa  vocation  était 
déjà  décidée  à cette  époque,  et  il  partit  dès 
cette  même  année  en  qualité  de  naturaliste 
à bord  du  vaisseau  le  Deagle,  commandé 
par  le  capitaine  Fitz-Rog,  pour  un  voyage 
d’exploration  autour  du  monde. 

Du  27  décembre  1831  au  27  octobre  1837, 
c’est-à-dire  pen- 
dant six  années, 
le  Beagle  visita  le 
littoral  de  l’Amé- 
rique méridio- 
nale, les  îles  du 
Pacifique,  la  Nou- 
velle-Zélande, 

Maurice,  etc. 

Frappée  de  la 
haute  valeur  des 
communications 
que  lui  adressait 
Darwin  dès  le  dé- 
but de  son  voyage, 
la  Société  royale 
de  Londres  se  l’as- 
socia dès  1834. 

Deux  ans  après 
son  retour , en 
1839,  il  publia  la 
partie  scientifique 
du  voyage  de  Fitz- 
Roy,  et  une  se- 
conde édition  spé- 
ciale parut  bientôt 
à part  sous  le  titre 
de  Journal  des 
recherches  zoolo- 
giques et  géologiques  faites  dans  les  pays 
visités  par  le  Beagle  durant  son  voyage 
autour  du  monde.  Ce  livre  posa  dès  lors 
Darwin  comme  un  savant  de  premier 
ordre. 

Successivement,  soit  avec  ses  ressources, 
soit  avec  une  subvention  des  lords  de  la 
Trésorerie,  Darwin  publia  ; la  Zoologie  du 
voyage  du  Beagle,  des  Considérations  sur 
I origine  et  la  distribution  des  récifs  de 
corail  (1842)  ; des  Observations  géologiques 
sur  les  îles  volcaniques  (1845)  et  sur 
V Amérique  méridionale  (1846)  ; une  très- 
remarquable  étude  sur  les  Cirripédes  ses- 
siles  et  pédonculés  (1853),  et  divers  mé- 
moires réunis  en  volumes,  publiés  en  1851 


Fig.  28.  — Charles  Darwin 


295 

et  1854.  Enfin,  après  une  série  d’articles 
sur  le  transformisme,  insérés  dans  les  Tran- 
sactions de  la  Société  géologique  et  dans  le 
Journal  de  la  Société  linnéenne,  il  mit 
au  jour  le  livre  qui  rendit  bientôt  son  nom 
célèbre,  intitulé  : De  Vorigine  des  especes 
par  la  sélection  naturelle  (1859).  Sa 
théorie  était  exposée  dans  cet  ouvrage  con- 
sidérable, mais  il  ne  faisait  qu’en  poser  les 
j lois,  se  réservant  de  coordonner  dans  des 
publications  subséquentes  les  innombrables 
faits  qu’il  avait  groupés  dans  le  cours  de  sa 
laborieuse  existence.  C’est  ainsi  que  pa- 
rurent à leur  four: 
De  la  variation 
des  animaux  et 
des  plantes  par 
la  domestication 
(1867);  De  la  fé- 
condation dans 
les  Orchidées 
(1869),  et  enfin, 
récemment  : Uo- 
rigine  de  Vhom- 
me  et  la  sélectio7i 
daiis  ses  rapports 
avec  les  sexes 
(1872).  Tous  ces 
ouvrages  ont  été 
traduits  en  fran- 
çais, le  premier 
par  Mil®  Clémence 
Royer,  qui,  mal- 
heureusement, a 
cru  devoir  outre- 
passer la  pensée 
du  maître  et  a- 
jouter  des  annota- 
tions de  son  crû 
dont  on  se  serait 
bien  passé,  et  Ips 
autres  plus  mo- 
destement et  plus  exactement  par  M.  Mou- 
linié, de  Genève. 

Tels  sont  les  titres  des  principaux  travaux 
du  naturaliste  éminent  dont  nous  esquissons 
aujourd’hui  la  physionomie.  Sans  trop  de 
souci  des  disputes  formidables,  scienti- 
fiques, philosophiques,  religieuses,  qu’ont 
fait  naître  ses  ouvrages,  et  des  tempêtes  que 
soulève  aujourd’hui  son  nom  seul,  il  vit 
paisiblement,  au  milieu  de  sa  famille,  de 
ses  livres,  du  matin  au  soir  occupé  à scruter 
les  arcanes  les  plus  secrets  du  grand  livre 
de  la  nature  et  poursuivant  avec  calme  un 
labeur  dont  les  résultats  publiés  trouvent 
des  défenseurs  ou  des  détracteurs,  mais  pas 
un  seul  indifférent. 


296 


CHARLES  DARWIN. 


C’est  pendant  le  cours  du  voyage  du 
Beugle  que  Darwin,  rapprocliant  certains 
faits  observés  dans  l’Amérique  du  Sud  et 
leur  corrélation  avec  la  distribution  géolo- 
gique, crut  y voir  une  explication  nouvelle 
du  grand  mystère  de  l’origine  des  êtres.  A 
son  retour,  il  en  lit  l’objet  des  patientes 
études  qui  désormais  dominèrent  toute  sa 
vie,  et  dont  les  publications  que  nous  venons 
d’indiquer  furent  la  conséquence. 

Mais  si  l’on  a pu  dire  que  rien  n’est  nou- 
veau sous  le  soleil;  si  Beaumarchais,  de  son 
côté,  affirmait  que  rien  ni  personne  n’est 
une  entité  originale,  et  qii’  « on  est  toujours 
le  fils  de  quelqu’un,  » celte  vérité  barjale 
trouve  une  fois  de  plus  sa  confirmation  à 
propos  de  Darwin.  Rien  n’est  plus  facile  que 
de  le  montrer  par  l’exposé  suivant,  qui  est 
en  même  temps  l’iiislorique  rapide  de  la 
doctrine  du  savant  anglais. 

Le  plus  grand  nombre  des  naturalistes 
ont  admis  et  admettent  encore  que  les  es- 
pèces ici-bas  ont  été  l’objet  d’un  acte  créa- 
teur spécial,  qu’elles  sont  nées  dans  leur 
perfection  adulte,  avec  tous  leurs  attributs 
et  propriétés,  et  qu’elles  transmettent  à leur 
descendance  l’ensemble  de  leurs  caractères, 
sans  autres  modifications  que  des  variations 
accidentelles  et  plus  ou  moins  éphémères. 
D’autres,  au  contraire,  et  c’est  encore  la 
minorité,  pensent  que  des  modifications  suc- 
cessives et  toujours  perfectionnées  dans  les 
formes  préexistantes  sont  la  loi  de  généra- 
tion indéfinie  de  tous  les  êtres. 

A peine  indiquée,  d’une  manière  qui 
semble  peu  consciente,  avant  Buflbn,  c’est 
au  commencement  de  ce  siècle,  en  1801, 
qu’un  savant  naturaliste  français,  le  cheva- 
lier de  Lamarck,  exposa  cette  doctrine  au- 
dacieuse, qu’il  développa  ensuite  dans  sa 
Philosophie  zoologique  en  1809,  puis,  en 
1815,  dans  son  Histoire  7iaturelle  des  ani- 
maux saus  vej'tèhres.  B y déclarait  nette- 
ment que  tous  les  animaux,  y compris 
Vhomme^  descendent  d’autres  espèces  anté- 
rieures. B expliquait  la  vie  par  la  gradation 
des  êtres,  dont  la  chaîne  ascensionnelle  se 
complète  à mesure  que  nos  connaissances 
progressent,  par  les  conditions  physiques, 
l’usage  ou  le  défaut  d’exercice  des  organes, 
une  loi  de  développement  progressif,  et  la 
création  des  organismes  les  plus  simples 
par  voie  de  génération  spontanée.  On  sait 
que  cette  dernière  hypothèse  a été  l’objet 
d’études  approfondies  et  de  violentes  contro- 
verses de  nos  jours , notamment  entre 
MM.  Pouchet  et  Pasteur. 

Tl  faut  ajouter  que,  dès  1795,  Etienne- 


! Geoffroy  Saint-Hilaire  avait  entrevu  des  lois 
analogues,  et  que  le  poète  allemand  Goëihe, 
ainsi  que  le  grand-père  de  Darwin,  le  doc- 
teur Erasme  Darwin,  à la  même  époque, 
étaient  arrivés  à des  conclusions  identiques. 
Toutefois  Geoffroy  Saint-Hilaire  modifia  j 
plus  tard  ses  idées  sur  ce  sujet.  i 

Vers  1822,  Herbert  déclarait  que  « les  j 
espèces  végétales  ne  sont  que  des  classes 
supérieures  de  variétés  plus  permanentes,  I 
créées  d’abord  dans  un  état  de  grande  plas- 
ticité. Quatre  ans  plus  tard  (1826),  le  pro- 
fesseur Grant,  dans  son  Mémoire  sur  les 
spongilles,  exprimait  la  même  idée.  ! 

M.  P.  Mathew,  dans  son  livre  Navaltim-  j 
her  and  arboriculture,  puis  dans  le  Gar- 
dener’s-Chro7iicle  (1831),  mettait  déjà  en  : 
avant  le  principe  de  la  sélectioit  naturelle.  î 
Dans  la  Description  physique  des  Canardes, 
Von  Buck  (1836),  Bafinesque,  dans  sa  Abu-  I 
velle  Flore  de  V Amérique  du  Nord  (1836),  ■ 

le  professeur  Aldeman,  dans  ses  Vestiges  j 
de  création  (18M),  M.  J.  d’Oinalins  d’Hal-  | 
loy  (1816),  le  professeur  Ow^en,  du  Dritish  \ 
Muséum  (1849),  Isidore-Geoffroy  Saint-  ! 
Hilaire,  dans  son  Cours  (en  1850),  Herbert  i 
Spencer  (1852),  Naudin,  botaniste  français 
(1852),  le  comte  Iveyserling  (1853),  M.  Le- 
coq,  de  Clermont-Ferrand,  dans  sa  Géogra-  , 
phie  botanique  (1854),  M.  Wallace  et  | 
M.  Ch.  Darwin  (en  1858)  dans  une  lecture 
à la  Linncan  Society  de  I^ondres,  Von  , 
Baer,  Huxley,  le  docteur  J.  Hooker  (tous 
trois  en  1859),  exprimaient  tous  plus  ou 
moins  nettement  la  théorie  que  vint  appuyer 
d’une  manière  si  éclatante  le  livre  de  ‘ 
Ch.  Darwin,  De  l’origine  des  espe- 
ces (1859)  (1). 

Ainsi  que  nous  l’avons  exprimé  dans  un 
article  déjà  publié  sur  ce  sujet  en  1869, 
dans  son  premier  ouvrage,  tout  en  éveillant  i 
fortement  les  esprits  lorsqu’il  mettait  en 
avant  le  principe  du  perfectionnement  suc- 
cessif de  tous  les  êtres  et  leur  passage  des  ' 
états  inférieurs  aux  organismes  supérieurs  i 
par  les  sélections  naturelles  et  les  améliora-  ' 
fions  lentes.  Darwin  restait  modéré  même  i 
dans  ses  plus  grandes  audaces.  B n’avait 

(l)  Ces  citations  et  beaucoup  d’autres  que  l’on 
pourrait  faire  n’affaiblissent  en  rien  le  mérite  de 
i’illustre  Darwin,  qui,  après  de  nombreuses  et  re-  i 
maï  quables  expériences,  a osé  conclure  et  formuler  | 
des  lois  à ce  sujet,  ce  que  pas  un  n’avait  fait  avant  | 
lui.  Aussi,  s’il  n est  pas  l’inventeur  du  darwmisme, 
il  n'en  est  pas  moins  le  coordonnateur,  celui  qui  a | 
su  réunir  les  faits  en  corps  de  doctrine  et,  en  les  j 
appuyant  d'innombrables  exemples,  justifié  les  dé-  j 
ductions  et  les  conséquences  qu’il  en  a tirées.  A ce  ; 
titre,  cette  théorie  doit  porter  son  nom,  j 

(Rcdaclion.)  ! 


CHARLES  DARWIN. 


297 


jamais  formulé  d’opinion  sur  l’essence  et  l’o-  j 
rigine  de  la  vie  ni  parlé  de  l’avenir  des  êfres.  | 

D’iine  part,  lorsque  le  duc  d’Argyle  lui  | 
parlait  de  mettre  d’accord  ses  idées  avec  la  ( 
Genèse,  il  se  récusait  comme  incompétent,  j 
et  de  l’autre  il  désavouait  son  traducteur, 
M”®  Clémence  Royer,  lorsqu’elle  dénaturait 
ses  écrits  en  les  faisant  servir  à une  dé- 
monstration du  matérialisme  le  plus  radical. 

Entre  ces  deux  extrêmes,  quel  parti  pren- 
drait M.  Darwin  pour  base  de  ses  travaux 
ultérieurs?  Ttdle  était  la  question  qu’on 
pouvait  se  poser. 

Nous  avons  les  éléments  de  cette  appré- 
ciation dans  les  deux  volumes  qu’il  ajouta 
en  1867  à son  premier  livre,  sous  le  titre 
de  : La  variation  des  animaux  et  des 
plantes.  Le  premier  de  ces  deux  tomes  est 
consacré  à l’examen  des  variations  les  plus 
remarquables  qui  aient  été  portées  à la  con- 
naissance de  l’auteur  dans  les  règnes  animal 
et  végétal. 

Il  a fallu  un  vaste  système  d’informations 
à travers  le  monde  entier  et  un  rare  esprit 
de  méthode  et  de  synthèse  pour  grouper 
avec  tant  d’intérêt  un  si  grand  nombre  d’ob- 
servations. L’histoire  des  céréales,  des  arbres 
fruitiers,  des  végétaux  domestiques  en  gé- 
néral, s’y  trouve  étudiée,  fouillée  avec  ce 
soin  infini  que  De  Candolle  apportait  à ses 
mémoires,  et  dont  il  a laissé  à son  fils 
l’exemple  salutaire  qui  nous  a valu  ce  ma- 
gnifique livre  de  la  Géographie  botanique. 
Toutefois,  à propos  des  derniers  chapitres, 
consacrés  aux  végétaux  d’ornement  et  aux 
variations  anormales  par  bourgeons,  par  di- 
morphisme ou  dichromisme,  M.  Darwin 
m’a  dit  qu'il  aurait  pu  s’app'uyer  sur  un  plus 
grand  nombre  de  faits,  s’il  avait  connu  nos 
recueils  français  sur  l’horticulture  et  les  pu- 
blications de  M.  Carrière  sur  Vespèce  et  les 
variétés,  dont  il  n’avait  eu  connaissance  qu’à 
travers  des  extraits  du  Gardener's-Chro- 
nicle. 

De  l’exposé  des  faits  contenus  dans  le  pre- 
mier volume  naissent  les  déductions  qui 
composent  le  second,  appuyés  par  des  exem- 
ples d’une  nature  plus  générale  et  embras- 
sant tous  les  phénomènes  qui  se  rapportent 
à l’hérédité,  l’atavisme  ou  retour,  les  bons 
effets  du  croisement  et  les  mauvais  effets  de 
la  consanguinité  même  appliquée  aux 
plantes,  les  trois  sortes  de  sélection  : incons- 
ciente, méthodique  et  naturelle,  l’action 
des  conditions  extérieures  et  les  lois  géné- 
rales de  la  variation.  Il  faut  lire  en  entier, 
lentement,  ce  livre  qui  résiste  à toute  ana- 
lyse, parce  qu’il  est  lui-même  une  analyse 


des  plus  détaillées.  Les  déductions  sont  tou- 
jours au  bout  de  la  discussion,  et  des  résu- 
més concis  terminent  les  chapitres  les  plus 
chargés.  Dim  qu  il  n’y  ail  point  ici  d’exposé 
de  doctiine  comme  dans  son  premier  livre, 
qui  devait  étal)lir  les  aphor  ismes  généraux 
d’une  théorie  nouvelle,  et  que  les  deux  vo- 
lumes dont  je  parle  soient  plutôt  un  dossier 
de  documents  ilestinés  à étayer  ses  prémisses 
par  le  résultat  de  recherches  ultérieures 
corroborant  les  précédentes;  bien  qu’en  un 
mot  le  livre  renferme  surtout  des  pièces 
d’appui,  l’auteur  ne  néglige  jamais  d’affirmer 
de  nouveau  les  idées  qui  sont  la  base  de  son 
système. 

M.  Darwin  ne  s’est  même  point  arrêté  là. 
Dans  les  derniers  chapitres  de  ce  livre,  il 
s’est  élevé  à des  hardiesses  qu’il  n’avait  pas 
encore  attcirdes  ; comme  je  l’ai  dit,  jusque- 
là  il  s’était  récusé  lorsqu’on  l’interrogeait  ou 
lorsqu’il  s’interrogeait  lui-même  sur  le  prin- 
cipe ou  1 origine  première  de  la  vie  sur  le 
globe,  et  il  s’appuyait  sur  ce  que  la  science 
étant  impuissante  à rien  démontrer  dans  ce 
sens,  il  valait  mieux  s’abstenir.  Sans  même 
se  placer  à ce  point  de  vue  élevé,  quand  il 
avait  à examiner  la  question  de  savoir  si 
toutes  les  variations  dont  il  écrivait  l’iiistoire 
avaient  été  originairement  intentionnelles, 
il  n’osait  se  pïononcer.  L’arrêt  est  rendu 
maintenant  : M.  Darwin  conclut  à la  néga- 
live.  On  trouve  dans  ses  dernières  pages  la 
déclaration  qu’un  créateur  omnipotent  et 
omniscient  n'a  pas  pu  vouloir  que  tous  les 
éléments  dont  s’est  servi  l’homme,  pour  di- 
riger les  variations  des  animaux  dans  le  sens 
de  son  utilité  ou  de  sa  fardaisie,  aient  été 
destinés  à cet  usage;  qu’il  n’est  pas  possible 
que  toutes  les  pierr’es  qui  ont  concouru  à 
bâtir  l’édifice,  et  que  l’architecte  a trouvées 
éparses  dans  la  nature,  les  choisissant  une 
à une  pour  les  adapter  à son  œuvre,  aient 
été  fatalement  taillées  pour  construire  spé- 
cialement cette  œuvre.  Partant  de  là,  il  y 
ajoute  : c(  Si  nous  n’admettons  pas  que  les 
variations  du  chien  pr  imitif  aient  été  inten- 
tionnellement dirigées  de  manière  que  le  lé- 
vrier, par  exemple,  ait  pu  se  former,  on  ne 
peut  donner  l’ombre  d’une  raison  en  faveur 
de  l’idée  que  les  variations  de  nature  sem- 
blable et  résultant  des  mêmes  lois  générales 
qui  par  la  séleciion  naturelle  ont  élé  la  base 
fondamentale  de  la  formation  des  animaux 
les  plus  parfaitement  adaptés,  Vhomme 
compris,  aient  été  dirigés  d’une  manière 
spéciale  et  intentionnelle.  » 

Enfin,  le  dertrier  mot  de  son  livre  est  ce- 
lui-ci : « D’autre  part,  si  un  créateur  omni- 


298 


CHARLES  DARWIN. 


polent  et  omniscient  ordonne  et  prévoit  tout, 
nous  nous  trouvons  donc  en  face  d’une  dif- 
ficulté aussi  insoluble  que  celle  du  libre  ar- 
bitre et  de  la  prédestination.  » 

Ainsi  donc,  voilà  l’aveu  formulé,  implici-  [ 
tement,  mais  très-clairement,  de  l’idenlité  | 
d’origine  de  l’homme  avec  les  organismes  ! 
les  plus  rudimentaires  de  la  création.  Non 
seulement  « ce  roi  des  êtres  » n’est  point 
d’une  essence  à part,  mais  les  modifications 
qui  l’ont  amené  à son  état  actuel  n'ont  pas 
été  (C  voulues.  » Elles  sont  le  résultat  de  la 
sélection  naturelle,  de  « l’usage  réitéré,  » 
et  de  diverses  forces  accidentelles.  Nous 
avons,  dit  Darwin,  vu  ces  phénomènes  suf- 
fire à des  transformations  curieuses  sous 
nos  yeux  ou  dans  les  temps  historiques  ; 
nous  avons  trouvé  des  preuves  nombreuses 
et  des  faits  irrécusables  qui  démontrent  les 
influences  toutes-puissantes  de  ces  circons- 
tances, et  cela  nous  suffit,  d’induction  en 
induction,  pour  y rapporter  tout  au  monde, 
y compris  l’homme  ! 

Pour  simplifier  sa  démonstration,  il  fal- 
lait à M.  Darwin  trouver  un  principe 
unique  dans  les  variations  de  toute  sorte 
qu’il  a si  laborieusement  étudiées,  et  faute 
d’en  trouver  à sa  convenance  dans  les  sys- 
tèmes déjà  connus,  il  en  a proposé  un  sous 
forme  d'hypothèse  provisoire  pour  sa 
théorie  de  la  Pangénèse. 

Pour  lui,  la  vie  universelle  et  la  repro- 
duction ne  découleraient  pas  seulement  de 
la  cellule  primordiale.  Celle-ci  contiendrait, 
outre  la  faculté  de  se  propager  par  division, 
un  organe  nouveau  pour  nos  sens,  impal- 
pable et  invisible,  libre,  sorte  de  graine  in- 
finiment ténue  pouvant  reproduire  la  cellule 
qui  la  contenait.  Cet  organe  nouveau  se 
nommerait  gemmule.  Les  gemmules  se- 
raient facilement  transportées  dans  toutes 
les  parties  du  corps  grâce  à leur  extrême 
ténuité  et  à leur  aggrégation  vers  un  centre 
où  naîtrait  l’appareil  reproducteur,  résumé 
concret  de  l’être  tout  entier. 

Ces  germes,  disséminés  dans  tout  l’orga-  | 
nisme,  seraient  les  éléments  d’une  généra- 
tion permanente.  La  fécondation  ordinaire 
ne  serait  qu’un  acte  identique  à l’évolution 
soutenue  de  chaque  être.  L’enfant,  rigou- 
reusement parlant,  ne  serait  qu’une  agglo- 
mération de  germes  se  développant  pour 
former  l’homme.  L’hérédité  serait  une  sorte 
de  croissance,  comme  la  division  spontanée 
d’une  plante  unicellulaire. 

Si  étrange  que  puisse  paraître  cette  ex- 
plication de  l’origine  des  êtres,  elle  n’est  pas 
nouvelle. 


Huxley  croyait  que  les  molécules  orga- 
niques de  la  nourrilure  vont  chercher  leurs 
analogues  dans  les  corps  pour  former  l’ap- 
pareil sexuel. 

I Bonnet  avait  mis  en  avant  la  théorie  de  | 

I l’emboîtement  ou  des  germes  parfaits  dans 
! d’autres  germes. 

Le  j)rofesseur  Owen  déclare  que  les 
germes-cellules  dérivés  peuvent  reproduire 
tout  l’être,  comme  une  tête  de  limaçon,  une 
patte  d’écrevisse  et  une  queue  de  lézard 
peuvent  renaître  intégralement  après  avoir 
été  coupés.  La  parthénogénèse  trouve  une 
explication  d’après  ce  système. 

Les  limites  pliysiologiques  de  Herbert  • 
Spencer,  qui  avait  publié  des  Essais  où 
brillait  une  grande  force  d’argumentation 
sur  les  deux  théories  opposées  de  la 
création,  rentrent  dans  le  même  ordre 
d’idées. 

On  voit  donc,  et  c’est  M.  Darwin  lui- 
même  qui  l’avoue,  que  la  doctrine  de  la  va- 
riabilité n’est  point  une  création  de  son 
esprit,  mais  une  extension,  un  développe- 
ment habile  présenté  sous  des  formes  plus 
saisissantes  et  corroborées  par  un  plus 
grand  nombre  de  faits  bien  groupés,  dont  ; 
il  a déduit  le  transformisme.  Son  caractère  . 
personnel  dans  la  question  est  d’avoir  fait  |l 
intervenir  comme  point  fondamental  la  j] 
concurrence  vitale  d’où  serait  sortie  la  sé-  | • 
leclion  naturelle.  j ; 

Mais  il  manquait  un  point  à cette  théorie  Jj 
que  Darwin  n’osait  pas  encore,  comme  nous  | i 
l’avons  vu,  pousser  à ses  dernières  consé-  , j 
quences.  Du  doute  philosophique  où  il  élait  u 
resté  à la  fin  de  son  premier  livre,  il  en  était 
arrivé  en  quelques  années  (de  1859  à 1807)  f 
à rémission  de  cette  hypothèse  provisoire  de  ji 
la  pangénèse,  et  y avait  compris  l’homme  r 
lui-même  dans  cette  filiation  ininterrompue,  | 
mais  sans  montrer  comment.  ' 

Dans  son  récent  ouvrage  (1),  il  cherche  à 
démontrer  par  quelles  voies  l’homme  a pu 
graduellement  passer  du  singe  aux  divers 
I états  dans  lequel  on  le  trouve  aujourd’hui 
sur  le  globe.  Nous  n’avons  pas  besoin  de  I j 
dire  quelles  tempêtes  ont  été  soulevées  par 
cette  assertion  formidable,  mais  fatale  pour  j < 
tout  naturaliste  qui  dévie  de  la  route  tracée  | i 
par  les  faits  et  dépasse  leurs  conséquences  j < 
immédiates  pour  se  placer  dans  le  champ  j '> 
des  hypothèses  par  induction.  | 

Les  principales  conclusions  tirées  des  deux  | i 
derniers  volumes  de  Darwin  peuvent  être 
libellées  ainsi  : 

(1)  The  descent  of  man,  2 vol.  London,  1872.  j 


CHAULES  DARAVIN. 


299 


10  U homme  descend  de  quelque  forme 
inférieure. 

11  n’existe  entre  lui  et  les  autres  animaux 
aucune  démarcation  anatomique  bien  tran- 
chée. Son  cerveau  même  se  distingue  à peine 
de  celui  des  singes  les  plus  parfaits.  Les 
phases  de  développement,  les  maladies,  les 
parasites  de  l’homme,  son  embryogénie, 
sont  identiques  à ceux  des  autres  mammi- 
fères. Des  organes  rudimentaires  chez 
l’homme  correspondent  à d’autres  plus  par- 
faits chez  les  animaux,  et  vice  versa.  Les 
anomalies,  monstruosités,  la  variabilité,  la 
force  d’atavisme  et  d’idiosyncrasie  sont  ré- 
gies par  les  mêmes  lois  chez  l’homme  que 
chez  les  animaux. 

2»  Il  existe  une  gradation  parfaite  de 
caractère  entre  Vhomme  et  les  animaux. 

Si  l’ensemble  des  caractères  de  l’homme 
est  sa  propriété  exclusive,  il  n’est  au- 
cun de  ces  caractères  qui,  pris  isolément,  ne 
se  retrouve  chez  un  certain  nombre  d’ani- 
maux. Le  pouce  opposable  de  la  main,  et 
non  dans  le  pied,  l’attitude  verticale,  la  dis- 
position des  poils,  la  proéminence  nasale, 
ont  été  constatés  chez  les  diverses  espèces 
simiennes,  isolément  et  plus  ou  moins  déve- 
loppés, mais  d’une  manière  irréfutable. 

Les  caractères  moraux  et  intellectuels, 
ce  qui  paraîtra  le  plus  étrange,  ne  révèlent 
pas  non  plus  de  différences  fondamentales. 
On  sait  que  les  animaux  pensent,  sentent  et 
veulent.  L’instinct  des  animaux,  dans  beau- 
coup de  cas,  est  supérieur  à l’intelligence 
de  certains  hommes.  Les  fourmis  sont  civi- 
lisées ; les  oiseaux  de  l’Océanie  ont  appris, 
héréditairement,  à fuir  l’homme.  Les  idées 
innées  de  l’enfant  correspondent  à l’ins- 
tinct;  la  mémoire  et  Vinduction  existent, 
de  même  que  Vimagination,  V abstraction 
et  la  généralisation,  chez  beaucoup  d’ani- 
maux. Le  jugement  et  la  raison  en  décou- 
lent naturellement.  La  sensibilité  n’est  pas 
niable  : les  femelles  aiment  leurs  enfants  et 
les  défendent.  L’’a7nour-propre,  le  senti- 
ment des  offenses,  V attention,  limitation, 
existent  chez  les  singes  et  d’autres  animaux. 
Le  sentiment  moral  même  est  si  variable 
' chez^l’homme,  qu’on  ne  sait  s’il  lui  est  spé- 
cial dans  toutes  ses  manifestations.  Enfin, 
la  croyance  en  Dieu,  qui  n’est  pas  univer- 
selle chez  les  hommes  comme  on  le  croit, 
' n’aurait-elle  pas  d’analogie,  dans  les  illu- 
i sions  du  [surnaturel,  avec  la  frayeur  ins- 
tinctive des  animaux  pour  l’obscurité,  le 
tonnerre,  etc.? 

3»  Comment  Vhomme  a pu  se  dévelop- 
per au  moyen  d'une  forme  inférieure. 


L’organisme  de  Lhomme  varie  assez  de 
nos  jours  pour  qu’on  puisse  admettre  qu’il 
est  sorti  peu  à peu,  par  transformations  suc- 
cessives, d’une  forme  inférieure.  Il  varie  à 
l’état  sauvage  comme  à l’état  civilisé.  Les 
milieux  ont  une  influence  marquée  sur  le 
développement  de  sa  taille  et  de  ses  organes, 
de  même  que  le  genre  de  vie,  l’usage,  les 
modifie  profondément.  La  lutte  par  la  vie 
{struggle  for  life),  ou  concurrence  vitale, 
laisse  le  champ  libre  au  plus  apte,  c’est-à- 
dire  au  plus  perfectionné.  La  civilisation 
procède  en  détruisant  les  barbares  et  non 
en  les  asservissant.  L’usage  des  mains  a 
donné  rapidement  à l’homme  sa  position 
dominante  ; sa  mâchoire,  inutile  pour  mor- 
dre, se  défendre  ou  attaquer,  a diminué  de 
force  et  de  volume  ; les  canines  se  sont  af- 
faiblies, comme  les  défenses  du  sanglier 
chez  le  cochon  domestique  ; le  cerveau  a 
grandi  ; le  crâne  et  la  colonne  vertébrale  se 
sont  mis  en  état  de  le  supporter;  enfin, 
la  séhiction  sexuelle,  c’est-à-dire  la  tendance 
de  l’homme  à s’appareiller  avec  les  plus 
belles  compagnes,  a constitué  le  moyen  dé- 
cisif de  perfectionnement  dans  cette  « ba- 
taille de  la  vie.  )> 

Le  développement  des  facultés  intellec- 
tuelles et  morales  a suivi  cette  voie  dans  la 
progression  et  l’amélioration,  et  de  nom- 
breux faits  sont  cités  à l’appui  de  cette  pro- 
prosition. 

En  résumé,  selon  les  propositions  ci- 
dessus  de  M.  Darwin  et  les  conclusions  qu’il 
en  tire,  l’homme  descend  directement  des 
singes  du  vieux  monde,  qui  eux-mêmes 
provenaient  des  lémuriens.  Les  autres 
mammifères^  se  rattachent  étroitement  aux 
lémuriens,  et  la  gradation  se  continue  par 
les  marsupiaux,  les  monotrêmes,  les  batra- 
ciens, les  reptiles,  les  poissons,  etc.,  etc. 
Cette  généalogie  reste  confinée  sans  doute 
dans  un  seul  embranchement,  objection 
grave;  mais  on  ne  s’arrête  pas  pour  si  peu 
quand  on  s’est  lancé  sur  cette  pente. 

Telles  sont  les  principales  propositions  dé- 
veloppées dans  ce  livre,  qui,  comme  tous  les 
autres  du  même  auteur,  est  appuyé  par  un 
nombre  immense  de  faits  coordonnés  avec 
un  grand  art  et  une  rare  logique. 

Est-ce  à dire  que  là  repose  la  vérité,  et 
que  nous  nous  rangions  dans  le  camp  des 
darwinistes  après  avoir  rapidement  esquissé 
leurs  doctrines? 

Nous  répondrons  franchement:  non. 

Mais  si  nous  ne  nous  sentons  pas  une 
assez  grande  autorité  scientifique  pour 
prendre  parti  dans  un  débat  qui  touche  aux 


3ü0  ANGELIGA  SYLYESTRIS  PURPUREA.  — PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


plus  gigantesques  problèmes  qui  soient  pro- 
posés à l’esprit  de  l’homme,  nous  devons 
reconnaître  avec  une  entière  franchise  que 
les  travaux  de  M.  Darwin  sont  de  nature  à 
faire  réfléchir  les  esprits  les  plus  fortement 
trempés  et  à ébranler  des  convictions  hési- 
tantes. De  pareilles  œuvres  ne  sauraient 
être  proscrites  sans  examen;  elles  s’impo- 
sent aux  plus  graves  esprits  et  demandent 
des  études  approfondies  ; car  il  ne  faut  pas 
oublier  que  la  modération  dans  la  forme,  la 


vigueur  dans  les  preuves,  sont  dans  les- 
mains  de  M.  Darwin  des  instruments  à re- 
douter. 

Nous  croyons  fermement  que  tant  de  la- 
beurs ne  sont  point  stériles,  que  l’erreur 
même  peut  devenir  le  chemin  de  la  vérité 
quand  elle  échappe  à un  esprit  sincère  après 
une  étude  approfondie,  et  qu’il  faut  écouter 
avec  respect  tout  ce  qui  tend  à nous  rap- 
procher de  la  solution  si  désirée  du  grand 
PEUT-ÊTRE.  Ed.  André. 


ANGELIGA  SYI.VESTRIS  PURPUREA 


Si  cette  espèce,  que  nous  avons  remarquée 
à la  dernière  exposition  horticole  au  Palais- 
de-l’Industrie,  n’est  pas  ce  qu’on  peut  ap- 
peler une  ((  belle  » plante,  elle  n’en  est  pas 
moins  très-remarquable  par  la  couleur, 
d’un  rouge  pourpre  métallique  ferrugineux, 
que  présentent  toutes  ses  parties,  et  qui 
rappelle  assez  exa^’tement  celle  qui  est 
propre  à beaucoup  de  végétaux  de  l’Aus- 
tralie et  de  la  Nouvelle-Zélande.  D’où  vient 
cette  espèce,  et  quelle  est  son  origine?  Nous 
ne  pouvons  le  dire.  Ce  qu’on  nous  a assuré, 
et  qui  n’est  pas  le  moins  intéressant,  c’est 
qu’elle  se  reproduit  parfaitement  de  grai- 
nes, fait  bien  établi,  dit-on,  par  plusieurs 
générations.  Mais,  quoi  qu’il  en  soit,  le  fait 
essentiel,  certain,  c’est  la  possession  d’une 


espèce  dont  le  port,  les  dimensions,  le  faciès, 
et  surtout  la  couleur,  sont  ornementais. 
Quant  à la  reproduction,  lors  même  qu’elle 
ne  se  ferait  pas  exactement  par  graines,  et 
que  dans  les  semis  il  se  reproduirait  en 
quantité  plus  ou  moins  grarnle  des  plantes  i 
à feuilles  vertes,  on  pourrait  toujours,  soit 
par  la  division  des  pieds,  peut-être  même 
par  le  sectionnement  des  racines,  repro-  ! 
duire  le  type  coloré.  ! 

Pour  tirer  parti  de  l’Angélique  à feuilles  I 
pourpres,  il  faudra  la  planter  dans  des  mas-  I 
sifs,  à côté  de  plantes  à feuilles  vertes  ou 
plutôt  à feuilles  blanchâtres,  telles  que  : j 
Centaurea  candidissima , Gnaphalium  j 
lanatum,  etc.  : 


E.-A.  Carrière. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Saxifraga  cotylédon,  L.  — Cette  espèce, 
qui  affecte  particulièrement  les  montagnes, 
est  commune  dans  les  Alpes  et  surtout  dans 
les  Pyrénées,  où  elle  croît  à une  assez 
grande  élévation.  Malgré  son  habitat  exclu- 
sivement montagnard,  elle  s’accommode  de 
la  culture,  et  peut  devenir  l’une  des  plus 
jolies  plantes  pour  l’ornement  des  jardins, 
ce  qu’on  a pu  constater  récemment  à l’ex- 
position d’horticulture  de  Versailles,  où  il  y 
en  avait  quelques  pieds  qui  attiraient  tout 
particulièrement  l’attenlion  et  excitaient 
l’admiration  des  visiteurs.  Qu’on  se  figure, 
en  effet,  une  rosette  de  petites  feuilles  éta- 
lées, surmontées  d’une  quantité  considé- 
rable de  fleurs  blanches  légèrement  et 
agréablement  odorantes,  rapprochées  et 
formant  des  pyramides  régulières  de  50  cen- 
timètres de  hauteur  sur  20-30  centimètres 
de  diamètre,  et  l’on  aura  une  idée  de  la 
beauté  de  celte  plarîte. 

Le  S.  cotyledoyi,  L.;  <S.  multiflora, 
Ehrh.;  S.  pyramidalis,  Lap.;  S.  pyrami- 
data,  Mill.;  Chondrorea  pyramidalis, 


' Haw.,  ne  le  cède  guère  en  beauté  qu’au  S.  i 
I longifolia,  autre  espèce  également  alpine;  u 
I mais  il  a sur  lui  l’avantage  de  s’accommoder  j 
I de  nos  cultures,  avantage  que  n’a  pas  le  S. 
longifolia,  à qui  l’air  des  montagnes  paraît  |: 
être  indispensable.  On  le  cultive  en  terre  lé-  i‘ 
gère  siliceuse;  celle  de  bruyère,  mélangée  j 
d’un  peu  de  gravier,  lui  convient  tout  parti-  ; 
culièrement.  Une  chose  essentielle,  c’est  que  | 
le  sol  soit  bien  drainé,  que  l’eau  puisse  s’en  j 
échapper  facilement.  Dans  ces  conditions,  î: 
les  plantes  semblent  ne  pas  redouter  l’hu-  r 
midité.  Une  précaution  qu’il  est  bon  de  j j 
prendre  quand  on  cultive  en  pots  le  iS.  coty~  ' i 
le.don,  et  même  toutes  les  espèces  qui  ap-  ' 
partiennent  à cette  section,  telles  que  les  S, 
Aizoon,  Aizoides,  longifolia,  Androsacea, 
Australis,  etc.,  c’est  de  ne  pas  trop  leur  i 
donner  de  nourriture,  que  les  vases,  plutôt  i I 
petits  que  grands,  soient  bien  drainés,  afin 
d’éviter  l’humidité  stagnante. 

E.-A.  Carrière. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  Gloitre  Saint-Elienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  d août) 

Le  Rucher  du  Sud-Ouesl.  — Exposition  de  la  Société  d’horticulture  de  la  Nièvre.  — Ouverture  du  marché 
aux  Heurs  de  Batignolles-Clichy.  — Prix  des  places  dans  les  diiïérents  marchés  aux  Heurs.  — Exposition 
de  la  Société  d’horticulture  de  Senlis.  — Proposition  de  M.  Destremx  ayant  pour  but  de  coiTjbattre  h* 
phylloxéra  en  facilitant  l’immersion  des  Vignes  : exposé  des  motifs.  — Exposition  de  la  Société 
d’horticulture  de  Ilonlleur.  — La  Cullure  maraîchère  })our  Je  Midi  ci  le  Cejilre  de  la  France^  et  le 
Calendrier  horticole  du  Midi  et  du  Centre  de  la  France,  par  A.  Dumas.  — Incendie  do  la  forêt  de 
Chénes-Liéges  de  M.  Sila,  à Oran.  — Rusticité  de  VEdwarsia  grandi/lora.  — Les  végétaux  des 
tropiques  : vigueur  de  la  végétation.  — Importance  du  commerce  des  Résédas.  — Un  nouveau  square 
dans  le  cinquième  arrondissement.  — Rusticité  de  V Amorphophallus  Rivieri.  — Le  scjuare  des 
Petits-Pères. 


Si,  comme  on  le  dit  avec  raison,  toutes 
les  sciences  « sont  sœurs,  » il  faut  cepen- 
dant convenir  que  c’est  à des  degrés  diffé- 
rents ; que,  tandis  qu’il  en  est  qui,  étroite- 
ment liées  les  unes  aux  autres,  semblent  être 
des  fractions  ou  des  membres  épars  d’un 
même  corps,  il  en  est  d’autres  qui  n’ont  entre 
elles  que  des  rapports  éloignés,  presque  de 
convenance.  Parmi  les  premières,  on  peut, 
sans  hésiter,  avec  l’horticulture,  dont  la 
Revue  horticole  s’occupe  tout  particulière- 
ment, placer  V apiculture,  qui,  presque  tou- 
jours, l’accompagne;  aussi  croyons -nous 
devoir  informer  nos  lecteurs  qu’un  organe 
spécial,  le  Rucher  du  Sud-Ouest,  vient  de  se 
fonder  à Bordeaux.  M.  Ed.  Drory,  apicul- 
teur distingué,  a été  nommé  directeur-pro- 
fesseur, et  en  même  temps  président  de 
cette  Société,  qui  prend  le  titre  de  Société 
d' apiculture  de  la  Gironde.  C’est  un  re- 
cueil sur  lequel  très  - probablement  nous 
aurons  l’occasion  de  revenir,  le  sujet  qu’il 
traite  présentant  à la  fois  un  intérêt  pratique 
d’économie  domestique  qui,  à l’avantage 
! d’être  récréatif  et  instructif,  présente  celui 
I d’un  bénéfice  pécuniaire,  cela  sans  nécessi- 
ter d’autre  dépense  que  d’occuper  quelques 
mètres  de  terrain. 

— Les  6,  7,  8 et  9 septembre  1873,  la 
Société  d’horticulture  de  la  Nièvre  fera,  à 
Nevers,  une  exposition  d’horticulture,  qui 
sera  la  deuxième  de  cette  année.  Les  con- 
cours, très-nombreux, renfermés  dans  19  ca- 
tégories, comprennent  à peu  près  toutes  les 
• parties  du  jardinage,  ainsi  que  les  arts  et 
industries  qui  s’y  rattachent. 

Les  personnes  qui  désireraient  exposer 
devront  en  faire  la  demande  à M.  le  pré- 
. 1 sident  ou  au  secrétaire  de  la  Société,  en  indi- 
quant les  objets  qu’elles  se  proposent  d’ex- 
I poser. 

; — Un  des  nouveaux  marchés  aux  fleurs 

I 16  AOUT  1873. 


dont  nous  avons  parlé  précédemment  (1), 
celui  de  Batignolles-Clichy,  est  à peu  près 
terminé.  Voici  ce  que  nous  lisons  à ce  sujet  : 

Le  fer  août  aura  lieu  l’ouverture  d’un  nou- 
veau marché  aux  fleurs,  situé  sur  le  boulevard 
de  Clichy,  entre  la  rue  Blanche  et  la  rue  Neuve- 
Fontaine. 

Ce  marché  ne  se  tiendra  que  deux  fois  par 
semaine,  le  lundi  et  le  jeudi,  de  quatre  heures 
du  matin  à dix  heures  du  soir,  depuis  le  1er  avril 
jusqu’au  31  octobre,  et  de  sept  heures  du  matin 
à sept  heures  du  soir,  depuis  le  1er  novembre 
jusqu’au  31  décembre. 

En  outre  des  marchés  ordinaires,  il  y aura 
marché  aux  dates  suivantes:  les  16  janvier, 
18  mars,  25  et  28  juin,  19  et  27  juillet,  14  et 
24  août,  3 et  18  novembre,  et  15  décembre. 

La  création  de  ce  marché  n’a  nécessité  aucun 
travail  important,  les  abris  étant  mobiles. 
Chaque  place  occupera  une  superficie  de  6 mè- 
tres carrés,  et  le  prix  de  location  est  fixé  à 
10  centimes  par  jour  et  par  mètre. 

Les  détaillants  auront  en  outre  à payer  un 
droit  fixe  de  40  centimes  par  place  et  par  mois. 

Très-prochainement  nous  reviendrons  sur 
le  grand  « quai  aux  fleurs,  » dont  nous 
avons  déjà  parlé  {Revue  horticole,  l.  c.),  et 
qui,  lui  aussi,  ne  tardera  pas  à être  livré  au 
commerce. 

— Nousapprenonsquele  conseil  municipal 
de  Paris  a,  dans  sa  séance  du  4 juillet,  « au- 
torisé la  création  d’un  marché  aux  fleurs 
dans  la  Cité,  entre  la  rue  Gonstantine  et  le 
quai  Desaix.  » 

S’il  s’agit  — ^t  le  fait  ne  peut  être  dou- 
teux — du  grand  « quai  aux  fleurs,  » dont 
nous  avons  déjà  parlé,  il  est  difficile  de  com- 
prendre celte  autorisation,  puisque  ce  mar- 
ché est  à peu  près  terminé.  Nous  apprenons 
que,  dans  cette  même  séance,  le  prix  des 
places  dans  diéflrents  marchés  a été  fixé  de 
la  manière  suivante  : 

(1)  Voir  Revue  hort  'cole,  1873,  p.  121. 

16 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’AOUT). 


302 

Marchands  abonnés,  première  série,  30  cen-  | 
limes  par  jour  et  par  mètre  ; deuxième  série,  j 
15  centimes;  troisième  série  (pépiniéristes),  j 
15  centimes. 

Marché  de  la  Madeleine.  — Série  unique, 
15  centimes  par  jour  et  par  mètre,  par  place  de 
0 mètres.  * 

Marché  du  Chàteau-d’Eau.  — Série  unique, 
12  c.  1/2  par  jour  et  par  mètre,  par  place  de 
6 mètres. 

Marché  de  Saint-Sulpice.  •—  10  centimes  par 
jour  et  par  mètre,  par  place  do  k mètres. 

Cette  tarification  nouvelle  portera  de  38,000 
à 86,000  francs  les  produits  des  marchés  aux 
Heurs. 

Ces  indications  ne  nous  paraissent  pas 
suffisamment  claires,  car  rien  n’indique  ce 
qu’il  faut  entendre  par  ces  différentes  sé- 
ries, ni  quelles  sont  les  conditions  qui  en 
fixent  la  délimitation.  D’une  autre  part,  à 
quel  marché  se  rapportent-elles  ? On  peut 
supposer  qu’il  s’agit  du  grand  marché,  celui 
dont  nous  avons  parlé  dans  ce  journal  (1), 
et  sur  lequel  nous  reviendrons  prochaine- 
ment, en  en  donnant  une  description  et  une 
figure. 

— Du  27  au  30  septembre  inclusivement, 
la  Société  d’horticulture  de  l’arrondissement 
de  Senlis  (Oi.se)  fera,  dans  cette  ville,  dans 
les  salles  de  l’ancien  Évêché,  une  exposition 
de  tous  les  objets  que  comporte  cette  science, 
ainsi  que  des  arts  ou  industries  qui  s’y  rat- 
tachent. 

Tous  les  horticulteurs  et  amateurs  d’hor- 
ticulture, toutes  les  personnes  dont  l’indus- 
trie se  rapporte  à l’horticulture  sont  priées 
de  prendre  part  à cette  exposition. 

Les  objets  destinés  à l’exposition  devront 
porter  une  étiquette  indiquant  les  noms  et 
être  rendus  au  plus  tard  le  vendredi  26  sep- 
tembre dans  la  salle  de  l’exposition. 

Les  personnes  qui  voudront  concourir 
devront  en  faire  la  demande  à M.  Brinet, 
président  de  la  commission  d’exposition,  au 
plus  tard  le  21  septembre. 

Les  jurés  se  réuniront  le  samedi  27  sep- 
tembre, à dix  heures  précises  du  matin. 

— La  submersion  des  Vignes  étant,  jus- 
qu’ici, le  seul  moyen  connu  pour  combattre 
avec  succès  le  phylloxéra,  des  mesures  vont 
être  prises  pour  faciliter  les  travaux  néces- 
saires pour  irriguer  les  sols  et  faire  dispa- 
raître les  difficultés  qui  pourraient  s’opposer 
à ces  travaux.  L’Assemblée  nationale  vient 
d’être  saisie  de  l’affaire  par  l’entremise  de 

(1)  V.  Remæ  horticole,  1873,  p.  121. 


M.  Destremx,  député,  qui,  dans  la  séance 
du  18  juillet  dernier,  a déposé  sur  le  bureau 
une  proposition  de  loi,  signée  par  soixante-  : 
dix  de  ses  collègues,  ayant  pour  but  de  com-  | 

battre  le  phylloxéra  dans  les  vignobles  du  J 

Midi  et  d’en  atténuer  les  ravages.  Cette  pro- 
position est  ainsi  conçue  : | 

Article  1er.  — Pes  propriétaires  pourront  for- 
mer des  associations  syndicales  afin  de  prendre 
toutes  les  mesures  nécessaires  pour  combattre 
la  maladie  de  la  Vigne  causée  par  le  phylloxéra, 
et  ces  syndicats  jouiront  des  bénéfices  des  ar- 
ticles 5,  9 et  12  de  la  loi  du  21  juin  1865.  ' 

Art.  2.  — Un  réglement  d’administration  pu- 
blique prescrira,  comme  il  a été  fait  pour  le 
drainage,  les  dispositions  pour  que  des  études 
complètes  sur  les  cours  d’eau  soient  faites  par 
les  ingénieurs  du  service  hydraulique  au  double 
point  de  vue  des  irrigations  des  prairies  pendant 
l’été,  et  des  submersions  des  Vignes  pendant  ! 
l’hiver.  j 

L’exposé  des  motifs  de  cette  proposition,  | 
pour  laquelle  l’urgence  a été  votée,  est 
conçu  en  ces  termes  : j 

Une  terrible  maladie,  désignée  par  le  nom  de  | 
l’insecte  qui  la  produit,  le  phylloxéra,  envahit  \ 
avec  une  effrayante  rapidité  les  vignobles  de  la 
région  méridionale,  et  nous  menace  d’un  dé-  i 
sastre  national.  | 

Il  importe  de  sauver  la  viticulture,  même  au  | 

prix  des  plus  grands  sacrifices,  car  c’est  une 
des  sources  principales  de  la  richesse  publique,  j 

puisqu’elle  paie  400  millions  d’impôts , dont  ! 
218  millions  à l’Etat.  ' 

Aucun  remède  d’une  application  générale  n’a 
encore  été  découvert,  et  le  seul  qui  soit  reconnu  ' : 
véritablement  efficace  ne  peut  être  employé  que  ; i 
dans  des  conditions  exceptionnelles  et  fort  res-  j I 
treintes  : c’est  la  submersion  hivernale  des  j 
Vignes  pendant  trente  jours. 

Mais  s’il  est  urgent  de  sauver  la  viticulture  j.  i 
actuellement  menacée,  il  est  aussi  nécessaire  de  j i 
donner  une  grande  impulsion  à toutes  les  forces 
productives  du  pays  pour  réparer  les  ruines  et  ! 
combler  les  pertes  occasionnées  par  la  guerre;  | I 
or,  les  irrigations  sont  un  des  plus  puissants  j j 
moyens  d’augmenter  la  richesse  territoriale  de  ‘ 
la  France,  et  c’est  par  elles  qu’on  pourra  le  i 
plus  sûrement  résoudre  le  grand  problème  éco-  , i 
nomique  du  pain  et  de  la  viande  à bon  marché.  ’ .j 
Le  moment  est  donc  venu  de  faire  les  plus 
grands  efforts  pour  faciliter  et  généraliser  l’ad-  . i 
duction  des  eaux  dans  un  double  but  : celui  de 
les  utiliser  pendant  l’été  pour  les  irrigations  des 
prairies,  et  pendant  l’hiver  pour  les  submersions  ri 
des  Vignes.  j 

En  utilisant  tous  les  cours  d’eau,  en  créant  | ' 
un  réseau  complet  d’irrigation,  on  quadruple- 
rait les  cinq  millions  d’hectares  de  prairies  na- 
turelles, et  l’on  augmenterait  de  plus  de  trois  mil- 
liards la  richesse  territoriale  de  la  France;  en 
emménageant  les  eaux  surabondantes  de  l’hiver 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’AOUT). 


dans  la  région  méridionale,  on  pourrait  sub- 
merger, alors  que  les  eaux  sont  inutiles  pour 
les  irrigations,  d’après  les  calculs  et  devis  faits 
par  des  hommes  compétents,  plus  du  tiers  des 
vignobles  et,  par  conséquent,  sauver  encore  des 
milliards. 

Il  faut  donc  agir  avec  promptitude  et  éco- 
nomie, et  se  hâter,  pour  encourager  l’exercice 
de  l’initiative  individuelle,  de  créer  un  centre 
de  direction  pour  l’étude  des  projets;  il  faut 
aussi  mettre  les  lois  qui  régissent  les  irrigations 
en  harmonie  avec  les  besoins  constatés  de 
l’industrie  vinicole,  pour  rendre  possibles  les 
submersions  hivernales  des  Vignes  non  rive- 
raines. 

C’est  à l’administration  du  service  hydrau- 
lique, chargée  de  venir  en  aide  aux  intérêts 
agricoles  et  industriels,  qu’appartient  naturelle- 
ment cette  direction  ; c’est  à elle  à faire  l’étude 
de  tous  les  cours  d’eau , afin  de  les  utiliser 
pour  augmenter  la  production  fourragère  de  la 
France  et  pour  combattre  ce  nouveau  fléau  : le 
phylloxéra. 

— La  Société  d’horticulture  de  Honfleur 
fera  dans  cette  ville,  les  samedi  6 et  dimanche 
7 septembre,  une  exposition  des  produits  de 
l’horticulture,  ainsi  que  des  arts  et  indus- 
tries qui  s’y  rattachent,  à laquelle  elle  convie 
tous  les  amateurs  et  horticulteurs.  En  outre 
de  ces  produits,  elle  ouvre  des  concours 
spéciaux  pour  la  meilleure  tenue  des  jardins 
pour  la  taille  des  arbres  fruitiers. 

Les  personnes  qui  désireraient  concourir 
devront,  avant  le  1®*’  septembre  1873,  en 
faire  la  demande  au  secrétaire  de  la  Société, 
15,  rue  du  Dauphin,  à Honfleur,  en  indiquant 
sommairement  la  nature  des  objets  qu’on 
se  propose  d’exposer. 

— Parmi  les  publications  horticoles  qui 
viennent  de  paraître,  nous  citerons  la  Cul-^ 
ture  maraîchère  pour  le  Midi  et  le  Centre 
de  la  France,  et  le  Calendrier  horticole 
du  Midi  et  du  Centre  de  la  France.  Ces 
deux  ouvrages,  dont  notre  collègue  et  colla- 
borateur, M.  Dumas,  est  l’auteur,  contien- 
nent tout  ce  qu’il  est  indispensable  de  savoir  : 
peu  de  phrases  et  beaucoup  de  faits.  Le  Ca- 
lendrier horticole  est  une  sorte  de  mé- 
mento résumant  les  principaux  travaux  qu’il 
convient  d’exécuter  mois  par  mois.  C’est  un 
guide,  un  véritable  vade  mecum.  Quant  à la 
Cidtiire  maraîchère,  ce  n’est  pas  seulement 
un  résumé  de  tout  ce  que  doit  faire  et  sa- 
voir un  jardinier  ; c’est  un  véritable  traité 
d’horticulture,  contenant,  avec  tous  les  pré- 
ceptes théoriques  et  pratiques,  la  descrip- 
tion et  la  culture  des  plantes  légumières. 
Dans  le  chapitre  II,  intitulé  : Préceptes  gé- 


néraux dliorliculture,  M.  Dumas  passe  ea 
revue  les  opérations  que  comporte  la  cul- 
ture, de  manière  à initier,  à familiariser  le 
lecteur  avec  tous  les  travaux  qu’il  devra 
exécuter,  et  le  mettre  à même  de  les  biea 
comprendre  et  de  se  rendre  compte  de  leur 
importance.  En  voici  un  aperçu  : nature  du 
sol,  défoncement,  drainage,  engrais,  la- 
bours, assolement  et  rotation,  semis,  ger- 
mination des  graines,  contre-plantations, 
paillis,  arrosages,  pralinage,  fumiers,  etc. 
Le  chapitre  III  contient  l’énumération  des 
plantes  légumières  classées  par  familles.  Le 
chapitre  IV,  qui  est  de  beaucoup  le  plus 
important,  est  consacré  à la  culture  propre- 
ment dite  de  chacune  des  espèces.  Le  pro- 
cédé de  multiplication  et  les  moyens  de 
l’opérer  sont  indiqués  d’une  manière  claire 
et  concise  qui  permet  à toutes  les  per- 
sonnes, même  à celles  qui  sont  étrangères  à 
l’horticulture,  de  pratiquer  avec  fruit  toutes 
les  opérations  du  jardinage.  Le  chapitre  V 
est  consacré  à la  taille  des  arbres  fruitiers 
et  de  la  Vigne.  Enfin,  dans  le  chapitre  VI, 
qui  termine  le  livre  et  qui  est  intitulé  : 
Quelques  préjugés  dont  les  jardmiers 
doivent  se  défaire,  l’auteur  parle  du  cra- 
paud et  de  la  taupe,  dont  il  énumère  les 
services  et  se  fait  le  défenseur.  Ici,  nous  le 
déclarons,  malgré  tous  ses  dires  et  ce  qu’il 
a invoqué  en  faveur  de  ces  animaux, 
M.  Dumas  est  loin  de  nous  avoir  convaincu  ; 
au  contraire,  surtout  en  ce  qui  concerne  la 
taupe,  que  nous  persistons  à considérer 
comme  un  véritable  ennemi  des  jardiniers, 
et  qui  fait  payer  bien  cher  les  quelques  ser- 
vices qu’elle  rend  à l’horticulture.  Tout 
ceci,  du  reste,  n’a  aucune  importance,  et 
n’affaiblit  en  rien  la  valeur  du  livre,  qui 
n’en  reste  pas  moins  un  travail  conscien- 
cieusement écrit  et  d’une  utilité  incontes- 
table, qui  lui  assure  un  succès  qui,  du  l'este, 
est  déjà  des  plus  manifestes,  puisqu’il  en  est 
à sa  troisième  édition,  bien  que  la  première 
ait  paru  en  1868.  On  le  trouve,  ainsi  que 
le  Calendrier  horticole,  à Paris,  à la  li- 
brairie agricole  de  la  Maison  rustique, 
26,  rue  Jacob. 

— Si  la  saison  d’été  ne  détermine  pas 
particulièrement  les  incendies,  ce  n’en  est 
pas  moins  celle  qui  leur  est  le  plus  favo- 
rable, ce  qui  s’explique  par  l’état  de  siccité 
dans  lequel  se  trouvent  les  objets;  aussi,  en 
général,  les  incendies  sont-ils  d’autant  plus 
terribles  qu’ils  se  montrent  pendant  les  cha- 
leurs. Nous  en  avons  un  bien  triste  exemple 
dans  la  forêt  de  Chênes-Lièges  de  M.  Sila, 


304  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  D’AOUT). 


située  près  d’Oran,  dans  le  massif  qui  borde 
la  plaine  des  Andalouses.  Cet  incendie,  qui 
a duré  plusieurs  jours,  s’est  étendu  sur  une 
surface  d’environ  i,500  hectares. 

— Un  fnit,  sinon  des  plus  curieux,  du 
moins  d’un  j^rand  intérêt  au  point  de  vue  de 
l’horticulture,  c’est  la  rusticité  de  VEdivar- 
sia  grancliflora  (I),  espèce  considérée  jus- 
qu’à ce  jour  comiiic  exigeant  la  serre  tem- 
pérée, ou  au  moins  l’orangerie  pendant 
l’hiver.  Voici  à ce  sujet  ce  qui  nous  est  ar- 
rivé, et  sur  quoi  nous  nous  fondons  pour 
dire  qu’elle  est  relativement  rustique.  Un 
pied  à'E.  grcmdiflora  ayant  été  mis  en 
pleine  terre  et  en  plein  air  le  long  d’un  mur, 
au  printemps  de  1872,  a parfaitement  passé 
l’hiver  sans  soutTrir,  ce  que  démontrait  son 
état  ; en  effcd,,  il  avait  conservé  en  partie 
toutes  ses  feuilles  au  commencement  du 
printemps,  et  se  trouvait  donc  dans  des  con- 
ditions identiques  à celles  dans  lesquelles  se 
trouvent  les  plantes  decette  même  espèce  lors- 
qu’elles ont  été  abritées  dans  une  orangerie. 
Mais  ce  n’est  pas  tout;  car,  dès  les  premiers 
jours  d’avril,  ce  pied  s’est  couvert  de  belles 
et  grandes  fleurs  d’un  très-beau  jaune  d’or. 
C’est  donc  un  aihre  précieux  pour  l’orne- 
m.entation,  sinon  des  jardins  du  nord  de  la 
France,  du  moins  pour  ceux  du  midi,  peut- 
être  même  de  ceux  du  centre.  Dans  tous  les 
cas,  c’est  à essayer,  et  nous  appelons  l’at- 
tention sur  ce  sujet.  Déjà,  en  parlant  de 
cette  plante  {Rev.  hort.,  l.  c.),  et  après  en 
avoir  fait  ressortir  les  caractères  et  indiqué 
ses  propriétés  ornementales,  nous  ajoutions: 
((  ...Il  nous  paraît  probable  que  dans  cer- 
taines parties  méridionales  de  la  France,  et 
peut-être  aussi  dans  l’Ouest,  il  (VE.  gran- 
diflora)  pourra  passer  l’hiver  en  pleine 
terre,  et  que  là  on  en  tirera  un  parti  très- 
avantageux  P )ur  l’ornementation.  » Aujour- 
d’hui ce  n’est  plus  une  hypothèse,  mais  un 
fait  certain  ; et  ce  n’est  pas  seulement  dans 
le  midi,  mais  peut-être  dans  le  centre  de  la 
France,  qu’on  pourra  cultiver  en  plein  air 
VE.  grandiflora.  Encore  une  conquête 
faite  sur  la  routine  ou  l’habitude.  Mais  com- 
bien d’autres  analogues  restent  à faire! 

— Il  est  difficile,  ou  plutôt  impossible,  si 
on  ne  l’a  vu,  de  se  rendre  compte  de  la  ra- 
pidité avec  laquelle  croissent  certains  végé- 
taux dans  certaines  contrées  tropicales  du 
globe  ; on  pourra  s’en  faire  une  idée  par  le 

(1)  Voir  dans  la  Revue  hortidole,  1869,  p.  234, 
la  figure  que  nous  avons  donnée  de  cette  espèce. 


fait  suivant,  que  nous  rapportons  d’après 
M.  Duchartre,  qui  l’a  extrait  du  journal 
américain  le  Panama  Star  and  Herald. 
Voici  ce  qu’il  en  dit,  p.  123  du  Journal  de 
la  Société  centrale  dliorticulture  de 
France,  1873,  p.  123  : 

L’hülel  d’Aspinwall,  à Panama,  a été  incendié 
il  n’y  a guère  que  deux  années,  et  déjà,  au  mo- 
ment présent,  sur  l’espace  de  terrain  qu’entou- 
rent les  murs  et  que  le  feu  a mis  à découvert,  il 
s’élève  une  végétation  luxuriante  comprenant 
particulièrement  des  arl)res  dont  certains  n’at- 
teignent pas  moins  de  10  mètres  de  hauteur.  Ce 
sont  des  Cecropia,  nommés  dans  le  pays  Arbre- 
Trompette,  dont  tes  branches  sortent  à travers 
l’ouverture  des  portes  et  des  fenêtres  les  plus 
hautes  de  la  maison,  tellement  nombreuses  et 
pressées,  qu’il  semble  probable  qu’en  conti- 
nuant de  croître  avec  la  même  force,  elles  ne 
tarderont  pas  à renverser  les  murs  eux-mêmes 
par  les  ouvertures  desquels  elles  se  sont  fait 
jour. 

— Toutes  les  personnes  qui  habitent  Pa- 
ris, surtout  si  elles  fréquentent  — ne  serait- 
ce  que  de  temps  à autre  — les  marchés  aux 
fleurs,  n’ignorent  pas  que  le  Réséda  cons- 
titue seul,  parmi  les  plantes  vulgaires,  c’est- 
à-dire  les  plantes  « de  marché,  » l’objet 
d’un  commerce  très-important.  Bien  que 
cette  importance  soit  difficile  à constater 
d’une  manière  absolue,  on  pourra  néan- 
moins s’en  faire  une  idée  par  les  chiffres  que 
nous  allons  donner.  Ainsi,  un  seul  horticul- 
teur, M.  Vyeaux  du  Vaux,  rue  Montgalet, 
en  vend  tous  les  ans  environ  40,000  potées. 
En  1872,  pour  la  Saint- Jean,  il  en  a livré 
au  commerce  1,800.  En  les  estimant  à 
30  centimes  l’un,  ce  qui  assurément  est 
bien  au-dessous  de  la  vérité,  c’est  donc  pour 
12,000  fr.  de  Résédas  qu’il  aurait  vendu  dans 
une  seule  année. 

— Le  5®  arrondissement  de  Paris  va,  dit- 
on,  prochainement  être  enrichi  d’un  nou- 
veau square.  C’est  près  de  l’église  Saint- 
Médard,  dans  la  partie  qui  longe  l’église, 
qu’il  sera  placé.  Nous  y reviendrons  lors  de 
sa  création.  En  raison  de  l’exiguité  du  ter- 
rain, il  nous  paraît  douteux  qu’on  en  fasse 
autre  chose  qu’un  simple  jardinet  d’orne- 
ment. On  assure  qu’une  somme  de  8,188  fr. 
86  cent,  a été  demandée  pour  la  clôture  de 
ce  square  sur  le  budget  de  1873. 

— Un  de  nos  abonnés  vient  de  nous 
écrire  une  lettre  qui,  par  l’enseignement 
qu’elle  porte,  nous  paraît  de  nature  à inté- 
resser nos  lecteurs,  ce  qui  nous  engage  à la 
reproduire.  La  voici  : 


NOUVEAUX  BÉGONIAS  TUBERCULEUX,  HYBRIDES. 


Ouilly,  le  20  juillet  1873. 

Monsieur, 

Abonné  depuis  peu  à la  Revue  horticole,  je 
viens  vous  communiquer  un  fait  relatif  à la  rus- 
ticité de  V Amoryhophallus  Rivieri,  vous  laissant 
libre  d’en  faire  tel  usage  qu’il  vous  conviendra. 

Aussitôt  que  celte  plante  fut  annoncée  par 
MM.  Vilmorin-Andrieux  et  Cio,  je  m’empressai 
d’en  faire  venir  un  tubercule  assez  fort. 

A la  fin  de  l’automne  dernier,  je  fis  arracher 
ce  tubercule  avec  soin,  ainsi  que  quatre  ou  cinq 
qui  avaient  pris  naissance  autour  de  lui;  puis,  à 
cette  même  place,  je  fis  planter,  au  printemps 
dernier,  une  touffe  de  Tritoma. 

11  y a quelque  temps,  mes  regards  furent  at- 
tirés par  un  feuillage  qui  contrastait  .singulière- 
ment avec  celui  du  Tritoma;  je  m’approchai, 
et  reconnus  un  Amorpho phallus  qui  poussait  vi- 
goureux et  trapu  en  avant  de  l’autre  plante.  Je 
voulus  voir  à quelle  profondeur  était  le  bulbe 
qui  m’avait  donné  cette  plante,  et  je  constatai 
6 centimètres. 

Voici  donc  un  petit  bulbe  qui,  oublié  par  mé- 
garde,  a passé  Thiver  sans  aucune  couverture  à 
une  profondeur  de  6 centimètres  seulement,  et 
qui,  à la  fin  de  juin,  a donné  une  plante  beau- 
coup plus  vigoureuse  et  mieux  faite  que  celles 
produites  par  les  autres  petits  bulbes  qui  avaient 
été  arrachés  et  soignés  comme  le  gros,  c’est-à- 
dire  placés  dans  une  serre,  dans  un  lieu  sec, 
ainsi,  du  reste,  qu’on  le  recommande. 

Agréez,  etc.  Henri  Truchot, 

A Ouilly,  près  Villefranclic  (Rhône). 

Du  fait  rapporté  par  cette  lettre,  dont  nous 
remercions  particulièrement  l’auteur,  on 
n’est  pourtant  pas  autorisé  à considérer 
V Amorphophallus  Rivieri  comme  une 
plante  tout  à fait  rustique,  car  l’hiver  que 
nous  venons  de  traverser  a été  relativement 
très-doux  ; néanmoins,  il  indique  que  cette 
plante  est  beaucoup  plus  rustique  qu’on  ne 
l’avait  d’abord  pensé,  et  qu’il  suffirait  pro- 
bablement pour  la  garantir  de  couvrir  d’un 
peu  de  feuilles  ou  de  litière  le  sol  dans  le- 
quel sont  plantés  les  tubercules.  De  cette 
façon,  et  sans  aucun  soin,  on  aurait  des 
plantes  beaucoup  plus  fortes,  par  consé- 
quent plus  ornementales,  que  ne  le  sont 
celles  qui  ont  été  soignées  en  serre,  ainsi  que 
cela  se  fait  jusqu’ici. 

— Encore  un  nouveau  square  dans  Paris  ; 


305 

celui  dit  des  Petits-Pères,  rue  de  Sèvres. 
Après  être  restée  pendant  longtemps  entou- 
rée de  planches,  cette  place,  qui  vient  de 
subir  une  transformation  complète,  a été 
livrée  au  public  il  y a déjà  quelques  se- 
maines. Au  lieu  d’un  jardin  anglais,  c{ui  de- 
mande beaucoup  d’entretien,  on  a fait  au 
milieu  une  pelouse  de  gazon  entourée  de 
toutes  parts  par  de  très -grandes  allées,  ou 
mieux,  presque  tout  est  promenades.  Celles- 
ci  sont  plantées  de  jeunes  Platanes  d’environ 
25  centimètres  de  diamètre,  bien  venants  et 
assez  bien  repris.  Tout  autour  de  ce  terrain, 
dans  la  partie  qui  touche  à la  grille,  on  a 
fait  une  plate-bande  de  2 mètres  de  large, 
mais,  à notre  avis,  beaucoup  trop  élevée 
(40  centimètres  environ),  à cause  de  la  dif- 
ficulté qu’il  y aura  à l’entretenir  suffisam- 
ment humide,  sinon  à l’aide  d'arrosements 
très-fréquents,  qui  ont  l’inconvénient  de  trop 
laver  la  terre.  Cette  plate-bande  est  plantée 
en  arbustes,  entre  lesquels  on  a mis  quelques 
plantes  à fleurs  (Pélargoniums  et  Chrysan- 
thèmes frutescents). 

Dans  cet  emplacement  se  trouvaient  dis- 
séminés six  gros  et  beaux  Ormes  qu’on  a 
bien  fait  de  conserver.  En  somme,  si  à cer- 
tain point  de  vue  ce  square  laisse  un  peu  à 
désirer  (qui  ou  quoi  est  parfait?),  sous 
d’autres  il  nous  paraît  très-bien  compris  ; il 
est  ce  qu’ils  devraient  être  tous  : une  véri- 
table promenade  ombragée  de  toutes  parts, 
qui,  en  ne  nécessitant  que  très-peu  de  frais 
d’entretien,  produit  le  résultat  qu’on  doit 
chercher  à atteindre  dans  ces  sortes  de  créa- 
tions placées  dans  une  ville  comme  Paris.  En 
effet,  que  cherche-t-on,  ou  du  moins  que 
doit-on  chercher  dans  ce  cas?  Deux  choses  : 
la  liberté  et  de  Vomhre.  Au  lieu  de  gêner 
les  promeneurs  par  de  petites  allées  étroites 
et  sinueuses,  avec  des  parcelles  de  gazon  et 
de  massifs  très-petits,  parfois  ridicules,  cette 
disposition  laisse  }es  huit  dixièmes  environ 
du  terrain  libres,  et  présente  en  outre  cet 
avantage  de  permettre  aux  enfants  de  jouer 
tout  à leur  aise,  et  cela  sans  courir  le  risque 
d’être  écrasés  par  les  voitures.  Vieux  et 
jeunes  y trouveront  donc  leur  compte.  Quoi 
de  mieux?  E.-A.  Carrière. 


NOUVEAUX  BÉ(iONIAS  TUBERCULEUX,  HYBRIDES 


Ceux  qui,  il  y a quelques  années,  lors  de 
l’introduction  du  Bégonia  Boliviensis,  pré- 
dirent que  cette  nouvelle  espèce  allait  pro- 
voquer et  produire  une  révolution  dans  le 
genre  Bégonia,  ne  se  trompaient  point  ; mais 
il  est  probable  qu’ils  étaient  loin,  alors,  de 


penser  que  cette  révolution  serait  aussi  con- 
sidérable et  produirait  des  résultats  aussi 
extraordinaires  et  aussi  variés  que  ceux  aux- 
quels il  nous  a été  donné  d’assister  depuis 
trois  ou  quatre  ans,  mais  surtout  cette 
année. 


NOUVEAUX  BÉGONIAS  TUBERCULEUX,  HYBRIDES. 


m 

Un  fait  scientifique  se  dégage  surtout  dans 
cette  circonstance,  et  mérite  d’appeler  l’at- 
tention : c’est  l’extrême  facilité  avec  laquelle 
les  espèces  de  Bégonia,  même  les  plus  tran- 
chées et  les  plus  distinctes , se  croisent, 
s’hybrident,  et  donnent  naissance  à des  pro- 
duits nombreux  et  variés,  fertiles  en  grande 
partie,  et  parfois  si  distincts  de  leurs  pa- 
rents, qu’il  y a souvent  entre  eux  des  diffé- 
rences beaucoup  plus  considérables  que 
n’en  présentent  nombre  d’espèces  des  plus 
orthodoxes. 

Ce  que  nous  disons  ici,  et  en  passant  lé- 
gèrement, des  Bégonias  pourrait  se  dire  de 
plusieurs  autres  genres  de  plantes  ; mais 
nous  ne  nous  y appesantissons  pas  , car  la 
question  est  de  celles  qui  soulèvent  les  grands 
orages,  et  nous  ne  nous  sentons  pas  dis- 
posé, pour  aujourd’hui  du  moins,  à provo- 
quer et  à attirer  sur  nous  les  foudres  des 
partisans  de  la  création  immuable. 

Donc,  et  pour  en  revenir  aux  nouveaux 
Bégonias  tuberculeux  hybrides,  qui  doivent 
faire  le  sujet  de  cet  article,  et  sur  lesquels 
nous  nous  proposons  de  revenir,  nous  di- 
rons que,  par  suite  de  l’introduction  dans 
les  cultures  des  Bégonia  Veitchii,  rosœ- 
flora  du  Pérou,  et  surtout  du  B.  Bolivien- 
sis,  originaire  de  la  Bolivie,  ainsi  que  l’in- 
dique son  nom,  il  s’est  produit  rapidement 
par  fécondation  naturelle,  et  surtout  par 
suite  de  fécondation  artificielle  habilement 
combinée  et  dirigée,  de  nombreux  hybrides 
qui,  étant  croisés  à leur  tour  entre  eux  ou 
même  avec  leurs  ancêtres  collatéraux,  ont 
donné  naissance  à une  multitude  de  variétés, 
sous-variétés,  variations,  aussi  bien  dans  la 
forme,  l’ampleur,  le  coloris,  la  disposition 
des  fleurs,  que  dans  le  port  des  plantes,  à 
ce  point  que  c’est  vraiment,  et  sans  hyper- 
bole, merveilleux  et  prodigieux. 

Les  unes  ont  de  longues  fleurs  pendantes 
à grandes  élytres  couleur  de  corail,  vermil- 
lon, saumon,  écarlate,  carminé  ou  rosé; 
d’autres  ont  de  larges  et  volumineuses  fleurs 
demi-pendantes  ou  bien  dressées,  aux  pièces 
florales  largement  étalées  et  simulant  de 
petites  roses  de  couleur  cinabre,  carmin, 
rouge  incarnat,  corail  rose  ; parfois,  le  jaune 
du  Bégonia  Pearcii,  qui  ^a  aussi  servi  à 
faire  des  fécondations,  vient  apporter  son 
contingent  dans  les  nuances  et  le  feuillage 
des  nouveaux  hybrides,  qui  sont,  pour  la 
plupart,  notablement  plus  vigoureux  et  plus 
abondamment  ramifiés  et  florifères  que 
leurs  parents. 

Nous  avons  eu  occasion  de  voir,  il  y a 
quelques  jours,  chez  M.  Mallet,  l’habile 


horticulteur  du  Plessis-Piquet,  plusieurs 
milliers  de  ces  plantes  hybrides  de  semis  en 
pleine  floraison,  et  nous  avouons  en  toute 
sincérité  que  ces  gains  sont  tous  splendides 
et  rivalisent  entre  eux  de  beauté,  tant  par 
l’ampleur  et  la  variété  des  formes  de  leurs 
fleurs  que  par  la  richesse  des  nuances, 
toutes  plus  belles  et  plus  vives  les  unes  que 
les  autres. 

Jusqu’à  présent  on  avait  pensé  que  ces 
plantes  étaient  délicates,  qu’il  leur  fallait 
l’abri  du  verre,  la  terre  de  bruyère  pure, 
l’ombre,  etc.  ; il  n’en  est  rien,  et  l’on  peut 
dire  qu’on  pourra  dorénavant  les  cultiver 
comme  l’ancien  Bégonia  discolor,  c’est-à- 
I dire  à l’air  libre,  en  pleine  terre  saine  de 
jardin,  et  même  en  plein  soleil,  moyennant 
un  bon  paillis  et  des  arrosements  copieux, 
mais  raisonnés. 

Les  résultats  si  remarquables  obtenus,  non 
seulement  chez  M.  Mallet,  mais  aussi  chez 
plusieurs  autres  horticulteurs  qui,  dans  une 
année  aussi  défavorable  que  celle-ci,  ont 
soumis  ces  nouveaux  Bégonias  tuberculeux 
à la  culture  en  plein  air,  ne  laissent  plus  de 
doute  sur  la  possibilité  de  tirer  un  excellent 
parti  de  ces  plantes  pour  la  décoration  des 
jardins  en  été,  où  ils  viendront,  fort  heureu- 
sement, apporter  une  utile  et  agréable  di- 
version à la  monotonie  de  l’ornementation 
généralement  adoptée. 

Si  nous  ne  craignions  pas  d’ètre  taxé 
d’exagération,  nous  dirions,  avec  MM.  Vil- 
morin-Andrieux  et  G*®,  qui  se  sont  rendus 
acquéreurs  de  tous  les  tubercules-rhizomes 
des  nouveaux  hybrides  de  M.  Mallet,  et  qui 
en  annoncent  les  tubercules  livrables  en 
automne  (1),  que  ce  sont  des  plantes  appelées 
à faire,  dans  un  avenir  prochain,  une  sérieuse 
concurrence  aux  Géraniums- Pélargoniums 
zonale  inquinans,  aux  Fuchsias  et  autres 
plantes  généralement  employées  à la  déco- 
ration d’été  des  jardins  et  parcs  paysagers. 
Ajoutons  à ces  qualités  que  ce  sont  des 
plantes  admirables  pour  former  de  belles 
potées,  garnir  les  gradins  des  serres  en  été, 
orner  les  vases  et  confectionner  des  bou- 
quets; qu’enfm,  leur  culture  (sur  laquelle 
nous  reviendrons  dans  un  prochain  article) 
est  des  plus  simples,  et  Ton  comprendra 
tout  le  mérite  de  ces  nouveaux  Bégonias 
tuberculeux  hybrides  et  la  vogue  dont,  avec 
raison,  ils  commencent  déjà  à être  l’objet 
de  tous  côtés.  Leglerc. 

(1)  Villemorin,  Andrieux  et  Catalogue  des 
Oignons  à fleurs,  plantes  bulbeuses  et  Fraisiers, 
1873,  p.  10. 


SRR  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE. 


307 


SUR  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE 


Quelques  nouvelles  qui  nous  parviennent 
de  la  Nouvelle-Calédonie  nous  permettent 
d’en  extraire  des  renseignements  intéres- 
sants pour  les  lecteurs  de  la  Revue  horti- 
cole. Nous  les  leur  offrons  sans  commen- 
taires, et  currente  calamo. 

La  Nouvelle-Calédonie  peut  se  diviser  en 
deux  régions  : la  côte  orientale  avec  de 
vastes  plaines  où  toutes  les  cultures  peuvent 
y être  tentées,  et  la  côte  occidentale,  riche 
par  ses  mines. 

Le  climat  est  des  meilleurs  ; la  tempéra- 
ture est  douce  et  à peu  près  la  même  par- 
tout. La  saison  des  pluies  ne  se  fait  sentir 
que  de  janvier  en  avril  ; d’avril  en  janvier, 
le  temps  est  beau.  Le  thermomètre  ne  dé- 
passe pas  30o  centigrades  pendant  le  jour  ; 
quelquefois,  de  mai  à octobre,  il  descend  à 
10»  au-dessus  de  zéro  ; les  nuits  sont  fraî- 
ches, surtout  en  été. 

Les  principales  productions  sont  : la  Pa- 
tate douce,  que  l’on  cultive  sur  une  grande 
échelle  dans  le  pays  de  Balade,  près  le  vil- 
lage de  Baïao  ; les  Cocotiers  et  les  Bana- 
niers sont  aussi  très-répandus,  et  les  fruits 
de  ces  arbres  constituent  la  principale  nour- 
riture des  indigènes  (c’est  dans  les  feuilles 
du  Bananier  que  les  indigènes  enveloppent 
les  pigeons  destinés  à rôtir).  Ajoutons  la 
Canne  à sucre,  qui  produit  environ  700  fr. 
par  hectare.  Cette  culture  est  très-impor- 
tante dans  le  pays  de  Puébo,  où  V Olivier,  le 
Caféier  et  le  Mûrier  couvrent  également  de 
grandes  plaines. 

L’on  rencontre  aussi  beaucoup  le  Taro 
et  plusieurs  autres  Aroidées,  ainsi  que 
l’Igname. 

La  Vigne  vient  très-bien,  et  donne  deux 
fois  du  Baisin,  en  août  et  en  janvier;  les 
ceps  sont  taillés  courts,  et  les  rejets  recour- 
bés, de  façon  à maintenir  la  fraîcheur  du 
sol.  La  vendange  ne  donne  pas  lieu,  comme 
en  France,  à des  réjouissances  ; celles-ci  ne 
se  font  qu’après  la  récolte  des  Ignames,  où 
les  indigènes  dansent  le  pilou-pilou. 

Le  Riz  [Oriza  sativa)  en  paille  et  décor- 
tiqué est  le  principal  commerce  à Kanala 
et  à Nakétif. 

A Nouméa,  l’on  fabrique  beaucoup  de  fé- 
cules de  Pia  ; l’écorce  de  Morinda  y est 
préparée  pour  la  teinture  ; on  extrait  de 
l’huile  du  Ricin,  des  Noix  de  Bancoul  et 
du  Cocos  nucifera  qui,  par  hectare,  donne 
de  50,000  à 60,000  kilog.  par  an.  Les  es- 


sences de  Sandal,  de  Niaouli  et  de  Citro- 
nelli  sont  aussi  l’objet  d’une  grande  indus- 
trie. Dans  cette  même  ville,  il  y a d’impor- 
tantes manufactures  de  vêtements  en  fibres 
de  Cordia.  Les  marchés  sont  très-abon- 
dants. Les  Ananas  se  vendent  3 fr.  le  kil.; 
les  Carottes  et  les  Choux,  de  20  cent,  à 1 fr. 
le  kil.;  les  Choux-Fleurs,  2 fr.  le  kil.;  les 
Haricots  verts,  1 fr.  le  kil.;  la  salade, 
25  cent,  le  kil.,  et  les  Pommes  de  terre 
20  cent,  le  kil.  Les  environs  de  Nouméa 
sont  affectés  à la  culture  de  l’Orge  carré,  di*^ 
Blé  dur  d’Afrique  et  du  Maïs  jaune. 

Les  forêts,  qui  sont  très-étendues,  con- 
tiennent entre  autres,  comme  essences  très- 
communes,  le  Niaouli  {Melaleuca  viri- 
diflora  et  leucadendron).  Cet  arbre  est 
très-abondant  et  très-utile  pour  revêtir  l’in- 
térieur des  maisons  (le  village  de  Hien- 
guene  est  entièrement  bâti  avec  cette  espèce). 
Son  tronc  est  toujours  recourbé,  d’un  blanc 
sale  ; son  tissu  résineux  permet  de  faire  des 
torches,  et  ses  feuilles  distillées  donnent 
2 p.  100  en  poids  d’huile  volatile,  rempla- 
çant facilement  l’huile  de  Lavande. 

On  rencontre  également  V Acacia  spiror- 
his,  le  Blackhurnia,  le  Thespesia  popul- 
nea,  les  Casuarina  equisetifolia  einodosa, 
ou  bois  de  fer,  qui  compose  presque  toutes 
les  oasis,  principalement  près  du  village  de 
Dumbéa.  Il  a souvent  pour  compagnons  les 
Tamanous,  les  Bancouliers  et  les  Banians, 
le  Pm  à mâture  et  le  Sandal  odorant. 

On  trouve  aussi  en  grande  quantité  les 
Araucaria  Cookii  et  intermedia,  de  beaux 
spécimens  du  Ficus  religiosa  et  d’autres 
espèces  non  encore  déterminées;  le  Morinda 
citri folia  de  Linné,  le  Cordia  discolor, 
V Ægiphyla  rhizophoroides,  VAralia  par- 
vifolia,  le  Geissois  racemosa,  le  Codia 
ohcordata,  V Hisingera  Caledonica , le  Mi 
crosema  salici folia,  VAuhrga  excelsa,  dont 
les  indigènes  construisent  leurs  embarca- 
tions ; VHartighsea  Billardieri,  le  Xylo- 
carpus  ohovatus,  le  Cupania  juliflora,  le 
Dodonœa  dioica,  le  Pittosporum  tomen- 
tosum,  le  Catha  viridiflora  et  angulata, 
le  Pleurostylis  decijnens,  Vllex  mucro- 
nata,  le  Berckemia  cremdata,  le  Croton 
insulare,  VOmalanthus  nutans,  le  Glo- 
chidion  distichum,  ï Alemûtes  triloha,  le 
Terminalis  littoralis,  le  Rhizophora  mu- 
cronata.  Parmi  les  Myrtacées,  le  Jambosa 
Brakenridgii,  le  Myrtus  coriaceus,  les 


LKS  AUlUCULES  NOUVELLES  DE  M.  TURNER.  — LE  PHYLLOXERA. 


308 

Fremya  Pancheri  ei  ruhra,  le  Spermole- 
pis  gummifera  et  VEugenia  liUoralis. 
Les  légumineuses  sont  représentées  par  le 
Sophora  tomentosa , V Acacia  spirorhis, 
littoralis  et  laurifolia,V Armocarpum  sert- 
noides. 

Peu  de  plantes  d’ornement  ; la  plus  inté- 
ressante est  le  Bctrringtonia  Neo-Caledo- 
nica. 

On  exploite  beaucoup  la  résine  du  Dam- 
mara  ovata  et  de  V Araucaria  interynedia, 
la  gomme-résine  du  Tahernemontayia  ma- 
crophglla,  du  Dhus  atra  et  de  VArillas- 
IruYti  gumynifcrum. 

Les  matières  tinctoriales  sont  extraites  du 
Morinda  citrifolia.  L’écorce  de  Balogliia 
Panchcï'i  sert  au  tannage  des  peaux,  ainsi 
que  celle  du  Brugniera  ggmnorhiza  et  du 
Pdigzophora  mucronata.  On  emploie  aussi 


pour  tanner  des  gousses  de  V Acacia  Farne- 
siana^  mais  peu. 

Dans  les  plantes  pharmaceutiques,  l’ina- 
cardiuyn  orientale  se  rencontre  en  grande 
quantité. 

Parmi  les  épices,  la  Vanille  et  le  Cur- 
cmna  en  poivre. 

L’île  des  Pins,  au  sud  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  où  domine  le  Pin  qui  lui  a valu 
son  nom,  est  citée  comme  très -propre  à 
toutes  les  cultures,  et  tous  les  essais  tentés 
jusqu’à  ce  jour  y ont  pleinement  réussi. 

On  voit  par  cet  exposé  que  cette  colonie 
paraît  présenter  tous  les  avantages  possibles. 
Avis  aux  modernes  Colombs,  et  fasse  l’avenir 
que  la  Nouvelle-Calédonie  devienne  la  noble 
rivale  de  Syracuse,  Éplièse  ou  Milet  de  l’an- 
tiquité. Ce  serait  un  dédommagement  au  mal 
causé  par  nos  discordes  civiles.  F.  Barillet. 


f 

I 


LES  AUlUGüLES  NOUVELLES  DE  M.  TURNER 


L’Angleterre  est  le  pays  privilégié  pour 
les  Auricules  ; nulle  part  ailleurs  elles  ne 
sont  aussi  recherchées  ni  cultivées  avec  au- 
tant de  passion. 

Les  variétés  nouvelles  de  M.  Turner 
offrent  tous  les  caractères  qui  constituent  de 
bonnes  plantes;  aussi,  croyons- nous  être 
agréable  aux  lecteurs  de  la  Bevue  en  leur 
en  donnant  la  nomenclature. 

Diamond.  Fleurs  rouge  écarlate  velouté; 
œil  jaune  pâle.  Bien  faites. 

Lady  Elvey,  Fleurs  à limbe  pourpre, 
plus  clair  sur  les  bords  ; œil  jaune  pâle. 
Belle  plante. 

Napoléon  JIL  Fleurs  d’un  marron  foncé 
très-brillant  ; œil  jaune  doré.  Plante  extra- 
belle. 


Queen  Victoria.  Fleurs  pourpres,  forte-  | 

ment  ombrées  vers  le  centre  ; œil  jaune  i 
pâle.  Très-belle  tleur.  ' 

Sir  Barile  Frere.  Fleurs  violet  foncé  très- 
brillant;  œil  jaune,  très-pâle  et  très-large.  | 

Se  tenant  très-bien.  ! 

Susie  Matliams.  Fleurs  lilas  clair,  ombré  ' 

au  centre;  œil  paille.  Jolie  et  très-distincte.  . 

Rev.  A.  Mathews.  Fleurs  avec  une  zone  I 
étroite  de  pourpre  foncé  ; œil  blanc,  large.  ! 

Cantab.  Fleurs  marron  foncé,  brillant  ; 
œil  blanc.  Variété  excellente.  : 

Charles  J.  Fey^ry.  Variété  splendide,  à 
fleurs  violettes  claires  ; œil  blanc.  Extra-  i 
belles. 

J.Jarlot.  1 


LE  1'}1YLLÜXERA‘'> 


Personne  ne  peut  plus  aujourd’hui  se 
faire  illusion  sur  l’étendue  des  ravages  cau- 
sés par  le  phylloxéra  aux  Vignes  de  l’arron- 
dissement de  Montpellier.  B suffît  de  faire 
une  promenade  dans  la  campagne  pour 
apercevoir  çà  et  là  des  souches  rabougries, 
dont  l’aspect  caractéristique  indique,  sans 
qu’on  puisse  s’y  tromper,  la  présence  de  l’in- 
secte. Chacun  de  nous  a pu  faire  de  sem- 
blables constatations. 

Pour  me  rendre  un  compte  plus  exact  de 
l’ensemble  du  dommage,  je  me  suis  mis  en 

(1)  Extrait  du  Journal  cVAyriculture  pratique., 
juillet  1872,  p.  107.’ 


relation  avec  les  maires  de  toutes  les  com  - ' 

mimes  de  l’arrondissement.  Les  renseigne-  i 
ments  précis , circonstanciés , que  j’ai  : 
reçus,  sont  navrants.  A part  le  côté  de 
Ganges  et  quelques  communes  dans  la  di- 
rection de  Cette  et  de  Mèze,  où  le  phyl- 
loxéra n’a  pas  encore  été  signalé,  toutes  les 
autres  communes  sont  plus  ou  moins  at- 
teintes, et  dans  quelques-unes  le  mal  est 
déjà  énorme.  Je  ne  puis  reproduire  les  di- 
verses lettres  qu’on  a bien  voulu  m’adres- 
ser ; il  me  suffira  de  dire  que  la  plupart 
font  pressentir  pour  un  temps  peu  éloigné 
un  épouvantable  désastre.  Dans  quelques 


LE  PHYLLOXERA. 


communes,  un  tiers,  une  moitié  même  des 
Vignes  sont  déjà  perdus.  Partout,  les  viti- 
culteurs sont  en  proie  aux  plus  vives  an- 
goisses; ils  voient  chaque  jour  le  mal  gran- 
dir sans  que  rien  entrave  un  seul  moment  la 
marche  de  cet  impitoyable  fléau. 

Les  tristes  prévisions  que  je  n’ai  cessé 
d’exprimer  depuis  cinq  ans  se  sont  complè- 
tement réalisées.  J’aurais  été  bien  heureux 
de  m’être  trompé  ; mais  il  fallait  être  aveugle 
ou  bien  décidé  à fermer  les  yeux  à l’évi- 
dence, pour  ne  pas  voir  cette  marée  montante 
qui  allait  tout  engloutir. 

On  m’assure  cependant  que,  dans  l’arron- 
dissement de  Béziers,  il  y a encore  des  gens 
qui  rient  de  nos  craintes,  et  pour  qui  le 
phylloxéra  est  presque  un  animal  fabuleux. 
On  ne  saurait  comprendre  une  pareille  in- 
crédulité à quelques  kilomètres  à peine  des 
points  ravagés.  Si  des  sceptiques  aussi  en- 
durcis avaient  pu  m’accompagner  dans  les 
nombreuses  excursions  que  je  viens  de  faire 
des  bords  du  Vidourle  à ceux  de  l’Hérault, 
ils  auraient  rencontré  comme  moi  beaucoup 
de  gens  malheureux,  et  vu  couler  bien  des 
larmes. 

Nous  devons  cependant  le  dire,  pour  cette 
année  encore,  la  récolte  du  vin  ne  sera  pas, 
dans  son  ensemble,  diminuée  d’une  ma- 
nière trop  sensible.  Il  faut  bien  quatre  ou 
cinq  ans  pour  que  nos  plaines  et  nos  co- 
teaux présentent  l’aspect  désolé  des  environs 
d’Orange  ou  de  Roquemaure,  et  que  la 
Vigne  n’y  soit  plus  qu’un  souvenir. 

Hâtons-nous  de  mettre  à profit  le  temps 
qui  nous  reste  ; il  ne  faut  pas  nous  croiser 
les  bras,  et  assister  froidement  à notre  ruine. 
C’est  à coup  sûr  une  œuvre  difficile  que 
d’arracher  nos  Vignes  aux  étreintes  d’un 
insecte  presque  insaisissable,  et  dont  les  lé- 
gions se  reproduisent  si  rapidement.  Mais 
les  intérêts  en  jeu  sont  si  grands  (la  ruine 
ou  la  fortune  de  tout  le  Midi),  qu’il  faut  dé- 
fendre le  terrain  pied  à pied,  jusqu’à  la 
dernière  minute.  Le  marin  qui  sent  son  na- 
vire criblé  de  boulets  s’enfoncer  sous  ses 
pieds  n’amène  pas  son  pavillon  ; il  se  défend 
encore,  il  se  défend  toujours,  et  fait  son  de- 
voir jusqu’au  bout. 

Nous  connaissons  mieux  aujourd’hui  les 
mœurs  du  phylloxéra;  chaque  saison  ap- 
porte son  contingent  de  faits  nouveaux;  bien 
des  expériences  ont  été  faites  et  se  poursui- 
vent encore  ; tout  cela  ne  doit  pas  être  perdu. 

La  submersion  prolongée  en  automne  ou 
en  hiver  débarrasse  les  Vignes  du  phyl- 
loxéra. Nous  en  avons  un  exemple  tout  con- 
cluant chez  M.  Faucon.  La  commission 


;30‘J 

départementale  va  organiser  aux  portes  de 
Montpellier,  pour  le  mois  d’octobre  pro- 
chain, une  expérience  toute  pareille.  Les  ré- 
sultats, nous  n’en  doutons  pas,  seront  les 
mêmes  que  chez  M.  Faucon. 

Sans  perdre  de  temps,  partout  où  un  cours 
d’eau,  une  source  jaillissante  permettent 
d’inonder  le  sol,  les  propriétaires  doivent  se 
mettre  en  mesure.  L’opération  ne  présente 
pas  de  grandes  difficultés.  On  pourrait  peut- 
être  même  obtenir  de  bons  résultats  sur  les 
points  où  se  trouve  une  couche  d’eau  voi- 
sine de  la  surface.  Une  pompe  avec  une  lo- 
comobile,  peut-être  même  une  simple  noria, 
suffiraient  à maintenir  sous  l’eau,  pendant 
la  saison  pluvieuse,  un  ou  plusieurs  hec- 
tares de  Vignes.  Des  Luzernes,  des  prairies 
naturelles  sont  ainsi  arrosées  pendant  l’été  ; 
la  Vigne,  dont  les  produits  vont  devenir  de 
jour  en  jour  plus  rares  et  plus  chers,  pour- 
rait sans  doute  payer  les  frais  d’un  pareil 
mode  de  traitement. 

Depuis  deux  ans,  la  commission  dépar- 
tementale a fait  au  Mas  de  las  Serres,  chez 
M.  Fermaud,  de  bien  nombreux  essais.  Sans 
entrer  dans  des  détails  circonstanciés,  je 
dirai  seulement  que  sur  plus  de  cent  expé- 
riences, surveillées  avec  un  zèle  qui  ne  s’est 
jamais  démenti  par  MM.  Durand  et  Jean- 
nenot,  une  seule  paraît  devoir  donner  des 
résultats  satisfaisants. 

Le  visiteur  qui  examine  la  Vigne,  déjà  si 
malade  au  Mas  de  las  Serres,  est  frappé  de 
loin  par  l’aspect  de  deux  ou  trois  carrés  de 
vingt- cinq  souches,  contrastant  avec  tous 
les  autres.  Dans  ces  carrés,  les  feuilles  plus 
larges  sont  d’un  vert  plus  intense,  et  les  sar- 
ments, terminés  par  des  vrilles  et  de  nou- 
velles pousses,  paraissent  résister  victorieu- 
sement aux  atteintes  du  phylloxéra.  Est-ce 
là  une  vigueur  éphémère  qui  s’arrêtera 
bientôt?  Ces  souches  mûriront-elles  conve- 
nablement les  Raisins  qu’elles  portent  ? 
Nous  le  saurons  avant  peu.  Les  souches  qui 
se  distinguent  si  nettement  des  autres  ont 
été  arrosées  avec  une  vingtaine  de  litres 
d’urine  de  vache  ou  d’urine  humaine,  dans 
laquelle  on  avait  fait  dissoudre  1 p.  100  en- 
viron de  sulfure  de  potassium. 

Il  serait  vraisemblablement  difficile  de  se 
procurer  des  quantités  considérables  d’u- 
rine; mais  on  pourrait,  je  crois,  y suppléer 
au  moyen  du  guano  du  Pérou.  Le  guano,  à 
la  dose  de  100  kilog.  dans  1,000  à 1,200  li- 
tres d’eau,  donnerait  un  liquide  qui  se  rap- 
procherait beaucoup  de  l’urine.  C’est  là  un 
essai  qu’on  peut  tenter  avec  d’assez  grandes 
chances  de  succès. 


.il  U 


LE  PHYLLOXERA- 


Dans  ce  moment,  MM.  Loarer  et  Saint-  ! 
Pierre  combattent  le  phylloxéra  par  l’acide 
arsénieux  employé  à des  doses  variant,  par 
pied  de  souche,  de  10  à 250  grammes.  D’au- 
tres expérimentateurs  emploient  le  coaltar, 
Facide  phénique,  le  chlorure  de  chaux  ; on 
essaie  le  buttage  des  souches,  les  barbées 
comme  appâts,  proposés  par  M.  Lichtens- 
tein. Il  faut  attendre  encore  avant  de  se 
prononcer  sur  ces  divers  moyens. 

Grâce  aux  observations  de  M.  Faucon, 
nous  savons  que,  dès  le  milieu  de  juin,  les 
jeunes  phylloxéras  sortent  de  terre  et  cou- 
rent sur  le  sol  pour  aller  d’une  souche  à 
l’autre.  Une  légère  couche  de  chaux  vive 
en  poudre,  répandue  autour  des  points 
attaqués,  détruirait  probablement  un  grand 
nombre  de  ces  phylloxéras.  L’opération 
n’est  pas  très -coûteuse  ; il  ne  faut  pas  la  né- 
gliger. 

Les  insectes  redoutent  presque  tous  les 
odeurs  pénétrantes.  On  préserve  les  lainages 
par  l’emploi  du  camphre  et  de  la  térében* 
thine  ; quelques  plantes  de  Chanvre  suffi- 
sent, assure-t-on,  pour  éloigner  d’un  jardin 
potager  les  chenilles  qui  dévorent  les  Choux. 
On  se  trouverait  probablement  bien  de  ré- 
pandre sur  le  sol  des  Vignes,  dans  le  voisi- 
nage des  parties  atteintes,  du  coaltar,  de 
Facide  phénique,  des  huiles  lourdes,  des 
eaux  ammoniacales  du  gaz.  C’est  par  l’acide 
phénique  employé  ainsi  préventivement 
que  M.  Henri  Leenhardt,  à Sorgues,  con- 
serve une  jolie  Vigne  de  grenache,  au  mi- 
lieu d’une  commune  dont  tous  les  vignobles 
ont  péri  depuis  plusieurs  années. 

On  peut  encore,  comme  moyen  préventif, 
mettre  trois  ou  quatre  corbeilles  de  sable 
pur  au  pied  des  souches  préalablement  dé- 
chaussées. Il  est  certain  que  les  terrains 
franchement  sablonneux  ne  sont  pas  atta- 
qués par  le  phylloxéra,  ou  que  du  moins 
les  progrès  de  l’insecte  y sont  extrêmement 
lents.  Des  observateurs  consciencieux  affir- 
ment que  le  phylloxéra  ne  peut  presque  pas 
avancer  dans  le  sable  ; ils  comparent  le 
phylloxéra  dans  le  sable  à une  mouche  em- 
pêtrée dans  du  miel.  Ce  fait  a été  plusieurs 
fois  signalé,  et  dernièrement  encore  d’une 
façon  plus  précise  par  M.  le  vicomte  de 
la  Paillone.  Il  n’en  coûte  pas  beaucoup  d’es- 
sayer. 

Il  faudrait  que  dans  chaque  commune  de 
nombreux  propriétaires  se  préparassent 
ainsi  à la  lutte;  les  commissions  officielles 
ne  peuvent  tout  faire  ; elles  doivent  indi- 
quer la  route,  donner  des  conseils  ; mais  le 
succès  ne  peut  être  espéré  que  par  le  con- 


cours de  tous  les  hommes  d’initiative  et  de 
progrès. 

Sur  la  demande  de  la  Société  d’agriculture 
de  l’Hérault,  le  ministre  de  l’agriculture 
vient  de  confier  à M.  Planchon  la  mission 
d’aller  aux  États-Unis  étudier  la  maladie  de 
la  Vigne  et  tout  ce  qui  concerne  le  phyl- 
loxéra." On  comprend  l’importance  de  la 
mission  donnée  au  savant  professeur.  Nous 
sommes  tous  à peu  près  convaincus  que  le 
phylloxéra  nous  est  venu  d’Amérique,  et 
qu’il  est  bien  l’insecte  appelé  pemphigus 
vitifoliœ  aux  États-Unis.  Il  est  indispensable 
cependant  qu’un  homme  connaissant  bien 
le  phylloxéra  du  midi  de  la  France  aille  vé- 
rifier l’identité  des  deux  insectes  et  dissiper 
tous  les  doutes,  s'il  pouvait  en  exister  en- 
core. 

Les  galles  produites  sur  les  feuilles  par  le 
phylloxéra  sont  très-communes  en  Amé- 
rique, à peu  près  introuvables  en  Provence 
et  en  Languedoc.  M.  Planchon  a passé 
de  longues  heures  à étudier  les  moeurs  de 
l’insecte  ; nul  mieux  que  lui  ne  pouvait  cher- 
cher l’explication  d’une  anomalie  aussi 
bizarre. 

La  mission  de  M.  Planchon  ne  sera  pas 
toute  scientifique.  Il  est  une  question  de 
pratique  fort  importante,  intéressant  les  viti- 
culteurs plus  à coup  sûr  que  les  recherches 
de  science  pure,  et  qu’il  faut  éclairer  à tout 
prix. 

Trouverons-nous  aux  États-Unis  certains 
cépages  complètement  à l’abri  du  phyl- 
loxéra, ou  du  moins  pouvant  lui  résister  vic- 
torieusement? Je  ne  reviendrai  pas  sur  les 
conséquences  décisives  d’un  pareil  fait;  elles 
sautent  aux  yeux. 

Déjà,  en  mai  1871,  j’ai  exposé  avec  détail 
la  possibilité  de  régénérer  nos  vignobles 
par  les  cépages  des  États-Unis.  Nous  con- 
serverions les  cépages  américains,  s’ils  nous 
donnaient  du  bon  vin  en  quantité  suffi- 
sante ; dans  le  cas  contraire,  nous  nous  en 
servirions  comme  porte-greffes  de  nos  beaux 
plants  du  Midi.  Depuis  lors,  le  temps  n’a 
pas  été  perdu. 

J’ai  reçu,  il  y a dix-huit  mois,  de  Saint- 
Louis  du  Missouri,  une  centaine  de  sar- 
ments enracinés  appartenant  à treize  va- 
riétés différentes.  J’ai  eu  soin  de  les  faire 
planter  sur  divers  points  de  la  Provence  et 
du  Languedoc,  en  contact  avec  des  Vignes 
puceronnées.  Je  ne  puis  donner  de  détails 
circonstanciés  sur  ces  plantations];  ce  serait 
allonger  beaucoup  trop  un  article  déjà  bien 
long.  Je  dirai  seulement  que  sur  trois  points, 
dans  le  voisinage  de  Montpellier,  deux  de 


FUCHSIA  SYULNGÆFLORA. 


ces  cépages  américains  poussent  vigoureuse- 
ment et  sont  jusqu^à  aujourd'hui  respectés 
par  le  phylloxéra,  quand  à côté  d’eux  de 
jeunes  aramons  et  des  carignans  meurent 
les  racines  couvertes  de  pucerons.  Il  y a 
donc  une  lueur  d’espoir. 

Il  aurait  fallu  des  essais  plus  nombreux 
pour  avoir  des  résultats  concluants.  Malheu- 
reusement, ces  expériences  sont  assez  dif- 
ficiles et  coûteuses.  Les  plants  qu’on  m’a 
envoyés  de  Saint-Louis  du  Missouri,  en 
1872,  coûtaient  50  centimes  le  pied,  et  ceux 
que  j’ai  fait  venir  celte  année  sont  arrivés 
tout  à fait  secs,  et  n’ont  pu  pousser.  Le  mi- 
nistre de  l’agriculture  avait  bien  aussi,  en 
1802,  envoyé  une  certaine  quantité  de  plants 
américains,  mais  ils  ont  tout  simplement 
servi  à faire  des  pépinières  sur  des  points 


311 

non  encore  attaqués.  11  serait  donc  témé- 
raire de  se  prononcer  trop  vite. 

M.  Planchon,  pendant  son  séjour  aux 
Etats-Unis,  précisément  au  moment  de  la 
maturité  du  Raisin,  étudiera  cette  question 
sur  toutes  ses  faces,  et  dissipera  nos  doutes. 
C’est  surtout  à ce  point  de  vue  que  la  mis- 
sion confiée  au  savant  professeur  aura,  je 
l’espère,  des  résultats  féconds. 

Puissions-nous  être  assez  heureux  pour 
trouver  un  cépage  résistant  au  phylloxéra. 
Nous  pourrions  alors,  avec  une  véritable 
confiance,  faire  entrevoir  des  jours  meilleurs 
à nos  populations  agricoles  si  cruellement 
éprouvées. 

Gaston  Bazille, 

Vice-président  de  la  Société  d’agriculture 
de  l’Hérault. 


FUCHSIA  SYRINCÆFLORA 


Le  Fuchsia  syringœflora  est-il,  comme 
l’affirment  certains  botanistes,  une  variété 
du  F.  arhorescens,  Sims.,  qui  est  originaire 
de  Mexico?  Nous  ne  pouvons  le  dire  : ce 
que  nous  n’hésitons  pas  à affirmer,  c’est 
que  c’est  le  plus  beau  du  genre,  le  roi  des 
Fuchsias,  pourrait-on  dire.  Pourtant,  loin 
d’être  une  nouveauté,  c’est  une  de  ces  vieil- 
leries qui,  bien  qu’introduite  depuis  long- 
temps, n’a  jamais  guère  franchi  les  limites 
de  quelques  jardins  botaniques  où  elle  était 
à peine  remarquée.  Sous  ce  rapport,  nous 
rappellerons  l’observation  que  nous  avons 
déjà  faite  de  la  similitude  qu’on  peut  très- 
souvent  établir  entre  les  plantes  et  les  gens. 
On  remarque  en  effet  que,  chez  les  unes 
comme  chez  les  autres,  il  en  est  qui  auraient 
pu  rendre  de  grands  services  si  on  les  eût 
mieux  appréciés  et  qu’on  les  eût  mis  là  où 
ils  devaient  être.  Toute  chose  est  bien  quand 
elle  est  à sa  place,  dit-on  ; c’est  vrai. 

En  examinant  la  figure  coloriée  ci-contre, 
et  qui  pourtant  est  des  mieux  réussies,  nous 
éprouvons  un  regret  : qu’elle  ne  donne 
qu’une  idée  imparfaite  de  la  beauté  de  l’es- 
pèce qu’elle  représente.  Qu’on  se  figure,  en 
effet,  une  plante  dont  la  tige,  d’environ 
1 mètre  de  hauteur,  portant  dans  ses  deux 
tiers  supérieurs  des  branches  nombreuses, 
étalées  en  verticilles,  garnies  d’un  très-beau 
feuillage  et  terminées  par  une  panicule  ra- 
cémiforme  composée  de  plusieurs  centaines 
de  fleurs  d’un  rose  des  plus  tendres,  et  l’on 
pourra  juger  ce  que  devait  être  l’individu 
sur  lequel  a été  coupé  le  rameau  qui  a servi 
à faire  la  figure  coloriée  que  nous  avons 


fait  représenter.  Cet  individu,  placé  dans 
une  sqrre  chez  MM.  Thibaut-Keteleer,  hor- 
ticulteurs à Sceaux,  y a fait,  pendant  l’hi- 
ver 1872-1873,  l’admiration  de  tous  ceux 
qui  l’ont  vu. 

Après  cette  sorte  de  prologue,  fait  en  vue 
d’indiquer  les  caractères  généraux  du 
F.  syringœflora,  nous  allons  essayer 
d’en  donner  une  description  scientifique. 
Voici  : 

Arbrisseau  très-vigoureux,  pouvant  at- 
teindre 2 mètres  de  hauteur,  très-ramifié,  à 
branches  verticillées,  étalées,  nombreuses, 
diminuant  successivement  de  longueur,  de 
manière  à constituer  une  belle  tête  conique. 
Feuilles  atteignant  8-15  centimètres  de  lon- 
gueur sur  25-35  millimètres  de  largeur, 
fortement  ner\ées,  à nervures  latérales  sail- 
lantes en  dessous,  subelliptiques,  atténuées 
en  pointe  au  sommet,  très-longuement  ré- 
trécies vers  la  base  ; pétiole  gros,  rouge,  de 
8-15  millimètres.  Fleurs  très-nombreuses, 
d’un  très-beau  rose,  ainsi  que  toutes  les  ra- 
mifications qui  les  portent,  disposées  en  une 
sorte  de  grappe  paniculée  qui,  en  rappelant 
l’inflorescence  du  Lilas,  justifie  la  qualifica- 
tion syringa^flora  (à  fleurs  de  Lilas)  qu’on 
a donnée  à cetle  espèce,  longuement  tubu- 
lées,  à quatre  divisions  calycinales  très-lon- 
gues et  étroites,  promptement  réfléchies. 
Sur  le  tube  calycinal,  à 4 pétales  d’un  rose 
très-clair,  étalés,  plus  de  moitié  moins 
longues  que  les  sépales,  sont  insérées  des 
étamines  beaucoup  plus  longues  que  les  pé- 
tales, formant,  par  leur  réunion,  une  sorte 
de  faisceau  à filets  d’un  rose  chair,  termi- 


DU  GENRE  CROTON^  SES 

nés  par  une  anthère  ovale  cordiforme  ; pol- 
len blanc. 

Le  F.  syringœflora  fleurit  d’octobre  en 
février,  c’est-à-dire  pendant  plus  de  trois 
mois,  et  même  les  jeunes  plantes,  placées 
dans  une  bonne  serre  tempérée,  succèdent 
aux  vieilles,  de  sorte  que,  très-probable- 
ment, si  l’on  avait  intérêt  à le  faire,  on  pour- 
rait en  avoir  une  partie  de  l’année  en  éche- 
lonnant le  développement  des  plantes.  La 
culture  est  des  plus  faciles  : une  terre  subs- 
tantielle, composée  de  terre  franche  et  de 
terreau,  soit  de  feuilles,  soit  de  fumier,  et 
surtout  de  gadoue  des  rues,  lui  convient 
parfaitement.  Si  Lon  ajoute  au  mélange  un 
peu  de  terre  de  bruyère,  la  végétation  est 
beaucoup  plus  rapide;  les  jeunes  plantes 
surtout  s’en  accommodent  tout  particulière- 
ment. Pour  avoir  de  belles  plantes,  voici 
comment  il  nous  semble  qu’on  devrait  pro- 
céder : faire  des  boutures  pendant  l’hiver, 
en  faisant,  pour  cela,  pousser  des  plantes 
mères  en  serre,  de  manière  à avoir  du  bois 
convenable  ; au  printemps,  de  bonne  heure, 
les  mettre  en  pleine  terre  dans  un  sol  pré- 
paré et  paillé  ; arroser  fortement  ; tailler  et 
pincer  au  besoin,  afin  d’obtenir  des  plantes 
bien  établies  et  d’une  bonne  forme;  faire  le 
dernier  pinçage  d’assez  bonne  heure  (juillet- 
août),  afin  que  les  pousses  puissent  se 
mettre  à fleurs , puis,  à l’approche  des  ge- 
lées, relever  les  plantes,  les  mettre  en  pots 
et  les  placer  dans  une  serre  où  elles  fleuri- 
ront vers  l’époque  indiquée  ci-dessus.  Ces 
plantes  ne  souffrent  même  pas  de  cette  mise 
en  pots.  Du  reste,  sous  ce  rapport,  nous 
nous  bornons  à donner  des  indications  gé- 

DU  GExNRE  CROTON,  SES 

Historique.  — Originaires  des  îles  de 
l’archipel  du  sud  et  des  îles  Salomon,  les 
Grotons  sont  appelés  à jouer  un  grand  rôle 
comme  végétaux  à feuillage  coloré,  soit  dans 
l’ornementation  de  nos  jardins  d’hiver,  soit 
dans  celle  de  nos  serres  chaudes  ; et  il  est 
peu  d’amateurs  qui  aujourd’hui  déjà  ne  pos- 
sèdent au  moins  un  échantillon  ou  deux  de 
ces  plantes  si  remarquables  par  la  forme 
plus  ou  moins  bizarre  de  leurs  feuilles,  leur 
coloris  vif  et  tranché,  enfin  par  leur  port, 
qui,  tantôt  grêle,  tantôt  touffu,  est  toujours 
élégant. 

Il  y a peu  d’années  encore  que  le  C.  ti- 
glium  étaient,  le  C.  sehiferum,  et  à peu 
près  les  seuls  connus,  mais  seulement  dans 
quelques  jardins  botaniques  privilégiés, 


ESPÈCES,  SA  CULTURE. 

nérales  et  comme  devant  servir  de  guides. 
Nous  signalons  cette  espèce  aux  fleuristes 
parisiens,  en  la  leur  recommandant  comme 
pouvant  faire  une  très-bonne  plante  de 
marché.  Il  ne  nous  paraît  pas  douteux  non 
plus  que,  dans  les  départements  du  sud-est, 
sud  et  sud-ouest  de  la  France,  le  F.  syrin- 
gœflora pourra  passer  en  pleine  terre  et  y 
former  des  arbustes  d’un  très-grand  mérite 
ornemental.  Peut-être  même  pourrait-on 
l’essayer  dans  le  centre  de  la  France,  en  le  i 
plantant  dans  une  position  abritée  et  en  j 
couvrant  les  pieds  avec  des  feuilles  ou  de  la  j 
litière  pendant  la  saison  des  froids;  et  dans  i 
ce  cas,  lors  même  que  la  tige  périrait,  il  est  ! 
à présumer  que  celles  qui  repousseraient  ! 
du  pied  acquerraient  assez  de  force  pour 
fleurir  à l’automne.  La  multiplication,  qui 
est  la  même  que  celle  de  tous  les  autres 
Fuchsias,  se  fait  très -facilement  par  bou- 
tures, en  toute  saison,  en  ayant  soin,  si  les 
boutures  sont  herbacées  et  couvertes  de 
feuilles,  de  les  placer  sous  des  cloches,  pour 
les  faire  enraciner.  Les  jeunes  plantes  doi- 
vent être  rentrées  dans  une  serre  tempérée 
ou  sous  des  châssis  dans  des  coffres,  en 
ayant  soin  de  les  placer  [près  du  verre.  Si  ^ 
l’on  avait  de  vieilles  et  fortes  plantes  en  pots  j 
ou  en  caisses,  on  pourrait  les  placer  dans  | 
une  serre  froide,  ou  même  dans  une  oran-  ; 
gerie  pendant  l’hiver,  ou  les  mettre  même  j 
sur  les  derrières,  puisqu’elles  perdent  leurs  ' 
feuilles.  On  peut  se  procurer  le  F.  syrin-  i 
gæflora  chez  MM.  Thibaut  et  Keteleer,  hor- 
ticulteurs à Sceaux  (Seine). 

E.-A.  Carrière  ; 


ESPÈCES,  SA  CULTURE 

lorsque  les  récentes  introductions,  dues  en 
grande  partie  à MM.  Veitch,  ont  produit  une 
si  profonde  sensation  dans  le  monde  horti-  ; 
cole  et  déterminé  un  engoûment  justement 
mérité,  du  reste  à peu  près  semblable  à ce- 
lui qu’avaient  déterminé  il  y a quelques  an- 
nées les  Caladium  de  M.  Bleu,  \qs>  Bégonia 
reæ,  les  Achimenes,  les  Gloxinia,  etc. 
Mais  tout  finit,  « s’use,  » comme  l’on  dit,  et  ; 
cède  la  place  à d’autres  ; et  le  temps  est  | 
proche  où  ces  plantes  naguère  si  recher- 
chées céderont  la  place  aux  Grotons,  aux  | 
Dracœna,  aux  Maranta,  etc.  I 

Les  plantes,  comme  toutes  choses,  sont 
sujettes  aux  changements,  ou  plutôt  aux  ca-  | 
prices  de  la  mode.  Pourquoi?  Deux  causes  j 
principales  semblent  hâter  leur  venue  et  les  j 


^ocreucc''.  deL-. 


Fuchsia  stjrnujO’^Yoï'a . 


Ch^orfZo7iiF7-G:  S&'Ver’syjzs . 


DU  GENRE  CROTON,  SES 

faire  dédaigner  ensuite  : la  trop  grande 

r|uantité  de  variétés  ; 2»  leur  trop  grande 
ressemblance  entre  elles.  Que  sont  devenus 
les  Coleus?  que  deviennent  les  Géranium^ 
Il  suffit  qu’une  variété,  qu’une  espèce  nou- 
velle, qui,  à peine  connue  hier,  apparaisse 
presque  subitement  dans  nos  cultures,  pour 
amener  à leur  suite  un  grand  nombre  d’au- 
tres qui  viennent  pendant  quelque  temps 
réjouir  l’amateur  et  l’horticulteur.  Ainsi 
seront  les  Grotons.  Qu’ils  résistent  long- 
temps, je  le  désire;  je  n’en  doute  même  pas, 
car  il  est  peu  de  végétaux  qui,  comme  eux, 
aient  la  beauté  et  la  durée. 

Description.  — Les  Grotons  appartien- 
nent à la  grande  famille  des  Eupborbiacées, 
qui  a des  représentants  dans  toutes  les  ré- 
gions du  globe.  Ils  forment  le  genre  prin- 
cipal de  la  quatrième  tribu  : les  Crotoneœ. 
Ils  contiennent  un  suc  très-irritant.  Le  C. 
tiglium  seul  est  employé  en  médecine.  Par 
leur  développement,  ils  acquièrent  les  pro- 
portions d’un  arbuste,  touffu  et  trapu.  La 
tige  est  rugueuse,  rarement  lisse,  marquée 
souvent  à la  partie  supérieure  d’empreintes 
que  laissent  les  pétioles  des  feuilles  en  tom- 
bant. Les  feuilles,  de  formes  excessivement 
variées,  sont  alternes  (dans  le  G.  \discolor, 
elles  semblent  opposées  de  distance  en  dis- 
tance), simples,  pétiolées,  linéaires,  ellip- 
tiques ondulées,  interrompues,  etc.,  etc.; 
point  de  stipules,  comme  dans  beaucoup  de 
genres  de  cette  famille.  L’inflorescence  est 
en  épi,  les  uns  portant  des  fleurs  pistillées, 
les  autres  des  fleurs  staminées,  mais  tou- 
jours réunies  sur  le  même  pied.  Les  fleurs, 
qui  sont  pétalées  et  à préfloraison  valvaire,  se 
composent  de  trois  pétales  distincts  et  trois 
étamines.  Les  fleurs  femelles  se  composent 
d’un  ovaire  libre,  sessile,  de  trois  styles  re- 
courbés. Le  fruit  est  une  élaterie  à trois 
loges  polyspermes  s’ouvrant  à la  maturité 
en  trois  valves  avec  élasticité. 

Jusqu’ici,  peu  ou  point  d’hybridations. 
Une  fécondation  vient  d’étre  opérée  à l’éta- 
blissement Linden,  et  a parfaitement  réussi. 
Les  graines  ont  mûri  en  trois  mois.  Se- 
mées immédiatement,  elles  sont  levées  dans 
l’espace  de  huit  jours. 

Description  des  principales  espèces. 
— Toutes  les  espèces  cultivées  sont  dues  à 
l’importation  des  botanistes-voyageurs,  et 
leur  nombre  s’est  accru  en  peu  d’années 
d’une  manière  considérable.  Les  plus  re- 
nommées, celles  que  l’on  peut  cultiver  avec 
le  plus  de  succès,  sont  : 

G.  cornutum,  Ed.  André.  — Espèce  à 
port  ramassé,  touffu,  à écorce  grisâtre. 


ESPÈCES,  SA  CULTURE.  3)3 

Feuilles  dressées,  longues  de  15  à 20  cen- 
timètres, larges  de  15  à 20  millimètres,  el- 
liptiques, spatulées,  portées  sur  un  pétiole 
court,  cylindrique  ; limbe  couleur  vert 
foncé,  parcouru  par  une  nervure  jaune  clair. 
La  singularité  de  ces  feuilles,  dont  le  règne 
végétal  ne  nous  offre  aucun  exemple,  est  un 
appendice  filiforme  situé  à l’extrémité  du 
limbe,  2 centimètres  environ  au-dessous  du 
sommet,  formé  par  une  nervure  médiocre 
qui  se  prolonge  en  une  corne  longue  de 
quelques  centimètres,  et  dressée. 

G.  aucuhœfolium,  Veitch.  — Espèce 
distincte.  Port  et  feuillage  assez  analogue  à 
celui  de  VAcuhajaponica.  Feuilles  longues 
de  20  à 25  centimètres,  larges  de  10  à 12,  d’un 
vert  foncé,  luisant,  recouvertes  de  larges 
macules  jaunes  ; nervures  bordées  de  rouge. 

G.  Veitchi.  — Splendide  espèce.  Feuilles 
d’une  beauté  éclatante,  elliptiques,  longues 
de  25  à 35  centimètres,  larges  de  20  à 
25  millimètres.  Toutes  les  nervures  pren- 
nent des  teintes  qui  vont  successivement  du 
jaune  vif  au  carmin. 

G.  tomentosum.  — Espèce  spéciale 
n’ayant,  ainsi  que  le  G.  sehiferum,  aucun 
rapport  avec  ses  congénères.  Feuilles  larges, 
cordiformes,  longuement  pétiolées,  toutes 
tomenteuses. 

G.  interruptum,  Veitch.  — Plante  des 
plus  singulières  et  des  plus  curieuses  par 
la  forme  des  feuilles,  dont  le  limbe  étroit, 
linéaire,  vert  foncé,  parfois  ponctué,  ma- 
culé de  jaune  vif,  est  souvent  rétréci,  manque 
parfois  absolument,  et  ne  laissant  çà  et  là 
que  la  nervure  médiane. 

G.  nUlicuium,  Veitch.  — Feuilles  larges 
de  10  à 12  centimètres,  longues  de  15  à 20. 
La  partie  inférieure  du  limbe,  ainsi  que  les 
veines  et  veinules,  sont  d’un  pourpre  toncé 
et  carmin  vif;  la  partie  supérieure  vert 
pourpré.  Espèce  très-vigoureuse. 

G.  maximum,  Veitch.  — Espèce  robuste, 
à végétation  luxuriante.  Feuilles  larges  de 
12  centimètres  environ,  à nervure  médiane 
et  nervures  secondaires  d’un  jaune  doré  ; 
bords  frangés,  d’un  vert  olive. 

G.  undulatum,  Veitch.  — La  plus  belle 
du  genre  comme  coloris,  et  aussi  l’une  des 
plus  vigoureuses.  Port  touffu.  Feuilles  on- 
dulées, d’un  vert  foncé,  maculées  de  points 
écarlates  dans  les  sujets  adultes,  jaune  vif 
chez  les  jeunes  plantes. 

G.  Johannis,  Veitch.  — Port  grêle. 
Feuilles  presque  linéaires,  longues  de  50  à 
70  centimètres,  larges  à peine  de  4 à 5,  re- 
courbées, d’un  vert  obscur,  marquées'  de 
quelques  taches  jaune  vif. 


OlO- 


DU  TUlUiEVA  NUCll'EDA  A PROPOS  DES  SEXES. 


C.  irregiilare,  Veitch.  — Feuilles  trian- 
gulaires, élargies  à la  base,  allongées  en 
pointe  vers  le  sommet,  boursoufflées  ; face 
et  nervure  médiane  maculées  de  jaune. 

C.  Wesmamii,  Veitch.  — Nouvelle  et 
splendide  espèce  peu  commune.  Feuilles 
elliptiques  allongées,  courtement  pétiolées  ; 
veines  et  veinules  d’un  jaune  d’or,  se  déta- 
chant sur  un  fond  vert  foncé. 

C.  angustifolium , Veitch.  — Espèce 
d’une  bonne  vigueur,  à port  compact, 
touffu.  Feuilles  étroites,  longuement  lan- 
céolées, un  peu  élargies  à la  base  ; nervure 
médiane  jaune  passant  au  rouge,  à limbe 
d’un  vert  foncé,  sur  lequel  se  détachent  de 
nombreux  points  jaunes. 

A ces  espèces,  on  pourrait  ajouter  le  C. 
pictu7riy  le  C.  HooJierii,  le  C.  multicolor, 
VElegans,  etc.,  etc. 

Culture.  — Pour  réussir  dans  la  cul- 
ture des  Grotons,  il  faut,  comme  pour 
tous  les  végétaux  exotiques,  avoir  à sa  dis- 
position une  serre  chaude  dont  on  tient 
constamment  l’alrnosphère  humide,  condi- 
tions qui  les  rapprochent  de  celles  qu’ils 
trouvent  dans  leur  pays  : les  îles  de  l’Ar- 
chipel, les  îles  Salomon,  etc.  Ils  exigent  un 
endroit  éclairé,  mais  toujours  à l’abri  des 
rayons  solaires,  et  en  été,  à l’époque  de  la 
végétation,  des  seringages  journaliers.  Ils 
aiment  une  terre  maigre  (une  bonne  terre 
de  jarditi,  un  peu  sableuse,  est  celle  où  ils 
végètent  le  mieux,  surtout  lorsque  les  sujets 
sont  arrivés  à l’état  adulte);  cependant,  le 
compost  le  plus  employé  pour  élever  les 
jeunes  plantes  dans  l’établissement  Linden 
est  composé  comme  suit  : terre  forte,  deux 
sixièmes  ; terre  de  feuilles  (bruyère),  deux 
sixièmes  ; sphagnum,  en  petite  quantité  ; 
sable,  un  sixième;  cendres,  un  sixième.  Le 
tout  bien  mélangé.  Pour  les  jeunes  bou- 
tures récemment  reprises,  le  sphagnum 
remplace  les  cendres,  et  entre  dans  la  pro- 
portion de  deux  sixièmes  dans  le  mélange. 
Les  rempotages,  sans  avoir  une  époque  pré- 
cise, se  font,  annuellement,  vers  le  com- 
mencement du  printemps. 

Lorsque  les  sujets  ont  atteint  une  certaine 
hauteur  (40  centimètres  environ),  il  est  bon 
de  procéder  au  pincement,  afin  de  leur 
donner  une  forme  régulière  (plus  ou  moins). 


et  surtout  d’empècher  que  la  végétation  se 
porte  plus  d’un  côté  que  d’un  autre.  On  sup- 
prime donc  l’extrémité  à laquelle  naissent 
ordinairement  trois  ou  quatre  rameaux.  Le 
supérieur  est  conservé  et  laissé  libre.  Les 
autres  sont,  au  moyen  de  tuteurs,  dirigés  et 
maintenus  dans  des  directions  opposées. 
Lorsque  ces  rameaux  ont  atteint  40  à 50  cen- 
timètres de  longueur,  ils  sont  de  nouveau 
pincés,  et  ceux  qui  se  développent  alors 
laissés  libres.  De  cette  manière,  on  obtient 
en  quelques  années  des  plantes  d’une  forme 
et  d’une  régularité  parfaites. 

Multiplication,  greffe.  — Les  Crotons 
se  multiplient  au  moyen  de  boutures  faites 
avec  du  bois  bien  aoûté,  opération  qui  peut 
avoir  lieu  en  toute  saison.  Ces  boutures, 
toujours  munies  de  feuilles  à la  base,  sont 
placées  sous  les  châssis  d’une  serre  à mul- 
tiplication, enfoncées  dans  un  mélange  de 
sable,  cendres,  terre  de  bruyère  ou  vieille 
tannée.  Elles  s’enracinent  assez  prompte- 
ment. Les  soins  à donner  aux  jeunes  plantes 
sont  des  plus  simples.  Après  l’émission  des 
racines,  elles  sont  successivement  rempotées 
dans  des  petits  godets  et  privées  pendant 
quelques  jours  de  l’influence  de  l’air  exté- 
rieur. 

On  leur  donne  un  compost  comprenant 
un  mélange  de  terre  de  bruyère,  trois  sixiè- 
mes; spagnum,  deux  sixièmes;  cendres, 
un  sixième  ; sable,  un  sixième. 

L’emploi  du  sphagnum  a pour  effet  de 
rendre  la  terre  plus  légère  et  constamment 
chargée  d’humidité,  sans  toutefois  permettre 
la  stagnation  de  l’eau,  qui  ferait  prompte- 
ment pourrir  les  racines. 

Lorsqu’on  veut  obtenir  plusieurs  variétés 
sur  le  même  pied,  on  a recours  à la  greffe. 
La  greffe  par  approche  est  la  seule  employée 
dans  cette  opération.  On  la  pratique  ordi- 
nairement au  printemps. 

Les  Grotons  sont  très-fréquemment  atta- 
qués par  les  thrips,  qui  rongent  l’épiderme 
j inférieure  des  feuilles,  ce  qui  leur  donne 
une  couleur  de  rouille.  Des  lavages  à l’eau 
de  savon  fréquemment  répétés  les  garan- 
tissent de  l’invasion  de  ces  insectes  si  re- 
doutables, connus  sous  le  nom  vulgaire 
d’araignée  rouge. 

Ez.  Madelain  fils. 


DU  TORREYA  NUCIFERA  A PROPOS  DES  SEXES 

Lorsqu’on  a affaire  à des  plantes  soit  mo-  ! sur  la  répartition  des  sexes.  C’est  surtout 
noïques,  soit  dioïques,  il  est  souvent  diffî-  | chez  les  Conifères,  et  dans  certains  genres 
cile  de  se  prononcer  d’une  manière  absolue  ! particulièrement,  que  les  difficultés  sont 


ru  TOKP.EYA  NUCIFERA  A PROPOS  DES  SEXES. 


315 


$:ran(les,  que  la  cliOse  est  parfois  presque 
impossible. 

Déjà  à plusieurs  reprises,  notamment 
dans  notre  Traité  des  Conifères,  édition, 
pp.  47,  721  et  743,  nous  avons  cherché  à 
appeler  l’attention  sur  la  variabilité  des 
sexes  et  leur  inégale  répartition  chez  ces 
plantes,  surtout  eu  égard  à certains  genres, 
par  exemple  aux  Juniperus,  Cephalotaxus, 
et  enfin  aux  Taxus.  Cette  question,  d’une 
haute  importance,  et  qui  peut  avoir  des  con- 
séquences de  premier  ordre  lorsqu’il  s’agit 
de  la  sexualité  des  végétaux,  nous  engage  à 
y revenir  de  nouveau  à propos  du  genre 
Torreija,  dont  les  caractères  sexuels  ne 


Fig.  29.  — Rameau  mâle  du  Torrexja  nucifera, 
de  grandeur  naturelle. 

Fleur  détachée,  grossie  trois  fois. 


ces  caractères  agissent  sur  le  faciès,  et 
qu’ils  donnent  souvent  aux  plantes  un  as- 
pect tout  particulier. 

Cette  particularité,  qui  probablement 
s’applique  à d’autres  espèces  de  Juniperus, 
pourrait  peut-être  expliquer  la  multiplicité 
qu’on  a faite  d’espèces  qui,  pour  beaucoup, 
ne  sont  probablement  que  des  formes  d’un 
même  type.  » 

Relativement  au  genre  Cephalotaxus,  en 
ce  qui  concerne  les  sexes,  l.  c.,  p.  721, 

' nous  écrivions  ce  qui  suit  : 

« Le  genre  Cephalotaxus  est-il  franche- 
ment dioïque?  Je  n’oserais  l’affirmer,  ayant 
vu  sur  certains  individus  des  rudiments 
d’organes  dont  les  sexes  étaient  ambigus.  Ce 
n’est  toutefois  qu’une  hypothèse  que  j’émets, 
afin  d’attirer  Tattention  sur  la  monoïcité  ou 


nous  paraissent  pas  très-bien  connus,  et  à 
reproduire  les  quelques  passages  auxquels 
nous  venons  de  faire  allusion,  et  qui  nous 
paraissent  de  nature  à jeter  quelque  jour 
sur  cette  question. 

A propos  du  Juniperius  virginiana, 
nous  écrivions,  l.  c.,  p.  47,  les  lignes  sui- 
vantes : ((  Je  ferai  pour  le  J.  virginiana  une 
observation  importante  : c’est  qu’on  trouve 
entre  la  monoïcité  et  la  dioicité  tous  les 
intermédiaires.  En  effet,  il  y a des  individus 
exclusivement  mâles,  d’autres  exclusive- 
ment femelles,  et  d’autres  enfin  qui,  à des 
degrés  différents,  portent  les  deux  sexes. 
Ce  qui  est  encore  à remarquer,  c’est  que 


la  dioicité,  particularités  qui,  chez  beau- 
coup de  genres  de  Conifères,  sont  très-mal 
définies,  et  qui,  chez  certains  genres,  me 
paraissent  très-mal  connues,  et  présen- 
ter même  des  anomalies  assez  singu- 
lières, fait  que  j’ai  déjà  signalé  en  parlant 
des  Juniperus.  Comme  il  y a chez  une 
même  espèce  des  individus  très-fertiles  et 
d’autres  qui  le  sont  très-peu,  il  serait  pos- 
sible que  l’on  trouvât  aussi,  dans  la  dispo- 
sition des  sexes,  des  intermédiaires,  comme 
cela  a lieu  pour  les  Juniperus,  c’est-à-dire 
des  individus  qui  démontrent  que  la  mo- 
noicité  et  la  dioicité  n’ont  rien  d’absolu.  Je 
ne  serais  même  pas  surpris  que,  dans  des 
semis  de  plantes  dioïques,  il  se  produisît 
des  plantes  monoïques,  et  vice  versâ. 

((  Relativement  à l’ordre  d'apparition  des 


316 


JARDINIER  ET  HORTICULTEUR. 


sexes,  il  n’y  a non  plus  rien  d’absolu,  et 
bien  que  le  sexe  mâle,  en  général,  paraisse 
avant  le  sexe  femelle,  il  y a pourtant  des 
cas  où  le  contraire  a lieu,  où  les  fleurs  fe- 
melles se  montrent  avant  les  fleurs  mâles.  » 

Au  sujet  des  Ifs,  nous  écrivions  (l.  c., 
p.  743)  ce  qui  suit  : 

((  ...Tous  les  auteurs  qui  ont  décrit  le 
genre  Taxus  ont  considéré  ce  genre  comme 
étant  dioïque;  en  est-il  vraiment  ainsi?  Oui, 
d’une  manière  relative;  non,  d’une  manière 
absolue.  Dans  ce  cas  encore,  en  ce  qui  con- 
cerne la  sexualité  des  Taxus,  il  en  est  à 
peu  près  comme  des  Jiiniperus,  peut-être 
aussi  comme  des  Cephalotaxus  : on  trouve 
tous  les  degrés  intermédiaires  de  fertilité. 
Certains  individus  se  couvrent  annuelle- 
ment de  fruits  ; d’autres  en  produisent  très- 
peu,  tandis  qu’il  en  est  qui  n’en  donnent  ja- 
mais : ils  n’ont  en  général  que  des  fleurs 
mâles.  Je  ne  doute  pas  qu’il  n’y  ait  des  in- 
dividus complètement  dioïques  ; mais  ce 
dont  je  ne  doute  pas  non  plus,  c’est  qu’il 
y en  a qui  ne  le  sont  pas.  » 

Telle  était  notre  opinion  en  1867,  lorsque 
nous  écrivions  notre  Traité  des  Conifères  ; 
elle  n’a  pas  changé,  au  contraire  : les  ob- 
servations que  nous  avons  faites  depuis  les 
ont  confirmées,  en  y ajoutant  même  de  nou- 
velles preuves  que  nous  allons  indiquer,  et 
qui  forment  le  sujet  de  cet  article.  Toute- 
fois, puisque  nous  venons  de  parler  de  notre 
Traité  des  Conifères,  cela  nous  oblige,  ou 
du  moins  nous  fait  un  devoir  de  dire  quel- 
ques mots  des  caractères  du  genre  Torreya, 
que  nous  avons  indiqués,  et  qui  viennent  les 
modifier  un  peu. 

Les  différents  auteurs  qui  avaient  décrit 
ce  genre  avant  nous  l’avaient  indiqué  comme 
dioïque  (1).  Malgré  cela,  l’étude  que  nous  en 
avions  faite  nous  avait  convaincu  qu’il  était 
monoïque;  aussi,  l’avions-nous  indiqué 
comme  tel  dans  notre  l*"®  édition.  Mais  plu- 
sieurs personnes  compétentes,  notamment 
un  botaniste  très-distingué,  nous  ont  fait 
observer  que  le  fait  n’était  pas  certain  ; que 
nous  n’étions  « pas  assez  fort  » pour  tran- 

JARDINIER  ET 

Bien  que  la  signification  de  ces  deux  mots: 
jardinier  et  horticulteur,  soit  suffisam- 
ment connue  de  nos  lecteurs  pour  ne  laisser 

(1)  Tout  récemment  encore,  dans  le  16®  volume 
du  Prodrome^  de  M.  De  Candolle,  M.  Parlatore, 
p.  504  de  cet  ouvrage,  répétant  ce  que  tous  les 
auteurs  avaient  dit  avant  lui,  a écrit  que  le  genre 


cher  une  pareille  question,  pour  être  aussi 
affirmalif  que  nous  l’étions  ; que  c’était  nous 
exposer  en  soutenant  le  contraire  de  ce 
qu’avaient  avancé  des  savants  de  premier 
ordre,  etc.  Bref,  frappé  de  ces  observations, 
et  craignant  de  paraître  vouloir  être  plus  | 
fort  que  les  maîtres,  nous  revînmes  sur  rios  | 
dires,  ce  qui  explique  comment,  dans  la  | 
2®  édition  de  notre  Traité,  en  parlant  des 
Torreya,  au  lieu  de  monoïques,  nous  écri- 
vîmes dioïques,  ce  qui  nous  paraît  être  con- 
traire à la  vérité,  du  moins  en  ce  qui  con- 
cerne le  Torreya  nucifera,  ainsi  qu’on  va 
le  voir.  Un  pied  de  cette  espèce,  planté  dans 
l’école  de  botanique  du  Muséum  depuis  plus 
de  vingt-cinq  ans,  s’est  assez  bien  déve-  i 
loppé,  grâce  au  tuteur  qu’on  a eu  soin  de 
lui  mettre,  car  cet  individu  ayant  été  ob- 
tenu par  bouture  d’une  branche  latérale, 
jamais  il  ne  formera  de  flèche  ; ce  n’est  j 
donc  qu’à  l’aide  de  soins,  et  en  arrêtant 
constamment  l’élongation  des  branches  la- 
térales, qu’on  est  parvenu  à lui  faire  acquérir  ; 
environ  6 mètres  de  hauteur.  Depuis  plus  | 
de  quinze  ans  que  nous  observons  la  florai-  j 
son  de  cet  individu,  nous  n’avions  jamais  vu  ! 
que  des  fleurs  femelles  ; cette  année  seule- 
ment, et  sur  une  seule  branche,  nous  avons  I 
vu  en  très-grande  quantité  des  chatons  i 
mâles  (fig.  29)  ; les  chatons  femelles  (fig.  30), 
au  contraire,  qui  étaient  beaucoup  plus  nom-  iï 
breux,  se  trouvaient  sur  presque  toutes  les  l:< 
parties  de  l’arbre.  On  peut  donc  espérer  que,  i? 
contrairement  à ce  qui  a eu  lieu  jusqu’ici,  | 
les  fruits  acquerront  leur  complet  dévelop- 
pement,  et  les  graines  les  qualités  germina-  ; 
tives  nécessaires  pour  pouvoir  reproduire  i 
l’espèce.  S’il  en  advient  ainsi,  ce  sera  une 
chose  précieuse  au  point  de  vue  de  l’orne-  , 
ment,  car,  ayant  des  plantes  de  graines,  on  ; 
pourra  jouir  de  la  beauté  du  T.  nucifera,  'i 
qui  est  exceptionnelle,  et  dont  il  est  impos-  ;■ 
sible  de  se  faire  une  idée  par  les  quelques  j 
misérables  individus  qu’on  rencontre  çà  et  i 
1 à dans  les  cultures,  et  qui,  tous,  viennent  ' 
de  boutures  de  branches. 

E.-A.  Carrière. 

HORTICULTEUR  j 

aucun  doute  dans  leur  esprit,  il  nous  a paru  ! f i 
intéressant  de  répondre  à quelques  per-  i ! 
sonnes  qui,  donnant  la  même  interprétation 

i 

Torreya  est  dioïque^  ce  qui  n’est  pas,  du  moins  ■ 
d’une  manière  absolue,  ainsi  du  reste  qu’on  peut  le  j 
voir  d’après  l’article  que  nous  publions  ici.  i 

(Rédaction.)  j 


317 


SUR  LA  VÉGÉTATION  D 

à ces  noms,  se  sont  demandé  pourquoi  on 
ne  dit  pas  : « mon  garçon  horticulteur,  » 
au  lieu  de  : « mou  garçon  jardinier  ; » ou  : 
«mon  horticulteur,  » au  lieu  de  : « mon  jar- 
dinier. y> 

Eu  cherchant  l’étymologie  de  ces  termes, 
on  trouve  en  effet  qu’ils  sont  synonymes  dans 
la  plus  large  acception  du  mot,  et,  aussi, 
qu’ils  ont  la  même  source. 

Jardinier  est  dérivé  de  jardin,  qui  vient 
de  l’allemand  garden;  remontant  plus  haut, 
on  trouve  dans  le  meme  sens  le  vieux  fran- 
çais jard  ou  jars;  enfin  le  celte  ivard, 
gardy  qui  signifie  : lien  gardée  espace  en- 
clos ORDINAIREMENT. 

Horticulture  vient  du  latin  /lorfws,  jardin, 
et  du  français  culture. 

Ilortus  (employé  par  presque  tous  les  au- 
teurs latins  dans  le  sens  de  potager)  est  le 
même  radical  que  le  grec  chortos,  qui  veut 
dire  enclos.  Si  nous  poursuivons,  nous 
verrons  que  le  grec  chortos  a fourni  le  latin 
chor,  curtis,  enclos  rural,  d’où  le  mot 
français  : cour. 

De  ceci,  il  résulte  que  les  termes  jardi- 
nier et  horticulteur  ont  absolument  la 
même  origine. 

Mais,  avec  le  temps,  la  signification  d’hor- 
ticulteur a changé.  Vers  la  fin  du  XVH  siè- 
cle, des  jardiniers  se  sont  emparés  de  cet 
agréable  néologisme,  qui  ne  sert  qu’à  re- 
hausser cette  nohle  profession,  dont  la  livrée 
est  un  tablier  en  toile  bleue  orné  d’une 
poche  sur  le  devant.  Les  sociétés,  égale- 
ment, ont  vu  dans  cette  forme  latine  un  air 
de  noblesse  que  ne  semble  pas  avoir  le  mot 

SUR  LA  VÉGÉTATION  E 

Le  Bambou  croît  jusqu’au  nord  de  la 
Chine;  je  veux  dire  jusqu’aux  dernières 
pentes  méridionales  de  la  chaîne  mongo- 
' lienne  ; mais  il  est  toujours  abrité  contre  les 
I vents  froids,  auxquels  il  ne  pourrait  ré- 
sister (2). 

Passé  le  38®  degré  de  latitude,  sa  culture 
libre  n’est  plus  possible.  Encore,  dans  ces 
conditions,  ne  peut-il  arriver  qu’à  une  faible 
croissance,  suffisante  à son  rôle  de  plante 
ornementale,  mais  insuffisante  aux  sérieux 
usages  de  l’industrie  indigène,  à laquelle  il 

I 

! (1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  95. 

(2)  Rappelons  qu’il  s’agil  des  environs  de  Pékin  et 
que  la  partie  de  la  Chine  dans  laquelle  est  placée 
cette  ville  jouit  d’un  climat  extrême,  c’est-à-dire 
qu’il  y fait  un  froid  excessif  (jusqu’à  30  degrés)  en 
hiver,  tandis  que  les  chaleurs  de  l’été  sont  parfois  à 
peine  supportables. 


NORD  DE  LA  CHINE. 

jardinier.  La  première  société,  fondée  en 
1807,  à Édimbourg,  pour  favoriser  les  pro- 
grès du  jardinage,  s’est  immédiatement  in- 
titulée : Caledonian  horticultural  Society . 
Ces  jardiniers,  disons-nous,  ne  voulant  plus 
être  confondus  avec  La  Quintinie,  qui  s’in- 
titulait « jardinier  de  Louis  XIV,  » ou 
Claude  Mollet,  « jardinier  de  Henri  IV,  v 
ont  formé  une  secte  à part,  dont  le  but  est 
le  commerce. 

L’horticulteur,  aujourd’hui,  établi  à son 
compte,  s’occupe  spécialement  de  plantes 
d’ornement,  de  serre,  de  plantes  de  déco- 
ration ou  de  marchés,  etc.  Ces  plantes  sont 
soumises  à une  culture  spéciale,  dont  le  but 
est  la  vente.  Bientôt  la  qualification  s’est 
étendue,  et  successivement  s’est  appliquée  à 
d’autres  spécialités  qu’elle  a unies,  d’où  : 
les  horticulteur  s -maraîcher  s,  les  horti- 
culteurs-Répiniéristes,  les  horticulteur  s - 
fleuristes^  etc. 

La  signification  y arcfinier,  au  contraire,  est 
restée  dans  sa  sphère  première;  elle  a pres- 
que perdu  et,  aujourd’hui,  elle  ne  désigne 
plus  que  celui  qui  soigne  un  jardin,  qui  y 
travaille,  qui  est  « en  maison  bourgeoise.  » 
En  un  mot,  pour  bien  établir  une  diffé- 
rence entre  ces  deux  mots  : jardinier  et 
horticulteur,  on  peut  dire  que  pour  beau- 
coup de  gens,  le  premier  ne  rappelle  guère 
que  l’idée  d’un  homme  de  peine,  d’un  jour- 
nalier. Le  vide  tend  à se  faire  de  plus  en 
plus  entre  ces  deux  termes.  Dès  lors,  plus 
possibilité  de  dire  : « mon  horticulteur,  » 
dans  le  sens  de  « jardinier.  » 

F.  Barillet. 

[J  NORD  DE  LA  CHINE 

rend  de  si  importants  services.  Cependant 
les  Chinois  utilisent  ce  Bambou  du  nord  ; 
ils  juxtaposent  dans  le  sens  horizontal  une 
série  de  tiges,  et  ils  font  ainsi  des  voiles  pour 
les  bateaux;  ils  l’emploient  encore  à mille 
autres  usages  d’ordre  secondaire  sur  les- 
quels je  ne  dois  pas  m’arrêter  ici. 

J’insiste  un  peu  sur  cette  plante  si  inté- 
ressante, parce  que  je  sais  les  efforts  que 
l’on  fait  en  France  pour  l’acclimater  : les 
succès  obtenus  sont  déjà  considérables,  et 
ils  ne  sauraient  être  trop  encouragés  ; mais 
je  saisis  cette  occasion  pour  rappeler  que,  si 
les  envois  que  j’ai  faits  de  Pékin  n’ont  pu  ar- 
river sains  et  saufs  au  Jardin  d’acclimata- 
tion, il  n’y  a guère  à le  regretter  au  point 
de  vue  pratique.  La  Société  désirait  avoir 
des  espèces  du  Nord,  dans  la  pensée  que  ces 


: 


SÜK  LA  VÉGÉTATION  DU  NORD  DE  LA  CHINE. 


318 

espèces  seraient  assez  rustiques  pour  pou- 
voir être  essayées  clans  le  nord  de  la  France. 
Or,  je  crois  que  le  Bambou,  qui  pousse  si 
bien  dans  le  Midi,  peut  être  transporté  par- 
tout en  France,  à condition  qu’on  n’exigera 
de  lui  qu’un  développement  en  rapport  avec 
la  température  du  milieu  ambiant. 

Ainsi,  le  Bambou  du  nord  de  la  Chine  ne 
se  rencontre  que  comme  plante  ornemen- 
tale, et  s’il  n’est  protégé  par  des  clô- 
tures et  bien  abrité  des  vents,  il  dépérit  et 
meurt  (1). 

Presque  toutes  les  variétés  de  céréales 
sont  représentées  dans  la  région  que  nous 
étudions  : le  Sorgho,  le  Maïs  et  le  Millet  do- 
minent; le  Blé  est  rare.  Les  Chinois  leur 
donnent  un  soin  tout  particulier. 

On  croit  assez  communément  que  le  Riz 
est  l’aliment  le  plus  ordinaire  des  Chinois; 
ce  n’est  pas  exact.  Dans  le  Sud,  sa  cul- 
ture est  si  répandue,  que  chacun,  riches 
et  pauvres,  peut  en  user.  Mais,  dans  les 
provinces  du  Nord,  on  ne  peut  le  cultiver 
partout;  il  est  presque  un  aliment  de  luxe; 
il  coûte  plus  cher,  puisqu’il  e.st  acheté  au 
loin.  Les  riches  ne  s’en  privent  pas,  mais  les 
pauvres  n’en  mangent  qu’accidentellement. 
C’est  donc  au  Millet  qu’ils  ont  recours,  et 
l’on  ne  doit  pas  les  plaindre,  car  l’analyse  a 
démontré  qu’il  est  plus  nourrissantque  le  Riz. 

Au  point  de  vue  agronomique,  il  existe, 
comme  on  sait,  deux  grandes  classes  de  Riz  : 
le  blanc,  qui  ne  vient  que  dans  l’eau;  le  sec 
ou  Riz  des  montagnes,  appelé  Riz  impérial 
en  souvenir  de  l’empereur  Cang-hi,  qui  l’a 
découvert  et  propagé  (2).  C’est  le  seul  qu’on 
trouve  au  nord  de  la  grande  muraille.  Son 
goût  est  agréable  ; son  grain  est  un  peu  rosé 
et  plus  allongé  que  celui  du  Riz  blanc.  Je 
n’insiste  pas  davantage  sur  ces  points  si  con- 


tl) Nous  croyons  que  les  observations  de  M.  Mar- 
tin, appliquées  aux  Bambous,  ne  doivent  pas  être 
prises  à la  lettre.  En  effet,  en  disant  : « le  Bambou 
du  nord  de  la  Chine,  » il  laisse  croire  qu’il  n’y  a 
(ju’une  espèce  de  Bambou  dans  cette  partie  de  l’em- 
pire, ce  qui  peut  paraître  au  moins  douteux  lors- 
qu’on réfléchit  au  rôle  immense  que  cette  plante 
joue  dans  cette  partie  de  l’Asie,  qu’elle  y est  d’un 
usage  à peu  près  général,  soit  pour  les  construc- 
tions, soit  pour  fabriquer  une  foule  d’objets  ou 
ustensiles  ménagers  ou  industriels.  C’est  du  reste 
un  fait  mis  à peu  près  hors  de  doute  par  les  échan- 
tillons qui  nous  arrivent  de  temps  à autre  de  la  par- 
tie septentrionale  de  la  Chine.  {Note  du  rédacteur.) 

(2)  Ici  nous  devons  reconnaître  que  les  temps  ont 
bien  changé  et  qu’en  Europe  du  moins,  si  nous  en 
jugeons  par  ce  qui  existe  de  nos  jours,  les  empe- 
reurs s’occupent  de  toute  autre  chose  que  de  recher- 
cher des  plantes  utiles.  Le  règne  de  Triptolème  est 
loin  de  nous.  Toutefois  ; nous  ne  blâmons  pas,  nous 
constatons  des  faits.  C’est  de  l’histoire. 


' nus  ; je  veux  cependant  essayer  d’élucider 
I une  question  qui  n’est  pas  sans  intérêt. 

: Le  P.  Grosier  dit,  dans  son  ouvrage,  qu’il 

existe  un  Riz  blanc  et  un  Riz  rouge.  Il 
donne  ainsi  à croire  que  ce  sont  deux  es- 
' pèces  naturelles  distinctes.  J’ai  recherché  ce 
Riz  rouge,  et  j’ai  pu,  en  effet,  trouver  dans 
' le  commerce  des  grains  d’un  rouge  plus  ou 
I moins  brun,  jamais  bien  uniformes  de  cou- 
leur, ce  qui  déjà  me  faisait  suspecter  l’im- 
: portance  naturelle  spécifique  de  cette  cou- 
I leur.  D’autre  part,  la  saveur  du  grain  est  à 
I peu  près  la  même  que  celle  du  Riz  blanc. 

! Bref,  nous  avons  conclu  qu’il  ne  s’agit  là  que 
I d’une  coloration  due  à un  commencement 
de  fermentation.  Aussi,  commercialement, 
! le  Riz  rouge  est  inférieur  au  Riz  blanc  ; il 
■ coiïte  moins  cher,  et  on  ne  le  voit  jamais 
sur  la  table  des  riches.  Je  me  suis  demandé 
s’il  n’y  avait  pas  là  une  altération  compa- 
rable à l’ergotisme  ; mais  les  Chinois  ne  se 
sont  jamais  aperçus  d’accidents  apprécia- 
bles. Il  s'agit  donc  d’un  simple  change- 
ment moléculaire  ne  conférant  aucune  pro- 
priété toxique,  et  conséquemment  sans 
importance  hygiénique. 

Les  rizières  se  rencontrent  surtout  au 
nord  de  Pékin,  parce  qu’elles  se  trouvent  là 
sur  le  parcours  des  rivières  et  des  ruisseaux 
I sortant  des  montagnes.  Il  semblerait  que  les 
grandes  chaleurs  de  l’été  doivent  donner 
naissance  aux  miasmes  des  marais.  Cepen- 
I dant  l’endémie  paludéenne  n’existe  pas,  au 
I moins  d’une  façon  appréciable. 

I Un  mot  encore  à propos  du  Riz. 

I On  l’a  aussi  divisé  en  Riz  ordinaire  et 
Riz  glutineux.  Le  premier  est  le  seul  qui 
soit  exporté  : il  est  d’autant  meilleur  qu’il 
se  cuit  plus  aisément  et  sans  se  réduire  en 
bouillie  ; l’autre,  le  glutineux,  a été  appelé 
ainsi  parce  qu’à  une  certaine  cuisson,  les 
graines  s’agglomèrent  et  forment  une  sorte  de 
! purée  désagréable.  C’est  ce  que  le  mot  glu- 
j tineux  exprime,  et  il  serait  peut-être  plus 
I juste  d’y  substituer  le  mot  gélatineux, 

’ car  l’expression  glutineux  donne  l’idée  de 
gluten,  et  peut  faire  croire  que  ce  Riz  en 
renferme  plus  que  l’autre,  tandis  qu’il  n’en 
est  rien.  Mais  les  Chinois  utilisent  cette  pro- 
priété agglutinative,  et  ils  en  font  un  pain 
qu’ils  mélangent  plus  ou  moins  de  farine  de 
Blé  et  de  Maïs. 

Le  Sorgho  est  très-répandu  dans  cette 
région.  Il  y en  a plusieurs  espèces  ; la  prin- 
cipale est  celle  que  les  Chinois  appellent  le 
Kao-lean.  Il  atteint  jusqu’à  3 mètres  de 
hauteur.  Sa  graine  donne  un  alcool.  Elle  est 
la  principale  nourriture  du  cheval  et  du  mu_ 


SUR  L.\  VÉGÉTATION  DU  NORD  DE  LA  CHINE. 


319 


let.  Sa  lige  succulente  sert  aussi  de  paille 
comestible  aux  animaux,  et  pendant  l’hiver 
de  combustible  aux  pauvres. 

Bien  que  la  Pomme  de  terre  ait  été  in- 
troduite en  Chine  depuis  le  commencement 
du  siècle,  elle  n’a  pas  jusqu’ici  fait  de  sen- 
sibles progrès.  Bans  les  provinces  du  Sud, 
les  étrangers  s’en  occupent,  dans  leur  inté- 
rêt tout  au  moins.  Dans  celles  du  Centre, 
les  missionnaires  trouvent  en  elle  une  res- 
source très-précieuse,  et  peu  à peu  les  ha- 
bitants s’y  accoutument;  ils  l’appellent  la 
Patate  des  musulmans,  parce  qu’ils  la  croient 
apportée  par  eux,  et,  comme  on  le  sait,  le 
nombre  des  musulmans  s’accroît  chaque 
jour  en  Chine.  Probablement,  s’ils  savaient 
que  ce  sont  les  Européens  qui  l’ont  ap- 
portée, ils  se  montreraient  plus  indifférents 
pour  elle.  Car,  d’une  manière  générale,  on 
peut  dire  que,  à priori  et  systématiquement, 
tout  Chinois  répugne  à ce  qui  lui  vient  d’Oc- 
cident.  Bien  que  je  ne  veuille  pas  justifier 
( une  disposition  d’esprit  national  qui  a jus- 
: qu’ici  empêché  et  empêchera  peut-être  tou- 
i jours  ce  peuple  d’entrer  de  bonne  volonté 
I dans  le  concert  des  autres  nations,  je  dois 
i pourtant  reconnaître  qu’il  a quelques  rai- 
sons non  décisives,  mais  au  moins  discuta- 
: blés,  d’agir  ainsi.  Je  laisse  cette  grave  ques- 
1 tion  étrangère  à mon  sujet  ; mais  je  fournirai 
un  exemple  frappant  de  ce  sentiment  d’op- 
position : la  vaccine  commence  à se  répandre 
parmi  la  société  chinoise;  mais  que  d’efforts 
il  a fallu  et  il  faudra  encore  pour  la  faire  dé- 
finitivement accepter  ! 

Dans  les  campagnes,  lorsqu’un  mandarin 
' intelligent  et  convaincu  veut  s’en  occuper, 
il  est  obligé  de  cacher  l’origine  étrangère  de 
i cette  pratique  : il  publie  que  c’est  une  dé- 
i couverte  impériale,  et,  grâce  à ce  strata- 
i gème,  ces  braves  Chinois  laissent  là  leur 
! antique,  insuffisante  et  souvent  dangereuse 
inoculation,  et  prennent  la  vaccine  (1). 

IUn  autre  exemple  est  relatif  au  Baisin, 
dont  je  parlerai  plus  loin.  La  variété  à jus 
noir  fut  introduite  par  les  premiers  mission- 
naires. Eh  bien  ! il  n’en  existe  plus.  Quant 
à moi,  je  n’en  ai  trouvé  que  dans  un  seul 
endroit;  c’est  dans  le  jardin  du  cimetière  ca- 
tholique où  reposent  les  cendres  respectées 
par  les  Chinois  de  ces  savants  illustres  qui 
étaient  venus  leur  apporter  tant  de  bienfaits 
aujourd’hui  effacés. 

(i)  Nous  constatons,  à regret,  que  de  tout  temps 
et  dans  tous  les  pays,  rien  n’est  difficile  à faire 
comme  le  bien,  que  [le  plus  souvent  le  recomman- 
der ne  suffit  pas,  qu’il  faut  l’imposer. 

(Note  du  rédacteur.) 


Je  reviens  à la  Pomme  de  terre,  qui  se 
propage  dans  le  Sud  avec  assez  de  rapidité  ; 
mais  dans  le  Nord,  et  notamment  aux  en- 
virons de  Pékin,  les  Chinois  ne  la  cultivent 
pas.  B y a bien  quelques  jardiniers  qui  s’en 
occupent,  mais  c’est  pour  les  vendre  aux 
Européens  qui  résident  à Pékin,  et  dont  ils 
en  reçoivent  un  prix  très-rémunérateur.  La 
preuve,  c’est  que  je  n’en  ai  jamais  vu  sur 
les  marchés  de  la  ville.  La  population  con- 
somme une  grande  quantité  de  Patates  et 
d’ignames. 

La  Patate  est,  depuis  plusieurs  années, 
acclimatée  en  Europe;  mais  il  ne  semble 
pas  qu’elle  ait  encore  fait  une  concurrence 
sérieuse  à notre  Solanée. 

J’en  dirai  autant  de  l'Igname,  et  j’ajou- 
terai qu’elle  n’est  pas  cultivée  (je  crois) 
comme  elle  devrait  l’être.  Je  connais  plu- 
sieurs personnes  qui  s’en  sont  occupées  et 
ont  fini  par  y renoncer.  Je  suppose  que  leur 
insuccès  tient  à ce  qu’on  donne  à l’Igname 
des  terrains  préparés  comme  pour  la  Pomme 
de  terre,  c’est-à-dire  des  terrains  secs.  Il 
lui  faut,  au  contraire,  des  terrains  hiimides, 
facilement  perméables,  car  sa  racine  est  pi- 
votante, et  si  elle  est  gênée  dans  sa  direc- 
tion perpendiculaire,  elle  souffre  et  s’arrête 
dans  son  développement.  Sans  que  l’Igname 
et  la  Patate  puissent  prétendre  détrôner 
notre  Solanée,  elles  peuvent  lui  être  un  utile 
auxiliaire  depuis  que  la  maladie  de  notre  pré- 
cieux tubercule  semble  avoir  revêtu  un  ca- 
ractère chronique. 

Les  Chinois  ne  se  plaignent  pas  de  la  ma- 
ladie de  l’Igname  et  de  la  Patate.  Elles  sont 
faciles  à cultiver  et  poussent  à peu  près  par- 
tout. 

Autour  des  villes,  les  potagers  sont  en- 
tretenus avec  un  soin  extrême,  et  irrigués 
par  des  procédés  ingénieux  et  simples.  Sous 
ce  rapport  également,  les  progrès  de  l’in- 
dustrie étrangère  ne  sollicitent  pas  le  Chi- 
nois : il  regarde  avec  indifférence,  sinon 
avec  dédain,  nos  inventions  et  nos  machines, 
et  demeure  immobile  et  comme  stéréo- 
typé dans  sa  civilisation  tant  de  fois  sécu- 
laire. 

Et  s’il  fabrique  des  vaisseaux,  des  canons, 
des  fusils,  de  la  poudre,  d’après  les  procé- 
dés et  avec  des  ingénieurs  européens,  c’est 
qu’il  ne  s’avoue  pas  vaincu  et  songe  à re- 
commencer la  lutte. 

Les  potagers,  disais-je,  sont  bien  aména- 
gés. Les  légumineuses  de  toutes  sortes 
abondent,  ainsi  qu’une  variété  infinie  de  Cu- 
curbitacées.  L’Aubergine  atteint  des  dimen- 
sions inconnues  chez  nous. 


320 


PlUMULA  CORTUSOIDES  AMÆNA  ET  VARIÉTÉS. 


Leur  espèce  de  Choux  est  également 
bonne  pour  la  cuisson  et  pour  la  salade. 

Leurs  Radis,  Navets,  Carottes,  sont  beaux 
d’aspect,  mais  moins  savoureux  r^ue  les  nô- 
tres. Ils  font  fermenter  leurs  Navets  dans 
un  lic|uide  acidulé,  et  s’en  servent  comme 
d’un  condiment  pour  relever  leur  Millet  et 
leur  Riz. 

On  peut  dire,  d’une  manière  générale, 
que  tous  les  légumes  chinois,  au  moins  ceux 
du  Nord,  sont  moins  délicats  que  les  nôtres. 
Je  n’en  rechercherai  pas  ici  les  causes  : je  j 
serais  entraîné  trop  loin.  Je  tiens  seulement 
à affirmer  le  fait  connu  de  tous  ceux  qui  ré-  ^ 


sident  en  Chine.  D’autre  part,  toutes  les 
graines  apportées  d’Europe,  quelques  pré- 
cautions qu’on  ait  prises  à les  choisir  et  à les 
transporter,  ne  donnent  que  des  produits  in- 
férieurs à la  première  récolte  et  dégénèrent 
ensuite,  au  point  de  décourager  et  de  faire 
abandonner  des  tentatives  nouvelles.  C’est 
I ce  qui  est  arrivé  à l’abbé  David,  qui,  pen- 
dant plusieurs  années,  a fait  des  essais  in- 
fructueux. On  peut  faire  à peu  près  les  mêmes 
remarques  à propos  des  fruits. (1). 

Martin. 

(La  (in  prockameu\ent.} 


l'KIMUJ.A  CORTUSOIDES  AMÆNA  ET  VAlUtTÉS 


On  a fait,  l’an  dernier,  beaucoup  de  bruit 
autour  du  Primula  Japonica.  A peine  cette 
plante  était-elle  déballée  chez  M.  William 
Rull,  à Chelsea,  qui  la  recevait  par  l’inter- 
médiaire de  M.  Hodgson,  consul  anglais  au 
Japon,  que  tous  les  échos  la  proclamaient  la 
c(  reine  des  Primevères.  » 

Cette  grande  habitude  d’aller  si  vite  à 
prôner  une  chose  presque  inconnue  est  très- 
funeste,  et  souvent  devient  la  source  d’un 
grand  nombre  de  déceptions. 

Nous  en  avons  encore  la  preuve  aujour- 
d’hui. La  Primevère  du  Japon,  déclarée 
c(  reine  » de  ce  genre  l’année  dernière,  vient 
de  descendre  du  Capitole,  et  y est  remplacée 
cette  année  par  le  Prinnda  cortusoides 
amœna. 

Celle-ci  est  très-rustique  et,  par  cela 
même,  devrait  être  plus  appréciée  qu’elle 
ne  l’est  réellement.  L’expérience  est  là  pour 
nous  convaincre  : voyez  les  jardins  d’Illford 
et  de  ChisAvick,  et  vous  serez  charmés  à la 
vue  des  magnifiques  bordures  de  cette 
plante,  qui,  malgré  les  pluies  incessantes  de 
la  dernière  saison  d’hiver,  n’en  a pas  moins 
donné  une  floraison  des  plus  brillantes. 

(1)  Ce  fait,  loin  d'étonner,  doit  faire  voir  que  la 
grande  loi  de  l’inlluence  des  milieux,  à laquelle  tout 
obéit,  est  la  principale  cause — sinon  la  seule  — qui, 
en  donnant  aux  êtres  particuliers  des  caractères  en 
rapport  avec  ces  milieux,  déterminent  les  formes  à 
l’aide  desquelles  les  savants  font  des  espèces.  La 


Le  Prinnda  cortusoides  anurna  doit  être  | 
planté  en  pleine  terre,  dans  une  position  | 

aérée,  et  dans  un  sol  composé  de  terre  i 

franche,  terreau  de  feuilles  et  sable. 

La  multiplication  s’opère  en  août  par  di-  j 
vision  des  touffes,  que  l’on  rempote  et 
qu’on  place  sous  châssis  froid  jusqu’à  com-  |‘ 
plète  reprise.  On  les  plantera  ensuite  en 
bordures  à la  place  qu’elles  doivent  occuper 
pour  fleurir  au  printemps  suivant. 

Cette  Primevère  peut  être  également  uti- 
lisée pour  la  garniture  des  rochers. 

En  résumé,  le  Primula  cortusoides  i: 
amœna  avait,  lors  de  son  apparition,  peu  | 
promis;  mais,  contrairement  à tant  d’autres, 
il  a beaucoup  tenu,  et,  sous  beaucoup  de 
rapports,  il  est  préférable  au  Primula  Ja- 
ponica.  Il  a donné  plusieurs  variétés,  dont 
l’une,  à fleurs  blanches,  n’est  pas  aussi  re- 
cherchée que  le  type;  les  hampes  sont  trop 
flexibles,  et  les  fleurs  ne  se  développent 
que  d’une  manière  imparfaite.  i 

Quant  à la  variété  à fleurs  de  couleur 
lilas,  elle  est  très-distincte  et  est  parfai-  [ i 
tement  digne  de  figurer  dans  nos  jardins.  | ] 

,J.  Jarlot.  : 

nature  fait  des  choses  ; l’homme,  en  créant  des  mots 
qu’il  leur  applique  afin  de  les  distinguer,  se  fait  des 
illusions  sur  son  mérite...  Les  remarques  qu'a  faites 
en  Chine  l’ahhé  David,  il  n’est  personne  qui  autour 
de  soi  n’en  connaisse  de  nombreux  exemples. 

{Note  du  rédacteur.) 


Orléans,  inip.  de  G.  Jacob,  Cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quinzaine  d’aout) 


Les  promenades  de  Paris^  par  M.  Alphand.  — Vente  des  plantes  de  ÎM.  Linden,  horticulteur  à Gand.  — 
Exposition  organisée  au  parc  de  la  Tète-dOr  par  le  Cercle  horticole  lyonnais.  — Nouvelles  variétés  de 
Fraises  de  M.  RiHaud.  — Vente  de  la  collection  de  plantes  de  M.  de  Jonghe  Van  Ellement.  — La 
maladie  des  Pommes  de  terre  : expériences  de  M.  Georges  Ville;  analogie  enlie  la  maladie  des 
Pommes  de  terre  et  la  maladie  de  la  Vigne.  — Communications  sur  le  phylloxéra  : note  de  M.  Henri 
Marcs  ; expériences  de  M.  Petit  : emploi  de  nouveaux  agents  de  destruction  du  phylloxéra.  — 
Phonnimn  lenax  à feuilles  panachées  : le  jardin  de  M.  Ilamond,  à Chei  hourg  ; lettre  de 
M.  Lafosse.  — Les  graines  d’essences  forestières  de  M.  d'Ounous.  — Exposition  de  Roses  à Spa:  lettre 
de  M.  Léon  de  Saint-Jean.  — Développement  d’un  pied  de  Cycas  revoluta  sous  rinlluence  des  engrais 
chimiques.  — Les  fausses  déclarations  dans  les  expositions  d'horticulture  : mesure  prise  par  la  Société 
d’horticulture  de  Marseille;  lettres  de  M.  William  Paul  et  de  M.  Walton.  — Emploi  du  jus  de  tabac 
contre  le  puceron  lanigère  : lettre  de  M.  Robinet.  — Greffe  de  la  Vigne  sur  le  Minier  du  Japon, 
pour  détruire  le  phylloxéra;  un  passage  de  Pline  ; rappel  aux  lois  de  la  physiologie  végétale. 


Commençons  celte  chronique  par  une 
bonne  nouvelle  : 

L’ouvrage  le  plus  remarquable  qui  ait  été 
fait  sur  les  jardins  est  sans  contredit  celui 
qui  a pour  titre  : Les  promenades  de  PariSj 
par  M.  Alphand.  Nous  nous  empressons 
d’informer  nos  lecteurs  que  ce  travail  gi- 
gantesque, véritable  monument  que,  dans 
ce  genre,  l’on  peut  considérer  comme  une 
merveille,  vient  d’être  terminé,  et  qu’on 
peut  se  le  procurer  chez  M.  Rotschild,  li- 
braire-éditeur, rue  des  Saints-Pères,  à Pa- 
ris. Nous  y reviendrons  dans  un  article  spé- 
cial, où  nous  essaierons  d’en  faire  un 
compte-rendu. 

— La  vente  des  plantes  de  M.  Linden, 
horticulteur  à Gand , annoncée  depuis 
quelque  temps,  mais  sans  date,  est  définiti- 
vement fixée  au  8 septembre  prochain  et 
jours  suivants.  Un  catalogue  sommaire  des 
collections  qui  sont  à vendre  est  à la  dispo- 
sition des  personnes  qui  voudront  en  faire 
la  demande. 

L’ordre  de  la  vente,  que  nous  extrayons 
du  catalogue,  est  ainsi  conçu  : 

Lundi  8 septembre.  — Orchidées  de  serre 
chaude  et  tempérée. 

Mardi  9.  — Orchidées  de  serre  chaude  et 
tempérée. 

Mercredi  10.  — Suite  et  fin  des  Orchidées  de 
serre  chaude  et  tempérée.  — Éditions  entières 
de  plantes  nouvelles  et  inédites,,  et  Introductions 
récentes  spéciales  à FÉtablissement. 

Jeudi  11.  — Orchidées  de  serre  froide. 

Vendredi  12.  — Palmiers,  Cycadées  et  Panda- 
j nées  en  spécimens  de  choix  en  grands  exem- 
plaires. 

Samedi  13.  — Palmiers  en  jeunes  plantes  bien 
caractérisées  et  en  potées. 

Lundi  15.  — Arbres  à fruits  des  tropiques; 

1er  SEPTEMBRE  1873. 


plantes  utiles,  officinales,  médicinales , véné- 
neuses, à épices,  etc.,  etc. 

Mardi  16.  — Plantes  de  serre  chaude  et  tem- 
pérée à feuillage  ornemenlal. 

Mercredi  17.  — Suite  des  mêmes  plantes,  et 
Broméliacées  et  Népenthes. 

Jeudi  18.  — Fougères,  Agaves,  Yuccas,  plantes 
de  serre  froide  et  de  plein  air. 

Vendredi  19.  — Plantes  à feuillages  pour  ap- 
partements et  plantes  variées  de  tout  ordre. 

— Les  18,  19,  20  et  21  septembre  1873, 
le  Cercle  horticole  lyonnais  fera  à Lyon, 
au  parc  de  la  Tête-d’Or,  une  exposition  à 
laquelle  tous  les  amateurs  et  horticulteurs 
français  et  étrangers  sont  priés  de  prendre 
part.  Tous  les  objets  horticoles  proprement 
dits,  ainsi  que  les  produits  industriels  se 
rattachant  à l’horticulture,  seront  admis. 

Les  demandes  d’admission  devront  être 
adressées  à M.  E.  Rohner,  secrétaire  de  la 
commission  d’organisation,  60,  avenue  de 
Noailles,  et  indiquer,  avec  les  noms  et 
adresses  des  personnes,  la  nature  et  le  nom- 
bre des  objets  qu’elles  se  proposent  d’ex- 
poser. 

— M.  Riffaud,  fraisiériste,  rue  Saint- 
Dominique,  10,  à Châlons-sur-Marne,  le 
digne  continuateur  du  docteur  Nicaise,  dont 
au  reste  il  était  la  « cheville  ouvrière,  » 
comme  l’on  dit,  informe  le  public  qu’il  va 
mettre  au  commerce  pour  la  première  fois, 
le  15  septembre  1873,  quatre  nouvelles  va- 
riétés de  Fraises  dont  il  est  l’obtenteur.  En 
voici  les  noms  et  la  description  : 

Aglaé  du  Bernet.  Fraise  très-grosse  et  grosse, 
presque  orbiculaire,  plus  largo  que  longue,  ver- 
millon clair,  chair  vermillonnée  à la  circonfé- 
rence et  blanche  au  centre,  beurrée,  sucrée, 
fondante,  Irès-parfumée.  Excellentissime. 


17 


322  CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  D’AOUT). 


Plante  d’une  vigueur  et  d’une  rusticité  remar- 
quables, fertile,  hâtive. 

Ed.  André.  Fraise  très-grosse,  en  cône  tron- 
qué, quelquefois  carrée  à son  sommet,  rouge  clair, 
chair  vermillonnée  et  blanche,  goût  framboisé 
remarquable.  Exquise. 

Plante  vigoureuse  et  rustique,  d’une  très- 
grande  fertilité,  tardive. 

Augustine  Chrétien.  Fraise  très-grosse  et 
grosse,  arrondie  et  aplatie,  rouge  clair,  chair 
blanche,  parfumée,  très-agréable,  fondante,  très- 
bonne. 

Plante  d’une  vigueur  moyenne,  fertile,  demi- 
liâtive. 

Comte  d'Esclaibes.  Fraise  grosse,  en  cône  ré- 
gulier, rouge  clair  vernissé,  chair  vermillonnée, 
parfumée,  peu  acidulée,  très-juteuse,  très-bonne. 

Plante  d’une  grande  vigueur,  très-fertile,  très- 
tardive. 

— Encore  une  collection  de  plantes  qui 
va  disparaître  ! ce  que  démontre  la  circulaire 
suivante,  que  nous  venons  de  recevoir  : 

— Vers  la  mi-septembre  prochain  se  fera,  par 
devant  notaire,  la  vente  publique  aux  enchères 
de  la  collection  A' Agaves^  Fourcroyas  et  Bes- 
chornerias  appartenant  à M,  de  Jonge  Van  El- 
lement,  royaume  des  Pays-Bas,  Oostkapelle,  pro- 
vince de  la  Zélande,  lez  Middelbourg,  à deux 
lieues  du  chemin  de  fer  de  Flessingue  à Roosen- 
daal,  Bruxelles,  Rotterdam  et  Cologne , et  dont 
plusieurs  exemplaires,  rigoureusement  étiquetés, 
sont  décrits  dans  prof.  Karl  Koch’s  Wochens- 
chrift, ann.  1871,  n»  35,  page  273,  et  dans  la 
Belgique  horticole  de  M.  le  prof.  Ed.  Morren, 
ann.  1871,  page  115. 

Le  catalogue  détaillé  de  la  vente  sera  expédié 
sous  peu  de  jours. 

Château  d’Overduin,  Oostkapelle  lez  Middel- 
hourg,  ce  8 août  1873. 

— Cette  année  1873,  qui  a été  relative- 
ment très-humide,  semble  avoir  été  parti- 
culièrement favorable  à la  maladie  des 
Pommes  de  terre.  En  effet,  de  tous  côtés, 
presque,  on  se  plaint  de  ses  ravages;  sur 
différents  points  même,  les  plantes  sont 
presque  complètement  mortes.  A quoi  donc 
est  due  cette  maladie,  sur  laquelle  on  n’est 
même  pas  fixé  quant  au  nom,  bien  que  des 
savants  s’en  soient  occupés?  Si  seulement,  à 
part  le  nom,  la  cause  était  bien  connue!  Sur 
ce  point  encore,  on  est  loin  d’être  d’accord. 
En  général,  pourtant,  on  semble  s’accorder 
à dire  qu’elle  est  déterminée  par  l’absence 
de  potasse.  Jusqu’ici  la  chose  pouvait  encore 
être  considérée  comme  une  hypothèse,  au- 
cune expérience  sérieuse  n’étant  venue  l’ap- 
puyer; on  avait  bien  annoncé  le  fait,  mais 
toujours  d’une  manière  vague  , aucune  dé- 
monstration scientifique  n’ayant  justifié  les 


quelques  faits  que  l’on  citait.  Maisaujourd’hui 
la  question  entre  dans  une  nouvelle  phase  : 
des  expériences  comparatives  sérieuses, 
faites  par  M.  le  professeur  Ville,  semblent 
devoir  donner  une  solution  à cette  question, 
qui  est  de  la  plus  haute  importance.  Les 
faits  dont  nous  parlerons  dans  un  prochain 
article,  et  dont  tout  le  monde  a pu  constater 
les  résultats  à Vincennes,  à l’École  expéri- 
mentale créée  et  dirigée  par  M.  Ville,  sont 
des  plus  satisfaisants  et  semblent  être  con- 
cluants. Là,  en  effet,  à côté  de  parcelles  for- 
tement attaquées  par  le  Peronospora  infes- 
tans,  on  en  voit  d’autres  qui,  placées  dans 
des  conditions  identiques  de  sol  et  d’exposi- 
tion, se  sont  conservées  parfaitement  saines. 
Les  expériences  dont  nous  parlons  ont 
cet  autre  et  immense  avantage  de  montrer 
la  grande  analogie  qui  semble  exister  entre 
la  maladie  des  Pommes  de  terre  et  celle  de 
la  Vigne,  — il  s’agit  pour  celle-ci  de  Voï- 
dium,  non  du  phylloxéra,  — puisque  des 
Vignes  placées  à côté  des  Pommes  de  terre 
et  soumises  au  même  traitement  ont  mon- 
tré des  elfets  tout  à fait  semblables,  ce  qui 
semble  indiquer  que  si  les  causes  ne  sont 
pas  tout  à fait  identiques,  elles  ont  néan- 
moins d’étroites  connexions,  et  que  les 
mêmes  traitements  pourraient  probable- 
ment leur  être  appliqués.  Nous  reviendrons 
sur  ce  sujet. 

— Les  communications  au  sujet  du  phyl- 
loxéra abondent  toujours  à l’Académie  ; 
mais,  malheureusement,  elles  portent  plu- 
tôt sur  l’étude  et  la  nature  du  fléau  que  sur 
les  moyens  de  le  détruire,  ce  qui,  pourtant, 
vaudrait  mieux.  Toutefois,  il  ne  faut  pas 
désespérer,  quelques  essais  ayant  donné  des 
résultats  qui  semblent  indiquer  que  pro- 
chainement on  arrivera  à une  solution  heu- 
reuse de  ce  terrible  problème.  Ainsi, 
M.  Henri  Marès  informe  l’Académie  que, 
parmi  diverses  expériences  qui  ont  été  faites, 
il  en  est  une  qui  a donné  d’assez  bons  résul- 
tats : c’est  l’arrosage  des  Vignes  attaquées 
avec  de  l’urine  provenant  soit  de  l’homme, 
soit  de  différents  animaux. 

Parmi  quelques  autres  expériences  faites 
sur  le  même  sujet,  il  en  est  une  qui  semble 
avoir  donné  des  résultats  encore  meilleurs 
que  la  précédente  ; l’auteur  de  cette  com- 
munication estM.  Petit,  lequel  déclare  avoir 
découvert  dans  la  chimie  industrielle  trois 
agents  à l’aide  desquels  on  pourra  arriver  à 
la  destruction  du  phylloxéra.  Ce  sont  : 

J O Le  goudron  tel  qu’on  l’obtient  parla 
distillation  de  la  bouille;  2^  l’eau  ammonia- 


323 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AOUT). 


cale  des  usines  à gaz  où  l’on  n’extrait  pas 
l’ammoniaque;  la  chaux  qui  sort  des 
épurateurs,  fraîche  ou  conservée  dans  des 
caisses. 

Cette  fois,  nous  n’avons  pas  seulement 
des  dires,  mais  des  faits  qui  semblent  ne 
laisser  aucun  doute  sur  la  valeur  du  procédé, 
qu’ils  paraissent  même  confirmer  ; ils  sont 
les  résultats  d’expériences  faites  sur  un  vi- 
gnoble situé  à Congéniès  (Gard).  Voici  ce 
qu’écrit  M.  Petit  : 

Première  opération.  — On  découvre  les  ra- 
cines principales,  et,  suivant  la  force,  l’âge,  la 
constitution  du  sujet,  on  verse  1 kilogramme  à 
Ik  500  de  goudron  sur  les  deux,  trois,  quatre 
racines,  ou  bien  on  divise  en  trois  ou  quatre 
parties  le  goudron,  et  on  le  verse  entre  les  ra- 
cines, ce  qui  forme  un  flocon  assez  gros,  que 
l’on  couvre  aussitôt  d’une  première  couche  de 
terre. 

On  verse  deux  litres  d’eau  ammoniacale  au- 
tour de  la  souche,  sur  la  direction  des  racines. 

3°  On  tamise  aussi  régulièrement  que  pos- 
sible 1^500  à 2 kilogrammes  de  chaux  fraîche 
des  épurateurs  à gaz,  sur  un  rayon  de  0^  35  au- 
tour de  la  souche,  et  l’on  a soin  de  la  couvrir 
parfaitement  avec  le  surplus  de  la  terre;  autre- 
ment l’odeur  flétrirait  les  feuilles,  si  l’opération 
venait  à se  pratiquer  en  mai  ou  juin. 

Trois  cents  souches  environ,  de  différents  cé- 
pages, ont  subi  ce  traitement.  Toutes  les  autres 
à l’entour,  au  nombre  de  plus  de  10,000,  sont 
actuellement  sèches  et  perdues. 

Le  propriétaire  n’avait  pas  voulu  en  traiter 
davantage.  Aujourd’hui  il  a pleine  confiance 
dans  le  résultat. 

Le  2 juin  dernier,  j’allai  visiter  ces  trois  cents 
pieds  de  souches;  je  les  trouvai  sains,  vigoureux 
et  robustes,  tous  chargés  de  pampres  comme 
dans  les  plus  belles  années  de  production. 

Je  fis  découvrir  les  racines  de  quelques  sou- 
ches du  milieu  ; il  n’y  avait  plus  de  phylloxéra  ; 
les  racines  étaient  brunes,  saines,  et  avaient  ré- 
paré les  attaques  du  suceur.  Le  goudron,  réuni 
en  flocons,  avait  conservé  toute  son  odeur;  il 
semblait  fraîchement  posé. 

J’allai  plus  au  bord  pour  voir  si  les  souches 
limitrophes  étaient  dans  le  même  état.  Sur  les 
grosses  et  moyennes  racines,  il  n’y  avait  plus  de 
phylloxéra;  seulement  les  plus  petites,  touchant 
aux  radicelles,  en  conservaient  quelques-uns, 
mais  très-rares.  Avec  la  loupe  je  constatai  qu’au 
lieu  d’être  d’un  jaune  clair  brillant,  ils  étaient 
devenus  d’un  brun  trouble  (comme  autrefois  les 
graines  malades  du  ver  à soie,  sauf  la  couleur), 
offrant  des  signes  visibles  de  décomposition, 
donnant  sur  le  papier  blanc  une  liqueur  jaunâtre 
sombre. 

Une  observation  essentielle,  c’est  que  toutes 
ces  souches  avaient  produit  de  nouvelles  racines, 
généralement  verticales,  à l’opposé  du  goudron; 
lorsque  le  goudron  en  avait  imprégné  le  dessus, 
elles  jetaient  des  pousses  en  dessous 


— A la  date  du  20  juillet  dernier,  un 
grand  amateur  de  plantes,  M.  Joseph  La- 
fosse,  nous  adressait  une  lettre  dont  nous 
extrayons  quelques  détails  qui  pourront  in- 
téresser nos  lecteurs.  Voici  : 

SaintCôme-du-Mont,  20  juillet  1873. 

Cher  Monsieur  Carrière, 

A l’époque  de  l’arrivée  de  S.  M.  le  shah  de 
Perse  à Cherbourg,  j’ai  eu  le  plaisir  de  passer 
quelques  journées  agréables  chez  M.  llamond 

Vous  annonciez  dernièrement  dans  la 

Revue  horticole  qu’un  pied  de  Phormium  fenax 
à feuilles  panachées  avait  fleuri  en  plein  air  à la 
Muette. 

11  y a aussi  en  ce  moment,  dans  le  jardin  de 
M.  Hamond,  au  centre  d’un  massif  d’Azalées  in- 
diennes, une  forte  touffe  de  cette  variété  qui  est 
en  fleur. 

Ce  pied  fut  acheté  chez  M.  Veitch,  à une 
époque  où  le  Phormium  panaché  était  extrême- 
ment rare  ; il  a été  planté  à la  place  qu’il  occupe 
en  ce  moment  dans  l’automne  1866  ; il  a sup- 
porté les  hivers  de  Cherbourg  depuis  cette 
époque,  sans  souffrir;  il  semble  même  plus  rus- 
tique que  l’espèce  type  à feuille  verte. 

La  touffe,  qui  ne  se  composait,  dans  le  prin- 
cipe, que  d’un  seul  rejeton,  en  comprend  huit 
maintenant.  Ses  grandes  feuilles,  larges  de 
10  centimètres  sur  1 mètre  et  plus  de  longueur, 
sont  admirablement  panachées  de  bandes  où  le 
jaune  pâle  et  le  vert  contrastent  l’un  avec  l’autre. 
Dans  les  localités  où  le  Phormium  peut  suppor- 
ter la  pleine  terre,  cette  variété  charmante  pren- 
dra rang  parmi  les  plantes  les  plus  hautement 
ornementales  ; pour  l’orangerie,  elle  n’a  pas  de 
rivale  à craindre. 

La  fleur,  que  je  vois  pour  la  première  fois, 
me  frappe  par  son  aspect  exotique  ; une  tige 
forte  et  raide  plus  grosse  que  le  doigt,  haute  de 
2 mètres,  porte  dans  sa  partie  supérieure  une 
douzaine  de  racèmes  alternes,  composées  chacune 
de  10  à 20  fleurs  érigées,  qui  rappellent  la  dis- 
position et  la  forme  des  Heurs  de  V Agave  ameri- 
cana. 

Ce  qui  m’a  surtout  frappé,  comme  je  viens  de 
le  dire,  c’est  le  faciès  et  le  coloris  particulier  de 
cette  hampe  florale  ; elle  a quelque  chose  de. 
métallique  ; l’on  dirait  que  la  tige  et  les  fleurs 
ont  été  fondues  d'un  seul  jet  en  bronze.  La  cou- 
leur, pour  toutes  ces  parties,  est  un  gris  bru- 
nâtre violacé  recouvert  d’une  pulvérulence 
glauque  ; les  étamines  seules  sont  saillantes  et 
d’un  rouge  orangé  vif. 

M.  Ternisien,  que  vous  connaissez,  étant  venu 
passer  la  soirée  avec  nous,  on  le  conduisit  natu- 
rellement devant  cette  fleur  de  Phormium  : « Il 
faut  convenir,  dit-il,  qu’elle  a la  couleur  et  l’as- 
pect du  bronze  florentin.  » Je  ne  lui  avais  pas 
cependant  fait  part  de  ma  première  impression, 
que  j’avais  notée,  et  qui  correspond  exactement 
avec  la  sienne. 

J’ai  vu,  il  y a quelques  années,  plusieurs  pieds 
de  Phormium  tenax  type,  en  fleur,  mais  je  n’ai 


324 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AOUT). 


plus  assez  présent  à la  mémoire  son  aspect  et 
son  coloris  pour  me  rappeler  s’il  est  identique, 
sous  ce  rapport,  avec  sa  variété  panachée. 

Je  n’entrerai  pas  dans  d’autres  détails,  pour 
cette  fois,  sur  le  magnifique  jardin  de  M.  Ila- 
mond  ; cependant,  je  ne  puis  m’empêcher  de 
vous  citer  une  espèce  bien  rare  qu’il  aura  eu 
l’honneur  d’avoir  introduite  et  acclimatée  à 
Cherbourg.  Contre  un  mur,  en  espalier,  vous 
pourriez  voir  un  pied  de  Fremontia  Californica^ 
haut  de  2 mètres  et  très-vigoureux.  Ce  bel  ar- 
buste, qui  offre  l’aspect  d’une  Malvacée  ligneuse, 
n’a  pas  encore  fleuri  ; il  n’a  jamais  souffert  du 
froid.  Comme  le  Phormium  à feuilles  panachées, 
ce  Fremontia  a été  acheté  chez  M.  Veitch,  de 
Londres. 

Nous  sommes  allés  passer  un  jour  chez  M.  Her- 
pin  de  Frémont,  à Brix  ; j’ai  été  émerveillé  de 
ses  succès.  Je  regrette  vraiment  de  ne  pouvoir 
vous  entretenir  cette  fois-ci  de  ce  jardin  hors  ligne. 

Il  est  facile  de  constater  que  depuis  quelques 
années,  tant  parmi  les  marchands  que  parmi  les 
amateurs,  l’horticulture  a fait  des  progrès  éton- 
nants à Cherbourg.  Sous  ce  rapport,  cette  ville 
ne  tardera  pas  à se  placer  en  première  ligne. 

Croyez-moi,  cher  Monsieur,  etc. 

P.-Joseph  Lafosse. 

— Dans  une  lettre  que  vient  de  nous 
adresser  notre  collaborateur,  M.  Léo  d’Ou- 
nous,  après  nous  avoir  dit  que  la  récolte  en 
graines  de  beaucoup  d’essences  forestières 
qu’il  possède,  telles  que  Cèdres,  Pins,  Celtis, 
Sophora,  Magnolia,  etc.,  s’annonce  très- 
bien  et  promet  même  d’être  abondante,  ce 
qui  lui  permettra  d’en  disposer  en  faveur 
des  personnes  qui  lui  en  feront  la  demande, 
ce  dont  nous  le  remercions,  ajoute  : 

Quoique  moins  éprouvés  par  les  gelées  prin- 
tanières, qui  ont  causé  tant  de  dégâts  dans  le 
nord  et  l’ouest  de  la  France,  les  arbres  fruitiers 
du  sud-ouest  ne  donneront  en  général  que  de 
faibles  produits  : des  Pêches  et  des  Poires,  peu  ; 
il  en  est  de  même  des  Pommes;  mais,  par  contre, 
les  Noix,  les  Amandes,  les  Châtaignes,  et  sur- 
tout les  Raisins,  sont  fort  beaux  et  en  grande 
abondance. 

Puis  il  termine  par  cette  bonne  nouvelle  : 

((  Peu  ou  point  d’oïdium;  pas  de  phyl- 
loxéra. y> 

— Au  sujet  de  ce  que  nous  avions  écrit 
dans  notre  chronique  du  août,  p.  282, 
relativement  à l’exposition  de  Roses  qui  a 
eu  lieu  à Spa  (Belgique),  nous  avons  reçu 
de  M.  Léon  de  Saint-Jean  la  lettre  suivante, 
que  nous  nous  empressons  de  publier.  La 
voici  : 

Monsieur  Carrière,  rédacteur  en  chef  de  la 
Revue  horticole,  Paris. 

Dans  votre  numéro  du  Rr  août  et  dans  la 


chronique,  j’ai  lu  avec  peine  un  paragraphe 
dans  lequel  l’exposition  de  Roses  de  Spa  était 
traitée  par  un  membre  du  jury  de  « fiasco  ». 

J’ai  eu  l’honneur  d’être  appelé  comme  membre 
du  jury  de  cette  exposition,  et  certes,  je  ne  suis 
point  de  l’avis  de  celui  qui  s’est  servi  de  ce 
terme-là. 

Bien  entendu,  je  ne  dirai  pas  que  c’était  une 
merveille;  mais  c’était  un  premier  essai,  qui 
a réussi  mieux  qu’on  ne  pouvait  l’espèrer;  aussi 
est-il  à peu  près  certain  que  si  l’année  pro- 
chaine la  ville  de  Spa  fait  une  nouvelle  exposi- 
tion de  Roses,  elle  sera  splendide. 

Paris,  Lyon,  Brie-Comte-Robert  et  les  villes 
horticoles  de  France  tiendront  à s’y  faire  repré- 
senter par  leurs  magnifiques  produits. 

Je  regrette  donc  cette  expression,  attendu 
que  c’est  jeter  une  défaveur  morale  et  sur  les 
produits  exposés  et  sur  les  exposants. 

Il  faut  encourager  par  tous  les  moyens  l’hor- 
ticulture en  France  et  à l’étranger,  mais  je  ne 
crois  pas  qu’il  soit  bon  de  faire  regretter  les  ef- 
forts faits  pour,  sinon  amener  à bien,  du  moins 
pousser  à la  stimulation  et  au  désir  de  mieux 
faire  en  vue  du  progrès  horticole. 

Je  vous  serais  infiniment  obligé  si  vous  me 
faisiez  l’honneur  d’insérer  ma  lettre  dans  votre  j 
prochain  numéro.  j 

Veuillez,  etc.  Léon  de  Saint-Jean,  ! 

Président  du  Congrès  des  rosiéristes. 

Nous  sommes  certainement  três-heureux  j 
d’avoir  l’occasion  de  nous  expliquer  et  de  ; 
faire  disparaître  l’idée  qu’on  aurait  pu  nous 
attribuer  de  jeter  un  blâme  sur  une  chose 
que,  au  contraire,  nous  cherchons  à encou- 
rager; mais  nous  ne  voyons  vraiment  pas  en 
quoi  nous  avons  pu  ((  jeter  une  défaveur  | 
morale  et  sur  les  exposants  et  sur  les  pro-  | 
duits  exposés,  » en  répétant,  sans  mauvaise  ) 
intention  aucune,  une  phrase  qui  nous  avait  j < 
été  dite  et  qui,  lors  même  qu’elle  eût  été  , I 
vraie,  n’enlevait  rien  au  mérite  de  l’exposi-  1 1 
tion,  qui  restait  alors  ce  qu’il  est.  Mais  il  y | : 
a plus,  et  il  nous  paraît  suffisamment  dé-  I j 
montré,  par  le  passage  dont  nous  terminions  j 
notre  article,  que,  loin  de  chercher  à ((  jeter  j 
un  blâme  sur  l’exposition,  » nous  étions  au  I 
contraire  peiné  d’apprendre  que  le  résultat  | 
n’avait  pas  été  satisfaisant,  et  comme  ce  n’était  | 
encore  qu’un  doute,  nous  exprimions  le  dé-  j < 
sir  d’être  détrompé,  ce  qui  ressort  claire- 
ment de  cette  phrase,  par  laquelle  nous 
terminions  notre  article,  et  que  nous  répé-  | 
tons  : I 

« ....  Nous  le  regrettons,  et  désirons  i 
qu’on  puisse  démontrer  le  contraire,  car  les  j sj 
déceptions  en  ce  genre  ne  sont  jamais  favo-  j ^ 
râbles  à personne;  l’horticulture  surtout  a | 
tout  à perdre.  » ; 

Aussi,  nous  le  répétons,  nous  sommes  i 
doublement  satisfait  : d’abord  d’apprendre 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  D AOUT). 


que  nos  craintes  étaient  mal  fondées,  que, 
par  conséquent,  nos  désirs  sont  en  partie 
réalisés,  et  surtout  de  l’occasion  que  nous 
fournit  M.  Léon  de  Saint-Jean  de  le  recon- 
naître et  de  lui  en  témoigner  publiquement 
notre  reconnaissance. 

— Un  fait  des  plus  remarquables,  peut- 
être,  est  le  développement  considérable, 
inusité,  anormal,  pourrait-on  presque  dire, 
qui,  en  très-peu  de  temps,  à l’aide  d’un  en- 
grais composé  par  M.  Ville,  professeur  au 
Muséum,  s’est  produit  sur  un  pied  de  Cycas 
revoluta,  Thunb.  En  effet,  au  moment  du 
bourgeonnement,  on  voyait  soixante-sept 
feuilles,  tendres  et  luxuriantes,  qui  par  leur 
uniformité  de  force  et  de  vigueur,  parais- 
saient s’être  développées  spontanément.  C’é- 
tait comme  une  sorte  de  buisson,  placé  au 
sommet  de  la  tige , en  un  mot  une  végéta- 
tion comme  jamais  peut-être  on  n’en  avait 
vue  jusque-là. 

Qui  avait  produit  un  tel  résultat?  A peine 
"200  grammes  d’engrais  pulvérulent  mis 
trois  semaines  environ  auparavant.  Cet  en- 
grais, après  avoir  été  placé  sur  la  terre  de 
la  caisse  préalablement  héquilléef  fut  légè- 
rement recouvert.  Ce  résultat  n’est  rien 
moins  que  merveilleux.  Mais  combien  d’es- 
sais de  ce  genre  ne  pourrait-on  faire  ! et 
qui  peut  dire  jusqu’où  l’on  irait!  Mais, 
aussi,  est-ce  à dire  qu’il  faille  employer  cet 
engrais  partout,  sur  tout,  et  toujours?  Évi- 
demment non.  Soutenir  une  pareille  opinion 
serait  faire  preuve  d’ignorance  et  aussi 
opposé  à la  raison  que  de  soutenir  qu’on 
peut  nourrir  tous  les  animaux,  l’homme  y 
compris,  avec  une  même  substance,  ce  qui 
serait  absurde  : un  fou  seul  pourrait  avoir 
cette  idée. 

Toutefois,  un  tel  résultat  doit  encourager 
à tenter  des  expériences  de  ce  genre,  ce  que 
nous  n’hésitons  pas  à conseiller,  en  recom- 
mandant toutefois  d’agir  avec  prudence.  On 
nous  a promis  d’intéressants  détails  sur  ces 
engrais  ; nous  nous  empresserons  de  les 
faire  connaître. 

— Depuis  bien  longtemps  déjà,  de  vérita- 
bles et  honorables  horticulteurs  se  sont 
plaints  d’une  sorte  de  fraude  qui  se  pratique 
presque  ouvertement  dans  un  très -grand 
nombre  d’expositions  horticoles,  et  qui  con- 
siste à exposer  des  plantes  qu’on  vient  par- 
fois de  se  procurer  ailleurs  et  qu’on  n’est 
même  pas  en  mesure  de  fournir.  On  com- 
prend qu’une  telle  manière  de  faire  est  dou- 
blement préjudiciable,  d’abord  en  trompant 


le  public  qui  alors  s’adresse  à la  personne 
qui  souvent  même  ne  peut  le  satisfaire  : 
ensuite  parce  qu’elle  nuit  an  producteur,  qui 
n’étant  même  pas  connu,  voit  une  autre  per- 
sonne être  récompensée  pour  les  travaux 
qu’il  a faits. 

Pour  empêcher  ces  ex  positions,  qu’on  est  en 
droit,  à ce  qu’il  semble  du  moins,  de  quali- 
fier d’illicites,  on  a bien  tenté  certains 
moyens;  par  exemple  on  a nommé  une  com- 
mission qui  avant  l’exposition  devait  se 
rendre  chez  ceux  qui  avaient  annoncé  vou- 
loir y prendre  part,  afit»  de  s’assiner  si  les 
objets  qu’ils  se  proposaient  d’exposer 
leur  appartenaient,  avaient  été  obtenus  ou 
cultivés  par  eux,  lorsqu’il  s’agit  de  végétaux. 
Mais  en  général  ces  sortes  de  visites,  lors- 
qu’on les  fait,  ne  sont  pas  assez  sérieuses  ; 
le  plus  souvent  l’on  se  borne  à quelques 
informations  plus  ou  moins  vagues,  qui 
sont  loin  de  conduire  au  but  que  l’on 
cherche  à atteindre.  Très-souvent  même  le 
cas  a été  prévu,  et  dans  le  programme  de 
l’exposition  on  insère  un  article  particulier. 
C’est  ce  que  vient  de  faire  la  Société  d’horti- 
culture de  Marseille,  relativement  à l’expo- 
sition dont  nous  avons  parlé  plusieurs  fois, 
et  qui  va  avoir  lieu  le  6 sep'eirdjre  prochain. 
Voici  un  extrait  du  progr  amme  : 

Les  légumes,  fruits,  plantes,  fleurs,  ar- 
bustes d’ornement,  etc.,  piéseniés  au  concours, 
devront  être,  drpttfs /ro/s  avo/.s,  en  la  possession 
des  exposants,  qui  à cet  « tfet  devront  faire  une 
déclaration  d’honneur.  Toutefois,  il  y aura  un 
prix  spécial  pour  les  plantes  nouvellement  reçues 
et  déclarées  comme  telles. 

Au  sujet  des  fraudes  dont  nous  parlons, 
un  horticulteur  bien  connu,  M.  William 
Paul,  de  Londres,  a publié  dans  le  Journal 
of  Horticulture,  n®  du  31  juillet  la  lettre 
suivante  : 

A M.  le  rédacteur  du /oMrwa/  of  Uorticidiure. 

Monsieur, 

Je  vous  envoie  la  copie  d’nne  lettre  que  j’ai 
reçue  hier,  afin  que  vous  en  tassiez  tel  usage 
que  vous  croirez  convenable. 

11  y a déjà  quelque  temps  que  l’on  entend 
dire  que  quelques  indiviilns,  peu  scrupuleux, 
concourent  pour  des  prix  et  les  gagnent,  en  em- 
pruntant ou  achetant  des  plantes  en  opposition  à 
celles  qui  sont  le  produit  du  liavail  et  de  l’intel- 
ligence. 

Ceux  qui  ne  considèrent  pas  l’intelligence  et 
le  travail  supérieurs  aux  écus  font  ce  métier  sans 
scrupules. 

11  y a déjà  bien  longtemps  que  je  suis  d’avis 
que  quelques  mesures  devraif  ni  être  prises  pour 
arrêter  ces  moyens  frauduleux  ; sans  cela  la  mo- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AOUT). 


326 

ralité  Je  nos  expositions  et  l’honneur  de  l’horti- 
culteur seront  gravement  compromis. 

Agréez^  etc.  William  Paul, 

Waltham  Cross,  Londres,  21  juillet  1873. 

Voici  la  copie  de  la  lettre  dont  parle 
M.  "William  Paul  : 

Ilaslingden,  20  juillet  1873. 

A M.  William  Paul. 

Monsieur, 

Veuillez,  je  vous  prie,  me  dire  par  retour  du 
courrier  si  vous  pouvez  me  fournir  douze  Pioses 
coupées  à la  fin  d’août,  pour  une  exposition  à 
cette  époque. 

Veuillez  me  faire  connaître  vos  conditions,  et 
agréez,  etc.  H.  Walton, 

Carr  Mill  Terrace,  Ilaslingden  (Lancashire). 

Les  faits  dont  il  vient  d’être  question  cons- 
tituent-ils une  véritable  fraude?  On  peut 
répondre  oui  et  non,  suivant  le  point  de 
vue  où  l’on  se  place.  C’est  une  question  que 
bien  des  fois  nous  avons  entendu  poser  et 
débattre,  mais  jamais  résoudre.  Nous  y 
revenons  en  appelant  de  nouveau  sur  elle 
toute  l’attention  qu’elle  mérite.  Toutefois, 
nous  croyons  qu’il  y a quelque  chose  à faire 
â ce  sujet  : selon  nous  il  faudrait  établir  deux 
catégories  de  concours,  les  uns  qui  compren- 
draient les  objets  produits  par  V exposant  ou 
son  représentant,  les  autres  dont  l’exposant 
est  seulement  l’acquéreur,  en  indiquant  en 
outre  l’origine  des  objets,  de  manière  à ser- 
vir la  science  et  à agir  en  même  temps  con- 
formément au  principe  d’équité  universelle 
cuique  suum..  A chacun  selon  ses  œuvres. 
De  cette  manière,  en  effet,  l’honneur  re- 
viendrait à qui  de  droit,  et  les  comptes-ren- 
dus des  expositions  formeraient  des  sortes 
d’archives  scientifiques  auxquelles  on  pour- 
rait recourir  au  besoin,  et  le  public  n’en 
serait  pas  moins  satisfait.  Que  désire  en 
effet  le  public?  Voir  de  belles  et  bonnes 
choses,  et  surtout  savoir  où  il  pourra  se  les 
procurer  ; quant  à l’origine,  il  ne  s’en  préoc- 
cupe pas.  lia  raison. 

— Notre  collègue  et  collaborateur,  M.  Ro- 
binet, chef  des  cultures  de  la  maison  Démouil- 
les, de  Toulouse,  nous  a adressé  une  lettre 
digne  d’intéresser  nos  lecteurs,  ce  qui  nous 
engage  à la  reproduire.  La  voici  : 

Toulouse,  20  juillet  1873. 

A M.  Carrière,  rédacteur  en  chef  de  la  Revue 
horticole. 

A PROPOS  du  phylloxéra  vastatrix. 

Tout  en  reconnaissant  les  insuccès  que  l’on  a 
éprouvés,  qndint  rü  phylloxéra  vastatrix /piscpCk 
ce  jour,  avec  vous  je  crois  que  ce  serait  u-ç^ 


grand  tort  de  se  décourager.  On  a entravé  les 
ravages  de  l’oïdium,  de  la  pyrale,  et  pourquoi 
n’alténuerait-on  pas  les  effets  désastreux  du  phyl- 
loxéra? Observons,  observons  sans  relâche,  et 
consignons  les  résultats. 

Il  y a quelques  années,  nous  eûmes  à nous  dé- 
barrasser du  puceron  lanigère  qui  avait  envahi 
un  cordon  de  jeunes  Pommiers,  plantés  depuis 
trois  ou  quatre  ans.  A cet  effet  nous  fîmes  bouil- 
lir, pendant  vingt  minutes  environ,  dans  de  l’eau, 
quelques  kilogrammes  de  déchet  de  tabac,  puis 
le  tout  fut  versé  dans  un  baquet  et  additionné  d’as- 
sez d’eau  pour  que  les  racines  des  arbres  arrachés 
pussent  y baigner  facilement.  Celte  immersion 
dura  un  quart-d’heure  environ. 

La  terre  des  trous  fut  changée,  et  les  arbres 
replantés  à la  môme  place  ; depuis  ce  temps  il  n’y 
a plus  trace  de  puceron  lanigère. 

Mais  à cette  occasion  il  se  passa  un  fait  très- 
intéressant,  sur  lequel  je  crois  devoir  appeler 
tout  particulièrement  l’attention.  Ainsi,  d’autres 
Pommiers  qui  étaient  également  atteints  par  le 
puceron  lamigère,  mais  qui  à cause  de  leurs 
dimensions  ne  pouvaient  se  déplanter,  furent 
également  débarrassés  par  cette  même  décoction 
qui  fut  versée  au  pied  des  arbres,  et  un  fait  très- 
curieux,  c’est  que  les  pucerons,  qui  étaient  aussi 
abondants  sur  les  parties  aériennes  qu’ils  l’étaient 
sur  les  racines,  disparurent  complètement. 

Il  y a un  mois  et  demi  environ,  après  avoir  fait 
laver,  avec  une  décoction  de  tabac,  des  Pommiers 
envahis  de  pucerons  lanigères,  je  fis  légèrement 
déchausser  les  arbres,  et  le  collet  ainsi  que  le 
bas  de  la  tige  furent  recouverts  d’une  petite 
couche  de  chaux  nouvellement  éteinte.  Malgré 
le  voisinage  des  Pommiers  couverts  de  puce- 
rons, aucuns  ne  sont  reparus  sur  les  arbres  ainsi 
traités.  Dans  d’autres  endroits  où  le  tabac  seul 
fut  employé,  le  puceron  reparut  quelques  jours 
après. 

Il  va  sans  dire  que  nous  ne  pouvons  affirmer 
que  les  pucerons  ne  reparaîtront  pas  sur  les 
Pommiers  chaulés;  c'est  ce  que  le  temps  démon- 
trera; mais  en  attendant  on  peut,  ce  nous 
semble,  des  faits  qui  précédent,  se  poser  cette 
question  ; Qui  a occasionné  la  disparition  du  pu- 
ceron sur  les  tiges  des  premiers  Pommiers?  Il 
nous  paraît  difficile  d’admettre  qu’ils  aient  émi- 
gré, puisque  nous  n’en  n’avons  remarqué  aucun, 
même  sur  les  arbres  les  plus  voisins  de  ceux 
qui  ont  été  expérimentés.  Nous  sommes  donc 
porté  à croire  que  parmi  les  éléments  puises 
par  les  racines,  il  se  trouve  introduit  dans  l’éco- 
nomie de  l’arbre,  soit  directement,  soit  par  suite 
de  combinaisons  particulières,  un  principe  toxi- 
que contenu  dans  la  chaux  comme  dans  le  tabac, 
et  qui  est  mortel  pour  le  puceron  lanigère. 

Il  serait  intéressant  de  se  rendre  compte  de  la 
manière  dont  agit  le  soufre  contre  l’oïdium  de  la 
Vigne.  Est-ce  par  effet  direct,  ou  par  absorption, 
par  les  stomates  de  la  plante,  des  gaz  sulfureux 
qui  se  dégagent  sous  l’action  de  la  chaleur?  Le 
fruit  n’absorbant  intérieurement  que  peu  ou  pas 
du  tout,  le  fait  pourrait  peut-être  se  vérifier,  en 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AüUT. 


dirigeant  l’émanation  sulfureuse  sur  le  fruit 
isolé. 

Quoi  qu’il  en  soit,  nous  doutons  que  le  phyl- 
loxéra puisse  directement  être  atteint  d’après  la 
station  dans  laquelle  il  agit.  S’il  pouvait  l’être, 
ce  serait  par  une  modification  de  la  sève  (si  mo- 
dification est  possible),  et  alors  une  voie  très- 
large  serait  ouverte  à l’expérimentation  dans  ce 
sens.  A.  Robinet, 

Chef  de  culture  do  la  maison 
M.  Démouilles,  à Toulouse. 

Si  cette  lettre  n’indique  pas  un  moyen  sûr 
et  infaillible  de  détruire  le  phylloxéra,  elle 
peut  néamoins,  par  son  contenu,  et  surtout 
par  la  voie  qu’elle  semble  indiquer,  conduire 
à l’emploi  des  nouveaux  procédés  à l’aide 
desquels,  peut-être,  on  arriverait  sinon  à 
guérir,  du  moins  à atténuer  le  mal.  Mais  à 
un  autre  point  de  vue,  elle  présente  un 
grand  intérêt  en  faisant  connaître  un  moyen 
de  se  débarrasser  d’un  autre  ennemi,  égale- 
ment très-redoutable  et  funeste  à l’horticul- 
ture, du  puceron  lanigère. 

— Il  ne  faut  jamais,  dit-on,  désespérer  de 
rien  ; l’exemple  suivant  semble  le  démon- 
; trer. 

Ainsi,  au  moment  où  l’on  désespérait 
j presque  d’arriver  à combattre  le  phylloxéra, 

' un  journal  d’horticulture  nous  apprend  que 
[ l’on  vient  de  trouver  un  procédé  à l’aide  du- 
i quel  on  pourra  se  débarrasser  de  ce  fléau  ; 
i c’est...  on  ne  s’en  serait  jamais  douté...  : la 
[ greffe  delà  Vigne  sur  le  Mûrier  du  Japon. 
ï Le  procédé  nous  paraît  si  étrange  que  nous 
f aurions  lieu  de  craindre  que  l’on  doute  de 
: I nos  dires  si  nous  ne  les  appuyions  de  quel- 
[I  ques  citations. 

: l ....  11  est  incontestable  pour  nous  et  pour  bien 
1 d’autres,  sans  doute,  que  le  phylloxéra  est  la 
\ cause,  non  l’effet,  des  ravages  dont  la  Vigne  est 
\ affligée. 

. f 11  est  encore  moins  contestable  que  c’est  par 
i j les  racines  que  la  plante  est  attaquée  par  des 
S I myriades  de  pucerons  qui  enraient  la  marche 
| delasève  et  entraînent  la  mort  du  sujet, 
t Substituer  par  la  greffe  aux  racines  de  la 
fr,  i Vigne  d’autres  racines  inaccessibles  aux  atteintes 
U I du  redoutable  insecte,  tel  est  ce  problème  que 
r \ nous  allons  tenter  de  résoudre, 
f On  a pensé  à demander  à l’Amérique,  à des 
i [ prix  fabuleux,  des  porte-greffes  dont  la  santé  est 
i',  I très-problématique.  Puisque,  au  dire  d’honora- 
Ÿ blés  savants,  le  terrible  intrus  nous  serait  arrivé 
f ûe  cetle  lointaine  contrée,  pourquoi  n’essaierions- 
I mous  pas  la  greffe  sur  des  plants  indigènes,  ou 
I Itout  au  moins  acclimatés  depuis  des  siècles,  que 
[ mous  avons  sous  la  main  à des  prix  très-réduits? 
f 1 La  Vigne  et  le  Mûrier  sauvage,  sans  appartenir 
! à une  même  famille,  offrent  cependant  une 
1 Igrande  analogie  entre  eux  ; originaires  d’une 


327 

même  contrée,  ils  végètent  et  fleurissent  en 
même  temps,  et  portent  des  fruits  en  baies  ; ils 
sont  pourvus  de  moelle,  et  de  même  que  la 
Vigne,  certains  Mûriers  sauvages  se  reproduisent 
de  bouture,  le  Moriis  Japonica  notamment, 
pour  lequel  la  Société  zoologique  d’acclimatation 
a bien  voulu  encourager  la  propagation  par  un 
prix  (le  500  francs  qu’elle  nous  a décerné  cette 
année,  en  séance  générale. 

La  force  de  végétation  du  Mûrier  sauvage,  que 
l’on  chercherait  en  vain  dans  tout  autre  végétal, 
sa  résistance  aux  maladies  et  sa  longévité  trois 
fois  séculaire,  en  assurant  une  longue  existence 
à la  Vigne,  pourraient  en  même  temps  faire  espé- 
rer de  vigoureux  sujets  et  des  produits  très-pro- 
chains, dont  la  maturité,  devançant,  de  même 
que  la  Mûre,  l’époque  normale  des  vendanges, 
nous  affranchirait  des  trop  fréquentes  pertes  que 
font  éprouver,  soit  en  qualité,  soit  en  quantité,  les 
pluies  d’automne. 

....  A l’aide  du  procédé  que  nous  proposons, 
le  renouvellement  partiel  de  la  Vigne,  au  fur  et  à 
mesure  des  décès  annuels,  sans  diminuer  sensi- 
blement la  production  annuelle,  pourrait  sauver 
d’un  naufrage  imminent  l’une  de  nos  plus  grandes 
industries  agricoles,  source  inépuisable  du  re- 
venu national. 

Pour  appuyer  et  justifier  ses  dires,  l’au- 
teur de  l’article  que  nous  citons  rapporte  un 
passage  de  Pline,  au  sujet  de  la  greffe,  et  qu’à 
peu  près  tout  le  monde  connaît,  tant  il  a été 
cité  comme  exemple  d’absurdités,  mais  pour 
montrer  combien  les  anciens  étaient  igno- 
rants sur  les  notions  même  les  plus  vul- 
gaires de  la  physiologie,  et  combien  leurs 
idées  étaient  fausses  au  sujet  de  la  greffe, 
c’est-à-dire  des  lois  qui  en  assurent  la  réus- 
site. Voici  ce  passage  : 

J’ai  vu  près  de  Tuiliers  de  Tïbur,  un  arbre 
enté  selon  toutes  les  méthodes  que  je  viens  de 
décrire,  et  chargé  de  toutes  sortes  de  fruits  î 
Une  branche  portait  des  Noix,  une  autre  des 
Baies,  d’autres  des  Raisins,  des  Figues,  des 
Poires,  des  Grenades  et  toutes  sortes  de  Pommes. 

De  tous  les  arbres,  le  plus  apte  à recevoir 
toute  espèce  de  greffe  est,  dit-on,  le  Platane; 
ensuite  vient  le  Rouvre  (Chêne  blanc). 

Après  cette  citation  de  Pline,  sur  laquelle 
l’auteur  de  l’article  dont  nous  parlons  sem- 
ble s’appuyer,  on  n’a  pas  lieu  d’être  sur- 
pris de  la  recommandation  qu’il  fait  de 
« greffer  la  Vigne  sur  le  Morus  Japoni- 
ca » ; au  contraire,  ce  qui  pourrait  éton- 
ner, c’est  qu’il  se  soit  arrêté  en  aussi  beau 
chemin. 

Toutefois,  nous  ne  blâmons  ni  ne  mettons 
nullement  en  doute  que  ce  ne  soit  avec  les 
meilleures  intentions,  et  dans  le  but  d’être 
utile,  que  l’article  dont  nous  parlons  a été 
écrit,  ce  qui  pourtant  n’est  pas  suffisant  pour 


328 


SUK  LA  CULTURE  DU  FUCHSIA. 


le  justifier,  car  une  erreur  commise  de 
bonne  foi  n’en  est  pas  moins  le  contraire  de 
la  vérité  ; aussi  doit- on  regretter  de  voir 
répandre  des  lliéories  si  contraires  à la  vé- 
rité et  même  au  sens  commun,  et  si  nous 
avons  relevé  les  quelques  passages  qui  pré- 
cèdent, c’est  [>our  éclairer  et  tâcher  d’em- 
pêcher que  cer  laines  personnes  désirant  se 
débarrasser,  et  cela  se  comprend,  d’un  si 
terrible  tléau  que  celui  du  phylloxéra,  se 


lancent  dans  une  voie  qui  ne  pourrait  les 
conduire  qu’à  des  mécomptes.  Mais  s’il  en 
était  ainsi  que  le  dit  l’auteur,  et  que  le  pro- 
cédé qu’il  recommande  pour  combattre  le 
phylloxéra  est  « la  dernière  planche  de 
salut  pour  la  Vigne,  » on  serait  obligé  de 
reconnaître  que  celle-ci  est  gravement  com- 
promise ; mieux,  qu’elle  est  perdue.  Telle 
n’est  pas  notre  opinion. 

E.-A.  Carrière. 


SUR  LA  CULTURE  DU  FUCHSIA 


Après  avoir  passé  toute  la  belle  saison  à 
l’air  libre,  les  Fuchsias  seront  rentrés  avant 
les  premières  gelées  dans  une  serre  froide 
ou  dans  une  orangerie,  et  s’il  arrivait  que 
quelques  branches  latérales  gênent  au  place- 
ment des  plantes,  on  pourrait  les  supprimer, 
en  partie,  sans  inconvénient. 

A cette  époque,  la  végétation  étant  très- 
ralentie,  il  va  <ie  soi  que  les  arrosements 
doivent  être  de  pins  en  plus  rares,  pour 
arriver,  en  décendu  e et  janvier,  à les  sup- 
primer complèferncnt. 

En  février,  les  Fuchsias  seront  taillés,  et 
toutes  les  branches  latérales  rabattues  sur 
une  longueur  qui  doit  être  indiquée  par  la 
végétation  des  plaides,  et  qu’il  est  très- 
difficile  de  préciser,  tant  cette  végétation  est 
variable.  Touielois,  nous  ferons  observer 
que  pour  régulariser  à peu  près  la  végéta- 
tion des  piaules  et  leur  conserver  une  forme 
pyramidale,  les  petites  branches  devront 
être  tenues  [dus  longues  que  les  branches 
fortes,  et  celles  de  !a  partie  supérieure  plus 
courtes  que  celles  de  la  base.  Cette  règle 
peut  trouver  son  a[»plication  sur  toutes  les 
formes  que  l’on  [leul  donner  aux  Fuchsias. 
Cependant,  il  arrive  quelquefois  que  des 
yeux  conservés  et  sur  lesquels  on  avait 
compté  pour  cordinuei-  le  prolongement  des 
branches  ne  se  développe  point,  quoique 
cette  branche  soit  encore  verte;  dans  ce  cas, 
on  est  obligé  de  supprimer  cette  partie  de 
branche  pour  asseoir  la  taille  sur  un  autre 
œil  que  l’on  croit  bon.  Nous  avons  aussi 
employé,  mais  souvent  sans  succès,  le  cran 
ou  entaille  et  l'incision  pour  favoriser  la 
.sortie  d’yeux  latents. 

La  tige,  ausî'i,  devra  être  rabattue  sur 
quatre  yeux  au-dessus  des  dernières  bran- 
dies latérale.®,  car  les  Fuchsias  qui  sont 
élevés  en  seire,  une  fois  placés  à l’air  libre, 
ne  poussent  plus  qu’une  tige  sans  ramifica- 

(I)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  270. 


tion,  de  sorte  que  si  on  laissait  cette  tige 
dans  toute  sa  longueur,  on  aurait  une  grande 
partie  dénudée  qui  serait  fort  disgracieuse. 
Après  la  taille,  les  bourgeons  ne  tardent  pas 
à se  développer.  C’est  le  moment  de  donner 
un  rencaissage  aux  Fuchsias.  Les  plantes 
alors  sont  retirées  de  leur  bac  ; la  terre 
usée  est  enlevée,  et  les  racines  gâtées  sont 
supprimées  ; en  un  mot,  on  réduit  la  motte 
de  moitié  ou  même  des  trois  quarts  de  son 
volume,  puis  les  plantes  sont  replacées  dans 
leur  bac,  qu’on  aura  soin  de  bien  drainer 
et  qu’on  remplira  avec  la  terre  dont  nous 
avons  précédemment  donné  la  composi- 
tion (1).  Après  le  rencaissage,  les  Fuchsias 
seront  replacés  dans  la  serre. 

Les  arrosements  seront  donnés  d’abord 
avec  modération  ; mais,  dès  que  la  végétation 
est  partie,  il  faut  arroser  abondamment  la 
terre  des  bacs  et  multiplier  les  bassinages 
sur  les  plantes  qui,  nous  le  répétons,  ne 
doivent  jamais  être  ombrées,  quelle  que  soit 
l’intensité  du  soleil.  L’air  doit  aussi  être 
largement  donné  aux  Fuchsias. 

Si  l’on  a bien  suivi  les  préceptes  que  nous 
avons  recommandés,  que  les  soins  que  nous 
venons  d’indiquer  aient  été  donnés  à propos, 
les  branches  latérales  prendront,  malgré  les 
pincements  qu’on  doit  leur  faire  subir,  des 
proportions  assez  considérables,  et  il  pour- 
rait alors  arriver,  lorsque  les  plantes  sont 
placées  à l’air  libre,  qu’elles  fussent  rompues 
par  le  vent. 

Afin  de  parer  aux  accidents , nous 
avons  imaginé  de  palisser  les  branches  sur 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  276.  — Par 
suite  d’irrégularités  typographiques,  deux  phrases 
(p.  277)  ont  été  dénaturées,  et  ne  rendent  plus  la 
pensée  de  l’auteur  : ITme  est  relative  au  terreau 
qui  doit  recouvrir  la  couche,  dont  l’épaisseur  doit 
être  de  15  centimètres,  et  non  de  75  centimètres, 
ainsi  qu’il  a été  écrit  par  erreur;  l’autre  se  rapporte 
au  compost  : ainsi,  au  lieu  de  : « une  addition  d un 
quart  de  terre  de  bruyère  du  compost  sus-indiqué,  » 
il  faut  lire  : « au  compost,  etc.  » 


PALMIEKS  NOUVEAUX. 


329 


une  armature  en  fil  de  fer,  procédé  qui  a 
le  double  avantage  d’empêcher  la  rupture 
des  branches  et  de  former  un  cône  d’une 
régularité  parfaite. 

Tous  nos  Fuchsias  sont  assujettis  à des 
tuteurs  en  fer  cylindriques  de  3 mètres  de 
hauteur  et  de  15  millimètres  d’épaisseur. 
Nous  attachons,  au  sommet  de  ces  tuteurs, 
vingt  à vingt- cinq  fils  de  fer  galvanisé,  très- 
fins,  ayant  environ  3 mètres  de  longueur, 
que  nous  fixons  à la  base  sur  un  cerceau  en 
gros  fil  de  fer  également  galvanisé,  et  ayant 
5 millimètres  d’épaisseur. 

Ce  cerceau,  dont  le  diamètre  peut  varier 
au  gré  de  l’amiateur,  et  d’après  le  but  qu’il 
se  propose,  a,  chez  nous,  1 mètre.  Il  est 
maintenu  à 15  centimètres  au-dessus  du 
niveau  du  bac  par  huit  piquets  en  bois, 
enfoncés  obliquement  dans  la  terre  qu’il 
contient. 

Le  tout  est  fixé  par  des  attaches  en  fil  de 
fer. 

Ainsi  consolidées,  toutes  les  branches  de 
Fuchsia  sont  palissées  sur  ces  fils  de  fer,  et 

PALMIERS  NOUVEAUX 

Ce  Palmier,  peu  connu  il  y a trois  ou 
quatre  ans,  est  très-recherché  depuis 
les  dernières  expositions  de  Gand  et  de 
Bruxelles  où  Legrelle  d’Hanis  (d’An- 
vers) et  M.  de  Kerckowe  en  avaient  envoyé 
des  exemplaires  d’une  culture  tout  à fait  hors 
ligne.  Malheureusement  M.  Linden,  l’intro- 
ducteur de  cette  belle  plante,  n’a  pu  livrer 
au  commerce  qu’une  quarantaine  de  ces 
Palmiers,  aujourd’hui  répandus  dans  les 
grandes  collections.  Aussi  esl-ce  un  heu- 
reux hasard  que  de  rencontrer  un  horticul- 
teur possédant  cette  rareté  qui  généralement 
est  tenue  à un  prix  fort  élevé,  mais  cepen- 
dant bien  en  rapport  avec  la  beauté  de  ce 
type  magnifique  et  original.  En  France,  les 
plus  beaux  Pritchardia  connus  sont  ceux 
du  Muséum  de  Paris  ; c’est  à peine  si  on 
les  rencontre  dans  nos  grandes  collections 
publiques  ou  particulières,  quoiqu’ils  soient 
bien  dignes  d’y  occuper  la  première  place. 

Le  Pritchardia  Pacifica  (Seemann  et 
, Wendland)  est  le  seul  Palmier  à éventail 
qui  croisse  dans  les  îles  de  la  Polynésie,  où 
il  a été  découvert  par  G.  Forster  qui,  tout 
d’abord,  avait  cru  reconnaître  une  variété 
du  Corypha  umbracidifera  se  rapprochant 
de  l’espèce  originaire  de  Geylan.  Après  lui, 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  pp.  218,  270,  290. 


ce  palissage  se  continue  jusqu’à  ce  que  le 
cône  formé  par  l’armature  soit  complète- 
ment garni.  Nous  sortons  nos  plantes  faites 
de  la  serre  vers  la  fin  de  mai;,  alors  la 
végétation,  qui  est  toujours  subordonnée  à 
la  température,  se  ralentit  un  peu  ; mais, 
malgré  ce  ralentissement  et  le  palissage  des 
branches,  un  ou  deux  pincements  sont  quel- 
quefois nécessaires  pour  arrêter  l’évolution 
des  branches  trop  vigoureuses. 

Toutefois,  nous  ferons  observer  qu’il  ne 
faut  pas  prolonger  ce  pincement,  qui  n’est 
toujours  que  partiel,  au-delà  de  la  fin  du 
mois  de  juin,  époque  où  les  Fuchsias  com- 
mencent à épanouir  leurs  boutons.  Quinze 
jours  après,  ils  sont  en  pleine  floraison. 

C’est  alors  un  coup  d’œil  splendide  qui 
réjouit  le  cultivateur  qui,  pourtant,  ne  doit 
pas  perdre  ses  plantes  de  vue,  car  les  Fuch- 
sias, ayant  une  végétation  vigoureuse,  de- 
mandent, jusqu’à  leur  rentrée  en  serre  et 
plusieurs  fois  par  jour,  de  copieux  arrose- 
ments. 

Roué. 

- PRITCHARDIA  PACIFICA 

F.  D.  Bennett  et  Langsdorf  le  trouvèrent 
dans  l’île  Viti-Liévou,  où  il  était  exclusive- 
ment consacré  à l’usage  des  chefs,  le  peuple 
indigène  n’ayant  pas  le  droit  de  se  servir  de 
cette  plante  pour  en  faire  des  éventails,  des 
chapeaux  ou  des  toitures. 

Jusqu’à  présent  on  ne  connaît  que  quatre 
espèces  ou  variétés  du  genre  Pritchardia, 
dont  trois  sont  originaires  des  îles  Sandwich. 
Ce  sont  les  : 

1®  P.  Martii  (ou  Livistona  Martii  et 
aussi  Corypha  Martiana  ; ce  dernier  nom 
est  souvent  donné  par  les  horticulteurs  au 
P.  Pacifica  dont,  au  reste,  il  est  très-voisin.) 

2®  P.  Gaudichaudii,  très-beau  et  très- 
rare;  ne  se  rencontre  guère  que  dans  les 
grandes  collections  botaniques  d’Angleterre 
et  chez  M.  Linden,  à Gand,  qui  en  a mis 
quelques  exemplaires  au  commerce. 

3“  P.  species  noval  Cette  espèce,  non 
encore  déterminée,  est  citée  par  Horace 
Mann;  c’est  très- probablement  le  P.  fili- 
fera  si  admiré  à l’exposition  internationale 
de  Gand,  en  1873. 

4®  P.  Pacifica,  dont  le  tronc,  qui  est  sans 
épines,  atteint  environ  30  pieds  de  haut. 
Dans  l’île  Viti,  ce  Palmier  croît  rarement  à 
l’état  sauvage,  dit  B.  Seemann;  il  est  planté 
près  des  habitations  des  chefs  de  haut  rang. 

Culture.  — Les  exigent  une 


330 


RESEDA  GRANDIFLORA  SUPERBA.  ~ LEPïOSYNE  MARITLMA. 


bonne  terre  franche  mélangée  de  sable  et  de 
terreau  de  feuilles^,  une  chaleur  de  fond 
pendant  la  végétation  et  des  arrosements 
abondants  auxquels  on  ajoutera  souvent  des 
engrais  liquides.  Ces  plantes  se  tachent  faci- 
lement. On  évitera  cet  inconvénient  en  leur 
donnant  beaucoup  d’ombre  pendant  l’été  et 
en  les  privant  presque  complètement  d’hu- 


midité pendant  l’iiiver,  et  surtout  en  évitant 
de  mouiller  les  feuilles.  Une  serre  chaude 
maintenue  à 15“  centigrades  leur  convient 
parfaitement  ; une  température  plus  élevée 
à l’époque  du  repos  des  plantes  en  ferait 
jaunir  les  feuilles. 

Alphonse  D..., 


I 


RESEDA  GRANDIFLORA  SUPERBA 


Dans  un  précédent  numéro  de  ce  jour- 
nal nous  avons  cherché  à appeler  l’at- 
tention sur  l’importance  commerciale,  à 
Paris,  du  Réséda  odorata;  nous  allons,  au- 
jourd’hui, consacrer  quelques  lignes  pour 
faire  connaître  une  forme  de  cette  espèce 
(qui  n’est  elle-même  qu’une  variété),  qui 
présente  sur  celle-ci  des  avantages  très- 
marqués  au  point  de  vue  commercial.  Cette 
nouvelle  forme  fut  obtenue  par  M.  Vyeaux 
du  Vaux,  dont  il  a été  question  (l.  c.).  Cette 
variété  diffère  du  type  par  une  vigueur  beau- 
coup plus  considérable,  des  tiges  beaucoup 
plus  grosses,  des  feuilles  plus  larges  et  plus 
épaisses,  ainsi  que  par  des  fleurs  un  peu 
plus  larges.  Ces  caractères,  qui  sont  très- 
importants  au  point  de  vue  du  commerce 
par  les  avantages  qui  en  résultent  au  point 
de  vue  de  la  culture,  font  aussi  que  cette 
forme  ne  peut  être  employée  que  pour  la 
saison  d’été.  Sa  vigueur  considérable  fait 
qu’elle  est  un  peu  plus  tardive,  et  par  con- 
séquent qu’elle  pousse  trop  vigoureusement 
lorsqu’on  est  forcé  de  la  cultiver  sous  verre, 
où,  alors,  elle  prend  de  trop  grandes  pro- 
portions; pour  l’été,  au  contraire,  elle  donne 
des  résultats  magnifiques,  constitue  des 


plantes  trapues  et  robustes  d’un  très-bel 
effet.  Ajoutons  qu’elle  est  au  moins  aussi 
rustique  que  le  type  dont  elle  sort.  Quant  à 
la  culture,  elle  est  absolument  la  même.  j 

Le  R.  grandiflora  superha  est  une  plante 
qui,  nous  n’en  doutons  pas,  est  appelée  à 
jouer  un  rôle  analogue  à celui  que  joue  de- 
puis si  longtemps,  à Paris,  entre  les  mains 
de  quelques  horticulteurs  spécialistes,  no- 
tamment de  M.  Vyeaux  du  Vaux.  Il  est 
même  appelé  à remplacer  complètement 
celui-ci  pour  les  cultures  d’été.  Les  per-  j 
sonnes  qui  ne  le  connaissent  pas,  lorsqu’elles  | 
le  voient  à côté  du  type,  le  distinguent 
très-facilement,  quelque  ignorantes  qu’elles 
soient  à la  culture  des  plantes;  et  beaucoup 
d’horticulteurs  ou  d’amateurs  connaisseurs,  | 
qui  ignorent  l’origine,  attribuent  à tort  cette  j 
différence  de  vigueur  à l’emploi  d’engrais  j 
particuliers.  C’est  ce  qui  est  arrivé  récem-  | 
ment  à l’exposition  d’horticulture  de  Ver-  j 
sailles,  où  un  pied  avait  été  présenté;  aussi,  j 
contrairement  à une  proposition  que  nous  | 
avons  faite,  n’a-t-on  rien  voulu  lui  accorder,  ! 
ce  que  nous  regrettons. 

E.-A.  Carrière.  ! 


LEPTOSYNE  MARIÏIMA 


Le  Leptosyne  maritima,  Asa  Gray,  est 
originaire  du  sud  de  la  Californie,  d’où  il  a 
été  introduit  dans  le  commerce  horticole 
vers  1871  ou  1872  par  M.  William  Thomp- 
son, dTpswich,  le  zélé  et  persévérant  bota- 
niste-horticulteur anglais  auquel  nos  jardins 
sont  redevables  d’un  assez  bon  nombre  de 
jolies  plantes  d’ornement,  surtout  dans  les 
sortes  herbacées. 

Il  y a quelques  années  déjà,  sous  ce  même 
nom  de  Leptosyne  maritima,  il  fut  annoncé 
et  mis  en  circulation  une  autre  plante  de  la 
même  famille  des  Composées,  et  également 
à fleur  jaune,  qui  a été  reconnue  depuis 
pour  VAgarista  calliopsidea,  Asa  Gray, 


espèce  distincte  par  ses  graines  un  peu  plus 
petites,  velues,  avec  aigrette,  tandis  qu’elles  | 
sont  nues  et  glabres  dans  l’espèce  qui  fait  ! 
le  sujet  de  cette  note,  et  qui  est  représen-  | 
tée  ci-contre. 

Une  autre  plante,  également  mise  dans  le 
commerce  ces  années  dernières  sous  ce  nom 
de  Leptosyne  mariiima,  var.  gigantea,  ! 
ne  diffère  pas  du  type  dont  nous  parlons,  et 
doit  lui  être  rapporté  comme  synonyme. 

Quoiqu’on  l’ait  dit  susceptible  de  devenir 
vivace,  le  Leptosyne  maritima  s’est  montré, 
dans  les  cultures  où  il  nous  a été  donné  de 
le  voir  (particulièrement  chez  MM.  Vilmo- 
rin-Andrieux  et  G‘%  qui  en  avaient  pré- 


Bcvue  -Horfi/:'ole . 


^cr'eic:c,  deL 


CTtronz^/Jz^th..  G~.  Severe^izs . 


Z,  cptos  yji  e m/xriÜmay. 


CACCINIA  GLAUCA. 


331 


senté  de  jolies  potées  à l’Exposition  du  Pa- 
lais-de-l’Industrie  en  1873,  et  sur  le  bureau 
de  la  Société  centrale  d’horticulture  en 
1872),  parfaitement  annuel.  C’est  une  plante 
herbacée,  un  peu  succulente,  lisse  et  glabre 
sur  toutes  ses  parties,  ramifiée  à la  base,  à 
ramifications  allongées  ; le  tout  pouvant  en 
bonne  culture  atteindre  depuis  40  jusqu’à 
80  centimètres  d’élévation.  Feuilles  al- 
ternes, divisées,  bipinnatifides,  à segments 
peu  nombreux,  linéaires,  entiers,  légère- 
ment carénés,  occupant  surtout  la  base  des 
tiges  ét  des  ramifications,  qui  se  terminent 
par  un  pédoncule  nu  et  lisse  très-allongé, 
de  20  à 25  centimètres  et  plus,  supportant 
à son  sommet  un  beau  capitule  floral  soli- 
taire, agréablement  odorant,  entièrement 
d’un  jaune  d’or  très-vif,  large  d’environ  9 à 
I 10  centimètres,  pourvu  d’un  disque  jaune 
I entouré  d’environ  quinze  à vingt  rayons  ou 
ligules  assezlarges,  contigus  et  étalés,  émer- 
geant d’un  involucre  (calice  composé)  formé 
I extérieurement  à la  base  de  pièces  élargies, 

‘ étalées  et  foliacées,  et  intérieurement  de 
I pièces  contiguës  et  dressées  d’un  assez  beau 
j vert. 

ij  Nous  ne  pouvons  donner  une  meilleure 
idée  des  fleurs  de  Leptosyne  qu’en  disant 
I que  ce  sont  en  jaune  vif  de  petites  fleurs  de 
Dahlias  simples  ou  de  grandes  fleurs  de 
Bidens,  ou  mieux  encore  des  Cosmos  à 
grande  fleur  jaune,  ce  que  montre  d’ailleurs 
:1  très-surabondamment  la  belle  aquarelle 
Jj  qu’en  a faite  notre  célèbre  dessinateur, 

? M.  Riocreux. 

Outre  la  couleur  vive  et  la  beauté  des 
l!  fleurs  du  Leptosyne  maritima,  un  des 
grands  mérites  de  cette  plante  est  l’extrême 
Tl  rapidité  de  sa  croissance  et  celle  avec  la- 
i < quelle  elle  se  met  à fleurir. 

I Semées  en  place  au  printemps  en  bonne 
j terre  saine,  ou  même  en  terre  légère  et  sa- 

CACCINIA 

! 

■I 

C’est  dans  les  Cos.  hot.,  ann.  1832,  pl.  i, 
t.  1,  ff.  1-6,  que  Savi  a décrit  et  figuré  la 
I Borraginée  singulière  sur  laquelle  nous  vou- 
i Ions  appeler  l’attention  des  lecteurs  de  la 
Revue  hortieole. 

Le  Caeeinia  glauca,  Sav. , que  nous  avons 
j eu  en  1871  l’occasion  de  voir  pour  la  pre- 
mière fois  à l’état  vivant  au  Jardin-des-Plantes 
de  Grenoble,  n’est  pas  une  plante  nouvelle 
i ni  récemment  introduite.  En  effet,  elle  a 
été  cultivée  dans  les  jardins  de  Gels,et  Ven- 
- i tenat,  qui  a décrit  et  fait  représenter  une 


bleuse  en  plein  air  ou  en  plein  soleil,  les 
graines  donnent  des  plantes  qui  fleurissent 
trois  mois  après,  et  continuent  à développer 
leur  élégants  capitules  pendant  un  ou  deux 
mois  ; si  on  la  sème  également  en  place  en 
juillet-août,  les  plantes  arrivent  encore  à 
donner  à l’automne  une  floraison  passable. 
La  culture  qui  paraît  devoir  convenir  le 
mieux  à cette  plante  est  le  semis  d’automne, 
qui  devra  être  fait  dans  le  Midi  en  plein  air, 
et  clair  en  place,  mais  que  dans  le  Nord 
on  devra  faire  fin  septembre  et  octobre  dans 
des  pots  ou  terrines  drainés,  que  Ton  hiver- 
nera sous  châssis  à froid,  près  du  verre,  en 
donnant  le  plus  d’air  et  de  lumière  possible. 
De  cette  façon,  on  en  obtiendra  la  floraison 
dès  mars-avril,  ce  qui  est  précieux,  ces 
fleurs  étant  particulièrement  convenables 
pour  la  confection  des  bouquets. 

Au  lieu  de  semer  en  place,  ce  qui  nous 
paraît  le  meilleur  mode,  à la  condition  de 
semer  très-clair  ou  d’éclaircir  promptement 
les  semis  trop  drus,  on  peut  semer  en  pé- 
pinière et  repiquer  ensuite  les  plantes  très- 
jeunes,  soit  en  place,  soit  en  pots  ou  terrines, 
dans  un  mélange  de  terre  franche,  ou  de 
terre  de  jardin  et  de  terre  de  bruyère  sa- 
bleuse. En  résumé,  nous  pensons  qu’on 
pourra  traiter  plus  tard  cette  plante  comme 
les  Clarkia,  les  Collinsia,  les  Esehscholt- 
zia,  en  tenant  compte  que  le  Leptosyne 
exige  un  peu  plus  de  chaleur. 

Une  autre  nouvelle  espèce  de  ce  même 
genre,  le  Leptosyne  Stillmamii,  également 
introduite  de  la  même  contrée  par  M.  Wil- 
liam Thompson,  a fait  son  apparition  dans 
les  cultures  en  1873.  Bien  qu’assez  intéres- 
sante, celle-ci  n’a  pas  la  même  valeur  orne- 
mentale que  le  Leptosyne  maritima,  dont 
elle  se  rapproche  néanmoins,  sauf  qu’elle  est 
beaucoup  plus  petite  dans  toutes  ses  parties. 

Noblet. 

GLAUCA 

partie  des  richesses  végétales  que  contenait 
cet  établissement,  qui  n’avait  que  peu  ou 
point  de  rivaux  en  Europe,  en  a donné 
(Hort.  Cels.,  p.  et  t.  100),  sous  le  nom  de 
Borrago  crassifolia , une  bonne  figure  ac- 
compagnée d’une  description  exacte.  Re- 
connaissons toutefois  que  sa  présence  n’a 
été  que  très  - rarement  signalée , et  que 
c’est  à peine  si , depuis  une  quinzaine 
d’années,  son  nom  a été  relaté  sur  les 
catalogues  des  dix-neuf  jardins  botaniques 
étrangers  ou  français  avec  lesquels  le 


332 


CACCINIA  GLAUCA. 


Muséum  entretient  des  relations  d’échan-  | 

ges.  ^ ^ 1 

Voici  en  quelques  mots  la  description  de  ] 

cette  Borraginée  : ! 

Plante  vivace  entièrement  glauque,  et 
rappelant,  par  ce  caractère,  l’aspect  des  Cé- 
rinthés,  qui  appartiennent  à la  même  fa- 
mille, rude  et  hispide.  Tiges  nombreuses, 
succulentes,  couchées- dressées  et  s’élevant 
à environ  60  centimètres.  Feuilles  sessiles, 
oblongues-lancéolées,  charnues,  plus  âpres 
en  dessous  qu’à  la  face  supérieure,  ciliées 
et  denticulées  sur  les  bords.  Sur  des  pédon- 
cules dont  la  réunion  forme  une  grappe  pa- 
niculée  et  peu  rameuse  naissent  des  fleurs 
ressemblant  à celles  de  la  Bourrache  ordi- 
naire, mais  qui  s’en  distinguent  à priori  : 
1°  par  le  calice,  accrescent,  très-enflé  à la 
base  ; ses  divisions,  au  lieu  d’être  étalées  pen- 
dant et  après  l’anthèse,  sont  aiguës- dres- 
sées, réunies  au  sommet  jusqu’à  la  matura- 
tion complète  des  fruits;  en  outre,  ces  divi- 
sions sont  barbues  au  sommet,  et  présentent 
sur  leur  nervure  médiane,  ainsi  que  sur  la 
partie  qui  correspond  à leur  intervalle,  une 
crête  tuberculeuse  garnie  de  longs  poils  sé- 
tacés  très-renflés  à la  base  ; 2»  par  la  co- 
rolle qui,  de  même  grandeur  et  de  forme  à 
peine  distincte,  — c’est-à-dire  hypocratéri- 
morphe,  — est  à divisions  moins  larges  et 
étalées  ; elle  en  diffère  en  outre  par  la  teinte, 
qui,  au  lieu  d’être  bleu  intense,  comme  dans 
le  Borrago  offîcinalis,  est  ici  d’abord  azu- 
rée pour  passer  insensiblement  au  violet 
lilas,  couleur  qui  ne  fait  que  s’accentuer 
avec  l’âge  des  fleurs.  En  dernier  lieu,  lorsque 
la  fleur  est  sur  le  point  de  se  flétrir,  sa 
teinte  générale  est  décidément  rose  lilas.  A 
l’état  de  bouton  avancé,  la  corolle  du  Cac- 
cinia  revêt  souvent  un  rose  plus  ou  moins 
foncé,  parfois  même  presque  carminé.  Plus 
tard,  quand  les  divisions  de  la  corolle  s’en- 
tr’ouvrent,  leur  teinte  est  celle  d’un  bleu 
azuré;  quelques  heures  seulement  après 
leur  épanouissement,  ces  divisions  offrent 
sur  leurs  bords  des  stries  violet  clair  uni- 
forme, plus  ou  moins  étendues,  et  arrivent 
finalement  à revêtir  une  coloration  rose  vi- 
neux. Les  cinq  divisions  de  la  corolle  sont, 
en  outre,  plus  étroites  et  plus  aiguës  que 
celles  du  Borrago  officinalis,  et  leur  gorge 
saillante,  que  dépassent  les  étamines  insé- 
rées ici  au  sommet  du  tube  de  la  corolle  et 
un  style  filiforme-aigu,  à la  base  duquel  se 
trouvent  quatre  nucules  qui,  après  la  fécon- 
dation et  la  maturation,  ont  pris  un  gros 
volume,  est  blanche  et  poilue. 

Le  genre  Caccinm  ne  renferme  que  deux 


ou  trois  espèces,  toutes  originaires  d’Orient. 
Celle  qui  nous  occupe  a été,  d’après  D.  C. 
(Prodr.  X,  p.  67),  recueillie  en  Perse  par 
Olivier  et  Bruguère,  entre  Hamadan  et 
Téhéran. 

Cette  Borraginée,  qu’il  faut  surtout  consi- 
dérer comme  une  plante  curieuse,  est  plu- 
tôt bisannuelle  que  vivace.  Au  jardin  bota- 
nique de  Grenoble,  où  nous  avons  pu 
apprécier  toute  sa  valeur  au  point  de  vue 
des  services  qu’elle  pourrait  rendre  à l’ama- 
teur ou  aux  botanistes-cultivateurs,  elle  était 
cultivée  dans  la  terre  argilo- calcaire  et  à 
sous-sol  frais  que  caractérise  la  nature  du 
terrain  où  se  trouve  situé  cet  établissement. 
Au  Muséum,  dans  un  sol  beaucoup  plus 
léger  ou  de  faible  consistance,  l’accroisse- 
ment des  tiges  et  des  feuilles  a été  plus  con- 
sidérable, et  cela,  bien  entendu,  au  détri- 
ment des  inflorescences.  En  effet,  celles-ci 
sont,  au  Muséum,  moins  fournies  qu’elles 
le  sont  au  jardin  de  Grenoble.  Par  contre, 
se  trouvant  sans  doute  dans  un  terrain  plus 
favorable  à leur  développement,  les  tiges  et 
les  feuilles  se  sont  incontestablement  ac- 
crues. 

Quoi  qu’il  en  soit,  le  Caccinia  glauca, 
déjà  cultivé  dans  les  jardins  de  Gels,  mérite 
une  place  dans  les  parties  réservées  aux 
plantes  singulières  que  leur  consacrent 
d’ordinaire  les  vrais  amateurs  d’horticul- 
ture. 

La  culture  n’en  présente  aucune  diffi- 
culté. B suffit  de  semer  au  printemps  et  en 
pots  dans  un  sol  léger  les  graines  que  cette 
Borraginée  produit  facilement;  de  piquer 
séparément  chaque  individu  aussitôt  que  les 
deux  premières  feuilles  ont  succédé  aux 
larges  cotylédons  des  jeunes  plantes  ; de  les 
laisser  quelques  jours  sous  châssis  pour  en 
favoriser  la  reprise,  et,  lorsque  celle-ci  est 
assurée,  de  les  mettre  en  pleine  terre. 

Comme  ces  plantes  ne  fleurissent  pas  la 
première  année  du  semis , on  pourrait 
même,  ce  qui  serait  préférable,  croyons- 
nous,  semer  les  graines  en  août-septembre, 
et  hiverner  sous  châssis  après  avoir  repiqué 
les  individus  en  temps  opportun,  et  mettre 
le  plant  en  place  au  printemps.  Le  Caccinia 
glauca  peut  supporter  une  température  de 
— 6-8  degrés. 

Les  différences  signalées  plus  haut  dans 
le  développement  des  organes  de  végétation, 
entre  le  Caccinia  glauca  cultivé  à Gre- 
noble et  à Paris,  ne  sont  pas  les  seules  que 
nous  ayons  à indiquer.  Soit  sous  la  double 
influence  du  sol  et  du  climat,  soit  sous  celle, 
incontestable  et  généralement  incontestée. 


CACCIMA  GLAUCA. 


333 


qu’entraîne  le  dépaysement  d’une  plante 
pour  la  production  de  ses  variations,  la  co- 
loration des  fleurs  s’est  sensiblement  modi- 
fiée. Ainsi,  ses  fleurs  sont  et  restent,  à Gre- 
noble, d’un  bleu  céleste,  et  il  est  difficile 
d’observer,  même  sur  les  corolles  passées, 
cette  teinte  un  peu  violacée  qui,  à Paris, 
prend  depuis  le  moment  de  l’épanouisse- 
ment de  la  corolle  jusqu’à  celui  de  son  dé- 
clin, une  intensité  de  plus  en  plus  grande. 
Ces  changements  de  coloration  que  peut 
amener  l’âge  de  la  fleur,  et  en  particulier 
dans  la  famille  des  Borraginées,  ne  sont  pas 
rares;  on  les  a depuis  longtemps  observées 
dans  des  familles  diverses.  Toutefois,  il  est  à 
remarquer  que  les  plantes  à corolle  mono- 
pétale en  offrent  plus  d’exemples  que  celles 
à fleurs  polypétales.  Les  Convolvulacées,  et 
entre  autres  Vlpomæa  Leari,  fournit,  sous 
ce  rapport,  un  exemple  des  mieux  caracté- 
risés. 

Mais,  sans  sortir  de  la  famille  à laquelle 
appartient  la  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette 
note,  cette  tranformation  du  coloris,  dans 
les  mêmes  fleurs,  est  portée  au  plus  haut 
degré  dans  diverses  et  gigantesques  Con- 
solides orientales.  Elle  Test  davantage  en- 
core dans  VArnehia  ecMoides,  A.  DC., 
curieuse  plante  originaire  des  montagnes 
du  Caucase  et  de  l’Arménie,  et  dont  la  Re- 
j vue  horticole  a donné,  il  y a quelques  an- 
nées (1),  la  description,  accompagnée  d’une 
, figure  coloriée.  Ici,  en  effet,  d’une  teinte 
jaune  à peu  près  uniforme  le  premier  jour 
de  leur  épanouissement,  les  divisions  de  la 
corolle  se  sont  bientôt  munies,  à leur  base, 
d’une  macule  d’abord  jaune  plus  foncé,  puis 
purpurine.  L’effet  contraire  se  produit  par- 
r fois  dans  la  même  Borraginée  et  sur  des 
j pieds  de  même  espèce  cultivés  au  Muséum  ; 
n nous  avons  eu  l’occasion,  ainsi  que  nous 
I i l’avons  indiqué  dans  Tarticle  qu’accompagne 
I le  dessin  précité,  de  constater  que,  le  pre- 
\ mier  jour  de  leur  épanouissement,  les  divi- 
k sions  de  la  corolle  étaient  munies  chacune 

f d’une  large  tache  pourpre  intense,  presque 

i noire,  taches  qui  disparaissaient  un  ou  deux 
T jours  après,  et  souvent  même  avant  la  com- 
plète flétrissure  des  fleurs. 

Il  ne  sera  peut-être  pas  inutile  de  rappeler 
, j ici,  à propos  du  Caccinia  glauca^  quelques 
I j plantes  de  la  même  famille  qui  sont  depuis 
c longtemps  cultivées  dans  nos  jardins,  ainsi  que 

celles  qui,  avec  une  culture  intelligente,  se- 
raient bien  dignes  d’entrer  dans  le  jardin 
d’un  véritable  amateur. 

J 

(1)  Revue  horticole^  1862,  pp.  51  et  52. 


Dans  cette  liste,  plutôt  nominative  que 
descriptive,  nous  classerons  les  plantes  dont 
elle  se  compose  sous  deux  chefs  principaux  : 

les  Borraginées  frutescentes  ou  sous-li- 
gneuses; 2»  les  Borraginées  herbacées. 

Dans  la  première  série,  nous  rappellerons 
d’abord,  à cause  même  du  parti  que  pour- 
raient en  retirer  les  amateurs  et  les  jardi- 
niers, les  Heliotropimn  peruvianum,  L., 
et  corymhosum,  B.  et  Pav.,  tous  deux  ori- 
ginaires du  Pérou.  Cultivées  depuis  une 
date  fort  reculée,  soit  pour  le  délicieux  par- 
fum qu’exhalent  leurs  fleurs,  soit  à cause 
de  leur  culture  facile  et  surtout  de  la  pro- 
longation de  leur  floraison,  ces  plantes  fe- 
ront encore,  quoi  qu’on  fasse,  longtemps 
partie  de  celles  auxquelles  on  recourra 
toujours  pour  l’ornementation  des  corbeilles 
et  des  plates-bandes.  Par  suite  de  la  culture 
dont  elles  sont  depuis  de  longues  années 
l’objet,  la  première  a produit  deux  variétés 
bien  distinctes,  cultivées  : la  première,  sous 
le  nom  de  H.  de  Yolterra,  et  non  de  Vol- 
taire, et  la  seconde  sous  l’épithète  de  H.  de 
Liège.  C’est  à la  seconde  {H.  corymhosum) 
qu’on  doit  rattacher  la  plante  connue  sous 
le  nom  de  H.  grandiflorum,  Don.,  et  dont 
les  fleurs,  pareillement  odorantes,  sont  plus 
grandes  et  d’un  coloris  plus  foncé  que  dans 
V Heliotr opium  peruvianum. 

C’est  tout  près  des  Héliotropes  que  les 
botanistes  classent  le  genre  Tournefortia, 
dont  l’espèce  la  plus  humble,  mais  non  pas  la 
moins  jolie,  est  le  T.  heliotropioides,  Hook., 
originaire  du  Mexique  et  d’autres  régions 
tempérées  ou  septentrionales  du  Nouveau- 
Monde.  Si  ce  Tournefortia,  qui  est  vivace 
par  ses  racines  traçantes,  et  suffrutescent 
par  la  base  de  ses  tiges  persistantes,  ne  se 
développe  que  très-tardivement  dans  nos 
cultures  à Tair  libre,  il  rachète  cette  tardi- 
veté,  que  lui  impose  le  climat,  par  la  suc- 
cession presque  non  interrompue  de  ses 
grappes  scorpioïdes  de  fleurs  bleuâtres,  as- 
sez semblables  à celles  des  Héliotropes, 
mais  peu  odorantes. 

Parmi  les  Borraginées  ligneuses  qui  de- 
mandent un  abri  l’hiver  sous  notre  climat, 
nous  mentionnerons  encore  le  genre  Echium, 
dont  les  espèces  qui  nous  occupent  et  que 
nous  allons  rappeler  habitent  surtout  les 
Canaries  et  les  îles  voisines.  Ce  sont,  entre 
autres,  les  E.  simplex,  DC.  ; fastuosum, 
Jacq.  ; strictum,  L.  f.  ; candicans,  L.  f . ; 
cynoglossoides,  Desf.  ; thyrsiflorum,  Mass, 
ex  Link,  ai  giganteum,  L.,  toutes  espèces 
à tiges  dépassant  1 mètre  de  hauteur,  sou- 
vent ramifiées,  couronnées  le  plus  souvent 


CACCINIA  GLAUCA. 


334 

d’un  grand  nombre  de  feuilles  de  formes 
plus  ou  moins  largement  lancéolées-aiguës, 
pubesbentes  ou  soyeuses  blanchâtres , et 
portant  des  énormes  inflorescences  bleues 
spiciformes,  ou  mieux  en  forme  de  pompon, 
et  que  tous  nos  lecteurs  ont  certainement 
présentes  à la  mémoire. 

Les  Borraginées  ornementales  herbacées 
peuvent  se  classer  en  deux  groupes,  celles 
de  haute  stature  et  celles  de  taille  plus 
humble.  Parmi  les  premières,  nous  devons 
rappeler  la  Buglosse  d’Italie  (Anchusa  ita- 
lica,  Betz),  qui  lient  toujours  si  brillam- 
ment, dans  la  partie  centrale  de  nos  plates- 
bandes,  la  place  qui  lui  a été  donnée  depuis 
si  longtemps  ; elle  doit  la  faveur  dont  elle 
est  l’objet  à la  beauté  et  au  nombre  si  con- 
sidérable de  ses  fleurs  bleues,  réunies  en 
vastes  panicules  ; la  Buglosse  toujours  verte 
(Anchusa  sempervirens,  L.  ; Caryolopha^ 
F.  et  Mey.),  indigène  comme  la  précédente, 
à fleurs  bleu  azuré,  et  qui  remplira  toujours 
un  important  rôle  dans  les  massifs  d’arbres 
ou  arbustes  fleurissants  ou  à feuillage  déco- 
ratif. C’est  aussi  à ce  même  genre  qu’ap- 
partient la  Buglosse  officinale  (Anchusa  ofjU 
cinalis,  L.),  qui,  bien  qu’inférieure  aux 
espèces  précédentes,  ne  contribuerait  pas 
moins,  par  ses  fleurs,  tantôt  bleues  ou  vio- 
lettes, tantôt  rosées  ou  blanches,  selon  la 
variété,  à l’ornement  des  stations  peu  expo- 
sées au  soleil. 

Le  genre  Symphytum , dont  presque 
toutes  les  espèces  sont  plus  ou  moins  cu- 
rieuses, voire  même  ornementales,  soit  par 
leur  grande  dimension,  et  souvent  aussi  par 
l’ampleur  de  leur  feuillage,  soit  par  le 
nombre  et  le  coloris  variable  de  leurs  co- 
rolles, qui  sont  réunies  à l’extrémité  de  ra- 
mifications dont  l’ensemble  forme  d’im- 
menses panicules,  possède  un  certain  nombre 
de  types  spécifiques  dignes  d’être  utilisés 
pour  la  décoration  de  quelques  parties  des 
jardins  paysagers.  Nous  noterons,  outre  le 
S.  officinale,  L.,  qui  orne  si  élégamment, 
en  même  temps  que  le  fait  aussi  l’Iris  faux- 
Acore,  les  bords  de  nos  ruisseaux  par  ses 
fleurs  violet  rosé  ou  blanches,  selon  la  va- 
riété, le  S.  hullatum,  Horn.,  de  la  Tauride, 
et  le  S.  tuberosum,  L.,  de  nos  prairies  sub- 
alpines, tous  deux  à fleurs  blanches  ou  jau- 
nâtres. Les  suivantes,  dont  le  développement 
des  tiges,  qui  dépasse  plus  de  1“^  70  de  hau- 
teur, est  tellement  vigoureux  qu’on  les  a 
recommandées  aux  agriculteurs  comme 
plantes  fourragères  : S.  echinatum,  Lede- 
bour,  de  Bussie,  et  S.  asperrhnum,  Bieb., 
du  Caucase,  sont,  sous  le  rapport  de  la 


taille,  les  espèces  les  plus  robustes  du  genre. 
Les  fleurs  sont  bleu  azuré  dans  la  première, 
bleu  violet  dans  la  seconde,  et  toutes  deux 
forment  des  touffes  gigantesques  dignes  de 
concourir  pour  une  large  part  à l’ornemen- 
tation des  parties  pittoresques  et  fraîches  ou 
demi-omhragées  des  jardins  paysagers.  Le 
Symphytum  peregrinum,  Ledeb.,  de  Po- 
dolie,  est  encore  une  Consoude  à larges 
feuilles  et  à grandes  fleurs,  mais  la  colora- 
tion violet  terne  de  celles-ci  fera  qu’on  don- 
nera toujours  la  préférence  aux  deux  précé- 
dentes. 

Pour  terminer  l’énumération  des  grandes 
Borraginées  herbacées  dont  la  présence 
dans  nos  jardins  ne  pourrait  qu’être  favo- 
rablement accueillie,  nous  rappellerons  en- 
core une  espèce  qui,  bien  que  très-vulgaire 
dans  les  sols  sablonneux  de  nos  environs, 
n’en  remplirait  pas  moins  un  rôle  utile.  C’est 
la  Vipérine  commune  (Echium  vulgare,h.), 
dont  il  existe  une  variété  parviflore,  qu’on 
rencontre  assez  fréquemment  aux  environs 
de  Paris,  et  à laquelle  Beichenbach  a donné 
le  nom  de  E.  Wierzsbickii. 

Nous  trouverions,  dans  le  second  groupe 
des  Borraginées  herbacées  d’ornement,  un 
plus  grand  contingent  d’espèces  à signaler. 
Ce  sont  d’abord  les  Omphalodes,  dont  trois 
représentants  spécifiques  sont  des  plus  con- 
nus verna,  Mœnch,  l’une  de  nos 

plantes  les  plus  populaires;  2®  l’O.  longi- 
flora,  A.  DC.,  du  Cachemyre,  espèce  vi- 
vace à fleurs  bleu  foncé  réunies  au  sommet 
des  tiges  en  grappes  denses  ; et,  enfin,  3°  l’O. 
linifolia,  Mœnch,  plante  annuelle  à feuilles 
glauques,  et  dont  les  nombreuses  fleurs 
blanches  ne  sont  pas  sans  produire  un  grand 
effet  dans  les  bordures  ou  contre-bordures 
de  nos  parterres.  On  le  trouve,  à ce  qu’il 
paraît,  à l’état  sauvage,  dans  les  bois  de  la 
base  du  mont  Ventoux  ; mais  nous  avons 
quelque  doute  sur  l’identité  de  l’espèce,  d’a- 
près la  description  qu’en  a donnée  autrefois 
Requien , et  il  serait  intéressant  de  pouvoir 
s’en  assurer  parle  semis.  Une  autre  espèce, 
très-voisine  de  celle-ci,  c’est  l’O.  littoralis, 
des  sables  maritimes  de  la  Vendée,  mais 
elle  n’a  pas  été  cultivée  jusqu’ici  dans  les 
jardins. 

Puis  les  Myosotis,  dont  le  nom  ne  peut 
s’oublier.  Ce  genre  renferme  une  quaran- 
taine d’espèces,  dont  deux  seulement  con- 
courent aujourd’hui  à la  garniture  printa- 
nière de  nos  corbeilles.  Ce  sont  : M le  M. 
palustris,  le  (c  Souvenez-voue  de  moi  » tra- 
ditionnel, et  qui,  sous  l’influence  du  milieu, 
a produit  une  forme  assez  constante  au  point 


CAGCIMA  GLAUCA. 


335 


de  vue  biologique  pour  vivre  dans  une  terre 
non  seulement  émergée,  mais  tenue  simple- 
ment dans  un  état  permanent  de  fraîcheur. 
C’est  par  une  culture  raisonnée  et  longtemps 
prolongée  que  MM.  Vilmorin  et  ont  ob- 
tenu et  fixé  cette  variété.  Il  n’échappera  à 
personne  que  c’est  là  un  fait  des  plus  cu- 
rieux. En  effet,  rendre  terrestre  une  plante 
aquatique  n’est  pas  chose  facile  à obtenir, 
et  nos  annales  horticulturales  n’ont  jus- 
qu’ici enregistré  aucun  fait  de  ce  genre  ; 
2»  le  il/,  alpesiris,  Schmidt,  dont  on  fait 
avec  succès,  surtout  depuis  une  quinzaine 
d’années,  un  large  emploi  pour  la  formation 
des  bordures. 

Le  il/,  alpestris  cultivé  est- il  réellement 
celui  que  nos  Aoristes  considèrent  comme 
tel,  ou  bien  ne  serait-ce  pas  plutôt  une 
forme  domestiquée  de  ce  type  que  tous  les 
botanistes  ont  recueilli  dans  les  endroits 
herbeux,  rocailleux,  frais,  humides  même 
qui  avoisinent  ou  dépassent  la  région  succé- 
dant immédiatement  à la  limite  des  prairies 
alpines?  Nous  ne  savons;  en  tous  cas,  le 
Myosotis  alpestris  J très- souvent  cultivé 
dans  nos  jardins,  a produit,  depuis  une 
quinzaine  d’années,  date  approximative  de 
son  introduction  dans  nos  cultures,  une  va- 
riété à fleurs  blanches,  aujourd’hui  aussi 
répandue  que  le  type.  A ces  deux  variétés 
s’en  ajoute  maintenant  une  troisième  à fleurs 
rose  violet,  et  que  les  visiteurs  de  l’exposi- 
tion que  la  Société  centrale  d’horticulture 
de  France  vient  de  tenir  au  Palais- de-l’In- 
dustrie  ont  dû  remarquer  dans  le  splendide 
lot  de  plantes  herbacées  qu’exposaient 
MM.  Vilmorin,  Andrieux  et  G'e.  Cette  va- 
riété, qu’on  peut  considérer  maintenant 
comme  définitivement  fixée,  est  des  plus 
curieuses,  et  fait  une  exception  assez  rare 
par  la  transformation  manifeste  des^coloris 
de  bleu  en  rose , phénomène  que,  dans  la 
même  famille , nous  présente  quelquefois 
aussi  VAnchusa  officinalis.  A ces  deux 
Myosotis,  dont  le  premier  a pareillement 
donné  naissance  à une  variété  blanche,  ainsi 
qu’à  une  autre  à fleurs  rose  clair  ou  gris  de 
lin,  les  amateurs  pourraient  ajouter  les  M. 
sylvatica,  variant  de  même  du  bleu  au 
blanc  et  au  rose,  ainsi  que  le  M.  interme- 
dia, l’espèce  la  plus  répandue  dans  les  bois 
de  nos  environs.  Signalons  enfin,  pour  clore 
la  série  des  plantes  voisines  des  Myosotis, 
et  que  l’amateur  aurait  intérêt  à cultiver, 
surtout  quand  il  l’a  recueilli  lui-m^ême,  VE- 
Htrichium  nanum , Rchb.  {Myosotis  nana, 
Vill.),  dont  les  petites  touffes  cespiteuses, 
ornées  de  fleurs  du  plus  beau  bleu,  ne  se 


rencontrent  que  sur  les  rochers  ou  dans  les 
éboulés  un  peu  stables  des  plus  hautes  mon- 
tagnes. C’est  même  lui  qui,  en  compagnie 
d’un  très-petit  nombre  d’espèces  apparte- 
nant à des  familles  diverses,  dot  pour  ainsi 
dire  la  végétation  alpine. 

On  remarquera  que  nous  passons  sous 
silence  deux  charmantes  espèces,  les  il/. 
azorica  et  sa  variété,  le  M.  Elizahethœ ; 
mais  leur  culture  est  tellement  difficile  et 
réussit  si  rarement,  que  nous  hésitons  à ex- 
poser les  amateurs  aux  mêmes  déceptions 
que  nous  avons  si  souvent  éprouvées. 

Les  Pulmonaires , si  bien  étudiées , en 
1868,  par  M.  B.  Du  Mortier,  président  de 
la  Société  royale  de  botanique  de  Belgique, 
sont,  il  faut  le  reconnaître,  des  Borraginées 
qui,  par  leur  floraison  précoce  et  leurs  fleurs 
non  dépourvues  d’élégance,  dignes  d’être 
utilisées  dans  les  parties  pittoresques  des 
jardins,  surtout  dans  les  endroits  ombragés, 
frais  et  à sous-sol  perméable.  Il  n’est  pas 
inutile  de  rappeler  que  les  Pulmonaires  iin- 
néennes  ont  été,  par  ce  savant,  ainsi  que 
par  plusieurs  botanistes  modernes,  divisées 
en  un  certain  nombre  d’espèces  pouvant 
toutes,  du  reste,  contribuer  à l’ornementa- 
tion des  rocailles  artificielles. 

Outre  le  Pulmonaria  virginica,  L., 
{Stennhamera  virginica,  Bchb.),  que  ca- 
ractérisent des  fleurs  d’un  bleu  d’azur,  un 
feuillage  glauque  et  lisse,  nous  citerons  tout 
particulièrement  le  P.  angustifoUa , L., 
à feuilles  étroitement  lancéolées,  le  plus 
souvent  non  tachées,  et  à fleurs  d’un  beau 
bleu;  le  P.  saccliarata,  Mill.,  plante  très- 
variable,  que  spéciéisent  surtout  les  nom- 
breuses taches  blanches  plus  ou  moins 
étendues  de  ses  feuilles  ovales,  brusquement 
contractées  en  un  pétiole  ailé  au  sommet, 
et  des  fleurs  d’abord  bleu  rougeâtre,  passant 
au  violacé.  C’est,  aux  environs  de  Paris,  la 
plante  la  plus  vulgaire,  et  c’est  très-vrai- 
semblablement aussi  celle  que  les  horticul- 
teurs belges  et  français  cultivent  sous  le 
nom  de  P.  azurea ; elle  se  distingue  à peine 
du  P.  tuherosa,  Schranck  (P.  vulgaris. 
Mer.),  soit  par  ses  feuilles,  toujours  plus 
largement  maculées  et  moins  allongées,  soit 
par  ses  fleurs,  plus  ou  moins  grandes, 
bleuâtre  violacé.  Viennent  ensuite  les  P. 
officinalis,  L.,  et  mollis,  Wolf.  Nous  ne 
dirons  rien  de  ce  dernier,  dont  la  présence 
dans  les  jardins  est  exceptionnellement 
constatée.  Quant  au  premier,  c’est  aussi  une 
plante  très-rare,  et  que,  malgré  son  nom, 
on  ne  trouve  guère  que  dans  les  départe- 
ments de  l’Est.  Ses  feuilles  sont  cordées  à 


33G 


DU  BOUTURAGE  DES  PLANTES  MOLLES. 


la  base,  un  peu  maculées,  et  ses  fleurs, 
(l’abord  rouges,  passent  au  violet  en  vieillis- 
sant. 

Pour  compléter  l’énumération  des  Borra- 
ginées  dont  nous  pourrions,  au  point  de  vue 
qui  nous  occupe,  tirer  profit,  nous  rappelle- 
rions encore,  si  leurs  noms  n’étaient  tou- 
jours présents  à la  mémoire,  les  Gérinthés 
aux  feuilles  glaucescentes , la  Bourrache 
officinale,  connue  de  tout  le  monde,  et  dont 
il  existe  une  variété  albiflore,  ainsi  que  le 
Borrago  laxiflora,  DC.,  plante  rarement 
cultivée,  et  originaire  de  Corse  ; VAlkcünia 
tinctoria,  Tausch.  {vulgo  Orcanelte),  des 
lieux  arides  du  Midi,  et  si  difficile  à cultiver 
en  dehors  des  régions  où  il  croît  spontané- 
ment ; ce  fait  est  d’autant  plus  regrettable 
que,  soit  par  la  disposition  étalée  de  ses 
tiges,  soit  par  l’intensité  de  son  coloris, 
cette  bien  ancienne  plante  serait  très-conve- 
nable à l’ornement  de  nos  rocailles  ; les 
Onosma  echioides,  L.,  et  arenarium,  W. 
et  Kit.,  ce  dernier  à peine  distinct  du  pré- 
cédent, et  dont  le  jardinier  n’arrivera,  quoi 
qu’il  fasse,  à obtenir  des  touffes  aussi  élé- 
gantes que  celles  qu’il  peut  lui  être  donné 
de  voir  dans  les  lieux  où 'elles  croissent  à | 
l’état  sauvage.  Enfin,  nous  terminerons  cette  ! 
longue  liste  par  la  citation  des  Grémils  (Lf-  i 


Ihospermum),  qui  sont  cultivés  ou  seraient 
dignes  de  l’être.  Le  L.  purpureo  ceru- 
lœuni,  L.,  a depuis  longtemps  sa  place  dans 
les  jardins,  et  les  L.  fruticosum,  L.,  de 
l’Europe  méridionale,  et  le  L.  prostratum  ^ 
Lois.,  qui  n’en  est  sans  doute  qu’une  va- 
riété à rameaux  étalés  et  propre  à la  région 
du  sud-ouest,  auraient  dû,  depuis  longtemps 
déjà,  et  malgré  leur  difficile  culture,  contri- 
buer à l’ornement  de  nos  rocailles.  Nous 
avons  eu,  à la  dernière  exposition  de  Gand, 
l’occasion  de  voir  dans  toute  sa  beauté  un 
remarquable  individu  de  L.  fruticosum.  La 
culture  si  intelligemment  donnée  à celte 
plante  par  son  exposant  nous  engage  à en 
rappeler  la  physionomie  générale.  Sa  tige, 
simple,  haute  de  25  à 30  centimètres,  — ré- 
sultat qui  nous  paraît  assez  difficile  à obte- 
nir, — se  ramifiait  à son  sommet,  et  ses  ra- 
mifications formaient,  par  leur  ensemble  et 
la  manière  dont  elles  avaient  été  dirigées, 
la  rnoité  d’une  sphère  ornée  d’un  grand 
nombre  de  fleurs  bleu  foncé.  L’apparence 
de  cette  plante  ainsi  élevée,  et  dont  la  cul- 
ture devrait  être  généralisée,  rappelait  celle 
que  les  lleuristes  parisiens  savent  si  bien 
donner  au  Mgoporum  parviflorum. 

B.  YERf.OT. 


DU  BOUTURAGE  DES  PLANTES  MOLLES 


En  horticulture,  il  n’y  a pas  de  repos  ; 
une  chose  est  à peine  terminée  que  l’on  doit 
en  faire  une  autre.  Ainsi,  la  saison  des  plan- 
tations est  à peine  terminée,  les  plantes  dites 
d’automne  en  fleurs,  que  déjà  il  faut  penser 
à semer,  à bouturer  pour  le  printemps  pro- 
chain. C’est  sur  ce  dernier  point  que  nous 
voulons  appeler  l’attention. 

Bien  que  le  bouturage  soit  une  opération 
généralement  bien  connue  des  lecteurs  de 
la  Revue,  nous  croyons  néanmoins  leur  être 
utile  en  leur  faisant  connaître  le  procédé 
que  nous  employons,  et  dont  les  résultats 
sont  excellents.  B est  des  plus  simples,  et 
ne  demande  ni  cloche  ni  préparation  de 
terre  ; on  le  pratique  à l’air  libre.  Toutefois, 
je  dois  dire  que  je  ne  suis  pas  l’inventeur 
de  ce  procédé;  je  l’ai  vu  pratiquer  pour  la 
première  fois  par  M.  Alphonse  Brusse,  lors- 
qu’il était  garçon  jardinier  chez  nous,  en 
1866  (il  est  actuellement  jardinierau  Havre), 
lequel  m’a  assuré  l’avoir  vu  pratiquer  il  y a 
déjà  longtemps.  Voici  comment  on  doit  opé- 


rer : après  avoir  choisi  la  place  du  jardin  la  j 
plus  chaude  et  la  plus  exposée  au  soleil,  on  1 , 
prépare  des  terrines  non  percées,  des  ter-  | 
rines  à salades  par  exemple,  puis,  après  les  : 
avoir  remplies  de  sable  bien  fin,  soit  de  ri-  [ 
vière,  soit  de  ravine,  on  bassine  les  terrines  | ■ 
avec  un  arrosoir  à pomme,  et  Ton  plante  les  ! 
boutures  comme  on  fait  babiluellement.  La 
plantation  achevée,  on  remplit  d’eau  les  ter- 
rines jusqu’au  bord,  et  l’on  a soin  de  les  en-  il 
tretenir  constamment  pleines  jusqu’à  la  îi 
complète  reprise  des  boutures.  \ 

Gontrairemenl  à l’idée  qu’on  se  fait  géné-  / ft 
râlement,  les  boutures  ne  craignent  pas  le  ti 
soleil,  pourvu  qu’on  ait  soin,  ainsi  que  nous  ^ 
l’avons  dit  plus  haut,  de  tenir  les  terrines  , ï® 
constamment  remplies  d’eau,  et,  dans  ce  il 

cas,  toutes,  même  les  plus  herbacées,  ré-  ifji 

sistent  parfaitement,  et  cela  sans  avoir  ja-  f f ît 
mais  besoin  d’être  ombragées.  j r k 

Paul  H AUQUEL,  I > i 

Jardinier  à Monlivilliers.  j I * 

I », 


DIMORPHISME  DU  ROSA  UANXaBIFOUA. 


337 


DIMORPHISME  DU  ROSA  GAANABIFOLIA 


Deux  mots,  d’abord,  sur  le  dimorphisme  : 
Les  dimorphismes  peuvent  être  envisagés 
à deux  points  de  vue,  ou,  si  l’on  aime  mieux, 
être  expliqués  à l’aide  de  deux  hypothèses  : 
l’une,  que  ce  sont  des  faits  à'atavisme, 
c’est-à-dire  d’une  tendance  à retourner  au 
type  dont  ils  sortent,  ce  qui  expliquerait 
leur  origine;  l’autre  hypothèse  serait  une 
tendance  à la  disjonction,  c’est-à-dire  à la 
séparation  de  leurs  éléments,  et  alors  une 
propension  à la  formation  d’un 
nouveau  type.  Les  deux  sortes 
d’hypothèses  sont  possibles  ; elles 
paraissent  même  parfois  tout  à 
fait  hors  de  doute.  Le  fait  dont 
nous  allons  parler  semble  ren- 
trer dans  la  première  de  ces 
hypothèses,  ce  qui,  du  reste,  va 
ressortir  de  la  description  que 
nous  allons  faire.  Commençons 
par  décrire  le  Rosa  cannabi- 
folia,  plante  peu  connue  dans 
les  cultures,  bien  qu’elle  ne 
soit  pas  dépourvue  d’intérêt  ; au 
point  de  vue  de  la  botanique, 
elle  en  a un  réel  par  les  ca- 
ractères qu’elle  présente.  En 
voici  une  description  : 

Arbuste  vigoureux  à bran- 
ches dressées,  à ramifications 
étalées  - divariquées.  Écorce 
lisse,  luisante.  Feuilles  alter- 
nes, souvent  une,  parfois  deux, 
opposées  sur  un  bourgeon , lon- 
guement pétiolées,  à 5 folioles 
linéaires-elliptiques,  longues  de 
3-5  centimètres,  larges  de  18- 
20  millimètres,  sessiles,  d’un 
vert  sombre , légèrement  ru- 
gueuses-scabres,  à dents  fines,  couchées- 
aiguës,  à rachis  long,  grêle,  violacé. 
Fleurs  (fig.  31,  rameau  placé  à droite) 
pleines  ou  à peu  près  pleines,  larges  de 
3-4  centimètres  de  diam.ètre,  à pétales  très- 
nombreux,  petits,  étroits,  irrégulièrement 
déchiquetés,  d’un  blanc  jaunâtre  ou  soufré, 
rappelant  un  peu  les  fleurs  du  rosier  Banks. 

Tels  étaient,  sans  aucune  variation,  les 
caractères  que,  depuis  un  grand  nombre 
d’années,  nous  présentait  le  Rosa  canna- 
hifolia,  lorsque  cette  année,  1873,  sur  deux 
forts  pieds  que  nous  possédions,  il  s’est  pro- 
duit sur  chacun  d’eux  un  fait  comme  celui 


que  représente  la  figure  31.  Sur  une  même 
branche,  partant  du  même  point  ou  à peu 
près,  un  rameau  (celui  qui  est  à la  gauche 
sur  la  figure  31)  s’est  développé,  lequel 
présentait  les  caractères  suivants  : écorce 
‘munie  d’arguillons  assez  forts,  arqués,  pré- 
sentant à leur  base  un  assez  large  empâte- 
ment; folioles  largement  ovales  arrondies, 
fortement  rugueuses,  d’un  vert  gris,  large- 
ment dentées-crénelées.  Fleurs  simples 


d’environ  8 centimètres  de  diamètre,  à pé- 
tales d’un  blanc  pur,  largement  obovales, 
élargies,  comme  tronquées-cunéiformes  au 
sommet,  qui  est  largement  échancré. 

Les  caractères  que  nous  venons  d’énumé- 
rer sont  à peu  près  ceux  que  présente  le 
Rosa  alha,  duquel,  assure-t-on,  le  R.  can- 
nahi folia  est  issu.  Si  ce  fait  est  vrai,  le 
cas  de  dimorphisme  dont  nous  parlons,  et 
que  représente  la  figure  31,  serait  donc  un 
effet  de  retour.  Quoi  qu’il  en  soit,  nous 
avons  cru  qu’il  était  bon  de  le  signaler. 

E.-A.  Carrière. 


338 


A PROPOS  DU  PHYLLOXERA. 


! 


A PROPOS  DU 

Nous  avons  lu  avec  la  plus  grande  attention 
tout  ce  qui  a été  écrit  au  sujet  du  phylloxéra. 
Nous  avons  aussi,  autant  qiiil  nous  était 
possible,  apprécié  la  valeur  des  communica- 
tions et  des  rapports  qui  ont  été  faits  ; mais, 
nous  devons  le  dire,  de  tous  les  moyens 
préconisés  pour  combattre  ce  terrible  en- 
nemi, celui  qui  nous  a le  plus  frappé  est  la 
submersion,  procédé  inventé,  pratiqué  et 
recommandé  par  M.  L.  Faucon,  et,  à ce 
sujet,  nous  écrivions  dans  la  Revue  horti- 
cole, 1870,  p.  303,  les  lignes  suivantes  : 

Un  fait  à peu  près  certain,  c’est  que  malheu- 
reusement, le  phylloxéra  vastatrix  continue  ses 
ravages,  et,  malheureusement  encore,  que  de 
tous  les  remèdes  employés,  il  n’en  est  qu’un, 
assure-t-on,  qui  a produit  de  bons  résultats. 
C’est  la  submersion,  dont  M.  Louis  Faucon,  pro- 
priétaire-viticulteur, membre  de  la  chambre  con- 
sultative d’agriculture  de  l’arrondissement  d’Ar- 
les, le  premier,  aurait  eu  l’idée.  Cette  opération, 
qui  se  pratique  en  automne  et  en  hiver,  consiste 
à submerger  complètement,  autant  qu’on  le  peut 
du  moins,  le  sol  dans  lequel  sont  plantées  les 
Vignes,  de  manière  à faire  périr  tous  (insectes  et 
larves)  les  phylloxéras.  M.  L.  Faucon  assure  que 
toutes  les  Vignes  malades  qu’il  a pu  soumettre  à 
ce  traitement  sont  à peu  près  guéries  ou  bien 
près  de  l’ôtre.  Cet  honorable  viticulteur  ne  fait 
pas  mystère  de  sa  découverte,  au  contraire, 
et  depuis  longtemps  il  en  a recommandé  l’em- 
ploi; mais,  comme  cela  arrive  presque  toujours, 
on  lui  fait  des  objections,  on  cite  les  nombreux 
cas  où  le  procédé  n’est  pas  applicable,  et,  mal- 
heureusement, on  semble  s’appuyer  sur  ceux-ci 
pour  n’essayer  nulle  part,  pas  meme  là  où  l’ex- 
périence serait  facile  à faire.  Pourtant  quelques 
vignerons,  nous  ne  dirons  pas  plus  intelligents, 
mais  mioins  rebelles  aux  innovations  et  poussés 
sans  doute  par  la  complète  inefficacité  des  autres 
moyens  recommandés,  commencent  à essayer  le 
procédé  indiqué  par  M.  L.  Faucon  ; l’un  d’entre 
eux,  M.  Tardieu,  s’en  trouve  très-bien,  si  l’on 
peut  en  juger  d’après  une  lettre  qu’il  a écrite  et 
qui  a été  insérée  dans  le  Journal  d' Agriculture 
pratique,  1870,  p.  134. 

Après  avoir  reproduit  celte  lettre,  qui 
témoigne  de  la  bonté  du  procédé,  nous 
ajoutions  comme  conclusion  : 

Nous  n’ignorons  pas  que  la  submersion  n’est 
pas  possible  pour  toutes  les  Vignes,  mais  est-ce 
une  raison  pour  ne  pas  l’appliquer  là  où  on  le 
peut?  Non,  sans  doute,  au  contraire.  Mais,  d’une 
autre  part,  s’il  est  reconnu  que  c’est  le  seul 
moyen  d’avoir  des  Vignes  dans  ces  contrées  mé- 
ridionales, pourquoi  ne  planterait-on  pas  en 
Vignes  les  terrains  qui  peuvent  être  submergés? 


PHYLLOXERA  ! 

[ 

I 

1 

C’est,  du  moins,  ce  que  peut-être  on  sera  obligé  i 
de  faire,  du  moins  jusqu’à  ce  que  les  causes  ! 
qui  ont  amené  le  phylloxéra  n’existant  plus,  cet  ' 
insecte  disparaîtra.  Sera-ce  prochainement?  Nous 
le  désirons.  ^ 

On  peut  voir,  d’après  ce  qui  suit,  que  i i 
nous  partageons  complètement  l’opinion  de  i 
M.  L.  Faucon,  sans  toutefois  prétendre  à en  j | 
partager,  en  quoi  que  ce  soit,  le  mérite;  ; 
c’est  assez  de  le  constater.  Mais  si  les  faits,  ; 
que  nous  avons  rappelés,  n’étaient  pas  suffi- 
sants, ceux  qui  ont  été  consignés  dans  un 
très-remarquable  article  (1)  par  M.  E.  Borde 
de  Tempest  sont  de  nature  à dissiper  tous  i 
les  doutes.  Aussi,  si  nous  revenons  sur  ce  ; 
sujet,  ce  n’est  pas  pour  appuyer  les  dires  de  ; 
MM.  Faucon,  Tardieu  et  E.  de  Tempest  qui 
ont  pour  eux  les  faits,  toujours  autrement  ' 
éloquents  que  toutes  les  phrases  que  l’on  i 
pourrait  faire.  Notre  but  est  tout  autre  : 
appeler  l’attention  des  savants  et  des  prati- 
ciens sur  certaines  particularités  peu  con- 
nues, et  qui,  peut-être,  si  l’on  en  tirait  les 
conséquences,  pourraient  jeter  quelque  jour 
sur  cette  importante  question  en  faisant  res- 
sortir des  faits  assez  analogues  à ceux  que  ! 
l’on  constate  dans  le  travail  de  la  submer-  ; 
sion  et  qui  ont  passé  inaperçus.  Ajoutons 
que  les  faits  dont  nous  allons  parler  concor-  . 
dent  assez  avec  ceux  de  M . L . F aucon , et  qu’ils 
sem.blent  même  les  confirmer.  Pour  cela,  et 
avant  tout,  nous  posons  cette  question  : Le 
'phylloxéra  est-il  d’origine  américaine^,  u 
et  si  oui,  son  apparition  dans  nos  cul-  I 
tures  est-elle  aussi  récente  qu’on  paraît  le  ! 
croire^  On  doit  comprendre  que  sur  ces 
différents  points,  délicats  et  difficiles  à Irai-  J 
ter,  nous  n’avons  pas  la  prétention  de  don- 
ner  une  solution  complète,  mais  seulement,  i 
et  ainsi  que  nous  l’avons  dit,  d’appeler  Fat-  ( 
tention  sur  certains  faits  que  nous  allons  j 
exposer,  et  qui  nous  paraissent  dignes  de  i 
quelque  attention.  Voici  : 

Vers  1852,  un  de  nos  collègues  bien 
avantageusement  connu,  M.  Dupuy-Jamain,  j 
horticulteur-pépiniériste,  route  d’Italie,  à la  ; ^ 

Maison-Blanche  (Paris,  13e  arrondissement),  j ^ 

avait,  en  outre  de  ses  pépinières  et  de  son  ^ 
établissement,  un  terrain  situé  à la  Pointe-  ! 
d’Ivry,  d’une  contenance  d’environ  60  ares,  | ^ 

exclusivement  consacré  à la  culture  des  ^ 
arbres  fruitiers  qui,  du  reste,  y poussaient  à | ^ 

(1)  Voir  Journal  d’Agriculture  pratique,  18/3,  j | 
p.  43.  ! I; 


A PROrOS  DU  PHYLLOXERA. 


33î> 


merv'eille,  lorsque  tout  à coup  il  s’aperçut 
que  ses  arbres,  jusque-là  si  rigoureux, 
semblaient  souffrir  : leur  belle  teinte  verte 
s’altérait,  l’écorce  des  jeunes  bourgeons  était 
comme  un  peu  ridée,  et,  peu  de  temps  après, 
les  feuilles  prenaient  une  teinte  jaune.  Con- 
fiant dans  la  qualité  du  terrain  et  dans  les 
bons  soins  qu’il  donnait  à ses  arbres, 
M.  Dupuy-Jamain  ne  s’en  effraya  pas  autre- 
ment; il  pensa  que  le  mal,  étant  probable- 
ment dû  à une  cause  accidentelle  telle 
qu’une  très-forte  insolation,  un  coup  de  vent 
ou  peut-être  l’influence  de  certains  gaz,  ne 
serait  que  passager.  Mais  il  ne  tarda  pas  à 
se  convaincre  du  contraire  et  à voir  qu’il 
devait  y avoir  là  une  affection  plus  grave 
qu’il  ne  l’avait  d’abord  supposé.  Mais  que 
faire?  D’où  pouvait  provenir  ce  mal  dont 
rien  ne  lui  révélait  la  cause  ? En  effet,  bon 
sol,  assez  humide  pour  que  les  végétaux  (des 
arbres  surtout)  ne  puissent  faner;  ni  tigre, 
ni  puceron  sur  les  feuilles;  rien,  en  un  mot, 
qui  puisse  expliquer  ce  dépérissement 
presque  instantané  d’arbres  dont  la  végéta- 
tion, jusque-là,  avait  été  parfaite.  C’est  alors 
qu’il  eut  l’idée  d’arracher  un  de  ces  arbres 
pour  en  examiner  les  racines.  Quel  ne  fut 
pas  son  étonnement  lorsqu’il  vit  ces  racines 
entièrement  envahies  par  des  légions  de  pu- 
cerons aptères  qu’il  n’avait  jamais  remar- 
qués, qu’il  ne  connaissait  pas,  et  dont  il  ne 
se  préoccupa,  du  reste,  autrement  que  pour 
tâcher  de  trouver  un’Dnoyen  de  s’en  débar- 
rasser ! Ayant  arraché  plusieurs  arbres  dans 
les  diffférentes  parties  du  jardin,  il  constata 
que,  à peu  près  tous  avaient  les[racinesdans 
le  même  état.  Disons  toutefois  que  les  Poi- 
riers seuls,  principalement  ceux  qui  étaient 
greffés  sur  franc,  étaient  attaqués.  Après 
avoir  longtemps  réfléchi,  l’idée  lui  vint  — 
pourquoi?  il  n’aurait  pu  le  dire  — d’arroser 
fréquemment  et  fortement  ses  arbres,  de 
les  ((  tenir  à Veau,  » comme  l’on  dit.  Peu  de 
temps  après,  il  vit  ses  arbres  revenir  à la 
vie,  et  à l’automme,  lorsqu’il  les  arracha, 
tout  le  mal  était  disparu.  Quelques  an- 
nées plus  tard,  dans  un  terrain  qu’il  avait 
loué,  rue  Vendrezanne,  dans  le  voisinage  de 
son  établissement,  le  même  fléau  sévit  sur 
ses  Poiriers.  Là,  aussi,  le  même  remède 
réussit  : de  très-fréquents  et  copieux  arro- 
merits  sauvèrent  les  arbres. 

Nous  savons  bien  qu’on  est  en  droit  de 
nous  faire  cette  objection  : Mais  est-il  dé- 
montré que  l’insecte  qui  attaquait  ainsi  les 
Poiriers  est  le  même  que  celui  qui  attaque 
j la  Vigne,  le  Plnjlloxera  vastatrix  ? Sous  ce 
rapport  nous  ne  pouvons  rienaffimer , puisque 


le  fait  n’a  pas  été  constaté  scientifiquement  ; 
mais  ce  que  nous  pouvons  dire  et  qui  donne 
un  certain  poids  à l’identité,  ce  sont  la  nature 
du  mal  et  ses  effets  qui,  de  plus,  paraissent 
corroborés  par  le  traitement  qui,  étant  le 
même  dans  les  deux  cas,  a produit  aussi 
des  résultats  tout  à fait  semblables.  On  s’est 
borné  dans  cette  circonstance  à découvrir 
l’ennemi,  puis  à lui  faire  la  guerre. 

Tout  ceci,  en  démontrant  que  si  le  puceron 
qui  attaquait  les  racines  des  Poiriers  de 
M.  Dupuy-Jamain  n’était  pas  le  même  que 
celui  qui  attaque  la  Vigne,  il  semble,  du 
moins,  indiquer  qu’il  a avec  lui  une  très- 
grande  analogie,  et,  ce  qui  est  important, 
qu’on  peut  le  combattre  par  les  mêmes 
moyens  : les  arrosements  copieux  répétés 
fréquemment.  Mais  si  le  contraire  arrivait, 
que  l’on  trouvât  sur  des  Poiriers  des  puce- 
rons semblables  à ceux  qu’a  observés 
M.  Dupuy-Jamain,  et  que  les  étudiant  avec 
soin,  la  science  pût  constater  qu’ils  sont 
identiques  à ceux  du  phylloxéra,  il  en  résul- 
terait que  celui-ci  n’est  pas  nouveau,  et 
aussi  que  son  origine  exotique  pourrait  être 
mise  en  doute . Peut-être  aussi  découvrirait-on 
que  ce  sont  des  insectes  du  même  genre, 
mais  de  différentes  espèces,  et  que  celle  qui 
attaque  la  vigne  est  américaine,  tandis  que 
celle  qui  attaque  les  Poiriers  est  européenne 
et  même  française,  fait  dont  nous  n’aurions 
toutefois  pas  lieu  de  nous  enorgueillir.  Il  va 
sans  dire  que  nous  ne  jugeons  pas,  et  que 
nous  n’avons  aucunement  l’intention  d’en- 
lever aux  savants  entomologistes  qui  ont  fait 
l’histoire  et  une  étude  spéciale  du  phylloxéra 
le  mérite  incontestable,  et  du  reste  incon- 
testé, de  leurs  remarquables  travaux.  Notre 
but,  nous  ne  saurions  trop  le  répéter,  en 
faisant  ressortir  l’analogie  des  insectes  et 
des  dégâts  qu’ils  occasionnent,  ainsi  que  du 
procédé  à l’aide  duquel  on  peut  les  détruire, 
est  d’engager  tous  les  intéressés  à faire  des 
expériences.  Mais  ce  que  nous  ne  saurions 
non  plus  trop  répéter,  c’est  que  nous  ne  pré- 
tendons avoir  aucune  part,  si  petite  soit-elle, 
à la  découverte  réelle  du  moyen  de  com- 
battre le  phylloxéra  par  la  submersion,  pro- 
cédé qui  revient  tout  entier  à M.  L.  Faucon. 

Tout  ceci  dit,  il  reste  encore  plusieurs 
questions  qui,  bien  qu’en  apparence  secon- 
daires, sont  également  d’une  importance  ca- 
pitale, d’abord  celle-ci  : La  submersion  des 
Vignes  est-elle  indispensable  pour  com- 
battre le  phylloxéra  ? Sous  ce  rapport,  on 
ne  peut  rien  affirmer  ; l’expérience  seule 
pourra  donner  une  solution.  Faisons^d’abord 
remarquer  que  s’il  était  bien  démontré, 


340 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


ainsi  qu’on  le  dit,  qu’il  suffise  qu’il  reste  un 
seul  insecte  pour  en  produire  bientôt  des 
millions  d’autres,  il  est  douteux  qu’on  par- 
vienne jamais  à se  débarrasser  du  phylloxéra, 
car,  dans  ce  cas,  aucune  submersion  ne 
pourrait  être  assez  complète  pour  les  faire 
tous  périr.  En  effet,  il  faudrait  alors  que  non- 
seulement  le  sol,  mais  la  tige  et  les  sarments 
de  Vigne  qui  peuvent  également  recéler  des 
œufs  ou  des  larves,  puissent  être  entièrement 
submergés,  ce  qui  est  de  toute  impossibilité. 
Reste  donc  à trouver  dans  quelles  limites  et 
dans  quelles  proportions  la  submersion  de- 
vrait se  faire,  et,  si  des  arrosements  peuvent 
suffire,  dans  quelles  conditions  ils  doivent 
être  pratiqués,  quelle  quantité  d’eau  l’on 
devrait  donner,  à quelle  époque,  etc.,  etc. 
D’un  autre  côté,  en  supposant  que  les  deux 
procédés  puissent  donner  de  bons  résultats, 
on  aurait  à tenir  compte  des  difficultés  ré- 
sultant de  l’emplacement,  des  Irais  de  main 
d’œuvre,  de  la  valeur  des  vins,  etc.,  etc., 
toutes  choses  très-complexes,  relatives,  et 
que  seule  l’expérience  peut  résoudre. 

Une  autre  question  qui  nous  est  sug- 
gérée par  une  objection  qui  nous  a été  faite 
est  celle-ci  : L’action  répétée  et  prolongée 
de  Veau  sur  les  racines  des  Vignes  n’ affai- 
blir ait- elle  2^  ois  la  qualité  des  vins  de  nos 
grands  crus^  et  alors  ne  leur  enlèverait- 
elle  pas  la  juste  renommée  dont  ils  joui- 
sent?  La  logique,  en  effet,  semble  répondre 
par  l’affirmative  ; mais,  même  en  admettant 
ce  fait,  devrait-on  s’arrêter  devant  les  con- 
séquences qu’ils  pourrait  entraîner,  et  là  où 
il  y a un  mal,  doit-on  ne  pas  chercher  à le 
combattre,  par  cette  raison  qu’on  ne  pourrait 
le  guérir  complètement?  Nous  croyons  le 
contraire  : quel  que  soit  un  remède,  il  vaut 
mieux  que  le  mal  ; autrement  il  n’aurait  de 


remède  que  le  nom.  Aussi,  pour  résumer  et 
conclure,  nous  disons  : 

Etant  reconnu  que  de  tous  les  moyens 
qu’on  a recommandés  pour  combattre  \e  phyl- 
loxéra, celui  de  M.  L.  Faucon  est  à peu 
près  le  seul  qui  donne  de  bons  résultats, 
il  faut  l’employer,  à moins  que  les  incon- 
vénients qu’il  pourrait  occasionner  soient 
trop  graves  et  qu’il  n’y  ait  pas  de  compen- 
sation entre  les  dépenses  et  les  bénéfices, 
ce  qui  est  une  question  d’appropriation, 
de  milieux,  etc.,  en  un  mot  d’économie, 
dont  seuls  les  intéressés  peuvent  être 
juges.  D’une  autre  part,  comme  il  est 
très-probable  que  des  arrosements  fré- 
quents et  copieux,  donnés  à propos,  produi- 
raient également  de  bons  résultats,  il  faut 
donc  aussi  en  essayer,  et  par  des  expériences 
variées,  s’assurer  si,  dans  certains  cas,  il  n’y 
aurait  pas  avantage  à pratiquer  ceux-ci  au 
lieu  de  la  submersion,  et  là  où  il  n’est  pas 
possible  d’arroser,  ni  de  submerger,  aban- 
donner temporairement  la  culture  de  la 
Vigne.  Mais  en  même  temps,  par  contre  et 
comme  compensation,  il  faut  planter  des 
Vignes  là  où  il  est  possible  d’irriguer,  et  cela 
sans  se  préoccuper  si  les  vins  seront  de 
qualité  un  peu  moins  bonne;  car  dans  cette 
circonstance  on  n’a  guère  à choisir  qu’entre 
quelque  chose  et  rien,  choix  qu’on  peut 
résumer  par  ce  dicton  : c(  entre  deux  maux, 
il  faut  choisir  le  moindre.  » C’est  du  moins 
ce  que  recommandent  la  prudence  et  la  sa- 
gesse, et  que  conseille  l’intérêt,  tant  qu’on 
aura  à craindre  les  ravages  du  phylloxéra, 
qui  lui  aussi,  on  ne  peut  en  douter,  dispa- 
raîtra, rien  ne  pouvant  être  éternel  ! Gomme 
les  biens,  les  maux  passent  ! 

E.-A.  Carrière. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Uhnus  Berardi,  Hort.,  Simon-Louis.  — 
Rien  de  plus  curieux  et  de  plus  distinct  que 
cette  espèce,  qui,  par  son  faciès,  n’a  pour 
ainsi  dire  plus  rien  de  commun  avec  celles 
de  ce  genre.  Elle  a été  trouvée  en  1865  chez 
MM.  Simon-Louis  frères,  horticulteurs- 
pépiniéristes  et  marchands  grainiers  à Metz, 
dans  un  semis  de  graines  d’Orme  cham- 
pêtre. Par  son  feuillage,  V Ulmus  Berardi 
rappelle  assez  exactement  le  Comptonia 
asplenifolia.  R constitue  un  arbuste  très- 
buissonneux,  à ramifications  excessivement  ! 
ténues  (filiformes).  Ses  feuilles,  très-rap-  i 
prochées,  qui  sont  rarement  étalées-disti-  ! 


ques,  excepté  parfois  sur  les  rameaux  vi- 
goureux ou  sortes  de  gourmands,  sont  d’un 
vert  très-foncé,  presque  noir;  elles  sont  ex- 
trêmement petites  et  irrégulièrement  cré- 
nelées, dans  le  genre  de  celles  du  Planera 
crenata,  ordinairement  redressées  sur  les 
rameaux,  qu’elles  cachent  presque  entière- 
ment. C’est  un  arbuste  peu  connu  et  des 
plus  curieux,  que  l’on  ne  saurait  trop  re- 
commander; il  est  aussi  des  plus  jolis. 

E.-A.  Carrière. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  de  septembre) 

Les  premiers  froids  ; nuit  du  G au  7 septembre.  — Le  phylloxéra.  — Le  Champignon  gigantesque  de  la 
Banque  d’Angleterre  : extrait  du  Gardener’s  Chronicle.  — Exposition  de  la  Société  centrale  de  la 
Seine-Inférieure.  — Le  Torreya  nucifem;  sa  maturité  bisannuelle  : communication  de  M.  Lalande 
jeune,  horticulteur  à Nantes.  •—  Exposition  spéciale  de  fruits  faite  par  le  Cercle  d'arboriculture  de 
Belgique.  — Communication  de  M.  Ayral,  sur  les  ravages  du  phylloxéra.  — La  grêle  : lettre  de  M.  Jules 
Mathieu,  de  Louviers.  — Démission  de  M.  Jean  Sisley  de  ses  fonctions  de  secrétaire  général  du  Cercle 
horticole  lyonnais  : lettre  de  M.  Jean  Sisley.  — Exposition  de  Heurs,  de  culture  maraîchère,  de  pomo- 
logie,  préparée  par  l'administration  communale  de  Spa.  — Rusticité  et  facilité  de  reproduction  de 
V Amorphophallus  Rivieri;  communication  de  M.  Gagnaire  : V Amorphophallus  au  Muséum.  — 
L’agriculture  et  l’horticulture  au  Japon;  communication  de  M.  Hénon  : les  Blés  et  les  Orges;  un 
Magnolia  de  50  mètres  ; plantation  des  rizières.  — Remarques  sur  le  Fraisier  Y Inépuisable  : sa  rus- 
ticité, sa  qualité  de  Fraisier  remontant,  son  utilisation.  — Les  Glaïeuls  : récompense  obtenue  par 
M.  Charles  Verdier,  à l’Exposition  de  Vienne. 


Si,  jugeant  sur  les  apparences,  on  essayait 
d’apprécier  quelle  pourra  être  la  rigueur  de 
l’hiver  prochain  par  la  température  du  6 au 
7 septembre  1873,  on  pourrait  en  conclure 
qu’il  sera  froid  ou  prématuré,  peut-être 
l’un  et  l’autre.  En  effet,  à Paris,  dans 
les  pépinières  du  Muséum,  entre  4 et 
5 heures  du  matin,  le  thermomètre  mar- 
quait seulement  à peine  4 degrés  au-des- 
sus de  zéro.  Dans  certains  quartiers,  à Vau- 
girard,  par  exemple,  on  nous  a affirmé 
qu’il  y a eu  de  la  gelée  blanche.  Il  en  a été 
de  même  à Versailles  et  dans  plusieurs  lo- 
calités des  environs  : ainsi,  à Viroflay,  on  a 
pu,  sur  des  feuilles  de  Choux,  constater  la 
présence  de  légers  glaçons,  et  l’on  nous  a 
assuré  que  le  fait  s’est  aussi  produit  dans 
certains  endroits  sur  des  carreaux  de  châs- 
sis. 

Si  de  ces  avant-coureurs  on  ne  peut  con- 
clure la  rigueur  du  prochain  hiver,  ils 
pourraient  pourtant  indiquer  qu’il  est  bon 
de  se  mettre  en  mesure,  car  il  suffit  d’une 
température  relativement  basse  pendant 
quelques  jours  pour  faire  beaucoup  de  mal 
à certains  végétaux  : on  en  a comme  exem- 
ple l’hiver  dernier  qui,"  bien  que  presque 
nul,  fut  précédé  en  septembre  de  quelques 
jours  froids  qui  firent  beaucoup  de  tort  ; ainsi 
le  8 septembre  un  certain  nombre  de  plantes, 
i des  Ficus  elastica  entre  autres,  eurent  l’ex- 
trémité des  jeunes  pousses  gelées.  Aussi 
I doit-on  tenir  un  très -grand  compte  de 
ces  avant-coureurs,  qu’on  peut  considérer 
comme  une  sorte  de  « garde  à vous,  » et 
1 ne  pas  oublier  ce  vieux  proverbe  : « La  pru- 
dence est  la  mère  de  la  sûreté,  » qui  est 
toujours  vrai. 

! — Une  question  aussi  capitale  que  celle  du 
phylloxéra  ne  doit  laisser  personne  indiffé- 

16  SEPTEMBRE  1873. 


rent  à sa  solution,  puisque  tout  le  monde  y 
est  intéressé  ; tous  les  organes,  surtout  ceux 
qui  sont  spéciaux  à la  culture,  ne  doivent 
donc  rien  négliger  de  tout  ce  qui  s’y  rat- 
tache. C’est  ce  qui  explique  l’empressement 
que  nous  avons  mis  à tenir  nos  lecteurs  au 
courant  de  toutes  les  publications  qui  ont 
été  faites  sur  ce  sujet.  On  trouvera  plus 
loin  un  article  de  M.  Gaston  Bazille,  ainsi 
qu’un  c(  Exposé  des  mesures  quHl  convieyit 
de  prendre  pour  arriver  à V extinction  de 
ce  fléau,  » par  MM.  Lautaud,  d’Ortoman  et 
Monestier. 

— Dans  le  numéro  du  16  août  du  Garde- 
ner’s Chronicle,  on  lit  ce  qui  suit  : 

Champignon  gigantesque  de  la  Banque  d’An- 
gleterre. — On  a reçu  de  M.  Alfred  Smee,  la  se- 
maine dernière,  un  Champignon  dont  la  patrie 
adoptive  n’était  rien  moins  que  la  Banque  d’An- 
gleterre. Ce  parasite  avait  élu  domicile  sous  les 
planchers  de  cet  établissement,  sur  les  solives 
en  sapin  d’Amérique  (nommé  Pitch  Pin),  qui 
supportent  ces  derniers.  Le  poids  de  ce  Fungus 
mastodonte  était  de  32  livres  ; ses  dimensions 
étaient,  comme  on  le  pense  bien,  très-respec- 
tables; la  partie  principale  mesurait  près  de 
2 mètres  de  circonférence  sur  près  de  17  cen- 
timètres d’épaisseur.  Ce  Champignon  était  le 
Polyporus  annosus,  Fr.,  espèce  particulière  aux 
Conifères,  et  sans  doute  assez  commune  dans  de 
semblables  situations,  sous  les  planchers.  Son 
mycélium  avait  complètement  détruit  le  mor- 
ceau de  solive  sur  lequel  il  était  fixé.  Il  sera  ex- 
posé à la  prochaine  exhibition  de  la  Société 
royale  d’horticulture,  au  mois  d’octobre  pro- 
chain. 

Nous  serions  presque  tenté  de  croire  à l’in- 
fluence des  métaux  précieux  que  renferme  cet 
établissement  sur  l’embonpoint  de  ce  parasite. 

Ce  Champignon  peut  aller  de  pair  avec 
celui  trouvé  récemment  dans  le  département 
de  la  Creuse,  qui,  lui  aussi,  pouvait  passer 

18 


342  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


pour  un  ((  mastodonte.  » Ce  dernier,  qui 
appartenait  à l’espèce  Lycoperdo7i  hovista 
ou  Bovista  gigmitea,  mesurait  55  centi- 
mètres de  diamètre , 1”^  30  de  circonfé- 
rence, dimensions  énormes,  ainsi  qu’on 
peut  le  voir,  et  que,  dit-on,  il  aurait  atteintes 
en  trois  jours  et  trois  nuits. 

Bien  que  de  genre,  d’espèce  et  de  nature 
différents,  aucun  de  ces  deux  Champignons 
n’est  comestible  ; pourtant  l’on  nous  a as- 
suré que  dans  son  jeune  âge  le  Bovista  gi~ 
gardea  est  comestible,  qu’on  le  mange  dans 
certains  endroits,  ce  que  nous  ne  garan- 
tissons pas  : nous  ne  conseillons  même  pas 
d’en  tenter  l’essai. 

— Du  8 au  12  octobre  1873,  la  Société 
centrale  du  département  de  la  Seine-Infé- 
rieure fera,  à Rouen,  dans  le  palais  des 
Consuls,  une  exposition  d’horticulture  à la- 
quelle elle  convie  tous  les  horticulteurs  et 
•amateurs  français  et  étrangers.  Les  con- 
cours qu’elle  comprend  sont  répartis  dans 
les  sections  suivantes  : floricuUm'e^  culture 
maraîchère,  pomologie  et  ai'horiculture, 
fruits.  Outre  ces  concours,  il  en  est  d’au- 
tres tout  à fait  locaux,  dont  par  conséquent 
nous  n’avons  pas  à parler. 

Les  demandes  d’admission  devront  être 
adressées  au  président,  au  siège  de  la  So- 
ciété, 40,  rue  Saint-Lô,  au  moins  dix  jours 
avant  l’ouverture  de  l’exposition. 

Le  jury  se  réunira  le  8 octobre,  à onze 
heures  du  matin,  au  local  de  l’exposition. 

— L’article  que  nous  avons  publié,  sur 
le  Torrega  nucifera  (1),  nous  a valu  de 
notre  collègue,  M.  Lalande  jeune,  pépinié- 
riste à Nantes,  une  très-intéressante  lettre 
que  nous  nous  empressons  de  publier.  La 
voici  : 

Nantes,  le  23  août  1873. 

Monsieur  E.-A.  Carrière,  à Paris. 

J’ai  lu  avec  intérêt,  dans  la  Revue  horticole 
du  16  août  1873,  votre  article  intitulé  : Du  Tor~ 
reya  nue  fera  à propos  des  sexes.  Je  prends  la 
liberté  de  vous  informer  de  ce  que  j’ai  observé 
à ce  sujet,  vous  autorisant  à publier  ma  lettre 
si  TOUS  la  jugez  digne  d’intéresser  vos  lecteurs. 

Les  Torreya  nucifera  que  j’ai  eu  occasion  de 
voir  en  fleur  chez  moi  portaient  sur  le  même 
individu  des  fleurs  mâles  et  des  fleurs  femelles, 
mais  qui  cependant  ne  produisaient  pas  de  fruits, 
probablement  à cause  du  trop  jeune  âge  des  ar- 
bres. Pourtant,  en  1871,  je  récoltais  quatre 
beaux  fruits  que  j’ai  semés  en  septembre.  J’ai 
été  très-heureux,  puisque,  de  ces  quatre  graines, 

(1)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  315. 


j’ai  obtenu  trois  plantes  vigoureuses  qui  ont  fait 
deux  pousses  en  1872.  Cette  année-ci,  1873,  ces 
trois  sujets  ont  également  fait  deux  pousses,  et 
la  dernière  s’est  très-bien  caractérisée;  les 
feuilles,  qui  d’abord  ressemblaient  à celles  du 
Torreya  myristica,  ont  en  dernier  lieu  pris  la 
forme  et  la  grandeur  de  celles  du  type,  T.  nuci- 
fera. En  1872,  bien  que  j’aie  également  récolté 
quatre  graines,  j’ai  été  beaucoup  moins  heureux 
que  la  première  fois,  puisque,  bien  que  semées 
et  soignées  avec  les  mêmes  précautions,  je  n’ai 
rien  obtenu  jusqu’à  présent  ; je  ne  me  décou- 
rage pas  pourtant  ; j’ai  l’espoir  qu’elles  lèveront 
au  printemps  1874.  J’avais  aussi  l’espoir  d’une 
récolte  plus  abondante  cette  année,  mais  les  ge- 
lées du  25  au  28  avril  dernier  ont  tout  détruit. 

Le  fait  le  plus  remarquable  que  j’ai  pu  obser- 
ver relativement  à la  floraison  du  Torreya  — 
celui  du  moins  qui  me  paraît  tel  et  que  j’ai  pu 
constater  sur  le  pied  qui  a fructifié  chez  moi  — 
est  que  le  fruit  naît  sur  une  fleur  sortie  un  an 
auparavant.  Ainsi,  en  ce  moment,  il  existe  sur 
mon  arbre  une  certaine  quantité  de  fleurs  fe- 
melles qui  paraissent  déformées,  qui  vont  rester 
stationnaires  et  ne  grossiront  qu’en  1874;  c’est 
une  chose  qui  demande  à être  étudiée. 

Je  possède  un  fort  sujet  du  Torreya  myris- 
tica  qui  tous  les  ans  se  charge  de  fleurs  mâles  ; 
mais  je  n’ai  encore  pu  constater  aucune  fleur  fe- 
melle. 

Agréez,  etc.  Lalande  jeune. 

Horticulteur  à Nantes. 

Cette  lettre,  dont  nous  ne  saurions  trop 
remercier  l’auteur,  présente  le  plus  grand 
intérêt,  non  seulement  au  point  de  vue  de 
l’horticulture  proprement  dite,  mais  encore 
à celui  de  la  science,  en  venant  éclairer  une 
question  sur  laquelle,  il  y a peu  de  temps 
encore,  on  n’était  pas  suffisamment  rensei- 
gné. En  appuyant  les  faits  que  nous  avons 
indiqués  précédemment  relativement  à la 
sexualité  des  Toy^reya,  la  lettre  de  M.  La- 
lande nous  fait  aussi  connaître  que  la  matu- 
rité des  fruits  est  bisannuelle  comrRe  chez 
les  Cephalotaxus,  qui,  du  reste,  paraissent 
en  être  très-voisins.  Ajoutons  que,  au  point 
de  vue  de  l’ornement,  l’obtention  par  graines 
de^Torreya  nucifera  est  un  fait  dont  on 
doit  se  réjouir,  car,  comme  beaucoup  de 
Conifères,  cette  espèce  ne  produit  jamais  de 
flèche  quand  elle  provient  de  bouture,  et 
qu’alors  les  plantes  buissonneuses  ne  s’élè- 
vent qu’àjl’aide  d’un  tuteur  et  présentent 
un  aspect  disgracieux,  tandis  que  c’est 
le  contraire  lorsque  les  individus  provien- 
nent de  semis.  Dans  ce  cas,  en  effet,  les 
plantes  s’élancent  verticalement  en  étalant 
horizontalement  leurs  branches,  qui  sont 
disposées  par  verticilles  réguliers. 

— Du  21  au  23  septembre  prochain,  le 


343 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAlaE  DE  SEPTEMBRE;. 


Cercle  d’arboriculture  de  Belgique  fera,  au 
local  du  Casino,  à Gand,  une  exposition 
spéciale  de  fruits  qui  promet  d’être  des  plus 
brillantes,  ce  qui  ii’a  pas  lieu  d’étonner  lors- 
qu’on réfléchit  à ce  que,  en  général,  l’hor- 
ticulture est  en  Belgique. 

Les  personnes  qui  désirent  prendre  part 
aux  concours  doivent  en  informer  M.  Ed. 
Pinaert,  à Gand,  qui  leur  donnera,  à ce  su- 
jet, tous  les  renseignements  dont  ils  pour- 
raient avoir  besoin. 


— Si,  dans  certaines’ localités,  le  phyl- 
loxéra semble  avoir  une  tendance  à res- 
treindre ses  ravages,  c’est  le  contraire  dans 
d’autres  ; dans  quelques  endroits  il  gagne 
du  terrain.  G’est  ce  que  fait  observer  M.  Ay- 
ral,  qui,  dans  une  lettre  qu’il  écrivait  ré- 
cemment, disait  « que  le  fléau  a étendu  ses 
ravages  sur  les  Vignes  situées  entre  les  Cé- 
vennes  et  la  mer,  et  qu’il  marche  vers  le 
sud.  ))  Aussi,  au  lieu  de  s’arrêter  dans  la 
recherche  des  moyens  de  combattre  cet  en- 
nemi de  nos  vignobles,  il  faut  redoubler 
d’efforts  et  faire  connaître,  avec  les  diffé- 
rents moyens  qu’on  a employés,  les  résul- 
tats qu’on  a obtenus.  Pas  d’indifférence  ! un 
mal  qui  frappe  tout  le  monde  doit  avoir  tout 
le  monde  contre  soi. 


! 

i 


— Indépendamment  des  pertes  de  toutes 
sortes  résultant  du  climat,  des  insectes,  des 
intempéries,  le  cultivateur  est  encore  ex- 
posé à certains  accidents  contre  lesquels 
il  ne  peut  rien,  et  qui,  en  quelques  instants, 
peuvent  lui  enlever  ses  récoltes  et  lui  cau- 
ser des  préjudices  considérables  : telle  est 
la  grêle,  qui  chaque  année  tombe  sur  cer- 
tains points.  La  lettre  suivante,  que  nous 
adresse  un  de  nos  abonnés,  en  fournit  en- 
core un  triste  exemple  : 

bouviers,  le  25  août  1873. 

Monsieur  Carrière, 

Aujourd’hui,  de  trois  à quatre  heures  du  soir, 
il  est  tombé  de  la  grêle  qui  mesurait  jusqu’à 
15  centimètres  de  circonférence  et  d’un  poids 
vraiment  considérable  (certains  grêlons  pesaient 
100  grammes)  ; aussi,  pas  une  fleur  n’est  restée  ; 
nos  Chicorées  sont  criblées,  et  sur  les  arbres  on 
ne  voit  pas  une  seule  feuille  entière:  les  trois 
quarts  des  fruits,  même  sur  les  espaliers,  sont 
tombés  ; il  ne  reste  plus  sur  les  serres  que  quel- 
ques carreaux,  qui  étaient  en  verre  double  ; mais 
là  où  les  carreaux  étaient  en  verre  ordinaire,  de 
même  que  les  cloches,  les  plus  grands  morceaux 
ne  mesurent  pas  10  centimètres  carrés. 

Agréez,  etc. 

Jules  Mahieu, 


Maraîcher  et  fleuriste. 


— Nous  publions,  sans  commentaires,  une 
lettre  que  nous  avons  reçue  de  notre  colla- 
borateur, M.  Jean  Sisley,  dont  nos  lecteurs 
sauront  tirer  les  conséquences.  La  voici  : 
Lyon,  1er  septembre  1873. 

A Monsieur  E.-A.  Carrière,  rédacteur  en  chef 
de  la  Revue  horticole. 

Cher  Monsieur, 

Je  vous  prie,  de  vouloir  bien  annoncer  à vos 
lecteurs  que  j’ai  donné  ma  démission  de  se- 
crétaire général  du  Cercle  horticole  lyonnais. 

Je  me  dois  à moi-même,  à mes  amis  de  la 
presse  horticole  et  aux  nombreux  horticulteurs 
et  amateurs  qui  m’honorent,  par  les  relations 
amicales  qu’ils  entretiennent  avec  moi , de  dire 
les  motifs  de  ma  résolution. 

Un  différend  de  peu  d’importance  selon  quel- 
ques-uns, et  de  la  plus  grave  selon  moi,  s’est 
élevé  lors  de  la  discussion  du  programme  de 
notre  exposition.  — J’ai  défendu  avec  ardeur  le 
principe  que  nul  ne  pouvait  et  ne  devait  con- 
courir pour  un  prix  avec  des  plantes  qu’il 
n'avait  pas  cultivées. 

J’ai  soutenu  et  je  maintiens  que  le  travail  seul 
doit  être  récompensé  dans  les  concours. 

La  majorité  n’a  pas  été  de  cet  avis.  Je  dois 
m’incliner,  mais  je  dois  protester  publiquement 
et  me  retirer,  pour  ne  pas  sanctionner  par  ma 
présence  ce  que  j’ai  qualifié  de  fraude  hor- 
ticole. 

Comme  secrétaire  général  du  Cercle  horticole 
lyonnais,  j’espérais,  par  mes  nombreuses  rela- 
tions en  Europe  et  en  Amérique,  servir  l’art 
horticole  et  les  horticulteurs. 

Ma  retraite  ne  me  fera  pas  renoncer  à cet 
espoir,  car  je  continuerai  comme  amateur  à 
mettre  au  service  de  l’horticulture  le  peu 
d’énergie  qui  me  reste  au  déclin  de  la  vie,  et  je 
répondrai  avec  empressement  à tous  les  appels 
qui  seront  faits  à mon  dévoûment. 

Agréez,  mon  cher  rédacteur  en  chef,  l’assu- 
rance de  mes  sentiments  affectueux. 

Jean  Sisley. 

— L’administration  communale  de  Spa 
(Belgique)  fera  dans  cette  ville,  les  dimanche 
et  lundi  21  et  22  septembre  1873,  une 
« grande  exposition  de  fleurs,  de  plantes 
ornementales,  de  produits  de  la  culture 
maraichère,  de  pomologie,  de  la  flore  de 
Spa  et  de  Champignons,  » à laquelle  elle 
convie  tous  les  horticulteurs  et  amateurs 
français  et  étrangers.  Les  demandes  d’ad- 
mission doivent  être  adressées  à M.  le  di- 
recteur des  fêtes  de  Spa. 

Le  jury  se  réunira  le  dimanche  21  sep- 
tembre, à dix  heures  et  demie  du  matin,  à 
la  salle  Levoz,  local  de  l’exposition. 

— A propos  de  la  rusticité  de  V Amorpho- 
phallus  Rivieri  dont  nous  avons  parlé  récem- 


É 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


344 

ment  (1),  noire  collègue  et  colloborateur 
M.  Gagnaire  nous  a adressé  la  lettre  suivante  : 

Bergerac,  le  24  août  1873. 

Mon  cher  collègue, 

Le  fait  cité  par  M.  H.  Truchotdans  le  dernier 
numéro  de  la  Revue  horticole,  relativement  à 
la  rusticité  de  VAmorphophallus  Rivieri,  vient 
d’avoir  son  pendant  chez  un  amateur,  à Berge- 
rac. 

M.  Roman,  ingénieur  du  chemin  de  fer,  pos- 
sède à ;.Bergerac  un  charmant  jardin  dans  le- 
quel se  trouvent  de  bonnes  et  rares  plantes  aux- 
quelles il  consacre  une  grande  partie  de  ses  loi- 
sirs. Or,  au  printemps  de  1872,  M.  Roman  ayant 
reçu  un  tubercule  à' Àmorphophallns,  s’empressa 
de  le  livrer  à la  pleine  terre,  où  il  poussa  vi- 
goureusement pendant  le  cours  de  la  saison. 

A l’automne,  l’Amorphophallus  fut  retiré  de  la 
pleine  terre  avec  soin,  et  rien  ne  faisait  prévoir 
qu’au  printemps  de  1873  deux  ou  trois  rejetons 
de  cette  plante  auraient  bravé  sans  abris  les  ri- 
gueurs de  l’hiver,  et  viendraient  prendre  la  place 
de  la  touffe  précédente. 

C’est  cependant  ce  qui  a eu  lieu,  au  grand 
étonnement  de  M.  Roman  et  de  votre  serviteur, 
qui  n’ont  pas  été  peu  surpris  de  cette  rusticité 
inattendue,  et  de  la  facilité  de  reproduction  qui 
caractérise  VAmorphophallus  Rivieri. 

VAralia  papyrifera  est  devenu  dans  mon  jar- 
din en  plein  air  et  depuis  quatre  ou  cinq  ans  une 
plante  désagréable  à cause  de  ses  nombreux  re- 
jets qui  poussent  de  tous  côtés.  En  sera-t-il  de 
même  de  V Amorphophallus  Rivieri? 

Agréez,  etc.  Gagnaire  fils  aîné. 

Un  fait  tout  à fait  identique  à celui  qu’a 
rapporté  notre  collègue  M.  Gagnaire  s’est 
passé  au  Muséum  : des  bulbilles  qui  avaient 
échappé  aux  recherches  lors  de  l’arrachage 
des  fortes  plantes  en  1872,  ont  poussé  et 
produit  des  feuilles,  ainsi  que  l’auraient  fait 
des  tubercules  qu’on  aurait  hivernés  en  serre 
et  mis  en  pleine  terre  au  printemps.  Disons 
toutefois  que  les  bulbes  qui  restent  en  pleine 
terre  produisent  des  plantes  relativement 
•plus  vigoureuses.  Une  chose  qu’il  ne  faut 
pas  oublier  pourtant,  c’est  que  l’hiver  der- 
nier a été  très-doux,  nul  presque,  et  que  les 
résultats  dont  nous  venons  de  parler  pour- 
raient bien  être  la  conséquence  de  cette 
absence  de  froids,  d’où  nous  concluons  que 
îe  dernier  mot  sur  ce  sujet  n’est  probable- 
ment pas  dit. 

— Notre  collaborateur  et  ami,  M.  Jean 
Sisley,  nous  a communiqué  l’extrait  d’une 
lettre  qu’il  a reçue  de  M.  le  Dï"  Augustin 
Hénon,  attaché  au  gouvernement  japonais. 
Comme  tout  ce  qui  vient  de  ce  pays  pré- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  305. 


sente  de  l’intérêt,  surtout  en  ce  qui  concerne 
l’horticulture,  nous  croyons  devoir  repro- 
duire cet  extrait. 

Ikouno  (Japon),  3 juin  1873. 

...  Nous  avons  ici  une  sécheresse  très-forte 
pour  le  pays  ; plus  de  trois  semaines  sans 
pluie  du  tout,  et  pendant  les  mois  d’avril  et  de 
mai  il  n’était  tombé  que  des  pluies  insignifiantes, 
de  sorte  que  tout  commençait  à souffrir  et  qu’on 
ne  pouvait  pas  préparer  les  rizières  pour  la  trans- 
plantation du  Riz,  qui  va  recommencer. 

Juin  nous  a amené  de  la  pluie;  avant-hier  et 
hier,  il  est  tombé  une  pluie  diluvienne  qui  n’a 
presque  pas  cessé  de  tout  le  jour  et  la  nuit;  au- 
jourd’hui il  a fait  très-beau  et  très-chaud;  l’air 
est  presque  saturé  d’humidité,  de  sorte  que  l’on 
se  croirait  dans  une  serre  à Orchidées.  Tout  va 
donc  pousser  rapidement.  Nous  avions  bien  besoin 
de  cette  pluie;  notre  jardin,  qui  n’est  pas  brillant 
à cause  de  la  mauvaise  qualité  du  terrain,  com- 
mençait à devenir  misérable. 

Ici  le  terrain  semble  assez  bon,  mais  il  est 
pourtant  moins  bon  qu’il  ne  paraît. 

Je  crois  que  le  calcaire  fait  complètement  dé- 
faut dans  le  pays;  aussi  je  n’ai  guère  mené  à 
bien,  jusqu’à  présent,  que  des  Choux  ordinaires 
et  des  Choux-Fleurs. 

On  commence  à couper  les  Orges  d’hiver  ; on 
en  cultive  beaucoup  en  trois  à quatre  variétés. 
La  plupart  sont  à grains  nus  ; on  les  égrène  au 
moyen  de  pilons,  comme  le  Riz,  et  on  en  fait 
d’excellents  gruaux;  je  crois  bien  que  ce  sont  ces 
Orges  qui  ont  été  appelées  si  souvent  Ris  s^cs. 

Les  Blés  seront  mûrs  dans  une  quinzaine  ; il  y , 
en  a très-peu  aux  environs  d’Ikouno.  Comme  le 
pays  est  beaucoup  plus  froid  et  plus  tardif  que  , 
dans  la  plaine,  on  sème  plutôt  de  l’Orge  qui,  • 
mûrissant  un  peu  plus  vite,  donne  plus  de  temps , 
pour  préparer  les  rizières  qui  lui  succèdent. 

Les  Azalées  sont  presque  tous  passés,  les  - 
Weigelias  aussi;  les  Deutzias  sont  en  pleine  fleur 
et  très-jolis.  L’arbuste  très-épineux,  de  la  famille  ; 
des  Cassiées,  dont  j’ai  envoyé  les  graines,  estac-' 
tuellement  fleuri;  il  forme  de  grands  épis  de 
fleurs  jaunes,  avec  les  étamines  un  peu  rouges; 
il  est  très-joli  et  doit  résister  à nos  hivers  (1). 

18  juin. 

Je  suis  allé  me  promener  jusqu’à  Kosi-Kouno, 
et  là,  à côté  d’un  temple  d’Hatchiman,  nous  avons 
vu  un  Magnolia  d’au  moins  50  mètres  de  hau- 

(1)  Nous  ne  sommes  pas  éloigné  de  croire  que 
l’arbuste  épineux  dont  parle  le  D>’  Hénon  est  le 
Poinciana  GilUesii , bien  que  cette  espèce  soit 
considérée  comme  étant  d’origine  américaine  (de 
Buénos-Ayres).  Ne  pourrait-il  se  faire,  en  effet, 
qu’elle  croisse  en  même  temps  au  Japon,  ainsi  du 
reste  qu’on  en  a des  exemples  pour  beaucoup  d’au- 
tres plantes,  ou  bien  quelle  y ait  été  importée 
à une  époque  très  - reculée , dont  l’histoire  n a 
pas  gardé  le  souvenir,  comme  c’est  le  cas  pour 
un  grand  nombre  d’autres  espèces?  Les  deux  cho- 
ses sont  possibles.  {Note  du  rédacteur.) 


. CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE).  3/iiV 


leur,  gros  comme  un  de  nos  gros  Noyers.  Cette 
espèce,  que  je  ne  connais  pas,  est  à grandes 
feuilles  caduques  et  à grandes  Heurs  blanches, 
s’épanouissant  dans  le  commencement  de  juin. 
Il  y a en  beaucoup  dans  les  taillis  des  environs  ; 
mais  ils  ne  fleurissent  que  quand  ils  sont  un  peu 
gros;  c’est  un  arbre  magnifique. 

On  achève  en  ce  moment  de  planter  les  ri- 
- zières  dans  les  en  vairons. 

Des  hommes  et  des  femmes  marchent  à recu- 
lons dans  l’eau  et  la  boue  (car  on  mélange  avec 
des  houes  la  terre  et  l’eau,  de  façon  à en  faire  de 
la  boue  demi-liquide),  tenant  dans  la  main  gau- 
che un  paquet  de  plançons  de  Riz  ; ils  en  pren- 
nent quatre  ou  cinq  pieds  avec  la  main  droite 
et  les  enfoncent  dans  la  boue,  sans  se  servir 
d’aucun  instrument;  les  touffes  sont  espacées  d’à 
peu  près  un  demi-pied  en  tous  sens. 

Devant  chez  nous  j’ai  regardé  travailler  deux 
hommes  et  deux  femmes,  et  à eux  quatre  ils  ont 
dans  la  journée  planté  un  peu  plus  de  27  ares. 
C’est  un  travail  qui  doit  être  assez  désagréable 
et  qui  dans  la  plupart  des  pays  serait  extrême- 
ment malsain.  Ce  qui  m’étonne  beaucoup  ici, 
c’est  que  jusqu’à  présent  je  n’ai  pas  encore  eu 
un  seul  accès  de  fièvre  intermittente. 

Je  pense  que  ce  qui  fait  que  les  rizières  d’ici 
ne  sont  pas  malsaines,  c’est  que  ce  sont  de  pe- 
tites terrasses  artificielles  établies  sur  des  pen- 
tes assez  fortes,  et  dans  lesquelles  l’eau  se  re- 
I nouvelle  constamment,  condition  bien  différente 
1 des  grandes  rizières  d’Italie.  Ici,  aux  environs, 
j les  plus  grandes  rizières  n’ont  guère  qu’un  demi- 
I hectare,  et  beaucoup  n’ont  que  2 ou  3 ares  de 
• superficie. 


I 


S 


f 


— Si  le  F raisier  V Inépuisable  n’est  pas  une 
bonne  variété  (ce  qui  aujourd’hui  paraît  être 
à peu  près  hors  de  doute),  on  doit  néan- 
moins reconnaître  que  c’est  une  variété  par- 
ticulière possédant  des  propriétés  spéciales, 
qui,  mises  à profit,  pourraient  très-proba-> 
blement  produire  de  très-bons  résultats. 
Nous  avons  déjà  appelé  l’attention  sur  ce 
sujet,  que  nous  considérons  comme  très- 
important,  ce  qui  nous  engage  à y revenir. 
Tout  récemment  encore  nous  avons  vu  deux 
planches  de  ce  Fraisier,  dont  toutes  les 
plantes  sont  en  fleur  depuis  le  mois  de  mai. 
Il  est  vrai,  — et  c’est  certainement  le  côté  re- 
grettable, — que  la  plupart  des  fruits  avortent 
ou  ne  prennent  qu’un  développement  impar- 
fait. Nous  devoirs  ajouter  aussi  que,  presque 
toujours,  les  fruits,  lorsqu’ils  viennent  gros, 
sont  monstrueux;  quant  à la  qualité,  elle  est 
très-bonne. 

Cette  variété,  qui  est  vraiment  remon- 
tante, et  qui  sous  ce  rapport  rentre  dans 
I les  véritables  semperflorens,  paraît  être 
un  premier  pas  fait  vers  l’obtention  des 
Fraisiers  à gros  fruits,  remontants;  aussi 


est-ce  surtout  à ce  point  de  vue  que  nous  la 
recommandons  aux  semeurs.  Toutefois,  nous 
croyons  devoir  faire  quelques  observations 
sur  celte  Fraise,  et  sans  la  défendre  ni  la  re- 
commander, dire  ce  que  nous  en  savons,  lais- 
sant chacun  l’apprécier  comme  il  le  voudra. 
Ainsi,  aux  deux  dernières  séances  de  la  So- 
ciété centrale  d’horticulture,  notre  collègue, 
M.  Robine,  de  Sceaux,  a présenté  une 
assiettée  de  fruits  de  cette  Fraise,  beaux, 
bons  et  bien  murs,  qu’il  avait  cueillis  dans 
une  planche  d’environ  3 mètres  carrés,  où 
les  pieds  plantés  il  y a deux  ans  avaient  été 
abandonnés  et  à peu  près  recouverts  par  les 
mauvaises  herbes.  Il  va  sans  dire  qu’ils 
n’ont  pas  été  arrosés.  Le  résultat  dont  nous 
venons  de  parler  ne  fait  pas  seulement  res- 
sortir la  propriété  remontante  de  Vlnépui- 
sahle;  il  en  démontre  la  rusticité  à résister 
au  soleil  et  à la  sécheresse.  Ainsi,  tandis 
que  des  Fraisiers  de  quatre-saisons  placés 
dans  les  mêmes  conditions  étaient  brûlés, 
dépourvus  de  feuilles  et  de  fruits,  les  Frai- 
siers V Inépuisable,  très-vigoureux  et  garnis 
de  belles  feuilles  vertes,  étaient  chargés  de 
fleurs  et  de  fruits  à différents  états. 

Malgré  ces  avantages  incontestables  et 
particuliers  que  présente  ce  Fraisier,  nous 
ne  le  recommandons  pas  au  point  de  vue  de 
la  spéculation,  mais  seulement,  et  nous  ne 
saurions  trop  le  répéter,  comme  plante 
porte-graine  ; si  l’on  veut  suivre  nos  recom- 
mandations, nous  ne  serions  pas  surpris  d’ap- 
prendre bientôt  que  l’on  possède,  dans  les^ 
Fraisiers  à gros  fruit,  l’équivalent  ou  mieux 
l’analogue  du  Fraisier  des  quatre-saisons. 
Ce  résultat  est  du  moins  à moitié  obtenu  ; 
la  voie  est  donc  indiquée  ; ce  serait  vraiment 
regrettable  que  l’on  s’arrêtât  en  «aussi  beau 
chemin.  )) 

— Une  culture  éminemment  (pour  ne  pas 
dire  exclusivement)  française  est  incontes- 
tablement celle  des  Glaïeuls  ; aussi  nous 
empressons-nous  d’informer  nos  lecteurs  que 
ces  plantes  viennent  d’être  récompensées  à 
l’exposition  internationale  de  Vienne,  dans 
la  personne  de  M.  Charles  Verdier,  horti- 
culteur à Paris,  12,  rue  Duméril,  qui  en 
avait  envoyé  une  collection.  Nous  sommes 
très-heureux  de  ce  résultat  qui,  du  reste, 
ne  surprendra  personne  lorsqu’on  saura  que 
les  belles  collections  de  Glaïeuls  que  pos- 
sède M.  C.  Verdier  sont,  pour  le  plus  grand 
nombre,  des  gains  de  l’heureux  semeur 
M.  Souchet,  qu’on  peut,  au  point  de  vue  de 
l’ornement,  considérer  comme  le  créateur 
du  genre  Glaïeul. 


ABRI  DES  ARBRES  FRUITIERS  CONTRE  LES  GELÉES  PRINTANIÈRES. 


346 

Ainsi,  le  21  août,  à la  troisième  exposition 
temporaire,  le  jury  accordait  la  Médaille  de 
MÉRITE  à notre  collègue  et  compatriote 
M.  Charles  Verdier.  Encore  une  victoire 


remportée  par  l’horticulture  française.  Es- 
pérons que  ce  n’est  pas  la  dernière  que  nous 
aurons  à enregistrer. 

E.-A.  Carrière. 


ABRI  DES  ARBRES  FRUITIERS 

CONTRE  LES  GELÉES  PRINTANIÈRES 


L’expérience  de  ces  dernières  années, 
répétée  coup  sur  coup,  nous  a montré  com- 
bien, en  outre  des  fléaux  de  toute  sorte  qui 
s’abattent  sur  les  jardins,  nous  avons  à re- 
douter k s gelées  printanières,  et  beaucoup 
de  personnes  qui,  jusqu’à  présent,  ne  les 
avaient  considérées  que  comme  un  accident 
peu  commun,  ont  fini  par  s’apercevoir  com- 
bien il  faut  compter  sérieusement  avec 
elles. 

Je  n’ai  point  l’intention  de  rappeler  ici 
les  divers  moyens  qu’emploie  l’horticulture 
pour  s’en  préserver  du  mieux  possible  ; je 
ne  veux  que  constater  les  bons  effets  que 
j’obtiens  au  moyen  d’un  abri  fort  simple, 
très- pratique  et  peu  coûteux,  ce  qui  est  im- 
portant. Tout  abri  n’est  pas  aussi  bon  qu’on 
le  pourrait  croire,  et  s’il  est  opaque  et  per- 
manent, tout  en  protégeant  les  végétaux 
contre  les  froids,  les  pluies,  les  givres,  il  les 
dérobe  malheureusement  aussi  aux  salu- 
taires influences  de  l’air  et  de  la  lumière, 
d’où  il  résulte  que  la  fécondation  n’a  lieu  que 
d’une  manière  imparfaite  ou  même  qu’elle 
ne  se  fait  pas  du  tout,  et  que  les  arbres 
sont  envahis  parles  pucerons  et  autres  para- 
sites. Au  printemps,  de  tels  abris  devien- 
nent plus  nuisibles  qu’utiles.  Pour  éviter 
cet  inconvénient,  j’utilise  un  produit  de  bien 
peu  de  valeur  , les  genêts  communs,  et  je 
m’en  trouve  on  ne  peut  mieux. 

C’est  surtout  aux  arbres  dirigés  en  cor- 
don horizontal  qu’il  est  bon  d’apporter  une 
protection  ; leur  charpente  étant  rapprochée 
du  sol,  la  gelée  en  frappe  d’autant  plus  les 
fleurs  ; aussi  plusieurs  personnes  assurent- 
elles  que  les  arbres,  conduits  sous  cette 
forme,  ne  produisent  rien.  Or,  les  miens  et 
bien  d’autres  produisent,  et  les  leurs  pour- 
raient faire  de  même,  pour  peu  que,  toute 
autre  cause  d’infertilité  écartée,  elles  es- 
saient comme  moi  de  les  garantir. 

A cet  eflet,  je  conditionne  avec  les  genêts 
des  paillassons  d’environ  40  centimètres  de 
largeur,  en  ayant  soin  qu’ils  soient  aussi 
peu  épais  que  possible.  Longs  de  2 ou 


3 mètres  et  maintenus  entre  deux  rangs  de 
lattes,  ces  paillassons  sont  à plat,  ensuite 
fixés  à environ  30  centimètres  au-dessus 
des  cordons,  au  moyen  de  petits  échalas  en- 
foncés verticalement  en  terre  de  chaque 
côté  desdits  cordons. 

Ainsi  qu’on  le  voit,  le  procédé  est  des 
plus  simples.  Tous  les  arbres  en  cordon 
horizontal  que  j’ai  ainsi  garantis  au  printemps 
dernier  se  sont  couverts  de  fruits  en  telle 
quantité,  que  j’ai  dû  leur  en  enlever  ; d’au- 
tres, qui  n’avaient  pas  reçu  mes  panneaux 
de  genêts,  sont  restés  à peu  près  stériles. 

Comme  il  s’agit  de  préserver  les  fleurs 
des  gelées  du  printemps,  c’est  un  peu  avant 
leur  épanouissement  qu’il  faut  poser  les 
abris,  et  ce  n’est  que  vers  la  fin  de  mai 
qu’on  doit  les  enlever,  puisque  malheureu- 
sement, presque  chaque  année,  le  mois  de 
mai  nous  laisse  à redouter  quelque  chose. 

Je  fais  remarquer  que  les  fleurs  du  Pom- 
mier sont  particulièrement  sensibles  au 
froid  ; elles  nous  l’ont  surtout  prouvé  à la 
saison  dernière  ; ainsi  qu’on  a pu  s’en  rendre 
compte,  leurs  organes  sexuels  peuvent  être 
atteints  par  la  gelée  avant  même  qu’elles 
soient  elles-mêmes  complètement  épanouies. 

Je  me  hâte  de  dire  que  je  suis  loin  d’être 
le  premier  à me  servir  des  branches  de  ge- 
nêts pour  protéger  les  arbres  au  printemps  ; 
beaucoup  d’autres  l’ont  fait  avant  moi  ; mais 
ce  procédé,  aussi  simple  que  peu  coûteux, 
n’étant  pas  répandu  autant  qu’il  devrait 
l’étre,  j’ai  pensé  qu’il  pourrait  être  utile  de 
le  signaler  à ceux  des  lecteurs  de  la  Revue 
horticole  qui  ne  le  connaissent  pas  encore. 

Il  arrive  parfois  aussi  qu’en  plein  été,  les 
fruits  des  arbres  d’espalier  sont  frappés  d’in- 
solation pendant  les  fortes  chaleurs,  surtout 
aux  expositions  du  couchant  et  du  midi  ; je 
préviens  également  cet  accident  au  moyen  de 
quelques  branches  de  genêts  qui,  suspen- 
dues aux  arbres,  brisent  les  rayons  solaires. 

F.  Jamin, 

Horticulteur-pépiniériste  à Bourg-la-Reiue. 


! 

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I 


SfS; 


CULTURE  DES  CîIIBOUQUES.  — DES  TULIPES. 


3i7 


CULTURE  DES  GHIBOUQUES 


Lors  de  notre  dernier  voyage  à Constan- 
tinople, nous  avons  remarqué  une  culture 
fort  intéressante  du  Jasmin  {Jasminum  of- 
ficinale, L.)  au  point  de  vue  de  la  fabrica- 
tion des  pipes  dites  turques.  Cette  culture 
est,  dans  le  pays,  appelée  simplement  : 
<ï  culture  des  chibouques  ; » ce  dernier  mot 
s’applique  aussi  bien  à la  pipe  entière  qu’à 
une  de  ses  parties , le  tuyau  {tchïbouli). 
Voici  comment  l’on  opère  : 

On  choisit  un  terrain  de  très-peu  d’éten- 
due, de  forme  rectangulaire  et  bien  abrité 
de  tous  côtés,  de  façon  que  le  jour  ne 
vienne  que  d’en  haut.  Dans  cet  intérieur,  on 
construit  une  charpente  composée  de  quatre 
fortes  poutres  formant  un  rectangle,  et  es- 
pacées entre  elles  de  50  sur  un  sens  et 
de  2 mètres  sur  l’autre  ; leur  hauteur  est  de 
5 mètres,  et  les  extrémités  supérieures  sont 
réunies  par  des  traverses  de  force  moindre. 

Au  pied  de  chaque  poutre  on  plante  un 
Jasmin  dans  un  bon  compost  ad  hoc,  à forte 
dose  d’eugrais,  afin  d’obtenir  une  végétation 
des  plus  actives  possibles.  Le  Jasmin  est  at- 
taché à un  fil  de  fer  galvanisé  recouvert  de 
laine.  Dans  cet  état  il  fait  peu  de  progrès  la 
première  année  ; on  ne  fait  que  le  pincer 
avec  soin. 

La  deuxième  année,  il  est  l’objet  de  plus 
d’attention  ; le  pinçage  a toujours  lieu  de 
manière  que  la  tige  soit  complètement  nue. 
A la  tête  du  Jasmin  on  attache  un  fil  qui 
vient  passer  dans  une  poulie  à la  partie  su- 
périeure du  poteau,  et  qui  vient  retomber  le 
long  de  celui-ci  en  se  terminant  par  un 
poids,  de  sorte  que  la  lige  ainsi  tendue 
prend  toujours  la  direction  verticale.  Lors- 
que le  Jasmin  a atteint  2 centimètres  de  dia- 
mètre, elle  est  enveloppée  d’une  gaine  en 
toile  gommée,  fort  ample,  fermée  dans  sa 
longueur  par  un  fil  qui  passe  dans  de  petits 


anneaux.  Celte  gaine  est  destinée  à préser- 
ver la  lige  des  rayons  du  soleil  ou  de  la 
poussière.  Deux  ou  trois  fois  chaque  année, 
on  lave  soigneusement  cette  tige  avec  une 
éponge  imbibée  d’eau  de  citron,  opération 
qui  lui  donne  celte  couleur  claire  si  recher- 
chée parmi  les  chibouques. 

La  troisième  année,  la  tige  du  Jasmin 
ayant  acquis  encore  plus  de  vigueur,  le 
poids  est  changé  en  un  plus  lourd.  Enfin, 
lorsque  cette  tige  a atteint  5 mètres  de  hau- 
teur, on  la  coupe  par  la  base.  Elle  passe 
alors  dans  les  mains  de  l’ouvrier,  qui  la  per- 
fore avec  une  mèche  de  5 mètres  de  long. 

A l’un  des  bouts  est  adapté  le  fourneau 
(louleh),  généralement  fabriqué  avec  une 
argile  rougeâtre  ou  jaunâtre,  tandis  que 
l’autre  bout  est  terminé  par  un  bouquin 
(imameh)  en  ambre  jaune,  souvent  enrichi 
de  pierreries. 

Les  chibouques  ont  5 mètres  ou  seule- 
ment 50  de  longueur.  Les  premières  se 
vendent  jusqu’à  500  fr. 

Une  des  plus  remarquables  cultures  que 
nous  ayons  visitées  est  celle  que  possède  le 
khédive  ou  vice-roi  d’Égypte,  daiiS  son  pa- 
lais d’Émirghian,  près  de  Constantinople. 
Dans  chaque  demeure  princière  il  existe 
une  de  ces  cultures,  et  c’est  être  l’objet  d’une 
grande  considération  lorsque  le  maître  de 
céans  vous  fait  offrir  une  chibouque  tout 
allumée. 

La  noble  chibouque  où  brûle  et  s’évapore 
la  feuille  réservée  au  seigneur  du  Bosphore 
ne  peut  être  comparée  avec  celle  que  tu  ment 
continuellement  les  pauvres  habitants  de  la 
ville  qu’on  voit  repliés  sur  eux-mêmes, 
usant  de  longues  heures  de  loisir  dans  une 
sorte  d’abêtissement  extatique. 

Barillet. 


DES  TULIPES 

SEMIS  DE  TULIPES  ET  TULIPES  DE  COLLECTION 


De  toutes  les  plantes  les  plus  jolies,  les 
plus  élégantes,  les  plus  gracieuses  par  leur 
forme,  leur  coloris,  mais  qui  sont  aussi  les 
plus  délaissées  de  nos  jours,  nous  pouvons 
affirmer  assurément  que  ce  sont  les  Tulipes  ; 
ces  plantes  superbes,  qui  faisaient  les  délices 
de  nos  ancêtres  et  la  fortune  de  plusieurs 
Hollandais,  se  cotaient,  dit-on,  à la  bourse 


de  Harlem,  Amsterdam,  comme  le  sont  au- 
jourd’hui nos  principales  valeurs  à celle  de 
Paris.  Quoi  qu’il  en  soit,  les  Tulipes  ont  été 
vendues  à des  prix  vraiment  fabuleux  au 
temps  de  leur  splendeur  et  où  elles  régnaient 
en  souveraines  dans  tous  les  jardins,  petits 
et  grands,  des  amateurs  de  toutes  les  con- 
trées de  l’Europe,  où  on  pouvait  les  cultiver 


DES  TULIPES. 


318 

et  les  collectionner.  Aujourd’hui  ces  super- 
bes Liliacées  sont  restées  les  mêmes,  avec 
tout  leur  éclat  et  avec  leur  forme  gracieuse 
et  parfaite;  mais,  à notre  grand  regret,  elles 
sont  abandonnées  de  presque  tous  les  ama- 
teurs de  jardins  qui,  il  faut  bien  le  dire  en 
passant,  ne  sont  pas  tous  amateurs  de  belles 
plantes.  Il  existe  bien  encore  çà  et  là  des 
collectionneurs  de  Tulipes,  mais  leur  nombre 
tend  à disparaître  de  jour  en  jour. 

La  plus  belle  et  la  plus  riche  collection 
de  Tulipes  qu’il  y ait  en  France,  et  dont 
nous  possédons  plusieurs  oignons  que  nous 
cultivons  avec  le  plus  grand  soin,  est  sans 
contredit  celle  qui  appartenait  à Rouillard, 
que  la  mort  vient  d’enlever  à l’horticul- 
ture. Cette  magnifique  collection,  cultivée 
maintenant  par  Hillaire,  avenue  Ma- 
lakoff,  n®  ll,à  Paris,  a été  formée  de  Télite  de 
toutes  les  collections  françaises  et  étran- 
gères, et  en  outre  elle  fut  augmentée  de  se- 
mis faits  par  ce  grand  amateur,  dont  beau- 
coup sont  inédits  et  à l’état  de  baguettes 
plus  ou  moins  tracées  (terme  consacré  pour 
indiquer  une  belle  plante  future).  Nous  en 
avons  vu  en  fleur,  au  printemps  dernier, 
chez  M™®  Hillaire,  et  nous  pouvons  dire 
qu’elles  étaient  toutes  de  la  plus  grande 
beauté  et  du  plus  bel  avertir.  Maintenant,  que 
va  devenir  le  sort  de  cette  collection  hors 
ligne  ? Nul  ne  le  sait,  à moins  qu’un  ama- 
teur se  présente  à Hillaire  pour  en 
faire  l’acquisition,  ou  que  plusieurs  se  la 
partagent,  ce  qui  serait  à désirer  dans  l’in- 
térêt de  l’horticulture.  Nous  espérons  néan- 
moins que  notre  appel  sera  entendu,  et  que 
les  amateurs  de  Tulipes  ne  laisseront  pas  per- 
dre une  aussi  belle  collection  que  celle  dont 
nous  parlons,  et  nous  serions  heureux  d’ap- 
prendre un  jour  que  cette  collection  est 
dans  les  mains  d’un  véritable  amateur  de 
Tulipes  : ceci  est  à l’adresse  des  amateurs 
et  des  connaisseurs.  Après  cette  sorte 
d’exorde  ou  d’entrée  en  matière,  nous  allons 
parler  de  la  manière  dont  nous  établissons 
nos  semis  de  graines  de  Tulipes  pour  ob- 
tenir de  nouvelles  variétés,  ce  qui,  du 
reste,  est  fort  simple  et  facile  à pratiquer  ; 
elle  est  peu  coiiteuse,  ne  demande  que 
quelques  soins,  mais  de  la  patience  et  de  la 
persévérance,  deux  qualités  que  l’on  doit 
toujours  rencontrer  chez  les  personnes  qui 
s’adonnent  particulièrement  aux  semis. 

Vers  la  fin  d’octobre,  ou  dans  les  premiers 
jours  de  novembre,  nous  traçons  une  plan- 
che de  33  de  large  sur  une  longueur 
indéterminée,  après  l’avoir  ameublie  par  un 
bon  labour  à la  bêche;  nous  ouvrons  des  pe- 


tits rayons  en  travers,  que  nous  espaçons 
de  20  à 25  centimètres  les  uns  des  autres  ; 
nous  leur  donnons  une  profondeur  de  3 cen- 
timètres, et  quand  ils  sont  tous  ouverts,  nous 
répandons  au  fond  de  chaque  petit  rayon 
2 centimètres  de  terre  de  bruyère  tamisée, 
sur  laquelle  nous  semons  nos  graines  de 
Tulipes,  après  quoi  nous  les  tassons  avec 
le  revers  de  la  main  ou  avec  un  instrument 
quelconque  ; nous  recouvrons  ensuite  les 
graines  de  1 centimètre  de  la  même  terre 
de  bruyère,  puis  nous  donnons  un  coup  de 
râteau  à la  planche,  pour  en  égaliser  la  su- 
perficie, et  pour  enlever  les  mottes,  les  pe- 
tites pierres  et  autres  détritus,  qui  pourraient 
nuire  plus  ou  moins  à la  levée  des  jeunes 
embryons.  Si  le  temps  est  à la  sécheresse, 
nous  arrosons  au  besoin  ; si  la  terre  est  en 
bon  état,  nous  laissons  nos  graines  passer 
l’hiver  dans  le  sol,  sans  nous  en  occuper 
davantage.  Si  nous  craignons  que  la  terre 
se  batte  par  la  pluie  et  qu’elle  forme  croûte, 
nous  donnons  à nos  semis  un  léger  paillis 
bien  mince  qui  favorise  au  printemps  la  ger- 
mination des  graines  ; nous  leur  donnons 
des  binages  aussitôt  que  les  herbes  mena- 
cent de  les  envahir,  et  dans  le  courant  de 
mars,  nous  commençons  à les  arroser,  afin 
que  toutes  les  semences  puissent  germer  à 
la  fois  et  la  même  année.  Sans  ces  précau- 
tions, et  même  malgré  ces  précautions,  il 
arrive  souvent  que  toutes  les  graines  ne 
germent  pas  et  qu’au  troisième  printemps 
il  en  lève  encore  quelques-unes,  mais  peu 
à la  vérité.  Il  est  entendu  que  la  planche 
dans  laquelle  on  procède  n’a  pas  reçu  de 
fumier  Tannée  du  semis,  mais  qu’elle  devra 
avoir  été  fumée  les  années  précédentes,  et 
qu’elle  sera  en  bon  état.  Pyrolle  semait  ses 
Tulipes  en  bordure. 

Nous  ne  relevons  nos  semis  de  Tulipes 
qu’à  la  troisième  année,  et  nous  nous  en 
trouvons  bien.  D’abord  nous  donnons  le 
temps  à toutes  nos  graines  de  lever,  et  puis 
nous  ne  perdons  pas  à Tarrachage  autant 
d’oignons,  que  Ton  confond  souvent  avec  les 
pierres,  ou  qu’on  ne  voit  pas  à cause  de  leur 
petit  volume,  ce  qui  arrive  presque  toujours 
quand  on  arrache  plus  tôt.  Quand  nous  arra- 
chons nos  semis  de  Tulipes,  nous  les  trou- 
vons à une  profondeur  de  5 à 8 centimètres 
dans  le  sol,  et  si  on  ne  les  lève  pas  à la  troi- 
sième année,  comme  le  font  certains  semeurs, 
ils  descendent  encore  plus  profondément,  ce 
qui  démontre  qu’il  faut  à ces  jeunes  oignons 
une  terre  meuble  et  profonde.  Presque  tous 
les  sols  conviennent  à la  culture  des  Tulipes; 
néanmoins  une  terre  légèrement  sablon- 


DES  TULIPES. 


349 


neuse  et  perméable  est  préférable  ; et  elles  y 
végètent  à merveille  ; celles  qui  sont  froides, 
humides  ou  trop  fortes  leur  sont  moins  favo- 
rables et  font  quelquefois  périr  les  oi- 
gnons, même  ceux  destinés  à porter  fleur  ; 
il  faut  donc  éviter  de  les  planter  dans  ces 
mauvaises  conditions,  si  l’on  veut  obtenir  des 
floraisons  abondantes  et  régulières.  Ceci 
s’applique  aussi  bien  aux  semis  de  Tulipes 
qu’aux  caïeux  et  aux  gros  oignons,  comme 
nous  avons  été  à même  de  le  constater  assez 
souvent.  Bien  que  les  Tulipes,  en  général, 
ne  soient  pas  très-difficiles  sur  le  choix  du 
terrain,  encore  faut-il  les  cultiver  dans 
celui  qu’elles  préfèrent  : quand  l’on  n’en  a 
pas,  il  faut  avoir  recours  aux  composts. 

Les  oignons  de  Tulipes,  provenant  des 
semis  de  trois  ans,  sont  de  la  grosseur  envi- 
ron d’une  noisstte  ; et  ils  restent  attachés, 
en  forme  de  chapelet  vertical,  à la  tige  de 
première  année,  qui  leur  sert  pour  ainsi 
dire  de  guide  et  de  tuteur  ; à chaque  saison 
ils  changent  de  tunique,  qui  reste  suspen- 
due à la  tige  ; on  les  détache  de  la  base,  et 
on  les  met  à sécher  dans  un  endroit  sain  et 
à l’ombre.  Comme  il  faut  éviter  que  les  oi- 
gnons se  dessèchent,  nous  les  mettons  en 
terre  vers  le  milieu  d’octobre,  quelquefois 
plus  tôt,  mais  jamais  plus  tard  ; nous  les  plan- 
tons en  planches,  espacés  de  15  centimètres 
les  uns  des  autres  sur  les  rangs,  ceux-ci 
étant  à la  distance  de  20  centimètres  entre 
eux  ; nous  les  relevons  en  juillet  suivant, 
c’est-à-dire  lorsqu’ils  ont  cessé  de  végéter, 
etque  les  feuilles  sont  jaunes  ou  qu’ellescorn- 
mencent  à sécher.  Toutefois,  cette  règle  n’a 
rien  d’absolu  : elle  dépend  de  l’année;  quel- 
quefois nous  les  laissons  deux  ans  sans  les 
relever. 

Nous  avons  déjà  dit  qu’il  fallait  que  les 
semeurs  fussent  doués  de  patience  et  de 
persévérance  ; en  effet,  il  leur  faut  un  cer- 
tain courage  pour  cultiver  pendant  quatre 
ou  cinq  ans  des  plantes  qui  ne  doivent  leur 
donner  leur  première  fleur  (et  quelle  fleur 
encore  !)  qu’au  bout  de  ce  laps  de  temps. 
Très-souvent,  pour  ne  pas  dire  toujours,  elle 
est  unicolore  ; et  ce  n’est  guère  qu’à  la  hui- 
tième et  neuvième  année  que  l’on  peut  juger 
du  mérite  réel  d’une  belle  Tulipe,  qui,  jus- 
que-là, porte  le  nom  de  baguette  ; elle  ne 
commence  à panacher,  en  jaune  ou  en  blanc, 
que  vers  la  cinquième  et  sixième  année. 
Quand  elle  a trois  ou  quatre  couleurs  parfai- 
tement distinctes,  bien  tranchées  et  bien 
fixes,  ce  qui  peut  exiger  jusqu’à  douze  ou 
quinze  ans,  c’est  alors  qu’on  la  classe  dans 
les  plantes  de  choix,  et  qu’on  lui  donne  un 


nom  qu’elle  conserve  toujours.  Toutes  les 
Tulipes  dont  les  tiges  sont  trop  faibles  et 
dont  la  fleur  n’est  pas  régulière  dès  la  pre- 
mière floraison  sont  considérées  comme  dé- 
fectueuses et  doivent  immédiatement  dispa- 
raître de  la  planche,  au  moment  même  de 
la  floraison.  En  cela  les  vrais  amateurs  sont 
impitoyables,  et  ils  ont  raison,  car  en  toute 
chose  il  faut  une  règle,  et  celle-ci  est  abso- 
lue. Pour  qu’une  Tulipe  soit  parfaite,  il  faut 
que  la  hampe  soit  droite  et  ferme,  que  la 
fleur  soit  régulière  dans  sa  forme  et  dans  le 
volume,  qui  doit  toujours  être  en  rapport 
avec  la  hauteur  de  la  tige,  rien  n’étant  plus 
disgracieux  qu’une  petite  fleur  portée  par 
une  longue  hampe,  ou  qu’une  grosse  fleur 
sur  une  petite  tige  ; les  pétales  doivent  être 
arrondis  et  présenter  trois  ou  quatre  nuan- 
ces ; la  fleur  doit  être  d’un  cinquième  plus 
haute  que  large.  — Pour  plus  de  détails,  voir 
notre  Traité  des  plantes  bulbeuses,  à la 
librairie  agricole  et  horticole,  26,  rue  Ja- 
cob, à Paris. 

Dans  une  note  spéciale,  nous  traiterons 
de  la  plantation  des  Tulipes  de  collection  ; 
en  attendant,  nous  terminerons  celle-ci  en 
recommandant  aux  amateurs  celle  de  notre 
ami  Rouillard,  qui  est  en  ce  moment  soi- 
gnée par  Biliaire,  et  qui  comprend 
environ  sept  cent  quinze  variétés,  sans  comp- 
ter les  baguettes  ; on  aurait  donc  une  collec- 
tion des  plus  belles  et  toute  faite,  ce  qui  n’est 
pas  à dédaigner. 

Les  Tulipes  se  divisent  en  deux  grandes 
catégories,  qui  forment  deux  collections  dis- 
tinctes qui  ont  leurs  amateurs  particuliers  ; 
l’une  n’est  composée  que  des  plantes  à fond 
blanc,  dites  flamandes,  et  que  l’on  désigne 
habituellement  sous  le  nom  de  « Tulipes 
d’amateurs  ; » l’autre,  au  contraire,  n’est 
formée  que  de  plantes  à fond  jaune,  que 
l’on  nomme  « bizarres;  » il  n’est  pas  rare 
de  trouver  dans  le  même  semis  des  gains 
appartenant  à l’une  ou  à l’autre  catégorie  ; 
c’est  donc  au  semeur  à les  classer.  Certains 
amateurs  cultivent  les  deux  collections,  sé- 
parées ou  mélangées  entre  elles,  ce  qui  en 
fait  ressortir  les  couleurs  ; mais  d’autres  les 
excluent  entièrement,  et  n’admettent  que 
les  fonds  blancs  ou  les  fonds  jaunes.  Quant 
à nous,  nous  préférons  les  cultiver  toutes,  et 
nous  croyons  que  les  amateurs  ont  tort 
d’exclure  les  blanches  ou  les  jaunes,  car  les 
variations  de  couleurs  rehaussent  l’éclat  de 
la  floraison.  Lorsque  toutes  les  plantes  sont 
mélangées  ensemble,  portant  un  numéro 
séparé,  bien  entendu,  rien  n’est  plus  joli 
ni  plus  agréable  à l’œil,  lorsque  toute  la 


350 


QUELQUES  PLANTES  RARES  OU  NOUVELLES. 


planche  ou  le  « parc  » est  en  fleurs,  et  que 
cette  immense  variété  de  couleurs  est  réu- 
nie sur  un  même  point.  Selon  nous,  sans  dé- 
daigner le  fond  blanc,  il  nous  semble  que  le 
ton  chaud  des  Tulipes  fond  jaune  ou  bi- 
zarres l’emporte  en  beauté  sur  celles  à fond 
blanc,  dites  d’amateurs.  En  cela  chacun 
peut  avoir  son  appréciation,  et  il  nous  est 
permis  de  faire  connaître  la  nôtre  sur  une 
plante  que  nous  cultivons  depuis  longtemps 
et  que  nous  cultiverons  tant  que  Dieu  nous 
prêtera  vie.  Au  moyen  des  semis  nombreux 
et  répétés  chaque  année,  il  est  facile  de  for- 
mer des  collections  de  Tulipes  à fond  jaune 
et  à fond  blanc  ; pour  y parvenir,  il  faut  du 
temps,  et  c’est  cette  raison  qui  détermine  à 
en  acheter  de  toutes  faites  ; cela  est  plus 
commode  et  en  même  temps  plus  agréable: 

QUELQUES  PLANTES  I 

Araucaria  excelsa  glauca.  — Ce  splen- 
dide Conifère  est  considéré  comme  une  mer- 
veille du  règne  végétal.  Il  fut  mis  au  com- 
merce il  y a quelques  années  par  M.  Spae, 
sous  le  nom  A Araucaria  excelsa  glauca,  et 
rebaptisé  un  an  plus  tard  par  M.  Baumann, 
lequel  le  dédia  à son  fils,  sous  le  nom 
A Araucaria  JoseiAi-Napoléon  Baumann. 
Il  offre  les  caractères  suivants  : port  pyra- 
midal; tige  droite  et  élancée,  à branches 
disposées  en  étages  distants  et  régulière- 
ment verticillées.  Le  tronc  et  les  rameaux 
sont  littéralement  garnis  de  feuilles  rappro- 
chées, longues  de  quelques  centimètres, 
raides , épaisses , d’une  teinte  glauque, 
bleuâtre,  persistante.  Végétation  vigoureuse. 

Curmeria  picturata,  Lind.  {Hæmalo- 
nœma  marantoides).  — Nouvelle  Aroïdée, 
mise  au  commerce  cette  année  par  M.  Lin- 
den, provenant  des  régions  de  la  Nouvelle- 
Grenade.  Elle  constitue  une  plante  herbacée, 
acaule,  à pétioles  courts,  engainants  à la 
base.  Les  feuilles,  roulées  en  cornet  avant 
leur  développement,  présentent  un  limbe 
elliptique,  obtus,  cordiforme  à la  base.  Une 
large  bande  centrale,  déchirée  aux  bords, 
forme  une  macule  au  centre  du  limbe,  ma- 
cule plus  ou  moins  blanche,  suivant  la  force 
et  l’âge  des  sujets. 

Cette  plante,  de  haute  serre  chaude,  exige 
une  atmosphère  humide.  Le  compost  qui 
lui  convient  est  un  mélange  de  : terre  de 
bruyère,  trois  sixièmes;  sphagnum,  deux 
sixièmes  ; terre  forte,  un  sixième  ; sable  et 
charbon  de  bois.  Arrosages  et  bassinages 


la  jouissance  en  est  immédiate,  tandis  qu’en 
employant  la  voie  des  semis  pour  en  créer 
une  à son  goût  et  de  son  choix,  il  faut  at- 
tendre bien  des  années  ; mais  aussi  c’est  le 
seul  moyen  d’avoir  des  plantes  inédites  que 
personne  ne  possède,  procédé  qu’employait 
Rouillard  et  qui  explique  le  mérite  tout  j 
particulier  que  possède  la  collection  qu’il 
avait  formée,  et  dont  nous  parlons. 

Les  graines  de  Tulipes  ont  la  forme  en 
cœur  ; elles  sont  de  couleur  roux  brunâtre 
au  centre,  et  plus  clair  sur  les  bords  qui  sont 
légèrement  frangés  ; elles  sont  planes,  très-  - 
légères,  et  il  en  faut  145  pour  peser  1 gr.; 
chaque  fruit  en  contient  de  130  à 180  pou- 
vant germer  ; leur  diamètre  est  de  10  milli- 
métrés de  longueur  sur  8 de  largeur. 

Bossin. 

AMS  OU  NOUVELLES 

fréquents,  surtout  à l’époque  de  la  végéta- 
tion (avril-septembre).  La  multiplication  se 
fait  soit  au  moyen  des  rejets,  soit  par  les  ' 
tronçons  de  ses  racines  (rhizome),  qu’on  en- 
terre dans  de  la  terre  de  bruyère  mélangée 
de  sphagnum. 

Cochliostema  Jacohianum.  — Gigan-  j 
tesque  Commélinée,  trouvée  dans  les  forêts  ^ 
qui  se  trouvent  entre  les  Andes  et  le  Paci-  i 
fique  (Équateur).  C’est  une  plante  épiphyte,  | 
ayant  le  port  d’une  Broméliacée.  | 

Ses  feuilles,  qui  sont  charnues,  pouvant  i 
atteindre  l"i  50  de  longueur  sur  30  centi-  ! 
mètres  de  largeur,  sont  lancéolées,  acumi-  j 
nées  en  pointe  à l’extrémité,  engainantes  à 
la  base,  d’un  vert  tendre  et  à bords  margi-  | 
nés  de  violet.  Inflorescences  en  panicules.  ! 
Bractées  d’un  rose  pâle.  Fleurs  bleues, 
d’une  singulière  structure. 

Culture.  — Chaleur,  humidité  et  ombre. 
Arrosages  et  bassinages  matin  et  soir,  sur- 
tout à l’époque  de  sa  floraison.  Le  compost  ; 
qui  lui  convient  est  un  mélange  de  terre  de  ! 
bruyère  fibreuse  et  de  sphagnum,  environ  j 
par  moitié. 

Celte  Commélinée  atteint  en  peu  de  temps 
des  dimensions  vraiment  colossales.  Les 
graines  qui  succèdent  aux  fleurs  servent  à | 
la  propager. 

Une  nouvelle  variété  vient  d’être  mise  au 
commerce  sous  le  nom  de  Cochliostema 
odoratissima.  Elle  se  distingue  du  C.  J(^' 
cohianum  par  ses  fleurs  odorantes  et  ses 
feuilles  plus  petites  et  d’une  teinte  plus 
foncé.  Ez.  Madelain  fils. 


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CERASUS  LANNESIANA.  — PÈCHE  PRINCESS  OF  WALES.  — NOUVEAU  MODE  D’ORNEMENTATION.  351 


CERASUS  LANNESIANA 


Par  la  description  que  précédemment  (1) 
nous  avons  donnée  de  cette  espèce,  nos  lec- 
teurs ont  pu  juger  que  c’est  une  plante  émi- 
nemment ornementale  ; toutefois,  cela  ne 
nous  paraissant  pas  suffisant,  nous  avons 
profité  de  la  deuxième  floraison  de  cette 
plante,  qui  n’existe  encore  qu’au  Jardin 
d’acclimatation,  où  nousl’avons  fait  peindre. 

Dans  l’article  que  nous  avons  publié,  L c., 
et  où  nous  en  avons  fait  connaître  l’origine, 
après  avoir  indiqué  les  caractères  de  cette 
plante,  nous  posions  cette  question  : Le  Ce- 
rasus  Lannesiana,  en  même  temps  qu’il 
est  un  arbrisseau  d’ornement,  ne  pourrait- 
il  pas  en  même  temps  devenir  un  arbre  frui- 
tier, et  alors,  ne  pourrait-il  pas  prendre 
place  dans  nos  jardins,  au  double  point  de 


vue  de  l’ornement  et  comme  arbre  de  pro- 
duit? La  question  nous  paraît  aujourd’hui  à 
peu  près  résolue.  Nous  disons  à peu  près, 
parce  que  les  quelques  fruits  qui  avaient 
noué  sont  tombés  avant  d’avoir  atteint  à peine 
la  moitié  de  leur  développement. 

Terminons  en  informant  nos  lecteurs  que, 
en  même  temps  que  le  Cerasus  Larme- 
siana,  le  Jardin  d’acclimatation  recevait 
une  autre  espèce  du  même  genre,  mais  à 
fleurs  blanches  ou  à peine  rosées.  Elle  sera 
très-probablement  aussi  également  fruitière; 
mais,  toutefois,  nous  ne  pouvons  rien  affir- 
mer, car,  comme  la  précédente,  les  fruits 
qu’elle  a donnés  sont  tombés  bien  longtemps 
avant  d’être  arrivés  à grosseur. 

E.-A.  Carrière. 


PÊCHE  PRINCESS  OF  WALES 


Cette  nouvelle  Pêche,  que  nous  trouvons 
décrite  et  figurée  dans  le  Florist  and  po- 
mologistj  issue  de  Pavi  de  Pomponne,  a 
été  obtenue  parM.  Thomas  Divers,  de  Saw- 
bridgeworth  (Angleterre). 

D’après  les  renseignements  qui  nous  ont 
été  transmis,  cette  nouvelle  Pêche  serait 
. une  bonne  acquisition,  particulièrement 
pour  les  cultures  forcées. 

Le  fruit  est  d’une  grosseur  au-dessus  de 
la  moyenne;  la  peau,  d’une  couleur  paille 
verte  du  côté  ombré,  est  rouge  et  marquée 
de  taches  irrégulières  de  même  couleur  du 
côté  exposé  au  soleil. 

La  chair,  d’un  jaune  pâle,  devient  rouge. 


puis  rouge  foncé  en  s’approchant  du  noyau, 
duquel  elle  se  détache  complètement. 

Ce  fruit,  quoique  d’une  maturité  tardive 
(mi- octobre),  n’en  est  pas  moins  fondant  et 
d’une  saveur  excellente,  qualités  que  beau- 
coup d’autres  fruits  de  cette  espèce  sont  loin 
de  posséder. 

L’aspect  de  l’arbre  est,  paraît-il,  irrépro- 
chable; ses  fleurs  sont  très-belles  et  très- 
larges.  Si  à ces  avantages  on  ajoute  que  la 
qualité  du  fruit,  est  parfaite,  on  demeurera 
convaincu  que  ce  nouveau  gain  de  M.  Tho- 
mas Divers  est  une  heureuse  acquisition. 

J.  Jarlot. 


UN  NOUVEAU  MODE  D’ORNEMENTATION 


1 

1 


Le  mot  nouveau,  dont  nous  nous  servons 
ici,  n’est  pas  tout  à fait  exact,  puisqu’il  y a 
déjà  plusieurs  années  qu’on  pratique  à Paris 
le  procédé  d’ornementation  des  vases  dont  il 
va  être  question.  Mais  comme  la  chose  est 
encore  très-rare,  et  qu’elle  peut  conduire  à 
d’autres  applications  analogues,  nous  avons 
jugé  à propos  d’en  donner  un  dessin,  de 
manière  surtout  à bien  faire  comprendre  le 
résultat  et  à indiquer  le  moyen  qu’on  em- 
ploie pour  l’obtenir,  lequel,  du  reste,  est  des 
plus  simples,  ainsi  qu’on  va  le  voir.  Quoi- 


qu’on puisse  se  servir  de  tous  les  vases  in- 
distinctement, on  doit  préférer  ceux  en  terre 
non  vernie,  et  le  plus  poreux  possible,  ce 
qui  est  facile  à comprendre,  puisque  dans 
ce  cas  l’eau  qu’ils  contiennent,  passant 
constamment  à travers,  vient  humecter  les 
plantes  qui  sont  fixées  sur  les  parois.  Cette 
propriété  n’est  cependant  pas  indispensable; 
l’on  peut,  au  besoin,  orner  toutes  sortes  de 
vases,  quels  qu’ils  soient,  seraient- ils  en 
verre  ou  même  en  métal  des  plus  durs  et 
des  plus  unis.  Mais  dans  ce  cas  il  faut  en 
modifier  la  surface,  de  manière  à la  con- 
vertir en  une  sorte  de  sol  qu’elle  représente 


(1)  Voir  Revue  horticole,  187*2,  p.  198. 


352 


UN  NOUVEAU  MODE  D’ORNEMENTATION. 


réellement,  opération  qui  est  facile  à l’aide 
d’un  morceau  d’étoffe  de  drap  ou  de  laine 
assez  épais,  que  l’on  fixe  au  moyen  d’une 
petite  ficelle,  ou  même,  si  le  vase  est  gros, 
avec  du  fil  de  fer  ou  du  laiton.  Ceci  entendu, 
il  reste  à indiquer  les  moyens  qu’il  convient 
d’employer  pour  opérer  les  semis.  S’il  s’agit 
de  vases  poreux,  on  les  remplit  d’eau,  puis, 
au  bout  d’environ  vingt- quatre  heures, 
quand  l’eau  a traversé  et  mouillé  les  parois, 
on  vide  les  vases,  et  après  les  avoir  passés 
dans  l’eau  pour  en  imbiber  complètement  la 
surface,  on  sème  sur  celle-ci,  en  ayant  soin 
de  coucher  et  de  tourner  les  vases  en  diffé- 
rents sens  pour  que  toute  la  surface  soit  bien 
garnie  de  graines.  Cette  opération  terminée, 
on  place  les  vases  pendant  quelque  temps  à 


(Lepidium  sativiirn). 


l’abri  de  la  lumière  et,  si  l’on  peut,  sous  une 
cloche,  de  manière  à conserver  l’humidité 
et  à faciliter  la  germination.  Lorsque  les 
plantes  sont  déjà  développées,  et  dans  la 
crainte  qu’elles  se  détachent  du  vase,  on  les 
maintient  en  passant  autour,  en  différents 
sens,  une  petite  ficelle  ou  du  gros  fil,  qui 
bientôt  disparaît  sous  la  végétation.  Si,  au 
contraire,  on  a employé  un  vase  non  poreux, 
après  avoir  bien  mouillé  l’étoffe  qui  le  re- 
couvre, on  sème  les  graines  dessus,  et  on 
donne  absolument  les  mêmes  soins  que  ceux 
que  nous  venons  d’indiquer.  Dans  le  pre- 
mier cas,  on  devra  tenir  le  vase  constam- 
ment plein,  puisque  c’est  l’eau  qu’il  contient 
qui,  en  filtrant  lentement  à travers  les  pa- 
rois, doit  alimenter  les  plantes  qui  les  re- 
couvrent; pourtant,  si  cela  était  insuffisant. 


il  faudrait  arroser,  en  ayant  bien  soin  de 
verser  l’eau  avec  précaution,  de  manière  à 
ne  pas  faire  détacher  les  plantes  du  vase.  Il 
va  sans  dire  que  si  l’on  a affaire  à des 
vases  vernis  non  poreux,  à des  bouteilles  en 
verre,  par  exemple,  qu’il  faudra  arroser; 
pour  cela,  on  verse  l’eau  au  sommet,  sur 
toute  la  circonférence,  de  sorte  qu’en  des- 
cendant elle  mouille  toutes  les  parties  de 
l’étoffe,  [qui,  du  reste,  doit  toujours  être 
humide.  Si  l’on  s’apercevait  que  les  plantes 
souffrent,  on  pourrait  les  rafraîchir  en  leur 
jetant  de  l’eau  avec  précaution,  ainsi  qu’on 
le  fait  quand  on  donne  un  bassinage.  Pour 
éviter  les  ordures  et  recueillir  les  eaux  qui 
suintent  à la  base  du  vase,  on  fait  reposer 
celui-ci,  soit  dans  une  soucoupe  (fig.  32), 
soit  dans  une  assiette,  ou  toute  autre  chose, 
suivant  la  grandeur  du  vase. 

Il  nous  reste,  pour  terminer  cet  article,  à 
indiquer  quelles  sont  les  plantes  qui  peuvent 
être  particulièrement  employées  à l’orne- 
mentation des  parois  externes  des  vases,  ce 
que  nous  ne  pouvons  faire  qu’après  avoir 
énuméré  les  principales  conditions  qu’elles 
doivent  remplir,  qui  sont  les  suivantes  : 

Les  graines  doivent  être  très-fines  et  sur- 
tout légères,  d’une  germination  facile  et 
prompte.  Il  faut  que  les  plantes  s’élèvent 
peu,  gazonnent,  et,  si  c’est  possible,  qu’elles 
puissent  être  coupées  (tondues),  comme  on 
le  fait  pour  les  gazons,  par  exemple.  Jus- 
qu’ici, on  paraît  n’avoir  songé  qu’au  Cresson 
alénois  {Lepidium  sativum)  (fig.  32),  ce 
qui  s’explique  par  la  grande  rapidité  de  sa 
croissance,  la  germination  facile  et  très- 
prompte  de  ses  graines,  et  aussi  par  le  peu 
de  nourriture  qu’exigent  les  plantes  pour 
vivre.  Cette  espèce  a toutefois  plusieurs  in- 
convénients : d’abord,  de  fondre  plus  ou 
moins,  et  alors  de  laisser  des  vides,  puis  de 
monter  très-vite  à fleurs,  et  alors  de  périr. 
On  pourrait,  ce  nous  semble,  essayer  beau- 
coup d’autres  plantes,  en  choisissant  celles 
qui  réunissent  le  plus  possible  les  qualités 
que  nous  avons  indiquées  plus  haut.  Nous 
avons  essayé  le  Ray-grass,  et  nous  en  avons 
été  assez  satisfait.  Néanmoins,  il  ne  faudrait 
pas  s’en  tenir  là,  et  l’on  devra  au  contraire 
multiplier  et  varier  les  expériences  jusqu’à 
ce  que  l’on  ait  obtenu  des  résultats  satisfai- 
sants, ce  qui  ne  peut  manquer  d’arriver. 
Nous  appelons  l’attention  sur  les  quelques 
espèces  suivantes  : Crételle,  Trèfle  blanc. 
Minette,  Lin  commun;  mais  tout  particuliè- 
rement la  Fléole,  qui  nous  paraît  très-propre 
à ce  mode  d’ornementation. 

E.-A.  Carrière. 


i 1 

j , 


DESTRUCTION  DU  PHYLLOXERA. 


353 


DESTRUCTION  DU  PHYLLOXERA 


Je  ne  voudrais  pas  donner  aux  viticulteurs 
de  fausses  espérances.  Il  me  paraît  cepen- 
dant que  nous  venons  de  faire  un  pas  déci- 
sif dans  notre  lutte  contre  le  phylloxéra. 

Depuis  plusieurs  mois,  MM.  Monestier, 
Lautaud  et  d’Ortoman  avaient  entrepris  de 
nombreuses  expériences  pour  débarrasser 
les  Vignes  de  leur  cruel  ennemi.  Il  y a huit 
jours,  ces  messieurs  sont  venus  me  dire 
qu’ils  avaient  enfin  atteint  le  but  et  m’ont 
prié  d’aller  constater  leurs  succès  à Gelle- 
neuve,  tout  près  de  Montpellier,  dans  une 
vigne  de  M.  Lautaud. 

Je  me  suis  rendu  avec  le  plus  vif  empres- 
sement à cet  appel,  et  voici  ce  qu’en  pré- 
sence de  plusieurs  personnes  j’ai  pu  cons- 
tater, le  3 août  dernier  : 

La  Vigne  de  M.  Lautaud,  âgée  de  cinq  à 
six  ans,  plantée  principalement  en  aramons 
et  carignans,  dans  un  bon  sol,  de  consistance 
moyenne,  présente  plusieurs  points  d’attaque 
très-nettement  caractérisés  où  les  souches 
ont  déjà  faibli,  mais  l’ensemble  de  la  Vigne 
est  encore  satisfaisant.  C’est  précisément, 
on  le  sait,  à cette  période  de  l’invasion  que 
les  phylloxéras  se  trouvent  en  plus  grand 
nombre  sur  les  racines. 

Par  l’examen  rapide,  mais  attentif,  d’une 
vingtaine  de  souches  prises  au  hasard,  je 
constatai  la  présence  du  puceron  dans  toute 
la  Vigne  ; il  n’étaitmême  pas  nécessaire  d’em- 
ployer la  loupe.  Certaines  racines  étaient 
toutes  jaunes,  presque  entièrement  cou- 
vertes de  phylloxéras  pressés  les  uns  contre 
les  autres.  MM.  Monestier,  Lautaud  et  d’Or- 
toman me  dirent  alors  : « Voici,  au  milieu 
des  autres,  une  rangée  que  nous  avons  trai- 
tée, il  y a dix  ou  douze  jours,  par  notre  in- 
secticide ; veuillez  désigner  une  ou  plusieurs 
souches  de  cette  rangée  ; nous  allons  les  faire 
arracher  devant  vous,  et  vous  n’y  trouverez 
plus  un  seul  insecte.  » 

...  Une  souche  prise  au  hasard,  dans  cette 
rangée,  fut  en  effet  arrachée  avec  soin.  Le 
sol  est  assez  meuble  pour  que  la  souche  pût 
être  enlevée  avec  la  plus  grande  partie  de 
ses  racines,  conservées  dans  presque  toute 
leur  longueur. 

L’examen  le  plus  minutieux  ne  me  fit  dé- 
couvrir aucun  parasite  ; j’avais  beau  pro- 
mener ma  loupe  de  l’extrémité  des  radicelles 
jusqu’au  point  où  les  grosses  racines  sortent 
de  la  tige,  sonder  les  petites  crevasses  de 

(1)  Extrait  à\x  Journal  d’ Agriculture 'pratique, 
août  1873,  p.  261. 


l’épiderme,  regarder  avec  soin  aux  bifurca- 
tions ; je  ne  vis  rien,  je  ne  découvris  rien. 
Cependant,  bon  nombre  de  racines  avaient 
été  évidemment  attaquées  par  le  phylloxéra. 
Leur  aspect  brunâtre,  leur  épiderme  cre- 
vassé, cédant  à la  moindre  pression  des 
doigts,  ne  pouvaient  laisser  de  doute.  Il 
fallait  se  rendre  à l’évidence  : cette  rangée 
de  souches  attaquées,  comme  toutes  les  au- 
tres, dans  le  courant  de  l’été,  n’avait  plus 
de  phylloxéra  le  3 août.  Je  voyais  déjà,  sur 
certaines  parties  de  la  souche  qui  faisait 
l’objet  de  mon  examen,  se  développer  quel- 
ques nouvelles  radicelles,  signe  infaillible 
d’une  prochaine  reprise  dans  la  végétation. 

J’avais  enfin  sous  les  yeux  ce  que  depuis 
cinq  ans  j’avais  souvent,  mais  inutilement 
cherché,  des  souches  complètement  débar- 
rassées du  phylloxéra  par  l’application  d’un 
insecticide.  Ce  premier  résultat  avait,  à coup 
sûr,  une  très-grande  importance  : il  n’était 
cependant  pas  décisif,  d’abord  parce  qu’une 
expérience  unique  ne  peut  avoir  ce  caractère, 
et  aussi  parce  que,  malgré  l’étrangeté  du 
fait,  il  n’était  pas  mathématiquement  impos- 
sible qu’une  des  rangées,  précisément  celle 
qui  avait  été  traitée,  fût  restée  à l’abri  du 
phylloxéra,  au  milieu  d’une  Vigne  attaquée. 

Il  fallait  donc  une  contre-épreuve  sur  un 
coté  de  la  Vigne  où,  par  des  sondages  répétés, 
je  pusse  m’assurer  de  la  présence  du  phyl- 
loxéra dans  de  très-grandes  proportions  ; je 
désignai  un  rectangle  d’une  centaine  de 
souches  qui  fut  nettement  limité  par  des  pi- 
quets. 

Ces  cent  souches  ont  été  traitées,  le  3 août 
au  soir,  par  le  système  de  MM.  Monestier, 
Lautaud  et  d’Ortoman  ; hier,  10  août,  après 
sept  jours  seulement,  j’ai  été  me  rendre 
compte  des  résultats. 

J’ai  fait  arracher  au  hasard  douze  souches 
sur  les  cent  ; les  racines  ont  été  conservées 
autant  que  possible  dans  toute  leur  longueur  ; 
il  y en  a cependant  une  partie  dont  l’extré- 
mité brisée  est  restée  dans  le  sol,  malgré 
les  précautions  prises  par  les  ouvriers. 

Sur  onze  de  ces  souches,  je  n’ai  pu  aper- 
cevoir aucun  phylloxéra  vivant.  On  voit  au 
contraire  sur  divers  points  quelques  phyl- 
loxéras morts,  noircis  et  comme  carbonisés 
par  l’effet  de  l’insecticide.  C’est  surtout  sur 
les  nodosités  blanchâtres  du  chevelu  que  ces 
insectes  morts  se  voient  le  mieux.  Le  traite- 
ment n’éloigne  pas  les  phylloxéras,  comme 
on  aurait  pu  le  croire  ; il  les  tue  sur  place. 


354 


DESTRUCTION  DU  PHYLLOXERA. 


et  avant  la  décomposition,  naturellement 
fort  rapide,  de  la  dépouille  de  ce  petit  être 
presque  microscopique,  on  peut  voir  morts 
sur  les  racines  les  groupes  de  phylloxéras 
dans  la  position  où  il  étaient  vivants. 

Voilà  ce  que  j’ai  vu,  bien  vu,  ainsi  que  les 
quelques  personnes  présentes,  sur  onze  des 
souches  arrachées.  Quant  à la  douzième,  elle 
était,  comme  le  3 août,  le  jour  de  mon  pre- 
mier examen,  couverte  de  phylloxéras  par- 
faitement intacts.  Est-ce  un  échec  du  sys- 
tème ? J’ai  peine  à le  croire  ; il  serait  bien 
extraordinaire  que  le  traitement  eût  réussi 
sur  toutes  les  souches  du  carré  et  fût  resté 
inefficace  sur  une  seule.  Personnellement, 
je  suis  convaincu  que  celte  souche  a été  ou- 
bliée au  moment  du  traitement  ; cet  oubli 
est  à coup  sûr  fâcheux,  mais  il  est  explica- 
ble. Le  rectangle  que  j’avais  désigné  borde 
un  chemin  assez  fréquenté,  et  MM.  Mo- 
nestier, Lautaud  et  d’Ortoman,  qui  faisaient 
eux- mêmes  le  travail,  l’interrompaient  sou- 
vent à l’approche  d’un  passant  par  trop  cu- 
rieux ou  indiscret.  Cet  incident  regrettable 
n’infirme  pas  pour  moi  la  valeur  du  sys- 
tème. 

Est-ce  à dire  que  tout  soit  fini  mainte- 
nant, et  que  dès  aujourd’hui  les  viticulteurs 
vont  être  délivrés  du  cauchemar  qui  pesait 
sur  eux  ? Pas  tout  à fait.  Il  faut  d’autres  ex- 
périences dans  des  conditions  nouvelles,  sur 
des  sols  de  diverses  natures,  sur  des  souches 
de  différents  âges  ; il  faut  s’assurer  que  l’in- 
secticide employé  ne  nuit  dans  un  aucun  cas 
à la  Vigne.  Tout  cela  exigera  encore  du 
temps  ; mais  il  me  semble  cependant  à peu 
près  certain  que  les  viticulteurs  ont  aujour- 
d’hui à leur  disposition  un  puissant  moyen 
de  sauver  leurs  vignobles. 

MM.  Monestier,  Lautaud  et  d’Ortoman 
ont  une  position  à se  faire  ; ils  veulent  na- 
turellement tirer  parti  de  leur  découverte. 
Je  n’ai  rien  voulu  demander  à ces  messieurs 
sur  la  nature  de  leur  insecticide  ; bien  des 
gens  leur  ont  aidé  dans  le  travail  manuel  à 
faire  au  pied  des  souches;  on  les  a vus  à 
l’œuvre,  épiés  peut-être  ; une  indiscrétion 
peut  fort  bien  être  commise,  et  je  ne  veux 
à aucun  prix  qu’on  puisse  même  supposer 
qu’elle  vient  de  moi.  Je  ne  sais  donc  rien, 
sauf  ceci  cependant,  que  je  puis  eEque  je 
dois  dire  sans  compromettre  l’intérêt  des  in- 
venteurs. 

Dans  le  système  qui  m’occcupe,  il  n’est 
pas  nécessaire  d’arroser  les  souches  avec  de 
l’eau  ou  tout  autre  liquide,  ce  qui  constitue- 
rait souvent  une  impossibilité,  et,  dans  tous 
les  cas,  une  grande  dépense.  On  emploie  à 


peine  par  pied  de  souche  quelques  gram- 
mes d’insecticide.  Un  ouvrier  peut  facile- 
ment opérer  sur  300  souches  par  jour, 
et  le  traitement,  main  d’œuvre  comprise, 
ne  dépassera  pas  12  à 15  centimes  par 
cep.  Il  pourra  être  appliqué  dans  toutes 
les  saisons  de  l’année  ; la  sécheresse  et 
une  chaleur  tropicale  ne  l’empêchent  pas 
de  donner  de  bons  résultats.  Tels  sont  fidè- 
lement racontés  les  faits  dont  je  viens  d’être 
témoin. 

J’avais  bien  raison,  ce  me  semble,  de  dire, 
en  commençant,  que  la  question  venait  de 
faire  un  pas  décisif. 

Il  y a cinq  ans,  en  juillet  1868,  trois  dé- 
légués de  la  Société  d’agriculture  de  l’Hé- 
rault, un  savant,  M.  Planchon,  et  deux  viti- 
culteurs eurent  l’heureuse  chance,  dans 
leur  première  visite  aux  vignobles  de  la  Pro- 
vence, de  découvrir  à Saint-Rémy  le  phyl- 
loxéra, qui  jusqu’alors  avait  échappé  aux 
recherches. 

Aujourd’hui,  ce  sont  encore  trois  agri- 
culteurs de  Montpellier,  MM.  Monestier, 
Lautaud  et  d’Ortoman,  qui,  à la  suite  de 
recherches  dans  le  laboratoire  et  d’applica- 
tions sur  le  terrain,  trouvent  un  moyen 
prompt  et  facile  de  détruire  le  nuisible  pa- 
rasite, et,  par  suite,  vont  très-probablement 
sauver  la  viticulture  d’un  épouvantable  dé- 
sastre. Gaston  Bazille, 

Vice-président  de  la  Société  d’agriculture 
de  l’Hérault, 

En  sortant  hier  de  la  séance  de  la  So- 
ciété d’agriculture,  j’ai  eu  l’honneur  de  re- 
cevoir, en  ma  qualité  de  vice-président  de  la 
commission  départementale  de  la  maladie 
de  la  Vigne,  et  en  l’absence  du  président, 
la  visite  de  MM.  Monestier,  d’Ortoman  et 
Lautaud. 

Ces  messieurs,  guidés  par  un  noble  sen- 
timent, et  désireux  de  mettre  dans  le  plus 
bref  délai  possible  à la  disposition  de  tous 
les  viticulteurs,  et  sans  aucune  rétribution, 
l’usage  de  leur  procédé,  ont  rédigé  l’instruc- 
tion détaillée  que  l’on  trouvera  ci-après.  On 
verra  que  le  mode  d’application  de  l’insecti- 
cide fait  le  principal  mérite  du  nouveau 
moyen  de  guérison,  car  l’agent  principal 
avait  été  employé,  sans  succès,  il  est  vrai, 
par  un  des  hommes  les  plus  éminents  de  la 
science. 

Nous  ne  saurions  trop  louer  MM.  Mo- 
nestier, d’Ortoman  et  Lautaud  de  leur 
intelligente  initiative.  Le  service  qu’ils 
rendent  aux  viticulteurs  est  bien  grand; 
c’est  aux  corps  constitués,  aux  conseils 
généraux,  à l’État,  de  les  récompenser 


DESTRUCTION  DU  PHYLLOXERA. 


355 


comme  ils  doivent  l’être,  dès  que  le  pro- 
cédé, qu’ils  nous  livrent  si  généreusement 
aujourd’hui,  aura  complètement  fait  ses 
preuves.  Gaston  Bazille, 

Vice-président  de  la  Commission  départementale 
pour  la  maladie  de  la  Vigne. 

Exposé  des  mesures  que  doivent  ^prendre 
les  viticulteurs  'pour  détruire  le  phyl- 
loxéra d'apres  le  système  imaginé  par 
M.  Monestier  et  mis  en  pratique  par 
MM.  Lautaud,  d' Ortoman  et  Monestier . 

«En  attendant  que  MM.  Lautaud  et  d’Or- 
toman  puissent  mettre  sous  les  yeux  et  à la 
disposition  du  public  une  machine  qu’ils  ont 
imaginée  pour  abréger  la  durée  des  opéra- 
tions, voici  comment  devra  procéder  le  vi- 
ticulteur : il  fera  trois  trous  autour  de  cha- 
que souche.  Généralement  la  profondeur  de 
ces  trois  trous  doit  être  de  80  centimètres, 
mais  elle  devra  varier  suivant  la  nature  des 
terrains. 

« Jusqu’ici,  dans  toutes  nos  expériences, 
nous  avons  fait  faire  ces  trois  trous  à l’aide 
d’un  pal  en  fer  qu’on  enfonçait  dans  la 
terre  à coups  de  marteau.  Quand  le  trou 
est  fait,  on  retire  le  pal  ; on  introduit  un 
tube  muni  d’un  entonnoir  à son  extrémité 
supérieure,  et  l’on  fait  pénétrer  dans  les  pro- 
fondeurs de  la  terre,  au-dessous  des  racines, 
i 50  grammes  par  trou  de  sulfure  de  carbone. 

, On  bouche  ensuite  vivement  l’ouverture. 

« Ce  sulfure  de  carbone  est  destiné,  une 
fois  là,  à être  l’agent  chargé  de  réaliser 
l’idée  qu’a  conçue  M.  Monestier  : l’immer- 
sion de  toutes  les  parties  de  la  souche  de 
bas  en  haut.  Des  travaux  incessants  sont 
i faits  pour  donner,  sous  peu,  la  série  de 
corps  qui  peuvent  économiquement  rempla- 
cer le  sulfure  de  carbone  ; mais  comme  ces 
travaux  ne  sont  pas  encore  complètement 
I terminés  et  jugés  par  des  personnes  sérieu- 
ses, nous  nous  garderons  bien  de  nous  avi- 
ser, comme  cela  se  fait  quelquefois,  de  les 
; publier  encore.  Nous  craindrions  d’être  ac- 
i cusés  de  publier  des  expériences  ridicules 
et  inintelligentes  pour  conquérir  un  droit  de 
priorité  de  mauvais  aloi  sur  des  travaux 
i longuement,  sérieusement  et  consciencieu- 
‘ sement  exécutés. 

« Le  sulfure  de  carbone  se  volatilisant 
dans  la  terre,  il  se  forme  immédiatement 
une  vapeur  de  sulfure  de  carbone  qui 
s’élève  lentement  et  imprègne  toutes  les 
molécules  de  terre,  toutes  les  racines  de 
la  souche.  Le  gaz  qui  s’élève  n’est  pas, 
comme  le  sulfure  de  carbone  liquide, 
fatal  à la  Vigne  ; au  contraire,  il  active 


la  végétation,  ainsi  que  l’a  constaté  l’homme 
si  honorable  et  si  dévoué  à son  pays  qui 
a bien  voulu  se  charger  de  vérifier  et 
contrôler  nos  expériences.  Les  effets  de  ce 
gaz  sont  terribles  contre  l’insecte  dévas- 
tateur. Si  l’on  examine  une  souche  après 
huit  jours  de  traitement,  l’on  voit  l’in- 
secte mort  et  carbonisé  ; au  bout  de 
quinze  jours,  il  ne  reste  plus  sur  les  racines 
que  les  traces  des  ravages  qu’a  faits  le  phyl- 
loxéra. 

« Des  expériences  comparatives  et  mul- 
tipliées nous  ont  permis  de  constater  que 
100  grammes  de  sulfure  de  carbone 
sont  suffisants  pour  tuer  l’insecte.  Il  faut 
soigneusement  éviter  tout  arrosage.  L’ar- 
rosage produit  des  effets  désastreux  sur 
la  souche.  On  peut  faire  pénétrer  dans 
la  terre  150,  200,  300  et  400  grammes  de 
sulfure  sans  que  sa  vapeur  nuise  à la  souche. 

« Nous  recommandons  à tous  les  viticul- 
teurs de  se  mettre  rapidement  à l’œuvre  ; 
quinze  jours  après  qu’ils  auront  mis  en  exé- 
cution l’opération  que  nous  leur  indiquons, 
le  phylloxéra  aura  cessé  de  ravager  leurs 
vignes. 

« Nous  sommes  certains  du  résultat. 

« Nous  tenons  à rendre  ici  hommage  à 
l’activité,  à l’intelligence  et  à la  discrétion 
de^  MM.  Laurent  et  Valentin,  ouvriers  de 
M.  Lautaud,  chez  qui  les  expériences  ont 
été  faites. 

« Monestier,  Lautaud,  d’Ortoman.  » 

Nous  ne  contestons  en  quoi  que  ce  soit 
le  résultat  que,  d’après  cette  note,  on  obtient 
à l’aide  de  sulfure  de  carbone  pour  la  des- 
truction du  phylloxéra.  Toutefois,  nous  fe- 
rons observer  que  cette  substance  exige  de 
grandes  précautions  dans  son  emploi,  qui 
n’est  pas  toujours  sans  danger  pour  l’opé- 
rateur; que,  d’une  autre  part,  elle  nécessite 
beaucoup  de  main-d’œuvre,  ce  qui  entraîne 
de  très-grands  frais,  qui,  dans  certains  cas, 
peuvent  même  absorber  le  produit  que  don- 
neraient les  Vignes,  et  que,  d’une  autre  part 
encore,  il  peut  devenir  sinon  inefficace, 
mais  même  un  danger  pour  la  Vigne,  s’il 
survient  une  forte  pluie  immédiatement 
après  que  l’opération  est  faite,  puisque, 
d’après  les  dires  de  l’inventeur,  « l’arrosage 
produit  des  effets  désastreux  sur  la  souche.  » 
Aussi,  nous  croyons  qu’on  ne  saurait  être 
trop  prudent  dans  l’emploi  de  cette  subs- 
tance, et  l’on  est  autorisé  à craindre  que  ce 
procédé  ne  donne  pas  une  solution  com- 
plète de  la  question 

Note  du  rédacteur. 


356 


SEAFORTHIA  ELEGANS. 


SEAFORTHIA  ELEGANS 


rattachés  à la  tribu  des  Arécinées,  à laquelle 
appartiennent,  outre  les  Areca^  son  type  et 
les  Chamwdorea,  dont  plusieurs  représen- 
tants embellissent  nos  jardins  vitrés,  les 
Œnocarpus,  Oreodoxa,  Euterpe,  Ceroxy- 
lon,  Arengctj  Caryota,  Pinanga  et  Kentia, 
tous  genres  moins  nombreux  en  espèces 
que  les  deux  précédents, 
mais  dont  quelques  formes 
spécifiques  tiennent  un  rang 
distingué  dans  les  collections 
bien  tenues. 

Le  Seaforthia  elegans  est 
originaire  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  où  il  s’avance  jus- 
qu’au 350  de  latitude  australe. 
Sous  ce  rapport  il  peut  être 
compris  parmi  les  rares  es- 
pèces de  cette  famille  qui 
pourraient  prendre  droit  de 
cité  dans  les  jardins  du  midi 
de  la  France  où,  mis  en  pleine 
terre,  il  atteindrait  très-rapi- 
dement son  développement 
ultime.  C’est,  ainsi  que  le 
montre  la  figure  32  qui  re- 
produit, sous  une  forme  très- 
réduite,  l’exemplaire  du  Mu- 
séum, et  dont  nous  allons 
rappeler  l’aspect  général,  un 
Palmier  d’une  grande  élé- 
gance , aussi  bien  par  son 
port  svelte  que  par  la  forme 
de  son  feuillage. 

Le  pied  auquel  nous  fai- 
sons allusion  a été,  sur  la  re- 
commandation de  M.  Mac 
Arthur,  envoyé  au  Muséum 
en  1855,  par  M.  Veitch,  de 
Chelsea.  Il  n’avait  alors  que 
quelques  feuilles  réduites  à de 
faibles  dimensions,  et  son  stipe 
n’était  pas  encore  apparent. 
Aujourd’hui  ce  même  Seaforthia,  le  plus 
beau  peut-être  de  tous  ceux  qui  sont  culti- 
vés, présente  une  tige  qui  ne  mesure  pas 
moins  de  8 mètres  de  hauteur.  La  circonfé- 
rence de  sa  base,  qui  est  munie  de  quelques 
racines  débordant  le  sol  de  la  caisse  où  il 
est  planté,  laquelle  n’a  pas  moins  de  1»"  05 
de  diamètre,  est  d’environ  1 mètre.  Cette 
mesure  se  réduit  à G5  centimètres  à 1 mètre 
de  hauteur,  et  elle  n’est  pas  inférieure  à 
50  centimètres  à son  sommet.  Elancé  et 


Les  lecteurs  de  la  Revue  horticole  nous 
sauront  peut-être  gré  d’attirer  leur  atten- 
tion sur  quelques-uns  des  nombreux  végé- 
taux remarquables  par  leurs  grandes  di- 
mensions qui  sont  cultivés  au  Muséum. 
Sous  ce  rapport,  on  peut  dire  que  parmi  les 
Palmiers  réunis  dans  cet  établissement,  le 


Fig.  33.  — Seaforthia  elegans. 

Seaforthia  elegans,  R.  Br.  (tig.  33),  tient 
un  des  premiers  rangs. 

Le  genre  Seaforthia,  créé  par  Robert 
Brown,  ne  possède  qu’un  petit  nombre  d’es- 
pèces, dont  trois  ou  quatre  au  plus  existent 
à l’état  vivant  dans  les  jardins.  Ce  genre  est 
compris,  dans  la  grande  famille  des  Pal- 
mées, parmi  ceux  qu’on  a depuis  longtemps 

(1)  Seaforthia  elégans,  R.  Br.,  Prdor.  fl.  nov. 
HolL,  I,  p.  267;  Knth,  Emim.  plant.,  III,  189; 
Mart.,  Palm.,  III,  p.  182,  1. 105,  106  et  109. 


357 


APERÇU  DU  GENRE  DEUTZIA. 


lisse,  ce  slipe  est  couvert  sur  toute  sa  lon- 
gueur de  soixante- quatre  cicatrices  annuli- 
formes  qui  représentent  l’emplacement 
qu’ont  occupé  successivement  les  volumi- 
neuses feuilles  dont  nous  indiquerons  plus 
loin  les  dimensions.  La  distance  qui  sépare 
ces  cicatrices  est  variable,  mais  toujours 
plus  grande  à la  base  qu’à  la  partie  supé- 
rieure du  stipe  : elles  sont  écartées  de 
12  centimètres  à la  base  et  de  6 centimètres 
seulement  au  sommet.  Les  gigantesques 
feuilles  pennées  de  ces  Palmiers  qui,  aujour- 
d’hui, au  nombre  d’une  dizaine,  couron- 
nent ce  stipe  élancé,  régulier  et  d’aspect 
curieux,  ont  une  forme  ovale-lancéolée 
dans  leur  contour;  leur  robuste  pétiole,  dont 
la  base  entoure  le  stipe  tout  entier  sur  une 
longueur  d’environ  60  centimètres,  dépasse 
4 mètres  de  longueur  ; les  folioles  qui  les 
constituent  sont  séparées  entre  elles  par  un 
intervalle  de  3 à 5 centimètres,  longues, 
dans  la  plus  grande  largeur  de  la  feuille,  de 
50  à 60  centimètres,  étroitement  lancéolées, 
obliquement  tronquées  et  brièvement  bifides 
au  sommet. 

L’exemplaire  dont  nous  venons  de  rap- 


peler les  caractères  de  végétation  a fleuri 
la  première  fois  en  1867.  Ses  fleurs  étaient, 
comme  les  auteurs  l’ont  indiqué,  monoïques, 
et  naissent  en  grand  nombre  sur  le  même 
spadice  qui  est  incliné  et  rameux,  et  qu’en- 
toure une  spathe  polypliylle.  Ces  fleurs,  qui 
n’ont,  comme  du  reste  toutes  celles  des  Pal- 
miers, à quelque  genre  qu’on  ait  affaire, 
1 ien  d’élégant,  étaient  d’un  vert  jaunâtre. 
Aux  fleurs  femelles  qu’accompagnaient  or- 
dinairement deux  fleurs  mâles  munies  cha- 
cune d’un  nombre  d’étamines  multiple  de 
trois,  ont  succédé  des  fruits  bacciformes  à 
enveloppes  fibreuses,  ovales,  et  dont  le  vo- 
lume équivalait  à celui  des  fruits  du  Cor- 
nus mas.  Ces  graines  ont  été  fertiles,  et  plu- 
sieurs qui  avaient  été  abandonnées  à dessin 
sur  le  sol  environnant  n’ont  pas  tardé  à 
germer. 

A cause  de  sa  robusticité,  de  son  élégance 
et  de  sa  facile  culture,  on  ne  saurait  trop 
répandre  ce  Palmier  dans  les  contrées  chau- 
des de  l’Europe,  où  il  pourrait  sans  doute 
croître  à l’air  libre,  ainsi  que  dans  les  collec- 
tions qui  demandent  un  abri. 

B.  Verlot. 


APERÇU  DU  GENRE  DEUTZIA 


A part  un  très-petit  nombre  d’espèces,  le 
genre  Deutzia  ne  renferme  que  des  arbustes 
d’un  mérite  ornemental  tout  à fait  supé- 
rieur. Aussi,  en  écrivant  ces  quelques 
lignes,  n’avons-nous  d’autre  but  que  d’atti- 
rer l’attention  sur  quelques-unes  des  prin- 
cipales espèces  ou  variétés  qu’il  comprend. 
En  donner  une  idée  exacte  à l’aide  d’une 
description  n’est  pas  chose  facile,  car  tous 
possèdent  un  faciès  général  assez  sem- 
blable, ou,  comme  l’on  dit,  « des  caractères 
, communs.  » C’est  donc  une  sorte  d’énumé- 

I ration  que  nous  allons  en  faire,  en  n’in- 
diquant toutefois  que  les  plantes  tout  à fait 
méritantes,  qui,  toutes,  sont  originaires  du 
Japon  ou  ont  été  obtenues  par  graines  de 
celles-ci.  Nous  commençons  par  l’espèce, 
sinon  la  plus  vigoureuse,  du  moins  celle  qui 
atteint  les  plus  grandes  dimensions,  le 
Deutzia  scahra,  L.,  qui  est  aussi  le  plus 
anciennement  cultivé,  et  dont  voici  la  des- 
cription : 

Arbuste  à branches  dressées,  atteignant 
jusque  2 mètres  et  plus  de  hauteur,  très-ra- 
mifié,  à écorce  gris  blanchâtre,  celle  du 
vieux  bois  se  détachant  par  plaques,  ainsi 
que  cela  a lieu  pour  certains  arbres  ; ra- 
ïmeaux  très-nombreux,  diffus,  formant  une 


masse  compacte.  Feuilles  d’un  vert  gris’ 
assez  longues  et  larges,  scabres  ou  dures  au 
toucher  par  des  aspérités  pubérulentes.  En 
juin,  fleurs  blanches,  simples,  nombreuses. 
La  quantité  considérable  de  ramifications 
que  produit  cette  espèce  fait  que  chaque 
année  beaucoup  de  parties  meurent,  et 
qu’on  est  obligé  de  les  enlever,  ce  qui  donne 
à la  plante  un  aspect  assez  désagréable,  en 
même  temps  que  cela  occasionne  une  perte 
de  temps  assez  considérable. 

D.  crenata,  Sieb.  — Celui-ci,  qui  a beau- 
coup d’analogie  avec  le  précédent,  dont  il 
n’est  probablement  qu’une  légère  variété, 
forme  un  arbuste  un  peu  plus  diffus  et  plus 
élargi  ; ses  ramifications  sont  aussi  un  peu 
plus  divariquées.  Quant  aux  fleurs,  elles 
sont  à peu  près  identiques. 

Le  D.  crenata  a produit  une  variété  à 
fleurs  pleines,  très-jolie  et  très-ornemen- 
tale : c’est  le  D.  crenata  flore  pleno,  dont  la 
Revue  horticole  a donné  une  description  et 
une  figure  (1867,  p.  70).  Cette  variété,  qui, 
comme  son  type,  a été  envoyée  du  Japon, 
est  à fleurs  très-pleines,  d’un  beau  rose 
carné,  très-jolies  et  extrêmement  nombreu- 
ses. Quant  à son  port  et  à sa  végétation,  ils 
sont  absolument  semblables  à ceux  de  l’es- 


358  SUR  LA  VÉGÉTATION  ] 

pèce  dont  elle  sort  ; l’écorce  de  ses  bour- 
geons est  un  peu  plus  colorée. 

A côté  du  I).  crenaia  flore  pleno  se  place 
une  autre  variété  d’une  valeur  au  moins 
égale  à celle  de  la  précédente  : c’est  le  D. 
candidissima  plena,  dont  les  fleurs,  tout 
aussi  pleines,  sont  du  blanc  le  plus  pur,  sans 
aucune  nuance  de  rose.  Elle  a été,  paraît-il, 
obtenue  vers  1868  par  MM.  Frœbel  et  C‘®, 
horticulteurs-pépiniéristes  à Zurich  (Suisse), 
de  graines  du  D.  crenata  flore  pleno.  Tout 
aussi  vigoureuse  et  floribonde  que  ce  der- 
nier, elle  s’en  distingue  encore  par  son'^as- 
pect,  qui  rappelle  assez  exactement  (presque 
à s’y  tromper)  celui  du  D.  Fortm%ei.  Ses 
feuilles,  très-légèrement  ondulées , sont 
d’un  vert  beaucoup  plus  gai. 

D.  Fortunei.  — Nous  manquons  de  ren- 
seignements sur  l’origine  de  cette  espèce, 
qui  est  apparue  dans  le  commerce  versl865. 
Vient-elle  de  la  Chine,  ainsi  que  le  qualifi- 
catif semble  l’indiquer?  Nous  l’ignorons.  Ce 
que  nous  savons,  c’est  qu’elle  est  préférable 
au  D.  crenata,  dont  elle  diffère  un  peu  par 
le  faciès  général,  qui  est  plus  agréable,  et 
qu’elle  est  aussi  plus  floribonde,  au  moins 
aussi  vigoureuse,  et  tout  aussi  rustique. 

Nous  pourrions  encore  citer  les  D.  ca- 
nescens  et  staminea,  espèces  très-voisines 
l’une  de  l’autre,  qui  ne  sont  guère  cultivées 
que  dans  quelques  jardins  botaniques. 
Ajoutons,  du  reste,  que,  au  point  de  vue  de 
l’ornement,  elles  ne  sont  pas  comparables 
aux  espèces  et  variétés  que  nous  avons 
citées. 

Quelques  autres  espèces  de  Deutzia  ont 
été  décrites  ou  seulement  mentionnées  ; ce 
sont  le  D.  Brunoniana,  Wall.,  Cat.  Ind. 
orient.;  corymhosa,  R.  Br.,  ex  Wal.,  l.  c.; 
grandiflora,  Bunge,  et  parviflora,  Bunge, 
indiqués  comme  originaires  de  la  Chine  bo- 
réale, toutes  espèces  peu  connues  ou  plutôt 
à peu  près  complètement  ignorées.  Reste 
donc,  pour  terminer  sur  les  Deutzia,  à dire 
quelques  mots  d’une  espèce  tellement  ré- 
pandue et  connue,  qu’il  suffit  d’en  citer  le 
nom,  du  D.  gracilis,  Sieb.,  également  ori- 
ginaire du  Japon.  Cette  espèce,  qui  est  l’ob- 
jet d’un  commerce  très-important  par  suite 
de  l’usage  qu’on  en  fait  comme  plante 

SUR  LA  VÉGÉTATION  I 

Puisque  vous  avez  bien  voulu  prêter  votre 
attention  à la  lecture  de  ces  notes  sur  la  vé- 
gétation dans  le  nord  de  la  Chine,  je  viens  la 

(1)  Revue  horticole,  1873,  pp.  95  et  317. 


r NORD  DE  LA  CHINE. 

propre  au  forçage,  ne  constitue  qu’un  ar- 
buste buissonneux-cespiteux,  s’élevant  à 
peine  à 50  centimètres  de  hauteur,  par  con- 
séquent propre  à faire  des  bordures  dans 
les  grands  jardins  ou  les  parcs.  Il  a produit 
une  variété  qui,  peu  cultivée,  n’a  d’autre 
mérite  que  d’avoir  les  feuilles  panachées 
de  blanc.  Elle  est  moins  vigoureuse  que  le 
type. 

Culture.  La  culture  des  Dewfzia  est  très- 
facile;  d’abord,  au  point  de  vue  du  sol,  ils 
s’accommodent  de  presque  tous,  pourvu  que 
l’élément  calcaire  ne  soit  pas  trop  abondant, 
parce  qu’alors  ils  prennent  une  teinte  jaune, 
poussent  et  fleurissent  peu. 

Multiplication.  Elle  se  fait  avec  la  plus 
grande  facilité  par  boutures,  soit  en  sec, 
soit  herbacées;  les  premières  se  font  à 
partir  de  novembre  jusqu’en  mars.  Pour 
cela,  on  coupe  des  rameaux  par  longueur 
de  20-30  centimètres,  et  on  les  pique  dans 
une  terre  meuble,  légère  et  siliceuse,  que 
l’on  a soin  d’arroser  lorsqu’il  est  nécessaire. 
Si  on  peut  recouvrir  le  sol  d’une  bonne 
couche  de  paillis,  la  réussite  en  sera  plus 
assurée  et  plus  complète.  Les  boutures  her- 
bacées se  font  pendant  tout  l’été,  à partir  de 
juin-juillet  ; on  prend  pour  cela  des  bour- 
geons semi-aoûlés;  on  les  repique  dans  une 
plate-bande  de  terre  de  bruyère,  à l’exposi- 
tion du  nord,  ou  sous  cloche,  dans  des  pe- 
tits pots  ou  en  pleine  terre,  où  la  reprise  se 
fait  facilement  et  promptement.  On  les  mul- 
tiplie aussi  par  graines,  qu’on  sème  au  prin- 
temps en  terre  de  bruyère,  qu’on  entretient 
toujours  légèrement  humide  à l’aide  de  bas- 
sinages. En  raison  de  leur  ténuité,  les  grai- 
nes doivent  être  très-peu  enterrées,  ce  qui 
explique  la  fréquence  des  bassinages  qu’on 
est  obligé  de  faire.  Si  ce  moyen  n’a  pas  la 
propriété  de  reproduire  identiquement  les 
variétés,  il  a du  moins  celui  de  les  repro- 
duire à peu  près  parfois,  et  aussi  de  donner 
naissance  à de  nouvelles  variétés.  Les 
graines  doivent  être  peu  recouvertes,  semées 
en  terrine  ou  dans  des  pots,  qu’on  place 
sous  châssis  ou  bien  en  pleine  terre,  dans 
des  conditions  analogues. 

E.-A.  Carrière. 


J NORD  DE  LA  CHINE 

terminer  aujourd’hui  en  la  reprenant  au 
point  où  je  l’ai  interrompue,  c’est-à-dire  à 
la  question  des  fruits. 

Du  Halde  a avancé  que  les  Chinois  n’en- 


1 


1 

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I 

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SUR  LA  VÉGÉTATION  DU  NORD  DE  LA  CHINE. 


tendent  rien  à rarboriculture.  Son  opinion 
est  difficile  à concilier  avec  le  jugement  du 
P.  Grosier,  qui  les  prétend  fort  experts  dans 
cet  art. 

On  sait  que  ces  deux  auteurs,  qui  ont  écrit 
les  deux  ouvrages  les  plus  complets  sur  la 
Chine  (dans  notre  pays,  bien  entendu),  n’y 
ont  été  ni  l’un  ni  l’autre  ; car  du  Halde  n’a 
fait  que  rassembler  les  travaux  des  mission- 
naires, et  le  P.  Grosier  n’est  que  l’éditeur 
des  œuvres  du  P.  de  Mailla.  Comme  les 
éloges  l’emportent  de  beaucoup  sur  le  blâme 
dans  l’ouvrage  de  du  Halde,  son  jugement 
doit  sembler,  à priori,  impartial. 

D’autre  part,  à l’époque  où  écrivait  le 
P.  Grosier,  cent  ans  plus  tard,  l’étoile  des 
missions  catholiques  avait  déjà  bien  pâli,  et 
rien  que  pour  ce  fait  le  jugement  de  notre 
auteur  est  peut-être  entaché  d’exagération. 

Dira-t-on  que  du  P.  du  Halde  au  P.  Gro- 
sier il  y a eu  progrès  ? Nous  en  doutons,  et 
serions  tenté  de  croire  le  contraire.  Mais 
laissons  de  côté  cette  critique  rétrospective, 
et  ne  considérons  que  ce  qui  existe  actuelle- 
ment. Quant  à moi,  je  m’en  rapporte  au  ju- 
gement du  P.  David,  si  compétent  et  si  au- 
torisé dans  toutes  les  matières,  car  il 
s’appuie  sur  des  observations  personnelles 
directes  et  contemporaines. 

Les  Chinois,  dit  cet  intrépide  voyageur, 
ce  savant  naturaliste,  négligent  l’arboricul- 
ture. S’il  en  est  ainsi,  nous  n’avons  donc 
rien  à apprendre  d’eux,  nous  qui  faisons 
tant  de  progrès  dans  cet  art.  Il  est  certain 
que  les  Chinois  ont  de  tout  temps  connu  la 
greffe,  mais  ils  ne  l’ont  jamais  perfection-- 
née  ; ils  font  encore  aujourd’hui  ce  qu’ils 
faisaient  il  y a mille  ans.  C’est,  pour  ainsi 
dire,  la  nature  qui  a spontanément  et  pro- 
gressivement amélioré  les  espèces  de  fruits, 
rares  il  est  vrai,  dont  la  saveur  se  rapproche 
de  celle  des  fruits  de  nos  contrées.  C’est  à 
peine  si  l’on  peut  trouver  à Pékin  une  qua- 
lité de  Poire  comparable  à nos  qualités 
moyennes.  Elles  sont  presque  toutes  petites, 
granuleuses,  astringentes  et  à peine  su- 
crées. Peut-être  doit- on  faire  une  exception 
pour  une  espèce  qui,  par  sa  forme,  res- 
semble plutôt  à une  Pomme,  et  qui  est  très- 
estimée  des  Chinois  et  même  prisée  par  les 
I Européens,  faute  de  mieux , bien  entendu  (1  ) . 

(1)  Toutes  les  Poires  venant  de  la  Chine  ou  du  Ja- 
|Pon,  que  nous  avons  eu  occasion  d’étudier,  étaient 
de  qualité  très-inférieure  ; la  plupart  même  étaient 

1 mauvaises.  A peu  près  toutes  présentaient  dans  la 
dentelure  des  feuilles  un  caractère  particulier  qui 
les  distinguait.  Ce  caractère  est-il  dû  au  climat 
pu  désigne-t-il  une  sorte  particulière?  Nous  ne  sa- 
vons. (Note  du  rédacteur.) 


359 

La  Cerise  n’existe  pas,  à moins  qu’on  ne 
veuille  donner  ce  nom  à un  microscopique 
noyau  immédiatement  revêtu  d’une  pelli- 
cule acide  ; c’est,  en  un  mot,  le  fruit  à l’état 
sauvage  et  n’ayant  jamais  été  greffé. 

La  Fraise  n’existe  pas,  et  non  seulement 
dans  la  région  qui  nous  occupe,  mais  nulle 
part  en  Chine,  excepté,  bien  entendu,  dans 
les  points  occupés  par  les  Européens. 

Elle  est  remplacée  par  une  baie  que  nous 
connaissons  sous  le  nom  de  Myrica  sapida, 
qui  est  un  peu  acidulée,  et  qui,  confite  et 
glacée,  est  assez  délicate.  Les  Chinois  sont 
très- friands  de, la  baie  du  Mûrier. 

Les  Pêches  sont  certainement  le  meilleur 
des  fruits  chinois,  et,  sans  les  égaler,  rap- 
pellent d’assez  près  les  nôtres.  Elles  ont  une 
forme  assez  spéciale,  que  vous  avez  tous  pu 
remarquer  sur  les  dessins  qui  ornent  les  ob- 
jets d’art  chinois,  où  elles  sont  plus  fré- 
quemment représentées,  car  le  Pêcher  est 
l’arbre  sacré  sous  lequel  s’échangent  les 
serments  d’amour.  Elles  sont  moins  sphé- 
riques que  les  nôtres,  plus  grosses,  plus 
ovoïdes,  et  terminées  à chaque  extrémité  du 
grand  axe  par  deux  mamelons  pointus. 
Leur  sillon  n’est  pas  aussi  profond  que  chez 
les  nôtres  (1). 

On  trouve  une  variété  d’Abricots  assez 
gros,  mais  moins  bons  que  les  nôtres,  sauf 
peut-être  une  espèce  exclusivement  cultivée 
à Tan-chan,  à dix  kilomètres  au  nord  de  Pé- 
kin, dans  une  propriété  impériale,  et  qu’on 
ne  sert  alors  qu’au  palais.  Je  n’ai  jamais  pu 
rencontrer  une  Prune,  même  passable. 

Le  fruit  du  Jujubier  est  très-répandu.  On 
le  mange  à l’état  frais;  on  le  fait  sécher 
comme  chez  nous,  pour  le  transformer  en 
une  sorte  de  pruneau;  on  le  fait  cuire,  et  on 
le  sert  comme  un  mets  sucré. 

Un  des  fruits  les  plus  répandus  est  le 
Diospyros  kaki.  Je  pense  qu’il  vaudrait  la 
peine  qu’on  cherchât  à l’acclimater  chez 
nous,  ce  qui  ne  serait  pas  bien  difficile,  puis- 
qu’il croît  sous  toutes  les  latitudes.  Il  est 
vrai  que  les  meilleures  espèces  sont  celles 
du  Sud,  et  au-dessus  d’elles,  à notre  avis, 
celles  que  nous  avons  goûtées  dans  tout  le 
Japon. 

G’est,  à proprement  parler,  la  Figue  des 
Chinois.  Quand  il  est  sec,  il  a la  forme  d’un 

(1>  Différents  Pêchers  que  nous  avons  reçus,  soit 
de  la  Chine,  soit  du  Japon,  nous  ont  démontré  par 
la  dissemblance  de  leurs  caractères  que  là,  comme 
chez  nous,  il  doit  y avoir  de  nombreuses  variétés  de 
cette  espèce.  Non  seulement  les  formes  et  les  di- 
mensions sont  très-différentes;  il  y a même  des  di- 
versités notables  dans  la  qualité. 

[Note  du  rédacteur,) 


360  PLANTES  NOUVELLES,  PAR 

disque;  les  Chinois  en  réunissent  un  cer- 
tain nombre  et  en  font  une  sorte  de  chape- 
let. C’est  une  précieuse  conserve  pour  ceux 
qui  voyagent,  car  il  est  très-sucré.  A l’état 
frais,  il  rappelle  assez  bien  une  Orange,  dont 
il  a la  couleur  et  la  grosseur  variable  comme 
celle  de  l’Orange  elle-même.  Au  lieu  d’être 
une  sphère  régulière,  il  se  compose  de  deux 
demi-sphères  de  rayon  inégal,  superposées 
de  manière  que  la  plus  petite  soit  supé- 
rieure, et  détermine  ainsi  une  sorte  de  rayon 
équatorial.  La  peau  est  lisse  et  mince;  sa 
chair  est  à peu  près  celle  de  la  Prune.  On 
cueille  ce  fruit  quand  il  est  encore  vert,  et, 
comme  l’Orange,  il  mûrit  lentement.  Pour 
hâter  sa  maturité,  les  Chinois  le  plongent 
dans  l’eau  bouillante.  On  le  désigne  en  chi- 
nois par  le  nom  de  Chi-ze  (1). 

PLANTES  NOUVELLES,  RAI 

Buddleia  glohosa,  Lam.  — Arbuste 
très-vigoureux,  formant  de  forts  buissons, 
très-ornemental  par  ses  feuilles  persistantes 
longuement  elliptiques,  acuminées  en  pointe, 
atteignant  15-22  centimètres  de  longueur  sur 
environ  5 de  largeur,  d’un  vert  très-foncé, 
et  comme  gaufrées-bullées  en  dessus, 
blanchâtres  en  dessous.  Fleurs  très-petites, 
d’un  rouge  fortement  orangé,  réunies  et 
constituant  des  sortes  de  capitules  réguliè- 
rement sphérique.s  de  2 centimètres  de  dia- 
mètre, portés  sur  des  pédoncules  opposés  de 
3-4  centimètres  de  longueur.  Les  fleurs,  qui 
apparaissent  en  mai-juin,  durent  très-long- 
temps, de  sorte  que,  à l’époque  de  la  flo- 
raison, le  B.  glohosa  est  un  des  beaux  ar- 
bustes. 

(1)  Voici  encore  une  preuve  de  plus  — dont  tou- 
tefois nous  n’avions  pas  besoin,  que  du  reste  nous 
n’avons  pas  cherchée  — qui  démontre  combien  nous 
avions  raison  en  soutenant  que  tous  les  Diospyros, 
en  Chine,  sont  des  Chi-ze  ou  Chi-tse.  Notons, 
toutefois,  que  celui  dont  il  s’agit,  qui  porte  aussi  la 
dénomination  Kaki,  n’a  rien  de  commun  avec  le 
D.  kaki  de  certains  auteurs,  ce  mythe  dont  on 
voit  le  nom  partout,  mais  que  l’on  ne  rencontre 
nulle  part.  Il  y a plus,  celui-ci  est  encore  distinct, 
non  seulement  de  notre  D.  costata,  mais  de  tous 
ceux  dont  ont  parlé  les  différents  auteurs.  « Au 
lieu  d’être  une  sphère  régulière,  il  se  compose  de 
deux  demi-sphères  de  rayon  inégal,  superposées  de 


> OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 

Je  passe  sous  silence  une  grande  quantité 
de  fruits  indigènes  dont  se  servent  les  Chi- 
nois, mais  qui  ne  valent  certainement  pas  la 
peine  d’être  mentionnés  et  surtout  proposés 
à l’attention  de  ceux  qui  s’occupent  d’accli- 
matation. 

Je  ne  dois  pas  insister  non  plus  sur  le 
Raisin,  si  ce  n’est  pour  rappeler  quelques 
particularités  qui  ne  sont  pas  sans  intérêt. 

J’ai  déjà  dit  plus  haut  que  la  variété  à jus 
noir  n’existe  pas.  Celle  à enveloppe  noire  et 
à jus  blanc  y est  même  très-rare.  La  pre- 
mière, apportée  par  les  missionnaires,  a été 
tout  à tait  délaissée  par  les  Chinois,  pour 
qui  elle  ne  pouvait,  du  reste,  avoir  un  grand 
intérêt,  puisqu’ils  ne  font  pas  de  vin  du 
Raisin. 

Martin. 


ES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 

Dans  les  hivers  rigoureux,  cette  espèce, 
qui  est  originaire  du  Chili,  souffre  beaucoup 
du  froid  ; aussi,  à Paris,  est-il  prudent  d’en 
garantir  le  pied  avec  des  feuilles,  de  la  li- 
tière, ou  bien  d’y  amonceler  soit  de  la  terre, 
soit  du  sable.  On  la  multiplie  par  bouture 
et  par  couchage,  soit  en  vert,  soit  en  sec  ; 
les  boutures  se  font  ou  avec  des  bourgeons 
presque  aoûtés,  en  juillet-août,  sous  des 
cloches,  ou  bien  avec  des  rameaux  dépour- 
vus de  feuilles,  qu’on  plante  en  pleine  terre. 
Les  couchages  doivent  être  incisés;  il  faut 
les  laisser  deux  ans  avant  de  les  relever. 
Quant  à la  terre,  presque  toutes  conviennent 
au  B.  glohosa,  pourvu  qu’elles  ne  soient  pas 
trop  argileuses. 

E.-A.  Carrière. 

manière  que  la  plus  petite  soit  supérieure,  et  dé- 
termine ainsi  une  sorte  de  rayon  équatorial.  » Il  y 
a donc  là  encore  une  sorte  d’intrus  qui  vient  dé- 
ranger les  combinaisons Qu’en  va-t-on  faire? 

Pour  éviter  les  difficultés,  tout  en  restant  dans  le 
vrai,  nous  proposons  d’en  faire  un  Tchi-tse,  ou 
Chi-tse,  qualification  qui,  en  Chine,  est  donnée  à 
tous  les  Diospyros  (a)  ! De  cette  manière,  l’hon- 
neur sera  sauf,  et  la  science  n’aura  rien  perdu  ni... 
gagné.  {Note  de  la  rédaction.) 

[a]  \o\v  Revue  horticole,  1870,  p.l3l  et  suiv.;  1871,  p.  410, 
et  1872,  p.  77.  Voir  aussi  dans  ce  journal,  p.  190  en  1872,  l’ar- 
ticle de  M.  Francis  Coignet,  intitulé  : Les  Kakis  au  Japon,  et 
p.  252  et  suiv.  de  celle  même  année. 


Orléans,  imp,  de  G.  Jacob,  cloître  Sainl-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quinzaine  de  septembre) 

I/Exposition  de  Brie-Gomte-Robert.  — Nécrologie  : M.  Barillet.  — L'établissement  horticole  de  Bourcj- 
la-Reine  (dépôt  des  plantes  du  Ilamma  d’Alger);  circulaire  de  M.  Durand.  — Notes  manuscrites  et 
inédites  de  Marius  Porte.  — Deuxième  Exposition  temporaire  d'horticulture  à Vienne;  liste  de.s 
récompenses  décernées.  — Instabilité  des  sexes  dans  le  genre  Bégonia  : communication  de 
M.  Deleuil,  horticulteur  à Marseille.  — Apparition  de  chatons  mâles  sur  les  Wellinrjtonia  de  Trianon. 
— Le  Boussingaultia  baselloidcs  et  le  Haricot  flageolet  à feuilles  gaufrées.  — (Qualités  de  V Amaranthus 
salicifolius.  — Observations  sur  le  Fuchsia  syringœ flora  : lettre  de  M,  Porcher,  président  de  la  Société 
d’horticulture  d'Orléans.  — Emploi  de  la  chaux  au  pied  des  Pommiers  pour  éloigner  le  puceron 
lanigère;  lettre  de  M.  Ch.  Baltet  : question  de  priorité. 


L’événement  le  plus  important  qui  vient 
de  se  produire  dans  l’horticulture  fran- 
çaise est,  assurément,  l’exposition  qui  a 
eu  lieu  les  13,  14  et  15  septembre  dernier, 
à Brie-Comte-Robert.  Celle  petite  ville  du 
département  de  Seine-et-Marne  qui,  na- 
guère encore,  était  à peu  près  complètement 
ignorée  au  point  de  vue  de  l’horticulture,  est 
aujourd’hui,  grâce  à ses  cultures  de  Ro- 
siers, connue  de  toute  l’Europe  — pour  ne 
pas  dire  de  l’univers,  horticole,  bien  en- 
tendu. — Mais  n’ayant  pas  eu  l’avantage  de 
la  voir,  nous  ne  pouvons  que  nous  faire 
l’écho  de  l’opinion  générale,  et  dire  avec 
tous  ceux  qui  ont  visité  cette  exposition  : 
((  Elle  n’était  pas  seulement  belle  ; elle  était 
très-belle.  Nous  espérons,  néanmoins, 
pouvoir  en  donner  prochainement  une  idée 
à nos  lecteurs,  un  de  nos  collaborateurs 
ayant  bien  voulu  se  charger  d’en  faire  un 
compte-rendu  que  nous  nous  empresserons 
de  publier. 

— Lel2septembredernier  s’éteignait,  bien 
jeune  encore,  loin  de  sa  famille  et  de  ses 
amis,  un  homme  dont  le  nom  est  universel- 
lement connu  en  horticulture,  M.  Barillet, 
dont  on  a pu  admirer  les  travaux  aussi  re- 
marquables par  la  hardiesse  des  conceptions 
que  par  le  fini  de  l’exécution.  L’immense 
succès  qu’il  obtint  alors  à Paris,  lors  de  la 
grande  Exposition  universelle  de  1867, 
acheva  sa  réputation,  qui  devint  bientôt  aussi 
grande  qu’elle  était  méritée;  tous  les  souve- 
rains qui,  à cette  époque,  visitèrent  Paris 
nous  enviaient  cet  homme,  et  plusieurs 
même  essayèrent  de  se  l’attacher,  ou  tout  au 
moins  recherchèrent  ses  conseils.  Toutefois 
il  ne  devait  plus  rester  longtemps  parmi 
nous,  et,  peu  de  temps  après  il  consentit  à 
entrer  au  service  du  vice-roi  d’Égypte.  Là, 
I dans  ce  pays  de  feu,  si  funeste  aux  Euro- 
péens, où,  pour  résister  à l’extrême  chaleur, 
il  faut  prendre  des  soins  particuliers,  notre 

1er  OCTOBRE  1873. 


collègue  et  ami,  M.  Bariltet,  n’écoutant  que 
son  zèle  et  son  amour  pour  l’horticulture, 
se  livra  sans  réserve  à sa  puissante  activité; 
aussi  quelques  années  étaient  à peine  écou- 
lées qu’il  contractait  certaines  affections  aux- 
quelles sa  robusiieité  résista  d’abord,  mais 
qui  néanmoins  allèrent  constamment  en 
s’aggravant.  C’est  alors  qu’il  vint  à Paris, 
d’où  il  se  rendit  de  suite  à Vichy-les-Bains, 
4ans  l’espoir  d’y  passer  quelque  temps  pour 
se  rétablir.  Mais  son  état  était  tel,  que 
malgré  tous  les  soins  il  n’en  put  revenir; 
il  y mourut  le  12  septembre  dernier,  dans 
sa  50e  année. 

Ne  pouvant  dans  cette  chronique  retracer 
une  vie  aussi  laborieuse  et  bien  remplie 
qu’a  été  celle  de  M.  Barillet,  et  bien  qu’un 
article  spécial  doive  être  consacré  à ce  récit, 
nous  avons  voulu,  en  annonçant  cette  triste 
nouvelle  à nos  lecteurs,  payer  un  faible  tribut 
de  reconnaissance  à la  mémoire  d’un  homme 
bon  et  dévoué  pour  tous,  dont  la  vie  tout 
entière  a été  consacrée  au  service  de  l’hor- 
ticullure,  et  pour  laquelle  il  est  mort  viTime 
de  son  altachernent. 

— Une  circulaire  en  date  du  10  sep- 
tembre 1873,  de  notre  confrère  M.  Du- 
rand, horticulteur  à Bourg-la-Pieine  (Seine), 
annonce  que,  par  suite  d’arrangements  pris 
avec  la  société  algérienne,  son  établissement 
va  devenir  une  succursale  de  cette  compagnie 
pour  recevoir  les  plantes  du  jardin  du 
Hamma  (Algérie).  Voici  un  passage  de  la 
circulaire  où  M.  Durand  donne  de  ce  fait 
un  avis  à sa  clientèle  : 

...Je puis  donc,  dès  maintenant,  annoncer  à ma 
clientèle  que  l’établissement  Durand  est  devenu, 
sous  le  nom  d' Etablissement  horticole  de  Bourg- 
la-Reine  (dépôt  des  plantes  du  Hamma  d’Alger), 
un  milieu  où  se  concentreront  tous  les  genres  de 
culture.  A ses  anciennes  spécialités  d’arbres  et 
d’arbustes  d’ornement,  à ses  grandes  pépinières 
d’arbres  fruitiers  de  toutes  sortes,  jeunes  encore 
ou  tout  formés,  va  s’ajouter  une  série  de  serres 

19 


362 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


qui  lui  permettront  d’offrir  au  choix  de  ses 
clients  tous  les  végétaux  dont  s’occupe  notre 
commerce  horticole.  Toutes  les  plantes  de  luxe 
que  les  acheteurs  doivent,  la  plupart  du  temps, 
faire  venir  des  pays  voisins,  ils  les  trouveront  à 
Bourg-la-Reine,  dans  les  conditions  de  force  et 
de  culture  auxquelles  ils  donnent  la  préférence, 
et  avec  des  avantages  de  prix  qu’ils  seront 
bientôt  à même  d’apprécier. 

— Nous  devons  à l’extrême  obligeance 
de  notre  collègue,  M.  Houllet,  chef  des 
serres  au  Muséum,  une  importante  commu- 
nication dont  nous  comptons  bien  faire  pro- 
fiter nos  lecteurs.  Ce  sont  des  notes  ma- 
nuscrites et  inédites  d’un  des  plus  célèbres 
botanistes-voyageurs,  feu  Marius  Porte,  de 
bien  regrettable  mémoire.  Dans  ces  notes 
exclusivement  propres  aux  Palmiers,  qu’il 
aimait  et  connaissait  si  bien,  ce  zélé  collec- 
teur passe  en  revue  et  énumère  un  certain 
nombre  de  produits  que  les  indigènes  en  re- 
tirent, ainsi  que  l’usage  qu’ils  en  font,  toutes 
choses  dont  Porte  pouvait  d’autant  mieux 
parler,  que,  pendant  de  longues  années,  il 
avait  vécu  au  milieu  de  ces  habitants,  chez 
lesquels  il  avait  souvent  reçu  l’hospitalité, 
partageant  leur  repas,  reposant  sous  leur 
toit. 

— Notre  collègue  et  collaborateur,  M.  Del- 
clievalerie,  vient  de  nous  adresser  de  l’Ex- 
position de  Vienne  (Autriche),  où  il  est 
juré,  la  liste  de  toutes  les  récompenses  qui 
ont  été  décernées  à la  suite  de  la  deuxième 
exposition  temporaire  d’horticulture.  Voici 
ce  qu’il  nous  écrit  : 

La  deuxième  exposition  temporaire  d’horticul- 
ture qui  a eu  lieu  dans  le  parc  de  l’Exposition 
universelle  comptait  parmi  les  exposants  fran- 
çais ; 

France  : M.  Ch.  Ballet  frères,  pépiniéristes  à 
Troyes,  qui  ont  reçu  le  diplôme  de  mérite  pour 
une  belle  collection  de  greffes,  et  un  ouvrage, 
« Vart  de  greffer.  » 

MM.  Croux  fils,  horticulteurs  à Sceaux,  ont 
reçu  le  diplôme  démérité  pour  une  collection  de 
Conifères. 

M.  Rose  Charmevx,  de  Thomery,  près  Fon- 
tainebleau, a reçu  la  médaille  de  inérite  pour 
son  exposition  de  Vignes. 

Le  vignoble  de  Larrg  (Moselle)  a obtenu  la 
médaille  de  progrès. 

M.  C.  Verdier,  horticulteur  à Paris,  a exposé 
une  belle  collection  de  Glaïeuls  qui  sera  sou- 
mise au  jury  de  la  troisième  exposition  tempo- 
raire (1). 

(1)  Rappelons  que  déjà  M.  Ch.  Verdier,  dans  un 
précédent  examen,  a obtenu  la  médaille  de  pro- 
grès. Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  345. 


Italie  : MM.  Borelli  frères,  horticulteurs  à 
Pallanza,  ont  obtenu  la  médaille  de  mérite  pour 
de  forts  spécimens  de  Camellias  plantés  dans  le 
jardin  de  l’exposition  permanente.  La  commission 
de  Brescia  et  cellede  Vérone  ont  obtenu  chacune 
la  médaille  de  mérite  pour  leur  exposition  de 
fruits. 

Grèce  : M.  Orphanides,  professeur  de  bota- 
nique à Athènes,  a obtenu  la  médaille  de  •pro- 
grès pour  une  collection  de  60  belles  espèces 
d’Oranges,  Citrons,  Cédrats,  Pamplemousses,  etc., 
en  très-beaux  échantillons.  Le  même  exposant 
a obtenu  la  médaille  de  mérite  pour  son  spéci- 
men de  pépinière  nationale  d’Athènes,  au  jardin 
du  Prater. 

Belgique  : M.  Linden,  horticulteur  à Gand  et 
à Bruxelles,  a obtenu  la  médaille  de  progrès 
pour  ses  belles  plantes  nouvelles,  parmi  les- 
quelles nous  citerons  : le  Curmeria  picturata; 
Dieffenbachia  antiquensis  ; D.  angustifolia,  D. 
imperialis,  Dracœna  Gloneri;  Philodendron  pa- 
rimense  ; Rapatea  pandandides  ; Spratiphyllum 
macrophyllum  ; Tillandsia  Lindeni  vera  et  tes- 
sellata. 

M.  Linden  a aussi  exposé  12  Palmiers  nou- 
veaux, 20  espèces  d’Orchidées rares  et  nouvelles, 
remarquables  par  leur  belle  culture  et  leur  flo- 
raison abondante,  et  une  centaine  d’espèces  d’ar- 
bres à fruits  des  tropiques  et  de  plantes  utiles 
diverses. 

M.  Jacob  Makoy  et  horticulteurs  à Liège, 
ont  obtenu  la  médaille  de  progrès  pour  des 
plantes  rares  et  nouvelles  que  nous  n’avons  pu 
voir  et  qui  ne  figurent  pas  au  catalogue  officiel. 

M.  T.  Van  Geert,  horticulteur  à Gand,  a ob- 
tenu la  médaille  de  mérite  pour  des  Fougères  en 
arbre  et  VErica  Candolleana. 

M.  J.  Verschaffelt  a obtenu  la  médaillé  de 
mérite  pour  Agaves,  Yucca,  Bonapartea,  Cac- 
tées, Cycadées,  etc.,  en  collections. 

M.  Stelzner,  A.,  horticulteur  à Gand,  a obtenu 
la  médaille  de  mérite  pour  une  collection  de 
120  espèces  de  Fougères  de  pleine  terre. 

Legrelle  d'Hanis,  à Anvers,  a obtenu  la 
médaille  de  mérite  pour  une  belle  collection  de 
plantes  d’ornement  et  utiles,  telles  que  Dracœna, 
Maranta,  Palmiers,  Aroïdées,  Broméliacées,  etc.,  i 
eiane  médaille  de  coopérateur  pour  son  jardinier. 

M.  de  Goes,  horticulteur  à Schærbeek  (Bruxel- 
les), a obtenu  la  médaille  de  progrès  pour  un 
nouveau  Gazon. 

M.  Ghellinck  de  Walle,  président  de  la  So- 
ciété d’horticulture  de  Gand,  a obtenu  la  mé~ 
daille  de  mérite  pour  une  belle  collection  de  j 
Selaginella,  Maranta,  etc.  I 

M.  Dailtière,  A.,  horticulteur  à Gand,  a ob- 
tenu  la  médaille  de  mérite  pour  une  belle  et  j 
nombreuse  collection  de  Dieffenbachia,  Dracœna,  j 
Aroïdées,  Croton,  Maranta,  Zamia,  Cypripe-  | 
dium,  etc.  i 

M.  Desmet,  Louis,  horticulteur  à Gand,  a ob-  ! 
tenu  la  médaille  de  mérite  pour  une  collection  j 
de  Phormium,  Echeveria,  Thuiopsis,  Agapan-  | 
thus,  etc. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


M.  Bœlens,  Ch.,  horticulteur  à Gand,  a obtenu 
le  diplôme  de  mérite  pour  des  Amaryllidées  en 
fleurs. 

La  direction  du  jardin  botanique  de  Gand  a 
obtenu  le  diplôme  de  mérite  pour  une  collection 
de  plantes  utiles  et  officinales,  etc. 

Allemagne  : M.  Jiirgens,  F.-J.-C.,  à Ham- 
bourg, a obtenu  la  médaille  de  progrès  pour  une 
belle  collection  de  Conifères.  Le  même  exposant 
a obtenu  la  médaille  de  bon  goût.  — Quatre  mé- 
dailles-de  mérite,  cinq  diplômes  de  mérite  et 
une  médaille  de  coopérateur  ont  été  décernées 
aux  autres  exposants  de  l’Allemagne. 

Autriche  : Deux  médailles  de  progrès  ont  été 
décernées  aux  princes  Joseph  et  Johan  de 
Schwarzenberg  pour  leur  exposition  dans  un 
local  spécial  des  spécimens  de  leurs  pépinières 
d’arbres  forestiers,  fruitiers  et  d’ornement,  cul- 
tures potagères,  floriculture,  etc. 

Quinze  médailles  de  mérite,  dix-neuf  diplômes 
de  mérite,  sept  médailles  de  coopérateurs  et 
quatre  médailles  de  bon  goiU  ont  été  accordées 
aux  autres  exposants  de  l’Autriche,  et  deux  mé- 
dailles de  mérite  aux  exposants  de  la  Hongrie. 

G.  DeLCHE VALERIE. 

— A la  date  du  7 août  dernier,  M.  Deleiül, 
horticulteur  à Marseille,  nous  adressait  la 
lettre  suivante  : 


Monsieur  le  rédacteur  en  chef  de  la  Revue 
horticole. 

Je  reçois  à l’instant  le  n»  15  de  votre  excel- 
lente Revue  horticole,  et  j’y  trouve  une  note  sur 
un  des  genres  de  plantes  qui  m’intéresse  le  plus  : 
les  Bégonias.  J’y  vois  queM.  Léon  de  Saint-Jean, 
vice-président  du  Cercle  horticole  lyonnais,  nous 
apprend  qu’un  Bégonia  Sedeni  à fleur  double 
s’est  montré  tout  récemment  au  parc  de  la  Tête- 
d’Or.  Est-ce  par  dimorphisme  ou  par  semis  ? 
C’est  ce  que  nous  apprendrons  bientôt,  il  faut 
l’espérer;  en  attendant  j’ai  cru  devoir  vous  in- 
former que,  dans  mes  cultures,  j’ai  déjà  observé 
la  tendance  à doubler  qu’a  cette  belle  variété  de 
Bégonia.  Ainsi,  avec  du  pollen  recueilli  sur  la  va- 
riété B.  Boliviensis  superba,  sur  une  fleur  semi- 
double,  j’ai  fécondé  cette  année  des  fleurs  qui 
avaient  une  tendance  à doubler,  sur  un  pied  de 
B.  Sedeni  ; qu’en  résultera-t-il  ? C’est  ce  que  je 
saurai  plus  tard. 

Mais  voici  un  autre  fait  d’une  importance  bien 
plus  capitale.  L’année  dernière  (i  872), je  découvris 
sur  le  Bégonia  Chelsoni  une  fleur  hermaphro- 
dite très-bien  caractérisée,  dont  l’ovaire  était 
supère  au  lieu  d’être  infère,  bien  plus  petite  que 
dans  l’état  normal  et  dépourvue  de  ses  ailes, 
presque  ronde,  légèrement  côtelée  ; elle  était 
entourée,  insérées  à sa  base,  d’un  rang  d’étami- 
nes subsessiles  ; la  fleur,  renflée  à sa  base,  était 
composée  de  six  pétales  très-grands.  Je  fécon- 
dai cette  fleur  par  son  propre  pollen  ; la  fécon- 
ation  s’effectua  parfaitement  ; l’ovaire  grossit 
égèrement  et  atteignit  à peine  la  grosseur  d’un 
^etit  Pois  ; néanmoins  cette  fleur  me  donna  une 


grande  quantité  de  bonnes  graines  que  j’ai  se- 
mées ce  printemps;  elles  ont  bien  levé,  et  j’a,i 
en  ce  moment  une  centaine  de  plantes  de  ce  se- 
mis, dont  plusieurs  me  montreront  leurs  fleurs 
encore  cette  année.  Si  le  résultat  est  heureux,  je 
m’empresserai,  soyez-en  sûr,  de  vous  le  faire, 
connaître. 

Eu  attendant,  recevez.  Monsieur  le  directeur, 
l’assurance  de  ma  parfaite  considération. 

J. -B.  Deleuil. 

Les  faits  que  contient  cette  lettre  sont  de?i 
plus  intéressants  ; en  montrant  l’instabilité 
des  organes  sexuels  et  la  tendance  qu’ils  ont 
à se  modifier,  ils  autorisent  à croire  qu’une 
plante  monoïque  peut  en  produire  de  dioï- 
ques  et  vice  versa,  qu’elle  peut  même  en 
produire  à fleurs  hermaphrodites. 

Du  reste,  nous  avons  déjà  de  nombreux 
exemples  de  cette  variation  dans  le  genre 
Bégonia  qui,  en  général,  était  regardé 
comme  ayant  des  fleurs  monoïques  (1). 
Ainsi,  dans  les  semis  dont  nous  avons  parlé 
récemment,  faits  par  M.  Malet  (2  ;,  nous 
avons  remarqué  des  plantes  complètement 
dioïques.  Toutefois,  la  communication  qu'a 
bien  voulu  nous  faire  M.  Deleuil,  et  dont 
nous  le  remercions,  semble  jeter  un  nou- 
veau jour  sur  la  physiologie,  dont  les  pro- 
grès si  rapides,  faits  pendant  ces  dernières 
années,  ont  profondément  modifié  certaines 
opinions,  en  venant  renverser  des  théories 
que  pendant  longtemps  on  avait  considérées 
comme  étant  immuables , — ce  qui,  du 
reste,  est  le  sort  réservé  à toutes  les  théories 
absolues. 

— On  peut  espérer  que,  très-prochaine- 
ment, nous  ne  serons  plus  en  France  tri- 
butaires de  la  Californie,  au  sujet  des 
graines  de  Wellingtonia.  En  effet,  cette 
espèce  qui  depuis  longtemps  déjà  ne  pro- 
duisait que  des  fleurs  femelles,  vient  sur 
certains  points  de  donner  des  chatons  mâles. 
Ainsi,  à notre  connaissance,  le  fait  s’est 
montré  déjà  dans  deux  endroits  : aux  pépi- 
nières de  Trianon,  dirigées  par  notre  con- 
frère et  ami,  M.  Briot,  et  chez  M.  Golin- 


(1)  ESegoiiia,  Linn.  Flores,  monoici.  Masc.  Pen- 
goniimi  tetraphglhun,  foliolis  subrotundia,  duo- 
bus  exteriorïbus  majovibus,  etc.  Fem.  Perigonium 
tubo  triptero,  cum  ovario  connaio,  limbi  siiperi, 
quadri-novemparti,  persistantibus  lobis  plurise- 
riatim  imbricatis,  etc. 

En  comparant  ces  caractères,  qui  sont  ceux  énu- 
mérés par  Endlicher  {Généra,  p.  941),  avec  ceux 
que  présente  actuellement  le  genre  Bégonia,  ou 
reconnaît  qu’il  faut  ou  ajouter  d’autres  caractères, 
ou  scinder  le  genre  et  en  faire  plusieurs,  ce  qui  re- 
vient au  même. 

(2)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  30G. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


Lebert  , horticulteur-pépiniériste  à Blois 
(Loir-et-Cher). 

Nous  profitons  de  cette  circonstance  pour 
taire  remarquer  que  l’ordre  d’apparition  des 
sexes  dans  les  végétaux  conifères  n’a  rien 
d’absolu  ni  de  déterminé.  Par  exemple, 
on  voit  souvent  dans  un  môme  genre  des 
espèces  sur  lesquelles  les  chatons  mâles  se 
montrent  les  premiers,  tandis  que  c’est  l’in- 
verse chez  certaines  autres  ; il  en  est  de 
môme  des  genres  ; ainsi,  tandis  que  dans  le 
genre  Wellingtonia  les  chatons  femelles 
se  mollirent  longtemps  avant  les  fleurs  mâ- 
les, dans  les  Cèdres  c’est  le  contraire  qui  a 
lieu. 

— Bien  que  les  nouveautés  doivent  au- 
tant que  possible  trouver  place  dans  la 
Revue,  ce  n’est  pas,  croyons-nous,  une  raison 
pour  négliger  les  vieilles  choses  quand  elles 
sont  bonnes  ; très-souvent  on  a pu  juger  du 
contraire  ; en  voici  encore  deux  exemples 
pris,  l’un  dans  les  plantes  ornementales, 
l’autre  dans  les  plantes  potagères.  Il  s’agit 
du  BoiissmgauUia  haselloides  et  du  Ha- 
ricot flageolet  à feuilles  gaufrées  , dont 
nous  allons  dire  quelques  mots. 

Le  Boussingaultia,  dont  plusieurs  fois 
déjà  nous  avons  parlé,  est  une  plante  qui 
semble  avoir  été  créée  exprès  pour  garnir  les 
tonnelles  là  ou  le  sol  est  de  mauvaise  nature 
ou  fait  presque  complètement  défaut.  C’est, 
par  excellence,  la  plante  qui  paraît  destinée 
aux  villes  pour  garnir  les  balcoiis  exposés 
en  plein  soleil  et  à Taridité  la  plus  grande, 
ainsi  que  les  mansardes  ou  la  croisée  du 
pauvre,  beaucoup  mieux  que  ne  le  feront 
jamais  les  Capucines,  les  Volubilis  ou  les 
Haricots  d’Espagne  qu’on  est  dans  l’habi- 
tude d’employer  à cet  usage.  Quelque  peu 
de  terre  dans  un  pot  ou  dans  une  caisse  suffit 
pour  nourrir  la  plante  qui,  bientôt  très-vi- 
goureuse, pousse  de  nombreuses  liges  qui  se 
couvrent  de  feuilles,  puis  souvent  de  fleurs, 
pour  ne  disparaître  que  par  les  gelées. 

Le  Haricot  llageolet  à feuilles  gaufrées 
est  peut-être,  de  tous,  celui  qui  donne  les 
produits  les  plus  abondants;  il  est  relative- 
ment rustique,  de  bonne  qualité,  ne  rame 
pas,  résiste  aussi  bien  à la  sécheresse  qu’à 
l’humidité  ; en  un  mot,  toujours  et  dans 
toutes  les  conditions,  il  se  charge  de  fruits 
souvent  même  là  où  d’autres  poussent  à 
peine  ou  ne  donnent  que  des  produits  insi- 
gnifiants. Aussi,  ce  qui  a lieu  d’élonner,  c’est 
d^  le  voir  encore  si  rare,  lorsque  tous  ceux 
qui  le  cultivent  en  font  tant  d’éloges.  Cette 
précieuse  variété  dont  l’origine  est  inconnue, 


en  outre  de  ses  qualités,  a encore  l’avantage 
d’être  très-distincte  et  de  ne  pouvoir  être 
confondue  avec  aucune  autre,  qualité  qu’elle 
doit  à son  feuillage  qui  est  huilé,  cloqué 
dans  toutes  ses  parties,  d’un  vert  sombre 
très-foncé.  Nous  n’hésitons  pas  à la  recom-  i 
mander  et  à affirmer  que  tous  en  seront 
contents. 

— Une  plante  qui,  contrairement  à 
beaucoup  d’autres,  a gagné  à être  connue, 
est  VAmara^ithus  salidfolius.  En  voyant 
la  gravure  qu’on  en  a faite,  jointe  à la  des- 
cription qu’on  en  a donnée,  on  s’est  défié,  on  a 
craint  les  exagérations.  Pourtant  ces  craintes 
étaient  mal  fondées,  et  si  l’on  a manqué, 
c’est  dans  l’énumération  de  son  mérite.  En 
effet,  qu’on  se  figure  des  plantes  qui  dépas- 
sent parfois  I mètre  de  hauteur  sur  un 
diamètre  à peu  près  égal,  avec  des  feuilles 
excessivement  rapprochées  , très-longues  , | 

gracieusement  contournées,  d’un  roux  som- 
bre et  tombant  presque  jusqu’à  terre,  et 
qu’on  ajoute  à cela  que  la  partie  supérieure 
de  chaque  ramification  (bourgeons  et  feuilles) 
prend  une  couleur  d’un  rouge  clair  très-vif; 
on  pourra  avoir  une  idée  à peu  près  exacte 
de  la  beauté  que  présente  V Amaranthus 
salicifolius.  C’est  une  plante  magnifique  I 
pour  isoler  ou  pour  faire  des  massifs  ; il  lui 
faut  de  l’espace,  de  l’air  et  du  soleil.  Les 
grands  jardins  lui  conviennent  ; elle  est  an- 
nuelle et  se  cultive  comme  ses  congénères. 

— L’article  que  nous  avons  publié  ré-  J 

comment  (1)  nous  a valu  de  la  part  de  I 

M.  Porcher,  président  de  la  Société  d’horti-  i' 
culture  d’Orléans,  la  très-intéressante  lettre 
que  voici  : 1 1 

Orléans,  le  21  août  1873.  I 

Monsieur  le  rédacteur  en  chef,  |l| 

La  Revue  horticole  étant  en  quelque  sorte  une 
tribune  où,  grâce  à votre  bienveillant  accueil,  I®' 
on  est  admis  à signaler  les  faits  qui  intéressent  if|® 
l’horticulture,  je  viens,  en  ma  qualité  de  vieil 
amateur  du  genre  Fuchsia,  vous  présenter  quel-  U®'' 
ques  observations  concernant  le  F.  syringæflora, 
qui  de  votre  part  a été  l’objet  d’un  article  re- 
njarquable,  accompagné  d’une  charmante  gravure  • 
due  au  pinceau  de  M.  Riocreux. 

Depuis  environ  trente  années,  je  m’occupe  du 
genre  Fuchsia.  J’en  ai  étudié  les  espèces  et  la  plu-  ' 
part  des  nombreuses  variétés  dont  les  semeurs 
nous  ont  gratifié  avec  plus  ou  moins  de  discrétion,  ; 
et  plus  de  deux  mille  m’ont  passé  entre  les 
mains.  Une  partie  a été  robjel  de  descriptions 
insérées  dans  la  3^  édition  du  Fuchsia,  parue  K 
en  1857,  et  maintenant  épuisée,  et  dans  des  ar-  ^liiui 

(1)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  311. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


365 


ticles  isolés  publiés  depuis  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  d’horticulture  d’Orléans. 

C’esl  vous  dire  assez  que  je  me  suis  nécessai- 
rement occupé  du  F.  syringœflora,  introduit 
en  1849  par  M.  Van  Iloutte,  de  Gand.  J’ai  ac-  j 
cepté  avec  une  confiance  absolue,  que  mérite  un 
homme  aussi  distingué,  son  affirmation  qu’il  le 
considérait  comme  une  variété  du  F.  arbores- 
cens,  laissant  à de  plus  savants  en  botanique  la 
solution  de  cette  question. 

Quoi  qu’il  en  soit,  ce  nouv^eau  Fuchsia,  à son 
entrée  dans  nos  cultures,  fut  le  bienvenu;  il  le 
méritait  par  son  beau  feuillage,  son  port  gracieux, 
son  inflorescence  spéciale,  ses  charmantes  petites 
fleurs  et  la  longue  durée  de  sa  floraison. 

La  cause  principale  de  son  abandon  presque 
général  lient  d’abord,  comme  vous  le  dites  fort 
bien,  à l’attrait  beaucoup  trop  grand  pour  l’ama- 
teur de  la  nouveauté,  qui  en  cela  oublie  trop  fa- 
cilement les  déceptions  qu’il  éprouve;  mais  il  est 
dû  aussi,  il  faut  bien  le  reconnaître,  à ce  que  le 
F.  syringœflora  cultivé  dans  de  petits  vases  est 
d’un  eflet  médiocre,  tandis  que  placé  dans  des 
pots  de  grande  dimension,  ou  plutôt  livré  à la 
pleine  terre,  il  forme  de  superbes  buissons  qui 
se  couvrent  de  fleurs  tout  l’été,  et  dont  la  florai- 
son peut  se  continuer  en  serre  pendant  une 
partie  de  l’hiver. 

11  fleurit  l’été,  lorque  de  vieux  pieds  conservés 
en  serre  ou  dans  une  orangerie  sont  mis  en 
pleine  terre  au  printemps. 

Ce  Fuchsia  ne  saurait  être  rangé  au  nombre 
de  ceux  qui  ne  fleurissent  que  vers  la  fin  de  l’au- 
tomne , tels  que  les  F.  spertabilis,  sert  ali  folia, 
miniata,  venusta,  etc.,  etc.,  et  qui  par  ce  motif 
réclament  un  autre  mode  de  culture  que  les  au- 
tres Fuchsias. 

Au  mois  d’août  1855,  étant  de  passage  à 
Strasbourg,  et  visitant  le  célèbre  jardin  de  la 
Robertsau,  le  jardinier  en  chef  me  fit  voir  plu- 
sieurs sujets  du  F.  syringœflora,  cultivés  en 
pleine  terre,  qui  excitèrent  mon  admiration  : ils 
avaient  de  1 mètre  à 50  de  hauteur,  d’une 
forme  irréprochable  et  étaient  couverts  de  fleurs. 

Ainsi  cultivé,  c’est  un  délicieux  aibrisseau, 
digne  du  suffrage  de  l’amateur;  mais  dans  de 
petits  vases,  l’effet  laisse  à désirer.  C’est  ce  qui 
m’autorise  à penser  que  ce  Fuchsia  en  1874,  pas 
plus  qu’il  y a vingt-cinq  ans,  ne  deviendra  une 
plante  de  marché.  Lors  de  son  introduction,  il 
aurait  dû  être  l’un  des  plus  beaux  ornements  des 
squares,  d<  s parcs,  des  grands  jardins  et  des 
grandes  serres,  où  il  peut  acquérir  tout  son  dé- 
fi veloppement;  espérons  qu’il  le  deviendra  bientôt 

I sur  vos  recommandations. 

II  Puissé-je  être  assez  heureux  pour  que  ces  ré- 
flexions, qui  pour  la  plupart  viennent  à l’appui  de 
ce  que  vous  avez  si  bien  dit,  soient  de  nature  à 
encourager  de  nombreux  amateurs  à suivre 
l’exemple  donné  par  le  jardinier  en  chef  de  la 

i Robertsau. 

* Veuillez  agréer,  Monsieur,  l’expression'de  mes 
sentiments  les  plus  distingués. 

Le  Président  : Porcher. 


C’est  avec  un  grand  plaisir  que  nous  pu- 
blions cette  lettre,  qui  émane  non  seulement 
d’un  savant,  mais  d’un  véritable  praticien 
des  plus  compétents,  et  qui  a fait  des 
Fuchsias  une  étude  toute  spéciale,  qui  les  a 
aimés  et  cultivés  toute  sa  vie;  aussi  osons- 
nous  espérer  que  les  conseils  qu’il  donne  sur 
la  culture  du  Fuchsia  syringœflora  seront 
accueillis  comme  ils  le  méritent  par  nos  lec- 
teurs, qui  sauront  les  mettre  à profit  pour 
tirer  de  cette  belle  ]dante  les  avantages  qu’on 
est  en  droit  d’en  attendre.  Inutile  d’ajouter 
que  c’est  notre  désir,  et  'que  tout  particu- 
lièrement nous  remercions  bien  sincèrement 
l’auteur  de  ces  conseils,  M.  le  président 
Porcher. 

— A propos  de  la  lettre  de  M.  Robinet,  de 
Toulouse,  que  nous  avons  reproduite  dans 
ce  journal  (1),  relativement  à l’emploi  de  la 
chaux  au  pied  des  pommiers  pour  en  éloigner 
le  puceron  lanigère,  notre  collègue,  M.  Ch. 
Baltet,  nous  écrit  pour  nous  informer  que 
cette  idée  n’est  pas  nouvelle,  et  qu’il  en  re- 
vendique la  priorité  en  faveur  de  M.  Martin, 
arboriculteur  à Troyes,  lequel,  dit-il,  « a 
opéré  pour  la  première  fois,  et  avec  un  plein 
succès,  en  1868,  ce  dont  un  rapport  de  la 
Société  horticole,  vigneronne  et  forestière, 
inséré  dans  ses  Annales  de  1869,  fait  foi.  » 
M.  Ch.  Baltet  ajoute  : 

J’en  ai  donné  communication  à la  Revue 

horticole,  dans  son  numéro  du  15  juin  1870, 
page  240.  J’ajoutais  qu’il  y aurait  lieu  d’essayer 
ce  procédé  contre  le  phylloxéra.  J’indiquais 
même,  d’après  les  recherches  de  M.  Duchartre, 
qu’un  agronome  grec,  M.  Koressios,  proposait  de 
déraciner  la  Vigne  et  de  jeter  dans  le  sillon  de  la 
chaux  en  poudre. 

Quelques  mois  plus  tard,  dans  le  numéro  de 
la  Revue  du  pr  décembre,  page  587,  M.  Bossin 
recommandait  pour  la  destruction  du  puceron 
lanigère  le  déchaussement  du  sujet,  l’enfouisse- 
ment de  charbon  pilé,  et  le  badigeonnage  des 
tiges  et  branches  avec  un  mélange  de  chaux, 
soufre  et  guano.  Il  emploie  ce  moyen  depuis 
quinze  ans,  elle  signale  aux  viticulteurs  frappés 
par  le  phylloxéra. 

Mon  but,  en  écrivant  cette  lettre,  est  de  répon- 
dre à votre  dernière  chronique,  où  M.  Robinet, 
de  Toulouse  , paraît  croire  qu’il  a découvert 
l’emploi  souterrain  de  la  chaux  contre  le  fléau  du 
Pommier. 

Agréez,  etc.  Charles  Baltet, 

Horticulteur  à Troyes. 

C’est  avec  plaisir  que  nous  nous  empres- 
sons d’insérer  cette  réclamation,  parce  qu’elle 
établit  un  fait,  et  qu’il  est  tojours  bon,  lors- 


(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p. 


326. 


TACSONIA  IXSIGNIS. 


3GÜ 

qu’on  le  peut,  de  rendre  à chacun  ce  qui  lui 
est  dû,  et  de  constater  l’origine  des  choses. 
Toutefois,  nous  ferons  observer  que,  dans  sa 
lettre,  M.  Robinet  ne  s’est  pas  attribué 
l’honneur  de  l’invention  de  l’emploi  de  la 
chaux  contre  le  puceron  : il  cherche  à être 
utile  en  citant  un  fait,  voilà  tout.  Mais,  d’une 
autre  part,  que  nous  apprend  la  lettre  de 
notre  excellent  confrère  M.  Ch.  Baltet,  si  ce 
n’est  que,  en  18G8,  M.  Martin  a employé  la 
chaux  pour  combattre  le  puceron  lanigère? 
Ce  qu’elle  nous  apprend  encore,  c’est  que  lui- 
même  conseillait  l’emploi  de  cet  agent  pour 
s’opposer  aux  dégâts  du  phylloxéra,  mais 
aussi  que  ni  lui  ni  M.  Martin,  à plus  forte 
raison  M.  Robinet,  ne  sont  les  premiers  qui 
aient  eu  l’idée  d’employer  la  chaux  pour 
combattre  les  parasites,  puisque  M.  Bossin 


a déclaré  qu’il  « emploie  ce  moyen  depuis 
plus  de  quinze  ans,  );  — disons  plus  de  vingt, 
ceci  ayant  été  écrit  en  1870.  — Ajoutons 
qu’on  pourrait  remonter  beaucoup  plus  haut, 
car  ilyap^ws  de  trente  ans  que  notre  patron 
d’alors  (c’était  vers  1836)  nous  faisait  dé- 
chausser des  Pommiers  nains  dans  une  Nor- 
mandie (1),  et  mettre  de  la  chaux  éteinte  et 
des  plâtras  au  pied,  puis  recouvrir  de  terre. 
Pourquoi  ? R ne  nous  le  disait  pas.  Et  il 
n’est  guère  douteux  que  l’on  pourrait  remon- 
ter beaucoup  plus  loin,  et  que  ce  procédé, 
comme  tant  d’autres  que  nous  venons  d’in- 
venter, était  [connu  des  anciens,  peut-être 
même  renouvelé  des  Grecs.  N’est-ce  pas  le 
cas  de  rappeler  ce  vieux  proverbe  : Nihil 
suh  sole  novuni  ? 

E.-A.  Garpjère. 


TACSONIA  INSIGNIS 


Cette  espèce,  que  nous  trouvons  figurée  et 
décrite  dans  le  numéro  du  16  août' 1873 
du  Gardener' s Chronicle,  n’est  pas  seule- 
ment nouvelle  ; elle  est  d’un  grand  intérêt 
au  point  de  vue  de  l’ornement  et  tout  parti- 
culièrement propre  à l’ornementation  des 
jardins  d’hiver,  toutes  choses  qui  nous  ont 
engagé  à la  faire  connaître  aux  lecteurs  de 
la  Revue  horticole  et  à reproduire  les 
principaux  passages  concernant  cette  plante, 
que  nous  empruntons  au  journal  sus- 
nommé : 

On  possède  déjà  dans  les  cultures  plu- 
sieurs représentants  de  ce  genre,  et  le  der- 
nier venu,  le  T.  Van  Volxemü,  est  d’intro- 
duction assez  récente,  et  d’un  si  grand 
mérite  horticole,  que  peu  d’amateurs  de 
belles  fleurs  en  ignorent  le  nom.  Cette  nou- 
velle espèce  est  considérée  comme  surpas- 
sant en  beauté  et  est  plus  florifère  que  cette 
dernière.  L’échantillon  qui  a servi  à l’illus- 
tration que  l’on  peut  voir  dans  le  Garde- 
ner’s Chronicle  du  16  août  1873,  page  1113, 
a été  envoyé  par  M.  Anderson,  jardinier  à 
Sowerby-House,  à Hull,  qui  annonce  avoir 
obtenu  cette  espèce  de  graines  qui  lui 
furent  envoyées  de  l’Amérique  méridionale 
(probablement  du  Pérou)  par  M.  Yarbo- 
rough  Greame.  Cette  nouveauté  n’est  pu- 
bliée dans  aucun  ouvrage,  et  l’auteur  n’a 
rien  trouvé  d’analogue-  dans  les  herbiers. 
Elle  est  remarquable 'par  ses  larges  feuilles 
ovales  lancéolées,  d’un  vert  brillant  et  hui- 
lées sur  la  face  supérieure,  couvertes  en 
dessous  d’un  duvet  rougeâtre.  Les  stipules 
sont  comme  celles  du  T.  pinnatistipula, 


mais  plus  divisées  ; les  bractées  sont  diffé- 
rentes, ainsi  que  la  dimension  et  l’organi- 
sation de  la  fleur,  qui  ne  mesure  pas  moins 
de  16  à 17  centimètres  de  diamètre.  Le  tube 
est  cylindrique,  avec  une  dilatation  cuboï- 
dale  à la  base,  légèrement  couverte  de  du- 
vet. Les  sépales  ont  de  longues  cornes,  et 
leur  coloris,  à la  face  supérieure,  ainsi  que 
celui  des  pétales,  est  d’un  joli  rose  violacé, 
difficile  à décrire.  La  partie  supérieure  du 
tube  de  la  fleur  est  ornée  d’une  superbe 
frange  de  filaments  courts,  d’un  beau  bleu 
ponctué  de  blanc.  Quant  aux  autres  carac- 
tères, ils  diflerent  peu  de  ceux  des  espèces 
connues. 

L’auteur  de  l’article  du  Gardner’s  Chro- 
nicle, dont  nous  avons  extrait  ces  quelques 
lignes,  M.  M.-F.-M.,  engage  beaucoup  à 
essayer  les  espèces  de  ce  beau  genre  en 
pleine  terre,  partout  où  les  gelées  ne  sont 
pas  trop  fortes;  la  plupart  occupant  des  al- 
titudes voisines  de  la  région  des  neiges,  sur 
les  Andes,  on  pourrait  donc,  avec  de 
légers  abris,  les  faire  passer  nos  hivers 
dehors.  Il  est  à peu  près  certain  qu’on 
pourrait  aussi  les  cultiver  dans  diverses  par- 
ties de  la  France,  telles  que  sud-est,  sud  et 
sud-ouest,  et  peut-être  même  dans  le  centre, 
en  plaçant  les  plantes  dans  des  positions 
abritées.  Louis  Neumann. 

(1)  Normandie,  nom  donné  très-fréquemment, 
dans  le  langage  horticole,  à une  plantation  de  Pom- 
miers, et  principalement  de  Pommiers  nains,  vul- 
gairement appelés  Pommiers  paradis  : Voilà  une 
Belle  normandie,  une  Normandie  bien  plantée,  en 
plein  rapport.  (Carrière,  Encyclopédie  horticole, 
p.  39i.) 


SERPETTE  BARTII.  — DIMENSIONS  DE  QUELQUES  ESPÈCES  DE  CONIFÈRES. 


367 


SERPETTE  BARTH 


La  serpette  qui  est  représentée  par  la 
figure  34,  à laquelle  nous  donnons  le  nom 
de  son  inventeur,  M.  Barth,  coutelier  à La- 
gny  (Seine-et-Marne),  10,  rue  du  Chemin-de- 
Fer,  présente  un  avantage  incontestable, 
réalise  un  véritable  progrès.  Outre  ses  mé- 
rites particuliers  se  rapportant  soit  à la  forme, 
soit  aux  qualités  qui  ne  laissent  rien  à dé- 
sirer, cette  serpette  a des  avantages  qui  lui 
sont  propres,  et  qui  la  distinguent  de  toutes 
celles  inventées  jusqu’à  ce  jour. 

Disons  d’abord  que  cette  serpette  n’a  pas 
de  ressort;  lorsque  la  lame  est  ouverte,  elle 
vient  reposer  sur  une  virole  mobile  en  acier 
sur  laquelle  elle  se  trouve  solidement  fixée 
par  suite  d’un  petit  mouvement  de  droite  à 
gauche  qu’on  imprime  à la  virole.  Ouverte 
et  arrêtée  ainsi  qu’il  vient  d’être  dit,  la 
lame  ne  peut  plus  se  fermer,  de  sorte  qu’on 
n’a  pas  à craindre  de  se  blesser,  ainsi  que 
cela  arrive  parfois  avec  d’autres  serpettes 
lorsqu’en  travaillant  elles  se  ferment  brus- 
quement. Lorsqu’on  veut  fermer  celle-ci,  on 
fait  tourner  la  virole  de  gauche  à droite,  de 
façon  à déplacer  sa  partie  fendue  et  à la  faire 
coïncider  avec  celle  que  présente  le  vide  du 
manche  et  dans  lequel  elle  vient  s’insérer  ; 
puis,  lorsqu’elle  est  fermée,  et  pour  éviter 
que  la  serpette  ne  vienne  à s’ouvrir  dans  la 
poche  on  imprime  à la  virole  le  même  mou- 
vement de  droite  à gauche  dont  nous  avons 
parlé,  ce  qui  l’empêche  de  s’ouvrir. 

L’idée  d’une  virole  mobile,  appliquée  à la 
fermeture  des  couteaux,  est  déjà  ancienne  ; 
ce  qui,  dans  cette  circonstance,  en  constitue 
l’avantage,  c’est  la  précision  que  lui  a donnée 
M.  Barth  à l’aide  d’un  petit  échappement  ou 
sorte  de  dent  fixe  que  l’on  voit  au  point  A qui 
arrête  la  virole,  lorsque  la  lame  se  trouve  en 
face  de  la  fente  dans  laquelle  elle  doit  entrer 
lorsqu’on  la  ferme,  ou,  au  contraire,  lors- 
qu’étant  ouverte  on  veut  empêcher  qu’elle 
se  ferme.  Avec  cet  arrêt,  on  n’a  pas  à s’oc- 
cuper du  point  où  l’on  doit  s’arrêter  pour 
l’ouverture  ou  pour  la  fermeture  de  la  lame, 
ces  points  étant  fixés  d’une  manière  absolue 
par  la  saillie  qui  limite  la  course  de  la  vi- 
role, soit  de  droite  à gauche,  soit  de  gauche 
à droite. 


Si  la  lame  était  usée  ou  venait  à se  casser, 
rien  de  plus  facile  que  de  la  remplacer  : il 
suffit  d’enlever  deux  petites  vis  placées  sur 
le  dessus;  alors  la  plaque  se  lève,  et  la  vi- 
role glisse  comme  ferait  un  anneau  sur  une 
tringle  ; une  fois  la  lame  remise,  ce  qui  se 
fait  sans  travail  et  à l’aide  d’un  simple 
clou,  on  replace  la  virole  que  l’on  fixe  à 
l’aide  des  vis,  et  tout  est  fini. 

A tous  ces  avantages,  la  serpette  Barth 
joint  ceux  de  la  solidité  et  de  la  qualité,  et 


Fig.  34.  — Serpette  Barth,  ouverte  et  en  arrêt 
(aux  2/3  de  grandeur  naturelle). 

même  celui  du  bon  marché  : 2 fr.  les  serpet- 
tes à manche  de  buis  ; 3 fr.  avec  un  manche 
en  buffle.  Toutes  sont  très-soignées. 

Nous  devons  dire  toutefois,  d’après  l’ex- 
périence que  nous  avons  des  serpettes 
Barth,  que  celles  à manche  de  buffle  sont 
préférables,  à cause  de  la  résistance  beau- 
coup plus  grande  que  présente  la  partie  de 
manche  située  sous  la  virole,  qui,  lorsqu’on 
coupe,  supporte  toute  la  pression. 

E.-A.  Carrière. 


DIMENSIONS  DE  QUELQUES  ESPÈCES  DE  CONIFÈRES 


Bien  des  fois,  déjà,  dans  ce  recueil,  il  a I favorable  à la  végétation  que  présente  Cher- 
été  question  du  climat  tout  particulièrement  I bourg  et  ses  environs,  et  tout  particulière- 


3G8 


DIMENSIONS  DE  QüELUÜES  ESPECES  DE  CONIFEIIES. 


ment  de  celui  de  Brix,  près  Valognes 
(Manche),  où  se  trouve  la  propriété  de 
M.  Herpin  de  Frémont;  celle-ci  est  tout 
particulièrement  connue  de  nos  lecteurs  par 
les  spécimens  de  Conifères  qui  y sont  plan- 
tés, et  tout  récemment,  à propos  de  ces  vé- 
gétaux, nous  prenions  l’engagement  d’en 
parler  dans  un  prochain  article,  ce  que  nous 
allons  faire. 

Bien  que  M.  Herpin  de  Frémont  s’occupe 
tout  particulièrement  des  Conifères,  aux- 
quels il  a voué  une  sorte  de  culte,  cela  ne 
l’empêche  pas  de  cultiver  quelques  autres 
plantes  également  dignes  d’intérêt  à un  tout 
autre  point  de  vue.  Mais,  pour  aujourd’hui, 
nous  ne  parlerons  que  des  Conifères.  Parmi 
ceux-ci,  il  en  est  qui  ne  présentent  qu’un 
intérêt  médiocre,  qui  n’ont  pas  « d’avenir  » 
comme  arbres  forestiers,  ce  qui,  pourtant, 
est  le  but  que  se  propose  M.  Herpin;  nous 
les  citerons  cependant,  parce  qu’ils  indi- 
quent la  nature  de  ce  climat  tout  particulier 
des  environs  de  Cherbourg,  et  deviennent 
une  sorte  de  guide  pour  ceux  qui  voudraient 
tenter  des  essais  de  culture  ou  d’introduc- 
tions de  plantes  nouvelles.  Dans  cette  énu- 
mération, nous  ne  nous  attacherons  pas  à 
préciser  les  noms,  que  nous  n’avons  pu  vé- 
rifier, ni,  par  conséquent,  à suivre  une 
classificalion  rigoureuse  ; nous  citerons  les 
plantes  d’après  la  liste  qu’on  nous  a envoyée, 
que  nous  pouvons  garantir  d’une  exactitude 
rigoureuse  quant  à ce  qui  concerne  les  di- 
mensions et  l’àge;  quand  il  s’agira  soit 
d’espèces  tr  ès-communes  ou  d’espèces  rares, 
mais  récemment  plantées,  et  qui  seront  en- 
core très-petites,  nous  ne  ferons  non  plus 
que  les  citer  ; toutefois,  dans  un  cas  comme 
dans  l’autre,  et  autant  qu’il  nous  sera 
possible,  nous  rectifierons  l’orthographe, 
quand  celle-ci  ne  nous  paraîtra  pas  correcte, 
ou,  tout  en  conservant  le  nom,  nous  le  fe- 
rons suivre  de  celui  que  nous  croirons  exact 
ou  que  nous  supposerons  s’y  rapporter,  en 
le  plaçant  alors  entre  parenthèses,  de  ma- 
nière que,  sans  que  nous  ayons  rien  changé 
d’une  manière  absolue,  le  lecteur  puisse 
néanmoins  avoir  un  guide,  presque  une  pro- 
babilité. 

Afin  de  compléter  et  d’augmenter  autant 
que  possible  l’intérêt  de  ces  renseignements, 
nous  indiquerons  — toujours  d’après  la  liste 
— l’origine,  la  hauteur  des  plantes,  leur  cir- 
conférence à 1 mètre  du  sol,  et  enfin  la 
date  de  leur  plantation.  L’origine  sera  indi- 
quée abréviativement  et  comme  suit  : J.  P. 
Jardin-des-Plantes  de  Paris;  Tr.  Transon, 
à Orléans;  T. -K.  Thibaut  et  Keteleer,  à 


Sceaux;  Sen.  Séneclauze,  à Bourg-Argen- 
tal;  S. -B.  Soulange-Bodin,  à Bis-Orangis; 
A.-L.  André-Leroy,  à Angers.  Quant  à l’or- 
dre suivi,  le  voici  : nom  , origine,  hauteur, 
circonférence,  date  de  la  plantation. 

Ahies  Tsuga.  — A.  {Tsuga)  Brunoniana, 

J.  P.,  3™  35  haut.,  24  cent,  circonfér. , 
1802;  — A.  {Tsuga)  Canadensis,  Tr., 

9 mèt.  haut.,  42  cent,  circonfér.,  1855;  — 
A.  (Pseudotsuga)  Douglasii,  T. -K.,  T"»  30 
haut.,  30  cent,  circonfér.;  — A.  (Tsuga) 
Hookeri,  T. -K.,  1872;  — A.  (Tsuga)  Mer- 
tensiana,  T. -K.,  2^  75  haut.,  1809;  — 
Nov.  spec.  Japon,  J.  P.;  — A.  (Tsuga)  Pat- 
toniana,  Sen.;  — A.  (Tsuga)  Sieboldi, 

T. -K.  — A.  (Picea)  alha,  13  mèt,  haut., 
1™  15  circonfér.,  1842;  — A.  (Picea)  Al- 
cockiana,  J.  P.,  75  cent,  haut.,  1809;  * — 
A.  (Picea)  Engelmanyii,  1872;  — A.  (Pi- 
cea) excelsa;  — A.  (Picea)  Japonica,J.P., 

3 mèt.  haut.  ; — A.  (Picea)  SitchensiSy 
T. -K.,  1873.  — D’après  M.  Herpin,  ces 
deux  plantes  seraient  les  mêmes.  — A.  (Pi- 
cea) fiîaxhuovoiczii,  T. -K.,  1872;  — A. 
(Picea)  Menziesii,  T. -K.,  13m  50  haut., 

1 mèt.  circonfér.  ; — A.  (Picea)  Mormda, 

T. -K.,  8m  30  haut.,  52  cent,  circonfér., 
vers  1857;  — A.  (Picea)  nigra,  J.  P., 
Im  95  haut.,  1805;  — A.  (Picea)  orienta - 
lis,  J.  P.,  7™  00  haut.,  40  cent,  circonfér., 
vers  1855;  — A.  pichta,  4 mèt.  haut., 
20  cent,  circonfér.,  vers  1800;  — A.  (Pi- 
cea) polita,  T. -K.,  Im  25  haut.,  1809;  — 
Ahies  argentea  (Ahies  pectinata);  — A. 
halsamea,  Tr.,  13  mèt.  haut.,  07  cent,  cir- 
confér., vers  1842;  — A.  hracteata,  T. -K., 
45  cent,  haut.,  1872;  — A.  Cephalonica, 
Im  25  haut.,  1871  ; — A.  Cilicica,  J.  P., 
3m  30  haut.,  20  cent,  circonfér.,  1859;  — 
A.  firma,  T. -K. ,3  mèt.  haut.,  17  cent,  cir- 
confér., 1807;  — A.  grandis,  T. -K.,  2™  70 
haut.,  22  cent,  circonfér.,  1802;  — A.  gran- 
dis, de  Vancouver  (A.  Gordonï),  T. -K., 
4'“  50  haut.,  20  cent,  circonfér.,  1803;  — 
A.  Hudsoniana,  40  cent.  haut.  ; — A,  Je- 
zoensis,  Sen.;  — A.  magnifica,  J.  P., 
1873;  — A.  nohilis,  T. -K.,  10  haut., 

1802;  — A.  Nordmanniana,  T. -K.,  2m  40 
haut.,  1804;  — A.  Numidica,\^^  50  haut.; 

A.  Pindrow,  3'”  30  haut.,  23  cent,  circon- 
fér., 1800;  — A.  Pinsapo,  Tr.,  13  mèt. 
haut.,  80  cent,  circonfér.,  vers  1850; — | 
A.  religiosa,  Tr.,  13  mèt.  haut.,  77  cent.  | 
circonfér.,  vers  1850;  — A.  spectahilis,  ' 
Tr. , 14  mèt.  haut.,  1 mèt.  circonfér., 
1849. 

j Larix  Europœa;  — L.  americana, 

I 9 mèt.  haut.,  77  cent,  circonfér.,  1833;  — 


369 


DIMENSIONS  DE  QUELQUES 

L.  (Pseudolarix)  Kœmpferij  T. -K.,  60  c., 
1872. 

Pins  a deux  feuilles.  — Pinus  mari- 
tima  {Piniis  pinaster);  — P.  sylvestris ; 

— P.  nigra  (IK  austriaca;  — P.  Laricio; 

— P.  Pyrenaica; — P.  densitlora,  J.  P., 

1 mèt.  liant.,  1869;  — P.  ruhra,  Sen., 
42  cent.,  1873;  — P.  Pinea,  3>“  25  haut., 
37  cent,  circonfér.,  1859;  — P.  Masso- 
niana,  T. -K.,  2 mèt.  haut.,  20  cent,  cir- 
confér., 1867; — P.  Halepensis,  4 mèt. 
haut,  (réussit  mal  à Frémont). 

Pins  a trois  feuilles.  — P.  tœda,  Tr., 

9 mèt.  haut.,  1 mèt.  circonfér.,  1847;  — 
P.  insignis,  T. -K.,  20  mèt.  haut.,  1^  85 
circonfér.,  1849  (fructifie  abondamment); 

— P.  ponderosa,  3“'  60  haut.,  23  cent,  cir- 
confér., 1861  ; — P.  occidentalis,  11  mèt. 
haut.,  90  cent,  circonfér.,  1833;  — P.  Jef- 
freyana,  T. -K.,  1™  50  haut.,  1869;  — P. 
Benlhamiana,  T. -K.,  2ni  40  haut.,  1869; 
P.  Bungeana,  J.  P.,  1“‘  20  haut.,  1868 
(vient  mal  à Frémont,  buissonne);  — P. 
Coulteri,  3 mèt.  haut.,  21  cent,  circonfér., 
1870;  — P.  inops,  J.  P.  ; — P.  Gerar- 
diana,  J.  P.,  1873. 

Pins  a cinq  feuilles.  — P.  Montezu- 
mœ,  O*"  60  haut.,  47  cent,  circonfér.,  1861  ; 

— P.  strohiis;  — P.  excelsa,  8'’^  30  haut., 
81  cent,  circonfér.,  vers  1858  ; — P.  Lam- 
hertiana,  68  cent,  haut.,  1869;  — P.  cem- 
hra,  T. -K.,  7»^  50  haut.,  50  cent,  circonfér., 
1848;  — P.  monticola,  T. -K.,  1"^  75  haut., 
1867;  — P.  Peuce,  T. -K.,  1*”  25  haut., 
1867  ; — P.  aristata,  J.  P.  1873. 

Cedrus  Lihani,  Tr.,  14"^  30  haut.,  1“^  13 
circonfér.,  1837;  — C.  occidentalis,  A.-L., 
7m  25  haut.,  31  cent,  circonfér.,  vers  1859; 

— C.  Deodora,  A.-L.,  7™  30  haut., 
41  cent,  circonfér.,  1866;  — C.  Deodora 
rohusta,  7 ifièt.  haut.,  25  cent,  circonfér., 
1856;  — C.  glauca,  3^  50  haut.,  vers 
1864;  — C.  variegata,  3™  25  haut.,  vers 
1863. 

Araucaria  imhricnta,  J.  P.,  10  mèt. 
haut.,  80  cent,  circonf.,  1848. 

Sciadopitys  verticillata^  T. -K.,  Im  05 
haut.,  1867. 

Cunninghamia  sinensis,  Tr.,  8^  50 
haut.,  77  cent,  circonfér.,  vers  1856. 

Séquoia  sewpervirens,  J.  P.,  20  mèt. 
haut.,  2m  12  circonfér.,  1849  ; — S.  (Wel- 
lingtonia  gigajitea)^  J.  P.,  6m  85  haut.,  57 
cent,  circonfér.,  1852. 

Arthrotaxis  selaginoides,l^c.ewi,  haut.  ; 

— A.  Doniana. 

Cupressus  pyramidalis,  13  mèt.  haut., 
60  cent,  circonfér.,  1833;  — C.  Lamher- 


ESPÈCES  DE  CONIFÈRES. 

tiana,  J.  P.,  7>“  60  haut.,  38  cent,  cir- 
confér. ; — C.  torulosa,  J.  P.,  4m  60  haut., 
19  cent,  circonfér.,  1862;  — C.  elegans, 
J.  P.,  9m  50  haut.,  54  cent,  circonfér., 
1862; — C.  LusÜanica,  J.  P.,  13  mèt. 
haut.,  Im  30  circonfér.,  1848;  — C.  fune- 
bris,  4m  40  haut.,  30  cent,  circonfér.,  vers 
1860;  — C.  Cachemyriensis,  3m  58  haut., 
34  cent,  circonfér.;  — C.  Knightiana, 
8 mèt.  haut.,  47  cent,  circonfér.,  1862;  — 
C.  glaufca,  3m  90  haut.,  1865. 

Chamcecyparis  sphœroidea,  T. -K. , Im  10 
haut.,  1872;  — C.  Nutkaensis,  2m  33  haut., 
vers  1868; — C.  Lawsoniana,  J.  P.,  6m  60 
haut.,  32  cent,  circonfér.,  1862;  — C.  ob- 
tusa,  T. -K.,  4m  60  haut.,  1867 ; — C.  pisi- 
fera,  4m  30  haut.,  1867; — C.  pisifera 
lœtevirens,  J.  P.,  1873;  — C.  pisifera 
plumosa,  J.  P.,  1873. 

Retinospora  dubia,  J.  P.,  1873; — R, 
juniperoides,  J.  P.,  1873.  — R.  leptoclada, 
J.  P.,  1873; — R.  squarosa,  J.  P.,  1873. 

Taxodium  distichum , S.-B.  , 13™  20 
haut.,  1™  20  circonfér.,  1833. 

Glyptostrobus  pendulus,  6™  60  haut., 
31  cent,  circonfér.,  1833. 

Gryptomeria  Japonica,  17  mèt.  haut., 
1™  43  circonfér.,  1852;  — C.  Lobbi,  J.  P., 
6 mèt.  haut.,  35  cent,  circonfér.,  1859  ; — 
C.  pungens,  J.  P.,  1 mèt.  haut.,  1873;  — 
C.  araucarioides,  T. -K.,  50  cent,  haut., 
1873;  — C.  nana,  J.  P.,  50  cent,  haut.; 
— C.  elegans,  T. -K.,  5™  30  haut.,  33  cent, 
circonfér.,  1871. 

Thuia  occidentalis,  2 mèt.  haut.  ; — T. 
{Biota)  orientalis,  9 mèt.  haut.,  1833;  — 
T.  {Biota)  falcata,  T. -K.,  1™  40  haut.  ; — 
T.  gigantea,  7 mèt.  haut.,  39  cent,  circon- 
fér., vers  1865. 

Thuiopsis  dolabrata,  T. -K.,  85  cent, 
haut.,  1867  ; — T.  dolabrata  variegata, 
T.-K.,90  cent,  haut.,  1869. 

Fitz-Roya  Patagonica,  T.-K.,  4™  50 
haut.,  16  cent,  circonfér.,  1867. 

Libocedrus  decurrens,  J.  P.,  4™  50  haut., 
28  cent,  circonfér.,  1836;  — L.  Cliilensis, 
Im  85  haut.  ; — L.  tetragona. 

Juniperus  Virginiana,  11™  20  haut., 
1™  12  circonfér.,  1833;  — /.  excelsa,  2™ 60 
haut.,  vers  1861  ; — J.  drupacea,  T.-K., 
2™  80  haut.,  1867;  — J.  rigida,  T.-K., 
2 mèt.  haut.,  1869;  — J.  macrocarpa, 
3™ 85  haut.,  1837 ; — J.  dealbata,  T.-K., 
50  cent,  haut.,  1872;  — J.  Chinensis, 
75  cent,  haut.,  1872  ; — J.  recurva,  J.  P., 
3™  50  haut. , 1867  ; — J.  squam- 

mata. 

Taxus  baccata,  6 mèt.  haut.,  54  cetit. 


370 


LES  CATALOGUES. 


IRIS  IBERICA. 


circonfér.,  1833  ; ■ — T.  liyhernica,  T. -K., 
lï«20  haut.,  1871. 

Torreya  nucifera,  T.-K.,  1^90  haut., 
1801. 

T.  myrisiica,  T. -K.,  1873. 

Cephalotaxus  Fortunei,  T. -K.,  2 met. 
haut.,  1867;  — C.  pedunculata,  2 mèt. 
haut.,  1862. 

Ginkgo  hiloha,  4>«  30  liaut. 

Phyllocladus  rhomboidalis , T. -K.  ,1873; 
— P.  trichomanoides,  4'"  60  liant.,  16  cent, 
circonfér.,  1853. 

Podocarpus  Chilina,  J.  P.,  1»‘10  liaut., 
d862. 

Prumnopüys  elegans,  Sen. 

L’énumération  que  nous  venons  de  faire 


est  intéressante  à plusieurs  points  de  vue  ; 
non  seulement  elle  fait  connaître  l’impor- 
tance de  la  collection  de  Conifères  que  pos- 
sède M.  Herpin,  mais  elle  permet  de  se 
faire  une  idée  assez  exacte  du  climat  de 
Brix,  et  de  voir  quelles  sont  les  espèces 
qu’on  aura  chance  d’y  voir  prospérer  d’une 
manière  avantageuse.  En  effet,  connaissant 
l’espèce,  la  date  et  les  dimensions  que  les 
plantes  peuvent  atteindre  dans  un  temps 
déterminé,  on  a des  points  de  comparaison 
qui  permettent  d’apprécier  et  de  reconnaître 
celles  qui  sont  les  plus  avantageuses  à cul- 
tiver au  point  de  vue  de  l’exploitation. 

E.-A.  Carrière. 


LES  CATALOGUES 


Nous  avons  reçu  pour  1873-1874  les  ca- 
talogues suivants  : celui  de  M.  Truffant, 
horticulteur  à Versailles,  dont  la  spécialité 
est  la  culture  des  plantes  dites  à feuillage, 
qu’on  trouve  là  non  seulement  en  très- 
grande  quantité,  mais  d’une  beauté  irrépro- 
chable, ce  que  tout  le  monde  sait  du  reste. 
Aussi,  si  nous  en  parlons,  c’est  moins  pour 
faire  connaître  cet  établissement  modèle,  ce 
qui  serait  tout  à fait  inutile,  que  pour  rappeler 
que  c’est  un  des  plus  remarquables,  tant  par 
la  tenue  que  pour  la  bonne  culture.  Indé- 
pendamment des  plantes  à feuillage,  on 
trouve  là  des  collections  variées  et  choisies 
de  Pihododendrons,  Azalées,  Camellias,  Bro- 
méliacées, etc. 

Un  catalogue  de  MM.  Vilmorin,  Andrieux 
et  C^®,  propre  aux  Oignons  à fleurs.  Tulipes, 
Jacinthes,  Narcisses,  Crocus,  Lis,  Couron- 
nes impériales.  Amaryllis,  Glaïeuls,  Ixia, 
etc.,  etc.,  Caladium,  Anémones,  Pvenon- 
cules,  Tritoma,  Cyclamen,  Gloxinia,  Bé- 
gonia, Boussingaultia,  etc.,  etc. 

mis  I 

(Jette  espèce,  qui  a quelque  rapport  avec 
VIris  Suziana , vulgairement  nommée 
Iris  deuil  à cause  de  sa  couleur,  est  origi- 
naire du  Caucase.  Ses  caractères,  un  peu 
différents  de  la  plupart  des  espèces  à rhizo- 
mes charnus,  l’ont  fait  élever  au  rang  de 
genre  par  Siemsen,  qui  en  a fait  VOncocy- 
elus  ïbericus. 

C’est  une  plante  qui  d’un  petit  rhizome 
horizontal  charnu  émet  des  bourgeons  qui, 
longs  de  20  à 25  centimètres,  se  terminent 


De  MM.  Simon-Louis  frères,  horticulteurs 
à Metz,  un  catalogue  exclusivement  consacré  f 
aux  Fraisiers,  dans  lequel  57  variétés  ap-  I 
partenant  aux  divers  groupes  sont  décrites.  | 
Inutile  de  dire  que  c’est  un  choix  des  meil-  I 
leures  variétés,  et  aussi  que  les  nouveautés'  | 
s’y  trouvent  indiquées. 

Un  catalogue  général  de  M.  Auguste  Van 
Geert,  à Gand  (Belgique),  dans  lequel,  en 
outre  des  collections  aussi  nombreuses  que 
variées  de  plantes  de  serres  et  de  pleine 
terre  qui  s’y  rencontrent,  nous  remarquons, 
entre  autres  plantes  très-rares,  les  Fremon- 
tia  Californica,  Fortunea  sinensis,  Maa- 
kia  amurensis,  Maximowiczia  sinensis, 
Nuttalia  cerasiformis,  etc.  ; enfin  le  Ste- 
wartia  Malacodendron,  espèce  excessive- 
ment rare,  également  très-rustique  et  sur- 
tout très-jolie,  et  sur  laquelle  nous  appelons 
tout  particulièrement  l’attention  des  ama- 
teurs de  beaux  arbustes. 

E.-A.  Carrière. 


par  une  fleur  très-grande  à six  divisions,,] 
dont  les  trois  extérieures,  étalées,  réfléchies,  ; 
très-larges,  sont  maculées,  striées  de  rouge 
violet  rosé,  parfois  presque  noir,  sur  un 
fond  jaunâtre  ; les  trois  pièces  extérieures 
sont  dressées,  blanc  légèrement  violacé, 
longitudinalement  maculées  pictées  à la 
base  de  violet  rosé.  A l’intérieur  se  trouvent, 
comme  à peu  près  dans  toutes  les  espèces 
d’iris,  trois  organes  pétaloïdes,  sous  lesquels 
sont  placées  les  étamines  et  les  papilles  stig- 


Ch.r>omolU^G:  St 


&ve7'’e^7zs . 


ocr-etc^:  del 


P 


■ N. 


Ij'is  Ihej'ica 


PLANTATION  DES  JARDINS, 


matiques.  Quant  aux  feuilles,  elles  ne  pré- 
sentent rien  de  particulier;  elles  sont  li- 
néaires, engainantes,  comme  dans  toutes  les 
espèces. 

VIrisiherica,S[ew.,  Oncocyclusibericus, 
Siem.,  est  une  des  jolies  espèces  du  genre 
\ et  dont  on  pourrait  tirer  un  bon  parti  pour 
l’ornementation.  Comme  les  rhizomes  peu- 
vent être  arrachés  tous  les  ans  sans  que  la 
plante  en  souffre,  cela  permet  de  l’expédier 
très-facilement,  absolument  comme  on  le 
fait  des  Glaïeuls.  Cette  propriété  présente 

PLANTATION 

La  plantation  des  jardins  est  une  chose 
des  plus  importantes,  car  c’est  d’elle  en  effet 
que  ressort  leur  principal  mérite. 

Dans  bien  des  cas,  lorsque  les  difficultés 
de  terrain,  le  manque  d’eau,  la  surface 
trop  restreinte,  surtout  aussi  la  dépense,  s’op- 
pdsent  aux  embellissements  projetés,  la  vé- 
gétation devient  la  seule  beauté  possible. 

Alors  il  n’est  pas  indifférent  de  planter 
telle  ou  telle  plante  ou  des  massifs  de  n’im- 
porte quelle  façon.  Une  grande  connaissance 
des  végétaux  d’ornement  devient  nécessaire, 
et  avec  du  goût,  un  peu  d’expérience  et  une 
méthode  convenable,  on  peut  obtenir  de 
beaux  résultats  en  dehors  des  travaux  coû- 
teux occasionnés  par  les  mouvements  de 
terrain,  la  création  de  pièces  d’eau,  les  cons- 
tructions pittoresques,  etc.,  etc. 

Mais  en  adoptant  un  système  quelconque 
de  plantation,  il  ne  faut  pas  oublier  que  ce- 
lui qui  en  jouira  pourra  y passer  de  longues 
années  ; que,  dans  ce  cas,  la  satiété  vient 
vite  ; qu’on  se  blase  de  tout,  et  que  les  ré- 
sultats de  tout  cela  seront  ces  remaniements 
devenus  l’habitude  générale.  Ce  ne  sont  pas 
seulement  les  jardins  appartenant  à de  riches 
propriétaires  qui  sont  exposés  à ces  change- 
ments : à peu  près  tous  les  subissent  dans 
de  plus  ou  moins  grandes  proportions. 

D’un  autre  côté,  quelques  jardiniers  ont 
peut-être  un  peu  trop  le  tort  de  vouloir  faire 
de  grands  changements ^ de  grands  tra- 
vaux. Sans  doute,  pour  beaucoup,  le  besoin 
paraît  évident,  car  les  chefs-d’œuvre  sont 
rares, et  les  goûts  ne  se  ressemblent  guère; 
mais  ces  modifications,  lorsqu’elles  prennent 
un  peu  d’importance,  ont  toujours  le  défaut 
de  détruire  l’ensemble,  le  style  si  l’on  veut, 
et  alors  plus  on  fait,  plus  il  faut  faire.  En 
outre,  plus  les  hommes,  par  conséquent  les 
idées  et  la  direction,  changent,  plus  les  choses 
s’aggravent,  et  l’on  finit  souvent  par  tomber 


371 

cet  autre  avantage  qu’elle  permet,  là  oû  les 
hivers  sont  trop  rigoureux  pour  que  la 
plante  résiste  au  froid,  de  relever  de  terre 
les  rhizomes  et  de  les  enterrer  dans  un  lieu 
sec,  à l’abri  de  la  gelée. 

La  figure  ci-contre  de  VIris  iherica  a été 
faite  d’après  nature,  sur  un  individu  vivant 
appartenant  à M.  Eugène  Verdier,  horticul- 
teur, 2,  rue  Dunois,  à Paris,  chez  qui  l’on 
pourra  se  procurer  cette  espèce. 

E.-A.  Carrière. 


DES  JARDINS 

dans  le  gâchis.  Il  y a bien  peu  de  jardins 
maintenant  qui  n’aient  pas  souffert  de  ces 
changements,  et  où  il  serait  encore  possible 
de  retrouver  une  idée  de  la  création  primi- 
tive. 

Il  est  presque  inutile  de  parler  ici  des 
idées  bizarres  et  ultra-pittoresques  qui  nais- 
sent dans  le  cerveau  de  quelques  proprié- 
taires blasés  de  voir  toujours  les  mêmes 
choses.  Il  faut  les  avoir  vues  de  près  et 

avoir  été  obligé  de  les  combattre souvent 

sans  succès. 

Pour  éviter  ces  inconvénients,  il  faut  ex- 
citer le  goût,  l’intérêt,  la  curiosité  du  pos- 
sesseur, afin  de  lui  faire  conserver  ce  qui 
existe  sans  lui  ôter  la  facilité  de  rechercher 
les  plantes  nouvelles  ou  méritantes  ; en  un 
mot,  tâcher  de  le  « rendre  amateur.  » 

Dans  un  jardin,  la  beauté  réelle,  la  gran- 
deur et  le  pittoresque  même  sont  insuffi- 
sants. Il  faut  non  seulement  tenir  la  curio- 
sité toujours  en  éveil  par  la  variété  des 
sujets,  mais  encore  chercher  à guider  le  pro- 
priétaire et  à le  pousser  naturellement  vers 
l’observation  et  l’étude.  Une  fois  dans  cette 
voie,  on  peut  espérer  voir  les  végétaux  ar- 
river avec  l’âge  à toute  leur  beauté. 

Puisque  nous  voyons  des  amateurs  d’Or- 
chidées,  de  Gamellias,  d’arbres  fruitiers, etc. , 
pourquoi  ne  verrait-on  pas  aussi  bien  des 
amateurs  d’arbres  et  d’arlaustes  d’ornement? 
Ce  serait  moins  coûteux,  et  ils  auraient  de 
belles  promenades  qu’ils  pourraient  admirer 
eux-mêmes,  chose  qu’on  ne  voit  guère  chez 
les  amateurs  de  plantes  de  collection,  les- 
quels, sortis  de  là,  ne  savent  souvent  plus 
se  souvenir  qu’ils  ont  un  jardin. 

Examinons  maintenant  les  méthodes  ou 
plutôt  les  habitudes  de  plantations  actuelles, 
car  en  général  on  peut  dire  que  ce  ne  sont 
pas  des  méthodes. 

Dans  les  plantations  en  mélange  générale- 


372 


PLANTATION  DES  JARDINS. 


ment  usitées,  l’impression  est  à peu  près  la 
même  pour  tous  les  massifs, 'et  en  en  voyant 
un,  on  les  a vus  tous,  non  parce  qu’ils  sont 
plantés  avec  les  mêmes  espèces,  mais  parce 
que  le  mélange  y est  fait  avec  la  même  va- 
riété de  forme  et  d’aspect,  sans  qu’une  es- 
sence ou  un  genre  y domine.  On  y peut  ad- 
mettre une  foule  de  plantes,  et  cette  variété 
émousse  l’attention  au  point  de  ne  plus  voir 
que  des  masses  de  verdure  sans  rien  remar- 
quer en  détail.  Rien  alors  ne  guide  les  idées, 
et  les  plantes  les  plus  jolies,  les  plus  cu- 
rieuses, si  elles  ne  sont  pas  bien  en  relief 
ou  tout  à fait  sous  les  yeux,  disparaissent 
dans  ces  mosaïques  sans  laisser  de  souvenir. 

Sur  ce  point,  ce  genre  de  plantation  laisse 
à désirer  à l’esprit,  et  il  n’est  pas  inutile 
d’essayer  de  modifier  ses  défauts  sans  sacri- 
fier ses  qualités. 

On  propose  (nous  n’en  connaissons  pas 
d’exemple  caractérisé)  les  plantations  par 
groupes  présentant  de  l’analogie  comme  fa- 
ciès. Les  plantes  à grandes  feuilles.  Syco- 
mores et  autres  Érables  au  feuillage  étoffé, 
Platanes,  etc.,  ensemble;  celles  à feuillage 
léger,  Sophora,  Févier,  Acacia,  etc.,  égale- 
ment rassemblées,  et  les  intermédiaires  de 
même.  Ce  système,  qui  paraît  exclure  les 
contrastes  faciles  avec  les  mélanges,  nous 
paraît  avoir  plus  de  djéfauts  encore,  et  sur- 
tout ne  pas  prêter  à l’observation  et  à l’étude 
comme  nous  l’entendons.  En  outre,  les  ar- 
bustes ne  se  prêtent  guère  à cette  combi- 
naison, qui,  du  reste,  n’aurait  pas  de  raison 
d’être  pour  ces  plantes  trop  basses  et  pré- 
sentant des  formes  trop  faibles,  trop  peu  dé- 
finies, dans  les  plantations  faites  pour  être 
vues  à distance  ; on  ne  pourrait  guère  l’ap- 
pliquer avec  raison  que  pour  allonger  une 
perspective.  Dans  un  point  de  vue  où  les 
massifs  auront  été  disposés  en  se  rétrécis- 
sant d’une  façon  insensible,  les  mouvements 
de  terrain  de  plus  en  plus  faibles,  on  peut 
augmenter  l’illusion  par  des  plantations  éle- 
vées d’abord  et  au  feuillage  étoffé,  et  arriver 
à l’extrémité  avec  des  plantes  plus  faibles, 
au  feuillage  léger,  grisâtre  et  indécis.  Mais 
nous  ajouterons  que,  pour  réussir,  il  faut 
beaucoup  de  précaution,  de  connaissances, 
être  aidé  par  le  terrain,  l’horizon  même,  et 
surtout  aussi  travailler  sur  de  grands  es- 
paces. Nous  ne  connaissons  encore  aucun 
exemple  de  ce  genre  bien  réussi  ; mais,  par 
contre,  nous  pourrions  en  citer  plus  d’un 
produisani  l’effet  inverse. 

On  trouve  parfois  une  autre  méthode  plus 
caractérisée  dans  le  sens  des  analogies,  mais 
qui  dépasse  parfois  le  but  en  plaçant  les 


plantes  par  masses  non  seulement  de  même 
faciès,  mais  de  même  espèce.  C’est  le  sys- 
tème appliqué  aux  fleurs  en  corbeilles.  Là, 
on  trouve  des  effets  admirables  comme  coup 
d’œil.  Qui  n’a  admiré  au  printemps  des 
masses  de  Lilas,  de  Weigelias,  de  Faux-Ébé-  i 
ni(TS,  de  Tamarix,  etc.,  etc.?  C’est  splen-  j 
dide,  mais  éphémère  comme  la  floraison,  et  j 
après  il  ne  reste  rien.  La  curiosité  ne  trouve  | 
rien  d’intéressant  dans  ces  masses  où  un  i 
coup  d’œil  sufflt  pour  juger  à distance  ce 
qu’on  a devant  soi. 

Contrairement  à la  manière  qui  groupe  i 
par  analogie  de  formes  et  ne  s’applique  I 

guère  qu’aux  arbres,  celle-ci  est  à peu  près  j 

exclusivement  employée  pour  les  arbustes  I 
et  arbres  moyens,  ayant  une  floraison  bien  I 
apparente.  Les  exemples  de  plantations  de 
ce  genre  sont  assez  nombreux  pour  être 
connus  et  admirés  pendant  la  floraison  ; ce- 
pendant, à la  longue,  le  peu  de  variété  se 
fait  sentir,  et  l’on  se  prend  à regretter  de 
ne  pas  voir  tout  ce  qui  n’y  est  pas.  Le  choix 
même  des  plantes  les  plus  méritantes  ne  I 
suffit  pas  pour  arrêter  les  regrets  de  l’ama- 
teur, qui  finit  par  les  connaître  trop  bien.  | 
Quand  on  connaît  tout  ce  qu’on  a,  on  arrive  ! 
vite  à désirer  ce  qu’on  ne  connaît  pas.  • 

Dans  cet  ordre  d’idées,  il  nous  semble  qu’il 
serait  préférable, ‘à  tous  les  points  de  vue,  | , 
de  grouper  les  végétaux  par  genres,  de  ma- 
nière à former  non  pas  un  massif  de  Lilas  | 
de  Perse,  mais  de  toutes  les  bonnes  espèces  ! i 

de  Lilas  que  nous  possédons  ; non  une  masse  i i 

de  Groseillier  sanguin,  mais  bien  de  nos  j 9 
Ribès  variés,  car  ils  sont  presque  tous  beaux  ; ! 

de  même  pour  les  arbres.  Au  lieu  de  semer 
toutes  les  espèces  d’un  même  genre  un  peu 
partout,  il  faudrait  les  rassembler.  La  crainte 
même  de  l’uniformité  et  du  manque  absolu 
de  contraste  ne  serait  pas  sérieuse,  car  la 
plupart  des  genres  possèdent  des  espèces  ou 
variétés  de  formes,  d’aspects  et  de_  dimen- 
sions très-variés. 

Pour  faire  comprendre  notre  but  et  l’effet  b 
que  devrait  produire  une  plantation  telle  | 
que  nous  l’entendons,  citons  un  exemple,  ' 
les  Lilas,  dont  on  possède  une  douzaine  envi- 
ron d’espèces  ou  variétés,  et  supposons-les  i 
tous  semés  un  peu  partout.  Pour  quiconque  ' 
n’est  pas  initié  un  peu  aux  plantes  (et  certes  i i 

c’est  là  le  cas  général,  on  pourrait  presque  [ 

dire  absolu  de  tous  les  propriétaires),  tous  |l 
sont  des  Lilas,  et  rien  de  plus.  Les  Lilas  |i 
communs,  Saugé,  Charles  X,  Perse,  Va-  |'l 
rin,  etc.,  ne  lui  présentent,  séparés,  aucune  jH 
différence  assez  sensible  (à  part  les  blancs,  i ? 
peut-être),  pour  l’exciter  à établir  des  com-  j-^ 


PLANTATION 

paraisons  rii  chercher  à les  connaîire  ou  à 
saisir  les  différences  qui  les  caractérisent. 

Au  lieu  de  cela,  réunissons-les,  et  alors, 
sans  effort,  les  différences,  même  faibles, 
vont  sauter  aux  yeux.  Bien  des  espèces  à 
peu  près  inconnues  verront  la  lumière,  et 
l’homme  le  plus  indifférent  ne  manquera 
pas  de  les  remarquer,  par  cette  raison  d’a- 
hord  que  tous  ont  un  air  de  famille  bien  ca* 
ractérisé,  et  que  voyant  bien  que  ce  sont 
■tous  des  Lilas,  il  cherchera  parmi  ce  que 
peuvent  être  les  espèces  qui  ne  lui  sont  pas 
familières. 

Il  est  entendu  que  ceci  ne  peut  s’appliquer 
aux  connaisseurs  spéciaux,  pour  lesquels, 
trop  souvent,  le  plus  beau  n’est  que  le  plus 
nouveau.  Nous  n’avons  d’autre  but  que  de 
guider  et  fixer  le  goût  de  ceux  qui,  assez 
riches  pour  avoir  des  jardins,  ne  savent  pas 
toujours  en  jouir  et  y trouver  l’attrait  qu’ils 
recherchent.  En  effet,  pour  le  plus  grand 
nombre,  les  sensations  n’ont  pas  de  durée, 
et  comme  nous  le  disons  plus  haut,  la  sa- 
tiété et  l’indifférence  arrivent  bientôt,  faute 
d’excitant. 

Peut-être  pourrait-on  objecter  à cela  le 
défaut  des  collections  pour  des  gens  qui  ne 
s’y  intéressent  pas,  faute  de  goût,  plus  sou- 
vent faute  de  temps,  et  craindre  de  rebuter 
au  lieu  d’intéresser.  Le  cas  n’est  pas  tout  à 
fait  le  même.  Assurément  quelqu’un  qui 
possède  une  collection  de  150  ou  200  varié- 
tés de  Roses  ne  songera  pas  à les  connaître 
•ou  se  rebutera  vite  ; mais  s’il  n’en  a que  10, 
il  ne  tardera  pas  à les  distinguer  toutes  ; s’il 
a une  dizaine  de  variétés  de  Carnellias  ou 
de  Rhododendrons,  5 ou  6 espèces  de  Lis, 
il  les  connaîtra  bientôt  également.  De  même 
dans  les  fruits.  Malgré^l’attrait  que  la  gour- 
mandise ne  manque  jamais  d’apporter,  il 
ne  connaîtra  jamais  une  centaine  de  variétés 
de  Poires  ; mais  s’il  n’en  a que  12  ou  15,  il 
«en  sera  tout  autrement,  et  il  voudra  les 
connaître  ; de  même  de  tout. 

Dans  les  plantes  d’ornement  pour  les 
jardins,  il  n’y  a guère  de  collections  compa- 
rables à celles  que  présentent  des  Roses, 
des  Glaïeuls,  des  Dahlias  ou  des  fruits.  Notre 
intention  n’est  pas  de  former  un  collection- 
neur, mais  un  amateur,  et  de  faire  en  sorte 
de  l’intéresser  au  lieu  de  le  blaser,  comme 
cela  arrive  si  souvent  lorsqu’on  a toujours 
devant  soi  les  mêmes  arbres  et  le  même  jar- 
din. Ajoutons  que  ce  serait  également  utile  à 
beaucoup  de  jardiniers  qui,  souvent  au  cou- 
rant des  différences  insensibles  qui  caracté- 
risent certaines  variétés  de  plantes  à la  mode, 
Oeraniuûiy  Caladium , Gloxinia,  Orchi- 


DES  JARDINS.  373 

dées  même,  n’ont  jamais  vu  un  Liquidam- 
bar  ni  un  Koëlrenteria. 

La  question  de  terrain,  au  point  de  vue 
de  la  qualité,  pourrait  aussi  avoir  de  l’im- 
portance pour  ce  genre  de  plantation,  et 
faire  craindre  que  beaucoup  de  végétaux  se 
trouvent  placés  dans  de  mauvaises  conditions 
de  sol  et  d’exposition.  Mais  on  n’a  qu’à  étu- 
dier la  façon  dont  les  plantations  sont  exé- 
cutées en  général,  et  l’on  verra  bientôt  qu’en 
y mettant  seulement  un  peu  de  soin,  on  fera 
tout  aussi  bien  et  mieux  que  ce  qu’on  voit 
partout.  V 

Nous  avons  sous  les  yeux  un  massif  planté 
depuis  une  dizaine  d’années  tout  au  plus,  oû 
l’on  trouve  des  Marronniers,  des  Acacias,  des 
Erables  variés,  des  Micocouliers,  Ormes,  Fé- 
viers.  Frênes,  Sophoras,  Sorbiers,  Tilleuls, 
Epines  roses,  Hipophae,  Negundo,  Platanes 
et  Vernis,  et  pourtant  il  n’est  pas  grand  ! Le 
sol  est  argileux,  froid  et  sans  profondeur. 
Nous  croyons  qu’en  face  d’un  exemple 
comme  celui-ci,  et  qu’on  peut  dire  très- 
commun,  on  peut  bien  grouper  les  Acacias 
ou  les  Peupliers  ensemble,  sans  danger  sé- 
rieux. Au  point  de  vue  du  sol,  il  serait  dif- 
ficile de  ti’ouver  dans  les  espèces  d’un  même 
genre  des  différences  de  tempérament  plus 
accusées  que  dans  toutes  ces  plantes.  Au 
reste,  on  doit  toujours  prendre  en  considé- 
ration les  connaissances  du  planteur,  qui, 
avant  de  commencer,  doit  connaître  le  sol 
dont  il  dispose  et  savoir  l’utiliser  en  consé- 
quence. 

On  pourrait  également  repousser  cette 
idée  qu’on  ne  doit  admettre  que  des  plantes 
rares  ou  celles  d’un  grand  mérite,  et  qu’il 
faut  rejeter  les  autres,  surtout  lorsqu’elles 
sont  communes  : Chênes,  Charmes,  Saules, 
Peupliers,  Mélèzes,  Pins,  etc.,  qui,  en  effet, 
sont  généralement  exclus.  Rappelons  que, 
parmi  ces  arbres,  on  trouve  souvent  des 
spécimens  magnifiques  lorsqu’ils  rencon- 
trent un  sol  qui  leur  plaît;  que  quoique 
très-répandus,  on  les  admire  lorsqu’ils  sont 
beaux,  et  que  la  richesse  de  la  végétation 
donne  souvent  aux  Saules,  pour  ne  parler 
que  de  ce  genre  bien  connu,  un  cachet  pit- 
toresque qu’on  ne  retrouve  dans  aucun  de 
nos  plus  beaux  arbres  dits  « d’ornement.  » 
Sans  eux,  que  ferait-on  des  terrains  maré- 
cageux? 

Et  dans  les  Peupliers,  quelle  richesse  et 
quelle  végétation  rapide!  Que  voit-on  en 
général  dans  les  parcs?  Le  Peuplier  d’Ita- 
lie, le  Peuplier  neige  {Popidus  nivea),  et 
malgré  des  insuccès  répétés,  quelques  Peu- 
pliers de  la  Caroline.  Rien  n’est  plus  rare 


374 


TORNELIA  FRAGRANS. 


que  les  Populus  Ontariensis,  heterophylla , 
canadensis,  halsamifera  et  autres.  Dans 
les  espèces  communes,  on  ne  plante,  par 
dédain  sans  doute,  ni  Peuplier  noir,  ni 
Tremble,  ni  Populus  canescens,  et  pour- 
tant ils  ont  leur  mérite.  Sur  une  vingtaine 
d’espèces  de  Peupliers,  la  plus  répandue  est 
le  Peuplier  d’Italie,  préférence  qu’il  doit  à sa 
forme.  Mais  cette  forme  même  n’est  pas  ex- 
clusive à cette  espèce;  nous  la  retrouvons 
plus  ou  moins  prononcée  dans  presque  tous 
les  genres  ; les  Chênes,  les  Ormes,  les  Hêtres, 
les  Robinias  nous  en  fournissent.  Il  en  est 
de  même  des  plantes  à rameaux  pendants. 
Il  est  peu  de  genres  d’arbres  qui  n’en  pos- 
sèdent, et  si  tous  n’ont  pas  la  gracieuse  lé- 
gèreté du  Saule  pleureur,  tous  ont  une  phy- 
sionomie particulière,  un  cachet  spécial  de 
végétation  qui  les  rend  très-propres  à l’or- 
nementation. 

Le  Hêtre  fournit  8 ou  10  variétés,  parmi 
lesquelles  celle  à feuilles  de  Fougère  et  celles 
à feuilles  pourpres  sont  les  plus  répandues. 
Les  Frênes,  les  Ormes,  les  Bouleaux,  les 
Aulnes  possèdent  tous  de  bonnes  espèces 
d’agrément.  Dans  une  taille  plus  moyenne,  le 
groupe  des  Crategus  contient  de  belles  va- 
riétés à peu  près  inconnues  dans  les  jardins  ; 
les  Sorbiers  nous  offrent  de  bonnes  plantes, 
dont  les  plus  répandues  sont  les  Sorhus 


americana,  aucuparia  et  hybrida.  Il  en  est 
d’autres,  tels  que  Madura,  Liguidambar, 
Planera,  Pyrus  salicifolia,  etc.,  qui,  mal- 
gré leur  mérite,  sont  excessivement  rares. 
Leur  défaut  est  de  ne  pas  toujours  pousser 
aussi  vite  que  des  Marronniers  ou  des  Ver- 
nis, et  il  faut  parfois  quelque  événement  peu 
ordinaire,  comme  la  floraison  des  Virgilias 
dans  les  Champs-Elysées  il  y a quelques  an- 
nées, pour  les  rappeler  au  souvenir  de  ceux 
qui  oublient  ce  qui  n’est  pas  à la  mode. 

Dans  les  arbustes,  les  ressources  sont  en- 
core plus  grandes  que  dans  les  arbres. 
Ainsi  dans  les  Spirea,  où  à peu  près  tous 
sont  si  beaux  et  si  variés,  où  presque  toutes 
les  espèces  sont  plus  belles  les  unes  que  les  i 
autres  ; les  Ceanothus,  genre  à peine  connu,  \ 
renferment  toutes  plantes  ornementales  au  1 
premier  chef  : l’abondance,  la  beauté  des 
fleurs  semblent  lutter  de  mérite,  et  pour  j 
mettre  le  comble,  la  plupart  ne  cessent  de  | 
fleurir  qu’à  l’arrivée  des  froids.  Et  combien  ! 
d’autres  plantes  sont  dans  ce  cas!  Aussi,  , 
rien  ne  serait-il  plus  facile  que  de  faire  des 
plantations  magnifiques  sans  retomber  en- 
tièrement dans  les  plantes  qu’on  retrouve 
partout,  et  même  sans  en  employer  d’infé- 
rieures. 

Jules  Batise. 

[La  fin  au  lyrochaïn  numéro.) 


TORNELIA  FRAGRANS 


Il  n’est  peut-être  aucune  famille  qui  de- 
puis une  vingtaine  d’années  ait  été  aussi  re- 
cherchée des  horticulteurs  et  des  amateurs 
que  celle  des  Aroïdées,  à laquelle  appartient 
la  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette  note.  Ce  ne 
sont  pourtant  pas,  à de  bien  rares  exceptions 
près,  des  végétaux  à fleurs;  mais  il  suffit  de 
rappeler  les  modifications  nombreuses  qu’ils 
revêtent  dans  leurs  formes  et  leurs  textures, 
leur  ampleur  et  surtout  dans  leurs  coloris, 
depuis  V Alocasia  metallica  au  feuillage 
bronzé,  jusqu’aux  délicats  Caladiums  de  la 
section  des  bicolor  aux  fraîches  et  nom- 
breuses nuances  si  diversement  variées, 
pour  comprendre  la  passion  qu’ils  ont  ins- 
pirée. 

Les  Aroïdées,  dont  la  grande  majorité  des 
espèces  vivent  dans  les  lieux  ombragés  des 
forêts  tropicales  de  l’Asie  et  surtout  de 
l’Amérique,  et  dont  un  très-petit  nombre 
ont  l’Europe  et  les  régions  septentrionales 
du  Nouveau-Monde  pour  patrie,  renferment 
des  plantes  tantôt  acaules,  rhizomateuses  ou 
tuberculeuses,  tantôt  caulescentes  et  même 


arborescentes,  tantôt  enfin  sarmenteuses  ou 
grimpantes,  et  se  soutenant  alors  aux  corps 
environnants  à l’aide  de  nombreuses  et  par- 
fois, selon  l’espèce,  de  très -longues  racines 
adventives. 

Parmi  celles,  en  petit  nombre  d’ailleurs, 
qui  appartiennent  à celte  dernière  section, 
beaucoup  ne  présentent  pas  un  égal  intérêt  , 
au  point  de  vue  de  l’ornement.  Il  en  est  Ig 
même  beaucoup  qui,  sous  ce  rapport,  sont  I 
tout  à fait  insignifiantes  pour  l’horticulteur, 
et  qu’on  ne  rencontre  pour  ainsi  dire  que  j| 
dans  les  collections  scientifiques.  Mais  quel-  fj 
ques  autres  font  une  exception,  et  parmi  , 
celles  qui  méritent  le  plus  de  fixer  l’atten- 
tion est,  sans  contredit,  le  Tornelia  fra-  ! | 
grans,  dont  la  figure  35  reproduit  une  tige  | | 
feuillée,  et  qui  est  bien  certainement  la  plus  | j 
robuste  et  la  plus  gigantesque  des  Aroïdées  i j 
grimpantes  cultivées.  , \ 

Le  genre  Tornelia  appartient  à ^ tribu  . j, 
des  Gallées,  dont  le  type  le  pi  us  ^^àr  fait,  le  j d 
L.,  croît  sponta^rément dans  | j 
les  marais  vosgiens  de  la  Lorraine  et  de  j | 


TORNELIA  FRAGRANS. 


375 


l’Alsace.  Celte  tribu  ne  renferme,  du  reste, 
qu’un  petit  nombre  de  groupes  génériques. 
Ceux  dont  les  jardins  privés  ou  scientifiques 
possèdent  quelques  représentants  sont  les 
Monstera  et  les  Scindapsus,  toutes  Aroï- 
dées  grimpantes  et  qui  ont,  dans  leurs  ca- 
ractères de  végétation,  beaucoup  de  traits 
commiwis  de  ressemblance  avec  les  Tornelia. 

La  nomenclature  des  Aroï- 
dées  est,  il  faut  en  convenir 
fort  difficile  à débrouiller , 
et  l’espèce  qui  nous  occupe 
en  fournit  un  exemple.  En 
effet  , longtemps  répandu 
dans  les  jardins  sous  le  nom 
de  Scindapsus  pertiisus , 

Schott , notre  plante  a été 
désignée  aussi  par  Kunth  et 
Bouché  [in  Ind.  sem.  hort. 

Beroï,  1848)  sous  l’appellation 
de  Philodendron  pertusum, 
et  par  C.  Koch  [Bot.  Ztg., 

1852)  sous  celle  de  Mons- 
tera [Coriospatha]  Lennœa. 

Le  premier  de  ces  noms 
doit  disparaître,  car  il  se  rap- 
porte à une  Aroïdée  appelée 
aussi  par  Schott  Raphido- 
phora  pertusa  et  qui,  bota- 
niquement, en  est  très-diffé- 
rente. C’est  dans  le  Linnœa  de 
1853,  p.382,  que  Schlechten- 
dal  [vid.  Schott,  Prodr.  syst. 

Aroidear,  p.  354)  indique 
le  premier  que  cette  plante, 
que  Liebmann  avait  baptisée 
du  nom  de  Monstera  delicio- 
sa,  avait  déjà  reçu  de  Guttie- 
rez  celui  de  Tornelia  fra- 
grans,  genre  nouveau  que 
l’auteur  mexicain  dédiait  à 
Tornelia , ministre  de  la 
guerre,  au  Mexique. 

Il  résulte  de  ce  qui  pré- 
cède que  la  synonymie  de 
l’Aroïdée,  dont  nous  allons 
rappeler  les  traits  principaux,  est  la  sui- 
vante : 

Tornelia  fragrans,  Gutt.,  inLinn.,  xxvi, 
p.  382  et  seq.;  Schott,  Prod.  syst.  Aroid., 
p.  354;  Monstera  deliciosa,  Liebm.  ; M. 
Lennea,  G.  Koch  ; M.  [Coriospatha]  Len- 
nea,  C.  Koch  ; Philodendron  pertusiim, 
Kth  et  Bché  ; et  enfin  de  Scindapsus  per- 
tusus,  Hortul  ! et  même  Hort.  Paris,  olim; 
et  que  celle  du  Scindapsus  pertusus,  plante 
du  Coromandel  très-différente  de  la  nôtre  et 
qu’on  rencontre  rarement  à l’état  cultivé,  est. 


d’après  Schott,  l.  c.,  p.  382,  ainsi  établie  : 
Raphidophor a pertusa,  Schott,  Bonpl.,  V, 
p.  45,  1847  ; Scindapsus  pertusus,  Schott, 
Melet.  ; Raphidophor  a lacera,  Hssk  ? 

Tandis  que  le  Scindapsus  pertusus  a pour 
patrie  la  côte  de  Coromandel,  le  Tornelia 
fragans  serait,  d’après  les  auteurs,  origi- 
naire du  Mexique  : de  l’Etat  de  Veracruz 


selon  Schaffner,  de  la  Cordillère  de  Oajaca 
selon  Liebmann,  qui  l’y  aurait  trouvé  très- 
abondant,  à l’altitude  de  5 à 7,000  pieds, 
c’est-à-dire  dans  la  région  du  Cheiroste- 
mon  platanoides.  Ce  n’est  donc  pas  une 
plante  proprement  et  exclusivement  de  serre 
chaude,  et  si  elle  ne  redoute  pas  la  tempé- 
rature élevée,  elle  peut  croître  en  serre 
tempérée  et  y acquérir  même  sa  luxuriante 
végétation.  Le  grand  pavillon  destiné,  au 
Muséum,  à la  conservation  des  plantes'dites 
de  serre  tempérée,  en  possède  dans  l’une 


TORNELIA  PRAttliANS. 


376 

de  ses  niches  nn  fort  bel  individu.  Mais 
l’exemplaire  qui  donne  le  mieux  l’idée  du 
développement  que  peut  atteindre  cette 
Aroïdée  vraiment  géante  est  celui  qui  se 
trouve  planté  dans  Taquarium  et  qui,  con- 
curremment avec  le  Raphidophora  Houl- 
letiana,  Schott  in  lût.,  ou  Philodendron 
Iloulletianiim,  Hort.,  autre  Aroïdée  de 
grandes  dimensions,  en  garnit  l’un  des  bouts. 

Les  tiges  de  notre  plante,  qui  alteignent 
presque  le  volume  du  bras  et  qui  ne  mesurent 
pas  moins  de  6 à 8 mètres  de  longueur  et 
même  davantage,  sont  plus  succuleijtes  vers 
le  sommet  qu’à  la  partie  moyenne  de  leur 
étendue,  où  elles  sont  très-rarnifiées  ; elles 
sont  marquées  de  nombreuses  et  larges  ci- 
catrices indiquant  la  place  qu’occupaient  les 
feuilles,  et  émettent  sur  toute  leur  lon- 
gueur de  vigoureuses  et  solides  racines  ad- 
ventives  qui  restent  simples  ou  à peine  di- 
visées lorsqu’elles  plongent  dans  l’air,  mais 
qui  se  ramifient  aussitôt  qu’elles  sont  au 
contact  de  l’eau  ou  d’un  sol  humide.  Dans 
ces  divers  cas,  c’est  toujours  la  partie  ter- 
minale qui  présente  ce  caractère  au  plus 
haut  degré.  Ces  racines,  qui  ressemblent  à 
des  cordes  et  dont  on  pourrait  se  servir 
comme  on  le  fait  dans  les  pays  chauds  de 
celles  des  Imhés,  qui  appartiennent  à des 
plantes  de  la  même  famille  et  notamment 
au  genre  Philodendron,  en  guise  de  liens 
pour  consolider  les  faisceaux  de  Salsepareille 
qui  sont  envoyés  en  Europe,  sont  à peu  près 
cylindriques,  longues  souvent  de  plus  de  3 
mètres,  et  forment  par  leur  enchevêtrement 
un  fourré  compact.  Les  feuilles,  cartila- 
gineuses, persistantes,  longuement  et  ro- 
bustement  pétiolées,  sont  ovales,  larges  de 
près  de  50  centimètres,  profondément  di- 
visées sur  les  bords  et  percées,  dans  leur 
partie  centrale  et  entre  les  ramifications  des 
nervures  secondaires,  de  trous  plus  ou 
moins  nombreux  de  dimensions  variables, 
mais  n’excédant  pas  8 à 10  centimètres  de 
long  sur  2 à 3 au  plus  de  large,  et  de 
forme  plutôt  ovale  qu’oblongue.  Ces  perfo- 
rations, ainsi  que  les  divisions  du  limbe, 
qui  n’arrivent  cependant  pas  à dépasser  le 
tiers  de  son  diamètre,  donnent  à ces  feuilles 
une  conformation  vraiment  originale.  C’est 
à leur  aisselle  que  sont  portées,  au  sommet 
d’un  robuste  support,  les  fleurs  petites  et 
insignifiantes,  comme  le  sont,  d’ailleurs, 
celles  de  la  plupart  des  Aroïdées  ; elles  sont 
verdâtres,  très- odorantes  au  moment  de 
leur  épanouissement,  et  leur  réunion  forme 


un  gros  épi  cylindro-conique  offrant  l’aspect 
des  inflorescences  de  quelques  Cycadées. 
L’inflorescence  est  accompagnée  à sa  base 
d’une  spathe  jaunâtre  lavée  intérieurement 
de  rouge  terne,  gibbeuse,  aiguë,  plus  lon- 
gue que  le  spadice,  d’abord  dressée,  puis 
étalée  et  réfléchie.  Cette  spathe  tombe  peu 
après  l’antbèse. 

A la  maturité,  les  spadices  et  les  fruits 
nombreux  dont  ils  sont  chargés  forment  des 
sortes  d’Ananas  allongés,  parfumés  et  sa- 
voureux, qui,  dit-on,  se  vendent  en  grand 
nombre  sur  les  marchés  de  Mexico,  où  ils 
rivalisent  avec  les  véritables  Ananas.  Il  ne 
nous  est  pas  démontré  cependant  que  ces 
qualités  doivent  se  retrouver  dans  les  plantes 
de  nos  cultures,  et  l’impression  qui  nous 
est  restée  d’une  dégustation  déjà  ancienne 
nous  laisse  quelques  doutes  à ce  sujet.  A 
une  saveur  assez  agréable  avait  succédé 
une  sorte  de  sensation  de  brûlure  dans 
l’arrière-bouche,  qui  nous  a semblé  par  sa 
disparition  rapide  tenir  à la  présence  de 
quelques-uns  de  ces  cristaux  appelés  ra- 
phides,  qui  sont  si  abondants  dans  tous  les 
organes  de  ces  plantes.  Cela  indiquerait  au 
moins  que  ces  fruits  ne  doivent  être  mangés 
que  très-mûrs,  la  maturation  devant  at- 
ténuer ou  détruire  cet  inconvénient. 

Le  Tornelia  fragrans  se  plaît,  nous  le  ré- 
pétons, dans  les  serres  chaudes  et  tempérées^ 
mais  il  se  comporte  mieux  encore  dans  les 
premières,  surtout  lorsqu’elles  sont  peu 
élevées  et  où  règne  toujours  une  grande- 
humidité.  Il  en  existe,  comme  nous  le 
disions  plus  haut,  un  fort  bel  exemplaire 
dans  faquarium  du  Muséum.  Là  ses  nom- 
breuses tiges  entrelacées,  que  les  dimensions 
restreintes  du  lieu  obligent  à réduire  sans 
cesse,  sont  accompagnées  de  ces  longues 
racines  adventives  dont  nous  avons  parlé,  et 
qui,  descendant  perpendiculairement,  arri- 
vent bientôt  à plonger  dans  l’eau,  où  elles 
viennent  disputer  le  droit  à l’existence  aux 
plantes  aquatiques  tropicales  qui  vivent  dans 
leur  voisinage. 

Par  ses  grandes  dimensions  et  la  singu- 
larité de  son  feuillage,  cette  plante  de  facile 
culture  devrait  être  plus  répandue.  Elle  peut 
en  effet  devenir,  dans  les  serres  à tempéra- 
ture un  peu  élevée  et  humide , l’orne- 
ment par  excellence  des  murs  et  des  ro- 
cailles.  Quant  à sa  multiplication,  elle  se 
fait  tout  aussi  facilement  que  celle  des 
autres  Aroïdées  grimpantesousarmenteuses^ 
c’est-à-dire  par  le  bouturage.  B.  Verlot. 


EXPOSITION  AGRICOLE  ET  HORTICOLE  A L’ILE-ADAM. 


377 


EXPOSITION  AGRICOLE  ET  HORTICOLE  A LTLE-ADAM 


Agréablement  baigné  par  l’Oise,  avec  ses 
villas  élégantes,  ses  belles  avenues  de  Mar- 
ronniers et  de  Tilleuls,  ses  parcs  si  sédui- 
sants, tout  concourt  pour  faire  de  llle- 
Adam  une  ville  essentiellement  horticole. 
Si  elle  ne  possède  plus  le  magnifique  châ- 
teau des  Conti,  elle  a en  revanche  de  jolis 
jardins  dont  le  bon  goût  et  l’intelligence  de 
ceux  qui  les  cultivent  ne  peuvent  être 
mis  en  doute.  Aussi  bien  que  nos  grandes 
villes,  rile-Adam  possède  une  Société 
agricole  et  horticole.  Cette  Société,  dont 
M.  Thoureau,  maire  de  l’Ile-Adam,  est  le 
président,  a ouvert  sa  deuxième  exposition 
le  27  juillet,  et  elle  a duré  huit  jours  con- 
sécutifs, concurremment  avec  la  fête  pa- 
tronale. Elle  s’est  tenue  dans  les  vastes  jar- 
dins de  la  maison  de  santé  construite  par 
les  soins  de  M.  Chantepie,  et  dont  plus  tard 
il  fit  don  à la  ville. 

Sous  une  tente  qui  y avait  été  dressée, 
M.  Etienne,  horticulteur  à l’Ile-Adam,  avait 
transformé  la  surface  en  un  délicieux  jar- 
din anglais. 

Les  nombreux  apports  de  M.  Desmoulin, 
jardinier  chez  M.  Binder,  à l’Ile-Adam,  et 
de  M.  Théophile  Dupré,  jardinier  chez 
M.  Dalloz,  occupaient  presque  exclusive- 
ment l’intérieur  de  cette  tente. 

Les  plantes  de  serre  chaude  de  M.  Des- 
moulin ont  été  primées  d’une  médaille  d’or, 
offerte  à la  Société  par  M.  Lefèvre-Pontalis, 
député  de  Seine-et-Oise. 

Parmi  ces  plantes,  citons  les  Pandanus 
utiliSy  Ay'ecix  ruhra,  Areca  nohilis^  San- 
cliezia  nohilis,  Lalania  harhonica,  Cyrto- 
miuYYi  caryotideum,  etc. 

Les  collections  de  Coléus,  Achimènes, 
Bégonias,  du  même  exposant,  méritent  aussi 
d’être  citées,  ainsi  que  son  lot  de  légumes. 

Pourquoi,  à côté  des  lots  remarquables, 
exposer  des  médiocrités,  telles  que  son  lot 
de  Pélargoniums  zonales  et  de  Fuchsias,  qui 
pour  les  trois  quarts  n’étaient  même  pas 
étiquetés  ? 

A la  place  de  M.  Desmoulin,  je  me  serais 
abstenu  de  faire  ce  remplissage. 

M.  Dupré  avait  aussi  exposé  de  nom- 
breuses collections. 

Remarquons  ses  plantes  de  serre  chaude, 
cultivées  avec  soin,  ses  Bégonias,  ses  Zin- 
nias élégants,  ses  Rosiers  liges  en  pots,  ses 
légumes  et  sa  collection  de  Pommes  de  terre, 
qui  ne  comprenait  pas  moins  de  125  variétés. 


Comme  M.  Desmoulin,  il  a peu  étiqueté  sa 
collection  de  Fuchsias.  Il  suffit  d’en  faire  ici 
la  mention  pour  que  M.  Dupré  et  son  col- 
lègue mettent  à la  prochaine  exposition  tous 
les  soins  désirables  à leur  étiquetage,  et 
tout  sera  parfait 

M.  Lionnet,  jardinier  chez  M"'^  Laveaiix, 
à Asnières-sur-Oise,  présentait  des  collec- 
tions de  Caladiums  composées  des  variétés 
Houlettii,  cordifolium,  Isidore  Leroy^ 
pictuYi2,  etc.,  à' Achimenes,  et  de  plusieurs 
sujets  du  magnifique  Hydrangea  oiaksa. 
Puis  la  collection  de  Pélargoniums  zonales  à 
feuilles  panchées,  de  M.  Mézard,  horticul- 
teur à Rueil,  qui  comptait  plus  de  60  variétés. 

Une  nombreuse  collection  de  Roses 
coupées  était  présentée  par  M.  Vignon , 
horticulteur  à Montreuil,  pour  laquelle  il  a 
obtenu  une  médaille  de  vermeil. 

Les  Rosiers  en  pots  de  M.  Etienne,  et  ses 
Roses  de  semis,  méritent  une  mention,  ainsi 
que  ses  Phlox. 

M.  Létu  père,  amateur  à ITle-Adam, 
exposait  une  belle  collection  de  Cactées  ; son 
apport  de  Pélargoniums  zonales  lui  a valu 
une  médaille  de  vermeil. 

M.  Carnelle,  horticulteur  à Jouy-le-Comte, 
a reçu  pour  le  même  objet  une  récompense 
semblable. 

Le  jury,  il  faut  le  reconnaître,  s’est  montré 
d’une  remarquable  prodigalité  envers  ces 
deux  exposants. 

Citons  encore  les  beaux  Fuchsias  à tiges 
de  M.  Félix  Lemaître,  qui  lui  ont  fait  obte- 
nir une  médaille  d’or,  ses  Choux  colossaux 
et  ses  beaux  légumes. 

M.  Bourgeois,  jardinier  de  la  maison  de 
santé  Chantepie-Mancier,  mérite  aussi  une 
mention  pour  la  manière  dont  il  dirige  les 
jardins  confiés  à ses  soins. 

MM.  Binet,  agriculteur  à Parmain,  et 
Burgaud,  à Valmondois,  avaient  exposé  de 
beaux  spécimens  delarécolte  en  Blé,  Seigle, 
Avoine  et  Orge. 

Le  premier  a été  récompensé  par  une 
médaille  de  vermeil,  et  le  second  par  une 
médaille  d’argent. 

MM.  Létu  fils  et  Mauger,  fabricants  de 
porcelaines  à l’Ile-Adam,  présentaient  de 
très-jolies  suspensions,  aquariums,  etc. 

M.  Ferry,  serrurier  à file-Adam,  avait 
exposé  une  grille  en  fer  rustique  d’un  très- 
bon  goût,  pour  laquelle  il  a reçu  une  mé- 
daillé de  vermeil. 


378 


POIS  LÉONARD  LILLE.  — PLANTATIONS  COSMOPOLITES. 


La  Société  de  l’Ile-Adam  ne  compte  que 
deux  années  d’existence,  et  à en  juger  par 
les  remarquables  et  nombreux  apports  des 
horticulteurs  et  jardiniers,  qui  ont  contribué 


au  succès  de  sa  deuxième  exposition,  on 
est  en  droit  d’espérer,  la  concorde  et  les  ef- 
forts de  chacun  aidant,  qu’un  brillant  avenir 
est  réservé  à cette  Société.  J.  Jarlot. 


rois  LÉONAIID  LILLE 


Cette  variété,  dont  le  mérite  économique 
est  aujourd’hui  bien  constaté,  est  surtout 
remarquable  lorsqu’on  la  considère  au  point 
de  vue  scientifique.  Nous  en  ignorons  l’ori- 
gine. La  première  fois,  croyons-nous,  qu’il 
en  a été  question,  c’est  en  1872,  dans  la 
Revue  hortieole,  page  268,  dans  un  compte- 
rendu de  l’exposition  de  Lyon,  par  M.  Jean 
Sisley,  qui  en  parle  ainsi  : 

((  ...  Ce  légume  attirait  l’attention  par 
son  aspect  étrange  ; les  gousses  apparais- 
sent au  sommet  des  tiges,  qui  sont  fasciées. 
M.  Léonard  Lille  va  soumettre  ce  Pois  à une 
culture  raisonnée  et  expérimentale;  nous 
ne  saurons  donc  réellement  que  l’armée 
prochaine  sa  véritable  couleur.  En  atten- 
dant, je  puis  dire  ce  que  j’en  connais  : c’est 
que  les  fleurs  sont  d’un  beau  rose  satiné  et 
que  les  Pois  sont  très-tendres  et  de  bon 
goût.  » 

L’expérience  paraît  avoir  confirmé  les 
prévisions  qu’avait  faites  M.  Sisley  ; le  Pois 
Léonard  Lille,  sans  être  une  variété  hors 
ligne,  n’en  est  pas  moins  bon  et  surtout 
très-intéressant  par  ses  caractères  mons- 
trueux, qui  se  reproduisent  parfaitement 
par  le  semis.  Cet  exemple  démontre  que  ce 
ne  sont  pas  seulement  les  caractères  nor- 
maux qui  peuvent  se  reproduire,  mais  que 
les  exceptions  sont  dans  le  même  cas,  et 
par  conséquent  qu’elles  peuvent  à leur  tour 
former  des  règles,  ce  que  nous  avons  déjà 
dit  bien  des  fois. 


Ce  Pois  présente  les  caractères  suivants  : 
plante  extrêmement  vigoureuse  ; lige  attei- 
gnant 1 mètre  et  plus  de  hauteur,  d’abord 
petite,  simple,  mais  prenant  promptement 
un  accroissement  considérable  qui  va  cons- 
tamment en  s’élargissant  (se  fasciant),  et 
devenant  alors  effrayamment  grosse,  large 
et  profondément  canaliculée,  puis  s’arrêtant 
brusquement  pour  donner  naissance  vers 
son  sommet  à un  nombre  considérable  de  ra- 
mifications fructifères  qui  portent  des  fleurs 
moyennes  camées-rosées,  ou  légèrement 
violacées,  assez  ornementales,  auxquelles 
succèdent  des  gousses  qui  n’ont  rien  d’anor- 
mal, et  qui  contiennent  des  graines  (Pois) 
parfaitement  conformées  et  de  bonne  qua- 
lité. 

Les  graines,  subsphériques  ou  irréguliè- 
rement arrondies,  tronquées  et  comme  bos- 
selées, sont  plutôt  petites  que  grosses,  pic- 
tées  roux  strié  sur  un  fond  jaunâtre. 

Ce  Pois  sera  mis  au  commerce  en  novem- 
bre prochain  par  son  propriétaire,  M.  Léo- 
nard Lille,  de  Lyon  ; nous  le  recommandons 
non  seulement  aux  amateurs,  mais  aux  bo- 
tanistes ; ces  derniers,  s’ils  se  fondent  sur 
les  caractères  différentiels  et  sur  sa  cons- 
tance à se  reproduire  de  graines,  pourront 
le  mettre  au  nom.bre  des  « bonnes  » espèces 
et,  une  fois  de  plus,  constater  comment  se 
forment  celles-ci. 

E.-A.  Carrière. 


PLANTATIONS  COSMOPOLITES 


Nous  diviserons  en  deux  parties  les  arbres 
et  les  arbustes  qui  peuvent  être  livrés  à la 
pleine  terre.  Cette  division  nous  est  naturel- 
lement fournie  par  la  floraison  plus  ou 
moins  précoce  des  divers  arbustes  qui  en- 
treront dans  la  composition  des  massifs. 
Ainsi,  par  exemple,  pour  les  arbustes  à flo- 
raison précoce,  tels  que  Camellias,  Azalées 
de  l’Inde,  etc.,  il  est  évident  qu’il  faudra  un 
abri  qui  permette  à l’amateur  de  pouvoir 
jouir  facilement  des  fleurs,  tout  en  les  pré- 
servant des  neiges  tardives,  des  pluies  et  des 

(1)  Voir  Revue  horticole^  1873,  p.  72. 


giboulées  qui  sont  fréquentes  dans  cette  sai- 
son (février  à mai),  et  qui  détériorent  rapi- 
dement des  fleurs  aussi  délicates , tandis 
que  pour  les  arbustes  dont  les  fleurs  n’arri- 
vent qu’en  juin,  juillet,  août  (Laurier  rose. 
Oranger),  un  simple  abri  contre  la  gelée  est 
parfaitement  suffisant.  Ce  que  nous  appe- 
lons abri  n’est  autre  chose  qu’une  serre 
mobile  économique,  une  sorte  de  cabane  en 
bois  que  l’on  monte  à l’approche  de  l’hiver 
et  que  l’on  démonte  au  retour  du  beau 
temps. 

c(  Mais,  vont  peut-être  s'écrier  quelques  per- 
sonnes, quel  énorme  travail  pour  monter  et 


BAMBÜSA  SULFUREA. 


démonter  une  serre  à chaque  saison  ! C’est 
passer  beaucoup  trop  de  temps,  prendre 
trop  de  peine,  et  faire  trop  de  dépenses  pour 
avoir  le  mince  agrément  de  cultiver  des  ar- 
bustes en  pleine  terre,  au  lieu  de  les  cultiver 
en  pot.  ))  A cela  nous  répondrions  : Si  l’on 
réfléchit  aux  arrosages  constants  qu’il  faut 
donner  aux  plantes  en  pots,  aux  rempotages 
annuels  ou  bisannuels,  à la  rentrée  des 
plantes  en  automne,  aux  soins  de  propreté 
à leur  donner  en  hiver,  etc.,  etc.,  nous 
sommes  certainement  dans  le  vrai  en  disant 
que  le  système  que  nous  proposons  est  beau- 
coup plus  économique. 

Ajoutons  que  dans  beaucoup  de  cas  les 
serres  mobiles  deviennent  inutiles,  dans  le 
cas,  par  exemple,  où  l’on  veut  laisser  la 
floraison  printanière  de  certains  arbrisseaux 
exposée  aux  caprices  du  temps  ; on  n’a  alors 
à s’occuper  que  de  l’emplacement.  Essayons 
une  démonstration,  et  pour  cela,  supposons 
que  nous  ayons  un  massif  de  Gamellias  à 
planter.  Dans  ce  cas,  nous  chercherons  un 
emplacement  abrité  par  de  grands  arbres, 
ce  qui  leur  est  favorable,  non  seulement 
l’été,  mais  aussi  et  surtout  l’hiver,  car  c’est 
dans  cette  saison  que  les  plantes  sont  cou- 
vertes de  givre  ou  de  neige,  que  les  rayons 
solaires  sont  le  plus  à craindre  ; par  cette 
même  raison  il  faut  choisir  de  grands  arbres 
à feuilles  persistantes.  Une  personne  de  nos 
connaissances,  M.  Louis  Bouret,  nous  ra- 
conte souvent  les  merveilles  de  cette  flore 
japonaise  où  les  Gamellias  jouent  un  si 
grand  rôle  : c’est  presque  toujours  sous  les 
grands  arbres  qu’on  les  rencontre  à l’état 
sauvage;  et  lorsqu’on  les  plante  dans  les  jar- 
dins japonais,  c’est  toujours  aussi  sous  des 
abris,  ce  qui  ne  les  empêche  pas  de  pousser 
vigoureusement,  au  contraire.  M.  Bouret, 
dans  le  jardin  qu’il  possède  encore  à 
Yokohama,  en  a un  exemplaire  dont  le  tronc 
est  de  la  grosseur  d’un  homme;  cet  arbre, 
qui  chaque  année  se  couvre  de  milliers  de 
fleurs,  produit  un  effet  tel  qu’un  Européen 
peut  difficilement  s’en  faire  une  idée,  fait 
qui  démontre  clairement  que  les  Gamellias 
ne  sont  pas  aussi  délicats  qu’on  le  suppose 

BAMBÜSA 

B est  certains  "groupes  parmi  les  végé- 
taux monocotylédonés  qui,  bien  que  très- 
nombreux  en  individus,  présentent  un  tel 
caractère  d’homogénéité  ou  d’ensemble,  qu’il 
est  très -difficile,  ou  plutôt  qu’il  est  impos- 
sible d’établir  des  coupes  nettement  tran- 


379 

généralement,  et  que  leur  culture  en  pleine 
terre  devrait  être  essayée,  en  prenant,  bien 
entendu,  les  précautions  qu’exige  le  milieu 
dans  lequel  on  se  trouve  placé. 

Notre  collection  de  Gamellias  plantés  en 
pleine  terre,  enl8G9,  fait  aujourd’hui  l’ad- 
miration des  amateurs  qui  visitent  notre 
établissement;  ils  ont  eu  cependant  à sup- 
porter les  rudes  hivers  de  1870  et  1871 . 

Voici  en  quelques  mots  comment  nous  les 
avons  plantés  et  soignés.  Nous  avons  fait 
creuser  toute  la  partie  réservée  au  massif  à 
1 mètre  de  profondeur;  nousavons  mis  dans 
le  fond  une  couche  de  25  centimètres  de 
gravier  ou  débris  de  pots,  puis  par  dessus 
une  seconde  couche  de  15  à 20  centimètres 
de  débris  de  bruyères;  le  restant  de  la  fosse 
a été  rempli  de  terre  de  bruyère  grossière- 
ment concassée,  mais  non  tamisée,  et  les 
Gamellias  ont  été  plantés  dans  ce  massif 
ainsi  préparé.  Ges  précautions  sont  néces- 
saires lorsqu’on  opère  dans  un  sol  argileux, 
compact  et  froid,  tel  qu’est  le  nôtre;  mais 
si  au  contraire  on  a affaire  à un  sol  léger  et 
siliceu'f,  une  simple  couche  de  terre  de 
bruyère  de  25  à 30  centimètres  suffit , car 
une  fois  que  les  Gamellias  ont  pris  un  peu 
de  force  dans  la  terre  de  bruyère,  ils  peu- 
vent parfaitement  vivre  dans  la  terre  ordi- 
naire et  se  développer  avec  une  grande  vi- 
gueur. Nous  leur  mettons  fhiver  une  bonne 
couverture  de  feuilles  sèches,  et  pour  sup- 
pléer aux  grands  arbres  qui  doivent  les 
abriter  plus  tard,  et  qui  ne  sont  pas  encore 
assez  développés,  nous  leur  faisons  une 
simple  couverture  en  planches,  que  nous 
enlevons  dès  que  le  verglas  et  la  neige  ne 
sont  plus  à craindre.  Quant  aux  feuilles, 
nous  en  laissons  une  couche  que  nous  re- 
couvrons avec  un  peu  de  terre  de  bruyère 
tout  simplement  pour  empêcher  le  vent 
d’enlever  cette  couche  de  feuilles  qui  leur 
est  très -favorable  pour  maintenir  la  fraîcheur 
en  été,  et  qui,  par  leur  décomposition,  four- 
nissent aux  racines  une  nourriture  qui  leur 
est  très-favorable.  Léon  Aurange, 

Horticulteur,  architecte  de  jardin?,  à Privas 
(Ardèche). 


SULFUREA 

chées,  ce  qu’on  nomme  des  especes.  Tels 
sont  les  Aroïdées,  Broméliacées,  Agaves 
Yucca.,  etc.,  ainsi  que  les  Bambous,  dont 
nous  allons  décrire  une  espèce,  le  Bamhusa 
sulfurea.  Tous  ces  groupes  forment  des 
sortes  de  familles  ; la  parenté  est  si  grande 


PYRUS  MELDENSIS.  ‘ 


380 


entre  les  individus,  qu’il  est  difficile  de  les 
distinguer,  et  qu’on  doit,  pour  le  faire,  tenir 
un  grand  compte  de  leur  faciès,  c’est  à-dire 
du  port  et  de  la  végétation  des  individus. 
C’est  une  affaire  d’habitude  et  toute  de  pra- 
tique. Aussi  les  jardiniers  sont-ils  à peu 
près  les  seuls  qui  peuvent  les  différencier. 

Pourtant,  l’espèce  que  nous  allons  décrire 
fait  exception  et  présente  cet  avantage  qu’on 
ne  peut  guère  la  confondre  avec  aucune 
autre.  En  effet,  excepté  ses  feuilles,  toutes 
les  tiges  et  ramifications  sont  toujours  fran- 
chement jaunes,  même  dès  qu’elles  appa- 
raissent. La  qualification  de  sulfurea  était 
donc  indiquée,  bien  qu’elle  semble  prêter  à la 
confusion  avec  la  plante  qu’on  nomme  aurea. 
Cette  confusion  ne  pourrait  toutefois  exister 
qu’en  ce  qui  concerne  le  nom,  les  deux 
plantes  étant  complètement  différentes.  En 
effet,  cette  dernière  n’a  guère  d'aurea  que 
le  nom,  ses  tiges  étant  à peu  près  toujours 
vertes,  tandis  que  le  Bamhusa  sulfurea  est, 
nous  le  répétons,  d’un  beau  jaune  soufre 
dans  toutes  ses  parties. 

Quoi  qu’il  en  soit,  nous  allons  le  décrire  : 


Plante  traçante,  à faciès  général  ayant  quel- 
que rapport  avec  le  B.  viridi-glaucescens^ 
mais  moins  vigoureuse,  à tiges  un  peu  di- 
variquées,  étalées,  d’un  très- beau  jaune 
soufre  dans  toutes  les  parties  (excepté  les 
feuilles,  bien  entendu),  de  même  que  les  ra- 
mifications, qui  sont  assez  nombreuses  et  dis- 
tiques. Bractées  très-caduques.  Feuilles  d’un 
vert  clair  en-dessus,  glaucescentes  en-des- 
sous, naissant  un  peu  au-dessous  du  sommet 
de  la  ligule,  qui,  vers  l’insertion  du  pétiole, 
porte  un  petit  faisceau  de  poil  gris  jaunâtre. 

Cette  espèce,  qui  rentre  dans  notre  groupe 
nudicaule,  existe  au  Jardin  d’acclimatation 
du  bois  de  Boulogne,  où  elle  a été  introduite 
vers  1865,  et  où  nous  avons  pu  l’étudier  de- 
puis cette  époque  ; elle  est  très-constante  : 
jamais  nous  ne  l’avons  vue  varier.  Elle  est 
rustique  et  ne  souffre  nullement  l’hiver, 
de  sorte  que,  seul,  ce  caractère  suffirait  pour 
la  distinguer  des  autres  espèces  dont  le  bois 
est  également  jaune,  mais  qui  sont  très- 
sensibles  au  froid,  et  qui,  sous  notre  climat, 
exigent  l’abri  de  la  serre  pendant  l’hiver. 

E.-A.  Carrière. 


PYRUS  MELDENSIS 


Si,  contrairement  à l’usagej  nous  appli- 
quons une  qualification  latine  à une  sorte 
usuelle  ou  de  table,  c’est-à-dire  destinée 
aux  vergers,  c’est,  d’une  part,  pour  rap- 
peler son  origine,  qui  intéresse  la  science, 
et  la  faire  entrer  dans  les  écoles  de  bota- 
nique comme  étant  le  fait  d’une  combinaison 
scientifique,  le  résultat  d’une  fécondation 
universelle  intentionnelle. 

Déjà,  dans  ce  journal  (i),  nous  en  avons 
parlé,  et,  après  avoir  dit  qu’elle  provient 
d’une  fécondation  du  Passe- Colmar  par  le 
Doyenné  d'hiver,  nous  ajoutions,  l.  c.  : 
((  L’aspect  général  de  l’arbre  ressemble  à 
celui  du  Passe- Colmar  ; quant  au  fruit,  il 
est  un  peu  plus  gros  et  plus  ventru,  et  vient 
presque  toujours  en  bouquet;  son  pédon- 
cule, gros  et  court,  présente  à sa  base  un 
renflement  énorme:  il  se  conserve  très- 
longtemps,  et  est  de  toute  première  qualité. 
Nous  y reviendrons.  » 

Après  ces  quelques  considérations  géné- 
rales relatives  au  Pyrus  Meldensis  ou  Poi- 
rier de  Meaux,  nous  allons  décrire  cette 
variété  : 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1871,  p.  390. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jac 


Arbre  d’une  bonne  vigueur,  à scions  plu- 
tôt grêles  que  gros  couverts  d’une  écorce  : 
gris  brunâtre,  lisse  et  unie,  à peine  lenti-  ' 
cellée  ; yeux  petits,  pointus,  un  peu  écartés 
du  scion.  Feuilles  petites  ou  moyennes,  1 
longuement  pétiolées.  Fruils  ordinairement  ? 
groupés  par  trois,  courternent  turbinés,  at-  I 
teignant  jusqu’à  25  centimètres  de  circonfé-  | 
rence  dans  la  partie  la  plus  renflée,  courte-  î 
ment  atténués  vers  la  queue  (forme  de  . 
Doyenné),  qui  est  droite,  souvent  insérée  un  ^ 
peu  obliquement.  Peau  ordinairement  un 
peu  rugueuse,  par  des  macules  ou  taches, 
se  colorant  à peine  un  peu,  même  au  soleil, 
passant  au  jaune  roux  à la  maturité.  Chair  | 
extra-fine,  serrée,  fondante,  et  comme  i 
beurrée,'contenant  très-peu  de  granulations  ; i 
eau  sucrée  légèrement  acidulée,  '^^’une  sa-  Il 
veur  parfumée,  exquise.  f 

Cette  délicieuse  Poire,  qui  semble  avoir  4 
hérité  de  ses  parents  toutes  leurs  qualités,  | , 
mûrit  de  décembre  à janvier  ; aussi,  si,  au  ^ i 
point  de  vue  scientifique,  elle  doit  entrer  ■ 
dans  les  écoles  de  botanique,  elle  ne  devra  u.  I 
manquer  dans  aucun  jardin  d’amateur  de  < 
bons  fruits.  E.-A.  Carrière.  ] 


s,  cloître  Saint-Etienne,  4. 


1 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  d’octobre) 

Congrès  international  des  rosiéristes,  à Lyon  : Exposition  de  Roses;  procès-verbal  des  opérations  du  jury; 
classement  des  collections  de  Roses  coupées;  les  cinq  nouveautés  de  semis  récompensées. École  pré- 

paratoire à l’agriculture,  à l’institution  Sainte-Barbe.  — Le  phylloxéra;  communication  de  M.  Hiéra.  — 
Mise  en  vente  du  Pêcher  à feuilles  pourpres  et  du  Wellinglonia  pendula.  — Origine  de  la  Pomme 

de  terre  Early  rose  : communication  de  M.  Guérineau.  — Nécrologie  ; M.  Prudhomme. Culture  des 

Piments  ; lettre  de  M.  Cabos,  jardinier-chef  à la  ferme-école  de  la  Gironde.  — Floraison  du  Caragana 
pendula.  — Floraison  du  Dasglirion  gracilis  à Hyères:  lettre  de  M.  Nardy.  — La  Fraise  Brovm’s 
Wonder  : extrait  du  Bulletin  d’arboriculture.,  de  floriculture  et  de  plantes  po/apéres.— Observations 
sur  le  Curmeria  picturata  et  le  Cochliostema  odoratissimum  : lettre  de  M.  Ed.  André. 


A l’occasion  du  Congrès  international 
des  rosiéristes,  à Lyon,  il  y a eu  dans 
cette  ville,  en  1873,  une  Exposition  par- 
ticulière de  Roses,  qui  a attiré  de  différents 
points  de  l’Europe  des  hommes  aussi  re- 
marquables par  leur  position  et  leur  honora- 
bilité que  par  leurs  connaissances  spéciales. 
Cette  idée,  partie  du  Cercle  horticole 
lyonnais,  pouvant  être  le  point  de  départ 
d’une  institution  horticole  très -importante 
par  suite  des  relations  internationales  qui 
peuvent  en  résulter,  nous  croyons  qu’il  con- 
vient d’en  consigner  l’origine  dans  les  an- 
nales scientifiques  de  l’horticulture,  ce  qui 
nous  engage  à publier  le  procès-verbal  of- 
ficiel de  cette  exposition.  Le  voici  : 

Procès-verbal  des  opérations  du  jury  à V Expo- 
sition des  Roses,  tenue  à Lyon  du  20  au  23 
juin  i873. 

Convoqué  pour  trois  heures,  le  19  juin,  le  jury 
se  réunissait  dans  un  salon  de  l’exposition,  au 
parc  de  la  Têle-d’Or. 

Etaient  présents  : 

MM.  Chrétien  (Jules),  de  Lyon  ; — Collet  (Do- 
minique), de  Lyon;  — Jamain  (Hippolyte),  de 
Paris  ; — Paul  (Georges),  de  Cheshunt  ; — Ri- 
vière (Auguste),  de  Paris;  — Soupert,  de  Luxem- 
bourg; — Verdier  (Eugène),  de  Paris;  — Verdier 
(Charles),  de  Paris. 

Le  jury  se  constitua  en  choisissant  M.  A.  Rivière 
pour  son  président,  et  M.  Charles  Verdier  pour 
son  secrétaire  rapporteur  ; puis  il  se  disposa  à 
entrer  en  fonctions.  C’est  alors  que  la  commission 
lui  fit  remarquer  que  plusieurs  exposants  n’avaient 
pas  encore  installé  leurs  produits,  que  quelques- 
uns  même  n’étaient  pas  arrivés  encore,  et  que 
dans  ces  conditions  l’examen  des  jurés  devait 
être  renvoyé  au  lendemain. 

Ceux-ci  durent  exprimer  leur  regret  de  ces 
fâcheuses  circonstances;  ils  signalèrent  combien 
ce  retard  allait  être  préjudiciable  aux  exposants 
qui  s’étaient  religieusement  conformés  au  pro- 
gramme, et  dont  les  Roses  défraîchies  allaient 
avoir  à subir  le  lendemain  une  comparaison  dé- 
favorable avec  des  fleurs  arrivant  toutes  fraîches 
des  jardins  de  concurrents  qui  ne  se  trouvaient 

16  OCTOBRE  1873. 


plus,  comme  eux,  dans  les  conditions  du  pro- 
gramme. 

Ils  firent  remarquer,  en  outre,  que  ces  irré- 
gularités rendaient  leur  tâche  fort  délicate;  ils 
durent  néanmois  céder  devant  la  force  des 
choses  : la  réunion  fut  ajournée  au  lendemain. 

Le  lendemain,  à midi,  les  membres  du  jury 
étaient  exacts  au  rendez-vous  ; introduits  dans  le 
local  de  l’exposition,  ils  se  trouvèrent  en  présence 
de  dix  collections  de  Roses  coupées,  présentées 
par  autant  d’exposants.  Cette  exposition,  due  à 
l’initiative  de  quelques  amateurs  et  Rosiéristes 
lyonnais,  était  complètement  en  dehors  du  pa- 
tronage des  Sociétés  d’horticulture  ; c’était  une 
exhibition  toute  désintéressée  et  sans  promesses 
de  récompenses;  le  jury  n’avait  donc  pour  devoir 
que  de  classer  par  ordre  de  mérite  les  collec- 
tions qui  lui  étaient  présentées  ; c’est  ce  qu’il 
se  borna  à faire.  A chaque  lot  qui  était  sans 
nom  de  producteur  fut  apposé  un  numéro 
d’ordre,  et  les  travaux  commencèrent. 

En  voici  les  résultats  : 

A été  déclarée  mériter  le  premier  rang  la  col- 
lection no  5,  appartenant  à M.  Guillot  fils  ; cette 
collection  était  nombreuse,  les  fleurs  grandes  et 
bien  nourries;  parmi  elles  se  faisaient  parti- 
culièrement remarquer  sa  belle  Rose  JRBe  Marie 
Cointet,  puis  les  hybrides  remontants  Abbé 
Bramerel,  baronne  Louise  Uxl  ull,  la  France, 
ilfiie  Eugénie  Verdier,  le  Provin  pa^iaché.  Belle 
des  jardins,  autant  de  variétés  obtenues  et  mises 
au  commerce  par  l’exposant. 

Venait  ensuite  la  collection  inscrite  sous  le 
no  1,  appartenant  à M.  Joseph  Schwartz,  très- 
remarquable,  nombreuse,  contenant  beaucoup 
de  variétés  nouvelles,  notamment,  l’Ile-Bourbon, 
Reine  Victoria,  les  Hybrides  remontants  Prince 
Stirbey,  Schwartz,  André  Dunant,  tous 

enfants  de  l’exposant.  Ici  le  jury  renouvela  ses 
regrets  de  la  veille;  il  était  clair  pour  lui  que  si 
cette  collection  n’eût  été  exposée  que  le  matin 
même,  comme  la  précédente,  et  non  la  veille,  il 
eût  été  difficile  de  donner  la  préférence  à l’une 
plutôt  qu’à  l’autre. 

Au  troisième  rang  vint  la  collection  exposée 
sous  le  no  4,  appartenant  à M.  Levet.  Celle-ci  se 
faisait  principalement  remarquer  par  la  grande 
variété  de  Roses  appartenant  à la  section  des 
Thés,  parmi  lesquelles  Üfme  D.  Jutté,  M,  Henry 

20. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’üCTÜBRE). 


382 

Benel,  ma  Capucine,  Jules  Margottin,  Per- 
fection de  Monplaisir,  Souvenir  de  Paul  Néron, 
et  parmi  les  hybrides  remontants  Claude  Levet, 
Pierre  Seletzfcy,  et  la  gigantesque  Paul  Néron, 
toutes  variétés  obtenues  de  semis  par  l’exposant. 

En  quatrième  ligne  ex  œquo  les  lots  n»  2 et 
n°  7,  appartenant  à MM.  Duchet  et  Alex.  Ber- 
naix.  Ces  exposants  montraient  de  belles  fleurs, 
larges  et  très-fraiches,  mais  les  variétés  nou- 
velles n’y  étaient  représentées  que  faiblement. 

Même  observation  fut  faite  pour  les  lots  n°  6 
et  n°  9,  exposés  par  MM.  llambaud  et  Liabaud, 
qui  furent  placés  ex  œquo  au  cinquième  rang.  Le 
jury  a surtout  remarqué  et  signalé  aux  amateurs 
le  iXosier  Polyantha  à fleurs  doubles,  Xrès-vemâr- 
quable  espèce  grimpante  dont  M.  Bambaud  avait 
présenté  une  pyramide  splendide. 

Puis  arrivait  la  collection  exposée  sous  le  no  3, 
appartenant  à M.  Kenaud-Guépet,  de  Châlons- 
sur-Saône.  Celle-ci  encore,  arrivée  la  veille,  au 
moment  réglementaire,  après  un  assez  long 
voyage,  se  trouvait  donc  forcément  dans  des  con- 
ditions défavorables,  et  elle  eût  fort  probablement 
été  classée  à un  rang  plus  élevé,  si  la  fraîcheur 
de  ses  Roses  n’avait  eu  beaucoup  à souffrir  de 
ces  circonstances  défavorables. 

Un  autre  lot  figurait  encore  à l’exposition, 
celui  de  M.  Lacharme;  par  sa  composition  par- 
ticulière, c’est-à-dire  d’un  petit  nombre  de  va- 
riétés, mais  chacune  d’elles  représentée  par 
groupes  compacts,  ce  lot  était  hors  concours', 
mais  le  jury  est  heureux  d’adresser  ici  ses  félici- 
tations à M.  Lacharme,  pour  la  beauté  de  ces 
Roses  exposées  qui,  en  grande  partie,  sont  des 
variétés  obtenues  par  lui  ; nous  citerons  en  pre- 
mière ligne  sa  belle  Rose  Lacharme,  re- 
présentée par  plus  de  cinquante  beaux  exem- 
plaires, et  que  nous  croyons  être  une  Rose 
appelée  à un  grand  succès. 

Venaient  ensuite  les  Hybrides  remontants  : 
Président  Thiers,  Lyonnais,  Louis  Van  Houtte, 
Charles  Lefebvre,  Victor  Verdier,  ainsi  que  sa 
série  d’hybrides  de  Noisettes  remontants  à fleurs 
blanches.  Baronne  de  Meynard,  Boule  de  Neige, 
Afme  Alfred  de  Rougemont,  etc.,  etc. 

Les  Roses  de  semis  devaient  tout  naturelle- 
ment attirer  l’attention  particulière  du  jury;  dans 
une  région  qui  a mis  au  commerce  des  variétés 
si  recommandables,  le  nombre  de  celles  soumises 
à son  jugement  était  considérable;  il  a posé  tout 
d’abord,  pour  condition  première,  que  toutes  les 
variétés  récompensées  devraient  être  nommées 
séance  tenante,  et  que  les  obtenteurs  les  li- 
vreraient au  commerce  l’automne  prochain.  Puis 
dans  le  nombre,  il  a distingué  particulièrement 
les  cinq  dont  les  noms  et  descriptions  suivent  et 
qui  lui  ont  paru  mériter  d’entrer  dans  les  collec- 
tions ; ce  sont  : 

Hybrides  remontants.  — Af^e  Marie  Finger 
(semis  Rambaud.)  Arbuste  vigoureux  à rameaux 
droits  glabres,  parsemés  de  quelques  aiguil- 
lons légèrement  arqués  et  rougeâtres  ; feuilles 
à cinq  folioles  luisantes,  vertes  en  dessus,  blan- 
châtres en  dessous,  dentées  sur  les  bords; 


pétioles  armés  de  petits  aiguillons;  stipules 
moyennes  ; pédoncules  droits,  longs  de  4 à 
5 centimètres,  glanduleux  ; ovaires  glabres  à di- 
visions caliciiiales  de2  à 3 centimètres,  foliacées. 
Fleurs  grandes,  forme  globuleuse,  rose  carné  vif, 
centre  plus  foncé.  (Issue  du  Rosier  Victor  j 
Verdier.) 

Capitaine  Christy  (semis  Lacharme).  Arbuste  ; 
vigoureux  à rameaux  droits,  raides,  glabres,  lé-  | 
gèrement  violacés,  armés  de  quelques  aiguillons;  | 
feuilles  composées  de  cinq  folioles  acuminées,  j 
vertes  à la  face  supérieure,  blanchâtres  en  | 

dessous,  dentées  ; pétioles  armés  de  quelques  ai- 
guillons, stipules  courtes  ; pédoncules  raides,  j 

glanduleux  ; ovaires  glabres  ; divisions  calici-  ; 
nales  très-longues,  foliacées.  Fleurs  grandes, 
pleines,  carné  très-tendre,  à centre  plus  vif.  . 

Prince  Paul  Demidoff  (semis  Guillot  fils).  ■ 
Arbuste  très-vigoureux,  à rameaux  droits  forte-  t 
ment  armés  d’aiguillons  généralement  courts,  | 
droits  et  rouges  ; feuilles  grandes,  de  3 à 5 folioles;  i 
pétioles  flexueux  armés  d’aiguillons;  folioles  ? 

grandes,  ovaliformes,  dentées,  glabres  ; pédon-  | 
cules  de  3 à4  centimètres,  glanduleux;  ovaires  j 
glabres,  à sépales  très-longs,  foliacées.  Fleurs 
grandes,  globuleuses,  rose  carminé  clair.  (Issue  ; 
du  Rosier  Jules  Margotlin.) 

Thés.  — Shirley  Stilbet  (semis  Levet).  Arbuste 
assez  vigoureux,  rameaux  grêles,  rougeâtres,  , 

flexueux  ; aiguillons  courts,  à large  empâtement,  | 
légèrement  arqués  et  rouges  ; feuilles  de  5 à 7 
folioles,  petites,  légèrement  acuminées,  glabres 
sur  les  deux  faces,  légèrement  dentées  ; pétioles  | 
armés  de  quelques  rares  aiguillons  ; pédoncules 
longs  de  3 à 5 centimètres,  légèrement  glandu- 
leux, accompagnés  de  bractées;  ovaires  de 
moyenne  grosseur  presque  globuleux,  glabres,  à 
divisions  calicinales  courtes.  Fleurs  de  moyenne 
grandeur,  jaune  nankin  chamoisé,  coloris  nou- 
veau. 

Marie  Guillot  (semis  Guillot  fils).  Arbuste  vi- 
goureux, à rameaux  droits  de  moyenne  grosseur, 
raides,  légèrement  rougeâtres,  armés  d’aiguillons 
presque  droits,  rougeâtres  ; feuilles  de  3 à 7 fo- 
lioles, légèrement  arrondies,  acuminées,  gla- 
bres ; pétioles  armés  d’aiguillons  ; pédoncules  de 
4 à 5 centimètres,  glabres  ; ovaires  urcéolés  ; di- 
visions calicinales  courtes.  Fleurs  grandes,  très- 
pleines,  blanches,  à reflets  très-légèrement  jau- 
nâtres. 

Telles  sont  les  cinq  remarquables  Roses  dont 
la  région  lyonnaise  vient  d’enrichir  l’horticulture; 
d’autres  assurément,  dans  cette  exposition,  nous 
ont  paru  avoir  quelque  mérite,  et  notre  juge- 
ment aura  peut-être  semblé  sévère  ; mais  en 
présence  de  collections  déjà  si  riches,  nous  avons 
cru,  en  usant  d’une  sage  réserve,  rendre  à tous 
ceux  qu’intéressent  les  Roses  un  véritable 
service. 

Telle  a été  la  mission  du  jury,  heureux  d’avoir 
été  associé  à une  initiative  privée  qui,  comme 
toutes  celles  qui  sont  suivies  d’une  manière 
sérieuse,  contribue  au  progrès  de  l’horticul- 
ture et  à l’accroissement  du  commerce  horticole. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


Ont  signé  : H.  Jamain,  Eug.  Verdier  fils, 
Ch.  Verdier  fils,  A.  Rivière. 

— Tel  est  l’enchaînement  général  des 
choses,  qu’à  mesure  que  l’on  avance  on  re- 
connaît de  plus  en  plus  que  non  seulement 
toutes  les  sciences  sont  utiles,  mais  qu’elles 
se  prêtent  un  mutuel  concours  par  suite  de 
leur  étroite  liaison,  qui  démontre  même 
l’impossibilité  qu’il  y a de  fixer  une  li- 
mite absolue  de  démarcation  entre  cha- 
cune d’elles.  Néanmoins,  on  est  bien  obligé 
de  reconnaître  qu’elles  n’ont  pas  toutes 
la  même  importance,  et  que  parmi  il  en 
est  qui  sont  d’un  usage  beaucoup  plus 
général,  qui  semblent  même  la  véritable 
voie  pour  arriver  aux  autres;  telles  sont  les 
sciences  de  l’histoire  naturelle  qui  forment 
la  base  de  l’agriculture,  cette  autre  science, 
sans  contredit  la  plus  utile  de  toutes, 
puisque  c’est  elle  qui  failles  sociétés.  L’agri- 
culture, on  peut  le  dire,  est  la  mère  de 
l’humanité.  Aussi  voit-on  ces  sciences  s’é- 
tendre constamment  et  prendre  une  place  de 
plus  en  plus  large  dans  l’enseignement. 
C’est  ce  qui  ressort  d’un  programme  que 
nous  avons  sous  les  yeux  et  que  nous  allons 
reproduire.  C’est  celui  du  collège  Sainte- 
Barbe,  à Paris,  pour  l’année  scolaire  1873- 
1874,  et  qui  se  rattache  à l’agriculture  : 

Programme  des  études.  — L’école  prépara- 
toire à l’agriculture  comprend  deux  années 
d’études. 

Les  matières  des  cours  sont  les  suivantes  : 
lo  botanique  et  physiologie  végétale;  2»  zoolo- 
gie et  zootechnie  ; 3»  chimie  agricole  ; 4»  phy- 
sique et  météorologie;  5»  géologie  et  minéralo- 
gie; 6°  géométrie  appliquée,  arpentage  et  nivel- 
lement; 7o  travaux  hydrauliques,  mécanique 
agricole  et  constructions  rurales  ; 8°  législation 
agricole  et  notions  d’économie  politique  ; 9°  cul- 
ture, économie  rurale  et  statistique  agricole  ; 
IQo  dessin  géométrique  et  d’imitation;  Ho  lan- 
gues vivantes. 

Il  y aura  en  outre,  sous  la  conduite  des  pro- 
fesseurs, des  exercices  pratiques,  manipulations, 
observations,  visites  au  Muséum,  au  jardin  d’ac- 
climatation, au  marché  de  la  Villette,  levers  de 
plans,  etc. 

Des  rédactions,  compositions  écrites  et  inter- 
I rogations  fréquentes,  permettront  de  suivre  les 
progrès  des  élèves  et  de  les  classer  suivant  leur 
mérite. 

Liste  des  iirofesseurs.  — MM.  Prillieux,  doc- 
teur ès-sciences,  botanique  générale;  Cornu, 
docteur  ès-sciences,  répétiteur  à la  Faculté  des 
sciences  de  Paris,  botanique  appliquée  ; Bouley, 
membre  de  l’Institut,  inspecteur  général  des 
écoles  vétérinaires,  zootechnie  ; Ménard  Saint- 
[ Yves,  sous-directeur  du  Jardin  d’acclimation, 
l|  zootechnie  (2e  partie);  Focillon,  directeur  de 


383 

l’école  municipale  Colbert,  zoologie  ; Gustave 
Heuzé,  adjoint  à l’inspection  générale  de  l’agri- 
culture, culture  ; Lecouteux,  rédacteur  en  chef 
du  Journal  d' Agriculture  pratique^  secrétaire 
général  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France, 
économie  rurale  ; Ilervé-Mangon,  membre  de 
l’Institut,  professeur  au  Conservatoire  des  arts 
et  métiers,  climatologie;  G.  Lemoine,  répétiteur 
à l’Ecole  polytechnique,  chimie  générale  ; Garieî, 
professeur  agrégé  à la  Faculté  de  médecine,  phy- 
sique ; Delesse’  ingénieur  en  chef,  professeur  à 
l’Ecole  des  mines,  géologie  ; Durand-Claye  (Léon), 
professeur  à l’Ecole  des  ponts  et  chaussées,  chi- 
mie appliquée  et  génie  rural;  Pillet,  ancien 
élève  de  l’Ecole  polytechnique,  professeur  à 
l’école  municipale  Turgol,  sciences  pures  et 
dessin  géométrique;  Durand-Claye  (Alfred),  in- 
génieur des  ponts  et  chaussées,  mécanique,  ar- 
pentage et  nivellement  ; Demongeot,  maître  des 
requêtes  au  conseil  d’Etat,  législation  et  écono- 
mie politique. 

— Dans  une  lettre  qu’il  vient  de  nous 
adresser,  à propos  du  phylloxéra,  M.  Jules 
Hiéra,  propriétaire  à Gadagne  (Vaucluse), 
s’élève  à des  considérations  philosophi- 
ques d’après  lesquelles,  en  examinant 
l’harmonie  de  la  nature  et  l’enchaînemeiü 
des  faits,  ce  savant  observateur  conclut  que 
le  mode  de  culture  adopté  depuis  un  cer- 
tain nombre  d’années  pourrait  bien  entrer 
pour  une  large  part  dans  la  cause  qui  a dé- 
terminé l’apparition  du  phylloxéra  ou  qui, 
du  moins,  contribue  à sa  rapide  extension. 
Après  avoir  démontré  que  tous  les  travaux 
des  commissions  officielles  avaient  été  sans 
résultats,  passé  en  revue  les  moyens  pro- 
posés et  fait  ressortir  leur  inefficacité, 
M.  Hiera  ajoute  : 

...  Mais  en  admettant  même  comme  efficaces 
les  procédés  qui  ne  nous  sont  encore  que  timi- 
dement proposés  comme  essais  par  M.  Gaston 
Bazile  (1),  la  solution  du  problème  posé  à la 
science  n’aurait  pas  beaucoup  avancé  au  point 
de  vue  pratique  pour  la  destruction  du  phyl- 
loxéra, car  tous  ces  procédés  sont  plus  ou  moins 
irréalisables  sur  une  grande  exploitation.  La 
submersion  même,  dont  M.  Gaston  Bazile  attend 
de  si  heureux  résultats  et  pour  laquelle  il  a une 
préférence  bien  marquée,  est,  à vrai  dire,  de 
tous  les  procédés  recommandés,  le  moins  réali- 
sable et  le  plus  inconsidéré Il  est  grand 

temps  de  sortir  de  la  voie  malheureuse  où  l’on 
nous  a engagés  et  d’en  revenir  à la  foi  pratique 
et  scientifique  en  rapport  avec  les  nouvelles  con- 
ditions climatériques  de  nos  contrées  et  l’in- 
fluence des  milieux  auxquels  tout  obéit...  Deman- 
dons-nous d’abord  quelle  est  la  cause  de  la 
mortalité  de  la  Vigne.  La  culture  à basse  tige 
adoptée  dans  nos  pays  épuise  le  cep  et  affaiblit 
le  système  radiculaire 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  353. 


384  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


Arès  avoir  fait  ressortir  que  le  mal  est 
toujours  plus  grand  au  centre  des  Vignes 
que  sur  les  bords,  là  où  l’air  circule  plus 
librement,  M.  J.  Hiéra  ajoute  : 

Dès  lors  le  remède  est  entrevu  : il  faut  aérer 
les  Vignes,  élever  les  ceps  et  les  espacer  davan- 
tage ; il  nous  faut  revenir  à la  pratique  des  an- 
ciens, adopter  la  culture  de  la  Vigne  à haute  tige 
ou  en  hautains  ; il  nous  faut  aussi,  comme  eux, 
déchausser  en  septembre  à l’époque  de  l’éclosion 
des  œufs,  et  rendre  ainsi  impossible  au  phylloxéra 
l’attaque  du  cep.  Les  pieds  étant  moins  nom- 
breux, l’opération  sera  plus  facile  et  moins  coû- 
teuse  

— Deux  intéressantes  nouveautés,  le 
Pêcher  à feuilles  pourpres  et  le  Welling- 
tonia  pendula,  dont  nous  avons  déjà  parlé 
dans  ce  journal,  seront  mises  au  commerce 
à partir  du  novembre  prochain,  par  leur 
propriétaire,  notre  confrère,  M.  Paillet, 
horticulteur  à Chatenay-lès-Sceaux  (Seine). 
Ce  sont  deux  plantes  de  haut  mérite  — le  Pê- 
cher surtout  — et  auxquelles  on  peut  pré- 
dire un  brillant  avenir.  Malgré  sa  grande 
vigueur,  ce  Pêcher  conserve  toute  l’année  la 
couleur  pourpre  très-foncée  de  ses  feuilles. 

— Nous  avons  reçu  d’un  de  nos  abonnés 
à la  Revue  horticole,  de  M.  Guérineau 
(Louis),  jardinier  au  jardin  botanique  de 
Cambridge  (Massachussets,  Etats-Unis  d’A- 
mérique), une  lettre  dans  laquelle  notre 
confrère  nous  donne  quelques  détails  très- 
intéressants  sur  l’origine  de  la  Pomme  de 
terre  Early-rose,  sur  laquelle  M.  Ravenel, 
dans  le  numéro  du  46  janvier  dernier,  ap- 
pelait l’attention  des  lecteurs.  Voici  ce  pas- 
sage : 

Je  viens  de  lire  dans  le  numéro  du 

16  janvier  dernier  de  la  Revue  horticole  un  ar- 
ticle relatif  à la  Pomme  de  terre  Early  rose, 
dans  lequel  il  est  dit  que  cette  variété  provient 
de  la  presqu’île  de  Alaska  (Amérique  russe). 
Comme  il  y a là  une  erreur  et  qu’il  est  de  toute 
justice  de  rendre  à César  ce  qui  appartient  à 
César,  je  crois  utile  de  vous  donner  sur  l’origine 
de  celte  Pomme  de  terre  quelques  renseigne- 
ments qui  rétablissent  la  vérité. 

La  Pomme  de  terre  Early  rose  a été  obtenue 
dans  les  Etats-Unis,  en  1861,  par  M.  Albert 
Bressee,  de  Hortonville  (Etat  de  Vermont),  d’un 
semis  de  la  variété  cultivée  dans  ces  régions 
sur  une  vaste  échelle,  sous  le  nom  de  « Carnet 
Chili.  » Les  nombreuses  qualités  que  lui  recon- 
naît M.  Ravenel  sont,  permettez-moi  de  le  dire, 
bien  loin  de  les  faire  connaître  toutes  ; aussi  se 
vendait-elle  encore,  en  1869,  40  livres  sterling 
(1,000  francs)  le  baril  de  165  livres,  et  depuis, 
elle  est  à peu  près  encore  la  seule  des  Pommes 
de  terre  que  l’on  cultive  dans  nos  régions. 


Les  Géorgiens  peuvent  aisément  en  faire  deux  ' 
récoltes  par  an,  ce  qui  leur  procure  d’avoir 
toute  l’année  ce  qu’ils  ne  peuvent  obtenir  avec  les 
autres  variétés  — en  petit  nombre  d’ailleurs  — 
qu’ils  cultivent.  i 

M.  Bressee  est  un  semeur  de  Pommes  de  terre 
comme  il  y en  a peu.  C’est  à lui  qu’on  doit  l’ob- 
tention de  nos  meilleures  variétés,  et  il  a tout 
particulièrement  rendu  un  véritable  service  à 
l’humanité  par  la  découverte  et  la  propagation 
de  celle  qui  est  désignée  sous  le  nom  de  « Early 
rose,  » dont  les  qualités  dépassent  celles  des 
Pommes  de  terre  généralement  cultivées  dans 
le  Massachussets  et  dans  les  Etats  voisins. 

— Une  nouvelle  perte  vient  de  frapper 
l’horticulture  dans  la  personne  de  M.  Char- 
les-Evariste  Prudhomme,  imprimeur  et  édi- 
teur du  journal  le  Sud-Est,  qui  est  mort 
à Grenoble  le  28  septembre  1873,  dans  sa 
75®  année.  Ce  n’est  pas  seulement  l’horti- 
culture qui  est  frappée  ; ce  sont  les  sciences 
en  général,  car  M.  Prudhomme  les  aimait 
toutes  ; et  si  l’on  tenait  compte  des  goûts,  l’on 
pourrait  dire  que  chez  lui  l’imprimerie 
n’était  que  secondaire.  C’est  ce  que,  au  be- 
soin, pourrait  démontrer  son  journal,  qui, 
en  très-grande  partie  fait  et  rédigé  par  lui, 
était  un  recueil  des  plus  complets  où  toutes  les  i 
sciences  d’histoire  naturelle,  d’agriculture,  : 
d’horticulture  et  d’économie  domestique  trou- 
vaient toujours  un  bienveillant  accueil.  Les  : 
connaissances  aussi  nombreuses  que  variées 
qu’il  avait  acquises  lui  permettaient  aussi  de 
traiter  des  questions  qui  semblaient  devoir  | 
lui  être  étrangères,  dans  lesquelles  néan- 
moins on  rencontrait,  avec  un  profond  sa- 
voir, une  manière  de  présenter  les  choses  et  , 
d’enlever  à certaines  cet  entourage  scolasti- 
que qui  les  rend  arides  et  désagréables  et 
qui,  au  contraire,  leur  donne  un  certain  ' 
attrait  qui  les  fait  rechercher.  i 

— A la  date  du  7 septembre,  on  nous  I < 
adressait  de  Machare,  près  Bordeaux,  la  ' 
lettre  suivante,  sur  laquelle  nous  appelons  | j 
tout  particulièrement  l’attention  de  nos  lec-  | 
leurs  : | j 

Monsieur  le  rédacteur,  li 

Après  des  chaleurs  tropicales  survenues  vers  i | 
le  milieu  du  mois  d’août,  la  température  I 
s’est  considérablement  abaissée  depuis  le  18,  j ' 
après  une  pluie  d’orage  qui  est  tombée  avec  | 
grande  abondance;  les  nuits  sont  très-fraîches,  I 
et  nous  commençons  à craindre  pour  la  bonne  ^ 
maturité  du  Raisin,  car  elle  se  fait  avec  une  len- 
teur  désespérante. 

Le  thermomètre , qui  descend  toutes  les 
nuits  au-dessous  de.  10  degrés,  nous  prévient  J 
qu’il  va  falloir  songer  à rempoter  les  plantes,  I f*' 


385 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


qui  ont  été  mises  en  pleine  terre  au  printemps, 
et  qui  ne  pourraient  résister  à nos  hivers  , afin 
qu’elles  aient  le  temps  de  reprendre  en  pots 
avant  leur  rentrée  en  orangerie. 

Ceci  me  rappelle  une  opération  que  nous 
fîmes  l’année  dernière,  et  de  laquelle  nous  nous 
trouvâmes  très-satisfaits  ; aussi  nous  proposons- 
nous  de  recommencer  plus  en  grand.  Voici  de 
quoi  je  veux  parler. 

Nous  trouvant  dans  de  très-mauvaises  condi- 
tions pour  faire  nos  semis  et  plantations  au 
printemps,  car  notre  terre  étant  très-argileuse 
et  humide,  nous  ne  pouvons  planter  quoi  que  ce 
soit  avant  le  15  mai,  époque  à laquelle  les  ma- 
raîchers de  Bordeaux  ont  déjà  toutes  sortes  de 
légumes,  l’année  dernière  il  arriva  que  nos  Pi- 
ments, plantés  à cette  époque,  ne  mûrirent  que 
très-imparfaitement  leurs  fruits,  surtout  la  va- 
riété gros-doux  que  nous  avions  reçue  d’Espagne, 
dont  les  fruits  étaient  encore  tous  verts  au 
15  septembre.  Comme  les  fruits  en  étaient  très- 
beaux,  nous  tenions  à en  avoir  de  la  graine  ; 
aussi,  voyant  les  gelées  arriver  à grands  pas, 
nous  prîmes  la  résolution  de  relever  nos  Piments 
de  la  pleine  terre  et  de  les  rempoter  dans  des 
vases  assez  grands  pour  pouvoir  faire  entrer  une 
assez  forte  motte;  nous  arrosâmes  souvent,  et 
nous  laissâmes  nos  pots  contenant  les  Piments 
dans  le  potager,  à l’ombre,  jusqu’à  l’arrivée  des 
froids;  après  quoi  nous  les  portâmes  dans  une 
mauvaise  orangerie,  où  ils  mûrirent  très-bien 
leurs  fruits,  et  nous  pûmes  alors  recueillir  de 
la  graine  en  assez  grande  quantité  pour  ne  plus 
U craindre  de  perdre  cette  variété. 

Après  que  les  fruits  furent  mûrs,  les  feuilles 
il  ne  tardèrent  pas  à tomber;  alors  nous  cessâmes 
I complètement  les  arrosements,  et  ce  n’est  que 
I vers  le  mois  de  mars  que  nous  recommençâmes 

I à les  arroser,  d’abord  avec  modération,  puis  da- 
! ; vantage  à mesure  que  les  beaux  jours  arrivaient. 

II  Gomme  nous  l’avions  espéré,  la  végétation  ne 

|!  tarda  pas  à se  manifester;  toutes  les  branches, 

[I  qui  étaient  dénudées,  se  couvrirent  de  petits 

||  bourgeons  couverts  de  feuilles  et  de  fleurs.  Vers 

■ i le  15  mai  nous  les  remîmes  en  pleine  terre,  et 

Il  les  traitâmes  pour  les  soins  de  plantation  et  de 

culture  absolument  comme  s’il  se  fût  agi  de  jeu- 
nes plants  de  semis.  A l’heure  où  j’écris  (7  sep- 
tembre), nos  Piments  d’Espagne  sont  couverts  de 
: ! fruits  parfaitement  mûrs,  d’où  je  conclus  qu’il 
. serait  facile  d’obtenir  ce  légume  assez  à bonne 
heure  même  dans  les  terres  les  plus  froides,  en 
le  semant  en  juin  ou  juillet  dans  des  pots  assez 
'•  grands,  dans  lesquels  on  leur  laisserait  passer 
' ^ l’hiver,  pour  les  mettre  en  pleine  terre  au  prin- 
temps, lorsque  les  terres  seraient  suffisamment 
I ressuyées. 

i Quoiqu’on  ne  fasse  pas  une  très-grande  con- 
î sommation  de  ce  légume,  il  faut  toujours  en 
’ avoir  un  peu  dans  toutes  les  maisons  bourgeoi- 

^ ; ses,  où,  en  général,  on  en  fait  très-grand  cas. 

Je  ne  serais  pas  étonné  que  l’Aubergine  vio- 
1 lette,  qui  est  aussi  très-difficile  à la  reprise  en 

\ , pleine  terre,  se  trouvât  également  bien  de  cette 


culture.  Nous  nous  proposons  d’en  faire  l’es- 
sai cette  année,  ainsi  que  celui  des  Piments,  en 
semant  les  graines  dans  les  derniers  jours  du 
mois  d’août. 

Si  vous  croyez.  Monsieur  Carrière,  que  ces 
renseignements  puissent  intéresser  quelques-uns 
de  vos  lecteurs,  je  vous  autorise  à les  publier 
dans  la  Revue  horticole. 

Agréez,  etc.  J.-V.  Cabos, 

Jardinier-chef  à la  ferme-école  de  la  Gironde. 

C’est  avec  empressement  que  nous  pu- 
blions cette  intéressante  lettre,  dont  nous  re- 
mercions l’auteur.  Nous  ne  doutons  pas  que 
beaucoup  de  nos  lecteurs  mettront  à profit 
les  procédés  de  culture  qu’elle  contient,  et 
nous  ne  serions  pas  étonné  qu’à  l’aide  de 
ces  procédés  on  puisse  cultiver,  même  dans 
des  pays  très-froids,  certains  légumes  qu’on 
ne  peut  se  procurer  que  dans  ceux  où  les 
chaleurs  sont  suffisamment  fortes  et  pro- 
longées. 

— Au  point  de  vue  de  la  floraison,  par 
conséquent  de  la  fructification,  tous  les  vé- 
gétaux ligneux  peuvent  être  partagés  en 
deux  groupes,  l’un  qui  comprend  tous  ceux 
qui  fleurissent  sur  le  bois  de  l’année,  c’est- 
à-dire  sur  les  bourgeons;  tels  sont  les  Teco- 
ma,  Callicarpa,  Buddleia,  etc.  ; l’autre, 
de  beaucoup  plus  nombreux,  comprend  les 
espèces  qui  fleurissent  sur  le  bois  de  l’année 
précédente  ; tels  sont  les  Lilas ^ Lahurnum, 
Veigelia,  Boule  de  Neige,  etc.,  ainsi  que 
toutes  nos  espèces  d’arbres  fruitiers.  Cette 
marche,  à peu  près  générale,  présente 
néanmoins  des  exceptions  rares,  c’est  vrai; 
aussi,  est-ce  précisément  la  raison  qui  doit 
engager  à les  faire  connaître  lorsqu’on  en 
rencontre  ; c’est  celle  aussi  qui  nous  pousse 
à rapporter  l’exemple  suivant,  cela  d’autant 
plus  que  jamais  nous  ne  l’avions  remarqué. 
Il  s’est  produit  sur  un  Caragana  pendula, 
espèce  qui,  comme  toutes  les  autres,  fleurit 
dès  le  premier  printemps.  Voici  : un  fort  pied 
de  Caragana  qui  avait  fleuri  en  mars  dé- 
veloppa en  juillet  plusieurs  bourgeons  vi- 
goureux qui  ne  tardèrent  pas  à se  couvrir  de 
fleurs,  précisément  à l’époque  où  les  fruits 
de  toutes  les  autres  parties  étaient  mûrs  ; 
ce  caractère  exceptionnel  se  maintiendra-t- 
il  pour  ces  rameaux  ? Et  les  graines  qui  en 
proviennent  produiront-elles  une  variété 
bifère?  C’est  ce  que  nous  promettons  de 
faire  connaître  plus  tard. 

— Notre  collègue  et  collaborateur,  M.  Nar- 
dy,  nous  adressait  de  Hyères  (Var)  la  lettre 
suivante  : 


386 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


Cher  Monsieur  Carrière, 

Les  longues  et  si  fortes  chaleurs  de  l’été  que 
nous  traversons  ont  déterminé  ici  la  floraison  de 
beaucoup  de  végétaux  exotiques.  Partout,  sur  le 
coteau  contre  lequel  est  dressée  la  charmante 
ville  de  Hyêres,  on  voit  s’élever  du  centre  de 
leur  imposante  masse  de  gigantesques  inflores- 
cences d’Agaves  américaines  et  de  sa  variété  à 
feuilles  panachées.  De  nombreuses  Agaves 
mexicaines  ont  également  fleuri  et  sont  en 
ce  moment  en  fructification.  Les  graines  de 
ces  diverses  plantes  donneront  probablement  lieu 
à d’intéressantes  variations.  Plusieurs  Dasylirion 
gracilis,  Bonapartea  gracilis  ont  aussi  monté 
à fleurs  ou  montent  encore  dans  nos  envi- 
rons. 

L’établissement  Ch.  Huber  et  C‘«  en  possède 
deux,  dont  un  est  mâle  et  l’autre  femelle,  et  ac- 
tuellement en  fleurs.  Ce  sont  des  végétaux  ad- 
mirables, âgés  d’environ  dix  ans,  qui  ont  été 
mis  en  pleine  terre  en  1856.  Tous  deux  forment 
des  masses  compactes,  bien  qu’élégantes,  sphé- 
riques, hautes  de  D»  30  sur  80  de  diamètre. 
La  tige  florale  du  pied  mâle  s’élève  à 1^20  au- 
dessus  du  feuillage  ; sa  grosseur  est  double  de 
celle  de  la  tige  femelle  ; elle  est,  comme  celle-ci, 
garnie  de  fleurs  dans  toute  sa  longueur  au-des- 
sus du  feuillage.  La  tige  du  pied  femelle  est  plus 
élevée  ; elle  atteint  2m  20  au-dessus  des  feuilles. 
Ces  deux  plantes  produiront-elles  des  graines? 
Je  l’espère,  les  sujets,  qui  sont  de  sexe  différent, 
étant  placés  à 2 mètres  l’un  de  l’autre,  et  de  plus, 
des  fécondations  artificielles  ayant  été  faites 
plusieurs  fois. 

Une  boîte  partant  par  la  poste  vous  porte  du 
pollen  de  Dasylirion  gracilis.  Peut-être  trouverez- 
vous  l’occasion  d’en  disposer  utilement. 

Prochainement,  j’aurai  l’avantage  de  vous  en- 
tretenir d’un  Dracæna  indivisa  lineata  de  nos 
environs,  et  qui  promet  une  intéressante  et 
abondante  fructification.  Nardy  aîné. 

Les  faits  qui  précèdent  intéressent  non 
seulement  l’horticulture,  mais  la  science  tout 
entière,  en  démontrant  la  nature  tout  excep- 
tionnelle de  cette  partie  de  la  France  dans 
laquelle  se  trouve  la  ville  de  Hyères,  si  fa- 
vorable à l’horticulture  par  les  collections 
aussi  nombreuses  que  variées  qu’y  ont 
réunies  MM.  Ch.  Huber  et  C‘®,  dans  leur 
magnifique  établissement,  à la  tête  duquel 
est  placé  notre  confrère  M.  Nardy,  à qui 
nous  devons  la  lettre  qu’on  vient  de  lire,  et 
dont  nous  le  remercions. 

— D’un  article  intitulé  Les  meilleures 
Fraises^  publié  dans  le  n«  8 du  Bulletin 
d'arhorieulture,  de  florieuUure  et  déplan- 
tés potagères,  p.  253,  nous  extrayons,  rela- 
tivement à la  Fraise  Brown’s  Wonder,  que 
nous  ne  connaissons  pas,  quelques  détails 
qui  semblent  indiquer  que  cette  variété  est 


de  premier  mérite,  ce  qui  nous  engage  à les 
reproduire. 

Brown's  Wonder.  — Fruit  assez  gros,  de 
forme  ovale,  quelquefois  allongée,  ainsi  que  le 
montre  la  figure,  à graines  saillantes.  La  chair 
est  blanc  de  crème,  ferme,  pleine,  juteuse,  sucrée 
et  parfumée. 

Le  mérite  transcendant  de  cette  variété  con- 
siste dans  une  fertilité  extraordinaire.  Le  jour  où 
elle  sera  cultivée  en  grand,  la  Fraise  pourra  fi- 
gurer partout  sur  les  tables  les  plus  modestes. 
Voici  les  renseignements  que  M.  Dallière  com- 
muniqua à ce  sujet  en  séance  du  Cercle,  le  6 juin 
dernier,  en  même  temps  que  quelques  spécimens 
du  fruit  : 

« ...  J’ai  compté  les  fruits  d’une  plante  ce 
matin,  et  j’en  ai  trouvé  423,  bien  que  depuis  huit 
jours  on  en  cueille  les  plus  mûrs.  Sur  une  su- 
perficie de  7 mètres  carrés,  il  y a 21,150  Fraises. 

« Ce  que  je  vous  dis  est  de  parfaite  exacti- 
tude. i> 

— Au  sujet  d’un  article  publié  par  notre 
collaborateur,  M.  Madelain  fils,  dans  la 
Revue  hortieole  1873,  notre  confrère  M.  Ed. 
André  nous  adresse  la  lettre  suivante  : 

La  Croix-Bléré  (Indre-et-Loire),  17  septembre. 

Mon  cher  Monsieur  Carrière, 

Je  lis  dans  la  Berne  horticole  (n°  du  16  sep- 
tembre 1873,  p.  350)  un  article  de  M.  Madelain  fils, 
qui  contient  quelques  légères  erreurs  qu’il  me 
permettra  de  rectifier  dans  l’intérêt  de  la  vérité. 

En  parlant  du  Curmeria  picturata,  M.  Made- 
lain attribue  la  paternité  de  l’espèce  à M.  Linden 
seul,  tandis  qu’il  faut  lire  C.  picturata,  Linden 
et  André.  Le  nom  de  Homalonema  (et  non  Hæ- 
malonæma)  marantoides  ne  doit  pas  être  donné 
comme  synonyme.  Il  n’a  jamais  été  publié,  et 
nous  ne  l’avions  proposé  qu’avant  la  floraison  de 
la  plante,  qui  constitue  un  genre  distinct.  C’est 
moi  qui  ai  fondé  ce  genre  (voir  Illustration  hor- 
ticole, 1873,  p.  45),  et  qui  l’ai  dédié  à mon  ami 
L.  Curmer,  éditeur  de  plusieurs  ouvrages  sur 
l’histoire  naturelle.  Ses  caractères  descriptifs 
n’ayant  été  publiés  qu’en  latin,  voudriez-vous 
avoir  l’obligeance  de  les  donner  ainsi  traduits, 
la  plante  étant  de  premier  ordre  et  méritant 
d’être  connue  en  détail  de  tous  les  amateurs  : 

Curmeria,  André,  yen.  nov.  — Spathe  ventrue, 
demi-close  à la  base  et  atténuée  en  un  court 
pédoncule,  étranglée  au  milieu,  ouverte,  cucullée 
aiguë  mucronée  au  sommet,  obliqueusement 
adnée  au  spadice  à la  base.  Spadice  inclus  égal 
à la  spathe  androgyne  interrompue,  mâle  à la 
partie  supérieure,  subtrigone  inférieurement  et 
gibbeux,  brièvement  pédiculé,  contracté  au  milieu, 
conique  au  sommet  ; organes  générateurs  rudi- 
mentaires absents,  de  même  que  l’appendice 
stérile  que  l’on  trouve  dans  d’autres  genres; 
étamines  sessiles  irrégulières  disposées  en  spirale 
dans  la  partie  moyenne  et  supérieure  du  spadice, 
les  supérieures  fertiles  ; anthères  couvertes  latéra- 


387 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE  PRATIQUE  DU  RHÔNE. 


lement  par  le  connectif  pelté;  ovaires  nombreux, 
verticillés  ou  en  spirale  vers  la  base  du  spadice, 
libres,  ovoïdes,  anguleux  par  pression  réciproque 
latérale,  à 4 (rarement  3)  loges,  contractés  au 
sommet  ; stigmate  capité  discoïde,  entier,  papil- 
leux  ; ovules  nombreux,  ovales  oblongs,  attachés 
horizontalement  à l’angle  interne  des  loges. 

Plante  herbacée,  de  la  Nouvelle-Grenade  (ré- 
gions chaudes),  acaule,  à rhizome  vivace  épais, 
à feuilles  elliptiques  cordiformes  peintes  au  mi- 
lieu d’une  large  zone  argentée  ou  pourprée,,  sui- 
vant l’âge  et  la  variété,  couvertes  d’un  tomentum 
long  et  fin,  à pétioles  longuement  invaginés,  à 
pédoncule  court,  à spathe  verte,  glabre,  longue 
de  6 à 7 centimètres,  à suc  un  peu  âcre. 

Le  genre  Curmeria,  qui  se  rapproche  des 
Homalonema  par  plusieurs  caractères,  en  diffère 
largement  par  les  organes  générateurs  rudimen- 
taires faisant  défaut,  un  ovaire  quadriloculaire, 
le  stigmate  discoïde,  le  port  acaule,  une  spathe 
non  aromatique  et  enlin  la  patrie  américaine. 
(Trad.  de  Vlllust.  hort.  1873,  p.  45,  où  se  trou- 
vent d’autres  détails.) 

Ma  seconde  observation  porte  sur  le  qualifi- 
catif du  Cochliostemaj  qu’il  faut  écrire  odoratis- 
simum,  et  non  odoratissima,  la  terminaison  stema 
étant  neutre.  Le  qualificatif  de  l’autre  espèce,  C. 
Jacobiantmij  Linden  et  G.  Koch,  le  montre  d’ail- 
leurs. Il  n’est  pas  exact  non  plus  de  dire  que  le 
C.  odoratissimum  soit  une  nouvelle  variété;  c’est 
une  excellente  espèce,  créée  par  Ch.  Lemaire 
{Illust.  hort.,  VI,  pl.  217),  et  qui  existait  déjà 


sur  le  continent  européen  plusieurs  années  avant 
l’année  de  sa  publication  (1859),  par  conséquent 
antérieure  de  beaucoup  à l’apparition  du  C.  Jaco~ 
bianum.  M.  Madelain  nous  saura  gré  de  ces  rec- 
tifications. Il  est  actuellement  employé  dans 
rétablissement  de  M.  J.  Linden,  à Gand,  et  avec 
le  vif  désir  de  s’instruire  qu’il  témoigne  et  a 
déjà  prouvé,  il  pourra  continuer  ses  utiles  ob- 
servations et  contrôler  l’exactitude  des  observa- 
tions qui  précèdent. 

Agréez,  etc.  Ed.  André. 

Nous  remercions  notre  ami  et  confrère, 
M.  Ed.  André,  de  tous  les  détails  qui  pré- 
cèdent, lesquels,  en  rectifiant  certains  faits, 
servent  à la  fois  les  savants  et  les  horticul- 
teurs, sans  toutefois  rien  enlever  du  mérite 
réel  de  l’intéressant  article  de  notre  colla-' 
borateur,  M.  Madelain  fils,  qui,  nous  aimons 
à le  croire,  nous  continuera  son  excellent 
concours,  ce  dont  aussi  nous  le  remercions 
à l’avance. 

Quant  à l’affirmation  de  notre  confrère, 
M.  Ed.  André,  c(  que  le  Cochliostema  odo- 
ratissimum est  une  bonne  espèce,  » nous 
voulons  bien  le  croire  sur  parole  ; nous  le 
préférons  même  plutôt  que  de  le  mettre  en 
demeure  de  nous  en  fournir  la  preuve. 

E.-A.  Carrière. 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE  PRATIQUE 

DU  RHONE 


L’exposition  d’horticulture  qui  a eu  lieu  a 
Lyon,  les  11,  12, 13  et  14  septembre  1873, 
dans  la  cour  du  Palais  des  Arts,  a de  tous 
points  justifié  mes  prévisions.  Ce  que  je 
pressentais  et  prédisais  l’année  dernière  s’est 
vérifié. 

La  division  survenue  dans  la  Société 
d’horticulture , la  séparation  d’un  assez 
grand  nombre  de  ses  membres,  qui  ont 
fondé  le  Cercle  horticole  lyonnais,  a stimulé 
le  zèle  des  restants,  et  malgré  l’absence  des 
rosiéristes  et  de  la  plupart  des  horticulteurs, 
l’exposition  a été  très-remarquable  ; l’ému- 
lation a fait  son  œuvre,  et  la  rivalité  pacifique 
a remplacé  l’animosité. 

Devons-nous  nous  réjouir  de  cette  situa- 
tion ou  espérer  un  jour  la  fusion  et  l’union 
de  tous  les  membres  de  la  famille  horticole 
du  Rhône?  Les  avis  sont  partagés. 

La  cour  du  Palais  des  Arts  était  bien 
garnie,  autant  qu’aux  années  précédentes  ; 
la  disposition  des  massifs  était  bien  enten- 
due, et  le  tout  offrait  un  aspect  fort  attrayant, 


malgré  le  peu  de  plantes  fleuries  et  surtout 
l’absence  des  Roses. 

M.  Fillion,  comme  toujours,  brillait  au 
premier  rang  et  avait  apporté  différents  lots, 
tous  très-remarquables. 

Sa  collection  de  Fuchsias  est  nombreuse 
et  composée  de  beaux  spécimens  bien  cul- 
tivés. Ses  semis  de  Verveines  sont  ravis- 
sants; chaque  année,  par  une  sélection  intel- 
ligente, il  obtient  les  mêmes  résultats.  Il  en 
est  de  même  de  ses  semis  de  Reine-Mar- 
guerite et  de  ses  Gloxinias.  Sa  collection  de 
Pélargoniums  zonales  défie  toujours  toute 
comparaison,  quoique  comme  horticulteur 
marchand  M.  Roucharlat  aîné  puisse  présen- 
ter les  variétés  nouvelles  un  des  premiers. 

Parmi  ceux  de  M.  Fillion,  l’on  remarquait 
Sœur  Bazile,  à fleurs  simples  d’un  beau 
chamois  flammé  de  blanc,  à gros  bouquets, 
et,  parmi  les  doubles,  le  Triomphe  du 
Nord,  remarquable  par  l’ampleur  de  ses 
fleurs  et  le  brillant  de  son  coloris;  Jewell, 
variété  anglaise,  selon  moi  d’un  très-grand 


388 


EXPOSITION  DE  LA.  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTÜRE  PRATIQUE  DU  RHÔNE. 


mérite,  malgré  la  petitesse  relative  de  ses 
fleurs,  car  elles  sont  en  forme  de  Renoncule 
et  s’ouvrent  très-bien,  et  il  est  à désirer 
que  les  fécondateurs  puissent  s’en  servir 
pour  obtenir  cette  forme  si  désirable  dans 
tous  les  coloris,  car  jusqu’à  présent,  c’est 
par  la  forme  que  pèchent  presque  tous  les 
Pélargoniums  zonales  doubles. 

Un  petit  lot  de  Bégonias  Boliviensis  de 
M.  Fillion  attirait  l’attention,  et  cette  plante 
mérite  bien  qu’on  s’y  arrête,  puisqu’il  est 
maintenant  bien  constaté  qu’elle  est  très- 
rustique  sous  notre  climat,  et  que  par  la 
fécondation  artificielle,  M.  Louis  Van  Houtte 
a doté  l’horticulture  d’un  grand  nombre  de 
variétés  plus  belles  les  unes  que  les  autres. 

La  collection  de  Lantana  de  M.  Fillion 
brillait  par  le  nombre  et  la  beauté  des  spé- 
cimens. Ce  massif  bordé  de  Coléus  très- 
variés  faisait  un  bel  effet.  Après  M.  Fillion, 
il  faut  classer  M.  Boucharlat  aîné,  qui  pos- 
sède dans  les  genres  qu’il  cultive  les  plus 
belles  collections  qu’il  y ait  dans  notre  dé- 
partement. Son  lot  de  Pélargoniums  zonales 
n’était  pas  aussi  beau  qu’il  aurait  pu  être  ; 
mais  cela  tient,  il  faut  le  dire  pour  être  juste, 
à la  saison  anormale  que  nous  venons  de 
traverser,  car  les  plantes  ont  eu  beaucoup  à 
souffrir  des  changements  brusques  de  tem- 
pérature, qui  ont  nui  à leur  floraison. 

Parmi  les  Zonales  de  M.  Boucharlat  aîné, 
l’on  remarquait  Polly  kmg,  M.  Lacoste, 
M.  Rameau,  Henriette  Choquet,  Pelleport 
et  Gloire  de  France,  cette  dernière  parti- 
culièrement intéressante  à cause  des  macules 
des  pétales  supérieurs,  qui  lui  donnent  le 
faciès  de  certains  Pélargoniums  à grandes 
fleurs,  et  nous  fait  espérer  une  série  de  va- 
riétés nouvelles. 

Le  lot  de  Fuchsias  de  M.  Boucharlat  aîné 
était  moins  nombreux  que  celui  de  M.  Fil- 
lion, mais  se  distinguait  par  des  variétés 
nouvelles, telles  que:  Emile  Chaté,  Esthel, 
la  Neige,  Champion  ofthe  World,  Silis- 
tria,  Warrior  queen  et  bon  nombre  d’au- 
tres. 

M.  Liabaud  est  sans  rival  à Lyon  pour  les 
plantes  de  serre  ; ses  apports  sont  toujours 
remarquables.  M.  Liabaud  n’est  pas  seule- 
ment un  horticulteur  distingué  par  le  savoir 
et  la  droiture  de  son  caractère  ; c’est  un 
amateur  passionné.  Parmi  toutes  ses  belles 
plantes,  je  ne  puis  en  citer  qu’un  très-petit 
nombre  : ce  sont  V AmorphophallusRivierï, 
plante  encore  trop  peu  répandue,  d’autant 
plus  qu’elle  est  d’une  culture  excessivement 
facile,  comme  un  Dahlia  ou  un  Canna  ; 
Agaphylla  tricolor,  plante  ancienne,  mais 


très-méritante  ; Zamiaglauca  et  Vromii,et 
une  Fougère  nouvelle  très-jolie,  le  Todea 
superha  ; un  beau  Musa  superha,  Brownea 
princeps,  Hœmadictyon  refulgens. 

B n’y  avait  que  deux  collections  de  Dah- 
lias, celle  de  M.  Fillion,  parmi  lesquels  on 
remarquait  Auguste  Rivière,  Bou~ 

Maza,  Kmg  of  primroses,  la  Perle, 
Ivanhoë,JohnNeville,  Geïta,  Blanche,  etc. 

Je  ne  parle  de  l’autre  collection  que  pour 
mémoire,  sans  dire  le  nom  de  l’exposant,  les 
fleurs  ne  portant  que  des  numéros. 

M.  Bécus  et  M.  Torterotot  avaient  chacun 
une  belle  collection  de  plantes  grasses,  qui 
attirent  toujours  l’attention  à cause  de  leurs 
formes  si  variées  et  si  bizarres. 

Il  y avait  aussi  une  belle  collection  de 
Glaïeuls  ; mais  l’exposant  ayant  omis  d’y 
mettre  les  noms,  je  ne  citerai  pas  le  sien. 

Le  lot  de  Reines-Marguerite  de  M.  Valla, 
jardinier  chez  M.  Ghanay,  contenait  des  va- 
riétés très -méritantes  par  l’ampleur  et  les 
nuances  des  fleurs. 

En  fait  de  Roses,  il  n’y  avait  qu’un  petit 
lot  de  M.  Bouchard,  qui  se  distingue  tou- 
jours par  les  erreurs  de  noms  et  d’ortho- 
graphe. 

M.  Rivoire  avait  un  beau  lot  de  Zinnias 
doubles  assez  variés,  et  un  certain  nombre 
d’Amaranthes,  parmi  lesquels  se  distinguait 
V Amaranthus  salicifolius. 

M.  Boucharlat  jeune,  un  nombreux  lot 
d’Œillets  remontants. 

M.  Mercier,  jardinier  chez  M.  Chômer, 
avait  une  magnifique  collection  de  Caladium 
et  un  très-beau  lot  de  Coleus,  moins  beau 
cependant  que  celui  que  nous  avons  admiré 
il  y a quelques  années  à la  même  place. 

M.  Valla,  jardinier  chez  M.  Ghanay, 
nous  a fait  admirer  quelques  Daturas  à 
fleurs  doubles,  lilas,  blancs,  jaunes,  pana- 
chés blanc,  et  lilas,  blanc  et  violet,  blanc  et 
jaune,  et  violet  et  jaune.  Cette  plante  est 
trop  peu  cultivée.  Il  est  fâcheux  qu’il  ait 
négligé  d’y  mettre  une  étiquette  portant  le 
nom  de  la  plante,  car  le  public  va  aux  expo- 
sitions non  seulement  pour  admirer,  mais 
aussi  pour  s’instruire. 

Il  y avait  de  magnifiques  lots  de  Conifères 
de  MM.  Luizet  père  et  fils , Linossier , 
Lagrange,  Treyve.  Ce  dernier  avait  en 
outre  apporté  sept  très-beaux  Magnolias 
qui  brillaient  par  leur  taille  et  leur  bonne 
santé.  M.  Lagrange  avait  eu  la  bonne  idée 
d’apporter  des  rameaux  de  Chênes  et  autres 
arbres  remarquables  qu’il  est  impossible  de 
montrer  en  leur  entier  à une  exposition. 
Ces  rameaux  étaient  dans  des  flacons  ; cela 


BUDDLEIA  INTERMEDIA  ROBUSTA. 


ne  trompait  personne  ; mais  que  dire  de 
celui  qui  apporte  des  rameaux  fichés  dans 
des  pots,  au  milieu  d’arbres  et  d’arbustes 
cultivés  en  vases? 

Ne  pourrait-on  pas  classer  ce  procédé 
parmi  les  fraudes  horticoles  ? M.  Linossier 
etM.  Lagrange  avaient  aussi  chacun  un  beau 
lot  d’arbustes  à feuilles  persistantes. 

Parmi  les  rameaux  exposés  par  M.  La- 
grange, le  Chêne  à feuilles  panachées,  le 
Sophora  panaché  et  le  Cornouiller  panaché 
attiraient  les  regards.  Le  public  aime  ces  bi- 
zarreries de  la  nature. 

Les  fruits  étaient  moins  nombreux  que  de 
coutume  ; néanmoins  M.  Fillion  avait  une 
belle  collection  de  Poires  qui  éclipsaient 
toutes  les  autres;  il  avait  aussi  quelques 
Raisins. 

Je  ne  citerai  les  autres  exposants  de  fruits 
que  pour  mémoire,  n’ayant  rien  de  remar- 
quable à signaler  dans  leurs  lots  : 

M.  Joannon,  Poires  de  semis. 

M.  Linossier,  Pèches. 

M.  Grangé,  jardinier  chez  M.  Cochaud, 
Poires,  Raisins  et  Pommes. 

Refuge  de  Saint-Joseph,  Poires  et  Raisins. 

M.  Durand,  jardinier  chez  M.  Perret, 
Poires,  Pêches  et  Raisins. 

M.  A.  Pin,  Poires  et  un  panier  de  très- 
belles  Pêches. 

Orphelinat  de  Saint-Joseph,  Poires  et  Rai- 
sins. 

M.  Rivière  d’Oullins,  Poires,  Pommes, 
Pêches  et  Raisins. 


389 

M.  Rigaud,  maire  de  Mirebel,  Poires  et 
quelques  belles  Pêches. 

M.  Pommier,  à Lunar,  Raisins. 

M.  Fillion  avait  une  fort  belle  collection 
de  Melons,  et  nous  lui  reprocherons,  comme 
l’année  dernière,  de  ne  pas  nous  en  faire 
connaître  les  noms. 

Nous  écoutera-t-il  pour  une  autre  fois? 
Espérons. 

Sa  collection  de  Pommes  de  terre  est  aussi 
nombreuse,  et  ces  tubercules  ont  une  très- 
belle  apparence  ; mais  cette  exhibition  sans 
désignation  de  précocité  perd  de  son 
utilité. 

Parmi  les  autres  lots  de  légumes,  il  y avait 
ceux  de  : 

M.  Pommier,  Pommes  de  terre. 

M.  Bouchard,  Pommes  de  terre. 

M.  Rivoire,  légumes  secs  et  de  belles  To- 
mates, mais  pas  assez  lisses. 

Orphelinat  de  Saint- Joseph,  légumes 
variés. 

Refuge  de  Saint-Joseph,  légumes  variés. 

M.  Emery,  légumes  variés. 

M.  Martinet  de  Trévoux,  légumes  variés. 

Parmi  les  bouquets  de  fleurs  naturelles,  je 
ne  citerai  que  ceux  de  M.  Debelfort,  qui  si- 
gnalent un  progrès  notable  pour  leur  com- 
position et  leur  disposition. 

Je  ne  dirai  rien  des  outils,  pompes,  treil- 
lages, laissant  ce  soin  à une  plume  plus 
compétente. 

Monplaisir,  15  septembre  1873. 

Jean  Sisley. 


BUDDLEIA  INTERMEDIA  ROBUSTA 


L’origine  du  B.  intermedia  rohusta  est 
la  même  que  celle  du  B.  intermedia  dont 
nous  avons  parlé  (1).  Comme  lui  aussi,  il  est 
issu  du  Buddleia  curviflora  dont  il  diffère 
complètement.  La  plante  avec  laquelle  il  ale 
plus  de  rapport  est  le  B.  intermedia 
dont  il  se  distingue  pourtant,  et  à laquelle 
il  est  supérieur  au  point  de  vue  ornemen- 
tal. R s’en  distingue  surtout  par  sa  vé- 
gétation beaucoup  plus  considérable,  sa 
floribondité  plus  abondante  et  par  sa  préco- 
cité. Au  lieu  d’une  plante  sous-frutescente 
comme  le  B.  intermedia,  celui-ci  s’élève  et 
forme  un  fort  buisson  très-ramifié,  se  cou- 
I vrant  de  fleurs  semblables  à celles  du  B. 

Bindley ana ; la  couleur  et  la  forme  des 
I fleurs  sont  les  mêmes  ; mais  l’inflorescence, 

! bien  qu’au  moins  aussi  forte,  en  diffère  en 
ce  qu’elle  ne  se  ramifie  pas,  ou  du  moins 
qu’elle  ne  se  ramifie  que  très-peu,  et  même 
' (1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  151. 


exceptionnellement.  C’est,  en  un  mot,  une 
plante  très-intéressante  au  point  de  vue  de 
l’ornement,  mais  surtout  au  point  de  vue 
scientifique  ; sous  ce  dernier  rapport,  elle 
fournit  un  des  plus  frappants  exemples  de 
la  formation  des  caractères,  par  conséquent 
des  types.  Quant  au  faciès  en  général,  il 
rappelle  assez  exactement  celui  du  B.  Lin- 
dleyana,  mais  dans  des  proportions  beau- 
coup plus  fortes,  et  lui  est  bien  préférable 
au  point  de  vue  de  l’ornement  ; il  forme  des 
buissons  plus  compacts,  et  sa  floraison  dure 
aussi  longtemps.  Ajoutons  aussi  qu’il  a 
l’avantage  de  produire  des  graines,  ce  que 
ne  fait  pas  le  B.  Lindleyana,  Nous  y re- 
viendrons, du  reste,  très- probablement  en 
parlant  d’un  autre  individu  issu  du  même 
semis,  et  qui  a des  caractères  assez  ana- 
logues à ceux  que  présente  le  B.  inter  media 
dont  il  est  frère. 


E.-A.  Carrière, 


r 


390  NOIX  JUMELLES.  — CYTISUS  EVERESTIANUS. 

NOIX  JUMELLES 


Il  est  sans  doute  peu  de  personnes  qui 
n’aient  eu  l’occasion  de  voir,  soit  dans  les 
Cerises,  soit  dans  les  Pêches,  les’Noix,  etc., 
ce  que  vulgairement  on  nomme  des  « ju- 
melles »,  qui  ne  sont  autre  chose  que  deux 
fruits  soudés  ensemble  ; mais  il  en  est  peu, 
sans  doute,  qui  aient  réfléchi  et  reconnu 
que  ce  fait,  qu’on  nomme  une  ((  monstruo- 
sité, ))  peut,  dans  certains  cas,  devenir  per- 
manent, et  alors  caractériser  une  sorte  que, 
suivant  l’importance  ou  la  nature,  on  appelle 
variété,  race,  etc.  ; aussi,  bien  que  le  fait 
dont  nous  allons  parler,  qui  est  spécial  aux 
Noyers,  soit  connu,  nous  avons  néanmoins 
cru  devoir  le  signaler  d’une  manière  parti - 


Fig. 36.  — Noix  jumelle  (grandeur  n: 

quemment,  du  moins  de  temps  à autre, 
qu’un  Noyer  quelconque  donne  quelques 
Noix  jumelles  ; mais  ce  qui  est  rare,  c’est  de 
voir  un  arbre  ne  donner  que  de  ces  fruits. 
C’est  ce  fait  que  nous  tenons  surtout  à cons- 
tater. Deux  fois  déjà  nous  l’avons  remarqué, 
la  première  sur  un  Noyer  dont  tous  les  fruits 
étaient  soudés  par  deux  ; la  deuxième  fois 
sur  un  Noyer  dont  le  faciès,  qui  présen- 
tait quelques  légères  différences,  pouvait 
faire  supposer  qu’on  avait  affaire  à une  sorte 
d’hybride  ; tous  les  fruits,  soudés  deux  à 
deux  dans  toute  leur  longueur,  au  lieu  d’être 
obtus,  comme  tronqués,  étaient  longuement 
atténués  en  pointe  au  sommet.  Ajoutons  que 


culière,  et  en  donner  même  un  dessin 
(fig.  36),  parce  qu’il  nous  fournit  un  exem- 
ple de  plus  de  la  plasticité  des  formes  et  mon- 
tre que  les  variations  peuvent  s’étendre  à i 
des  organes  que  beaucoup  considèrent  1 
comme  absolument  stables. 

Nous  n’avons  pas  à nous  arrêter  longtemps  i 
sur  le  fait  considéré  au  point  de  vue  orga-  | 
nique,  les  figures  que  nous  en  donnons  1 
montrant  suffisamment  les  modifications  du  j 
fruit.  ! 

Le  fait  de  la  production  des  Noix  jumelles, 
qui  a d’abord  été  une  exception,  paraît  dans 
certains  cas  vouloir  se  généraliser.  Tout 
chacun  sait,  en  effet,  qu’il  arrive  sinon  fré- 


).  — Fruit  entier  et  fruit  coupé. 


ces  productions  n’étaient  pas  anormales,  ;; 
qu’elles  se  montraient  chaque  année. 

Peut-on,  des  faits  que  nous  venons  de  j 
rapporter,  conclure  qu’il  viendra  un  jour  où 
il  y aura  des  variétés  de  Noyers  donnant 
toujours  des  Noix  soudées,  lesquelles  alors  ' 
pourraient  constituer  une  série  particulière 
dans  le  genre  Noyer?  Nous  n’affirmons  j 
pas,  bien  que  la  chose  soit  possible  ; notre  j 
but  en  publiant  cette  note  est  de  constater 
un  fait  qui,  nous  le  croyons,  est  digne  de  | 
l’attention  de  toutes  les  personnes  qui  s’oc-  | 
cupent  de  physiologie  et  qui,  surtout,  étu-  } 
dient  la  vie  afin  d’en  découvrir  les  lois.  | 
E.-A.  Carrière.  i 


CYTISUS  EVERESTIANUS 


Cette  espèce,  dont  il  a déjà  été  question 
dans  ce  recueil  (1),  est  l’une  des  plus  jolies 
du  genre,  etnousla  croyons  appelée  à jouer 
un  rôle  des  plus  importants  au  point  de  vue 
de  l’ornementation  ; aussi,  et  pour  la  faire 
bien  apprécier,  avons-nous  cru  devoir  en 
donner  une  figure  coloriée.  C’est,  comme  le 
Cytisus  racemosus,  une  plante  de  serre 
froide  ou  d’orangerie,  mais  très-probable- 

(1)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  298. 


ment  de  pleine  terre  dans  certaines  parties  j 
de  la  France  ; sa  floribondité  est  telle  que,  | 
à l’époque  de  sa  floraison,  qui  commence  en  > 
mars  et  finit  en  mai,  la  plante  disparaît  pres- 
que entièrement  sous  les  fleurs. 

Nous  ne  savons  rien  de  certain  sur  l’ori- 
gine du  Cytisus  Everestianus,  sinon  qu’il 
est  arrivé  d’Angleterre  en  France  par  la  voie 
du  commerce  ; c’est  chez  MM.  Thibaut  et 
Keteleer  que  nous  l’avons  vu  pour  la  pre- 
mière fois  et  où  nous  l’avons  fait  peindre. 


B enue  I/oHirol<' . 


^i^ms  E ver  est  i <m  us 


OBSERVATIONS  PRATIQUES  SUR  LA  CULTURE  DES  FRAISIERS. 


391 


Nous  ne  croyons  pas  nécessaire  d’entrer 
dans  de  grands  détails  sur  les  caractères  de 
la  plante,  ce  dont  on  pourra  juger  par  la  fi- 
gure ci-contre.  Nous  nous  bornerons  à dire 
que  les  fleurs  d’un  jaune  orangé  dégagent 
une  odeur  fine  et  très-agréable  qui  rappelle 
un  peu  celle  des  fleurs  d’Oranger.  Les  fruits 
sont  de  petites  gousses  villeuses  très-apla- 
ties,  renfermant  plusieurs  graines.  Quant  à 
la  culture,  elle  est  semblable  à celle  qu’on 
donne  au  Cytisus  raceynosus  : terre  de 
bruyère  pure  quand  les  plantes  sont  jeunes  ; 
puis,  lorsque  les  plantes  sont  fortes,  on  peut 
y ajouter  de  la  terre  franche  siliceuse  ; la 
terre  calcaire  ne  convient  pas  ; les  plantes  y 
prennent  une  couleur  jaune  et  s’arrêtent 
bientôt,  au  lieu  de  pousser.  Il  faut  éviter 
l’excès  d’humidité  qui  leur  est  très-nuisible  ; 
aussi  est-il  avantageux  de  tenir  les  plantes 
dans  des  pots  relativement  petits,  dût-on  les 
arroser  plus  souvent. 


Le  Cytisus  Everestianus  ne  reprenant 
pas  de  bouture,  il  faut  le  multiplier  par 
greffe  ou  par  graines.  On  greffe  sur  les 
espèces  voisines  ou  congénères,  telles  que  : 
Cytisus  racemosus , Rodaphne , Cana- 
riensis,  etc.  Peut-être  pourrait-on  prendre 
pour  sujet  des  espèces  de  pleine  terre,  par 
exemple  les  Cytisus  capitatus,  leucanthe- 
mus  ou  sur  d’autres  analogues.  C’est  à 
essayer.  D’une  autre  part,  il  nous  semble 
que  cette  espèce  (C.  Everestianus)  fersi  une 
bonne  « plante  de  marché,  » ce  à quoi  elle 
est  d’autant  plus  propre,  qu’elle  « se  fait  » 
bien,  fleurit  très-facilement  et  en  très-grande 
abondance,  quelles  que  soient  les  petites  di- 
mensions des  plantes. 

On  trouve  cette  espèce  à Sceaux,  chez 
MM.  Thibaut  et  Keteleer  ; à Paris,  chez 
M.  Rougier-Ghauvière,  horticulteur, 152,  rue 
de  la  Roquette. 

E.-A.  Carrière. 


OBSERVATIONS  PRATIQUES 

SUR  LA  CULTURE  DES  FRAISIERS 


Les  tableaux  que  nous  publions  ci-contre 
sont  le  complément  de  celui  qui  a paru  à 
l’automne  dernier  dans  le  numéro  du  no- 
vembrel872  de  cette  Revue  (page  412).  Nous 
avons  cru  devoir  l’augmenter,  parce  que  di- 
vers avis  que  nous  avons  reçus  nous  ont 
fait  voir  que  la  plupart  des  personnes  qui 
avaient  lu  notre  premier  tableau  possédaient 
déjà  bon  nombre  des  variétés  qui  y sont  in- 
diquées, et  que  le  peu  de  variétés  qui  res- 
taient de  ce  tableau,  en  plus  de  celles  qu’elles 
avaient  déjà,  les  embarrassaient  pour  faire 
leur  choix.  Nos  nouveaux  tableaux  contien- 
nent 50  variétés,  nombre  qui  nous  paraît  lar- 
gement suffisant.  Toutefois,  nous  pensons 
qu’il  sera  très-facile  de  faire  un  bon  choix, 
car  toutes  celles  que  nous  mentionnons  sont 
également  méritantes  à des  titres  divers; 
c’est  à ce  point  qu’il  nous  serait  difficile 
de  dire  à une  personne  qui  nous  prierait 
de  lui  indiquer  celles  qui  sont  préféra- 
bles : « Plantez  celles-ci  ou  celles-là,  » 
attendu  que  la  réussite  de  telles  variétés 
plutôt  que  de  telles  autres  dépend  plus 
de  la  nature  du  sol,  de  sa  position,  du  mi- 
lieu où  elle  se  trouve,  etc.,  que  des  qualités 
proprement  dites  des  variétés  ; qu’en  outre 
I il  faudrait  aussi  connaître  les  formes,  les 
grosseurs,  les  saveurs  des  Fraises  que  cette 
ou  ces  personnes  préféreraient,  car  parmi 
ces  variétés,  il  y en  a de  parfumées,  de 


musquées,  de  sucrées,  de  relevées,  d’un 
peu  plus  acidulées  ou  d’un  peu  plus  fades  ; 
à chair  juteuse,  fondante  ou  à chair  suc- 
culente, même  sèche,  etc.,  toutes  cho- 
ses variables  avec  le  goût  des  individus. 
Aussi  espérons-nous  qu’à  l’aide  des  descrip» 
lions  qui  se  trouvent  en  face  de  chaque 
variété,  et  surtout  des  observations  ou  re- 
marques particulières  à chacune  d’elles, 
les  personnes  qui  désirent  planter  des 
Fraisiers  sauront  choisir  les  variétés  qui 
conviendront  le  mieux  à leur  terrain,  à leur 
climat  et  à leur  goût,  etc.,  car  nous  n’a- 
vons caché  ni  les  défauts,  ni  exagéré  les 
qualités  ou  les  mérites  de  chacune  de  ces 
variétés.  Du  reste,  nous  ne  saurions  trop 
engager  les  personnes  à ne  pas  s’en  rappor- 
ter tout  à fait  à un  premier  choix  fait  pour 
ainsi  dire  théoriquement.  Qu’elles  fassent 
d’abord  des  essais  de  plusieurs  variétés; 
qu’elles  les  plantent  et  les  soignent  bien 
(voir  nos  deux  notes  de  culture  dans  cette 
Revue,  1872,  page  412,  et  1873,  page  86),  et 
qu’elles  suppriment  toutes  celles  qui  n’au- 
raient pas  réussi  quelques  années  après  la 
plantation.  C’est  le  conseil  le  plus  sûr  que 
nous  puissions  leur  donner  sur  la  valeur  de 
certaines  variétés,  l’expérience  étant  toujours 
le  meilleur  maître.  R.obine, 

Horticulteur  à Sceaux  (Seine). 
(La  suite  de  V article  au  prochain  numéro.) 


392 


TABLEAU  de  50  bonnes  variétés  de  Fraises  divisées  en  huit  sérij  i six 


DÉSIGNATION 

DEGRÉ 

de 

DEGRÉ 

de 

FORME 

COULEUR 

lOüLEUR  ET  NATURE 

POSITION 

DEGRÉ 

DEGRÉ 

DE  VIGUEUR. 

DES  TITRES,  DES  SÉRIES  ET  DES  NOMS. 

QUALITÉ 
|1-  et  2’J, 

GROSSEUR, 
elalȈla  4*. 

DES  FRAISES. 

DES  FRAISES. 

de  la  chair. 

DES  graines. 

DE  fertilité. 

DEGRÉ 
DE  RUSTICITÉ. 

N.  B.  Les  varie'le's  marquées  d’uo  aste'risque 

■ — 

soQt  celles  qui  se  promeut  le  mieux  à la  culture 

forcée. 

FRAISIERS 

dits  «les  Quatre-Saisons. 

(Fragaria  semperfLorens,  DC.). 

1»  UNE  SÉRIE. 

1*  A fruit  rouge,  amélioré  et  renou-\ 

vêlé  par  des  semis  successifs  .. 
Analogues  : Reine  des  Quatre-^ 

L*'®,  parfu-; 
mée. 

3®. 

Conique  ou  ovoïde. 
Régulière. 

Rouge  brun  et  ra«  pâle, 

lige  et  rose,  ferme, 
creuse. 

Tr.-saillantes. 

Très-fertile. 

Tr.-vigour®e. 

Tr.-rustique. 

Saisons;  Du  potager  de  Yer- 

2 A fruit  blanc  ordinaire  {variation 

du  11°  1) 

1',  exquise 

3®  et  4®. 

Çoniq.,  arrondie,  régul. 

Blanc  jaunâtre. 

inclie,  ci's®,  ass.  fer“®. 

Saillantes. 

Très-fertile. 

Vigoureuse. 

Rustique. 

3*  A fruit  brun,  de  Gilbert A 

pe,  parf. 

3'  et  4®. 

Id. 

Rouge  noirâtre. 

juge,  creuse,  ferme. 

Tr.-saillantes. 

Id. 

Id. 

Id. 

4*  A fruit  rouge,  Janus  (Bruant). . A 
5 A fruit  rouge,  sans  filets  ou  de 

1«,  parf. 

3». 

Conique,  rég®«  ou  lobée. 

Rouge  vif  et  rouge  pâle. 

«ge  et  rose,  cr.,  f®™®. 

Id. 

Id. 

Tr.-vigour®«. 

^Id. 

1«,  parf. 

Coniq.,  arrondie,  régul. 

Rouge  brun  et  r3®  pâle. 

Id. 

Id. 

Id. 

Tr.-rustique. 

id. 

6 A fruit  blanc,  sans  filets  ou  de 

ne  carné,  cr.,  ass.  f®“® 

Gaillon A 

1®,  exquise 

4®. 

Id. 

Blanc  jaunâtre. 

Saillantes. 

Id. 

Vigoureuse. 

Rustique. 

Caprons  [Fragaria  elatior,  Ehrh.), 

Hautbois  des  Anglais. 

2»  DEUX  VARIÉTÉS  SEULEMENT. 

Goût  mus-f 

7 Belle  Bordelaise  (Lartey) A 

qué  sucré, 
tr.-relevé. 

; 3®  et  2®. 

Conique,  ovoïde,  rég®®. 

Rouge  vineux  pâle. 

iicjaun.,  pleine,  f®“®. 

Ass.  saillantes 

Très-fertile. 

Vigoureuse. 

Rustique. 

8 Royal  Hautbois  (Rivers) B 

partie.  aux( 
Caprons,  j 

1 3®  et  2®. 

Conique,  arrond.,  rég®®. 

Bouge  vineux. 

Id. 

Presq.  saill*®®. 

Id. 

Tr.-vigour'®. 

Tr.-rustique. 

Variétés  hj'iiB'Bcles  Bssues 
«Tcspèccs  anBéB’icaines. 

3»  SÉRIES  DES  PLUS  HATIVES. 

9*  Écarlate,  May  Queen  (Nicholson)  A 

l”  ou  2®. 

2®  et  3®. 

Arrondie,  irrégulière. 

Rouge  orangé. 

16,  pleine,  fondante. 

Enfoncées. 

Très-fertile. 

Vigoureuse. 

Rustique. 

10  Kates  (M““  Cléments) B 

1 1®®,  parf. 

2®  et  3®. 

Coniq . , pointue , ail. , rég. 

Rouge  foncé. 

Rouge,  pleine. 

Saillantes. 

Fertile. 

Ass.  vigour®®. 

Id. 

11  Princess  Frédérick  William  (Ni- 
ven) E 

I 1®®  ou  2®. 

2®. 

Arr'^i®,  ou  en  crête  de'.coq 

Rouge  écarlate. 

f^ormillon  clair. 

Enfoncées. 

Id. 

Vigoureuse. 

Id. 

12*  Princess  of  Wales  (Knight)...  E 

! 1®®. 

2®. 

Arr^i®,  ovoïde,  assez  rég. 

Rouge  vermilloi'- 

'661  pleine,  ferme. 

Saillantes. 

Id. 

Tr.-vigour®®. 

Tr.-rustique. 

13  Bicolore  (de  Jonghe) E 

1 1®®. 

2®  et  3®. 

Arrondie,  ovoïde,  rég®®. 

Rose  et  blanc  rosé. 

"Re,  pleine,  ferme. 

A la  surface. 

Très-fertile. 

Id. 

Rustique. 

14*  VtcsseHéricartdeThury  (Jamin)  .. 

, 1®',  excel*' 

’ 2®. 

Ovoïde, aplatie,  ass.rég. 

Rouge  vermillo’'’ 

'6  l'osé,  pl.j  ferme. 

Ass.  saillantes 

Id. 

Id. 

Tr.-rustique. 

4»  SÉRIE  DES  HATIVES. 

15  Triomphe  de  Liège  (Lorio) I 

3 Ire. 

1®®  et  2®. 

Allongée  ou  irrégulière, 

Rouge  foncé. 

Rouge  vermillon 

tendre,  juteuse.  ] 

Peuenfoncées 

Fertile. 

Vigoureuse. 

Rustique, 

1 16*  M&rgu6rit6  (LslDrôtoTi} 

• l®eou2®. 
3 ire. 

l®,tr.-gr®® 
1®®  et  2®. 

® Coniq.,  allong.,  ass.  rég, 
Arrondie,  irrégulière. 

■>Pl.,un  peu  tendre. 

Enfoncées. 

Très-fertile. 

Tr.-vigour®®. 

Id. 

17*  Gweniver  (M""'  Cléments) 1 

Rouge  orange  vif. 

■6,  pl.,  fme,  juteuse.  1 

Presq.  sailP®®. 

Id. 

Id. 

Tr.-rustique. 

18*  Président  (Green) 1 

3 1®®. 

1®®  et  2®. 

Arr'b®  ou  en  cœur,  rég®® 

Rouge  vif  luisant. 

carné,  pl.,  ferme.  ^ 

âss. saillantes  ^ 
jaunes. 

4ssez  fertile. 

Id. 

Id. 

I 19  Élisa  (Myatt) I 

L 1®,  exquisi 

, 2®  et  au- 
■"  dessous. 

jOvoïde,  conique,  rég®® 
1 

Vermillon  orangé' 

'Re,  pleine,  ferme.  ‘ 

Saillantes. 

Id. 

Id. 

Rustique. 

1.  Lorsque  les  pieds  ue 
Fraisiers  s epuisent  et  cora-j 
meneeiu  à donner  des  fruits 
petits  et  ronds,  il  est  bon  dei 
renouwler  la  plantation  à' 
1 aide  de  jeunes  plants  de  se- 
mis ou  par  les  premiers  filets 
émis  des  pieds  de  semis. 

2.  Le  fruit  est  moins  sec  et 
plus  succulent  que  ceux  des" 
Quatre-Saisons  à Iruit  rou'm 

3.  Excellente  variété,  dont 
le  seul  défaut  est  d’avoir  le 
truit  un  peu  trop  foncé. 

4.  Nous  avons  remarqué 
que  dans  nos  cultures  cette 
variété  conserve  ses  fruits 
plusieurs  années  beaux  et 
allongés,  en  renouvelant  seu- 
lement les  pieds  quand  ils 
sont  trop  épuisés,  a l’aide  de 
jeunes  filets provenant  d’eux, 
et  sans  être  obligé  de  la  ré- 
générer par  des  semis,, 
comme  il  est  nécessaire  dé 
le  faire  pour  la  variété  n»  L' 

5 et  6.  Ces  deu  X variétés  re- 
montent bien,  surtout  à l'au 
tomne,  dans  les  terrains  un 
peu  frais;  elles  fructifient 
jusqu’aux  premières  gelées; 
ce  sont  celles  qui  convien 
nent  le  mieux  pour  faire  des 
bordures,  parce  qu’elles  ne 
donnent  pas  de  coulants. 

7 et  8.  Les  Caprons  ont  des 
fruits  excellents  qui,  néan- 
moins, plaisent  à certaines 
personnes  et  déplaisent  à 
d’autres.  Mélangés  avec  ' de 
grosses  Fraises,  ils  en  relè- 
vent le  goût  et  le  parfum. 
Dans  une  plantation  de  Ca- 
prons, il  est  bon  d'enlever, 
après  la  floraison,  tous  les 
"ieds  mâles  stériles  et  tous 
3S  coulants. 

9.  Recherchée  pour  sa  pré- 
cocité surtout,  convient  et 
résiste  assez  bien  dans  les 
terrains  chauds  et  secs  l’été. 

10.  Presque  aussi  hâtive 
que  le  n°  9;  son  fruit  est 
peu  meilleur. 

11.  C’est  une  des  plus,  si 
n’est  I a pl  U s hàti  ve  desFraises 
à fruits  VI aiment  assez  gros. 

12.  Une  des  meilleures,  et 
peut-être  la  meilleure  pour 
forcer  en  toute  première 
saison. 

13.  C’est  une  Fraise  de  deux 
couleurs;  elle  est  très-jolie 
pour  un  dessert.  Les  fruits, 
qui  sont  bien  distincts  de 
ceux  des  autres  variétés, 
viennent  par  bouquets  sur 
chaque  hampe. 

14.  Sa  réputation  est  bien 
connue,  car  c’est  elle  qui  est 
le  plus  cultivéeauxenvirons 
de  Paris  pour  l’approvision 
nement  des  marchés. 

15.  Variété  très-cultivée 
dans  certaines  parties  de  la 
France,  et  même  en  grand 
du  côté  de  Lyon. 

16.  Variété  d’un  grand  pro 
duit,  ayant  des  fruits  su- 
perbes; on  la  cultive,  ainsi 
que  les  n°‘ 14  et  32,  assez  en 
grand  dans  les  champs,  et 
c’est  celle  qui  est  le  plus  cul- 
tivée pour  les  forçages  des 
premières  saisons. 

17.  Une  des  variétés  qui  se 
prêtent  ie  mieux  à la  culture 
forcée. 

18.  Variété  dont  les  fruits 
sont  beaux  et  bons;  elle  se 
prêle  bien  à la  eu  bure  forcée. 

19.  Vieille  variété,  qui  a le 
défaut  de  ne  pas  nouer  tous 
ses  fruits;  mais  ceux  qui 
reslentsont  vraiment  exquis. 


394 


Suite  du  TABLEAU  DES  50  BONNES  VARIÉTÉS  DE  FRAISES  DIVISÉES  EN  HUIT  SÉRIES,!  po^T  SIX,  DE  LA  3<>  A LA  8«,  SONT  CLASSÉES 


PAR  ORDRE  DE  PRÉCOCITÉ. 


Désignation 

DES  TITRES,  DES  SÉRIES  ET  DES  NOMS. 

DEGRÉ 

de 

QUALITÉ 
et  2*). 

DEGRÉ 

de 

GROSSEUR, 

FORME 

DES  FRAISES. 

COULEUR 

DES  FRAISES,  ! 

J COULEUR  ET  NATURE 

3 DE  LA  CHAIR. 

POSITION 

DES  GRAINES 

DEGRÉ 

. DE  FERTILITÉ 

DEGRÉ 

. DE  VIGUEUR, 

DEGRÉ 
DE  RUSTICITÉ. 

’iarîéfés  hybrides  issues 

d’espèees  amévieaines. 

(Suite). 

4»  SÉRIE  DES  HATIVES  (Suite). 

l 

20*  Formosa  (Dr  Nicaise) B 

1',  exquise 

2«  et  au- 
dessus. 

Arrondie  ou  en  cœur. 

Rouge  foncé  luisant, 

Rose,  pleine,  ferme. 

.Saillantes. 

Fertile. 

Tr.-vigours®. 

Rustique. 

5“  SÉRIE  DES  DEMI-HATIVES. 

21*  Sir  Joseph  Paxton  (Bradley). . . B 

Irc,  excel'r 

Ire. 

Arr'de,  coniq.,  aplatie. 

Rouge  cerise  luisant.  ; 

Saumonée,  pl.,  ferme 

. Saillantes. 

Très-fertile. 

Tr.-vigourse. 

Rustique. 

22*  Louis  Vilmorin  (Robine) C 

Ire. 

2e. 

En  cœur  ou  en  cône,  rég. 

Rouge  luisant  vernissé,  f 
vif,  belle  couleur.  3 

Rose  vif,  rouge,  pl.,  f™e, 

Id. 

Id. 

Ass.  vigourse. 

Ass.  rustique. 

23  Élisa  (Hivers) B 

ire. 

2e. 

Ronde  ou  arrondie. 

Orange  clair. 

Blanche,  pleine. 

A la  surface. 

Fertile. 

Id. 

Rustique. 

24*  Sir  Harry  (Underhill) C 

1«,  exquise 

Ire  et  2e. 

AiT'de,  bosselée  ouapla‘>e 

Rouge  foncé  et  brun. 

Vermillon  et  blanche, 
assez  pleine,  ferme. 

1 Id. 

Très-fertile. 

Tr.-vigour’«. 

Ass.  rustique. 

25  Triomphe  de  Paris  (Souchet) . . C 

Ire. 

Ire. 

Ronde  ou  en  cône  très- 
obtus,  régulière. 

Rouge  orange  vif  glacéif 
vernissé.  ' 

1 

Rose,  à cavité  centrale, 
1 ferme. 

1 

Saillantes, 

roug«efjaun« 

Fertile. 

Id. 

Tr.-rustique. 

26  Excellente  (Lorio) A 

Ire. 

Ire  et  2e. 

Arr<ue,  ovale  ou  aplatie. 

Rouge  foncé,  bienmvire. 

1 Rose  pme,  cavité  centrale 

Ass.  saillantes 

Fertile. 

Vigoureuse. 

Rustique. 

27  La  Reine  (de  Jonghe) B 

1®,  exquise 

2e  et  au- 
dessus. 

Allong.,  apla'te,  ass.  rég.! 

[Rosée  au  soleil,  blanclie) 
( à l'ombre.  | 

Très-blanche,  pL,  f™e. 

Saillantes. 

Assez  fertile. 

Id. 

Ass.  rustique. 

28*  Lucas  (de  Jonghe) B 

Ire,  excepe 

Ire  et  2e. 

Arrond.,  ovale  ou  aplatie 

Rouge  foncé  vernissé. 

Blanc  rosé,  pl.,  ferme. 

Id. 

Fertile. 

Tr.-vigourse. 

Rustique. 

29  Sabreur  (M-”'  Cléments) B 

Ire. 

2e. 

Ovale,  pointue,  tr.-rég. 

Vermillon  orange- 

Blanche,  pleine,  ferme. 

Tr.-saillantes. 

Très-fertile. 

Id, 

Tr.-rustique.  1 

30  Ornement  des  Tables  (S.  et  N.).  B 

Ire. 

2e  et  au- 
I dessus. 

jovale,  aplatie  ou  élargie. 
1 

Rouge  vif  luisant. 

Bose,  pleine,  ferme. 

-A.  la  surface. 

Id. 

Id. 

i 

Id.  c 

31  Highland  Mary  (Cuthill) B 

Ire. 

2e. 

(Ovale,  renflée  au  milieu, 
1 très-régulière. 

Rouge  vermillon- 

Blanc  rosé,  pleine,  R'"®. 

Saillantes. 

Fertile. 

Id. 

c 

Id.  j, 

32*  Victoria  (Trollope') 

Ire  ou  2e. 

Ire. 

Arrondie,  régulière. 

Vermillon  clair- 

Blanc  rosé,  pL,  tendre.  1 

Peuenfoncées 

Très-fertile. 

Id. 

r 

Id  ff 

6”  SÉRIE  DES  DEMI-TARDIVES. 

r' 

di 

SI 

El 

et 

33  Savoureuse  (de  Jonghe) B 

Ire. 

2e. 

Coniq.  ou  allong.,  régr®. 

Cerise  clair  luisant'  || 

Plane  rosé,  ferme,  ppe. 

Saillantes. 

Fertile.  A 

SS.  vigours'.| 

in 

Rustique,  j 

34  Surpasse  gr®''  sucrée  (de  Jonghe)  C 

Ire. 

Ire. 

En  cône  obtus,  ass.  régre, 

Rouge  vif  luisant'  |j 

I Blanc  rosé,  pleine.  A 

. la  surface. 

Id.  1 

fr.-vigours®. 

1 

Id.  le! 

35  Duc  de  Malakoff  (Gloede) ^ 

Ire. 

le,  tr.-gres' 

B Arr't'®,  irrég.,t*®®  formes 

Rouge  foncé  terne- 

^“Uge  clair,  ferme.  P 

resq.  sailpsL  A: 

ssez  fertile. 

Id.  T 

rie 

l'.-rustique. 

36*  Goliath  (Kitley) I 

i Ire. 

Ire. 

Coniq,,  obtuse  ou  aplatie 

Vermillon  foncé,  p''^ 
pâle  au  bout- 

lanc  rose,  pl»e,  ferme.  A 

la  surface.  1 

’rès-fertile. 

Id. 

éni 

T,  jou 

Id.  3 

37  Belle  de  Sceaux  (Robine) C 

; Ire. 

2e  et  Ire. 

Conique,  souvent  régr' 

Vermillon  vif- 

vif  veiné,  pl., 

Id. 

Id. 

, 

Id. 

prf 

Rustique.  3 

par 
taii 
DOS 

l’au 

395 


OBSERVATIONS. 


20.  Une  des  bonnes  varié-i 
tés  obtenues  par  le  D' 
caise. 

21.  C’est  peut-être  la 
nété  qui  réunit  le  plus 
naérites,  et  qui  donne  les 
Plus  belles  et  les  meilleures 
Fraises  de  toutes  celles  con- 
nues jusqu'à  ce  jour. 

22.  Plante  trapue  et  très- 
fertile  les  premières  années 
après  la  plantation.  Sa  ma- 
turité, qui  est  successive,  se 
prolonge  jusqu’à  la  récolte 
des  variétés  plus  tardives, 
Elle  s’epuise  un  peu  vite,  a, 
besoin  d’être  replantée  tous 
les  deux  ou  trois  ans,  el 
souffre  l’hiver  dans  les  terres 
trop  humides  et  trop  froides, 

23.  Les  fruits  rappellent 
peu  le  goût  de  l’Ananas. 

2i.  Perfectionnement 
amélioration  de  \‘àKeensseed 
ling;  elle  a deux  défauts 
1°  de  s’épuiser  trop  vite, 
2“  de  ne  pas  résister  assez 
aux  hivers  froids  et  hu- 
mides, et  l’été  aux  trop 
grandes  chaleurs;  mais  dans 
les  t-rrains  où  elle  se  c 
vient  bien,  ceux  qui  ; 
sains,  ni  trop  secs  l’été, 
trop  humides  l’hiver,  c’i 
une  variété  hors  ligne  et 
premier  mérite. 

25.  Fraise  superbe 
bonne,  d’une  belle  couleur 
claire  et  brillante;  C’est  une 
variété  très-distincte. 

2B.  Bonne  variété  à fruits 
excellents  qui  justifient  son 
nom. 

27.  Fraise  très-distincte 
tout  à fa.it  exquise.  La  plante 
n’est  ni  bien  rustique,  ni 
bien  fertile;  elle  souffre  sur- 
tout de  la  grande  humidité,, 
des  grands  froids  et  des 
trop  grandes  sécheresses 

28.  Variété  de  premier  mé 
rite. 

29.  C’est  une  très-jolie 
bonne  Fraise;  mais  elle 

t pas  assez  grosse  po 
; qui  désirent  des  fruits 


>n  nourrait  la  nommer 
•œfulia- 

31.  C’est  encore  une  très- 
ulie  Fraise,  ayant  les  mé- 
ites  et  le  défaut  du  n°  29. 

32.  Variété  très-répandue, 
ui,  concurremmentavec  les 

14  et  16,  est  cultivée  en 


33.  Le  fruit  est  d’une  jolie 
ormation  et  très-bon. 
Variété  qui  paraît  être 


36.  Remarquable  surtout 


é qui,  étant  pré-l 
vaillée  d’une  cer-  ‘ 
a quelques  dis- 


Suite  du  TABLEAU  DES  50  BONNES  VARIÉTÉS  DE  FRAISES  DIVISÉES  EN  HUIT 


PONT  SIX,  DE  LA  3«  A LA  8®,  SONT  CLASSÉES  PAR  ORDRE  DE  PRÉCOCITÉ. 


DÉSIGNATION 

DES  TITRES,  DES  SÉRIES  ET. DES  NOMS. 

DEGRÉ 

de 

QUALITÉ 
(!■•  et  2b,  d 

DEGRÉ 

de 

BOSSEUR, 

lal«àU4«. 

FORME 

DES  FRAISES. 

COULEÜR 
DES  FRAISES. 

COULEÜR  ET  NATURE 
DE  LA  CHAIR. 

POSITION 
DES  GRAINES. 

DEGRÉ 

DE  FERTILITÉ. 

DEGRÉ 
DE  TIGDEDR. 

DEGRÉ 
DE  RUSTICITÉ. 

Il  Variétés  liybrîdes  issues 

d’espèces  américaines. 

1 (Suite). 

6»  SÉRIE  DES  DEMI-TARDIVES  (Suite). 

1 38  Empress  Eugénie  (Knevett)  . . . C 

Irr  ou  2'. 

e,tr.-grsse 

:oniq.,irrég., t'enfermes 

3ouge  pourpre  vernissé. 

Rouge  vermillon,  pRe. 

Ass.  saillantes 

! Très-fertile. 

Tr.-vigour^». 

Rustique. 

1 7»  SÉRIE  DES  TARDIVES. 

1 39  Souvenir  de  Kieff  (de  Jonghe).  c 

Ire. 

Ire. 

Coniq.,  allong.,  aplatie. 

Rouge  vif  foncé. 

Blanc  rosé,  pleine,  f™e. 

Tr.-saillantes. 

Fertile. 

Vigoureuse. 

Tr.-rustique. 

40  La  Châlonnaise  (Di-  Nicaise). . . B 

le,  exquise 

Ire  et  2». 

Coniq.,  arrond,  aplatie, 

Rouge  vermillon  vif. 

l Blanche,  pleine,  ferme. 

Saillantes. 

Très-fertile. 

Tr.-vigour'e. 

Ass.  rustique. 

41*  Sir  Charles  Napier  (Smith)  ...  B 

Ire. 

Ire  et  2e. 

Coniq., régul.  ou  aplatie. 

Vermillon  orange  clair. 

Blanc  rosé,  pleine, 

Tr.-saillantes. 

Id. 

Id. 

Tr.-rustique. 

1 42  Napoléon  III  (Gloede) C 

Ire. 

2e  et  ire. 

Arrondie,  aplatie,  ou  en 
cône  très-obtus. 

Rose  vermillon  vif. 

1 Toute  jblanche,  pleine, 
1 tendre. 

A la  surface.  1 

Id. 

Id. 

Id. 

1 43  Haquin  (Haquin) C 

Ire. 

1«,  tr.-greee 

Coniq.,  api.  ou  élargie. 

Rouge  clair  glacé,  j 

1 Rose  vif,  ph,  assez  R®'. 

A la  surface,! 
écartées,  j 

j Fertile. 

Des  plus  vignes 

Id. 

I 44  Bonté  de  Saint-Julien  (Carré). . B 

Irc  ou  2'. 

2e. 

Arrond.  ou  en  cœur,  rég. 

Vermillon  foncé.  | 

1 Rouge,  rose  au  cen^^jfid® 

Presq.  saill'es. 

Très-fertile. 

Tr.-vigourne. 

Id. 

1 8»  SÉRIE  DES  TRÈS-TARDIVES. 

1 45  Dr  Hogg  (Bradley) C 

le,  exquise 

1 le,  tr.-grse< 

Ovale, ail.,  aplatie, irrég. 

Orange  rosé,  glacé. 

Très-blanche,  ferme,  pl. 
Rose  vif,  pleine,  ferme. 

Tr.-saillantes. 

Fertile. 

Vigoureuse. 

Rustique. 

1 46*  Éléonor  (Myatt) A 

1 Analogues  ; Cnjsial  Palace, 

1 NcYilTOd^  6tC  

• Ire  ou  2e. 

le,tr.-grse 

(Coniq.,  allong.,  rarem 
1 aplatie,  régulière. 

Verm'e»  foncé,  vernis-^ 

A la  surface, 
rég»' espacées 

Très-fertile. 

Tr.-vigourse. 

Tr.-rustique. 

1 47  Amiral  Dundas  (Myattj ( 

) 

Z Ire  ou  2e, 

le,  tr.-gr“ 

e .AIL,  coniq.  ou  lobée,  irrr 

e Vermillon  orange  p*'® 

Rose  et  rouge,  pl.,  R”'®. 

A la  surface. 

Très-fertile. 

Tr.-vigourse. 

Ass.  rustique.  ' 

U 48  Du  Chili,  à fruit  orange < 

: Ire. 

2e. 

Ovale,  arrondie,  régul 

Orange  vif. 

Tounàtre,  pL,  très-f™®. 

Saillantes. 

Fertile. 

Id. 

i 

Tr.-rustique.  l 

è 

I 49  De  Californie  améliorée  {Califor 

II  yiicOr  Zwcic?ct  pBvfBctci) • 

. Ire  ou  2e 

2e. 

Ronde  ou  arrond.,  régn 

b Rose  orange  vif’ 

®'obc  jaunâtre,  tendre. 

Peuenfoncées 

Très-fertile. 

Vigoureuse. 

f 

I 

Id.  1 

1 50  Du  Chili,  Lucie  (Boisselot) .... 

C ire. 

le,  tr.-gr® 

ne  Allongée,  aplatie,  régr' 

e.  Rose  vif  verniss'’ 

Rose,  pleine,  ferme. 

Saillantes. 

Fertile. 

Tr.-vigoui'se. 

Tr.-rustique.  t 
é 

l 

d 

n 

n 

e 

n 

397 


OBSERVATIONS. 


38.  Fraise  superbe,  qui 
inanque  un  peu  de  qualité;' 
elle  convient  aux  personnes! 
qui  aiment  les  Fraises 
goût  relevé. 

39. Fruit  su  perbe  et  I rès-bon 

40.  Amélioration  de  notre 
ancienne  BriUsii  qucen  pour 
la  ruslicilé  et  la  vigueur,  ei 
dont  le  fruit  est  aussi  bon 
ce  qui  n’est  pas  peu  dire. 

41.  Variété  réunissant  tous 
les  mérites,  sauf  celui  de  la 
grosseur  des  Fraises,  qui 
bien  que  très-belles  de  cou 
leur  et  de  forme,  ne  sont  pa; 
toujours  assez  grosses. 

42.  Jolie  Fraise,  de  belle 
forme  et  de  bonne  grosseur, 
qui  maibeureusement  se  dé 
compose  assez  facile  ment  et 
ne  peut  voyager;  elle  con- 
vientaux  personnes  qui  peu 
vent  laconsommersur  place, 

43. , Une  des  plus  belles 
Fraises.  Cette  variété  est  tel- 
lement vigoureuse,  qu’il  faul 
éviter  de  la  planter  dans  un 
terrain  trop  riche,  car  dani 
ces  conditions  elle  est  sou 
vent  peu  fertile;  toutefois, 
et  quelles  que  soient  ces 
coniiitions,  elle  ne  rapporte 
bien  que  la  deuxième,  troi- 
sième ou  quatrième  année 
après  la  plantation. 

44.  Bonne  Fraise,  mais  d’u 
goût  un  peu  acidulé,  relevé, 
parfumé. 

45.  Encore  nouvelle,  et  qui 
n’a  pu  être  assez  appréciée, 
dont  les  fruits  sont  très 
beaux  et  exquis. 

46.  Fraise  superbe,  à cbaii 
ferme,  jolie  de  forme  et  d’as- 
pect, se  transportant  facile- 
ment; aussi,  coiumence-t- 
elie  à être  cultivée  dans  les 
cnamps  pour  l’approvision 
nement  des  marchés  de  Pari 
à l’arrière-saison  ; mais, 
comme  presque  toutes  les 
très-grosses  Fraises , elle 
n’est  pas  de  toute  première 
qualité  ; son  goût  est  agréa- 
ble, mais  un  peu  acidulé.  On 
peut  la  forcer  en  dernière 
saison. 

47.  Cette  Fraise,  et  celle  du 
n°  46,  sont  peut-être  les  deux 
plus  belles  qui  existent 
ceile-ci  est  de  qualité  va 
riable,  très  bonne  dans  cer 
tains  terrains  un  peu  secs 
elle  est  de  deuxième  qualité 
dans  les  sols  froids  et  hu- 
mides. 

48.  Cette  variété,  indiquée 
comme  délicate  dans  plu- 
sieurs ouvrages  et  catalo- 
gues, est  rustique  dans  les 
terres  riches  mêlées  desable, 

:sonf."uitest  très-joli  eibon. 

49.  Espèce  ou  variété  d’une 
structure  et  d’un  aspect  par- 
ticuliers, facile  à reconnaître 
parmi  les  autres.  Demande 

terre  riche  mêlée  de 


J qualité 


398 


SPARGOUTE  PILIFÈRE. 


SPARGOUTE  PILIFÈRE 


Dans  un  précédent  article  où,  en  cher- 
chant à appeler  l’attention  sur  cette  es- 
i^èce{Spergulapilifera,L.),  et  en  essayant 
d’en  faire  ressortir  le  mérite  ornemental, 
nous  exprimions  le  regret  que  non  seule- 
ment cette  plante  ne  soit  pas  recommandée, 
mais  même  pas  décrite  par  les  livres  élé- 
mentaires, les  ((  bons  Jardiniers,  » qui,  l’on 
peut  dire,  sont  le  catéchisme  horticole,  et 
pour  heacoup  de  gens,  Voracle.  Heureuse- 
ment il  est  un  autre  livre  qui,  nous  en 
avons  l’espoir  et  surtout  le  désir,  deviendra 
plus  populaire  encore  qu’il  l’est  ; c’est  le 
livre  qui  a pour  titre  : Les  fleurs  de 
pleine  terre,  par  MM.  Vilmorin,  Andrieux 
et  Ci®,  et  dans  lequel  nous  trouvons  une 
description  détaillée  du  Spergula.  La 


beauté,  l’aspect  exceptionnel  et  particulier, 
— nous  dirions  presque  la  migno7inité  — 
de  cette  espèce  nous  engagent  à en  donner 
une  description  que  nous  empruntons  en 
partie  à la  maison  Vilmorin  et  C‘®,  qui  a 
bien  voulu  nous  prêter  ses  clichés,  ce  dont 
nous  l’en  remercions  bien  sincèrement. 
Nous  empruntons  cet  article  aux  Fleurs  de 
pleine  terre,  3«  édition,  p.  1000. 

Plante  indigène,  vivace . Tiges  nombreuses, 
gazonnantes,  naissant  de  rosettes  de  feuilles, 
très-rameuses,  ne  s’élevant  pas  au-delà  de 
4 à 8 centimètres,  d’un  vert  tendre.  Feuilles 
opposées  linéaires-aiguës,  longues  de  8- 
12  millimètres,  terminées  par  une  petite 
pointe.  Pédoncules  grêles,  filiformes,  dres- 
sés,|puis  penchés,  sensiblement  plus  longs 


Fig.  37.  — Spargoute  pilifère. 


que  les  feuilles,  terminés  par  une  seule 
fleur  légèrement  odorante.  Calice  à 5 sé- 
pales persistants,  ovales-lancéolés,  à bords 
marginés,  longs  de  2-3  millimètres;  corolle 
blanche,  à 5 pétales  un  peu  plus  larges  que 
les  sépales  et  plus  longs,  ovales-obtus  ; éta- 
mines 5-10,  plus  courtes  que  la  fleur; 
styles  5,  égalant  les  étamines.  Fruit  capsu- 
laire, s’ouvrant  en  5 valves,  et  dépassant  un 
peu  le  calice. 

Ce  n’est  que  depuis  quelques  années  que 
cette  charmante  petite  plante  est  utilisée 
assez  généralement  pour  l’ornementation 
des  jardins.  Sa  manière  de  végéter  en  gazon 
fin  et  serré  lui  donne  l’aspect  d’une  mousse, 
et  permet  d’en  former  des  tapis  ras  d’un 
très-joli  effet,  par  la  couleur  vert  gai  de  son 
feuillage,  sur  lequel  se  succèdent  de  mai  en 
août  dlinnombrables  petites  fleurs  étoilées, 
d’un  blanc  pur.  On  peut  en  faire  aussi  de 
charmantes  bordures,  des  pelouses  de  peu 
d’étendue,  en  orner  les  rochers,  les  gla- 
cis, etc.,  etc. 


La  Spargoute  pilifère  (fig.  37)  {Arenaria 
cœspitosa,  Hort.;  A.  verna,  Hort.;  Sagina 
acicularis,  Rori.;  S.  pilifera,  Rort.;  S.  su- 
hulata,  Sweet.)  est  Jrès-rustique,  et  réussit 
en  tous  terrains  sains,  mieux  cependant 
dans  ceux  qui  sont  profonds,  légers  et  frais, 
que  dans  ceux  qui  sont  forts  et  humides. 
Elle  vient  à peu  près  à toutes  les  positions 
aérées;  cependant  elle  sera  plus  jolie  et 
conservera  plus  longtemps  sa  fraîcheur,  si 
elle  est  placée  à l’exposition  de  l’est  et  du 
nord;  dans  tous  les  cas,  on  devra  avoir  soin 
de  lui  donner  de  temps  en  temps  un  coup 
de  rouleau  ou  de  la  piétiner.  Sous  le  climat 
de  Paris,  cette  plante  prend  en  hiver  une 
couleur  roussâtre  et  comme  brûlée,  mais 
elle  reverdit  d’ordinaire  vers  la  fin  d’avril. 

La  multiplication  s’opère  très-facilement  : 
1®  par  la  séparation  des  pieds,  qui  peuvent 
être  divisés  à l’infini,  opération  qui  se  pra- 
tique au  printemps  ; le  plus  petit  fragment 
peut  arriver,  dans  l’année,  à former  une 
assez  large  touffe  ; 2®  par  le  semis,  qui  se 


LES  CATALOGUES. 


399 


pratique  à l’air  libre,  soit  en  pots,  soit  en 
terrines,  soit  en  pleine  terre,  depuis  le  mois 
d’avril  jusqu’en  août-septembre.  La  graine, 
j étant  d’une  ténuité  extrême,  devra  être  se- 
mée sur  une  terre  préalablement  tassée  et 
bien  unie,  et  on  la  recouvrira  au  plus  d’un 
demi-millirnètre  de  terre  très-fine  ou  de 
quelques  fragments  de  mousse  ; mieux  vau- 
I dra  même  ne  la  point  recouvrir  du  tout,  et 

i 

LES  CAT 

En  raison  du  grand  nombre  de  catalogues 
que  nous  avons  reçus  cette  quinzaine,  nous 
ne  nous  étendrons  sur  aucun,  nous  bornant 
à indiquer  d’une  manière  générale  les  spé- 
; cialités,  de  façon  à renseigner  nos  lecteurs 
! sur  les  principaux  produits  qu’on  trouve 
dans  les  établissements  dont  ils  émanent. 

D’abord  un  catalogue  prix-courant  de 
M.  Louis  Van  Houtte,  horticulteur  à Gand 
(Belgique),  propre  aux  Azalea  indica,  Ca- 
' mellia,  Rhododendrons,  d’orangerie  et  au- 
tres espèces  de  plein  air,  aux  Azalées  rus- 
tiques japonaises  (A.  mollis) ou  américaines, 
et  autres  articles  de  terre  de  bruyère. 

Un  catalogue  général  des  Rosiers  dispo- 
nibles pour  1873-1874,  cultivés  dans  l’éta- 
blissement de  M.  Joseph  Schwartz,  rue  du 
Repos,  n®  43,  à la  Guillotière,  — Lyon 
I (Rhône). 

I Par  une  circulaire  spéciale,  cet  horticul- 
teur informe  le  public  qu’il  mettra  au  com- 
merce, à partir  du  1er  novembre  1873,  deux 
Rosiers  nouveaux  obtenus  dans  son  établis- 
sement. Ce  sont  les  hybrides  remontants 
J Olga  Marix  et  Perfection  des  blanches. 

I MM.  Gharozé  frères,  horticulteurs-pépi- 
' niéristes  à la  Pyramide,  près  Angers  (Maine- 
let-Loire).  — Plants  d’arbres  fruitiers  et  fo- 
irestiers.  Rosiers,  plantes  de  serre  chaude, 
'serre  tempérée  et  serre  froide,  telles  que: 
i Ficus,  Dracœna,  Palmiers,  etc. 
i J. -B.  Guillot  fils,  horticulteur,  chemin 
! des  Pins,  27,  à Lyon-Guillotière.  — Sup- 
'plément  au  catalogue  général  des  Rosiers 
pour  l’automne  1873  et  le  printemps  1874. 
Ce  même  horticulteur  annonce  qu’à  partir 
;du  1er  novembre  prochain,  il  va  mettre  au 
commerce  pour  la  première  fois  deux  nou- 
velles variétés  de  Rosiers,  l’une  : Claire 
! Carnot,  appartient  aux  Noisettes  ; l’autre  : 
prince  Paul  Demidoff,  rentre  dans  la  sec- 
tions des  hybrides  remontants. 

Frœbœl  et  G‘e,  horticulteurs  à Neumuns- 
’ ter-Zurich  (Suisse).  — Nouveautés  en  tous 
genres,  collections  d’arbres  et  d’arbrisseaux 
fruitiers  et  d’ornement,  de  Conifères , de 


se  contenter  de  l’appliquer  sur  la  terre  : 
dans  ce  dernier  cas,  le  semis  devra  être  fait 
à l’ombre,  et  l’on  aura  soin  d’arroser  très-lé- 
gèrement avec  un  arrosoir  à pomme  finement 
percée,  afin  de  ne  point  déplacer  les  graines. 

On  pourra  se  procurer  des  graines  de 
Spargoute  pilifère  chez  MM.  Vilmorin-An- 
drieux  et  4,  quai  de  la  Mégisserie,  à 
Paris.  E.-A.  Carrière. 


plantes  vivaces  alpines  et  autres.  Fougères 
de  pleine  terre.  Pivoines,  Rosiers,  etc.,  etc. 

Louis  Leroy,  horticulteur-pépiniériste  à 
Angers  (au  grand  jardin).  — Pépinières  très- 
vastes,  où  l’on  trouve  des  collections  d’arbres 
fruitiers  et  d’ornement,  des  Rosiers,  Coni- 
fères, Magnolias,  plants  d’arbres  et  d’arbris- 
seaux fruitiers,  forestiers  et  d’ornement,  etc. 

Simon-Louis  frères,  horticulteurs-pépi- 
niéristes, marchands  grainiers  à Metz. 

• — Catalogue  spécial  des  arbres  et  ar- 
brisseaux fruitiers.  L’un  des  plus  grands 
établissements  et  des  mieux  assortis  ; on 
trouve  là  à peu  près  tout  ce  que  Von 
peut  désirer  en  plants  et  plantes  prôpres  à 
l’ornement,  aux  vergers,  ainsi  que  des  col- 
lections spéciales  en  tous  genres  de  plants 
d’arbres  forestiers  et  fruitiers,  etc.  Plantes 
de  serre,  assortiment  complet  de  graines  po- 
tagères, fruitières,  forestières  et  d’ornement. 

Etablissement  horticole  de  Adrien  Séné- 
clauze,  à Bourg- Argentai  (Loire).  — Collec- 
tions nombreuses  et  variées  d’arbres  frui- 
tiers, forestiers  et  d’ornement,  plantes  de 
serre  et  de  pleine  terre.  Rosiers,  Pivoines, 
Conifères  en  plantes  faites  et  jeunes 
plants,  etc.,  etc. 

Audusson-Hiron  fils,  pépiniériste,  rue  de 
Brissac,  à Angers.  — Arbres  fruitiers,  fores- 
tiers et  d’ornement,  à feuilles  caduques  et 
à feuilles  persistantes  ; plantes  grimpantes, 
Camellias,  Rhododendrons,  Rosiers,  etc., 
plantes  de  terre  de  bruyère,  etc.,  etc. 

J.-B.-A.  Deleuil,  rue  Paradis,  traverse  du 
Fada,  à Marseille.  — Spécialités  de  Bégonia, 
Echeveria , Amaryllis,  Yucca.  M.  De- 
leuil, qui  s’adonne  tout  particulièrement  à 
la  culture  de  ces  plantes  si  jolies  et  si  pro- 
pres à l’ornementation,  a,  par  des  féconda- 
tions artificielles  savamment  et  intelligem- 
mentcombinées,  obtenu  les  résultats  les  plus 
remarquables.  A partir  du  octobre  1873, 
il  mettra  au  commerce  pour  la  première  fois 
quatre  nouveaux  Bégonia  et  trois  Echeve^ 
ria,  toutes  plantes  hybrides  des  plus  remar- 
quables obtenues  dans  son  établissement. 


CONSERVES  DE  TOMATES. 


400 

Jacquemet-Bormefont  père  et  fils,  horti- 
culteurs-pépiniéristes et  marchands  grainiers 
à Annonay  (Ardèche).  — On  trouve  dans 
cet  établissement,  l’un  des  plus  vastes  du 
monde,  à peu  près  tout  ce  qui  est  nécessaire 
pour  les  plantations  fruitières,  forestières  et 
d’ornement,  ainsi  que  des  collections  spé- 
ciales telles  que  : Pivoines,  Camellias,  Rho- 
dodendrons etc.,  etc.  On  peut  se  procurer 
là  tout  particulièrement  et  en  quantités  con- 
sidérables des  collections  de  Mûriers  greffés 
et  francs  de  pied  pour  l’usage  de  la  sérici- 
culture. S’adresser  soit  à Annonay,  soit  à 
Lyon,  à la  succursale,  place  Bellecour,  3. 

F.  Fauveau , pépiniériste- viticulteur  à 
Beaulieu,  près  Saint-Lambert-du-Lattay 
(Maine-et-Loire).  ■ — Cultures  spéciales  de 
Vignes  pour  Raisins  de  table  et  vignoble. 

Groux  et  fils,  horticulteurs-pépiniéristes, 
vallée  d’Aulnay,  à Sceaux  (Seine^  — Pépi- 
nières très-vastes,  collections  d’arbres  frui- 
tiers, forestiers  et  d’ornement.  Rosiers, 
Pivoines,  Rhododendrons,  Azalées  de  pleine 
terre,  etc.,  etc.  Cultures  spéciales  d’arbres 
d’alignement  en  forts  exemplaires. 

CONSERVES 

Dans  la  troisième  édition  de  la  Culture 
maraîchère  que  je  viens  de  faire  paraître, 
au  sujet  des  cultures  des  Cardes  du  Chili, 
des  Cornichons  et  des  Patates,  j’ai  indiqué 
la  manière  de  les  préparer  pour  en  faire  des 
mets  exquis,  et  celle  de  conserver  les  Corni- 
chons aussi  longtemps  qu’on  le  désire.  Dans 
des  lettres  que  j’ai  reçues  depuis  cette  pu- 
blication, et  qui  prouvent  l’intérêt  qu’on  at- 
tache à ces  renseignements,  on  me  demande 
d’ajouter  quelques  mots  à chaque  culture 
pour  préparer  ou  conserver  les  produits,  ce 
que  je  vais  essayer  de  faire  en  publiant  une 
série  de  petites  notes  qui  feront  partie  de 
la  ^quatrième  édition  de  ma  Culture  ma- 
raîchère. 

Confitures  de  Tomates. 

Les  personnes  qui  n’ont  pas  besoin  d’une 
grande  quantité  de  ce  produit  se  trouveront 
bien  du  procédé  suivant  : 

Lorsque  les  fruits  sont  bien  mûrs,  il  faut 
les  écraser,  puis  les  passer  dans  une  pas- 
soire afin  d’en  extraire  les  graines  et  les  pel- 
licules ; ensuite  on  les  fait  bouillir  dans  une 
chaudière  de  cuivre  bien  propre  ; on  les 
laisse  bouillir  selon  la  quantité  de  conserve 
qu’on  désire  obtenir,  mais  en  général  il  y a 
toujours  avantage  de  les  laisser  bien  cuire. 

Quand  le  jus  a diminué  environ  de  la 
moitié,  on  commence  à le  remuer  avec  un 


Dans  une  circulaire  spéciale,  M.  Eugène 
Verdier,  horticulteurà  Paris,  72,  rue  Dunois, 
informe  le  public  qu’il  mettra  au  commerce, 
à partir  du  1er  novembre  1873,  dix  variétés 
de  Rosiers  dont  il  est  l’obtenteur.  Toutes 
ces  variétés,  qui  appartiennent  aux  hydrides 
remontants,  sont  les  suivantes  : Antoine 
Castel,  Ernest  Verger,  François  Courtin, 
John  Harrison,  Saison  Lierval,  Miller 
Hayer,  Paulin  Talahot,  Président  Hardy, 
Théodore  Buchetet,  Thomas  Mills. 

Un  extrait  du  catalogue  général  de 
MM.  Thibault  et  Keteleer,  horticulteurs  à 
Sceaux  (Seine),  spécial  aux  plantes  rares 
et  aux  nouveautés,  soit  de  serre,  soit  de 
pleine  terre.  — Dans  celles-ci  se  trouvent, 
parmi  les  arbustes,  les  Erables  japonais,  si 
remarquables  par  l’élégance  de  leur  feuillage, 
VAralia  hybrida,  le  Stuartia  grandiflora, 
VEnkianthus  japonicus,  les  Daphné  bla- 
gayana  et  salicifolia,  une  nouvelle  et  jolie 
variété  de  Houx,  M*"®  Briot,  etc.  Enfin  dix 
espèces  ou  variétés  de  Bambous  rustiques, 
dont  plusieurs  tout  à fait  nouvelles. 

E.-A.  Carrière.  î 

)E  TOMATES  : 

bâton,  pour  ne  pas  le  laisser  brûler  ni  s’at- 
tacher au  fond  du  chaudron,  et  l’on  continue 
de  remuer  jusqu’à  ce  que  le  jus  soit  bien 
pris  et  forme  une  sorte  de  pâte  assez  consis- 
tante, à peu  près  comme  de  vraies  confitures. 

Lorsque  la  cuisson  est  à point,  on  laisse 
refroidir,  puis  on  met  le  tout  dans  des  plats 
en  terre  ou  dans  des  vases  appropriés.  On  peut 
mettre  cette  sorte  de  confiture  dans  des  as- 
siettes, où  la  rouler  en  bille  et  la  plier  dans 
du  papier  blanc  comme  des  saucissons  ; si 
elle  est  bien  cuite,  elle  se  conservera  par- 
faitement bien,  quel  que  soit  le  procédé 
qu’on  ait  employé,  de  sorte  que  l’on  pourra 
s’en  servir  au  fur  et  à mesure  du  besoin.  Si 
Ton  a bien  suivi  ces  prescriptions  on  peut 
être  sûr  que  quand  même  un  morceau  serait 
entamé,  il  se  conserverait  jusqu’à  la  fin  sans 
même  devenir  aigre,  ce  qui  n’a  pas  lieu  pour 
la  liqueur  de  Tomates  renfermée  dans  des 
bouteilles. 

J’ajoute  comme  renseignement  pour  ceux 
qui  ne  connaissent  pas  cette  sorte  de  conserve 
qu’on  peut  en  ajouter  dans  les  potages  ou 
dans  la  plupart  des  autres  mets,  ce  qui  leur 
communique  une  saveur  très-agréable  que  ; 
ne  peut  donner  le  jus  de  Tomates  tel  qu’onle 
prépare  ordinairement.  A.  Dumas, 

Jardinier-chef  à la  ferme-école;^du  Gers.  - 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  cloître  Saint-Etienne,  4. 


I CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quinzaine  d’octobre) 

Souscription  ouverte  pour  élever  un  monument  à la  mémoire  de  M.  Barillet. Le  phylloxéra*  une 

question  de  mots  ; moyens  divers  proposés  pour  la  destruction  du  phylloxéra.  Résultats  obtenus  par 
M.  de  la  Paillone  par  l’emploi  du  sable  déposé  au  pied  des  ceps  : communication  de  M.  de  la  Paillone. 
— Les  Fraisiers  de  M.  Robine.  — Cueillette  et  conservation  des  fruits  : extrait  du  Bulletin  de  la 
! Société  centrale  d’horticulture  de  la  Seine-Inférieure.  — La  maladie  des  Pommes  de  terre  et 

I l’oïdium  ; leur  identité  probable  : communication  de  M.  Weber,  jardinier-chef  au  jardin  botanique  de 

\ Dijon.  — Le  Canistrum  aurantiacum  : extrait  de  la  Belgique  horticole.  — Les  Phormium  tenax  à 

feuilles  panachées  : observations  sur  la  constance  de  cette  variété.  — Expériences  sur  la  culture  à sec 
j du  Cresson  de  fontaine  : communication  de  M.  Eugène  Vavin.  — Fructification  de  VA  bies  religiosa 

j chez  M.  Herpin  de  Frémont.  — Fructification,  au  Fleuriste  de  la  ville  de  Paris,  d’un  Yucca  quadri- 

j color  variegata.  — Le  Magnolia  Camphelli.  — Le  Diospgros  Kaki. 


! 

j Aussitôt  après  la  mort  de  M.  Barillet,  un 
i certain  nombre  de  personnes,  se  faisant 
I l’interprète  du  sentiment  général  des  hor- 
' ticulteurs,  amateurs  et  amis  de  l’horticul- 
î ture,  ont  pris  l’initiative  d’ouvrir  une  sous- 
! cription  dont  le  produit  sera  consacré  à 
I élever  un  monument  pour  perpétuer  la 
! mémoire  de  cet  homme  remarquable,  à qui 
l’horticulture  doit  tant. 

Nous  apprenons  à l’instant  que,  sur  la 
demande  qui  lui  en  a été  faite,  « le  conseil 
d’administration  de  la  Société  centrale  d’hor- 
I ticulture  de  France,  désirant  donner  un 
témoignage  de  sympathie  à la  souscription 
qui  est  ouverte  en  vue  d’élever  un  monu- 
ment à M.  Barillet,  a,  dans  sa  séance  du 
23  octobre  dernier,  autorisé  M.  le  trésorier 
de  la  Société  à recevoir  le  dépôt  des  fonds 
i ç qui  seront  versés  avec  cette  destination.  » 
[ C’est  là  une  bonne  nouvelle  que  nous  nous 
\ ^ empressons  de  porter  â la  connaissance  de 
nos  lecteurs,  et  sur  laquelle  nous  revien- 
I drons  dans  un  prochain  numéro  de  la  Revue. 

— La  question  du  phylloxéra  est  toujours 
pendante,  et,  jusqu’à  présent,  loin  de  rece- 
voir  une  solution  pratique,  elle  tend  à dégé- 
nérer en  une  question  de  mots.  Ainsi,  tandis 
que  certains  auteurs  le  considèrent  comme 
un  mythe,  — ce  qui  malheureusement  est 
une  erreur  complète,  — d’autres  le  consi- 
f I dèrent  comme  n’étant  qu’un  effet,  d’où  ils 
tt  concluent  qu’on  a tort  de  s’en  préoccuper  et 
i ! que  toute  l’attention  doit  être  portée  sur  sa 
cause,  de  sorte  que  causes  et  effets  sont  au- 
jourd’hui les  deux  principaux  points  sur 
! lesquels,  pour  beaucoup  de  personnes,  rou- 
I lent  la  plupart  des  discussions.  Mais  ce 
à quoi  l’on  ne  paraît  pas  assez  réfléchir, 
c’est  qu’il  n’y  a là  que  des  mots , car 
qui  n’est  pas  à la  fois  cause  et  effet?  Une 
i cause  première  est  l’équivalent  d’un  enfant 

1er  novembre  1873. 


sans  parents  : il  ne  peut  donc  y en  avoir. 
Aussi  pèche-t-on  contre  la  logique  lorsque, 
comme  on  le  fait  lorsqu’il  s’agit  d’un  mal  ou 
d’un  sinistre  quelconque,  l’on  conseille  de 
remonter  d’abord  à la  cause.  La  chose  n’a 
de  raison  d’être  que  dans  un  très-petit 
nombre  de  cas,  mais  non  dans  celui  qui  nous 
occupe.  Presque  toujours  la  cause  est  incon- 
nue, tandis  qu’il  en  est  tout  autrement  de 
l’effet  qui,  presque  toujours  aussi,  est  la 
seule  chose  qui  frappe,  et  par  conséquent 
qu’il  faut  faire  disparaître.  Ainsi,  par 
exemple  : vous  avez  la  fièvre,  votre  champ  est 
envahi  par  de  mauvaises  herbes,  vos  arbres 
sont  dévorés  par  les  chenilles  et  vos  enfants 
par  la  vermine;  est-ce  qu’au  lieu  de  recher- 
cher et  de  discuter  sur  les  causes  qui  ont  dé- 
terminé ces  choses,  vous  ne  chercherez  pas  de 
suite  à faire  disparaître  les  effets?  Voici  une 
maison  qui  brûle  ; est-ce  que  vous  ne  cher- 
cherez pas  plutôt  à arrêter  l’incendie  que  d’en 
rechercher  l’auteur?  N’est-ce  pas,  du  reste, 
ce  qu’on  fait  contre  l’oïdium  ? au  lieu  d’en 
chercher  la  cause,  on  essaie  de  le  détruire. 
On  a raison.  Que  dans  cette  circonstance,  si 
le  phylloxéra  a une  cause,  — ce  qui  ne  peut 
faire  l’objet  d’aucun  doute,  — ce  n’en  est  pas 
moins  lui,  effet,  qui  tue' la  Vigne;  il  est  donc 
à son  tour  la  véritable  cause  de  la  mort  de 
la  Vigne  ;Jaussi  est-ce  à lui  qu’il  faut  d’abord 
s’en  prendre,  ce  qui  pourtant  ne  veut  pas  dire 
que  lorsqu’on  se  trouve  en  face  d’un  mal  on 
ne  doit  point  chercher  à remonter  à la  source 
afin  de  la  détruire  si  possible  ; mais  en  at- 
tendant il  faut  tâcher  de  faire  disparaître 
l’effet  qui,  nous  le  répétons,  est  toujours  ce 
qui  frappe  ; ce  qui  nous  amène  à cette  con- 
clusion : Tuez  le  phylloxéra,  et  la  Vigne 
vivra. 

Les  savants  qui  ont  une  mission  officielle 
pour  chercher  des  moyens  de  détruire  le 
phylloxéra  font  toujours  des  études  pour  ar- 

21 


CHROI^IQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


river  à ce  résultat.  Tout  récemment  (séance 
de  l’Académie  des  sciences  du  29 septembre), 
M Max.  Cornu  présentait  un  long  mémoire 
sur  cet  insecte.  Cette  note  porte  sur  certains 
caractères  de  l’insecte,  et  principalement  sur 
les  transformations  des  galles  des  racines, 
toutes  choses  qui  peuvent  être  très-intéres- 
santes au  point  de  vue  de  l’entomologie, 
mais  à peu  près  inutiles  h celui  de  la  des- 
truction du  phylloxéra.  Malheureusement 
nous  devons  reconnaître  que  la  question 
pratique  ne  fait  guère  plus  de  progrès;  à 
part  la  submersion  (lui,  il  faut  l’avouer, 
présente  de  très-grandes  difficultés,  aucun 
des  autres  moyens  indiqués  n’a  donné  de 
résultats  sérieux.  Dans  une  de  ces  notes, 
M.  Gauhan  du  Mont  indique  la  présence  du 
Chanvre  pour  éloigner  l’insecte.  Une  autre, 
de  M.  E.  de  Laval,  prescrit  le  sulfure  de 
carbone  mélangé  avec  une  huile  végétale, 
ainsi  que  le  sulfure  de  potassium.  M.  Ray- 
mond Réjou  fils  (1)  conseille  l’emploi  du 
tabac.  Enfin,  un  propriétaire  de  Sérignan 
(Vaucluse),  M.  de  la  Paillone,  a publié  un 
article  dans  le  Sud-Est  de  Grenoble,  dans 
lequel  il  a fait  connaître  les  résultats  qu  il  a 
obtenus  par  l’emploi  du  sable  déposé  au  pied 
des  ceps  : 

Frappé,  dit-il,  depuis  longtemps  delà  richesse 
de  végétation  dont  jouissaient  les  Vignes  en  ter- 
rains sablonneux  au  milieu  de  la  destruction  gé- 
nérale produite  par  le  phylloxéra,  je  cherchai  a 
me  rendre  compte  de  cette  immunité  que  je 
rencontrais  aussi  dans  les  treilles  fixées  aux 


lüuüuuuaio  -V. — 

murailles,  dans  les  lignes  de  souches  longeant  le 
midi  des  grandes  routes  ou  la  rivière  de  l’ Aigues, 


. riviere  ue  i 

êTsurtout  dans  les  Vignes  situées  au  sud  de 
rétaiio-  de  Rhut,  au  nord  desquelles  sont  plantées 
des  haies  d’abri.  Partout,  en  un  mot,  où  le  vide 
ne  pouvait  se  former  autour  du  collet  de  la  souche, 
le  phylloxéra  n’exerçait  que  peu  ou  point^  de 
ravages.  Ces  nomhieuses  observations  mont 
amené  à penser  que  ce  terrible  insecte  ne  pé- 
nétrait sur  les  racines  des  souches  que  par  le 
vide  qui,  chaque  année,  et  surtout  à l’époque 
actuelle,  se  forme  autour  du  collet.  Cette  pensee 
est  devenue  pour  moi  une  quasi-certitude,  et 
j’ai  cherché  à faire  prévaloir  ce  système  à la 
Société  d’agriculture  de  Vaucluse  et  à celle  de 
Montpellier,  dans  la  séance  du  23  septembre. 
Tous  les  efforts  des  viticulteurs  doivent  donc 
tendre,  selon  moi,  à trouver  un  obturateur  qui 
ferme  l’entrée  de  la  souche  à notre  cruel  en- 
nemi. , , , „ 

M.  Faucon  a évidemment  trouve  le  plus  ethcace 
de  tous  par  son  procédé  de  l’immersion  pro- 
longée ; mais  malheureusement  peu  d’agricul- 
teurs se  trouvent  en  position  de  1 imiter,  et  il 


fallait  chercher  un  procédé  d’une  application 
plus  générale.  L’emploi  du  sel  était  indiqué  tout 
d’abord,  en  y joignant  toutefois  le  perfectionne- 
ment de  notre  culture  de  la  Vigne,  dirigée  dans 
le  but  d’économiser  autant  que  possible  la  sève 
que  peuvent  encore  nous  donner  les  racines  de 
nos  Vignes  déjà  si  gravement  atteintes. 

Voici  la  manière  d’opérer  dont  je  recommande 
vivement  l’essai  : tailler  tout  de  suite  après  la 

vendange,  enlaissantles  porteurs  à 50  centimètres 

de  longueur,  pour  ne  les  couper  dérinitivement 
qu’en  mars.  La  sève  d’automne  s’utilise  ainsi  à 
la  cicatrisation  des  nombreuses  plaies  de  la  taille. 
Ces  ceps  feuillés,  mis  tout  de  suite  en  fagots, 
font  une  excellente  nourriture  d’hiver  pour  les 
moutons. 

Tout  de  suite  après  la  taille,  donner  une  cul- 
ture profonde,  en  ayant  soin  de  laisser  autour 
des  souches  une  légère  dépression  de  terrain,  et 
la  remplir  de  sable  fin.  (Cette  culture,  quoique 
profonde  et  atteignant  parfois  les  racines,  n’a 
pas  le  même  inconvénient  qu’au  printemps , les 
plaies  ont  le  temps  de  se  cicatriser  et  ne  de- 
viennent pas  un  exutoire  par  lequel  s’écoule  la 
sève  du  printemps,  au  grand  détriment  de  la 

souche.)  i * 4 

Ces  deux  opérations  faites,  surveiller,  et  toutes 
les  fois  que,  par  suite  de  circonstances  quelcon- 
ques, le  vide  se  forme  autour  du  collet,  donner 
un  coup  de  râteau,  un  binage  s’il  y a de  l’herbe, 
ou  simplement  opérer  un  tassement  avec  le  pied 
autour  de  la  souche. 

Au  mois  de  juin,  enlever  impitoyablement  tous 
les  bourgeons  poussés  au-dessous  des  porteurs 
et  déchausser;  c’est  bien  simple,  comme  vous  le 
voyez,  et  c’est  par  ce  moyen  que  j’ai  conserve, 
non  pas  mes  Vignes,  mais  deux  seulement,^  et 
encore  en  partie,  n’ayant  expérimenté  ce  système 
que  beaucoup  trop  tard. 


(1)  Journal d’AgnadHire  pratique,  octobre  1873, 
p.  507. 


■ — R y R cfuelque  temps,  en  parlant  du 
Fraisier  V Inépuisable  et  en  cherchant  à en 
faire  ressortir  certaines  qualités  , ^ nous 
disions  que  très-probablement  il  y avait  dans 
l’obtention  de  cette  Fraise  un  pas  immense 
de  fait  pour  arriver  à des  variétés  à produc- 
tion continue  de  grosses  Fraises,  qui,  alors, 
seraient  l’analogue  des  Fraisiers  quatre  sai- 
sons dans  les  petits  fruits.  Nous  conservons 
le  même  espoir,  augmenté  même  de  certains 
faits  dont  nous  avons  été  témoin  depuis. 
Alais  si  ce  iTest  encore  là  qu’une  hy  pothèse, 
il  y a d’autres  faits  qui  semblent  indiquer 
que  bientôt,  à l’aide  des  variétés  ordinaires, 
par  suite  d’un  travail  intelligemment  com- 
biné, l’on  arrivera  à avoir  de  grosses  Fraises 
pendant  une  grande  partie  de  l’année,  peut- 
être  même  toute  l’année.  Nous  ne  pouvons 
rien  affirmer  à ce  sujet,  bien  que  pourtun 
nous  ayons  de  fortes  probabilités.  En  effet, 
depuis  quelque  temps  notre  confrère, M.  Ro- 
bine,  borticulteur  à Sceaux,  qui,  faisant  des 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  D’OCTOBRE).  4Q3 


Fraisiers  une  spécialité,  a pu  remarquer  les 
particularités  propres  à chacune  des  variétés, 
est  arrivé  à pouvoir  présenter  chaque  se- 
maine à la  Société  centrale  d’horticulture 
(il  en  a encore  présenté  le  jeudi  9 octobre) 
une  assez  notable  quantité  de  grosses  Fraises, 
aussi  bonnes  que  belles  ; il  a non  seulement 
présenté  des  Fraises  cueillies,  mais  même 
des  pieds  dont  les  nombreux  fruits  attestaient 
que  ce  n’était  pas  un  fait  dû  au  hasard , ainsi 
qu’on  en  voit  parfois.  Ces  Fraisiers  ont  été 
présentés  à la  séance  du  jeudi  25  septem- 
bre 1873. 

— Arrivés  à l’époque  de  cueillir  les  fruits 
d’hiver  et  de  les  ranger  dans  le  fruitier, 
nous  croyons  devoir  rappeler  les  principales 
précautions  qu’il  convient  de  prendre  pour 
opérer  convenablement  ce  travail.  A ce  su- 
jet, nous  trouvons  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  centrale  d'horticulture  de  la  Seine- 
Inférieure  les  quelques  détails  suivants  : 
c(  On  peut  conserver  les  fruits  au-delà  de 
leur  terme  ordinaire  en  les  cueillant  avant 
maturité  ; mais  il  ne  faut  pas  oublier  que 
cueillir  les  fruits  de  trop  bonne  heure, 
c’est  en  diminuer  les  qualités. 

<c  II  ne  faut  point  placer  ensemble  les 
fruits  précoces  et  les  fruits  tardifs;  l’acide 
carbonique  qui  se  dégage  des  premiers, 
quand  ils  parviennent  à leur  maturité,  fait 
avancer  les  autres  ; c’est  pour  cela  qu’il  faut 
aussi  retirer  du  fruitier  tous  les  fruits  qui 
approchent  de  leur  époque  de  maturité.  » 
Nous  ajoutons  qu’on  doit  éviter  avec 
grand  soin  l’humidité;  qu’il  n’est  pas  néces- 
saire, ainsi  qu’on  l’a  parfois  recommandé, 
de  renouveler  fréquemment  l’air  d’un  frui- 
tier, à moins  qu’il  n’y  ait  un  excès  d’humidité, 
ce  qu’il  faut  éviter.  Si  une  obscurité  com- 
plète n’est  pas  indispensable,  il  faut  éviter 
une  lumière  vive,  qui  est  toujours  nuisible 
en  accélérant  la  maturation.  De  la  chaux 
pulvérisée  très-sèche  contribue  pour  une 
certaine  part  à assécher  l’air  du  fruitier  en 
s’emparant  de  la  vapeur  d’eau  qu’il  contient 
et,  d’une  autre  part,  en  absorbant  le  gaz 
acide  carbonique  qui  se  dégage  sans  cesse 
des  fruits  ; il  purifie  l’air  qui,  là  où  il  ne  se- 
rait pas  suffisamment  renouvelé,  — surtout 
si  le  local  était  petit  et  contenait  une  grande 
quantité  de  fruits,  — pourrait  se  vicier  et 
devenir  insalubre,  dangereux  même  pour 
les  personnes  qui  y resteraient  longtemps 
exposées.  Quant  à la  température,  elle  doit 
être  aussi  uniforme  que  possible,  toujours 
relativement  très-basse  : à peine  quelques 
degrés  au-dessus  de  zéro  sont  suffisants. 


Pour  le  renouvellement  de  l’air,  l’ouverture 
de  la  porte,  quand  on  entre  dans  le  fruitier 
ou  qu’on  en  sort,  suffira.  Si  pourtant,  par 
suite  de  circonstances  particulières,  on  était 
obligé  d’aérer  un  peu,  on  ouvrirait  un  cré- 
neau ou  sorte  de  petit  vasistas  prenant  l’air 
du  dehors,  au  nord  si  c’est  possible. 

— Au  sujet  de  la  maladie  des  Pommes 
de  terre,  notre  confrère  et  ami,  M.  Weber, 
nous  adresse  la  lettre  suivante  : 

Cher  monsieur  Carrière, 

^ Dans  votre  chronique  de  la  deuxième  quinzaine 
d août,  page  322,  relativement  à la  maladie  des 
Pommes  de  terre,  vous  faites  ressortir  l’analogie 
de  cette  maladie  avec  l’oïdium  de  la  Vigne,  et 
vous  dites  que  le  manque  de  potasse  pourrait 
en  être  la  cause  sur  les  Pommes  de  terre,  en  vous 
appuyant  sur  les  expériences  de  M.  George  Ville, 
les  premières  qui  Paient  démontré  scientifique- 
ment. 

C’est  possible,  mais  pratiquement  on  le  savait 
déjà,  car,  Pan  dernier,  dans  un  rapport  inséré 
dans  le  Bulletin  de  septembre  et  octobre  1872 
de  la  Société  d’horticulture  de  la  Côte-d’Or,  je 
signalais  cette  cause,  et  je  ne  m’appuyais  pas 
seulement  sur  des  données  scientifiques,  mais 
sur  des  expériences  faites  par  une  personne  de 
ma  connaissance  qui  s’occupe  depuis  de  longues 
années  d’engrais  chimiques,  et  qui  cendre  forte- 
ment les  engrais  destinés  à ses  cultures  de  Pom- 
mes de  terre  ; celles-ci  par  suite  échappaient  ainsi 
en  partie  à la  maladie. 

Dans  le  même  rapport  je  dis  : 

« Pour  moi,  la  maladie  de  la  Pomme  de  terre 
est  en  tout  semblable  à l’oïdium  de  la  Vigne,  aux 
tavelures  des  fruits  à pépins  et  au  blanc  des 
feuilles  du  Pêcher. 

c<  Un  Champignon  se  développe  d’abord  sur  les 
parties  aériennes  ; les  pluies  arrivent  et  entraî- 
nent les  spores  en  terre  et  transmettent  ainsi  la 
maladie  aux  tubercules;  aussi  les  temps  secs  et 
la  suppression  des  fanes  malades  sont  reconnus 
depuis  longtemps  contraires  au  développement  de 
la  maladie  sur  les  tubercules.  Puisque  l’on  réus- 
sit à combattre  le  mal  sur  la  Vigne  et  sur  les 
arbres  fruitiers,  pourquoi  ne  réussirait-on  pas 
sur  les  Pommes  de  terre?  En  1869,  nous  culti- 
vions une  collection  de  Pommes  de  terre  le 
long  d’une  treille  ; deux  soufrages  furent  appli- 
qués à cette  dernière  pour  combattre  l’oïdium 
toutes  les  touffes  les  plus  rapprochées  de  la 
treille  restèrent  vertes,  tandis  que  celles  plus 
éloignées  furent  atteintes  par  la  maladie  et  se 
desséchèrent  complètement.  » 

11  résulte  de  cette  citation  que  depuis  longtemps 
l’expérience  nous  a démontré  l’analogie  de  l’oï- 
dium avec  la  maladie  de  la  Pomme  de  terre;  que  les 
deux  parasites  se  développent  avec  plus  d’inten- 
sité lorsque  ces  deux  plantes  souffrent  ; que  les 
engrais  riches  en  potasse  sont  particulièrement 
favorables  aux  Pommes  de  terre  et  combattent 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


4 04 

cette  maladie,  mais  qu’ils  ne  peuvent  l’empêcher 
complètement.  J. -B.  Weber, 

Jardinier-chef  au  jardin  botanique  de  Dijon. 

Grand  merci  à notre  confrère  et  ami  de 
ses  observations.  Sans  discuter  la  priorité, 
nous  sommes  heureux  d’enregistrer  et  de 
rappeler  une  fois  de  plus  l’efficacité  de  tapo- 
tasse contre  la  maladie  des  Pommes  de  terre 
et  contre  l’oïdium  de  la  Vigne  qui,  en  effet,  pa- 
raissent avoir  une  certaine  analogie.  Cet  en- 
seignement, nous  l’espérons,  profitera  à nos 
lecteurs. 

— Le  dernier  numéro  (septembre  1873)  de 
la  Belgique  horticole  contient  une  figure  co- 
loriée du  Canistrum  aurantiacum,  genre 
nouveau  de  la  famille  des  Broméliacées  établi 
par  M.  Ed.  Morren,  qui  après  en  avoir  dé- 
crit les  caractères,  qui  tous  reposent  sur  le 
faciès  et  sur  la  végétation,  dit  : 

...  Ce  nouveau  genre  est  caractérisé  surtout 
par  la  forme  insolite  des  sépales;  il  se  distingue 
aussi  à son  inflorescence  en  forme  de  corbeille 
remplie  de  fleurs,  d’où  le  nom  Canistrum  que 
nous  lui  avons  attribué. 

Il  se  distingue  des  Nidularium  par  ses  sépales 
libres  et  inéquilatéraux,  la  corolle  tripétale,  les 
ovales  acuminés,  etc.;  des  Hohenbergia  et  des 
Hoplophytum  par  la  forme  de  sépales,  l’inflores- 
cence, les  ovules,  etc.  Les  Cryptanthus  ont  le 
calice  gamopliylle,  les  pétales  nus,  les  étamines 
libres,  etc... 

M.  E.  Morren  ajoute  : 

Nous  n’avons  jamais  vu  la  Broméliacée  dont 
il  s’agit  que  dans  la  collection  réunie  au  Jardin 
botanique  de  fUniversité  de  Liège.  Nous  croyons, 
mais  sans  pouvoir  l’affirmer,  que  cette  plante  est 
venue  du  Muséum  d’histoire  naturelle  de  Paris, 
sous  le  nom  de  Cryptanthus  clavatus...  Par  son 
ovaire  infère,  c’est  une  Broméliacée,  mais  ce  n’est 
ni  un  Nidularium,  ni  un  Cryptanthus,  ni  un 
Hohenbergia  ouun  Hoplophytum.  L’inflorescence 
ressemble  à une  corbeille  de  fleurs  portée  sur 
une  tige  droite  bien  au-dessus  du  feuillage.  C’est 
comme  une  de  ces  corbeilles  larges,  plates  et 
découvertes  que  les  Grecs  nommaient  xâvcou,  et 
les  Romains  Canistrum  ; et  c’est  cette  compa- 
raison qui  nous  a inspiré  le  nom  du  genre  nou- 
veau à établir.  D’anciens  documents  représen- 
tent des  femmes  athéniennes  portant  une  large 
corbeille  d’osier  sur  la  tête,  un  Canistrum;  le 
nom  de  Canéphores  leur  avait  été  donné.  On 
voit  au  Musée  de  Dresde  la  statue  d’un  Cané- 
phore.  On  dit  qu’à  Athènes  des  jeunes  filles  ac- 
compagnaient dans  cette  attitude  la  procession 
aux  flûtes  de  Cérès,  de  Bacchus  et  de  Minerve. 
D’ailleurs  les  verdurières  du  pays  de  Liège,  por- 
tant sur  la  tête  leur  charge  de  légumes  dans  un 
ou  plusieurs  larges  paniers  empilés,  sont  aussi 
des  Canéphores... 

La  seule  espèce  qui  jusqu’ici  constitue  ce 


genre  est  très-probablement  une  plante  brési- 
lienne. Peut-être  a-t-elle  été  introduite  dans  les 
cultures  par  Marins  Porte  (voy.  Houllet,  Rev. 
hort.j  1870,  p.  232).  Elle  se  distingue  surtout 
par  son  inflorescence  en  capitule  serré  au  som- 
met d’une  hampe  qui  s’élève  au-dessus  du  feuil- 
lage, par  ses  larges  bractées  rouges  qui  entou- 
rent ce  capitule,  et  par  ses  fleurs  nombreuses 
et  serrées  de  couleur  jaune  orangé... 

L’intérêt  tout  particulier  qui  s’attache  au 
genre  Canistrum,  surtout  aujourd’hui  que 
les  Broméliacées,  non  sans  raison,  du  reste, 
sont  un  peu  à la  mode,  nous  engage  à re- 
produire la  description  que  M.  Ed.  Morren 
a faite  de  cette  espèce,  qu’on  trouvera  plus 
loin. 

— Des  plantes  aujourd’hui  à la  mode,  et 
par  conséquent  recherchées,  sont  les  Phor- 
mium tenax  à feuilles  panachées,  surtout 
la  belle  et  la  plus  grande  variété  du  type,  qui 
est  en  effet  l’une  des  plus  ornementales. 
Malheureusement  c’est  une  de  celles  qui  se 
multiplient  le  plus  difficilement,  ce  qui  ex- 
plique le  haut  prix  qu’a  conservé  cette  plante. 
Récemment,  c’est-à-dire  il  y a environ  deux 
ans,  en  voyant  qu’elle  avait  fructifié  dans 
différents  endroits,  on  espérait  que  ses  grai- 
nes la  reproduiraient  et  en  feraient  abaisser 
le  prix.  Il  n’en  a rien  été  ; c’est  du  moins 
l’opinion  qu’on  s’en  est  faite;  la  raison,  c’est 
que  toutes  ces  jeunes  plantes  paraissent  re- 
venir au  type,  c’est-à-dire  purement  et  sim- 
plement à la  couleur  verte.  Mais  ne  s’est-on 
pas  trop  pressé  de  juger  ? Nous  ne  sommes 
pas  éloigné  de  le  croire,  et  cela  en  nous  ap- 
puyant sur  certains  faits  que  nous  allons 
rapporter  et  dont  nous  avons  été  témoin. 
Sur  un  très-grand  nombre  de  plants  prove- 
nant de  graines  récoltées  sur  un  Phormium 
à feuilles  panachées,  au  Fleuriste  de  Paris, 
quelques-uns  seulement,  lors  de  leur  ger- 
mination , présentaient  quelques  bandes 
ou  stries  jaunes,  mais  qui  ne  tardèrent  pas 
à disparaître;  les  plantes  prirent  la  teinte 
verte  qu’elles  semblaient  devoir  conserver. 
Des  faits  analogues  s’étant  produits  dans 
d’autres  endroits,  on  en  conclut  tout  naturel- 
lement que  cette  variété  <(  n’était  pas  cons- 
tante ; )i  nous-même  l’avons  dit  et  écrit; 
cependant  il  pourrait  se  faire  qu’il  n’en  soit 
pas  ainsi,  et  que  les  Phormium  tenax  va- 
riegata  ne  se  caractérisent,  c’est-à-dire  ne 
deviennent  panachés  qu’à  un  certain  âge, 
lorsqu’ils  ont  atteint  plus  de  force,  ainsi 
que  cela  se  voit  chez  quelques  espèces  par- 
ticulières, notamment  sur  les  Corydiline  ou 
Dasylirium,  plantes  qui,  du  reste,  ont  beau- 
coup d’analogie  avec  les  Phormium.  Un  fait 


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405 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


qui  nous  autorise  à émettre  cette  hypothèse 
est  la  panachure  que  prennent  depuis  quel- 
que temps  des  jeunes  Phormiums  de  semis 
qui  jusqu’à  présent  étaient  restés  verts,  et 
qui  commencent  à se  panacher  d’une  ma- 
nière assez  sensible  ; nous  croyons  devoir 
faire  connaître  ce  fait,  afin  d’engager  les  per- 
sonnes qui,  ayant  des  Phormiums  provenant 
de  plantes  panachées,  seraient  disposées  à 
s’en  défaire  parce  qu’elles  les  verraient  res- 
ter verts  : qu’elles  attendent,  et  nous  croyons 
qu’elles  n’en  seront  pas  fâchées.  Du  reste, 
en  agissant  ainsi,  elles  n’ont  rien  à craindre, 
et  ne  peuvent  perdre,  puisque,  en  supposant 
même  que  leurs  plantes  restent  vertes,  elles 
acquerraient  une  valeur  plus  considérable, 
ne  serait- ce  que  par  le  fait  de  leur  accrois- 
sement. 

— Un  article  intitulé  : Le  Cresson  de  fon- 
taine en  culture  à sec,  publié  dans  la  Re- 
vue horticole,  nous  a valu  d’un  des  grands 
amateurs  d’horticulture,  M.  Eug.  Vavin,  une 
très-intéressante  lettre  que  nous  nous  em- 
pressons de  reproduire.  La  voici  : 

Besancourt,  le  14  septembre  1873. 

Mou  cher  monsieur  Carrière, 

Lecteur  assidu  de  votre  journal  la  Revue  hor- 
ticole, j’y  puise  souvent  de  bien  utiles  rensei- 
gnements. Le  no  10  du  16  mai  1872  contenait 
un  article  instructif  sur  le  Cresson  de  fontaine 
en  culture  à sec,  de  M.  Mayer  de  Jouhe,  qui 
conseille  d’expérimenter  ce  genre  de  culture 
pendant  l’été  ; pour  les  amateurs  qui  n’ont  pas 
d’autre  moyen  d’avoir  du  Cresson,  il  pense  qu’en 
le  cultivant  dans  du  terreau  entretenu  humide 
sous  châssis  dont  la  pente  sera  tournée  au  nord, 
avec  une  aération  suffisante,  on  obtiendra  de  bons 
résultats. 

Cette  idée  m’ayant  paru  ingénieuse,  j’ai  engagé 
mon  jardinier  d’en  faire  l’essai. 

Je  viens  donc  aujourd’hui  vous  dire,  avec  une 
vive  satisfaction,  que  non  seulement  ce  procédé 
a parfaitement  réussi,  mais  que  le  Cresson  que 
j’ai  obtenu  par  ce  mode  de  culture  est  plus 
tendre  et  plus  blond  que  celui  qui  vient  naturel- 
lement dans  les  cressonnières,  d’où  je  conclus 
que  tout  amateur  peut  obtenir  ce  légume,  sans 
avoir  besoin  d’eau  courante, 
j Les  graines  ont  été  semées  vers  le  10  juin,  et 
dès  le  commencement  d’août,  la  cueillette  a 

(commencé. 

Il  est  vrai  que  mon  jardinier  a suivi  très-exac- 
tement les  indications  de  M.  Mayer  de  Jouhe. 

A la  séance  de  jeudi  dernier  de  la  Société 
centrale  d’horticulture  de  France  à Paris,  j’en  ai 
apporté  au  comité  de  culture  potagère;  les  mem- 
bres présents  ont  trouvé  ce  Cresson  excellent; 
aussi  ont-ils  engagé  le  jardinier  à continuer  ce 
nouveau  genre  de  culture,  se  réservant  de  de- 
mander, après  une  expérience  bien  constatée, 
une  récompense  spéciale  pour  son  travail. 


Au  mois  de  juin  dernier,  je  donnais  dans  le 
Journal  de  V Agriculture  la  description  d’un  nou- 
veau siphon  économique,  inventé  par  M.  Léchaut, 
président  de  la  Société  d’horticulture  de  Sauvie, 
en  faisant  observer  que  ce  siphon  pourrait  être 
très-utile  à ceux  qui  se  livrent  à la  culture  de  la 
Barbe  de  capucin.  Je  vais  en  faire  l’essai  pour 
mes  nouvelles  cressonnières,  et  je  ne  doute  pas 
d’obtenir  un  résultat  des  plus  satisfaisants  que  je 
m’empresserai  de  vous  faire  connaître. 

Agréez,  etc.  Eug.  Vavin, 

Président  honoraire  de  la  Socié:’î 
d’aç:ricuUure  et  d’horticulture 
de  l’arrondissement  de  Pontoise. 

— Dans  l’article  que  nous  avons  publié  (i) 
au  sujet  de  la  remarquable  collection  de  Co- 
nifères de  M.  Herpin  de  Frémont,  à Brix 
(Manche),  on  a pu  remarquer  que  VAhies 
religiosa,  espèce  très- rare  dans  les  cultures, 
bien  que  délicate  et  sensible  au  froid,  a 
acquis  là  des  dimensions  relativement  con- 
sidérables (13"™  77  de  hauteur).  Dans  une 
lettre  qu’il  vient  de  nous  adresser,  M.  Herpin 
nous  informe  que  cet  arbre  fructifie  cette 
année  pour  la  première  fois,  et  que  le.s 
cônes  sont  assez  beaux.  Ce  fait  très-intéres- 
sant, en  montrant  quelle  est  la  nature  toute 
particulière  du  climat  de  Brix,  près  Valogne, 
et  en  indiquant  les  cultures  que  l’on  pourrait 
établir  dans  cette  partie  de  la  France,  nous 
fait  espérer  que  bientôt,  grâce  à M.  Herpin, 
il  sera  possible  de  s’approvisionner  en  France 
de  graines  de  cette  belle  espèce,  que  l’on 
pourra  alors  essayer  sur  divers  points,  où 
peut-être,  par  suite  des  dimensions  qu’elle 
atteint  (40  mètres  et  plus  de  hauteur),  elle 
pourrait  servir  non  seulement  à l’ornemen- 
tation, mais  même  être  employée  pour  l’ex- 
ploitation de  son  bois  qui,  dit-on,  possède 
des  propriétés  toutes  particulières.  Peut- 
être  aussi  pourrait-on  obtenir  des  variétés 
plus  robustes,  fait  dont  on  connaît  beaucoup 
d’analogues. 

Dans  cette  même  lettre,  M.  Herpin  de  Fré- 
mont parle  d’un  Picea  Japonica  provenant 
du  Muséum,  de  graines  reçues  du  Japon,  qui 
a fait  cette  année  une  pousse  de  1»^™  60  de  lon- 
gueur. « Cet  arbre,  qui  a aujourd’hui  4"™  50, 
<(  a augmenté  de  4 mètres  en  4 pousses,  » 
nous  écrit  M.  Herpin.  Quel  avenir,  au  point 
de  vue  forestier,  est  réservé  à cette  espèce  ? 

— En  parcourant  récemment  les  cultures 
du  fleuriste  de  Paris  à la  Muette,  nous  avons 
remarqué  un  fait  assez  rare  qui,  par  cela 
même,  nous  a paru  digne  d’être  signalé  : 
c’est  la  fructification  d’un  Yucca  quadri- 
color  variegata,  plante  qui,  comme  l’on 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  367. 


406 


LES  CHRYSANTHÈMES  PRÉCOCES  REMONTANTS. 


sait,  est  une  variété  du  Y.  alœ folia  dont 
elle  a tous  les  caractères  généraux  ; ce  qui 
la  distingue  surtout,  c’est  une  large  bande 
blanc  Jaunâtre  placée  au  milieu  des  feuilles, 
qui  est  bordée  d’une  ligne  verte.  Ces  fruits, 
très-bien  conformés,  sont  à peu  près  sem- 
blables à ceux  du  Y.  alœ  folia  ; ils  sont  très- 
régulièrement  subfusiformes , obtus  aux 
deux  bouts,  à angles  fortement  et  largement 
arrondis,  et  portent  sur  chaque  facette,  dans 
toute  la  longueur,  une  large  bande  jaune 
blanchâtre  tout  à fait  analogue  à celle  qui 
est  sur  les  feuilles.  Les  graines  provenant 
de  ces  fruits  produiront-elles,  du  moins  en 
partie,  des  Y.  quadricolor9  Nous  en  avons 
la  presque  certitude. 

— Il  est  certains  genres  de  plantes  dont 
toutes  les  espèces  sont  jolies  et  où  la  beauté 
n’est  guère  qu’une  question  de  plus  ou  de 
moins . tel  est  le  genre  Magnolia,  exempl  e . 

Il  est  une  espèce  qui  tout  particulièrement  a 
déjà  à plusieurs  reprises  excité  l’attention  de 
nos  lecteurs.  C’est  le  Magnolia  Camphelli, 
espèce  qui  dans  l’Inde,  sur  le  haut  des  mon- 
tagnes de  THimalaya,  atteint  des  proportions 
vraiment  considérables  et  qui,  au  premier 
printemps,  se  couvre  de  très -grandes  fleurs 
rouges  du  plus  brillant  éclat.  Pendant  long- 
temps cette  plante,  à cause  de  son  origine 
indienne,  était  considérée  comme  ne  pou- 
vant résister  au  froid  de  nos  hivers  ; mais 
aujourd’hui  on  a la  preuve  du  contraire  : 
comme  exemple  nous  pouvons  citer  un  in- 
dividu planté  dans  les  pépinières  de  M.  Ma- 
koy  et  C‘®,  à Liège  (Belgique),  qui,  relati- 
vement très-fort,  supporte  très-bien  l’abais- 
sement de  la  température  hivernale  de  ce 
pays,  abaissement  qui,  déjà,  est  allé  jusqu’à 
22  degrés  centigrades  au-dessous  de  zéro,  et 
sans  qu’il  ait  manifesté  la  moindre  souf- 
france. Ceux  qui  en  possèdent  quelques 
exemplaires  peuvent  donc,  sans  aucune 
crainte,  les  planter  en  pleine  terre,  où  ils  se 
développeront  beaucoup  plus  rapidement  que 
si  on  les  laissait  dans  des  pots. 


Si  nous  sommes  bien  informé,  le  M.  Camp- 
helli  présenterait  au  point  de  vue  de  sa  mul- 
tiplication une  particularité  bien  rare,  et 
qui  serait  à peu  près  exceptionnelle.  Ce 
serait,  lorsqu’on  le  greffe,  de  pouvoir  vivre 
sur  le  M.  grandiflora,  qui,  dit-on,  serait 
même  le  seul  sujet  sur  lequel  il  convient  de 
le  greffer.  Si  ce  fait  est  exact,  nous  aurions  là 
un  exemple  presque  unique  : une  espèce  à 
feuilles  caduques  pouvant  vivre  sur  une 
espèce  à feuilles  persistantes.  Nous  le  signa- 
lons aux  horticulteurs,  en  les  engageant  d’en 
tenter  l’essai. 

— Parmi  quelques  espèces  de  graines 
japonaises  que  nous  a envoyées  notre  ami, 
jVI.  Jean  Sisley,  se  trouvait  un  petit  paquet 
étiqueté  Diospyros  Kaki;  celles  qui  ont 
levé  ont  donné  des  individus  identiques  pour 
le  faciès  avec  l’espèce  que  nous  avons  décrite 
et  figurée  dans  la  Revue  horticole  sous  le 
nom  de  D.  costata  (1),  et  que,  antérieure- 
ment à cette  époque  et  dans  ce  même  re- 
cueil, nous  avions  considéré  comme  le 
((  véritable  D.  Kaki  (2).  » Toutes  ces  plantes, 
nous  le  répétons,  sont  complètement  diffé- 
rentes de  l’espèce  que  l’on  persiste  à consi- 
dérer comme  le  D.  Kaki,  que  nous  avons  dé- 
crit sous  le  nom  de  D.  Roxhurghi  (3),  espèce 
très -sensible  au  froid,  qu’on  ne  rencon- 
tre qu’exceptionnellement  dans  les  parties 
chaudes  de  la  Chine,  mais  qui  très-proba- 
blement n’existe  pas  au  Japon,  contraire- 
ment à l’assertion  de  certains  botanistes.  En 
rapportant  ce  fait,  nous  constatons  encore 
une  fois  que  la  pratique,  c’est-à-dire  l’expé- 
rience, a raison  sur  la  théorie,  ce  qui  se 
comprend,  celle-ci,  lorsqu’elle  est  établie 
dans  le  cabinet,  comme  cela  a lieu  presqu#^ 
toujours,  n’étant  qu’une  science  de  mots, 
tandis  que  la  pratique,  qui  conduit  à l’expé- 
rience dont  elle  est  le  principal  agent,  est  la 
science  des  faits,  c’est-à-dire  la  vérité. 

E.-A.  Carrière. 


LES  CHRYSANTHÈMES  PRÉCOCES  REMONTANTS 


Le  Pyrethrum  indicum,  ou  Chrysan- 
thème de  rindo-Chine,  introduit  depuis  un 
siècle  environ  dans  les  cultures  européennes, 
était  déjà  à cette  époque,  selon  les  rapports 
des  voyageurs,  aussi  répandu  dans  les  jardins 
chinois  et  japonais,  d’ou  il  fut  importé,  qu’il 
l’est  actuellement  en  Europe.  Cette  faveur, 
aussi  bien  chez  les’Jndiens  que  chez  nous, 
provient  sans  doute  de  la  rusticité  de  cette 


espèce,  de  sa  multiplication  facile  et  de  sa 
floraison,  qui  a lieu  à une  époque  déjà 
avancée  de  l’année,  où  généralement  les 
fleurs  deviennent  rares. 

Malheureusement  il  arrive  fréquemment 
qu’à  côté  des  qualités  les  plus  précieuses 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1871,  p.  410. 

(2)  Ibid.,  1869,  p.  284. 

(3)  Ibid.,  1872,  p.  253. 


OBSERVATIONS  PRATIQUES  SU 

se  trouvent  parfois  les  défauts  les  plus 
graves  ; c’est  ce  qui  a lieu  pour  les  Chrysan- 
thèmes de  rindo-Chine.  Sous  le  climat  du 
centre  et  de  l’est  de  la  France,  leur  floraison 
tardive  se  trouve  la  plupart  du  temps  inter- 
rompue par  les  gelées  de  cette  saison. 

Frappé  de  cet  inconvénient,  l’horticulture 
moderne  a cherché  à obtenir  des  variétés 
à floraison  plus  précoce,  afin  d’en  jouir  plus 
longtemps.  Depuis  une  quinzaine  d’années 
et  principalement  dans  ces  derniers  temps, 
ses  efforts  ont  été  couronnés  d’un  plein 
succès. 

Au  début,  les  efforts  se  sont  d’abord  portés 
vers  un  seul  point,  la  floraison  précoce,  sans 
se  préoccuper  du  coloris  ni  de  la  forme  plus 
ou  moins  parfaite  de  la  fleur  ; mais  une  fois 
ce  point  essentiel  obtenu,  on  a cherché  le 
perfectionnement  des  autres  parties. 

Les  graines  de  cette  plante  mûrissant  dif- 
ficilement sous  le  climat  de  Paris,  c’était 
donc  aux  horticulteurs  du  Midi  qu’incombait 
naturellement  le  soin  de  l’amélioration  de 
cette  plante  ; aussi  est-ce  dans  cette  contrée, 
et  notamment  à Avignon  et  à Toulouse,  que 
sont  nées  la  plupart  des  variétés  de  cette 
race  de  Chrysanthème  si  intéressante. 

Dès  le  début  on  n’a  guère  obtenu  que  des 
coloris  peu  marquants,  une  floraison  ihal 
soutenue  et  des  fleurs  mal  faites.  En  1860, 
les  catalogues  ne  mentionnaient  encore 
qu’une  douzaine  de  variétés  de  cette  race, 
tandis  qu’aujourd’hui  ce  nombre  s’est  con- 
sidérablement accru.  Les  coloris  varient 
depuis  le  blanc  pur  jusqu’au  rouge  foncé  en 
passant  par  le  jaune  ; la  floraison,  qui  com- 
mence parfois  dans  la  première  quinzaine  de 
juillet,  se  prolonge  sans  discontinuer  jus- 
qu’aux gelées;  les  fleurs  sont  aussi  bien 
faites  que  celles  des  autres  races,  et  les  plan- 
tes, aussi  rustiques,  se  multiplient  avec  la 
même  facilité. 

Un  autre  avantage  très-grand  qu’elles  ont 
de  commun  avec  leurs  sœurs  aînées,  c’est 
de  supporter  la  transplantation  sans  presque 
en  souffrir,  aussi  bien  avant  qu’au  début  et 
pendant  la  floraison;  par  cette  raison,  ce  sont 
des  plantes  très-précieuses  pour  remplacer 


SUR  LA  CULTURE 

Lorsque  nous  avons  préparé  les  tableaux 
qui  ont  paru  dans  le  dernier  numéro  de  la 
Revue,  nous  avions  cru  devoir  les  faire 

(1)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  391. 


LA  CULTURE  DES  FRAISIERS.  407 

celles,  trop  nombreuses,  dont  la  floraison  se 
passe  en  juillet  et  août. 

On  peut  avec  ces  Chrysanthèmes  obtenir 
des  contrastes  aussi  agréables  que  ceux  que 
l’on  obtient  avec  les  Reines  - Marguerite  et 
bien  plus  durables.  C’est  ainsi  que  se  forment 
de  charmantes  bordures  tricolores,  en  em- 
ployant les  variétés  suivantes  : 

Precoxetti,  fleurs  moyennes  bien  déta- 
chées, d’un  beau  jaune  brillant  ; plante  bien 
touffue,  à floraison  abondante  d’un  bel  effet  ; 

M'ïi®  Alphonse  Dufoy,  fleurs  moyennes 
d’un  blanc  pur,  ramassées  en  bouquet, 
serrées  au  point  de  couvrir  la  plante  com- 
plètement ; 

Frédéric  Pelé,  plante  bien  trapue,  d’une 
bonne  tenue,  littéralement  couverte  de  fleurs 
d’un  rouge  cramoisi. 

D’autres  variétés  tout  aussi  méritantes 
pourraient  tenir  avec  avantage  les  places  des 
variétés  que  je  viens  de  signaler. 

Leur  multiplication  se  fait,  comme  celle 
des  autres  races,  soit  par  la  division  des 
pieds  au  printemps,  soit  par  boutures  pen- 
dant la  végétation,  n’importe  à quelle  époque. 

Par  le  premier  procédé  on  obtient  des 
plantes  vigoureuses  et  étoffées,  tandis  qu’en 
bouturant  les  extrémités  des  tiges  on  obtient 
des  plantes  naines,  grêles  et  plus  florifères, 
quelquefois  même  florifères  à l’excès  la  pre- 
mière année. 

C’est  par  le  bouturage  des  extrémités  que 
l’on  obtient  des  plantes  très-naines  ne  dé- 
passant quelquefois  pas  40  centimètres  de 
hauteur,  qui  se  couvrent  de  fleurs  pendant  les 
derniers  mois  de  la  belle  saison,  et  particu- 
lièrement convenables  pour  la  culture  en  pot. 

Nous  n’hésitons  donc  pas  à recommander 
ces  charmantes  plantes,  soit  aux  fleuristes 
pour  la  culture  en  pot  : ils  y trouveront  un 
auxiliaire  puissant  pour  leur  vente  pendant 
les  derniers  mois  de  l’année  ; soit  aux  jar- 
diniers bourgeois,  pour  leur  culture  en  pé- 
pinière, pour  les  remplacements  depuis  juil- 
let jusqu’en  octobre,  époque  oû  beaucoup 
de  plantes  à floraison  printanière  et  estivale 
passent.  J. -B.  Weber, 

Jardinier-chef  de  la  ville  de  Dijon. 

S PRATIQUES 

DES  FRAISIERS(l) 

précéder  de  l’article  suivant  ; mais  la  quan- 
tité de  matières  ne  permettant  pas  de  l’in- 
sérer tout  entier,  nous  avons  dû  en  ajourner 
le  complément,  que  nous  publions  aujour- 
d’hui. 


408 


OBSERVATIONS  PRATIQUES  SUR  LA  CULTURE  DES  FRAISIERS. 


Puisque  nous  nous  trouvons  entraîné  à pu- 
blier de  nouveaux  tableaux  que  nous  faisons 
suivre  de  quelques  observations,  nous  profi- 
tons de  cette  circonstance  pour  compléter  les 
deux  articles  que  nous  avons  rappelés  ci- 
dessus.  Déjà,  dans  ces  articles  (1),  nous 
indiquions  succinctement  les  travaux  prépa- 
ratoires, la  plantation,  la  culture  en  plein  air 
et  en  pleine  terre,  etc.,  qui  conviennent  aux 
Fraisiers,  ainsi  que  certains  procédés  pour 
la  préparation,  la  plantation  et  la  culture 
des  Fraisiers  sous  châssis  à froid  ou  sur 
couches,  etc.  Aujourd’hui,  après  avoir  rap- 
pelé ces  détails,  nous  allons  faire  connaître 
la  méthode  à suivre  pour  forcer  les  Fraisiers 
en  première  saison,  c’est-à-dire  à l’aide  du 
thermosiphon. 

Commençons  par  indiquer  les  procédés  à 
employer  pour  préparer  les  plantes  néces- 
saires à cette  culture.  Pour  cela,  il  nous  faut 
revenir  un  peu  en  arrière  de  la  saison  où 
nous  sommes  ; les  personnes  qui  à ce  mo- 
ment n’auraient  pas  de  plantes  propres  à cet 
usage  ne  pourront  plus  les  préparer  pour 
commencer  le  forçage  prochain  ; mais  elles 
pourront  facilement  s’en  procurer  chez  les 
horticulteurs,  qui  en  élè\ent  ordinairement 
pour  cet  usage.  Ce  que  nous  allons  dire  ne 
pourra  donc  servir  que  pour  la  préparation 
et  l’élevage  des  plants  pour  l’année  pro- 
chaine. 

11  y a plusieurs  manières  d’élever  les 
plants  de  Fraisiers  qui  doivent  être  em- 
ployés au  premier  forçage  ; mais  dans  tous 
les  cas,  il  est  utile  de  repiquer  ces  plants  de 
bonne  heure,  c’est-à-dire  au  plus  tard  en 
juin,  afin  qu’ils  aient  le  temps  d’acquérir 
tout  leur  développement  avant  la  fin  de  sep- 
tembre, époque  à laquelle  ils  devront  être 
empotés.  Les  trois  principaux  moyens  qu’il 
convient  d’employer  pour  obtenir  des  plants 
de  Fraisiers  en  mai -juin  sont  les  suivants  : 
Diviser  les  gros  pieds  de  Fraisiers 
qui  ont  déjà  rapporté  l’année  ou  les  années 
précédentes,  à la  condition  qu’ils  soient  en- 
core vigoureux  et  pas  trop  usés;  on  rajeunit 
ces  éclats  en  leur  retirant  les  trop  vieilles 
racines  et  en  leur  laissant  celles  qui  ne  sont 
pas  trop  noires,  etc.,  mais  surtout  les  nou- 
velles de  l’année  qui  commencent  à paraître 
ordinairement  sur  le  côté  de  chaque  éclat  à 
la  partie  extérieure  de  la  touffe  ; on  enlève 
ces  parties  inutiles  en  faisant,  avec  la  ser- 
pette, une  coupe  bien  nette  au-dessous  du 
point  où  se  développent  les  jeunes  racines  ; 
on  retire  aussi  les  vieilles  feuilles,  et  l’on 

(1)  Voir  Revue  horticole^  1872,  p.  412,  et  1873, 

p.  86. 


coupe  même,  parmi  les  vertes,  celles  qui 
sont  trop  longues.  Ces  éclats  ainsi  préparés 
sont  repiqués  à environ  15  centimètres  les 
uns  des  autres  en  tous  sens,  en  mai -juin, 
et  sont  souvent  aussi  bons  et  parfois  même 
meilleurs  que  ceux  provenant  de  jeunes 
filets  [stolons). 

2»  Un  autre  moyen  de  se  procurer  de 
très  -bons  plants  pour  les  premiers  forçages 
est  de  prendre  les  jeunes  filets  qui  sont 
poussés  les  derniers  l’année  précédente, 
c’est-à-dire  vers  la  fin  de  l’été  ou  au  com- 
mencement de  l’automne  précédent. 

On  met  ordinairement  ces  plants  en  jauge 
avant  l’hiver,  par  rangs  espacés  entre  eux  de 
12  à 15  centimètres  et  placés  près  à près 
les  uns  des  autres  sur  la  longueur  des  rangs, 
mais  pas  trop  serrés  pourtant,  de  manière 
qu’ils  ne  pourrissent  pas  l’hiver  ; on  choisit 
pour  cela  un  endroit  assez  bien  abrité,  et 
dans  ces  conditions  ils  ont  rarement  besoin 
d’être  couverts  ; si  cependant  le  temps  est 
très-mauvais,  par  trop  pluvieux  ou  nei- 
geux, ou  que  de  grandes  gelées  fassent 
trop  souffrir  les  plants,  il  est  bon,  alors,  de 
les  garantir  avec  de  la  grande  paille  ou  des 
paillassons  qu’on  soutient  à l’aide  de  barres 
placées  un  peu  plus  haut  que  les  Fraisiers, 
de  manière  à isoler  ceux-ci  de  la  cou- 
verture, ou  ce  qui  vaut  mieux  encore  à l’aide 
de  châssis  qu’on  soutient  seulement  de 
chaque  côté  de  la  planche,  à l’aide  de  deux  ^ 
rangées  de  briques.  Toutefois,  on  ne  doit  j 
laisser  ces  couvertures  que  pendant  les  trop  i 
mauvais  temps,  car  les  deux  premiers  pro-  ! 
cédés,  en  privant  trop  longtemps  les  Frai-  i 
siers  d’air,  les  feraient  blanchir  et  pousser  ; 
tout  étiolés,  et  le  troisième  leur  donnerait  | 
une  avance  qu’ils  n’ont  pas  besoin  et  qui  j 
leur  serait  plutôt  nuisible.  Ces  plants  restent 
ainsi  jusque  vers  le  15  avril.  Arrivé  à cette 
époque,  on  les  repique  à 15  centimè-  || 
très,  et  même,  si  les  plants  sont  forts,  à j 
20  centimètres  les  uns  des  autres  en  tous  j 
sens.  ,|' 

3^  Enfin,  dans  les  années  où  le  printemps  - 
et  le  commencement  de  l’été  sont  humides 
et  que  les  jeunes  filets  (stolons)  poussent  de  ; 
bonne  heure,  on  les  détache  des  pieds-mères  ; 
en  juin,  et  même  plus  tôt  s’ils  sont  formés;  ; 
et  s’ils  commencent  à s’enraciner  avant,  ; 
on  les  repique  à 10  centimètres  les  uns  des 
autres  (car  ces  plants  sont  petits)  dans  un  î| 
endroit  un  peu  ombragé,  parce  qu’alors  ces  '| 
jeunes  filets  sont  tendres  et  peu  enracinés,  ! 
et  comme  à cette  époque  les  chaleurs  sont  ’ 
fortes,  il  faut  les  bassiner  souvent  pour  les  » 
empêcher  de  brûler  et  en  favoriser  la  reprise,  j 


OBSERVATIONS  PRATIQUES  SUR  LA  CULTURE  DES  FRAISIERS. 


400 


Voilà  à peu  près  les  procédés  qu’il  con- 
vient d’employer  pour  se  procurer  les  plants 
les  plus  convenables  pour  les  cultures  for- 
cées des  premières  saisons. 

Nous  n’avons  pas  cru  devoir  indiquer  ni 
la  manière  de  préparer  le  terrain,  ni  de  for- 
mer et  de  tracer  les  planches,  non  plus  que 
les  engrais  et  les  paillis  qui  conviennent 
le  mieux,  ni  la  manière  de  repiquer  les 
plants,  etc.,  tous  ces  détails  ayant  été  donnés 
dans  les  numéros  des  4®r  novembre  1872, 
page  411,  et  l^r  mars  1873,  p.  86,  de  cette 
Revue.  Ces  opérations  terminées,  les  plants, 
qui  sont  tenus  propres  et  exempts  de 
toutes  mauvaises  herbes,  resteront  ainsi  en 
première  pépinière  jusqu’au  15  juillet  en- 
viron, selon  que  les  pieds  auront  été  re- 
piqués plus  tôt  ou  qu’ils  étaient  plus  ou 
moins  forts  ; ainsi  il  est  évident  que  les 
filets  de  l’année  précédente  et  les  éclats 
de  vieux  pieds  auront  de  l’avance  sur  les 
jeunes  filets  de  l’année.  Arrivé  au  mois  de 
juillet,  on  prépare  à nouveau  des  planches 
de  la  même  façon  qu’on  l’a  fait  pour  le  pre- 
mier repiquage,  en  mêlant  toujours  à la  terre 
des  engrais  bien  consommés,  et  en  choisis- 
sant, autant  que  possible,  un  endroit  à demi- 
ombragé,  par  exemple  au  nord  de  grands 
rideaux  d’arbres  fruitiers,  ou  à la  rigueur  en 
plein  carré  de  jardin,  mais  pas  au  midi,  car, 
à cette  époque,  on  est  aux  plus  grandes  cha- 
leurs de  l’année.  Lorsque  les  planches  sont 
préparées,  on  ouvre  avec  un  traçoir,  ou  avec 
une  binette  à une  pointe,  des  rangs  à 30  cen- 
timètres les  uns  des  autres,  et  on  va  chercher 
les  plants  qui  ont  été  repiqués  en  première 
pépinière  ; on  les  lève  en  motte  avec  un  dé- 
plantoir ou  une  petite  houlette,  et  on  diminue 
la  motte  en  l’arrondissant  à la  main,  de  fa- 
çon qu’elle  soit  de  la  grosseur  du  poing,  en- 
viron ; on  les  met  côte  à côte  dans  une 
brouette,  une  boîte  à porter  les  plantes  ou 
un  crible,  et  on  va  les  planter  dans  les  rayons 
qui  ont  été  faits  pour  les  recevoir,  à 30  cen- 
timètres les  uns  des  autres  sur  la  longueur 
des  rangs  et  en  quinconce  ; on  enterre  de 
manière  que  le  collet  ou  partie  inférieure 
du  cœur  se  trouve  à ras  de  la  terre.  Lors- 
que le  premier  apport  est  planté,  on  va 
chercher  d’autres  plants,  et  ainsi  de  suite 
jusqu’à  la  fin.  Lorsque  l’opération  est  termi- 
née, on  met  sur  la  terre,  entre  les  Fraisiers, 
un  bon  paillis  ; on  donne  une  forte  mouil- 
lure, et  il  n’y  a plus  ensuite  qu’à  les  entre- 
tenir à l’eau,  en  ayant  soin  de  n’arroser  que 
le  soir,  quand  le  soleil  n’est  plus  trop  fort, 
ou  le  matin  de  très-bonne  heure,  parce  que 
si  les  plantes  étaient  mouillées  trop  sou- 


vent au  moment  de  la  chaleur , alors 
qu’elles  ne  sont  pas  encore  bien  reprises,  le 
soleil  pourrait  en  brûler  les  feuilles  qui  se- 
raient trop  tendres.  On  doit  toujours  tenir 
les  planches  propres,  exemptes  de  toutes 
mauvaises  herbes  ; on  peut  les  sarcler  à la 
main  ou  même  donner  des  binages,  car  les 
pieds  des  Fraisiers  sont  assez  écartés  pour 
cela  ; seulement  il[faut  avoir  soin  de  ne  pas 
déranger  le  paillis.  On  gagne  ainsi  le  15  ou 
même  la  fin  de  septembre,  époque  où  il  con- 
vient d’empoter  ces  Fraisiers.  Quelques  se- 
maines avant  ce  temps,  on  a dû  composer  le 
mélange  de  terre  qui  doit  servir  à cet  usage  ; 
il  comprend  : un  tiers  de  bonne  terre  fran- 
che, un  tiers  de  terreau  de  fumier,  un 
quart  de  sable  de  ravine,  de  sable  jaune  or- 
dinaire ou  même  de  gravier  fin  que  les  can- 
tonniers ramassent  sur  les  routes  macada- 
misées, et  enfin  environ  un  demi-quart  de 
bonne  gadoue  bien  consommée.  On  passe  ce 
mélange  à la  claie  fine,  on  mêle  à plusieurs 
fois,  en  disposant  le  tout  en  tas  dehors  en 
forme  de  cône  ou  de  pain  de  sucre;  on 
laisse  ce  mélange  jusqu’au  moment  de  l’em- 
potage, afin  qu’il  absorbe  bien  l’air  et  les 
gaz,  et  que  le  tout  se  fonde  bien  ensemble. 
Après  le  15  septembre,  on  peut  commen- 
cer à empoter  les  plants  qui  sont  arrivés 
à presque  parfaite  grosseur,  c’est-à-dire 
ceux  qui  peuvent  figurer  avec  avantage  dans 
des  pots  de  16  et  17  centimètres.  On  relève 
ces  Fraisiers  en  mottes,  que  l’on  tient 
un  peu  plus  grosses  que  lors  de  la  se- 
conde plantation  en  pleine  terre,  c’est-à- 
dire  d’une  grosseur  telle  qu’étant  placées 
dans  les  pots  on  puisse  facilement  passer 
entre  elles  et  les  parois  des  pots  le  fou- 
loir  dont  on  se  sert  pour  faire  l’opération  du 
rempotage. 

Nous  n’entrerons  pas  dans  de  plus  longs  dé- 
tails sur  cet  empotage,  que,  du  reste,  tous  les 
jardiniers  savent  faire,  puisqu’il  ressemble 
à tous  les  autres  ; il  nous  suffira  seulement 
de  dire  que  les  collets  des  Fraisiers  doivent 
être  presque  au  niveau  des  bords  des  pots, 
et  qu’au  moment  de  l’empotage  la  terre  ne 
doit  être  ni  trop  sèche,  ni  trop  humide,  afin 
qu’elle  descende  bien  jusqu’au  fond  des 
pots  entre  les  mottes  et  les  parois  de  ceux-ci,, 
de  manière  à ne  laisser  aucun  vide  ; si  cette 
terre  était  trop  sèche,  il  serait  difficile,  après 
l’empotage,  de  l’imbiber  suffisamment  jus- 
qu’au fond  des  pots  sans  trop  mouiller  celle 
de  la  surface.  On  ne  doit  pas  oublier,  non 
plus,  de  mettre  au  fond  de  chaque  pot  un 
tesson  pour  boucher  le  trou,  et  même  une 
bonne  opération  est  d’en  mettre  plusieurs 


410 


LYCOPERDON  GIGANTEUM. 


que  l’on  recouvre  ensuite  de  mousse  ou  de 
feuilles  un  peu  consommées  ; de  cette  façon, 
il  y a au  fond  de  chaque  pot  une  sorte 
de  drainage  qui  convient  bien  aux  racines  des 
Fraisiers.  Aussitôt  que  l’empotage  est  ter- 
miné, ou  au  fur  et  à mesure  qu’il  se  fait,  on 
place  les  pots  de  niveau  dans  un  endroit  bien 
découvert  et  aéré,  et  qu’on  a dû  préalable- 
ment nettoyer  et  couvrir  d’une  légère 
couche  de  sable  ou  de  cendre  ; dès  qu’on 


y a placé  un  certain  nombre  de  ces  pots, 
à 5 ou  10  centimètres  les  uns  des  autres, 
on  les  mouille  avec  un  arrosoir  à pomme, 
et  ainsi  de  suitejusqu’à  la  fin  de  l’empotage, 
et  on  laisse  ainsi  les  Fraisiers  jusqu’à 
l’époque  du  forçage,  opération  que  nous 
traiterons  dans  un  prochain  article. 

Rorine, 

Horticulteur  a Sceaux  (Seine). 


LYCOPERDON  GIGANTEUM 


Dans  sa  récente  chronique  (Revue  horti- 
cole, 1873,  p.  342,  n»  18,  16  septembre), 
M.  Carrière,  parlant  d’un  Lycoperdon  gi- 
ganteum,  Batscb  [Lyc.  hovista,  Pers.;  Bo- 
vista  gigantea,  Grev.),  trouvé  dans  le  dé- 
partement de  la  Creuse  et  qui  avait  atteint 
des  dimensions  considérables  (1™  30  de  cir- 
conférence), émettait  des  doutes  sur  son 
innocuité  et  sa  comestibilité. 

C’est  qu’en  effet,  à l’état  adulte,  les  Lyco- 
perdons  sont  vénéneux,  lorsque  leurs  in- 
nombrables spores  se  répandent  dans  l’air, 
comme  un  nuage  de  poussière  jaune  ou 
noirâtre.  On  les  connaît  sous  l’appellation 
populaire  de  vesse  de  loup,  dont  le  nom 
botanique  latin  n’est  qu’une  traduction. 
Cette  poussière,  d’une  extrême  ténuité,  a 
été  employée  en  médecine,  en  Angleterre 
surtout,  comme  anesthésique,  pendant  des 
opérations  chirurgicales.  Pour  cela  l’on 
choisissait  principalement  le  Lyc.  proteus 
dont  on  faisait  brûler  les  spores,  et  c’est  à 
l’oxyde  de  carbone  développé  pendant  la 
combustion  qu’on  attribuait  les  propriétés 
stupéfiantes.  Aujourd’hui,  le  chloroforme  a 
remplacé  ces  moyens  imparfaits,  et  l’on  n’u- 
tilise plus  guère  les  Lycoperdons  que  comme 
dessiccatifs  et  hémostatiques,  c’est-à-dire 
pour  étancher  le  sang  des  plaies.  Nous  avons 
cependant  ouï  dire  en  Angleterre  que  dans 
certains  comtés  on  employait  encore  cette 
poussière  ténue  pour  endormir  les  abeilles. 

La  poussière  de  tous  les  Lycoperdons, 
dont  l’un  des  plus  communs  de  nos  pays 
granitiques,  comme  le  Limousin  et  la  Creuse, 
est  le  Scleroderma  vulgare , Fries,  est 
vénéneuse  lorsqu’elle  est  prise  à l’inté- 
rieur, et  peut  alors  déterminer  des  accidents 
graves. 

Mais  avant  que  les  spores  soient  pulvé- 
rulentes et  arrivées  à l’état  de  maturité, 
quand  les  cellules  sont  encore  compactes, 
non  désagrégées  et  que  \eperidium  n’est  pas 
ouvert  au  sommet  pour  laisser  passer  les 


spores,  les  Lycoperdons,  et  principalement 
le  Lycoperdon  giganteum,  sont  comesti- 
bles. Ils  forment  même  un  mets  délicat,  et 
sont  délicieux,  mélangés  à une  omelette.  Ils 
sont  d’une  consistance  charnue,  blancs  ou 
grisâtres,  pleins,  et  sans  avoir  un  arôme 
aussi  développé  que  le  Cèpe  {Boletus  edulis. 
Bull.),  ils  présentent  une  saveur  très-fine  et 
très-parfumée.  De  plus,  ils  sont  d’une  di- 
gestion plus  facile  qu’aucun  autre  Champi- 
gnon. Nous  n’avons  pas  besoin  d’ajouter  que 
leurs  propriétés  alimentaires  sont  considé- 
rables et  qu’elles  justifient  absolument  le 
surnom  que  les  Anglais  lui  ont  donné  : bif- 
tecks végétaux  [vegetahle  heefsteacks] . En 
Amérique,  dans  la  Caroline  surtout,  où 
croît  abondamment  le  Lycoperdon  géant, 
on  en  fait  une  grande  consommation,  et 
d’autres  espèces  du  même  genre  sont  ven- 
dues journellement  en  Asie,  àSecunderabad, 
dans  les^bazars  et  marchés  aux  comestibles. 

Nous  avons  dit  que  c’était  dans  leur  jeune 
âge,  avant  le  complet  développement,  qu’il 
fallait  manger  les  Lycoperdons.  Cet  état  est 
facile  à reconnaître  : c’est  quand  tout  le  tissu 
intérieur  est  encore  blanc  et  parfaitement 
plein.  Dès  qu’il  commence  à s’amollir,  il 
faut  rejeter  la  plante. 

Les  dimensions  citées  par  M.  Carrière 
(1™  30  de  circonférence)  ne  sont  pas  sans 
exemple  pour  cette  espèce.  Nous  en  avons 
vu  en  Angleterre,  à South  Kensington,  au 
local  de  la  Société  d’horticulture,  qui  attei- 
gnaient cette  taille  et  qui  étaient  exposés 
comme  Champignons  alimentaires,  ce  qui  se 
voit  tous  les  ans  d’ailleurs.  Le  4 octobre 
1872,  étant  du  jury  à l’exposition  de  la  So- 
ciété, nous  eûmes  à examiner  une  collection 
complète  de  Champignons  comestibles,  où 
se  trouvaient  plusieurs  échantillons  superbes 
de  cette  espèce,  semblables  à de  gigantes- 
ques œufs  d’autruche  ou  mieux  de  diornis. 
En  1871,  M.  Bennet,  jardinier  bien  connu 
à Enville,  récoltait  dans  un  bois  un  Lyco- 


/iff  >ue  /forh<  yjI c . 


SALYIA  SCABIOSÆFOLIA.  — EXPOSITION  DU  CERCLE  HORTICOLE  LYONNAIS. 


411 


perdon  géant  (les  Anglais  le  nomment  Fuzz 
ou  Puffhall)  de  33  centimètres  de  diamètre. 
Un  domestique  de  lady  Berners,  à Key- 
thorpe  (Leicestershire),  en  envoya  un  à 
Londres,  en  août  de  la  même  année,  qui 
pesait  3 kilog.  500  grammes,  et  mesurait 
00  centimètres  de  hauteur  sur  10  de  cir- 
conférence. Enfin,  un  échantillon  trouvé  à 
Southall,  sur  du  fumier  pourri,  au  pied 
d’un  Orme,  avait  atteint  le  diamètre  prodi- 
gieux de  17  pouces  anglais,  soit  1"^  27  de 
circonférence,  ce  qui  est  à peu  près  égal  à 
la  dimension  citée  dans  la  Revue  horticole. 
Il  ne  se  passe  guère  d’année  sans  que  l’on 
relève  des  faits  analogues,  et  ils  surprennent 
toujours,  tellement  il  est  rare  de  voir  des 
Champignons  atteindre  un  volume  pareil 
dans  nos  régions. 

Nous  engageons  donc  nos  lecteurs,  s’ils 
rencontrent  des  Lycoperdons,  non  seulement 
le  L.  giganteum,  mais  le  L.  ^lurnheum,  et 


sans  doute  plusieurs  autres,  à ne  pas  croire 
à la  lettre  les  assertions  des  auteurs  qui  ont 
conseillé  de  s’en  défier  même  à l’état  jeune. 
Qu’ils  essaient  d’en  mélanger,  ne  fût-ce  que 
par  petites  quantités,  à leurs  aliments,  et 
peu  à peu  ils  augmenteront  la  dose,  pour 
arriver,  nous  n’en  doutons  nullement,  à les 
considérer  comme  un  aliment  tout  à fait  inof- 
fensif et  même  salutaire. 

Voici  les  caractères  descriptifs  qui  aide- 
ront à reconnaître  le  Lycoperdon  gigan- 
teum,  à part  ses  dimensions  énormes  : en- 
veloppe extérieure  {peridium)  obovale,  lisse 
et  blanc  dans  le  jeune  âge,  comme  la  surface 
d’un  œuf,  devenant  d’une  couleur  olivâtre 
en  vieillissant.  Dans  cet  état,  le  peridium 
est  très-fragile  dans  la  partie  supérieure,  et 
se  déchire  en  étoiles  ouvertes,  à écorce  flo- 
conneuse, peu  distincte,  laissant  passer  les 
spores,  qui  sont  brun  olivâtre. 

Ed.  André. 


SALYIA  SCABIOSÆFOLIA 


Cette  espèce  qui,  bien  que  vieille,  pour- 
rait passer  comme  nouvelle,  tant  elle  est  peu 
connue,  appartient  à la  tribu  Eusphace  ; 
c’est  une  plante  vivace,  sous-frutescente, 
pouvant  atteindre  50  à 60  centimètres  de 
hauteur,  à tiges  nombreuses  étalées.  Feuilles 
caulinaires  pennatiséquées,  pétiolées,  à pin- 
nules  distinctes,  la  terminale  beaucoup  plus 
grande  ; les  florales  sont  entières,  sessiles, 
lancéolées,  naviculaires-acuminées,  aiguës. 
Fleurs  en  mai-juin,  disposées  en  petits 
groupes  spiciformes  axillaires,  d’un  rose 
très-tendre  violacé.  Calice  à deux  divi- 
tions  presque  égales,  légèrement  bi  ou tri- 
fides,  aiguës.  Corolle  profondément  bila- 
biée,  à lèvre  supérieure  presque  fermée  en 
capuchon,  couverte  de  poils  laineux,  à lèvre 
inférieure  beaucoup  plus  longue,  très-large- 
ment étalée,  à deux  lobes  arrondis  présentant 
i vers  leur  base  deux  autres  divisions  ou  petits 
I lobes  très-courts,  d’un  rose  violacé,  marqué 
vers  son  milieu  de  deux  grandes  taches 

Iplus  foncées  et  comme  marbrées. 

La  plante  que  nous  venons  de  décrire  est- 
elle  celle  dont  a parlé  Lamarck,  ou  bien  en 
est-elle  une  forme  ou  une  variété?  Nous 
penchons  pour  cette  dernière  hypothèse,  en 
nous  appuyant  sur  ce  fait  que  tous  les  au- 
teurs qui  en  ont  parlé  l’ont  indiquée  comme 


étant  à fleurs  blanches.  Mais  quoi  qu’il  en 
soit,  elle  est  d’un  grand  mérite  ornemental, 
et  à ce  point  de  vue  nous  n’hésitons  pas  à 
la  recommander.  Plantée  isolément,  elle 
forme  des  buissons  énormes  qui,  en  juin, 
disparaissent  complètement  sous  la  masse 
des  fleurs.  Mélangée  avec  l’espèce  commune 
Salvia  officinalis,  qui  est  à fleurs  blanches, 
ou  avec  les  Salvia  grandiflora  et  co7ifusa, 
qui  n’en  sont  que  des  formes,  on  pourra, 
avec  le  S.  scabiosœ folia,  constituer  des 
massifs  qui,  isolés  dans  les  grands  jardins, 
produiront  un  effet  splendide  à l’époque  de 
la  floraison.  Ajoutons  que,  au  point  de  vue 
économique,  le  S.  scahiosœfolia  jouit  de 
propriétés  analogues  à celles  qu’on  trouve 
chez  le  S.  officinalis  et  ses  variétés. 

Le  S.  scahiosœfolia,  Lam.  ; pinifolia, 
Pall.  ; scahiosæ,VeYs>.  ; Tawica,  Habliz.; 
vulnera^Hæ folia,  Willd.,  bien  qu’origi- 
naire de  la  Tauride,  est  très-rustique  et  ne 
souffre  nullement  des  froids  de  l’hiver. 
C’est  une  espèce  robuste  qui  s’accommode  de 
presque  tous  les  sols,  qu’importe  la  nature 
et  l’exposition.  On  la  multiplie  par  la  divi- 
sion des  touffes,  que  l’on  pratique  au  prin- 
temps, lorsque  la  plante  recommence  sa  vé- 
gétation. 

E.-A.  Carrière. 


EXPOSITION  DU  CERCLE  HORTICOLE  LYONNAIS 

Cette  exposition  a eu  lieu  les  18,  19,  20  1 d’Or,  à Lyon,  dans  deux  serres  etdansl’es- 
et  21  septembre  1873,  au  parc  de  la  Tête-  I pace  compris  entre  le  jardin  d’hiver  et  la 


412 


EXPOSITION  DU  CERCLE  HORTICOLE  LYONNAIS. 


serre  aux  Cactées,  que  l’administration  avait 
gracieusement  mis  à la  disposition  du  Cercle 
horticole. 

Ces  deux  serres,  dont  l’une  sert  à abriter 
les  Pélargoniums  et  l’autre  les  Azalées,  ont 
chacune  50  mètres  de  longueur  sur  7 mètres 
de  largeur,  et  chacune  de  ces  serres  contient 
200  mètres  de  tablettes  propres  à recevoir 
les  plantes. 

L’espace  entre  le  jardin  d’hiver  et  la  serre 
aux  Cactées  est  d’environ  50  mètres  de  lon- 
gueur sur  15  mètres  de  largeur,  soit  750 
mètres  carrés.  Cet  espace  avait  été  trans- 
formé en  parterre,  au  milieu  duquel  s’élevait 
un  petit  château  d’eau  construit  en  mâche- 
fer recouvert  de  ciment  et  orné  de  plantes 
aquatiques. 

Les  deux  serres  étaient  complètement 
garnies  ; la  première  contenait  plus  particu- 
lièrement les  fruits  et  l’exposition  collective 
des  membres  du  Congrès  international  des 
rosiéristes,  section  du  Rhône,  qui  comptait 
450  bouteilles,  garnies  chacune  de  3 à 6 
rameaux  fleuris.  Les  exposants  étaient 
MM.  Alex.  Bernaix,  Rucher,  Duchet,  Guil- 
lot  fils,  Claude  Jacquier,  F.  Lacharme, 
Levet,  Philippe  Rambaux  et  Joseph  Schwartz. 

Cette  exposition  collective  des  membres 
de  la  section  lyonnaise  du  Congrès  interna- 
tional des  rosiéristes  a été  fort  admirée  et 
est  d’un  bon  exemple.  Celui  qui  a eu  le 
premier  cette  idée  est  un  noble  cœur.  Je  ne 
dois  pas,  par  respect  pour  sa  modestie,  dire 
son  nom,  mais  il  se  retrouvera  plus  tard 
sous  ma  plume.  Au  surplus,  lorsque,  dans 
une  réunion  du  Congrès  des  rosiéristes,  il 
émit  cette  idée,  il  ne  trouva  pas  un  seul 
contradicteur. 

L’argument  fraternel  et  décisif  du  propo- 
sant a été  que,  si  l’on  faisait  à cette  expo- 
sition un  concours  sérieux  entre  les  mem- 
bres du  Congrès,  bon  nombre  d’entre  eux 
ne  pourraient  exposer,  ne  pouvant  lutter 
avec  les  « gros  bonnets  » de  la  rosiculture 
pour  la  quantité  des  variétés  et  des  fleurs, 
et  qu’il  était  de  bonne  confraternité  de  les 
engager  à exposer,  pour  concourir  ensemble 
au  nom  du  Congrès,  contre  d’autres  lots  de 
plantes.  Le  Congrès,  en  adoptant  cette  pro- 
position de  l’un  de  ses  membres  qui  avait 
le  plus  de  chances  de  remporter  le  premier 
prix,  s’est  réservé  d’établir  l’an  prochain 
des  concours  spéciaux  pour  les  Roses,  dans 
des  conditions  telles,  que  les  plus  petits 
rosiéristes  pourront  y participer. 

Si  je  me  suis  étendu  sur  cette  partie  de 
l’exposition,  c’est  qu’elle  ouvre  une  voie 
nouvelle  à l’horticulture. 


Dans  cette  serre, l’on  remarquaitjes  Gra- 
minées envoyées  par  MM.  Charles  Huber 
et  C'o,  d’Hyères  (Var),  et  plus  particulière- 
ment les  suivantes  : Agrostis  nehulosa^ 
charmante  plante  annuelle,  d’une  légèreté  • 
remarquable  et  d’une  élégance  particulière, 
fait  de  délicieuses  bordures  ; Panicum  ca-  | 
2nllare,  annuelle,  d’une  végétation  rapide, 
inflorescences  grandes  et  larges,  empour- 
prées, très-propre  à former  des  bordures  ; i 
Peyinisetum  longistylum,  vivace,  formant  ■ 
dès  l’année  du  semis  de  fortes  touffes,  de  ' 
50  à 60  centimètres,  étalées,  d’où  s’élèvent 
de  juin  à octobre  des  épis  plumeux,  cylin- 
driques, denses,  d’un  blanc  pur;  Permise- 
tum  setosum,  vivace,  mais  plus  convenable 
pour  la  culture  annuelle  ; ses  épis  sont  longs, 
de  couleur  rubis  ; employés  frais  dans  les 
bouquets,  ils  produisent  beaucoup  d’effet 
et  font  ressortir  les  autres  fleurs  ; Uniola  ' 
latifolia,  vivace,  à épis  articulés,  d’un  joli  j 
vert,  élégant,  se  séchant  et  se  conservant  j '' 
très-bien;  et  plusieurs  autres,  mais  que  la  i/ 
place  ne  me  permet  pas  d’énumérer.  Nous  I 
devons  savoir  gré  à nos  collègues  du  Var 
de  nous  faire  apprécier  des  plantes  trop  !| 
peu  cultivées  dans  notre  région. 

Parmi  les  fruits  exposés  dans  cette  serre, 
il  y a à signaler  tout  particulièrement  la  | 
superbe  collection  de  Raisins  de  M.  Victor 
Pulliat,  le  zélé  viticulteur.  Cette  collection 
contenait  160  variétés,  tant  de  table  que  de 
cuve  ; les  plus  remarquables  parmi  les  va- 
l'iétés  de  table  étaient  : Fondant  roux,  Gé-  ^ 
néral  de  la  Marmora,  les  Chasselas  de 
Négrepont,  de  Florence,  Yihert  et  Rose  de 
Falloux,  Musca  caminada,  Saint-Laurent  | 
et  Clairette  rose,  Milhaud  du  Pradel,  San  i 
Antoni,  Ligneau  blanc,  Schiradzouli,  et 
parmi  ceux  de  cuve  : Oporto,  Petit  Bouchet,  j 
Plant  Dureff.  Tous  ces  Raisins  étaient  d’une  j 
belle  venue  et  faisaient  l’admiration  des 
nombreux  visiteurs.  j 

A la  suite,  150  variétés  de  table  et  de  i 
cuve,  exposées  par  M.  F.  Gaillard  de  Bri- 
gnais,  parmi  lesquelles  on  remarquait  en 
Raisins  de  table  les  Chasselas  de  Florence,  j 
de  Falloux,  de  Saint-Fiacre,  Fondant 
roux,  de  Négrepont,  et  les  muscats  déjà 
signalés  dans  la  collection  Pulliat.  Parmi  ; 
ceux  pour  chve,  le  Gamay  teinturier,  | 
Blauer portugières,  Momennoir  et  Serine.  | 
M.  Fougère  de  Saint-Priest,  près  Lyon,  j 
avait  envoyé  quelques  Raisins  et  des  Poires  j 
de  semis,  qui  ont  été  admis  à l’étude.  j 

M.  Routin,  pépiniériste,  une  belle  collée-  | 
tion  de  Poires  en  120  variétés,  65  variétés  , 
de  Pommes  et  30  variétés  de  Raisins. 


EXPOSITION  DU  CERCLE  HORTICOLE  LYONNAIS. 


413 


M.  Gorret,  80  variétés  de  Poires  de  belle 
grosseur  et  une  très-belle  corbeille  de  Pê- 
ches Nivette. 

M.  F.  Bergeret,  un  lot  de  Poires  et  un  de 
Pommes  assez  belles. 

M.  Blanchet,  de  Vienne  (Isère),  150  va- 
riétés de  Poires  et  40  de  Pommes,  fruits  gé- 
néralement beaux. 

M.  Alégatière  a exposé  une  Pêche  de  semis 
très-grosse,  assez  colorée,  d’excellente  qua- 
lité, issue  de  la  Pêche  de  Syrie  (dite  aussi 
Michal). 

Les  légumes  ont  manqué  à l’appel  ; ce- 
pendant l’on  remarquait  2 variétés  de  Pom- 
mes de  terre  apportées  parM.  F.  Gaillard, 
dont  une  nouvelle,  Reine  Manche^  très-re- 
commandable, farineuse,  de  moyenne  saison. 
L’autre,  Blanchard^  est  une  excellente  va- 
riété hâtive,  mais  moins  bonne  à l’arrière- 
saison. 

Puis  un  petit  lot  de  légumes  divers  de 
M.  Jullien,  et  quelques  Melons  et  Pastèques 
de  M.  Léonard  Lille. 

Un  lot  de  Fraises  de  M.  Claude  Jacquier 
tentait  surtout  les  dames  par  leur  sédui- 
sante apparence.  C’est  une  quatre  saisons, 
qu’il  a appelée  Marquise  de  Mortemart. 
Les  fruits  sont  gros  et  savoureux,  et  la 
plante  très-productive  ; elle  sera  prochai- 
nement mise  au  commerce. 

Dans  la  même  serre,  M.  N.  Accarie,  jar- 
dinier chez  M.  Fickler,  avait  exposé  un  joli 
lot  de  Dianthus  Sinensis  de  semis,  très- 
variés. 

M.  Valla,  jardinier  chez  M.  Chanay,  avait 
exposé  ses  beaux  Daturas  à fleurs  doubles  et 
de  très-belles  Reines-Marguerite. 

M.  Léonard  Lille,  quelques  Phlox  decus- 
sata,  des  Pétunia  à fleurs  simples  et  dou- 
bles, des  Zinnia  doubles  très-beaux  et 
quelques  Graminéesornementales.  M.  Joseph 
Schvartz  avait  aussi  un  beau  lot  de  Phlox 
decussata  de  semis,  parmi  lesquels  quel- 
ques coloris  nouveaux. 

Deux  lots  de  Dahlias,  l’un  de  M.  Benoît 
Comte,  composé  surtout  de  variétés  naines  ; 
l’autre  très-beau , très-remarq  uable,  mais  sans 
nom  ; l’exposant  s’obstinant  à les  cacher,  je 
laisse  son  nom  à deviner. 

A propos  des  Dahlias,  il  y a,  selon  moi, 
dans  ces  expositions  une  immense  lacune  : 
des  fleurs  sans  feuillage,  mises  isolément 
dans  des  fioles  sur  le  bord  desquelles  elles 
s’appuient,  ne  peuvent  donner  aucune  idée 
du  mérite  des  plantes.  L’on  ne  sait  ni  le 
port,  ni  la  taille  de  la  plante,  si  les  fleurs 
sont  pendantes  ou  si  elles  sont  supportées 
par  un  fort  pédoncule,  si  elles  s’élèvent  au- 


dessus  du  feuillage  ou  sont  cachées  par  lui. 
On  dirait  que  les  exposants  de  Dahlias,  en 
se  cachant  ainsi,  n’ont  d’autre  but  que  de 
tromper  le  public. 

Je  ne  dis  pas  que  ce  soit;  mais  les  visi- 
teurs ont  le  droit  de  faire  ces  suppositions  ; 
moi  je  sais  qu’il  n’en  est  rien,  car  la  per- 
sonne dont  je  parle  et  dont  je  ne  dis  pas  le 
nom,  parce  qu’il  cache  celui  de  ses  fleurs, 
est  un  des  horticulteurs  les  plus  intelligents, 
les  plus  honnêtes  que  je  connaisse  dans  la 
région  lyonnaise,  mais  il  a la  faiblesse  de 
croire  qu’il  agit  dans  l’intérêt  de  son  com- 
merce. 

Je  voudrais  que  les  commissions  d’orga- 
nisation des  expositions  sortissent  un  peu 
de  l’ornière  et  se  missent  à étudier  les 
moyens  de  mieux  faire  que  par  le  passé. 
Celle  de  celte  exposition  devait  suivre  le 
programme  voté  en  assemblée  générale,  qui 
porte,  article  17  : ((  Ne  seront  admis  au  con- 
cours que  les  plantes  ou  lots  dont  chaque 
sujet  sera  numéroté  et  étiqueté  avec  soin.  » 

Elle  n’en  a pas  tenu  compte  ; c’est  un  fâ- 
cheux précédent. 

Ne  pourrait-on  pas  pour  les  Dahlias  exiger 
que  l’exposant  qui  veut  concourir  pour  un 
prix  apportât  un  rameau  suffisamment  grand 
pour  que  l’on  pût  juger  du  port  de  la  plante, 
et  qu’à  côté  du  nom  figurât  la  hauteur  de  la 
plante  ? 

Dans  ce  cas,  les  visiteurs  apprendraient 
quelque  chose,  car  beaucoup  d’entre  eux 
ne  vont  pas  seulement  aux  expositions  pour 
se  promener  et  voir  ce  qu’ils  peuvent  voir 
dans  nos  parcs  et  dans  nos  squarres,  mais 
pour  y faire  des  études  comparatives,  que 
les  Sociétés  horticoles  doivent  avoir  pour 
but  d’encourager. 

Je  crois  avoir  tout  dit  sur  cette  première 
serre.  Passons  à la  seconde,  qui  certaine- 
ment était  la  partie  la  plus  intéressante  de 
cette  exposition.  Elle  était  presque  exclusi- 
vement consacrée  aux  plantes  de  serre  et 
principalement  à celles  de  serre  chaude. 

Tout  d’abord  il  faut  dire  que  M.  Liabaud 
y brillait  dans  tout  son  éclat.  Mais,  ce  que  je 
ne  prévoyais  pas  à l’exposition  du  palais  des 
Arts,  il  vient  de  trouver  un  rival,  M.  Benoît 
Comte,  et  un  rival  digne  de  lui.  M.  Liabaud 
n’en  est  ni  ému,  ni  découragé  ; il  a ramassé 
assez  de  lauriers,  et  je  suis  sûr  qu’il  voit 
avec  plaisir  grandir  à côté  de  lui  son  jeune 
concurrent,  car,  comme  je  l’ai  déjà  écrit, 
M.  Liabaud  en  cela  se  distingue  de  plusieurs 
de  ses  confrères;  encore  plus  artiste  que 
marchand,  il  aime  ses  plantes. 

Le  lot  de  M.  Liabaud  se  distinguait  comme 


414 


EXPOSITION  DU  CERCLE  HORTICOLE  LYONNAIS 


toujours  par  la  beauté  de  ses  spécimens,  et 
c’est  à cela  qu’il  a dû  de  remporter  les  premiers 
prix  dans  les  concours;  l’on  remarquait  sur- 
tout son  Pandanus  Veitchii,  puis  les  Dra- 
cœna  stricta,  Guilfoylei  et  Reginœ;  ce 
dernier  a les  panachures  très-marquées  ; le 
Dracœna  gloriosa  que  nous  voyions  pour 
la  première  fois  à Lyon  ; Todea  superha, 
Maranta  Makoyana  ; un  beau  lot  de  Ma- 
rantas  variés  ; un  de  Fougères,  parmi  les- 
quelles se  distinguaient  des  Gymnogramma 
et  des  Cyhotium  ; et  parmi  les  plantes  de 
récente  introduction,  Curmeria  picturata, 
Curcuma  ruhricaulis  ; les  Kentia  Balmo- 
reana  et  Forstereana,  et  un  grand  nombre 
de  belles  plantes  connues,  trop  longues  à 
énumérer. 

M.  Benoît  Comte,  son  heureux  rival,  bril- 
lait moins  par  la  taille  de  ses  plantes  que  par 
leur  nouveauté  et  leur  variété,  parmi  les- 
quelles j^ai  à signaler  Impatiens  Jerdoniœ, 
Clerodendron  Kœmpferi  en  fleurs,  Vers- 
chaffeltii  melanochœtes , etc.;  un  lot  de 
Palmiers  très-variés,  un  de  Fougères,  un  de 
Caladium  et  un  de  plantes  diverses  à feuil- 
lages coloriés. 

M.  Farfouillon,  amateur,  avait  un  très- 
joli  lot  de  plantes  de  serre,  entre  autres 
Croton  Hookerii,  Anthurium  cristalli- 
num,  Dracœna  sulcata,  Cyrtodeira  Cha- 
talensis,  Croton  Weismani  et  Phylotœ- 
nium  Lindeni,  ce  dernier  de  récente  in- 
troduction; un  lot  de  Bégonias  divers  et  bon 
nombre  de  belles  plantes  à feuillage,  très- 
variées,  toutes  remarquables  par  leur  ex- 
cellente culture,  qui  fait  honneur  à son  jar- 
dinier. 

M.  François  Gaulain,  chef  de  culture  au 
parc,  nous  a montré  plusieurs  plantes  nou- 
velles, produit  de  ses  soins,  Campylohotrys 
Guieshrechtii,  à panachures  singulières, 
teinté  de  rouge,  rose,  bleu  et  vert  ; c’est  un 
accident  fixé,  le  type  étant  unicolore  ; Alo- 
casia  Gaulaini,  qu’il  a reçu  de  Singapore; 
il  se  distingue  des  A.  Lowvi  et  Feitc/tii  par 
un  liseré  blanc  de  chaque  côté  de  la  ner- 
vure ; le  pédoncule  est  plus  allongé  et  d’un 
vert  clair. 

Quatre  Pandanus  de  serre  tempérée,  en- 
core rares  : les  P.  bromeliœfolius , humiliSy 
à feuilles  très-fines,  purpurascens  et  spe- 
cies  de  Madagascar. 

Plus  des  semis  de  Bégonias  bulbeux, 
dont  un  à fleurs  doubles. 

M.  Grozy  avait  un  très-joli  lot  de  Bégo- 
nias bulbeux;  M.  J.  M.  Rochet  une  col- 
lection nombreuse  de  Bégonias  à feuil- 
lage; 


M.  Forterotaune  nombreuse  collection  de 
Cactées  ; 

M.  Dauphin  un  remarquable  lot  de  plan- 
tes à feuillage,  spécialement  propres  aux 
garnitures  d’appartement  ; 

MM.  Joly  père  et  fils  une  collection  de 
Bégonias  admirablement  cultivés  et  six  sus- 
pensions de  leur  invention,  ornées  déplantés 
diverses,  ainsi  que  des  poteries  ornementales 
également  de  leur  composition,  en  mâchefer 
cimenté  et  coloriées  de  diverses  façons,  et 
une  jardinière  rustique,  le  tout  garni  de 
plantes  diverses. 

Les  suspensions  attiraient  surtout  les 
regards,  car  ce  genre  d’ornementation  des 
serres  et  des  appartements  est  trop  négligé 
parmi  nous. 

M.  Belisse,  un  lot  de  plantes  ornementa- 
les pour  garnitures  d’appartement  ; les 
plantes  étaient  trop  nombreuses  pour  en  dire 
les  noms,  mais  très-bien  cultivées. 

Le  jardinier  de  M.  Linossier,  dont  je  re- 
grette d’avoir  oublié  le  nom,  a montré  son  - 

talent  de  culture  par  un  très -joli  lot  de  Bé-  ; 

gonias,  ainsi  que  M.  N.  Accarie,  jardinier  ' 
chez  M.  Fittler,  par  un  lot  de  plantes  de 
serre  chaude  très- variées. 

J’ai  pu  oublier  quelques  lots  ; mais  je 
puis  dire  que  cette  serre  était  splendide  et 
contenait  certainement  pour  une  somme 
considérable  de  belles  plantes,  que  l’on 
n’avait  pas  vu  depuis  longtemps  réu- 
nies. 

Passons  au  parterre,  où  nous  trouverons 
des  plantes  moins  rares  et  moins  dispen- 
dieuses, mais  non  moins  intéressantes  et  cer- 
tainement davantage  pour  le  plus  grand 
nombre.  Ce  qui  frappait  d’abord  les  regards, 
c’est  le  magnifique  lot  de  Conifères  de 
M.  Claude  Jacquier,  qui  était  adossé  contre 
la  serre  aux  Cactées  et  la  masquait  complè- 
tement, ce  qui  ajoutait  aux  charmes  du 
parterre.  Dans  ce  lot  j’ai  à signaler  : 

Cedrus  deodora  argeniea;  un  fort  exem- 
plaire de  Cupressus  Lawsoniana  pyrami-  f 
dalis  compacta  et  viridis,  en  forts  exem-  ' 
plaires;  les  Abies  polita,  fort  exemplaire; 
Abies  Alkockiana  et  Paitoniana ; Juni~ 
perus  hybernica,  pyramide  très-serrée; 
Thuyopsis  borealis  nana  compacta  ; 
Thuya  semper  aurescens  ; Araucaria  im~ 
bricata,  très-bel  exemplaire.  | 

De  plus,  ces  arbustes  étaient  très-artiste-  \ 

ment  disposés  par  le  contraste  des  feuillages  H 
de  teintes  diverses. 

M.  J.  Métrai  avait  aussi  un  beau  lot  de  ' 
Conifères,  quoique  moins  nombreux,  et  un  ï 
beau  lot  d’arbustes  à feuilles  persistantes 


i 


CAMELLIA  KILLWINGTONIANA. 


qui  intéressent  tout  particulièrement  les 
amateurs  de  jardins  paysagers. 

M.  Otin  avait  aussi  quelques  Conifères  ; 

M.  Simon  jeune  un  beau  lot  d’arbustes  à 
feuilles  persistantes  ; M.  Deberle  un  lot  de 
Conifères  et  arbustes  à feuilles  persistantes. 

Tous  ces  lots  bordaient  le  parterre,  ainsi 
que  les  quelques  Cannas  de  M.  Crozy,  mais 
quin’ avaient  rien  de  remarquable,  ainsi  qu’un 
lot  deYuccas  etd’ A.ucubas  de  M.  C.  Jacquier. 

Au  centre,  autour  du  petit  château  d’eau, 
étaient  les  fleurs,  à la  vérité  peu  nombreu- 
ses, parmi  lesquelles  se  distinguaient  deux 
lots  de  Pélargoniums  zonales  de  M.  Léon  de 
Saint-Jean,  un  de  simples  et  un  de  doubles. 
Parmi  les  simples  l’on  admirait  un  de  ses 
semis  qu’il  a dédié  à M.  le  président  du 
Cercle  horticole,  Ernest  Faivre,  et  qui’  fera 
sensation  l’année  prochaine,  quand  M.  Alé- 
gatière  le  mettra  en  vente. 

Un  troisième  lot  de  Pélargonium  zonale 
appartenait  à M.  Alégatière,  principalement 
composé  des  variétés  doubles  Asa  Gray  et 
Charles  Darwin. 

Un  magnifique  lot  ôiHïbiscus  rosa  si- 
nensis  grandi florus  couvertes  de  fleurs, 
bordé  à'Irésine  Linde^ii,  faisait  très -bon 
effet  ; il  appartenait  à MM.  Joly  père  et  fils. 


415 

MM.  Lassonnerie  et  Pellet  avaient  chacun 
un  lot  d’Œillets  ; 

M.  Dauphin,  des  Reines-Marguerite  ; 

Deux  lots  de  Fuchsias  sans  noms,  et  un 
lot  de  Camélias  également  sans  noms. 

Pour  la  fin,  signalons  à l’attention  des  ar- 
boriculteurs et  des  amateurs  en  général  le 
Bouleau  pyramidal,  trouvé  par  M.  J.  Mé- 
trai, horticulteur  à Lyon. 

Cet  arbre  remarquable  est  très-fastigié. 

Il  a été  trouvé  dans  une  forêt  de  Sapins 
et  de  Hêtres  du  haut  Jura  ; le  pied  mère 
avait  8 mètres  de  haut,  et  sa  pousse  annuelle 
est  d’environ  1™  50.  Les  feuilles  sont  plus 
grandes  que  celles  du  Bouleau  ordinaire. 
Cet  arbre  pourra  avantageusement  rempla- 
cer les  Peupliers  pour  les  avenues,  car  il 
est  plus  accommodant  sur  la  nature  du  ter- 
rain et  craint  moins  la  sécheresse. 

Jean  Sisley. 

Nous  avons  reçu,  mais  un  peu  trop  tard 
pour  le  publier  dans  ce  numéro,  un  rap- 
port sur  les  arts  et  industries  horticoles  re- 
latifs à cette  exposition  ; nous  le  publierons 
dans  le  prochain  numéro  de  la  Revue 
(15  novembre). 


CAMELLIA  KILLWINGTOiXIANA 


Cette  variété,  l’une  des  plus  jolies,  sinon 
la  plus  jolie  du  genre,  est  très-rare  dans  les 
cultures,  où  elle  est  même  à peine  connue, 
malgré  qu’elle  ne  soit  pas  nouvelle.  En  effet, 
elle  a été  mise  au  commerce  il  y a bien 
longtemps  déjà  par  M.  Cachet  père,  horti- 
culteur à Angers,  qui  l’avait  reçue  d’Amé- 
rique. Pourquoi  cette  plante,  d’un  sijgrand 
mérite  ornemental,  est- elle  encore  si  rare? 
Probablement  parce  qu’elle  n’est  pas  con- 
nue ; aussi  croyons-nous  faire  une  bonne 
chose,  servir  l’horticulture,  en  lui  consacrant 
quelques  lignes. 

La  fleur  du  C.  Kilhumgtoniana  a dans  son 
ensemble  quelque  chose  d’un  peu  analogue 
à celle  du  C.  Donkelari,  mais  est  infini- 
ment plus  grande,  puisqu’elle  atteint  jusque 
15  centimètres,  parfois  plus  de  diamètre. 
C’est  assurément  ce  que  l’on  peut  voir  de 
plus  beau  en  ce  genre  ; les  pétales  larges, 
arrondis,  peu  serrés,  présentent  dans  leur 
réunion  un  arrangement  qui  plaît  à tous, 
une  sorte  de  laisser-aller  qui  n’a  rien  de 
guindé,  que  seule  la  vraie  beauté  présente. 
La  couleur,  d’abord  d’un  rouge  excessive- 
ment vif  et  chatoyant,  s’atténue  à mesure 
que  la  floraison  s’avance;  chaque  fleur  pré- 


sente dans  l’une  de  ses  parties  des  pétales 
plus  ou  moins  largement  marqués  du  blanc 
le  plus  pur,  ce  qui  fait  un  frappant  contraste 
et  relève  encore  la  beauté  de  cette  fleur. 

Le  seul  reproche  que,  peut-être,  l’on 
pourrait  faire  au  C.  Killwingtoniana,  c’est 
d’avoir  les  branches  un  peu  divariquées,  de 
ne  pas  prendre  « une  belle  forme.  » Ce 
reproche  est  fondé  si  on  cultive  les 
plantes  en  pot;  encore  est-il  facile  de  re- 
médier à ce  léger  inconvénient  en  attachant 
les  rameaux,  en  ce  dressant  les  plantes.  » 
La  véritable  place  de  cette  variété  est  la 
pleine  terre.  Dans  ces  conditions,  les  fleurs 
sont  encore  plus  larges,  les  plantes  sont 
splendides,  et,  nous  le  répétons,  dépassent 
en  beauté  tout  ce  que  l’on  peut  imaginer  en 
ce  genre.  Cette  culture  lui  convient  d’autant 
mieux  que  la  plante  est  vigoureuse  et 
floribonde. 

Nous  avons  admiré  récemment  le  C. 
Killwingtoniana  chez  MM.  Thibaut  et  Ke- 
teleer,  à Sceaux,  où,  placé  dans  une  magni- 
fique collection  de  choix,  il  se  faisait  parti- 
culièrement remarquer  de  tous  les  visiteurs. 
C’est  une  plante  que  devra  posséder  tout 
amateur  de  Camellias.  F. -A.  Carrière. 


416 


SELENIPEDIUM  ROEZLII. 


SELENIPEDIUM  ROEZLII 


Cette  espèce  (fig.  36,  37)  qui  est  nouvelle, 
encore  très-rare  et  par  conséquent  chère, 
est,  dit-on,  originaire  du  Glioco  (Nouvelle- 
Grenade),  d’où  elle  a été  envoyée  en  Europe 
par  M.  Roezl;  elle  appartient  au  groupe  des 
Cypripedium , dont  les  feuilles  gladiées 
rapellent  les  Iridées  dont,  au  reste,  elle  a 
un  peu  l’aspect.  Disons  de  suite  qu’elle  est 


Fig.  30.  — Seleiîipedium  Roezlii  (au  1/7  de  grandeur  naturelle) 


très-voisine  du  Selenipedium  longifolium 
dont,  à vrai  dire,  elle  ne  diffère  guère  que 
par  des  caractères  extrêmement  légers.  En 
voici  la  description  : 

Souche  vivace  émettant  des  bourgeons 
munis  de  feuilles  engainantes,  ensiformes- 
gladiées,  consistantes,  longues  de  60  à 80  cen- 
timètres sur  2-4  centimètres  de  largeur; 

hampe  de  50  centimètres  et 
plus  de  hauteur,  portant  dans 
sa  longueur  deux,  parfois  trois 
bractées  stériles  appliquées. 
Les  fleurs,  qui  naissent  à 
l’extrémité  de  la  hampe,  sont 
longuement  pédonculées , 
presque  toujours  solitaires 
vers  l’aisselle  d’une  bractée 
non  colorée  ; les  deux  divi- 
sions externes  sont  striées 
rose  sur  un  fond  blanc  ver- 
dâtre ; la  supérieure  est  un 
peu  plus  longue  et  acuminée 
en  pointe  ; l’inférieure,  un 
peu  plus  large  et  plus  arron- 
die, s’applique  sur  le  labelle 
qu’elle  cache  en  partie  ; les 
deux  divisions  internes,  qui 
divergent  dès  le  point  de  dé- 
part, sont  étroites  (environ 
2 millimètres),  longues  de 
10-12  centimètres,  contour- 
nées en  spirales,  striées  rose 
violacé;  le  labelle,  vulgaire- 
ment sabot,  est  vert  roux, 
pointillé  fauve. 

Le  Selenipedium  Roezlii 
qui,  cette  année  1873,  a 
fleuri  dans  les  serres  du  Mu- 
séum en  août-septembre,  en 
même  temps  que  le  S.  longi- 
folium, est,  nous  le  répétons, 
très-voisin  de  celui-ci  ; sa  cul- 
ture est  absolument  la  même  : 
serre  chaude,  terre  de  bruyère 


grossièrement 


concassée,  a 


Fig.  37.  — Selenipedium  Roezlii  (fleur  détachée  aux  2/3  de 
grandeur  naturelle). 


laquelle  on  peut  ajouter  un 
peu  de  sphagnum  haché. 
Quant  à sa  multiplication,  on 
la  fait  par  la  division  des 
souches,  ainsi  qu’on  le  fait 
pour  les  Cypripedium  de 
serre  qui,  tous,  réclament  à 
peu  près  les  mêmes  soins. 

Si  nous  en  jugeons  par 


CANISTRUM  AURANTIACUM. 


417 


les  plantes  que  nous  avons  sous  les  yeux, 
le  S.  Roezlii,  au  lieu  d’être  plus  vigoureux 
que  le  S.  long r folium  y ainsi  qu’on  l’a  pré- 
tendu, le  serait  moins.  La  difTérence  la  plus 
manifeste,  c’est  que  sa  hampe  florale  et 


les  pédoncules  des  fleurs  sont  à peu  près 
verts  dans  le  S.  Roezlii,  tandis  qu’ils  sont 
d’un  roux  brun  chez  le  S.  longifolium 
dont,  en  général  aussi,  la  fleur  est  un  peu 
moins  rosée.  E.-A.  Carrière. 


GAWSÏRUM  AURANTIACUM 


Plante  de  dimension  moyenne,  mesurant 
75  centimètres  d’envergure  sur  40  dehauteur, 
y compris  l’inflorescence. 

Acaule.  Feuilles  disposées  en  rosace,  ar- 
quées, très-larges  surtout  à la  base  engai- 
nante qui  est  ample,  entière,  plus  ou  moins 
violacée,  puis  un  peu  plus  étroite  et  profon- 
dément canaliculée  dans  la  région  pétiolaire , 
qui  est  assez  fortement  dentée  ; plus  haut, 
elles  s’élargissent  et  s’aplatissent  dans  le 
limbe  qui  est  largement  rubaniforme,  assez 
brusquement  atténué  et  acuminé  au  sommet 
un  peu  réfléchi.  Ces  feuilles  sont  très-fine- 
ment dentées  sur  les  bords,  à dents  droites, 
espacées  de  1-2  millimètres,  petites,  brunâ- 
tres ; les  deux  faces  sont  lisses,  parfois  un 
peu  marbrées  de  vert  foncé  et  de  brun  rou- 
geâtre. Les  feuilles  moyennes,  qui  sont  les 
plus  étendues,  atteignent  une  longueur  de 
40  à 50  centimètres  et  une  largeur  de  6 à 7 
centimètres.  Les  feuilles  centrales  diminuent 
rapidement  de  longueur  au  voisinage  de 
l’inflorescence. 

Hampe  centrale  dressée  au-dessus  du 
feuillage  à une  hauteur  de  35  centimètres 
environ  au-dessus  du  collet  de  la  plante, 
cylindrique,  d’une  épaisseur  de  6-7  milli- 
mètres, mais  paraissant  en  avoir  10  à 12  et 
! même  se  renfler  à la  partie  supérieure  par 
i suite  du  boursouflement  des  bractées  su- 
i périeures  ; ces  bractées  sont  nombreuses, 
s’imbriquant  l’une  l’autre,  amplexicaules, 
embrassantes,  lancéolées-aiguës,  à bords 
I entiers,  à sommet  acuminé  brunâtre,  le  reste 
I vert  pâle  et  luisant  ; toutes,  mais  surtout  les 
j terminales,  un  peu  bouffies-gibbeuses  dans 
I la  région  dorsale  supérieure. 

L’inflorescence  est  un  épi  contracté  en 
capitule  ; celui-ci  a la  forme  d’un  bouquet 
plat  composé  de  fleurs  nombreuses  serrées 
les  unes  contre  les  autres  (de  30  à 100).  Il 
est  enveloppé  et  dépassé  par  un  involucre  de 
spathes  appliquées  les  unes  contre  les  autres, 
largement  ovales,  s’atténuant  rapidement  en 
une  pointe  acuminée,  courte,  atteignant  la 
I même  hauteur  que  les  fleurs  épanouies, 
lisses  sur  les  bords,  passant  successivement 

(1)  Extrait  de  la  Belgique  horticole^  1873,  p.  259. 


du  verdâtre  au  rouge  assez  foncé  et  un  peu 
brunâtre. 

Bractée  de  chaque  fleur  pyramidale-lan- 
céolée,  aiguë,  pliée,  appliquée,  à bords  en- 
tiers et  membraneux,  dépassant  l’ovaire  et 
atteignant  environ  la  moitié  delà  hauteur  du 
calice  de  la  fleur  épanouie,  lisse,  incolore  à 
la  base,  jouant  du  rouge  à l’orange  à la 
pointe,  qui  est  visible. 

Fleurs  sessiles,  dressées,  tubuleuses  dans 
leur  ensemble,  d’une  longueur  de4à  5 cen- 
timètres sur  un  diamètre  moyen  de  5 milli- 
mètres. 

Calice  épigyne  à 3 sépales  immédiatement 
libres,  dressés,  convolutés,  avec  recouvre- 
ment à gauche,  carénés,  acuminés,  longs  de 
15  millimètres  et  atteignant  les  deux  tiers 
de  la  longueur  des  pétales  ; à limbe  forte- 
ment inéquilatère,  le  côté  libre  ou  gauche 
étant  simplement  lancéolé-aigu,  tandis  que 
le  côté  recouvert  ou  droit  est  développé  en 
fer  de  hache;  partout  lisse,  luisant  et  d’un 
beau  jaune  orangé. 

Corolle  épigyne  à 3 pétales  immédia- 
tement libres,  linéaires-oblongs,  dressés,  à 
onglet  long,  renfermé  entre  les  sépales, 
muni  à la  base  de  2 écailles  faiblement  den- 
tées et  de  sillons  et  de  crêtes  le  long  des 
étamines  ; limbe  un  peu  élargi,  ovale,  dressé, 
ne  s’étalant  jamais,  dépassant  le  calice  de 
4-5  millimètres  ; jaune  orangé  au  moment 
de  l’anthèse,  brunissant  et  noircissant  ensuite 
à la  défloraison. 

Etamines  6,  les  unes  alternatipétalées  et 
libres,  les  autres  oppositipétalées,  soudées 
avec  l’onglet  sur  la  plus  grande  partie  de 
son  étendue;  filaments  aplatis,  clavés,  c’est- 
à-dire  s’élargissant  de  la  base  au  sommet; 
anthères  dorsifixes  dressées,  n’atteignant 
pas  tout  à fait  le  sommet  des  pétales. 

Style  filiforme,  assez  épais  et  parfois  un 
peu  flexueux,  portant  un  peu  au  delà  des 
anthères  et  du  sommet  de  la  corolle  un  stig- 
mate capité,  en  pyramide  hélicoïdale,  orangé. 

Ovaire  infère,  triangulaire  par  compres- 
sion, allongé,  lisse,  luisant. 

Ovules  nombreux  insérés  à la  partie  su- 
périeure de  chaque  loge,  pendants,  allongés, 
, brièvement  appendiculés. 


418 


LES  CATALOGUES. 


Le  Canistrum  aurantiacum  est  de  cul- 
ture facile  en  serre  chaude^  dans  le  compost 
ordinaire  des  Broméliacées.  La  forme  re- 
marquable de  son  bouquet  floral  peut  le 
faire  rechercher.  Son  principal  mérite  est  la 


durée  de  sa  floraison,  qui  se  prolonge  pen- 
dant plus  de  trois  mois.  Un  pied  qui  a com- 
mencé à fleurir  à la  fin  de  juin  est  encore  en 
pleine  floraison  pendant  le  mois  de  septembre. 

En.  Morren. 


LES  CATALOGUES 


Parlons  d’abord  du  catalogue  n°  151,  de 
M.  Wan  Houtte,  horticulteur  à Gand,  qui  est 
affecté  aux  plantes  vivaces  de  pleine  terre, 
telles  que:  Œillets,  Chrysanthèmes,  Glaïeuls, 
Lis,  Pivoines  herbacées,  Phlox,  Potentilles, 
Primevères,  Pyrèthres,  Saxifrages,  Sedum, 
Sempervivum,  etc. 

M.  Morel,  pépiniériste  et  dessinateur  de 
jardins,  rue  du  Souvenir,  33,  àVaise-Lyon. 
Extrait  de  catalogue  propre  aux  espèces  ou 
variétés  les  plus  nouvelles  ou  les  plus  rares 
des  arbres  fruitiers,  arbres  d’agrément 
variés.  Magnolia  grandiflora,  arbustes  à 
feuilles  caduques,  arbres  à feuilles  persis- 
tantes, plantes  grimpantes  et  rampantes. 
Pivoines  en  arbre,  etc. 

Napoléon  Baumann  et  fils,  horticulteurs - 
pépiniéristes  à Bolwiller  (Alsace).  Arbres 
fruitiers,  forestiers,  d’ornement,  plantes  de 
serre  variées.  Azalées,  Gamellias  et  Coni- 
fères, plantes  vivaces.  Rosiers,  etc.,  etc. 
Parmi  les  nouveautés  d’arbres  fruitiers,  ci- 
tons les  Abricots  Gloire  de  Pourtales,  Sou- 
venir de  la  Rohertsau,  la  Pêche  Tante 
Mélanie,  et  enfin  la  Prune  Mas,  toutes  ob- 
tenues dans  l’établissement  de  M.  Baumann. 

F.  Brassac,  horticulteur  au  Grand-Rond, 
à Toulouse.  Arbres  et  Arbustes  fruitiers  et 
d’ornement  ; collections  diverses  de  plantes 
d’ornement,  de  serre  et  de  pleine  terre  ; 
arbrisseaux  et  arbustes  à feuilles  caduques 
et  à feuilles  persistantes  ; Orangers,  Myrthes, 
Conifères,  spécialité  de  Rosiers.  Citons 
comme  nouveautés  ayant  été  obtenues  dans 
l’établissement  les  variétés  suivantes  : Ro- 
siers hybrides  remontants.  Exposition  de 
Toulouse,  Louis  Brassac,  Triomphe  de 
Toulouse,  Canna  VOr  de  Toidouse,  fraisier 
Belle  Paide,  etc.,  etc. 

M.  Renault,  pépiniériste  à Bulgnéville 
(Vosges).  Arbres  et  arbustes  forestiers  et 
d’ornement,  spécialité  de  Conifères. 

M.  V.  Lemoine,  horticulteur  à Nancy 
(Meurthe-et-Moselle).  Collections  nombreu- 
ses et  variées  de  plantes  de  serre  chaude, 
serre  tempérée,  serre  froide,  pleineterre, etc., 
de  Clématites  ; arbustes  nouveaux.  Fougères 
de  serre  et  de  pleine  terre,  Phlox,  Delphi- 
nium, Pentstemons,  Primevères,  etc.,  etc. 


Indépendamment  de  collection  de  fonds, 
M.  Lemoine,  qui  chaque  année  fait  de 
nombreux  semis,  livre  maintenant  au  com- 
merce les  nouveautés  suivantes  : 

Serre  tempérée  : Theleianthera  ver- 
sicolor  grandis;  cinq  Bégonias  obtenus  par 
la  fécondation  artificielle  du  B.  Veitchi, 
Sedeni  et  Pearcei  ; cinq  variétés  de  Pélar- 
goniums  zonalesà  fleurs  simples.  — Pleine 
Terre  : quatre  variétés  de  Pentstemon  ; 
six  de  Phlox  decussata  ; plus  deux  Wei- 
gelia,  le  W.  Hortensis  gratissima  et  le 
W.  hybrida  incarnata. 

M.  Villevielle  jeune  et  fils,  horticulteurs 
à Manosque  (Basses-Alpes).  Catalogue  d’ar- 
bres fruitiers  et  forestiers,  arbrisseaux  et 
arbustes  d’ornement  à feuilles  caduques  et 
à feuilles  persistantes,  plantes  grimpantes. 
Conifères,  Rosiers  ; collection  de  plantes 
vivaces  d’ornement,  de  serre  et  de  pleine 
terre  : Pélargoniums,  Lantanas,  Dahlias, 
Verveines,  Fuchsias,  etc.,  etc. 

M.  J. -R.  Rendatler,  horticulteur  à Nancy. 
Supplément  au  catalogue  général  ; collec- 
tions nombreuses  de  plantes  de  serre  et  de 
pleine  terre  propres  à l’ornement  : Coleus, 
Phlox,  Fuchsias  de  diverses  sections;  Del- 
phiniurns,  Fougère  de  pleine  terre,  Pélar- 
goniums, Pentstemons,  Pyrèthres,  Pen- 
sées , etc.  ; Oignons  à fleurs  variées  de 
Jacinthes,  Lillium,  P ancratium.  Amaryl- 
lis, etc.  Plus  un  assortiment  de  plantes  de 
serre  chaude,  serre  tempérée,  etc. 

Un  catalogue  de  M.  Ferdinand  Lombard, 
horticulteur  au  Ruisseau,  par  Mustapha, 
près  Alger,  informe  le  public  qu’il  possède 
de  grandes  quantités  de  diverses  espèces  de 
Palmiers,  ainsi  que  d’autres  espèces  de 
plantes  d’ornement  cultivées  en  pots,  pou- 
vant par  conséquent  être  livrées  à toute  épo- 
que de  l’année. 

M.  Narcisse  Gaujard,  horticulteur-pépi- 
niériste à Ledeberg-lez-Gand.  Extrait  du 
catalogue  général  : collections  nombreuses 
et  variées  d’arbres  fruitiers,  forestiers  et 
d’agrément,  soit  de  serre,  soit  de  pleine 
terre.  Parmi  les  raretés  qui  se  trouvent  dans 
cet  établissement,  nous  citons  entre  autres 
le  Castanea  crysophylla , espèce  très- 


LES  CATALOGUES. 


419 


curieuse  qu’on  se  procurerait  diflicilement 
ailleurs. 

Une  circulaire  de  MM.  Baltet  frères,  hor- 
ticulteurs, faubourg  Croncels,  àTroyes,  in- 
forme le  public  qu’ils  livrent  au  commerce, 
pour  la  première  fois  en  automne,  les  nou- 
veautés suivantes  : Poiriers,  deux  variétés: 
Docteur  Jules  Guyot,  dont  les  fruits  mû- 
rissent vers  la  rni-août,  et  Duchesse  d'An- 
goulème  bronzée,  variété  du  type  et  qui, 
comme  lui,  mûrit  ses  fî'uits  à partir  d’octobre 
jusqu’en  décembre;  Rosiers  : Hortense  Mi- 
gnard, hybride  remontant  à fleurs  « rouge 
cerise  vif,  à revers  satiné  très-frais  ; » Lilas 
de  Croncels  ; enfin  trois  variétés  de  Pélar- 
gonium zonale.  Inutile  de  rappeler  que 
l’on  trouve  dans  cet  établissement  à peu  près 
tous  les  articles  de  pépinières  : arbres,  ar- 
brisseaux et  arbustes  fruitiers,  forestiers  et 
d’ornement. 

M.  Bertrand  - Guinoiseau  , horticulteur, 
chemin  de  Saint-Barthélemy,  14,  à Angers. 
Camellias,  Rhododendrons,  Conifères,  Ma- 
gnolias, arbres  fruitiers  et  arbres  d’orne- 
ment à feuilles  caduques  et  à feuilles  per- 
sistantes, plantes  de  serre  et  d’orangerie. 
Dahlias,  plantes  vivaces  de  pleine  terre,  etc. 

M.  Thiébaut  aîné,  successeur  de  M.  Otto, 
marchand  grainier- fleuriste,  30,  place  de 
la  Madeleine,  Paris.  Catalogue  d’oignons  à 
fleurs.  Glaïeuls,  Jacinthes,  Amaryllis,  etc.. 
Dahlias,  graines  de  fleurs  variées,  plantes 
vivaces,  arbustes  d’ornement,  arbres  frui- 
tiers, Rosiers,  Fraisiers,  etc. 

M.  Eugène  Verdier,  horticulteur,  rue  Du- 
nois,  72,  Paris,  publie  une  liste  spéciale  de 
Glaïeuls  et  d’autres  plantes  bulbeuses  ou 
tubéreuses,  qu’il  est  en  mesure  de  fournir  à 
partir  du  mois  de  novembre,  ainsi  qu’une 
liste  de  toutes  les  variétés  nouvelles  de  Ro- 
siers qu’il  a annoncées  jusqu’à  ce  jour,  et 
qu’il  livrera  également  à partir  du  no- 
vembre 1873.  Ces  deux  listes  sont  d’autant 
I plus  précieuses  qu’elles  contiennent  les  des- 
j criptions  des  plantes,  de  sorte  qu’elles  peu- 
I vent  guider  l’amateur  dans  le  choix  qu’il 
' désire  faire.  Rappelons  qu’on  trouve  dans 
; cet  établissement  VIris  iberica,  dont  nous 
• I avons  donné  une  description  et  une  figure 
!’  dans  ce  recueil.  {Rev.  hort.  1873,  p.  370.) 

M.  Arsène  Saunier,  pépiniériste,  rue 
1 Marc-aux-Trous,  1 bis,  à Rouen,  informe 
le  public  qu’il  livrera  au  commerce,  à partir 
! ï de  novembre  1873,  les  deux  variétés  sui- 
^ ! vantes  de  Poiriers  obtenues  dans  son  éta- 
i I blissement  : Louise-Bonne  Sannier,  issue 
) de  la  Louise-Bonne.  Cette  variété  mûrit  ses 
- j fruits  en  janvier-février  ; Bon  chrétien  An- 

i 


toine  Lormier.  Cette  variété  qui  provient  du 
Beurré  d'Amanlis,  porte  des  fruits  gros  et 
très-gros,  qui  mûrissent  en  janvier-février. 
M.  A.  Sannier  prévient  également  qu’il 
mettra  au  commerce,  à partir  de  l’au- 
tomne 1874,  onze  variétés  de  Poiriers  de 
premierj  mérite.  Nous  reviendrons  sur  ces 
variétés  dont  nous  donnerons  même  les  des- 
criptions un  peu  plus  tard,  c’est-à-dire  vers 
l’époque  ou  M.  A.  Sannier  sera  prêt  à les 
livrer  au  commerce. 

M.  Démouilles,  horticulteur-pépiniériste, 
près  le  pont  des  Demoiselles,  à Toulouse,  dont 
l’établissement  est  connu  tant  par  son  éten- 
due que  par  l’importance  et  le  nombre  des 
collections  qu’il  comprend,  vient  de  publier 
un  catalogue  descriptif  des  végétaux  que  con- 
tient cet  établissement.  Au  lieu  d’énumérer 
ces  collections,  nousnous  bornons  à dire  qu’on 
trouve  là  à peu  près  tout  ce  que  l’on  peut 
désirer  pour  la  plantation  et  l’ornementation 
des  jardins  fruitiers  ou  paysagers,  ainsi  que 
ceux  qui  conviennent  soit  aux  plantations 
des  routes  ou  avenues,  soit  aux  plantations 
forestières.  Disons  néanmoins  qu’à  l’exposi- 
tion universelle  de  Vienne,  le  18  septembre 
dernier,  lors  du  quatrième  concours,  M.  Dé- 
mouilles a obtenu  la  grande  médaille  du 
progrès  pour  ses  admirables  collections  de 
fruits  variés,  parmi  lesquelles  on  distinguait 
ses  magnifiques  Raisins  comprenant  180 
variétés. 

MM.  Rovelli  frères,  horticulteurs  à Pal- 
lanza  (Lac-Majeur),  viennent  de  publier  un 
catalogue  Mes  plantes  et  graines  qu’ils  sont 
à même  de  livrer.  Cet  établissement,  le  plus 
considérable  de  l’Italie,  comprend  des  col- 
lections aussi  nombreuses  que  variées,  non 
seulement  de  plantes,  mais  de  graines,  parmi 
lesquelles  se  trouvent  celles  d’espèces  rares 
qu’on  ne  rencontre  ordinairement  pas  dans 
le  commerce,  ce  qui  s’explique  parle  climat 
tout  exceptionnel  sous  lequel  se  trouve  placé 
cet  établissement.  Ainsi  on  trouve  là  des 
graines  des  espèces  suivantes  : Arbutus  fa- 
rinosa  , Citrus  triplera  , Dalecham2na 
Roezli  rosea,  Fitz-Roya  Patagonica,  For- 
tunea  sinensis,  Hakœa  flexüis,  Laurus 
camphora,  Lomatia  longifolia,  Metrosi- 
deros,  Myrthes,  Rhododendrons  de  l’Hyma- 
laya.  Thés,  Torreya  nucifera  fécondé  par 
le  Torreya  grandis,  etc.,  etc. 

Terminons  cette  liste  parle  catalogue  gé- 
néral pour  1873  de  M.  André  Leroy,  à Angers, 
qui  vient  de  paraître  et  sur  lequel  nous  ne 
croyons  pas  nécessaire  d’insister.  En  effet, 
cet  établissement,  l’un  des  principaux  de 
l’Europe,  connu  aussi  à peu  près  du  monde 


i 


420  PLANTES  NOUVELLES,  RARES  Cl 

entier,  renferme  soit  en  arbres,  arbrisseaux 
et  arbustes  fruitiers,  forestiers  et  d’orne- 
ment, à peu  près  tout  ce  que  l’on  peut  dé- 
sirer. Indépendamment  de  l’énumération 
des  plantes,  des  observations,  des  descrip- 
tions même  sur  les  espèces  principales,  en 


PAS  ASSEZ  CONNUES. 

f.ii'Mitt  ressortir  les  qualités  des  plantes,  ap- 
pi  Hi  ont  même  aux  plus  ignorants  dans  l’art 
d(.o-  j irdins  l’usage  qu’ils  peuvent  en  faire, 
et  L s avantages  qu’ils  peuvent  en  retirer. 

E.-A.  Carrière. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Medinilla  eritopliylla,  Lindl.  — Si  cette 
espèce  n’est  pas  la  plus  jolie  du  genre  par 
ses  fleurs,  qui  ne  manquent  cependant  pas 
d’élégance,  c’est  au  moins  l’une  des  plus 
rustiques,  qui  a l’avantage  d’être  ligneuse, 
et  de  constituer  un  buisson  qui  peut  at- 
teindre 2 mètres  et  même  plus  de  hauteur. 
Ses  rameaux  cylindriques,  à écorce  rou- 
geâtre, portent  des  feuilles  opposées,  décus- 
sées,  très-longuement  et  régulièrement 
elliptiques,  épaisses,  charnues,  unies,  vertes 
en  dessus,  glauques  en  dessous,  régulière- 
ment parcourues  dans  toute  leur  longueur 
par  trois  nervures,  la  médiane  rougeâtre,  ar- 
rondie et  excessivement  saillante.  Les  fleurs 
très-nombreuses,  d’un  beau  rose  violacé, 
sont  disposées  en  courts  racèmes  ramifiés, 
axillaires  sur  le  vieux  bois,  là  où  étaient  les 
feuilles  ; toutes  les  inflorescences  sont  colo- 
rées comme  les  fleurs. 

Cette  espèce,  très-floribonde,  fleurit  à 
partir  de  juillet  jusqu’à  septembre,  quel- 
quefois en  octobre.  Ses  fleurs  très-nom- 
breuses, disposées  le  long  du  vieux  bois, 
rappellent  un  peu,  par  ce  caractère,  la  flo- 
raison de  l’arbre  de  Judée  {Cercis  siliquas- 
trum).  On  la  cultive  en  serre  tempérée,  et 
on  la  multiplie  de  boutures.  Une  bonne 
terre  franche,  mêlée  d’un  peu  de  terre  de 
bruyère  ou  même  de  terreau  de  feuilles,  lui 
convient  parfaitement. 

Mevenderd  hulbocodiwn.  — Cette  char- 
mante Colchicacée,  qui  est  très-peu  connue, 
devrait  au  contraire  l’être  non  seulement  de 
tous  ceux  qui  s’occupent  d’horticulture,  mais 
de  presque  tout  le  monde.  En  effet,  elle 
vient  dans  tous  les  sols  et  sans  que  l’on  s’en 
occupe,  pour  ainsi  dire  ; elle  fleurit  abon- 
damment chaque  année  en  août-septembre; 
ses  fleurs,  à divisions  excessivement  lon- 
gues et  étroites,  sont  d’un  beau  violet  rosé, 
blanches  à la  partie  inférieure  qui  se  pro- 
longe en  une  sorte  d’onglet  jusqu’au  bulbe, 
dans  le  centre  duquel  elles  prennent  nais- 
sance. A la  partie  inférieure  de  chaque  di- 
vision florale,  là  où  elle  est  rétrécie  en  une 


sorte  de  pétiole,  est  placé  un  filet  court, 
terminé  par  une  très-longue  anthère  jaune. 
L’Oignon  est  sphérique  solide. 

Au  point  de  vue  de  l’ornement,  la  Mé- 
rendère  bulbocode  est  une  plante  char- 
mante, avec  laquelle  on  peut  faire  des  bor- 
dures ou  garnir  des  talus  dans  les  parties 
arides,  là  où  il  serait  difficile  d’avoir  d’au- 
tres fleurs.  Placée  çà  et  là  dans  les  gazons, 
elle  égaie  celui-ci  en  en  faisant  ressortir  la 
verdure  qui,  à son  tour,  réagit  sur  les  fleurs 
de  Merendera,  dont  elle  augmente  encore 
la  beauté.  Nous  la  recommandons  d’une 
manière  toute  particulière.  Sa  culture  est 
des  plus  faciles  : il  suffit  de  planter  les  Oi- 
gnons, qui,  très-rustiques,  supportent  sans 
souffrir  les  plus  grands  froids. 

Sagittaria  japonica  flore  pleno.  — 
Plante  vigoureuse  et  très-rustique,  tra- 
çante. Feuilles  portées  sur  un  long  pétiole 
canaliculé,  très-longuement  sagittées,  à 
segments  inférieurs  étroits  ou  même  linéai- 
res, atteignant  jusque  15  centimètres  de 
longueur,  sensiblement  nervées.  Hampe 
florale  atteignant  jusque  50  centimètres  au- 
dessus  de  l’eau,  irrégulièrement  anguleuse, 
canaliculée  dans  tout  son  contour.  Fleurs 
très-pleines,  d’un  blanc  pur,  rappelant  un 
peu  celles  d’un  Cerisier  à fleurs  doubles, 
solitaires  à l’extrémité  d’un  fort  pédoncule, 
disposées  en  verticilles  très -distants.  Ga- 
lyce  à 4 divisions  largement  ovales,  sca- 
rieuses,  transparentes  ; pétales  très-nom- 
breux, serrés-imbriqués,  formant  par  leur 
réunion  une  sorte  de  rosace  de  3 centi- 
mètres de  diamètre. 

Le  Sagittaria  japonica  a sur  notre  es- 
pèce commune  {S.  sagittœ folia),  indépen- 
damment de  la  plus  grande  beauté  qui  ré- 
sulte de  la  plénitude  de  ses  fleurs,  l’avantage 
de  rester  plus  longtemps  en  végétation,  et 
par  conséquent  de  mieux  garnir  les  endroits 
où  on  le  plante  ; sa  rusticité  est  à toute 
épreuve.  Quant  à sa  multiplication,  il  n’y  a 
pas  à s’en  occuper  : il  suffit  d’abandonner  la 
plante  à elle-même.  Lebas. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  de  novembre) 

Exposition  internationale  de  la  Société  royale  toscane  d’horticulture,  à Florence,  annoncée  pour  le  mois 
de  mai  1874  ; dispositions  générales  du  programme.  — Rectification  : récompense  obtenue  à Vienne 
par  MM.  Rovelli,  du  Lac  Majeur.  — Orage  du  24  octobre.  — Les  Palmiers  de  la  Nouvelle-Calédonie  : 
notice  de  M.  Brongniart,  lue  <à  l’Académie  des  Sciences.  — La  liercjamotle  PoilcOfU.  — Le  journal  Le 
Sud-Est  : note  de  la  rédaction  du  Sud-Est.  — Le  phylloxéra  dans  les  Cbarentes  : inconvénients  du 
sulfure  de  carbone  ; le  phylloxéra  ailé.  — La  Fraise  Brown’ s Wonder  : communication  de  M.  Ferdinand 
Gloede;  Exposition  internationale  agricole  et  horticole  à Brémcn.  — Dimorphisme  remarqué  sur  rJFt'o- 
mjmus  Europœa  rohusta.  — Le  Mescmbrianthemuni  hrachyphyllum  au  Cap  de  Bonne-Espérance  et 
au  Portugal.  — Le  Radis  Garwoski  ; communication  de  M.  P.  Wolkenstein.  — Le  Bamhusa  arundi- 
nacca  et  le  Bamhusa  Kananya.  — Détails  sur  le  Bégonia  Sedeni  : communication  de  M.  Jean  Sisley. 
— Le  Witadenia  triloba.  — Récompense  obtenue  à Vienne  par  MM.  Charles  et  Ernest  Baltet. 


Du  11  au  25  mai  1874,  la  Société 
royale  toscane  d’horticulture  fera  à Florence 
une  exposition  internationale  d’horticulture. 
D’après  le  programme  que  nous  avons  sous 
les  yeux,  qui  nous  paraît  des  mieux  compris 
et  des  plus  complets,  cette  exposition,  au 
sujet  de  laquelle  nous  reviendrons  du  reste, 
promet  d’être  des  plus  intéressantes.  Afin 
de  renseigner  nos  lecteurs,  nous  allons  ex- 
traire du  programme  les  dispositions  géné- 
rales : 

DISPOSITIONS  GÉNÉRALES. 

1.  L’exposition  restera  ouverte  du  11  au  25 
mai  1874. 

2.  Les  demandes  d’admission  devront  être 
transmises  au  Comité  avant  le  31  janvier  1874. 
Elles  devront  comprendre  : 

a.  L’indication  des  concours  auxquels  l’expo- 
sant veut  prendre  part  ; 

h.  La  liste  des  plantes  ou  autres  objets  qu’il 
veut  présenter  à chaque  concours  ; 

c.  L’indication  approximative  de  l’espace  né- 
cessaire. 

3.  Les  plantes  et  autres  objets  admis  aux  con- 
cours devront  être  rendus  à leurs  places  du  2 au 
10  mai,  sauf  disposition  spéciale  du  Comité. 

4.  Tous  les  frais  de  transport  jusqu’à  Florence 
sont  à la  charge  des  exposants  : le  Comité  s’en- 
gage toutefois  à solliciter  des  compagnies  des 
chemins  de  fer  et  des  bateaux  à vapeur  les  plus 
fortes  réductions  possibles  sur  les  tarifs,  et  il 
s’empressera  de  porter  à la  connaissance  des  ex- 
posants le  résultat  de  ses  démarches. 

5.  Le  Comité  se  charge  de  la  réception  en 
gare  de  Florence,  du  placement  et  de  la  réexpé- 
dition éventuelle  des  plantes  ou  objets  envoyés 
par  les  exposants  qui  n’auraient  pas  un  repré- 
sentant spécial  à Florence.  Le  Comité  décline  à 
l’avance  toute  responsabilité  pour  le  dépérisse- 
ment des  plantes  ou  objets  susdits. 

6.  Chaque  plante  ou  objet  exposé  devra  porter 
son  nom  lisiblement  écrit.  Les  plantes  ou  objets 
mis  en  vente  devront  porter  aussi  l’indication  de 
leur  prix  respectif. 

7.  Chaque  plante  ou  objet  exposé  ne  pourra 
être  admis  qu’à  un  seul  concours. 

16  NOVEMBRE  1873. 


8.  Le  Comité  se  réserve  de  prenlre  toutes  les 
dispositions  réglementaires  qu’il  jugera  néces- 
saires, et  qu’il  s’empressera  de  porter  à la  con- 
naissance des  exposants. 

PRIX. 

La  Société  royale  toscane  d'horticulture  a des- 
tiné pour  les  différents  concours  : 

100  médailles  d’or,  221  médailles  d’argent  et 
131  médailles  de  bronze. 

Le  jury  aura  en  outre  à sa  disposition  un 
nombre  convenable  de  médailles  d’or,  d’argent 
et  de  bronze,  destinées  aux  plantes  ou  autres 
objets  méritants,  qui  ne  seraient  pas  compris 
dans  le  programme. 

Des  prix  spéciaux  de  culture  seront  affectés 
aux  jardiniers  et  cultivateurs  les  plus  méritants. 

CAnq  grands  prix  d’honneur,  consistant  en  mé- 
dailles d’or  grand  module  et  donnés  respective- 
ment par  S.  M.  le  roi  d’Italie,  le  ministère  de 
l’agriculture  et  du  commerce,  l’association  des 
dames  patronesses,  la  province  de  Florence,  la 
ville  de  Florence,  seront  décernés  aux  exposants 
qui,  par  la  beauté  et  l’importance  de  leurs  ap- 
ports, auront  le  plus  contribué  à la  réussite  de 
l’exposition,  et  obtenu  de  nouveaux  titres  à être 
considérés  comme  bien  méritants  de  l’horticul- 
ture. 

S.  E.  le  prince  Paul  Demidoff  a généreuse- 
ment mis  à la  disposition  du  Comité  deux  grandes 
médailles  d’or  de  la  valeur  de  50ü  francs  cha- 
cune, en  les  affectant  aux  premiérs  prix  des  con- 
cours no  114  et  no  116. 

M.  le  professeur  Parlatore,  président  de  la 
Société  royale  toscane  d’horticulture,  a bien 
voulu  prendre  à sa  charge  la  médaille  d’or 
1er  prix  du  concours  no  41. 

Le  Comité  s’empressera  de  porter  à la  con- 
naissance des  exposants  les  autres  prix  qui  pour- 
raient encore  être  offerts,  et  leur  destination, 
s’il  y a lieu. 

Comme  complémentajoutons  que 248  con- 
cours, compris  dans  102  articles  qui  résu- 
ment à peu  près  tout  ce  que  comporte  le 
jardinage  et  les  arts  et  industries  qui  s’y 
rattachent,  sont  ouverts,  et,  de  plus,  qu’à 
l’occasion  de  cette  exposition,  et  pour  que 

22 


422 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


cette  lutte  ou  plutôt  cette  fête  scientifique 
soit  complète,  il  se  tiendra  un  congrès  in- 
ternational de  botanique  sur  lequel  nous 
reviendrons  dans  le  prochain  numéro,  en 
reproduisant  le  programme  et  la  liste  des 
principaux  sujets  qui  devront  faire  l’objet 
des  discussions. 

— Dans  un  précédent  numéro  de  la  Re- 
vue (1873,  p.  362),  en  parlant  des  récom- 
penses accordées  à l’exposition  de  Vienne 
et  au  sujet  de  MM.  Rovelli  frères,  qui  ont 
obtenu  une  récompense  de  premier  ordre 
pour  leurs  Conifères  et  leurs  Camellias,  il 
s’est  glissé  une  erreur  typographique  qui  a 
dénaturé  le  nom  qui,  alors,  est  écrit  Bovelli. 
Bien  qu’il  soit  facile  de  reconnaître  qu’il 
s’agit  des  célèbres  horticulteurs  Rovelli,  de 
Pallanza  (Lac-Majeur,  Balie),  nous  croyons 
néanmoins  devoir  faire  cette  rectification. 

— Bien  que  la  saison  où  nous  sommes 
n’ait  rien  d’anormal,  il  s’est  cependant  passé 
un  fait  qui  n’est  pas  commun  et  que  nous 
croyons  devoir  signaler.  C’est,  après  deux 
jours  d’une  pluie  torrentielle,  pourrait- on 
dire  (les  23  et  24  octobre  dernier),  la  pré- 
sence d’un  orage  qui  à Paris  a éclaté  avec 
tonnerre  et  éclairs  le  24, vers  quatre  heures  du 
soir,  et  qui  non  seulement  a donné  beaucoup 
d’eau,  mais  une  grande  quantité  de  grêle  qui 
heureusement  n’a  pas  fait  de  mal.  Mais  il 
en  a été  autrement  dans  quelques  autres 
parties  de  la  France,  notamment  à Saint- 
Usage,  près  Saint-Jean-de-l’Osne  (Côte-d’Or). 
Là  le  tonnerre  est  tombé  sur  une  grange  ap- 
partenant à M.  Chesnot,  et  a brûlé  environ 
6,000  gerbes  de  blé. 

— Les  amateurs  et  les  horticulteurs  qui 
se  livrent  particulièrement  à la  culture  des 
Palmiers  apprendront  avec  plaisir  que 
M.  Brongniart,  professeur  de  botanique  au 
Muséum  d’histoire  naturelle,  a lu  récem- 
ment à l’Académie  des  sciences  une  notice 
très- intéressante  sur  les  Palmiers  de  la 
Nouvelle-Calédonie.  Ce  travail  ayant  été 
publié  dans  les  Comptes-rendus  (1873, 
t.  LXXVII),  nous  le  reproduirons  prochai- 
nement. 

Au  sujet  de  ces  Palmiers,  nous  croyons, 
dès  aujourd’hui,  devoir  appeler  l’attention 
sur  ce  fait  assez  curieux  que,  parmi  toutes 
ces  espèces  — qui  sont  relativement  nom- 
breuses, — il  n’en  est  aucune  qui  ait  les 
feuilles  palmées-flabellées,  c’est-à-dire  en 
éventail  ; toutes,  au  contraire,  sont  à feuilles 
plus  ou  moins  longuement  pennées.  Les 


genres  Chamœrops,  Rhapis,  Sahal,  Thri- 
nax,  etc.,  n’ont  donc  pas  de  représentants  à 
la  Nouvelle-Calédonie. 

— Une  variété  de  Poiriers  presque  com- 
plètement oubliée  aujourd’hui,  et  qui  pour- 
tant mérite  d’être  conservée  et  propagée, 

pour  ses  qualités,  2»  pour  le  nom  qu’elle 
porte,  est  la  Rergamotte  Poiteau.  Sous  le 
premier  rapport,  on  ne  pourrait  guère  lui 
adresser  d’autre  reproche  que  d’être  un  peu 
petite,  défaut  qu’elle  rachète  largement  par 
les  qualités  du  fruit  et  la  fertilité  de  l’arbre, 
qui  vient  très-bien  en  plein  vent,  où  il  pro- 
duit beaucoup  et  d’excellents  fruits.  Sous  le 
rapport  du  nom,  il  n’en  est  guère  de  plus  cher 
à la  science  végétale.  En  effet,  Poiteau  a 
servi  à la  fois  la  botanique  et  l’horticulture  ; 
c’était  un  de  ces  hommes  qui  ne  dut  qu’à 
son  travail  l’immortalité  qui  restera  attachée 
à son  nom,  et  à qui  la  moindre  faveur  fut 
complètement  étrangère.  B mourut  pauvre, 
cela  va  sans  dire.  Nous  possédons  encore 
dans  les  pépinières  du  Muséum  deux  pieds 
de  ce  Poirier  provenant  de  greffons  que  nous 
avions  pris  sur  le  pied  mère  dans  la  partie 
du  jardin  de  l’Ecole-de-Médecine  qui  était 
accordée  à la  Société  royale  d’horticulture, 
qui  en  avait  fait  un  jardin  d’expériences 
qui  longeait  l’ancienne  rue  d’Enfer.  Les 
personnes  qui  désireraient  en  recevoir  des 
greffons  pourront  en  faire  la  demande  à 
M.  le  directeur  du  Muséum  ou  à M.  le  pro- 
fesseur de  culture  du  même  établissement. 
L’arbre  charge  beaucoup,  même  en  plein 
vent,  et  son  fruit  qui  tient  très-bien  à l’arbre 
mûrit  de  la  fin  de  septembre  à la  mi-no- 
vembre. 

— Nos  lecteurs  apprendront  sans  doute 
avec  plaisir  que,  malgré  la  mort  de  son  édi- 
deur,  M.  Prudhomme  (1),  le  Sud-Est  con- 
tinuera  à paraître  comme  par  le  passé,  ce , 
que  nous  fait  connaître  le  n®  10  (octobre) , 
que  nous  venons  de  recevoir,  où , sur  la 
première  page  dans  un  panégyrique  consa- 
cré à la  mémoire  de  cet  homme  qui  a si 
bien  servi  la  cause  horticole  et  agricole,  ' 
nous  lisons  ce  qui  suit,  écrit  par  la  rédac- 
tion : 

« Le  Sud-Est  reste  et  restera  sur  la  brèche. . 
Le  même  désir  de  bien  faire  continuera  à lui 
servir  de  mobile,  et  peut-être  rendra-t-on  bien- 
tôt au  Sud-Est,  à sa  rédaction  et  à ses  multiples 
collaborateurs,  Tunanime  justice  que,  tout  en 
continuant  les  traditions  de  M.  Prudhomme,  — 
dont  le  soufffe  ne  cessera  de  l’inspirer,  — notre 

(1)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  384. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


publication  sera  plus  que  jamais  un  puissant, 
un  efficace  moyen  de  progrès. 

— Malgré  et  en  dépit  de  tous  les  nom- 
breux remèdes  proposés  pour  tuer ^ ou  pour 
atténuer  la  marche  du  phylloxéra,  non  seu- 
lement l’extension  du  terrible  insecte  n’est 
pas  arrêtée,  mais  il  gagne  du  terrain  et  se 
montre  sur  certains  points  où,  jusqu’à  ce 
jour,  sa  présence  n’avait  pas  encore  été 
constatée.  Ainsi  dans  les  Charentes,  princi- 
palement dans  la  partie  connue  sous  le  nom 
de  « Grande  Champagne,  » à cause  du  sol, 
qui  est  crayeux,  il  a déjà  fait  un  mal  très- 
appréciable  ; il  en  est  de  même  dans  quel- 
ques autres  localités,  et  aujourd’hui,  assure- 
t-on,  ce  ne  sont  pas  seulement  quelques 
hectares,  mais  bien  des  dizaines  d’hectares 
qui  sont  totalement  détruits  dans  la  partie 
de  la  commune  de  Cognac,  située  sur  la 
rive  gauche  de  la  Charente. 

Tandis  que  la  position  s’aggrave,  que  le 
mal  s’étend,  on  est  forcé  de  reconnaître 
qu’il  en  est  autrement  des  moyens  de  le 
combattre;  au  contraire,  on  constate  tous  les 
jours  l’inefficacité  de  ceux  qu’on  avait  indi- 
qués; c’est  ainsi  que  le  sulfure  de  carbone, 
sur  lequel  on  avait  d’abord  fondé  de  grandes 
espérances,  doit,  paraît-il,  être  abandonné, 
car,  indépendamment  qu’il  est  dispendieux, 
d’un  emploi  difficile  et  qu’il  n’est  pas  sans 
danger  pour  ceux  qui  opèrent,  il  paraît  lui- 
même  très-funeste  à la  Vigne.  C’est  un  re- 
mède comme  malheureusement  on  en  con- 
naît beaucoup,  qui  fait  disparaître  le  mal.... 
et  le  malade. 

D’une  autre  part,  d’après  une  découverte 
que  vient  de  faire  M.  Cornu,  le  phylloxéra 
ailé,  que  jusqu’à  ce  jour  on  avait  considéré 
comme  très-rare,  sans  être  absolument 
abondant,  serait  pourtant  beaucoup  plus 
commun  qu’on  l’avait  cru,  fait  qui  explique 
l’extension  si  rapide  que  prend  parfois  le 
mal. 

I — Dans  une  lettre  qu’il  vientjde  nous 
1 adresser,  notre  confrère,  M.  Ferd.  Gloède, 
nous  informe  que  la  Fraise  Brown' s Won- 
der,  dont  nous  avons  parlé  dans[notre  avant- 
dernière  chronique,  est  d’un  mérite  se- 
condaire,  et  qu’elle  est  dépassée  depuis 
très-longtemps.  Un  tel  renseignement, 
donné  par  un  tel  maître,  est  trop  précieux 
pour  que  nous  [ne  nous  empressions  de  le 
faire  connaître  à nos  lecteurs  qui,  comme 
Inous,  en  sauront  gré  àM.  Gloède. 

Dans  cette  même  lettre,  notre  confrère 
nous  annonce  qu’une  grande  exposition  in- 


m 

ternationale  agricole  et  horticole  aura  lieu 
en  juin  1874  dans  la  ville  de  Brémen,  et 
qu’à  ce  sujet  il  s’offre  de  nous  tenir  au 
courant  de  tout  ce  que  cette  exposition  aura 
de  remarquable,  ce  que  nous  acceptons  et 
dont  nous  le  remercions  à l’avance. 

— Lorsqu’on  réfléchit  combien  la  ques- 
tion des  formes  est  importante,  mais  aussi 
combien  elle  est  complexe,  on  comprend 
combien  aussi  il  est  nécessaire  de  noter  tout 
ce  qui  peut  contribuer  à l’éclairer.  En  effet, 
et  quoi  qu’on  en  dise,  cette  autre  question, 
celle  de  Vespèce,  qui,  comme  autrefois  la  fa- 
tale pomme,  jette  la  désunion  dans  le  camp 
scientifique,  est  entièrement  liée  à celle  des 
formes,  ce  qui  se  comprend,  puisque  c’est  le 
côté  principal,  à peu  près  le  seul  par  où  1er. 
êtres  nous  sont  accessibles.  C’est  là  ce  qui 
explique  l’importance  que  nous  y attachons, 
et  l’empressement  que  nous  mettons  à si- 
gnaler les  formes  nouvelles,  surtout  quand 
elles  se  manifestent  d’une  manière  inaccou- 
tumée. Tel  est  le  fait  de  dimorphisme  dont 
nous  allons  parler. 

Sur  un  fort  pied  d'Evonymus  Europæa 
rohusta  se  développent  çà  et  là  des  bourgeons 
vigoureux  qui  ne  diffèrent  des  autres  que 
par  les  feuilles,  qui,  au  lieu  d’être  vertes, 
sont  jaunâtres,  flammées  vert,  et  par  la  cou- 
leur des  rameaux  dont  l’écorce  est  égale- 
ment jaune  pâle  entremêlé  d’étroites  lignes 
vertes.  Depuis  plus  de  quinze  ans  que  nous 
cultivons  cette  plante,  nous  avons  toujours 
vu  ces  faits  se  montrer  ; mais  cette  année  il 
est  apparu  une  autre  « anomalie,  » ce  qu’on 
appelle  vulgairement  « accident.  » Une 
branche  extrêmement  vigoureuse  s’est  mo- 
difiée, et  au  lieu  d’être  verte,  l’écorce  de 
sa  partie  supérieure  s’est  revêtue  d’une  cou- 
leur purpurine,  en  même  temps  que  ses 
feuilles  prenaient  elles-mêmes  cette  couleur. 

Si  l’on  réfléchit  qu’il  y a des  plantes  qui 
ont  été  élevées  au  rang  d'espèces  par  suite 
de  leur  couleur,  on  comprendra  une  fois  de 
plus  d’où  viennent  celles-ci.  Ajoutons  que 
déjà,  dans  le  'genre  Fusain,  nous  avons  une 
espèce  qui  est  caractérisée  par  la  couleur 
de  ses  feuilles  qui,  presque  toute  l’année, 
est  d’un  rouge  foncé,  qui  à l’automne  passe 
au  rouge  intense,  presque  noir. 

— On  sait  depuis  longtemps  qu’il  existe 
une  grande  uniformité  de  température  et 
de  climat  entre  le  sud  du  Portugal  et  le  Cap 
de  Bonne-Espérance.  Ce  fait,  démontré  ou 
du  moins  indiqué  par  la  nature  des  plantes 
qui  croissent  dans  ces  deux  pays  si  éloignés, 


424  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


vient  d’êire  de  nouveau  confirmé  par  une 
espèce  de  Ficoïde  : le  Mesemhriantîiemum 
Irachyphyllum,  Wellw.,  qui  croît  à la  fois 
dans  ces  deux  pays.  C’est  un  fait  que  nous 
apprend  un  des  derniers  numéros  du  Gar- 
dener's  Chronicle. 

— Au  sujet  du  Radis  Garwoski,  dont 
nous  avons  parlé  dans  ce  journal  (1),  nous 
avons  reçu  de  Saint-Pétersbourg  une  lettre 
très-intéressante  contenant  quelques  détails 
dont  nos  lecteurs,  nous  l’espérons,  pourront 
tirer  parli,  ce  qui  nous  engage  à la  publier. 

Saint-Pétersbourg,  le  29  septembre  1873. 

Monsieur, 

De  retour  à Saint-Pétersbourg,  j’ai  parcouru 
avec  intérêt  votre  article  du  n°  12  de  la  Revue j 
sur  le  Radis  Ganvoslà.  D’après  la  description  des 
caractères,  je  ne  doute  pas  qu’il  s’agit  d’une 
variété  de  Radis  des  plus  estimées  et  des  plus  ré- 
pandues parmi  nous,  Radis  d’hiver  ou  d’automne, 
Graivoro»skaïa  Riédka  (Riédka  veut  dire  Radis), 

Comme  il  est  question  de  la  meilleure  méthode 
de  sa  culture,  je  prends  la  liberté  de  vous  faire 
connaître  celle  qui  est  employée  avec  succès 
parmi  nous.  On  sème  le  Radis  du  commence- 
ment à la  tin  du  mois  de  mai,  sur  place  et  à la 
volée,  dans  une  terre  meuble,  mais  substantielle, 
pas  frav  hemevt  fumée;  autrement  les  feuilles  se 
développeraient  aux  dépens  des  racines,  et 
celles-ci  deviendraient  plus  sujettes  aux  attaques 
des  insectes.  Pour  éviter  les  racines  creuses  et 
les  avoir  avec  des  proportions  respectables,  on  a 
soin  d’arroser  les  plantes  et  d’entasser  autour 
d’elles  ia  terre,  ce  qu’on  pratique  deux  ou  trois 
fois  pendant  la  végétation. 

La  plante  réussit  mieux  dans  les  années  bu* 
mides  que  dans  la  saison  sèche. 

Le  palais  russe  exige  que  le  Radis  soit  fortj 
c’est-à-dire  d’un  goût  un  peu  mordant.  On  le 
mange  ordinairement  râpé,  avecdusel,  del’huile 
et  quelquefois  aussi  avec  un  peu  de  vinaigre,  ce 
qui  le  rend  plus  délicat  et  plus  doux. 

C’est  un  légume  indispensable  pour  l’économie; 
aussi  voit-on  le  Radis  cultivé  par  nos  paysans 
plus  que  toute  autre  plante  à racine  potagère. 

Veuillez  agréer,  etc.  Pierre  Wolkenstein. 

— Sous  ces  dénominations  générales 
cc  grand  Bambou  de  V Hymalaya,  grand 
Bambou  de  Vlnde^  » désigne-t-on  une  seule 
et  unique  espèce  correspondant,  ainsi  que 
quelques-uns  l’affirment , au  Bambusa 
arundinacea  ou  au  B.  Thouarsii  ? D’une 
autre  part,  ces  deux  dernières  plantes  sont- 
elles  synonymes,  ou  bien  constituent-elles 
deux  espèces,  dont  l’une  croissant  sur  les 
hautes  montagnes  serait  par  conséquent  rus- 
tique, tandis  que  l’autre  venant  dans  les 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  227. 


parties  chaudes  des  vallées  exigerait  la  serre 
chaude  sous  notre  climat?  C’est  là,  croyons- 
nous,  une  question  qui,  jusqu’aujourd’hui, 
ne  peut  être  résolue,  et  au  sujet  de  laquelle 
on  ne  peut  émettre  que  des  hypothèses. 

C’est  afin  de  tâcher  de  jeter  quelque  lu- 
mière sur  ce  sujet  que  nous  allons  faire 
connaître  quelques  détails  sur  deux  sortes  de 
Bambous  dont  le  Muséum  a reçu  des  graines. 

Un  paquet  de  ces  graines  était  étiqueté 
Bambusa  arundinacea,  l’autre  Bambusa 
Kana^iga;  ces  graines,  qui  étaient  à peu  près 
semblables,  avaient  une  certaine  analogie 
par  la  grosseur  et  la  forme  avec  des  grains 
d’Orge  commun;  quant  aux  plantes,  qui 
n’ont  pas  tardé  à se  montrer,  elles  sont  à 
peu  près  identiques,  du  moins  dans  le  jeune 
âge.  Malheureusement  l’espèce  étiquetée 
Kananga  n’a  donné  que  quelques  individus. 
Que  deviendront  les  plantes  ? Nous  ne  man- 
querons pas  d’en  informer  nos  lecteurs. 

— ' Dans  notre  chronique  du  août  der- 

nier, page  282,  nous  avons  cherché  à appe- 
ler l’attention  sur  une  remarquable  nou- 
veauté, le  Bégonia  Sedeni  à fleurs  doubles, 
obtenu  au  parc  de  la  Tête-d’Or,  à Lyon.  A 
ce  sujet,  un  de  nosfconfrères,  M.  Deleuil, 
horticulteur  à Marseille,  nous  a écrit  une 
très-intéressante  lettre  que  nous  avons  re- 
produite {Bev.  liort.  1873,  p.  363),  et  dans 
laquelle|M.  Deleuil  témoigne  le  désir  d’avoir 
quelques  renseignements  sur  cette  plante, 
savoir  si  elle  a été  obtenue  par  semis  ou  si 
parfois  elle  ne  serait  pas  le  produit  d’un  fait 
de  dimorphisme.  Pour  satisfaire  à son  dé- 
sir et  en  même  temps  éclairer  nos  lecteurs, 
nous  avons  écrit  à notre  ami,  M.  Jean  Sis-  i 
ley,  qui,  avec  sa  complaisance  habituelle,  i 
nous  a fourni  les  renseignements  nécessai- 
res, et  qui,  de  plus,  nous  a envoyé  une  fleur  i 
de  ce  Bégonia,  ce  qui  nous  permet  de  don-  : 
ner  quelques  détails  sur  cette  plante. 
Voici  l’énumération  des  caractères  que  nous  ^ 
avons  été  à même  de  constater  : fleurs  un  , 
peu  pendantes,  d’un  beau  rouge  ponceau,  à 
peu  près|semblabie  à celles  du  B.  Sedeni 
dont  cette  plante  sort,  à pétales  de  2-3  cen-  ; 
timètres  de  longueur;  les  internes,  beaucoup  | 
plus  étroits,  sont  dus  à la  transformation  | 
des  organes  [sexuels  qui  font  complètement 
défaut.  Ovaire  nul  ou  à peine  rudimentaire;  | 
pédoncule  d’environ  2 centimètres  de  Ion-  j 
gueur. 

Relativement  à la  plante,  voici  ce  que  | 
nous  a écrit  M.  J.  Sisley  : j 

C’est  un  semis  provenant  de  la  fécondation  ar-  i 
tificielle  du  B.  Sedeni  par  le  B.  DeguesvelUana.  ‘ 


425 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


Les  graines,  de  l’une  desquelles  est  issue  cette 
plante,  semées  de  bonne  heure  cette  année,  ont 
produit  des  individus  qui  ont  fleuri  en  mai  et  qui 
refleurissent  maintenant. 

Le  feuillage  de  ce  Bégonia  est  intermédiaire 
entre  les  deux  parents,  mais  cependant  plus  rap- 
proché de  celui  delà  mère  {B.  Sedeni).  La  plante 
est  vigoureuse. 

Ce  qui  est  à remarquer,  c’est  que  ces  semis 
conservés  en  serre  étaient  devenus  malades,  et 
que  mis  dehors  en  pleine  terre  ils  ont  repris  une 
grande  vigueur  et  alors  ont  fleuri  plus  abondam- 
ment. 

M.  François  Gaujain  — c’est  l’obtenteur  de 
la  plante  dont  nous  parlons  — a continué  cette 
année  ses  fécondations  des  différentes  variétés 
de  Bégonias  bulbeux  par  le  double  qu’il  a obtenu, 
espérant  obtenir  une  série  de  doubles  de  coloris 
variés  et  augmenter  la  duplicature.  Il  cherche 
aussi  à augmenter  les  feuillages  par  des  croise- 
ments appropriés. 

Il  y a,  dans  ce  qui  précède,  un  exemple 
et  une  leçon;  le  premier,  en  enrichissant 
l’horticulture,  montre  la  voie  qu’il  convient 
de  suivre,  voie  féconde  qui,  à peine  ouverte, 
a déjà  donné  de  magnifiques  résultats  ; aussi 
ne  saurait-on  trop  engager  de  multiplier  les 
expériences.  D’une  autre  part,  il  y a dans 
les  observations  de  M.  F.  Gaujain,  qui  vien- 
nent d’être  rapportées,  un  fait  qui  doit  en- 
courager à faire  des  essais  au  sujet  de  la 
rusticité.  Peut-être  même  ferait-on  bien  de 
laisser  un  certain  nombre  de  ces  Bégonias 
hybrides  en  pleine  terre,  en  les  couvrant 
seulement  d’une  légère  couverture  pendant 
l’hiver.  Dans  tous  les  cas,  ce  sont  des  plan- 
tes précieuses  pour  la  serre  froide  et  qui, 
mises  en  pleine  terre  au  printemps,  ne  ces- 
sent de  fleurir  jusqu’aux  gelées  et  même,  si 
à cette  époque  on  les  relève  en  motte,  qu’on 
les  mette  en  pots  et  les  place  dans  une  serre 
chaude,  ils  continueront  à fleurir  pendant 
une  bonne  partie  de  l’hiver. 

— S’il  faut  en  croire  M.  le  professeur 
Asa  Gray,  la  plante  que  l’on  cultive  en 
France  sous  le  nom  de  Witadenia  triloha 
ne  serait  autre  qu’un  Brachicome.  C’est  un 
fait  que  démontre  le  professeur  américain 
dans  le  Gardener^s  Chroniclc,  numéro  du 
4 octobre  1873,  et  dont  voici  la  traduction  : 

En  recommandant  pour  la  culture  en  grand  le 
Witadenia  triloba,  le  Gardenefs  Chronicle  de- 
vrait renseigner  ses  lecteurs  où  ils  peuvent  se 
procurer  cette  plante.  La  charmante  espèce  cul- 
tivée sous  ce  nom  dans  les  jardins  n’est  pas  un 
Witadenia^  encore  moins  le  W,  triloba.  C’est  un 


fait  dont  je  me  suis  assuré  et  dont  j’ai  essayé  de 
convaincre  M.  le  professeur  de  culture  du  Mu- 
séum en  lui  communiquant  le  type  original  de 
Gaudichaud.  Cette  plante  n’est  même  pas  un  Wi- 
tadenia, mais  un  Br achy corne,  ainsi  que  le  sup- 
posait Gaudichaud.  L’espèce  que  l’on  rencontre 
dans  les  cultures  sous  le  nom  de  Witadenia  tri- 
loba est  VErigeron  mucronatum,B.  G.,  d’origine 
mexicaine,  de  Venezuela,  etc. 

Nous  n’essaierons  pas  — et  pour  cause 
— de  savoir  qui  a tort  ou  raison  ; toutefois, 
ne  fut-ce  que  pour  éclairer  nos  lecteurs  sur 
la  valeur  de  certaines  assertions  scientifi- 
ques, nous  allons  mettre  sous  leurs  yeux 
quelques  remarques  que  nous  avons  pu 
faire  relativement  à cette  plante  dans  l’her- 
bier général  du  Muséum.  Elle  se  trouve  là, 
au  genre  Erigeron,  sous  ces  divers  noms  : 
Aster  quercifoliiis,  Lessg.  ; Wittadenia 
triloha,  Hort.,  d’après  M.  Decaisne  et  écrit 
par  lui  ; puis,  sur  la  même  étiquette  et  im- 
médiatement au-dessous,  le  nom  générique 
Erigeron  écrit  par  un  botaniste  étranger 
(probablement  par  Asa  Gray),  tandis  que 
à l’école  de  botanique  du  Muséum  on  trouve 
cette  même  espèce  sous  le  nom  A Erigeron 
quercifoUus , Lam.  Ajoutons  encore,  qu’au 
genre  Witadenia  nous  l’avons  trouvée  sous 
le  nom  de  Brachy corne  triloha,  Gaudich., 
écrit  par  Gaudichaud  lui-même.  Enfin,  et 
toujours  pour  éclairer  nos  lecteurs , disons  que 
tous  ces  savants  ne  sont  guère  plus  d’accord 
quant  à l’orthographe  : ainsi  les  uns  écrivent 
Vittadenia,  d’autres  Vittadinia,  Wiladinîa, 
avec  deux  tt  ou  un  seul.  Quel  accord!  Com- 
ment après  cela  accorder  de  la  valeur  à cette 
fameuse  phrase  : « Magister  dixit  9 » 

— Un  de  nos  correspondants  nous  in- 
forme que,  le  5 octobre  dernier,  à l’Exposi- 
tion de  Vienne  (concours  des  fruits),  nos 
confrères,  MM.  Charles  et  Ernest  Baltet,  ont 
obtenu  le  diplôme  de  mérite  pour  210  va- 
riétés de  fruits  qu’ils  avaient  exposés. 

A ce  sujet,  notre  correspondant  nous  fait 
remarquer  l’isolement  dans  lequel  se  trou- 
vent nos  exposants,  par  suite  de  la  compo- 
sition du  jury  qui  ne  compte  aucun  membre 
appartenant  à la  France.  Ce  que  dit  notre 
correspondant  est  vrai,  trop  vrai  même,  et 
c’est  avec  un  grand  regret  que  nous  voyons 
notre  pays  s’écarter  et  rester  en  dehors  de 
ces  grandes  questions  qui  sont  le  fond  même 
des  nations. 

E;-A.  Carrière. 


426 


PLANTATION  DES  JARDINS. 


PLANTATION  DES  JARDINS 


La  plantation  par  groupes  de  même  genre 
permettra  toujours  d’introduire  des  plantes 
qui,  sans  être  de  premier  mérite,  ont  cepen- 
dant de  la  valeur,  et  qui  seraient  beaucoup 
moins  déplacées  là  que  mélangées  avec  des 
plantes  de  genres  différents.  Elle  a en  outre 
cet  autre  avantage  de  permettre  l’étude  et 
la  comparaison,  et  tout  le  monde  connaît  le 
sentiment  de  curiosité,  nous  dirions  presque 
l’intérêt  qu’on  éprouve  à la  vue  d’une  va- 
riété rare  et  oubliée  d’un  genre  connu. 

On  va  admirer,  dans  des  écoles  de  bota- 
nique, ou  dans  quelques  jardins  privilégiés, 
comme  Trianon,  des  végétaux  qu’on  ne  voit 
plus  ailleurs,  et  qui  ont  dû  à leur  position 
d’atteindre  leur  développement  et  d’arriver 
ainsi  à toute  leur  beauté;  mais  là  se  borne 
la  chose,  et  si  la  mode  ne  s’en  mêle  pas,  et 
que  la  croissance  en  soit  relativement  lente 
ou  la  culture  difficile,  on  les  oublie  et  on 
les  délaisse. 

On  les  oublie  si  bien  que  quelques-uns 
reçoivent  une  appellation  générale  dans  la- 
quelle disparaît  complètement  la  distinction 
des  espèces.  Prenons  pour  exemple  les 
Chênes  américains  : ils  sont  si  peu  répandus, 
par  conséquent  si  peu  connus,  que,  malgré 
un  certain  nombre  d’espèces,  ils  sont  dési- 
gnés collectivement  et  même  demandés  dans 
les  pépinières  sous  le  nom  général  de 
<(  Chênes  d’Amérique  :&  : les  Quercus  aïba, 
coccmea , tinctoria , palustris  , macro- 
carpta,  etc.,  tout  passe  sous  le  même  vo- 
cable. 

On  peut  comprendre  qu’avec  les  genres 
de  plantations  adoptés  maintenant,  beaucoup 
de  plantes  comme  celles-ci  ne  soient  que 
peu  ou  ne  soient  même  pas  employées;  mais 
lorsqu’on  en  voit  par  hasard  quelque  beau 
spécimen,  on  peut  aussi  le  regretter  vive- 
ment. 

Mais,  d’un  autre  côté,  avec  la  quantité  de 
végétaux  d’ornement  que  nous  possédons, 
on  ne  peut  songer  à prendre  dans  un  genre 
jusqu’aux  espèces  insignifiantes  et  sans  va- 
leur, et  faire  d’un  jardin  une  véritable  école 
de  botanique;  sans  aller  jusque-là,  et  tout 
en  sortant  du  commun,  on  peut  faire  de 
belles  plantations. 

Il  est  aussi  quelques  genres  qui,  bien  que 
peu  nombreux  en  espèces,  tels  que  Vernis 
du  Japon,  Chionanthe,  Gtjmnocladus , Tu- 
lipier, Arbre  de  Judée,  etc.,  ont  pour  la 

(l)  Voir  Revue  horticole^  1873,  p.  371. 


plupart  beaucoup  de  valeur  ornementale. 
Pour  ces  plantes,  comme  pour  celles  à feuil- 
lage panaché  ou  pourpre,  on  trouve  toujours 
des  places  marquées.  La  plupart,  réunies 
en  groupes  ou  même  isolées,  produisent  un 
très-bel  effet,  celles  à rameaux  pendants,  sur 
le  bord  des  eaux  ou  dans  les  pentes  très-ra- 
pides. Du  reste,  quant  à la  répartition  et  à 
l’emplacement  qu’elles  doivent  décider,  il 
n’y  a rien  d’absolu,  et  ces  choses  sont  par- 
fois indiquées  par  les  conditions  dans  les- 
quelles on  se  trouve  ; les  règles  aussi  sont 
souvent  subordonnées  au  goût  de  l’archi- 
tecte, qui  toujours  doit  s’inspirer  par  les 
contrastes  majestueux  que  présente  la  na- 
ture. L’expérience,  aussi,  doit  avoir  sa  place, 
et  souvent  elle  corrige  des  idées  qui  parais- 
sent excellentes.  On  en  trouve  la  preuve 
dans  la  recherche  des  contrastes  qu’on  ob- 
tient par  la  différence  des  formes,  et  surtout 
par  celle  des  couleurs.  Cette  dernière  est  la 
plus  propre  à former  des  effets  heurtés  et 
violents  que  le  bon  goût  condamne  parfois 
aussi  bien  dans  les  plantes  que  dans  les  ta- 
bleaux. Il  ne  suffit  pas  toujours  que  deux 
plantes  soient  très-différentes  de  formes  et 
de  couleurs  pour  produire  un  effet  agréable. 
Nous  pouvons  citer  à l’appui  des  exemples 
de  groupes  de  Catalpa  recépés  tous  les  ans 
et  de  Populus  nivea  placés  devant  une 
grande  plantation  de  Picea,  et  dont  le  bon 
effet  est  très-contestable.  Un  autre  tout  jl 
aussi  mauvais  est  un  groupe  compact  de  ^ 

Negundo  panachés  devant  des  Ifs;  c’est  du  1 1 
blanc  sur  du  noir  : ce  n’est  que  bizarre  sans  fJ 
être  beau.  1 1 

Des  différences  telles  ne  paraissent  pas  i 
nécessaires.  Les  plus  beaux  effets  de  con-  i 
trastes  que  nous  ayons  vus  sont  de  jeunes 
Hêtres  pourpres  devant  des  Picea  et  devant 
des  Hêtres  communs.  Nous  pouvons  citer 
surtout  un  Hêtre  commun  mêlé  par  mégarde 
sans  doute,  sur  le  bord  d’un  groupe  épais  de 
Hêtres  pourpres  ; par  le  contraste,  cet  arbre 
produisait  un  effet  ravissant. 

Un  effet  qui  paraît  généralement  très-joli 
est  celui  produit  par  les  formes  fines  et  dé- 
licates, telles  que  le  feuillage  des  Sophora 
et  des  Féviers,  surtout  le  Gleditschia  Bu- 
jotti,  sur  des  fonds  plus  compacts.  L’effet 
contraire  {Catalpa,  Paidownia,  Marron- 
nier), sur  des  fonds  légers,  paraît  moins 
agréable.  Il  faut  avouer  que  souvent  les 
contrastes  naissent  en  dehors  de  la  concep- 
tion qui  préside  à l’arrangement  des  plantes. 


PLANTATION  DES  JARDINS. 


427 


et  il  est  facile  de  le  comprendre  en  pensant 
aux  conditions  de  position,  de  végétation  et 
d’entourage  qui  jouent  un  rôle  pour  les  pro- 
duire. 

L’imprévu  de  ces  effets  peut  être  consi- 
déré comme  une  des  causes  de  la  supério- 
rité possible  de  nos  jardins  paysagers  sur 
les  anciens  jardins  réguliers;  mais  cette 
supériorité  elle-même  est  un  peu  un  effet 
du  temps,  qui  nous  donne  des  éléments  qui 
manquaient  auparavant. 

On  a beaucoup  critiqué  les  plantations 
dites  « à la  française,  » reprochant  à ce  genre 
sa  symétrie,  son  dessin  architectural  et  dé- 
pourvu de  pittoresque,  enfin  une  foule  de 
défauts  qui,  contrairement,  faisaient  l’admi- 
ration de  nos  pères.  Nous  croyons  qu’on 
pourrait  ajouter  à ces  reproches  assez  con- 
testables, et  qui  sont  souvent  plus  du  res- 
sort de  la  mode  que  du  bon  goût,  un  autre 
défaut  plus  réel  : le  manque  de  variété  dans 
les  plantations.  A l’époque  de  la  création  de 
Versailles,  on  ne  connaissait  pas  la  plupart  de 
nos  plus  beaux  arbres  actuels  d’ornement, 
et  les  plantations  d’alignement,  si  usitées 
alors,  étaient  peu  variées.  Quelques  espèces, 
mieux  connues  plus  tard,  quoique  déjà  cul- 
tivées, étaient  encore  trop  nouvelles  pour 
être  bien  appréciées.  Mais  si,  au  lieu  d’en 
être  réduit  aux  Tilleuls,  aux  Ormes,  aux 
Charmes  ou  aux  Érables,  on  eût  eu  à sa 
disposition  les  végétaux  que  nous  possédons 
maintenant,  et  si  une  partie  de  ces  planta- 
tions eût  été  faite  en  Marronniers  rouges, 
en  Catalpas,  en  Tulipiers,  enRobinias,  etc.; 
si  la  quantité  de  belles  plantes  connues 
maintenant  avait  permis  de  former  des  lignes 
I de  Magnolia  grandiflora,  d’Épines  roses, 

I de  Paulownia  et  même  de  Hêtres  pourpres 
I (ces  derniers  quoique  connus  déjà),  et  de 
quantité  d’autres  belles  plantes,  il  n’est  pas 
douteux  que  les  restes  encore  existants  à 
notre  époque  feraient  juger  avec  plus  d’in- 
dulgence et  de  justice  un  genre  qui  dispa- 
' raît  de  plus  en  plus,  et  que,  sans  chercher 
à reproduire,  on  pourrait  ou  plutôt  on  de- 
I vrait  respecter. 

I Peut-être  aussi  y a-t-il  dans  ce  genre  trop 
d’obstacle  pour  les  changements . Une  ave- 
nue ou  une  allée  régulière,  aussi  bien  dans 
son  tracé  que  dans  sa  plantation,  ne  se  prête 
guère  aux  petites  modifications  qu’excite  la 
recherche  du  pittoresque  ou  le  caprice  d’un 
moment.  C’est  l’immobilité,  et  il  serait  sans 
doute  difficile,  à notre  époque,  de  se  con- 
tenter d’un  système  qui  entraverait  à ce 
point  nos  goûts  changeants.  Aussi  combien 
I de  parcs  grandioses  ont  disparu  pour  faire 


place  à des  jardins  aussi  pittoresques  par  la 
conception  que  par  l’exécution  ! 

Nous  n’avons  pas,  jusqu’ici , parlé  des 
Conifères,  qui,  sous  le  rapport  de  l’emploi, 
mériteraient  une  étude  spéciale  et  étendue. 
Ces  plantes  ont  une  physionomie  tellement 
différente  de  celle  des  autres  végétaux, 
qu’elles  ne  se  mêlent  pas  volontiers  avec 
eux.  Elles  gagnent  toujours  à être  réunies 
en  groupes  ou  alors  isolées.  On  peut  admi- 
rer dans  quelques  parcs  des  plantations  de 
Picea,  Sapinettes,  Pins  du  Lord  et  Laricio, 
Ahies  pectinata,  etc. , et  qui  toutes  sont 
splendides  lorsque  le  terrain  ne  leur  déplaît 
pas.  Beaucoup  d’autres  peu  employées  en 
grandes  masses  y feraient  aussi  un  très-bel 
etfet.  Qu’on  se  représente,  par  exemple,  ce 
que  serait,  dans  trente  ans,  une  plantation 
un  peu  considérable  de  Wellingtonia  gi~ 
gantea  que  l’hiver  aurait  respectée.  A en 
juger  par  la  vigueur  de  ceux  que  nous  con- 
naissons, on  peut  croire  que  ces  énormes 
pyramides  de  verdure,  non  encore  dégar- 
nies, auraient  un  caractère  grandiose  que 
nous  ne  connaissons  pas. 

Les  formes  pyramidales  de  certains  Cy- 
près, Thuyas,  Genévriers,  rassemblés  en 
grand  nombre,  rappellent  un  peu  trop  les 
cimetières;  en  groupes,  elles  conviennent 
mieux,  surtout  sur  les  pentes  un  peu  rapides 
et  dans  les  terrains  très-tourmentés.  Lear 
emploi  est  tout  entier  une  affaire  de  goût. 

La  mode,  aidée  de  la  beauté  réelle  de 
beaucoup  de  ces  plantes,  les  a fait  recher- 
cher avec  ardeur,  et  il  en  est  résulté  la  dé- 
couverte et  l’introduction  d’espèces  magni- 
fiques, mais  encore  trop  rares  pour  en  faire 
des  plantations  étendues.  Cependant  il  est 
certain  que,  en  mettant  de  côté  la  question 
pécuniaire,  on  obtiendrait  des  effets  magni- 
fiques avec  la  plupart  d’entre  elles,  sans  en 
excepter  quelques-unes  ayant  un  cachet 
particulier,  telles  que  les  Araucaria  im~ 
hricata,  Cryptomeria,  Torreya,  etc.  Les 
exemples  manquent  encore  chez  nous,  mais 
il  faut  espérer  que  le  temps  nous  les  four- 
nira. Les  deux  hivers  de  1870  et  1871  ont 
montré  la  rusticité  de  beaucoup  d’entre  les 
nouvelles  introductions  japonaises,  les  Re- 
tinospora  et  Sciadopytis  entre  autres,  et, 
malheureusement  aussi , détruit  l’espoir 
fondé  sur  les  Cèdres  deodora,  dont  bien  peu 
ont  été  épargnés,  sans  qu’on  ait  encore  bien 
pu  se  rendre  compte  des  causes  qui  en  ont 
préservé  quelques-uns. 

D’autres  plantes.  Magnolia,  Kalmia, 
Rhododendrum,  Azalées,  exigeant  souvent 
un  sol  spécial,  se  rassemblent  d’autant  plus 


428 


PLANTATION  DES  JARDINS. 


que,  plantes  à feuilles  persistantes  et  pré- 
sentant une  floraison  qui  les  rapproche  plus 
des  plantes  de  serre  que  des  arbustes  de 
plein  air,  elles  ne  se  marient  pas  bien  avec 
ceux-ci  ; aussi  est-il  préférable  pour  elles 
de  les  planter  dans  des  parties  spéciales  où 
elles  paraissent  se  convenir  d’autant  mieux 
qu’elles  sont  en  plus  grand  nombre.  En 
somme,  pour  les  Rhododendrons,  Azalées 
et  Kalmias,  la  beauté  réside  plus  en  eux- 
memes  que  dans  l’effet  qu’ils  produisent 
dans  l’arrangement  d’un  jardin,  et  si  l’on 
tient  à en  avoir,  il  ne  faut  pas  précisément 
chercher  la  place  qui  les  réclame,  mais  plu- 
tôt faire  la  place  où  l’on  veut  les  avoir,  les 
traitant  en  cela  un  peu  comme  les  corbeilles 
de  fleurs.  Le  voisinage  de  la  maison  leur 
convient  généralement  mieux  que  l’éloigne- 
ment. 

Les  Lauriers-Amandes  et  de  Portugal, 
les  Houx,  les  Troènes,  les  Filarias,  quelques 
Fusains,  en  un  mot  les  plus  vigoureuses  de 
ce  qu’on  est  convenu  d’appeler  'plantes 
vertes,  sont  les  seules  qui  se  prêtent  assez 
au  mélange  dans  les  massifs  d’arbustes  à 
feuilles  caduques.  Quelques  jardins  nous 
montrent  des  exemples  de  plantations  exclu- 
sivement composées  de  plantes  vertes  ; cela 
a sa  valeur  l’hiver,  mais  le  printemps  ne  s’y 
montre  guère  que  par  les  Mabonias  et  les 
Rhododendrons,  et  cette  dernière  floraison 
est  fort  coûteuse  pour  être  un  peu  considé- 
rable. Malgré  les  panacbures  des  Aucubas, 
des  Houx  et  de  quelques  Fusains,  ces 
plantes  ont  un  aspect  monotone  ou  plutôt 
triste,  même  pendant  la  belle  saison  ; en 
outre, beaucoup  sont  plusou moins  frileuses, 
et  la  floraison  des  Lauriers-Tins  entre 
autres  est  très-précaire.  Au  contraire,  beau- 
coup de  ces  plantes  font  un  bel  effet  dans 
les  parties  les  plus  accidentées,  dans  les  ro- 
chers mêmes.  Nous  avons  vu  des  Ruis,  des 
Cotoneaster,  des  Ruscus  et  même  une 
touffe  de  Menziezia  poUifolia  très-jolies 
dans  ces  conditions.  Quant  aux  Chênes 
verts,  la  lenteur  de  leur  croissance  les  fait 
négliger;  aussi,  maintenant,  sont-ils  plus 
rares  encore  que  connus. 

Nous  ne  voulons  pas,  pour  le  moment, 
étudier  l’emploi  qu’on  peut  faire  de  ces 
plantes,  qu’on  peut  appeler  spéciales;  on 
pourrait  y ajouter  avec  raison  les  plantes 
grimpantes.  A part  le  Lierre,  la  Vigne 
vierge  et  les  Glycines,  on  utilise  bien  peu 
les  autres  : les  Chèvrefeuilles,  Bignonias, 
Rosiers  grimpants.  Clématites,  parmi  ces 
plantes  à floraison,  et  les  Periploca,  Aris- 
toloche, Boussingaultia,  etc. 


R en  est  de  même  des  plantes  vivaces,  si 
connues  autrefois  et  si  oubliées  maintenant  ; 
et  pourtant  rien  n’égale  la  beauté  des  Phlox, 
des  Lis  blancs,  et  surtout  des  Roses  tré- 
mières  sur  le  bord  des  massifs  d’arbustes. 
Leur  floraison,  qui,  pour  presque  toutes, 
arrive  après  celle  des  arbustes,  égaie  et  re- 
lève les  masses  sombres  de  ceux-ci  et  de- 
vient souvent  de  la  plus  grande  utilité  pour 
faire  des  bouquets  ou  des  garnitures  de 
fleurs  quelconques , car  il  est  assez  rare  de 
trouver  dans  l’organisation  d’un  jardin  un 
carré  spécial  de  plantes  annuelles  ou  vivaces 
ayant  cette  destination,  ce  qui  pourtant  se- 
rait d’un  immense  secours. 

On  peut  voir  par  l’examen  de  nos  richesses 
végétales  quel  parti  on  pourrait  tirer  de  l’ar- 
rangement des  plantations  pour  orner  un 
jardin,  le  rendre  agréable,  lui  donner  une 
physionomie  particulière,  créer  des  curio- 
sités végétales  pour  l’avenir  et  empêcher 
dans  une  grande  mesure  que  l’ennui  et  le 
dégoût  du  propriétaire  le  poussent  à en  faire 
retourner  tous  les  ans  quelques  parties. 

Une  analyse  un  peu  attentive  des  jardins 
qu’on  voit  autour  de  soi  laisse  voir  de  suite 
que  la  plantation  est  toujours  faite  au  ha- 
sard, non  pas  seulement  pour  le  choix,  mais 
aussi  pour  l’arrangement  ; que  l’attention  est 
plutôt  portée  sur  les  végétaux  qui  doivent 
être  isolés  ou  placés  bien  en  vue  ; que  la 
mode  s’en  mêle  souvent  au  détriment  du 
goût;  que  les  plus  beaux  effets  en  végétation 
sont  plus  le  fait  du  hasard  et  de  la  position 
que  de  l’idée;  enfin  qu’il  n’y  a généralement 
pas  de  méthode  appliquée  pour  arriver  à un 
but  bien  déterminé.  On  plante  pour  planter, 
et  l’on  choisit  les  plantes  les  plus  vigou- 
reuses pour  arriver  à avoir  de  l’ombre  rapi- 
dement; on  improvise  un  bois  comme  on 
fait  une  plantation  de  Pommes  de  terre, 
sans  songer  à l’avenir,  et  quelques  années 
après,  on  le  change  de  place  ou  de  forme, 
parce  qu’il  a eu  le  tort  de  ne  pas  changer 
lui-même.  R semble  qu’en  fait  de  stabilité, 
les  jardins  et  la  politique  marchent  de  pair. 

Nous  pouvons  aussi  ajouter  que  l’empla- 
cement d’une  propriété  pour  y créer  un  jar- 
din n’est  pas  toujours  bien  approprié  ; nous 
en  connaissons  qui  paraissent  avoir  été  choi- 
sis en  raison  des  difficultés  à surmonter 
pour  arriver  à un  résultat  convenable  : sol 
ingrat,  sans  eau,  mauvaise  position,  entou- 
rage défectueux,  toutes  choses  qu’on  subit 
quand  on  n’a  pas  le  choix,  ou  que  la  posses- 
sion du  sol  force  à travailler  dans  ces  condi- 
tions, mais  qu’on  doit  chercher  à éviter  si 
l’on  tient  à avoir  une  végétation  passable 


FLORAISON  d’un  AGAVE  YUCCÆFOLIA. 


m 


sans  faire  des  dépenses  exagérées.  Aussi  en 
est-il  bien  peu  qui,  sous  le  rapport  de  la 
plantation,  peuvent  être  étudiés  avec  fruit. 

Le  travail  que  nous  publions  sur  les  plan- 
tations n’est  qu’un  simple  aperçu,  une 
ébauche  faite  surtout  en  vue  d’appeler  l’at- 
tention. Une  étude  sur  ce  sujet  exigerait  des 
recherches  nombreuses  auxquelles  nous  ne 
pouvons  nous  livrer,  des  détails  circonstan- 
ciés dans  lesquels  nous  ne  pouvons  entrer 
dans  un  article.  Il  y aurait  surtout  à recher- 
cher, au  point  de  vue  pratique,  quelques 
exemples  que  l’on  pourrait  citer.  Malheu- 
reusement, ces  recherches,  qui  sont  assez 
difficiles,  nécessiteraient  du  temps  et  des 
déplacements,  la  plupart  ne  se  trouvant  que 
dans  des  propriétés  privées  et  disséminés  un 
peu  partout. 

Un  ouvrage  dans  ce  genre  manque  com- 
plètement comme  étude,  car  la  plupart  des 
travaux  sur  la  création  des  jardins  ont  plu- 
tôt en  vue  l’ensemble  général  et  son  côté 
pittoresque  que  les  détails  de  la  plantation. 


Celle-ci  arrivant  nécessairement  à la  fin  des 
travaux  est  toujours  moins  étudiée,  souvent 
meme  un  peu  abandonnée  par  l’architecte, 
qui,  ne  manquant  pas  de  travaux  ailleurs, 
laisse  la  plantation  marcher  à peu  près  sous 
la  direction  d’un  chef  de  travaux  qui  reçoit 
les  plantes  à la  douzaine  et  les  place  parfois 
sans  les  connaître  (1). 

Il  n’y  a pas  de  témérité  à affirmer  que 
dans  ces  conditions,  qui  sont  les  plus  com- 
munes, il  n’y  a guère  à compter  sur  des  ré- 
sultats propres  à rendre  un  propriétaire 
amateur.  Il  arrive  toujours  que,  pour  lui, 
un  arbre  n’est  qu’un  arbre,  un  Cèdre  ou  un 
Pin,  un  arbre  vert,  et  rien  de  plus.  Quelle 
raison  aurait-il  donc  de  respecter  plutôt  l’un 
que  l’autre?  Aussi  avons -nous  vu,  pour  un 
caprice,  déranger  des  Cèdres  d’un  demi- 
siècle et  les  perdre. 

C’est  ce  qu’on  peut  appelr  la  morale  des 
méthodes  employées  en  fait  de  plantation. 

Jules  Batise. 


FLORAISON  D’UN  AGAVE  YÜGGÆFOLIA 


Les  serres  d’un  amateur  douaisien, 
M.  Desmarets,  ont  vu  ces  jours  derniers, 
6 octobre,  un  fait  assez  rare  dans  le  nord  de 
la  France  : la  floraison  d’un  Agave  Yuccœ- 
folia. 

Cette  plante  fut  rempotée  au  mois  de 
septembre  1872,  par  M.  Henri  Détournai, 
jardinier  de  la  maison,  dans  un  mélange  de 
terreau  et  de  terre  de  bruyère.  Il  la  laissa 
dans  une  serre  chaude,  où  elle  avait  tou- 
I jours  vécu.  Pendant  les  chaleurs  de  juin 
dernier,  il  la  sortit,  et  le  8 août  on  vit  se 
i dégager  du  bourgeon  central  une  hampe  qui 
s’accrut  rapidement. 

Voici  les  hauteurs  de  cette  tige  à diffé- 
rentes  époques  : 

Le  8 août,  elle  avait  30  centimètres  ; le 
15,  l'n35;le  22,  2>«26. 

Le  28,  la  plante  fut  rentrée  en  serre. 

Le  29,  elle  avait  atteint  3^";  le  4 septem- 
bre, 3«i  42  ; le  12,  3>"  63  ; le  18, 3«^  68  ; le  20, 
3«i  70. 

Alors  s’arrêta  la  croissance,  et  deux  jours 
après  la  floraison  commença. 

Les  fleurs,  réunies  en  forme  d’épi  au 
sommet  de  la  hampe,  occupent  une  lon- 
" gueur  de  80  centimètres.  Le  reste  est  par- 
> semé  de  bractées  ; celles-ci,  qui  sont  sessiles, 
géminées,  portent  à leur  point  d’insertion 
' une  bractée  rudimentaire  très-petite  et  de 
couleur  brune.  Le  nombre  de  ces  bractées  | 


est  d’environ  70  groupes  de  deux.  Elles  sé- 
crètent une  liqueur  très-abondante,  de  con- 
sistance gommeuse  et  de  saveur  suciée,  et 
exhalent  une  odeur  désagréable. 

Le  périanthe  sépaloïde  se  compose  de 
six  segments,  de  la  forme  d’une  ellipse  al- 
longée, de  couleur  verte  à la  base  et  tirant 
sur  le  jaune  à l’extrémité.  Pendant  la  flo- 
raison, ces  sépales  s’enroulent  en  dehors  et 
sont  marquées  en  dessous  de  deux  sillons 
profonds  longitudinaux. 

Les  étamines,  également  au  nombre  de 
six,  sont  insérées  à la  base  des  sépales  à 
leur  point  de  séparation  ; leur  filet,  dressé 
et  rougeâtre,  est  saillant,  et  sa  longueur  est 
de  45  millimètres  ; il  porte  de  grandes  an- 
thères biloculaires  vert  jaunâtre,  d’une  lon- 
gueur de  15  millimètres  sur  3 de  largeur 
au  milieu. 

Le  stigmate  est  porté  par  un  style  de  couleur 
brun  rougeâtre  qui  atteint  62  millimètres  de 
long. 

L’ovaire,  de  couleur  verte,  a la  forme 
ellipsoïde  allongée,  de  2 centimètres  de 

(1)  En  disant  parfois^  notre  collaborateur  fait 
preuve  d’une  grande  modestie.  Au  contraire,  nous 
ne  craignons  pas  d’affirmer  que  le  plus  grand  nom- 
bre de  gens  (75  p.  O/q,  au  moins),  parmi  ceux  qui 
s’intitulent  » architectes,  » sowi  complètement  étran- 
gers à la  connaissance  des  plantes,  heureux  lors- 
qu’il n’en  est  pas  à peu  près  de  même  dans  les  au- 
tres parties  du  jardinage.  {Rédaction.) 


i30  POMMES  DE  TERRE.  — 

long  sur  5 millimètres  de  diamètre  en  son 
milieu. 

La  hampe,  haute  de  3'"70,  n’a  que  0«^019 
de  diamètre  à la  hase;  elle  est  de  couleur 
vert  glauque  et  parsemée  de  bractées.  Les 
bractées  sont  placées  sur  la  hampe,  de  telle 
façon  qu’en  partant  de  l’une  d’elles,  et  en 
les  comptant  circulairement,  on  en  rencontre 
cinq  pour  arriver  à la  bractée  correspon- 
dante en  ne  faisant  qu’une  fois  le  tour  de 
l’axe  ; autrement  dit,  leur  angle  de  diver- 
gence est  un  cinquième. 

La  plante  est  dépourvue  de  tige  ; sa  sou- 


pêche  EARLY  HIVERS. 

che,  haute  de  8 centimètres  sur  7 de  dia- 
mètre, est  brune. 

Les  feuilles  nombreuses,  d’un  vert  glau- 
que, en  forme  de  ruban  étroit,  canaliculées 
en  dessus,  se  terminent  en  une  pointe  aiguë, 
et  sont  bordées  d’une  fine  dentelure  imper- 
ceptible; leur  longueur  est  de  80  centi- 
mètres sur  4 de  largeur  à la  base  ; elles 
sont  très-serrées  et  forment  une  touffe  de 
40  de  circonférence  d’où  s’échappe  ma- 
jestueusement la  hampe. 

Paul  Desmarets, 

Amateur  d’iiorlicullure. 


POMMES  DE  TERRE 


J’ai  fait  sur  la  culture  des  Pommes  de 
terre  trois  séries  d’expériences. 

Je  me  borne  à donner  aujourd’hui  les  ré- 
sultats de  celles  qui  ont  porté  sur  des  en- 
grais. 

Je  ferai  connaître  prochainement  les  ren- 
dements que  j’ai  obtenus  de  quelques  va- 
riétés différentes  et  de  plusieurs  modes  de 
plantation. 

Il  n’est  pas  inutile  de  dire  que  ces  essais 
ont  été  faits  en  plein  champ,  dans  une  terre 
de  qualité  moyenne,  mais  qui  convient  mal 
à cette  plante,  et  qui  n’avait  reçu  aucun  la- 
bour préparatoire.  Les  résultats  obtenus 
n’ont  dès  lors  qu’une  valeur  relative  ; ils 
m’ont  paru  néanmoins  n’être  pas  dépourvus 
d’intérêt. 

§ 1.  Engrais.  — L’hectare  comprenait 
40,000  pieds.  L’engrais  n’avait  été  mis  que 
dans  la  fosse.  Chaque  fosse  n’avait  reçu 
qu’un  tubercule  de  grosseur  moyenne  et 
pesant  de  43  à 44  grammes. 

Voici,  pour  les  personnes  qui  ne  con- 
naissent qu’imparfaitement  les  engrais  de 
M.  G.  Ville,  les  formules  de  ceux  que  j’ai 
employés  : 

Engrais  chimique  complet^  3 : 


Phosphate  acide  de  chaux  ...  40  kil. 

Nitrate  de  potasse 30 

Sulfate  de  chaux 30 

Engrais  chimique  complet,  3 bis  : 
Phosphate  acide  de  chaux  ...  40  kil. 

Nitrate  de  potasse 20 

Nitrate  de  soude 10 

Sulfate  de  chaux 30 


Le  compost  Danicourt  avait  été  fabriqué 
plusieurs  mois  à l’avance,  d’après  la  for- 
mule qui  suit  : 

Sel  marin 250  kil. 

Phosphate  acide  de  chaux. . . 50 

Cendres 125 

Fumier  sans  litière 188 

Terre  pour  dénaturer  le  sel . 300 

Chaux  grasse 1 hectolitre. 

Quant  au  guano  de  chauve-souris,  il  ren- 
fermait, sur  100  kilog.  : 

23  kil.  de  matières  organiques. 

5 — d’azote  à l’état  d’ammoniaque. 

1,5  d’acide  phosphorique. 

1,3  — de  chaux. 

Traces  de  potasse  et  de  soude. 

tableau  des  expériences  : 


Fumure.  Récolte  en  kil. 


lo 

25,000  kil.  fumier  de  cheval  sortant 

de  l’écurie 

4,656 

2o 

1,000  — compost  Danicourt 

5,360 

3o 

1,000  — poudrette 

6,870 

4o 

1,000  — engrais  chimique  complet. 

n“  3 bis 

6,880 

5o 

1,000  — engrais  chimique  complet, 

n®  3 

6,924 

6° 

25,000  — fumier  de  cheval,  vieux 

de  sept  à huit  mois. . . 

8,698 

7°  Un  mélange  formé  de  : 

10,000  kil.  fumier  de  cheval,  vieux  \ 

de  sept  à huit  mois  . . f 

8,854 

200  — guano  de  chauve-souris,  l 
100  — sulfate  d’ammoniaque. . ) 

E.  Barutel. 

[La  suite  prochainement.) 


PÈCHE  EARLY  RIVERS 


Cette  précieuse  variété  de  Pêche  précoce  1 M.  Rivers,  le  célèbre  pépiniériste  de  Saw- 
est  d’origine  anglaise;  c’est  un  gain  de  I bridgeworth,  auquel  nous  devons  également 


Rhocrer^jc,  deù: 


CTtroiTUPlvÛv.  'R.  Seve:re^izs . 


Pèche  Pcu^ljj  Pivef’s, 


EXPOSITION  DES  ARTS  ET  INDUSTRIES  DU  CERCLE  HORTICOLE  LYONNAIS. 


431 


la  Pêche  Early  Béatrice,  l’excellent  Bru- 
gnon Victoria,  etc. 

Le  fruit  du  Pêcher  Early  Rivers  (Pré- 
coce de  Rivers)  est  d’un  volume  raisonnable, 
d’une  bonne  grosseur  moyenne,  ce  qui  n’est 
point  commun  pour  une  Pêche  qui  com- 
mence à mûrir,  sous  notre  climat  parisien, 
dans  la  deuxième  quinzaine  de  juillet.  La 
peau  qui  est  très-mince,  d’un  jaune  paille, 
est  délicatement  teintée  de  rose  au  soleil, 
parfois  lavée  de  rouge  vif.  La  chair  est  ju- 
teuse et  d’un  parfum  relevé;  lorsque  la 
maturité  est  complète,  c’est  à peine  si  elle 
adhère  légèrement  au  noyau. 

L’arbre  est  facile  à gouverner  ; il  a de  la 
vigueur,  ce  qui  ne  l’empêche  pas  d’être 
d’une  grande  fertilité.  C’est  en  1871  qu’il 
produisit  pour  la  première  fois  dans  mon 
école  d’arbres  fruitiers  ; il  avait  pourtant, 
durant  la  guerre,  subi  (avec  bien  d’autres, 
hélas  !)  des  mutilations  terribles.  Je  le  sau- 
vai toutefois,  et  le  22  juillet  il  me  donnait 
une  récolte  suffisante  pour  que  je  dusse  me 
réjouir  de  l’avoir  introduit. 

En  1872,  il  rapporta  peu,  mais  je  me  hâte 
d’ajouter  que,  le  trouvant  extrêmement 
gêné  à la  place  provisoire  qu’il  occupait, 
entre  deux  Poiriers,  je  l’avais  déplanté  au 
commencement  de  l’année  même. 

En  1873,  la  végétation  est  redevenue 
normale,  etle  jeune  arbre  s’est  littéralement 
couvert  de  fruits  ; il  m’en  a donné  quatre- 
vingts,  et  je  l’en  avais  déchargé  d’un  nombre 


égal  ; il  aurait  fallu  en  retirer  encore  plus 
cependant.  Cette  fois,  par  suite  de  la  froide 
température,  les  premières  Pêches  ne  fu- 
rent récoltées  qu’à  la  fin  de  juillet.  J’en 
avais  l’an  dernier  donné  quelques  boutons  à 
fruits  à mon  confrère  de  Montreuil,  M.  Che- 
valier; lui,  commença  sa  récolte  le  24,  en 
avance  sur  moi  d’une  semaine,  ce  qui 
s’explique  en  ce  que  le  sol  de  Montreuil,  de 
nature  calcaire,  est  plus  chaud  que  celui  de 
Bourg-la-Reine,  qui  est  argilo-siliceux. 

Les  fleurs  de  la  Pêche  Early  Rivers  sont 
grandes,  et  les  feuilles  portent  des  glandes 
réniformes. 

Je  crois  cette  variété  appelée  à un  grand 
succès,  tant  pour  la  culture  de  plein  air  que 
pour  la  culture  sous  verre;  la  maturité  de- 
vance celle  de  la  Grosse  mignonne  hâtive 
d’environ  quinze  jours,  de  sorte  que  les 
fruits  de  V Early  Rivers  seront  fort  re- 
cherchés, d’un  écoulement  facile  et  avanta- 
geux. Cultivée  en  serre  et  sans  le  moindre 
chauffage,  tout  porte  à croire  que  cette 
variété  mûrirait  ses  fruits  vers  la  mi-juin. 

En  indiquant  ici  l’obtenteur,  je  ne  saurais 
oublier  les  quelques  mois  de  jeunesse  pen- 
dant lesquels,  travaillant  sous  ses  ordres, 
j’ai  été  à [même  de  juger  de  l’intelligence, 
de  l’aménité,  de  la  science  pratique  et  de  la 
passion  professionnelle  de  ce  remarquable 
horticulteur. 

F.  J AMIN, 

Pépiniériste  à Bourg-la-Reine. 


EXPOSITION  DBS  ARTS  ET  INDUSTRIES 

DU  CERCLE  HORTICOLE  LYONNAIS  (1) 


Cette  exposition,  qui  a eu  lieu  au  parc  de 
la  Tête-d’Or,  les  18, 19,  20  et  21  septembre, 
était  au  point  de  vue  artistique  et  industriel 
richement  pourvue  d’objets  et  d’appareils  se 
rattachant  à l’horticulture.  Parmi  ces  nom- 
breux appareils,  quelques-uns  ont  attiré 
spécialement  l’attention  des  visiteurs  comme 
réalisant  un  progrès , les  autres  comme 
bonne  fabrication.  Nous  allons  très -briève- 
ment parler  des  plus  remarquables. 

Différents  systèmes  de  pompes  ont  été 
présentés  par  M.  Livet  et  C^e,  et  M.  Eldin, 
tous  deux  constructeurs  à Lyon.  Tous  ces 
appareils  hydrauliques  étaient  de  bonne  fa- 
brication ; nous  avons  remarqué  une  pompe 
nommée  pompe  jardinière  par  l’exposant, 
M.  Livet.  Cette  pompe  nous  a paru  répondre 
aux  besoins  de  l’horticulture  et  de  l’agri- 
culture ; son  installation  dans  une  cour  de 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  411. 


ferme  ou  dans  un  jardin  potager  rendrait  de 
grands  services  ; elle  peut  puiser  à 10“^  de 
profondeur  5,000  litres  par  heure;  son 
bas  prix  la  rend  très-pratique.  L’exposant 
se  charge  de  la  mettre  en  place  au  prix  de 
300  fr.,  y compris  les  10  mètres  de  tuyaux. 
D’autres  pompes,  également  exposées  par  le 
même,  permettent  l’arrosage  à la  lance. 
Tous  ces  appareils  sont  facilement  mania- 
bles, bien  fabriqués  et  à des  prix  très-mo- 
dérés. Le  jury  lui  a accordé  le  premier  prix. 

Le  deuxième  prix  a été  accordé  à M.  Eldin, 
qui  a présenté  une  pompe  destinée  au  sou- 
tirage des  vins.  Cet  appareil  se  compose  de 
deux  corps  de  pompe  pourvus  chacun  d’une 
soupape  à boulets  ; tout  l’intérieur  est 
émaillé  ; ce  système  peut  se  nettoyer  très- 
facilement  ; son  prix,  tout  monté,  est  de 
200  fr.  D’autres  pompes  de  différents  sys- 
tèmes ont  été  présentées  par  cet  exposant  ; 


! 


432 


EXPOSITION  DES  ARTS  ET  INDUSTRIES  DU  CERCLE  HORTICOLE  LYONNAIS. 


toutes  nous  ont  paru  réunir  les  garanties 
désirables  de  bonne  fabrication. 

Des  appareils  à l’eau  chaude  ou  thermo- 
siphon,  applicables  au  chauffage  des  serres 
et  des  édifices  publics,  étaient  exposés  par 
M.  Malhian  et  M.  Sauze,  constructeur  à 
Lyon.  Le  premier  prix  a été  décerné  par  le 
jury  à M.  Mathian,  qui  a présenté  un  grand 
nombre  d’appareils  de  différents  systèmes, 
qui  tous  offraient  des  garanties  de  bonne 
fabrication.  D’abord,  une  très-belle  chaudière 
ou  thsrmosiphon  pouvant  chauffer  jusqu’à 
1 ,200  mètres  de  tuyaux;  puis  des  chaudières 
horizontales,  plus  facilement  utilisables  pour 
les  horticulteurs,  ont  été  très-appréciées 
par  le  jury,  qui  a reconnu  que  leur  emploi 
ne  nécessitait  pas  de  frais  appréciables  d’ins- 
tallation ; que  le  nettoyage  et  les  réparations 
y étaient  beaucoup  plus  faciles  qu’avec  les 
chaudières  verticales,  toujours  enveloppées 
de  maçonnerie  ou  d’une  enveloppe  métalli- 
que, qu’il  faut  ou  démolir  ou  démonter 
suivant  les  matériaux  dont  elle  est  formée. 
Les  chaudières  horizontales,  quoique  égale- 
ment placées  dans  une  enveloppe  métallique, 
peuvent  en  être  facilement  retirées  ; ces  ap- 
pareils demandent  peu  de  place.  Un  appareil 
de  cette  nature  peut  phauffer  200  mètres  de 
tuyaux;  il  coûte  de  500  à 600  fr. 

M.  Sauze  n’a  obtenu  que  le  deuxième 
prix;  il  a exposé  une  chaudière  verticale 
pouvant  se  démonter  et  se  nettoyer  facile- 
ment ; il  a,  au  point  de  vue  du  nettoyage, 
réalisé  un  progrès;  déplus,  son  appareil  est 
construit  très-économiquement  et  peut 
s’installer  facilement  ; la  modicité  de  son 
prix  en  répandra,  nous  en  sommes  certain, 
rapidement  l’usage. 

Parmi  les  rocailles  exposées,  nous  citerons 
M.  Joly,  à Monplaisir,  qui  a érigé,  avec  des 
mâchefers  recouverts  d’une  substance  qui 
leur  donne  l’apparence  du  tuf,  un  très- 
élégant  château  d’eau.  Quatre  ou  cinq  jours 
ont  suffi  pour  cette  construction,  dont  l’effet 
est  très-heureux  et  le  prix  peu  élevé,  car  le 
constructeur  se  charge  d’en  établir  de  sem- 
blables au  prix  de  250  à 300  fr.  dans  la  ré- 
gion lyonnaise.  Il  a obtenu  un  premier 
prix. 

Il  a exposé  également  des  suspensions 
d’un  très-bon  effet,  faites  par  le  même 
procédé. 

Un  autre  rocailleur,  M.  Bordes,  a exposé 
une  rocaille  obtenue  avec  des  broussailles 
recouvertes  de  ciment,  imitant  parfaitement 
le  tuf;  ce  mode  de  construction  se  prête 
facilement  à toutes  les  combinaisons  obte- 
nues ordinairement  à l’aide  du  tuf. 


Différents  lots  de  meubles  rustiques,  pour  ' 
jardins,  vérandas,  etc.,  ont  figuré  à cette 
exposition , les  uns  en  fer,  les  autres  en 
bois,  réunissant  tous,  par  l’élégance,  les 
conditions  exigées  pour  figurer  dans  l’orne-  f ! 
mentation  des  jardins.  Un  meuble  rustique  ‘ 
en  fer  forgé,  dont  le  dessus  des  sièges  et  des  ' 
tables  est  recouvert  en  treillis  métallique,  a f 
été  très-remarqué  pour  son  élégance  et  sa  ‘ 
nouveauté  ; il  sort  des  ateliers  de  M.  Tran-  ‘ 
chaud,  constructeur  à Lyon,  qui  a aussi  pré-  ^ 
senté  un  très-beau  lot  de  meubles  de  jardins,  i 
de  volières,  et  surtout  de  très-belles  barrières  ‘ 
en  fer  forgé.  Le  jury  lui  a décerné  un  grand  ' 

premier  prix,  pour  l’élégance  et  la  bonne  ^ 

construction  des  objets  qui  figuraient  dans  ' 
son  lot. 

Les  meubles  en  bois,  solidement  établis, 
étaient  bien  conditionnés  ; ils  étaient  pré- 
sentés par  M.  Lespinasse  et  par  M.  Guérin  ; ^ 

ils  ont  obtenu  des  récompenses.  ' 

Les  claies,  treillages  et  barrières  occu-  ' 
paient  à l’exposition  une  large  place  ; nous 
avons  remarqué  les  produits  de  MM.  Les- 
pinasse et  Guérin.  Tous  ces  produits  de 
l’industrie  réalisaient  un  progrès  réel  au 
point  de  vue  économique  et  de  la  fabrica- 
tion. M.  Lespinasse,  auquel  le  premier  prix 
a été  décerné,  a présenté  un  grand  nombre 
de  modèles  nouveaux. 

Quelques  projets  de  parc,  exposés  par 
M.  Rouillard,  M.  Gaillard  et  M.  Joly,  nous 
ont  paru  très-heureusement  conçus. 

Des  ustensiles  et  objets  dont  l’énuméra- 
tion nous  entraînerait  trop  loin  contribuaient 
à l’attrait  de  cette  exposition.  De  très-beaux 
produits  céramiques  de  l’usine  Boutroux, 
des  semoirs  et  des  houes  ratissoires,  des 
embarcations  pour  pièce  d’eau,  des  filtres, 
des  pièges  de  toutes  sortes,  des  fleurs  des- 
séchées remarquables  par  la  conservation 
de  coloris,  des  légumes  secs  obtenus  par  un 
nouveau  procédé  qui  leur  permet,  après  une 
immersion  de  quelques  instants,  de  repren- 
dre leur  état  primitif,  un  couteau  à découper 
d’un  système  tout  à fait  nouveau,  des  ruches 
bien  installées,  des  entonnoirs  de  sûreté,  ont 
vivement  intéressé  le  public  et  ont  obtenu 
des  récompenses. 

En  un  mot,  cette  société,  qui  inaugurait  ' 
ces  expositions,  a eu  un  grand  succès  ; elle 
a,  peut-on  dire,  débuté  par  un  coup  de  ! 
maître,  qui  est  un  heureux  présage  pour  j 
son  avenir. 

Lyon,  le  23  septembre  1873. 

E.  Luge,  | 

Ingénieur. 


LES  GLAÏEULS  NOUVEAUX  DE  1873, 


433 


LES  GLAÏEULS  NOUVEAUX  DE  1873 


Parmi  les  catalogues  spéciaux  récemment 
parus,  nous  avons  remarqué  particulière- 
ment celui  que  la  maison  Vilmorin-An- 
drieux  et  C‘®  a consacré  aux  Glaïeuls,  et 
plus  particulièrement  à ceux  qui  provien- 
nent des  semis  et  des  cultures  de  M.  Sou- 
chet,  le  célèbre  horticiilteur  de  Fontaine- 
bleau, qui  a été  le  vrai  créateur  de  ce  beau 
genre,  devenu,  grâce  à lui  surtout,  un  pro- 
duit éminemment  français,  et  qui  a doté  les 
collections  du  plus  grand  nombre  des  va- 
riétés remarquables  cultivées  aujourd’hui 
dans  le  monde  entier. 

1 Tous  les  vrais  amateurs  de  Glaïeuls  savent 
I quelle  science,  quelle  méthode  présidaient 
I aux  croisements  auxquels  il  soumettait  ses 
f plantes,  à quels  soins  minutieux  il  subor- 
donnait ses  cultures,  et  enfin  quelle  sévérité 
il  apportait  dans  le  choix  et  l’adoption  des 
nouvelles  variétés  qu’il  mettait  chaque  année 
: dans  le  commerce.  Aussi  les  Glaïeuls  Sou- 
chet  n’ont-ils  cessé  d’être  recherchés  avec 
I empressement  par  le  public  horticole  qui, 
sachant  toutes  ces  choses  et  aussi  qu’il  n’é- 
tait jamais  sorti  des  cultures  de  M.  Souchet 
I une  plante  médiocre,  achetait  de  confiance 
et  pour  ainsi  dire  les  yeux  fermés  les  nou- 
veautés qu’il  produisait  ou  plutôt  qu’il 
i créait  chaque  année  et  qui  étaient  de  plus 
' en  plus  belles,  toujours  différentes  et  plus 
perfectionnées.  Si  l’on  joint  à cela  que  la 
vente  de  ses  Glaïeuls  n’était  confiée  qu’à  un 
très-petit  nombre  d’établissements  recom- 
, mandables,  on  comprendra  la  vogue  tou- 
; jours  croissante  des  Glaïeuls  Souchet. 

I La  maison  Vilmorin  est  une  de  celles  qui 
jouissent  du  privilège  de  la  vente  de  ces 
Glaïeuls,  et  dans  le  catalogue  qu’elle  vient 
d’en  publier,  elle  a accompagné  les  noms  des 
variétés  d’une  courte  description  indiquant 
brièvement  leurs  caractères  et  coloris  ; puis, 
afin  de  faciliter  le  choix  et  l’emploi  de  ces 
nombreuses  variétés,  elle  a,  au  moyen  de 
chiffres  et  de  lettres  correspondant  à une  lé- 
gende, distingué  leurs  différents  degrés  de 
précocité,  et  classé  toute  la  collection  en  neuf 
séries  principales,  d’après  la  teinte  générale 
des  fleurs,  c’est-à-dire  de  celle  qui  domine, 
qui  frappe  à distance  et  à première  vue,  en 
sorte  que  les  amateurs  pourront  faire  leur 
choix  et  combiner  à volonté  leur  plantation 
de  façon  à en  obtenir  les  meilleurs  effets 
d’ensemble,  d’harmonie  ou  les  contrastes 
les  plus  désirables. 

Les  nouveautés  de  l’année  sont  plus  abon- 


dantes que  d’habitude  et  au  nombre  de  dix- 
huit.  — Nous  en  donnons  ci-après  la  no- 
menclature et  une  description  suffisante 
pour  permettre  d’en  faire  apprécier  le  mé- 
rite exceptionnel.  Les  ayant  vues  en  pleine 
floraison  à Fontainebleau,  chez  MM.  Souil- 
liard  et  Brunelet,  les  collaborateurs  et  ha- 
biles continuateurs  des  cultures  de  M.  Sou- 
chet, nous  pouvons  ajouter  que  toutes  ces 
variétés  sont  hors  ligne,  par  l’ampleur  ex- 
ceptionnelle des  fleurs,  la“perfection  de  leur 
forme  et  de  leur  tenue,  la  beauté  et  la  dis- 


tinction de  leur  coloris,  et  enfin  par  la  di- 
mension et  la  force  des  rameaux  excessive- 
ment étoffés,  avec  des  fleurs  bien  groupées, 
laissant  entrejelles  peu  ou  pas  d’intervalle  et 
épanouissant  en  certain  nombre  à la  fois,  ce 
qui  laisse  bien  loin  en  arrière  les  variétés 
primitives  dont  les  fleurs  espacées,  disposées 
et  tournées  sur  deux  rangs  opposés  (dis- 
tiques), n’apparaissaient  guère  alors  que 
l’une  après  l’autre  ou  deux  par  deux  au 
plus. 

Les  progrès  réalisés  par  M.  Souchet,  aussi 
bien  dans  le  genre  Glaïeul  que  dans  plu- 
sieurs autres,  et  notamment  dans  les  Ama- 


LES  GLAÏEULS  NOUVEAUX  DE  1873. 


434 

ryllis,  au  sujet  desquels  nous  entretiendrons 
prochainement  les  lecteurs  de  la  Revue, 
montrent  ce  que  peuvent  produire,  entre 
les  mains  d’une  personne  intelligente,  pa- 
tiente et  persévérante,  la  science  et  la  théo- 
rie unies  à la  pratique. 

Albion.  Très-long  et  bel  épi,  très-ample,  fleurs 
extra-grandes,  blanc  finement  et  vaporeusement 
teinté  lilas,  et  quelquefois  flammé  lilas  carminé. 
Plante  extra-grande,  particulièrement  propre 
pour  le  centre  des  grands  massifs  et  des  plates- 
bandes. 

Amaltkée.  Bel  épi  bien  étoffé  de  fleurs  très- 
grandes,  blanc  pur;  très-grandes  macules  rouge 
violet  riche,  gorge  violet  velouté  ; les  divisions 
inférieures  légèrement  teintées  lilas.  Plante  de 
hauteur  moyenne. 

Ambroise  Verschafffelt.  Splendide  épi  de  fleurs 
parfaites,  rose  avec  fond  blanc  flammé  grenat 
très-éclairé  ; grande  macule  rose.  Plante  d’un 
très-grand  effet. 

Aréthuse.  Bel  épi  de  fleurs  parfaites,  blanc, 
très-légèrement  teinté  de  rose  flammé  et  strié 
de  carmin  clair. 

Asmodée.  Très-bel  épi  rouge  cerise  pourpre 
brillant,  bordé  et  flammé  rouge  grenat,  macule 
et  très-larges  rayures  blanches.  Plante  très-re- 
marquable, d’une  nuance  infernale  exception- 
nelle. 

Belladona.  Bel  épi  de  fleurs  bien  rangées, 
blanc,  teinté  lilas  clair,  les  divisions  inférieures 
très-finement  lignées  de  carmin  vif.  Forme  toute 
particulière  et  nouvelle,  excessivement  gaie  et 
gracieuse. 

Cassmi.  Long  et  bel  épi  de  fleurs  extra-grandes 
parfaitement  groupées,  très-beau  rose  flammé 
carmin,  divisions  inférieures  également  striées 
carmin  sur  fond  très-éclairé.  Plante  à grand  effet. 

De  Mirbel.  Long  épi  très-ample,  très-grandes 
fleurs  parfaites,  très-ouvertes,  beau  rose  légère- 
ment teinté  lilas  ou  violet,  fond  très-éclairé,  strié 
et  flammé  carmin  foncé.  Nuance  remarquable. 

Le  Tintoret.  Très-long  et  bel  épi  de  fleurs 
bien  ouvertes,  beau  rose  cerise  flammé  carmin 
sur  les  bords,  macule  carmin  sur  fond  teinté  de 
jaune.  Plante  très-vigoureuse  à grand  effet. 

Le  Vésuve.  Très-long  et  magnifique  épi,  très- 
étoffé,  très-beau  rouge  feu  des  plus  brillants,  du 
plus  grand  et  du  plus  riche  effet.  Plante  tardive, 
admirable,  très-vigoureuse,  à fleurs  éblouis- 
santes. 

Uunique  violet.  Très-long  épi  de  fleurs  extra- 
grandes, lilas  foncé  teinté  violet,  flammé  carmin 
foncé.  Plante  vigoureuse.  Perfection  unique,  d’un 
coloris  excessivement  gai,  frais  et  nouveau. 

Merveille.  Très-beau  rose  cerise  légèrement 
teinté  violet,  bordé  et  flammé  carmin  foncé, 
centre  très-éclairé  et  d’un  effet  merveilleux. 

Murillo.  Epi  splendide,  fleurs  extra-grandes, 
beau  rose  cerise  à fond  très-éclairé,  toutes  les 
divisions  lignées,  blanc  pur;  très-grande  macule 
blanc  pur  couvrant  les  divisions  inférieures. 
Perfection  à grand  effet. 


Ondine.  Long  épi,  fleurs  parfaitement  rangées, 
blanc  teinté  de  lilas,  petite  macule  violet  foncé, 
légèrement  flammé  sur  les  bords  de  carmin  lilas 
très-frais.  Coloris  très-joli.  ' 

Psyché.  Très-grand  et  splendide  épi  rose  ten- 
dre et  glacé  satiné,  bordé  et  flammé  carmin 
foncé,  centre  très-éclairé,  et  d’un  très-bon  effet. 

Sirène.  Bose  tendre  très-clair,  légèrement 
orangé,  très-largement  flammé  rouge  sur  les  di-  ' 
visions  inférieures,  macule  rouge  sur  fond  jaune. 
Nuance  charrnante. 

Triumphans.  Très-long  et  bel  épi  de  fleurs  ^ 
bien  rangées,  cerise  teinté  groseille.  Plante  à : 
grand  effet  pour  faire  des  contrastes  de  couleur.  , 

Variabilis.  Long  épi  de  fleurs  parfaites  extra- 
grandes, blanc  avec  ou  sans  macule,  parfois 
flammé  de  lilas,  fond  de  la  gorge  violet.  Plante 
rameuse  à grand  effet,  particulièrement  conve- 
nable pour  le  centre  des  massifs  ou  des  plates- 
bandes. 

Parmi  les  variétés  ci-dessus,  il  en  est  une 
qui  est  singulière  par  un  coloris  bizarre, 
infernal,  pourrait-on  dire,  ainsi  que  l’indi- 
que fort  à propos  son  nom  Asmodée.  Ce 
coloris  qui  semble  cherché  depuis  quelques 
années  a déjà  produit  un  certain  nombre  de 
plantes  remarquables  et  entre  autres  Jupi- 
ter, une  des  plus  belles  variétés  de  1871  ; 
plusieurs  autres  gains  du  même  genre  de 
coloris  se  sont  trouvés  dans  les  plantes  ob- 
tenues de  semis  ces  années  dernières  et 
qui  se  trouvaient  depuis  lors  à l’étude.  As- 
modée est  la  seule  variété  de  ce  nouveau 
coloris  qui  ait  été  jugée  supérieure  et  digne 
de  trouver  place  dans  les  collections  d’ama- 
teurs et  de  curieux. 

Nous  ne  quitterons  pas  le  chapitre  Glaïeul 
sans  parler  de  la  tendance  très-prononcée 
à doubler  que  présentent  certaines  des  va- 
riétés de  Glaïeuls  Souchet,  ce  qui  fait  espé- 
rer que  dans  un  avenir  prochain  nous  ver- 
rons apparaître  (comme  cela  existe  d’ailleurs 
pour  tant  d’autres  plantes)  la  série  des 
Glaïeuls  doubles.  Déjà  nous  devons  signaler 
comme  doublant  ou  semi-doublant,  d’une 
manière  remarquable  et  assez  constante  : 

Octavie,  plante  semi-naine  et  l’une  des 
plus  merveilleuses  nouveautés  de  l’année 
dernière  (1872);  puis  aussi  Horace  Vernet, 
variété  de  1870,  qui  double  un  peu  moins 
que  la  précédente,  mais  dont  les  fleurs  qui 
terminent  les  rameaux  sont  fréquemment 
monstrueuses  et  semi-doubles.  — Il  en  est 
de  même  des  deux  variétés  Prince  of  Wales 
et  Spectahilis,  dont  les  fleurs,  notamment 
celles  de  l’extrémité  des  épis,  ont  une  ten-  i 
dance  à doubler  et  sont  souvent  composées 
d’un  nombre  de  pièces  plus  grand  que  six,  | 
qui  est  le  chiffre  normal.  — Il  est  à remar- 


PALMIERS  NOUVEAUX  OU  RARES. 


435 


quer  que  ces  fleurs  semi-doubles  ou  à pièces 
multiples  sont  d’une  plus  longue  durée  et 
produisent,  jusqu’à  un  certain  point,. plus 
d’effet  que  celles  qui  sont  simples  ou  nor- 
males. 

Quant  à la  culture  des  Glaïeuls  hybrides 
de  Gandavensis,  nous  la  supposons  suffi- 
samment connue  de  nos  lecteurs  pour  la  ju- 
ger superflue  ici  ; cependant,  si  elle  était 
réclamée,  nous  nous  empresserions  de  la 
décrire  dans  un  nouvel  article  spécial.  En 
attendant , nous  croyons  devoir  prévenir 
qu’elle  se  trouve  indiquée  d’une  manière 
succincte,  mais  suffisante,  dans  le  catalogue 
spécial  des  Glaïeuls  de  MM.  Vilmorin,  qui 
lui  ont  en  outre  donné  un  assez  grand  déve- 
loppement dans  leur  livre  Les  Fleurs  de 
pleine  terre,  3®  édition,  illustrée  de  1,300 
gravures,  ouvrage  qui  devrait  se  trouver 
entre  les  mains  de  toutes  les  personnes  qui 
s’occupent  de  la  culture  des  fleurs  de  plein 
air  et  de  l’ornementation  des  jardins. 


Dans  ce  même  catalogue  de  Glaïeuls, 
nous  trouvons  annoncés  et  figurés  les  nou- 
veaux et  magnifiques  Bégonias  tuberculeux 
hybrides,  dont  notre  ami,  M.  Leclerc,  a en- 
tre’tenu  les  lecteurs  de  ce  recueil,  numéro 
du  16  août  dernier.  MM.  Vilmorin-Andrieux 
et  C>®  (qui  se  sont  rendus  acquéreurs  de  la 
majorité  des  beaux  hybrides  de  semis  de 
M.  Malet),  ayant  bien  voulu  nous  prêter  les 
clichés  des  dessins  qu’ils  ont  fait  graver  de 
ces  plantes,  et  nous  autoriser  à les  repro- 
duire, nous  nous  proposons  de  publier,  dans 
un  des  plus  prochains  numéros  de  ce  jour- 
nal, un  [article  spécial  sur  leur  semis,  leur 
culture  et  leur  emploi. 

En  terminant,  nous  devons  des  remercî- 
ments  à cette  maison  pour  l’obligeance 
qu’elle  a mise  à nous  prêter  le  cliché  du 
bouquet  de  Glaïeuls  qui  figure  dans  le  pré- 
sent article,  gravure  et  cliché  qui  sont  la 
propriété  spéciale  de  MM.  Vilmorin. 

E.-A.  Carrière. 


PALMIERS  NOUVEAUX  OU  RARES 


PINANGA  — PTYCHOSPERMA  — SEAFORTHIA  — VEITCHIA 


(!  Ces  quatre  genres  sont  très -étroitement 

i alliés;  aussi  doivent-ils  être  décrits  simulta- 
nément. Les  Seaforthia  sont  de  tous  les 
Palmiers  les  plus  connus  en  France.  Le 
^ elegans,  très-répandu,  rivalise  avec  les 
P Phœnix  et  les  Latania  pour  la  décoration 
Y des  appartements.  Dans  un  récent  arti- 
t de  (2),  M.  B.  Verlot  a fait  ressortir  avec 
son  talent  ordinaire  les  mérites  de  cette 
B Arécinée  ; aussi  voulons-nous  simplement 
[(donner  quelques  détails  sur  la  culture  et 
■ l’utililité  décorative  des  Palmiers  qui,  se  rat- 
tachant au  ^enre  Seaforthia,  ont  été  cités 
ipar  le  savant  directeur  de  l’école  de  bota- 
/ nique  du  Muséum. 

I.  PiNANGA.  — Palmiers  s’élevant  peu  et 
S considérés  comme  faisant  partie  d’une  sous- 

i division  du  genre  Seaforthia.  Ce  sont  des 
[plantes  très-élégantes,  rares  dans  le  com- 
‘merce,  qui  presque  toutes  réclament  la 

Α  ;serre  chaude  et  beaucoup  d’humidité.  Ori- 
iginaires  de  Java,  les  Pmangra  prospéreront 
ibien  le  pot  placé  dans  une  terrine  d’eau 
(pendant  l’été,  et  sur  une  couche  de  tannée 

IBn  hiver  ; mais  ce  serait  mieux  encore  de 
les  cultiver  dans  un  aquarium  chauffé.  Ce 
llraitement,  qui  est  pratiqué  dans  les  serres 

re  la  ville,  à Lyon,  à Paris,  au  Muséum  et 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  pp.  278,  270,  290 
' jet  329. 

9||  (2)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  356  et  357. 


dans  le  Hanovre,  à Heerenhaüsen,  réussit 
parfaitement  et  pourrait  même  être  utilement 
employé  pour  la  plupart  des  Palmiers.  Plu- 
sieurs horticulteurs  ont  déjà  essayé  cette 
méthode  et  la  trouvent  bonne  (3).  Le  seul 
inconvénient  de  ce  genre  de  culture  consiste 
en  ce  qu’il  est  difficile  aux  marchands  de 
fournir  des  plantes  ainsi  traitées  à des  ache- 
teurs disposant  d’une  serre  où  la  culture 
ordinaire  est  en  usage,  ces  espèces  délicates 
étant  exposées  à périr  des  suites  du  brusque 
changement  de  milieu.  Pour  remédiera  cet 
inconvénient,  les  horticulteurs,  désireux  de 
forcer  des  Palmiers  (4)  par  l’eau  chauffée, 
devront  les  retirer  de  leur  aquarium  trois 
mois  avant  l’époque  présumée  de  la  vente  ; 
dès  que  les  plantes  seront  sorties  de  l’eau, 
on  changera  entièrement  la  terre,  puis,  après 
un  rempotage  dans  un  terreau  léger  et  frais, 
on  les  placera  sur  une  bonne  couche  de  tan- 
née. Après  la  reprise,  qui  a lieu  au  bout  de 
trois  semaines,  les  arrosements  devront  être 
abondants.  Nous  pouvons  assurer  par  expé- 

(3)  Voyez  Revue  horticole,  1869,  p.  85,  Les  serres- 
aquariums.  Dans  cet  article  curieux,  le  traitement 
par  Ueau  chauffée  remplaçant  la  tannée  est  très- 
bien  expliqué  ; mais  il  se  rapporte  seulement  à la 
culture  des  plantes  molles  de  serre  chaude. 

(4)  Principalement  quelques  Acanthophœnix, 
Chamœrops,  Astrocaryum,  Attalea,  Ractris,  Ca- 
larnus,  Cocos,  Iriartea,  Geonoma,  etc.,  dont  nous 
donnerons  les  noms  dans  un  prochain  article. 


PALMIERS  NOUVEAUX  OU  RARES. 


436 

rience  qu’un  sujet  traité  de  cette  façon  don- 
nera au  bout  d’une  année  un  résultat  équi- 
valent à trois  et  même  quatre  années  de 
culture  ordinaire. 

Les  principales  variétés  de  Pinanga 
sont  : 

1»  P.  coronata;  2®  P.  costata;  3®  P. 
Dicksonii  ; P.  javana  ; 5°  P.  Kuhlii; 
6®  P.  latisecta. 

Ces  six  variétés  sont  comprises  tantôt 
sous  le  nom  générique  de  Ptychosperma 
(Miq.),  tantôt  sous  celui  de  Seaforthia 
(IL  Wendl.). 

7°  Pinanga  nenga  ou  Areca  pumila. 

8®  P.  maculata  (Hort.),  originaire  des  îles 
Philippines.  C’est  une  espèce  superbe,  mais 
très-rare,  à feuilles  divisées  retombant 
gracieusement  et  maculées  de  taches  d’un 
vert  olive  foncé  (serre  chaude).  Sans  syno- 
nyme connu. 

9«  P.  cæsia  (Bl.),  nouvelle  espèce,  à pé- 
tioles rougeâtres  et  à feuilles  vert  clair  ta- 
chées de  noir.  Cette  plante,  qui  ne  se  trouve 
encore  qu’en  petits  exemplaires  dans  les 
cultures,  est,  croyons-nous,  appelée  à un 
grand  avenir  (serre  chaude  humide)  ; elle 
est  aussi  répandue  sous  le  nom  de  Ptychos- 
peryna  cæsium  (Miq.). 

10«  P.  patula  (BL),  aussi  appelée  PtycJi. 
patulum  (Miq.). 

10®  P.  Simhtii  (Hort.).  Plus  rustique 
que  ses  congénères,  cette  plante  est  surtout 
remarquable  par  son  tronc  peu  élevé,  flexi- 
ble et  léger,  portant  des  feuilles  de  li«  50  à 
2 mètres  de  longueur,  d’un  vert  clair  en 
dessus  et  argentées  en  dessous.  (Originaire 
de  Queensland,  A-UsirsiMe).  Serre  tempérée. 

IL  Ptychosperma.  — Magnifique  genre, 
très-voisin  des  Seaforthia.  Quoique  le  tronc 
lisse  de  ces  Palmiers  soit  plus  léger,  il  at- 
teint 10  à 15  mètres  d’élévation.  Culture 
facile  en  serre  tempérée  ou  en  serre  chaude, 
suivant  l’espèce  et  la  station  géographique 
où  elle  vient.  Terre  de  bruyère  mélangée  de 
sable  par  moitié  ; engrais  liquides  deux  ou 
trois  fois  par  an. 

Les  espèces  introduites  sont  : 

1°  P.  Alexandræ,  décrit  dans  la  Flore 
des  serres  de  M.  Van  Houtte,  tome  XVIII, 
p.  151  : ((  Palmier  très-élégant,  atteignant 
une  centaine  de  pieds  de  hauteur,  crois- 
sant dans  les  épaisses  forêts  qui  bordent 
la  rivière  de  Fitzroy,  dans  la  partie  tropi- 
cale de  l’Australie....  Une  serre  chaude 
ordinaire  lui  suffit.  » Nous  croyons  en 
effet  qu’une  température  élevée  avec  cha- 
leur de  fond  est  nécessaire  aux  jeunes 
Palmiers  de  semis  de  cette  espèce  ; cepen- 


dant, dès  qu’ils  ont  atteint  une  certaine  force, 
la  serre  tempérée  est  celle  qui  leur  convient 
le  mieux. 

2o  P.  rupicola.  Le  plus  beau  de  tous. 
Ce  Palmier,  originaire  de  Ceylan,  est  re- 
marquable par  la  teinte  rouge  de  ses  pé- 
tioles. Assez  rare  dans  les  cultures;  serre 
chaude  humide. 

3®  P.  elegans.  N’est  autre  que  le  Seafor- 
tJiia  elegans  (H.  Wendl.). 

4°  P.  Cunninghamii  on  Seaforthia  Cun- 
ninghamii. 

III.  Seaforthia.  — Ainsi  que  l’écrivait 
M.  B.  Verlot,  \ogemo  Seaforthia,  créé  par 
Bobert  Brown,  ne  possède  qu’un  petit  nom- 
bre d’espèces,  trois  ou  quatre  au  plus,  qu’il 
est  assez  difficile  de  trouver  réunies  dans 
les  serres.  Quelques  auteurs  assurent  que 
les  Indes  orientales  sont  peuplées  de  nom- 
breuses variétés  de  ces  plantes.  La  culture 
de  ces  Palmiers  est  très-facile;  la  serre 
froide  leur  plaît  tout  particulièrement; 
l’excès  de  chaleur  sèche  donne  la  grise  aux 
feuilles,  et  la  plante  atteinte  de  cette  maladie 
dépérit  rapidement;  la  fleur  de  soufre  et 
les  lavages  à l’eau  de  tabac  sont  les  seuls 
bons  remèdes  contre  ce  mal,  qui  est  conta- 
gieux et  gagne  rapidement  les  plantes  sai- 
nes qui  touchent  au  sujet  attaqué  ; ils  ne 
sont  pas  délicats  et  se  contentent  d’une 
bonne  terre  de  jardin  très-riche,  et  il  est 
également  bon  de  leur  donner  de  fréquents 
arrosages  avec  du  purin  de  vache,  mais  en 
petite  quantité  (un  litre  pour  dix  litres 
d’eau).  On  pourra,  par  exception,  joindre 
une  poignée  de  guano  pour  quinze  litres  de 
liquide;  le  guano,  nuisible  à presque  tous  les 
Palmiers  de  serre  chaude,  est,  d’après  nos 
expériences,  très-favorable  à ceux  de  serre 
froide,  qui  peuvent  en  absorber  une  quan- 
tité relativement  plus  considérable.  Les  prin- 
cipales espèces  sont  : 

1*^  P.  Seaforthia  elegans,  aussi  appelé 
Ptychosperma  elegans,  ei  S.  Cunningha- 
mii  (H.  Wendl.). 

2o  5^.  rohusta  ou  Kentia  Baueri,  le 
plus  beau  de  tous,  sur  lequel  nous  revien- 
drons dans  un  article  spécial. 

3»  S.  oryzœformis  (Mart.),  de  Java.  Peu 
connu,  cité  par  H.  Wendland. 

4°  /S.  sylvestris  ou  Pinanga  javana, 

IV.  Veitchia.  — Genre  créé  en  l’honneur 
de  feu  JohnGould  Veitch.  Les  Veitchia  dif- 
fèrent fort  peu  des  Ptychosperma  ; la  dis- 
position par  couples  des  fleurs  mâles  à la 
partie  supérieure  du  spadice  est  le  seul  ca- 
ractère qui  les  distingue.  La  seule  espèce 
introduite  est  le  V.  Johannis,  plante  très- 


LES  CATALOGUhb. 


rare  dans  le  commerce  ; elle  atteint  40  ou 
50  pieds  d’élévation,  et  est  surtout  remar- 
quable par  la  couleur  pourpre  de  ses  pé- 
tioles et  par  ses  feuilles  qui,  divisées,  sont 
vert  foncé  en  dessus  et  glauques  en  dessous. 
Ce  Palmier  est  commun  aux  îles  Vitii. 


(Pour  la  culture  des  Kentia^  voy.  Rev. 
hort.  1873,  p.  219.)  D’après  B.  Seemann, 
ce  genre  comprendrait  encore  trois  espèces 
non  introduites  en  Europe,  qui  sont  les 
V.  Storckii,  suhglohosa  et  spiralis. 

Alphonse  D***,  amateur. 


LES  CATALOGUES 


Lorsqu’en  parlant  de  l’établissement  de 
MM.  Rovelli  frères,  horticulteurs  à Pallanza, 
nous  avons  cité,  parmi  beaucoup  d’autres, 
quelques  espèces  de  graines  de  plantes  rares 
que  l’on  pouvait  y trouver,  nous  en  avons 
oublié  une  sur  laquelle  nous  croyons  devoir 
revenir  et  appeler  particulièrement  l’atten- 
tion. C’est  le  Pseudolarix  Kœmpferi  dont 
ils  ont  récolté  une  certaine  quantité  de 
« bonnes  graines  et  de  germination  sûre.  » 
En  même  temps  ces  horticulteurs  publiaient 
deux  catalogues  prix-courant,  l’un  pour  les 
plantes  (arbres,  arbrisseaux  et  arbustes. 
Conifères , etc.  ) fortes  de  pleine  terre  ; 
l’autre  est  consacré  aux  Palmiers,  Cycadées 
etPandanées,  ainsi  qu’à  divers  autres  genres 
de  plantes  particulièrement  recherchées  pour 
l’ornementation. 

Un  extrait  du  catalogue  général  de 
M.  Crousse , horticulteur  à Nancy , con- 
tient l’énumération  sommaire  des  plantes 
qu’il  est  en  mesure  de  fournir.  Cet  horti- 
culteur informe  le  public  qu’il  mettra  au 
commerce,  pour  la  première  fois,  en  no- 
vembre 1873,  les  Pivoines  herbacées  iné- 
dites dont  les  noms  suivent  : Couronne 
d^or , Midticolor , Comte  de  Dieshach, 
Schmitt,  Costé  et  ilf™®  Jules  Élie. 

M.  F.-E.  Rottereau  et  Ci®,  horticulteurs, 
chemin  Saint-Léonard,  à Angers,  viennent 
de  publier  un  catalogue  général  prix-cou- 
rant pour  l’automne  et  l’hiver  1873-1874. 
Ce  catalogue  d’un  établissement  très-ancien- 
nement et  avantageusement  connu  com- 
prend, indépendamment  des  pépinières  frui- 
tières et  ornementales , des  assortiments 
nombreux  et  variés  de  plantes  de  serre 
chaude , de  serre  tempérée , de  serre 
froide,  etc.,  ainsi  que  des  collections  d’ar- 
brisseaux et  d’arbustes  de  terre  de  bruyère 
et  autres  à feuilles  caduques  et  à feuilles 
persistantes,  de  Conifères,  de  Rosiers,  de 
plantes  vivaces  variées.  Fougères  de  pleine 
terre,  etc.,  etc. 

Dans  une  circulaire  qu’il  vient  de  publier, 
M.  Schmitt,  horticulteur  à Lyon,  fait  con- 
naître les  plantes  qu’il  est  en  mesure  de 
fournir.  Cet  horticulteur,  qui  se  livre  parti- 


culièrement à la  culture  des  Bruyères,  des 
Azalées  et  des  Camellias,  peut  livrer  ces  es- 
pèces en  très-grandes  quantités. 

M.  Marchand  (Charles),  horticulteur,  rue 
du  Calvaire,  à Poitiers  : arbres  fruitiers, 
forestiers  et  d’ornement , Conifères  , Ca- 
mellias , Rosiers,  Magnolias,  Plantes  de 
serre,  etc.,  etc. 

Dans  le  catalogue  prix-courant  que  vient 
de  publier  pour  1873-1874,  qui  est  tout  à 
fait  particulier  aux  graines,  M.  Ch.  Huber, 
horticulteur  à Nice  (Alpes-Maritimes),  nous 
remarquons,  outre  celles  des  espèces  com- 
merciales, un  certain  nombre  de  nouveau- 
tés dont  il  est  l’obtenteur,  telles  que  Ahuti- 
lon  aurantiacum.  Agératum  cœrideum 
Reine  des  massifs,  Antirrhinum  Numi- 
dicum.  Aster  occidentalis  roseus,  etc.,  etc. 
Le  nom  de  chaque  plante  est  suivi  d’une 
description  qui  en  fait  connaître  les  carac- 
tères. Parmi  les  Conifères  se  trouvent  indi- 
quées des  graines  de  Taxodium  semper- 
virens,  de  Wellingtonia  gigantea. 

M.  Bruant,  horticulteur,  boulevard  Saint- 
Cyprien,  à Poitiers  (Vienne)  : arbres  frui- 
tiers, forestiers  et  d’ornement  à feuilles 
persistantes  et  à feuilles  caduques  ; collec- 
tions diverses  de  plantes  de  serre.  Rosiers, 
Vignes,  plantes  de  terre  de  bruyère,  Pivoi- 
nes, Phlox,  Œillets,  etc.,  etc. 

MM.  Charles  et  Ernest  Baltet,  horticul- 
teurs à Troyes  : arbres,  arbrisseaux  et  ar- 
bustes Ffruitiers,  forestiers  et  d’ornement, 
arbres  à feuilles  caduques  et  à feuilles  per- 
sistantes, plantes  grimpantes.  Conifères, 
Rosiers,  plantes  de  serre  et  d’orangerie, 
collections  diverses,  nombreuses  et  variées 
de  plantes  de  pleine  terre,  de  Dahlias,  etc. 
Asperges,  graines  diverses.  Oignons  à fleurs. 
Cannas,  iPhlox,  Vignes  de  table.  Vignes  de 
cuve,  etc. 

M.  Ch.  Rimaucourt,  horticulteur  à Lan- 
gres  (Haute-Marne),  mettra  prochainement 
en  vente  le  Rosier  hybride  remontant  Pa- 
nachée Langroisse y doxii  il  est  l’obtenteur. 
C’est,  dit-il,  un  arbuste  vigoureux,  franche- 
ment remontant,  à fleurs  très-pleines  de 
8-10  centimètres  de  diamètre,  d’une  belle 


438 


PYROSTEGIA  IGNEA. 


nuance  cerise  vif,  panachées  de  carmin  foncé, 
et  passant  au  lilas  foncé  marbré  de  rose  vif. 
Les  feuilles  sont  également  panachées.  D’a- 
près M.  Rimaucourt,da  plante  ne  dépanache 


jamais,  quels  que  soient  le  sol  et  les  condi- 
tions dans  lesquels  on  la  cultive. 

E.-A.  Carrière. 


PYROSTEGIA  IGNEA 


La  famille  des  Bignoniacées  à laquelle 
appartient  la  belle  Liane  que  représente  la 
fîg.  39  est,  comme  on  le  sait,  formée 'pres- 
que exclusivement  de  plantes  ligneuses, 
grimpantes  ou  sarmenteuses,  remarquables 
non  seulement  par  la  beauté  de  leurs  fleurs 
tantôt  tubuleuses  ou  infondibuliformes, 
tantôt  campanulées,  souvent  très-grandes 
et  revêtant  les  coloris  les  plus  brillants, 
mais  aussi  par  la  structure  si  curieuse  de 
leurs  tiges  âgées.  Les  Catalpas  et  les  Jaca- 
randas,  arbres  de  première  et  de  seconde 
grandeur,  à tiges  dressées,  rameuses,  attei- 
gnant souvent  de  grandes  dimensions,  sont 
pour  ainsi  dire,  parmi  les  Bignoniacées  cul- 
tivées, les  seules  qui  fassent  exception.  Les 
sortes  herbacées  sont  moins  communes 
encore,  et  l’annuel  Tourretia,  qu'on  ne  ren- 
contre qu’exceptionnellement  dans  les  jar- 
dins d’étude,  même  les  plus  riches  en 
espèces  vivantes  ; VIncarvillea  Sinensis, 
plante  bisannuelle,  qui  se  recommande  à 
l’amateur  aussi  bien  par  le  feuillage  élégam- 
ment découpé  que  par  ses  fleurs  rose 
vineux  disposées  en  grappes  spiciformes,  et 
enfin  les  Amphicome  arguta  et  A.  Emodi 
des  Indes  Orientales,  constituent  le  bilan  des 
Bignoniacées  herbacées  de  nos  jardins. 

La  plante  qui  nous  occupe  fut  introduite 
en  Angleterre  vers  1815  ou  1816,  et  peu  de 
temps  après  au  Muséum.  Elle  fleurit  pour 
la  première  fois  en  France  en  1841  ou  1842, 
dans  la  serre  chaude  du  Jardin  des  plantes 
d’Orléans,  et  sa  floraison  s’y  reproduisit 
pendant  une  longue  suite  d’années.  Rien 
de  plus  admirable  que  la  vue  de  ces  longs 
rameaux  flexibles  et  suspendus  au  moment 
où  ils  portaient  ces  remarquables  fleurs 
orangées,  groupées  en  grappes  axillaires 
corymbiformes , dont  l’ensemble  formait 
des  guirlandes  fleuries  de  près  d’un  mètre 
de  longueur. 

Nous  avons  eu  en  1853  et  1854,  alors  que 
nous  étions  attaché  au  Jardin  des  plantes 
d’Orléans  en  qualité  de  jardinier,  le  plaisir 
de  voir  en  fleurs  cette  plante  grimpante,  dont 
on  rabattait  annuellement  et  peu  après  leur 
floraison  les  longs  rameaux  qui  se  rami- 
fiaient promptement,  et  dont  on  faisait  courir 
les  ramifications  nouvelles  le  long  des  fils 
de  fer  placés  sous  le  vitrage  de  la  partie 


moyenne  de  la  serre,  dont  ils  arrivaient 
bientôt  à garnir  une  grande  partie.  Cette 
même  serre  possédait  en  outre  bon  nombre 
d’espèces  remarquables  par  leur  grand  dé- 
veloppement. Nous  nous  rappelons  y avoir 
vu,  parmi  tant  d’autres  dont  la  citation  nous 
éloignerait  trop  du  sujet  qui  nous  occupe, 
un  exemplaire  vraiment  grandiose  d'Astra- 
pæa  Wallichii,  qui  fleurissait  déjà  abon- 
damment depuis  plusieurs  années.  Le  jar- 
dinier en  chef  Delaire  aimait  beaucoup  son 
art.  Il  avait  une  grande  passion  pour  les 
plantes  en  général  ; mais  celles  des  serres 
l’intéressaient  plus  vivement  encore.  Il  a été 
le  créateur  et  le  fondateur  de  ce  jardin  qui, 
à cause  des  richesses  végétales  qu’il  y avait 
accumulées  en  peu  de  temps,  passait  à juste 
titre  pour  l’un  des  plus  renommés  de 
province. 

Quoi  qu’il  en  soit,  la  plante  dont  nous 
parlons  était  connue  dans  les  jardins  français 
sous  le  nom  de  Tecoma  venusta  que  lui 
avait  donné  Lemaire,  qui  l’avait  ainsi  sortie 
à tort  du  genre  Bignonia.  Elle  fut  décrite  et 
figurée  par  lui  dans  la  première  livraison  du 
tome  V de  VHorticult.  urdv.  (mai  1843). 
V.  Paquet  en  donna  également  sous  le  même 
nom  une  planche  coloriée  dans  le  n®  du 
1er  juillet  1843  de  VHorticult.  prat.  Cette 
dernière  ne  paraît  être  qu’une  reproduc- 
tion de  la  partie  terminale  de  la  figure  de 
VHorticult.  univ.  Enfin  la  Flore  des  serres 
de  M.  Van  Houtte,  vol.  7,  p.  745,  a reproduit 
également  cette  même  espèce  sous  le  nom 
plus  correct  de  Bignonia  venusta,  queKer 
lui  avait  appliqué  dans  le  Bot.  Reg.,  t.  249. 
Hooker,  Bot.  Mag.,  t.  1511,  et  quelques 
autres  recueils  anglais  l’ont  également  décrit 
et  figuré  sous  ce  dernier  nom.  Cette  dénomi- 
nation, que  DC.,  Prodr.,t.IX,p.  158,  admet 
aussi,  était  celle  sous  laquelle  nous  nous 
proposions'de  rappeler  cette  plante  à nos 
lecteurs.  Nous  l’aurions  fait  si  nous  n’avions 
consulté  M.  leDrEd.  Bureau,  aide  naturaliste 
au  Muséum,  et  dont  le  nom  fait  autorité  à 
propos  de  Bignoniacées.  M.  Bureau,  qui  a si 
bien  étudié  et  classé  les  Bignoniacées  de 
l’herbier  du  Muséum,  et  qui  a enrichi  cet 
établissement  d’une  collection  vivante  pour 
ainsi  dire  sans  rivale  en  Europe,  nous  a 
appris  que  dans  le  Botan.  Beriuerk,  p.  93, 


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Presl  avait,  à cause  de  sa  corolle  à préflo- 
raison valvaire  et  du  recouvrement  de  ses 
graines  qui  a lieu  de  haut  en  bas,  séparé 
des  Bignonia  \qB.  venusta  pour  en  former 
un  genre  nouveau , le  genre  Pyrostegia , et 
avait  décrit  l’espèce  sous  le  nom  de  P. 
ignea.  (Voir  Walp.,  Bep.,  t.  VI,  p.  512.) 

La  plupart  des  Bignoniacées,  soit  de  serre 
ou  de  plein  air,  qui  appartenaient  autrefois 
à un  très-petit  nombre  de  genres,  ont  du 
reste  subi  le  même  sort.  Par 
suite  de  recherches  plus  at- 
tentives rendues  plus  faciles 
par  de  nombreux  matériaux, 

MM.  de  Candolle,  Martius, 

Miers  et  Bureau  ont  été  con  - 
duits à créer  de  nouveaux 
genres  pour  la  plupart  des 
Bignoniacées  cultivées.  C’est 
ainsi,  par  exemple,  que  les 
B.  Tweediana,  exoleta  et 
unguis  sont  seuls  restés  dans 
le  genre  Bignonia,  qui  dans  le 
Prodrome  comprend  plus  de 
170  espèces;  que  le  Tecoma 
leucoxylon,  Mart. , représente 
l’unique  espèce  de  Tecoma, 
les  autres  sortes  étant  deve- 
nues le  type  de  nouvelles  cou- 
pes génériques;  que  les  Bi- 
gnonia ou  Tecoma  radicans 
et  grandifiora  ont  été  ratta- 
chés au  genre  Campsis,  très- 
anciennement  créé  par  Lou- 
reiro,  et  sont  devenus  les  C. 
radicans  et  C.  adrepens. 

Le  Pyrostegia  ignea  (fi- 
gure 39),  Presl  (Bignonia 
venusta , Ker  ; B.  ignea , 

VelL,  FL  flum.,  4,  t.  15; 

Tecoma  venusta,  Lem.)  ha- 
bite les  forêts  du  Brésil  méri- 
dional et  notamment  dans  les 
provinces  deBio  de  Janeiro,  de 
Saint-Paul  et  de  Minas  Ge- 
raes  ; il  ne  paraît  pas  remonter 
jusqu’au  fleuve  des  Amazones. 

C’est  une  plante  vigoureuse  dont  les  tiges 
flexibles  et  très-rameuses,  atteignant  à la 
base  presque  la  grosseur  du  poignet,  s’élè- 
vent jusqu’à  la  cime  des  arbres  de  première 
grandeur.  Dansles  cultures,  elles  arriveraient 
en  peu  de  temps,  si  on  n’était  obligé  de  ra- 
battre sans  cesse  les  ramifications,  à plus 
de  20  mètres  de  longueur  : la  base  du  tronc 
de  l’exemplaire  du  jardin  d’Orléans  mesu- 
rait, en  1854,  environ  5 à 6 centimètres  de 
circonférence.  Les  tiges  sont  arrondies , 


creusées  de  très-petites  stries  qui  disparais- 
sent avec  l’âge  et  couvertes  sur  les  ramules 
d’un  duvet  poilu-verruculeux.  Les  feuilles 
sont  tantôt  trifoliolées,  tantôt  à deux  ou  à 
une  seule  foliole,  et  terminées  dans  ce  cas 
par  une  vrille  rameuse.  Persistantes  pen- 
dant deux  ou  trois  années,  glabres,  coriaces, 
réticulées-veinées,  assez  longtemps  pétio- 
lées,  ces  folioles  sont  ovales -oblongues, 
acuminées,  obliques  à la  base  et  entières. 


Fig.  39.  — Pyrostegia  ignea. 

Les  fleurs  sont  nombreuses,  jaune  orangé 
velouté,  réunies  sur  les  rameaux  de  l’année, 
en  grappes  axillaires  corymbiformes.  Le  ca- 
lice est  petit , la  corolle  longuement  tubu- 
leuse (environ  8 cent.),  à tube  atténué  à la 
base,  renflé-arqué  au  milieu  et  s’élargissant 
insensiblement  de  ce  point  au  sommet,  où 
deux  des  cinq  lobes  linéaires  oblongs  du 
limbe  sont  égaux  : les  trois  inférieurs  un 
peu  plus  longs  que  les  deux  supérieurs,  et 
tous  bordés  d’un  petit  liséré  blanc  velu-to- 


PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


440 

menteux  ; étamines  ne  dépassant  pas  le 
limbe,  à anthères  jaunes;  style  à deux  stig- 
mates lamelliformes  plus  longs  que  les  an- 
thères. Fruits  siliquiformes,  aplatis,  longs  de 
20  centimètres  sur  environ  1 centimètre  de 
large. 

On  sait  que  les  Bignoniacées  grimpantes 
de  serre  chaude  ou  de  serre  tempérée  exi- 
gent, pour  se  bien  développer  et  fleurir,  la 
pleine  terre  dans  un  bon  sol  assez  poreux, 
mais  plutôt  léger  que  substantiel  et  main- 
tenu frais,  surtout  pendant  la  période  végé- 
tative; elles  réclament  aussi  les  lieux  les  plus 
éclairés  de  la  serre;  mais  cela  n’est  pas  ab- 
solument indispensable,  et  on  peut  les  plan- 
ter dans  les  bâches  qui  longent  le  mur  des 
jardins  vitrés.  La  végétation  de  ces  arbris- 
seaux est  tellement  vigoureuse,  que  leurs 
rameaux  arriveront  bientôt  à dominer  les 
plantes  mêmes  les  plus  élevées  situées  dans 
le  voisinage.  Là,  convenablement  dirigés  le. 
long  des  chevrons  ou  des  frises,  les  ra- 
meaux quittent  bientôt  leur  point  d’appui, 
et,  suspendus  dans  l’espace,  se  couvrent  de 
nombreuses  et  magnifiques  fleurs.  Bientôt 
même,  on  est  obligé,  bien  que  cela  ne  soit 
pas  d’absolue  nécessité,  de  tailler  les  ra- 
meaux les  plus  vigoureux  afin  d’empêcher 
un  excès  de  développement  qui  gênerait  les 
plantes  environnantes.  Cette  suppression^e 
rameaux  ne  devra  être  faite  qu’après  la  flo- 
raison et  toujours  en  conservant  la  base  des 
rameaux  qu  ont  fleuri  ; en  agissant  ainsi, 

PLANTES  NOUVELLES  ( 

Jiiglans  laciniata  variegata.  — Tout 
aussi  joli,  aussi  élégant  et  aussi  vigoureux 
que  le  J.  regia  laciniata,  dont  il  est  issu 
par  graines,  la  forme  dont  nous  parlons 
s’en  distingue  par  ses  feuilles,  parfois  même 
par  ses  bourgeons,  qui  sont  panachés  de 
blanc  jaunâtre,  couleur  qui,  bien  franche, 
forme  un  contraste  assez  agréable  avec  le  vert 
gai  luisant  des  autres  parties.  Cette  très-re- 
marquable variété,  que  nous  avons  obtenue 
au  Muséum  en  1868,  ne  s’est  panachée  que 
vers  la  deuxième  année  de  semis. 

Philadelphus  amcena.  — Issu  du  Phila- 
delphus  speciosus,  le  P.  amcena  est  une 
plante  de  première  valeur  par  l’abon- 
dance, la  beauté,  ainsi  que  par  l’ensemble 
de  ses  fleurs.  Celles-ci  sont  plutôt  moyennes 


on  ne  risquera  pas  de  nuire  à la  floraison 
ultérieure,  puisque  les  fleurs  ne  se  montrent 
en  général  dans  les  plantes  de  cette  famille 
que  sur  les  rameaux  d’un  ou  de  deux  ans. 

La  multiplication  des  Bignoniacées  de 
serre  s’obtient  par  le  bouturage  sous  cloche 
des  rameaux  herbacés  un  peu  aoûtés.  La 
reprise  est  presque  toujours  certaine,  ce  qui 
n’étonne  pas  lorsqu’on  sait  que  les  tiges  de 
ces  arbrisseaux  émettent  assez  souvent  des 
racines  lorsqu’elles  plongent  dans  le  rideau 
de  verdure  du  Ficus  repens  qui  tapisse  ha- 
bituellement les  murs  de  nos  serres  ; on 
peut  aussi  propager  ces  plantes  par  semis. 
Lorsqu’on  en  a de  bonnes  graines,  on  les 
sèmera  de  suite  en  serre  et  sur  couche  dans 
des  pots  ou  des  terrines.  On  piquera  le 
plant  dans  des  godets,  où  il  pourra  rester 
quelque  temps,  puis  on  le  mettra  en  pleine 
terre,  où  son  développement  se  fera  bientôt 
remarquer. 

Nous  savons  que  le  peu]  d’espace  dont 
dispose  en  général  l’amateur  de  plantes  de 
serres  empêche  la  diffusion  des  sortes  grim- 
pantes, et  en  particulier  des  Bignoniacées. 
Cependant  il  est  regrettable  que  celle  dont 
nous  nous  occupons,  qui  est  l’une  des  plus 
élégantes  parmi  les  espèces  cultivées,  ne  soit 
pas  plus  répandue.  Elle  est  relativement 
rustique  et  fleurirait,  croyons-nous,  tout 
aussi  bien  dans  les  serres  tempérées  que 
dans  les  serres  chaudes. 

B.  Verlot. 


ü PAS  ASSEZ  CONNUES  ] 

i 

que  grandes,  d’un  blanc  pur  (blanc  de  lait)  . 
et  odorantes.  La  végétation  est  bonne.  Les 
bourgeons,  dressés,  ont  l’écorce  glabre,  lé-  ! 
gèrement  purbérulente  ; les  feuilles,  qui 
sont  de  grandeur  à peine  moyenne,  presque 
glabres  ou  pubérulentes,  portent  sur  chaque  | 
face  des  poils  très-courts,  à peine  visibles  à ! 
l’œil  nu.  Au  moment  de  sa  floraison,  la  • I 
plante  disparaît  presque  sous  la  multitude 
de  ses  fleurs.  Il  va  sans  dire  que,  comme  j 
toutes  les  autres  espèces  de  Philadelphus,  | 
celle-ci  devra  être  taillée  aussitôt  que  les  j 
fleurs  sont  passées;  les  jeunes  bourgeons  ne 
devront  pas  être  rognés,  à moins  qu’ils  ne  I 
soient  démesurément  longs  ou  qu’ils  défor-  ■ 
ment  les  plantes.  : 

E.-A.  Carrière.  i 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (deuxième  quinzaine  de  novembre) 

Programme  du  Congres  international  de  botanique  qui  sera  tenu  à Florence,  à l’occasion  de  l’Exposition 
internationale  de  la  Société  royale  toscane  d’horticulture;  dispositions  générales;  thèmes  proposés 
pour  [la  discussion  au  Congrès.  — Le  Xantlioceras  sorbifolia,  Bimge.  — L’iiorticulture  au  Japon  : 
questions  posées  par  M.  le  comte  de  Castillon  à M.  Wagener,  commissaire  de  la  section  japonaise  à 
l’Exposition  de  Vienne  : état  de  l’arljoriculture  fruitière  au  Japon  ; variétés  d’arhres  fruitiers  ; semis, 
greffes,  taille;  les  arbres  nains  du  Japon;  culture  des  arbres  fruitiers  avec  abri,  culture  forcée; 
l'Oranger,  la  Mandarine  ; la  science  horticole  au  Japon.  — La  collection  d’Orchidées  de  M.  Guibert,  à 
Passy.  — Ouverture  du  cours  d’arboriculture  professé  par  M.  Du  Breuil;  le  jardin-école  de  Saint- 
Mandé.  — Nécrologie  : M.  Jean-Baptiste-Louis-Honoré  Bouchard.  — Résultats  de  la  mission  de 
M.  Planchon  en  Amérique. 


Conformément  à ce  que  nous  avons  dît 
dans  noire  précédente  chronique  (1)  au  sujet 
de  l’exposition  internationale  que  la  Société 
royale  toscane  d’horticulture  fera  à Flo- 
rence, du  11  au  25  mai  1874,  nous  donnons 
ci-après  le  programme  du  Congrès  interna- 
tional de  botanique  qui  sera  tenu  à cette  oc- 
casion. On  verra  d’après  ce  programme 
qu’il  est  peu  de  questions  de  quelque  impor- 
tance, au  point  de  vue  général  de  la  science 
des  végétaux,  qui  n’aient  été  prévues.  C’est 
même,  sous  ce  rapport  un  travail  remar- 
quable, ce  qui  nous  engage  à le  reproduire 
tout  entier. 

DISPOSITIONS  GÉNÉRALES. 

1.  Un  Congrès  international  de  botanique, 
organisé  par  la  Société  royale  toscane  d’horti- 
culture, sera  tenu  à Florence  au  mois  de 
mai  1874,  et  pour  la  durée  de  trois  jours,  en 
coïncidence  avec  l’Exposition  internationale 
d’horticulture  (2). 

, 2.  Seront  admis  au  Congrès  tous  ceux  qui 

s’occupent  de  botanique. 

3.  Les  botanistes  qui  désirent  prendre  part 
au  Congrès  devront  se  munir  d’un  billet  per- 
sonnel, qui  leur  sera  délivré  sur  demande  par 
M.  le  Président  de  la  Société  royale  tocane 
d’horticulture,  et  signé  par  lui  et  par  les  secré- 
taires de  la  Société. 

4.  Les  demandes  de  billets  personnels  certi- 
fiant l’inscription  au  Congrès  seront  adressées 
avant  le  Rr  mars  1874  au  Président  ou  aux 
Secrétaires  de  la  Société  royale  toscane  d’horti- 
culture, au  Musée  royal  de  physique  et  d’histoire 
naturelle,  à Florence. 

5.  La  Société  royale  toscane  d’horticulture  a 
déjà  fait  les  démarches  nécessaires  pour  obtenir 
du  gouvernement  italien,  et  des  administrations 
des  chemins  de  fer  et  des  bateaux  à vapeur, 
soit  nationales,  soit  étrangères,  les  réductions 
d’usage  aux  tarifs  des  transports,  et  elle  s’em- 
pressera de  faire  connaître  en  temps  utile  aux 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  421. 

(2)  L’Exposition  internationale  d’horticulture  res- 
tera ouverte  du  11  au  25  mai  1874. 


intéressés  les  résultats  de  ses  démarches,  et  les 
formalités  à remplir  pour  jouir  des  facilités 
obtenues. 

6.  L’inauguration  du  Congrès  international  de 
botanique  sera  faite  par  le  président  de  la  So- 
ciété royale  toscane  d’horticulture,  qui  fera  con- 
naître en  même  temps  les  noms  des  vice-pré- 
sidents du  Congrès,  nommés  à l’avance  par  le 
bureau  de  ladite  Société.  Les  membres  du  Con- 
grès procéderont  immédiatement  à l’élection  des 
Secrétaires  et  des  Présidents  des  différentes 
séances  du  Congrès.  Ces  présidents  devront  être 
choisis  parmi  les  vice-présidents  du  Congrès,  et 
chacun  d’eux  dirigera  la  discussion  de  la  séance 
pour  laquelle  il  sera  nommé. 

7.  L’italien  sera  la  langue  officielle  du  Con- 
grès; chaque  membre  pourra  toutefois  faire 
usage  de  sa  langue  maternelle,  soit  dans  la  ré- 
daction des  mémoires,  soit  dans  la  discussion 
qui  s’ensuivra. 

8.  La  durée  du  Congrès  devant  nécessairement 
être  très-restreinte,  Messieurs  les  membres  du 
Congrès  seront  instamment  priés  de  vouloir 
porter  toute  la  concision  possible  dans  leurs 
communications  et  dans  la  discussion  des  thèmes 
proposés. 

9.  Les  mémoires  écrits  seront  déposés  au  bu- 
reau de  la  présidence  du  Congrès.  Il  en  sera 
donné  communication  par  extrait  aux  réunions 
du  Congrès. 

10.  A l’occasion  du  Congrès  international  de 
botanique,  on  organisera  des  excursions  botani- 
ques aux  environs  de  Florence,  des  visites  aux 
principaux  jardins  de  la  ville  et  des  environs, 
et  une  excursion  àPise  pour  visiter  le  Jardin  bota- 
nique et  le  Musée  d’histoire  naturelle  de  cette 
ville. 

Thèmes  proposés  pour  la  discussion  au  Congrès 

internaiional  de  botanique,  qui  aura  lieu  à 

Florence  en  mai  187 i (1). 

I.  Sur  la  durée  de  la  vie  latente  dans  les  plantes 
et  sur  les  conditions  capables  de  la  réveiller. 

11.  Sur  la  circulation  cellulaire  et  sur  ses 
causes. 

(1)  Le  jour  de  l’inauguration  du  Congrès  sera 
annoncé  ultérieurement. 


1er  décembre  1873. 


23 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


in.  Sur  l’usage  que  les  sucs  laiteux  ont  dans 
les  plantes. 

IV.  Sur  la  nature  et  les  fonctions  des  poils 
dans  les  plantes. 

Y.  Sur  les  causes  du  mouvement  automatique 
des  feuilles,  manifesté  principalement  dans 
VHedysarum  gyrans. 

VI.  Des  causes  qui  peuvent  déterminer  les  di- 
rections que  prennent  la  radicule  et  la  tigelle 
dans  la  germination. 

VII.  Des  causes  qui  peuvent  influer  sur  la  di- 
rection des  brandies,  surtout  dans  les  arbres 
pleureurs. 

VIII.  Sur  l’acclimatation  des  plantes  vivaces, 
et  particuliérement  sur  l’àge  où  chaque  espèce 
peut  résister  aux  températures  minimes  qu’elle 
peut  supporter. 

IX.  Sur  les  analogies  des  organes  de  la  repro- 
duction des  Phanérogames  et  des  Cryptogames. 

X.  Sur  la  généralité  ou  non  de  la  fécondation 
dicliogamique,  et  sur  la  durée  de  la  faculté  fé- 
condante du  pollen. 

XI.  Sur  l’usage  de  la  membrane  striée  des  vé- 
sicules embryonnaires,  et  nature  des  vésicules 
antipodes  du  sac  embryonnaire. 

XII.  Sur  la  nature  et  le  rôle  des  gonides  des 
Lichens. 

XIII.  Sur  la  nature  des  Cryptogames  parasites 
de  riiomme. 

XIV.  Sur  la  nature  et  l’origine  des  Bactéries. 

XV . Sur  la  part  que  les  plantes  ont  ou  peuvent 
avoir  aux  fermentations,  aux  miasmes  et  aux 
contagions. 

XVI.  Des  variations  qu’offrent  les  feuilles  par 
rapport  à l’âge  des  plantes. 

XVII.  Sur  la  symétrie  des  étamines. 

XVlll.  Si  l’on  peut  établir  des  règles  pour  une 
distinction  rationnelle  entre  les  groupes  qu’on 
désigne  par  les  noms  à'espece,  race,  variété,  et 
cela  surtout  en  vue  des  limites  à poser  aux  ap- 
préciations individuelles  des  phytographes. 

XIX.  Sur  la  valeur  des  déterminations  des 
plantes  fossiles,  et  particulièrement  sur  le  crité- 
rium des  caractères  des  feuilles  pour  cette  déter- 
mination. 

XX.  Sur  les  caractères  et  l’origine  des  flores 
insulaires. 

XXI.  Sur  les  caractères  et  l’origine  des  flores 
alpines,  et  particulièrement  sur  les  causes  qui 
en  ont  limité  l’extension. 

XXII.  Sur  les  procédés  pour  obtenir  une  éva- 
luation fixe  des  grossissements  microscopiques. 

— Dans  la  septième  livraison  de  V Illus- 
tration horticole,  qui  est  récemment  parue, 
notre  confrère,  M.  E.  André,  en  signalant  la 
fructification  au  Muséum  du  Xantlioceras 
sorhifolia,  dont  nous  parlons  et  donnons 
plus  loin  une  figure,  commet  une  erreur  en 
attribuant  à M.  Decaisne  la  qualification 
qu’elle  porte.  C’est  M.  Bunge  à qui  cet  hon- 
neur revient.  Ainsi,  au  lieu  d’écrire  Xa7i- 
thoceras  sorhifolia,  Dcne,  ainsi  qu’il  l’a  fait, 


il  faut  écrire  X.  sorhifolia  Bge.  M.  Decaisne, 
dont  tout  le  monde  connaît  la  délicatesse 
et  admire  la  loyauté,  ne  voudrait  certaine- 
ment pas  qu’on  lui  attribuât  un  mérite  qu’il 
n’a  pas,  et  nous  sommes  certain  qu’il  nous 
saura  gré  de  cette  rectification  qui,  en  ré- 
tablissant la  vérité,  rend  justice  à chacun  en 
lui  donnant  la  part  qui  lui  revient. 

— C’est  avec  autant  de  plaisir  que  d’em- 
pressement que  nous  publions  la  lettre  sui- 
vante que  vient  de  nous  adresser  M.  le  comte 
de  Castillon;  elle  contient  sur  le  Japon  des 
détails  très-intéressants,  à peu  près  incon- 
nus jusqu’ici  : 

4 novembre  1873. 

Monsieur  et  cher  directeur, 

Trouvant  que  votre  correspondant  à l’Exposi- 
tion de  Vienne,  à laquelle  je  n’avais  pu  me  ren- 
dre à cause  de  mes  affaires,  ne  nous  disait  pas 
grand’cliose  sur  cette  Exposition,  je  chargeai  un 
de  mes  frères  de  se  mettre  en  rapport  avec  un 
membre  de  la  Commission  japonaise.  Je  suis  en- 
tré en  correspondance  avec  lui,  et  je  lui  ai  posé 
les  questions  énumérées  plus  bas.  Je  vous  envoie 
copie  de  sa  lettre,  dans  laquelle  vous  trouverez 
certainement  quelque  chose  à glaner  pour  les 
abonnés  de  la  Revue  horticole.  Si  je  n’ai  pas  eu 
à certaines  de  ces  questions  une  réponse  aussi 
catégorique  que  je  l’aurais  désiré,  c’est  que  le 
cadre  à remplir  était  bien  vaste  ; c’était  tout  un 
livre  à écrire.  Jugez-en  plutôt  : 

fo  Quel  est  l’état  de  l’arboriculture  fruitière 
au  Japon?  Cette  science  y est-elle  en  honneur 
et  pratiquée  sur  une  grande  échelle? 

2o  Les  variétés  y sont-elles  nombreuses  dans 
chacune  des  espèces  suivantes  : Poirier,  Pom- 
mier, Kakis,  Orangers,  Figuiers,  Vigne,  Pêcher, 
Abricotier,  Prunier,  Cerisier? 

3»  Quelles  sont  les  espèces  ou  variétés  qui  se 
reproduisent  franchement  de  semis  (graines,  pé- 
pins ou  noyaux)  et  n’ont  pas  besoin  du  secours 
de  la  greffe? 

4»  Cherche-t-on  à obtenir  de  nouvelles  varié- 
tés par  le  moyen  des  semis,  ou  bien  s’en  tient-on 
à un  petit  nombre  connues  de  temps  immémo- 
rial? 

5o  Quels  sont  les  modes  de  greffage  les  plus 
généralement  employés,  et  sont-ils  absolument 
identiques  dans  tous  leurs  détails  avec  ceux  pra- 
tiqués en  Europe  ? Quels  sont  les  sujets  préférés 
pour  le  greffage  des  différentes  espèces  ^de 
fruits? 

6»  La  taille  des  arbres  fruitiers  repose-t-elle 
sur  une  base  rationnelle,  soit  pour  leur  donner 
une  forme  avec  leur  espèce,  leur  variété,  leur 
mode  de  végétation  et  le  sujet  sur  lequel  ils  sont 
greffés,  soit  pour  hâter,  maintenir  et  régulariser 
leur  fructification  ? 

7»  Quel  est  le  procédé  suivi  au  Japon  pour  la 
formation  des  arbres  nains?  (J’ai  lu  quelque  part 
que  vos  horticulteurs  étaient  d’une  habileté  ex- 


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CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


traordinaire  pour  obtenir  des  arbres  prodigieu- 
sement petits.) 

8»  Pratiquez-vous  la  culture  des  arbres  frui- 
tiers avec  abri  : lo  permanent,  en  espalier  contre 
un  mur;  2» temporaire,  en  caisses  ou  en  vases 
rentrés  pendant  l’hiver? 

9°  Connaissez-vous  la  culture  forcée  avec  cha- 
leur artificielle? 

10‘>  L’Oranger  est-il  cultivé  au  Japon  en  pleine 
terre  et  sans  abri,  et  comment  nommez-vous  les 
variétés  rustiques  ainsi  cultivées? 

Ho  Les  feuilles  d’Oranger  ci-jointes  (Oran- 
ger que  nos  pépiniéristes  nous  vendent  sous  le 
nom  de  Citrus  Japonica)  n’appartiennent-elles 
pas  à la  variété  que  vous  appelez  Kum~Komt  ou 
un  nom  analogue?  Sinon,  comment  la  nommez- 
vous’ 

12o  Cultivez-vous  l’Oranger  dont  le  fruit  à peau 
mince,  rugueuse  et  se  détachant  facilement  de 
la  pulpe,  est  connu  en  Europe  sous  le  nom  de 
Mandarine  ou  de  Tangerine,  et  dont  je  vous  en- 
voie une  feuille  comme  échantillon  ? 

13°  Avez-vous  un  traité  populaire  d’arbori- 
culture fruitière  où  soient  fidèlement  résumées 
les  pratiques  des  arboriculteurs  japonais?  Le  cas 
échéant,  je  vous  serai  infiniment  obligé  de  me  le 
faire  parvenir  par  l’entremise  de  mon  frère. 

14°  Quelle  est  la  valeur  scientifique  de  l’ou- 
vrage botanique  que  vous  appelez  les  livres 
Kwa-wi  ? 

15°  Y a-t-il,  dans  le  nombre  de  vos  pratiques 
arboricoles,  quelqu’une  qui  soit  inconnue  en 
Europe  et  qui  puisse  y être  avantageusement  ap- 
pliquée ? 

16°  Où  pourrai-je  m’adresser  pour  me  procu- 
rer des  graines,  particulièrement  d’ Orangers,  de 
Kakis  et  quelques  noyaux? 

17«  Enfin  (et  il  en  bien  temps),  je  prendrai  la 
liberté  de  vous  demander  jusqu’à  quelle  époque 
vous  serez  à Vienne  et  votre^adresse  à Vienne  et 
au  Japon? 

(Pour  M.  G.  Wagener,  commissaire  de  la  sec- 
tion japonaise  à l’Exposition  de  Vienne.) 

Voici  maintenant,  Monsieur  et  cher  direc- 
teur, les  parties  essentielles  et  copiées  tex- 
tuellement de  la  réponse  de  M.  VA^agener. 
Celui-ci  n’est  pas  horticulteur,  mais  les 
renseignements  qu’il  me  transmet  lui  ont 
été  dictés  par  le  jardinier  de  la  Commission 
japonaise. 

1»  L’arboriculture  fruitière  est  fort  bien  con- 
nue au  Japon  et  pratiquée  sur  une  échelle  pas 
aussi  grande  que  chez  nous  (M.  Wagener  est  Au- 
trichien), mais  cependant  assez  respectable.  11 
y a des  jardiniers  spéciaux  pour  la  culture  des 
arbres  fruitiers,  et  même  pour  une  seule  espèce. 

2°  Les  variétés  sont  assez  nombreuses  : les 
données  suivantes  viennent  du  jardinier  qui,  ce- 
pendant, n’en  connaît  pas  le  nombre  exact,  mais 
qui  l’estime  approximativement  à une  vingtaine 
de  variétés  de  Poiriers  ; des  Pommiers,  il  n’y  en 
a que  de  très-mauvais,  et  ils  ne  comptent  pas  ; 


m 

des  Kakis,  il  y en  a une  cinquantaine  ; les  Oran- 
gers sont  assez  nombreux,  et  les  meilleures 
Oranges  viennent  de  Kushin.  Il  y a deux  espèces 
de  Figuiers:  l’une  est  comme  les  nôtres;  l’autre 
porte  des  fruits  beaucoup  plus  petits  (c’est  pro- 
bablement le  Ficus  hiria.) 

La  Vigne  est  surtout  cultivée  à Kushin,  au 
pied  du  Fusi-Yama;  le  Raisin  est  très-bon  à 
manger,  les  grappes  volumineuses,  et  les  fruits 
(grains)  sont  plus  gros  que  ceux  du  Chas- 
selas de  Fontainebleau.  Si  je  ne  me  trompe,  it 
n’y  a que  des  Raisins  blancs.  Il  y a bien  une 
vingtaine  de  variétés  de  Pêches  et  d' Abricots, 
Les  Pêches  ne  sont  pas  très-bonnes;  cependant 
j’ai  mangé  à Kioto  une  espèce  de  fruit  intermé- 
diaire entre  la  Pêche  et  l’Abricot,  d’un  bien  joli 
extérieure!  de  beaucoup  de  saveur.  (Ne  serait-ce 
pas  une  Nectarine?)  Les  Pruniers  sont  nom- 
breux, et  le  jardinier  estime  le  nombre  des  va- 
riétés à une  centaine.  Les  Cerisiers,  qne  les 
Japonais  aiment  beaucoup,  surtout  ceux  à fleurs 
doubles,  ne  portent  généralement  pas  de  fruits,, 
et  s’il  y en  a,  ils  sont  petits  et  mauvais.  En  gé- 
néral, les  Japonais  ont  la  mauvaise  habitude  de 
manger  les  fruits  avant  qu’ils  ne  soient  mûrs 
c’est  dans  cet  état  qu’on  les  trouve  au  marché, 
et  l’on  est  quelquefois  fort  tenté  de  leur  dire  des 
sottises  quand  on  voit  un  fruit  qui  pourrait  être 
très- bon  et  qui  n’est  pas  mûr. 

3«  Tous  les  arbres  fruitiers  sont  greffés  sans 
exception  ; les  Japonais  greffent  même  les  arbres 
à cire. 

4o  Tous  les  jours  les  arboriculteurs  cherchent 
à obtenir  de  nouvelles  variétés  par  des  semis,  et 
en  choisissant  les  individus  qui  présentent  quel- 
que particularité  et  qu’ils  élèvent  avec  soin. 

5°  Les  modes  de  greffage  sont  pour  la  plupart 
semblables  et  identiques  avec  ceux  pratiqués 
chez  nous  ; cependant,  le  jardinier  prétend  qu’il 
y en  a aussi  qui  diffèrent  ; seulement,  je  vous 
prie  de  m’excuser  si  je  ne  vous  en  fais  pas- 
une  description  exacte  : ce  serait  tout  un  travail 
à faire  ensemble  avec  le  jardinier,  et  encore  ne 
serait-il  pas  bien  fait.  Il  y a des  ouvrages  avec 
des  dessins  fort  exacts. 

00  La  taille  des  arbres  est  considérée  comme 
chose  de  grande  importance,  et  il  y a des  règles 
exactes  pour  chaque  espèce.  Ainsi,  par  exemple,, 
les  Poiriers  (qui  sont  quelquefois  de  grands  ar- 
bres pour  les  espèces  communes)  sont  surtout 
cultivés  entre  Yokohama  et  Y’eddo  ; les  troncs 
sont  à peu  près  de  la  hauteur  d’un  homme,  et  les 
branches  sont  fixées  dans  une  position  horizon- 
tale sur  un  treillage  en  bambous,  de  telle  sorte 
qu’un  verger  est  couvert  d’un  plan  complètement 
horizontal,  formé  des  branches  des  divers  Poi- 
riers et  sans  interruption  ; on  peut  se  promener 
dessous  et  cueillir  les  fruits  avec  la  main.  Ceux- 
ci  sont  de  forme  presque  sphérique,  gros  comme 
un  poing  d’enfant  ; la  peau  est  d’un  jaune  ver- 
dâtre, tachetée  comme  une  Pomme  de  reinette; 
le  fruit  a beaucoup  de  jus,  mais  la  chair  est  fila- 
menteuse comme  un  Radis  et  est  loin  d’avoir  la 
saveur  de  nos  bonnes  Poires.  Cependant  les  Ja- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


4M 

ponais  d’ici  prétendent  que  Jeurs  Poires  valent 
bien  mieux  que  les  nôtres.  Affaire  de  goût. 

Les  Kakis  demandent  une  culture  particulière  : 
ici,  il  s’agit  d’obtenir  de  grands  arbres,  et  il  faut 
qu’ils  se  reposent  une  année  entre  autre  : c’est- 
à-dire  ils  portent  des  fruits  une  année,  et  l’année 
suivante  on  les  en  empêche  en  tordant  les  petites 
branches  qui  pourraient  porter  des  fruits.  De 
plus,  il  s’agit  de  faire  pousser  des  racines  pro- 
fondes et  fortes  : pour  cela,  on  entoure  les  prin- 
cipales racines  d’argile  et  de  pierres  (jue  l’on 
tasse  fortement,  afin  d’empècher  les  petites  raci- 
nes latérales  de  se  former  ; il  faut  que  le  sol  soit 
tel  que  les  racines  ne  rencontrent  l’eau  qu’à  une 
grande  profondeur. 

Pour  les  Pruniers,  il  y a d’autres  règles  en- 
core : les  branches  ont  leur  position  naturelle, 
mais  il  faut  qu’elles  soient  taillées  de  façon  à 
bien  laisser  passer  le  vent  à travers  ; du  moins, 
c’est  ainsi  que  le  jardinier  me  l’explique  ; il  in- 
siste surtout  sur  la  libre  circulation  de  l’air  au 
milieu  des  branches. 

La  Vigne  est  cultivée  sur  treillage  en  forme 
de  berceau.  Les  Pêchers  gardent  leur  forme  na- 
turelle. 

7o  II  est  parfaitement  vrai  que  les  jardiniers 
japonais  sont  très-habiles  à produire  des  arbres 
nains,  mais  cela  demande  beaucoup  de  temps, 
trente,  quarante,  cinquante  ans  avant  de  pro- 
duire un  sujet  comme  il  faut.  Quand  les  arbres 
sont  jeunes,  on  les  tord  et  on  les  fixe  dans  des 
positions  impossibles  pour  empêcher  la  circula- 
tion de  la  sève.  11  faudrait  questionner  de  nou- 
veau mon  jardinier;  c’est  une  longue  histoire 
que  je  n’ai  pas  bien  saisie  la  première  fois.  Sou- 
vent aussi  les  Japonais  greffent  des  branches 
sur  un  tronc  coupé,  et  le  plantent  dans  un  pot  à 
terre.  C’est  un  procédé  suivi  surtout  pour  les 
Pruniers,  Cerisiers  et  Pêchers. 

8o  Quelquefois  les  arbres  fruitiers  sont  culti- 
vés en  caisses  et  rentrés  en  hiver,  mais  rarement 
pourtant.  Je  n’ai  jamais  vu  d’arbres  en  espalier; 
du  moins  je  ne  me  le  rappelle  pas. 

00  La  culture  forcée,  avec  chaleur  artificielle, 
est  connue,  mais  rarement  employée. 

IQo  Vê Oranger  est  cultivé  en  pleine  terre  et 
sans  abri;  quelques-uns  des  noms  les  plus  ordi- 
naires sont  les  suivants  : Mikan,  Kin-kan,  Daï- 
daï,  Kodyi,  Kunembo,  Youdzan,  Buska-ban.  Le 
Kara-iachi,  très-remarquable  parce  qu'il  résiste 
à des  froids  même  rigoureux,  est  l’espèce  sur 
laquelle  on  greffe  les  autres,  précisément  à cause 
de  sa  constitution  robuste. 

Ho  Le  Citrus  Japonica  est  en  effet  l’arbre 
dont  le  fruit  gros  comme  un  grain  de  Raisin  de 
Malaga,  est  généralement  appelé  Kum-kouat  par 
les  étrangers.  Je  ne  sais  pas  trop  d’où  vient  ce 
nom  que  j’ai  souvent  entendu,  surtout  à Nanga- 
saki  ; si  je  ne  me  trompe,  les  Japonais  qui  sont 
avec  notre  Commission  et  dont  un  est  très-fort 
en  fait  de  noms  botaniques,  ne  connaissent  pas 
le  mot  de  Kum-kouat.  Le  nom  japonais  du  fruit 
en  question  est  « Kin-kan.  » 


12^  L’Orange  Mandarine  n’est  pas  connue  au 
Japon. 

13o  II  y a des  traités  d'arboriculture  avec  des- 
sins; mais  nous  en  avons  fort  peu  avec  nous,  et 
ils  sont  destinés  à être  donnés  en  cadeau  à des 
bibliothèques.  Je  crois  que,  si  vous  y tenez'beau- 
coup,  il  vaudrait  mieux  attendre  que  je  vous  en 
expédie  de  Yeddo. 

14o  L’ouvrage  botanique  appelé  Kiva-ioi  est 
très-estimé  à cause  des  dessins,  mais  il  paraît 
que  le  texte  ne  vaut  pas  grand’chose. 

15»  Vous  me  demandez  s’il  y a,  au  Japon, 
quelque  pratique  arboricole  qui  soit  inconnue  en 
Europe  et  qui  puisse  y être  avantageusement  ap- 
pliquée; c’est  là  une  question  qui  dépasse  ma 
compétence  ; je  ne  connais  pas  assez  bien  les 
pratiques  d’ici  ni  celles  de  là-bas  pour  pouvoir  y 
répondre  en  conscience. 

1f)0  11  ne  sera  pas  trop  difficile  d’avoir  des 
graines  de  toute  espèce  ; il  y a à Yeddo,  et  no- 
tamment à Osacca,  de  gros  jardiniers  qui  font  le 
commerce  des  graines  et  où  vous  pourrez  avoir 
tout  ce  que  vous  voudrez  ; je  suis  prêt  de  grand 
cœur  à vous  aider  dans  ces  achats  ; seulement, 
je  vous  dirai  que  le  meilleur  moment  pour  faire 
les  commandes  est  le  mois  de  décembre,  d’après 
ce  que  le  plus  grand  jardinier  d’Osacca  m’a  dit 
lui  même;  si  vous  m’écrivez  de  suite  ce  que 
vous  voulez  avoir,  je  pourrai  peut-être  faire  par- 
venir la  commande  à Osacca,  de  telle  sorte  que 
vous  recevrez  les  semences  en  mars. 

Vous  exigez  absolument.  Monsieur  le  comte, 
que  je  mette  votre  complaisance  à contribution  ; 
eh  bien  ! je  vais  le  faire  dans  l’intérêt  de  mes 
Japonais  ; il  serait  intéressant  de  savoir  quelque 
chose  sur  la  culture  du  Pm  maritime,  telle 
qu’elle  est  pratiquée  en  Sologne,  et  sur  les  pro- 
cédés industriels  pour  en  extraire  la  térében- 
thine et  les  produits  dérivés. 

V Olivier  serait  également  un  arbre  d’un  grand 
intérêt  pour  le  Japon;  le  climat  ne  s’y  oppose- 
rait pas,  je  crois  ; quant  au  sol,  je  ne  sais  pas  ; 
mais  il  paraît  qu’il  y a une  espèce  d’Olive  au  Ja- 
pon. Je  vous  serais  donc  obligé  si  vous  pouviez 
m’indiquer  quelques  brochures  traitant  de  la  cul- 
ture des  arbres  en  question,  et  aussi  de  m’infor- 
mer où  je  pourrais  avoir  au  besoin  soit  des  se- 
mences, soit  des  plants,  pour  les  emporter  au 
Japon.  En  ce  qui  concerne  les  arbres  fruitiers, 
on  a promis  aux  Japonais  une  telle  quantité  de 
jeunes  arbres,  qu’ils  en  auront  bien  assez  pour 
commencer,  surtout  s’ils  ont  la  faiblesse  de  pré- 
férer leurs  Poires,  etc.,  aux  nôtres.  Je  ne  vois 
pas  trop  quel  serait  le  meilleur  moyen  pour 
transporter  au  Japon  des  sujets  greffés  ou  des 
rameaux  pouvant  servir  de  greffons  pour  greffer 
des  sujets  japonais.  Vous  m’obligeriez  si  vous 
pouviez  me  donner  quelques  indications.  J’ai  bien 
envie,  quand  je  serai  de  retour . au  Japon,  de 
planter  un  petit  verger  où  je  cultiverai  quelques 
espèces  choisies  de  Poiriers,  Pommiers,  Ceri- 
siers, etc.  Je  suis  grand  amateur  de  fruits,  et  ceux 
du  Japon  ne  sont  généralement  pas  merveilleux. 

Veuillez  agréer,  etc.  G.  Wagener. 


445 


CHRONiaUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


Il  est  inutile,  croyons-nous,  d’insister 
pour  faire  ressortir  l’intérêt  qui  s’attache  à 
tout  ce  qui  précède  ; il  n’est  personne  parmi 
nos  lecteurs  qui  ne  puisse  l’apprécier  et  en 
faire  son  profit.  Néanmoins,  nous  en  devons 
témoigner  publiquement  notre  reconnais- 
sance à l’auteur  de  cette  communication, 
M.  le  comte  de  Gastillon,  et  le  féliciter  d’a- 
voir, par  son  initiative  privée,  provoqué  des 
questions  et  obtenu  des  renseignements  qui 
nous  étaient  inconnus  et  dont,  pendant  long- 
temps encore,  la  science  aurait  été  très-pro- 
bablement privée. 

— Il  est  peu,  ou  plutôt  il  n’est  pas  d’bor- 
ticulteur  ou  d’amateur  d’horticulture  qui 
n’ait  vu  ou  du  moins  entendu  parler  de  la 
magnifique  collection d’Orcliidées  de  M.  Gui- 
bert,  à Passy-Paris.  Gomme  tant  d’autres, 
hélas  ! elle  vient  de  quitter  la  France.  Gette 
collection,  qui  était  un  choix  de  tout  ce  qu’il 
y a de  beau  en  France,  a été  vendue  pour 
l’Egypte.  Après  avoir  fait  l’admiration  du 
public  français,  elle  va  orner  les  serres  du 
vice-roi  et  rappeler  le  nom  de  notre  re- 
gretté ami,  M.  Barillet,  dans  ce  pays  où, 
comme  en  France,  son  nom  est  déjà  si  cé- 
lèbre et  écrit  partout  dans  ses  remarquables 
travaux. 

— Le  cours  municipal  d’arboriculture, 
professé  par  M.  Du  Breuil,  commencera  le 
25  novembre  1873,  à huit  heures  du  soir, 
dans  la  salle  de  la  Société  d’horticulture, 
rue  de  Grenelle- Saint-Germain,  84. 

Les  leçons  théoriques  seront  continuées 
tous  les  mercredis  et  samedis,  à la  même 
heure. 

Les  leçons  pratiques  seront  faites  tous  les 
dimanches,  à une  heure  et  demie,  à partir 
du  dernier  dimanche  de  janvier,  à l’école 
pratique  d’arboriculture  de  la  ville  de  Paris, 
située  au  bois  de  Vincennes,  Avenue  Dau- 
ménil,  près  la  porte  de  Picpus  (chemin  de 
fer  de  Vincennes  et  chemin  de  fer  de  cein- 
ture, station  de  Bel-Air). 

Nous  avons  visité  plusieurs  fois,  cette 
année,  le  jardin-école  de  Saint-Mandé,  créé 
en  vue  des  leçons  pratiques,  ainsi  que  pour 
les  expériences  relatives  à l’arboriculture. 

Get  établissement  des  plus  remarquables, 
et  dont  la  plantation  a été  terminée  seule- 
ment à l’automne  de  1869,  commence  à 
donner  des  résultats  importants  au  point  de 
vue  de  la  production.  Gette  année,  après 
quatre  ans  de  végétation,  et  malgré  l’in- 
tensité des  gelées  printanières,  on  y a 
vendu,  au  profit  de  la  caisse  municipale. 


30,000  Poires,  Pommes  et  Pêches,  plus 
175  kilogrammes  de  Gerises,  Raisins  et  Gro- 
seilles. Dans  deux  ans,  on  arrivera  au  pro- 
duit maximum  qui,  sans  aucun  doute,  dou- 
blera ces  quantités.  Ges  résultats  prouvent 
l’excellence  des  méthodes  de  culture  préco- 
nisées par  le  professeur.  Aussi  ce  jardin 
est-il  sans  cesse  visité  par  un  grand  nombre 
d’amateurs  et  de  jardiniers  nationaux  et 
étrangers,  et  les  leçons,  tant  théoriques  que 
pratiques,  attirent  chaque  année  u^  audi- 
toire des  plus  nombreux. 

— La  Société  centrale  d’horticulture  de 
France  vient  de  perdre  un  de  ses  principaux 
membres,  son  secrétaire  général,  M.  Jean- 
Baptiste-Louis-Honoré  Bouchard,  officier 
d’Académie,  membre  de  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  de  la  Société  d’ac- 
climatation, etc. 

Atteint  depuis  quelque  temps  seulement 
d’une  maladie  qui  devait  le  conduire  au 
tombeau,  M.  Bouchard  est  mort  à Paris,  le 
23  novembre  1873. 

G’était  un  membre  actif,  qui  a rempli 
avec  zèle  et  distinction  l’importante  et  déli- 
cate fonction  de  secrétaire  général  de  la  So- 
ciété centrale  d’horticulture  de  France  de- 
puis le  l<^i’  janvier  1866  jusqu’à  sa  mort. 

— La  question  du  phylloxéra  continue  à 
occuper  les  savants  ; mais  jusqu’à  ce  jour 
aucune  découverte  pour  combattre  cet  en- 
nemi n’ayant  été  faite,  nous  ne  rapporterons 
pas  les  discussions  qui  en  ont  été  l’objet  et 
qui,  à vrai  dire,  n’intéressent  guère  que  les 
entomologistes;  nous  dirons  seulement  que 
M.  Planchon,  envoyé  en  Amérique  par 
le  ministre  de  l’instruction  publique  (1), 
sur  la  proposition  de  l’Académie  des  scien- 
ces, a maintenant  terminé  sa  mission,  et 
que  sa  communication  dont,  à nos  yeux, 
on  a beaucoup  exagéré  l’importance,  n’est 
pas  de  nature  à rassurer  les  viticulteurs. 
En  effet,  il  a,  dit-on,  acquis  la  certitude 
que  le  phylloxéra  qui  ravage  nos  Vignes 
est  bien  le  même  que  celui  qui  frappe 
les  Vignes  américaines,  ce  qui  équivaut 
à ceci:  M.  A...  et  M.  B...,  attaqués  de 
la  même  maladie , sont  morts  tous  les 
deux....  Il  a aussi  acquis  cette  autre  convic- 
tion que  certaines  Vignes  américaines  ne 
sont  pas  attaquées  par  le  phylloxéra.  Ges 
dires  que,  jusqu’à  plus  ample  informé, 
nous  considérons  comme  hypothétiques,  ne 
nous  rassurent  pas,  car,  fussent-ils  vrais, 

(1)  V.  Revue  horticole,  1873,  p.  282. 


UN  LEGUME  A RECOMMANDER. 


446 

ils  ne  démontrent  pas  que  ces  quelques 
Vignes  américaines  soient  l’équivalent  des 
nôtres  et  puissent  les  remplacer,  ce  que 
nous  n’hésitons  pas  à considérer  comme 
très-douteux  ; le  troisième  point  important 
comme  résultat  du  voyage  de  M.  Planchon 
serait  la  découverte  d’un  acarus  ((  qui  pour- 
suit le  phylloxéra  jusque  dans  les  profon- 
deurs du  sol,  qui  l’attaque,  s’en  nourrit  et 
le  détruit.  » Sans  être  sceptique,  nous 
avouons  ne  pouvoir  partager  le  contentement 
que  semblent  éprouver  certaines  personnes 
de  cette  affirmation,  et  nous  n’hésitons  pas 
à dire  que,  à part  certains  petits  détails  qui 
vont  occuper  le  monde  savant,  faire  noircir  du 

I 

UN  LÉGUME  A 


papier  et  accorder  certains  honneurs,  la  ques- 
tion du  phylloxeran’est  guère  plus  avancée  : 
pour  les  viticulteurs,  elle  est  exactement  là 
même  après  comme  avant  ce  voyage,  sur 
lequel  on  fondait  tant  d’espoir.  Inutile,  on 
doit  le  comprendre,  de  dire  que  nous  dési- 
rons nous  tromper  et  que  ce  serait  avec  le 
plus  grand  plaisir  que  nous  ferions  publi- 
quement amende  honorable.  H est  bien 
entendu  aussi  que  nous  ne  critiquons  en 
rien  la  manière  dont  M.  Planchon  s’est  ac- 
quitté de  sa  mission,  heureux  de  recon- 
naître ici  toute  son  honorabilité  scientifique. 

E-A.  Carrière. 


RECOMMANDER 


En  horticulture,  comme  en  toutes  choses, 
les  nouveautés  ont  le  privilège  d’attirer  l’at- 
tention et  de  faire  accourir  les  gens.  Elles 
se  présentent,  en  général,  avec  accompa- 
gnement de  promesses  et  renfort  de  coups 
de  grosse  caisse,  ce  qui  ne  nuit  pas  à l’af- 
faire, attendu  que  le  bruit  attire  toujours  les 
badauds,  et  que  les  promesses  ont  le  double 
avantage  de  ne  rien  coûter  et  de  rapporter 
beaucoup  à ceux  qui  les  font  au  public.  S’il 
faillait  le  démontrer,  les  exemples  ne  nous 
manqueraient  pas  ; mais  point  n’en  est 
besoin. 

Nos  lecteurs  savent  aussi  bien  que  nous 
combien  est  petit  le  nombre  des  légumes  de 
mérite  découverts  depuis  quelques  années; 
et  pourtant,  que  nous  sachions,  les  nouveau- 
tés n’ont  pas  fait  défaut;  du  moins  on  nous 
en  a fait  voir  de  toutes  les  sortes  et  de  toutes 
les  couleurs.  Qu’est-il  donc  resté  de  tout 
cela?  Bien  peu  de  chose,  en  vérité. 

Or,  si  le  fait  que  nous  avançons  est  vrai,' — 
et  nul  ne  le  contestera, hormis  les  intéressés, 
— on  nous  saura  gré,  sans  doute,  de  recom- 
mander aux  lecteurs  quelques  vieux  légu- 
mes oubliés  et  qui  méritent  pourtant  bien 
d’avoir  une  place  dans  le  potager.  De  ce 
nombre  est  le  Chou-Rave,  que  les  Alsaciens 
nomment  Colrave  et  les  marchands  grai- 
niers  de  Paris,  Chou  de  Siam,  on  ne  sait 
trop  pour  quelle  raison. 

Ce  Chou,  dont  la  tige  se  renfle  au  collet 
en  forme  de  sphère,  de  boule  aplatie  ou 
d’ovale,  et  qu’on  cultive  sur  une  vaste 
échelle  dans  nos  contrées  de  l’Est,  se  re- 
commande non  seulement  par  sa  qualité, 
mais  encore  par  la  simplicité  de  sa  culture. 
C’est  un  légume  qui  devrait  figurer  sur 
toutes  les  tables,  maintenant  que  chacun 


croit  faire  acte  de  patriotisme  en  mangeant 
force  chou  croûte  arrosée  de  nombreux 
bocks,  sans  compter  que  le  Chou-Rave  vaut 
grandement  le  mets  dont  nous  venons  de 
parler.  N’allez  pas  croire,  après  cela,  que 
nous  voulions  médire  de  la  choucroûte  ; il 
s’en  faut  de  beaucoup  ; mais  elle  n’est  point 
en  cause  ici,  et  dès  lors,  on  ne  trouvera  pas 
mauvais  c{ue  nous  la  laissions  de  côté.  Ce 
qui  nous  occupe  pour  l’instant,  c’est  le  Chou- 
Rave  ; voyons-le  donc. 

Les  Choux  de  cette  catégorie  doivent  être 
semés  en  pépinière,  de  mars  en  avril.  On 
les  éclaircit  si  besoin  en  est  dès  que  la  chose 
est  possible,  et  quand  ils  sont  d’une  taille 
convenable,  c’est-à-dire  âgés  de  cinq  à six 
semaines,  après  la  levée,  ôn  les  repique, 
comme  les  Choux  ordinaires,  en  ayant  soin 
de  les  placer  à 60  centimètres  environ  de 
distance  et  autant  que  possible  dans  des 
fossettes  ouvertes  avec  la  houe,  afin  que 
leurs  pommes  ou  renflements  se  fassent  au 
niveau  du  sol.  Dès  que  ces  renflements  ont 
atteint  près  de  15  centimètres  de  circonfé- 
rence, on  ramène  la  terre  du  bord  dans  les 
fossettes,  et  l’on  en  recouvre  les  renflements 
en  question,  afin  de  les  soustraire  à l’ardeur 
du  soleil  qui  les  empêcherait  de  se  dévelop- 
per, Quand  on  les  laisse  exposés  à l’air  et  au 
soleil,  la  peau  se  dyrcit,  perd  son  élasticité, 
éclate  et  se  corde  ; mais  quand  on  cache  la 
pomme  sous  une  butte,  la  peau  reste  tendre, 
garde  son  élasticité  et  ne  se  déchire  point 
sous  un  afflux  de  sève.  A mesure  que  cette 
pomme  grossit  et  se  dégage  de  la  terre  qui 
la  recouvre,  on  recharge  la  butte.  Il  va  de 
soi  que  les  sarclages  et  les  binages  ne 
doivent  pas  être  négligés  entre  les  plantes. 

Comme  les  autres  Choux,  les  Choux-Raves 


ANTHURIUM  SCHERZERIANUM 


U1 


en  temps  de  sécheresse,  ont  besoin  d’être 
abondamment  arrosés.  Quant  aux  insectes, 
ils  ne  sont  pas  bien  à redouter  pour  ce  lé- 
gume. Les  chenilles  et  les  pucerons  l’atta- 
quent peu  et  n’altèrent  jamais  son  renfle- 
ment, qui  est  la  partie  comestible;  cependant 
ce  dernier  est  quelquefois  endommagé  par 
d’infimes  vers  rouges  qu’on  rencontre  sou- 
vent sur  les  racines  de  nos  légumes  et  aussi 
par  de  petits  myriapodes  que  tous  les  horti- 
culteurs ont  appris  à connaître  à leurs  dé- 
pens. 

Dans  les  terres  de  médiocre  qualité,  le 
renflement  du  Chou-Rave  atteint  d’ordinaire 
une  circonférence  de  30  à 32  centimètres  ; 
dans  les  bons  terrains,  il  n’est  pas  rare  d’en 
voir  qui  mesurent  45  centimètres. 

Les  Choux-Raves  ne  sont  réellement  fins 
que  lorsqu’ils  sont  arrivés  au  tiers  ou,  au 
plus,  à la  moitié  de  leur  développement.  On 
fera  donc  bien  de  les  prendre  quand  les 
renflements  mesureront  de  20  à 25  centimè- 
tres de  circonférence.  A ce  moment  leur 
saveur  rappelle  à s’y  méprendre  celle  des 
Choux-Fleurs  ; mais  plus  tard,  ils  ont  un 
goût  de  Chou  trop  prononcé  pour  les  ama- 
teurs. Quand  on  ne  redoute  pas  ce  goût  fort, 
on  arrache  les  Choux  en  question  en  sep- 
tembre ou  en  octobre,  selon  les  climats,  puis 
on  les  dépouille  de  leurs  feuilles,  que  l’on 
donne  aux  vaches,  aux  chèvres  ou  aux  lapins, 
et  l’on  garde  les  renflements  dans  la  cave  ou 
au  cellier.  On  pourrait  parfaitement  manger 


les  feuilles  du  Chou-Rave  qui  sont  tout  aussi 
bonnes  que  celles  des  autres  Choux  ; on  en 
pourrait  faire,  par  exemple,  d’excellentes 
soupes  au  chou  vert.  Dans  l’Ouest,  où  ce 
mets  est  très-répandu  ; on  n’en  fait  guère 
usage  à cet  effet,  et  le  plus  ordinairement, 
on  cueille  même  ces  feuilles,  pendant  le 
développement  des  têtes,  pour  les  donner 
aux  animaux. 

Nos  lecteurs  nous  sauront  peut-être  gré 
de  leur  indiquer  la  manière  d’utiliser  le 
Chou-Rave  en  cuisine  ; nous  allons  les  ren- 
seigner. Mais  avant  de  parler  des  prépara- 
tions qui  conviennent  à ce  légume,  il  nous 
reste  à faire  aux  ménagères  une  recomman- 
dation qui  n’est  pas  sans  importance  : c’est 
de  préférer,  pour  la  cuisine,  les  têtes  parfai- 
tement rondes  et  dont  la  peau  est  fine,  aux 
têtes  allongées  et  à peau  rugueuse  à la  base. 
Les  premières  sont  toujours  tendres  ; les  au- 
tres sont  parfois  dures  et  ligneuses  dans  leur 
moitié  inférieure. 

Le  Chou-Rave  se  prépare  à la  sauce  blan- 
che, absolument  comme  le  Chou-Fleur.  On 
l’accommode  également  au  beurre,  à la 
crème,  ou  bien  encore  on  s’en  sert  pour  les 
ragoûts.  Avec  le  veau  et  le  mouton,  à la 
casserole,  il  fort  estimé  ; en  Alsace,  on  le 
mange  au  jus,  et  nous  ajouterons,  avec  con- 
naissance de  cause,  que,  préparé  de  cette 
façon,  il  n’est  point  à dédaigner. 

Aug.  JOIGNEÂUX. 


ANTHURIUM  SCHERZERIANUM 


Plusieurs  auteurs  prétendent  que  cette 
Aroïdée  n’est  pas  un  Anthurium  et  qu’elle 
appartient  à un  autre  genre  ; cela  regarde 
les  savants  : à eux  de  décider  cette  grave 
question  ; ce  qui  est  plus  intéressant  pour  la 
masse  des  amateurs  de  ce  bijou,  c’est  que 
depuis  quelque  temps,  en  attendant  l’.^n^/itt- 
rium  Scherzerianum  blanc,  qui  fleurirait, 
dit-on,  à Gand  (?)  MM.  les  horticulteurs  bel- 
ges et  anglais  livrent  des  jeunes  sujets  de 
cette  plante  provenant  de  semis,  lesquels 
sont  loin  de  valoir  le  type. 

Les  plantes  ayant  cette  origine  ne  four- 
nissent pas  une  aussi  belle  spathe  ; la  cou- 
leur de  celle-ci  est  d’un  vermillon  orangé 
très-pâle;  sa  forme  est  rétrécie,  et  son  port 
moins  gracieux  ; tout  cela  choque  grossiè- 
rement, surtout  si  une  ancienne  plante,  di- 
rectement introduite,  est  là  pour  servir  de 

(1)  Cette  charmante  espèce  a été  décrite  et  figu- 
rée dans  la  Revue  horticole,  en  1866,  p.  480. 


comparaison.  Ajoutons  que  ces  semis  sont 
moins  vigoureux  et  qu’ils  paraissent  étiolés 
et  malades  ; leurs  feuilles  sont  aussi  bien 
plus  étroites  que  celles  des  pieds-mères. 

En  revanche,  M.  Rergmann,  le  jardinier 
en  chef  deM.  Rotschild,  au  château  de  Fer- 
rières, a obtenu  des  résultats  très-opposés, 
également  par  le  semis  direct,  sans  la 
moindre  fécondation  artificielle.  Ses  plantes 
présentent  des  spathes  plus  grandes,  mieux 
formées  et  d’un  superbe  rouge  carmin  très- 
foncé  ; leur  aspect  est  vigoureux  ; chez  la 
plupart  des  sujets,  les  feuilles  sont  moins 
longues,  mais  bien  plus  larges  que  celles  du 
type. 

Il  serait  peut-être  utile  de  donner  une 
sous-dénomination  à ces  deux  variétés,  par 
exemple  Anthurium  Scherzerianium  an- 
gustifolium  pour  les  premiers,  et  Anth. 
Scherzerianum  latifolium  pour  les  seconds. 
Dans  tous  les  cas,  nous  avons  cru  utile  de 


448 


XANTIIOCERAS  SORBIFOLIA. 


signaler  cette  particularité  aux  amateurs, 
qui,  ainsi  avertis,  seront  moins  exposés  à 
être  trompés.  Nous  pensons  aussi  que  les 
horticulteurs  feront  bien  d’établir  des  prix 
différents  pour  ces  produits,  dont  l’un  est 
parfait,  tandis  que  l’autre  est  au-dessous  du 
médiocre. 

Culture.  — On  ne  saurait  trop  recom- 
mander  de  cultiver  ces  Antburiums  dans 
des  cendres  de  charbon  de  terre  ou  escar- 


billes, et  de  la  terre  de  bruyère  largement 
mélangée  de  sphagnum  et  de  petits  mor- 
ceaux de  charbon  de  bois  de  la  grosseur 
d’une  noisette.  Le  fleuriste  de  M.  de  AVo- 
roqué,  à Mariemont  (Belgique),  n’emploie 
que  la  poussière  jmre  de  charbon  de  terre 
sortant  de  ses  fourneaux  de  chauffage;  il 
obtient  ainsi  des  plantes  d’une  force  extra- 
ordinaire. Alphonse  D***, 

Amateur. 


XAXTHOCERAS  SORBIFOLIA 


Dans  la  Revue  horticole,  1872,  p.  291, 
nous  avons  donné  une  description  et  une 
figure  de  cette  espèce,  l’une  des  plus  inté- 
ressantes qui,  au  point  de  vue  de  l’ornemen- 
tation, ait  été  introduite  depuis  longtemps. 
Dans  cet  article,  nous  avons  rapporté, 
d’après  M.  Decaisne,  toutes  les  particularités 
qui  se  rattachent  à l’introduction  de  cette 


plante,  ainsi  que  les  caractères  que  nous 
avons  été  à même  d’observer  au  Muséum, 
où,  chaque  printemps,  nous  la  voyons  se 
couvrir  de  fleurs.  Jusqu’à  ce  jour,  tout  de- 
vait se  borner  à la  végétation  et  à la  florai- 
son de  la  plante,  puisqu’elle  n’avait  pas  en- 
core fructifié.  Disons  toutefois  qu’il  y avait 
pour  cela  une  bonne  raison,  puisqu’aussitôt 
que  s’ouvraient  les  premières  fleurs,  on  don- 
nait des  ordres  pour  qu’on  les  coupât  toutes. 


Pourquoi?  Nous  n’en  savons  rien,  nous  ci- 
tons le  fait  ; nous  nous  permettrons  pourtant 
de  faire  observer  qu’il  est  fort  douteux  que 
ce  soit  par  amour  pour  la  science  qu’on  ait 
agi  ainsi. 

Mais  quoi  qu’il  en  soit,  et  fort  heureuse- 
ment, sur  le  désir  exprimé  par  M.  Bron- 
gniart,  on  consentit  cette  année  à laisser 
fleurir  cette  plante,  fait  qui  a 
permis  d’en  apprécier  la  beauté, 
ce  que  jusque-là  on  n’avait  pu 
faire.  En  agissant  ainsi,  le  célèbre 
botaniste  du  Muséum,  M.  Bron- 
gniart,  avait  surtout  en  vue  l’ob- 
tention des  fruits,  ce  qui  est  ar- 
rivé et  permettra  d’en  bien 
indiquer  les  caractères  et  d’en 
faire  ressortir  les  particularités. 

L’impossibilité  dans  laquelle 
nous  nous  sommes  trouvé  d’exa- 
miner ces  fruits,  et  surtout  l’in- 
suffisance de  nos  connaissances 
botaniques,  expliquent  pourquoi 
nous  nous  bornons  à les  repré- 
senter (figure  40),  en  indiquant 
leurs  caractères  physiques,  au- 
tant toutefois  qu’il  nous^a  été  pos- 
sible de  les  étudier. 

Faisons  d’abord  remarquer 
que  malgré  qu’il  y ait  eut  plu- 
sieurs milliers  de  fleurs,  il  n’y 
a eu  que  quatre  fruits  disposés 
par  deux,  absolument  comme 
le  représente  la  figure  40.  Bien 
que  les  fleurs  soient  disposées  en  panicules 
spiciformes  terminales  très-dressées , les 
fruits  étaient  néanmoins  pendants,  ce  qu’il 
faut  attribuer,  très-probablement  du  moins, 
au  volume  et  au  poids  qu’ils  acquerront.  Ces 
fruits  qui,  jusqu’à  leur  maturité,  peuvent 
être  comparés  à des  sortes  de  grosses  Aman- 
des ou  à des  Abricots  un  peu  allongés,  nous 
ont  présenté  les  caractères  suivants  : 

Péricarpe  déhiscent,  triloculaire,  très- 


A'ig-  4Ù.  — Fruits  du  Xanthoceras  sorbifolia 
(grandeur  naturelle). 


SOUVENIRS  DE  L’EXPOSITION  D’HORTICULTURE  DE  GAND. 


449 


charnu,  atteignant  jusqu’à  G centimètres  de 
longueur  sur  environ  4 centimètres  de  dia- 
mètre, atténué  à la  base,  courtement  rétréci 
et  prolongé  au  sommet  en  une  sorte  de  mu- 
cron  ou  d’apicule  analogue  à ce  qu’on  re- 
marque fréquemment  chez  certaines  Pêches 
ou  même  d’Amandes,  à surface  très-légère- 
ment bossuée  et  comme  très- finement  pu- 
bérulente-granuleuse,  et,  sous  ce  rapport 
encore,  rappelant  un  peu  ce  qu’on  observe 
sur  le  péricarpe  soit  des  Pêches,  soit  des 
Abricots;  valves  épaisses  très-résistantes, 
bien  que  charnues,  renfermant  à leur  inté- 
rieur un  petit  nombre  de  graines  qui  nous 
ont  paru  s’attacher  sur  un  placenta  longitu- 
dinalement axile  — ce  que  nous  n’affirmons 
pas,  n’ayant  pu  voir  les  fruits  qu’à  peine 
entr’ouverts,  comme  le  démontre  la  gravure  ; 

SOUVENIRS  DE  L’EXPOSITIO 

Chaque  peuple  a,  pourrait-on  dire,  sa 
spécialité  horticole.  C’est  ainsi  qu’aucune 
nation  ne  peut  rivaliser  avec  la  France  pour 
l’art  de  tracer  les  jardins,  pour  l’emploi 
raisonné  et  vraiment  artistique  des  végétaux 
dans  l’ornementation  des  parcs,  squares, 
jardins  ou  appartements,  et  pour  la  confec- 
tion des  bouquets.  L’horticulture  française 
est  encore  supérieure  à celle  des  autres  na- 
tions par  ses  légumes,  ses  beaux  et  bons 
fruits,  son  arboriculture  et  ses  Rosiers,  par 
l’étendue  et  la  bonne  direction  de  ses  pépi- 
nières et  aussi  par  la  culture  des  plantes  les 
plus  recherchées  du  public.  Enfin,  on  peut 
dire  qu’en  France  la  presque  totalité  des 
produits  horticoles  (sauf  ceux  des  pépiniè- 
res, les  légumes  et  les  fruits)  est  consommée 
sur  place. 

En  Belgique,  au  contraire,  l’horticulture 
est  une  industrie  d’exportation  qui  donne 
lieu  à des  transactions  commerciales  très- 
, importantes  avec  les  nations  voisines  et  éloi- 
gnées, ce  qui  explique  pourquoi  dans  les 
expositions  belges  on  rencontre  une  si 
grande  quantité  de  produits  nouveaux,  rares 
ou  remarquables  par  leur  dimension. 

La  pensée  d’être  utile  aux  lecteurs  de  la 
Revue  horticole  nous  a engagé  à publier 
les  notes  que  nous  avons  prises  à Gand  lors 
de  sa  dernière  exposition,  en  mars  1873. 
Le  grand  nombre  des  exposants  et  celui  des 
végétaux  présentés  nous  servira  d’excuse 
pour  les  oublis  que  nous  pourrons  faire.  En 
effet,  plus  de  deux  cents  personnes  ont  ap- 
porté à cette  exposition  environ  six  mille 
végétaux  divers. 


— graines  peu  nombreuses,  mûrissant  fin 
juillet,  à testa  uni,  luisant,  résistant,  non 
osseux,  coriace,  cartilagineux,  d’un  noir  un 
peu  grisâtre,  grosses,  subsphériques,  rap- 
pelant assez  exactement  par  la  forme,  l’as- 
pect et  les  dimensions,  les  graines  de  Kœl- 
reuteria  paniculata  qui , du  reste  , de 
même  que  le  Xanihoceras,  fait  partie  des 
Sapindacées. 

Bien  que  nous  ne  puissions  rien  affirmer 
sur  la  nature  des  graines  du  Xanthoceras, 
l’examen  que  nous  avons  pu  en  faire  semble 
démontrer  qu’on  devra  les  semer  peu  de 
temps  après  leur  maturité,  mais  à froid 
sous  des  châssis,  comme  si  on  les  mettait  en 
stratification,  si  l’on  désire  avoir  une  bonne 
germination. 

E.-A.  Carrière. 

[ D’HORTICULTURE  DE  GAND 

D’abord,  comme  aperçu  général  nous  di- 
rons que  la  grande  salle  du  Casino  (sorte  de 
jardin  d’hiver)  avait  été  convertie  en  jardin 
paysager  ; les  massifs  du  pourtour  étaient 
occupés  par  de  beaux  Palmiers  (les  Phœ~ 
nicophorium  Sechellesense  (1),  Pritchar-^ 
dia  Gaudichaudea,  Cocos  Weddelliana 
ou  Glaziova  elegantissima,  Pritchardia 
Martiana,  Arenga  saccharifera,  étaient  les 
plus  remarqués);  des  Cycadées  [Cycas 
Armstrongca^  Ceratozamia  Kusterea,  Ce- 
ratozamia  metallica,  Microcycas  calo- 
coma^  Stangeria  schizodon  eiparadoxa^ 
Zamia  Porowskiea,  Roezlea,  Vroomea, 
Cycadæ folia,  spiralis,  villosa,  vernicosa, 
étaient  les  plus  rares);  d’énormes  Fougères 
arborescentes  (Todea  harhara,  Dicksonia 
chrysostricha , Cyathea  Reirichea , C. 
dealhata,  C.  princeps,  C.  medullaris,  Ci- 
hotium  spectahile,  Angiopteris  Rrongniar- 
tea  étaient  les  plus  belles)  ; de  superbes 
Protéacées  [Driandra  armata,  touffe  de 

50  de  diamètre)  ; des  Aroïdées  [Anthu- 
rium peltatum,  A.  hyhridum,  Philoden- 
drum  sanguineum,  Potos  crassinerva, 
Atithurium  crinipes,  attiraient  surtout  les 
regards  des  amateurs);  de  beaux  Camellias, 
des  Phormium  tenax  foliis  variegatis 
ayant  250  à 300  feuilles  de  2 à 3 mètres  de 
longueur  et  toutes  régulièrement  panachées  ; 
enfin  une  foule  de  plantes  remarquables  par 
le  choix  des  'espèces  ou  variétés,  par  leur 

(\)  Nous  déclinons  toute  responsabilité  relative- 
ment à la  manière  d’orthographier  les  noms;  elle 
retombe  tout  entière  sur  l'auteur  de  l’article. 

(Rédaction.) 


450 


SOUVENIRS  DE  L’EXPOSITION  D’HORTIGULTURE  DE  GAND. 


bonne  culture  et  par  la  dimension  des  su- 
jets, parmi  lesquelles  nous  citerons  : Arto- 
‘Carpiis  hresiliensis,  Rhododendrum  de 
THimalaya,  Azalea  mollis  (un  des  produits 
les  plus  remarquables  de  cette  exposition). 
Yucca  Roezleay  Strelitzia  rutilans^  pu- 
mila,  régime,  etc.  Le  massif  du  centre, 
composé  d’Azalées  de  l’Inde,  extraordinaires 
comme  lloribondité,  forme,  richesse  et  fran 
cheur  de  coloris  (quelques  sujets  m.esuraient 
2 mètres  de  diamètre),  était  bordé  par  une 
collection  de  Sélaginelles  et  par  des  Tro- 
peolum  hicolor  palissés  sur  des  sphères  en 
fil  de  fer.  Les  quatre  autres  massifs  de  ce 
jardin  étaient  garnis  avec  des  lots  d’Azalées 
de  l’Inde,  des  Camellia  (beaux  et  généra- 
lement forts),  des  Fougères  arborescentes, 
de  nombreuses  Cycadées,  des  Dracœna 
nouveaux  ou  remarquables  par  leur  bonne 
culture,  enfin  par  une  quantité  considérable 
de  plantes  variées  en  forts  exemplaires,  parmi 
lesquelles  nous  mentionnerons  comme  les 
plus  remarquables  les  espèces  suivantes  : 
Adenandra  fragrans  avec  ses  jolies  fleurs 
roses;  Eriostemum  pulchellum,  liniifo- 
lium,  neriifolium  et  myoporoides  ; Epa- 
cris  nivalis,  dentiflora,  pulchella,  im- 
pressa  et  pungens  ; Diosma  alha;  Polygala 
oppositifolia  ; Geyiista  ramosa  ; Genithyl- 
Us  fuchsioides  ; Dracœna  : à feuilles 

îancéolées-elliptiques  : D,  jaspidea,  pé- 
tiole brun  pruineux  bordé  de  brun  foncé; 
limbe  vert  marqué  transversalement  de 
petites  raies  jaunes;  D.  metallica,  pétiole 
et  limbe  noirâtre;  D.  Moorea,  pétiole  et 
limbe  rouge  à reflet  métallique  ; D.  Chelso- 
nea;  D.  Youngea  ; D.  gloriosa  et  Shepher- 
dea  (ces  quatre  derniers  nouveaux). 
2o  Feuilles  ovales-elliptiques  : D.  splen- 
dens  ; D.  regina,  pétiole  et  limbe  vert  bordé 
et  marginé  de  blanc  jaunâtre.  3«  Feuilles 
linéaires  : D.  lutescens  et  lutescens  striata  ; 
D.  lentiginosa,  variété  à feuilles  brunes  du 
D.  indivisa  ; D.  grandis,  vert  brillant  lé- 
gèrement bordé  de  blanc.  Ajoutons  que 
pour  rendre  l’.effet  plus  grandiose  et  plus 
saisissant,  les  organisateurs  avaienffait  pla- 
cer, çà  et  là,  dans  ces  massifs  et  dominant 
les  autres  végétaux,  de  très-forts  exem- 
plaires de  Cïbotium  regale,  Balantium 
untarcticuyn  ; Cycas  circmalis  etrevoluta ; 
Zamia  Altensteinea ; Encephalartos  caf- 
fra  ; Zamia  villosa  ; Ahophila  australis  ; 
Latania  horhonensis  (avec  40  feuilles)  ; Ca- 
mellia fimhriata  et  retieulata  (très-belles 
pyramides)  ; de  magnifiques  exemplaires  de 
Teopkrasta  macrophylla;  Curatella  [Theo- 
pl trusta]  imperialis,  etc.,  etc. 


Montons  au  premier  étage  du  Casino  : là, 
deux  salles  étaient  affectées  à l’exposition 
des  végétaux,  tandis  qu’une  troisième  était 
réservée  aux  objets  scientifiques  tels  qu’ou- 
vragés de  librairie,  de  physique,  parmi  les- 
quels des  thermomètres  avertisseurs  Le- 
maire (instrument  qui  mérite  d’ètre  recom- 
mandé), etc.,  etc. 

Au  centre  de  la  première  salle  et  sur  une 
grande  tahle  ovale  une  riche  collection  de 
Pandanées  : Pandanus  cuspidatus,  Hort.,  à 
feuilles  longues,  à bords  portant  des  épines 
brunes  et  colorées  de  vert  lavé  de  brun  vers 
la  base  ; P.  ornatus,  Hort.,  feuilles  larges, 
flexueuses,’épines  blanchâtres,  vert  brillant  ; 
P.  caricosus,  Rumph.,  feuilles  longues  et 
vertes,  épines  petites  et  blanchâtres;  P.  gra- 
mineus  {Freycinetia),  Hort., feuilles  étroi- 
tes, vert  foncé  ; P.  pigmœus,  Petit-Thouars, 
feuilles  très-canaliculées  vert  maculé  de 
jaunâtre;  P.  reflexus,  Loddiges,  feuilles 
très-longues,  retombantes,  à épines  courtes 
et  blanchâtres  ; P.  farinosus,  Linden,  va- 
riété de  P.  utilis  à feuilles  étroites  à la  base 
et  farineuses  ; P.  Javanensis,  Hort.,  à feuilles 
panachées  ; P.  Veitcheus,  Veitch,  égale- 
ment à feuilles  panachées,  mais  dépourvues 
d’épines  ;|P.  amaryllidifolius,  Roxhurgh, 
feuilles  petites,  minces,  vertes.  Cette  collec- 
tion était  entourée  par  des  centaines  à' Ama- 
ryllis, dont  les  fleurs  éblouissaient  la  vue  par 
la  richesse  et  la  fraîcheur  de  leurs  coloris 
[Bijou  des  dames,  particulièrement,  avec  ses 
grandes  fleurs  rouges  rayées  de  blanc  pur, 
contrastait  avec  Reine  des  Belges,  à fleurs 
fond  blanc  teinté  de  rose  carminé)  ; puis  des 
Caladium  bulbeux  et  des  Cyclamen  variés. 
Sur  d’autres  tables,  longeant  la  muraille, 
étaient  placés  des  bouquets  généralement 
compacts,  des  légumes  et  des  fruits  forcés 
(Asperges,  Fraises,  Ananas,  Raisins)  ou 
conservés  (Poires,  Pommes  et  Pommes  de 
terre),  des  collections  de  Jacinthes  en  pots 
et  sur  carafes  (choix  des  variétés  et  culture 
remarquables),  quelques  Lilium,  de  magni- 
fiques Cyclamen  (surtout  bien  cultivés), 
enfin  de  très-belles  variétés  de  Gymno- 
gramma  aux  feuilles  longues,  élégantes  et 
revêtues  d’une  véritable  mine  d’or  ou  d’ar- 
gent. Au  fond  de  cette  salle  on  admirait  des 
massifs  de  belles  et  fortes  touffes  de  Ma- 
ranta  Lindenea,  vittata,  fasciata,  Wa- 
gnerea,  roseo-picta,  coreif olia  • de  Curcu- 
ligo  recurvata  foliis  variegatis,  Pandanus 
utilis  foliis  variegatis,  avec  leurs  feuilles 
panachées  de  jaunâtre;  Musa  vittata,  avec 
sa  belle  panachure  blanche  ; Ficus  Wend- 
landea,  à grandes  feuilles  cordiformes. 


QUESNELIA  RUFA. 


451 


vert  brillant  et  à nervures  blanches  ; Philo- 
dendrum  parimense  à pétiole  rougeâtre, 
Ph.  Payeuse,  concurrent  du  Ph.  Lin- 
deneum  ; des  Alocasia,  des  Croton,  des 
Dieffenhachia  variés,  etc.,  etc. 

Dans  la  seconde  salle,  une  table  placée  le 
long  du  mur  était  garnie  par  de  très-beaux 
exemplaires  de  Leptopteris  superha,  la  plus 
jolie  desFougères;d’Adianium  Farlayense, 
dont  les  feuilles  élégantes  couvraient  un 
métré  carré  ; de  beaux  lots  de  Broméliacées, 
d’Aroïdées  variées,  de  Caladium  bulbeux, 
de  Musa  variés,  de  plantes  et  arbres  frui- 
tiers et  utiles  des  tropiques,  de  Maranta, 
de  Nepenthes,  d'Anœctochilus,  d' Orchi- 
dées, de  Palmiers,  de  Bégonia,  parmi  les- 
quels nous  citons  le  B.  reginœ  Sophia 
comme  très-remarquable  par  la  panachure 
rose  et  blanche  de  ses  feuilles  d’un  beau 
vert  foncé  ; enfin,  toutes  les  plantes  rares  ou 
nouvelles  de  serre  dont  on  trouvera  la  liste 
à la  fin  de  cet  aperçu  général. 

Dans  le  jardin  du  Casino,  de  nombreux 
lots  de  Conifères  en  collection.  Les  sujets 
étant  presque  tous  très-gros,  les  amateurs 
pouvaient  facilement  se  rendre  un  compte 
exact  de  l’aspect  que  doit  produire,  à son 
entier  développement,  chaque  espèce  ou  va- 
riété. Il  y avait  aussi  des  lots  de  Lierres, 
dAucuha  nombreux  en  espèces  et  variétés, 
des  Myrtes,  des  Lauriers-Tins,  Lauriers 
d’Apollon  [Laurus  nohilis]  énormes,  élevés, 
à tige  de  2 mètres  environ  et  taillés  en 
boule  (ces  arbustes  remplacent  les  Orangers 
dans  le  nord))  ; de  beaux  Houx  en  collec- 
tion, de  magnifiques  pyramides  de  Buis  ; 
enfin  une  très-grande  quantité  d’instruments 
et  d’objets  concernant  l’horticulture,  tels 
que  bancs,  chaises,  kiosques,  poterie,  appa- 
reils de  chauffage  et  d’arrosage,  tondeuse 
de  gazon  ; puis  divers  spécimens  de  serre 
où  on  avait  exposé  des  Pélargonium,  Ges- 
nériacées,  Azalea  et  Bhododendrum  nou- 
veaux. Dans  une  annexe,  vaste  construction 
élevée  pour  la  circonstance,  on  trouvait  les 
nouvelles  variétés  d’Azalées  de  l’Inde,  des 
collections,  peu  nombreuses,  de  Bhododen- 
drum, \diYÏéiés  anciennes  et  nouvelles,  de 


très-beaux  lots  d’arbustes  bien  cultivés,  tels 
que  Mimosa  Drummondea,  avec  ses  belles 
grappes  de  fleurs  jaunes;  M.  ovata,  couvert 
de  ses  houppes  de  même  couleur;  M.  penta- 
denia,  remarquable  par  son  feuillage  ; 
M.falcata,  lanata,  etc.,  en  touffes  de  2 à 
3 mètres  de  hauteur  et  autant  de  circonfé- 
rence ; des  Genista  racemosa  de  môme 
dimension  et  également  couverts  de  fleurs; 
Diosma  capitata,  jolies  boules  de  fleurs 
roses  d’un  mètre  de  diamètre  ; Littosper- 
mum  fruticosum,  très-jolie  plante  que  nous 
recommandons  tout  spécialement;  celles 
qu’on  voyait  là  étaient  élevées  à lige  de 
30  centimètres  de  haut  et  ressemblaient  à 
des  Myoporum,  sauf  les  fleurs  qui  sont 
d’un  beau  bleu;  des  collections  très- remar- 
quables dAgave,  d'Aloe  [A.  roseo  cincta, 
feuilles  de  25  centimètres  de  long,  vertesbor- 
dées  de  rose),  d' Echeveria,  de  Bo7iapar- 
tea,  de  Dasylirium,  de  Yucca  (Y.  Smetea, 
à feuilles  bronzées  ; Y.  funifera,  à feuilles 
dressées  de  1 mètre  de  long  ; Y.  lûtes - 
cens,  Carr.  ; Y.  recurvifolia,  à feuilles  re- 
tombantes, etc.),  de  Fougères  et  de  Pal- 
miers de  serre  tempérée  et  de  plein  air 
(Neptopteris  australica,  bel  exemplaire, 
feuilles  de  plus  de  1 mètre  de  longueur  sur 
20  centimètres  de  largeur  ; Cocos  Bonnetea, 
Livistona  fdamentosa , Juhea  spëctahilis, 
Chamœrops  nivea,  à feuilles  blanches  en 
dessous,  etc.)  ; des  Phormium  [P.  tenax 
tricolor,  peu  distinct) , P.  tenax  fol.  var. , 
P.  tenax  Veitcheum , P.  atropurpureum , 
P.  Colensoi  fol.  var.,  P.  Cookeumfol.  var.  ; 
enfin  deux  variétés  de  circonstance,  P. 
hrevifolium  elegans  et  P.  latifolium  aureo 
striatum]  ; de  très-beaux  Camellia  ; des 
Dracœna,  Cineraria,  P ce  onia  ; des  Acer 
palmatum  [ornatum,  à feuilles  très-décou- 
pées ; crispum,  feuilles  roulées  ; atropur- 
pureum, feuilles  bronzées  ; sanguineum, 
feuilles  rougeâtres  ; formosum,  feuilles 
vert  tendre)  ; enfin  une  très-grande  quan- 
tité de  lots  de  Conifères  nouveaux,  surtout 
des  Araucaria  et  des  Dammara,  etc. 

Rafarin. 

(La  suite  prochainement.) 


QUESNELIÀ  RUFA 


Malgré  toutes  les  recherches  que  nous 
avons  faites,  nous  n’avons  pu  découvrir  où  a 
été  publié  le  genre  Quesnelia,  ni  qui  a créé 
l’espèce, dont  nous  donnons  une  figure  ci- 
contre.  Quelques  personnes  nous  ont  dit 
qu’il  avait  été  établi  par  M.  Adolphe  Bron- 


gniart;  d’autres  nous  ont  assuré  qu’il  l’avait 
été  par  feu  Gaudichaud.  D’où  l’on  pourra 
conclure  que  c’est  un  de  ces  baptêmes  clan- 
destins comme  il  y en  a malheureusement 
un  si  grand  nombre  en  botanique,  et  dont 
le  parrain  a mis  l’acte  de  baptême  dans  ses 


452 


.lACINTHES  DE  SEMIS. 


cartons,  ce  qui  est  à peu  près  comme  si 
cet  acte  n’existait  pas.  C’est  même  plus  pré- 
judiciable à la  science,  car  ignorant  le  fait, 
on  est  autorisé  à donner  un  nom  qui  plus 
tard  détermine  des  synomynies,  toujours 
nuisibles  par  les  confusions  auxquelles  elles 
donnent  lieu.  Pour  le  cas  qui  nous  occupe, 
cette  absence  de  qualificatif,  de  baptistère, 
pourrait-on  dire,  explique  l’embarras  où 
nous  étions  pour  orthographier  le  nom  ; 
nous  avons  dû  pour  cela  recourir  aux  cata- 
logues, sur  lesquels  ayant  trouvé  écrit  Qiie- 
nelia,  Queneslia  et  Quesnelia  (1),  nous 
avons  pris  le  premier.  Nous  n’avons  pas  été 
plus  heureux  en  ce  qui  concerne  l’espèce  : 
qui  donc  a établi  celle-ci? 

Quoi  qu’il  en  soit,  voici,  autant  que  nous 
pouvons  le  croire,  comment  la  synomynie 
doit  être  établie  : Quesnelia  rufa,  Gau- 
dichaud  ? Bilhergia  Quesneliana,  Ad. 
Brongn.  Agalostachys  commeliana,  Hort. 
Cette  espèce,  qui  paraît  être  originaire  de  la 
Guyane,  d’où  elle  fut  envoyée  par  M.  Me- 
linon,  en  1844,  présente  les  caractères  sui- 
vants : 

Plante  caulescente,  atteignant  jusqu’à 
2 mètres  de  hauteur,  ayant  le  port  ou  faciès 
d’un  Bromelia  ou  plutôt  intermédiaire  en- 

JACINTHES 

Dans  la  préface  de  son  excellent  Traité 
sur  les  Jacinthes,  publié  en  l’année  1752,  le 
célèbre  jardinier  hollandais  Georges  Voor- 
kelm  dit  à la  page  12  : a II  ne  me  reste  à 
« présent  qu’à  encourager  les  amateurs 
((  étrangers,  que  je  prie  de  cultiver  la  Ja- 
« cinthe,  et  s’ils  veulent  être  aussi  patients 
« que  les  Hollandais,  qu’il  s prennent  la  voie 
« des  semis,  et  au  bout  de  quelques  an- 
((  nées  ils  iront  de  pair  avec  eux  ; quelque 
((  difficile  que  paraisse  la  réussite,  on  verra 
« bientôt  toutes  les  nations  en  état  de  se 
((  fournir  réciproquement  de  belles  fleurs. 

« Je  ne  crains  pas  de  le  dire,  il  est  honteux 
((  pour  les  Européens  de  ne  point  seconder 
« les  Hollandais  dans  un  travail,  tel  que 
« celui  de  connaître  tous  les  mystères  de  la 
((  nature  par  rapport  à la  Jacinthe. 

((  Je  finis  en  souhaitant  qu’il  se  trouve 
« encore  quelque  amateur  dont  les  con- 

(i)  Nous  avons  appris,  malheureusement  trop 
tard,  c’est-à-dire  après  que  la  planche  était  tirée, 
que  cette  espèce  a été  dédiée  à feu  M.  Ed.  Quesnel, 
grand  négociant  et  amateur  de  plantes,  au  Hâvre. 
C’est  donc  Quesnelia  qu’il  faut  écrire.  Nous  prions 
nos  lecteurs  de  vouloir  bien  faire  cette  rectification 
au  bas  de  la  figure. 


tre  ce  genre  et  les  Bilhergia.  Feuilles  pro- 
fondément canaliculées,  très-finement  den- 
tées, atteignant  80  centimètres  à I mètre  de 
longueur,  d’un  vert  pâle  glaucescent,  éta- 
lées, légèrement  révol utées.  Inflorescence  j 
termino-centrale  d’environ  20  centimètres 
de  longueur;  bractées  florales  d’un  rose 
cerise  très-vif  et  comme  chatoyant,  à bords 
très-amincis,  blanchâtres, comme  farinacés, 
très- légèrement  érosés,  portant  à leur  ais- 
selle des  fleurs  bleu  violacé,  incluses  ou  at- 
teignant à peine  le  sommet  des  bractées. 

Nous  ne  savons  sur  quoi  reposent  les  ca- 
ractères à l’aide  desquels  on  a créé  le  genre 
Quesnelia,  qui  doivent  être  au  moins  très- 
légers  ; nous  ne  voyons  pas  en  quoi  la  plante 
dont  nous  parlons  diffère  des  Bilhergia. 

La  culture  et  la  multiplication  du  Ques- 
nelia rufa  sont  absolument  semblables  à 
celles  des  autres  Broméliacées  : serre  chaude 
plutôt  humide  que  sèche;  terre  de  bruyère 
à laquelle  on  peut  ajouter  de  la  terre  fran- 
che siliceuse;  arrosements  fréquents.  Quant 
à la  multiplication,  on  la  fait  à l’aide  des 
bourgeons  qui  se  développent  au  pied  des 
plantes  adultes,  et  qui  s’enracinent  très -fa- 
cilement. 

E.-A.  Carrière. 

DE  SEMIS 

a naissances  soient  plus  grandes  que  les 
((  miennes,  et  s’il  en  est  un,  je  le  prie,  pour 
((  les  vrais  curieux  et  pour  moi,  de  mettre 
« la  main  à la  plume.  )) 

Sans  avoir  la  prétention  de  croire  que 
nous  sommes  celui  que  souhaitait  Georges 
Voorkelm,  nous  croyons  cependant  être  le 
seul  qui,  en  France,  ait  semé  des  graines  de 
Jacinthes  sur  une  très-grande  échelle.  Pen- 
dant plusieurs  années,  nous  nous  sommes 
livré  à des  semis  successifs,  dont  le  nombre 
des  graines  a quelquefois  dépassé  cent  mille, 
et  si  notre  exemple  eût  été  généralement 
suivi,  la  France  ne  serait  plus  aujourd’hui 
— excepté  pour  les  échanges  — tributaire 
de  la  Hollande,  pour  des  sommes  assez  con- 
sidérables, qui  feraient  vivre  chaque  année 
dans  une  honnête  aisance  des  centaines  de 
familles  françaises;  en  même  temps,  nos 
habiles  horticulteurs,  s’ils  s’étaient  adonnés 
à cette  intéressante  culture,  l’auraient  fait 
progresser,  et  ils  en  auraient  obtenu  des  bé- 
néfices considérables,  ainsi  que  certains  l’ont 
fait  pour  le  beau  genre  Gladiolus,  qu’ils  ont 
su  perfectionner  par  la  voie  des  semis  et  qui 
est  devenu  parce  fait  une  plante  éminemment 


Queue  h a ruQà  . 


G:  ô'GVeue^ns . 


Rerue  Hoi'f leo/e  . 


^oc7'eiiJcy.  deZ . 


JACINTHES 

nationale  et  toute  française.  Nous  regret- 
tons donc  que  leurs  'vues  ne  se  soient  pas 
portées  vers  la  Jacinthe;  mais  néanmoins  nous 
conservons  l’espoir  qu’un  jour  viendra  où 
cette  culture  sera  reprise  avec  tout  l’élan 
qu’elle'  mérite;  ce  qui  nous  le  fait  croire, 
c’est  que  la  Jacinthe,  par  la  vivacité  de  son 
coloris,  par  sa  grâce  et  l’élégance  de'  ses 
fleurs,  et  enfin  par  son  odeur  suave  et 
agréable,  est  encore  de  nos  jours  l’objet 
d’une  culture  particulière  ; que  pendant 
l’hiver  elle  fait  les  délices  de  l’ouvrière  qui 
n’a  que  quelques  centimes  à dépenser  pour 
son  plaisir,  et  c’est  toujours  pour  acheter 
un  oignon  de  Jacinthe,  auquel  elle  donne  la 
préférence,  ce  qui  n’empêche  que  cette 
plante  orne  les  salons  et  les  appartements 
les  plus  somptueux.  Ajoutons  que  pas  une 
fête  ne  serait  belle  et  complète,  si  pendant 
les  mauvais  jours  de  l’hiver  on  n’y  rencon- 
trait une  certaine  quantité  de  Jacinthes 
de  tous  les  coloris,  aux  nuances  délicates 
et  les  plus  variées.  Cette  charmante  plante 
s’accommode  de  tout  : elle  vient  dans  la 
terre,  dans  la  mousse  humide,  et  elle  réussit 
admirablement  cultivée  dans  l’eau  sur  des 
carafes  en  verre,  ou  sur  d’autres  vases  en 
porcelaine  ; elle  s’accommode  très -bien 
aussi  de  la  culture  forcée,  et  on  la  voit  éga- 
lement prospérer  en  pleine  terre,  à l’air 
libre.  Ce  sont  donc  tous  ces  avantages  in- 
contestables qui  nous  font  croire  à un  retour 
prochain  de  la  culture  en  grand  des  Jacin- 
thes dans  notre  pays. 

Quand  l’heure  aura  sonné,  — et  nous  la 
croyons  proche,  — tout  le  monde  voudra 
semer  des  Jacinthes,  créer  ou  en  posséder 
une  collection  qui  lui  soit  personnelle,  ce 
qui  nous  semble  facile  à faire.  En  effet, 
lorsque  chaque  amateur  sera  pourvu  d’une 
quantité  suffisante  de  graines,  il  pourra  ob- 
tenir de  nouvelles  variétés  plus  ou  moins 
belles,  plus  ou  moins  remarquables,  puis, 
au  moyen  des  échanges  qu’il  pourra  faire, 
il  verra  sa  collection  aller  constamment  en 
augmentant;  il  en  est  ainsi  du  reste  de  toutes 
les  collections  acquises  par  les  semis,  ou  au 
moyen  d’argent  pour  ceux  qui  sont  pressés 
de  jouir.  En  suivant  exactement  les  procédés 
que  nous  allons  indiquer,  chacun  pourra  se 
faire  une  collection  de  Jacinthes  inédites, 
qui  sera  augmentée  tous  les  ans  de  gains 
nouveaux,  ce  qui  permettra  d’en  retrancher 
aussi  les  moins  belles  et  les  moins  méri- 
tantes, car  en  fait  de  Jacinthes  il  n’y  a pas 
de  vilaines  fleurs:  toutes  sont  jolies;  nous 
en  avons  eu  en  fleurs  simultanément  plus 
de  cent  mille,  et  nous  pouvons  affirmer 


DE  SEMIS.  453 

qu’aucune  n’était  laide,  comme  cela  arrive 
souvent  dans  d’autres  genres. 

C’est  en  1837  que  nous  avons  annoncé 
pour  la  première  fois  à la  Société  royale 
d’horticulture  de  Paris  la  possibilité  de  cul- 
tiver avec  succès  la  Jacinthe  de  Hollande 
sous  le  climat  de  Paris;  quelques  collègues 
doutèrent  de  notre  assertion  ; d’autres  au 
contraire  appuyaient  notre  dire.  Dans  plu- 
sieurs notes  subséquentes  nous  avons  donné 
à cette  Société  la  preuve  de  ce  que  nous 
avancions.  Mais  en  1852,  nous  résolûmes  de 
faire  mieux  ; nous  avons  semé  tout  d’abord 
une  certaine  quantité  de  graines  qui  nous 
donnèrent  sept  ou  huit  ans  après  des  plantes 
aussi  belles  que  celles  que  nous  recevions 
de  la  Hollande.  Encouragé  par  ce  premier 
succès,  nous  continuâmes  nos  semis  durant 
une  période  de  dix  années,  convaincu  que 
nous  étions  — et  nous  ne  nous  sommes  pas 
trompé  — que  chaque  année  de  semis  nous 
donnerait  de  nouvelles  variétés  de  Jacinthes. 
En  1862,  nous  avons  demandé  à la  Société 
impériale  d’horticulture  la  nomination  de 
commissaires  pour  venir  sur  les  lieux 
examiner  la  floraison  de  nos  Jacinthes  : elle 
devait  fonctionner  pendant  cinq  années  con- 
sécutives, et  elle  avait  pour  but  de  suivre 
nos  semis,  de  les  étudier  jusqu’à  ce  qu’ils 
portent  fleurs.  Cette  commission  fut  nommée, 
et  elle  était  composée  de  : MM.  Rouillard, 
Ryfkogel  et  Jacquin  aîné,  tous  bons  con- 
naisseurs et  cultivateurs  de  Jacinthes.  Rs 
sont  effectivement  venus  sur  les  lieux,  où 
nous  avons  marqué  environ  550  Jacinthes 
capables  de  faire  partie  d’une  collection, 
dont  53  étaient  vraiment  hors  ligne.  Un 
rapport  fait  par  M.  Rouillard  fut  lu  en 
séance  publique,  et  approuvé  par  les  mem- 
bres présents,  qui  en  demandèrent  l’insertion 
dans  les  Annales  de  cette  Société;  il  fut 
renvoyé  au  comité  de  rédaction.  Nous  re- 
grettons que  ce  comité  — dans  l’intérêt  des 
amateurs  de  Jacinthes,  n’en  ait  pas  autorisé 
l’insertion,  ce  que  voyant,  l’année  suivante, 
lorsque  Rouillard  nous  écrivit  pour  être  fixé 
sur  le  moment  de  la  floraison,  nous  lui  ré- 
pondîmes que  s’il  voulait  faire  le  voyage  en 
son  nom  personnel,  nous  étions  prêt  à le 
recevoir,  mais  non  en  qualité  de  commis- 
saire, la  Société  n’ayant  pas  cru  devoir  insérer 
son  rapport  dans  son  bulletin  mensuel. 
Rouillard  nous  donna  raison , et  les  choses 
en  restèrent  là.  Depuis  cette  époque,  la 
question  des  Jacinthes  ne  fit  pas  de  progrès, 
et  nous  en  avons  été  profondément  affligé, 
car  il  nous  semblait  qu’elle  méritait  la  peine 
d’être  approfondie  par  la  Société  impériale 


454 


JACINTHES  DE  SEMIS. 


d’horticulture;  dès  lors  nous  avons  cessé 
nos  semis,  pour  nous  restreindre  de  temps  à 
autre  à semer  des  graines  de  Jacinthes  dans 
de  petites  proportions,  que  nous  exécutons  en 
pleine  terre,  en  pots  ou  en  terrines,  selon 
le  nombre.  Voici  par  ordre  de  date  ceux  qui 
nous  ont  donné  de  belles  plantes  : 

d852.  Nous  avons  semé  en  mélange  les 
graines  de  Jacinthes  roses  et  rouges,  et 
également  en  mélange  les  bleues  de  toutes 
les  couleurs,  jusqu’à  la  Jacinthe  la  plus 
noire. 

i85S.  Rose  foncé,  562  graines  ; rose  pâle, 
764  graines  ; couleur  de  chair,  364;  rouges, 
93;  violet  foncé,  295  ; violet,  441;  passe- 
tout  bleu  de  Paris,  21  ; blanche  de  Hol- 
lande, 25;  blanc  rosé,  19;  jaunes,  366. 
Total  : 2,048  graines. 

1854.  Blanche  striée,  58  graines;  blanche 
à godet  rose,  45  ; passe-tout  bleu,  42  ; passe- 
tout  blanc,  63  ; bouquet  tendre,  beau  rouge, 
semi-double,  147;  rose  tendre,  86;  rouge, 
203;  rouge  foncé,  220;  violet,  275;  blanc 
pur,  278;  jaunes  variées,  526;  couleur  de 
chair,  322;  beau  rouge,  305;  violet  foncé,  306; 
rose  tendre,  486  ; enfin  un  lot  de  toutes  cou- 
leurs et  de  toutes  sortes,  378.  Total  : 3,140 
graines. 

1855.  Nous  avons  semé  cette  année  un 
certain  nombre  de  graines  qui  n’ont  été  ni 
comptées,  ni  semées  par  couleurs  séparées, 
le  temps  nous  ayant  manqué  pour  le  faire 
avec  le  même  soin  que  précédemment. 

Les  trois  premiers  semis  sont  restés  en 
terre  sans  avoir  été  déplacés  jusqu’en  1858, 
et  ce  sont  ceux  provenant  d(‘s  années  1853 
et  1854  qui  nous  ont  donné  les  plus  belles 
variétés.  1852  et  1855  ont  produit  des  Ja- 
cinthes dont  les  fleurs  étaient  en  masse  de 
beaucoup  inférieures,  quant  au  nombre  des 
belles  variétés,  à celles  obtenues  des  semis 
de  1853-1854;  cependant  les  semences  furent 
récoltées  sur  les  mêmes  plantes,  qui  toutes 
étaient  de  premier  choix,  ce  qui  donne 
raison  à un  vieux  dicton  populaire,  « que  les 
années  se  suivent  et  ne  se  ressemblent  pas,  » 
et  qui  confirme  notre  opinion  sur  les  semis, 
que  nous  conseillons  de  faire  tous  les  ans. 
Mais  passons. 

i858.  Semé  en  mélange  de  toutes  cou- 
leurs 22,000  graines  de  Jacinthes  récoltées 
sur  nos  plus  belles  variétés. 

■1850.  Semé  également  en  mélange  de 
toutes  couleurs  43,952  graines  de  Jacinthes 
récoltées  comme  les  précédentes. 

1800.  Semé  en  mélange  des  plus  belles 
variétés  33,700  graines,  récoltées  sur  nos 
Jacinthes  provenant  des  semis  des  années 


1853  et  1854;  en  mélange  de  jaunes,  39,092; 
en  Jacinthes  bleues  emicus  et  autres,  13,915 
graines  ; passe-tout  blanc,  258  graines  ; se- 
mences qui  m’ont  été  fournies  par  M.  Mar- 
tin, amateur  à Sceaux,  48  graines  très- 
belles  et  plus  fortes  que  les  nôtres  ; Jacin- 
thes des  bois  à fleurs  bleues,  15  graines; 
semences  de  Jacinthes  récoltées  en  Hollande 
et  envoyées  par  M.  Roozen,  370  graines. 
Ensemble  81,398. 

1861.  Le  temps  ne  nous  ayant  pas  permis, 
lors  de  la  maturité  des  semences,  d’en  faire 
la  récolte,  nous  n’en  avons  pas  semé. 

1862.  Semé  en  mélange  2,448  graines 
récoltées  sur  les  plus  belles,  marquées  par 
les  commissaires  de  la  Société  d’horticulture; 
un  autre  lot  de  3,120  graines  ; semé  en  outre 
3,300  graines  ; passe-tout  blanc,  10  graines  ; 
Jacinthe  romaine,  8 graines.  En  tout 8,886. 

Depuis  cette  époque,  sans  avoir  cessé  com- 
plètement nos  grands  semis  de  Jacinthes,  nous 
n’en  semons  chaque  année  que  dans  de  très- 
petites  proportions,  pour  plusieurs  raisons 
que  voici  : la  première,  c’est  que  nous  avons, 
il  nous  semble,  suffisamment  prouvé  aux 
amateurs  et  aux  horticulteurs  que  la  culture 
de  la  Jacinthe  était  possible  en  France,  et 
que  par  les  semis  on  pouvait  obtenir  d’aussi 
belles  plantes  qu’en  Hollande;  nous  en 
avons  eu  la  preuve,  Rouillard  et  moi,  lorsque 
nous  étions  membres  du  jury  pour  les  Ja- 
cinthes à l’exposition  du  Champ-de-Mars, 
en  1869,  où  nous  avons  pu  voir  en  fleurs 
les  plus  belles  Jacinthes  de-  Hollande,  ce 
pays  si  favorisé  pour  cette  culture.  Eh  bien, 
sans  aucun  amour-propre,  nous  n’hésitons 
pas  à dire  qu’elles  n’étaient  pas  supérieures 
aux  nôtres. 

Choix  et  récolte  des  graines.  — Lorsque 
les  Jacinthes  sont  en  pleines  fleurs,  nous  re- 
commandons aux  amateurs  qui  veulent 
semer  de  marquer  les  plus  belles  plantes 
avec  des  petits  piquets,  pour  être  sûr  de  ne 
récolter  leurs  graines  que  sur  des  Jacinthes 
de  choix  ; si  les  plantes  ne  sont  pas  catalo- 
guées, on  fera  sur  chaque  tuteur  un  ou 
plusieurs  crans  ou  coches,  de  manière  à 
pouvoir  distinguer  la  couleur  lorsqu’on  les 
récoltera,  afin  de  pouvoir  les  semer  par 
nuances  séparées,  et  on  en  prendra  note  sur 
des  listes  à cet  effet. 

Selon  que  l’année  est  plus  ou  moins  pré- 
coce, on  récolte  les  graines  de  Jacinthes  dans 
la  dernière  quinzaine  de  mai  ou  dans  la 
première  quinzaine  de  juin.  Nous  recom- 
manderons encore  aux  amateurs  de  bien  les 
surveiller,  car  d’un  jour  à l’autre  les  cap- 
sules s’ouvrent  et  laissent  tomber  à terre 


455 


LÉGUMES  NOUVEAUX  MIS  AU  COMMEUCE  AU  PRINTEMPS  DE  1873. 


les  semences  ; il  suffit  d’un  jour  de  pluie 
pour  perdre  la  plus  grande  partie  des  graines. 
On  coupe  les  tiges  en  séparant  les  couleurs; 
on  les  met  à sécher  dans  un  endroit  sain,  à 
l’abri  des  rats,  des  souris  et  des  mulots,  qui 
sont  très-friands  des  graines  de  Jacinthes  ; 
on  les  étendra  sur  des  casiers,  et  environ  un 
mois  après  on  les  extraira  de  leurs  capsules, 
et  on  les  mettra  dans  des  sacs  où  elles  res- 
teront jusqu’au  moment  de  les  semer. 

Epoque  des  semis.  — On  peut  établir  les 
semis  de  Jacinthes  avec  succès  à deux  épo- 
ques différentes  : à l’automne  dans  les  mois 
d’octobre,  de  novembre  et  jusque  dès  les 


premiers  jours  de  décembre  ; au  printemps 
dans  les  mois  de  février  et  de  mars  ; plus 
tard,  les  graines  ne  lèvent  qu’à  l’automne 
suivant.  Les  semis  peuvent  avoir  lieu  en 
planches,  en  plein  air,  ou  en  pots  et  en 
terrines  que  l’on  pourrait  à la  rigueur  laisser 
dehors  pendant  l’hiver,  mais  qu’il  est  plus 
prudent  de  rentrer  dans  l’orangerie,  ou  de 
placer  en  bâches  pour  les  garantir  de  la 
mauvaise  saison.  Nous  avons  employé  tous 
ces  moyens,  et  nous  pouvons  assurer  qu’ils 
nous  ont  toujours  parfaitement  réussi  ; l’es- 
sentiel est  de  les  bien  faire.  Bossin. 

{La  suite  au  prochain  numéro.) 


LÉGUMES  NOUVEAUX 

MIS  AU  COMMERCE  AU  PRINTEMPS  DE  1873 


Chaque  année,  à l’automne,  sortent  des 
pépinières  des  fruits  nouveaux  qui  sont  mis 
pour  la  première  fois  au  commerce.  Natu- 
rellement, les  prix  sont  plus  élevés  que  ceux 
des  variétés  anciennes,  qu’on  a depuis  long- 
temps multipliées  en  grand  nombre  ; et,  gé- 
néralement aussi,  la  description  de  ces  nou- 
velles variétés  ne  laisse  dans  les  catalogues 
rien  à désirer  : la  grosseur  du  fruit,  la  fer- 
tilité et  la  vigueur  de  l’arbre  n’ont  rien  à 
redouter;  si,  de  plus,  on  s’intéresse  à la 
qualité  des  fruits  du  nouvel  individu,  on  y 
trouve  toujours  cette  indication  : « très- 
bonne,  > rarement  «bonne,  » encore  moins 
« assez  bonne,  » et  c<  médiocre,  » jamais. 

Ce  n’est  seulement  que  quelques  années 
plus  tard  qu’on  peut  juger  « l’arbre  à ses 
fruits  » et  apprécier  ceux-ci  à leur  juste  va- 
leur. 

Si  le  fruit  est  réellement  bon  et  l’arbre 
productif,  tant  mieux.  Aussi,  dans  ce  cas, 
il  n’y  a pas  à hésiter  ; il  faut  le  conserver  et 
le  soigner  ; si,  au  contraire,  il  ne  vaut  rien, 
il  faut  sans  perdre  de  temps  changer  la  va- 
riété par  la  greffe,  si  toutefois  la  vigueur  de 
l’arbre  le  permet.  . 

Dans  tous  les  cas,  que  le  fruit  soit  bon 
ou  mauvais,  il  est  impossible  d’en  faire  por- 
ter la  responsabilité  à celui  qui,  la  première 
fois,  l’a  livré  au  commerce,  ignorant  lui- 
même  et  sa  valeur  et  sa  fertilité,  à moins 
toutefois  qu’il  en  soit  l’obtenteur. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  des  fruits,  on 
peut  le  dire  en  grande  partie  des  nouveaux 
légumes  mis  dans  le  commerce  par  les  mar- 
chands grainiers.  Depuis  dix  ans,  nous 
étudions  tout  ce  qui  paraît  chaque  année  en 
légumes  nouveaux,  et  nous  avons  constaté, 


depuis  cette  époque,  qu’il  n’y  avait  guère  que 
le  quart  environ  des  variétés  de  ceux  mis  au 
commerce  qui  soit»  de  première  qualité,  et 
conséquemment  considérés  comme  devant 
être  cultivés  avantageusement,  c’est-à-dire 
sans  mécomptes  comme  sans  déceptions 
Mais  dans  cette  circonstance  la  question  est 
bien  plus  tôt  tranchée  que  dans  la  précédente, 
puisque  six  mdisaprès  et  même  souvent  beau- 
coupmoins,  onpeutêtre  fixé  sur  la  valeur  delà 
marchandise  fournie  et  sur  les  avantages  et 
les  inconvénients  qu’ils  peuvent  présenter. 
Les  inconvénients,  nous  les  indiquons  plus 
loin  à propos  d’une  nouvelle  variété  de  Pois. 
Nous  avons  voulu,  en  écrivant  ces  lignes, 
éviter  aux  autres  ce  que  nous  constatons 
tous  les  ans,  c’est-à-dire  perte  d’argent, 
perte  de  terrain,  perte  de  temps,  à propos 
des  légumes  nouveaux. 

Pour  les  variétés  de  Haricots,  nous  n’a- 
vons trouvé  que  le  Haricot  Comte  de  Vougy 
qui  se  soit  bien  comporté  au  jardin  de  la 
Société  d’horticulture  de  Boissons.  Cette  in- 
téressante variété  est  constamment  en  fleur; 
elle  fournit  abondamment  des  aiguilles  lon- 
gues et  fines,  qui  ont  l’avantage  de  cuire 
rapidement.  Nous  ne  saurions  trop  recom- 
mander la  culture  de  cette  variété  pour  être 
mangée  en  vert.  Les  grains  cuisent  bien, 
sont  bons  ; mais  malheureusement,  comme 
les  Haricots  de  couleur,  ils  font  une  sauce 
noire  qui  les  rend  moins  appétissants. 

Après  les  Haricots  viennent  les  Pois.  Le 
Pois  ridé  très -nain  pour  bordure  mérite 
d’être  cultivé  dans  tous  les  jardins,  particu- 
lièrement dans  celui  de  l’instituteur,  car  il 
évite  l’embarras  de  chercher  des  rames.  Sa 
gousse  est  bien  fournie  ; les  grains,  quoique 


456 


LÉGUMES  NOUVEAUX  MIS  AU  COMMERCE  AU  PRINTEMPS  DE  1873. 


gros,  sont  toujours  tendres  et  bien  sucrés. 
C’est  une  excellente  acquisition  pour  les 
jardins  potagers. 

La  désignation  de  très-nain  laisse  peut- 
être  à désirer  ; nous  avons  dû  soutenir  ces 
Pois  avec  des  petites  rames  branclmes  de 
60  centimètres  de  hauteur.  Il  est  vrai  qu’ils 
étaient  semés  dans  un  terrain  excellent,  et 
que  le  printemps  a été  fort  humide,  circons- 
tances qui  plaident  tout  particulièrement  aux 
Pois. 

Le  Pois  Sangsters  n»  i , cultivé  par  les 
maraîchers  de  Londres  pour  l’approvision- 
nement des  marchés  de  cette  importante 
cité,  a fait  ici  sensation.  Ce  Pois,  très-hâ- 
tif, a les  gousses  larges  et  longues  ; à l’inté- 
rieur on  trouve  jusqu’à  sept  et  huit  grains  ; 
il  est  en  outre  très-productif,  et  cela  à un 
tel  point,  qu’on  devra  pincer  les  tiges  sur  la 
quatrième  ou  cinquième  fleur.  Il  réclame 
des  rames  de  1 mètre  de  hauteur.  Nous  re- 
commandons l’essai  de  sa  culture  aux  ma- 
raîchers, concurremment  avec  celle  du  Pois 
Prince  Albert,  auquel  il  ne  cède  rien  ; nous 
l’avons  même  considéré  ici  bien  supérieur  à 
ce  dernier,  comme  précocité,  rusticité  et 
fertilité.  Cuit,  ce  Pois  est  de  première  qua- 
lité. 

Nous  n’en  pourrions  dire  autant  des  Pois 
remontants  à rame.  Les  deux  variétés 
revendiquent  M.  Gauthier  pour  père.  Nous 
plaignons  bien  ce  pauvre  père,  car  il  a des 
enfants  bien  mal  élevés,  ils  n’ont  certaine- 
ment pas  tenu  ce  qu’ils  promettaient  ou  plutôt 
ce  qu’on  nous  promettait  ; et  si  j’ai  un  con- 
seil à donner  à l’obtenteur,  c’est  de  les  dé- 
baptiser, car  ils  n’ont  aucun  droit  à l’épi- 
thète de  ((  REMONTANTS.  ))  Malgré  nos  soins 
assidus  et  nos  visites  quotidiennes,  ils  n’ont 
pas  bronché,  et  M.  Gauthier  a eu  la  main 
malheureuse  cette  fois. 

Il  est  vrai  que  nous  nous  sommes  placé 
à notre  point  de  vue  exclusif,  par  rapport  à 
la  valeur  et  au  climat  du  Soissonnais.  Il  re- 
monte peut-être  à Paris,  à Bordeaux  et  à 
Marseille;  mais  à Soissons,  non!  ! / 

A part  ce  défaut  qui,  malgré  cela,  les  a 
fait  vendre  7 francs  le  kilogramme  au  prin- 
temps dernier  (on  est  de  temps  à autre  ex- 
posé à ces  sortes  d’aventures  avec  les  nou- 
veautés), nous  avons  remarqué  que  cette 
variété  est  fertile  et  vigoureuse  ; quant  à la 
qualité  des  grains,  elle  n’atteindra  jamais 
la  finesse  et  les  principes  sucrés  des  va- 
riétés anglaises,  vendues  depuis  quelques 
années  sous  les  noms  de  Pois  nam  hâtif 
anglais,  Pois  ridé  nain  blanc  hâtif.  Pois 
ridé  nain  vert  hâtif,  et  les  mêmes  variétés 


à rames  qui  sont  aussi  vigoureuses  et  plus 
productives  que  peut  l’être  le  Pois  no7i  re- 
montant de  M.  Gauthier,  et  avec  lequel,  je  le 
crains  bien,  il  ne  lui  reste  plus  que  la  res- 
source de  faire  un  virement  de  nom. 

Si  des  Pois  nous  passons  aux  Pommes  de 
terre,  nous  pouvons  'dès  aujourd’hui  faire 
connaître  notre  appréciation  sur  leur  valeur, 
et  sans  attendre  àl’année  prochaine  pour  nous 
prononcer  définitivement  sur  les  variétés 
nouvelles  que  nous  avons  reçues. 

Ainsi  la  Pomme  de  terre  à feuilles  cV or- 
tie mérite  d’être  cultivée  ; sa  production, 
qui  rappelle  assez  bien  celle  de  la  Mar- 
jolm,  quoique  un  peu  plus  fertile  peut-être, 
est  sa  moindre  valeur.  La  chair  est  de  meil- 
leure qualité  que  cette  dernière,  et  les  yeux 
sont  plus  nombreux  et  plus  rustiques  que 
chez  la  Marjolin,  où  ils  sont  souvent  uni- 
ques, et  lorsque  cet  œil  n’existe  plus,  le  tu- 
bercule reste  improductif. 

La  Pomnlfe  de  terre  rose  de  mai  devra 
bientôt  être  dans  tous  les  jardins.  Elle  est 
très- probablement  une  variation  de  la  Mar- 
jolin, mais  bien  plus  productive,  et  la  chair 
est  tout  aussi  farineuse  ; sa  fertilité  en  re- 
commande la  culture  aux  maraîchers,  mais 
les  primeuristes  devront  se  rappeler  qu’elle 
mûrit  huit  jours  plus  tard  ; à la  Halle,  un 
retard  de  huit  jours  est  considérable.  Donc 
il  faudra  tenir  compte  des  qualités  et  des 
défauts;  mais  la  culture  en  pleine  terre  n’au- 
ra-t-elle pas  le  même  inconvénient  que 
celle  faite  sous  châssis? 

Gette  variété  se  reconnaît  à la  forme  cor- 
recte de  son  tubercule  allongé,  qui  est  très- 
lisse  à cause  du  peu  d’apparence  des  yeux; 
la  peau  est,  comme  la  chair,  de  couleur  jaune. 

Nous  ajouterons  à ces  deux  variétés  la 
Pomme  de  terre  rogno7i  rose,  mise  cette 
année  au  commerce  par  la  maison  Vilmorin. 
Elle  a tenu,  et  au  delà,  les  promesses  des 
directeurs  de  cet  important  établissement  ; 
aussi  nous  garderons-nous  de  toucher  à la 
description  qu’ils  en  ont  faite;  nous  préférons 
la  citer  entièrement  : « Cette  variété,  disent- 
ils,  que  nous  cultivons  et  étudions  depuis 
plusieurs  années,  nous  paraît  d’un  grand 
mérite  et  tout  à fait  digne  d’être  recomman- 
dée. Elle  est  au  moins  aussi  productive  que 
la  Maigolin  tardive  et  mûrit  à la  même 
époque  ; ses  tubercules,  plus  longs  et  plus 
gros  que  ceux  de  cette  dernière,  sont  régu- 
liers, lisses  et  d’une  couleur  rosée,  qui 
devient  presque  jaune  ou  légèrement  sau- 
monée à la  maturité.  La  chair  est  jaune,  de 
bonne  qualité.  Gette  variété  a l’avantage  de 
se  conserver  longtemps  sans  germer,  et 


PRUNUS  JAP0N1CA. 


457 


jusqu’à  présent  elle  est  complètement 
exempte  de  la  maladie.  Nous  croyons  qu’elle 
trouvera  sa  place  aussi  bien  dans  le  jardin 
que  dans  la  grande  culture  pour  l’approvi- 
sionnement des  marchés.  » 

En  terminant,  un  bon  point  au  moins  à 
• la  Carotte  rouge  demi-longue  du  Luc, 
imitant  la  Nantaise,  quoique  plus  obtuse  ; 
elle  a l’avantage  de  n’avoir  pas  de  cœur  et 
de  se  prêter  supérieurement  à la  cuisson. 


Nous  ignorons,  au  moment  où  nous  écrivons 
ces  lignes,  si  elle  est  de  bonne  garde  et  si 
elle  se  prêtera  facilement  à la  culture  for- 
cée. Nous  pouvons  en  dire  autant  de  l’Oi- 
gnon blanc  rond  dur  de  Hollande.  Ce 
n’.est  qu’au  printemps  prochain  que  nous 
saurons  comment  il  a passé  l’hiver  et  quel- 
les sont  ses  qualités,  ce  que  nous  espérons 
faire  connaître. 

E.  Lambin. 


PRUNUS  JArONlCA 


D’introduction  récente,  le  Prunus  Japo- 
nica  (fig.  41)  vient  non  seulement  enrichir 
l’horticulture  ; il  vient  servir  la  science  et 
démontrer  que  la  plante  à fleurs  doubles 
roses  qui  pendant  longtemps  a figuré  sous 
ce  même  nom  dans  les  écoles  de  botanique, 
et  qui,  du  reste,  sauf  la  duplicature  de  la 
fleur,  en  a tous  les  caractères  physiques, 
n’en  est  qu’une  variété.  Les  carac- 
tères du  P.  Japonica  sont  les  sui- 
vants : 

Arbuste  buissonneux,  nain,  ra- 
mifié dès  la  base,  très-floribond  et 
fleurissant  très-jeune.  Feuilles  ca- 
duques * longuement  lancéolées- 
elliptiques,  acuminées  au  sommet, 
finement  et  régulièrement  dentées. 

Fleurs  simples  paraissant  au  com- 
mencement d’avril,  très-nombreu- 
ses, rose  vif  et  comme  striées-cha- 
toyantes  par  suite  de  la  variation 
des  couleurs.  Fruits  (fig.  41)  d’en- 
viron 15  millimètres  de  longueur 
sur  10-14  millimètres  de  diamètre, 
portés  sur  un  pédoncule  grêle  d’en- 
viron 1 centimètre  de  longueur, 
subcordiforrnes,  très-brusquement 
arrondis  au  sommet  où  il  existe  un 
mucronule  sétiforme  spinescent, 
oblique,  d’environ  3 millimètres  de 
longueur,  présentant  parfois  sur 
l’un  des  côtés  une  petite  dépression 
dans  laquelle  se  trouve  un  très -léger  sillon  ; 
peau  rouge  vineux  foncé,  glabre  et  luisante  ; 
chair  adhérente  au  noyau,  pulpeuse,  fon- 
dante à la  maturité,  rouge  violacé,  peu  su- 
crée, de  saveur  aigrelette,  légèrement  as- 
tringente; noyau  subelliptique-cordiforme, 
d’environ  10  millimètres  de  longueur,  régu- 
lièrement atténué  au  sommet,  arrondi  con- 
vexe sur  les  côtés,  à surface  légèrement 
rimeuse-chagrinée  et  comme  guillochée , 


rappelant,  mais  en  très -petit,  le  noyau  de 
certaines  Pêches. 

Le  Prunus  Japonica,  Thunb.  ; P.  Si- 
nensis,  Pers.;  P.  humilis,  Bung.;  Cerasus 
Japonica,  Loisel,  est  très-rustique;  il  fleu- 
rit et  fructifie  facilement,  même  quand  les 
plantes  sont  très- petites.  Une  terre  franche, 
légère,  un  peu  siliceuse,  lui  convient  ; les 


jeunes  plantes  se  trouvent  très-bien  d’une 
terre  de  bruyère  légèrement  humide.  Quant 
à la  multiplication,  on  la  fait  très-facilement 
pendant  l’été  à l’aide  de  boutures,  en  pre- 
nant pour  les  faire  des  bourgeons  herbacés 
consistants,  c’est-à-dire  un  peu  aoûtés,  qu’on 
plante  en  terre  de  bruyère  et  qu’on  place 
sous  cloche,  où  elles  s’enracinent  prompte- 
ment. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  41.  — Prunus  Japonica  (grandeur  naturelle). 


458 


LES  CATALOGUES.  — SOUVENIRS  DE  VOYAGE. 


LES  CATALOGUES 


L’établissement  horticole  de  Bourg-la- 
Reine  (dépôt  des  plantes  du  jardin  du  Ham- 
ma  d’Alger),  directeur  M.  Durand,  vient *de 
publier  un  catalogue  général  des  arbres 
fruitiers,  arbres  et  arbrisseaux  d’ornement. 
Rosiers,  etc.,  qu’il  est  en  mesure  de  livrer. 
Indépendamment  des  collections,  aussi 
nombreuses  que  variéés,  que  renferme  cet 
établissement,  on  y trouve  un  assorti- 
ment complet  de  plantes  de  serre  dites  à 
feuillage  et  autres  qui,  grâce  aux  vastes 
serres  qu’il  comporte,  peuvent  y être 
réunies.  Il  suffît,  pour  le  comprendre,  de 
rappeler  qu’en  outre  de  ses  richesses,  cet 
établissement  est  un  dépôt  des  plantes  de 
celui  du  Hamma,  à Alger. 

Dans  une  petite  circulaire  qu’il  vient  de 
publier,  datée  de  Hambourg  (Eppendofer 
Landstrasse,  123),  M.  Ferdinand  Gloëde 
annonce  la  vente  des  Fraises  AnnadeRots- 
child,  Auguste  Nicaise,  Maria  Nicaise, 
sir  John  Falstaff,  Waltham  Seedling,  et 
enfin  trois  variétés  dont  il  est  l’obtenteur;  ce 
sont  : Eppendorf,  Inspecteur  Otto  et  Syn- 
dius  Merck. 

MM.  Charles  Huber  et  C>®,  horticulteurs 
à Hyères  (Var).  Catalogue  général  de  grai- 
nes, pour  1873-1874,  comprises  dans  les 
sections  suivantes  : graines  de  plantes  nou- 
velles ou  offertes  pour  la  première  fois;  grai- 
nes de  plantes  particulièrement  méritantes; 
graines  de  Giroflées,  de  plantes  annuelles 


diverses;  de  plantes  annuelles  grimpantes, 
de  Graminées  ornementales,  de  plantes  vi- 
vaces, de  Cannas,  de  Primevères  de  Chine, 
de  Verveines,  de  plantes  vivaces  grimpantes,  \ 
de  plantes  aquatiques,  de  plantes  potagères  | 
et  industrielles,  d’arbres  et  d’arbustes,  de 
plantes  ligneuses  grimpantes,  de  Cucur-  I 
bitacées,  d’Oignons  à fleurs  ; enfîn  un  I 
assortiment  de  graines  d’Australie,  parmi 
lesquelles  se  trouvent  quatre  espèces  d’Fuca- 
lyptus  et  une  Laurinée,  le  Tristania  con~ 
ferta. 

Fn  dehors  des  graines,  on  trouve  dans 
cet  établissement  des  assortiments  de 
plantes  diverses  de  serre  et  de  pleine  terre, 
des  Palmiers,  Eucalyptus,  Cannas,  etc., 
ainsi  que  des  plantes  destinées  particulière- 
ment à la  pleine  terre  l’été. 

MM.  Lévêque  et  fils,  horticulteurs,  26,  rue 
du  Liégat,  à Ivry-sur-Seine.  Catalogue  des 
Rosiers,  Glaïeuls,  Pivoines,  Phlox,  Camel- 
lias.  Azalées  de  l’Inde,  plantes  à feuillage- 
ornemental  particulièrement  propres  aux 
appartements,  tels  que  : Aspidistra,  Cur- 
culigo,  Latania,  Dracæna,  Ficus,  Phor- 
mium, Pandanus,  Yucca,  etc.,  etc.  Plus 
un  assortiment  de  plantes  diverses  tels 
que  : Aucuha,  Clématis,  Dahlia,  Delphi- 
nium, Erythrina,  Glycines,  Hortensia, 
Magnolia,  Rhododendrons,  etc.,  etc. 

E.-A.  Carrière. 


SOUVENIRS  DE  V0YÂGE<‘> 

NOTES  SUR  QUELQUES  PRODUITS  FOURNIS  PAR  LES  FRUITS  DE  DIVERSES 

ESPÈCES  DE  PALMIERS. 


Cocos  NuciFERA.  — Eau  de  Cocos.  — Le 
fruit  du  Cocos  nucifera  fournit  aux  habi- 
tants des  tropiques  une  boisson  aussi  agréa- 
ble que  rafraîchissante,  connue,  dans  le 
Brésil  et  dans  l’Inde,  sous  le  nom  Y eau  de 
Cocos.  Pour  que  le  fruit  soit  au  point  con- 

(i)  Nous  intitulons  ainsi  les  notes  que  nous  de- 
vons à l’extrême  obligeance  de  M.  Houllet,  et  dont 
nous  avons  annoncé  la  publication  dans  une  précé- 
dente Chronique,  1873,  p.  362.  Écrites  par  Marins 
Porte,  elles  ont  cet  autre  avantage  que,  en  nous 
faisant  connaître  des  particularités  des  plus  intéres- 
santes, ignorées  ou  peu  connues,  elles  rappellent 
le  nom  d’un  homme  dont  la  vie  tout  entière  a été 
consacrée  à l’étude  de  l’histoire  naturelle,  particu- 
lièrement à la  botanique  et  à l’horticulture,  qu’il  a 
considérablement  enrichies  par  les  collections  de 
végétaux  qu’il  n’a  cessé  d’envoyer. 

(Note  du  rédacteur.) 


venable  pour  fournir  une  quantité  suffisante 
d’eau,  et  que  cette  eau  soit  agréable  à 
boire , il  doit  être  cueilli  avant  sa  maturité , 
lorsque  le  périsperme  n’est  qu’en  partie 
coagulé.  Ce  fruit  est  appelé  « Coco  de  cuil- 
lère, » parce  que,  après  en  avoir  retiré  l’eau 
pour  boire,  on  mange  à la  cuillère  la  par- 
tie gélatineuse  du  périsperme  qui  est  adhé- 
rente à l’endocarpe.  L’eau  que  l’on  retire 
des  Cocos  avant  leur  maturité  est  très- 
limpide,  douceâtre  et  un  peu  acidulée  ; 
celle  qui  reste  après  la  maturité  du  fruit  est 
beaucoup  plus  douce  et  n’est  pas  estimée. 

Lait  de  Coco.  — Pour  obtenir  le  « lait 
de  Coco,  » le  fruit  doit  être  bien  mûr  ; alors 
on  en  retire  le  périsperme  qu’on  râpe  très- 
menu,  afin  de  pouvoir  lui  faire  rendre  par 


SOUVENIRS  DE  VOYAGE. 


459 


la  pression  tout  le  suc  qu’il  contient.  Ce  suc 
a beaucoup  d’analogie  avec  le  lait  de  vache, 
et  le  remplace  pour  prendre  avec  le  café 
et  pour  faire  du  riz  au  lait.  On  s’en  sert  aussi 
pour  la  préparation  d’un  grand  nombre  de 
ragoûts  : la  partie  huileuse,  que  contient  ce 
suc  laiteux,  remplace  le  beurre  et  donne  aux 
mets  un  goût  très-agréable. 

Huile  de  Coco.  — Ce  produit  s’obtient 
en  soumettant  à l’ébullition  le  suc  laiteux  du 
périsperme  mûr  que  l’on  a retiré  du  fruit, 
ainsi  que  je  l’ai  dit  plus  haut.  Lorsque  le  li- 
quide entre  en  ébullition,  l’huile  surnage,  et 
c’est  alors  qu’on  la  retire.  Pour  que  le  Coco 
rapporte  beaucoup  d’huile,  il  doit  être  bien 
mûr  et  bien  sec. 

Pomme  de  Coco.  — On  donne  ce  nom 
à une  combinaison  qui  a lieu  au  moment 
de  la  germination,  entre  le  périsperme 
mûr  et  l’eau  qu’il  contient  dans  son  centre. 
Pour  l’obtenir,  on  plante  le  fruit,  et  quand 
la  germination  a commencé  son  travail,  on 
le  retire  de  terre,  on  casse  l’endocarpe, 
et  l’on  trouve  en  place  de  l’amande  une 
masse  ronde,  spongieuse,  très -tendre, 
huileuse  et  plus  agréable  au  goût  que  ce 
que  l’on  apppelle  vulgairement  Noix  de 
Coco.  Indépendamment  de  ces  divers  pro- 
duits que  fournit  le  fruit  du  Cocotier,  on 
retire  encore  du  mésocarpe  fibreux  une  ma- 
tière textile,  mais  qui  est  assez  connue  de 
tout  le  monde  pour  me  dispenser  d’en  parler. 

Tous  les  fruits  des  Palmiers  appartenant 
au  genre  Cocos  sont  à périsperme  huileux, 
comme  l’est  celui  du  Cocos  nucifera;  ils  en 
diffèrent  cependant  en  ce  que  leur  méso- 
carpe,  au  lieu  d’être  sec,  est  mucilagineux 
et  quelquefois  d’un  goût  très -agréable, 
comme  dans  le  Cocos  Australis  par  exemple; 
mais  en  général  ils  ne  sont  pas  utilisés  à 
cause  de  la  petitesse  du  fruit. 

Elaïs  Guineensis.  — Huile  de  palme. 
— De  tous  les  fruits  de  Palmiers,  celui  de 
VElaïs  Guineensis  est  sans  contredit  celui 
qui  fournit  le  plus  d’huile  au  commerce 
pour  la  fabrication  du  savon. 

Cette  huile,  qui  est  connue  sous  le  nom 
àdmile  de  palme ^ s’obtient  en  soumettant 
le  fruit  mûr  à l’ébullition,  afin  d’en  ramollir 
le  mesocarpe  qui  la  contient;  quand  le  mé- 
socarpe est  assez  mou  pour  pouvoir  se  déta- 
cher facilement  de  l’endocarpe,  on  met  des 
fruits  d’un  ou  de  plusieurs  régimes  dans  un 
grand  mortier,  et  l’on  frappe  dessus  jusqu’à 
ce  que  les  noyaux  soient  séparés;  alors 
ceux-ci  sont  rejetés,  et  la  pâte  huileuse  con- 
tenue dans  le  mortier  est  de  nouveau  sou- 
mise à l’ébullition  dans  une  quantité 


suffisante  d’eau  ; l’huile  surnage , et  la 
partie  fibreuse  reste  au  fond.  Cette  huile 
sert  aussi  pour  préparer  une  foule  de  mets 
dont  les  nègres  sont  très-friands.  L’usage 
de  ces  ragoûts  s’est  même  propagé  dans  le 
Brésil,  où  on  les  sert  sur  les  meilleures  ta- 
bles du  pays.  C’est  aussi  avec  l’huile  de 
palme  qu’on  assaisonne  le  poisson.  Les 
noyaux  qu’on  rejette  ne  sont  pas  entière- 
ment dépourvus  de  valeur;  ils  contiennent 
une  amande  qui  renferme  également  de 
l’huile;  mais  la  dureté  de  cette  amande  est 
cause  qu’on  n’en  extrait  pas  l’huile  sur  les 
lieux  de  production  ; on  se  contente  d’enle- 
ver l’endocarpe,  qui  se  casse  facilement,  et 
l’on  envoie  en  Europe  le  périsperme,  qui  est 
utilisé  dans  les  fabriques  d’huiles. 

Attalea.  — Tous  les  fruits  des  palmiers 
appartenant  au  genre  Attalea  ont  le  méso- 
carpe sec  et  fibreux,  l’endocarpe  épais  et  très- 
dur,  et  le  périsperme  huileux.  Les  amandes 
sont  utilisées,  comme  le  périsperme  du  Cocos 
nucifera,  dans  l’art  culinaire,  et  pour  en 
extrairel’huile.  Maisla  dureté  de  l’endocarpe 
est  telle  qu’on  ne  l’emploie  que  rarement. 
Toutefois,  cette  dureté  de  l’endocarpe  devient 
un  avantage;  on  fait  de  ces  fruits  un  objet  de 
commerce  assez  important  ; on  exporte  des 
quantités  considérables  de  ces  fruits,  sous 
le  nom  de  Coquillos,  pour  être  transformés 
en  Europe  en  objets  d’art,  tels  que  bagues, 
tabatières,  etc.  C’est  surtout  dans  les  pri- 
sons que  ces  travaux  de  patience  sont 
exécutés.  C’est  V Attalea  funifera  qui  four- 
nit les  « Coquillos  » au  commerce. 

Dans  l’Amazone,  on  brûle  le  fruit  de 
V Attalea  excelsa  pour  produire  la  fumée 
qui  sert  à coaguler  le  caoutchouc.  Ce  com- 
bustible ne  peut  être  remplacé,  pour  cet 
objet,  que  par  les  fruits  des  autres  Palmiers 
appartenant  au  même  genre,  où  par  ceux 
du  Maximiliana  regia. 

Mauritia  flexuosa.  — Malgré  son  mé- 
socarpe huileux  et  son  périsperme  dur, 
semblable  à celui  du  Phitelephas  qu’il 
pourrait  remplacer  pour  fournir  V ivoire 
végétal,  le  fruit  du  Mauritia  flexuosa  n’est 
pas  utilisé  par  l’industrie.  Il  n’y  a guère  que 
les  Indiens  de  l’Amazone  qui  tirent  parti  de 
ces  fruits  et  qui  en  font  une  partie  de  leur 
nourriture  dans  les  temps  de  disette.  Ils  les 
font  macérer  pendant  quelques  jours  pour 
que  l’épicarpe  écailleux  puisse  s’enlever  faci- 
lement, et  ils  râpent  avec  leurs  dents  le  mé- 
socarpe, qui  est  féculent  et  huileux  ; ou  bien 
ils  le  délaient  dans  une  petite  quantité  d’eau 
qu’ils  avalent  en  guise  de  bouillie. 

Guilielma  speciosa.  — Le  fruit  de  ce 


PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


460 

Palmier  fournit  aux  habitants  de  l’Amazone 
une  nourriture  saine  et  agréable.  Après 
l’avoir  fait  cuire  pour  le  ramollir , ils  en- 
lèvent l’épicarpe  mince  et  fibreux,  et  man- 
gent le  mésocarpe,  qui  est  épais,  féculent  et 
très-buileux. 

Euterpe.  — Tous  les  Palmiers  apparte- 
nant au  genre  Euterpe  produisent  des  fruits 
qui  ne  contiennent  pas  d’huile  ; mais  qui, 
en  revanche,  fournissent  aux  habitants  du 
Para  une  boisson  nourrissante  et  assez 
agréable,  connue  sous  le  nom  d’Assaï,  que 
l’on  retire  du  mésocarpe.  Pour  obtenir 
l’Assaï,  on  cueille  les  fruits  quand  ils  sont 
mûrs,  et  on  les  met  macérer  pendant  deux 
ou  trois  heures  dans  de  l’eau  échauffée  au 
soleil  ou  dans  de  l’eau  tiède,  de  manière  à 
ramollir  le  mésocarpe.  Lorsqu’il  est  assez 
mou  pour  se  délayer  facilement,  l’on  prend 
des  poignées  de  fruits  que  l’on  frotte  dans 
les  mains  les  uns  contre  les  autres  au-des- 
sus d’un  tamis,  en  ayant  soin,  de  temps  en 
temps,  d’ajouter  un  peu  d’eau  pour  délayer 
la  partie  détachée,  et  la  faire  passer  par  le 
tamis,  d’où  elle  tombe  dans  un  vase  qui  est 
placé  dessous.  Quand  tout  le  mésocarpe  des 
fruits  a été  délayé  de  cette  manière,  l’on  jette 
tout  ce  qui  est  resté  au-dessus  du  tamis,  et 
ce  qui  est  contenu  dans  le  vase  forme  un 
liquide  qu’on  boit  en  y ajoutant  préalable- 
ment du  sucre. 


L’Assaï  se  vend  dans  les  rues  du  Para,  ou;‘ 
tous  les  habitants  en  sont  friands  : bon; 
nombre  de  gens,  même  très-pauvres,  en  font 
la  base  de  leur  nourriture  en  y ajoutant  de 
la  farine  de  manioc. 

Ænocarpus.  — Une  espèce  de  ce  genre, 
y Ænocarpus  hacaba,  donne  des  fruits  des- 
quels on  retire  une  boisson  analogue  à celle 
qu’on  fait  avec  les  fruits  des  Euterpes,  dont 
elle  diffère  cependant  en  ce  qu’elle  contient 
de  l’huile.  De  même  que  l’Assaï  prend  le 
nom  des  Palmiers  qui  le  produisent,  on 
donne  à celle-ci  le  nom  de  Bacaha,  qui  est 
celui  de  l’espèce  dont  on  l’extrait.  Cette 
boisson  qui  provient  du  mésocarpe  s’obtient 
de  la  même  manière  que  celle  qu’on  obtient 
des  Euterpes,  sert  aussi  aux  mêmes  usages 
et  est  plus  nourrissante  à cause  de  la  partie 
huileuse  qu’elle  contient. 

Le  mésocarpe  des  fruits  de  V Ænocarpus 
Pataïua  étant  beaucoup  plus  huileux  que 
celui  de  tous  les  fruits  produits  par  les  au- 
tres Palmiers  de  ce  genre,  est  utilisé  pour 
l’extraction  de  l’huile.  Pour  obtenir  celle-ci, 
on  prépare  la  liqueur  comme  pour  l’Assaï, 
et  on  l’expose  au  soleil  ; elle  s’échauffe  fa- 
cilement, et  bientôt  l’huile  surnage.  Cette 
huile,  qui  est  d’une  qualité  supérieure  pour 
manger,  se  vend  aux  marchands  du  Para, 
qui  la  mélangent  à l’huile  d’Olives. 

Marius  Porte. 


PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Rihes  sanguineum  rohustum.  — Issue 
du  Pi.  albidum,  cette  plante  est  très-vigou- 
reuse et  se  distingue  du  R.  sanguineum, 
dont  elle  a l’aspect  général,  par  sa  vigueur, 
par  l’ampleur  et  les  dimensions  de  ses 
feuilles,  qui  apparaissent  en  même  temps 
que  les  fleurs,  et  surtout  par  la  force  des  in- 
florescences. Ces  dernières,  moins  nom- 
breuses que  chez  le  R.  sanguineum,  com- 
posées de  fleurs  très-denses,  les  unes  d’un 
rouge  foncé  à peu  près  uniforme,  les  autres 
— particulièrement  celles  qui  terminent  les 
inflorescences  — à pétales  rouges  à l’ex- 
trémité, blanc  légèrement  rosé  à la  base, 
et  parles  appendices pétaloïdes  internes,  qui 
forment  une  sorte  de  godet  ou  de  couronne 
autour  des  étamines,  sont  blancs,  ce  qui 
forme  un  agréable  contraste.  Ajoutons  que 
les  fleurs  se  succèdent  pendant  longtemps, 
et  que  la  plante  est  en  même  temps  cou- 
verte d’un  feuillage  abondant,  à travers  du- 
quel les  fleurs  se  montrent,  ce  qui  augmente 
la  valeur  décorative. 


Rosa  yvara.  — Cette  espèce,  introduite 
du  Japon  vers  1855,  ne  se  trouve  guère  que 
chez  quelques  amateurs  et  dans  certaines 
jardins  botaniques.  Elle  n’a,  du  reste,  d’in- 
térêt qu’au  point  de  vue  scientifique.  C’est 
un  arbuste  buissonneux,  divariqué,  à ra- 
meaux à écorce  vert  roux  couverte  d’ai- 
guillons étalés,  inégaux,  blanc  jaunâtre, 
persistants  sur  l’écorce,  qui  passe  au  roux 
brun.  Feuilles  composées,  imparipennées,  à 
quatre  paires  de  folioles  épaisses,  rugueuses, 
vert  foncé,  chagrinées,  luisantes  en  dessus, 
glauques  et  comme  feutrées  en  dessous,  lar- 
gement ovales,  courtement  denticulées,  à 
dents  arrondies.  Fleurs  d’un  blanc  pur,  lar- 
ges d’environ  7 centimètres,  simples,  à 5 
pétales  étalés,  obovales  et  comme  tronqués, 
courtement  lobés.  Calice  à divisions  linéai- 
res de  20  à 22  millimètres  de  longueur, 
réfractées  après  la  floraison.  Ovaire  sphé- 
rique lisse.  Fleurit  en  juin-juillet. 

Lebas. 


Orléans,  imp.  de  G.  Jacob,  cloître  Saint-Etienne,  4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  de  décembre) 

Commencement  de  l’hiver  de  1873-1874.  — Exemple  d’hybridation  à l’établissement  horticole  de  Saint- 
Alban  : Melon-Concombre;  extrait  du  Gardener's  Chroincle.  — Graines  de  la  Clématite  vilicclla 
venosa;  stérilité  des  hybrides.  — Un  type  de  Groseillier  à maquereau  sans  épines  : le  Groseillier 
Billiard.  — Fructification  du  Wellimjlonia^  observée  chez  M.  Berlin  père,  à Versailles.  — Une  nou- 
velle variété  de  Lis  à fleurs  doubles  : le  Lilium  auratum.  — Observations  sur  le  greffage  des  végétaux 
monocotylédonés,  au  Brésil.  — Circulaire  de  la  Société  pomologique  de  France.  — Identité  du  Lappa 
major  et  du  Lappa  edidis.  — Récompense  accordée  à M.  Weber,  jardinier  en  chef  au  Jardin  botanique 
de  Dijon,  à l’Exposition  de  Vienne.  — Panachures  des  feuilles  du  Rosier  hybride  remontant  Panachée 
Lanrjroisse ; rectification.  — Identité  du  Coloneasler  Simonsii  et  du  Coloneasler  Nepalensis. 


Aurons-nous  un  hiver  dur?  aurons-nous 
un  hiver  relativement  doux?  Telle  est  la 
question  que,  chaque  année,  l’on  se  pose 
quand  on  arrive  à la  fin  de  l’automne.  En- 
suite, suivant  certaines  appréciations,  et  en 
se  fondant  sur  des  remarques  qu’il  a pu 
faire,  chacun  résout  par  avance  cette  ques- 
tion, fait  qui,  du  reste,  n’influe  guère  sur 
les  résultats.  Sans  rien  préjuger,  nous  al- 
lons nous  borner  à citer  les  faits,  laissant  à 
chacun  le  soin  de  les  interpréter.  Ainsi, 
jusqu’au  6 décembre,  à part  quelques  pe- 
tites gelées  qui,  daus  beaucoup  d’endroits, 
n’avaient  pas  même  fait  périr  les  Pélargo  - 
N niums,  il  avait  fait  relativement  doux  ; aussi 
les  travaux  n’avaient-ils  pas  été  interrom- 
pus. Les  Chrysanthèmes  continuaient  à 
fleurir;  partout,  dans  Paris,  l’on  vendait 
des  bouquets  de  Violette.  A partir  du  6,  tout 
changea  ; le  temps  s’éclaircit  ; le  7 au  ma- 
tin, le  thermomètre  marquait  3 degrés  au- 
dessous  de  zéro  ; le  8,  5 degrés  4 dixièmes; 
le  9,  6 degrés  le  matin  (vers  deux  heures,  il 
était  à 8 degrés  2 dixièmes  au-dessous  de 
zéro)  ; le  ciel  était  sans  nuage.  Cela  va-t-il 
continuer  ? Nous  ne  pourrons  guère  l’indi- 
quer que  dans  notre  prochaine  chronique. 

Nous  croyons  toutefois  devoir  faire  re- 
marquer que  certains  avant-coureurs  sem- 
blent annoncer  un  hiver  rigoureux.  Ainsi, 
dans  le  midi  de  l’Europe,  les  froids  sont 
déjà  relativement  grands,  et  même  dans  le 
midi  de  la  France.  A Montpellier,  l’on  nous 
a assuré  que  le  jour  où  nous  écrivons  (8  dé- 
cembre), le  thermomètre  était  déjà  des- 
cendu à près  de  5 degrés  au-dessous  de 
zéro. 

— Dans  le  numéro  du  4 octobre  1873  du 
Gardener's  Chronicle,  nous  trouvons  une 
note  relative  à un  fait  d’hybridation  qui,  par 
l’intérêt  qu’elle  présente,  nous  paraît  digne 
d’être  connue  de  nos  lecteurs  et  que  nous 
reproduisons  : 

16  DÉCEMBRE  1873. 


11  a paru  dans  le  Journal  d'horticnllnre  une 
description  et  une  figure  faites  par  M.  W.-G. 
Smith,  habile  botaniste  et  dessinateur,  d’un  Me- 
lon-Concombre, phénomène  rapporté  à une 
hybridation.  A ce  sujet  M.  G.  Smith  donne  les 
détails  suivants  ; 

Jusqu’à  la  saison  actuelle,  M.  Watson  (de 
l’établissement  horticole  de  Saint-Alban)  n’avait 
pas  cultivé  de  Melons  depuis  trente  ans,  et  le 
Melon-Concombre  a été  trouvé  sur  un  pied  de 
Concombre  planté  dans  la  partie  nord  d’une 
serre  à deux  pentes,  dans  laquelle,  à la  partie 
sud,  se  trouvaient  quelques  pieds  du  Melon  ap- 
pelé Munro's  Little  Heath.  Le  pollen  d’une  fleur 
mâle  de  ces  Melons  a été  probablement  trans- 
porté par  des  insectes  sur  une  fleur  femelle  du 
Concombre,  et  ainsi  se  sera  produit  cet  hybride. 

Ce  Melon-Concombre  a 4 pouces  1/2  de  lon- 
gueur sur  8 pouces  1/4  de  circonférence.  Il 
paraît  extérieurement  être  exactement  intermé- 
diaire entre  ses  deux  parents  ; sa  forme  générale 
est  celle  du  Melon  ; sa  peau  est  d’un  vert  jau- 
nâtre, et  possède  quelques  poils  de  Concombre 
à sa  partie  supérieure  ; le  pédoncule  et  la  base 
du  fruit  tiennent  bien  du  Melon.  M.  Watson  croit 
que  ce  fruit  mûrira  et  donnera  de  bonnes  grai- 
nes. Nous  ne  connaîtrons  donc  qu’un  peu  plus 
tard  l’intérieur  de  ce  fruit. 

Dans  Faisselle  de  la  tige  qui  a produit  ce  croi- 
sement se  trouve  une  feuille  de  Concombre  d’un 
développement  extraordinaire,  et  à 18  pouces  de 
distance  de  ce  Melon  se  voit  un  très-beau  Con- 
combre, comme  on  le  voit  dans  la  figure.  Mes 
premiers  sentiments  de  surprise  se  sont  un  peu 
affaiblis  quandje  me  suis  rappelé  combien  il  est 
facile  à ce  genre  de  produire  des  variétés 
entre  ses  différentes  sortes.  Ces  deux  plan- 
tes sont  du  même  genre  : l’une  est.  le  Cucu- 
mis  Melo,  l’autre  le  G.  sativus.  Si  ces  plantes 
n’avaient  pas  été  si  proches  parents,  et  si  au 
contraire  elles  appartenaient  à des  genres  dif- 
férents, cet  hybride  nous  aurait  montré  une 
grande  affinité  entre  ses  deux  plantes.  Je  com- 
prends les  hybridations  entre  différents  genres 
d’Orchidées  produits  par  M.  Dominy,  dans  l’éta- 
blissement de  M.  Veitch  ; ces  croisements  prou- 
vent une  grande  relation  entre  les  parents  expé- 
rimentés. 

Quelques  mots  sur  les  parents  de  nos  deux 

24 


462 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


plantes  peuvent  intéresser.  Le  Melon  est  le 
Munro’s  Utile  Heath,  à chair  rouge.  Les  plantes 
étaient  chargées  d’une  abondante  et  belle  récolte, 
et  plusieurs  fruits  pesaient  de  7 à 8 livres.  Le  Con- 
combre est  Y Antagoniste  de  Watson,  plante 
très-vigoureuse,  à fruits  de  grande  dimension  et 
d’une  belle  forme  : quelques-uns  mesurent 
2G  pouces  de  longueur  sur  9 pouces  de  circon- 
férence. C’est  une  excellente  variété. 

En  présence  des  faits  si  remarquables  que 
nous  venons  de  rappeler,  que  devient  l’idée 
pendant  si  longtemps  admise  : ((  que  la  fé- 
condation agit  sur  le  contenu  et  non  sur 
le  contenant?  » 

Nous  reviendrons  prochainement  sur  cette 
question  si  importante  de  la  fécondation,  et 
alors,  du  fait  dont  il  vient  d’être  question, 
nous  donnerons  une  ligure,  de  manière  à 
ce  que  chacun  puisse  s’en  faire  une  idée 
exacte. 

— Si,  ainsi  que  beaucoup  de  savants  l’ad- 
mettent, le  caractère  principal  de  l’hybride 
est  la  stérilité,  nous  serions  en  droit  de  con- 
clure que  la  Clématite  viticella  venosa 
qu’on  considère  comme  hybride  n’en  est  pas 
un.  En  effet,  cette  année,  nous  avons  un 
pied  qui  est  littéralement  couvert  de  graines 
bien  conformées.  Mais  si,  d’une  autre  part, 
et  comme  la  science  l’admet  également,  ces 
graines  ne  peuvent  perpétuer  la  plante,  et 
qu’elles  doivent  retourner  aux  deux  parents 
dont  est  né  l’hybride,  — toutes  choses  qui 
sont  loin  d’être  démontrées  et  qui  ne  sont 
guère  que  des  hypothèses,  — il  est  néan- 
moins un  autre  fait  assez  important  pour  que 
nous  appelions  sur  lui  l’attention.  Comment 
expliquer  par  exemple  que,  depuis  bientôt 
vingt  ans  que  nous  cultivons  cette  espèce, 
elle^a  toujours  été  stérile,  que  cette  année 
même,  des  différents  pieds  que  nous  possé- 
dons, un  seul  se  soit  chargé  de  graines?  Ne 
serait-ce  pas  un  commencement  de  réalisa- 
tion d’une  hypothèse  que  nous  avons  émise 
il  y a longtemps  au  sujet  des  hybrides  : à 
savoir  que  cet  état,  comme  tout  autre,  peut 
être  modifié  par  le  milieu  ou  la  végétation, 
et  qu’alors  une  plante  qui  n’avait  pas  fruc- 
tifié se  trouverrit  dans  des  conditions  qui 
lui  permettrait  de  produire  des  graines,  fait 
qui  toutefois  pourrait  être  local,  se  montrer 
sur  un  point,  non  sur  d’autres  ? 

Quoi  qu’il  en  soit  et  sans  rien  conclure, 
nous  appelons  l’attention  sur  ce  sujet  qui 
nous  paraît  digne  d’être  médité,  et  sur  le- 
quel nous  nous  proposons  de  revenir  pro- 
chainement. 

— En  parlant  de  l’obtention  du  Groseillier 


à maquereau  sans  épine,  et  dans  la  descrip- 
tion que  nous  en  avons  faite  (1),  nous  di- 
sions : « Le  Groseillier  à maquereau  sans 
épines,  que  nous  nommons  Groseillier  Bil- 
liard,  est  une  des  plus  heureuses  découver- 
tes, non  seulement  par  l’avantage  direct 
qu’il  présente,  mais  encore  par  celui  très- 
probable  qu’il  laisse  entrevoir,  de  devenir 
le  type  d’une  série  de  variétés  qui,  dépour- 
vues d’épines  comme  lui,  offriront  des  avan- 
tages qu’il  ne  présente  pas  encore.  » Notre 
prévision  s’est  largement  réalisée,  du  moins 
quant  à ce  qui  concerne  la  production  d’indi- 
vidus ressemblant  à la  mère,  c’est-à-dire 
non  épineux.  En  effet,  sur  environ  600  pieds 
de  semis  que  nous  possédons,  un  quart  à 
peine  sont  épineux  ; parmi  les  autres,  un 
grand  nombresont  complètement  dépourvus 
d’épines;  le  reste  en  possède  plus  ou  moins, 
peu  pourtant,  relativement.  Quant  aux  qua- 
lités, nous  ne  pouvons  nous  prononcer,  puis- 
que quelques  individus  seulement  ont  déjà 
porté  des  fruits. 

Tous  ces  faits  ont  non  seulement  une 
utilité  pratique;  ils  constituent  un  haut 
enseignement  scientifique  et  sont  surtout 
dignes  d’être  profondément  médités  par  les 
botanistes,  en  leur  montrant  comment  les 
races,  par  conséquent  les  espèces,  se  for- 
ment, puisque  des  unes  aux  autres  il  n’y  a 
de  différence  que  le  nom. 

— On  peut  espérer  que  bientôt  nous  ces- 
serons d’être  tributaires  du  Nouveau  Monde 
pour  les  graines  de  Wellingtonia.  Jusqu’à 
présent,  en  effet,  on  n’en  a pas  encore  récolté 
en  France  — peut-être  même  pas  en  Eu- 
rope— bien  que  depuis  une  douzaine  d’an- 
nées environ,  on  rencontrait  sur  différents 
points  des  individus  qui  portaient  des  cônes 
qui,  très-souvent  même,  atteignaient  des 
dimensions  normales,  mais  qui  étaient  sté- 
riles par  suite  de  l’absence  de  chatons  mâles. 
Cet  état  de  choses  va  probablement  changer^ 
car  déjà,  l’année  dernière,  à Versailles,  dans 
le  jardin  d’un  horticulteur  des  plus  distin- 
gués du  XIX®  siècle,  de  M.  Bertin  père,  un 
individu  dans  toute  sa  partie  supérieure  était 
couvert  de  chatons  mâles.  Ceux-ci,  qui  sont 
placés  à l’extrémité  de  ramilles,  comme 
cela  a lieu  chez  les  Cupressus,  sont  jau- 
nâtres, de  sorte  qu’à  l’époque  où  ils  s’épa- 
nouissent l’arbre  est  très-ornemental.  Cette 
année,  trois  pieds  hauts  de  10  à 13  mètres 
sont  chargés  de  ces  chatons.  Un  seul  pied  a 
quelques  cônes.  Atteindront -ils  leur  com- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1867,  p.  370. 


463 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  DE  .DÉCEMBRE). 


plet  développement?  et  si  oui,  les  graines 
seront- elles  bonnes?  Espérons-le. 

- — A la  séance  du  11  septembre  1873  de 
la  Société  centrale  d’IiorticuUe  de  France, 
M.  Duchartre  a donné  lecture  d’une  lettre 
de  M.  Boisgiraud,  de  Tours,  dans  laquelle 
cet  amateur  fait  savoir  que,  parmi  les  LiZmm 
auratum  qui  viennent  de  fleurir  dans  son 
jardin,  il  s’en  est  trouvé  un  à fleurs  doubles. 
Le  savant  secrétaire  rédacteur  fait  observer 
que  c’est  une  troisième  espèce  à fleurs  dou- 
bles à ajouter  aux  deux  que  l’on  connaissait 
déjà  : Liliiim  tigrinum  et  L.  Thunhergia- 
num.  Au  lieu  de  deux,  c’est  au  moins  trois 
qu’il  faut  dire,  car  il  faut  ajouter  la  variété 
à fleurs  doubles  du  Lis  blanc,  que  M.  Du- 
chartre n’a  pas  citée  — sans  doute  par  ou- 
bli — et  qu’il  connaît  parfaitement,  puisqu’il 
Ta  décrite  dans  son  remarquable  travail  sur 
les  Lis. 

— On  a admis  comme  règle  que  les  végé- 
taux monocotylédonés,  par  suite  de  leur  orga- 
nisation, ne  peuvent  être  grelfés;  nous-même, 
dans  nos  Entretiens  familiers  sur  Vhorti- 
l’avons  écrit,  sans  toutefois  affirmer 
le  fait  d’une  manière  absolue.  Cependant, 
d’après  une  lettre  que  nous  avons  sous  les 
yeux,  cette  opération  se  pratiquerait  même 
en  grand  au  Brésil  ; de  plus  et  par  le  contact 
des  deux  sèves,  il  y aurait  production  de 
nouvelles  variétés.  11  va  de  soi  que  nous  ne 
nous  portons  pas  garant  de  ces  assertions  ; 
néanmoins,  le  fait  semble  entouré  d’assez 
de  preuves  pour  que  nous  ne  le  rejetions  pas 
sans  examen,  car  Ton  connaît  tant  d’exem- 
ples de  choses  qui,  considérées  d’abord 
comme  impossibles,  sont  devenues  même 
familières,  à ce  point  qu’elles  sont  tombées 
dans  le  domaine  de  la  pratique,  qu’il  est 
bon  de  ne  rien  affirmer.  Il  n’est  personne 
qui  n’en  connaisse  des  exemples,  ce  qui 
nous  dispense  d’en  citer.  Aussi  nous  enga- 
geons-nous à revenir  sur  cette  question,  qui 
est  des  plus  intéressantes  au  point  de  vue 
de  la  physiologie. 

— Dans  une  circulaire  qu’elle  vient  de 
publier,  la  Société  pomologique  de  France 
informe  le  public  que  le  huitième  et  der- 
nier volume  de  la  Pomologie  est  prêt  à être 
expédié  ; il  se  termine  par  une  note  de  la 
rédaction  et  par  une  table  générale  de  tous 
les  fruits  décrits  dans  l’ouvrage. 

La  commission  permanente  des  études, 
qui  se  réunit  les  deuxième  et  quatrième 
samedis  de  chaque  mois,  n’ayant  plus  à 


s’occuper  de  la  rédaction  du  catalogue,  se 
consacrera  entièrement  à l’étude  des  fruits 
nouveaux  et  des  divers  modes  de  culture. 
A cet  effet,  elle  prie  toutes  les  personnes 
qui  auraient  des  renseignements  à lui  trans- 
mettre de  vouloir  bien  les  lui  adresser  au 
siège  de  la  Société,  au  palais  des  Arts,  à 
Lyon. 

— Dans  une  lettre  qu’il  vient  de  nous 
adresser,  notre  confrère,  M.  Wéber,  nous 
informe  que  le  20  novembre  au  matin,  à 
Dijon,  le  thermomètre  marquait  6 degrés 
au-dessous  de  zéro.  Dans  cette  même  lettre, 
il  nous  informait  aussi  que  le  happa 
major,  dont  nous  avons  parlé  dans  une 
précédente  chronique  (1),  et  pour  lequel  le 
Japon  a obtenu  une  récompense,  n’est  autre 
que  le  happa  edulis,  Thunb.,  ce  dont  il 
s’est  convaincu,  par  la  comparaison  qu’il  a 
faite  de  plantes  du  happa  major,  issues 
de  graines  qu’il  avait  reçues  du  Japon  sous 
le  nom- de  Salsifis  du  Japon,  et  qu’il  a 
comparées  avec  des  happa  edidis  qu’il 
avait  fait  venir  du  Jardin  botanique  de  Halle. 
Ce  fait,  en  [même  temps  qu’il  intéresse  la 
science,  justifie  de  tous  points  ce  que  nous 
avons  dit  des  Japonais , lorsqu’au  sujet  de 

cette  récompense,  nous  écrivions  : « Le 

happa  major  est  un  très-mauvais  légume  , 
du  moins  si  l’on  doit  en  juger  par  ce  qu’il 
vaut  en  France.  C’est  une  Bardane  qui  nous 
paraît  tout  au  plus  propre  à faire  une 
plante  à feuillage  ornemental  ; ou  bien 
encore  qu’on  a voulu  faire  une  gracieuseté 
aux  Japonais,  ce  qui  ne  nous  surprendrait 
pas  : il  faut  être  courtois.  » Notre  opinion 
n’a  pas  changé  à cet  égard. 

— Parmi  les  diverses  récompenses  ac- 
cordées aux  exposants  français,  à l’expo- 
sition universelle  de  Vienne,  il  en  est  une 
dont  on  n’a  pas  parlé,  parce  qu’elle  a été 
comprise  dans  un  groupe  faisant  partie  de 
l’enseignement  général  des  frères  ignoran- 
tins,  à Dijon.  C’est  une  médaille  du  pro- 
grès, accordée  à notre  collaborateur  et  ami, 
M.  Wéber,  jardinier  en  chef  au  Jardin 
botanique  de  Dijon,  pour  des  cartes  d'arbo- 
riculture qu’il  a inventées,  et  à l’aide  des- 
quelles, en  peu  de  temps,  et  facilement,  il 
inculque  aux  élèves  les  principes  sur  les- 
quels repose  cette  science,  dont  ils  forment 
la  base. 

— Dans  notre  précédente  chronique, 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  263. 


464 


PRIMEVÈRES  DE  Cl 

p.  438,  en  parlant  du  Rosier  hybride  re- 
montant, Panachée  Langroisse,  nous  avons 
indiqué  que  les  feuilles  de  cette  belle  va- 
riété sont  panachées  ; c’est  une  erreur, 
ainsi  que  nous  l’apprend  son  obtenteur, 
M.  Ch.  Rimaucourt,  horticulteur  aux  Fran- 
chises, à Langres,  ce  dont  nous  le  remer- 
cions. 

— Le  Cotoneaster  Simonsii  est-il  une 
nouvelle  espèce  ? Le  fait  est  possible  en  tant 
qu’espèce,  mais  alors  ce  ne  serait  pas  une 
nouveauté  ; le  nom  seul  serait  nouveau.  En 
effet,  c’est  une  plante  relativement  vieille, 
que  nous  cultivons  depuis  plusieurs  années, 
et  que  tout  récemment  encore  nous  avons 
vue  en  forts  et  nombreux  exemplaires  dans 
un  jardin  où  il  n’est  pas  rare  de  rencontrer, 
non  seulement  des  nouveautés,  mais  des  ra- 

PRIMEVÈRES  DE  CHI 

Les  Primevères  de  Chine  à fleur  double 
ne  produisant  pas  de  graines  sont  multipliées 
par  bouture.  Voici  comment  on  opère  : 

Au  printemps,  vers  le  mois  de  mars, 
dans  une  serre  à multiplication,  on  vide  la 
bâche  jusqu’aux  tuiles  qui  recouvrent  les 
tuyaux  de  chauffage,  et  on  établit  une  sorte 
de  drainage  en  plâtras,  d’environ  3 ou  4 cen- 
timètres d’épaisseur,  puis  on  recouvre  ce  lit 
d’une  couche  de  terreau  de  feuilles  bien 
consommé  et  passé  au  crible  fin.  Cette  couche 
de  terreau  devra  avoir  3 ou  4 centimètres 
d’épaisseur  et  être  tassée  de  façon  à la 
rendre  également  ferme  partout.  Cela  fait, 
on  met  un  lit  de  sable  fin  d’environ  1 pouce 
d’épaisseur.  Il  serait  préférable  d’avoir  du 
sable  blanc  pour  piquer  les  boutures;  mais 
cependant,  à défaut  de  celui-ci,  on  pourrait 
se  servir  de  sable  de  rivière  tamisé  très-fin. 
Les  boutures  seront  très-peu  enfoncées  dans 
le  sable,  et  le  tout  sera  recouvert  d’un 
châssis. 

Pour  obtenir  des  boutures,  on  se  sert  de 
vieilles  plantes  qui  poussent  toujours  beau- 
coup de  branches  sur  les  côtés  ; on  en  re- 
tranche les  fleurs,  ainsi  que  les  feuilles  qui 
vont  trop  en  s’écartant  du  collet.  Ces  feuilles 
sont  coupées  de  façon  à ne  laisser  que  le 
moins  de  prise  possible  à la  pourriture  ; 
celles  qui  seraient  embarrassantes  peuvent 
être  coupées  à 5 ou  6 centimètres  du  collet. 

Les  boutures  de  Primevère  doivent  être 
visitées  au  moins  tous  les  deux  jours,  et  les 
moindres  traces  de  moisissure  enlevées  avec 
des  ciseaux  bien  tranchants.  Si  le  soleil  était 


[NE  A FLEUR  DOUBLE. 

retés,  chez  M.  Bertin  père,  à Versailles, 
sous  le  nom  de  Cotoneaster  Nepalensis,  où 
ils  formaient  des  massifs  en  ce  moment 
encore  couverts  'de  fruits  d’un  rouge  très- 
brillant  qui  produisaient  un  charmant  effet. 
C’est  également  sous  ce  nom,  qui  nous  paraît 
devoir  être  conservé,  que  nous  le  cultivons. 
Qui  donc  lui  a donné  le  qualificatif  Si- 
monsii, à l’aide  duquel  on  a ainsi  rajeuni 
une  vieillerie?  C’est  alors  l’équivalent  de 
certains  habits  qu’on  croit  neufs,  dont  on  n’a 
fait  que  de  retourner  l’étoffe.  Il  va  sans  dire 
que  nous  ne  critiquons  ni  n’accusons  per- 
sonne ; notre  but,  en  constatant  ce  fait,  est 
de  servir Ja  science  et  l’horticulture,  en  dé- 
montrant que  les  Cotoneaster  Nepalensis 
et  Simonsii  sont  une  seule  et  même  plante. 

E.-A.  Carrière. 


[E  A FLEUR  DOURLE 

très-fort,  il  faudrait  ombrer,  sans  toutefois 
rendre  l’obscurcité  trop  profonde.  Des  claies 
un  peu  serrées  valent  mieux  pour  cela  que 
de  la  toile  où  des  paillassons.  Il  faut  aussi 
veiller  soigneusement  à l’arrosage,  bien  que 
l’humidité  soit  à craindre  à cause  de  la  moi- 
sissure; il  faut  surtout  éviter  de  tenir  ces 
boutures  trop  sèches  au  pied,  car  alors  elles 
se  rendurcissent,  se  fanent  et  n’émettent 
pas  de  racines.  Comme  l’on  est  obligé  d’ar- 
roser avec  la  seringue,  il  faut  donner  un 
peu  d’air  après  les  arrosages,  et  aussi  le 
matin  pendant  une  heure  avant  que  le  soleil 
donne  sur  la  terre.  Il  va  sans  dire  que 
la  serre  doit  être  bien  calfeutrée;  sans  cela  on 
ne  pourrait  donner  d’air  aux  boutures  sans 
danger. 

Les  boutures  de  Primevère  peuvent  aussi  j 
être  faites  à froid,  mais  alors  elles  sont  I 
beaucoup  plus  longues  à s’enraciner.  Il  vaut 
donc  mieux  chauffer  un  peu  ; cela  sèche 
l’humidité  surabondante,  et  les  boutures 
émettent  des  racines  plus  vite.  La  durée 
de  la  reprise  est  d’environ  cinq  semaines. 

Quand  les  boutures  sont  à peu  près  toutes 
enracinées,  on  retire  les  châssis  qui  les  cou- 
vraient, et  on  les  laisse  pendant  quelques 
jours  au  plein  air  de  la  serre,  pour  leur 
donner  le  temps  de  bien  s’accrocher  au  sol; 
ensuite,  on  les  rempote  dans  des  godets  de 
7 à 8 centimètres  de  diamètre  ; la  terre,  qui 
doit  être  légère,  sera  composée  comme  suit: 
moitié  de  terreau  de  feuilles  bien  con- 
sommé, un  quart  de  bon  terreau  de  fu- 
mier, et  un  quart  de  vieille  terre  de  bruyère 


NOYER  COMMUN  A GRAPPES. 


465 


très-sableuse.  (La  terre  de  bruyère  n’étant 
employée  ici  que  comme  divisant,  il  est  inu- 
tile qu’elle  soit  neuve.) 

Après  le  rempotage,  on  place  les  boutures 
sur  une  petite  couche  tiède  faite  dans  un 
coffre;  il  faut  tenir  bien  clos  et  ombré  jus- 
qu’à ce  que  les  plantes  commencent  à s’éta- 
blir dans  leur  pot,  et  ensuite  donner  de  l’air 
graduellement,  tout  en  diminuant  l’ombrage. 

Pendant  l’été,  il  faut  donner  beaucoup 
d’air  et  ombrer  modérément  ; il  ne  faut  pas 
non  plus  oublier  que  si  la  Primevère  de  la 
Chine  craint  l’humidité  stagnante , elle  a 
besoin  d’un  milieu  frais  pour  pousser  vigou- 
reusement. 

A l’automne,  c’est-à-dire  vers  le  15  sep- 
tembre, on  place  les  Primevères  en  serre 
pour  la  floraison  d’hiver.  La  serre  doit  avoir 
une  température  plutôt  sèche  qu’humide, 
et  il  est  préférable  de  les  placer  sur  des  gra- 
dins, et  aussi  près  du  verre  que  possible  ; la 
chaleur  artificielle  n’est  nécessaire  que  quand 
la  température  extérieure  commence  à de- 
venir froide  ; cependant  on  peut  donner  une 
petite  chaude  de  temps  en  temps,  pour  sé- 
cher l’humidité  produite  par  les  arrosages. 

L’arrosage  doit  être  fait  très-régulière- 
ment et  à propos  ; il  faut  autant  que  possi- 
ble éviter  de  mouiller  le  feuillage,  car  un 
point  essentiel  pour  réussir  dans  le  forçage 
des  Primevères,  c’est  de  nettoyer  les  plantes 
et  d’enlever  avec  la  plus  grande  attention 
même  les  plus  légères  traces  de  pourriture. 
C’est  du  reste  pour  cela  que  ces  plantes  doi- 
vent être  transportés  en  serre  d’aussi  bonne 


heure,  car  il  serait  beaucoup  plus  difficile 
de  les  préserver  de  la  moisissure  dans  des 
coffres  à cette  époque  de  l’année. 

Les  Primevères  ne  s’accommodent  pas 
d’une  haute  température  pendant  le  forçage  : 
12  à 15  degrés  centigrades  sont  tout  à fait 
suffisants  pour  les  amener  à fleurir  vers 
Noël  et  le  jour  de  l’an,  et  cela  dans  la  per- 
fection. 

La  meilleure  espèce  de  Primevère  à fleur 
double  à cultiver  sous  le  rapport  de  la  flo- 
raison forcée  est  sans  contredit  le  Primula 
Sinensis  flore  alho  pleno.  Non  seulement 
il  fleurit  abondamment,  mais  la  fleur  est 
belle,  et  il  a cet  autre  avantage  de  se  prêter 
merveilleusément  à la  culture  forcée.  Un  des 
grands  inconvénients  que  présentent  la  plu- 
part des  espèces  de  Primula,  c’est  que  la 
hampe  florale  est  souvent  trop  courte,  et 
qu’alors  les  fleurs  sont  tellement  les  unes 
sur  les  autres,  que  cela  ne  fait  plus  qu’une 
masse,  ou  plutôt  qu’un  paquet  de  fleurs 
au  milieu  de  quelques  feuilles.  Dans  la  Pri- 
mevère blanche  ordinaire  à fleurs  doubles, 
les  fleurs  sont  peut-être  moins  larges  que 
dans  certaines  espèces,  mais  les  hampes 
sont  très-multipliées,  et  les  fleurs  sont  ainsi 
mélangées  parmi  les  feuilles,  ce  qui  forme 
un  effet  des  plus  agréables. 

Le  Primula  Sinensis  flore  rubro  pleno 
vient  en  seconde  ligne  comme  valeur  ; il  se 
force  aussi  très-bien,  mais  le  coloris  de  la 
fleur  n’est  pas  vif  ; il  tire  plutôt  sur  le 
violet,  et  de  plus,  il  fleurit  bien  moins  abon- 
damment. H.  Jamain  fils. 


NOYER  COMMUN  A GRAPPES 


Cette  variété  encore  peu  connue,  qui 
pour  certaines  personnes  est  un  mythe,  tan- 
dis que  d’autres  la  considèrent  comme  nou- 
, velle,  n’est  ni  l’une  ni  l’autre  de  ces  choses; 
elle  existe  réellement,  et  il  n’est  pas  rare 
d’en  trouver  le  nom  sur  quelques  vieux  ca- 
talogues, et  même  dans  certains  ouvrages 
d’horticulture.  D’où  vient-elle?  Où  a-t-elle 
pris  naissance?  Y a-t-il  dans  cette  forme  par- 
ticulière de  Noyer  des  sous-variétés  ou  des 
plantes  de  valeur  et  d’intérêt  divers  ? Ce  sont 
là  des  questions  auxquelles  il  nous  paraît 
difficile  de  répondre.  Notre  but,  en  publiant 
cette  note,  est  d’abord  d’éclairer  un  peu  cette 
question,  et  de  faire  connaître  cette  variété 
qui  n’est  pas  sans  mérite,  tant  s’en  faut;  en- 
suite pour  servir  la  science  en  montrant  une 
fois  de  plus  combien  ce  qu’on  nomme  une 
espèce  peut  varier,  toutes  choses  qui  nous 


ont  engagé  à donner  une  figure  de  la  variété 
qui  fait  le  sujet  de  cette  note. 

Le  Noyer  commun  à grappes.  Juglans 
regia  racemosa,  figure  42,  ne  présente  rien 
de  particulier  quant  à son  port  et  à sa  vé- 
gétation; c’est  un  grand  arbre,  tout  à fait 
semblable  au  Noyer  commun  qu’on  ren- 
contre partout,  et  dont,  par  conséquent, 
le  principal  caractère  différentiel  réside 
dans  la  disposition  des  fruits  qui,  au  lieu 
d’être  solitaires  ou  parfois  réunis  par  deux 
ou  par  trois,  rarement  plus,  sont  disposés 
en  sorte  d’épis  ou  grappes  à l’extrémité  des 
rameaux,  ainsi,  du  reste,  que  le  démontre  la 
figure  42.  Ajoutons  que  ceux-ci  sont  gros  et 
de  bonne  qualité  (du  moins  chez  la  sorte 
dont  nous  parlons),  ce  qui  ne  gâte  rien. 
Nous  avons  vu  tout  récemment  encore  et 
chargé  de  fruits  un  très-fort  exemplaire  de 


CULTURE  DES  JACINTHES  DANS  L’EAU. 


166 

cette  variété  dans  le  jardin  de  M.  Berlin  père, 
40,  boulevard  de  la  Reine,  à Versailles; 
c’est  sur  ce  pied  qu’a  été  coupé  le  rameau 
figuré  ci-contre.  C’est,  croyons-nous,  cet 
éminent  praticien  et  connaisseur  auquel 
l’horticulture  doit  tant,  qui  le  premier  a 
cultivé,  en  France,  le  Noyer  à grappes,  celui 
dont  nous  parlons,  du  moins.  L’ayant  ques- 
tionné sur  son  origine,  avec  sa  bienveillance 
accoutumée,  M.  Bertin  s’est  empressé  de 
nous  donner  les  renseignements  suivants  : 
« Je  possède  cet  arbre  depuis  une  ving- 


taine d’années  ; je  l’ai  acheté  à un  horticul- 
teur de  Gand,  chez  lequel  j’ai  vu  un  pied 
qui  portait  environ  140  grappes,  composées 
chacune  de  8 à fruits.  C’est  le  nombre 
que  j’ai  également  constaté  chez  moi;  Jamais 
je  n’ai  remarqué  de  grappes  plus  fournies, 
par  exemple  de  15  à 20  Noix,  ainsi  que  l’ont 
rapporté  certains  auteurs.  A-t-on  possédé  au- 
trefois une  variété  plus  productive,  ou  bien 
a-t-on  exagéré?  Les  deux  choses  étant  pos- 
sibles, je  m’abstiens  de  prononcer,  me  bor- 
nant à dire  ce  que  j’ai  vu. 


« Je  n’ose  non  plus  affirmer  que  cette 
variété  se  reproduit  identiquement  par  se- 
mis ; je  suis  même  porté  à penser  le  con- 
traire, et  qu’il  se  trouverait  toujours  un 
nombre  plus  ou  moins  grand  d’individus  qui 
retourneront  au  type.  Le  meilleur  moyen  de 
le  multiplier  est  donc  la  greffe  en  approche, 
procédé  peu  expéditif,  je  le  sais,  mais  qui 
du  moins  à l’avantage  d’être  certain.  » 
Comme  renseignement,  nous  ajoutons, 
dans  l’intérêt  de  nos  lecteurs  ou  de  ceux 
qui  feraient  des  semis,  qu’ils  ne  devraient 
point  se  décourager 
si,  pendant  les  pre- 
mières années  de 
leur  rapport,  les  su- 
jets de  semis  don- 
naient des  fruits  soli- 
taires ou  seulement 
réunis  par  2-3,  et  in- 
férer de  là  qu’ils  sont 
dégénérés.  Ce  serait 
un  tort  : à peu  près 
toujours  c’est  même 
le  cas  ; les  grappes 
ne  commencent  à 
paraître  que  sur  les 
individus  déjà  forts 
et  sur  les  pousses 
très-vigoureuses  seu- 
lement. C’est  même 
ce  qui  se  manifeste 
sur  les  arbres  tout 
à fait  adultes.  Chez 
ceux-ci,  en  effet,  on 
ne  voit  de  grappes 
que  sur  les  bour- 
geons vigoureux  ; 
toutes  les  parties  grêles,  ainsi  que  les  brin- 
dilles placées  à l’intérieur,  ne  portent  sou- 
vent que  deux  ou  trois  Noix,  parfois  même 
une  seule.  Mais  quoi  qu’il  en  soit,  le  Noyer 
à grappes  est  une  variété  dont  nous  n’hé-‘ 
sitons  pas  à recommander  la  propaga- 
tion. 

On  trouvera  soit  des  pieds,  soit  des  Noix 
de  cette  variété,  chez  M.  Moser,  horticul- 
teur, rue  Saint-Symphorien,  à Versailles. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  4^2.  — Noyer  commun,  à grappes,  au  1/3  de  grandeur  naturelle. 


CULTURE  DES  JACINTHES  DANS  L’EAU 


B y a plus  de  huit  années  que,  dans  la 
Revue  hortieole  du  16  mai  1865,  paraissait 
un  article  de  notre  savant  collègue,  M.  Ed. 
André,  sur  la  culture  perfectionnée  des  Ja- 


cinthes dans  l’eau.  Il  constatait  le  procédé 
que  j’employais  pour  obtenir  les  hampes  de 
Jacinthes  plus  fortes  et  mieux  développées, 
procédé  qui  consistait  simplement  à retran- 


467 


BELLES  AROÏDÉES  ANCIENNES,  MAIS  PEU  CONNUES. 


cher  une  partie  des  racines,  lorsqu’elles  ont 
atteint  10  à 15  centimètres. 

Ayant  toujours  réussi  depuis  cette  époque, 
je  viens  aujourd’hui  compléter  ce  que  ma 
vieille  expérience  m’a  suggéré,  car  nous 
voici  arrivés,  ainsi  que  le  disait  notre  cher 
collègue,  « aux  dures  journées  de  l’hiver 
où  chacun  veut  se  donner  ce  luxe  innocent 
de  la  verdure  et  des  fleurs,  comme  une 
réminiscence  du  printemps  passé,  comme 
un  appel  au  renouveau  prochain.  » 

Je  choisis  les  oignons  les  mieux  faits  et 
dont  le  plateau  est  le  plus  rond  possible  ; je 
les  place  dans  des  vases  faits  exprès  pour 
ce  genre  de  culture;  l’eau  ne  doit  pas  dé- 
passer les  racines  de  plus  de  1 centimètre 
environ,  pour  que  la  couronne  plonge  tou- 
jours dans  le  liquide.  On  fixe  l’oignon  soli- 
dement au  vase  avec  un  lien  quelconque,  ce 
qui  a une  grande  importance,  ainsi  que  je  le 
dirai  plus  loin. 

Les  carafes  doivent  être  placées  dans  un 
endroit  complètement  privé  de  lumière,  où 
la  température  ne  soit  pas  trop  élevée.  Il 
faut  de  temps  à autre  les  visiter  pour  re- 
mettre de  l’eau  là  où  elle  s’est  évaporée  ; au 
bout  d’un  mois  ou  six  semaines,  les  racines 
ont  poussé  verticalement,  puisque,  grâce  aux 
liens,  elles  n’ont  pu  se  développer  par  côté, 
ce  qui  arrive  quelquefois  lorsqu’on  n’a  pas 
eu  la  précaution  de  fixer  solidementl’oignon; 
d’un  autre  côté,  l’évaporation  se  trouve,  aussi, 
bien  moins  active.  Les  feuilles  qui  se  mon- 
trent indiquent  que  c’est  alors  le  moment 
de  placer  les  carafes  près  du  jour  ; il  est  né- 
cessaire que  les  plantes  reçoivent  le  plus  de 
lumière  possible  ; la  température  de  la  pièce 
ne  doit  pas  être  très-élevée,  afin  de  ne  pas 
trop  hâter  la  végétation. 

J’ai  remarqué  que  pendant  la  période  ac- 


tive du  développement  de  la  tige,  on  devait, 
tous  les  quinze  jours  environ,  laver  les  ra- 
cines et  parfaitement  nettoyer  les  vases.  On 
aura  soin  de  procéder  successivement  à celte 
petite  opération  pour  ne  pas  mélanger  les 
carafes,  qui  doivent  être  étiquetées,  si  toute- 
fois elles  contenaient  des  variétés  particu- 
lières. Les  liens  sont  encore  utiles  pour  em- 
pêcher la  plante  de  se  déjeter  ou  même 
quelquefois  de  tomber  ; on  peut  les  rem- 
placer par  deux  caoutchoucs  entrés  par  le 
dessous  du  vase. 

En  lavant  soigneusement  les  racines,  je 
suis  persuadé  qu’on  évite  la  pourriture  qui 
attaque  très-souvent  les  bulbes.  Lorsque  les 
racines  ont  atteint  7 à 8 centimètres,  on  les 
coupe,  laissant  seulement  4 centimètres  au- 
dessous  du  plateau  ; je  laissais  autrefois  les 
racines  plus  longues,  mais  j’ai  reconnu  qu’il 
y avait  avantage  à opérer  comme  je  viens  de 
l’expliquer  : en  agissant  ainsi,  on  obtient 
toujours  de  plus  belles  hampes  que  par  les 
moyens  ordinaires,  et  les  feuilles,  prenant 
moins  de  développement  dans  le  commen- 
cement, laissent  la  fleur  acquérir  plus  de 
force  et  se  montrer  dans  toute  sa  beauté. 

Si,  comme  je  l’espère,  j’obtiens  encore 
cette  année  le  succès  auquel  je  suis  habitué, 
j’en  informerai  les  lecteurs  de  la  Revue,  et 
je  serai  très-heureux  de  montrer  mes  Ja- 
cinthes, au  moment  de  leur  floraison,  à tous 
ceux  qui  désireraient  les  voir,  et  je  suis  per- 
suadé qu’ils  approuveraient  ce  mode  de  cul- 
ture, qui,  j’ose  le  dire,  est  très-satisfaisant, 
ainsi  que  notre  cher  collègue,  M.  Verlot,  du 
Muséum,  l’a  constaté  il  y a quelques  années, 
lorsqu’il  m’a  fait  l’amitié  de  venir  visiter  mes 
cultures.  Eug.  Vavin, 

Président  honoraire  de  la  Société  d’horticulture 
de  Pontoise. 


BELLES  AROÏDÉES  ANCIENNES,  MAIS  PEU  CONNUES 


En  parcourant  le  Manuel  de  V Amateur 
des  Jardins  (Decaisne  et  Naudin,  vol.  III, 
page  714),  nous  avons  trouvé  une  inté- 
ressante notice  sur  les  Aroïdées,  et  en  la 
lisant  nous  pensions  qu’il  était  regrettable 
que  beaucoup  des  variétés  citées  et  recom- 
mandées fussent , malgré  leur  beauté , si 
peu  connues  et  presque  oubliées  dans  les 
collections  des  jardins  botaniques. 

Nous  croyons  être  agréable  à nos  lecteurs 
en  leur  signalant  quelques  espèces  dignes 
d’entrer  en  ligne  avec  les  Alocasia,  Colo- 
easia,  Caladium,  etc.,  les  plus  répandus. 

Voici  les  noms  des  meilleures  espèces  ; 


ceux  qui  ne  font  pas  partie  de  cette  liste  ont 
été  omis  parce  qu’ils  ont  été  déjà  donnés 
dans  la  Revue  : 

lo  Anthurium  reflexum  (Brongn.),  qui 
devrait  avoir  une  place  dans  toutes  les 
serres. 

Philodendron  calophyllum , décrit 
par  M.  Ed.  André,  dans  le  19®  vol.  de 
y Illustration  horticole,  et  qui  sera,  paraît- 
il,  remis  au  commerce  l’année  prochaine 
par  l’établissement  Linden.  Cette  superbe 
plante,  victime  de  l’hiver  1870-1871,  mon- 
trait autrefois  ses  magnifiques  spathes  dans 
les  serres  du  Muséum. 


468 


LIQUEUR  DE  TOMATES,  EN  BOUTEILLES. 


3®  Philodendron  giganteum.  Cette  es- 
pèce, fort  peu  répandue  en  France,  mais 
qu’il  est  facile  de  se  procurer  en  Belgique, 
fait  cependant  partie  des  collections  du 
parc  de  la  Tête-d’Or,  à Lyon  ; elle  provient 
des  serres  de  Herrenhausen,  d’où  elle  a été 
envoyée  par  M.  Wendland.  Il  est  important 
de  ne  pas  confondre  cette  plante  avec  le 
Pothos  giganteum,  belle  espèce  également 
très-méritante,  mais  pourtant  inférieure  à 
celle  que  nous  Venons  de  citer  ; nous  avons 
admiré  ce  Pothos  en  bel  exemplaire  dans  le 
lot  de  Legrelle  d’Hanis,  à l’exposition 
de  Bruxelles,  en  1872. 

4®  Philodendron  eruhescens;  remar- 
quable par  sa  spathe  cnarnue,  en  forme  de 
cornet,  qui  est  du  plus  beau  rouge  carmin. 
— Le  nouveau  Ph.  Daguense,  figuré  dans 
V Illustration  horticole  (1873),  paraît  s’en 
rapprocher  un  peu. 

5®  Philodendron  Melinonis.  Livrée  nou- 
vellement au  commerce,  cette  espèce,  qui 
est  très-belle,  exige  une  température  élevée 
{+ 15^  cent.),  surtout  si  on  la  tient  en  pleine 
végétation  pendant  l’hiver. 

6®  Philodendron  Simsii.  Cette  magni- 
fique Aroïdée  est  fort  rare,  quoique  son 
introduction  date  de  1803.  D’après  Lemaire, 


elle  viendrait  de  Demerary  {Guyane  an- 
glaise). Ses  grandes  feuilles  lisses,  poin- 
tues et  retombant  gracieusement  sont  d’un 
beau  vert,  à très-longs  pétioles  finement 
striés  de  rouge  avec  l’âge  ; ses  spathes, 
richement  colorées  de  rose  vif  à la  l3ase  et 
de  blanc  dans  la  partie  supérieure,  sont 
d’un  effet  splendide.  (Décrit  dans  le  Jardin 
Fleuriste,  vol.  1,  pl.  36).  M.  B.  Williams, 
dans  son  livre  sur  les  Pla7ites  à feuillage 
ornemental,  assigne  Caracas  comme  étant 
la  patrie  de  cette  plante  ; il  recommande 
sa  culture  dans  un  aquarium.  Nous  obte- 
nons de  très-bons  résultats  par  la  culture 
ordinaire  en  serre  chaude,  à une  tempéra- 
ture moyenne  de  + 15“  cent. 

Culture. — La  terre  qui  convient  à toutes 
ces  Aroïdées  est  le  mélange  déjà  indiqué  par 
nous  pour  V A^ühurium  Sùherze7Ùanu7n{\). 
Quand  les  plantes  deviennent  fortes,  il  est 
fort  utile  d’entourer  leurs  troncs  de  spha- 
gnum  que  l’on  tient  humide  ; cet  élément 
favorise  considérablement  le  développement 
des  racides  adventives  qui  trouvent  ainsi  un 
appui  et  de  la  nourriture.  Au  printemps, 
les  engais  liquides  ne  leur  sont  pas  égale- 
ment très-favorables.  Alphonse  D***, 

Amateur. 


LIQUEUR  DE  TOMATES,  EN  BOUTEILLES 


Une  des  premières  conditions  pour  faire 
de  bonne  liqueur  de  Tomates,  c’est  que  les 
fruits  soient  bien  mûrs;  plus  ils  seront  mûrs, 
plus  la  liqueur  sera  bonne  et  abondante. 

Voici  comment  il  faut  procéder  : 

On  doit  ramasser  les  Tomates,  autant  que 
possible,  lorsqu’elles  sont  sèches,  jamais  par 
la  rosée,  puis  on  les  écrase  au  fur  et  à me- 
sure, et  on  les  met  dans  un  chaudron  en 
cuivre  étamé  ou  du  moins  très-propre,  et 
qu’on  place  sur  le  feu;  lorsqu’elles  ont  bien 
bouilli  pendant  trois  quarts  d’heure  à une 
heure  environ,  on  les  passe  dans  un  tamis 
en  crin,  pour  en  enlever  toutes  les  graines 
et  les  pédicules  des  fruits,  puis  Ton  verse  le 
jus  des  Tomates  dans  de  grands  vases  en 
terre  pour  le  faire  refroidir. 

Lorsque  le  tout  est  refroidi  convenable- 
ment, on  lave  bien  proprement  de  nouveau 
le  chaudron,  et  l’on  remet  le  jus  à bouillir 
jusqu’à  ce  qu’il  soit  bien  cuit,  ce  qui  se  re- 
connaît lorsqu’il  ne  reste  plus  d’eau  sur  la 
surface  du  jus.  Pendant  tout  le  temps  de  la 
cuisson,  on  a soin,  avec  une  longue  spatule 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1873,  p.  447, 

(2)  Ibid.,  p.  400. 


en  bois,  de  remuer  le  liquide,  afin  qu’on 
ait  la  certitude  qu’il  a bien  bouilli  par- 
tout sans  se  brûler. 

Bien  des  personnes  mettent  dans  la  li- 
queur des  Tomates,  en  la  faisant  bouillir,  du 
sel,  du  poivre  et  d’autres  épices  ; ces  choses 
ne  sont  pas  nécessaires,  et  sans  elles  cette 
liqueur  se  conserve  tout  aussi  bien,  et  en- 
suite les  cuisinières  ne  sont  pas  exposées  à 
ce  que,  faute  d’attention,  les  mets  soient  trop 
épicés. 

Quant  on  voit  que  la  liqueur  est  bien 
cuite,  il  tant  de  nouveau  la  mettre  refroidir 
un  peu  dans  les  mêmes  vases,  puis,  avant 
qu’elle  soit  bien  froide,  il  faut  remplir  les 
bouteilles,  en  laissant  toujours  un  vide  de 
5 centimètres  entre  le  liquide  et  le  bouchon, 
puis  on  ficelle  solidement  chaque  bouteille, 
et  on  les  met  bouillir  toutes  ensemble  dans 
le  même  chaudron  plein  d’eau  jusqu’au  ni- 
veau de  la  liqueur  contenue  dans  les  bou- 
teilles; on  enveloppe  chacune  de  ces  bou- 
teilles avec  un  paillon  (3)  fait  exprès,  pour 

(3)  Ces  sortes  de  paillons  sont  semblables  à ceux 
dont  on  se  sert  pour  expédier  les  vins  fins  de  Bor- 
deaux, Sauterne,  etc. 


CULTURE  DES  PÉLARGONIUMS  ZONALES  ANGLAIS. 


4G9 


éviter  que  les  verres  se  touchent  et  que  les 
chocs  les  brisent. 

Un  quart  d’heure  suffit  largement  pour 
cette  opération. 

Lorsqu’on  travaille  pour  la  vente,  on  doit, 
dès  que  les  bouteilles  sont  refroidies,  en 
goudronner  le  bouchon,  ce  qui,  tout  en  don- 
nant un  certain  cachet,  est  plutôt  favorable 
que  nuisible  à la  conservation. 

On  peut,  dès  que  les  bouteilles  sont  bien 
refroidies,  se  servir  de  ce  liquide  pour  les 
divers  usages  du  ménage.  J’ajoute  que  dans 
presque  toutes  les  parties  du  Midi,  on  est 
très-friand  de  ce  mets,  qu’on  mélange  à pres- 
que toutes  les  sauces,  même  à la  soupe,  et 
dans  les  ménages  où  la  gène  se  fait  un  peu 
sentir,  la  liqueur  de  Tomates  remplace  — 
non  pas  avantageusement  toutefois  — une 
partie  de  la  graisse. 

Conserve  de  Tomates  entières,  au  sel. 
— Un  des  premiers  soins  doit  être  le  choix 
des  fruits,  qui  doivent  être  bien  mûrs  et 
aussi  unis  que  possible  dans  leurs  parties 
supérieures.  Après  les  avoir  bien  essuyés, 
on  les  met  dans  des  pots  en  terre  cuite  et 


vernissée,  rang  par  rang,  bien  arrangées,  afin 
qu’il  en  contienne  davantage  ; chaque  rang 
de  fruits  doit  être  couvert  de  sel  de  cuisine, 
et  ainsi  de  suite  jusqu’à  ce  que  le  pot  soit 
plein. 

Comme  à l’époque  où  se  fait  ce  travail  il 
fait  toujours  très- chaud  dans  nos  contrées, 
le  sel  ne  tarde  pas  à se  fondre  de  lui-même, 
et  alors  l’eau  qu’il  forme  couvre  presque 
toujours  toutes  les  Tomates,  qui  alors  se 
conservent  très-bien  d’une  année  à l’autre. 

Le  point  essentiel  pour  bien  les  conserver, 
c’est  que  les  fruits  soient  toujours  bien  cou- 
verts d’eau. 

Au  fur  et  à mesure  qu’on  prend  les  To- 
mates pour  la  consommation,  et  afin  de  ne 
rien  perdre,  on  se  sert  de  l’eau  de  sel  qui  re- 
couvrait les  fruits,  ainsi  qu’on  le  ferait  avec 
du  sel  proprement  dit. 

Ce  procédé  de  conservation  est  le  plus 
économique  de  tous  ; aussi  est-il  usité  dans 
les  ménages  les  plus  modestes,  où,  plus 
encore  que  dans  tout  autre,  l’ordre  et  l’éco- 
nomie doivent  être  la  base.  A.  Dumas, 

Jardinier  en  chef  à la  ferme-école  du  Gers. 


CULTURE  DES  PÉLARGONIUMS  ZONALES  ANGLAIS 


Il  n’est  pas  d’amateurs  qui  ne  connaissent 
les  plantes  de  cette  section  de  Pélargoniums, 
qui  par  la  beauté  et  la  variété  des  nuances 
de  leurs  feuilles  fait  que  celles-ci  peuvent 
rivaliser  avec  les  fleurs  pour  l’ornementa- 
tion. On  pourrait  même  dire  que,  dans  cer- 
tains cas,  elles  sont  préférables,  puisque,  au 
lieu  d’être  passagère  comme  chez  les  fleurs, 
cette  beauté  est  permanente.  Néanmoins,  et 
malgré  tous  ces  avantages,  beaucoup  d’ama- 
teurs tendent  à abandonner  ces  plantes 
qu’ils  regardent  comme  trop  délicates.  Dans 
ce  reproche  qui,  en  apparence,  paraît  fondé, 
il  y a beaucoup  d’exagération  ; on  peut,  par 
une  culture  facile  et  sans  beaucoup  de  soins, 
obtenir  en  pleine  terre,  à l’air  libre,  des  plan- 
tes relativement  vigoureuses  et  d’une  belle 
venue,  ce  que  je  vais  essayer  de  démontrer. 

Après  avoir  choisi  l’emplacement  (massif 
ou  bordure)  que  l’on  destine  à la  plantation, 
on  en  enlève  la  terre  jusqu’environ  30  cen- 
timètres de  profondeur  que  l’on  remplace 
par  de  la  terre  de  bruyère  grossièrement 
cassée,  non  tamisée,  et  l’on  y plante  les  Pé- 
largoniums que  l’on  arrose  légèrement  au 
pied  pour  lier  ou  faire  adhérer  la  terre  du 
massif  à celle  des  plantes.  Dans  ces  condi- 
tions, la  végétation  est  vigoureuse,  et  les 
feuilles  acquièrent  des  dimensions  considé- 


rables, tout  en  conservant  leur  éclat,  et  ne 
redoutent  même  pas  l’ardeur  du  soleil.  Ce- 
pendant il  est  encore  possible  d’augmenter 
l’intensité  et  le  brillant  des  couleurs  en  ar- 
rosant une  fois  par  semaine  avec  de  l’eau 
légèrement  chargée  de  suie  ou  de  résidu  des 
fourneaux.  Si  l’on  cultive  en  vases,  on  ad- 
ditionne cette  substance  à petite  dose  au  mé- 
lange dans  lequel  sont  placées  les  plantes  et 
qui  est  ainsi  composé  : terre  de  bruyère, 
terreau  de  couche  bien  consommé  et  terre 
franche  légère,  un  tiers  de  chaque. 

La  multiplication  des  Pélargoniums  zo- 
nales  anglais,  dont  Miss  Pollock  peut  don- 
ner une  idée,  ne  diffère  pas  de  celle  des  au- 
tres espèces  ; néanmoins,  en  raison  de  leur 
nature  particulière,  il  est  bon  de  prendre 
certaines  précautions  que  je  vais  indiquer. 
Bien  qu’on  puisse  faire  les  boutures  pendant 
toute  l’année,  les  mois  de  mars  et  d’avril 
sont  les  plus  favorables,  parce  qu’à  cette 
époque  les  plantes  entrent  dans  toute  l’acti- 
vité de  leur  végétation,  et  que  les  boutures 
ont  le  temps  de  prendre  de  la  force  avant  la 
saison  des  froids.  On  coupe  les  boutures 
d’environ  10  à 12  centimètres  de  longueur; 
on  en  supprime  toutes  les  feuilles,  excepté 
les  deux  terminales  ; il  faut  également  en- 
lever avec  soin  les  stipules  placées  à la  base 


470 


ARONIA  HOSTII. 


des  feuilles,  qui  feraient  des  sortes  de  réser- 
voirs qui  retiendraient  un  excès  d’humidité 
toujours  très-nuisible  aux  plantes,  et  qui 
pourrait  môme  les  faire  pourrir , car  les 
Pélargoniums  anglais  redoutent  excessive- 
ment l’humidité;  aussi  faut-il  avoir  soin, 
lorsqu’on  les  arrose,  d’en  mouiller  les  feuil- 
les le  moins  possible.  Une  autre  précaution 
qu’il  e^t  bon  de  prendre,  c’est  de  ne  donner 
aux  plantes  que  des  pots  relativement  petits, 
parce  que,  en  général,  elles  absorbent  peu. 
Dans  cette  circonstance,  l’excès  en  moins 
est  préférable  à l’excès  contraire,  car,  il  faut 
bien  le  reconnaître,  ces  Pélargoniums  sont 
moins  robustes  que  ceux  des  autres  sections 
de  zonales.  Pour  la  saison  d’hiver  les  vases 
ne  doivent  pas  dépasser  4 à 5 pouces  de 
diamètre  pour  les  plus  fortes  plantes  ; et  il 
va  de  soi  que  si  les  plantes  étaient  très-fai- 
bles, on  devrait  les  mettre  dans  des  pots 
un  peu  plus  petits.  Quant  aux  arrosages,  ils 
devront  être  très-modérés,  ces  plantes  ne 
périssant  presque  jamais  de  la  Pécheresse, 

ARONIA 

Cette  espèce,  que  nous  avons  reçue  de 
MM.  Simon -Louis,  horticulteurs  à Metz, 
sous  le  nom  de  Cratægus  Hostii,  est  des 
plus  jolies,  et  en  même  temps  trés-intéres- 
sante  par  ses  caractères  intermédiaires  qui 
la  rattachent  d’une  part  aux  Aria,  de  l’au- 
tre aux  Aronia,  ce  qui  nous  engage  à la 
placer  à la  tête  de  ces  derniers,  à côté  de 
V Aronia  charnœmespilus.  En  voici  la  des- 
cription : 

Arbrisseau  ayant  le  port  et  le  faciès  de 
VAria  intermedia  mais  à feuilles  plus 
grandes,  moins  argentées,  tomenteuses  en 
dessous,  les  unes  longuement  ovales,  cour- 
tement  dentées,  les  autres  plus  profondé- 
ment dentées-lobées,  rappelant  celles  de 
VA.  intermedia,  parfois  même  de  VA.  pin- 
natifida.  Fleurs  très-nombreuses  disposées 
en  sorte  de  corymbes  à l’extrémité  de  courtes 
ramilles,  d’abord  rose lilacé,  passant  succes- 
sivement au  gris  rosé,  à reflets  chatoyants. 
Fruits  rappelant  ceux  de  VA.  pinnatifida, 
mais  un  peu  plus  gros,  brusquement  arron- 
dis et  légèrement  aplatis  au  sommet,  où  se 
trouve  le  calice  qui,  étroit,  fermé  et 
comme  plissé,  présente  autour  des  saillies 
fortement  anguleuses,  prenant  à la  maturité, 
qui  a lieu  vers  le  15  août,  — c’est,  peut- 
être,  de  tous  les  genres  voisins  {Aria,  Aro- 
nia, Sorhiis),  l’espèce  la  plus  hâtive  — une 
belle  couleur  rouge  orangé  luisante.  Grai- 


tandis  qu’il  en  est  tout  autrement  lorsqu’elles 
sont  trop  humides.  Il  faut  aussi,  pour  l’hi- 
ver, avoir  bien  soin  de  les  placer  au  grand 
jour  et  surtout  le  plus  près  possible  du  verre, 
l’ombrage  leur  étant  très-préjudiciable  non 
seulement  pour  la  végétation,  mais  aussi 
pour  le  coloris  des  feuilles,  qui  alors  devient 
terne  et  peu  sensible  sur  le  plus  grand 
nombre  des  variétés.  Il  arrive  parfois  que 
certains  individus  tendent  à reprendre  la 
couleur  verte  ; dans  ce  cas  il  faut  de  suite  et 
sans  ménagement  enlever  toutes  ces  parties  ; 
quelquefois  même  il  est  bon  de  jeter  les  in- 
dividus qui  présentent  ce  caractère,  et  ja- 
mais on  ne  devra  prendre  de  boutures  des- 
sus. 

En  se  conformant  aux  indications  qui  pré- 
cèdent, je  ne  doute  pas  qu’on  obtienne  de 
bons  résultats,  ce  dont  je  m’estimerai  heu- 
reux, puisque  c’est  dans  ce  but  que  j’ai  écrit 
cet  article. 

Boucharlat  aîné. 

Horticulteur  à Cuire-les-Lyon. 

HOSTII 

nés  presque  toujours  solitaires,  placées  au 
centre  des  fruits  dans  une  pulpe  jaunâtre, 
sèche  et  comme  farineuse  presque  complè- 
tement dépourvue  de  saveur,  longues  d’envi- 
ron 7 millimètres,  atténuées  aux  deux  bouts, 
presque  pointues,  à testa  parcheminé  brun 
foncé,  uni,  luisant,  coriace,  mais  non  os- 
seux. 

D’où  cette  espèce  est  - elle  originaire  ? 
Nous  ne  savons  ; ce  que  nous  pouvons  affir- 
mer, c’est  qu’elle  est  très -ornementale  et 
que,  par  ses  fleurs  roses,  elle  fera  un  con- 
traste des  plus  charmants,  mélangée  avec 
les  Aria  dont  elle  a assez  l’aspect,  qui  tous 
ont  les  fleurs  blanches.  Sous  le  rapport  de  la 
couleur  des  fleurs,  V Aronia  Hostii  est  une 
rare  exception  parmi  le  groupe  des  Poma- 
cées  dont  il  fait  partie. 

La  culture  et  la  multiplication  sont  iden- 
tiques à celles  des  4 Ha  ; c’est  à l’aide  de 
la  greffe  en  fente  ou  en  écusson  qu’on  la 
propage;  les  sujets  sont  l’Epine  et  les  diverses 
espèces  A Aria;  dans  certains  cas  même, 
l’on  peut  employer  le  Cognassier.  Quant  à 
la  multplication  par  semis,  bien  qu’il  pa- 
raisse probable  qu’on  pourra  aussi  la  prati- 
quer, nous  ne  pouvons  cependant  rien  affir- 
mer, puisque  cette  année  1873  est  la  pre- 
mière où  nous  mettons  ce  procédé  en  usage. 

E.-A.  Carrière 


/<'/'0{^^fu/ron  .s'/uu'io.s'iint  . 


CLÉRODENDRON  SPECIOSUM.  — PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


471 


CLERODENDEON  SPECIOSUM 


Cette  plante  qui,  assure-t-on,  est  un  hy- 
bryde  entre  le  Clerodendron  splendens  et 
le  C.  Balfouri  ou  Thompsoni,  paraît  avoir 
été  mise  au  commerce,  vers  1868,  par  la 
maison  William  Bull,  de  Londres.  C’est 
donc,  comme  on  le  voit,  une  plante  nouvelle, 
et,  disons-le,  une  des  plus  jolies  qifil  soit 
possible  de  voir,  fait  qui  du  reste  est  mis 
hors  de  doute  par  la  figure  ci- contre.  Son 
mérite  incontestable  ne  nous  paraît  pas  suf- 
fisamment connu  si  nous  en  jugeons  par  la 
rareté  de  cette  plante,  qu’on  ne  rencontre 
que  très-rarement  dans  les  cultures;  ses  ca- 
I ractères  sont  les  suivants  : tige  robuste, 
volubile  ou  mieux  sarmenteuse,  légèrement 
I comprimée,  violacée.  Feuilles  persistantes, 
opposées,  courtement  pétiolées,  largement 
ovales  ou  subarrondies,  épaisses,  coriaces, 
à contour  arrondi  non  denté,  glabres,  lisses 
et  luisantes  en  dessus  qui  est  vert  foncé,  glau- 
cescentes  à la  face  inférieure  qui  porte  des 
nervures  saillantes,  arrondies.  Fleurs  très- 
nombreuses,  rapprochées  en  groupes  sur 
des  pédoncules  communs  axillaires.  Calice 
persistant,  à 5 dents  profondes,  égales,  lon- 
guement acuminées,  d’un  roux  ferrugineux. 
Corolle  longuement  tubuleuse,  à 5 divisions 
régulièrement  ovales  étalées,  rouge  ponceau 
très-foncé  ; étamines  longuement  saillantes  ; 


style  généralement  saillant,  parfois  à peine 
plus  long  que  les  étamines.  Fleurit  vers  le 
mois  de  juin. 

Le  Clerodendron  speeiosum,  Hort.,  qui 
est  parfois  désigné  sous  les  noms  de  C.  spe- 
eiosum  Rollissoni  ou  tout  simplement  C. 
Rollissoni,  est,  nous  le  répétons,  une  plante 
d’une  beauté  des  plus  remarquables.  C’est 
surtout  quand  elle  est  en  pleine  terre,  car 
elle  prend  alors  des  proportions  considéra- 
bles. Dans  ce  cas,  en  effet,  les  inflorescences 
axillaires,  qui  sont  très-nombreuses,  for- 
ment un  ensemble  de  50  centimètres  et  plus 
de  longueur.  B faut  cultiver  cette  espèce 
dans  un  sol  consistant,  c’est-à-dire  en  serre 
chaude,  dans  une  terre  franche,  légère,  ad- 
ditionnée de  terre  de  bruyère  grossièrement 
concassée,  dans  laquelle  on  laisse  les  détri- 
tus de  végétaux  ; on  peut  même  y ajouter 
un  peu  de  terreau  de  feuilles.  Les  arrose- 
ments doivent  être  copieux  pendant  l’époque 
de  la  végétation,  surtout  à partir  du  moment 
où  la  plante  montre  son  inflorescence.  La 
multiplication  se  fait  à l’aide  de  bourgeons 
qu’on  obtient  en  rabattant  les  plantes.  Ces 
boutures  se  plantent  en  terre  de  bruyère, 
sous  cloche,  à chaud,  où  elles  s’enracinent 
assez  facilement. 

E.-A.  Carrière. 


PLANTES  NOUVELLES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Cratægus  spectabilis.  — Cette  espèce, 
que  nous  avons  reçue  sous  le  nom  de  Cra- 
tœgus  fruetu  lutea,  et  que  nous  avons  dû 
changer  comme  étant  tout  à fait  impropre, 
est  une  des  plus  intéressantes  au  point  de 
vue  de  l’ornement,  tant  par  ses  fleurs  et  ses 
fruits  que  par  la  beauté  de  son  feuillage. 
Ajoutons  qu’il  est  très-vigoureux  et  dé- 
pourvu d’épines.  En  voici  la  description  : 
Arbrisseau  à feuilles  subpersistantes, 
simples,  grandes,  longuement  elliptiques, 
atténuées  aux  deux  bouts,  coriaces,  luisantes 
en  dessus,  blanchâtres  en  dessous,  courte- 
ment et  irrégulièrement  dentées.  Fleurs 
blanches,  grandes,  réunies  en  fortes  om- 
belles compactes.  Fruits  gros,  pyriformes, 
d’environ  2 centimètres  de  longueur,  d’une 
largeur  à peu  près  égale,  surmontés  par  les 
dents  du  calice,  qui,  étalées,  sont  li- 


néaires, longues  de  6-10  millimètres  ; peau 
d’un  rouge  corail  orangé,  marqué  çà  et  là 
de  ponctuations  assez  fortes  ; chair  blanc 
jaunâtre,  aigrelette-sucrée , blétissant  sur 
l’arbre  à la  maturité,  qui  a lieu  en  novem- 
bre, mais  alors  presque  dépourvue  de  sa- 
veur, et  rappelant  assez  celle  de  l’Épine 
blanche  commune  {C.  oxyacantha)  ; ma- 
cules 3,  osseuses,  allongées,  légèrement  ar- 
quées, parfois  un  peu  aplaties,  obtuses  ou 
subtriangulaires,  à angles  arrondis. 

Le  C.  speetahilis  n’est  pas  seulement  or- 
nemental par  ses  fleurs  ; il  l’est  surtout  à 
l’automne,  par  le  nombre  et  par  la  couleur 
de  ses  fruits,  qui,  à cette  époque,  contras- 
tent admirablement  avec  la  couleur  métal- 
lique des  feuilles,  qui  persistent  jusqu’en 
décembre,  parfois  même  plus  longtemps. 

E.-A.  Carrière. 


Orléans,  irap.  de  G.  Jacob,  cloître  Saint-Etienne,  4. 


472 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEUPiS. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS 

DU  VOLUME  DE  1873 


A 

Alphonse  D.  — Dimorphantus  MandschuricuSj 
120.  — Culture  forcée  des  Palmiers,  167.  — 
Culture  pratique  des  Palmiers,  192.  — Musa 
siiperha,  207.  — Palmiers  nouveaux,  218,  270, 
290,  329,  435.  — Exposition  internationale  de 
Gand,  255.  — Pritchardia  pacifica,  329.  — 
Anthurium  Scherzerianim,  447.  — Belles 
Aroïdées  anciennes,  mais  peu  connues,  467. 

André  (E.).  — Pêche  Belle  de  Saint-Geslin,  231. 
— Charles  Darwin,  293.  — Observations  sur 
le  Curmeria  picturata  et  le  Cochliostema  ado- 
ratissimum,  386.  — Lycoperdon  giyanteum^ 
410. 

Aurange.  — Plantations  cosmopolites,  72,  378. 
— Les  Gloxinias,  132. 

Aymar  (V.).  — Exposition  d’horticulture  de  Ver- 
sailles, 232. 

B 

Baltet  (Charles).  — Emploi  de  la  chaux  au  pied 
des  Pommiers  pour  éloigner  le  puceron  lani- 
gère, 365. 

Barillet.  — Du  tracé  des  jardins,  14,  111.  — 
Destruction  des  rats,  82.  — Les  froids  de  la 
mi-mai,  228.  — Infusion  de  feuilles  d’Estra- 
gon,  243.  — Quelques  arbres  remarquables, 
251.  — Les  squares  de  Paris,  284.  — Sur  la 
Nouvelle-Calédonie,  307.  — Jardinier  et  hor- 
ticulteur, 316.  — Culture  des  Chibouques,  347. 

Barutel  (E.).  — La  taupe,  206.  — Histoire  na- 
turelle en  agriculture.  --  Animaux  utiles.  — 
La  taupe,  215.  — Pommes  de  terre,  430. 

Batise  (J.).  — Chaque  chose  à sa  place,  107.  — 
Plantation  des  jardins,  371,  426. 

Bazille  (G.).  — Le  phylloxéra,  308.  — Destruc- 
tion du  ])hylloxera,  353. 

Bossin.  — Les  semences,  94.  — Conservation 
des  Poires  au-delà  de  l’époque  habituelle  de 
maturité,  132.  — Quelques  plantes  potagères 
nouvelles  ou  peu  répandues,  149.  — Maladie 
des  Pommes  de  terre,  209.  — Culture  des 
Melons  et  de  l’Igname  de  Chine,  271.  — Roses 
de  semis,  286.  — Des  Tulipes,  347.  — Ja- 
cinthes de  semis,  452. 

Boucharlat.  — Culture  des  Pélargoniums  zo- 
nales  anglais,  469. 

Bouvet  (E.).  — Culture  des  Fraisiers,  9.  — La 
température  dans  rille-et-Vilaine,  46. 

Brassac  — • Revue  des  squares  de  Toulouse,  59. 
— Culture  du  Triteleia  uniflora  avec  des  Ja- 
cinthes et  des  Lachenalia,  106. 

Briot.  — Bouturage  des  Conifères,  78. 

C 

Cabos  (J.-V.).  — Culture  des  Piments,  384. 

Carbou  (J.-B.).  — Moyen  de  prolonger  la  récolte 
des  Tomates  sur  pied,  43. 

Carrière.  — - Chronique  horticole  : 2^  quinzaine  de 
décembre  1872, 5;  Irequinzainede  janvier  1873, 
21  ; 2e  quinzaine  de  janvier,  41  ; De  quinzaine  de 
février,  61  ; 2e  quinzaine  de  février,  81  ; De  quin- 
zaine de  mars,  101  ; 2e  quinzaine  de  mars,  121  ; 
De  quinzaine  d’avril,  141  ; 2e  quinzaine  d’avril, 
161  ; De  quinzaine  de  mai,  181  ; 2e  quinzaine 
de  mai,  201  ; De  quinzaine  de  juin,  221  ; 2e  quin- 
zaine de  juin,  241  ; De  quinzaine  de  juillet,  261  ; 
2e  quinzaine  de  juillet,  281  ; De  quinzaine 
d’août,  301  ; 2e  quinzaine  d’août,  321  ; D’e  quin- 


zaine de  septembre,  341  ; 2e  quinzaine  de  sep- 
tembre, 361  ; De  quinzaine  d’octobre,  381  ; 
2e  quinzaine  d’octobre,  401  ; De  quinzaine  de 
novembre,  421  ; 2e  quinzaine  de  novembre,  441  ; 
De  quinzaine  de  décembre,  461.  — Liliim 
tigrinum  flore  pleno,  10.  — Cerise  à collier, 
13.  — Les  catalogues,  19,  39,  78,  117,  156, 
370,  399,  418,  458.  — Plantes  nouvelles,  rares 
ou  peu  connues,  20, 60, 1 20, 200, 220, 240, 260, 
300,  340,  360,  420,  437,  471.  — Poire  Henri 
Decaisne,  31.  — Pseudotsuga  Davidiana,  37. 

— Hydrangea  paniculata  grandiflora,  51.  — 
Panier  porte-bouquet,  55.  — Bibliographie, 
60,  76, 188.  — Exposition  des  insectes  en  1872, 
67.  — Poire  Riocreux,  71.  — Chêne-chapelle 
d’Allouville,  72.  — Toiles-abris,  75.  — Cucumis 
zapallito,  90.  — Salvia  farinacea,  91,  — 
Adhatoda  cydoniœfoUa , 110.  — Cinchona 
calisaya,  113.  — Marche  de  la  sève  dans  les 
végétaux,  126.  — Rutabaga  Quetieri  et  Chou- 
Rave,  135.  — Fructification  du  Robinia  colu- 
teoides,  139.  — Cryptomeria  pungens  rubi- 
ginosa,  140.  — Buis  à branches  dressées,  140. 

— Un  nouveau  lien  horticole,  147.  — Rhamnus 
hybridus,  148.  — Lonicera  Standishi,  148.  — 
Buddleia  intermedia,  151.  — Des  mastics  ou 
cires  à greffer  à froid,  157.  — Quelques  ob- 
servations sur  les  Bambous,  159.  — Prunus 
obovalifolia,  160.  — Lonicera  fragrantissima, 
169.  — Poire  Louis  Cappe,  171.  — Une  nou- 
velle maladie  des  Pommes  de  terre,  174.  — 
Phaseolus  macrophyllus,  190.  ■—  Zygopetalum 
Rivieri,  191.  — Du  poison  curare,  194.  — 
Desmodium  penduliflorum,  211.  — Massifs 
d’hiver,  219.  — Radis  Garwoski,  227.  — Co- 
marouna  odorata,  231.  — Rusticité  des  Gy- 
nériums,  239.  — Robinia  tragacanthoides,  239. 

— Lonicera  longiflora,  248.  — Salvia  ruti- 
lans,  251.  — Quillaja  saponaria,  254.  — 
Culture  des  Bamljous  au  point  de  vue  de  la 
spéculation,  256.  — Paulownia  imperialis, 
259.  — Agalmyla  longistyla,  271.  — Cephœlis 
ipecacuanha,  275.  — Multiplication  du  Poly- 
carpa  Maximoiviczii,  279.  — Veigela  excelsa, 
279.  — Lælia  Jongheana,  291  — Angelica 
sylvestris  purpurea,  300.  — Fuchsia  syrin- 
gœflora,  311.  — Du  Torreya  nucifera  à"pro- 
pos  des  sexes,  314.  — Réséda  grandiflora 
superba,  330.  — Dimorphisme  du  Rosa  can- 
nabifolia,  337.  — A propos  du  phylloxéra, 
338.  — Cerasus  Lannesiana,  351.  — Un  nou- 
veau mode  d’ornementation,  351.  — Aperçu 
du  genre  Deutzia,  357.  — Serpette  Barth,  367. 

— Dimensions  de  quelques  espèces  de  Coni- 
fères, 367.  — Iris  iberica,  370.  — Pois  Léo- 
nard Lille,  378.  — Bambusa  sulfurea,  379.  — 
Pyrus  Meldensis,  380.  — Buddleia  intermedia 
robusta,  389.  — Noix  jumelles,  390.  — Cytisus 
Everestianus,  390.  — Spargoute  pilifère,  398. 

— Salvia  scabiosæ folia,  411.  — Camellia 
Kilwingtoniana,  415.  — Selenipedium  Roezlii, 
416.  — Les  Glaïeuls  nouveaux  de  1873,  433. 

— Xanthoceras  sorbi folia,  448.  — Quesnelia 
rufa,  451.  — Prunus  Japonica,  457.  — Noyer 
commun  à grappes,  465.  — Aronia  Hostii, 
470.  — Clerodendron  speciosum,  471. 

Castillon  (comte  de).  — L’horticulture  au  Japon, 
442. 

Chabaud.  — Le  climat  de  la  Provence,  125.  — 


473 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


Piège  à papillons  crépusculaires  et  nocturnes, 
138. 

Clemenceau.  — Des  fleurs  dans  les  jardins  à 
propos  de  la  température,  15.  — Plantes  nou- 
velles ou  pas  assez  connues,  ICO,  180. 
Colin-Lebert.  — Destruction  des  fourmis,  6. 


D 

Del  AIRE.  — Araucaria  imhricata,  64. 

Delcheyalerie.  — Exposition  de  Vienne,  164.  — 
L’horticulture  à l’Exposition  universelle  de 
Vienne,  246,  362. 

Deleuil  (J. -B.).  — Instabilité  des  sexes  dans  le 
genre  Bégonia,  363. 

Desmarets  (Paul).  — Floraison  d’un  Agave  Yuc- 
cœ folia,  429. 

Doumet-Adanson  (N.).  — La  température  dans 
le  Midi,  63.  — Panachure  des  Roses,  83.  — 
Evomjmus  Japonica  elegans,  92. 

Drouet.  — Phormium  tenax  variegata,  245. 

Duchartre.  — Sur  une  variation  remarquable, 
172. 

Dumas.  — Culture  des  Bambous,  133.  — Les 
gelées  des  25  et  26  avril,  186,  221.  — Con- 
serves de  Tomates,  400.  — Liqueur  de  To- 
mates en  bouteilles,  469. 

E 


Émery  (Paul).  — 
241. 


Le  Pêcher  à feuilles  pourpres, 

F 


Favresse  (Auguste) . — L’horticillture  aux  Açores, 
222,  283. 

G 


Gagnaire  fils  aîné.  — Rusticité  de  VAmorpho- 
phallus  Rivieri,  343. 

Gloède  (Ferdinand).  — Moyen  de  préserver  des 
rongeurs  les  semis  de  Pois,  44. 

Goujon.  — Multiplication  de  VExocorda  grandi- 
flora,  40.  — Azalea  mollis,  230.  — Erysimum 
Petrowskianum,  285. 

Guérineau  (Louis).  — Origine  de  la  Pomme  de 
terre  Early  rose,  384. 

Guillon.  Empotage  et  séparage  des  Pivoines, 
260. 


H 

Hauguel.  — Les  Scabieuses,  199.  — Du  boutu- 
rage des  plantes  molles,  336. 

Hélye  (D.).  — Végétation  des  Cryptomeria,  102. 
Hénon  (Aug.).  — Les  Séquoia  sempervirens,  21. 

— Une  excursion  au  Japon,  42.  — L’horticul- 
ture au  Japon,  225,  284,  344. 

Hiéra  (Jules).  — Le  phylloxéra,  383. 

Houllet. — Plumbago  coccinea,  112.  — Col- 
quhounia  tomentosa,  131.  — Amarijllis  pro- 
cera,  191. 

J 

Jamain  (H.).  — Généalogie  des  Wellingtonias,  32. 

— Culture  du  Muguet,  51.  — Les  Gloxinias, 
226.  — Du  chauffage  des  serres  à Berlin,  274. 
— Primevère  de  Chine  à fleur  double,  464. 

Jamin  (F.).  — Abri  des  arbres  fruitiers  contre 
les  gelées  printanières,  346.  — Pêche  Early 
Hivers,  430. 

Jarlot  (J.).  — Exposition  d’horticulture  à Lagny, 
249.  — Les  Auricules  nouvelles  de  M.  Turner, 
308.  — Primula  cortusoides  amæna  et  va- 
riétés, 320.  — Pêche  Princesse  of  Wales,  351. 
— Exposition  agricole  et  horticole  à File- 
Adam,  377. 

JoiGNEAUx  (A.).  Un  légume  à recommander, 
446. 


L 

Lachaume.  — Liparis  chrysorrea,  169.  — Phé- 
nomènes de  végétation,  246. 

Lapon  fils  (J.-E.).  — Les  Manguiers,  46. 

Lafosse  (Joseph).  — Phormium  tenax  à feuilles 
panachées,  323. 

Lalande  jeune.  — Le  Torreya  nucifera,  342. 

Lambin  (E.).  — L’enseignement  horticole  dans 
les  campagnes,  45.  — Le  Peuplier  régénéré, 
47.  — Deux  bonnes  plantes  pour  bordures,  269. 
— Légumes  nouveaux  mis  au  commerce  au 
printemps  de  1873,  455. 

Lebas.  — Teucrium  Orientale,  76.  — Géranium 
anemonœ folium,  93.  — Des  Franciscea  au 
point  de  vue  de  l’ornement,  139.  — Gardoquia 
betonicoides,  229.  — Plantes  nouvelles,  rares 
ou  pas  assez  connues,  420,  460. 

Lecaron  (A.).  — Culture  du  Triteleia  uniflora 
sur  soucoupes,  11. 

Leclerc.  — Nouveaux  Bégonias  tuberculeux, 
hybrides,  306. 

Luce  (E.).  — Exposition  des  arts  et  industries  du 
Cercle  horticole  lyonnais,  431. 

Ludovié. — A propos  du  Boussingaultia  basel- 
loides,  29. 

M 

Madelain  (Ex.).  — Du  genre  Croton,  ses  espèces, 
sa  culture,  312.  — Quelques  plantes  rares 
ou  nouvelles,  350. 

Mahieu  (Jules).  — La  grêle  à Louviers,  343. 

Martin.  — Sur  la  végétation  du  nord  de  la  Chine, 
95,  317,  358.  — Lychnis  Viscaria  flore  pleno, 
280. 

May.  — Gloxinias  à corolle  double,  28.  — Des 
Pervenches  au  point  de  vue  de  l’ornement,  230. 

Morlion  (l’abbé).  — Artichaut  de  Beaulieu,  268. 

Morren  (E.).  — Bibliographie,  249.  — Canis- 
trum  aurantiacum,  417. 

N 

Nàrdy.  — Mort  d’un  des  plus  beaux  Dattiers,  5. 
— Deux  bonnes  variétés  de  Melons,  26.  — 
Floraison  du  Dasylirion  gracilis,  386. 

Naudin.  — Le  Sou-li-Koua  de  Veitch,  58.  — A 
propos  d’acclimatation,  187.  — Leptosiphon 
roseus,  259.  — Les  plantes  alimentaires,  291. 

Neumann.  — Effets  du  galvanisme  chez  les  végé- 
taux, 56,  118,  145,  212.  — Tacsonia  insignis, 
367. 

Noblet.  — Culture  forcée  des  rameaux,  27.  — 
Leptosyne  maritime,  330. 

P 

Palmer.  — Punaises  granivores,  89.  — Du  mou- 
vement de  la  sève,  179.  — Piège  à souris,  280. 

Paszkiewicz  (L.).  — Discussion  des  règles  à ob- 
server dans  la  conduite  des  arbres  fruitiers, 
123. 

Petit.  — Destruction  du  phylloxéra,  323. 

Porcher.  — Observations  sur  le  Fuchsia  syrin- 
gœflora,  364. 

Porte  (Marius).  — Souvenirs  de  voyage,  458. 

liRUDHOMME.  — Les  Vignes  gelées,  184. 

R 

Rafarin.  — Coloration  des  feuilles  à l’automne, 
50.  — Psophocarpus  tetragonolobus,  135.  — 
Souvenirs  de  l’Exposition  d’horticulture  de 
Gand,  449. 

Ravenel.  — Pomme  de  terre  Early  rose,  30. 

Raymond  (A.).  — Quelques  observations  géné- 
rales sur  l’arboriculture,  238. 


474  TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  PLANCHES 

Robine.  — Plantation  et  culture  des  Fraisiers, 
86,  398,  407. 

Robinet  (11.).  — De  l’ombre  en  horticulture,  267. 

Robinet  (A.).  — A propos  du  phylloxéra,  326. 

Roue.  — Sur  la  culture  des  Fuchsias,  276,  328. 

Royer.  — Marche  de  la  sève  dans  les  végétaux, 
126. 

S 

Sacc.  — La  Patate  blanche  du  Japon,  165. 

Saint-Jean  (Léon  de).  — Exposition  de  Roses  à 
Spa,  324. 

SisLEY  (Jean).  — Pélargonium  zonale  double 
blanc,  23.  — Germination  des  graines  de 
Primula  Japonica,  125.  — Raidisseur  Ravet, 
208.  — Démission  de  M.  Jean  Sisley  de  secré- 
taire général  du  Cercle  horticole  lyonnais,  343. 
— Exposition  de  la  Société  d’horticulture  pra- 
tique du  Rhône,  387.  — Exposition  du  Cercle 
horticole  lyonnais,  411.  — Bégonia  Sedeni  à 
fleurs  doubles,  424. 

Sisley  (Léon).  — L’horticulture  au  Japon,  62, 
162,  225.  — Floraison  des  Camellia  au  Japon, 
81. 

T 

Ternisien.  — Une  pyramide  de  Bégonias,  66. 

Truchot  (Henri).  — Rusticité  de  VAmorpho- 
phallus  Rivieri,  305. 


COLORIÉES  ET  DES  GRAVURES  NOIRES.  ^ 

\ 

Vavin  (Eug.).  — Le  Cresson  de  fontaine  en  cul- 
ture à sec,  405.  — Culture  des  Jacinthes  dans 
l’eau,.  406. 

Veitch  et  fils  (James).  — Embothrium  cocci- 
neum,  22. 

Verlot.  — Le  premier  Robinier  introduit  en 
Europe,  152.  — Fleur  monstrueuse  de  Fuchsia  ' 
globosa,  289.  — Caccinia  glauca,  331.  — 
Seaforthia  elegans,  356.  — Tornelia  fragrans, 
374.  — Pyrostegia  ignea,  438.  ▼ 

Vigneron.  — Du  Poirier  et  du  Pommier,  98.  — 
Culture  des  Haricots  sous  châssis,  115. 

Vilmorin  (H.).  — La  Chicorée  à grosse  racine 
employée  comme  légume,  167. 

VisiANi  (de).  — Variétés  de  Roses  obtenues  par 
la  greffe,  12. 

\\ 

Wagener  (G.).  — L’horticulture  au  Japon,  443.  ' 

Weber.  — Les  Echévérias  d'ornement,  53.  — 
Rosier  Jules  Margottin,  64.  — Maladie  des 
Pommes  de  terre,  65,  403.  — Fraisier  l’iné- 
puisable, 65.  — La  gelée  du  27  avril,  186.  — i 
Les  Chrysanthèmes  précoces  remontants,  406»  ' 

Wolkenstein  (Pierre).  — Le  Radis  Garwoski- 
424. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  I 

Adhatoda  Cydoniæ folia,  110. 

Agalmyla  longistyla,  271. 

Buddleia  intermedia,  1 51 . 

Cerasus  Lannesiana,  351. 

Clerodendron  speciosum,  471. 

Colguhounia  tomentosa,  131. 

Cytisus  Everestianus,  390. 

Desmodium  penduliflorum,  211. 

Fuchsia  syringœflora,  311. 

Hydrangèa  paniculata  grandiflora,  50. 

Iris  iberica,  370. 

Lœlia  Jongheana,  291. 

TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Antiaris  toxicaria  (Rameau  d’),  196.  — Vase  en 
terre  cuite  fabriqué  par  les  Indiens  du  Para, 
contenant  le  poison  curare,  197. 

Bouquet  (Panier  porte-)  entr’ouvert,  55.  — Panier 
porte-bouquet  fermé  et  contenant  un  bouquet, 
55. 

Brigman  (Expérience  de),  213. 

Cephœlis  ipecacuanha,  275. 

Cerise  à collier,  14. 

Chêne-Chapelle  d’Allouville,  73. 

Chou-Rave  au  1/4  de  grandeur  naturelle,  137. 
Cinchona  calisaya  (Rameau  de)  au  1/5,  avec 
fleurs  et  fruits  de  grandeur  naturelle,  113. 
Comarouna  odorata,  232.  — Fruits  de  Coma- 
rouna  odorata,  232. 

Darwin,  295. 

Dimorphisme  du  Posa  cannabifolia,  au  1/4  de 
grandeur  naturelle,  337. 

Expérience  de  Brigman,  213. 

Fuchsia  globosa  (Fleur  monstrueuse  de),  289. 
Géranium  anemonœ folium,  93. 

Glaïeuls  Gandavensis  hybrides  variés  (Bouquets 
de),  433. 

Gloxinia  à corolle  double,  28. 

Kentya  Ganter bur y ana,  218. 


ES  PLANCHES  COLORIÉES 

i; 

vLeptosyne  maritima,  330.  y 

Lilium  tigrinum  flore  pleno,  10.  4 

. Pêche  Belle  de  Saint-Geslin,  230.  | 

Pêche  Early  Hivers,  430.  î 

Poire  Henri  Decaisne,  31. 

Poire  Louis  Cape,  171. 

Poire  Riocreux,  71. 

Quesnelia  Ru  fa,  451. 

Salvia  farinacea,  91. 

^Salvia  rutilans,  251. 

Salvia  scabiosœ folia,  411. 

^Zygopetalum  Rivieri,  191. 

DES  GRAVURES  NOIRES  ; 

Lonicera  fragrantissima,  169. 

Lonicera  Standishi,  moitié  de  grandeur  natu-  , 
relie,  148. 

Navet  plat  d’Auvergne,  au  1/4  de  grandeur  na-  ,■ 
turelle,  136. 

Noix  jumelles,  390. 

Noyer  commun  à grappes,  466. 

Panier  porte-bouquet  entr’ouvert,  55.  — Panier 
porte-bouquet  fermé  et  contenant  un  bouquet,  ■ 
55. 

Pomme  de  terre  fileuse  de  grandeur  naturelle, 
176.  — Pomme  de  terre  Marjolin,  saine,  de 
grandeur  naturelle,  177. 

Prunus  Japonica,  457. 

Pseudotsuga  Davidiana  (Branche  de),  36.  — 
Pseudotsuga  Davidiana  {?ovl\on  de  rameau  de), 

36.  — Pseudotsuga  Davidiana  (Cône  de),  37. 

Pyrostegia  ignea,  439. 

Quillaja  saponaria,  254. 

Raidisseur  Ravet,  208. 

Robinia  pseudoacacia,  premier  individu  introduit 
en  Europe  et  planté  au  Muséum  d’histoire 
naturelle,  153. 

Rosa  cannabifolia  au  1 /4  de  grandeur  naturelle 
(Dimorphisme  du),  337. 


‘ TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Rutabaga  au  1/4  de  la  grandeur  naturelle,  136. 
— Rutabaga  Quetieri  au  1/4  de  la  grandeur 
naturelle,  137. 

Seaforthia  elegans,  356. 

Selenipedium  Roezlü  au  1/7  de  grandeur  natu- 
relle, 416.  — Fleur  détachée  aux  2/3  de  gran- 
deur naturelle,  416. 

Serpette  Barth,  367. 

Spargoute  pilifère,  398. 


475 

Tornelia  fragrans,  375. 

Torreya  nucifera  de  grandeur  naturelle  (Rameau 
mâle  de),  315.  — Rameau  femelle  de  Torreya 
nucifera,  315. 

Vase  en  terre  cuite  fabriqué  par  les  Indiens  du 
Para,  contenant  le  poison  curare,  197.  — Vase 
orné  à l’aide  de  Cresson  alénois,  352. 

Xanthoceras  sorti  folia,  448. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


A 

Abies  religiosa  (Fructification  de  F),  405. 

Abri  des  arbres  fruitiers  contre  les  gelées  prin- 
tanières, 346. 

Acclimatation  (A  propos  d’),  187. 

Açores  (Végétation  des),  283. 

Adhatoda  Cydoniœ folia,  110. 

Agalmyla  longistyla.  271. 

Agave  Salmiana  (Les)  de  M.  Goupil,  au  Pecq, 
244.  — Floraison  d’un  Agave  yuccæfolia,  429. 

Agératum  Lasseauxii  (Genre  de  F),  163. 

Agriculture  en  Californie  (L’),  24.  — L’agricul- 
ture au  Japon,  344. 

Amaranthus  salicifolius  (Qualités  de  F),  364. 

Amaryllis  procera,  191. 

Amorphophallus  Rivieri  (Rusticité  de  F),  304, 
343.  — U Amorphophallus  au  Muséum,  344. 

Angelica  sylvestris  purpurea,  300. 

Animaux  utiles  : la  taupe,  215. 

Anthurium  Scherzerianum,  447. 

Apathophite  Châtelain  (L’)  comme  remède  contre 
le  phylloxéra  et  le  puceron  lanigère,  222. 

Apocynum  venetum,  122. 

Aponogeton  distachyum,  165. 

Araucaria  imbricaia  (Fructification  de  F),  64. 

Arboriculture  (Cours  public  d’),  de  M.  Du  Breuil 
141,  445.  — Quelques  observations  générales 
sur  l’arboriculture,  238.  — Examens  des  élèves 
ayant  suivi  le  cours  de  M.  Du  Breuil,  241.  — 
Ecole  d’arboriculture  de  la  ville  de  Paris,  282. 
— Arboriculture  fruitière  au  Japon,  443. 

Arbres  dans  les  grandes  villes  (Influence  des),  8. 
— Quelques  arbres  remarquables,  251.  — 
Arbres  nains  du  Japon,  443.  — Culture  des 
arbres  fruitiers  au  Japon,  443. 

Arbres  fruitiers  (Observations  sur  la  non-dégé- 
nérescence des),  104.  — Discussion  des  règles 
à observer  dans  la  conduite  des  arbres  frui- 
tiers, 123.  — Moyen  de  protéger  les  arbres 
fruitiers  contre  l’attaque  des  insectes,  244.  — 
Abri  des  arbres  fruitiers  contre  les  gelées 
printanières,  346. 

Aroïdées  (Belles)  anciennes,  mais  peu  connues, 
467. 

Aronia  Hostii,  470. 

Artichauts  (Préparation  des  fonds  d’),  9.  — Ar- 
tichaut de  Beaulieu,  268. 

Aucubas  (Floraison  des),  242. 

Auricules  nouvelles  de  M.  Turner  (Les),  308. 

Azalea  mollis,  230. 

Azalées  (Les)  au  Japon,  284. 

B 

Bambous  (Floraison  des),  24.  — Culture  des 
Bambous,  133,  256.  — Quelques  observations 
sur  les  Bambous,  159.  — Les  bourgeons  de 
Bambou  au  Japon,  285. 

Bambusa  sulfurea,  379.  — Bambusa  arundi- 
nacea  et  le  Bambusa  kananga  (Le),  424. 


Bégonias  (Une  pyramide  de),  66.  — Exemple  de 
Bégonia  Sedeni  à fleurs  doubles,  282,  424.  — 
Bégonias  tuberculeux,  hybrides  (nouveaux), 
305.  — Instabilité  des  sexes  dans  le  genre 
Bégonia,  363. 

Bibliographie  : Les  Clématites,  par  MM.  Thomas 
Moore  et  Georges  Jackman,  24.  — Culture 
forcée  artificielle  des  arbres  fruitiers,  par 
M.  Pynaert,  60.  — Les  Plantes  alpines,  par 
M.  Verlot,  70.  — Les  Semences,  par  MM.  Mon- 
nier  et  Cîe,  94.  — La  Greffe  à la  portée  des 
classes  populaires,  par  M.  Faudrin,  103.  — 
Le  Jardin  de  V instituteur,  par  M.  Burvenich, 
103.  — Le  Moniteur  horticole  illustré,  143. 
— Dictionnaire  de  pomologie,  3e  volume,  par 
M.  André  Leroy,  164.  — Les  Roses,  par 
MM.  Jamain  et  Fornay,  188.  — La  Flore  des 
serres  et  des  jardins  de  l’Europe,  t.  XIX,  4e, 
5e  et  6e  livraisons,  202.  — Eléments  de  jar- 
dinage, par  M.  le  comte  de  Lambertye,  206. 
— Le  Bon  Arboriculteur  fruitier,  par  M.  Fau- 
drin, 206.  — Dictionnaire  de  pomologie,  t.  III, 
par  M.  André  Leroy,  249.  — Le  Cultivateur 
de  la  région  lyonnaise  (journal),  281.  — Les 
Plantes  alimentaires,  par  M.  Gustave  Heuzé, 
291.  — Le  Rucher  du  Sud-Ouest  à Bordeaux, 
301.  — La  Culture  maraîchère  pour  le  Midi 
et  le  Centre  de  la  France,  par  A.  Dumas,  303. 
— Le  Calendrier  horticole  du  Midi  et  du  Centre 
de  la  France,  par  A.  Dumas,  303.  — Les 
Promenades  de  Paris,  par  M.  Alphand,  321. 

Boussingaultia  baselloides  (A  propos  du),  29, 
364. 

Bouturage  des  Conifères,' 78.  — Bouturage  des 
plantes  molles,  336. 

Buddleia  intermedia,  151.  --  Buddleia  inter- 
media robiista,  389. 

Buis  à branches  dressées,  140. 

c 

Caccinia  glauca,  331. 

Caladium  comestible  (Le)  au  Japon,  285. 

Calceolaria  rugosa  et  excelsa  (Rusticité  des), 
182. 

Calyptrogyne,  290. 

Camelliâ  au  Japon  (Floraison  des),  82.  — Sin- 
gulière floraison  d’un  Camellia  alba  plena, 
\66.  — Camellia  Kilwingtoniana,  41_5. 

Canistrum  aurantiacum  (Le),  404,  417. 

Caragana  pendula  (Floraison  du),  385. 

Catalogues  (Les),  MM.  Vaudrey-Ewrard,  De- 
mouilles,  Philippe  Sendral,  Bruant,  Desfossés- 
Thuillier,  19.  — MM.  Morel  ^F.),  Dumas, 
Schmitt,  Ortgies,  Claude  Sahut,  Boucharlat, 
Eugène  Mézard , 39.  — MM.  Alégatière, 
D.  L’Huillier,  40.  — M.  Rendatler  41.  — 
MM.  Bruant,  Fauveau , Crousse,  Vilmorin- 
Andrieux  et  Cîe,  Paul  Tollard,  Haage  et 
Schmidt,  Lévêque  et  fils,  78.  — M.  J.  Valle- 
rand,  81.  — MM.  Van-Houtte,  Vilmorin  etC‘e, 


47G 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Jacquemet-Bonnefont,  Frœbel  et  Cîe,  Henry- 
Jacotot,  Courtois-Gérard  et  Pavard,  C.-C.  Bust, 
117.  — MM.  Thibaut  et  Keteleer,  122.  — 
MM.  Van-Houtte,  Boucharlat  aîné,  124.  — 
MM.  Lemoine,  Thomas-Gripps  et  Son,  Berthier- 
Rendatler,  Lhuillier,  Crousse,  Bœmpler,  156. 
— M.  Rougier-Chauvière,  ICI.  — M.  Chaté, 
164.  — M.  Eugène  Mézard,  182.  — MM.  Lin- 
den, Charles  Verdier,  184.  — M.  Durand,  361. 
MM.  Truffant,  Vilmorin,  Andrieux  et  G'®, 
Simon-Louis  frères,  Auguste  Van-Geert,  370. 
— MM.  Louis  Van-Houtte,  Joseph  Schwartz, 
Charozé  frères,  J. -B.  Guillot  fils,  Frœbel  et  G>e, 
Louis  Leroy,  Simon-Louis  frères,  Adrien  Sé- 
néclauze,  Audusson-Iliron  fils,  J. -B. -A.  Deleuil, 
399.  — MM.  Jacquemet-Bonnefont  père  et  fils, 
F.  Fauveau,  Croux  et  fils,  Eugène  Verdier, 
Thibault  et  Keteleer,  400.  — MM.  Van-Houtte, 
Morel,  Baumann  et  fils,  F.  Brassac,  Renault, 
V.  Lemoine,  Villevielle  jeune  et  fils,  J. -B.  Ren- 
datler,  F.  Lombard,  Narcisse  Gaujard,  418.  — 
MM.  Baltet  frères,  Bertrand-Guinoiseau,  Thié- 
baut  aîné,  Eugène  Verdier,  Arsène  Sannier, 
Demouilles,  Rovelli  frères,  André  Leroy,  419. 
— MM.  Rovelli  frères,  Grouse,  Roltereau  et  Gie, 
Schmitt,  Marchand,  Gh.  Huber,  Bruant,  Baltet, 
Rimaucoiirt,  437.  — MM.  Durand,  F.  Gloëde, 
Gharles  Huber  et  Gî®,  Lévêque  et  fils,  458. 

Cephœlis  ipecacuanha,  274. 

Cerasus  Lannesianay  351. 

Gercle  horticole  lyonnais  (Le),  85.  — Démission 
de  M.  Jean  Sisley  de  ses  fonctions  de  secré- 
taire général  du  Cercle  horticole  lyonnais,  343. 

Cerise  à collier,  13. 

Champignons  (Croissance  rapide  des),  7.  — Le 
Champignon  gigantesque  de  la  Banque  d’An- 
gleterre, 341. 

Chaux  au  pied  des  Pommiers  pour  éloigner  le 
puceron  lanigère  (Emploi  de  la),  365. 

Chêne-Chapelle  d’Allouville,  72. 

Chenilles  (Un  nouveau  procédé  pour  la  destruc- 
tion des),  163. 

Chibouques  (Culture  des),  347. 

Chicorée  à grosse  racine  employée  comme  lé- 
gume (La),  167. 

Chine  (Végétation  du  nord  de  la),  95,  317,  358. 

Chou-Fleur  Gambey  (Le),  45. 

Chou-Rave,  135. 

Chronique  horticole  : 2e  quinzaine  de  décembre 
1872,  5;  Ire  quinzaine  de  janvier  1873,  21  ; 
2equinzaine  de  janvier,  41  ; Ire  quinzaine  de  fé- 
vrier, 61  ; 2®  quinzaine  de  février,  81  ; Ire  quin- 
zaine de  mars,  101  ; 2e  quinzaine  de  mars,  121  ; 
Ire  quinzaine  d’avril,  141  ; 2e  quinzaine  d’avril, 
161  ; Ire  quinzaine  de  mai,  181;  2®  quinzaine 
de  mai,  201  ; Ire  quinzaine  de  juin,  221  ; 
2e  quinzaine  de  juin,  241  ; Ire  quinzaine  de 
juillet,  261  ; 2e  quinzaine  de  juillet,  281  ; 
"ire  quinzaine  d’août,  301;  2®  quinzaine  d’août, 
321  ; Ire  quinzaine  de  septembre,  341  ; 2e  quin- 
zaine de  septembre,  361  ; Ire  quinzaine  d’oc- 
tobre, 381;  2e  quinzaine  d’octobre,  401; 
Ire  quinzaine  de  novembre,  421  ; 2e  quinzaine 
de  novembre,  441;  Ire  quinzaine  de  dé- 
cembre, 461. 

Chrysanthèmes  précoces  remontants  (Les),  406. 

Cinchona  calisaya,  113. 

Cires  ou  mastics  à greffer  à froid,  157. 

Clématite  viticella  venosa  (Graines  de)  ; stérilité 
des  hybrides,  462. 

Clerodendron  spedosum,  471. 

Climat  de  la  Provence  (Le),  125.  — Le  climat 
des  îles  Açores,  222.  ‘ 


Cochliostema  odoratissimum  (Observations  su^ 
le),  386. 

Cocos  Weddeliam,  270. 

Coloration  des  feuilles  à l’automne,  50.  — Colo- 
ration des  feuilles,  183. 

Colquhounia  tomentosa,  131. 

Comarouna  odorata,  231 . ! 

Concours  pomologique  de  la  Société  d’horticul- 
ture de  Maine-et-Loire,  243. 

Conférence  du  docteur  Jeannel  au  jardin  d’ac- 
climatation : sa  théorie  sur  l’influence  des  I 
arbres  dans  les  grandes  villes,  8.  j 

Congrès  pomologique  de  France  à Lyon  (Dernière 
séance  du),  43.  — Congrès  international  des  , 
rosiéristes  à Lyon,  381.  — Congrès  interna- 
tional de  botanique  à Florence,  441. 

Conifères  (Bouturage  des),  78.  — Dimensions  de 
quelques  espèces  de  Conifères,  367. 

Conservation  des  Tomates,  43,  243,  400.  — Con- 
servation des  Poires  au-delà  de  l’époque  ha- 
bituelle de  maturité,  132. — Conservation  des 
échalas,  243.  — Conservation  du  pollen  des 
fleurs,  245.  — Conservation  des  fruits,  403. 

Cotoneaster  Simonsii  (Identité  du)  et  du  Goto- 
neaster  Nepalensis,  464. 

Cours  de  taille  des  arbres  de  M.  Rivière  au 
Luxembourg,  41 . — Examen  des  élèves  ayant 
suivi  le  cours  de  M.  Du  Breuil,  241. 

Cresson  de  fontaine  (Expériences  sur  la  culture 
à sec  du),  405. 

Croton  pictum  et  le  C.  chrysostichum,  7.  — Du 
genre  Croton,  ses  espèces,  sa  culture,  312. 

Cryptomeria  Japonica  (Le),  63.  — Culture  du 
Cryptomeria  Japonica,  102,  204.  — Crypto- 
meria pungens  ruhiginosa,  140. 

Cucimis  zapallito,  90. 

Cueillette  des  fruits,  403. 

Culture  du  Triteleia  uniflorasViV  soucoupes,  11, 
106.  — Culture  forcée  des  rameaux,  27.  — 
Culture  du  Muguet,  51.  — Culture  des  Oran- 
ers  au  Japon,  62.  — Culture  des  Fraisiers, 

6.  — Culture  du  Cryptomeria  Japonica,  102, 
204.  — Culture  des  Haricots  sous  châssis,  115. 

— Culture  des  Bambous,  133,  256.  — Ouver- 
ture du  cours  de  culture  de  M.  Decaisne  au 
Muséum,  164.  — Culture  forcée  des  Palmiers, 
167.  — Culture  pratique  des  Palmiers,  192. 

— Culture  des  Gloxinias  au  point  de  vue  du 
marché  aux  fleurs,  226.  — Culture  des  Melons 
et  de  l’Igname  de  Chine,  272.  — Culture  des 
Fuchsias,  276,  328.  — Culture  du  Croton,  312. 

— Culture  des  Chibouques,  347.  — Culture 
des  Piments,  384.  — Culture  du  Cresson  de  ; 
fontaine  à sec,  405.  — Culture  des  arbres 
fruitiers  au  Japon,  443.  — Culture  des  Jacin- 
thes dans  l’eau,  466. 

Curare  (Du  poison),  194. 

Curmeria  picturata  (Observations  sur  le),  386.  ' 

Cycas  revoluta  sous  l’influence  des  engrais  chi- 
miques (Développement  d’un  pied  de),  325. 

Cytisus  Everestianus,  390. 

D 

Dahlias  de  M.  Eug.  Mézard  (Les),  182. 

Darwin  (Charles),  293. 

Dasylirion  gracilis  (Floraison  du),  385.  | 

Dattier  (Le)  du  Muséum,  101.  — Le  Dattier  de 
MM.  (]h.  Huber  et  Ci®,  142. 

Desmodium  penduliflorum, 

DestructionI  des  fourmis,  6.  — Destruction  des 
rats,  82, 184.  — Destruction  des  chenilles,  163. 

Deutzia  (Aperçu  du  genre),  357. 

Dimorphantus  Mandschuricus,  120.  ! 


477 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


Dimorphisme  observé  sur  un  Tilleul  argenté,  22. 

— Dimorphisme  du  Rosa  cannabifolia,  337. 

— Dimorphisme  remarqué  sur  YEvonymus 
Europæa  robusta^  423. 

Diospyros  kaki  (Le),  406. 

Echalas  (Conservation  des),  243. 

Echeverias  d’ornement  (Les),  53. 

Ecole  d’arboriculture  de  la  ville  de  Paris,  à 
Saint-Mandé,  282.  — Ecole  préparatoire  à 
l’agriculture,  à l’institution  Sainte-Barbe,  383. 

Edwarsia  grandiflora  (Rusticité  de  F),  304. 

Embothrium  coccineum,  offert  au  Muséum  par 
M.  Hamond,  22. 

Engrais  en  horticulture  (Les  nouveaux),  104. 

Erysimum  Petrowskiamm,  285. 

Estragon  (Infusion  de  feuilles  d’),  243. 

Etourneau,  ses  ravages  (L’),  246. 

Encaltjptiis  cultivées  au  Fleuriste  de  la  ville  de 
Paris  (Les  espèces  d’),  6. 

Evonymus  radicans  (Propriété  de  F),  10.  — 
Evonymus  Japonica  elegans,  92.  — Evonymus 
Europæa  robusta  (Dimorphisme  remarqué 
sur  F),  423. 

Eœocorda  grandiflora  (Multiplication  de  F),  40. 

Exposition  universelle  de  Lyon  en  1873,  8.  — 
Trente-uniême  Exposition  de  la  Société  d’hor- 
ticulture du  Bas-Rhin,  45.  — Exposition  de  la 
Société  d’horticulture  de  Seine-et-Oise,  61.  — 
Exposition  des  insectes  en  1872,  67.  — Expo- 
sition internationale  gastronomique,  culinaire, 
vinicole  et  florale  , aux  Champs-Elysées,  du 
15  mars  au  1er  avril,  83.  — Les  Expositions 
de  la  Société  d’horticulture  de  la  Haute-Ga- 
ronne pour  l’année  1873,  lOl.  — Exposition 
de  la  Société  d’horticulture  de  Meaux,  à Lagny_, 
121.  — Exposition  de  la  Société  royale  d’hor- 
ticulture et  de  botanique  de  Gand,  141.  — 
Exposition  de  la  Société  tourangelle  d’horti- 
culture, 142.  — Exposition  de  la  Société 
d’horticulture  de  Picardie,  142.  — Exposition 
de  Vienne  des  produits  de  l’horticulture,  164, 
201,  241, 246,  263.  — Exposition  de  la  Société 
centrale  d’horticulture  de  France,  181,  201 . — 
Exposition  d’horticulture  de  Seine-et-Oise,  181. 
— Exposition  de  Roses  à Lyon,  201.  — Expo- 
sition horticole  à Cholet,  202.  — Prorogation 
de  l’Exposition  de  Lyon,  203.  — Exposition  de 
la  Société  d’agriculture  et  d’horticulture  de 
File-Adam,  204.  — Exposition  d’horticulture 
de  Versailles  et  de  Lagny,  222.  — Grande 
Exposition  de  Roses  et  de  fleurs  ornementales, 
à Spa  (Belgique),  224.  — Exposition  d’horti- 
culture de  Versailles,  232.  — Exposition  de  la 
Société  d’horticulture  de  Melun  et  Fontaine- 
bleau, 242.  — Les  tableaux  de  botanique  à 
l’Exposition  d’horticulture,  au  Palais- de-FIn- 
dustrie,  242.  — Programme  de  l’Exposition  de 
la  Société  d’horticulture  de  Marseille,  245.  — 
Exposition  d’horticulture  à Lagny,  249.  — Ex- 
position internationale  de  Gand,  255.  — Expo- 
sition de  la  Société  d’horticulture  d’Orléans, 
263.  -—  Exposition  de  Roses  à Lyon,  263.  — 
Exposition  de  la  Société  pratique  d’horticulture 
d’Yvetot,  265.  — Exposition  de  Champignons 
utiles  et  nuisibles  à Spa,  265.  — Insuccès  de 
l’Exposition  de  Roses  à Spa,  282.  — Exposi- 
tion horticole  à Bordeaux,  284.  — Exposition 
de  la  Société  d’horticulture  de  la  Nièvre,  301. 
— Exposition  de  la  Société  d’horticulture  de 
Senlis,  302.  — Exposition  de  la  Société  d’hor- 
ticulture de  Ronfleur,  303.  — Exposition  or- 


ganisée au  parc  de  la  Tête-d’Or,  321.  — Ex- 
position de  Roses  à Spa,  324.  — Les  fausses 
déclarations  dans  les  Expositions  d’horticul- 
ture ; mesure  prise  par  la  Société  d’horticul- 
ture de  Marseille,  325.  — Exposition  de  la 
Société  centrale  de  la  Seine-Inférieure,  342. 

— Exposition  spéciale  de  fruits  faite  par  le 
Cercle  d’arboriculture  de  Belgique,  342.  — 
Exposition  de  fleurs,  de  culture  maraîchère, 
de  pomologie,  préparée  par  l’administration 
communale  de  Spa,  343.  — Exposition  de 
Brie-Comte-Robert,  361.  — Deuxième  Exposi- 
tion temporaire  d’horticulture  à Vienne,  362. 

— Exposition  agricole  et  horticole  à File- 
Adam,  377.  — Exposition  de  Roses  à Lyon, 
381.  — Exposition  de  la  Société  d’horticulture 
pratique  du  Rhône,  387.  — Exposition  du 
Cercle  horticole  lyonnais,  411,  431.  — Expo- 
sition internationale  de  la  Société  royale  tos- 
cane d’horticulture  à Florence,  422.  — Expo- 
sition internationale  agricole  et  horticole  à 
Brémen,  423.  — Souvenirs  de  l’Exposition 
d’horticulture  de  Gand,  449.  — Récompense 
accordée  à M.  Weber,  jardinier  en  chef  au 
Jardin  botanique  de  Dijon,  à l’Exposition  de 
Vienne,  463. 

F 

Fécondation  artificielle  (La),  101. 

Férule  de  Tanger  (Moyen  de  se  procurer  des 
graines  de  la),  124,  141. 

Feuilles  à l’automne  (Coloration  des),  50.  — 
Coloration  des  feuilles,  183. 

Fleurs  dans  les  jardins  à propos  de  la  tempéra- 
ture (Des),  15.  — Le  nouveau  quai  aux  fleurs, 
121,  244,  — Création  de  trois  nouveaux  mar- 
chés aux  fleurs,  122.  — Le  nouveau  marché 
aux  fleurs  du  boulevard  de  Clichy,  163.  — 
Exemple  de  conservation  du  pollen  des  fleurs, 
245.  — Fleur  monstrueuse  de  Fuchsia  globosa, 
289. 

Floraison  des  Camellias  au  Japon,  82.  — Singu- 
lière floraison  d’un  Camellia  alba  plena,  166. 
— Floraison  des  Aucubas,  242.  — Floraison 
du  Phormium  tenax  foliis  variegatis  au  Fleu- 
riste de  la  ville  de  Paris,  245.  — Floraison  du 
Caragana  pendula  et  du  Dasylirion  graciliSy 
385.  — Floraison  d’un  Agave  yuccœfoliaj  429. 

Fourmis  (Destruction  des),  6. 

Fraises  (Opinion  de  M.  Doumet-Adanson  sur  trois 
variétés  de),  63.  — Nouvelles  variétés  de 
Fraises  de  M.  Riffaud,  321.  — La  Fraise 
Brown's  Wonder,  386,  423. 

Fraisiers  (Remarques  sur  quelques  variétés  de), 
9.  — Observation  de  M.  Weber  sur  le  Fraisier 
l’inépuisable,  65.  — Plantation  et  culture  des 
Fraisiers,  86.  — Remarques  sur  le  Fraisier 
l’inépuisable,  345.  — Observations  pratiques 
sur  la  culture  des  Fraisiers,  391,  407.  — Les 
Fraisiers  de  M.  Robine,  402. 

Franciscea  au  point  vue  de  l’ornement  (Des),  139. 

Froids  du  mois  de  mai,  221,  228.  — Les  pre- 
miers froids;  nuit  du  6 au  7 septembre,  341. 

Fuchsias  (Sur  la  culture  des),  276,  328.  — Fleur 
monstrueuse  de  Fuchsia  globosa^  289.  — 
Fuchsia  sijringœflora,  311,  364. 

G 

Galvanisme  (Effets  du)  chez  les  végétaux,  56, 
118,  145,  212. 

Gardoquia  betonicoides,  229. 

Gelées  printanières  (L’enfumage  employé  contre 
les),  223.  — Essais  de  nuages  artificiels  dans 
le  département  de  Saône-et-Loire,  224. 


478 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Généalogie  des  Wellingtonias,  32. 

Geonoma,  290. 

Géranium  anemonœ folium,  93. 

Glaïeuls  (Les),  récompense  obtenue  par  M.  Charles 
Verdier  à l’Exposition  de  Vienne,  345.  — 
Glaïeuls  nouveaux  de  1873,  433. 

Glaziova  insignis,  270. 

Gloxinias  à corolle  double,  28,  85.  — Les  Gloxi- 
nias,  132.  — Les  Gloxinias,  culture  au  point 
de  vue  du  marché  aux  fleurs,  2:2^6. 

Graines  d’essences  forestières  de  M.  d’üunous 
(Les),  324. 

Greffage  des  végétaux  monocotylédonés,  au  Bré- 
sil (Observations  sur  le),  403. 

Greffe  des  Rosiers  sur  Rosiers  de  semis  (La), 
142.  — Engluement  pour  recouvrir  les  greffes, 
243.  — Greffe  de  la  Vigne  sur  le  Mûrier  du 
Japon  pour  détruire  le  phylloxéra,  327. 

Grêle  à Louviers  (La),  343. 

Groseillier  Billiard  (Le)  ; type  de  Groseillier  à 
maquereau  sans  épines,  462. 

Gynériums  (Rusticité  des),  239. 

H 

Haricots  sous  châssis  (Culture  des),  115.  — Le 
Haricot  flageolet  à feuilles  gaufrées,  364. 

Hiver  de  1872-73,  185.  — Commencement  de 
l’hiver  de  1873-1874,  461. 

Horticulteur  et  jardinier,  316. 

Hybridation  à rétablissement  horticole  de  Saint- 
Alban  (Exemple  d’),  461. 

liydrangea  paniculaia  grandiflora,  51. 


Igname  de  Chine  (Culture  de  1’),  272. 

Incendie  de  la  forêt  de  Chênes-Lièges  de 
M.  Silva,  à Oran,  303. 

Infusion  de  feuilles  d’Estragon,  243. 

Inondations  (Moyen  de  prévenir  les),  proposé 
par  M.  Victor  Chatel,  8. 

Insecticides  divers  et  leurs  propriétés,  d’après 
leurs  auteurs.  144. 

Instituteurs  (Les)  et  la  Société  d’horticulture  de 
Soissons,  44. 

Iris  Iberica,  370. 

J 

Jacinthes  de  semis,  452.  — Culture  des  Jacinthes 
dans  l’eau,  466. 

Japon  (L’Hiver  au),  162.  — (La  science  horticole 
au),  443.  — (L’horticulture  au),  21,  42,  62, 
81,  225,  284,  344,  442. 

Jardin  d’acclimatation  d’Hyères  (Le),  86.  — Le 
jardin  d’acclimatation  du  bois  de  Boulogne, 
282.  — Le  Jardin  de  M.  Hamond,  à Cherbourg, 
323.  — Le  jardin-école  de  Saint-Mandé,  445. 

Jardinier  (Le)  de  l’Empereur  de  Chine,  281.  — 
Jardinier  et  horticulteur,  3l6. 

Jardins  (Du  tracé  des),  14,  111.  — Des  fleurs 
dans  les  jardins  à propos  de  la  température, 
15.  — Chaque  chose  à sa  place,  107.  — Massifs 
d’hiver,  219.  — Le  jardin  de  M.  le  docteur 
Ernesto  Do  Canto  aux  Açores,  222.  — Planta- 
tion des  jardins,  371,  426. 

Journal  le  Sud-Est  (Le),  422. 

K 

KaM  (Maturité  des)  au  Japon,  62.  — Mise  en 
vente  à Paris  des  Kakis  japonais,  143.  ^ 

Kentia  Canterburyana  et  orsteriana,  218. 

L 

Lœlia  Jongheana,  291. 

Laportea  pustulata,  nouvelle  plante  textile,  244. 


Lappa  major  (Identité  du)  et  du  Lappa  edulis, 
463. 

Laurocerasus  vulgaris  (Le)  : ses  caractères,  ses 
qualités,  ses  divers  emplois,  105. 

Laurier-d’Apollon  (Produits  fébrifuges  du),  46. 

Légume  à recommander  (Un),  446.  — Légumes 
nouveaux  mis  au  commerce  en  1873,  455. 

Leptoüphon  roseus,  259. 

Leptosyne  maritima,  330. 

Lettres  (Procédé  simple  et  peu  coûteux  pour 
copier  les),  182. 

Leucadendron  argenteum  (Le)  aux  Açores,  283. 

Lien  horticole  (Un  nouveau),  147,  165. 

Lilium  auratum;  nouvelle  variété  de  Lis  à fleurs 
doubles,  463. 

Lilium  tigrinum  flore  pleno,  10. 

Liparis  chrysorrea,  169. 

Lonicera  fragrantissima,  169.  — Lonicera  lon- 
giflora,  248.  — Lonicera  Standishi,  148. 

Lychnis  viscaria  flore  pleno,  280. 

Lycoperdon  giganteum,  410. 

n 

Magnolia  grandiflora  (Influence  générale  des 
milieux  sur  la  végétation  ; exemple  tiré  des), 
102.  — Un  Magnolia  de  50  mètres  au  Japon, 
344.  — Magnolia  Campbelli,  406. 

Manguiers  (Les)  de  M.  Lafon  à Bordeaux,  46. 

Marchés  aux  fleurs  (Création  de  trois  nouveaux), 
122.  — Le  nouveau  marché  aux  fleurs  du 
boulevard  de  Clichy,  163.  — Ouverture  du 
marché  aux  fleurs  de  Batignolles-Clichy,  301. 
— Prix  des  places  dans  les  différents  marchés 
aux  fleurs,  301. 

Marronnier  commun  du  château  de  Bercy,  61. 

Massifs  d’hiver,  219. 

Mastics  ou  cires  à greffer  à froid,  157.  — Recette 
pour  faire  un  mastic  à greffer,  206. 

Melons  (Deux  bonnes  variétés  de),  26.  — Culture 
des  Melons,  272. 

Merisiers  (Maladie  des),  165. 

Mesembrianthemum  brackyplujllum  au  Cap  de 
Bonne-Espérance  et  au  Portugal  (Le),  423. 

Moisson  de  1873  (La),  266,  281. 

Muguet  (Culture  du),  51. 

Multiplication  de  V Exocorda  grandiflora,  40.  — 
Multiplication  du  Polycarya  Maximowiczii, 
279. 

Musa  superba,  207. 

IX 

Nécrologie  : M.  Auguste  Neumann,  25.  — 
M.  Lambert-Jacob,  101.  — M.  Ysabeau,  161. 
— M.  Barillet,  361.  — M.  Prudhomme,  384.  — 
M.  Jean-Baptiste-Louis-Honoré  Bouchard,  445. 

Noix  Jumelles-,  390. 

Notes  manuscrites  et  médites  de  Marius  Porte, 
362,  458. 

Nouvelle-Calédonie  (Sur  la),  307. 

Noyer  commun  à grappes,,  465. 

Nuages  artificiels  dans  le  département  de  Saône- 
et-Loire  (Essais  de),  224. 

O 

Oïdium  (L’)  et  la  maladie  des  Pommes  de  terre; 
leur  identité  probable,  403. 

Ombre  en  horticulture  (De  1’),  267. 

Orage  du  19  janvier,  41.  — Orage  du  24  octobre, 
422. 

Orangers  au  Japon  (Culture  des),  62. 

Orchidées  de  M Guibert  à Passy  (La  collection  d’), 
445. 

Ornementation  (Un  nouveau  mode  d’),  351. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


P 

Palmiers  (Culture  forcée  des),  1G7.  — Culture 
prathiue  des  Palmiers,  192.  — Palmiers  nou- 
veaux, 218,  270,  290,  329,  435.  — Les  Pal- 
miers du  jardin  de  M.  Antonio  Borges  aux 
Açores,  283.  — Les  Palmiers  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  422.  — Notes  sur  quelques  pro- 
duits fournis  par  les  fruits  de  diverses  espèces 
de  Palmiers,  458. 

Panachures  (Les),  exemple  tiré  du  Taxus  bac- 
cala  Doioasionii,  144. 

Panier  porte-bouquet,  55. 

Papillons  crépusculaires  et  nocturnes  (Piège  à)^ 
138. 

Parc  en  Amérique  (Création  d’un  nouveau),  85. 
Patate  blanche  (La),  1G5. 

Paulownia  imperialû,  259. 

Pêche  Belle  de  Saint-Geslin,  231 . — Pêche  Prin- 
cess  of  WaleSj  351.—  Pêche  Early  Hivers,  A^O. 
Pêcher  sanguin,  reçu  d’Amérique  par  M.  Paillet, 
183.  — Le  Pêcher  à feuilles  pourpres,  241. 
— Mise  en  vente  du  Pêcher  à feuilles  pourpres, 
384. 

Pélargonium  zonale  double  blanc  obtenu  par 
M.  J.  Sisley,  23,  25.  — Culture  des  Pélargo- 
niums  zonales  anglais,  4G9. 

Pervenches  au  point  de  vue  de  l’ornement  (Des), 
230. 

Peuplier  régénéré  (Le),  47.  — Peuplier  de  l’Ar- 
quebuse à Dijon  (Le),  182. 

Phaseolus  macrophyllus,  190. 

Phœnix  dactylifera,  par  MM.  Ch.  Huber  et  G‘e 
(Don  fait  au  Muséum  d’un),  5. 

Phormium  tenax  foliis  variegalis  au  Fleuriste 
de  la  ville  de  Paris  (Floraison  du),  245.  — 
Phormium  tenax  à feuilles  panachées,  323, 
404. 

Phylloxéra  (Le)  et  quelques-uns  des  remèdes 
proposés,  25.  — Rapport  de  M.  Duclaux  sur 
le  phylloxéra,  42.  — Le  phylloxéra  et  les 
Vignes  américaines,  44.  — Opinion  de  M.  Du- 
pont, de  Bordeaux,  sur  le  phylloxéra,  G5.  — 
Opinion  de  M.  Casimir  Gary  sur  le  phylloxéra, 
84.  — Observations  de  M.  Cornu  sur  \e  phyl- 
loxéra, 185.  — Un  remède  contre  le  phyl- 
loxéra, 222.  — Le  phylloxéra,  ses  ravages 
dans  les  Bouches-du-Rhône,  261 . — Mission 
de  M.  Planchon  en  Amérique,  281.  — Propo- 
sition de  M.  Destremx,  ayant  pour  but  de 
combattre  le  phylloxéra  en  facilitant  l’immer- 
sion des  Vignes,  302.  — Le  phylloxéra,  308, 
341.  — Communication  de  M.  Henri  Marès  ; 
expériences  de  M.  Petit  sur  le  phylloxéra,  322. 
— Greffe  de  la  Vigne  sur  le  Mûrier  du  Japon, 
pour  détruire  le  phylloxéra,  327.  — A propos 
du  phyllooèera,  338.  — Communication  de 
M.  Ayral  sur  les  ravages  du  phylloxéra,  343. 
— Phylloxéra  (Destruction  du),  353.  — Le 
phylloxéra,  383,  401 . — Le  pMjlloxera  dans 
les  Charentes,  423.  — Résultat  de  la  mission 
de  M.  Planchon  en  Amérique,  445. 

Piège  à papillons  crépusculaires  et  nocturnes, 
138.  — Piège  à souris,  280. 

Piments  (Culture  des),  384. 

Pinus  ilfassoma»ia (Fructification  du)  chez  M.  Her- 
pin  de  Frémont,  245. 

Piquets  incorruptibles  (Procédé  simple  pour 
rendre  les),  205. 

Pivoines  (Empotage  ou  séparage  des),  260. 
Plantations  cosmopolites,  72,  378.  — Plantation 
des  Fraisiers,  86.  — Plantation  des  jardins, 
371,  426. 


479 

Plantes  nouvelles,  rares  ou  peu  connues,  20,  60, 
120,  IGO,  180,  200,  220,  240,  260,  300,  340, 
350,  3G0,  420,  440,  460,  471.  - Plantes  pota- 
gères nouvelles  ou  peu  répandues,  149.  — 
Deux  bonnes  plantes  pour  bordures,  269.  — 
Bouturage  des  plantes  molles,  336. 

Pluies  (Les),  du  mois  de  décembre,  5.  — Pluies 
continuelles  à Hyères,  10.  — Les  pluies  du 
mois  de  mai,  221. 

Plumbago  coccinea,  112. 

Poire  Beurré  Alexandre  Lucas  (Une  nouvelle), 
23.  — Poire  Henry  Decaisne,  31.  — Poire 
Riocreux,  71.  — Conservation  des  Poires  au- 
delà  de  l’époque  habituelle  de  maturité,  132, 
— Poire  Louis  Cappe,  171.  — Le  Beurré  Du- 
buisson, 202.  — Les  meilleures  Poires  d’hiver 
pour  verger,  202.  — Trois  Poires  nouvelles, 
246.  — La  Bergamotte  Poiteau,  422. 

Poirier  : manière  de  mettre  à h uit  les  arbres 
les  plus  rebelles;  moyen  de  donner  de  la 
vigueur  à ceux  dont  la  végétation  est  languis- 
sante et  stationnaire,  98. 

Pois  Léonard  Lille,  378. 

Poison  Curare  (Du),  194. 

Pollen  des  fleurs  (Exemple  de  conservation  du), 
245. 

Polycarpa  Maximowiczii  (Multiplication  du), 
279 . 

Pomme  de  terre  Early  rose,  30.  — Pomme  de 
terre  Marjolin,  moyen  de  multiplier  ses  bour- 
geons, 63,  403.  — Observation  de  M.  Weber 
sur  la  maladie  des  Pommes  de  terre,  65.  — 
Une  nouvelle  maladie  des  Pommes  de  terre, 
84,  174.  — Maladie  des  Pommes  de  terre,  208. 
— La  maladie  des  Pommes  de  terre  : expé- 
riences de  M.  Georges  Ville;  analogie  entre  la 
maladie  des  Pommes  de  terre  et  la  maladie  de 
la  Vigne,  322.  — Origine  de  la  Pomme  de 
terre  Early  rose,  384.  — Pommes  de  terre, 
430. 

Pommier  : manière  de  mettre  à fruit  les  arbres 
les  plus  rebelles;  moyen  de  donner  de  la 
vigueur  à ceux  dont  la  végétation  est  languis- 
sante et  stationnaire,  98  — Emploi  de  la 
chaux  au  pied  des  Pommiers  pour  éloigner  le 
puceron  lanigère,  365. 

Préserver  les  plantations  de  Pois  des  attaques 
des  rongeurs  (Moyen  de),  7,  44. 

Primevère  de  Chine  à fleur  double,  464. 

Primula  cortusoides  amæna  et  variétés,  320. 

Primula  Japonica  (Gernjination  des  graines  de), 
125. 

Pritchardia  pacifica,  329. 

Prunus  obovalifoUa,  160.  — Prunus  Japonica, 
457. 

Pseudotsuga  Davidiana,  37. 

Psophocarpus  tetragonolobus,  135. 

Pteris  aquilina  (Propriété  du),  162. 

Puceron  lanigère  (Un  remède  contre  le),  222.  — 
Emploi  du  jus  de  tabac  contre  le  puceron 
lanigère,  326. 

Punaises  granivores,  89. 

Pyrostegia  ignea,  438. 

Pyrus  Meldensis,  380. 

Q 

Quai  aux  fleurs  (Le  nouveau),  121. 

Quesnelia  rufa,  451 . 

Quillaja  saponaria,  254. 

R 

Radis  sauvage  en  Radis  cultivé  (Transformation 
du),  161.  — Radis  Garwoski,  227,  424. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


480 

Raidisseur  Ravet,  208. 

Rameaux  (Culture  forcée  des),  27. 

Ramié  (Observations  sur  le),  83. 

Raphanus  raphanistnm  (Sur  une  variation  re- 
marquable), 172. 

Rats  (Destruction  des),  82,  184. 

Résédas  (Importance  du  commerce  des),  304.  — 
Réséda  grandiflora  superha,  330. 

Revue  des  squares  de  Toulouse,  59. 

Rhamnus  hybridus,  148. 

Ribes  albidum  (Sur  l’origine  du),  204. 

Robinia  coliiteoides  (Fructification  du),  139.  — 
Robinia  tragacanthoides^  239. 

Robinier  introduit  en  Europe  (Le  premier),  152. 

Rongeurs  (Moyen  de  préserver  les  plantations  de 
pois  des  attaques  des),  7,  44. 

Rosa  cannabifolia  (Dimorphisme  du),  337. 

Roses  résultant  de  la  greffe  (Panachures  des), 
42.  — Roses  nouvelles  de  M.  Eug.  Verdier, 
181.  — Roses  de  semis,  286. 

Rosiers  obtenues  par  la  greffe  (Variétés  de),  7, 
12.  — Observation  de  M.  Weber  sur  le  Rosier 
Jules  Margottin,  64.  — Variété  de.  Pmsier 
BanliS  obtenue  par  M.  Doumet-Adanson,  83. 
— La  greffe  des  Rosiers  sur  Rosiers  de  semis, 
142.  — Rosiers  nouveaux  de  MM.  Lévêque  et 
fils,  202.  — Panachure  des  feuilles  du  Rosier 
hybride  remontant  Panachée  Langroisse,  464. 

Rutabaga  Quetieri,  135. 

S 

Salades  (Action  de  la  tannée  sur  les),  8. 

Salvia  farinacea,  91.  — Salvia  ruülans,  251. 
— Salvia  scabioscefolia^  411. 

Scabieuses  (Les),  199. 

Seaforihia  elegans,  356. 

Sécheresse  (La)  à Montpellier,  65. 

Selenipedium  Roezlii,  416. 

Serpette  Barth,  367. 

Serres  du  jardin  d’acclimatation  (Les),  162.  — 
Du  chauffage  des  serres  à Berlin,  274. 

Sève  dans  les  végétaux  (Marche  de  la),  126,  266. 
— Du  mouvement  de  la  sève,  179. 

Silene  pendula  flore  pleno  (Apparition  simulta- 
née, en  France  et  en  Allemagne,  du),  205. 

Société  française  de  pomologie  (Statuts  de  la), 
163.  — Société  pomologique  de  France  : 
16e  session,  à Marseille,  265.  — Circulaire 
de  celte  Société,  463.  — Société  horticole, 
vigneronne  et  forestière  de  l’Aube;  récom- 
penses décernées,  266.  — La  Société  d’hor- 
ticulture de  Soissons  et  les  instituteurs,  44. 
— Distribution  solennelle  des  récompenses 
à la  Société  centrale  d’horticulture  de  France, 
285. 

Sou-li-Koua  de  Veitch  (Le),  58. 

Souris  (Piège  à),  280. 

Souscription  en  faveur  des  victimes  des  inonda- 
tions, 82.  — Souscription  ouverte  pour  élever 
un  monument  à la  mémoire  de  M.  Barillet, 
401. 

Spargoute  pilifère,  398. 

Squares  de  Toulouse  (Revue  des),  59.  — Obser- 
vations sur  les  squares  de  Paris,  284.  — Un 
nouveau  square  dans  le  cinquième  arrondisse- 
ment, 304.  — Le  square  des  Petits-Pères,  305. 


T 

Tabac  contre  le  puceron  lanigère  (Emploi  du  jus 
de),  326. 

Tacsonia  insignis,  366. 

Tannée  sur  les  Salades  (Action  de  la),  8. 

Taupe  (La),  206,  215. 

Taxus  baccata  Dowastonii  (Exemple  de  pana- 
chures sur  le),  144. 

Température  exceptionnelle,  non  seulement  en 
France,  mais  dans  toute  l’Europe,  21,  22,  41, 
46,  63,81. 

Teucrium  Orientale,  76. 

Tilleul  argenté  (Exemple  de  dimorphisme  ob- 
servé sur  un),  22. 

Toiles-abris,  75. 

Tomates  sur  pied  (Moyen  de  prolonger  la  récolte 
des),  43.  — Conservation  des  Tomates,  43, 
243,  400.  — Liqueur  de  Tomates,  en  bou- 
teilles, 468. 

Tornelia  fragrans,  374. 

Torreya  nucifera  à propos  des  sexes  (Du),  314. 
— Le  Torreya  nucifera  ; sa  maturité  bisan- 
nuelle, 342. 

Triteleia  uniflora  sur  soucoupes  (Culture  du), 
11,  106. 

Tropiques  (Végétaux  des),  304. 

Tulipes  (Des),  347. 

\ 

Végétation  (Influence  générale  des  milieux  sur 
la),  102.  — (Phénomènes  de),  246. 

Végétaux  (Effets  du  galvanisme  chez  les),  56, 
118,  145,  212.  — Marche  de  la  sève  dans  les 
végétaux,  126,  266.  — Les  végétaux  des  tro- 
piques, 304. 

Vente  des  plantes  de  M.  Linden,  horticulteur  à 
Gand,  321 . — Vente  de  la  collection  de  plantes 
de  M.  de  Jonghe  Van  Ellement,  322. 

Vignes  américaines  et  le  phylloxéra  (Les),  44. 
— Les  Vignes  gelées  ; procédé  de  M.  Magister 
pour  les  remettre  à fruit,  183.  — Les  Vignes 
gelées  dans  le  Midi,  221.  — Greffe  de  la  Vigne 
sur  le  Mûrier  du  Japon  pour  détruire  le  phyl- 
loxera,  327. 

\\ 

Warabi  (Le)  au  Japon,  285. 

Weigela  excelsa,  279. 

Welfia,  290. 

Wellingtonias  (Généalogie  des),  32.  — Ce  qu’on 
lit  sur  un  Wellingtonia  gigantesque  de  la  Ca- 
lifornie, 84.  — Apparition  de  chatons  mâles 
sur  les  Wellingtonia  de  Trianon,  363.  — Mise 
en  vente  du  Wellingtonia  pendula,  384.  — 
Fructification  du  Wellingtonia,  462. 

Witadenia  triloba  (Le),  425. 

X 

Xanthoceras  sorbifoUa  du  Jardin-des-Plantes 
(Le),  142.  — Le  Xanthoceras  sorbifoUa  et 
M.  Bunge,  442.  — Xanthoceras  sorbifoUa, 
448. 

T 

Yucca  qmdricolor  variegata  (Fructification,  au 
Fleuriste  de  la  ville  de  Paris,  d’un),  405. 

Z 

Zygopetalum  Rivieri,  191. 


FIN  DU  VOLUME  DE  1873. 


Orléans,  iinp.  de  G.  Jacob,  cloître  Saint-Etienne,  4, 


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