HARVARD UNIVERSITY
OF THE
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https://archive.org/details/revuehorticolejo1873unse
REVUE
HORTICOLE
ANNÉE 1873
ORLÉANS, IMPRIMERIE DE G. JACOB, CLOÎTRE SAINT-ÉTIENNE, 4.
REVUE
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HORTICOLE
JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE
Fondé en 1 829 par les auteurs du Bon Jardinier
RÉDACTEUR EN CHEF : M. E.-A. CARRIÈRE
CHEF DES PÉPINIÈRES AU MUSÉUM
ADMINISTRATEUR : L. BOURGUIGNON
PRINCIPAUX COLLABORATEURS MM.
D’AIROLLES, ANDRÉ, ANDRÉ LEROY, AIMÉ DE SOLAND, AURANGE,
BAILLY, BALTET, F. BARILLET, J. BATISE, BONCENNE, BOSSIN, BRIOT, GARBOU,
CLÉMENCEAU, DELCHEVALERIE, DENIS, DUMAS,
DUBREUIL, DURUPT, ERMENS, FAUDRIN, GAGNAIRE, GLADY, GROENLAND, ,
HARDY, HÉLYE, HOULLET, J. LAFONT, JEAN SISLEY, KOLB, LACHAUME, DE LAMBERTYE,
LAMBIN, LAUJOULET, LECOQ, L. LHÉRAULT, MARTINS, MAY, G. MINUIT,
NARDY, NAUDIN, L. NEUMANN, D’OUNOUS, PEPIN, V. PULLIAT, QUETIER, RAFARIN,
J. RAVENEL, RIVIÈRE, ROBINE, ROUÉ, O, THOMAS, TRUFFAUT, VERLOT,
A. WESMAEL, VILMORIN, WEBER, YSABEAU, etc.
45e année. — 1873
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LIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE
2(5, RUE JACOB, 26
1873
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REVUE
HORTICOLE
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine de décembre)
Les pluies du mois de décembre. — Don fait au Muséum à'wnP1w:nix daciijlifera, par MM. Ch. Huber et C‘'.
— La sécheresse à Montpellier. — Destruction des fourmis au moyen d’une infusion d’écorce d'Osier ,
communication de M. Colin-Lebert. — Les espèces di Eucalyptus cultivées au Fleuriste de la ville d(
Paris. — Le Croton pictum et le C. chrysostichum. — Moyen de préserver les plantations de Pois de^
attaques des rongeurs. — Variétés de Rosiers obtenues par la greffe. — Croissance rapide des Cham-
pignons : exemple remarquable fourni par un Agaricus campes Iris. — Conférence du docteur Jeanne'
au Jardin d’acclimatation ; sa théorie sur l’influence des arbres dans les grandes villes. — Moyen d(
prévenir les inondations, proposé par M. Victor Chatel. — Continuation de l’Exposition univei selle d(
Lyon en 1873. — Action de la tannée sur les salades. — Remarques sur quelques variétés de Fraisiers ;
lettre de M. Bouvet. — Préparation des fonds d’Artichauts. — Pluies continuelles à Hyères ; lettre do
M. Nardy. — Propriété de VEvonymus radicans, ^ ^
Si, à l’exemple de presque tout le monde,
et restant dans les lieux communs, nous
commencions celte chronique par ces phra-
ses banales : cr Quel temps ! Qu’allons-nous
devenir? etc.; » en un mot, si nous parlions
« de la pluie » et «du beau temps, » alors,
suivant notre disposition d’esprit , nous
pourrions dire peu ou beaucoup , par
exemple que depuis plus de deux mois il
pleut à peu près tous les jours, et que
le beau temps est presque passé à l’état de
mythe. Si, au contraire, essayant de tirer
des conséquences de cette série de mauvais
jours, nous entrions dans les détails afin
d’en montrer les résultats acquis ou pro-
bables, alors les si et les mais se présente-
raient en telle abondance, que ce numéro
ne suffirait même pas pour les enregistrer.
Mais à quoi bon ? et à qui cela servirait -il,
puisque ça ne changerait absolument rien?
Aussi, au lieu de gémir et de récriminer,
de discourir sur le temps que nous ne pou-
vons changer, acceptons-le tel qu’il se pré-
sente, et tâchons d’en tirer le meilleur parti
possible. C’est ce que nous essaierons de
faire, en priant nos collaborateurs de nous
continuer leur bienveillant concours, et de
nous aider de leurs lumières, ainsi qu’ils
l’ont fait jusqu’à ce jour, ce dont nous les
remercions.
— Le plus fort, et probablement le plus
beau Dattier qui, de mémoire d’homme, a
vécu en France, vient de mourir à Hyères
(Var), dans le remarquable établissement
d'horticulture de MM. Ch. Huber et C‘e.
dans lequel il était planté. Voici comment
notre collègue et collaborateur, M. Nardy,
actuellement chef des cultures de cet éta-
blissement, a raconté le fait, dans une lettre
qu’il écrivait à notre collègue, M. Verlot,
qui a eu l’obligeance de nous la communi-
quer. La voici :
Hyères, 8 décembre 1872.
Cher Monsieur Verlot,
Je viens de faire tomber le tronc magnifique
d’un Phœnix dactyliftra, mort cette année dans
l’Établissement. Cet arbre, qui a 65 ans d’âge,
mesure 14 mètres de hauteur du sol à la cime,
3m 70 de circonférence au niveau du sol, Im 95
à la moitié de la hauteur, et !'« 50 tout à fait au
sommet. C’est certainement l’un des plus beaux
Dattiers qui a poussé sur le sol français.
Sur ma demande, M.M. Huber et Cie veulent
bien mettre ce tronc à la disposition de MM. les
administrateurs du Muséum d’histoire naturelle
de Paris, où il irait enrichir les collections bota-
niques françaises. Il est bien entendu que c’est
à titre complètement gratuit, et que, en l’ac-
ceptant, ces Messieurs n’auraient qu’à en payei
le port.
On ne peut que se réjouir en apprenant
1
1er JANVIER 1873.
'6
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
cetfe nouvelle.^ et l’on doit surtout remercier
MM. Ch. Huber et C‘® de leur grand désin-
téressement, et d’avoir bien voulu se des-
saisir, en faveur du Muséum, d’une pièce
aussi remarquable, et dont ils auraient pu
tirer un bon parti. Ils ont préféré faire acte
de patriotisme en en faisant hommage à
leur pays. C’est un fait qui les honore et
qui, certainement, ne surprendra pas ceux
qui les connaissent, mais qui n’en mérite
:i|îc^s moins les félicitations et les remercî-
ments de tous, puisqu’il est fait dans l’inté-
rêt de tous.
Espérons que l’administration du Muséum
acceptera l’offre aussi généreuse que désin-
téressée de MM. Charles Huber et C‘®, et
que bientôt ce colosse sera placé dans les
collections botaniques du Muséum, dont il
ne sera pas la pièce la moins remarquable.
— Tandis que l’ouest, le centre et le
nord de la France, — pour ne parler que
de notre pays, — sont constamment mouil-
lés, il fait une. sécheresse extrême dans une
partie du littoral méditerranéen. Ainsi, à
Montpellier, en ce moment, on ferait volon-
tiers le contraire de ce que l’on fait dans
certaines parties du nord de la France ; des
prières publiques pour obtenir de la pluie.
En effet, à Montpellier, il y a plus de deux
mois qu’il n’est tombé d’eau. Ici tout, là
rien (en fait de pluie), paraît être la règle.
Singulière compensation !
— On ne doit être indifférent à quoi que
ce soit : toujours il y aura à apprendre. La
nature est un grand livre qui est continuel-
lement ouvert, mais dans lequel il faut ap-
prendre à lire. Le meilleur maître, c’est
l’observation. Très-souvent, en effet, c’est
en s’occupant d’une chose qu’on en trouve
une autre. Les exemples abondent. En voici
un que nous fait connaître notre collègue,
M. Colin-Lebert, horticulteur à Blois, et qui,
nous en sommes convaincu, sera bien ac-
cueilli de nos lecteurs. Voici ce qu’il nous
écrit :
Blois, 17 novembre 1872.
Monsieur Carrière,
Je vois à chaque instant, dans la Revue, qu’il
est question de recherches et de procédés pour
la destruction des insectes nuisibles à l’horticul-
ture. Ceci me rappelle une trouvaille (c’est le
mol) que j’ai faite, et que plus d’un, j’en suis
certain, sera très-heureux de connaître. Voici :
Je me sers d’habitude, pour rapprocher l’écus-
son du sujet, de pelure ou d’écorce d’osier, que
je fais, au préalable, tremper dans l’eau, soit
dans un de mes bassins, soit dans un tonneau.
La pelure retirée, l’eau a contracté une cou-
leur noirâtre, et reste imprégnée d’une odeur
très-désagréable; aussi, la besogne terminée, je
m’empresse de jeter celte eau.
Craignant qu’elle soit préjudiciable à la végé-
tation, je l’éloignais de toute culture, quand, avi- ;|
sant un jeune arbre près de moi qui était infesté
de fourmis, je l’aspergeai de cette eau.
Quel ne fut pas mon étonnement quand, I
quelques instants après, je vis les fourmis tom-
ber comme frappées de mort immédiate. Je ne |
m’attendais pas à un succès aussi sérieux, sur- j
tout faisant cela au hasard, sans but arrêté à
l’avance. Frappé de ce résultat, je recommençai |
l’opération sur un nid ; cette fois, je fus certain
de l’effet spontané, et j’en conclus que cette eau ,
était mortelle aux fourmis. i|
Ceci établi, j’avais encore une chose à recher- j
cher: c’était de savoir si le remède ne serait pas ;
pis que le mal.
Les fourmis écartées, l’arrosage pouvait-il in-
commoder l’arbre et le feuillage? Après plusieurs
opérations, je conclus négativement, et je re- J
connus, au contraire, que les arbres débarras- |,
sés de ce parasite n’en poussaient que plus vi- )•’
goureusement. !
Vous voyez. Monsieur le rédacteur, que ce |
remède est bien simple, et que sans frais l’on
peut débarrasser les arbres isolés et en espa- ;
liers, peu importe, de ces hôles dangereux : les
fourmis. |
Si vous trouvez. Monsieur le rédacteur, que !
cette lettre peut être de quelque utilité à vos j|
abonnés, je vous permets de lui donner la pu- |
blicité qu’il vous plaira. ■
Agréez, etc. Colin-Lebert. h
— Aujourd’hui que, avec raison, les i i
idées horticoles, et surtout sylvicoles, sont '
aux Eucalyptus, il n’est pas sans in- J!
térêt, croyons-nous, de faire connaître les '
espèces de ce genre qui sont cultivées au ;
Fleuriste de Paris, et dont les graines ont
été données par M. Ramel, à qui l’horticul- ;
ture doit tant, et dont nos lecteurs ont pu i
apprécier le zèle et le désintéressement, et |
quelques-unes aussi par M. Thozet, bota- j
niste français, dont nous avons parlé dans |
un des précédents numéros de ce jour- |’
nal (1). f
Ce sont les Eucalyptus amygdalina •
(White deppermint), amygdalina (Brown
deppermint), calophijlla, coccifera, colos- |
sea, citriodora, goniocalyx, gigantea, glo-
hulus, megacarpa, mahogoni, margi-
nata, occidentalis, Risdoni, rostrata, puis
une espèce innommée, très-curieuse par
ses feuilles tout à fait laineuses, et trois
autres espèces, dont deux sont considérées
comme rustiques et pouvant probablement
(1) V. Revue hort., 1872, p. 350. >
7
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
vivre en plein air sous le climat de Paris ;
Tune d’elles est VEucalyptus urnigera,
trouvé sur le mont Wellington, à une très-
grande hauteur; l’autre, trouvée dans la
même localité, est sans nom ; quant à la
troisième, elle a été trouvée sur le mont
Weller.
A une autre époque, alors que le Fleu-
riste de Paris était dans toute sa splendeur,
le nombre des espèces d' Eucalyptus était
encore beaucoup plus considérable. En voici
l’énumération : Eucalyptus amygdalina
argentea, Blowood tree, coriacea, capi-
tellata, cuprestinus, carminata, cornuta,
elatus, gigantea, gig. obliqua, Gunnii,
macrocarpa, mennagum, montana, occi-
dentalis, odorata, odor. angustifolia, pi-
perita, pendula, Queen of Queen's, ros-
trata, Rockingham-Bay , sideroxylon,
sessilis, Stuartiana, salicifoUa, stricta,
tetraptera, viminalis, viminalis glauca.
Plus, trente espèces inconnues ou innom-
mées.
Il est bien entendu que nous ne garantis-
sons pas la nomenclature des plantes qui
viennent d’être énumérées, qui, sans aucun
doute, présente des inexactitudes et des
doubles emplois. Mais, en admettant qu’il
faille en éliminer au moins la moitié, il en
reste encore beaucoup plus que n’en pos-
sèdent la plupart des établissements scienti-
fiques.
En publiant cette liste, nous avons voulu
surtout, tout en appelant l’attention sur un
genre de plantes digne d’intérêt, montrer
que le Fleuriste de Paris n’a pas, comme
tant de gens le prétendent encore, été « une
calamité » pour notre pays, et qu’au con-
traire il a rendu d’immenses services à l’hor-
ticulture et à la science, qui, il faut bien le
reconnaître, n’en a pas profité, les savants
en général, en France, ne sortant guère de
leur cabinet (1).
— Bien que plusieurs fois déjà nous ayons
recommandé les nouveaux Crotons, et que
ceux-ci soient réellement très-beaux, il ne
faut pourtant pas oublier les anciens, le
Croton pictum, et tout particulièrement aussi
le C. chrysostichum, qui, à une beauté des
plus remarquables, à un très-beau port et à
un feuillage magnifique, joint une vigueur
peu commune, qui' en fait une plante vrai-
(1) Il en est plusieurs qui n’ont guère connu le
Fleuriste de Paris que de nom. Pourtant, combien
ils auraient pu voir là, à leur porte, de choses qu’on
ne trouverait nulle part ailleurs dans les cultures !
Mais il aurait fallu se déranger.
ment hors ligne, qui se ramifie bien et cons-
titue des touffes très-fortes qu’on peut
employer avec un grand avantage pour i’or-
nementation des appartements.
Le Croton chrysostichum est une forme
fixée, un dimorphisme du C. variegaturti,
dont il ne diffère guère que par le pétiole des
feuilles, qui est d’un beau rouge, de même
que l’écorce des jeunes pousses. Il est aussi
un peu plus vigoureux que le C. varie-^>
gatum.
— Arrivés à l’époque où l’on plante les
premiers Pois, nous croyons devoir rappeler
un moyen de les préserver des rongeurs qui
leur font une guerre active pendant tout le
temps qu’ils restent dans le sol. Ce moyen,
que nous avons vu employer par nos grands
parents, consiste à faire tremper les Pois
pendant quarante-huit heures dans une forte
décoction froide d’eau de suie. Il y a deux
manières de procéder pour faire cette
décoction : l’une consiste à mettre de la
suie dans de l’eau froide, où elle abandonne
lentement une partie de ses principes, puis
d’y plonger les Pois, qu’on laisse séjourner.
L’autre procédé, qui nous paraît préférable,
consiste à faire bouillir pendant quelque
temps, pour que l’eau dissolve et s’imprègne
des éléments actifs de la suie, puis de lais-
ser refroidir et de décanter, et alors de
mettre tremper les Pois ainsi qu’il vient
d’être dit, pendant quarante-huit heures
avant de les planter.
Il est bien entendu que nous n^ garantis-
sons pas l’efficacité de ce procédé ; l’ayant
vu employer, nous le rapportons, en enga-
geant ceux de nos lecteurs qui pourraient le
faire de l’essayer, et de nous faire connaître
les résultats qu’ils auraient obtenus, que
nous nous engageons à publier.
— Nous appelons dès à présent, et d’une
manière toute particulière, l’attention de nos
lecteurs sur un article, qu’on trouvera plus
loin, au sujet de variétés de Rosiers obte-
nues par la greffe. Si le fait se confirme, il
y aurait là une nouvelle et probablement
très-féconde voie d’ouverte à l’horticulture,
et qui, en même temps, pourrait jeter un
nouveau jour sur la physiologie.
— Qui n’a dit ou n’a entendu dire : « Ça
vient comme des Champignons? » Cette ex-
pression, dont on se sert si fréquemment
dans toutes les positions et conditions so-
ciales, s’emploie surtout, et à peu près ex-
clusivement, en parlant d’un être (végétal
s CimONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
OU animal) dont la croissance extrêmement
rapide paraît s’opérer sans difficulté. Elle
est basée sur la croissance des Champi-
gnons, qui, dans quelques cas et pour cer-
taines espèces, paraît presque instantanée.
En voici un exemple remarquable par la
rapidité et par les proportions :
Dans les premiers jours d’octobre der-
nier, à la suite de pluies orageuses, il se
développa tout à coup, dans certaines par-
ties des pépinières du Muséum, des Agarics
comestibles (Agaricus campestris) , qui
prirent d’assez fortes dimensions ; l’un
d’eux surtout nous frappa. Ainsi, le 5 au
matin il se montrait à peine, et, en soule-
vant avec précaution la terre qui, toute
fendillée, formait une petite éminence, on
apercevait une petite masse sphérique d’un
aspect gris foncé, pelucheux. C’était un
Champigncn de l’espèce précitée, et qui,
vingt-quatre heures après, présentait les di-
mensions suivantes : stipe, 15 centimètres
de longueur ; chapeau, 20 centimètres de
diamètre. Le stipe, dans sa partie la plus
renflée, qui se trouvait à 4 centimètres du
sol, mesurait 7 centimètres de diamètre. Le
poids total de cet Agaric était de 1 kil.
l'7 gr. Le collier, très-élargi, non déchiré,
était encore très-frais, ce qui peut faire sup-
poser que l’accroissement de ce monstrueux
cryptogame n’était pas complet. Nous ajou-
tons qu’il était très-sain, d’une saveur déli-
cieuse.
— Le 23 juillet 1872, M. le D^ Jeannel
faisait, au Jardin d’acclimatation du bois de
Boulogne, une conférence sur le rôle des
arbres, et dans laquelle il démontrait, en
s’appuyant sur des preuves qui sont loin
d’être dépourvues de valeur, que l’influence
des arbres dans les grandes villes, comme
Paris, est plutôt mauvaise que bonne. Mal-
gré tout ce que cela a de contraire avec les
idées qu’on s’en fait, il faut bien reconnaître
que M. Jeannel est dans le vrai sur beau-
coup de points. Aussi, nous n’hésitons pas
’i recommander la lecture de cette confé-
rence, dont un compte-rendu a été publié
dans le Dulletin mensuel de la Société
acclimatation, 1872, p. 532 et suivantes,
1 auquel nous nous proposons de faire
quelques emprunts.
— Un de ces hommes qu’on est à peu
près sûr de rencontrer partout où il y a
[uelque chose d’utile à faire, qui a publié à
ces frais, et sans espoir d’en retirer le
moindre avantage, une grande quantité de
circulaires, de mémoires, d’opuscules, etc.,
sur les diverses parties de l’horticulture et
de l’agriculture, M. Victor Ghatel, adres-
sait, à la date du 18 novembre dernier, à
M. le Ministre de l’agriculture, une lettre
dans laquelle il indiquait différents moyens
préventifs contre les inondations. Ce qui fait
la force des arguments de M. Chatel, c’est
que, à l’appui de ses dires, il indiquait des
faits. Les personnes qui voudraient se ren-
seigner sur ces procédés pourront s’adres-
ser à M. Victor Chatel, à Campandré-Val-
congrain (Calvados).
— C’est une affaire à peu près décidée,
l’Exposition universelle de Lyon reprendra
son cours en 1873. Voici ce que nous lisons
dans un journal lyonnais, que par cette
raison nous croyons bien renseigné, la
France républicaine, dans son numéro du
jeudi, 12 décembre 1872 :
Lp continuation de l’Exposition pendant Tan-
née 1873 peut être considérée, dès maintenant,
comme un fait assuré. La souscription du capital
nécessaire à la nouvelle société est garantie, de-
puis plusieurs jours déjà, par des arrangements
spéciaux. Il ne reste plus qu’à accomplir les for-
malités légales, et nous savons que la nouvelle
administration s’en occupe activement.
On nous dit d’autre part que le Conseil muni-
cipal est tout disposé à favoriser la nouvelle en-
treprise aussitôt qu’il sera saisi des questions
qui le concernent.
C’est une nouvelle que nos lecteurs ap-
prendront avec plaisir, car on ne peut douter
que l’horticulture y sera représentée, et
d’une autre part que, profitant de l’expé-
rience qu’ils ont pu acquérir pendant l’ex-
position de 1872, les horticulteurs s’enten-
dront mieux sur la marche à suivre, qu’ils
ne commettront pas les mêmes fautes, et
qu’alors tout le monde y gagnera.
— Tout récemment, en parcourant le
jardin d’un de nos collègues, et en exami-
nant des salades de diverses natures (Lai-
tues, Romaines, etc.), nous avons été frappé
des différences considérables que présen-
taient entre elles les carreaux où elles
étaient plantées. Cette différence était telle
que certains carreaux paraissaient avoir été
emblavés très-longtemps avant les autres,
et avoir été aussi beaucoup mieux soignés,
ce qui n’était pas. Elle était due tout
simplement à une petite épaisseur de vieille
tannée dont on avait recouvert la terre avant
de repiquer les plants. Quant aux soins, ils
avaient été absolument les mêmes, et toutes
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
ces plantes étaient placées dans des condi-
tions à peu près identiques. On ne pouvait
donc nier que cette luxuriance ne fût due à
l’influence de la tannée ; ce qui le démontre,
c’est que dans les autres carreaux, où la
terre avait pourtant été recouverte d’un
paillis, les plantes étaient beaucoup moins
belles.
— Nos lecteurs n’ont pas oublié le très-
intéressant article sur la culture des Frai-
siers, par notre collègue, M. Robine, et que
nous avons publié dans la Revue horticole
(1872, p. 410). A ce sujet, nous avons reçu
une lettre qui peut être considérée comme
un complément et une confirmation du con-
tenu de cet article. La voici :
Saint-Servan, 12 novembre 1872.
Monsieur et ami,
C’est avec un très-vif intérêt que j’ai lu l’ar-
ticle de M. Robine sur les Fraisiers; on ne peut
s’exprimer plus clairement et plus à la portée de
tout le monde. La culture de ces plantes pa-
raîtra très-facile à ceux qui voudront lire cet
article avec attention. Je connais un certain
nombre des Fraises qu’il recommande dans sa
liste des 24 variétés ; je suis sûr, d’ailleurs, de
les posséder identiquement, puisque je les tiens
de M. Gloède, un de nos meilleurs propagateurs
de Fraises.
Je connais parfaitement les variétés nos 2,
3, 4, 5, 6,7,11,12,15, 17, 18, 19, 23 et 24(1);
je peux donc me permettre d’ajouter aux des-
criptions de M. Robine quelques observations,
qui, je l’espère, pourront être utiles aux ama-
teurs.
May queen a toujours beaucoup mieux réussi
chez moi que Princess of Wales, qui, toutes
choses égales d’ailleurs, prend beaucoup plus de
place par l’étendue de ses feuilles, et donne
beaucoup moins de fruits, quoiqu’il soit plus
beau et meilleur. De plus, May queen ]omt à sa
précocité et à son extrême fertilité l’avantage de
remonter quelquefois. Un de mes amis, qui la
cultive sur une certaine étendue, en cueille sou-
vent de petites assiettées à l’automne.
Victoria Trolloppe. Son défaut est, il est vrai,
d’être trop tendre ; mais c’est surtout dans les
années humides et dans les terres froides. En la
cultivant dans une terre sableuse, je l’ai vue
donner des fruits de toute première qualité,
presque comparables à ceux de la British queen;
quant à la fertilité, elle est très-grande. C’est
une variété d’autant plus avantageuse, que ses
fleurs n’avortent presque jamais, et que ses
fruits sont d’une beauté et d]une égalité remar-
quables. Je ne saurais trop recommander la cul-
ture en grand de cette variété dans toutes les
terres sablonneuses qui avoisinent la mer.
(1) Voir l’article Les Fraisiers, Rev. hort., 1. c.
9
Les Caprons. En les plantant en terre fraîche,
bien amendée avec du terreau consommé, et en
les arrosant plus abondamment que d’autres
Fraisiers, j’en obtiens des fruits de «lenxièmc
grosseur, parfois plus gros que May queen. En
soutenant les hampes avec de petits tuteurs,
comme le conseille M. Gloède dans son ouvrage:
Les bonnes Fraises, j’ai obtenu de la Belle-Bor-
delaise un coloris foncé magnifique. En général,
les Caprons ne sont pas assez cultivés. Tout
amateur devrait en avoir une planche dans sa
collection. Le fruit, mangé seul, a, il est vrai,
un parfum très-prononcé, et qui, pour cette
raison, peut plaire aux uns et déplaire aux
autres; mais mélangé aux Fraises améiicaines,
ou à de la crème, il est excellent et plaît géné-
ralement.
Il est un autre Fraisier qui ne se trouve pas
dans la liste de M. Robine, qui, je pense, ne
m’en voudra nullement d’ajouter une vingt-cin-
quième variété. C’est le Sir Harry. La plante
est d’une fertilité incomparable. J’ai eu cette an-
née, sur une touffe de trois ans, 221 Fraises,
sans compter les petites fleurs secondaires ; de
plus, ce Fraisier remonte très-souvent (du moins
chez moi). Sur 21 pieds que je possède, j’en ai
eu 13 qui ont parfaitement remonté cet automne.
J’ai encore cueilli, le 6 novembre dernier, des
Fraises Sir Harry du plus beau coloris, et tout
le monde, à Saint-Servan, est surpris de voir en-
core des Fraises dans mon jardin. Les fruits de
cette variété ne laissent absolument rien à dé-
sirer pour la qualité, qui est au moins égale à
celle de British queen; si elle est un peu moins
sucrée, elle a beaucoup plus de parfum. La gros-
seur est considérable (15 à 20 grammes en
moyenne, atteignant très-souvent 30 et au-dessus,
et j’en ai même obtenu l’année dernière qui pe-
saient jusqu’à 37 grammes).
Au moment où j’écris, j’ai encore de très-
belles Fraises sur mes touffes Sir Harry. Si le
mois de novembre continuait à être chaud, elles
pourraient mûrir, si toutefois les limaces, très-
abondantes à cette époque de Tannée, ne les
attaquaient pas.
Agréez, etc. E. Bouvet.
— Une recette qui intéresse à la fois les
horticulteurs, les jardiniers, les amateurs,
les ménagères, et même tous les gourmets,
quel qu’en soit le sexe et la position, a
toute chance d’être bien accueillie. Telle est,
ce nous semble, celle dont nous allons par-
ler. Il s’agit de fonds d' Artichauts préparés
de manière, sinon à remplacer, du moins à
tenir lieu de Champignons.
Le moyen est bien simple ; le voici en
deux mots. On choisit des Artichauts bien
mûrs ; on en enlève les feuilles, qu’on peut
alors manger si Ton veut, puis vient le tour
des organes floraux, qu’on nomme vulgai-
rement foin. Ceci terminé, on fait blanchir
dans de Teau, à laquelle on ajoute un peu
10
LÎLIUW TIGRINUM FLORE PLENO.
fie sel, puis on retire ces foiids d’Arti-
cliauts ; on les laisse ressuyer, et on les
met quelque temps dans un four, ainsi
qu’on le fait soit des pruneaux, soit de dif-
férents légumes qu’on veut conserver, opé-
ration qu’on répète si on le juge nécessaire.
Quand ils sont bien desséchés, on les met
dans des sacs de papier ou de toile, qu’on
suspend dans un endroit quelconque à l’abri
de l’humidité, où ils peuvent se conserver
presque indéfiniment.
Lorsqu’on veut manger ces fonds d’Ar-
tichaiits, on en prend la quantité dont on a
besoin, et on les plonge dans de l’eau tiède
pendant quelques instants, afin de les faire
ramollir {revenir, en terme culinaire) ; en-
suite on les accommode soit au beurre, soit
à la graisse, — on les fait sauter, comme
l’on dit, — ou bien on les fait entrer dans
les ragoûts, absolument comme s’il s’agissait
de Champignons.
Ainsi préparés, ces fonds d’ Artichauts
sont très-bons, et constituent un mets aussi
sain qu’agréable à manger.
•— Ce ne sont pas seulement les environs
de Paris qui souffrent des pluies à peu près
continuelles ; le sud-est non plus n’est guère
plus épargné. Ainsi, dans une lettre qu’il
nous écrit d’Hyères, notre collègue, M. Nar-
dy, nous dit :
LILIÜM TIGRINl
La magnifique espèce qui est représentée
ci-contre, et dont nous allons donner la des-
cription, est originaire du Japon, d’où elle a
été introduite par M. le comte de Monte-
bello, il y a trois ans, au Jardin d’acclima-
tation, où elle a fleuri et où nous l’avons
fait peindre. Son port, ses feuilles, en un
mot son faciès, rappellent celui du type :
Lilium tigrmum, qui, comme on le sait,
est une des jolies espèces du genre.
Le L. tigrinum flore pleno a les boutons
un peu plus courts que ceux du type ; ses
fleurs, qui sont nombreuses et disposées
comme celles de ce dernier, ont les pétales
un peu plus étroits, imbriqués et presque
opposés les uns aux autres, de sorte qu’ils
se recouvrent un peu et forment comme une
étoile à six branches. La couleur est aussi
la même que celle du type, mais les ponc-
tuations sont un peu plus étroites.
Dans l’envoi fait au Jardin d’acclimatation
par M. le comte de Montebello, se trouvait,
avec deux Oignons de la variété à fleurs
Des pluies diluviennes, et qui durent depuis
plus de deux mois dans notre région, ont nui au
bon développement de certains végétaux cultivés
ici pour l’approvisionnement hivernal de Paris.
Ce sont surtout les Chicorées et les Artichauts.
Les beaux jours [sont ardemment désirés. Notre
pauvre pays est en proie au désordre apparent
dans l’ordre météorologique.
— Une propriété peu connue que possède
V Evonymus radicans, dont plusieurs fois
déjà nous avons parlé et recommandé pour
la confection des bordures, à laquelle, du
reste, ilj est éminemment propre, est de
pouvoir, comme le Lierre, s’attacher après
les murs et de les cacher. C’est, du reste,
une propriété que semble indiquer le quali-
ficatif radica?is. Nous ne disons pas, toute-
fois, quel’L'. radicans peut et doit rempla-
cer le Lierre, qui 'est irremplaçable dans
beaucoupMe cas, mais qu’on peut l’employer
d’une manière analogue. Rappelons aussi
que cette espèce vient bien à l’ombre ,
comme le Lierre encore; qu’on peut l’em-
ployer pour couvrir le sol là ou peu de vé-
gétaux pourraient pousser. Chercher, étu-
dier les choses en vue d’en faire l’application,
est un des plus beaux rôles réservés à
l’homme.
E.-A. Carrière.
[ FLORE PLENO
doubles dont nous parlons, un Oignon qui,
mis en pot avec d’autres appartenant au L.
tigrinum, a produit une plante qui en diffère
néanmoins d’une manière tellement sen-
sible, que certains botanistes la considèrent
comme une espèce distincte, tandis que
d’autres en font une variété du L. tigri-
num. M. Duchartre, dans la séance du
22 août 1872 de la Société centrale d’horti-
culture de France, en parle ainsi dans son
compte-rendu ;
«... Cet Oignon a été planté dans le même
pot que deux autres appartenant réellement
au L. tigrmum type. Il a donné une tige
haute de près de 1 mètre, assez grêle, verte,
mais pointillée abondamment de rouge
brun sur sa partie inférieure, qui portait
des feuilles semblables à celles du L. tigri-
num pour la forme, la direction, la consis-
tance, et parcourues également par trois ou
plus rarement cinq nervures ; seulement il
n’est pas venu de bulbilles à l’aisselle de ces
feuilles. Cette tige se terminait par une
ccreiox^, deL.
PNC //orfi<‘o/c .
Li/iiun tf^/Y/in/// ^y<97Y p/7^/ic>
CULTURE DU TRITELEFA UNIFLORA FUR SOUCOUPES.
11
seule fleur nutante, semblable, pour la gran-
deur, la forme et la maculature, à celles du
L. tigrinum, mais dont la couleur générale
était un jaune citron verdâtre assez pâle ;
de plus, les pièces du périanthe étaient la-
vées de rouge vers leurs bords, dans leur
partie inférieure, à leur face interne. M. Du-
chartre croit qu’on ne peut voir dans ce Lis
qu’une variété de Lis tigré ; seulement ce
serait une variété encore inconnue en Eu-
rope, qu’il n’a vue mentionnée nulle part.
Cette variété serait, en outre, intéressante
comme formant un intermédiaire entre le
L. tigrinum proprement dit et la plante
japonaise que M. Laiton Hooker a publiée
comme une espèce particulière sous le nom
de L. Leichtlinii, et dans laquelle la fleur
est décrite comme étant d’un beau jaune
d’or uniforme, maculée de même. Il en ré-
sulterait probablement que cette dernière
CULTURE DU TRITELEIA T
Vers le milieu du mois de février dernier,
on pouvait remarquer dans notre maison de
commerce, 20, quai de la Mégisserie, de
charmantes soucoupes remplies de mousses
fraîches ou de gazons fins, serrés, et d’un
beau vert, sur lesquels tranchaient les élé-
gants coloris des fleurs de plusieurs jolies
plantes bulbeuses, telles que : Ornithogale
d’Arabie, Crocus variés, Scilla divers, etc.
A la même époque, les amateurs de plantes
fleuries pour appartements ont pu remar-
quer aussi dans notre établissement, où ils
avaient été soumis au même mode de trai-'
tement, des Triteleia uniflora, jolie Liliacée
du Texas, et que tout le monde connaît. Di-
sons de suite que, à notre connaissance du
moins, c’était la première fois que cette
plante était cultivée ainsi. Nous ne pensons
pas, en effet, cp’aucune personne ait songé
à Tutiliser de cette façon. A ce titre, nous
croyons être utile aux amateurs en donnant
quelques renseignements sur la manière
que nous avons employée pour obtenir le
résultat qu’on a pu constater.
Le moment le plus convenable pour plan-
ter les Oignons de Triteleia est novembre
et décembre ; mais on peut réussir aussi en
ne plantant qu’en janvier. Le mode de plan-
tation est aussi simple que possible. On
prend de la mousse ordinaire {Hgpnum
triquetrum ou IL cupressi forme), natu-
relle et non teinte, qu’on humidifie si elle est
trop sèche, et l’on en emplit les assiettes ou
soucoupes qu’on destine à cette culture.
espèce, à laquelle M. Baker lui-même a fait
grâce dans son récent travail sur le genre
Lis, ne serait qu’une variété du L. tigri-
num, ainsi que le présumait Lemaire {Illust.
hort., 1808, pl. 540). Toutefois, M. Du-
chartre ajoute que, n’ayant encore jamais eu
occasion de voir le L. LeichÜinii en nature,
il n’exprime cette idée qu’avec toute ré-
serve. ))
Le L. tigrinum' flore pleno est tout aussi
rustique que le type; sa culture et sa mul-
tiplication sont également semblables à celles
de ce dernier. Comme lui aussi, on le mul-
tiplie par bulbilles, et, à défaut de celles-ci,
par boutures d’écailles. On peut se procurer
cette espèce, en oignons de force à fleurir,
chez MM. Vilmorin-Andrieux et C^®, 4, quai
de la Mégisserie, à Paris.
E.-A. Carrière.
NIFLORA SUR SOUCOUPES
Les assiettes ou les soucoupes que nous
employons à cet usage ont environ 20 cen-
timètres de diamètre sur 3 de profondeur.
On place simplement les bulbes sur un petit
amas de l’une des mousses, et l’on a soin
de tenir dans les assiettes ainsi parées une
certaine quantité d’eau qui, dans aucun cas,
ne devra cependant dépasser la moitié de
la profondeur des soucoupes. La plantation
opérée, on transporte ces assiettes ou sou-
coupes dans un lieu un peu obscur, comme
on le fait en général pour les plantes bul-
beuses qu’on cultive en vase percé ou sur
carafe. Une cave, une armoire, peuvent
parfaitement remplir ce but. L’obscurité,
comme aussi une température un peu éle-
vée, et surtout humide et régulière, favo-
risent considérablement l’émission des ra-
cines. Quant celles-ci sont assez nombreuses
et suffisamment développées, ce qui a lieu
d’ordinaire au bout du laps de temps que
nous avons indiqué, on transporte les sou-
coupes dans un lieu bien éclairé, et où les
plantes ne puissent être atteintes par la ge-
lée. La floraison des Tritéléias ainsi traités
s’effectue en général trois mois après le pla-
cement de leurs bulbes tel que nous l’avons
indiqué.
On peut enjoliver ces sortes d’ornements
par le semis de Graminées à feuillage fin et
ténu; mais on ne doit semer ces graines
qu’environ six semaines ou deux mois après
la plantation des bulbes, afin d’obtenir, en
même temps qu’une verdure qui n’est pas
12
YxVUIÉTÉS DE ROSES OBTENUES PAR LA GREFFE.
sans effet, la floraison toujours assurée de
la plante. Une simple bordure de gazon en-
tourant l’assiette est plus élégante que le
résultat d’un semis de même nature tait en
plein ; car.il y aurait toujours dans ce der-
nier cas une confusion regrettable. De plus,
la tonte du gazon, qu’on peut effectuer avec
des ciseaux, est rendue plus facile lorsqu’on
n’a affaire qu’à une bordure extérieure.
Les mousses ordinaires, qu’on trouve dans
le commerce {Ilypnum triquetrum et
autres), sont très-bonnes pour cette culture.
Toutefois, nous avons cru remarquer que
les diverses espèces de sphagnum leur
étaient préférables.
Le Triteleia uniflora est, sans contredit,
parmi toutes les plantes bulbeuses que nous
avons essayé de cultiver ou plutôt de sou-
mettre au mode de traitement précité, celle
qui pousse le plus rapidement. Planté en
octobre ou en novembre, il produit tout
l’hiver un feuillage élégant qui n’est pas
sans mérite, et qui persiste jusqu’à la fin de
la floraison de la plante. Celle-ci, par le
développement successif des inflorescences
de chaque bulbe, ne dure pas moins d’un T
mois à[^cinq semaines.
Nous croyons que toutes les plantes bul-
beuses à floraison vernale, ainsi que la ma-
jorité de celles qu’on cultive sur carafes,
peuvent se prêter à cette culture de fantai-
sie. Telles sont ; les Scilla, les Jacinthes, ;
les Ornithogales, l’Iris de Perse, les Nar- |
cisses, etc. Enfin, nous avons parfaitement I
réussi par ce procédé à cultiver des Perce- j
Neige, des Tulipes Duc de Thol et Tour- i
nesol, voire même le Camassia esculenta
ou Quamasch des Mexicains. Notons toute- ■'
fois que les Tulipes restent fort longtemps
sur la mousse sans émettre de racines; mais
quand celles-ci ont commencé à apparaître,
leur accroissement est assez rapide. Le dé- :
veloppement des feuilles et des fleurs ne
tarde pas non plus, ce premier résultat ob- i
tenu, à se produire d’une façon le plus sou-
vent satisfaisante. Nous avons essayé, il y a '
quelques années, de cultiver en carafes
VAletris capensis ; le résultat a été si com-
plet, qu’il n’a pas été longtemps sans être
remarqué. A. Legaron.
VARIÉTÉS DE ROSES DETENUES PAR LA GREFFE
IIAPPORT DE LA COMMISSION DÉLÉGUÉE PAR L
A Monsieur Zenone Zen.
Le rapport suivant lui est communiqué,
après avoir été approuvé par l’Institut
royal, dans la séance du 22 juillet de cette
année.
La communication en a été faite sur la
demande déposée le 21 juin 1871, sous le
n° 319.
Le Secrétaire et membre de l’Institut royal,
Na MI AS.
(( L’honorable M. Zenone Zen, de A'enise,
qui cultive avec passion et intelligence une
nombreuse collection de Roses dans le jardin
de sa propriété, situé près de la fondation
du Carminé, annonçait par sa lettre du
24 juin, enregistrée sous le n® 319, qu’après
de longues éludes et de longues expériences,
il avait réussi à obtenir d’estimables variétés
dans les fleurs des Roses, par la simple
greffe.
(L Afin de s’assurer la propriété de son
invention, il insistait pour que le fait qu’il
exposait fût reconnu par notre Institut
même. En conséquence, la présidence délé-
guait MxM. Visiani et Zanardini dans ce but.
/INSTITUT ROi'AL DE VENISE LE 5 AOUT 1872
au cas où les résultats des expériences qui
devaient s’effectuer avec leur concours mé-
riteraient d’accorder cette demande.
c( Au mois de septembre suivant, M. Zen,
en présence d’un des soussignés, demeurant
à Venise, commença trois essais de preuves
avec les Roses connues dans les jardins sous
le nom de Malmaison ruhra, Colonel
Foissy et Cardinal Patrizy. Désirant lui-
même procéder avec une rigueur qui ga-
rantît l’authenticité des expériences, il prit
les bourgeons sur des rameaux qui portaient
des fleurs des variétés mentionnées, et les
greffes en écusson pratiquées avec ces
bourgeons furent fermées par des rubans à
fil de plomb, timbrés à chaque extrémité
avec de la cire à cacheter portant l’empreinte
de notre cachet. Toutes ces greffes réussi-
rent bien, et les deux premières donnèrent
des fleurs en mai dernier. Nous avons at-
tendu en vain la floraison de la troisième,
la pousse nouvelle ayant été piquée et cor-
rodée par les insectes. Mais les deux pre-
miers essais ont suffi pour nous montrer des
fleurs bien diverses par la forme, par la
teinte et })ar certaines taches ou pana-
chures de couleur plus inte7ise. Après di-
verses interrogations et diverses questions
1
CERISE A COLLIER.
13
que nous fîmes à l’operateur, nous eûmes
les dérlaraiions suivantes :
(( 1" Que dans la deuxième et même dans
la troisième année, quand les greffes de-
viennent robustes et déploient une grande
vigueur, les panachures se détachent da-
vantage avec des teintes également plus
vives ; et, en effet, nous vîmes d’autres va-
riélés obtenues par lui, de plus vieille date,
à panachures bien prononcées, et dont les
teintes étaient vraiment brillantes ;
(( 2o Que ces variétés se maintiennent
constantes, tant par marcottes que par
greffes ordinaires, en fente ou en écusson ;
(( 3» Que, si on les perd, on peut les re-
produire en répétant l’opération dans des
conditions identiques ;
« Que toutes les espèces de Roses ne
donnent pas les mêmes résultats. Il y en a
quelques-unes qui donnent des variétés plus
marquées et plus belles.
« Ignorant complètement le procédé dont
on se sert en dehors de l’opération, qui ne
diffère en rien de celle qu’on pratique ordi-
nairement pour la greffe en écusson, nous
devons nous borner à attester simplement le.
fait, et à affirmer que les fleurs que nous
avons vues sont hien différentes de celles
des rameaux sur lesquels on avait pris les
bourgeons greffés.
(( M. Zen, dans sa lettre citée ci-dessus,
se montre disposé à communiquer sa ma-
nière d’opérer à l’Institut, ce qui serait à
désirer ; car ce n’est que lorsque le procédé
sera connu qu’on pourra interroger la science
pour essayer d’en avoir quelque réponse,
qui nous donnerait peut-être l’explication
des résultats obtenus.
(ü Ajoutons que si cette méthode était
connue et répandue, les expériences se mul-
tiplieraient sur une plus large échelle pour
CERISE l
La variété dont nous allons parler n’a
rien de particulier en ce qui concerne l’ar-
bre, qui ressemble assez exactement par son
aspect aux Cerisiers francs de pieds, si com-
muns à peu près partout, et que, par con-
séquent, tout le monde connaît. Les feuilles,
largement ovales-elliptiques, sont coriaces,
fortement nervées, brusquement arrondies
au sommet qui est terminé en une pointe
cuspidée courtement obtuse, à dents assez
profondes ; le pétiole, rouge foncé, porte
près de son sommet deux larges glandes ré-
niformes. Les fleurs ne présentent rien de
recberclier jusqu’à quel point on peut l’ap-
pliquer à d’autres plantes d’ornement et aux
arbres fruitiers même, afin de s’assurer si
l’art du jardinage et l’industrie horticole
pourraient en tirer avantage.
<^ Quoi qu’il en soit, laissant au temps à
juger de quelle importance et de quelle uti-
lité peut être la découverte de M. Zen, nous
pensons que [dès à présent on lui doit des
éloges et des encouragements pour les soins
assidus qu’il met à augmenter d’une ma-
nière bien plus facile, plus prompte et plus
sûre, le nombre des variétés d’une plante
qui, avec raison, est généralement consi-
dérée comme la reine des fleurs.
(( Signé : Professeur De Visiani,
D*" Zanardini, rapporteur.
(( Pour copie conforme,
« Luigi Morossi. »
Cet article, dont nous devons la commu-
nication à l’obligeance de notre ami, M. Jean
Sisley, et qui a été traduit du Giardini,
journal de la Société horticole de Lom.bardie
(Milan, octobre 1872), est des plus intéres-
sants. Les faits qu’il contient sont tellement
différents de tout ce que l’on connaît en
horticulture, que, si n’était son caractère
officiel, on n’hésiterait pas à les considérer
comme une gasconnade italienne. Mais vu
les garanties dont ils semblent entourés, le
caractère d’honnêteté dont ils sont revêtus,
toutes les précautions minutieuses même
qu’on a prises pour empêcher jusqu’à la
moindre supercherie, nous devons sus-
pendre notre jugement jusqu’à plus amples
renseignements, et nous borner, en faisant
connaître ces faits, à appeler sur eux l’at-
tention de nos lecteurs.
(Rédaction.)
COLLIER
particulier. Quant aux fruits, qui mûrissent
dans la deuxième quinzaine d’août, ils sont
en cœur allongé, à peine sillonnés; la peau,
d’un rouge vermillon, est presque noire
sur les parties fortement insolées ; la chair
est ferme, adhérente, douce, sucrée, un peu
croquante, rappelant le Bigarreau.
Ce qui caractérise et particularise la Ce-
rise à collier, et qui nous a engagé à en
donner une figure, c’est la persistance de la
corolle, qui reste jusqu’à la complète matu-
rité du fruit, et forme autour de celui-ci
une sorte de cupule ou d’anneau qu’on a
U
DU TRACÉ DES JARDINS.
comparé à un collier, d’où le nom de Cerise
à collier qu’on a donné à cette variété. Là
ne se borne pas l’anomalie ; il arrive souvent
Fig. 1. — Cerise à collier (grandeur naturelle).
qu’il se développe à la base de l’ovaire, entre
celui-ci et la corolle, mais sur celle-ci, des
pédoncules fructifères qui atteignent une
longueur normale, mais dont le fruit qui les-
termine ne se développe pas complètement,,
ce que démontre la figure 1. Toutefois, ces
fruits secondaires ne se montrent pas régu-
lièrement, ni ne sont pas toujours en nombre
égal ; ils manquent parfois complètement.
La corolle aussi, bien que persistante, se
détache à la maturité du fruit ; mais comme
les pétales sont légèrement soudés à leur
base, il en résulte une sorte d’anneau muni
de lames ou de dents (pétales) qui, par leur
base, sont fixées à l’anneau devenu mobile
par le fait de sa séparation avec la base du
fruit ; il peut monter et descendre le long du
pédoncule, absolument comme fait un cou-
lant de parapluie. Lorsqu’il y a des fruits
secondaires, comme ils sont attachés sur la
base de la corolle, ils sont entraînés par
celle-ci.
Cette anomalie, qui est constante, consti-
tue une variété particulière assez estimée
par ses fruits, et qu’on cultive depuis long-
temps dans certaines parties de la Norman-
die,(:d’où nous en avons fait venir des ra-
meaux et des fruits, à l’aide desquels a
été faite la figure 1 , ainsi que la descrip-
tion qui l’accompagne.
E.-A. Carrière.
DU TRACÉ DES JARDINS*'^
Bes pelouses. — En même temps qu’il
trace les allées, le dessinateur doit avoir en
vue les différentes formes qu’il donnera aux
pelouses. Il devra également songer à l’éten-
due et à la quantité de celles-ci, qui seront
proportionnées à la superficie du jardin ou
du parc.
Les pelouses, que représente l’espace
laissé entre les allées, ne sont autre chose
que des polygones irréguliers, dont tous les
côtés sont des lignes curvilignes.
Ces lignes curvilignes sont des courbes,
qui se composent de plusieurs arcs ou por-
tions de cercle.
Nous ne parlerons ici que de la forme des
pelouses comprises entre les allées princi-
pales, ces pelouses pouvant être divisées par
de petites allées, et toutes les divisions for-
mer par conséquent des figures de formes
plus ou moins bizarres, déterminées par
l’étendue de terrain et son emplacement.
Il est difficile de recommander telle ou
telle forme. Dans ce cas, le dessin dépend
(1) V. Revue horlicole, 1872, p. 469.
de l’habileté du dessinateur paysagiste ; ce-
pendant, il est de mauvais goût d’employer
les figures qu’on nomme en terme d’ateliers
chapeau bicorne, haricot, etc.
Éviter le défaut de beaucoup d’architectes,
qui, oubliant l’ensemble, ne tiennent pas
compte de la position des sites, et qui ne se
préoccupent ni des vallonnements, ni des
points de vue que doit produire l’exécution
du plan. Aussi tracent-ils immédiatement
des lignes onduleuses, des portions de cer-
cle, de manière à faire des S majuscules de
toutes dimensions.
Nous rappellerons que les formes les
meilleures sont toujours les plus gracieuses.
Les plus généralement employées sont tirées
de la géométrie : les triangles curvilignes,
les ovales, les ellipses, les cycloïdes, etc.,
ce qui, toutefois, ne veut pas dire que les
jardins doivent se composer strictement
de ces figures, dont l’ensemble serait d’un
effet désagréable. Je pourrais citer comme
exemple de cette fâcheuse disposition les^
dix triangles ou chapeaux tricornes dont s
compose le square du Point-du-Jour, àParis.
15
• DES FLEURS DANS LES JARDINS
Il faut éviter la trop grande répétition des
mêmes figures lorsqu’elles sont placées sy-
métriquement, qu’elles sont adossées l’une
à l’autre, ou bien qu’une grande figure en
ambrasse une plus petite qui lui est sem-
blable comme forme et non comme dimen-
sions, par exemple deux croissants.
Des diverses figures géométriques citées
plus haut, nous voyons donc que, en géné-
ral, une figure qui a plus de trois angles est
défectueuse, et qu’autant que possible, on
devra l’éviter.
Lorsque le terrain est très-vaste, on devra
donner aux figures de grandes courbes, et
éviter que celles-ci ne soient point petites
ici, plus grandes là, mais qu’elles aient
toutes la même importance relative.
Les sinuosités trop multipliées rentrent
dans le style dit chinois.
Éviter qu’une ligne droite fasse suite à
des lignes courbes.
A PROPOS DE LA TEMPÉRATURE.
Les angles ne seront pas toujours de
forme obtuse, mais plus souvent aiguë.
Toutes les pointes doivent être également
arrondies ; une différence en ce genre dé-
truit l’harmonie.
Une des règles précédentes sur les allées
nous mène à dire que plusieurs angles de
figures différentes ne doivent point aboutir
parallèlement au même point.
Les figures composées de deux arcs sont
mauvaises.
Un des principaux éléments, tant pour
l’effet de l’exécution que pour l’harmonie,
est de placer devant la façade principale de
l’habitation la pelouse la plus importante
comme étendue et comme forme. Les côtés
de l’habitation seront également entourés
par la partie la plus importante des figures
voisines. F. Barillet.
(La suite prochainement.)
DES FLEURS DANS LES JARDINS
A PROPOS DE LA TEMPÉRATURE
Plantes en fleur en plein air à Paris et ses environs pendant la première semaine de
novemhy'e 1812 {du au 1 inclusivement) (1)
Il nous paraît intéressant d’indiquer dans
la Revue les plantes qui, dans cette année
exceptionnelle, se trouvaient encore en pleine
floraison dans les principaux jardinsjpublics
de Paris et de Versailles, ainsi que dans
quelques jardins particuliers des environs.
Après les premières gelées précoces du
mois d’octobre, qui avaient arrêté ou sus-
pendu la végétation des plantes à floraison
automnale, est survenue une période de
temps relativement doux, pendant laquelle
certaines plantes rustiques se sont remises
à végéter et à fleurir abondamment (et dans
ce cas se trouvent les Véroniques ligneuses,
les Fuchsias, les Tagètes divers, les Pents-
témons,les Agératums, la Sauge rouge écla-
tante, la Violette des Quatre-Saisons, et
surtout les Dahlias, qu’on n’avait peut-être
jamais vus aussi beaux et aussi abondam-
ment fleuris à cette époque), tandis que
d’autres plantes, plus fatiguées ou plus déli-
cates, s’essayaient à sourire aux derniers
(1) Depuis l’époque (15 novembre) où cet article
a été écrit, les choses n’ont guère changé, et les
plantes indiquées dans cette note existent encore là
où on les a laissées ; la seule différence, c’est que les
fleurs deviennent de plus en plus rares, fait qui
s’explique par la fréquence des pluies qui humidi-
fient et refroidissent le sol. Néanmoins, par suite de
beaux jours, en développant encore quel-
ques-uns de ces regains floraux, toujours si
appréciés et si recherchés d’ordinaire à cette
époque avancée de l’année.
Un certain nombre de plantes pittoresques
ou à feuillage faisaient encore très -bonne
contenance sur les pelouses et dans les mas-
sifs, et parmi celles-ci nous devons men-
tionner en première ligne le Cyperus
papyrus^ les Ricins, le Montagnœa liera-
cleifolia, le Ferdinanda eminens, les Ba-
lisiers ou Cannas, plusieurs Bégonias, divers
Solanums, le Phormium, qui avaient con-
servé une fraîcheur d’autant plus remar-
quable, qu’on est généralement disposé à
considérer ces plantes comme assez fri-
leuses.
Parmi les plantes annuelles, nous avons
admiré plusieurs espèces en pleine fleur,
ce qui est dû à ce que le semis en avait été
fait tardivement et hors de saison habituelle,
démontrant ainsi le parti qu’une main ha-
la température qui généralement se maintient très-
élevée, eu égard à la saison, le bourgeonnement
marche, et aujourd'hui, 25 décembre, les Sureaux
commencent à montrer leurs feuilles, et dans cer-
tains endroits des pieds de Chænomeles Japonica
(Coignassier du Japon) épanouissent leurs fleurs.
{Rédaction).
A PROPOS DE LA TEMPÉRATURE.
d6 DES FLEURS DANS LES JARDINS
bile saurait en tirer au moyen de semis suc-
cessifs et bien combinés. Parmi ces der-
nières, nous avons surtout noté les Œillets
d’Inde, les Roses d’Inde, les Amaranihes
Queue-de-Renard, les Escholtzia, lesPhlox
de Drummond, le Réséda, les Mufliers, les
Chrysanthemiim coronarium^ les Pensées,
et surtout les Pâquerettes doubles, dont on
est loin de savoir (comme le disait récem-
ment M. Carrière) tirer tout le parti désirable.
Parmi les plantes à feuillage coloré, nous
devons aussi une mention toute spéciale aux
charmants Alternanthera et Teleianlhera,
au Pyrèthre à feuilles jaunes (feuilles d’or),
aux Echeveria secunda glauca, aux Gerais-
tes à feuilles blanches, au Stachys laineux,
eimème kVAchyranthes Verschaffeltii, qui
produisaient encore un elïet très-satisfaisant
dans les parterres, bordures et mosaïques,
auxquels on les emploie habituellement.
Mais une des plantes sur lesquelles nous ne
saurions assez appeler l’attention de tous les
amateurs de fleurs tardives, et surtout des
horticulteurs, qui en trouveraient toujours
un débouché certain, soit comme fleurs
coupées pour bouquets et garnitures de
vases, soit comme plante de pots pour l’or-
nement des cimetières à l’époque des fêtes
de la Toussaint, où les fleurs blanches sont
si recherchées, c’est la nouvelle Matricaire,
que MM. Vilmorin-Andrieux et ont ob-
tenue ces années dernières, et qu’ils ont
mise dans le commerce sous le nom de Ma-
tricaria eximia grandiflora. Cette magni-
fique variété à grandes fleurs doubles, d’un
blanc pur, disposées en volumineux bou-
quets élégamment et longuement pédon-
culés, se prête admirablement à la culture
annuelle. Ainsi, étant semée en mars-avril
en pépinière, sur couche tiède, ou bien en
pots, terrines, caisses, ou en plate bande
bien exposée, et les plants étant repiqués en
place en mai, à 40 ou 50 centimètres de
distance, ils arrivent à faire de belles touffes
qui se mettent à fleurir franchement et
abondamment en octobre-novembre ; ajou-
tez que, levée de la pleine terre et empotée
ou transplantée à volonté, elle ne souffre ni
ne se fane aucunem.ent, et l’on comprendra
pourquoi, dans un article de ce genre, nous
nous sommes autant appesanti sur le mé-
rite de cette variété, que nous recomman-
dons à tous les horticulteurs qui alimentent
les marchés, et aux amateurs, qui y trouve-
ront pour leurs plates-bandes, leurs par-
terres et même pour les serres et les oran-
geries , une excellente addition aux trop
rares fleurs de cette saison.
Une autre plante, beaucoup trop négligée
aussi comme fleur d’arrière-saison, est le
Vittadinia triloha ou trilohata, qui se
couvre à l’approche des froids de myriades
de petits capitules blancs et blancs rosés,
d’une grande délicatesse et d’un port très-
léger ; on peut la cultiver aussi bien en
pleine terre, massifs, plates-bandes, ou, ce
qui vaut mieux, en bordures et aussi en pots,
où elle continue à fleurir pendant tout l’hiver
si on a le soin de la rentrer sous verre.
Nous n’avons pas encore parlé des véri- '
tables fleurs de la saison, c’est-à-dire des
Chrysanthèmes vivaces de l’Inde, de Chine
et du Japon, parce que ce sont les fleurs
d’automne par excellence, et que novembre
est l’époque habituelle et normale de leur
floraison. Nous avons cependant remarqué !
que. grâce à la douceur de la température
de ces derniers temps, leur floraison est '
beaucoup plus belle, plus abondante et plus
complète que ces dernières années, où l’on
était obligé de les rentrer en serre ou en
orangerie, même pour obtenir l’épanouisse-
ment des premiers capitules floraux. Cette
année, on n’aura besoin de prendre cette
précaution que pour prolonger la produc-
tion de ces précieuses fleurs.
Dehors, la merveilleuse Capucine de
Lobb, var. Spit fire, continue à couvrir les
murailles, treillages et berceaux de ses
guirlandes de fleurs d’un rouge éclatant.
Les personnes qui auront eu le soin de ren-
trer quelques pieds de celte variété en serre
froide ou tempérée, bien éclairée, et surtout
de l’y mettre en pleine terre, obtiendront
tout l’hiver une abondante floraison de cette
variété si précieuse, surtout avec ses longs
pédoncules filiformes et son riche coloris,
qui la rendent si appropriée à la confection
des bouquets et des garnitures ; la fleur de
cette variété étant une de celles qui, coupées,
se maintient le plus longtemps fraîche.
Sous les châssis et en serre, voici l’époque
où vont abonder les Primevères de Chine,
les Phylica ou Rruyèrcs du Cap, plusieurs
vraies Bruyères ou Ey'ica, le Laurier-
Tin, l’Héliotrope, les Roses, les Lilas for-
cés, etc.; puis aussi une petite plante bien
peu connue, et qui, placée sous châssis
froid, très-près du verre, continuera à se
couvrir de fleurs depuis novembre jusqu’en j
mars-avril ; nous voulons parler du petit
lonopsidium acaide, aux petites touffes |
élégantes couvertes de fleurs à pétales en
croix, lilas ou blancs, à odeur de miel. Dans |
le midi de la France, on en fait des massifs |
ou des bordures qui fleurissent en plein air |
17
DES FLEURS DANS LES JARDINS
tout l’hiver; pour cela, il suffit de semer les
graines en octobre, en les recouvrant fort
peu.
Quelque long et fatigant que soit déjà cet
article, sur un sujet où il y aurait cependant
tant à dire encore, nous ne voulons pas le clore
sans parler de la merveille des merveilles
comme plante ornementale d’automne et d’hi-
ver. Cette plante, ou plutôtces plantes, sont les
Choux d’ornement à feuillage frisé, crépu,
déchiqueté, lacinié, tantôt unicolore en vert,
rouge, bronzé, violet, tantôt élégamment
panaché de blanc, de rouge ou de violet.
Quand on connaît ces Choux, on est vrai-
ment étonné que dans un pays comme le
nôtre, où l’élégance et le bon goût sont pro-
verbiaux, ils ne soient pas plus cultivés ni
employés aussi bien à la décoration des jar-
dins, parcs, plates-bandes, que dans les ap-
partements et les serres. Serait-ce par ha-
sard que ce nom vulgaire et légumier de
Chou fait horreur, et les a fait d’avance
frapper d’un ostracisme qui, nous en sommes
convaincu, cesserait bien vite si, au lieu de
les condamner sans les voir, sans les con-
naître, on employait ces Choux soit à en
confectionner en plein air des lignes ou des
massifs, en y disposant harmonieusement
les formes, hauteurs et couleurs, soit en les
élevant en pots pour la décoration des serres
froides, fenêtres et appartements? Notons
enfin que ces Choux sont rustiques, qu’ils
peuvent fournir tout l’hiver leur élégant
feuillage, de très-longue durée à l’état frais,
pour décorer les vases, les surtouts de table,
pour parer les mets, faire des garnitures de
jardinières et d’appartements, et l’on com-
prendra pourquoi les Anglais, les Russes,
les Allemands du Nord nous ont depuis
longtemps devancés dans la culture de ces
Choux, qu’il suffit, pour en jouir en plein
hiver, de semer de mai-juin en juillet en
pleine terre de jardin, de les repiquer
comme tous les autres Choux, en plein
carré ou dans les champs où l’on ira cueil-
lir au fur et à mesure des besoins, et d’où
l’on pourra aussi, quand on le voudra, les
lever, sans qu’ils en souffrent, soit pour
les mettre en pots, soit pour faire les garni-
tures hivernales des massifs et du parterre,
en remplacement de toutes les plantes et
fleurs alors disparues des jardins. Enfin,
ajoutez que ces Choux (feuilles et jeunes
pousses) sont un légume d’une grande
finesse, tous motifs qui devront attirer l’at-
tention des jardiniers et amateurs sur les
Choux d’ornement, et les faire introduire
dans tous les jardins.
A PROPOS DE LA TEMPÉRATURE.
Nous ne prolongerons pas davantage cet
article, que nous faisons suivre de la liste
des plantes d’ornement observées à Paris,
Versailles, et à quelques lieues à la ronde
pendant les premiers jours de novem-
bre 18J2 (du 1®*’ au 7 inclusivement).
Liste des plantes d’ornement observées en fleur
ou en bon état, en plein air, à Paris et aux
environs, pendant la première semaine de no-
vembre 1872.
Althernanthera paronychioides. — Achil-
lée mille feuilles. — A. ptarmique, à fleurs
doubles. — Achyranthes. — Aira pulchella
(semis tardif). — Aconit du Japon. — A.
d’automne. — Agératum bleu. — A. de
Lasseaux. — Alysse odorant (peu). — Am-
mobium alatum. — Amomon (solanum). —
Amaranthus paniculatus (semis tardif). —
A. caudatus (semis tardif). — A. panicula-
tus (semis tardif). — Anémone du Japon.
— A. élégante. — A. Honorine Joubert. —
Anthémis frutescents. — Amaryllis lutea
(Sternhergia). — Alonzoa incisæfolia (peu).
— Aster tenuifolius. — A. amelloïdes. —
A. roseus. — A. novæ-angliæ. — A. gran-
diflorus. — A. multiflorus. — A. versico-
lor et quelques autres espèces. — Arbou-
sier commun. — Balisier (Canna). —
Bruyère vagabonde. — Browallia (peu). —
Bégonia semperflorens. — B. discolor et
beaucoup d’autres espèces. — Bellis (Pâque-
rettes), semis. — Bengale (Rosiers). — Ca-
pucine de Lobb et variétés. — C. spit-fire
et autres. — Coreopsis de Drummond (se-
mis tardif). — C. elegans (semis tardif).
— Cassia floribunda, corymbosa. — C. læ-
vigata. — Ceraistes (feuillage). — Campa-
nule pyramidale (peu). — C. gantelée (peu).
— C. des Carpathes (peu). — Cineraria
(Agathæa) amelloïdes. — C. maritime
(feuilles). — Centaurea candidissima ( feuil-
les). — C. gymnocarpa (feuilles). — Choux
à feuillage d’ornement (feuilles et port). —
Cobæa scandens. — Coqueret officinal (Al-
kékenge), fruits. — Cyperus papyrus (en
très-hon état dehors). — C. alternifolius
(en très-hon état dehors). — Cosmos bi-
penné et variétés. — Coreopsis vivace. —
Cyclamen d’Europe et à feuilles de Lierre.
— Centranthus macrosiphon (semis tardif).
— Crocus (Safran) d’automne. — C. spe-
ciosus. — Chrysanthèmes vivaces de l’Inde.
— C. de Chine et du Japon. — C. frutes-
cents. — C. des jardins (C. coronarium).
— Coloquinte vivace (feuillage et fruits. —
Cupheaplatycentra. — C.strigulosa. — C.pur-
18 DES FLEURS DANS LES JARDINS
purea et var. — G. Jorullensis (eminens).
— Corydale (Fumeterre) jaune {murailles).
— Dahlias divers {superbes). — Erodium
manescavi. — Escholtzia {semis tardif). —
Enolhères {faibles regains). — Erigeron
glaucum. — E. speciosum. — Erysimum
Petrowskianum {semis tardif). — Euchsia
{superbes). — Fougère {feuilles). — F. po-
lypode vulgaire et var. — F. mâle. — F.
scolopendre et var. et plusieurs autres.
— Ferdinanda eminens {feuillage). —
Gaillardia picta et var. {regains). — Gaza-
nia {regains). — Gnaphalium à feuillage
gris {plusieurs). — Gymnotrix latifolia
{feuillage). — Giroflées quarantaine d’au-
tomne. — G. annuelles {semées tard). —
G. jaune brune hâtive. — Géranium zonale
et inquinans. — Gynérium argenteum {très-
beau). — Hellebore fætide {feuillage). —
H. noir (Rose de Noël) {commence). — Hélio-
tropes {regains). — Hebeclinium urolepis
{superbe). — Hélianthe. Soleil du Texas et
var. — Humea elegans. — • lonopsidium
acaule. — Ipomopsis élégant. — Immortel-
les annuelles {regains). — Là bractées
{regains). — Jasmin d’Espagne. — Lantana
camara et var. — L. Sellowdi. — Lamier
taché. — L. blanc (Ortie blanche). — Lar-
mes de Job (Goix). — Lupin changeant {re-
gains). — L. de Gruikshank et var. {re-
gains). — L. pubescent {regains). ■ — Lierre
en fleurs {regains). — Lobelia erinus {re-
gains). — Mauve frisée {superbe). — M.
d’Alger. — M. en arbre. — Maurandia di-
vers. — Matricaire double et Mandiane. —
M. eximia. — M. eximia grandiflora {su-
p>erbe). — Montagnea heracleifolia {feuil-
lage magnifique). — Matricaria inodora
flore pleno. — Mufliers {regains). — Morel-
les solanum (beaucoup d’espèces de serre)
{feuillage). — Myosotis alpestris {regains).
— M. palustris (regfams). — Œillets Flon.
— Œ. de Ghine et variétés. — Œ. Hedde-
wig et lacinié. — Œ. â larges feuilles. —
Œ. dentosus {peu). — Œ. remontants {plu-
sieurs). — (È. remontants belle Zora. —
Œ. d’Inde divers. — Oxalis à feuilles pour-
pre. — O. floribunda et var. — Pâquerettes
de semis. — Pensées. — Poirées d’orne-
ment (feuilles). — Phytolacca decandra. —
Pélargonium zonale et inquinans. — Phlox
Drummondii {semés tard). — Pétunia {fai-
bles regains). — Pentstemon gentianoides
et var. {superbes). ■ — P. hybrides {très-
beaux). — P. campanulatus et pulchellus.
P . Hartwegii. — Persicaire d’Orient
{semis tardif). ~ Piments {fruits). —
Pieds d’alouette vivaces {regains). — Pri^
A PROPOS DE LA TEMPÉRATURE.
mevères des jardins {quelques fleurs). —
Pennisetum longistylurn {beau). — Phor-
mium. — Plumbago Larpente. — Reines-
Marguerites {semis tardif). — Réséda odo-
rant. — Ricins {superbes). — Rudbeckia
speciosa {regains). — Rosiers remontants
{regains). — R. Bengale ordinaire. — R.
Bengale pourpre. — Rose d’Inde {semis tar-
dif). — Saxifrage de Sibérie {quelques
hampes anticipées). — Safran d’automne.
— Sauge éclatante {splendens, colorans).
— S. de Graham. — Scabieuses des jardins
{faibles regains). — Sedum Sieboldii. —
Solanum {feuilles, plusieurs espèces). —
S. {fruits, plusieurs). — Stachys lai-
neux {feuillage). — Stevia serrata et pur-
purea. — Seneçon double {quelques faibles
regains). — Souci double {semis tardif). —
Soleil du Texas et Oxalis. — Statice si-
nuata {semis tardif). — S. Thonini {semis
tardif)'. — Tamarix indica, Persica {re-
gains). — Tabacs {divers). — T. glauque.
— Tubéreuses {retardataires). — Tourne-
fortia heliotropioides. — • Tritoma uvaria et
var. {hampes tardives). — Uhdea bipen-
nata {feuillage). — Valériane d’Alger {se-
mis tardif). — V. macrosiphon {semis
tardif). — V. des jardins {regains). — Ver-
veines hybrides et var. {semis). — V. gen-
tilles {semis). — V. Drummond {semis tar-
dif). — Vernonia {plusieurs, très-beaux).
— Venidium calenduloides {regains). —
Violette des Quatre-Saisons {très-abon-
dante). — V. remontantes, le Gzar et au-
tres. — V. Pensées {semis d'été ) — Witta-
dinia triloba {en pleine fleur). — Veronica
Lindleyana {en bonne floraison). — V.
Andersoni {en bonne floraison). — V. sa-
licifolia et autres ligneuses {en bonne flo-
raison). — Wigandia {feuilles). — Yucca
{hampes tardives). — Zinnia du Mexique
{semis tardif). — Z. élégant double {re^
gains).
De la longue liste qui précède, il ressort
pour nous qu’au moyen de semis successifs
et tardifs de certaines plantes annuelles, on
peut obtenir une floraison automnale pas-
sable, surtout si le temps se maintient doux
longtemps, floraison qu’on peut d’ailleurs
obtenir plus sûrement en couvrant de verre
ou panneautant à l’approche des froids les
végétaux prêts à fleurir ou en fleurs, comme
le font d’ailleurs pour les Reines-Margue-
rites, les Véroniques, les Ghrysanthèmes,
les Violettes, etc., nombre d’habiles jardi-
niers, qui alimentent les marchés aux fleurs
de la capitale. Les jardiniers soigneux et
expérimentés savent bien aussi que, en
LES CATALOGUES. — PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES.
nettoyant convenablement et en taillant et
coupant à propos les parties défleuries ou
inutiles de certaines plantes, on les dispose
fréquemment à repousser, à « remonter, »
et l’on a parfois de la sorte, en plein air,
des fleurs qui se succèdent jusqu’à l’arrivée
des froids, et qui sont parfois on ne peut
plus précieuses et agréables à cette époque
de l’année.
Clemenceau.
LES CATALOGUES
M. Vaudrey-Evrard, pépiniériste à Mire-
court (Vosges), vient de publier son cata-
logue prix-courant pour l’automne 1872 et
le printemps 1873. Son établissement, qui
comprend surtout des collections d’arbres
et d’arbrisseaux fruitiers, forestiers et d’or-
nement, renferme également des plantes
vivaces, des Oignons à fleurs, des graines
de légumes et de fleurs.
L’établissement de M. Démouilles, situé
à Toulouse (Haute-Garonne), près le Pont-
des-Demoiselles, vient de publier un cata-
logue général des végétaux disponibles pour
l’automne 1872 et le printemps 1873, Nos
lecteurs savent que cet établissement est
aujourd’hui l’un des plus considérables et
surtout des mieux assortis du Midi, ce qui
s’explique par les sacrifices que n’hésite pas
à faire son propriétaire, M. Démouilles.
Ce catalogue comprend trois parties : la
première est relative aux arbres fruitiers;
la deuxième aux arbres et arbustes fores-
tiers et d'oimement; la troisième est parti-
culière aux plantes de serre. A ces trois
parties, divisées chacune en un certain nom-
bre de sections, a été ajoutée une section
spéciale aux graines de plantes potagères et
d’ornement, de manière à embrasser dans
son ensemble à peu près tout ce que com-
porte le jardinage pris dans son acception la
plus générale. En outre de l’énumération
des plantes, on trouve dans ce catalogue
des renseignements sur la nature "et les
principaux caractères des plantes, ainsi
que sur les soins qu’il convient de leur don-
ner.
Un autre établissement du Midi aussi, qui
renferme un assortiment d’arbres fruitiers et
d’ornement, est celui de M. Philippe Sen-
dral, propriétaire à Soual-Lestap (Tarn).
V extrait de son catalogue général, qu’il
vient de faire paraître, comprend l’énumé-
ration des genres de plantes qu’on peut
trouver dans cet établissement. Les per-
sonnes qui désireraient recevoir ce cata-
logue devront en faire la demande par let-
tre affranchie.
M. Bruant, horticulteurà Poitiers (Vienne),
vient également de faire paraître un cata-
logue prix-courant pour l’automne 1872 et
le printemps 1873. Cet extrait est surtout
particulier aux arbres et arbrisseaux frui-
tiers et d’ornement. — On trouve également
dans cet établissement des collections de
plantes diverses , soit de serre , soit de
pleine terre.
Un établissement d’horticulture dont le
nom est bien et avantageusement connu est
celui de M. Desfossés-Thuillier, à Orléans.
Son catalogue prix-courant, que nous ve-
nons de recevoir, comprend tout particuliè-
rement les arbres fruitiers, forestiers et
d’ornement disponibles dans cet établisse-
ment, où l’on trouve aussi des collections
d’arbustes de terre de bruyère, de Rosiers,
de Conifères, etc., etc., ainsi que des plants
d’arbres et d’arbustes forestiers et d’orne-
ment de différents âges. E.-A. Carrière.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES
Eleagnus Sim onii. — Cette espèce dont nous
avons déjà parlé, mais qui est encore rare,
qui se recommande par la beauté et la persis-
tance de son feuillage, présente cet autre avan-
tage de fleurir en octobre-novembre, époque
où les fleurs sont très-rares en plein air. Ses
fleurs qui sont blanches, longuement tubu-
leuses, réunies par petits groupes à l’aisselle
des feuilles, sont très-odorantes: leur odeur
suave, comme légèrement poivrée, rappelle
un peu celle des clous de Girofle. Originaire |
de la Chine, Y Eleagnus Simonii est assez
rustique pour supporter le plein air sous le
climat de Paris.
Eupatorium aromaticum, L. — Si nous
revenons sur cette espèce dont nous avons
déjà parlé dans la Revue, c’est que, à nos
yeux, elle présente de très-grands avantages,
d’abord d’être rustique, vigoureuse, et de
croître à peu près dans tous les terrains ;
elle est vivace, atteignant environ 80 centi-
mètres à 1 mètre de hauteur, très-ramifiée
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES.
20
dèslabase. Ses ramifications qui sontopposées
et longues se terminent par une sorte de ra-
cème assez grosse, très-légère, contenant des
milliers de petites fieurs blanches réunies
dans des capitules carnpanoïdes; ses feuilles
sont opposées, cordiformes, régulièrement
dentées, longuement atténuées au sommet
en une pointe fine, aiguë.
Cette espèce, que nous n’hésitons pas à
placer en première ligne comme une plante
à grand effet pour l’ornement des jardins,
nous paraît susceptible d’être « travaillée »
pour le commerce de Paris, c’est-à-dire pour
le quai aux Fleurs, cela d’autant plus que,
à l’époque où elle fleurit (depuis le mois
de septembre jusqu’aux gelées), les fleurs
blanches font à peu près complètement dé-
faut.
Ceanotus azureus, Desf. ; C. cœruleus,
Lagasc. — Cette espèce originaire de Mexico
est sans aucun doute la plus remarquable
du genre, c’est-à-dire de la série du Cea-
nothus Americanus dont elle fait évidem-
ment partie ; elle est très-vigoureuse et très-
floribonde mais elle est sensible au froid
sous le climat de Paris, où il est prudent
d’en conserver quelques pieds dans une
orangerie, et de couvrir un peu les pieds
qui sont en pleine terre. Les feuilles sont
assez épaisses, fortement nervées, tomenteu-
ses-feutrées en-dessous par des poils d’un
gris cendré métallique; elles sont assez lon-
gues et relativement étroites, dentées. Les
fleurs sont d’un très-beau bleu indigo foncé :
comme couleur bleue, c’est une des plus bel-
les qu’on puisse voir.
Sedum reflexum major. — Celte forme,
que l’on trouve dans quelques jardins sous
le nom de Sedum reflexum, s’en distingue
très-nettement par sa vigueur, qui est beau-
coup plus considérable. Ses tiges stériles,
qui ne sont pas plus fortes que celles du S.
reflexum, sont munies de feuilles beaucoup
plus dressées, plus allongées, plus aiguës,
et d’un vert un peu plus foncé. Quant aux
tiges florales, elles sont droites, raides, plus
du double plus fortes que celles du type ;
elles sont également plus hautes (20 à
25 centimètres), vertes, tandis que celles du
type (S. reflexum) sont grêles, divariquées,
moins nombreuses, plus ténues ; de plus,
elles sont rougeâtres. Celles de la variété
major sont d’un vert jaunâtre, non colorées.
L’inflorescence du S. reflexum major est
aussi infiniment plus développée, et les
fleurs sont par conséquent beaucoup plus
nombreuses que ne le sont celles du S.
reflexum, L., plante vivace, que l’on ren-
contre dans diverses parties de la France.
Quant à la couleur, elle est à peu près la
même chez les deux plantes : d’un beau
jaune d’or.
Le S. reflexum major, que nous n’avons
jamais vu qu’au Muséum, est-il une variété,
ainsi que nous le supposons ici? C’est à re-
voir, et nous appelons sur ce sujet l’atten-
tion des hommes compétents ; nous nous
bornons, après ce que nous venons d’en
dire, de le recommander d’une manière
toute spéciale aux amateurs comme étant
une très-jolie plante vivace, très-rustique,
avec laquelle on peut faire de très-jolies
bordures dans des parties très-sèches, où
peu d’autres végétaux pourraient croître.
Lors de la floraison, qui a lieu fin de juin à
août, c’est une masse compacte de fleurs
(toutes les inflorescences se touchent); avant
et après la floraison, le sol est couvert par
les ramifications stériles qui, garnies de
feuilles, constituent à elles seules un orne-
ment.
Chelone harhata, Cavan. — Cette espèce,
bien qu’originaire du Mexique, est néan-
moins rustique ; elle est vivace, cespiteuse,
et couvre le sol de ses feuilles lancéolées,
d’un beau vert. Les feuilles caulinaires sont
opposées, sessiles, entières, atténuées de la
base au sommet, arquées, révol utées, lon-
gues d’environ 20 centimètres. Ses fleurs,
d’un rouge cocciné ou écarlate, sont tubu-
leuses, pendantes, disposées en grappes spi-
ciformes très- ramifiées , qui atteignent
80 centimètres et plus de longueur; ^es ra-
mifications, qui partent presque de la base
de l’inflorescence, sont strictement dres-
sées, de sorte que l’inflorescence est très-
étroite relativement à sa longueur. La flo-
raison, qui commence en juin, se continue
jusqu’en août et même septembre. C’est
une plante très-élégante et d’une beauté peu
commune, que l’on peut mettre au nombre
des plus méritantes. Elle a pour synonymes
Chelone formosa, Wendl.; C. ruelloides,
Andr.; harhafa, Rchbch.; Pents-
temon harhatus, Nutt.
E.-A. Carrière.
Orléans, imp. de G. Jacob, Cioitre Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine de janvier)
Température exceptionnelle, non seulement en France, mais dans toute l’Europe. — Lettre du Japon :
les Séquoia sempervirens. — Floraison des Pâquerettes, Violettes, etc.; récolte d’Asperges en plein air.
l^Emhothrium coccineum, offert au Muséum par M. Ilamond. — Exemple de dimorphisme observé
sur un Tilleul argenté. — Une nouvelle Poire : le Beurré Alexandre Lucas. — Le Pélargonium zonale
double blanc, obtenu par M. J. Sisley; communication de M. J. Sisley. — L’agriculture en Californie.—
Floraison des Bambous; Bambusa arundmacca ; les Bambous sont-ils monocarpiques ? — Les Cléma-
tites, ouvrage de MM. Thomas Moore et Georges Jackmann. — Nécrologie : M. Auguste Neumann. —
Les Pélargoniums zonales blancs vendus par l’Allemagne. — Le Phylloxéra et quelques-uns des remèdes
proposés.
Dans une précédente chronique (1), en
parlant de la température exceptionnelle
dont nous jouissons, nous disions que ce
n’était pas seulement la France, mais que
l’Europe tout entière était dans ce cas. A
l’appui de nos dires, nous citions la Russie ;
aujourd’hui, nous pouvons citer une partie de
l’Allemagne, la Bavière. Ainsi, dans une lettre
qu’il nous adresse, notre collègue et ami,
M. Max Kolb, nous informe que, à Munich, on
jouit également d’un « hiver exceptionnel;
toujours du beau temps ; le thermomètre
n’a pas descendu au-dessous de 2 degrés ;
il n’y a pas de neige. » Il ajoute : « Aussi,
nos brasseurs sont-ils dans une grande^ca-
lamité. Je ne me rappelle pas d’avoir jamais
vu un temps pareil. Qu’allons-nous devenir ?
Comment la science va-t-elle expliquer ces
faits? »
Ainsi qu’on peut le voir, là comme ici, il
fait beau, et comme ici aussi on semble
s’en plaindre, craindre. Au lieu de cela,
ne faudrait - il pas mieux s’en réjouir
et dire: Il fait beau, doux; tant mheux,
profitons-en. Tel le recommande la vraie
philosophie. Se plaindre du beau temps
quand rien ne démontre qu’il est préjudi-
ciable peut être comparé à un homme qui
se plaindrait d’un excès de santé, sousje
prétexte qu’il pourrait être suivi fd’une
maladie. Si, effrayé de l’avenir, qu’il ne
connaît pas, il manifestait ses craintes à un
médecin, il est probable que celui-ci lui di-
rait : (( Yous vous portez bien'; [tant mieux,
profitez-en, et lorsque vous serez malade, il
sera assez temps d’y songer. » Faisons de
même par rapport au temps.
— Notre collaborateur et ami, M. Jean
Sisley, nous envoie un extrait d’une lettre
qu’il a reçue du Japon, et que nous nous
empressons de reproduire, bien convaincu
que nous sommes qu’il sera lu avec beau-
(1) V. Bevue horticole, 1872, p. 441.
16 JANVIER 1873.
coup de plaisir par les abonnés de la Revue.
Voici cet extrait :
Yokohama, 4 octobre 1872.
... Nous avons profité d’un intervalle de beau
temps pour aller visiter les temples d’Oucno ; ils
n’ont rien de bien remarquable, mais sont bâtis
sur une colline, au milieu d’arbres splendides :
des Gin'kgo gros comme nos plus gros Noyers,
des Cryptomeria et des Séquoia sempervirens
gros comme de très-gros Sapins; puis, dessous
ces grands arbres, des bosquets de Camellias,
d’Azalées, de Néfliers du Japon et de Troènes
du Japon. C’est très-beau comme végétation...
Nous sommes revenus d’Yédo le dimanche 25,
avec le beau temps, et nous avons pu voir la
campagne. Elle est très-belle : des rizières admi-
rablement cultivées et couvertes de Riz bientôt
mûr forment la grande culture du pays. On voit,
en outre, de petites parcelles de Coton, de Pa-
tates, de Sorgho, de Millet, et de véritables
champs d’Aubergines. Tout cela montre que le
pays est plus chaud que le nôtre, ou du moins
que la chaleur y est beaucoup plus prolongée.
Les Camellias gros comme un homme, et les Né-
fliers du Japon beaucoup plus gros, ne sont pas
rares. Cependant le pays n’a plus du tout l’air
tropical; le seul arbre qui rappelle les tropiques,
c’est le Chamœrops de la Chine, et encore il est
loin d’être vigoureux : il a évidemment Pair de
souffrir de l’hiver. Nos Orangers sont ici cultivés
en vases; ils gèlent dehors. En revanche, il y a
un Oranger à trois feuilles qui pousse comme du
Chiendent dans les haies. Aug. Hénon.
Pas n’est besoin d’insister pour faire res-
sortir l’immense intérêt que présente cette
lettre, qui, déjà, laisse entrevoir que, ainsi
que nous l’avons dit plusieurs fois, ce pays
n’est guère connu des Européens. Un fait
qui nous frappe tout particulièrement, qui
suffirait pour justifier nos dires, est la pré-
sence dans cette partie de l’Asie (( d’énormes
Séquoia sempervirens » associés au Gink-
go. S’il en est ainsi, et s’il n’y a pas là une
erreur d’appréciation, — et nous avons lieu
de croire qu’il n’en est rien, M. Hénon con-
naissant très-bien le Séquoia sempervirens,
2
22 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE DE JANVIER).
— cette espèce, qui jusqu’ici était regardée
comme exclusivement propre à la Califor-
nie, existerait donc en Cliine depuis un
temps presque immémorial. Aurait-elle été
introduite là de l’Amérique nord-ouest (de
la Californie), ou y serait-elle indigène?
C’est là un point qui reste à éclaircir, et qui
peut-être pourra apporter quelques lumières
à la géographie botanique, et ajouter quel-
ques matériaux à la note très-intéressante
de la Généalogie des W ellingtonia , que nous
avons rapportée dans ce journal {Revue hov'
ticole, 1872, p. 427, et 1873, p. 32). Les
conséquences que, d’après cette lettre, l’on
peut tirer du climat japonais, peuvent être
très-avantageuses pour la culture des plantes
japonaises dont on voudra tenter l’introduc-
tion en France. Nos lecteurs seront sans
doute, comme nous, frappés des dimensions
colossales qu’acquièrent les Camellias et les
Néfliers du Japon {Ergohothria japonica)\
mais néanmoins ils pourront difficilement
se faire une idée exacte de la beauté que
peuvent présenter ces espèces, dont le tronc
atteint « la grosseur d’un homme, » et par-
fois même plus gros. Nous avouons cepen-
dant ne pouvoir nous rendre compte de ce
climat japonais en réfléchissant à ces végé-
tations si remarquables, et à côté de cela
d’apprendre que le Chamœrops excelsa
< semble souffrir du froid, y> et que « nos
Orangers y sont cultivés en vases. »’Quant à
l’Oranger à trois feuilles « qui pousse
comme du Chiendent dans les haies, y>
qu’est-ce que cette espèce? Est-ce le Citrus
triptera, qui chez nous résiste parfaitement
au froid de nos hivers ?
— La température exceptionnelle dont
nous jouissons a déterminé des effets de vé-
gétation qu’on n’est pas non plus dans l’ha-
bitude de voir ; par exemple, la floraison de
plantes qui, ordinairement, ne montrent
leurs fleurs qu’en mars ou avril. Ainsi, dès
les premiers jours de janvier, les Pâque-
rettes, Y Amydalus orientalis étaient en
pleine fleur ; \es Jasminum nudiflorum,
les Lonieera Sta7idishi et fragrantissima
étaient dans le même cas. Mais le fait peut-
être le plus curieux, c’est la production des
Asperges à l’air libre, en plein champ. Ainsi,
à Sceaux, le 30 décembre 1872, l’on en a
coupé à peu près une demi-botte dans une
pièce de terre d’une petite étendue et bien
■que placée dans des conditions d’insolation
qui ne sont pas des plus favorables. Quant
aux Violettes, la floraison, aujourd’hui en-
•core (14 janvier), est splendide; les champs
en sont tout bleus, comme on les voit ordinai-
rement en avril : aussi les marchés en sont-
ils régulièrement approvisionnés, comme ils
le sont chaque printemps.
— En nous envoyant récemment un pied
d'E^nhothrium coccineum, et en nous don-
nant connaissance de cet envoi, MM. James
Veitch et fils nous communiquaient, au sujet
de cette espèce, les quelques renseignements
suivants :
... Ce magüifiqne arbrisseau, originaire du
Chili et de la Patagonie, fut introduit en Angle-
terre par M. W. Lobb, lors de ses voyages dans
l’Améiique du Sud.
Mis en pleine terre à Exeter, un pied d'Em-
bothrium coccineum atteignit la hauteur de 10 à
12 pieds, et fleurit pendant plusieurs saisons en
grande profusion, mûrissant franchement ses
graines.
Dans plusieurs endroits du Cornwall, où on l’a
planté en pleine terre, à Pair libre, il réussit à
merveille, et produit un charmant effet par ses
fleurs d’un corail brillant.
Nous pouvons aussi mentionner un très-bel
exemplaire de cette’espèce planté dans le jardin
de Sa Majesté, à Osborne, où il a atteint 14 pieds
de hauteur.
Le Muséum doit le pied d'E. coccineum
qu’il possède à la bienveillante générosité
d’un des plus grands amateurs d’horticul-
ture, M. Horace Hamond, consul d’Angle-
terre à Cherbourg. En signalant ce fait,
nous sommes personnellement heureux de
cette occasion, qui nous permet de l’en re-
mercier publiquement. — Les personnes qui
désirent se procurer cette espèce pourront
s’adresser à MM. James Veitch et fils, hor-
ticulteurs à Londres.
— Un fait de dimorphisme sur lequel
nous croyons devoir appeler l’attention est
le suivant : un Tilleul argenté, très-gros,
greffé à environ 40 du sol, ayant été
rompu un peu au-dessus de la greffe, fut
ensuite arraché entre deux terres, par con-
séquent bien au-dessous de la greffe. De la
souche partirent trois forts jets, de force et
de vigueur à peu près égales. L’un d’eux
était exactement identique au Tilleul ar-
genté ; les deux autres en différaient totale-
ment par Vargc7iture, qui faisait complète-
ment défaut. A quoi est dû ce phénomène ?
Nous ne pouvons le dire. Mais ce qu’il est
permis, c’est d’émettre des doutes sur la
valeur spécifique absolue du Tilleul argenté,
surtout si l’on songe que dans les semis
qu’on fait de ses graines on trouve toujours
des individus à feuilles plus ou moins ar-
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER).
gentéeSj et d’autres qui ne le sont pas du
tout. Le Tilleul argenté ne serait-il pas une
forme locale du Tilleul à larges feuilles,
qui, lui-même, n’est qu’une forme du Til-
leul sauvage ?
— Nous avons reçu de M. Colin-Lebert,
horticulteur à Blois, quelques spécimens
d’une variété inédite de Poires, qu’il se pro-
pose de mettre au commerce vers la fin de
l’année 1873. C’est un fruit magnifique de
forme, très-gros et de qualité supérieure,
ce qui ne gâte rien. Elle tient à la fois du
Beurré magnifique, de la Duchesse d’Angou-
lême et du Doyenné d’hiver. Elle mûrit en
décembre-janvier. C’est la Poire Beurré
Alexandre Lucas, dont prochainement nous
donnerons une description et une figure.
— A propos du Pélargonium zonale
double blanc, qu’il a obtenu cette année,
M. J. Sisley nous adresse une lettre pleine
d’intérêt et d’enseignem.ents, et que nous
nous empressons de reproduire. La voici :
j Lyon, ce 15 octobre 1872.
Mon cher rédacteur,
Dans votre chronique du 10 octobre, en par-
I lant de mou Pélargonium zonale double blanc,
vous dites qu’il est « le résultat de combinaisons
scientifiques. »
! Permeltez-moi de ne pas accepter cette appel-
I lation élogieuse.
Lorsqu’il y a six ans je commençai à m’occu-
per de la fécondation artificielle des Pélargo-
niums zonales, je n’avais aucun système arrêté.
Je me procurai d’abord une collection d’environ
cinquante variétés à fleurs simples, choisies parmi
les meilleures dans tous les coloris, puis envi-
ron deux cents sujets de doubles des variétés
existantes alors, et jusqu’en 1870 j’ai acheté
toutes les variétés nouvelles à fleurs doubles
qui étaient mises au commerce, et les simples
qui différaient de coloris avec ceux de ma col-
lection.
Je fécondai sans choix toutes les variétés à
fleurs simples par le pollen des doubles qui
î avaient des étamines.
Pendant trois ans je n’obtins aucun résultat,
, lorsqu’on 1869 je trouvai Victoire de Lijon et
Clémence Royer. J’étais sur le point d’abandon-
I ner la partie, lorsque cette trouvaille me re-
donna courage.
Chaque fois que dans mes semis de simples je
trouvais une plante équivalente pour la forme et
le coloris à une variété de ma collection, j’élimi-
nais l’ancienne pour y substituer la nouvelle.
J’opérai de même pour les doubles, et con-
servai parmi ceux-ci de préférence les variétés
qui offraient quelques variations dans le coloris,
fussent-elles semi-doubles.
En continuant ainsi, je n’ai plus pour porte-
graines dans les plantes du commerce, et parmi
les simples, que : Beauté de Suresnes, Ami Poi-
zeau, Tricolor, Crimson Nosegay, Chant natio-
nal, Floribunda alba. Docteur Muret. Charles
Dagneau, M««e Jules Smith, Arlequin, Orphée et
Oracle, toutes variétés dont je n’ai pas trouvé les
similaires dans mes semis.
Et parmi les doubles : Auguste Ferrier, Mar-
tial de Champflour, Gloire de Nancy, M“‘e Le-
moine, Triomphe (Lemoine), Triomphe de Lor-
raine, Mme Boudet, Victoire de Lyon, Clémence
Boyer, Émilio Castelar, François Arles Dufour,
Charles Darwin et Rose pur, ayant réformé
toutes les variétés qui ont peu ou point d’éta-
mines.
Tous les autres doubles qui me fournissent des
étamines pour la fécondation proviennent de mes
semis.
En opérant ainsi, j’ai été guidé par la pensée
que des simples, issus de simples fécondés par
des doubles, pourraient peut-être avoir plus de
dispositions à donner des doubles que les vieilles
variétés. Voilà, mon cher rédacteur en chef,
toutes les combinaisons scientifiques dont j’ai fait
preuve. La nature a fait le reste.
Puisque j’ai réussi par cette sélection, j’engage
les jeunes horticulteurs à la pratiquer n’importe
sur quelle espèce de plantes, et surtout les jar-
diniers de maisons bourgeoises, car les horticul-
teurs marchands ont en général trop peu de loi-
sirs pour se livrer à la fécondation artificielle
d’une manière suivie.
Je dois ajouter que depuis six ans je tiens un
registre où sont notés les noms des variétés
simples et doubles qui ont servi à les féconder,
et chaque variété de double est représentée par
de la laine d’une couleur différente, que j’attache
à la fleur après sa fécondation.
Mais, jusqu'à présent, ce travail (que je re-
commande cependant) ne m’a fourni aucune lu-
mière ; car la même mère fécondée par le même
père m’a donné des produits très-différents :
tantôt c’était le coloris de la mère, tantôt celui
du père qui dominait, et quelquefois c’étaient des
nuances intermédiaires, la plupart des simples
et peu de doubles en proportion. Sur deux mille
semis, j’ai cette année environ cent doubles.
Mon double blanc est le produit d’un simple
blanc fécondé par un rouge; mais quatre autres
issus de la même fécondation sont ou roses, ou
rouges, ou blancs et simples.
Je n’ai donc encore rien appris qui puisse me
guider à coup sûr ou que je croie devoir con-
seiller. Ce qui se passe dans le règne végétal ne
se produit-il pas exactement de même dans le
règne animal? Et la nature ni la science ne nous
ont pas encore montré pourquoi tous les enfants
d’une même mère et d’un même père diffèrent
TOUJOURS entre eux.
Tout ce que je sais, et que tout le monde sait,
c’est que pour obtenir des fleurs doubles, il faut
féconder les fleurs simples par des doubles.
Votre bien dévoué.
Jean Sisley.
24
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER).
— La Californie n’est pas seulement le
pays de l’or ; c’est surtout ^ — et c’est là pré-
cisément le point capital qui assure l’avenir
de ce pays — un lieu de production agri-
cole. Un de nos collègues, dont le nom est
bien connu en horticulture, Félix Lance-
zeur, nous assurait que nos meilleures ré-
coltes, soit en Froment, soit en Raisin, pou-
vaient à peine donner une idée de la récolte
californienne pour ces mêmes denrées ; et,
de plus, que là on ne connaissait pas de
mauvaises années. Est-ce vrai ? Quoi qu’il
en soit, l’année que nous venons de traver-
ser (1872) paraît avoir été exceptionnelle-
ment favorable à la production des céréales.
Ainsi, d’après certains journaux américains
cités par le Journal d’ Agriculture pra-
tique, déduction faite de ce qui est néces-
saire à la consommation, la Californie peut
disposer de 600,000 tonnes de froment,
quantité telle qu’il est presque douteux
qu’on puisse trouver des navires pour la
transporter. Si l’on ajoute que, en France et
dans diverses autres parties de l’Europe, la
récolte aussi a été très-bonne, on verra que
la famine n’est pas à redouter. Tant mieux.
— La floraison des Bambous est un fait
tellement rare, même dans les endroits où
ils croissent naturellement, qu’on doit si-
gnaler avec soin les faits toutes les fois qu’il
s’en présente. C’est ce qui nous engage à ap-
peler l’attention sur celui qui s’est produit
récemment au Muséum. Toutefois, signaler
simplement le fait n’est pas suffisant; il nous
paraît nécessaire d’en faire connaître les par-
ticularités. Posons d’abord cette question:
Qu’entend-on par Bambou, et est-on d’ac-
cord sur ce point? Non, certes. Mais, le se-
rait-on, qu’on ne pourrait encore que très-
difficilement s’entendre; car qui oserait
affirmer que toutes les espèces se comportent
de la même manière, qu’elles ont des tem-
péraments identiques, qu’il n’y en a pas de
caractères très-divers, soit pour l’inflores-
cence, la fructification, la durée, etc., etc.,
ainsi que cela se voit à peu près chez tous
les autres genres de végétaux?
La plante qui vient de fleurir au Muséum,
au mois de novembre 1872, appartient à
cette grande espèce indienne généralement
connue sous le nom de Bambusa arundi-
nacea, que, à tort ou à raison, on appelle
aussi B. Thouarsii. Le pied, qui est planté
dans le pavillon chaud depuis plus de
trente ans, donne des jets qui atteignent
jusque 10 mètres et plus de hauteur, sur
6-10 centimètres de diamètre. Ces jets, qui
présentent des ramifications elles-mêmes
ramifiées, portent des feuilles de 30 à 40 cen-
timètres de longueur sur 6-8 de largeur ;
les feuilles, minces et coriaces, sont d’un
vert luisant en dessus, plus pâles en des-
sous, non glauques ; les ligules, tronquées
au niveau de l’insertion du limbe, sont rus- f
tiques ou très-légèrement et courtement ci-
liées, de même que les bords de la gaîrie.
Le B. arundinacea, qui vient de fleurir
au Muséum, appartient à la division spa-
thacée (1). Les fleurs sessiles sont disposées
en épis distants, courts, placés sur des ra-
milles grêles, parfois très-longues, et dans
ce cas arquées et pendantes. Quant à la f
question de savoir si, comme on le dit gé-
néralement, les Bambous sont monocarpi-
ques, nous ne pouvons rien affirmer ; nous
pouvons seulement dire que des deux tiges
du B, arundinacea qui viennent de fleurir,
l’une est à peu près complètement morte;
l’autre, bien que chargée de ramilles feuil- ;
lées, semble ralentir sa végétation. [
Une autre question qui se présente, très- |
importante aussi au point de vue qui nous *
occupe, est celle-ci : Les Bambous sont-ils
monocarpiques? Sur ce point encore, nous |
ne pouvons — ou mieux on ne peut — rien !
affirmer ; ce qu’on en a dit et ce que nous
en avons vu n’est pas assez concluant pour
que nous puissions nous prononcer autre- !
ment que pour la négative, et cela en nous
appuyant sur le fait dont il est question. En
effet, sur la plante du Muséum qui porte
plusieurs tiges de différents âges (de huit à
trente ans et même plus), deux seulement ;
ont fleuri : l’une, qui était tronquée à environ
2™ 50, est à peu près morte ; mais l’autre, i
qui a environ 6 mètres de hauteur, qui porte |
de nombreuses ramifications chargées de '
feuilles bien vertes, va-t-elle persister ? ,
C’est ce que nous nous proposons de faire |
connaître. Disons néanmoins que la tige pa- j
raît prendre une teinte plus pâle ; rappelons '
aussi que sur cette tige les fleurs se sont '
montrées à environ 3 mètres de hauteur. |
I
■ — Une nouvelle que nos lecteurs appren- |
dront avec plaisir, c’est la publication d’un
ouvrage exclusivement consacré aux Cléma-
tites, plantes qui, avec raison, sont très-re-
cherchées aujourd’hui, qui, comme on le
dit, sont « à la mode. » Ce livre ne contient
pas seulement les variétés qui font l’objet
de l’ornementation; il comprend la descrip-
tion des types et indique pour chacun d’eux
(1) Voir notre Essai de classification des Bair '
bous, dans le Journal de la ferme, 1865, p. 121.
25
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER).
les plantes qui en sont sorties, les moyens
de multiplication et la culture qui leur con-
vient. L’énumération et la description de ces
magnifiques hybrides faites depuis ces der-
nières années sont admirablement traitées,
et l’on reconnaît de suite qu’elles sont faites
de (( main de maître, » comme l’on dit. On
n’en sera, du reste, pas surpris lorsqu’on
saura que cette publication est faite par deux
hommes qui réunissent les conditions dési-
rables pour traiter et mener à bien un pa-
reil sujet : la pratique et la théorie. En
effet, l’un est M. Thomas Moore, auteur
d’importantes publications sur l’horticul-
ture; l’autre M. Georges Jackmann, le cé-
lèbre hyhrideur de Clématites, et dont,
sous ce rapport , le nom est universel-
lement connu. Aussi, le livre qu’ils viennent
de publier, intitulé : Les Clématites {The
Clematis), réunit-il tout ce qu’on peut dé-
sirer sur cette matière. C’est un guide in-
dispensable à tout amateur de ces belles
plantes. — Dix-sept planches, dont plusieurs
coloriées, représentant des plantes soit iso-
lées, soit en groupes, afin de mieux faire
ressortir l’emploi que l’on peut en faire au
point de vue ornemental, complètent heu-
reusement ce travail, qui doit trouver une
place dans toutes les bibliothèques.
— Nous avons le regret d’annoncer à nos
lecteurs la mort d’un de nos bons collègues,
de M. Auguste Neumann, dont il a été plu-
sieurs fois question dans ce journal, et tout
particulièrement à propos de la fructifica-
tion du Rhapis flahelli for rnis (1). Fils de
feu Neumann, jardinier en chef au Muséum
d’histoire naturelle, et dont le nom était
universellement connu, M. Auguste Neu-
mann, après avoir fait ses éludes horticoles
à Paris, puis en Allemagne, occupa succes-
sivement la place de jardinier en chef au
palais impérial de Biarritz, puis à celui de
Pau, puis enfin au palais impérial de Fon-
tainebleau, où il est mort le 24 décembre
dernier, dans sa 46® année.
— Sur un journal allemand, le Allge-
meine samen, U. Pftanzen offert, n® du
20 octobre 1872, on lit ce qui suit :
Toutes les personnes qui l’année passée ont
demandé, au prix de 10 thalers, d’après le cata-
logue d’un établissement horticole très-connu de
Dresde, les Pélargoniums zonales blancs et dou-
bles A. Varge et Triomphe^ sont priées d’envoyer
au directeur des jardins botaniques de Leipzig
(1) Voir Revue horticole, 1872, pp. 343 et 463.
leur adresse, et les résultats obtenus à la llo-
raison.
Nous saisissons avec empressement cette
occasion pour informer non seulement le
<L directeur des jardins botaniques de Leip-
zig, 3) mais le chef de cet « établissement
horticole hien connu, j) ainsi que tous les
horticulteurs et amateurs du monde entier,
que M. Boucharlat aîné, horticulteur à
Lyon, a reçu l’année dernière de Garl
Petzod, de Dresde, les susdits Pélargoniums
qui étaient indiqués comme blancs, et qui,
au lieu de cela, étaient roses et rouges.
M. Cari Petzod serait-il l’horticulteur
(( bien connu » de Dresde? Si oui, pourquoi
ne pas le dire? Mais, dans tous les cas. Ton
est en droit de demander pourquoi encore,
puisqu’il s’agit de plantes vendues par un
horticulteur de Dresde, recommander aux
acheteurs de dire ce qu’ils pensent de ces
plantes au « directeur des jardins botaniques
de Dresde ? j) Gela fait supposer qu’il y a
là-dessous quelque chose que l’on tient à
cacher.
— Malgré tous les efforts et les recherches
que l’on fait pour trouver un remède contre
le phylloxéra, et le haut prix qu’on a atta-
ché à cette découverte, ce remède est encore
à trouver. Aussi, d’après les déclarations
formelles qui en ont été faites, le ministre
de l’agriculture a-t-il prorogé jusqu’au
31 décembre i 873 le délai fixé pour le con-
cours du prix de 20,000 fr., qui devait avoir
lieu au 31 décembre 1872. En sera-t-il au-
trement plus tard, et sera- t-on plus heureux
en 1873? Le fait nous paraît douteux, si
l’on s’en tient à l’esprit du programme, qui
exige un « procédé pratique, et si d’une
autre part on tient compte de la nature des
communications — de certaines, du moins,
— qui sont faites, ce dont on peut juger par
celles que nous trouvons dans les Comptes-
rendus de rinstitut, numéro du 9 no-
vembre 1872, p. 1612, et que nous repro-
duisons :
<r M. L. Balistat adresse une note con-
cernant la destruction du phylloxéra.
(( L’auteur voudrait qu’on attirât {sic) le
phylloxéra à l’aide d’une substance dont il
serait avide, sur des fragments de racines
qu’on placerait dans le voisinage des sou-
ches malades, et qu’on les brûlât en-
suite. »
La communication suivante est encore
plus curieuse; ça va crescendo. C’est comme
chez Nicollet, de plus fort en plus fort :
« M. Erber adresse de Thoner (Suisse)
DEUX BONNES VARIÉTÉS DE MELONS.
26
line Dote relative à un procédé de destruc-
tion du pliylloxera.
<( Ce procédé consisterait à arracher les
plants de Vignes, les nettoyer avec l’eau et
la brosse, les soumettre à des fumigations
soufrées, à retourner la terre, l’arroser avec
de l’eau sulfurée ; enfin, à replanter les
ceps.
Pour compléter son procédé de guérison,
M. Erber aurait dû ajouter qu’après avoir
fait toutes les opérations qu’il recommande,
et que nous venons de rapporter, il fallait
mettre les Vignes dans un four bien chaud
pendant quelques heures. C’est sans doute
un oubli ; c’est regrettable, car cette der-
nière opération eût eu le grand avantage de
DEUX BONNES VA:
Un écrivain horticole a dit : « Hélas î un
bon Melon est rare comme un bon ami. »
Evidemment cet homme exagérait ; il ca-
lomniait une famille du règne végétal, et,
nous devons l’avouer sans détour, un bon
-ami est plus rare qu’un bon Melon.
En effet, si le bon et véritable ami est
d’une rareté incontestée, par contre, plu-
sieurs variétés de Melons nous donnent de
bons, d’excellents fruits.
Presque partout est connue la variété
Melon cantaloup ou prescot argenté (G. à
fond blanc). Bien cultivée, elle donne, et
par deux par plantes, ses fruits aussi bons
que beaux. La variété Melon ananas ou des
États-Unis, dont le fruit est souvent appelé
Meloyi de poche à cause de son petit volume,
produit, si elle n’est pas dégénérée, jusqu’à
six à huit fruits par plante, et presque tous
bons ; il produit deux variétés également
méritantes : l’une à chair rouge, l’autre à
chair blanche. Celle-ci est plus sucrée, mais
moins parfumée que celle à chair rouge.
Plusieurs autres variétés donnent égale-
ment de bien bons fruits. Je citerai spécia-
lement la variété hâtive dite Melon de Ca-
vaillon, à fruit gros, à chair rouge, souvent
peu fine, mais en revanche très- sucrée et
parfumée ; puis les variétés Melons canta-
loup d’Alger, cantaloup noir des Carmes,
sucrin de Tours, et les Melons d’Espagne
ou d’hiver, à chair blanche et si sucrée.
Je quitte maintenant ces variétés généra-
lement connues et cultivées, pour en signa-
ler deux autres que je crois très-peu con-
nues, et qui méritent bien de l’être. Ce sont
les variétés Melon dit Gros- Cantaloup, et
Melon (T Esclavoyiie. A Hyères, tous les ma-
dispenser des autres. Mieux que cela. N’eût-
il pas été plus simple de dire que pour em-
pêcher que les Vignes soient mangées par
le phylloxéra, il fallait les arracher?
En lisant de telles absurdités, on ne sait
que penser de ceux qui les ont écrites ; l’on
est porté à se demander si leurs auteurs ne
se moquent pas de l’Institut, ou s’ils jouis-
sent bien de toutes leurs facultés. L’on re-
grette surtout que ce dernier les ait repro-
duites. C’eût déjà été trop d’honneur, à
l’exemple de ce qu’on fait dans beaucoup
de nos administrations... de les enfermer
dans des cartons ; le panier était suffisant.
E.-A. Carrière.
lÉTÉS DE MELONS
raîchers cultivent, et en grand, la première,
sous le nom ci-dessus, qui est bien justifié.
En effet, le fruit, qui a tout à fait la forme
d’un Melon cantaloup, est gros, et parfois
très-gros; il en est souvent du poids de
3 kilogrammes. Chaque plante bien cultivée
porte deux fruits en moyenne. Ce fruit est
à côtes ou tranches bien séparées, larges et
assez semblables ; la peau, très-bosselée, est
vert foncé; elle jaunit'un peu lors de la ma-
turité du Melon ; la chair, orange vif, est
épaisse, assez fine, ferme, très-sucrée et
très-parfumée. C’est un fruit exquis. La
plante est vigoureuse et rustique. Cette va-
riété peut être considérée comme hâlive.
J’ai trouvé et observé la variété Melon
d’Esclavonie dans les cultures de MM. Ch.
Huber et C'®, horticulteurs à Hyères ; elle
appartient à leur collection de Melons culti-
vés pour la vente des graines. Comme la
précédente, elle est de vigoureuse et rus-
tique végétation; ses fruits sont de maturité
moyenne, ou plutôt tardive. Ils viennent au
nombre de deux ou trois par plante, sont de
grosseur inégale, mais généralement gros et
pesant parfois jusque 3 kilogrammes et
plus ; ils sont ronds, un peu allongés, apla-
tis à l’extrémité. Les côtes ou tranches sont
de diverses largeurs, et souvent peu appa-
rentes ; la peau, un peu bosselée, est blan-
che, et elle jaunit légèrement lors de la ma-
turité du fruit, qui n’est complète — c’est-
à-dire que la chair n’a atteint toutes ses
qualités, — que lorsque la peau du Melon
a revêtu depuis six à huit jours la teinte
blanc jaunâtre, et que l’extrémité du fruit
fléchit aisément sous la pression du doigt.
Celte chair, ainsi à point, est de couleur blanc
CULTURE FORCÉE DES RAMEAUX.
de lait, épaisse, fondante, très-fine, très-
sucrée, et de saveur néanmoins relevée et
très-agréable. C’est un excellent fruit.
Le Melon d' Esclavonie est une variété
d’été; mais l’expérience m’a appris qu’il
peut être rangé parmi celles d’hiver. Fin
septembre , je devais , pour faire place à
d’autres végétaux, arracher les plantes de
cette sorte de Melon. Je cueillai alors quel-
ques fruits jeunes, et qui, de longtemps en-
core, n’eussent été mûrs, et je les déposai
dans un cellier. En novembre, ces fruits
27
ont successivement pris la couleur indi-
quant la maturité, et ils ont été bons.
C’est donc avec toute assurance que je
recommande ces deux variétés bien méri-
tantes aux amateurs de Melons. La pre-
mière, la variété Gros-Cantaloup, doit trou-
ver place dans toutes les cultures faites
par les maraîchers approvisionneurs ; elle
leur donnera un produit certain et rémuné-
rateur, en même temps qu’elle fournira un
bon fruit aux consommateurs.
Nardy aîné.
CULTURE FORCÉE DES RAMEAUX
Toutes les personnes qui s’occupent tant
soit peu d’horticulture savent que les ar-
bres, arbrisseaux, arbustes qui se prêtent
le mieux à la culture forcée sont ceux chez
lesquels les inflorescences ou les rudiments
des fleurs sont complètement organisés et
formés dans les bourgeons, lorsque ces vé-
gétaux entrent dans la période de repos.
Il en est de même des plantes herbacées vi-
vaces, et plus particulièrement des plantes
tuberculeuses, rhizomateuses et surtout
bulbeuses ; ce sont celles chez lesquelles les
inflorescences sont déjà préparées dans le
bourgeon au moment où les bulbes rhûris-
sent, qui se forcent le plus facilement; tel
est le cas pour les Jacinthes, Narcisses,
Scilles, etc. Etant donné un Ognon d’une
de ces espèces de force à fleurir, on pourra,
de juin-juillet en octobre- novembre ou dé-
cembre, se convaincre, en le coupant par le
milieu, que tout ce qui devra constituer l’in-
florescence (hampe, fleurs, organes floraux),
tout est déjà organisé et visible, si pas à
Tœil nu, tout au moins à la loupe ; et avec
la pointe d’une aiguille, une personne un
peu exercée pourra déjà prédire si les fleurs
seront simples ou doubles, combien de
pièces et d’organes les composeront, etc., etc.
Il existe la plus grande anologie d’organi-
sation entre tout bourgeon à fleurs et un
bulbe ; aussi suffira-t-il, à l’automne ou en
hiver, de couper et d’examiner de même un
bourgeon floral de Lilas, de Marronnier
d’Inde, de Poirier, de Pêcher, etc., pour voir
que tout ce qui devra être en sa saison la
fleur est déjà préparé, n’attendant plus
que les conditions d’une température pro-
pice pour finir de se développer et fleurir.
C’est cette raison qui fait que très-souvent,
à l’arrière-saison, surtout quand après un
temps très-sec survient de l’humidité et
une douce température , on voit certains
de ces bourgeons, excités et trompés par
des conditions atmosphériques analogues
à celles dans lesquelles s’opère la floraison
normale, se mettre à fleurir intempesti-
vement. La même chose arrive aussi fré-
quemment pour les bourgeons feuillus,
principalement chez les arbres qui, ayant
souffert de la sécheresse ou des attaques
des insectes, se sont dépouillés de bonne
heure en été. Aux premières pluies de
fin d’été et d’autonne, on les voit se cou-
vrir de feuilles jaunes qui, normalement,
n’auraient dû se montrer qu’au printemps.
Ceci établi, on comprendra facilement
pourquoi certains végétaux se prêtent plus
facilement et plus rapidement que d’autres à
la culture chauffée, dans le but d’en obtenir
la floraison à contre-saison. Nous n’entrerons
pas dans les détails de cette culture forcée,
que tout le monde connaît, et qui se trouve
d’ailleurs exposée dans tous les bons traités
d’horticulture. Mais ce que l’on ne sait pas,
et ce que nous voulons signaler aux lecteurs
de la Revue, c’est que les rameaux d’un cer-
tain nombre d’arbres et d’arbustes étant choi-
sis avec boutons à fleurs, étant plongés par
leur base dans de l’eau, du sable humide ou
delà terre mouillée et soumis à la tempéra-
ture chaude et humide d’une serre, peuvent
arriver à fleurir d’une façon assez satisfai-
sante. Aux personnes quiauront des loisirs et
qui voudronts’arnuser à tenter quelquesessais
dans ce genre, nous signalerons entre au-
tres, comme donnant des résultats assez cer-
tains : le Saule Marsault ; les Spirœa lan-
ceolata ou Reevesi, prunifolia, lævigata;
le Berheris dulcis ; les Mahonia repens,
aquifoliurn; les divers Ghamœcérisiers ; les
Ribes sayiguineum, palmatum, aureum,
et autres analogues ; les Amygdalus per-
sica. Prunus et Cerasus à feuillescaduques;
le Kerria Japonica; le Forsythia viridis-
28
GLOXINIAS A COROLLE DOUBLE.
sima, suspensa; le Jasminium nudifto-
rum; certains Chèvrefeuilles, notamment' le
fragrantissima, et nombre d’autres qu’il
serait trop long d’énumérer. Il peut parfois
être avantageux, pour certaines garnitures
d’hiver, d’avancer le développement des cha-
tons des Noisetiers (Coudriers), des Aulnes
et du Garrya clliptica ou|les fleurs du Cor-
nouillier mâle , etc. On y peut arriver
par le môme procédé ; cependant, certaines
espèces, comme les Lilas, les Deutzia, les
Coignassiers du Japon, etc., qui réussissent
Lien étant chauffés avec les racines, ne fleu-
rissent pas ou fleurissent mal au moyen
des simples rameaux ; du moins c’est ce
qui nous est arrivé lorsqu’il y a quelques
années nous nous occupions de cette ques-
tion, dont nous avions déjà dit alors un
mot dans ce journal.
Nous avons pensé intéressant de revenir
sur cette question, qui présente peu d’inté-
rêt cette année, parce que l’hiver a été très-
doux et qu’on n’a guère manqué de fleurs
jusqu’à présent ; mais dans un hiver rigou-
reux, on peut trouver à mettre cette idée à
profit, 'et si quelques-uns des lecteurs de la
Revue veulent en essayer et rendre compte
de ce qu’ils auront obtenu, ils ne pourront
qu’être agréahles'à tous ceux que les ques-
tions de ce genre intéressent.
Nous [dirons en terminant qu’il est préfé-
rable de ne couper les rameaux destinés à
cette culture que quelque temps après que
la gelée aura complètement arrêté le mou-
vement de la sève, et enfin que pour éviter
que l’eau dans laquelle on plantera ces ra-
meaux ne [se corrompe, on devra y mettre
un peu de charbon en poudre ou en me-
nus morceaux.
Noblet.
GLOXINIAS A COROLLE DOUBLE
Si la famille des Gesnériacées fait les dé-
lices des horticulteurs, en revanche, par la
polymorphie des plantes qu’elle [renferme,
elle est de nature à faire le désespoir des
botanistes, et l’on en connaît plusieurs®qui
y ont « perdu leur latin. y> Cette polymor-
Fig. 2. — Gloxinia à corolle double.
phie est telle que les très-nombreux genres
que l’on a faits dans ce groupe sortent de
quelques types qui avaient été fécondés les
uns par les autres. Aujourd’hui les bota-
nistes ont à peu près abandonné ces plantes
aux horticulteurs, qui, du reste, en ont tiré un
excellent parti au point de vue ornemental,
ce qui, au point de vue qui nous occupe, est
l’essentiel. Mais, d’une autre part, notre but
n’élant que d’appeler l’attention sur un ca-
ractère particulier et nouveau que présente
le genre|Gioæmia, nous ne parlerons donc
que de celui qui, par sa polymorphie, nous
donne un exemple de plus de la manière
dont se|forment les caractères, et par consé-
quent les espèces.
Les Gloxinias, qui forment aujourd’hui
de si belles plantes d’ornement, sont de
dates relativement très-récentes, et à peu
près tous les horticulteurs se rappellent du
type, le Gloxinia speciosa, introduit en
Angleterre vers 1815. C’est une espèce tu-
berculeuse, acaule, à fleurs penchées et
violettes. Une seconde espèce, qui parut
vers 1825, était également tuberculeuse, à
fleurs penchées et violettes, comme la pré-
cédente, mais elle était caulescente: c’est le
G. caulescens. Un peu plus tard apparut
une troisième espèce, le G. rubra, qui,
sauf la couleur des fleurs, qui était rouge,
avait tous les autres caractères tellement
semblables à ceux du G. speciosa, qu’on
pourrait le considérer comme n’en étant
qu’une variété. C’est à partir de ce dernier,
et peu de temps après son apparition, qu’on
commença à obtenir des variétés de nuances
diverses, et dont sont sorties ces admirables
variétés que l’on possède aujourd’hui, dans
lesquelles il serait difficile de reconnaître le
type, et avec lesquelles on a créé des genres.
A PROPOS DU BOUSSINGAULTIA BASELLOIDES.
29
Sans remonter bien loin, il est facile de se
rappeler ces faits, et aussi que pendant les
premières années l’on ne voyait guère d’au-
tres Gloxinias que ceux dont la corolle, lar-
gement tubuleuse, un peu bilabiée, était
penchée, et en général de couleur violette
ou lilacée. Puis tout à coup un jardinier an-
glais, nommé Fyfe, obtint une variété à
fleurs dressées, à laquelle on donna le qua-
lificatif Fyfiana, et dont la fleur, à tube ré-
gulier, peu ouvert, est complètement dres-
sée. A partir de ce moment, soit par suite
de croisements, soit naturellement et par
semis, on obtint beaucoup de plantes à
fleurs dressées^ et aujourd’hui, sans aucun
soin, on n’en obtient guère plus d’autres.
Ainsi que cela a presque toujours lieu,
l’exception est devenue la règle : une nou-
velle section est formée, qui même tend à
supplanter l’ancienne. C’est encore une
grande loi : les enfants remplacent les pa-
rents... sans leur ressembler.
La nouvelle forme que nous représentons
est apparue récemment. Où? En Angleterre,
probablement ; elle est déjà représentée par
deux variétés : Lady Crémorne (fig. 2) et
John Gray, qui, à part la couleur, a à peu
près les mêmes caractères. Ce qui les dis-
tingue surtout, c’est un commencement de
duplicature très-marquée, caractère qui très-
probablement encore va s’accroître, de sorte
que bientôt on aura des fleurs complètement
doubles. Il semblerait que cette figure re-
présente deux fleurs emboîtées l’une dans
l’autre : la plus interne à tube entier, et
ayant à l’intérieur le nombre normal d’or-
ganes sexuels; tandis que l’externe, pro-
fondément déchirée, a les étamines rejetées
d’un seul côté, ainsi qu’on peut le voir par
cette figure 2.
Les G. Lady Crémorne et John Gray
ont été mis au commerce par la maison
Veitch et fils, de Londres. Le premier est
d’un très-beau blanc crémeux à l’extérieur,
violet lilacé à l’intérieur ; tandis que chez le
deuxième les cinq divisions qui forment la
seconde enveloppe florale présentent une
disposition de coloris inverse : l’extérieur
est lilas violacé ; l’intérieur est blanc pur.
Ajoutons que tous deux ont les fleurs dres-
sées.
La culture et la multiplication de ces deux
variétés sont exactement semblables à celles
des autres Cesnérias acaules. On les cultive
en serre chaude. Quant à leur multiplica-
tion, on la fait de boutures de feuilles, qu’on
place sous cloche dans le courant de l’été,
et qui au printemps suivant sont rempotées
en terre de bruyère neuve, et forment de «
belles plantes pour l’ornement.
May.
A PROPOS DU BOUSSINGAULTIA BASELLOIDES
J’ai observé, au sujet du Boussingaultia
haselloides, un fait que je ne trouve indiqué
nulle part, et sur lequel je crois intéressant
d’appeler l’attention des lecteurs de la Revue
horticole. Tout le monde connaît cette
plante grimpante, aux feuilles larges, épais-
ses, et d’un beau vert ; c’est une de celles
qui rendent le plus de services quand il
s’agit de garnir un mur ou des treillages à
des expositions très-chaudes. Aussi, dans le
Midi, est-ce une des plantes les plus géné-
ralement adoptées pour cet usage, et on la
rencontre pour ainsi dire partout. Il n’est
pas rare même, à la suite d’hivers doux, de
voir la partie inférieurr^e de la tige devenir
ligneuse et se conserver plusieurs années,
reproduisant ainsi ce qui se passe dans son
pays natal, le centre de l’Amérique méri-
dionale, du Pérou à la Plata, où le Boussin-
gaultia se comporte comme un arbrisseau
grimpant. La multiplication se fait, on le
sait aussi, avec une extrême facilité, par la
division des tubercules (ou rhizomes?), que
la plante produit |en abondance. Tous ces
détails sont, du reste, très-connus, et il se-
rait oiseux de les répéter.
Mais voici le fait que je crois intéressant
de signaler aux observateurs.
Un amateur d’Avignon, confiant dans la
clémence habituelle du climat, avait négligé,
un de ces derniers hivers, de rentrer ses
Boussingaultia, et ne|les avait abrités que
d’une manière insuffisante. Grande fut sa
surprise en constatant, les froids passés,
que ses tubercules étaient pourris et réduits
en une sorte de gelée^gluante qui ne laissait
aucun espoir. Il^^se voyait donc dans la né-
cessité de s’en procurer d’autres à prix d’ar-
gent, ce] qui lui] était d’autant plus désa-
gréable] qu’il s’agissait d’une plante plus
triviale et considérée d’habitude comme de
mince valeur, quand il remarqua à la sur-
face du sol des germinations assez nom-
breuses ; l’idée lui vint que ce pourrait être
des semis naturels du Boussingaidtia. Il
les ménagea, et il en obtint rapidement, sous
POMME DE TERRE EARLY ROSE.
30
l’influence de conditions favorables de ferti-
lité de sol et d’arrosages, des plantes qui
arrivèrent dans l’année même à un dévelop-
pement tout à fait satisfaisant.
De ceci, l’on est en droit de conclure que
le BoussingauUia peut donner des graines
fertiles, du moins sous le climat du midi de
la France, et se reproduire de semis. C’est ce
que je n’ai vu indiqué nulle part. Les
Fleurs de plehie terre, de MM. Vilmorin
et C'®, le Bon Jardinier, n’en disent rien.
M. Moquin-Tandon, dans le Prodrome, dé-
crit, il est vrai, la forme d\i fruit et de la
graine; mais il aurait pu ne l’avoir fait que
sur des échantillons spontanés qu’il aurait
rencontrés dans les herbiers. Aussi, ce semis
naturel d’une plante dont les graines et leur
germination paraissaient avoir échappé jus-
qu’ici, m’avaient laissé quelque peu incré-
dule. Il pourrait se faire que des bourgeons,
plus robustes que le reste de la plante,
fussent nés sur quelqu’une de ses parties,
et, conservés dans le sol, eussent servi à la
reproduire. Étaient-ce bien en réalité des
graines qui donnaient naissance à ces nou-
velles plantes? Le doute, qui alors était per-
mis, ne l’est plus aujourd’hui, du moins
pour moi. J’ai là, sous les yeux, une de ces
grappes de fleurs, autrefois d’un blanc de
lait, mais bientôt brunies par l’âge, qu’on
voit se développer à toutes les aisselles su-
périeures des tiges du BoussingauUia ^ au
centre de la fleur desséchée se trouve un
fruit comprimé, lenticulaire, de couleur
brune, comme les autres organes. Sous l’in-
fluence d’un frottement, même très-léger,
l’enveloppe papyracée extérieure de ce fruit
se détruit, et l’on aperçoit une graine d’un
blanc un peu jaunâtre, d’un millimètre en-
viron de diamètre, et qui semble formée
d’un embryon cylindrique courbé en cercle,
et laissant entre ses deux extrémités un es-
POMME DE TER
La Pomme de terre Early rose étant,
parmi les variétés nouvellement introduites,
une de celles qui se recommandent le plus
par ses qualités, nous avons pensé qu’il se-
rait utile de la signaler particulièrement aux
lecteurs de la Bevue horticole, en leur fai-
sant connaître les résultats que nous en avons
obtenus dans nos cultures.
Nous l’avons reçue simultanément en
1869 de notre correspondant de New-York
et de MM. Courtois-Gérard et Pavard, mar-
chands de graines à Paris, rue du Pont-
pace libre, d’où résulte une échancrure.
Mais ce n’est pas tout. J’ai aussi sous les
yeux des germinations longues d’un centi-
mètre, dont les deux cotylédons ne se sont
pas encore dégagés de la fleur, restée en-
tière, au centre de laquelle la graine était
placée.
Le doute n’est donc plus possible : ces
épis brunis qu’on voit persister après la flo-
raison contiennent des graines, et ces graines
sont fertiles et peuvent servir à assurer la
reproduction; on l’a vu dans le cas qui nous
occupe: elles ont perpétué la plante dans un
jardin où, sans elles, elle était perdue.
Maintenant, quel intérêt horticole y aura-t-il
à retirer du fait en lui-même ? Il est évi-
dent que le mode de propagation habituel
par tubercules est trop simple et trop pra-
tique pour qu’il soit abandonné ; ce sera
toujours lui qu’on emploiera de préférence.
Mais n’y a-t-il pas, dans tous les cas, intérêt à
pouvoir semer les graines d’une plante? Sans
vouloir prendre parti pour les savants, qui,
peut-être sur des vues un peu théoriques,
affirment l’abâtardissement et la dégénéres-
cence d’un végétal se reproduisant toujours
de drageons et de boutures, ne serons-nous
pas en droit d’espérer que par le semis on
arriverait à obtenir des variétés nouvelles
plus vigoureuses encore ou diversement co-
lorées ? Des hybridations peuvent être ten-
tées aussi avec des genres voisins, et nous
citerons entre autres les Baselles. Et qui
nous dit qu’il n’en résulterait pas des modi-
fications importantes dans la coloration des
fleurs, le feuillage, etc.? Mais, n’en obtînt-on
rien de vraiment méritant, que ce n’en se-
rait pas moins une bonne chose que d’avoir
jeté|à bas une contre-vérité comme celle-ci:
que les BoussingauUia ne donnent pas de
graines.
Ludovié.
lE EARLY ROSE
Neuf. Elle provient de la presqu’île Alaska,
dans l’Amérique russe, et fut apportée en
1867 à Madilla, dans les États-Unis, d’où
elle nous est parvenue.
Les tubercules de cette variété sont de
forme assez régulière, oblongs et fortement
comprimés sur les côtés ; les yeux, nom-
breux, sont répartis régulièrement à sa sur-
face, mais cependant plus rapprochés vers
l’extrémité supérieure. La peau est claire et
rosée ; la chair est jaunâtre et nuancée de
rose, farineuse et de bonne qualité ; elle
ncc. Horticole .
. Ctt^OT7ZoZitliy G-- <Sevef^e^TZS .
Ituicreujo'. cle2.
Foire
IfeJin !)ee{j/s7iey.
POIRE HENRI DECAISNE.
31
nous a paru suffisamment riche en subs-
tances azotées (albumine et dextrine) et en
fécule. Elle peut être accommodée de toutes
façons.
Cette Pomme de terre est généralement
de bonne grosseur. La plupart atteignent le
poids de 150 grammes. M. Vavin dit en
avoir obtenu de 347 grammes. Quant aux
tiges, elles sont nombreuses et s’élèvent de
30 à 40 centimètres au-dessus du sol. Les
feuilles sont larges, d’un vert peu foncé,
à nervures d’un rose violacé, quPdisparaît
lorsqu’elles atteignent leur entier dévelop-
pement. Très-pubescentes à leur sortie de
terre, les parties foliacées ont un aspect
particulier qui empêche de les confondre
avec les autres variétés. Elles se développent
avec une vigueur exceptionnelle, et ne tar-
dent pas à couvrir entièrement le sol. Cette
variété ne donne pas de graines.
Voici les résultats que nous avons obte-
nus cette année, qui, du reste, ont été iden-
tiques avec ceux des deux années précédentes.
Les tubercules ont été mis en terre le
30 janvier, en même temps que ceux des
autres variétés très-précoces {Marjolain,
Hérincq, Royale Aschleaved-Kidney et
Glocester-Kidney). Les premiers tubercules
mangeables ont été récoltés le 26 mai ; les
Marjolains les avaient devancés de sept
jours : ils étaient complètement mûrs le
26 juin. Le produit était triple de celui de
la Marjolain, et double des variétés Gloces-
ter-Kidney et Hérincq.
Nous devons encore constater ce fait, que
notre plantation ayant été atteinte par la ge-
lée du 20 avril, qui en avait complètement
détruit les tiges, elles repoussèrent toutes
avec la plus grande vigueur, tandis qu’un
tiers des Marjolains ne put émettre de nou-
velles pousses, et par suite ne produisit
presque rien à l’arrachage.
En résumé, nous considérons la Pomme
de terre Early rose comme une variété des
plus avantageuses pour la culture maraî-
chère, surtout à cause de sa fertilité, qui
dépasse de beaucoup celle des autres va-
riétés, dont la maturité arrive en même
temps.
Nous n’avons pas essayé cette Pomme de
terre en culture forcée, mais nous en avions
remis quelques tubercules à M. Bossin,
notre ^excellent et consciencieux collègue; il
les a fait cultiver sous châssis, et les ayant
vus arrachés, nous avons constaté que le
produit était beaucoup moindre qu’en pleine
terre. Nous pensons que dans ce genre de
culture le développement excessif des tiges
et leur vigueur exceptionnelle sont loin de
favoriser leur précocité.
Les personnes qui voudraient se procurer
cette précieuse variété peuvent s’adresser à
MM. Courtois- Gérard et Pavard, rue du
Pont-Neuf, 4, à Paris, qui furent des pre-
miers à l’introduire en France.
Jules Rayenel,
Vice-Secréfaire de la Société d’Agriculture de Falaise.
POIRE HENRI DECAISNE
Cette variété, dédiée par M. Decaisne,
professeur au Muséum, à la mémoire de son
frère, M. Henri Decaisne, artiste peintre,
provient d’un pépin de Poire Belle Alliance
ou Serrurier. En voici les caractères :
Arbre de vigueur moyenne sur Coignas-
sier, très-fertile. Branches dressées; ra-
meaux gros et bien nourris, relativement
courts, à écorce gris cendré, jaunâtre, len-
ticellée ; lenticelles saillantes, petites, gris
blanchâtre. Feuilles étalées sur un pétiole
robuste, jaunâtre; limbe très-arqué à partir
de sa base, largement ovale, cordiforme,
très- courtement arrondi au sommet, à dents
excessivement petites, parfois nulles, d’un
vert pâle, comme un peu jaunâtre. Fruit ré-
gulier, gros, allongé, parfois légèrement
rétréci un peu au-dessus du milieu, ar-
rondi, obtus, plus rarement un peu inéqui-
latéral, à surface souvent légèrement bosse-
lée; queue courte, forte, implantée au
milieu duHruit ; œil à divisions courtes,
étroites, à peine étalées; peau vert jaunâtre,
striée, lavée, et ordinairement pictée de
rouge, se colorant souvent très-fortement à
la maturité, qui a lieu en septembre-oc-
tobre, et prenant alors une belle couleur
vermillonnée sur presque toutes ses parties;
chair blanche, fondante, de saveur agréable.
Comme la plupart des variétés qui mû-
rissent à cette époque, la Poire Henri De-
caisne passe très- vite ; il est bon de la cueil-
lir un peu avant sa maturité. Pris à point,
c’est un fort bon fruit.
On peut se procurer le Poirier Henri De-
caisne chez M. Jamain, pépiniériste, Grande-
Rue, 1, à Bourg-la-Reine (Seine).
E.-A. Carrière.
32
GENEALOGIE DES WELLINGTONIAS.
GÉNÉALOGIE DES WELLINGTONIAS «
Si nous comparons maintenant la flore
des États-Unis avec celle du Japon, de la
Mandchourie et du nord de la Chine, nous
trouvons une similitude étonnante. La plus
grande partie des genres de notre région,
qui manquent à la flore californienne, se
trouvent au Japon ou à la Mandchourie
parmi beaucoup d’autres espèces particu-
lières à ces contrées. Il y a des plantes d’une
région qui n’ont pas de représentant dans
d’autres ; il y a des plantes du Sud qui pa-
raissent avoir atteint les États de l’Atlan-
tique, et il y a un grand mélange de types
subtropicaux asiatiques dans la Chine tem-
pérée et au Japon, quoiqu’il n’y ait que peu
de rapports entre les deux contrées. Il y a
aussi, comme je l’ai déjà dit, un grand
nombre de genres et quelques espèces qui,
bien que communes dans la totalité ou dans
la plus grande partie de la zone nord tem-
pérée, n’ont aucune signification particu-
lière, à cause de leur présence dans ces deux
flores antipodiennes, quoiqu’elles apportent
un appui à la question générale de distribu-
tion géographique. Le fait remarquable est
qu’une grande proportion des genres et des
espèces particuliers à l’Amérique du Nord,
comparés avec l’Europe, est largement re-
présentée dans les États de l’Atlantique de
l’Amérique du Nord, comparés avec les ré-
gions californiennes, et sont aussi repré-
sentés au Japon et en Mandchourie, soit par
des espèces identiques, soit par d’autres
très-rapprochées. La même loi règne sur
une ligne plus au nord, quoique peut-être
moins accusée. Si nous comparons les
plantes de la nouvelle Angleterre et de la
Pensylvanie (lat. 40 à 47 degrés) avec
celles de l’Orégon et ensuite avec celles du
nord-est de l’Asie, nous trouverons beau-
coup des nôtres représentées dans^cette der-
nière région, tandis que seulement un petit
nombre d’entre elles sont connues dans
notre contrée aussi loin que la limite ouest
des montagnes Rocheuses. Et ces répétitions
des traits de l’Amérique du Nord au Japon et
dans les districts environnants sont tout à fait
semblables. Quelquefois les uns ne peuvent
être distingués des autres ; quelquefois il y
a seulement une petite différence d’aspect ;
quelquefois les deux plantes seraient quali-
fiées de variété différente si elles poussaient
(1) V. Revue horticole^ 1872, p. 427.
naturellement dans la même forêt ou dans
la même région ; quelquefois encore elles
sont ce que les botanistes appellent espèces
représeyitatives, l’une répondant à l’autre
avec quelques différences regardées comme
spéciales, ou les deux sont simplement du
même genre ou à peu près, mais d’une es-
pèce unique, ou très-peu répandue dans
chaque contrée. Or, le point qui nous inté-
resse est que ce type limité se présenterait
seulement aux antipodes.
Notre Rhiis toxicodendron est exacte-
ment répété au Japon ; mais il ne se trouve
nulle autre part, quoiqu’une espèce lui res-
semblant beaucoup abonde en Californie.
Notre Rhus venenata n’a aucun repré-
sentant dans l’ouest de l’i^mérique ; mais il
a au Japon un représentant qui en est telle-
ment voisin, que les deux ont été regardés
comme identiques par Thunberg et Linné,
et que tous deux sont désignés sous le nom
de Rhus vernix.
Notre Vitis labrusca est entièrement
confiné aux États de l’Atlantique, excepté
qu’il apparaît au Japon et dans cette région.
Le Wistaria frutescens, plante ligneuse
grimpante, est originaire des États de l’At-
lantique ; une autre espèce, bien connue
dans la culture, est le Wistaria sinensis,
qui est originaire de la Chine, ou peut-être
simplement du Japon, où il est certainement
indigène.
Notre Cladrastis habite un district très-
limité sur les hauteurs ouest de l’Alléghanie.
Son seul et très-proche parent est le Maa~
Ma, qui se trouve dans la Mandchourie.
VHydrayigea a quelques représentants
dans nos régions alléghaniennes ; tout le
reste appartient à la région chino-japo-
naise.
La même chose peut être dite des Syrin-
ga, excepté qu’il y en a une ou deux qui
sont à peu près les mêmes en Californie et
dans rOrégon.
Notre Caulophyllum existe seulement
dans les bois des États de l’Atlantique ; mais
il a été découvert dernièrement au Japon.
Un de ses proches parents, Diphyllea,
trouvé seulement dans les plus hautes mon-
tagnes alléghaniennes, est aussi répété au
Japon avec une si légère différence, qu’on
peut à peine les distinguer.
Je ne dois pas oublier le Jinseng, dont la
racine est si estimée des Chinois, et qu’ils
GÉNÉALOGIE DES
tirent de leurs provinces du Nord et de la
Mandchourie. Nous Favons aussi de la Corée
et du nord du Japon. Les Pères Jésuites
ayant cru trouver cette plante au Canada et
dans les États de l’Atlantique, lui ont donné
le nom chinois sous lequel nous la connais-
sons, et en ont alors fait un grand com-
merce qui pendant longtemps leur a été
très-avantageux. Malgré cela, il n’est pas
certain que l’exportation du Jinseng en
Chine ait tout à fait cessé. Toutefois, il
n’est pas bien constaté que le Jinseng amé-
ricain et le Jinseng asiatique soient tout à
fait semblables ; mais, dans tous les cas, la
différence, si elle existe, doit être très-mi-
nime.
Il y a ici un arbuste, Elliothaj qui est si
rare et si local, qu’il n’est connu seulement
que dans deux endroits de la rivière Sa-
vannah, en Géorgie; il est d’une structure
particulière , et était considéré comme
n’ayant pas de représentant, lorsque tout
récemment on en découvrit un au Japon qui
lui est si semblable, qu’il est impossible de
les distinguer, excepté par la fleur qui est
à trois au lieu d’ètre à quatre divisions,
différence qui se rencontre souvent dans le
même genre et parfois dans une même es-
pèce. Supposons que VElliotha eût été
trouvé seulement une fois il y a longtemps,
et que la connaissance de son district soli-
taire et limité soit perdue, et que pendant
ce temps la forme japonaise vienne à être
connue ; un tel cas serait parallèle avec une
actualité. Un spécimen d’une espèce parti-
culière a été trouvé dans l’herbier de feu
Michaux, qui l’a ramassé, ainsi que le
prouve l’étiquette autographe, quelque part
dans les hautes montagnes alléghaniennes, il
y a plus de quatre-vingts ans; personne n’a
vu la plante vivante depuis cette époque. A
la fin, elle est trouvée au Japon, et j’ai eu
la satisfaction d’en faire moi-même l’identi-
fication. Une autre espèce congénère existe
aussi au Japon, et une autre vient|d’être dé-
couverte au Thibet.
Que les plantes japonaises et les allégha-
niennes soient identiquement les mêmes, le
fait n’est pas prouvé ; pour s’en assurer, il
faudrait des spécimens complets des deux
sortes. Autant que nous les connaissons,
elles sont tout à fait semblables. Et même
I si quelque différence entre eux venait à
être découverte, elle n’altéreraient pas d’une
manière appréciable la question de savoir
comment un tel résultat a pu provenir. Cha-
cune des causes analogues que j’ai détail-
lées, et auxquelles je pourrais en ajouter
WELLINGTONIAS. 33
beaucoup plus, soulève la même question,
et les résultats sont les mêmes.
Ces rapports singuliers ont attiré de bonne
heure ma curiosité dans le courant de mes
études botaniques, quand comparativement
peu d’entre eux étaient connus ; et dans ces
dernières années, quand j’avais de nom-
breuses et nouvelles plantes japonaises à
étudier, j’apportais à cette étude la plus
grande attention.
Ceci se passait avant que Heer ait fait
connaître la richesse de la botanique fossile
de la zone arctique, avant que l’immense
antiquité des espèces existantes de plantes
fût reconnue, et avant aussi que la publica-
tion du remarquable livre de Darwin sur
V Origine des espèces ait été faite et ait
familiarisé le monde scientifique avec le
courant d’idées concernant l’histoire et les
vicissitudes des espèces, avec lequel j’ai es-
sayé de travailler dans une voie modeste.
Dans ces sortes de recherches, je m’appuyais
surtout sur le refroidissement de la zone
tempérée du Nord et l’interférence d’une
période plus chaude précédant ce refroidis-
sement (et peut-être devant le suivre). Je
considérais que notre présente végétation,
ou celle qui en était la plus rapprochée, doit
avoir occupé la zone arctique et subarctique
dans des temps antérieurs, et qu’elle a été
graduellement poussée vers le Sud, à me-
sure que la température baissait, et que le
refroidissement avançait, même plus loin
que la limite présente. Les plantes de la
même famille, probablement rangées au-
tour de la zone arctique comme le sont
maintenant les espèces habitant cette zone,
ont émigré vers le Sud à des longitudes
grandement différentes, et se sont reculées
plus ou moins, selon que le climat était
plus ou moins chaud ; que la différence gé-
nérale de climat qui marque les côtes Est et
Ouest des continents (l’un extrême et l’autre
moyen) était déjà sans aucun doute établie,
de sorte que des espèces semblables seraient
à même de s’implanter profondément dans
les climats identiques au Japon et des États-
Unis de l’Atlantique, mais non dans les ré-
gions intermédiaires de différentes distri-
butions de chaleur et d’humidité ; de sorte
que diverses espèces du même genre, comme
dans les Torreya, ou différents genres du
même groupe, tels que Séquoia, Taxodium
et Glyptostrohus, ou bien différentes asso-
ciations d’arbres forestiers, pourraient s’éta-
blir elles-mêmes chacune dans les différentes
régions qui leur conviennent le mieux pour
leurs besoins particuliers, tandis qu’elles ne
34
GÉNÉALOGIE DES WELLINGTONIAS.
réussiront pas partout ailleurs. Ces vues in-
diquent où doivent être cherchées les sources
de noire végétation actuelle, et présupposent
des ancêtres existant dans des temps anté-
rieurs dans les hautes régions du Nord. Il
est probable que la présence d’espèces par-
ticulières au nord de l’Amérique, en Eu-
rope, dans la période tertiaire (tels que
Taxodium, Carija, Liquido,rnbar , Sassa-
fy^as, Negundo, etc.), pourraient très-bien
expliquer l’opinion des communications pri-
mitives à travers le nord de l’Asie, plutôt que
par (( l’Atlantide de la fable. ))
L’hypothèse suppose une graduelle modi-
fication des espèces dans différentes direc-
tions et sous des conditions altérantes, au
point de produire des variétés différentes,
des sous-espèces ou des espèces représen-
tatives, selon le point de vue où on les con-
sidère, de même que l’origine simple et
locale de chaque type est maintenant univer-
sellement reconnue.
Les faits remarquables de la flore du
nord-est de l’Amérique et de celle du nord-
est de l’Asie, que ces suppositions doivent
expliquer, ont été depuis augmentés en
nombre, plus spécialement par les admi-
rables collections du Maximowicz, au
Japon et dans les contrées adjacentes, et les
comparaisons critiques qu’il a faites et qu’il
fait encore.
Je dois constater que dans un récent ou-
vrage d’un botaniste distingué, le professeur
Griesbach, de Gotlingen, ces faits ont été
privés de toutes significations spéciales, et
que les relations entre les flores japonaises
et les États-Unis de l’Atlantique sont, dit-
on, plus intimes encore que leur situation
respective ne-le ferait penser. Cette conclu-
sion extraordinaire est sanctionnée lorsqu’on
regarde comme espèces distinctes toutes les
plantes communes aux deux contrées, entre
lesquelles la moindre différence a été ob-
servée, quoique probablement cette diffé-
rence aurait compté pour peu de chose si
les deux arbres avaient poussé dans la même
contrée, en transférant ainsi de ma liste de
plantes identiques beaucoup d’entre elles
qui sont représentatives, et enfin en élimi-
nant de l’entière combinaison des espèces
représentatives tous les cas dans lesquels les
plantes japonaises et américaines ne sont
pas exactement semblables.
Comme si, en prononçant le mot cabalis-
tique species, la question était vidée, ou
plutôt la plus grande part de cette question
mise en dehors du domaine de la science ;
comme si, pendant que la complète identité
de formes affirme la communauté d’origine^
la moindre différence éloignerait la pré-
somption de parentés ; aussi, laissons tous
ces singuliers duplicata qui nous étonnent,
mais qui sont au-dessus de toutes nos re-
cherches !
Maintenant, la seule cause connue d’une
telle ressemblance est due à l’héritage et à
la transmission de ressemblance dans les
individus et à quelques conditions qui ont
été changées; et comme elles sont biencon- 'i
nues, il me semble que si la haute antiquité ,
de notre végétation actuelle pouvait être :
rendue probable, sinon certaine, et que si |
l’habitation primitive de nos espèces ou de
leurs très-proches parents dans les hautes
régions du Nord pouvait être affirmée, la
cause entière serait mise au clair.
Les faits nécessaires que j’ignorais quand
mon essai fut publié sont aujourd’hui bien
connus, en grande partie du moins, grâce ;
aux recherches de Heer dans d’abondantes
collections de plantes arctiques fossiles.
Ces faits ont été confirmés et étendus par
de nouvelles investigations de Heer et Les-
quereux, dont le résultat m’a été commu-
niqué par ce dernier. Le Taxodium, qui
abonde partout dans la formation miocène en
Europe, a été trouvé identique à notre com-
mun Cyprès des États du Sud, première-
ment par Gœppert, et ensuite par Heer ; il
a été trouvé fossile au Spitzberg, dans le
Groenland et dans l’Alaska; dans cette der-
nière contrée, parmi les débris d’autres
formes fossiles faciles à distinguer, mais
presque semblables à l’espèce commune, et .
ceci a été bien constaté par Lesquereux .
dans les miocènes des montagnes Rocheuses.
Ainsi, il y a une espèce d’arbre qui, de la j
période tertiaire, est venue jusqu’à nous j
sans modification. Cette espèce a habité !
pendant longtemps l’Europe et le nord de i
l’Amérique, et aussi à plusieurs époques de I
cette période la région qui géographique- I
ment rassemble les deux, lesquelles, sans
aucun doute, étaient beaucoup plus rappro-
chées qu’elles ne le sont maintenant, survi- •
vent seulement dans les États-Unis de l’At- •
lantique et au Mexique.
Le Séquoia, qui abonde dans les mêmes j
formations miocènes du nord de l’Europe,
a été trouvé en grande quantité dans celles
de l’Islande , du Spitzberg , du Groen- i
land, de la rivière Mackensie et Alaska.
Il est nommé Séquoia Landsdorffii , i
mais il est reconnu comme très -voisin
du Séquoia semperviveyis (le Séquoia
existant de la côte californienne), et être '
GÉNÉALOGIE DES WELLINGTONIAS.
l’ancien représentant de ce Séquoia. Des
spécimens fossiles d’une espèce très-rap-
prochée, sinon semblable, ont été récem-
ment découverts dans les montagnes Ro-
cheuses par Haiden, et déterminés par notre
éminent botaniste paléontologique Lesque-
reux, qui m’a assuré avoir trouvé le Séquoia
commun dans un dépôt de l’âge tertiaire,
dans rOrégon. Un autre Séquoia {Séquoia
Stemhergii), découvert dans les dépôts mio-
cènes du Groenland, est regardé comme le
représentant du Séquoia {Wellingtonià)
gigantea, le grand arbre de la Sierra, en
Californie. Si le Taxodium de l’époque
tertiaire, qui se trouve en Europe et au tra-
vers des régions arctiques, est l’ancêtre de
notre Cyprès chauve , qui est regardé
comme identique, alors je pense que nous
pouvons, avec nos connaissances présentes,
dire que les deux espèces de Séquoia de la
Californie en sont les descendants probables,
d’autant plus qu’ils leur ressemblent très-
étroitement.
Les forêts de la zone arctique, dans les
temps tertiaires, contenaient au moins trois
espèces de Séquoia, dont l’une, celle du
Spitzberg, ressemble beaucoup au Séquoia
commun de la Californie. Un autre, qui
semble avoir été le Conifère le plus commun
de ces temps, était répandu en Angleterre
et en d’autres parties de l’Europe. Ainsi les
Séquoia, qui sont maintenant remarquables
par leur nombre restreint et le peu d’espace
qu’ils occupent, aussi bien que par leur
taille extraordinaire, sont d’une ancienne
race ; leur famille et leurs ancêtres for-
maient une grande part des forêts qui flo-
rissaient dans les régions polaires mainte-
nant désolées et bordées de glaces, et qui
s’étendaient dans les basses latitudes en Eu-
rope. Dans ce continent, une espèce a atteint
les environs de sa présente habitation avant
le refroidissement de la région. Parmi les
spécimens fossiles déjà trouvés en Califor-
nie, et que notre recommandable botaniste
paléontologique n’a pas encore eu le temps
d’examiner, nous espérons trouver l’évi-
dence de l’arrivée de ces deux espèces de
Séquoia sur le terrain qu’ils occupent main-
tenant, en si petit nombre et après tant de
I vicissitudes. Les différences de climat, les
! circonstances d’émigration, ou peut-être
' les deux, doivent avoir déterminé l’arrivée
du Séquoia sur les côtes du Pacifique, et du
I Taxodium sur les côtes de l’Atlantique. Et
maintenant encore, les Séquoia ne vivraient
pas plus dans l’Est que notre Taxodium
ne fleurirait en Californie.
35
Quant à l’espèce la plus rapprochée du
Séquoia, le Glyptostrohus de Chine, une
espèce du même genre et son véritable re-
présentant, était commun avec le Séquoia
et le Taxodium, non seulement dans l’Eu-
rope tempérée, mais dans toute la région
arctique du Groenland à l’Alaska. La des-
tinée de cet arbre est semblable à celle d’un
Gymnosperus, qui nous est plus familier, le
Ginkgo ou Salishuria, qui est maintenant
indigène seulement au Japon. Ses ancêtres
(comme nous pouvons les appeler, puisque
d’après Heer ils sont si semblables à l’es-
pèce existante que l’on peut à peine les dis-
cerner) habitaient autrefois le nord de l’Eu-
rope et la région arctique entière ; il avait
même des représentants plus au sud, dans
nos montagnes Rocheuses.
D’un autre côté, le Lïbocedrus semble
avoir eu la même destinée que le Séquoia.
D’après Heer, deux espèces existaient au-
trefois dans le Spitzberg. Des deux espèces
maintenant existantes, l’une, le Lïbocedrus
decurrens (le Cèdre à encens), est un des
plus nobles associés du Séquoia ; l’autre se
trouve beaucoup plus au sud, dans les
Andes du Chili.
La généalogie des Torreya est plus obs-
cure ; cependant il n’est pas impossible que
le Taxites, qui florissait avec les Séquoia
dans les forêts arctiques de l’époque ter-
tiaire, soient les plus anciens ancêtres des
Torreya qui sont maintenant dans la Flo-
ride, en Californie et au Japon. Quant aux
Pins, ils étaient associés en plus grand
nombre avec les anciens Séquoia des forêts
polaires qu’avec leurs représentants main-
tenant existants ; mais probablement d’es-
pèces différentes et plus semblables à celles
de l’est qu’à celles de l’ouest du nord de
l’Amérique, ils doivent avoir entièrement
entouré le cercle polaire comme ils entou-
rent maintenant la zone tempérée.
Je dois aussi faire l’énumération des arbres
et arbustes à feuilles caduques qui sont main-
tenant connus par leurs restes fossiles, et qui
florissaient dans les régions polaires quand
le Groenland (Terre-Verte) méritait mieux
son nom et jouissait du climat de Ne\v-En-
gland et New-Jersey. Alors le Groenland et
le reste du Nord abondaient en Chênes re-
présentant les différents groupes d’espèces
habitant maintenant nos districts; plusieurs
Peupliers très-semblables à notre Baurnier
de Gilead, ainsi que plusieurs plantes her-
bacées. Malheureusement, à cause de leur
nature peu résistante, celles-ci se trouvent
rarement conservées à l’état fossile ; autre-
GÉNÉALOGIE DES WELLINGTONIAS.
86
ment elles apporteraient un témoignage ad-
ditionnel à l’antiquité et à l’existence de
notre végétation et à sa grande diffusion
dans la zone nord et dans la zone glaciale,
dont les migrations ont été forcées à cause
des changements de climat.
Supposons que notre végétation existante
en général est une continuation de celle de
la période tertiaire ; pouvons-nous en con-
clure qu’elle tire son origine absolue de cette
végétation? Évidemment non. La précé-
dente période crétacée a fourni à Carruthers,
en Europe, un fruit fossile semblable à celui
du Séquoia (WelUngtonia) gigantca, as-
socié avec des Pins du même caractère que
ceux qui accompagnent aujourd’hui cet
arbre. Cette période a aussi fourni à Heer,
dans le Groenland, deux espèces de Séquoia,
dont l’une est identique avec une espèce
tertiaire, et l’autre en est très-rapprochée,
le Séquoia Langsdorffii, qui, à son tour,
est probablement un ancêtre du Séquoia
comm.un de la Californie. Cette période a
également fourni à Lesquereux, dans l’Amé-
rique du Nord, les restes d’un autre ancien
Séquoia, de Glyptostro'bus et de Liqui-
damhar, ainsi que des Chênes analogues
au Chêne existant ; des feuilles d’un Pla-
tane de la période tertiaire, et que l’on peut
à peine distinguer de notre Platanus ocei-
dentalis ; d’un Magnolia, d’un Tulipier et
d’un Sassafras, qu’on ne peut distinguer de
ces mêmes espèces existantes. Je ne crois
pas nécessaire de continuer davantage cette
énumération. Les faits justifieront la con-
clusion que Lesquereux, chercheur très-
scrupuleux, a déjà prononcée : <( que les
types essentiels de notre flore actuelle sont
marqués dans la période crétacée, et sont
venus jusqu’à nous à travers les formations
tertiaires de notre continent, sans change-
ment notable. »
En réunissant et en coordonnant tous ces
faits, on reconnaît l’adaptation successive
des plantes en rapport avec le changement
successif aux conditions, et qu’au lieu d’être
brusques et absolues, les modifications ont
été graduelles. Pour moi, je ne peux douter
que les espèces existantes ne soient les suc-
cesseurs directs de celles qui ont garni la
terre dans l’époque qui les a précédées, et
qu’elles étaient aussi bien adaptées à leur
époque que les plantes qui florissent et fleu-
rissent autour de nous le sont à leur condi-
tion présente. Un ordre et une adaption
exquises n’avaient pas attendu la présence
d’un homme pour se montrer. La nature
organique (c’est-à-dire le système et la to-
talité'des choses vivantes et leur adaption
mutuelle), avec toute sa stabilité réelle et
apparente, peut être comparée, non pas à
l’Océan, qui varie de son niveau par des ma-
rées périodiques, mais plutôt à une rivière,
si vaste que nous ne pouvons en apercevoir
les rives pas plus qu’atteindre sa source, et
dont le courant n’en est pas moins réel,
quoiqu’il soit trop lent pour être observé
par les êtres éphémères qui errent sur
sa surface ou qui sont nés dans son
sein.
Ces idées, quoiqu’elles répugnent encore
à quelques-uns, ont tellement occupé l’es-
prit des naturalistes du jour, qu’il est rare
qu’un discours soit prononcé ou qu’une re-
cherche soit faite sans qu’il en soit fait men-
tion. Je suppose que les vues dont nous par-
lons sont peu (si même elles le sont) en
avance de l’avérage scientifique du jour. Je
ne puis les regarder comme moins no-
bles que celles auxquelles elles succè-
dent.
Une personne très-savante en matière
philosophique, Frances Power-Gobbe,
a dit récemment, et avec beaucoup de raison :
« G’est un fait singulier (1) que, lorsque
nous arrivons à savoir comment une chose
est faite, notre première conclusion semble
être que Dieu n'ij est pour rien f Qu’im-
porte sa beauté, son merveilleux? qu’im-
porte la complication intime et délicate de la
machine qui a travaillé des siècles, peut-
être des millions d’âges, pour produire ces
résultats avantageux? Si un jour nous par-
venons à comprendre le jeu d’un de ses
rouages, son caractère divin aussitôt dis-
paraît (2). y>
Avec l’écrivain que je viens de citer, je
reconnais que cette première conclusion est
prématurée; je dis même qu’elle est déplo-
rable. A travers quelles erreurs ou infirmi-
tés du dogmatisme d’un côté, et de scepti-
cisme de l’autre, arrive-t-on à penser ainsi?
G’est ce que nous n’avons pas à rechercher.
Espérons que cela ne durera pas ; que la foi
religieuse, qui survécut sans choc à la no-
tion erronée de la fixité de la terre, survivra
(1) Loin d’être « singulier, » ce fait est tout na-
turel, conforme à ce qui a toujours été et qui sera
toujours. C’est le principal caractère de la vérité :
chasser le merveilleux. A mesure que la lumière
se fait, l’obscurité disparaît : c’est logique. Il en est
de l’erreur comme d’un écheveau de fd emmêlé :
quand on en a trouvé le sens, toute difficulté dis-
paraît. [Rédaction.)
(2) Darwinism in morals, in Theological Re~
wiew, april 1871.
PSEUDOTSUGÂ DAVIDIANA.
37
à celle de la fixité absolue des espèces qui
l’habitent; que dans l’avenir, même plus
que dans le passé, la foi dans un ordre
qui forme la hase de la science ne sera
pas séparée de la foi dans un ordonnateur (1),
qui est la base de la religion. Asa-Gray.
Traduit du Gardener’s Ghronicle
'par H. Jamain fils.
PSEUDOTSUGA DAVIDIANA
Si, à cause de l’insuffisance des documents
que nous possédons, nous ne pouvons dire
d’une manière absolue quelle est la vérita-
ble place que doit occuper l’espèce qui fait
le sujet de cette note, nous pouvons du
moins affirmer qu’elle est nouvelle et que
jusqu’à ce jour nous ne sachions pas qu’il
en existe nulle part en Europe de sembla-
ble. Elle est même tellement rare en Chine,
d’où elle est originaire, que, ainsi que nous
le disons plus loin, l’on n’en a trouvé qu’un
seul individu. L’heureux découvreur est
l’abbé David, à qui toutes les sciences natu-
relles sont si redevables, la France particuliè-
Fig. 3. — Branche de Pseudotsuga Davidiana Fig. 4. — Portion de rameau de Pseudotsuga Davidiana
(1/10® de grandeur naturelle). (grandeur naturelle).
rement, qu’il a dotée de bon nombre d’échan-
tillons qu’elle ne possédait pas.
Cette espèce est tellement différente de
tout ce que nous connaissons, que, ne pou-
vant la faire entrer dans ^ aucun des genres
établis, nous avions créé pour elle celui de
Pseudo Ahies, à cause de la communauté de
! plusieurs de ses caractères avec ceux du
î (1) Mais quel est-il, et où est-il, cet ordonnateur
1 qui forme c( la base de la religion, » si, ainsi qu’on
le remarque, la science lui] est funeste, et si,
comme le dit Frances Power Cobbe, à mesure
que l’on connaît mieux les choses, « le caractère
divin disparait? » Qu’on ne l’oublie pas, ce n’est
; point dans un monde imaginaire, mais dans le
i inonde réel, c’est-à-dire dans la nature, où il se
i montre partout et dans tout, qu’il faut chercher
cet ordonnateur, et c’est la science, la science
seule, dépouillée du « vieux levain, » c’est-à-dire
genre Ahies, |dont pourtant elle se sépare
nettement par certains autres. Nous avions
pris cette détermination, lorsque, sur le
point de publier, nous avons appris qu’un
jeune savant, M. Bertrand (2), avait fait une
étude particulière de cette plante, étude qui
lui a démontré qu’elle rentre dans le genre
Pseudotsuga, que nous avons établi (3), et
des erreurs de la tradition, qui n’est autre que
l’enfance de l’humanité : c’est l’ange, pourrait-on
dire, qui est appelé à nous éclairer, à nous « puri-
fier, » comme dit l’Ecriture. Rappelons-le bien,
ce n’est pas avec la foi aveugle qu’on fait de la
science digne de ce nom ; c’est au contraire avec
le doute, qui est le pionnier, le compagnon indis-
pensable de la vérité, et qui y conduit.
(Rédaction.)
(2) G. E. B., Journal de ITnstitut, janvier 4872.
(3) Traité général des Conifères, 2® édit,, p. 256.
PSEUDOTSUGA DAVIDIANA.
38
avec laquelle il a créé l’espèce Davidiana,
que nous nous empressons d’adopter et que
nous allons décrire.
Pseudotsuga Davidiana G. E. B., m
Herh. Mus. Paris {sine descriptio). Grand
arbre dont le port, dit l’abbé David, ressem-
ble, quand on le voit de loin, à celui d’un
Araucaria. Branches (figure 3) étalées ho-
rizontalement, ramifiées latéralement comme
celle desAhies. Feuilles (fig. 3 et 4) siibdis-
ttques par renversement, longues de 3-5 cen-
timètres, larges d’environ 4 millimètres,
épaisses, coriaces, fortement carénéesen des-
sous , largement canaliculées en dessus , à
bords repliés et constituant à la partie infé-
rieure , de chaque côté de la carène , un
large sillon. Gônes (figure 5) assez longue-
ment pédonculés, pendants (1), longs de 12-
(1) Bien que nous n’ayons aucun renseignement
sur la position des cônes du Pseudotsuga Davi-
diana, et que nous ne les ayons vus que détachés
des rameaux, nous avons la certitude, vu la lon-
gueur de leur pédoncule, qu’ils ne peuvent occuper
15 centimètres sur environ 6 de diamètre
quand ils sont ouverts. Ecailles persistantesj
non gibbeuses, dépourvues de protubérance,
par conséquent d’apophyse, un peu réflé-
chies au sommet, qui est recouvert par l’ex-
trémité des ailes des graines qui persistent
et restent dans le cône même après l’ouver-
ture des écailles. Ecailles roux fauve, rap-
pelant exactement par l’aspect, la forme, la
nature et les dimensions celles du Pinus
strohus. Bractées divisées la-
ciniées, atteignant environ la
moitié de la hauteur de l’é-
caille, à division centrale plus
longue, acuminée mucronée.
Graines (figure 5) irréguliè-
rement trigones, cunéiformes,
à aile persistante blanc jau-
nâtre, luisante, assez consis-
tante, longue de 2 centimètres
à partir de la gaine, large de
15 millimètres dans son plus
grand diamètre.
Ainsi qu’on peut en juger
par la description qui pré-
cède et s’en convaincre par
les figures 3, 4 et 5, le
Pseudotsuga Davidiana est
une espèce des plus curieu-
ses. La plante est originaire
de la Ghine, où elle paraît être
assez rare , puisque l’abbé
David, qui pourtant a beau-
coup voyagé dans diverses
parties de cet empire, n’en
a jamais rencontré qu’un seul
individu planté dans une pro-
vince des environs de Pékin, |
lequel, a-t-il dit, présentait '
de loin un aspect très-joli,
semblable à celui d’un Arau- |
caria. I
Get individu est-il le seul !
qui existe en Ghine? Le fait
paraît au moins douteux, et
il est permis d’espérer que dans un pays si
vaste et où tant de parties n’ont pas encore
été visitées des Européens, l’on trouvera
bientôt quelque représentant de celte espèce
si intéressante, et qu’alors on pourra en in-
troduire des graines qui permettront de la
multiplier en Europe
E.-A. Garrière.
d’autre position lors de leur complet développe-
ment; le fait ne peut être douteux. S’il en était
autrement, ce ne pourrait être que pendant leur
jeunesse, époque où tous les cônes sont dressés.
Nous ne connaissons, du moins, pas d’exception.
LES CATALOGUES.
39
■ t.-
LES CATALOGUES
! Un extrait du catalogue des cultures de
de M. F. Morel, pépiniériste à Vaise-Lyon,
fait connaître les végétaux actuellement dis-
ponibles dans cet établissement, et qui sont
particulièrement consacrés à l’arboriculture
fruitière et ornementale : arbres fruitiers pro-
prement dits, arbres et arbustes variés, Co -
nifères. Rosiers, Pivoines en arbre. Cléma-
tites, etc., etc.
M. Dumas, jardinier chef à la ferme-école
de Bazin (Gers), vient de publier son cata-
■' logue prix-courant, qui est spécial aux ar-
; bres fruitiers : Poiriers, Pêchers, Pru-
niers, etc. On trouve dans cet établissement
un choix des variétés les plus méritantes.
I On y trouve surtout beaucoup de variétés
de Pêchers propres au climat du Midi, et
qu’on trouverait difficilement ailleurs.
Avec un extrait des plantes disponibles
dans son établissement, M. Schmitt, horti-
culteur, rue Saint-Pierre- de-Vaise, à Lyon,
envoie une circulaire pour annoncer la vente
d’une nouvelle Fraise qu’il a obtenue dans
son établissement, et qu’il nomme Fraisier
Schmitt. C’est une nouvelle variété du Frai-
sier des Quatre-Saisons. Voici qu’il en dit :
Ce Fraisier — issu de la variété Gloire-de-
Saint-Genis-Laval — n’est pas le produit d’un
: récent semis. Depuis six ans je le possède ; j’ai
! donc pu apprécier exactement ses qualités.
C’est une variété excessivement productive ;
du printemps aux gelées elle ne cesse de fructi-
fier, et les récoltes sont en tout temps d’une
égale abondance. Le fruit est le plus gros des
variétés des Quatre-Saisons; la chair est ferme,
' juteuse, sucrée et délicieusement parfumée...
On trouve également dans cet établisse-
: ment des plantes diverses de serre, à feuil-
1 îage ornemental ou à fleurs, des Dah-
lias, etc.
De même que les années précédentes,
M. Ortgies, directeur du Jardin botanique
j de Zurich (Suisse), vient de publier une
! liste des graines récoltées par M. Roezl en
j septembre 1872, dans les montagnes Ro-
cheuses et dans diverses parties du nord du
Nouveau-Mexique. La plupart de ces grai-
nes appartiennent à des espèces rares ou
peu connues, qui, de plus, présentent
l’avantage d’être à peu près rustiques sous
i notre climat. Adresser les demandes à
I M. Ortgies, au Jardin botanique de Zurich,
à qui l’on pourra aussi demander un cata-
logue, ce que nous engageons de faire, vu
l’importance de ces graines.
M. Claude Sahut, horticulteur, marchand
grainier à Montpellier, vient de publier un
extrait de catalogue propre aux graines et
plantes qu’il est en mesure de fournir. On
trouve dans cet établissement, l’un des plus
remarquables du midi de la France par
l’étendue et la variété des cultures qu’il
renferme, des collections de graines pota-
gères, fourragères, d’arbres et d’arbus-
tes, etc.; une collection de Nerium (Lau-
riers roses), probablement la plus complète
qu’on puisse se procurer aujourd’hui. En
effet, elle ne comprend pas moins de cin-
quante variétés à fleurs simples, et vingt-
quatre à fleurs doubles. Nous trouvons aussi
indiquées sur l’extrait de catalogue dont
nous parlons quelques nouveautés obtenues
dans l’établissement de M. Sahut, et dont voici
les noms : Althœa pompon pourpre, Au-
bépine royale à feuilles panachées, Cu-
pressas Goweniana glaucescens,Escalonia
stenopetala ruhra, Fusain du Japon py-
ramidal à très-grandes feuilles, Lagers-
trœmia elegans carnea. Taxodium sem-
pervirens ferrugineum, Tecoma grandi-
fiora ruhra.
Dans une circulaire qu’il vient de publier,
M. Boucharlat aîné informe les horticulteurs
et amateurs qu’il livrera au commerce, à
partir du 1^'’ janvier 1873, quelques plantes
nouvelles, presque toutes obtenues dans son
établissement. Ce sont: deux Pélargoniums
zonales à fleurs doubles; un Pélargonium
zonale « d’un nouveau genre : '» V Avenir ;
puis douze autres variétés également nou-
velles, appartenant aussi aux Pélargoniums
zonales ; une variété de la section des uni-
ques ; deux variétés de Lantana ; une
de Verveine, « la Phénoménale, d’une gran-
deur unique et de toute perfection, presque
monopétale; » puis douze autres variétés;
une Chrysanthème : Globe d'or, « fleur
grande, croisée, pleine, pétales tuyautés, à
rayon d’un jaune jonquille éclatant ; » en-
fin, une variété AOxalis : VOx. alba ar-
borea, cc variété de VOx. rosea, d’un blanc
de neige. »
M. Eugène Mezard, horticulteur à Rueil
(Seine-et-Oise), avantageusement connu de
nos lecteurs pour sa spécialité de Pélargo-
niums zonale, et à qui l’horticulture est déjà
redevable de variétés très-méritantes, a livré
au commerce, à partir du 15 novembre
1872, huit nouvelles variétés à fleurs sim-
ples. On trouve dans cet établissement une
MULTIPLICATION DE L’EXOCORDA GRANDIFLORA
collection complète (environ 400 variétés) de
Pélargoniums appartenant aux diverses sec-
tions de ce genre, ainsi que plusieurs autres
genres de plantes herbacées particulièrement
propres à l’ormentation des jardins pendant
l’été.
A partir du 25 mars prochain, M. Alé-
gatière, horticulteur, chemin de Saint-Priest,
àMonplaisir-Lyon(Rhone), mettra au com-
merce quelques nouveautés inédites très-
remarquables appartenant aux Pélargo-
7iiwns zoucile à fleuvs doubles et aux Œil-
lets remontants. Parmi les premiers se
trouve la variété à fleurs blanehes, plante
des plus remarquables et dont il a été déjà
question dans ce journal (1) : c’est Aime
Sisley, obtenue par M. Jean Sisley, et dont
voici la description : a Plante naine, trapue
et florifère ; feuillage petit, zoné vert foncé ;
fleurs blanches (même teinte que Madame
Vaucbé) , doubles et de moyenne gran-
deur. » Deux autres variétés, Asa-Gray et
Charles Lyell, également obtenues par
M. Jean Sisley, sont des plus remarquables
par leur coloris nouveau. Jeanne Aléga-
tiëre et Exposition de Lyon sont des va-
riétés de premier mérite, obtenues par
M. Alégatière. Ces plantes, également à
fleurs doubles, rentrent, par leur coloris,
dans la sériej'du P. Victoire de Lyo7i, qui
est aussi un gain de M. Jean Sisley.
Les Œillets remontants qui vont être
mis au commerce le 25 mars prochain par
M. Alégatière, qui en est l’obtenteur, sont
au nombre de quatre. Dire qu’ils sont d’un
mérite hors ligne serait au moins inutile
pour ceux qui savent que M. Alégatière,
qui fait de ce genre une spécialité, n’a ja-
mais mis au commerce que des plante&
d’élite.
Au lieu d’un catalogue, c’est une circu-
laire que vient de publier M. D. L’Huil-
lier, horticulteur, faubourg Saint-Pierre, à
Nancy; elle est relative aux plantes nouvelles
obtenues dans son établissement, etqu’illivre
à partir du 15 janvier 1873. — La première
de ces plantes est le Fuchsia serratifolia
grandiftora, à « nombreuses et éclatantes
fleurs, rehaussées d’un large et beau feuil-
lage... » Puis viennent trois variétés de Pe-
largonium à grandes fleurs dont M. Sisley,
dans son compte-rendu de l’exposition de
Lyon (Rev. hort., 1872, p. 345), a fait res-
sortir le mérite, deux Pélargonium zonale
à fleur simple ; huit variétés de Pétunias,
dont quatre à fleur double ; quatre variétés
de Verveines ; enfin, comme a haute nou-
veauté, )) deux Pelargo7iium zonalehü.e.\xYS
doubles : VAlha plena, plante vendue par
M. Boucharlat aîné, et dont il a été plusieurs
fois question dans la Revue (voir 1872,
p. 161 et 342), et D. UHuillier, « pro-
clamée par toutes les personnes qui l’ont
cultivée l’année dernière comme la plus
jolie variété de zonales à fleurs roses ,
doubles, connues jusqu’à ce jour »
E.-A. Carrière.
MULTIPLICATION DE L’EXOCORDA GRANDIFLORA
Il est peu de nos lecteurs qui ne con-
naissent VExocorda grandijlora, si ce
n’est sous ce nom, du moins sous celui de
Spiraea grandiflora. C’est un arbuste vi-
goureux, à très- grandes fleurs blanches non
odorantes, très-jolies, et qui par leur aspect
— moins les caractères, bien entendu, —
et surtout par leur disposition en sorte d’épis
terminaux, rappellent assez exactement celles
d’un Seringat {Philadelphus) à grandes
fleurs. Toutefois, notre but n’étant pas de
décrire les fleurs de VExocorda, qui sont
assez connues, mais seulement d’en indi-
quer la multiplication, nous allons faire con-
naître celle-ci. Jusqu’ici cette espèce, quoi-
que jolie et très-rustique, est toujours rare,
ce qui tient à la difficulté de sa propagation.
Ne donnant pas encore de graines, que nous
sachions du moins, il faut recourir aux
(1) V. Revue horticole, 1872, p. 3(54.
moyens ordinaires (boutures et couchages),
qui ne réussissent que très-difficilement et
demandent toujours un temps assez long.
Quant à la greffe, on ne pouvait non plus
l’employer, ne connaissant pas de sujet sur
lequel on pût la pratiquer. Il en est autre-
ment aujourd’hui ; Texpérience a démontré
qu’on peut greffer VExocorda sur ses pro-
pres racines, absolument comme on le fait
des Tecomas, des Glycines, etc. L’époque
qui paraît la plus favorable pour pratiquer
cette opération est la fin de l’hiver ou le
commencement du printemps. Les greffes
faites, on les repique en terre de bruyère,
soit à l’air libre, ou mieux abritées sous
cloches, soit dehors, soit dans une serre à
multiplication, où elles reprennent très-
bien. J. Goujon.
Orléans, imp. de G. Jacob, Cioitre Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine de janvier)
Continuation de la température exceptionnelle de l’hiver; violent orage du 19 janvier. — Reprise du
cours de M. Auguste Rivière, au Luxembourg. — Plantes nouvelles livrées au commerce par
M. J.-B. Rendatler, horticulteur à Nancy. — Rapport de M. Duclaux sur le Phylloxéra. — Une
excursion dans l’inlérieur du Japon : lettre du docteur Auguste Hénon. — Panachure des Roses
résultant de la greffe. — Moyen de prolonger la récolte des Tomates sur pied; conservation des
Tomates : communication de M. J.-B. Carbou. — Dernière séance du Congrès pomologique de France,
à Lyon ; M. Mas, président : médaille d’or décernée à M. Mas. — Moyen de préserver des rongeurs
les semis de Pois : communication de M. Ferdinand Gloède. — Le Phylloxéra et les Vignes améri-
caines. — La Société d’horticulture de Soissons et les instituteurs ; M. Salleron : communication de
M Lambin. — Trente-unième Exposition de la Société d’horticulture du Bas-Rhin, les 27 et 28 avril 1873.
— Le Chou-Fleur Gamhe\j. — La température dans l’Ille-et-Vilaine : lettre de M. Bouvet. — Les
Manguiers de M. Lafon, à Bordeaux. — Produitsjébrifuges du Laurier d’Apollon; compte-rendu de
M. Dorain.
Bien que nous soyons en plein hiver, la
température est toujours à peu près la
même, celle du printemps ; aussi, si nous
en parlons, ce n’est pas avec l’intention de
l’apprendre à nos lecteurs qui, sous ce rap-
port, en savent tout autant que nous, mais
seulement pour constater et enregistrer le
fait, de manière que plus tard, il puisse ser-
vir de point de comparaison.
Ainsi, depuis plus d’un mois, une seule
fois, le 7 janvier, croyons-nous, le thermo-
mètre, le matin à sept heures, marquait un
degré au-dessous de zéro ; la nuit il était
descendu à — 2. Excepté cela, il a varié, le
matin de -h 2 à -h 7, et dans la journée de
-h 8 à -h 12-50. Doit-on, comme le font
tant de gens, s’en alarmer, en s’appuyant
sur cette hypothèse : que les végétaux vont
pousser plus qu’ils ne devraient le faire, et
qu’il pourra venir des gelées tardives qui
les feront souffrir et compromettront cer-
taines récoltes, celle des fruits par exemple?
Tel n’est pas notre avis. D’abord, la chose
ne servirait à rien ; ensuite il arrive très-
fréquemment que c’est à la suite d’hivers
longs !et très-rigoureux qu’il survient des
gelées tardives, qui détruisent les fleurs et
les fruits. Donc, puisque les fortes gelées
de décembre et de janvier n’empêchent pas
les arbres fruitiers ni les vignes d’être ge-
lés en avril-mai, et puisque d’autre part il
n’est pas vrai, ainsi que le croient encore
tant de gens, « que les gelées détruisent
les insectes, » elles ne sont pas aussi in-
dispensables qu’on le dit. Attendons pour
juger ; mais un fait que nous devons rappe-
ler et consigner, non qu’il soit sans exemple,
mais parce qu’il est rare, c’est un violent
orage, survenu à Paris le 19 janvier, de
sept heures et demie à environ neuf heures du
1er février 1873.
soir, pendant lequel les éclairs et le ton-
nerre ne discontinuaient pas ; à une pluie
assez abondante était mélangée une très-
grande quantité de grêle ; c’est à ce point
que le 22, c’est-à-dire trois jours après, il y
en avait encore dans certains endroits où
elle s’était accumulée. Doit-on, en pensant à
ce vieux proverbe : « Quand il tonne en
janvier, la truie n’a rien à faire sous le poi-
rier, » en conclure que la récolte des Poires
est compromise? Non. Les faits que nous ve-
nons de rappeler ne pourraient avoir d’in-
fluence que si les Poiriers étaient en fleurs
ou portaient de jeunes fruits qui puissent
en souffrir, ce qui heureusement n’est pas.
Toutefois, ne nous hâtons pas de juger : de-
puis deux jours nous entrons dans une pé-
riode sensible de froid. Nous y reviendrons.
— M. Auguste Rivière, jardinier en chef
du Luxembourg, a commencé son cours
public et gratuit de culture et de taille des
arbres fruitiers, le mercredi 22 janvier, dans
le pavillon de la Pépinière. Il le continuera
les lundi, mercredi et vendredi de chaque
semaine, à neuf heures du matin.
— M. J.-B. Rendatler, horticulteur à
Nancy, dans une circulaire qu’il vient de
publier, fait connaître les plantes nouvelles
obtenues dans son établissement, et qu’il
livre au commerce à partir du 20 jan-
vier 1873. Ce sont d’abord 26 variétés de
Pétunias ainsi reparties : 11 à fleurs doubles
et à pétales dentés ; 10 à fleurs également
doubles, mais à pétales entiers ; enfin 5 à
fleurs simples. — Quatre variétés de Pe-
largoniums à fleurs doubles ; puis neuf à
fleurs simples ; — trois variétés d’Hélio-
tropes ; — cinq de Delphinium ; — trois
3
V2 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER).
variétés de Phlox decussata et huit appar-
tenant à la section dite pyramidcde omni-
flore; cnün, quatre variétés dePentstemons,
plantes qu’on ne peut trop recommander
pour l’ornement des jardins.
— D’une communication faite à l’Institut
par M. Duclaux qui avait été chargé par cette
compagnie de faire un rapport sur le Phyl-
loxéra, il résulte que l’on ne connaît en-
core aucun remède pour détruire cet insecte,
que le seul moyen qui a donné de bons ré-
sultats est la submersion complète, recom-
mandée par M. Faucon, et dont nous avons
déjà parlé dans la Revue. Dans ce rapport,
après avoir fait connaître quelques particu-
larités sur la nature des différents terrains,
et de quelques conditions qui paraissent
utiles ou nuisibles au développement du
plylloxera , mais qui en réalité n’offrent
que très-peu d’intérêt, M. Duclaux trace la
marche qu’a suivie le terrible insecte depuis
l’époque où, pour la première fois, l’on a
constaté sa présence: c’était, paraît-il, en
1865, sur le plateau de Pujaut, aux envi-
rons de Roquemaure. Depuis ce moment, il
n’a cessé de s’étendre, non seulement en
France, mais même en Europe. Mais la
plus triste conclusion qu’on peut tirer du
rapport de M. Duclaux, c’est que le pyl-
loxera, en France, a déjà envahi plus d’un
million d’hectares de vigne. Dans notre pro-
chaine chronique, nous reviendrons sur ce
sujet et entrerons à cette occasion dans
quelques détails que nous croyons de nature
à intéresser nos lecteurs.
— Voici un extrait d’une lettre de M. le
docteur Auguste Hénon, en date du 17 oc-
tobre 1872, que nous a communiqué M. Jean
Sisley, et que nous croyons devoir repro-
duire :
... Nous avons passé trois jours à Kohé ; cette
ville, presque européano- américaine, est assez
jolie. Il y a à environ trois milles de distance
une charmante cascade dans la montagne;
nous y avons fait une excursion ; de là nous
sommes revenus à travers champs, en suivant
les sentiers des rizières. Nous avons trouvé dans
plusieurs fossés l’Irts Kæmpferi encore très-
bien fleuri. Le pays est très-beau et beaucoup
plus chaud que Yokoama ; outre l’Oranger à
petites feuilles à trois lobes, il y a dans les jar-
dins de gros Orangers, et on cultive de grands
«champs de Coton, ainsi que des Caladium, ces
•derniers pour leurs racines alimentaires. 11 y a
dans quelques jardins des Bananiers, mais ils
ne portent jamais de fruits.
Nous sommes partis le 7 octobre de Kobé pour
Osaka, qui est une ville de 7,000 à 8,000 âmes,
presque entièrement japonaise ; nous avons vi-
sité la Monnaie et le marché aux poissons, le
mieux approvisionné que faie jamais vu : les
Halles de Paris sont bien peu de chose à côté. On
y voit de grandes quantités de poissons, dont les
uns ressemblent aux nôtres, mais dont une quan-
tité d’autres me sont inconnus.
Nous sommes partis le 9 pour Kioto, la ville
sainte, qui n’est pas encore ouverte aux Euro-
péens ; nous avons visité le palais du Mikado,
et nous sommes les premiers Européens qui
aient visité l’intérieur. J’y ai vu des peintures
de Heurs et d’oiseaux, aussi ou peut-être plus
belles que tout ce que j’ai vu dans ce genre en
Europe.
J’ai vu à Kioto la fameuse salamandre longue
de 1 mètre, et qui est très-rare et très-recher-
chée comme aliment; elle vient des lacs Biwa.
Il ressort de la lecture de cette intéres-
sante lettre que, ainsi que nous l’avons plu-
sieurs fois déjà dit, nous connaissons peu —
et surtout mal — le Japon, soit pour le cli-
mat, soit pour ses cultures, soit même au
point de vue du bien-être et des ressources
qu’il présente. On est même en droit de sup-
poser que sous certains rapports il y a là de
quoi rabattre un peu de nos prétentions à
nous croire toujours le « premier peuple de la
terre. » Ceci considéré relativement, bien
entendu.
— Tout récemment, en parcourant la
Revue horticole, nous avons trouvé à la
page 179 de l’année 1871 un article de
notre grand maître en arboriculture, M. Du
Breuil, intitulé : Panachure des Roses ré-
sidtant de la greffe, qui nous a rappelé
celui extrait du Giardini, dont nous avons
parlé récemment (1), avec lequel même il
nous a paru avoir beaucoup d’analogie quant
aux résultats. En effet, dans l’un comme
dans l’autre cas, au moyen de la greffe en
écusson, on obtient des variétés particu-
lières autres que celles dont on s’est servi
pour effectuer les greffes. Voici ce que dit
M. Du Breuil, l. c.:
L’opération de la greffe donne lieu parfois à
des anomalies singulières sur les individus ob-
tenus à l’aide de ce procédé. Je vais en citer un
nouvel exemple que je trouve sur mes notes de
voyage.
Au mois de juillet 1867 je visitais, à Bagnères-
de-Bigore, le jardin d’un juge, grand amateur
d’arboriculture et de floricultnre, et dont je re-
grette d’avoir oublié le nom. Il me montra plu-
sieurs Rosiers à haute tige, entre autres la va-
riété Géant des batailles, dont toutes les fleurs,
d’un rouge foncé, étaient sur certains individus
maculées de nombreuses taches d’un rose pâle.
(1) Revue horticole, 1873, p. 12.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER). 43
Je fis la même remarque sur d’autres variétés de
couleur moins foncée, telles que celles du Gé-
néral Jacqueminot, par exemple. Tous ces Ro-
siers étaient d’abord dans un très-bon état de
végétation, et présentaient tous les autres carac-
tères inhérents à leur variété. Le propriétaire,
M. X., m’affirma que cette panachure était cons-
tante, et que les Rosiers que j’observais avaient
alors six à huit ans de greffe. 11 m’affirma éga-
lement qu’elle était transmissible au moyen de
la greffe.
Quelle pouvait être la cause de cette bizarre-
rie? M. X. m’apprit qu’obligé, il y a quelques
années, faute de mieux, de lever des écussons
dépourvus d’yeux apparents, il en obtint cepen-
dant une pousse qui donna lieu à un Rosier dont
toutes les fleurs offraient la particularité dont
je viens de parler. Il attribua cette coloration
anormale à la conformation imparfaite de l’écus-
son employé. Il répéta alors ce mode d’opérer,
et obtint le même résultat. Aujourd’hui, il fait
naître cette panachure à volonté, en procédant
comme il vient d’être dit.
On pourra juger nos dires en se reportant
à l’article extrait du journal italien, tant par
le mode d’opérer que par les résultats ob-
tenus. Toutefois, nous n’affirmons pas que
les procédés soient identiques; seulement,
nous avons voulu appeler l’attention sur leur
similitude, de manière à prendre date, et
au besoin à revendiquer la priorité dans le
cas où il y aurait identité dans le mode
d’opérer, et alors de rendre à César ce qui
appartient à César.
Mais si, d’une autre part, et en écartant
la priorité de la découverte du procédé, on
cherche à tirer des conclusions des faits, on
sera amené à reconnaître que ceux-ci sont
complexes, peut-être locaux ou inhérents à
telles ou telles variétés. Très-souvent, en
effet, — surtout pour les variétés nouvelles
ou rares, — les rosiéristes se servent d’yeux
à peine développés, et nous ne sachions pas
qu’ils obtiennent des résultats semblables à
ceux que nous venons de faire connaître. Il
y a donc là sinon des mystères, mais des
lois de végétation qui ne sont pas connues,
et sur lesquelles nous appelons l’attention.
— La lettre suivante, que nous a adressée
notre collègue, M. Carbou, contient certains
faits qui peuvent intéresser nos lecteurs, ce
qui nous engage à la publier :
Carcassonne, le 12 décembre 1872.
Monsieur le directeur.
Tout le monde sait que, en horticulture
comme en toute autre chose, les plus petites
observations, les moindres renseignements pro-
duisent souvent de très-bons résultats. Aussi,
est-ce avec cette conviction et le désir d’être
utile à quelques-uns de vos lecteurs que je m’em-
presse de vous faire part d’une de ces petites
observations, qui bien qu’en apparence peu im-
portante, pourrait néanmoins produire de très-
bons résultats. Il s’agit de la Tomate. Voici le
fait :
Cette année, ma récolte de Tomates a été plus
abondante qu’elle ne l’était ordinairement, fait
que je dois à un procédé auquel personne ne fait
attention, et que je vais faire connaître. Après
que j’eus cueilli les fruits de mes Tomates et de
deuxième fleur, je supprimai tous les pédoncules
qui avaient produit leur fruit, et je coupai
aussi toutes les branches mutilées ou tachées,
les feuilles à demi-sèches ou gâtées, en un mot
je réhabillai de nouveau toutes mes plantes, et
donnai ensuite un bon labour à la houe, et j’ar-
rosai copieusement. Au bout d’un très -petit
nombre de jours, je remarquai une exubérance
de végétation des plus belles : les fruits, qui sem-
blaient arrêtés, reprirent de la force et devinrent
magnifiques ; de manière que par ce procédé de
nettoyage des plantes, j’ai obtenu une prolonga-
tion de la récolte de ce précieux légume jusqu’en
décembre, tandis qu’auparavant, lorsque j’aban-
donnais mes plantes ainsi qu’on est dans l’habi-
tude de le faire, elles étaient presque toutes
sèches en septembre.
Ce procédé, s’il était généralisé, dispenserait
plusieurs de nos jardiniers de faire des planta-
tions en juin, comme on le fait souvent, pour
avoir des Tomates à l’arrière-saison ; car, en les
traitant ainsi (j’entends toujours que les Tomates
auront été soumises au palissage et à la taille),
on pourrait se procurer la jouissance de ce pré-
cieux légume jusqu’aux gelées.
La Tomate étant une plante robuste et ne
craignant guère que la gelée, se trouvera tou-
jours garnie d’un grand nombre de fruits ; aussi
est-il très-important, lorsqu’on prévoit les pre-
mières gelées, de couper tous les fruits avec une
partie de leurs branches, et de les suspendre
soit dans une serre, soit dans tout autre lieu à
l’abri de la gelée, où ils mûriront parfaitement.
De cette manière, on en conservera bien avant
dans la saison froide.
Pour jouir de ce légume bien plus longtemps,
beaucoup d’amateurs coupent les Tomates par
morceaux, les mettent dans des bouteilles, que
l’on remplit avec de l’eau salée. On ferme her-
métiquement, et on fait bouillir pendant quelques
minutes dans une chaudière.
Veuillez agréer, etc. J.-B. Carbou.
— Dans sa séance du 4 octobre 1872, le
Congrès pomologique de France, à Lyon, a
élu son président. M. Mas ayant obtenu
toutes les voix, moins une, — on sait la-
quelle, — a été proclamé. C’est de bon au-
gure. Dans cette même séance, l’assemblée
a décidé qu’on allait immédiatement impri-
mer le huitième volume de la Pomologie,
qui devra clore cet ouvrage. Ensuite l’as-
44 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE DE JANVIER).
semblée ayant à décerner une médaille d’or
à la personne qui avait rendu les plus grands
services à la pomologie, procéda au scrutin
secret, qui accorda tous les su tirages à
M. Mas. — Le choix ne pouvait être meil-
leur.
Avant de clore sa session, l’assemblée,
sur la proposition qui lui en a été faite, a
décide que le prochain congrès, pour 1873,
sera tenu à Marseille.
— Ce que nous avons dit dans notre chro-
nique du 1®*' janvier dernier, page 7, au
sujet de la préparation des Pois, nous a valu
l’intéressante lettre suivante, que certaine-
ment bon nombre de nos lecteurs liront avec
plaisir. La voici :
Eppenzorf-Hamhourg, 9 janvier 1873.
Monsieur et cher collègue,
Je vois dans le dernier numéro de la Revue
horticole un moyen pour combattre les ravages
que font les rongeurs dans les semis de Pois.
Peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt pour vos
lecteurs de connaître un préservatif qui m’a
toujours donné des preuves incontestables d’ef-
ficacité, bien que je sois persuadé que bon
nombre de personnes en France Paient employé
avant moi. Néanmoins, je crois qu’une bonne
chose ne peut jamais être trop répandue ou ré-
pétée lorsqu’il s’agit de choses d’une utilité géné-
rale, par conséquent utiles à l’humanité. Voici
comment je procède :
Vingt-quatre heures avant de semer, je fais
tremper mes Pois dans de l’eau, et, après les avoir
retirés, je les saupoudre avec du minium, en les
agitant en tous sens pour bien faire adhérer
cette substance à la totalité. Ensuite je plante
comme on le fait, et jmnais, depuis plus de dix
ans que j’employe le minium, mes semis n’ont été
attaqués.
Il arrive même quelquefois que dans les pre-
miers semis, qui restent assez longtemps en terre
sans germer, des oiseaux grattent et retirent
quelques Pois, mais les laissent ensuite sur terre
et n’y touchent plus. Est-ce la couleur rouge qui
les effraie, ou bien ont-ils l’instinct de ce que le
minium les empoisonnerait? Je ne saurais le dire ;
toujours est-il que mes Pois ne sont point man-
gés et qu’ils lèvent régulièrement, tandis que si
par un motif quelconque j’ai semé un rang ou
deux sans minium, ils sont dévorés dans l’es-
pace de quelques jours, de manière qu’il faut en
semer d’autres.
En attendant, je vous prie, Monsieur et cher
collègue, d’agréer mes salutations amicales.
Ferdinand Gloède.
Nous sommes doublement satisfait de
l’intéressante communication qui précède ;
d’abord parce qu’elle fait connaître un pro-
cédé utile et pratique dont pourront profiter
nos lecteurs, ensuite qu’elle nous procure le
plaisir de nous entretenir avec notre col-
lègue M. Gloède, ce dont nous étions privé
depuis trop longtemps.
— L’idée qu’on avait émise dernièrement
de se défendre contre le phylloxéra en gref-
fant nos Vignes sur des espèces américaines,
et que nous avons combattue, était double-
ment mauvaise : d’abord parce que, ainsi que
nous l’avons dit, le procédé n’est pas possible,
ensuite parce que les Vignes américaines,
les types, dit-on, sont elles-mêmes envahies
par ce terrible insecte. Ainsi, dans une lettre
qu’il vient de nous adresser de Munich (Ba-
vière), notre collègue, M. Kolb, nous dit:
M. P)abo, un des plus célèbres viticulteurs de
l’Autriche, publiera prochainement une bro-
chure sur le phylloxéra. Les Vignes sont mal-
heureusement envahies par ce terrible insecte,
qui lui est arrivé par des Vignes américaines.
Espérons que le célèbre viticulteur autri-
chien sera plus heureux que nos savants, et
que son livre ne se bornera pas à la des-
cription de l’insecte, que nous connaissons
beaucoup trop, hélas ! et qu’au lieu de nous
faire connaître simplement la chose, il nous
indiquera le moyen de nous en débarrasser,
ce qui est bien préférable.
— L’intéressante lettre de M. Paul des
Héberts, président de la Société d’horticul-
ture d’Yvetot, que nous avons publiée ré-
cemment (1), nous en a valu une non moins
intéressante de notre collègue et collabora-
teur M. Lambin, et que nous reproduisons
à cause des bons enseignements qu’elle con-
tient. La voici :
Soissons, 4 décembre 1872.
Mon cher rédacteur.
En parcourant le numéro du Pr décembre 1872
de la Revoie horticole, j’y ai trouvé une lettre de
M. Paul des Héberts, relativement à l’enseigne-
ment horticole, et dans laquelle, après avoir cité
les paroles de M. Joigneaux et les pensées si éle-
vées de notre ami Charles Baltet, il exprime le
désir de voir se généraliser de plus en plus
l’enseignement horticole dans nos campagnes.
Les moyens employés par la Société d’horti-
culture d’Yvetot, et qu’indique M. des Héberts,
sont certainement ceux à l’aide desquels l’on
pourra arriver vite et bien à augmenter l’ai-
sance des habitants de la campagne, puisque
dans le présent comme dans l’avenir ils devront
bénéficier des moyens inspirés par ces géné-
reux sentiments de patriotisme. Aussi, félicitons-
nous tout particulièrement la Société d’horticul-
ture d’Yvetot, et son digne président, d’avoir
(1) V. Revue horticole, 1872, p. 442.
Ao
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER).
admis gratuitement dans son sein les institu-
teurs. Ôn ne pouvait assurément choisir de meil-
leurs vulgarisateurs, ni de plus solides et instruits
porte-drapeaux.
La Société d’horticulture de l’arrondissement
de Soissons en sait quelque chose, depuis dix ans
qu’elle a associé à son œuvre les 142 institu-
teurs de son rayon, lesquels, depuis, n’ont cessé
de participer à ses travaux. Et pour rendre l’en-
seignement plus efficace, cette Société s’est at-
taché un professeur qui, chaque mois, se rend
dans un chef-lieu de canton, et fait aux institu-
teurs, aux amateurs, ainsi qu’aux jardiniers réu-
nis, une conférence sur V arboriculture fruitière,
sur la culture maraîchère, et parfois aussi sur
la culture des fleurs de pleine terre. Elle a, de
plus, et en y consacrant une partie de ses res-
sources, organisé, dans un terrain d’une con-
tenance de 12,000 mètres, un jardin d’expé-
riences où se trouvent réunies une école fruitière,
une école maraîchère, ainsi que les espèces
d’arbres et d’arbustes les plus intéressants.
Enfin, pour compléter son enseignement, la So-
ciété organise en ce moment un jardin bota-
nique dans lequel elle réunit les plantes les
plus utiles à l’industrie, à la médecine et au
commerce, qu’elle doit à la générosité du Mu-
séum d’histoire naturelle de Paris.
De son côté, le Conseil général de l’Aisne vote
chaque année un assez fort crédit, spécialement
affecté à l’entretien du Jardin des instituteurs,
de sorte que ceux-ci n’ont qu’à demander à la
préfecture une subvention en rapport avec leurs
besoins, et qui leur est toujours accordée.
A la fin de chaque année, une commission
nommée par le bureau central de la Société vi-
site leurs jardins, fait un rapport dans lequel
elle signale les améliorations obtenues, et dé-
signe les plus méritants, qui reçoivent en ré-
compense de leurs efforts des médailles d’or, de
vermeil, d’argent ou de bronze. Presque tou-
jours, des personnes généreuses ajoutent à la
récompense des arbres fruitiers ou des traités
d’horticulture reconnus les meilleurs et choisis
par le professeur de la Société.
Enfin, si dans l’association, composée d’un mil-
lier de membres, le malheur s’est appesanti sur
une famille, des sociétaires aux sentiments éle-
vés et généreux ajoutent des secours qui prévien-
nent les premiers besoins et enraient la gêne, et
cela avec la plus grande discrétion. Voilà en un
mot, mon cher directeur, le but de cette Société :
moraliser et instruire les habitants de la cam-
pagne par un travail intelligent et rémunérateur.
Pour être juste, nous devons ajouter que les
Sociétés d’horticulture de Senlis, de Clermont,
de Montdidier, et tout particulièrement de Beau-
vais, précèdent ou suivent dans cette voie la So-
ciété d’horticulture de Soissons, avec cette seule
différence, croyons-nous, que ces Sociétés n’ont
pas admis gratuitement les instituteurs au
nombre des membres de leur famille horticole.
Mais, nous le constatons, pour que ces nobles
et judicieuses pensées réussissent, il faut à la
tête de semblables institutions des hommes
pleins de cœur et de dévoûment, et dont l’intel-
ligence soit à la hauteur du patriotisme ; en un
mot, qu’ils ressemblent à l’homme de bien que
la Société d’horticulture de Soissons a eu la dou-
leur de perdre il y a peu de temps, M. Charles
Salleron, fondateur et président de cette So-
ciété.
A vous, cher ami.
E. Lambin.
C’est avec plaisir que nous publions cette
lettre, sur laquelle nous appelons tout par-
ticulièrement l’attention de nos lecteurs, et
qui montre que la Société d’horticulture de
Soissons est depuis longtemps entrée dans
la véritable voie du progrès. Nous sommes
heureux de cette circonstance, qui nous per-
met de rendre un hommage bien mérité à
cette Société, qui, à tous les points de vue,
peut être prise comme modèle.
— Le dimanche 27 et le lundi 28 avril
1873, la Société d’horticulture du Bas-Rhin
fera sa 31® exposition de fleurs, de fruits,
d’arbustes, de légumes, etc., à laquelle elle
convie les horticulteurs de tous les pays. Le
jury aura à sa disposition 6 médailles d’or,
10 médailles d’argent de l*"® classe et
15 médailles d’argent de 2® classe, ainsique
des mentions honorables et des mentions
(( très -honorables, » ce qui peut faire sup-
poser qu’il en est de l’honneur comme des
médailles, qu’il y en a de valeurs diffé-
rentes.
— Le numéro 34 (1872) des Annales de
la Société horticole, vigneroime et fores-
tière, à Troyes, contient l’indication d’une
nouvelle variété de Chou-Fleur, le Chou-
Fleur Gamhetj, obtenu de semis en 1871
par M. Auguste Gambey, et dont voici la
description :
C’est une variété de Chou-Fleur tendre, de
printemps, dont les caractères présentent quel-
que analogie avec le Chou-Fleur Lenormand et
le Chou-Fleur Salomon.
La feuille est plus large que celle du Chou-
Fleur Lenormand, et le bord n’en est pas on-
dulé ou gaufré comme sur le Chou-Fleur Sa-
lomon.
Le feuillage bien développé prend un aspect
plutôt dressé qu’étalé, ce qui permet de plan-
ter les sujets à une moins grande distance. Par
exemple, on peut en mettre six par panneau de
châssis au lieu de quatre.
La pomme est forte, unie et légèrement bom-
bée; le grain en est serré, d’un beau blanc, et
lent à se diviser. Cette variété marque aussitôt
que le Salomon.
Le Chou-Fleur Gambey est robuste, à pied
43
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER).
très-court, et convient aussi bien à la culture
forcée qu’à la culture à froid.
M. A. Gambey est maraîcher à Saint -
André.
— Le 5 janvier, M. E. Bouvet nous adres-
sait de Saint - Servan (Ille-et-Vilaine) une
lettre dont nous extrayons le passage sui-
vant, qui nous paraît de nature à intéresser
nos lecteurs :
...Le mois de décembre a été tellement doux,
que j’ai cueilli des Framboises parfaitement mûres
le 1er et le 2 janvier. La température moyenne
a été de 8», l’une des plus élevées que l’on
connaisse. Par contre, ce mois a été, ici comme
partout, horriblement pluvieux: 144 millimètres
d’eau répartis en vingt-six jours de pluie. Quant
à la tempête du 10, qui a été si violente dans
certaines parties de la France, elle s’est bornée
ici à une forte brise qui n’a causé aucun dégât.
11 y a toute apparence que la douceur du temps
va continuer en janvier; mais tout me fait pré-
voir que février sera très-rigoureux. Avis aux
amateurs!
Agréez, etc. E. Bouvet.
Tout en remerciant notre collaborateur,
M. Bouvet, de son intéressante communi-
cation, nous désirons vivement qu’il soit
trompé dans ses prévisions, et nous ne crai-
gnons pas de nous tromper en disant qu’il
est de notre avis.
— Dans une lettre qu’il nous adressait
dernièrement, M. J.-E. Lafon nous donnait
quelques détails au sujet des magnifiques
Manguiers qu’il a fait venir du Brésil, et
dont nous avons parlé dans ce journal (I).
Ces renseignements, qui intéressent à la fois
l’horticulture et la science, nous paraissent
devoir être connus, ce qui nous engage à
les publier. Voici ce qu’il nous écrivait le
10 décembre 1872 :
Cher Monsieur,
Vous avez publié il y a quelque temps déjà,
dans voire journal, l’histoire de deux Manguiers
expédiés de Pdo-Janeiro par M. Glaziou à mon
adresse, et leur arrivée heureuse après une tra-
versée longue et difficile.
L’un de ces Manguiers, après avoir développé
deux fois, celte année, des pousses énormes,
produit en ce moment une troisième végé-
tation , et se charge de grappes de fleurs
qui ont commencé à paraître le 23 novembre,
et qui aujourd’hui mesurent 20 à 30 centimètres
de longueur. Il y en a ainsi trente-sept ; les au-
tres branches prennent également un accroisse-
ment très-grand et développent des bifurcations
nombreuses.
(1) Revue horticole^ 1872, p. 103.
Ceci me surprend d’autant plus, que mes
serres chaudes n’avaient pas encore été chauf-
fées. La température de la terre dans laquelle
ce Manguier est cultivé était de 17 degrés centi-
grades ; celle de la serre variait suivant le temps,
et, non couverte, descendait dans les matinées
froides à 7 ou 8 degrés.
Quelques fleurs commencent à se développer
franchement, et conformément à la description
et à la gravure donnée par M. Ilooker dans son
fie volume de la 3^ série, p. 4510.
Pour essayer d’obtenir la fructification, chose
difficile en cette saison, j’ai élevé la température
de ma serre, et surtout de la terre qui renferme
les racines. Aujourd’hui, j’y maintiens 26 de-
grés, et le jour, dans ma serre, entre 25 et 35.
Quelques fleurs sont parfaitement dévelop-
pées, et laissent voir le fruit, qui paraît formé.
Je vous donnerai plus tard d’autres détails, et
yous dirai ce que j’ai pu obtenir.
Pour féconder ces fleurs, mon jardinier-chef
les brosse légèrement avec des pinceaux en poil
très-fin. J’arrose aussi avec des eaux pluviales
chargées de sucs nutritifs, et à la température
de 75 degrés centigrades.
Veuillez agréer, etc. J.-E. Lapon fils,
30, rue Neuve, à Bordeaux.
On peut voir par cette lettre, et ainsi que
nous Lavons déjà dit, que M. J.-E. Lafon
est un de ces rares amateurs qui font tous
les sacrifices nécessaires pour atteindre au
but qu’ils visent. Espérons que tant de soins
et de dépenses seront suivis de succès, et
que bientôt nous pourrons faire savoir à nos
lecteurs que, grâce à M. Lafon, on a fait à
Bordeaux une ample récolle de Mangues,
fruit considéré comme le meilleur de tout
ce que l’on peut envier aux pays étran-
gers.
— Tous les jours de nouvelles décou-
vertes viennent agrandir le cercle des con-
naissances humaines, lesquelles, en justifiant
cette parole de l’Évangile : « Cherchez, et
vous trouverez, » montrent que c’est à
l’homme à s’occuper de l’homme, et qu’il
est le véritable arbitre de sa destinée, mais
aussi que, faisant partie du grand tout, il
doit subir les lois qui le régissent, lois dont
il peut toutefois modifier le cours de ma-
nière à les faire tourner à son profit : trans-
former les choses et changer le mal en bien,
ce qu’il fait à chaque instant. Métaphori-
quement, on peut dire que l’homme est un
grand magicien qui a la création pour
théâtre. En effet, combien de maux n’est-il
pas arrivé à guérir à Laide de substances
considérées comme mortelles ! Dans ses
mains, le curare, V arsénié, la strychnine,
le terrible venin du crotale ou serpent à
LE PEUPLIER RÉGÉNÉRÉ.
47
sonnette, sont devenus des médicaments
précieux à l’aide desquels on rétablit les
santés altérées.
Tous les jours encore de nouveaux pro-
duits sont découverts là où on n’en soup-
çonnait même pas la présence, bien qu’on
les ait fréquemment sous les yeux. De ceux-
ci il en est un qui, bien qu’il ne se rat-
tache pas à l’horticulture, nous paraît devoir
trouver place dans cette chronique, d’une
part à cause des services qu’il est appelé à
rendre à l’humanité, de l’autre parce qu’il
est le produit d’une plante bien connue et à
la portée de tout le monde. Le fait est rap-
porté dans les Comptes-rendus de Vlns-
titut, numéro du 4 novembre 1872, d’où
nous l’extrayons. Voici comment s’exprime
M. A. Dorain, l’auteur de cette décou-
verte :
J’ai l’honneur de signaler à l’Académie les
produits fébrifuges et anti-périodiques du Lau-
rier d’Apollon {Laurns nobilis).
Mode de préparation. — Je dessèche les
feuilles vertes sur le feu à une douce chaleur,
dans un brûloir à café, clos, afin d’éviter Ja dé-
perdition des matières volatiles, jusqu’à ce
qu’elles soient devenues casssantes, mais sans
leur laisser subir d’altération. Je les pile et les
réduis en poudre assez fine.
Mode d’administration. — Je fais macérer
dans un verre d’eau froide, durant dix ou douze
heures, 1 gramme de ma poudre ; deux heures
avant le moment présumé de l’accès, je fais
prendre au malade la liqueur et la poudre. Aucun
effet anormal ne se produit; le plus souvent
l’accès ne paraît pas dès l’absorption du premier
paquet. Je ne fais suivre aucun traitement,
aucun régime pendant les huit jours. Je répète
cette médication trois fois par jour.
Résultats. — Je n’ai pas eu un insuccès dans
les cas de fièvre quotidienne ou tierce, môme de
ceux qui étaient rebelles à l’action du sulfate de
quinine. J’ai la conviction que si mon remède
avait été appliqué de la même façon dans les
fièvres quartes, il aurait produit les mêmes
effets.
Ajoutons que, d’après cette note, cinq
autres médecins placés dans différentes par-
ties de la France auraient obtenu des ré-
sultats analogues à ceux qui viennent d’être
rapportés. Ainsi, sur trente- quatre cas qu’ils
citent, ils ont obtenu vingt-huit succès.
Tous ces faits autorisent à croire que le
traitement de M. A. Dorain est efficace, et
comme, d’une autre part, il n’est pas dis-
pendieux, et qu’il est tout particulièrement
à la portée des horticulteurs, jardiniers et
amateurs d’horticulture, puisque à peu près
tous cultivent la plante — Laurus nobilis
— avec laquelle on l’opère, nous osons
croire que nos lecteurs nous pardonneront
de nous être un peu écarté de notre sujet,
et d’avoir consacré quelques lignes à autre
chose qu’à des faits horticoles. Mais, après
tout, est-ce vraiment déserter la cause? et
n’est-ce pas servir l’horticulture que d’indi-
quer aux horticulteurs un moyen de recou-
vrer la santé lorsqu’ils l’ont perdue ?
E.-A. Carrière.
LE PEUPLIER RÉGÉNÉRÉ
Depuis quelques années la culture du
Peuplier suisse a pris beaucoup d’exten-
sion dans les vallées de la Marne, de l’Oise
et de l’Aisne. Si l’on recherche les motifs
qui ont poussé beaucoup de propriétaires à
adopter cette culture dans ces différentes
contrées, on est frappé d’étonnement devant
ks résultats qu’ils obtiennent et les nom-
breux avantages qu’ils en retirent, surtout
dans des terrains qui, la plupart du temps,
se refusent à toute autre culture, soit à cause
de la mauvaise qualité du sol, soit par suite
des difficultés que présente toute autre es-
pèce de récolte, puis que, le plus souvent,
les plantations sont effectuées dans des ter-
rains marécageux ou tourbeux, ne produi-
sant que des joncs ou des herbes dures, re-
fusées même par les animaux les moins
difficiles sur la nourriture.
Les plantations de Peupliers, dont l’origine
se perd dans la nuit des temps, ont été, jus-
qu’à ce jour, créées à l’aide du Peuplier blan-
châtre {Populus canescens), vulgairement
appelé grisard ; du Peuplier tremble {Popu-
lus tremula), et tout particulièrement en
employant le Peuplier à chapelet {Populus
monilifera), appelé encore dans la pratique
Peuplier suisse ou Peuplier de Virginie.
L’avantage que procure cette dernière va-
riété sur la variété dite grisard est incontes-
table, quoique le bois de ce dernier offre
plus de dureté et de solidité que le Peuplier
suisse; mais il croît moins vite, et tandis
qu’à 25 ans on peut exploiter le Peuplier
suisse, le grisard n’est exploitable que 10
ou 15 ans plus tard, c’est-à-dire de 35 à 45
ans, si l’on veut en retirer, à plantations éga-
les, un revenu net aussi élevé qu’en em-
ployant le Peuplier suisse.
Malgré les nombreux avantages que pré-
48
LE PEUPLIER RÉGÉNÉRÉ.
sentent ces deux sortes d’arbres, et les ser-
vices qu’ils ont rendus jusqu’à ce jour, ils
sont actuellement détrônés par le Peuplier
régénéré.
Qu’est-ce que le Peuplier régénéré, et
qu’entend-on par cette nouvelle variété? C’est
autant de questions auxquelles il nous est
impossible de répondre, malgré les nom-
breuses recherches que nous avons faites
jusqu’à présent, et les renseignements de-
mandés aux pépiniéristes qui le cultivent
exclusivement et qui en vendent depuis
quelques années par milliers dans les con-
trées citées plus haut. Encore une fois, cette
sorte est due au hasard ou à des essais de
culture perfectionnée dont elle serait le ré-
sultat (1). Pour nous, nous nous bornons à
constater le fait, tout en engageant les per-
sonnes qui ont des Peupliers à planter à
essayer cette intéressante variété, leur assu-
rant d’avance qu’elles en seront satisfai-
tes. Ce Peuplier a beaucoup de ressemblance
avec le Peuplier suisse ; il en sort très-pro-
bablement, avec cette différence qu’il est
beaucoup plus vigoureux ; ses feuilles sont
aussi plus grandes, et le grain du bois est
plus serré et plus fin.
D’après les observations faites par plu-
sieurs propriétaires, et notamment par
M. Garder, d’Oulchy-le-Château (Aisne), sa-
vant et passionné sylviculteur, qui depuis
30 ans plante cette essence dans tous les
terrains qu’il trouve à acheter, on a constaté
que le produit du Peuplier régénéré
égalait à 20 ans le même produit obtenu
avec le Peuplier suisse à 25 ans, les deux
variétés également plantées dans les mêmes
conditions d’âge, de terrain et de climat. Il
y a donc un grand avantage à planter le
Peuplier régénéré, puisque, cinq ans plus
tôt, on peut capitaliser le produit total de
l’exploitation, et recommencer aussi cinq
ans plus tôt la replantation du terrain ex-
ploité en employant encore la même essence.
A Valsery, près Cœuvres, il existe une
plantation assez considérable de ces Peu-
pliers, qui succèdent, nous a dit le proprié-
taire, à deux autres plantations dont la pre-
mière avait été faite il y a environ cinquante
ans. Cette troisième plantation, âgée d’une
dizaine d’années, donne les plus belles espé-
rances, et le planteur espère aussi pouvoir
les exploiter encore lui-même !
Culture. — Cette variété de Peuplier
aime, comme ses congénères, un sol argi-
leux et frais, et vient même admirablement
(1) Voir la note à la fin de cet article.
dans les lieux marécageux; elle végétera
d’autant plus vigoureusement, que ses raci-
nes avoisineront un cours d’eau.
La multiplication se fait à l’aide de bou-
tures ou de plançons mis dans une pépi-
nière située dans un terrain frais. Quelques
ébourgeonnages sur la tige pendant la vé-
gétation et quelques binages pendant l’été
suffiront pour élever les jeunes plants. On
leur conserve une tige unique à laquelle
on réserve précieusement l’extrémité supé-
rieure.
A moins d’être par trop pressé de planter,
il faudra attendre que les plants aient 3 ans
de pépinière pour effectuer les plantations
qu’on aurait à faire. Mais il serait préférable
cependant de choisir des plants de 2 ans,
forts et vigoureux, plutôt que d’avoir recours
à des plants âgés de 4 ans, dont les tiges sont
dures et la reprise toujours moins assurée.
Pour le succès d’une bonne plantation, nous
ne pourrions trop recommander les plants
de 3 ans, dont la circonférence, à l"* 20 du
sol, est de 16 à 18 centimètres. Dans les
terrains marécageux, on peut se dispenser
de plants enracinés; il suffît de détacher
sur des arbres adultes des rameaux droits
et sains, ayant environ 2 mètres de hauteur,
et de les ficher en terre à la profondeur de
30 centimètres, en ayant soin, comme pour
les autres plantations, de les aligner au cor-
deau ou à l’œil en les plantant.
Si la plantation est faite sur les bords
d’un fossé, d’une rivière, d’un champ cul-
tivé ou d’une route, les arbres pourront être
plantés à 5 mètres les uns des autres sur la
ligne ; à cette distance, ils auront encore as-
sez d’air et de lumière pour se développer
dans de bonnes conditions. Mais si la plan-
tation est faite en plein, il faudra les espa-
cer de 6 à 8 mètres en tous sens, pour faire
acquérir plus de solidité aux tissus ligneux.
Nous verrons plus loin comment l’intervalle
entre les lignes devra être rempli.
Lorsqu’on opère sur un terrain par trop
marécageux, il faut, pour obtenir de bons
résultats, diviser à l’aide de fossés le terrain
par bandes parallèles de 4 ou de 8 mètres
de largeur, et rejeter sur l’espace resté libre
la terre extraite des fossés. Si la plate-bande
a 4 mètres de largeur, il ne faudra planter
qu’une rangée de Peupliers et la placer au
centre ; au contraire, faire deux rangées si la
plate-bande a 7 mètres de largeur, et dans
ce cas placer les arbres sur le sommet de
la terre rejetée des fossés, et àl mètre 50 du
bord de ceux-ci.
La première année de plantation, les
LE PEUPLIER RÉGÉNÉRÉ.
soins consistent à supprimer à la serpette,
pendant la végétation, les bourgeons qui se
développent depuis la base jusqu’à la pre-
mière couronne de branches, et les années
suivantes, si l’on veut avoir de beaux arbres,
l’élagage devra être fait soigneusement à la
serpe et à raz de l’écorce, en conservant 5 à
6 couronnes de branches destinées à appeler
la sève vers la partie supérieure de l’arbre.
En laisser moins, c’est paralyser la végéta-
tion, en enlevant une partie des organes
respiratoires et absorbants ; en conserver
plus, c’est circonscrire la végétation à la base
du tronc et faire dévier dans les branches
latérales une certaine quantité de sève des-
tinée à la tige, qui a dix fois plus de valeur
pour l’industrie que les branches latérales,
qu’on ne peut employer qu’à l’état de bois
de chauffage de troisième ou quatrième
choix.
Vers la vingtième année, les arbres sont
bons à exploiter, et si les soins, qui sont peu
nombreux du reste, leur ont été donnés
avec méthode, les arbres vaudront l’un dans
l’autre environ 20 fr. Dans certains terrains,
ils vaudront plus, et les cultivateurs m’ont
assuré que, sur les bords des rivières ou des
routes, la végétation se chiffrait annuelle-
ment par 1 fr. 50 de bénéfice. En se
contentant de 20 fr. pour 20 années de plan-
tation, on arrive encore à un fort beau résul-
tat si, par hectare, on a planté de 4 à 500
Peupliers. C’est donc 8 à 10,000 fr. de trou-
vés sur un terrain destiné la plupart du
temps à une stérilité complète. Il est vrai
qu’on aura à déduire les frais d’achat d’ar-
bres, si on ne les a faits soi-même ainsi que
ceux de plantation, de loyer du terrain et les
contributions. Mais nous ferons remarquer
que si la culture des Peupliers est faite dans
une prairie où l’herbe est de bonne qualité,
la récolte n’en sera guère amoindrie les pre-
mières années, et que aussi, dans ces condi-
tions, l’arbre rapportera plus de 20 fr. en
vingt années. Ce produit est certainement
remarquable, et on ne l’obtiendra d’aucune
autre espèce en aussi peu de temps. Gomme
la plantation de cette essence convient tout
particulièrement dans les terrains maréca-
geux, impropres à tout pâturage, les frais de
plantation, dans ces sortes de terrains, se-
ront encore diminués par le produit d’une
plantation d’ Aulnes, faite la même année
que les Peupliers, et de laquelle on retire
tous les cinq ans environ un bénéfice fort
avantageux, qui compense au delà les frais
généraux de la plantation entière. Les touf-
fes d’ Aulnes doivent être espacées de 1“ 50
49
en tous sens et plantées parallèlement aux
lignes de Peupliers.
En résumé, le Peuplier régénéré réussit
très-bien dans notre climat, dans les terrains
humides et marécageux; il croît rapidement,
et il donne un bois précieux pour beaucoup
d’usages; aussi, dans bien des circonstances,
il égale au moins le Sapin, avec la diffé-
rence qu’il croît plus vite que ce dernier.
E. Lambin.
Nous sommes heureux de pouvoir répon--
dre, en partie du moins, aux questions que
vient de poser notre collaborateur et ami,
M. Lambin, dans l’intéressant article qu’on
vient de lire ; nous extrayons ces renseigne-
ment de notes que nous avons publiées sur
ce Peuplier. Voici ce que nous écrivions
dans la Revue horticole, 1865, p. 58 :
.... L’origine de ce Peuplier est obscure. D’a-
près les renseignements que nous avons pu re-
cueillir, le Peuplier régénéré aurait été obtenu
vers la fin de 1814, par M. Michia, pépiniériste à
Arcueil, près Paris, du Populus Virginiana, plus
généralement connu sous le nom de Peuplier
suisse, mais sans qu’il le remarquât. Ce fut
M. Romanet (1), qui vers cette même époque était
pépiniériste particulier de M. le duc de Laro-
chefoucault, à Montmirail, et ayant eu besoin de
plants de Peupliers, s’adressa à M. Michia, qui le
lui fournit. C’était vers 1816.
M. Romanet, qui observait avec soin la crois-
sance de ses arbres, en remarqua un qui, par son
faciès et particulièrement par sa végétation, dif-
férait des autres ; il le multiplia autant qu’il put
le faire, et pour le distinguer le nomma Peuplier
régénéré. Plus tard, il en donna à M. Bujot, pé-
piniériste à Chiary, près Château-Thierry (Aisne),
qui le multiplia et le vendit sous le nom de Peu-
plier Bujot, nom sous lequel on ne le connaît
plus guère aujourd’hui.
Le Peuplier régénéré diffère du Peuplier de
Virginie par sa vigueur beaucoup plus grande,
par son écorce beaucoup plus lisse, et surtout
par la forme particulière de sa tige, qui permet
de le reconnaître même à distance ; cette tige,
au lieu d’être allongée et presque de la même
grosseur dans une grande partie de la hauteur,
est sensiblement conique, renflée à la base, puis
rétrécie en allant vers le sommet, de sorte que
l’ensemble forme un cône assez resserré.... Les
personnes qui désirent se procurer le Peuplier
régénéré pourront s’adresser à M. Terré, jardi-
nier à Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne).
Dans un autre article, l. c., p. 277, reve-
nant sur le Peuplier régénéré, et après
avoir constaté que ce Peuplier est femelle
(1) M. Romanet est aujourd’hui agent de la Com-
pagnie du canal de l’Ourcq, chargé spécialement
des pépinières de ladite Compagnie, à Lizy-sur-
Ourcq. '
50
COLORATION DES FEUILLES A L’AUTOMNE.
(ce qui est un inconvénient pour les prairies
ou pâturages dans lesquels cet arbre est
planté), nous ajoutions :
.... Au point de vue de la vigueur et de la ra-
pidité de croissance, et par conséquent de l’avan-
tage que sous ce rapport les Peupliers régénérés
présentent sur l’ancienne sorte, nous mainte-
nons de tout point ce que nous en avons dit. La
plus-value qu’ils présentent sur les anciens est
d’environ 2 à 3 fr. par arbre de 18 ans, plus-
value qui augmente en disproportion et qui, par
exemple, pourrait être au moins de 6 à 10 fr.
pour des arbres de 25 à 30 ans.
Disons en terminant que, aujourd’hui,
dans toute la vallée de l’Ourcq, le Peuplier
régénéré est à peu près le seul qu’on
plante.
{Rédaction.)
COLORATION DES FEUILLES A L’AUTOMNE
Plusieurs personnes m’ayant adressé à peu
près cette question : Comment expliquez-
vous qu'à Vauto7nne les feuilles vertes de
plusieurs arbres et arbustes se colorent en
jaune ou en rouge? je crois devoir géné-
raliser ma réponse en la publiant dans ce
journal.
D’abord, on sait que les feuilles des arbres
et des arbustes sont généralement des lames
minces, de formes diverses, composées de
faisceaux fibreux vasculaires (pétiole et
nervures) qui en forment la charpente, et
dont l’intervalle est plus ou moins rempli
par du tissu cellulaire recouvert d’un épi-
derme dans lequel, au microscope, on cons-
tate, surtout à la page inférieure, un nombre
considérable de stomates ou [glandes épi-
dermoïdales, sortes de bouches servant de
pores respiratoires et évaporatoires.
Ensuite, il est admis que, à l’aide de ces
stomates, les feuilles, soumises à l’influence
de la lumière, absorbent l’acide carbonique
et dégagent l’oxygène, tandis que l’eflèt in-
verse se produit dans l’obscurité, mais avec
des proportions inégales quant à l’oxygène ;
enfin, que généralement les feuilles des
arbres et des arbustes sont vertes, puis
qu’à l’automne presque toutes se colorent
en brun, en jaune ou en rouge, états qu’on
peut expliquer de la manière suivante :
La coloration verte des feuilles provient
d’une matière contenue dans le tissu cellu-
laire, se dissolvant dans l’alcool, et qui a
reçu le nom de chlorophylle ;
2» La coloration en brun précède ou suit
la chute des feuilles ; c’est l’abandon de la
vie, la désorganisation des fibres et des tissus
qui doivent se convertir bientôt en humus :
elle ne peut être séparée des fibres et des
tissus par aucun dissolulif. Sévèrement exa-
minée, ce n’est pas une coloration orga-
nique, mais, pourrait-on dire, l’état rrior-
bifère de toutes les feuilles de nos arbres et
arbustes ;
3o La coloration en jaune des feuilles, à
l’automne, indique la présence dans les
fibres et les tissus d’une matière appelée
xanthophylle, soluble dans l’alcool ;
4» Enfin, la coloration en rouge des
feuilles, à l’automne, indique l’existence
dans les fibres et les tissus d’une matière
qui a reçu le nom à'érythrophylle, et que
dissout l’alcool.
Quelques physiologistes ont attribué les
changements du coloris des feuilles à la pri-
vation de nourriture à l’automne, à un état
maladif de l’arhre et de l’arbuste, enfin à
la transformation de la chlorophylle en xan-
thophylle ou en érythrophylle.
La première et la deuxième de ces hypo-
thèses doivent être rejetées, attendu que le
changement de coloration des feuilles à
l’automne est un fait normal, périodique et
spécial à telle ou telle espèce ou variété,
tandis que la privation de nourriture à l’au-
tomne est propre à tous les arbres et ar-
bustes, sans distinction d’espèces et de va-
riétés, et que la maladie est un état irrégulier
et normal.
La troisième paraît possible et accep-
table ; mais comment'expliquer la transfor-
mation?...
C’est pour répondre à la question qui
nous a été posée que nous avons entrepris
de longues et nombreuses expériences, dont
les résultats déjà connus nous portent à
croire que le changement du coloris des
feuilles à l’automne doit être attribué au
développement d’un pigment jaune ou
rouge dont nous avons constaté l'exis-
tence, à l’état latent, dans les mêmes
feuilles vertes. Donc, au lieu de transfor-
mation, il y aurait substitution.
Quant au développement de ce pigment,
nous dirons que tant qu’une certaine rela-
tion existe entre la durée des fonctions
diurnes et nocturnes des feuilles, il y a pro-
duction et conservation de la chlorophylle ;
mais lorsque par la prolongation des nuits,
à l’automne, celte relation n’existe plus, il
Rei>LLe Hor/Roh>..
-Rûicrei^^: dely.
Ch/’'07TU}ZiéR G: Se'Z>er^ez/7ZS .
J£jf/ran(jea pofuru/aéa jmn<^i/7am.
IIYDRANGEA PANICULATA GRANDIFLORA. — CULTURE DU MUGUET.
51
y a, par suite cFune surabondance d’oxygène
absorbé, production de principes vivifiant
le pigment à l’aide desquels il doit s’étendre
sur la surface de la feuille.
Ceci est basé sur ce principe admis : que
la durée relative de la lumière et de l’obs-
curité règle la quantité d’acide carbonique et
d’oxygène absorbée et dégagée parles feuilles.
Nous pensons que les résultats des ex-
périences que nous avons entreprises, et
qui ne sont pas encore terminées, viendront
confirmer ce que nous avons dit plus haut.
S’il en était autrement, nous nous ferions
un devoir de le publier.
Rafarin.
HYDRANGEA PANICULATA GRANDIFLORA
I Une des meilleures introductions qu’on a
faites dans ces dernières années, au point de
vue de l’ornement, c’est assurément la plante
I que nous allons décrire, V Hydrangea pa-
niculata grandiflora, que représente la
1 figure coloriée ci-contre, et dont voici la
description :
i Arbuste de 50 à 80 centimètres de hau-
' teur, à rameaux nombreux étalés ou tom-
i bants, couverts d’une écorce roux foncé.
1 Feuilles caduques,, pétiolées, opposées ou
I ternées, — et dans ce dernier cas il y en a
I deux qui sont presque opposées, — ellip-
I tiques, atténuées aux deux bouts, acumi-
nées au sommet qui est mucronulé, cour-
tement dentées, à dents distantes, couchées,
d’un vert foncé, scabres de toutes parts, sur-
tout en dessus par des poils courts ; pétiole
très-réduit, un peu rugueux, d’un gris roux
i comme l’écorce. Fleurs de deux sortes, les
stériles longuement tubulées, à tube grêle,
terminé par quatre divisions largement
oblongues, d’abord blanches, puis d’un rose
i qui présente toutes les nuances les plus dé-
licates, pour, en dernier, passer au rouge
violacé vineux, parfois verdâtre. Fleurs fer-
tiles, très-petites, relativement rares, pla-
cées çà et là parmi les autres, parfois réu-
CULTURE
I Les Muguets {Convallaria majalis, L.)
étant cultivés principalement pour la fleur
forcée, il est important de n’avoir que des
griffes à fleur pour le forçage ; dans ce but,
et pour faire cette culture avec avantage, il
faut laisser la plantation en place pendant
trois années ; si on la relevait la deuxième
année, il y aurait beaucoup de griffes qui
ne seraient pas à fleur, et si on attendait la
quatrième année, ces mêmes griffes seraient
tellement serrées et les unes sur les autres,
que la majeure partie des plantes ne seraient
pas constituées, qu’elles ne produiraient
que des feuilles.
nies en petits groupes, et alors plus nom-
breuses.
VHydrangea paniculata grandiflora,
Sieb., est originaire du Japon, d’où il a été
introduit vers 1864 par M. Siebold, qui en
a vendu la propriété à M. Lemoine, horti-
culteur à Nancy. C’est une plante de pre-
mier mérite, que par conséquent on devra
trouver partout ; elle vient dans presque
tous les terrains, à toutes les expositions; et
quelles que soient les conditions où elle se
trouve, elle fleurit abondamment. Sa rusti-
cité est complète, et sa multiplication est des
plus faciles ; les boutures s’enracinent très-
promptement, et l’on peut également la
multiplier par éclats.
Cette espèce, de même que plusieurs au-
tres du même genre, a les fleurs marces-
centes et changeantes (mutables), de sorte
que l’aspect de ses fleurs varie de jour en
jour : après avoir passé du rose très-tendre
carné au rose foncé, elles prennent une cou-
leur rouge cuivré ou ferrugineux qui, après
avoir augmenté d’intensité, s’affaiblit pour
passer au brun verdâtre. Les ramifications
florales semblent tendre à la lignosité.
E.-A. Carrière.
ü MUGUET
La plantation du Muguet doit être faite
dans une terre bien meuble et légèrement
humide, car les plants se desséchant très-
facilement seraient fanés avant que la pluie
ne parvienne jusqu’à eux, et une fois fanés,
la moisissure s’y mettrait à la première
humidité ; cependant si la terre était trop
humide , les plants étant si rapprochés ,
l’air, en y pénétrant, produirait le même
effet.
La plantation du Muguet se fait en rangs
espacés d’à peu près 25 centimètres de dis-
tance ; on fait de petites dranchées dans les-
quelles on place les griffes, de façon à ce
5^
CULTURE DU MUGUET.
qu’elles se trouvent recouvertes d’environ
4 à 5 centimètres de terre. Au moment de
planter, les racines des griffes seront cou-
pées à environ 3 ou 4 centimètres du collet;
cette opération n’est aucunement nuisible et
simplifie, par conséquent facilite beaucoup
la plantation.
Les Muguets peuvent être plantés à l’au-
tomne dans les mois d’octobre et de no-
vembre, et au printemps en février et
mars ; mais cette époque est la dernière
limite ; plus tard, l’opération réussirait mal.
La meilleure terre pour une plantation de
Muguet est une terre sableuse et fraîche.
Les griffes à fleur qui ont été cultivées dans
cette terre seront bonnes à forcer à partir
du 15 novembre jusqu’à la fin de la saison ;
au contraire, les griffes cultivées en terre
argileuse, ou dépourvue de sable (comme
les terres tourbeuses de la Plollande), ne
peuvent être soumises qu’au forçage tardif,
c’est-à-dire au plus tôt vers la fin de
janvier.
Le terrain où doit être fait une plantation
de Muguet ne doit pas être fumé avec des
engrais frais, mais avec du terreau ou de la
gadoue bien consommée. Quand l’époque
de l’arrachage est arrivée, c’est-à-dire vers
la fin de septembre, on relève le carré en
masse. Les griffes à fleur sont mises à part,
placées en jauge et recouvertes de terre ,
d’où on les tire au fur et à mesure du
besoin. Les griffes qui ne seront pas à fleur
seront mises dans une fosse et recouvertes
de terre ; il ne faut pas les placer trop
épais, afin d’éviter la fermentation.
On distingue très-facilement les griffes de
Muguet qui sont à fleur de celles qui ne le
sont pas : les premières ont le bout du bou-
ton presque carré, et en pressant un peu,
on le trouvera comme plein et dur; au
contraire, les griffes qui ne sont pas à fleur
sont plus pointues, coniques, et quand on
les presse, on sent qu’elles sont plus molles.
Forçage. — Les griffes choisies pour le
forçage doivent avoir les racines taillées
plus ou moins longues, suivant la saison où
elles sont employées . Si le forçage se fait de
bonne heure, les racines seront coupées à
environ 7 à 8 centimètres du collet ; pour
celles forcées au printemps, 5 à 6 centi-
mètres suffisent.
Le rempotage des griffes de Muguet est
une opération assez difficile, et bien que
très-simple en soi, elle exige un peu d’ha-
bitude pour être faite convenablement. Il
faut prendre d’abord un peu de terre dans
la main gauche, puis placer dessus quatre
griffes de Muguet, un peu de terre sur les
racines, puis quatre autres griffes, et ainsi
de suite jusqu’à ce que l’on ait douze ou
quinze griffes dans la main ; on couvre les
racines de terre, et on presse le tout de
façon à rendre la poignée aussi compacte
que possible; ensuite on prend un godet
d’environ 10^ centimètres de diamètre, on
met un peu de terre au fond, et prenant la
poignée de griffes à deux mains, on l’intro-
duit dans le godet, en la serrant de manière
à ce que les racines soient courbées le
moins possible ; ensuite on écarte symétri-
quement les plantes dans le pot, en intro-
duisant bien la terre dans les racines, et en
foulant fortement. Il ne faut pas que le
bouton de la griffe soit le moins du monde
enterré ; cela exposerait la fleur à pourrir
avant son développement. Il n’y a au con-
traire aucun inconvénient à ce que les ra-
cines soient hors de terre de quelques mil-
limètres. Après l’empotage on donne une
bonne mouillure, et on laisse les potées
dans une serre froide jusqu’à ce que la serre
à forcer soit prête à les recevoir.
La serre à forcer les Muguets doit être
A UNE PENTE et exposée au midi, basse,
PLATE et bien éclairée. La température doit
être chaude et humide. Les potées de Muguet
seront placées sur une bâche au-dessous
de laquelle doivent passer au moins deux
tuyaux de chauffage ; ces tuyaux devront
être entièrement renfermés, afin de pou-
voir donner une forte chaleur au pied des
Muguets ; de petits réservoirs seront placés
sur les tuyaux, afin de produire une chaleur
humide, et de petites trappes seront ména-
gées pour laisser échapper la chaleur de la
bâche quand cela est nécessaire. Les potées
seront placées à touche-touche, dans de la
mousse, et recouvertes d’environ 5 centi-
mètres d’une couche de mousse. Pour les
premières plantes forcées, il serait bon de
couvrir la bâche de châssis jusqu’à ce que
les Muguets aient traversé la mousse qui
les recouvre. La température de la serre
sera d’environ 18 à 24 degrés Réaumur,
ni plus ni moins, et la chaleur à donner au
pied de 25 à 28 degrés Réaumur. Plus on
avance en saison, moins la chaleur au pied
a besoin d’être élevée , et à l’époque où
l’on pratique les derniers forçages, elle
devra être égale à la température de la
serre.
La mousse qui recouvre les potées ne
doit jamais être sèche, de même que les
plantes doivent être très -surveillées à l’ar-
rosage ; sans ces précautions, on comprend
LES ECIIEVERIAS D'oRNEMENT.
53
1 1 que, avec une chaleur aussi forte, les ra-
cines seraient infailliblement brûlées, si elles
, n’étaient entretenues dans un état constant
d’humidité ; cependant il ne faudrait pas les
i « noyer, » car le Muguet forcé ne faisant
I pas de nouvelles racines, la grande chaleur
: avec l’excès d’humidité engendrerait la fer-
ii mentation, ce qui, bien entendu, ferait
1 manquer l’opération, « la fournée, » comme
t l’on dit vulgairement. Chaque fois que l’on
i et la replacer aussitôt l’opération finie. On
I reconnaît que les potées sont brûlées à
l’odeur infecte que dégagent les racines, qui
I alors ne tardent pas à entrer en fermen-
tation.
Les arrosages doivent être faits avec de
; l’eau à la température de la serre, afin de
I ne pas saisir » les racines avec de l’eau
I trop froide.
Quand les pousses ont environ 5 ou 6 cen-
! timètres de longueur, on retire les pots de
la mousse, et on les place à touche-touche
sur des gradins en pleine lumière, et aussi
près du verre que possible. L’arrosage doit
i être soigné, et les plantes seringuées au
moins deux fois par jour, sans employer de
l’eau trop froide. Pour opérer les serin -
gages, il faut que l’eau soit de quelques
degrés au-dessous de la température de la
serre, afin de rafraîchir le feuillage et lui
I donner plus de vigueur. Quand le soleil de-
j vient trop fort, il faut ombrer légèrement,
I seulement assez pour briser les rayons du
soleil, sans détruire leur force.
Les Muguets font leur période entière de
forçage dans la même serre, et n’en sont
retirés que pour être vendus. A mesure
qu’il sont bons pour la vente, on les place
pendant un jour ou deux dans une serre
tempérée, de manière à les c< habituer un
peu à l’air plus froid du dehors ; pourtant
cette précaution n’est pas absolument néces-
saire.
Le temps de forçage est d’environ trois
semaines. La saison de forçage commence
vers la mi-novembre ; mais les Muguets
forcés de cette époque doivent avoir été
cultivés dans un terrain hâtif, c’est-à-dire
chaud; encore fleurissent-ils sans montrer
de feuilles ; ceux qui sont forcés après la
première semaine de décembre réussissent
à souhait. Le contraire arrive vers la fin de
février ; alors les feuilles prennent plus de
développement, et les fleurs sortent de moins
en moins au-dessus des feuilles à mesure
que la saison avance, où ils fleurissent de-
hors. Quand les griffes ont été forcées, elles
ne valent plus rien : on les jette.
Les Muguets ne développant pas de nou-
velles racines lorsqu’on les force, la terre
employée est donc de peu d’importance ;
l’essentiel est qu’elle soit fine, afin qu’elle
puisse pénétrer entre les racines ; légère et
sableuse, pour ne pas retenir d’humidité
surabondante. Un mélange composé par
moitié de terreau de fumier et moitié de
vieille terre de bruyère sableuse, le tout
passé au crible fin, fera un excellent compost
pour cet usage. H. Jamain fils.
LES ECHEVERIAS D’ORNEMENT
Le genre Echeveria, créé par De Can-
dolle en l’honneur du botaniste mexicain
1 Echeveri, habile peintre de plantes, mais
dont les dessins sont inédits, se compose de
plantes exclusivement mexicaines, caules-
centes, subacaules ou acaules, dont les
I feuilles sont rosulées au sommet des bran-
ches ou rosulées radicales.
Plusieurs espèces, introduites dans les
I collections depuis environ un demi- siècle,
I ne servaient guère qu’à faire nombre dans
les collections des amateurs de plantes
i grasses ou dans les jardins botaniques.
I Ce n’est guère que dans ces derniers
temps, c’est-à-dire depuis que les jardiniers
décorateurs recherchent de tous côtés des
plantes pouvant augmenter le nombre de
celles déjà existantes pour décorer les jar-
dins pendant l’été, que les Echeveria ont
été tirés de l’oubli, soit par l’emploi d’es-
pèces déjà connues, soit par l’introduction
de nouvelles espèces ou par l’obtention de
nouvelles variétés ou d’hybrides. Il en a été
des Echeveria comme de bien d’autres
genres de plantes, qui sont restés longtemps
confinés dans les collections en nombre
très-limité d’espèces ; mais une fois que
l’horticulture s’en est emparée, on a vu ap-
paraître de tous côtés des formes nouvelles.
Aujourd’hui, on ne cultive pas moins
d’une quinzaine d’espèces Echeveria bien
distinctes. Nous ne parlerons que de celles
dont nous avons constaté le mérite, soit
comme plante à floraison hivernale pour la
décoration des appartements, soit pour dé-
corer les jardins pendant l’été.
L’espèce la plus cultivée pour son abon-
dante floraison est VE. retiisa, Lindl., et
LES ÉCHEVERIAS D’ORNEMENT.
54
ses variétés ; elle a pour synonyme VE. ful-
gens, PL V. Houtte. C’est une plante très-
robuste, peu ramifiée et caulescente. Les
feuilles, rosulées au sommet des tiges, sont
obovées-spathulées, plissées, mucronées et
creuses en dessus. Les inflorescences sont
en racèmes simples ; les fleurs sont grandes,
d’un beau rouge vif, et produisent beaucoup
d’effet dans une saison où les fleurs sont
rares, car elles apparaissent dans le courant
d’automne et se succèdent pendant une
partie de l’hiver.
Pour l’ornementation pendant l’été, l’es-
pèce qui produit le plus bel effet est
sans contredit VE. metallica. C’est une
plante qui prend un développement considé-
rable. Ses feuilles, comparativement gran-
des, sont orbiculaires, d’un brun cuivré à
reflet métallique, d’où lui vient son nom.
Associé avec d’autres plantes à couleurs
plus vives, soit en bordure, soit en rosace,
VE. metallica produit un contraste très-
agréable. Si on l’associait avec des Achy-
ranthes, Coleus, ou avec d’autres plantes
de même hauteur, il faudrait mettre cette
espèce au premier plan, car elle s’élève
moins que ces dernières, tandis que si
c’était avec des Alyssum maritimum, Al-
ternanthera, Lohelia erinus, etc., il fau-
drait la mettre au dernier plan.
A la suite de cette espèce, et pouvant
servir aux mêmes usages, nous placerons
VE. atropurpurea, H. N. {E. sangximea,
H. L.), qui prend aussi un grand développe-
ment. Ses feuilles sont oblongues, lancéolées,
spathulées, d’un rouge brun en dessus, plus
clair en dessous, et forment surtout un joli
contraste associé aux feuillages blanchâtres.
V E . pulverulenta, Nutt., est une grande
et magnifique espèce dont les feuilles sont
élargies en spathule, terminées par une pe-
tite pointe, recouvertes d’une pulvérulence
blanche. Il produirait, même rien qu’associé
aux précédents, un effet des plus charmants.
Enfin, nous pouvons encore ajouter à
cette section, dont les espèces prennent un
grand développement, VE. grandifloraj
Haw., remarquable par sa belle floraison
pendant l’hiver. Ce colosse du genre, dont
la tige atteint presque la grosseur du bras
et souvent plus d’un mètre de hauteur, a les
feuilles orbiculaires, longuement pétiolées
et comme côtelées, d’un blanc verdâtre,
glaucescentes, comme vernissées et recou-
vertes d’une efflorescence pruineuse ; quoi-
que moins ornemental que les précédents,
il est encore d'un très-bel effet employé
dans les mêmes conditions.
VE. metallica glauca, issu des deux
espèces dont il porte le nom, est d’une cou-
leur intermédiaire, ayant conservé le vert
glauque de VE. glauca, rehaussé de la
teinte bronzée de VE. metallica. Comme
forme et développement, la plante est éga-
lement intermédiaire; elle s’élance moins,
forme des rosettes à la manière des Joubar-
bes, et devient par là une espèce précieuse
pour former des bordures naines, des fes-
tons et entourages d’autres plantes. Toutes
ces espèces conviennent tout particulière-
ment pour les endroits escarpés ou brûlants
du soleil, où aucune autre plante ne résis-
terait. Dans ces conditions, les Echeveria
persistent très-bien et restent dans toute
leur fraîcheur jusqu’aux gelées. On les
trouve chez M. Jacotot, horticulteur, avenue
du Parc, à Dijon (Côte-d’Or).
Pour avoir des plantes convenables aux
usages dont nous venons de parler, il faut
une année avant de les mettre en pleine
terre, car les sujets faits le même prin-
temps sont trop faibles, tandis que ceux
plus âgés s’allongent trop et se dégarnis-
sent à leur base. On doit aussi supprimer
les inflorescences à mesure qu’elles appa-
raissent, parce qu’elles détruiraient la sy-
métrie et cacheraient le feuillage, qui en est
le principal ornement.
La multiplication des Echeveria est des
plus faciles. Lorsqu’on ne désire pas en faire
une grande quantité, on les multiplie de
boutures, soit des tiges florales, soit des re-
jets de la base. Ces derniers sont de beau-
coup préférables , car ils forment des
plantes qui restent trapues plus longtemps.
Il est bon de les laisser quelques jours à
sec, c’est-à-dire sans être plantés, pour ci-
catriser la coupe, ensuite les placer à l’air
libre dans une bonne serre tempérée. Si,
au contraire, on veut en faire la multiplica-
tion en grand, on détache les feuilles, que
l’on plante obliquement sur des pots rem-
plis de terre ; en enterrant à peine leur base,
les racines ne tarderont pas à se développer,
puis peu après la jeune plante apparaîtra.
Les Echeveria s’accommodent très-bien
pendant l’hiver de la serre tempérée; ils
doivent être placés près du jour, et tenus
assez sèchement pendant tout le temps du re-
pos. Un mélange composé de deux parties de
terre de bruyère ou de terreau de feuilles, et
une partie de terre franche, est celui qui lui
convient. Un bon drainage est nécessaire,
afin que l’eau des arrosements ne séjourne
pas dans le fond des pots.
J. -B. Weber.
PANIER PORTE-BOUQUET.
55
PANIER PORTE-BOUQUET
Qui est au juste l’inventeur de cet ingé-
nieux petit appareil ? Où et quand l’a-t-on
imaginé? Je ne saurais le préciser. Ce que
je puis dire, c’est que, lorsque je le vis
pour la première fois, c’était dans un voyage
que je fis à Bordeaux, il y a de cela
quelques années. Je traversais rapide-
ment une des promenades de la ville,
lorsque chemin faisant, je me croisai avec
une personne qui portait dans chaque main
deux ou trois bouquets, enfermés [chacun
dans un de ces paniers... Elle courait...
Moi-même j’étais pressé, en sorte que je
n’eus pas le temps d’examiner ces appa-
reils, ni de m’enquérir chez qui j’en pour-
rais voir ou en acheter. Quelques jours plus
tard, je partais, et la chose en resta là.
Depuis lors, je me rappelai à plusieurs
reprises de ces porte-bouquets, et j’espé-
rais toujours avoir l’occasion de les revoir
sur place ; mais n’ayant pu retourner à
Bordeaux, je priai un de mes amis, dont
Fig. 6. — Panier porte-bouquet entr’ouvert
(1/8® de grandeur naturelle).
Fig. 7. — Panier porte-bouquet fermé et contenant
un bouquet (1/8® de grandeur naturelle).
la famille habite cette ville et qui y va lui-
même quelquefois, de se renseigner à mon
intention, ou plutôt à l’intention des lecteurs
de la Revue. Il a eu l’obligeance de le faire,
et a bien voulu m’en procurer un exem-
plaire, qui a servi de modèle pour les deux
gravures que nous en donnons aujourd’hui,
et qui ont été si exactement faites par notre
dessinateur, M. Godard, que toute explica-
tion est devenue pour ainsi dire superflue.
Néanmoins, et ainsi qu’on peut le voir
par la figure 6, qui représente un de ces
paniers vide et ouvert, le tout est d’une
grande simplicité, et construit en vannerie
grossière, que l’on pourra imiter partout.
Au centre, un pied, ou manche creux,
assez évasé à la partie inférieure, pour
pouvoir être posé et se tenir debout, et se
prolongeant à la partie supérieure de
quelques centimètres au-dessus du plateau,
de façon à maintenir le bouquet un peu
élevé et à le soutenir par sa partie la plus
solide, c’est-à-dire par le haut de la queue,
ce qui empêche le tour, les côtés et le des-
sous d’être fatigués et écrasés. Le plateau
qui accompagne le pied s’étale en enton-
noir très-évasé ou surbaissé, presque plan.
Quant au couvercle, il est fixé à la base ou
pied de l’appareil par une boucle en van-
nerie, faisant charnière et ayant assez de
jeu pour faciliter le basculement du cou-
vercle; du côté opposé à la charnière,
quatre boucles ou anneaux s’entre-croisent,
dont deux fixés au plateau inférieur, et
EFFETS DU GALVANISME CHEZ LES VÉGÉTAUX.
5G
deux autres placés à la partie supérieure ou
couvercle, de telle manière que, une fois
l’opercule ou couvercle abaissé, on puisse
opérer la fermeture ou la maintenir solide-
ment, au moyen d’une petite baguette ou une
branche d’arbre, une badine llexible (osier,
jonc-rottin, etc), que l’on introduit dans les
quatre anneaux, en l’y faisant glisser comme
un verrou. Il va de soi qu’on peut sup-
pléer la baguette par un lien quelconque,
ficelle, jonc, etc. ; l’important est que le cou-
vercle soit assez solidement fermé, fig. 7,
pour supporter le poids total du bouquet
qui se transporte, ainsi qu’on peut le voir
d’après les figures 6 et 7, par l’anse ou poi-
gnée placée à la partie supérieure.
Quant à la disposition de la vannerie, les
figures l’indiquent assez suffisamment pour
que nous n’ayons pas besoin d’en donner
une description.
Le grand avantage que nous voyons dans
ces porte-bouquets, c’est qu’on évite détenir
les fleurs à pleine main, ce qui les échauf-
fait, les faisait faner rapidement, tout en
fatiguant beaucoup la main qui les portait ;
tout frôlement et froissement est évité, le
bouquet étant garanti de tous côtes par sa
cage-crinoline, et complètement immobilisé.
L’air qui circule de toutes parts empêche
la concentration de la chaleur ; mais cepen-
dant, si l’on avait à craindre que le soleil
n’abîmât les fleurs, rien n’empêcherait d’en-
velopper le tout, soit d’une coiffe en papier
ou en toile blanche, qui réfléchirait les
rayons solaires, soit d’un papier ou d’une
toile cirée, si au contraire on avait à craindre
la pluie ou la gelée. — Une fois le bouquet
placé dans ces paniers, on conçoit qu’il suf-
fit d’en fixer la queue ou hampe, en l’atta-
chant aux parois du pied, pour empêcher
tout déplacement et tout mouvement ; en
sorte qu’une fois le couvercle bien assujetti,
on peut coucher le panier où le placer dans
n’importe quel sens, sans avoir crainte que
les fleurs ne se détériorent, ni que le bou-
quet ne tombe ou vacille.
Ces paniers sont on le voit, on ne peut
plus convenables, non seulement pour le
transport des bouquets à la main, mais
aussi (étant solidement construits) pour
l’expédition et le transport des bouquets en
voitures, chemin de fer, etc. Nous savons,
par l’ami qui a bien voulu nous transmettre I !
ces renseignements, que des bouquets ainsi i
emballés (avec coiffe ou manteau en toile |:
pour préserver les fleurs de toute souillure, ;
poussière, etc., et cadenas au besoin, sur- !
tout pour soustraire les fleurs aux mains
indiscrètes) ont été expédiés à cent et même
deux cents lieues de distance, et qu’ils sont
arrivés en parfait état. Lorsque pour les
transports en véhicules on peut suspendre ^
le panier par l’anse supérieure, ou, ce qui ;
vaut encore mieux, la tête en bas, de façon j
qu’il puisse se balancer mollement dans le j
vide, les fleurs arrivent dans un état de !
fraîcheur bien plus grand que si le panier
est posé par terre ou fixé contre des parois "
de voitures, où il supporte le cahotement )
et les mille heurts ou chocs que connaissent ‘
toutes les personnes qui ont voyagé. On peut 1 1
aussi, pour en maintenir la fraîcheur, gar- |j
nir la queue du bouquet soit de mousse :|
humide, soit de terre glaise. d
Nous ne parlerons pas non plus des di- '
mensions à donner à ces paniers; on les
fait de la grandeur que l’on veut. Le mieux
serait d’en avoir de plusieurs tailles, appro- ^ -
priés aux diflerents volumes des bouquets ;
que l’on peut avoir à transporter. Celui que !
nous représentons a 45 centimètres de dia-
mètre, et cette même mesure du haut de i
l’anse à la partie inférieure de la queue.
Quant au couvercle, la forme peut être plus ;
ou moins allongée ou surbaissée en cône,
entonnoir, ou même cylindrique, suivant la
forme plus ou moins aplatie , pyramidale ï
ou pointue que l’on donnera au bouquet.
Il nous reste maintenant à dire chez qui,
en cas de besoin, on pourrait se procurer à ^
Bordeaux les paniers en question. — Notre i f
ami a fait prendre des renseignements ;
mais il n’a 'pu obtenir l’adresse du vannier
qui les fabrique. Toutefois, d’après ce qu’il
a appris, ce serait la maison Catros-Gérand,
le célèbre horticulteur- grainier de Tivoli et :
des allées de Tourny, qui emploie et qui au-
rait, paraît-il, fait pour la première fois ç
usage de ces porte-bouquets, que l’on peut ;
également se procurer dans la maison Ca-
deau, autre marchand grainier-fleuriste et
bouquetier, demeurant aussi à Bordeaux, |
58, rue Fondaudége.
E.-A. Carrière.
EFFETS DU GALVANISME CHEZ LES VÉGÉTAUX
Nous extrayons du Gardner's Chronicle,
numéro du 16 novembre 1872, le petit article
suivant, qui, nous le croyons, sera lu avec
plaisir parles abonnés de la Revue horticole.
57
EFFETS DU GALVANISME CHEZ LES VÉGÉTAUX.
Il y a environ trois ans, j’achetai une pe-
I lite serre d’appartement que je fis garnir de
Fougères pour un de mes fils, demeurant
dans le voisinage de Gavendisli square.
1 Quelque temps après, mon fils m’apprenait
, qu’il ne pouvait rien conserver dans cette
j serre, ce qui m’étonna beaucoup, 1 ayant
I jugée, au contraire, favorable à cette cul-
ture ; je fus très-surpris de cet insuccès, que
f j’attribuai d’abord à une mauvaise direction
, dans les soins apportés à la culture, car je
, savais que les conditions d’exposition de cet
i appareil étaient excellentes. J’avais trans-
porté moi-même cette miniature de serre
l' chez un fleuriste du marché de Covent-
Garden, où je choisis pour l’appareil une
série d’espèces faciles à cultiver et pouvant
I vivre à peu près partout, ce qui m’était d’au-
i tant plus facile à faire que j’avais cultivé les
Fougères avec succès pendant de nom-
j breuses années. Après avoir assisté à la
plantation et à l’arrosement, j’envoyai cette
serre à la maison de mon fils, où on la plaça
dans un milieu un peu ombragé, à tempé-
rature douce, et à une exposition méridio-
nale. Le lendemain matin, on observa que
toutes les frondes légèrement avariées étaient
couvertes de végétation cryptogamique ; ces
frondes ainsi attaquées furent coupées et en-
levées avec soin. Mais il arriva que toutes,
les unes après les autres, pièces par pièces,
se pourrirent, pendant que le sol lui-même
se trouvait envahi par cette végétation, lais-
sant dans l’intérieur de cette vitrine une
mauvaise odeur de moisissure. Après cet
échec, une nouvelle terre et une nouvelle
série de plantes vigoureuses venant de la cam-
pagne furent réinstallées dans l’appareil, qui
fut remis à neuf ; mais malgré cela, le ré-
sultat fut identique. J’ordonnai alors qu’on
me le renvoyât, afin d’étudier et de recher-
i cher les causes de ces échecs. Je le fis pla-
cer dans une serre chaude, entouré de toutes
les conditions favorables; mais la vie des
plantes me parut impossible dans ce milieu.
Le fait ayant été entièrement établi, mon
attention se reporta sur la construction de
l’appareil lui-même, et cela m’amena à la
découverte immédiate de la source de ce
mystère. La carcasse (sic) (charpente)
était en zinc, et la table bronzée servant de
support était en fer; et comme ces deux
métaux se trouvaient en contact l’un avec
l’autre, il s’établissait un courant galva-
nique qui m’expliqua l’origine du désastre,
: ou plutôt ce qui en était la cause ; car, en
séparant la vitrine de sa table, et en plaçant
des calles en bois entre les deux, le charme
fut rompu, et les plantes commencèrent
immédiatement à donner des signes de bien-
être. En effet, le lendemain matin les fron-
des des Fougères, au lieu d’être flasques et
pendantes, avaient repris leur rigidité nor-
male, et montraient des signes très-évidents
de rétablissement.
Les nombreuses questions faites par un
grand nombre de personnes pour connaître
les meilleurs moyens à employer pour ob-
tenir de bons résultats avec ces appareils
semblent prouver que ce cas s’est présenté
souvent ; et comme ces vitrines sont géné-
ralement à armature de zinc et sur des sup-
ports en fer, il est fort probable que cette
combinaison arrive fréquemment. Il est
donc bon de recom.mander à ceux qui ren-
contreraient ces inconvénients d’isoler du
fer leur vitrine à l’aide de calles en bois.
Quoique l’électricité, étudiée au point de
vue de la végétation, ait déjà attiré quel-
que peu l’attention, il ne paraît pas que des
résultats pratiques aient jusqu’ici été obte-
nus. Ici, cependant, nous avons la constata-
tion d’un fait important : à savoir que sous
une des deux conditions électriques, les
plantes meurent. Jusqu’à quelle limite peut-
il en être autrement en renversant les con-
ditions ? C’est une question qui reste à ré-
soudre, et jusqu’ici il serait prématuré de
se baser sur les résultats obtenus pour en
tirer des conclusions absolues.
Mes observations personnelles en élec-
tro-physiologie, s’étendant au-delà d’une
douzaine d’années et plus, m’ont clairement
démontré trois points : que, comme
dans l’électro-courant des métaux, toute vé-
gétation ou accroissement de substance a
lieu à une surface électro-négative ; 2® qu’une
condition polaire est l’arrangement essentiel
de la végétation ; 3° que toute oxygénation
et décomposition est effectuée sous la com-
binaison électro-positive. De sorte que dans
le cas actuel le zinc étant électro-positif
au fer, la décomposition de la matière végé-
tale et le développement des Champignons
seraient un résultat normal : les bas ordres
cryptogamiques peuvent être considérés
comme des sortes de cc boueux, )> serv^ant
le dessein, non de faire une matière nou-
velle pour eux-mêmes, mais de convertir la
matière organique déjà existante d’autres
corps ou formes vitales d’ordre inférieur,
possédant deux choses : une existence plus
courte, et étant plus facilement et plus ra-
pidement décomposée, et, par ces moyens,
aidant et précipitant le retour de la matière
organique agonisante à ses éléments gazeux
LE SOU-LI KOUA DE VEITCH.
58
originaires, tout prêts pour une nouvelle
course dans la vie d’une autre forme.
Pendant plusieurs semaines, la vitrine
a été remplie avec des Fougères de Madère,
plantées avec toutes leurs frondes avariées,
comme elles étaient arrivées, et aucune
trace de décomposition n’a encore été ob-
servée, quoique dans les conditions anté-
rieures il suffisait de quelques heures pour
tout gâter.
Ainsi, dans la condition électrique nor-
male de la terre et de l’atmosphère, c’est-à-
dire quand la terre est négative et l’air positif,
il y a peu ou même il n’y a aucune tendance
de développement cryptogamique ; pendant
que dans la condition anormale de la terre,
quand elle est rendue positive, il semblerait
impossible d’empêcher la formation crypto-
gamique n’importe où il existe un peu d’hu-
midité. C’est pourquoi le renversement de
la condition électrique de la surface de la
terre, ou des couches inférieures de l’at-
mosphère pendant un orage, est suffisant
pour expliquer l’accroissement rapide des
Champignons, qui succède ordinairement à
ce phénomène, en même temps qu’il offri-
rait une explication de la cause probable du
développement de la nielle, et jetterait quel-
que lumière sur le mode d’action des engrais
LE SOU-LI KO
J’ai reçu, il y a quelques jours, de la
maison Huber et Ci®, d’Hyères, sous le
nom , euphonique pour des Chinois , de
Sou-li KouŒj un fruit de Cucurbitacée assez
étrange , dont on me demandait le nom
botanique. Qu’on se figure une massue de
la grosseur du bras d’un homme, longue de
1"® 22, ouverte à l’extrémité florale par la
chute d’une sorte de couvercle obtusément
quadrangulaire, ridée dans le sens trans-
versal et rayée longitudinalement de sept ou
huit lignes d’un vert noir sur un fond plus
clair, et on en aura une idée assez exacte.
Il ne me fut pas difficile d’en reconnaître le
genre : c’était un fruit de Luffa, mais de
proportions telles que je n’en avais pas
encore vu jusqu’à ce jour.
Au premier abord, j’ai cru avoir sous les
yeux une espèce nouvelle ; mais après un
examen plus attentif, j’ai conclu que, selon
toute probabilité, j’avais affaire à une simple
variété, mais variété gigantesque , d’une
espèce anciennement connue , le Luffa
cylindrica, que j’ai cultivé plusieurs années
au Muséum, où il existe certainement
répandus à la surface du sol ; car, pendant
qu’il est admis que ces substances agissent
chimiquement; l’action chimique et l’élec-
tricité sont, après tout, seulement de dif-
férentes phases de la même condition, et
comme la vie végétale n'est rien autre
chose qu’une série de ynodifications chi-
miques, ses moindres rapports avec les com-
binaisons normales électriques qui l’envi-
ronnent doivent nécessairement avoir une
influence correspondante, en bien ou en mal,
dans sa prospérité.
c( W.-K. Bpjdgman, Norwich. »
Ces sortes de serres miniatures étant
très en vogue chez nous, et leur construc-
tion étant souvent analogue à celles indi-
quées dans cette note, nous avons jugé à
propos de donner connaissance de ces ex-
plications aux lecteurs de la Revue.
L. Neumann.
Nous ne saurions trop appeler l’attention
sur l’article qui précède, qui, indépendam-
ment qu’il prouve les hautes connaissances
de l’auteur, doit faire réfléchir les gens sé-
rieux, ceux qui, sans parti pris, étudient les
phénomènes naturels en vue de rechercher
les grandes lois de la vie. (Rédaction.)
A DE VEITCH
encore (1). Cependant, avant d’avoir vu la
plante elle-même, je m’abstiens d’affirmer
cette identité. En attendant que ma pré-
somption se confirme, et pour ne rien pré-
juger, je me contenterai de [désigner cette
forme nouvelle sous le nom de L. Veitchii,
qui rappellera celui de son introducteur,
M. Gould Veitch, de Londres.
L’accroissement exagéré des fruits chez
les Cucurbitacées, et les figures diverses
qu’ils prennent à la suite d’une culture
prolongée, sont des modes de déviation assez
ordinaires, et qui ont été la principale cause
de la confusion dans la nomenclature des
espèces. Pour n’en citer que des exemples
très-connus, je rappellerai la Gourde mas-
sue et la Gourde trompette, longue quelque-
fois d’un mètre et demi, et par là fort dif-
férente de la Gourde plate de Corse, si
petite et si déprimée qu’on en fait des taba-
(1) Dans la forme type, la seule que l’on possède
dans les jardins botaniques, les plus grands fruits
de ce Luffa n’ont guère que 35 à 40 centimètres
de longueur; souvent même ils en atteignent à
peine 30.
REVUE DES SQUARES DE TOULOUSE.
59
tières; le Melon serpent, le Trichosantes
coluhrina et même la grande Courge porte-
manteau, cpii n’est aussi qu’une forme
allongée d’un fruit normalement ovoïde, et
parfois tout aussi raccourci et déprimé que
la Gourde plate dont je viens de parler. Le
Sou-li Koua de Veitch me paraît rentrer
dans celte catégorie de fruits exagérés.
Simple variété ou espèce nouvelle, c’est
une intéressante introduction, du moins
pour les amateurs de curiosités. La plante.
d’après ce qu’on m’en a dit, est beaucoup
plus forte que celle du L. cylindrica ordi-
naire ; elle peut s’élever à 10 mètres et plus,
et couvrir un arbre de son feuillage vert
sombre, sur lequel se détachent de larges
et nombreuses fleurs jaune orangé, qui se
renouvellent chaque jour. Comme espèce
ornementale, elle n’est donc pas sans mé-
rite, ce à quoi elle ajoute une suffisante
rusticité.
Naudin.
REVUE DES SQUARES DE TOULOUSE
Ayant suivi avec intérêt la végétation et
la floraison des végétaux de nos squares, je
: vais faire connaître le résultat de mes ob-
i servations.
La végétation de l’année 1872 a été très-
prolongée ; car aujourd’hui, 30 décembre,
i nous avons beaucoup de plantes molles en
bordures et corbeilles, tout aussi jolies
qu’elles l’étaient au mois de septembre.
Dans le square de La Fayette, l’on ad-
mire quelques beaux pieds de Ricin d’un
grand développement, des Aralia papyri-
I fera; quelques Cannas ou Balisiers n’ont
nullement souffert.
On voit dans ce jardin, en pleine florai-
son, des fortes touffes de Bibaciers ou Né-
! fliers du Japon, charmant arbrisseau à beau
i feuillage ample et superbe, couvert de fortes
I et jolies grappes de fleurs à odeur suave,
! comme celle des fleurs de l’Aubépine. De-
puis l’année 1866, nous sommes privés de
ses bons fruits, pleins de jus et très-agréa-
i blés à manger.
Le square du Grand- Rond est mieux
partagé en végétation tardive, comme en
floraison printanière.
La végétation tardive est représentée par
des bordures en pleine floraison de Py-
rèthres à fleurs blanches ; les Solanum
laciniatum, avec leurs jolies feuilles vert
noir luisantes ; le Solanum marginatum à
grandes feuilles tomenteuses, sinuées et
marginées de blanc ; des Pélargoniums zo-
nales à fleurs simples et à fleurs doubles.
Le Nicotiana glauca, cette si belle plante,
qu’on néglige trop, pousse encore avec vi-
gueur, et ses rameaux sont encore garnis
de petites fleurs jaunes. Mais la plante qui
est la plus remarquée est une forte touffe
de Yucca gloriosa, avec trois grandes pani-
cules ou hampes, qui ont de 1 mètre à 1™ 50
de hauteur, garnies d’une masse de fleurs
blanches en forme de Tulipes ; elle produit
un effet splendide, qui fait un charmant
contraste avec le vert foncé des pelouses.
Partout aussi les Rosiers Souvenir de la
Malmaison, Gloire de Dijon, sont en pleine
fleur, et les Rosiers non taillés émettent des
bourgeons qui , chez certaines espèces,
montrent des boutons déjà très-gros.
La floraison printanière se fait remar-
quer à l’entrée des allées des Zéphyrs par
un grand massif bordé de Gydonia Japo-
nica, plus connu à Toulouse sous le nom
de Poirier du Japon. Ce charmant arbuste
est couvert, depuis rez terre jusqu’à l’extré-
mité des rameaux, de jolies fleurs brillantes
d’un beau rouge vif.
Les Mahonia portent de nombreuses
grappes de fleurs jaunes fort élégantes, qui
font très-bien sur le vert foncé.
I^es Saxifrages sont couverts de jolies
fleurs rose foncé, et les Anémones font pa-
raître leurs fleurs en quantité considérable.
Les Violettes à fleurs doubles fleurissent
sans être couvertes ; il y en a en si grande
quantité, qu’elles se vendent dans la rue à
25 et 40 centimes les bouquets de 100 fleurs.
La température est tellement douce, que
de toutes parts l’on reconnaît que depuis
très-longtemps on n’avait eu un hiver comme
celui-ci. Pendant les mois de novembre et
décembre, le thermomètre, une ou deux
fois seulement, est descendu à glace, ou
l’on a parfois remarqué des gelées blanches
qui nous annonçaient pour le lendemain un
vent d'autan (du Midi).
Aujourd’hui, 7 janvier, j’ai dans mon éta-
blissement des Amandiers et des Abrico-
tiers qui commencent à épanouir leurs
fleurs ; mais, dans notre pays, nous avons à
redouter les mois de février et mars. Espé-
rons qu’ils seront favorables, et que nos
craintes ne se réaliseront pas.
F. Brassag,
Horticulteur à Toulouse.
GO
BIBLIOGFIAPHIE. — PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
BIBLIOGRAPHIE
Le livre dont nous allons parler, et dont
nous avons dit quelques mots dans un des
précédents numéros de la Revue horticole,
est un de ceux qui font époque. Il a, du
reste, pour cela, deux qualités essentielles :
1*^ il correspond à un besoin et remplit une
lacune qui existait dans le répertoire horti-
cole ; il est fait d’une manière simple et
pratique, bien que savante. Cet ouvrage, du
reste, n’est pas un essai ; déjà une première
édition (2) a légitimé son mérite. Disons
toutefois que ce n’est pas une réimpression,
mais bien une deuxième édition, non seule-
ment revue et corrigée, mais sensiblement
augmentée.
Les connaissances profondes et variées
que possède l’auteur de la Culture forcée
a7^tificielle des arbres fruitiers, M. Py-
naert, lui ont permis de traiter ce sujet non
seulement au point de vue théorique et pra-
tique, mais aussi au point de vue historique.
Sous ce dernier rapport, il a résumé à peu
près tout ce qui a été dit et écrit sur le for-
çage des arbres fruitiers. Aussi, son Aperçu
historique et bibliographique est-il des
plus intéressants à consulter.
Dans cet ouvrage, qui contient plus de
360 pages, l’auteur a passé en revue tous
nos arbres fruitiers, tels que : Abricotiers,
Cerisiers, Figuiers, Framboisiers, Groseil-
liers, Mûriers noirs, Pêchers, Poiriers,
Pommiers, Pruniers, Vignes, consacrant à
chacun un nombre de pages en raison de
l’importance du sujet, mais toujours suf-
fisant pour ne rien omettre d’essentiel. Les
soins généraux que réclament les arbres, le
traitement qu’il faut leur appliquer pour les
disposer au forçage, celui qu’il convient de
leur accorder pendànt l’époque de dévelop-
pement, etc., etc., en un mot rien n’a été
oublié, ce que va démontrer l’énumération
que nous allons faire des diverses opérations
appliquées à un genre. Nous prenons comme
exemple le genre Pêcher, qui comprend
27 pages ainsi divisées :
Opérations préparatoires. — 1. Des
serres. — 2. De la plantation et du sol. —
3. Du choix des variétés. — 4. Formation
et conduite des arbres.
Traitennent à faire subir aux arbres
pc77da7it Vété qui précède le forçage. —
Traite7ne7it en so^re. — 1. De l’époque
du forçage en première saison. — 2. De la
taille des productions fruitières. — 3. Du
forçage proprement dit. — Première pé-
riode : Mise en végétation. — Deuxième
période : Floraison et fécondation. — Troi-
sième période : For7natio7i du noyau. —
Quatrième période : Maturité.
Si nous ajoutons que tous les soins, toutes
les précautions à prendre sont indiquées
pour chacune de ces opérations, que tous
les détails nécessaires ont été donnés de ma-
nière à les conduire à bonne fin, que de
nombreuses figures intercalées dans le texte
parlent aux yeux et rendent très-compré-
hensibles certains détails que le langage
ne peut rendre, l’on pourra se faire une
idée de l’importance du livre dont nous par-
lons, et alors, comme nous, l’on sera con-
vaincu que son auteur, M. Pynaert, a rendu
un immense service, nous ne dirons pas
seulement à la Belgique, son pays, ni à la
France, qui est le nôtre, mais au monde
entier.
E.-A. Carrière.
PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES
Cha777œcyparis Lawso7iiana ccerw/es-
cens. — Plante naine, analogue par son
portauBiofa compacta. Branches très-nom-
breuses excessivement ramifiées, à ramifi-
(1) Les Serres-Vergers. — Traité complet de
la eulture forcée et artificielle des arbres frui-
tiers, par Ed. Pynaert. G. Masson, éditeur, 1,
place de FÉcole-de-Médecine. Un vol. in-18 de
3G7 pages et de 65 figures.
(2) Manuel théorique et pratique de la culture
forcée des arbres fruitiers.
cations courtes, constituant une tête large-
ment sphérique, à feuilles d’un vert glauque
bleuâtre, marquées, surtout en-dessous, de
bandes blanchâtres, ou d’un gris argenté.
Le pied -mère que nous avons vu chez
MM. Thibault et Keteleer, horticulteurs à
Sceaux, haut de 60 centimètres, n’a pas
moins de 35 centimètres de diamètre ; il
forme un buisson d’un aspect des plus
agréables. E.-A. Carrière.
Orléans, irap. de G. Jacob, Cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première
quinzaine de février)
L luver parait commencer. - Exposition de la Société d’iiorticultnre de Seine-ct-Oise ■ c.n
- Le Marronnier commun du château de Bercy; son introduction en Europe _ n "
Japon : culture des Orangers, maturité des Kaki, le Cryplomena Japonica; leUres de u “
- La température dans le Midi : communication de M. Doumet-Adanson • son onin' ^
variétés de Fraises : Victoria Trollop, May queen et Sir Ilan-y. — La Pomme de fe
moyen de multiplier ses bourgeons. - Fructification de l’.lraiicana imbricata: lire Tm
- Observai ons de M. Weber, au jardin botanique de Dijon, au sujet du Rosier Julec Maryomll
la maladie des Pommes de terre et du Fraisier Y Inépuisable. - Opinion de M Dupont de k! ^
sur le Phylloxéra ; extrait du Journal d’.igricullure pratique. ^
A partir du 26 janvier dernier, on pouvait
se croire entré dans une nouvelle phase de
température, qui, sans être froide, semblait
annoncer ce que chez nous on entend par
l’hiver. En effet, ce jour (6 février) au ma-
tin, le thermomètre marquait 2 degrés au-
dessous de zéro. Jusqu’au 31, le froid se
maintenait ; le thermomètre, après avoir
varié entre 1 et 5 degrés au-dessous de zéro
(le 29 janvier au malin il était à 5 degrés),
reprit son cours habituel, et depuis le
31 janvier, où le dégel est arrivé, et que
toute la neige qui était tombée dans la nuit
du 29 au 30 a fondu, la température a os-
cillé le matin entre 0, 2 et même 3 degrés
au-dessus. Les jours sont, à très-peu d’ex-
ceptions près, pluvieux ou neigeux ; et il
semble que la période de pluie, qui a com-
mencé vers la fin de septembre 1872, et qui
a causé tant de désastres sur différents
points, veut se continuer.
Mais un fait que nous devons signaler,
c’est que le changement de température dont
nous venons de parler paraît s’être produit
en même temps dans toute l’Europe, plus
ou moins fort, bien entendu, en raison des
climats. Ainsi, dans une lettre qu’il nous
écrivait de Munich (Bavière) le 25 janvier,
notre collaborateur et collègue, M. Kolb, jar-
dinier en chef au jardin botanique de cette
ville, nous informait que ce jour même, et
sans que rien l’annonçât, ils avaient eu
le matin 7 degrés Réaumur au-dessous de
zéro. Une lettre de Pesth (Hongrie), que
nous venons de recevoir, nous annonce
qu’il s’est produit là des faits analogues,
qu’il y a eu 5 degrés au-dessous de zéro, et
qu’il est tombé de la neige. Jusque-là, la
température était restée très-douce ; le ther-
momètre n’était pas descendu au-dessous de
2 degrés, et, comme chez nous, les plantes
de serre qu’on avait laissées dehors conti-
nuaient à végéter et à fleurir.
16 FÉVRIER 1873.
— La Société d’horticulture de Seine-et-
üise fera à Versailles, les 30, 31 mai et
y juin, une exposition à laquelle elle convie
tous les horticulteurs et amateurs d’horti-
culture. Quant à l’industrie, la Société n’ad-
met que ce qui se rapporte directement à
1 horticulture.
Les 109 concours qui sont ouverts ren-
trentdans les catégories suivantes: Intro-
duchons Semis, Belle culture, Serre
chaude, Serre tempérée, Pleine terre de
bruyère. Pleine terre. Arbres fruitiers,
Legum.es, Fruits, Objets d'art et d'indus-
trie horticoles.
Les objets destinés à l’e.xposition devron*.
etre rendus, aux frais des exposants, sous
la tente, au plus tard le mercredi 98 mai
avant 6 heures du soir. “ ’
Le jury se réunira le jeudi 29 mai, à
locirrE^r^
Des médailles de différentes valeurs, ainsi
que des médaillés exceptionnelles sur les-
quelles nous reviendrons, seront attribuées
aux exposants par ordre de mérite.
— Parmi les milliers d’arbres qui ontélé
renversés par la tempête du mois de dé-
cembre yrnier, il en est un que nous
croyons devoir citer tout particulièrement.
L est un de ces vétérans du régne véo-étal
qui deviennent de jour en jour plus ra7es
un Marronnier commun dont la plantation
remonte aux premières années du XVIP siè-
cle, peut-être même à la lin du XVP. H fai^
sait partie du parc du château de Ber'cv oui'
existait déjà en 1610, lors de l’avènement
au trône de Louis XIII, et qui alors était
désigné sous le nom de « Grand- Châ-
teau. » Cette remarquable propriété dont
naguères on voyait encore d’importants
restes, occupait toute la portion de terrain
à partir de Conflans jusqu’à la rue Grande-
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE FÉVRIER).
62
aux -Marais, pour le distinguer du « Petit-
Château, y> qui existait il y a peu d’années
encore aux n<^s 43^ 44 et 45 du quai de
Bercy. Ce dernier fut entouré d’arbres,
de Marronniers en grande partie , sous
Henri IV, — de 1589 à 1610. — Ceux de la
rue Gallois actuelle, n® 12 (ancienne cour
du Petit-Château), sont les plus anciens.
Dans les livres publiés vers ces époques et
que l’on trouve à la Bibliothèque nationale,
on fait remonter la plantation de ces arbres
à l’année 1600. C’est donc deux cent
soixante-douze ans qu’aurait le remarquable
Marronnier dont nous parlons ; il était en-
core vigoureux lorsqu’il fut renversé ; son
tronc mesurait 5"™ 40 de circonférence.
Nous devons faire remarquer que si ces
renseignements sont exacts, et nous avons
tout lieu de le croire, ce ne serait pas vers
1615 que le Marronnier commun aurait été
introduit, ainsi qu’on l’a rapporté, mais bien
avant cette époque. Ces renseignements ont
été fournis par M. Alfred Sabatier, auteur
de V Histoire de Bercy ; nous les devons à
l’obligeance de M. Docker-Perdereau, mar-
chand de vins en gros, entrepôt du Petit-
Château, qui a d’excellentes raisons pour
se rappeler du sinistre ouragan du 10 dé-
cembre, lequel, en renversant le Marronnier
dont nous parlons, et qui très-probable-
ment était un des premiers pieds (le premier
peut-être) introduits en Europe, a eu plus de
trente barriques de vin écrasées et complè-
tement perdues par les débris de ce vétéran
du règne végétal dont nous avons essayé de
retracer l’histoire et de la perpétuer, en la
consignant dans ce recueil.
— Quand il s’agit d’un pays aussi inconnu
que l’est pour nous le Japon, et que d’une
autre part il présente un si grand intérêt au
point de vue de l’horticulture, on ne doit
négliger aucun des faits qui peuvent jeter
quelque lumière sur ce pays, ce qui nous
engage à reproduire quelques passages ex-
traits de deux lettres adressées à notre ami
et collaborateur, M. Jean Sisley, par son fils
M. Léon Sisley, ingénieur des mines, au
service du gouvernement japonais. Voici :
Kobé, 17 novembre 1872.
Kobé est abrité au nord par une chaîne
de montagnes distante à peine d’une demi-heure
de la mer. Cette chaîne est une série de mame-
lons enchevêtrés, qui au premier coup-d’œil
paraissent une suite continue de montagnes,
mais qui, lorsqu’on s’en approche, se trouvent
coupées par de nombreuses gorges profondes.
Les montagnes peu boisées par quelques pins sont
vertes cependant, grâce aux Azalées et aux nom-
breux arbrisseaux à feuilles persistantes qui les
couvrent. Si pendant quelques années les Japo-
nais se dispensaient d’y couper du bois, elles
seraient vite reboisées, car partout les jeunes
pins y poussent au milieu des autres broussailles.
Nous avons vu déjà plusieurs de ces vallées.
Au pied de la montagne sont construits de
nombreux villages japonais, généralement en-
tourés de massifs de bambous. Ces sortes de
petits bois sont d’un joli vert, et leur légèreté
les rend agréables à l’œil. Ils sont presque tou-
jours entourés d’une clôture également en Bam-
bous, car tu sais qu’au printemps les Japonais
mangent les jeunes pousses de cette graminée ;
il faut donc bien les protéger contre les marau-
deurs. Le Bambou est bien précieux pour les
Japonais : les nombreux usages qu’ils en font en
sont une preuve palpable
A la date du 23 novembre 1872, le même
M. Léon Sisley écrivait :
J’ai fait plusieurs promenades aux envi-
rons de Kobé qui me sont maintenant assez con-
nus. Toute la plaine qui s’étend entre la mer et
les montagnes, dans la direction d’Osalka, a une
largeur variant de deux à trois kilomètres. Elle
est admirablement cultivée et disposée de ma-
nière à être irriguée ou asséchée à volonté. Les
travaux qu’ont nécessités ces dispositions ont dû
être longs et dispendieux, car il a fallu niveler
les terrains en les disposant par étages successifs
et en les coupant par les nombreux ruisseaux qui
doivent amener l’eau aux rizières. La terre des
rizières parait très-bonne ; c’est une terre légère,
presque noire, et ressemblant à du terreau très-
consommé ; les récoltes aussi y sont belles.
Maintenant les riz sont tous enlevés, et les ri-
zières, asséchées depuis quelque temps déjà,
sont labourées et ensemencées en blé, en orge,
en fèves, en pois ou en raves, ce qui fait que la
plaine ressemble aujourd’hui à un vaste jardin
maraîcher.
Du reste, le travail y est aussi soigné et la
terre aussi bien cultivée : on voit que la main-
d’œuvre n’est pas chère, car ils ne l’économi-
sent pas.
Aussitôt les grains semés, ils les fument.
Presque toutes les graines, mêmé le blé, sont
semées en ligne. Aussitôt la raie recouverte de
terre, un ouvrier passe, portant dans deux
seaux suspendus à un bâton le fumier liquide
qu’il distribue avec largesse au moyen d’une
petite poche en Bambou.
Dans beaucoup de champs, des tonneaux en-
foncés au niveau du sol contiennent le précieux
liquide. C’est là un danger auquel il faudra faire
attention quand nous irons à la chasse.
Ici, en fait d’arbres, on ne cultive guère que
les Orangers, une certaine espèce de Prunier
dont je ne connais pas la valeur, et le Diospyros
KaJd dont les fruits sont très-bons, mais main-
tenant ils sont presque finis.
Les environs sont peu boisés, et les pins qui
63
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE FÉVRIER).
couvraient les montagnes ont presque tous dis-
paru. Pour trouver de beaux arbres, il faut
aller aux environs des temples, où il est défendu
de couper du bois ; là, on voit d’énormes pins ;
mais pas un d’entre eux n’est droit: ils sont tous
plus ou moins tortueux. Un des plus beaux Coni-
fères que j’aie vus jusqu’à ce jour est le Crypio-
meria Japonica, qu’ils appellent ici Sougui ; ce-
lui-là s’élève tout droit à de grandes hauteurs. On
voit aussi beaucoup d’espèces de Lauriers, ou du
moins des arbres qui y ressemblent, d’assez •
beaux Camellias, etc., etc.
J’ai vu beaucoup de plantes en graines ; mais
en cueillir sans savoir ce que cela vaut ne me
semble pas pratique ; aussi aurai-je probable-
ment peu de chose à recueillir cet automne. Les
Chrysanthèmes sont très-belles et très-abon-
dantes ici.
Nous appelons tout particulièrement l’at-
tention sur divers passages que nous venons
de rapporter, sur trois points principalement,
qui nous paraissent de nature à donner une
idée plus exacte du Japon que toutes les
mesures thermométriques qu’on pourrait
invoquer. L’un est la culture des Orangers
qui, paraît- il, est faite sur une assez grande
échelle, et dont n’ont jamais parlé les au-
teurs — Siéhold y compris — qui ont écrit
sur le Japon, ce qui semble prouver qu’ils
l’ont peu, ou du moins qu’ils l’ont mal
connu ; le deuxième est relatif à la maturité
des Kaki, qui était à peu près terminée
avant la fin de novembre, fait qui a lieu d’é-
tonner, ces fruits ne mûrissant, même dans
les parties chaudes de la France, que vers la
fin de décembre. Le troisième point repose
sur les dimensions considérables et particu-
lièrement sur la beauté tout exceptionnelie
que présente, au Japon, le Cryptomeria Ja-
ponica, fait déjà signalé par un observateur
aussi expérimenté que compétent, feu John
Gould Veitch, d’où l’on pourrait conclure
que, en France, cette espèce n’aurait chance
de réussir que dans certaines parties de nos
côtes maritimes de l’ouest ou du sud-ouest.
C’est à essayer. Quant au perfectionne-
ment des cultures , on pourrait conclure
que sous beaucoup de rapports nous ne
sommes pas encore « le premier peuple du
monde. y>
— Dans une lettre qu’il vient de nous
adresser, et dont nous le remercions tout
particulièrement, M. Doumet-Adanson, pré-
sident de la Société d’horticulture et d’his-
toire naturelle de l’Hérault, nous informe
que nous avions été induit en erreur relati-
vement à la prétendue sécheresse qu’il au-
rait faite dans certaines parties de la région
du Midi (1), et que sans avoir été excessi-
vement humide, la saison l’a cependant été
plus que dans les années ordinaires, et que
la quantité d’eau tombée à Cette, « l’un des
points les plus secs du pays, a été de
582 millimètres, soit 20 à 25 centimètres
de plus que la moyenne ordinaire... t>
M. Doumet ajoute :
Si donc l’hiver actuel se distirgne des autres,
ce n’est pas par la sécheresse, mais par l’éléva-
tion anormale de la température. Nous n’avons
eu, en effet, jusqu’à présent, que trois jours de
gelée; nos minima nocturnes se maintiennent le
plus souvent entre 10 et 13 degrés centigrades,
et nos maxima approchent parfois de 20 degrés.
Sous l’influence de cette douce température, la
végétation se met en mouvement, et l’on a vu
dans certaines communes de l’Hérault des Aman-
diers fleuris dès le 20 décembre.
Puisque j’ai pris la plume à propos d’une
inexactitude qui s’était glissée dans la chronique
de la Revue, je vais en profiter pour confirmer,
au contraire, l’opinion émise par M. E. Bouvet
au sujet de certaines variétés de Fraises. Je suis
donc complètement d’accord avec lui pour re-
commander Victoria Trollop et May queen, la
plus précoce et l’une des plus fécondes variétés
que l’on cultive. 11 est parfaitement exact que
cette dernière a une très-grande tendance à re-
monter; je dirai même que dans notre Midi, elle
remonte presque toujours quand on a le soin de
l’arroser. Je ne saurais non plus être en désac-
cord avec M. Bouvet au sujet de Sir f/arr?/, que
j’ai chaudement recommandée il y a plusieurs
années dans cette revue, ce qui me valut même
une polémique aigre-douce avec un de nos col-
laborateurs, lequel contestait à cette excellente
Fraise la faculté de remonter, tandis que je sou-
tenais le fait que j’avais signalé. Je suis donc
très-heureux de voir, quelques années après,
mon opinion confirmée de nouveau par l’expé-
rience, et dans le même journal horticole.
Veuillez_agréer, etc. N. Doumet-Adanson,
Président de la Société d’horticulture
et d’histoire naturelle de l’Hérault.
— Tous les cultivateurs savent que la
Pomme de terre Marjolin est l’une des
meilleures et des plus hâtives que l’on con-
naisse, mais aussi qu’elle a le défaut de
pousser de très- bonne heure, — ce qui, du
reste, est la conséquence de son hâtiveté, —
et surtout, en général, de n’émettre qu’un
bourgeon à son sommet, et qu’il faut mé-
nager, parce que si on le casse il n’en re-
pousse pas d’autre, ou du moins qu’il ne
pousse que de très-petits bourgeons filifor-
mes à peu près improductifs. On est donc
obligé de ménager ce bourgeon principal,
chose d’autant plus difficile que, poussant
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 6.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE FÉVRIER).
64
de très-bonne heure, il faut le préserver
pendant longtemps, mettre les Pommes de
terre par lits et par ordre, de manière à ne
pas le rompre, ce qui occasionne des frais
de main-d’œuvre et nécessite beaucoup
d’emplacement. D’une autre part encore,
les tubercules de Pommes de terre étant
produits par les bourgeons, plus ceux-ci
seront nombreux, plus ceux-là seront abon-
dants. Aussi, un moyen qui permettrait de
multiplier ces bourgeons, tout en les rendant
moins susceptibles de se rompre, serait une
chose très-avantageuse. Ce moyen existe; il
est connu et pratiqué par quelques jardi-
niers intelligents, et comme il nous a paru
avantageux et essentiellement pratique, nous
avons cru devoir en parler, afin de le vulga-
riser, cela d’autant plus qu’il est très-simple
et des plus faciles à exécuter. Il suffit, en
effet, aussitôt que le bourgeon a atteint 4 à
5 centimètres de longueur, d’en pincer l’ex-
trémité, ce qui fait développer plusieurs
sous-bourgeons qui, en multipliant les
tiges, détermineront une augmentation de
tubercules. Toutefois, nous croyons que ce
procédé, qui présente certainement des
avantages, doit retarder un peu la produc-
tion, et, par conséquent, qu’il ne convien-
drait pas de l’employer lorsqu’il s’agit de
Pommes de terre de primeur.
— D’une note publiée par notre collègue,
M. Delaire, secrétaire de la Société d’horti-
culture d’Orléans, au sujet de V Araucaria
imhricata, Pav., sur sa fructification au
château du Colombier, commune de Mon-
contour (Côtes-du-Nord) , nous extrayons
les passages suivants, qui nous paraissent
intéressants pour nos lecteurs ;
Le cône qui fait le sujet de cette note
nous a été communiqué par M. de Martel. II a
été récolté sur le magnifique spécimen que pos-
sède M. le comte de Lorgeril, au château du Co-
lombier (commune de Moncontour, Côtes-du-
Nord). Les chatons mâles ont paru, dit M. de
Lorgeril, vers le mois d’août 1871, et ont fé-
condé des cônes femelles qui ont paru à la
même époque, et ont été récoltés en août 1872,
c’est-à-dire un an après. Le chaton mâle dressé,
légèrement conique, mesurait à peine 10 centi-
mètres de haut sur 6 centimètres de large. Le
cône femelle mesurait 55 centimètres de circon-
férence sur 20 centimètres de hauteur ; les
écailles noires sont terminées par une pointe ou
mucron bractéiforme ayant la couleur verte des
feuilles. Les graines, d’un brun roux, sont lon-
gues de 4 à 5 centimètres, anguleuses, à angles
arrondis, rétrécies à la base, comestibles.
Un fait important, et qui intéresse la science,
c’est que cet arbre, que beaucoup d’auteurs
avaient cru dioïque, est monoïque. Ce fait vient
confirmer les observations de M. Rivière, lequel a
constaté, l’année dernière, au mois d’août, des in-
florescences mâles et femelles sur un Araucariaex-
celsa planté dans le jardin du Hamma, près Alger.
Voici, au sujet de V Araucaria imbricata, ce
que nous écrît M. le comte de Lorgeril, à la date
du 12 septembre 1872:
« Je n’ai qu’un seul spécimen de cette espèce;
il est âgé de quarante ans environ, et atteint la
hauteur de 11 mètres; il porte â la fois des cha-
tons mâles et des cônes femelles. Sans aucune
précaution, il a résisté jusqu’ici aux hivers les
plus rigoureux, ainsi qu’aux plus forts coups de
vent, que je redoute davantage pour lui à cause
de sa forte ramure. Son tronc mesure 2 mètres
de circonférence à sa base.
Le chaton mâle paraît en juillet-août, au
moment où se montrent de leur côté les pe-
tits cônes femelles ; il est plus allongé, et d’une
longueur de 8 à 9 centimètres. Le printemps
suivant, il laisse échapper le pollen, et les cônes
femelles s’ouvrent et éclatent au mois d’août,
comme ceux du Sapin argenté, pour laisser
tomber leurs graines.
« Les graines que j’ai récoltées les années
précédentes m’ont donné de petits Araucaria
très-vigoureux. »
— A la date du 10 décembre 1872, notre
collègue et collaborateur, M. Weber, jardi-
nier en chef au jardin botanique de Dijon,
nous adressait la lettre suivante, sur laquelle
nous appelons l’attention :
Cher Monsieur Carrière,
Dans votre chronique du 1er décembre, que
je viens de lire seulement, trois faits m’ont par-
ticulièrement frappé, sur lesquels je me permets
de vous faire mes observations, vous laissant
libre de les rendre publiques si vous le jugez à
propos. Le premier est relatif au Rosier Jules
Marqoliin, qui s’est panaché chez M. Pertusati,
à Milan. Le même fait s’est produit la même
année à Dijon ; le propriétaire s’est empressé de
greffer les yeux des rameaux dont les fleurs
étaient panachées, et aujourd’hui cette pana-
chure est très-bien fixée : l’on a un Rosier Jules
Margotlin bien panaché. J’attribuai d’abord ce
fait à cette force appelée atavisme, c’est-à-dire
à un retour au type ; mais à la lecture de la
lettre de M. Pertusati, j’ai pensé que le même
fait pouvait encore s’être produit dans d’autres
endroits. 11 n’est pas possible de l’attribuer à ce
prétendu retour, et il doit y avoir une tout
autre cause, par exemple une modification gé-
nérale de cette variété, un passage, si l’on peut
s’exprimer ainsi, comme on en a déjà observé
plusieurs fois chez d’autres plantes qui ont pré-
senté à la fois des changements identiques et
produit les mêmes variétés dans des pays dif-
férents, et qui, finalement, ont disparu à peu près
à la même époque.
05
• CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE DE FEVRIER).
Le second fait est relatif à la maladie des I
Pommes de terre, dont on persiste à trouver les
germes sur les tubercules mêmes avant la plan-
tation. Je respecte trop le journal le Garden et
le rapporteur de l’article pour critiquer et
mettre en doute leur bonne foi ; seulement je
ferai remarquer que si le fait rapporté était
vrai, la maladie devrait commencer par les par-
ties souterraines et finir par les liges et feuilles,
tandis que, en général, c’est le contraire qui est
; vrai, en France du moins.
II est certain que si l’on plante des tubercules
malades, le fait rapporté par le Garden est très-
vrai; et dans ce cas on peut, ce me semble,
l’assimiler aux semis de Champignons que l’on
fait dans certaines localités ; seulement, au lieu
de ne semer que la partie renfermant les spo-
I ranges, on sème un autre végétal renfermant
sporanges et mycélium. Quant à moi, je consi-
dère, d’après mes observations, la maladie des
Pommes de terre comme absolument semblable à
! l’oïdium de la Vigne et à la tavelure des fruits, et
I je pense que l’on pourrait préserver les tuber-
cules par les mêmes procédés, c’est-à-dire par le
soufrage. A l’appui de mon assertion, je citerai
I le fait suivant. En 1870, j’avais le long d’une
! treille une collection de Pommes de terre ; l’oï-
dium sévissant alors sur la treille, je fis appli-
i quer deux soufrages à la houpe, de sorte qu’il
I tombait beaucoup de soufre qui se répandait sur
i les touffes de Pommes de terre les plus près de
la treille. Quelle ne fut pas ma surprise lors-
I que je vis que la maladie détruisait feuilles et
I tiges des lignes qui n’avaient pas reçu de soufre,
I tandis que celles qui avaient été soufrées res-
I tèrent vertes jusqu’à l’arrachage. II en était de
I même des tubenmles: sur les pieds dont les
j feuilles avaient été préservées de la maladie, il
I n’y avait aucun tubercule malade, tandis que
! dans les autres, il s’en trouvait beaucoup et près
d’un quart, un mois après l’arrachage, qui étaient
gâtés; mais au lieu de faire constater le fait
] par une commission spéciale de la Société d’hor-
ticulture, comme je pensais le faire, ce sont les
Prussiens qui sont venus me les manger. Du
reste, le fait que je viens de rapporter ne doit
pas étonner quand on se rappelle que plusieurs
fois déjà on a conseillé la suppression des parties
aériennes aussitôt l’apparition de la maladie, afin
de préserver les parties souterraines.
La troisième observation que j’avais à faire a
rapport au Fraisier V Inépuisable ; et à ce sujet
I je vous dirai que j’ai visité en octobre dernier,
1 chez un de mes collègues, une plantation de cin-
i quante pieds de cette variété. La moitié a été soi-
I gneusement effilée en vue de faciliter la fructifi-
I cation, et l’autre non, afin d’avoir des filets pour
la multiplication. Les uns et les autres n’ont
i montré que quelques rares fleurs, tandis que nos
j bonnes variétés soumises au même traitement
I avaient déjà donné une bonne récolte. En sera-
I t-il autrement l’an prochain? C’est ce que nous
verrons, et que je me propose de faire connaître.
Agréez, etc. J. -B. Weber.
— S’il faut en croire M. Dupont (de Bor-
deaux), le phylloxéra n’entrerait que pour
une très-petite part dans la mortalité dont
sont frappés la plupart de nos vignobles.
C’est du moins ce qu’il essaie de démontrer
dans un article qu’il a écrit sur ce sujet et
qui a été publié dans le Sommai d' Agri-
culture pratique, 1873, p. 78. D’après lui,
le mal, qui en dernier ressort se traduit par
une affection cryptogamique, serait plutôt
la conséquence de Vignes plantées dans des
conditions défectueuses :
Si, dit M. Dupont, l’insecte était le seul cou-
pable, ne pouvait-on l’arrêter avecTinnombrable
série de substances insecticides que la science
révèle et dont elle vante l’efficacité ? Les Vi-
gnes meurent, malgré les chimistes, les mar-
chands d’engrais, d’amendements et de remèdes
secrets. Elles meurent, malgré le génie que
donnent à certaines personnalités le désir de ga-
gner les prix affectés au destructeur du puceron.
Elles meurent cela n’est que trop vrai, par-
tout où l’homme n’aurait pas dû, peut-être, plan-
ter de la vigne ; partout où les expositions du
sol sont mauvaises ; partout où le régime des
eaux souterraines est vicieux. Elle meurt partou
où elle a été frappée par les accidents atmos
phériques qui, depuis quelques années, ont ca-
ractérisé nos saisons et ajouté tant de désastres
agricoles à nos autres désastres.
Un peu plus loin, M. Dupont ajoute :
Quant à nous, nous avons apporté dans l’étude
de la maladie qui fait mourir nos Vignes la plus
impartiale et la plus sévère attention. Les ra-
vages rapides qu’elle fit dans le Vaucluse nous
avaient surpris. Mais avant ces désastres, le Vau-
cluse avait eu, pendant deux ou trois années,
tout son vignoble couvert, à 1“ 50 de hauteur,
pendant plusieurs jours, par les neiges de l’hi-
ver. Le Vaucluse a souffert, comme toute la ré-
gion viticole française, des accidents et des vi-
cissitudes atmosphériques qui ont accumulé, pen-
dant plusieurs années consécutives, tant de
ruines sur notre agriculture. Les phylloxéristes
n’ont pas encore fait une part à cette cause, à ce
fléau. Et cependant, quelles causes plus fatales
peuvent atteindre cet arbuste si rustique?
Bien que nous n’accordions pas une
créance absolue à tout ce qu’ont dit les
« phylloxeristes,)) comme les appelle M. Du-
pont, nous sommes loin de partager tous
ses dires, et nous croyons qu’il va trop loin
dans ses affrmations. Qu’il y ait eu de l’exa-
gération dans les rapports qui ont été faits,
c’est ce que nous voulons bien croire. Mais
aussi, qui oserait soutenir que M. Dupont
seul ait connu la véritable cause du mal ? Il
est toutefois bien entendu que nous ne pre-
nons parti pour personne, et que si nous
1 nous préoccupons de cette question, c’est
UNE PYRAMIDE DE BEGONIAS.
66
parce que son importance est telle, que
personne ne peut y être indifférent, que tous,
au contraire, nous avons intérêt à ce qu’elle
soit résolue. Mais, d’un autre côté, est -il
vrai que le Philloxera, n’entre que pour une
si petite part dans les dégâts que l’on cons-
tate et qu’on lui attribue? M. Dupont est-il
le seul qui aurait vu juste, et, ainsi que nous
l’avons dit ci-dessus, n’y aurait-il pas un
peu d’exagération dans ses dires? C’est ce
qu’il importe de s’assurer. Si les vignes ne
mouraient que là où elles ont été plantées
« dans de mauvaises conditions, » on ne les
verrait pas périr tout à coup dans tant de
localités où, de mémoire d’homme, on ne
les avait même pas vues malades ? Ce qui
vient encore donner de la force à ce que
nous venons de dire, c’est que ce mal se fait
également sentir sur presque toutes les
Vignes du globe, souvent dans les conditions
les plus diverses, et là aussi où jamais les
Vignes n’avaient présenté de signes d’affai-
blissement, excepté ceux qui sont normaux,
qui proviennent soit de l’épuisement de la
Vigne, soit par suite de la vieillesse, soit à
cause de l’appauvrissement du sol, cas aux-
quels on pouvait facilement remédier soit en
plantant de jeunes Vignes, soit en donnant
au sol les éléments qui lui manquaient. On ne
saurait trop appeler l’attention sur toutes
ces questions. Que, ainsi que le soutiennent
certaines personnes, le phylloxéra, au lieu
d’être la cause du mal, n’en soit que l’effet,
ce qu’on est forcé d’admettre, c’est qu’il
existe un premier principe autre que celui
dont a'parlé M. Dupont (de Bordeaux). Quel
est-il ?
Quant à admetfre que la perte actuelle
des Vignes du Vaucluse paraît avoir pour
cause la grande quantité de neige (l"" 50 de
hauteur) survenue pendant deux ou trois
années, l’hypothèse nous paraît trop invrai-
semblable pour qu’on puisse s’y arrêter.
E.-A. Carrière.
UNE PYRAMIDE DE BÉGONIAS
Je commence par dire que les Bégonias
que je cultive sont tous de la section du
Bégonia rex et que toutes ces plantes,
d’après une expérience de dix années, sont
parfaitement de serre froide.
J’ai parlé précédemment, dans la Revue
horticole^ de la culture et de la disposition du
terrain que j’affecte à ces plantes. Si j’y re-
viens aujourd’hui, c’est que j’ai employé une
autre manière de les présenter à l’œil, c’est-
à-dire qu’au lieu de les placer en amphi-
théâtre, comme je l’ai conseillé, j’ai disposé
mon terrain en pyramide; c’est ce moyen que
je vais essayer de décrire dans cet article.
Cela n’est peut-être pas nouveau ; mais
comme c’est très-joli, je crois devoir en faire
part aux amateurs.
J’ai bâti avec des pierres brutes et de la
terre de bruyère une pyramide de trois
mètres d’élévation, appuyée sur la muraille
d’un des bouts de ma serre, qui est plus
longue que large.
On devra employer, si l’on peut se les
procurer, des blocs erratiques vieillis par les
siècles. En plaçant ces pierres, j’ai eu soin
de ménager sur toute la surface extérieure
de la pyramide des cavités que j’ai remplies
de terre de bruyère dans lesquelles j’ai
planté mes Bégonias, en ayant le soin d’al-
terner les diverses couleurs des belles
feuilles de ces plantes.
Je les ai entourés ensuite, ou plutôt sur
le devant j’ai formé de petites cuvettes avec
de la teri'e de bruyère détrempée, afin de
pouvoir recevoir et conserver les arrose-
ments dont ces végétaux sont très-avides.
Sur cette terre, j’ai appliqué de petites
touffes de Selaginella denticulata varie-
gata. J’ai aussi mélangé parmi mes Bégonias
quelques jolieset gracieuses Fougères, telles
que Adiantum capillus veneris, tene~
Tum^ etc., Pteris serridata, crût ata ; enfin,
j’ai couronné ma rocaille par un beau pied
de Platy cérium alcicor ne. Cette Fougère fait
un grand effet sur l’extrême altitude de ma
construction. C’est surtout au crépuscule
que la Selaginella denticulata variegata
produit son plus bel effet ; il a pour résultat
d’éclairer la pyramide. On dirait une mul-
titude de petites touffes d’argent se jouant
au milieu des Bégonias et des pierres.
Si l’on veut jouir d’un magnifique loin-
tain, d’une perspective délicieuse, on n’a
qu’à se placer à l’autre extrémité de la
serre, à une distance de 12 mètres environ,
former avec les deux mains un tube que
l’on porte à l’œil, et regarder : on obtient
une petite vue admirable. Tous ces Bégonias
aux resplendissantes couleurs métalliques,
mélangés aux Fougères si gracieuses et si
légères, aux Sélaginelles argentées et aux
pierres brutes en grès sillonnées de belles
veines de quartz blanc, forment un en-
semble du plus ravissant effet.
67
EXPOSITION DES INSECTES EN 1872.
J’expose ici mes petits artifices ; si on les
trouve bons, on pourra les employer.
Je ne dirai qu’un mot sur la culture que
je donne à ces plantes, ayant déjà traité le
sujet dans la Revue. Mes plantes sont pla-
I cées dans une serre froide dont les vitres
i sont peintes à riiuile, en couleur blanche ;
I cela l’assombrit considérablement. Je laisse
constamment ma serre fermée ; l’atmos-
phère est conséquemment très-concentrée
et très-humide. Peu de plantes se plaisent
dans un pareil milieu; les Fougères, les
Bégonias sont là, à ce qu’il paraît, dans
leur véritable élément, puisqu’ils y viennent
à merveille.
j L’été, je donne beaucoup d’arrosements,
pas de seringage ; en hiver, peu ou pas
d’arrosements. Dans ces conditions, les
EXPOSITION DES
« Quand la fête est passée, adieu le
) saint. )) C’est ce qu’on répète bien souvent
dans les diverses circonstances de la vie,
comme si pour toutes les choses il y avait
un à-propos, un moment qu’il faut saisir
pour en parler. Ce vieux proverbe est-il
I vrai d’une manière absolue? Nous ne le
pensons pas ; et tout en le considérant vrai
d’une manière générale, nous croyons que
dans certains cas il est inexact. La raison
en est que lorsque le fait est passé, son
influence se fait moins sentir, et qu’alors, en
! y réfléchissant, on peut être amené à tirer
des conclusions plus judicieuses, mieux fon-
dées, c’est-à-dire plus en rapport avec la
. vérité. Ce sont ces considérations qui nous
i ont fait ajourner cet article sur l’exposition
i des insectes qui a eu lieu au mois de sep-
tembre de l’année 1872, et dont probable-
I ment la rédaction eût été différente si
I nous l’eussions faite « séance tenante, »
I comme l’on dit. Après cette sorte de digres-
! sion, nous entrons en matière,
i Au lieu de finir le 15 octobre, ainsi que
j cela avait été annoncé, l’exposition des in-
sectes utiles et nuisibles.^ qui a eu lieu au
Luxembourg, n’a été fermée que le 22 du
j même mois. C’est donc une prolongation de
sept jours, qui a permis aux nombreux visi-
i teurs d’aller examiner, à côté des insectes,
des collections de pains d’épices, de dra-
gées, de pastilles, d’hydromel, et même
de certains vins, toutes choses qui étaient
là sous prétexte qu’elles contenaient du
miel.
j II y avait aussi force cires (brute ou fabri-
i
plantes sont très - vigoureuses et d’une
fraîcheur hors ligne. Ce qu’il y a surtout de
précieux, c’est qu’elles sont exemptes d’in-
sectes.
On pourrait me dire : Puisque les insectes
ne peuvent pas vivre dans un pareil milieu,
comment les plantes peuvent-elles y pros-
pérer? Je ne sais ; mais ce que je puis af-
firmer, c’est que les plantes que je viens de
citer y jouissent d’une brillante santé, et
que les insectes y meurent, particulière-
ment le trips, insecte dont on se débarrasse
si difficilement et qui défigure prompte-
ment les plantes, surtout les Fougères, dont
il est très-avide. Les limaçons résistent à
tout cela ; mais en les cherchant de grand
malin et le soir, on peut s’en débarrasser fa-
cilement. T. Ternisien.
INSECTES EN 1872
quée), des miels en gâteaux, et toutes choses
assurément très-belles et dignes d’intérêt,
que tout le monde — nous y compris — a
admirées, ainsi qu’un matériel complet
propre à l’apiculture, qui, en somme, avait
bien droit d’être représentée, l’exposition
étant faite sous les auspices de la Société
centrale d’apiculture. Bref, notons que
tout le rez-de-chaussée, ainsi qu’une annexe
couverte d’une toile attenant au local de
l’exposition, étaient entièrement occupés par
des objets complètement étrangers au pro-
gramme, que toute cette partie ressemblait
assez bien à une boutique d’épicerie de
choix, et montons au premier étage, qui
seul semblait être dans l’esprit de l’exposi-
tion. Faisons d’abord observer que cet en-
droit était des plus petits, beaucoup trop
petit même. C’était dérisoire. Qu’on se
figure, en effet, un rectangle de 6 mètres
de largeur sur 10 de longueur, dans lequel
étaient placés deux rangs de tables et une
sorte de pupitre-étagère, le tout séparé par
des chemins de moins del mètre de largeur
(il y en avait deux qui ne mesuraient que
70 centimètres). Aussi, lorsqu’il y avait une
centaine de personnes, ne pouvait-on cir-
culer : on ne marchait pas, l’on grouillait ;
il n’y avait plus qu’une masse qui s’agitait
sans pouvoir voir, mais qui, comme com-
pensation, étouffait, et l’on aura une idée
exacte du local qui, à vrai dire, renfermait
toute l’exposition des insectes utiles et des
insectes nuisibles. Pouvait-on faire plus, et
ne pouvait- on trouver dans Paris un endroit
mieux approprié et surtout plus grand que
68
EXPOSITION DES INSECTES EN 1872.
celui qu’on a clioisi ? Nous posons la ques-
tion, laissant à nos lecteurs le soin de la
résoudre.
. Si l’on objecte qu’à cette époque avan-
cée de l’année les orangeries du Luxem-
bourg n’étaient plus disponibles, on pour-
rait répondre : Pourquoi alors a-t-on attendu
si tard pour faire cette exposition, et que le
le temps fût devenu froid ou pluvieux, ainsi
que cela a généralement lieu à cette époque
de l’année?
Mais assez sur ce sujet, et après ces
quelques réflexions critiques, mais justes,
parlons de ce qu’était réellement l’expo-
sition, qui, bien que toute petite, présen-
tait beaucoup d’intérêt, grâce surtout à la
magnifique collection de M. Dillon, capi-
taine en retraite à Tonnerre. Cette collec-
tion, aussi nombreuse que bien préparée,
attirait particulièrement l’attention des visi-
teurs. Chaque insecte, placé sur les plantes
qu’il dévore ou auprès d’elles, portait avec
soi son enseignement. C’était donc beau,
utile et très-intéressant ; aussi ne saurait-
on trop féliciter M. le capitaine Dillon de
l’emploi que dans sa retraite il sait donner à
ses loisirs.
A côté de cela, il y avait bien quelques
autres choses intéressantes, par exemple des
oiseaux divers, et qui, d’après leurs carac-
tères particuliers, étaient classés dans les
catégories utiles, nuisibles ou mixtes. Con-
sidérant combien il est difficile de délimiter
ces propriélés — le fait est complètement
impossible, — nous aurions désiré que la
catégorie des mixtes ou auxiliaires ait
compris à elle seule dix fois, vingt fois,
cent fois et même plus d’animaux que les
deux autres ensemble ; car il n’y a pas, il
n’y a jamais eu, et il ny aura jamais
d’animaux complètement utiles ou complè-
tement nuisibles : tel est utile pour l’im,
qui est nuisible pour un autre. Il y a plus :
tel était utile hier, qui est indifférent au-
jourd’hui et sera nuisible demain.
C’est malheureusement ce qu’on ne veut
pas comprendre. Cette grande, éternelle
et universelle vérité a été énoncée il y a
bien des siècles, et se trouve dans ces
quelques mots : (( Il n’y a si petit buisson
qui ne porte ombrage. » Qu’on médite bien
ces paroles, et l’on verra que nous avons
complètement raison.
Tout autour, et appendus aux murs de ce
même étage, il y avait des tableaux d’his-
toire naturelle, où presque toutes les classes
d’animaux avaient des représentants, et
dans lesquels ils étaient classés par catégo-
ries d’après leurs caractères, c’est-à-dire
d’après leurs instincts, toutes choses qui va-
rient avec les lieux, les climats, les mi-
lieux, etc.
Nous pouvons donc dire d’après ces ta-
bleaux ce que, d’une manière générale,
nous avons dit plus haut. Toutefois, nous
croyons qu’il ne suffit pas de générali-
ser, qu’il convient d’appuyer nos dires par
quelques exemples. Commençons par la
taupe, que, nous ne savons pourquoi, les
savants de cabinet ou les écrivains à tant la
ligne, souvent aussi étrangers à ce dont ils
parlent que les habitants de la terre le sont
à ceux de la lune, persistent à classer dans
les animaux utiles, et cela en dépit des
cultivateurs, — ceux-là qui s’y connaissent,
— qui leur font une guerre d’extermi-
nation.
Demandez aux savants dont nous venons
de parler pourquoi ils agissent ainsi ; ils vous
répondront avec une assurance qui n’a de
comparable que leur ignorance : « C’est que
les taupes mangent les vers blancs ; aussi,
aveugles qui les tuez, ne vous plaignez pas
si vos Fraisiers sont dévorés, si vos Pommes
de terre sont mangées, si vos arbres n’ont
plus de racines, etc., etc.; c’est de votre
faute ; vous tuez les taupes, ces précieux
auxiliaires, etc. » Et tout une série de re-
montrances de ce genre, tendant à persuader
que tous les maux qui arrivent sont le fait
de l’homme, qu’ils sont dus à son impré-
voyance, etc. A ces sortes de jérémiades,
dont la plupart reposent sur des mots, nous
pouvons opposer des faits et des témoi-
gnages d’hommes compétents ; sous ce der-
nier rapport, les témoignages tout récents
d’un taupier, qui nous a affirmé que bien
des fois il avait ouvert des taupes, et que
jamais, pour ainsi dire, il n’avait trouvé de
vers blancs dans leur estomac, qui toujours,
au contraire, renfermait beaucoup de vers
de terre. Bien que nous sachions qu’il disait
vrai, nous manifestâmes des doutes, en té-
moignant le désir d’être témoin des faits.
Il ne se fit pas prier, et à l’instant ouvrant
son carnier, il en tira trois taupes, qu’il
s’empressa d’ouvrir. C’est alors qu’avec une
satisfaction des plus grandes et des plus
visibles , il nous dit en nous montrant
chacun de ces estomacs : (( Voyez, Mon-
sieur, si j’ai raison ; je ne mens pas, et ce
que je vous affirme, je l’ai toujours vu. »
Quoique ces dires concordassent parfaite-
ment avec ce que nous savions, nous n’étions
cependant pas fâché de les voir confirmer
d’une manière aussi éclatante. Nous con-
EXPOSITION DES INSECTES EN 1872.
69
naissons beaucoup d’autres faits qui appuient
et justifient notre manière de voir. Ainsi,
bien souvent nous avons vu des Fraisiers
complètement labourés et retournés par les
taupes, et qui néanmoins étaient rongés de
vers blancs ; ceux-ci se trouvaient même jus-
que dans les galeries des taupes, qui, allant
en tous sens à la recherche des lombrics, ne
touchaient pas aux vers blancs. Nous ne
prétendons pas dire que les taupes ne man-
gent jamais de vers blancs ; ce que nous
soutenons, c’est que le fait est exceptionnel,
et qu’alors il en est des taupes comme de
toutes bêtes de la création, qui, faute de ce
qu’elles aiment beaucoup, se contentent de ce
qu’elles aiment peu, ou même n’aiment pas ;
ce qui justifie ce proverbe : « Quand on n’a
pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que
l’on a. » Mais il y a plus, et en admettant,
contre l’évidence, que les taupes mangent
communément des vers blancs, il est un
autre côté de la question qu’il faut exami-
ner, celui qui dans toutes les affaires de la
vie sert de vrai critérium : les avantages et
les inconvénients. Or, dans cette circons-
tance, ceux-ci sont toujours plus considéra-
bles que ceux-là. Ceux qui en douteraient
pourront se renseigner auprès des cultiva-
teurs et de TOUS les jardiniers, qui, laissant
de côté les hypothèses toutes gratuites qu’on
a émises à ce sujet, jugent d’après les faits,
c’est-à-dire d’après la vérité. Voilà pour la
taupe (1).
Parmi les oiseaux, nous avons vu, non
sans surprise, le milan et le corbeau classés
dans les animaux utiles à l’agriculture, ce
qui nous paraît difficile à comprendre, à
moins d’y mettre beaucoup de complaisance
et d’être pas mal inconséquent. En effet, si
le milan et le corbeau détruisent quelques
rongeurs, on semble oublier que ces oiseaux
■ — le milan surtout — se nourrissent pres-
que exclusivement d’oiseaux insectivores, et
que d’une autre part le corbeau fait souvent
payer bien cher ses services, soit en man-
geant certains fruits (Noix, etc.), soit même
en picorant les Blés et les Avoines, etc., lors
des semailles, ou quelque temps après qu’ils
sont semés et qu’ils entrent en germina-
tion.
On peut se demander aussi en quoi les
étourneaux et les grives sont utiles à l’agri-
culture ; nous ne leur voyons rendre aucun
service; mais à côté de cela nous constatons
qu’ils sont un véritable fléau pour les Vignes
(1) Voir Revue horticole, 1872, p.427, un article
de M. Hauguel, intitulé : La Taupe.
et surtout pour les Oliviers. Demandez-le aux
gens du Midi. Ainsi, en Espagne, aux envi-
rons de Saragosse, nous avons vu des Oliviers
dont chaque année la récolte était mangée
par les étourneaux , de sorte qu’on était
obligé de les faire garder. Aussi, là, au lieu
de les protéger, leur faisait-on ouvertement
une guerre à mort ; et il n’y avait pas de
nuit, à l’arrière-saison , qu’on n’en tuât
des quantités considérables, des milliers
même, dans les marais de la Fmnca, où
ils se retiraient à la tombée du jour pour
passer la nuit sur les arbres, qui alors dis-
paraissaient sous leur nombre.
Il n’est pas moins ridicule non plus
de voir le gros bec et le friquet, deux sortes
de moineaux, classés parmi les animaux
utiles à l’agriculture, dont, en général, ils
sont un fléau. Il en est à peu près de même
pour l’horticulture. Et le merle noir, qui
est également classé dans les animaux wiiïes
à l’agriculture, pourquoi ? Nous ne voyons
à cela aucune raison. Mais, par contre,
nous constatons que c’est un ennemi très-
redoutable pour les jardins; aussi, tous les
jardiniers l’ont-ils voué à l’exécration. Nous
nous joignons à eux. Tout ce qu’on pourrait
dire en faveur du merle, c’est qu’il cherche
les lombrics. C’est vrai ; mais ce qui ne
l’est pas moins, c’est que pour détruire
quelques lombrics, qui ont même trouvé
des défenseurs , — ^ qui n’en pourrait
trouver? — ils détruisent des quantités
considérables de semences, qu’ils arrachent
et laissent sur le sol. Pendant l’été, ils en-
lèvent le paillis des plantes, afin de cher-
cher leur nourriture au pied de celles-ci,
dont ils mettent souvent les racines à nu.
Ils font de même, pendant l’hiver, des
feuilles ou du fumier qu’on met autour des
végétaux délicats ou sensibles au froid, de
sorte qu’ils se trouvent souvent découverts et
gèlent pendant cette saison. Mais, d’une autre
part encore, les fruits (Prunes, Poires, Ce-
rises, etc., etc.) n’ont pas de plus grands
ennemxis que les merles. Voilà d’importants
dégâts bien constatés à opposer à des
services au moins illusoires , ou très-
hypothétiques. Quant à la mésange, qu’on
considère aussi comme faisant partie des
animaux utiles, on sait qu’elle est très-re-
doutable pour les ruchers ; que, de plus, elle
fait une guerre acharnée aux petits oiseaux;
que pendant l’hiver, où elle se montre sur-
tout, les insectes sont excessivement rares,
excepté parfois les jeunes chenilles, qui sont
enveloppées dans leurs nids, et qu’elle ne
mange même que si elle y est absolument
70
EXPOSITION DES INSECTES EN 1872.
poussée par le besoin ; et encore ? Ce que
nous venons de dire de la mésange, nous
pourrions le dire de la pie-grièche écor-
cheuse, qui, à cette exposition, était aussi
classée parmi les animaux utiles ; sa quali-
fication, qui indique que la douceur de ses
mœurs n’est pas la dominante , suffit
pour faire connaître combien elle est redou-
table pour les petits oiseaux.
Nous avons dit plus liaut que toutes les
grandes divisions du règne animal avaient
fourni un certain nombre d’espèces utiles,
ou du moins regardées comme telles ; c’est
vrai. Ainsi, — il faut le voir pour le croire,
• — parmi les reptiles, on a regardé comme
uiiles à V agriculture les salamandres, sorte
de lézard d’eau qui se meut très-lentement
et avec difficulté, et qu’on ne trouve que
dans les mares où l’eau croupit, ou sous les
pierres des lieux très-humides, parfois dans
les caves malsaines où l’eau ruisselle. Le
paysan à qui l’on dirait de semblables ba-
lourdises vous rirait au nez : il aurait rai-
son. Il en est absolument de même du lézard,
de la grenouille, du crapaud et de la cou-
leuvre. Vraiment, il faut avoir perdu l’usage
du sens commun pour considérer ces ani-
maux comme « utiles à l’agriculture. » Ici
encore, indépendamment qu’on est en droit
de contester le fait, il y a inconséquence et
illogisme. En effet, si les grenouilles et les
crapauds sont utiles à l’agriculture, ce qui
est plus que douteux, la couleuvre, qui s’en
nourrit presque exclusivement, lui est donc
indirectement nuisible ! Et, d’une autre
part encore, la couleuvre n’est-elle pas l’en-
nemi le plus redoutable pour tous les oiseaux
insectivores qui nichent dans les buissons,
et dont elle dévore les œufs, les petits, et
même les pères et mères quand elle peut
les joindre? Ce sont là des faits bien connus
des cultivateurs et des paysans, qui n’en
disent rien, mais complètement ignorés de
ceux qui en parlent et qui se posent en édu-
cateurs du peuple. C’est ainsi qu’on écrit
l’histoire.
La classe des insectes a aussi fourni son
tribut. Comme toutes les autres, elle conte-
nait des sauveurs, des « auxiliaires, » di-
rait-on. Parmi cette classe, où tout ce
qui a été dit et fait est contestable, nous
ferons seulement remarquer la famille des
arachnides, en nous bornant au genre
araignée, au sujet duquel, dans un tableau,
est écrit cette phrase : « L’araignée, si ré-
pulsive, si calomniée, n’est nullement nui-
sible aux horticulteurs. Elle fait la guerre à
certaines larves de mouches, et rend, sous
ce rapport, de véritables services. » Ici en-
core, nous relevons cette phrase, dont nous
n’hésitons pas à contester la valeur. D’abord,
ce qui est certain, c’est que c’est avec raison
qu’on la repousse comme étant malsaine ;
et, d’une autre part, il est loin d’être prouvé
qu’elle mange des larves : des mouches,
oui; mais, toutefois, c’est en quantité si mi-
nime, qu’il faut être bien à court de faits
pour invoquer celui-ci. D’une autre part en-
core, ainsi que nous l’avons déjà dit, les
mouches n’ont-elles pas trouvé des défen-
seurs dans certains naturalistes, qui ont vu
en elles des sortes de gardiens hygiéniques
chargés de faire disparaître les cadavres
qui, abandonnés, vicieraient l’air et le ren-
draient insalubre? Mais, à côté de ces hypo-
thèses toutes gratuites, ce qui est vrai, et
que les jardiniers savent très-bien, c’est
que, en quelques heures, les araignées
peuvent détruire un bon nombre de cer-
taines espèces de jeunes plantes , des
Carottes, par exemple. C’est donc avec
raison que les horticulteurs les accusent,
et ceux qui ont tort, ce sont ceux qui les
défendent, sans les connaître autrement que
de nom et sans les avoir vues ailleurs qu’en
gravures.
Nous n’en finirions pas s’il nous fallait
relever toutes les absurdités qu’on a dites
en ce genre, et il n’est pas un de ces dires
qui ne puisse être contesté, ce qui pourtant
n’est pas non plus une raison pour repous-
ser tout ce qui a été dit et écrit sur ce sujet.
Que certains animaux en mangent d’autres,
le fait n’est pas douteux ; c’est même la
grande loi universelle à laquelle nous-
mêmes sommes soumis, et sous ce rapport
on peut sans crainte nous placer en pre-
mière ligne.
Faut-il, de tout ce qui' précède, conclure
que l’exposition dont nous venons de parler
a été tout à fait infructueuse ? Ce serait un
tort. Elle a été utile aux exposants, aux épi-
ciers surtout, qui ont pu étaler certains de
leurs produits. Elle ne l’a pas été moins
pour le public, principalement pour ceux
qui savent voir et veulent apprendre; car là,
en présence de ces contradictions, ils ont pu
réfléchir et voir que tout étant à la fois utile
et nuisible, on ne doit rien rejeter d’une
manière absolue , et que, en fait d’utilité ou
de nuisibilité, il n’y a de vrai critérium que
l’intérêt particulier, ce que nous allons es-
sayer de démontrer en terminant cet ar-
ticle, en employant pour cela l’hypothèse
suivante :
Dans un champ de Pommes de terre, en
K^üue. Horfwole
Chr'07'Tooïiih-- G-. Se-verej^7zs .
Miocretaxy, ôieZ'-
Poij^e Riocr^ciia: .
POIRE RIOCREUX.
71
apercevant des pies et des geais qui pico-
rent dans ce champ pour chercher des
vers blancs afin de s’en nourrir, vous vous
écriez : (( Quels précieux oiseaux ! Voilà bien
les véritables amis de l’homme ! Que de
services ils lui rendent ! Et pourtant, com-
bien de fois, dans son aveuglement, ne lui
arrive-t-il pas de les tuer!... y> Cela se pas-
sait il y a quelques jours ; aujourd’hui, vous
voyez ces mêmes oiseaux manger vos Ce-
rises, vos Pois, etc. Oh ! cette fois, vous êtes
animé de sentiments bien différents : ce sont
des ennemis, et vous les traitez comme tels.
Voici un autre exemple : en vous prome-
nant dans votre jardin, vous apercevez des
moineaux qui font la chasse à des hanne-
tons. Vous êtes contents , et vous
n’hésiteriez pas à les défendre si quel-
qu’un cherchait à leur faire du mal.
Tout à coup ces moineaux s’envolent et
vont s’abattre sur les treilles de votre voi-
sin, où ils se mettent à picorer le Raisin.
Que va faire celui-ci ? Ce que nous ferions
si nous étions à sa place : les tuer s’il le
peut. Et pourtant, qui fait agir si différem-
ment? Le même mobile : Vîntérêt, qui s’est
déplacé. Quant aux oiseaux, ils obéissent
à leur nature; ils remplissent leur rôle
harmonique, qui est fatalement déterminé
par les grandes et universelles lois aux-
quelles tout est soumis...
Mais malgré cela, et quoi qu’il en soit, il
faut bien reconnaître qu’il y a des animaux
— des insectes surtout - — qui nous sont
particulièrement nuisibles, et que notre in-
térêt nous autorise à détruire. C’est alors
un cas de légitime défense, l’application de
cette expression aussi vraie qu’elle est phi-
losophico -poétique, employée par l’immortel
Darwin : une conséquence de la (C bataille
de la vie. y> Mais à côté de ces nombreux
dégâts, qui, certes, n’étaient pas faits pour
nous apitoyer sur le sort des délinquants,
on avait eu soin de placer un correctif, de
sorte que nous pouvons nous rassurer, car
si les maux sont grands, les remèdes pa-
raissent être proportionnés, du moins si l’on
en juge par les spécifiques exposés, mis en
regard avec les fléaux qu’ils sont chargés
de combattre. On voyait là des c( panacées
universelles, y> auxquelles on aurait vrai-
ment tort de ne pas recourir, et dont, par
conséquent, nous devons citer les noms, en
nous réservant d’y revenir à l’occasion :
c’était V Insecticide foudroyant, la Poudre
insecticide Tachet, VInsecticide liquide
Carnet, VInsecticide alcoolique, etc., etc.,
moyens « infaillibles pour détruire tous
les insectes. » A ce sujet, nous devons re-
connaître que tous, aussi, sont brevetés
(( sans garantie du gouvernement, » fort
heureusement pour ce dernier.
E.-A. Carrière.
POIRE RIOCREUX
Cette variété, dédiée par M. Decaisne
au célèbre aquarelliste M. Riocreux, tout
particulièrement connu des lecteurs de la
Revue horticole dont il fait les aquarelles,
est issue d’un semis de Belle- Alliance fait
au Muséum par feu Louis Cappe (2), à qui
l’horticulture doit tant, et qui a contribué pour
une très-large part à la partie des Poires,
dans le Jardin fruitier du Muséum. En
voici la description :
Arbre de vigueur moyenne, très-produc-
tif. Scions nombreux dressés, à écorce brun
jaunâtre, luisante, à peine marquée çà et là
de très-petits points blancs. Feuilles arquées,
relativement petites, rappelant un peu celles
du Saint- Germain, coriaces, luisantes, d’un
vert très-foncé, courtement dentées (les
feuilles des parties fructifères, allongées et
(1) Alfred Riocreux, né à Sèvres (Seine-et-Oise),
le 8 janvier 1820.
(2) Voir Revue horticole, 1868, p. 226.
éîroites, sont portées sur un pétiole grêle,
très-long). Fruits réunis en bouquets, plus
rarement solitaires, très-allongés et régu-
lièrement calebassiformes, renflés arrondis
aux deux bouts, rétrécis au milieu. Queue
grosse, courte (25-30 millimètres), droite
ou légèrement oblique. Peau unie, d’un vert
mat, jaunâtre, cireux à la maturité, fine-
ment pointillée, parfois légèrement maculée
ou réticulée gris (crottée), surtout près delà
queue, quelquefois lavée-flagellée rouge sur
les parties fortementinsolées. Œil petit placé à
fleur du fruit, à divisions grosses, presque
droites, rapprochées, raides. Chair blanche
excessivement fondante (beurrée), dépour-
vue de granules (pierres), contenant en
abondance une eau sucrée, très-finement et
agréablement relevée, et d’un parfum ex-
quis ; pépins peu nombreux, de couleur
roux brunâtre.
Le Poirier Riocreux mûrit ses fruits en
août-septembre; ces fruits ne sont pas seu-
72 PLANTATIONS COSMOPOLITES. —
lement très-bons ; ils sont beaux <c paient
de mine, )> comme l’on dit vulgairement; ils
sont donc d’un placement facile. Les arbres
que nous possédons, greffés sur Cognassiers,
poussent assez faiblement, quoiqu’ils se
maintiennent dans un parfait état de santé.
CHÊNE-CHAPELLE D’ALLOUVILLE.
ce qui fait supposer qu’on devra greffer sur
franc, si l’on veut avoir des arbres vigou-
reux. — Les personnes qui désireront se
procurer cette variété devront s’adresser à
M. Jamin, pépiniériste, 1, Grande-Rue, à
Bourg-la-Reine. E.-A. Carrière.
PLANTATIONS COSMOPOLITES
Ce titre, qui pourra paraître prétentieux
à quelques lecteurs de la Revue horticole
est cependant bien le plus exact que l’on
puisse appliquer aux plantations dont nous
allons parler. Que nos lecteurs se rassurent,
du reste; nous ne voulons pas entreprendre
ici un travail complet sur tout ce qui pour-
rait se faire dans ce genre de plantation ;
non, notre but est tout simplement de faire
connaître le résultat des expériences que
nous poursuivons depuis quelques années,
et de faire entrer dans la composition de
nos jardins et de nos parcs certains végé-
taux cultivés encore de nos jours dans nos
serres et nos orangeries, et qui pourraient
jouer un rôle très-important dans l’orne-
mentation des jardins.
Si l’on jette un coup-d’œil sur les plan-
tations anciennes ou récentes, on rencontre
à peu près partout les mêmes arbres et ar-
bustes, à part quelques rares exceptions.
La création des paysages est devenue de
nos jours une des plus importantes bran-
ches de l’horticulture; mais ne dirait-on pas
que, tout en perfectionnant cet art, on se soit
préoccupé spécialement de la forme en né-
gligeant un peu trop le fond? Pour rendre
notre pensée plus compréhensible, que l’on
nous permette de prendre pour comparaison
une maison à laquelle on cherche à donner
une forme gracieuse et élégante, et dont
l’ameublement intérieur, tout à fait ordi-
naire, ne répond nullement aux apparences
extérieures. Toutefois, nous ne contestons
pas que la forme à donner aux pelouses, les
courbes gracieuses des allées, les vallon-
nements bien compris, les rochers, les cas-
cades et les pièces d’eau pittoresquement
combinés ne soient d’une grande importance ;
mais tout ceci devant rester par sa nature
même à peu près invariable, l’œil s’y habi-
tue, et au bout de quelques années on ar-
rive à trouver monotone ces sites que l’on
trouvait d’abord charmants, surtout si, après
leur création, les végétaux qui doivent com-
pléter la parure ne venaient chaque année
y apporter quelques charmes nouveaux, les
uns par leur feuillage, les autres par leurs
fleurs et leurs fruits, d’autres, enfin, par
leurs formes infiniment variées. Mais à cette
grande famille de végétaux déjà nombreux
employés à la décoration, n’y a-t-il rien à
ajouter? Telle est la question que nous nous
sommes posée lorsque nous sommes entré
dans la carrière d’architecte-paysagiste.
Sans doute, le dernier mot n’est pas dit ;
il y aura toujours à faire, à chercher.
Certains végétaux déjà sont venus jeter une
heureuse diversion, et donner un cachet
tout particulier aux plantations ; tels sont
les Rhododendrum arhoreum, les Camel-
lias, les Azalées de l’Inde, les Orangers, les
Nériums, les Myrthes, certains Palmiers,
des Mimosas, des Ericas, etc. Que l’on se
figure un jardin complanté en partie avec
les arbrisseaux que nous venons de nom-
mer, et l’on pourra se faire une idée de ces
ravissants tableaux que nous offrent les jar-
dins des environs du golfe Juan, de Cannes,
de Nice, etc. Quelle différence de vigueur
de ces plantes cultivées en pleine terre à
côté de celles que nous cultivons en pots, et
qui, malgré tous les soins que nous mettons
à leur procurer de la nourriture, restent
toujours dans un étal relativement languis-
sant, et ont toujours l’air de pauvres pri-
sonniers que le manque d’air et d’espace
affaiblit et fait vieillir prématurément !
Léon Aurange.
CHÈNE-GHAPELLE D’ALLOUYILLE
L’arbre dont nous allons parler et que re-
présente la figure 8 est peut-être un des
plus curieux qu’il y ait en France, tant au
point de vue historique qu’à celui de sa vé-
gétation. Nous allons essayer d’en faire la
description, envisagée sous ces deux rap-
ports.
Historique. — Nous avons pour nous aider
CHÊNE CHAPELLE D’ALLOUVILLE.
73
dans cette recherche une brochure publiée
à Bolbec en 1863, mais qui malheureuse-
ment ne nous donne pas les détails essen-
tiels, c’est-à-dire ceux de son origine et de
sa plantation.
On dit bien que cet arbre est très-âgé
(dix siècles peut-être), mais rien de pré-
cis, pas même d’à peu près, sur ce point
qui est des plus importants. Comme fout
ce qui est vieux, ce Chêne jouit d’une
sorte de respect et de vénération ; on en a
même fait un monument religieux, ce qui
peut s’expliquer : par la position toute
particulière qu’il occupe, étant placé près
de l’église qui, comme cela avait lieu par-
tout dans l’antiquité, est entourée du cime-
tière ; 2" par la cavité considérable que
contient son tronc, et dont on a fait deux
chapelles, fait attesté par une inscription
qui se trouve au-dessus de la porte de la
chapelle intérieure, et qui est ainsi conçue :
« A Notre-Dame-de-la-Paix^ érigée par
M. Vahhé du Détroit, en i696, » Cette
cavité, dont la partie noire de la figure 8
indique l’entrée, n’a pas moins de 1*" 60
de diamètre à l’intérieur ; la base est par-
quetée ; le pourtour est fait de planches
bien jointes et très-propres.
La cavité dont nous venons de parler
indique déjà le diamètre considérable que
doit avoir le tronc de ce Chêne qui est d’en-
viron 5"^ 40.
L’écorce, qui est subéreuse et profondé-
ment fendillée, présente jusqu’à 10 centim.
et même plus d’épaisseur. La hauteur de
l’arbre est d’environ 15 mètres ; l’extrémité
a été coupée ou brisée à une époque reculée,
et là où a eu lieula troncature, dans une sorte
de dépression, on a construit une espèce de
clocheton, terminé par une croix qui s’élève
presque à la même hauteur que les branches
supérieures.
Des plaies nombreuses et larges, pro-
venant de la suppression de grosses bran-
ches, sont recouvertes avec soin de plan-
chettes qui les mettent à l’abri des in-
fluences atmosphériques. A une certaine
hauteur, presque au-dessus de la chapelle
inférieure, on en a construit une autre —
toujours dans l’intérieur du tronc — à la-
quelle on monte par un escalier externe
disposé en spirale, ainsi que le montre la
figure 8.
Bien que très-âgé et sans\cœur, le Chêne
d’Allouville -Bellefosse , qui appartient à
l’espèce pedunculata, n’en est pas moins
très-vigoureux ; ses branches très-longues
et très-grosses, étalées-divariquées, relevées
à leur sommet, se couvrent chaque année
d’un beau et large feuillage, et ordinaire-
ment aussi d’une grande quantité de glands.
Pour donner une idée de l’étendue de ces
74
CHÊNE-CHAPELLE D’ALLOUVILLE.
branches, il nous suffira de dire' qu’elles
couvrent une surface de 236 mètres
carrés.
Origine. — Ainsi que nous l’avons dit
ci-dessus, on ne connaît rien de certain sur
l’origine du Chêne d’Allouville, et la bro-
chure sus-indiquée ne nous apprend rien
à ce sujet, sinon qu’autrefois une ceinture
d’arbres bordait le cimetière où il se
trouve actuellement placé, et que c’est
(( probablement » un de ceux-ci qui sera
resté. Ainsi qu’on le voit, il n’y a dans ces
dires rien de certain; tout, au contraire, est
vague, et nous avouons que l’examen le plus
minutieux que nous avons fait des lieux
est loin de nous convaincre; aussi allons-
nous essayer d’émettre une tout autre hy-
pothèse sur l’origine de ce Chêne si l’emar-
quable. Disons toutefois que cette hypo-
thèse n’est pas entièrement de (c notre
crû, )) comme l’on dit, et que nous l’avons
entendu formuler par une personne très-
âgée d’Allouville à laquelle nous deman-
dions quelques renseignements, et quelle
était son opinion sur ce Chêne qui fait l’or-
gueil de la commune, à la réputation de
laquelle il a largement contribué. Ce vieil-
lard nous assurait que, dans sa jeunesse, il
avait entendu dire à des gens d’un âge très-
avancé «c que ce Chêne était un reste d’une
forêt qui avait été détruite i) Si cela
n’est pas absolument vrai, ce n’en est pas
moins très-vraisemblable, et il n’y a dans
ce récit, qui est une sorte d’écho de la tra-
dition, qui dans cette circonstance a une
très-grande valeur, rien qui ne puisse être
admis et même expliqué, sinon justifié,
lorsque, examinant les lieux et remontant
la série des siècles, l’on essaie de se rendre
compte de ce que ces derniers produisent,
et qu’on ose en tirer les conséquences.
Pour le cas qui nous occupe, la tâche n’est
même pas très-difficile, car il y a encore
des sortes de témoins, des jalons ou des
points de repère. En effet, lorsqu’on exa-
mine la commune d’Allouville et surtout
ses environs, on semble reconnaître que
tout est relativement récent, de sorte que
si, d’une part, en essayant de remonter les
âges, l’on réfléchit que presque partout le
sol était antérieurement couvert de forêts, que
d’une autre part, il ne faut pas encore aller
bien loin — 3 kilomètres environ, croyons-
nous — pour trouver une forêt , — celle
de Maulevrier, — l’on comprendra qu’il n’y
a rien de forcé à admettre que cette forêt de
Maulevrier s’étendait autrefois jusqu’à Allou-
ville, peut être même beaucoup plus loin, et,
que, avec les siècles, l’augmentation et l’ex-
tension de la population aient nécessité
l’abatage successif des forêts. N’est-cè pas
du reste ainsi que se sont toujours passées
les clioses et qu’elles se passent encore de
nos jours? Dans cette circonstance, et en
admettant comme un fait l’hypothèse que
nous venons d’émettre, qu’y a-t-il d’éton-
nant qu’on ait ç’i et là conservé certains
bouquets de bois d’abord, puis, ceux-ci dis-
paraissant à leur tour, que quelques arbres
seuls aient été épargnés, et que le Chêne
d’Allouville ne soit un de ceux-ci? C’est
encore, nous le répétons, de cette manière
que les choses se passent de nos jours.
Des circonstances particulières qu’on ne
peut apprécier, mais que par analogie l’on
peut supposer, tels que d’abord la grosseur
ou l’aspect particulier de l’arbre, un fait
qui s’y rattache, peuvent aussi avoir con-
tribué à la conservation de ce vétéran de la
végétation.
On a dit que les arbres sont des témoins
« muets. )) Est-ce vrai? Et n’est-ce pas
plutôt parce que, s’adressant au jugement,
les arbres parlent un langage particulier
que le jugement seul peut comprendre,
qu’on a admis cette hypothèse ? Les arbres
sont des sortes de caractères hyéroglyphiques
dont il faut chercher la clef. Nous n’igno-
rons pas que dans ces sortes de recherches
il faut être prudent, craindre les écarts.
Mais là où l’on n’a rien de certain, que tout
repose sur des hypothèses, est-ce un mal
de s’aventurer, d’essayer à aller plus loin à
l’aide d’autres hypothèses? Nous croyons le
contraire; et c’est là ce qui explique les
suppositions que nous venons de faire. Il va
sans dire, du reste, que nous n’y attachons
pas autrement d’importance, notre but étant
plutôt d’appeler sur ce sujet l’attention des
hommes compétents, ce que nous n’avons
nullement la prétention d’être.
Au point de vue scientifique, le Chêne
d’Allouville ne présente rien de parti-
culier, si ce n’est sa grande longévité et une
preuve de plus que la vie dans les végétaux
s’exerce surtout à la périphérie, ce qui est
le contraire chez les animaux — chez les ani-
maux supérieurs du moins. — Quant à ses
caractères, ils sont semblables à ceux que
présente l’espèce à laquelle il appartient :
au Quercus pedunculata.
E.-A. Carrière.
TOILES-ABRIS.
75
TOILES-ABRIS
Il ne suffit pas qu’une chose soit bonne
pour qu’elle soit profitable ; il faut surtout
qu’elle soit connue. Combien, en effet, pas-
sent inaperçues ou sont à peine remarquées,
bien qu’elles pourraient rendre d’immenses
services ! De ce nombre, en nous plaçant au
point de vue horticole, le seul qui, ici, doit
nous préoccuper, nous n’hésitons pas à dire
que les toiles-abris dont nous allons par-
ler doivent entrer en première ligne.
Mais, indépendamment du bon usage des
choses, c’est-à-dire de leur valeur réelle, il
y a aussi ïà-propos, et cette fois encore
les circonstances viennent nous servir. En
effet, l’absence à peu près complète d’hiver,
une température régulière, non seulement
douce, mais relativement chaude, ont fait
que les plantes ont à peine cessé de végé-
ter, que beaucoup même ont une avance de
deux mois, au moins, sur les années ordi-
naires. Mais comme d’une autre part l’in-
constance et l’irrégularité des saisons sont
telles sous notre climat qu’on a toujours à
craindre les contre-temps tant qu’on n’est
pas arrivé à la première quinzaine de mai,
on peut donc redouter les gelées tardives,
et par contre, on doit se mettre en mesure
d’y parer.
Bien qu’un bon nombre d’espèces de
plantes pourraient souffr ir de ces froids tar-
difs. ce sont surtout les arbres fruitiers qui
donnent de plus grandes craintes, ce qui se
comprend, eu égard à la valeur des produits.
Qu’une plante herbacée souffre du froid,
qu’elle soit « pincée, » comme l’on dit vul-
gairement, c’est un mal, sans doute, mais qui
toutefois n’est pas comparable à celui qui se
produit quand le fait a lieu sur les arbres
fruitiers, d’abord parce qu’alors la perte est
complète, puisque c’est une année de per-
due, et que d’une autre part elle est intrin-
sèquement beaucoup plus considérable. Au
contraire, lorsque ce même mal s’exerce
sur des végétaux d’ornement, indépendam-
ment que la valeur est toujours beaucoup
moindre, il arrive même que pour beaucoup
cela n’occasionne qu’un relard, et qu’après
les premiers bourgeons gelés il en repousse
d’autres qui fleurissent et même fructifient,
comme cela a lieu normalement.
Après ces considérations générales, nous
croyons qu’il convient de dire quelques
mots de la gelée, et de rappeler comment
son action s’exerce, de manière à indiquer
comment on doit agir pour en paralyser
l’action. La gelée, on le sait, est un résultat
du rayonnement des corps avec l’espace,
d’un échange de calorique qui se fait conti-
nuellement entre eux jusqu’à ce qu’ils soient
parvenus à un équilibre relatif de tempéra-
ture, ce qui indique que tous les corps ten-
dent à gagner ou à perdre (à se réchauflér
ou à se refroidir) de la chaleur. Or, cet
échange se faisant toujours (du moins dans
les premiers temps, et lorsque la tempéra-
ture n’est pas encore très-basse) à peu près
verticalement, il suffit de placer la moindre
chose entre les plantes et l’espace, de ma-
nière à intercepter le rayonnement. Ce fait,
du reste, est bien connu des praticiens, et
son efficacité est suffisamment démontrée et
justifiée dans l’emploi des auvents qu’on
place au haut des murs pour garantir les
arbres qui sont placés contre. Il n’est pas
nécessaire que le corps qu’on emploie pour
intercepter le rayonnement soit épais ; la
moindre chose formant écran, une feuille
de papier, parfois même une toile d’arai-
gnée, suffit. Toutefois, ces corps ne peuvent
être employés à cause de leur peu de résis-
tance, et si nous en parlons, c’est afin, sinon
de bien faire comprendre la théorie de la
gelée, du moins d’en donner une idée.
Les principaux avantages que doivent pré-
senter les objets dont on se sert pour ga-
rantir les végétaux sont au nombre de trois:
durée, légèreté et facilité dans le place-
ment, trois qualités qui en déterminent une
quatrième : Véconomie. Eh bien, tous ces
avantages se trouvent réunis dans les toiles-
abris dont nous allons parler, fabriquées
sur une très-vaste échelle par MM. Saint
frères, négociants à Paris, 4, rue du Pont-
Neuf, et 13 à 19, rue des Bourdonnais. Ces
toiles-abris sont de deux sortes, et toutes
deux, fabriquées avec le plus grand soin,
sont identiques de qualité ; la différence
consiste dans le sulfatage que l’on fait subir
à l’une d’elles, ce qui en augmente considé-
rablement la durée, qui devient presque in-
définie pour le peu qu’on apporte quelque
soin à leur conservation. A notre avis, et
bien qu’elles soient un peu plus chères,
elles sont bien préférables et nous paraissent
réaliser une notable économie. C’est là, du
reste, une question économique à laquelle
nous n’avons rien à voir. Ces toiles présen-
tent aussi le très-grand avantage d’être lé-
TEUCraUM ORIENTALE. — BIBLIOGRAPHIE.
76
gèreS; d’un emploi facile, et de ne point
fatiguer les parties sur lesquelles on les
place.
L’avantage de ces toiles ne se borne pas
exclusivement à l’emploi que l’on peut en
faire contre la gelée ; on peut les employer
avec non moins de succès pour garantir les
végétaux du soleil pendant l’été, les abriter
de l’action directe de l’air, et surtout aussi
pour préserver les fruits de la rapacité des
oiseaux, usage pour lequel elles sont infini-
ment plus convenables que les filets qu’on
emploie parfois, qui, indépendamment qu’ils
sont loin de présenter les mêmes avantages,
coûtent beaucoup plus cher. Avec ces toiles-
abris^ on peut aussi confectionner soit des
sortes de cloches ou de crinolines, qu’on
place au besoin sur les plantes que l’on veut
garantir, soit des sortes à' abris-claies, ainsi
qu’on en fait avec de la paille étendue en
TEUCRIÜM
Véritable miniature par sa beauté. Tiges
quadrangulaires extrêmement ramifiées, ter-
minées par des panicules très-larges et com-
pactes, bien que légères. Les ramifications,
qui sont opposées, décussées, sont égale-
ment tétragones. Les feuilles sont élégam-
ment découpées-pectinées; chaque décou-
pure linéaire se bifurque ou trifurque, ce qui
donne à l’ensemble un aspect des plus sin-
guliers. Les fleurs, très-irrégulières, sont
réduites à une seule pièce pendante à cinq
divisions, les deux supérieures très-petites,
les deux suivantes un peu plus développées,
et la cinquième, beaucoup plus grande.
une couche très-mince, et maintenue avec
de la ficelle ou avec des baguettes ou trin-
gles en bois. Confectionnés avec les toiles-
abris, ces objets seraient plus propres,
plus avantageux par la régularité des tis-
sus, et surtout aussi beaucoup plus écono-
miques.
Donc, .à tous les points de vue, nous
n’hésitons pas à recommander l’emploi des
toiles- abris en horticulture, bien convaincu
que nous sommes qu’elles peuvent rendre
d’importants services ; le plus médiat, nous
le rappelons, est l’usage qu’on devra en
faire de suite pour préserver beaucoup de
végétaux qui, à cause de la température ex-
ceptionnellement douce dont nous avons
joui jusqu’ici, ont développé de nombreux
bourgeons , et même des fleurs qu’une
gelée pourrait détruire.
E.-A. Carrière.
ORIENTALE
légèrement concave, est arrondie, légère-
ment acuminée à la base. Les étamines,
au nombre de quatre, inégales par paires,
sont, avec le style, relevées et arquées au
sommet des fleurs, auxquelles elles don-
nent assez bien l’aspect d’une araignée ;
la couleur est lilas violacé, strié à l’inté-
rieur des fleurs de lignes plus foncées. Le
T. orientale, L., fleurit de juin à fin de
juillet; il est originaire du Caucase, vivace,
rustique. C’est une des plus jolies plantes,
dont les milliers de fleurs légères donnent à
l’ensemble une certaine ressemblance avec
le Schizanthus pinnatus. Lebas.
BIBLIOGRAPHIE
Il en est des livres comme de toutes les
autres marchandises : ils ont une valeur qui
permet de les classer. Quelle que soit cette
valeur, elle est toujours relative et en rap-
port avec le but qu’on se propose d’atteindre
et qui doit servir de guide. D’où il s’ensuit
que, pour l’éditeur, la première chose à
faire, après avoir déterminé le but, c’est de
savoir choisir l’homme qui peut le mieux
l’atteindre. Or, puisque pour le cas qui nous
occupe il s’agit de plantes et de faire un
<c livre d’étrennes, » deux choses étaient né-
cessaires : instruire en amusa^it, ce qui
nécessite un sujet intéressaîit, un bon
maître et des matériaux bien ajjpropriés ,
choisis ad hoe, trois choses dont nous allons
dire quelques mots.
Le sujet: Les Plantes alpines, indique
bien la nature de l’ouvrage ; on ne pouvait
certainement mieux choisir, car indépen-
damment que les plantes des montagnes
présentent un intérêt tout particulier, les
différents sites où elles croissent, la plu-
part d’aspect aussi pittoresque que gran-
diose et imposant, donnent à l’ensemble un
attrait qui impressionne vivement le lec-
teur et porte à la réflexion, en même temps
qu’il élève et agrandit la pensée.
Le maître? Il ne pouvait être mieux
choisi. Pour parler des Alpes et des plantes
BIBLIOGRAPHIE.
qu’elles nourrissent, il fallait un homme
qui connût les unes et les autres : tel est
notre collègue, M. Baptiste Verlot, jardinier
en chef à l’école de botanique du Muséum.
En effet, enfant des Alpes, pourrait-on dire,
il connaît parfaitement les plantes de ces
montagnes qu’il a parcourues bien des fois
aux différentes époques de l’année ; de
plus, il est botaniste, ce qui ne gâte rien.
Aussi, personne mieux que lui n’était plus
capable de mener à bonne fin ce travail,
dont, du reste, il s’est acquitté avec un rare
talent.
Restent les matériaux. Cette fois, nous
n’iiésitons pas à dire que l’on pouvait faire
mieux ; en effet, parmi les planches colo-
riées, toutes d’une exécution des plus re-
marquables, tant par l’exactitude des ca-
ractères que par le fini du travail, il en est
un certain nombre qui représentent des
plantes complètement étrangères aux Alpes.
Nous pouvons en dire autant des vignettes :
il en est beaucoup qui forment un double
emploi, qui sont des répétitions des figures
coloriées. On en trouve aussi qui n’ont rien
de commun avec les Alpes, puisque ce sont
des gravures représentant soit des temples,
des cascades ou des rochers factices de
quelques-uns de nos jardins publics pari-
siens (bois de Boulogne, bois de Vincennes,
buttes Chaumont). On reconnaît là des
images d’occasion, des matériaux étrangers
au plan, et ne se rapportant au sujet que
d’une manière très-indirecte. Néanmoins, et
grâce à l’habileté de l’architecte, toutes ces
gravures ont été mises à profit. Disons
mieux, que notre collègue a su en tirer un
excellent parti.
Après cette sorte d’exposé, dont le but est
moins de critiquer l’ouvrage que d’en don-
ner une idée exacte, nous allons énumérer
les diverses parties qu’il contient.
Dans V introduction, l’auteur cherche à
démontrer les différents sites des montagnes
alpestres, à initier le lecteur et à le mettre
au courant de ces beautés grandioses, es-
sayant de lui en donner une idée à l’aide de
quelques dessins assez heureusement choi-
sis. On sent là le guide qui marche d’un
pied ferme au milieu des difficultés dont il
semble se jouer, et qui seraient insurmon-
tables pour beaucoup d’autres que pour lui.
Chemin faisant, à l’aide de quelques plantes
spéciales, il fait ressortir les caractères des
localités, indiquant ainsi ce qu’il faut en-
tendre par stations, et montrant comment
s’échelonne et se répartit la végétation al-
pine, et comment aussi, suivant qu’on
s’élève sur la montagne ou qu’on en gravit
les divers versants, la végétation revêt des
caractères particuliers en rapport avec ces
milieux spéciaux, qui, bien que très-diffé-
rents, s’harmonisent toujours avec ces mi-
lieux.
Dans le chapitre D«’, l’auteur traite de
la culture des plantes alpines, qu’il di-
vise en sections consacrées, l’une aux prm-
cipes généraux, c’est-à-dire à des observa-
tions sur les caractères des végétaux dont il
va parler, de leur mode de végétation en
rapport avec la nature du sol, l’altitude, etc.,
de manière à bien initier le lecteur à la
culture proprement dite, qui fait l’objet du
paragraphe 2, dans lequel il donne tous les
renseignements nécessaires pour obtenir les
meilleurs résultats possibles. M. Verlot est
d’autant plus apte à fournir tous ces rensei-
gnements, que depuis de longues années il
se livre particulièrement à la culture des
plantes alpines.
Dans le chapitre 11, qui est consacré aux
excursions, l’auteur, en vous faisant par-
courir d’abord \Qmont Viso, le Lautaret,
le Cirque de Gavarnie, le Pic du Midi, le
Pic de Belledone, la Grande- Chartreuse,
le mont Cenis, le mont Blanc, les Grands-
Midets, le mont Ventoux, vous indique en
même temps les différentes espèces de
plantes que l’on peut trouver dans les di-
verses parties de ces montagnes, de sorte
que c’est non seulement une promenade
très-intéressante pour le simple touriste,
mais d’une utilité des plus grandes au point
de vue de la botanique. Son livre devient
donc une sorte de guide- pratique pour
herboriser avec fruit dans ces monta-
gnes. Des vignettes, représentant certaines
parties agrestes ou pittoresques, soit des ro-
chers, soit de quelques-unes des plantes lo-
cales des plus intéressantes qu’on y ren-
contre, viennent encore ajouter à l’intérêt
déjà si grand de ces excursions.
Dans le chapitre III, après avoir consacré
quelques pages à la récolte et au transport
des plantes alpines, M. Verlot traite de la
multiplication et de l’emploi de ces plan-
tes, toutes choses qu’il peut d’autant mieux
faire que, ainsi que nous l’avons dit, il se
livre tout particulièrement à la culture de
ces plantes. Une liste, choisie parmi les plus
belles plantes alpines et alpestres, termine
le chapitre sur la culture dont il est le com-
plément, et clôt d’une manière heureuse la
première partie du livre, qui comprend
216 pages.
La seconde partie des Plantes alpines
BOUTURAGE DES CONIFÈRES. — LES CATALOGUES.
78
est consacrée aux planches coloriées et aux
descriptions. C’est la partie vraiment orne-
mentale du livre, qui se compose de cin-
quante belles planches en chromo-lithogra-
phie, exécutées avec le plus grand soin,
et comprenant cent deux espèces. A côté de
chaque planche, souvent même en regard,
se trouvent les descriptions de chacune des
espèces représentées, parfois même accom-
pagnées d’une vignette ou gravure sur bois.
Mais ici, reconnaissant que notre tâche
est finie, nous n’essaierons pas de donner
une idée de ces descriptions, qui, bien que
courtes et très-concises, indiquent, avec les
caractères botaniques des plantes aux-
quelles elles s’appliquent, les principaux
renseignements sur la culture et la multi-
plication qui leur conviennent, car ce serait
déflorer le travail sans atteindre le but ;
nous laissons ce soin au lecteur, qui, nous
l’espérons, nous remerciera de lui avoir fait
BOUTURAGE I
En abordant la question de la multiplica-
tion des Conifères à l’aide du bouturage,
nous n’avons pas l’intention d’indiquer ni
l’époque où l’on doit faire les boutures, ni
les conditions dans lesquelles on doit opé-
rer, non plus que les soins qu’on doit leur
donner, toutes choses variables suivant les
climats où l’on est placé, les espèces à mul-
tiplier et les moyens dont on dispose. Notre
but est seulement d’indiquer quelles sont
les parties des plantes qui sont les plus
avantageuses, c’est-à-dire dont la reprise,
en général, est plus certaine.
Contrairement à ce qui se passe pour un
grand nombre de plantes herbacées, dont
les parties grêles, ténues, petites, repren-
nent souvent mieux que celles qui sont bien
nourries et très-aqueuses, chez les Coni-
fères, en général, il y a un très-grand avan-
tage à se servir de bois fait, c’est-à-dire
bien aoûté, et surtout — et c’est là l’essen-
tiel — que les parties soient relativement
fortes. Il y a à cela un très-grand avan-
tage ; car, indépendamment qu’elles fondent
moins, que la reprise en est plus assurée, à
peine enracinées, les plantes, au besoin,
peuvent être livrées. Un autre avantage qui
en résulte, qui est aussi de première im-
connaître un livre où il a trouvé tant de
charmes, appris tant de choses intéressantes
qu’il n’oubliera jamais, et qui, gravées dans
sa mémoire, y resteront et, lui donneront
une jouissance toute particulière, en impri-
mant à ses idées un tableau permanent, une
sorte de panorama vivant des Alpes, cela
lors même qu’il ne les aurait jamais vues.
Tel est le propre, le grandiose, pourrait-on
dire, des vraies beautés de la nature, que
rappelle si bien le livre des Plantes al-
pmes, dont M. B. Verlot est l’auteur.
Ajoutons que, sauf ce que nous avons dit
des dessins, l’éditeur n’a rien négligé : le
papier est très-fort, d’une belle nuance et de
premier choix ; le texte, très-net, est en
beaux caractères et bien appropriés, et les
marges, qui sont larges, donnent à l’en-
semble un caractère qui justifie la qualifi-
cation de « livre d’étrennes » par lequel
on le désigne parfois. E.-A. Carrière.
ÎS CONIFÈRES
portance, c’est que les plantes ainsi obte-
nues sont beaucoup moins délicates, croissent
plus vite et conservent pendant très-long-
temps une supériorité très-marquée sur
celles qui ont été obtenues à l’aide de par-
ties très-réduites ou grêles, qui pendant
très-longtemps peuvent à peine se maintenir,
et auxquelles on est obligé de mettre un tuteur.
Disons, du reste, que le moyen que nous
indiquons n’est pas seulement avantageux
pour les végétaux conifères ; qu’il l’est éga-
lement pour tous les végétaux ligneux ; que,
dans certains cas, lorsqu’il s’agit d’arbres,
par exemple, et surtout de grands arbres,
soit forestiers, soit d’ornement, la compa-
raison est à peine possible. Ainsi, tandis que
des boutures de Peupliers, de Saules, de
Platanes, faites avec du gros bois bien
nourri, donnent de suite de beaux arbres
vigoureux et robustes, des boutures de ces
mêmes espèces faites avec des branches
grêles, effilées, maigres, comme l’on dit,
ne produiront que des arbres chétifs, élan-
cés, pouvant à peine se soutenir, et qui ne
donneront jamais, ou du moins que rare-
ment et difficilement, une tige vigoureuse
et robuste, ce qui est indispensable pour ces
sortes d’arbres. Briot.
LES CATALOGUES
Une circulaire-annonce du mois de jan- 1 teur à Poitiers (Vienne), énumère et décrit
vier 1873, publiée par M. Bruant, horticul- I les plantes obtenues dans cet établisement,
LES CATALOGUES.
79
et qu’il livre au commerce à partir de cette
époque. Ce sont, dans les Pélargoniums zo-
nales à fleurs doubles, quatre variétés, cinq
variétés à fleurs simples ; dans les Pétunias à
fleurs doubles, treize variétés; dans ceux à
fleurs simples, sept variétés ; dans ce même
genre, section des multiflores ou lilliputs,
variétés à petits feuillage et à petites fleurs,
douze variétés. Dans le genre Verveine,
vingt-six variétés sont en vente. Entin le
genre Pentstemon comprend six variétés
nouvelles.
Un pépiniériste-viticulteur, M. F. Fau-
veau, à Beaulieu, près Saint-Lambert-de-
Lattay (Maine-et-Loire), informe le public
qu’il est en mesure de fournir des quantités
considérables de plants de Vigne bien enra-
cinés et propres à la plantation. Ces plants
sont divisés en quatre catégories, correspon-
dant et appropriés aux quatre groupes des
grands vins de France, dont voici les noms :
vins blancs de Bourgogne, vins rouges de
Bourgogne, vins rouges de Bordeaux, vins
rouges de Bourgueil. Des explicaticns in-
diquant les qualités et propriétés de ces
Vignes guident l’acheteur et le mettent à
même de faire un choix selon le but qu’il
veut atteindre. Fn outre des cépages que
nous venons d’indiquer, qui sont exclusive-
ment propres à la fabrication du vin,
M. Fauveau est en mesure de fournir près
ûe 100 des meilleures variétés dans le Raisin
de table.
A partir du 15 janvier dernier, M. Crousse,
horticulteur à Nancy, a mis au commerce
pour la première fois un certain nombre de
plantes nouvelles provenant de ses semis;
ce sont : seize variétés de Pétunias à fleurs
doubles et douze variétés à fleurs simples;
quatre variétés de Pélargnoniums zonalesk
fleurs doubles et quatre variétés à fleurs
simples ; puis quatre variétés de Pentstemon ,
et sept variétés de Phlox decussata, sept
variétés de Pivoines herbacées.
Fn outre, à partir du 15 mars 1873, le
même horticulteur mettra également au
commerce pour la première fois, et prove-
nant de ses semis, deux variétés de Pélar-
gonium zonale à fleurs doubles, l’un de cou-
leur blanc saumoné: c’est Alice Crousse;
l’autre à fleurs de couleur pourpre : c’est
M. Crousse. D’après l’obtenteur ce sont,
deux plantes des plus naines, très-bonnes
pour faire des massifs, en un mot tout à fait
hors ligne.
La maison Vilmorin-Andrieux et vient
de faire paraître plusieurs publications dont
nous allons parler d’une manière générale.
Ce sont d’abord quatre catalogues dont trois
spéciaux, relatifs, l’un aux Glaïeuls, le
deuxième aux Da/ih'as et aux Cu7mas; le
troisième ,qui est un supqüément aux cata-
logues, contient l’énumération et les des-
criptions des nouveautés qui paraissent pour
la première fois, quels que soient le genre
et la catégorie de plantes (légumes, fleurs,
plantes bulbeuses, etc.) à laquelle elles ap-
partiennent. Le quatrième est le Catalogue
général, sorte de résumé qui, comprenant
tout ce qui se trouve dans cet établisse-
ment, l’un des plus importants de l’Europe,
tant par le nombre que par la diversité des
objets qu’il contient, renferme, de même
que le supplément, une quantité considé-
rable (180) de vignettes, ce qui, joint aux
descriptions, donne aux amateurs une idée
des plantes et peut les guider, soit dans le
choix des plantes, soit dans la culture qu’ils
doivent leur donner. Aussi ces catalogues
sont-ils très-précieux et méritent-ils de trou-
ver une place dans toutes les bibliothèques.
A vrai dire, ce sont de véritables documents
scientifiques, des archives où tous, savants et
praticiens, trouveront d’utiles renseigne-
ments. On comprendra donc que nous n’es-
sayons pas d’en indiquer le contenu ; tout ce
que nous pouvons faire, c’est d’engager de
les lire, et par conséquent d’en faire la de-
mande à MM. Vilmorin-Andrieux et 0^®,
marchands grainiers, 4, quai de la Mégis-
serie.
En même temps, et indépendamment de
ces catalogues, cette même maison vient de
publier un Calendrier des semis à faire
mois par mois. C’est une brochure in-8®
de 92 pages, dans laquelle sont indiquées
d’une manière générale, parfois même très-
précise, les époques où il convient de semer
ou de stratifier les graines, ainsi que celles
où elles fleurissent et donnent leurs pro-
duits. Des observations ou des remarques,
soit sur les particularités que présentent les
plantes, soit sur les soins qu’il convient de
leur donner, complètent le tout et font de
cette publication un véritable guide qui ne
devra manquer dans aucune bibliothèque,
et pourrait même tenir lieu de beaucoup
d’autres. Cela d’autant plus qu’elle s’étend
à presque toutes les plantes annuelles, bis-
annuelles, vivaces, plantes bulbeuses ou tu-
béreuses, arbres, arbrisseaux, arbustes,
fleurs, légumes, etc.
Un Tableau-Guide et un Tableau-Ba-
rême, indiquant l’un les principaux modes
de plantation les plus en usage lorsqu’il
s’agit de végétaux ligneux, tels que vigno-
LES CATALOGUES.
80
Lies, forêts, pépinières, vergers, etc., avec
l’indication du nombre d’individus à planter
par hectare, d’après les distances adoptées
pour chacun; l’autre, letahleaxi-harême, in-
dique en centimètres pour un are le nombre
de sujets nécessaires suivant l’espacement
observé entre eux dans la plantation; tout
cela disposé à peu près dans l’ordre d’une
table de multiplication, de sorte que l’espa-
cement entre les lignes et celui des plants
sur les lignes étant donné, on voit de suite à
la case d’intersection correspondante de ces
lignes le nombre de plants qu’il faut em-
ployer, tous renseignements qui, ainsi qu’on
peut le voir, sont d’une très-grande utilité,
et aussi simples qu’ils sont pratiques.
En dehors de toute cette série de publi-
cations, des tableaux représentant 119 vi-
gnettes dessinées et gravées avec le plus
grand soin, se rapportant aux fourrages -
racines ou autres, aux légumes divers, tels
que betteraves, carottes, panais, navets,
choux variés, laitues, etc., puis à un choix
de plantes d’ornement au nombre de trente-
six, complètent heureusement ce travail que
nous n’hésitons pas àrecommander, à cause
des immenses services qu’il est appelé à
rendre d’abord à la pratique, en lui indi-
quant un choix de plantes dont le mérite est
bien constaté , ensuite à la science, en dé-
montrant les innombrables formes que peu-
vent produire les types, lesquelles, par leur
fixité à se reproduire, sont de nature à faire
réfléchir les savants et à les éclairer sur la
manière dont se forment les espèces, toutes
choses, qui nous l’espérons, justifient les de-
tails dans lesquels nous venons d’entrer.
On pourra se procurer toutes les publi-
cations en en faisant la demande à MM. Yil-
morin-Andrieux et C‘®, 4, quai de la Mégis-
serie.
Nous recevons de la maison Paul Tollard,
successeur M. A. Lecaron, marchand grai-
nier, 20, quai de la ^légisserie, le catalogue
de graines pour 1873, qui comprend les
sections suivantes ; graines potagères, de
plantes médicinales, de plantes de grande
culture, fourragères, de plantes économi-
ques, d’arbres, de fleurs, racines fourra-
gères, oignons à fleurs, etc., etc.
Nous appelons tout particulièrement l’at-
tention sur une circulaire jointe au catalogue,
relative à V ensemencement des 'prairies et
aux semis de gazons. D’après des rensei-
nements précis, bien que généraux, sur les
semis de gazons et sur les soins qu’il con-
vient de leur donner, on trouve indiqués des
assortiments de graines pour former des
prairies à faucher ou propres au pâturage
suivant les conditions de terrain ou d’expo-
sition dans lesquelles on se trouve placé, et
qui, en indiquant la quantité de graines
qu’il convient de mettre pour chaque espèce
et pour un hectare, fait de ce document un
guide aussi utile qu’intéressant et dont nous
recommandons la lecture. On peut se pro-
curer cette circulaire, ainsi que les catalo-
gues de la maison, en s’adressant à M. Le-
caron.
L’établissement d’horticulture de Haage
et Schmidt, à Erfurth, vient de publier son
catalogue pour 1873. Il est relatif aux
graines de toutes sortes et aux collections
aussi nombreuses que variées que renferme
cet établissement. On pourra s’en faire une
idée par le catalogue dont nous parlons, et
qui ne comprend pas moins de 240 pages
petit in-8o sur deux colonnes. De nom-
breuses figures intercalées dans le texte se
rapportant, soit à des plantes nouvelles, soit
à des plantes rares, donnent à ce catalogue
une valeur qui le fera rechercher des ama-
teurs, qui pourront y puiser d’utiles ensei-
gnements.
MM. Lévêque et fils, horticulteurs, 26,
rue du Liégat, à Ivry-sur-Seine, près Pa-
ris, avantageusement connus pour leur cul-
ture spéciale de Rosiers, viennent de publier
un nouveau catalogue des plantes qu’ils sont
en mesure de fournir. Bien que les Rosiers
constituent la partie la plus importante de
leur établissement, on trouve là aussi un bon
nombre d’autres plantes très-méritantes au
point de vue ornemental, telles que Glaïeuls,
Pivoines, Phlox, Camellias, Azalées, Lis,
Hoteia, etc., etc. Inutile de dire que, en
fait de Rosiers, MM. Lévêque sont en me-
sure de fournir toutes les variétés les plus
nouvelles : celles-ci sont au nombre de cin-
quante-quatre, appartenant aux différents
groupes que comprend le genre Rosier.
E.-A. C.VRRIÉRE.
Orléans, irap. de G. Jacob, Cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quineaine de février)
Température du mois de février. — Rectification. — Nouveaux Gloxinias livrés au commerce par
M. Vallerand, horticulteur à Bois-Colombes; le Scheeria Président Malet. — La floraison des
Carnellia au Japon; communication de M. Léon Sisley. — Procédé pour détruire les rats: lettre de
M. Barillet. — Souscription organisée par M. Rafarin, pour venir en aide aux victimes des inondations;
liste des donateurs. — Variété de Rosier J?anA;s, obtenue par M. Doumet-Adanson. — Exposition inter-
nationale gastronomique, culinaire, vinicole et florale aux Champs-Elysées, à Paris, du 15 mars au
1er avril 1873. — Observations sur le Ramié. — Une nouvelle maladie des Pommes de terre; les
Pommes de terre fialeuses. — Ce qu’on lit sur un Wellingtonia fjiga?itesqiie de la Californie. —
Opinion de M. Casimir Gary sur le Phylloxéra, extrait du Journal d’ Agriculture pratique. — Les
Gloxinias à corolle double. — Création d’un nouveau parc en Amérique, le Yellow stone national
Park. — Circulaire du Cercle horticole lyonnais. — Le Jardin d’acclimatation d’Hycres; sa création
et son but, annoncés par M. Geoffroy Saint-Hilaire à la Société d’acclimatation.
Sans être froi(ie, la période dans laquelle
nous étions entrés depuis quelques jours est
celle que , généralement , l’on considère
comme marquant l’hiver : ciel couvert,
temps brumeux-givreux (temps gris), pen-
dant lequel, néanmoins, la température est
restée relativement élevée. Ainsi, le thermo-
mètre, descendu une fois seulement, et pen-
dant quelques heures, à 3 degrés au-dessous
de zéro, s’est élevé parfois jusqu’à 10 degrés
au-dessus. C’est à peu près ainsi que ce
sont passées les choses à Lyon, où, à la date
du 18 février, notre ami, Jean Sisley, nous
écrivait : (c Février est le mois le plus froid
que nous ayons eu ; depuis quelques jours,
le thermomètre, la nuit, est descendu à
4-5 degrés au-dessous de zéro ; les jours
sont clairs et assez chauds, 10 à 12 degrés. »
A Munich (Bavière), il y a également eu une
recrudescence de froid. Notre collègue,
M. Kolb, nous écrivait récemment que le
16 février au matin, le thermomètre mar-
quait 11 degrés au-dessous de zéro, et que
la terre était couverte d’un pied de neige.
Notons que depuis le 23 février, le temps
doux, printanier, mais malheureusement
pluvieux, est revenu, et que tous les matins
le thermomètre est au-dessus de zéro.
— Dans notre dernière chronique, dans
la citation que nous avons faite d’une lettre
que nous a écrite M. Doumet-Adanson, il
s’est glissé une erreur de chiffres qui déna-
ture complètement les faits, et que nous
nous empressons de rectifier : c’est à la
page 63, ligne 6, où il est dit que la quan-
tité d’eau tombée à Cette est de 582 milli-
mètres ; au lieu de cela, c est 8S2 milli-
mètres qu’il faut lire.
— M. J. Vallerand, horticulteur, 13, rue
1er mars 1873.
de la Procession, à Bois-de-Colombes (Seine),
particulièrement et avantageusement connu
par ses cultures spéciales sur les Gesnéria-
cées, vient de publier une circulaire par
laquelle il informe le public qu’à partir du
15 mars prochain, il livrera au commerce
une série de nouveaux Gloxinias, tous des
plus remarquables, tant par la forme que
par le coloris, ce qui, du reste, a été cons-
taté par un rapport inséré dans le Journal
de la Société centrale dliorticultiire de
France. Toutes ces variétés, au nombre de
vingt-deux, ont les fleurs dressées.
Une autre Gesnériacée toute nouvelle,
qu’il mettra également au commerce à la
même époque, est le Scheeria Président
Malet, sur lequel nous devons dire quelques
mots. Cette plante est un hybride entre le
Scheeria Mexicana et le Nœgelia amahi^
lis. Un fait très-remarquable, indépendam-
ment de son mérite particulier, c’est que le
-S. Président Malet est, relativement, exces-
sivement rustique, beaucoup plus même que
ses parents, qui déjà le sont passablement.
Nous reviendrons sur cette espèce, dont
nous donnerons une figure coloriée et une
description aussi complète que possible, de
manière à bien faire ressortir l’intérêt tout
particulier qu’elle présente au point de vue
scientifique.
Les amateurs de Gesneriacées trouveront
chez M. Vallerand un grand nombre d’es-
pèces diverses, appartenant à ce groupe ,
qu’il affectionne tout particulièrement.
— L’extrait suivant d’une lettre adressée
à notre ami, M. Jean Sisley, par l’un de ses
fils, M. Léon Sisley, ingénieur des mines
au Japon, nous parait de nature à intéres-
ser nos lecteurs :
82
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
1 Kouno, 29 décembre 1872.
Nous avons eu cette semaine le commen-
cement de l’hiver : delà neige qui a tenu une
nuit et des gelées de 3 à 4 degrés le matin, ce
qui n’empêche pas les Camellias de commencer
à épanouir leurs boutons.
Quant aux autres plantes, on ne peut guère en
juger maintenant; nous sommes arrivés ici deux
mois trop tard, et il faut remettre bien des choses
à l’année prochaine.
Si par cette température de 4 degrés au-
dessous de zéro, et par un temps de neige
et d’humidité, la floraison des Camellias
s’opère bien en pleine terre, il faut recon-
naître ou que cette floraison s’effectue plus
facilement qu’on ne le croit généralement,
ou que des circonstances locales modifient
au Japon l’action du froid, ou encore qu’il
y aurait là des variétés plus rustiques que
celles que nous possédons. Quelle est celle
de ces choses qui est vraie? Ne le sont-elles
pas toutes relativement ?
— Une lettre que nous a adressée notre
collaborateur, M. Barillet, au sujet d’un
procédé pour détruire les rats, nous paraît
intéressante ; nous croyons devoir la repro-
duire :
Mon cher Monsieur Carrière,
La lettre de M. Vuitry père, insérée dans votre
numéro du 1er novembre (1), sur la destruction
des souris et des mulots, me suggère l’idée de
vous donner connaissance de l’invention de M. le
capitaine Godreuil pour détruire les rats. Voici
ce qu’il dit :
« Pendant ma traversée de Callao à Saint-
Pierre (Martinique), il y avait à bord une grande
quantité de rats. Le navire était chargé de guano.
Naturellement tous ces rongeurs se rassemblaient
dans le magasin aux provisions, puisqu’ils ne
trouvaient rien dans la cale pour leur nourriture.
Les ravages qu’ils faisaient dans les provisions
et la voilure étaient considérables, et j’estime à
plus de 500 fr. les pertes de cette dévastation.
Désolé j’étais. Je fis installer un système de ra-
tière qui m’a parfaitement réussi ; voilà pour-
quoi j’en donne connaissance, et voici comment
elle était installée :
« Je fis prendre un baril à farine vide, dont
on ôta tous les cercles, à l’exception de trois :
un au bas, l’autre au milieu et le troisième en
haut ; on suiffa bien l’extérieur, de manière à ce
que les rats ne pussent monter par les côtés du
baril.* Je fis faire un couvercle de 2 centimètres
de moins de diamètre que le fond du baril, et
parfaitement poli ; ce couvercle fut fixé au baril
par deux pointes diamétralement opposées, de
manière à ce qu’il pût pivoter parfaitement par
le plus léger poids posé sur les côtés. Une autre
(1) Voir Revue horticole, 1872, p. 403.
pointe fut ensuite fixée sur le centre du cou-
vercle, pour servir d’attache à l’appât, qui était
un morceau de lard bien grillé, de manière à ce
qu’il dégageât une forte odeur, afin de bien allé-
cher tous ces rongeurs ; le dedans du baril avait
été poli et suiffé avec le plus grand soin, de
même que le couvercle.
« Ceci fait, je fis installer un morceau de
planche, dont l’une des extrémités partait du sol
ou de l’endroit d’où venaient les rats, tandis que
l’autre extrémité arrivait environ à un pied au-des-
sus du baril ; de sorte que pour atteindre le lard,
les rats étaient obligés de prendre le chemin de
la planche, et une fois à l’extrémité de cette
planche, ils étaient obligés de sauter pour arri-
ver au lard : leur poids seul faisait basculer le
couvercle, et ils tombaient dans le baril, au fond
duquel il y avait du biscuit et du lard. Le bruit
qu’ils y faisaient attirait les autres. J’ai vu, en
une heure, en prendre une douzaine; en huit
jours, tous les rats étaient détruits, et je compte,
sans exagération, qu’il en a été détruit plus de
trois cents. »
Ce système, qui est très-économique et très-
simple, est, je crois, très-pratique ; aussi, je
n’hésite pas à en recommander l’emploi, priant
tous ceux qui voudraient bien l’employer de vou-
loir bien faire connaître les résultats qu’ils au-
raient obtenus.
Agréez, etc. H. Barillet.
— Mu par des sentiments qu’on ne saurait
trop louer, notre collègue, M. Rafarin, dans
le but de venir en aide aux victimes des
inondations, fit appel à la générosité d’un
certain nombre de pépiniéristes et de mar-
chands grainiers, qui, il faut le reconnaître,
se sont empressés de répondre à l’appel qui
leur était fait, en mettant à sa disposition,
soit des graines, soit des arbres.
En présence d’un pareil acte, notre de-
voir est tout tracé : le signaler à l’attention
publique en faisant connaître les noms des
personnes qui ont bien voulu concourir à
cette bonne œuvre. Ce sont :
Pour les graines potagères diverses :
MM. Vilmorin et Ci®, 4, quai de la Mégisse-
rie, valeur 100 fr. ; Mangin, rue du Louvre,
un lot varié ; Gontier, 6, quai de Gèvres,
25 kil. diverses espèces; Havard, rue Auber,
valeur 100 fr. ;Thiébault, place de la Made-
leine, un lot varié ; Martin, quai de la Mé-
gisserie, valeur 100 fr. ; Lecaron, quai de
la Mégisserie, 83 kil. diverses espèces;
Courtois- Gérard et Pavard, rue du Pont-
Neuf, valeur minima 200 fr.; Daubas, jar-
dinier en chef de la Légion-d’Honneur de
Saint-Denis, autorisé par M. le général Vi-
noy, 195 litres diverses espèces.
2° Pour les arbres et arbustes fruitiers :
MM. Groux et fils, à Aulnay-Sceaux, un lot
83
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
varié ; Durand, à Bourg-la-Reine, un lot
varié ; Honoré Defresne, à Vitry-sur-Seine,
un lot (800 arbres et arbustes) varié.
3" Pour les outils" de jardinage : MM. Al-
lez frères, 1, rue Saint-Martin, divers outils
de jardinier.
Quant à l’auteur de cette démarche, M. Ra-
farin, il trouvera un large dédommagement
dans les résultats qu’il a obtenus. Aussi, au
lieu de le féliciter, nous nous bornons à si-
gnaler le fait, laissant à nos lecteurs à en
faire l’appréciation.
— Le 6 février dernier, M. N. Doumet-
Adanson, président de la Société d’horticul-
ture et d’histoire naturelle de l’Hérault,
nous écrivait :
A propos de la note de M. Dubreuil sur la
panachure des Roses, due à certain mode de
greffe, je puis vous signaler un fait peu différent,
dû sans doute à la même cause. Un amateur pas-
sionné de cette belle fleur, dont le jardin est voi-
sin du mien, M. Bénézech, a obtenu, en greffant
sur Banks une Gloire de Dijon, une variété très-
différente, qui s’est perpétuée depuis, et à la-
quelle il a donné le nom de Gloire de Java.
Cette rose diffère tant de son type originel, par
la forme et par le coloris, que lorsqu’il me la
présenta dernièrement, je crus à une variété ob-
tenue de semis.
Encore un exemple de la mutabilité des
végétaux qui renferme d’utiles enseigne-
ments. Nous le signalons à nos lecteurs.
— Du 15 mars au avril prochain,
aura lieu à Paris, aux Champs-Elysées,
dans un local préparé ad hoc, une^ exposi-
tion étrangère au sujet que doit traiter la
Revue horticole, et dont nous ne parlerions
pas si, par certain côté, elle ne se rattachait
directement à l’horticulture. C’est une Ex-
position universelle internationale, gas-
tronomique , culinaire , vinicole et flo-
rale.
Cette exposition comprendra tout ce "qui
se mange et tout ce qui se boit ; des con-
cours spéciaux auront lieu pour arriver à
donner à la classe ouvrière une nourriture
saine et confortable, en même temps qu’é-
conomique.
Pour donner plus d’attrait à cette solen-
nité, dans le même local, se fera en même
temps une exposition florale, composée de
fleurs et de plantes grasses diverses.
<c Les exposants pourront vendre leurs
produits, à la condition qu’ils les remplacent
par d’autres.
« Les récompenses consisteront en pri-
mes en espèces, objets d’arts divers, mé-
dailles d’or, vermeil, argent, bronze, men-
tions honorables, etc., etc.
« Les exposants n’auront pas à s’occuper
de l’agencement de leur exposition, tous les
préparatifs ayant été faits à l’avance. »
Dans les mêmes locaux, le 4 avril sui-
vant, s’ouvrira une Exposition universelle
internationale des races canine, galline et
féline, accompagnée de plusieurs grands
concours pour l’amélioration des chiens ra-
tiers, etc., etc.
Les personnes qui désirent exposer doi-
vent s’adresser, par lettres, au bureau pro-
visoire, 21, rue d’Arcole, ou, à partir du
15 février, au siège de l’Exposition, aux
Champs-Elysées, derrière le Palais de l’In-
dustrie.
Quelques lecteurs trouveront peut-être
singulier que nous annoncions une exposi-
tion du genre de celle dont nous venons de
parler ; nous avons pour cela deux raisons :
la première que, ainsi qu’on a pu le voir par
le programme, cette exposition n’est pas
complètement étrangère à l’horticulture ; la
deuxième que, se rattachant en très-grande
partie à l’économie domestique, elle est d’in-
térêt général, s’adresse à tous et à toutes.
— Il est certaines questions dont on pour-
rait presque parodier l’insolubilité par cette
citation que l’on fait souvent : « C’est comme
une bouteille d’encre ; plus on l’agite,
moins l’on y voit. » Phrase dont les consé-
quences pourraient, avec assez d’à-propos
et de justesse, être appliquées au Ramié.
Jusqu’ici en effet, et quoi qu’on en dise, on
est bien obligé de reconnaître que le désac-
cord est complet, et que, malgré ce qu’en
ont dit les savants, l’on ne sait encore rien
de certain|àce sujet. Quant aux plantes qu’elle
comprend, ainsi que de leur valeur indus-
trielle, nous avouons que tout ce que nous
avons lu sur ce sujet est loin d’avoir résolu la
question, au contraire. Que faut-il en con-
clure ? Ceci : que, au lieu de s’adresser à la
science, il faut recourir à la pratique, faire
parler les faits. Aussi, que nos lecteurs se
rassurent, nous n’avons pas l’intention de
les convaincre par des phrases, car nous ne
pourrions que répéter à peu près — en
d’autres termes peut-être — ce qui a été
dit, ce qui, au lieu d’avancer la question,
pourrait produire un effet analogue à ce qui
se passe lorsqu’on « agite la bouteille à
l’encre. » Nous nous en garderons bien ;
notre but, c’est de faire connaître aux ama-
teurs de cette plante un fait qui les intéres-
84
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
sera, que nous trouvons consigné dans V Il-
lustration horticole^ numéro du 1®^ octobre,
d’où nous l’extrayons. « Nous avons le plai-
sir, dit M. André, d’annoncer que M. Du-
rieu de Maisonneuve vient d’obtenir une
race nouvelle et hâtive, par semis de graines
venues de la Chine il y a quelques années,
par l’intermédaire de la Société d’acclimata-
tion. Ordinairement les fleurs femelles de
l’Ortie de Chine se montrent fin de sep-
tembre ou commencement d’octobre, et
n’ont pas le temps de mûrir léurs graines.
Cette nouvelle variété ouvre ses fleurs dès le
15 août, et ses graines sont parfaites dès le
15 octobre. »
Si, comme il est arrivé à tant d’autres cho-
ses, le Ramié n’a pas été un peu surfait, on
a lieu de se réjouir du fait que nous venons
de rapporter, car en récoltant facilement des
graines, on pourra (aire des semis plus con-
sidérables, et, ainsi que cela s’est vu pour
tant d’aulres plantes, obtenir des variétés
encore plus méritantes que celles desquelles
elle sortent,
— Le fait dont nous avons parlé dans
notre chronique du 16 avril 1872, pp. 146,
■147, relatif à une affection que présentent
parfois les Pommes de terre, et qui n’était
que local et même exceptionnel, tend à se
généraliser et à passer à l’état de fléau. Il
s’agit de Pommes de terre « fialeuses » qui,
au lieu de produire des bourgeons vigou-
reux, n’en donnent plus que de filiformes,
et à peu près tout à fait impropres à la re-
production. On nous informe que dans plu-
sieurs départements, des quantités considé-
rables sont atteintes de cette affection, et il
y a quelques jours, un fort propriétaire de
la Charente-Inférieure nous assurait que
dans une grande partie du département, on
ne trouverait pas assez de Pommes de terre
pour faire la plantation. Nous reviendrons
prochainement sur cette question, en indi-
quant ce qu’il convient de faire pour se sous-
traire à ce nouveau fléau.
— Nous lisons dans un journal horticole,
sur les Wellingtonias gigantesques de la
Californie, que l’un de ces colosses, qui est
couché sur le sol, « a le bois ferme et par-
faitement sain ; que son âge, d’après ses an-
neaux ou couches de bois, serait de 3,100 an-
nées — il n’y a pas de fractions ; — qu’il
renferme 25,000 pieds cubes de bois de ser-
vice, et qu’il y a environ 1,000 ans qu’il fut
endommagé par le feu que les Indiens
avaient allumé à son pied, comme ils ont
encore l’habitude de le faire aujourd’hui, d
Si l’on réfléchit que d’après des études sé-
rieuses, l’âge de ces colosses a été évalué à
environ 1,800 ans, — ce qui est déjà un beau
chiffre, — on sera amené à établir quelque
comparaison de ces dires avec la fable de
La Fontaine intitulée: « Les femmes et le
secret. »
— Si M. Casimir Gary n’est pas, comme
M. Dupont (de Bordeaux) (1), un anti-
phylloxériste, il n’en est pas moins un en-
nemi de tous les moyens qu’on a préconisés
jusqu’à ce jour pour combattre le phyl-
loxéra, ce qui provient de ce que, considé-
rant cet insecte comme un effet, la logique
le conduit à s’en prendre à la cause. Sous
ce rapport, M. Gary a raison ; il est consé-
quent avec lui-même. Pour le juger, il suffit
d’examiner la cause, ce que nous allons faire.
D’un article publié dans le Journal
d' Agriculture pratique, 1873, page 127,
par M. G. Gary, il résulte que la cause du
mal sur nos vignobles serait due au soufre
qu’on a employé soit pour les guérir, soit
pour les préserver de l’oïdium. Pour justi-
fier nos dires et convaincre nos lecteurs,
nous croyons devoir mettre sous leurs yeux
certains passages de l’article dont nous par-
lons :
L’oïdium, fléau des Vignes, a longtemps sévi
dans diverses contrées de l’Europe. Après plu-
sieurs essais, les vignerons ont atténué ses ra-
vages en employant la fleur de soufre, injectée
sur les feuilles et les Raisins en voie d’accrois-.
sement.
Le soufre était devenu l’arbitre souverain de
la récolte, à ce point que le viticulteur qui en
manquait considérait comme bien aventurée la
production de ses Vignes.
Dans certains vignobles de France, l’oïdium
ne s’est fait sentir, dans ses diverses apparitions,
que sur une ou deux récoltes consécutives. Dans
le sud, il a été plus persistant.
Dès avant l’année 1859, les Vignes du midi de
la France étaient envahies par l’oïdium. Souvent
on l’a vu disparaître à la suite d’un grand orage
fortement électrisé, et les Raisins, débarrassés
tout à coup de la poussière de l’oïdium, arriver
à parfaite maturité, même dans les Vignes non
soufrées.
Entre temps, le soufrage permanent, qui avait
été adopté comme assurance de la récolte dans
les environs de Marseille, dans la vallée du
Rhône, les plaines du Languedoc et du Roussil-
lon, a fait surgir un autre ennemi bien plus à
craindre; car, d’après les viticulteurs, il attaque
dans sa sève l’écorce vive de la Vigne, dont il dé-
truit la végétation.
Cet ennemi, auquel on a donné le nom de
phylloxéra vastatrix, ne paraît pas être une
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. C5.
85
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
cause, mais un effet, car il se montre sur les
racines des Vignes longtemps soumises à celte
application délétère du soufre.
Il va sans dire que nous ne partageons
pas l’opinion de M. Gary. Si nous avons
rapporté quelques passages de son article,
c’est pour montrer jusqu’à quel point les
opinions peuvent diflcrer sur un même su-
jet. Toutefois, sans prendre parti ni pour
ni contre ce qui précède, nous croyons de-
voir observer qu’une semblable théorie est
difficile à accorder avec les faits. Ainsi, par
exemple, comment se fait-il que depuis plus
de vingt ans qu’on soufre les Vignes, le
phylloxéra ne soit apparu que depuis quel-
ques années seulement? Et, d’une autre
part, puisque l’oïdium a envahi, plus ou
moins, à peu près toutes les Vignes de l’Eu-
rope, et qu’on les a toutes soufrées pour les
guérir, comment se fait-il, si le phylloxéra
n’est qu’un effet occasionné par le soufrage,
que cet insecte ne se soit montré que dans
certaines localités et sur quelques parties
seulement, qui parfois même n’avaient pas
été soufrées? Ce sont des questions que l’on
pourrait poser à M. Gary.
— En parcourant dernièrement des notes
que nous avions prises il y a déjà longtemps,
nous en avons remarqué une qui a assez
d’analogie avec celle publiée récemment par
la Revue, intitulée : Gloxinia à corolle
double (1), et de laquelle il résulte que ce
caractère de duplicature s’est montré il y a
déjà plusieurs années, et même qu’il ten-
dait à se reproduire, fait démontré par des
expériences faites au Muséum par notre
collaborateur et collègue, M. L. Neumann.
Ayant reçu de MM. Thibaut et Keteleer un
pied de Gloxinia Taragona {Ligeria Ta-
ragono), dont presque toutes les fleurs
étaient plus ou moins doubles, M. Neu-
mann récolta des graines sur les fleurs qui
étaient les plus transformées, avec les-
quelles il obtint des plantes dont les fleurs
étaient régulièrement et normalement dou-
bles, chez lesquelles, néanmoins, les par-
ties qui formaient la duplicature, qui sem-
blait formée par un dédoublement du calice,
n’arrivaient que vers la moitié de la corolle.
Est-ce de la même espèce (Ligeria Ta-
ragona) que sont sorties les deux plantes
dont il a été récemment question dans la
Revue hoy'ticole, l. c.Ÿ Nous ne pouvons le
dire. Nous nous bornons à signaler le fait.
— Dans la chronique du 15 octobre 1872
(1) V. Pievue horticole, 1873, p. 28.
de V Illustration horticole^ notre collègue,
M. Ed. André, parle d’un nouveau parc, le
<( Yelloiü stone national park, » ou nou-
veau parc national de la Roche-Jaune,
qu’on va établir en Amérique, et dont
l’étendue dépasse non seulement ce qu’on
est habitué à voir en ce genre, mais même
ce que l’on peut imaginer. En effet, ce n’est
pas seulement quelques centaines d’arpents,
— ce qui serait déjà bien respectable, — il
s’agit de 5,575 milles carrés, c’est-à-dire
une superficie plus grande que celle de toute
la Belgique. Dans cette immense étendue,
située entre les llO® et IIR degrés de lon-
gitude ouest de Greenwich, et entre les 44®
et 45® degrés de latitude nord, qui renferme
toutes les beautés naturelles que l’on peut
désirer, tels que lacs, cascades, sources mi-
nérales, geyzers, etc., etc., et qui, comme
on peut le penser, englobe de nombreuses
propriétés particulières, personne n’aura
le droit d’enclore ni de cultiver sans la per-
mission du secrétaire de l’intérieur.
— Se basant sur ce dicton : ce Qui
veut la fin veut les moyens , » le Cercle
horticole lyonnais vient de faire tirer à
1,000 exemplaires la circulaire suivante,
qu’il a envoyée aux sociétés d’horticulture et
aux principaux horticulteurs :
Le Cercle horticole lyonnais a été fondé en
août 1872, par un groupe d’horticulteurs et
d’amateurs, pour donner une nouvelle impulsion
à l’art et à l’industrie horticoles.
Dans ce but, il a créé une bibliothèque horti-
cole et des sciences qui s’y rattachent, s’est
abonné aux principaux journaux horticoles de
l’Europe, recevra les catalogues des horticulteurs
français et étrangers, aura des réunions men-
suelles, des conférences, et fera des expositions.
11 s’affiliera à toutes les sociétés horticoles et
scientifiques, établira des correspondances avec
les savants de la France et de l’étranger qui
voudront concourir à son œuvre.
Les membres du Cercle trouveront, dans le
local de la bibliothèque, la liste de tous les
horticulteurs du département du Rhône, l’indi-
cation de leurs cultures, l’annonce des plantes
nouvelles, et tous les renseignements qu’ils
pourront désirer.
Les instituteurs communaux et les élèves en
horticulture seront admis gratuitement dans les
assemblées générales, aux conférences et à la
bibliothèque.
Le Cercle horticole lyonnais fait appel à tous
les horticulteurs et amateurs de tous pays, afin
de réunir, pour une œuvre commune, toutes les
aptitudes, toutes les intelligences isolées. Il ose
compter, Monsieur, sur votre concours.
Le Secrétaire général,
Jean Sisley.
PLANTATION ET CULTURE DES FRAISIERS^
8G
Non seulement toutes nos sympathies sont
acquises au Cercle horticole lyonnais ,etnous
faisons des vœux pour que ses efforts soient
couronnés de succès, mais nous le seconde-
rons autant qu’il nous sera possible, et dans
ce but nous rappellerons à tous les horti-
culteurs la demande de catalogues qui leur
a été adressée. Nous espérons qu’ils n’y
manqueront pas ; car, indépendamment
qu’ils feront une bonne chose en prêtant
leur concours à une œuvre éminemment
utile et d’un intérêt général, eux, les pre-
miers, y trouveront leur compte en ouvrant
un nouveau débouché à leurs produits, les
catalogues devant être lus par les horticul-
teurs et amateurs d’horticulture.
Tous les catalogues, brochures, etc., etc.,
doivent être adressés à M. Jean Sisley, se-
crétaire général du Cercle horticole lyon~
nais, rue Saint-Maurice, Monplaisir-Lyon.
— Dans sa séance du 25 avril 1872, sur
la proposition qui lui en avait été faite par
M. le maire d’Hyères (Var), le Conseil d’ad-
ministration de la Société zoologique d’ac-
climatation du bois de Boulogne acceptait
un terrain d’une contenance de 6 hectares,
et le 24 juillet de cette même^année, un acte
notarié consacrait la donation et en rendait
ladite Société possesseur pour vingt-six an-
nées, sans autre charge que l’entretien et
l’embellissement de ce terrain, placé à
800 mètres du centre de la ville, par con-
séquent dans les meilleures conditions pos-
sibles.
Cette propriété n’est pas un champ vague,
mais un beau jardin « dessiné par M. Ba-
rillet, planté par MM. Aumont et Chevallier,
et très-bien réussi au point de vue paysa-
ger. Une rivière artificielle a été creusée ;
elle traverse un lac dTme assez grande éten-
due, et se jette dans le Roubaud, ruisseau
important, qui limite la propriété au sud... d
En annonçant cette nouvelle à l’assem-
blée des membres de la Société d’acclima-
tation, M. Geoffroy Saint-Hilaire, qui est le
directeur de ce très-remarquable établisse-
ment, ajoutait :
Le jardin d’acclimatation d’Hyères devra être
avant tout un lieu de production. Nous y multi-
plierons les espèces trop délicates pour supporter
nos hivers parisiens, et celles qui pourraient être
utilement introduites dans les parties tempérées
de la France. Nous y entretiendrons des étalons
des races d’animaux domestiques propres à amé-
liorer les races locales. Nous aurons donc à éta-
blir des écuries, des fabriques, des parcs et des
volières pour les animaux ; à faire des planta-
tions, de façon à continuer plus en grand, sous
le ciel favorable de la Provence, les essais que
nous poursuivons à Paris.
Le jardin d’Hyères sera un jardin public li-
brement ouvert au public ; pour subvenir à son
entretien, nous devrons faire à ce nouvel éta-
blissement, à côté de nos cultures expérimen-
tales, des cultures commerciales.
Nous avons l’assurance qu’avant peu d’années
la succursale du Jardin d’acclimatation de Paris
donnera des produits importants, qui lui per-
mettront de se développer sérieusement. Nous
pourrons alors donner une extension plus consi-
dérable aux expériences de naturalisation qui
sont dès maintenant instituées.
Nous désirons qu’il en soit ainsi que le
présume M. le directeur. Mais en serait-il
autrement, et cette entreprise dût-elle ne
pas être [ce qu’on appelle « une bonne af-
faire, » — ce que nous regretterions, — que
nous n’en féliciterions pas moins la Société
d’avoir pris cette mesure, qui, au double
point de vue de la science et du progrès,
ne peut avoir que d’heureux résultats, ce
qui est l’essentiel. E.-A. Carrière,
PLANTATION ET CULTURE DES FRAISIERS
Ainsi que nous l’avons dit à l’automne
dernier (1), notre article sur la plantation
des Fraisiers ayant paru un peu [tard, les
personnes qui auraient peut-être planté et
essayé de cultiver des Fraisiers d’après
nos indications n’ont pas osé le faire, dans la
crainte de voir ces plantations surprises par
les grands froids avant la reprise des plants.
Et pourtant, si elles eussent su, et si nous
pouvions savoir ! que de choses nous pour-
rions faire avec certitude ; car pour celle
(1) Voir Revue horticole, 1872, p. 410.
qui nous occupe, l’automne dernier et le
présent hiver, qui est déjà bien avancé,
ayant été exceptionnellement doux, l’époque
où a paru notre premier article eût été très-
favorable à la plantation des Fraisiers, sur-
tout dans les terres sableuses ou légères,
faciles à travailler au moment des grandes
pluies.
Aussi, l’hiver qui s’achève dans des con-
ditions de température exceptionnellement
douce, et l’accueil bienveillant que quelques
personnes ont fait à l’article en question,
nous engagent à le compléter, en lui don-
PLANTATION ET CULTURE DES FRAISIERS.
nant, pour ainsi dire, im supplément pour
ce qui concerne la plantation des Fraisiers
faite à la fin de Thiver ou au printemps.
Nous ne reviendrons donc ni sur les tra-
vaux préparatoires, ni sur les fumures, etc.,
que nous avons déjà indiqués, et qui sont
les mêmes pour toutes les plantations faites
n’importe à quelles époques.
Nous avons déjà dit qu’il est avantageux
de repiquer les Fraisiers à l’automne ; nous
répétons qu’il convient aussi de les repiquer
à la fin de l’hiver, et de donner aux jeunes
plants une culture particulière et des soins
spéciaux.
Certes, beaucoup de cultivateurs ne se
donnent pas autant de peine pour planter
des Fraisiers, et surtout les cultivateursfqui
plantent dans les champs pour récolter des
Fraises destinées à l’approvisionnement des
marchés ; mais aussi, combien de plants
souffrent et meurent avant leur reprise ! En
outre, dans ce dernier cas, la plantation
n’est ordinairement pas faite enlvue de ré-
colter des Fraises la première année.
Du reste, il ne faut pas oublier que le re-
piquage ne retarde pas la pousse ni la pros-
périté des Fraisiers ; au contraire, il les
fortifie, fait émettre de nouvelles racines et
les avance ; et s’ils pouvaient être repiqués
deux et même trois fois avant leur mise en
place, cela n’en vaudrait que mieux. En
outre, en repiquant les Fraisiers sur un
petit espace de terrain, on peut le mieux
choisir pour la qualité et l’exposition, mieux
l’amender, le préparer avec plus de soin, et
mieux soigner les plants que s’ils ont été de
suite plantés en place sur une grande
étendue.
Nous conseillons donc de faire le repi-
quage des Fraisiers aussi bien au printemps
qu’à l’automne, avant de les mettre à leur
place définitive, mais à condition toutefois,
dans le premier cas, de faire cette opéra-
tion de bonne heure, c’est-à-dire en février
ou avant la fin de mars, car si elle était faite
plus tard, on comprendra facilement que les
plants de Fraisiers n’auraient pas le temps
de reprendre et de se fortifier avant la plan-
tation définitive, ce qui ne veut pas dire
qu’on ne peut encore planter des Fraisiers
en avril, mais alors on devra les'mettre à
leur place définitive.
Pour le repiquage, on procède donc delà
manière que nous avons indiquée dans notre
article précédent (1), c’est-à-dire qu’on choi-
sit toujours un peu de terrain aussi bon que
(1) Revue horticole, 1. c.
87
possible, exposé au midi ou au levant ; on le
fume fortement avec un des engrais bien
consommés, et que nous avons déjà indiqués
précédemment, ou même, si ces engrais
manquent, on prépare le terrain d’abord,
et ensuite on met dessus une bonne épais-
seur de terreau de couche, surtout si la terre
est forte™et compacte, et on le mêle un peu à
la terre en donnant un bon coup de fourche ou
de râteau à grandes dents. Lorsque le terrain
est préparé et dressé (toujours d’après nos
indications d’automne), on couvre le dessus
d’un paillis fin ou assez fin, et on plante de
la façon et aux distances déjà recomman-
dées. Nous ajouterons que si l’on peut em-
ployer des plants qui aient été repiqués
d’automne, cela n’en vaudrait que mieux.
Lorsque le repiquage aura été fait, il n’y
aura plus qu’à tenir les plants bien propres,
en donnant des binages ou en remuant la
terre avec les mains entre les Fraisiers
quand le dessus devient trop dur, quand
elle est croûtée, comme disent les jardi-
niers, ou que les mauvaises herbes com-
mencent à croître. On devra aussi retirer
les feuilles jaunes ou avariées qui se forme-
ront surjes Fraisiers; on arrosera de temps
en temps si la terre se dessèche trop, et on
retirera toujours les filets au fur et à me-
sure qu’ils pousseront.
Vers la fin d’avril et jusqu’au 15 de
mai, selon que l’on aura repiqué au
commencement ou à la fin de mars, on
fera la plantation définitive absolument de
la même manière que nous l’avons indiquée
précédemment, et les soins ultérieurs se-
ront aussi les mêmes.
Certes, il ne faudra pas compter sur une
forte récolte de Fraises cette première an-
née, parce que les pieds de Fraisiers ne
pourront être bien forts et assez empiètes
dans le sol en aussi peu de temps que celui
qui se sera écoulé entre la plantation des
Fraisiers et la maturité des fruits ; et si
ceux-ci nouaient même en trop grande abon-
dance, il serait bon d’en retirer une cer-
taine quantité pour ne pas épuiser les pieds
de Fraisiers dès cette première récolte.
Mais enfin, pour les personnes qui n’au-
raient pas repiqué des plants de F raisiers à
l’automne dernier, et qui désireraient en
planter, il sera encore bien préférable pour
elles de le faire comme nous l’indiquons ici
que d’attendre de nouveau à l’automne pro-
chain.
Une autre méthode consiste à repiquer à
l’automne ou au printemps, de replacer les
plants une seconde ou une troisième fois en
PLANTATION ET CULTURE DES FRAISIERS.
88
pépinière en mars ou juin, à des distances
qui varient entre 20 et 30 centimètres, de
les laisser passer ainsi le reste du printemps
et l’été, et de ne les mettre en place que vers
le 15 septembre, pour avoir une pleine ré-
colte la deuxième et même la troisième an-
née, si l’opération a commencé dès le pre-
mier automne.
Certes, par cette méthode, on obtient
des plantes très-fortes au moment de la
fructification. Mais, outre qu’elle est très-
longue, et que peu de jardiniers ou cultiva-
teurs se résigneront à la pratiquer, cette
méthode a encore l’inconvénient de fatiguer,
d’user, pour ainsi dire, les pieds de Frai-
siers, surtout de certaines variétés qui s’é-
puisent vite, en leur faisant passer l’époque
de la récolte en stérilité, de les laisser vieillir
et durcir l’été au moment des chaleurs, de
manière qu’ils ont déjà des racines dures
au moment de la mise en place définitive.
Quant aux variétés à planter, nous con-
seillons de choisir toutes ou partie de celles
indiquées dans notre tableau {Rev. hort.
1872, p. 410).
Nous ne poussons pas plus loin nos indi-
cations sur la culture des Fraisiers, parce
que ce n’est pas en deux petits articles qu’on
peut faire un traité complet de toutes les
cultures et des soins à donner aux Fraisiers.
Pourtant, nous croyons devoir ajouter à ce
que nous avons déjà dit quelques notions
sur la culture forcée, sur couche tiède et à
froid.
Ainsi, les personnes qui auraient à leur
disposition quelques châssis pourront très-
bien, et à peu de frais, avancer leur récolte
de Fraises d’un mois à six semaines. Il
suffit pour cela d’avoir à sa disposition des
plants de Fraisiers assez forts qui auront
été plantés au printemps 1872 ou à l’au-
tomne de cette même année. Dans ce cas, il
y a deux manières de procéder. La pre-
mière, qui avancera un peu plus la récolte
que l’autre, consiste à faire une couche dès
les premiers jours de mars, soit avec du fu-
mier frais de cheval, ou mieux de mêler ce-
lui-ci avec moitié de feuilles, ce qui évitera
une trop grande chaleur et la fera durer
plus longtemps. Cette couche devra avoir
une épaisseur de 40 à 50 centimètres. Lors-
qu’elle aura été « montée, » et placée au-
tant que possible le long d’un mur au midi,
on posera les coffres dessus, en leur don-
nant la plus forte inclinaison possible vers
le midi. Lorsqu’ils seront bien posés d’a-
plomb et de niveau, on* mêlera par moitié de
la terre franche et du bon terreau avec addi-
tion d’un peu de sable ordinaire ou grave-
leux ; le tout sera bien divisé et passé au
râteau fin, pour en retirer les pierres ou les
grosses mottes, ou mieux passé à travers
une claie à divisions un peu écartées, et
l’on meltra de ce mélange environ deux
bonnes brouettées par châssis. Lorsque ce
mélange sera bien étalé, on procédera à la
plantation de la manière suivante. On ira
chercher les Fraisiers où ils ont été repi-
qués (ou si l’on n’en a pas, on devra s’en pro-
curer auprès des fraisiéristes ou des per-
sonnes qui en possèdent ; mais si on les fait
venir de loin, il faut avoir soin de recom-
mander qu’ils soient levés et envoyés en
mottes) ; on les lève avec une bonne motte
à l’aide d’un déplantoir ou d’une houlette ;
puis on arrondit cette motte en retirant la
terre de dessus, et ne laissant que celle qui
est maintenue par les racines. On nettoie
aussi les Fraisiers en enlevant les feuilles
mortes ou avariées ; l’on met ces mottes les
unes à côté des autres et d’un seul lit,
soit dans une brouette, soit dans une boîte
plate, dont on se sert ordinairement pour
porter des plantes, et on les mène auprès
des coffres. On les plante par rangs longi-
tudinaux, espacés de 25 centimètres, en
commençant le premier rang à 15 centi-
mètres de la planche du haut du coffre, et
en finissant à 20 centimètres au moins de
celle du bas, parce que le long de celle-ci il
y a toujours plus d’humidité et moins de
soleil. On place les Fraisiers également à
25 centimètres les uns des autres sur la
longueur des rangs, et en quinconce ; de
cette façon, il en tiendra environ vingt-cinq
pieds par châssis, ayant 1^ 40 à l"i 45 de
long sur 1»* 30 de large. Pour planter, on
fait chaque trou à la main ou à la houlette,
un peu plus grand que la grosseur des
mottes; on y place chacune d’elles, en ayant
soin d’étaler les racines et non de les re-
brousser; puis on rabat la terre de chaque
côté, en ne la foulant que très-peu, ou
même pas si elle est humide. On donne une
légère mouillure pour lier ou mieux faire
adhérer la terre avec les mottes et les ra-
cines de Fraisiers, et ensuite on met les
châssis sur les coffres. Pour faciliter la re-
prise des Fraisiers, on les laisse pendant
plusieurs jours sans leur donner d’air, car
à cette époque le soleil, s’il paraît, n’est pas
encore assez fort pour qu’il puisse les fati-
guer; mais ensuite, on donne de l’air le
jour s’il fait beau, en l’augmentant succes-
sivement à mesure qu’on avance vers et dans
le printemps. On en donne surtout beau-
PUNAISES GRANIVORES.
89
coup lorsqu’arrive la floraison, un peu
moins lorsque les fruits sont noués et sur-
tout lorsqu’ils commencent à mûrir ; mais
aussitôt après la plantation, on doit couvrir,
les nuits, avec des paillassons, et continuer
ainsi jusque vers le 15 avril, c’est-à-dire
jusqu’à l’époque de la maturité, surtout
s’il fait froid. Il n’y aurait d’exception que
pour les nuits douces, où il n’y aurait ni
brouillard, ni humidité ; mais il faut avoir
soin de découvrir dès le matin, et de ne
couvrir que le soir à la nuit, car les Frai-
siers aiment la lumière et l’air, et ce n’est
pas de trop de leur donner toute celle de
chaque jour. Avant la floraison, lorsque le
soleil est déjà chaud et qu’il est utile d’ar-
roser plus abondamment, on couvre la terre
d’un bon paillis entre les Fraisiers. On
aura soin, comme pour les Fraisiers plan-
tés en plein air, et mieux encore que
pour eux, de tenir ceux qui sont plantés
sous châssis bien propres ; on devra les
nettoyer à la main, en ayant soin de re-
muer la terre et d’enlever les feuilles
mortes ou avariées, ainsi que tous les filets,
s’il s’en développait. On doit arroser de pré-
férence le matin vers neuf heures, lorsque
la terre sera séchée, surtout lorsqu’il fera
un beau soleil. On a dit qu’il ne fallait pas
mouiller les fleurs, mais cela n’a aucune
conséquence fâcheuse, à la condition, tou-
tefois, de ne pas arroser le soir ou quand il
fait froid. On doit toujours choisir un beau
jour pour arroser ; alors, aussitôt après, on
donne de l’air, pour faire « ressuyer y> et
« sécher » les fleurs qui auraient été mouil-
lées ; mais au moment où les fruits mûris-
sent, il faut suspendre les arrosements ou
n’en donner que peu, de manière à éviter
l’humidité, qui pourrait faire pourrir les
Fraises.
La deuxième manière est plus simple,
mais avance moins la récolte des fruits ;
elle consiste à placer des coffres de la même
manière et aux mêmes expositions qu’il est
dit ci-dessus. Après avoir préalablement
bien labouré le terrain et bien divisé les
mottes, on mettra aussi deux brouettées
par châssis du mélange qui est indiqué ci-
dessus; on l’étalera bien, et on plantera
ainsi qu’il a été dit pour les Fraisiers plan-
tés sur couches. La culture et les soins se-
ront ensuite les mêmes, sauf qu’on pourra
donner généralement moins d’air et moins
d’eau, parce que les Fraisiers plantés ainsi
en pleine terre dessécheront moins, et
craindront moins l’humidité que ceux qui
recevraient la chaleur et la huée d’une
couche.
Si l’on avait des planches de Fraisiers
plantées en place définitive du printemps ou.
de l’automne de 1872, d’environ 30 centi-
mètres de moins large que les coffres dont '
on peut disposer, on pourrait y placer ceux-
ci, ainsi que leur châssis, et on traiterait en-
suite les Fraisiers qui seraient dessous,,
pour la culture et pour les soins, ainsi qu’iL
vient d’être dit.
Les mulots, les souris, les musaraignes ou
musettes, sont très-friands de Fraises, et
coupent souvent, en une seule nuit, beau-
coup de fruits, qu’ils mangent ou laissent
sur le terrain, après les avoir ainsi détério-
rés. On les prend avec des souricières à trous,
ou en plaçant des pots renversés sur des mor-
ceaux d’ardoises, des carreaux ou autres
choses dures et unies, et en soutenant ces pots
sur le bord extérieur avec une Noix, qu’on
ouvre par l’un des bouts, en ayant soin que
celui-ci regarde le fond du pot, de sorte
que pour manger, l’animal doit pénétrer
à l’intérieur, et qu’alors, en remuant la Noix,
il fait tomber le pot sur lui et se trouve pris.
On enlève le pot et son support, et on jette
la bête dans un bassin ou un tonneau rempli
à moitié d’eau, où elle se noie.
Robine,
HorticuUeur à Sceaux (Seine).
PUNAISES GRANIVORES
Dès les premiers jours de printemps, pour
peu que le soleil soit chaud, l’on aper-
çoit déjà au pied des murs, sur l’écorce des
arbres et dans d’autres endroits, abrités à
bonne exposition, des rassemblements nom-
breux d’une punaise aux couleurs vives et
brillantes, ayant sur le dos un dessin simu-
lant grossièrement une tête de mort, enle-
vée en noir sur fond vermillon.
Cet insecte qui, en été, est excessivement
nombreux, m’avait toujours paru inoffensif
pour nos jardins. Ne le voyant jamais sucer
les plantes, je m’étais, sans y faire grande
attention, imaginé qu’il vivait, comme cer-
tains héteroptères, du suc des chenilles ou
d’autres insectes. L’année passée, pourtant,
j’ai pris sur le fait d’une œuvre nullement
méritoire des quantités de ces jolis insectes
que nous nommions (( suisses » quand j’é-
tais au collège.
90
CUCUMIS ZAPÂLLITO.
En récoltant des graines sur quelques
pieds de Ketmie (Hibiscus) d’Afrique, si-
tués dans diverses parties du jardin, je
trouvai dans chaque capsule de un à quatre
de ces insectes qui, sans déranger les graines
ni attaquer leurs coques d’une manière ap-
préciable, les avaient si bel et bien vidées
que sur cent il n’y en avait certes pas,
plus de dix de bonnes. Si cet insecte est le
même que le Garden a décrit sous le nom
de c punaise à Choux (strac/iitjt ornata), » il
vit aux dépens du suc de diverses plantes et
affectionne spécialement les Choux. La sec-
tion terrestre, des hétéroptères est cepen-
dant fort nombreuse, et il est possible que
mes (L suisses » soient une espèce à part;
en tous cas, ils aiment la graine d’Hibiscus,
et je compte les guetter cet été, pour voir
s’ils ont d’autres plantes de prédilection.
Fréd. Palmer.
CUCUMIS ZAPÂLLITO
Au sujet de celte plante, dont nous avons
plusieurs fois parlé sous le nom de Rapal-
lito, nous trouvons dans le Bulletin de la
Société d' acclimatation l’article ci-après,
que nous croyons devoir reproduire :
LE ZAPALLITO TIERNO.
Lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys, président
de la Société d'acclimatation, par M. Balcarce,
ministre jilénipotentiaire de la République Ar-
gentine à Paris.
Monsieur le Président,
J’ai l’honneur, en répondant à la lettre que
vous avez bien voulu m’écrire le 29 octobre der-
nier, de vous fournir, suivant le désir que vous
en exprimez, quelques renseignements complé-
mentaires sur le petit Potiron buenos-ayrien,
dont il m’a été si agréable d’offrir, à diverses
reprises, des graines à la Société d’acclimata-
tion, et de rectifier, à cette occasion, ce qui se
rencontre d’inexact, à certains égards, dans la
description qu’en a faite M. Carrière dans la
Revue horticole du 16 octobre.
lo C’est par erreur que M. Carrière donne à
cette plante le nom de Rapallito : son véritable
nom est Zapallito, diminutif, comme vous le
faites justement observer, de Zapallo, dénomi-
nation commune par laquelle est désigné, en
Amérique, le Potiron d’Espagne.
J’ajoute, au point de vue de sa désignation
qualificative, qu’on y associe les mots tierno (1)
ou de tronco, car le fruit vient et se développe
autour du tronc, soit: Zapallito tierno ou de
tronco.
2o J’ignore si cette plante a été décrite et dé-
nommée botaniquement avant la description que
j’en ai faite en 1870, et que le Bulletin de la So-
ciété d’acclimatation a publiée. La publication
de 1871, dont s’autorise M. Carrière, n’est venue
qu’après.
3o Le caractère distinctif du Zapallito, c’est
qu’il ne trace pas. Quand il en est autrement,
c’est-à-dire quand il trace, ainsi qu’il est arrivé
pour mes dernières graines de Buenos-Ayres,
c’est que la plante a joué, qu’elle s’est croisée
avec des plantes de la même famille, et que la
(1) Tendre.
graine, par suite, a dégénéré, ce qui, du reste,
advient fréquemment aux plantes de même race
qui se trouvent à proximité les unes des autres.
Voilà plus de vingt années que je me préoc-
cupe en France, dans ma campagne, de la cul-
ture de cette variété de Cucurbitacée, et j’ai dû,
en raison de ces croisements accidentels ame-
nant la dégénérescence, renouveler les graines
tous les deux ou trois ans, en en faisant venir de
Buenos-Ayres.
Qu’il me soit permis, en terminant, de recti-
fier une inexactitude de M. Carrière, résultant
de la citation qu’il fait d’un passage deM. Lam-
bin, lequel attribue à mon honorable collègue,
M. le ministre du Brésil, la remise et l’envoi des
graines du Zapallito tierno ou de tronco à la
Société d’acclimatation. C’est à moi que ce plai-
sir et cet honneur sont échus. Il me sera permis,
comme un de ses membres, de tenir à le rap-
peler ici, en vous réitérant. Monsieur le Prési-
dent, l’expression confraternelle de mes senti-
ments les plus distingués.
Le ministre plénipotentiaire de la République
Argentine, Balcarce.
Cette lettre, dont nous remercions tout
particulièrement l’auteur, puisque, en réta-
blissant la vérité, elle nous permet de recti-
fier certains faits, et surtout de rendre à
César ce qui appartient à César, nécessite
néanmoins quelques éclaircissements que
nous allons essayer de donner, tant au point
de vue scientifique qu’au point de vue éco-
nomique.
Faisons d’abord observer que tout ce qu’il
y a (ï: d’inexact » dans la description que
nous en avons donnée (1) se réduit à deux
choses qui ne tirent pas à conséquence : le
changement [du Z en R pour ce qui con-
cerne le nom, ce qui fait Rapallito, au
lieu de Zapallito ; la seconde, c’est que,
nous appuyant sur ce qu’avait écrit notre
collègue et ami, M. Lambin, nous avons at-
tribué l’envoi des graines à son « honorable
collègue, M. le ministre du Brésil, » tandis
(1) Voir Revue horticole, 1872, p. 399.
Hepiæ Iforù<^olÆi^
Sahyia ^waiaceœ
SALVIA FARINAGE A.
91
que c’est à M. Balcarce, ministre plénipoten-
tiaire de la République Argentine à Paris,
« que ce 'plaisir et cet honneur sont dus. »
Nous sommes heureux de l’occasion qui se
présente de rendre à M. Balcarce ce qui lui
appartient, tout en faisant remarquer que
ce bagage est assez mince ; mais, quel qu’il
soit, il lui appartient. En le revendiquant, il
a usé de son droit; de notre côté, nous avons
fait notre devoir en constatant publique-
ment le fait. A ce point de vue, la question
est donc vidée. Là, pourtant, ne se borne
pas notre tâche, car de la lettre de M. Bal-
carce ressortent certains faits qui nécessitent
quelques explications que nous allons essayer
de donner.
D’abord, M. Balcarce semble élever sa
plante au titre de genre, qui alors serait Za-
pallito, et tierno (tendre) comme nom spé-
cifique. Bien que nous ne reconnaissions à
personne le monopole scientifique, et qu’au
contraire nous admettons que toute per-
sonne a le droit de créer un genre, il faut
pourtant reconnaître que c’est à la condition
que cette dénomination aura une raison
d’être, qu’elle caractérisera une plante qui,
alors, et par ce fait, sera facile à distinguer
de ses congénères, ce qui n’est nullement
le cas pour la plante qui nous occupe ; au
contraire, elle constitue à peine une forme
dans le genre Cucurhita, où nous l’avons
placée et où elle doit rester. Quant à la qua-
lification tierno (tendre), elle est mauvaise,
et en admettant qu’elle soit appliquée à
Buenos-Ayres, il faut bien se garder fie
l’adopter, puisqu’au contraire, loin d’être
tendre, l’écorce du fruit est tellement dure,
que c’est à peine si on peut l’entamer ; elle
est presque ligneuse. Cette dénomination
étant fausse, il faut donc la rejeter.
M. Balcarce n’est guère plus heureux lors-
qu’en parlant du caractère « distinctif » du
Zapallito il dit « que cette plante ne trace
pas. » Qu’il y ait des endroits où elle trace
peu, d’autres où elle ne trace pas, c’est pos-
sible. Dans tous les cas, ce serait une excep-
tion, même une exception très-rare, ce qui est
lo(n de former une règle, d’être un (( carac-
tère distinctif. » Qu’au Brésil il en soit autre-
ment, que là lecaractère coureur soit l’excep-
tion, cela peut être — et encore ; — mais nous
sommes en France, et c’est avec son climat
que nous devons compter. Nous ajoutons
même, contrairement à l’opinion de M. Bal-
carce, que ce caractère coureur n’est pas le
fait d’une hybridation des fleurs du Zapal-
lito avec celles d’autres espèces de Gucurbi-
tacées, qu’il est naturel et devra s’exercer en
dehors de toute influence de ce genre. Ce ca-
ractère est la conséquence d’une grande loi
universelle et qui agit sur tous les êtres —
bêtes et gens, — et leur fait prendre des
caractères, un faciès, un habit, pourrait-
on dire, en rapport avec les milieux où ils
se trouvent placés. C’est cette loi, dont l’évi-
dence éclate à chaque instant, qui fait les
espèces, ce qu’on ne saurait trop répéter.
Pour nous résumer, nous disons : On a
pu voir d’après tout ce qui vient d’être dit,
que, à part la qualification Rapallito, qui
doit être changée en celle de Zapallito ; à
part l’origine que, sans le vouloir, nous
avions un peu faussée, tout ce que nous
avons dit de cette plante (1) doit être con-
servé comme conforme à la vérité relative,
c’est-à-dire à ce qui est aujourd’hui. En
parlant ainsi, nous nous appuyons sur cette
grande vérité : que tout se modifie avec le
milieu, qui change sans cesse, d’où ressort
ce fait, à peu près certain, que si la culture
du C. Zapallito est pratiquée sur une grande
échelle, il sortira de cette plante des formes
entièrement différentes de celles que nous
connaissons aujourd’hui. Gomme toujours,
les enfants différeront de leurs parents, de
même que nous différons complètement de
nos véritables ancêtres.
E.-A. Garrière.
SALVIA FARINACEA
Plante vivace, à souche robuste, presque
cespiteuse, de laquelle, chaque printemps,
partent de nombreuses tiges qui atteignent 50
à 70 centimètres de hauteur. Tiges tétragones,
canaliculées, fortement anguleuses, à angles
très-saillants arrondis, couvertes sur toutes
les parties, ainsi que sur les feuilles, d’un
duvet très-court, feutré-serré, qui donne à
l’ensemble un aspect gris blanchâtre pulvé-
rulent-farinacé, d’où le qualificatif farina-
cea. Feuilles longuement et étroitement lan-
céolées, atténuées à la base, acuminées au
sommet, courtement dentées, à dents dis-
tantes, couchées. Fleurs nombreuses, dis-
posées en larges épis paniculés, réunies en
verticilles très-denses. Galice gris argenté,
violacé, tomenteux. Gorolle d’un très-beau
bleu améthyste, bilabiée, très-velue, à divi-
(1) Voir Revue horticole, 1872, p. 399.
EVONYMUS JAPOMCA ELEGANS.
92
sions inférieures largement étalées, à divi-
sion supérieure beaucoup plus petite, d’un
violet foncé.
Le Salvia farmacea, Benih., est origt-
naire des parties froides du Mexique (on le
rencontre fréquemment au Texas). C’est
une plante à grand effet, qui forme d’énormes
toulFes qui se couvrent de Heurs pendant
tout l’été et une grande partie de l’automne.
Si l’on n’y met pas de tuteur, les tiges se
couchent sur le sol, et la plante alors prend
beaucoup de place. Isolée, elle produit un
effet charmant.
La culture et la multiplication du S. fa-
rinacea n’offrent rien de particulier. Un sol
léger, chaud, plutôt un peu sec que trop
humide, lui convient particulièrement, bien
qu’elle vienne également dans d’autres,
pourvu qu’ils ne soient pas alumineux, et
que l’eau surabondante puisse s’écouler fa-
cilement. Ce qui est essentiel, c’est qu’elle
soit bien aérée, et surtout placée à bonne
exposition, c’est-à-dire au soleil. Quant à la
multiplication, on la fait par éclats ou par
division du pied, opération qui doit se faire
au printemps, quand les plantes commen-
cent à pousser.
E.-A. Carrière.
EVONYMUS JAPONICA ELEGANS
Les arbustes à feuilles persistantes for-
ment un groupe d’autant plus précieux,
qu’ils impriment à nos jardins, durant les
frimas, une apparence de vie dont ils se-
raient totalement privés, si Ton se bornait à
complanter les massifs exclusivement d’ar-
brisseaux ou d’arbres à feuilles caduques.
Dans les contrées tempérées, exemptes
des sécheresses prolongées ou des chaleurs
excessives de l’été, ce sont les Rhododen-
drons, les Lauriers cerises, les Azareros, les
Aucubas, les Houx et autres, qui remplis-
sent ce rôle ornemental d’hiver et se joi-
gnent encore, certains du moins, par leur
luxuriante floraison de printemps ou d’été,
à la cohorte plus nombreuse des végétaux à
feuilles caduques.
Dans les pays méridionaux, principale-
ment dans la région de l’Olivier, où les in-
fluences desséchantes d’un été très-chaud,
non moins que la nature plus ingrate du
sol, permettent rarement la culture en
pleine terre des plantes réputées de terre
de bruyère, ce sont les Lauriers d’Apollon,
les Lauriers roses, les Lauriers - Tin, les
Alaternes, les Phyllirea, les Pittospores,
les Arbousiers, les Troènes du Japon, les
Photinia, les Néfliers du Japon, les Buis de
Mahon, les Fusains du Japon, qui remplis-
sent cet office, et avec l’aide d’un beau so-
leil font oublier la saison morte, non seule-
ment par leur vertes feuilles, mais quelques-
uns aussi par une masse de fleurs.
Parmi ces végétaux, le Fusain du Japon
surtout se fait remarquer par son feuillage
toujours vernissé, tenant le milieu entre
ceux du Buis et du Cameïh'a. Introduit déjà
depuis pas mal d’années, il est aujourd’hui
très-répandu dans tous les jardins de la ré-
gion méditerranéenne, où il est complètement
rustique et même l’un des premiers à végé-
ter parmi les arbustes verts. Rien de plus
gai que la couleur tendre de ses pousses
nouvelles qui surgissent en mars-avril, quel-
quefois en février, de chaque aisselle de
feuille. Plus tard, d’abondantes inflores-
cences couvrent les rameaux par petits bou-
quets de 3 à 6 ou 8 fleurons. Les fleurs,
d’une élégante légèreté, n’ont rien de bril-
lant et ne nouent habituellement qu’en pe-
tit nombre, ce qui fait que les fruits du Fu-
sain du Japon passeraient souvent inaperçus
si, à la fin de l’hiver suivant, ilsne laissaient
échapper, en rompant leur enveloppe, une
graine d’un rouge vermillon. Le Fusain du
Japon ordinaire est donc un arbuste orne-
mental par son feuillage, plutôt que par ses
fleurs ou ses fruits.
Mais le hasard s’est chargé de le complé-
ter en faisant surgir, sans doute dans un des
nombreux semis qui ont été faits de cet ar-
buste, la variété que je désigne sous le nom
d'Elegans, et dont j’ai eu l’heureuse chance
de rencontrer un seul pied, parmi le grand
nombre d'Evonymus Japonica, qui crois-
sent dans mon jardin.
L’arbuste dont il s’agit forme à l’heure
qu’il est un buisson touffu de plus de 2^ 50
de haut, qui se distingue de tous les autres
à première vue, par un feuillage beaucoup
plus amjde, moins dentelé, plus cordiforme
et d’un vert un peu différent, qualités qui le
rendraient déjà recommandable, mais pas
assez cependant à mes yeux pour que je
l’eusse signalé, s’il ne joignait à cela un mé-
rite bien plus grand, celui de rester littéra-
lement couvert pendant tout l’hiver de fruits
aussi gracieux qu’abondants. Ces fruits,
plus gros que ceux du type commun, sont
teintés d’un rose purpurin, rappelant beau-
GERANIUM ANEMONÆFOLIUM.
93
coup la coloration de ceux du Fusain d’Eu-
rope. Ils sont portés au nombre de 6 à
par un pédoncule pseudo-ombellé assez long
et donnant à l’arbuste, de novembre à fé-
vrier, l’apparence d’un buisson paré de bou-
quets de corail rose foncé.
Depuis plusieurs années que j’observe
cette plante, elle ne s’est jamais démentie ;
c’est pourquoi je la recommande tout parti-
culièrement à l’attention des horticulteurs
et des amateurs, comme l’un des arbustes
les plus décoratifs'pour l’hiver, surtout dans
le midi de la France.
N. Doumet-Adanson,
Président de la Société d’hort. et d’hist. naturelle
de l’Hérault.
GERANIUM ANEMONÆFOLIUM
Peu de plantes sont aussi jolies et surtout
aussi majestueuses que celle qui fait l’objet
de cette note; elle réunit à la beauté la grâce
et la noblesse. C’est, pourrait-on dire, l’es-
pèce aristocratique du genre, fait qui, du
reste, va ressortir de la description que
nous allons en faire.
Tige simple, grosse, pouvant atteindre
1 mètre, parfois plus, de hauteur, ressem-
blant alors assez exactement à celle d’une
Fougère en arbre. Feuilles glabres, à limbe
digité, à digitations très-élégamment pecti-
nées, atteignant jusqu’à 30 centimètres et
plus de diamètre, portées sur un pétiole
gros, cylindrique, de 40 à 50 centimètres de
longueur. Pédoncules floraux axillaires
atteignant 1 mètre et plus, liès-ramifiés,
constituant une tète subsphérique de 50
à 2 mètres de diamètre. Fleurs très-nom-
breuses, d’un beau rose foncé lilacé, com-
posées de cinq pétales brusquement et large-
ment obovales, portant près de l’onglet une
partie plus foncée, qui forme une sorte d’œil
à la base de la fleur, qui atteint 28-30 mil-
limètres de diamètre.
Le Géranium anemonœfolium , Herit.
(fig. 9); G. lœvigatum, Burm.; G. pal-
matum, Cav.; G. rutilans, Ehrh., est ori-
ginaire de Madère et de Ténériffe, ce qui
indique que sous le climat de Paris il faut
l’abriter l’biver dans une serre froide, une
orangerie, ou seulement sous des châssis ;
comme pendant l’hiver les plantes sont dans
un repos à peu près complet, il suffît de les
garantir de la gelée. Il va sans dire aussi
que les arrosements devront être presque
entièrement suspendus pendant cette saison,
et qu’on ne devra donner d’eau que ce qui
est nécessaire pour empêcher les plantes de
mourir.
94
LES SEMENCES.
La multiplication est des plus faciles à
l’aide des graines, qui lèvent parfaitement,
même seules, c’est-à-dire sans qu’on les
ait semées ; il suffit que le sol environnant
soit bien net, c’est-à-dire que la surface soit
appropriée.
Les feuilles inférieures du G. anemonœ-
folium tombent successivement, de sorte que
chaque année la tige se dénude à sa base, et
qu’elle va constamment en s’allongeant,
ainsi que cela a lieu chez la plupart des
plantes à feuilles persistantes. Un pied isolé
de cette espèce, planté en pleine terre et en
plein air à bonne exposition, dans un mé-
lange de terre de bruyère, de terre franche
et de terreau bien consommé, acquiert
promptement de fortes dimensions, et pro-
duit alors un effet qu’on obtient rarement à
l’aide de certaines espèces qu’on emploie
ordinairement à cet usage. Lebas.
LES SEMENCES
Dans le numéro de la Revue horticole du
16 octobre 1872, nous avons, avec la plus
grande indépendance, rendu compte du pre-
mier volume d’un ouvrage publié par
MM. Monnier et G'®, cultivateurs-grainiers
à Trélazé (Maine-et-Loire), intitulé : Les
Semences. Nous avons dit de cette publica-
tion ce que nous en pensions alors ; et au-
jourd’hui, après avoir examiné en détail,
nous venons entretenir nos lecteurs sur le
mérite du second volume, qui vient de pa-
raître, et que les amateurs pourront se pro-
curer en s’adressant à la Librairie agricole
et horticole, 26, rue Jacob, à Paris.
Ce deuxième volume est dédié à M. Drouyn
de Lhuys, président de la Société d’acclima-
tation et de celle des agriculteurs de France.
Il ne laisse rien à désirer sous le rapport de
l’impression, et il est précédé d’un vocabu-
laire nécessaire pour servir à l’intelligence
de l’ouvrage et du lecteur. Ce volume est
suivi d’un appendice indiquant les plantes
potagères qui sont parvenues à la connais-
sance de M. Monnier depuis la publication
du premier volume, et le nombre en est
considérable, tant dans les légumes nou-
veaux dont s’est enrichie l’horticulture fran-
çaise, que ceux qui ont paru à l’étranger.
C’est donc un ouvrage complet en deux vo-
lumes que M. Monnier vient de nous don-
ner, et nous ajouterons qu’il est des plus
intéressants, puisqu’il nous fait connaître,
dans les deux parties de l’ouvrage, toutes
les espèces et variétés connues jusqu’à ce
jour. Chaque amateur pourra donc le con-
sulter avec fruit sur le genre de plantes
qu’il voudra adopter. Rien n’y est oublié.
Toutes les collections de Haricots, de Lai-
tues, de Romaines, de Pois, de Pommes de
terre, de Navets, de Radis, etc., sont men-
tionnées en détail, et chacune des variétés
est accompagnée d’une note succincte sur les
(1) Voir Revue horticole, 1872, p. 396.
avantages et sur la culture qu’elle exige,
soit en pleine terre, soit sous châssis, ainsi
que l’époque des semis et celle du repi-
quage des jeunes plants, et les soins à leur
donner pendant toutes les phases de la vé-
gétation.
Cet ouvrage est illustré de quatorze ma-
gnifiques planches sur beau papier rouge,
de la grandeur du texte; cela facilite les re-
cherches. Elles portent toutes plusieurs gra-
vures lithographiées, représentant parfaite-
ment les légumes et les fruits légumiers.
Sur celle où sont représentés quatre fruits
de Melons, nous ferons remarquer aux au-
teurs du livre que l’artiste a fait une erreur
dans la figure du Melon ananas Amé-
rique à chair verte, qui ne s’accorde pas
du tout avec la description qu’il en donne
page 19, et qui est parfaitement exacte.
Cette figure ne représente ni la grosseur, ni
la forme du petit Melon ananas que nous
cultivons nous-même, qui est aplati aux
deux pôles, et qui est de forme arrondie.
Mais nous signalerons en passant l’absence
totale des Oxalis dans ce traité, où cepen-
dant ils devraient figurer comme plante
alimentaire de n’importe quelle valeur ; car
les Oxalis crenata, Deppei, etc., mérite-
raient bien une place dans cette publi-
cation, dans laquelle nous rencontrons les
Physalisledulis, le Trapa natans, le Si-
napis aïba, etc. Nous pensons donc que les
Oxalis ont autant de mérite que ces der-
nières plantes. Pourquoi donc n’y sont-elles
pas mentionnées dans la section des Pois,
très-bien établie scientifiquement, nous le
reconnaissons ? Mais il nous semble qu’une
classification eût été plus utile aux amateurs,
si ces variétés nombreuses avaient été sous-
di visées par groupes. Ainsi, dans le pre-
mier, auraient figuré les espèces que l’on
doit cultiver sous châssis ; les seconds au-
raient compris ceux quijsont les plus hâtifs
pour la pleine terre ; les troisièmes, compo-
SUR LA VÉGÉTATION
sés des variétés demi-hâtives ou de deuxième
saison ; puis viendraient les autres de troi-
sième et quatrième saisons, de manière que
les amateurs n’auraient été embarrassés que
du choix à faire dans ces variétés. Ceci nous
aurait sans doute paru moins savant ; mais
les cultivateurs y auraient trouvé un avan-
tage sous la main, sans la moindre recher-
che, toujours si fastidieuse. Tel est du moins
notre avis à nous, vieux praticien.
A la fin de l’ouvrage, on trouve les prin-
cipes généraux sur la préparation du sol,
sur les engrais, les paillis, le terreau, les
arrosements ; sur la manière d’établir des
couches chaudes et tièdes, les réchauds ;
sur les châssis, les cloches ; sur la culture
des terres, les défoncements, les labours,
les hersages, les binages, le sarclage, le re-
piquage ; et enfin sur les semis en lignes et
SUR LA VÉGÉTATION
A mesure que l’instruction se répand, que
les relations s’étendent, les erreurs, au su-
jet des pays lointains, accumulées par les
siècles, disparaissent, comme font les glaces
ou les neiges devant la chaleur, qui peut
être considérée comme le véritable agent de
l’activité humaine, et comme étant à l’er-
reur — mais dans un autre sens — ce que
la chaleur est aux glaces, que, dans cette
circonstance, nous considérons comme re-
présentant l’erreur.
Mais comme il est dans l’ordre naturel et
fatal des choses que l’homme cherche à
s’instruire, c’est donc à la science qu’in-
combe cette tâche ; aussi est-ce à elle, à elle
seule, qu’appartient l’avenir. Les moyens
dont elle dispose sont nombreux et variés ;
un des principaux, ce sont les excursions et
les voyages. Mais aussi, comme d’une autre
part, et à cause des dépenses que cela en-
traîne, il n’est qu’ün nombre relativement
très-petit de gens qui peuvent voyager, et
surtout voyager avec fruit, il est donc bon,
ou plutôt c’est un devoir, de faire connaître
les découvertes qu’ils ont faites à tous ceux
qui, par une circonstance ou par une autre,
par suite d’exigences sociales, sont liés à tels
ou tels coins de terre où ils doivent rester,
et qui alors ignoreraient toujours ce que
sont certaines parties du globe, que pour-
tant ils ont tant d’intérêt à connaître. « En-
seignez aux autres ce que vous savez, y> dit
l’Écriture.
Ce sont toutes ces considérations qui nous
ont engagé à reproduire une notice sur la
U NORD DE LA CHINE. 95
à la volée, en pépinières, en pots et sur
couches, etc. Tout cela est bien indiqué et
très-clair, même pour les commençants.
Puis l’ouvrage est terminé par une table al-
phabétique, ^depuis la lettre M jusqu’à la
lettre V.
Nous concluons en recommandant cet ou-
vrage à tous les amateurs de jardins pota-
gers, et surtout aux amateurs de légumes ;
ils y trouveront toutes les espèces et les va-
riétés décrites avec soin, et dont beaucoup
sont représentées fidèlement sur les plan-
ches qui accompagnent ce traité, qui est le
plus complet de tous ceux que nous con-
naissons, et c’est à ce titre que nous ne crai-
gnons pas de le recommander à tous les
propriétaires et aux amateurs qui voudraient
cultiver les légumes sous châssis et en
pleine terre. Bossin.
)U NORD DE LA CHINE
Chine (1), publiée par M. Martin, médecin
de la légation de France à Pékin, dans le
Bulletin de la Société centrale d'acclima-
tation, numéro du mois de mars 1872, d’où
nous l’extrayons. Toutefois, nous ne nous
bornerons pas à copier, et tout en rappor-
tant fidèlement les dires de M. Martin, dans
l’intérêt de la science, et pour éclairer nos
lecteurs, nous nous permettrons d’y faire
quelques observations ou d’y ajouter des
notes lorsque nous le jugerons nécessaire.
Parmi les documents scientifiques que
je me suis efforcé de rassembler pendant
mon séjour dans le nord de la Chine, écrit
M. Martin, se trouvent quelques notes pra-
tiques ou qui m’ont paru ne pas trop s’écar-
ter de l’ordre d’idées dont s’occupe plus
spécialement votre Société. Ce sont ces hum-
bles notes que je soumets en partie à la
Société, et à la lecture desquelles je don-
nerai suite dans les autres séances, si je n’ai
pas abusé aujourd’hui de vos instants.
En Mongolie, l’abbé David a rencontré
des silex taillés en forme de haches et de
pointes de flèche.
Au nord-est de la Chine s’étend un im-
mense dépôt uni ou plaine, qui comprend
toute la province du Tcheli, le Kiannang,
l’est du Honan, le nord du Shan-tong, le
nord-est du Hou-kouang et une faible por-
tion du Kiansi. C’est environ la douzième
(1) Étude générale sur la végétation dans le
nord de la Chine, et son importance au point de
vue de la question de V acclimatation, 1872, p.l84
et suivantes.
96
SUR LA VÉGÉTATION DU NORD DE LA CHINE.
partie du territoire de l’empire. Je ne pré-
tends pas donner ici une délimitation pré-
cise, mais simplement une indication basée
sur les recherches des rares géologues qui
ont entrepris des explorations sérieuses;
car, bien que quelques voyageurs aient es-
sayé de tracer les limites de cette plaine, il
est douteux, en raison même des diver-
gences, qu’elles aient un caractère de ri-
gueur scientifique suffisant. La formation
géologique du continent asiatique a une im-
portance considérable : il y a peu de points
du globe où le géologue puisse la rencon-
trer aussi nettement accusée. Cependant,
jusqu’ici, les études sont restées incom-
plètes et les théories discutables. La déli-
mitation fournie par Pumpelli, de la Société
smithsonienne , sur la formation alluviale,
est peu d’accord avec les observations pos-
térieures et récentes du baron de Richtofen
et du P. David. Il convient aussi de ne pas
confondre la formation jaune avec le terrain
alluvial, celui-ci étant composé d’éléments
arables et fécondants, tandis que les atter-
rissements du grand fleuve (fleuve Jaune)
ne sont que des dépôts arénacés presque
absolument infertiles.
Nous admettrons donc, dans l’état ac-
tuel des données géologiques, que la plaine
du nord de la Chine est un terrain d’allu- !
vion, offrant de légères ondulations aréna-
cées et une mince couche arable due aux
grandes inondations du fleuve Jaune. Aussi
la fertilité des environs de Pékin, situé à
l’extrémité septentrionale de cette plaine, a
été de tout temps regardée comme très-mé-
diocre, et l’on s’étonnerait du choix de ce
lieu pour capitale, si l’historien n’en trou-
vait la raison dans des considérations poli-
tiques sur lesquelles je ne m’étendrai pas
ici.
Depuis longtemps déjà, les forêts de la
Chine disparaissent (i) ; mais c’est dans la
région qui nous occupe que ce triste état de
(1) Aucune partie du globe ne peut échapper à
la grande loi de la destruction des forêts, qui tou-
jours est en raison directe de l’augmentation de la
population, et surtout de la civilisation de celle-ci,
fait qui s’explique facilement : d’une part par les
avantages immenses que l’industrie retire des fo-
rêts, de l’autre par le besoin que les habitants ont
d’étendre les cultures de plantes herbacées (cé-
réales, légumières, fourragères, etc.), afin de
subvenir à leurs besoins, qui vont constamment en
augmentant. L’Orient, et même plusieurs contrées
ou localités de l'Occident, qui aujourd’hui sont à
peu près complètement dépourvus de forêts, sont
là pour confirmer nos dires. Ce n'est pas seulement
le Vieux-Monde qui nous montre ces faits, et déjà
beaucoup de parties du Nouveau en présentent
d’analogues, et l’on a pu voir, d’après des docu-
choses frappe surtout. La monotonie des
sites n’est guère rompue que par quelques
bouquets d’arbres servant de clôtures et
d’ornement aux sépultures éparses au mi-
lieu des campagnes, car les cimetières sont
rares en Chine, ou plutôt tout le sol est un
immense cimetière ; et quand le voyageur
se promène au printemps, ses regards ren-
contrent de tous côtés de petits tertres
gazonnés qui ne sont autre chose que des
tombes. Le propriétaire d’un champ inhume
les siens dans ce champ ; le pauvre, sur le
bords des chemins. Mais on creuse à peine :
le cercueil est déposé sur le sol, puis re-
couvert d’une pyramide de terre plus ou
moins importante et élevée suivant le rang
du défunt, mais toujours la charrue passe à
côté de la sépulture en la respectant. Or, il
est évident que c’est là une cause de raré-
faction progressive du sol cultivable; et,
bien que le temps finisse par livrer au vent
la poussière des morts, il agit moins vite
que le mouvement toujours croissant de la
population, car la Chine est une nation chez
laquelle (par un phénomème contradictoire)
la décadence sociale et politique, les guerres
intestines périodiques et tous les fléaux qui
déciment, n’entraînent pas cependant ce
qu’on a appelé la dégénérescence numé-
rique, tant est grande la puissance proli-
fique chez la race jaune (1).
Ce n’est guère qu’au sud de la Grande-
Plaine qu’on rencontre quelques coquilles
marines, dont les principales sont le Ceri-
thiiün, le Buccinium et une Anodonte de
grande dimension.
Aux environs de Tien-tsin, on trouve
quelques espèces fossiles ; près de Pékin, je
n’ai vu que des espèces fluviales et aussi
quelques variétés nouvelles, intéressantes et
ments sérieux que nous avons rapportés (a), que,
en Californie, où les forêts étaient naguère encore
si abondantes, elles sont aujourd’hui très-res-
treintes, et même que bientôt elles seront insuffi-
santes. (Note du rédacteur.)
(1) Cette particularité d’une augmentation conti-
nuelle de population chez un peuple qui décroît
serait une exception tellement grande, qu’on ne
peut même l’admettre. Il doit y avoir des faits qui
ont échappé à l’auteur, et qui ne lui ont pas per-
mis de se rendre un compte exact. Que, par suite
de la « grande puissance prolifique chez la race
jaune, » la diminution de la population soit moins
sensible qu’elle ne l’est dans certaines parties de
l’Europe que nous connaissons, cela n’a rien qui
doive surprendre; mais que cette diminution n’existe
pas, le fait est impossible. 11 y aurait, du reste,
contradiction dans les termes, car, là où la popula-
tion augmente, l’affaiblissement ne peut avoir lieu.
Ce serait un non sens. {Note du rédacteur.)
(a) Voir Revue horticole, 1872, p. 429.
SUR LA VÉGÉTATION DU NORD DE LA CHINE.
9
tout à fait microscopiques, fort répandues
dans la poussière de Pékin et des envi-
rons.
Il est probable que sous la couche aréna-
cée et d’humus due aux dépôts successifs du
Pei-ho et du Houan-ko, on rencontrerait les
mêmes espèces marines que dans les points
les plus rapprochés du Yan-lze-kiang, qu’on
peut considérer comme la limite méridio-
nale de la Grande-Plaine.
A l’ouest et au nord, Pékin est cerné
par un vaste amphithéâtre de montagnes.
Ce sont elles qui servent d’assises à la grande
muraille ; les contre-forts de la chaîne
s’avancent jusqu’à quelques kilomètres de
Pékin : leur nature essentiellement volca-
nique explique les tremblements de terre
qui ont si souvent éprouvé la ville et jus-
tifié le peu de hauteur des constructions.
Sur la colline la plus rapprochée s’élève
le palais d’été de l’empereur, splendide ré-
sidence où étaient accumulés tant de tré-
sors artistiques et littéraires, que les armées
alliées ont cru devoir détruire, mais qu’elles
auraient pu se dispenser de piller : car dé-
truire est quelquefois une dure nécessité
de la guerre; piller est toujours sans ex-
cuse.
Ces collines, disent les Chinois, étaient
autrefois très-boisées ; aujourd’hui elles sont
presque dénudées, sauf les points occupés
par les temples.
Cette assertion des historiens indigènes
est véridique : le témoignage de Marco
Paulo, fût - il unique, suffirait pour le
prouver. Il est certain que beaucoup de
cours d’eau descendant de ces collines sont
aujourd’hui desséchés ; leur existence est
attestée par la grande quantité de ponts et
d’arches que l’œil aperçoit de toutes parts,
et qui sont maintenant sans utilité (1).
(1) Des faits identiques à ceux que rapporte
M. Martin sont très-communs en Europe, ou plutôt
l’on en voit partout : ils abondent en France, et il
n’est personne qui, pour peu qu’il examine et
réfléchisse, ne puisse en constater des exemples.
Ces faits, du reste, n’ont rien qui doivent nous
étonner, puisqu’ils sont fatals, étant la conséquence
d’une grande loi qui détermine la diminution uni-
verselle de l’eau à la surface de notre globe, et
dont le déboisement pousse à la réalisation en en-
levant les condensateurs réfrigérants, et en facili-
tant l’évaporation. On constate, en effet, que les
cours d’eau diminuent d’autant plus vite que les
endroits où ils prennent leur source sont plus dé-
pourvus d'arbres. Quant aux ponts sans eau, ils sont
également communs, et il n’est non plus personne
qui n’en puisse citer. Combien, en effet, de petites
rivières sont aujourd'hui transformées en ruis-
seaux, et combien de ceux-ci, qui naguère encore
étaient continuellement pourvus d'eau, et où l’on
Ainsi, ce qu’on appelle la campagne de
Pékin offre un aspect assez pauvre, et les
collines, sauf autour des demeures boud-
dhiques et lamaïques, montrent un en-
semble triste et désolé. Quelques Jujubiers
sauvages émergent çà et là des immenses
blocs de la roche granitique ; on y voit aussi
les innombrables trous des mines que, de
temps immémorial, les Chinois ont creu-
sées dans les montagnes inépuisables en
houille.
En s’avançant plus au nord, le voya-
geur découvre une végétation moins pauvre.
Quelques oasis viennent égayer le paysage:
on voit des buissons d’Églantiers, des Lilas;
des arbres fruitiers. Pêchers, Abricotiers,
Pruniers, apparaissent ; les espèces aroma-
tiques, l’Arlémise surtout, se multiplient.
Les ruches à miel affectent des formes va-
riées et sont quelquefois construites avec un
vieux tronc d’arbre. Le miel en est excellent ;
on le vend à Pékin, mais il est moins bon :
je me suis aperçu qu’on le mélange de fa-
rine, car les Chinois savent, tout comme
nous, falsifier les matières alimentaires ;
mais il est juste de reconnaître qu’ils n’em-
ploient jamais d’ingrédients nuisibles à la
santé. C’est fort heureux, car la police sa-
nitaire n’existe pas chez eux : ils semblent
ne relever en cela que de leur conscience.
C’est ainsi que la viande de cheval et de
mulet a été de tout temps utilisée chez eux,
et je n’ai jamais entendu parler d’accidents,
bien que tout animal soit abattu et débité
sans contrôle.
La plupart des temples et des sépul-
tures avaient jadis une splendeur dont il ne
reste plus guère de traces aujourd’hui.
C'est, disais -je, autour d’eux qu’on voit
souvent de beaux arbres dont les espèces
dominantes sont le Genévrier, le Pin blanc,
le Sophora, le Thuia, le Salishuria adian-
tifolia, le Noyer, le Chêne à larges feuilles
et l’Ailante. Ce dernier est connu aussi sous
le nom impropre de Vernis du Japon, car il
est originaire de Chine. Il comprend deux
espèces dont j’ai à dire quelques mots. L’une
est très-bien acclimatée et répandue chez
nous, peut-être même abusivement. C’est,
si je ne me trompe, l’essence la plus rus-
tique ; c’est une qualité, mais son grand dé-
faut, c’est de tracer prodigieusement et de
n'en voit plus que pendant quelques heures à la
suite de fortes pluies! Le reste de l’année, ils sont
absolument sans eau, ce qui permet, ainsi que
M. Martin le rapporte de la Chine, de voir « des
ponts et des arches sans utilité. »
{Note du 7'édacteur.)
98
DU romiER ET DU POMMIER.
devenir un voisin fort incommode pour les
jardins et les champs. On plante un Allante
quelque part ; Tannée suivante, on voit ses
rejetons surgir de partout. Quant à sa rus-
ticicité, on coupe aussi négligemment qu’on
veut une branche ; on Tenfonce tout bonne-
ment dans le sol, et elle pousse rapide-
ment.
On ne devrait donc le planter que le
long des promenades et des boulevards, ou
dans les terrains des magnaneries, car il
constitue la précieuse et facile nourriture
du ver à soie qui porte son nom, et dont on
s’occupe tant depuis que le Bombyx du Mû-
rier, devenu chroniquement malade, rend
la France tributaire de plusieurs millions
par an pour l’importation des graines de
Chine et du Japon.
Cet Allante a en outre le désagrément
de donner une fleur qui répand une odeur
nauséabonde ; mais, limité aux usages que
je signalais tout à l’heure, il rachète heu-
reusement ses défauts par sa rusticité et la
beauté de son feuillage.
La deuxième espèce, à peine connue chez
nous, ne trace pas autant, et sa fleur est
d’un parfum agréable (1). Les Chinois sont
très-friands de la jeune feuille. Lorsqu’on
se promène au printemps, on est étonné de
voir TAilante nu et dépouillé, tandis que les
autres arbres ont tout leur feuillage. On
croit aux ravages d’un insecte ; il n’en est
rien : ce sont les Chinois qui ont moissonné
les jeunes pousses. Le fait est que j’en ai
mangé en salade, et que je les ai trouvées
bonnes.
Cet arbre fournit aussi à la pharmaco-
pée chinoise une racine contenant un prin-
cipe astringent fort apprécié des Chinois, et
qui m’a rendu des services réels. »
Martin.
[La suite prochainement.)
DU POIRIER ET DU POMMIER
MANIÈRE DE METTRE A FRUIT LES ARBRES LES PLUS REBELLES. — MOYEN DE DONNER
DE LA VIGUEUR A CEUX DONT LA VÉGÉTATION EST LANGUISSANTE ET STATIONNAIRE.
Les personnes qui s’occupent] d’horticul-
ture, et particulièrement celles qui font de
la culture fruitière leur amusement ou leur
spécialité, savent que la croissance des ar-
bres est différente suivant la nature du ter-
rain et selon le climat où ils sont placés ; une
certaine humidité, aidée d’une température
assez élevée, sont les conditions les plus fa-
vorables à leur développement; elles savent
aussi que la végétation est parfois bien dif-
férente, suivant les variétés, et qu’il en est
qui acquièrent une croissance remarquable
dans très-peu de temps, tandis qu’il en est
d’autres pour l’accroissement desquelles il
faut de longues années.
Beaucoup de plantations fruitières réus-
sissent mal, parce que les connaissances les
plus élémentaires font complètement défaut
aux personnes chargées de cette opération,
qui, du reste, n’est pas la plus facile à saisir
et à bien exécuter.
Il n’est pas rare de rencontrer dans les
jardins des Poiriers greffés sur Coignassier
dans des terrains qui, par leur composition
chimique, ne conviennent qu’à des arbres
greffés sur franc, et, au contraire, ces der-
niers plantés dans un sol très -favorable au
Coignassier. Il en est de même des Pom-
miers greffés sur franc ou sur doucin, pré- 1
cisément là où le sol ne convient qu’à ceux
qui sont greffés sur paradis.
Lorsqu’une plantation est faite dans de
telles conditions, et qu’à cette première faute
vient se joindre un mauvais choix dans les
variétés à fruits, les résultats sont déplora-
bles. Ce n’est pas tout; il arrive souvent
qu’une mauvaise taille vient compléter les
tristes effets de l’ignorance et de l’incapa-
cité.
Tout le monde sait que les arbres sont
des êtres organisés et vivants, mais privés
de mouvement volontaire, ce qui est une
raison pour que les personnes qui se des-
tinent à leur culture sachent discerner le sol
et l’exposition qui leur conviennent. Aussi,
un arbre ne pouvant sortir du milieu où
l’homme Ta placé, si ce milieu n’est pas fa-
vorable à sa nature, à son essence, il en ré-
sulte de graves inconvénients qui ne tardent
pas à détruire Tespoir du cultivateur. L’arbre
pourra se développer avec une grande vi-
gueur, mais ne donner sur toute son éten-
due que des productions à bois, et rarement
(1) Cette deuxième espèce pourrait bien être
celle que nous avons reçue de la Chine il y a quel-
ques années, et que nous avons nommée Àilantus
flavescens. Nous n’en avons pas encore vu les
fleurs. (Note du Rédacteur.)
DU POIRIER ET DU POMMIER.
quelques mauvais fruits. Il en est d’autres
dont les racines ne rencontrent pas dans le
sol les matières nutritives qui leur convien-
nent; leur période végétative est bientôt
terminée, les racines ne procurant à l’arbre
qu’une nourriture toujours insuffisante à
l’entretien et à la prolongation de sa vie. On
obtient d’abord quelques fruits; mais bien-
tôt l’arbre dépérit et meurt, parce qu’il ne
peut plus se défendre contre les lichens et
autres cryptogames parasites qui finissent
par le couvrir et bouchent les pores ou sto-
mates, qui sont aussi des organes de res-
piration et d’absorption.
Un autre mode défectueux qu’il n’est pas
' rare de rencontrer, et qui n’est pas sans in-
fluence sur la durée des arbres, consiste à
remplacer par un jeune arbre celui qui pré-
cédemment y existait depuis de longues an-
nées. Je ferai donc remarquer que ce genre
de plantation, malheureusement trop usité,
n’offre aucun avantage ; au contraire, cette
manière de procéder ne constitue d’abord
qu’un retard d’abord inappréciable, mais un
préjudice réel pour l’avenir, indépendam-
ment du temps employé inutilement. Toute
autre chose s’achète, mais non le temps, qui
est toujours précieux pour l’homme labo-
rieux et intelligent. Le temps est, dit-on,
l’étoffe dont la vie est faite. Il faut donc
l’économiser. Souvent l’arbre que l’on plante
ainsi, après avoir poussé avec assez de force
pendant quelques années, s’arrête tout à
coup. Son état de souffrance détermine le
blanc ou Champignons aux radicelles. Enfin,
quelques fruits mal constitués se montrent,
et terminent l’existence de ces arbres.
On objectera peut-être qu’en fouillant,
qu’en pratiquant un bon trou pour enlever
toute cette terre épuisée, et en la rempla-
çant par une autre contenant toutes les pro-
priétés qui peuvent constituer un bon sol,
l’arbre que l’on y plantera devra pousser et
prospérer comme son prédécesseur, qui y
était depuis cinquante ans ou plus, et qui
avait donné beaucoup de bons fruits. Gela est
une erreur. Le jeune arbre qui succédera
à un ancien poussera certainement très-
bien jusqu’à ce qu’il ait absorbé les prin-
cipes vitaux contenus dans la terre qu’on a
rapportée ; mais lorsqu’il arriverafau pour-
tour de ce trou et en dehors, où il ne ren-
contrera plus qu’une terre maigre, épuisée,
incapable de produire, alors commencera
une période de décroissement. Il sera dans
des conditions analogues à celles d’un ar-
buste planté dans une caisse, et dont la terre
est usée. Si l’on ne veut pas perdre ce der-
99
nier, il faut le rencaisser, changer la terre,
et trancher quelques racines avant de le re-
mettre dans une caisse plus grande, pour
qu’il puisse suivre le cours de sa végétation.
Gomme on ne peut en faire autant d’un
arbre lorsqu’il est en terre, il ne faut pas, à
moins d’y être obligé, mettre un jeune arbre
à la place d’un vieux, si l’on ne peut faire
que le trou absolument nécessaire pour le
mettre en terre.
La culture des arbres fruitiers soumis à
la taille n’est encore connue aujourd’hui que
par un petit nombre de praticiens et d’ama-
teurs éclairés, d’où il résulte que la plupart
des arbres fruitiers sont, dans beaucoup de
localités, abandonnés à une abominable rou-
tine. On peut espérer que dans un avenir
prochain il en sera autrement, et que les
jardins et vergers d’alors échapperont aux
mauvais résultats, qui ne sont pas toujours
le fait d’un mauvais vouloir, mais bien le
défaut de connaissances indispensables dos
principes de physiologie végétale.
Eu égard aux raisons que j’ai données
plus haut, il arrive dans certains cas que
des arbres se développent avec une grande
vigueur, deviennent rebelles, ne produisent
que du bois et peu ou pas de fruits. Dans
cette circonstance, en attendant qu’il soit
possible d’avoir de nouveaux arbres bien
taillés, et avant tout bien plantés, voici ce
qu’il faut faire :
Si l’on a affaire à une pyramide, après
avoir pris l’aplomb de l’arbre, on supprime
les grosses branches, puis on en conserve
des petites qui, après être taillées, sont
mises en équilibre avec la flèche. Ges nou-
velles'productions remplacent les anciennes,
et sont fixées sur des baguettes au moyen
de très-petits osiers. A l’époque de la taille,
on retranche peu ou point sur la longueur
de ces jeunes branches, qui se garnissent
ordinairement de boutons à fruits sur une
partie de leur longueur.
Tous les nouveaux bourgeons, en dehors
de ceux qui sont nécessaires, seront stricte-
ment retranchés au fur et à mesure de leur
apparition, afin de faire profiter ceux que
l’on conserve de la sève qui aurait alimenté
les parties supprimées, et qui produiront de
nouvelles branches et des boutons à fruits.
11 est bien entendu que je ne parle ici de ce
traitement vigoureux que comme moyen ap-
plicable aux arbres gros et formés, et qui
depuis de longues années ne donnent pas de
fruits. En procédant ainsi, on n’a pas be-
soin d’avoir recours aux moyens préconisés
jusqu’à présent, tels que la transplantation
DU POIRIER ET DU POMMIER.
100
des arbres, la coupure des racines, la tor-
sion des branches et leur entrelacement, etc.
Il n’est pas nécessaire non plus de laisser
une quantité de brindilles ou de gourmands,
qui ne peuvent être que nuisibles à l’arbre
par leur nombre et le développement qu’ils
prennent.
2» Faire les suppressions indiquées ci-
dessus ; ne laisser aucun bourgeon à bois,
les couper au fur et à mesure qu’ils pous-
sent ; ne conserver que les yeux stipulaires,
et laisser libres toutes les flèches de chaque
branche charpentière. Au mois d’août, on
effeuille l’arbre entièrement ; le reste de la
sève tournera au profit des yeux, qui gros-
siront et se transformeront en boutons à
fruits. S’il arrive qu’après cette operation il
se développe quelques bourgeons, on les re-
tranche à mesure qu’ils paraissent.
3® Au mois de mars, faire à 20 centimètres
au-dessus de la greffe deux incisions circu-
laires de l’écorce jusque sur l’aubier. La
distance de ces deux incisions entre elles
varie de 2 centimètres jusqu’à 10, selon la
grosseur du sujet, de manière à localiser la
sève au-dessus de la partie incisée. En effet,
lorsque l’écorce est enlevée et séparée de
l’arbre, l’aubier se trouve à nu ; ses tissus
se resserrent sous l’influence de l’air et du
soleil ; la marche ascendante de la sève se
ralentit notablement, et lorsqu’elle parvient
dans les rameaux, qu’elle en a imbibé les
extrémités, elle abandonne, sous l’influence
de la chaleur, la surabondance des sucs
aqueux qu’elle contient, se modifie, s’éla-
bore, et reflue ensuite par un mouvement
rétrograde entre la couche d’aubier la plus
extérieure et le liber de l’écorce, en dépo-
sant sur son passage les éléments néces-
saires à la constitution d’une nouvelle couche
d’aubier et de liber. Arrivée au-dessus de
l’endroit où l’écorce est enlevée, elle s’y ar-
rête, en recouvrant peu à peu l’aubier. Au
bout de quelques années, cette sève élabo-
rée ou cambium vient se remettre en com-
munication avec les tissus de la partie infé-
rieure de l’arbre, de sorte qu’il est difficile
de reconnaître l’endroit où l’écorce a été en-
levée.
4° Au mois de mars, enlever la terre au
pied de l’arbre jusque sur les racines, et
cela tout autour (50 centimètres) ; éviter de
les blesser; puis on laisse les choses en cet
état. Ne tailler l’arbre que très-tard, lors-
que la sève est répandue dans toutes les
productions. Les vaisseaux mis à nu à
celte époque sont gorgés de sève, qui, alors,
s’échappe dans l’atmosphère par suite de l’é-
vaporation. L’année suivante, lorsque les pro-
ductions sont toutes transformées en rami-
fications fruitières, on pratique la taille de
bonne heure, comme on le fait pour tous les
arbustes d’une végétation ordinaire. Ensuite
on étale une épaisseur de fumier bien con-
sommé sur les racines, puis on le recouvre
avec la terre qui a été enlevée au début de
cette opération.
Dans beaucoup de jardins, on rencontre
des arbres malades par suite d’un manque
de sève, et qui, le plus souvent, arrivent à
une fin prématurée. Contrairement à ce qui
vient d’être dit pour les arbres vigoureux,
voici la manière d’opérer : il suffit de dé-
couvrir les racines de l’arbre ainsi affaibli,
d’en rechercher les plus grosses, et d’y faire
avec la scie, ainsi que sur le tronc, des inci-
sions assez profondes en différents endroits.
Cette opération faite, on recouvre les ra-
cines avec la meilleure terre du jardin.
L’année suivante, l’arbre a développé, au-
dessus des incisions, une grande quantité
de petites racines qui fournissent à l’arbre
la quantité de sève dont il a besoin.
Il arrive aussi que des arbres greffés sur
Coignassier, étant plantés dans un terrain
qui ne convient qu’à des arbres greffés sur
franc, ne poussent que médiocrement. On
remédie à cet état de choses en affranchis-
sant ces arbres, c’est-à-dire en pratiquant
des incisions longitudinales dans le bourre-
let de la greffe pour en obtenir des racines.
Si le bourrelet est au-dessus du sol, on
l’enterre en amoncelant de la terre autour.
En procédant ainsi, on obtient des racines
qui donnent à l’arbre la même vigueur que
s’il était greffé sur franc. Je ne parle ici que
des arbres qui manquent de sève, car pour
les arbres vieux et usés, les incisions ne
sauraient leur rendre la vie.
C. Vigneron,
Professeur d’arboriculture, place de l’Église, 6,
à Vilry-sur-Seine,
Orléans, irnp. de G. Jacob, Uoitre Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première QUINZAINE DE MARS)
Le Dattier du Muséum. — Les Expositions de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne pour
l’année 1873. — Nécrologie : M. Lambert Jacob, de Liège. — La fécondation artificielle. Culture du
Cnjptomeria Japonica; lettre de M. Hélye; influence générale des milieux sur la végétation ; exemple
tiré des Magnolia grandi flora ; vérité du proverbe : Expérience passe science. — Bibliographie : La
Greffe à la portée des classes populaires, par M. Faudrin, professeur d’arboriculture; le Jardin de
Vinstüuteur, par M. Burvenich, de Belgique; extrait du livre. — La Revue de V arboriculture; obser-
vations sur la non-dégénérescence des arbres fruitiers. — Les nouveaux engrais en horticulture • les
expériences au Jardin d’acclimatation. — Le Laurocerasus vulgaris : ses caractères, ses qualités, ses
divers emplois.
Le bel échantillon de Dattier offert au
Muséum par MM. Charles Huher et G‘®,
horticulteurs à Hyères (Var), et dont nous
avons parlé dans notre chronique du 1'’** jan-
vier, p. 5, est arrivé au Muséum. Il va être
placé dans la galerie de botanique, où on
pourra l’admirer et se faire une idée de
cette plante qui caractérise certaines ré-
gions chaudes de l’Asie et de l’Afrique, et
juger par là de ce qu’est le climat si favorisé
de ce petit coin de la France où est située la
ville d’Hyères. Cet échantillon, dont nous
avons donné les dimensions (1), est, paraît-
il, un des plus forts que l’on connaisse.
— Du 24 au 27 avril prochain, la Société
d’horticulture de la Haute- Garonne fera à
Toulouse une exposition générale qui com-
prendra, indépendamment des plantes or-
nementales de la culture maraîchère et de
l’arboriculture, tous les différents produits
qui se rattachent à l’horticulture. Outre
cette exposition, la Société en fera deux au-
tres, l’une le 25 mai, entièrement consacrée :
aux Rosiers de collection fleuris et en
pots ; 2<^ aux Rosiers de semis fleuris et en
pots ; 30 aux Rosiers coupés. L’autre — qui
sera la troisième de l’année 1873 — qui aura
lieu du 18 au 19 octobre, sera exclusive-
ment consacrée aux fruits d’automne et
d’hiver. Toutes les personnes sont admises
à concourir conformément au programme.
Pour cela, elles devront en faire la déclara-
tion au moins quinze jours avant l’exposi-
tion où elles désirent concourir, et adresser,
à cet effet, au président ou au secrétaire gé-
néral de la Société, place Saint-Georges,
n» 15, à Toulouse, une lettre contenant
l’énumération des produits qu’elles se pro-
posent d’exposer.
— L’horticulture vient de perdre un de
ses principaux membres en la personne de
(1) Revue horticole, 1873, p. 5.
1er mars 1873.
M. Lambert Jacob, plus connu sous le nom
de Jacob-Makoy. C’était un de ces hom-
mes de plus en plus rares, qui, à un amour
passionné des plantes, unissent les connais-
sances et l’activité nécessaires pour mener
une entreprise à bonne fin. Aussi, l’éta-
blissement qu’il avait créé à Liège fut-il
bientôt connu de toute l’Europe. M. Lam-
bert Jacob est décédé à Liège, le 4 mars 1873,
à l’âge de quatre-vingt-trois ans.
— Dans un article que nous avons publié
sur la fécondation artificelle (1), en appe-
lant l’attention sur diverses fécondations
faites par notre ami, le patient et conscien-
cieux fécondateur, M. Quetier, sur des
Poiriers, dans le but d’en obtenir des varié-
tés méritantes, nous disions, en parlant d’un
Poirier Saint-Germain fécondé par Bon-
Chrétien d’hiver : <i L’aspect général de
l’arbre est celui du Saint-Germain; les
feuilles sont longuement pliées en gouttière ;
le fruit gros et long, renflé au milieu, atté-
nué aux deux bouts, semble tenir des deux
parents : du Saint-Germain, mais surtout
du Bon-Chrétien d’hiver. Nous y revien-
drons. » ~ Aujourd’hui que nous avons
étudié le fruit, nous pouvons complé-
ter et dire qu’il n’a pas répondu à l’idée
qu’on s’en était faite. Ce fruit, qui est d’une
moyenne grosseur, n’est pas d’une qualité
supérieure, tant s’en faut. De plus, il a le
grave inconvénient de blétir promptement
cela sans que ce fait se manifeste extérieu-
rement. Si nous parlons de cette Poire, ce
n’est donc pas pour la recommander, mais
pour faire voir que, contrairement à l’idée
qu’on a émise, il ne suffit pas de féconder les
fleurs de deux bonnes variétés pour avoir
un bon fruit ; et que des pépins de Poires
provenant de variétés émérites, peuvent
produire un fruit inférieur, ce qui s’est
montré dans l’expérrence que nous rappe-
(1) Voir Revue horticole, 1871, p, 390.
6
i02 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS).
Ions. Toutefois, il ne faudrait pas prendre | tiens des voyageurs dos contradictions manifestes
ce résuHat pour règle ; et nous croyons, au ■ sur lesquelles je serais heureux d’avoir quelques
éclaircissements. D. IIélye.
contraire, malgré cette défection , qu il y
aura toujours infiniment plus de chance
d’obtenir de bons fruits en semant des pé-
pins provenant de fécondation entre bonnes
variétés, de même qu’on serait beaucoup
plus sûr d’obtenir un bon vin en mélangeant
ensemble deux bonnes sortes , que si l’on
prenait pour faire le mélange deux vins de
mauvaise qualité. Nous reviendrons sur ce
sujet.
— Au sujet de certains faits de végéta-
tion qu’il a observés relativement à la végé-
tation des Cryptomeria , notre collègue,
M. Hélye, nous adresse la lettre suivante :
Mon cher Carrière ,
Permettez-moi de vous demander une petite
place dans votre journal pour insérer cette let-
tre. En vous l’adressant, mon but est d’appeler
l’attention des lecteurs de la Revue horticole sur
la culture du Cryptomeria Japonica. Bien que
l’introduction de celte espèce remonte déjà à un
grand nombre d’années, on est encore à se de-
mander quel est le sol qui lui convient, et dans
lequel elle doit être plantée afin d’obtenir une
croissance rapide, et surtout une végétation sa-
tisfaisante, ce que sont loin de présenter les in-
dividus que j’ai eu occasion de voir dans diver-
ses parties de la France. On prétend qu’au
Japon on le rencontre spontané dans les bas-
fonds des forêts humides et tourbeuses. A dire
vrai, partout où il est planté dans les terrains
calcaires des environs de Paris, il y végète faible-
ment, perd ses branches et finit par périr. Sans
nier ce qu’ont dit les difl'érents voyageurs qui ont
eu l’occasion de voir le Cryptomeria au Japon,
je crois que le fait n’est pas suffisant pour nous
indiquer les conditions dans lesquelles il convient
de planter cette espèce. J’appuie mon dire sur un
fait que j’ai observé récemment, et que je vais
rapporter ; ce sont deux magnifiques spécimens
que j’ai remarqués récemment dans l’ancienne
propriété de M. Pescatore, à la Celle-Saint-Cloud.
Ces sujets, de 11 mètres de hauteur, mesurent
34 centimètres de circonférence à 1 mètre du
sol, et sont garnis de la base au sommet de
nombreuses branches très-ramifiées, couvertes
de feuilles d’un beau vert, qui annonce un
état sanitaire des plus satisfaisants. Et pourtant
ces deux arbres sont plantés dans des conditions
de sol très-différentes ; l’un est placé sur un ta-
lus, à demi-pente, où il est éloigné de toute hu-
midité, tandis que l’autre se trouve sur une ter-
rasse où l’humidité fait également défaut, mais
tous deux dans une terre argilo -siliceuse. Et
pourtant, je le répète, ces deux plantes sont
magnifiques et très-remarquables, tant par la dis-
position de leurs branches arquées que par
leur végétation qui est des plus luxuriantes. Il y a
entre le fait que je viens de rapporter et les asser-
Si le fait que vient de rapporter notre
collègue, et dont nous le remercions, est
rare, il n’en est pas de même de ses équi-
valents qui se rencontrent à peu près par-
tout. En effet, qui ne sait que les mêmes
plantes viennent parfaitement dans des con-
ditions très -diverses, tandis qu’au contraire
elles ne peuvent parfois vivre lorsqu’on les
place dans des conditions en apparence ana-
logues, sinon identiques? Les exemples
abondent ; et, parmi les milliers que nous
pourrions citer, nous en rappellerons seule-
ment quelques-uns que nous choisissons
exprès, parce qu’ils sont très-communs et
bien concluants. Par exemple, les Magno-
lia grandiflora qui, à Nantes, à Angers et
dans d’autres conditions analogues, vivent
très-bien plantés dans la terre ordinaire,
exigent à Paris de la bonne terre de bruyère,
et aussitôt que celle-ci est usée et que
les racines pénètrent dans le sol naturel,
les plantes jaunissent, s’affaiblissent et meu-
rent. Il y a plus, et combien de milliers
plantes, dites de terre de bruyère, ne vi-
vent pas à Paris, bien qu’on leur donne tous
les soins et de la bonne terre de bruyère ! S
l’on objecte que cet insuccès est dû à la na-
ture de l’air — ce que nous reconnaissons
volontiers — nous opposerons des faits
analogues à l’abri de l’air, c’est-à-dire dans
des serres. Ainsi, tous les horticulteurs sa-
vent qu’en Angleterre on cultive les plantes
les plus délicates dans une terre forte, très-
consistante, le loam , où cependant elles
viennent très-bien, tandis qu’à Paris ces
mêmes plantes ne peuvent vivre qu’en
bonne terre de bruyère. C’est au point que
lorsqu’on fait venir ces plantes d’Angleterre
on est obligé, si l’on veut les conserver,
de les « secouer, » c’est-à-dire d’en enlever
la terre et de la remplacer par d’autre ap-
propriée au nouveau milieu dans lequel el-
les doivent vivre. Le fait inverse se montre
en Angleterre pour les plantes qui viennent
de France ; là aussi on doit les « secouer »
pour les rempoter dans une terre appro-
priée aux nouvelles conditions dans les-
quelles on les place. Mais, d’une autre part,
les milieux ne peuvent être identiques ; il
a des équivalents, et c’est précisément
ceux-ci que les horticulteurs doivent cher-
cher, et ceux-ci peuvent , parfois , se ren-
contrer dans des conditions en apparence
très-diverses, grâce aux équivalents. Ainsi,
pour nous résumer et faire aux Cryptome-
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE DE MARS). d03
ria l’application des principes que nous
venons d’indiquer, nous dirons que, au
Japon, la fréquence de l’eau, le voisinage de
la naer constituent une sorte de climat mari-
time ; l’air est constamment modifié, ou
plutôt est chargé de particules aqueuses, qui
en tempèrent la vive action, l’énergie pour-
rait-on dire. A la Celle-Saint-Gloud, au con-
traire, le terrain est sec, argilo-siliceux ;
mais l’air qui y est très-vif se trouve modi-
fié par la position topographique de la loca-
lité et surtout par le voisinage des forêts ou
des collines plus ou moins boisées.
On doit comprendre toutefois que tout
ceci est complexe (1) , que nous ne cher-
chons pas à définir le milieu, ce qui est
tout à foit impossible; le milieu constitue
la vie, ou plutôt il en fait partie ; aussi est-il
indéfinissable. Nous avons voulu, dans ces
quelques lignes, en appelant l’attention sur
certains faits, engager nos lecteurs à en
tirer les conséquences, à faire des rappro-
chements, à comparer, et, par des analo-
gies, à poser des règles dont l’application
pourra leur être utile; en un mot, à dé-
montrer qu’il n’y arien d’absolu, que l’on
doit toujours chercher, et que la pratique et
l’observation sont les seules, les véritables
divinités que l’on doit invoquer. Ce qui ex-
plique et justifie ce proverbe : « Expérience
passe science. ))
— Simplifier les opérations tout en les ren-
dant plus faciles et plus certaines comme ré-
sultat, tel doit être, dans la pratique, le but de
tout homme qui vise au véritable progrès.
Il en est absolument de même en théorie,
surtout aujourd’hui que les besoins s’éten-
dent constamment, et que, devant s’occuper
à la fois de beaucoup de choses diverses, on
ne peut consacrer à chacune qu’un temps
relativement court. C’est ce qu’a très-bien
compris M. Faudrin, professeur d’arbori-
culture à Châteauneuf-de-Gadagne (Vau-
cluse), en publiant un petit traité sur la
(1) Il ne faut pas non plus oublier que, si le mi-
lieu est complexe, il en est de même des êtres
qui l’habitent; que pas un non plus n’a un tempé-
rament identique; que sous ce rapport on constate
parfois les plus grandes diversités, et que ce qui
convient à l’un peut être indifférent à un autre,
nuisible à un troisième ; par conséquent que,
dans des espèces appartenant à un même genre,
des variétés sortant d’une même espèce pour-
ront exiger des soins très-différents, et que là où
l’une ne pourrait vivre, une autre, au contraire, s’y
développerait parfaitement. C’est l’ensemble de ces
connaissances qui constitue ce qu’on peut appeler
Vart horticole, c’est-à-dire qui en est la quintes-
sence.
greffe, intitulé : La Greffe à la portée des
classes populaires.
Dans cet opuscule, de 48 pages seule-
ment, l’auteur a trouvé moyen de démon-
trer d’une manière aussi simple que claire
tout ce qui est sinon indispensable, mais du
moins très-ulile de connaître pour mener à
bonne fin l’opération de la greffe, qui,
comme on le sait, est une des plus impor-
tantes de l’arboriculture. On s’explique
pourtant ce résultat, lorsqu’on sait que qua-
rante-six figures intercalées dans le texte
dispensent d’entrer dans de longs détails,
qui souvent même ne seraient pas compris
sans la présence de ces figures, qui, bien
choisies et bien appropriées, démontrent au
moindre examen ce que le langage ne pour-
rait rendre.
Une liste des « meilleures variétés » de
tous nos fruits cultivés, indiquant les di-
mensions des fruits, l’époque où ils mûris-
sent et la fertilité de l’arbre, termine et
complète de la manière la plus heureuse ce
petit livre, et justifie pleinement son titre :
La Greffe mise à la portée des classes po-
pulaires.
— M. Burvenich, dont le nom est bien et
avantageusement connu non seulement en
Belgique, mais dans le monde entier, vient
de publier un tout petit livre, intitulé : Le
Jardin de Vinstituteur (1). Sous ce titre,
de très-modeste apparence , se cachent de
grandes vérités, un chemin sûr qui con-
duit au véritable progrès, au bonheur de
l’humanité. Tout, dans ce livre, est marqué
du sceau de la pratique, — nous dirions
presque de la sagesse, si nous ne craignions
de blesser la modestie de l’auteur. — Il n’y
a pas jusqu’à cette devise : « Dresser l’arbre
quand il est jeune, » qui est sur la couver-
ture, qui n’ait été très-heureusement choi-
sie. En effet, pouvait-on mieux, c’est-à-dire
d’une manière plus simple, plus vraie et
plus poétique, indiquer ce que doit être
l’éducation, comment il faut la pratiquer
tout en assimilant, en harmonisant ces deux
choses : faire des hommes et former {dres-
ser) des arbres, tout en montrant comment
il faut agir, en opérant en temps opportun,
c’est-à-dire lorsqu’ils sont jeunes, de ma-
nière à pouvoir s’en rendre maître en leur
donnant une bonne direction? Du reste, le
but de l’auteur est nettement indiqué dans
les deux premiers alinéas de son opuscule,
sous le titre : Généralités. Qu’on en juge.
(1) Gand, imprimerie C. Annoot-Braeckmann.
104 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS).
Ea détachant le jardin de l’instituteur de toute
autre exploitation culturale, grande ou petite,
nous n’établissons pas une distinction subtile.
N’avons-nous pas, d’ailleurs, comme jardins plus
ou moins distincts, ceux du locataire, du fermier,
du presbytère, des communautés, des hôpitaux,
des pensionnats, des camps, des chefs de gare,
et enfin, et non pas le moins important, le jar-
din du pauvre?
Le jardin de l’instituteur a pour nous un ca-
ractère tout particulier autant par la position
du fonctionnaire qui l’exploite que par le but
multiple qu’il doit s’efforcer d’atteindre. C’est ce
qui nous détermine à traiter spécialement et
assez longuement ce genre de culture au point
de vue de l’intérêt particulier et de l’utilité gé-
nérale qu’il présente. Et, en effet, disons-le sans
autre préambule, le jardin répond à un besoin
physique, matériel et moral, pour ces fonction-
naires peu privilégiés, que leur rude et hono-
rable profession n’enrichit guère ; de plus, bien
distribué et entretenu d’après les indications que
nous donnerons dans le cours de ce travail, le
jardin de l’école primaire est appelé à servir
d’exemple aux populations rurales, et à contri-
buer ainsi dans une large mesure à la propa-
gande des bons procédés de culture et des
meilleurs fruits et légumes.
Après des considérations générales sur ce
qu’est en Belgique le jardin de l’instituteur,
M. Burvenich s’attache à démontrer ce qu’il
devrait être, eu égard à la mission que doit
remplir l’instituteur, à poser quelques bases
d’après lesquelles les plantations devraient
être faites, quel est le traitement qu’il con-
vient d’appliquer aux arbres ainsi qu’aux
légumes, et quel en doit être le choix, toutes
choses des plus intéressantes et dignes d’être
méditées.
B serait à désirer que de semblables pu-
blications fussent faites dans toutes les com-
munes de France; elles seraient beaucoup
plus utiles que certains bulletins que de
temps à autre l’on envoie aux instituteurs....
— Dans le numéro du janvier 1873 de
la Revue de Varhorieidture, où les lecteurs
trouveront une grande quantité de faits in-
téressants, nous avons surtout remarqué un
article sur lequel nous appelons tout parti-
culièrement l’attention, mais principalement
de ceux qui soutiennent la non dégénéres-
cence des arbres fruitiers. Écrit par un des
praticiens les plus éclairés, notre éminent
collègue, M. F. Thomas, directeur des pé-
pinières de MM. Simon-Louis, à Metz, cet
article, qui a pour titre : le Beurré d’Har-
denpont (variété plus connue en France
sous le nom de B. d' Arenberg)^ nous pa-
raît de nature à convaincre ceux qui, n’ayant
pas de parti pris, veulent bien examiner et
tenir compte des faits. Quant aux autres,
nous n’en parlons pas : les raisons — nous
ne disons pas les bonnes raisons (ne pas
confondre) — ne leur manqueront pas pour
soutenir leur opinion. Dans cet article,
après avoir établi par certains exemples que
l’infertilité de l’arbre et l’altération des
fruits que présente souvent le B. d'Harden-
_pon^ résultentd’un affaiblissement graduel de
l’arbre, qui alors devient plus délicat, notre
collègue termine ainsi; « Si je suis dans le
vrai, le remède est simple : préserver au-
tant que possible cet arbre précieux des
causes que je viens de signaler, et se rési-
gner à le classer parmi les variétés de Poires,
malheureusement assez nombreuses déjà et
dont le nombre tend à s’accroître de jour en
jour, qui demandent à être dorlotées. y>
Oui, notre collègue est dans le vrai.
— On ne peut nier que sous tous les rap-
ports nous sommes arrivés à une époque de
progrès très-marquée. En culture, indépen-
damment des améliorations considérables
apportées à l’outillage, qui facilitent ou sim-
plifient la main-d’œuvre, et par conséquent
en allègent notablement les frais tout en
augmentant les bénéfices, il y a surtout les
découvertes faites dans l’emploi de bouveaux
engrais, qui est le côté principal, la base,
on peut dire, de la culture. En agriculture,
le fait est acquis, et les résultats, en général
très-avantageux, sont hors de toute contes-
tation ; on ne peut donc différer que sur des
faits d’appropriation dépendant des condi-
tions de milieu, de sol, de climat, etc., dans
lesquelles on se trouve placé. En horticulture,
et bien qu’il soit à peu près certain que les
engrais ou des analogues sont également ap-
pelés à jouer un jour un important rôle, il
faut bien reconnaître que, jusqu’ici, l’on
n’a encore rien de certain, les quelques es-
sais qui ont été faits n’étant pas assez bien
établis pour qu’on puisse rien conclure d’une
manière absolue du moins; aussi, malgré
les expériences qu’on a faites au Jardin
d’acclimatation du bois de Boulogne, et ce
qu’ont dit beaucoup de gens incompétents
ou d’autres qui ont parlé de ces expé-
riences sans les avoir vues, nous qui, sans
les avoir suivies d’une manière continue,
les avons cependant vues plusieurs fois
de très-prés et examinées avec soin, ne
craignons pas d’affirmer que, en général,
toutes ces expériences ont été mauvaises,
que celles qui faisaient exception pouvaient
à peine être considérées comme passables.
105
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS).
ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas là un
champ très-avantageux à exploiter, mais
seulement que les résultats qu’on a obtenus
ne sont pas de nature à ce qu’on puisse, les
considérant comme bons, indiquer comme
règles à suivre les procédés employés.
— On nous écrit la lettre suivante, qui,
nous en sommes certain, sera lue avec plai-
sir, et que, pour cette raison, nous nous
empressons de publier :
Monsieur le rédacteur,
Je prends la liberté de vous adresser, sous
forme de lettre, quelques observations au sujet
d’une pldnte très-vulgaire, et assurément bien
connue de vos lecteurs, mais qui, pourtant, pré-
sente certains avantages peu, pan ou pas assez
connus, et que, pour cette raison, je crois bons
à signaler. Il s’agit du Laurocerasus commun.
Du reste, vous en jugerez, et si vous croyez que
i ces détails présentent quelque intérêt, je vous
autorise à les publier.
Je commence par faire remarquer que cette
plante, qu’on appelle vulgairement Laurier-Ce-
rise, Laurier au lait, Laurier amande, n’est
pas un Laurier, et qu’elle ne rentre même pas
dans la famille des Laurinéês, que nos lecteurs
peuvent se représenter par le Laurier-sauce
(Laurus nobilis), espèce si fréquemment plantée
dans nos jardins, et que tout le monde connaît
par l’usage qu’on fait de ses feuilles dans les ra-
goûts. La plante dont il est question ici appar-
! tient à la grande famille des Rosacées, dans
laquelle elle doit constituer une tribu particu-
lière. Elle porte les noms scientifiques suivants :
I Prunus Laurocerasus, Lin.; P. Lusitanica,
Güldenst, non Lin.; Cerasus Laurocerasus,
Loisl.; et Padus Laurocerasus, Mil!.
Considérant qu’elle ne peut rentrer dans au-
! cun des genres où on l’a placée, je n’hésite pas
à en former un genre particulier, le genre Lau-
I rocerasus, auquel je rattache toutes les sortes à
feuilles persistantes, tels que les Laurocerasus
Lusitanica, Caroliniana, Capulinos, etc., etc.,
et doit porter le qualificatif mlgaris. Si je parle
' de cette espèce, ce n’est ni pour la faire con-
naître, ni pour la recommander ; car, sous ces
deux rapports, je n’apprendrais rien à personne,
puisqu’elle est connue à peu près de tout le
I monde, et que son usage, comme plante d’orne-
ment, est des plus répandus, en ■ France du
moins. Le but que je me propose en écrivant
I cette note, c’est d’énumérer les propriétés de
I cette plante, en rappelant brièvement celles qui
sont généralement connues, et en m’étendant un
peu plus sur d’autres qui le sont moins. Ces pro-
priétés sont tout particulièrement dues à l’acide
prussique (1), qui s’y trouve en plus ou moins
grande quantité, souvent allié à quelques autres
principes qui en tempèrent l’énergie, en faisant
(1) L’un des poisons les plus violents, si ce n’est
le plus violent.
en même temps varier les propriétés des parties
où elles se trouvent. C’est, à peu près exclusive-
ment, dans les feuilles où on les rencontre;
aussi sont-ce à peu près les seules parties dont
on fait usage, Dans l’économie domestique, les
ménagères emploient ces feuilles pour aromati-
ser leur lait, d’où le nom de Laurier -au-lait
qu’on donne à la plante ; le nom de Laurier Ce-
rise lui vient de la comparaison qu’on a faite de ses
fruits avec ceux d’un Cerisier. Quant au nom
Laurier amande, il lui a été donné à cause de
la saveur toute particulière que les feuilles com-
muniquent aux mets (crèmes, pâtes, gâteaux, etc.)
dans lesquels on les fait entrer.
Voilà, certes, déjà assez de propriétés pour
recommander le Laurocerasus mlgaris; il est un
bon nombre de plantes qui sont infiniment moins
utiles et qui, pourtant, sont avidement recher-
chées. Sous ce rapport, il en est un peu des
plantes comme des gens. Ce n’est pas tout, ce-
pendant, et le Laurocerisier commun en possède
quelques autres qui ne sont pas moins utiles.
Ainsi, au point de vue médical, cette espèce rend
de très-grands services aux classes pauvres, par
l’application que l’on fait de ses feuilles qui, en
même temps qu’elles sont stimulantes, sont ré-
solutives, détersives et sédatives, ce qui les rend
précieuses. Appliquées sur les plaies, elle les
nettoient, vivifient la chair et en déterminent
promptement la guérison. J’en ai vu faire un em-
ploi très-avantageux contre les brûlures, dans
une verrerie, où, ainsi qu’on le sait, ces acci-
dents sont très-fréquents. Dans cette prévision,
on en avait fait planter quelques pieds dans la
cour, à la portée des ouvriers, de manière
qu’aussitôt qu’ils se brûlaient^ ils prenaient des
feuilles, dont ils enlevaient l’épiderme, et qu’ils
appliquaient immédiatement sur la plaie.
En mettant des feuilles macérer dans de l’al-
cool, on obtient un liquide qu’on peut employer
avec un très-grand avantage pour laver les plaies
et les blessures, dont il détermine très-prompte-
ment la guérison; j’ai même vu certaines de ces
maladies réputées incurables, qui ont été gué-
ries par un emploi judicieux, répété et varié, de
feuilles ou de décoctions de Laurocerasus vul-
garis. Dois-je, à tout ce qui précède, ajouter que
depuis quelque temps on emploie avec un très-
grand avantage les feuilles du Laurocerisier com-
mun (1) pour conserver les collections d’histoire
naturelle, et éloigner les insectes qui les dévo-
rent? C’est surtout en entomologie où l’on s’en
sert pour cet usage. Coupées en lanières et
mises dans des flacons ou dans d’autres endroits
fermés où sont placées les collections, ces feuilles
en éloignent les insectes, qui sans cela les dé-
truiraient. Dans ce cas, elles ont l’avantage de
ne pas durcir les insectes, de les conserver frais
avec tous leurs caractères, ce que ne font pas la
(1) Il est à peu près hors de doute que toutes
les formes ou variétés de ce type, telles que les
Lauracerasus Caucasica, colchica, latifolia, etc.,
possèdent les mêmes propriétés que le type, et
‘ qu’elles peuvent être employées aux mêmes usages.
106 CULTURE DU TRITELEIA UNIFLORA AVEC LES JACINTHES ET LACHENALIA.
plupart des autres préservatifs qu’on emploie
parfois. Toutefois, je crois que ceci peut être
considéré comme un des moindres avantages que
présentent les feuilles de Laurocerisier ; néan-
moins, j’ai cru devoir le rappeler, puisqu’il
peut être très-utile à ceux qui ignorent ce fait.
C’est avec un grand plaisir que nous pu-
blions cette lettre, dont nous remercions
l’auteur, qui, pour des raisons particulières,
nous a prié de taire son nom.
Bien que cette communication puisse pa-
raître étrangère à l’horticulture, — ce qui
n’est pas, — nous avons néanmoins cru de-
voir la publier; nous la regardons au con-
traire comme s’y rattachant, et en même
temps comme très-utile, car elle fait
partie de l’économie domestique, qui ne
peut être étrangère à l’horticulture, puis-
qu’elle comprend l’hygiène, c’est-à-dire les
moyens de conserver la santé et de rame-
ner celle-ci lorsqu’elle est compromise, et
que sans la santé tout travail est impos-
sible, de sorte qu’indiquer ces moyens,
c’est non seulement servir l’horticulture,
mais même toutes les sciences.
E.-A. Carrière.
CULTURE DU TRITELEIA UNIFLORA
AVEC LES JACINTHES ET LACHENALIA
Jusqu’aujourd’hui, Ton ne semble pas
avoir compris tout le parti que Ton
pourrait tirer des petits oignons de Triteleia
mélangés avec d’autres oignons à fleurs.
Depuis quelques années, j’ai fait des es-
sais de culture du Triteleia uniflora, mé-
langé avec des Jacinthes et des Laehenalia,
qui m’ont donné des résultats des plus sa-
tisfaisants, et cela d’autant plus que ces
plantes fleurissent de janvier à la fin de mars,
époque où Ton a beaucoup de plantes à
feuillage dans les appartements, mais où les
fleurs manquent le plus généralement.
Voici comment j’opère :
Du 25 août à la fin de septembre, je
plante chaque dix jours un nombre suffi-
sant de Jacinthes doubles et simples, à fleurs
de couleurs vives, rouge ou rose foncé, bleu
foncé et bleu noir. Si Ton prend dans les
jaunes, il faut choisir les plus foncées. Il
faut éviter de planter des Jacinthes de cou-
leurs claires, car ces couleurs se perdent
lorsqu’on les mélange avec le blanc. Après
avoir bien drainé le fond du pot, je place
chaque oignon au milieu des pots, qui sont
ensuite mis dans une bâche recouverte de
châssis de nattes. Lorsqu’au bout de quarante
à cinquante jours les Jacinthes commencent
à sortir de terre, je plante autour de chacune
les oignons de Triteleia uniflora, de ma-
nière à former une sorte de couronne. On
peut alors enlever les châssis et laisser les
pots à découvert, en ayant soin, toutefois,
d’éviter les grandes pluies. Au bout de dix
à quinze jours, les Triteleia sortent de terre
et forment autour de la Jacinthe une bor-
dure de verdure.
Dans les premiers jours de novembre, il
(1) V. Revue horlicole, 1873, p. 11.
faut placer les pots près des vitres de la serre
et tenir la terre un peu humide. Ainsi trai-
tées, ces plantes fleuriront en janvier et
produiront un effet des plus jolis, car tous
les oignons fleurissent à la fois, et alors le
beau feuillage des Triteleia, qui retombe
sur le bord du pot qu’il cache, joint aux
fleurs étoilées des Triteleia qui sont d’un
beau blanc nuancé de bleu, produisent un
des plus jolis contrastes avec les hampes
fleuries des Jacinthes.
Grâce à cette heureuse disposition , le
Triteleia uniflora a une place importante
dans les serres et appartements du Midi.
La culture des diverses espèces de La-
chenalia mélangées avec les Triteleia uni-
flora demande un peu plus de soin. Voici
comment je la pratique : je plante ordinai-
rement les Lachenalia au mois de septem-
bre, dans des pots de 5 pouces que je place
sur les étagères de la serre, et une fois que
les plantes sont bien développées, c’est-à-
dire que la hampe a environ 5 centimètres
au-dessus du feuillage, je plante tout autour,
comme pour les Jacinthes, les Triteleia.
Toutefois, il est urgent de planter, aupara-
vant, les Triteleia dans de très-petits pots
sans fond. Si Ton plantait comme on le fait
des Jacinthes, les nombreuses feuilles de
Triteleia couvriraient les hampes fleuries
des Laehenalia , et produiraient un mau-
vais résultat. Il est difficile ou plutôt impos-
sible, si on ne Ta pas vu, de se faire une idée
de la beauté que produisent les hampes de
fleurs pendantes des Laehenalia, dont la
belle couleur vive, d’un beau jaune citron
et pourpre fait un admirable contraste avec
les fleurs blanches des Triteleia.
J'ai en ce moment (Dr janvier), dans une
serre de mon établissement, de nombreuses
CHAQUE CHOSE A SA PLACE.
107
potées des plantes dont je viens de parler et
qui commencent à fleurir ; rien n’est plus
joli; aussi sont-elles enlevées dès que les
hampes florales commencent à paraître.
En opérant ainsi que je viens de le dire,
on peut pendant les trois premiers mois de
l’année, c’est-à-dire à l’époque où les fleurs
font généralement défaut, avoir des fleurs en
grande abondance pour la garniture des
serres et des appartements.
F. Brassac,
HorlicuUeur à Toulouse.
CHAQUE CHOSE A SA PLACE
Cette maxime, applicable partout, a au-
tant d’importance dans les jardins qu’ail-
leurs, et peut dans beaucoup de cas servir à
éviter l’abus qu’on fait de ce précepte : « Mê-
ler l’utile à l’agréable. »
Rien, certes, ne paraît plus sage que l’ap-
plication de ce précepte si connu ; mais,
dans la pratique, il rencontre bien des dif-
ficultés, et le goût proteste souvent contre
son emploi irréfléchi.
Il va sans dire que nous ne voulons pas
parler des conséquences où l’on peut arri-
ver en forçant la logique à ce sujet, ni cher-
cher à prouver, par exemple, qu’un bouquet
doit se faire avec des fleurs, et qu’on ne
doit pas y introduire de Persil ni de Ca-
rottes, sous prétexte d’utilité. En restant
dans les bornes de la vraisemblance, et en
examinant seulement ce qui se rencontre
partout, il y a là plus qu’il n’en faut pour
faire voir qu’on devrait user du titre de cet
article avant d’adopter Viitile dulci.
Presque toujours, mêler l’utile à l’agréa-
ble en jardinage se traduit par un mélange
de choses qui devraient être séparées, et
qui souvent même semblent s’exclure. Ainsi,
dans beaucoup de jardins, où la grandeur
n’a été ni une raison, ni un obstacle, on
trouve des parties de culture potagère se-
mées au milieu des promenades. Il a fallu
se plier aux courbes des allées, aux con-
tours des massifs, aux mouvements du ter-
rain, etc.; et tout jardinier connaît l’ennui
et même les difficultés de ces irrégularités
en culture potagère, surtout si l’on y ajoute
la posilion plus ou moins éloignée de ces
parties détachées : on pourrait dire éga-
rées.
Il y faudrait une propreté impossible à
obtenir avec des légumes, soit au moment
de la récolte, soit lorsqu’elle est passée. On
y voit toujours des terrains en labour, en
nettoyage, couverts de fumiers, de paillis,
enfin de ces choses qu’on ne tolère que dans
un jardin potager. Ici ces détails, cette demi-
propreté, n’ont plus la même portée ; et
avec des allées propres, des bordures bien
nettes, des arbres, s’il y en a, bien soignés,
on ne s’offense pas de voir un carré de
Choux ou de salades à demi-enlevés, ou des
planches de Pois et de Haricots presque
secs. Dans une partie d’agrément, c’est un
hors-d’œuvre de mauvais goût, et qui,
certes, n’est pas à sa place.
On cite parfois la beauté d’un champ de
Pommes de terre en végétation ou en fleurs;
et alors, dans un élan d’admiration, sincère
sans doute, on en arrive à regretter de ne
pas voir quelques parties des jardins trans-
formées par ces cultures, et fournissant
l’été des coups-d’œil ravissants. Mais c’est
là le même genre de sensation qui fait ad-
mirer, au grand scandale des agriculteurs,
les masses de Coquelicots ou de Bleuets dont
certains champs sont couverts. Dans le sens
de V utile dulci, est-ce que les Foins ne sont
pas à considérer, avec les milliers de fleurs
qui les émaillent toujours, malgré la pureté
des graines de semis? Au moins, après la
coupe il reste de l’herbe, et par conséquent
de la verdure. La place des Pommes de
terre, aussi bien que les Coquelicots, n’est
pas dans nos pelouses, si ce n’est quelque-
fois pour les premières, afin d’apprêter et
nettoyer le terrain pour les semis de gazon
qui doivent suivre.
Combien ne trouve-t-on pas également,
jusque dans les endroits les plus reculés des
grands jardins, de murs consacrés à des
arbres fruitiers, à de la Vigne, etc., sous
prétexte de bonne exposition, et qui, par
leur isolement, sont la proie des animaux,
des oiseaux, même des maraudeurs, sans
compter le voisinage de plantations qui
viennent ronger le terrain, parfois même
les couvrir de leur ombrage ?
Il en est de même des groupes d’arbres
fruitiers dans des pelouses, ou n’importe
dans quelles parties d’agrément. Ce sont
parfois des restes d’anciennes plantations
qu’on a conservées. Pommiers pour la plu-
part ; on a raison de les conserver, si leur
posilion ne s’y oppose pas. Mais il en est au-
trement lorsqu’on veut créer exprès des grou-
pes de Pommiers, Cerisiers, Abricotiers, etc.;
leur place n’est pas là non plus, et si le
108
CHAQUE CHOSE A SA PLACE.
promeneur les admire, il les trouverait 1out
aussi beaux et mieux placés dans un verger
ad hoc, comme nous en connaissons quel-
ques-uns, malheureusement beaucoup trop
rares.
Nous n’en sommes pas à exclure impi-
toyablement d’un jardin ou d’un parc tout
ce qui n’est pas pur agrément, ni d’un po-
tager ce qui n’est pas légume ou fruit; nous
ne combattons que le principe dans ce qu’il
a d’arbitraire, et pour tous les cas où le
goût seul doit décider. Il en résulte naturel-
lement que ces observations s’appliquent
bien moins directement aux petits jardins,
où il est souvent difficile de séparer les par-
ties d’agrément des cultures potagères. Ici
le cadre est quelquefois si exigu, qu’on
mêle volontiers tout ce qu’on y veut faire
entrer.
En continuant d’examiner la manière dont
chaque chose se trouve plus ou moins à sa
place, nous trouvons une méthode, presque
un système, qui consiste à rejeter le Buis
comme bordure dans un potager, et de le
remplacer par des plantes variées : Oseille,
Fraisiers, Thym, même des plantes d’orne-
ment ; nous en connaissons en Cerastium,
en Violette, en Chiendent panaché, en Om-
phalodes, etc., etc. N’en déplaise aux ama-
teurs de cette réforme, il n’y a rien encore
qui puisse remplacer le Buis avec avantage
comme bordure de ce genre. Il a des dé-
fauts, sans doute, dont le plus grave peut-
être est de servir de refuge à une foule d’in-
sectes et d’animaux nuisibles, de limaces et
limaçons particulièrement, surtout lors-
qu’on l’a trop laissé grandir. Mais, outre que
pour d’autres plantes l’inconvénient est à peu
près le même, aucune ne présente ce carac-
tère de netteté et de propreté qui le dis-
tingue, et qui doit être le cachet particulier
d’une bordure, et aucune non plus ne
montre moins d’exigence pour le sol et la
position qu’on leur destine. En outre, le
produit, lorsque ce sont des plantes utiles,
est très -contestable ; les Fraisiers, entre
autres, ne pouvant être paillés convenable-
ment, donnent des fruits sableux et à demi-
écrasés ; celles qui ne redoutent pas cette
position au même degré, telles que l’Oseille,
ne présentent pas une ligne suffisante pour
arrêter les terres des plates-bandes, qui,
par les temps pluvieux, coulent dans les al-
lées et les rendent boueuses et sales. Quant
aux plantes d’agrément, elles ne valent pas
mieux, et si l’on tient absolument à leur flo-
raison, on peut à la rigueur les mettre en
contre-bordures, ou, ce qui est préférable.
vu la beauté réelle de certaines d’entre elles,
leur consacrer un endroit dans un carré spé-
cial. Enfin, jusqu’à présent, nous n’avons
pas de plante à opposer au Buis avec avan-
tage pour ce genre de bordure. Ne voulant
pas ou ne pouvant pas l’employer, autant
vaudrait mettre des tuiles, comme cela a
déjà été proposé, si elles n’avaient le défaut
de se casser, et celui, tout aussi grand, de
se déplacer par les labours.
En cherchant plus haut, et adoptant alors
un autre ordre, nous aurions pu commen-
cer par examiner successivement les places
qu’on aflecte à la maison d’habitation, à ses
dépendances, au jardin potager, aux bâti-
ments d’utilité, hangars, serre à légumes,
habitation du jardinier même, toutes choses
qui ne sont pas souvent où il faudrait les
placer, souvent au hasard, suivant le caprice
ou le goût du propriétaire, ce qui se com-
prend assez, du reste, mais, chose plus
grave, suivant le goût d’un commensal par-
faitement désintéressé dans la question, et
qui fait du pittoresque et de la poésie aux
frais de son amphytrion. (Nous en parlons
par expérience.) Tout cela exigerait un vo-
lume, et surtout des exemples et des faits,
pour lesquels, à vrai dire, on n’a que l’em-
barras du choix, mais qui demanderaient du
temps, et où l’on serait souvent arrêté par
l’inconnu des motifs : il faudrait se borner à
constater les résultats. C’est une chose que
tout le monde peut faire, et où l’on est as-
suré de marcher de surprise en surprise.
Bornons-nous, pour le moment, à parler des
serres.
Leur emplacement est une de ces ques-
tions qu’on ne saurait] trop étudier. Sous
prétexte de bonne exposition (ce qui doit
toujours être pris en considération), on les
sème partout, et dans les endroits les plus
inconvenants. Nous n’ignorons pas que la
disposition du terrain, plus souvent leur
construction dans un jardin ancien, peuvent
contrarier les principes d’ordre dont nous
parlons; mais ce sont des difficultés plus
apparentes que réelles. Pour bien faire, il
suffit souvent de vouloir.
Pour les serres d’utilité, lorsqu’il n’y a
pas un endroit spécial pour elles, le potager
ou son voisinage peut toujours fournir une
place convenable. Le mieux est de les réu-
nir ; le travail y gagne toujours. Alors
aussi, on peut voir auprès les dépôts de
terre, de pots, de charbon, etc., toutes
choses indispensables, et qui, éloignées,
rendent le travail difficile et jettent du dé-
sordre partout.
CHAQUE CHOSE A SA PLACE.
109
Nous n’avons pas à nous occuper pour le
moment de la forme et de la destination des
serres de travail ; nous ne pouvons que dire
en passant qu’on en voit beaucoup qui ont
par trop le caractère de serre à « deux fins, d
Leur construction les range jusqu’à un cer-
tain point dans les serres d’ornement, tandis
que leur destination est purement utile.
Aussi, les résultats laissent-ils toujours à
désirer. Quant aux serres d’ornement et
jardins d’hiver, on devrait toujours préparer
leur emplacement, ou tout au moins mettre
leur entourage en rapport avec elles.
Pour mieux faire comprendre comment
nous entendons pour cela l’application du
principe de « chaque chose à sa place, » ci-
tons quelques exemples assez connus. Au
château de Ferrières, chez le baron de
Rothschild, l’emplacement des serres con-
siste dans une sorte de parterre à la fran-
çaise, en pente, dont nous ne voulons pas
en ce moment discuter la valeur ni la beauté
en elle-même, et où les serres sont rassem-
blées en lui sentant de cadre naturel. Si
l’on admet que ce parterre pourrait être plus
orné ou dessiné d’une façon moins simple,
enfin si l’on critique avec trop de raison la
petitesse du jardin d’hiver qui est en bas, si
ses appendices sont d’un goût contestable et
paraissent écraser la serre qu’ils sont desti-
nés à accompagner, on ne peut méconnaître
que l’idée de rassembler là ces serres avec
une sorte de symétrie qui convient à ce
genre de construction, et d’avoir utilisé de
cette façon l’espace qu’elles renferment, est
une conception excessivement rare.
Mettons en parallèle d’autres exemples
aussi connus. Parlons d’abord du château
de Rocquencourt, près de Versailles. Il y a
là un magnifique jardin d’hiver, en atten-
dant qu’un autre encore plus considérable
vienne s’ajouter à l’ancien (1). Quel est
l’amateur qui, tout en admirant l’édifice et
surtout ce qu’il renferme, ne trouve pas
qu’il a été placé là comme au hasard, que
l’entourage est loin de répondre à cette
construction, et qu’enfin il n’a pas du tout,
comme on dit, l’air d’être « chez lui? j>
Quelles difficultés pouvait-on invoquer pour
justifier un manque de goût pareil? Est-ce
que dans le parc de Rocquencourt il était
impossible de lui trouver une place plus
convenable? Et s’il y a eu pour cela une
question économique, était-elle de mise dans
ce cas ? Disons, du reste, qu’on n’y a guère
songé, que la question n’a pas été étudiée,
(1) Ce n’est plus un projet; le fait exista aujour-
<l’hui. {Rédaction.)
et qu’on n’a pas su tirer parti des moyens et
de l’espace dont on disposait. Il en résulte
que, à différents points de vue, le parc de
Rocquencourt est insignifiant.
Nous pouvons citer aussi, comme un mo-
dèle du genre, le jardin d’hiver du château du
Val, près Saint-Germain. Cet énorme mor-
ceau d’architecture horticole est presque en-
tièrement enterré dans l’emplacement d’une
carrière. Invisible partout dans le parc, dont il
aurait pu être le plus bel ornement, il faut être
dessus, nous dirions presque dedans, pour
l’apercevoir. Pour les amateurs de l’impré-
vu, c’.est une merveille. On a invoqué pour
cette position la difficulté de la pente géné-
rale du terrain, la forme étroite du parc, les
remaniements nécessaires dans son tracé,
l’exposition exceptionnellement abritée, etc.
Assurément, en face des sommes qu’il a coû-
tées, les travaux nécessaires pour faire sa
place dans le parc eussent été une bagatelle,
et si réellement il y avait eu là aussi une
question économique, ce serait de la lési-
nerie, pour ne pas dire plus.
On comprend difficilement les idées qui
président à ces choix d’emplacement, car
on ne peut pour cela essayer du pittoresque,
qui souvent expliquela place d’un pont, d’une
statue ou d’un pavillon rustique. Ces cons-
tructions, souvent considérables, ne de-
vraient pas admettre la fantaisie ou l’écono-
mie dans les décisions d’emplacements.
Pour quiconque connaît un peu les jardins
les plus en renom de notre temps, il est facile
de reconnaître que les exemples que nous
venons de citer en dernier lieu ne man-
quent pas [d’imitations plus ou moins bi-
zarres.
Qu’on nous permette maintenant de re-
venir un peu en arrière, au parallèle que
que nous avons indiqué au sujet de ces deux
maximes : « Mettre chaque chose et
place, » et « mêler <r V utile à l’agréable^. » >
Nous comprendrions mieux Vutile dulci «
par l’étude qu’on peut faire dans un jardin ^
des plantes et de la végétation en général. .
Ainsi, sans chercher à rappeler une école de -
botanique, nous ne voyons pas pourquoi les
plantes un peu remarquables ne sont pas
étiquetées. Le promeneur passe indifférent
devant un bel arbre inconnu ; mais s’il ap-
prend que ce magnifique végétal est un
Cèdre du Liban ou un jeune spécimen de
ces gigantesques Conifères que la Californie
nous a cachés si longtemps, ou même sim-
plement une de ces nombreuses et si cu-
rieuses variétés horticoles de genres bien
connus, alors l’imagination s’éveille, et il
110
A D H A T O D A C Y D O X r Æ F O L I A .
éprouve ce qu’on peut appeler le plaisir de
la curiosité. De même qu’en visitant une
serre, il s’arrêtera avec intérêt devant un
Saccharum, un Cocos, un Ficus elastica,
lorsqu’il saura qu’il a devant lui la Canne à
sucre, le Cocotier, l’arbre à caoutchouc.
Quand on voit, on aime à connaître, et l’on
ne comprend guère cette fantaisie d’un riche
amateur, qui ordonna à son jardinier de
supprimer les étiquettes des plantes de ses
serres, sous prétexte que cela ressemblait à
des cultures marchandes. Heureusement
pour les plantes que l’ostracisme ne put
durer au-delà d’une quinzaine de jours.
Voilà des cas où Vutile dulci trouve une
belle application.
Nous avons vu un parc, à Versailles, où
les plus beaux végétaux avaient des éti-
quettes, et certes ils n’y perdaient ni en in-
térêt, ni en curiosité, pas plus qu’en pitto-
resque, malgré ce qu’en peuvent dire les
enthousiastes admirateurs de la nature, qui
voudraient qu’elle fût toujours prise pour
modèle unique et absolu, et repoussent tout
ce qui sent la main de l’homme.
Pour ceux-ci, la beauté sauvage des
ronces envahissant tout, les arbres écheve-
lés et à demi-brisés par les vents, les allées
herbeuses et devenues des sentiers, les pe-
louses où la nature toujours si belle et sur-
tout si généreuse a remplacé le Gazon par
le Chiendent, le Plantain et les Pissenlits :
voilà le pittoresque et l’idéal.
Pour nous, la nature est « à sa place »
dans les endroits où l’agriculteur, et même
le forestier, sont obligés de la laisser tran-
quillement en possession de terrains boule-
versés et impossibles à utiliser; et cela ne
nous empêche pas de la retrouver et de l’ad-
mirer à travers les travaux de l’homme.
Mais dans un jardin, son imitation ne peut
porter que sur ses beaux côtés, en lui lais-
sant toutefois son immensité; et surtout
l’ordre et la propreté doivent être sa pre-
mière parure. Le désordre et la négli-
gence sont l’apanage des ruines, que cette
nature et surtout l’homme laissent conti-
nuellement en arrière, comme pour servir
de comparaison aux travaux futurs.
J. Batise.
ADHATODA CYDONIÆFOLIA
Le genre (1) , formé aux dé-
pens de Justicia, ne comprend qu’un petit
nombre d’espèces ; celle dont nous parlons
et dont la figure ci-contre a été faite d’après
un échantillon du Fleuriste de la ville de
Paris, nous paraît être une des plus jolies.
U Adhatoda cydomœ folia, est ori-
ginaire du Brésil ; c’est une espèce très-
voisine de VAdh. holosericea, et même tel-
lement voisine que, d’après M. Van Houtte,
qui l’a figurée dans la Flore des serres,
vol. XII, p. 79, t. 1222, dit « que sir Wil-
liam Hooker a hésité à les regarder comme
synonymes. » Quoi qu’il en soit, c’est une
très-jolie plante dont nous n’hésitons pas à
recommander la culture. Voici l’énuméra-
tion des caractères qu’elle présente :
Plante vigoureuse, volubile, pouvant at-
teindre jusqu’à 2 mètres de hauteur lors-
que, mise en pleine terre, on la soutient à
(1) Voici encore un exemple qui semble démon-
trer que l’orthographe des noms est un peu une
affaire personnelle, sinon arbitraire. Ainsi, certains
botanistes ont écrit Adathoda, d’autres Adhadofa,
tandis que d’autres écrivent A dhatoda. Pourquoi ce
désaccord? Si ces choses ditférentes sont vraies en
même temps, n’est -ce pas une preuve que la vérité
est relative, et que dans cette circonstance la voie
est large?
l’aide de tuteurs, à rameaux nombreux, allon-
gés, divariqués. Feuilles opposées, ellipti-
ques, épaisses, coriaces, luisantes en dessus,
fortement nervées, à nervures opposées, paral-
lèles, garnies de poils courts feutrés. Fleurs
très-grandes, disposées par petits groupes
spiciformes axillaires, profondément labiées,
arquées, à lèvre supérieure entière, con-
nexe, blanc argenté en dessus par une abon-
dante villosité, légèrement violacées à l’in-
térieur, surtout vers les bords et au som-
met; la lèvre inférieure, arquée comme la
lèvre supérieure, est profondément trilobée
d’un très-beau violet foncé, légèrement
rosé à l’intérieur. Etamines 2, plus courtes
que le style ; anthères largement cordi-
formes.
Cette espèce, qui bien que très-jolie est
peu cultivée, ce qui tient à ce qu’elle est à
peine connue, fleurit à partir de novembre
jusqu’en janvier, par conséquent à une épo-
que où les fleurs sont rares, ce qui en aug-
mente encore le mérite. On la cultive en
serre chaude, dans une terre consistante,
composée de terre franche légère et de ter-
reau, qu’on peut additionner d’un peu de
terre de bruyère. Quant à sa multiplication,
on la fait par boutures qui, plantées en terre
Horftco/c .
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DU TRACÉ DES JARDINS.
\ de bruyère et placées sous cloche, s’enraci-
■ nent promptement.
Nous ne sommes pas éloigné de croire que
« travaillée » par les fleuristes de Paris,
lit
VAdh. cydoniœ folia pourrait constituer
une belle plante de marché.
E.-A. Carrière.
DU TRACÉ DES JARDINS
Plantation. — Trois modes sont employés
pour les arbres : plantation en massifs, en
groupes ou isolés.
Les massifs d’arbres ont des dimensions
plus ou moins grandes, selon l’étendue du
terrain. L’un des premiers principes est de
les placer aux points où se rencontrent les
allées. C’est là un moyen d’agrandir la pro-
priété, Mais leur emplacement sur le plan
ne sera fixé qu’après avoir tiré les différents
points de vue, afin de juger de l’effet. Souvent
les arbres sont adossés à des bâtiments, aux
murs qui limitent la propriété. Dans ce cas,
il faut leur donner de l’épaisseur et les
allonger en des points différents au-delà de
l’allée de ceinture. Cependant ils devront
parfois être disposés de manière à laisser
des éclaircies en face d’une clôture de haies,
d’un fossé, ou sur la ligne d’un point de vue
s’étendant au-dehors de la propriété.
Les massifs environnant l’habitation se-
ront peu nombreux, et, à mesure qu’ils
s’éloigneront de celle-ci, ils se multiplieront.
Ils gagneront également en surface, afin de
donner une perspective plus étendue. Au
bord d’une rivière ou d’un lac, ces massifs
produiront un bel effet. Leurs contours
ne seront jamais bien nettement arrêtés; ils
s’associeront à des arbres isolés, qui seront
d’autant plus espacés les uns des autres
qu’ils s’écarteront davantage du centre du
massif. On devra éviter de les placer au
centre des pelouses, excepté lorsque celles-
ci ont une surface de plusieurs hec-
tares. Règle générale, ils seront toujours
voisins d’une allée et serviront à lui donner
de l’ombrage.
Les arbres plantés en groupe sont ceux
qui doivent ménager la vue et la lumière,
sans surcharger le paysage. Le bord des
pièces d’eau, le centre des pelouses et le
voisinage des allées leur conviennent beau-
• coup.
Les arbres isolés, quoique assez éloignés
• des massifs et des groupes, sembleront tou-
jours se relier à eux. Ici nous ne pouvons
déterminer leur emplacement d’une ma-
■nière exacte, car il varie selon l’essence des
arbres.
(1) Voir Revue horticole, 1872, p. 469, et 1873, p. 14.
Rivières et lacs. — L’eau, qui égaie,
anime le paysage, se présente sous diverses
formes : lacs, rivières, etc. Les rivières
imitent de longs rubans agités par le vent et,
semblables à ceux-ci, ont des rives sinueuses.
Si nous étudions la nature, nous remarque-
rons que le tracé des bords est celui-ci :
l’un des bords est, à sa concavité, en face
d’un autre bord en ligne droite, ce qui s’ex-
plique : le courant venant buter contre la
terre y produit un creux; de là l’eau est
renvoyée sous un angle obtus, en passant
par un passage étroit, contre un autre bord
où elle produit le même effet. Lorsque les
rivières passeront sous des allées, elles les
couperont à angles droits. Elles occuperont
le point le plus bas de la propriété, et à la
partie la plus large, elles formeront un lac,
ou bien celui-ci terminera les rivières. On
donnera au lac une forme irrégulière, tout
à la fois gracieuse, mais de plus grande di-
mension du côté opposé à l’arrivée de l’eau.
N’oublions point que c’est un des princi-
paux points de vue |de l’habitation. Si les
lacs présentent une grande étendue d’eau,
ils seront accompagnés d’îles que l’on pro-
portionne à leur superficie et à la rapidité
plus ou moins grande du courant.
Les îles sont tantôt rapprochées d’un des
bords du lac, lorsqu’elles sont de petite
étendue; tantôt au milieu de l’eau, lors-
qu’elles offrent de grandes proportions.
Rochers. — Parmi les rochers, on distin-
guera ceux qui renferment le point de dé-
part de l’eau et ceux qui, étant construits
pour la circonstance, supportent un belvé-
dère, abritent une allée, etc.
Les premiers, retirés autant que possible
dans un épais massif, s’appuieront généra-
lement contre une butte de terre. Tantôt
ces rochers déverseront leurs eaux dans un
lac ; tantôt une allée ou un pont les sépa-
reront, et une petite pièce d’eau ad hoc fera
déversoir. D’autres fois, ses eaux couleront
dans une rivière qui conduit à un lac. Il est
d’usage d’éloigner les rochers le plus pos-
sible de la maison d’habitation.
Les autres rochers, tout en étant près
d’une pièce d’eau, surmontent un lieu de
repos, un kiosque ou un temple tel que le
PLUMBAGO COCCINEA.
m
rocher des buttes Chaumont, qui semble
élever dans les airs le temple de la Sibylle.
Enfin il en est qui servent de refuges,
forment une grotte ou ne sont que des amas
de pierres ou roches dispersées sur des
tertres de gazon ; mais il faut que, à
l’exemple des arbres isolés, ces roches
soient peu éloignées du centre principal du
rocher.
Points de vue, fabriques, fleurs. — Les
points de vue sont intérieurs ou extérieurs.
Les extérieurs sont ceux qui sortent de la
propriété, donnent sur des vallées, des vil-
lages, des clochers d’église, des construc-
tions particulières, etc. Les points de vue
intérieurs sont ceux qui ne s’étendent point
hors des limites de la propriété. Les points
de vue partent indifféremment de l’habita-
tion ou de constructions plus ou moins im-
portantes. Le plus souvent, c’est de l’habita-
tion qu’ils rayonnent tous : sur un lac,
un rocher, un lieu de repos, etc. Tou-
jours il doit en exister un de l’habitation
sur l’entrée principale de la propriété.
Nous recommanderons d’être sobre de
fabriques ; l’abondance dénote un mauvais
goût. Rejetez l’emploi des ermitages, des
moulins, des ruines factices, des monuments
avec inscriptions, etc.
Les fleurs se groupent en plates-bandes,
en corbeilles, ou servent de bordure aux
massifs d’arbustes. Les plates-bandes envi-
ronnent l’habitation ; les corbeilles sont de
forme ovale et détachées sur les pelouses,
mais toujours aux bords des allées. Elle se-
PLUMBAGO
Cette plante, qui n’est probablement
qu’une variété du Plumbago rosea, paraît
avoir été mise au commerce par M. Wil-
liam Bull, il y a une dizaine d’années envi-
ron. Si son origine ne nous est pas bien
connue, en revanche nous pouvons en par-
ler au point de vue ornemental, et, sous ce
rapport, affirmer que c’est une des plantes
de serre chaude les plus méritantes , d’a-
bord par la beauté toute particulière de ses
fleurs qui sont d’un rouge brillant , très-
vif, et surtout aussi par leur durée, qui est
occasionnée par la succession continuelle de
ses fleurs disposées en épis, qui atteignent
jusqu’à 50 centimètres de longueur. Si
nous ajoutons que cette plante est remon-
tante et qu’elle fleurit sans interruption
pendant tout l’hiver, l’on comprendra faci-
ront plus nombreuses aux abords de l’habi-
tation. On les placera sur les rives d’un lac,
près des fabriques, généralement dans le
voisinage des constructions. Comme tout le
reste, l’excès des fleurs est quelquefois dé-
sagréable : il faut l’éviter.
Le paysagiste n’oubliera pas de disperser
çà et là des lieux de repos, au milieu ou
près d’une allée : ils sont ronds, ovales ou
demi -circulaires. Dans ce dernier cas, ils
font plus souvent corps avec l’allée.
N’oublions pas le côté utile : les serres,
les jardins d’hiver, les orangeries, !e potager
qui se lieront d’une façon gracieuse à la
partie agréable du jardin.
Pour conclure, disons que dans la créa-
tion d’un jardin, l’architecte ne devra pas
perdre de vue la nature, afin de s’en inspi-
rer pour la disposition des parties ; qu’il
doit l’aimer, observer, étudier le caractère
et les contours bizarres des chemins qu’elle
semble avoir tracés ; il doit imiter les pers-
pectives, varier les aspects, contrarier les
sites, tout en les harmonisant ; en un mot
tâcher de représenter en petit la grandeur
et la magnificence quelle montre partout.
Disons toutefois en terminant que dans
ces quelques lignes, nous n’avons pas la
prétention d’avoir posé toutes les règles de
l’architecture des jardins ; nos désirs sont
plus modestes, et si nous avons pu inspirer
quelques bonnes idées et dont l’application
puisse être utile, ils seront largement sa-
tisfaits.
F. Barillet.
COCCINEA
1
lement que, ainsi qu’il a été ci-dessus, le P. ^
coccinea doit trouver une place dans toutes ■ ;
les serres chaudes. C’est une plante plus ! |
vigoureuse que le P. rosea , s’élançant j
beaucoup, très-propre par conséquent à gar- i
nir les murs ou les colonnes : c’est même là
^ I
qu’est sa véritable place. Ses fleurs sont non ;
seulement d’un coloris infiniment plus vif |
que celles du P. rosea; elles sont aussi |
sensiblement plus grandes.
La culture en est très-facile ; la terre de i
bruyère pure lorsque les plantes sont jeu- j
nés, et additionnée de terre franche et de |
terreau lorsqu’elles sont fortes, est ce qui
convient à cette espèce. Quant à la multi- i
plication, on la fait de boutures qu’on plante |
en terre de bruyère et qu’on place sous
cloche dans la serre à multiplication.
CINCHONA CALISAYA.
113
On peut se procurer cette espèce chez
M. Rougier-Chauvière, horticulteur, rue de
la Roquette, 152, à Paris, où nous l’avons
vue en fleurs, sans interruption, depuis
l’automne dernier.
Houllet.
CINCHONA
S’il n’est aucun de nos lecteurs qui ne
connaisse le sulfate de quinine, cette pou-
dre blanche à l’aide de laquelle on guérit de
la fièvre les personnes qui en sont atteintes,
il n’en est probablement qu’un très-petit
nombre qui savent d’où vient ce produit qui
est d’une si grande utilité et d’un si fréquent
emploi. C’est pour faire connaître son origine
que nous avons fait dessiner la figure 10 qui
représente l’espèce la plus usitée , le Gin-
cliona calisaya.
Le genre Quinquina Cmc/iona renferme un
assez grand nombre d’espèces (la plupart ne
sont très-probablement que des for-
mes d’un même type), qui toutes
renferment, en plus ou moins grande
quantité, l’élément fébrifuge; et J|
bien que l’espèce que nous repré- |l|
sentons ci-contre soit celle que l’on
paraît rechercher plus particulière-
ment, il faut bien reconnaître que
presque toujours, lorsqu’elle nous
arrive, elle est mélangée avec d’au-
tres , ce qui s’explique par la très-
grande analogie qu’elles offrent
entre elles. C’est à ce point que
même les connaisseurs peuvent s’y
tromper. L’écorce est la seule partie
des arbres où se trouve la quinine.
Deux très-remarquables ouvra-
ges ont été faits sur les Quinquinas : M
l’un par M. Weddel (1), docteur en
médecine, l’autre par M. Triana,
botaniste de la Commission cho- mif
rographique des Etats - Unis , de
la Colombie (Nouvelle-Grenade) (2). Fig. K
Le premier est particulier aux
Quinquinas des Andes du Pérou
et de la Rolivie. Le deuxième com-
prend tous les Quinquinas propres à la
Nouvelle-Grenade. Ces deux très-remar-
quables ouvrages renferment tout ce que
l’on peut désirer sur les Quinquinas : his-
toire, description, culture, exploitation, etc.,
tout en un mot s’y trouve. Tous ces détails
(1) Histoire naturelle des Quinquinas , grand
in-f% avec ‘28 planches, dont une coloriée, particu-
lière aux écorces. Paris, Victor Masson, éditeur,
1849.
(2) Nouvelles études sur les Quinquinas, très-
grand in-fo, avec 31 planches. Paris, F. Savy, li-
braire-éditeur, rue Hautefeuille, 1870.
CALISAYA
sont d’autant plus intéressants qu’ils ont été
pris sur lieux mêmes et par des savants
très-distingués, et tous deux des plus com-
pétents ; aussi est-il indispensable de con-
sulter leurs travaux lorsqu’il s’agit des
Quinquinas.
Le nombre d’espèces indiquées est de
trente-six pour la Nouvelle-Grenade, de
dix-huit espèces et presque autant de varié-
tés pour les Andes du Pérou, la Rolivie, etc.
Dans l’une comme dans l’autre de ces deux
contrées, on trouve des espèces très -naines,
des arbustes de 1 à 3 mètres de hauteur
I. — Rameau de Quinquina calisaya au 1/5, avec
fleurs et fruits de grandeur naturelle.
{Cinchona car ah ay en sis), d’autres qui at-
teignent 10 à 15 et même 20 mètres (G.
amygdalifolia, Boliviana, suhorhiculata,
etc.), d’autres qui atteignent des dimensions
encore plus considérables. Tel est entre au-
tres le Cinchona calisaya (fig. 10), dont le
dessin a été fait sur une petite plante qui a
fleuri dans les serres du Muséum. En voici
la description :
Feuilles opposées, décussées, et longues
de 12-15 centimètres, larges de 6-8,
très-entières (comme le sont du reste celles
de toutes les espèces), ovales-elliptiques,
114
CINCHONA CALISAYA.
lisses et luisantes, à nervures rouges en
dessus. Inflorescence en larges panicules ter-
minales, à ramifications nombreuses, oppo-
sées, dichotomes. Fleurs très-éphérnères,
blanches, longuement tubuleuses, à tube
extérieur légèrement rosé, surtout à la base,
à cinq divisions légèrement réfléchies, lon-
guement et très-élégamment fimbriées, —
frangées sur les bords, — répandant une
odeur fine et très -agréable, qui rappelle un
peu celle du Giroflier.
Le Cinchona calisaya qui , d’après
M. Weddel, forme un arbre très-élevé, est
assez vigoureux dans nos cultures, où il
vient très-bien et paraît assez floribond,
puisque l’individu qui a servi à faire notre
dessin, qui portait plusieurs inflorescences,
avait à peine 60 centimètres de hauteur.
Bien qu’originaires de contrées générale-
ment chaudes, les Quinquinas s’accommo-
dent très-bien d’une serre tempérée ; il en
est même très-probablement qui vivraient
bien en serre froide , peut - être dans
une orangerie bien éclairée, si les sujets
étaient forts. On cultive les jeunes plantes
en terre de bruyère grossièrement con-
cassée, que l’on peut remplacer, lorsque les
plantes sont fortes, par une terre franche
légère, un peu siliceuse, mélangée par moi-
tié avec du terreau de feuilles. La multipli-
cation se fait avec des rameaux demi-herba-
cés, qu’on plante en pot, en terre de bruyère,
sous cloche, dans la serre à boutures.
Voici la liste des espèces décrites et la
plupart figurées.
Dans l’ouvrage de M. Weddel :
C. calisaya, Wedd. — Il a une variété
Josephia.na ; — Condaminea, Lamb. — Il
a une variété CandoUei ; — suhorhiculata,
Humb. et Bonpl. — Il a une variété Delon-
driana ; — amygdalifolia, Wedd, ; niti-
da, Ruiz et Pav. ; australis, Wedd.;
Boliviana , Wedd ; micrantha, Ruiz et
Pav. — Il a deux variétés : rotundi-
folia et ohlongifolia ; — puhescens, Vahl.
— Il a deux variétés : Peiteiieriana et
purpurea ; — cordifoUa, Mutis. — Il a une
variété : rotundifoUa ; — piirpurascens,
Wedd. ; ovata, Fl. Per. — Il a trois va-
riétés : vulgaris , rufmervis et eryihro-
derma ; — chomeliana, Wedd. ; glan-
didifera, Fl. Per. ; asperifoUa, Wedd. ;
Hiimholdiana , Lamb. ; ('.arahayensis,
Wedd.; Muiisii, Lamb. — Il a deux va-
riétés : microphylla et crispa.
2» Dans l’ouvrage de M. Triana :
C. lancifolia, Mutis; officmalis, L.; Cha-
huarguera, Ruiz et Pav. ; umhellulifera,
Pav. ; macrophylla, Pav. ; hirsuta, Ruiz
et Pav. ; pitayensis, Wedd. ; lucurnœfolia,
Pav. ; nitida, Ruiz et Pav. ; peruviana,
Howard ; obovata, Pav. ; scrohriulata,
Humb. et Bonpl. ; m^cran^/la, Ruiz et Pav.;
amygdalifolia, Wedd. ; calisaya, Wedd.;
australis, Wedd.; lanceolata , Ruiz et
Pav.; 2)'f'^i>cscens, Vahl.; palalha,Eow. ;
purpurascens, Wedd.; svcziruhra, Pav. ;
ovata, Ruiz et Pav. ; cordifolia, Mutis ;
Lechleriayia, Schlecht. ; purpurea, Ruiz et
Pav. ; decurrenti folia, Pav. ; harhacoen-
sis, Karst. ; Humholdiana, Lamb. ; con-
glomerata, Pav. ; glandulifera, Ruiz et
Pav. ; asperifoUa, Wedd. ; rugosa, Pav. ;
Mutisîi, Lamb. ; Carahayensis, Wedd. ;
Hasskarliana, Mig.
Indépendamment des nombreuses espèces
de Quinquinas que nous venons d’énumé-
rer, on trouve comme espèces voisines, vi-
vant en commun avec elles, les Cascarillas,
qui ont tellement de rapports avec les pre-
miers, que pendant longtemps on a les con-
fondus, ce qui fait supposer que beaucoup
ont des propriétés, sinon identiques, du
moins analogues avec les Quinquinas. Le
principal caractère distinctif consiste dans la
déhiscence du fruit, qui a lieu de bas en
haut dans le Quinquina, ainsi que le dé-
montre la figure 10, tandis que dans le
genre Cascarilla elle se fait en sens inverse,
c’est-à-dire du sommet à la base. Les espè-
ces de Cascarilla énumérées et décrites,
soit par M. Weddel, soit parM. Triana, sont
au nombre de vingt-une.
Pour retirer Vécorce de Quinquina, qui
paraît être la seule partie dans laquelle se
trouve la quinine, on abat les arbres du pied,
puis on les dépouille de leur écorce. Un
pareil procédé, surtout lorsqu’il n’est soumis
à aucun réglement, que chacun est libre
d’abattre les arbres qui lui conviennent, jeu-
nes ou vieux, peut être très-préjudiciable. ;
Aussi, bien que ces arbres soient encore
très-nombreux, la consommation de quinine |
que l’on fait est tellement grande, que sur
plusieurs points on a manifesté des crain- ,
tes en voyant la disparition rapide des es- ;
pèces qui la fournissent. Aussi , depuis
quelques années a-t-on établi sur plusieurs
de véritables cultures de Quinquinas faites i
en vue de l’exploitation. j
Les personnes qui désireraient se procu- !
rer des renseignements sur ce sujet en
trouveront de précis et suffisamment dé-
taillés dans le travail de M. Triana. |
Les Quinquinas (^Cinchona) appartien-
nent à la famille des Cinchonées, dans la-
CULTURE DES HARICOTS SOUS CHASSIS.
H5
quelle rentre aussi une autre plante égale-
ment très-importante, par les nombreux
services qu’elle rend à riiumanilé»; c’est
V Ipecacuanka doni^ prochainement, nous
donnerons une description et une figure.
E.-A. Carrière.
CULTURE DES HARICOTS SOUS CHASSIS
Si la culture du Haricot en pleine terre
(c’est-à-dire en commençant à le semer vers
le 20 avril sous le climat de Paris, dans un
sol léger et quelque peu abrité) est des plus
faciles jusque vers le 10 août, où on sème en
dernière saison sur plates-bandes abritées,
il n’en est pas de même de sa culture sous
châssis, surtout lorsque l’hiver, au lieu
d’être sec et froid, est humide et brumeux.
Dans de telles conditions, cette culture de-
vient une des plus difficiles, comparée à
beaucoup d’autres produits alimentaires
soumis à la culture forcée.
Les difficultés qui se renouvellent si fré-
quemment à cette époque de l’année, par
suite des brusques changements de tempé-
rature, se trouvent considérablement amoin-
dries quand on a des bâches bien établies et
appropriées à celte culture. Dans ce cas,
tout est facile; on peut préciser, à quelques
jours près, l’époque où il sera possible de
récolter les premiers Haricots. Il suffit d’en
; bien régler la température, en leur procu-
rant un milieu atmosphérique analogue à
ji celui qui -favorise leur développement à
; l’état normal, à partir de l’époque où les
I plantes commencent à entrer en végéta-
! tion, jusqu’au temps où celle-ci s’arrête.
Il va sans dire que cette température ne
i saurait être la même pendant tout le temps
de la végétation, mais qu’elle doit être en
! raison du développement des plantes,
i Les Haricots verts étant des légumes très-
I sains et très-estirnés, on comprend que l’on
i cherche à s’en procurer en toute saison, ce
I qu’on peut faire lorsqu’on a du fumier
d’écurie, des feuilles et des châssis. Toutes
; les variétés ne sont pas également propres
j à la culture forcée; celles que j’emploie de
I préférence sont le Petit noir de Belgique
et le Flageolet nain de Hollande.
Quand on n’a pas de thermosipbon, ce
qui est le cas le plus fréquent, on récolte
un peu plus tard, et la culture est beaucoup
i plus difficile, parce qu’il n’est pas aussi fa-
I cile de régler comme il le faudrait le degré
! de chaleur nécessaire à la végétation. Néan-
' moins, avec des soins et du travail, on peut
y arriver. Voici alors comment j’opère. Dans
les premiers jours de janvier, je monte une
couche (pour un coffre simple) de 60 à
70 centimètres d’épaisseur, avec deux tiers
de fumier neuf et un tiers de feuilles soit de
Chêne ou de Châtaignier. Je tiens essen-
tiellement à ce que ces feuilles soient bien
saines, c’est-à-dire non humides, et n’ayant
pas subi d’altération par la fermentation.
Après avoir mélangé feuilles et fumier d’une
manière uniforme, je foule serré cette petite
couche, à laquelle je donne une légère incli-
naison vers le midi. Ceci fait, je pose un
coffre, puis je recouvre d’un châssis sur le-
quel je pose un ou deux paillassons, selon
l’état de la température. Je laisse les choses
en cet état pendant quelques jours. Toute-
fois, lorsqu’il gèle fort, j’entoure le coffre
de bons réchauds, afin que la fermentation
ne soit pas retardée. Lorsque la chaleur de
la couche a atteint un degré élevé, je rem-
plis le coffre d’un mélange ainsi composé :
un tiers de terreau, un tiers de bonne
terre de jardin plutôt légère que forte, et
un tiers de sable jaune très-fin. Cette com-
position doit être passée à la claie , afin
d’en extraire les corps étrangers.
Au bout de quelques jours, quand la cha-
leur a suffisamment pénétré la terre, et
qu’on n’a plus à redouter les coups de feu,
comme l’on dit vulgairement, je creuse avec
la main trois ou quatre rayons très- rappro-
chés les uns des autres dans la partie supé-
rieure du coffre, et d’environ 3 à 4 cen-
timètres de profondeur, puis je répands les
Haricots dans le fond de chaque rigole, de
façon à ce qu’ils se touchent ; j’appuie légè-
rement le semis avec la main, et je recouvre
légèrement. Il est rare, dans les jardins pri-
vés, que le contenu d’un châssis ordinaire
ne soit pas plus que suffisant pour un pre-
mier semis de Haricots. Dans ce cas, on
utilise l’espace resté libre par d’autres se-
mis tels que Melons, Concombres, To-
mates, Piment, Aubergines, Chicorées, Pé-
tunias, etc., etc. Toutes ces plantes trouvent
dans ce milieu les conditions nécessaires à
leur premier développement. Un peu plus
tard elles sont traitées sur d’autres cou-
ches préparées à l’avance pour les re-
cevoir.
Les semis terminés, je remets le châssis,
puis les paillassons, que je ne retire qu’au
bout de deux jours, lorsque le soleil luit,
116
CULTURE DES HARICOTS SOUS CHASSIS.
pour ne les remettre que vers trois heures
du soir. Trois jours après le semis, les Ha-
ricots montrent leurs cotylédons et leurs
feuilles primordiales. Alors, si le temps est
doux et qu’il fasse du soleil, je donne un
peu d’air, en plaçant un petit morceau de
tuile sous le châssis, du côté opposé au
vent.
Aussitôt que tous les Haricots sont levés,
il faut préparer une autre couche, que l’on
construit avec feuilles et fumier ; elle doit
avoir 70 à 80 centimètres de hauteur une
fois foulée. Quant à sa longueur, elle est
déterminée par le nombre de châssis dont
on dispose. On place les coffres et les châs-
sis, puis on recouvre de paillassons. Comme
pour la couche de semis, on attend que
celle-ci ait atteint son degré maximum de
chaleur ; ensuite on charge de terre conve-
nablement préparée. Il est bon de ne pas
mettre la terre sur les couches immédiate-
ment après qu’elles sont construites, car la
température, souvent très-élevée, qui se dé-
gage pendant quelques jours en traversant
la terre, la dessèche, la brûle et lui enlève
les éléments nutritifs qu’elle contient.
Il va sans dire qu’à celte époque de l’an-
née on doit chercher autant que possible à
approcher les plantes des rayons lumineux.
Il faut donc, lorsqu’on met la terre dans les
coffres, que ceux-ci soient bien remplis, de
façon qu’après être recouverts de châssis, il
n’y ait que quelques centimètres d’espace
entre la terre et les vitres. Il vaut mieux
exhausser les coffres au fur et à mesure du
développement des plantes que de les ex-
poser à s’étioler.
En attendant que cette deuxième couche
ait atteint le degré de chaleur convenable
pour recevoir les jeunes plants de Hari-
cots on surveille ceux-ci, en renouvelant
Tair le plus souvent possible, en essuyant
au besoin avec une éponge la buée qui s’at-
tache aux vitres, et qui, en tombant sur les
plantes, les exposerait à pourrir.
Lorsque la chaleur de la couche est des-
cendue à 25 degrés environ, on procède à
la plantation, ce que je fais de la manière
suivante :
Je trace quatre rayons de 5 centimètres
de profondeur, ainsi disposés : le premier
à 25 centimètres de la partie supérieure
du coffre, et j’espace les autres de 30 cen-
timètres entre eux. Ceci fait, j’enlève le
plant en plongeant la main dans la cou-
che de façon à le retirer avec toutes les ra-
cines intactes. Je tiens un plant de la main
gauche, puis avec la main droite, que j’en-
fonce dans la couche, je prépare un petit
monticule sur lequel j’étale les racines, que
je recou\*re avec précaution pour ne pas les
mutiler. A 15 centimètres de ce premier
plant j’en place un second, puis un troi-
sième, etc.; et, afin d’assurer une récolte
abondante, je plante entre toutes les lignes
une rangée du même plant en échiquier.
Après avoir nivelé le sol de la couche, le
plant se trouve enterré jusqu’aux cotylé-
dons. Une fois la plantation terminée, je
prends de l’eau tiède que je verse en petite
quantité au pied de chaque plant, en évi-
tant avec le plus grand soin d’en répandre
sur les feuilles. Je recouvre ensuite de châs-
sis et de paillassons, que je double pendant
la nuit si le froid augmente. Je laisse ainsi
la plantation pendant deux jours. Alors j’en-
lève les paillassons pendant les quelques
heures les plus chaudes, et je continue ainsi
pendant une huitaine de jours, époque à la-
quelle je découvre de bonne heure, et donne
de l’air le plus souvent et le plus longtemps
possible. De l’air souvent, et pas d’humi-
dité, sont (feux conditions importantes dans
les résultats de cette culture.
Douze ou quinze jours après la planta-
tion, je profite de quelques instants de so-
leil pour donner un binage. Cette opération
doit être faite avec toute la célérité possible,
en rapprochant avec la main la terre autour
des plantes. S’il se trouvait quelques feuilles
atteintes de moisissure, il faudrait les en-
lever avec soin. Ce travail doit se faire lors-
que les plantes sont exemptes d’humidité.
Les réchauds ayant été faits à l’époque de
la plantation, on les remanie aussitôt qu’on
s’aperçoit que la chaleur n’est plus suffi-
sante. Pour cela, on enlève la moitié envi-
ron du réchaud, puis on mélange le reste
avec moitié de bon fumier d’écurie.
Lorsque les Haricots vont toucher les
vitres, on exhausse les coffres, lesquels sont
calés soit avec des morceaux de bois ou de
briques, et si l’on n’en a pas, avec des tor-
ches de fumier. On arrange ensuite les ré-
chauds en les appuyant fortement auprès
des coffres. Les réchauds doivent toujours
être à la même hauteur que les châssis.
Malgré les précautions qu’on peut avoir
prises en relevant les coffres, la terre est tou-
jours plus ou moins ébranlée, d’où il résulte
des vides plus ou moins grands dans leur in-
térieur. Au lieu de fouler la terre pour com-
bler ces déchirures et boucher les trous,
on prend de la terre préparée, puis avec les
mains on la répand, en la faisant entrer
dans les cavités, puis on charge de cette
LES CATALOGUES.
117
même terre l’intérieur des châssis, jusque
sous les premières feuilles des Haricots.
Cette opération est importante. Quelques
jours après, on répand un léger paillis dans
tous les châssis.
On continue les mêmes soins indiqués
plus haut, en donnant plus d’air à mesure
que les plantes se développent et que le so-
leil est plus chaud. Les plantes doivent tou-
jours être tenues dans un état de propreté
parfaite; on éloigne l’humidité, l’ennemi le
plus à craindre pour les Haricots soumis à
la culture en cette saison.
Beaucoup de praticiens se servent de gau-
lettes, qu’ils placent sur les tiges de Hari-
cots pour les coucher vers le haut des cof-
fres ; quand l’extrémité des tiges se relèvent,
ils retirent les gaulettes. J’ai pratiqué ce
moyen pendant plusieurs années, puis je l’ai
abandonné , l’expérience m’ayant démontré
qu’il valait mieux laisser se développer les
plantes naturellement que de les soumettre
à la torture presque au début de leur dévelop-
pement ; au lieu de cela, je préfère relever
les coffres au fur et à mesure du besoin.
Lorsque les Haricots commencent à fleu-
rir, je donne de temps à autre quelques
bassinages ; j’emploie pour cela de l’eau
tiède, et je me sers de la pompe à main ou
d’un petit arrosoir à pomme percée de trous
très-fins. Après ce léger arrosage, si le so-
leil luit, et qu’il fasse du hâle, je donne un
peu d’air, puis je répands un léger paillis sur
les vitres pour briser les rayons solaires, et
empêcher une trop prompte évaporation de
l’eau. De cette façon, les plantes se trouvent
pendant quelques heures dans un milieu
chaud et humide, conditions très-favorables
pour la végétation. Une fois que les plantes
ont entièrement absorbé l’humidité, je
referme les châssis, afin de concentrer la
chaleur , puis je donne un nettoyage aux
vitres pour enlever le paillis. Lorsque les
Haricots commencent à défleurir, je sus-
pends les arrosages, ou plutôt les bassi-
nages, que je n’ai donnés aux plantes pen-
dant la floraison que lorsque le temps était
sec et qu’il faisait du soleil.
On continue de donner le plus d’air pos-
sible. On arrose légèrement lorsque le temps
est aride et que le soleil est brûlant, et on
cesse les arrosages lorsque la température
baisse.
En procédant ainsi, dans les premiers
jours de mars on peut commencer à cueillir
des Haricots verts dont la grosseur est celle
d’un tuyau de plume ordinaire et longs de
6 à 7 centimètres environ, et cela de plus
en plus, jusque vers le 10 avril, époque où
d’autres produits du même genre viennent
succéder à cette première saison. Pour la
seconde saison, je fais une couche un peu
moins forte que pour la première. Les ré-
chauds sont également moins forts ; il
n’est pas non plus nécessaire de les renou-
veler aussi fréquemment ; la saison étant
plus avancée, supplée avantageusement, en
diminuant de beaucoup les soins qu’il est
indispensable d’apporter dans la culture
des Haricots cultivés en première saison.
G. Vigneron,
Ex-professeur d’arboriculture et d’horticulture
à l’école de Tournay.
LES CATALOGUES
Depuis la publication de notre dernier
i article sur les catalogues, nous* en avons
reçu plusieurs dont nous allons dire quel-
ques mots. L’un, de M. Van Houtte, horti-
' culteur à Gand (Belgique), est particulier :
I 1® aux arbres, arbrisseaux, arbustes, ainsi
I qu’aux Gonifères de plein air, aux Ro-
j siers, etc., etc.; 2» aux arbres, arbrisseaux
et arbustes fruitiers, tels que Poiriers, Pom-
miers, Pêchers, Mûriers, Groseilliers, Vi-
gnes, etc., etc. Il e.st inutile d’ajouter que
I dans cet établissement, unique en son
; genre, on trouve à peu près tout ce qui est
! nécessaire pour l’ornement des jardins, soit
en plantes de serre, soit en espèces de pleine
terre.
^ Le catalogue que MM. Vilmorin et G>e
viennent de publier est relatif aux graines
d’arbres et d’arbustes de pleine terre et de
plantes de serre. Nous étendre sur l’éten-
due de ces collections n’est pas nécessaire,
cette maison étant connue du monde en-
tier ; aussi nous bornons-nous à appeler
l’attention sur quelques espèces d’origine
américaine qui s’y trouvent en petite quan-
tité, ou dont les propriétés germinatives
disparaissent promptement, que par consé-
quent l’on doit semer de suite ; tels sont les
Glands, les Noix, les Garryas, Araucaria
imhricata, etc., etc.
MM. Jacquemet-Bonnefont, horticulteurs-
pépiniéristes et marchands grainiers à An-
nonay (Ardèche), viennent de publier un
catalogue prix-courant, pour 1873, des grai-
nes de plantes potagères, fourragères et cé-
réales que leur établissement, l’un des plus
118 DU GALVANISME I
grands de l’Europe, est en mesure de livrer
au public. On trouve aussi dans cet établis-
sement tout ce qu’on peut désirer en arbres,
arbrisseaux fruitiers, forestiers et d’orne-
ment.
L’établissement Frœbel et G'®, horticul-
teurs à Neuminster (Zurich), vient de pu-
blier un extrait de son catalogue, particu-
lier : 1® aux graines de légumes, Grami-
nées et fleurs; 2® aux plantes propres à la
décoration des pelouses, parterres et mas-
sifs. Get établissement, l’un des plus impor-
tants de la Suisse, est aussi très-bien assorti
en plantes diverses de serre, ainsi qu’en
arbres, arbrisseaux et arbustes de pleine
terre, Gonifères, etc., etc.
M. Henry-Jacotot, horticulteur à Dijon
(Gôte-d’Or), vient de faire paraître un ca-
talogue général, pour 1873, des végétaux
disponibles dans son établissement. En
voici l’énumération : plantes de serre chau-
de, de serre tempérée, vivaces de pleine
terre ; arbustes d’ornement à feuilles cadu-
ques et à feuilles persistantes, Gonifères,
Magnolias, Rhododendrons, Rosiers, etc.,
DU GALVANISME SI
Nous trouvons dans le Gardyier's Chroni-
cle du 11 janvier 1873 quelques nouveaux
détails au sujet du galvanisme sur les vé-
gétaux ; et quoique l’article de M. Bridgman,
de Norwich, ne fasse pas complètement la
lumière sur les phénomènes chimiques et
physiques qui se passent dans le cas en ex-
périence , nous croyons bon d’enregistrer
tous les plus petits faits relatifs à ces curieux
phénomènes de la vie et de la mort des vé-
gétaux ; et, aujourd’hui surtout que dans
les constructions horticoles on associe sou-
vent différents métaux tels que le fer, le
zinc, le cuivre et le plomb, il est important de
connaître les avantages et les inconvénients
que ces associations peuvent présenter pour
les cultures. Déjà,à l’actif du fer dans ces cons-
tructions, nous enregistrons journellement
de nouveaux inconvénients, principalement
dus aux transitions brusques de chaleur et
de froid impossibles à éviter avec le fer, ainsi
qu’à la condensation trop rapide des va-
peurs tenues en suspension dans le milieu am-
biant des serres. Après ces quelques consi-
dérations générales, nous allons reproduire
l’article de M. W.-K. Bridgman :
Quand un chimiste, dit ce savant, a ob-
tenu des résultats par les analyses, et peut
(1) V. Revue hort., 1873, p. 5(3.
R LES VÉGÉTAUX.
Oignons à fleurs, graines de fleurs, arbres
fruitiers et forestiers, etc.
Le catalogue, pour 1873, de MM. Gour-
tois-Gérard et Bavard, marchands grai-
niers, 24, rue du Pont-Neuf, que nous ve-
nons de recevoir, comprend les séries
suivantes : graines potagères , graines
fourragères- graminées, racines fourra-
gères et plantes industrielles, graines
d'arhres, graines de fleurs. Un supplé-
ment, qui vient également de paraître, in- 1
dique les nouveautés de ces diverses séries, |
puis les collections de Glaïeuls et de Pom- j
mes de terre, que l’on trouve aussi dans cet |
établissement. |
Nous recevons de M. G. -G. Rust, horti- ■
culteur à Brunswick (Allemagne), un cata- !
logue indiquant les graines que cet établis-
sement est en mesure de fournir, soit en
plantes annuelles, vivaces. Graminées or- |
nementales, Gucurbitacées, de serre tem- S
pérée, etc., etc. On trouve là aussi des col- I
lections complètes de Giroflées diverses, ;
Gccardeau, Reines-Marguerites, Balsami- !
nés, etc., etc. E.-A. Garrière. |
El LES VÉGÉTAUX
de ces résultats, par la synthèse , recons-
truire un composé identique avec celui j
préalablement détruit, il se trouve satisfait
de la preuve corroborative ainsi fournie de
l’exactitude de ses travaux ; c’est pourquoi,
en recevant l’intimaticn des doutes, très-
compréhensibles , si délicatement énoncés
dans le commentaire de la rédaction du |
Gardner's Chronicle, j’ai immédiatement
enlevé les calles de bois qui séparaient la "
cage vitrée de son support en fer , dans le !
but de reproduire les mêmes effets que j’a- !
vais précédemment constatés, choses qui se ,
sont encore vérifiées. On devra comprendre j
que cette vitrine était remplie de pots con- j
tenant des Fougères de Madère qui avaient '
été plantées avec toutes leurs frondes, ava- i
riées ou non, telles qu’elles étaient arrivées, :
et que ces Fougères étaient restées pendant j
plusieurs semaines dans de bonnes condi- ;
tions de santé et de vigueur, sans le moin- !
dre vestige de décomposition. I
Le changement fut fait à dix heures le I
samedi; et, le matin suivant, les frondes,
mortes ou avariées dans le centre de la
vitrine, ont paru comme saupoudrées de fa-
rine, et elles sentaient fortement la moisis-
sure. Mais , après quarante-huit heures, la
pourriture était si avancée, que j’ai craint
DU GALVANISME SUR LES VÉGÉTAUX.
de ne pouvoir plus sauver mes pauvres
plantes, et je me vis forcé de replacer les
cales d’isolement, pour leur permettre de se
remettre de leur terrible secousse. Non seu-
lement les frondes avariées ou mortes étaient
en pourriture, mais les vertes très-vivantes
étaient littéralement couvertes d’un épais
nuage de champignons qui les enveloppaient
comme une toile d’araignée.
Maintenant il est à remarquer que les
parties vivantes et en végétation étaient les
plus affectées ; mais, ce qui est le plus sin-
gulier encore, c’est qu’au bout de deux ou
trois heures que les cales de bois avaient
été replacées, un changement s’était déjà
opéré dans l’aspect des moisissures ; au lieu
de petits poils raides qu’elles présentaient
avant, ces poils étaient couchés et formaient
une petite couche laineuse qui s’étendait
d’une pinule à l’autre.
Ici, alors, comme base de notre expé-
rience, nous sommes en possession du pre-
mier fait, car il est démontré, d’une manière
indéniable, que dans une vitrine à arma-
ture de zinc en contact avec des supports de
fer, les ordres élevés du règne végétal ne
peuvent pas croître. Mais je crains qu’il ne
soit pas aussi commode d’être assez clair et
intelligible à la plupart des lecteurs pour
leur faire comprendre ce que sont les phé-
nomènes qui se produisent dans une telle
combinaison, et pourquoi une chose si or-
dinaire que le contact de deux métaux est
capable d’exercer une si énorme influence
dans les lois de la vie et de la végétation.
La chimie et l’électricité peuvent être
considérées comme des sciences d’expéri-
mentation, car nous ne pouvons pas faire
un pas dans l’une ou dans l’autre sans être
obligés d’avoir recours à leur aide ; c’est
pourquoi le chercheur doit se contenter
d’accepter les descriptions comme elles sont
enregistrées, ou, ce qui est beaucoup mieux,
il doit les contrôler lui-même en les répé-
tant, et ici il est une expérience très-sim-
ple qui peut fournir une leçon utile, et ai-
der à rendre notre explication plus claire
que n’importe quelle bonne description
sans l’expérience.
j Prenez une petite plaque de zinc, et pla-
cez-la dans une soucoupe à peu près remplie
I de sel et d’eau (environ une petite cuillérée
à café de sel en dissolution), puis vous pla-
I cerez sur la plaque de zinc un clou en fer,
ou, ce qui vaut mieux , un petit bout de fil
de fer, et à côté, sans qu’ils se touchent, un
autre bout de fil de fer galvanisé. Ils de-
vront rester dans cette position sans les re-
119
muer pendant deux ou trois jours. Le pre-
mier effet visible sera qu’au bout de quel-
ques heures, le clou en fer ou le fil de fer
sera couvert de petits globules de gaz adhé-
rant à sa surface. Plus tard , cette surface
sera recouverte d’un dépôt blanc, et, si on
le retire et qu’on le sèche au-dessus d’un
jet de lampe ou de gaz, il deviendra comme
s’il avait été blanchi.
Ce dépôt blanc se trouvera aussi bien sur
la surface de la plaque de zinc au point de
contact ; et si cette dernière est séchée à la
chaleur, les contours du clou ou du fil de
fer seront nettement dessinés sur la surface,
et ce ne serait plus qu’une affaire de temps
pour qu’un trou se fasse à travers la plaque.
Mais quant au fil de fer galvanisé, s’il est
bien recouvert de zinc, il ne montrera rien
de semblable, mais il aura partagé les ef-
fets avec le zinc, ne sera pas attaqué par le
fer de son intérieur, et ne laissera qu’une
marque noire au lieu d’une blanche. Main-
tenant, le changement qui a eu lieu est
celui-ci : l’oxygène a agi sur la surface
du zinc qui a converti le métal en oxyde,
ceci étant le premier pas en descen -
dant de tout métal subissant une trans-
formation en une autre forme, telle que solu-
tion et sels cristalisés. Quant à la raison qui
fait que l’oxygène est attiré par le zinc
plutôt que par le fer, c’est une des lois de
la nature que jamais deux corps n’ont une
attraction égale ou une affinité identique
pour le même élément, et ainsi n’importe
quel métal peut être positif à quelques mé-
taux, et cependant négatif à d’autres. L’ac-
tion immédiate de cette force isolante est
que comme l’eau est formée de deux gaz et
le zinc n’en demandant qu’un (l’oxygène),
le fer attire l’autre (l’hydrogène), et comme
il ne peut pas se l’approprier, il s’échappe,
et c’est ce qui forme bientôt les bulles qui
apparaissent sur le clou ou le fil de fer dont
nous avons parlé.
Nous sommes maintenant en possession
du deuxième fait, c’est-à-dire que dans une
combinaison de fer et de zinc le fer repousse
l’oxygène, pendant que le zinc l’attire. Les
physiciens appellent jjositif le corps qui
attire l’oxygène, et négatif celui qui le re-
pousse. Nous venons de constater que la
combinaison d’un métal avec l’oxygène est
le premier pas en descendant l’échelle or-
ganique ; par la même règle l’abstraction de
l’oxygène est le dernier pas dans sa restau-
ration à l’état élémentaire comme parfait
métal. Gomme nous comptons avec les faits
seulement, il sera bon de donner des preu-
120 DIMORPHANTUS MANDSCHURICUS. — PLANTES MERITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES.
ves de ce que nous avançons, et c’est pour-
quoi nous soumettons au lecteur un mode
très-simple d’expérimentation.
Qu’il se procure chez un chimiste un grain
de nitrate d’argent; qu’il le fassse dissoudre
dans une cuillerée à café d’eau distillée ou
d’eau de pluie ; qu’il place une petite por-
tion de ce liquide sur une plaque de verre
très-propre, puis il laissera tomber dans ce
liquide une petite rognure de cuivre ; au bout
de quelques minutes, une très-belle cristal-
lisation de pur argent sortira de ce mélange,
prenant de très-jolies formes, du brillant le
plus beau. L’acide qui rendait l’argent solu-
ble a été extrait, attiré par la plus grande
attraction pour lui du cuivre, qui, à son
tour, devient oxyde , ne laissant à l’argent
aucune alternative que de retourner à sa
forme ancienne. Nous avons dans les pré-
cédents faits un épitome de ce qui se passe
dans la nature : l’un qui représente la dé-
sorganisation , l’autre la végétation ; mais
nous pouvons les appliquer à la solution
d’une question qui est actuellement un sujet
de controverse. — C’est de savoir si le fil de
fer galvanisé produit des effets désastreux
sur les arbres fruitiers. — Le fil de fer
DIMORPHANTUS
Cette magnifique plante de pleine terre et
de plein air, que nous avons admirée en Bel-
gique et à la Muette, dans l’établissement de
la Ville de Paris, nous avait semblé de loin
(la première fois que nous la rencontrâmes)
être un Rhopala ; de là l’attention que nous
lui avons donnée, et qui nous engage à la
faire connaître aux lecteurs delà Revue lior-
tieole. Les amateurs de plantes rustiques
seront servis à souhait. Nous ne croyons pas
décrire mieux cette plante nouvelle qu’en
reproduisant ici la description de*M. Robin-
son, extraite de son volume intitulé : Suh-
galvanisé est tout simplement du fer recou-
vert de zinc ; ainsi, il sera facile de com-
prendre que si les bouts coupés ou n’importe
quelle cause exposent le fer à l’action de l’air,
ou si le fil est attaché avec du fer ou du
cuivre, comme clous ou autre système d’at-
tache, il aura la même action préjudiciable
qu’on a vue dans la vitrine. D’un autre côté,
si le fer est parfaitement recouvert par le
zinc et se trouve fixé par des attaches gal-
vanisées, notre première expérience mon-
trera qu’il sera sans effet et qu’il restera tout
à fait intact. Le remède est donc de recou-
vrir d’une couche de peinture ou de goudron-
ner les bouts de fil de fer galvanisés, ou
toutes les parties où le fer est à l’air, s’il en
existe, ainsi que tous les points d’attache,
pour détruire tout contact avec l’air, et alors
il ne se produira aucun effet fâcheux. Nous
avons vu comment se sont comportés ces
métaux sous l’action du sel et de l’eau ;
nous aurons prochainement à expliquer
l’action qui a lieu sous l’influence de l’at-
mosphère W.-K. Bridgman.
(Ext. du Gardner's Chronicle,
par L. Neumann.)
MANDSGHÜRICUS
tropical Garden, dont il a été déjà ques-
tion dans ce recueil. « Le Dimorphantus^
dont le nom spécifique indique la prove-
nance, est un superbe arbrisseau à feuilles
droites, divisées et épineuses, ressemblant à
l’Angélique de l’Amérique du Nord; il peut
atteindre de G à 10 pieds de hauteur. » Cette
nouvelle introduction sera d’un grand se-
cours, comme sujet à isoler sur les pelouses,
où elle produira un grand effet, — dans une
terre meuble et bien drainée; — essayée
dans nos cultures, elle a très-bien réussi.
Alphonse D***, amateur.
PLANTES MÉRITANTES, NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES
Mahonia aquifolium rubrum. ■ — La
qualification que nous donnons à cette
plante suffirait pour la caractériser ; elle
est tirée de la couleur des jeunes pousses,
qui toute l’année sont d’un rouge assez in-
tense, caractère qui, à ce point de vue seu-
lement, suffirait pour en faire une des plus
jolies plantes ornementales. Ce n’est pas
tout, pourtant : chaque printemps, de même
que toutes les espèces du genre, le M. aqui-
folium rubrum se couvre de fleurs. Ajou-
tons que la plante est très-vigoureuse, que
ses branches sont dressées, presque fasti-
giées, et qu’elle vient relativement très-
grande. Nous l’avons reçue de notre bien
regretté collègue, feu Billiard, horticulteur
à Fontenay, qui l’avait obtenue dans un se-
mis. Bien que les organes sexuels paraissent
très-bien conformés, le M. aquifolium ru-
brum ne fructifie pas ; c’est du moins ce
que nous avons observé jusqu’à ce jour.
E.-A. Carrière.
Orléans, irap. de G. Jacod, Cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième QUINZAINE DE l'AUS)
Exposition de la Société d'horticulture do l’arrondissement de Meaux, à Lagny. — Le nouveau quai aux
Heurs : les deux plans proposés; création de trois nouveaux marchés aux Heurs. — Une nouvelle plante
fibreuse . V Apoc\jnum venehim ; communication de M. Jean Sisley, extraite du Garden. — Nouveautés
mises dans le commerce par MM. Thibaut et Keteleer. — Discussion des règles à observer dans la
conduite des arbres fruitiers; ces règles sont-elles immuables? Lettre de M. Paszkiewicz, secrétame
de la Société d’horticulture du Cher. — Moyen de se procurer des graines de la Férule de Tanger
(Ferula Tingitana). — Catalogues de M. Louis Van Iloutte, à Gand ; de M. Boucharlat aîné, horticulteur
à Cuire-lès-Lyon. — Le climat de la Provence : lettre de M. Chabaud, jardinier en chef au jardin bota-
nique de Saint-Mandrier. — Germination des graines de Primula Japonica : leilve de M. Sisley;
expérience de M. Duval, horticulteur à Versailles.
Les 1®^', 2 et 3 juin 1873, la Société d’hor-
ticulture de l’arrondissement de Meaux fera
sa 34e exposition ; elle aura lieu à Lagny
(Seine-et-Marne).
Tous les horticulteurs et amateurs d’hor-
ticulture, ainsi que les fabricants d’outils,
d’instruments ou d’autres objets concernant
le jardinage, sont invités à prendre part à
cette Exposition. Ils devront, en conséquence,
en faire la déclaration franco, au moins
huit jours avant l’Exposition, à M. le baron
d’Avène, président de la Société, à Brinches,
par Trilport (Seine-et-Marne), en indiquant
le nombre et la nature des objets qu’ils se
[ proposent d’exposer.
Les membres du jury se réuniront le sa-
medi 31 mai, à une heure, au local de l’Ex-
position.
— Plus que jamais l’on s’occupe de l’ins-
tallation, ou plutôt de la réinstallation de
l’ancien marché aux fleurs, connu depuis
très-longtemps sous cette simple désignation :
(( quai aux Fleurs, » qu’il devait à sa position
! qui, en effet, longeait la Seine dans la Cité,
par conséquent dans le vieux Paris. C’est
encore là, à peu près dans le même endroit,
entre le tribunal de commerce et le nouvel
Hôtel-Dieu, que va être placé le nouveau
I marché aux fleurs.
j Comme l’ancien, il comprendra trois sé-
I ries : l’une, le plateau, qui occupera l’em-
' placement dont nous venons de parler, sera
consacrée aux plantes en pots et aux fleurs,
coupées. La deuxième série, qui sera placée
sur le quai, derrière l’Hôtel-Dieu, 'com-
! mencera au coin du pont Notre-Dame et se
I terminera au pont d’Arcole ; elle sera af-
! fectée aux arbustes à feuilles caduques et à
feuilles persistantes, aux Rosiers, aux plan-
tes grimpantes, aux plants de légumes, etc.
] A partir du pont d’Arcole jusqu’au pont de
le>' AVRIL 1873.
la Morgue, toute cette place sera consacrée
aux grands arbres fruitiers, forestiers, etc.
Nous n’avons pas à nous occuper si ces
divisions sont bonnes, si la différence sera
facile à faire entre les arbres et les arbustes,
et si même pour le commerce il n’aurait pas
mieux valu laisser un peu plus de liberté
aux marchands, pourvu toutefois qu’ils
n’aient ni entravé la circulation, ni le ser-
vice, ni nui à leurs voisins.
Toutefois, paraît-il, rien n’est encore dé-
finitivement arrêté, et, à l’heure qu’il est,
si nos renseignements sont exacts, — et
nous avons lieu de les croire tels, — il y
aurait pour la série principale, le p)lateau,
deux projets, dont l’un émane de l’autorité;
l’autre qui est présenté par une commis-
sion de jardiniers, lequel projet, cela va
sans dire, est infiniment plus conforme aux
besoins du commerce. Malgré cela, il est
fort à craindre que ce projet soit rejeté, ce
qui, toutefois, n’a rien d’étonnant dans
notre pays, où il est presque admis en prin-
cipe que l’autorité ne peut avoir tort.
Dans le plan officiel, le terrain est par-
tagé en deux divisions principales, allant du
bord de la Seine à l’avenue de Constantine,
et séparées entre elles par une voie carros-
sable de 8 mètres de large ; puis chacune
de ces divisions est partagée transversale-
ment en sept séries par des allées bitumées
de 3 mètres de large. C’est dans ces inter-
valles ou sortes de petits rectangles que sont
comprises les places que devront occuper
les jardiniers ou les marchands de plantes,
lesquelles places sont au nombre de douze
par série.
Dans le plan proposé par les jardiniers, il
y a trois grandes divisions parallèles, se di-
rigeant, comme dans le plan officiel, du quai
à l’avenue de Constantine, les deux exté-
rieures limitées, l’une par la rue qui longe
7
122 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS).
le tribunal de commerce, l’autre par celle
de la Cité ; la division intérieure serait sé-
parée des deux autres par une voie carros-
sable de 8 mètres de large. Dans ce dernier
plan, il y aurait trois bassins : l’im tout à
fait au centre, les deux autres à chaque ex-
trémité de la division intérieure ou du mi-
lieu. Dans le plan officiel, il n’y aurait qu’un
bassin placé au centre.
Ces deux projets présentent encore cette
différence, .que dans le premier chaque [
place aurait 3 mètres de façade sur 2 mètres !
de profondeur, tandis que dans celui des ;
jardiniers chaque place n’aurait que 2 mè- |
très de façade sur 4 mètres de profondeur, |
ce qui non seulement donnerait une plus
grande surface, mais serait surtout beau- '
coup plus avantageux, car le fond pourrait
être considéré comme une sorte d’arrière- i
boutique servant de réserve, soit pour pré- '
parer les plantes, confectionner des bon- ■
quets, etc., etc. j
Tous ces détails, bien qu’à peu près [
exacts, ne doivent pourtant être pris que i
comme des renseignements généraux ; nous ^
n’affirmons pas.
Il paraît également à peu près certain que
l’on a décidé la création de trois nouveaux
marchés aux fleurs, qui seraient placés : |
l’im 2^lace de Clichy, à Batignolles, l’autre ,
dans le faubourg Saint-Antoine (probable- :
ment à la place des Vosges), le troisièm.e
sur la place de Jussieu, ce qui ferait sept |
marchés, en y comprenant ceux qui exis- |
tenl déjà, qui sont ; le grand marché, dans ■
la cité, qui tient le mercredi et le samedi ; |
la Madeleine, le mardi et le vendredi ; le |
Château-d'Eau, le jeudi ; enfin, le marché |
de la place Saint-Sulpice, qui tient les i
lundis et les jeudis, plus le marché Saint- |
Honoré, dans lequel une très-grande sur- :
face est consacrée à la vente des fleurs cou- :
pées et en bouquets, des plantes en pots, '
ainsi qu'aux accessoires pour l’ornementa- '
tion des jardins et des appartements, outils |
et ustensiles de jardinage, etc. '
De tous ces marchés, celui de la Cité est j
le seul où, jusqu’à présent, l’on vend des i
arbres en arrachis. I
Le grand marché, ainsi que ceux qu’on |
est sur le point d'établir, seront-ils cou- '
verts, et dans ce cas, comment? C’est ce :
que nous ne savons, et que nous nous pro- |
posons de faire connaître plus tard. |
I
— Notre ami, M. Jean Sisley, nous com- |
munique la note suivante, extraite du j
Garden (de Londres) : I
Une plante fibreuse, VAponpuim veneiim, a
été trouvée à l’état sauvage en très-grande ipian*
tilé dans le Tiirkestan, et bientôt nous espérons
qu’elle apparaîtra sur nos marchés.
Ses fibres sont tendres et délicates, comme
celles du Chanvre, aussi fortes et aussi tenaces
que celles du Lin, et, réunissant ces deux
qualités, leur sont bien supérieures.
Il est à espérer qu’on utilisera cette décou-
verte.
Cette espèce, qui croît spontanément
dans les parties humides ou marécageuses
de la Tauride et du Caucase, est depuis bien
longtemps introduite au Muséum ; elle est
assez jolie et ornementale par la couleur et
surtout par la quantité de ses fleurs ; mais
elle a l’inconvénient de tracer considérable-
ment, ce qui, pour les jardins, est un grand
défaut. Elle fait partie de ces plantes qu’on
nomme vulgairement « gobe-mouches, y>
nom qui leur a été donné à cause de l’irri-
tabilité dont jouissent les fleurs, qui, lorsque
les mouches ou d’autres petits insectes s’in-
troduisent dans l’intérieur pour en sucer la
liqueur sucrée qui s’y trouve, se contractent
et les font périr.
Une autre espèce très-voisine de celle-ci
est V Apocymnn cannahifoUum, L., origi-
naire de l’Amérique septentrionale. On ne
peut guère douter qu’elle ait les mêmes pro-
priétés textiles. Elle pourrait donc être em-
ployée aux mêmes usages, peut-être même
avec avantage, puisqu’elle est un peu plus
vigoureuse. Ce sont deux plantes très-rus-
tiques, mais « coureuses, » comme disent
les jardiniers.
— Sur le catalogue général de MM. Thi-
bault et Keteleer, pour 1873, qui vient de
paraître, nous remarquons, parmi les nou-
veautés qu’ils vont mettre au commerce, dix
variétés de Gloxinias, dont deux à corolles
penchées; huit variétés de Pélargoniums à
grandes fleurs simples, gains de leur Éta-
blissement. On trouve là aussi des collec-
tions aussi nombreuses que variées de plantes
diverses de serre chaude et de serre froide,
de pleine terre, de plantes de terre de
bruyère et de Fougères, de Phlox, Pétunias,
Fuchsias, Delphinium, etc., etc. Parmi les
arbrisseaux et arbustes de pleine terre nou-
veaux ou rares, nous citerons les Érables
japonais, VÆsculus sinensis, vingt-six va-
riétés d’Aucubas, Berheris stenophylla,
Cardiandra alternifolia, Cerasus pumila,
Corylopsis spicata, Daphné salicifolia,
Enkianthus japonica, Fontanesia For-
tunei, Garrya Thureti, Gaultheria Shal-
123
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS).
Ion, Idesia pohjcarpa, Lespedeza hicolor,
Jugions macropliylla, Mahonia Sieboldi,
Negundo cissi folium, Parrolia persica; les
Prunus tomentosa, virgata rosea plena,
Simonii, Platijcrater Sieboldi, Pteros-
tyrax hispidum;\es> Quercus angustifolia,
Daimyo, dentata,pectinata, \ e Raphiolepis
ovata, Slachyurus prœcox, Stuartia gran-
dijlora, Viburnum reticulatum, etc., etc.
Enlin, une magnifique collection de Cléma-
tites, de Chœnomeles, etc.
— Nous avons reçu de M. L. Paszkiéwicz,
secrétaire de la Société d’horticulture du
Cher, et relativement à certaines pratiques
de l’arboriculture, une lettre qui, par son
importance, nous paraît digne de la plus
grande attention, et que pour celte raison
nous croyons devoir reproduire. La voici :
Monsieur le rédacteur en chef,
Vous avez très-justement dit qu’un livre, un
article quelcon<|ue, n’était pas seulement bon
par son contenu, mais aussi par les réflexions
qu’il inspirait au lecteur. Je le pense comme
vous, et c’est pourquoi je vous adresse les quel-
qu^^s lignes qui suivent.
La Revue horticole a publié, dans son numéro
du 1er septembre 1872, un extrait du Bulletin
d'arboriruUure, de floricuHure et de culture
maraîchère. J’y trouve cette phrase: « L’opéra-
tion du pincement doit être uniforme dans tous
les terrains, sur toutes les formes, pour toutes
les variétés. » S’il a fallu à l’auteur de cette pro-
position une conviction profonde pour formuler
aussi nettement sa manière de voir, vous m’ac-
corderez, Monsieur le rédacteur, qu’il y a un
certain courage à venir discuter ici l’opinion d’un
maître comme M. Burnevich, surtout lorsque
cette opinion est aussi catégoriquement expri-
mée. Si j’en saisis bien le sens, cette phrase si-
gnifie que les règles de la conduite des arbres
fruitiers sont immuables, non seulement quant
aux principes sur lesquels elles reposent, mais
même dans leur application; en conséquence, on
doit compromettre le succès dès qu’on introduit
des modifications dans les préceptes d’une taille
rationnelle.
Telle est bien, en effet, la pensée de l’auteur,
1 si j’en juge par celte autre phrase, que je trouve
dans le même article: «Je ne puis admettre, dit
encore M. Burnevich, qu’un arbre puisse' être
, soumis à un traitement différent parce qu’il se
i trouverait placé dans des conditions acces-
' soires... etc. »
Ou’entend-on par « condilious accessoires? »
Seraient-ce les comlitions de végétation dans les-
! quelles se trouve l’arbre? Si oui, et c’est ce qui
semble ressortir de la phrase citée, elles ne de-
vraient donc en rien préoccuper l’arboricul-
teur, puisqu’elles ne sont qu’accessoires et ne
peuvent en rien modifier le traitement qu’il doit
appliquer à l’arbre.
Est-il possible de laisser sans discussion affir-
mer ainsi le principe de l’immulahililé dans la
conduite des arbres fruitiers ? Je ne le pense
pas ; je crois, au contraire, qu’il est utile d’exa-
miner celte question, qui doit, à mon sens, sou-
lever des objections nombreuses.
Supposons pour un instant que partout et tou-
jours les règles de la conduite des arbres fruitiers
doivent être appliquées d’une façon identique;
que deviendra cet axiome admis dans la science
laborieusement acquise de l’arboriculture? Ne
suffira t-il pas, en effet, au profane, pour passer
maître, de se graver dans la mémoire les cha-
pitres d’un livre quelconque, après quoi, sans
crainte, il pourra tailler, rogner, pincer à plai-
sir, pourvu toutefois qu’il ne s’imagine pas d’ap-
porter le moindre changement aux préceptes du
maître? Kemarquez bien. Monsieur le rédacteur,
que si je croyais la chose aussi facile, je m’en
réjouirais fort, car on cultiverait prohablement
mieux les arbres qu’on ne le fait généralement.
Je sais bien qu’une grave difficiihé vient com-
pliquer la question. Quel maître choisira-t-on
pour guide? Sera-ce celui qui préconise le pin-
cement court et réitéré, ou celui qui ne rogne
les bourgeons que lorsqu’ils ont de 10 à 15 cen-
timètres, ou celui qui ne pince pas, mais qui
casse en vert, ou encore celui qui?... Vous sa-
vez, Monsieur le rédacteur, que je pourrais en
citer bien d’autres. Pour moi, j’ai lu un grand
nombre d’ouvrages traitant de la conduite des
arbres fruitiers ; j’ai expérimenté bien des sys-
tèmes de culture; eh bien! je le déclare, dans
TOUS j’ai trouvé quelque chose d’utile, dans TOUS
j’ai rencontré certaines pratiques qui, une cir-
constance spéciale étant donnée, m’ont permis
d’atteindre le but que je me proposais en les
appliquant. En aurait-il été ainsi si les préceptes
de la conduite des arbres étaient immuables?
Aussi bien, n’est-il pas évident que l’arbre jeune
et vigoureux ne doit pas être traité comme
l’arbre vieux et faible; que l’exubérance de jeu-
nesse de la nouvelle variété demande des soins
autres que ceux qu’exige la faiblesse de cer-
taines variétés plus anciennes? En vérité, je
ne crois pas qu’il puisse y avoir doute à cet
égard.
Je vais cependant, si vous le permettez. Mon-
sieur le rédacteur, m’arrêter un instant sur un
point particulier de la conduite des arbres frui-
tiers, qui servira, j’espère, de preuve à l’appui
de ce qui précède. Notre maître à tous, M. Du
Breuil, au talent duquel je suis heureux de
rendre hommage, M. Du Breuil, dans son Cours
d’arboriculture fruitière (1), conseille la torsion
à 12 centimètres des bourgeons du Poirier, ou-
bliés lors du premier pincement. A la taille
d'hiver, ces bourgeons subissent le cassement
complet, soit seul, soit combiné avec le casse-
ment partiel. A cela, on a objecté que l’effet de
la torsion étant de provoquer la formation de
boutons à fruits à l’extrémité des rameaux tor-
dus, casser complètement ces rameaux était
(1) Sixième édition, p. 365-367.
!
124 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS).
perdre à plaisir tout le bénéfice de l’opération.
Ce sont, en effet, les yeux supérieurs qui, les
premiers, se transforment en boutons à fruits ;
aussi, comme la direction tourmentée que la
torsion inflige au rameau suffit amplement à en
modérer la vigueur, on pourra, dans certains
cas et lorsque ses dimensions le permettront,
laisser ce rameau intact. Mais la sève, ne péné-
trant plus qu’avec peine dans le rameau tordu,
il est à craindre, lorsqu’on le laisse entier, de
voir les yeux de sa base abandonnés parla sève,
et finir par s’annuler complètement. On n’a plus
alors qu’une production très-longue, contournée,
dont la base dénudée rend le rapprochement
très-difflcile, et qui, somme toute, étant placée
dans les conditions les plus défavorables à sa vé-
gétation, doit nécessairement finir par dispa-
raître, après n’avoir souvent produit que des
fruits de peu de valeur.
Ainsi donc, en cassant indistinctement fOMS les
rameaux tordus, il arrive que pour certains
d’entre eux on enlève tout espoir de récolte ; en
les laissant tous intacts, on obtient nécessaire-
ment des productions fruilières défectueuses. On
ne peut éviter de tomber dans l’un ou dans
l’autre de ces inconvénients qu’en sachant modi-
fier à propos la règle dans son application, sui-
vant la vigueur de l’arbre, et sa plus ou moins
grande tendance à se mettre à fruits ; suivant
aussi la force du rameau tordu, en tenant compte,
en un mot, de tout ce qui peut influer sur sa
manière de végéter. Il me paraît complètement
impossible de cultiver les arbres fruitiers d’une
manière rationnelle si on néglige toutes ces con-
sidérations, qui sont loin, quoiqu’on ait pu dire,
de n’être qu’accessoires.
Mais est-il bien certain que tout le bénéfice de
la torsion soit enlevé par le cassement complet?
D’après ce qui précède, on voit que ce résultat
serait surtout produit par un cassement opéré
sans réflexion. Du reste, je ne crois pas que
cette opération soit aussi nuisible qu’on l’a pré-
tendu, car la torsion n’a pas seulement d’action
sur les yeux supérieurs ; le rameau entier s’en
ressent, et le plus souvent les yeux de la base
se transforment aussi facilement en lambourdes
productives, si on ne laisse pas arriver jusqu’à
eux une trop grande quantité de sève, ce à quoi
il est facile de réussir en cassant le bourgeon
plus ou moias long, suivant qu’il est plus ou
moins vigoureux.
En définitive, l’arboriculteur se trouve donc à
tout instant forcé de tenir compte des conditions
de végétation de l’arbre qu’il cultive, et il ne lui
est pas permis de négliger une seule des cir-
constances qui peuvent influer sur sa manière de
végéter, bien plus, c’est la juste appréciation de
l’intensité avec laquelle ces causes doivent agir
sur chaque rameau qui constitue le véritable
talent du cultivateur, qui ne l’acquiert que par
la pratique et l’expérience.
Ne serez-vous pas de mon avis, Monsieur le
rédacteur, si je vous dis que tout ce qui précède
ne me paraît pas être complètement en faveur
i
i
I
de la torsion ? Je l’espère, et crois qu’il y
a moyen d’arriver plus sûrement et plus avan-
tageusement à la transformation des bourgeons
déjà ligneux du Poirier; aussi, tout en recon-
naissant que la torsion est parfois profitable,
je ne puis conseiller d’en généraliser l’emploi. Je
pourrai, du reste, si vous le trouvez bon, Mon-
sieur le rédacteur, revenir prochainement sur
cette question.
Veuillez agréer, etc. L. Paszkiewicz.
Inutile d’insister pour faire ressortir l’im-
portance de cette lettre, dont nos lecteurs
sauront tirer les conséquences pour en
faire l’application. Elle justifie de plus ce
que nous avons dit tant de fois, et que nous
ne cesserons de répéter, que nulle part,
mais en culture principalement, il ne peut
y avoir de règle absolue, ce qui confirme
ce dicton, que : « la meilleure chose j our
devenir mauvaise lorsqu’on la pousse à
l’excès. ))
— Dans une lettre qu’il vient de nous
adresser, notre ami, M. Sisley, nous prie
d’informer les lecteurs de la Revue horti-
cole qu’il met à leur disposition des graines
de Ferula Tmgitan^ (Férule de Tanger,
Afrique), plante magnifique, rare et à peine
connue en dehors de quelques jardins bota-
niques. C’est une espèce vigoureuse des
plus jolies à isoler comme plante décorative ;
son feuillage, d’un vert luisant, est d’une
grande élégance ; la tige très-forte, qui
atteint jusque 2 mètres et plus de hauteur,
émet de nombreuses ramifications qui, ainsi
que la tige , se terminent par de très-
larges ombelles d’un beau jaune d’or.
Bien qu’originaire d’une région très-chaude,
le F. Tingitana est d’une rusticité telle
qu’il supporte, sans souffrir, les froids les
plus rigoureux. Pour éviter des mécomptes,
nous croyons devoir prévenir nos lecteurs
que les graines de Ferula ne lèvent qu’au
bout de deux ans, c’est-à-dire l’année qui
suit celle où elles ont été semées ; néan-
moins, il est bon de les mettre en terre
aussitôt qu’elles sont récoltées; cela les
avance toujours. — Faire la demande par
lettre affranchie à M. Jean Sisley, secré-
taire général du Cercle horticole lyonnais,
rue Saint-Maurice-Monplaisir, à Lyon, et
mettre dans la lettre un timbre-poste pour
payer l’envoi.
— Le catalogue n® 147, de M. Louis
Van Houlle, vient de paraître ; il est parti-
culier : 1" aux graines de plantes annuelles
et vivaces de plein air, d’arbres d’orne-
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS).
ment de pleine terre et de serre, de plan-
tes potagères et fourragères; à un sup-
plément de plantes bulbeuses ou tubéreuses,
telles qu’ Anémones, Renoncules, Lis, Capu-
cines, Caladium, etc., ainsi qu’à différente
groupes de Gesnériacées : Achimenes, Eu-
codonia, Gesneria, Gloxinia, Nœgœlia,
Plectopoma, Rosanovia , Tydœa , etc.
Comme les précédents, ce catalogue ne se
borne pas à l’énumération des plantes; des
descriptions scientifiques, ainsi que des
observations sur la culture ou sur des par-
ticularités qui s’y rattachent, font de ce ca-
talogue un livre utile aux savants et aux
praticiens.
— M. Boucbarlat aîné, horticulteur à
Cuire-lès-Lyon (Rhône), vient de publier
un catalogue général des plantes qu’il est
en mesure de fournir. Ces plantes rentrent
principalement dans les genres tout particu-
lièrement propres à l’ornementation des
jardins, tels que Pélargonium zonale et à
grandes fleurs, Fuchsia, Pétunia, Verhena,
Lantana, Chrysanthèmes, Héliotropes, etc.
On trouve là aussi une collection complète
d’Œillels remontants, plantes dont on ne
saurait trop recommander la culture.
— L’extrait suivant d’une lettre que nous
a adressée notre collègue, M. Chabaud, jardi-
nier en chef au jardin botanique de Saint-
Mandrier (Toulon), en même temps qu’elle
précise ce qu’a été l’hiver, peut donner une
idée de ce qu’est ce climat tout privilégié de
cette partie delà France. Voici cet extrait :
Saint-Mandrier, l'2 février 1873.
Mon cher Monsieur ,
L’hiver est cette année excessivement doux
en Provence ; le thermomètre minima, à Saint-
Mandrier, n’a pas atteint un degré au-dessous
de zéro. Aussi la floraison de quelques végétaux
est-elle très-précoce. Les Kennedia, les Harden-
hergia, plusieurs Acacias de la Nouvelle-Hol-
lande, le Cassia tomentosa, le Sparmannia afri-
cana, sont en fleurs depuis le commencement
de janvier. Les Abutilons, les Habrothamnus et
les Héliotropes n’ont pas cessé de fleurir depuis
l’élé dernier. Les spalhes de Dattiers mâles
commencent à s’entrouvrir ; celles des femelles
apparaissent à peine. Les capitules de Chrysan-
themum frutescens étalent leurs corolles ; les
fleurs de la ravissante Musacée du Cap, la Stre-
litzia reginæ, sont sorties de leurs spathes vers
le milieu du mois dernier, en même temps que
celles des plantes cultivées en serre froide. Les
charmantes petites fleurs du Chorizema varium,
r qui ne se montrent généralement qu’à la mi-
mars, entr’ouvrent en ce moment leurs boutons ;
m
le PïiGtinia glabra étale ses larges corym-
bes, etc., etc.
Veuillez agréer, etc.
— On a déjà bien des fois parlé, et sur-
tout très-diversement parlé, de la difficulté
que l’on éprouve à faire lever les graines de
Primevères, et surtout du Primula japo-
nica. Aussi, croyons-nous que la lettre sui-
vante, que vient de nous adresser M. Sisley
sur ce sujet, sera lue avec plaisir :
Monplaisir, ce 10 mars 1873.
Cher Monsieur Carrière,
La germination des graines de Primula jap«o-
nica préoccupe le monde horticole depuis quelque
temps. Comme tous ceux qui se sont occupés de
cette charmante plante, j’ai eu des craintes, et
l’appréhension d’attendre longtemps et en vain.
Voici, mon cher Monsieur, ce que j’ai fait et ee
qui m’est advenu :
Au commencement de l’année dernière, je fis
venir d e Londres des graines des dilférentes va-
riétés de Primula japonica annoncées sur les
catalogues. Je les semai aussitôt la réception,
le 10 mai ; mais, jusqu’à ce jour, rien ne bouge.
J’avais aussi reçu de MM. Thiébaut et Keteleer
une plante du type, qui me donna une belle
hampe de fleurs et des graines qui mûrirent dans
les premiers jours de juillet, et furent successi-
vement semées aussitôt récoltées dans de petites
terrines, très-légèrement recouvertes de terre et
d’une couche de 1 centimètre de mousse hachée.
Ces terrines furent placées sur une tablette de
ma serre, contre les châssis du midi.
Comme cette serre renferme principalement
desPelargoniums zonales,elle est toujours ouverte
par le bas en été, même la nuit ; et, en hiver,
je donne grand air le jour, chaque fois que la
température extérieure est à 5 degrés au-dessus
de zéro, et l’hiver il y a eu constamment 10 de-
grés la nuit. Ces terrines étaient donc exposées
au soleil, excepté jusqu’au 15 septembre, ma
serre étant ombragée au midi au milieu du jour
pendant les grandes chaleurs.
Depuis trois jours mes graines de Primula
japonica lèvent à foison.
Il est peut-être utile de dire que, ne voyant pas
mes semis de Pélargonium zonale lever assez vite à
mon gré, je les ai arrosés depuis trois semaines
avec de l’eau chaude, de 60 à 70 degrés, ainsi
que tous mes autres semis.
Cela a-t-il pu hâter la germination des Pri-
mula? Je ne sais.
Le 18 juillet, M.Ed. André eut fobligeance de
m’envoyer quelques graines de Primula japonica
récoltées par lui; elles commencent à germer,
mais moins vivement que celles récoltées chez
moi et semées de suite.
Ce qui me paraît ressortir de ceci, c’est qu’il
faut semer les graines de Primula japonica aus-
sitôt leur maturité, et qu’elles lèveront le prin-
temps suivant aussi bien en serre que dehors, et
MARCHE DE LA SÈVE DAXS LES VÉGÉTAUX.
126
je préfère faire les semis en serre, pouvant
mieux les surveiller.
Votre bien dévoué. J. Sisley.
On peut voir par cette lettre que, con-
trairement à ce que l’on craignait, les grai-
nes de Primula japonica lèvent très-bien
lorsqu’elles sont semées opportunément,
c’est-à-dire aussitôt qu’elles sont récoltées ,
ce qui toutefois ne veut pas dire que les
soins sont inutiles, bien que les différents
modes aient donné des résultats presque
identiques. L’essentiel, c’est de les semer
aussitôt qtj’olles sont mûres; mais quoi qu’il
en soit, il est bon, croyons-nous, dans l’in-
térêt général, de faire connaître les divers
modes employés, et les résultats qu’ils ont
produits, ce qui nous engage à publier ce
qui suit :
Un des bons horticulteurs de Versailles,
M. Duval, avait semé des graines de P- ja-
ponica vers la fin de septembre dans des
terrines qui ont été placées à froid sous des
châssis d’où elles ont été retirées le 2 mars
et mises dans une serre chaude. U y avait à
peine quarante-huit heures qu’ellesy étaient,
que les graines levaient « comme du chan-
vre. » Dans ce cas nous admettons — ce qui
est hors de doute — que la température
élevée de la serre a activé la levée des grai-
nes, de même qu’il peut se faire que l’eau
à 70 degrés, employée par M. Sisley, ait
contribué au même résultat ; mais ce qui est
également probable, c’est que ces graines
auraient levé lors même qu’on les eût
laissées à froid. D’où nous concluons que
lorsqu’on a semé les graines dans de bonnes
condilions, il faut savoir attendre. C’est alors
une question de temps , le cas d’appliquer
ce proverbe : « Patience et longueur de
temps font plus que force et que rage. »
E.-A. Carrière.
MARCHE DE LA SÈVE DANS LES VÉGÉTAUX
Malgré le nombre considérable d’obser-
vations et d’expériences qui ont été faites
pour démontrer la marche de la sève, il faut
bien recormaître qu’on est loin d’être fixé, et
quetouteslesthéoriesqu’onaémises àce sujet
reposent sur des hypothèses. Aussi, comme
c’est une question très-importante, doit-on,
chaque fois que l’occasion se présente, cher-
cher à l'éclairer. C’est dans ce but que plu-
sieurs fois déjà, et tout récemment encore
{Rev. /lort., 1872, p. 105), nous avonsappelé
l’attention sur ce sujet, ce qui nous a valu
une très-intéressante lettre d’un de nos abon-
nés, M. Royer, et que nous allons rapporter.
La voici :
Dans la chronique de la Revue horticole (nu-
méro 6, du 16 mars 1872, page 105), vous citez
un Orme dont la végétation ne paraît pas souffrir,
bien quedepuis plus d’un an il ait perdu dans le
pourtour de son tronc, sur une hauteur d’un
mètre, toute son écorce et une notable partie de
son bois. Le fait est très-intéressant, et vous en
concluez que « les deux sèves, si elles existent,
ont dû passer par le centre de l’arbre, ce qui
est loin de s’accorder avec la théorie admise
dans beaucoup de traités de physiologie. »
PermeUez-moi à ce sujet. Monsieur, de vous
communi pier les résultats de mes expériences
sur les dénudations annulaires. Si l’arbre a des
rameaux au-dessous de la plaie du tronc, il peut
vivre un certain nombre d’années, mais sa végé-
tation est languissante ; s’il n’en a pas, il périra
après une à deux années. Quand, au lieu d’écor-
cer le tronc, on n’opère que sur une branche,
cette branche pourra vivre et même fructifier
plusieurs années, mais en perdant beaucoup de
sa vigueur. La mort qui frappe l’arbre lorsqu’il
n’y a pas de parties foliacées au-dessous de la
plaie semble prouver suffisamment qu’il manque
alors aux racines un élément de vie , et cet
élément est la sève descendante^ inhabile à
passer par le bois, et qui s’accumule eu bourrelets
sur la lèvre supérieure de la blessure.
L’Orme que vous citez. Monsieur, peut donc
avoir encore plusieurs années de vie ; mais dans
ce cas, je suis porté à croire que ses racines
recevront de la sève descendante, soit par des
rameaux situés au-dessous de la plaie, soit par
des drageons, si communs chez cet arbre, ra-
meaux et drageons dont l’émission a dû être
provocpiée par la dénudation annulaire, si déjà
ils n’existaient pas antérieurement.
Veuillez, Monsieur, etc. Royer,
Abonné à la Revue horticole.
Saint - Rémy , par Monlbard ( Côte-d’Or ) ,
9 avril 1872.
Nous remercions M. Royer de l’intéres-
sante lettre qu’il nous a écrite et que nous
venons de rapporter; nous en profitons pour
revenir de nouveau sur cette question de la
marche de la sève, question très-intéressante,
nous le répétons, sur laquelle, et quoi qu’on
en dise, on ne possède encore que des don-
nées très-hypothétiques.*
En écrivant le passage que M. Royer a
rappelé, nous n’avions pas pour but d’admettre
ni de rejeter aucun des systèmes qui ont
été préconisés, mais seulement de faire re-
MARCHE DE LA SÈVE
marquer que les faits, dans ces circonstan-
ces, ne s’accordaient pas avec les théories
admises sur la présence de sèves, l’une
ascendante, l’autre descendante. Aussi,
sans rien affirmer, nous n’hésitons pas au-
jourd’hui à rejeter celte théorie de la dis-
tinction de deux sèves; notre opinion, du
reste, sur ce sujet n’est ni due au hasard, ni
nouvelle : elle repose sur des faits que déjà
nous émettions dans nos Entretiens famU
tiers sur V horticulture, ouvrage que nous
avons publié en 1859. Voici ce que nous
disions à propos de l’accroissement des végé-
taux, et particulièrement des tiges :
D. Avant que de quitter l’élude des liges,
pourriez- vous m’expliquer commenl se fait leur
accroissement ?
R. Je vais le tenter, quoique cela ne soit pas
chose facile, car il s’agit ici d’expliquer les luis
de la vie, et, malgré les efforts qu’on a faits pour
les découvrir, on ne les connaît encore (si tou-
tefois meme il est permis de dire qu’on les con-
naît) que très-imparfaitement ; il faudra donc se
borner à admettre les faits, et considérer comme
à peu près certaines les différentes hypothèses
qu’ont admis les physiologistes, afin d’expliquer
ces phénomènes. Parmi ces hypolhèses, il eu est
une, la principale sans doute, qui se présente
tout d’abord et fait le fondement de tout le sys-
tème ; c’est la force vitale, principe indéniable,
dont les effets sont des plus sensibles, des plus
manifestes, mais dont la cause est complètement
inconnue et qu’il faut admellre sans contrôle :
c’est une de ces vérités dont l’évidence s’oppose
à toute démonstration. Ainsi, l’arbre une fois
planté, ses racines se développent et s’étendent
dans le sol, où elles absoibent les diverses
substances que l’eau, l’air et d’autres agents ont
décomposées et rendues assimilables; ces subs-
tances, ces éléments, après avoir subi , dès
l’origine, sous l’action de la force vitale, une
première transformation, ou, si vous voulez, un
premier amalgame, sont transportés, à travers
les différents vaisseaux, dans toutes les parties
de l’arbre. Ces mêmes éléments, qui, d’abord
liquides, portent le nom de sève, sont ceux qui,
plus lard, en se modifiant sous l’influence des
lois de la vie et par l’addition de certains prin-
cipes extérieurs, devront constituer le bois, et
par conséquent former le végétal, de même
qu’une certaine partie du sang, après avoir cir-
culé dans toutes les parties des animaux, s’est
modifiée pour constituer la chair et former l’ani-
mal. L’on peut donc dire que la sève est du bois
liquide, comme le sang est de la chair coulante.
Tout ceci admis, je vous dirai que l’on a supposé
que la sève monte plus particulièrement par les
parties centrales de l’arbre ; que dans son par-
cours elle subit continuellement des modifica.
tions, devient plus dense, et qu’arrivée dans les
branches elle passe dans les feuilles, où s’ac-
complissent les phénomènes les plus remarqua-
DANS LES VÉGÉTAUX. R27
blés ; que là elle se dépouille de certains prin-
cipes et dégage surtout de l’oxigène ; qu’alors,
devenue plus concrète et mieux élaborée, elle
prend le nom de cambium, et redescmd vers la
base du végétal, mais par une voie différente de
celle qu’elle a suivie pour arriver au sommet,
c’est-à-dire entre Vécorce et Vaubier, le long du-
quel elle se fixe successivement, en htrmaut au-
tour de ce dernier une nouvelle couche de bois.
D’après celte théorie, il y aurait doue deux
sèves distinctes : l’une qui monte, et qu’on a
nommée sève ascendante ; l’autre qui descend,
et que, pour celle raison, on a nommée sève
descendante.
D La présence de ces deux sèves est-elle bien
démontrée , et pensez-vous que les choses se
passent réellement ainsi que vous venez de me
l’expliquer?
R. Dans cette théorie, comme dans toutes les
autres, il y a nécessairement des hypolhèses
plus ou moins vraisemblables, et quoi(]u’il soit
difficile de contester les faits, il me semble ce-
pendant que l’on pourrait y faire quelques
objections. D’abord, pour que les choses se pas-
sassent ainsi que je viens de vous le dire, il fau-
drait qu’il y eût circulation, et celle-ci, à mon
avis, ne peut exister que dans les êtres supé-
rieurs, chez lesquels il n’y a qu’un centre ou
fo;,er vital d’où partent et vers lequel reviennent
sans cesse les liquides nourriciers. Dans les vé-
gétaux, ce centre n’existe pas ; chacune des pièces,
chacun des fragments est à la fois centre et partie,
de sorte qu’il y a autant de centres vitaux qu’il
y a de parties. Si les choses se passaient réelle-
ment ainsi qu’on le croit et que je viens de vous
l’exposer, il devrait se produire des résultats
complètement différents de ceux qu’on constate
chaque jour ; par exemple, le sommet des bran-
ches devrait toujours être le premier aoûté,
tandis que c’est précisément le coniraire qui a
lieu ; il en résulterait aussi que l’extrémité des
arbres, de même que celle des branches, devrait,
à peu de chose près, être aussi grosse que leur
base, ce qui est bien loin d’être. Si, d’une autre
part, l’existence de la sève descendante était
aussi facile à constater qu’on le prétend, ne
serait-ce pas au printemps, par exemple, lorsque
les plantes sont en pleine végétation, qu’il de-
vrait être facile de le faire ? Mais les observa-
tions les plus suivies n’ont pu prouver cette exis-
tence ; si, au coniraire, à celte époque de l’an-
née on fait une entaille à une branche de Vigne,
on voit alors la sève s’en écouler avec plus ou
moins d’abondance de la partie inférieure, c’est-
à-dire de bas en haut, mais jamais de la partie
opposée, c’est-à-dire de haut en bas (1). N’est-
(1) Du reste, comme il en est des végétaux de
même que des animaux, comme aucune de leurs
diverses parties ne peut exister si elle n'est sans
cesse vivifiée par un principe réparateur, qui pour
les animaux est le sang, la sève pour les végétaux,
il n’y a rien de surprenant à ce que, chez ces der-
niers, lorsqu’on en enlève quelques parties, on voie
de tous les côtés de ces blessures s’échapper des li-
MARCHE DE LA SÈVE DANS LES VÉGÉTAUX.
128
ce pas là un motif de conclure qu’il n’y a pas de
sève descendante, ou que, si elle existe, c’est en
quantité si minime que sa présence n’est mani-
feste que pour le physiologiste, qui, sans par-
venir à la voir, constate sa présence par les ré-
sultats, la considère comme étant celle qui pro-
duit les racines, et cela en se fondant sur ce fait
que le développement de ces dernières a toujours
lieu de haut en bas? Cette conclusion n’est-elle
f as un peu forcée , et le mode de déve-
loppement des racines suffit-il pour nous faire
admettre qu'il est dû à l’action de la sève
descendante? D’ailleurs, en admettant même
ce fait, que rien ne justifie, la présence de deux
sèves est-elle nécessaire pour l’expliquer? Ne
suffit-il pas d’admettre que c’est la partie de la
sève la mieux élaborée qui , beaucoup plus
dense, obéit à d’autres lois et redescend alors
jusque dans les parties inférieures des végétaux,
•ù finalement elle se transforme en racines?
Mais, d’une autre part, dans l’impossibilité où
nous sommes d’expliquer et même de connaître
la cause de ces phénomènes, ne nous suffit-il
pas d’en constater les effets, de reconnaître que
ceux-ci sont dus à ce principe vital qui dans tout
végétal, de même que dans le moindre de ses
fragments, se décompose en deux forces agis-
sant dans un sens exactement contraire? On n’a
donc pas plus de raisons de connaître pourquoi
les racines s’enfoncent dans le sol qu’on n’en a
de savoir pourquoi la tige tend constamment à
en sortir. D’ailleurs, si cette sève descendante
existe, et si son existence ne peut se manifester
qu’après que la première (la sève montante) a
été élaborée par les feuilles, comment celte pré-
tendue élaboration aura-t-elle lieu sur les arbres
à feuilles caduques avant que les feuilles se soient
développées? A plus forte raison, comment
expliquer son action sur les végétaux qui
sont constamment dépourvus de feuilles , et
par suite leur accroissement, puisque, d’après
toutes les théories admises, ce dernier ne
peut avoir lieu ([uii l’aide de la sève élaborée?
De plus encore, s’il y avait une sève des-
cendante, il y aurait nécessairement circulation,
et nous avons vu plus haut que ce fait n’a pas
lieu. Admettons d’ailleurs un moment qu’il en
soit ainsi ; n’arriverait-il pas que, la sève aban-
donnant en premier lieu les extrémités des ra-
meaux, c’est par là que devrait commencer la
ehute des feuilles ? Eh bien ! ici encore c’est l’in-
verse qui a lieu ; ou voit celles du sommet per-
sister longtemps encore après que les inférieures
sont tombées. C’est une preuve nouvelle qu’<7
n’y a pas de sève descendante, qu’au contraire
elle termine sa marche aux extrémités supé-
rieures des diverses parties des végétaux. Tout
ceci, en renversant la théorie de la circulation,
qu’admettent quelques auteurs et un assez grand
nombre de jardiniers, donne au contraire beau-
coup de poids à cette hypothèse que tout, dans
quides, et cela sans qu'on soit en droit d'en conclure
qu'il y a une sève descendante, car alors on aurait
également raison d’admettre une sève latérale.
un végétal, va s’accroissant plus ou moins régu
lièrement de la base au sommet.
V^oici plutôt, à mon avis du moins, comment
les choses se passent : la sève, poussée par la
force vitale, s’élève dans toutes les parties de
l’arbre ; à mesure qu’elle monte, elle se trouve
en contact avec l’air extérieur par l’intermédiaire
des rayons médullaires qui, de tous les points
intérieurs de l’arbre, aboutissent à sa circonfé-
rence, où ils se terminent par des myriades de
pores ou petites bouches, de sorte que l’air qui
entre par tous ces orifices exerce non seulement
sur tous les principes intérieurs une action qui
les modifie, mais se trouve lui-même décomposé
sous l’influence des lois de la vie ; il abandonne
d’abord son carbone, qui se fixe et forme le bois.
Devenue alors plus légère par cette décompo-
sition et par ce mélange de l’air extérieur, la
sève s’élève avec plus d’activité, et incessam-
ment soumise à ce travail, arrive dans les bran-
ches et pénètre dans toutes les feuilles, où elle
abandonne le peu de carbone qui lui reste ; elle
est alors pour ainsi dire réduite à une de ses
parties élémentaires, l’oxygène , qui s’échappe
pour se répandre de nouveau dans l’atmo-
sphère.
Comme la sève devient de moins en moins
abondante à mesure qu’elle s’élève, comme elle
est aussi de moins en moins riche en principes
solidi fiables, l’accroissement et la solidification
doivent être moins considérables dans les extré-
mités des végétaux, fait absolument conforme à
ce que l’on peut constater. Remarquez encore
que si la sève descendait avec la régularité
qu’on admet encore trop généralement, ce serait
la partie supérieure des branches qui acquerrait
la première une grande consistance, ce qui n’est
pas, au contraire ; elle serait aussi la première
aoûtée, puisque la sève descendante (celle qui,
selon la théorie que nous combattons, forme le
bois) les abandonnant les premières, il en résul-
terait cet autre fait, que l’observation dément,
que ce serait dans les parties supéiieures que
l’écorce commencerait à adhérer au bois, tandis
que, vers les parties inférieures, où la sève ter-
minerait sa course, elle formerait une couche
moins consistante, qui permettrait à l’écorce de
se détacher facilement; or, c’est justement le
contraire qui a lieu. Mais, de plus, si les choses
se passaient ainsi, tous les arbres, de même que
toutes leurs parties, ressembleraient à de grands
cylindres d’un diamètre à peu près uniforme
dans toute leur longueur, fait tout à fait contraire
à la réalité. D’une autre part encore, si, comme
on le prétend, il y avait une sève descendante
mieux élaborée, celle-ci, en se portant dans
toutes les parties inférieures des végétaux, les
alimenterait sans cesse et empêcherait qu’aucune
ne s’épuisât faute de nourriture. C’est l’inverse
qui a lieu.
Dans l’hypothèse que j’ai établie, au contraire,
la sève termine sa marche à l’extrémité supé
rieure du végétal, où alors, moins substantielle
et moins consistante, c’est-à-dire moins chargée
MARCHE DE LA SÈVE DANS LES VÉGÉTAUX.
129
de principes soUdifiahleSy le bois qu’elle forme
est nécessairement moins compact, de sorte
que l’écorce s’en détache encore lorsque depuis
quelque temps déjà elle est complètement adhé-
rente dans toutes les parties inférieures. En
résumé, et toujours d’après mon hypothèse, la
sève, pompée dans le sol par les racines, qui
font subir aux principes qu’elles absorbent une
première préparation, monte par toutes les par-
ties de l’arbre ; mais à mesure elle irradie par
les rayons médullaires, et se trouve en contact
avec l’air extérieur auquel elle soutire une partie
de son carbone, en mettant en liberté et en re-
jetant ainsi dansl’atmoshère l’oxygène, qui, dans
toute organisation primitive, et avec le concours
de l’azote (ce dernier corps, qui disparaît de
bonne heure dans la plupart des tissus végétaux,
y existe toujours au début), paraît avoir pour
principal rôle d’exciter de provoquer les fonc-
tions vitales et de déterminer la transformation
des différents principes contenus dans les végé.
taux, afin de les rendre assimilables.
Ce qui paraît donner un certain poids à cette
hypothèse de l’accroissement normal de bas en
haut, sans sève descendante^ et démontrer que
les rayons médullaires jouent dans cette cir-
constance le principal rôle, c’est que, là où ils
manquent, les choses se passent tout différem-
ment ; l’accroissement alors se fait presque uni-
quement en longueur ; aussi les tiges, dans ce
cas, sont-elles à peu près uniformes dans une
grande partie de leur hauteur, fait qu’on observe
dans tous les végétaux monocotylédonés , qui
sont toujours dépourvus de rayons médullaires.
D. Comment, avec ce dernier système, peut-on
expliquer la formation annuelle d’une nouvelle
couche de bois ?
R. 11 en est de cette théorie comme de toutes
celles à l’aide desquelles on essaie de démontrer
les lois de la vie ; il faut s’en rapporter aux
hypothèses les plus vraisemblables. Ainsi, en
admettant, comme nous l’avons fait, que la sève
se trouve modifiée par l’aciion de l’air à me-
sure qu’elle s’élève dans l’arbre ; en outre, que le
travail d’assimilation est beaucoup plus énergique
à la circonférence qu’au centre, parce que c’est
le point le plus rapproché de l’air et de la lu-
mière, et surtout parce que la densité beaucoup
moindre des tissus permet aux phénomènes
d’élaboration d’y acquérir plus d’activité et de
perfection, il en résulte que c’est par là que
doivent commencer les accumulations, et pour
ainsi dire le dépôt des principes assimilables.
Une partie de la sève, la mieux élaborée,
pénètre alors plus avant et forme de nouveaux
dépôts, tandis qu’une autre partie, en s’élevant
sous les mômes influences, constitue successive-
ment cette couch3 annuelle, toujours plus épaisse
à la base qu’au sommet de l’arbre , fait qui
s’explique, d’une part, par la diminution pro-
gressive de la quantité de sève à mesure qu’elle
s’élève et surtout pas son appauvrissement con-
tinuel, résultant de l’abandon qu’elle fait cons-
tamment de ses principes assimilables. De là la
forme conique que présentent toutes les parties
des végétaux dicotylédones . Il suffit donc, pour
expliquer la formation annuelle d’une couche de
bois, de reconnaître (ce qui du reste est rigou-
reusement vrai) que tous les ans le môme travail
recommence avec une nouvelle énergie, qui est
toujours en rapport avec l’àge, la nature et l’état
de santé des végétaux, ainsi qu’avec les diverses
conditions dans lesquelles ils sont placés.
Ce que nous pensions à cette époque, au
sujet de la marche de la sève, nous le pen-
sons encore aujourd’hui ; sur ce sujet notre
opinion est restée à peu près la même. Tou-
tefois, nous faisons observer que nous n’af-
firmons rien d’une manière absolue. A des
hypothèses que les faits repoussent, nous en
substituons d’autres qu’ils semblent confir-
mer. Du reste, nous ne sommes pas seul
qui rejetons celte théorie, et nous pourrions
citer de véritables savants, de bons physiolo-
gistes, qui n’admettent pas cette marche ré-
gulière de la sève, sur laquelle s’appuient à
peu près tous les arboriculteurs. Mais ce
n’est pas seulement des théoriciens, mais
d’éminents praticiens qui rejettent la théorie
de la circulation de la sève, d’où résulterait
une marche régulière, qui constituerait la
sève descendante. Ainsi, nous avons sous
les yeux un opuscule tout récemment pu-
blié par un homme qu’on peut, à juste titre,
considérer comme très-compétent en la ma-
tière, et qui n’hésite pas à se prononcer
contre la théorie de la circulation de la sève:
c’est M. Emile Rodigas, professeur à l’École
d’horticullure de l’Etat, à Gand, secrétaire
général du Cercle d’arboriculture de Belgi-
que. Dans cet opuscule, intitulé: La sèvene
CIRCULE PAS, après avoir rappelé quelques
discussions dont nous n’avons pas à nous
occuper, M. E. Rodigas cite quelques expé-
riences à l’appui de son opinion, et qui sem-
blent la confirmer. Nous allons les rapporter
sans y ajouter de commentaire, laissant le
lecteur libre d’en tirer les conséquences qu’il
voudra :
La sève végétale n’est pas, comme on
pense communément, une sorte de bouillon plus
ou moins léger, concentré ou élaboré, qui cir-
culerait dans les veines des plantes. Celle sève-
là n’a jamais existé que dans la théorie de beau-
coup de praticiens. Ceux-ci ont*eu tort de sup-
poser chez les plantes l’existence de quelque
chose d’analogue au sang chez l’homme. Les
éléments nutritifs des plantes consistent en eau,
en gaz, en composés alimentaires et en maté-
riaux plastiques. Ces derniers sont nombreux;
tous se transportent distinctement pour leur
propre compte, et chacun selon sa nature et les
besoins de la vie végétale.
130
MARCHE DE LA SÈVE DANS LES VÉGÉTAUX.
Il ne faut pas confondre l’eau d’évaporation avec
l’eau de végétation ; il ne faut pas croire que les
plantes absorbent dans le sol une solution dé-
terminée de ce qu’on appelle les sucs de la
terre.
Ceux qui s’occupent de physiologie végétale
doivent connaître les fonctions des tubes cribleux,
cet élément anatomique important, qui a été
signalé depuis quelques années comme jouant
un grand rôle dans la vie végétale.
Et comme la sève ascendante des arboricul-
teurs n’existe pas, à plus forte raison il ne sau-
rait plus être question de sève descendante.
L’on sait que la théorie qui admet une sève
descendante chez les Dicotylédonées s’appuie
principalement et à vrai dire uniquement sur la
formation d’un bourrelet au-dessus des décorti-
cations produites sur les arbres. Toutefois, les
faits de cette nature ne sont guère concluants en
faveur de la théorie, et il faudrait des raisons
bien autrement décisives pour faire admettre une
sève spéciale, élaborée, descendante. Relative-
ment à ce sujet, nous pouvons rapporter les
expériences suivantes que l’un de nos confrères,
M. le docteur F. Vau Horen, a entreprises sous
nos yeux, à Saint-Trond, il y a trois ans.
Ces observations, dont il a eu l’obligeance de
nous communiquer les résultats, portèrent sur
trois essences ; le Poirier, le Cerisier et le
Frêne pleureur. Les liges et les branches sou-
mises à des décortications étaient épaisses de
0“ 01 à Om 25. La décortication était annulaire ;
la largeur variait de 0'«005à 0^ 02, et l’espace
privé d’écorce était enduit d’un vernis, afin
d’empêcher la dessiccation.
Le Frêne et le Poirier donnèrent les bourre-
lets les mieux prononcés. Le Cerisier supporta
moins bien la décortication.
Voici les faits qui furent constatés :
1° Quand la décortication était peu large rela-
tivement à l’épaisseur de la tige, il y avait tou-
jours formation de deux bourrelets , l’un au-
dessus, l’autre au-dessous de la décortication.
Quand l’anneau d’écorce enlevée était peu large,
les deux bourrelets, en s’accroissant, finissaient
par se joindre et, la plaie se trouvant fermée,
l’arbre reprenait sa croissance normale. Dans ce
premier cas, le bourrelet le plus rapproché de
l’extrémité de la branche ou tige était le plus
gros, du moins chez le Frêne pleureur.
La décortication s’élargissant, on obtenait
des résultats qui variaient avec la largeur de
l’anneau enlevé. Les deux bourrelets se formaient
encore, mais sans prédominance du bourrelet
supérieur, et bientôt ils ne parvenaient plus à se
rejoindre pour fermer la plaie.
Quand celle-ci était plus large, le bourrelet
inférieur devenait le plus gros ; la partie de
la tige, au-dessus de la décortication, ne pro-
duisait plus que des rameaux chétifs, et au-
dessous de la décortication jaillissaient des ra-
meaux plus forts, qui remplaçaient ceux de la
cime normale.
Enfin, quand la décortication était d’une lar-
geur plus considérable encore, relativement à
l’épaisseur de la lige ou à l’essence de l’arbre,
le bourrelet ne se formait plus qu’en dessous.
La partie de la lige supérieure à la plaie péris-
sait. Ce résultat était obtenu chez le Cerisier par
une décortication relativement peu large.
Ces faits se concilient mal avec la théorie qui
suppose que ces bourrelets seraient provoqués
par un afflux de la sève descendante arrêtée
dans sa marche. D’une part, le bourrelet formé
inférieurement à la décortication ne saurait avoir
celte raison d’origine; de l’autre, la sève des-
cendante, dans l’hypothèse qu’elle existât, arrêtée
dans sa marche par la décortication, devrait
produire au-dessus de celle-ci des rameaux
extraordinairement vigoureux , tandis que les
bourgeons situés en dessous de la plaie, ne re-
cevant plus guère de sève descendante, si ce n’est,
selon la théorie citée, par des voies détournées,
devraient ou s’arrêter dans leur développement,
ou ne donner naissance qu’à des rameaux ché-
tifs. Or, les faits observés sont diamétralement
contraires à ces conclusions.
En regard de ces faits, nous pouvons encore
citer les suivants :
Des Marronniers formant une avenue à Saint-
Trond ont subi par malveillance des décortica-
tions assez larges, atteignant parfois 1^"S 2/3 de
la périphérie de l’arbre, et montrent le bourrelet
bien développé, tantôt au-desus, tantôt exclusi-
vement en-dessous, d’ordinaire sur les côtés.
Les Peupliers de nas routes présentent le
bourrelet régulièrement tout autour des plaies,
principalement sur les côtés.
Enfin, l'on sait que lorsqu’on enlève un jeune
rameau au niveau d’une tige, il se forme un
bourrelet non seulement à la partie supérieure
de la plaie, mais tout autour de celle-ci. Ce
bourrelet circulaire va en se rétrécissant, et le
cercle qu’il circonscrit finit par être complète-
ment envahi, de sorte que la plaie primitive se
trouve entièrement recouverte et fermée.
De ces phénomènes on peut conclure que les
bourrelets sont sans l’appports aucuns avec une
sève descendante arrêtée dans sa marche, mais
qu’ils sont le produit d’un simple travail cicatrical
se faisant autour d’une plaie, de tous les côtés où
l’arbre continue sa croissance.
Cette conclusion est conforme à la nouvelle
théorie et pourrait la corroborer. La nouvelle
théorie admet purement et simplement un liquide
ascendant dont l’eau superflue s’échappe par les
stomates. Les feuilles servent, comme dans la
théorie ancienne , de laboratoires principaux ;
seulement leurs produits, fécule, etc., ne des-
cendent point réunis sous f)rme d’une sève
spéciale ; mais ils sont portés par diffusion, iso-
lément, auxorganesqui lesi éclament, que ceux-ci
soient situés au-dessus ou au-dessous des feuilles
productrices. La fécule notamment paraît être
(toilée, après une transformation préalable qui
permet sa dissolution (1) (elle devient dextrine,
»
(1) Nægeli pense que la fécule se dissout chaque
R Plia HorfiaoJa-.
Col<jiJioiui la. f omeniosa.
Chr'OTTVoIü^ G: Sez>er’^jz^ .
I
COLQUHOUNIA TOMENTOSA.
131
sucre), surtout aux jeunes organes en voie de
développement, et aussi aux organes, tels que
bulbes, tubercules, qui à certaines époques en
font provision. Ces derniers organes transforment
alors à leur tour le sucre en fécule, et c’est sous
celte dernière forme que s’emmagasine la subs-
tance qui va servir au développement des bour-
geons de l’année suivante.
H existe donc en réalité une migration et non
une circulation de principes plastiques : ils se
rendent des organes d’élaboration vers les
centres de consommation (zone génératrice,
racines, etc.), ou bien des lieux de production
vers des organes de dépôt (moelle, écorce, bulbe,
tubercule); souvent des lieux de dépôt vers les
organes en voie de développement. Ainsi, il est
évident que les principes élaborés montent pen-
dant la pousse des Pommes de terre, la floraison
des Jacinthes, la germination des Pois, le déve-
loppement des fruits terminaux , etc. Ces faits
primordiaux auraient dû suflire seuls pour ré-
duire à néant la vieille théorie de la sève des-
cendante.
Nous n’affirmons pas plus d’une manière
absolue les laits signalés par M. E. Rodigas
que ceux qui reposent sur les opinions que
nous avons émises ci-dessus. Nous les
avons rapportés pour faire remarquer que,
jusqu’à un certain point, ils concordent et
tendent à démontrer que la théorie des deux
sèves, si elle existait (ce que nous ne croyons
pas), serait bien loin d’être confirmée par les
moyens à l'aide desquels on essaie de la sou-
tenir, que c’est plutôt le contraire qui se-
rait vrai.
' E.-A. Carrière.
COLUÜHOUNIA TOMENTOSA
Le genre Colquhounia, créé par Wallich,
n’est pas nombreux en espèces ; celles qu’il
contient, originaires des Indes-Orientales ou
du Népaul, forment des arbrisseaux ou
même des arbres. Chez nous, ce sont des
arbustes qu’il faut cultiver en serre tempé-
rée où ils fleurissent parfaitement; quel-
ques espèces s’accommodent bien d’une serre
chaude ; celle figurée ci-contre présente
les caractères suivants :
Arbrisseau très-ramifié, à rameaux et
I bourgeons dressés, très-abondamment cou-
I verts d’un tomentum feutré, gris blanchâtre;
! feuilles opposées, distiques, sur un pétiole
robuste tomenteux laineux, à limbe très-
longuement ovale, régulièrement atténué en
pointe, bordé de dents courternent arron-
dies, peu profondes, tomenteuses-feutrées,
ij argentées en dessous, très-douces au tou-
cher par des poils qui les garnissent de tou-
tes parts ; fleurs nombreuses rapprochées,
et formant des sortes d’épis axillaires, qui
parfois, au lieu de s’allonger, constituent des
agglomérations verticillées, ainsi que cela a
lieu chez beaucoup de plantes de la famille
des Labiées, à laquelle notre espèce appar-
tient. Calyce court, régulier, vert gris par un
duvet, à cinq dents égales ; corolle bilabiée,
d’un beau rouge orangé brillant, à lèvre in-
férieure profondément trilobée, à lobes dis-
tants, arrondis ; étamines 4, ordinairement
fois qu’elle passe à travers les membranes pour se
précipiter en quelque sorte de cellule en cellule.
un peu plus courtes que la lèvre inférieure
sur laquelle elles sont placées.
Le Colquhounia fomentosa, Wall., ori-
ginaire du Népaul, fleurit en septembre-oc-
tobre. C’est une plante très-floribonde qui,
par la belle couleurdeses fleursqui rappelle
celle des fleurs du Leucas Leonurus {Phlo-
mis Leonurus)^ produit un très-joli effet; elle
a cet autre avantage de fleurir même lors-
qu’elte est très-petite. Dans les parties chau-
des de la France, où probablement celte es-
pèce passera en pleine terre, elle consti-
tuera un des plus jolis arbustes d’ornement.
Toutefois, il serait peut-être prudent d’en-
tourer le pied de feuilles, ou seulement de
le butter fortement à l’approche de l’hiver,
afin d’éviter les mécomptes ; à Paris, on
pourrait peut-être la planter en pleine terre
au printemps et la relever à l’approche de
l’hiver, ainsi qu’on le fait pour beaucoup de
plantes de serre. Il va sans dire que dans
ce cas l’on devrait planter dans des parties
chaudes et exposées au soleil.
On cultive le C. tomentosa dans une
bonne terre franche à laquelle on ajoute du
terreau bien consommé, que l’on pourrait
additionner d’un peu de terre de bruyère.
Quant à la multiplication, on la fait de bou-
ture, en prenant des bourgeons un peu
aoûtés qu’on plante dans des petits pots
remplis de terre de bruyère, et qu’on place
sous cloche dans une serre à multiplication,
où elles s’enracinent facilement.
Houllet.
432 GLOXIMAS. — CONSERVATIOX DES POIRES AU-DELA DE L’ÉPOQUE HABITUELLE DE MATURITÉ.
LES GLOXINIAS
Malgré tout ce qui a été dit sur cette ma-
gnifique Gesnériacée, qui est devenue un
des plus beaux ornements de nos serres
froides^ il reste certainement encore beau-
coup à faire. C’est à dessein que nous sou-
lignons ces derniers mots, car c’est une er-
reur accréditée chez un grand nombre
d’amateurs, de croire que les Gloxinias
exigent la serre cbaude, et sont par cela
même d’une culture coûteuse et difficile.
G’est très-certainement une pareille idée,
bien à tort préconçue, qui a fait obstacle à la
vulgarisation de ces splendides plantes ; mais
si le nombre des personnes qui peuvent se
permettre le luxe d’une serre chaude est
assez restreint, il est peu d’amateurs qui
n’aient au moins une serre froide. G’està ceux-
ci que nous nous adressons, avec la convic-
tion qu’ils nous sauront gré des quelques
conseils que nous allons donner.
Utilisée l’hiver, la serre froide reste vide
l’été. Il n’est pas facile, en effet, de rencon-
trer des plantes qui, supportant ou exigeant
dans la belle saison la température élevée
d’un abri vitré, puissent pendant les froids
rigoureux se passer de la serre chaude.
Les Gloxinias viennent heureusement
remplir cette lacune. On peut, pendant toute
la mauvaise saison, les laisser dormir dans
leur vase, en les empilant même les uns sur
les autres, et sans avoir à s’en préoccuper
jusqu’au printemps ; il suffit qu’ils soient à
l’abri de la gelée et de l’humidité. Quant à
la culture, elle est des plus faciles, et tous
les soins à donner peuvent se résumer en
ces quelques mots. Au printemps, c’est-à-
dire en mars, si les tubercules ont été hiver-
nés en serre, et en avril s’ils ont été con-
servés dans un endroit moins chaud, après
avoir préparé de la terre de bruyère légère,
à laquelle on a ajouté un quart de vieux fu-
mier de cheval consommé, on rempote dans
des pots de 3 à 5 [louces, suivant la gros-
seur du tubercule, en ayant soin de bien
drainer le pot et de ne pas trop fouler la
terre. On place ensuite les pots dans la
serre, sur une tablette, et l’on arrose légère-
ment. Il faut leur donner peu d’eau en com-
mençant, puis, à mesure (jue le feuillage se
développe, on augmente les arrosements et
les bassinages (suivant la chaleur), jusqu’à
ce que les premières fleurs apparaissent. Il
faut alors les mouiller avec un arrosoir et
cesser les bassinages, non que les plantes
les redoutent, mais parce que l’humidité
projetée sur les fleurs en hâte la déflorai-
son. Il faut aussi leur donner un peu d’air
au milieu du jour, lorsque la chaleur devient
trop intense, afin d’éviter l’étiolement des
plantes. G’est au commencement de juillet,
et même vers la fin de juin, que les Gloxinias
commencent à fleurir. Sans faire de dépense
pour ainsi dire, et à l’aide des quelques soins
que nous venons d’indiquer, on obtient des
plantes d’une beauté des plus remarqua-
bles, et une serre garnie de Gloxinias pré-
sente à l’époque de la floraison un aspect
merveilleux, un coup d’œil impossible à dé-
crire ; aussi ne l’essaierons-nous pas, n’ayant,
au reste, ni la prétention de vulgariser une
découverte, ni de faire une monographie.
Nous avons voulu seulement essayer de
réagir contre cette idée fausse, encore trop
accréditée, que les Gloxinias ne peuvent
être cultivés qu’en serre chaude. .
Léon Aurange,
Horticulteur k Privas.
CONSERVATION DES POIRES
AU-DELA. DE L’ÉPOQUE HABITUELLE DE MATURITÉ
Il y a quelques années, diverses Sociétés
d’horticulture avaient établi des concours
pour la conservation des Poires de doyenné et
autres au-delà de leur maturité ordinaire,
et feu Loiseleur- Deslonchamps, notre maître
et notre ami, en a obtenu le premier prix, qui
consistait en une médaille d’or delà valeur de
200 fr. Aujourd’hui nous venons faire con-
naître aux amateurs de fruits conservés un
moyen que nous avons mis en pratique cette
année, et qui, sans nous en douter, nous a
parfaitement réussi ; le voici dans toute sa
simplicité et dans tous ses détails, bien qu’un
peu étranger à l’horticulture. Nous allons,
pour bien préciser la question, dire ce qui
nous paraît avoir quelque importance pour
les propriétaires et les amateurs qui vou-
dront le suivre et l’expérimenter cette année
CULTURE DES BAMBOUS.
133
à l’époque de la maturité, s’ils veulent en
tirer profit, ainsi que nous l’avons fait, un
peu malgré nous, il est vrai. Nous recon-
naissons que ce procédé nous a été très-
utile en hiver ; nous racontons ce qui s’est
passé chez nous, rien de plus.
Nous avions un domestique qui s’est en-
gagé au moment de la guerre et qui eut la
cuisse traversée par une balle dans l’un des
nombreux combats livrés alors aux environs
d’Orléans, d’où il fut ramassé sur les champs
de bataille et transporté à l’ambulance de
la duchesse de Levis, au château de
Montigny-les-Ganneton, où il reçut les soins
les plus empressés de toute nature. Lors-
qu’il fut sinon guéri, du moins en état de
marcher, on lui donna des habits autres que
ceux de soldat, à l’aide desquels il put tra-
verser les lignes prussiennes, ainsi qu’une
somme de 20 fr. pour l’aider à taire sa
route, ainsi du reste qu’on le faisait pour
tous ceux qui se trouvaient dans le même
cas.
Pendant son absence, nous avions rem-
placé ce domestique par un autre, suisse
d’origine, âgé de dix-neuf à vingt ans, dont
les habitudes de gourmandise étaient une
seconde nature, et dont il ne pouvait se dé-
faire, malgré nos remontrances et celles que
ne manquait pas de lui faire le jardinier. Ce
jeune homme avait le très-mauvais défaut
de faire main basse sur tous les fruits : verts
ou mûrs, peu lui importait ; tout lui était
bon, et on sait qu’en 1872 il y en eut très-peu,
surtout dans notre jardin, où ils étaient très-
rares. Tous les jours nous nous apercevions
denouvelles déprédations très-désagréables,
on le comprendra sans peine, et nous réso-
lûmes d’y mettre ordre, ce que nous
fîmes vers le milieu de septembre. Mais
pour nous soustraire à ces trop fréquents
larcins, nous cueillîmes toutes nos belles
Poires de duchesse d' Angoulême, nos Poi-
res de curé et nos Poires de beurré Clair-
geau, et beaucoup d’autres encore; nous les
mîmes au fruitier avant la maturité, et bien
nous en a pris, pour deux raisons : la pre-
mière c’est que toutes les Poires auraient été
dévorées parce domestique; en second lieu,
c’est que ces Poires, qui habituellement ne
se conservent pas, qui mollissent et blétis-
sent — celles de Duchesse surtout — vers
le milieu du mois d’octobre, se sont conser-
vées dans le fruitier en très-bon état jusqu’à
la fin de décembre, et le 5 janvier nous
avons mangé la dernière sans être ni blette,
ni molle ; et en ce moment 30 janvier notre
fruitier nous fou mit encore les Poires ùeitrré
Clairgeau et les Poires de curé, dont
ici nous faisons très-grand cas, quoique
plusieurs pomologistes rangent cette variété
au troisième ou quatrième rang des Poires ;
en général le beurré Clairgeau est fin,
fondant, juteux et parfumé, et jamais, depuis
vingt ansquenous cultivons en quenouilles et
en espalier, nous n’avons mangé de meilleurs
fruits.
Ainsi qu’on peut en juger, les faits que
nous venons de rapporter de la conservation
des Poires beurré Clairgeau, curé et du-
chesse d’ Angouléme, ne doivent pas être
portées à notre acquit ; nous les devons non
pas au hasard, mais à un grand défaut, qui
malheureusement n’est pas rare chez l’es-
pèce humaine, ce qui semble justifier ce
proverbe : « A quelque chose malheur est
bon. » Mais quoi qu’il en soit, nous avons cru
devoir faire connaître ces faits qui, nous le
croyons, pourront rendre quelques services,
non seulement aux propriétaires et amateurs,
mais aux personnes qui font des fruits une
spéculation.
Il va sans dire que les variétés de Poires
que nous avons citées ne sont pas les seules
dont la conservation pourrait être prolongée,
et qu’il en est beaucoup d’autres qui, sou-
mises à ce traitement, présenteraient des
avantages analogues à ceux que nous ve-
nons de rapporter ; c’est à ceux qui ont in-
térêt à ces sortes de choses à tenter des ex-
périences. Nous avons indiqué la voie ; à eux
de la suivre s’ils le veulent. Bossin.
CULTURE DES BAMBOUS
Dans une excursion que je fis il y a
quelque temps dans les Basses -Pyré-
nées, je visitai avec mon collègue, M. Maxi-
min, jardinier de la ville de Pau, le beau et
splendide château de cette ville où naquit
Henri IV. Ainsi qu’on peut le penser, je ne
manquai pas d’aller visiter la ferme-école
du département, qui est située à sept ou huit
kilomètres de la ville. J’avais déjà vu cette
ferme-école en 1857, lors du concours ré-
gional de Pau. Aujourd’hui les cultures sont
complètement transformées ; au lieu de
mauvaises Vignes en hautains, on trouve
de bonnes variétés de Vignes, jeunes et
belles, et surtout très-bien conduites ; un
jardin et des cultures variées, remarquables
CULTURE DES BAMBOUS.
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surtout par la bonne tenue et l’ordre qui
régnent de toutes paris ; une élable garnie
de beaux animaux choisis parmi les races
locales. Un champ d’expérience, dans le-
quel l’engrais de M. Ville est employé com-
parativement avec le fumier de ferme,
montre que tout, outillage et culture, ont
subi de notables améliorations Tous ces
changemerds sont dus à M. Garrigues, an-
cien élève de cette belle et si fructueuse
école de la Saulsaie. Je dois aussi dire, re-
lativement à l’emploi des engrais, que celui
de M. Ville donne des résultats bien supé-
rieurs à celui qu’on obtient avec du fumier
de ferme.
Le matériel horticole de la ferme-école a
subi de très- notables améliorations. On voit
là aujourd’hui une serre chaude, une serre
tempérée et une orangerie, où sont plantés
en pleine terre des Orangers d’une vigueur
et d’une végétation des plus remarquables.
La ferme- école appartient à M. Guillemin,
riche propriétaire, et grand amateur de
plantes et de fleurs.
Devant cette riche habitation, on trouve
quelques pieds de Chamœrops excelsa, qui
peuvent rivaliser avec les plus beaux que l’on
trouve en France. Mais ce qui surtout me
frappa et m’étonna le plus, ce fut un grand
massif de Bambous d’une vigueur éton-
nante, et dont un grand nombre de nou-
velles tiges étaient alors en plein dévelop-
pement. Une de ces tiges, que je mesurai,
avait 5 mètres de haut ; et ce qui me sur-
prit, c’est que, avec une si grande vi-
gueur, cette tige n’avait développé ni feuille,
ni ramification ; tous ces organes se trou-
vaient encore renfermés comme dans un
étui.
Comment se fait-il qu’un bourgeon puisse
acquérir un développement aussi ctmsidé-
rable sans pousser une seule feuille? G’est
ce que je ne sais pas, et qui m’intéresse
beaucoup (1).
Depuis que j’ai visité la ferme- école des
(1) Le fait dont parle icf notre collègue est dû à
la rapidité avec laquelle se fait le développe -
ment des jets de Bambous, qui est tel que ce n’est
souvent qu'après que le développement est complet
que les ramifications apparaissent, lesquelles aussi
sont en rapport avec la vigueur. Ainsi, tandis que
chez les forts bourgeons les nœuds sont très-dis-
tants, ils sont très-rapprochés sur les Jets grêles;
de plus, tandis que ceux-ci ont des ramifications à
partir de leur bise, les jets très-vigoureux en sont
souvent dépourvus dans toute leur paitie inférieure.
La végétation des Bambous est souvent tei minée
dans l’espace d'environ six semaines, de sorte que
chez les espèces qui atteignent 6 mètres et plus de
hauteur, la croissance est de 1 mètre par semaine.
Basses-Pyrénées, j’ai vu aussi plusieurs
riches châteaux, et partout j’ai trouvé des
massifs de Bambous, mais alors petits, ché-
tifs, et tout à fait au-dessous de la moyenne
de ce que l’on peut obtenir. Un jardinier
d’un riche château me disait il y a quelques
jours : « Voilà déjà trois fois que nous plan-
tons des Bambous, et nous ne pouvons pas
les réussir. Notre terrain ne leur convient
pas. — Votre terrain est au contraire ex-
cellent pour cette plante, lui répondis-je;
ce sont vos procédés qui sont mauvais. » —
Là-dessus je lui indiquai le moyen de réus-
sir, et que, dans le but d’être utile, je vais
faire connaître. Voici :
Pour obtenir des Bambous d’une grande
vigueur, il faut :
1" Donner au terrain où l’on désire les
planter un bon défoncement, comme si l’on
voulait y planter des arbres fruitiers, et en
même temps une bonne fumure;
2" La plantation doit se faire en automne,
ou au plus tard de janvier à février. Quant
à la multiplication, on la fait au moyen de
rhizomes, que l’on coupe et plante à 25 ou
30 centimètres de profondeur;
3» Tous les terrains conviennent à cette
plante, mais elle préfère pourtant les sols
profondément défoncés;
4* Lorsque les grandes gelées arrivent en
automne, on couvre les plantes de feuilles
sèches ou de balles de céréales; on y ap-
plique ensuite une forte couche de fumier
par dessus. D ns ces conditions, je crois
pouvoir dire qu’on peut cultiver cette plante
dans toute la France.
Les meilleures variétés sont le Bambou
noir et le Bambou doré.
Outre son utilité comme plante d’agré-
ment, le Bambou peut encore rendre d’au-
tres services. Lorsque, dès sa troisième
année de plantation, le massif est assez bien
garni, on peut, au printemps, manger les
nouvelles pousses à mesure qu’elles sortent i
de terre, exactement comme les Asperges (1).
A. Dumas,
Jardinier-chef de la ferme-école du Gers.
(1) Les nombreuses expériences que nous avons
faites sur la culture des Bambous nous ont démontré
que, sous le climat de Paris, les choses se passent
un peu dilféiemrnent que l’a rappoité notre col- j(
lègue. Ainsi, chez nous, il faut aux Bambous une !
terre forte, bien que légère, c’est-à-dire argilo- ,
siliceuse, et surtout Iraîrlie. Excepté dans les hivers | <
excessifs, comme celui de l’année dernière, les il
Bambous que recommande notre collègue ve souf~ ! *
frenf.pas du f7'oid. Quant aux espèces les plus inté- ^ ■
cessantes à Paris, les voici par ordre de mérite: |‘
Bambusa viridi-glaucesce^is^ violasceris, aurea, j
milis, nicjra (bien qu’un peu délicat), Sûnonii, me- [
PSOPHOCARPUS TETRAGONOLOBUS. — RUTABAGA QUETIERI ET CHOU-RAVE.
' 135
PSOPHOCARPUS TETRAGONOLOBUS
Nous avons remarqué dans plusieurs ca-
taloi^ues de graines publiés en Angleterre une
plante qui, bien qu’ayant élé introduite il y a
cinquante ans environ, peut néanmoins être
considérée comme une nouveauté, ayant
disparu presque aussitôt après son intro-
duction.
C’est à MM. Hend^rson et son’s, horti-
culteurs à Londres (Wellington Road, John’s
Wood), que l’horticulture devra la réappa-
rition de cette curieuse plante volubile, des-
tinée à orner les colonnes ou la charpente
des serres chaudes, où elle produira des
guirlandes d’un efTet aussi coquet par son
élégant feuillage qu’original par la forme
bizarre de ses fruits.
Le Psophocarpus tetragonolohus appar-
tient à la famille des Légumineuses. C’est
une plante vivace, à racines tubéreuses ;
tiges volubiles, de 3 à 7 mètres de longueur;
feuilles trifüliolées, à folioles corditormes;
fleurs axillaires, de couleur bleu clair ;
fruits apocarpés; gousses légèrement ar-
quées, de 30 centirrrètres de longueur envi-
ron, terminées par une petite vrille, ornées
longitudinalement de quatre membranes ou
sortes d’ailes, doublement et irrégulière-
ment dentées, de couleur vert émeraude, et
renfermant dix à quinze graines.
Les graines doivent être semées sur cou-
che chaude, sous châssis ou sous cloche,
dans la serre à multiplication. Au fur et à
mesure du développement, les sujets seront
changés de pots qui, si l’on veut activer
la végétation, devront être plongés dans une
couche ou dans la tannée d’une serre
chaude.
Lorsque ces sujets auront acquis environ
1 mètre de hauteur, si cela est possible, on
les plantera en pleine terre ; dans le cas
contraire, on placera les pots près des co-
lonnes ou à proximité de fils de fer attachés
à la charpente de la serre, afin d’y faire
grimper les tiges.
Enfin, si l’on veut obtenir promptement
le maxima de végétation de cette plante, et
par conséquent jouir plus vite de ses fleurs
et de ses curieux fruits, on pourra, une ou
deux fois par mois seulement, se servir,
pour les arrosements, d’eau additionnée
d’engrais facilement solubles.
Rafarin.
RUTABAGA QUETIERI ET CHOU-RAVE
Un fait qui, en même temps qu’il sert et
éclaire la science, est utile à l’économie do-
mestique, intéi esse nécessairement les agri-
culteurs. Celui dont nous allons parler est
dans ce cas ; nous ♦^n devons la connaissance
à notre ami M. Quelier, l’un des horticul-
teurs les plus distingués de Meaux : il re--
pose sur la fécondation artificielle, c’est-
à-dire sur l’hybridation qui, comme on le
sait, consiste à prendre deux sujets d’espèces
particulières, parfois de genres différents, et
à les féconder l’un par l’autre de manière à
obtenir des intermédiaires.
En général on désigne cette opération par
des noms dilférents, suivant qu’on la prati-
que sur les végétaux ou sur les animaux ;
ainsi, tandis qu’on la nomme fécondation
lorsqu’il s’agit de végétaux, on l’appelle
croisement quand, au contraire, on la pra-
take, toutes espèces très-rustiques. Quant à manger
les nouvelles pousses « comme des Asperges, » cela
se dit, mais ne se fait jamais, à moins toutefois
qu’on n’ait rien de mieux à manger. Alors, le fait
s’explique.
tique sur des animaux. Mais le but que l’on
l'on se propose, dans un cas comme dans
l’autre, c’est d’obtenir des formes intermé-
diaires entre les deux parents, soit par par-
tie égale, soit parfois en cherchant à faire
prédominer tel ou tel caractère propre à
l’un ou à l’autre des deux parents.
Ce sont là des données bien connues de
nos lecteurs, mais que néanmoins nous
avons cru devoir rappeler. Disons encore
que, au point de vue scientifique, on est
loin d’être d’accord sur la nature des pro-
duits résultant de ces mélanges : certains
prétendent que ces produits ne sont que
passagers ; d’autres soutiennent qu’ils peu-
vent être permanents et consituer des races :
nous sommes de l’avis de ces derniers.
Toutefois ce sont là des questions secondai-
res, et, le plus souvent, les discussions
auxquelles elles donnent lieu ne reposent
que sur des mots ; l’essentiel , c’est que les
(1) Extrait du Journal d'Agriculture pratique,
18:3, p. 373.
RUTABAGA QUETIERI ET CHOU-RAYE.
m
résultats de l’hybridation ou du croisement
présentent un réel avantage. Tel est le cas
du sujet qui nous occupe.
Ainsi que le savent également nos lec-
teurs, le Rutabaga est un excellent produit
pour la grande culture, mais que l’on peut
aussi utiliser pour la cuisine, bien que sous
ce rapport il laisse à désirer ; sa racine est
sèche, parfois un peu dure et filandreuse.
Partant de ce principe que, si l’on pouvait
donner au Rutabaga quelques- unes des
qualités qui lui manquent, par exemple une
chair plus fine, plus tendre et surtout plus
savoureuse, on aurait dans ce produit un
bon légume pour la cuisine, et, en môme
temps , un excellent fourrage -racine.
M. Quetier pensa que l’on aurait quelque
Fig. 11. — Navet plat d’Auvergne, au 1/4 de
grandeur naturelle.
chance d’obtenir ce résultat à l’aide de la
fécondation artificielle. L’idée venue, il n’y
avait plus qu’à la mettre en pratique. Tou-
tefois, une difficulté se présentait : l’une des
plantes étant connue, quelle était celle qu’il
convenait de prendre pour obtenir le résul-
tat cherché ? L’embarras était grand, les
plantes du groupe desCrucifères, et surtout
des Choux, étant très-nombreuses et pou-
vant presque toutes se féconder réciproque-
ment. Désirant communiquer au Rutabaga
la saveur légèrement sucrée qui lui man-
que, M. Quetier pensa au Navet, et parmi
les nombreuses variétés il s’arrêta au Na-
vet plat d’Auvergne (fig. 11), dont la moitié
supérieure est d’un beau violet légèrement
rosé, et dont la chair blanche sucrée est
très-agréable. En choisissant cette sorte, le
but de M. Quetier était d’obtenir des racines I
de bonne qualité, et en même temps relati-
vent courtes et renflées de manière qu’on
puisse facilement les arracher. Son espoir
ne fut pas trompé, et ainsi qu’on le voit par
les figures 12, 13 et 14, et par ce que nous
allons dire des caractères des plantes, on
pourra se convaincre qu’il a atteint son but,
et que s’il n’est pas arrivé aux limites de la
perfection, il a néanmoins fait faire un grand
pas à cette question; l’amélioration est sen-
sible.
Ayant résolu de prendre pour parents le
RutabagaeÜe Navet d' Auvergne, M.Qiielier
aurait pu choisir pour père l’un ou l’autre
des deux ; il a pris comme père le Ruta-
baga (fig. 12), et pour mère le Navet (fig. 11).
Fig. 12. — Rutabaga, au 1/4 de grandeur naturelle.
Pourquoi? C’est une affaire d’intuition. Dé-
sirant faire prédominer la saveur du Navet,
il a cru devoir le prendre pour mère. A-t-il
bien fait? Aurait-il obtenu un meilleur ré-
sultat en procédant d’une manière inverse ?
A ce sujet, on ne peut émettre que des hy-
pothèses , ce dont nous n’avons pas, du
reste, à nous occuper, puisqu’il s’agit de
faits connus.
Les figures 11 à 13, qui représentent les
parents et l’enfant, montrent que ce der-
nier, par la forme et l’aspect, est tout à fait
intermédiaire ; le fait n’est pas moins sensi-
ble si, au lieu de la forme et de l’aspect des
racines seulement, nous examinons les
plantes tout entières. Ainsi, tandis que le
Rutabaga (père, fig. d2) a les feuilles d’un
RUTABAGA QUETIERI ET CHOU-RAVE.
137
Ivert foncé, coriaces, glabres, glauques et
comme glacées ; que le Navet (mère, flg. 11)
a les feuilles d’un vert très-clair, minces,
peu rugueuses, scabres par des sortes de
poils courts et tuberculeux qui se trouvent
principalement sur les nervures où ils sont
1 un peu plus saillants ; l’enfant (le Rutabaga
( Quetieri, fig. 13) a les feuilles consis-
» tantes et plus glauques que le Navel, mais
f moins que le Rutabaga commun, qui a
f servi de père. Des différences analogues
[ existent dans les racines. Si la forme du
' R. Qiietieri est tout à fait intermédiaire
entre les deux autres, il en est absolument
de même de la chair, soit par sa couleur,
’ soit par sa nature. Ainsi la chair du père
Fig. 13. — Rutabaga Quetieri, au 1/4 de grandeur
naturelle.
1 est dure, jaune, cassante, à peine savou-
reuse ; celle de la mère est d’un blanc de
lait, sucrée et fortement empreinte de la
saveur particulière au Navet. L’enfant {R.
i Quetieri), au contraire, a la chair fine,
blanche, très-légèrement sucrée, de sorte
qu’on pourrait même le manger cru ; cui-
j tes, surtout si on les prend un peu avant
I qu’elles aient atteint leur complète matu-
rité, ces racines constituent un mets déli-
i deux.
I Si nous ajoutons que le R. Quetieri est
tout aussi rustique et aussi vigoureux que
le Rutabaga commun, on sera convaincu,
■ comme nous, que cette race est appelée à
prendre place dans la grande culture, soit
dans les champs , soit dans le potager, ou
mieux dans les deux. Quant à la culture,
elle est la même que celle du Rutabaga or-
dinaire ; on sème en pépinière, et, lorsque
les plants sont assez forts, on les repique,
dans un terrain labouré et surtout bien fumé,
à environ 0'» 40 en tout sens, à peu près
comme on le fait pour le Colza, dont, au
reste, la culture est à peu près la même.
En terminant, et pour justifier le litre de
cet article, nous devons dire quelques mots
des Choux-Raves, Deux raisons nous y en-
gagent : l’une à cause des Rutabagas, qu’on
nomme aussi Choux-Navets, Navets de
Suède, et avec lesquels on les confond gé-
néralement ; l’autre, parce que tous les deux
peuvent rendre des services analogues, sinon
identiques.
Fig. 14. — Chou-Rave, au 1/4 de grandeur
natarello.
Les Choux-Raves (fig. 14) diffèrent des
Choux-Navets principalement par la nature
de la partie renflée qui, chez les premiers,
est due à la lige; fait, du reste, que démon-
trent les feuilles qui naissent dessus : c’est
une tige qui, au lieu de s’élever, comme
cela a lieu pour beaucoup d’autres, — le
Chou moellier, par exemple, — est très-
réduite en hauteur, et, au contraire, a gagné
en diamètre. Cette partie renflée, que l’on
mange, est donc en réalité la moelle de la
tige. Un autre caractère très-distinctif aussi
de ces plantes, c’est que les Choux-Raves
viennent sur terre, c’est-à-dire que la partie
renflée se trouve en dehors du sol, tandis
que, chez les Choux-Navets ou Rutabagas,
cette partie renflée qui, étant due à la racine.
138
PIÈGE A PAPILLONS CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES.
est toujours dépourvue d’yeux, par consé-
quent de feuilles, pousse dans\e so\.
Les deux races présentent aussi des ana-
logies quant à la couleur ; ainsi chez les
Choux-Raves, qui ont tous la chair blanche,
on trouve d’abord la sous-race verte^ puis une
dont l’écorce est violette. Dans les Choux-
Navets ou Rutabagas, on trouve également
deux sous-races : l’une à chair blanche,
l’autre à chair jaune ; puis, chez les deux,
une variété à collet vert, et une à collet vio-
let. Mais tous ces derniers (Rutabagas), nous
le répétons, se distinguent nettement des
Choux-Raves par leur renflement qui, tou-
jours dépourvu de feuilles, pousse dans le
sol, ce qui n’est pas le cas pour les Choux-
Raves, dont seule l’extrémité de la racine
entre en terre. Ajoutons que, comme plante*
culinaire, les Choux-Raves sont bien supé-
rieurs en qualité ; que, pris à temps, c’est
même un excellent légume trop délaissé ou
même inconnu dans la plus grande partie
de la France, où pourtant il pourrait rendre
d’immenses services.
Comme à peu près toutes les plantes de
la famille des Crucifères, les Choux-Navets
et les Choux-Raves aiment beaucoup l’en-
grais ; sous ce rapport, l’excès n’est pas à
craindre. Quant au sol, il doit être consis-
tant, plutôt un peu fort que léger, et surtout
un peu frais.
E.-A. Carrière.
PIÈGE A PAPILLONS CRÉPLSCULAIIIES ET NOCTURNES
Vulgariser les moyens de destruction des
insectes nuisibles à l’agriculture et à l’hor-
ticulture est le but auquel doit viser toute
personne qui s’intéresse au bien-être de
l’humanité. Aussi, je crois utile de donner la
publicité la plus étendue à une remarque que
j’ai faite sur VArauja albens (Physianthiis
albens), plante de la famille des Asclépia-
dées, et dont chaque fleur renferme plu-
sieurs pièges à papillons.
Les fleurs de cette liane originaire du
Brésil attirent par leur doux parfum une
myriade d’insectes, de papillons surtout, qui
viennent chaque jour butiner la liqueur
mieilleuse qu’elles contiennent. Or, voici le
sort réservé aux insectes qui ont la trompe
assez développée pour atteindre cette li-
queur enfermée au fond de la corolle.
On sait que toutes les fleurs des végétaux
de la famille des Asclépiadées ont des ap-
pendices plus ou moins développés. Dans
celles de VArauja, ces appendices, au nom-
bre de cinq, constituent au fond de la co-
rolle une couronne tout autour de 1 ovaire.
Les bords de ces appendices sont formés
d’une matière jaune cartilagineuse qui, étant
en contact avec l’appendice voisin, con-^titue
autant de rainures serrées qu’il y a d’appen-
dices, et la liqueur mielleuse se tiouve
dans l’intérieur de la couronne, autour de
l’ovaire. Pour atteindre ce point, le papillon
n’a d’autre accès que la base de chaque rai-
nure, un peu élargie, et c’est en effet par là
qu’il introduit sa trompe pour sucer la li-
queur. Mais quand il veut se retirer, cette
trompe s’engage dans le haut de la rainure,
beaucoup plus resserré, et elle reste prise
par son extrémité, qui est légèrement renflée.
Ainsi prisonniers, les papillons ne peu-
vent s’envoler que dans le cas où leur
trompe viendrait à se briser, ce qui est as-
sez rare, de sorte qu’on a le temps de les
saisir et de les tuer.
La quantité de papillons qui se prend
ainsi est incalculable; j’en ai compté jusqu’à
cent cinquante sur un seul pied. 11 y en
avait de toute espèce et de dimensions très-
différentes.
Le papillon à l’état parfait n’est pas nui-
sible aux végétaux, mais il n’en est pas de
même à l’état de chenille; sous cette forme,
il s’attaque à toutes les parties des plantes,
au bois, aux feuilles, aux fruits, et même
aux graines. Or, si l’on pense à la quantité
de chenilles que l’on peut détruire en tuant
les'^papillons (ils pondent de cent à plusieurs
milliers d’œufs), on s’empressera, je l’es-
père, de propager dans les champs et dans
les jardins VArauja albens, qui, du reste,
n’est pas difficile sur la nature du terrain.
Tout sol lui convient, pourvu qu’il ne soit
pas trop aride.
Malheureusement, à cause de sa prove-
nance, cet arbrisseau ne peut pas être cul-
tivé en plein air dans toute la France; il ne
résiste, je crois, qu’au climat du Midi et à
celui de l’Ouest. Mais dans les parties plus
froides, on pourra toujours en avoir quel-
ques pieds en vases, que l’on hivernera en
serre, ou à défaut dans une orangerie ou
sous un hangar. On pourra aussi le cultiver
dans les autres régions de la France ; et si
les tiges gèlent, le pied pourra peut-être ré-
sister en le garantissant du froid.
Je n’ai jamais rencontré dans mes excur-
sions que trois espèces d' Ar au j a ; ce sont :
FRUCTIFICATION DU ROBINIA CdLUTEOIDES. — DES FRANCISCEA.
les A. sericifolia, undulata (1) et albens ;
elles produisent un très-joli effet dans les
parterres, sur les treillis, les berceaux, les
tonnelles, à cause de l’abondance et de la
suavité de leurs fleurs blanches, violettes et
139
roses, qui se succèdent de juillet en oc-
tobre, ainsi que par la couleur blanchâtre
de leur feuillage, qui tranche agréablement
sur le vert clair et foncé des autres végé-
J. -B. Ghabaud.
FRUCTIFICATION DU ROBINIA COLUTEOIDES
Cette variété, qui a été obtenue il y a une
(juinzained’annés environ, a quelque rapport
avec une autre : le Robinier Gondoin, qui
se nomme aussi monstrueux {Robinia
monstruosa). Toutefois, il n’a pas d’épine,
tandis que ce dernier en a quelques-unes
bien courtes et rares, pourtant. C’est un
arbre d’une bonne vigueur, mais qui néan-
moins n’atteint jamais que de petites propor-
tions; ses branches nombreuses, courtes et
ramassées constituent une tête arrondie sub-
sphéiique; ses folioles sont arrondies, sub-
orbiculaires, assez épaisses; elles ont par
leur aspect quelque rapport avec celles du
Colutea arborescenSy d’où la qualification
coluteoides. Le plus important ici, ce qui
nous a surtout déterminé à écrire cette note
sur le Robinia coluteoides^ c’est afin d’en
faire connaître la fructification, que seul.
peut-être, jusqu’à ce jour nous avons ob-
servée. Les fleurs, relativement peu nom-
breuses, disposées en grappes courtes, lâches
et élargies, sont blanches comme celles du
type, un peu plus petites que chez ce der-
nier. Quant aux fruits, ils sont différents
non seulement de ceux du type, mais de
tout ce que nous connaissons. Ainsi les
gousses qui sont très -glabres partout, ex-
cessivement étroites et fortement arquées,
atteignent jusque 10 centimètres et plus de
longueur. Elles rappellent, presque à s’y
méprendre, les gousses de certaines variétés
de Haricots. C’est donc un nouveau carac-
tère à ajouter à ceux des fruits des descen-
dants du Robinier commun. Est-ce une
variété qui tend à s’émanciper, à former
une race? Pourquoi non? n’est- ce pas la
loi universelle? E. -A. Carrière.
DES FRANCISCEA AU POINT DE VUE DE L’ORNEMENT
Si jamais des plantes ont mérité la quali
fîcation semperfîorens (de semper, comme
disent les jardiniers), c’est assurément les
Franciscea, désignés scientifiquement sous
le nom générique de Bruns felsia. En effet,
excepté pendant le court espace de temps
où les plantes entrent en repos, — et en-
core, — ces plantes sont toujours en fleurs.
C’est, disons-le sans crainte d’être démenti,
le plus bel ornement des serres chaudes
pendant tout l’hiver, saison pendant laquelle,
ainsi qu’on le sait, les fleurs sont très-rares
et ne brillent souvent que par leur absence.
C’est, au contraire, pendant cette saison que
les Franciscea sont dans leur plus grande
beauté. Aussi, a-t-on lieu d’être surpris de
ies rencontrer si rarement dans les cultures.
Les Franciscea sont originaires des par-
ties chaudes de l’Amérique méridionale; les
feuil'essont persistantes, épaisses, luisantes
en dessus, douces au toucher, entières, sou-
vent légèrement ondulées ; les fleurs, agréa-
blement odorantes chez la plupart des es-
pèces, ont une corolle hypocratériforme, à
(1) Les Arauja sericifolia et undulata, a^ant les
mêmes appendices que 1’^. albens, peuvent servir
également comme pièges à papillons.
cinq divisions régulièrement étalées-ondu-
lées, qui varie, suivant les espèces, de 3 à
6 centimètres de diamètre; toutes sont plus
ou moins mutables, c’est-à-dire que leurs
nuances varient suivant l’état plus ou moins
avancé des fleurs. Il est plusieurs espèces
chez lesquelles ce changement est tel, que
toujours l’on remarque en même temps des
fleurs blanches et des fleurs lilas violacé,
qui est de beaucoup la couleur dominante
du genre, ce qui produit un effet aussi sin-
gulier que joli.
Les espèces les plus méritantes sont les
F. calycina (1), eximia, hopeana, lati fo-
lia, hydrangœformis , macrantha, etc.
On les trouvera chez M. Rougier-Chauvière,
horticulteur, rue de la Roquette, 152, où
pendant tout l’hiver ils font l’admiration des
visiteurs.
On cultive les Franciscea en terre de
bruyère grossièrement concassée. On les
arrose fréquemment pendant l’époque de la
forte végétation ; au contraire, on les e mé-
nage à l’eau » lorsque le fort de la floraison
est passé. Quant à la multiplication, on la
fait par bouture, qu’on plante en terre de
(1) V. Eevue horticole, 1868, p. 852.
CRYPTOMEIUA PUNGENS RUBIGINOSA. — BUIS A BRAN’CHES DRESSÉES.
l/lO
bruyère et qu’on place sous cloche dans la jeunes pousses bien aoûtées, à partir du mois
serre à multiplication, en se servant de d’octobre jusqu’au mois de février. Lebas.
GRYPTOMERIA PÜNGENS RUBIGINOSA
Commençons par rappeler que le Cryp-
tomeria pungens est une forme du C. ja-
_ponica, assez distincte pourtant; ses feuilles,
plus écartées et surtout plus robustes, sont
aussi plus piquantes, d’où la qualification
pungens.
Mais quoi qu’il en soit sur ce sujet, que
le Crgpiomeria pungens soit une forme ou
une variété du C. japonica, ainsi que nous
le croyons, qu’il soit une espèce particu-
lière, ainsi que le soutiennent certaines per-
sonnes, ce fait, ici, n’a qu’une importance
secondaire. Le point essentiel, c’est de faire
connaître la plante qui fait le sujet de cette
note.
Le C. pungens riibiginosa a été trouvé
dans un semis provenant de graines en-
voyées du Japon sans autre dénomination
que celle-ci : Criptomeria sp. Ces graines
avaient-elles été récoltées sur un individu
considéré comme rentrant dans ce qu’on
nomme le « type » de l’espèce, ou prove-
naient-elles d’une forme particulière ren-
trant dans celle qu’on a qualifié jmngens ?
Nous ne saurions le dire. Ce que nous pou-
vons affirmer, c’est que dans ce semis, qui
comprenait plusieurs centaines d’individus,
la plupart présentaient des caractères pro-
pres au C. pungens. Quoi qu’il en soit, voici
l’indication des caractères que présente notre
plante :
BUIS A BRAN(
Lorsqu’on réfléchit à la beauté ornemen-
tale, presque exceptionnelle, du Buis, à la
variation infinie de son feuillage, qui de
plus est persistant, et qu’avec tout cela
il est d’une rusticité absolue, il semble im-
possible qu’on puisse rien ajouter à tant et
de si rares mérites. H n’en est rien pour-
tant; il y a encore une qualité dont on doit
tenir un très-grand compte : c’est le port ou
faciès, la tenue, pourrait-on dire, qui joue
un si grand rôle au point de vue ornemen-
tal. Sous ce dernier rapport, il en est un
peu des plantes comme des gens, et chacun
sait quelle différence d’effet peut produire
un même vêtement, selon qu’il est bien ou
mal porté. Eh bien! la sorte dont nous par-
lons a cet avantage qu’elle porte admirable-
ment son bois, d’avoir ses rameaux qui sont
nombreux, très-régulièrement dressés, ce
Arbre vigoureux et robuste, à branches
fortes, bien nourries, longuement étalées.
Feuilles distantes, longues, écartées, fortes,
très-piquantes.
Ces quelques mots, qui pourraient s’ap- i
pliquer à un grand nombre de Cryptomeria,
bien qu’exacts, sont certainement insuffi-
sants pour faire reconnaître celui dont nous
parlons. Le caractère vraiment saillant qui le
distingue consiste dans la couleur rouge
fauve ou cuivrée que, dès le mois d’août,
revêtent toutes ses parties (branches, ra-
meaux, feuilles, etc.), ce qui lui donne un |
aspect tout particulier, comparable à cer-
tains Conifères {Dacrydium, Podocar-
pus, etc.) de la Nouvelle-Zélande. Sous ce
rapport, c’est une plante des plus singu- j
Hères, et qui, pendant au moins sept mois |
de l’année, présente un aspect des plus eu- j
rieux qui contraste singulièrement avec tous
les autres Conifères, dont les feuilles per- |
sistantes sont toujours vertes.
L’arbre n’est pas plus difficile que les ,
autres sur la nature du terrain, au con- |
traire ; quant à sa multiplication, on la fait ;
par boutures, qui reprennent assez bien, en
ayant soin de prendre des parties assez |
fortes, afin qu’elles constituent des plantes
vigoureuses, ce qu’on n’obtiendrait que diffi-
cilement si l’on prenait des petites ramifica-
tions grêles et maigres. E. -A. Carrière.
lES DRESSÉES
qui donne à l’ensemble une forme conique j
des plus régulières ; et comme d’une autre j
part elle est vigoureuse, qu’elle atteint de
grandes dimensions, et que ses feuilles sont 1 1
larges et d’un beau vert, elle constitue des ' '
pyramides magnifiques qui, isolées, pro-
duisent un des plus jolis effets, et cela sans ; i
qu’on ait jamais besoin de le tailler, en
l’abandonnant complètement à lui-même.
Le Buis à branches dressées {Buxus vul-
garis pyramidata) a été obtenu par notre
collègue etami, M. Briot, chef des pépinières j
de l’Etat à Trianon. C’est, nous le répétons, i
l’une des plus jolies variétés qui, isolée ou
plantée en avenue, constitue un des plus j
beaux arbres d’ornement. E.-A. Carrière. |
Orléans, imp. de G. Jacüb, Uloitre Saint-Etienne, 4.
I
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine d’avril)
Exposition de la Société royale d’horticulture et de botanique de Gand. — Cours public d’arboriculture,
professé par M. Du Breuil à l’école municipale du bois de Vincennes. — Graines de Ferula Tingitmia-,
offertes par M. Jean Sisley. — Exposition de la Société tourangelle d’horticulture. — Exposition de ia
Société d’horticulture de Picardie. — Le Dattier de MM. Ch. Iliiber et C*e.— Le Xanlhoceras sorbifoliadxt
Jardin-des-Plantes. — La grelTe des Rosiers sur Rosiers de semis. — Mise en vente à Paris des Aafcû
japonais. — Le Moniteur horticole illustré (Illustrirte Berichte über Gartenban) . — Les panachures.
exemple tiré du Taxus baccata Doxcastonii. — Les divers insecticides et leurs propriétés, d’après
leurs auteurs.
Au moment où paraîtra ce numéro, l’expo-
sition quinquennale de la Société royale d’hor-
ticulture et de botanique de Gand sera un
fait accompli ; toute l’Europe savante aura
admiré cette fête qui, à ce qu’on nous assure
de toutes parts, a été l’une des plus remar-
quables qu’il y ait jamais eu en ce genre.
Invité par l’administration de cette Société,
dont nous sommes membre honoraire, à
faire partie du jury de cette exposition, nous
avions répondu affirmativement, pensant
bien qu’une telle démarche, qui ne pouvait
qu’être utile au Muséum, puisque, y allant
à nos frais, les remarques que nous au-
' rions pu faire et les connaissances que nous
aurions pu acquérir auraient profité à cet
Établissement, serait agréée par notre chef
! de service, M. Decaisne. Nous nous trom-
pions, et le très-savant professeur, dont
nous respectons les décisions, et dont, au
reste, tout le monde reconnaît la généro-
j sité, l’ampleur des idées et surtout \e puri-
tanisme lorsqu’il s’agit d’équité, pour des
raisons dont nous n’avons pas à discuter la
valeur, nous a refusé l’autorisation. Nous le
regrettons, moins toutefois pour nous que
pour nos lecteurs, à qui nous nous étions
promis de faire connaître les principales ri-
chesses végétales qui, de toutes les parties
du monde, étaient réunies sur ce point de
l’Europe. Tout n’est pas perdu pourtant, et
nous sommes heureux de leur annoncer
qu’un de nos collègues, M. Verlot, chef de
l’École de botanique au Muséum, ayant été
i plus heureux et surtout mieux favorisé que
nous, a été envoyé à cette exposition, et qu’il
a bien voulu se charger d’en faire un compte-
, rendu qui, nous l’espérons, paraîtra dans le
prochain numéro de la Revue horticole.
— Nous nous empressons d’informer nos
lecteurs que le cours public et gratuit d’ar-
boriculture de la ville de Paris, pour 1873,
fait par l’éminent professeur Du Breuil,
commencé il y a déjà quelque temps pour i
16 AVRIL 1873.
la partie théorique, va entrer dans une nou-
velle phase : celle de la pratique. En voici
une indication très- sommaire :
Les leçons pratiques, pour les opérations d’hi-
ver, terminées le 30 mars, recommenceront le
20 avril, à une heure et demie, dans l’école mu-
nicipale du bois de Vincennes (porte Daumesnil),
pour l’étude des opérations à appliquer aux ar-
bres fruitiers pendant leur végétation.
Nous ne saurions trop engager les per-
sonnes que cette culture intéresse à visiter
cette école, unique en Europe, et dans la-
quelle on trouvera l’exemple du meilleur
mode de culture intensive pour la produc-
tion industrielle des fruits de table. Ce jar-
din fruitier, planté en ISGO, commencera
cette année à donner son produit maximum.
Cet établissement est ouvert au public les
dimanches, mardis et jeudis, à partir de
une heure. Inutile d’insister sur la valeur
de cet enseignement, qui est aujourd’hui
connu du monde entier.
— En annonçant, dans notre précédente
chronique, que notre collègue, M. Jean
Sisley, mettait des graines de Ferula Tin-
gitana à la disposition des personnes qui
voudraient bien lui en faire la demande,
nous prévenions en même temps nos lec-
teurs que ces graines ne lèvent que la
deuxième année après qu’elles ont été se-
mées (1). A ce sujet, notre ami nous écrit
qu’il n’en est rien et que les différents semis
qu’il a faits de ces graines ont toujours pro-
duit de bons résultats dans un intervalle de
temps qui variait de trois à six semaines . •
Nous nous empressons de porter ce fait à la
connaissance de nos lecteurs, qui pourront
(l) C’est, en effet, ce qui nous est arrivé les;
deux fois que nous avions semé des graines de
Ferula. Ayant reçu ces graines d’Espagne, est-ce
parce qu’elles étaient trop vieilles ou que noas
avons opéré dans des conditions défavorables ? Du
reste, tous ceux qui ont semé des graines d'ombel-
lifères savent quelles différences se montrent par-
fois dans le temps nécessaire à leur germinaison.
8
142 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE D’AVRIL).
encore, cette année, profiter de l’offre géné-
reuse que fait M. Jean Sisley. — Faire la
demande par lettre affranchie à M. Jean
Sisley, secrétaire général du Cercle horti-
cole lyonnais, rue Saint-Maurice-Monplai-
sir, à Lyon, et mettre un timbre-poste pour
payer l’envoi.
— Le 7 mai prochain, à l’occasion du
Concours régional qui se tiendra à Tours, la
Société tourangelle dliorticulture fera
une exposition à laquelle elle convie les hor-
ticulteurs et amateurs, ainsi que les indus-
triels dont les produits se rattachent à l’hor-
ticulture.
— Les 10, il et 12 mai 1873, la Société
d’horticulture de Picardie fera, à Amiens,
une exposition à laquelle elle convie tous
les horticulteurs et amateurs, ainsi que les
industriels dont les produits se rattachent à
l’horticulture. Les personnes qui désirent
exposer devront en donner connaissance à
M. Mennechet, président de la Société,
avant le 25 avril 1873, en indiquant le
nombre et la nature des objets qu’ils se
proposent d’exposer.
Les membres du jury devront se trouver
au local de l’Exposition, à la salle Longue-
ville, le samedi 10 mai, à neuf heures très-
précises du matin.
— Voici, au sujet du magnifique Dattier
envoyé au Muséum par MM. Ch. Huber
et G‘e, horticulteurs à Hyères, quelques dé-
tails qui nous paraissent intéressants et di-
gnes d’être connus; ils complètent l’his-
toire de ce remarquable et curieux végétal,
dont deux fois déjà nous avons parlé (1).
Ces renseignements, dont nous pouvons ga-
rantir l’authenticité et l’exactitude, sont ex-
traits de la copie qui nous a été donnée
d’une lettre adressée à M. Brongniart, pro-
fesseur de botanique au Muséum, lors de
l’envoi de ce Dattier.
... Par une coïncidence heureuse, Page du
Palmier qui vous est adressé peut être exactement
indiqué. Cet arbre est le produit d’une Datte mise
en terre le 19 mars 1810, jour de la naissance
d’un fils du fermier qui à cette époque occupait
le terrain qui aujourd’hui est la propriété de
MM. Ch. Iluber et Cette date est certaine :
elle émane de l’homme même dont le père a
semé le Palmier; et, d’autre part, la même
date, ainsi que les circonstances que je viens de
rappeler, sont connues et fréquemment répétées
par beaucoup de personnes de la ville.
La mort de ce Palmier, âgé de 63 ans, ne
(1) Reme horticole, 1873, pp. 5 et 101,
peut être attribuée au froid de l’hiver de 1870-
1871, dont il n’avait pas paru souffrir ; il s’est
lentement éteint en passant de 1871 à 1872, et
sans que la température, peu rigoureuse du
reste ici, ait pu la déterminer.
Cet arbre, lorsqu’il était vivant, occupait à peu
près le milieu entre deux autres Palmiers égale-
ment fort beaux, quoique moins élevés, et qui,
d’une végétation vigoureuse, ne manifestent pas
la moindre souffrance.
Si l’on ne peut admettre — et le fait est
hors de doute — que ce n’est pas le froid
qui a fait périr le Dattier dont il s’agit, il ne
faudrait pas non plus croire que la mort ait
été le fait de l’âge, les arbres de cette espèce
pouvant vivre beaucoup plus longtemps que
soixante-trois ans. Quelque circonstance par-
ticulière, inconnue, a dû la déterminer,
ainsi, du reste, que cela arrive chez tous les
êtres, où certains individus très-forts meu-
rent tout à coup, sans que rien fasse pré-
voir la maladie qui les a emportés.
— Ceux de nos lecteurs qui habitent
Paris ou qui s’y trouvent en ce moment
pourront, s’ils le veulent, admirer le Xan-
thoceras sorbifolia dont il a été plusieurs
fois question dans ce journal où il a même
été figuré (1). Cet arbuste, qui a environ
50 de hauteur et qui porte plus de cent
inflorescences qui, en ce moment, commen-
cent à épanouir leurs fleurs, est, sans au-
cun doute, la plus jolie introduction qui ait
été faite depuis longtemps; il est planté
dans le carré creux attenant à la fosse aux
ours, le long du mur de la ménagerie, et
d’où l’on peut le voir, soit de l’allée des
Marronniers qui longe la fosse du côté du
midi, ou mieux, de l’allée qui est au nord
et parallèle à celle-ci, et qui longe le carré
où se trouve planté le Xanthoceras.
• — Dans ces derniers temps, on a beau-
coup parlé de la greffe des Rosiers greffés
sur des Rosiers de semis. 11 en a même été
question dans ce recueil (2), mais à un autre
point de vue : pour constater l’origine de ce
procédé, et réclamer la priorité pour la
France, priorité qu’un horticulteur anglais
paraissait vouloir s’attribuer. Un des grands
avantages de ce procédé, disent certaines
personnes, « c’est que les pieds ainsi greffés
ne donnent pas de drageons, » et tout ré-
cemment, à une séance de la Société cen- |
traie d’horticulture de France, le fait a été i
affirmé de nouveau. Tout en reconnaissant
(1) Voir Revue horticole, 1872, p. 291. J
(2) V. Revue horticole, 1873, p. 443. j
143
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D'AVRIL).
certains avantages que présente ce mode
de multipHcalion, par exemple de fournir
des pieds mieux enracinés, peut-être plus
vigoureux, nous croyons devoir affirmer
qu’il n’a pas celui qu’on lui attribue : « d’em-
pêcher la production des bourgeons par les
racines. » Les faits contraires ne sont pas
rares, et ceux qui désireraient en voir pour-
ront aller chez MM. Lévêque et fils, horti-
culteiirs-rosiérisles, rue du Liégat, à Ivry
(Seine). Toutefois, ceci ne veut pas dire que
le procédé est mauvais, et qu’il faut le re-
jeter. Non ; et en rapportant ce fait, notre
but est de montrer que, comme toute autre,
la règle que l’on croyait générale présente
de nombreuses exceptions.
— Grâce aux moyens faciles, et surtout
rapides, de communication qui existent au-
jourd’hui, toutes les parties du globe sont en
rapport d’intérêts; les productions récipro-
ques sont continuellement échangées et trans-
portées là où le commerce trouve son avan-
tage. Parmi les différents produits récemment
importés en France, il en est un dont il a été
question bien des fois dans la Revue, dont
aussi, et pour cette raison, nous devons dire
quelques mots. Il s’agit de ces fameux Kakis
japonais, qui jusqu’à ce jour ne nous étaient
guère connus que par des descriptions ou
des figures qui en avaient été faites (1) ; au-
jourd’hui il en est tout autrement, et l’on
peut, à Paris comme à Yedo, trouver (en
moindre quantité bien entendu, et proba-
blement aussi à un prix beaucoup plus
élevé) ces fruits, qui jusqu’à présent ne
nous étaient guère connus que de nom.
Les Kakis que nous avons vus étaient ex-
posés aux vitrines de MM. Cuvillier et
frères, marchands de comestibles, 16, rue
de la Paix ; ils étaient placés les uns à côté
des autres, et semblaient avoir été séchés et
préparés comme on le fait chez nous des
Figues ou des Raisins. Les fruits, compri-
més, avaient de 7 à 8 centimètres, et même
plus, de longueur ; ils étaient atténués en
pointe assez allongée au sommet, ce qui
pourrait bien être dû à la pression. La chair
est très-consistante, ferme et comme un peu
gélatineuse, d’un roux brun ; elle est su-
crée, peu relevée, assez agréable et sans as-
tringence. L’intérieur contient des graines
allongées, longues d’au moins 2 centimè-
tres, droites d’un côté, arrondies en cercle
du côté opposé.
A quelle espèce ces Kakis appartiennent-
(1) Voir Revîic horticole, 1870, p. 131; 1871,
p. 410; 1872, pp. 77, 196 et 252.
ils? C’est ce que probablement personne ne
pourrait dire. C’est d’autant plus difficile, en
effet, que, au Japon, les Kakis sont des arbres
fruitiers, qu’on en trouve de très-nombreu-
ses et très-diverses variétés, et désignées
toutes sous l’appellation générale Kakis, sous
laquelle ils nous arrivent aussi à Paris, fait qui
ressort d’un passage d’une lettre que nous a
adressée M. Coignet, ingénieur des mines
au Japon, et que nous croyons devoir rap-
peler. Le voici :
Il existe au Japon de nombreuses variétés de
Kakis, TOUTES DÉSIGNÉES SOUS CE MÊME NOM, et
atteignant ordinairement une dizaine de mètres
de hauteur. La grosseur des fruits varie de celle
d’im gros ævf de poule à celle du poing. Les
uns sont sphériques ou à peu près, d’autres
oblongs; la peau est quelquefois douce, d’autres
fois rugueuse et légèrement velue; \w pointe (1)
(comme dans la Pèche) est très-prononcée ou
très- petite; la couleur varie du jaune orange
clair au rouge orange foncé; enfin, certains sont
dépourvus de noyaux. Les plus estimés pour leur
volume et leur goût sont ceux de Miako-no-d'jô
(province de Fiouga, au sud-est de l’île de Kiou-
siou) et de la province d’Omi, au nord du lac
Biwa, près de Kioto, ancienne résidence des Mi-
kados.
Les fruits des Kakis sont bons à manger: R un
peu avant la maturité, lorsqu’ils sont encore
durs, légèrement colorés, et que le sucre com-
mence à se former; on les coupe alors en seg-
ments, et on enlève les noyaux et les alvéoles ;
sa chair craque sous la dent et est très-agréable ;
2o lorsque la maturité est complète : on les
mange alors à la cuillère. Cueillis dans cet état,
séchés au soleil et conservés dans de la farine,
ils donnent au bout de deux ou trois mois un
fruit qui peut rivaliser avec nos meilleures
Figues sèches.
C’est très-probablement sous ce dernier
état et ainsi préparés qu’on nous envoie les
Kakis dont nous parlons, que nous avons
vus à l’étalage de la rue de la Paix, où ils
étaient éüqueiés Kakis japonais. Toutefois,
nous devons déclarer — est-ce par suite
d’habitude? — que nous préférons les Fi-
gues aux Kakis.
— Un journal horticole peu connu en
France, et qui mérite de l’être davantage,
c’est le Moniteur horticole illustré {Illus-
trirte Berichte über Gartenhau). Cette pu-
blication, dont nous avons sous les yeux le
premier numéro de l’année 1873, n’est
pourtant pas à son début ; elle paraît déjà
(1) Par pointe M. F. Coignet désigne le point
pistillaire ou légère saillie qui est au sommet du
fruit. (Rédaction.)
144
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AYRIL).
depuis quelques années; mais à partir du
1er janvier dernier, la direction a été chan-
gée, et tout fait espérer que ce sera à l’avan-
tage de l’horticulture. Ce recueil, qui est
écrit en trois langues : français^ allemand
et anglais, est une revue internationale qui
tend à vulgariser, à universaliser, pourrait-
on dire, les connaissances horticoles ; aussi
sommes-nous tout disposé à lui accorder
notre concours, et à ce sujet nous croyons
devoir rappeler ce que nous avons déjà
dit : que la science n’a pas de nationalité,
et que, au contraire, c’est elle, elle seide,
qui est appelée à les faire disparaître ;
la servir est donc servir l’humanité, con-
tribuer à l’union et à la fraterniié uni-
verselles, qui, quoi qu’on en puisse dire, sont
fatales. C’est une question de temps. Tâ-
chons d’en abréger la durée.
Le Moniteur horticole illustré, format
grand in-quarto, paraît six fois par an, au
prix de 27 fr. pour l’année. La rédaction
principale est confiée à MM. de Decken-
Ringelheim et E. Rodigas, professeur à
Gand. Toutes les questions horticoles, ainsi
que tous les arts et toutes les industries qui
s’y rapportent, s’y trouvent traitées plus ou
moins longuement, en raison de leur im-
portance. Des figures noires intercalées dans
le texte aident puissamment l’intelligence,
en rendant sensible aux yeux ce que le lan-
gage ne peut reproduire. De magnifiques
planches coloriées, du format du journal,
parfois même doubles, augmentent le mé-
rite de cette publication, qui devient non
seulement utile, mais luxueuse, ce qui ne
gâte jamais rien. On peut s’abonner à Paris,
chez G. Borrani, libraire-éditeur, 9, rue des
Saints-Pères.
— Qu’est-ce qui détermine les pana-
chures? Y a-t-il une loi qui en règle la re-
production? Et, si oui, quelle est-elle? Ces
différentes questions nous sont suggérées
par le fait suivant, que nous allons rappor-
ter, et qui est particulier au Taxus haccata
Bowastonii. Voici:
Il y a déjà quelques années (c’était vers
1864, croyons-nous), nos collègues, MM. Thi-
bault et Keteleer, avaient récolté une assez
grande quantité de graines (environ deux
cents) du Taxus haccata Doivasto^nii. Se-
mées, ces graines ont donné un cinquième
au moins de plantes bien panachées ; les
autres, qui étaient vertes, ressemblaient au
type, T. haccata. Parmi les individus à
feuilles panachées, il s’en trouvait quel-
ques-uns dont le port différait un peu de
celui du type, sans pourtant présenter des
caractères assez tranchés pour qu’on pût les
considérer comme des variétés distinctes;
mais il y en avait deux qui rappellent par-
faitement le T. haccata Bowastonii pour le
port et la végétation, et dont la panachure,
très-jolie et très-constante, est aussi pro-
noncée que chez le T. haccata elegantis^
sima. Ce sont donc des gains très-remar-
quables, et qui, nous n’en doutons pas, se-
ront fort appréciés des amateurs.
Quelle cause a déterminé cette variation?
Nous n’en voyons là aucune de celles qu’on
invoque ordinairement en pareil cas. En effet,
dans tout le jardin, et probablement à une dis-
tance considérable de ce jardin, il n’y avait
pas d’If à feuilles panachées. Le fait dont il
s’agit n’est donc pas dû à la fécondation. Il se-
rait difficile aussi d’admettre que c’est un cas
de maladie, puisque ces plantes panachées
étaient tout aussi vigoureuses, parfois même
plus, que celles qui étaient vertes. A quoi
donc ce fait est-il dû? Nous ne savons, et
nous croyons avoir cela de commun avec
tout le monde. Mais ce que nous pouvons
affirmer, c’est, nous le répétons, que les
deux formes de Taxus haccata Bowastonii
dont nous venons de parler, et que l’on
pourra se procurer chez MM. Thibaut et
Keteleer, horticulteurs à Sceaux, sont des
plantes tout à fait hors ligne.
— A propos des divers insecticides dont
nous avons parlé récemment (1), et dont
nous avons seulement cité les noms, un de
nos abonnés nous a écrit pour nous faire sa-
voir que, voulant essayer sinon tous, du
moins quelques-uns de ces produits, il dé-
sire savoir où on les vend, et nous prie, par
conséquent, de vouloir bien lui faire con-
naître les adresses, ce que nous allons faire,
en indiquant même — d’après les prospec-
tus — quelques-unes des propriétés de
ces préservatifs que les inventeurs leur i
reconnaissent. — Ne pas oublier qu’il s’a-
git de leurs enfants. — Ainsi , Vinsec- I
ticide foudroyant, <f infaillible contre les [
insectes, tels que mouches, cousins, pu-
ces, punaises, poux, cafards, fourmis, |
chenilles, mites, etc., etc., » se vend ^
chez M. E. Galzy, 28, rue Bugeaud, à Lyon. |
— La poudre insecticide Tachet, dont les ]
propriétés sont au moins égales à celles de ,
V insecticide foudroyant, se vend dans la
même maison. — L’insecticide liquide Car-
net, qui, dit le prospectus, « détruit radi- >
(i) V. Revue horticole, 1873, p. 71.
DU GALVANISME CH
calement et instantanément tous les in-
sectes et TOUS leurs œufs, » se vend à Paris,
21, boulevard Magenta. Il est supérieur à
beaucoup d’autres insecticides; c’est, du
moins, l’avis du prospectus :
La poudre insecticide, connue et vendue sous
différents noms, rend quelques services, mais est
loin de satisfaire complètement le public, surtout
pour la destruction des chenilles, fourmis, pu-
naises, mites et larves de toute espèce.
Les insectes que le hasard met en contact avec
la poudre sont seuls détruits, et les larves ou
œufs de ces insectes ne le sont jamais. 11 était
donc urgent de trouver un produit détruisant
radicalement jusqu’à la semence même de
l’animal.
C’est ce produit, Vinsecticide Carnet, appelé à
rendre d’éminents services, que je livre à la con-
sommation.
Peut-on, d’une manière plus claire, rap-
peler celte phrase si caractéristique : a Pre-
nez mon ours. ))
h' insecticide alcoolique de MM. Prunot
et C‘«, « seuls inventeurs, » se vend à Paris,
rue Picpus, n« 7. Si l’on s’en rapporte au
prospectus, l’on constate que cet insecticide
est encore de beaucoup supérieur aux pré-
cédents par ses qualités. En effet, d’après
ce prospectus, l’insecticide alcoolique Prunot
et « détruit toutes espèces d’insectes sur
les arbres fruitiers et espaliers, V écrivain et
Voïdiuni de la Vigne, les vers blancs, cha-
DU GALVANISME CH
C’est le sort commun à toutes les décou-
vertes, de rencontrer à leur début un cer-
tain degré de scepticisme ; aussi ne devrait-
on pas espérer qu’aucune explication d’une
circonstance si peu prévue et si peu en rap-
port avec toutes les pratiques antérieures soit
acceptée sans hésitation ; et il est même
mieux qu’il en soit ainsi, afin que, par un
travail raisonné et basé sur les connais-
sances acquises, on puisse arriver à une ex-
plication bien fondée des phénomènes qui
nous occupent, sachant parfaitement bien
que toutes les coïncidences de la nature sont
l’accomplissement de lois formées spéciale-
ment sous une influence directrice, et que
les faits s’ajoutent aux faits dans un certain
enchaînement harmonique, avec autant de
régularité qu’un jour s’ajoute à l’autre, et
que ce fait était l’un seulement d’une série
de cet ordre. Bien convaincu de ces choses
(1) Voir Revue horticole, 1872, pp. 5G, 118.
Z LES VÉGÉTAUX. Hl*
rançons, courtïllières, etc, y> C’est presque
une panacée horticole. Qu’on en juge :
... Tous les ans, les horticulteurs, pépinié-
ristes et jardiniers, perdent des sommes considé-
rables faute de pouvoir détruire tous les insecteià
qui rongent et détériorent les arbres et les plan-
tes, espaliers. Rosiers, etc.
Jusqu’à ce jour, pour obtenir la destruction de
ces insectes, on a employé des poudres qui ont
été loin de remplir le but que l’on désirait. Jp
suis parvenu, au moyen de mon insecticide, a
détruire instantanément tous ces rongeurs,
toute espèce de vermine indistinctement. Depui.s
quatre ans, les résultats obtenus par mon insec-
ticide chez les principaux jardiniers, pépinié-
ristes, horticulteurs, sont une garantie de l’in-
faillibililé de mon produit....
Après ces quelques citations d'extraks,
toute observation nous paraît inutile. Un
fait pourtant peut étonner : c’est d’entenchr
tous les jours de si nombreuses et trop légi-
times plaintes relativement aux dégâts qu’oc-
casionnent soit les insectes, soit les rongeur, s,
les vers blancs, etc., etc., lorsqu’il existe
des moyens si simples et si faciles de se dé-
barrasser « radicalement » et « instanta-
nément y> de tous ces fléaux. Est-ce parce
que les moyens dont nous venons de parler
ne seraient pas suffisamment connus, ou .se-
rait-ce que l’efficacité de ces moyens au-
rait été considérablement surfaite ? Nous
appelons sur ce point toute l’attention.
E.-A. Carrière.
5Z LES VÉGÉTAUX
je fus conduit à préparer une expérience
correspondant à celle de la vitrine, en me
servant seulement d’une batterie galvani-
que, sur laquelle il ne pouvait y avoir au-
cun doute quant à l’action qui s’ensuivrait.
Mes expériences antérieures en électro-
physiologie ont presque toutes porté sur
les substances animales, telles que le blanc
d’œuf ou albumine, le sang, le lait, etc,,
mais il est bien évident que des résultats
plus éloquents seront obtenus du règne vé-
gétal dans l’espace de quelques mois, lors-
que la végétation sera plus active ; et c’est
pourquoi il est à souhaiter que ceux qui dé-
sirent faire des recherches sur ce sujet
puissent être pourvus d’indications sur les
meilleurs moyens de conduire leurs expé-
riences. Dans le cas présent, un simple élé-
ment d’une petite batterie galvanique (de
Smee) fut mis en action avec de l’acide sul-
furique dilué, de manière à obtenir une
très-faible action continue. Une plaque de
DU GALVANISME CHEZ LES VÉGÉTAUX.
ii6
verre d’à peu près 3 pouces carrés fut en-
suite recouverte par deux plaques de fer- '
Idanc, écartées l’une de l’autre d’environ un
dixième de pouce, les empêchant de se tou-
cher. Sur ces plaques fut placé un morceau
épais de feutre saturé d’eau de pluie, sur
lequel on étendit une couche mince de
graines de Cresson (préalablement trempées
dans l’eau jusqu’à ce qu’elles soient arri-
vées à l’état de mucilage), de façon à re-
couvrir entièrement toute la surface. Les
deux fils de la batterie passent à travers les
graines et le feutre reposant sur le fer-blanc,
l’un sur une plaque, l’autre sur l’autre, à
une distance de près de 2 pouces d’écarte-
ment entie eux, de manière que chaque
pièce forme un électrode terminal de la bat-
terie, la jonction du circuit de la batterie
étant effrclnée par le feutre mouillé reliant
les deux plaques de fer-blanc. Une portion
du feutre et ses graines fut ainsi rendue
électro-négatwement « polaire, i> pendant
que l’antre portion devint électro -positive,
position dans laquelle on les laissa sans les
déranger. Au bout de quatre jours (sans em-
ployer de chaleur artificielle), les graines
autour du fil positif commencèrent à mon-
trer des signes de germination, en même
temps qu’elles paraissaient légèrement ri-
dées, et que leurs enveloppes noircissaient.
Autour du fil négatif, les graines étaient
îrès-considérablement gonflées et commen-
çaient à p< rcer leurs enveloppes, et conser-
vaient leur couleur naturelle. Au bout de
six jours, ces dernières, dont le gonflement
s’était encore accru, laissaient échapper
leurs cotylédons. En même temps que cette
expérience était préparée, on sema de ces
mêmes graines sur un morceau de feutre
humide, qu’on plaça dans une soucoupe à
côté des autres, pour servir de terme de
comparaison. Les graines autour de l’élec-
trode négatif n étaient pas seulement plus
gonflées ; mais elles étaient aussi de beau-
coup en avance sur celles qui .se trouvaient
comme comparaison sur le feutre tout à
côté. Mais il y a aussi une circonstance très-
remarquable accompagnant ces conditions
d’accroissement électro-polaire qui explique
ce fait d’une manière plus efficace ; ainsi,
pendant que les radicules des graines au-
tour du fil négatif, qui donnaient ainsi des
preuves d’une croissance luxuriante, se
tournaient par en bas et pénétraient dans le
feutre humide, les radicules des graines au-
tour du fil positif, déjà noircies et ridées, se
développa’umt en sens inverse des autres,
c’est-à-dire les racines en l’air. Ce fait, ce-
pendant, n’est pas sans précédent. Dans les
comptes-rendus du 4 novembre 1867,
M. Ch. Blondeau constate qu’en soumettant
des Pommes, Poires et Pêches à l’action
d’un courant électrique, on accélère leur
maturation ; d’une autre part, ayant rendu
des graines bons conducteurs en les humec-
tant, il affirme qu’en les électrisant il les
fait germer plutôt que des mêmes graines
non soumises à cette action. Il dit : « Des
Haricots qui furent électrisés montrèrent
une singulière particularité : ils germèrent
la tète en bas et les racines en Vair. Ce
fait paraît in)portant, en ce qu’il explique la
raison par laquelle les plantes poussent
leurs racines dans le sol et leurs tiges dans
l’air. La tendance est si forte, que tout ef-
fort pour les faire agir autrement demeure
infructueux ; mais pourtant on arrive à
vaincre cette difficulté par le choc élec-
trique, de la même manière qu’on renverse |
les pôles d’un aimant. Nous sommes tentés
de comparer l’embryon à un petit aimant, |
avec des pôles opposés. » (Intellectual ob-
server, 7 décembre 1867.) Nous avons ici ;
une petite idée de ce qui est maintenant
plus clairement compris; on observera que
ces effets sont présentés dans les notes ci-
dessus comme dus simplement à l’action
électrique des courants sur ces végétaux.
Mais on ne trouva pas que ces différents
résultats fussent déterminés par une sorte
spéciale de polarité employée. Les mots :
électricité, électrisant ou électrifiayit de-
viennent hors d’usage à cause de leur défi-
nition vague, et devront être bientôt rem-
placés par une subdivision de termes
impliquant différentes nuances de défini-
tions, telles que tension électrique, pola-
rité électrique, électro -négatif et électro-
positif, etc.; dans le cas présent, nous j
avons affaire spécialement avec ce dernier.
Il est ainsi démontré d’une manière à ne
pas s’y tromper que pendant qu’une végé- ,
talion vigoureuse s’obtient autour des élec- ;
trodes négatifs, il se produit des effets d’une
nature plus compliquée au bout opposé ;
c’est donc à ce dernier , c’est-à-dire à
l’électro-positif électrode, que l’appropria-
tion de l’oxygène prend place, et cependant
c’est ici qu’une végétation vigoureuse ne se
présente pas, ce qui est une indication claire [
que (( l’appropriation » de l’oxygène par la i
plante n’est pas effectuée delà manière com-
munément supposée; mais, quoi qu’il en soit,
un pas essentiel est fait dans la préparation de
la nourriture des plantes. Ce qui s’est passé ^
réellement est ceci : l’oxygène a été con- |
UN NOUVEAU LIEN HORTICOLE.
147
sumé par l’enveloppe de la graine, laquelle
a cédé une portion de son hydrogène et laissé
le carbone comme charbon, exactement
comme un fragment de paille, bois ou bou-
chon trempés dans de forte huile de vitriol
(acide sulfurique) se charbonne. La pre-
mière chose nécessaire à la végétation d’une
graine est l’humidité, la seconde un degré
convenable de chaleur ; et sous ces deux
conditions, le premier effet qui se produit
est un certain changement chimique qui
s’opère parmi les éléments constituants des
lobes de la graine ou ses cotylédons; et jus-
qu’à ce que la graine ait formé ses organes
polaires propres de manière à pouvoir pré-
parer et assembler de nouveaux aliments,
elle vit entièrement à ses propres dépens,
c’est-à-dire qu’elle consomme la nourriture
qui a été amassée dans son intérieur, et
c’est pour cette raison qu’autour de l’élec-
trode positif ayant pour stimulant de l’oxy-
gène, on remarque les premiers signes de
végétation, quoique cet accroissement s’é-
puise bientôt, n’étant pas dans une condi-
tion convenable pour réparer ses pertes.
UN NOUVEAU ]
Au mot nouveau^ qui est exact, nous
I pouvons sans crainte ajouter bon. Ces deux
I qualités, qu’on est loin de toujours rencon-
f trer réunies, se trouvent au plus haut degré
j dans le produit dont nous allons parler, et
I dont nous allons d’abord dire quelques mots
[ quant à l’origine. Sous ce dernier rapport,
' on est loin d’être suffisamment renseigné,
ainsi qu’on va le voir.
D’après M. Martin Müller, horticulteur à
Strasbourg, qui nous paraît être le princi-
pal détenteur de ce produit, celui-ci vien-
drait du Japon, d’où il aurait été envoyé en
Allemagne par spéculation, dans le but d’en
faire du papier; l’affaire n’ayant pas réussi,
c’est donc à cet insuccès que l’horliculture
serait redevable de ce produit, fait qui,
comme toujours, confirme ce vieux pro-
veibe: « À quelque chose malheur est
bon. » Mais, d’une autre part, un célèbre
botaniste, le professeur Koch, de Berlin, à
qui M. Martin Müller a montré ce produit, dit
qu’il est dû à des pennules de feuilles d’un
I Palmier, le Raphia tœdigera. Disons tou-
tefois qu’il ne peut en être ainsi, puisque les
deux assertions sont en contradiction mani-
feste. En effet, si, comme l’a dit le savant
professeur allemand, ce produit est formé
par le R. tœdigera, il ne viendrait pas du
Il y a bien d’autres faits en rapport avec
cette action électro -polaire de la vie des
plantes auxquels nous pourrions recourir ;
mais on peut nous objecter qu’il n’y a au-
cune de ces plaques, fils ou acides, dans les
œuvres de la nature, à l’aide desquels de
tels effets puissent se produire en plein air.
C’est vrai. Mais tout cela se trouve com-
pensé ; car il y a une organisation merveil-
leuse d’une grande simplicité, par laquelle
chaque arbre, plante ou brin d’herbe, atteint
ses conditions polaires, et est ainsi rendu
apte à pourvoir à tous ses besoins; et c’est
en augmentant ces conditions polaires que
nous pouvons espérer devenir capables de
contrôler et d’augmenter artificiellement la
végétation. Mais comme ces faits dépendent
en grande partie de l’oxygène de l’atmos-
phère, il sera nécessaire premièrement de
particulariser les conditions spéciales de la
composition de l’air, qui permet à ces effets
de se produire. — W.-K. Rridgmann
Norwick.
(Extrait du Gardener’s Chronicle,
par Louis Neumann.)
EN HORTICOLE
Japon, mais bien du Brésil, d’où ce Palmier
est originaire (1).
Les quelques recherches que nous avons
faites à ce sujet ne nous ont rien appris non
plus sur l’origine ni sur la plante qui four-
nit ce produit. Mais, quoi qu’il en soit, et
malgré cette lacune assurément regrettable,
ce fait n’est pourtant que très- secondaire ;
l’essentiel, c’est que ce produit, auquel il
faut bien donner un nom afin de s’entendre,
et que nous nommons natte Müller, est,
nous en avons la conviction, appelé à rendre
de grands services à rhorticultore. Du
reste, sous ce rapport, l’essai n’est pas à
faire ; l’emploi qu’en a fait M. Müller et bon
nombre d’autres personnes a prouvé que
cette natte, qui réunit toutes les qualités,
est de beaucoup préférable à tout ce qu’on
connaît en ce genre. On la trouve sous la
forme de lanières longues de 1™ 50 et plus;
elle est des plus souples et des plus douces
au toucher. Quant à sa solidité, elle est telle
que, même sèche, on peut en faire des
(1) Toutes les espèces du genre Raphia habitent
des pays très-chauds. On en rencontre à Java, aux
Moluques, à Madagascar. Quant au Jl. tœdigera,
il se trouve cultivé dans beaucoup de localités tro-
picales ou chaudes, ce qui s’explique par les nom-
breux usages que l’on fait de ses diverses parties.^
LONICERA STANDISHI. — RHAMNUS HYBRIDUS.
14S
ïiœuds, des boucles, etc., absolument
comme on le ferait avec de la ficelle ; on
|)cut également la diviser dans toute sa lon-
gueur en fragments ténus comme des fils,
fjui, néanmoins, conservent une solidité
relativement considérable, et avec lesquels
^n peut attacher, mousser les plantes, etc.,
ainsi qu’on pourrait le faire avec de la
ficelle. Il va sans dire aussi qu’on peut s’en
servir pour lier les greffes, ce à quoi ces
liens sont d’autant plus propres qu’ils sont
très-doux et très-moelleux, ne coupent pas
le bois, et ont aussi cet autre avantage de
se décomposer assez vite pour qu’on n’ait
pas à délier les greffes.
Un dépôt de 7iatte Mïdler existe à Paris,
chez M. Loise-Chauvière, marchand grai-
nier, quai de la Mégisserie, 14. Les per-
sonnes qui se trouvent plus rapprochées de
Strasbourg que de Paris pourront s’adres-
ser dans cette ville à M. Martin Müller,
horticulteur. E.-A. Carrière.
LONICERA
Arbuste vigoureux, buissonneux ; ra-
meaux étalés, à écorce roux brunâtre.
sjcabre par de nombreux poils tuberculeux
presque noirs. Feuilles longtemps persis-
tantes, bien que caduques, opposées, parfois
RHAMNUS
Les froids exceptionnels de l’hiver 1871-
1872, en faisant périr une très-grande quan-
tité d’espèces de plantes à feuilles persis-
tantes que l’on avait considérées comme
rustiques, ont fait connaître celles qui réel-
lement peuvent être considérées comme
telles sous le climat de Paris. Le nombre
est loin d’en être grand, et lorsqu’on a cité
le Buis et les Mahonias (nous ne parlons
pas des Conifères, tels qu’lfs, Thuias, etc.),
STANDISHI
subdistiques, très-courtement pétiolées, el-
liptiques , régulièrement acuminées en
pointe au sommet, coriaces, sèches, sca-
bres, dures au toucher, velues hispides de
toutes parts, surtout lorsqu’elles sont jeunes.
Fleurs se montrant de décembre à mars,
géminées, axillaires, sessiles ou subsessiles,
blanches, légèrement rosées à l’intérieur,
très-odorantes, à odeur fine et très-agréable,
rappelant celle de fleur d’Oranger, mais
plus douce.
Le Lonicera Standishi, Lindl. (fig. 16),
est originaire de la Chine d’où il fut en-
voyé à M. Standish par M. Fortune il y a
une quinzaine d’années environ. C’est un
arbuste qui, à l’avantage d’être peu délicat
et de venir à peu près partout, a celui non
moins grand de fleurir dans une saison où
les fleurs sont rares, et d’embaumer — l’ex-
pression n’est que juste — nos jardins à
une époque où ils sont généralement dé-
pourvus d’intérêt. Aussi, devrait-on en
planter au moins un pied dans tous les jar-
dins. Quant à sa multiplication, on la fait
par boutures avec des rameaux dépourvus
de feuilles, de décembre à février, et on les
pique en pleine terre, comme on le fait
lorsqu’il s’agit de boutures de Groseilliers.
E.-A. Carrière.
HYBRIDUS
on est obligé de s’arrêter, bien que cer-
taines autres espèces puissent être considé-
rées comme assez résistantes. Parmi ces
dernières, on peut compter les Aucubas,
le Buisson ardent {Cratœgus pyracan-
1ha)y etc., mais surtout les Rhamnus in~
termedius, dont nous avons déjà parlé, et sur '
lesquels nous reviendrons prochainement
à propos de quelques formes des plus inté-
ressantes, que nous avons obtenues de semis. ^
149
QUELQUES PLANTES POTAGÈRES
Au nombre des espèces rustiques, et
même très-rustiques, nous pouvons ajouter
celle qui fait le sujet de cet article, le
Rhamnus hyhridus, plante peu connue,
par conséquent rare, tandis qu’elle devrait
se trouver partout; ses feuilles, qui sont
grandes, coriaces, d’un vert très-foncé, per-
sistent tout l’hiver, et ne tombent que du
mois de mars au mois de mai, lorsque de
nouvelles commencent à pousser, de sorte
que les plantes sont toujours vertes. On peut
donc les considérer comme étant à feuilles
persistantes et des plus précieuses, puisque
jamais elles ne souffrent du froid, même
dans les hivers les plus rigoureux^, aussi,
n’hésitons-nous pas à la recommander. Elle
présente cet avantage de croître à peu près
dans tous les sols et à toutes les expositions.
Pour les terrains secs, chauds, effrités et
peu aérés, comme sont en général ceux des
jardins de Paris, c’est une plante de premier
NOUVELLES OU PEU RÉPANDUES.
mérite, qui, sans être comparable au Fu-
sain du Japon, va de pair avec lui, sauf la
rusticité, qui est beaucoup plus grande.
Comme le R. hyhridus ne donne pas de
graines, on le multiplie par couchages, qui,
incisés, reprennent facilement.
En terminant cette note, nous rappelons
et recommandons aussi une autre vieille
plante que l’on néglige beaucoup trop, et
qui pourrait également rendre de très-grands
services : c’est le Buplevrmn fruticosum,
qui, à feuilles persistantes lorsqu’il est jeune,
semi- persistantes lorsqu’il est adulte, est
très-vigoureux, rustique, et supporte bien
la taille, de sorte que, au besoin, on peut en
faire des haies ou des abris. Il a aussi cet
immense avantage de croître à peu près
dans tous les terrains et à toutes les exposi-
tions, et de se multiplier par graines avec
la plus grande facilité.
E.-A. Carrière.
QUELQUES PLANTES POTAGÈRES NOUVELLES
ou PEU RÉPANDUES
Quoique nous ne nous rendions pas un
compte bien exact du peu d’intérêt que l’on
porte en apparence aux légumes, et que la
partie du jardin où on les cultive soit peu
visitée par les propriétaires, sous le prétexte
qu’elle n’est pas agréable à l’œil, nous n’hé-
sitons pas à dire que, à notre point de vue,
un potager bien tenu, dont les planches sont
tirées au cordeau, dans lequel les légumes
sont semés ou plantés en lignes parfaite-
ment espacées les unes des autres, à la dis-
tance qui leur convient eu égard à leur dé-
veloppement, et que la terre est couverte de
beaux produits, bien sarclés et bien entre-
tenus, comme ils doivent toujours l’être,
nous disons qu’un jardin potager dans ces
conditions est non seulement joli, mais très-
intéressant et surtout très-utile, ce qui n’est
pas le moindre mérite. D’une autre part, le
plaisir qu’offre le maraîchage ou l’hortolage
n’est ni moins grand, ni moins varié que
celui que procure la culture des fleurs.
I Comme dans celles-ci, il y a l’imprévu, l’ob-
j servation et l’étude des nouveautés qui ap-
paraissent chaque année. C’est tout particu-
î lièrement l’énumération d’un certain nombre
de ces nouveautés qui va faire l’objet de cet
article, que nous publions en vue d’être
! utile aux lecteurs de la Revue horticole ;
et, conformément au proverbe : « A tout
seigneur, tout honneur, » nous commençons
par celles mises au commerce cette année
par MM. Vilmorin et C*®, marchands grai-
niers à Paris. Les voici par ordre, et avec
quelques détails :
Betterave rouge pyriforme de Stras-
bourg. — Racine moyenne, demi-longue,
en forme de Poire, de couleur très-foncée.
Carotte rouge demi -longue de Luc. —
Variété perfectionnée, cylindrique, obtuse,
ayant la forme de la Nantaise.
Chicorée-Scarole béglaise de Bordeaux.
— Voisine de la Scarole en cornet. Semée
en août, elle a bien passé l’hiver dehors chez
M. Vilmorin, et elle a formé au printemps
une véritable pomme ovoïde, allongée, assez
forte, se coiffant et blanchissant seule.
Chou de Habas hâtif, blond, à pied
court. — Ce Chou est blond et hâtif, et à
pomme ondulée, peu serrée.
Chou-Navet jaune plat hâtif. — Variété
à racines rondes, aplaties; recommandable
pour la culture potagère et jardinière.
Concombre Agourei de Russie. — Va-
riété hâtive, à fruit ellipsoïde, à écorce brun
clair ou mordoré, fendillée de manière à si-
muler une broderie grisaille.
Courge Zapallito du Brésil. — Petite
Courge non coureuse (1), à fruit aplati aux
(1) Cette espèce, dont il a déjà été plusieurs fois
question dans la Revue, et dont nous avons essayé
la culture, nous a toujours donné des plantes plus
ou moins coureuses et même de formes particu-
lières. Nous en avons aussi obtenu d’assez remar-
UUELQUES PLANTES POTAGÈRES NOUVELLES OU PEU RÉPANDUES.
150
deux pôles, à écorce d’une teinte vert gri-
sâtre; chair jaune verdâtre. Nos honorables
confrères, MM. Vavin et Ravenel, ont cul-
tivé cette variété, dont ils ont été satisfaits.
On peut les planter comme les Potirons, à
la distance de 50 à 60 centimètres en plein
carré. Le Zapallilo demande des arrose-
ments.
Dolique corne-de-hélier {Dolichos hicon-
tortus). — Très-curieuse plante japonaise,
à gousses opposées, contournées et dispo-
sées comme les cornes d’un bélier.
Haricot prédome nain rose. — Variété
sans parchemin, à manger frais, cosse et
graine. Très-précoce et très-abondant.
Haricot comte de Vougy. — Une va-
riété déjà ancienne, recommandable pour
en manger les jeunes aiguilles. Ce Haricot
paraît être le même que le Haricot chocolat
de M. Vavin.
Oignon hlanc rond dur de Hollande.
— Variété très-blanche, aussi hâtive et de
même grosseur que l’Oignon blanc hâtif
de Paris, mais plus épais et plus ferme.
Pois remontant hlanc à rames, et Pois
remontant vert à ramesJ — Si l’étiquette
justifie le contenu du sac, c’est assurément
une bonne acquisition de plus pour les jar-
dins potagers que d’avoir des Pois remo7i-
tants. Ces deux races nouvelles ont été com-
muniquées par M. Gauthier à M. Vilmorin;
elles ont le mérite de produire pendant une pé-
riode de temps extrêmement long; elles com-
mencent à fleurir en mêmetemps que les Pois
Michaux, et donnent une production inces-
sante pendant une partie de l’été, aussi bien
sur la tige principale, qui présente souvent
de quinze à seize étages, que sur les ramifi-
cations inférieures qui naissent des nœuds
inférieurs n’ayant pas fleuri. Les gousses
sont ordinairement au nombre de deux à la
maille.
Viennent ensuite d’autres Pois d’origine
anglaise, ainsi que diflerentes variétés de
Pommes de terre des plus recomman-
dables.
Parmi les nouveautés indiquées par
quables que nous essayons de fixer, et dont nous
parlerons à la fin de cette année 1873. Ces résultats
confirment notre opinion sur cette plante, quelle
n’est qu’une variété ou une des innombrables formes
du Cucurbita maxima. Une des principales qua-
lités que présente cette plante est la longue con-
servation des fruits. Ainsi, aujourd'hui, 10 avril,
nous en avons encore qui, extérieurement, ne pré-
sentent aucun signe d’altération : l’intérieur seul
montre quelques taches dans la chair, indiquant
qu’elle a atteint ses dernières limites.
(Rédaction.)
M. Duflot, marchand de graines, quai de la
Mégisserie, n" 2, à Paris, nous extrayons
celles qui suivent :
Betterave rouge noire longue, à feuilles
rouge foncé extra.
Betterave rouge plate d'Egypte. —
Très-hâtive, à chair rouge foncé et sucrée.
Céleri plehi hlane court. — Hâtif, et
blanchissant seul.
Chou-fleur Lenormand à pied court. —
Excellente variété.
Chou-fleur impérial. — De culture fa-
cile sous châssis, et plus précoce que celui
de Lenormand. Le Chou-Fleur impérial »
donne des têtes aussi fortes que celles de ce
dernier; le grain en est bien blanc et serré,
très-uni ; son feuillage est d’un vert pâle,
plus long et moins cloqué ; à la dégustation,
il est moelleux et crémeux, et il n’a pas
l’odeur du Chou, ce qui convient particuliè-
rement aux estomacs débiles. Nous le con-
naissons, et nous affirmons que c’est une
bonne variété.
Concombre long vert grec d'Athènes.
— Excellent, et le plus fécond de tous les
Concombres ; il donne des produits gros et
abondants.
Haricot intestin. — Variété nouvelle,
dont il a déjà été parlé dans la Bevue hor-
ticole, à cosse charnue et mange-tout.
Haricot Bossin. — A très-hautes rames,
classé parmi les mange-tout; d’une très-
grande fertilité, et bon à manger en grains
frais et secs.
Haricot comtesse de Chambord. — Va-
riété déjà ancienne, à grain blanc, et très-
productive.
Laitue Nuheman park wmter cas lat-
tuce. — Laitue romaine anglaise, remar-
quable par sa rusticité et sa grosseur ; à
feuilles douces et cassantes, à pomme très-
serrée.
Laitue romaine pomme en terre. —
Très-bonne pour la culture forcée et pour
la pleine terre.
Laitue reine des Laitues. — Excellente
variété pour la pleine terre.
Laitue Palatine impériale. — Très-
rustique, très-grosse, et d’excellente qua-
lité.
Laitue Bossin. — La plus volumineuse
de toutes les Laitues. Chez nous, elle atteint
souvent le poids de 3 à 4 kilogrammes; elle
est croquante, cassante, et d’un très-bon
goût ; elle est bonne en salade, et très-avan-
tageuse pour cuire.
Mâche verte d'Étampes. — Plus grosse
et plus méritante que la Mâche ronde.
/lo/'/û‘<>7c
BUDDLEIA INTERMEDIA.
Melon Garihaldi. — A fruit rond, petit,
à côtes peu marquées, recouvertes d’une
broderie fine; chair rouge pâle, excellente
et trés-sucrée ; variété hâtive.
Melon Victor-Emmanuel. — Très-bon
fruit, oviforme, peau lisse avec broderies.
' Melon cantaloup de vingt-huit jours. —
Variété déjà ancienne, mais bonne.
Melon camerton court. — Très-bonne
variété à cultiver, de forme oblongue; chair
jaune, nuisquée, croquante et sucrée.
Melon W inter d'Arck green. — De
forme oblongue; bon à cultiver; chair
jaune, juteuse et sucrée.
Melon de Saint-Nicolas. — Fruit oblong,
à chair rouge, sucrée et fondante.
Melon moschatello de la fourmilière. —
Oblong; chair rouge, croquante et su-
crée.
Melon d'Esclavonie. — Bon à cultiver
151
dans les jardins ; chair verte, fine et très-
sucrée.
Radis gris d’hiver de Laon. — Variété
très-recommandable.
Radis gris de Gournay et Radis violet
de Montdidier.
Tomate Trophy. — Variété américaine
et très- prônée, à fruits énormes et d’un
goût exquis.
En publiant ces deux listes de graines po-
tagères nouvelles, nous n’avons qu’un but,
celui de tenir au courant les amateurs de
légumes ; c’est à eux maintenant de choisir
les espèces et les variétés qui peuvent être
adaptées à leur terrain, et qui sont suscep-
tibles d’y prospérer, avec les soins, bien en-
tendu, que ces plantes exigent.
Bossin.
BUDDLEIA INTERMEDIA
Si jamais quelque chose pouvait éclairer
la science, ou mieux ceux qui la servent,
sur la marche et la formation des espèces,
ce serait évidemment la plante qui fait l’ob-
jet de cette note, le Buddleia intermedia.
En effet, issu du B. curviflora, il n’a pour
ainsi dire rien de commun avec sa mère ;
mais, d’un autre côté, il se rapproche du B.
Lindleyana, fait qui explique le qualifi-
catif intermedia que nous lui avons donné.
En venant fondre ces deux types, et consti-
tuant un type secondaire ou moyen, le B.
intermedia démontre ce que sont les types,
et surtout comment ils se forment. Encore
une pierre d’arrachée au bagage des savants,
qui soutiennent l’immuabilité des types,
mais à l’avantage de la science, qu’il ne faut
pas confondre avec ceux qui l’exploitent
tout en s’en disant les ministres. Mais assez
sur cet exposé, dont ceux qui n’ont pas de
parti pris, qui, contrairement à ce dicton
évangélique : « Oculos hahent et non vide-
hunt, j> ont des yeux et veulent voir ,
sauront tirer les conséquences, et arrivons à
la plante qui est figurée ci-contre, et dont,
après avoir fait connaître l’origine, nous in-
diquons les caractères.
Origine. — Cette espèce — c’est avec in-
tention que nous nous servons de cette ex-
pression (1) — fut trouvée par nous dans
(1) En donnant à cette plante la qualification
d’espèce, nous manquons aux règles de l orthodoxie
scientifique, ce qui n’étonnera personne de ceux
un semis que nous avions fait de graines de
B. curviflora au printemps de 1871. Nous
avons obtenu trois plantes d’apparence assez
semblable et qui ne diffèrent que par
des caractères secondaires de peu d’impor-
tance ; l’une, celle que nous décrivons, est
considérée comme tête de la série interme-
dia; les deux autres, sur lesquelles nous
reviendrons plus lard, conserveront la qua-
lification intermedia, à laquelle nous ajou-
terons un sous -qualificatif qui les^ distin-
guera. Pour aujourd’hui, nous allons décrire
celle qui est figurée ci-contre. En voici les
caractères principaux :
Plante buissonneuse, très-ramifiée, à ra-
meaux longuement étalés, tombants. F euilles
un peu plus grandes, mais très-semblables,
pour la forme, l’aspect et la nature, à celles
du Buddleia Lindleyana, à laquelle la
plante ressemble beaucoup, mais d’un vert
plus foncé. Feurs très-nombreuses, plus
fortes que celles du B. Lindleyana, à tube
un peu moins fort et à divisions plus larges
et plus ouvertes, d’un lilas cendré à l’exté-
rieur, violet foncé à l’intérieur.
Pour mettre nos lecteurs à même de com-
parer et de juger, nous avons mis en regard
et en opposition les caractères de la mère et
ceux de son enfant, de manière à en faire
mieux ressortir les différences :
qui connaissent notre opinion sur cette question,
puisque nous sommes coutumier du fait.
152
LE PREMIER ROBINIER INTRêDUIT EN EUROPE.
Jiuddlda curviflora.
Plante vigoureuse et très-
robuste, dressée, à ra-
meaux droits, bientôt lé-
gèrement arqués par le
poids des fleurs.
Végétation très-active,
mais courte, complètement
terminée en juillet-août.
Feuilles très-caduques,
grandes, molles, ellipti-
ques, atteignant jusque
25 centimètres de longueur
sur 4-6 centimètres de lar-
geur , longuement atté-
nuées en une pointe ob-
tuse.
Inflorescence spiciforme,
très - forte, dressée , puis
arquée , à ramifications
robustes. Fleurs très-den-
ses, petites, lilas pâle, par-
fois rosées à l’intérieur.
Capsules toutes fertiles,
très-grosses et très-nom-
breuses (se touchant), et
recouvrant l’axe de toutes
parts, constituant ainsi des
sortes de gros cylindres
très-denses, se séparant en
deux à la maturité qui a
lieu à partir de septembre,
et formant, par suite du
replis des cloisons pariéta-
les, comme deux capsules
ouvertes au milieu dans
toute leur longueur par
suite de l’arrêt de dévelop-
ftement des cloisons, ren-
ermant un nombre consi-
dérable de graines.
Buddleia intermedia.
Plante buissonneuse, dif-
fuse, à rameaux allongés,
relativement grêles, tom-
bants.
Végétation à peu près
continue, ne s’arrêtant
guère que par suite des
fortes gelées.
Feuilles subpersistantes,
relativement très-petites
(8-12 centimètres), coriaces,
luisantes, d’un vert très-
foncé en dessus, glauces-
centes en d(^ssous', étroite-
ment accuminées-aigues.
Inflorescence simple,
grêle, bientôt pendante,
atteignant jusque 50 centi-
mètres et plus de longueur.
Fleurs lilas à l’exterieur,
violacé à l’intérieur.
Capsules fertiles rares,
parfois môme très-rares
(à peine du tiers de la gran-
deur de celles du B. cur-
viflora), distantes, mûris-
sant très-tardivement (no-
vembre-décembre), ovales,
atténuées aux deux bouts,
s’ouvrant en deux au som-
met à l’époque de la matu-
rité, ne renfermant qu’un
très-petit nombre de grai-
nes.
On peut, par ce qui précède, voir, ainsi
que nous l’avons dit ci-dessus, que ces deux
plantes diffèrent considérablement l’une de
l’autre ; que l’enfant n’a presque rien de
commun avec sa mère, dont nous n’hési-
tons pas à le séparer, en lui enlevant son
qualificatif. Mais, pourront peut-être dire
certains partisans de la fixité absolue des
espèces, cette plante est un hybride du B.
curviflora et du B. Lindleyana, dont elle
a tous les caractères intermédiaires, et
même, ce qui suffirait pour le démontrer,
c’est sa presque stérilité. A cela, nous ré-
pondrions que rien n’est moins prouvé que
cette hypothèse toute gratuite ; que s’il fal-
lait considérer toutes les plantes intermé-
diaires comme des hybrides, il n’y en
aurait guère d’autres, attendu qu’il ne peut
y en avoir qui ne soient intermédiaires entre
certaines autres qui appartiennent à un
même groupe donné, puisque c’est là pré-
cisément ce qui constitue ce magnifique en-
chaînement qui a fait dire au grand Linné :
(( Natura non fecit saltum. » D’une autre
part, le caractère de la presque stérilité re-
lative n’est pas non plus une preuve d’hy-
bridité, puisqu’il est commun à beaucoup
d’autres plantes, qu’on considère néanmoins
comme de « bonnes espèces, » et que,
même en se basant sur ce dernier carac-
tère, on serait amené à dire que le B. Lind-
leyana est un véritable hybride, puisqu’il ne
donne à peu près jamais de graines.
Ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de
prendre le B. mtermedia pour ce qu’il est,
' c’est-à-dire pour une bonne plante, et tâcher
d’en tirer parti, sans s’occuper d’où il vient.
C’est plus sage, plus pratique et surtout
moins compromettant.
S’il fallait, pour jouir des choses, savoir
d’où elles viennent, combien en est-il dont
il faudrait nous passer, bien que nous les
regardions comme absolument nécessaires?
Le B. intermedia est très-rustique ; il
sera très-avantageux pour l’ornementation.
En attendant qu’on en ait des graines, on
devra le multiplier de couchages et par bou-
tures. Les premiers qui pourront être faits
en herbacé ou en sec, c’est-à-dire après la
première pousse d’été, ou alors vers la fin
de l’hiver, avant le départ de la végétation,
devront être incisés et faits en terre de
bruyère. Quant aux boutures, on devra les
faire dans le commencement de septembre,
à l’aide de bourgeons semi-aoûtés, que l’on
plantera en terre de bruyère, et qu’on pla-
cera sous cloche.
E.-A. Carrière.
LE PREMIER ROBINIER INTRODUIT EN EUROPE
Parmi les plantes les plus utiles qui ont
été introduites du Nouveau-Monde dans
l’ancien continent, on doit, à cause des avan-
tages nombreux qu’il offre, soit au point de
vue industriel, soit au point de vue orne-
mental, citer en première ligne le Robinier
ou faux Acacia, plus souvent désigné sous le
nom d’ Acacia, et dont l’introduction est re-
lativement récente.
Si nous essayons de rappeler en quelques
mots les différentes qualités de cet arbre.
aujourd’hui répandu dans tous les climats
tempérés ou tempérés-chauds de l’Europe,
où il prospère, ainsi que dans les régions
plus froides, par exemple dans la province
de Smoland, située sous le 57® parallèle, sa
limite septentrionale, mais où il ne fleurit
qu’exceptionnellement, nous voyons que,
comme le Charme, qui ne s’avance guère
plus au nord, le Robinier est des plus rus-
tiques ; qu’il s’accommode des conditions de
sol et d’exposition les plus diverses ; que,
LE PREMIER ROBINIER INTRODUIT EN EUROPE
croissant très-vite, notamment dans les pre-
mières années de sa jeunesse, il arrive ra-
pidement à son développement ultime ; et
enfin que sa haute stature, la beauté de son
port, l’élégance de son feuillage, le nombre,
la disposition et l’odeur agréable de ses
fleurs, en font l’un des arbres d’alignement
les plus précieux; qu'il peut contribuer aussi
pour une large part à la décoration de nos
parcs; et qu’il est enfin, à cause de sa grande
difl'usion, l’objet d’un com-
merce de pépinière considé-
rable.
Ses qualités industrielles le
font ou devraient le faire re-
cbercbei^ davantage encore ;
son bois jaune verdâtre et
marbré, assez joli, mais ne
recevant, malgré sa densité,
que difficilement le poli, et
se fendant facilement , peut
pourtant servir à la fabrica-
tion des meubles d’agrément;
d’une autre part, ce bois ré-
siste très-longtemps à l’ac-
tion de l’air et de l’eau, et
enfin ses feuilles , surtout
celles des variétés inermes,
peuvent servir à la nourriture
des bestiaux.
La plupart des plantes éco-
nomiques ou ornementales
de nos jardins et de nos pro-
menades sont d’introduction
relativement plus nouvelle
qu’on ne pourrait le supposer.
Sans nous écarter beaucoup
du sujet qui nous occupe ,
nous rappellerons que les Pla-
tanes nous ont été apportés
il y a à peine trois cents ans,
l’un, le plus rare, d’Orient,
l’autre, le plus répandu, de
l’Amérique du Nord, patrie
de notre Robinier ; que l’in-
troduction du Marronnier
d’Inde et du Lilas remontent environ à la
même époque.
Le patriarche de tous les Robiniers fran-
çais, que représente la figure 15, et dont
nous donnons plus loin la description, existe
encore au Muséum d’histoire naturelle (1). Il
provient de graines reçues directement en
1601 de l’Amérique du Nord, du Canada ou
(1) Cette figure a été faite en 1869, à l’époque où
le café existait encore ; au pied du Robinia il y avait
un petit terre-plein servant de parterre et entouré
d’un petit treillage très-bas. {Rédaction).
153
de la Virginie, par Jean Robin, professeur
de botanique au Jardin-des-Plantes. L’indi-
vidu qui nous occupe fut planté par Vespa-
sien Robin, en 1636. C’est de cet individu que
sont sortis tous ceux de même espèce qu’on
voit maintenant dans toute la France (2).
A peu près vers la même époque, les An-
glais reçurent aussi de la Virginie des grai-
nes de Robinier, et, comme l’ont fait les
Français, ils ne tardèrent pas à le multi-
plier. De la France d’abord, et de l’Angle-
terre ensuite, ce splendide végétal a été ré-
pandu dans d’autres parties de l’Europe, où
sa présence ne pouvait être trop généra-
lisée.
L’individu qui fait le sujet de cette note,
et dont les graines ont doté la France et
d’autres pays d’une espèce à la lois utile et
(2) Ce fait est très-contestable, puisque, à peu
près en môme temps, le Robinier commun était
introduit en Angleterre d’où les graines se sont ré-
pandues par toute l’Europe. {Rédaction .)
Fig. 16. Robinia pseudoacacacia, premier individu introduit en
Europe, et planté au Muséum d’histoire naturelle.
LE PREMIER ROBINIER INTRODUIT EN EUROPE.
454
élégante, a été planté en compagnie d’au-
tres d’introduction contemporaine ou quel-
que peu postérieure. C’est ainsi qu’on re-
marque entre autres, dans son voisinage,
le premier Styphnolohium Japonicum ou
Sophora du Japon qui ait fleuri en Europe.
Notre Robinier est l’un des nombreux ar-
bres remarquables du Muséum. Planté au
voisinage de l’emplacement qui a été oc-
cupé longtemps par le cale du Jardin, c’est-
à-dire près de la porte de sortie située à
l’extrémité nord des galeries de botanique
et donnant accès rue de Buffon, l’arbre de
Vespasien Robin conserva pendant de lon-
gues années sa vigueur primitive. Mais,
abrité par la cime élevée des arbres vigou-
reux qui se trouvaient, à une époque déjà
un peu reculée, dans son voisinage, et bien
certainement aussi à cause de sa vieillesse,
ce vénérable vétéran, l’une des gloires du
Muséum, périclitait depuis longtemps, et
semblait même marcher rapidement à sa
fin. Ce résultat se serait sans doute produit
depuis plusieurs années, sans les soins dont
il a été l’objet. R est aujourd’hui entouré
d’un beau gazon, et la suppression des
grands arbres qui l’entouraient lui a donné
l’air et la lumière dont il manquait. Plus
aérés, les quelques rameaux vivants qu’il
possède continueront longtemps encore, il
faut l’espérer, à perpétuer les souvenirs
qui se rattachent à son histoire.
Le premier Robinier introduit en France
n’est plus, comme le montre notre gravure,
qu’un arbre tronçonné, plutôt mort que vif,
mais que l’on ne manque pas de visiter, et
qui est entouré du respect et de la vénéra-
tion de tous.
R est difticile de se faire une idée bien
exacte de la forme que présentait cet arbre
au moment où il était dans toute sa vigueur.
Cependant, on peut soupçonner que la forme
générale n’en a peut-être pas été aussi
bonne que celle de la plupart des individus
que l’on rencontre à chaque pas. Toutefois,
il est difficile d’en juger par suite des mu-
tilations nombreuses qu’a nécessitées sa con-
servation.
Sou tronc, dont on a dû couper il y
a plusieurs années la partie supérieure,
mesure à la hase 3 mètres de circonfé-
rence, et 70 à 1 mètre de hauteur. Par
suite du peu de vigueur de l’arbre, consé-
quence du nombre de ses années, ce tronc
s’est extrêmement fendillé ou crevassé. Sa
conservation a nécessité l’emploi du maçon-
nement des parties les plus détério-
rées. Incliné vers le sud, il ne porte plus
que cinq branches, qui ont été consolidées
par des armatures en fer. R n’y a, malheu-
reusement, que les deux branches infé-
rieures qui soient encore vivantes. La pre-
mière est placée sur le côté sud du tronc, et
à l‘“ 30 du sol ; elle a 2'!^ 80 de longueur, et
porte, à un mètre de sa naissance, une assez
forte ramification ; son empâtement a 30 cen-
timètres de circonférence. La deuxième
branche, qui est située à 2"^ 80 du sol, pré-
sente des dimensions une fois plus grandes,
et s’est élevée presque verticalement. A une
époque peu reculée, il s’est développé, à la
partie inférieure du point de naissance de
cette seconde branche, un jeune rameau qui
ne pourra sans doute que croître et pros-
pérer.
C’est à peu près à la même hauteur
qu’existe la base des trois principales bran-
ches. Chacune d’elles mesure environ 1 mè-
tre de circonférence sur près de 3 mètres
de longueur ; elles se dirigent, l’une à
l’ouest, l’autre au nord, et la troisième au
nord-est. Ces trois tronçons, qui témoignent
de la force et de la vigueur que possédait
cet arbre, servent maintenant à consolider
les deux rameaux. Le tronc supporte l’éti-
quette suivante :
ROBINIA PSEUDOACACIA, L.,
Acacia Virginensis spinosa^ Roy.
Amérique septentrionale.
Introduit en France par Jean Robin,
en 1601.
Planté par Vespasien Robin,
en 1636.
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler à
ce propos que notre Robinia pseudoacacia a
produit un grand nombre de variétés qui dif-
fèrent entre elles surtout par leurs organes
de végétation. Quant à l’origine de ces va-
riétés, il est à peu près hors de doute que c’est
dans les semis qui ont été faits qu’elles ont
été trouvées. R ne semble pas, d’après les
flores américaines, qu’on rencontre aux
États-Unis et au Canada ces nombreuses
formes que nos pépiniéristes conservent et
propagent par la greffe; et dans tous les
cas, bien certainement, aucune n’en a été
importée directement Or, comme la souche
de tous nos Acacias vivant maintenant sur
l’ancien continent est Uarbre dont nous nous
occupons (1), c’est, selon toute vraisem-
blance, de lui que sont sorties lesnombreuses
(1) Voir la note à la page ci-dessus.
{Rédaction.'^
LE PREMIER ROBINIER INTRODUIT EN EUROPE.
155
variétés que nous possédons, et dont, à ce
titre, nous nous proposerons d’énumérer
les principales un peu plus loin.
îs’ous trouvons dans ce fait un nouvel
exemple de l’influence pour la production
des variétés : 1» du dépaysement d’une
plante, avec toutes les modifications qu’il en-
traîne ilans les conditions d’existence de
celte plante; 2» de la culture prolongée et
des semis répétés pendant une longue suite
d’années. Nous avons, en effet, affaire ici à
un Robinier identique à ceux qu’on trouve
dans son pays natal, et qui cependant nous
a fourni des individus qui seraient considé-
rés, si on les rencontrait isolément, comme
de bonnes et légitimes espèces. Comment
agissent ces deux causes bien certaines de
modifications: le dépaysement et le semis
répété? C’est là une question fort obscure,
et dont la solution ne nous paraît pas en-
core près d’étre trouvée. On a parlé aussi,
au sujet de la production de ces formes nou-
velles de Robinier, de l’hybridation. Mais il
ne faut entendre ce mot d’hybridation que
dans le sens vague que les jardiniers lui
donnent trop souvent, et qui n’a rien de
précis ni de scientifique. Pour qu’il y ait
hybridation, il faudrait l’influence d’un
pollen étranger. Et d’où serait venu ce pol-
len ? On ne s’est jamais donné la peine de
le dire.
Nous croyons utile, pour compléter cette
notice, de rappeler ici les principales varié-
tés que l’arbre de Robin a produites ; ce sont :
1** Le R. inermis. Arbre aussi élevé que
le type de l’espèce, et caractérisé, ainsi que
son nom l’indique, par ses rameaux iner-
mes. C’est un fort bel arbre, connu aussi
dans les collections scientifiques et dans les
pépinières renommées sous le nom de R.
spectahilis. Le R. Utterharti, obtenu en
1843 par M. Utterhart dans un semis de
Robinier ordinaire, plante assez ré}>andue
dans les jardins, doit êtr e sans doute rat-
taché au précédent à titre de synonyme. Ce
Robinier d’Utterharl fleurit et fructifie
abondamment ; mais les individus qui nais-
sent de ses graines retournent tous à l’es-
pèce. C’est, ainsi que le R. inermis, un
excellent fourrage. Dans ce but, on le greffe
à rez de terre, ainsi que M. Rriot l’a indi-
qué le premier. Dans ces conditions, le Ro-
binier inerme peut donner deux coupes dans
1 année. Ainsi cultivé, il peut former aussi
d’élégants buissons qui, plantés isolément
sur les pelouses et autres parties acciden-
tées des jardins paysagers, ne sont pas sans
effet.
2» Le R, crispa. Grand arbre dont pres-
que toutes les folioles, surtout celles des
rameaux adultes, sont plus ou moins ondu-
lées ou crispées. L’individu qui représente
cette forme à l’école de botanique du Mu-
séum diffère de la variété type en ce que,
seules, les folioles supérieures des feuilles
présentent ce caractère, les trois ou quatre
paires inférieures restant entières.
3" Le R. umhraculifera. C'est le Robi-
nier inerme de Dumont de Courset, et celui
aussi qui est vulgairement désigné sous le
nom d’ Acacia parasol. C’est un arbre de
moyenne grandeur, à port caractéristique, et
principalement recherché pour l’ornement
des jardins paysagers; ses rameaux, peu
étalés et extrêmement touffus, forment un
ombrage presque impénétrable aux rayons
du soleil. Cette qualité le fait aussi recher-
cher dans les grands jardins réguliers pour
la plantation des contre-allées. Cultivé à rez
de terre, il peut aussi, comme le Robinier
inerme, servir à l’alimentation des bes-
tiaux.
4» Le R. tortuosa, ainsi nommé à cause
de la forme tortueuse de ses rameaux, qui
se subdivisent à chaque pousse. C’est un
arbre de moyenne grandeur, et générale-
ment peu répandu.
Telles sont les formes du Robinier les plus
anciennement connues, et que de Candolle a
signalées dans son Prodrome. A ce nombre,
il faut ajouter les suivantes, obtenues plus
récemment, et qui compléteront la série des
variétés les mieux caractérisées :
5" Le R. pyramidalis, R. stricta ou en-
core R. fastigiata. Grand arbre introduit
dans les pépinières de M. A. Leroy, d’An-
gers, en 1839; extrêmement curieux par
ses rameaux dressés, qui lui donnent l’ap-
parence extérieure du Peuplier d’Italie,
avec lequel on le confondrait, surtout l’hi-
ver. L’exemplaire de l’école botanique du
Muséum est sans contredit l’un des plus re-
marquables, soit par sa forme, soit pour sa
hauteur. Planté en 1843 par M. Pépin, il
fleurit pour la première fois en 1853, et
donna un certain nombre de graines ; celles-
ci, au nombre de vingt-trois, furent semées
en 1854. Dix-sept de ses graines ont produit
autant d’individus, qui ont répété le type
plus ou moins exactement. En 1859, l’indi-
vidu de l’école de botanique mesurait en-
ron 17 mètres ; aujourd’hui sa hauteur dé-
passe 20 mètres.
00 Le i\. Decaisneana , décrit et figuré dans
la Revue horticole de 1863. Variété très-vî-
goureuse, dont le développement ne le cède
LES CATALOGUES.
156
pas au Robinier ordinaire. C’est, on le sait,
une forme récente obtenue par M. Yille-
velle, pépiniériste à Manosque (Basses-
Alpes), où elle fleurit pour la première fois
en 1862. Mais ce qui fait surtout le mérite
de cet arbre n’est pas tant sa vigueur que
l’abondance de ses fleurs rose clair ou plus
ou moins foncé, selon le lieu où il est
planté. Cette coloration rose dans un type à
fleurs blanches est une exception singulière.
On ne connaît, en effet, qu’un très-petit
nombre d’espèces à fleurs blanches ayant
produit des variétés à fleurs colorées. Ci-
tons, parmi celles qui nous reviennent à la
mémoire, le Muguet, le Lis, et très-ré-
cemment décrits le Fr ag aria roseiflora,
qui n’est, selon toute apparence, qu’une va-
riété du Fraisier ordinaire.
7» Le R. monophylla, obtenu vers 1855
par un pépiniériste de Maine-et-Loire,
M. Deniaux. Cette singulière forme a fleuri
au Muséum pour la première fois en 1864.
Elle est assez inconstante, et dans la grande
généralité des cas, ses feuilles présentent
plusieurs folioles.
Il nous reste, outre ces variétés, qui,
nous le répétons, sont les mieux caractéri-
sées, à rappeler d’autres formes de moindre
importance, et cela moins pour l’apprendre
à nos lecteurs que pour montrer combien a
varié le siège sur lequel ont porté les modi-
fications que le type a subies. Nous mention-
nerons donc encore les Rohinia patula,
simple forme de Vumbraculifera, mais à
rameaux plus étalés; le il. microphylla, et
par opposition, les R. sophorœfolia, ma-
crophylla et edwardsiœ folia, que carac-
térisent leurs folioles ; \e R. dissecta, dont
les folioles sont pour ainsi dire réduites
leur nervure principale ; le R. bullata, à
folioles boursouflées ; le R., ordinaire, à
feuilles panachées de blanc, et un autre de
jaunâtre; le R. inermis, var. pendula ; le
R. jaspidea, dont le bois est véritablement
jaspé ; les R. cornigera, à tiges armées de
forts aiguillons ; monstrosa, à rameaux
plus ou moins déformés ou fasciés ; le R.
p)seudoacacia, à fleurs blanc jaunâtre, et
enfin le R, latisiliqua, caractérisé par seè.
larges siliques.
On voit, d’après l’énumération qui pré-
cède, que presque tous les organes de la vé-
gétation sont devenus, dans le Robinier, le
siège de modifications souvent nombreuses,
et que les organes de la fructification eux-
mêmes, fleurs et fruits, n’ont pas échappé à
la variation.
B. Yerlot.
LES CATALOGUES
Parmi les catalogues parus depuis le der-
nier numéro de la Revue horticole, nous
citons en première ligne celui de M. Le-
moine, horticulteur à Nancy, sur lequel
nous trouvons indiquées les nouveautés énu-
mérées ci-après, qui seront mises au com-
merce à partir du avril 1873. — En
plantes de serre chaude : Clorophyton pro-
digiosum foliis variegatis; Iresine Lin-
deni foliis aureo reticulatis. — En plantes
de serre tempérée : quatre variétés de Bé-
gonias nouveaux, hybrides du B. Veitchi,
Sedeni et Pearci, fécondés les uns par les
autres ; un Pélargonium à grandes fleurs :
Marie Lemoine; six variétés de Pélargo-
niums zonales à fleurs simples ; trois Yéro-
niques frutescentes issues des V. decussata.
— En plantes vivaces : deux Delphiniums à
fleurs pleines ; cinq variétés de Phlox de-
cussata; trois variétés de Pyrèthres. Enfin,
un arbuste, le Syringa vulgaris aurea.
Nous extrayons ces quelques nouveautés du
catalogue général que vient de faire paraître
M. Lemoine, sur lequel on trouvera un
nombre considérable d’autres plantes inté-
ressantes, que nous ne pouvons citer.
Sur le catalogue de MM. Thomas-Gripps
et Son, marchands grainiers, fleuristes et
pépiniéristes à Tunbridge-YVelles (Kent),
pour 1873, que nous venons de recevoir,
nous trouvons indiqués, d’abord un assorti-
ment complet de Conifères de toutes dimen-
sions, puis une belle collection d’arbres,
d’arbrisseaux et d’arbustes à feuilles ca-
duques et à feuilles persistantes, parmi les-
quels nous remarquons les suivants : Ber-
beris empetrifolia, Citrus triplera, Coto-
neaster Sikkimensis, les Daphné collina
Fioniana, elegantissima, Fortunei, Embo-
thrium coccmeum, Fremontia califor-
nica (1), Genista tinctoria flore qjle?io,
Maakia Amurensis, Phlomis Russeliaiia.
En outre de ces quelques espèces, on trouve
dans cet établissement des collections de
plantes diverses, soit de serre, soit de pleine
terre, de plantes grimpantes, de plantes de
terre de bruyère, etc., etc.
(1) Voir Revue horticole, 18(37, p. 31.
157
DES MASTICS OU CIRES
Le catalogue pour 1873 de M. Berlhier-
Rendatler, horticulteur à Nancy, qui vient
de paraître, contient d’abord l’énumération
des plantes nouvelles que cet établissement
annonce pour la première fois, comprises
dans les genres Pblox, Pélargoniums à
fleurs doubles et à fleurs simples. Ver-
veines, etc.; puis viennent les Dahlias, les
plantes à feuillage ornemental, les plantes à
bordures, les plantes de serre chaude ; des
collections variées de plantes de pleine
terre, etc., etc.; de Pivoines herbacées. Pi-
voines en arbre, etc., etc.
Trois autres catalogues pour 1873 nous
parviennent de Nancy, cette ville qui, en
France, est pour l’horticulture l’analogue
de ce que la ville de Gand est pour la Bel-
gique. L’un est de M. Lhuillier, horticul-
teur, faubourg Saint-Pierre. B est particu-
lier aux plantes nouvelles de pleine terre et
de serre froide, aux plantes de serre chaude,
aux plantes vivaces et arbustes de pleine
terre, telles que Pentstémons, Phlox, Œillets
de diverses sortes, etc., etc. On y trouve
aussi des plantes pour la garniture des mas-
sifs d’été, tels que Pélargoniums, Ver-
veines, Cannas, Pétunias, etc.
En tête du catalogue de M. Crousse, horti-
culteur, faubourg Saint-Stanislas, se trouvent
indiquées et décrites deux nouveautés obte-
A GREFFER A FROID.
nues de semis dans son établissement; ce
sont deux variétés très-remarquables de Pé-
largoniums zonales à fleurs doubles : le pre-
mier, Alice Crousse, est «c une plante toute
naine, excessivement florifère, s’élevant à
peine à 20 centimètres; i> les fleurs sont d’un
blanc légèrement saumoné ; le deuxième,
M. Crousse, est à fleurs doubles pourpres.
« C’est une plante extra- naine, des plus
florifères ; le pied de semis a donné sa pre-
mière ombelle de fleurs à la taille de 15 cen-
timètres de hauteur... » On trouve égale-
ment dans l’établissement de M. Crousse
des assortiments de plantes de serre chaude
et de serre froide, ainsi que des collections
soit de plantes vivaces, soit d’arbustes de
pleine terre, tels que Pivoines, Phlox, Pents-
témons, Primevères, Rosiers, Weigelia,
Yucca, etc., etc.
Le troisième catalogue est de M. Rœm-
pler, horticulteur, rue des Jardiniers. 11 est
d’abord particulier aux plantes de serre
chaude et de serre froide, dont les collec-
tions sont nombreuses et variées. Les Pé-
largoniums, les Lantanas, Verveines, Hé-
liotropes, Pétunias, les Delphiniums, les
Œillets remontants et autres, les Phlox,
Clématites, etc., etc., sont également cul-
tivés sur une vaste échelle.
E.-A. Carrière.
DES MASTICS OU CIRES A GREFFER A FROID
Il n’est personne qui, pour peu qu’il s’oc-
cupe de jardinage, n’ait eu l’occasion d’ap-
précier le grand avantage que présentent les
mastics ou cires à greffer à froid. D’abord,
on peut les avoir constamment sous la main,
et s’en servir à chaque instant et sans ap-
prêt, ce qui n’est pas pour ces mêmes in-
grédients, qui ne s’emploient qu’à chaud.
En effet, n’aurait-on qu’une greffe à faire,
on est obligé d’allumer le feu et d’attendre
que la cire soit arrivée à un état de liqué-
faction convenable pour l’employer. D’une
autre part, il peut aussi arriver que le li-
quide soit trop chaud et que l’on brûle les
tissus, surtout s’ils sont herbacés. Avec les
mastics à greffer à froid, on n’a à craindre
aucun de ces inconvénients, ce qui explique
leur emploi de plus en plus grand, et aussi
les différentes sortes que l’on a vu surgir
depuis environ une vingtaine d’années. Les
inventeurs, qui sont assez nombreux, sont
tous, ou à peu près tous, brevetés s. g. d. g.;
mais à peu près tous aussi, même ceux qui
n ont pas pris de brevet, tiennent leur dé-
couverte secrète, de sorte qu’il faut tou-
jours recourir à eux, ce qui a parfois son
mauvais côté ; par exemple, si l’on est loin
d’un dépôt de mastic et que l’on en ait
besoin de suite, il faut parfois attendre plus
ou moins longtemps, ce qui peut être une
cause d’ennuis, parfois aussi une perte de
temps, toutes choses aussi que l’on pourrait
éviter si l’on pouvait, à volonté et à ses
heures, faire soi-même son mastic.
Si l’on examine les différents mastics au-
jourd’hui en usage, on reconnaît de suite,
soit à la couleur, soit à la nature, soit à ces
deux choses, qu’ils diffèrent les uns des
autres, que par conséquent la composition
n’est pas identique, ce qui démontre qu’on
peut arriver à des résultats analogues par
des procédés différents, ce qui toutefois ne
veut pas dire que tous ces produits se va-
lent. Aussi, croyons-nous qu’il est bon de
faire connaître ce que l’on sait à ce sujet,
quand, bien entendu, on ne fait pas de cette
chose une spéculation.
Disons d’abord que l’alcool est indispen-
DES MASTICS OU CIRES A GREFFER A FROID.
158
sable à tous pour faire dissoudre les ma-
tières résineuses et les matières grasses qui,
toujours, entrent dans les mastics à greffer
à froid.
Nous trouvons dans le dernier Bulletin
d'arboriculture, de ftoriculture et de cul-
ture potagère (organe du Cercle d’arboricuU
ture de Belgique), numéro de février 1873,
l’indication d’une recette que nous croyons
devoir reproduire sans y rien changer. La j
voici avec son titre :
Mastic à greffer à froid. — Notre confrère,
M. Rademaekers, de Maeseyck, a bien voulu
nous communiquer la composition suivante :
Colophane brune 36ü&r
Axonge 60
Alcool à 39 degrés. ... 80
On fait fondre à une douce chaleur les deux
prenjières substances ; on ôte le vase du feu; on
ajoute l’alcool par parties et le plus proniple-
ment possible, en remuant continuellement avec
une spatule on un couteau, et on verse le mé-
lange dans une boîte en fer-blanc fermant bien.
Nous avons dit plus haut que les mastics
à greffer que l’on trouve dans le commerce
sont de natures différentes ; on va en avoir
la preuve dans la composition de celui dont
nous venons de parler, si on la compare
avec celui que nous allons faire connaître.
Commençons par dire que nous ne som-
mes pas l’inventeur de ce mastic ; nous en
devons la connaissance à M. Charles Wim-
berger, jardinier, né à Pesth, et qui dans
ce moment travaille avec nous dans les pé-
pinières du Muséum. En voici la composi-
tion (1) :
Colophane »gr
Suif 5) 225
Térébenthine .... » 65
Alcool » 500
. Voici comment on opère :
On prend un vase en fonte, en fer, en
zinc, etc., mais toujours plus grand que la
masse que doivent produire les diverses subs-
tances réunies, car lorsqu’elles sont en ébul-
lition, elles augmentent de volume, « mon-
tent, J) comme l’on dit. Après avoir mis ce
vase sur le feu, on y verse d’abord la colo-
phane, qui, de solide qu’elle était, ne tarde
pas à entrer en fusion; alors on y ajoute le
suif, et l’on agile avec une baguette ou une
spatule en bois pour accélérer la fusion.
Lorsque le tout est complètement fondu, on
verse la térébenthine, en ayant soin de tour-
ner avec la spatule afin de bien mélanger
les substances. Quand la liquéfaction est
(1) Ce mastic est employé en Hongrie depuis
plusieurs années.
complète, que le tout est bien bouillant,
c’est alors qu’on ajoute l’alcool, mais par
très-petites parties, et en ayant soin détour-
ner continuellement et même vivement, car
il se produit une dilatation subite, une sorte
d’effervescence analogue à ce qui se passe
lorsque du lait entre en ébullition. A partir
du moment où l’on commence à mettre l’al-
cool, on peut ralentir le feu, et l’on peut
même ôter momentanément le vase, que
l’on maintient à une petite distance -du
foyer. Il faut éviter que la matière s’en-
flamme, car c’est toujours à son détriment,
puisqu’une partie de l’alcool se consume.
Cependant, et malgré toutes les précautions
I que l’on peut prendre, le feu prend parfois.
Dans ce cas, on ferme de suite le vase à
l’aide de son couvercle, ou l’onsoufle sur le
liquide afin d’éteindre la flammé, et au be-
soin on enlève le vase. On ralentit le feu de
plus en plus, et l’on continue à verser par
parties tout l’alcool, en agitant toujours.
L’opération est alors terminée, et il ne reste
plus qu’à verser le liquide dans des vases
ou dans des boîtes, que l’on ferme soit avec
un bouchon, soit avec toute autre chose,
de manière à le préserver du contact de
l’air.
Le mastic dont nous venons de parler est
bon, conserve sa ductilité, ce qui en rend
l'emploi facile. Il a une consistance conve-
nable, et durcit suffisamment à l’air, sans
devenir cassant.
On a pu voir, par la différence de compo-
sition des deux mastics dont il vient d’être
parlé, qu’il n’y a sous ce rapport rien d’ab-
solu ; mais aussi qu’il y a sans doute encore
beaucoup d’essais à faire, « de la marge, y>
comme l’on dit, pour arriver à la perfec-
tion ; d’où nous concluons que chacun devra
tenter des essais, soit pour améliorer la qua- i;
lité de ces mastics, soit pour en diminuer le
prix de revient, soit surtout pour obtenir
ces deux résultats. On pourra donc essayer
s’il n’y aurait pas avantage à remplacer la
colophane par de la résine, le suif épuré par
de la graisse plus commune, y ajouter un
peu de cire, diminuer ou même supprimer la
térébenthine, etc. Ce que l’on peut faire assu-
un produit très-analogue, moins cher, l’ar-
canson, par exemple, et même, peut-être,
par celui de deuxième qualité. Enfin, nous
ne saurions trop répéter que le champ est
large, et que chacun peut et doit exercer
son intelligence. En tenant compte des pro-
cédés que nous avons indiqués, on peut être
à peu près assuré de réussir. On doit toute-
QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES BAMBOUS.
fois agir prudemment, n’expérimenter que
sur de faibles parties, jusqu’à ce que l’on ait
trouvé une bonne formule.
Lorsque le mastic est refroidi, si l’on
s’aperçoit qu’il n’a pas les qualités que l’on
désire, il ne faut pas le considérer comme
perdu pour cela ; on peut le modifier en le
mettant de nouveau sur le feu, et en y ajou-
tant les substances capables de lui commu-
niquer les propriétés qui lui manquent, par
159
exemple un peu de graisse ou suif, si l’on
reconnaît qu’il est trop sec ou cassant; de la
résine si, au contraire, il manque de soli-
dité, ou de l’alcool s’il est trop consistant. Il
va sans dire que, dans ce cas, l’on doit de
nouveau faire bouillir et remuer constam-
ment, afin que toutes les substances se mé-
langent et forment une masse aussi homo-
gène que possible.
E.-A. Carrière.
QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES BAMBOUS
Les Bambous continuent à attirer tout
particulièrement l’attention des amateurs,
ce qui toutefois n’a pas lieu de surprendre
lorsqu’on connaît tout le mérite ornemental
qu’ils présentent, et qu’on sait quel est
l’avantage qu’on peut en retirer à ce point
de vue, ce qui explique les fréquentes publi-
cations, sur les différents organes horticoles,
d’articles au sujet de ces plantes. Malheureu-
sement la plupart des Bambous sont si mal
connus, et la synonymie en est tellement
embrouillée, qu’il est difficile de s’entendre.
Aussi arrive-t-il fréquemment qu’une des-
cription faite pour une espèce quelconque
pourrait s’appliquer à la plupart des autres
espèces. Il en est absolument de même des
synonymies; de sorte que, malgré tous ces
articles écrits avec l’intention d’éclaircir
cette question, on est bien obligé de recon-
naître qu’elle s’embrouille d’autant plus
qu’on y touche davantage.
Ces réflexions nous sont suggérées par la
lecture d’un article que nous avions lu sur
le Gardener^s Chronicle du 14 septem-
bre 1872, et qui a été reproduit dans le
Journal de la Société centrçile d’horticul-
ture de France, numéro d’oeiobre, page 614,
sous ce titre : Les Bambous rustiques. Ce
litre, qui est loin d’être exact, du moins
pour notre pays, peut même être préjudi-
ciable, en laissant croire à la rusticité de
certaines espèces qui y sont décrites. Dans
cet article, qui est de M. Fenzi, de Florence,
plus de vingt espèces sont énumérées et dé-
crites, parmi lesquelles il en est un certain
nombre qui sont loin d’être rustiques sous
le climat de Paris ; tels sont : les Bamhusa
verticillata , gracilis, falcata, scripto-
ria, glaucescens, distorsa, etc., etc. Il en
est même parmi les espèces que nous
venons de citer qui s’accommodent très-
bien d’une serre tempérée et même d’une
serre chaude, fait qui justifie notre dire,
que le titre Bambous rustiques est mauvais.
Si, pour le justifier, on dit que ce titre est
exact à Florence, il fallait indiquer qu’il
s’appliquait à ce pays, ou signaler les ex-
ceptions qui se montrent sous le climat de
Paris. Ceci n’est pas une critique que nous
faisons, c’est une simple observation.
Nous avons parlé ci-dessus de synonymies
inexactes ; en voici une que nous croyons
devoir indiquer : elle se rapporte au B. Si-
monii, espèce des plus distinctes et qu’on
ne peut confondre avec aucune autre, qui
a été envoyée de la Chine au Muséum il y a
déjà bon nombre d’années, par M. Eugène
Simon, à qui nous l’avons dédiée. Relative-
ment à cette espèce, voici ce qu’écrit
M. Fenzi :
« Bambusa Simonii ou Maximowîczii.
Celui-ci paraît avoir été introduit en même
temps, en France par M. Eugène Simon, à
Saint-Pétersbourg par M. Maximowicz. Il
sera sans doute très-rustique, sa patrie
étant la Mandchourie. Bien qu’il n’en pos-
sède encore que de très-jeunes pieds,
M. Fenzi présume qu’ils arriveront aux di-
mensions du Bambou doré. »
Il y a dans ce que nous venons de rap-
porter des inexactitudes capitales que nous
croyons devoir faire ressortir. Le B. Si-
monii est une espèce essentiellement chi-
noise, excessivement traçante, qui appar-
tient à la division spathacée, que nous avons
établie dans l’essai de classification que nous
avons fait sur les Bambous (1). C’est une
plante très-buissonneuse par la multiplicité
considérable de ses ramifications, et qui,
nous le répétons, n’a rien de commun avec
aucune autre espèce. Le B. Maximowiczii,
au contraire, rentre dans notre division nu-
dicaule. C’est une espèce dont la végétation
et le faciès ont assez d’analogie avec la série
des B. aurea ; — c’est, du moins, ce qu’on
peut juger d’après les faibles échantillons
(1) Voir le Livre de la ferme, 1865, pp. 121,122.
iGO PRUNUS OBOVALIFOLIA. — PLANTES MÉRITANTES, NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
que l’on possède dans les cultures ; — les
feuilles sont liserées de blanc jaunâtre, ce
qui lui donne une certaine ressemblance
avec une autre plante qui est également peu
connue, et qui a été aussi introduite récem-
ment sous les noms de B. striata et viridi-
stria. Ajoutons que les deux espèces ont
été introduites à des époques différentes,
puisque, tandis que nous possédons le B.
Simonii depuis une douzaine d’années en-
viron, nous n’avons que des jeunes plantes
du B. Maximowiczii ; — et, ainsi qu’on
peut le voir, que M. Fenzi est absolument
dans le même cas que nous, — ce qui
semble démontrer que les deux plantes n’ont
pas (L été introduites en même temps, d Du
reste, ce qui suffirait à établir que la syno-
nymie qu’en fait M. Fenzi est inexacte, c’est,
ainsi que nous l’avons déjà dit, que ces
plantes sont complètement différentes. Tou-
tefois, nous croyons devoir ajouter que, en
écrivant cette note, notre intention n’est pas
de critiquer en quoi que ce soit l’article de
M. Fenzi, mais seulement de chercher à
éviter de nouvelles confusions dans la série
des Bambous, où déjà elles sont très-nom-
breuses, et de montrer combien il faut être
réservé dans l’établissement des synonymies
que l’on fait des espèces.
E.-A. Carrière.
PRUNUS OBOVALIFOLIA
Malgré que la plante qui fait le sujet de
cette note sorte du Prunus spinosa, nous
ne lui en donnons pas le qualificatif, par
cette raison qu’elle n’en a pas les caractères
et parce que, ainsi que nous ne saurions trop
le répéter, nous sommes un ennemi très-dé-
claré de ces filiations boiteuses, qui, n’ayant
souvent plus rien de commun que le nom, ne
servent qu’à embrouiller l’étude des végé-
taux, qui déjà laisse tant à désirer pour la
clarté. — Le P. ohovalifolia est issu d’un
noyau du P. spinosa, semé par nousenl865.
C’est un arbre vigoureux, à tige très-droite,
non épineuse ; ses branches, complètement
inermes, sont étalées; ses rameaux, longs
et vigoureux, ont l’écorce rousse, bien lui-
sante. Feuilles très-rapprochées, étalées à
angle droit, sur un pétiole d’environ 15 mil-
limètres, roux brun comme l’écorce ; très-
largement obovales, arrondies au sommet;
brusquement atténuées à la base, coriaces,
sèches, à peine dentées, d’un vert gai en
dessus, plus pâles en dessous. Fleurs nom-
breuses, blanches, un peu plus grandes
que celles du P. spmosa, bien ouvertes.
Fruit de 2 centimètres de diamètre, légère-
ment allongé, d’un violet noir pruineux,
mûrissant dans la première quinzaine d’août,
persistant longtemps sur l’arbre après être
mûr. Chair adhérente, pulpeuse, verdâtre,
très-astringente. Noyau ovale, elliptique,
aplati sur les deux faces. Queue d’environ
15 millimètres de longueur.
La première fructification du P. ohovali-
yolia a eu lieu en 1872 ; l’arbre était donc
âgé de sept ans. Si, par son fruit, cette
plante n’est pas digne d’entrer dans nos col-
lections fruitières, elle n’en est pas moins
des plus remarquables au point de vue scien-
tifique, en nous montrant qu’elle a pu, ou
plutôt qu’elle a dû être l’origine de ceux-ci.
Insister sur ce fait serait au moins inutile,
puisque nous ne parviendrons pas à con-
vaincre certaines gens habitués à suivre re-
ligieusement les traditions. Au lieu de dis-
cuter, nous citons des faits, laissant à chacun
le soin d’en déduire les conséquences qu’il
voudra. E.-A. Carrière.
PLANTES MÉRITANTES, NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES
Nœgelia Margarita. — De toutes les va-
riétés à fleurs blanches que comprend le
beau genre Naugelia, il n’en est aucune qui
puisse rivaliser avec le iV. Margarita ob-
tenu par M. Desmoulins , jardinier chez
M. Binder, àl’Ile-Adam, par la fécondation
du N. amahilis avec le N. alba liUescens.
Sa vigueur est bonne ; ses feuilles très-ve-
lues, comme celles de tous les Nægelias,
sont grandes, irrégulièrement dentées-cré-
nelées, d’un vert pâle ainsi que la tige, ou
à peine légèrement ferrugineuses, mais non
rouge zoné ou zébré, ainsi que cela est par-
ticulier à beaucoup d’espèces de ce genre.
La tige florale se tient très-bien. Quant aux
fleurs, qui sont grandes et d’un blanc pur,
elles sont rapprochées, inclinées, pendantes,
formant ainsi un épi conique, compact,
d’un très-joli effet. Gomme tous les Næge-
lias, celui-ci fleurit à partir de septembre-
octobre jusqu’à la fin de l’hiver. C’est une
plante de premier mérite pour l’ornement
des serres chaudes.
Clemenceau.
Orléans, imp. de G. Jacob, Cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine d’avril)
Transformation du Radis sauvage en Radis cultivé. — Nécrologie: M. Ysabeau. —Catalogue pour 1873 de
M. Rougier-Cliauvière. — Les serres du jardin d’acclimatation. — Propriété du Pleris aquilma. —
L’hiver au Japon : correspondance de M. Léon Sisley. — Le nouveau marché aux Heurs du boulevard
de Clichy. Genre de YAgeratimi Lasseauxii. — Un nouveau procédé de la destruction des chenilles.
— Statuts de la Société française depornologie. — M. Delchevalerie à l’Exposition de Vienne : compte-
rendu de l'Exposition des produits de l’horticulture. — Mise en vente du troisième volume du Diction-
naire de pomologiCy par André Leroy. — Ouverture du cours de M. Decaisne, professeur au Muséum.
— Nouveautés mises dans le commerce par M. Chatté, horticulteur. — V Aponogeton distachyum. —
La Patate blanche : lettre du docteur Sacc. — Les maladies des Merisiers. — La Natte Müller. — Sin-
gulière Horaisond’un Camellia albaplena.
Un des principaux caractères de la vé-
rité, c’est d’ètre au-dessus de tout ce qu’on
peut lui opposer ; aussi, quand on en a dé-
couvert une, n’a-t-on pas à se préoccuper
de sa défense ; le temps s’en charge : il suffit
de la proclamer.
Tous ces dires sont applicables à ce que
nous avons avancé sur la transformation du
Radis sauvage en Radis cultivé ; aussi, bien
que nous ayons été combattu par des hommes
puissants, le temps nous a donné raison; et
aujourd’hui, ce n’est pas un simple ouvrier
comme nous qui proclame le fait que nous
avons avancé; c’est une célébrité scientifi-
que, un véritable savant qui étudie, observe
et descend dans le jardin, où il expéri-
mente, contrairement à certains autres qui,
s’appuyant de leur nom et comptant sur l’opi-
nion publique et la réputation qiCon leur a
faite, se contentent de dire doctoraîeinent :
— et cela sans sortir de leur cabinet —
c( Cela n’est pas, » ce qui pourtant n’est pas
suffisant, la négation n’étant pas une preuve
de la vérité.
On trouvera plus loin, page 172, un ar-
ticle extrait d’un recueil allemand par
M. Duchartre, et reproduit dans le Jour-
nal de la Société centrale d'horticulture
de France, qui démontre que, encore une
fois, nous avons raison contre la science
officielle.
— Nous avons le regret d’annoncer la
mort d’un de nos collaborateurs à la Revue
horticole, de A. Ysabeau, décédé à Paris,
le 21 avril, à l’âge de 73 ans. C’était un
écrivain des plus instruits, et qui aimait
beaucoup les plantes ; aussi, ses prome-
nades favorites étaient-elles les jardins, celui
du Muséum surtout, qu’il fréquentait depuis
sa jeunesse; et c’était avec un véritable bon-
heur qu’il en parlait, lorsque, vieux et in-
firme, il ne pouvait plus y aller : il était alors
heureux de souvenirs, et rien n’était plus
1er mai 1873.
agréable pour lui que de parler de cet éta-
blissement et de rappeler le nom des per-
sonnes qu’il y avait connues. Il a publié un
bon nombre d’ouvrages sous des pseudony-
mes; le dernier, bien connu de nos lecteurs,
a pour titre: Les Champignons, par Jules
Remy.
— Nous avons sous les yeux le catalogue
prix-courant, pour 1873, que vient de pu-
blier M. Rougier-Chauvière, horticulteur,
152, rue de la Roquette, à Paris. Nous
sommes heureux de constater que cet éta-
blissement est toujours l’un des mieux as-
sortis, en plantes de serre particulièrement.
C’est le seul, à Paris, où aujourd’hui il est
possible de trouver ce qu’on peut appeler
des (C collections générales, » et qui a con-
servé une foule de (C vieilles » espèces dont
le temps n’a pu effacer la beauté, et qui,
malgré la mode, sont toujours recherchées
des amateurs ; ce qui, toutefois, n’empêche
que l’on peut se procurer là toutes les nou-
veautés, car M. Rougier n’est pas seulement
horticulteur; il aime passionnément les
plantes, ce qui explique comment son éta-
blissement est toujours si bien pourvu.
Ainsi, nous citerons comme exemple une
seule section, celle des plantes grimpantes
de serre, toujours si recherchées : elle ne
contient pas moins de quarante genres, com-
prenant plus de cent cinquante espèces. De
ce nombre sont les Bignonia, Bougainvil-
lea, Comhretum, Hoya, Jasminum, Ber-
heridopsis, Kennedia, Lapageria, Man-
devillea, Passiflora, etc., etc. Ajoutons le
Gelsemium sempervirens, vieille plante,
très-rare et à peine connue, qui pourtant
commence à être recherchée. On trouve
également dans cet établissement, outre les
collections de plantes de terre proprement
dites, des assortiments de plantes de pleine
terre tels que Fuchsias, Pentstémons, Pé-
largoniums. Œillets remontants. Verveines,
9
162
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AVRIL).
Pivoines, etc., etc., ainsi qu’un choix d’ar-
bres et d’arbustes de pleine terre. Inutile
d’ajouter qu’on trouve chez MM. Rougier-
Chauvière une collection de Dahlias aussi
complète et bien choisie que possible. Sous
ce rapport, nous n’avons rien à apprendre à
nos lecteurs ; il suffit de rappeler le nom du
fondateur de l’établissement : Chauvière.
— Le Jardin d’acclimatation duboisdeBou-
logne n’est pas seulement une des plus jolies
et des plus attrayantes promenades : celle-ci
est surtout utile. On voit là, dans la véritable
acception du mot, l’utile joint à l’agréable.
A chaque pas, on trouve des choses des plus
intéressantes qui tiennent continuellement
l’imagination en éveil. L’enfant s’y amuse
en s’instruisant ; l’adulte y trouve l’applica-
tion de faits dont il tire des conséquences
pour son avantage ; le vieillard, en présence
de choses si curieuses, se sent revivre, et
comparant toutes ces merveilles à ce qu’il a
vu dans son jeune âge, reconnaît, tout en
l’admirant , l’immense progrès accompli
que tant de gens encore, admirateurs ou-
trés du passé, — aveugles même, — per-
sistent à nier.
Bien que la partie du jardinage ne soit
pas la mieux dotée, elle n’est pas sans im-
portance, tant s’en faut ; et bien souvent
déjà nous avons pu observer là des plantes
très-intéressantes et inédites, fait dont pour-
ront se convaincre nos lecteurs en parcourant
ce recueil (1). Tout récemment encore, nous
avons pu admirer le magnifique Cerasus
Lanesiana (2), dont nous avons déjà parlé,
et sur lequel nous reviendrons prochaine-
ment en en donnant une figure coloriée. En
nous promenant dans la grande serre de cet
établissement, nous avons remarqué un fait
très-curieux qui dément singulièrement la
qualification de la plante qui présente ce
fait. C’est un Cordyline mdivisa, appelé
aussi Dracœna indivisa, dont la tige
simple, dans une longueur de 7 mètres, se
divise (indivisa qui se divise) en dix bran-
ches, à peu près uniformes et toutes égales,
d’environ 1 mètre de. longueur, placées très-
régulièrement à peu près comme le sont
les branches d’un parapluie sur la canne
d’où elles partent. Dans cette même serre
se trouvent aussi un magnifique Chamæ-
rops excelsa^ une très-forte touffe de Bam-
husa fiexuosa, espèce nouvelle, et un B,
gracilis, espèce qui, ainsi que nous l’avons
(1) Voir Revue horticole^ 1869, p. 366 à 371.
(2) Id., 1872, p. 198.
déjà dit, nous paraît être voisine, sinon la
même, que VAmndinaria falcata (1).
— D’après M. E. Morren, il suffirait,
pour éloigner des Choux certaines chenilles
{pieris hrassicœ), de mettre dessus quel-
ques feuilles du Pteris aquüina, cette
grande Eougère si commune dans presque
tous les bois, qui atteint 1 mètre et plus de
hauteur, et qu’on emploie fréquemment
pour emballer certaines marchandises, le
poisson notamment. Si le fait est exact, les
feuilles de cette Fougère, bien que .si diffé-
rentes de celles de Sureau, jouiraient donc,
au point de vue dont nous parlons, de
propriétés identiques à celles de ce der-
nier (2) ou du Chanvre commun (3).
Mais quel serait donc le principe qui peut
agir, si des plantes aussi différentes peu-
vent produire des faits analogues? Nous ap-
pelons sur ce sujet l’attention de nos lec-
teurs, et ne saurions trop les engager à
renouveler et même à multiplier les expé-
riences.
— Nous devons à l’obligeance de notre
ami, M. Jean Sisley, l’extrait suivant d’une
lettre que lui a adressée du Japon son fils,
M. Léon Sisley, et sur lequel nous appelons
tout particulièrement l’attention de nos lec-
teurs. Voici cet extrait :
Ikouno, 5 février 1873. i
...Nous sommes maintenant à l’époque la plus
froide de l’hiver, qui est assez tardif. Presque
tout le mois dernier nous avons eu de la neige,
et depuis quelques jours le froid est devenu bien '
plus intense : nous avons eu presque 10 degrés
centigrades au-dessous de zéro, ce qui, paraît- ,
il, est beaucoup pour Ikouno. Malgré cela, les
Camellias et les Azaléas ne paraissent pas souf-
frir. Ils sont donc bien moins délicats qu’on ne J
le croit généralement en France. {
Il semblerait qu’ici les Camellias sont plus rus- ;
tiques que les Aucubas; car, sous l’influence de i
10 degrés de gelée, ces derniers baissaient leurs !
feuilles, tandis que les premiers se tenaient I
bien. '
Je crois que tous les arbres et arbustes qui !
(1) Nous profitons de cette occasion pour faire
connaître qu’il en est du B. gracilis comme de
beaucoup d’autres plantes, qu’elle varie lorsqu’on en |
fait des semis. Ainsi, il y a environ une douzaine
d'années, lorsque des graines du B. gracilis furent
introduites, nous en avions fait un semis assez im-
portant qui nous a donné des plantes très-différentes
entre elles, tant par la vigueur et le faciès que par
la coloration. Il y en avait dont les tiges étaient :
presque noires, tandis que d’autres étaient vert
plus ou moins foncé et môme jaunâtres.
(2) Voir Revue horticole, 1872, p. 31.
(3) Voir Revue horticole, 1872, p. 84.
163
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE d’AVRIL).
viennent ici passeraient parfaitement l’hiver dans
le midi et peut-être dans le centre de la France.
Il me paraît que ce qu’ils doivent redouter le
plus, ce sont les sécheresses de l’été, qui ici est
humide. Quand je connaîtrai mieux les plantes
de ce pays, je pourrai te donner de plus amples
détails à ce sujet.
J’ai reconnu dans la montagne le Deutzia sca-
hra, le Wegelia, VAralia spinosa, et dans les
rochers des parties non boisées beaucoup de
Rhododendrons.
Le nombre des arbustes à feuilles persistantes
est considérable, et grand nombre d’entre eux
m’est inconnu. Je tâcherai de m’en procurer
des graines l’automne prochain.
Quant aux Oignons et bulbes, ils sont encore
tous en terre et ne commencent pas encore à pous-
ser; du reste, le printemps serait, je crois, un
mauvais moment pour les arracher et les expé-
dier ; il vaudra mieux attendre qu’ils aient passé
fleur; je pourrai alors dire à quoi ils res-
semblent.
Nous avons fait transplanter des Bambous pour
enclore notre jardin ; nous avons craint que le
moment ne fût pas propice à cause du froid et
de la neige, mais notre jardinier nous ayant af-
firmé que c’était le moment de les arracher,
nous l’avons laissé faire. Après avoir coupé les
tiges à 4, 5 et 6 mètres, il a recouvert la partie
coupée d’un capuchon de papier huilé, pour em-
pêcher l’eau d’entrer dans la tige. C’est ainsi
que l’on fait toujours ici ; nous pourrons bientôt
juger du résultat. Léon Sisley,
Ingénieur des mines au service du
gouvernement japonais.
— L’installation des trois nouveaux mar-
chés aux fleurs, dont nous avons parlé ré-
cemment (1), a été proposé au Conseil
municipal par M. Frémyn, dans la séance
du 11 avril 1873. Un seul a été adopté: c’est
celui du boulevard de Glicby à Batignolles.
Selon nous, on a bien fait de rejeter celui de
la place De Jussieu, qui ne pouvait rendre
aucun service par suite du peu d’aisance des
habitants, qui, du reste, sont aussi relative-
ment peu nombreux. Il aurait pu en être
tout autrement de celui de la place des
Vosges (ancienne place Royale), située dans
un quartier très-populeux, où l’aisance, la
fortune même, ne manquent pas.
— ■ La plante que nous avons nommée
Agératum Lasseauxii, en mémoire de
notre regretté collègue, feu Lasseaux, doit,
d’après M. Durieu de Maisonneuve {Cata-
logue ^des graines du Jardin des plantes de
la ville de Bordeaux, 1873, p.l5), changer
de genre. Elle appartient, dit le savant direc-
teur du Jardin de Bordeaux, au genre Co-
(1) Voir Revue horticole, 1872, p. 122.
noclinium, tout en conservant son noui
spécifique. Elle devient donc le Conoclinium
Lasseauxii, Hort. Burd.
— Dans une lettre qu’il vient de nous
adresser, M. Faudrin, professeur d’arbori-
culture à Gadagne (Vaucluse), nous fait
connaître un procédé pour détruire les che-
nilles, quand, ayant quitté les nids, elles
sont dispersées sur les branches, où, alors,
il n’est pas facile de les atteindre. Voici ce
qu’il nous écrit à ce sujet :
Dernièrement, à Saint-IIypolyte-du-Fort (Gard),
où j’avais été appelé par le Comice agricole du
Vigan, pour faire un cours d’arboriculture, j’ai
appris d’un cultivateur un moyen simple et pra-
tique de se débarrasser des chenilles. Ce procédé
consiste à placer dans l’angle ou enfourchure
des branches des mottes de Gazon desséché. Les
chenilles vont s’y réfugier, soit pour chercher
un abri, soit même pour y déposer leurs œufs ;
et rien, alors, n’est plus facile que de les dé-
truire, soit en brûlant ces mottes, soit en les
écrasant. Toutefois, l’on m’a assuré que ce pro-
cédé n’est pas nouveau, que depuis longtemps il
est appliqué dans diverses parties du Midi : dans
l’Ariége et surtout en Espagne.
— Le Congrès pomologique de France,
d’après sa nouvelle organisation, porte le
titre de Société française de pomologie.
Voici les nouveaux statuts adoptés par cette
Société :
Art. 1er. — Le Congrès pomologique devient
une Société générale qui fait appel à toutes les
Sociétés locales d’horticulture, comme au con-
cours de toutes les personnes qui s’occupent de
la culture des fruits.
Art. 2. — Cette association prendra à l’avenir
le titre de Société française de pomologie.
Art. 3. — Le but de la Société est d’étudier,
d’une manière continue, les différentes espèces
de fruits et leur culture.
Art. 4. — Le siège de l’administration et le
centre des études sont établis à Lyon, berceau
du Congrès pomologique de France, point cen-
tral et favorable à la culture des arbres frui-
tiers.
Art. 5. — Les membres de la Société se réu-
nissent tous les ans en Congrès, sur un des
points de la France, et désignent la ville dans
laquelle sera tenue la session suivante.
Art. 6. — Dans chaque session, la Société
nomme, en assemblée générale et au scrutin se-
cret: 1° le bureau de la session; 2» le président
de la Société, lequel est toujours rééligible;
un conseil chargé de l’administration cen-
trale.
Ce conseil se compose de neuf membres, tous
rééligibles et renouvelables par tiers chaque an-
née; il nomme dans son sein deux vice-prési-
1G4
CimONI-l E HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AVRIL).
(lents, un secrétaire, un secrétaire-adjoint et un
trésorier.
Alt. 7. — Chaque année, le conseil rend
compte à l’assemblée générale de son adminis-
tration.
Art. 8. — L’étude des fruits de toutes sai-
sons est confiée à une commission permanente
qui se l'éunit à des époques fixes et (iéterminées
à l’avance.
Art. 9. — La commission permanente des
clu'les sera composée d’un nombre déterminé de
membres résidants et de membres correspon-
dants, tous les sociétaires présents ayant d’ail-
leurs le droit de participer aux travaux des réu-
nions de cette commission.
Les membres résidants sont nommés chaque
année par l’assemblée générale ; les membres
correspondants le sont par la commission per-
manente.
Art. 10. — Chaque membre de l’association
est assujetti à une cotisation annuelle, et il re-
çoit toutes les pul)iicalions de la Société.
L’assemblée a fixé la cotisation à 10 fr. pour
les Sociétés, de meme que pour les sociétaires.
Les publications, suivant le président, con-
sistei ont en procès-verbaux, catalogue, bulletin
périodique.
Ces statuts approuvés, et avant de terminer la
session, M. le Président propose de nommer de
suite le nouveau Conseil d’administration, sié-
geant à Lyon. Vnici le résultat des élections :
Président : M. Mas.
Membres: MM. Bied-Charreton, de Mortillet,
Beverchon, Willermoz, Cusin, Luizet, Treyve,
Morel et Rigaud.
La commission permanente d’étude reste la
meme. 11 est décidé que le conseil formera son
bureau et s’occupera de faire un nouveau régle-
ment.
Il est également décidé que le 8e volume qui
doit terminer la pomologie de la France paraîtra
au plus tôt.
L’ordre du jour étant épuisé, M. le Président
déclare la 15e session close, et chacun se donne
rendez-vous pour l’année prochaine, à Marseille.
— Nous sommes heureux d’informer nos
lecteurs que grâce à l’obligeance de notre
collègue et ami, M. Delchevalerie, la Revue
hortieole, dont il est un des collaborateurs,
pourra donner un compte-rendu de la partie
horticole de l’Exposition de Vienne, auprès
de laquelle il est délégué par le vice-roi
d’Égypte, qui a envoyé à cette exposition
des collections aussi nombreuses que va-
riées. Voici ce que nous écrit notre collègue
à la date du 14 avril :
Mon cher Monsieur Carrière,
... Je suis à Vienne depuis quelques jours, où
le vice-roi m’a délégué pour l’Exposition des
produits de l’horticulture et de l’agriculture
égyptienne. Si cela pouvait vous être utile, je
pourrais vous envoyer un petit compte-rendu de
la prochaine exposition temporaire horticole, à
moins que vous n’ayez quelqu’un de délégué
pour cela. Enfin, je me mets à votre disposition
en ma qualité de collaborateur de la Revue hor-
ticole.
Les jardiniers, en grand nombre, travaillent à
la création d’un jardin pour l’exposition tempo-
raire (1er au 10 mai), qui sera situé dans l’en-
ceinte de l’Exposition, à gauche de la partie du
sud (entrée principale de l’Exposition), tout à
coté des mosquées égyptiennes et des construc-
tions japonaises. Les ouvriers sont en train de
vitrer une grande serre dans le jardin réservé,
pour servir à l’exposition des plantes tropicales.
Cette exposition, je crois, ne comportera guère
que les plantes à tloraison printanière, telles que
Jacinthes, Tulipes, Camellias, Azalées, Bhododen-
drons, Acacias de la Nouvelle-Hollande, etc., etc.
Il va sans dire que nous nous empressons
d’accueillir la proposition de notre collègue
M. Delchevalerie et que, à l’avance, nous
l’en remercions bien sincèrement, au nom
de nos lecteurs et au nôtre en particulier.
— Le troisième volume du Dictionnaire
pomologique, de M. André Leroy, vient de
paraître : il est particulier aux Pommes et
comprend depuis la lettre A jusques et y
compris la lettre L. C’est un ouvrage des
plus importants, et des plus utiles sur le-
quel nous reviendrons prochainement,
(îlomme les deux précédents, on le trouve
chez l’auteur, M. A. Leroy, à Angers, et, à
Paris, dans les principales librairies agri-
coles et horticoles.
— M. Decaisne, professeur de culture au
Muséum, a commencé son cours le 22 avril,
à 8 heures i /2, et le continuera les mardis,
jeudis et samedis, à la même heure, dans
l’amphithéâtre de la galerie de géologie. Le
professeur traitera de l’organographie et
de la physiologie végétale appliquée à la
culture.
— A partir du 15 avril, M. Chaté, horti-
culteur, 9, rue Sibuet, mettra au commerce
les nouveautés suivantes : quatre Cannas
dont un, Adrien Rohine, semble, par la
beauté de son feuillage, dépasser tout ce
qu’on avait jusqu’ici; trois Pélargoniums
à grandes fleurs; trois autres appartenant
aux zonales dont un, qui pourra devenir '
le point de départ d’une nouvelle série,
est à fleurs presque jaunes: c’est Marie j
Rosetti ; un F uchsia et un Phlox decussata. |
On trouve dans cet établissement des col-
lections nombreuses et variées de plantes |
il
1G5
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AVRIL).
de serre chaude et tempérée, plantes vi-
vaces, etc., etc.
— Aux amateurs de plantes aquatiques,
nous recommandons tout particulièrement
V Aponogelon distachyiim, Thunb., comme
étant l’une des plus jolies et des plus méri-
tantes tant par l’abondance et l’odeur de
ses fleurs que par leur succession pour
ainsi dire indéfinie. En effet, dès la fin de
mars, cette espèce couvre la surface de l’eau
de ses feuilles qui s’étalent et disparaissent
presque sous la quantité considérable de
fleurs qui s’élèvent de quelques centimètres
au-dessus de l’eau. Ces fleurs ont de plus
cet immense avantage de dégager une odeur
des plus suaves qui rappelle celle des fleurs
d’Oranger, mais adoucie. Les personnes
habitant Paris ou ses environs qui vou-
dront en juger par elles-mêmes pourront
aller à Fontenay-aux-Roses, à quelques
mètres de l’arrivée du chemin de fer, chez
M. Armand Gonthier, pépiniériste; ils ver-
ront là une pièce d’eau entièrement couverte
de fleurs d’Aponogéton, et dont la présence
leur sera même indiquée par l’odeur qu’elles
dégagent. M. Armand Gonthier cultive non
seulement cette espèce, mais beaucoup
d’autres également aquatiques, et qu’il tient
à la disposition des amateurs.
— Dans une lettre qu’il vient de nous
adresser, M. Sacc, de Neufchâtel (Suisse),
après nous avoir fait connaître que le Citrus
triplera (1) s’est montré parfaitement rus-
tique chez lui, nous donne aussi quelques
détails sur un nouveau légume japonais :
la Patate hlayiche^ et qui nous paraissent
de nature à intéresser nos lecteurs. Voici ce
qu’il nous écrit à ce sujet :
MM. Ch. Hüber et Cie, de Hyères (Var), vien-
nent de m’envoyer des boutures de la Patate
blanche importée du Japon par feu le colonel de
Siebold ; c’est un excellent légume que plusieurs
fois déjà j’ai recommandé, autant pour ses dé-
licieuses racines fécmlentes que pour ses succu-
lentes feuilles ; mais je l’avais perdu pendant
mon séjour en Espagne, et ce n’est qu’il y a un
1 an que j’ai pu en faire revenir de Yokohama,
par l’intermédiaire de M. A. Humbert, l’ancien
ministre helvétique au Japon, et les confier à
! MM. Hüber.
Agréez, etc. Sacc.
— Ce n’est pas seulement la Vigne ni les
Pommes de terre qui sont attaquées, soit par
les insectes, soit par des végétaux parasites;
(1) Voir Revue horticole, 1869, p. 15.
les Merisiers, dans certaines parties de la
France où ils constituent un produit de pre-
mier ordre par la liqueur kirchwasser que
l’on fait avec leurs fruits, sont menacés de
disparaître, ou plutôt disparaissent de jour
en jour. Ainsi, l’on nous informe que dans
le département de la Haute- Saône, des sur-
faces considérables qui étaient plantées en
Merisiers, en sont aujourd’hui dégarnies.
Tous les arbres ont été arrachés et le ter-
rain livré à la culture. « Rien, nous écrit-
on, n’indique la cause du mal, qui ne se
révèle que par les effets : la végétation se
ralentit; les pousses, grêles, courtes et ché-
tives, portent des feuilles jaunes qui, au lieu
de tomber, sèchent et restent sur les arbres,
et tout est fini. » Dans la lettre qu’on nous
écrivait à ce sujet, on nous demandait notre
avis sur les moyens qu’il conviendrait d’em-
ployer pour combattre ce mal qui, sur cer-
tains points, prend des proportions telles,
qu’on commence à désespérer de cette cul-
ture, qui devient de plus en plus onéreuse,
bien que le kirch ait « considérablement
augmenté de valeur. i>
Nous regrettons d’être obligé d’avouer
que nous ne connaissons aucun remède à
opposer à ce fléau ; nous croyons même que
ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de n’en
pas chercher, et que, au lieu de lutter, de
faire des sacrifices et des dépenses inutiles,
il faut cesser cette culture et la remplacer
par d’autres qui seront rémunératrices. Si
l’on veut continuer avec quelque chance de
réussite, comme il est à peu près certain que
cette affection provient du sol qui est épuisé
pour cette sorte de culture, et aussi par le
milieu qui est changé, il faut planter des
Merisiers là où ils viennent bien, où le mi-
lieu leur convient. Plus tard, peut-être, il
en sera autrement, et alors on reviendra à la
culture des Merisiers si elle présente des
avantages. Ce conseil, nous le supposons,
ne satisfera pas certaines personnes dont
l’intérêt est compromis par suite de cette
maladie ; pourtant, que faire, sinon se ré-
signer ? Mais d’une autre part, ce fait n’est-
il pas conforme à la grande loi qui, par le
déplacement continuel des choses, détermine
le progrès universel et amène successive-
ment sur les différents points du globe
l’aisance et le bien-être auxquels l’humanité
tout entière a droit ?
— Dans le précédent numéro de Revue
horticole, nous avons cherché à appeler
l’attention sur un nouveau produit propre
à divers usages en horticulture, et que, faute
166 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE D’AVAIL).
de connaître rorigine véritable, nous avons
appelé natte Muller (1) ; nous avons de-
puis appris que cette matière provient d’un
Palmier de l’Amérique australe, du Sagus
vinifera, Pers.; S. Palma Pinus, Gærtn. ;
S. Raphia, Poir.; S. Ru f fia, var. Willd. ;
Metroxylon viniferum,^ipr.; Raphiavini-
fera, Poir. ; espèce dont les feuilles très-
longues sont divisées de chaque côté du ra-
chis en nombreuses pennules qui forment
la natte Müller. Ce produit ne vient donc
pas, comme on l’a dit, du Japon. Toutefois le
Sag^is vinifera n’est pas la seule espèce
dont 011 puisse utiliser les pennules ; toutes
les autres espèces peuvent être employées
aux mêmes usages ; il en est principalement
une, le S. tœdigera, Mart.; Metroxylon
tœdigerum, Spr., que les habitants du
Brésil utilisent fréquemment, particulière-
ment pour la fabrication des tissus, des cor-
dages, etc.
— Nous trouvons dans le Bulletin de la
Société dliorticulture de Fontenay-le-
Comte (Vendée), pour 1872, p. 67, sous ce
titre : Singulière floraison d'un Camellia
albaplena, une lettre adressée par M. Gh.
de Sourdeval, à Fontordine, près Saint-
Gervais (Vendée), à M. le président de
cette Société, et qui nous paraît de nature
à intéresser nos lecteurs, et que pour cette
raison nous avons cru devoir reproduire ; la
voici :
Fontordine, 15 janvier 1873.
Monsieur le président,
J’ai l’honneur de vous adresser trois fleurs de
Gamellias ; deux sont blanches et doubles; la
troisième est rouge et simple. Toutes trois
sont du même Camellia.
Cet arbuste, que j’ai depuis trente ans en
pleine terre, et au midi, devant ma maison, se
couvre, tous les ans, en hiver, d’innombrables
fleurs blanches parfaitement doubles ; puis, aux
mois d’avril et de mai, la floraison se termine
par des fleurs rouges et simples, aussi nom-
breuses que furent les fleurs blanches ; les fleurs
simples se terminent par des fruits qui n’abou-
tissent pas à maturité parfaite avant l’hiver.
Ce sont les mêmes branches qui produisent
les deux fleurs sur toute la surface de l’arbuste.
On ne peut pas dire qu’il y ait de rameau en de-
hors de la greffe. C’est dans un même groupe
de boutons, au bout de chaque branche, que se
trouvent les deux fleurs si différentes ; les bou-
tons contenant les fleurs blanches épanouissent
depuis novembre jusqu’à mars, et ensuite les
retardataires fleurissent simples et rouges.
Je voulais récolter séparément une fleur blanche
en hiver et plus tard une rouge pour vous les
envoyer en avril ; mais, par bonne chance, j’ai
trouvé aujourd’hui une fleur rouge, plus précoce
que les autres ; je me hâte de vous envoyer l’un
et l’autre échantillon.
Il y a trente ans environ, je gagnai, à une
loterie de bienfaisance, à Tours, ce Camellia,
gros comme le poing et ayant deux fleurs blan-
ches. Comme je partais pour la Vendée, le Ca-
mellia fut du voyage. Je l’ai planté sur la
terrasse devant ma maison, au midi. Il a buis-
sonné, n’a guère atteint qu’un mètre de haut et
deux d’envergure, mais il est vigoureux et ne
manque jamais de se couvrir de fleurs pour sa
double floraison, qui dure, en tout, près de six
mois. J’ai encore beaucoup d’autres Gamellias en
pleine terre, au nord et au midi; aucun ne m’a
réussi comme celui-ci. Il n’est pas en terre de
bruyère; je n’en ai pas à ma disposition; il
est en terre schisteuse, terre qui est éminemment
propre aux Gamellias et aux Magnolias, témoin
tout ce que l’on voit de splendide en ce genre à
Angers, à Nantes, à la Roche-sur-Yon.
Bien que des phénomènes analogues à
celui que nous venons de rappeler se voient
assez fréquemment sur les Gamellias, ce der-
nier est tellement remarquable, que nous
avons cru devoir le faire connaître à nos
lecteurs, d’autant plus que, consigné dans
un ouvrage peu répandu, il resterait ignoré
de beaucoup de ceux à qui il pourrait être
utile par les réflexions qu’il est de nature à
suggérer, principalement à ceux qui s’occu-
pent de physiologie. Signaler les faits excep-
tionnels n’est pas seulement, ainsi qu’on le
dit communément, « confirmer les règles;
c’est, en leur enlevant ce qui est nuisible,
Vahsolu, servir la science en démontrant
certaines lois de la vie. Aussi ne manque-
rons-nous jamais d’appeler l’attention sur
tous ces faits exceptionnels auxquels, en gé-
néral, on porte peu d’attention, que très- j
souvent même on rejette de suite comme !
gênantes, parce qu’elles viennent déranger j
certaines combinaisons ou infirmer des I
théories qu’on avait faites, en les qualifiant |
alors « d anomalies, » croyant ainsi les
mettre hors les lois de la végétation, ce qui, |
bien que contraire au véritable esprit scien- j
tifique, s’explique pourtant par la bonne |
opinion que chacun a de soi. Fi donc! me J
tromper, moi? jamais !... La nature, c’est j
possible : elle a (C des écarts .... » Mais, dans
cette circonstance, qui donc se trompe, delà I
nature ou de l’homme qui prétend l’asservir?
Nos lecteurs le savent bien, et peut-être....
d’autres aussi.
(1) V. Revue horticole, 1873, p, 147.
E.-A. Carrière.
CULTURE FORCÉE DES PALMIERS. — CHICORÉE A GROSSE RACINE EMPLOYÉE COMME LÉGUME. 167
CULTURE FORCÉ
Beaucoup d’amateurs sont effrayés par la
lenteur de la croissance de quelques Pal-
miers ; aussi abandonnent-ils la culture des
espèces rares de ce beau genre ; peut-être le
prix très-élevé des grands exemplaires et des
nouveautés est- il le véritable motif qui nous
empêche de rencontrer une collection de
Palmiers dans chaque serre d’amateur. C’est
là ce qui nous a engagé à donner aux lec-
teurs de la Revue liorticole un conseil
utile et à leur enseigner une méthode fa-
cile pour faire développer rapidement les
Palmiers, même ceux qui sont réputés les
plus difficiles. En suivant ces recommanda-
tions, on aura la satisfaction de voir en peu
de temps les petits exemplaires des espèces
nouvelles, livrées en godets, devenir en peu
de temps un objet de haute ornementation
et de valeur.
Dès que nous recevons un Palmier au-
quel nous voulons donner de belles pro-
portions, nous commençons par lui faire
prendre de bonnes racines en le plaçant sur
une couche de tannée, puis on l’arrose co-
pieusement ; dès que les racines sont à
plein pot, au lieu de donner un rempotage,
nous plaçons la plante en pleine terre dans
la bâche d’une bonne serre chaude ; là nous
traitons comme dans la culture ordinaire ;
cependant nous ajoutons à l’eau des arrose-
I ments un peu de purin de vache ; cet élé-
I ment donne, sans danger de brûler les ra-
I cines, une grande vigueur à la végétation,
et les feuilles ne tardent pas à prendre une
magnifique teinte verte bien connue des jar-
diniers expérimentés.
Au bout d’une ou de deux années, sui-
vant la force des sujets, on relève ceux qui
ont atteint une taille convenable. On doit
commencer l’opération très-délicate du re-
levage à l’automne, à peu près à l’époque
LA. CHICORÉE A GROSSE RACI
IUn voyage récemment fait en Belgique, à
propos de l’Exposition horticole de Gand,
m’a donné l’occasion de voir pour la pre-
mière fois un légume que je crois inconnu
ien France, quoiqu’il soit voisin de la Barbe-
ide-Capucin, si répandue et si estimée à Pa-
Iris. Il s’agit de la Chicorée à grosse racine
ou Chicorée à café, dont les feuilles, forcées
ret blanchies, constituent un légume très-
] DES PALMIERS
OÙ l’on commence à chauffer les serres. Les
plantes sont privées d’eau pendant les dix
ou douze jours qui précèdent la mise en
pot. Le moment arrivé, on dégage à la main
avec précaution la terre qui entoure les ra-
cines; puis, après avoir levé chaque plante
en \Vi saisissant par le dessous de la motte,
onia place dans un pot le plus petit possible,
et on la remet ensuite sur une bonne couche
de tannée ayant jcfé son feu, ce qui est très-
important pour les racines, qui autrement
seraient infailliblement brûlées. Les arrose-
ment doivent être modérés ; on devra sur-
tout tenir les plantes dans une obscurité
presque complète pendant trois semaines
environ, époque à laquelle on s’aperçoit de
la reprise par l’apparition de racines nou-
velles au collet.
C’est par le moyen que nous venons d’in-
diquer que nous avons obtenu en trois
années un Thrinax elegans de 3 mètres
de hauteur ; à son entrée dans nos serres, il
mesurait à peine 70 centimètres. Nous avons
également réussi pour le très-délicat Prit-
chardia Pacifica (ou Corypha Martianci),
Areca speciosa, Rhapis flabelliformis y
Latania, Cocos, Calamus, Phcenix, etc.
Les horticulteurs commencent du reste à
user en grand de ce procédé, qui leur per-
met d’obtenir, dans un temps relativement
court, des plantes pour le marché ; les
amateurs, croyons-nous, pourront facile-
ment utiliser ce genre de culture pour éviter
la mort des plantes devenues trop grandes
pour leurs jardins d’hiver ; c’est ainsi qu’un
horticulteur d’Angers a pu sauver un ma-
gnifique Ceroxylon de plusieurs mètres,
qui aura ainsi doublé ou triplé en peu de
temps sa valeur.
Alphonse
Amateur.
E EMPLOYÉE GOMME LÉGUME
apprécié et très-recherché en Belgique pen-
dant l’hiver et au premier printemps. 11 y
est connu sous les noms flamands de Whit-
Zoe/* (feuilles blanches) ou Ritterloof {feuilles
amères), et il est rare que les marchés, à
Bruxelles surtout, n’en soient pas pourvus
depuis Noël jusqu’à Pâques, et même au-
delà. C’est la commune de Schaerbeck-lès-
Bruxelles qui a la spécialité de cette culture,
LA CHICORÉE A GROSSE RACINE EMPLOYÉE COMME LÉGUME.
168
comme chez nous Argenteuil pour les As-
perges, Vanveset Montrouge pour les Cham-
pignons, Croissy pour les Navets, etc. Il ne
paraît pas résulter des renseignements que
j’ai pu recueillir jusqu’ici sur la culture de
ce légume qu’on emploie pour le produire
une variété spéciale de la Chicorée à grosse
racine. Celle qui est si largement cultivée
pour la production des racines dont on fait
le café de Chicorée peut également servir à
obtenir le Whitloef. Il va de soi que les va-
riétés à feuilles larges et entières donnent
des pommes mieux faites et plus belles que
celles qui proviennent de plantes à feuilles
étroites et découpées, car il est à remarquer
qu’à la différence de la Barhe-de~Capucin,
où chaque feuille se développe isolément et
tend à s’écarter des autres, elles sont dans
le Whitloef étroitement imbriquées [et se
recouvrent les unes les autres, de manière
à former de véritables pommes allongées,
serrées, pleines, et rappelant un peu l’as-
pect d’un cœur de Romaine. La côte de la
feuille est, comme dans la Barbe-de-Capu-
cin, plus développée que le limbe ; le tout
est extrêmement tendre, croquant, et d’une
saveur très-fine, légèrement amère. On
l’emploie cuit ou cru, en salade ou préparé
de la même manière que les Chicorées
d’été. C’est principalement cuites que les
pommes de Chicorée à grosse racine sont
appréciées en Belgique, et elles sont d’au-
tant plus recherchées que les légumes frais
sont rares à la saison où celui-ci est bon à
cueillir.
La culture de ce légume ressemble en
beaucoup de points à celle de la Barbe-de-
Capucin. Les graines se sèment vers le mois
de mai, en bonne terre de jardin, un peu
profonde. Le seul soin à prendre est de ne
pas laisser le plant trop serré ; les racines
ont besoin d’être espacées d’environ dO cen-
timètres en tous sens pour se développer à
l’aise et acquérir toute leur grosseur, ce qui
est important, la beauté de la pomme dé-
pendant du diamètre de la racine qui la
produit.
Au mois d’octobre, les racines sont arra-
chées et mises en place pour être forcées,
non pas dans une cave, comme la Chicorée
qui sert à faire la Barbe-de-Capucin, mais
en pleine terre, debout et espacées de 3 à
4 centimètres, sur deux ou plusieurs rangs,
distants entre eux de 30 centimètres ; le
tout doit être recouvert de 20 centimètres
de terre. En général, pour avoir un moindre
maniement de terre, on ouvre des tranchées
dans lesquelles les racines sont placées
comme je viens de le dire, et de telle façon
que le collet se trouve à 20 centimètres en
contre-bas du bord de la tranchée, qui est
alors remplie jusqu’au niveau du sol. La
plantation est terminée ; il n’y a plus qu’à
chauffer pour déterminer le développement
et l’allongement des feuilles.
Le système de réchaud employé en Bel-
gique, et consistant en un lit de fumier frais
de 60 centimètres à 1 mètre d’épaisseur,
établi à l’air libre au-dessus des tranchées
où sont placées les racines, me paraît assez
primitif et dispendieux. Il exige une grande
quantité de fumier, et réclame en outre quel-
ques soins : il faut, par exemple, couvrir le
fumier avec des planches lorsqu’il survient
de grandes pluies qui pourraient le noyer.
Il me semble que nos maraîchers de Paris
et des environs, si habiles pour toutes les
cultures légumières forcées, sauraient ob-
tenir le même résultat à moins de frais.
Quoi qu’il en soit, si le réchaud donne une
chaleur suffisante, les pousses ou pommes
sont bonnes à couper un mois à six se-
maines après qu’on a commencé à chauf-
fer.
Les pommes de Chicorée à grosse racine
apportées sur les marchés de Belgique va-
rient généralement de 8 à 15 centimètres
de longueur sur un diamètre de 3 à 5 cen-
timètres. On détache, en même temps que
les feuilles et pour qu’elles ne se séparent
pas, une petite portion du collet de la ra-
cine, qui dès lors n’est plus propre à aucun
usage. Il ne faut pas attendre pour cueillir
la pomme que les feuilles s’allongent jus-
qu’au contact du fumier, ni même qu’elles
en soient séparées par une épaisseur de
terre moindre de 4 à 5 centimètres, car
elles sont exposées dans ce cas à brunir et
à se gâter.
J’ai pensé qu’il pourrait être intéressant j
pour les lecteurs de la Revue horticole de I
connaître ce légume et sa culture. L’époque j|
à laquelle il paraît sur les marchés explique ;
pour une part la faveur dont il est l’objet j
en Belgique, mais il la justifie aussi par sa |
qualité. Je suis persuadé que ce nouveau j
produit maraîcher, aussi frais et agréable à ■
la vue que délicat au goût, serait vite appré- I
cié à la Halle de Paris, et triompherait ai- i
sèment de la résistance que la force des I
habitudes prises y fait presque toujours op-
poser à l’introduction de fruits ou de légumes
nouveaux.
H. Vilmorin.
LfNICERA FRAGRANTISSIMA. — LIPARIS CIIRYSORREA.
ICO
LONIGERA FRAGRANTISSIMA
D’où vient cette espèce? Nous ne pouvons
rien affirmer à ce sujet. Ce quenous pouvons
dire, c’est que déjà, en 1852, lorsque nous
sommes entré aux pépinières du Muséum,
elle y existait, mais alors sans nom , sous cette
dénomination générale: Caprifolium, spec.
nova Chine. Était-elle nouvelle et originaire
de la Chine ? Toutes les recherches que
nous avons pu faire à ce sujet semblent pen-
cher en faveur de l’affirmative. Aussi,
avons-nous cru devoir lui donner un quali-
ficatif, afin de répandre cette espèce qui, du
reste, est très-distincte, et a l’avantage de
ne pouvoir se confondre avec aucune autre.
Nous avons établi celui-ci d’après l’odeur
des fleurs, qui, bien que suave, forte et
douce, est des plus agréables, ce que nous
avons cherché à indiquer par le qualifi-
catif fragrantissima. Voici la description
de cette espèce :
Arbuste excessivement vigoureux, buis-
sonneux, pouvant atteindre jusque 2 mètres,
et même plus, de hauteur; rameaux divari-
qués-étalés, très-longs et subvolubiles chez
les jeunes plantes, à écorce glabre luisante,
jaune pâle, parfois rouge brun dans les par-
ties les plus jeunes. Feuilles subpersistantes
chez les jeunes plantes, opposées, irrégu-
lièrement décussées, très-courtement pétio-
lées, largement ovales-elliptiques, parfois
suborbiculaires, atteignant jusque 7 centi-
mètres de longueur sur 4-5 de largeur,
courtementacuminées-arrondies au sommet,
qui est souvent mucronulé, coriaces, très-
épaisses, d’un vert foncé luisant et comme
glacé en dessus, plus pâle en dessous, gla-
bres sur les deux faces. Fleurs irrégulières
sur des ramilles axillaires très-courtes, mu-
nies de larges bractées imbriquées, gémi-
nées, sessiles, à l’extrémité d’un pédoncule
|de 8-12 millimètres, accompagné à sa base
jlde deux bractées largement linéaires, d’un
blanc nacré, légèrement violacé à l’exté-
rieur, à cinq divisions, dont une plus longue
et plus étroite, fortement réfléchie ; éta-
mines 4-5, à filets inégaux ; style de la
même longueur que les étamines, à stig-
mate capité ou hémisphérique ; odeur d’une
suavité exquise, plus fine et moins péné-
trante que celle de fleurs d’Orangers, qu’elle
rappelle assez exactement.
Le L. fragrantissima (fig. 17) fleurit
successivement à partir de décembre jus-
qu’en février-mars, ce qui expose les fleurs
Fig. 17. — Lonicera fragrantissima.
à être gelées. Néanmoins, et malgré cet in-
convénient, le parfum en est tellement
agréable, qu’on doit planter cette espèce
dans tous les jardins. Elle est très-rustique,
ne souffre jamais du froid, pousse dans tous
les terrains et à toutes les expositions. C’est,
en un mot, un arbuste que nous n’hésitons
pas à recommander. On le multiplie par
couchage et par boutures faits en vert ou
en sec, et qui toujours reprennent très-
bien.
E.-A. Carrière.
LIPARIS CHRYSORREA
Dans le numéro du l^r avril 1871 de la
Revue horticole, notre collègue, M. Car-
ière, a publié une notice sur la chenille
lommée par les entomologistes Liparis
:hrysorrea, ou Chelonia chrysorreaifioà.).
Ces chenilles sont bien connues des culti-
vateurs par la quantité de nids qu’elles con-
fectionnent chaque année, sur nos arbres, et
surtout par les dégâts qu’elles causent à la
sortie de leurs nids, qui a lieu à la première.
170
LIPARIS CHRYSORREA.
apparition des feuilles, où elles trouvent
une nourriture abondante après un jeûne si
prolongé. Chaque nuit elles se réunissent
par groupes dans les bifurcations des bran-
ches; le jour, elles cherchent la chaleur vi-
vifiante du soleil, et par les temps froids
s’enveloppent d’une toile soyeuse pour se
garantir des pluies. Au printemps de 1871,
époque où les cultivateurs des environs de
Paris ne sont rentrés que dans les premiers
jours d’avril dans leurs maisons, qu’ils
avaient abandonnées par suite de la guerre,
les chenilles avaient déjà causé de grands
ravages, surtout dans nos pépinières de Vi-
try, où déjà la plupart des arbres avaient
toutes leurs feuilles mangées.
Ces chenilles sont vénéneuses, et cau-
sent des irruptions pustulaires sur la peau
des ouvriers chargés de les détruire. Dans
ce cas, il faut avoir recours au vinaigre mé-
langé d’eau pour atténuer les démangeai-
sons.
La croissance de ces chenilles est très-
rapide et se continue jusqu’à la fin de juin,
ce qui donne trois mois et demi de sé-
jour sur les arbres, si la température leur a
permis de sortir des bourses au 15 mars.
Dans les premiers jours de juillet, on les
voit se fixer sous les feuilles, où elles tra-
vaillent à fabriquer un réseau en til soyeux
qui servira de support au cocon qui renfer-
mera la chrysalide, après quoi elles travail-
lent à fabriquer ce dernier. Le choix des
plantes pour leur transformation paraît leur
être indifférent, car nous en avons même
observé sur des feuilles de certains légumes,
tels que Romaine, Oseille, etc.; sur tous les
arbres fruitiers et forestiers, cela va sans
dire. Sur ceux-ci, l’on voit très- souvent
plusieurs chenilles se réunir en commun
sur un groupe de feuilles, pour opérer leur
transformation.
Les cocons présentent deux sortes de cou-
leur : les uns, qui sont d’un blanc jaunâtre,
produiront les papillons femelles, et les au-
tres, moins nombreux, de couleur brun
clair, produiront les mâles. Ces cocons sont
de forme ovale ; quant à la chrysalide ren-
fermée dans chaque cocon, elle est de forme
ovoïde, arrondie à la tête, et se termine en
pointe à la partie postérieure du corps ;
sa couleur est d’un brun noir.
La chenille passe sept jours à confection-
ner son cocon, après quoi elle subit une
mue, en se dépouillant de sa peau, qu’elle
fait glisser à la partie postérieure de son
corps à l’aide de mouvements répétés.
Du 20 au 23 juillet, les papillons ont com-
mencé à sortir des cocons, et à se fixer sur
le limbe inférieur des feuilles de l’arbre où
ils se sont transformés. Les cocons gris brun
ont produit des papillons mâles qui sont
moins nombreux, et dont la couleur est
nankin clair, tandis que les papillons fe-
melles ont le corps blanc soyeux, avec point
noir sur le thorax. Les pattes sont garnies
de soies longues ; les ailes blanches recou-
vrent le corps en faîtière ; la tête, enveloppée
de soies blanches, porte deux yeux noirs et
deux antennes soyeuses ; le corps porte à
sa base un groupe de poils d’un brun noir.
Pour opérer sa ponte, chaque femelle se
fixe sur le limbe inférieur d’une feuille,
assez rarement sur la face supérieure, où
les œufs seraient exposés à être détruits ; là
elle commence sa ponte sans quitter la
feuille. Ses œufs sont groupés en forme de
cône tronqué au sommet, et se terminent en
pointe à la base. Ces groupes varient beau-
coup, soit dans leur forme, soit dans leurs
dimensions.
La femelle reste quarante heures à pondre
sans quitter sa place, après quoi on la trouve
morte au pied de l’arbre où elle s’était pla-
cée. Nous estimons que chaque femelle pond
au moins deux cents œufs, ce qui donnerait
une moyenne de cinq œufs à l’heure. Ces
œufs, réunis par groupes, sont de forme lé-
gèrement ovoïde, de couleur jaune paille,
ayant une certaine analogie avec nos graines
de Pensées ; ils sont séparés du tissu de la
feuille par une légère cloison de filaments
blancs, tandis que la partie qui regarde le
ciel est recouverte d’un tissu feutré de poils
jaunes très-compact.
Le temps de la ponte dure du 23 juillet
jusqu’aux premiers jours du mois d’août,
ce qui fait huit à dix jours. Les femelles,
avant la ponte, présentent à l’observateur
une boule sphérique très -dilatée à la base
de l’abdomen, composée de poils que les fe-
melles déposent sur leurs œufs au fur et à
mesure de la ponte.
Du 20 au 28 août, les petites chenilles ont
commencé à sortir de leur berceau en per-
çant de petits trous à travers le tissu de
poils. L’éclosion suit l’ordre de la ponte;
ainsi, les premières chenilles sont sorties
des premiers œufs de la base du cône, tandis
que le sommet renferme encore des œufs.
Au bout de huit jours, les chenilles subis-
sent la première mue, et alors le corps com-
mence à prendre sa couleur naturelle. A ce
moment, leur longueur est de 0m,005.
Aussitôt leur sortie de l’œuf, ces petites che-
nilles se dirigent sur les premières feuilles
deZ .
Pojre Louis Lo
If emie. Jioi 'fi< o7o ,
Ckr^ojnoZizL^ GiSs-vt
POIRE LOUIS CAPPE.
171
qui se trouvent à leur portée, et se nourris-
sent du tissu cellulaire, ne laissant ainsique
les nervures, de sorte que chaque feuille se
trouve disséquée. Elles rejettent leurs ex-
créments sur un point de la feuille où il ne
reste que les fihres; puis, lorsqu’elles sont
gorgées de nourriture, elles travaillent à
construire un réseau de fils blanchâtres,
servant à réunir les feuilles entre elles, de
sorte qu’au fur et à mesure que le tissu
d’une feuille est mangé, elles la fixent contre
sa voisine, de manière à constituer un
groupe qui formera la bourse ou nid, où
elles se logeront pour passer l’hiver. Nous
avons trouvé des nids composés de six toiles
ou réseaux superposés, avec trois ou quatre
trous ménagés sur le côté pour favoriser la
sortie et la rentrée. Ce sont toujours les
chenilles réunies sur le même rameau qui
travaillent en comniun au même nid, et l’on
observe que toutes les feuilles du rameau
sont englobées dans le même nid.
La nourriture de ces chenilles est subor-
donnée à la durée des feuilles, et surtout à
la température locale, qui peut retarder ou
avancer l’époque de leur réclusion, qui,
pour les environs de Paris, a lieu dans le
courant d’octobre. Une fois rentrées dans
leurs nids, ces chenilles continuent à tra-
vailler intérieurement, en établissant de
nouvelles cloisons où elles vivent groupées,
et non pas isolément, comme on l’a dit.
L’état de torpeur où elles se trouvent dure
depuis octobre jusqu’en mars ; c’est donc
près de six mois de jeûne forcé qu’elles doi-
POIRE LO
Cette variété, obtenue par M. Boisbunel,
l’heureux semeur rouennais si bien connu
de tout le monde horticole, est, à tous
égards, digne de l’homme à la mémoire du-
quel elle a été dédiée, feu Louis Cappe (1),
l’un des plus savants et des plus modestes
jardiniers du XIX® siècle, en très-grande
partie l’auteur delà série des Poires publiées
dansle Jardm fruitier du Muséum, ouvrage
pomologique des plus remarquables, ce qui
n’a pas lieu d’étonner, lorsqu’on pense qu’il
a été publié sous la haute direction de
M. Decaisne, professeur au Muséum, et que
les collaborateurs ou plutôt les véritables
auteurs sont ou étaient (2) des praticiens
très-éclairés.
(1) Voir, sur la vie de Louis Cappe, la Revue
horticole, 1868, p. 226.
(2) L’auteur des premières descriptions sur les
vent subir. Les plus grands froids n’ont
point d’action sur elles et ne les font point
périr; ainsi, pendant l’hiver de 1871-1872,
lorsque le thermomètre était descendu à
21 degrés au-dessous de zéro, nous avons
examiné une grande quantité de nids, et
trouvé les chenilles vivantes. Datis des nids
que nous avions rentrés sous une remise
vers les premiers jours de mars, les che-
nilles ont vécu trente-cinq jours sans prendre
de nourriture.
Comme les chenilles sont sédentaires, et
que les papillons ne peuvent se transporter
à de très-grandes distances, il serait facile,
au point de vue de la destruction de ces in-
sectes, de ne point attendre l’éclosion des
œufs, en ramassant les petits papillons avant
la ponte, ce qui est facile dans les jardins.
Nous avons encore remarqué que très-sou-
vent les cultivateurs jettent les nids de che-
nilles sur les chemins, ou les réunissent en
fagots qu’ils rentrent sous les remises. Cette
manière d’opérer est très-mauvaise, car les
chenilles, qui n’ont nullement souffert,
poussées par l’instinct de la conservation,
vont sur les arbres les plus proches, où alors
elles exercent leurs ravages. Le moyen le
plus efficace est de les brûler de suite sur
place. Quant à celles qui échappent, on pro-
fite du moment où elles sont groupées sur
les branches pour les faire périr, en les tou-
chant avec de l’huile de pétrole, de colza,
ou même avec de l’eau de savon.
J. La CHAUME,
Arboriculteur à Vitry (Seine).
IIS CAPPE
Le Poirier Louis Cappe provient d’un
semis fait en 1852, très-probablement, à ce
que croit M. Boisbunel, d’un pépin de
Doyenné d’hiver, dont l’arbre et surtout le
fruit ont tous les principaux caractères,
moins les défauts. En effet, l’arbre est très-
vigoureux ; son port, la nature et l’aspect
du bois ont une certaine analogie avec ces
mêmes parties chez le Doyenné d’hiver.
Quant au fruit, il est un peu plus gros que
celui que représente la figure ci-contre ;
il est aussi plus agréablement coloré, c’est-
Fraisiers, Elisa Vilmorin, est morte le août
1868, à Verrière-le-Euisson, ce qui explique l’in-
terruption qui a eu lieu dans cette partie du Jardin
fruitier du Muséum, mais qui va probablement
cesser, notre collègue, M. Robine, ayant été chargé
par M. Decaisne de la continuation de ce travail.
Le choix ne pouvait être meilleur, M. Robine étant
un des fraisiéristes français les plus compétents.
SUR UNE VARIATION REMARQUABLE.
172
à-dire que sa peau, qui est souvent forte-
ment lavée et flagellée rouge sur les parties
frappées par le soleil, s’éclaircit et prend
une teintejaune en mûrissant. La chair, d’un
grain fin et serré, est fondante et contienten
grande quantité une eau dont la saveur
parfumée rappelle au plus haut degré celle
du Doyenné d’hiver.
(( Cette espèce, écrit M. Boisbimel, paraît
parfaitement rustique jusqu’à présent, et
peut être cultivée soit en pyramide, soit en
plein vent ; sous cette dernière forme, les
fruits viennent bien et résistent aux coups
de vent, grâce à la flexihilité de leur pédon-
cule qui est assez long. Enfin, cultivée en
espalier, en cordon ou autrement, ses fruits
sont susceptibles d’acquérir un plus fort vo-
lume et de revêtir un assez beau coloris, à
l’instar de celui que présente ceux du
Doyenné d’hiver. C’est un fruit du com-
mencement d’hiver, qui n’a pas besoin d’être
entrecueilli. On doit le cueillir le plus tard
possible; il se conserve mieux. y>
A ce qui précède, nous pouvons ajouter
que nous avons dégusté des fruits de la
Poire Louis Cappe, et que nous les avons
trouvés délicieux, dignes, nous le répétons,
de l’honnête, modeste et savant jardinier
que nous avons eu le bonheur d’avoir pour
chef et surtout pour ami.
E.-A. Carrière.
SUR UNE VARIATION REMARQUABLE
Par M. h. HOFFMANN, professeur de botanique a l’Université de Giessen
Lorsqu’on 1869 M. Carrière publia les
résultats d’expériences dans lesquelles il
pensait avoir obtenu la tranformation de la
racine (mot pris ici dans un sens très-large)
sèche et grêle du Raphanus raplianistrum
ou Raifort sauvage en un corps volumineux,
épais, charnu et comestible, que nous ne
voyons se produire que chez les Raiforts et
Radis de nos jardins (Raphanus sativus),
l’énoncé de ces résultats fut critiqué dans
un journal d’horticulture parisien, avec vi-
vacité et représenté comme une véritable
hérésie scientifique. Il semblait que c’était
saper les bases mêmes de la science que
d’avancer le fait certainement inattendu d’un
passage du Raifort sauvage à l’état de Rai-
fort cultivé, et non seulement la publication
première, mais encore la reproduction de la
note de M. Carrière dans le Journal delà
Société centrale dliorticulture (2® série,
III, 1869, p. 257-267, 329-334) furent cri-
tiqués dans les termes les plus énergiques.
Cependant aujourd’hui ce même fait, qui
était alors déclaré faux et impossible, nous
revient d’Allemagne appuyé des expériences
et de l’autorité d’un botaniste éminent, ob-
servateur aussi habile qu’expérimentateur
consciencieux, de M. H. Hoffmann, le savant
professeur de Giessen. Dans le numéro de
la Rotanische Zeitung qui porte la date du
28 février 1873, M. H. Hoffmann vient de
publier à ce sujet une note peu étendue dont
nous donnerons ici la traduction presque
entière, à cause de son intérêt majeur et en
(1) Extrait du Journal de la Société centrale
d’horticulture de France, 1873, p. 114.
raison du jour qu’elle jette sur la question
capitale des variations que les plantes peu-
vent subir.
(( Comme, dit M. Hoffmann, dans l’étude
de la variation des plantes, l’étendue qu’elle
peut acquérir a un intérêt tout particulier,
je crois devoir publier une observation qui,
par le fait, va beaucoup plus loin que tout
ce qui avait été regardé jusqu’à ce jour
comme possible ou vraisemblable. C’est du
moins l’impression qu’elle a faite sur moi.
Il y a peu d’années, j’aurais éprouvé une
extrême répugnance à tenir pour exacte
une pareille observation, si elle m’avait
été communiquée par un autre; mais les
années que je viens de consacrer à des ex-
périences de culture m’ont fait voir bien
des particularités inattendues et m’ont ap-
pris qu’on doit compter avec les faits.
(( Il s’agit de la démonstration de Viden-
tité spécifique des Raphanus raphanis-
trum et sativus. Tandis que ces deux plan-
tes n’offrent pas de différence notable ou
constante dans leurs organes végétatifs, elles
s’éloignent tellement l’une de l’autre pour
les caractères de leur fruit, que plusieurs
botanistes les ont rangées dans deux genres
distincts et séparés; d’un autre côté, elles
ne se distinguent point l’une de l’autre pour
l’organisation, ni pour la couleur de leurs
fleurs. A la vérité, je n’ai pas vu encore de
Raifort cultivé à fleur jaune, tandis que cette
couleur est celle qu’a d’ordinaire la fleur du
Raifort sauvage ; mais inversement celui-ci
a si souvent la corolle blanche, lilas, même
parfois pourpre clair, qu’on ne peut, sous
ce rapport, le distinguer du R. sativus.
SUR UNE VARIATION REMARQUABLE.
173
(( Quant au fruit de ces deux plants, j’ai
déjà prouvé, l’an dernier, que, du moins
dans son plan d’organisation, il difïèrebeau-
coup moins, chez l’un et l’autre, qu’on ne
l’admet habituellement ; même que, chez
une forme particulière du Raifort cultivé,
le Raphaniis sativus caudatus, à côté des
longs fruits ordinaires, on en voit, sur la
même tige, qui sont intermédiaires entre
ceux des R. sativus et raphanisirum , et
d’autres qu’on ne peut plus distinguer de
ceux de ce dernier. Il résultait déjà de là
une preuve du rapport étroit du Raifort
cultivé avec le Raifort sauvage; mais il
manquait la démonstration inverse, c’est-à-
dire la preuve que le Raphanus rapha-
nistrum peut se changer en R. sativus.
J’ai réussi à l’obtenir, pendant l’été de
1872.
(( Depuis 1868, sur une planche isolée,
étaient cultivés beaucoup de pieds de la
forme à fleurs blanches du Raphanus
raphanish'um (venus d’abord de graines
récoltées en plein champ, sur des individus
sauvages, dans les environs de Giessen). Le
nombre de ces pieds variait chaque année,
parce qu’ils se ressemaient généralement
d’eux-mêmes sans que la terre fût tra-
vaillée. En 1869 et 1870, les fleurs de ces
plantes ont été blanches; en 1871, il y a
eu 17 pieds à fleurs blanches et 3 à fleurs
jaunes ; ceux-ci ont été immédiatement
supprimés. En 1872, il y a eu 5 pieds à
fleurs jaunâtres et 20 à fleurs blanches. Ces
plantes ne différaient nullement pour la vé-
gétation ni entre elles, ni relativement de
celles des champs (peut-être plus de vi-
gueur). Le 20 juillet, j’ai observé sur deux
de ces pieds à fleurs blanches de vrais
fruits de R. sativus, à côté (sur la même
tige) d’autres fruits ayant des caractères
intermédiaires, enfin d’autres tout sem-
blables à ceux du R. raphanistrum. L’a-
nalyse la plus attentive n’a pu me faire
découvrir de différence entre les premiers
de ces fruits et ceux du Raifort cultivé, en
exemplaires maigres.
(( L’importance de ce fait m’a déterminé à
dégager mon observation de toute cause
possible d’incertitude. Comme je m’étais
mis à 1 abri de toute possibilité de confusion
de semences, j’avais seulement à craindre
qu’une hybridation ne fût intervenue, pro-
duite par l’intermédiaire d’insectes. S’il est
vrai que, comme on le dit, les abeilles
étendent leurs excursions dans un rayon
d’au moins un mille, on ne peut jamais
exclure avec pleine certitude tout trans-
port de pollen par elles, les Raiforts étant
cultivés dans beaucoup de jardins ; mais si
l’on songe que (dans une autre partie du jar-
din botanique de Ciessen) une autre planche
de Raphanus raphanistrum se trouve,
depuis plusieurs années, tout à côté d’une
planche de R. sativus sans avoir jamais
offert, malgré ce voisinage, le moindre
indice d’hybridation, tandis que celle dont
il s’agit dans celte note est éloignée d’au
moins 250 pas de tout pied de R. sativus,
un arboretum de hautes proportions s’éle-
vant encore entre deux, on sera peu porté
à faire intervenir une hybridation dans le
cas actuel (1). On le sera même d’autant
moins : 1® qu’il est aujourd’hui démontré
anatomiquement que les fruits de ces deux
plantes different beaucoup moins l’un de
l’autre en réalité qu’on ne le dirait à la vue
de leurs caractères extérieurs, ou d’après
ce fait que, à l’état sec, l’un d’eux, celui
du R. raphanistrum, se rompt aisément
en travers ; 2» que le passage mentionné
plus haut du R. sativus caudatus au R.
raphanistrum montre, d’un autre côté,
que la transition de l’une à l’autre de ces
plantes s’opère dans les deux sens.
(( Le fait dont il s’agit ici est, sous beau-
coup de rapports, analogue aux relations
d’origine qu’on admet avec raison entre
l’Amandier et le Pêcher ; mais il est encore
plus frappant.
a II ne reste plus maintenant qu’à ren-
contrer la même variation en plein champ,
loin de toute culture de Raiforts, ce qui
doit, par la nature même des choses, être
entouré de difficultés et ne peut s’offrir que
par hasard ; car, lorsqu’il s’agit d’une plante
aussi commune que le R. raphanistrum,
il est difficile de porter son attention sur
chacun des pieds en nombre très-considé-
rable qu’on en rencontre.
« M. Alp. de Candolle {Géogr. bot.
raison., p. 653, 717) n’admet le R. rapha-
nistrum comme indigène ni dans l’Europe
moyenne, ni dans le Nord-Amérique; nous
devrions donc voir dans cette mauvaise
herbe si commune une échappée des jar-
dins métamorphosée, une transformation
d’un Raifort propre au bassin de la Médi-
terranée et revenant à une forme originaire
exotique. Quant au Radis {R. radicula),
(1) Il me semble d’ailleurs qu’une hybridation ne
rendrait guère compte de cette circonstance que
c’est le même pied de Raifort sauvage qui a porté
des fruits normaux de cette espèce, des fruits de
Raifort cultivé et des formes intermédiaires entre
les deux. {Note du traducteur.)
UNE NOUVELLE MALADIE DES POMMES DE TERRE.
174
d’après mes expériences de culture, il rentre
sans difficulté et complètement dans le
Raifort de forme et couleur ordinaires ; on
ne peut donc songer, sous aucun rapport, à
le classer comme une espèce distincte et
séparée.
« Dans le Wochenschrift für Gœrtneri
(1869, m 32), M. K. Koch a publié une
note intitulée : Le Pvaifort sauvage {R. va-
johanistrum, L.), plante mère de nos Piai-
forts et Radis. On y voit que le R. rapha-
nistrum se trouve depuis l’Europe occiden-
tale jusqu’au Japon. On y trouve l’exposé
d’expériences faites par M. Carrière, dans
lesquelles les racines de cette plante ont
gagné considérablement en épaisseur, sous
l’influence de la culture, pour devenir ce que
M. Carrière nomme Radis sauvage amé-
lioré ; mais il n’y est nullement question
d’une transformation du fruit de l’une de
ces plantes en celui de l’autre. Les re-
marques de M. Herincq sur ce sujet {Ohserv.
crit., Paris, 1869, p. 19) n’ont pas non
plus avancé cette question (1).
(( Au reste, abstraction faite de la crois-
sance hâtive en épaisseur, la marche du dé-
veloppement des racines est absolument la
même chez le R. sativus que chez le R,
raphanistrum. On sait que les jeunes ra-
cines de Radis ou de Raifort présentent, à
leur surface, deux oreillettes membraneuses,
attachées par leur partie supérieure, dé-
tachées dans l’inférieure. Ces oreillettes
n’appartiennent pas à l’écorce ; ce sont les
gaines des deux cotylédons qui se sont sou-
dées en tube et que rompt le grossissement
de la racine ; elles restent néanmoins adhé-
rentes par le haut jusqu’à ce que la dé-
composition les fasse disparaître. Le Radis
est donc (chez le R. sativus épaissi) l’axe
hypocotylé bien distinct, à sa partie infé-
rieure, de la racine : celle-ci est blanche;
le premier est ordinairement rose. Les
choses se passent à peu près de même chez
la Retterave, chez laquelle toutefois la gaine
cotylédonaire reste adhérenté et ne se dé-
tache point par arrachement. »
Ajoutons que les figures que M. H. Hoff-
mann a jointes au texte de sa note montrent
fort bien que ces oreillettes se trouvent chez
le Raifort sauvage comme chez le Raifort ou
Radis cultivé. Duchartre.
Nous sommes très-heureux de voir un
savant de la valeur de M. Hoffmann, à
l’aide d’expériences aussi sérieuses que dé-
cisives, confirmer les faits que nous avions
avancés. Toutefois, et bien que les résultats
qu’il a obtenus confirment nos dires, nous
ne nous en prévalons, pas plus que nous
n’aurions été désappointé si on nous eût
annoncé des faits contraires, une vérité ne
pouvant être infirmée même par une vérité
contraire. On doit comprendre néanmoins le
mécontentement, la colère sourde de cer-
taines gens qui, sans aucune preuve, et avec
cette hardiesse qui sied si bien à l’igno-
rance, avaient déclaré que la chose était
fausse. C’est là, toutefois, un mode de ré-
soudre les questions qui n’est pas sans dan-
ger pour ceux qui l’emploient. Nos adver-
saires en savent quelque chose.
E.-A. Carrière.
UNS NOUVELLE MALADIE DES POMMES DE TERRE
L’affection dont il s’agit n’est pas pré-
cisément nouvelle, et il est même peu
de personnes qui n’en aient vu quelques
exemples, mais sans y faire attention, parce
qu’étant très-rares, ils ne causaient aucun
préjudice; mais il en est tout autrement
aujourd’hui, car elle prend des proportions
(1) Si M. H. lîoffman avait eu connaissance du
rapport qui a été fait, le 10 février 1870, à la Société
centrale d’horticulture, par M. Courtois-Gérard, au
nom d’une commission de six membres (voyez le
Journal, 2^ sér., IV, 1870, pp. 110-114), il aurait vu
que la transformation du fruit du R. raphanistrum
en fruit de R. sativus y est signalée comme ayant
été obtenue, en même temps que celle des racines,
dans les expériences de M. Carrière. Il aurait lu en
effet, dans ce rapport, le passage suivant, à la
page 112 ; « Si, dans la question du Radis sauvage
telles que, sur certains points, c’est un vé-
ritable fléau qui, non sans raison, préoccupe
les cultivateurs. Déjà l’année dernière nous
écrivions, à ce sujet (1), ce qui suit :
« Reaucoup de nos lecteurs ont sans
doute remarqué, comme nous, qu’il arrive
parfois que, dans les Pommes de terre, on
amélioré, on examine les produits de la fructifica-
tion, on trouve que le développement des fruits est
parfaitement en rapport avec celui des racines ; en
effet, longues, étroites et à une seule loge au début,
les siliques du Radis sauvage arrivent progressive-
ment à la forme ventrue très-développée des sili-
ques du Radis cultivé. Comme ces dernières, arrivées
à ce point, elles sont à deux loges, p
(Note du secrétaire-rédacteur.)
(1) R.evue horticole, 1872, p. 146.
UNE NOUVELLE MALADIE DES POMMES DE TERRE.
175
en voit quelques-unes qui, au lieu de for-
tes pousses, n’émeltent que des tigelles
grêles, ténues, tout à fait impropres à la
production. Ce phénomène, qui jusqu’ici
était très -exceptionnel, sémble devoir se
généraliser, mais aussi se localiser. C’est
du moins ce qui résulte des dires d’un de
nos collègues, M. Lebatteux, horticulteur au
Mans, qui tout récemment nous assurait
que chez eux, à peu près partout, l’on
constate que toutes les variétés présentent
ce phénomène dans une proportion vraiment
effrayante : 90 à 95 pour 100. Là ce phé-
nomène est désigné par le mot fialer, pro-
bablement par allusion à la ténuité des
pousses qu’on a comparée à des fils (fig.
18). Ce fait va-t-il se généraliser? Espérons
que non ; mais, en attendant, il est prudent
de ne pas planter les Pommes de terre qui
présentent ce caractère, mais de changer les
semences en les tirant de localités où elles
sont saines et bonnes, et surtout exemptes
du caractère exceptionnel dant nous venons
de parler. »
Voilà ce que nous écrivions l’année der-
nière; depuis, et contrairement à ce que
nous aurions désiré, au lieu de s’atténuer,
le mal a pris de l’intensité tout en s’éten-
dant davantage, et aujourd’hui ce n’est pas
seulement le département de la Mayenne qui
nous fournit des exemples de cette altéra-
tion, mais ceux de l’Oise, de Loir-et-Cher,
de la Vienne, de la Côte-d’Or, de la Cha-
rente-Inférieure, etc. Dans ces deux derniers
départements, l’on s’en préoccupait beau-
coup, ce qui s’explique par l’extension con-
sidérable qu’a pris le mal. En effet, un fort
propriétaire de la Charente-Inférieure nous
affirmait, il y a quelques semaines, que
dans une grande partie de ce département
l’on ne trouverait pas la quantité suffisante
de tubercules pour effectuer la plantation.
Le 22 février dernier, notre collègue,
M. Lebatteux, à qui nous avions demandé
quelques renseignements, écrivait du Mans
ce qui suit :
Mon cher collègue,
Je suis allé à la campagne pour me rendre
un compte exact de la maladie des Pommes de
terre. L’espèce dite Marjolin est partout dans
de meilleures conditions que l’année dernière ;
les deux environ sont propres à la reproduction.
Malheureusement il n’en est pas de même pour
les autres espèces ; le chardon, par exemple,
que l’on cultive en très-grande quantité dans nos
contrées, parce qu’elle est très- productive et,
par conséquent, très-avantageuse, soit pour l’ali-
mentation, soit pour la nourriture : un quart à
peine a de bons germes ; la longue de Hollande,
une rouge un peu allongée, ainsi que la ronde
dite Saint-Jean, n’en ont pas une pour cent de
bonne... Hier vendredi, jour du marché au
Mans, j’ai examiné les Pommes de terre de
toute provenance et demandé des renseigne-
ments à tous les fermiers de nos environs :
d’après leurs dires, les quatre cinquièmes sont
impropres à la reproduction.
On peut voir d’après cette lettre, dont on
ne peut soupçonner l’exactitude, que sous
le rapport de la question qui nous occupe la
situation ne s’est guère améliorée.
Dans le département de la Côte-d’Or,
cette affection a pris des proportions telles
qu’elle inspire de vives craintes ; les savants,
les agronomes s’en occupent beaucoup, et,
en signalant le mal, cherchent quel est le
remède qu’on pourrait lui opposer. C’est ce
que démontrent deux documents qui ont
été publiés à Dijon, l’un dans le Journal
d’agriculture de la Côte-d’Or, l’autre
dans le Bulletin de la Société d’horti-
culture de ce même département. Procé-
dant logiquement, les auteurs de ces deux
documents, assurément très-remarquables
(celui du Bulletin surtout), après avoir dé-
montré la nature du mal, cherchent à en
découvrir la cause, qu’ils considèrent comme
étant due « au mauvais choix des variétés
nouvelles » ou à celui des plantes « dont la
maturité n’était pas complète ». Ce dernier
fait serait surtout dû à l’arrachage prématuré
des tubercules, en vue de les soustraire à la
maladie (oïdium), » et qu’alors, mal consti-
tués ou affaiblis, ces tubercules n’auraient
produit « que des bourgeons très-faibles en
1870, » de sorte que « les tubercules ré-
coltés cette même année se sont trouvés
dépourvus de bourgeons, d’où la non-émis-
sion de bourgeons sur les plants de semence
en 1871 et 1872. » Dans l’un de ces deux
documents on invoque aussi comme cause
de la non production des bourgeons, de la
fileusité, « l’abus qui résulte de la culture
trop souvent répétée de la Pomme de terre
dans le même terrain, comme on l’a re-
marqué bien des fois aussi pour d’autres
cultures. »
L’égermage aussi a été considéré comme
une des causes qui contribuent à déterminer
la fdeusité des Pommes de terre, c’est-à-
dire leur disposition à émettre, au lieu de
forts bourgeons, des jets filiformes plus ou
moins stériles. « L’égermage — dit l’un
des deux mémoires dont nous parlons —
doit être supprimé pour les tubercules-
semences ; presque tous les cultivateurs,
pour éviter cette grande confusion des tiges
176
UNE NOUVELLE MALADIE DES POMMES DE TERRE.
sur les tubercules-semences mal soignés,
arrachent les pousses au mois de janvier et
de février, et alors ils n’otit plus, au mo-
ment de la plantation, que les germes sui-
vants ; ils perdent, ceci est prouvé par l’ex-
périence, un tiers du produit, les premières
pousses ayant une force de végétation beau-
coup plus grande que les suivantes. »
Telles sont, en général, les principales
causes auxquelles on attribue l’affection dont
il s’agit et qui se manifeste sur les Pommes
de terre. Mais tout en reconnaissant que
Fig. 18. — Pomme de terre fdeuse, de grandeur
naturelle.
toutes ces raisons sont d’une grande valeur,
qu’elles ont la logique pour elles, que les
faits . semblent les justifier et, par consé-
quent, que l’on doit en tenir un très-grand
compte, nous allons néanmoins démontrer
qu’il n’en est pas tout à fait ainsi, que les
causes sont plus complexes que l’on ne pa-
raît l’avoir remarqué, et même que bien
des faits tendent à infirmer les raisons que
l’on invoque.
Faisons d’abord remarquer que l’origine
de ces Pommes de terre fileuses ne date pas,
ainsi que l’on paraît le croire, de ces quel-
ques dernières années seulement, puisque,
dans la Charente-Inférieure, à ce que l’on
nous assurait tout récemment, il y a plus
d’une vingtaine d’années qu’on les remarque
et que l’on a pu suivre la progression cons-
tante. Nous nous rappelons que, lorsque
nous étions jeune et que nous n’avions pas
été sage, — ce qui nous arrivait souvent, —
on nous a bien souvent imposé, en place de
vacances du jeudi, d'égermer les Pommes
de terre et d'avoir bien soin de mettre à
part, pour les dojiner aux cochons, celles
qui étaient dépourvues de germes ou qui
n’en avaient que de ténus comme des fils
(Pommes de terre lileuses d’aujourd’hui).
Ceci ne démontre pas seulement que cette
sorte d’affection existait, mais aussi que l’on
était dans l’habitude d'égermer, opération
qui, bien que mauvaise en soi, s’est faite à
peu près de tout temps et partout. Gomment
donc se fait-il que, à cette époque, on ne
voyait nulle part cette affection s’étendre,
et, aujourd’hui encore que cet égermage se
fait dans presque tous les pays et sur pres-
que toutes, la marjolin exceptée, — pour-
quoi la fdeusité ne se remarque-t-elle que
dans quelques pays seulement? L’égermage
n’est donc pas la seule cause.
D’une autre part, il est également évi-
dent que la culture des Pommes de terre
« trop souvent répétée dans un même ter-
rain )i) n’est pas non plus la cause ; tout au
plus pourrait-elle y contribuer, si l’on ne
restituait au sol, par les engrais ou par les
amendements, les parties alcalines (potasse,
soude, etc.) que les tubercules auraient pu
lui enlever. Il ne faudrait pas non plus l’at-
tribuer au € mauvais choix des variétés
nouvelles, » puisque l’on voit les mêmes
variétés fdeuses être, au contraire, très-vi-
goureuses et saines, et donner d’excellents
produits dans des pays très-voisins de ceux
où elles fdent.
Mais ce ne sont pas seulement les « nou-
velles variétés » qui sont atteintes de cette
affection ; celle-ci se manifeste également
sur des variétés anciennes, et, bien mieux,
là où elle se montre, elle les attaque toutes,
anciennes et nouvelles. Mais pourquoi aussi
ne se montre-t-elle que sur certains points
seulement, souvent à des distances considé- ;
râbles les unes des autres et dans des con- i
ditions de sol, de climat et d’exposition
tout à fait différents, tels que les départe- j
ments de l’Oise, la Côte-d’Or, de la !
Vienne, de la Mayenne, de la Charente-In- ;
férieure, etc.? !
Depuis les deux publications dont nous j
UNE NOUVELLE MALADIE DES POMMES DE TERRE.
177
avons parlé ci-dessus, l’attention a été attirée I
de nouveau, et, à notre connaissance, deux
articles ont été publiés au sujet de l’affection
dont nous parlons : l’un dans un recueil très-
répandu (1), par Cora Millet, qui dit
que, dans la Vienne, cette affection, que l’on
nomme mule (2), a envahi (( au moins la
moitié )) de ses Pommes de terre. Dans son
mémoire (3), M. Prilleux, étudiant cette af-
fection surtout au point de vue scientifique,
essaie d’en trouver la cause dans l’altération
de certaines parties soit aériennes, soit
souterraines; mais toutes ses recherches ont
été vaines. Constatons que, pas plus que
Cora Millet, M. Prilleux n’a indiqué le
remède.
Phénomènes que présentent les Pommes
de terre jileuses. — Si nous ne pouvons in-
diquer la cause de la fileiisité, nous pou-
vons constater les caractères que présen-
tent les tubercules qui en sont atteints, ce
que nous allons essayer de faire. Jusqu’à ce
qu’ils poussent, rien ne paraît indiquer d’al-
tération ; les tubercules sont sains, fermes
et de belle apparence ; ce n’est que lors de
l’émission des bourgeons que le fait se ma-
nifeste ; à ce moment, il est des plus sensi-
bles : les Pommes de terre fileuses (fig. 18)
développent des bourgeons excessivement
ténus, donnant quelquefois naissance à de
! petits tubercules qui, lorsqu’ils se dévelop-
pent bien, n’excèdent guère la grosseur
d’une Noisette, parfois moins que cela. Quel-
I quefois ces bourgeons continuent à s’allon-
' ger et arrivent même à la surface du sol,
où ils donnent des tiges très-maigres, grê-
' les, toujours peu nombreuses. Mais le plus
souvent ces tigelles filiformes, au lieu de
sortir du sol, s’allongent plus ou moins et
I se terminent par un très-petit tubercule.
Parfois même celui-ci, sessile ou subsessile,
repose directement sur le tubercule mère.
j Tous ces caractères se trouvent représentés
» I par la figure 18. Afin de mieux faire ressor-
i tir ces particularités, nous avons fait dessi-
■ ; ner une Pomme de terre saine (fig. 19) et
î dans de bonnes conditions de végétation,
; 1 arrivée à peu près au même état de déve-
( i loppement que la figure 18, qui représente
I I une Pomme de terre fdeuse.
(1) Voir Journal d’ Agriculture pratique, 1873,
p. 159.
(2) Probablement à cause de la stérilité de ces
J pommes de terre que l’on a comparée à celle du
I mulet.
(3) Notice sur une altération qui s’est pro-
duite DANS LA VÉGÉTATION DES POMMES DE TERRE.
Journal de la Société centrale d’horticulture,
1 1873, p. 48.
Les quelques observations que nous avons
faites plus haut, et auxquelles nous pour-
rions en ajouter beaucoup d’autres, mon-
trent d’une manière évidente que les causes
indiquées dans les quelques articles dont
nous avons parlé ne sont pas suffisantes
pour expliquer le mal, par conséquent pour
en indiquer le remède ; aussi allons-nous
essayer de rechercher quel est celui que
l’on pourrait appliquer. Mais comme, d’une
autre part, il est également évident que la
cause est complexe, il doit en être de même
Fig. 19. — Pomme de terre Marjolin, saine,
de grandeur naturelle
des effets ; par conséquent encore, les re-
mèdes doivent être multiples: aussi, tout en
admettant ceux que l’on a recommandés,
tels que l’emploi de tubercules bien mûrs,
munis d’yeux bien marqués, et surtout de
germes gros et bien nourris, nous n’hési-
tons pas à dire qu’il en est un qui, à notre
avis, doit primer tous les autres, bien qu’il
ne doive pas en interdire l’usage. Ce moyen
consiste dans le changement annuel des se-
mences (1), moyen, du reste, des plus ra-
(1) C’est par suite d’une habitude consacrée par
l’usage que l’on appelle semences les tubercules de
UNE NOUVELLE MALADIE DES TOMMES DE TERRE.
tionnels et qui est employé avec beaucoup
de succès dans toutes les cultures, soit agro-
nomiques, soit même horticoles. Il faut
donc, chaque année, et jusqu’à ce que le
fléau ail tout à fait disparu, faire venir les
tubercules dont on a besoin pour planter de
localités que l’on sait exemples du mal, en
ayant toujours bien soin de s’approvisionner
de sortes méritantes. Mais devrait-on même
en prendre de qualité un peu inférieure,
qu’il ne faudrait pas hésiter, l’important
pour le moment étant de faire disparaître le
mal. On sait, en effet, qu’il est beaucoup
de plantes dont les propriétés toutes locales
ne se maintiennent que lorsque l’on trans-
porte les plantes dans des conditions diffé-
rentes de celles où ces propriétés se sont
formées ; et comme il en est des propriétés
que l’on considère comme mauvaises comme
de celles que l’on considère comme bonnes,
il faut donc, suivant le cas, repousser les
unes ou les autres. Dans cette circonstance,
il va sans dire qu’il faut constamment re-
courir aux bonnes, c’est-à-dire aux variétés
qui sont exemptes de l’affection que l’on
tient à faire disparaître. Il faut donc, nous
ne saurions trop le répéter, là où il y a seu-
lement des traces de mal, ne planter aucune
de ces Pommes de terre, et, au contraire,
en faire venir des endroits où elles présen-
tent toutes les qualités que l’on recherche.
On doit d’autant moins hésiter à faire ces
échanges, que les Pommes de terre fdeuses,
lorsque l’on en fait la récolte, ne présentent
aucun signe d’altération, qu’elles sont alors
aussi saines et aussi bonnes à consommer
que celles qui présentent des caractères con-
traires, l’altération ne paraissant résider que
dans les parties correspondantes aux bour-
geons, et ne se développant guère que vers
l’époque où a lieu l’émission de ceux-ci;
c’est, du moins, ce que nous avons observé.
Pourtant il peut arriver, si l’affection est
très- prononcée ou que la saison soit très-
avancée, que les Pommes de terre fileuses
soient de qualité inférieure. Dans tous les
cas, comme cette altération ne paraît pro-
duire rien d’insalubre, on peut toujours les
faire manger par les animaux ou en faire de
la fécule.
De tout ce qui précède, et comme résu-
mé, nous posons les règles suivantes :
Changer les semences chaque année,
en les tirant de localités où il n’y a pas trace
d’affection ;
Pommes de terre. Le mot semence ne devrait s’em-
ployer que lorsqu’il s’agit de graines, ce qui n’est
pas le cas pour le sujet qui nous occupe.
2® Attendre pour planter que les bour-
geons en germes commencent à se dévelop-
per (1), afin de pouvoir choisir et rejeter
les tubercules qui ne présenteraient pas de
germes gros et bien nourris ;
3» .Mettre les Pommes de terre destinées
à la plantation dans un lieu aéré, et autant
que possible pas trop entassées, afin d’éviter
qu’elles ne poussent de trop bonne heure,
et de n’être pas obligé de pratiquer l’éger-
mage, lors même que l’on devrait planter
un peu plus à bonne heure ;
¥ Éviter autant que possible de planter
dans les endroits où, plusieurs fois en peu
d’années, il y a eu des Pommes de terre.
Quant aux soins, nous n’en voyons pas
de particuliers à recommander autres que
ceux qui consistent à entretenir la terre en
bon état par des binages et un buttage
faits à propos, moins toutefois pour éviter la
fdeusité que pour s’assurer une bonne ré-
colte.
Quelques personnes ont conseillé de plan-
ter debout, ou de telle ou telle façon les tu-
bercules, et de n’en planter que de gros
ou des moyens et entiers ; nous ne voyons
dans ces recommandations rien qui soit de
nature à éviter le mal. En effet, les Pommes
de terre fileuses sont pour la plupart gros-
ses, et même très-grosses ; d’une autre part,
il nous est souvent arrivé de planter des
fragments de Pommes de terre, et d’avoir
de plus beaux produits qu’avec des tuber-
cules entiers. Quant à la position des tuber-
cules, elle nous a paru n’avoir aucune im-
portance.
On a dit aussi que certaines variétés
étaient plus rustiques et moins sujettes à la
fdeusité que certaines autres ; les recher-
ches que nous avons faites à ce sujet, loin
de confirmer ces dires, démontrent que
fow/es y sont sujettes plus ou moins, suivant
les lieux, le sol, et peut-être aussi suivant
les années, ce que prouve l’expérience.
Ainsi, l’on a vu parfois une variété qui,
après avoir produit beaucoup de Pommes
de terre fdeuses, en donnait de saines en
très-grande partie, et cela sans que l’on ait
pris d’autre précaution que de planter les
tubercules exempts d’affection. Ce fait, sur
lequel nous appelons particulièrement l’at-
tention, prouve qu’il ne faut pas s’effrayer
outre mesure de cette maladie, qui, comme
(1) Les personnes qui voudraient planter comme
primeur pourront exposer les tubercules pendant
quelque temps à la chaleur et à l’obscurité, afin de
provoquer le développement des germes, de ma-
nière à pouvoir faire un choix.
DU MOUVEMENT DE LA SÈVE.
toutes les autres, du reste, disparaîtra, et
que, en se conformant aux recommanda-
tions que nous avons faites ci-dessus, on hâ-
tera beaucoup le moment de sa disparition,
tout en atténuant les conséquences immé-
diates.
En terminant, nous croyons devoir dire
quelques mots d’une autre affection des
Pommes de terre qui se montre depuis peu
de temps, mais qui, déjà, préoccupe égale-
ment les cultivateurs dans certaines loca-
lités.
Cette nouvelle maladie paraît due à une
altération des parties souterraines, et que
rien ne peut faire prévoir, puisqu’elle se dé-
veloppe dans le sol et qu’on ne s’en aper-
çoit que pendant le cours de la végétation,
à l’aspect que prennent les plantes. C’est le
ramollissement des tubercules, dont nous
allons dire quelques mots.
Dans la lettre que nous avons rapportée
ci-dessus, notre collègue, M. Lebatteux,
ajoutait en post-scriptum ce qui suit :
Je crois devoir vous informer que nous
craignons une autre maladie que nous remar-
quons déjà depuis deux ans.
Longtemps avant la maturité, les plantes qui
en sont atteintes prennent un aspect tout par-
ticulier; les tiges et les feuilles jaunissent; les
Pommes de terre deviennent molles comme si
elles étaient gelées, et restent dans cet état sans
se perdre et sans pour cela être propres à grand
chose. Espérons que cela n’aura pas de suites
fâcheuses.
Malheureusement encore, il ne paraît pas
en être ainsi que le souhaite notre collègue,
et récemment, à la séance du 9 janvier der-
nier de la Société centrale d’horticulture de
France, un des membres, M. Prilleux (mé-
moire cité), dit que (( dans certaines parties
de la Normandie, la production de ce que
les cultivateurs ont appelé les Pommes de
terre molles a causé, dans certains champs,
des pertes qui se sont è\e\ées, jusqu'au tiers
de la récolte. Un autre membre, M. Petit-
jean, dit qu’aux environs de Montargis la
récolte a été presque détruite sur plu-
sieurs points, et M. Delavallée rapporte
que, dans une autre localité, les pertes ont
179
été tout aussi considérables par la même
cause. »
Dans son mémoire {L c., p. 51), en par-
lant de son affection, M. Prilleux dit ;
Quant aux Pommes de terre molles^ elles
se sont montrées en assez petit nombre dans un
champ où j’étais assuré que le triage des tuber-
cules-semences avait été fait avec un très -grand
soin ; mais, dans bien des cultures, elles se sont
montrées en grande quantité, surtout sur les va-
riétés précoces, et en particulier sur les Pommes
de terre anglaises provenant des dons faits,
après la guerre, par les agriculteurs d’Angle-
terre, et cultivées dans le pays depuis l’année
précédente.
Ici encore, les quelques exemples que
nous avons vus, ainsi que les renseigne-
ments qu’on nous a fournis, nous ont dé-
montré que ce ne sont pas seulement les
Pommes de terre hâtives qui sont sujettes
au ramollissement, et que, comme la fileu-
sité, cette affection peut se produire sur
toutes les variétés. Quant à l’examen phy-
siologique, physique et anatomique, auquel
s’est livré M. Prilleux, il ne nous parait
avoir rien produit de certain touchant les
symptômes et les conjectures qu’il en a ti-
rées ; nous dirons même que certaines
conclusions qu’il en a déduites, telle que
la production des bulbilles sur les tiges aé-
riennes ou sur l’écorcement des tiges dans
cette même partie, ne sont nullement des
signes de ramollissement des tubercules,
puisque ces caractères se montrent sur des
pieds dont les tubercules sont plus ou
moins nombreux, gros et bien sains. D’où
nous concluons, d’une part, qu’il n’est au-
cun caractère scientifique qui puisse indi-
quer que les Pommes de terre donneront
des produits ramollis, et que, ici encore,
et jusqu’à ce jour, c’est à la pratique qu’il
faut recourir ; d’une autre part, qu’en l’ab-
sence de donnée positive relativement aux
moyens qu’il convient d’employer pour
combattre cette nouvelle affection, il faut
avoir recours aux probabilités, et que
celles-ci nous paraissent reposer unique-
ment sur les recommandations que nous
avons faites plus haut, énumérées sur les
numéros 1, 2, 3 et 4. E.-A. Carrière.
DU MOUVEMENT DE LA SÈVE
Il sera peut-être utile de rappeler, chaque
fois que l’on tentera de définir la marche de
la sève; que, par cela même, à l’instar des
animaux, les végétaux vivent et croissent,
eux aussi doivent ingérer, digérer et s’assi-
miler de la nourriture, mais que ces fonc-
tions, qui chez les animaux se font à l’aide
de mouvements plus ou moins compliqués
du système musculaire, doivent néces.saire-
ment, chez des êtres plus simples, comme
180 PLANTES MERITANTES, NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
sur les végétaux, s’accomplir passivement et
pour ainsi dire indépendammentde la plante.
Si la nourriture des végétaux, laquelle, de
fait, n’est que de l’eau plus ou moins riche
en atomes nutritifs, entre chez eux par le
chevelu des racines, monte le long de la
tige après avoir été élaborée dans les feuilles ;
si de là elle se répand par tout l’organisme,
et édifie les tissus cellulaires et fibreux, tout
ceci ne peut s’accomplir que par des lois ou
forces naturelles capables d’effectuer ces
mêmes mouvements chez les liquides gé-
néralement.
Les seules lois applicables sont l’attrac-
tion capillaire, laquelle fait monter un li-
quide dans un conduit ou tube capillaire ; la
gravitation, qui fait descendre les liquides ;
le syphon, qui fait monter un liquide, passer
un coude et redescendre ; et l’endosmose,
qui force deux liquides de natures diffé-
rentes à changer de place réciproquement à
travers un diaphgrame organique sans l’aide
d’ouverture. Il est patent que chaque arbre
et chaque végétal contient au moins deux
liquides : la sève brute, ou nourriture li-
quide telle qu’elle sort de la terre, et la vé-
ritable sève ou nourriture digérée, ce dont
chacun peut d’ailleurs s’assurer en goûtant
la vraie sève de l’Érable à sucre, celle du
Sapin, etc., etc. Il n’est donc pas irrationnel
de présumer que ces deux liquides sont
assez différents de leur nature pour pro-
duire l’endosmose, et il serait d’ailleurs im-
possible, sans cela, d’expliquer le passage des
liquides dans les nombreux points où la
continuité des conduits cesse, se trouvant
barrée par du tissu.
Ainsi donc, les quatre forces susnom-
mées pourraient faire entrer la nourriture
liquide aux spongioles, la faire monter jus-
qu’aux feuilles, où (suivant l’expression gé-
néralement acceptée, et qui, du reste, est
fort juste, quoique un peu bâtarde, en ce
sens qu’elle confond la nourriture avec le
sang veineux) elle est élaborée dans ces soi-
disant poumons de la plante en vraie sève,
et ces mêmes forces pourraient, de là, la
faire passer par tout l’organisme, soit en
montant, en descendant, 'ou horizontale-
ment.
Toute force extérieure est inadmissible
comme moteur de la sève. La clialeur, celle
qui exerce le plus d’influence sur sa marche,
en est, il est vrai, un grand accélérateur,
mais ne peut être acceptée comme origina-
teur, vu que, même en hiver, lorsque le
mouvement est ralenti et quand, à l’instar
des pulsations chez certains animaux hyher-
nants, il est à peine perceptible, il existe
toujours néanmoins, comme l’indiquent
l’évolution des racines et autres symptômes
de végétation pendant cette saison.
Quant à l’édification des tissus de la
plante, elle est évidemment effectuée par ces
lois ou forces chimiques, communes aux
trois règnes de la nature, par lesquelles les
atomes d’une solution minérale édifient tout
aussi artistiquement et sans omettre un seul
de ses angles le cristal le plus compliqué
de forme, que le font les liquides animaux
pour les os, les muscles, la graisse et autres
parties de l’animal. {Garden.)
J’ajouterai que ces données toutes ration-
nelles ont l’avantage de laisser le champ
libre aux praticiens et aux théoriciens quant
à la définition et au tracé de la marche de la
sève. Fréd. Palmer.
PLANTES MÉRITANTES, NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES
Yucca filamentosa major. — Obtenu
par M. Briot, chef des pépinières impériales
de Trianon, le Y. filamentosa major, qu’on
nomme aussi Y. filamentosa maxima, est
certainement l’une des plus belles sortes du
genre. Best acaule, d’une vigueur peu com-
mune et constitue de très-fortes touffes ; ses
feuilles, qui se tiennent bien, larges, grandes
et d’un beau vert, sont bordées de nom-
breux et gros filaments blancs qui se dé-
tachent et s’enroulent par la base, de ma-
nière à constituer des sortes de spires ou
tire-bouchons qui produisent un joli con-
traste.
Cette plante, admirable pour son feuillage ,
ne l’est pas moins par l’abondance de ses
fleurs, la dimension des inflorescences et
l’extrême facilité qu’elle a d’en produire.
Ajoutons qu’elle est très-rustique, qu’elle
ne souffre pas même des plus grands froids,
et qu’elle produit en très-grande quantité
des bourgeons à l’aide desquels on peut la
multiplier.
Clemenceau.
Orléans, imp. de.G. JACOB, Cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine de mai)
Exposition de la Société centrale d’horticulture de France ; dépendance de la Société d’horticulture vis-à-
vis de la direction des Beaux-Arts. — Nouvelles variétés de Roses mises dans le commerce par M. Eug.
Verdier, horticulteur à Paris. — Supplément au programme de l’Exposition d’horticulture de Seine-et-
Oise. — Les Dahlias de M. Eug. Mézard, horticulteur à Rueil. — Rusticité des Calceolaria rugosa et
excdsa. — Le Peuplier de V Arquebuse, à Dijon. — Procédé, simple et peu coûteux, pour copier les
lettres, communiqué par M. Jean Sisley. — La coloration des feuilles; un Pocher sanguin, reçu
d’Amérique par M. Paillet, horticulteur à Châtenay. — Les Vignes gelées ; procédé de M. Magister pour
les remettre à fruit ; communication de M. Prudhomme. — Destruction des rats : procédé de M. Barillet.
— Catalof^ue de M. Linden. — Supplément au catalogue de M. Charles Verdier, horticulteur à Paris. —
Observations de M. Cornu, sur le phylloxéra. — L’hiver de 1872-73 ; les derniers froids ; nouvelles
diverses : communication de M. Dumas.
i
Au moment où paraîtra ce numéro, il
sera trop tard pour informer nos lecteurs
que la Société centrale d’horticulture de
France Na faire une exposition, puisque,
devant commencer le 19 mai, elle sera si-
non ouverte, du moins à la veille d’ouvrir.
Quelle est donc la cause d’un fait si regret-
table, d’une décision si subite ? La dépen-
dance dans laquelle s’est mise la Société
d’horticulture auprès de la Société des
Beaux-Arts, dont elle est à la merci, pour ne
pas dire plus. En effet, qu’est-il arrivé? Que
le programme, prêtTdepuis plusieurs mois,
n’a pu être envoyé parce qu’il fallait 1 as-
sentiment du directeur des Beaux-Arts, qui,
pour des raisons particulières auxquelles
nous n’avons rien à voir, trouvait toujours
moyen d’apporter des entraves. C’est ainsi
que, quinze jours environ à l’avance, on est
arrivé à fixer définitivement l’exposition au
19 mai. Une telle marche, on doit le com-
prendre, est regrettable, et surtout nuisible
aux intérêts horticoles, et même à la beauté
de l’exposition ; les horticulteurs ne sachant
pas à l’avance l’époque où elle aura lieu, ne
peuvent agir en conséquence et préparer
(forcer ou retarder) certaines plantes, de
manière à en faire coïncider la floraison
avec l’époque d’ouverture de l’exposition.
Mais, dira-t-on, c’est pour la Société une
question d’économie ; car, de cette manière,
elle a moins de frais à supporter, le local
lui étant donné pour rien. Sous ce rapport,
il y a certainement du vrai ; mais cette rai-
son est- elle suffisante, et tout doit-il s’esti-
mer au poids de l’or? D’une autre part,
I celte phrase : « pour rien, » est-elle exacte,
i et ne s’abuse -t-on pas sur la valeur des
I mots? La dépendance dans laquelle se trouve
i de cette façon la Société d’horticulture est-
■ elle donc si peu de chose? et à ce sujet,
[ nous ne pourrions mieux faire que de ren-
16 MAI 1873.
voyer à la fable de La Fontaine, intitulée :
Le Loup et le Chien :
Il vit le cou du chien pelé :
Qu’est-ce là? lui dit-il. Rien...
Le collier dont je suis attaché...
Attaché ! dit le loup. Vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? — Pas toujours ; mais qu’importe?
En outre de l’exposition horticole propre-
ment dite, qui se terminera le 23 mai,
comme la Société d’horticulture a pris V en-
gagement (le collier du chien de la fable)
d’orner le jardin pendant toute la durée de
l’exposition des beaux-arts, les horticulteurs
qui désireraient concourir à cette ornemen-
tation permanente le pourront en s’adres-
sant au président de la Société d’horticul-
ture. La commission d’organisation, chargée
d’examiner les produits proposés, pourra les
admettre ou les rejeter, suivant qu’elle le
jugera convenable.
— A partir du mois de mai, M. Eugène
Verdier, horticulteur, 72, rue Dunois, à
Paris, livrera au commerce, en sujets gref-
fés, un certain nombre de nouvelles variétés
de Roses, rentrant dans les sections sui-
vantes: ThéSji^i; Noisette, 5; île Bour-
bon, 2; moussu, remontant, 1; hybrides
remontants, 39; microphylla non remon-
tant, 1 ; provins panaché non remontant, 1;
moussu non remontant, 1.
— Le Supplément au programme de
l’Exposition d’horticulture de Seine-et-Oise,
qui, ainsi que nous l’avons annoncé récem-
ment (1), aura lieu dans le parc de Ver-
sailles les 30, 31 mai, l^r et 2 juin 1873,
vient de paraître; il contient la liste des
PRIX EXCEPTIONNELS qui scront délivrés à la
suite de cette exposition, et dont voici la
liste :
(1) Voir Pievue hortieole, 1873, p. 01.
10
182 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAI).
Prix d’honneur fondé par le comité des
dames patronesses, médaille d’or de 300 fr.;
1er prix des dames patronesses, médaille
d’or; prix de M. le Ministre de l’agri-
culture et du commerce, médaille d’or ;
2® prix de M. le Ministre de l’agriculture et
du commerce, médaille d’or ; prix de
Mme Heine, présidente des dames patro-
nesses, médaille d’or ; prix de la ville de
Versailles, médaille d’or; prix Furtado,
médaille d’or; 2® prix des dames patro-
nesses, médaille d’or; prix de la Compa-
gnie des chemins de fer de l’Ouest, mé-
daille d’or ; 2® prix de la Compagnie des
chemins de fer de l’Ouest, médaille d’or ;
3® prix des dames patronesses, médaille de
vermeil ; 4® prix des dames patronesses,
médaillé de vermeil ; prix de M»^® Lusson,
dame patronesse, grande médaille d’ar-
gent.
Si à ce nombre de médailles exception-
nelles on ajoute les médailles ordinaires
(consistant en or, argent et vermeil), on
verra que s’il manque quelque chose à l’ex-
position de Versailles, ce ne seront certaine-
ment pas les récompenses ; le jury, peut-
être, pourra même se trouver embarrassé
pour la répartition. Espérons que non, tou-
tefois, et, comme cela a toujours eu lieu jus-
qu’ici, que les produits seront aussi beaux
que nombreux.
Rappelons que le jury se réunira le jeudi
29 mai, à dix heures très-précises, au local
de l’exposition (salle des Marronniers, quin-
conce du nord).
— M. Eugène Mézard, horticulteur à
Rueil (Seine-et-Oise), vient de publier un
catalogue spécial de Dahlias. Nous n’ap-
prendrions rien à personne en disant que
les collections de Dahlias de M. Mézard sont
des plus complètes qu’on puisse se procurer
dans ce genre de plantes si éminemment or-
nementales. Rappelons aussi qu’on trouve
chez M. Mézard des collections nombreuses
et variées de Pélargoniums, Fuchsias, Pé-
tunias, etc., etc.
— Encore deux plantes d’ornement qui
vont probablement perdre la qualification
« plantes de serre, » dont elles jouissent
depuis longtemps : ce sont les Calceolaria
rugosa et excelsa. Jusqu’ici ces espèces,
qui sont très-voisines l’une de l’autre, ont
été, à cause de leur origine chilienne, con-
sidérées comme des plantes de serre tem-
pérée. Un fait que nous avons remarqué
cette année, et que nous allons rapporter,
semble démontrer que ces plantes sont re-
lativement rustiques. En effet, elles ont
parfaitement passé l’hiver dans un jardin
à Passy, et aujourd’hui elles sont magni-
fiques et couvrent presque tout le sol d’un
massif dans lequel elles étaient placées.
A ceci on pourrait objecter que l’hiver n’a
pas été froid, ce qui est vrai; mais si
l’expérience n’est pas concluante pour dé-
montrer la rusticité absolue de ces plantes,
elle suffit néanmoins pour en faire ressortir
la rusticité relative, et montrer aux ama-
teurs qu’à l’aide d’un léger abri pendant
l’hiver, ils pourront jouir de ces deux char-
mantes plantes, qui concourent pour une
si large part à l’ornementation des jardins.
— Un arbre dont plusieurs fois déjà il a
été question dans ce journal, à cause de
son âge et des dimensions vraiment ex- ;
traordinaires qu’il présente, est un Peu- |
plier noir, fréquemment désigné sous le |
nom de Peuplier de V Arquebuse, et planté
vers 1400 dans le jardin botanique de Dijon ;
il est donc âgé d’environ 470 ans. Sa hau- i
teur est de plus de 100 pieds (38 mètres),
et sa circonférence à sa base est d’environ
15 mètres. Ces dimensions sont d’autant
plus extraordinaires qu’elles* se rapportent
à un genre dont les limites extrêmes d’âge
dépassent rarement deux siècles, et à une ;
espèce qui, sous le climat de Paris, n’at-
teint jamais de grandes proportions.
— Si dans un très-grand nombre de cas
et dans la généralité des ménages on n’a
guère à tenir compte de sa correspondance, î
ni de savoir au juste ce que l’on a écrit, il en
est tout autrement lorsqu’on est en rapport
d’affaires, et même en général il serait bon I
d’avoir toujours à sa disposition une preuve
de ce que l’on a décrit dans telle ou telle
circonstance. Aussi, la découverte des ma-
chines (presses) à copier les lettres a-t-elle
été un véritable progrès. Mais ces machines
coûtent assez cher ; l’encre qu’elles nécessi-
tent est également d’un prix relativement
élevé (2 fr. le petit flacon) ; de plus, il faut i
mettre la lettre à copier avant que l’écriture '
soit sèche. Toutes ces précautions sont |
une raison pour empêcher beaucoup de |
personnes de garder copie des lettres
qu’elles écrivent, de sorte qu’il n’y a guère j i
que celles qui y sont à peu près obligées, j
par exemple les commerçants, qui ont re- | |
cours à ce procédé. i
Un moyen d’éviter tous ces inconvénients, | I
simple, peu dispendieux et à la portée de I !
183
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAl).
tout le monde, serait donc très-avantageux,
un véritable progrès. Ce moyen existe ;
nous en devons la connaissance à notre ami,
M. Jean Sisley, qui a bien voulu nous le
faire connaître, en nous autorisant à le pu-
blier si nous le jugeons convenable, ce que
nous nous empressons de faire. Voici ce
qu’écrit M. Sisley :
Prenez un petit flacon d’encre ordinaire, qui
se vend 25 cent.
L’encre doit peser environ 60 grammes, sans
le verre ; ajoutez-y moitié du poids de sucre
candi, et de quatre à cinq gouttes de gomme ara-
bique fondue dans de l’eau.
La bouteille d’encre à copier vous coûtera en-
viron 35 cent., au lieu de 2 fr. qu’elle se vend
chez les papetiers ; et encore celle dont je vous
donne la recette est meilleure, car la copie en
est plus nette.
La lettre écrite, placez-la sous l’une des
feuilles d’une copie de lettre, et passez la main
dessus ; vous obtiendrez une épreuve parfaite en
une seconde.
Si par hasard la copie ne se faisait pas bien,
soit à cause de la composition de l’encre ou toute
autre cause que je ne puis prévoir, augmentez la
quantité de sucre candi, mais en aucun cas celle
de la gomme.
Désirant bien préciser et ne laisser au-
cun doute dans l’esprit de nos lecteurs sur
l’intéressant procédé dont nous venons de
parler, ni sur les moyens de l’employer,
nous avons écrit de nouveau à M. Sisley,
qui, avec sa bienveillance habituelle, s’est
empressé d’ajouter les quelques détails que
voici :
...La copie se fait instantanément et sans
presse.
Point n’est nécessaire de mouiller le papier du
copie de lettres.
Quand la lettre est écrite, on la place sous un
des feuillets du copie de lettres, et l’on passe la
main dessus en appuyant, et la copie est faite.
Point de papier particulier ; les copies de let-
tres sont tous bons.
Je copie chaque page de mes lettres à mesure
qu’elle est écrite ; cela me semble plus com-
mode ; c’est l’affaire d’une seconde.
On peut cependant, avec cette encre, attendre
dans certains cas une heure avant de copier.
! Inutile d’insister pour faire ressortir
I l’importance qui s’attache à cette décou-
t verte ] aussi n’hésitons-nous pas, au nom de
nos lecteurs et au nôtre tout particulière-
ment, à remercier vivement M. Sisley, qui
a bien voulu nous la faire connaître, ce qui,
toutefois, ne nous étonne pas de sa part.
Faire connaître et vulgariser ce qui peut
être utile à tous est sa principale devise.
Ajoutons qu’il joint l’exemple au précepte.
— Malgré tout ce qu’on a dit et écrit sur
la coloration des feuilles, on ignore encore à
peu près complètement ce qui la détermine
et les lois qui la régissent ; aussi n’essaierons-
nous pas de l’expliquer ; nous ne pourrions
qu’embrouiller la question en ajoutant une
hypothèse à toutes celles qu’on a émises sur
ce sujet. Ce que nous savons, c’est que
cette propriété, qui se montre spontanément,
persiste plus ou moins longtemps, et que
parfois aussi elle devient permanente. Ainsi
il arrive souvent que dans un semis il se
montre un ou plusieurs individus plus ou
moins colorés, mais dont la couleur s’atténue
et disparaît pour toujours, tandis que chez
d’autres, après s’être affaiblie, parfois effacée,
elle se montre de nouveau chaque année.
C’est une coloration périodiquement per-
manente; chez d’autres encore elle apparaît,
se miaintient, s’affaiblit très-légèrement pen-
dant l’été, s’accentue au contraire à l’au-
tomne, puis disparaît avec les feuilles si
celles-ci sont caduques, mais pour se mon-
trer de nouveau à chaque printemps. Dans
cette dernière catégorie rentrent l’Épine-
Vinetteà feuilles pourpres, le Hêtre pourpre,
le Noisetier pourpre, etc. Ce caractère, qui
jusqu’à présent ne s’était montré que sur
les plantes d’ornement (ligneuses ou her-
bacées), s’est manifesté d’une manière des
plus remarquables sur un Pêcher. Nous
manquons de renseignements précis sur son
origine ; tout ce que nous savons à ce sujet,
c’est qu’il a été trouvé en Amérique, d’où l’a
reçu notre collègue M. Paillet, horticulteur-
pépiniériste à Chatenay-lès-Sceaux (Seine),
où nous l’avons admiré. L’arbre est très-
vigoureux ; ses feuilles, d’un pourpre foncé
à reflets métalliques, sont grandes, munies
de glandes réniformes. Ce qui rehausserait
encore le mérite et même l’intérêt scienti-
fique de cette variété, ce sont les fruits qui,
de bonne qualité et assez gros, sont colorés
en rouge dans toutes leurs parties. Si ce fait
se confirme, ce Pécher appartiendrait à la
section des sanguines, dans laquelle il for-
merait un nouveau type. En attendant, nous
pouvons affirmer que c’est une heureuse
acquisition au point de vue de l’ornement ;
aussi est-il hors de doute qu’il sera bien
accueilli lors de sa mise au commerce qui,
nous le croyons, aura lieu à l’automne pro-
chain.
— Dans le but d’atténuer autant que pos-
sible le mal considérable qu’ont fait aux
Vignes les gelées du mois dernier, but qu’on
ne saurait trop louer, M. Prudhomme, édi-
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAI).
teur du journal le Sud-Est, publie la
note suivante, que nous nous empressons
. de reproduire. La voici :
MM. les vignerons remarqueront que toutes
. les pousses ou bourgeons qui viennent d’être
atteints par la gelée ont noirci et sont en consé-
quence frappés de mort. 11 faut alors se hâter de
les arracher autant qu’il est possible jusqu’au
^ talon ou à l’empâtement. Voici l’effet qui en
'résultera: dans cet empâtement, il y a de un à
' trois bourgeons latents dont au moins un sera
immédiatement mis en mouvement par la sève
• qui devait se porter sur le bourgeon gelé et en-
levé. Ce bourgeon latent se développera aussitôt
avec assez de force et remplacera le bourgeon
mort ; il donnera immanquablement du fruit
pour cette année, moitié ou les deux tiers de ce
qu’aurait pu produire le bourgeon défunt. Il
semble que la nature n’a créé ces bourgeons la-
tents que pour subvenir à la défaillance de leur
-aîné.
Tout le monde est intéressé à propager ce
moyen pour réparer notre désastre.
Il est à remarquer que, si on ne faisait pas
celte opération, les deux ou trois bourgeons se
. développeraient lentement et formeraient de
simples brindilles qui resteraient improductives
quelques années. Celle observation n’est doncpas
' à négliger si on ne veut pas compromettre ses
récoltes à venir.
Cette communication nous est faite parM. Ma-
gister, un vigneron très-expert qui habite Vourey,
' canton de Rives (Isère), et qui, dit-il, conduit sa
Vigne ainsi depuis vingt ans, chaque fois qu’elle a
été atteinte par la gelée. Il est venu nous faire
.part de son procédé, afin que nous lui donnions
' Ja plus grande publicité. Comme notre journal
le Sud-Est a paru il y a déjà quelques jours,
nous communiquons ce procédé aux grands
'journaux et aux journaux de l’agriculture, pour
qu’ils le publient immédiatement.
L’arrachage, et non la coupure, est-il bien
sacramentel? L’expérience nous l’apprendra;
V l’inventeur le conseille comme moyen infaillible.
Ce procédé, nous ne l’avons vu indiqué nulle
.part.
L’éditeur du Sud-Est.,
Prudhomme, imprimeur à Grenoble.
De même que noire éminent confrère, nous
mous demandons pourquoi l’arrachage, non
le coupage des bourgeons gelés? Loin de
voir un avantage dans ce mode de procéder,
nous serions plutôt disposé à y voir un in-
convénient : celui d’occasionner une dé-
perdition de sève par suite des plaies ré-
-sultant des déchirures. D’une autre part, ce
procédé nous paraît susceptible de détruire,
ou du moins de fatiguer les yeux latents qui
sont à la base des bourgeons et sur lesquels
on fonde l’espoir du succès. Il nous semble
qu’il vaudrait mieux couper très-ras et très-
mets les bourgeons gélés, de manière à pro-
voquer le prompt développement des yeux
latents, puis choisir parmi ceux-ci le plus
beau, le mieux placé, puis supprimer les
autres, à moins qu’ils aient des fruits. Tou-
tefois, ce que nous venons de dire n’est
qu’une hypothèse, et nous ne saurions trop
rappeler que, quelque fondée qu’elle puisse
paraître, une hypothèse tombe toujours de-
vant des faits qui lui sont contraires.
— Au sujet du procédé recommandé par
M. Barillet pour la destruction des rats, et
dont nous avons parlé récemment (I), notre
collègue M. Hauguel, dans une lettre qu’il
vient de nous adresser, confirme l’excellence
de ce moyen. Voici ce qu’il en dit:
.... Le procédé dont parle M. Barillet est
des plus efficaces ; je l’ai vu employer il y a une
quinzaine d’années par un charpentier nommé
F. Gosselin, dans une ferme des environs de
Montivilliers. Le propriétaire avait fait marché
avec cet homme à raison de 5 fr. par cent de
rats, et à 2 fr. 50 pour les souris et les mulots.
La seule différence existant entre le piège dont
a parlé M. Barillet consiste dans ce fait que
pour amorcer l’on ne mettait que de la farine
sur la bascule, et d’une autre part qu’on ajoutait
de l’eau au fond du baril, de sorte que les rats
étaient bien vite noyés.
— Sur le catalogue de M. J. Linden, pour
1873, qui vient de paraître, nous remarquons
d’abord une série de plantes d’introduc-
tion récente qui sont livrées au commerce
à partir du printemps 1873. Ces plantes, au
nombre de vingt-cinq, à part deux: V Acer
jpalmatumcrispum, e\.pe\xi-è\XQ le Yucca
haccata, Torrey, sont de serre chaude ou
au moins tempérée. Les noms de chacune
d’elles sont suivis d’une description ou d’ob-
servations spéciales qui en font connaître
les caractères ou les particularités. Après
cette série viennent d’autres catégories de
plantes dont nous ne pouvons parler ici, et
dont voici l’énumération par lettre alpha- ;
bétique: Arbres fruitiers des tropiques,
Azalea indica nouveaux, Azalées de pleine
terre, Caladiums, Camellias nouveaux,
Chrysanthèmes nouveaux. Introductions
nouvelles. Orchidées, Palmiers, Pelargo-
niums. Plantes nouvelles où rares de
serre chaude et tempérée. Plantes de serre \
froide. Plantes de plein air. Plantes utiles ■
et officinales. Rhododendrons nouveaux.
Dans la section des plantes nouvelles ou |
rares de plein air, qui sont celles accessibles |
au plus grand nombre de personnes, nous j
citerons tout particulièrement, outre les |
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 85. !
185
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAI).
Erables japonais et quelques espèces de
Primula Japonica et autres, le Cerasus
capollina ou capulinos, dont la Revue a
plusieurs fois parlé; VElœagnus longipes
crispa, le Fremontia Californica, le Piper
Futokadshura et le Quercus striata. Rap-
pelons que le L. Fremontia Californica est
une plante magnifique des plus fïoribondes
et des plus ornementales, mais qui malheu-
reusement est d’une culture difficile ; sa
multiplication surtout est presque impos-
sible; aussi cette plante est- elle toujours
rare. Si nous parlons du Piper Futokad-
shura, c’est moins pour la beauté que pour
la singularité exceptionnelle que présente
cette espèce. En effet, jusqu’à présent, que
nous sachions, toutes les espèces de ce genre
réclament pour l’hiver au moins la serre
tempérée. C’est une exception que nous
avons cru devoir signaler.
i
I
— Dans un supplément de catalogue qu’il
vient de publier, M. Charles Verdier, hor-
ticulteur, 12, rue Duméril, informe les jar-
diniers et amateurs qu’à partir du com-
mencement de mai 1873, il livrera en
greffes non forcées et sur sujets cultivés en
pots un certain nombre de Rosiers nou-
veaux se répartissant comme suit : Thés, 14;
Noisettes, 5 ; Ile Bourbon, 2 ; Hybrides re-
montants, 32; Hybride de noisette re-
montant, 1; Mousseux remontant, 1;
Mousseux non remontant, 1; Provins pa-
naché, 1 ; Microphylla sarmenteux non
remontant. On trouve dans l’établissement
de M. Ch. Verdier différentes autres col-
lections de plantes de serre et de pleine
terre, telles que Pivoines, Glaïeuls, Calà-
diums, etc.
— D’après une communication faite ré-
i cemment à l’Académie des sciences par
1 M. Dumas, des observations que vient de
[ faire M. Cornu, qui, comme on le sait, est
I chargé d’étudier tout particulièrement le
j phylloxéra, il résulte que le commencement
I du printemps serait très-probablement le
moment d’employer les diverses substances
I qu’on a préconisées pour opérer la destruc-
tion de cet insecte. Cette supposition est
fondée sur ce fait que, l’insecte venant de
se débarrasser de son ancienne enveloppe,
et présentant sur toute sa surface un tissu
très-peu consistant, il serait bien plus acces-
sible à l’action des substances plus ou moins
corrosives qu’on pourrait employer. Sans
nier la valeur de ces observations, nous fe-
rons observer qu’elles s’appuient entière-
ment sur des hypothèses, et nous consta-
tons de nouveau que la question n’est guère
plus avancée, et que tous les rapports qui
ont été faits sur ce sujet n’ont guère servi
qu’à leurs auteurs, en préparant les voies
pour arriver à... autre chose.
— Arrivés bientôt au commencement de
l’été, nous pouvons parler de l’hiver, qu’on
peut considérer comme terminé (au point
de vue du froid), par conséquent dire ce
qu’il a été, et, sous ce rapport, au lieu d’in-
dications thermométriques pour constater la
température, nous croyons mieux faire en
citant quelques plantes qui ont résisté en
plein air, à Paris ou dans quelques localités
environnantes. Ainsi les Pélargoniums, An-
thémis, Acacia lophanta et autres, le Te-
tranthera japonica, VEdwarsia grandi-
flora (ces deux dernières espèces n’ont pas
perdu leurs feuilles), les Jasminum revo-
lutum et chrysanthum, ont à peine cessé
de fleurir ; le Buddleia globosa n’a même
pas perdu de feuilles. Quelques pieds de
Ceanothus Gloire' de Versailles, dont les
inflorescences n’ont pas cessé de se déve-
lopper, sont en ce moment prêts à épanouir
leurs fleurs. Nous avons même vu, planté le
long d’un mur, un pied de Capucines dont les
feuilles seules ont été détruites, mais qui
en ce moment se développe vigoureuse-
ment.
Ces quelques exemples suffisent pour in-
diquer que l’hiver 1872-1873 a été très-
doux ou presque nul. Du reste, la tempéra-
ture n’a atteint, et pendant un temps très-
court, quelques heures à peine, que 5»
au-dessous de zéro. Cela présage-t-il une
bonne année? Espérons-le. Ajoutons que
tout semble l’indiquer. — Voilà ce que, dans
une note volante, nous écrivions le 22 avril,
par un temps magnifique, où alors les ar-
bres étaient couverts de fleurs, la plaine et
les jardins de plantes d’une végétation su-
perbe. Mais quelques jours plus tard tout
changeait, et, ainsi que cela se voit malheu-
reusement trop souvent en France, à la suite
de journées très-chaudes, ou plutôt excessi-
vement chaudes, tout à coup le vent, chan-
geant de direction, se refroidit, et le ther-
momètre, au Muséum, marquait, au-dessous
de zéro, le 24 avril 4 dixièmes, le 25
8 dixièmes, et le 26 un degré 8 dixièmes.
Cet abaissement de température, à Paris,
semble n’avoir fait aucun mal ; à peine quel-
ques plantes très-sensibles ont-elles été
« frisées, » comme l’on dit ; malheureuse-
ment il en a été tout autrement dans les
186
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMlà.lE QUINZAINE DE MAl).
provinces et dans un nombre considérable
de localités, où, du reste, la température a
été beaucoup plus froide ; tout ce qui était
susceptible de geler a été perdu : Vignes,
Noyers, Pommes de terre ; les Seigles même
dans beaucoup d’endroits ont été détruits,
ainsi qu’on va le voir par les ditlérents ex-
traits que nous allons rapporter.
Issoire (Puy-de-Dôme), 27 avril 1873.
...La gelée de cette nuit a été calamiteuse
pour l’Auvergne î Nos Noyers sont grillés; les
Vignes sont perdues aux trois-quarts ; les fruits
sont mangés ; les Pêchers et les Abricotiers en
espalier, même recouverts par des paillassons,
sont anéantis; les seigles, partout épiés, sont
brûlés. C’est un véritable désastre.
Lissay (Cher), 27 avril 1873.
... Tous les Noyers de notre contrée viennent
de geler. Pour remplacer l’huile de Noix, qui
va nous manquer, je vais semer de l’œillette.
Poligny (Jura), 29 avril 1873.
...Nos jardiniers me demandent un rensei- j
gnement : les Pommes de terre Marjolin, qui
avaient déjà des pousses de 20 à 25 centimètres,
ont été entièrement gelées ; ils désireraient sa-
voir s’il faut abandonner cette culture, ou si, en
patientant, il y a quelque espoir de lui voir don-
ner encore une récolte. Je vous serais très-re-
connaissant, dans leur intérêt, de me fournir ce
renseignement.
Notre désastre est incontestable et sans précé-
dent. Notre vignoble, qui comprend les quatre
cinquièmes de notre territoire, est si absolument
gelé, qu’il ne reste pas un bourgeon dans toute
son étendue, pas im seul.
Après l’invasion et deux années blanches par
suite de gelées d’hiver, pour le propriétaire c’est
une véritable ruine, et pour ceux des vignerons
que le propriétaire ne pourra pas nourrir pen-
dant dix-huit mois, c’est la dernière misère. Dans
l’état où sont les esprits, c’est loin d’être ras-
surant.
Le renseignement que je vous demande pour
la Marjolin, je désirerais également l’avoir pour
la Roi/al ash leared.
Bar-le-Duc, 29 avril 1873.
...Les gelées ont beaucoup fait souffrir les
denrées. Le thermomètre est descendu à 7 de-
grés Réaumur. Nos Vignes et nos fruits sont tous
gelés.
La Bourgogne aussi a été cruellement
éprouvée, ainsi qu’on va le voir par la lettre
suivante, que nous adresse notre collègue,
M. Weber :
Dijon, 30 avril 1873.
Mon cher Monsieur Carrière,
La Bourgogne vient d’être cruellement éprou-
vée par des gelées comme on en voit rarement
à cette époque de l’année, qui ont détruit dans
une grande partie de ses vignobles tout espoir
de récolte. Le département de la Côte-d’Or, qui
avait tant besoin d’une bonne récolte pour ré-
parer les désastres des deux années précédentes,
est encore celui qui a été le plus frappé. Aussi
faut-il avoir reçu l’éducation du travail et y avoir
une foi robuste comme nos vignerons en géné-
ral, pour ne pas se décourager après de sembla-
bles épreuves ; tandis qu’il n’en est rien, et déjà
on s’occupe à remédier aux dégâts en relevant |
les jeunes couchages, et en intercalant d’autres i
cultures dans les Vignes plus âgées; cependant i
beaucoup, très- âgées, seront livrées au feu.
La plupart des Vignes avaient des bourgeons î
de 2 à 6 centimètres de longueur. On comprend
aisément l’effet désastreux que doit produire sur
une telle végétation un abaissement de tempé-
rature, qui a été, dans la nuit du samedi 26 au ■
dimanche 27, aux environs de Dijon, de 4 à |
5 degrés centigrades au-dessous de zéro; dans ,
d’autres localités, près de S degrés. L’eau des ;
mares était recouverte d’une couche de glace
de l’épaisseur d’une pièce de 5 fr. en argent. !
Agréez, etc. Wecer. j
Nous avions espéré que le midi de la F rance ;
aurait du moins été épargné; mais une
lettre que nous avons reçue de Lectoure
(Gers) nous fait voir que nous nous étions
trompé. Voici cette lettre :
Ferme-école de Bazin, le 28 avril 1873.
Cher Monsieur Carrière,
Je vous écris pour vous faire part de nos dé-
sastres. J’ai pour principe de ne pas me presser à
gémir ni de crier trop vite à la misère ; mais
cette fois je suis obligé de dire que dans nos pa-
rages le mal est très-grand. La nuit du 24 au 25
avait été funeste aux plantes ; le thermomètre
était descendu à moins de 2 degrés au-dessous de
zéro ; aussi, toutes les collines exposées au vent
nord-ouest, qui dominait, avaient-elles eu beau- ;
coup à souffrir, et presque partout les bourgeons /
de la Vigne avaient été plus ou moins rôtis. Ce-
pendant on avait encore de l’espoir : le mal >
n’était pas général, et presque toutes les Vignes '
en plaine et sur les hauteurs étaient encore sau- |
vées ; mais la nuit suivante, du 25 au 26, a été
encore plus désastreuse : excepté dans quelques
rares expositions favorables, presque toutes les
Vignes, dans notre contrée de Lectoure, sont ge-
lées. C’est à ce point que l’on croirait que le feu
est passé partout : il y a des Vignes de 10 hec- :
tares dans lesquelles on ne trouverait pas un j
bourgeon. Tel est le vignoble de la ferme-école I
de Bazin.
Au jardin, le mal est à son comble : les cor- j
dons de Vignes chasselas sont comme au mois de i
janvier ; les bourgeons, qui avaient déjà 20 à |
30 centimètres, sont tous complètement détruits. i
Les arbres aussi étaient cette année surchargés j
de fruits; c’était curieux avoir. Toutes les Poires j
sont complètement gelées; il en est de même des j
A PROPOS d’acclimatation.
CeriseSj Pêches, Prunes, môme des Fraises.
Quant aux Abricotiers, ils avaient déjà perdu
leurs fruits avant les gelées. J’avais un Abrico-
tier à floraison tardive, qui était très-joli à voir
à cause de la quantité considérable de fruits qu’il
portait; aujourd’hui tout est perdu, bourgeons
et fruits, et je crains môme pour les pieds de ces
arbres. J’avais un carré de Fèves d’Espagne à
longues cosses, qui avaient plus d’un mètre de
hauteur, chargées de fleurs et de fruits ; nous
aurions pu commencer à vendre sous peu de
jours ; elles sont perdues. Les fruits des Arti-
chauts sont môme glacés sur pied, au moment
où commençait la grande saison de la ré-
colte.
Dans la pépinière, les écussons et toutes les
jeunes pousses ont beaucoup souffert.
Aujourd’hui 28 avril, il est tombé quelques
gouttes d’eau pendant la nuit; ce matin le temps
est clair, le soleil splendide, mais avec cela un
vent du nord glacial comme en plein hiver.
Les grands arbres, tels que Noyers, Robi-
niers, Frênes à fleurs, arbres de Judée, Marron-
niers, etc., etc., qui étaient fleuris, ont la partie
supérieure complètement gelée ; les Noyers, par
exemple, le sont tout à fait; il en est de même
des Platanes, dont les bourgeons et les feuilles
sont perdus.
Les fourrages ont aussi souffert, mais ils ne
sont pas gelés, du moins chez nous, pas même
la Luzerne. Quant aux Blés, ils sont de toute
187
beauté, et ne demandent que de la chaleur et un
peu d’eau.
Agréez, etc. Dumas,
Jardinier-chef à la ferme-école de Bazin.
Cette lettre nous révèle des faits bien
tristes, que nous aurions voulu taire ; mais
à quoi bon ? Cacher un mal n’est pas le gué-
rir; c’est parfois un mal ajouté à un autre.
Quand on ne voit pas l’ennemi, on peut
s’endormir dans une quiétude qui peut de-
venir funeste; au contraire, lorsqu’on le
voit, si l’on ne peut toujours s’en rendre
maître, on peut au moins afDnblir ses coups :
(( Un bon averti vaut plus que deux qui ne
le sont pas, » dit un vieux proverbe. Tou-
tefois, espérons que le mal sera moins con-
sidérable qu’on paraît en droit de le crain-
dre; que, comme à peu près toujours dans
ces sortes de circonstances, l’on a beaucoup
exagéré ; qu’un grand nombre de localités
n’ont pas ou n’ont que peu souffert, et que
là même où le mal est grand, il ne sera pas
ce qu’on le croyait, vu l’époque avancée où
il s’est montré, et qu’alors beaucoup de vé-
gétaux pourront repousser, et sinon répa-
rer, mais du moins atténuer les dégâts. C’est
le désir qu’exprime en terminant
E.-A. Carrière.
A PROPOS D’AGGLIMATAÏION
; Il n’est rien tel que l’observation et l’ex-
! périmentation pour trancher les questions
i controversées; mais les occasions d’observer
et d’expérimenter ne se présentent pas à
point nommé, et lorsqu’elles se présentent,
on n’est pas soi-même à l’abri des fausses
1 interprétations et des erreurs. Ceci soit dit
en manière de précaution oratoire pour le
cas où l’observation qu’on va lire serait
serait trouvée en défaut.
Il y a deux ans, j’ai reçu de M. le D»’ Sa-
got, botaniste - physiologiste bien connu,
I actuellement professeur d’histoire naturelle
I à l’Ecole normale de Cluny, des graines
1 de diverses plantes des Canaries, entre
autres celles de VEchium plantagineiim.
j Cette espèce étant très-commune à Col-
I lioure, j’ai eu l’idée de comparer attentive-
ment les individus des deux provenances
pour savoir si, en tout, ils se comporteraient
de la même manière. Les graines ont par-
' faitement levé, et la ressemblance dans le
feuillage et les fleurs s’est trouvée, sinon
, parfaite, du moins largement suffisante
; pour qu’on pût raisonnablement considérer
. ces individus canariens et français comme
appartenant bien à une même espèce. Pour-
tant, dès le principe, les plantes de race
canarienne furent sensiblement en retard
et prirent beaucoup moins d’ampleur que
les indigènes. Il y avait donc entre elles une
certaine différence de tempérament.
Cette différénce s’accusa bien davantage
en hiver. Dans le même jardin, à six pas
l’un de l’autre, j’avais 'anÈchium canarien
issu d’un semis fait l’année précédente, et
un Echium indigène de même âge. Tous
deux prospéraient, mais très-inégalement,
l’indigène marchant au moins quatre fois
plus vite et prenant un volume propor-
tionné. Le 8 février, le temps, qui avait été
fort doux jusque-là, changea subitement, et
le thermomètre descendit pendant une nuit
à un ou peut-être deux degrés au-dessous
de zéro. Ce fut le critérium de l’expérience :
l’Echium canarien eut toutes ses feuilles
gelées et faillit périr ; l’indigène ne parut
pas s’apercevoir du changement de temps,
car sa végétation n’en fut pas même sus-
pendue. Dès le milieu du mois, il ouvrit ses
premières fleurs, et sa floraison, extrême-
ment abondante, continue encore aujour-
188
BIBLIOGRAPHIE.
d’hui (19 avril), c’est-à-dire depuis deux
mois. La pauvre plante canarienne a eu
toutes les peines du monde à se refaire,
mais enfin elle a survécu ; elle a poussé cinq
tiges de 20 à 25 centimètres de hauteur, où
on a déjà vu trois ou quatre maigres
fleurs s’ouvrir. En somme, elle fait triste
figure à côté de sa congénère de Collioure,
qui est devenue une touffe portant plus de
cinquante tiges ou branches principales, et
d’au moins 4 mètres de tour. C’est une su-
perbe plante.
Ainsi voilà deux plantes que tous les bo-
tanistes (non Jordaniens, s’entend) rattachent
à la même espèce, et qui se conduisent,
l’une comme une plante absolument rus-
tique, endurant, sans en souflrir, les plus
rudes hivers du pays (et il y gèle parfois à
— 7 ou — 8), l’autre comme une plante de
pays chaud, qu’une seule gelée très- légère
et de courte durée met à toute extrémité.
De deux choses l’une, car la logique est im-
pitoyable : ou les deux Echiums mis en ex-
périence étaient différents d’espèce, ou bien
il faut admettre que la même espèce s’est
adaptée à des milieux différents, devenant
rustique sous un ciel plus froid et plus sec,
prenant au contraire le tempérament sub-
tropical et frileux dans un climat plus hu-
mide et plus chaud. Pour ma part, je n’hésite
pas à me rallier à cette dernière opinion,
qui, bien que n’étant pas absolument dé-
montrée, s’appuie du moins sur un plus
grand nombre de faits que l’opinion con-
traire, et sans laquelle une multitude de
grands phénomènes naturels resteraient sans
explication. Ayant déjà exposé cette théorie
il y a bien des années, je m’abstiens d’y re-
venir ici.
Je n’ajoute plus qu’un mot: c’est une ré-
clame en faveur de VEchium plantagi-
neum (je parle de l’indigène), qui a tout ce
qu’il faut pour faire une plante ornementale
presque de premier ordre, par sa taille
avantageuse, sa longue et abondante flo-
raison, et la grandeur plus qu’ordinaire de
ses corolles violettes ; mais il a un impar-
donnable défaut : il ne vient pas de loin ; il
ne coûte rien et ne demande aucun soin.
Naudin.
BIBLIOGRAPHIE
Sous ce titre : Les Roses (1), M. Rots-
child vient de publier un livre dont nous al-
lons essayer de donner une idée, ce qui
li’est pas toujours facile ; car, indépendam-
ment de la valeur du livre, il faudrait pou-
voir sentir comme l’auteur, afin de bien
apprécier son œuvre, en se plaçant au point
de vue qui le lui a fait écrire. Quoi qu’il en
soit, nous allons le tenter.
Il y a plusieurs manières de rendre
compte d’un livre ; deux sont surtout en
usage : l’une, qui consiste à se guider sur
la table, et d’après celle-ci dire ce que l’on
suppose y être contenu, rester dans les lieux
communs, en se payant de mots. C’est de
beaucoup le moyen le plus employé.
L’autre consiste à parcourir l’ouvrage, afin
d’en apprécier la valeur : il est plus long,
plus difficile, mais plus honnête. C’est ce-
lui que nous adoptons.
Disons d’abord que, à priori et en s’en
tenant à la couverture, — ce qui est l’équi-
valent de l’étiquette qu’on place sur un vase,
— on est disposé à bien augurer de l’ou-
vrage. En effet, les auteurs — car ils sont
(1) Un fort volume grand in-8®, sur très-beau et
fort papier, avec 78 planches en chromolithographie
et 60 gravures sur bois intercalées dans de texte.
Rotschild, libraire-éditeur, 13, rue des Saints-Pères.
deux — sont des maîtres : MM. Jamain
(Hypolyte), horticulteur à Paris, et Fornay,
professeur d’arboriculture, auteur de plu-
sieurs ouvrages estimés, et, entre autres,
d’un Traité'sur les Rosiers. Aussi, ce livre
réunit-il les deux conditions essentielles : la
pratique et la théorie. Dans l’examen que
nous allons en faire, nous suivrons l’ordre
dans lequel il est écrit.
La partie qui commence le livre, la pré-
face, est un morceau de littérature poétique
en rapport avec le sujet dont elle est digne;
on n’en sera pas surpris lorsqu’on saura
que M. Ch. Naudin en est l’auteur. Aussi,
après l’avoir lue, n’a-t-on qu’un regret :
qu’elle soit si courte.
Après la préface vient Vhistoire de la
Rose. Celle-ci, dont nous reconnaissons la
valeur, a le défaut contraire de celle-là : elle
est trop longue, à notre avis du moins ; elle
gagnerait à être réduite à ce qu’il est réelle-
ment utile de savoir, et à ne pas remonter
aussi loin dans l’antiquité pour rappeler ce
qui a été dit bien des fois. Ces rappels des
temps fabuleux n’intéressent que très-mé-
diocrement; le plus souvent ils fatiguent
sans rien apprendre ; aussi, en général, les
passe-t-on, en regrettant toutefois de les
voir occuper une place qui pourrait être
I
BIBLIOGRAPHIE.
189*
beaucoup mieux remplie. Pourquoi, en
effet, à propos de Roses, parler des Ro-
mains, des Égyptiens, du « banquet des
noces de Psyché, » des « Cerneaux rôtis à
l’eau de rose ? » C’est de l’érudition au dé-
triment du sujet, qui en rabaisserait même
le mérite, si celui de la Rose était suscep-
tible de déchoir.
La Rose n’a pas besoin d’être chantée ;
elle est assez connue et aimée de tout le
monde pour se passer de la trompette de la
renommée, surtout lorsque celle-ci s’appuie
sur des dires dont on peut constater la véra-
cité. La Rose n’a rien à emprunter à per-
sonne; elle se suffit à elle-même; elle trône
parce qu’elle est reine, qu’elle est la Rose !
Après ces quelques observations, qui sont
moins une critique qu’un avis personnel
que nous nous permettons de donner aux
auteurs, nous allons examiner leur ouvrage,
en suivant l’ordre qu’ils ont adopté. Toute-
fois, nous devons faire observer que, dans
un compte-rendu, nous ne pouvons entrer
dans de minutieux détails, et que le plus
souvent même nous devrons nous borner à
une simple énumération des sujets.
, Le chapitre qui traite des espèces de Ro-
siers et de leur distribution géographique
est une appréciation rapide des différents
types et des contrées qu’ils habitent, accom-
pagnée d’une énumération de leurs princi-
• paux caractères; puis vient un examen des
espèces indigènes et exotiques cultivées
dans les jardins. Dans cet examen, les au-
teurs ont partagé tous les Rosiers en trois
groupes : Rosiers d'Europe, Rosiers de
VInde, Rosiers sarmenteux. Chaque groupe
j comprend un certain nombre d’espèces dont
I les caractères principaux, ainsi que cer-
taines particularités qu’elles présentent, ont
' été indiqués d’une manière nette et assez
précise. Toutefois, l’on doit comprendre que
sans être arbitraire, ce travail ne peut être
considéré que comme une évaluation rela-
tive, rien n’étant plus mal connu que les
I espèces et l’origine des Rosiers.
Uhistoire de la culture des Rosiers, qui
vient immédiatement après, est une partie
trè.s-intéressante du livre sur les Roses,
i C’est un coup d’œil rétrospectif qui, partant
de l’époque la plus reculée, montre la
marche extensive qu’a suivie la culture des
Rosiers, tout en indiquant l’apparition des
nouveautés qui venaient s’ajouter successi-
vement à celles qu’on avait, déjà obtenues,
montrant ainsi la formation des collections,
et faisant ressortir celle d’un homme dont
le nom restera éternellement lié à la cul-
ture et à l’histoire des Rosiers : de feu
Vibert. Des extraits faits par les auteurs
dans divers ouvrages anciens, puis dans
ceux qui ont été publiés successivement,
et dans lesquels il est parlé des Rosiers",
établissent d’une manière scientifique —
autant, du moins, que cela peut se faire"
— la marche graduée et continuelle qu’a'
suivie jusqu’à nos jours la culture des Ro-
siers. Puis vient la culture, qui, pour les
amateurs, est la partie essentielle du livre.
De nombreux paragraphes, en séparant les
diverses opérations de la culture, ont per-
mis aux auteurs d’indiquer pour chacune
tous les détails nécessaires pour les bien
comprendre, et font du tout un ensemble
qui embrasse à peu près tout ce qu’il est'
utile à un amateur de connaître. Nous al-
lons en donner les sommaires ou titres :
Sol et exposition qui conviennent aux Ro-
siers ; leur multiplication, les époques où
il convient de la faire; les procédés em-
ployés, les principaux soins qu’ils récla-
ment, la greffe, la taille, le dressage, etc.;
puis, comme complément, la culture for-
cée, qui, disons-le, est traitée de main de
maître, ce qui n’a pas lieu d’étonner lors-
qu’on sait que M. H. Jamainenest l’auteur.
Des gravures sur bois, au nombre de
soixante, intercalées dans le texte, viennent,
ajouter à la clarté déjà si grande de l’ensei-
gnement, et, en suppléant à l’insuffisance du
langage, complètent par la vue ce que l’ex-
pression ne peut rendre.
Une liste des variétés de Rosiers les plus
recommandables termine cette partie. Vient'
ensuite le chapitre qui traite des maladies^
et insectes nuisibles aux Rosiers. Ici, nous
devons constater que les maux indiqués,
ainsi que les remèdes recommandés pour'
les combattre, sont à peu près ceux que tout'
le monde connaît, et que l’on trouve rap-
portés dans tous les livres. Après cette liste,
vient un résumé biographique qui peut être'
très-utile à ceux qui veulent se livrer à
l’étude particulière des Rosiers, mais qui
n’ajoute rien d’essentiellement utile sur le'
livre des Roses.
La deuxième partie du livre comprend:'
soixante chromolithographies représentant"
soixante variétés des plus jolies, et apparte-
nant à tous les groupes du genre Rosier.
Une description, placée en regard de chaque-
figure, fait connaître les caractères et les par-
ticularités de la variété qu’elle représente;^
elle se termine par la citation de la per-
sonne qui a dbtenu cette variété, ce qui a-
l’avantage, tout en en démontrant l’origine;.
190
PIÎASEOLUS MACROPHYLLUS.
de constituer ainsi une sorte d’extrait de
naissance qui permettra, au besoin, d’en
faire Thistoire.
Dans ce compte-rendu, nous avons clier-
ché, autant que cela nous était possible, à
donner une idée du livre Les RoseSy et à
faire ressortir son mérite. Quant à celui des
auteurs, c’était inutile : il suffisait d’en citer
les noms pour donner à ceux qui les con-
naissent une idée de la valeur de leur ou-
vrage, qui pourtant, nous le croyons, ou
plutôt nous le craignons, est, pour beaucoup
de gens, affaibli par l’élévation considérable
du prix. C’est là, du reste, une affaire com-
merciale qui ne regarde que l’éditeur, et
sur laquelle, à ce point de vue, nous n’avons
rien à voir.
Pourtant nous avons, sinon le devoir,
mais du moins le droit de dire notre pensée
à ce sujet, ce que nous allons faire, plutôt
toutefois comme un avis que comme un
conseil que nous allons nous permettre de
donner à l’éditeur.
Le livre sur les Roses n’est pas un livre
ordinaire ; c’est un ouvrage de luxe, bien
que pratique, devant, par conséquent, cor-
respondre à cette maxime : « utile dulci. î
En est-il ainsi ? Nous n’oserions l’affirmer.
En effet, si le texte, le papier, les carac-
tères, sont à peu près aussi parfaits qu’on
peut le désirer, il n’en est pas précisément
de même des figures ; les chromolithogra-
phies, pour un certain nombre du moins,
laissent énormément à désirer. Et il en est
de même des gravures sur bois, qui sont au
moins médiocres. On ne s’est pas, ce nous
semble, assez pénétré de cette devise : « Qui
veut la fin veut les moyens. » Le but arrêté,
on a donc eu tort de reculer devant les
moyens de l’atteindre. Il semble qu’on a
trop visé à l’économie, ce qui est regret-
table. Mais, toutefois, ceci est un détail,, une
simple observation faite dans l’intérêt de
l’éditeur, pour l’engager à surveiller la se-
conde édition du livre sur les Roses, qui ne
peut tarder à paraître, un ouvrage de cette
nature devant trouver une place dans la bi-
bliothèque des nombreux amateurs de la
(( Reine des fleurs. »
E.-A. Carrière.
PHASEOLUS MACROPHYLLUS
Cette espèce, qui est des plus remarqua-
bles par sa vigueur, l’est également par ses
fruits, qui sont très -différents de ceux du
P. multiflorus (vulgairement appelé Hari-
cot d Espagne), dont elle sort, et dont pour
cette raison nous ne lui donnons pas le qua-
lificatif. Sa tige, qui prend le double de
force de celle du P. multiflorus, s’élève
aussi un peu plus haut. Quant à ses feuilles,
elles sont presque du double plus fortes que
celles de ce dernier. Un des caractères aussi
des plus remarquables que présente le P.
macrophijllus consiste dans la forme de
ses fruits, qui, par leur nature, leur aspect
et leur dimension, sont complètement dif-
férents de ceux du P. multiflorus, dont
néanmoins la plante est issue. Ainsi, tandis
que le Haricot d’Espagne (P. multiflorus)
a la cosse courte, renfermant une, deux ou
trois, rarement quatre graines, jamais plus;
que celles-ci sont grosses, fortement renflées
sur les faces, et que sa cosse ou gousse est
très-épaisse, charnue, à surface non unie,
comme chagrinée-bosselée, souvent un peu
irrégulière, arquée, brusquement arrondie,
terminée au sommet par an apicule court, le
P. inacrophgllus, au contraire, a la cosse
longue et régulière, lisse, unie, parfois très-
légèrement marbrée, arquée, aplatie, rap-
pelant le Haricot sabre, ou même assez
exactement le Haricot de Boissons ; de plus,
ses gousses sont un Tpeii mange-tout. Quant
à ses graines, souvent au nombre de six
dans chaque cosse, elles sont d’un beau
blanc, assez grosses et bien nourries, régu-
lièrement réniformes, parfois nettement
tronquées obliquement par l’un des bouts.
Cette forme est aussi beaucoup plus pro-
ductive et plus hâtive que celle dont elle
sort, et dont elle n’a conservé aucun carac-
tère, si ce n’est la vigueur, qui est même
beaucoup plus grande. Nous ajoutons que les
fruits qu’elle donne sont excellents à manger
en vert et en sec. Lui conserver le qualificatif
de sa mère serait non seulement un non-
sens, puisqu’elle n’a plus rien d’elle ; ce se-
rait jeter la confusion et le trouble dans la
pratique et dans la théorie, où déjà ils
abondent. Nous ne le ferons pas. Ce n’est
pas un enfant de tel ou tel : c’est une indivi-
dualité. Nous ajoutons encore, et ceci n’est
pas le moins intéressant, que, indépendam-
ment de cette forme, nous en avons obtenu
une autre dans ce même semis, qui, exacte-
ment semblable par son port, sa vigueur,
ses feuilles et ses fleurs, avec le Haricot
d’Espagne, en est complètement différente
par ses fruits, qui sont nombreux, serrés,
^■obreu;c-. d-eZ .
j /(<•/>{({’ / /of'/l('o/(' .
\
(dir'onooutZt- <J: Se?:'ereyy?^ .
Z//r/f>/>rt(///fn/ /i/ o/r/w .
AMARYLLIS PROCERA. — ZYGOPETALUM RIYIERI.
191
fortement et courtement arrondis, très-ren-
flés, en un mot des sortes de houlois^ qui
sont également très-bons. Lien que de na-
ture différente de ceux de la plante dont
elles sortent. Comment, ici, reconnaître la
flliation ? Avis aux partisans de l’immuabi-
lité des types. S’ils voulaient réfléchir à ce
fait qui se produit tous les jours partout,
— excepté toutefois dans leur cabinet, d’où
ils ne sortent guère, — ils pourraient se
faire une véritable idée de ce qu’est une
espèce. Mais n’est-ce pas trop leur de-
mander ?
E.-A. Carrière.
AMARYLLIS PROCERA
I
Cette espèce, très-jolie, et toujours très-
rare, est originaire du Brésil ; elle est re-
gardée comme délicate, et surtout d’une flo-
raison extrêmement difficile, faits qui, en
partie exacts, sont dus à une idée fausse que
l’on a de cette plante, et qui lui fait donner
une culture contraire à celle à laquelle il
conviendrait de la soumettre. Au lieu de la
tenir constamment dans une serre chaude,
ainsi qu’on a l’habitude de le faire, voici
comment il faut cultiver cette espèce : la
planter en terre franche mélangée avec un
peu de terre de bruyère ; la tenir pendant
tout l’été à l’air libre, dans une position
aérée et fortement insolée ; puis, lorsqu’ar-
rive l’automne, placer les pots dans une
serre tempérée, à la lumière. Dans ces con-
ditions, la plante fleurira parfaitement au
printemps.
Voici une description sommaire de cette
espèce : souche consistant en une sorte d’Oi-
gnon très- allongé, que l’on peut considérer
comme une tige tuniquée, persistante, ren-
flée à la base, atteignant 60 centimètres à
1 mètre de longueur, et ayant beaucoup de
rapport avec celle de certains Criniim ,
terminée par de larges et longues feuilles
réfléchies. Hampe florale termine -centrale
courte, pluriflore. Fleurs disposées ho-
rizontalement, à cinq pétales, s’emboîtant
et se recouvrant par leurs bords, consti-
tuant ainsi un tube d’environ 15 centimè-
tres de longueur, un peu élargi au sommet
qui forme six dents assez longuement acu-
minées, de couleur lilas rosé violacé, à ner-
vures réticulées, un peu plus foncées que
les pétales, ou du moins paraissant telles à
cause de la transparence de ceux-ci.
Nous ne serions pas étonné que l’Ama-
ryllis procera, Dtre, pût passer en pleine
terre dans différentes parties de la France:
à Cannes, à Antibes, à Nice; le fait nous
paraît à peu près certain.
Houllet.
ZYGOPETALUM RIYIERI
La plante qui fait le sujet de celte note, le
Z. Rivieri, est-elle une espèce ou n’est-elle
qu’une variété? Le fait nous importe peu ;
la plante est belle, cela suffit. Nous allons la
décrire.
Plante très-vigoureuse, à pseudobulbes
réguliers, obtus aux deux bouts, un peu
comprimés, non anguleux. Feuilles longue-
ment ensiformes, atteignant jusque 50 cen-
timètres de longueur sur 5-7 de Margeur,
fortement nervées en dessous. Hampe flo-
rale de 80 centimètres à 1 mètre de hauteur,
suivant la vigueur des plantes, nue, por-
tant dans sa longueur deux ou trois bractées
largement engainantes, terminée par une
inflorescence longue de 15 à 30 centimètres,
et composée de huit à douze fleurs. Fleurs
atteignant 12 centimètres et plus de hauteur
(sans être étalées), à divisions supérieures
(périanthe) légèrement ondulées, arquées,
puis réfléchies vers le sommet, qui est cour-
tement acuminé en pointe, de couleur jaune
sombre, marquées de toutes parts de larges
macules roux ferrugineux, qui rappellent
celles de V Oncidium papüio ; labelle de 6
à 7 centimètres de diamètre, ondulé-chif-
fonné, parcouru de lignes très-rapprochées,
d’un beau rose lilacé.
Les fleurs de cette plante, qui s’épanouis-
sent en novembre-décembre, dégagent une
odeur suave très-agréable, qui rappelle
celle de la Jacinthe, sont de longue durée,
ce qui est un avantage à l’époque où elles se
montrent, où, en général, les fleurs ne sont
pas communes.
Le Z. Rivieri est originaire du Brésil,
d’où il fut envoyé à M. Rivière vers 1870.
Parmi une quinzaine de plantes appartenant
au même groupe qui furent reçues, il y avait
presque autant de formes que d’individus ;
toutes étaient plus ou moins belles ; toute-
fois, celle que nous avons fait représenter.
192
CULTURE PRATIQUE DES PALMIERS.
et que nous avons dédiée à notre collègue,
était supérieure tant par la grandeur des
fleurs que par la vigueur de la plante. On la
dit être une forme de Z. Mackayi, ce que
nous voulons bien admettre, en constatant
toutefois qu’elle est bien préférable au type ;
aussi, n’hésitons- nous pas à la recom-
mander.
On cultive les Zigopetalum en serre tem-
pérée, dans une terre de bruyère grossière-
ment concassée, mélangée de sphagnum ;
on doit leur donner beaucoup d’eau pendant
toute la durée de la végétation, après quoi
on suspend en grande partie les arrose-
ments, de manière à laisser reposer les
plantes. On doit aussi leur donner beaucoup
d’air. La vigueur de ces plantes, l’abondance
et la durée de leurs fleurs, les recommandent
aux amateurs, peut-être même aux horticul-
teurs, qui probablement pourraient en faire
une plante de marché. C’est à essayer.
E.-A.. Carrière.
CULTURE PRATIQUE DES PALMIERS
Aujourd’hui la mode est aux Palmiers,
et la mode à raison ; autrefois elle était aux
Camellias, aux Agaves et aux Cactus, en un
mot à toutes les plantes de serre froide;
actuellement ce genre de serre est encore
très en faveur, mais c’est presque toujours
un local plus ou moins bien vitré et dont la
température tenue généralement plus élevée
que celle de l’antique orangerie, et cela à
cause de la variété des plantes qui y sont
entassées^ ce n’est pas trop dire : on veut
avoir un peu de tout, on y arrive en effet,
mais rien n’est en bon état. Malgré les dé-
plorables inconvénients de cette mauvaise
habitude, nous tenons cependant à ne pas
trop déprécier celte serre omnibus à tem-
pérature moyenne de + 8 à 10» cent. ; on
pourra certainement y cultiver une véritable
collection de Palmiers, ce qui sera une
grande satisfaction pour les amateurs de ce
beau genre qui ne disposent pas de serres
élevées et spacieuses. Quant à ceux qui,
plus heureux, ont à leur service une serre
chaude digne de ce nom, ils peuvent être
assurés du succès, et leur désir pourra
même s’étendre jusqu’aux plantes les plus
rares et les plus délicates.
Beaucoup de gens sont effrayés par les
difficultés de cette séduisante culture ; qu’ils
se rassurent: après quelques essais, ils vou-
dront bientôt, comme nous, cultiver une
collection de ces intéressantes plantes de
serre.
Nous supposons que le riche propriétaire
désireux de cultiver des Palmiers possède
déjà ou va faire construire une de ces jolies
serres, à peu près semblable à celles qui
ont été exécutées dans la Revue horticole,
1868, pages 170, 250. La serre dont nous
disposons et qui convient parfaitement à
cette culture est dans le même style ; elle
est divisée en quatre compartiments for-
mant chacun une serre différente des autres.
par la disposition des bâches, par la hau-
teur ainsi que parla température. La grande
coupole centrale ou jardin d’hiver est occu-
pée par les Palmiers mis en pleine terre; la
température minima y est de + 7 à 8*^ cen-
tigrades par les plus grands froids ; à droite
se trouve une serre de 3 mètres de hauteur
sur 6 de large, avec bâche centrale au ni-
veau du sol ; la température moyenne y est
de + 12». A gauche, une autre serre sem-
blable est divisée en deux compartiments
qui ont au centre une bâche élevée de 70
centimètres au-dessus du sol; dans l’un des
compartiments cette bâche est occupée par
une couche de tannée et par un terre-plein
destiné à la culture des plantes peu éle-
vées, qui, plus tard, seront relevées et
mises en pots, ainsi que nous l’avons dit dans
un précédent article (1); enfin, le second
compartiment est muni d’un plancher chauffé
en dessous par le thermosiphon; dans ces
deux dernières serres, la température est
maintenue en hiver à + 18».
Voilà bien des serres, dira-t-on, pour les
mêmes plantes. Permettez-nous de vous
répondre que ce n’est pas encore assez et
que nous avons dû faire construire un grand
jardin d’hiver froid pour les Palmiers qui
supportent une température moyenne de
+ 4 à 5». Si un pareil matériel est dispen-
dieux, nous devons ajouter que l’amateur
est largement récompensé de ses sacrifices
en voyant prospérer sans peine les espèces
les plus difficiles et les plus variées.
Nécessité de faire un choix des espèces
à cultiver. — Aujourd’hui les collections
spéciales renfermant au-delà de 500 à 600
Palmiers, ne sont pas très-rares ; on com-
prend toutefois que le simple amateur ne
puisse s’imposer le luxe d’une pareille dé-
pense ; aussi, pour lui faciliter le choix des
espèces à cultiver propres à former une
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 167.
CULTURE PRATIQUE DES PALMIERS.
193
collection variée, nous en donnerons plus
tard une liste détaillée, avec l’indication de
la serre convenant à chaque variété, et de la
hauteur moyenne que chaque plante peut
atteindre généralement dans la culture.
Culture, soins divers. — Pour ce qui
concerne la culture proprement dite, nous
prierons nos lecteurs de compléter les in-
dications que nous donnons aujourd’hui par
les nôtres déjà publiées dans ce recueil, sous
le titre de : Culture forcée des Palmiers (1).
Les serres qui contiendront ces végétaux
devront être parfaitement aérées, surtout
celles qui sont froides ou tempérées. La
haute serre chaude, particulièrement, devra
être aérée par des châssis ouvrant sous le
faîtage, afin d’éviter les courants d’air; une
chaleur étouffée est selon nous très-utile
pour les plantes tropicales, et avec beaucoup
d’air il est impossible d’obtenir une cha-
leur humide ; c’est surtout dans cette der-
nière serre que les tuyaux à gouttières
trouveront une heureuse application.
Chauffage. — Nous ne saurions trop
recommander aux jardiniers de chauffer
lentement leur appareil et de ne mettre leur
chaudière en plein feu que pendant les va-
riations les plus basses de l’atmosphère;
encore faudrait-il, dans ce cas-là, avoir
soin de bassiner les tuyaux, pour em-
pêcher l’air de se dessécher. Un thermo-
siphon surchauffé donne certainement une
température plus élevée, mais les plantes en
souffrent. Pour obvier à cet inconvénient
grave, nous conseillons une longueur de
tuyaux considérable et un feu doux.
Arrosements. — Si les plantes ainsi
chauffées extérieurement ont en même temps
un peu de chaleur de fond, elles pourront
être maintenues en pleine végétation, c’est-
à-dire être copieusement arrosées toute l’an-
née; il serait téméraire, en effet, de vouloir
appliquer le même traitement aux plantes
de serre froide ou tempérée; à plus forte
raison encore si l’on est obligé de placer
dans ce milieu des espèces réputées de
serre chaude et qui pourront certainement
y vivre malgré l’abaissement de la tempéra-
ture exigée par elles ordinairement, quand
on aura le soin de les tenir très-sèches. En
hiver, moins vous donnez de chaleur ar-
tificielle, plus vous devez diminuer les
arrosements. Nons ne pouvons pas donner
de meilleure preuve à cette règle que ce
qui nous est arrivé pendant le terrible hiver
de 1870-71.
(1) Voir notre article sur la Culture forcée des
Palmiers, Rev. hort., l. c.
Le charbon allait manquer, et nous ne
savions pas où et quand il nous serait pos-
sible de nous en procurer; pour économiser
le combustible, on abaissa la témpérature
des serres; tous les Palmiers, même les
plus délicats, furent privés d’humidité, tenus
à Vétat sec, comme l’on dit dans la pratique ;
nous avons pu conserver avec une tempé-
rature de -h 5o pendant près de trois se-
maines, sans qu’ils se soient tachés, des
Pandanus utilis, candelahrum et fur-
catus; des Acrocomia, Carludovica pal-
mata, Ceroxylon, Cocos, Chamcedoreas,
Orenga et Wallichias caryotdides. Notre
haute serre chaude devenue serre tempérée
par la force des choses abritait : le Phœ~
nicophorium Sechellarum, des Calamus,
Geo7ioma, Latania 7'uhra, des Pandcmus
ornatus et Javanicus, ainsi que des A^i-
thurium, Alocasia et Colocasia, Cissus,
etc., etc. C’est cet exemple concluant qui
nous fait dire qu’une très-haute tempé-
rature n’est pas absolument nécssaire pour
faire passer l’hiver aux Palmiers.
Température. — Cependant, pour ob-
tenir une belle et vigoureuse végétation, la
chaleur de fond est nécessaire, ainsi que
des arrosements abondants, auxquels de
temps en temps on ajoutera de l’engrais
liquide composé de purin (de vache), de
sang des abattoirs, de gros sel, de guano,
de poudrette, et enfin de sulfate de fer qui
enlève à 1^ fois la mauvaise odeur de ce mé-
lange, tout en lui communiquant un
principe très -favorable à la végétation.
Bâches-aquariums. — Beaucoup de Pal-
miers aiment l’humidité, au point qu’il est
indispensable de tenir leurs pots dans de
l’eau à la température de la serre, pour
ceux de serre froide, et de cultiver les es-
pèces plus délicates dans un aquarium
chauffé. A Herrenhausen, tous les Palmiers
cultivés sous la direction de M. H. Wend-
land reposent sur des bâches en ciment,
dont la surface est disposée en bassins de 8
à 10 centimètres de profondeur, dans les-
quels on entretient une couche d’eau de 1 à
2 centimètres, qui chaque jour est absorbée
par les plantes; les espèces très-délicates
des tropiques, telles que leMauritiacarana,
par exemple, sont cultivées au-dessus de
V Aquarium de la Victoria regia, en com-
pagnie d’une multitude de superbes Aroïdées
qui se trouvent fort bien de ce traitement.
Terre. — La terre destinée aux Palmiers
doit être sèche, légère et sablonneuse tout
à la fois ; nous donnons à ceux de serre
chaude le compost suivant : trois parties de
194
DU POISON CURARE.
terre de bruyère ordinaire peu écrasée, une
partie de sable, une partie de terreau de
feuilles peu décomposées. Pour ceux de
serre froide, nous remplaçons la terre de
bruyère par du terreau bien décomposé,
auquel on mélange de la bonne terre de
jardin.
Multiplication. — Nous n’entrerons pas
ici dans tous les détails de la multiplication
des Palmiers, qui à peu près tous s’obtien-
nent à l’aide de graines qu’il est facile de
faire lever sous l’influence d’une grande
humidité et d’une haute température ; quel-
ques espèces se multiplient aisément par la
division des touffes. Nous tenons seulement
à rappeler que les jeunes exemplaires livrés
par les horticulteurs devront toujours être
placés dans un milieu très-chaud, et être
tenus dans une serre analogue à celle dont
on fait usage pour les jeunes plantes tropi-
cales ; dès que cesjeunes sujets seront durcis,
on les livrera aux serres plus élevées, qui
alors seront ombrées avec soin.
Ombrage des serres. — Si la chaleur
dont on dispose nous a déjà donné les pro-
portions des arrosements, elle nous fournit
encore les indications relatives à l’ombrage
des serres. Quand les plantes exigent la
chaleur humide, on doit les abriter davan-
tage contre les rayons solaires; du reste,
l’usage en apprendra plus que des volumes
sur ce sujet ; n’oublions pas cependant que
si les hommes supportent à la longue les
climats les plus durs, les plantes s’habituent
aussi facilement au froid et au soleil ; c’est
purement et simplement chez elles une
question d’acclimatation : comme à nous,
l’habitude leur donne une seconde nature.
Maladies des Palmiers. — Les Palmiers
bien cultivés sont rarement malades ; dès
que la végétation se ralentit, il faut l’activer
par une bonne chaleur de fond et par les
engrais liquides. Les racines qui paraissent
au-dessus du pot et sous le collet de la
plante souffrent de la sécheresse et des
variations brusques de la température; il
est donc utile de remédier à ces inconvé-
nients, ce à quoi l’on parvient facilement en
DU POISO
De tous les poisons que fournissent les
végétaux, le curare, dont nous allons par-
ler, est assurément un des plus célèbres.
En effet, c’est le fameux poison légendaire
que fabriquent de nombreuses tribus dans
certaines parties de l’archipel Malais, tels
les couvrant de terre de bruyère grossière-
ment concassée, et en mettant du spha^rnum
tout autour du collet ; les Areca, Juhœa,
Phœnix, traités ainsi, reprennent une vi-
gueur toute nouvelle. Les plantes dont les
racines sont pourries se refont assez vite en
les plongeant en pleine couche de tannée ;
et surtout, si l’on a le soin d’entourer la
motte de terre de sphagnum, alors bientôt
de jeunes racines paraîtront : c’est le moment
favorable pour remettre en pot et ensuite
sur couche chaude.
Insectes nuisibles, — Peu d’insectes sont
nuisibles aux Palmiers; les thrips et les
poux, qui sont les principaux, viennent prin-
cipalement sur les plantes malades ou peu
vigoureuses; on les rencontre rarement sur
un sujet bien portant. Pour se débarrasser de
ces parasites et de ce que les jardiniers
appellent la grise, on devra laver souvent les
plantes avec une éponge ou une brosse fine
trempée dans de l’eau de tabac à laquelle on
ajoutera du savon noir et de la fleur de
soufre. Si les plantes sont fortement atta-
quées, comme soin préservatif, le lavage à
l’eau de savon donne de bons résultats, ainsi
que des fumigations de tabac répétées qua-
tre ou cinq fois par hiver. En été, avec d’a-
bondants bassinages, aucun accident de ce
genre n’est à redouter.
Les procédés de culture que nous venons
d’énumérer sont le fruit de longues et atten-
tives observations faites dans nos cultures,
et aussi le résultat de nos visites aux grands
établissements horticoles français et étran-
gers ; nous avons pris un peu partout où
nous avons trouvé des choses utiles et pra-
tiques. Puisse ces notes sans prétention être
favorablement accueillies ! Nous publierons
prochainement une liste générale des Pal-
miers avecleurssynonymes, leur provenance
et la température qui convient à chacun
d’eux, en ajoutant à ces divers renseigne-
ments la hauteur moyenne à laquelle ces
plantes peuvent atteindre dans les cultures.
Alphonse D***,
Amateur.
CURARE
que Java, Sumatra, Bornéo, etc., ainsi que
dans beaucoup d’autres contrées de l’Amé-
rique méridionale. Il est peu de personnes,
peu d’enfants même, qui n’aient entendu
parler de ces poisons, avec lesquels « les
sauvages empoisonnent leurs flèches. »
DU POISON CURARE.
m
On a tant dit et même écrit sur les pro-
priétés du curare, que certaines personnes
ont été tentées de mettre en doute non seu-
lement ses propriétés, mais le poison lui-
même, et cependant rien n’est plus vrai que
ces deux choses. Mais ce qui est moins
connu, c’est l’origine exacte du poison, ou
plutôt des poisons, ce que nous allons es-
sayer de démontrer, en nous appuyant du
témoignage d’hommes compétents.
Dans une brochure intitulée : Recherches
sur les poisons de V Amérique méridio-
nale, et au sujet des curares des tribus in-
diennes du Brésil (province du Para), M. le
docteur F. -A. Vincent, premier pharmacien
en chef de la marine, s’est tout particulière-
ment occupé de l’étude de cette question :
les quelques extraits que nous avons faits de
ce travail, et que nous allons mettre sous
les yeux de nos lecteurs, démontreront,
ainsi que nous le disons, qu’on est loin
d’être d’accord sur la nature des produits,
et, d’une autre part, que diverses plantes
entrent dans leur composition. Des trois
vases qu’il a figurés, servant tout particu-
lièrement à renfermer les curares, et qui,
du reste, diffèrent peu les uns des autres,
l’un est exactement semblable à celui que
nous reproduisons figure 21, lequel a été
dessiné sur un modèle venant directement
du Para, et qui contenait du curare ;\\ avait
été rapporté par M. Baraquin, et donné à
M. Houllet, qui a bien voulu nous le com-
muniquer, ce qui nous a permis de repro-
duire, d’examiner, et d’en expérimenter le
contenu. Ce vase, qui est authentique, peut
donc être considéré comme une marque de
fabrique, pourrait-on dire, et une sorte de
garantie de la marchandise qu’il renferme.
En effet, les expériences faites avec le cu-
rare qu’il contenait ont démontré son éner-
gique action, qui n’est point affaiblie, mal-
gré le nombre d’années écoulées depuis sa
préparation.
Après avoir démontré par une sorte de
dissertation et par quelques citations qu’il
est difficile de s’entendre sur le curare,
qu’il en est de plusieurs sortes et faits avec
des plantes diverses, M. le docteur Vincent
consacre quelques lignes au curare des In-
diens Mandrucus, dont il fait connaître
l’analyse, mais sans indiquer les plantes qui
fournissent cette substance ; et il agit de
même en ce qui concerne le curare du Para.
Dans une de ses dissertations, M. Vincent
cite le passage suivant de A. de Humboldt et
A. Bonpland : « Il n’y a aucune preuve que
les différents poisons vendus sous le même
nom à rOrénoque et à l’Amazone soient
identiques et tirés des mêmes plantes. A
rOrénoque on distingue le curare de Raiz
(des racines) du curare de Bejuco (des
lianes ou d’écorce des branches); le pre-
mier est faible et beaucoup moins recher-
ché. )) Plus loin, M. Vincent cite une note
de M. Milleroux, insérée dans les Comptes-
rendus deV Académie des sciences (vol. 47,
p. 973), et dont il cite ce passage : « ... Il
ne semble plus permis aujourd’hui, dit
M. Milleroux, d’ignorer que le poison wrari
ou kurari des forêts de la Guyane et le
curare du haut Orénoque ne sont autre
chose que le suc concentré de l’écorce de
certaines lianes appartenant aux Strych-
nées (1). )) M. Milleroux ajoute : « Le curieux
sujet du poison à flèches des Indiens m’a
occupé pendant un séjour de quelques an-
nées que j’ai fait à la Guyane britannique ;
et dans une de mes excursions sur le haut
Mazarony, j’ai pu me procurer, de la main
même des Indiens Acaways, plein une
demi-calebasse d'urari. Le diamètre de
cette coupe est de 55 millimètres, et sa pro-
fondeur de 50 millimètres. lAurari y fut
coulé encore cbaud et liquide, et a mainte-
nant la dureté d’une résine. ))
Après avoir dit quelques mots du curare
des Indiens Mandrucus, mais sans rien
rapporter ni de son origine, ni de sa nature,
et qu’il a étudié seulement au point de vue
chimique, M. Vincent aborde la question
du curare du Para, dont il a dit seulement
avoir reçu un échantillon de M. Gauthier,
chirurgien de classe de la marine, qui le
tenait de M. L. Ribeizo dos Guimarœns
Peincoto, capitaine dans l’armée brésilienne,
resté en garnison pendant six mois au Para,
et dont il se borne à faire connaître la
composition, ainsi que certaines propriétés
chimiques et pathologiques. Il fait égale-
ment connaître la forme et les dimensions
du vase dans lequel cet échantillon de cu-
rare était contenu, et qui sont exactement
semblables à celle du vase que représente
la figure 21.
Le document probablement le plus im-
portant qui ait été publié sur ces poisons,
avec lesquels les Indiens empoisonnent leurs
flèches, est de Leschenault ; il a été repro-
duit dans les Annales du Muséum (1810,
V. 16, p. 459); il a pour titre: Mémoire
sur le Strychnos tieute et TAntiaris
TOXiCARiA (fîg. 20), plantes vénéneuses de
Vile de Java, avec le suc desquelles les in-
(1) StrycJmos toxifera, urari; Str. Schomhur-
ghii, YAKKi; Str. cogens, arimaru.
DU POISON CURARE.
196
digènes empoisonnent leurs flèches. Nous
allons en extraire quelques passages :
« .... Lorsque je partis pour le voyage des
découvertes aux terres australes, dit Les-
chenault, le respectable et savant profes-
seur, M. de Jussieu, me recommanda, dans
le cas où j’aborderais à Java, de prendre à
cet égard — il s’agit des poisons curares —
le plus possible de renseignements. D’heu-
reux hasards et quelque persévérance dans
mes recherches m’ont instruit ; je peux
aujourd’hui en parler avec certitude.
(( Je me suis procuré non seulement les
deux espèces de poisons ou upas qui se re-
cueillent et se préparent à Java, mais en-
core ceux des îles Bornéo et Macassar...
Je vais donner ici l’histoire de ces poisons,
la manière de les préparer, et la description
des plantes qui les fournissent.
Ce fut à Sumanap, sur l’île de Madura,
que je me procurai le poison qu’on nomme
ipo dans l’île de Bornéo. Une barque, ve-
nant de ce pays, avait à bord un de ces
hommes qui habitent dans l’intérieur des
montagnes, et qu’on nomme orang-daias ;
ces hommes sont faciles à reconnaître, parce
que tous se tatouent les bras avec une subs-
tance bleue que je crois être de l’indigo. Ce
sont eux seuls, dans l’île, qui possèdent le
secret des plantes qui fournissent l’ipo, et
qui savent le préparer; ils le conservent
roulé avec soin dans des feuilles de Pal-
mier. Les orang-daias, soit pour détourner
la curiosité, soit par amour de cette gloire
qui est généralement attachée à ceux qui
ont surmonté les difficultés d’une entreprise
hasardeuse, parlent beaucoup des dangers
qu’il y a d’aller recueillir Vipo. Celui que
je vis possédait une sarbacane armée d’une
pique, et un petit carquois rempli de flèches
empoisonnées ; ce sont les armes les plus
usitées parmi ces insulaires ; ils s’en servent
à la chasse et à la guerre ; je les lui ache-
tai, ainsi que trois rouleaux remplis à'ipo,
sur la récolte et la préparation duquel il ne
me dit rien de raisonnable.
(( ...Les flèches qui servent à la chasse
ont leur pointe taillée en fer de lance et en-
duite à'ipo ; celles destinées pour la guerre
ont à leur extrémité une petite dent de re-
quin, ou une petite lame de cuivre qui, lé-
gèrement enfoncée dans la hampe de la
flèche, n’est retenue que par
la gomme-résine de Vipo; la
chaleur du sang la faisant
promptement dissoudre, la
pointe reste implantée dans la
plaie, lors même qu’on re-
tire la flèche, et la quantité
de poison dont elle est enduite
se mêle au sang et cause la
mort la plus prompte. Je fis
plusieurs expériences avec de
petites flèches enduites de
cet ipo, sur des poules et un
chien : les poules moururent
au bout de une, deux ou
trois minutes, selon que je
laissai dissoudre davantage du
poison dans les plaies ; le
chien mourut au bout de huit
minutes : j’avais enfoncé la
flèche dans la partie anté-
rieure de la cuisse d’envi-
ron un demi -pouce, et je
l’y laissai jusqu’à la mort. Tous ces ani-
maux périrent dans de violentes convul-
sions de tétanos, qui les renversaient en
arrière et étaient intermittentes... Il en
existe deux espèces, connues sous le nom
diupas, avec lesquelles les habitants, prin-
cipalement de la partie orientale, enduisent
de petites flèches en Bambou qu’ils lancent
avec des sarbacanes, et dont ils se servent
pour la chasse; ils mêlent aussi Vupas avec
du Biz ou des fruits, et font de ce mélangé
un appât qui donne promptement la mort
aux animaux qui en mangent (1). La chair
des animaux morts de cette manière, ou de
ceux qui ont été blessés avec des flèches
(1) C’est un usage analogue à celui que l’on fait
chez nous avec la Noix vomique, qui est aussi une
Strychnée {St7'ychnos nux vomicd).
Fig. 20. — Rameau à'A ntiaris toxicaria, portant des fleurs mâles
et des fleurs femelles. — A côté et détachées, une fleur mâle et
une fleur femelle grossies.
DU POISON CURARE.
197
empoisonnées, ne conserve aucune qualité
nuisible ; il faut avoir seulement le soin d’en-
lever les parties qui ont été en contact im-
médiat avec ces poisons. Les plantes qui les
produisent ne paraissent croître que dans la
province de Bagnia- Vangni. L’un de ces
poisons se nomme upas antiar; l’autre
upas tient é.
« ... Ce fut un Javanais, que je pris à
mon service, et qui me tuait des oiseaux
avec des flèches enduites de Vupas antiar,
qui me fît connaître l’arbre qui donnait ce
poison, et m’apprit sa préparation en la fai-
sant devant moi. Voyant que j’attachais du
prix à celte connaissance, il me dit qu’il y
avait dans la montagne des hommes qui con-
naissaient une autre espèce à'upas qui était
encore plus violent ; que pour lui il ignorait
ce que c’était ; qu’on disait seulement que
ces hommes l’allaient chercher au loin et
dans des lieux d’un difficile et dangereux
accès. Je le chargeai aussitôt de faire venir
un de ces hommes, auquel je donnai de
l’argent, en lui promettant davantage s’il
m’instruisait; il me répondit qu’il avait bien
en effet de ce poison, mais que c’était un
homme mort depuis longtemps qui le lui
avait donné, sans lui dire où il l’avait pris.
En même temps il m’offrit de m’en vendre.
Je lui dis que ce n’était pas Vupas que je
voulais, mais seulement la connaissance du
lieu dont il venait, et des plantes qui le
fournissaient ; que s’il avait pu et voulu me
l’apprendre, je lui aurais donné l’argent
qu’il m’aurait demandé. Je fis en même
temps briller à ses yeux quelques piastres,
qui excitèrent sa cupidité. Il m’avoua alors
que c’était une liane nommée tieuté, qui
croissait dans les bois des environs, qui
fournissait cet upas; que c’était avec l’écorce
de la racine qu’on le préparait; que ceux
qui avaient le secret ne faisaient cette pré-
paration qu’en cachette et au milieu des
bois. Il me conduisit alors à une demi-
lieue du fort hollandais, dans un endroit où
je vis plusieurs de ces lianes ; elles étaient
sans fleurs et sans fruits. Je pris plusieurs
échantillons de la plante, tandis que le Ja-
vanais déterra et enleva de grands mor-
ceaux de la racine. Revenu chez moi, il la
rapa avec soin, ayant grande attention de ne
point mêler de morceaux de bois avec
l’écorce, qu’il rassembla, et dont il mit une
partie dans un pot de cuivre avec de l’eau.
Quand cette écorce eut bouilli quelquetemps,
il décanta la décoction, et y mit une autre
portion d’écorce, opération qu’il renouvela
trois fois ; alors il laissa réduire cet extrait
jusqu’à consistance d’une mélasse épaisse.
Quand la préparation fut sur le point d’être
achevée, il jeta dedans deux Oignons, une
gousse d’Ail, une forte pincée de poivre,
deux morceaux de la racine du Kœmpferia
galenga, nommé en malais Konkior, trois
petits morceaux de Gingembre, nommé en
malais Djiahe, et une seule graine de Cap^
sicum fruticosum ou Piment. Ce mélange
étant fait, il laissa très-peu de temps le ré-
sidu sur le feu ; il le nettoya, ayant soin de
détourner la tête pour ne pas respirer la va-
peur qui sortait du vase. Trois livres envi-
ron d’écorce me donnèrent à peu près
quatre onces d’extrait. J’en enduisis sur-le-
champ deux morceaux de Bambous, et se-
lon l’avis du Javanais, je les laissai sécher
avant de m’en servir. Alors je piquai une
poule de moyenne grosseur à l’estomac, elle
périt dans l’espace d’environ une minute
Fig. 21. — Vase en terre cuite, fabriqué par les
Indiens du Para , contenant le poison curare
upas antiar (2/3 de grandeur naturelle).
dans de violentes convulsions ; une autre
poule, adulte et vigoureuse, périt de la
même manière au bout de deux minutes, par
l’effet d’une piqûre faite au bas de la jambe ;
un coq sauvage, très-vigoureux, piqué à la
cuisse avec une petite flèche enduite de cet
upas resté trois jours à l’air, périt au bout
de quatre minutes ; deux chiens sont morts
au bout d’une demi-heure.
« Vupas antiar se prépare avec la
gomme-résine qui découle d’un arbre très-
grand, au moyen d’entailles faites à son
tronc. La préparation de ce poison se fait
à froid dans un vase de terre : on mêle à la
gomme-résine les graines du Capsicum
fruticosum, du poivre, de l’Ail, les racines
du Kœmpferia galenga, du Maranta ma-
laccensis, nommé par les Malais Banglé, et
celles du Costus arahicus, nommé Kontjié.
On mélange lentement chacune de ces subs-
tances écrasées, à l’exception des graines
m
DU POISON CURARE.
du Capsicum fruticosum^ que l’on enfonce
précipitamment une à une au fond du vase
au moyen d’une petite baguette de bois.
Chaque graine détermine une légère fer-
mentation et remonte à la surface, d’où on
la retire pour en remettre une autre, jus-
qu’au nombre de huit à dix ; alors la pré-
paration est terminée. Les effets de Vupas
antiar sur l’économie animale sont moins
prompts que ceux de Vupas tieuté; il n’agit
pas non plus de la meme manière. Une pe-
tite poule d’eau, que je piquai à la cuisse
avec une flèche enduite du poison nouvelle-
ment préparé, mourut au bout de trois mi-
nutes ; à l’instant d’expirer, elle a eu une
forte convulsion, et a rendu en même temps
par le bec la nourriture qu’elle avait dans
l’estomac. Un azurin, nommé en malais
ponglor, oiseau de la grosseur d’une grive,
également piqué à la cuisse, est mort dans
le même espace de temps et avec les mêmes
symptômes, h'upas antiar a occasionné à
tous les animaux blessés de fortes évacua-
tions par toutes les voies, ordinairement
teintes en vert et écumeuses... Il résulte de
ces observations que Vupas antiar agit
d’abord comme purgatif et vomitif; son ac-
tion se porte ensuite sur le cerveau, en
trouble les fonctions, et cause la mort avec
des convulsions tétaniques. Uipo de Ma-
cassar agit de la même façon, ce qui peut
faire supposer qu’il est le même que Vupas
antiar. Le même raisonnement a lieu pour
Vipo de Bornéo, qui provient du suc de
grandes lianes, et qui agit de la même ma-
nière que Vupas tieuté, auquel il ressemble
aussi pour la saveur, qui est d’une amer-
tume excessive. Aussi, je pense que c’est la
même substance, mais la préparation dif-
fère. A Java, ce poison préparé ressemble à
une mélasse épaisse et très-brune, qu’on
conserve dans des petits tuyaux de Bam-
bou : tel est celui que j’ai rapporté. Celui
de Bornéo, au contraire, est concret et se
conserve dans des feuilles de Palmier.
Pour lui donner cette consistance sèche, il
paraît qu’on le mélange avec une sorte de
terre. J’ai fait dissoudre dans de l’eau Vipo
de Bornéo; il s’est précipité au fond du vase
une substance brune et friable, qui, après
avoir été lavée à grande eau et séchée,
n’avait que très-peu d’amertume. V Antiar
est un arbre monoïque, d’un genre nou-
veau, que je nomme Antiaris toxicaria
(figure 21); il est très-grand... Son tronc
est droit, et offre à sa base des exostoses pa-
reils à ceux du tronc du Canarium corn-
mune ; son écorce est blanchâtre et lisse,
son bois blanc ; ses feuilles tombent avant
la floraison, et ne repoussent qu’après la
chute des fleurs mâles, lorsque les germes
sont fécondés; elles sont ovales, coriaces,
ordinairement crispées, d’un vert pâle,
d’une consistance sèche et rude. Le suc de
cet arbre est très-visqueux, d’une saveur
amère; celui qui sort des jeunes branches
est blanc; celui du tronc est jaunâtre ; il
coule abondamment quand on fait une in-
cision à l’écorce. ))
On avait aussi rapporté que le voisinage
de V Antiaris toxicaria était redoutable soit
aux animaux, soit même à l’homme, ce qui
paraît être contraire à la vérité. Voici ce
qu’en dit Leschenault :
(( L’arbre qui m’a fourni les échantillons
que j’ai rapportés avait plus de 100 pieds
de hauteur, et son tronc environ 18 pieds de
tour vers sa base. Un Javanais, que je char-
geai d’aller me chercher des branches fleu-
ries de cet arbre, fut obligé, pour y monter,
de faire des entailles. A peine parvenu à
25 pieds , il se trouva incommodé et
fut obligé de descendre. Il enfla et fut ma-
lade plusieurs jours, éprouvant des vertiges,
des nausées et des vomissements, tandis
qu’un second Javanais, qui monta jusqu’au
sommet, ne fut nullement incommodé.
Ayant ensuite fait abattre un de ces arbres,
qui avait 4 pieds de tour, je me suis
promené au milieu de ses branches rom-
pues ; j’ai eu les mains et même le visage
couverts de la gomme-résine, et je n’ai
point été incommodé ; il est vrai que j’ai eu
la précaution de me laver aussitôt. L’ap-
proche de V Antiar n’est pas nuisible aux
animaux : j’ai vu des lézards et des insectes
sur son tronc, et des oiseaux perchés sur
ses branches, qui semblaient n’en ressentir
rien de désagréable. ))
Les faits dont il vient d’être question
en dernier lieu ne sont pas sans exemples
chez d’autres végétaux ; nous en avons vu
d’analogues produits par le Rhus toxico-
dendron, par exemple un de nos col-
lègues couper, par la chaleur, des bran-
ches de cette espèce et avoir presque tout le
corps couvert du suc qui s’écoulait des
plaies, et n’en éprouver aucun effet, bien
qu’il ne prît même pas la peine de se laver,
tandis qu’il y a des personnes qui, pour le
peu qu’elles y touchent, sont atteintes d’un
prurit qui peut même parfois avoir des con-
séquences assez graves.
D’après ce qui précède, il est hors de
doute : que des plantes d’espèces très-
diverses, la plupart inconnues de la science,
LES SCABIEUSES.
f
entrent dans la composition des poisons cé-
lèbres connus sous le nom général de cu-
rares ; qu’elles appartiennent à peu près
toutes à des espèces laiteuses : Strychées,
Ménispermées, Eiipliorbiacées et Artocar-
pées; 2'" qu’il est aussi hors de doute que la
préparation diffère, et que tous ces poi-
sons sont des composés; 3» que l’action
toxique est considérable et se conserve
longtemps ; et comme preuve nous pouvons
citer les expériences dont nous avons été
témoin, faites sur divers animaux avec du
curare pris dans le petit vase représenté
figure 21, lequel, ainsi que nous l’avons dit
précédemment, a été rapporté du Para par
M. Baraquin.
Malgré ce temps déjà considérable, ce
curare parait n’avoir rien perdu de ses pro-
priétés, et il a suffi d’en introduire quel-
ques parcelles dans une plaie faite à diffé-
rents animaux, pour qu’ils périssent en
quelques minutes.
Mais ce qui est également à peu près hors
de doute, c’est qu’on ne connaît rien d’ab-
solument certain, ni sur les plantes, ni sur
la préparation qu’on leur fait subir, qui, du
reste, peut varier suivant chaque tribu, et
que c’est peut-être même à cette circons-
tance que sont dues les propriétés diverses
que présentent ces poisons. On a pu voir,
en effet, que certaines tribus se bornent à
des sortes de macérations, tandis que d’au-
tres emploient la coction, et font même su-
bir une sorte de réduction, ce qui doit en
augmenter la puissance, en concentrant les
principes toxiques. Il pourrait bien se faire
aussi qu’une partie des substances qu’on
ajoute, telles que l’Ail, l’Oignon, le Pi-
ment, etc., n’aient d’autre but que de don-
ner plus d’importance à cette préparation,
de donner le change et déjouer les recher- |
199
ches qui pourraient être faites à ce sujet.
Mais ce dont on ne peut douter, c’est que
VAntiaris toxicaria, Leschen. (figure 20),
entre dans beaucoup de ces poisons, et que
son action pernicieuse est aussi des plus
énergiques, ce qui nous a engagé à le re-
présenter.
Nous allons terminer en indiquant les
principaux caractères physiques du curare,
de celui du moins dont nous avons étudié
les propriétés, et qui était contenu dans le
vase représenté par la figure 21 . C’est une
masse d’un brun noir, très-dure et excessi-
vement friable ; la cassure, brillante, rap-
pelle un peu celle de la houille; la pellicule
qui la recouvre est d’un gris sale poudreux.
La masse qui adhère au pot de toutes parts
prouve que la matière a été versée liquide et
chaude. A quelle forme de curare se rap-
porte celui dont nous parlons? Nous ne
pouvons le dire. Ce que nous pouvons as-
surer, c’est que ses propriétés toxiques sont
extrêmement énergiques. Ajoutons que, au
lieu de chiffons, le pot était couvert d’une
membrane végétale, une spathe de Palmier,
ou peut-être des vestiges de feuilles de Ba-
nanier, et que la ficelle qui la fixait autour
du pot paraissait faite de fils d’Aloès ou
d’Agave, et d’une autre part que la poterie
était grossière et primitive; tous faits qui
peuvent être considérés comme un véritable
cachet d’origine. On assure que pris à l’in-
térieur, le curare ne se dissout pas, qu’il
ne pourrait y avoir de danger que dans le
cas où la muqueuse présenterait quelque
lésion, parce qu’alors le poison pénétrerait
dans la circulation. Quoi qu’il en soit, nous
croyons qu’il serait très-imprudent, pour ne
pas dire autre chose, de tenter cet essai.
E.-A. Carrière.
LES SCABIEUSES
Les Scabieuses sont de charmantes plantes
de la famille des Dipsacées, et dont la cul-
ture est très-facile ; elles prospèrent pour
ainsi dire à toutes les expositions et dan
tous les sols propres au jardinage ; cepen-
dant il va de soi que les résultats seront
d’autant plus satisfaisants, que le sol sera
plus convenable ; un terrain léger et subs-
tantiel placé à une exposition chaude et
aisée est ce qu’il y a de mieux.
Nous allons énumérer quelques-unes de
ces plantes très-jolies, et qui autrefois ont
rendu de si grands services pour l’ornemen-
tation. Parmi les espèces les plus recom-
mandables, nous citerons la Scabieuse des
jardins {Scahiosa atropurpureo), à fleurs
d’un pourpre velouté presque noir. Cette
plante, connue aussi sous le nom de « fleur
de veuve, »^a produit plusieurs variétés, se
reproduisant par le semis, entre autres une
variété à fleurs rose cuivré, une à fleurs
blanches, et enfin d’autres variétés naines
à fleurs pourpres, roses, blanches, etc. Quel-
ques autres espèces tout aussi recomman-
dables, bien que peu cultivées, sont les sui-
vantes : Scabieuse des Alpes, plante vivace
200 PLANTES MERITANTES, NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
s’élevant à 2 mètres, à fleurs d’un jaune
pâle, propre à la décoration des grands
massifs. La Scabieuse à feuille de Graminée,
belle plante vivace haute de 60 à 80 centi-
mètres, a les fleurs bleu clair ou rose ; sa
grande rusticité fait qu’elle peut être em-
ployée soit dans les rocailles, soit dans les
pentes plus ou moins arides.
La Scabieuse du Caucase, haute de 50 à
80 centimètres, à fleurs d’un bleu lilas, est
également employée dans les grands jardins,
pour l’ornement des plates-bandes et des
massifs. 11 arrive souvent que les fleurs de
certaines espèces, par exemple la Scabieuse
des jardins et la Scabieuse des champs, de-
viennent prolifères; dans cet état, elles ont
assez d’analogie, du moins par l’aspect des
fleurs, avec certaines Composées, telles que
les Pâquerettes monstrueuses, vulgairement
appelées Mère Gigogne ou Mère de famille ;
il n’est pas rare non plus que ces plantes
produisent des fleurs entièrement vertes, et
prennent une apparence foliacée, ce qui
produit un effet assez singulier.
Une plante aussi que nous recommandons
aux horticulteurs est la Scabieuse colom-
baire {Scahiosa columbaria), à cause de sa
grande facilité à donner des variétés. La
culture de cette espèce croisée avec nos va-
riétés cultivées en amènerait bientôt de
nouvelles qui, probablement, seraient préfé-
rables au type.
La multiplication de la Scabieuse des
jardins se fait par semis. On sème les graines
soit en mars, soit en avril, en pleine terre
ou sous châssis à froid, si l’on veut que les
plantes fleurissent la même année; soit à la
fin de juillet ou au commencement d’août,
en bonne terre et à l’ombre pour l’empêcher
de fleurir. Dans ce dernier cas, on relève les
plantes au printemps pour les mettre en
place. Les plantes obtenues par ce dernier
procédé sont d’ordinaire très-vigoureuses ;
elles se lèvent facilement en motte lorsqu’on
les met en place ; quelques arrosements
suffisent pour en assurer la reprise.
Les autres espèces sont vivaces; elles se
multiplient également par graines que l’on
sème au printemps, mais le plus générale-
ment par la division des touffes.
P. Hauguel.
PLANTES MÉRITANTES, NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES
Chamœcyparis pisifera lœtevirens. Cette
plante n’est pas seulement remarquable
par son faciès et son aspect général qui
la distinguent nettement; elle l’esi; en-
core, et surtout, par son origine. Issue par
dimorphisme du C. pisifera^ dont elle a
les caractères généraux, elle en diffère
particulièrement par la couleur de son feuil-
lage, qui est d’un vert très-doux, brûlant et
comme légèrement jaunâtre ; ses ramifica-
tions sont aussi plus nombreuses, plus
dressées et plus compactes, plus ramifiées
et moins effilées, de sorte que dans son en-
semble, la plante est beaucoup plus jolie
que le type duquel elle sort ; les bandes
glauques qui se trouvent à la partie infé-
rieure des feuilles sont également moins
prononcées. Ajoutons encore qu’elle s’é-
lance et se dégarnit moins que le C. pisi-
fera. Le C. pisifera lœtevirens s’est mon-
tré, ou plutôt s’est créé, pourrait-on dire,
au Muséum ; il provient de boutures de
l’espèce. Sur environ 160 individus que
nous avions faits en 1869, il y en eut 8
qui, en grandissant, revêtirent les carac-
tères exceptionnels que nous venons de
faire connaître. Pourquoi?
Helianthus lætiflorus, Pers. — ■ Celte
espèce, qui ne convient que pour les grands
jardins ou les parcs, est très-vigoureuse et
d’une complète rusticité. De sa souche qui
est vivace se développent des tiges très-
scabres, rugueuses par des poils tubercu-
leux, et qui atteignent 1»^ 50 à 2 mètres
de hauteur. Les feuilles sont longues, ellip-
tiques, lancéolées, scabres et rugueuses sur
les deux'/aces. Fleurs d’un très-beau jaune
d’or, larges de 5-6 centimètres, composées
à l’extérieur de deux rangées de ligules, à
l’intérieur de nombreux fleurons tubulés,
petits, solitaires, à l’extrémité de ramilles
dressées , constituant par leur ensemble
des masses de fleurs très-jolies.
Cette espèce, que nous n’hésitons pas à
recommander pour les grandes propriétés,
soit qu’on en fasse des massifs, soit qu’on
l’isole et plante çà et là, produit pendant les
mois d’août et de septembre un effet des
plus jolis par le nombre et l’éclat de ses
fleurs, dont la couleur d’un jaune brillant
fait un contraste magnifique.
E.-A. Carrière.
Orléans, imp. de G. Jacob, Lloitre Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzajne de mai)
L’Exposition d’horticulture au Palais-de-l’Industrie. — Succès remporté par MM. Ualtet frères et par
M. Louis Lhérault à l’Exposition de Vienne. — Exposition de Roses à Lyon. — Le Beurré Dubuisson :
extrait du Bulletin d'arhoriculluro de Belgique. — Exposition horticole à Cholel (Maine-et-Loii e). —
Variétés nouvelles de Rosiers mises dans le commerce par MM. Lévéqne et fils, horticulteurs à Ivry^
— Les meilleures Poires d’hiver pour verger. — La Flore des serres et des jardins de l'EuropeA
4«, 5® et 6® livraisons du tome XIX. — Prorogation de l’Exposition de Lyon ; section d’horticulture. . —
Sur l’origine du Bibes albidum. — Exposition de la Société d’agriculture et d’horticulture de l'Isle-
Adam. — Culture du Cryptomeria Japonica. — Apparition simultanée, en France et en Allemagne,
du Silène pendula pore pleno. — Procédé simple pour rendre les piquets incorruptibles, extrait du
Journal de la Société centrale d'horticulture de Frayice. — Recette pour faire un mastic à greffer,.
Bibliographie : Éléments de jardinage, par M. le comte de Lambertye ; Le bon arboriculteur fruitier,
par M. Faudrin. — La taupe : communication de M. Barutel.
Le fait le plus marquant de l’horticulture
parisienne, c’est l’exposition qui, ainsi que
nous l’avions dit dans notre précédente chro-
nique, s’est faite au Palais- de-l’Industrie
du 19 au 24 mai dernier. Bien qu’ils n’aient
pas été prévenus en temps opportun, les hor-
ticulteurs ont répondu largement à l’appel
qui leur avait été fait, et, nous sommes heu-
reux de le constater, les plantes abondaient;
les collections étaient nombreuses et bien
choisies, et, contrairement à ce qui arrive
presque chaque année, il y avait peu de
« remplissage ; » toutes les places étaient
occupées par des exposants. On s’en fera,
du reste, facilement une idée lorsqu’on
saura que, pour l’horticulture seulement, il y
a eu plus de cent concours. En ajoutant à ce
chiffre celui des exposants industriels, on
arrive au nombre d’environ cent soixante.
— Bon début. La première nouvelle qui
nous parvient de l’Exposition de Vienne est
une victoire remportée par la France. Voici
ce que nous lisons dans V Avenir républi-
cain de l’Aube :
L’horticulture troyenne vient de remporter un
beau succès à l’Exposition universelle devienne.
MM. Baltet frères ont obtenu un <r certificat de
première classe » (premier prix) pour les arbres
fruitiers formés et sujets de pépinière, exposés
dans le parc du Prater. Nous enregistrons avec
plaisir cette distinction, honorable pour notre
pays et pour nos concitoyens.
Nous nous associons à la satisfaction ex-
primée par le journal de l’Aube, et tout en
nous empressant de le reproduire, nous
avons l’espoir que ce n’est que le prélude,
que nous aurons d’autres succès à faire con-
naître.
Nous venons également d’apprendre que
notre collègue et collaborateur, M. Louis
1er JUIN 1873.
Lhérault, qui avait envoyé des Asperges à
l’Exposition universelle de Vienne, a ob-
tenu, à V unanimité, un certificat de pre-
mière classe (premier prix), ce qui n’éton-
nera personne de ceux qui connaissent les
cultures si remarquables de cet éminent as-
pergiculteur .
— Dans une chronique de l’année dernière,
nous avons fait connaître à nos lecteurs qu’un
grand nombre d’horticulteurs de Lyon s’é-
taient réunis et avaient constitué un congrès
spécial derosiéristes. Cette institution, ainsi
que nous en avions l’espoir et exprimé le
désir, a progressé, et nous avons le plaisir
d’annoncer que, dans une réunion tenue ré-
cemment, il a été décidé qu’une exposition
spéciale de Roses coupées et de Rosiers en
pots aura lieu à Lyon le 12 juin prochain,
et dont la durée sera de trois jours. Tous les
horticulteurs français et étrangers sont per-
sonnellement invités à prendre part à ce
concours et à envoyer leurs produits, dont
ils n’auront à s’occuper que du transport,
car une fois arrivés, une commission s’oc-
cupera du placement et de l’installation des
objets.
Les demandes d’admission devront être
adressées le plus tôt possible à M. Léon de
Saint-Jean, président du congrès des rosié-
sistes, 42, rue de l’Hotel-de-Ville, à Lyon.
En annonçant cette bonne nouvelle, nous
sommes heureux de constater que ce con-
grès spécial n’est pas le fait d’une dissen-
sion parmi les membres du Cercle horticole
lyonnais ; plus que jamais, au contraire, ils
sont unis pour concourir à l’œuvre com-
mune : au lieu de se séparer, ils se multi-
plient.
Quand un nombre suffisant d’adhésions
de rosiéristes de France, d’Angleterre, de
fl
IPe CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE DE MAI).
d’Italie, etc., seront reçues, une
'jitaàon générale de membres sera convo-
'^læpour élire le bureau, discuter le régle-
iDi»), et voir s’il ne conviendrait pas de faire
àibris, Londres, Milan, Gand, Bruxelles,
ifs eispositions exclusives de Roses. En at-
voici comment se compose la com-
:sis5k)n provisoire du congrès des rosiéristes :
^^'é'sident: Léon de Saint-Jean; vice-pré-
-^ek^isil : Jean Sisley; secrétaires: Aunier
imè, Joseph Schwartz; membres fonda-
aiRWjrs: Bernaix, Th. Denis, Duchet, Du-
Damaizin, Guillot fils, F. Gaillard,
X. Jacquier, Liabaud, Levet, Rambaux,
Tæiî}& ^sley.
— Si tout passe, — et le fait est certain,
— ^avec le temps on s’habitue si bien aux
iiHçs choses, que peu à peu on y devient
indifférent, il en est autrement de
cmlics qui sont bonnes : on les recherche tou-
jK'srs.Tel est le fruit dont nous allons parler :
AaMre Beurré Dubuisson, dont nous trou-
'îfffis une description et une figure accom-
pj^nées de force recommandations dans un
'BseK'jévo du Bulletin d' arboriculture et de
]^r^ric^Uure, etc. (organe du Cercle d’arbo-
:fe*Jiiire de Belgique). G’est, dit ce journal,
j?isn meilleurs fruits, réunissant à peu
Ventes les qualités que l’on peut dési-
üfiv., c’est-à-dire grosseur, forme et aspect
.^ès-jolis. Voioi ce qu’on lit à ce sujet,
î^ons regardons )e Beurré Dubuisson comme
^ ^ns précieuse conquête de ce siècle, en ce
qu’elle égale en bonté les meilleures Poires
iTiftitïibre, et qu’elle mûrit en carême, février-
.Æaar5, à une époque où l’on manque de fruits
ypidriVi^ment fondants. 11 y a plus : elle a un
s«iDtage incomparable, celui de se conserver au
Irrolier, mûre pendant quatre mois entiers, de-
igâ’S le commencement de décembre jusqu’à
tÿqpïes, sans subir aucune altération.
’<esï-ce pas un avantage immense pour un
:sæ»teur que de pouvoir, pendant les quatre mois
iÿâïver, descendre dans son fruitier et y trouver
parfait de maturité la meilleure des Poires
saison ?
Après celte description, faite par des per-
jwiijfts très-compétentes, on comprendra
stous nous dispensions de toute obser-
En pareille circonstance, discuter,
:î»îomeïiter les faits, serait au moins inu-
Qfe : il suffit de les signaler.
— Une exposition de fleurs, fruits, lé-
plantes, arbres, arbustes, ainsi que
tUBies- sortes d’objets d’art ou d’industrie
horticole, aura lieu à Cholet (Maine-et-
Loire), les 5, 6 et 7 juillet.
Les personnes qui désirent exposer de-
vront adresser, avant le 4 juillet, soit au
président, M. Auguste Fonteneau, rue Na-
tionale, soit à M. Paul Turpault, secrétaire,
une demande d’admission, indiquant, avec
leur adresse, les objets qu’ils se proposent
d’exposer.
Le jury se réunira le samedi 5 juillet, à
huit heures du matin, dans le jardin de l’Ex-
position.
— MM. Lévêque et fils, horticulteurs, rue
du Liégat, 26, à Ivry-sur-Seine, viennent de
livrer au commerce les variétés nouvelles de
Rosiers de J 872-1 873. Ces Rosiers, au
nombre de 62, se répartissent de la manière
suivante : Thés, 14; Noisette, 4; Ile-Bour-
bon, 3; hybrides remontants, 36; Mous-
seux remontant, 1 ; Cent- Feuilles, 1 ;
Mousseux non remontant, 1 ; Micro -
phylla, 1 ; Provins, 1 . On trouve dans cet
établissement un grand nombre d’autres
collections, de plantes diverses, particulière-
ment propres à l’ornementation des jardins,
telles que : Agératum, Chrysanthèmes,
Galcéolaires, Héliotropes, Th\ox, Pétunias,
Yucca, Wigandia, Gynérium, Dahlias,
Œillets, Hortensias, Coleus, etc., etc.
— Dans le numéro d’avril 1873 de la
Revue de V arboriculture, un des hommes
les plus compétents lorsqu’il s’agit de fruits,
notre collègue, M. O. Thomas, rédacteur en
chef de ce journal, recommande comme
(( les meilleures Poires d’hiver, réussissant
à haute tige, y> et par conséquent propres
pour verger, les variélés suivantes : Berga-
motte Espéreyi, Bergamoite Hertrich,
Beurré Luizet, Beurré Milet, Comte de
Flandre, de Curé, Doyenné d'Alençon,
Doyenné Sieulle, Joséphine de Malines,
ftîarie Guisse, Passe- Colmar. Si ces va-
riétés ne sont pas les seules que l’on puisse
cultiver, on peut du moins être sûr qu’elles
sont avantageuses à peu près partout, ce qui
pourtant ne veut pas dire que toutes sont de
premier mérite comme qualités, mais que,
considérées d’une manière générale, elles
réunissent les principales qualités qui ca-
ractérisent les bons fruits.
— Parler de la Flore des serres et des
jardins de l’Europe pour en indiquer le
mérite serait au moins inutile, cet ouvrage
étant universellement connu et estimé à
sa juste valeur, c’est-à-dire comme l’un des
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAI). 203
plus remarquables du genre ; aussi, regarde-
t-on toujours comme une bonne fortune la
publication de nouveaux fascicules, qui mal-
heureusement se font toujours trop attendre,
ce qui explique l’empressement que nous
mettons à parler de celui qui vient de pa-
raître. Il contient les 5* et 6“ livraisons
du tome XIX, soit 214% 215® et 216^ de
l’ouvrage. Voici l’énumération des figures
coloriées qui y sont reproduites : Oncidium
Kramerianum (Ecuador, serre chaude);
Amorphophallus Rivieri, Durieu ; Rhodo-
dendron chamœcistus, L.; Iris iherica,
Steven, magnifique plante vivace, dont on a
fait V O no cy dus ïbericus ; VOxalis cernua
flore plenOy dont les fleurs jaunes, très-
pleines, rappellent celles d’un Aquilegia;
le Rosier hybride remontant Louis Van
Houtte; VAzalea indica Comtesse Eu-
génie de Kerchove ; YOxalis corniculata
foliis variegatis ; les Plectopoma my-
riostigma et ruban rose, deux très-re-
marquables Gesnériacées de serre chaude,
obtenues par M. Van Houtte ; l’Azalée in-
dienne Charles Leirens ; le magnifique
Lis de Humboldt {Lilium Humboldti),
Roezl et Leitcht. ; le Lilium Washing-
tonianum, Kellogg., à fleurs rose carné;
deux plantes très-jolies, originaires de la
Californie : la première, à fleur de couleur
^orange maculée de noir, rentre dans le
I ^oupe du L. superhum, avec lequel elle
! , a quelques rapports ; l’Azalée indienne
Princesse Louise, plante extra, ainsi que la
précédente, et toutes deux obtenues dans
l’établissement de M. L. Van Houtte. En
outre de ces figures se trouvent huit plan-
ches doubles représentant, les six premières,
la silhouette — c’est-à-dire la figure au trait
— de 36 variétés de Poires ; les deux autres
représentant des groupes de Poires artiste-
‘ ! ment dessinées et coloriées. Ces planches
i ; sont des spécimens se rattachant à une pu-
I ! blication que M. L. Van Houtte est sur le
. . point de faire, et dont nous parlerons aus-
' ■ sitôt qu’elle aura paru.
Avant de clore cet aperçu que nous es-
1 I sayons de donner du fascicule dont il est
question, disons que la rédaction est toujours
à la hauteur des figures, et que, comme tou-
: jours, on trouve là, sous un style aussi
^ agréable que piquant, des indications ou des
I particularités qui plaisent et instruisent tout
à la fois ; nous allons en citer un exemple
qui se rapporte au Rhododendron chamœ-
I cistus, cette miniature végétale, ce lillipu-
I tien du genre qui semble fuir la civilisation
& et ne se plaire que dans des lieux inhabités
ou presque inhabitables à l’homme. Après
avoir esquissé les principaux traits de cet
élégant arbuste, M. Van Houtte ajoute :
« ... Il faut s’entendre, cependant; il ne
peut être question d’engager les amateur.? à
planter dans leur jardin de ces petites plan-
tes alpinés, arrachées des montagnes, qui
mourraient, quand ce ne serait que de nos-
tolgie, dès le lendemain de leur déplanta-
tion, mais de les élever provenant de semis
et n’ayant jamais respiré l’air vif, pétillant,
des lieux où déjà ils auraient vécu. Ce jeune
plant non seulement est cultivable, mais
prospère même en terre de bruyère et à
l’exposition du levant... »
Il y a dans cette recommandation une
leçon de haute importance, un guide à peu
près certain pour arriver à cultiver des
plantes que, en général, l’on considère
comme tout à fait rebelles. Il y a là une
théorie des plus rationnelles dont il est fa-
cile de se rendre compte, et dont l’observa-
tion pratique pourrait avoir des résultats
favorables. D’après cette recommandation,
qui, du reste, est, nous le répétons, très-ra-
tionnelle, on doit, lorsqu’on veut cultiver
avec succès des plantes de climats très- diffé-
rents de ceux dans lesquels on se trouve,
en récolter des graines et les semer là où
l’on est, puis, de nouveau, en récolter sur
les plantes qui proviennent de ces semis,
jusqu’à ce qu’on ait, sinon fait disparaître,
du moins affaibli les premiers caractères,
ceux qui avaient été formés dans un milieu
tout autre que celui dans lequel on se trouve.
Ces dernières plantes, en effet, bien qu’elles
aient conservé les caractères physiques de
leurs parents sauvages, n’en auront plus le
tempérament ; elles se seront habituées à ce
nouveau milieu : c’est de l’acclimatation.
— Ainsi que nous l’avons dit dans une
précédente chronique, l’Exposition univer-
selle internationale de Lyon a été prorogée.
Fermée à l’automne 1872, elle vient d’ou-
vrir le 31 mai 1873, pour se terminer le 31
octobre de cette même année. Nous sommes
heureux d’informer nos lecteurs que nos
prévisions se sont réalisées, que cette fois
l’horticulture aura une large part et surtout
qu’elle sera particulièrement favorisée, grâce
à l’entente qui paraît s’être faite entre tous
les horticulteurs et amateurs. C’est ce que
nous apprend le programme que nous venons
de recevoir, qui est tout à fait spécial à
l’horticulture et que nous reproduirons dans
notre prochaine chronique. Pour aujour-
d’hui, nous nous bornons à la publication
204 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAI).
d’une circulaire qui est en tête du pro-
gramme. La voici:
Monsieur,
L’korticulture est appelée à prendre une large
place à position universelle de Lyon, pro-
rogée en 1873; elle va être l’objet d’une attention
spéciale. Des jardins et des locaux convenable-
ment appropriés sont disposés pour recevoir ses
produits; la grande nef, convertie en un vaste
jardin abiité, fera admirablement ressortir la
beauté des plantes en maintenant leur fraî-
cheur.
Une commission a été désignée par l’admi-
nistration de l’Exposition universelle de Lyon,
pour s’occuper spécialement des intérêts de
l’horticuUm e et pour prendre les mesures pro-
pres à rendre cette exhibition vraiment bril-
lante.
Cette Commission, composée de personnes
compétentes, et de concert avec l’administration,
ne négligera rien de ce qui peut favoriser, cette
année, les exposants. Elle se compose de:
MM. Grobon {E.), président; Fillion, Simon (IL),
vice-présidents; Sisley (Jean), Cusin, secré-
taires; Barriot, Blanchon, Chrétien (J.), Col-
let (D ), Cuissard, Denis (T.), Gaulain (F.),
Lagrang<^, Liabaud, Métrai (J. -H.), Rivoire et
Willermoz.
Nous faisons appel à tous les horticulteurs de
France et de l’étranger, à tous les organes de
publicité, à tous ceux qui peuvent exposer des
produits, pour que tous nous apportent leur
précieuse collaboration.
Nous avons l’honneur de vous adresser le
réglement ci-joint, que la commission et l’ad-
ministration ont adopté; vous pourrez voir déjà
par ce document que les intérêts de l’horti-
culture ont été pris en sérieuse considération.
Veuillez agréer. Monsieur, l’assurance de
notre considération distinguée.
Le Président de la Commission,
Le Directeur de V Exposition, E. Grobon.
A. Tharel.
Ainsi qu’on peut en juger par ce simple
aperçu, toutes les mesures ont été prises
pour favoriser les exposants; aussi espé-
rons-nous que tous, Français et étrangers,
répondront à l’appel qui leur est fait.
— D’où vient le Rihes alhidum, cette si
jolie plante que nous avons déjà recom-
mandée, qu’on devrait voir partout et
qu’on ne rencontre presque nulle part? Si
l’on s’en rapportait à la loi d’atavisme ou de
retour, on pourrait supposer que le Rih,
alhidum est issu du Rih. sanguineum.
Voici pourquoi. Cette année, sur notre pied
mère de Rih, alhidum, il est développé un
rameau portant des fleurs rouges tout à fait
identiques à celles du R. sanguineum.
Mais en admettant ce fait, l’origine absolue
ne serait pas encore démontrée, car l’on
pourrait se demander si cette plante est
issue par dimorphisme ou par graines. Les
deux choses étant possibles, nous nous bor-
nons à signaler le fait.
— Du 27 juillet au 3 août 1873, la Société
d’agriculture et d’horticulture de l’Isle-Adam
(Seine-et-Oise) fera à FIsle-Adam, dans les
jardins delà maison de santé, une exposition
agricole et horticole, ainsi que des produits
des arts et industries qui s’y rattachent, et à
laquelle elle convie « tous les agriculteurs,
horticulteurs, jardiniers, amateurs, mar-
chands, artistes, fabricants, industriels, etc. »
Ainsi qu’on peut le voir, le programme
est large ; il est même peu de chose qui ne
pourrait y trouver une place. Cela vaut
mieux, ce nous semble, car qui peut plus
peut moins.
Les personnes qui voudront prendre part
à cette exposition devront, avant le 10 juil-
let, adresser au secrétaire général de la So-
ciété, à risle-Adam, une demande indiquant
la nature des objets qu’ils se proposent
d’exposer.
Le jury se réunira au local de l’Exposi-
tion, le 26 juillet, à onze heures du matin.
— Plusieurs fois déjà, et tout récemment
encore (1) nous avons parlé du Cryptomeria
Japonica pour rappeler, d’une part, que
c’est un des grands et surtout des plus
beaux arbres du Japon, de l’autre pour faire
remarquer que, en France, à part quelques
endroits privilégiés, il ne vient bien nulle
part ; il pousse d’abord vigoureusement,
niais se dégarnit très-vite, de sorte que, en
très- peu de temps, il n’a plus que quel-
ques branches au sommet , et souvent
même assez dénudées, portant des feuilles
jaunes. Il y a peu de temps {Revue hor-
tic., l. c.) nous avons signalé une exception
qui, sans être bien saillante, nous a néan-
moins parue digne d’être connue. Nous
sommes heureux de pouvoir en annoncer
deux autres, mais cette fois des plus re-
marquables, et qui peut-être pourront nous
éclairer sur la culture qui convient à cette
plante, cela d’autant plus que ces deux
exceptions se sont montrées dans des condi-
tions et sous des climats très -différents. En
effet, l’une s’est produite à Anduze (Var),
dans la propriété de M. Mazel, située sur
l’un des versants des Cévennes ; l’autre à
Brix, près Valognes (Manche), dans la pro-
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 102.
205
chronique horticole (deuxième quinzaine de mai).
priété de M. Herpin de Frémont, dont tant
de fois déjà aussi nous avons eu l’occasion
de parler, et sur laquelle nous reviendrons
prochainement à propos de la végétation des
Conifères et des dimensions, relativement
très-considérables, que, dans ces conditions,
présentent déjà certaines espèces. A An-
duze, dans un sol d’alluvion très-fortement
consistant , les Cryptomeria Japonica y
atteignent très-vite de grandes dimensions,
tout en conservant leurs branches, qui sont
garnies de feuilles d’un très - beau vert.
Là, c’est une des plus jolies espèces, qu’on
est même en droit de considérer comme un
arbre forestier ; il paraît surtout affectionner
les cours d’eau, et les terrains^ souvent
irrigués paraissent lui convenir tout particu-
lièrement. C’est dans des conditions ana-
logues, sinon identiques, quant au sol et à
l’humidité, que, à Brix, M. Herpin de Fré-
mont cultive avec tant de succès le C. Japo-
nica; les résultats sont tels qu’il est même
permis de douter que, au Japon, ils puissent
être meilleurs. Qu’on en juge par l’exemple
suivant. Le premier pied qu’a planté M. Her-
pin de Frémont, en 1852, a aujourd’hui
17 mètres de hauteur; le diamètre de la
tige à hauteur d’homme (1"^ 80 environ)
est d’au moins 50 centimètres. Si l’on ajoute
que cet arbre est couvert de branches de la
base au sommet, et que toutes ses branches
sont garnies de feuilles d’un beau vert, l’on
comprendra que, ainsi que nous le disons, le
C. Japonica est l’un des plus beaux arbres
que l’on puisse voir et qu’au point de vue
forestier on peut espérer qu’il pourra aussi
jouer un important rôle. Mais que conclure
de ceci, si ce n’est que, au lieu de rejeter le
G. Japonica comme impropre à l’ornemen-
tation et à la spéculation, on devra l’em-
ployer à ces deux fins, seulement en tenant
le pied dans un milieu constamment humide?
M. Herpin de Frémont assure que cette
culture paraît être également favorable aux
Chamœcyparis, que dans ces conditions
les plantes poussent beaucoup, grainentpeu
et ne se dégarnissent pas. Nous livrons ces
renseignements à nos lecteurs en les enga-
geant à les mettre à profit.
souvent très-éloignées les unes des autres,
de certaines espèces identiques ou analo-
gues. Nous signalons ce fait à ceux qui s’oc-
cupent de la géographie botanique ou de la
répartition des végétaux, et surtout aussi à
ceux qui recherchent les grandes lois de la
vie, comment elle est apparue, et comment
elle se manifeste encore de nos jours. Di-
sons que le fait dont nous voulons parler est
l’apparition simultanée, en France et en
Allemagne, du Silene pendula flore pleno.
Ajoutons que dès son apparition, en France
du moins, cette plante s’est montrée tellement
stable, qu’il est excessivement rare qu’on en
trouve un seul pied à fleurs simples; autre
fait qui devrait montrer aux botanistes le
peu le valeur qu’a, au point de vue de la
distinction spécifique, la reproduction iden-
tique.
— A la page 756 (1872) du Journal de la
Société centrale d'horticulture de France,
M. Düchartre fait connaître, d’après un re-
cueil anglais, un « procédé simple pour
rendre les piquets incorruptibles. » Le
voici :
Prenez de l’huile de lin cuite, et délayez de-
dans du poussier de charbon jusqu’à ce qu’elle
ait la consistance d’une couleur préparée pour
la peinture. Passez sur le bois des piquets une
couche de la matière ainsi préparée, et un
homme, quel qu’il soit,- ne vivra pas assez pour
voir ce bois pourrir. « Il y a quelques années,
continue l’auteur de cet article, que j’ai décou-
vert ce moyen de rendre le bois plus durable
dans la terre que du fer même ; mais il m’a
semblé si simple et si peu coûteux, que je n’ai
pas cru devoir en faire grand bruit. Des pi-
quets de bois mou préparés de cette manière,
après être restés pendant sept ans en terre, en
ayant été retirés, ont été trouvés aussi sains que
lorsqu’on les y avait mis. » Il faut seulement
avoir la précaution de faire avec du bois bien sec
les piquets qu’on se propose de recouvrir de
cette peinture au charbon.
A ce qui vient d’être dit, et sut* lequel il
ne paraît guère possible d’émettre des
doutes, nous ferons une observation très-
importante, sur laquelle même nous appe-
lons tout particulièrement l’attention : c’est,
lorsqu’il s’agit de tuteurs, d’avoir le soin
d’enduire non seulement la base, mais un
peu au-dessus de la partie qui doit être
enterrée, car c’est toujours au niveau du
sol, là où ils sont en contact d’une part avec
l’air, de l’autre avec l’humidité de la terre,
que les tuteurs se cassent. Il va sans dire
que l’on n’a pas cela à craindre lorsqu’il
s’agit de piquets qui doivent être cotnplète-
1 ment enterrés.
— Un fait aussi curieux qu’intéressant
est la coïncidence qui se montre souvent,
quant à l’apparition de certaines formes ou
variétés de végétaux. Ce fait, dont on a déjà
parlé, qui certainement est la conséquence
d’un même principe, pourrait peut-être,
sinon expliquer, du moins donner une idée
de la présence, sur des parties du globe
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE DE MAI).
— .Nous venons de lire dans un journal
lerîïcole une « recette pour faire un mastic
ciffîalogue à celui de Lhomme-Lefort, » et
voici la composition :
Taire fondre doucement 500 grammes de poix
mélèze, 250 grammes graisse de bœuf fondue
rjm suif, bien remuer, puis retirer du feu, et
tenter 250 grammes d’essence de térébenthine,
font bien mélanger avec le reste.
L’expérience nous ayant démontré les
giPTtticieux effets que produit l’essence de
iiéréLenthine lorsqu’on l’emploie pour la fa-
brication des cires à greffer, nous avons cru
E^Toir appeler sur ce point l’attention des
fificteurs, afin de les mettre en garde contre
•seitaines déceptions que nous avons éprou-
vées. Le dissolvant par excellence, en pareil
3ss^ c’est l’alcool, ainsi que nous l’avons dit
feïs un précédent numéro de la Revue
piS avril, p. 157), en parlant de la fabrica-
des mastics à greffer à froid.
— De même que certains genres de plan-
iÎK',ne produisent que des espèces utiles, on
W3Î des auteurs ne publier que de bons ou-
Wcîfes. Tel est M. le comte de Lambertye.
Sccüs le modeste titre : Éléments de jardi-
‘smge (1), M. de Lambertye vient de publier
cme sorte de résumé succinct des princi-
}|aîes opérations du jardinage en général,
(ïïvec l’indication des moyens de les prati-
et des principaux résultats qu’on
citât en obtenir. Voici une énumération
3023raaire des principaux sujets traités :
t^Impâîre Terres. Engrais et amende -
’jamès ; engrais d’origine organique ; engrais
mmérsiux ou amendements; des eaux et
Farrosage. — Chapitre IL Augmen-
de la chaleur du sol ; moyens qu’on
sïBpîoie pour activer la végétation. — Cha-
III. Multiplication des plantes par
^pnaïnes et par bourgeons; semis, bouturage,
etc., etc. — Chapitre IV. Entretien
plantes ; élevage, arrosage, plantation,
ij^îîïe,, etc. — Chapitre V. Fécondation na-
atirelfe et artificielle ; croisements ; variétés ;
3?eQfs doubles. — Chapitre VI. Accidents
isuxquels les plantes sont exposées; mala-
fjfe ; animaux nuisibles, animaux utiles.
Is chapitre VII et dernier est consacré au
^matériel en général, et comprend les outils,
~j|s<ensiles et machines employés dans le
Jaordïnage. Telle est, en substance, l’énumé-
330(1011 des sujets traités dans la brochure
ilaid nous parlons, et qui, sous le titre :
Brochure de 78 pages, contenant 30 figures,
éditeur, 82, rue des Ecoles.
Éléments, comprend à peu près tout ce
qu’il est nécessaire de savoir. Rappelons,
du reste, que rien n’est difficile à faire
comme un ouvrage élémentaire, car c’est le
fondement des choses. Pour conduire à
bonne fin un semblable travail, il faut sa-
voir dire beaucoup de choses en peu de
mots, ce qui est une connaissance rare que
possède M. de Lambertye, ce qui s’explique
par cet autre fait que, avant tout, il est pra-
ticien : ce qu’il dit, il le sait; et, comme le
dit un des meilleurs poètes français :
Ce que l’on saisit bien se dit facilement.
Et les mots, pour le dire, arrivent aisément.
— Tout récemment, nous avons rendu
compte d’un opuscule que vient de publier
M. Faudrin, professeur d’arboriculture à
Châteauneuf-de-Gadagne (Vaucluse), inti-
tulé : La greffe à V usage des classes po~
pulaires (i). Aujourd’hui nous devons dire
quelques mots de la 2™® édition qui vient de
paraître: Le bon arboriculteur fruitier,
ouvrage très-recommandable, comprenant
241 pages de texte et 265 gravures. Peu
connu à Paris, ce livre n’en est pas moins
l’un des plus complets et surtout des plus
pratiques de ceux qui ont été publiés en ce
genre, fait dû au mode particulier de dé-
monstration usité par l’auteur. Ce qui suffit
pour en donner une idée et nous dispenser
d’entrer dans de longs détails à ce sujet,
c’est la rapidité avec laquelle s’est écoulée
la première édition. Aussi, au lieu de cher-
cher à en faire ressortir le mérite, nous
bornons-nous à dire qu’il contient à peu
près tout ce qu’il est nécessaire de connaître
en arboriculture.
— Au sujet de l’article que nous avons
publié sur l’exposition des insectes (2), nous
avons reçu de notre collaborateur, M. Ba-
rutel, la lettre suivante :
Monsieur,
Je rentre d’un long voyage, et je me hâte de
feuilleter les derniers numéros de la Revue hor-
ticole. Voici une courte note, née de cette pre-
mière lecture. Si vous la jugez de quelque inté-
rêt, je vous autorise volontiers à la publier.
L’excellent article de M. Noblet sur la culture
forcée des rameaux m’a remis en mémoire un
fait qui vient à l’appui de ses observations.
J’avais mis en pot un jeune Prunier à feuilles
caduques, et je m’étais borné à enfoncer dans la
terre, à côté du pied, une branche qui s’était
rompue pendant cette opération. L’hivernage
(1) Voir Revue horticole^ 1873, p. 67.
(2) Ici., 1873, p. 103.
MUSA SUPERBA.
eut lieu dans un appartement chaud ; et, après
les grands froids, je remarquai que des boulons
nombreux couvraient l’arbuste et la branche.
Celle-ci fleurit même la première, sans que j’en
soupçonne la raison; puis elle se flétrit et se sé-
cha. 11 y aurait donc là, suivant la remarque de
M. Noblet, un excellent moyen de se procurer
des fleurs hâtives ; et un peu de terre maintenue
humide en un lieu chauffé suffirait au besoin.
Cela dit, permettez-moi de vous remercier de
la satisfaction que j’ai éprouvée à lire les pages
que vous avez écrites à propos de l’exposition
des insectes. Elles se distinguent à un haut de-
gré par cette qualité qui donne à la Revue hor-
ticole un cachet tout spécial de vérité et d’intérêt :
la guerre aux préjuges, qu’il vienne des savants
ou des ignorants. Vous avez grandement raison.
Monsieur, de réagir ainsi contre les opinions
toutes faites et qui ne sont pas suffisamment
prouvées. Nous ne sommes que trop portés, par
paresse ou par impuissance, à accepter aveu-
glément la première affirmation qui résout un
problème, au lieu de le contrôler par d’impar-
tiales recherches. Cependant, je dois le dire, je
ne partage pas entièrement toutes vos conclu-
sions ; et je retrouve dans mes papiers un projet
d’article sur la taupe, qui y est qualifiée d’ani-
mal utile. J’admets sans doute, avec tous les
jardiniers, que la taupe fait de fréquents dégâts
dans le potager, le parterre et surtout dans les
semis ; mais ceci ne me paraît être que le défaut
de ses qualités, et j’estime qu’elle nous rend
presque partout ailleurs de vrais services. Par-
donnez-moi, Monsieur, de penser autrement que
vous en cela ; car c’est afin de penser, comme
vous, qu’on ne doit rien rejeter d’une manière
absolue, et que toute chose est souvent suscep-
tible d’avoir, suivant notre intérêt, un bon ou
un mauvais côté. Ainsi, avant de qualifier un
animal de nuisible ou d’utile, il convient d’avoir
apprécié et comparé, dans leurs résultats, ces
divers rôles d’auxiliaire et d’ennemi.
En ce qui concerne la taupe, les observations
de M. Hauguel ne me semblent pas, je le con-
fesse, de nature à infirmer absolument celles qui
ont été faites avant lui. Permettez-moi, Mon-
sieur, de vous citer un exemple. Il est généra-
lement admis que les chats mangent les rats ;
et je puis affirmer que les deux chats nourris ici
justifient de tous points celte opinion. Cepen-
dant, il y a quelques mois, dans un galetas pres-
que vide et sur le chemin môme que ces chats
suivent à chaque instant, soit pour dormir, soit
pour prendre leurs repas, je ramassai à terre,
en deux ou trois fois, dans l’espace d’une couple
d’heures, trois ou quatre souriceaux qui se traî-
naient à peine, dont le nid déserté depuis peu
ne pouvait dès lors être loin, et que j’aurais tous
aperçus sans doute dès le premier mouMnE,, aÉTi
le lieu n’avait été un peu sombre. Les chais>„
dès que je leur eus montré cette proie déUcafis,,
prouvèrent bien par leur empressement Jà&MX
que leur négligence était involontaire. CottMfteatt
dès lors expliquer cette négligence? et
vient que ces ogres à griffes si promptes
pas senti la chair fraîche? J’avoue en touîetâaà-
plicité que je n’en sais rien, et que je ncGs’ynfc-
plique pas davantage pourquoi les taupes
lant sous les Fraisiers de M. Hauguei
mangent pas tous les vers blancs. Mais, en âéffr
nitive, M. Hauguel n’est peut-être pas bien sur
que les taupes ont complètement épargné les rlî-
vers ennemis de son jardin ; et si, dans les âEe
ficiles conditions de leur chasse souterras^t
elles ont été mises en défaut, j’en suis kisx
moins surpris que pour mes chats.
Puisqu’une taupe captive mange avec
des êtres vivants, et meurt de faim plutôt
de loucher à une plante, il me semble qu’n«<stL
assez en droit de voir chez elle autre ckoset
qu’une aberration d’instinct analogue à celle des
naufragés de la Méduse. Prenons garde d'avtœtt:
trop d’esprit ! Pour ma part, je n’y mets pas
de finesse, deviens de présenter deux hanaÉâtfiïi;
à un pinson : il les a immédiatement dévoîésê^
j’ai cru pouvoir en conclure que cet
mange des hannetons. C’est ainsi que
dans les expériences que je me propose d^i^ûsse
bientôt sur la taupe. Si la prisonnière donae le;
moindre coup de dent à une racine, je vous^j»
mets d’en tenir note. En attendant, je vous «é-
voie mon article : vous y verrez que l’insocâate-
lité de la taupe n’est pas pour moi un faêc dé-
montré, et que par hasard j’avais d’avaace
répondu à M, Hauguel au sujet du Rida.
pensé qu’un résumé de ce qu’on sait déjà m. dfct
ce qu’on a cherché à savoir sur les mœurs fie
taupe donnerait peut-être à quelque obsecvær
teur l’envie de continuer ces expériences, eÊ&ÆSi
lui faciliterait. E. Barutei*.
On trouvera plus loin l’article dont psife
M. Barutel qui, nous n’en doutons pas,
qu’il le dit, est bien convaincu de rutiÜMdé
la taupe. Il en ale droit, de même que
avons celui d’être d’un avis contraire. Eki
attendant que la lumière se fasse sur oe
jet, nous nous associons au désir
prime cet auteur : que de nouvelles
valions soient faites afin de bien étudies: fe
mœurs de la taupe, et de constater si les
vices qu’elle rend sont compensés parles,
dommages qu’elle occasionne, ce qui
paraît plus que douteux.
E.-A. Garrièss-
MUSA SUPERBA
Cette belle plante, peu connue jusqu’à 1 était cependant assez rare, va devenir
présent, si ce n’est en Angleterre, où elle ! des principaux ornements des serres teKsgé-
^98
RAIDI SSE UR RAVET.
MALADIE DES POMMES DE TERRE.
rées et des jardins d’hiver, probablement
aussi des pelouses pendant l’été, si surtout
les quelques graines répandues dans le com-
merce donnent de bons résultats, qui per-
mettent de faire des essais sérieux. La cha-
leur exigée pendant le jeune âge, et plus
tard l’espace nécessaire à l’état adulte, nous
font craindre que cette magnifique Musacée
soit toujours tenue à un prix relativement
élevé; comme pour le M. ensete, bien des
graines sont mauvaises et ne lèvent pas, ce
qui nous est malheureusement arrivé.
Le dessin original de cette plante se trouve
dans les Icônes de Wight; il a été repro-
duit l’année dernière dans la Flore des
serres. M. Duchartre, dans le Manuel des
plantes, t. IV, p. 584, en donne la descrip-
tion suivante: « Tige conique, d’un mètre
de hauteur, et tellement épaissie par la base
des feuilles, qu’elle mesure jusqu’à 2™ 50
de tour au niveau du sol. »
Les quelques exemplaires connus dans
les cultures ont en effet donné des résultats
merveilleux comme développement de la
circonférence du tronc, qui est même plus
élevé que le prétend l’auteur dont nous ve-
nons de parler ; 2 mètres semblent être la
hauteur normale de la tige. Les feuilles,
longues de 2 mètres environ sur 70 centi-
mètres à 1 mètre de large, ont une grande
analogie . avec celles du M. ensete ; étant
moins raides, elles sont par conséquent plus
gracieuses que chez cette espèce. Originaire
de Travancore, au sud-ouest de l’Hindous-
tan, cette plante n’exigera pas une très-
forte chaleur quand elle aura atteint un
certain développement ; car dans ce pays la
température est adoucie par la brise de mer.
Les horticulteurs et botanistes anglais con-
sidèrent cette plante comme assez délicate.
Nous croyons pouvoir douter de leur opi-
nion; car, si notre mémoire ne nous fait pas
défaut, nous avons vu à la Muette (1) de
beaux exemplaires de ce Musa, traités et
cultivés comme le M. ensete. Ayant eu la
bonne chance d’obtenir quelques plantes
d’un semis fait dans nos serres, nous sou-
mettrons à divers essais cette plante, qui
date déjà de 1823, et que rajeunissent les
catalogues de 1873, en la faisant passer
comme une dernière nouveauté.
Si les résultats que nous espérons obtenir
confirment l’opinion que nous avons sur la
rusticité du Musa superha pour la décora-
tion des jardins pendant l’été, nous nous fe-
rons un devoir d’en informer les lecteurs
de la Revue horticole. Alphonse D***,
Amateur.
RAIDISSEÜR RAVET
Pour tendre les fils de fer, soit contre les
murs ou pour les contre-espaliers, plusieurs
systèmes ont été et sont encore préconisés ;
mais tous sont plus ou moins coûteux, et en
horticulture plus qu’en toute autre chose.
l’économie de temps et d’argent est chose
importante.
Un jardinier de notre ville, M. Ravet,
vient d’inventer un moyen excessivement
simple, facile et économique.
Il fait une boucle à l’extrémité du fil de
fer A qu’il veut tendre, passe dans cette
boucle un autre morceau de fil de fer B,
figure 22, qu’il tourne autour du poteau G,
qui doit soutenir le treillage, et à l’aide de
tenailles il tourne les deux extrémités D de
ce morceau de fil de fer, qui sont croisées,
jusqu’à ce qu’il ait obtenu la tension con-
venable.
Rien de plus simple, de plus facile à em-
ployer ; rien de plus économique.
Jean Sisley.
MALADIE DES POMMES DE TERRE
En présence des plaintes et des débats
contradictoires qui ont lieu dans tous les
journaux d’agriculture et d’horticulture, au
sujet de nouvelles maladies dont les Pommes
de terre sont atteintes dans plusieurs loca-
lités, et que l’on désigne sous toutes sortes
(1) Voyez le Catalogue de cet établissement pour
1866-1867.
MALADIE DES POMMES DE TERRE.
209
•d’appellations plus ou moins fantaisistes,
nous venons remplir un devoir en faveur de
ce précieux tubercule qui, s’il venait à
manquer à l’alimentation générale des
hommes et des animaux, jetterait la plus
grande perturbation dans notre régime éco-
nomique et dans l’assolement de la petite
et de la grande culture ; ceci est incontes-
table, et il nous appartient à nous person-
nellement, qui avons expérimenté depuis
bientôt vingt-cinq ans, de prendre la parole
dans ce débat sur cette grave et peut-être la
plus importante question après celle du blé,
dont la Pomme de terre est la succédanée.
Et d’abord, nous commencerons par de-
mander à toutes les nobles et intéressantes
victimes de ces épidémies à quelle époque
elles plantent leurs Pommes de terre, les soins
qu’elles leur donnent pendant leur période
végétative, et enfin ce qu’elles font pour la
conservation des tubercules une fois que
ceux-ci sôntarrachés et placés en silos ou dans
le conservatoire. En attendant leur réponse,
nous allons leur faire connaître les moyens
que nous employons depuis 1850, sans avoir
eu depuis cette époque une seule Pomme de
terre d’attaquée par l’affreux hotrytis, ni
par les infirmités de différentes sortes dont
se plaignent justement nos confrères, dont
les plaintes nous touchent profondément,
car on sait qu’il y a une véritable solidarité
entre les cultivateurs d’une contrée et
ceux d’une autre; c’est là de la fraternité
dans toute l’acception du mot, et à mon
point de vue je n’en connais pas d’aussi
bonnes que celles-là. Lorsqu’un de nos
confrères souffre, nous prenons sérieuse-
ment part à ses peines, et c’est dans ce but,
c’est-à-dire pour éclairer et venir en aide
à ceux qui ont à se plaindre de la maladie
dont nous parlons que nous écrivons ces
lignes. Malheureusement il est trop tard
pour cette année, et nos conseils ne pourront
être suivis que l’année prochaine, puisque
l’époque de la plantation de la Pomme de
terre est terminée, et que c’est de l’époque
de la plantation que dépend le succès.
Depuis vingt-trois années consécutives,
nous plantons nos Pommes de terre dans la
première quinzaine de février, ou, quand
I nous y sommes forcés par une raison quel-
i conque, la gelée par exemple, qui nous em-
pêche d’entamer le sol pour faire cette
plantation, nous l’ajournons à la seconde
quinzaine du même mois de février, jamais
plus tard, et nous sommes heureux de pou-
voir affirmer à nos confrères que c’est à cette
première circonstance, qui permet de planter
des tubercules sains et non épuisés, que
nous sommes redevables de n’avoir jamais
un tubercule malade. Voilà le premier point
essentiel ; nous allons passer aux autres.
Nous classons les Pommes de terre en
trois catégories : la première en Pommes de
terre hâtives ou précoces, telles que la Mar-
jolin, la Royale Kidney, la Comice d'A-
miens^ etc. ; la seconde en Pommes de terre
de seconde saison, comme la Hollande dite
de Brie, la Marceau, la Schaio, la Ségonzac
ou delà Saint-Jean, IsiBossin dite Caillaud,
et toutes les autres variétés dont la maturité
a lieu vers la fin d’août ou dans les premiers
jours de septembre, c’est-à-dire toutes celles
qui, étant arrivées à leur parfait état de ma-
turité, peuvent être rentrées dans la cave ou
dans le cellier avant l’invasion de la maladie
qui n’arrive guère qu’en septembre, à quel-
ques exceptions près ; il nous arrive donc
par ce procédé d’avoir tous les ans des
tubercules parfaitement sains et parfaite^
ment mûrs avant que le fléau n’exerce ses
ravages sur les Pommes de terre ; de cette
façon nos tubercules rentrés bien mûrs sont
excellents pour la reproduction et pour la
plantation suivante, ce qui est un des points
les plus importants. On a pu voir que dans le
nombre des Pommes de terre que nous
venons d’énumérer, nous avons désigné
intentionnellement celles qui conviennent à
la grande culture, afin qu’on ne croie pas
que nous opérons sur des variétés purement
jardinières et horticoles. La troisième caté-
gorie comprend les variétés tardives pro-
prement dites, telles que la Chardon, la
Saucisse, etc.; de celles-ci nous ne nous en
occupons que médiocrement, car elles ne
forment pas la base de notre culture ; elles
mûrissent généralement trop tard, en octo-
bre et en novembre, quand la maladie a
exercé ses ravages; et alors, ou il faut les
arracher trop tôt, avant d’être mûres, et les
tubercules s’épuisent pendant l’hiver, et
sont tout à fait impropres à la reprodution.
De là les nouvelles maladies dont on se
plaint avec raison, parce qu’on n’a pas fait
ce qu’il fallait, et au lieu de s’en prendre à
soi-même, on accuse l’espèce en général
d’avoir dégénéré, ce qui semble beaucoup
plus facile à dire ; ou bien on arrache les
variétés tardives en octobre et en novembre,
alors qu’elles sont mûres ; mais aussi on est
obligé d’en laisser la moitié ou les trois
quarts sur le sol, parce qu’elles sont gâtées,
et le reste est descendu à la cave entaché de
cette maladie, qui ne fait que s’accroître
pendant la période hivernale. Nous voyons
MALADIE DES POMMES DE TERRE.
210
cela tous les jours, et nous en parlons en
toute connaissance de cause.
Pendant la végétation, nous donnons un
premier binage, ou mieux un bon labour à
pleine binette, ou, dans nos terres fortes, à
pleine houe fourchue, dès que les Pommes
de terre sont sorties de terre. Ce labour ré-
chauffe le pied, et a pour but et pour résultat
de faire grossir les tubercules. Un mois en-
viron après ce travail, nous les buttons
assez fortement pour maintenir la fraîcheur
aux touffes, et lorsque le moment de la ma-
turité est arrivé, nous les arrachons par un
beau temps, et nous les laissons se ressuyer
srur le terrain pendant une journée ou deux,
avant qu’elles ne verdissent ; puis nous les
mettons en tas par espèce séparée ; et comme
il faut à toute chose des soins particuliers
et qu’il y a des précautions à prendre, notre
cave ou conservatoire est parfaitement aéré,
au moyen d’une ventilation bien établie, à
l’est, au nord et au midi. Quand la tempé-
rature du dehors est trop chargée d’humi-
dité, nous bouchons le plus hermétiquement
possible tous nos soupiraux avec de la
paille, que nous enlevons dès que le temps
est beau ; par cette méthode simple et facile,
il nous arrive presque tous les ans d’at-
teindre le mois de janvier sans que nous
ayons une seule Pomme de terre de germée ;
quelquefois et très-souvent même, on n’en
aperçoit aucune trace, au moment de la
plantation, qui a régulièrement lieu chaque
année dans la première quinzaine de fé-
vrier. Nous plantons donc depuis vingt-trois
ans des tubercules constamment sains et
parfaitement mûrs, qui n’ont jamais dégé-
néré depuis 1850 que nous cultivons ces
mêmes variétés, et toujours les mêmes, sans
la moindre variation, ni sans le moindre
épuisement. Nous avons déjà dit et écrit
cela bien des fois depuis nos premières
expériences, dans tous les journaux d’agri-
culture et d’horticulture ; cela nous prouve
que notre voix n’est pas prépondérante.
Pour bien convaincre nos confrères qui ne
seraient pas disposés à croire ce que nous
avançons, nous les invitons à venir nous
voir en ce moment ; ils trouveront encore
des Pommes de terre qui nous restent, dont
nous faisons usage 'pour la table, et que
nous donnons aux bestiaux, et ils resteront
convaincus qu’avec notre système de plan-
tation en février et nos moyens de conserva-
tion, nos tubercules ne commencent qu’à
émettre des tiges nouvelles, et qu’ils sont
restés bien conservés. Nous devons faire ob-
server toutefois que notre récolte de Pommes
de terre s’élève chaque année au chiffre de
trente à quarante hectolitres.
On voit par ce qui précède que nos pro-
cédés de culture, de plantation et de con-
servation ne sont pas difficiles à suivre ni à
exécuter ; seulement il faut les faire à temps ;
l’important est donc de le vouloir. Quant à la
plantation des Pommes de terre en février,
ce n’est pas, paraît-il, un fait bien nouveau;
en effet, nous lisons dans les lettres à M. Bar-
rai, par notre excellent confrère M. Leroy-
Mabille, qu’en 1768, Valmont de Bomare,
dans son Dictio^inaire dliistoire naturelle^
recommandait la plantation de ce précieux
tubercule dans le mois de février, afin de le
récolter bien mûr. Si l’on avait suivi les
excellents conseils que n’a cessé de donner
pendant une trentaine d’années environ
notre honorable ami, M. Leroy-Mabille, on
n’en serait certainement pas arrivé où l’on
en est aujourd’hui: il conseillait la planta-
tion hivernale, et il avait raison; c’était le
meilleur moyen de récolter des Pommes de
terre en état complet de maturité, et qui
n’auraient pas subi les influences de toutes
les maladies qu’on leur découvre aujour-
d’hui. MM. de Rainneville, Tougard, de
Montaignac, et d’autres agriculteurs en re-
nom, sont venus à plusieurs reprises con-
firmer les premières expériences de M. Leroy-
Mabille, et c’est dans le but de faire adopter
généralement cette bonne méthode que
nous nous sommes rapprochés de lui, en
plantant plutôt dans la première quinzaine
de février que dans la deuxième. Mais, nous
le répétons, la méthode de M. Leroy-
Mabille est supérieure à la nôtre ; elle est
peut-être aussi plus rationnelle. La plan-
tation des Pommes de terre dans la première
quinzaine de février a un double résultat:
d’abord de soustraire les tubercules à l’ac-
tion de la maladie, ensuite d’augmenter la
récolte dans des proportions notables que
nous pouvons estimer être couramment de
25 à 30 P . 100, ainsi que plusieurs expé-
riences réitérées pendant des années nous
permettent de l’affirmer. Il est donc facile
de voir que nous laissons bien derrière nous
les cultivateurs qui remplissent à juste titre
les journaux de leurs vraies et sincères do-
léances. Aussi, ne saurions-nous trop in-
sister pour la plantation des Pommes de
terre en février ; mais M. Leroy-Mabille nous
devance de beaucoup, et d’après plusieurs |
rapports qui lui ont été adressés par ceux
qui ont contrôlé sa méthode, le rendement à i
la récolte des tubercules aurait été jusqu’à j
50 p. 100 en plus que dans la plantation |
' du/ n I P en d u 7i/7/)rimi
DESMODIUM PENDULIFLORUiM.
^211
d’avril et de mai. Dans une nouvelle note,
nous ferons connaître le chiffre exact de la
récolte comparative par variétés, plantées
de mois en mois jusqu’en mai, époque où
cette plantation est faite encore dans beau-
coup de localités.
Une grande objection nous est faite à l’oc-
casion de la plantation faite ou à faire en
février, et l’on nous dit même que dans les
terres fortes elle est à peu près impossible ;
nous savons cela, puisque notre sol est d’une
nature compacte ; aussi, rappellerons-nous à
celte occasion le moyen pratique employé
par notre père, il y a soixante ou soixante-
dix ans, en pleine Beauce, à Denonville
(Eure-et-Loir), où les terres sont des plus
fortes. Notre père avait un plantoir de la
grosseur du bras, et long de 70 à 80 centi-
1 mètres, terminé en pointe à la partie infé-
! rieure, tandis qu’à l’extrémité opposée il
I était traversé par une assez longue cheville
j qui permettait d’appuyer les deux mains, et
s au moyen d’un demi-tour de droite à gauche
1 et de gauche à droite, il retirait le plantoir,
! et il mettait dans le trou ouvert ainsi un
j tubercule de Pomme de terre, puis, en im-
j primant un léger coup sur le sol avec la
partie pointue, il faisait retomber la terre
dedans pour couvrir le tubercule. Eh bien I
ce que notre père faisait dans les premières
années de ce siècle, nous le faisons encore
aujourd’hui dans notre terrain fort. On nous
dira peut-être qu’on ne peut pas le faire
partout. Pourquoi ? Ne le pourrait-on pas, au
moyen d’une planche que l’on ferait glisser
sur le sol et d’un seau rempli d’eau dans
lequel on tremperait le bout du plantoir,
pour favoriser son entrée en terre ? Nous ne
'^ovons aucun inconvénient à adopter ce
genre ut pi^întalion partout où l’on ne peut
faire autrement. Les cultivateurs de la Brie
et de la Beauce savent que c’est en trem-
pant dans de l’eau leurs instruments qu’ils
parviennent à façonner leurs terres fortes.
Dans les terrains sablonneux, on ouvrira à
la pioche, à la bêche ou à la charrue, des
trous profonds de 20 à 25 centimètres, au
fond desquels on jettera un tubercule moyen,
ni trop gros, ni trop faible. En terminant
cette note, nous conseillerons aux cultiva-
teurs de suivre notre procédé, ou celui de
M. Leroy-Mabille, que nous approuvons, et
nous pouvons les assurer que s’ils suivent
ces recommandations ils n’auront plus de
Pommes de terre malades.
Bossin.
DESMODIUM PENDULIFLORUM
Bien que la beauté soit un peu une af-
1 faire de goût, et partant relative, il faut
néanmoins convenir qu’il y a sinon un type
absolu du beau, du moins une beauté que
l’on pourrait appeler générale^ par ce fait
qu’elle convient au plus grand nombre,
i Ceci entendu et admis, disons que la plante
i qui fait le sujet de cette note, le Desmo-
dium penduliftorum, réunit au plus haut
degré cette qualité; aussi, n’hésitons-nous
pas à la faire figurer, bien que ce ne soit
pas une véritable « nouveauté, » comme
l’on dit. Ce qui nous y engage encore, c’est
afin de continuer la marche qu’a suivie jus-
"qu’ici la Revue horticole, en recommandant
d’une manière toute particulière les plantes
dont le mérite réel est bien constaté, et qui
présentent un avantage à peu près pour tout
le monde, ce qui est absolument le cas pour
' l’espèce qui nous occupe, et dont voici la
description :
I Plante vivace ou à peine sous-frutescente
à la base, émettant chaque année de la
souche des liges annuelles, grêles, bien que
R très-vigoureuses, qui atteignent jusqu’à
■ 2 mètres, parfois plus, de hauteur, rami-
fiées dans toute leur longueur, lesquelles
ramifications se terminent toutes par de
très-longues inflorescences, en racèmes spi-
ciformes, portant un nombre considérable de
fleurs qui s’épanouissentà partir du commen-
cement de septembre et se succèdent sans in-
terruption jusqu’aux gelées, de sorte que, à
certaine époque, la plante disparaît complè-
tement sous une masse de fleurs. Rameaux
anguleux, à écorce grisâtre et comme pul-
vérulente. Feuilles composées, trifoliolées,
à folioles longuement elliptiques, d’un vert
pâle ou gris cendré en dessous, et comme
feutré par de longs poils très-courts. Fleurs
relativement grandes, d’un rouge vineux
violacé, à étendard d’un rouge plus pour-
pre, mais un peu plus clair que les autres
parties des fleurs.
Le Desmodium penduliflorum, qui très-
probablement est la même plante que le D.
racemosum, introduit il y a déjà longtemps
du Japon par feu Siébold, est très-rustique,
nriême sous le climat de Paris, où jamais
il ne souffre de l’hiver, quelle que soit l’in-
tensité du froid. On doit en soutenir les tiges
à l’aide d’un tuteur au fur et à mesure
DU GALVANISME CHEZ LES VÉGÉTAUX.
212
qu’elles se développent ; autrement elles
s’inclinent et s’affaissent sous le poids des
fleurs. Cette espèce n’est pas délicate sur le
terrain : à peu près tous lui conviennent;
néanmoins, ceux qu’elle semble préférer,
dans lesquels sa vigueur est plus considé-
rable, sont les terrains profonds et consis-
tants, plutôt un peu humides que secs.
Nous ne sachions pas que jusqu’à ce jour
elle ait produit des graines dans les cul-
tures, ce qui oblige à la multiplier par
boutures, qu’on fait avec les jeunes pousses
non encore à fleurs, et qu’on plante en
pots remplis de terre de bruyère, qu’on
place sous cloche dans la serre à boutures,
où elles s’enracinent facilement, surtout si
les plantes mères cultivées en pots ont
poussé dans une serre. E.-A. Carrière.
DU GALVANISME CHEZ LES VÉGÉTAUX
Dans l’expérience faite avec les graines
de Cresson, et dont nous avons parlé précé-
demment, notre intention n’était pas de dé-
terminer jusqu’où l’influence électrique
pourrait s’étendre pour stimuler la végéta-
tion des plantes, mais simplement de dé-
montrer que des résultats opposés pouvaient
être obtenus des deux différentes conditions
polaires, et que de l’une d’elles nous obte-
nions une accélération et une vigueur dans
l’accroissement, pendant que de l’autre nous
trouvions une tendance à la production des
Champignons et à un état maladif des plan-
tes. A cette fin, et pour obtenir une imita-
tion aussi vraie que possible de l’échelle na-
turelle, on a employé une très-faible somme
de polarité, tout juste suffisante pour con-
trebalancer l’équilibre normal ; mais eût-on
mis en œuvre un plus grand degré d’in-
tensité, la disposition au renversement des
« racines en l’air » aurait été plus générale
et beaucoup plus accentuée. Le trait le plus
remarquable, cependant, est l’effet produit
par l’oxygène, et ceci est un point qui de-
mande à être considéré attentivement, parce
que le gaz oxygène est le grand agent dans
le laboratoire de la nature ; mais par (( na-
ture )) nous entendons simplement une
sphère d’action comprenant les instruments
et matériaux, et rien de plus. Sous la direc-
tion de la toute-puissance, l’oxygène est le
principal agent employé dans le monde ma-
tériel pour effectuer ces changements con-
sidérables et indéfinis qui se font continuel-
lement chez nous et autour de nous. Il
constitue le chaînon établissant l’union
entre la vie organique et les principes qui
l’alimentent. Par son action, le carbone qui
forme la masse de toute matière organisée,
animale et végétale, est rendu soluble et
convenable pour être absorbé et assimilé
par le corps vivant, et qui ensuite, par son
extraction, l’abandonne là comme accrois -
(i) Vùir Revue horticole, 1873, p. 56, 118, 145.
sement additionnel à celui déjà existant. En
volume, l’oxygène fournit à peu près un
cinquième de ce qui constitue l’atmosphère.
Il comprend un tiers du volume des gaz qui
sont combinés pour former de l’eau. Il est
le principe acidifiant de tous les acides. Il
est l’agent destructeur dans la rouille des
métaux. Il soutient la vie, et en est l’indis-
pensable agent par lequel le carbone con-
sumé est encore dissous et éliminé du sys-
tème. C’est avec son aide que la plante
prépare le carbone pour l’usage de l’animal.
La grande source primitive de son approvi-
sionnement est l’atmosphère. Les animaux
peuvent le prendre par leur propre action
volontaire dans l’acte de la respiration ; il en
est autrement des plantes, qui, n’ayant pas
de volonté propre, sont sous la dépendance
des lois naturelles pour pourvoir à leurs be-
soins. Ce que sont ces lois, et comment leur
accomplissement s’opère, est donc le point à
examiner.
Il est bien reconnu que chaque végétal,
herbe ou arbre, dans son organisation, est
disposé dans un sens polaire, c’est-à-dire
qu’il a une certaine portion de son individu
électro-négative, et l’autre électro-positive ;
mais de ce fait il sera bon d’en donner une
preuve, ainsi que d’indiquer de quelle ma-
nière une telle condition est établie et en-
suite maintenue en action. Ceci, cependant,
ne peut être fait qu’en ayant recours à l’ex-
périence, et je conseille beaucoup au lecteur
que ce sujet intéresse de se pénétrer des
conséquences qu’il peut déduire de celle
que nous allons rapporter, et qui, bien que
très-simple, est une des plus instructives
qu’on puisse indiquer.
Il y a beaucoup d’expériences dont le
succès dépend de l’adresse et du tact de
l’expérimentateur; mais heureusement celle
que nous recommandons est entièrement
dépourvue de difficultés, car une fois dis-
posée, on la laissera opérer par elle-même,,
tout naturellement. Qu’on se procure trois
DU GALVANISME CHEZ LES VÉGÉTAUX.
213
bocaux; on en remplira un, et les deux
autres ne seront remplis qu’à moitié avec
de l’acide sulfurique étendu d’eau, une
partie d’acide pour dix d’eau ; puis on se
procurera trois morceaux de tringle de
cuivre, dont un de 3 centimètres de lon-
gueur, et les deux autres de 10 centimètres.
On placera le morceau de 3 centimètres
dans le bocal rempli ; on le bouchera et on
le marquera n» 1, et on le mettra de côté.
Puis les deux autres morceaux, qui sont
plus longs, seront placés un dans chaque
bocal, de manière à ce qu’ils trempent à
moitié dans le liquide et à moitié dans l’air,
comme le démontre la figure 23 ; on en lais-
sera un bouché marqué n® 2, et l’autre ou-
vert, exposé à l’air, marqué n» 3. Ils de-
vront, dans ces conditions, être placés sur
une tablette, où on pourra les observer et
les examiner de temps en temps sans les dé-
ranger. Le premier effet qu’on remarquera
sera dans ces deux derniers, et au bout de
peu de jours, que l’acide commencera à
prendre une teinte bleuâtre, et que le mor-
ceau de tringle de cuivre, à l’endroit mar-
qué A, juste à la surface du liquide, sera de-
venu d’une couleur plus brillante. Au bout
d’une semaine ou deux (cela dépend de la
température), des cristaux de vitriol, ou sul-
, fate de cuivre, d’un bleu foncé, commen-
! ceront à paraître sur la tringle au-dessus de
j l’acide, et au bout de quelque temps cette
i cristallisation d.eviendra plus intense et oc-
I cupera la plus grande partie de la tringle
exposée à l’air du bocal. On remarquera
alors que le morceau de tringle de cuivre a
été plus influencé précisément au-dessus du
niveau de l’acide ; qu’une très-petite partie
I seulement du métal plongé dans le liquide a
subi l’influence dissolvante de l’acide, et
que ce qui en a été dissous n’est pas entré
len dissolution dans le liquide, mais s’est
élevé et a gagné la partie supérieure de la
tringle, où elle s’est cristallisée, et avec le
temps le morceau de tringle se trouvera en-
’ fièrement corrodé, au point de se séparer
len deux morceaux au niveau du liquide. La
question : Pourquoi le métal se trouve-t-il
Iplus influencé à cet endroit plus qu’à un
autre ? se posera tout naturellement, et c’est
l’interprétation exacte de ce fait qui nous
a dévoilé et expliqué un grand nombre de
phénomènes de la nature jusqu’ici encore
jbien inintelligibles.
i En plaçant les morceaux de tringle dans
jles nos 2 et 3, chacun d’eux dans un milieu
jdifférent, c’est-à-dire une partie dans l’air
jet l’autre dans le liquide, ils ont été rendus
polaires ; chacun est, par le fait, devenu un
aimant électrique ; dans son effet il a acquis
le pouvoir d’attirer l’oxygène de l’atmos-
phère, et, comme on l’a déjà remarqué,
l’union de l’oxygène est une nécessité comme
premier pas pour rendre le métal soluble,
et par conséquent là où la plus grande at-
traction pour lui existait, le métal a été le
plus réduit en volume. Tels sont les résul-
tats, et il nous reste à expliquer comment
ces phénomènes se produisent. Le premier
agent important dans le travail est la condi-
tion électrique de l’atmosphère. Il y a deux
forces dans la nature : la gravitation et l’élec-
tricité, qui sont similaires sous un rapport,
mais différents sous un autre. Elles sont si-
milaires sous ce rapport qu’elles agissent
toutes les deux sur la matière «c à une dis-
tance ; y> mais elles diffèrent dans leur mode
Fig. 23. — Expérience de Bridgman.
d’action. La gravitation attire toute matière
en proportion de sa masse, mais l’électri-
cité est seulement une attraction entre les
corps dans un état opposé, c’est-à-dire que
c’est une force polarisée ou divisée, et l’at-
traction existe seulement entre les corps
représentant ces deux divisions. Nous avons
la lumière et la chaleur, toutes deux capa-
bles d’être polarisées, et la conséquence est
que la gravitation est dans le même cas ;
l’électricité est la gravitation dans sa forme
polarisée, la force attractive des deux étant
la même, mais en proportion inverse du
carré de la distance. Le magnétisme étant
seulement une autre forme d’attraction
électrique, nous pouvons nous en servir
pour démontrer les effets d’induction élec-
trique. Ainsi, si une aiguille est placée à
une très-faible distance d’un aimant, on
trouvera qu’elle devient elle-même un ai-
2U
DU GALVANISME CHEZ LES VEGETAUX.
mant, capable d’attirer et de repousser
comme le ferait le plus gros aimant ; et si
un morceau de papier mince est placé au-
dessus de ces deux aimants, et qu’on sème
dessus un peu de limaille de fer ou de fines
rognures de fer, et qu’on tape légèrement
sur le papier, on verra le fer s’arranger
d’une certaine manière, montrant qu’il y a
une atmosphère magnétique ou électrique
qui l’entoure. 11 en est de même de notre
atmosphère, qui, dans son état normal, pos-
sède une électricité positive. C’est aussi une
loi d’induction que le courant électrique est
invariablement d’un caractère opposé à
celui du corps qui le détermine, ou, en
d’autres termes, que, comme l’électricité
est une force divisée, l’une de ces parties
divisées ne peut exister sans que son com-
plément ne s’y adjoigne, et qui, du reste,
est toujours prêt pour cette réunion. C’est
pourquoi, quand l’atmosphère manifeste
une électricité positive, celle de la surface
de la terre sera électro-négative. Étendons
cette loi un pas plus loin, et nous trouvons
alors que la partie supérieure du morceau
de tringle placée au-dessus de l’eau ac-
querra le courant électrique négatif à cause
de l’électricité positive de l’atmosphère,
tandis que la partie immergée dans l’acide,
qui est lui-même électro -négatif, deviendra
électro-positive. On voit par ces faits com-
ment le pouvoir initiant dans l’action chimique
qui a lieu est d’abord obtenu. Il y a un autre
arrangement, à l’aide duquel ce faible degré
de polarité est rendu suffisant pour sur-
monter de plus puissantes attractions, qui
démontre que l’atmosphère est la source
primitive de l’oxygène nécessaire à la vie
organique, et que dans l’air que nous res-
pirons cet oxygène existe en compagnie avec
d’autres gaz ; mais ce n’est seulement que
par un assemblage mécanique, dans lequel
chaque gaz est libre et non mélangé. Et
c’est pourquoi chaque substance ayant la
plus minime attraction pour l’oxygène est
à même de l’obtenir de suite, sans qu’il y
ait d’autre attraction opposante à surmonter
pour arriver à ce but. L’oxygène, cependant,
est toujours attiré à la surface positive,
pendant que l’hydrogène, qui lui est associé
dans la composition de l’eau, est toujours at-
tiré à la négative; mais comme, d’une autre
part, un volume d’oxygène est allié à deux
volumes d’hydrogène pour former un atome
d’eau, il en résulte que les deux volumes
d’hydrogène ont la prépondérance, et en-
traînent avec eux, à la négative, le volume
d’oxygène combiné sous forme d’eau ; la loi
est que toutes solutions aqueuses sont tou-
jours attirées à la surface négative.
Ce dernier fait nous ramène à la question
de la plus forte somme de l’oxydation mé-
tallique prenant place au-dessus de la sur-
face du liquide. Celte tendance des fluides à
la surface négative force l’acide à s’élever et
à s’étendre au-dessus du bout négatif de la
tringle; et en faisant ainsi, il rend posi-
tive la portion du métal qui est plus bas, et
par conséquent attractive de l’oxygène ; et
comme il forme seulement un très-mince
« stratum» de fluide, la force attractive agit
à travers, et l’oxygène atteint le métal sans
empêchement. Mais immédiatement l’oxy-
gène s’est combiné et a rendu le métal so-
luble; il est enlevé par l’acide, et la solution
concentrée continue alors sa course en mon-
tant, et subséquemment dépose son char-
gement sous la forme de cristaux de sulfate
de cuivre du plus beau brillant. Il faut aussi
remarquer que la partie immergée de la
tringle a été de moins en moins influencée
à mesure que sa profondeur dans l’acide a
augmenté, montrant que la plus grosse
somme de décomposition a eu lieu le plus
près de la surface, là où l’air et l’acide arri-
vaient en contact. L’acide sulfurique et le
cuivre ont été employés pour cette expé-
rience, parce que l’intensité de la couleur
rendait les résultats plus visibles ; mais il y
a très-peu de substances, si même il en
existe, qui n’agissent conformément à ces
mêmes lois, ce qui explique comment les
os agissent comme engrais, et comment la
chaux arrive dans les végétaux, etc. Aussi,
si l’on répète l’expérience avec un morceau
d’os au lieu d’employer un morceau de
tringle de cuivre, on obtiendra des résultats
tout à fait analogues. Ainsi, si, par exemple,
on prend le manche d’une vieille brosse à
dents, et qu’on l’immerge dans un pot con-
tenant de l’eau acidulée, comme cela' a été
fait dans la figure 23, il commencera bien-
tôt à obéir à la même influence, par la chaux
transférée à la partie supérieure. Au bout
d’une semaine ou à peu près, le bout ex-
posé, et probablement une partie du bout
immergé, seront recouverts d’un dépôt de
chaux cristallisée, justement comme le mor-
ceau de tringle de cuivre s’est recouvert par
le sel de cuivre dans l’expérience précé-
dente. Le fait que c’est l’influence de |
l’atmosphère qui a été cause de celte action
chimique est prouvé par ce qui a eu lieu j
dans les autres bocaux. Dans l’un (n® 2), la j
portion d’air confinée a rendu son oxygène, j
et l’action a alors cessé par besoin « d’un |
HISTOIRE NATURELLE EN AGRICULTURE. — ANIMAUX UTILES.
changement d’air. » Dans l’autre (n° 1), qui
est complètement rempli de liquide, l’ab-
sence totale d’air en contact avec le métal a
forcé le cuivre à rester entièrement sans al-
tération, l’acide demeurant aussi incolore
qu’au début ; mais videz de l’acide jusqu’à
ce que la partie supérieure du morceau de
tringle atteigne la surface du liquide, et
alors là l’opération chimique commencera
tout d’un coup et continuera jusqu’à ce que
la saturation de l’acide mette un arrêt à son
action.
215
Ceci étant une des lois immuables de la
nature, il sera facile à voir que chaque ar-
bre, pieu, tuteur, etc., fixés, une partie dans
le sol et l’autre exposée à l’atmosphère,
devra nécessairement acquérir les memes
conditions polaires, quoique les résultats
qui seront produits pourront présenter
quelques différences, suivant que l’individu
sera vivant ou mort. — W.-K. Bridgman,
Norwich.
Extrait du Gardener's Chronicle
par Louis Neumann.
HISTOIRE NATURELLE EN AGRICULTURE
ANIMAUX UTILES.
§ Dr. — La TAUPE.
Nul mieux que moi ne rend justice à l’ex-
périence de l’habitant des campagnes; j’es-
time que, sur bien des points, l’ignorant qui
voit en sait plus que le savant qui devine.
Par malheur, l’homme des champs est,
plus qu’il n’est juste, persuadé de cet avan-
tage; il oublie que d’ordinaire s’il voit beau-
coup, il voit mal; et ses préjugés sont ex-
trêmement difficiles à déraciner. Voici la
taupe, par exemple, un des animaux les
mieux faits pour attirer son attention, et
qu’il a maintes fois enlevée de terre et tuée à
coups de houe ; croyez-vous qu’il ait songé
à la regarder? Mon Dieu, non ! Et avec cela
il prétend aux privilèges de celui qui a vu.
Il affirme que la taupe est privée d’yeux,
alors que c’est lui qui est l’aveugle ; et il ne
songe pas même à rectifier cette assertion
étrange.
Si cette erreur, aisée à contester, est si
obstinément ancrée dans son esprit, que
sera-ce de celles dont la fausseté ne peut
être démontrée que par une série d’obser-
vations ou de raisonnements? Voilà pour-
quoi je fais appel aux lecteurs de ce journal,
et je les prie de joindre leurs efforts aux
miens. Instruire les ignorants, leur ap-
prendre à mettre à profit les divers secours
que sont tout disposés à leur apporter des
auxiliaires puissants et inattendus, n’est -ce
pas une belle œuvre? Et puis, pourquoi ne
le dirais-je pas ? la cause de ces amis qui
nous comblent de leurs bienfaits et que
nous tuons, m’attire. Je parlerai donc de
quelques-uns des animaux utiles dont on
méconnaît généralement les services, et
j’essaierai de détruire la prévention qui
pèse sur eux.
J’ai nommé la taupe : je vais lui consa-
crer cette première étude. Voilà déjà long-
temps que la science s’est émue en sa faveur,
qu’elle a cherché à voir ce qu’il y a de fondé
dans l’accusation portée contre elle de se
nourrir de la racine des végétaux. Les uns
ont examiné son système dentaire ; les au-
tres se sont livrés à des expériences di-
rectes; enfin, les observa,tions de M. Flou-
rens ont été décisives, et il est parfaitement
démontré aujourd’hui que la taupe est un
animal purement et exclusivement carnas-
sier, incapable de se nourrir de plantes. Ses
vingt-quatre dents , toutes tranchantes ,
toutes aiguës, absolument impropres à
broyer la fibre d’un végétal, mais admira-
blement disposées pour percer et déchirer
une proie vivante, sont un indice qui ne
trompe pas. Néanmoins , au milieu d’un
grand nombre de débris d’insectes, l’autopsie
découvre dans son estomac quelques rares
traces de végétaux. Ces débris peuvent avoir
été avalés par hasard avec les vers blancs,
les vers gris, les cloportes, les millepieds,
ou encore provenir des intestins de ces ani-
maux mêmes ; mais il importait de s’en as-
surer. C’est dans ce but qu’on a présenté
divers aliments à des taupes captives. Or,
on a pu constater que celles qui n’ont eu à
leur disposition que des végétaux sont
mortes de faim sans y toucher, tandis
qu’elles s’étaient repues avec une incroyable
avidité de toute chair, cuite ou crue, d’in-
sectes, de grenouilles ou d’oiseaux, qui leur
avait été offerte. Elles ont mordu au ventre
un moineau vivant; et, suçant, dévorant,
elles ont plongé avec furie leur tête tout en-
tière dans ses entrailles pantelantes, dont
elles s’enivraient par tous les sens. Deux
taupes, mises ensemble, se sont battues
jusqu’à ce que l’une d’elles ait succombé ;
et quand la survivante n’avait pas d’autre
216
HISTOIRE NATURELLE EN AGRICULTURE. — ANIMAUX UTILES.
proie pour assouvir sa faim, elle a mangé
sa victime. Ce sont bien là les mœurs inso-
ciables des êtres carnassiers. La plus pres-
sante nécessité est impuissante à faire chan-
ger les taupes d’aliment ; elles se mangeront
entre elles, mais elles ne toucheront pas à
un Navet.
Ainsi, la taupe n’est nullement une herbi-
vore, et nous devons la compter au nombre
de nos plus utiles auxiliaires, car les in-
sectes dont elle se nourrit sont les plus nom-
breux, les plus dangereux pour les plantes,
ceux qui échappent le mieux à nos recher-
ches. Chaque jour elle en engloutit plus de
la moitié de son poids, dit Cari Vogt, tandis
que, d’après M. Boisduval, elle en mange
plusieurs fois son poids. Qu’on juge, dès
lors, de la quantité de larves qu’une taupe
détruit en un an !
Je n’ignore pas que les buttes de terre
qu’elle soulève dans les prés empêchent de
faucher l’herbe, si l’on n’a pas eu soin de les
éparpiller, et que, dans un jardin, son pas-
sage parmi les jeunes plantes leur est pres-
que toujours fatal. Mais savons-nous le tort
qu’auraient causé les insectes qui l’y ont at-
tirée? Au surplus, n’y aurait-il pas moyen
de profiter de ses services sans souffrir de
ses dégâts, en Vappelant ou la portant en
masse dans certains champs, à certaines
époques, et en l’écartant ou l’enlevant de
ceux où elle risquerait de nuire? Son tra-
vail souterrain est un labour qui aère le sol
dans des circonstances où souvent nul de
nos instruments ne pourrait fonctionner ; et
je ne sache pas qu’il puisse être fait plus
économiquement que par la taupe, qui ne
demande pour tout salaire que de manger
nos ennemis, qu’elle transforme même en
substances fertilisantes. Mais pour tirer de
tant d’avantages tout le parti possible, il im-
porterait de connaître parfaitement ses
mœurs et son histoire.
On affirme que chez les taupes le mari est
très-jaloux, qu’il suffit de l’approche d’un
autre pour qu’aussitôt il mette Madame en
lieu sûr et se jette sur le nouvel arrivant
jusqu’à ce que mort s’ensuive. On dit même
qu’il ne se contente pas de tuer ce rival pos-
sible, et qu’il le mange pour être bien sûr
qu’il ne reviendra pas. Mais je doute que
ceci soit bien constaté. On pourrait d’ailleurs
expliquer ce petit extra par une modeste
prévenance du mari, qui réunit les deux
prétendants en un, afin d’offrir à l’affection
de l’épouse leur tendresse et leurs attraits
combinés, ou bien par une ardente charité
du vainqueur, qui, l’ennemi à peine ter-
rassé, se sent le besoin de lui prouver, en
le croquant, qu’il l’aime quand même. Quoi
qu’il en soit, si ces maris sont jaloux, ils
sont tendres. Ils construisent un joli nid
bien rembourré, bien chaud, dans lequel les
époux vivent heureux et fidèles Et l’on
assure avoir trouvé plus d’une fois, près de
l’épouse prise au piège, l’époux mort de
douleur.
Bien qu’on rencontre des petits depuis le
mois d’avril jusqu’au mois d’août, on ne sait
pas au juste s’il y a plusieurs naissances
chaque année. Ces petits sont nus et faibles :
la mère a besoin de beaucoup de lait pour
les sustenter; le père, alors, pour laisser
plus de nourriture à sa disposition, triomphe
de sa double tendresse et s’en va. On a
voulu attribuer ce départ à son inconstance
d’époux et à son indifférence de père, que
les cris des petits, disgracieux et rougeauds,
ennuieraient ; mais ce sont là, j’(m suis con-
vaincu, purs propos de malveillants.
Il ne faudrait pas croire que la taupe
fouille au hasard et mène une vie errante et
nomade. Le nid des petits est placé dans un
endroit où plusieurs galeries aboutissent et
se coupent, afin qu’il reste toujours à la fa-
mille, en cas de danger, une voie ouverte
pour la fuite. De plus, à une certaine dis-
tance de cette nursery, en un lieu abrité, la
taupe s’est ménagé un véritable fort. C’est
là sa demeure ordinaire. Solidement et ar-
tistiquement construite, elle renferme au
centre une chambre tapissée de mousse,
qui est pourvue d’une issue vers le bas et
de trois vers le haut ; ces dernières débou-
chent dans un chemin de ronde établi, on ne
sait dans quel but, un peu au-dessus de la
chambre, et communiquant par cinq ou six
couloirs à un second chemin circulaire
creusé au niveau de l’habitation ; de ce che-
min rayonnent plusieurs conduits qui se re-
courbent horizontalement et vont joindre la
première issue, après qu’elle s’est relevée à
hauteur de la chambre. Celle-ci est creusée
dans une grosse butte, de façon à être en-
foncée à près d’un mètre sous terre, quoi-
que le chemin qui en débouche se trouve
ensuite assez rapproché de la surface du sol:
elle est ainsi abritée à la fois des inonda-
tions et de la pluie ; j’ignore pourquoi l’ar-
chitecte de cette citadelle se condamne à tant
de détours pour y venir ou pour la quitter.
Le chemin de sortie mesure quelques cents
mètres de longueur, et c’est seulement à
son extrémité que commence le terrain de
chasse. La taupe se creuse, à partir de cet
endroit, des galeries toujours nouvelles ; et
HISTOIRE NATURELLE EN AGRICULTURE. — ANIMAUX UTILES.
217
trois ou quatre fois par jour, après chacun
de ses repas, elle vient se reposer dans son
habitation, qu’elle retrouve avec un instinct
admirable. Il en résulte que, lorsqu’on veut
lui tendre un piège, il faut le placer dans le
tube de sortie, qui est le seul où elle ait
coutume de repasser : j’en ai souvent fait
l’expérience. Mais d’où vient qu’alors on est
presque toujours assuré d’y prendre plu-
sieurs de ces animaux? L’insociabilité de la
taupe, à laquelle on a cru reconnaître des
mœurs solitaires et farouches, serait-elle
donc une erreur? On objecterait en vain
qu’il s’agit en pareil cas d’une seule nichée
devenue robuste. Quand les liens de famille
sont si lents à se briser, j’ai peine à croire
qu’on ait son semblable en horreur au point
de ne pouvoir le rencontrer sans qu’il y ait
! duel à mort.
On le voit, la vie de la taupe nous est
presque entièrement inconnue. Mais il est
aisé, lorsqu’elle chasse à fleur du sol, de
voir avec quelle rapidité elle se creuse un
chemin, lançant la terre en arrière avec ses
pattes postérieures, la rejetant par côté avec
celles de devant, la poussant devant elle
{ avec son puissant museau ; son nez, pourvu
d’un os spécial, et ses larges mains, possè-
dent une force inouïe ; et si l’on place une
taupe dans une caisse en verre, pleine de
I sable, on la voit s’y mouvoir aussi aisément
; qu’un poisson rouge dans son bocal. Il suffit,
d’ailleurs, de la regarder pour reconnaître
j en elle le fouisseur par excellence, comme
I dit La Blanchère : cou large, robuste, point
d’oreilles extérieures ; fourrure courte et
serrée, pour lisser et consolider les parois
des tunnels. Son bouttoir est un soc ; ses
,1 pieds sont des pelles et des pioches; son ac-
tivité fébrile, sa faim insatiable, sont servies
par des muscles de fer. Certes, on en con-
viendra, ce ne serait pas pour le cultivateur
une médiocre conquête que celle d’un tel
' ouvrier.
Ernest Barutel.
[ À cette lettre, dont nous remercions l’au-
î teur, nous allons nous permettre de faire
quelques observations, non toutefois comme
I rédacteur en chef de la Revue horticole,
I mais tout simplement comme particulier,
ce qui est notre droit, mais en reconnais-
sant à tous la liberté de soutenir des opi-
nions tout à fait contraires aux nôtres ; aussi,
accueillerons-nous toutes les observations
qu’on pourrait nous faire; nous n’oublie-
rons jamais que si, comme on le dit, la lu-
iûière naît du choc des cailloux, la vérité
ressort de la discussion : recherchant celle-
là, jamais nous ne repousserons celle-ci.
D’abord, en disant au commencement de
son article <r que l’ignorant qui voit en sait
beaucoup plus que le savant qui devine, »
M. Barutel donne gain de cause au prati-
cien, à (( l’homme des champs; » car n’est-
ce pas lui qui voit ? Et qui donc (( devine, »
sinon les savants, les écrivains, qui font de
la science dans leur cabinet ?
Dans cette lettre, remarquable à la fois
par le style et les connaissances scientifi-
ques que semble posséder M. Barutel, on
chercherait vainement la preuve de ce qu’il
paraît soutenir, c’est-à-dire que les taupes
mangent les vers blancs, ce qui, pourtant,
était l’essentiel ; car, quant à ce qu’il dit :
que les taupes « mangent de la viande crue,
cuite, des insectes de toutes sortes, des oi-
seaux, et à la rigueur qu’elles se mangent
entre elles, » cela n’a pas lieu d’étonner :
beaucoup d’animaux réduits en captivité en
feraient tout autant ; l’homme même n’agi-
rait guère autrement. Mais, d’une autre
part, n’est-on pas en droit de se demander
comment M. Barutel a pu faire une études!
complète de la taupe, en décrire si bien les
mœurs, sa manière de vivre, et même ses
amours et ses sentiments, soit d’affection,
soit de haine, si, comme il le dit avec rai-
son, (( la vie de la taupe nous est presque
entièrement inconnue? » Il y a là des dires
qui impliquent contradiction. Personne non
plus, que nous sachions, ne conteste que la
taupe c( est un fouisseur par excellence ;
au contraire, et il est même très-probable
que cette qualité entre pour une très-grande
part dans la haine que lui portent les culti-
vateurs, qui, probablement, jamais ne com-
prendront « ces amis qui les comblent de
bienfaits. » Quant au conseil que donne
M. Barutel de cc porter des taupes en masses
là où il y a des vers blancs, puis à les en-
lever et les porter ailleurs lorsque le sol est
débarrassé, » le fait nous paraît être une
idée tout à fait neuve, et il peut être certain
qu’on ne lui en contestera ni la propriété, ni
la priorité, mais qui toutefois est de nature
à faire douter qne M. Barutel connaisse
quelque peu les taupes, leur nature et sur-
tout leur manière de vivre. D’une autre part
encore, personne ne conteste que la taupe
n’est pas essentiellement carnivore, et l’on
ne voit vraiment pas pourquoi, pour soute-
nir et appuyer ses dires, M. Barutel appelle
à son secours le témoignage de M. Flou-
rens, qui, sous ce rapport, n’en savait pro-
bablement guère plus que lui, si ce n’est
218
PALMIERS NOUVEAUX.
moins. Mais, en admettant le fait, il est
difficile de comprendre pourquoi la taupe
« aurait vingt-quatre dents aiguës, » si elle
se nourrit particulièrement et exclusivement
de vers blancs et d’insectes analogues.
(Rédaction.)
PALMIERS NOUVEAUX
KENTIA CANTERBURYANA ET KENTIA FORSTERIANA
Au moment où tous les journaux horti-
coles étrangers s’occupent avec passion de
la culture et de l’introduction des Palmiers,
nous croyons devoir recommander aux lec-
teurs de la Revue horticole deux nouvelles
espèces se rattachant au genre Kentia. Ges
Palmiers sont, croyons-nous, destinés au
plus brillant avenir, surtout quand on sera
certain, ce que du reste nous pouvons affir-
mer, qu’ils n’exigent pas d’autre tempéra-
ture que celle de la serre froide.
Ges deux Kentias, sérieusement diffé-
rents l’un de l’autre, surtout par leur port,
ont été d’abord introduits en Angleterre et
mis l’année dernière au commerce particuliè-
rement par M. W. Bull de Ghelsea, sous les
noms de K. Canterhuryana et de K. Forste-
riana ; divers horticulteurs annoncent une
troisième variété sous le nom de K. Austra-
lis, qui nous semble être la même plante que
le K. Canterhuryana (figure 24) ; de même
pour le K. Balmoreana de M. Linden, que
nous avons pu apprécier de visu à Gand. Si
la différence est apparente pour quelques
spécialistes avides de fabriquer des nou-
veautés, nous leur accorderons facilement le
bénéfice d’une sélection faite dans un semis
nombreux; les mêmes graines provenant
d’un même pays, mais mûries sous une in-
fluence climatérique différente, ne peuvent-
elles pas donner naissance à des sujets lé-
gèrement variés?
Nous restons donc convaincu que tous ces
noms ont été donnés à deux espèces seule-
ment, c’est-à-dire à celles qui nous occu-
pent ; c’est, du reste, l’o-
pinion du savant et très-
compétent professeur H.
Wendland, qui a déter-
miné ces plantes, et avec
lequel nous avons eu l’hon-
neur de nous entretenir
en visitant les serres de
Herrenhausen , sur les-
quelles nous espérons re-
venir dans un prochain
article.
Ges deux nouveaux Pal-
miers pourront croître à
côté de VAreca sapida et
du Kentia Baueri (Sea-
forthia rohusta). Leur
provenance de lord Howe’s
Island indique la néces-
sité d’une température
moyenne peu élevée. Dans
leur pays, les naturels ap-
pellent ces plantes Pal-
miers à parasols ; leur
croissance est rapide et
vigoureuse, tout en restant trapues, qualité
rare chez les Palmiers destinés à la généra-
lité des serres d’amateurs, où très-souvent
l’espace et surtout l’élévation manquent
pour le complet développement de ce ma-
gnifique genre.
Le K. Canterhuryana (figure 24), aussi
appelé Veitchia Canterhuryana , est à
feuilles entièrement divisées, de forme ovale
et d’un vert brillant ; les frondes s’étalent,
les pétioles sont légers et recourbés ; les
fruits, d’une couleur rouge, sont de la gros-
seur d’une petite Prune. Malgré la diffé-
MASSIFS d’hiver.
rence bien établie de ces deux Kentias, ces
espèces ont un grand air de famille, quoique
le K. Canterhuryana soit moins élancé
que le K. Forsteriana, qui, en revanche,
n’a pas la teinte rougeâtre des pétioles de son
frère.
La culture de ces plantes étant très-
facile, nous engageons les amateurs, malgré
le prix élevé de cette nouveauté, à se pro-
curer d’abord le K. Canterhuryana. Le
I -MASSIFS
I
Sous cette signination : massifs d'hi-
ver, nous nous proposons d'attirer l’atten-
tion des lecteurs de la Revue horticole sur
i quelques modes de plantation à l’aide des-
j quels on pourrait, par le contraste des plantes
I employées, obtenir des effets des plus agréa-
! blés. Pour arriver à ces résultats, il n’est
i pas nécessaire de réunir des plantes rares
j ou en.grand nombre. Non ; au contraire, il
j s’agit d’espèces rustiques et vigoureuses
qu’on trouve partout, sous la main, et qui
présentent aussi cet autre avantage de
I croître à peu près dans tous les terrains et
! à toutes les expositions. Quant au nombre,
I il n’a pas besoin d’être grand ; quelques-
unes suffisent. Il va sans dire qu’il s’agit
I d’espèces ligneuses.
j La qualification massifs d'hiver indique
aussi qu’il ne s’agit pas de fleurs, si ce n’est
du moins que très-exceptionnellement,
I puisque peu de plantes fleurissent dans
j: cette saison. Lorsqu’on vise aux fleurs, ce
I n’est donc plus de l’ornement d’hiver pro-
I prement dit, mais de l'ornement de premier
printemps ou d’hiver-printemps ; néan-
i moins, ces deux époques s’enchaînent telle-
ment, qu’après avoir parlé des véritables
massifs d’hiver, nous dirons quelques mots
des massifs de premier printemps.
I A. Massifs d'hiver. — Ceux-ci sont de
deux sortes : entièrement composés de
' plantes à feuilles persistantes, ou mélangés
j avec d’autres à feuilles caduques. Dans le
j premier cas, on emploiera des espèces plus
j ou moins variées, en rapport avec le cli-
I mat, telles que : Houx {Ilex), Rhamnus,
I Garrya, Laurier tin {Vihurnum tinus).
Laurier amande {Laurocerasus vulgaris)
ou ses variétés ou formes, Mahonias variés,
: Chênes verts {Quer eus Ilex), Buis (Buxiis),
Aucuha, Fusain du Japon {Evonymus Ja-
'ponica). Troène du Japon {Ligustrum Ja-
ponicum), et quelques autres espèces du
même genre, auxquelles on pourra ajouter |
219
succès les encouragera, et ils s’empresse-
ront de compléter leur collection par la se-
conde espèce. Puisse ce conseil leur être
utile, et nous aurons la satisfaction d’avoir
fait une expérience profitable à tous, chose
rare en horticulture, où les succès sont
moins fréquents que les espérances déçues.
Alphonse D***,
Amateur.
D’HIVER
quelques Conifères. Si, au contraire, on y
fait entrer de plantes à feuilles caduques,
on aura à choisir dans les quelques-unes
indiquées ci-après.
Les massifs d’hiver à feuilles caduques
doivent être composés d’espèces dont le
bois, ou plutôt l’écorce, fortement colorée,
est susceptible de former de frappants con-
trastes. Quelques espèces communes, vi-
goureuses et rustiques, se prêtent merveil-
leusement à cet usage; ce sont les suivantes:
Cornouiller à fruit blanc {Cornus alha).
Osier jaune {Salix vitellma), ainsi que sa
variété splendida. Pêcher à écorce jaune
(Persica lutea). Frêne doré {Fraxinus ex-
celsior aurea). Tilleul corail {Tilia coral-
lina), Tilleul à écorce jaune {Tilia lutea).
Toutes ces plantes seront mélangées ou dis-
posées par rangées, suivant l’étendue, la
forme ou la disposition des massifs, et sui-
vant aussi l’effet qu’on se propose d’obtenir.
La vigueur des plantes est également diffé-
rente : quelques-unes (Tilleul, Frêne et
même Pêcher) pourraient être élevées en
arbres ou arbrisseaux, ce qui n’empêche
qu’on pourrait les maintenir à l’état d’ar-
bustes, suivant le besoin qu’on en a ou le
but qu’on cherche à atteindre. Ce sont là
des questions pratiques qu’on ne peut pré-
ciser.
Pour multiplier les contrastes et varier
l’effet tout en augmentant la beauté, on
pourra créer à ces massifs un fond ou tapis
de verdure perpétuelle, ce qui est très-fa-
cile à l’aide de quelques plantes qui sont
très-bien appropriées à cet usage; telles sont
les diverses variétés de Lierres, et aussi de
Pervenches. Dans certains cas même, on
pourrait essayer une très-jolie plante tra-
çante et gazonnante, qui donne aussi de très-
jolies et grandes fleurs : c’est VHypericum
calycinum, espèce trop peu connue, bien
que très-jolie. Les Pervenches appartiennent
à deux espèces : Yinca major et herhacea.
PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
220
qui toutes deux comprennent une variété à
feuilles panachées : il en est de même pour
le Lierre, qui présente aussi de nombreuses
variétés, soit pour la forme, soit pour la
couleur des feuilles. Il est facile de com-
prendre quel beau contraste et quel char-
mant coup d’œil doit résulter d’un tapis
vert ou bigarré varié formant le fond, au-
dessus duquel s’élève un taillis qui présente
les couleurs les plus vives du rouge ou du
jaune, et cela pendant plus de quatre mois,
où les jardins sont en général si tristes.
Avec deux espèces seulement, le Cornus
alha comme dessus et le Lierre comme
fond ou dessous, on obtient quelque chose
de splendide. Voilà pour les massifs d’hiver.
B. Massifs d'hiver -printemps. — Pour
créer ces massifs, on devra, aux espèces in-
diquées ci-dessus, en ajouter quelques autres
qui fleurissent de très-bonne heure, c’est-à-
dire avant queles feuilles soient développées,
et autant que possible on devra choisir des
plantes qui donnent des fleurs en très-
grande quantité ; tels senties Forsythia viri-
dissima, Amygdalus nana, Amygdalopsis
Lindleyi et virgata, Prunus spinosa flore
pleno, Prunus tomentosa, Staphylea col-
chica, Chœnomeles Japonica, Cornus
Mas, Salix capræa, etc.; et si l’on veut,
pour s’élever çà et là en arbres, et augmen-
ter l’effet décoratif, on peut ajouter quelques
Pêchers et Mérisiers à fleurs doubles, ou
des arbres fruitiers. Pommiers, Poiriers,
Cerisiers, etc., qui seront charmants au
printemps par leurs fleurs, et qui dans l’été
ou à l’automne ne le seront guère moins
par leurs fruits. Cette addition de quelques
espèces à fleurs peut aussi être faite aux
massifs d’hiver à feuilles persistantes ; elle
varierait l’aspect de ceux-ci, en en faisant
disparaître l’uniformité.
PLANTES NOUVELLES (
Aphelandra Roezlii. — Il n’est pas d’hor-
ticulteurs, d’amateurs encore moins, qui,
possédant une serre chaude, ne doivent cul-
tiver quelques piedsde cette très-belleplante,
qui pendant plus de deux mois d’hiver (oc-
tobre-novembre à janvier), se termine par
des panicules spiciformes de grandes fleurs
de couleur rouge orangé foncé du plus grand
éclat. Elle a cet autre avantage d’être très-
Traitement. — Sous ce titre, nous ne
comprenons pas la culture proprement dite,
c’est-à-dire la plantation ni les soins à don-
ner au sol, qui sont exactement ceux que
l’on accorde à tous les arbres et arbustes,
cela d’autant plus que toutes les espèces
dont nous avons parlé sont rustiques, et en
général aussi très-vigoureuses et peu déli-
cates sur la nature du sol ; il s’agit seule-
ment des soins à donner aux arbres, qui, du
reste, sont également des plus élémen-
taires. Indépendamment du nettoyage et de
l’élagage, qui consistent à enlever les par-
ties mortes, affaiblies, mal placées ou qui
font confusion, il faut surtout les rabattre
souvent, de manière à avoir des jeunes
pousses, qui sont celles dont l’écorce est le
plus colorée. Il va sans dire que cette opé-
ration est subordonnée à l’emplacement et à
la dimension des massifs, et surtout au but
que l’on cherche à atteindre. Ainsi, dans
certains cas, des massifs très-bas convien-
dront, et alors les arbustes seront maintenus
et taillés presque en têtes de Saules (comme
dans les oseraies); dans d’autres, on devra
les tenir plus élevés : cela va de soi. Il est
aussi bien entendu que cette opération du ra-
battage dont nous parlons ne devra s’appli-
quer qu’aux espèces que l’on cultive pour la
couleur des écorces; quant aux autres, c’est
une question d’appropriation qui est réglée
par les conditions dans lesquelles on se
trouve placé et les résultats que l’on re-
cherche. Il va de soi aussi que, bien que les ,
indications que nous venons de donner
soient pratiques et qu’on puisse les suivre
avec l’assurance d’obtenir de bons résultats,
on pourra les modifier, y ajouter ou re-
trancher, suivant le besoin.
E.-A. Carrière.
U PAS ASSEZ CONNUES
floribonde. Les boutures fleurissent toutes^
petites; il en est également de même des
plantes de semis, qui fleurissent dès l’année
où les graines ont été semées, c’est-à-dire
lorsqu’elles sont âgées de quelques mois.
Terre de bruyère grossièrement concassée,,
mélangée à du terreau de feuilles. Arroser
très-fréquemment quand les plantes sont en.
végétation. E.-A. Carrière.
ürloans, irap. de G. Jacob, Cloître Saint-üitienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine de juin)
Les froids et les pluies du mois de mai. — Les Vignes gelées dans le Midi; exagération du mal ; pousse.
' de nouveaux bourgeons ; communication de M. Dumias, jardinier-chef à la ferme-école de Bazin. —
Les Expositions d'horticulture de Versailles et de Lagny. — Un remède contre le phylloxéra, le
puceron lanigère, etc., donné par le journal La Vigne: VApalhophile-CItalelain. — Le climat des
îles Açores; le jardin de M. le D*- Ernesto Do Canto : eommunication de M. Favresse. — L’enfumage
employé contre les gelées printanières : efficacité de ce procédé, reconnue à Lagny par M. Lesscur. —
Essais de nuages artificiels dans le département de Saône-et-Loire ; résultats obtenus. — Grande
Exposition de Roses et de Heurs ornementales à Spa (Belgique), les 29 et 30 juin. — L'horticulture au
Japon ; les froids de l’hiver : lettre de M. Hénon ; communication de M. Léon Sisley : quelques nom.s
japonais donnés aux plantes par certains auteurs ; les Azalées au Japon, les Primula, les Rosiers.
Du proverbe : (( Frais mai, chaud juin,
amène pain et vin, » une partie (le frais)
est déjà réalisée; en sera-t-il de même de
l’autre? On est presque en droit d’en dou-
ter. En effet, en outre des gelées printa-
nières qui sur divers points de la France
ont anéanti certaines récoltes, la tempéra-
ture, à part de rares exceptions, a été très-
basse ; les jours sans soleil et pluvieux ont
été relativement nombreux ; le 30 mai, dans
différentes localités, il a encore gelé assez
fort pour détruire des Haricots et des
Pommes de terre ; et le 31 mai, et surtout
le l*^*" juin, où^l’eau n’a guère cessé de tom-
ber toute la journée, on fut obligé de se
chauffer : on « grdotait. » Y aura-t-il com-
pensa^tion ? et certains produits seront-ils
plus abondants que cela arrive ordinaire-
ment? Nous l’espérons encore; néanmoins
nous sommes) obligé de reconnaître que
beaucoup eiYsouffriront, car le bonheur des
uns ne guérit, n’affaiblit même pas le mal
des autres.
— Ainsi que nous en avions l’espoir, et
que nous en avons exprimé le désir dans
notre avant-dernière chronique, le mal occa-
sionné par les gelées sera beaucoup moins
j considérable qu’on ne l’avait d’abord craint.
C’est uhfait que nous sommes heureux d’an-
noncer, que nous avons pu constater sur dif-
férents points, Jet^que confirment plusieurs
lettres que nous avons'greçues, une, entre
1 autres, de notre collègue, M. Dumas, et que
I nous reproduisons d’autant plus volontiers
qu’elle vient, sinon détruire complètement,
du moins affaiblir beaucoup les désastres
I qu’il nous avait annoncés dans une précé-
! dente lettre {Rev. hort., 1873, p. 186).
Voici Yette lettre, |qu’il nous écrivait de
Bazin (Gers), à la^date du 20 mai dernier :
I Bi-zin, le 20 imi 1873,
Mon cher Monsieur^Carrière,
I Je ne veux|pas|laisser plus longtemps les lec-
16 JUIN 1873.
leurs de la Revue horticole sous l’impression de
ma lettre que vous avez publiée dans le numéro
du 16 mai. Ainsi que je l’ai dit, la gelée du 25
et du 26 avril causa une panique générale dans
nos contrées. De toutes parts on exagérait le mal,
qu’on portait à son comble. A la première souche
de Vigne qu’ofi trouvait gelée, on criait que tout
le vignoble était perdu ; mais heureusement il
n’en était pas ainsi. Toutefois, dans celle circons-
tance, il s’est produit des faits assez curieux que
je crois devoir citer; c’est surtout au point de
vue météorologique, et relativement aux expo-
sitions, que j’ai pu remarquer des choses que
je n’avais jamais vues. Ainsi, règle générale,
dans les environs de Lectoure, dans tous les vi-
gnobles exposés au grand vent du nord qui ré-
gnait alors, pas un seul bourgeon n’a été gelé.
D’autres Vignes, placées dans le bas-fonds, n’ont
eu rien non plus à souffrir, tandis que dans cette
même position, et attenant à ces dernières,
quelques autres ont été grillées.
Dans un autre endroit, j’ai vu une Vigne où
toute la partie exposée au vent a été gelée,
tandis que tout le reste n’a pas eu de mal, bien
que placé dans le môme enclos et planté avec
les mêmes cépages.
Mais malgré tous ces dégâts, je suis heureux
de constater que le mal est beaucoup moindre
qu’on ne l’avait d’abord cru, et que le désir que
vous avez exprimé en finissant votre avant-der-
nière chronique se réalise tous les jours. Le mal
est grand, sans doute, dans certains endroits,
mais pas la moitié de ce qu’on l’avait fait ; et
même dans les Vignes qui ont été fortement en-
dommagées, il y aura bien encore une demi-ré-
colte. Je regardais hier un pied de Vigne en
plein champ, qui avait été grillé; il a maintenant
quatorze bourgeons, dont sept ont chacun deux
grappes. Enfin, l’ensemble du vignoble présente
aujourd’hui un coup d’œil assez satisfaisant. Tou-
tefois, l’ébourgeonnage devra se faire cette an-
née avec beaucoup de soin et d’attention ; et
sous ce rapport je partage complètement l’avis
du traitement qu’a recommandé M. Prudhomme,
de Grenoble, et que vous avez reproduit dans
votre chronique du 16 mai. Après les gelées
dont il est ici question, le prix du vin avait dou-
blé, et même on ne voulait plus vendre. Aujour-
d’hui, on peut être à peu près sûr de voir des-
12
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN).
222
cendre les prix. Depuis celle gelée, je n’avais
pas enleiidu parler qu’on eût vendu du vin ; di-
manche, 18 courant, je suis allé chez un ami
pour déguster un échantillon du vin du pays,
qu’il avait payé 60 fr. la bordelaise, ce qui est
un prix raisonnable. Quant aux grands chaix, ils
ne vendent pas encore.
Aujourd’hui, la cueillette des fruits se fait toute
seule, car malheureusement le peu qui était
resté tombe de jour en jour.
Depuis quinze jours, notre beau soleil de Gas-
cogne, qui s’est fait constamment sentir, nous
envoie ses rayons bienfaisants. Aujourd’hui nous
avons une pluie abondante qui nous fait grand
bien à tous, et nous pouvons dire que nous avons
un temps splendide; aussi, dans tous nos pa-
rages, les récoltes sont admirables. On com-
mence la coupe des fourrages, qui seront même
assez abondants.
Agréez, etc. A. Dumas.
— Depuis la publication de notre dernier
numéro, nous avons à enregistrer deux ex-
positions d’horticulture que nous avions
précédemment annoncées : celle de Ver-
sailles et celle de Lagny, et dont nous allons
dire quelques mots, mais seulement d’une
manière générale, deux de nos collabora-
teurs ayant bien voulu se charger d’en faire
un compte-rendu. Nous nous bornons donc
à dire que la première était encore beau-
coup plus jolie que les précédentes, ce qui
est le plus bel éloge qu’on puisse en faire.
C’est le contraire pour celle de Lagny, où
ordinairement les expositions sont très-re-
marquables, surtout en légumes; ainsi cette
année, probablement à cause de la saison
défavorable, beaucoup d’horticulteurs n’ont
pas répondu à l’appel qui leur avait été fait,
ce qui est toujours un tort, car qui peut plus
peut moins. Ce fait est d’autant plus surpre-
nant, que les encouragements pécuniaires ne
manquent pas, et que les efforts incessants
du président de la Société d’horticulture,
M. le baron Davènes, et ceux de M. Me-
nier, conseiller général du département,
viennent aplanir les difficultés lorsqu’il s’en
présente.
— Le journal La Vigne, dans un de ses
derniers numéros indique contre le phyl-
loxéra un moyen à l’aide duquel, paraît-il,
on peut se débarrasser de ce redoutable in-
secte. C’est par l’emploi — ne riez pas —
de VApathophyte- Châtelain. Nous co-
pions :
Remède. — V Apathophyte-Chatelain est le
spécifique que M. Châtelain, chimiste distingué,
et moi, conseillons, et cela après de nombreux
essais, essais répétés par des lecteurs du journal
La Vigne, avec un plein succès.
Vieux médecin, je dois à mes lecteurs une
ordonnance: prenez un litre d’Apalhophyle-
Chatelain, qui coûte 1 fr. 50 le litre; ajoiUez-y
100 litres d’eau ; remuez, et avec cette liqueur
jaune et infecte, lavez à la brosse, au pinceau ou
à l’éponge, le cep de la vigne infectée ; il est
prudent de déchausser un peu les souches
et de laver aussi bas que possible, et même,
si l’eau est abondante, de verser environ un litre
du spécifique au pied de chaque souche.
Cette opération doit se faire à la fin de l’au-
tomne, avant les gelées ; à ce moment la sève
descendante ne peut plus atteindre l’extrémité
des racines; le phylloxéra alors remonte pour
sucer la dernière goutte de cette sève, et on
peut ainsi le foudroyer à quelques centimètres
du sol.
Un peu au-dessous, on lit :
L’Apalliophyte-Chatelain, à différents degrés
de concentration, est le meilleur insecticide rural
que je connaisse contre le puceron lanigère et
les larves de fourmis, etc., etc.
Il va sans dire que nous ne garantissons
pas le succès, non seulement contre le
phylloxéra, mais contre le puceron lanigère,
ni contre les « larves des fourmis. »
— Notre collègue, M. Favresse, jardinier
chez M. Do Canto, aux Açores, et qui nous
a déjà renseigné sur les cultures de cette île
dont le climat est si favorable à l’horticul-
ture, vient encore de nous adresser sur le
même sujet une lettre qui, nous en avons la
conviction, devra intéresser nos lecteurs. La
voici :
Ponta Delgada, 27 mars 1873.
Jardin de M. le Ernesto Do Canto.
Ce jardin, par sa nature rocheuse, n’est guère
propre aux grands arbres, le sol étant générale-
ment peu profond ; aussi a-t-on eu soin d’y mettre
des espèces appropriées. Les plantes propres aux
lieux pittoresques et aux rocailles y sont repré-
sentées en grand nombre; on y voit une riche
collection de Cactées et à' Agaves, dont plusieurs
Agave filifera qui, livrées à la pleine terre,
changent notablement d’aspect. Ces plantes sont
naturellement plus robustes, mais surtout les
filaments d’un blanc d’argent y sont beaucoup
plus nombreux et forment un réseau sur les
jeunes feuilles avant leur détachement. L’un
d’eux est en fleur en ce moment ; la hampe a
5 mètres; elle forme un épi serré qui s’épanouit
successivement, mettant ainsi beaucoup de temps
avant que la floraison atteigne le sommet Ainsi
qu’on le sait, celte espèce, après avoir fleuri,
meurt épuisée, tandis qu’il eu est autrement de
Y Agave americana et de sa variété panachée
qai, un an ou deux après la floraison et si les
plantes sont placées dans un terrain inculte où
l’on ne bêche pas, donnent de nombreux dra-
geons tout autour de l’endroit qui était occupé
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN). 223
par les plantes-mères, cela jusqu’à 1 mètre et
plus de ^distance. Plusieurs Agave glaucescens
dont un en tleur; sa hampe qui a 3 mètres, se
termine par un robuste épi serré ; les fleurs,
comme dans V Agave fili fera, sonl blanc verdâtre,
mais beaucoup plus grandes ; l’épi a 30 centi-
mètres de diamètre lors de son épanouissement.
Toutes ces plantes sont jeunes encore; elles
auraient pu acquérir un développement plus
considérable si elles n’avaient pas fleuri si
promptement. VAgave glaucescens diffère aussi
des autres en ce qu’il devient arborescent.
Plusieurs Bonapartea tenuifolia, B. glauca, des
Yucca gloriosa et gloriosa variegata, sont éga-
lement très-forts ; ce dernier est très-joli. Une
autre espèce à grandes feuilles glauques et rudes
dont j’ignore le nom est également une très-
belle plante; les Cycas revoluta, les Strelitzia,
Arduina pyramidalis, Araucaria, Fourcroya
gigantea, Pliœnix daclilifera, ont aussi de très-
fortes dimensions.
Dans presque tous les jardins il y a d’anciennes
carrières où l’on a extrait les pierres pour les
constructions, murailles, etc., ce qui constitue
des roches-grottes très-pittoresques ou naturelles,
que l’on garnit généralement de Fougères. Dans
l’une de celles-ci, et adossé à une muraille, on y
voit un Moastera deliciosa chargé de fruits qui
y mûrissent très -bien; des Sanseviera, des
Broméliacées, des Achyranthes à feuilles pa-
nachées obtenues aux Açores, des Farfugium
grande, des Fougères en arbre tels que Also-
phila AuslraFfs, Cibolium regale, Cib. glaucum,
Balantiuîn ardarcticum, Lopliosoria af finis.
Les espèces herbacées sont représentées par
les suivantes : beaucoup de Gymnogramma calo-
melanos, des Polypodium, Danalia, Adiantum,
Blecimum, Pteris, Aspidium, Ligodium, Sella-
ginella, etc. On y voit aussi des Gesneria zebrina,
des Maranta zebrina et sanguinea, Tacsonia
ignea, Lælia superba, Echites, Bignonia, le
Plantain à feuilles panachées de blanc, Cycas
circinalis, Pandanus utilis, Alocasia metatlica
(l’ancien), etc. Dans une autre partie etaucentre
est un Jacaranda mimosæfo'ia, non loin duquel
se trouve l’arbre à bouteille, Brach\chiton pO'
pulneum, sterculiacée d’Australie, dont le pied
renflé a la forme d’une bouteille; le Pinhaô
d’Inde {Jatropha Curcas) ou Médicinier.
La partie montageuseet abrupte du jardin est
plantée en Pinus et Eucalyptus globulus.
Agréez, etc.
Auguste Favresse.
Cette intéressante communication, dont
nous remercions tout particulièrement Fau-
teur, est mieu.x que toutes les données
j thermométriques propre à donner du cli-
mat des Açores une idée sur ce qu’on
pourrait faire là au point de vue horticole.
En effet, il paraît plus difficile de dire ce
qui ne viendrait pas que ce qui serait sus-
ceptible d’y croître, et l’on peut même se
demander si une grande partie des plantes
exotiques propres aux pays les plus chauds
n’y pourraient pas être cultivées.
— Les gelées printanières qui, chaque
année, occasionnent tant de ravages en
France, ont, de tout temps, presque poussé
les cultivateurs à tenter des expériences
pour se mettre à l’abri de leurs désastres.
Au nombre des principaux moyens recom-
mandés, on peut mettre Y enfumage qui,
comme on le sait, consiste à allumer des
feux et à les entretenir à l’aide de matières
qui font beaucoup de fumée, de manière à
produire des nuages artificiels qui para-
lysent Faction de la gelée. Recommandé de-
puis bien longtemps, ce procédé, jusqu’ici,
soit qu’on ne Fait pas employé à propos ou
qu’on Fait pratiqué dans de mauvaises con-
ditions, paraissait n’avoir pas donné de bons
résultats. Il semble pourtant, d’après des
expériences faites récemment, qu’il peut
être très-efficace et même employé en grand.
C’est alors une question de main-d’œuvre.
Nous reviendrons prochainement sur cette
question dans un article spécial ; pour au-
jourd’hui, nous terminons sur ce sujet en
citant un fait dont nous pouvons garantir la
véracité ; il s’est produit à Lagny (Seine-et-
Marne). Voici comment et dans quelles con-
ditions :
Un maraîcher des plus habiles et dont
les cultures sont aussi des plus importantes,
M. Lesseur, avait un espalier de Vignes qui
était chargé de Raisin et qu’il tenait beau-
coup à conserver; voyant un soir qu’il faisait
froid, que le temps très-clair menaçait de la
gelée, il fit préparer et disposer des matières
combustibles de manière à pouvoir les en-
flammer promptement, aussitôt que le besoin
s’en ferait sentir. Ainsi qu’on peut le penser,
il ne s’endormit pas, et voyant vers trois
heures du matin que la gelée était sur le
point de commencer, il fît lever tout son
monde et donna l’ordre d’allumer, ce
qui fut fait immédiatement; on entretint les
feux avec de la paille mouillée, du fumier
un peu pourri, afin de faire le plus de
fumée possible. Grâce à ce travail qui se
prolongea jusqu’à ce que le thermomètre au
nord fût monté à quelques degrés au-dessus
de zéro, M. Lesseur put sauver toute sa
Vigne, tandis qu’à côté, là où l’on n’avait
rien fait, il ne restait pas un seul bourgeon;
tous avaient été gelés.
Notons toutefois que pour pratiquer avec
fruit Fenfumage, il y a certaines précau-
tions à prendre en raison soit de la position,
soit du vent, sans lesquelles on n’obtiendrait
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN).
224
souvent pas de bons résultats, et dont on
pourra se faire une idée par le passage
d’une lettre que nous a adressée un de nos
collègues, à qui nous avions écrit pour avoir
quelques renseignements au sujet des froids
de la fin de mai. Voici ce passage :
.... Vous me demandez quelques nouvelles
de la gelée. Ces nouvelles valent la peine d’être
connues. Sur nos hauteurs nous sentons déjà le
climat des montagnes (1), et il y fait encore froid
quand il fait chaud ailleurs. Le 25 avril au matin,
il y avait déjà 2 degrés centigrades au-dessous
de zéro, et avec tous les arbres fleuris c’était
dangereux, mais le soleil resta caché toute la
journée. Nous avions fout ce qu’il fallait pour
faire des nuages artificiels par les procédés em-
ployés dans l’expérience qui a été faite à Suresnes
ce printemps. J’en ai allumé deux ou trois
comme essai ce jour-là; c’était insuffisant, même
comme expérience.
Le soir il commença à geler vers neuf heures,
et le 26, à cinq heures du matin, il y avait 5 de-
grés au-dessous de zéro avec un soleil splendide.
Nous avons alors allumé toutes nos marmites
d’huile lourde (environ une trentaine pour 1 hec-
tare de jardin), mais il y avait un léger courant
d’air, et la fumée ne restait pas assez pour pro-
duire l’effet attendu. Je ne croyais pas à l’efficacité
delà fumée avec un pareil froid; mais c’était
une expérience pour juger l’effet produit. A dis-
tance, le nuage paraît épais et noirâtre; quand
on est dedans, il n’en est plus de même. Cepen-
dant le soleil paraît terne et rougeâtre à travers
et perd beaucoup de son éclat. Nos marmites
contiennent de 4 à 5 litres d’huile; avec un verre
d’essence dessus, on les allume instantanément;
elles brûlent environ deux heures. On peut les
remplir à volonté.
Les Poiriers et Cerisiers en plein air ne con-
servaient déjà plus de fruits, et les espaliers
étaient très-compromis malgré les toiles qui re-
couvraient les Pêchers ; cependant quelques
Pêches garanties par le feuillage déjà épais
avaient échappé.
Le soir, la gelée commença à huit heures, et
le 27, à trois heures du matin, il y avait 5 degrés
de glace; à cinq heures 7, et à sept heures
et demie, après une heure environ de soleil, le
thermomètre était encore à zéro.
Tous les arbres, surtout les Cerisiers, avaient
l’aspect de plantes confites dans du sucre. Aussi
le désastre fut complet. Depuis les Pêches jus-
qu’aux Groseilles, il ne reste à peu près rien. Les
boutons de Pommiers, bien qu’à peine formés,
ne furent pas plus respectés que les autres.
Maintenant voici quelques bizarreries : des
bourgeons de Vigne (une vingtaine à peine sur
120 mètres de mur) longs de 10 à 15 centimètres
furent complètement épargnés, et cela dans des
positions les plus variées. Un fort Pêcher, Belle
impériale, venant de Paris, et resté près de trois
semaines sans être planté, conserve à peu près
(1) Limite de Saône-et-Loire, près du Morvan.
tous ses fruits (une douzaine). Des cordons
obliques arrachés également, mais replantés de
suite à côté, n’en ont pas un. Des Pommiers en
pyramide abandonnés en ont conservé quelques-
uns du côté du levant. Nous avons des Poiriers
en espaliers (Crassane et Doyenné d’hiver), dont
quelques fruits grossissent normalement, quoique
le cœur soit perdu ; il y en a qui ont déjà la
grosseur d’une petite Noix, et sans montrer une
apparence de chute prochaine. Que vont devenir
ces fruits sans pépins? Toutes les feuilles des
Pommiers en cordons sont cloquées, et c’est à
peine si l’on en remarque sur les Pêchers. Les
Fraisiers n’ont perdu que les fleurs les plus
avancées, c’est-à-dire celles qui étaient ouvertes
ou tout près de s’ouvrir. Des plants de Choux re-
piqués depuis peu ont à peine souffert, tandis que
le reste du semis a été perdu. Un grainier près
d’ici en a perdu au moins 6 ares. Dans le parc,
les Marronniers, Kœlreuteria, Tulipiers, Plata-
nes, Faux-Ébéniers, Noisetiers, Tilleuls argentés,
Deutzia gracilis, Weigelia, ont été plus ou moins
atteints, ces deux dernières espèces d’une façon
inquiétante. Je ne parle pas des Chênes, Frênes,
Acacias, etc. etc.; ils sont tous noirs. Les Syco-
mores s’en sont même un peu sentis, surtout de
jeunes baliveaux très-vigoureux. Il en a été de
même de vastes plantations de Mélèzes qui sont
tous roussis. Dans la grande culture, les Seigles
avancés, les graminées précoces des prairies, les
Trèfles et Luzernes ont tous souffert.
Le 28 il a tombé des raffales de grêle qui ont
achevé les Marronniers et leur ont donné un as-
pect des plus misérables.
Le fait le plus curieux dans ce désastre me
paraît être le Pêcher nouvellement planté (en
février) dont j’ai parlé ci-dessus, qui, sans abri,
a conservé ses fruits.
— Les 29 et 30 juin 1873, la ville de Spa
(Belgique) fera une grande exposition de
Roses, de plantes ornementales, de fleurs
coupées de pleine terre, et des produits de
la flore ardennaise. Le programme dé-
montre que cette exposition est surtout faite
au point de vue des Roses, puisque sur onze
concours qu’elle comporte, huit sont par-
ticuliers à ces fleurs. Nous avons appris que,
bien que formé depuis peu de temps, le
Congrès lyonnais des rosiéristes n’a pas été
oublié, et que son président, M. Léon de
Saint-Jean, a été prié de faire partie du
jury à cette exposition, que non seulement
il a accepté, mais que le comité a décidé
que le Congrès exposerait un lot d’ensemble,
c’est-à-dire au nom du Congrès.
En outre des récompenses destinées à
cette exposition, cinq prix seront laissés à la
disposition du jury, pour les envois hors
concours dont le mérite serait bien constaté.
— Plusieurs fois déjà, par la lecture de
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN).
lettres que nous devions à l’obligeance de
notre ami, M. Jean Sisley, nos lecteurs ont
pu avoir des renseignements précis sur le
Japon, et se faire du climat de ce pays des
idées vraies, mais en général très-diffé-
rentes de toutes celles qu’on avait jusqu’ici.
Voici encore deux extraits de lettres ré-
cemment reçues du Japon, et qui, nous le
croyons, seront lues avec plaisir ;
Ikouno, le 19 mars 1873.
Cher Monsieur Sisley,
... Nous avons eu ici très-froid cet hiver, des
froids de 10 à 12 degrés en janvier et février;
en mars, il a gelé presque toutes les nuits à 3
ou 4 degrés, et ce qui peut donner une idée du
peu d’élévation de la température moyenne pen-
dant l’hiver, c’est que des Pois Michaud, semés
le 20 décembre, ont germé, et sont actuellement
très-vivants, bien qu’ils ne sortent pas encore de
terre. Eh bien! malgré ce froid, les Camellias
sont très-bien portants ; c’est à peine si quelques
boutons à fleurs sont endommagés, et seulement
dans les pieds exposés au soleil ; ceux qui sont
dans les bois sont aussi verts qu’en automne. A
Ikouno même, nous avons de très-gros Camellias
autour de quelques temples; plusieurs ont le
tronc aussi gros qu’un homme ; et l’autre jour,
dans une promenade avec Coignet, nous en ad-
mirions un dont nous évaluions la hauteur à
10 mètres. Tous ces Camellias sont plantés sous
des Pins, des Sapins ou des Soughi {Cryptome-
ria Japonica), qui les garantissent des rayons
du soleil. Ce dernier arbre est ici superbe ; il
atteint les dimensions de nos plus beaux Sapins :
gros, il paraît ne craindre ni le froid, ni le so-
leil, mais les jeunes plants exposés au soleil sont
comme brûlés en ce moment. Dans les environs
d’ikouno, il y a d’assez beaux Chamœrops ex-
celsa. Les Japonais en plantent beaucoup autour
des cimetières; ils se servent des fibres des pé-
[ lioles pour faire des cordes et des balais assez
bons. Peut-être les Chamœrops qui m’avaient
j paru un peu malades à Yokohama souffraient-
j ils plus de l’air de la mer que du froid, car ici
ils paraissent assez bien supporter le froid et la
neige.
Adieu, cher Monsieur Sisley ; je vous serre
bien affectueusement la main. A Hénon,
Médecin au service du gouvernement japonais.
Cette lettre confirme ce que nous avaient
déjà appris certaines autres que nous avons
publiées : que le climat du Japon n’est pas
aussi doux qu’on le croyait généralement ;
que si tant de végétaux, dans ce pays,
viennent très-bien et y acquièrent même de
I grandes dimensions, il faut moins l’attri-
buer à la chaleur qu’à la nature du mi-
lieu qui, au point de vue de la végétation,
est différente de celle qu’on rencontre dans
une grande partie de la France. Pour trou-
1 ver dans notre pays des conditions analo-
225
gués à celles que paraît présenter le Japon,
il faut se rapprocher du littoral, de Cher-
bourg à Nantes, par exemple.
— La lettre suivante, du même pays que
la précédente, et, comme elle, écrite
d’ikouno , indépendamment du mauvais
temps qu’elle constate, contient quelques
détails assez intéressants que nous allons
reproduire.
Ikouno, 18 mars 1873.
Mon cher père,
...Depuis le commencement de mars, il gèle
toutes les nuits, et aujourd’hui nous avons de la
neige ; aussi, on peut dire que la végétation n’a
pas encore commencé. En fait d’arbres, les Pru-
niers seuls commencent à montrer leurs fleurs,
et dans la campagne je n’ai trouvé encore que
deux plantes fleuries, et je les ai séchées. Je
suis sûr qu’à Lyon vous êtes en avance sur nous ;
du reste, Coignet dit n’avoir jamais vu un pareil
hiver à Ikouno.
A propos de la flore du Japon, Hénon a dé-
couvert sur les notes qu’il avait prises sur une
description de plantes japonaises bon nombre
d’espèces décrites dont l’auteur donne les noms
japonais. 11 se trouve que plusieurs d’entre elles
s’appellent, d’après lui, Shiran, ce qui veut dire :
« Je ne sais pas. » C’est sans doute la réponse
qu’on lui faisait qu’il a prise pour le nom.
D’autres portent le beau nom de Yama-Koussa
ou Yama-Kij dont la signification n’est autre
que ; Herbe des montagnes ou Arbre des mon-
tagnes. Cette découverte nous a bien amusés,
et encore plus les Japonais à qui on l’a ra-
contée.
Les plantations du jardin sont déjà bien avan-^
cées ; il ne reste plus à planter pour cette année
que quelques arbustes à feuilles persistantes et
les arbres verts. Dernièrement j’ai été chercher
des Azalées qui étaient à l’ancienne habitation
du gouverneur. Il y en a là un grand nombre
qui étaient cultivées ; j’ai choisi naturellement les
plus belles ; quelques-unes ont une tête ayant
jusqu’à 80 centimètres à 1 mètre de diamètre.
Comme elles ont été arrachées avec soin, et que
depuis leur transplantation elles ne paraissent pas
souffrir, il faut espérer qu’elles fleuriront bien, et
ce sera alors très-beau. Nous en avons plus de
trente. Les Japonais les taillent comme nous,
après la floraison, pour leur former une tête.
Ils paraissent en avoir plusieurs variétés ou es-
pèces. Les Azalées sont très- abondantes dans la
montagne, partout aux environs ; elles paraissent
exclusivement rustiques ; elles poussent à toutes
les expositions, même dans les fentes de rochers,
où elles trouvent de bonne terre. Je crois qu’elles
préfèrent les endroits légèrement ombragés. On
trouve aussi à l’état sauvage des Rhododendrons
tapissant les rochers; ils ne se rencontrent
qu’exposés au nord, et les rares sujets qui se
sont égarés au soleil ont une plus mauvaise mine
dans cette saison.
LES GLOXINIAS.
226
Tu me demandes si j’ai vu des Primulas. Pas
encore; mais il se peut très-bien que j’en trouve
par la suite, car rien ne pousse pour le moment.
Pour les Lis, il faut de même attendre encore
pour avoir d’autres renseignements. Je t’ai déjà
donné bien des détails sur les plantes que j’ai
emportées. Tu sais que les Rosiers ont beaucoup
souffert; ceux qui avaient le mieux résisté sont
les Thés; mais les grands froids en ont tué une
partie qui n’étaient pas bien remis de leur
voyage. Les survivants forment maintenant un
petit mas^if devant la maison.
J’ai remis à M. Réal, qui part le 23, un petit
paquet de graines. Je n’ai vu les fleurs d’aucune
d’elles; je ne puis donc te renseigner sur leur
valeur. Je pourrai peut-être te le dire plus tard ;
c’est pour cela que j’y ai mis des numéros, afin
de m’y reconnaître. La graine de Lis qui se
trouve parmi elles est semblable à celle que je
t’ai déjà envoyée.
Léon SiSLEY,
Ingénieur au service du gouvernement japonais.
Les renseignements qui précèdent sont
non seulement précieux par les connais-
sances qu’ils procurent sur le climat si sin-
gulier du Japon ; ils montrent encore com-
bien il faut se tenir en garde contre certaines
appellations étrangères relativement à leur
signification. Ainsi, quand en parlant d’une
plante japonaise d’après certains auteurs on
dit : C’est un Shiran, cela signifie : C’est un
(( je ne sais pas. » E.-A. Carrière.
LES GLOXINIAS
CULTURE AU POINT DE VUE DU MARCHÉ AUX FLEURS
La culture des Gloxinias est facile, et peut
être très-productive si elle est bien com-
prise. Au point de vue de la vente sur le
marché, la meilleure manière de multiplier
les Gloxinias est par les semis; la multipli-
cation par bouture sert à propager quelques
belles variétés que l’on tient à conserver;
mais comme produit elle est loin d’être aussi
avantageuse que les semis. Il faut donc,
avant tout, se procurer des graines.
Les Gloxinias doivent être fécondés arti-
ficiellement pour produire de la graine;
bien que quelquefois, et surtout pour les
variétés à fleurs bleues, la fécondation se
fasse naturellement, il vaut toujours mieux,
ne serait-ce que pour l’amélioration de la
race, et aussi pour plus de sûreté, aider la
nature. D’après ce que je viens de faire
remarquer : que les variétés à fleurs bleues
sont beaucoup plus aptes à se féconder na-^*
turellement que les variétés roses ou à
fond rose, on comprend qu’il sera bon
de s’assurer d’une plus grande quantité de
ces dernières, car il arrive encore assez
souvent que sur dix fleurs fécondées artifi-
ciellement, deux ou trois seulement pro-
duisent des graines.
Onsème les graines de Gloxinia vers le com-
mencement de février, dans des pots remplis
aux trois quarts de tessons, pour bien assu-
rer le drainage ; la terre de bruyère légère
est excellente pour les semis; elle doit être
un peu foulée. On aura soin de mettre une
légère couche de sphagnum sur les tessons
pour empêcher la terre de s’échapper dans
le drainage. Les graines seront semées un
peu claires, et recouvertes de 1 ou 2 milli-
mètres de sable blanc fin ; le tout sera re-
couvert d’un verre et seringué légèrement
de temps en temps pour entretenir l’humi-
dité dans les pots. Si la serre où sont placées
les graines est chaude et humide, elles
lèveront promptement. Quand les semis ont
développé deux feuilles au-dessus des coty-
lédons, il faut les repiquer dans des pots
bien drainés, et à environ 2 centimètres de
distance les uns des autres. Il ne faut pas
les tenir trop secs, mais ne pas oublier non
plus que la moindre humidité surabondante
les ferait fondre. C’est pourquoi je préfère
pour les semences et les repiquages de ces
plantes, ainsi que pour toutes celles qui
fondent facilement, les pots aux terrines or-
dinaires, parce que dans un vase profond
le drainage est toujours dans de meilleures
conditions.
Aussitôt que les jeunes plants seront re-
pris et qu’ils commenceront à pousser, il
> faut les changer de serre, si celle-ci est trop
humide ; quand ils auront acquis environ
3 ou 4 centimètres de hauteur, il faudra les
rempoter dans des godets de 8 à 10 centi-
mètres de diamètre. Un mélange composé
de deux tiers de terre de bruyère sableuse
avec un tiers de bon terreau de feuilles bien
consommé sera très-bon pour ce rempotage.
Il faut presser très-peu la terre en rem-
potant, car les bulbes des Gloxinias prennent
beaucoup de développement dans les pots.
Ces plantes seront placées dans une serre
tempérée, plutôt sèche qu’humide, car il
faut surtout éviter l’humidité sur les feuilles,
ce qui les fait inévitablement pourrir; on
devra donc s’abstenir de seringuage; l’arro-
RADIS GARWOSKI.
sage doit être fait soigneusement et copieu-
sement pendant l’été. — En suivant cette
méthode de culture, on arrivera facilement
à faire fleurir des Gloxinias pour la Notre-
Dame et pour la Saint-Louis (15 et 25 août),
qui, comme chacun sait, sont deux époques
où la vente des fleurs prend une grande
extension. Les plantes ainsi obtenues sont
presque aussi fortes que celles de boutures,
et c’est assurément une année de gagnée.
Aussitôt la fleur passée, il faut diminuer
graduellement l’arrosage des plantes qui,
alors, entrent dans leur période de repos;
les feuilles se pourrissent, et quand on juge
le moment convenable, on les dépote, on
enlève soigneusement tout ce qui reste des
tiges, et on les met dans dû sable sec, où
ils se conservent très-bien jusqu’au moment
de les remettre en végétation.
Si l’on désirait avoir des Gloxinias en
fleur de bonne heure, c’est-à-dire depuis la
mi-avril, il faudrait les mettre en végétation
à partir du commencement de décembre.
Pour cela, il suffit de les placer dans une
serre chaude et humide, et de les couvrir de
sable que l’on aura la précaution de tenir
i toujours légèrement humide. Tous les quinze
I jours on renouvelle la fournée^ afin de ne
! par mettre d’intervalle dans la floraison.
Il n’est pas indispensable de mettre les
I Gloxinias en végétation avant de les empo-
' ter; cependant il vaut toujours mieux le
faire, car il arrive quelquefois que les yeux
i de la base des tiges de l’année précédente
I sont annulés, et alors on comprend que la
h végétation ne pourrait avoir lieu. J’ai vu
i! de ces tubercules rester deux années sans
pousser et devenir coriaces et filandreux;
1 i dans ce cas ils finissent toujours par pourrir.
] La terre pour l’empotage de ces Gloxinias
' ji sera à peu près la même que celle indiquée
I précédemment ; on pourrait la rendre un
peu plus substantielle ou plus nutritive en
I forçant un peu sur le terreau.
Les Gloxinias peuvent dès la deuxième
année être soumis au forçage. Pour réussir,
il faut que la température de la serre soit
sèche et les plantes bien entretenues d’humi-
dité au pied. Ils supportent une tempéra-
227
ture d’environ 20 degrés centigrades sans
inconvénient. Il est toutefois bien entendu
que c’est seulement de la chaleur artificielle
dont je veux parler, car le soleil peut quel-
quefois faire monter le thermomètre bien
plus haut sans que les plantes en souffrent;
seulement il ne faut pas les laisser « avoir
soif. »
Quand le soleil devient trop ardent, il faut
ombrer un peu, mais jamais avec des pail-
lassons qui rendraient la serre trop sombre ;
il faut que les rayons du soleil soient seule-
ment coupés ; aussi les claies sont-elles de
beaucoup préférables.
Les Gloxinias de semis sont bien plus
vigoureux que les Gloxinias provenant de
boutures, et l’on peut hardiment assurer
qu’à distance égale du jour de la mulliplica-
tion, les plantes de semis seront la deuxième
année au moins le double plus fortes que
celles obtenues par boutures. Il est vrai que
les variations se produisent presque à l’in-
fini dans les semences ; mais si l’on a soin
de choisir les porte-graines aussi parfaits
que possible, le résultat comme plantes et
comme fleurs est à peu près assuré, et tou-
jours très- satisfaisant.
La multiplication des Gloxinias par bou-
ture, quoique moins expéditive sous le rap-
port de la production, est aussi très-facile.
Voici comment on la pratique : quand les
feuilles sont assez aoûtées, on les coupe, et
on les pique dans du terreau ou de la vieille
terre de bruyère; si l’on peut disposer d’une
vieille couche, on la remanie pour lui donner
un peu de chaleur, et on pique les boutures
dessus; on couvre la couche de châssis, et
l’on seringue de temps en temps pour entre-
tenir la fraîcheur; quand le soleil est trop
ardent, on ombre avec des claies. On cesse
les arrosages lorsqu’on approche de la saison
d’automne, et quand le moment de les
hiverner est arrivé, on relèvera les tuber-
cules en coupant les feuilles qui ne seraient
pas encore pourries à environ 2 centimètres
du collet, et on conserve les tubercules
l’hiver comme il a été dit ci-dessus.
H. J AM AIN fils.
RADIS GARWOSKI
La plante dont il s’agit , à peu près
complètement ignorée, bien qu’elle puisse
rendre de grands services, est le Radis
Garwoski, dont les graines ont été envoyées
par le gouvernement russe, vers 1868, au
gouvernement français, qui les fit remettre à
la Société centrale d’horticulture de France.
Ces graines, ainsi que beaucoup d’autres,
ont été, comme cela, du reste, a toujours
lieu en pareille circonstance, partagées et
distribuées entre divers sociétaires, qui de-
vaient les semer et rendre compte des ré-
m
LES FROIDS DE LA MI-MAI.
sultats. Malgré cela, l’espèce en question
serait très-probablement perdue sans notre
collègue, M. Dupuy-Jamain, qui, en ayant
reçu quelques graines, les a semées, et a
par conséquent conservé cette plante, chose
d’autant plus importante que c’est une es-
pèce qui, nous l’espérons, pourra rendre
quelques services, surtout à l’agriculture,
bien qu’elle puisse également trouver sa
place dans le potager. C’est une de ces
plantes mixtes qu’il serait difficile de classer
d’une manière absolue, qu’on ne peut que
recommander après en avoir indiqué les
caractères, ce que nous allons faire.
Le Radis Garwoski, dont les graines ont
été envoyées sous le nom de Radis-rave
long blanc d’ automne, est très-vigoureux ;
avec un feuillage tout aussi abondant et même
plus que ne l’est celui du Radis noir, il a
l’avantage de produire une racine énorme,
qui, dans certains cas, peut être comparée
pour la forme et pour le volume à une forte
Betterave. En effet, l’année dernière, en
1872, nous en avons récolté qui pesaient
jusqu’à 3 kilogrammes, et qui mesuraient
45 centimètres de longueur sur 15 de dia-
mètre au sommet, qui était la partie la plus
large. Ces racines, qui s’amincissaient ré-
gulièrement sans aucune ramification ,
avaient, sous le rapport de la forme, quel-
que ressemblance avec la grosse Carotte
blanche, dite Carotte à vache. C’est donc,
ainsi qu’on le voit, une plante qui entrera
dans la catégorie des fourrages-racines.
Nous avons dit ci-dessus qu’elle pourrait
aussi faire partie des plantes potagères,
d’abord comme Radis d’automne et d’hiver,
vu ses dimensions. Nous devons dire ce-
pendant que, sous ce dernier rapport, le
Radis Garwoski laisse à désirer, bien qu’il
soit très-consommable. Sa chair, d’un blanc
légèrement jaunâtre , est un peu sèche.
Quant à sa saveur, elle est stiptique, comme
celle du Radis, un peu différente pourtant,
et a quelque chose de celle du Raifort; nous
ne serions pas éloigné de croire que, donnée
en petite quantité aux animaux herbivores,
elle pût agir favorablement sur leur écono-
mie, par exemple comme un excitant apé-
ritif, et en même temps comme dépuratif,
propriétés que, du reste, cette plante par-
tage avec presque toutes celles du groupe
des Crucifères. On doit toutefois com-
prendre que sous ces différents rapports
nous n’affirmons rien.
Nous ne pouvons non plus rien affirmer
quant à sa culture. Y aurait-il avantage à
semer les graines au premier printemps,
afin d’avoir des fourrages verts de bonne
heure, ou bien plus tard, c’est-à-dire en
juin -juillet, afin d’avoir des racines pour la
fin d’automne et le courant de l’hiver? Cela
peut dépendre des conditions dans lesquelles
on se trouve placé, ou du but que l’on
cherche à atteindre. Ce sont donc des ques-
tions que, seule, l’^^xnérience peut résoudre.
Bien qu’il en soit à peu près de même pour
ce qui est relatif au sol qui pourrait être le
plus avantageux pour cette culture, nous
pouvons néanmoins dire qu’une terre forte-
ment fumée, bien meuble, plutôt un peu
humide que sèche, sera très-favorable au
développement du Radis Garwoski.
Au point de vue de l’économie domes-
tique, l’usage de cette plante nous paraît de-
voir être restreint, en France du moins, où
déjà l’on possède plusieurs espèces de bons
Radis ; néanmoins, cette espèce n’est pas à
rejeter, tant s’en faut ; on pourra en man-
ger avec du sel, ou préparés ainsi qu’on le
fait des Radis noirs, et au besoin l’on pourra
en mettre dans le pot comme légumes, en
place de Navets. Toutefois, dans ce dernier
cas. Ton devra se défier de la force de sa sa-
veur, qui pourrait communiquer au bouillon
un goût âcre.
En général, les racines sont d’un blanc
grisâtre ; quelquefois pourtant il s’en montre
de plus ou moins colorées. R y a donc lieu
de croire que, en prenant ceux-ci pour porte-
graines, on fixerait des races de couleurs
et probablement aussi de formes diverses ;
et qui pourrait dire qu’on n’obtiendrait pas
en même temps des qualités particulières?
N’est-ce pas, du reste, de cette manière que
les races se forment, soit dans les végétaux,
soit dans les animaux? Et qui ne sait que
d’un même type, parfois d’un faible mérite
relatif, sont sortis des types secondaires réu-
nissant des qualités ou propriétés bien su-
périeures ? Du simple au composé dans les
principes, de l’imparfait au parfait dans les
conséquences, telles sont les deux grandes
lois du progrès universel qui constituent
et gouvernent le monde physique et le
I monde moral. E.-A. Carrière.
LES FROIDS DE LA MI-MAI
L’abaissement de la température, qui a | présenter une assez grande importance au
lieu vers le 15 du mois de mai, nous parait ! point de vue de l’horticulture, pour néees-
GARDOQUIA BETONICOIDES.
229
siter quelques explications au sujet de ce
phénomène.
Un proverbe dit : Mi-mai, queue d'hiver.
C’est en effet à cette époque que, en géné-
ral, les derniers froids se font sentir. C’est,
du reste, ce qu’indique le tableau suivant
la températur
mat de Paris :
e de cette
année, sous
9 mai. . . .
13» 5 au-dessus de zéro.
10 mai. . . .
15o S
—
11 mai. . . .
l5o 8
—
12 mai. . . .
210 5
—
13 mai. . . .
20o 0
—
l i mai. . . .
14o 3
—
15 mai. . . .
15o 3
—
16 mai. . . .
21o 0
—
Il est à remarquer que la température,
en général, s’abaisse environ pendant trois
jours. Pour Paris, c’est le 13, le 14 et le
15 mai, ainsi qu’on peut le lire sur le ta-
bleau ci-dessus. A Lyon, la baisse a eu
lieu du 19 au 22; à Saint-Pétersbourg, les
9 et 10; dans le nord de l’Allemagne et le
centre de la France, elle tombe les 11, 12 et
13. Ces trois derniers jours sont appelés les
trois saints de glaee : saint Mamert, saint
Pancrace et saint Servais. Ce fut le peu de
foi prêtée à ce dicton qui lit perdre, en 1780,
la plupart des Orangers du palais de Sans-
Souci. Le grand Frédéric se promenait sur
les terrasses du palais par une de ces chaudes
matinées des premiers jours de mai, lors-
qu’il donna l’ordre à son jardinier de sortir
les Orangers. Celui-ci lui ayant fait obser-
ver l’influence des trois « saints de glaee, »
le roi se mit à rire, et voulut quand même
que la sortie des Orangers eut lieu, ce qu’on
fit, bien entendu. Le temps fut beau jus-
qu’au 10; mais lorsqu’arriva le 11, le froid
se fit sentir ; le 12, la température baissa
encore plus, et la nuit qui précéda la saint
Servais fut tellement glaciale, qu’une bonne
partie des Orangers périrent. Le grand Fré-
déric ne voulut voir dans ce fait qu’une
coïncidence avec les paroles de son jardinier,
qui n’avait pas été trompé par cette opinion
populaire. Sous ce rapport, nous sommes
complètement de son avis, ce qui toutefois
ne nous empêche pas de reconnaître que
la plupart du temps ces préjugés, ou d’au-
tres analogues, renferment quelques vérités
qui, mal comprises, sont toujours mal ex-
pliquées.
Le phénomène qui nous occupe peut être
causé par le soleil, qui, le l^^** mai, est fort
élevé au-dessus de l’horizon, et la durée du
jour, qui est de 14 heures 31 minutes. Le
13, cette hauteur augmente de 3 degrés,
et le jour compte 15 heures 7 minutes.
Quelques auteurs attribuent cette période
de refroidissement au passage de la terre au
milieu d’un groupe d’astéroïdes qui, par
leur interposition, affaiblissent la chaleur so-
laire. D’autres l’attribuent à la présence
d’étoiles filantes. Ce qui nous semble le plus
admissible, c’est la fonte des neiges et des
glaces dans le Nord. En effet, l’on sait
que la neige en fondant absorbe une grande
quantité de chaleur qu’elle emprunte à la
terre, à l’air, et aux corps environnants.
Dans ce cas, le froid qui en résulte se ré-
pand du nord vers le sud, et produit un
abaissement de température.
F. Barillet.
GARDOQUIA BETONICOIDES
Encore une des plus jolies plantes, à peu
près inconnue en dehors de certains jardins
botaniques, et dont nous n’hésitons pas à
recommander la culture. Elle est sous-fru-
tescente, à souche à peine ligneuse ; en voici
les caractères : tige quadrangulaire, à rami-
fications très-nombreuses, dressées; feuilles
très-étroitement cordiformes, longuement
acuminées, d’un vert cendré. Fleurs ex-
cessivement nombreuses, réunies en fasci-
cules courtement pédonculés à la base des
feuilles, constituant ainsi des sortes d’in-
florescences axillaires spiciformes. Galice
tubuleux, violet rosé, très- longtemps per-
sistant, à 5 divisions profondes, très-ai-
guës. Corolle très- longuement tubuleuse,
presque de la même couleur que le calice.
profondément bilabiée , à lèvre inférieure
très-inégalement divisée-dentée; étamines
saillantes ; style dépassant longuement les
étamines.
Le Gardoquia hetonicoides, Benth., est
originaire du Mexique. A Paris, il faut le
garantir du froid; le plus sûr est d’en ren-
trer quelques pieds dans une orangerie, ou
sous des châssis à froid. Pour en tirer parti
au point de vue de l’ornement, il faut le
mettre en pleine terre dès le commencement
du printemps. Ainsi traitées , les plantes
fleurissent tout l’été et produisent un très-
joli effet. On multiplie cette espèce par
graines, par boutures et par éclats. Comme
à peu près toutes les plantes de la famille des
Labiées, elle demande une exposition chaude
230
AZALEA MOLLIS. — DES PERVENCHES AU POINT DE VUE DE L’ORNEMENT.
et aérée, une terre légère, plutôt sèche | pénétrante, bien qu’agréable qui rappelle un
qu’humide. Cette espèce dégage de toutes | peu celle des Nepeta.
ses parties une odeur extrêmement forte et [ Lebas.
AZALEA MOLLIS
Cette espèce, qui est originaire du Japon,
est appelée à jouer un important rôle dans
l’horticulture ornementale, et probablement
— c’est mon avis, du moins — à faire dis-
paraître et à remplacer dans un temps plus
ou moins long les Azalées américaines. La
raison, c’est que la culture et la multipli-
cation en sont très-faciles, et que les plantes
se « font mieux, » sont plus trapues, mais
surtout parce que les fleurs sont beaucoup
mieux faites et généralement aussi plus
grandes. Toutefois, je ne me hâte pas de
conclure, et en parlant ainsi que je le fais,
je n’ai pas pour but de proscrire les Aza-
lées américaines, que j’aime toujours, et
dont je ne me suis jamais expliqué l’aban-
don dans lequel on les laisse; et si dans
cette circonstance il semble que je donne
la préférence aux Azalées japonaises, c’est
que je crois que, en effet, elles sont déjà
supérieures aux Azalées américaines, et
que, dans les nombreux semis qui existent
déjà, l’on obtiendra des variétés encore plus
méritantes ; c’est, du moins, ce qu’on est
en droit d’attendre.
DES PERVENCHES AU POH
Les Pervenches, qui jusqu’à ce jour ont
été à peine remarquées, sont, j’en ai l’es-
poir, et dans un avenir prochain, destinées
à prendre une large part dans l’ornementa-
tion, et je ne serais pas surpris qu’il se
passe à leur égard quelque chose d’analogue
à ce qui s’est passé pour une autre plante
également très-commune, à laquelle, néan-
moins, pendant des milliers d’années, on
n’avait pas fait attention : je fais allusion au
Lierre. Gomme celui-ci, les Pervenches
sont traînantes et gazonnantes, excessivement
coureuses ; leurs feuilles, également persis-
tantes, sont épaisses, coriaces et luisantes ;
elles ne sont pas davantage difficiles sur le
terrain et sur l’exposition, et comme le
Lierre encore, elles viennent à peu près
partout. J’ajoute qu’elles présentent un avan-
tage, celui de donner de magnifiques fleurs
bleues ou blanches, suivant la variété ; de
plus, coupées et mises dans l’eau, les tiges
non seulement s’y conservent pendant très-
longtemps, mais même y poussent et con-
Parmi les variétés que l’on possède, celle
qui me paraît la plus jolie et que je n’hésite
pas à recommander, c’est celle que, à tort
ou à raison, l’on considère comme étant le
type ; ses fleurs, très-grandes et bien faites,
rappellent celles des belles variétés d’Aza-
lées indiennes ; la couleur, qui est d’un
rouge ponceau foncé, lui donne un éclat ra-
vissant et en fait l’une des plus jolies plan-
tes printanières. On pourrait peut-être lui
faire le reproche de fleurir un peu trop à
bonne heure, et alors d’être exposée aux
gelées printanières.
Je termine en faisant observer que VA.
ynollis, Siéb , fleurissant à la même époque
que VA. lüUiftora, dont les fleurs très-
grandes sont du blanc le plus pur qu’il soit
possible d’imaginer, on pourrait en former
des massifs, en y mélangeant un certain
nombre de pieds d’A. amœna, espèce de
Chine, très-rustique, à fleurs d’un rose
foncé vif et brillant, et qu’on obtiendrait
ainsi par le contraste des couleurs une or-
nementation tellement splendide, qu’on peut
à peine s’en faire une idée. Goujon.
ï DE VUE DE L’ORNEMENT
tinuent à fleurir. Voilà, certes, bien des
qualités qui recommandent les Pervenches,
et les rendent propres à de nombreux usages
qui doivent varier suivant les circonstances
et surtout le but que l’on cherche à at-
teindre. Quoi qu’il en soit, et bien que ce
but puisse varier considérablement, je vais,
ne serait-ce qu’à titre de renseignements,
indiquer les principaux usages auxquels on
peut les employer. D’abord à l’ombre, sous
bois, où rien ne vient, soit comme dessous
et pour garnir des clairières, soit pour bor-
der les massifs. Mais comme, d’une autre
part, les Pervenches sont très-rustiques et
qu’elles peuvent également braver le soleil
et la sécheresse, on peut les employer avec
un très-grand avantage pour garnir les ter-
rains en pente, usage auquel elles sont
d’autant plus propres qu’elles drageonnent
énormément, et forment un lacis, sorte de
plexus ou de clayonnage d’où les terres ne
peuvent s’échapper.
Un autre avantage que présentent les Per-
H <n>i IC- Horiux>f^
^^ocT'eiu)y: deZ/.
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PÊCHE BELLE DE SAINT-GESLIN. — COMAROUNA ODORATA. 231
venches est de pouvoir être employées à la
décoration des appartements, usage auquel
elles sont très-propres, tant par leur rusti-
cité que par la beauté de leur feuillage ro-
buste et luisant, ainsi que par leur port, qui
se prête admirablement à cet emploi. En
effet, grâce à la flexibilité de leurs rameaux,
on peut placer les plantes soit sur les bords
des étagères ou des jardinières, soit même
les employer comme plantes de suspen-
sion.
Bien que les Pervenches puissent suppor-
ter facilement la soif, on doit néanmoins les
arroser souvent si on veut les avoir belles.
J’ajoute que, pour les appartements, la
grande espèce (Pinça wa/or), ou ses varié-
tés, sont les seules qu’il convient d’em-
ployer. May.
PÈCHE BELLE DE SAINT-GESLIN
Il y a quelques années, M. Joutrou, pro-
priétaire à Richelieu (Indre-et-Loire), trouva
un sauvageon de Pêcher qui avait poussé
spontanément sur les ruines de la vieille
tour de Saint-Geslin, dans l’enceinte de sa
propriété.
L’arbre produisit des fruits ; on les trouva
• fort bons, et surtout les 'plus tardifs de tous
ceux que M. Joutrou avait dans son jardin.
Il fit part de sa trouvaille à M. Defains, hor-
ticulteur à Amboise, qui greffa cette variété,
et lui trouva un mérite assez exceptionnel
pour que nous en fassions ici l’objet d’une
planche et d’un article spécial.
En effet, la Pêche Belle de Saint-Geslm
(c’est le nom qu’elle portera désormais) est
la plus tardive des Pêches que nous con-
naissions ; sa maturité dépasse de plus de
quinze jours celle de la Pêche Salvay, qui
est ici la dernière variété en date que nous
mangions, et qui ne dépasse pas le 15 ou le
20 octobre, tandis qu’on ne livre à la table
la Belle de Saint-Geslin qu’à partir de cette
époque jusqu’à la Toussaint. L’année der-
nière on en mangeait encore le 6 novembre.
En voici la description :
Arbre vigoureux ; rameaux'forts et allon-
gés, à écorce d’un rouge sanguin foncé, uni-
forme.
Feuilles étalées, robustes, longuement
ovales, lancéolées-aiguës, atténuées, gau-
frées à la base, très-finement serrulées et
bordées d’un liseré rouge ; nervure mé-
diane rose vif en dessous, verte à la base et
en dessous ; glandes réniformes, inégales,
assez nombreuses, sur un ferme et court
pétiole.
Fleurs grandes, blanc rosé, de la gran-
deur et de la forme de celles de la Grosse
migno'nne.
Fruit gros, parfois très-gros, terminé par
un mamelon acuminé, le plus souvent obli-
que; cavité pédonculaire peu profonde, ar-
rondie, évasée ; peau se détachant difficile-
ment, d’un blanc verdâtre à la maturité,
frappée de rose vif, et marquetée du côté
insolé d’un rouge violacé léger comme le
dessin d’une mosaïque, couverte d’un duvet
feutré inégal, caduc, court, soyeux et bril-
lant; chair non adhérente, d’un blanc pur
ou à peine verdâtre, sans flagellations
d’autre nuance, laissant des vides caver-
neux autour du noyau, très-fine et très-
fondante, d’une saveur modérément parfu-
mée, comme toutes les Pêches d’arrière-
saison, excepté la Salvay à chair jaune ;
noyau gros, d’un jaune pâle, elliptique
allongé, à base obtuse et tronquée, à som-
met terminé par un mucron long et oblique,
à surface profondément sillonnée, se déta-
chant parfaitement de la chair ; suture ven-
trale saillante, laminée; suture dorsale pro-
fonde, avec un large sillon.
Si à première vue on peut trouver de
l’analogie entre cette Pèche et la Donou-
vrier, elle s’en distingue rapidement par ses
glandes réniformes, ses grandes fleurs et
surtout sa remarquable tardiveté. On peut
ajouter à ces renseignements que l’arbre sur
lequel le fruit a été cueilli est très-vigou-
reux, exposé au midi, et que par consé-
quent il mûrit ses produits beaucoup plus
tôt qu’il ne le ferait si on le plantait au nord-
ouest ou au nord-est. On peut donc affirmer
qu’on mangerait ainsi ces Pêches jusqu’aux
fortes gelées.
M. Defains, horticulteur à Amboise, met-
tra cette précieuse variété au commerce à
l’automme 1873.
Ed. André.
COMAROUNA ODORATA
Il est sans doute bien peu de nos lecteurs | met dans le tabac à priser, et qui, alors,
qui ne connaissent la Fève Tonka, que Von 1 donne le « tabac à la Fève »; mais, par
232
EXPOSITION d’horticulture DE VERSAILLES.
contre, à peu près tous ignorent le nom de
la plante qui la fournit ; il en est même
beaucoup qui ne savent pas que ce produit
sort d’un végétal. Il est vrai que cela n’est
pas indispensable. Pourtant, loin de nuire,
cette connaissance augmente l’intérêt de la
chose, y ajoute un nouvel attrait. C’est cette
conviction que nous avons qui nous a en-
gagé à faire exécuter les deux figures ci-
contre, qui se rapportent à une plante de la
Guyane française, au Comarouna odorata,
Aubl. (fig. 25), dont voici les principaux ca-
ractères :
Arlire atteignant jusque 20 mètres, par-
fois plus, de hauteur, très-ramifié. Feuilles
alternes, rapprochées, composées-pennées,
à 5-7 folioles longuement ovales, brusque-
ment arrondies, très-courtement mucronu-
Fig. 25. — Comarouna odorata, Aubl., au 1/6.
lées, portées’sur un rachis légèrement ailé.
Fleurs très-nombreuses,, disposées en pa-
nicule ramifiée spiciforme, d’un rouge plus
ou moins foncé. Fruit (fig. 26) obovale, ar-
rondi au sommet, légèrement comprimé,
rappelant assez exactement la forme d’une
Amande, à testa mince, villeux, à endocarpe
épais et très-dur renfermant une graine
huileuse, brune, très-odorante, et qui cons-
titue ce qu’on nomme « la Fève. »
Le Comarouna odorata, Aubl.; Ba~
ryosma Tongo , Gœrtn.; Cumarouna,
Fig. 26. — Deux fruits de Comarouna odorata, l’un fermé,
l’autre ouvert, pour laisser voir la graine (la fève). —
Grandeur naturelle.
Lamk.; Dypterix odorata, Schreb., origi-
naire de la Guyane, exige la serre chaude,
où on le cultive en terre franche légère, à
laquelle on ajoute plus ou moins de terre de
bruyère, suivant la force des plantes. Il n’y
a aucun espoir, croyons -nous, d’en voir les
fruits dans nos cultures; et comme, d’une
autre part, son port et son feuillage n’ont
rien de particulier qui puisse faire recher-
cher cette espèce, elle restera donc comme
une plante historique ou une simple cu-
riosité. E.-A. Carrière.
EXPOSITION D’HORTICULTURE DE VERSAILLES
DU 29 MAI AU !'■ JUIN 1873
La Société d’horticulture du département
de Seine-et-Oise, fondée en 1840, vient de
tenir à Versailles une exposition qui sera
terminée au moment où paraîtront ces lignes,
mais qui restera dans le souvenir de ceux
auxquels il a été donné d’y assister, comme
une des plus splendides et des plus réussies
que l’on puisse voir.
Un instant on avait pu craindre que l’ex-
position horticole, d’ailleurs fort remar-
quable, tenue quelques jours auparavant à
Paris au Palais-de-flndustrie par la Société
centrale (exposition à laquelle avaient parti-
cipé dans une large mesure plusieurs horti-
culteurs et amateurs du département et de
la Société de Seine-et-Oise), ne nuisît beau-
coup au succès de celle de Versailles ; d’autre
part, la température anormale et exception-
EXPOSITION d’horticulture de VERSAILLES.
233
nellement froide et irrégulière dont souf-
frent cette année et d’une manière si géné-
rale les cultures printanières faisait con-
cevoir de sérieuses appréhensions sur la
qualité et la quantité des apports ; mais fort
heureusement ces appréhensions ne se sont
pas réalisées, et bien au contraire, le nombre
des exposants était tel, qu’on a craint un
moment que le local habituel fût insuffisant.
Ces résultats sont dus en majeure partie au
concours empressé et à l’iiabileté des expo-
sants, mais aussi et surtout aux nombreuses
sympathies et à la confiance que savent ins-
pirer les personnes appelées à diriger les
travaux de la Société, et particulièrement
celles qui président à l’organisation de ses
expositions.
Pour ceux des lecteurs de la Revue hor-
ticole qui n’ont pas eu comme nous le bon-
heur de suivre les floralies de la Société ver-
saillaise, il est bon de dire que ses exposi-
tions offrent cela de particulier, qu’elles sont
plutôt une fête de famille, une fête des fleurs,
qu’une lutte, un tournois horticole ; tout y
est : harmonie, rapports et bonne confrater-
nité. Il y a en outre dans ces expositions
quelque chose qui frappe agréablement à
première vue : c’est le cachet de propreté,
de fraîcheur, et on pourrait dire aussi de
coquetterie artistique et de distinction qui y
dominent dans l’ensemble et les détails. On
sent que, à Versailles comme à Gand, on
est dans une ville où l’horticulture est ho-
norée et aimée, où tout : poteries, feuillages
et jusqu’à la terre, est propre, bien lavé,
bien sablé , bien terreau té , bien arrangé
sans affectation ; et l’on n’y voit pas de ces
négligences et de ces malpropretés qui dé-
parent trop souvent les plantes et les expo-
sitions, et qui indiquent de la part de ceux
qui les commettent un manque de goût et de
ce feu sacré sans lesquels rien de beau ni de
bien ne peut être obtenu.
Il est vrai que rien ne manque à Ver-
sailles, et que la commission d’organisation
pourvoit à tout, procure à l’avance et abon-
damment le sable, etc., et il faut en savoir
gré aux organisateurs, qui ne négligent
aucun de ces détails importants ; mais il
faut reconnaître aussi à leur louange que les
exposants savent employer et utiliser à
propos les éléments de succès mis généreu-
sement à leur disposition, et c’est en cela et
dans la disposition coquette et artistique de
leurs lots qu’ils font preuve de ce goût dont
nous parlions tout à l’heure. Honneur donc
et félicitations aux uns et aux autres.
L’exposition horticole coïncidait cette
année avec le concours régional agricole.
Celui-ci, avec ses machines, ses instruments,
les animaux, les produits de l’industrie
agricole et de la culture, etc., occupait dans
le splendide parc de Versailles et en dehors
de la grille, à l’extrémité du tapis vert, les
deux côtés du canal.
L’horticulture, au contraire, se trouvait
placée, comme d’habitude, à l’entrée du parc
et à droite en tête du tapis vert, dans la
partie dite Carré des Marronniers. C’est là
que sous un vaste espace circulaire analogue
à un cirque, fermé sur les côtés par une
enceinte continue, garni de toile opaque
et couvert par une immense tente fortement
élevée et étirée en cône sur des mats placés
au centre; c’est là, disons-nous, que se trou-
vaient groupés sur les pelouses verdoyantes
d’un délicieux jardin dessiné à l’anglaise
les lots des nombreux exposants qui étaient
venus participer à cette fête des fleurs.
Cette tente, formée de toile à voile fine, de
nuance claire un peu jaunâtre ou gris ver-
dâtre très-clair, laisse passer une lumière
assez vive, mais cependant d’un ton exces-
sivement doux et des plus favorables pour
faire valoir les coloris des plantes et des
fleurs ; d’autre part cette tente, tout en lais-
sant pénétrer suffisamment l’air extérieur,
est cependant assez fermée pour conserver
les mille senteurs qui se dégagent des divers
genres de fleurs et de fruits exposés, sen-
teurs qui se mêlent, se fondent en un par-
fum moyen général qui réjouit agréablement
l’odorat du visiteur dès son entrée dans le
jardin de l’exposition, en même temps que
sa vue est émerveillée de l’ensemble de ce
ravissant jardin.
Au fond, en face de l’entrée, on a cons-
truit un élégant rocher bien agencé et orné
de petites pièces d’eau bien proportionnées,
le tout habilement décoré de plantes appro-
priées à la situation : Fougères, etc.; et dans
l’eau : Richardïa, Cyperus, Aponoge-
ton, etc. Çà et là sur les pelouses se trou-
vent isolément disposés de magnifiques
exemplaires de Rhododendrum de 2 à
3 mètres de diamètre et de hauteur, cou-
verts de centaines de bouquets de fleurs,
les unes blanches, les autres roses, lilas,
rougeâtres, violettes, etc., suivant les va-
riétés, et qui indiquaient une culture pa-
tiente et des mieux raisonnées. Sur d’autres
parties des pelouses, qui avaient été formées
la veille ou le matin même avec des plaques
de gazon prises dans le voisinage, on re-
marquait un splendide Hydrangea otaksa,
provenant de la maison Léon Duval, de
234
EXPOSITION d’horticulture DE VERSAILLES.
50 et plus de diamètre, avec une cen-
taine de corymbes floraux d’un rose exces-
sivement tendre et frais ; puis venait un
Chrysanthème frutescent à grande fleur,
variété Comtesse de Chambord, en sujet
élevé sur tige trapue, dont les ramifications ,
nombreuses et bien disposées présentaient .
un développement en diamètre et en hau- ;
teur de 50, avec des myriades de fleurs. i
Ailleurs, et toujours en sujets isolés, on re- ■
marquait quelques beaux spécimens de Pal- ;
miers, Araucaria excelsa, d’Aucuba pa-
naché, d’énormes touffes de Phormium ;
tenax, une ou deux Fougères en arbre, aux ;
grandes et élégantes frondes ; de beaux spé- j
cimens de Pélargonium fantaisie ; puis un |
magnifique et élégant spécimen de Dimor- \
phanthus Mandschuricus de 2 mètres de i
hauteur, arbrisseau rustique, au port pitto-
resque et majestueux, ressemblant par le '
feuillage à une Fougère arborescente, et :
plus encore à un Aralia Japonica qui i
serait dépourvu d’épines ; et enfin la magni- |
fique Rhubarbe officinale vraie, espèce tout j
à fait nouvelle, originaire du Thibet oriental ;
et de la Chine occidentale, récemment in-
troduite par M. Giraudot de Saint-Gervais,
et décrite par le H. Bâillon sous le nom j
de Rheum officinale. Cette espèce, qui est I
susceptible de former des touffes de 2 à |
3 mètres de diamètre et de hauteur, est re- |
marquable par son feuillage immense, d’un I
vert tendre uniforme, palmé-lobé, en vaste ;
éventail étalé, rappelant en très- grand celui :
du Ricin. Outre le grand intérêt qu’elle pré- j
sente au point de vue médical et industriel, i
cette espèce est appelée à devenir prompte- |
ment un des ornements obligés de tous les :
jardins paysagers et pittoresques, d’autant ,
plus qu’elle est d’une rusticité à toute |
épreuve et d’une culture simple et facile, i
Le spécimen dont nous parlons était exposé i
par M. Fiasse. j
Une plate-bande circulaire court le long ,
des parois de la tente, et se trouve garnie |
d’une façon continue par de nombreux lots, '
parmi lesquels nous signalerons en passant : i
les magnifiques et suaves potées de Réséda i
pyramidal amélioré du célèbre spécialiste
Gabriel Yyeaux-Duvaux, qui avait aussi
exposé des lots de Chrysanthème à grande
fleur Comtesse de Chambord, de Yiscaria
pourpre, et du charmant Chrysanthème tri-
colore de Barridge, en jolies plantes mar-
chandes et bien travaillées pour les marchés;
puis un lot de jolies Pensées à M. Mondin,
avec quelques exemplaires de l’ancien et
toujours beau Pyrèthre double rose M. Bar-
rai, plante vivace rustique, qu’on ne saurait
trop multiplier dans tous les jardins ; un
beau lot d’Aucubas en collection ; un autre
lot de Fusains verts et panachés, également
en collection ; puis, toujours en suivant, un
magnifique lot d’Azalées pontiques et autres,
américaines et asiatiques de pleine terre.
Ces lots étaient exposés par M. Moser, l’ha-
bile et digne successeur des Bertin. Un ma-
gnifique lot, composé de tous les plus beaux
légumes forcés et de saison que l’on peut
rencontrer actuellement sur les marchés et
chez les primeuristés, se faisait admirer par
sa fraîcheur et le beau et bon choix des spé-
cimens. Ce lot était exposé par M. Guille-
mard, marchand fruitier primeurisle à
Yersailles, et a obtenu un premier prix. Un
peu plus loin, venait le splendide lot de
Rhododendriun, Kalmia et Azdlées de
pleine terre, cultivés et exposés par M. Briot,
l’habile directeur des pépinières de Tria-
non; puis la remarquable collection de Py-
rèthes doubles de M. Yvon, en touffes fleu-
ries, splendides et bien assorties, auxquels
nous nous proposons de consacrer un article
spécial. En continuant notre promenade
circulaire, nous trouvons un joli lot d’Aza-
lées de l’Inde encore très- frais pour la sai-
son, d’un bon choix et bien cultivés par
leur exposant, M. Boyer; un lot de Bégonias
de la section Rex, exposé par M. Doré ; un
lot df Aralia ou Fatsia papyrifera du Ja-
pon, en bel état, envoyé par M. Buisson; de
jolies Anémones et Pienoncules en col-
lection, envoyées en fleurs coupées par
M. Thiébaut aîné. Une collection nom-
breuse et remarquable [de plantes mé-
dicinales en pots était exposée par M. Con-
gis, qui a été récompensé de cette bonne
action par un premier prix. C’est une ex-
cellente idée d’admettre dans les expositions
ces collections de plantes, qu’il importe à
chacun de connaître, pour savoir distinguer
celles qui sont utiles de celles qui sont nui-
sibles. Une remarquable collection de Fou-
gères rustiques de pleine terre était exposée
par M. Moser ; puis venait à côté un assor-
timent de jeunes Orangers en plantes mar-
chandes, d’une santé et d’une culture admi-
rables. Ce lot était exposé par M. David-
Dieuzy, dont le talent horticole est bien
connu. Quelques jolis spécimens du Cytisus
elongatus variegatus^ greffés en tête sur le
Lahurneum, étaient exposés par M. Chris-
ten. C’est un charmant arbrisseau rustique,
dont on ne saurait assez recommander la
culture. On dit que les sujets francs de pieds
conviennent encore mieux pour la pleine terre
EXPOSITION d’horticulture DE VERSAILLES.
que ceux qui sont greffés. Un lot assez consi-
dérable de Conifères nains, en partie nou-
veaux, exposé par M. Moser, occupait aussi
cette plate-bande circulaire, sur laquelle on
admirait encore : la belle rocaille de M. Ra-
bier ; les magnifiques Calcéolaires herbacés
de M. Bourdon, ceux de MM. Louis Rous-
seau et Vaudron ; les Coléus de M. Louis
Doré ; les légumes en collection de M. Weil ;
puis les Bégonias en collection de M. Poi-
rier. Ceux-ci, bien qu’en assez bon état de
culture, nous faisaient involontairement
penser à ces belles délaissées qui, il y a
quelques années à peine, trônaient en reines
et faisaient le fond de toutes les expositions.
Que les temps sont changés ! et que nous
sommes loin déjà de cette époque où toutes
les couronnes étaient pour ces plantes, alors
considérées comme les plus dignes et les
plus belles! Comme tout, la beauté passe!...
Quittant la plate-bande circulaire, nous
pénétrons dans la partie centrale ou sinueuse
du jardin. Parcourant les méandres gracieux
qui divisent en tous sens ce jardin enchanté,
nous allons citer, du moins autant que nous
le permettra le public (qui déjà se presse
en foule dans les allées devenues trop étroites
et nous empêche de prendre méthodique-
ment nos notes), les principaux lots qui se
présentent à notre vue :
Au centre se trouve un immense lot de
Rhododendrum en forts exemplaires de
40 variétés en fleurs, formant un massif
bombé d’un très-grand effet décoratif; ce
lot est exposé par MM. Croux et fils, qui ont
aussi présenté un peu plus loin un beau lot
d’Azalées asiatiques et américaines, ainsi
que des Kalmia latifolia blancs et roses en
beaux exemplaires fleuris. Plusieurs lots
d’ensemble de plantes marchandes à feuillage
et de serre froide, tempérée et chaude, se
font remarquer par le choix, la variété des
sujets et leur belle culture ; dans l’un, qui ap-
partient à M. Moser, on remarque un superbe
Araucaria excelsa alha spica, dont toutes
les extrémités des ramifications sont élégam-
ment argentées ; un bel exemplaire d' Arau-
caria excelsa glauca robusta, autre belle
forme bien distincte ; un Dasilijrion longi-
folium, aux très-longues feuilles pen-
dantes; un fort exemplaire d'Ophiopogon
jahuran foliis variegatis, dont le feuillage
est élégamment panaché-rubanné de blanc,
etc., etc. Les autres lots, provenant des
cultures de MM, David, Alfred Pré et Doré,
se composaient de presque toutes les bonnes
plantes usitées dans la décoration des serres,
jardin d’hiver et appartement, telles que :
235
Dracœna, Corydiline, Pandanus, Pal-
miers, Fougères, Aspidtstra, Aralia, Bé-
gonia, Araucaria, Broméliacées, etc., etc.,
et dans chacun d’eux, on remarquait des
plantes dignes d’une mention spéciale. —
M. Paillet avait exposé une belle collection
de fleurs coupées de Pivoines arborées,
parmi lesquelles plusieurs variétés encore
peu répandues ; ce lot était accompagné
d’une collection de Tropœolum chiliens,
parmi lesquels on remarquait le toujours
rare Tropœolum cœruleum, aux fleurs
assez grandes, d’un bleu tendre mélangé de
blanc; le T. chymocarpum ou hrachyceras,
avec les fleurs entièrement jaunes; le T.
pentaphyllum. ; le T. tricolor et sa variété
grandiflorum ; dans le nombre se trouvait
un exemplaire d’un T. tricolor à feuillage
profondément découpé, incisé en lobes li-
néaires profonds comme dans le T. cœru-
leum, à fleurs plus foncées, mais moins
fortes que dans la variété grandiflorum;
cet exemplaire pourrait bien être une nou-
veauté. M. Paillet avait en outre exposé
son nouveau Wellingtonia gigantea pen-
dula, au port robuste, et un fort bel exem-
plaire du nouveau Pêcher américain, à
feuillage entièrement pourpré, d’un très-
joli effet décoratif. Ces deux plantes sont de
bonnes acquisitions pour les jardins et les
parcs.
M. Moser, déjà nommé plusieurs fois,
avait présenté en outre un lot d' Aralia, qui
renfermait à peu près toutes les espèces et
variétés cultivées; puis un lot de P/iormû/m
en collection, où figuraient les quatre prin-
cipales variétés panachées connues, en
beaux individus bien distincts. C’est aussi
M. Moser qui avait apporté la plupart de ces
volumineux et magnifiques Bhododen-
drum qui se trouvaient disséminés sur les
pelouses dont il a été question plus haut.
M. Thibaut et Keteleer, de Sceaux, avaient
apporté des collections de Pélargonium à
grandes fleurs (30 variétés), de fantaisie
(15 variétés), de Pélargonium zonale in-
quinans à fleurs simples (50 variétés) et
doubles (15 variétés), qui renfermaient
l’élite des variétés nouvelles et anciennes
dans ces divers genres, le tout en état de
floraison splendide et en sujets d’une santé,
d’une vigueur et d’uneculture irréprochables,
comme tout ce qui sort de cet établissement
renommé.
Deux lots de Caladium à feuilles pana-
chées se trouvaient exposés : l’un par
M. Louis Doré, renfermait de jolis spécimens
de la plupart des bonnes plantes du com-
EXPOSITION d’horticulture DE VERSAILLES.
236
merce; l’autre était présenté par M. Bleu,
et renfermait quelques nouveautés très-re-
marquables provenant des fécondations de
cet habile semeur, qui a déjà créé en ce
genre de si admirables merveilles. Parmi ses
nouveaux gains, nous avons surtout noté
Agrippine Dmitry, au grand feuillage lar-
gement sagitté et se présentant bien, pres-
que entièrement blanc, à tissu transparent
et d’une finesse extrême, chez lequel les
nervures et leurs ramifications seules ont
conservé leur coloration verte et rose, et
forment sur le limbe un réseau -mosaïque
d’une délicatesse indescriptible. Un bien
beau lot de Rhododendrons en nombreuses
variétés de choix était exposé par M. Hervé
François. Le même horticulteur avait éga-
lement apporté un ou deux Rhododendrons
en volumineux et magnifiques spécimens
que l’on avait placés isolément sur les pe-
louses ; à côté se trouvait un lot considérable
de Rosiers nains en pots, composé de 250
plantes en parfait état de santé, de fraîcheur
et de floraison, et réunissant l’élite des va-
riétés cultivées ; il était exposé par M. Jules
Margottin fils, de Bourg-la-Reine ; cette
collection, qui formait un ensemble ravis-
sant, a été récompensée d’un premier prix
offert par M^e Heine, la présidente des dames
patronesses. Les Gloxinia étaient re-
présentés d’une manière splendide par des
lots qu’on ne pouvait se lasser d’admirer, —
tant par leur belle culture et leur abondante
floraison que par la santé, la vigueur et le
beau choix des variétés. L’un des lots pro-
venait des cultures de M. David, premier
prix, et l’autre était présenté par M. Léon
Duval, autre premier prix, qui avait exposé
en outre et à part quelques spécimens de
belle culture et surtout des semis parmi les-
quels trois ou quatre variétés semblaient
avoir atteint, comme forme, coloris et am-
pleur, le maximum de la perfection en ce
genre.
Quelques Lauriers-Cerises de semis dont
nous n’avons pas bien pu saisir les caractères
distinctifs étaient exposés par M. Constant
Dieuzy, qui avait présenté en outre un très-
bel exemplaire d’Aucuba mâle à feuilles
panachées; auprès de là se trouvait une
collection de Pélargonium zonale en variétés
courantes, exposée par M. Alfroy. Quel-
ques Fuchsias à fleur double et un petit
nombre de Pélargonium zonale inqui-
nans, également à fleur double, étaient pré-
sentés par un exposant dont nous ignorons
le nom.
La collection de Mimulus exposée par
M. Vilmorin -Andrieux et C‘e était nom-
breuse et remarquable par le choix des va-
riétés et leur belle culture. Cette maison
avait en outre exposé un lot de plantes
annuelles et vivaces se reproduisant de
graine, qui formait à l’entrée de la tente un
lot considérable d’un agencement, d’une
culture et d’une fraîcheur admirables. Après
avoir parcouru l’exposition si riche en
plantes aux coloris voyants et à grand effet,
la vue éblouie, fatiguée, se reposait avec
plaisir sur ce massif de la maison Vilmorin,
composé de plantes charmantes et légères,
dont chaque touffe, examinée séparément,
présentait quelque attrait, quelque charme
particulier.
Nous ne quitterons pas ce jardin enchanté
sans mentionner une plante admirable, quoi-
que bien ancienne, dont M. Dantier avait
formé un petit lot de huit sujets d’une cul-
ture parfaite, et qui attirait de loin tous les
regards par son élégance et la légèreté de
ses volumineuses et splendides panicules,
garnies de myriades de fleurs blanches odo-
rantes ; cette plante est )e Saxifrage pyra-
midal ou Saxifrage cotylédon, originaire
des Pyrénées, où les bergers des hautes
régions la nomment Reine des Pyrénées ^ et
les anciens livres de jardinage Orpin des
jardiniers. Nos félicitations à M. Dantier,
pour avoir tiré de l’oubli cette belle dé-
laissée, qui ne pourra manquer de redevenir
à la mode si, comme nous l’espérons, son
présentateur veut bien publier la recette
culturale qu’il emploie pour arriver à un
aussi beau résultat. Ces Saxifrages blancs
étaient entourés d’une ceinture de Muscaris
monstrueux ou plumeux, vulgairement ap-
pelés Lilas de terre, plante bulbeuse, à
volumineuse panicule plumeuse, composée
d’une innombrable quantité de filaments
ramifiés, d’une jolie couleur améthyste et
qui produisait un contraste admirable au-
tour du Saxifrage. Voici donc encore deux
plantes délaissées bien à tort; et quiconque
a vu ce petit lot en gardera le plus agréable
souvenir.
N’oublions pas, avant de sortir, de men-
tionner les Cinéraires en beaux specimens
de culture présentés par M. Buisson ; les
fleurs laissaient peut-être à désirer comme
ampleur, choix et variété de coloris, mais
les plantes étaient belles et bien arrivées;
puis de magnifiques Asperges présentées
par MM. Reauvivre et Girardin, d’Argen-
teuil ; celles envoyées par M. Louis Lhérault
dépassaient en volume et en beauté tout ce
que ce célèbre spécialiste nous avait accou-
237
EXPOSITION d’horticulture DE VERSAILLES.
tumé à voir en ce genre. N’oublions pas non
plus les plans de jardins exposés contre les
parois de la tente et dans le bureau de
l’exposition par MM. Ferrand, Bonvoisin,
Laviale et L.-L. Lebreton, d’Orléans; plu-
sieurs des dessins de ce dernier indiquent
un maître consommé dans le grand art de
la création des parcs et jardins. Un pla-
teau ou surtout de table orné de fleurs
coupées avait été présenté par M. Weil;
l’agencement en était assez gracieux, mais
le choix des fleurs et leurs coloris ne réu-
nissaient pas toutes les conditions voulues
pour produire ces effets d’ensemble si agréa-
bles à la vue quand ils sont bien harmonisés.
Enfin, citons les deux plantes les plus im-
portantes de l’exposition par leur nouveauté
et leur récente introduction; l’une est le
Phyllothenium Lindenii, au beau feuillage
panaché et ombré, et le Cyrtodeira fidgida,
qui nous a paru être voisin des Acanthacées,
si même ce n’en est une. Ces deux nou-
veautés étaient présentées par M. Léon Du-
val, l’habile horticulteur de Versailles, qui
avaitaussi exposé, outre les lots déjà cités, une
collection d’aquarelles représentant quel-
ques-uns de ses plus beaux gains de Gloxi-
nia de semis. Des plantes et fleurs habile-
ment desséchées et disposées en tableaux
par M'"® la baronne de Pages sont élégam-
ment et artistement composées ; nous leur
souhaitons beaucoup d’amateurs et d’ache-
teurs, et d’autant plus que le produit de
leur vente est consacré à une bonne œuvre,
celle des mutilés pauvres.
Dans la partie extérieure qui sert d’ar-
rivée et qui précède l’entrée de la tente se
trouvaient disposés sous l’ombrage des Mar-
ronniers deux lots splendides et considé-
rables de Conifères en collection et en forts
spécimens de choix ; l’un, le plus riche en
variétés, était exposé par M. Moser, qui
avait également présenté tout à côté une ma-
gnifique collection de PIoux en forts sujets
et un beau lot à' Araucaria imhricata, en
sujets bien cultivés et bien portants; l’autre
lot de Conifères, moins riche en variétés
que le précédent, mais composé de spécimens
de première force et d’un beau choix, était
exposé parM. Paillet, déjà nommé.
Les objets d’art et d’industrie horticoles
se trouvaient exposés sur les côtés de l’ave-
nue conduisant à la tente. Nous y avons re-
marqué des appareils de chauffage présentés
par trois fabricants spécialistes : MM. Zani
aîné. Loyer aîné et Duvoir frères ; les appa-
reils d’arrosage de MM. Lambert et C^®, puis
ceux de M. Raveneau, dont le système in-
génieux est susceptible de nombreuses et
utiles applications horticoles, et enfin les
pompes hydrostatiques à jet continu de
M. Dudon-Mahon, au sujet desquelles nous
reviendrons dans un prochain article. M. Bo-
rel, de Paris, avait exposé une nombreuse
collection d’instruments et ustensiles de jar-
dinage, parmi lesquels se trouvait son nou-
veau cueille-asperge à griffe, dont l’usage ne
peut manquer de se généraliser prompte-
ment. Nous avons aussi remarqué, parmi
une collection de coutellerie horticole, un
sécateur à verrou d’un modèle nouveau ; on
le dit assez recommandable. Les treillages
divers de M. Moulier ; les poteaux- raidis-
seurs et autres appareils à palisser de
MM. Louet frères, d’Issoudun ; une char-
mante serre en fer avec ses accessoires, et
des constructions horticoles variées présen-
tées par M. Dormois; d’intéressants spéci-
mens de couvertures plates à ressaut, avec
couvre-joints renforcés pour chaperons d’es-
paliers, et des modèles d’abris mobiles,
étaient exposés par M. L. Bart, architecte;
puis venait le cortège obligé des pompes, tu-
teurs, meubles de jardin, gymnases, etc.,
qui ont leur application dans tous les parcs et
jardins, et se rattachent aussi à l’horticul-
ture. N’oublions pas, en reporter fidèle, de
mentionner en terminant la collection des
dessins coloriés d’histoire naturelle, dispo-
sés en tableaux pour servir à l’enseignement
des sciences naturelles. Ces tableaux, qui
peuvent être reliés en albums ou être ap-
pendusaux murailles, sont très-intéressants
et dignes d’ètre recommandés et répandus
dans toutes les écoles, aussi bien des cam-
pagnes que des villes. Les enfants trouve-
ront dans ces tableaux, faits à une échelle
suffisante, d’excellentes notions élémen-
taires, qui s’assimileront à l’intelligence par
les yeux, système excellent pour instruire
les jeunes gens. Enfin, une paire de sabots
à l’usage des maraîchers d’Étampes, qui s’en
servent pour tasser la terre sur les se-
mences, était exposée par M. Bergerat. Ces
sabots ont, quant à la partie où se logent les
pieds, la forme ordinaire ; seulement la face
inférieure, ou la plante des pieds des sabots,
est large, carrée et plane, formant plan-
chette ou batte; les côtés (face interne) sont
rectilignes; en sorte que l’ouvrier étant
chaussé de ces sabots, les rapproche bord à
bord, et peut ainsi marcher sur le sol ou les
faire glisser l’un contre l’autre sans solution
de continuité, et sans qu’il y ait sur le ter-
rain le moindre intervalle qui ne soit pas
foulé et tassé uniformément. Ces modestes
238
QUELQUES OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR L’ARBGRICULTURE.
appareils mériteraient d’être figurés, et nul
doute qu’étant plus connus, leur usage ne
se généralise dans la culture horticole des
marais et même dans les terrains légers.
En résumé, on peut dire que cette expo-
sition était exceptionnellement remarquable.
Dans la partie horticole, 90 à 100 lots dis-
tincts, formant 54 concours, étaient pré-
sentés par 43 exposants, auxquels il a été
décerné environ 80 prix, dont 16 grands
prix qui se divisent comme suit:
Un prix d’honneur à M. Moser pour ses
15 concours.
Neuf premiers grands prix, consistant en
médailles d’or, répartis entre MM. Croux et
fils, François Hervé, Léon Duval, Jules
Margottin fils, Thibaut et Keteleer, Vilmo-
rin-Andrieux et C*e, Doré, Paillet, David.
Cinq grands prix (médaille de vermeil),
entre MM. Vaudron, Alfred Bleu, Bourdon,
Guillemard.
Une grande médaille d’argent à M. Ga-
briel Vyeaux-Duvaux.
Quant aux arts et à l’industrie agricoles,
ils réunissaient 24 exposants, auxquels il a
été accordé sept prix, dont :
Une médaille d’or à M. Rabier, rocailleur,
trois médailles d’argent, une médaille de
bronze, deux mentions honorables.
Victor Aymar.
QUELQUES OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR L’ARBORICULTURE
Les arbres fruitiers, qui furent de temps
immémoriaux l’objet du délassement de
l’homme, tant au point de vue de l’art de
les cultiver que sous le rapport de l’utilité
de leurs produits, présentent, aujourd’hui
un bien triste spectacle. Dans beaucoup d’en-
droits on ne rencontre que des arbres jaunes,
chlorotiques, gercés, cloqués, gommés, at-
teints par toutes sortes d’insectes qui les
envahissent et les font périr, etc. ; tous ces
malheurs n’ont-ils pas une cause? Assu-
rément si ! Mais quelle est cette cause ?
C’est là la question sur laquelle nous nous
proposons d’appeler l’attention.
L’art de cultiver les arbres fruitiers étant
pour les hommes un objet de satisfaction,
on en voit la culture s’étendre continuelle-
ment. Mais pour que cette culture soit satis-
faisante ou lucrative (selon le but que l'on
cherche à atteindre), il faut, à notre sens,
que les connaissances de l’anatomie et de la
physiologie des arbres fruitiers soient mieux
connues et surtout plus vulgarisées que, en
général, elles ne le sont. Rien ne nous paraît
en effet plus contraire au succès que ces
arbres chicotés et greffés comme le font les
particuliers eux -mêmes ; et tant soit peu
le succès de leur opération, il est toujours
préféré à celui d’un pépiniériste, même le
plus intelligent et le mieux expérimenté.
C’est ici une satisfaction personnelle qui
fait donner la préférence à ce que l’on fait
soi-même plutôt qu’à ce que fait un autre.
Mais qu’en résulte -t-il? Des troubles or-
ganiques ignorés par ceux qui en sont les
auteurs. L’évidence à ce sujet est que la
sève qu’absorbent les racines sous l’action
de l’endosmose est transmise à la lige par
la force capillaire, et rendue à l’insertion
d’une greffe à peine liée et que quelques
vaisseaux seulement alimentent, tandis que
l’extrémité de tous les autres est envoie de
désorganisation. D’autre part, le cambium
qui afflue entre les feuillets du liber dé-
chire le parenchyme, et par une ouverture
quelconque que présente l’épiderme se
transforme et constitue un dépôt de gomme.
Dans les feuilles, les fonctions se trouvent
également interverties, de sorte que la sève
s’agglomère, le parenchyme s’altère; et les
insectes de toutes sortes, trouvant là plus de
nourriture, s’y réunissent et y fixent leur
demeure ; les uns y déposent leurs œufs et
forcent les feuilles à se replier sur elles-
mêmes, puis de toutes parts l’on crie ; « Voilà
de la cloque; c’est dû à la température. » Il
est bien vrai de dire qu’il est toujours plus
commode de se plaindre que de se blâmer.
Nous ne voulons pas dire pourtant que la
température n’influe pas sur le ratatine-
ment des feuilles, mais que, à notre avis,
la cause est en grande partie due à la vicia-
tion de la sève. De même, ces nécroses qui,
dans certaines parties des environs de Bor-
deaux, anéantissent la presque totalité des
produits des Pêchers cultivés en plein vent
dans les vignes; d’une autre part cette mul-
titude d’insectes que l’on voit apparaître tous
les jours, n’est-elle pas déterminée par les
mêmes causes, la viciation de la sève ?
Un fait bien connu de tout le monde
dans le règne animal, qui paraît justifier
nos dires, est le suivant : une écurie, pleine
de bestiaux de la même espèce et de la
même race, tenus à la même crèche, rece-
vant la même nourriture et les mêmes soins,
qu’arriverait-il, si dans le nombre de ceux-
ci il y en avait quelques-uns de chétifs ou
RUSTICITÉ DES GYNERIÜMS. -
maladifs? N’est-ce pas eux qui seront les
premiers couverts de poux et de toutes sortes
de vermine? Sans aucun doute. Et qu’y
a-t-il donc chez ces chétifs animaux qui
puisse ainsi attirer ces insectes ? A notre
avis, ces faits sont dus à la viciation du sang.
Pourquoi donc les viciations de la sève ne
produiraient-elles pas des effets analogues?
Suivant nous, c’est toujours à la greffe qu’il
faut attribuer ces graves inconvénients, ou
aux différents procédés de formation et de
RUSTICITÉ DI
Si par « plantes rustiques » on entend
celles qui, à peu près toujours, passent en
pleine terre l’hiver sans aucune couverture,
les Gynériums ne peuvent être considérés
comme tels ; en effet, il est très-prudent de
les garantir plus ou moins pendant celte
saison ; il y a même des terres fortes et hu-
mides où, malgré les abris grossiers qu’on
leur met ordinairement, les plantes souffrent
beaucoup, lors même qu’elles ne périssent
pas tout à fait. Mais pourtant, à part quelques
circonstances exceptionnelles, les Gynériums
passent assez bien l’hiver, pour le peu qu’on
les garantisse soit avec des feuilles, de la
litière, etc. Disons toutefois qu’il en est un
peu de ces plantes comme de beaucoup
d’autres, et qu’on trouve chez les Gynériums
des variétés qui présentent quelque diffé-
rence entre elles sous le rapport de la rus-
ticité. Bien qu’il ne soit pas possible de rien
affirmer quant à la cause, on peut cependant
dire d’une manière générale que les variétés
à tige très-grosse, succulente, et à feuilles
ROBINIA TRAGACANTHOIDES. 239
taille des arbres fruitiers qu’il faut attribuer
ces fruits difformes, gercés et de mauvaise
conservation, que l’on rencontre aujour-
d’hui presque partout. C’est l’étude de ces
faits que nous nous proposons d’aborder, ce
qui nous conduira à examiner : la greffe;
2o la formation des arbres; 3» la taille;
4o la chimie et la physique horticole.
Auguste Raymond,
Horticulteur, ancien élève diplômé de la
ferme-école des Charenles.
5 GYNÉRIUMS
fortes (étoffées, comme l’on dit), résistent
moins que celles dont les bourgeons relati-
vement petits portent des feuilles grêles,
sèches et plutôt courtes que longues. La
variété qui nous a paru la plus rustique est
précisément — et fort heureusement aussi — ^
une des plus jolies; c’est celle dont les pa-
naches d’un blanc argenté sont extrêmement
soyeux et élégants. Comme exemple de
rusticité, nous pouvons citer le fait suivant
dont nous avons été témoin. En 1870, lors
de l’invasion allemande, MM. Thibault et
Keteleer, horticulteur à Sceaux, durent
quitter leur établissement dans lequel se
trouvaient beaucoup de Gynériums, qui par
conséquent ne purent être garantis contre
le froid qui fut assez intense. Tous gelèrent,
à l’exception de celui dont nous venons de
parler ci-dessus, qu’ils nomment Gynérium
argenté soyeux, et qui nous a paru très-
voisin d’une variété que nous avons parfois
rencontrée sous le qualificatif elegans.
E.-A. Carrière.
ROBINIA TRAGACANTHOIDES
Cette variété, que l’on confond quelque-
fois avec le Rohinia sophorœfolia, avec
lequel elle a quelque rapport, bien qu’elle
en soit distincte, n’est pas aussi connue
qu’elle devrait l’être. Elle constitue, en
effet, par son feuillage très-élégant et léger,
un arbrisseau très-joli. Cultivée comme
arbuste, ainsi que nous engageons de le
faire, elle forme des buissons charmants et
d’un aspect tout particulier ; quant à ses ca-
ractères, il est assez difficile de les faire
ressortir dans une description, ce que néan-
moins nous allons essayer de faire.
Arbrisseau ou arbre à branches longue-
ment étalées, relativement grêles. Bourgeons
à écorce rubigineuse, finement marquée de
nombreux points gris blanc. Feuilles rap-
prochées, à folioles très-nombreuses, pe-
tites, étroitement et longuement ovales, ar-
rondies aux deux bouts, douces au toucher,
légèrement glaucescentes en dessous, d’un
vert grisâtre en dessus.
Nous avons reçu le Rohinia tragacan-
thoides de MM. Simon-Louis, de Metz ;
c’est très-probablement une des nom-
breuses descendances à\x R. pseudoacacia.
C’est une forme qui ne nous paraît pas être
fioribonde, car depuis quelques années
déjà que nous la cultivons, elle n’a pas
encore fleuri. Son principal mérite — et il
est grand — consiste dans la beauté et la
légèreté de son feuillage, et surtout dans
PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
m
son inermilé. En effet, celle-ci est com-
plète, et jamais, quelle que soit la vigueur
des plantes, nous n’avons vu — ne serait-ce
que des traces — d’épines, ce qui la rend
précieuse pour les jardins d’agrément. Il va
sans dire qu’elle est tout aussi rustique et
aussi peu délicate que le type ; quant à sa
multiplication, elle est absolument la même.
E.-A. Carrière.
PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES
Laurocerasus Otini. — Arbuste vigou-
reux formant un buisson compact, trapu.
Feuilles coriaces, épaisses, légèrement bul-
lées-gauffrés, luisantes et d’un vert très-
foncé, presque noir en dessus, largement
ovales-ellipüques, atteignant jusque 20 cen-
timètres de longueur sur 0-8 de largeur,
très-courtement pétiolées, à bords courte-
ment denticulés, parfois dépourvus de dents.
Cette plante,très-jolie et précieuse au point
de vue ornemental, a le grand avantage de
ne pas s’élancer et de constituer des touffes
compactes, très-feuillées, d’un effet magni-
fique. Elle a été obtenue par M. Otin, hor-
ticulteur-paysagiste et chef du Jardin-des-
Plantes de Saint-Étienne, de graines du
Laurocerasus Caucasica.
Laurocerasus microphylla. — Char-
mante miniature, également obtenue par
M. Olin, du même semis que la plante pré-
cédente. C’est une espèce très-naine et ex-
cessivement ramifiée, à branches nom-
breuses, relativement ténues, pouvant même
être employée pour former des bordures.
Feuilles petites, rapprochées, longues de 6-
8 centimètres, larges d’environ 2, d’un vert
clair, lisses, unies et luisantes, à nervures
à peine sensibles, à limbe souvent comme
légèrement plié en gouttière, finement et
courtement denticulé. — Plante remarquable
et qui, comme son frère, le L. Otini, est
appelée, mais dans un autre genre, à jouer
un important rôle dans l’ornementation. On
est même en droit de croire que, par suite
de leur nature compacte, on pourrait les
utiliser comme plantes vertes pour la garni-
ture des appariements.
Vinca major flavida. — Tout aussi vi-
goureuse et rustique que le type, cette va-
riété s’en distingue d’abord par ses rameaux
à écorce d’un jaune pâle luisant, par ses
feuilles dont toutes les nervures sont accom-
pagnées d’une fine bande d’un jaune pâle,
parfois comme marbré, qui produit un
charmant contraste avec le beau vert foncé
du limbe.
Cette plante, des plus remarquables, a été
obtenue par M. Otin , horticulteur-paysa-
giste au Jardin-des-Plantes de la ville de
Saint-Étienne.
Verhena Bonariense, L. — Cette espèce,
si commune dans certaines parties de l’Amé-
rique australe où on la rencontre à peu près
partout, comme la Verveine officinale en
Érance, et une des jolies plantes vivaces
qu’on ne rencontre dans aucun jardin, tan-
dis qu’on devrait la rencontrer dans tous,
fleurit depuis juillet-août jusqu’à ce que la
gelée vienne la détruire. Ses tiges sont stric-
tement dressées, très-ramifiées, et toutes les
ramifications se terminent par de nombreu-
ses fleurs d’un violet rosé qui se succèdent
presque indéfiniment. Ses feuilles sont
étroites, très-longues, fortement dentées,
très-rugueuses-scabres.
Stiftia chrijsantha. — Cette espèce, qui
est aussi jolie qu’elle est rare, est originaire
du Brésil. Elle forme un arbrisseau buis-
sonneux qui peut atteindre dans nos serres
jusque 2 mètres, même plus, de hauteur;
ses feuilles, qui sont persistantes, longue-
ment ovales-lancéolées, sont coriaces, d’un
vert gai, c’est-à-dire clair; les fleurs, exces-
sivement nombreuses, tubuleuses, longues
et ténues, sont réunies près à près dans un
invol ucre calycinal, le tout formant une
sorte de pinceau qui termine les ramilles
florales ; leur belle couleur jaune d’or foncé
donne à tout cet ensemble un aspect aussi
singulier que joli, et en même temps des
plus distingués. Aussi, lorsqu’on voit cette
plante, est-on étonné qu’elle ne soit pas plus
répandue. Bien qu’on la tienne ordinaire-
ment en serre chaude, on pourrait la culti-
ver, peut-être même avec plus de succès, en
serre tempérée. Nous ne sommes pas éloigné
de croire que, « travaillée » comme les
ffeuiistes de Paris savent si bien le faire,
on ferait du Stiftia chrysantha une très-
belle plante de marché. Indépendamment
de son mérite intrinsèque, elle aurait celui
de l’originalité. E.-A. Carrière.
Orléans, imp. de G. J.\COB, Uoilre Sainl-Elienne, 4.
GJIRONIQLE HÜRÏICüLE (înaxitME quinzaine de jun)
Examen des élèves ayant suivi le cours de M. Du Dreuil ; cinq diplômes donnés. — Le Pécher à feuilles
pourpres: son histoire; communication de M. Paul Étnery, — Exposition universelle de Vienne-
récompenses obtenues pour la section de l'horticulture. — Exposition de la Société d'horticulture des
arrondissements de Melun et de Fontainebleau. — Floraison des Aucubas. — Les tableaux de botanique
à l’Exposition d horticulture du Palais-dc-l'Industrie. — Infusion de feuilles d'Estragon ; communication
de M. F. Bai-illet — Procédé de conservation des Tomates : extrait du Ihillcl'm de la Sociéié d'horti-
cullure de Meaux; conservation des échalas. — Concours pornologique de la Société d'horticulture de
Maine-et-Loire. — Les travaux du quai aux Fleurs. — Les Agave Sal)nia)ia de M. Coiqiil, au Pecq.
Une nouvelle plante textile, le Lapovlea puslalala; rapport de M. Duchartre, dans le .loarnal de la
Sociélé cealvale dliorlicuUure de Franee. — Moyen de piotéger les arbres fruitieis contre l’attaque
des insectes. — Floraison dn Phormium lenax foliis variegalis, au Flemiste* d<; la ville de Paris-
lettre de M. Drouet. — Programme de l'Exposition de la Société d'hoi ticultme de Marseille. Exemple
de conservation du pollen des fleurs. — Fructification du Pinas Ma.ssouiaaa, chc/ M. Hei-pin de
Frémont. — Phénomènes de végétation, signalés par M. Lachaume. — Trois Poiies nouvelles du
Bordelais, signalées par M. Glady. — L’étourneau, ses ravages ; extrait de la Revue de Vurhorieulturc.
Les 9 et 10 juin, un certain nombre d’é-
lèves qui avaient suivi les cours de M. le
professeur Du Breuil se présentaient devant
un jury spécial nommé par M. le Préfet de
la Seine, pour subir un examen et obtenir
un diplôme de capacité. Sur 13 qui se sont
présentés, 5 seulement ont été admis. En
voici les noms, classés par ordre de mérite :
Meyer (Louis), né à Schaffouse (Suisse)
le 28 août 1852, diplôme et 1®'^ prix. —
Mousse (Galixte), né à Paris le 16 avril
1855, diplôme et 2« prix. — Alazard
, né à Cahors (Lot) le 24 avril
liplôme. — Hanneuse (Prosper),
né à Dreux (Eure-et-Loir) le 25 juin 1843,
diplôme. — Poirson (Félicien), né à Do-
mèvre (Meurthe) le 15 avril 1841 , di-
! plôme. Les autres élèves, au nombre de 8,
I ont été ajournés.
I
I — Au sujet du Pêcher à feuilles j)our-
pres dont nous avons parlé précédemment,
Iun de nos abonnés nous écrit une lettre
aussi intéressante qu’instructive, que, pour
cette raison, nous croyons devoir reproduire.
il Paris, 29 mai 1873.
Monsieur,
Dans la Reime horticole du 18 mai, vous avez
i parlé d’une variété de Pêcher à feuilles pourpres
et dont, dites-vous, l’origine vous est inconnue.
\ Désirant vous éclairer, je vous adresse les quel-
ques renseignements que je sais sur l’histoire de
ce Pêcher.
Celte belle variété a été trouvée aux États-
Unis par M. P. Connor, horliculteur, qui faisait
partie d’une batterie d’artillerie pendant la
guerre de sécession; et c’esf en parcourant, en
touriste, quelques années plus tard, le théâtre
de la guerre, qu’il trouva, sur le champ de ba-
taille de Champion-Hill, où il était présent, et
1er JUILLET 1873. 13
(Martin)
1850, d
près de l’endroit où le général Tilgham avait été
tué, un Pêcher à feuilles d’uu pourpre noir qui
sortait d’un buisson de ronces. Il en apporta
quelques branches et les multiplia sous le nom
de Pêcher Tilgham. Nous n’avons qu’une histoire,
mais nous avons deux descriptions différentes
de la plante et qui pourraient faire supposer
qu’il en a été répandu une autre vers la même
époque, ce que j’ignore. D’après l’une de ces
descriptions, les fleurs sont rouges et les fruits
pourpres; d’après l’autre, les fleurs sont roses
et les fruits blancs, ce qui formerait un curieux
contraste avec les feuilles noires. J’incline plutôt
vers cette dernière description, en m’appuyant
sur celte donnée que, aux Etats-Unis, il n’existe
pas de Pêches rouges, et que toutes les variétés
y sont jaunes, ver tes ou blanches. Dans tous les
cas, le Pêcher à feuilles pourpres est une plante
remarquable qui mérite toute l’attention des
horticulteurs, ne sei’ait-ce même qu’au point de
vue de Forrieaienl.
I Agréez, etc. Paul Emery.
— Dans VExposition universelle de
T ienne^ organe officiel de la commission
royale de Hongrie (Autriche), qui paraît
I toutes les semaines, à Paris et à Vienne,
I nous trouvons, dans le numéro du 14 juin,
I les renseignements suivants, exclusivement
: relatifs à l’horticulture, et qui, par consé-
I quent, sont de^nature à intéresser nos lec-
I leurs :
I Bulletin of/icivl n° 88. — Première exposition
temporaire d’horticnllure, du i^^au 15 mai.
Jury international. — Président : S. E.
M. le comte Alfred Potocki. — Vice-Présidents :
M. de Cannait d’Hamale, sénateur, vice-prési-
dent de la commission royale de Belgique et
président de l’union des sociétés horticoles de
Belgique; M. le baron Ed. Oppenheim, con-
seiller ï. et R. d’Autriche-Hungrie à Cologne.
•2Ï2 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE DE JUIN).
— Membres : MM. Lothar Abel, architecte à
Vienne; François Antoine, directeur I. et R. des
jardins de la Cour à Vienne; D>' Rd. Fonzl, con-
seiller 1. et U. du gouvernement, professeur et
directeur du jardin botanique à Vienne; llooi-
brenk, à Vienne; François Rauch, inspecteur I.
et R. des jardins de la Cour à Laxenbturg;
.\dolphe Weter, inspecteur I. et R. des^ jardins
de la Cour à Schœnbrunn (pour l’Autriche);
S. E. M. le comte François Zichy (pour la Hon-
grie); M Louis Ravené, conseiller l. et R. du
commerce prussien à berlin; M. Walter, jardi-
nier en chef à Posidatn (pour l’empire allemand);
M. A. Ronnberg, membre de la commission
royale de Relgique et directeur de la division de
l’agriculture au ministère de l’intérieur à
Rruxelles (pour la Relgique); M. H. Witte, hor-
ticulteur du jardin botanique à Leyde (poiii la
Hollande); M. Th. OrphaniJès, professeur cà l’Ü-
niversilé royale d’Athènes (pour la Grèce);
M. (}. Delchevalerie, membre de l’Institut d’E-
gypte au Caire (pour l’Egypte).
LISTE DES RÉCOMPENSES OBTENUES. — PRIX DE
l’exposition UNIVERSELLE.
I. Médaille du progrès : M. J. Linden, mem-
bre de la commission royale de Relgique à l’Ex-
position universelle, vice-président de l’union
des sociétés horticoles à Bruxelles ; Rudolphe
Abel, commerçant-jardinier, à Hietzing (Vienne) ;
Durand, horticulteur à Paris.
II. Médaille pour mérite. (Nous ne reprodui-
rons pas in-exienso les autres médailles et men-
tions accordées par le jury. L’énumération en
serait trop longue, et, d’ailleurs, cette liste a
été publiée par les soins de la Direction géné-
rale et envoyée aux intéressés. Nous nous bor-
nerons à relever ici, au milieu de beaucoup de
noms allemands, les quelques exposants fran-
çais, belges, hollandais, etc..., qui ont obtenu
des récompenses et auxquels notre journal doit
s’intéresser plus particulièrement. )
M. J. Linden, à Bruxelles; M. Alexis Dallière,
à Gand ; M. F.-J.-C. Jürgens, à Hambourg; S. A.
le vice-riii d’Egypte.
HL Médaille pour le bon goût : M. Cari Kam-
mel et C‘s.
IV. Médaille pour les collaborateurs : M. Wil-
hem Novvotny, jardinier en chef de la Société
horticole, à Vienne; M. Richot, jardinier en chef
de S. E. M. le comte Franz Zichy, à Fodemes
(Hongrie).
V. Mentious honorables : M. Edouard Van der
Cruysse, à (jendbruge (Belgique); MM. Ballet
frères, à Troyes (France) ; Société pomologique
de Boskoopp (Hollande); MM. V.-C. Bor, à
Roskoopp (Hollande); Commission impériale ja-
ponaiie;M. L’Hérault, horticulteur à Argenteuil
(France); M. Angelo Piccoli, à Rovigno (Istrie).
Il semble résulter de ce document officiel
que nos collègues, MM. Baltet et L’Hérault,
contrairement à ce que nous avons annoncé
dans notre précédente chronique, n’auraient
obtenu qu’une mention honorable, tandis
que M. Durand, horticulteur à Bourg-la-
Beine, aurait obtenu la médaille du pro-
grès, qui est la première de l’Exposition.
-- La Société d’horticulture des arron-
dissements de Melun et Fontainebleau fera
sa 23e exposition les 13, 14 et 15 septembre
1873 à Brie-Comte-Bobert (Seine-et-Marne).
Quatre-vingts concours, comprenant à peu
près tout ce qui a rapport à l’horticulture ou
aux arts et industries qui s’y rattachent,
sont ouverts.
Tous les horticulteurs, jardiniers et ama-
teurs d’iiorticulture, français et étrangers,
les instituteurs, les sociétés d’horticul-
ture, etc., sont invités à prendre la plus
grande part possible à cette exposition.
Les personnes qui voudraient exposer de-
vront en faire la déclaration au moins
quinze jours avant l’exposition, à M. Ca-
mille Bernardin, secrétaire-général de la
Société, à Brie-Comte-Bobert.
Le jury se réunira le samedi 13 septembre,
à midi très-précis, au local de l’exposition,
pour procéder immédiatement à l’examen
des objets.
— Dans les Aucubas de semis, les indi-
vidus mâles sont-ils plus nombreux que les
sujets femelles, ou bien, ainsi que cela a
lieu chez beaucoup de plantes monoïques
ou dioïques, les Heurs mâles se développent-
elles beaucoup plus tôt que les fleurs fe-
melles? Sous ce dernier rapport, nous n’hé-
sitons pas à répondre affirmativement. En
effet, parmi des milliers de semis d’Aucuba
que nous possédons, nous avons déjà re-
marqué ; 1° que ceux qui ont fleuri sont, à
très-peu d’exceptions près, mâles; 2® que
les quelques pieds femelles qui se sont mon-
trés ont épanoui leurs fleurs beaucoup plus
tardivement — ■ parfois deux et même trois
mois après — que les individus dont les
fleurs étaient mâles. En est-il de même par-
tout ailleurs?
— A la dernière Exposition d’horticul-
ture, au Palais- de -l’Industrie, à Paris,
M. Cuisen avait exposé six grands tableaux
à l’aquarelle, deslinés à l’enseignement bo-
tanique. Ces peintures, qu’on a beaucoup
admirées, ont été faites pour le compte du
Muséum et sous la direction de M. Bron-
gniart. Faites uniquement au point de vue
scientifique, ces gigantesques peintures sont
inspirées par celles qui figurent, depuis
plusieurs années, au (dours de botanique de
(DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN).
CHRONIQUE HORTICOLE
la Sorbonne, et dues au pinceau d’un ar-
tiste des plus éminents dont le talent, du
reste, est bien connu, M. Faguet. On remar-
quait, dans celte même Exposition, quatre
lithographies in-4° d’ Araucarias de la Nou-
velle-Calédonie.
— Bien qu’étrangères à l’horticulture,
nous croyons que les recettes domestiques
doivent trouver place dans la Revue, sur-
tout lorsqu’elles présentent un intérêt géné-
ral ; telle est la suivante, que nous adresse
notre collaborateur M. Barillet.
Mon cher Monsieur Carrière,
Après l’infusion de Cassis que je vous signa-
lais l’année dernière (1), je puis vous citer une
autre boisson qui peut lui être comparée. C’est
une infusion de feuilles d’Estragon (Artemisia
(Iracunculus, L.), appelé aussi Serpentine ou
Herbe dragonne.
En outre de l’usage fréquent de cette plante
dans la cuisine pour relever le goût de la salade,
dont elle facilite la digestion; dans la parfume-
rie, où elle entre dans la composition de tous
les vinaigres aromatiques, elle peut n’être pas
moins appréciée dans la médecine.
Appartenant à la famille des Composées, elle
en possède les vertus : tonique, stimulante, fé-
brifuge, etc. ; de plus, étant à un haut degré
stomachique, elle est employée en infusion
' ’ comme thé.
Dans ce cas l’on se sert des feuilles sèches ;
une pincée (environ 3 grammes) pour 2 déci-
litres d’eau suffit.
Cette infusion a une odeur pénétrante et une
saveur très-aromatique. En y ajoutant quelques
gouttes de rhum, cette boisson prend le goût
très-prononcé de l’Absinthe, auquel genre l’Es-
tragon appartient.
L’emploi que j’en ai vu faire a pleinement
réussi, surtout pour des faiblesses d’estomac et
' des indigestions.
Agréez, etc. F. Barillet.
i — Nous trouvons dans le Bulletin de la
c Société d’horticulture de Meaux, n» 2,
h quelques communications ou recettes qui
1 ‘ nous paraissent dignes d’être reproduites ;
j l’une, due à M. Alexandre, à Esbly, est re-
ï lative à un procédé de conservation des To-
mates. La voici :
rj A la dernière séance (janvier 1873), j’avais
il déposé sur le bureau de la Société un lot de To-
n mates parfaitement conservées depuis le mois
1^1 d’août 187:2. J’avais employé, pour cela, le pro-
cédé suivant ;
Choisir des Tomates bien saines et pas trop
avancées ; en enlever la queue sans les endom-
I magcr; prendre un vase quelconque, de préfé-
I (1) Voir Revue horticole, 181-2, p. 82.
rence en verre; l’emplir aux deux tiers de sa
hauteur de Tomates préparées comme il est dit
ci-dessus; mettre de l’eau dans le vase sans
l’emplir complètement, et par-dessus une couche
d’huile de 2 à 3 centimètres d’épaisseur. On
aura soin que le niveau de l’huile soit à une
certaine distance du bord du vase (2 centim'’-
tres, par exemple), de façon que le va et vient
des Tomates occasionné par les changements de
température ne fasse pas refluer l’huile i
dehors.
Ce procédé m’a été indiqué par Mme Canivet,
femme de notre très-honoré collègue, M. le
maire de Chessy, à qui il avait déjà fort bien
réussi.
Voici une autre recette, relative à un en-
gluement pour recouvrir les plaies ou les
grefifes, afin de les préserver de la pluie o i
de l’action de l’air :
Faire fondre lentement, à une chaleur mo-
dérée, 450 grammes de résine ordinaire. Lors-
qu’elle est transformée en un sirop clair, ajouter
455 grammes d’esprit-de-vin; mêler et verser
dans des bouteilles bouchées avec soin.
Ce mastic peut s’appliquer dans tous les temps ;
il n’endommage ni l’écorce ni la jeune pousse,
et ne pénètre pas dans la fente. Une seule
couche suffit pour protéger les greffes et recou-
vrir les plaies faites au jeune bois; aussi peut-
on, grâce à son emploi, couper des branches en
plein été. Il sèche rapidement et forme ime
couche mince et adhérente qui ne se fond ni ne
s’écaille.
Relativement à la conservation des écha-
las, nous trouvons indiqué le procédé sui-
vant :
Mêlez ensemble 40 parties de craie, 50 de Ré-
sine, 4 d’huile de lin ; faites fondre le tout dans
une marmite de fer ou de fonte; ajoutez une
partie d’oxyde de cuivre natif et mêlez intime-
ment; puis ajoutez avec précaution, et en re-
muant le tout, une partie d’acide sulfurique. Ce
mastic, appliqué à chaud sur le bois, lorsqu’il
est sec, au moyen d’une forte brosse, constitue
un vernis aussi dur que la pierre et imperméable
à l’humidité. Il conserve aussi les échalas_, dont
le renouvellement constitue une dépense consi-
dérable pour les vignerons.il est également fort
économique et conservateur des boiseries et des
charpentes sur lesquelles on l’applique.
— Du 21 au 27 septembre prochain, la
Société d’horticulture de Maine-et-Loire
fera, à Angers, un concours pomologique,
et une exposition d’horticulture et des arts
et industries qui s’y rattachent. L’article 2
du réglement-programme est ainsi conçu :
(( Tous les horticulteurs et amateurs du dé-
partement de Maine-et-Loire sont invités à
prendre part à cette exposition. »
En limitant, ainsi qu’elle semble le faire,
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN).
cette exposition au département de Maine-
et Loire, la Société d’horticulture d’Angers
semble ou craindre la concurrence, ou se
croire assez puissante pour se passer du
concours des autres sociétés. Nous ne tirons
aucune conséquence de ces faits, que nous
nous bornons à constater; mais, ce que
nous n’hésitons pas à dire, c’est que cette
marche nous paraît être peu favorable au
progrès.
— Les travaux du grand quai aux Fleurs,
dont nous avons parlé (1), se poursuivent
avec activité; la plupart des tentes sont déjà
posées. Mais, ainsi que nous en avions le
pressentiment, on n’a pas tenu compte des
observations, pourtant si justes, faites par
la commission des jardiniers. L’administra-
tion a eu raison, ce qui devait être, puis-
qu’elle est la plus forte.
— Nos lecteurs n’ont sans doute pas ou-
blié le remarquable Agave Salmiana qui,
l’année dernière, a fleuri chez M. Goupil,
au Pecq, près Saint-Germain-en-Laye, dont
nous avons plusieurs fois parlé et dont nous
avons donné une description et une figure (2).
A propos de cette plante, nous avons dit que
dans cette même propriété se trouvaient deux
autres pieds également très-remarquables,
et dont l’un, surtout, présentait des dimen-
sions presque aussi considérables que celui
qui a fleuri l’an dernier ; ce pied va fleurir
à son tour, et à en juger par les apparences,
la hampe florale sera probablement plus
forte que celle qui s’est montrée l’année der-
nière. Nous reviendrons sur cette plante, et
tiendrons nos lecteurs au courant des di-
verses phases de son développement.
— S’il faut en croire certains journaux,
on serait à la veille d’avoir une nouvelle
plante textile de premier mérite, et qui, as-
sure-t-on, présente des avantages supé-
rieurs à toutes celles connues jusqu’ici.
Cette espèce, dont on doit l’introduction en
Europe à M. Roezl, à qui déjà l’horticulture
doit tant, appartient au genre Laportea,
dont jusqu’à présent tout le mérite se bornait
à l’ornementation des serres chaudes. A
tous les points de vue, c’est donc une heu-
reuse exception. Voici ce qu’en dit M. Du-
charlre dans un des derniers numéros du
Journal de la Société centrale d'horticul-
ture de France, 1873, p. 120:
Nouvelle plante textile. Laportea pustu-
(1) V. Revue horticole, 1873, p. 121.
l‘i) Td., 1871, p. COI ; 1872, p. 222.
lata, Wedd. Il est fort question en ce moment
en Allemagne d’une nouvelle plante à fibres tex-
tiles, qui a été découverte par le voyageur-col-
lecteur B. Roezl, dans l’Amérique du Nord, sur
les monts Alleghanys, à l’altitude de 1 ,630 mètres
au dessus du niveau de la mer, c’est-à-dire à
une hauteur où les gelées de l’hiver sont aussi
rigoureuses que dans les environs de Berlin.
C’est une ürticée et, si l’on veut, une sorte
d’Orlie ou de Ramié. Son nom botanique est
Laportea pustntuta, Wedd. {Laportea cana-
densis, var. pastvlnta, UC., Piod.). D’après le
Polylechnisrhes Centralbtatt, le ministre d’agri-
culture de Prusse en avait acheté au voyageur
B. Roezl, il y a queh;ues années, plusieurs |deds,
grâce auxquels on a pu faire quelques essais de
culture. Cette plante se distingue de la généra-
lité des espèces textiles cultivées en Europe,
comme le Lin et le Chanvre, en ce qu’elle cons-
titue une herbe vivace qui repousse chaque an-
née, et qu’on peut multiplier facilement et rapi-
dement par division des pieds faite au printemps,
même par boutures de racines, de telle sorte
qu’on n’a pas besoin d’en faire chaque année de
nouveaux semis. En outre, on assure que la pré-
paration des fibres qu’on en obtient est beaucoup
moins pénible et moins coûteuse que pour le
Chanvre. Des essais de culture en ont été faits
simultanément dans le Jardin bolanitpie de Ber-
lin, dans les dépendances des trois Académies
d’agriculture de Prusse, et à l’Institut pomolo-
gique de Proskau. Le résultat n’en a été décidé-
ment avantageux qu’au Jardin botanique de
Berlin, où la plante a atteint la hauteur de plus
d’un mètre, tandis qu’ailleurs elle est restée
beaucoup plus basse. 11 paraît dès lors que la
culture en sera profitable uniquement dans les
terres légères, sableuses et mêlées d’humus. Les
liges qu’on en a obtenues au Jardin botanique de
Berlin ont permis de faire des expériences sur la
préparation des fibres de celte ürticée et sur
leurs qualités. Ces essais semblent faits pour
encourager à étendre la culture de cette plante.
Dans le Wurtemberg, dont le climat est déjà
beaucoup moins rigoureux qu’en Prusse, il est
probable qu’on pourra en faire deux coupes par
année, de manière à en obtenir un produit beau-
coup plus considérable. On n’est pas encore en-
tièrement fixé sur les qualités des fibres qu’on
en obtient ; cependant, l’examen un peu super-
ficiel qui en a été fait montre que l’emploi en
serait avantageux. Le développement de cette
plante est rapide, et il y a lieu de penser que,
dans les bonnes terres, elle deviendra très-
haute, de manière à donner beaucoup de fibres.
— Pour éloigner des arbres fruitiers les |
insectes qui, à l’époque de la floraison, per- ;
cent les jeunes ovaires pour y déposer leurs j
œufs, il sutfit, dit M. Denis {Revue de Var- I
horiculture, 1873, p. 218), (( d’asperger les !
arbres, au moment où les fleurs vont s’épa-
nouir, avec un liquide composé d’eau éten-
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN).
due de vinaigre, à la dose de 1 litre pour
9 litres d’eau. y> Ce procédé étant des plus
faciles, ne nécessitant pour ainsi dire au-
cune dépense, et ne pouvant non plus avoir
aucun inconvénient, on aurait tort de ne
pas l’essayer.
— Un des plus beaux et des plus forts
pieds de Phormium tenax variegata, et
dont nous avons déjà parlé dans ce recueil,
est celui qui, depuis plusieurs années, est
planté en pleine terre au Fleuriste de Paris.
Relativement à cette plante, nous avons reçu
la lettre suivante, que nous nous empres-
sons de publier :
Paris, le 41 juin 1873.
Monsieur,
Lors de vos trop rares visites au Fleuriste,
vous avez plusieurs fois remarqué le magnifique
Phormium tenox folLs variegatis qui se trouve
sur la pelouse à droite en entrant. J’ai le plaisir
de vous faire connaître que celte plante, peut-
être unique aujourd’hui à Paris, est sur le point
de fleurir; elle porte deux superbes hampes,
hautes l’une de 1»’ 75, l’autre de 1“ 40, qui pro-
mettent de donner beaucoup de fleurs.
J’ai pensé qu’il vous serait agréable d’être in-
formé de ce phénomène de végétation, pour le
cas où vous jugeriez bon d’en dire un mot dans
la Revue. C’est pourquoi je me suis permis de
vous écrire.
Agréez, etc. Drouet,
Conducteur principal, inspecteur du U>- arrondissement
des promenades et plantations.
Cette lettre, dont nous remercions l’au-
teur, M. Drouet, qui, comme on le sait, est
chargé de la direction du Fleuriste de Paris,
nous fait doublement plaisir : d’abord pour
nos lecteurs, à qui elle fait connaîti’e une
chose très- intéressante; pour nous, à cause
du reproche très - bienveillant que nous
adresse M. Drouet, et auquel nous sommes
tout particulièrement sensible.
— Le 6 septembre prochain, à l’occasion
de la 16® session du Congrès de la Société
pomologique de France, la Société d’horti-
culture de Marseille fera une exposition
burlicole des produits méditerranéens, con-
sistant en fruits, légumes, plantes de serre
et objets d’art et d’industrie horticole. Voici
un extrait du programme :
Prix d’honneur à la collection la plus com-
plète et la plus remarquable, contenant les fruits,
légumes, bouquets, plantes industrielles, plantes
marines et leurs produits ouvrés, récoltés dans
le bassin de la Méditerranée ;
A la collection la plus complète de fruits ré-
coltés sur le littoral rriéditerranéen ;
A la collection la plus complète et la plus re-
245
marquable de légumes récoltés dans les mêmes
contrées ;
A la plus belle collection de Raisins de table
ou de cuve ; ils devront être présentés sur sar-
ment ;
A la plus belle collection d’Orantiacées, Oran-
ges, Citrons, Cédrats, etc.;
A la plus belle collection de fruits divers, tels
que Dattes, Bananes, Ananas, Pistaches et tous
autres ;
Au meilleur fruit ou légume inconnu sur le
marché de Marseille;
A la plus bel.e collection d’Olives présentées
sur rameau;
Au plus beau bouquet.
Des diplômes d’honneur, médailles d’or de Re
et de 2® classe, de vermeil, d’argent de Re et
2e classe, et des médailles de bronze, seront
mis à la disposition du jury pour récompenser
les produits qui en seront jugés dignes.
Les personnes qui voudront prendre part
à cette exposition devront adresser une de-
mande franco à M. Sicard, président de
la commission du concours méditerranéen,
4, rue d’Arcole.
— Bien que d’une manière générale l’on
sache que le pollen des fleurs peut se con-
server plus ou moins longtemps lorsqu’on
le tient à l’abri de l’humidité, on n’a pour-
tant sur ce sujet que des renseignements
assez vagues; aussi est-il bon, croyons-nous,
lorsqu’on connaît des exemples précis, de
les indiquer. Le suivant nous paraît être
dans ce cas. Avec du pollen de Cerato-
zamia Mexicana, qu’il recueillit en 1807
dans les serres du Muséum, M. Houllet fé--
conda, en 1872, des fleurs femelles du Ce-
ratozamia Mexicana, qui, en 1873, don-
nèrent en très-grande quantité des fruits
drupacés, irrégulièrement oblongs arrondis,
obsolètement trigones, d’environ 3 centi-
mètres de longueur, et remplis d’une pulpe
consistante, brunâtre, entourant un noyau
à testa roux, très-dur. L’intérieur, parfaite-
ment plein , renfermait un embryon bien
développé et dans d’excellentes conditions
de germination.
— Parmi les espèces de Conifères récem-
ment introduites en France et qui y ont fruc-
tifié, nous pouvons citer le Pinus Masso-
niana, originaire du Japon. C’est à Brix,
près Valognes (Manche), que le fait s’est
probablement montré pour la première fois,
en 1870. L’individu qui a fructifié, haut de
près de 4 mètres, est vigoureux, bien ve-
nant, droit, raide, et, comme on dit, « tient
bien son bois. » Tout semble faire espérer
246
l’horticulture a l’exposition universelle de vienne.
qu’on aura dans cet arbre une sorte fores-
tière. Une partie des graines étaient fer-
tiles, et M. Herpin de Frémont, chez qui ce
fait s’est produit, possède un certain nombre
de jeunes sujets qui en sont issus.
— Notre collègue, M. Lachaume', arbori-
culteur cà Vitry-sur-Seine, nous a écrit pour
nous faire part de quelques observations
qui nous paraissent de nature à jeter quel-
que lumière sur des questions de physio-
logie végétale fort importantes, et que nous
croyons dignes d’ètre connues. Voici sa
lettre :
Vitry, 26 mni 1873.
Mon cher Monsieur Carrière,
Je suis allé hier à Paris pour vous donner une
poignée de main, et en même temps pour vous
faire part de quelques observations sur des faits
de végétation qui se sont produits ce printemps :
D’abord, sur les Poiriers P)eurré d’Ardenpont,
dont la floraison, au lieu d’être continue, s’est
elfectuée en deux fois, à un intervalle de vingt
jours; puis relativement aux Poiriers beurré
Diel, Curé et Cuisse-Madame, qui, dans beau-
coup d’endroits, ont produit des fleurs doubles.
Ces faits, du reste, que j’avais déjà observés, con-
firment complètement vos dires au sujet de la
variabilité de l’espèce. Je vous citerai encore des
fleurs de Poiriers dont la moitié des pétales,
transformée en feuilles, avaient pris un dévelop-
pement de 3 centimètres; enfin, beaucoup de
Poiriers qui ont conservé les pétales au sommet
du calice.
J’ai aussi observé dans un jardin de Vitry huit
variétés de Giroflées communes ou Ravenelles, à
fleurs doubles, qui toutes produisent des graines.
Sur la quantité, il y a des plantes dont les
feuilles, par leur ampleur, ont beaucoup d’ana-
logie avec les Giroflées Quarantaines. Voici,
d’une manière générale, l’indication sommaire
de ces variétés : pourpre foncé ; jaune liseré de
pourpre ; marron ; chocolat, feuilles très-larges ;
jaune à onglet pourpre; fleurs grandes, pour-
pres, rameau florifère très-long ; fleurs très-
foncées, feuilles cloquées, d’un vert noir ; jaune
citron et pourpre.
Toutes ces variétés proviennent d'im seul
pied, sur lequel on a récolté les graines en 1872,
et qui était à fleurs doubles.
Agréez, etc. Jean Lachaume,
L’HORTICULTURE A L’EXPOSITI
Vienne, le 30 mars 1873. |
La capitale de l’empire autrichien prend i
de jour en jour une physionomie plus cos- 1
mopolite. Pour s’en convaincre, on n’a qu’à |
faire une promenade à la Ringstrasse, au |
— Dans la Revue de V arboriculture (nu-
méro de mai 1873), nous trouvons, entre
autres choses, trois Poires nouvelles du
Bordelais, signalées et décrites par M. Glady.
Ce sont : Jules Gêrond, qui « mûrit à Bor-
deaux de la fin d’octobre au 20 novembre : »
Précoce de Tivoli, qui, « moins bonne que
le Beurré Giffard, mûrit en même temps,
mais qui ne blétit pas; » Doyenné Bouy-
rou, qui c( mûrit à Bordeaux du 10 au
15 juillet, à peu près comme le Beurré Gif-
‘ fard, » et qui, comme lui, « doit être entre-
cueilli. »
— Que vont dire les défenseurs des !
étourneaux en lisant l’article suivant, que .
nous trouvons dans ce même numéro de la
Revue de V arhoricidture 2
M. Oberdieck se demande si l’étourneau, con-
sidéré généralement comme un oiseau utile parce
qu’il se nourrit d’un grand nombre de larves et
insectes, n’a pas une réputation usurpée. Il dit
que dans les grandes plantations de Cerisiers, il
fait plus de tort que le moineau même, parce
qu’il mange les Cerises dès qu’elles commencent
à rougir, et que s’il s’abat par bandes de dix à
cinquante, quelquefois cent, sur des Cerisiers, il
les a bientôt dépouillés. Sur trente gros arbres
qui lui promettaient une bonne récolte, il n’a
pas obtenu 2 kilog. de Cerises ayant atteint leur
parfaite maturité ; et bien que journellement il ||
tirât sur ces bandes, lorsqu’il parvenait à en [
éloigner une, d’autres revenaient. — A l’automne
dernier, cet oiseau a causé des dommages assez
considérables dans les Vignes de nos contrées. [
Dans beaucoup d’endroits, on a dû vendanger
avant la parfaite maturité, pour soustraire à |
leur voracité la très-petite récolte qu’avaient f
épargnée les gelées de décembre 1871. j
Malgré que le fait dont il vient d’être |
question soit bien constaté par la pratique, |p
nous ne serions pas surpris que les défen- !| ■
seurs officiels de c( l’harmonie de la créa-
tion » n’en persistassent pas moins à soute-
nir que l’étourneau est un oiseau utile. Ils i
en ont dit de plus fortes. \
E.-A. Carrière. j ,
I
)N UNIVERSELLE DE VIENNE ^ |
Craben, dans le Jagerzeile et au Prater, |
pour entendre toutes sortes d’idiomes con- j
nus ou inconnus que parlent une foule de |
types étrangers. Japonais ou Égyptiens, et |
enfin de toutes les parties du monde. C’e.st j
un indice de l’approche de l’ouverture de |
l’Exposition. ^
<1) Extrait de la Belgique horticole.
l’houticulture a l’exposition universelle de vienne.
- Le printemps a ramené la Violette à la
boutonnière des promeneurs élégants. La
ville verra sous peu circuler clans ses rues
une affluence considérable d’étrangers; les
voitures publiques et les tramways (ornni-
bus américains) ne suffiront plus pour le
transport des visiteurs, car, à l’heure qu’il
est, il est déjà difficile de se procurer des
places dans les voitures publiques.
Il paraît que la Compagnie générale des
omnibus de Paris a proposé à la direction
générale de l’Exposition de venir renforcer
les moyens de transport des visiteurs en en-
voyant à Vienne, pour la durée de l’Exposi-
tion, des voitures de conslruclion nouvelle
avec impériale couverte ; les omnibus pari-
siens adopteront la taxe viennoise, et feront
le trajet de la place Schiller à l’Exposition.
11 y aura aussi des trains de plaisir pour
visiter les environs de Vienne, qui ofïrent
en beaucoup d’endroits de fort beaux sites.
A Nussdorf, on fait l’ascension du Kah-
lenherg et du Leopoldsberg, du sommet
I desquels on découvre une magnifique vue
panoramique sur la ville de Vienne, le Da-
nube et les îlots du Prater.
A Dornbarch, il y a un parc superbe et
' des promenades très-courues en été.
A Schonbrunn (le Versailles de Vienne)
se trouve le palais d’été de l’empereur; il
faut une heure en tramway pour y arriver;
là, on trouve des sites merveilleux, un ma-
gnifique palais, un grand parc, d’immenses
forêts et une des plus belles chasses con-
I nues des serres et des collections nom-
breuses de plantes tropicales, visitées l’été
;par une affluence considérable de prome-
neurs.
Baden, sur le chemin de fer du sud, pos-
sède une station thermale. Par la même
voie on se rend au Sommering, qui offre
l’aspect du Righi, où l’on voit de merveil-
leux travaux d’art; des trains de plaisir,
aller et retour en un jour, y conduisent en
I été.
La ville de Vienne est aujourd’hui l’une
des plus peuplées, des plus élégantes et des
^ plus animées de l’Europe; les tramways en
'f sillonnent les principales artères. Les prin-
-- cipaux jardins publics sont : le Volkagarten,
‘ le Stadtpark, le Augarten et le Prater.
Le Volkagarten est le jardin du peuple ;
' on y entend les concerts de Strauss tous les
I soirs en été ; ce jardin est fréquenté par le
naeilleur monde.
Le Stadtpark (Stuben Ring) est un jardin
admirablement dessiné avec pièce d’eau et
bosquets d’arbres d’un très-bel effet; ce
247
jardin est le lieu de rendez-vous de la bour-
geoisie viennoise.
Le Augarten, situé à Léopoldstadt, n’est
pas très-fréquenté.
Enfin le Prater (le bois de Boulogne de
Vienne), au milieu duquel se trouve le pa-
lais de l’Exposition, est la plus belle prome-
nade de la ville, d’une immense étendue et
renfermant une végétation vigoureuse avec
de nombreux bosquets d’arbres plusieurs
fois séculaires.
Trois allées principales, parlant du Pra-
terstrasse (Léopoldstadt), divergent, la pre-
mière à droite, conduisant au Champ de
courses, la seconde, celle du milieu, me-
nant à l’extrémité du centre du Prater, et
la troisième, celle de gauche, conduit vers
le Danube.
La première avenue à droite est plantée
de beaux arbres, avec route séparée pour
les piétons, les cavaliers et les voitures;
cette avenue est fréquentée par les équi-
pages du beau monde et les élégants de la
ville.
La seconde, celle du milieu, est le lieu
de la promenade du peuple curieux ; on y
trouve de nombreux cafés, des brasseries et
des jeux de toute sorte, comme aux Champs-
Elysées de Paris. Cette avenue est la plus
curieuse du Prater à cause de son animation
et son caractère original.
La troisième avenue, celle de gauche,
conduit au Danube ; cette partie du Prater
est sauvage et offre de délicieux paysages.
Le palais de l’Exposition uni\erselle se
trouve situé entre l’allée de droite et celle
du milieu, à un kilomètre des trois entrées
principales du Prater, formant une série
d’arcades au-dessous desquelles on entre
sous les avenues du Prater, tandis qu’au -
dessus passent les trains du chemin de fer
de ceinture.
Le palais est situé au milieu d’un im-
mense jardin, non encore terminé, entouré
de palissades dans le genre de celles qui
entouraient le Champ-de-Mars à l’Exposi-
tion universelle de Paris, en 1867.
Du côté de l’avenue du milieu se trouvent
les halles aux machines et pour les produits
de l’agriculture ; vers l’avenue de droite se
trouvent, à côté des minarets égyptiens, une
grande serre, presque complètement montée,
et autour de laquelle pullulent des jardiniers
bohémiens sous la direction de M. Maly
(hofgartner). C’est là qu’aura lieu l’exposi-
tion d’horticulture, entourée de magnifiques
bosquets d’arbres gigantesques au-dessous
desquels se trouvent déjà des arbres frui-
“248
LONICERA LONGIFLORA.
tiers en jauge, des Conifères, des arbres à
feuilles caduques et persistantes appartenant
à des exposants particuliers, pour figurer
sans doute dans le jardin d’horticulture.
Des jardiniers japonais, sous la direction
de M. Isuda Senya, déballent des arbris-
seaux et arbustes japonais qu’ils ont appor-
tés de leur pays.
La Commission japonaise, composée de
17 membres, 4 Européens, parmi lesquels
le fils de feu le Di" von Siebold, et 40 ou-
vriers japonais, est une des mieux organi-
sées et des mieux rétribuées. Le Mikado
leur a ouvert un crédit de 500,000 dollars.
Le catalogue japonais est déjà imprimé; il
en est de même d’un splendide catalogue
illustré qui renferme toutes les données les
plus exactes sur l’hisfoire du pays, la fa-
mille impériale, la population, l’administra-
tion, l’armée, les finances, etc.
Des piles de florins autrichiens recouvrent
la table du secrétariat-général, et les mem-
bres de la Commission japonaise se paient
des voitures à 20 florins par jour. Le prix
des voitures publiques est trop élevé à
Vienne, et beaucoup de membres des autres
commissions étrangères ou européennes ne
reçoivent pas de leur gouvernement, pour
leurs frais généraux, ce que les Japonais re-
çoivent pour leurs voitures.
Dans la galerie égyptienne, on procède au
déballage des produits de l'horticulture et
LONICERA :
Cette espèce, l’une des plus précieuses
pour l’ornement à cause de sa vigueur, de
sa rusticité et de la persistance de ses
feuilles, est encore, malgré tous ces avan-
tages, très-peu répandue ; nous ajoutons
qu’elle est mal connue, que partout où elle
existe on lui donne une fausse dénomina-
tion, celle de Lonicera brachypoda, espèce
décrite par De Candolle, qui diffère com -
plètement du L. longiflora^ puisqu’elle
forme un petit arbuste à feuilles caduques,
qui rentre dans le groupe des Lonicera Ta-
tarica, tandis que l’espèce qui nous occupe
est excessivement volubile, à feuilles per-
sistantes, très-vigoureuse, pouvant s’élever
sur des supports jusqu’à 6 mètres et plus
de hauteur. Du reste, on peut juger de la
différence qui existe entre ces deux plantes,
tant par ce qui précède que par les descrip-
tions que nous allons en donner.
Lonicera longiflora, DC. Arbuste très-
vigoureux, à rameaux fortement volubiles,
de l’agriculture; les produits les plus re-
marquables de l’exposition égyptienne sont:
les céréales, les colons et tous les textiles,
les légumineuses alimentaires, les plantes
saccharines, les fourrages, les plantes pota-
gères et des tubercules alimentaires, parmi
lesquels des patates douces de J5 kilo-
grammes. Les Palmiers Doum {Hyphœne
thebaïca) et le Dattier chargé de ses fruits
abondants, des roseaux gigantesques de
20 mètres de hauteur; les produits des
plantes oléagineuses tinctoriales, odorifé- \
rantes, papyiifères, avec leurs plantes et
leurs graines, les Tabacs, les arbres et
plantes d’ornement, etc. Des collections de i
coupes d’arbres de la vallée du Nil jusqu’en
Abyssinie et au Soudan, dont un tronc co-
lossal formé de racines adventives du Fi- |
guier des pagodes (Ficus bengalensis). [
L’exposition particulière, ou le parc égyp- j
tien, qui se trouve à côté de l’exposition |
d’horticulture et du parc japonais, com- j
prend : deux mosquées avec les minarets; j
la reproduction du tombeau de Beni-Has- j
san ; une maison égyptienne avec jardin, et i
une métairie arabe avec pigeonnier, moulin '
à farine, écuries et tous les instruments em-
ployés à l’horticulture et à l’agriculture |
dans la vallée du Nil.
G. Delchevalerie,
Membre de la Comniission écfyptit'nne chargé I
de la partie agricole et lioriicole. I
,0NGIFL0RA
pouvant atteindre 6-8 mètres, parfois plus, i
de hauteur. Feuilles persistantes, la plupart
longuement ovales, atténuées, arrondies au !
sommet, glabres ou à peine légèrement ve- j
lues lorsqu’elles sont très-jeunes; les au-
tres, plus rares, plus ou moins profondé- i
ment incisées, parfois presque peciinées, I
placées sur des ramifications particulières, |
ou mélangées sur les mêmes rameaux avec
des feuilles entières. Fleurs très-longues, !
arquées, à divisions inégales, d’abord rose î
violacé extérieurement, blanches à Tinté- j
rieur, ensuite presque complètement jau-
nes, très-odorantes ; en un mot, assez sem- j
blables à celles du L. sinensis, dont le L. j
longiflora pourrait bien être une forme.
Nous ne sommes pas éloigné de croire que 1
le L. heterophylla, Dcne (in Jacquem.,
Int., p. 80, t. 88), soit synonyme du L. Ion- |
giflora.
Lonicera brac]njpoda,'Pyr. DC. (Prodr.,
4, p. 335) : cc Tige droite, rameuse, à ra-
BIBLIOGHAPHIE. —
meaux étalés, très-velus. Feuilles «ovales,
oblongues, aiguës, courtement péliolées,
glabres; pétiole villeux, à nervures pubes-
centes. Fleurs subsessiles, peu nombreuses.
Baie globuleuse, glabre. Japon. » DG., l. c.
De ces descriptions, il résulte que l’es-
pèce qui fait l’objet de cette note, le L. lon-
giflora, est complètement différente du L.
brachypoda, avec lequel on persiste à le
149
confondre, même dans les Écoles de bota-
nique.
Le L. longiflora, DG., est très-voisin des
L. chinemis, Wats., et L. confusa^ DG.;
mais au point de vue de l’ornement, il leur
est bien préférable à cause de sa grande rus-
ticité. Nous le recommandons tout particu-
lièrement à nos lecteurs.
E.-A. Carrière.
EXPOSITION d’horticulture A LAGNY.
BIBLIOGRAPHIE
• Dans une précédente chronique (2), en
informant nos lecteurs que la première
partie du Dictionnaire de pomologie (t. III,
Pommes, A-L) était parue, nous prenions
l’engagement de revenir sur cet important
ouvrage aussitôt qu’il serait complet, ce que
nous sommes toujours dans l’intention de
faire. Bien que paru depuis peu de temps,
ce livre s’est déjà vendu en quantité consi-
dérable, ce qui toutefois n’a pas lieu de sur-
prendre, au contraire. En attendant la
seconde partie, qui, nous assure-t-on, pa-
raîtra prochainement, nous croyons devoir
reproduire un article qui a été publié dans la
Belgique horticole (1873, p. 105). Le voici :
(( On sait que M. André Leroy, le grand
I pépiniériste d’Angers, a entrepris la publi-
cation d’un vaste dictionnaire de pomologie.
Les deux premiers volumes, publiés il y a
quelques années, et que nous avons signa-
lés, concernent le Poirier. Dans le nouveau
volume qui vient de paraître, M. A. Leroy
traite du Pommier.
« C’est une œuvre considérable, destinée
à instruire et à éclairer tous ceux qui s’in-
téressent au jardin fruitier ; elle comprend
riiisloire complète, accompagnée d’une gra-
■ vure au trait, de 550 variétés de Pommes,
auxquelles 1,880 noms ont été appliqués.
Le premier chapitre traite de l’histoire du
Pommier et commence, on se l’imagine sans
peine, par la légende du Pommier de l’Éden :
E Malo nascitur omne malum ! Viennent
\ ensuite les variétés cultivées chez les Grecs,
'y chez les Romains, les variétés cultivées en
! Italie au XV® siècle; en France, depuis
j Char lernape jusqu’à Louis XIII; l’histoire
du Pommier dans les temps modernes. Le
deuxième chapitre a pour sujet la culture
du Pommier. Dans le troisième, l’auteur
s’occupe des usages et des propriétés du
fruit et du bois.
« Cette introduction est remarquable par
les renseignements littéraires, linguistiques
et historiques dont elle est composée. Elle
est relativement fort courte, tant elle est
remplie d’érudition et libre de toute phrase
inutile. Elle est fort agréable à lire, parce
qu’elle est émaillée d’anecdotes et de traits
piquants. On y trouve des documents iné-
dits et des observations ingénieuses.
« L’ouvrage proprement dit comprend la
description et l’histoire des variétés du
Pommier; elles sont disposées par ordre al-
phabétique. Pour chaque variété, M. Leroy
donne : les synonymes, la silhouette, la des-
cription de l’arbre, la description du fruit,
l’historique, et des observations.
« Les questions qui concernent les noms
et les origines des fruits sont traitées avec
beaucoup de talent et de manière à attacher
le lecteur; par exemple, aux mots Calle-
ville, qu’il faut orthographier comme nous
venons de le faire, et non Calville, comme
on a coutume de l’écrire; les court-pendus
et beaucoup d’autres.
« Tout le monde connaît la compétence
de M. André Leroy en matière d’arboricul-
ture et de pomologie. Son dictionnaire, dont
la suite était attendue avec impalience, est
une bonne fortune pour ceux qui veulent
s’instruire; c’est une œuvre considérable,
et M. Leroy n’a rien épargné pour la rendre
parfaite : elle est écrite tout entière au point
de vue de l’homme du monde et du praticien.
« Ed. Morren. >
EXPOSITION D’HORTICULTURE A LAGNY
La Société d’horticulture de l’arrondisse-
(1) Un volume très-grand in-octavo de 444 pages
et 258 figures au trait. — A Angers, chez l’auteur,
et dans les principales librairies horticoles et agri-
coles.
ment de Meaux a, cette année, fait son ex-
position à Lagny les et 2 juin.
Peu de personnes, hélas ! ont répondu à
(2) Revue horticole, 1873, p. 164.
EXPOSITION d’horticulture a lagny.
^250
J’appel de M. le baron d’Avène, Vhonorable ]
président de cette société. Si l’on joint à
cette abstention l’inclémence du temps^ on
pourra se faire une idée de la tristesse[^que
semblait présenter cette fête florale.
De tout temps, c’est-à-dire depuis vingt
ans que la Société d’horticulture de Meaux
existe et fait des expositions, nous n’avions
eu à constater chaque année que des pro-
grès, et dernièrement encore, au mois de
septembre 1871, alors que les soudards
d’outre-Rhin cédaient la place à notre ar-
mée, cette société, montrant l’exemple, ou-
vrait à Meaux (1) une exposition pomolo-
gique à laquelle nous avons applaudi de
toutes nos forces. A quoi donc doit-on at-
tribuer ces nombreuses abstentions ? Est-ce
que les horticulteurs et maraîchers du riche
et fertile arrondissement de Meaux auraient
perdu le feu sacré, ou bien serait-ce par
suite de taquineries intestines? Il me ré-
pugne de croire à ces choses ; j’aime mieux
voir là une cause d’amour-propre, que,
n’ayant pas de produits aussi beaux qu’ils
avaient espéré les avoir, ils ont préféré ne
pas les montrer. A mon avis, c’est un tort.
J’aime à croire qu’à l’avenir il n’en sera
plus ainsi, et que ces messieurs n’oublieront
pas que pendant quinze ans ils nous ont
montré les produits d’une science dont ils
avaient la plus grande expérience, et qu’ils
ont ainsi préparé, assuré même les pro-
grès horticoles les plus sérieux.
Ce n’est donc pas le moment de s’abste-
nir ; il faut, au contraire, suivre à grands
pas la route du progrès.
L’exposition qui nous occupe a eu lieu
sous une tente dressée tout exprès sur la
place d’Armes.
Un jardin anglais avait été dessiné sous
cette tente, et de nombreuses corbeilles
étaient dispersées sur les pelouses.
Elles étaient occupées en grande partie
j.ar les belles collections de M. Louis Colin,
jardinier chez M. Ménier, à Noisiel. Ce jeune
jardinier ne peut que prospérer dans l’art
liofticole, en recevant l’impulsion d’un
amateur aussi distingué qu’est M. Ménier.
Parmi les plantes exposées par M. Colin,
citons les genres Latania, Maranta, Dra-
cœna, Bégonia et Caladium. Nous avons
remarqué en outre ses belles collections
d’Azalées indiennes, de Géraniums zonales
et de Gloxinias. Sur les pelouses étaient
disséminés de forts spécimens en bacs de
Latania horhonica^ Pandanus utilis et
(1) Voir Revue horticole, 187 1, p. 4Gl .
Azalées de l’Inde élevées en pyramide, qui
rappelaient assez bien les jolies plantes de
ce genre exposées en tl867 au Ghamp-de-
Mars par M. Veitch, de Londres.
Toutes ces collections et plantes isolées
sont bien cultivées, et prouvent en faveur
de leur présentateur. i
M. Roué, jardinier chez M. Ledoux, au
château de Vaires, présentait un lot de
plantes de serre chaude, parmi lesquelles je
citerai : les Latania horhonica, Pandanus i
utilis^ Pteris argentea, les Maranta ze-
brina et Van Houttei, Phoenix dactyli- f
fera, etc.; plus, cinq beaux exemplaires de
Fuchsias à tiges de 2 à 3 mètres de hau-
teur, élevés en pyramides, et de forts Pé-
largonium zonale d’une culture très-bien
entendue. Ces divers apports dénotent une î
grande habileté de ce jardinier, qui est
passé maître dans son art.
Les Roses, ces reines classiques de nos
jardins, n’étaient représentées que par le
lot de M. Pichou, horticulteur à Lagny, et
qui a négligé de les étiqueter.
Un ouvrier typographe de Lagny, dont je
regrette de n’avoir pu connaître le nom, ‘
exposait une collection de Géranium zo-
nale. Nous le félicitons de consacrer ses
loisirs à l’horticulture ; ceci est d’un bon j
exemple. Il a compris que dans ces exposi- |
tions, à côté d’un enseignement scientifique,
se trouve l’élément moralisateur. |
Enfin, nous avons admiré les belles Pen- j
sées de M. Ratillard, de Boulogne, et les j
bouquets à la main de M. Lefrançois, de j
Meaux. j
M. Lesseur, horticulteur à Lagny, est le !
seul maraîcher qui ait présenté un lot de i
légumes. Mais pourquoi ses collègues se k
sont-ils abstenus? Venaient ensuite les beaux |.-
Choux-Fleurs de M. Loisel, jardinier chez !■
M. Gavé; puis les colossales Asperges de j
M. Collas, d’Argenteuil. ^
Parmi les objets d’art et d’industrie hor-
ticoles, nous avons remarqué une nouvelle
serpette à virole avec arrêt, qui est très- '
recommandable, et dont M.'Barth, coutelier p
à Lagny, est l’inventeur. Le même exposant jj
présentait une serpette d’amateur, dont une i
scie et deux greffoirs se dissimulent dans j
le manche. C’est un objet dont les ama- |
teurs reconnaîtront bientôt l’incontestable |
utilité. I
En résumé, l’exposition de Lagny n’a pas j
répondu à ce qu’on était en droit d’attendre i *
d’elle. Il faut plus d’émulation de la part
des horticulteurs et des jardiniers ; aussi,
nous espérons bien que la revanche aura <
i
Chr'Gnzolith G: Sever^ej^yis .
/ior'fu\>/<' .
Hioc7-eitJcy. dcZ .
S‘f ///>/('( T 'Ht dans
251
SALVIA RUTILANS. — QUELQUES ARRIVES REMARQUABLES
lieu l’année prochaine. Il suffit pour cela l’exposition de septembre 1871, et qui sont:
qu’ils se rappellent les paroles prononcées union, travail, progrès.
par leur honorable président à la suite de y Japlot
SALVIA RUTILANS
Les recherches que nous avons faites pour
découvrir le nom de cette espèce ayant été
vaines, et, d’une autre part, l’ayant vu cul-
tivée dans quelques maisons bourgeoises,
où l’on en tire un très-bon parti comme
plante décorative pour orner les serres tem-
pérées à l’arrière-saison et môme pendant
une partie de l’hiver, nous avons cru devoir
la faire figurer et lui donner un nom, afin
d’en faciliter la vulgarisation. E!n voici les
caractères : tiges nombreuses, ramifiées,
atteignant 80 centimètres à 1 mètre 20 cen-
timètres de hauteur, mais pouvant être
maintenues beaucoup plus basses à l’aide
du pincement, quadrangulaires, largement
sillonnées sur chaque face, vivaces ou à
peine sous-frutescentes, comme feutrées par
de nombreux poils blanchâtres très-courts.
Feuilles longuement ovales-lanciformes, ar-
rondies et légèrement échancrées à la base,
très-longuement et régulièrement acumi-
nées en pointe au sommet, molles et douces
au toucher par un tomentum court abon-
dant, portées sur un petiole gros, arrondi,
villeux, long de 6 à 10 centimètres. Fleurs
nombreuses, d’un rouge écarlate très-bril-
lant, disposées en racèmes spiciformes à
l’extrémité des ramifications.
Cette espèce, qui fleurit dès le mois d’oc-
tobre, et dont la floraison se succède pen-
dant une grande partie de l’hiver, peut être
d’un grand secours pour l’ornementation des
serres tempérées pendant toute cette saison
où, en général, les fleurs n’abondent pas;
elle est très-vigoureuse, rustique et pousse
parfaitement dans tous les sols, pourvu
qu’ils soient légers et un peu chauds. Les
jeunes plantes seront cultivées dans une
terre franche mélangée de terreau, à la-
quelle on pourra ajouter un peu de vieille
terre de bruyère; quant aux vieilles, on
pourra les mettre en pleine terre ordinaire
dès que les froids ne seront plus à craindre.
Les pieds que l’on destine à l’ornementation
d’hiver devront être plantés en plein air,
à bonne exposition, mais surtout très-aérée,
dans un sol préparé et ameubli; pendant
l’été on donnera des arrosages s’il en est
besoin, et l’on en pincera les parties très-
vigoureuses, de manière à former des
plantes de forme régulière et trapues; on
les relèvera de la pleine terre pour les mettre
en pots que l’on rentrera dans une serre
tempérée, en ayant soin de ne pas les lais-
ser manquer d’eau, dont elles sont très-
avides. La multiplication se fait par bou-
tures, qui reprennent avec la plus grande
facilité. On peut se procurer le Salvia ru-
titans chez MM. Thibaut et Keteleer, horti-
culteurs à Sceaux. E.-A. Carrière.
QUELQUES ARBRES REMARQUABLES
Dans le règne végétal, rien ne frappe plus
l’esprit que la vue d’un vieil arbre aux pro-
portions gigantesques, dont l’origine se perd
dans la nuit des temps.
Qui n’a dans le cours de sa vie reporté sa
pensée sur l’Orme ou le Chêne du hameau?
Que de souvenirs rappellent ces Châtai-
gniers, ces Platanes, pour la plupart plan-
tés au milieu de la place du village, en face
de l’église! Cet emplacement fut, dit-on,
fixé par une ordonnance de Sully en 1605,
qui voulait que chaque commune eût « son
Orme. » C’était le rendez-vous de tous les
habitants qui venaient à la Saint-Jean et à
la Saint-Martin payer les redevances dues
aux seigneurs. Le plus souvent les mau-
vais payeurs avaient soin d’éviter l’arbre ;
c’est de là qu’est venu ce dicton : « Atten-
dez-moi sous l’Orme. » Beaucoup de ces
arbres subsistent encore et ont atteint des
dimensions colossales. L’Orme de l’établis-
sement des sourds et muets, à Paris, date
de cette époque. Il a 30 mètres de hauteur
et 5 mètres de circonférence au niveau du
sol. Tous les ans il est couvert de feuilles,
et présente une masse ronde parfaitement
régulière qui, vue des hauteurs de Paris, le
fait prendre pour un dôme des monuments
de la capitale.
Mais les Ormes ne sont pas les seuls : ils
ont des rivaux dans le Chêne, le Platane,
l’If, certains Figuiers, les Cèdres, etc.
Parmi les arbres les plus remarquables,
on cite en France le Chêne d'Allouville
-25^2
QUELQUES ARBRES REMARQUABLES.
(Quercus pediinculata) (1), ea Norman- 1
die.
La même espèce se remarque dans le
Chêne de Monlravail, près Sdnles. Situé j
aujourd’hui dans un vieux manoir, il faisait j
autrefois partie des forêts de la Saintonge. j
Une salle de 4 mètres de diamètre sur j
3 mètres de hauteur est pratiquée dans l’in- |
térieur de son tronc. Elle est complétée d’un |
banc circulaire taillé en plein bois, sur le-
quel douze personnes peuvent s’asseoir.
Enfin, une poite et une fenêtre découpées
dans l’écorce terminent cette chambre. On
le dit âgé d’environ 2,000 ans. Mesuré à
l’extérieur, à 1 mètre de hauteur, il donne
près de 7 mètres de circonférence; du sol
au-dessous des branches, 7 mètres; hauteur
totale de l’arbre, 20 mètres. Son feuillage
est tous les ans frais et abondant.
Le Chêne d'Antein, dans la forêt de Sé-
nart, dont le feuillage couvre 27 mètres car-
rés, et aux branches duquel, dit-on, l’on
pendait au moyen âge. Son tronc a 5'^ 20
de circonférence, et du sol aux premières
branches on compte 2‘" 50.
Dans le département du Var, l’Orme de
Brignolles, dont la célébrité remonte au
XV‘' siècle. Dans l’intérieur du tronc, main-
tenant muré, logeait jadis une famille en-
tière. Une de ses branches, ayant acquis
beaucoup de vigueur, allait céder sous son
propre poids, lorsque la municipalité du
lieu lui donna comme soutien une colonne
en pierre haute de 2 mètres. Il peut encore,
de son ombrage, couvrir plus de quarante
personnes.
Parmi les Châtaigniers se distingue celui
dit d^Ésau, en Dauphiné : I l à 12 mètres
de circonférence pour son tronc ; à hauteur
d’homme, 9 mèlr-es, et une hauteur de
12 mètres. Malgré sa décrépitude, il donne
tous les ans une abondante récolte de Châ-
taignes.
Dans l’Indre, Vif de la Motte-Feuilly,
dont le tronc mesure 8 mètres de tour et 15
de hauteur; l’ombre qu’il porte a une éten-
due de 22 mètres. C’est à son pied que vin-
rent se reposer, vers 1500, des fatigues de
la cour, Charlotte d’Albret et Jeanne de
France.
Dans le Finistère, pas loin de la mer, le
Figuier de Roscoff {Ficus carica), situé
dans le jardin dit enclos des Capucins. Le
terrain couvert par ses branches (environ
100 mètres de circonférence) peut contenir
plusieurs centaines de personnes. Çà et là
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 72.
des piliers en pierre, et même des pans de
mur, ont été élevés pour soutenir ses bran-
ches. Sa hauteur est de 20 mètres, et son
tronc a 6‘“ 50 de diamètre.
La Suisse offre de nombreux exemples
d’arbres monstrueux. Tous les bords du lac
de Genève en sont parsemés. Un des plus
visités par les touristes à cause de son port
pittoresque est le Châtaignier de Neuve-
Celle, près des eaux minérales d’Évian. Son
tronc, à hauteur d’homme, mesure 5 mètres
de diamètre.
Non loin de Genève existe le Cèdre de
Beaulieu {Cedrus Liban!), planté en 1735,
dont la hauteur dépasse aujourd’hui 30 mè-
tres. A sa base, il a 5 mètres de circonfé-
rence, et ses branches s’étendent sur une
superficie de 20 mètres de diamètre.
Sans quitter la Suisse, notons encore
V Érable de Irons {Acer pseudo-plat anus),
dans le canton des Grisons. Son âge dépasse
600 ans. Son tronc, qui a pr ès de 10 mètres
de tour, est soutenu par un mur et par de
nombreux cercles de fer.
En Allemagne, dans le royaume de Wur-
temberg, le célèbre Tilleul de Neustadt,
Les branches forment une circonférence de
133 mètres, et sont appuyées sur 106 co-
lonnes de pierre. Les deux principales por-
tent les armoiries du duc Christophe de
Wurtemberg, à la date de 1558. Sur les
autres colonnes se lisent les noms de ceux
qui les ont fait élever. Ce Tilleul se divisait
en deux grosses branches : l’une atteint une
longueur de 35 mètres, mais l’autre fut
brisée par le vent en 1773.
Eu Sicile, le fameux Châtaignier de
VEtna, aussi nommé le Châtaignier des
Cent-Chevaux {Castagnodi Cento Cavalli),
dont l’âge est indéterminable. L’on voyait
autrefois une large ouverture dans son tronc,
où deux voitures, dit-on, pouvaient passer
de front. Aujourd’hui s’y trouve une cabane
avec un four pour la cuisson des Châtaignes.
La base de la tige mesure près de 15 mètres
de circonférence ; sa hauteur totale est de
18 mètres.
L’Asie n’est pas moins riche en végé-
taux d’une rare longévité : le Platane de
Smgrne {Platanus orientcdis) est généra-
lement désigné comme un des plus curieux.
Dans les environs de Smyrne, sur le bord
d’une route, l’on voit ce vieux Platane, dont
la base, partagée en deux parties, forme
une voûte de 5 mètres de hauteur, sous la-
quelle peuvent passer facilement deux ca-
valiers. Les branches ne sont qu’à 7 mètres
du sol.
QUELQUES ARBRES REMARQUABLES.
-253
Auprès de Bosphore est situé le Platane
de Bajucjdéré, connu également sous le
nom de Platane de Godefroy de Bouillon,
parce qu’on prétend que ce dernier s’arrêta
sous son ombrage avec son armée, en 1097,
avant de continuer sa roule vers Jérusalem.
11 a l’aspect d’un seul arbre; mais, après
inspection, on reconnaît qu’il est formé de
neuf individus soudés entre eux et divisés
en trois groupes. L’un, composé de deux
Platanes, a 11 mètres de circonférence,
l’autre 6, et le dernier, formé par six troncs
réunis, mesure 24 mètres. Le premier et le
dernier groupe ont été creusés par le feu et
peuvent loger huit à dix personnes. La hau-
teur de ce massif d’arbres est de 60 mètres ;
la projection de la cime sur le sol donne
112 mètres de pourtour. Il est âgé de plus
de 600 ans. Théophile Gauthier, qui l’a vi-
sité, l’appelait à juste litre « une forêt. »
Traversons l’Archipel, et nous rencontre-
rons encore un Platane : le Platane de Vile
de Cos. Il s’élève au centre de la ville, et
est l’objet d’un culte de la part des habi-
tants. Ses branches, un peu affaissées, sont
retenues par des colonnes de mar bre ou de
granit. La base de son tronc a 7 mètres de
pourtour ; elle est circonscrite par un mur
de 2 mètres de hauteur. Les habitants y
viennei)t chercher de la fraîcheur, et puiser
de l’eau à une fontaine placée non loin de là.
• En Dalmatie, au bord de la mer, le Pla-
tane de Cannosa {Platanus orientalis),
près du village du même nom. Ses dimen-
sions sont : à 1 mètre du sol, 9 mètres de
pourtour; hauteur, 36 mètres. Une de ses
branches compte 2“^ 80 de circonférence.
La surface couverte par la cime est de
2 ares, et son âge de plus de 300 ans.
L’Amérique et l’Océanie nous montrent
aussi des curiosités. Au Brésil, des foiêts
renferment des sujets que quinze et vingt
hommes pourraient à peine circonscrire en
se donnarït les mains. Un de ces arbres,
appelé par les Indiens Jetai ou Jutai, pa-
rait, d’après un calcul de M. Martius, avoir
3,000 ans, et être contemporain d’Homère.
Humboldt, dans son Voyage aux régions
équinoxiales, cite Varhre géant de Guère,
au Vénézuela, appartenant au genre Mi-
mosa. Cet arbre peut abriter tout un batail-
lon. Les Séquoia de Californie, dont la
tige, qui s’élève parfois à plus de 100 mètres
présente un diamètre de 10 mètres et plus;
quant à leur âge, il n’est pas connu. D’après
des évaluations qu’on a lieu de croire assez
exactes, il est certains individus qui ont plus
de 2,000 ans.
Dans l’île de Van-Diémen et en Australie,
des Eucalyptus atteignent 100 mètres et
plus de hauteur, sur 30 de circonférence à
la base. En 1862, à l’Exposition de Londres,
les visiteurs admiraient une planche VEu-
calypius de 23 mètres de long sur 3'“ 50 de
large.
A Nouka-lliva, Dumont d’Urville parle
d’un Figuier dont le tronc, parfaitement cy-
lindrique, mesurait 25 mètres de circonfé-
rence à 13 mètres de hauteur.
L’exposé de ces célébrités végétales né-
cessiterait une place dont nous ne pouvons
disposer dans cet article; aussi, pour abré-
ger, nous allons nous borner aux citations,
pourainsi dire. Ainsi, les Baobabs d’Afrique
{Adansonia digitata), dont Adanson en
mesura un de 20 mètres de diamètre. En
Espagne, dans le palais de Grenade, le Cy-
près de la Sultane, dont l’âge est évalué à
900 ans. Le Dragonnier de VOrotava (1),
dans l’île de Ténérilfe. En Écosse , Vif
de Fortingall , qui a plus de 3,000 ans.
Vif de Foullehec, dans l’Eure, qui, en
1822, devait être âgé de 1,200 ans. Vif
d’ Ankerwyke- Housse, près de Staines. Vif
du comté de Surrey, qui date de l’époque
de César. Vif du comté de Fermanagh,
en Irlande, sous lequel deux cents personnes
peuvent trouver place. Parmi les Tilleuls,
le Tilleul de Prilly, près de Lausanne, âgé
de plus de 700 ans, et le Tilleul de Fri-
bourg, planté en 1476 pour célébrer la vic-
toire de Morat. Le Figuier de Malabar
(Ficus indica), connu du temps d’Alexan-
dre-le-Grand, qui peut abriter une armée
de 7,000 hommes. Le Figuier d'Anaraja-
poura (Ficus religiosa), dans l’île de Cey-
lan, qui, dit-on, remonte à l’an 288 avant
l’ère chrétienne. Le Pin des Canaries (Pinus
canariensis) , dans le district de Teror, dont
les branches soutiennent le beffroi d’une
petite chapelle, qui y est adossée. Le Châ-
taignier de Robinson, à Sceaux. VOrme
d’Abbeville, dans la Somme. Le Chêne de
Villeneuve, dans le Morbihan. Le Bouquet-
du-Roi et le Gros-Fouteau, dans la forêt
de Fontainebleau. Le Uiêne du départ,
dans la Charente- Inféiieure. Enfin les
Chênes dWuteuil, au bois de Boulogne,
qui, au nombre de cinq, faisaient l’admira-
tion des promeneurs avant nos derniers dé-
sastres. Ils mesuraient plus de 5 mètres de
circonférence, et étaient âgés d’au moins
1,000 ans. C’est sous leur ombrage que, à
une époque assez rapprochée, lorsque le
(1) V. Revue horticole, 1869, p. 416.
254
(JUILLA.IA SAPOXARIA
bois de Boulogne était un véritable bois, —
presque une forêt, — Béranger allait s’as-
seoir.. Malgré les troncs coupés qui subsistent
encore aujourd’hui (1), ils ne resteront pas
naoins gravés dans la mémoire des hommes.
car leur mort a été glorieuse. Horace l’a
dit :
(( Duke et \decorum est pro pair la mort,
11 est doux et glorieux de mourir pour la patrie.
F. B.vpjllet.
UUILLAJA
Cette espèce, dont l’usage économique est
aujourd’hui si répandu, est, pour cette rai-
son, connue à peu près de tout le monde
sous le nom de hois de Panam a , non
qu’elle soit originaire de cette partie de
l’Amérique, mais parce que, pendant très-
longtemps, pour arriver en Europe, c’était
exclusivement par là qu’elle passait. N’étant
point connue scientifiquement, on la dési-
gnait dans le commerce par le nom de l’en-
droit d’où elle était expédiée, qui en était
comme l’entrepôt général. C’est du reste ce
qui a lieu encore pour beaucoup d’autres bois
exotiques employés soit pour la teinture,
soit pour l’ébénisterie ; en effet, un très-
grand nombre nous arrivent en France sous
le nom du pays ou de la localité où a eu lieu
rembarquement. Le principe saponifiant,
pour lequel cette espèce est exclusivement
(1) On sait en effet que ces Chênes furent abat-
tus en 1870 p our la défense de Paris.
SAPONARIA
recherchée, réside dans l’écorce; il suffit,
pour qu’il se développe, de faire bouillir
celle-ci; mais aujourd’hui l’on fait plus, et
l’industrie a trouvé le moyen d’extraire ce
principe et de le combiner avec d’autres ma-
tières grasses pour en faire un savon dit au
hois de Panama. Nous ne nous étendrons
pas sur ces détails industriels qui, d’une
autre part, regardent particulièrement les
ménagères.
Les Quillaja appartiennent
à la famille des Rosacées; ce
sont des arbres de l’Amé-
rique méridionale : le Chili
est presque la seule partie où
on les rencontre. Des trois
espèces connues, deux habi-
tent le Chili ; ce sont : le Q.
saponaria, Molina, fig. 27,
et le Q. p)^tiolaris, Don. ; la
troisième, le Q. lancifolia,
Don., se trouve au Pérou, On
a décrit une autre espèce
également chilienne, le Q.
smegmadermos^ mais il pa-
raît y avoir des doutes sur sa
valeur spécifique. L’espèce
qui est de beaucoup la plus
importante, par le commerce
auquel elle donne lieu, est
celle que nous représentons,
le Q. saponaria , et dont
voici les principaux carac-
tères.
Arbre atteignant environ
10 mètres de hauteur, peu ra-
mifié, à feuilles persistantes,
simples, coriaces, alternes, elliptiques, ob-
tuses ou légèrement aiguës, entières ou
émarginées - dentées. Fleurs régulières,
blanches, d’environ 12 millimètres de lar-
geur, disposées en sortes de petits corymbes.
Calyce blanchâtre par la villosité; pétales
ovales-elliptiques, un peu plus grands que
les sépales; étamines à filaments cylin-
driques, à anthères oblongues arrondies.
Fruit tomenteux, composé de 5 capsules ou
gousses, divergeant en étoile.
Le Q. saponaria est commun dans les
EXPOSITION INTERNATIONALE DE GAND.
255
vallées boisées et sur les rochers de Los
Horiios, entre les3|c et 38c degrés de latitude,
où il s’élève jusque G, 540 pieds au-dessus
du niveau de la mer. Son bois dur, résis-
tant, est, au Chili, très-recherché pour les
constructions, et surtout pour les mines, où
on l’emploie très-fréquemment comme pi-
liers pour soutenir les terres ; il se conserve
très-longtemps, soit à l’air, soit en terre.
Mais, nous le répétons, la qualité la plus
précieuse que présente cet arbre réside dans
la propriété saponifiante que contient son
écorce et qui, dit-on, est supérieure à celle
des meilleurs savons, surtout pour nettoyer
les laines, auxquelles même elle donne un
brillant qu’elles n’acquerraient pas avec du
savon ordinaire. Le savon « au bois de Pa-
nama » jouit, assure-t-on, des mêmes pro-
priétés. Aussi l’écorce du Quülaja fait-elle
l’objet d’un commerce important au Chili,
pour lequel elle est un revenu assez consi-
dérable, et où l’on en fait aussi un fréquent
emploi. D’après M. Cl. Gay {Flor. du Chili,
Botan., vol. II, p. 275), les Chiliens et les
Indiens font des décoctions d’écorce de Qîiil-
laja pour se laver et nettoyer la tête, et l’on
croit généralement que la belle chevelure
brillante des Chiliens et des Araucaniens est
due aux nombreux lavages qu’ils font de’leur
chevelure avec de l’eau dans laquelle ils ont
fait infuser de l’écorce de Quillaja sapona-
ria .
Celte espèce est-elle la seule du genre
qui possède des propriétés saponifiantes?
Nous ne le pensons pas, et sommes même
disposé à croire que cette qualité est propre
à toutes, cela d’autant plus que les diffé-
rences entre chacune de ces espèces ne sont
pas très-grandes, puisque certains botanistes
les considèrent comme de simples formes
d’un type commun. Peut être même ces
propriétés se trouvent-elles à un degré plus
ou moins développé dans les Kageneckia,
plantes également indigènes au Chili et au
Pérou, dont les caractères ont beaucoup
d’analogie avec ceux que présentent les vé-
ritables Quillaja. Ce n’est là toutefois qu’une
hypothèse que nous émettons.
Mais, quoi qu’il en soit, les Quillaja (le
Q. saponaria surtout) sont des plantes qui
méritent de fixer notre attention à cause
des propriétés qu’elles possèdent, cela d’au-
tant plus que l’élévation suprà-marine où
elles croissent peut faire supposer qu’on
pourrait les cultiver dans certaines parties
de la France ou au moins de l’Algérie, où
peut-être elles deviendraient un important
objet de commerce. Nous appelons sur ce
point l’attention des personnes que leur po-
sition ou leurs relations mettraient à même
de se procurer des graines de ces arbres.
E.-A. Carrière.
EXPOSITION INTERNATIONALE DE GAND
(30 MARS — G AVRIL 1873)
Notre honorable rédacteur en chef n’ayant
pu se rendre aux fêtes florales de Gand,
nous a prié de rédiger pour la Revue horti-
cole un compte-rendu abrégé de cette ma-
gnifique exposition, que nous essaierons de
faire connaître à nos lecteurs.
Toutes les notabilités de l’horticulture et
de la science s’étaient donné rendez-vous
à cette fête, soit en qualité de juges ou de
simples curieux. Grâce aux soins des com-
missaires, les salles étaient merveilleuse-
ment décorées, et les groupes de plantes et
de fleurs disposés de façon à produire tout
l’effet désirable, en laissant à la fois aux visi-
teurs la facilité de bien voir tous les produits
horticoles.
Dans la grande salle le coup d’œil était
féerique ; l’immense et splendide groupe des
Azalées du centre était légèrement pavoisé
par les superbes frondes des Palmiers de
1 établissement Linden. On rencontrait à
droite et à gauche des massifs très-variés
de plantes fleuries et de plantes ornemen-
tales sorties des établissements de MM. Dal-
lière, J. Verschaffelt, F. Spae et Glym,
d’Utrecht.
Le lot colossal de Gamellias appartenant
à M. Vandermale trônait dans la grande an-
nexe; venaient ensuite les lots de MM. Beau-
carne et Cam, de M. de Goster (D>' prix),
suivis de près par ceux de MM. J. Vervaëne
et J. Van Eechhaute.
La serre chaude abritait les plantes les
plus délicates. Les Broméliacées placées à
l’entrée auraient encore, si c’était possible,
ajouté à la réputation de MM. Van Houtte,
Gloner, Van (feert et Beaucarne. On dis-
tinguait l’admirable port des Nidularia
innocenti, Enchilirion variés, Vriesia
Glaiziouana, splendens, Pitcairnea tahu-
lœformis et Tillandsia tessellata.
Quant aux Marantas, les anciennes varié-
256
CULTURE DES BAMBOUS AU POINT DE VUE DE LA SPÉCULATION.
tés, telles que M. Veitdii, illustris, roseo
picta et majestica, triomphaient avec leurs
propriétaires bien connus; est-il besoin de
citer M. de Gellinck de Walle, Le-
grelle d’Hanis, qui ne se lassent jamais de
leurs succès, d’ailleurs bien mérités?
Les Caladiums de M. Van Houtte étaient
fort beaux; ses semis méritent des éloges;
ils ne valent pas cependant les adnnrables
produits d’un amateur français bien connu
(j’ai nommé M. Bleu), qui, encore celte
année, a donné des preuves de son merveil-
leux talent et de sa persévérance. Tout le
monde, en mai dernier, admirait au Palais-
de-l’Industrie, à l’exposition de notre So-
ciété d’horticulture, ses magnifiques gains
d’un coloris nouveau, qui porteront les noms
de il/'»® Marne et de il/'®® de la Devansaye.
A part les lots de M. Linden, de M®i® Le-
grelle et de M. Beaucarne, les Orchidées
exposées prouvaient que celte cultuie, si
populaire en Angleterre, est négligée en
Belgique. A côté de ces reines des petites
serres chaudes, on rencontrait les Nepe72tkes
de M. Van Houtte, plantes bien cultivées,
chose rare et cependant très-facile; nous
comptons bien faire part un jour à nos lec-
teurs de la méthode que nous suivons pour
la culture de ces bijoux, qui ne méritent
point la réputation de « plantes difliciles »
qu’on leur fait.
Les plantes nouvelles tenaient une large
place au milieu de nos vieilles connais-
sances d’autrefois. Qui n’a pas admiré le
Phyllotœniuyn Lindeni et le Curmeria
picturata de M. Linden, le Dracœna Glo-
neri, un Zamia corallipes et le Marattia
Cooperi? M. Gloner a remporté le l®*" prix
de ce groupe.
Les Palmiers nouveaux ont encore été un
triomphe pourM. Gloner ; citons au hasard
Oncospermum Van Houtieamim , Gla-
ziora insignis , Piychosperma rupicola
et PritcharUia fdifera, rêve des riches
amateurs. Les variétés anciennes, admira-
blement représentées, faisaient honneur aux
serres de MM. Linden et Van Houtte. N’ou-
blions pas la collection de M'"® Legrelle
CULTURE D]
AU POINT DE VUE I
A celui qui, il y a seulement un demi-
siècle, aurait dit qu’il viendrait un jour où
les Bambous, en France, pourraient être cul-
tivés pour l’industrie, on eût certainement
« ri au nez, » en considérant la chose comme
d’Hanis, où figuraient un très-beau Cocos
Weddeliana et un Arenga saccliarifera
énorme. M. le comte de Kerckove avait en-
voyé son superbii Ceroxylon andicola et
son Pritchardia pacifica.
Les Gycadées rivalisaient avec succès près
des Palmiers. Tous les amateurs ont vu ou
connaissent la réputation des colleclions en
ce genre de MM. Ghellinck de Walle et
J. Verschaffelt.
Les Dracænas etles Aroïdéesont excité une
véritable émotion parmi h’s heureux vi.'-ifeurs
de ces merveilles du monde végétal. Nous
devons aussi donner une mention toute spé-
ciale aux Amaryllis et aux Gesnériacées de
M. Van Houtte, qui excelle en ce genre, au
moyen de sa fécondation artificielle.
Mais, ainsi qu’on doit le comprendre,
quelle que soit l’étendue des détails dans
lesquels nous entrerions au sujet de celte
exposition, c’est à peine si nous pourrions
en donner une idée à ceux qui ne l’ont pas
vue; aussi croyons-nous devoir nous arrêter
en constatant le succès immense de celte
exposition, qui, une fois de plus, prouve la
supériorité des horticulteurs et amateurs
belges, qui, disons-le, du reste, ont triom-
phé facilement et sans lutte, les étrangers, à
part de très-rares exceptions, n’ayant pas
osé se mesurer à de pareils cham[)ions.
Puisse cependant ce succès si bien mérité
ne pas trop enorgueillir nos voisins qui, soit
dit en passant, profitent un peu trop de leur
monopole en répandant d.ms le monde hor-
ticole des catalogues où figurent des prix de
fantaisie, souvent peu en rapport avec la
qualité de la marchandise offerte. Que les
heureux possesseurs de ces belles curiosités
prennent garde qu’un jour vienne où l’on
se contentera d’aller purement et simple-
ment admirer leurs expositions de fleurs et
de plantes, qui excitent des déj«irs qui ne
seront jamais satisfaits, faute d’une mine
assez riche pour fournir l’or destiné à payer
le prix d’un marché qui, alors, devient une
folie.
Alphonse
Amateur.
iS BAMBOUS
)E LA SPÉCULATION
impossible; pourtant le fait, aujourd’hui, est
à peu près hors de doute. A qui doit-on ce
résultat? A quelques personnes qui, sur
différents points de la France, ont fait des
essais. Toutefois, il faut convenir qu’à ce
257
CULTURE DES BAMBOUS AU POINT DE VUE DE LA SPÉCULATION.
point de vue cette culture sera toujours
restreinte et limiléeà certaines localités seu-
lement, ce qui n’est pas une raison pour ne
pas lu taire là où elle est possible, et même
pour ne pas la tenter ailleurs.
D’une autre part aussi, il faut reconnaître
que juscju’à ce jour un petit nombre d’es-
pèces seulement paraissent propres à cette
culture ; ce soi\l\es Bamhusa mitis, aurea,
viriclûjlaucescens et nigra. Parmi celles
qui ne nous sont pas encore suffisamment
connues, mais qui pourtant semblent pré-
senter des caractères favorables, nous pou-
vons citer les B. Qiiilloi, flexuosa^ et tout
particulièrement 'e B. Toutefois,
sous ce rapport on ne peut émettre que des
hypothèses; il peut même arriver qu’une
espèce qui présente des avantages dans
cei taines localités n’en donne que de mé-
diocres dans d’autres, bien que les condi-
tions de sol et de climat paraissent être si-
non indentiques, du moins très-analogues.
Sous ces dilTérents rapports, la pratique est
le seul guide qui permet de se prononcer
avec certitude, car il ne faut pas oublier,
lorsqu’il s’agit d’essais, que le grand maître
c’est l’expérience : (( Expérience passe
science » dit un vieux proverbe. C’est vrai.
Aux expèces citées comme pouvant pré-
senter de l’avantage au point de vue de
l’exploitation, nous pouvons ajouter VArun-
dinaria falcata, qui dans certaines parties
de la France peut fournir des tiges an-
nuelles de 6 mètres et plus de hauteur (1) ;
mais elle est sensible au froid sous le climat
de Paris, où chaque année les tiges gèlent,
tandis que les espèces énumérées en tète de
cet article y résistent parfaitement. Nous
pouvons encore citer, comme très-rustiques
et supportant les hivers du centre et même
du nord de la France, les B. Simonii et
Metake, mais ils ne s’élèvent pas assez ; en
revanche on peut les utiliser avec avantage
pour fixer les sols en pente, peut-être même
pourrait-on le faire pour les dunes, ce à
quoi les rend particulièrement propres leur
propriété drageonnante qui, chez le B. Si-
monii, est excessive. Bien qu’il soit hors
de doute que tous ces Bambous peuvent
être cultivés pour l’exploitation avec plus
ou moins d’avantage, suivant les espèces, il
faut reconnaître que, en France, on ne
pourra guère tenter cette spéculation que
dans quelques parties seulement que l’ave-
(1) C’est ce qui a lieu chez M. Ilerpin de Frémont,
à Brix, près Cherbourg, où celte espèce pourrait
- même devenir l'objet d’une spéculation. Déjà, là,
ses tiges sont employées pour fournir des tuteui s.
nir seul, c’est-à-dire l’expérience, pourra
faire connaître : le Sud-Ouest, l’Ouest peut-
être (surtout le littoral), certaines parties
du Midi pourront aussi être favorables à
celte culture. Quoi qu’il en soit, nous allons
indiquer les principales conditions dans les-
quelles on pourra la tenter.
Climat^ sol. — Les espèces de Bambous
(à part V Arundinaria falcata) ne redou-
tent guère le froid ; mais ce qui paraît leur
être très-favorable, c’est une température
chaude l’été, mais surtout d’être plantés
dans un bon sol et fortement arrosés. Nous
en avons la preuve par ce qu’on voit à
Anduze (Gard), chez M. Mazel, dont plu-
sieurs fuis déjà il a été question dans ce
recueil. Là, en effet, où pourtant le ther-
momètre s’abaisse parfois l’hiver jusqu’à
20 degrés et même plus au-dessous de zéro,
non seulement les Bambous ne souffrent
pas , mais ils acquièrent des dimensions
considérables, colossales, pourrait-on dire,
comme l’on n’en connaît pas d’exemple
en France, et qui jusqu’à un certain point
peuvent être comparées avec celles qu’on
rencontre au Japon. Toutefois, nous de-
vons dire que là aussi les conditions sont
exceptionnelles : chaleur considérable l’été,
de l’eau en abondance qui permet d’irriguer
à volonté, et par-dessus tout un sol d’allu-
vion des plus riches, ce qui est un des
points les plus importants ; ajoutons encore
que l’endroit où se trouve la propriété de
M. Mazel est abrité de presque tous
les côtés d’où les vents pourraient être
nuisibles à la végétation. Dans ces condi-
tions, certaines espècesde Bambous (le mitis
par exemple), donnent des bourgeons qui
atteignent 12 à 16 mètres de hauteur sur
6 à 8 centimètres de diamètre. Ainsi, cette
année, M. Mazel a pu couper plus d’uN cent
de liges de Bambous ayant à peu près la
dimension que nous venons d’indiquer.
Culture. — Nous venons de dire qu’un
sol riche, assez profond et consistant, était
indispensable pour que les Bambous puissent
se développer vigoureusement; ajoutons que
ces plantes sont avides d’engrais et que, bien
qu’elles puissent vivre dans les sols les plus
pauvres, ce n’est que dans les sols riches
qu’elles peuvent atteindre des dimensions
assez considérables pour pouvoir être ex-
ploitées avec quelque avantage, à moins
toutefois qu'elles soient placées dans des con-
ditions exceptionnelles de chaleur et d’humi-
dité, comme par exemple le long des cours
d’eau du Midi où, peut-être, les Bambous
pourraient, avec avantage, remplacer la
258
CULTURE DES BAMBOUS AU POINT DE ^ UE DS LA SPÉCULATION.
Canne de Provence {Arundo donax). Il
sera donc très-bon, lorsque la chose sera
possible, de labourer et fumer le sol laissé
libre entre les plantes, et, lorsque la chose
ne pourra se faire, on se trouvera très-bien
de fumer en couverture (1).
Usage. — Les Bambous peuvent être
cultivés à trois points de vue : comme
objet d’ornementation; comme soutien
pour fixer les sols en pente; 3® comme pro-
duit industriel, c’est-à-dire au point de vue
de l’exploitation.
Pour y ornementation , on choisit les es-
pèces les plus jolies, ou qui présentent cer-
tains avantages particuliers que nous ne
pouvons préciser, puisque c’est une affaire
de goût.
Gomme moyen de fixer les terres, on
prend les espèces les plus vigoureuses, les
moins délicates et surtout les plus traçantes;
on a donc le choix entre les Damhusa Si-
monii, Metalie, viridiglaucescens, violas-
cens et nigra. C’est une question d’appro-
priation en rapport avec le but, et surtout
avec le sol et les conditions dans lesquelles
on se trouve placé.
Comme produitindustriel, on devra choisir
les espèces vigoureuses, qui donnent les
plus belles « Cannes », ce qui dépend en-
core de la nature des conditions dans les-
quelles on se trouve.
Exploitation. — Les espèces ayant été
choisies en raison de leur plus grande vi-
gueur, de manière à obtenir des bourgeons
vigoureux, les plus longs et les plus gros
possibles, reste l’exploitation, qui doit être
faite de manière à obtenir la plus grande
quantité de produits, ce qui est un peu su-
bordonné au but que l’on se propose d’at-
teindre, qu’on ne peut toutefois apprécier
qu’en se rendant bien compte de la végé-
tation des Bambous, et dont nous allons
dire quelques mots.
Comme la plupart des végétaux monoco-
tylédonés, les Bambous atteignent tout leur
développement la première année,|et même
en une seule fois, dans l’intervalle de six
semaines à deux mois. Après ce temps et
(t) On nomme fumer en couverture l'opération
qui consiste à répandre sur le sol, oii on le laisse
ensuite sans l’enterrer, une couche de fumier qui,
en même temps qu’elle protège les plantes, leur
procure, par sa décomposition, la noun ifure dont
elles ont besoin. Ce mode de fumure, qui s’emploie
surtout pour les prairies artificielles ou môme na-
turelles, est, dans la grande culture, ce que le ter-
reautage est, soit à la petite culture, soit à l’horti-
culture. (Carrière, Encyclopédie horticole, article
Fumer.)
les années suivantes, si on laisse les tiges,
celles-ci n’acquerrent ni grosseur ni éléva-
tion ; les ramifications seules s’allongent un
peu chaque année, tout en se multipliant.
Mais si elles ne s’accroissent pas, ces tiges
prennent énormément de solidité et de du-
reté, et, pour les espèces colorées la couleur
devient plus intense; c’est ce qui a lieu pour
le B. nigra par exemple. Mais d’une autre
part, il y a une considération dont il faut
, tenir un très-grand compte : c’est la pro-
duction ultérieure des souches qui se trouve
liée à celle du moment. En effet, plus celle-
ci reste et absorbe, plus celle-là sera com-
promise. C’est donc une question d’évalua-
! tion qui, cette foisencore, dépend un peu du
' but et des conditions dans lesquelles on se
I trouve. Toutefois, il paraît y avoir une
moyenne qui réunit tous les avantages : c’est
trois ans, limite adoptée en Chine, où les
Bambous sont l’objet de cultures raisonnées
I et bien appropriées, et soumises, d’après ce
I que nous a dit M. Eugène Simon, consul de
France en Chine, à des coupes réglées, ab-
j solument comme le sont les forêts en Europe,
I dont les cultures peuvent être regardées
1 comme l’équivalent. Ceci reconnu, il reste
I encore une autre question dont la solution
n’est pas sans importance : celle de savoir s’il
y a un avantage d’exploiter en une seule
fois, tous les trois ans par exemple, c’est-à-
dire de faire une coupe réglée ou à blanc,
I ou bien s’il ne serait pas préférable de pra-
j tiquer l’exploitation dite « en jardinant, »
I qui consiste à enlever chaque année, çà et là,
les tiges qu’on reconnaît être suffisamment
mûres, qui ont acquis tout leur développe-
ment ou qui gênent à certaines autres dont
elles arrêtent la croissance. Ce sont là des
questions que l’expérience seule peut ré-
soudre et sur lesquelles nous ne pouvons
qu’appeler l’attention.
Quant aux différents usages auxquels on
peut employer les tiges de Bambous, ils sont
nombreux, et augmenteraient certainement
beaucoup si l’on pouvait en livrer une grande
quantité au commerce. On pourrait en con-
fectionner des objets rustiques à l’usage des
jardins ou des salons, tels que chaises, fau-
teuils, jardinières, berceaux, kiosques; et
j même, — nous ne sommes pas éloigné de
' le croire — les employer comme conduites
I d’eau, ainsi que cela a lieu en Chine et au
I Japon, ce à quoi ces tiges sont d’autant plus
I propres que, indépendamment qu’elles sont
I très-résistantes et très-solides, elles sont d’une
I durée presque indéfinie, ce qui s’explique par
I latrès-grande quantité de silice qu’elles con-
LEPTOSIPHON ROSEUS. — PAULOWNIA ROSEUS.
tiennent. Quant aux tiges qui, à cause de
leurs faibles dimensions, ne pourraient être
employées dans l’industrie, on pourrait en
faire des tuteurs qui, indépendamment qu’ils
sont très-propres et s’harmonisent bien avec
les végétaux, ont l’avantage detre très-solides
et de mieux résister que n’importe quelle
essence à une humidité continuelle, qui est
la condition dans laquelle se trouvent à peu
près tous les tuteurs. E.-A. Carrier .
LEPTOSIPHON ROSEUS
Dans un de ses derniers catalogues,
M. Van Houtte dit, en parlant du Leptosi-
phon roseus :
(( Une des introductions les plus jolies du
moment. Ses fleurs, d’un rose très-tendre,
plus grandes que celles du Leptosiplion au-
reiis , sont disposées en corymbes et se
succèdent pendant des semaines. »
Je n’ai rien à retrancher de cette descrip-
tion, qui, loin de surfaire la petite plante,
ne laisse pas, à mon avis, supposer tout le
mérite qu’elle a réellement.
J’en ai reçu des graines dans le courant
de l’hiver de 1871-72, de M. Thomson,
d’Ipswich, qui, en m’adressant ce cadeau,
me recommandait le nouveau Leptosiplion
comme tout à fait digne d’intérêt. Ces
graines m’ont donné des plantes qui ont
justifié de tous points les dires de M. Thom-
son, et qui ont si bien réussi qu’elles se sont
ressemées toutes seules. J’ai en ce moment
quantité d’échantillons de la plus belle ve-
nue qui ont poussé au hasard dans le jardin,
et dont on n’a pour ainsi dire pas eu à s’oc-
cuper. Leur floraison, commencée à la fin
d’avril, se continue encore aujourd’hui
(5 juin) et ne paraît même pas près d’at-
teindre son terme. Les plantes disparaissent
littéralement sous une nappe de fleurs qui
se renouvelle chaque matin.
Le port du L. roseus est semblable à ce-
lui de ses congénères : plante basse, cespi-
teuse, étalée en gazon sur le sol, à feuillage
hérissonné, d’un vert un peu gris. Les Heurs,
toujours très-nombreuses, ont la corolle lon-
guement tubuleuse ; leur linrjbe rotacé, bien
ouvei t, laige de 12 à 13 millimètres, est du
[)liis j(,li rose carmin qui se puisse imaginer;
ail centre, une petite macule jaune qui fait
le tour (le la gorge relève encore cette teinte
brillante. l\)ur la libéralité de la floraison,
la beauté du coloris, la gentillesse, la rusti-
cité, je ne connais guère de plantes de par-
terre qui puissent entrer en lice avec celle-
ci. Elle vient si facilement, que je ne serais
point du tout surpris qu’elle se naturalisât
à Collioure, comme d’autres plantes exo-
tiques que j’y ai trouvées; j’y aiderai peut-
être.
Je ne l’ai encore vu citer dans aucun ca-
talogue d’horticulteur, sauf celui de M. Van
Houtte, ainsi que je l’ai dit en commençant.
C’est donc à lui ou à M. Thomson que de-
vront s’adresser ceux qui voudraient en
avoir des graines.
A’ AUBIN.
PAULOWNIA IMPERIALIS
Le Paulownia n’est pas seulement l’un
des plus jolis arbres d’ornement par l’abon-
dance, la belle couleur bleue et l’odeur de
ses fleurs; il est encore l’un des plus pré-
cieux pour son bois, fait bien constaté, et
dont, en France, on ne paraît pas se douter.
En effet, jusqu’aujourd’hui, cette espèce
n’est plantée que comme arbre d’ornement ;
pourtant, je le répète, au point de vue de
son bois, elle présente des qualités qu’on
ne rencontre qu’assez rarement. Ce qui est
très- probablement cause qu’on ne s’en est
pas préoccupé à ce point de vue, c’est sa
très-grande légèreté, qui, du reste, est ex-
cessive ; une bille de Paulownia, lorsqu’elle
est bien sèche, et surtout si elle provient
d’un jeune arbre, n’est guère plus pesante
que du liège. Sans acquérir une densité
beaucoup plus grande, le bois est cependant
un peu plus compact quand il provient dTm
arbre âgé; son grain, qui est alors plus
serré, est susceptible d’un beau poli, bril-
lant, soyeux. Mais l’un des plus grands avan-
tages que pi'ésente le bois du Paulownia
est, lorsqu’il est débité, de ne subir aucun
retrait, de rester droit, sans se fendi'e, en
un mot de c( ne pas tr'availler, » comme l’on
dit, même lorsqu’il est vert, et cela quelque
mince qu’il soit, toutes qualités qui le ren-
dent éminemment propre à faire des pla-
cages.
Les Japonais, qui ont reconnu et apprécié
ces qualités, les mettent à profit : débité en
lames très-minces, ils utilisent le bois de
Paulownia à peu près comme on le fait chez
nous du fort carton, soit pour faire des
260 EMPOTAGE OU SÉPARAGE DES PIVOINES. ~ PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
boîtes, des petits oécessaires, ou tous autres
objets analogues. Il est donc très-probable
qu’il viendra un jour où, mieux apprécié,
cet arbre trouvera de nombreux emplois
dans l’induslrie, et qu’alors on le ydantera
en lignes le long des chemins, sur les places
publiques, et, qui sait? peut-être en fulaies,
ce qui paraît d’autant plus probable que
cette espèce pousse très-vile et à peu près
partout.
La disposition des feuilles (elles sont o})-
posées), par conséquent des bourgeons, fait
que les arbres se couronnent bien vite, et
s’élèvent peu si l’on n’y apporte quelques
soins. Pour obtenir une belle lige droite et
assez élevée, ce qui est indispensable quand
on cultive les arbres au point de vue de la
spéculation, il faut d’abord, quand les
jeunes plantes sont déjà fortes et bien en-
racinées, les receper du pied, afin d’obtenir
un long et vigoureux jet; comme il part
toujours deux bourgeons, on supprime le
plus faible et le plus mal placé, et l’on pro-
tège l’autre, que, au besoin, on maintient à
l’aide d’un tuteur. On agit ainsi pendant
autant d’années que cela est nécessaire, afin
de constituer une tige aussi élevée qu’on le
désire ; alors on laisse se former la tête de
l’aibre, à laquelle au besoin on donne une
forme particulière, en raison des conditions
dans lesquelles on se trouve et du but qu’on
cherche à atfeindre.
Multiplication, plantation. La multipli-
cation des Paulownia, se fait par semis et
par bouture de racines. On sème les graines
au premier printemps dans un sol chaud,
léger, uni et bien ameubli ; on les recouvre
à peine ; le mieux est de mettre dessus une
légère couche de paille peu épaisse, qui, tout
en maintenant la fraîcheur, atténue les
rayons solaires; à l’automne, on arrache les
plants; on les jauge près à près dans un lieu
sec et sur lequel, au besoin, on répand un
peu de litière pour les préserver de la gelée.
On les multiplie également à l’aide de ra-
cines que l’on coupe par tronçons d’envi-
ron 12-15 centimètres, et qu’on plante à
fieur du sol, dans un terrain chaud et léger.
Cette opération doit se faire en mars-avril,
lorsque tes plantes sont sur le point d’entrer
en végétation. Arrachées avant l’hiver, lors-
que les arbres entrent dans leur période de
repos, les racines pourraient pourrir.
E.-A. Carrière.
i
!
I
i<::mpotage or sepaiiage des pivoines
Ce qui suit, bien que s’appliquant à toutes
les Pivoines indistinctement, est particuliè-
rement écrit pour les Pivoines en arbres, et
principalement pour les jeunes plantes qui
ont été greffées en pleine terre. L’époque
considérée comme la meilleure pour effec-
tuer l’empotage des Pivoines est, en géné-
ral, le mois d’août, quand la végétation an-
nuelle est terminée. C’est également celle
où l’on pratique les séparages des touffes
qui sont plantées en pleine terre. Je ne viens
pas combattre ce procédé qui, je le sais,
donne d’assez bons résultats , et je n’ai
d’autre but que de faire connaître celui que
j’emploie depuis quelques années, et dont
je suis très-satisfait. Le voici : j’arrache mes
Pivoines avec précaution avant qu’elles j
aient terminé leur végétation ; je les empote i
en terre de bruyère, et les place sur une pe-
tite couche que j’ai préparée d’avance dans
un coffre, où je les prive d’air à l’aide de
châssis que je recouvre au besoin de pail-
lassons, de manière à les garantir du soleil.
Au bout d’environ quinze jours, je donne
de la lumière, puis de l’air que j’augmente
au fur et à mesure qu’il est nécessaire,
d’après l’état des plantes. Si l’on tarde
trop à faire le relevage, il vaut mieux at-
tendre que- la végétation soit à peu près ter-
minée, et supprimer les feuilles en ne lais-
sant que le pétiole. C’est ainsi que je
procède, et je m’en trouve bien. Sur plu-
sieurs centaines, au moins, que je fais
chaque année, c’est à peine si je perds une
douzaine de plantes. Guillon,
Horliculleur.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES
Ceanothus Theodor Frœhel. — Cette
plante, qui a été mise au commerce au
printemps de l’année 1872 par l’établisse-
ment Otto Frœbel, de Zurich, est une bonne
nouveauté. Elle est vigoureuse, à branches
dressées ; ses feuilles ovales, cordiformes, I
sont régulières, d’un vert foncé en dessus, i
glabres et d’un vert blond en dessous, bor- ;
i dées de dents étroites, régulières, penchées,
I aiguës. Les fleurs, qui sont nombreuses,
disposées en longues grappes spiciformes,
très-légères, d’un beau rose à reflet lilacé,
se succèdent jusqu’aux gelées.
E.-A. Carrière.
Orléans, imp. de G. Jacob, Cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine DE juillet)
Le phylloxéra, ses ravages dans les Bouches-du-Rhône ; travaux de MM. Duclaux, Max. Cornu, Louis
Faucon ; rapport à l’Acadéniie des sciences de la commission chargée d'examiner ces travaux • insucct s
des recherches scientiliques ; communication de M. Hetiri Marès. — Exposition universelle de Vienne*
lettre de M. Delchevalerie : Exposition temporaire d'horticulture du R>* au 15 mai; récompenses
obtenues par la France ; le diplôme de mérite décerné à la com)nission japonaise pour le Dioscorea
Japo}iica et le happa major. — Exposition de la Société d’horticulture d’Orléans. — Ex{)osition de
Roses à Lyon ; division en sections régionales du Congrès international ; élections du piésidcnt, des
vice-présidents et secrétaires; les cinq variétés de Roses primées. — Exposition de la Société pratique
d’horticulture d'Yvetot. — Société pomologiquo de France : iG® session, à Marseille, le G septembre *
lettie de M. Mas, président. — Exposition de Champignons utiles et nuisibles, à S[)a. — La moRson
de 1873. — Société horticole, vigneronne et forestière de l’Aube ; récompenses décernées. La
marche de la sève.
En n’entendant plus parler du phylloxéra,
nos lecteurs ont pu supposer que ce ter-
rible fléau était disparu ou sur le point de
disparaître. Malheureusement, il n’en est
pas ainsi, et nous avons le regret d’annoncer
que, loin de se circonscrire, le mal tend à
augmenter, que sur différents points où on
ne l’avait pas encore vu, il a fait son appa-
rition, et que son début n’a rien qui puisse
rassurer.
L’un des points récemment envahis est la
petite ville de Cassis (Bouches-du-Rhône),
qui, jusqu’ici, avait à peu près échappé au
fléau ; nous disons à peu près, parce que,
depuis deux ans déjà, on avait bien remar-
qué quelques pieds malades ou morts, mais
le mal semblait vouloir se limiter; c’est du
moins l’espoir qu’on en avait ; cela n’a pas
duré, et, dès l’année dernière, un proprié-
taire, M. Ferdinand Vitagliano, comptait
dans ses Vignes environ 200 pieds attaqués
ou détruits par le phylloxéra. Cette année,
le mal paraît devoir augmenter dans des pro-
portions considérables, puisqu’il y a quelques
jours (c’était le 15 juin), ce propriétaire
nous assurait que déjà plus de 1,200 pieds
étaient malades ou morts. Contrairement à
ce que beaucoup de personnes ont avancé,
ce ne sont pas les vieilles Vignes ou celles
qui ne sont pas très-bien portantes qui sont
attaquées ; au contraire : d’après M. Vita-
gliano, ces Vignes sont épargnées, tandis
que celles qui sont dans leur pleine force,
âgées d’une douzaine d’années environ, sont
les premières, et parfois même les seules
envahies. Cette préférence que le phylloxéra
semblerait avoir pour les jeunes Vignes est-
elle due aux tissus radiculaires qui, plus
jeunes et par conséquent plus tendres, sont
aussi plus gorgés de sucs, ou bien serait-ce
parce que les racines sont moins profondes
i6 JUILLET 1873.
chez les jeunes Vignes que sur les vieilles?
Les deux choses sont possibles. Mais ce
n’est pas seulement sur le point que nous
venons d’indiquer que le phylloxéra se
montre; dans diverses localilés où, l’an der-
nier, le fléau semblait vouloir disparaître,
il recommence plus que jamais ses l avages;
aussi l’inquiétude augmente- 1 -elle, au lieu
de diminuer; des lettres l’affirment. Mais
en même temps, ce qui est plus grave, c’est
que la science reconnaît et avo.te son iin-
puissance à guérir le mal; elle se borns à
le constater en faisant appel à la pratiqie,
fait qui ressort d’un rapport fait à l’Aca-
démie des sciences par MM. Duclaux, Max.
Cornu et Louis Faucon, et consigné dans
les Comptes-Rendus de VAcadétnie, nu-
méro du d6 juin 1873. Voici la conclusion
qu’en a tirée la commission chargée de l’exa-
men du rapport. Elle dit :
En résumé :
M. Duclaux a fait connaître la marche que
l’extension du phylloxéra a suivie depuis 18G5
jusqu’à présent ; il a indiqué les conditions de
sol qui sont les plus favorables à sa migralion.
M. Max. Cornu a étudié les transforuiaiions que
le tissu de la Vigne éprouve sous son influence;
il a reconnu l’époque précise du ternie de l’hy-
bernalion, celle de la première mue printanière
de l’insecte et celle de l’apparition de ses pre-
miers œufs.
M. Louis Faucon a signalé, pour h destruction
du phylloxéra, le seul procédé dont on ait eors-
talé l’efficacité : la submersion des Vignes pen-
dant l’hiver; il a constaté le premier les migra-
tions du phylloxéra à la surface du sol par le
passage d’une crevasse à une autre ; il en a pré-
cisé la durée en montrant à quelle époque elles
cessent à l’automne et à quelle époque elles re-
commencent au printemps.
La commission ne peut, en ce moment, que
signaler à l’attention celte époque critique de la
vie du phylloxéra, qui permet de l’attaquer au
U
262
CHRONIQUE HORTICOLE (PRE?
commencement d’avril ou vers la fin de mars.
Elle aurait souhaité pouvoir apporter dès au-
jourd’hui un soulagement sérieux aux souffrances
de nos régions vinicoles atteintes ou menacées ;
mais l’Académie, qui a souvent reconnu com-
bien de telles études exigent de temps, de pa-
tience, de soins, ne s’étonnera pas de la lenteur
de sa marche. Pour arrêter l’extension de ce
mal redoutable, qui menace à la fois la prospé-
rité vinicole et la fortune de la France, il faut le
concours sérieux de tous les efforts.
La commission continue ses études, mais elle
espère bien moins de ses propres travaux que de
ceux de MM. Planchon, Henri Marcs, Lichtens-
tein, Gaston Bazile, Louis Faucon, comte de
Lavergne, Laliman, etc., etc., et de ceux de di-
vers membres des comices du Midi, qui, placés
sur les lieux, peuvent suivre chaque jour les ha-
bitudes de vie de l’insecte en liberté et constater
les circonstances qui arrêtent ou favorisent son
développement. C’est à la fois pour rendre hom-
mage au dévoûment des savants dont nous avons
examiné les travaux et pour fournir des maté-
riaux à ceux qui consacrent leurs soins à cette
diflicile étude, que nous avons l’honneur de vous
proposer de décider :
lo Que les mémoires de MM. Duclaux, Max.
Cornu et Louis Faucon soient admis à faire par-
tie du Recueil des savants étrangers;
2° Que l’utililé d’une étude comparative du
phylloxéra vastalrix et du pemphigus viti-
foliæ (1) sera signalée à M. le ministre de l’agri-
culture, et qu’en conséquence il sera prié d’exa-
miner s’il n’y aurait pas lieu d’envoyer, à cet
effet, en Amérique, des savants et des praticiens
compétents, soit eu vue de résoudre la question
controversée de leur commune origine, soit pour
constater les caractères qui distinguent les Vi-
gnes américaines des nôtres dans leurs rapports
avec ces deux parasites.
L’Académie adopte ces conclusions.
Le document dont nous venons de citer
une partie fait non seulement ressortir de
la manière la plus nette l’insuccès complet
de tous les travaux scientifiques qui ont été
faits jusqu’à ce jour pour arriver à la des-
truction du phylloxéra; il justifie encore ce
que nous avons dit tant de fois, que dans
toutes ces circonstances, le temps seul est le
premier guérisseur. Constatons toutefois
qu’en appelant la pratique à son secours, en
reconnaissant et avouant son impuissance,
la science reconnaît que, isolés, ses efforts
sont impuissants : c’est d’un bon augure.
(1) Le pemphigus vitifoliœ^ observé pour la pre-
mière fois en Amérique en 1854, est un insecte qui,
comme le phylloxéra, parait s’attaquer particuliè-
rement à la Vigne, mais dont les dégâts qu’il cause
sont, dit-on, d’une nature toute différente, puisqu’il
est aérien, et qu’au lieu d’attaquer les racines, c’est
sur les Jeunes pousses qu’il exerce ses ravages.
{Rédaction.)
ERE QUINZAINE DE JUILLET).
Mais, d’une autre part, et comme pour com-
bler la mesure, le phylloxéra ne paraît pas
être le seul fléau que les viticulteurs aient
à déplorer, ainsi que le témoigne une lettre
de M. Henri Marès, et dont le rapporteur
de la commission donne connaissance à l’A-
cadémie. Voici cette lettre :
... La situation dont je vous ai fait part dans
ma dernière lettre, relativement à l’état de nos
vignobles, s’aggrave tous les jours; il est à
craindre que la destruction des Vignes de co-
teaux, en sols maigres, peu profonds, argileux,
ne soit très-rapide.
Je me demande même si, une fois attaquées,
ces Vignes de coteaux, peu productives et qui
ne sauraient supporter de grands frais de traite-
ment ou de préservation, pourront être sauvées.
Dans les bons terrains, le mal s’étend beau-
coup moins vite, quoiqu’il devienne grave selon
les circonstances.
Nous voyons, cette année, une prodigieuse
quantité d’insectes nuisibles de toute nature; la
Vigne en est réellement accablée : allises, atte-
labes, gribouris, pyrale, phylloxéra, etc., etc.,
tout se déchaîne sur elle à la fois. J’observe que,
depuis les gelées des 26 et 27 avril, la situation
s’est aggravée pour les vignobles, et que, dans
une foule de localités, ils se développent mal. Le
gribouri, qui est un produit des années humides, j
fait un mal considérable; je crains que, dans
beaucoup de cas, il ne soit le précurseur du i
phylloxéra. |
Doit-on, après tout ce que nous venons |
de rapporter, se décourager, abandonner la i
culture de la Vigne, en un mot, comme on j
le dit : « jeter le manche après la cognée? »
Ce serait un tort. D’abord, tout espoir de
guérison n’est pas perdu, et bien que la
chose paraisse difficile, il est probable que
l’on trouvera un remède au mal; mais, n’en j
trouvàt-on pas, il ne faudrait pas pour cela
désespérer de la Vigne : au lieu de s’ente- ^
ter à en cultiver là où le mal sévit, il fau-
drait se reporter dans des localités moins
avantageuses, plus vers le centre et même
le nord de la F'rance, pendant un certain
temps du moins, c’est-à-dire jusqu’à ce que j i
le fléau ait disparu. Il ne faut pas oublier |
que rien n’est éternel, que, quel que soit j ■
un mal, il n’est qu’un effet devant, par con- j
séquent, disparaître avec la cause qui l’a
déterminé. Donc, pas de découragement ; à
l’œuvre, il faut lutter, lutter toujours. La
vie n’étant rien autre qu’une lutte conti- |
nuelle, l’homme ne peut ni ne doit cher -
cher à déserter : la mort seule peut le sous-
traire à cette obligation à laquelle, du reste,
tous les êtres sont soumis, plus ou moins,
en raison de leur nature.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUILLET).
— Nous avons reçu, de notre collègue et
collaborateur, M. Del chevalerie, en ce nao-
ment juré à l’Exposition universelle de
Vienne, quelques renseignements, un peu
tardifs, sur la première quinzaine de cette
Exposition, dont nous avons déjà reproduit
une partie (1), et que, par conséquent, nous
ne rappellerons pas, excepté en ce qui con-
cerne la France. Voici ce qu’il nous écrit:
La première exposition temporaire des pro-
duits de l’horticulture a été ouverte le 1er mai.
Cette exposition a eu lieu sous une tente très-
longue et étroite, confectionnée à Paris, et
comme, à cette époqne de l’année, il faisait très-
froid à Vienne, plusieurs horticulteurs ont perdu
quelques-unes de leurs plantes par suite de l’a-
baissement de la température, notamment M. Lin-
den, qui avait apporté des plantes de haute serre
chaude, dont quelques-unes ont été totalement
perdues.
En face de la tente de l’exposition des fleurs
se trouve un petit jardin réservé, où sont plan-
tées les collections de Conifères, d’arbres, ar-
brisseaux et arbustes à feuilles caduques et per-
sistantes, les Rosiers, plantes vivaces et annuelles,
d’ornement, etc.
Dans un terrain situé à côté du jardin réservé,
sur le bord d’une petite rivière, sont plantées les
collections d’arbres fruitiers.
Avant de citer les lauréats de cette première
exposition, disons un mot sur les médailles.
11 n’y a pas de médailles d’or ni d'argent;
toutes sont en bronze et n’ont d’autre valeur que
le prestige.
D’abord :
lo La médaille pour le progrès est destinée
« aux exposants qui auront prouvé avoir accom-
pli des progrès importants depuis les Expositions
universelles précédentes, soit par de nouvelles
inventions, soit par l’introduction de nouvelles
plantes, de nouveaux engins, procédés, etc. »
. 2® La médaille pour le mérite sera adjugée
« aux exposants qui auront acquis un titre à la
récompense par pne culture extraordinaire de
plantes, l’extension du commerce de végétaux,
l’étendue de la production, l’ouverture de nou-
veaux marchés, l’emploi d’outils et de machines
perfectionnés et l’excellence du produit. »
3° La médaille pour le bon goût est réservée
« aux exposants de collections ou de groupes de
plantes en fleurs supérieurement arrangés. »
4® La médaille de coopération est destinée
« aux personnes signalées par les exposants
comme ayant eu une notable part dans l’excel-
lence de la production ou dans l’extension de
l’écoulement en qualité de jardiniers en chef,
gérants, dessinateurs ou coopérateurs distin-
gués. »
5® Le diplôme de mérite peut être décerné
« aux exposants dont les produits ou les travaux
ont du mérite, mais non dans un degré à pou-
fl) Voir Bei'ue horticole, 1873, p. !2iG.
2G3
voir leur décerner la médaille pour le progrès,
ni celle pour le mérite. »
France. — 1® La médaille pour le progrès a
été décernée à M. Durand, de Rourg-la-Reine,
pour arbres fruitiers supérieurement dressés.
2® Le diplôme de mérite a été accordé à
M. Ch. Baltet et frère, horticulteurs à Troyes,
pour arbres fruitiers supérieurement dressés.
3® Le diplôme de mérite a été décerné à
M. Louis L’Hérault, d’Argenleuil, pour deux
bottes d’Asperges remarquables par leur gros-
seur.
Parmi les autres récompenses qu’indique
M. Delchevalerie, se trouve celle accordée
au Japon. Si nous en parlons, c’est moins
pour celte récompense que pour faire re-
marquer les deux plantes, Dioscorea Japo-
nica et Lappa major, auxquelles elle pa-
raît s’adresser tout particulièrement. D’où
l’on pourrait conclure :
1® Que le Dioscorea Japonica (D. hata-
tas, Decne) vient beaucoup plus fort au Ja-
pon qu’en France; 2» qu’il en est de même
du Lappa major (un très-mauvais légume,
du moins si l’on doit en juger par ce qu’il
vaut en France), une Bardane qui nous
paraît tout au plus propre à faire une plante
à feuillage ornemental ; ou bien encore qu’on
a voulu faire une gracieuseté aux Japonais,
ce qui ne nous surprendrait pas, que nous
comprenons même : il faut être courtois.
— Du 17 au 21 septembre 1873, la So-
ciété d’horticulture d’Orléans fera, dans
cette ville, une exposition de fruits, légumes,
arbres et arbustes, plantes fleuries, fleurs
coupées, ainsi que d’objets qui, par leur
nature, se rattachent à l’horticulture. 23 con-
cours sont ouverts ; en voici l’énumération
et l’ordre : nouveautés, 1 concours; arbo-
riculture, 9 concours; floriculture, 9 con-
cours; objets ayant un rapport direct avec
V horticulture, 2 concours; concours spé-
ciaux, 2, dont un entre les instituteurs;
l’autre, qui est « en dehors de l’exposition, »
est affecté aux anciens jardiniers.
Les personnes qui désirent prendre part
à cette exosition devront s’adresser, le
8 septembre au plus tard, au président de
la Société, rue d’Escures, 15, ou au secré-
taire, M. Delaire, rue R.oyale, 82.
Le jury se réunira le mercredi 17 sep-
tembre, à neuf heures précises, à l’Hôtel -
de-Ville.
— En attendant que nous puissions pu-
blier le compte-rendu de l’exposition de
Roses qui a eu lieu à Lyon du 19 au 23 juin,
sous les auspices du congrès des rosiéristCvS,
264 CHRONIÛUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE DE JUILLET).
et par ses membres. Nous allons indiquer
qüelé[ues dispositions qui ont été prises par
le congrès, lors de l’exposition. Les jurés
étrangers qui avaient répondu à Lappel qui
leur avait été fait sont MM. Georges Paul, de
Londres; Jr>oup,ert, de Luxembourg; Hippo-
lyte Jamain, de Paris; A. Rivière, G. Â^er-
dier, E. Verdier, de Paris. Aussitôt réunis,
les jurés se sont constitués et ont nommé :
M. A. Rivière, président; secrétaire-rappor-
teur, M. Charles Verdier, dont nous publie-
rons le rapport plus tard.
Après le travail du jury, qui fut suivi
d’un banquet, le& membres du jury et un
certain nombre d’autres personnes compé-
tentes se sont réunies en assemblée délibé-
rative, pour discuter les meilleurs moyens
de réaliser le but des fondateurs. Après
avoir nommé pour président M. Jean Sisley,
on a déclaré la séance ouverte.
Il a été d’abord décidé que les pouvoirs
des membres do bureau provisoire du con-
grès venaient d’expirer.
I! a élé ensuite décidé, après une discus-
sion oalrne et approfondie, que le congrès
international serait divisé en sections ré-
gionales, et que les membres présents éli-
raient un ]yr ésïàëni général et un secrétaire
général) puis un vice-président pour les
sections déjà existantes;
Que néanmoins ces nominations ne se-
raient non plus que provisoires, jusqu’à ce
que les sections fussent plus nombreuses,
et chacune d’elles constituée par un certain
nombre de membres, et qu’alors de nou-
velles élections auraient lieu, et qu’un ré-
glement et un programme seraient faits et
votés par toutes les sections réunies.
Ceci convenu^ l’on a passé au vote. Ont
été élus :
Président général, M. Léon de Saint-
Jean, de Lyon; — vice-président de la sec-
tion de Lgon, M-. Jean Sisley; secrétaire,
M. Th. Denis; — vice-2orésident de la sec-
tion de Paris, M. Charles Verdier; secré-
taire, M. A. Rivière; — vice-président de
la section de Londres, M. Georges Paul, de
Londres; secrétaire, à nommer; — vice-
président de la sectioii des Pays-Bas,
M. Soupert, de Luxembourg; secrétaire, à
nommer; — vice -président de la section
de Belgif[ue, y[. Louis Van Houtte ; secré-
taire, à nommer; — vice p)résident de la
section d' Italie, M. F. Pertusati, de Milan ;
secrétaire, à nommer.
Dans cette exposition, où figuraient un
très-grand nombre de nouvelles Roses, cinq
seulement ont été choisies et primées par le
jury, c’est-à-dire ont obtenu un certificat de
première classe. Ce sont :
Roses hybrides remontants. — Ma-
dame Marie Finger, obtenue par M. Ram-
baux, horticulteur aux Charpennes-Lyon,
et dont voici les caractères : arbuste vigou-
reux, à rameaux droits, glabres, munis de
quelques aiguillons légèrement arqués, rou-
geâtres. Feuilles à cinq folioles luisantes,
vertes en dessus, blanchâtres en dessous,
dentées sur les bords. Pétioles armés de pe-
tits aiguillons, munis à leur base de stipules
moyennes. Pédoncules longs de 4 à 5 centi-
mètres, glanduleux; ovaire glabre; division
calicinale longue de 2 à 3 centimètres. Fleur
grande, forme globuleuse, d’un beau rose
carné vif, plus foncé au centre. Cette belle
variété est issue du Rosier Victor Verdier,
avec lequel elle a comme aspect quelque af-
finité.
Capitaine Cliristy. M. F. Lacharme,
horticulteur, quai de la Vitriolerie, à Lyon.
Arbuste vigoureux, à rameaux droits, gla-
bres, légèrement violacés, munis de quel-
ques aiguillons. Feuilles à cinq folioles
larges, acuminées, vertes à la face supé-
rieure, blanchâtres en dessous et dentées.
Pétioles armés de quelques aiguillons ; sti-
pules courtes ; pédoncules raides, glandu-
leux; ovaire glabre; divisions calicinales
très-longuement foliacées. Fleur grande,
pleine, d’un rose carné très-tendre, à centre
plus vif.
3o Prince Paul Demidoff. Produit de
M. Guillol fils, horticulteur, chemin des
Pins, à Lyon. Arbuste très-vigoureux, à ra-
meaux droits, forts, armés généralement
d’aiguillons courts, droits et rouges. Feuilles
grandes, de 2 à 5 folioles; pétiole flexueux
armé d’aiguillons, folioles amples, ovali-
formes, dentés, glabres; pédoncule de 3 à
4 centimètres, glanduleux; ovaire glabre, à
sépales longuement foliacées. Fleur grande,
d’un rose carminé clair. Variété issue de la
Rose Jides Margottin.
Rosiers thé. — Sliirley Hihhe^'t, obtenu
par M. Levet, horticulteur, route d’Hey-
rieux, à Lyon. Arbuste assez vigoureux;
rameaux grêles, rougeâtres, flexueux ; ai-
guillons courts, à larges empâtements, lé-
gèrement arqués et rougeâtres. Feuilles à
5-7 folioles petites, légèrement acuminées,
glabres sur les deux faces, finement den-
tées; pétioles armés de quelques rares ai-
guillons. Pédoncules longs de 3 à 5 centi-
mètres, larges, glanduleux, accompagnés
de bractées. Ovaire d’une grosseur moyenne,
presque globuleux, glabre; division calici-
255
(première quinzaine de juillet).
CHRONIQUE HORTICOLE
uale courte. Fleur d’une grandeur moyenne,
en forme de coupe, d’un jaune nankin cha-
mois, coloris nouveau.
Marie Guillot, obtenue par M. Guillot
fils, horticultenr, chemin des Pins, à Lyon.
Arbuste à rameaux droits, de grosseur
moyenne, raides, légèrement rougeâtres,
armés d’aiguillons presque droits. Feuilles
à 3-7 folioles légèrement arrondies, acu-
minées, glabres. Pétiole arme d aiguillons ,
pédoncules de 4 à 5 centimètres, glabres ;
ovaire urcéolé; calice court. Fleur grande,
très-pleine, blanche, à reflets légèrement
jaunâtres.
Après avoir choisi ces cinq variétés, le
jury a exigé que leurs propriétaires les
nommassent de suite ; il a posé aussi comme
condition que ces Roses seraient mises au
commerce cette même année d873.
— A l’occasion du Comice agricole, la
Société pratique d’horticulture de l’arron-
dissement d’Yvetot (Seine-Inférieure) fera
à Yvetot, les 2 et 3 août 1873, une ex-
position des produits de l’horticulture, à la-
quelle elle convie tous les horticulteurs,
jardiniers et amateurs, et pour laquelle elle
ouvre 43 concours ainsi répartis : culture
moraichëre, 9 concours ; plantes de serre
chaude, 5 concours; plantes de plein air,
10 concours ; arbustes, 3 concours ; fruits,
5 concours ; industrie horticole, 2 con-
cours.
Les personnes qui voudraient exposer de-
vront s’adresser à M. le Président de la So-
ciété, jusqu’au 15 juillet au plus tard, en
indiquant, avec l’emplacement qui leur est
nécessaire, la nature des objets qu’ils se
proposent d’exposer.
Le jury se réunira le vendredi 1®*” août,
à neuf heures du matin, au local de l’expo-
sition.
— Au sujet de la prochaine réunion de
la Société pomologique de France, son pré-
sident, M. Mas, vient d’adresser à tous les
membres, ainsi qu’à toute la presse horti-
cole, la circulaire suivante :
Lyon, le 7 juin 1873.
Monsieur,
La SùciHé pomologique de France se réunira
en assemblée générale, celte année, à Marseille.
Celte session, qui sera la 16e, s’ouvrira le sa-
medi G septembre, à trois heures, et sera close
le jeudi suivant; elle coïncidera avec l’exposition
horticole méditerranéenne que la Société de cette
ville se dispose à organiser.
Sans attendre le programme de celte session,
I qui vous sera bientôt adressé, le Conseil d’ad-
ministration a pensé qu’il était ulib , au moment
où les fruits vont apparaître, de sli.nuler le zMe
de tous les membres de l’association, et de les
inviter tous à coopérer au succès de nos études,
soit par leurs observations personnelles, soit
par l’envoi de fruits à la commission perma-
nente.
La liste des fruits inscrite, à la suite des der-
niers comptes-rendus est considérable, et ap-
pelle un examen altenlif; il y a d’autres fruits
locaux qui n’ont pas encore été assez appréciés,
ainsi que des introductions utiles à provoquer
et de bons gains de semis à faire connaître et à
répandre.
La commission permanente des études s’est
adjoint de nombreux membres correspondants
en tous pays ; elle achève en ce moment la ré-
daction du catalogue général, mais en meme
temps elle fait de tous les fruil> qui lui sont
soumis l’objet de la plus sérieuse iilleulion.
Nous vous rappelons que les réunions de cette
commission ont lieu les Rr et 4^ samedis de
chaque mois ; des sous-commissions sont d’ail-
leurs instituées pour examiner les fruits dont la
maturité ne coïnciderait pas avec les jours ordi-
naires des réunions. Nous vous prions donc ins-
tamment de vouloir bien adresser au secrétariat,
au Palais-des-Arts, tous les fruits inconnus, dou-
teux, dignes d’être étudiés, tous les documents
propres à éclairer les investigations : ils seront
l’objet d’études attentives, et les résultats uiiles
seront consignés dans le bulletin, dont le pre-
mier numéro va vous être prochainement adressé.
Nous prions toutes les Sociétés horticoles de
nous prêter leur concours, et de favoriser l’ému-
lation générale par les travaux de leurs com-
missions.
Avec de tels éléments, nous devons nécessai-
rement arriver à un résultat efficace, et la
prochaine session sera féconde pour la pomo-
logie.
Veuillez agréer, Monsieur et cher collègue,
l’assurance de nos sentiments dévoués.
Le Secrétaire, Le Président,
L. CusiN. . Mas.
— Le 23 septembre 1873. la ville de Spa
(Belgique) fera une exposition de Champi-
gnons utiles et nuisibles, ainsi que des pro-
duits de la culture maraîchère et de la po-
mologie. C’est là une heureuse idée, surtout
en ce qui concerne les Champignons, qui,
comme on le sait, sont des plantes très-nu-
tritives, et qui, dans beaucoup de localités,
constituent une alimentation aussi saine
qu’agréable. Malheureusement, cette ali-
mentation n’est pas sans présenter de sé-
rieux dangers à cause du nombre con-
sidérable des espèces de Champignons
très-vénéneux qui se trouvent souvent mé-
langées aux bonnes, avec lesquelles, très-
souvent aussi, elles ont la plus grande res-
semblance. Les différences physiques sont
266
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈ AE QUINZAINE DE JUILLET).
parfois tellement minines, que c’est à peine
si la science peut les indiquer ; néanmoins, la
pratique ne s’y trompe guère, et il est très-
rare que dans chaque pays on ne sache dis-
tinguer les bonnes des mauvaises espèces.
Si tous les habitants ne savent pas faire ces
différences, il en est pourtant qui, plus ex-
périmentés, ne se trompent jamais. Il serait
donc bon, dans l’intérêt général, que, une
fois ou deux par année, à l’époque où cer-
taines espèces apparaissent tout particuliè-
rement, les autorités locales s’entendissent
avec la Société d’horticulture la plus voisine
pour nommer une commission qui serait
chargée d’examiner tous les Champignons
que, pour cet usage, l’on aurait préalable-
ment réunis dans un lieu où, à un jour dé-
terminé, on aurait convoqué tous les habi-
tants, qui alors auraient pu prendre une
leçon et apprendre là à distinguer des
plantes qui peuvent rendre d’immenses ser-
vices, et qu'on laisse perdre faute de les
connaître. Il y aurait là une sorte d’ensei-
gnement mutuel très-avantageux au point
de vue économique, et qui pourrait en
même temps servir la science.
— L’espérance renaît quant à la prochaine
récolte; on commence à reconnaître que
non seulement tout n’est pas perdu, mais
encore que l’on avait beaucoup exagéré, que
le mal est bien moindre qu’on ne l’avait dit.
A part un peu de retard, il est un grand
nombre de denrées qui seront tout aussi
belles et en aussi grande quantilé qu’elles
sont habituellement. C’est avec intention que
nous avons dit « un peu ; » car, en effet, si
l’on se fonde — et l’on a raison de le faire
— sur la floraison du Lis blanc, on est au-
torisé à croire que, dans un rayon de vingt-
cinq lieues, environ, autour de Paris, la
moisson commencera vers la fin de juillet,
puisque le Lis blanc a commencé à fleurir
du 18 au 20 juin, et que, d’après le pro-
verbe: « Autant de jours cette plante fleurit
avant la Saint-Jean, autant de jours l’on
commence la moisson avant le mois d’août. »
Quant à la Vigne, elle va bien ; la floraison
s’est faite parfaitement, et en général on
compte sur une bonne demi-année; il y a
même beaucoup d’endroits où l’on fera plus.
Si l’on ne peut encore chanter victoire , il
faut pourtant reconnaître qu’il n’y a pas
lieu de se décourager.
— La Société horticole, vigneronne et fo-
restière de l’Aube, ne faisant pas d’exposi-
tion cette année, vient d’organiser, à l’occa-
sion du concours du Comice agricole à
Bar-sur-Seine, une visite des jardins, des
bois, des Vignes, des plantations sur fri-
che, etc.
De nombreuses récompenses ont été dé-
cernées tant aux propriétaires des exploita-
tions privées qu’aux jardiniers, vignerons et
agents forestiers qui s’y trouvent attachés.
Nous remarquons, entre autres lauréats,
deux gardes forestiers qui ont détruit, de-
puis sept ans, près de 17,000 vipères dans
les bois confiés à leur surveillance.
Des administrations communales, qui ont
transformé leurs friches stériles en forêts
productives d’essences feuillues ou rési-
neuses, figurent également parmi les lau-
réats.
Les plantations spéculatives d’arbres frui-
tiers, de [plantes potagères, la culture de
Vignes à la charrue, ont été encouragées
par la Société de l’Aube. Nous lui en adres-
sons nos compliments sincères. Les popula-
tions rurales ont tout à gagner au contact, à
l’étude et à l’exploitation de l’horticulture.
Parmi les objets décernés en prix, nous
constatons avec plaisir la persistance de la
Société troyenne à distribuer des ouvrages
recommandés : les Etudes des vigyiohles de
France, par Jules Guyot, le Potager mo-
derne, par Gressent, etc., etc.
Le moyen employé par la Société de
l’Aube est assurément l’un des meilleurs;
aussi ne saurait-on trop le faire connaître.
Tout en excitant à faire mieux en satisfai-
sant l’intérêt, cette sorte de récompense
pousse plus qu’aucune autre, en indiquant
les procédés les plus convenables pour at-
teindre ce but.
— Quand, d’abord, on ne s’entend pes
sur les mots, il est impossible d’être d’ac-
cord sur les choses auxquelles on les ap-
plique; aussi est-ce une des principales rai-
sons qui fait que, en horticulture surtout,
on voit tant de discussions rester stériles,
qu’après de longs débats personne n’est
convaincu et que la question n’en est pas
plus avancée. Ces réflexions nous sont sug-
gérées par certaines observations qu’on
nous a faites relativement à ce que diverses
fois nous avons écrit sur la marche de la
sève, écrits qui nous paraissent avoir été
mal interprétés. Comme preuve, nous al-
lons rappeler ce que nous disait dernière-
ment un de nos collègues : (( Comment I
nous disait ce bienveillant confrère — c’est
vous qui niez la sève descendante, laquelle
se manifeste si visiblement dans presque
DE l’ombre en horticulture.
2G7
toutes les opérations derarboriculture,elc.?i)
Évidemment notre collègue nous a mal com-
pris, probablement parce que nous nous
sommes mal expliqué, et comme beaucoup
de nos lecteurs pourraient penser de même,
nous croyons devoir faire quelques observa-
tions à ce sujet. Nous commençons par dire
que Jamais nous n’avons eu l’idée de nier la
sève descendante d’une manière absolue,
ce qu’on ne pourrait faire, du reste, à moins
de vouloir nier l’évidence, que la moindre
section faite à une partie quelconque d’un
végétal démontre de la manière la plus for-
melle. En effet, puisqu’il se forme à la base
de toute section d’un rameau un bourrelet
qui n’est autre que de la sève modifiée et
que, d’une autre part, il y a solution com-
plète de continuité entre ce rameau et l’arbre
dont il provient, il est donc hors de doute
que cette sève vient du rameau , que, par
conséquent, ce ne peut être que de la sève
descendante. Mais, aussi, peut-on de là in-
férer, comme tant de gens semblent encore
l’affirmer, que tous les phénomènes se pas-
sent de la même manière, et que toujours
les racines se forment avec cette sève éla-
borée par les feuilles? Nous ne le croyons
pas, parce que, (dans beaucoup de cas, les ra-
cines percent dans toute la longueur des ra-
meaux qui se trouve enterrée, et cela même
sans qu’il y ait seulement de trace de bour-
I relet. C’est ce qui arrive pour les boutures
de Saule, de Peuplier, de Groseillier, de
DE L’OMBRE EN
!
I L’ouvrage le plus élémentaire sur la cul-
! ture donne , comme conditions indispen-
I sables à la végétation normale de beaucoup
1 de plantes, à la reprise surtout : « culture
i à Vombre, ou à mi-ombre. » Lorsque ce
! n’est que transitoire, qomme après le rem-
I potage par exemple, les moyens employés
' ont moins d’importance ; mais en culture à
demeure, c’est-à-dire pour une saison, l’om-
; brage n’est pas très-bien compris.
I Mettre une plante à V ombre est, en gé-
néral, la soustraire à l’action plus ou moins
directe des rayons solaires. Dans la plupart
[ des jardins, on profite d’un mur, ou de
I plantations spéciales que l’on nomme ri-
deaux, palissades, brise-vent, etc. On em-
ploie pour cela le plus souvent des arbres
I verts. Quelques personnes emploient des
arbres fruitiers, qui, bien qu’à feuilles ca-
duques, ombragent parfaitement à l’époque
: où leur emploi est nécessaire. Enfin, d’au-
' très se servent d’un latis de fagot, etc.
Vigne, etc., et d’autre part, comment aussi
pourrait-on, à l’aide de la sève descendante
(( modifiée par les feuilles, » expliquer la
formation de racines parfois très-nombreuses
et très-longues sur des parties complète-
ment dépourvues de feuilles, parfois même
réduites à un simple fragment de bois?
N’est-ce pas ce qui a lieu lorsqu’on prend
un œil de Vigne pour le bouturer? Dans ce
cas, en effet, nous avons parfois remarqué
de longues et grosses racines, sans qu’il y
ait production de parties foliacées. D’où ve-
naient donc ces racines?
Nous ne nions pas la sève descendante ;
mais ce que nous n’hésitons pas à nier de la
manière la plus formelle, c’est qu’il y ait
une cir exdation de la sève analogue à celle
qui a lieu chez les animaux. N’y a-t-il pas
des cas même où la sève, qui toujours
MONTE, semble ne pas descendre? C’est ce
que semblent démontrer certaines boutures
qui forment un bourrelet, — plus ou moins
fort, parfois même très-fort à leur sommet, —
et qui néanmoins ne produisent ni racines
ni même de bourrelet à la partie inférieure.
De tout ceci nous concluons, ainsi que
nou's l’avons toujours fait, que la marche de
la sève, comme tout ce qui se rattache aux
principes fondamentaux de la vie des êtres,
est un phénomène très-complexe qui est
bien loin d’être connu. Le sera-t-il jamais?
D’une manière absolue, nous n’hésitons pas
à dire non. E.-A. Carrière.
HORTICULTURE
Les plantes placées à l’ombre sous d’au-
tres végétaux s’étiolent. Sous les latis de
bois sec, à lumière égale, l’étiolement est
beaucoup moindre. Pourquoi? Si nous en
recherchons la cause, le raisonnement donne
la solution suivante.
De même que dans un centre populeux
les hommes manquent d’air et jouissent
d’une santé moins robuste qu’à la cam-
pagne, à cause de la raréfaction, qui est
moindre, des gaz nécessaires à l’alimenta-
tion, les plantes sous les abris de végétaux
vivants souffrent du manque d’air, dont l’ac-
tion se fait principalement sentir dans le
sens de la verticalité. Pour se convaincre de
l’action verticale de l’air, il suffit de consi-
dérer l’effet produit par un obstacle quel-
conque mis sur une plante. Celle-ci déviera
de sa direction primitive, et la reprendra
lorsqu’elle aura franchi l’obstacle.
Une masse ambiante, uniforme, d’air
agit sur les plantes comme sur tous les
AUTÎGHAUT DE BEAULIEU.
m
autres êtres (végétaux et animaux). Les uns,
par leur nature, pour vivre normalement,
ont besoin de son contact immédiat; les y
soustraire ou le leur distribuer avec parci-
monie est tout à fait illogique. D’autres ont
besoin que l’air ne leur arrive qu’indirecte-
ment et comme tamisé (les Fougères et
la plupart des Cryptogames). D’autres,
enfin, ne peuvent' subir son influence qu’à
travei’s l’eau, ainsi que nous le montrent
les plantes complètement immergées.
De ce qui précède nous devons conclure !
que des plantes végétant bien normalement
au grand air ne peuvent vivre sans difficulté
à l’oriibre des grands arbres, car ces der-
niers absorbent en partie les éléments qui
sont utiles aux plantes ombragées. Les abris
de bois morts, brisant les rayons solaires,
sont de beaucoup préférables, parce que,
indépendamment qu’ils n’absorbent rien,
leur décomposition, quelque lente qu’elle
soit, dégage toujours des gaz utiles à
l’absorption des plantes qu’elles protègent.
H. PiOBINET,
Clief des cultures de la maison Dérr.ouillcs,
à Toulouse.
AUTIGHAUT DE BEAULIEU
La variété dont je vais parler est très-
probablement celle qui donne les pins fortes
inflorescences. Nous en avons récolté dont
une seule tête qui, pesait 1 kilogramme 220
grammes, mesurait 90 centimètres de cir-
conférence. ‘Voici comment je l’ai obte-
nue :
C’était en 1865. Je fis un semis de graines
d’Articbaut, qui me fournit les résultats les
plus singuliers. Chaque sujet provenant de
ce semis constituait une variété ; les têtes ne
se ressemblaient pas: les unes pointues, les
autres camuses, avec ou sans piquants,
vertes ou violettes, présentant des nuances
plus ou moins foncées. Mais au milieu de
ces variations, mon attention fut particu-
lièrement attirée par un sujet aux longues
et larges feuilles, d’une viguc'ur remar-
quable. J’étais impatient de voir la pomme
sortir et se développer. En l’examinant avec
attention, il me sembla reconnaître une dis-
position inusitée qui me paraissait d’un bon
augure; je dois dire que, loin d’avoir été
déçues, mes espérances ont été dépassées ;
il produisit une tête que sans exagération je
puis qualifier de phénoménale. La pre-
mière que j’ai récoltée mesurait 72 centi-
mètres de circonférence, et pesait 875
grammes. Ce résultat me paraissait plus que
satisfaisant; je ne pensais pas qu’il me fût
possible d’obtenir encore mieux : jeme trom-
pais. Je fis enlever les œilletons de la souche
mère pour les planter ailleurs. Sur ces
mêmes œilletons, j’ai récolté des pommes
mesurant chacune 90 centimètres de cir-
conférence, et qui, ainsi que je l’ai dit ci-
dessus, pesaient J kilogramme 220 grammes.
Cette variété d’Artichaut a-t-elle dit son
dernier mot? Ne peut-elle pas donner des
produits dépassant ceux qu’elle m’a déjà
donnés? Je ne suis pas éloigné de le croire.
car le semis des graines, la plantation des
œilletons, se sont faits dans des conditions
assez défavorables, dans le jardin du pres-
bytère de la paroisse de Marc-Latour, dont
j’étais alors le curé. J’avais trouvé le sol de
ce jardin complètement épuisé; je l’avais
engraissé il est vrai ; mais outre son épuise-
ment, il avait encore un défaut capital pour
la culture de l’Artichaut, qui demande une
terre profonde, afin que ses racines grosses
et longues s’y développent et s’y étendent
à leur aise. Ce sol a tout au plus, en épais-
seur, de 20 à 25 centinaètres de terre arable ;
au-dessous on ne trouve que des pierres et
I delà terre glaise qui constituent le sous-sol.
I Dans ces conditions, je suis arrivé à des ré-
! sultats inespérés. Suis-je téméraire en pen-
I sant qu’on aurait chance d’obtenir encore
mieux dans un terrain plus propice, plus
favorable à la culture de cette plante?
L' Artichaut de Beaulieu végète avec vi-
gueur; ses feuilles, d’un vert foncé, sont lar-
ges et longues. Il me paraît très-rustique.
De toutes les variétés que j’ai obtenues de
semis, c’est la seule que j’ai pu conserver
pendant le rigoureux hiver de 1868. La tige
qui supporte les pommes est courte, grosse
et trapue ; on peut dire que c’est une variété
naine. Les pommes formées sont d’un vert
clair, quoique presque violettes à leur nais-
sance; à mesure qu’elles se développent,
cette couleur disparaît pour ne laisser de
[ traces que sur les bractées les plus infé-
I rieures. Les bractées (feuilles de la pomme)
sont grosses et charnues; le fond est égale-
ment très-gros, charnu et épais. La saveur
parliculière de ce produit plaît beaucoup
et est très-estimée des gourmets. J’ai déjà
dit quelle en est la grosseur, quel en est
le pcids. Il ne faut pas songer à placer
I plusieurs têtes dans un même plat ; une
DEUX BONNES PLANTES POUR BORDURES.
seule suffit, en meme temps qu’elle est l’or-
nement d’une table bien servie.
Un examen attentif de ces produits, fait
par des juges compétents, a démontr é qu’ils
constituent une nouvelle et très-méritante
variété. Comparé au gr*os Artichaut de Bre-
tagne, V Artichaut de Beaulieu donne autant
de pommes que ce dernier ; mais une seule
de celui-ci pèse pr^esque autant que cinq
de celui-là. Tout naturellement, j’ai cherxhé
à multiplier cette espèce, et je suis en me-
sure aujourd’hui d’en fournir à tous ceux
qui m’en demanderont.
Une variété d’Artichaut se reproduit rare-
ment franche de graines, tandis que les
œilletons donnent toujours invariablement la
la même variété.
Les plantations de juillet, d’aout et de
septembre sont préférables à celles du prin-
temps, et nous donnent leurs produits tout
aussitôt. Les sujets qui n’ont atteint que la
moitié de leur développement se conservent
-269
mieux pendant l’hiver; ceux qui sont tout à
fait forn)és sont plus exposés à périr, fait
qui, du reste, se montre sur d’autres plantes
potagères, pour les Choux notamment. Ainsi,
tandis qu’un Chou non pommé brave la
gelée, celui qui est pommé ne peut sup-
porter l’hiver.
L’Artichaut peut être cultivé en France,
dans les régions les plus froides; ce qu’il
craint le plus, ce n’est pas la gelée, mais
bien un excès d’humidité. Les soins qu’on
lui donne pendant l’hiver, les précautions
qu’on prend pour le conserver, lui sont plus
nuisibles qu’utiles. On trouvera dans mon
Manuel pratique d'horticulture (ouvrage
honoré de la souscription de M. le Ministre
de l’agriculture — prix : 3 fr.) un moyen
simple, facile, efficace, peu dispendieux,
pour préserver cette plante de l’humidité et
du froid.
L’Abbé Morlion,
Propriétaire à Beaulieu (Corrèze).
DEUX BONNES PLANTES POUR BORDURES
Une des principales préoccupations de
l’architecte ou du jardinier, lorsqu’ils ont
créé un jardin, est de savoir comment et
avec quoi ils entoureront les massifs d’ar-
bustes, les carrés du potager, les plates-
bandes du jardin fruitier, et aussi comment
ils pourront gazonner les pentes rapides, les
lieux secs, arides, rocailleux, et même les
ruines. Quand le terrain est de bonne qua-
lité, suffisamment humide, on peut adopter
le Ray-grass ou le Laiü?i-grass, qui, bien
soignés, souvent tondus et arrosés, permet-
tront, avec le Buis, lorsqu’on trouvera celui-
ci en assez grande quantité, de se tirer d’af-
faire.
Mais il n’en est pas toujours ainsi, le ter-
rain qui est situé sur des pentes arides,
normalement éclairé par les rayons solaires
et composé de rocailles ou de sables mai-
gres, sur lesquels le gazon ne résiste pas,
et où le Buis ne se maintient qu’avec peine,
fournit de fréquentes exceptions.
Placé dans ces conditions lors de la créa-
tion du jardin-école ’de Soissons, il nous a
fallu essayer un peu de tout, et, à l’aide de
nos tentatives, nous sommes arrivé à pos-
séder de belles et solides bordures, même
dans les parties les plus sèches du jardin,
en employant l’Aubriétie deltoïde {Auhrie-
tia deltoidea)et le Petit Chêne {Teucrium
Chamœdrys).
La facilité avec laquelle ces plantes se
multiplient et leur robusticité nous engagent
à les recommander à l’attention des jardi-
niers.
Le Petit Chêne est vivace; ses tiges sous-
ligneuses, dressées, atteignent 15 centimèt.
de hauteur; ses feuilles, finement découpées
et vernissées sur le dessus, font un aussi
bon effet que celles du Buis, quoiqu’elles
soient d’un vert plus sombre. Les fleurs
purpurines, en grappes allongées, bien
qu’elles n’aient rien de merveilleux, pro-
duisent néanmoins un certain effet décoratif
qui ajoute à celui des feuilles. On peut le
multiplier d’éclats à l’automne ou au prin-
temps, et surtout de boutures faites en juin,
à l’instar des boutures de Pélargoniums,
c’est-à-dire en pleine terre et à l’air libre. On
détache pour cela les extrémités des tiges;
on leur donne une longueur d’etiviron 5 à
6 centimètres, et on les repique au plantoir à
10 centimètres en tous sens dans une planche
labourée profondément et dont on aura brisé
les mottes ; ces boutures seront bassinées
plusieurs fois par jour jusqu’à leur reprise,
qui aura lieu environ trente jours après l’o-
pération. Des sarclages et des arrosements
suffisants sont de rigueur si l’on veut avoir
de bons petits plants à mettre en place au
printemps. Celui-ci arrivé, il ne restera plus
qu’à planter le Petit Chêne sur trois rangs,
en espaçant les pieds de 15 à 20 centimètres
en tous sens ; on complète la plantation par
270
PALMIERS NOUVEAUX.
«le copieux arrosements. Tous les ans, vers
te 15 juin, si l’on veut avoir des bordures
bien régulières, on tondra avec les cisailles
tes sommités des plantes, comme on le fait
luabituellement pour le Buis, en ayant soin
de faire cette opération d’une manière cor-
recte et régulière : c’est à peu près le seul
soin que cette plante exige pendant sa végé-
tation.
Aiibrietia deltoidea est également vi-
vace; ses tiges très-rameuses, gazonnantes,
s’élèvent à peine à 1^ centimètres ; ses fleurs,
d’un bleu violet, font un merveilleux effet
si les plantes sont placées en ligne ou en
masse sur un massif assez bombé. Cette
charmante plante s’accommode de toutes
les situations, même des plus arides; elle
ne paraît redouter que les endroits ombra-
gés ou très-humides.
On peut la multiplier par semis et sur-
tout par éclats après la floraison, c’est-à-dire
PALMIERS
cocos WEDDELIANA
Ces deux plantes, rêve de tous les ama-
teurs, sont assurément ce qu’il y a de plus
beau parmi les nouvelles introductions de
ces dernières années.
Le Cocos Weddeliana et le Glaziova
hisignis sont les plus élégants des petits
Palmiers. Le C. Weddeliana, déterminé
par Martius, avait reçu tout d’abord la dé-
nomination de Jjeopoldinia pulchra. En
Belgique, les catalogues des horticulteurs
te désignent tantôt sous le nom de Glaziova
elegantissima , tantôt sous celui de C.
Weddeliana.
Autrefois, quelques exemplaires de ce
Palmier, originaire du Brésil, avaient été
introduits dans certaines cultures spéciales,
alors que les plantes ornementales de serre
chaude étaient encore délaissées, et que les
moyens de les forcer et de les bien cultiver
étaient à peu près inconnus ou restaient le
secret de quelques praticiens habiles.
Ce Coeos ne se trouvait donc que très-
difficilement dans le commerce qui, alors,
en demandait un prix insensé. Cependant
tes spécimens des jardins botaniques gran-
dissaient et faisaient l’admiration des con-
naisseurs; leur réelle beauté donna l’idée
de tirer parti de ce Palmier, et l’on se mit à
en faire chercher des graines ; ce fut peine
perdue : il fut même impossible de retrouver
ta station de cette plante. Un infatigable
diercheur, M. Binot, plus heureux que les
depuis le mois de juillet jusqu’à la fin d’oc-
tobre. Les jeunes plants, placés d’abord en
pépinière à 10 ou 12 centimètres en tous
sens, sont, à fautomne ou au printemps,
plantés à demeure à la distance de 25 à
30 centimètres. La floraison commence dès
le premier printemps, et se continue jusqu’à
la fin de juin; dès qu’elle est terminée, il
suffit de tondre la plante, pour la faire
pousser de nouveau et en obtenir, par ce
moyen, une seconde floraison à l’automne.
C’est peut-être, de toutes les plantes vi-
vaces pour bordures, la meilleure, la plus
floribonde, et en même temps celle qui
exige le moins de soins d’entretien.
Le semis se fait en mai-juin en pépinière ;
le jeune plant est également repiqué en pé-
pinière lorsqu’il est suffisamment développé,
puis est planté à demeure à l’automne ou
au printemps.
E. Lambin.
NOUVEAUX
r GLAZIOVA INSIGNIS
autres explorateurs, découvrit par hasard,
dans ses excursions, l’objet de tant de re-
cherches. Ce Cocos introuvable croissait sur
les bords sablonneux d’un torrent. Les
quelques graines échappées à la voracité
des petits animaux rongeurs qui peuplent
ces contrées avaient été entraînées par les
eaux; aussi, pour ne pas perdre le fruit de
ses pénibles recherches, M. Binot releva
avec succès une quantité de jeune Cocos
qui, en grande partie, sont ceux que l’éla-
blissement Linden livre au commerce à un
prix très-élévé. Les amateurs ne doivent
pas s’en étonner, M. Linden s’étant assuré,
autant que possible, le monopole de cette
trouvaille.
La tige du C. W^eddeliana est mince e]
entourée d’un épais tissu noir ; ses feuilles,
qui retombent gracieusement, atteignent
environ 1'» 30 de longueur; elles sont
étroites et divisées presque jusqu’à la base
du pétiole; leur couleur est d’un beau vert
foncé en dessus, avec un reflet d’un gris
métallique en dessous.
Le Glaziova insignis, originaire des
mêmes régions, diffère de l’espèce précé-
dente par sa taille plus élevée et par ses
feuilles qui, plus droites, ont en dessous un
reflet argenté très-accentué.
La culture de ces Palmiers est facile ; on
devra les tenir dans une terre très-sablon-
neuse mélangée de bonne terre franche.
AGALMYLA LONGISTYLA.
271
Les arrosements seront abondants; quand
les jeunes plantes seront un peu faites, elles
ne réclameront plus la chaleur qu’il est
bon de leur donner pour activer leur crois-
sance lorsqu’ils sont jeunes.
M. Binot assure qu’au Brésil, ces plantes
supportent sans souffrir une température
qui quelquefois tombe à zéro. La taille de
ces Palmiers, arrivés à l’état adulte, est de
1 à 2 mètres ; toutes les serres peuvent donc
s’enrichir de ces petites merveillesvégétales.
Alphonse D***,
Amateur.
AGALMYLA LONGYSTYLA
L’espèce que nous allons décrire, que
représente la ligure coloriée ci-contre, est
très-rare dans le commerce, où on la ren-
contre sous le nom de Agalmyla staminea,
c’est-à-dire A. à longues étamines. Nous
n’adoptons pas ce nom par cette raison que
les caractères de notre plante sont très-diffé-
rents de ceux qui s’appliquent à l’espèce qui
a été décrite et figurée sous le qualificatif
staminea (1), ainsi du reste que va le dé-
montrer la description que nous allons en
faire, et que laisse voir la figure que nous en
donnons. Plante vigoureuse, à tige charnue,
sarmenteuse, couchée, radicante, ayant une
disposition très -marquée à se contourner,
grosse, rougeâtre, courtement velue, pubé-
rulente surtout en dessus. Feuilles forte-
ment pétiolées, à pétiole d’environ 12 centi-
mètres, gros, succulent, rougeâtre et v(du
comme la tige, longuement lancéolées,
atteignant 15-20 centimètres de longueur
(non compris le pétiole), sur environ 8 de
largeur, à limbe très- épais, coriace, un peu
convexe, huilé et très-luisant en dessus,
vert pâle, glaucescent en dessous, à bords
réfléchis, portant de grosses et courtes dents
(1) Deux figures de lLf ga/»îîy/as^a>af;?ca, à notre
connaissance, ont été publiées, l’une par M. Mor-
ren père, dans les Ammles de la Société royale
d’ayricxdlure et de botaniyKe de Gand^ 1848, t. IV,
p. 255; l’autre, par M. Ch. Lemaire, dans la Flore
des serres et des jardins de l'Europe, 1848 (juinV
t. IV, p. 358.
L’examen de ces deux figures démontre qu’elles
ont été faites Lune sur l’autre (en modifiant très-
légèrement la position du dessin); de plus qu'il est
à peu près hors de doute quelles sont des copies,
puisque les deux auteurs, en la décrivant d'après
Blurne, se tiennent dans des considérations géné-
rales quanta la plante, qui n’avait pas encore fleuri
en Belgique, bien quelle y était introduite, fait qui
ressort d’une manière formelle de ce passage de
M. Morren : « C’est M. Thomas Lobb qui l’a rame-
née de Java, et aujourd’hui les principaux horticul-
teurs de Gand possèdent cette plante remarquable
dans leurs collections, quoiqu’il n’y ait que fort peu
de temps qui se soit écoulé depuis son introduc-
tion. » Mais alors, pourquoi ne pas avoir indiqué
où ils avaient puisé? C’eût été un renseignement
do plus, ce qui ne nuit jamais.
{Eote de la rédaction.) i
écartées. Fleurs tubuleuses, nombreuses,
naissant par groupes sur un très-court et
gros pédoncule coloré, à tube d’environ 5
centimètres, renflé au milieu, qui est un
peu arqué, à cinq divisions inégales, l’in-
férieure beaucoup plus longue, réfléchie,
les deux supérieures très-courtes, d’un rouge
ponceau brillant et très-foncé, — ion chaud,
comme l’on dit, — portant à la partie in-
terne des divisions, surtout sur l’inférieure,
une macule plus foncée, brunâtre. Etamines
5, dont 2 fertiles, à filets rouge violacé, se
renversant de suite en arrière, c’est-à-dire
sur la partie convexe de la corolle, de sorte
que l’on n' aperçoit jamais que les styles;
anthères conjuguées, adnées latéralement et
comme soudées par leur extrémité, ovales-
allongées; style très-longuement saillant, à
filet gros, raide et très-droit, d’un lilas vio-
lacé, terminé par un stigmate bifide ou bila-
mellé, à divisions étalées parallèlement.
B arrive parfois, mais très-rarement, que
le style avorte sur quelques fleurs, et dans
ce cas les étamines de ces fleurs restent
dressées. Est-ce par suite d’un fait analogue
qui, en se généralisant sur certains pieds,
aurait déterminé le caractère de la plante
qu’on a qualifiée staminea 2 Serait-elle une
forme de celle que nous décrivons, ou est-
ce celle-ci qui serait une variété de celle-là?
Nous ne pouvons le dire ; ce que nous pou-
vons affirmer, c’est que VA. longistyla est
une plante de premier mérite ornemental,
de laquelle on pourra tirer un très-bon
parti, en disposant ses rameaux soit en spi-
rale, soit de toute autre manière, afin de
multiplier les surfaces.
La floraison de V Agalmyla a lieu en
hiver, précisément à l’époque où les fleurs
ne sont pas abondantes, ce qui est un mé-
rite de plus. Quant à sa culture, elle est
très-facile : terre de bruyère grossièrement
concassée, mélangée de sphagnum. On peut
même cultiver en terre de bruyère ordi-
naire, en ayant soin de ne pas la fouler;
peut-être pourrait-on cultiver dans de la
mousse humide, la plante émettant de nom-
f
CULTURE DES MELONS ET DE L’IGNAME DE CHINE.
breux crampons ou suçoirs, à l’intar de cer-
taines espèces parasites. La multiplication
ne présente aucune difficulté; les tiges
coupées et placées sous cloche s’enracinent
très -promptement.
Quoique nous ne puissions rien affirmer
d’absolu quant à son origine, on peut con-
sidérer VA. longistifla comme croissant à
Java, dans les mômes conditions que VA.
staminea, Blume. On doit donc, comme
celle-ci, la cultiver en serre clîaude.
On pourra se procurer VA. longistijla
chez M. Luddemann, horticulteur, boule-
vard d’Ilalie, 25, où nous avons fait exécuter
la figure représentée ci-contre.
Après avoir fait connaître les caractères
que présente VA. longistgla, nous devons,
en terminant, rapporter quelques obser-
vations qu’on nous a faites, de manière, tout
en justifiant nos dires, à éclairer une ques-
tion qui paraît présenter quelque obscurité,
des (( points noirs. » Ainsi, l’on nous a re-
proché d’avoir jeté de la confusion en faisant
c( une espèce nouvelle, » en donnant un nom
<( nouveau » à une vieille « plante, » ce que
nous n’admettons pas pour diverses raisons
que nous allons énumérer. D’abord, qui
prouve que la plante est vieille, et, à la
rigueur, qu’importe l’âge contre la vérité ?
Parce qu’une inexactitude existerait depuis
longtemps, serait-ce une raison pour la
justifier? Nous ne le croyons pas, et nous
ne sachions pas que le temps ait la propriété
de légitimer l’erreur. Mais d’une autre part,
qui prouve qu’il y a identité entre la plante
dont nous parlons et celle qui a été décrite
il y a vingt- quatre ans? Et qui ne sait
qu’a près avoir considéré certaines plantes
comme indentiques pendant très-longtemps,
on a dû plus tard les considérer comme difle-
rentes? Les exemples abondent.
On nous a dit aussi : Mais les caractères
sur lesquels vous vous appuyez pour former
cette espèce sont « anormaux ; » ce sont des
CULTURE DES MELONS E
Dans son excellent traité sur une nou-
velle méthode de cultiver les Melons, que
notre honorable confrère, M. LoiseI,a publié
à la Librairie agricole de la Maison rus-
ligne, 20, rue Jacob, à Paris, il est ques-
tion, dans un chapitre spécial, de la culture
sur buttes ou cônes, savamment décrite
par cet habile praticien, et c’est sur la re-
commandation de l’un de nos collègues à
la Société d’horticulture que nous avons
exceptions. Ici encore nous disons : Qui le
prouve? La question vaut la peine d’étre
examinée. D’abord qu’est -ce qu’une ano-
malie, sinon ce qui est opposé à la règle,
c’est-à-dire à ce qu’on considère comme
normal? Or, pour le sujet qui nous occupe,
toute règle veut que le développement ré-
gulier des organes soit considéré comme le
fait normal, tandis que l’avortement ou
l’exception constitue l’anomalie. Donc, c’est
nous qui aurions raison, puisque nous avons
la règle pour nous. En effet, chez notre plante,
étamines et pistils se développent bien.
Mais, sans nous préoccuper de ce qui est
ou n’est pas normal, nous disons : Bien n’est
plus nuisible à la science que de donner
des noms semblables à des choses différentes.
Or, une plante dont toutes les étamines
sont dressées et dont tous les styles avortent
ne peut pas être considérée comme identique
à une autre dont toutes les étamines se ren-
versent complètement, et dont le style gros,
raide, toujours dressé, est tres-longuement
saillant (chez notre plante il dépasse la co-
rolle d’au moins 2 centimètres). S’il en est
ainsi, ce dont il n’est pas permis de douter,
que reste-t-il à faire? Ceci: considérant
que les deux plantes {Agalmgla staminea
et A. longistgla) sont très-voisines l’une de
l’autre, il faut regarder l’une des deux
comme étant une variété de l’autre. Et
comme dans ces sortes de questions notre
amour-propre n’est jamais enjeu, que, con-
trairement à certain savant, nous n’avons
aucune prétention à l’infaillibilité, et que
d’une autre part nous n’accordons aux es-
pèces qu’une valeur très-secondaire, c’est-
à-dire celle qu’elles méritenf, nous laissons
chacun libre d’en faire ou penser ce qu’il
voudra, trouvant que notre part est assez
belle si nous avons pu contribuer à éclaircir
un fait auquel tous nous sommes intéressés.
E.-A. Carrière.
[ DE LTGNAME DE CHINE
résolu de l’expérimenter cette année ici, à
Hanneucourt. Bien qtie la température ni le
temps dont nous avons joui jusqu’à présent
ne soient guère favorables aux Melons et à
leur culture, nous avons, depuis le mois de
janvier, sans désemparer, essayé ce procédé,
qui réussit si bien tous les ans à M. Loisel,
et nous espérons qu’en suivant exactement
son procédé, nos Melons arriveront aisément
à maturité, et que nous obtiendrons la
Remtey Horticole .
Açalmyla/ lomjui/Tfia .
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CULTURE DES MELONS ET DE L’(GNAME DE CHINE.
273
môme quantité de l)ons fruits, qu’il estime
-*Hre de dix. à quinze, selon les renseigne-
ments qu’il a reçus des amateurs qui ont
suivi si méthode, et même jusqu’à vingt et
un par butte, selon d’autres, plus heureux et
plus favorisés par le climat ou par d’autres
circonstances. On comprend combien nous
avons du être frappé de cet énorme produit
en le voyarit consigné dans le traité de M. Loi-
sel, et avec quel empressement nous nous
sommes mis à l’œuvre pour essayer si nous
ne pourrions pas obtenir de semblables ré-
sultats. Nous craignons avoir expérimenté
•dans une mauvaise année, car nos Melons,
aujourd’hui, 16 juin, sont à peine plus
avancés que le 29 mai, jour de la planta-
tion. M. Loisel indique que c’est dans la
première quinzaine de juin qu’il faut opérer
le second pincem^mt sur les branches ; les
branches de nos Melons commençant à peine
à se montrer en ce moment, ne pourront
•être soumis au premier pincement que dans
plusieurs jours. Cependant, nous avons l’es-
poir que des beaux jours succéderont aux
mauvais, qui durent depuis plus de six mois,
et qu’ils nous permettront d’obtenir une
bonne récolte et de beaux fruits. En jardi-
nage comme en toute chose, il ne faut jamais
désespérer. On saitque l’homme vit beaucoup
par la foi, et nous en sommes là, 'pour les Me-
lons surtout. Voici donc comment nous avons
•opéré et ce que nous avons fait, en priant
nos confrères et les amateurs de Melons de
nous redresser si nous avons manqué à la
règle par inexpérience, et d’avance nous les
■en remercions. Qu’on le comprenne bien:
à notre point de vue, le jardinage en gé-
néral est une école mutuelle de bonne con-
fraternité, mot dont on use et abuse si sou-
'vent ; l’hordiculteur a pour organe et pour
moniteur la Revue horlicole et toutes les
publications de ce genre, qui représentent
les intérêts de l’horticulture, où chacun a le
droit et le devoir de dire ce qu’il sait et ce
«qui peut être utile aux autres. Si tous les
praticiens écrivaient la moitié seulement de
■ce qu’ils savent et de ce qu’ils font, com-
bien l’horticulture serait en progrès! Et si,
d’une part, tous les horticulteurs publiaient
<ze qu’ils ont appris par la pratique, et,
d’autre part, si les publications horticoles se
trouvaient dans toutes les mains des jardi-
niers et des amateurs, et surtout si elles
étaient lues par eux avec l’empressement
<ïu’elles méritent, qui peut dire les avan-
tages qui en résulteraient pour tous? Mais
non, la plupart n’en veulent pas, et les
•autres ignorent même l’existence de ces
journaux. Mais assez sur ce sujet : passons.
Le 14 mai, nous avons procédé à la con-
fection des buttes, selon les sages prescrip-
tions indiquées dans le Traité de àl. Loisel.
Deux méthodes sont recommandées dans
ce volume : dans l’une, les buttes doivent
être espacées à 2 mètres de distance les
unes des autres, et recevoir chacune deux
pieds de Melons ; les autres, plus rappro-
chées, sont établies à 1"^ 50, sur lesquelles
on ne plante qu’un seul pied. Ce jour-là
(14 mai), nous avons construit nos monti-
cules de fumier consommé, auxquels nous
avons donné la forme d’un cône haut de
50 centimètres et de 60 centimètres de large
à la base, que nous avons foulé avec les
pieds. Nous les avons recouverts de 12 à
15 centimètres de terre du potager, puis
nous avons mis un bon paillis non seule-
ment sur les buttes, mais même sur toutes
les parties qui les avoisinent, de manière que
le sol soit entièrement couvert de fumier
consommé. La veille, c’est-à-dire le 13 mai,
nous avions semé nos Melons sous châssis,
et nous ne les avons plantés que le 29 mai,
de cette manière : deux pieds de Melons
sur les buttes montées à 2 mètres de dis-
tance, et un pied seulement sur celles dont
l’écartement n’est que de 1™ 50. Voilà donc
nos buttes construites, paillées et plantées ;
chaque pied a été couvert par une cloche
en verre, et nous sommes en attendant la
récolte ; mais, nous le répétons, le mauvais
temps nous inspire de sérieuses craintes
pour le résultat de notre première tentative.
Toutefois, et quoi qu’il arrive, nous aurons
soin de tenir les lecteurs de la Rev'ue au
courant de notre bonne ou mauvaise chance.
Dans tous les cas, il n’y aura rien de notre
faute ; nous aurons fait tout ce qu’il aura
dépendu de nous : temps, patience et frais
de fumier.
Voici les variétés de Melons que nous
avons plantées sur buttes ou cônes : Melons
Anhergion, Moschatello de MM. Vilmorin,
Moschatello de M. Loisel, Moschatello de
M. Van Houtte, Moschatello de la Fourmil-
lière. Melon de Bornéo du docteur Gênas,
Melon des Barnes de M. Jules Ravenel,
Cantaloup fond noir, Melon de Ronfleur,
d’Angers de pleine terre; enfin le Can-
ialoup fond blanc de troisième saison.
Toutes ces variétés sont chaque année cul-
tivées sous cloches par nous avec succès, et
nous espérons qu’ils devront bien venir,
étant plantées dans les conditions que nous
venons d’indiquer. M. Loisel recommande
surtout le M. Moschatello.
274
DU CHAUFFAGE DES SERRES A BERLIN.
Sur ces buttes, qui excèdent le sol de
00 centimètres environ, il nous a pris fan-
taisie de faire une nouvelle expérience, qui
toujours, nous Fespérons, devra réussir.
Voici en quoi elle consiste : sur la sommité
des buttes espacées à 2 mètres les unes des
autres, nous avons planté deux tronçons
d’igname de la Chine {Dioscorea hatalas),
un de chaque côté de la cloche. Comme il
faut à cette plante une très- grande profon-
deur de sol à parcourir, et que c’est précisé-
ment ce qui l’empêche d’être cultivée dans
les jardins à cause de la difficulté qu’elle
présente à l’arrachage, nous avons pensé
qu’elle pourrait très-bien prospérer sur ces
monticules élevés hors de terre, et qu’elle
trouverait assez d’épaisseur pour dévelop-
per ses longs et gros tubercules, que l’on
déterrerait facilement à l’époque de la ma-
turité et de la récolte. Si quelques lecteurs
de la Revue avaient fait cette expérience,
nous leur serions bien reconnaissant s’ils
voulaient bien nous communiquer, par un
mot dans ce journal, leur remarque à ce
sujet, et ce qu’ils en ont obtenu, ce dont
nous les remercions à l’avance. Bossin.
DU CHAUFFAGE DES SERRES A BERLIN
Le mode de cbaufiage pour les serres, le
plus généralement employé à Berlin et dans
le Nord de la Prusse, est un système mixte
à l’eau et à la vapeur, ou plutôt, c’est l’eau
qui est chauffée par la vapeur. Voici com-
ment : il y a d’abord une machine à vapeur
simple, c’est-à-dire sans aucun des acces-
soires propres à la faire servir comme force
motrice. De cette machine sort un tuyau
en cuivre d’environ 4 centimètres de dia-
mètre, et qui parcourt toutes les serres.
Sur ce tuyau sont adaptées des prises de va-
peur qui vont chauffer de grands cylindres
en métal, remplis aux trois quarts d’eau et
qui se trouvent au-dessous. C’est tout ; c’est
donc, ainsi qu’on peut le voir, un moyen
très-simple, ce qui toutefois ne veut pas
dire qu’il est parfait ; au contraire. Les in-
convénients sont très-nombreux : d’abord la
température ne peut être maintenue égale-
ment, parce qu’une fois l’eau bouillante on
est obligé d’arrêter la vapeur, et alors la
serre n’étant chauflee que par l’eau conte-
nue dans les cylindres, la température s’a-
baisse à mesure que l’eau se refroidit. Ainsi,
j’ai constaté un écart de 5 degrés Réaumur
dans la température d’une serre tempérée,
dans l’intervalle de deux heures. Il est vrai
que c'était au milieu d’un hiver très-rigou-
reux et la nuit. Cela s’explique par la raison
qu’une fois les serres chauffées à la tempé-
rature voulue, on est obligé d’éteindre le feu ;
ensuite les cylindres devant contenir de l’eau
qui passe de l’état froid à l’état d’ébullition.
il est nécessaire qu’il y ait un conduit d’é-
chappement pour laisser écouler l’eau qui
résulte de la condensation de la vapeur, et
pour éviter que le cylindre, se trouvant trop
plein, ne vienne à se fendre; par cet échap-
pement, l’eau sort et tombe sur le sol de la
serre; et comme dans la plupart des cas, il
n’y a pas d’écoulement, elle se boit et en-
gendre une humidité pernicieuse; de plus,
si le chauffeur manque de surveillance,
l’eau devient tellement chaude que la va-
peur sort du cylindre et que bientôt la serre
s’en trouve remplie. En outre, ce système
n’est rien moins qu’économique; d’abord
les conditions d’installation d’une machine
à vapeur sont toujours très-dispendieuses,
et comme je le faisais remarquer plus haut,
l’exlinclion souvent répétée (deux fois par
jour, matin et soir) du feu augmente encore
les frais, et cela en pure perte; néanmoins
ce chauffage présente un avantage incon-
testable : c’est de pouvoir chauffer un grand
nombre de serres de n’importe quelle ca-
tégorie, et lors même qu’elles sont très-
éloignées les unes des autres, la vapeur
pouvant être envoyée à de plus grandes dis-
tances que l’eau chaude, et cela sans aucun
inconvénient ; aussi peut-être qu’en faisant
subir à ce système quelques modifications,
on pourrait le rendre à la fois pratique et
avantageux pour les grands établissements;
c’est principalement ou plutôt exclusivement
dans le but d’attirer l’attention sur ce sujet
que j’ai écrit cet article. H. Jamain.
CEPHŒLIS IPECAGUANHA
En publiant cet article sur le Cephœlis
ipecacuanha, notre intention n’est pas
d’engager nos lecteurs d’en essayer la cul-
ture, mais seulement de leur faire connaître
une espèce dont à peu près tous ont entendu
parler, à laquelle même beaucoup ont eu
CEPIIŒLIS IPECACUANHA.
275
recours, sinon directement (c’est-à-dire à
la plante), du moins au produit qu’on en
extrait, à la poudre d'ipecacuanha. Une
plante qui a rendu tant et de si grands ser-
vices à l’humanité nous a paru devoir être
plus connue qu’en général elle ne l’est ;
c’est cette conviction qui nous a déterminé
à en donner une figure et une description.
Bien qu’un assez grand nombre d’espèces
appartenant même à des genres différents
puissent fournir un principe purgatif ana-
logue à celui qu’on extrait de VTpeca-
cuanha, il n’en est pourtant que quelques-
unes qui soient regardées comme vraiment
bonnes; à peu près toutes appartiennent
au genre Ce2)hœlis ou à des genres très-
voisins, qui n’en diffèrent que par des ca-
ractères excessivement légers. Mais l’espèce
la plus recherchée, celle dont nous allons
parler et dont nous donnons un dessin, est
le C. ipecacuanha, Rich. (fig. 26); Calli-
cocca ipecacuanha, Gomez et Brotero ;
Ipecacuanha fusca, Pison ; Poijado Mato
desJBrésiliens. Cette espèce, qui croît dans
les forêts épaisses et ombragées du Brésil,
produit une tige simple qui ne s’élève guère
au-delà de 30 centimètres; dénudée à sa
base, cette tige porte vers sa partie supé-
rieure quelques feuilles opposées, ovales-
cordiformes, entières, le tout surmonté
d’une inflorescence terminale ayant assez la
forme d’un capitule ombelliforme; les fleurs
Fig. 2G. — Cephœlis ipecacuanha (a i 1/3 de la grandeur naturelle). — Racine et intlorescence
de grandeur naturelle.
sont petites, blanches, infundibuliformes, à
divisions très-courtes, légèrement étalées;
la racine est fibreuse, comme noueuse,
offrant dans toute la longueur des sortes
d’étranglements.
C’est dans la racine des Cephœlis, et
surtout dans leur écorce, que se trouve le
principe vomito-purgatif. Ces racines sont
longues, et présentent des renflements cir-
culaires très-rapprochés, de sorte qu’elles
paraissent former des sortes de chapelets
irréguliers.
Dans son Histoire naturelle des drogues
simples, M. Guibourt partage les Ipéca-
cuanhas en deux groupes, les vrais et les
faux. Les premiers comprennent l’Ipéca-
cuanha annelé gris noirâtre, l’Ip. annelé
gris rougeâtre, l’Ip. annelé majeur, qui
ne sont probablement que des variétés ou
formes d’un même type ; l’Ip. gris cendré
glycyrrhizé ou Psychotria emetica, L.,
qui croît au Pérou et dans la Nouvelle -
Grenade ; et enfin l’Ip. blanc de Bergius,
dont l’espèce ne paraît pas être bien con-
nue. Tous ces Ipécacuanhas ne sont pas
également riches en produits médicaux ;
les, plus recherchés sont les trois premières
sortes que nous avons citées. Le principe
qui détermine la valeur est Vémétine, qui,
chez les espèces dont nous parlons, varie
entre 14 et 16 p. 100.
Parmi les autres genres qui possèdent
quelques propriétés analogues ou similaires
à celles qu’on trouve dans les Ipécacuanhas
faux, M. Guibourg place le faux Ipéca-
cuANHA DU Brésil, qui est VIonidium ipe-
276
SUR LA CULTURE DU FUCHSIA.
cacwan/ia. Vent.; Viola ipecacuanha, L.;
Pomhalia ipecacuanha, Vandelli, qui ap-
partient à la famille des Violariées. Une
autre espèce de faux Ipecacuanha du
Brésil , c’est Ylonidium parviflorum ,
Vent. {Viola paroi (lova, L.); le faux Jpé-
CACUANiiADE Cayenne, qui est VJonidiiim
itouhoa, Vent.; Violoria calceolaria, L.;
Viola itouhoa, Aubl. D’après Aublet, on
emploie également à Cayenne, sous le nom
Ipecacuanha, la racine vomitive et pur-
gative du Doerhaavia diandra, L., qui ap-
partient à la famille des Nyctaginées; le
FAUX Ipecacuanha de l’Amérique septen-
trionale est le Gilleniatrifoliata,'\\æ\\c\\.‘,
Spiræxi trifolicita, L., de la famille des
Rosacées ; un autre faux Ipécacuanha de
l’Amérique septentrionale est YEuphor-
hia ipecacuanha, L., dont la racine, bien
qu’inodore et à peu près dépourvue de sa-
veur, est néanmoins fortement émétiqtie ;
YAsclepias curassavica, L., conslilue le
FAUX Ipécacuanha des Antilles. Cetfe es-
pèce, qui est fréquemment cultivée dans
nos serres comme plante d’ornement, est
fortement émétique; elle n’est guère em-
ployée que par les nègres en place de l’Ipé-
cacuanba. Le faux Ipécacuanha de l’Ile-
de-France ou Ipécacuanha blanc, est le
Tylophora asthmatica, AVigbt et Arn.;
Asclepias asthmatica, L.; Cynanchum
vomitorium, Lam. Enfin, le faux Ipéca-
cuanha DE l’Ile-Bourron est le Periploca
Mauritiana, Poir.; Camptocarpus MaurP
tianus, Dcne, plante de la famille des As-
clépiadées.
Toutes les plantes employées comme Ipé-
cacuarilia conliennent en plus ou moins
grande quantité un principe émétique qui
parfois agit comme drastique ; celles qui
viennent d’ètre citées, bien que les princi-
pales, ne sont cependant pas les seules qui
contiennent ces principes actifs ; presque
toutes les Eupliotbiacées — les Euphorbes
surtout, même celles de notre pays — pour-
raient être employées aux mêmes usages.
Les espèces de Cephœlis ou Ipécacuaidias
vrais sont délicates et poussent peu ; dans
les cultures, on les tient en serre chaude,,
où elles n’acquièrent jamais non plus que
de très-petites dimensions, et sont presque
toujours attaquées par les poux blancs, dont
il faut avoir soin de les débarrasser.
E.-A. Carrière.
SUR LA CULTURE DES FUCHSIAS
Par les nombreuses variétés, la floribon-
dité, la forme élégante des fleurs et la faci-
lité de leur culture, les Fuchsias méritent
bien la faveur qu’on leur accorde dans tous
les jardins ; et si à cela nous ajoutons qu’on
peut en faire des arbrisseaux presque aussi
volumineux que des Orangers, pouvant par
conséquent en tenir lieu comme ornemen-
tation, et aussi que, dans l’espace de quel-
ques mois, on peut leur donner la forme et
les dimensions qu’on désire, on reconiiaitra
que ces arbustes sont de premier mérite au
point de vue de l’ornement. En eifet, que
peut-on imaginer de plus splendide que ces
gracieuses pyramydes de Fuchsias, hautes
de 50 et plus, ramifiées de la base au
sommet, et couvertes de milliers de fleurs
pendant toute la belle saison? Nous allons
décrire la culture des Fuchsias telle que
nous la pratiquons, et qui nous donne de
très-bons résultats (1) :
Choix de la terre. Bien qu’il ne soit pas
difficile sur le choix de la terre, le Fuchsia
préfère une terre assez substantielle, point
(1) C’est Fauteur de cet article, M. Houé, qui
avait élevé ces magnifiques Fuchsias qui ont fait
Fadmiralion de tous ceux qui les ont vus à Fexpo-
argileuse, riche en humus, et très-per-
méable à l’air et à l’eau.
Voici le moyen de composer sûrement
une terre qui réunit ces conditions:
Mettre en volume toutes les parties sous-
indiquées, dans les proportions suivantes :
terre franche ou bonne terre de potager,,
un quart; terreau de feuilles, un quart;,
fumier de cheval court et n’ayant pas fer-
menté, un quart ; terre de bruyère, uïa
quart.
Nous ne saurions trop recommander, dans
la préparation de cette terre, d’irjcorporer
immédiatement le fumier aux autres par-
ties, afin d’éviter la fermentation, qui tou-
jours en altère les propriétés.
Ce mélange doit être remué tous les^
quinze jours. Après soixante jours de pré-
paration, il est bon à employer.
Nous ne passons jamais cette terre au<
crible ni à la claie; c’est une pratique vi-
cieuse qui, comme tant d’autres, a fait soi>
temps, et que l’expérience finira par con-
damner.
siüon de Lagny IVoir Revve horlicolr., 1873, p. 24t/)
et qui lui ont fait accorder par le jury une grande
médaille d’or.
SUR LA CULTURE DU FUCHSIA.
277
Arrosements. Les arrosements ont une
gran<te importance dans la culture du
Fuchsia ; Teau doit être donnéè avec modé-
ration pendant l’éducation des jeunes plantes
sous châssis, et, au contraire, distribuée
abondamment lorsqu’elles sont en serre.
Les bassinages doivent aussi être donnés
avec beaucoup de ménagement d’abord, et
seulement par les jours de soleil.
La meilleure eau est celle de rivière ou de
pluie. L’eau très-chargée de calcaire ou qui
est trop froide est très-nuisible aux plantes ;
mais cependant on peut la rendre propre à
la végétation, en la faisant séjourner quel-
que temps à l’air ou en y ajoutant un peu
de guano ou toute autre substance fertili-
sante.
Pourtant, nous avons obtenu des résul-
tats très-satisfaisants avec de l’eau fortement
chargée de calcaire, en y ajoutant un demi-
kilogramme de carbonate de potasse par hec-
tolitre d’eau.
Des plantes- mères. En octobre ou no-
vembre, on rentre dans une serre modéré-
ment chauffée toutes les variétés de Fuchsias
que l’on tient à multiplier; celles-ci doivent
être placées le plus près possible de la lu-
mière, afin que les jeunes pousses soient
trapues et vigoureuses. A mesure que ces
pousses ont atteint une longueur suffisante
(10 centimètres environ), on les détache de
la plante-mère, on les coupe à environ
1 millirnè're au-dessous d’un œil, de ma-
nière à éviter la pourriture, puis on les
plante dans des petits godets remplis de
terre de bruyère sableuse, point tassée,
mais seulement légèrement appuyée, pour
que les boutures puissent s’y tenir sans le
secours d’aucun tuteur.
Nous savons que, en général, en horti-
culture , on a l’habitude de fouler forte-
ment la terre des pots, soit pour des bou-
tures, soit pour des plantes faites. C’est
souvent nécessaire pour ces dernières; mais
quant aux boutures, nous avons remarqué
que lorsqu’il s’agit de Fuchsias, les bou-
tures qui sont fortement pressées n’émettent
des racines que quatre ou cinq jours après
celles qui sont plantées en terre légèrement
appuyée.
Lorsqu’elles sont plantées, les boutures
reçoivent une légère mouillure si la terre
n’est pas suffisamment humidè, et les pots
sont enfoncés dans une couche recouverte
de tannée, de sciure de bois, etc., ou tout
simplemetjt dans une serre chaude ou une
serre à boutures. Dans tous les cas, il faut,
si l’on opère sur couche, que la substance
employée soit aussi sèche que possible, de
^manière à éviter la pourriture des jeunes
, boutures. Si ces dernières ont été faites sous
châssis, il faut tous les soirs les couvrir avec
de bons paillaissons, et on les découvre le
jour, à moins de trop grand froid, car il
faut une température de 18 à 20 degrés pour
que les boutures de Fuchsias* s’enracinent
promptement.
Dès que la reprise est assurée, on donne
un peu d’air; et quelques jours après, les
boutures peuvent être rempotées en godets
de 7 centimètres de diamètre et en terre de
bruyère pure.
Quelque temps à l’avance, on a dû
monter une couche composée par parties
égales de feuilles et de fumier; sa longueur
doit être subordonnée à la quantité des
plantes qu’on doit y placer. On la recouvre
de coffres fortement inclinés, puis on charge
la couche d’environ 75 centimètres de tannée
ou de terreau.
Lorsqu’on s’est assuré que la couche a
une température de 15 à 20 degrés centi-
grades, on y enterre les pots, en les dispo-
sant de façon à ce que l’extrémité des
plantes se trouve à environ 15 centimètres
du verre. Gela fait, on donne de l’air toutes
les fois que la température le permet, et
l’on entretient la chaleur de la couche par
de bons réchauds qu’on renouvelle ou re-
manie lorsque cela est nécessaire.
Les plantes doivent être visitées tous les
jours ; car il ne faut pas perdre de vue que
si les jeunes F uchsias redoutent l’humidité,
une terre trop sèche leur est également nui-
sible. Pendant les jours de soleil, il faut de
de temps à autre donner un léger bassinage
à la seringue.
Si l’on suit attentivement les quelques
soins que nous conseillons, un mois de
cette culture nécessitera pour les plantes un
nouvel empotage, en se servant de pots de
11 centimètres de diamètre. Comme à celte
époque les Fuchsias cornmencenj à prendre
de la force, qu’ils sont par conséquent moins
délicats qu’au premier empotage, on leur
donnera une terre plus substantielle. Une
addition d’un quart de terre de bruyère ou
de compost sus-indiciué leur convient par-
faitement; mais, en raison de la consistance
de la terre, il faut que les pots soient bien
drainés. Après l’empotage, les plantes peu-
vent être replacées sur la même couche,
dont il faut raviver la chaleur par des ré-
chauds nouveaux, si les anciens n’en don-
nent plus suffisamment.
Les jeunes Fuchsias étant plus grands, il
-278
SUR LA CULTURE DU FUCHSIA.
faut relever les coffres, pour conserver tou-
jours une distance convenable pour la végé-
tation. Les soins à donner aux plantes sont
les mêmes que précédemment ; mais le so-
leil étant plus chaud et plus souvent visible,
il faut augmenter l’air et multiplier les bas-
sinages. Du reste, on peut dire pour les
jeunes Fuchsias ce que dit M. de Lam-
bertye du Fraisier : (( Jamais une feuille
flétrie, jamais la terre saturée d'eau. »
Ainsi traitées , les plantes atteignent
promptement 30 centimètres de hauteur;
elles poussent avec vigueur, et toutes les
branches latérales doivent être développées.
C’est le moment de choisir celles qu’on veut
pousser par la culture.
En général, nous n’admettons pour faire
de belles plantes que celles qui ont le bois
gros, les feuilles assez rapprochées, et les
branches latérales toutes bien sorties.
Ces conditions observées, nos plantes de
choix sont rempotées dans des pots de
20 centimètres de diamètre, qu’on doit bien
drainer. Pour ce troisième rempotage, on
emploiera la terre du compost pur, en évi-
tant de la trop fouler.
Les plantes seront de nouveau replacées
sur couche tiède. A partir de ce moment, il
faut exercer une grande surveillance, pour
que les jeunes pousses, qui sont très-ten-
dres, ne soient pas brûlées par le soleil. On
évite ces accidents en donnant de l’air, et
non en ombrant les plantes, comme cela se
pratique le plus souvent. Du reste, c’est un
procédé que, bien que conseillé par tous
ceux qui ont écrit sur le Fuchsia, nous re-
poussons absolument ; car l’expérience nous
a démontré que toutes les plantes cultivées
à mi-ombre ne donnent que des sujets élan-
cés et grêles. Ainsi, si l’on tient à avoir des
plantes trapues, floribondes, ayant une
forme pyramidale régulière, on les espacera
suffisamment, en les plaçant sous châssis
après chaque empotage. Les arrosements,
aussi, pourront être donnés avec moins de
parcimonie que précédemment, et les ré-
chauds remaniés en temps opportun, afin
d’entretenir une température convenable.
Tels sont les soins qui, selon nous, doivent
être donnés aux Fuchsias pour en faire des
plantes d’une rare beauté.
Lorsque les plantes ont acquis 60 centi-
mètres de hauteur, elles demandent de nou-
veau à être changées de pots. Nous les pla-
çons alors dans des pots de 35 centimètres,
et toujours dans la même terre.
Les plantes, dans leurs grands pots, pour-
ront être replacées sous châssis pendant
quelque temps encore; car il peut arriver
qu’à cette époque de l’année la tempéra-
ture soit trop basse pour placer les Fuch-
sias en serre. D’ailleurs, une chaleur de
fond convient bien aux jeunes plantes jus-
qu’à ce que leurs racines touchent les pa-
rois du pot. C’est alors seulement qu’on voit
les Fuchsias se développer avec une vigueur
surprenante, et qu’ils peuvent être placés
en serre. Là, on les disposera sur le terre-
plein d’une bâche ou sur le sol de la terre,
en les distançant suffisamment pour que
l’air circule librement entre elles.
Gomme à cette époque on peut aérer la
serre, l’étiolement des plantes n’est plus à
redouter; aussi, la distance entre elles et les
vitres de la serre ne peut plus exercer au-
cune mauvaise influence sur la végétation.
Nous avons déjà dit, et nous ne saurions
trop le répéter, qu’il ne faut jamais ombrer
les Fuchsias; au contraire, il faut que les
vitres soient tenues aussi claires que pos-
sible, car c’est en partie à cette vive lumière
que nous attribuons la vigueur de nos
plantes.
Si l’on ne peut disposer d’une serre à deux
versants, les Fuchsias exigeront une plus
grande surveillance ; les pots devront être
tournés de temps à autre, de manière à ré-
gulariser la végétation par une répartition
égale de la lumière. Néanmoins, malgré
tous ces soins donnés aux plantes, il peut
arriver que quelques branches finissent par
dominer les autres ; dans ce cas, il faut en
pincer l’extrémité. Ce pincement arrête la
sève dans sa marche au profit des branches
plus faibles. Parfois aussi il nous arrive de
pincer toutes les branches latérales sur des
variétés buissonnantes, afin de forcer la sèvf
à se porter dans la tige et à en déterminer
l’élongation.
La terre des sentiers de la serre doit être
tenue continuellement humide, en y répan-
dant de l’eau abondamment, au besoin plu-
sieurs fois par jour. Il en est de même de
celle des pots.
Les Fuchsias resteront en serre jusqu’à
la fin du mois de juin; à cette époque, si
l’on a mis judicieusement en pratique les
soins de culture que nous conseillons, et qui
sont le résumé d’une longue pratique, les
plantes auront acquis un développement des
plus surprenants : 50 et plus en hauteur,
sur 1 mètre ou 1“' 50 de diamètre à la base,
et formeront des pyramides du plus bel effet,
qui se couvriront de Heurs. C’est alors qu’on
pourra placer les plantes dans des bacs de
50 à 60 centimètres de diamètre, en ayant
MULTIPLICATION DU POLYCAUPÂ MAXIMOWICZII. — WEIGELA EXCELSA. 279
soin de les assujettir à de solides tu-
teurs.
Ces plantes pourront ensuite être placées
dans des conditions qui paraîtront les plus
avantageuses pour faire ressortir toute la
grâce et la beauté de leurs fleurs. Pendant
le reste de l’été, tous les soins consistent à
donner aux Fuchsias de fréquents arrose-
ments, à enlever les feuilles mortes, et à
extirper les mauvaises herbes. Roué.
{La suite prochainement.)
MULTIPLICATION DU POLYGAIiPA MAXIMOWJGZII
Si cette espèce, appelée aussi Idesia
pohjcarpa, n’a pas répondu à l’idée qu’on
s’en était faite comme arbre fruitier (1),
elle n’en reste pas moins un des plus
jolis arbrisseaux par son feuillage, les di-
mensions et l’aspect des feuilles. Au point
de vue de la rusticité, la plante ne laisse
non plus rien à désirer. Malgré qu’elle soit
introduite depuis assez longtemps, cette es-
pèce est encore très-rare, ce qui s’explique
par la difficulté qu’on éprouve à la multi-
plier par boutures, seul moyen qu’on puisse
employer, puisque jusqu’à ce jour elle ne
donne pas de graines. Mais maintenant que
l’on a découvert un nouveau procédé, il est
présumable qu’il en sera autrement, et que
bientôt le Pohjcarpa Maximowiczii sera
planté dans un grand nombre de jardins. Le
procédé dont il s’agit consiste dans le bou-
turage des racines,, qui se fait en coupant
celles-ci par petits tronçons d’environ 6 cen-
timètres de longueur, qu’on plante dans des
terrines, en terre de bruyère, et qu’on place
dans une serre ou sous des châssis ; l’ex-
trémité supérieure de ces boutures doit être
à fleur du sol, plutôt excéder un peu que
d’être recouverte. L’époque qui paraît être
WEIGELA
L’un des plus jolis du genre par ses
fleurs, le Weigela excelsa est aussi l’un des
plus remaripuables par son port et par les
dimensions qu’il atteint. Au lieu de former
un buisson à branches étalées, divariquées et
tombantes, ses branches, bien que surchar-
gées de fleurs, sont tout à fait dressées, ja-
mais tombantes ni divergentes ; il a aussi
l’avantage de fleurir un peu plus tard que
l’espèce commune {Weigela rosea, Lindl.),
ainsi que toutes ses variétés, d’être plus
floribond, et d’avoir des fleurs dont la du-
rée est plus grande, et en même temps de
remonter. Aussi, est-ce une plante de pre-
mier mérite. En voici les caractères :
Arbuste vigoureux pouvant atteindre 3 mè-
tres, peut-être même plus, de hauteur, à
branches strictement dressées, peu rami-
(1) Voir Revue horticole., 1872, p. 174.
la plus convenable pour faire ce bouturage
est le printemps, ou mieux la fin de l’hiver,
lorsque les plantes vont entrer en végéta-
tion. Quant aux soins, ils consistent à arro-
ser lorsque la terre commence à sécher, de
façon à la maintenir légèrement humide.
Ainsi traitées, ces boutures ne tardent pas
à émettre des bourgeons, et en même temps
à produire des radicelles dans la partie qui
se trouve couverte de terre. Mais comme il
arrive fréquemment aussi que chaque ra-
cine-bouture émet plusieurs bourgeons, et
qu’il suffit d’un seul pour constituer chaque
plante, on choisit pour le conserver le plus
beau et le mieux placé, et l’on coupe les au-
tres à leur empâtement, lorsqu’ils sont suf-
fisamment aoûtés, et on les plante en terre
de bruyère sous des cloches, où elles s’en-
racinent assez bien et promptement. Quel
est l’inventeur de ce procédé de multiplica-
tion? Nous ne pouvons le dire. Ce que nous
pouvons affirmer, c’est que nous l’avons vu
pratiquer l’année dernière chez MM. Thi-
baut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux.
L’ayant pratiqué et reconnu avantageux,
nous avons cru devoir le faire connaître.
E.-A. Carrière.
EXGELSA
fiées. Feuilles des jeunes bourgeons vigou-
reux ovales -elliptiques, longuement acu-
minées cuspidées, recouvertes à la face
inférieure de poils courts et très-serrés,
d’un blanc métallique brillant. Fleurs dres-
sées et se tenant bien, d’un beau rose légè-
rement violacé à l’extérieur, rose carné
très-tendre (couleur « cuisse de nymphe »)
à l’intérieur. Galyce roux ferrugineux, à
divisions profondes, longuement linéaires,
régulièrement acuminées. Corolle régu-
lière, à cinq divisions étalées, un peu chif-
fonnées, à peu près égales ; étamines dres-
sées, à filets blancs ou à peine rosés
terminés par une anthère qui, souvent
droite, semble être une continuation du
filet; style dépassant peu l’extrémité des
anthères, terminé par un fort stigmate ca-
pité, subhémisphérique.
LYCIINIS VISCARIA FLORE PLENO. — PIÈGE A SOURIS.
280
D’où le W. excelsa est il originaire ?
Nous ne savons. Ce que nous pouvons dire
à ce sujet, c’est que nous le cultivons depuis
longtemps, et que jamais nous ne l’avons
rencontré dans les cultures. Le qualificatif
excelsa, que nous lui avons donné, est tiré
du port dressé de la plante et de sa disposi-
iion à s’élever; ainsi, notre pied-mère, qui
a environ 2 mètres de hauteur, n’a que trois
branches principales, à peine ramifiées, qui
secouvrentde fleursdanstouteleurlongueur,
et produisent un effet splendide en mai -juin.
En raison de la végétation toute particu-
lière que présente le W. excelsa, on pour-
rait très-probablement l’élever sur une tige^.
et obtenir ainsi un arbrisseau qui attein-
drait des dimensions plus grandes que si on
le laissait ramifier. Dans ce cas, il faudrait
veiller à ce qu’il ne ramifie pas trop près du
sol, et même supprimer les bourgeons qui
se développeraient vers la base, à l’aide des-
quels on multiplierait la plante qui, en gé-
néral, donne peu de ramifications. Pourtant,
si l’on voulait la faire ramifier soit au point
de vue de la multiplication, soit pour faire
des buissons, il suffirait de couper les bran-
ches principales, ou seulement de les incli-
ner fortement. E.-A. Carrière.
LYCHNIS YISCAPJA FLORE RLENO
Amateur passionné des plantes vivaces,
surtout lorsqu’elles sont belles, je n’ai ja-
mais compris l’abandon à peu près complet
que l’on fait de l’espèce dont je vais parler.
En effet, que pourrait- on reprocher au
Lijchnis viscaria flore j)leno9 C’est une
plante vivace, rustique, d’une culture et
d’une multiplication fociles, très-floribonde,
et dont les fleurs, qui durent très-longtemps
(avril -mai et même juin), sont odorantes,
d’une très-belle couleur rouge vineux ou
rouge sang violacé. J’ajoute que les plantes,
qui ne s’élèvent pas au - dessus de 25 à
30 centimètres (y compris les hampes flo-
rales), sont gazonnantes, par conséquent
très -propres à faire des bordures.
La culture du Lychnis viscaria flore
pleno est des plus faciles. Une terre légère,
consistante, lui convient, bien qu’il puisse
croître également bien dans une terre fran-
che, pourvu qu’elle ne soit pas trop compacte.
On le multiplie par la division des touffes,
qu’on doit pratiquer aussitôt que la floraison
est passée, ou bien en septembre et d’assez
bonne heure, afin que les plantes puissent
reprendre et pousser avant l’hiver, et que la
floraison printanière suivante n’en puisse
souffrir. Quant à l’usage ornemental, il
varie et est subordonné aux conditions dans
lesquelles on se trouve placé; chez moi, où
la place ne manque pas, j’en fais des bor-
dures, et les plante aussi isolément par
touffes sur les plates-bandes; j’en fais éga-
lement des massifs, ainsi qu’on le fait des
Silene imndula , et je n’exagère pas en di-
sant que l’effet est beaucoup plus joli que
celui que j’obtiens avec ces derniers, qui
ont encore parfois l’inconvénient de fondre
pendant l’hiver. D’où je conclus que le L.
viscaria flore pleno est une plante de pre-
mier mérite ornemental, et que pour cette
raison je n’hésite pas à recommander.
J’ajoute encore, en faveur du L. viscaria-
flore pleno, que les tiges, droites et raides^
peuvent être employées avec avantage à la
confection des bouquets; que coupées et
mises dans l’eau, elles s’y maintiennent
assez longtemps sans se faner.
Martin,
Propriétaire amateur.
PIEGE A SOURIS
M. James Darnes recommande, dans le
dernier numéro du Gardon, le moyen sui-
vant pour prendre la souris des jardins et
des champs, comme très-efficace, facile à
poser, et ne coûtant presque rien. On fait,
dit-il, tremper des pois, puis on les fait
germer d’un centimètre environ, et on les |
enfile par deux sur des bouts de fil longs
de 25 centimètres, à chaque bout desquels
on fait un nœiuL Puis l’on coupe par lon-
gueur de 30 à 35 centimètres des déchets
de la taille de Groseilliers, Framboisiers,
Vignes, ou de n’importe quels branchages,
assez droits et forts pour former de petits
pieux capables de supporter le poids d’uo
des bouts d’une brique ordinaire. On fiche j
deux de ces petits pieux en terre, un de
chaque côté d’une brique; on en fend les
extrémités supérieures et on place le fil dan& [
ces fentes ; le nœud y relient le fil. Quand j
I on place l’extrémité de la brique dessus, [son I
autre bout posant sur terre, on sépare un
peu les deux pois, afin que la souris puisse
grignoter le fil et se faire écraser par la
brique qui lui tombe dessus. L’on peut eiv ^
poser des milliers par jour.
Fréd. Palmer.
Orléans, imp. de G. Jacob, Oloitre Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine de juillet)
La moisson de 1873. — Le CuUivatüur de la rcfjion hjonnaisc. — Le jardinier de Uempei eur de
— NIission de M. Planchon, en Amérique, au sujet du phylloxéra. — Le jardin d’aeclimalalion du bois
de Boulogne. — Insuccès de l’Exposition de Roses à Spa (Belgique). — Exemple de Bcqonia Sedeni Ci
fleurs doubles. — L'école d’arboriculture de la ville de Paris, à Saint-Mandé ; M. Du Breuil, professeur;
quelques mots sur son enseignement. — La végétation des Açores : jardin de NI. Machado, le Leitca-
dendron argenteum ; les Palmiers du jardin de M. Antonio Borges ; communication de NI. Eavresse-. —
Observations de NI. Barillet sur les squares de Paris. — Exposition horticole, à Bordeaux, de la Sociedt'
d’horticulture de la Gironde. — L’horticulture au Japon ; lettre de NI. Ilénon : les Azalées, le Warahi,
le Caladium comestible ; les bourgeons de Bambou. — Distribution solennelle des récompenses, à k
Société centrale d'horticulture de France.
Les prévisions que nous avions fondées |
dans notre dernière chronique (1), au sujet I
de la moisson, se sont largement réalisées.
Dès le 14 juillet, on coupait des seigles, et
le 21 nous avons assisté aune coupe de blé
qui s’est faite sur le territoire de Villejuif.
On peut donc, aujourd’hui, être à peu près
certain qne la moisson sera à peu près com-
plètement terminée dans le mois d’août.
• — La presse horticole vient de s’enrichir
d’un nouvel organe : le Cultivateur de la
région lyonnaise, journal bi-mensuel, qui
se publie à Lyon sous le patronage de la So-
ciété régionale de viticulture et du Cercle
horticole lyonnais. Née sous des auspices
aussi favorables, on ne peut mettre en doute
le succès qui attend cette publication; quant
à nous, nous faisons des vœux pour que ce
succès soit complet. Toutefois, et en nous
fondant sur les faits, nous ne pouvons nous
empêcher d’exprimer des sentiments de
crainte, car, en France, on lit très- peu, et
nous constatons avec regrets que les jour-
naux horticoles surtout, — à part de très-
rares exceptions, — ont bien de la peine à
se soutenir. Ce ne sont pas les journaux qui
manquent aux abonnés ; non ! c’est l’inverse
qui est vrai; depuis un nombre d’années re-
lativement très-court, nous en avons vu, qui
pourtant paraissaient dans de bonnes con-
ditions, tomber au bout de peu de temps.
Paris et Lyon pourraient en fournir des
exemples. Il va sans dire que nous souhai-
tons qu’il en soit autrement du Cultiva-
teur, dont nous sommes heureux de saluer
la venue.
— Dans une lettre qu’il nous écrivait ré-
cemment, notre collègue, M. Charles Bal-
te!, nous disait que l’empereur de Chine
avait fait demander en France un jardinier,
(1) V. Revue horticole, 1873, p. ^66.
1er AOUT 1873.
dans le but de faire moditier ses jardins
d’en créer d’autres à l’instar de ceux qu’on
lui a dit exister à Paris. Est-ce que par ha-
sard l’exemple serait contagieux, et que le
(( fils du soleil » voudrait imiter le vice-roi
d’Égypte? On sait, en effet, que ce dernier
a fait venir de France un certain nombre de
chefs-jardiniers des plus distingués qui^
grâce à la libéralité bien connue du vice-
roi, ont pu créer en Égypte, particulière-
ment au Caire ou dans ses environs, des
jardins comme l’on n’en voit nulle part en
Europe, ce qui s’explique par le climat ex-
ceptionnel de cette partie de l’Égypte. Pour-
rait-on mieux faire en Chine? et le c( fils du
soleil » voudrait-il éclipser la gloire d’un
des premiers serviteurs d’Allah ? Attendons
les événements pour nous prononcer. Mais
constatons dès à présent, si nous sommes
bien informé, que sous le rapport de la gé-
nérosité, l’avantage reste au c( fils du so-
leil. )) En effet, les appointements qu’offre
celui-ci sont bien supérieurs : soixante
mille francs par an ! Si cela était, ce serait
à exciter des rivalités entre les jardiniers au
service de l’empereur de la Chine et notre
ambassadeur dans ce même pays, chez qui,
assure-t-on, ce jardinier devrait être logé.
Mais alors, pourquoi pas dans un palais chi-
nois? N’y aurait-il pas sécurité pour lui
à habiter librement ce pays ? S’il en était
ainsi, pourquoi le faire venir?
— On a pu voir, par le rapport que nous
avons publié dans notre précédente chro-
nique au sujet du phylloxéra, que la com-
mission, faute de mieux sans doute, propo-
sait au ministre de l’agriculture qu’il voulût
bien envoyer quelqu’un en Amérique pour
étudier sur les lieux les ravages que cause
sur les Vignes le Pemfigus vitifoliœ (IV
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 262.
15
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZALNE DE JUILLET).
"282
Approuvant la proposition, M. le Ministre
vient de charger de cette mission M. Plan-
chon, professeur de botanique à la Faculté
des sciences de Montpellier. Certes, le choix
ne pouvait être meilleur, et nous, qui avons
l’avantage de connaître tout particulière-
ment M. Planchon, ne craignons pas d’affir-
mer qu’il éclairera la question autant qu’elle
peut l’être au point de vue scientifique.
— Le Jardin d’acclimatation du bois de
Boulogne n’est pas seulement l’une des plus
jolies et des plus intéressantes promenades
qu’on puisse voir; c’est encore un des prin-
cipaux établissements d’utilité publique de
la France, on pourrait même dire du monde
entier, ce qui s’explique par ses relations,
qui s’étendent à peu près sur toutes les
parties du globe. Au point de vue de la
science, ce jardin rend d’immenses services
par les lumières qu’il répand sur différents
sujets à peu près complètement inconnus ou
dont on n’avait que des données tout à fait
insuffisantes. Les services qu’il a rendus au
point de vue économique ne sont pas moin-
dres en faisant connaître bon nombre d’ani-
maux que l’on pourra domestiquer, et qui
pourront rendre de grands services. Ces
avantages sont obtenus en prêchant d’exem-
ple, mais surtout par l’appel incessant que
fait l’administration de ce remarquable éta-
blissement à toutes les lumières, en faisant
entrer dans son sein les savants les plus
distingués de toutes les parties du monde,
ainsi que par le concours des hommes de
bonne volonté, lors même qu’ils seraient
étrangers aux sciences. Mais un des moyens
les plus puissants peut-être, ce sont les
nombreux encouragements que donne an-
nuellement la Société, soit pour des expé-
riences d’adaptation, de domestication, ou
d’amélioration d’animaux ou de végétaux,
soit pour des introductions, soit enfin pour
des travaux d’utilité en rapport avec le but
que poursuit la Société. On pourra s’en faire
une idée par l’énumération des prix ex-
traordinaires qui restaient encore à décerner
lors de la dernière séance annuelle tenue en
avril 1873 : plus de 60,000 fr., et de plus un
certain nombre de médailles en or.
— Les nouvelles que nous avons reçues
au sujet de l’exposition de Roses qui a eu
lieu récemment à Spa (Belgique), et que
nous avions annoncée dans un précédent
numéro (1), ne sont pas des plus satisfai-
(1) Voir Revue horticole, 1878, p. 224.
santés. Ainsi, d’après un des jurés, c’était,
nous a-t-il dit, à peu près ce que vulgaire-
ment on nomme un « fiasco. y> Nous le re-
grettons, et désirons qu’on puisse démon-
trer le contraire, car les déceptions en ce
genre ne sont jamais favorables à personne ;
l’horticulture surtout a tout à perdre.
— Nos lecteurs apprendront sans doute
avec plaisir que, à Lyon, au parc de la Tête-
d’Or, un Bégonia Sedeni a fleurs doubles
s’est montré tout récemment. Ce fait, sur
lequel nous manquons encore de détails,
mais sur lequel nous reviendrons prochai-
nement, nous a été communiqué par M. Léon
de Saint-Jean, vice- président du Cercle
horticole lyonnais, qui a bien voulu nous
promettre des renseignements sur cette
très-intéressante nouveauté, ce dont nous le
remercions à l’avance.
— Le dimanche 29 juin, à l’école d’arbo-
riculture de la ville de Paris, à Saint-Mandé,
on a procédé publiquement et au plus of-
frant enchérisseur à la vente des fruits de
saison, c’est-à-dire de ceux qui étaient
mûrs , tels que Groseilles , Cerises et
Framboises. On en avait formé des lots qui
ont été vendus comme suit : cinq lots de
Cerises pour 67 fr.; trois lots de Groseilles
à grappes et à maquereaux, et un lot de
Framboises, ont été vendus 20 fr. Toutes
ces choses, nous a-t-on assuré, ont été ven-
dues infiniment au-dessous de leur valeur.
Nous profitons de celte occasion pour
rappeler que cette école d’arboriculture,
unique en Europe, sinon comme étendue,
du moins quant à la disposition et à la tenue,
est toujours ouverte au public, qui trouve
là toutes les catégories d’arbres fruitiers dis-
posés sous les formes les plus variées. On
rencontre donc là, réuni, tout ce que l’on
peut désirer : la pratique et la théorie.
Gette école, sur laquelle nous reviendrons
dans un article spécial, peut être considérée
comme une des plus complètes qu’on puisse
voir ; elle satisfait à tous les besoins : les
formes de fantaisie, de même que celles tout
à fait pratiques, c’est-à-dire pouvant être em-
ployées au point de vue de la spéculation, s’y
trouvent, de sorte qu’il y a là de quoi satis-
faire tous les goûts. B est impossible de se
rendre compte de l’importance et des im-
menses avantages que présente cette école si
on ne l’a pas vue, et comme la chose est très-
facile, puisque tout le monde y est admis,
nous ne saurions trop engager à la visiter.
Ge ne sont pas seulement les formes les plus
CFIRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME (JUINZALNE DE JUILLET).
di\erses que l’on trouve à l’école d’arbori-
cuUure de Saint-Mandé, mais aussi tous les
modes de taille, tous les procédés employés,
de sorte qu’on a là, sous les yeux, tous les
exemples, (pi’on peut alors comparer et se
faire sur chacun d’eux une opinion fondée.
En vrai savant, en praticien éclairé qui a
beaucoup vu, M. Du Brcuil, le savant pro-
fesseur, n’admet ni ne rejette aucun sys-
tème à priori; il sait combien les choses
peuvent varier suivant les climats, les condi-
tions et la nature des arbres auxquels on a
affaire ; aussi, bien qu’il affecte et préconise
plutôt certaines formes que certaines autres,
il n’en proscrit aucune d’une manière ab-
solue. Il a raison ; un tel enseignement est
le seul qu’il convient d’admettre. Ainsi, un
mode particulier de conduite des arbres
dont on parle souvent, et que beaucoup
combattent et proscrivent sans même le con-
naître, est le procédé de M. Grin aîné, de
Chartres, admis et pratiqué par M. Du
Breuil, qui n’hésite même pas à le recom-
mander comme pouvant rendre de grands
services dans un très-grand nombre de cas.
Ce système, que à tort on a beaucoup dé-
crié, est appelé, lorsqu’il sera bien compris,
à jouer un rôle des plus importants dans
l’arboriculture, et déjà un bon nombre de
ses détracteurs le mettent en pratique et
s’en trouvent bien. Mais, soit par amour-
propre, soit par toute autre raison, iis ne
veulent pas l’avouer, ou pour se tirer d’af-
faire, lui font subir de très-légères modifi-
cations, qui, sans y apporter réellement
aucun changement, leur permet de l’appli-
quer et de s’en dire même les perfection-
neiirs. C’est un moyen détourné de prendre
aux gens ce qu’ils ont, tout en paraissant
vouloir les servir.
— Continuant ses observations horticoles
sur la végétation des Açores, notre collègue,
M. Auguste Favresse, nous adresse de Pon-
tadelgada, à la date du 27 avril, la lettre
suivante :
Pontadelgada, 27 avril 1873.
Jardin de M. Machado. — La plante la plus
remarquable, non seulement de ce jardin, mais
de l’île, est un Leucadendron argenteum, qui a
plusieurs mètres de hauteur et de diamètre, se
ramifiant dès la base, et prenant généralement
une belle forme conique. Son beau feuillage
blanc se dessine admirablement sur le vert foncé
des arbres résineux et autres à feuilles persis-
tantes qui l’environnent. Il est placé sur une
hauteur, un peu isolé et exposé à tous les vents,
conditions qui paraissent lui convenir parfaite-
ment, et qui, du reste, ont beaucoup de i'a[)por«.
avec celles où il croît nalurellemenl sur leri mon-
tagnes du Cap, où il règne des vents consLmls
Aussi, si on le plante dans des parties ahniées
et chaudes, il meurt presque toujours; linîu,
deux beaux sujets de celte espèce, plantés Dans
des conditions abritées, sont morts raimée der-
nière dans deux jardins difièrenls. Près de là e- i
un superbe Jimiperus dcalbatn ; des Ficus A vi\-
tralis, avec leurs racines adventives de phisieu)-s
mètres de long qui viennent s'implanter dans la
terre, produisent un effet des plus singuliers, hn
magnifique Acacia crispa, placé en face d’nn des
grillages d’entrée, domine un Fourcroya giga)»-
tesque portant des feuilles de 70 de longueur.
Plusieurs autres espèces sont en Heurs (dé-
cembre), une dont la hampe a }dus de 2 mètres
de hauteur, qui est voisine de.s Agaves. Le Four-
croya meurt après avoir lleuri ; mais la naïuis;
lui a fourni un moyen de reproduction qui n'
pas fréquent dans le règne végétal : les Heurs
fécondées se transforment presque immédiate-
ment en sortes de fruits (soboles), d’où sort bien-
tôt un cotylédon, de sorte que lorsqu’il tombe, la
plante est déjà presque formée; aussi s enra-
cine-t-elle de suite avec une grande facilité. Un
fait remarquable, c’est que sur sa hampe (;e
Furcroya a donné naissance à une petite hampe
latérale rabougrie, portant à son sommet une
agglomération considérable de petites plantes .
Jardin de M. Antonio Borges (28 avril 1873).
• — Ce qui frappe d’abord lorsqu’on est en face
de l’entrée principale, ce sont les Palmiers placés
latéralement le long de deux grands chemins
droits, ainsi que beaucoup d’autres disséminés
çà et là. Les deux premiers sont des Chamœrops
humilis, dont l’un paraît être une variété asse?
remarquable; il est robuste; les pétioles allongés
sont garnis de fortes épines, et quoique jeune
encore, il est chargé de fruits qui ont la forme er
la couleur de ceux du C. humilis. L’autre a beau-
coup d’analogie avec le C. palmeto : le pétiole,
qui est pubescent, est aussi plus allongé que dans
le premier. Les autres Palmiers sont des Pluu-
nix leonensis ou Fulchironia Senegalenüs. aux
feuilles rapprochées, courtes, et formant
tête touffue. Celui de face, étiqueté P. Senega-
lensis, a un port tout différent; le slype, beau-
coup plus grêle, est muni de feuilles plus flexibles
et inclinées ; son tronc a 4 mètres de hauteur, ^
tandis que le P. leonensis n’a guère que 2 mè-
tres. Ensuite sont deux autres Phœnix, encore
acaules ; le premier, dont le pied est très-vo-
lumineux, a une forte tête, d’où s’élancent des
feuilles presque droites, qui ne mesurent pas
moins de 50, à pinnules glauques, presque
planes, minces, et dont la nervure paraît dorée
par la transparence. Le pied qui lui est paral-
lèle, et qui paraît être plus jeune, est également,
acaule jusqu’ici ; il est d’un beau vert gai, vigou-
reux ; son port et ses feuilles, grandes, ressem-
blent beaucoup à ceux d’un Dattier ; mais les
pinnules du bas des feuilles, au lieu d’être con-
verties en épines, comme cela arrive che^
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUILLET).
Batiifîrs, sont an contraire Irès-développt^es et
presqne du double plus grandes. Celle iniéres-
sanle plante est sur le point de fleurir. J’ajoute
en terminant que, indépendamment des plantes
qui viennent d’étre ciiées, le jardin de M. An-
tonio Borges renferme plusieurs autres Phœnix
inédits, qui ont été envoyés du jardin de Kew.
Agréez, etc. Auguste Favresse.
— Noire collègue et collaborateur, M. Ba-
rillet, vient de nous adresser quelques ob-
servations très-judicieuses sur les squares
de Paris, qui nous paraissent devoir trouver
place dans cette chronique. Pleines de jus-
tesse et de bon sens, ces observations ne
peuvent être considérées comme une cri-
tique, puisqu’elles sont une constatation de
faits dont notre collègue a su tirer d’heu-
reuses conséquences.
Dans Regenrs Parle, les Anglais marchent af-
fairés, l'esprit tendu vers un but; au parc rogal
de Bruxelles, le promeneur s’ennuie; au Grahen
de Vienne, il rêve assis sur un banc; aux Til-
leuls de Berlin, il discute; mais dans les squares
de notre ville, le Parisien est flâneur par excel-
lence et send^le avoir pour but d’apprécier les
avaniages ou le bien-être que peuvent lui pro-
curer nos jardins publics.
Les squares, dans la pensée de M. Haussmann,
ont été créés pour donner de l’espace, de l’air
et de la fraîcheur aux ciladins.
Mos voisins d’oulre-Manche les appellent du
nom signilicalif de poumons. En effet, celle qua-
lification, sans être exacte, est une véritable al-
légorie : la vérité voilée; les squares, en effet,
doivent è re les vrais organes de la respiration.
Les plantations, plus compactes sur ce point,
sont chargées de dégager l’oxygène, si néces-
saire aux habitants des villes.
Dans la plupart de nos squares, on n’a point
assez tenu compte de celte disposition; l’inlen-
tion dans laquelle ils avaient été créés a été ré-
putée pour le fait; — ceci a tué cela, dirait
Victor îîiigo. — Témoin \e square du Trocadéro,
qui d’un square n’a que le nom, qui ne possède
aucue plantation, et où le public ne peut péné-
trer. Quoi de plus facile pourtant que de réunir
les conditions exigées et de réaliser en même
temps l’économie que cherche la ville de Paris?
Planter de nombreux massifs d’aibustes et d’ar-
brisseaux nains, et, avec ou sans des espaces
sablés, laisser librement circuler cette popula-
tion, tyranniquement confinée au brûlant trottoir
d’asphalte.
En cela notre ingénieur en chef, M. Alpliand,
est en contradiction avec lui-même. En effet, lors
de la création du premier square, celui de la
leur Saint-Jacques, il fut question de le fermer
au public, à l’instar de ceux de Londres; mais
M. Alphand, avec beaucoup de raison, s’éleva
fortement contre cette idée, et se prononça dans
un sens tout à fait contraire, son opinion préva-
lut non seulement pour ce square, mais aussi
pour tous les autres. Pourquoi donc, aujourd’hui, j
seul, le square du Trocadéro fait-il exception?
Il eût été aisé de suivre ce qui avait été exé- |
enté jusqu’alors, sans , imiter strictement le i
square des Arls-el-MHiers, qui. pour nou.;, est
le type parfait du square. Planté de grands
arbres sous les(p>els tout est sablé, il ne ren-
ferme que deux petits massifs bordant chacun
un bassin. Dans le même goût, nous signalerons
le nouveau square des Pelils-Ménages et celui du
Ranelngh.
Si nous suivons une progression décroissante
suivant les conditions plus ou moins remplies
par les squares, nous les classerons ainsi; square
des Batignolles, de Louis XVI, de la Trinité,
Monlholon, du Temple, des Innocents, Saint-
Jacques, Sainle-Clotilde, des Invalides, Mont-
rouge, etc , qui, tout en consi*rvant le style pay-
sagev, ont des allées spacieuses et de larges
carrefours, où tous les promeneurs peuvent fa-
cilement trouver place.
Il ressort de ces dispositions que la règle sui-
vante peut être suivie pour la formation des
squares ou jardins publics :
Un jardin public doit avoir environ un sixième
de sa surface totale livré à la circulation.
F. Barillet.
— Du 4 au 8 septembre -1873, la Société
d’horticulture de la Gironde fera, à Bor-
deaux, une exposition générale où seront
admis tous les produits horticoles, ainsi que
ceux des arts ou industr ies qui se rattachent
à Fhorliculture. Jardiniers, amateurs, in- >
dustriels français et étrangers sont invités à {
prendre part à cette exposition. Les con-
cours et par conséquent les récompenses, ^
ne sont pas limités. Pas de programme : li- ?
berté complète. C’est ainsi que le veut le “
progrès.
Tous ceux qui voudront exposer devront
en faire la demande, axant le 29 juillet, à
M. le D'’ Th. Guigneau, secrétaire général,
rue de Grassé, 9, à Bordeaux, en indiquant
sommairement le nombre et la nature des
objets qu’ils se proposent d’exposer.
Le jury se réunira le mercredi 3 septem-
bre, à dix heures du matin.
— Nous avons reçu de notre collabora-
teur et ami, M. Jean Sisley, un extrait d’une
lettre que lui a adressée du Japon M. le
docteur A. Hénon, et que nous croyons de-
voir intéresser nos lecteurs. Le voici :
IkouDO, 2 mai 1873.
... Dans ce moment une grande pariie des
montagnes sont colorées en violet éclatant par la
floraison d’Azalées qui forment de grands buis- |
sons dans les bois. Cette espèce, que je ne crois
pas avoir vue en Europe, s’élève ici à 3 et 4 mè-
tres; elle forme un buisson lâche et paraît
EUYSIMUM PETROWSKIANUM.
beaucoup plus vigoureuse que les autres Azalées
à fleurs rougis ou Mamlu,*s. De plus, elle dé-
feziille complètement durant l’hiver, ce qui lui
permelli ait, je crois, de prospérer en pleine
terre dans nos irtas.'îits en France. Elle ne vient
que dans les taillis, tandis que les autres es-
pèces croissent aussi bien dans les endroits dé-
couverts. Ces grands buissons, complètement
couverts de fleurs violettes assez grandes, font
un très-joli elFet.
Les Azalées à fleurs rouges, à feuilles plus ou
moins perfislanles et ressemblant assez bien à
nos variétés cultivées en Europe, commencent
seulement à fleurir. Les Giiiisiers délleuiissent;
ou en cultive ici une grande quantité de variétés
comme arbres d’orueineul, entre autres une à
fleurs roses doubles, qui est très-belle.
Dans les derniers jours du mois d’avril, on a
commencé à établir les pépinières de Diz partout
dans les environs ; ce lliz restera en pépinière
jusqu’à la moisson du Blé, de l’Orge et du
Colza.
Un légume qui vient ces jours-ci de faire son
apparition annuelle, ce sont les pousses d’une
Fougère, appelée Wai'ubi par les Japonais ; c’est
mangeable. Fendant que je suis sur les comes-
tibles japonais, je te dirai que j’ai encore essayé
deux ou trois plats du pays, d’abord les tuber-
cules d’un Cutadium qui pourrait bien être le
Colocase; les Japonais en mangent de très-
grandes quantités ; c’est la moins chère des
racines féculentes qu’on trouve ici; cuite avec
de la viande, elle est assez bonne, mais un peu
visqueuse.
Je crois t’avoir déjà parlé des bourgeons sou-
terrains du Bambou; c’est à présent le moment
de la grande abondance, et ce légume est excel-
lent, ressemblant un peu, en plus ferme, à des
fonds d Artichauts, avec un goût très-lin. C’est
encore une utilité de plus à ajouter à toutes
celles du Bambou, cette plante qui,Âci, je crois,
est une des plus utiles.
Nous ne sommes pas éloigné de croire
que l’espèce d’Azalée dont parle M. le doc-
teur Hérion est VAzalea mollis dont nous
avons plusieurs fois parié dans la Pievue,
notamment à la page 230 de cette année.
Le fait nous paraît d’autant plus probabî®
que ce qu’il dit de la caducité complète des
feuilles et de la précocité des Heurs sont des
caractèies qui se rapportent exactement k
ceux que nous montre ici VA. mollis. Quast
au Warahi, espèce de Fougère dont ob
mange les pousses au Japon, nous avoms
l’équivalent en France dans le Pteris a(£m-
Ima, — qui est peut-être la même espèce, —
dont on mange également les jeunes pousses
lorsqu’elles sont très-tendres. Quant au Ca-
ladium et aux bourgeons de Bambou, nws
en avons quelquefois goûté, et toujours ça
nous a paru médiocre. Ces produits sont-ils
meilleurs au Japon?
— Le jeudi 10 juillet 1873, la Société
centrale d’horticulture de France faisait,
dans son hôtel, rue Grenelle-Saint-GermaiB^
une distribution solennelle des récompenses
qui avaient été accordées, tant à propos de
l’exposition que des différents apports qm
avaient été faits lors des réunions ou pas-
suite de rapports qui avaient été renvoyés
au comité de- récompenses. Malgré Se
bruit et l’entrain général, augmentés en-
core par une charmante musique, qui sem-
blait tout confondre, on distinguait néan-
moins les lauréats, qui, pourlant, ne pa-
raissaient pas tous joyeux : il y en avait
qui, tout en recevant la récompense qui leur
avait été accordée, paraissaient peu satisfaits
et semblaient dire : « Je méritais mieux E
Cela peut être vrai, mais c’est une chose à
laquelle nous n’avons rien à voir, que noos
constatons seulement, non toutefois pour sa
rareté, puisqu’elle est habituelle. En effeî,
quel est celui qui n’est pas un peu prévena
en sa faveur, et qui ne croit pas mériter
plus que ce qu’on lui donne? Le inonde n'a
pas changé. E.-A. Carrière»
EMSIMÜM PETROWSKIANUM
Depuis quelques années déjà je cultive
celte espèce, et j’ai lieu d’en être satisfait;
elle me paraît réunir les piinci pales condi-
tion^ qu’on recherche pour l’ornement : flo-
raison abondante et prolongée; quant aux
fleurs, qui sont excessivement nombreuses,
elles sont d’un beau jaune mordoré ou de
couleur orange foncé. Ce qui m’étonne, c’est
de voir qu’elle est encore si rare, tandis
qu’on devrait la trouver dans tous les grands
jardins, où depuis mai jusqu’en août et
même plus tard, l’on pourrait en faire des
massifs ou des bordures qui produiraieiii
un effet des plus ravissants. Aucune diffi-
culté pour sa culture, qui, du reste, es!
parfaitement indiquée dans les Fleuri de
pleine terre de MM. Vilmorin et C*®, 3“ édi-
tion, p. 385, d’où je l’extrais.
Celte plante produit un très-bun effet
dans les corbeilles et les plates-bandes;
toutefois, comme elle est un peu maigre,
elle a besoin d’étre semée ou plantée bb
peu dru ou bien en touffes, ou encore repi-
quée plusieurs pieds ensemble. Le piiice^
283
ROSES DE SEMIS.
ment, pratiqué de boniie heure sur la tige
principale, la tait quelquefois ramifier d’une
manière satisfaisante. Ses tleiirs qui, suivant
l’époque du semis, se succèdent depuis mai
jusqu’à la fin d’août et meme en septembre-
octobre, sont particulièrement convenables
pour la confection des bouquets. Elle croît
volontiers dans toute bonne terre de jardin ;
cependant elle préfère un sol léger et une
exposition aérée. Ses graines doivent être
semées : 1» du 15 septembre au 1«^'’ octobre;
on repique les jeunes plants en pépinière,
à bonne exposition, et on les met en place
en mars-avril, à environ 20 à 25 centimètres
l’un de l’autre : les premières fleurs appa-
raissent en mai et se succèdent jusqu’à la
fin de juin; 2» en mars, en place, pour ob-
tenir la floraison de juin en août; on laisse
alors entre les pieds un espacement de
15 centimètres ; 3'^ en avril, également en
place : la floraison a lieu en août, septembre
et octobre; en semant en place à demi-
ombre, du d5 juin au l*^*’ juillet, on peut
encore espérer d’en obtenir une floraison
passable en septembre-octobre.
En suivant ces indications, on peut être
assuré du succès, et je ne crains pas d’a-
vancer que les personnes qui s’y seront con-
formées seront de mon avis ; que VE. Pe-
trowskianum est une des plus jolies plantes
d’ornement.
J. Goujon.
ROSES DE SEMIS
Si l’on remonte le cours des âges, on
constate que, il y a environ un siècle, les
jardins français étaient peu pourvus d’es-
pèces et de variétés de Roses. Cependant
on reconnaissait à ce genre la supériorité sur
beaucoup d’autres, puisqu’on lui attribuait
la première place dans toutes les fêtes pu-
bliques de l’antiquité, à Pvome et ailleurs,
ce qui valut à la Rose le surnom de « reine
des fleurs, y> comme l’on donnait au Lis
blanc celui de « roi des plantes. » Cela
semble prouver que la Rose et le Lis étaient
très-appréciés et jouissaient déjà d’une
grande réputation que du reste ils méritent,
réputation que, probablement, elles conser-
veront longtemps encore, tant à cause de la
forme gracieuse des fleurs que par leur
coloris, ainsi que par la suave odeur qu’elles
répandent. En effet, rien n’est plus beau
que la Rose, rien n’est plus majestueux que
le Lis. On a donc raison de s’occuper de
ces deux genres, du Rosier particulière-
ment, qui, au point de vue de l’ornement,
est une plante essentiellement française.
Primitivement, on ne connaissait en hor-
ticulture que quelques espèces et variétés de
Roses, et on ne cultivait guère que les Ro-
siers Capucines, la Rose jaune, double et
simple, la Cuisse de Nymphe (beaucoup
trop négligée aujourd’hui), la Cent-Feuil-
les, la Rose pompon, les Roses de Pro-
vins, et quelques autres à odeur plus ou
moins prononcée, mais toujours agréables
à la vue. Ce n’est guère que vers la fin du
XVIIR siècle que l’on s’occupa sérieusement
de la Rose, et que les horticulteurs français
en firent une des principales branches de
l’industrie horticole; ils firent pour le genre
Rosier ce qui se fait en Hollande depuis des j
siècles pour la Jacinthe et les autres Oignons |
à fleurs. On sema, et l’on obtint des résul- |
tats admirables tout d’abord ; cela donna |
l’éveil, et les semeurs, encouragés par de [
beaux et premiers succès, ouvrirent la voie E
à ceux qui leur ont succédé. i
Parmi les premiers semeurs infatigables ,|
et des plus heureux du XIX® siècle, nous i
devons citer en première ligne MM. Lalfay,
Vibert, Desprez, Noisette, qui bientôt fu-
rent imités ou suivis par d’autres. Au-
jourd’hui le nombre en est si considé-
rable, et celui des variétés si nombreux,
que l’on est parvenu à faire chaque année .
des expositions de Roses de semis, où tous
les semeurs et les amateurs de Roses sont i
conviés. R en résulte qu’après chacune de |
ces expositions remarquables et spéciales, |
où chaque fleur a paru et où elle a pu être ,
appréciée et jugée par les connaisseurs et
les amateurs, et où elle a été pour ainsi
dire passée au crible, elle offre une sorte ;
de garantie pour l’acheteur, ce qui pourtant
n’empêche qu’il y ait bien souvent encore ;i
de nombreux mécomptes.
Il y a en France, sur presque tous les '
points du territoire, des semeurs de Roses. î
Nous aussi avons essayé, mais nous étions i
placé dans des conditions de terrain peu
avantageuses, et surtout à cause des vers |
blancs, qui nous ont fait des dégâts consi- |
dérables ; c’est à ce point que dans l’année h
1865 ils nous ont dévoré plus de 100,000 jeu- j
nés Rosiers dont les graines avaient été se- j
mées en pleine terre à l’air libre. On voit
que nous opérions sur une grande échelle. |
Nous sommes donc restreint maintenant à j
ROSES DE SEMIS.
semer dans des terrines ou dans des caisses
[ chaque année, pour satisfaire à notre amour
pour les semis de tous genres. Il nous
reste bien quelques belles Roses révsul-
tant de nos semis antérieurs que nous
grelTons sur Églantiers, dans le but de nous
faire une collection de Roses unique et iné-
dite. En prenant les soins que nous allons
indiquer, rien n’est plus facile, et il s’agit
de le vouloir. Voici comment nous opérons.
Après avoir récolté à l’automne les fruits
de nos plus belles Roses, que nous avons
eu le soin de ne pas supprimer après la flo-
raison, nous les laissons sécher un peu,
pour achever leur maturité. Vers la fin ou
dans le courant de décembre, nous les ou-
vrons pour en extraire les graines, que nous
semons immédiatement, à moins d’obstacles
imprévus, pour ne les semer alors qu’au
printemps suivant en terrine ou en caisse,
ou en pleine terre à l’air libre, de la ma-
nière suivante ;
Semis d’automne. Nous prenons de
grandes terrines, qui ont au moins 15 cen-
timètres de profondeur, ou des caisses en
bois qui présentent la même profondeur.
Nous drainons les unes et les autres à l’aide
de tessons que nous couvrons ensuite de
terre de bruyère pure jusqu’à 3 centimètres
en contre-bas des bords; nous égalisons ce
sol, puis nous répandons uniformément les
graines de Rosiers, que nous tassons avec
le revers de la main ou avec une petite
planche, de manière qu’elles soient [déjà à
moitié enterrées; nous recouvrons les se-
mences d’un centimètre, pas plus, de la
même terre, et nous rentrons dans l’oran-
gerie nos terrines et nos caisses, où elles
passent l’iiiver à l’abri des froids, des ge-
lées et même de l’humidité, et d’où nous ne
les sortons que dans le courant d’avril, lors-
que les mauvais temps ne sont plus à
craindre. Par cette stratification, elles com-
mencent à germer dès le courant de mars,
et lorsque nos terrines sont dehors, le reste
ne tarde pas à lever et à pousser. Nous
les plaçons à mi-ombre, ou nous les met-
tons sous châssis à froid, comme cette an-
née, par exemple, où le temps a été con-
traire à ces sortes de semis, pour ne les
mettre à l’air libre que dans les premiers
jours de juin, si le temps le permet. C’est
alors qu’il faut exercer une grande sur-
veillance, car les pucerons en sont très-
friands ; s’ils se montrent, on s’en débar-
rasse au moyen d’une dissolution de tabac,
avec laquelle il faut les asperger plusieurs
fois. Si les Rosiers sont atteints par la ma-
ladie dite du hlanc, il faut les couvrir im-
médiatement de fleur de soufre ; c’est à
l’aide de ces soins, qui sont, du reste, très-
faciles, que nous conservons nos semis en
bon état.
Semis de printemps. Dans le courant de
février, si, par une raison quelconque, nous
n’avons pu le faire à l’automne, nous se-
mons en^ terrines et en caisses nos graines
de Rosiers exactement de la même ma-
nière; seulement nous les faisons tremper
dans beau pure, sans addition d’aucune
substance, pendant vingt-quatre ou qua-
rante-huit heures, selon l’état de la tempé-
rature ambiante, puis nous semons, en
ayant soin de maintenir la terre dans un
état qui ne soit ni trop humide, ni trop sec,
ce qui est très-important. Jusqu’à l’entière
germination des graines, de légers bassi-
nages fréquents valent en général pour les
semis mieux que de forts arrosements.
Voilà pour les semis en caisses et en ter-
rines, que l’on peut faire partout avec le
plus grand succès.
Semis en pleine terre. Si l’on veut, pour
économiser la terre de bruyère, ou par tout
autre motif dont nous n’avons pas à nous oc-
cuper ici, on peut semer en rayon ; dans ce
cas dans chaque planche, dont la largeur aura
1'^ 33, on ouvrira des rayons profonds de 8 à
10 centimètres et larges de 8 à 12 ; on les
remplira de 6 à 8 centimètres de terre de
bruyère meuble, qui sera bien nivelée, puis
on répandra la graine très-également avec
la main, de manière que chaque plante
puisse avoir assez d’espace pour prospérer,
après quoi on la tassera avec le dos de la
binette, qui aura servi à l’ouverture des
j rayons, puis on recouvrira le tout d’un cen-
timètre ou d’un centimètre et demi de la
I même terre de bruyère, et on attendra la
I levée, qui commencera vers le mois de mai.
Si l’on veut opérer en grand, comme nous
l’avons fait quelquefois, et semer des graines
de Rosier par centaines de mille, il faudra
enlever toute la terre de la planche à la profon-
deur de 12 à 15 centimètres, et faire un nou-
veau sol, composé de 10 à 12 centimètres de
terre de bruyère meuble, dont on égalisera la
surface, pour éviter que l’eau des bassinages
n’entraîne pas les graines sur un seul point,
ce qui est toujours très-désagréable. Quand
la planche entière sera ainsi préparée, on
répandra la graine, en prenant les pré-
cautions que nous avons indiquées plus
haut, et le semis sera recouvert d’une couche
de terre de bruyère de la même épaisseur
que celle indiquée pour les rayons. On
ROSES DE SEMIS.
m
m^iinfienfîra également le semis dans un
léger élat de fraîcheur, et on attendra la
levée. Quand on a sous la main de bon
terreau I)ien consommé, il sera utile d’en
répandre sur le semis une légère couche ;
cela ne peut faire que du bien aux jeunes
semis. Pour le semis au rayon comme pour
celui en planche, il sera bon de faire aussi
macérer les graines dans l'eau pendant
vingt-quatre ou quarante-huit heures, ce
qui en hâtera la germination. Dans les terres
sèches et fortes, comme celle de notre jar-
din, par exem[)le, celte précaution est de ri-
gueur, ainsi que l’emploi de la terre de
bruyère. Dans les endroits mieux favorisés,
Ton pourrait s’en dispenser; mais nous par-
tons d’Han neucourt et de nos expériences,
que chacun pourra imiter ou modifier à son
gré. Nous avons l’habitude de dire ce que
nous savons, ce que nous faisons, ce qui
noos réussit, et rien de plus. Si quelques-
uns de nos confrères employaient un pro-
cédé qui soit préférable au nôtre, nous les
prierions, dans l’intérêt de la science et de
la pratique horticoles, de nous le faire con-
aaitre, et nous en serions très-reconnais-
sant, car les cultivateurs doivent s’instruire
entre eux, sans amour-propre et sans au-
cune rélicence.
Lorsque les Rosiers de semis fleurissent,
il ne faut pas trop se presser pour les juger;
it est bon pour cela d'attendre plusieurs flo-
raisons pour se faire une juste idée de leur
valeur. Voici ce qu’on fliit lorsqu’une Rose
paraît à peu près bonne : on en greffe sur
des vieux Églantiers, et l’on attend deux
et même trois ans, au bout desquels on
peut être fixé. Pour ne pas s’ètre conformé
à cette règle, on a souvent eu à s’en repentir;
et certaines espèces, après avoir été mises
aa commerce, ont dû être abandonnées.
En '1864, nous avions reçu de MM. Lé-
vêque père et fils, rosiéristes en renom, bien
connus, une quantité assez considérable de
fruits de Rosiers récoltés sur leurs plus
belles variétés, telles que Madame Elisa
Vilmorin et antres également belles. Nous
avions d’un seul lot 1,423 grammes de se-
mences nues, qui ont fourni 37 graines au
gramme, ce qui fait un total de 52,651 bon-
nes semences.
ün deuxième lot, contenant 43 grammes,
qui ont donné 32 graines au gramme. Total :
15376 graines.
Un troisième lot de 32 grammes de Ro-
siers variés, dont le nombre était de 48 grai-
nes au gramme, ce qui fait un total de
I5536 graines. Ces fruits ayant été récoltés
tardivement, ont été conservés, et les graines
n’ont été semées qu’apres l’hiver.
Un quatrième lot de 69 grammes de
graines de Rosier Madame Élisa Vil-
morin a donné .37 semences au gramme.
Total : 2,553 graines.
Un cinquième lot de 79 grammes de
graines de la même variété, provenant de la
récolte de 1863, a produit, sans que nous
puissions l’expliquer, ,32 semences au
gramme, formant un total de 2,528 graines,
qui ont été extraites des fruits en dé-
cembre 1864.
Toutes ces graines ont été semées en
planches au printemps de 1865, le 14 avril,
avec celles de notre récolte, en pleine terre,
de la manière que nous avons indiquée
plus haut; mais, à notre grand regret, à
mesure qu’elles germaient, les jeunes em-
bryons disparaissaient sous la dent meur-
trière du ver blanc, qui ne nous a laissé sur
cet immense champ de Rosiers, sur lequel
nous fondions les plus belles espérances,
qu’une cinquantaine à peine de plantes re-
marquables.
La quantité de graines contenues dans
chaque fruit de Rosier est très-variable: les
uns en contiennent de 24 à 30 très-bonnes
pourla semence, tandis que dans d’autres on
n’en trouve le plus souvent que de 12 à 20;
on en rencontre même, quand on les extrait,
quelques-uns qui ne renferment que une ou
deux graines; les fruits mal faits et mal
formés offrent cet exemple. Dans les espèces
des bois, les semences sont ordinairement
belles et bien faites, mais on n’en compte que
de 12 à 14 par fruit ; elles sont de forme en
losange, régulières, très-belles de couleur,
qui est le jaune citron glacé. Les Rosiers
qui forment nos belles collections produi-
sent des graines extrêmement variables dans
la couleur, dans la forme et dans la gros-
seur; les unes pèsent quelquefois 1 centi-
gramme, tandis que chez d’autres, comme
on l’a vu, il n’en faut que 49 au gramme, et
même moins. Nous en avons trouvé quel-
ques-unes seulement du poids del gramme;
mais il faut dire qu’elles étaient peu nom-
breuses dans les fruits ; elles sont de cou-
leur brune, jaune basane, noirâtre, gri-
sâtre, etc.
En terminant, nous engageons tous nos
confrères à semer des graines de Rosiers;
c’est le moyen de se faire une belle collec-
tion à soi, et dans peu d’années, en suivant
nos prescriptions, ils en auront formé une
des plus riches et des plus complèles.
Bossin.
FLEUR MONSTRUEUSE DE FUCHSIA GLOBOSA.
â80
FLEUR MONSTRUEUSE DE EUCiïSIA GLOBOSA
La figure 27 reproduit le rameau d’une
variété de Fuchsia globosa qui nous a été
communiqué par M. Cli. Verdier. Ce ra-
meau offre une anomalie assez singulière et
qui n’a pas encore été jusqu’ici, croyons-
nous, enregistrée dans les annales de la té-
ratologie végétale.
A priori on pourrait croire, en raison de
l’opposition apparente de l’organe qui la pré-
sente, avoir affaire à la transformation d’une
feuille en fleur plus ou moins imparfaite. Il
n’en est rien. En effet, à un examen un peu
attentif, il nous a été facile de reconnaître, à
l’aisselle même de l’organe qui présente
cette anomalie, le point d’insertion d’une
feuille tombée, et qui était
bien, comme cela est cons-
tant dans les plantes de ce
genre, parfaitement oppo-
sée à la feuille survivante.
Ce n’est donc pas, comme
l’échantillon pouvait le lais-
ser supposer, — ce qui
aurait été fort curieux à
constater, — une feuille
transformée en fleur plus
ou moins imparfaite, mais
bien une fleur mons-
trueuse, portée sur un pé-
doncule normalement pla-
cé, c’est-à-dire à l’aisselle
de la feuille absente, qui,
au lieu de constituer cette
fleur si élégante que tout
le monde cormaîl, n’offrait
que la déformation reproduite par notre
figure.
Si nous essayons de donner une descrip-
tion de cette transformation un peu compli-
quée, nous verrons d’abord que son siège ne
réside surtout que dans les diverses parties
de la fleur. En effet, le péiloncule a con-
servé sa forme et sa longueur normales,
ainsi que le montre le renflement de sa
partie supérieure (ovaire) ; toutefois, l’aspect
de celte partie terminale du pédoncule était,
comme cela est indiqué dans la fleur déta-
chée de notre dessin, plus allongée que dans
les ovaires normaux de cetle espèce de
Fuchsia, et le renflement allait en s’agran-
dissant insensiblement de la base au sommet
sur une longueur de 10 à 12 millimètres.
La monstruosité ne porte donc presque ex-
clusivement dans le cas qui nous occupe que
sur l’androcée et le gynecée. On sait que
dans le genre Fuchsia, la corolle est com-
posée d’un calice coloré à tube étranglé au-
dessus de l’ovaire; que son limbe est à
quatre parties et à préfloraison valvaire;
que ses pétales, pareillement au nombre de
quatre, sont larges, également colorées,
et naissent au sommet de la gorge du ca-
lice; que les étamines, au nombre de huit,
sont disposées sur deux rangées : quatre
opposées aux sépales et quatre aux pétales ;
que l’ovaire est globuleux, a quatre loges,
et que le long style de cette fleur est ter-
miné par un stigmate à quatre lobes ; enfin,
.que le fruit est bacciforme.
— Fleur monstrueuse de Fuchsia globosa.
Des quatre pièces du calice, deux seule-
ment s’étaient, ainsi que cela est représenté,
transformées en un limbe foliacé, verdâtre et
d’inégale grandeur; on retrouvait l’origine
des deux autres à la présence de deux pièces
inégalement développées aussi, mais plus
petites que les précédentes, de consistance
un peu épaisse et de coloration rosée à l’in-
térieur, blanchâtre à l’extérieur. Plus au
centre, les quatre pétales étaient manifeste-
ment visibles; seulement leur forme avait
subi une altération profonde : petits, repliés
sur leurs bords, informes, pourrait-on dire;
trois d’entre eux, de teinte blanc carné et
de configuration distincte, dépassaient de
beaucoup le quatrième, qui ne se montrait
que sous l’apparence d’une squamule inco-
lore. Quant aux étamines, il ne nous a pas
été possible de retrouver la trace de plus de
PALMIERS NOUVEAUX.
Î29Û
six d’entre elles. Ici la déformation était
donc encore portée à un plus haut degré ;
de plus, la position de ces organes ne pou-
vait être rigoureusement constatée. Quoi
qu’il en soit, les six étamines reconnues
dans cette fleur déformée n’avaient aucune
ressemblance avec les étamines normales
des Fuchsias : c’étaient de très-petites lan-
guettes foliacées, un peu plus larges au som-
met qu’à la base, et offrant parfois sur leur
bord un épaisissement allongé qui n’était
autre, selon toute vraisemblance, que des
rudiments d’anthères. Du gynecée, il ne
nous a pas été possible de retrouver la trace,
le centre parfait de cette monstruosité ne
présentant qu’une masse charnue et à peu
près uniforme dans sa configuration.
On voit qu’il s’agit, dans ce cas, d’une
virescence incomplète du calice, et en même
temps, par suite, d’une sorte de balance-
ment organique qui a déterminé l’avortement
partiel des organes les plus centraux de la
fleur.
B. Vereot.
l'ALMIERS NOUVEAUX
I. Welfia. — Ce genre, établi par
li. Wendland en souvenir du dernier roi
de Hanovre, ressemble un peu au genre
Geonoma. Jusqu’à présent le W. Gecregii
et le W. regia sont les seules espèces con-
nues dans les cultures. Le premier est ori-
ginaire de Costa-Pdca , le second de la Nou-
velle-Grenade. Comme les Géonomas et les
Calyptrogynes, ces Palmiers sans épines ont
de jolies feuilles, d’abord bilobées, puis
pennées avec l’âge ; leur couleur bronze est
fort remarquable et persiste à l’état adulte
chez la plupart des sujets.
II. Geonoma. — Le genre Geonoma com-
[)rend une quantité de jolies espèces, dont
les plus élevées atteignent à peine 2 mètres
de hauteur; quelques-unes sont tout à fait
naines : elles ont de 30 à 40 centimètres de
hauteur lorsqu’elles sont adultes; leur tronc
a la grosseur d’un tuyau de plume d’oie.
Dans l’Amérique tropicale, on fait, avec les
plus grands de ces charmants végétaux, des
rannes pour la promenade; leurs feuilles
servent à couvrir les toits des habitations,
mais elles sont loin d’avoir la qualité de
celles des Corgpha et des Sahal, lesquelles
sont bien plus épaisses.
Les spadices, sous forme de pédoncules
axillaires, sont terminés par un épi, et quel-
<(uefois par une panicule portant des fleurs
monoïques jaunes ou rouges. Le fruit est
ovale, sphérique ou suhsphérique. Ge genre
compte environ 80 espèces ou variétés ; les
plus belles et les plus répandues dans les
serres sont : les G. fenestralis (ou Malor-
tica), G. Antioquensis, G. interrupta, G.
iniermedia, G. Schottiana, G. Martiana
(celle-ci, très-jolie, introduite il y a peu
d’années par B. Seeman), G. pumila, G.
Spixiana, G. Verschafj'elti, trop souvent
confondu avec le G. Ghieshreghti, qui, lui-
même, n’est autre que le Calyptroggne
spicata.
III. Calyptrogyne (1). — Le genre Ca-
lyptrogyiie, très- voisin des Geonoma et des
Welfia, habite les mêmes contrées et forme
le sous-bois de certaines forêts de Palmiers ;
son port ressemble en tous points à celui
des deux espèces déjà décrites ; la différence
consiste dans l’inflorescence qui, tout d’a-
bord, présente deux spathes, dont l’une dis-
paraît dès que les fleurs commencent à
s’ouvrir.
Au point de vue de l’horticulture d’agré-
ment, ces Palmiers sont très-intéressants, à
cause de leur charmant feuillage bronzé et
de la couleur rouge du tronc et des racines, ;
ainsi que cela se rencontre, par exemple,
chez le C. i
Deux autres espèces, presque naines, ont j ;
été répandues par M. H. Wendland; ce U*
sont : le C. sarapiquensis et le C. spici- U-
gera. Ges deux petits Palmiers ont à peine h
1 mètre de hauteur à l’état adulte ; ils mé-
ritent d’être cultivés, particulièrement pour |j
la décoration des vases et potiches des ap- -
parlements, où ils résisteront bien. il
La culture des trois genres que nous ve-
nous d’indiquer est très-facile; la voici en lin
quelques mots : terre légère, mélangée de
sable et de sphagnum; beaucoup d’humi- ij-i
dité aux racines et au feuillage ; de l’ombre
en été; pendant l’hiver, une température |7
moyenne de 4- IS» centigrades. i(
Alphonse D**% j.
Ainaleiir. u
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Oi^'07?Z0Üt?i^ CrSi
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La^ia JoNf/Ju'(in<ï
LÆLIA JONGHEANA. — LES PLANTES ALIMENTAIRES.
'20 1
LÆLIA JONGHEANA
L’espèce d’Orchidée que nous représen-
tons ci-contre est une de ces plantes qui
font époque; bien qu’introduite depuis
quelques années déjà, ce n’est guère que
l’année dernière que l’attention a été portée
vers elle par un homme très-compétent,
M. Reichenbach. Voici ce qu’il en a dit dans
le Gardeners-Chronicle,iS12, p. 425:
(( Lœlia Jongheana, n. spec.... — Voici
une nouveauté de premier ordre. Ah! Lœlia
majalis est rabaissée; les Cattleya Mossiœ
et lahiata ont, d’après mon goût, une rivale
très-dangereuse. Imaginez-vous des petits
bulbes d’un vert foncé, luisant, une feuille
oblongue ligulée du vert le plus intense,
très-luisante, excessivement épaisse, en un
mot, une véritable beauté de feuille.
cc La fleur est de la dimension de \a. Lœlia
majalis^ mais du plus brillant améthyste,
comme \3.Vanda teres. Sépales étroits; péta-
les très-larges, un peu crispés ; labelle avec
des lobes latéraux d’améthyste pâle, extérieu-
rement jaune à la partie antérieure et entiè-
rement jaune à l’intérieur. Le lobe intermé-
diaire blanchâtre avec une large bordure
améthyste, de même que le bord antérieur
des lobes latéraux, crispés et denticulés.
Sept crêtes d’un orange foncé au centre,
plus longues que la colonne, qui est arquée
et blanchâtre ; toutes les veines des lobes
latéraux avec crêtes rayonnantes dans l’in-
térieur.
(( La merveilleuse beauté de cette grande
fleur est basée sur ses couleurs pures, qui
rappellent ce petit joyau Dendrobium De-
vonianum par la combinaison d’améthyste
jaune et blanc.
« La plante vient de fleurir chez MM. Thi-
baut et Keteleer. Le mérite de son introduc-
tion est dû à M. de Jonghe, de Bruxelles, et
sa découverte à son infortuné voyageur,
M. Libon, qui a succombé au Brésil victime
de son zèle.
« Cette espèce a été cultivée depuis une
dizaine d’années sous le nom de Brassavola
Jongliei, et doit porter le nom de Jonghe,
suivant le désir de son jeune ami et zélé
collecteur, le défunt M. Libon.
(( M. de Jonghe peut regarder autour de
lui et voir combien peu d’Orchidées peuvent
rivaliser avec cette seule qui lui est dédiée.
(( H. -G. Beiciienbacii fils. »
Nous n’avons rien à ajouter à cette des-
cription, faite de main de maître; nous di-
rons seulement que, d’après nous, le mérite
de cette plante est un peu exagéré ; nous
trouvons même que certaines variétés de
Cattleya lahiata, Mossiœ. et Trianei, qui,
du reste, sont probablement des formes d’un
même type, sont préférables, — toujours
d’après notre goût, bien entendu, — au La‘-
lia Jongheana, ce qui, toutefois, n’ôte îien
de la beauté de ce dernier, qui n’en reste
pas moins une plante de premier mérite.
La culture du Lœlia Jongheana est la
même que celle des autres espèces, soit de
Lœlia, soit de Cattleya. Sphagnum en serre
chaude.
C’est chez M. Luddernann, horticulteur,
boulevard d’Italie, 20 (1), à Paris, qu’a fleuri
le pied de L. Jongheana d’après lequel
l’habile aquarelliste, M. Biocreux, a fait la
figure que nous offrons à nos lecteurs.
Nous ajoutons qu’on trouve, chez cet hor^
ticulteur, une collection d’Orchidées aussi
complète que variée, ainsi qu’une grande
quantité de plantes diverses de serre chaude,
de serre froide et de serre tempérée.
E.-A. Carrière.
LES PLANTES ALIMENTAIRES
Pau m. Gustave HEUZÉ, inspecteur génér.al adjoint de l’agriculture, etc.
Entre l’agriculture et le jardinage, le lien
est si étroit, la limite si indécise, qu’il est
difficile de préciser où l’un finit et où l’autre
commence. A dire vrai, ce sont les deux
moitiés d’un même tout, qui empiètent fré-
quemment l’une sur l’autre, bien qu’elles se
complètent. On n’est point agriculteur par-
fait si l’on reste étranger au jardinage, et
réciproquement le jardinier ne comprend
qu’à demi sa profession s’il n’a point une
(t) Par suite d’une erreur typographique, récem-
ment (Rev. hort., 1873, p. 271), en publiant une
description et une figure de VAgalmyla longistyla,
on a indiqué que cette plante se trouve dans l’éta-
blissement de M. Luddernann, situé boulevard d’Ita-
lie, 25. Au lieu de ce chiffre, c’est 2© qu’il faut lire.
(2) 2 vol. in-8° avec atlas, comprenant un très-
grand nombre de figures. — Prix 30 fr. — Librairie
agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob.
292
LES PLANTES ALIMENTAIRES.
connaissance, au naoins somnaaire, des
plantes de la ferme et des procédés de cul-
ture qu’on y emploie.
Le dernier et récent ouvrage publié par
M. Gustave Heuzé, sous le titre de : Plantes
alimentaires, sans faire la part égale entre
ces deux branches de l’industrie du sol,
n’en est pas moins l’expression de leur
grande affinité. C’est le tableau presque
complet de ce que l’homme, l’être omnivore
par excellence, demande au règne végétal
pour son alimentation sous tous les climats
de la terre. Je dis presque complet, parce
que les arbres fruiliers en sont exclus, ce
sujet étant sans doute réservé pour une
autre partie du Cours général d'agricul-
ture, vaste encyclopédie à laquelle appar-
tient le travail dont nous allons rendre
compte.
Dans un langage simple et concis, et où
perce à chaque page une érudition profonde,
Fauteur trace l’histoire botanique, écono-
mique et commerciale de cette longue
série de plantes, qui seraient relativement
peu nombreuses si on ne les envisageait que
comme unités spécifiques, mais qui sont
réellement innombrables par les variations
qu’elles ont subies dans le cours des siècles
et sous l’influence toute-puissante de la cul-
ture. Cette plasticité des espèces spéciale-
ment affectées aux besoins ou aux plaisirs
de l’homme est un des beaux phénomènes
de la biologie; et comme l’homme est de
moitié dans ces résultats, ou peut dire de
lui, sans métaphore comme sans impiété,
qu’il a continué l’œuvre divine, et que s’il
n’a pas créé les espèces, il a créé des races
tout aussi distinctes, et bien mieux appro-
priées à ses besoins que les types sauvages
que la nature lui offrait.
Tel est le sujet que M. G. Heuzé a entre-
pris de développer dans son nouveau travail.
La tâche était immense autant que difficile;
aussi son accomplissement a-t-il exigé des
années d’études. L’auteur ne s’y est point
épargné ; il a, à maintes repr ises, parcouru
la France et les pays voisins, du nord au
sud et de l’est à l’ouest, visitant toutes les
régions agricoles, tirant de partout des ob-
servations et des renseignements, ne dédai-
gnant rien, utilisant l’expérience bornée et
locale du paysan avec la même sollicitude
que la science de l’agrononre consommé.
Les écoles d’agricultui’e, les jardins bota-
niques, les herbiers, les bibliothèques, les
halLs, les marchés, etc., tout a été mis par
lui à contribution, et c’est muni de ces ma-
tériaux lentement accumulés qu’il a pu me-
ner à bien une œuvre que le public atten-
dait avec impatience.
Nous n’avons pas la prétention d’en faire
ici une analyse détaillée ; ni le temps, ni
l’espace ne nous le permettraient; mais nous
pouvons énumérer du moins les têtes de
chapitres. L’ouvrage forme deux volumes
in-8^, d’une bonne épaisseur. Tout le pre-
mier et une partie notable du second sont
consacrés aux céréales. Le Blé seul occupe
398 pages, et on ne trouve pas que ce soit
trop quand on songe au rang qu’il occupe
parmi les plantes alimentaires, • aux im-
menses étendues de terre qui lui sont con-
sacrées dans les cinq parties du monde, à la
multitude de sous-espèces, de races et de
variétés qu’il renferme et qui ont chacune
leurs qualités propres, à son importance
prépondérante dans le commerce intérieur
et extérieur; enfin, à l’influence incontestée
qu’il exerce sur l’état politique des nations.
Dans cette histoire du Blé, une des plus in-
téressantes qu’on puisse lire, tout est passé
en revue, tout est approfondi et mis en re-
lief: son origine d’après les antiques tradi-
tions; ses races connues chez les Egyptiens,
les Hébreux, les Grecs, les Romains; ses
races modernes devenues cosmopolites; les
conditions climatériques qui lui sont favo-
rables ou contraires; les méthodes de cul-
ture qui lui sont appliquées dans les di-
verses contrées du globe, la récolte, la
conservation des grains, la meunerie, le
commerce des farines, la boulangerie, la
confection des pâtes alimentaires, vermicel-
lerie, pâtisserie, etc.; et enfin les fraudes
commerciales qui s’exercent sur le Blé, les
plantes parasites qui nuisent aux moissons,
les animaux destructeurs qui en dévorent
le grain sur pied ou emmagasiné. N’insis-
tons pas plus longtemps sur ces détails ; le
Blé est le roi des céréales, et M. Heuzé l’a
traité royalement.
Après le Blé, le Seigle, second en impor-
tance, mais digne encore d’une grande at-
tention. Son histoire, quoique resserrée dans
la juste mesure, n’est pas moins magistra-
lement tracée que celle du Blé. Après lui,
l’Orge et l’Avoine complètent le premier vo-
lume. Le second s’ouvre par un chapitre de
110 pages, consacré tout entier au Maïs ; le
Riz vient à la suite et nous mène jusqu’à la
page 218, ce qui atteste bien l’importance
agricole et économique de ces deux céréales
exotiques, toutes deux naturalisées en Eu-
rope. Puis ce sont les Millets, les Panis, les
Sorghos et autres Graminées de troisième
et de quatrième ordre, qu’il est encore bon
CHARLES DARWIN.
293
de connaître. Le Sarrazin ou Blé noir, qui
usurpe, avec un certain droit pourtant, le
titre de céréale, dot cette séiie de grains fa-
rineux, et nous mène assez naturellement
aux légumes de la grande culture.
Ces légumes appartiennent aussi au do-
maine du jardinage, qui vise seulement à
les obtenir plus fins. Ce sont les Haricots et
les Doliques, les Fèves et les Fèverolles, les
Lentilles, les Pois, les Garances, les
Gesses, etc. Dans cette énumération de lé-
gumineuses alimentaires, nous n’en voyons
guère qu’une d’oubliée, et encore l’auteur
l’a-t-il peut-être omise à dessein : c’est la
Vesce de Narbonne {Vicia Narhonensis),
cullivée çà et là par les paysans du Pvous-
sillon, qui en mangent les graines en purée.
Ici (page 483) vient un chapitre qui a
valu quelques critiques à l’auteur, comme
étant de trop dans son livre, mais dont la
présence nous paraît suffisamment justifiée,
parce que sans lui l’ouvrage aurait été
moins complet. Nous ne lui reprochons que
d’interrompre l’histoire des plantes de la
culture européenne, et nous pensons qu’il
aurait été mieux placé à la fin du livre.
Quoi qu’il en soit, ce chapitre traite des
plantes alimentaires des régions intratropi-
cales, dont quelques-unes encore ne nous
sont pas tout à fait étrangères. Ce sont
d’aboi d les Bâtâtes ou Patates, dont la cul-
ture ne manque pas d’importance dans le
CHARLES
Dans les sciences, comme dans la poli-
tique, il y a des hommes qui, par leurs tra-
vaux, s’élèvent de beaucoup au-dessus du
vulgaire, et qui, comme de gigantesques
flambeaux, semblent destinés à éclairer le
monde* eu lui montrant la véritable voie du
progrès. Envisagés comme ils doivent l’être,
e’est-à-dire au point de vue des lumières
qu’ils répandent, ces hommes n’ont pas de
nationalité; l’univers est leur patrie : tel est
Darwin (tig. 28). Cet homme illustre et aussi
remarquable par la vaste étendue de ses
connaissances que par la profondeur de ses
idées a su, pour cette raison, et avec un
rare talent, parler des choses les plus déli-
cates, et, dans certains cas, en taire les
noms, tout en les montrant, de manière à
faire ressortir la vérité sans blesser per-
sonne. Aussi le nom de Darwin restera-t-il
comme l’une des plus grandes figures du
XlXe siècle, et comme caractérisant une
époque progressive des plus remarquables
midi de l’Europe et en Algérie ; ensuite les
Dioscorées ou Ignames, l’Arracacha, le Ma-
nioc, les Maranlas et les Balisiers, les Colo-
cases, le Tacca des Moluquea et des Philip-
pines, les Palmiers féculifères des îles de la
Sonde et de l’Inde, les Bananiers, l’Ananas,
et quelques autres plantes de moindre in-
térêt. On s’étonne de ne pas voir le Dattier
de l’Algérie, plante alimentaire au premier
chef, figurer dans cette liste ; il y aurait eu
au moins autant de droit que le Cactus ou
Figuier de Barbarie, qui est loin d’avoir sa
valeur.
Par la dernière partie du volume, nous
rentrons dans les cultures qui nous sont fa-
milières. Ce sont encore des plantes pota-
gères, mais cultivées en plein champ : les
Carottes, les Betteraves, les Navels, Oi-
gnons, Artichauts, Asperges, Chicorée,
Choux, Melons, Potirons, Tomates et Au-
bergines. Comme on le voit, c’est le jardin
empiétant sur la ferme, et la justification
de ce que nous disions en commençant cet
article.
J’oubliais de dire que l’ouvrage contient
un grand nombre de très-belles gravures
noires intercalées dans le texte, et qu’il est
en outre accompagné d’un allas représen-
tant 102 épis de céréales, dont le dessin et
la gravure font honneur à MM. Ilouyer et
Davesne.
Naudin.
DARWIN
dans les annales des sciences naturelles;
nous sommes donc heureux, presque fier
de le faire connaître à nos lecteurs en en
donnant une photographie. Nous avons l’es-
poir que l’éminent savant anglais ne sera
pas blessé de notre hardiesse à le faire re-
présenter dans un recueil aussi modeste que
la Revue horticole. Si quelque chose pou-
vait intervenir en notre faveur et nous faire
pardonner de l’illustre génie, c’est la res-
pectueuse estime, la con&idération, nous di-
rions presque la vénération, que nous avons
pour cet homme, dont notre collègue,
M. Edouard André, a bien voulu se charger
d’esquisser la biographie.
Donnons maintenant la parole à M. Ed.
André, en lui laissant toute la responsabilité
des diverses opinions qu’il émet et que, pour
une certaine partie, nous sommes loin de
partager. {Rédaction.)
Au commencement de l’automne 1868,
CHAULES DARWIN.
^294
par une de ces rares matinées de soleil dont
on jouit parfois sous le ciel de la brumeuse
Angleterre, un de mes amis et moi nous
prenions place à Londres dans un train qui
nous conduisait rapidement à Bromley, sta-
tion du South-Western raihvay, dans le
comté de Kent. De Bromley, une heure de
voiture nous amenait à la porto de cette
modeste, mais déjà célèbre résidence de
Down, près F arnborough, retraite verdoyante
et fleurie qui abrite l’existence de Tun des
plus grands naturalistes modernes, Charles
Darwin.
Dûment annoncés et certains d’avance
d’un bon accueil , nous trouvâmes en
M. Darwin un vieillard de soixante ans, à
la longue barbe blanche, à la voix un peu
affaiblie par une santé précaire depuis de
longues années, mais à l’abord aflable et
simple, et tout prêt à satisfaire notre légitime
curiosité.
Nous vcni(ms en effet poui* causer lon-
guement avec lui, et ajouter aux impres-
sions occasionnées par certains de ses sa-
vants ouvrages que nous connaissions les |
impressions plus nettes qui devaient résulter j
d’une conversation familière, examiner les j
lésultats des curieuses expériences qu’il
instituait depuis près de trente ans.
Après avoir longuement discuté sur cette
fameuse théorie du Transformisme, à la-
quelle la science a donné le nom du maître
{darwinisme), le jardin et la serre furent
visités, ainsi que le poulailler, le pigeonnier
et les divers appareils qui ont servi aux re-
marquables essais destinés à appuyer ses
conclusions.
Dans la serre, le plus beau pied de Tac-
sonia Vayi Yolxenii que nous ayons jamais
vu suspendait au vitrage par centaines ses
fleurs aux longs pédoncules. Sur les tablettes,
quelques curiosités botaniques, entre autres
le Drosophyllum Lusitanieum, témoi-
gnaient à chaque pas la présence d’un savant,
d’un c( curieux, » comme on appelait il y a
deux siècles les amateurs de plantes rares.
Parmi les espèces en expérimentation,
M. Darwin nous fît remarquer celles qui
servaient à démontrer l’avantage des croise-
ments. De ces unions entre variétés résulte
l’augmentation du volume des plantes, soit
aérien, soit souterrain, par le moyen du
transport du pollen d’un individu sur le stig-
mate d’un autre, ou même du pollen d’une
fleur sur le stigmate d’une autre fleur de la
même plante. L’augmentation de vigueur
qui résulte de ce simple fait est générale et
constante; elle se produit avec la même vi-
gueur et la même persistance sur toutes les
plantes d'’une même es[)èce parfaitement
pure. Des Mimulus luteus. Pensées {Viola
iricolor). Volubilis {Pharhitis hispida) et
nombre d’autres espèces sont plantées dans
des pots, sous le vitrage d’une sene, ou
placées dehors pendant la belle saison. Voici
comment M. Darwin procède :
Sur la plante porte-graines, une partie
des fleurs sont fécondées par leur propre
pollen, et l’autre partie par le pollen d’autres
fleurs prises sur le même sujet.
Les capsules sont soigneusement mar-
quées. On sème le produit de toutes ces fé-
condations dans un même grand pot, afin
que le milieu soit parfaitement identique
pour toutes, mais en ayant soin de réserver
une moitié du pot aux graines des fleurs fé-
condées par leur propre pollen, et d’attri-
buer l’autre moitié aux produits de la fé-
condation pai‘ le pollen des autres fleurs de
la même plante. Eh bieri! sans aucune ex-
ception, les plantes provenant des fleurs
ayant reçu un pollen étranger sont plus
vigoureuses.
Diverses autres considérations analogues
nous furent exprimées, d’autres faits dé-
voilés, et, après plusieurs bonnes heures
passées dans cet échange d’idées et de dé-
monstrations scientifiques, nous quittâmes
M. Darwin, emportant de cette discussion le
meilleur et le plus durable souvenir.
Avant d’exposer rapidement en quoi con-
siste la doctrine de Darwin, indiquons en
quelques traits ce qui se rapporte à sa bio'
graphie.
Charles-Robert Darwin est né à Shrews-
bury, le 12 février 1809, d’une famille déjà
marquante dans les sciences, les arts et la
littérature. Son grand-père, Erasme Darwin,
membre de la Société royale de Londres,
est fort connu comme poète naturaliste par
sa Zoonomie, et surtout par son Jardin bo-
tanique {The hotanic Garden) publié en
1794, et divisé en deux parties, compre-
nant : l’économie de la végétation et les
AMOURS DES PLANTES, ouvrage auquel s’a-
joutaient des notes philosophiques assez
étendues et beaucoup de considérations ori-
ginales pour cette époque. Son père. Je
docteur Pmbert Warring Darwin, était petit-
fils, par sa mère, du célèbre potier
AVedgwood, dont les charmants vases bleus
et blancs et les autres productions céra-
miques sont cotées aujourd’hui à des prix
fabuleux. B devint ainsi membre de la So-
ciété royale, où son fîls devait le remplacer
un jour avec une si grande distinction.
CHARLES DARWIN.
Charles Darwin fut d’abord élevé à l’école
de Shrewsbury, et dirigé dans la science par
le docteur Butler, qui devint évêque de
Lichfield. Il passa ensuite deux ans à l’U-
niversité d’Edimbourg, entra en 1828 au
ChrisV s- College de Cambridge, où il fut
reçu bachelier en 1831. Sa vocation était
déjà décidée à cette époque, et il partit dès
cette même année en qualité de naturaliste
à bord du vaisseau le Deagle, commandé
par le capitaine Fitz-Rog, pour un voyage
d’exploration autour du monde.
Du 27 décembre 1831 au 27 octobre 1837,
c’est-à-dire pen-
dant six années,
le Beagle visita le
littoral de l’Amé-
rique méridio-
nale, les îles du
Pacifique, la Nou-
velle-Zélande,
Maurice, etc.
Frappée de la
haute valeur des
communications
que lui adressait
Darwin dès le dé-
but de son voyage,
la Société royale
de Londres se l’as-
socia dès 1834.
Deux ans après
son retour , en
1839, il publia la
partie scientifique
du voyage de Fitz-
Roy, et une se-
conde édition spé-
ciale parut bientôt
à part sous le titre
de Journal des
recherches zoolo-
giques et géologiques faites dans les pays
visités par le Beagle durant son voyage
autour du monde. Ce livre posa dès lors
Darwin comme un savant de premier
ordre.
Successivement, soit avec ses ressources,
soit avec une subvention des lords de la
Trésorerie, Darwin publia ; la Zoologie du
voyage du Beagle, des Considérations sur
I origine et la distribution des récifs de
corail (1842) ; des Observations géologiques
sur les îles volcaniques (1845) et sur
V Amérique méridionale (1846) ; une très-
remarquable étude sur les Cirripédes ses-
siles et pédonculés (1853), et divers mé-
moires réunis en volumes, publiés en 1851
Fig. 28. — Charles Darwin
295
et 1854. Enfin, après une série d’articles
sur le transformisme, insérés dans les Tran-
sactions de la Société géologique et dans le
Journal de la Société linnéenne, il mit
au jour le livre qui rendit bientôt son nom
célèbre, intitulé : De Vorigine des especes
par la sélection naturelle (1859). Sa
théorie était exposée dans cet ouvrage con-
sidérable, mais il ne faisait qu’en poser les
j lois, se réservant de coordonner dans des
publications subséquentes les innombrables
faits qu’il avait groupés dans le cours de sa
laborieuse existence. C’est ainsi que pa-
rurent à leur four:
De la variation
des animaux et
des plantes par
la domestication
(1867); De la fé-
condation dans
les Orchidées
(1869), et enfin,
récemment : Uo-
rigine de Vhom-
me et la sélectio7i
daiis ses rapports
avec les sexes
(1872). Tous ces
ouvrages ont été
traduits en fran-
çais, le premier
par Mil® Clémence
Royer, qui, mal-
heureusement, a
cru devoir outre-
passer la pensée
du maître et a-
jouter des annota-
tions de son crû
dont on se serait
bien passé, et Ips
autres plus mo-
destement et plus exactement par M. Mou-
linié, de Genève.
Tels sont les titres des principaux travaux
du naturaliste éminent dont nous esquissons
aujourd’hui la physionomie. Sans trop de
souci des disputes formidables, scienti-
fiques, philosophiques, religieuses, qu’ont
fait naître ses ouvrages, et des tempêtes que
soulève aujourd’hui son nom seul, il vit
paisiblement, au milieu de sa famille, de
ses livres, du matin au soir occupé à scruter
les arcanes les plus secrets du grand livre
de la nature et poursuivant avec calme un
labeur dont les résultats publiés trouvent
des défenseurs ou des détracteurs, mais pas
un seul indifférent.
296
CHARLES DARWIN.
C’est pendant le cours du voyage du
Beugle que Darwin, rapprocliant certains
faits observés dans l’Amérique du Sud et
leur corrélation avec la distribution géolo-
gique, crut y voir une explication nouvelle
du grand mystère de l’origine des êtres. A
son retour, il en lit l’objet des patientes
études qui désormais dominèrent toute sa
vie, et dont les publications que nous venons
d’indiquer furent la conséquence.
Mais si l’on a pu dire que rien n’est nou-
veau sous le soleil; si Beaumarchais, de son
côté, affirmait que rien ni personne n’est
une entité originale, et qii’ « on est toujours
le fils de quelqu’un, » celte vérité barjale
trouve une fois de plus sa confirmation à
propos de Darwin. Rien n’est plus facile que
de le montrer par l’exposé suivant, qui est
en même temps l’iiislorique rapide de la
doctrine du savant anglais.
Le plus grand nombre des naturalistes
ont admis et admettent encore que les es-
pèces ici-bas ont été l’objet d’un acte créa-
teur spécial, qu’elles sont nées dans leur
perfection adulte, avec tous leurs attributs
et propriétés, et qu’elles transmettent à leur
descendance l’ensemble de leurs caractères,
sans autres modifications que des variations
accidentelles et plus ou moins éphémères.
D’autres, au contraire, et c’est encore la
minorité, pensent que des modifications suc-
cessives et toujours perfectionnées dans les
formes préexistantes sont la loi de généra-
tion indéfinie de tous les êtres.
A peine indiquée, d’une manière qui
semble peu consciente, avant Buflbn, c’est
au commencement de ce siècle, en 1801,
qu’un savant naturaliste français, le cheva-
lier de Lamarck, exposa cette doctrine au-
dacieuse, qu’il développa ensuite dans sa
Philosophie zoologique en 1809, puis, en
1815, dans son Histoire 7iaturelle des ani-
maux saus vej'tèhres. B y déclarait nette-
ment que tous les animaux, y compris
Vhomme^ descendent d’autres espèces anté-
rieures. B expliquait la vie par la gradation
des êtres, dont la chaîne ascensionnelle se
complète à mesure que nos connaissances
progressent, par les conditions physiques,
l’usage ou le défaut d’exercice des organes,
une loi de développement progressif, et la
création des organismes les plus simples
par voie de génération spontanée. On sait
que cette dernière hypothèse a été l’objet
d’études approfondies et de violentes contro-
verses de nos jours , notamment entre
MM. Pouchet et Pasteur.
Tl faut ajouter que, dès 1795, Etienne-
! Geoffroy Saint-Hilaire avait entrevu des lois
analogues, et que le poète allemand Goëihe,
ainsi que le grand-père de Darwin, le doc-
teur Erasme Darwin, à la même époque,
étaient arrivés à des conclusions identiques.
Toutefois Geoffroy Saint-Hilaire modifia j
plus tard ses idées sur ce sujet. i
Vers 1822, Herbert déclarait que « les j
espèces végétales ne sont que des classes
supérieures de variétés plus permanentes, I
créées d’abord dans un état de grande plas-
ticité. Quatre ans plus tard (1826), le pro-
fesseur Grant, dans son Mémoire sur les
spongilles, exprimait la même idée. !
M. P. Mathew, dans son livre Navaltim- j
her and arboriculture, puis dans le Gar-
dener’s-Chro7iicle (1831), mettait déjà en :
avant le principe de la sélectioit naturelle. î
Dans la Description physique des Canardes,
Von Buck (1836), Bafinesque, dans sa Abu- I
velle Flore de V Amérique du Nord (1836), ■
le professeur Aldeman, dans ses Vestiges j
de création (18M), M. J. d’Oinalins d’Hal- |
loy (1816), le professeur Ow^en, du Dritish \
Muséum (1849), Isidore-Geoffroy Saint- !
Hilaire, dans son Cours (en 1850), Herbert i
Spencer (1852), Naudin, botaniste français
(1852), le comte Iveyserling (1853), M. Le-
coq, de Clermont-Ferrand, dans sa Géogra- ,
phie botanique (1854), M. Wallace et |
M. Ch. Darwin (en 1858) dans une lecture
à la Linncan Society de I^ondres, Von ,
Baer, Huxley, le docteur J. Hooker (tous
trois en 1859), exprimaient tous plus ou
moins nettement la théorie que vint appuyer
d’une manière si éclatante le livre de ‘
Ch. Darwin, De l’origine des espe-
ces (1859) (1).
Ainsi que nous l’avons exprimé dans un
article déjà publié sur ce sujet en 1869,
dans son premier ouvrage, tout en éveillant i
fortement les esprits lorsqu’il mettait en
avant le principe du perfectionnement suc-
cessif de tous les êtres et leur passage des '
états inférieurs aux organismes supérieurs i
par les sélections naturelles et les améliora- '
fions lentes. Darwin restait modéré même i
dans ses plus grandes audaces. B n’avait
(l) Ces citations et beaucoup d’autres que l’on
pourrait faire n’affaiblissent en rien le mérite de
i’illustre Darwin, qui, après de nombreuses et re- i
maï quables expériences, a osé conclure et formuler |
des lois à ce sujet, ce que pas un n’avait fait avant |
lui. Aussi, s’il n est pas l’inventeur du darwmisme,
il n'en est pas moins le coordonnateur, celui qui a |
su réunir les faits en corps de doctrine et, en les j
appuyant d'innombrables exemples, justifié les dé- j
ductions et les conséquences qu’il en a tirées. A ce ;
titre, cette théorie doit porter son nom, j
(Rcdaclion.) !
CHARLES DARWIN.
297
jamais formulé d’opinion sur l’essence et l’o- j
rigine de la vie ni parlé de l’avenir des êfres. |
D’iine part, lorsque le duc d’Argyle lui |
parlait de mettre d’accord ses idées avec la (
Genèse, il se récusait comme incompétent, j
et de l’autre il désavouait son traducteur,
M”® Clémence Royer, lorsqu’elle dénaturait
ses écrits en les faisant servir à une dé-
monstration du matérialisme le plus radical.
Entre ces deux extrêmes, quel parti pren-
drait M. Darwin pour base de ses travaux
ultérieurs? Ttdle était la question qu’on
pouvait se poser.
Nous avons les éléments de cette appré-
ciation dans les deux volumes qu’il ajouta
en 1867 à son premier livre, sous le titre
de : La variation des animaux et des
plantes. Le premier de ces deux tomes est
consacré à l’examen des variations les plus
remarquables qui aient été portées à la con-
naissance de l’auteur dans les règnes animal
et végétal.
Il a fallu un vaste système d’informations
à travers le monde entier et un rare esprit
de méthode et de synthèse pour grouper
avec tant d’intérêt un si grand nombre d’ob-
servations. L’histoire des céréales, des arbres
fruitiers, des végétaux domestiques en gé-
néral, s’y trouve étudiée, fouillée avec ce
soin infini que De Candolle apportait à ses
mémoires, et dont il a laissé à son fils
l’exemple salutaire qui nous a valu ce ma-
gnifique livre de la Géographie botanique.
Toutefois, à propos des derniers chapitres,
consacrés aux végétaux d’ornement et aux
variations anormales par bourgeons, par di-
morphisme ou dichromisme, M. Darwin
m’a dit qu'il aurait pu s’app'uyer sur un plus
grand nombre de faits, s’il avait connu nos
recueils français sur l’horticulture et les pu-
blications de M. Carrière sur Vespèce et les
variétés, dont il n’avait eu connaissance qu’à
travers des extraits du Gardener's-Chro-
nicle.
De l’exposé des faits contenus dans le pre-
mier volume naissent les déductions qui
composent le second, appuyés par des exem-
ples d’une nature plus générale et embras-
sant tous les phénomènes qui se rapportent
à l’hérédité, l’atavisme ou retour, les bons
effets du croisement et les mauvais effets de
la consanguinité même appliquée aux
plantes, les trois sortes de sélection : incons-
ciente, méthodique et naturelle, l’action
des conditions extérieures et les lois géné-
rales de la variation. Il faut lire en entier,
lentement, ce livre qui résiste à toute ana-
lyse, parce qu’il est lui-même une analyse
des plus détaillées. Les déductions sont tou-
jours au bout de la discussion, et des résu-
més concis terminent les chapitres les plus
chargés. Dim qu il n’y ail point ici d’exposé
de doctiine comme dans son premier livre,
qui devait étal)lir les aphor ismes généraux
d’une théorie nouvelle, et que les deux vo-
lumes dont je parle soient plutôt un dossier
de documents ilestinés à étayer ses prémisses
par le résultat de recherches ultérieures
corroborant les précédentes; bien qu’en un
mot le livre renferme surtout des pièces
d’appui, l’auteur ne néglige jamais d’affirmer
de nouveau les idées qui sont la base de son
système.
M. Darwin ne s’est même point arrêté là.
Dans les derniers chapitres de ce livre, il
s’est élevé à des hardiesses qu’il n’avait pas
encore attcirdes ; comme je l’ai dit, jusque-
là il s’était récusé lorsqu’on l’interrogeait ou
lorsqu’il s’interrogeait lui-même sur le prin-
cipe ou 1 origine première de la vie sur le
globe, et il s’appuyait sur ce que la science
étant impuissante à rien démontrer dans ce
sens, il valait mieux s’abstenir. Sans même
se placer à ce point de vue élevé, quand il
avait à examiner la question de savoir si
toutes les variations dont il écrivait l’iiistoire
avaient été originairement intentionnelles,
il n’osait se pïononcer. L’arrêt est rendu
maintenant : M. Darwin conclut à la néga-
live. On trouve dans ses dernières pages la
déclaration qu’un créateur omnipotent et
omniscient n'a pas pu vouloir que tous les
éléments dont s’est servi l’homme, pour di-
riger les variations des animaux dans le sens
de son utilité ou de sa fardaisie, aient été
destinés à cet usage; qu’il n’est pas possible
que toutes les pierr’es qui ont concouru à
bâtir l’édifice, et que l’architecte a trouvées
éparses dans la nature, les choisissant une
à une pour les adapter à son œuvre, aient
été fatalement taillées pour construire spé-
cialement cette œuvre. Partant de là, il y
ajoute : c( Si nous n’admettons pas que les
variations du chien pr imitif aient été inten-
tionnellement dirigées de manière que le lé-
vrier, par exemple, ait pu se former, on ne
peut donner l’ombre d’une raison en faveur
de l’idée que les variations de nature sem-
blable et résultant des mêmes lois générales
qui par la séleciion naturelle ont élé la base
fondamentale de la formation des animaux
les plus parfaitement adaptés, Vhomme
compris, aient été dirigés d’une manière
spéciale et intentionnelle. »
Enfin, le dertrier mot de son livre est ce-
lui-ci : « D’autre part, si un créateur omni-
298
CHARLES DARWIN.
polent et omniscient ordonne et prévoit tout,
nous nous trouvons donc en face d’une dif-
ficulté aussi insoluble que celle du libre ar-
bitre et de la prédestination. »
Ainsi donc, voilà l’aveu formulé, implici- [
tement, mais très-clairement, de l’idenlité |
d’origine de l’homme avec les organismes !
les plus rudimentaires de la création. Non
seulement « ce roi des êtres » n’est point
d’une essence à part, mais les modifications
qui l’ont amené à son état actuel n'ont pas
été (C voulues. » Elles sont le résultat de la
sélection naturelle, de « l’usage réitéré, »
et de diverses forces accidentelles. Nous
avons, dit Darwin, vu ces phénomènes suf-
fire à des transformations curieuses sous
nos yeux ou dans les temps historiques ;
nous avons trouvé des preuves nombreuses
et des faits irrécusables qui démontrent les
influences toutes-puissantes de ces circons-
tances, et cela nous suffit, d’induction en
induction, pour y rapporter tout au monde,
y compris l’homme !
Pour simplifier sa démonstration, il fal-
lait à M. Darwin trouver un principe
unique dans les variations de toute sorte
qu’il a si laborieusement étudiées, et faute
d’en trouver à sa convenance dans les sys-
tèmes déjà connus, il en a proposé un sous
forme d'hypothèse provisoire pour sa
théorie de la Pangénèse.
Pour lui, la vie universelle et la repro-
duction ne découleraient pas seulement de
la cellule primordiale. Celle-ci contiendrait,
outre la faculté de se propager par division,
un organe nouveau pour nos sens, impal-
pable et invisible, libre, sorte de graine in-
finiment ténue pouvant reproduire la cellule
qui la contenait. Cet organe nouveau se
nommerait gemmule. Les gemmules se-
raient facilement transportées dans toutes
les parties du corps grâce à leur extrême
ténuité et à leur aggrégation vers un centre
où naîtrait l’appareil reproducteur, résumé
concret de l’être tout entier.
Ces germes, disséminés dans tout l’orga- |
nisme, seraient les éléments d’une généra-
tion permanente. La fécondation ordinaire
ne serait qu’un acte identique à l’évolution
soutenue de chaque être. L’enfant, rigou-
reusement parlant, ne serait qu’une agglo-
mération de germes se développant pour
former l’homme. L’hérédité serait une sorte
de croissance, comme la division spontanée
d’une plante unicellulaire.
Si étrange que puisse paraître cette ex-
plication de l’origine des êtres, elle n’est pas
nouvelle.
Huxley croyait que les molécules orga-
niques de la nourrilure vont chercher leurs
analogues dans les corps pour former l’ap-
pareil sexuel.
I Bonnet avait mis en avant la théorie de |
I l’emboîtement ou des germes parfaits dans
! d’autres germes.
Le j)rofesseur Owen déclare que les
germes-cellules dérivés peuvent reproduire
tout l’être, comme une tête de limaçon, une
patte d’écrevisse et une queue de lézard
peuvent renaître intégralement après avoir
été coupés. La parthénogénèse trouve une
explication d’après ce système.
Les limites pliysiologiques de Herbert •
Spencer, qui avait publié des Essais où
brillait une grande force d’argumentation
sur les deux théories opposées de la
création, rentrent dans le même ordre
d’idées.
On voit donc, et c’est M. Darwin lui-
même qui l’avoue, que la doctrine de la va-
riabilité n’est point une création de son
esprit, mais une extension, un développe-
ment habile présenté sous des formes plus
saisissantes et corroborées par un plus
grand nombre de faits bien groupés, dont ;
il a déduit le transformisme. Son caractère .
personnel dans la question est d’avoir fait |l
intervenir comme point fondamental la j]
concurrence vitale d’où serait sortie la sé- | •
leclion naturelle. j ;
Mais il manquait un point à cette théorie Jj
que Darwin n’osait pas encore, comme nous | i
l’avons vu, pousser à ses dernières consé- , j
quences. Du doute philosophique où il élait u
resté à la fin de son premier livre, il en était
arrivé en quelques années (de 1859 à 1807) f
à rémission de cette hypothèse provisoire de ji
la pangénèse, et y avait compris l’homme r
lui-même dans cette filiation ininterrompue, |
mais sans montrer comment. '
Dans son récent ouvrage (1), il cherche à
démontrer par quelles voies l’homme a pu
graduellement passer du singe aux divers
I états dans lequel on le trouve aujourd’hui
sur le globe. Nous n’avons pas besoin de I j
dire quelles tempêtes ont été soulevées par
cette assertion formidable, mais fatale pour j <
tout naturaliste qui dévie de la route tracée | i
par les faits et dépasse leurs conséquences j <
immédiates pour se placer dans le champ j '>
des hypothèses par induction. |
Les principales conclusions tirées des deux | i
derniers volumes de Darwin peuvent être
libellées ainsi :
(1) The descent of man, 2 vol. London, 1872. j
CHAULES DARAVIN.
299
10 U homme descend de quelque forme
inférieure.
11 n’existe entre lui et les autres animaux
aucune démarcation anatomique bien tran-
chée. Son cerveau même se distingue à peine
de celui des singes les plus parfaits. Les
phases de développement, les maladies, les
parasites de l’homme, son embryogénie,
sont identiques à ceux des autres mammi-
fères. Des organes rudimentaires chez
l’homme correspondent à d’autres plus par-
faits chez les animaux, et vice versa. Les
anomalies, monstruosités, la variabilité, la
force d’atavisme et d’idiosyncrasie sont ré-
gies par les mêmes lois chez l’homme que
chez les animaux.
2» Il existe une gradation parfaite de
caractère entre Vhomme et les animaux.
Si l’ensemble des caractères de l’homme
est sa propriété exclusive, il n’est au-
cun de ces caractères qui, pris isolément, ne
se retrouve chez un certain nombre d’ani-
maux. Le pouce opposable de la main, et
non dans le pied, l’attitude verticale, la dis-
position des poils, la proéminence nasale,
ont été constatés chez les diverses espèces
simiennes, isolément et plus ou moins déve-
loppés, mais d’une manière irréfutable.
Les caractères moraux et intellectuels,
ce qui paraîtra le plus étrange, ne révèlent
pas non plus de différences fondamentales.
On sait que les animaux pensent, sentent et
veulent. L’instinct des animaux, dans beau-
coup de cas, est supérieur à l’intelligence
de certains hommes. Les fourmis sont civi-
lisées ; les oiseaux de l’Océanie ont appris,
héréditairement, à fuir l’homme. Les idées
innées de l’enfant correspondent à l’ins-
tinct; la mémoire et Vinduction existent,
de même que Vimagination, V abstraction
et la généralisation, chez beaucoup d’ani-
maux. Le jugement et la raison en décou-
lent naturellement. La sensibilité n’est pas
niable : les femelles aiment leurs enfants et
les défendent. L’’a7nour-propre, le senti-
ment des offenses, V attention, limitation,
existent chez les singes et d’autres animaux.
Le sentiment moral même est si variable
' chez^l’homme, qu’on ne sait s’il lui est spé-
cial dans toutes ses manifestations. Enfin,
la croyance en Dieu, qui n’est pas univer-
selle chez les hommes comme on le croit,
' n’aurait-elle pas d’analogie, dans les illu-
i sions du [surnaturel, avec la frayeur ins-
tinctive des animaux pour l’obscurité, le
tonnerre, etc.?
3» Comment Vhomme a pu se dévelop-
per au moyen d'une forme inférieure.
L’organisme de Lhomme varie assez de
nos jours pour qu’on puisse admettre qu’il
est sorti peu à peu, par transformations suc-
cessives, d’une forme inférieure. Il varie à
l’état sauvage comme à l’état civilisé. Les
milieux ont une influence marquée sur le
développement de sa taille et de ses organes,
de même que le genre de vie, l’usage, les
modifie profondément. La lutte par la vie
{struggle for life), ou concurrence vitale,
laisse le champ libre au plus apte, c’est-à-
dire au plus perfectionné. La civilisation
procède en détruisant les barbares et non
en les asservissant. L’usage des mains a
donné rapidement à l’homme sa position
dominante ; sa mâchoire, inutile pour mor-
dre, se défendre ou attaquer, a diminué de
force et de volume ; les canines se sont af-
faiblies, comme les défenses du sanglier
chez le cochon domestique ; le cerveau a
grandi ; le crâne et la colonne vertébrale se
sont mis en état de le supporter; enfin,
la séhiction sexuelle, c’est-à-dire la tendance
de l’homme à s’appareiller avec les plus
belles compagnes, a constitué le moyen dé-
cisif de perfectionnement dans cette « ba-
taille de la vie. )>
Le développement des facultés intellec-
tuelles et morales a suivi cette voie dans la
progression et l’amélioration, et de nom-
breux faits sont cités à l’appui de cette pro-
prosition.
En résumé, selon les propositions ci-
dessus de M. Darwin et les conclusions qu’il
en tire, l’homme descend directement des
singes du vieux monde, qui eux-mêmes
provenaient des lémuriens. Les autres
mammifères^ se rattachent étroitement aux
lémuriens, et la gradation se continue par
les marsupiaux, les monotrêmes, les batra-
ciens, les reptiles, les poissons, etc., etc.
Cette généalogie reste confinée sans doute
dans un seul embranchement, objection
grave; mais on ne s’arrête pas pour si peu
quand on s’est lancé sur cette pente.
Telles sont les principales propositions dé-
veloppées dans ce livre, qui, comme tous les
autres du même auteur, est appuyé par un
nombre immense de faits coordonnés avec
un grand art et une rare logique.
Est-ce à dire que là repose la vérité, et
que nous nous rangions dans le camp des
darwinistes après avoir rapidement esquissé
leurs doctrines?
Nous répondrons franchement: non.
Mais si nous ne nous sentons pas une
assez grande autorité scientifique pour
prendre parti dans un débat qui touche aux
3ü0 ANGELIGA SYLYESTRIS PURPUREA. — PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES.
plus gigantesques problèmes qui soient pro-
posés à l’esprit de l’homme, nous devons
reconnaître avec une entière franchise que
les travaux de M. Darwin sont de nature à
faire réfléchir les esprits les plus fortement
trempés et à ébranler des convictions hési-
tantes. De pareilles œuvres ne sauraient
être proscrites sans examen; elles s’impo-
sent aux plus graves esprits et demandent
des études approfondies ; car il ne faut pas
oublier que la modération dans la forme, la
vigueur dans les preuves, sont dans les-
mains de M. Darwin des instruments à re-
douter.
Nous croyons fermement que tant de la-
beurs ne sont point stériles, que l’erreur
même peut devenir le chemin de la vérité
quand elle échappe à un esprit sincère après
une étude approfondie, et qu’il faut écouter
avec respect tout ce qui tend à nous rap-
procher de la solution si désirée du grand
PEUT-ÊTRE. Ed. André.
ANGELIGA SYI.VESTRIS PURPUREA
Si cette espèce, que nous avons remarquée
à la dernière exposition horticole au Palais-
de-l’Industrie, n’est pas ce qu’on peut ap-
peler une (( belle » plante, elle n’en est pas
moins très-remarquable par la couleur,
d’un rouge pourpre métallique ferrugineux,
que présentent toutes ses parties, et qui
rappelle assez exa^’tement celle qui est
propre à beaucoup de végétaux de l’Aus-
tralie et de la Nouvelle-Zélande. D’où vient
cette espèce, et quelle est son origine? Nous
ne pouvons le dire. Ce qu’on nous a assuré,
et qui n’est pas le moins intéressant, c’est
qu’elle se reproduit parfaitement de grai-
nes, fait bien établi, dit-on, par plusieurs
générations. Mais, quoi qu’il en soit, le fait
essentiel, certain, c’est la possession d’une
espèce dont le port, les dimensions, le faciès,
et surtout la couleur, sont ornementais.
Quant à la reproduction, lors même qu’elle
ne se ferait pas exactement par graines, et
que dans les semis il se reproduirait en
quantité plus ou moins grarnle des plantes i
à feuilles vertes, on pourrait toujours, soit
par la division des pieds, peut-être même
par le sectionnement des racines, repro- !
duire le type coloré. !
Pour tirer parti de l’Angélique à feuilles I
pourpres, il faudra la planter dans des mas- I
sifs, à côté de plantes à feuilles vertes ou
plutôt à feuilles blanchâtres, telles que : j
Centaurea candidissima , Gnaphalium j
lanatum, etc. :
E.-A. Carrière.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES
Saxifraga cotylédon, L. — Cette espèce,
qui affecte particulièrement les montagnes,
est commune dans les Alpes et surtout dans
les Pyrénées, où elle croît à une assez
grande élévation. Malgré son habitat exclu-
sivement montagnard, elle s’accommode de
la culture, et peut devenir l’une des plus
jolies plantes pour l’ornement des jardins,
ce qu’on a pu constater récemment à l’ex-
position d’horticulture de Versailles, où il y
en avait quelques pieds qui attiraient tout
particulièrement l’attenlion et excitaient
l’admiration des visiteurs. Qu’on se figure,
en effet, une rosette de petites feuilles éta-
lées, surmontées d’une quantité considé-
rable de fleurs blanches légèrement et
agréablement odorantes, rapprochées et
formant des pyramides régulières de 50 cen-
timètres de hauteur sur 20-30 centimètres
de diamètre, et l’on aura une idée de la
beauté de celte plarîte.
Le S. cotyledoyi, L.; <S. multiflora,
Ehrh.; S. pyramidalis, Lap.; S. pyrami-
data, Mill.; Chondrorea pyramidalis,
' Haw., ne le cède guère en beauté qu’au S. i
I longifolia, autre espèce également alpine; u
I mais il a sur lui l’avantage de s’accommoder j
I de nos cultures, avantage que n’a pas le S.
longifolia, à qui l’air des montagnes paraît |:
être indispensable. On le cultive en terre lé- i‘
gère siliceuse; celle de bruyère, mélangée j
d’un peu de gravier, lui convient tout parti- ;
culièrement. Une chose essentielle, c’est que |
le sol soit bien drainé, que l’eau puisse s’en j
échapper facilement. Dans ces conditions, î:
les plantes semblent ne pas redouter l’hu- r
midité. Une précaution qu’il est bon de j j
prendre quand on cultive en pots le iS. coty~ ' i
le.don, et même toutes les espèces qui ap- '
partiennent à cette section, telles que les S,
Aizoon, Aizoides, longifolia, Androsacea,
Australis, etc., c’est de ne pas trop leur i
donner de nourriture, que les vases, plutôt i I
petits que grands, soient bien drainés, afin
d’éviter l’humidité stagnante.
E.-A. Carrière.
Orléans, imp. de G. Jacob, Gloitre Saint-Elienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine d août)
Le Rucher du Sud-Ouesl. — Exposition de la Société d’horticulture de la Nièvre. — Ouverture du marché
aux Heurs de Batignolles-Clichy. — Prix des places dans les diiïérents marchés aux Heurs. — Exposition
de la Société d’horticulture de Senlis. — Proposition de M. Destremx ayant pour but de coiTjbattre h*
phylloxéra en facilitant l’immersion des Vignes : exposé des motifs. — Exposition de la Société
d’horticulture de Ilonlleur. — La Cullure maraîchère })our Je Midi ci le Cejilre de la France^ et le
Calendrier horticole du Midi et du Centre de la France, par A. Dumas. — Incendie do la forêt de
Chénes-Liéges de M. Sila, à Oran. — Rusticité de VEdwarsia grandi/lora. — Les végétaux des
tropiques : vigueur de la végétation. — Importance du commerce des Résédas. — Un nouveau square
dans le cinquième arrondissement. — Rusticité de V Amorphophallus Rivieri. — Le scjuare des
Petits-Pères.
Si, comme on le dit avec raison, toutes
les sciences « sont sœurs, » il faut cepen-
dant convenir que c’est à des degrés diffé-
rents ; que, tandis qu’il en est qui, étroite-
ment liées les unes aux autres, semblent être
des fractions ou des membres épars d’un
même corps, il en est d’autres qui n’ont entre
elles que des rapports éloignés, presque de
convenance. Parmi les premières, on peut,
sans hésiter, avec l’horticulture, dont la
Revue horticole s’occupe tout particulière-
ment, placer V apiculture, qui, presque tou-
jours, l’accompagne; aussi croyons -nous
devoir informer nos lecteurs qu’un organe
spécial, le Rucher du Sud-Ouest, vient de se
fonder à Bordeaux. M. Ed. Drory, apicul-
teur distingué, a été nommé directeur-pro-
fesseur, et en même temps président de
cette Société, qui prend le titre de Société
d' apiculture de la Gironde. C’est un re-
cueil sur lequel très - probablement nous
aurons l’occasion de revenir, le sujet qu’il
traite présentant à la fois un intérêt pratique
d’économie domestique qui, à l’avantage
! d’être récréatif et instructif, présente celui
I d’un bénéfice pécuniaire, cela sans nécessi-
ter d’autre dépense que d’occuper quelques
mètres de terrain.
— Les 6, 7, 8 et 9 septembre 1873, la
Société d’horticulture de la Nièvre fera, à
Nevers, une exposition d’horticulture, qui
sera la deuxième de cette année. Les con-
cours, très-nombreux, renfermés dans 19 ca-
tégories, comprennent à peu près toutes les
• parties du jardinage, ainsi que les arts et
industries qui s’y rattachent.
Les personnes qui désireraient exposer
devront en faire la demande à M. le pré-
. 1 sident ou au secrétaire de la Société, en indi-
quant les objets qu’elles se proposent d’ex-
I poser.
; — Un des nouveaux marchés aux fleurs
I 16 AOUT 1873.
dont nous avons parlé précédemment (1),
celui de Batignolles-Clichy, est à peu près
terminé. Voici ce que nous lisons à ce sujet :
Le fer août aura lieu l’ouverture d’un nou-
veau marché aux fleurs, situé sur le boulevard
de Clichy, entre la rue Blanche et la rue Neuve-
Fontaine.
Ce marché ne se tiendra que deux fois par
semaine, le lundi et le jeudi, de quatre heures
du matin à dix heures du soir, depuis le 1er avril
jusqu’au 31 octobre, et de sept heures du matin
à sept heures du soir, depuis le 1er novembre
jusqu’au 31 décembre.
En outre des marchés ordinaires, il y aura
marché aux dates suivantes: les 16 janvier,
18 mars, 25 et 28 juin, 19 et 27 juillet, 14 et
24 août, 3 et 18 novembre, et 15 décembre.
La création de ce marché n’a nécessité aucun
travail important, les abris étant mobiles.
Chaque place occupera une superficie de 6 mè-
tres carrés, et le prix de location est fixé à
10 centimes par jour et par mètre.
Les détaillants auront en outre à payer un
droit fixe de 40 centimes par place et par mois.
Très-prochainement nous reviendrons sur
le grand « quai aux fleurs, » dont nous
avons déjà parlé {Revue horticole, l. c.), et
qui, lui aussi, ne tardera pas à être livré au
commerce.
— Nousapprenonsquele conseil municipal
de Paris a, dans sa séance du 4 juillet, « au-
torisé la création d’un marché aux fleurs
dans la Cité, entre la rue Gonstantine et le
quai Desaix. »
S’il s’agit — ^t le fait ne peut être dou-
teux — du grand « quai aux fleurs, » dont
nous avons déjà parlé, il est difficile de com-
prendre celte autorisation, puisque ce mar-
ché est à peu près terminé. Nous apprenons
que, dans cette même séance, le prix des
places dans diéflrents marchés a été fixé de
la manière suivante :
(1) Voir Revue hort 'cole, 1873, p. 121.
16
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AOUT).
302
Marchands abonnés, première série, 30 cen- |
limes par jour et par mètre ; deuxième série, j
15 centimes; troisième série (pépiniéristes), j
15 centimes.
Marché de la Madeleine. — Série unique,
15 centimes par jour et par mètre, par place de
0 mètres. *
Marché du Chàteau-d’Eau. — Série unique,
12 c. 1/2 par jour et par mètre, par place de
6 mètres.
Marché de Saint-Sulpice. •— 10 centimes par
jour et par mètre, par place do k mètres.
Cette tarification nouvelle portera de 38,000
à 86,000 francs les produits des marchés aux
Heurs.
Ces indications ne nous paraissent pas
suffisamment claires, car rien n’indique ce
qu’il faut entendre par ces différentes sé-
ries, ni quelles sont les conditions qui en
fixent la délimitation. D’une autre part, à
quel marché se rapportent-elles ? On peut
supposer qu’il s’agit du grand marché, celui
dont nous avons parlé dans ce journal (1),
et sur lequel nous reviendrons prochaine-
ment, en en donnant une description et une
figure.
— Du 27 au 30 septembre inclusivement,
la Société d’horticulture de l’arrondissement
de Senlis (Oi.se) fera, dans cette ville, dans
les salles de l’ancien Évêché, une exposition
de tous les objets que comporte cette science,
ainsi que des arts ou industries qui s’y rat-
tachent.
Tous les horticulteurs et amateurs d’hor-
ticulture, toutes les personnes dont l’indus-
trie se rapporte à l’horticulture sont priées
de prendre part à cette exposition.
Les objets destinés à l’exposition devront
porter une étiquette indiquant les noms et
être rendus au plus tard le vendredi 26 sep-
tembre dans la salle de l’exposition.
Les personnes qui voudront concourir
devront en faire la demande à M. Brinet,
président de la commission d’exposition, au
plus tard le 21 septembre.
Les jurés se réuniront le samedi 27 sep-
tembre, à dix heures précises du matin.
— La submersion des Vignes étant, jus-
qu’ici, le seul moyen connu pour combattre
avec succès le phylloxéra, des mesures vont
être prises pour faciliter les travaux néces-
saires pour irriguer les sols et faire dispa-
raître les difficultés qui pourraient s’opposer
à ces travaux. L’Assemblée nationale vient
d’être saisie de l’affaire par l’entremise de
(1) V. Remæ horticole, 1873, p. 121.
M. Destremx, député, qui, dans la séance
du 18 juillet dernier, a déposé sur le bureau
une proposition de loi, signée par soixante- :
dix de ses collègues, ayant pour but de com- |
battre le phylloxéra dans les vignobles du J
Midi et d’en atténuer les ravages. Cette pro-
position est ainsi conçue : |
Article 1er. — Pes propriétaires pourront for-
mer des associations syndicales afin de prendre
toutes les mesures nécessaires pour combattre
la maladie de la Vigne causée par le phylloxéra,
et ces syndicats jouiront des bénéfices des ar-
ticles 5, 9 et 12 de la loi du 21 juin 1865. '
Art. 2. — Un réglement d’administration pu-
blique prescrira, comme il a été fait pour le
drainage, les dispositions pour que des études
complètes sur les cours d’eau soient faites par
les ingénieurs du service hydraulique au double
point de vue des irrigations des prairies pendant
l’été, et des submersions des Vignes pendant !
l’hiver. j
L’exposé des motifs de cette proposition, |
pour laquelle l’urgence a été votée, est
conçu en ces termes : j
Une terrible maladie, désignée par le nom de |
l’insecte qui la produit, le phylloxéra, envahit \
avec une effrayante rapidité les vignobles de la
région méridionale, et nous menace d’un dé- i
sastre national. |
Il importe de sauver la viticulture, même au |
prix des plus grands sacrifices, car c’est une
des sources principales de la richesse publique, j
puisqu’elle paie 400 millions d’impôts , dont !
218 millions à l’Etat. '
Aucun remède d’une application générale n’a
encore été découvert, et le seul qui soit reconnu ' :
véritablement efficace ne peut être employé que ; i
dans des conditions exceptionnelles et fort res- j I
treintes : c’est la submersion hivernale des j
Vignes pendant trente jours.
Mais s’il est urgent de sauver la viticulture j. i
actuellement menacée, il est aussi nécessaire de j i
donner une grande impulsion à toutes les forces
productives du pays pour réparer les ruines et !
combler les pertes occasionnées par la guerre; | I
or, les irrigations sont un des plus puissants j j
moyens d’augmenter la richesse territoriale de ‘
la France, et c’est par elles qu’on pourra le i
plus sûrement résoudre le grand problème éco- , i
nomique du pain et de la viande à bon marché. ’ .j
Le moment est donc venu de faire les plus
grands efforts pour faciliter et généraliser l’ad- . i
duction des eaux dans un double but : celui de
les utiliser pendant l’été pour les irrigations des
prairies, et pendant l’hiver pour les submersions ri
des Vignes. j
En utilisant tous les cours d’eau, en créant | '
un réseau complet d’irrigation, on quadruple-
rait les cinq millions d’hectares de prairies na-
turelles, et l’on augmenterait de plus de trois mil-
liards la richesse territoriale de la France; en
emménageant les eaux surabondantes de l’hiver
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AOUT).
dans la région méridionale, on pourrait sub-
merger, alors que les eaux sont inutiles pour
les irrigations, d’après les calculs et devis faits
par des hommes compétents, plus du tiers des
vignobles et, par conséquent, sauver encore des
milliards.
Il faut donc agir avec promptitude et éco-
nomie, et se hâter, pour encourager l’exercice
de l’initiative individuelle, de créer un centre
de direction pour l’étude des projets; il faut
aussi mettre les lois qui régissent les irrigations
en harmonie avec les besoins constatés de
l’industrie vinicole, pour rendre possibles les
submersions hivernales des Vignes non rive-
raines.
C’est à l’administration du service hydrau-
lique, chargée de venir en aide aux intérêts
agricoles et industriels, qu’appartient naturelle-
ment cette direction ; c’est à elle à faire l’étude
de tous les cours d’eau , afin de les utiliser
pour augmenter la production fourragère de la
France et pour combattre ce nouveau fléau : le
phylloxéra.
— La Société d’horticulture de Honfleur
fera dans cette ville, les samedi 6 et dimanche
7 septembre, une exposition des produits de
l’horticulture, ainsi que des arts et indus-
tries qui s’y rattachent, à laquelle elle convie
tous les amateurs et horticulteurs. En outre
de ces produits, elle ouvre des concours
spéciaux pour la meilleure tenue des jardins
pour la taille des arbres fruitiers.
Les personnes qui désireraient concourir
devront, avant le 1®*’ septembre 1873, en
faire la demande au secrétaire de la Société,
15, rue du Dauphin, à Honfleur, en indiquant
sommairement la nature des objets qu’on
se propose d’exposer.
— Parmi les publications horticoles qui
viennent de paraître, nous citerons la Cul-^
ture maraîchère pour le Midi et le Centre
de la France, et le Calendrier horticole
du Midi et du Centre de la France. Ces
deux ouvrages, dont notre collègue et colla-
borateur, M. Dumas, est l’auteur, contien-
nent tout ce qu’il est indispensable de savoir :
peu de phrases et beaucoup de faits. Le Ca-
lendrier horticole est une sorte de mé-
mento résumant les principaux travaux qu’il
convient d’exécuter mois par mois. C’est un
guide, un véritable vade mecum. Quant à la
Cidtiire maraîchère, ce n’est pas seulement
un résumé de tout ce que doit faire et sa-
voir un jardinier ; c’est un véritable traité
d’horticulture, contenant, avec tous les pré-
ceptes théoriques et pratiques, la descrip-
tion et la culture des plantes légumières.
Dans le chapitre II, intitulé : Préceptes gé-
néraux dliorliculture, M. Dumas passe ea
revue les opérations que comporte la cul-
ture, de manière à initier, à familiariser le
lecteur avec tous les travaux qu’il devra
exécuter, et le mettre à même de les biea
comprendre et de se rendre compte de leur
importance. En voici un aperçu : nature du
sol, défoncement, drainage, engrais, la-
bours, assolement et rotation, semis, ger-
mination des graines, contre-plantations,
paillis, arrosages, pralinage, fumiers, etc.
Le chapitre III contient l’énumération des
plantes légumières classées par familles. Le
chapitre IV, qui est de beaucoup le plus
important, est consacré à la culture propre-
ment dite de chacune des espèces. Le pro-
cédé de multiplication et les moyens de
l’opérer sont indiqués d’une manière claire
et concise qui permet à toutes les per-
sonnes, même à celles qui sont étrangères à
l’horticulture, de pratiquer avec fruit toutes
les opérations du jardinage. Le chapitre V
est consacré à la taille des arbres fruitiers
et de la Vigne. Enfin, dans le chapitre VI,
qui termine le livre et qui est intitulé :
Quelques préjugés dont les jardmiers
doivent se défaire, l’auteur parle du cra-
paud et de la taupe, dont il énumère les
services et se fait le défenseur. Ici, nous le
déclarons, malgré tous ses dires et ce qu’il
a invoqué en faveur de ces animaux,
M. Dumas est loin de nous avoir convaincu ;
au contraire, surtout en ce qui concerne la
taupe, que nous persistons à considérer
comme un véritable ennemi des jardiniers,
et qui fait payer bien cher les quelques ser-
vices qu’elle rend à l’horticulture. Tout
ceci, du reste, n’a aucune importance, et
n’affaiblit en rien la valeur du livre, qui
n’en reste pas moins un travail conscien-
cieusement écrit et d’une utilité incontes-
table, qui lui assure un succès qui, du l'este,
est déjà des plus manifestes, puisqu’il en est
à sa troisième édition, bien que la première
ait paru en 1868. On le trouve, ainsi que
le Calendrier horticole, à Paris, à la li-
brairie agricole de la Maison rustique,
26, rue Jacob.
— Si la saison d’été ne détermine pas
particulièrement les incendies, ce n’en est
pas moins celle qui leur est le plus favo-
rable, ce qui s’explique par l’état de siccité
dans lequel se trouvent les objets; aussi, en
général, les incendies sont-ils d’autant plus
terribles qu’ils se montrent pendant les cha-
leurs. Nous en avons un bien triste exemple
dans la forêt de Chênes-Lièges de M. Sila,
304 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE D’AOUT).
située près d’Oran, dans le massif qui borde
la plaine des Andalouses. Cet incendie, qui
a duré plusieurs jours, s’est étendu sur une
surface d’environ i,500 hectares.
— Un fnit, sinon des plus curieux, du
moins d’un j^rand intérêt au point de vue de
l’horticulture, c’est la rusticité de VEdivar-
sia grancliflora (I), espèce considérée jus-
qu’à ce jour comiiic exigeant la serre tem-
pérée, ou au moins l’orangerie pendant
l’hiver. Voici à ce sujet ce qui nous est ar-
rivé, et sur quoi nous nous fondons pour
dire qu’elle est relativement rustique. Un
pied à'E. grcmdiflora ayant été mis en
pleine terre et en plein air le long d’un mur,
au printemps de 1872, a parfaitement passé
l’hiver sans soutTrir, ce que démontrait son
état ; en effcd,, il avait conservé en partie
toutes ses feuilles au commencement du
printemps, et se trouvait donc dans des con-
ditions identiques à celles dans lesquelles se
trouvent les plantes decette même espèce lors-
qu’elles ont été abritées dans une orangerie.
Mais ce n’est pas tout; car, dès les premiers
jours d’avril, ce pied s’est couvert de belles
et grandes fleurs d’un très-beau jaune d’or.
C’est donc un aihre précieux pour l’orne-
m.entation, sinon des jardins du nord de la
France, du moins pour ceux du midi, peut-
être même de ceux du centre. Dans tous les
cas, c’est à essayer, et nous appelons l’at-
tention sur ce sujet. Déjà, en parlant de
cette plante {Rev. hort., l. c.), et après en
avoir fait ressortir les caractères et indiqué
ses propriétés ornementales, nous ajoutions:
(( ...Il nous paraît probable que dans cer-
taines parties méridionales de la France, et
peut-être aussi dans l’Ouest, il (VE. gran-
diflora) pourra passer l’hiver en pleine
terre, et que là on en tirera un parti très-
avantageux P )ur l’ornementation. » Aujour-
d’hui ce n’est plus une hypothèse, mais un
fait certain ; et ce n’est pas seulement dans
le midi, mais peut-être dans le centre de la
France, qu’on pourra cultiver en plein air
VE. grandiflora. Encore une conquête
faite sur la routine ou l’habitude. Mais com-
bien d’autres analogues restent à faire!
— Il est difficile, ou plutôt impossible, si
on ne l’a vu, de se rendre compte de la ra-
pidité avec laquelle croissent certains végé-
taux dans certaines contrées tropicales du
globe ; on pourra s’en faire une idée par le
(1) Voir dans la Revue hortidole, 1869, p. 234,
la figure que nous avons donnée de cette espèce.
fait suivant, que nous rapportons d’après
M. Duchartre, qui l’a extrait du journal
américain le Panama Star and Herald.
Voici ce qu’il en dit, p. 123 du Journal de
la Société centrale dliorticulture de
France, 1873, p. 123 :
L’hülel d’Aspinwall, à Panama, a été incendié
il n’y a guère que deux années, et déjà, au mo-
ment présent, sur l’espace de terrain qu’entou-
rent les murs et que le feu a mis à découvert, il
s’élève une végétation luxuriante comprenant
particulièrement des arl)res dont certains n’at-
teignent pas moins de 10 mètres de hauteur. Ce
sont des Cecropia, nommés dans le pays Arbre-
Trompette, dont tes branches sortent à travers
l’ouverture des portes et des fenêtres les plus
hautes de la maison, tellement nombreuses et
pressées, qu’il semble probable qu’en conti-
nuant de croître avec la même force, elles ne
tarderont pas à renverser les murs eux-mêmes
par les ouvertures desquels elles se sont fait
jour.
— Toutes les personnes qui habitent Pa-
ris, surtout si elles fréquentent — ne serait-
ce que de temps à autre — les marchés aux
fleurs, n’ignorent pas que le Réséda cons-
titue seul, parmi les plantes vulgaires, c’est-
à-dire les plantes « de marché, » l’objet
d’un commerce très-important. Bien que
cette importance soit difficile à constater
d’une manière absolue, on pourra néan-
moins s’en faire une idée par les chiffres que
nous allons donner. Ainsi, un seul horticul-
teur, M. Vyeaux du Vaux, rue Montgalet,
en vend tous les ans environ 40,000 potées.
En 1872, pour la Saint- Jean, il en a livré
au commerce 1,800. En les estimant à
30 centimes l’un, ce qui assurément est
bien au-dessous de la vérité, c’est donc pour
12,000 fr. de Résédas qu’il aurait vendu dans
une seule année.
— Le 5® arrondissement de Paris va, dit-
on, prochainement être enrichi d’un nou-
veau square. C’est près de l’église Saint-
Médard, dans la partie qui longe l’église,
qu’il sera placé. Nous y reviendrons lors de
sa création. En raison de l’exiguité du ter-
rain, il nous paraît douteux qu’on en fasse
autre chose qu’un simple jardinet d’orne-
ment. On assure qu’une somme de 8,188 fr.
86 cent, a été demandée pour la clôture de
ce square sur le budget de 1873.
— Un de nos abonnés vient de nous
écrire une lettre qui, par l’enseignement
qu’elle porte, nous paraît de nature à inté-
resser nos lecteurs, ce qui nous engage à la
reproduire. La voici :
NOUVEAUX BÉGONIAS TUBERCULEUX, HYBRIDES.
Ouilly, le 20 juillet 1873.
Monsieur,
Abonné depuis peu à la Revue horticole, je
viens vous communiquer un fait relatif à la rus-
ticité de V Amoryhophallus Rivieri, vous laissant
libre d’en faire tel usage qu’il vous conviendra.
Aussitôt que celte plante fut annoncée par
MM. Vilmorin-Andrieux et Cio, je m’empressai
d’en faire venir un tubercule assez fort.
A la fin de l’automne dernier, je fis arracher
ce tubercule avec soin, ainsi que quatre ou cinq
qui avaient pris naissance autour de lui; puis, à
cette même place, je fis planter, au printemps
dernier, une touffe de Tritoma.
11 y a quelque temps, mes regards furent at-
tirés par un feuillage qui contrastait .singulière-
ment avec celui du Tritoma; je m’approchai,
et reconnus un Amorpho phallus qui poussait vi-
goureux et trapu en avant de l’autre plante. Je
voulus voir à quelle profondeur était le bulbe
qui m’avait donné cette plante, et je constatai
6 centimètres.
Voici donc un petit bulbe qui, oublié par mé-
garde, a passé Thiver sans aucune couverture à
une profondeur de 6 centimètres seulement, et
qui, à la fin de juin, a donné une plante beau-
coup plus vigoureuse et mieux faite que celles
produites par les autres petits bulbes qui avaient
été arrachés et soignés comme le gros, c’est-à-
dire placés dans une serre, dans un lieu sec,
ainsi, du reste, qu’on le recommande.
Agréez, etc. Henri Truchot,
A Ouilly, près Villefranclic (Rhône).
Du fait rapporté par cette lettre, dont nous
remercions particulièrement l’auteur, on
n’est pourtant pas autorisé à considérer
V Amorphophallus Rivieri comme une
plante tout à fait rustique, car l’hiver que
nous venons de traverser a été relativement
très-doux ; néanmoins, il indique que cette
plante est beaucoup plus rustique qu’on ne
l’avait d’abord pensé, et qu’il suffirait pro-
bablement pour la garantir de couvrir d’un
peu de feuilles ou de litière le sol dans le-
quel sont plantés les tubercules. De cette
façon, et sans aucun soin, on aurait des
plantes beaucoup plus fortes, par consé-
quent plus ornementales, que ne le sont
celles qui ont été soignées en serre, ainsi que
cela se fait jusqu’ici.
— Encore un nouveau square dans Paris ;
305
celui dit des Petits-Pères, rue de Sèvres.
Après être restée pendant longtemps entou-
rée de planches, cette place, qui vient de
subir une transformation complète, a été
livrée au public il y a déjà quelques se-
maines. Au lieu d’un jardin anglais, c{ui de-
mande beaucoup d’entretien, on a fait au
milieu une pelouse de gazon entourée de
toutes parts par de très -grandes allées, ou
mieux, presque tout est promenades. Celles-
ci sont plantées de jeunes Platanes d’environ
25 centimètres de diamètre, bien venants et
assez bien repris. Tout autour de ce terrain,
dans la partie qui touche à la grille, on a
fait une plate-bande de 2 mètres de large,
mais, à notre avis, beaucoup trop élevée
(40 centimètres environ), à cause de la dif-
ficulté qu’il y aura à l’entretenir suffisam-
ment humide, sinon à l’aide d'arrosements
très-fréquents, qui ont l’inconvénient de trop
laver la terre. Cette plate-bande est plantée
en arbustes, entre lesquels on a mis quelques
plantes à fleurs (Pélargoniums et Chrysan-
thèmes frutescents).
Dans cet emplacement se trouvaient dis-
séminés six gros et beaux Ormes qu’on a
bien fait de conserver. En somme, si à cer-
tain point de vue ce square laisse un peu à
désirer (qui ou quoi est parfait?), sous
d’autres il nous paraît très-bien compris ; il
est ce qu’ils devraient être tous : une véri-
table promenade ombragée de toutes parts,
qui, en ne nécessitant que très-peu de frais
d’entretien, produit le résultat qu’on doit
chercher à atteindre dans ces sortes de créa-
tions placées dans une ville comme Paris. En
effet, que cherche-t-on, ou du moins que
doit-on chercher dans ce cas? Deux choses :
la liberté et de Vomhre. Au lieu de gêner
les promeneurs par de petites allées étroites
et sinueuses, avec des parcelles de gazon et
de massifs très-petits, parfois ridicules, cette
disposition laisse }es huit dixièmes environ
du terrain libres, et présente en outre cet
avantage de permettre aux enfants de jouer
tout à leur aise, et cela sans courir le risque
d’être écrasés par les voitures. Vieux et
jeunes y trouveront donc leur compte. Quoi
de mieux? E.-A. Carrière.
NOUVEAUX BÉ(iONIAS TUBERCULEUX, HYBRIDES
Ceux qui, il y a quelques années, lors de
l’introduction du Bégonia Boliviensis, pré-
dirent que cette nouvelle espèce allait pro-
voquer et produire une révolution dans le
genre Bégonia, ne se trompaient point ; mais
il est probable qu’ils étaient loin, alors, de
penser que cette révolution serait aussi con-
sidérable et produirait des résultats aussi
extraordinaires et aussi variés que ceux aux-
quels il nous a été donné d’assister depuis
trois ou quatre ans, mais surtout cette
année.
NOUVEAUX BÉGONIAS TUBERCULEUX, HYBRIDES.
m
Un fait scientifique se dégage surtout dans
cette circonstance, et mérite d’appeler l’at-
tention : c’est l’extrême facilité avec laquelle
les espèces de Bégonia, même les plus tran-
chées et les plus distinctes , se croisent,
s’hybrident, et donnent naissance à des pro-
duits nombreux et variés, fertiles en grande
partie, et parfois si distincts de leurs pa-
rents, qu’il y a souvent entre eux des diffé-
rences beaucoup plus considérables que
n’en présentent nombre d’espèces des plus
orthodoxes.
Ce que nous disons ici, et en passant lé-
gèrement, des Bégonias pourrait se dire de
plusieurs autres genres de plantes ; mais
nous ne nous y appesantissons pas , car la
question est de celles qui soulèvent les grands
orages, et nous ne nous sentons pas dis-
posé, pour aujourd’hui du moins, à provo-
quer et à attirer sur nous les foudres des
partisans de la création immuable.
Donc, et pour en revenir aux nouveaux
Bégonias tuberculeux hybrides, qui doivent
faire le sujet de cet article, et sur lesquels
nous nous proposons de revenir, nous di-
rons que, par suite de l’introduction dans
les cultures des Bégonia Veitchii, rosœ-
flora du Pérou, et surtout du B. Bolivien-
sis, originaire de la Bolivie, ainsi que l’in-
dique son nom, il s’est produit rapidement
par fécondation naturelle, et surtout par
suite de fécondation artificielle habilement
combinée et dirigée, de nombreux hybrides
qui, étant croisés à leur tour entre eux ou
même avec leurs ancêtres collatéraux, ont
donné naissance à une multitude de variétés,
sous-variétés, variations, aussi bien dans la
forme, l’ampleur, le coloris, la disposition
des fleurs, que dans le port des plantes, à
ce point que c’est vraiment, et sans hyper-
bole, merveilleux et prodigieux.
Les unes ont de longues fleurs pendantes
à grandes élytres couleur de corail, vermil-
lon, saumon, écarlate, carminé ou rosé;
d’autres ont de larges et volumineuses fleurs
demi-pendantes ou bien dressées, aux pièces
florales largement étalées et simulant de
petites roses de couleur cinabre, carmin,
rouge incarnat, corail rose ; parfois, le jaune
du Bégonia Pearcii, qui ^a aussi servi à
faire des fécondations, vient apporter son
contingent dans les nuances et le feuillage
des nouveaux hybrides, qui sont, pour la
plupart, notablement plus vigoureux et plus
abondamment ramifiés et florifères que
leurs parents.
Nous avons eu occasion de voir, il y a
quelques jours, chez M. Mallet, l’habile
horticulteur du Plessis-Piquet, plusieurs
milliers de ces plantes hybrides de semis en
pleine floraison, et nous avouons en toute
sincérité que ces gains sont tous splendides
et rivalisent entre eux de beauté, tant par
l’ampleur et la variété des formes de leurs
fleurs que par la richesse des nuances,
toutes plus belles et plus vives les unes que
les autres.
Jusqu’à présent on avait pensé que ces
plantes étaient délicates, qu’il leur fallait
l’abri du verre, la terre de bruyère pure,
l’ombre, etc. ; il n’en est rien, et l’on peut
dire qu’on pourra dorénavant les cultiver
comme l’ancien Bégonia discolor, c’est-à-
I dire à l’air libre, en pleine terre saine de
jardin, et même en plein soleil, moyennant
un bon paillis et des arrosements copieux,
mais raisonnés.
Les résultats si remarquables obtenus, non
seulement chez M. Mallet, mais aussi chez
plusieurs autres horticulteurs qui, dans une
année aussi défavorable que celle-ci, ont
soumis ces nouveaux Bégonias tuberculeux
à la culture en plein air, ne laissent plus de
doute sur la possibilité de tirer un excellent
parti de ces plantes pour la décoration des
jardins en été, où ils viendront, fort heureu-
sement, apporter une utile et agréable di-
version à la monotonie de l’ornementation
généralement adoptée.
Si nous ne craignions pas d’ètre taxé
d’exagération, nous dirions, avec MM. Vil-
morin-Andrieux et G*®, qui se sont rendus
acquéreurs de tous les tubercules-rhizomes
des nouveaux hybrides de M. Mallet, et qui
en annoncent les tubercules livrables en
automne (1), que ce sont des plantes appelées
à faire, dans un avenir prochain, une sérieuse
concurrence aux Géraniums- Pélargoniums
zonale inquinans, aux Fuchsias et autres
plantes généralement employées à la déco-
ration d’été des jardins et parcs paysagers.
Ajoutons à ces qualités que ce sont des
plantes admirables pour former de belles
potées, garnir les gradins des serres en été,
orner les vases et confectionner des bou-
quets; qu’enfm, leur culture (sur laquelle
nous reviendrons dans un prochain article)
est des plus simples, et Ton comprendra
tout le mérite de ces nouveaux Bégonias
tuberculeux hybrides et la vogue dont, avec
raison, ils commencent déjà à être l’objet
de tous côtés. Leglerc.
(1) Villemorin, Andrieux et Catalogue des
Oignons à fleurs, plantes bulbeuses et Fraisiers,
1873, p. 10.
SRR LA NOUVELLE-CALÉDONIE.
307
SUR LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Quelques nouvelles qui nous parviennent
de la Nouvelle-Calédonie nous permettent
d’en extraire des renseignements intéres-
sants pour les lecteurs de la Revue horti-
cole. Nous les leur offrons sans commen-
taires, et currente calamo.
La Nouvelle-Calédonie peut se diviser en
deux régions : la côte orientale avec de
vastes plaines où toutes les cultures peuvent
y être tentées, et la côte occidentale, riche
par ses mines.
Le climat est des meilleurs ; la tempéra-
ture est douce et à peu près la même par-
tout. La saison des pluies ne se fait sentir
que de janvier en avril ; d’avril en janvier,
le temps est beau. Le thermomètre ne dé-
passe pas 30o centigrades pendant le jour ;
quelquefois, de mai à octobre, il descend à
10» au-dessus de zéro ; les nuits sont fraî-
ches, surtout en été.
Les principales productions sont : la Pa-
tate douce, que l’on cultive sur une grande
échelle dans le pays de Balade, près le vil-
lage de Baïao ; les Cocotiers et les Bana-
niers sont aussi très-répandus, et les fruits
de ces arbres constituent la principale nour-
riture des indigènes (c’est dans les feuilles
du Bananier que les indigènes enveloppent
les pigeons destinés à rôtir). Ajoutons la
Canne à sucre, qui produit environ 700 fr.
par hectare. Cette culture est très-impor-
tante dans le pays de Puébo, où V Olivier, le
Caféier et le Mûrier couvrent également de
grandes plaines.
L’on rencontre aussi beaucoup le Taro
et plusieurs autres Aroidées, ainsi que
l’Igname.
La Vigne vient très-bien, et donne deux
fois du Baisin, en août et en janvier; les
ceps sont taillés courts, et les rejets recour-
bés, de façon à maintenir la fraîcheur du
sol. La vendange ne donne pas lieu, comme
en France, à des réjouissances ; celles-ci ne
se font qu’après la récolte des Ignames, où
les indigènes dansent le pilou-pilou.
Le Riz [Oriza sativa) en paille et décor-
tiqué est le principal commerce à Kanala
et à Nakétif.
A Nouméa, l’on fabrique beaucoup de fé-
cules de Pia ; l’écorce de Morinda y est
préparée pour la teinture ; on extrait de
l’huile du Ricin, des Noix de Bancoul et
du Cocos nucifera qui, par hectare, donne
de 50,000 à 60,000 kilog. par an. Les es-
sences de Sandal, de Niaouli et de Citro-
nelli sont aussi l’objet d’une grande indus-
trie. Dans cette même ville, il y a d’impor-
tantes manufactures de vêtements en fibres
de Cordia. Les marchés sont très-abon-
dants. Les Ananas se vendent 3 fr. le kil.;
les Carottes et les Choux, de 20 cent, à 1 fr.
le kil.; les Choux-Fleurs, 2 fr. le kil.; les
Haricots verts, 1 fr. le kil.; la salade,
25 cent, le kil., et les Pommes de terre
20 cent, le kil. Les environs de Nouméa
sont affectés à la culture de l’Orge carré, di*^
Blé dur d’Afrique et du Maïs jaune.
Les forêts, qui sont très-étendues, con-
tiennent entre autres, comme essences très-
communes, le Niaouli {Melaleuca viri-
diflora et leucadendron). Cet arbre est
très-abondant et très-utile pour revêtir l’in-
térieur des maisons (le village de Hien-
guene est entièrement bâti avec cette espèce).
Son tronc est toujours recourbé, d’un blanc
sale ; son tissu résineux permet de faire des
torches, et ses feuilles distillées donnent
2 p. 100 en poids d’huile volatile, rempla-
çant facilement l’huile de Lavande.
On rencontre également V Acacia spiror-
his, le Blackhurnia, le Thespesia popul-
nea, les Casuarina equisetifolia einodosa,
ou bois de fer, qui compose presque toutes
les oasis, principalement près du village de
Dumbéa. Il a souvent pour compagnons les
Tamanous, les Bancouliers et les Banians,
le Pm à mâture et le Sandal odorant.
On trouve aussi en grande quantité les
Araucaria Cookii et intermedia, de beaux
spécimens du Ficus religiosa et d’autres
espèces non encore déterminées; le Morinda
citri folia de Linné, le Cordia discolor,
V Ægiphyla rhizophoroides, VAralia par-
vifolia, le Geissois racemosa, le Codia
ohcordata, V Hisingera Caledonica , le Mi
crosema salici folia, VAuhrga excelsa, dont
les indigènes construisent leurs embarca-
tions ; VHartighsea Billardieri, le Xylo-
carpus ohovatus, le Cupania juliflora, le
Dodonœa dioica, le Pittosporum tomen-
tosum, le Catha viridiflora et angulata,
le Pleurostylis decijnens, Vllex mucro-
nata, le Berckemia cremdata, le Croton
insulare, VOmalanthus nutans, le Glo-
chidion distichum, ï Alemûtes triloha, le
Terminalis littoralis, le Rhizophora mu-
cronata. Parmi les Myrtacées, le Jambosa
Brakenridgii, le Myrtus coriaceus, les
LKS AUlUCULES NOUVELLES DE M. TURNER. — LE PHYLLOXERA.
308
Fremya Pancheri ei ruhra, le Spermole-
pis gummifera et VEugenia liUoralis.
Les légumineuses sont représentées par le
Sophora tomentosa , V Acacia spirorhis,
littoralis et laurifolia,V Armocarpum sert-
noides.
Peu de plantes d’ornement ; la plus inté-
ressante est le Bctrringtonia Neo-Caledo-
nica.
On exploite beaucoup la résine du Dam-
mara ovata et de V Araucaria interynedia,
la gomme-résine du Tahernemontayia ma-
crophglla, du Dhus atra et de VArillas-
IruYti gumynifcrum.
Les matières tinctoriales sont extraites du
Morinda citrifolia. L’écorce de Balogliia
Panchcï'i sert au tannage des peaux, ainsi
que celle du Brugniera ggmnorhiza et du
Pdigzophora mucronata. On emploie aussi
pour tanner des gousses de V Acacia Farne-
siana^ mais peu.
Dans les plantes pharmaceutiques, l’ina-
cardiuyn orientale se rencontre en grande
quantité.
Parmi les épices, la Vanille et le Cur-
cmna en poivre.
L’île des Pins, au sud de la Nouvelle-
Calédonie, où domine le Pin qui lui a valu
son nom, est citée comme très -propre à
toutes les cultures, et tous les essais tentés
jusqu’à ce jour y ont pleinement réussi.
On voit par cet exposé que cette colonie
paraît présenter tous les avantages possibles.
Avis aux modernes Colombs, et fasse l’avenir
que la Nouvelle-Calédonie devienne la noble
rivale de Syracuse, Éplièse ou Milet de l’an-
tiquité. Ce serait un dédommagement au mal
causé par nos discordes civiles. F. Barillet.
f
I
LES AUlUGüLES NOUVELLES DE M. TURNER
L’Angleterre est le pays privilégié pour
les Auricules ; nulle part ailleurs elles ne
sont aussi recherchées ni cultivées avec au-
tant de passion.
Les variétés nouvelles de M. Turner
offrent tous les caractères qui constituent de
bonnes plantes; aussi, croyons- nous être
agréable aux lecteurs de la Bevue en leur
en donnant la nomenclature.
Diamond. Fleurs rouge écarlate velouté;
œil jaune pâle. Bien faites.
Lady Elvey, Fleurs à limbe pourpre,
plus clair sur les bords ; œil jaune pâle.
Belle plante.
Napoléon JIL Fleurs d’un marron foncé
très-brillant ; œil jaune doré. Plante extra-
belle.
Queen Victoria. Fleurs pourpres, forte- |
ment ombrées vers le centre ; œil jaune i
pâle. Très-belle tleur. '
Sir Barile Frere. Fleurs violet foncé très-
brillant; œil jaune, très-pâle et très-large. |
Se tenant très-bien. !
Susie Matliams. Fleurs lilas clair, ombré '
au centre; œil paille. Jolie et très-distincte. .
Rev. A. Mathews. Fleurs avec une zone I
étroite de pourpre foncé ; œil blanc, large. !
Cantab. Fleurs marron foncé, brillant ;
œil blanc. Variété excellente. :
Charles J. Fey^ry. Variété splendide, à
fleurs violettes claires ; œil blanc. Extra- i
belles.
J.Jarlot. 1
LE 1'}1YLLÜXERA‘'>
Personne ne peut plus aujourd’hui se
faire illusion sur l’étendue des ravages cau-
sés par le phylloxéra aux Vignes de l’arron-
dissement de Montpellier. B suffît de faire
une promenade dans la campagne pour
apercevoir çà et là des souches rabougries,
dont l’aspect caractéristique indique, sans
qu’on puisse s’y tromper, la présence de l’in-
secte. Chacun de nous a pu faire de sem-
blables constatations.
Pour me rendre un compte plus exact de
l’ensemble du dommage, je me suis mis en
(1) Extrait du Journal cVAyriculture pratique.,
juillet 1872, p. 107.’
relation avec les maires de toutes les com - '
mimes de l’arrondissement. Les renseigne- i
ments précis , circonstanciés , que j’ai :
reçus, sont navrants. A part le côté de
Ganges et quelques communes dans la di-
rection de Cette et de Mèze, où le phyl-
loxéra n’a pas encore été signalé, toutes les
autres communes sont plus ou moins at-
teintes, et dans quelques-unes le mal est
déjà énorme. Je ne puis reproduire les di-
verses lettres qu’on a bien voulu m’adres-
ser ; il me suffira de dire que la plupart
font pressentir pour un temps peu éloigné
un épouvantable désastre. Dans quelques
LE PHYLLOXERA.
communes, un tiers, une moitié même des
Vignes sont déjà perdus. Partout, les viti-
culteurs sont en proie aux plus vives an-
goisses; ils voient chaque jour le mal gran-
dir sans que rien entrave un seul moment la
marche de cet impitoyable fléau.
Les tristes prévisions que je n’ai cessé
d’exprimer depuis cinq ans se sont complè-
tement réalisées. J’aurais été bien heureux
de m’être trompé ; mais il fallait être aveugle
ou bien décidé à fermer les yeux à l’évi-
dence, pour ne pas voir cette marée montante
qui allait tout engloutir.
On m’assure cependant que, dans l’arron-
dissement de Béziers, il y a encore des gens
qui rient de nos craintes, et pour qui le
phylloxéra est presque un animal fabuleux.
On ne saurait comprendre une pareille in-
crédulité à quelques kilomètres à peine des
points ravagés. Si des sceptiques aussi en-
durcis avaient pu m’accompagner dans les
nombreuses excursions que je viens de faire
des bords du Vidourle à ceux de l’Hérault,
ils auraient rencontré comme moi beaucoup
de gens malheureux, et vu couler bien des
larmes.
Nous devons cependant le dire, pour cette
année encore, la récolte du vin ne sera pas,
dans son ensemble, diminuée d’une ma-
nière trop sensible. Il faut bien quatre ou
cinq ans pour que nos plaines et nos co-
teaux présentent l’aspect désolé des environs
d’Orange ou de Roquemaure, et que la
Vigne n’y soit plus qu’un souvenir.
Hâtons-nous de mettre à profit le temps
qui nous reste ; il ne faut pas nous croiser
les bras, et assister froidement à notre ruine.
C’est à coup sûr une œuvre difficile que
d’arracher nos Vignes aux étreintes d’un
insecte presque insaisissable, et dont les lé-
gions se reproduisent si rapidement. Mais
les intérêts en jeu sont si grands (la ruine
ou la fortune de tout le Midi), qu’il faut dé-
fendre le terrain pied à pied, jusqu’à la
dernière minute. Le marin qui sent son na-
vire criblé de boulets s’enfoncer sous ses
pieds n’amène pas son pavillon ; il se défend
encore, il se défend toujours, et fait son de-
voir jusqu’au bout.
Nous connaissons mieux aujourd’hui les
mœurs du phylloxéra; chaque saison ap-
porte son contingent de faits nouveaux; bien
des expériences ont été faites et se poursui-
vent encore ; tout cela ne doit pas être perdu.
La submersion prolongée en automne ou
en hiver débarrasse les Vignes du phyl-
loxéra. Nous en avons un exemple tout con-
cluant chez M. Faucon. La commission
;30‘J
départementale va organiser aux portes de
Montpellier, pour le mois d’octobre pro-
chain, une expérience toute pareille. Les ré-
sultats, nous n’en doutons pas, seront les
mêmes que chez M. Faucon.
Sans perdre de temps, partout où un cours
d’eau, une source jaillissante permettent
d’inonder le sol, les propriétaires doivent se
mettre en mesure. L’opération ne présente
pas de grandes difficultés. On pourrait peut-
être même obtenir de bons résultats sur les
points où se trouve une couche d’eau voi-
sine de la surface. Une pompe avec une lo-
comobile, peut-être même une simple noria,
suffiraient à maintenir sous l’eau, pendant
la saison pluvieuse, un ou plusieurs hec-
tares de Vignes. Des Luzernes, des prairies
naturelles sont ainsi arrosées pendant l’été ;
la Vigne, dont les produits vont devenir de
jour en jour plus rares et plus chers, pour-
rait sans doute payer les frais d’un pareil
mode de traitement.
Depuis deux ans, la commission dépar-
tementale a fait au Mas de las Serres, chez
M. Fermaud, de bien nombreux essais. Sans
entrer dans des détails circonstanciés, je
dirai seulement que sur plus de cent expé-
riences, surveillées avec un zèle qui ne s’est
jamais démenti par MM. Durand et Jean-
nenot, une seule paraît devoir donner des
résultats satisfaisants.
Le visiteur qui examine la Vigne, déjà si
malade au Mas de las Serres, est frappé de
loin par l’aspect de deux ou trois carrés de
vingt- cinq souches, contrastant avec tous
les autres. Dans ces carrés, les feuilles plus
larges sont d’un vert plus intense, et les sar-
ments, terminés par des vrilles et de nou-
velles pousses, paraissent résister victorieu-
sement aux atteintes du phylloxéra. Est-ce
là une vigueur éphémère qui s’arrêtera
bientôt? Ces souches mûriront-elles conve-
nablement les Raisins qu’elles portent ?
Nous le saurons avant peu. Les souches qui
se distinguent si nettement des autres ont
été arrosées avec une vingtaine de litres
d’urine de vache ou d’urine humaine, dans
laquelle on avait fait dissoudre 1 p. 100 en-
viron de sulfure de potassium.
Il serait vraisemblablement difficile de se
procurer des quantités considérables d’u-
rine; mais on pourrait, je crois, y suppléer
au moyen du guano du Pérou. Le guano, à
la dose de 100 kilog. dans 1,000 à 1,200 li-
tres d’eau, donnerait un liquide qui se rap-
procherait beaucoup de l’urine. C’est là un
essai qu’on peut tenter avec d’assez grandes
chances de succès.
.il U
LE PHYLLOXERA-
Dans ce moment, MM. Loarer et Saint- !
Pierre combattent le phylloxéra par l’acide
arsénieux employé à des doses variant, par
pied de souche, de 10 à 250 grammes. D’au-
tres expérimentateurs emploient le coaltar,
Facide phénique, le chlorure de chaux ; on
essaie le buttage des souches, les barbées
comme appâts, proposés par M. Lichtens-
tein. Il faut attendre encore avant de se
prononcer sur ces divers moyens.
Grâce aux observations de M. Faucon,
nous savons que, dès le milieu de juin, les
jeunes phylloxéras sortent de terre et cou-
rent sur le sol pour aller d’une souche à
l’autre. Une légère couche de chaux vive
en poudre, répandue autour des points
attaqués, détruirait probablement un grand
nombre de ces phylloxéras. L’opération
n’est pas très -coûteuse ; il ne faut pas la né-
gliger.
Les insectes redoutent presque tous les
odeurs pénétrantes. On préserve les lainages
par l’emploi du camphre et de la térében*
thine ; quelques plantes de Chanvre suffi-
sent, assure-t-on, pour éloigner d’un jardin
potager les chenilles qui dévorent les Choux.
On se trouverait probablement bien de ré-
pandre sur le sol des Vignes, dans le voisi-
nage des parties atteintes, du coaltar, de
Facide phénique, des huiles lourdes, des
eaux ammoniacales du gaz. C’est par l’acide
phénique employé ainsi préventivement
que M. Henri Leenhardt, à Sorgues, con-
serve une jolie Vigne de grenache, au mi-
lieu d’une commune dont tous les vignobles
ont péri depuis plusieurs années.
On peut encore, comme moyen préventif,
mettre trois ou quatre corbeilles de sable
pur au pied des souches préalablement dé-
chaussées. Il est certain que les terrains
franchement sablonneux ne sont pas atta-
qués par le phylloxéra, ou que du moins
les progrès de l’insecte y sont extrêmement
lents. Des observateurs consciencieux affir-
ment que le phylloxéra ne peut presque pas
avancer dans le sable ; ils comparent le
phylloxéra dans le sable à une mouche em-
pêtrée dans du miel. Ce fait a été plusieurs
fois signalé, et dernièrement encore d’une
façon plus précise par M. le vicomte de
la Paillone. Il n’en coûte pas beaucoup d’es-
sayer.
Il faudrait que dans chaque commune de
nombreux propriétaires se préparassent
ainsi à la lutte; les commissions officielles
ne peuvent tout faire ; elles doivent indi-
quer la route, donner des conseils ; mais le
succès ne peut être espéré que par le con-
cours de tous les hommes d’initiative et de
progrès.
Sur la demande de la Société d’agriculture
de l’Hérault, le ministre de l’agriculture
vient de confier à M. Planchon la mission
d’aller aux États-Unis étudier la maladie de
la Vigne et tout ce qui concerne le phyl-
loxéra." On comprend l’importance de la
mission donnée au savant professeur. Nous
sommes tous à peu près convaincus que le
phylloxéra nous est venu d’Amérique, et
qu’il est bien l’insecte appelé pemphigus
vitifoliœ aux États-Unis. Il est indispensable
cependant qu’un homme connaissant bien
le phylloxéra du midi de la France aille vé-
rifier l’identité des deux insectes et dissiper
tous les doutes, s'il pouvait en exister en-
core.
Les galles produites sur les feuilles par le
phylloxéra sont très-communes en Amé-
rique, à peu près introuvables en Provence
et en Languedoc. M. Planchon a passé
de longues heures à étudier les moeurs de
l’insecte ; nul mieux que lui ne pouvait cher-
cher l’explication d’une anomalie aussi
bizarre.
La mission de M. Planchon ne sera pas
toute scientifique. Il est une question de
pratique fort importante, intéressant les viti-
culteurs plus à coup sûr que les recherches
de science pure, et qu’il faut éclairer à tout
prix.
Trouverons-nous aux États-Unis certains
cépages complètement à l’abri du phyl-
loxéra, ou du moins pouvant lui résister vic-
torieusement? Je ne reviendrai pas sur les
conséquences décisives d’un pareil fait; elles
sautent aux yeux.
Déjà, en mai 1871, j’ai exposé avec détail
la possibilité de régénérer nos vignobles
par les cépages des États-Unis. Nous con-
serverions les cépages américains, s’ils nous
donnaient du bon vin en quantité suffi-
sante ; dans le cas contraire, nous nous en
servirions comme porte-greffes de nos beaux
plants du Midi. Depuis lors, le temps n’a
pas été perdu.
J’ai reçu, il y a dix-huit mois, de Saint-
Louis du Missouri, une centaine de sar-
ments enracinés appartenant à treize va-
riétés différentes. J’ai eu soin de les faire
planter sur divers points de la Provence et
du Languedoc, en contact avec des Vignes
puceronnées. Je ne puis donner de détails
circonstanciés sur ces plantations]; ce serait
allonger beaucoup trop un article déjà bien
long. Je dirai seulement que sur trois points,
dans le voisinage de Montpellier, deux de
FUCHSIA SYULNGÆFLORA.
ces cépages américains poussent vigoureuse-
ment et sont jusqu^à aujourd'hui respectés
par le phylloxéra, quand à côté d’eux de
jeunes aramons et des carignans meurent
les racines couvertes de pucerons. Il y a
donc une lueur d’espoir.
Il aurait fallu des essais plus nombreux
pour avoir des résultats concluants. Malheu-
reusement, ces expériences sont assez dif-
ficiles et coûteuses. Les plants qu’on m’a
envoyés de Saint-Louis du Missouri, en
1872, coûtaient 50 centimes le pied, et ceux
que j’ai fait venir celte année sont arrivés
tout à fait secs, et n’ont pu pousser. Le mi-
nistre de l’agriculture avait bien aussi, en
1802, envoyé une certaine quantité de plants
américains, mais ils ont tout simplement
servi à faire des pépinières sur des points
311
non encore attaqués. 11 serait donc témé-
raire de se prononcer trop vite.
M. Planchon, pendant son séjour aux
Etats-Unis, précisément au moment de la
maturité du Raisin, étudiera cette question
sur toutes ses faces, et dissipera nos doutes.
C’est surtout à ce point de vue que la mis-
sion confiée au savant professeur aura, je
l’espère, des résultats féconds.
Puissions-nous être assez heureux pour
trouver un cépage résistant au phylloxéra.
Nous pourrions alors, avec une véritable
confiance, faire entrevoir des jours meilleurs
à nos populations agricoles si cruellement
éprouvées.
Gaston Bazille,
Vice-président de la Société d’agriculture
de l’Hérault.
FUCHSIA SYRINCÆFLORA
Le Fuchsia syringœflora est-il, comme
l’affirment certains botanistes, une variété
du F. arhorescens, Sims., qui est originaire
de Mexico? Nous ne pouvons le dire : ce
que nous n’hésitons pas à affirmer, c’est
que c’est le plus beau du genre, le roi des
Fuchsias, pourrait-on dire. Pourtant, loin
d’être une nouveauté, c’est une de ces vieil-
leries qui, bien qu’introduite depuis long-
temps, n’a jamais guère franchi les limites
de quelques jardins botaniques où elle était
à peine remarquée. Sous ce rapport, nous
rappellerons l’observation que nous avons
déjà faite de la similitude qu’on peut très-
souvent établir entre les plantes et les gens.
On remarque en effet que, chez les unes
comme chez les autres, il en est qui auraient
pu rendre de grands services si on les eût
mieux appréciés et qu’on les eût mis là où
ils devaient être. Toute chose est bien quand
elle est à sa place, dit-on ; c’est vrai.
En examinant la figure coloriée ci-contre,
et qui pourtant est des mieux réussies, nous
éprouvons un regret : qu’elle ne donne
qu’une idée imparfaite de la beauté de l’es-
pèce qu’elle représente. Qu’on se figure, en
effet, une plante dont la tige, d’environ
1 mètre de hauteur, portant dans ses deux
tiers supérieurs des branches nombreuses,
étalées en verticilles, garnies d’un très-beau
feuillage et terminées par une panicule ra-
cémiforme composée de plusieurs centaines
de fleurs d’un rose des plus tendres, et l’on
pourra juger ce que devait être l’individu
sur lequel a été coupé le rameau qui a servi
à faire la figure coloriée que nous avons
fait représenter. Cet individu, placé dans
une sqrre chez MM. Thibaut-Keteleer, hor-
ticulteurs à Sceaux, y a fait, pendant l’hi-
ver 1872-1873, l’admiration de tous ceux
qui l’ont vu.
Après cette sorte de prologue, fait en vue
d’indiquer les caractères généraux du
F. syringœflora, nous allons essayer
d’en donner une description scientifique.
Voici :
Arbrisseau très-vigoureux, pouvant at-
teindre 2 mètres de hauteur, très-ramifié, à
branches verticillées, étalées, nombreuses,
diminuant successivement de longueur, de
manière à constituer une belle tête conique.
Feuilles atteignant 8-15 centimètres de lon-
gueur sur 25-35 millimètres de largeur,
fortement ner\ées, à nervures latérales sail-
lantes en dessous, subelliptiques, atténuées
en pointe au sommet, très-longuement ré-
trécies vers la base ; pétiole gros, rouge, de
8-15 millimètres. Fleurs très-nombreuses,
d’un très-beau rose, ainsi que toutes les ra-
mifications qui les portent, disposées en une
sorte de grappe paniculée qui, en rappelant
l’inflorescence du Lilas, justifie la qualifica-
tion syringa^flora (à fleurs de Lilas) qu’on
a donnée à cetle espèce, longuement tubu-
lées, à quatre divisions calycinales très-lon-
gues et étroites, promptement réfléchies.
Sur le tube calycinal, à 4 pétales d’un rose
très-clair, étalés, plus de moitié moins
longues que les sépales, sont insérées des
étamines beaucoup plus longues que les pé-
tales, formant, par leur réunion, une sorte
de faisceau à filets d’un rose chair, termi-
DU GENRE CROTON^ SES
nés par une anthère ovale cordiforme ; pol-
len blanc.
Le F. syringœflora fleurit d’octobre en
février, c’est-à-dire pendant plus de trois
mois, et même les jeunes plantes, placées
dans une bonne serre tempérée, succèdent
aux vieilles, de sorte que, très-probable-
ment, si l’on avait intérêt à le faire, on pour-
rait en avoir une partie de l’année en éche-
lonnant le développement des plantes. La
culture est des plus faciles : une terre subs-
tantielle, composée de terre franche et de
terreau, soit de feuilles, soit de fumier, et
surtout de gadoue des rues, lui convient
parfaitement. Si Lon ajoute au mélange un
peu de terre de bruyère, la végétation est
beaucoup plus rapide; les jeunes plantes
surtout s’en accommodent tout particulière-
ment. Pour avoir de belles plantes, voici
comment il nous semble qu’on devrait pro-
céder : faire des boutures pendant l’hiver,
en faisant, pour cela, pousser des plantes
mères en serre, de manière à avoir du bois
convenable ; au printemps, de bonne heure,
les mettre en pleine terre dans un sol pré-
paré et paillé ; arroser fortement ; tailler et
pincer au besoin, afin d’obtenir des plantes
bien établies et d’une bonne forme; faire le
dernier pinçage d’assez bonne heure (juillet-
août), afin que les pousses puissent se
mettre à fleurs , puis, à l’approche des ge-
lées, relever les plantes, les mettre en pots
et les placer dans une serre où elles fleuri-
ront vers l’époque indiquée ci-dessus. Ces
plantes ne souffrent même pas de cette mise
en pots. Du reste, sous ce rapport, nous
nous bornons à donner des indications gé-
DU GExNRE CROTON, SES
Historique. — Originaires des îles de
l’archipel du sud et des îles Salomon, les
Grotons sont appelés à jouer un grand rôle
comme végétaux à feuillage coloré, soit dans
l’ornementation de nos jardins d’hiver, soit
dans celle de nos serres chaudes ; et il est
peu d’amateurs qui aujourd’hui déjà ne pos-
sèdent au moins un échantillon ou deux de
ces plantes si remarquables par la forme
plus ou moins bizarre de leurs feuilles, leur
coloris vif et tranché, enfin par leur port,
qui, tantôt grêle, tantôt touffu, est toujours
élégant.
Il y a peu d’années encore que le C. ti-
glium étaient, le C. sehiferum, et à peu
près les seuls connus, mais seulement dans
quelques jardins botaniques privilégiés,
ESPÈCES, SA CULTURE.
nérales et comme devant servir de guides.
Nous signalons cette espèce aux fleuristes
parisiens, en la leur recommandant comme
pouvant faire une très-bonne plante de
marché. Il ne nous paraît pas douteux non
plus que, dans les départements du sud-est,
sud et sud-ouest de la France, le F. syrin-
gœflora pourra passer en pleine terre et y
former des arbustes d’un très-grand mérite
ornemental. Peut-être même pourrait-on
l’essayer dans le centre de la France, en le i
plantant dans une position abritée et en j
couvrant les pieds avec des feuilles ou de la j
litière pendant la saison des froids; et dans i
ce cas, lors même que la tige périrait, il est !
à présumer que celles qui repousseraient !
du pied acquerraient assez de force pour
fleurir à l’automne. La multiplication, qui
est la même que celle de tous les autres
Fuchsias, se fait très -facilement par bou-
tures, en toute saison, en ayant soin, si les
boutures sont herbacées et couvertes de
feuilles, de les placer sous des cloches, pour
les faire enraciner. Les jeunes plantes doi-
vent être rentrées dans une serre tempérée
ou sous des châssis dans des coffres, en
ayant soin de les placer [près du verre. Si ^
l’on avait de vieilles et fortes plantes en pots j
ou en caisses, on pourrait les placer dans |
une serre froide, ou même dans une oran- ;
gerie pendant l’hiver, ou les mettre même j
sur les derrières, puisqu’elles perdent leurs '
feuilles. On peut se procurer le F. syrin- i
gæflora chez MM. Thibaut et Keteleer, hor-
ticulteurs à Sceaux (Seine).
E.-A. Carrière ;
ESPÈCES, SA CULTURE
lorsque les récentes introductions, dues en
grande partie à MM. Veitch, ont produit une
si profonde sensation dans le monde horti- ;
cole et déterminé un engoûment justement
mérité, du reste à peu près semblable à ce-
lui qu’avaient déterminé il y a quelques an-
nées les Caladium de M. Bleu, \qs> Bégonia
reæ, les Achimenes, les Gloxinia, etc.
Mais tout finit, « s’use, » comme l’on dit, et ;
cède la place à d’autres ; et le temps est |
proche où ces plantes naguère si recher-
chées céderont la place aux Grotons, aux |
Dracœna, aux Maranta, etc. I
Les plantes, comme toutes choses, sont
sujettes aux changements, ou plutôt aux ca- |
prices de la mode. Pourquoi? Deux causes j
principales semblent hâter leur venue et les j
^ocreucc''. deL-.
Fuchsia stjrnujO’^Yoï'a .
Ch^orfZo7iiF7-G: S&'Ver’syjzs .
DU GENRE CROTON, SES
faire dédaigner ensuite : la trop grande
r|uantité de variétés ; 2» leur trop grande
ressemblance entre elles. Que sont devenus
les Coleus? que deviennent les Géranium^
Il suffit qu’une variété, qu’une espèce nou-
velle, qui, à peine connue hier, apparaisse
presque subitement dans nos cultures, pour
amener à leur suite un grand nombre d’au-
tres qui viennent pendant quelque temps
réjouir l’amateur et l’horticulteur. Ainsi
seront les Grotons. Qu’ils résistent long-
temps, je le désire; je n’en doute même pas,
car il est peu de végétaux qui, comme eux,
aient la beauté et la durée.
Description. — Les Grotons appartien-
nent à la grande famille des Eupborbiacées,
qui a des représentants dans toutes les ré-
gions du globe. Ils forment le genre prin-
cipal de la quatrième tribu : les Crotoneœ.
Ils contiennent un suc très-irritant. Le C.
tiglium seul est employé en médecine. Par
leur développement, ils acquièrent les pro-
portions d’un arbuste, touffu et trapu. La
tige est rugueuse, rarement lisse, marquée
souvent à la partie supérieure d’empreintes
que laissent les pétioles des feuilles en tom-
bant. Les feuilles, de formes excessivement
variées, sont alternes (dans le G. \discolor,
elles semblent opposées de distance en dis-
tance), simples, pétiolées, linéaires, ellip-
tiques ondulées, interrompues, etc., etc.;
point de stipules, comme dans beaucoup de
genres de cette famille. L’inflorescence est
en épi, les uns portant des fleurs pistillées,
les autres des fleurs staminées, mais tou-
jours réunies sur le même pied. Les fleurs,
qui sont pétalées et à préfloraison valvaire, se
composent de trois pétales distincts et trois
étamines. Les fleurs femelles se composent
d’un ovaire libre, sessile, de trois styles re-
courbés. Le fruit est une élaterie à trois
loges polyspermes s’ouvrant à la maturité
en trois valves avec élasticité.
Jusqu’ici, peu ou point d’hybridations.
Une fécondation vient d’étre opérée à l’éta-
blissement Linden, et a parfaitement réussi.
Les graines ont mûri en trois mois. Se-
mées immédiatement, elles sont levées dans
l’espace de huit jours.
Description des principales espèces.
— Toutes les espèces cultivées sont dues à
l’importation des botanistes-voyageurs, et
leur nombre s’est accru en peu d’années
d’une manière considérable. Les plus re-
nommées, celles que l’on peut cultiver avec
le plus de succès, sont :
G. cornutum, Ed. André. — Espèce à
port ramassé, touffu, à écorce grisâtre.
ESPÈCES, SA CULTURE. 3)3
Feuilles dressées, longues de 15 à 20 cen-
timètres, larges de 15 à 20 millimètres, el-
liptiques, spatulées, portées sur un pétiole
court, cylindrique ; limbe couleur vert
foncé, parcouru par une nervure jaune clair.
La singularité de ces feuilles, dont le règne
végétal ne nous offre aucun exemple, est un
appendice filiforme situé à l’extrémité du
limbe, 2 centimètres environ au-dessous du
sommet, formé par une nervure médiocre
qui se prolonge en une corne longue de
quelques centimètres, et dressée.
G. aucuhœfolium, Veitch. — Espèce
distincte. Port et feuillage assez analogue à
celui de VAcuhajaponica. Feuilles longues
de 20 à 25 centimètres, larges de 10 à 12, d’un
vert foncé, luisant, recouvertes de larges
macules jaunes ; nervures bordées de rouge.
G. Veitchi. — Splendide espèce. Feuilles
d’une beauté éclatante, elliptiques, longues
de 25 à 35 centimètres, larges de 20 à
25 millimètres. Toutes les nervures pren-
nent des teintes qui vont successivement du
jaune vif au carmin.
G. tomentosum. — Espèce spéciale
n’ayant, ainsi que le G. sehiferum, aucun
rapport avec ses congénères. Feuilles larges,
cordiformes, longuement pétiolées, toutes
tomenteuses.
G. interruptum, Veitch. — Plante des
plus singulières et des plus curieuses par
la forme des feuilles, dont le limbe étroit,
linéaire, vert foncé, parfois ponctué, ma-
culé de jaune vif, est souvent rétréci, manque
parfois absolument, et ne laissant çà et là
que la nervure médiane.
G. nUlicuium, Veitch. — Feuilles larges
de 10 à 12 centimètres, longues de 15 à 20.
La partie inférieure du limbe, ainsi que les
veines et veinules, sont d’un pourpre toncé
et carmin vif; la partie supérieure vert
pourpré. Espèce très-vigoureuse.
G. maximum, Veitch. — Espèce robuste,
à végétation luxuriante. Feuilles larges de
12 centimètres environ, à nervure médiane
et nervures secondaires d’un jaune doré ;
bords frangés, d’un vert olive.
G. undulatum, Veitch. — La plus belle
du genre comme coloris, et aussi l’une des
plus vigoureuses. Port touffu. Feuilles on-
dulées, d’un vert foncé, maculées de points
écarlates dans les sujets adultes, jaune vif
chez les jeunes plantes.
G. Johannis, Veitch. — Port grêle.
Feuilles presque linéaires, longues de 50 à
70 centimètres, larges à peine de 4 à 5, re-
courbées, d’un vert obscur, marquées' de
quelques taches jaune vif.
OlO-
DU TUlUiEVA NUCll'EDA A PROPOS DES SEXES.
C. irregiilare, Veitch. — Feuilles trian-
gulaires, élargies à la base, allongées en
pointe vers le sommet, boursoufflées ; face
et nervure médiane maculées de jaune.
C. Wesmamii, Veitch. — Nouvelle et
splendide espèce peu commune. Feuilles
elliptiques allongées, courtement pétiolées ;
veines et veinules d’un jaune d’or, se déta-
chant sur un fond vert foncé.
C. angustifolium , Veitch. — Espèce
d’une bonne vigueur, à port compact,
touffu. Feuilles étroites, longuement lan-
céolées, un peu élargies à la base ; nervure
médiane jaune passant au rouge, à limbe
d’un vert foncé, sur lequel se détachent de
nombreux points jaunes.
A ces espèces, on pourrait ajouter le C.
pictu7riy le C. HooJierii, le C. multicolor,
VElegans, etc., etc.
Culture. — Pour réussir dans la cul-
ture des Grotons, il faut, comme pour
tous les végétaux exotiques, avoir à sa dis-
position une serre chaude dont on tient
constamment l’alrnosphère humide, condi-
tions qui les rapprochent de celles qu’ils
trouvent dans leur pays : les îles de l’Ar-
chipel, les îles Salomon, etc. Ils exigent un
endroit éclairé, mais toujours à l’abri des
rayons solaires, et en été, à l’époque de la
végétation, des seringages journaliers. Ils
aiment une terre maigre (une bonne terre
de jarditi, un peu sableuse, est celle où ils
végètent le mieux, surtout lorsque les sujets
sont arrivés à l’état adulte); cependant, le
compost le plus employé pour élever les
jeunes plantes dans l’établissement Linden
est composé comme suit : terre forte, deux
sixièmes ; terre de feuilles (bruyère), deux
sixièmes ; sphagnum, en petite quantité ;
sable, un sixième; cendres, un sixième. Le
tout bien mélangé. Pour les jeunes bou-
tures récemment reprises, le sphagnum
remplace les cendres, et entre dans la pro-
portion de deux sixièmes dans le mélange.
Les rempotages, sans avoir une époque pré-
cise, se font, annuellement, vers le com-
mencement du printemps.
Lorsque les sujets ont atteint une certaine
hauteur (40 centimètres environ), il est bon
de procéder au pincement, afin de leur
donner une forme régulière (plus ou moins).
et surtout d’empècher que la végétation se
porte plus d’un côté que d’un autre. On sup-
prime donc l’extrémité à laquelle naissent
ordinairement trois ou quatre rameaux. Le
supérieur est conservé et laissé libre. Les
autres sont, au moyen de tuteurs, dirigés et
maintenus dans des directions opposées.
Lorsque ces rameaux ont atteint 40 à 50 cen-
timètres de longueur, ils sont de nouveau
pincés, et ceux qui se développent alors
laissés libres. De cette manière, on obtient
en quelques années des plantes d’une forme
et d’une régularité parfaites.
Multiplication, greffe. — Les Crotons
se multiplient au moyen de boutures faites
avec du bois bien aoûté, opération qui peut
avoir lieu en toute saison. Ces boutures,
toujours munies de feuilles à la base, sont
placées sous les châssis d’une serre à mul-
tiplication, enfoncées dans un mélange de
sable, cendres, terre de bruyère ou vieille
tannée. Elles s’enracinent assez prompte-
ment. Les soins à donner aux jeunes plantes
sont des plus simples. Après l’émission des
racines, elles sont successivement rempotées
dans des petits godets et privées pendant
quelques jours de l’influence de l’air exté-
rieur.
On leur donne un compost comprenant
un mélange de terre de bruyère, trois sixiè-
mes; spagnum, deux sixièmes; cendres,
un sixième ; sable, un sixième.
L’emploi du sphagnum a pour effet de
rendre la terre plus légère et constamment
chargée d’humidité, sans toutefois permettre
la stagnation de l’eau, qui ferait prompte-
ment pourrir les racines.
Lorsqu’on veut obtenir plusieurs variétés
sur le même pied, on a recours à la greffe.
La greffe par approche est la seule employée
dans cette opération. On la pratique ordi-
nairement au printemps.
Les Grotons sont très-fréquemment atta-
qués par les thrips, qui rongent l’épiderme
j inférieure des feuilles, ce qui leur donne
une couleur de rouille. Des lavages à l’eau
de savon fréquemment répétés les garan-
tissent de l’invasion de ces insectes si re-
doutables, connus sous le nom vulgaire
d’araignée rouge.
Ez. Madelain fils.
DU TORREYA NUCIFERA A PROPOS DES SEXES
Lorsqu’on a affaire à des plantes soit mo- ! sur la répartition des sexes. C’est surtout
noïques, soit dioïques, il est souvent diffî- | chez les Conifères, et dans certains genres
cile de se prononcer d’une manière absolue ! particulièrement, que les difficultés sont
ru TOKP.EYA NUCIFERA A PROPOS DES SEXES.
315
$:ran(les, que la cliOse est parfois presque
impossible.
Déjà à plusieurs reprises, notamment
dans notre Traité des Conifères, édition,
pp. 47, 721 et 743, nous avons cherché à
appeler l’attention sur la variabilité des
sexes et leur inégale répartition chez ces
plantes, surtout eu égard à certains genres,
par exemple aux Juniperus, Cephalotaxus,
et enfin aux Taxus. Cette question, d’une
haute importance, et qui peut avoir des con-
séquences de premier ordre lorsqu’il s’agit
de la sexualité des végétaux, nous engage à
y revenir de nouveau à propos du genre
Torreija, dont les caractères sexuels ne
Fig. 29. — Rameau mâle du Torrexja nucifera,
de grandeur naturelle.
Fleur détachée, grossie trois fois.
ces caractères agissent sur le faciès, et
qu’ils donnent souvent aux plantes un as-
pect tout particulier.
Cette particularité, qui probablement
s’applique à d’autres espèces de Juniperus,
pourrait peut-être expliquer la multiplicité
qu’on a faite d’espèces qui, pour beaucoup,
ne sont probablement que des formes d’un
même type. »
Relativement au genre Cephalotaxus, en
ce qui concerne les sexes, l. c., p. 721,
' nous écrivions ce qui suit :
« Le genre Cephalotaxus est-il franche-
ment dioïque? Je n’oserais l’affirmer, ayant
vu sur certains individus des rudiments
d’organes dont les sexes étaient ambigus. Ce
n’est toutefois qu’une hypothèse que j’émets,
afin d’attirer Tattention sur la monoïcité ou
nous paraissent pas très-bien connus, et à
reproduire les quelques passages auxquels
nous venons de faire allusion, et qui nous
paraissent de nature à jeter quelque jour
sur cette question.
A propos du Juniperius virginiana,
nous écrivions, l. c., p. 47, les lignes sui-
vantes : (( Je ferai pour le J. virginiana une
observation importante : c’est qu’on trouve
entre la monoïcité et la dioicité tous les
intermédiaires. En effet, il y a des individus
exclusivement mâles, d’autres exclusive-
ment femelles, et d’autres enfin qui, à des
degrés différents, portent les deux sexes.
Ce qui est encore à remarquer, c’est que
la dioicité, particularités qui, chez beau-
coup de genres de Conifères, sont très-mal
définies, et qui, chez certains genres, me
paraissent très-mal connues, et présen-
ter même des anomalies assez singu-
lières, fait que j’ai déjà signalé en parlant
des Juniperus. Comme il y a chez une
même espèce des individus très-fertiles et
d’autres qui le sont très-peu, il serait pos-
sible que l’on trouvât aussi, dans la dispo-
sition des sexes, des intermédiaires, comme
cela a lieu pour les Juniperus, c’est-à-dire
des individus qui démontrent que la mo-
noicité et la dioicité n’ont rien d’absolu. Je
ne serais même pas surpris que, dans des
semis de plantes dioïques, il se produisît
des plantes monoïques, et vice versâ.
(( Relativement à l’ordre d'apparition des
316
JARDINIER ET HORTICULTEUR.
sexes, il n’y a non plus rien d’absolu, et
bien que le sexe mâle, en général, paraisse
avant le sexe femelle, il y a pourtant des
cas où le contraire a lieu, où les fleurs fe-
melles se montrent avant les fleurs mâles. »
Au sujet des Ifs, nous écrivions (l. c.,
p. 743) ce qui suit :
(( ...Tous les auteurs qui ont décrit le
genre Taxus ont considéré ce genre comme
étant dioïque; en est-il vraiment ainsi? Oui,
d’une manière relative; non, d’une manière
absolue. Dans ce cas encore, en ce qui con-
cerne la sexualité des Taxus, il en est à
peu près comme des Jiiniperus, peut-être
aussi comme des Cephalotaxus : on trouve
tous les degrés intermédiaires de fertilité.
Certains individus se couvrent annuelle-
ment de fruits ; d’autres en produisent très-
peu, tandis qu’il en est qui n’en donnent ja-
mais : ils n’ont en général que des fleurs
mâles. Je ne doute pas qu’il n’y ait des in-
dividus complètement dioïques ; mais ce
dont je ne doute pas non plus, c’est qu’il
y en a qui ne le sont pas. »
Telle était notre opinion en 1867, lorsque
nous écrivions notre Traité des Conifères ;
elle n’a pas changé, au contraire : les ob-
servations que nous avons faites depuis les
ont confirmées, en y ajoutant même de nou-
velles preuves que nous allons indiquer, et
qui forment le sujet de cet article. Toute-
fois, puisque nous venons de parler de notre
Traité des Conifères, cela nous oblige, ou
du moins nous fait un devoir de dire quel-
ques mots des caractères du genre Torreya,
que nous avons indiqués, et qui viennent les
modifier un peu.
Les différents auteurs qui avaient décrit
ce genre avant nous l’avaient indiqué comme
dioïque (1). Malgré cela, l’étude que nous en
avions faite nous avait convaincu qu’il était
monoïque; aussi, l’avions-nous indiqué
comme tel dans notre l*"® édition. Mais plu-
sieurs personnes compétentes, notamment
un botaniste très-distingué, nous ont fait
observer que le fait n’était pas certain ; que
nous n’étions « pas assez fort » pour tran-
JARDINIER ET
Bien que la signification de ces deux mots:
jardinier et horticulteur, soit suffisam-
ment connue de nos lecteurs pour ne laisser
(1) Tout récemment encore, dans le 16® volume
du Prodrome^ de M. De Candolle, M. Parlatore,
p. 504 de cet ouvrage, répétant ce que tous les
auteurs avaient dit avant lui, a écrit que le genre
cher une pareille question, pour être aussi
affirmalif que nous l’étions ; que c’était nous
exposer en soutenant le contraire de ce
qu’avaient avancé des savants de premier
ordre, etc. Bref, frappé de ces observations,
et craignant de paraître vouloir être plus |
fort que les maîtres, nous revînmes sur rios |
dires, ce qui explique comment, dans la |
2® édition de notre Traité, en parlant des
Torreya, au lieu de monoïques, nous écri-
vîmes dioïques, ce qui nous paraît être con-
traire à la vérité, du moins en ce qui con-
cerne le Torreya nucifera, ainsi qu’on va
le voir. Un pied de cette espèce, planté dans
l’école de botanique du Muséum depuis plus
de vingt-cinq ans, s’est assez bien déve- i
loppé, grâce au tuteur qu’on a eu soin de
lui mettre, car cet individu ayant été ob-
tenu par bouture d’une branche latérale,
jamais il ne formera de flèche ; ce n’est j
donc qu’à l’aide de soins, et en arrêtant
constamment l’élongation des branches la-
térales, qu’on est parvenu à lui faire acquérir ;
environ 6 mètres de hauteur. Depuis plus |
de quinze ans que nous observons la florai- j
son de cet individu, nous n’avions jamais vu !
que des fleurs femelles ; cette année seule-
ment, et sur une seule branche, nous avons I
vu en très-grande quantité des chatons i
mâles (fig. 29) ; les chatons femelles (fig. 30),
au contraire, qui étaient beaucoup plus nom- iï
breux, se trouvaient sur presque toutes les l:<
parties de l’arbre. On peut donc espérer que, i?
contrairement à ce qui a eu lieu jusqu’ici, |
les fruits acquerront leur complet dévelop-
pement, et les graines les qualités germina- ;
tives nécessaires pour pouvoir reproduire i
l’espèce. S’il en advient ainsi, ce sera une
chose précieuse au point de vue de l’orne- ,
ment, car, ayant des plantes de graines, on ;
pourra jouir de la beauté du T. nucifera, 'i
qui est exceptionnelle, et dont il est impos- ;■
sible de se faire une idée par les quelques j
misérables individus qu’on rencontre çà et i
1 à dans les cultures, et qui, tous, viennent '
de boutures de branches.
E.-A. Carrière.
HORTICULTEUR j
aucun doute dans leur esprit, il nous a paru ! f i
intéressant de répondre à quelques per- i !
sonnes qui, donnant la même interprétation
i
Torreya est dioïque^ ce qui n’est pas, du moins ■
d’une manière absolue, ainsi du reste qu’on peut le j
voir d’après l’article que nous publions ici. i
(Rédaction.) j
317
SUR LA VÉGÉTATION D
à ces noms, se sont demandé pourquoi on
ne dit pas : « mon garçon horticulteur, »
au lieu de : « mou garçon jardinier ; » ou :
«mon horticulteur, » au lieu de : « mon jar-
dinier. y>
Eu cherchant l’étymologie de ces termes,
on trouve en effet qu’ils sont synonymes dans
la plus large acception du mot, et, aussi,
qu’ils ont la même source.
Jardinier est dérivé de jardin, qui vient
de l’allemand garden; remontant plus haut,
on trouve dans le meme sens le vieux fran-
çais jard ou jars; enfin le celte ivard,
gardy qui signifie : lien gardée espace en-
clos ORDINAIREMENT.
Horticulture vient du latin /lorfws, jardin,
et du français culture.
Ilortus (employé par presque tous les au-
teurs latins dans le sens de potager) est le
même radical que le grec chortos, qui veut
dire enclos. Si nous poursuivons, nous
verrons que le grec chortos a fourni le latin
chor, curtis, enclos rural, d’où le mot
français : cour.
De ceci, il résulte que les termes jardi-
nier et horticulteur ont absolument la
même origine.
Mais, avec le temps, la signification d’hor-
ticulteur a changé. Vers la fin du XVH siè-
cle, des jardiniers se sont emparés de cet
agréable néologisme, qui ne sert qu’à re-
hausser cette nohle profession, dont la livrée
est un tablier en toile bleue orné d’une
poche sur le devant. Les sociétés, égale-
ment, ont vu dans cette forme latine un air
de noblesse que ne semble pas avoir le mot
SUR LA VÉGÉTATION E
Le Bambou croît jusqu’au nord de la
Chine; je veux dire jusqu’aux dernières
pentes méridionales de la chaîne mongo-
' lienne ; mais il est toujours abrité contre les
I vents froids, auxquels il ne pourrait ré-
sister (2).
Passé le 38® degré de latitude, sa culture
libre n’est plus possible. Encore, dans ces
conditions, ne peut-il arriver qu’à une faible
croissance, suffisante à son rôle de plante
ornementale, mais insuffisante aux sérieux
usages de l’industrie indigène, à laquelle il
I
! (1) Voir Revue horticole, 1873, p. 95.
(2) Rappelons qu’il s’agil des environs de Pékin et
que la partie de la Chine dans laquelle est placée
cette ville jouit d’un climat extrême, c’est-à-dire
qu’il y fait un froid excessif (jusqu’à 30 degrés) en
hiver, tandis que les chaleurs de l’été sont parfois à
peine supportables.
NORD DE LA CHINE.
jardinier. La première société, fondée en
1807, à Édimbourg, pour favoriser les pro-
grès du jardinage, s’est immédiatement in-
titulée : Caledonian horticultural Society .
Ces jardiniers, disons-nous, ne voulant plus
être confondus avec La Quintinie, qui s’in-
titulait « jardinier de Louis XIV, » ou
Claude Mollet, « jardinier de Henri IV, v
ont formé une secte à part, dont le but est
le commerce.
L’horticulteur, aujourd’hui, établi à son
compte, s’occupe spécialement de plantes
d’ornement, de serre, de plantes de déco-
ration ou de marchés, etc. Ces plantes sont
soumises à une culture spéciale, dont le but
est la vente. Bientôt la qualification s’est
étendue, et successivement s’est appliquée à
d’autres spécialités qu’elle a unies, d’où :
les horticulteur s -maraîcher s, les horti-
culteurs-Répiniéristes, les horticulteur s -
fleuristes^ etc.
La signification y arcfinier, au contraire, est
restée dans sa sphère première; elle a pres-
que perdu et, aujourd’hui, elle ne désigne
plus que celui qui soigne un jardin, qui y
travaille, qui est « en maison bourgeoise. »
En un mot, pour bien établir une diffé-
rence entre ces deux mots : jardinier et
horticulteur, on peut dire que pour beau-
coup de gens, le premier ne rappelle guère
que l’idée d’un homme de peine, d’un jour-
nalier. Le vide tend à se faire de plus en
plus entre ces deux termes. Dès lors, plus
possibilité de dire : « mon horticulteur, »
dans le sens de « jardinier. »
F. Barillet.
[J NORD DE LA CHINE
rend de si importants services. Cependant
les Chinois utilisent ce Bambou du nord ;
ils juxtaposent dans le sens horizontal une
série de tiges, et ils font ainsi des voiles pour
les bateaux; ils l’emploient encore à mille
autres usages d’ordre secondaire sur les-
quels je ne dois pas m’arrêter ici.
J’insiste un peu sur cette plante si inté-
ressante, parce que je sais les efforts que
l’on fait en France pour l’acclimater : les
succès obtenus sont déjà considérables, et
ils ne sauraient être trop encouragés ; mais
je saisis cette occasion pour rappeler que, si
les envois que j’ai faits de Pékin n’ont pu ar-
river sains et saufs au Jardin d’acclimata-
tion, il n’y a guère à le regretter au point
de vue pratique. La Société désirait avoir
des espèces du Nord, dans la pensée que ces
:
SÜK LA VÉGÉTATION DU NORD DE LA CHINE.
318
espèces seraient assez rustiques pour pou-
voir être essayées clans le nord de la France.
Or, je crois que le Bambou, qui pousse si
bien dans le Midi, peut être transporté par-
tout en France, à condition qu’on n’exigera
de lui qu’un développement en rapport avec
la température du milieu ambiant.
Ainsi, le Bambou du nord de la Chine ne
se rencontre que comme plante ornemen-
tale, et s’il n’est protégé par des clô-
tures et bien abrité des vents, il dépérit et
meurt (1).
Presque toutes les variétés de céréales
sont représentées dans la région que nous
étudions : le Sorgho, le Maïs et le Millet do-
minent; le Blé est rare. Les Chinois leur
donnent un soin tout particulier.
On croit assez communément que le Riz
est l’aliment le plus ordinaire des Chinois;
ce n’est pas exact. Dans le Sud, sa cul-
ture est si répandue, que chacun, riches
et pauvres, peut en user. Mais, dans les
provinces du Nord, on ne peut le cultiver
partout; il est presque un aliment de luxe;
il coûte plus cher, puisqu’il e.st acheté au
loin. Les riches ne s’en privent pas, mais les
pauvres n’en mangent qu’accidentellement.
C’est donc au Millet qu’ils ont recours, et
l’on ne doit pas les plaindre, car l’analyse a
démontré qu’il est plus nourrissantque le Riz.
Au point de vue agronomique, il existe,
comme on sait, deux grandes classes de Riz :
le blanc, qui ne vient que dans l’eau; le sec
ou Riz des montagnes, appelé Riz impérial
en souvenir de l’empereur Cang-hi, qui l’a
découvert et propagé (2). C’est le seul qu’on
trouve au nord de la grande muraille. Son
goût est agréable ; son grain est un peu rosé
et plus allongé que celui du Riz blanc. Je
n’insiste pas davantage sur ces points si con-
tl) Nous croyons que les observations de M. Mar-
tin, appliquées aux Bambous, ne doivent pas être
prises à la lettre. En effet, en disant : « le Bambou
du nord de la Chine, » il laisse croire qu’il n’y a
(ju’une espèce de Bambou dans cette partie de l’em-
pire, ce qui peut paraître au moins douteux lors-
qu’on réfléchit au rôle immense que cette plante
joue dans cette partie de l’Asie, qu’elle y est d’un
usage à peu près général, soit pour les construc-
tions, soit pour fabriquer une foule d’objets ou
ustensiles ménagers ou industriels. C’est du reste
un fait mis à peu près hors de doute par les échan-
tillons qui nous arrivent de temps à autre de la par-
tie septentrionale de la Chine. {Note du rédacteur.)
(2) Ici nous devons reconnaître que les temps ont
bien changé et qu’en Europe du moins, si nous en
jugeons par ce qui existe de nos jours, les empe-
reurs s’occupent de toute autre chose que de recher-
cher des plantes utiles. Le règne de Triptolème est
loin de nous. Toutefois ; nous ne blâmons pas, nous
constatons des faits. C’est de l’histoire.
' nus ; je veux cependant essayer d’élucider
I une question qui n’est pas sans intérêt.
: Le P. Grosier dit, dans son ouvrage, qu’il
existe un Riz blanc et un Riz rouge. Il
donne ainsi à croire que ce sont deux es-
' pèces naturelles distinctes. J’ai recherché ce
Riz rouge, et j’ai pu, en effet, trouver dans
' le commerce des grains d’un rouge plus ou
I moins brun, jamais bien uniformes de cou-
leur, ce qui déjà me faisait suspecter l’im-
: portance naturelle spécifique de cette cou-
I leur. D’autre part, la saveur du grain est à
I peu près la même que celle du Riz blanc.
! Bref, nous avons conclu qu’il ne s’agit là que
I d’une coloration due à un commencement
de fermentation. Aussi, commercialement,
! le Riz rouge est inférieur au Riz blanc ; il
■ coiïte moins cher, et on ne le voit jamais
sur la table des riches. Je me suis demandé
s’il n’y avait pas là une altération compa-
rable à l’ergotisme ; mais les Chinois ne se
sont jamais aperçus d’accidents apprécia-
bles. Il s'agit donc d’un simple change-
ment moléculaire ne conférant aucune pro-
priété toxique, et conséquemment sans
importance hygiénique.
Les rizières se rencontrent surtout au
nord de Pékin, parce qu’elles se trouvent là
sur le parcours des rivières et des ruisseaux
I sortant des montagnes. Il semblerait que les
grandes chaleurs de l’été doivent donner
naissance aux miasmes des marais. Cepen-
I dant l’endémie paludéenne n’existe pas, au
I moins d’une façon appréciable.
I Un mot encore à propos du Riz.
I On l’a aussi divisé en Riz ordinaire et
Riz glutineux. Le premier est le seul qui
soit exporté : il est d’autant meilleur qu’il
se cuit plus aisément et sans se réduire en
bouillie ; l’autre, le glutineux, a été appelé
ainsi parce qu’à une certaine cuisson, les
graines s’agglomèrent et forment une sorte de
! purée désagréable. C’est ce que le mot glu-
j tineux exprime, et il serait peut-être plus
I juste d’y substituer le mot gélatineux,
’ car l’expression glutineux donne l’idée de
gluten, et peut faire croire que ce Riz en
renferme plus que l’autre, tandis qu’il n’en
est rien. Mais les Chinois utilisent cette pro-
priété agglutinative, et ils en font un pain
qu’ils mélangent plus ou moins de farine de
Blé et de Maïs.
Le Sorgho est très-répandu dans cette
région. Il y en a plusieurs espèces ; la prin-
cipale est celle que les Chinois appellent le
Kao-lean. Il atteint jusqu’à 3 mètres de
hauteur. Sa graine donne un alcool. Elle est
la principale nourriture du cheval et du mu_
SUR L.\ VÉGÉTATION DU NORD DE LA CHINE.
319
let. Sa lige succulente sert aussi de paille
comestible aux animaux, et pendant l’hiver
de combustible aux pauvres.
Bien que la Pomme de terre ait été in-
troduite en Chine depuis le commencement
du siècle, elle n’a pas jusqu’ici fait de sen-
sibles progrès. Bans les provinces du Sud,
les étrangers s’en occupent, dans leur inté-
rêt tout au moins. Dans celles du Centre,
les missionnaires trouvent en elle une res-
source très-précieuse, et peu à peu les ha-
bitants s’y accoutument; ils l’appellent la
Patate des musulmans, parce qu’ils la croient
apportée par eux, et, comme on le sait, le
nombre des musulmans s’accroît chaque
jour en Chine. Probablement, s’ils savaient
que ce sont les Européens qui l’ont ap-
portée, ils se montreraient plus indifférents
pour elle. Car, d’une manière générale, on
peut dire que, à priori et systématiquement,
tout Chinois répugne à ce qui lui vient d’Oc-
cident. Bien que je ne veuille pas justifier
( une disposition d’esprit national qui a jus-
: qu’ici empêché et empêchera peut-être tou-
i jours ce peuple d’entrer de bonne volonté
I dans le concert des autres nations, je dois
i pourtant reconnaître qu’il a quelques rai-
sons non décisives, mais au moins discuta-
: blés, d’agir ainsi. Je laisse cette grave ques-
1 tion étrangère à mon sujet ; mais je fournirai
un exemple frappant de ce sentiment d’op-
position : la vaccine commence à se répandre
parmi la société chinoise; mais que d’efforts
il a fallu et il faudra encore pour la faire dé-
finitivement accepter !
Dans les campagnes, lorsqu’un mandarin
' intelligent et convaincu veut s’en occuper,
il est obligé de cacher l’origine étrangère de
i cette pratique : il publie que c’est une dé-
i couverte impériale, et, grâce à ce strata-
i gème, ces braves Chinois laissent là leur
! antique, insuffisante et souvent dangereuse
inoculation, et prennent la vaccine (1).
IUn autre exemple est relatif au Baisin,
dont je parlerai plus loin. La variété à jus
noir fut introduite par les premiers mission-
naires. Eh bien ! il n’en existe plus. Quant
à moi, je n’en ai trouvé que dans un seul
endroit; c’est dans le jardin du cimetière ca-
tholique où reposent les cendres respectées
par les Chinois de ces savants illustres qui
étaient venus leur apporter tant de bienfaits
aujourd’hui effacés.
(i) Nous constatons, à regret, que de tout temps
et dans tous les pays, rien n’est difficile à faire
comme le bien, que [le plus souvent le recomman-
der ne suffit pas, qu’il faut l’imposer.
(Note du rédacteur.)
Je reviens à la Pomme de terre, qui se
propage dans le Sud avec assez de rapidité ;
mais dans le Nord, et notamment aux en-
virons de Pékin, les Chinois ne la cultivent
pas. B y a bien quelques jardiniers qui s’en
occupent, mais c’est pour les vendre aux
Européens qui résident à Pékin, et dont ils
en reçoivent un prix très-rémunérateur. La
preuve, c’est que je n’en ai jamais vu sur
les marchés de la ville. La population con-
somme une grande quantité de Patates et
d’ignames.
La Patate est, depuis plusieurs années,
acclimatée en Europe; mais il ne semble
pas qu’elle ait encore fait une concurrence
sérieuse à notre Solanée.
J’en dirai autant de l'Igname, et j’ajou-
terai qu’elle n’est pas cultivée (je crois)
comme elle devrait l’être. Je connais plu-
sieurs personnes qui s’en sont occupées et
ont fini par y renoncer. Je suppose que leur
insuccès tient à ce qu’on donne à l’Igname
des terrains préparés comme pour la Pomme
de terre, c’est-à-dire des terrains secs. Il
lui faut, au contraire, des terrains hiimides,
facilement perméables, car sa racine est pi-
votante, et si elle est gênée dans sa direc-
tion perpendiculaire, elle souffre et s’arrête
dans son développement. Sans que l’Igname
et la Patate puissent prétendre détrôner
notre Solanée, elles peuvent lui être un utile
auxiliaire depuis que la maladie de notre pré-
cieux tubercule semble avoir revêtu un ca-
ractère chronique.
Les Chinois ne se plaignent pas de la ma-
ladie de l’Igname et de la Patate. Elles sont
faciles à cultiver et poussent à peu près par-
tout.
Autour des villes, les potagers sont en-
tretenus avec un soin extrême, et irrigués
par des procédés ingénieux et simples. Sous
ce rapport également, les progrès de l’in-
dustrie étrangère ne sollicitent pas le Chi-
nois : il regarde avec indifférence, sinon
avec dédain, nos inventions et nos machines,
et demeure immobile et comme stéréo-
typé dans sa civilisation tant de fois sécu-
laire.
Et s’il fabrique des vaisseaux, des canons,
des fusils, de la poudre, d’après les procé-
dés et avec des ingénieurs européens, c’est
qu’il ne s’avoue pas vaincu et songe à re-
commencer la lutte.
Les potagers, disais-je, sont bien aména-
gés. Les légumineuses de toutes sortes
abondent, ainsi qu’une variété infinie de Cu-
curbitacées. L’Aubergine atteint des dimen-
sions inconnues chez nous.
320
PlUMULA CORTUSOIDES AMÆNA ET VARIÉTÉS.
Leur espèce de Choux est également
bonne pour la cuisson et pour la salade.
Leurs Radis, Navets, Carottes, sont beaux
d’aspect, mais moins savoureux r^ue les nô-
tres. Ils font fermenter leurs Navets dans
un lic|uide acidulé, et s’en servent comme
d’un condiment pour relever leur Millet et
leur Riz.
On peut dire, d’une manière générale,
que tous les légumes chinois, au moins ceux
du Nord, sont moins délicats que les nôtres.
Je n’en rechercherai pas ici les causes : je j
serais entraîné trop loin. Je tiens seulement
à affirmer le fait connu de tous ceux qui ré- ^
sident en Chine. D’autre part, toutes les
graines apportées d’Europe, quelques pré-
cautions qu’on ait prises à les choisir et à les
transporter, ne donnent que des produits in-
férieurs à la première récolte et dégénèrent
ensuite, au point de décourager et de faire
abandonner des tentatives nouvelles. C’est
I ce qui est arrivé à l’abbé David, qui, pen-
dant plusieurs années, a fait des essais in-
fructueux. On peut faire à peu près les mêmes
remarques à propos des fruits. (1).
Martin.
(La (in prockameu\ent.}
l'KIMUJ.A CORTUSOIDES AMÆNA ET VAlUtTÉS
On a fait, l’an dernier, beaucoup de bruit
autour du Primula Japonica. A peine cette
plante était-elle déballée chez M. William
Rull, à Chelsea, qui la recevait par l’inter-
médiaire de M. Hodgson, consul anglais au
Japon, que tous les échos la proclamaient la
c( reine des Primevères. »
Cette grande habitude d’aller si vite à
prôner une chose presque inconnue est très-
funeste, et souvent devient la source d’un
grand nombre de déceptions.
Nous en avons encore la preuve aujour-
d’hui. La Primevère du Japon, déclarée
c( reine » de ce genre l’année dernière, vient
de descendre du Capitole, et y est remplacée
cette année par le Prinnda cortusoides
amœna.
Celle-ci est très-rustique et, par cela
même, devrait être plus appréciée qu’elle
ne l’est réellement. L’expérience est là pour
nous convaincre : voyez les jardins d’Illford
et de ChisAvick, et vous serez charmés à la
vue des magnifiques bordures de cette
plante, qui, malgré les pluies incessantes de
la dernière saison d’hiver, n’en a pas moins
donné une floraison des plus brillantes.
(1) Ce fait, loin d'étonner, doit faire voir que la
grande loi de l’inlluence des milieux, à laquelle tout
obéit, est la principale cause — sinon la seule — qui,
en donnant aux êtres particuliers des caractères en
rapport avec ces milieux, déterminent les formes à
l’aide desquelles les savants font des espèces. La
Le Prinnda cortusoides anurna doit être |
planté en pleine terre, dans une position |
aérée, et dans un sol composé de terre i
franche, terreau de feuilles et sable.
La multiplication s’opère en août par di- j
vision des touffes, que l’on rempote et
qu’on place sous châssis froid jusqu’à com- |‘
plète reprise. On les plantera ensuite en
bordures à la place qu’elles doivent occuper
pour fleurir au printemps suivant.
Cette Primevère peut être également uti-
lisée pour la garniture des rochers.
En résumé, le Primula cortusoides i:
amœna avait, lors de son apparition, peu |
promis; mais, contrairement à tant d’autres,
il a beaucoup tenu, et, sous beaucoup de
rapports, il est préférable au Primula Ja-
ponica. Il a donné plusieurs variétés, dont
l’une, à fleurs blanches, n’est pas aussi re-
cherchée que le type; les hampes sont trop
flexibles, et les fleurs ne se développent
que d’une manière imparfaite. i
Quant à la variété à fleurs de couleur
lilas, elle est très-distincte et est parfai- [ i
tement digne de figurer dans nos jardins. | ]
,J. Jarlot. :
nature fait des choses ; l’homme, en créant des mots
qu’il leur applique afin de les distinguer, se fait des
illusions sur son mérite... Les remarques qu'a faites
en Chine l’ahhé David, il n’est personne qui autour
de soi n’en connaisse de nombreux exemples.
{Note du rédacteur.)
Orléans, inip. de G. Jacob, Cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine d’aout)
Les promenades de Paris^ par M. Alphand. — Vente des plantes de ÎM. Linden, horticulteur à Gand. —
Exposition organisée au parc de la Tète-dOr par le Cercle horticole lyonnais. — Nouvelles variétés de
Fraises de M. RiHaud. — Vente de la collection de plantes de M. de Jonghe Van Ellement. — La
maladie des Pommes de terre : expériences de M. Georges Ville; analogie enlie la maladie des
Pommes de terre et la maladie de la Vigne. — Communications sur le phylloxéra : note de M. Henri
Marcs ; expériences de M. Petit : emploi de nouveaux agents de destruction du phylloxéra. —
Phonnimn lenax à feuilles panachées : le jardin de M. Ilamond, à Chei hourg ; lettre de
M. Lafosse. — Les graines d’essences forestières de M. d'Ounous. — Exposition de Roses à Spa: lettre
de M. Léon de Saint-Jean. — Développement d’un pied de Cycas revoluta sous rinlluence des engrais
chimiques. — Les fausses déclarations dans les expositions d'horticulture : mesure prise par la Société
d’horticulture de Marseille; lettres de M. William Paul et de M. Walton. — Emploi du jus de tabac
contre le puceron lanigère : lettre de M. Robinet. — Greffe de la Vigne sur le Minier du Japon,
pour détruire le phylloxéra; un passage de Pline ; rappel aux lois de la physiologie végétale.
Commençons celte chronique par une
bonne nouvelle :
L’ouvrage le plus remarquable qui ait été
fait sur les jardins est sans contredit celui
qui a pour titre : Les promenades de PariSj
par M. Alphand. Nous nous empressons
d’informer nos lecteurs que ce travail gi-
gantesque, véritable monument que, dans
ce genre, l’on peut considérer comme une
merveille, vient d’être terminé, et qu’on
peut se le procurer chez M. Rotschild, li-
braire-éditeur, rue des Saints-Pères, à Pa-
ris. Nous y reviendrons dans un article spé-
cial, où nous essaierons d’en faire un
compte-rendu.
— La vente des plantes de M. Linden,
horticulteur à Gand , annoncée depuis
quelque temps, mais sans date, est définiti-
vement fixée au 8 septembre prochain et
jours suivants. Un catalogue sommaire des
collections qui sont à vendre est à la dispo-
sition des personnes qui voudront en faire
la demande.
L’ordre de la vente, que nous extrayons
du catalogue, est ainsi conçu :
Lundi 8 septembre. — Orchidées de serre
chaude et tempérée.
Mardi 9. — Orchidées de serre chaude et
tempérée.
Mercredi 10. — Suite et fin des Orchidées de
serre chaude et tempérée. — Éditions entières
de plantes nouvelles et inédites,, et Introductions
récentes spéciales à FÉtablissement.
Jeudi 11. — Orchidées de serre froide.
Vendredi 12. — Palmiers, Cycadées et Panda-
j nées en spécimens de choix en grands exem-
plaires.
Samedi 13. — Palmiers en jeunes plantes bien
caractérisées et en potées.
Lundi 15. — Arbres à fruits des tropiques;
1er SEPTEMBRE 1873.
plantes utiles, officinales, médicinales , véné-
neuses, à épices, etc., etc.
Mardi 16. — Plantes de serre chaude et tem-
pérée à feuillage ornemenlal.
Mercredi 17. — Suite des mêmes plantes, et
Broméliacées et Népenthes.
Jeudi 18. — Fougères, Agaves, Yuccas, plantes
de serre froide et de plein air.
Vendredi 19. — Plantes à feuillages pour ap-
partements et plantes variées de tout ordre.
— Les 18, 19, 20 et 21 septembre 1873,
le Cercle horticole lyonnais fera à Lyon,
au parc de la Tête-d’Or, une exposition à
laquelle tous les amateurs et horticulteurs
français et étrangers sont priés de prendre
part. Tous les objets horticoles proprement
dits, ainsi que les produits industriels se
rattachant à l’horticulture, seront admis.
Les demandes d’admission devront être
adressées à M. E. Rohner, secrétaire de la
commission d’organisation, 60, avenue de
Noailles, et indiquer, avec les noms et
adresses des personnes, la nature et le nom-
bre des objets qu’elles se proposent d’ex-
poser.
— M. Riffaud, fraisiériste, rue Saint-
Dominique, 10, à Châlons-sur-Marne, le
digne continuateur du docteur Nicaise, dont
au reste il était la « cheville ouvrière, »
comme l’on dit, informe le public qu’il va
mettre au commerce pour la première fois,
le 15 septembre 1873, quatre nouvelles va-
riétés de Fraises dont il est l’obtenteur. En
voici les noms et la description :
Aglaé du Bernet. Fraise très-grosse et grosse,
presque orbiculaire, plus largo que longue, ver-
millon clair, chair vermillonnée à la circonfé-
rence et blanche au centre, beurrée, sucrée,
fondante, Irès-parfumée. Excellentissime.
17
322 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE D’AOUT).
Plante d’une vigueur et d’une rusticité remar-
quables, fertile, hâtive.
Ed. André. Fraise très-grosse, en cône tron-
qué, quelquefois carrée à son sommet, rouge clair,
chair vermillonnée et blanche, goût framboisé
remarquable. Exquise.
Plante vigoureuse et rustique, d’une très-
grande fertilité, tardive.
Augustine Chrétien. Fraise très-grosse et
grosse, arrondie et aplatie, rouge clair, chair
blanche, parfumée, très-agréable, fondante, très-
bonne.
Plante d’une vigueur moyenne, fertile, demi-
liâtive.
Comte d'Esclaibes. Fraise grosse, en cône ré-
gulier, rouge clair vernissé, chair vermillonnée,
parfumée, peu acidulée, très-juteuse, très-bonne.
Plante d’une grande vigueur, très-fertile, très-
tardive.
— Encore une collection de plantes qui
va disparaître ! ce que démontre la circulaire
suivante, que nous venons de recevoir :
— Vers la mi-septembre prochain se fera, par
devant notaire, la vente publique aux enchères
de la collection A' Agaves^ Fourcroyas et Bes-
chornerias appartenant à M, de Jonge Van El-
lement, royaume des Pays-Bas, Oostkapelle, pro-
vince de la Zélande, lez Middelbourg, à deux
lieues du chemin de fer de Flessingue à Roosen-
daal, Bruxelles, Rotterdam et Cologne , et dont
plusieurs exemplaires, rigoureusement étiquetés,
sont décrits dans prof. Karl Koch’s Wochens-
chrift, ann. 1871, n» 35, page 273, et dans la
Belgique horticole de M. le prof. Ed. Morren,
ann. 1871, page 115.
Le catalogue détaillé de la vente sera expédié
sous peu de jours.
Château d’Overduin, Oostkapelle lez Middel-
hourg, ce 8 août 1873.
— Cette année 1873, qui a été relative-
ment très-humide, semble avoir été parti-
culièrement favorable à la maladie des
Pommes de terre. En effet, de tous côtés,
presque, on se plaint de ses ravages; sur
différents points même, les plantes sont
presque complètement mortes. A quoi donc
est due cette maladie, sur laquelle on n’est
même pas fixé quant au nom, bien que des
savants s’en soient occupés? Si seulement, à
part le nom, la cause était bien connue! Sur
ce point encore, on est loin d’être d’accord.
En général, pourtant, on semble s’accorder
à dire qu’elle est déterminée par l’absence
de potasse. Jusqu’ici la chose pouvait encore
être considérée comme une hypothèse, au-
cune expérience sérieuse n’étant venue l’ap-
puyer; on avait bien annoncé le fait, mais
toujours d’une manière vague , aucune dé-
monstration scientifique n’ayant justifié les
quelques faits que l’on citait. Maisaujourd’hui
la question entre dans une nouvelle phase :
des expériences comparatives sérieuses,
faites par M. le professeur Ville, semblent
devoir donner une solution à cette question,
qui est de la plus haute importance. Les
faits dont nous parlerons dans un prochain
article, et dont tout le monde a pu constater
les résultats à Vincennes, à l’École expéri-
mentale créée et dirigée par M. Ville, sont
des plus satisfaisants et semblent être con-
cluants. Là, en effet, à côté de parcelles for-
tement attaquées par le Peronospora infes-
tans, on en voit d’autres qui, placées dans
des conditions identiques de sol et d’exposi-
tion, se sont conservées parfaitement saines.
Les expériences dont nous parlons ont
cet autre et immense avantage de montrer
la grande analogie qui semble exister entre
la maladie des Pommes de terre et celle de
la Vigne, — il s’agit pour celle-ci de Voï-
dium, non du phylloxéra, — puisque des
Vignes placées à côté des Pommes de terre
et soumises au même traitement ont mon-
tré des elfets tout à fait semblables, ce qui
semble indiquer que si les causes ne sont
pas tout à fait identiques, elles ont néan-
moins d’étroites connexions, et que les
mêmes traitements pourraient probable-
ment leur être appliqués. Nous reviendrons
sur ce sujet.
— Les communications au sujet du phyl-
loxéra abondent toujours à l’Académie ;
mais, malheureusement, elles portent plu-
tôt sur l’étude et la nature du fléau que sur
les moyens de le détruire, ce qui, pourtant,
vaudrait mieux. Toutefois, il ne faut pas
désespérer, quelques essais ayant donné des
résultats qui semblent indiquer que pro-
chainement on arrivera à une solution heu-
reuse de ce terrible problème. Ainsi,
M. Henri Marès informe l’Académie que,
parmi diverses expériences qui ont été faites,
il en est une qui a donné d’assez bons résul-
tats : c’est l’arrosage des Vignes attaquées
avec de l’urine provenant soit de l’homme,
soit de différents animaux.
Parmi quelques autres expériences faites
sur le même sujet, il en est une qui semble
avoir donné des résultats encore meilleurs
que la précédente ; l’auteur de cette com-
munication estM. Petit, lequel déclare avoir
découvert dans la chimie industrielle trois
agents à l’aide desquels on pourra arriver à
la destruction du phylloxéra. Ce sont :
J O Le goudron tel qu’on l’obtient parla
distillation de la bouille; 2^ l’eau ammonia-
323
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AOUT).
cale des usines à gaz où l’on n’extrait pas
l’ammoniaque; la chaux qui sort des
épurateurs, fraîche ou conservée dans des
caisses.
Cette fois, nous n’avons pas seulement
des dires, mais des faits qui semblent ne
laisser aucun doute sur la valeur du procédé,
qu’ils paraissent même confirmer ; ils sont
les résultats d’expériences faites sur un vi-
gnoble situé à Congéniès (Gard). Voici ce
qu’écrit M. Petit :
Première opération. — On découvre les ra-
cines principales, et, suivant la force, l’âge, la
constitution du sujet, on verse 1 kilogramme à
Ik 500 de goudron sur les deux, trois, quatre
racines, ou bien on divise en trois ou quatre
parties le goudron, et on le verse entre les ra-
cines, ce qui forme un flocon assez gros, que
l’on couvre aussitôt d’une première couche de
terre.
On verse deux litres d’eau ammoniacale au-
tour de la souche, sur la direction des racines.
3° On tamise aussi régulièrement que pos-
sible 1^500 à 2 kilogrammes de chaux fraîche
des épurateurs à gaz, sur un rayon de 0^ 35 au-
tour de la souche, et l’on a soin de la couvrir
parfaitement avec le surplus de la terre; autre-
ment l’odeur flétrirait les feuilles, si l’opération
venait à se pratiquer en mai ou juin.
Trois cents souches environ, de différents cé-
pages, ont subi ce traitement. Toutes les autres
à l’entour, au nombre de plus de 10,000, sont
actuellement sèches et perdues.
Le propriétaire n’avait pas voulu en traiter
davantage. Aujourd’hui il a pleine confiance
dans le résultat.
Le 2 juin dernier, j’allai visiter ces trois cents
pieds de souches; je les trouvai sains, vigoureux
et robustes, tous chargés de pampres comme
dans les plus belles années de production.
Je fis découvrir les racines de quelques sou-
ches du milieu ; il n’y avait plus de phylloxéra ;
les racines étaient brunes, saines, et avaient ré-
paré les attaques du suceur. Le goudron, réuni
en flocons, avait conservé toute son odeur; il
semblait fraîchement posé.
J’allai plus au bord pour voir si les souches
limitrophes étaient dans le même état. Sur les
grosses et moyennes racines, il n’y avait plus de
phylloxéra; seulement les plus petites, touchant
aux radicelles, en conservaient quelques-uns,
mais très-rares. Avec la loupe je constatai qu’au
lieu d’être d’un jaune clair brillant, ils étaient
devenus d’un brun trouble (comme autrefois les
graines malades du ver à soie, sauf la couleur),
offrant des signes visibles de décomposition,
donnant sur le papier blanc une liqueur jaunâtre
sombre.
Une observation essentielle, c’est que toutes
ces souches avaient produit de nouvelles racines,
généralement verticales, à l’opposé du goudron;
lorsque le goudron en avait imprégné le dessus,
elles jetaient des pousses en dessous
— A la date du 20 juillet dernier, un
grand amateur de plantes, M. Joseph La-
fosse, nous adressait une lettre dont nous
extrayons quelques détails qui pourront in-
téresser nos lecteurs. Voici :
SaintCôme-du-Mont, 20 juillet 1873.
Cher Monsieur Carrière,
A l’époque de l’arrivée de S. M. le shah de
Perse à Cherbourg, j’ai eu le plaisir de passer
quelques journées agréables chez M. llamond
Vous annonciez dernièrement dans la
Revue horticole qu’un pied de Phormium fenax
à feuilles panachées avait fleuri en plein air à la
Muette.
11 y a aussi en ce moment, dans le jardin de
M. Hamond, au centre d’un massif d’Azalées in-
diennes, une forte touffe de cette variété qui est
en fleur.
Ce pied fut acheté chez M. Veitch, à une
époque où le Phormium panaché était extrême-
ment rare ; il a été planté à la place qu’il occupe
en ce moment dans l’automne 1866 ; il a sup-
porté les hivers de Cherbourg depuis cette
époque, sans souffrir; il semble même plus rus-
tique que l’espèce type à feuille verte.
La touffe, qui ne se composait, dans le prin-
cipe, que d’un seul rejeton, en comprend huit
maintenant. Ses grandes feuilles, larges de
10 centimètres sur 1 mètre et plus de longueur,
sont admirablement panachées de bandes où le
jaune pâle et le vert contrastent l’un avec l’autre.
Dans les localités où le Phormium peut suppor-
ter la pleine terre, cette variété charmante pren-
dra rang parmi les plantes les plus hautement
ornementales ; pour l’orangerie, elle n’a pas de
rivale à craindre.
La fleur, que je vois pour la première fois,
me frappe par son aspect exotique ; une tige
forte et raide plus grosse que le doigt, haute de
2 mètres, porte dans sa partie supérieure une
douzaine de racèmes alternes, composées chacune
de 10 à 20 fleurs érigées, qui rappellent la dis-
position et la forme des Heurs de V Agave ameri-
cana.
Ce qui m’a surtout frappé, comme je viens de
le dire, c’est le faciès et le coloris particulier de
cette hampe florale ; elle a quelque chose de.
métallique ; l’on dirait que la tige et les fleurs
ont été fondues d'un seul jet en bronze. La cou-
leur, pour toutes ces parties, est un gris bru-
nâtre violacé recouvert d’une pulvérulence
glauque ; les étamines seules sont saillantes et
d’un rouge orangé vif.
M. Ternisien, que vous connaissez, étant venu
passer la soirée avec nous, on le conduisit natu-
rellement devant cette fleur de Phormium : « Il
faut convenir, dit-il, qu’elle a la couleur et l’as-
pect du bronze florentin. » Je ne lui avais pas
cependant fait part de ma première impression,
que j’avais notée, et qui correspond exactement
avec la sienne.
J’ai vu, il y a quelques années, plusieurs pieds
de Phormium tenax type, en fleur, mais je n’ai
324
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AOUT).
plus assez présent à la mémoire son aspect et
son coloris pour me rappeler s’il est identique,
sous ce rapport, avec sa variété panachée.
Je n’entrerai pas dans d’autres détails, pour
cette fois, sur le magnifique jardin de M. Ila-
mond ; cependant, je ne puis m’empêcher de
vous citer une espèce bien rare qu’il aura eu
l’honneur d’avoir introduite et acclimatée à
Cherbourg. Contre un mur, en espalier, vous
pourriez voir un pied de Fremontia Californica^
haut de 2 mètres et très-vigoureux. Ce bel ar-
buste, qui offre l’aspect d’une Malvacée ligneuse,
n’a pas encore fleuri ; il n’a jamais souffert du
froid. Comme le Phormium à feuilles panachées,
ce Fremontia a été acheté chez M. Veitch, de
Londres.
Nous sommes allés passer un jour chez M. Her-
pin de Frémont, à Brix ; j’ai été émerveillé de
ses succès. Je regrette vraiment de ne pouvoir
vous entretenir cette fois-ci de ce jardin hors ligne.
Il est facile de constater que depuis quelques
années, tant parmi les marchands que parmi les
amateurs, l’horticulture a fait des progrès éton-
nants à Cherbourg. Sous ce rapport, cette ville
ne tardera pas à se placer en première ligne.
Croyez-moi, cher Monsieur, etc.
P.-Joseph Lafosse.
— Dans une lettre que vient de nous
adresser notre collaborateur, M. Léo d’Ou-
nous, après nous avoir dit que la récolte en
graines de beaucoup d’essences forestières
qu’il possède, telles que Cèdres, Pins, Celtis,
Sophora, Magnolia, etc., s’annonce très-
bien et promet même d’être abondante, ce
qui lui permettra d’en disposer en faveur
des personnes qui lui en feront la demande,
ce dont nous le remercions, ajoute :
Quoique moins éprouvés par les gelées prin-
tanières, qui ont causé tant de dégâts dans le
nord et l’ouest de la France, les arbres fruitiers
du sud-ouest ne donneront en général que de
faibles produits : des Pêches et des Poires, peu ;
il en est de même des Pommes; mais, par contre,
les Noix, les Amandes, les Châtaignes, et sur-
tout les Raisins, sont fort beaux et en grande
abondance.
Puis il termine par cette bonne nouvelle :
(( Peu ou point d’oïdium; pas de phyl-
loxéra. y>
— Au sujet de ce que nous avions écrit
dans notre chronique du août, p. 282,
relativement à l’exposition de Roses qui a
eu lieu à Spa (Belgique), nous avons reçu
de M. Léon de Saint-Jean la lettre suivante,
que nous nous empressons de publier. La
voici :
Monsieur Carrière, rédacteur en chef de la
Revue horticole, Paris.
Dans votre numéro du Rr août et dans la
chronique, j’ai lu avec peine un paragraphe
dans lequel l’exposition de Roses de Spa était
traitée par un membre du jury de « fiasco ».
J’ai eu l’honneur d’être appelé comme membre
du jury de cette exposition, et certes, je ne suis
point de l’avis de celui qui s’est servi de ce
terme-là.
Bien entendu, je ne dirai pas que c’était une
merveille; mais c’était un premier essai, qui
a réussi mieux qu’on ne pouvait l’espèrer; aussi
est-il à peu près certain que si l’année pro-
chaine la ville de Spa fait une nouvelle exposi-
tion de Roses, elle sera splendide.
Paris, Lyon, Brie-Comte-Robert et les villes
horticoles de France tiendront à s’y faire repré-
senter par leurs magnifiques produits.
Je regrette donc cette expression, attendu
que c’est jeter une défaveur morale et sur les
produits exposés et sur les exposants.
Il faut encourager par tous les moyens l’hor-
ticulture en France et à l’étranger, mais je ne
crois pas qu’il soit bon de faire regretter les ef-
forts faits pour, sinon amener à bien, du moins
pousser à la stimulation et au désir de mieux
faire en vue du progrès horticole.
Je vous serais infiniment obligé si vous me
faisiez l’honneur d’insérer ma lettre dans votre j
prochain numéro. j
Veuillez, etc. Léon de Saint-Jean, !
Président du Congrès des rosiéristes.
Nous sommes certainement três-heureux j
d’avoir l’occasion de nous expliquer et de ;
faire disparaître l’idée qu’on aurait pu nous
attribuer de jeter un blâme sur une chose
que, au contraire, nous cherchons à encou-
rager; mais nous ne voyons vraiment pas en
quoi nous avons pu (( jeter une défaveur |
morale et sur les exposants et sur les pro- |
duits exposés, » en répétant, sans mauvaise )
intention aucune, une phrase qui nous avait j <
été dite et qui, lors même qu’elle eût été , I
vraie, n’enlevait rien au mérite de l’exposi- 1 1
tion, qui restait alors ce qu’il est. Mais il y | :
a plus, et il nous paraît suffisamment dé- I j
montré, par le passage dont nous terminions j
notre article, que, loin de chercher à (( jeter j
un blâme sur l’exposition, » nous étions au I
contraire peiné d’apprendre que le résultat |
n’avait pas été satisfaisant, et comme ce n’était |
encore qu’un doute, nous exprimions le dé- j <
sir d’être détrompé, ce qui ressort claire-
ment de cette phrase, par laquelle nous
terminions notre article, et que nous répé- |
tons : I
« .... Nous le regrettons, et désirons i
qu’on puisse démontrer le contraire, car les j sj
déceptions en ce genre ne sont jamais favo- j ^
râbles à personne; l’horticulture surtout a |
tout à perdre. » ;
Aussi, nous le répétons, nous sommes i
doublement satisfait : d’abord d’apprendre
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE D AOUT).
que nos craintes étaient mal fondées, que,
par conséquent, nos désirs sont en partie
réalisés, et surtout de l’occasion que nous
fournit M. Léon de Saint-Jean de le recon-
naître et de lui en témoigner publiquement
notre reconnaissance.
— Un fait des plus remarquables, peut-
être, est le développement considérable,
inusité, anormal, pourrait-on presque dire,
qui, en très-peu de temps, à l’aide d’un en-
grais composé par M. Ville, professeur au
Muséum, s’est produit sur un pied de Cycas
revoluta, Thunb. En effet, au moment du
bourgeonnement, on voyait soixante-sept
feuilles, tendres et luxuriantes, qui par leur
uniformité de force et de vigueur, parais-
saient s’être développées spontanément. C’é-
tait comme une sorte de buisson, placé au
sommet de la tige , en un mot une végéta-
tion comme jamais peut-être on n’en avait
vue jusque-là.
Qui avait produit un tel résultat? A peine
"200 grammes d’engrais pulvérulent mis
trois semaines environ auparavant. Cet en-
grais, après avoir été placé sur la terre de
la caisse préalablement héquilléef fut légè-
rement recouvert. Ce résultat n’est rien
moins que merveilleux. Mais combien d’es-
sais de ce genre ne pourrait-on faire ! et
qui peut dire jusqu’où l’on irait! Mais,
aussi, est-ce à dire qu’il faille employer cet
engrais partout, sur tout, et toujours? Évi-
demment non. Soutenir une pareille opinion
serait faire preuve d’ignorance et aussi
opposé à la raison que de soutenir qu’on
peut nourrir tous les animaux, l’homme y
compris, avec une même substance, ce qui
serait absurde : un fou seul pourrait avoir
cette idée.
Toutefois, un tel résultat doit encourager
à tenter des expériences de ce genre, ce que
nous n’hésitons pas à conseiller, en recom-
mandant toutefois d’agir avec prudence. On
nous a promis d’intéressants détails sur ces
engrais ; nous nous empresserons de les
faire connaître.
— Depuis bien longtemps déjà, de vérita-
bles et honorables horticulteurs se sont
plaints d’une sorte de fraude qui se pratique
presque ouvertement dans un très -grand
nombre d’expositions horticoles, et qui con-
siste à exposer des plantes qu’on vient par-
fois de se procurer ailleurs et qu’on n’est
même pas en mesure de fournir. On com-
prend qu’une telle manière de faire est dou-
blement préjudiciable, d’abord en trompant
le public qui alors s’adresse à la personne
qui souvent même ne peut le satisfaire :
ensuite parce qu’elle nuit an producteur, qui
n’étant même pas connu, voit une autre per-
sonne être récompensée pour les travaux
qu’il a faits.
Pour empêcher ces ex positions, qu’on est en
droit, à ce qu’il semble du moins, de quali-
fier d’illicites, on a bien tenté certains
moyens; par exemple on a nommé une com-
mission qui avant l’exposition devait se
rendre chez ceux qui avaient annoncé vou-
loir y prendre part, afit» de s’assiner si les
objets qu’ils se proposaient d’exposer
leur appartenaient, avaient été obtenus ou
cultivés par eux, lorsqu’il s’agit de végétaux.
Mais en général ces sortes de visites, lors-
qu’on les fait, ne sont pas assez sérieuses ;
le plus souvent l’on se borne à quelques
informations plus ou moins vagues, qui
sont loin de conduire au but que l’on
cherche à atteindre. Très-souvent même le
cas a été prévu, et dans le programme de
l’exposition on insère un article particulier.
C’est ce que vient de faire la Société d’horti-
culture de Marseille, relativement à l’expo-
sition dont nous avons parlé plusieurs fois,
et qui va avoir lieu le 6 sep'eirdjre prochain.
Voici un extrait du progr amme :
Les légumes, fruits, plantes, fleurs, ar-
bustes d’ornement, etc., piéseniés au concours,
devront être, drpttfs /ro/s avo/.s, en la possession
des exposants, qui à cet « tfet devront faire une
déclaration d’honneur. Toutefois, il y aura un
prix spécial pour les plantes nouvellement reçues
et déclarées comme telles.
Au sujet des fraudes dont nous parlons,
un horticulteur bien connu, M. William
Paul, de Londres, a publié dans le Journal
of Horticulture, n® du 31 juillet la lettre
suivante :
A M. le rédacteur du /oMrwa/ of Uorticidiure.
Monsieur,
Je vous envoie la copie d’nne lettre que j’ai
reçue hier, afin que vous en tassiez tel usage
que vous croirez convenable.
11 y a déjà quelque temps que l’on entend
dire que quelques indiviilns, peu scrupuleux,
concourent pour des prix et les gagnent, en em-
pruntant ou achetant des plantes en opposition à
celles qui sont le produit du liavail et de l’intel-
ligence.
Ceux qui ne considèrent pas l’intelligence et
le travail supérieurs aux écus font ce métier sans
scrupules.
11 y a déjà bien longtemps que je suis d’avis
que quelques mesures devraif ni être prises pour
arrêter ces moyens frauduleux ; sans cela la mo-
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AOUT).
326
ralité Je nos expositions et l’honneur de l’horti-
culteur seront gravement compromis.
Agréez^ etc. William Paul,
Waltham Cross, Londres, 21 juillet 1873.
Voici la copie de la lettre dont parle
M. "William Paul :
Ilaslingden, 20 juillet 1873.
A M. William Paul.
Monsieur,
Veuillez, je vous prie, me dire par retour du
courrier si vous pouvez me fournir douze Pioses
coupées à la fin d’août, pour une exposition à
cette époque.
Veuillez me faire connaître vos conditions, et
agréez, etc. H. Walton,
Carr Mill Terrace, Ilaslingden (Lancashire).
Les faits dont il vient d’être question cons-
tituent-ils une véritable fraude? On peut
répondre oui et non, suivant le point de
vue où l’on se place. C’est une question que
bien des fois nous avons entendu poser et
débattre, mais jamais résoudre. Nous y
revenons en appelant de nouveau sur elle
toute l’attention qu’elle mérite. Toutefois,
nous croyons qu’il y a quelque chose à faire
â ce sujet : selon nous il faudrait établir deux
catégories de concours, les uns qui compren-
draient les objets produits par V exposant ou
son représentant, les autres dont l’exposant
est seulement l’acquéreur, en indiquant en
outre l’origine des objets, de manière à ser-
vir la science et à agir en même temps con-
formément au principe d’équité universelle
cuique suum.. A chacun selon ses œuvres.
De cette manière, en effet, l’honneur re-
viendrait à qui de droit, et les comptes-ren-
dus des expositions formeraient des sortes
d’archives scientifiques auxquelles on pour-
rait recourir au besoin, et le public n’en
serait pas moins satisfait. Que désire en
effet le public? Voir de belles et bonnes
choses, et surtout savoir où il pourra se les
procurer ; quant à l’origine, il ne s’en préoc-
cupe pas. lia raison.
— Notre collègue et collaborateur, M. Ro-
binet, chef des cultures de la maison Démouil-
les, de Toulouse, nous a adressé une lettre
digne d’intéresser nos lecteurs, ce qui nous
engage à la reproduire. La voici :
Toulouse, 20 juillet 1873.
A M. Carrière, rédacteur en chef de la Revue
horticole.
A PROPOS du phylloxéra vastatrix.
Tout en reconnaissant les insuccès que l’on a
éprouvés, qndint rü phylloxéra vastatrix /piscpCk
ce jour, avec vous je crois que ce serait u-ç^
grand tort de se décourager. On a entravé les
ravages de l’oïdium, de la pyrale, et pourquoi
n’alténuerait-on pas les effets désastreux du phyl-
loxéra? Observons, observons sans relâche, et
consignons les résultats.
Il y a quelques années, nous eûmes à nous dé-
barrasser du puceron lanigère qui avait envahi
un cordon de jeunes Pommiers, plantés depuis
trois ou quatre ans. A cet effet nous fîmes bouil-
lir, pendant vingt minutes environ, dans de l’eau,
quelques kilogrammes de déchet de tabac, puis
le tout fut versé dans un baquet et additionné d’as-
sez d’eau pour que les racines des arbres arrachés
pussent y baigner facilement. Celte immersion
dura un quart-d’heure environ.
La terre des trous fut changée, et les arbres
replantés à la môme place ; depuis ce temps il n’y
a plus trace de puceron lanigère.
Mais à cette occasion il se passa un fait très-
intéressant, sur lequel je crois devoir appeler
tout particulièrement l’attention. Ainsi, d’autres
Pommiers qui étaient également atteints par le
puceron lamigère, mais qui à cause de leurs
dimensions ne pouvaient se déplanter, furent
également débarrassés par cette même décoction
qui fut versée au pied des arbres, et un fait très-
curieux, c’est que les pucerons, qui étaient aussi
abondants sur les parties aériennes qu’ils l’étaient
sur les racines, disparurent complètement.
Il y a un mois et demi environ, après avoir fait
laver, avec une décoction de tabac, des Pommiers
envahis de pucerons lanigères, je fis légèrement
déchausser les arbres, et le collet ainsi que le
bas de la tige furent recouverts d’une petite
couche de chaux nouvellement éteinte. Malgré
le voisinage des Pommiers couverts de puce-
rons, aucuns ne sont reparus sur les arbres ainsi
traités. Dans d’autres endroits où le tabac seul
fut employé, le puceron reparut quelques jours
après.
Il va sans dire que nous ne pouvons affirmer
que les pucerons ne reparaîtront pas sur les
Pommiers chaulés; c'est ce que le temps démon-
trera; mais en attendant on peut, ce nous
semble, des faits qui précédent, se poser cette
question ; Qui a occasionné la disparition du pu-
ceron sur les tiges des premiers Pommiers? Il
nous paraît difficile d’admettre qu’ils aient émi-
gré, puisque nous n’en n’avons remarqué aucun,
même sur les arbres les plus voisins de ceux
qui ont été expérimentés. Nous sommes donc
porté à croire que parmi les éléments puises
par les racines, il se trouve introduit dans l’éco-
nomie de l’arbre, soit directement, soit par suite
de combinaisons particulières, un principe toxi-
que contenu dans la chaux comme dans le tabac,
et qui est mortel pour le puceron lanigère.
Il serait intéressant de se rendre compte de la
manière dont agit le soufre contre l’oïdium de la
Vigne. Est-ce par effet direct, ou par absorption,
par les stomates de la plante, des gaz sulfureux
qui se dégagent sous l’action de la chaleur? Le
fruit n’absorbant intérieurement que peu ou pas
du tout, le fait pourrait peut-être se vérifier, en
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AüUT.
dirigeant l’émanation sulfureuse sur le fruit
isolé.
Quoi qu’il en soit, nous doutons que le phyl-
loxéra puisse directement être atteint d’après la
station dans laquelle il agit. S’il pouvait l’être,
ce serait par une modification de la sève (si mo-
dification est possible), et alors une voie très-
large serait ouverte à l’expérimentation dans ce
sens. A. Robinet,
Chef de culture do la maison
M. Démouilles, à Toulouse.
Si cette lettre n’indique pas un moyen sûr
et infaillible de détruire le phylloxéra, elle
peut néamoins, par son contenu, et surtout
par la voie qu’elle semble indiquer, conduire
à l’emploi des nouveaux procédés à l’aide
desquels, peut-être, on arriverait sinon à
guérir, du moins à atténuer le mal. Mais à
un autre point de vue, elle présente un
grand intérêt en faisant connaître un moyen
de se débarrasser d’un autre ennemi, égale-
ment très-redoutable et funeste à l’horticul-
ture, du puceron lanigère.
— Il ne faut jamais, dit-on, désespérer de
rien ; l’exemple suivant semble le démon-
; trer.
Ainsi, au moment où l’on désespérait
j presque d’arriver à combattre le phylloxéra,
' un journal d’horticulture nous apprend que
[ l’on vient de trouver un procédé à l’aide du-
i quel on pourra se débarrasser de ce fléau ;
i c’est... on ne s’en serait jamais douté... : la
[ greffe delà Vigne sur le Mûrier du Japon.
ï Le procédé nous paraît si étrange que nous
f aurions lieu de craindre que l’on doute de
: I nos dires si nous ne les appuyions de quel-
[I ques citations.
: l .... 11 est incontestable pour nous et pour bien
1 d’autres, sans doute, que le phylloxéra est la
\ cause, non l’effet, des ravages dont la Vigne est
\ affligée.
. f 11 est encore moins contestable que c’est par
i j les racines que la plante est attaquée par des
S I myriades de pucerons qui enraient la marche
| delasève et entraînent la mort du sujet,
t Substituer par la greffe aux racines de la
fr, i Vigne d’autres racines inaccessibles aux atteintes
U I du redoutable insecte, tel est ce problème que
r \ nous allons tenter de résoudre,
f On a pensé à demander à l’Amérique, à des
i [ prix fabuleux, des porte-greffes dont la santé est
i', I très-problématique. Puisque, au dire d’honora-
Ÿ blés savants, le terrible intrus nous serait arrivé
f ûe cetle lointaine contrée, pourquoi n’essaierions-
I mous pas la greffe sur des plants indigènes, ou
I Itout au moins acclimatés depuis des siècles, que
[ mous avons sous la main à des prix très-réduits?
f 1 La Vigne et le Mûrier sauvage, sans appartenir
! à une même famille, offrent cependant une
1 Igrande analogie entre eux ; originaires d’une
327
même contrée, ils végètent et fleurissent en
même temps, et portent des fruits en baies ; ils
sont pourvus de moelle, et de même que la
Vigne, certains Mûriers sauvages se reproduisent
de bouture, le Moriis Japonica notamment,
pour lequel la Société zoologique d’acclimatation
a bien voulu encourager la propagation par un
prix (le 500 francs qu’elle nous a décerné cette
année, en séance générale.
La force de végétation du Mûrier sauvage, que
l’on chercherait en vain dans tout autre végétal,
sa résistance aux maladies et sa longévité trois
fois séculaire, en assurant une longue existence
à la Vigne, pourraient en même temps faire espé-
rer de vigoureux sujets et des produits très-pro-
chains, dont la maturité, devançant, de même
que la Mûre, l’époque normale des vendanges,
nous affranchirait des trop fréquentes pertes que
font éprouver, soit en qualité, soit en quantité, les
pluies d’automne.
.... A l’aide du procédé que nous proposons,
le renouvellement partiel de la Vigne, au fur et à
mesure des décès annuels, sans diminuer sensi-
blement la production annuelle, pourrait sauver
d’un naufrage imminent l’une de nos plus grandes
industries agricoles, source inépuisable du re-
venu national.
Pour appuyer et justifier ses dires, l’au-
teur de l’article que nous citons rapporte un
passage de Pline, au sujet de la greffe, et qu’à
peu près tout le monde connaît, tant il a été
cité comme exemple d’absurdités, mais pour
montrer combien les anciens étaient igno-
rants sur les notions même les plus vul-
gaires de la physiologie, et combien leurs
idées étaient fausses au sujet de la greffe,
c’est-à-dire des lois qui en assurent la réus-
site. Voici ce passage :
J’ai vu près de Tuiliers de Tïbur, un arbre
enté selon toutes les méthodes que je viens de
décrire, et chargé de toutes sortes de fruits î
Une branche portait des Noix, une autre des
Baies, d’autres des Raisins, des Figues, des
Poires, des Grenades et toutes sortes de Pommes.
De tous les arbres, le plus apte à recevoir
toute espèce de greffe est, dit-on, le Platane;
ensuite vient le Rouvre (Chêne blanc).
Après cette citation de Pline, sur laquelle
l’auteur de l’article dont nous parlons sem-
ble s’appuyer, on n’a pas lieu d’être sur-
pris de la recommandation qu’il fait de
« greffer la Vigne sur le Morus Japoni-
ca » ; au contraire, ce qui pourrait éton-
ner, c’est qu’il se soit arrêté en aussi beau
chemin.
Toutefois, nous ne blâmons ni ne mettons
nullement en doute que ce ne soit avec les
meilleures intentions, et dans le but d’être
utile, que l’article dont nous parlons a été
écrit, ce qui pourtant n’est pas suffisant pour
328
SUK LA CULTURE DU FUCHSIA.
le justifier, car une erreur commise de
bonne foi n’en est pas moins le contraire de
la vérité ; aussi doit- on regretter de voir
répandre des lliéories si contraires à la vé-
rité et même au sens commun, et si nous
avons relevé les quelques passages qui pré-
cèdent, c’est [>our éclairer et tâcher d’em-
pêcher que cer laines personnes désirant se
débarrasser, et cela se comprend, d’un si
terrible tléau que celui du phylloxéra, se
lancent dans une voie qui ne pourrait les
conduire qu’à des mécomptes. Mais s’il en
était ainsi que le dit l’auteur, et que le pro-
cédé qu’il recommande pour combattre le
phylloxéra est « la dernière planche de
salut pour la Vigne, » on serait obligé de
reconnaître que celle-ci est gravement com-
promise ; mieux, qu’elle est perdue. Telle
n’est pas notre opinion.
E.-A. Carrière.
SUR LA CULTURE DU FUCHSIA
Après avoir passé toute la belle saison à
l’air libre, les Fuchsias seront rentrés avant
les premières gelées dans une serre froide
ou dans une orangerie, et s’il arrivait que
quelques branches latérales gênent au place-
ment des plantes, on pourrait les supprimer,
en partie, sans inconvénient.
A cette époque, la végétation étant très-
ralentie, il va <ie soi que les arrosements
doivent être de pins en plus rares, pour
arriver, en décendu e et janvier, à les sup-
primer complèferncnt.
En février, les Fuchsias seront taillés, et
toutes les branches latérales rabattues sur
une longueur qui doit être indiquée par la
végétation des plaides, et qu’il est très-
difficile de préciser, tant cette végétation est
variable. Touielois, nous ferons observer
que pour régulariser à peu près la végéta-
tion des piaules et leur conserver une forme
pyramidale, les petites branches devront
être tenues [dus longues que les branches
fortes, et celles de !a partie supérieure plus
courtes que celles de la base. Cette règle
peut trouver son a[»plication sur toutes les
formes que l’on [leul donner aux Fuchsias.
Cependant, il arrive quelquefois que des
yeux conservés et sur lesquels on avait
compté pour cordinuei- le prolongement des
branches ne se développe point, quoique
cette branche soit encore verte; dans ce cas,
on est obligé de supprimer cette partie de
branche pour asseoir la taille sur un autre
œil que l’on croit bon. Nous avons aussi
employé, mais souvent sans succès, le cran
ou entaille et l'incision pour favoriser la
.sortie d’yeux latents.
La tige, ausî'i, devra être rabattue sur
quatre yeux au-dessus des dernières bran-
dies latérale.®, car les Fuchsias qui sont
élevés en seire, une fois placés à l’air libre,
ne poussent plus qu’une tige sans ramifica-
(I) Voir Revue horticole, 1873, p. 270.
tion, de sorte que si on laissait cette tige
dans toute sa longueur, on aurait une grande
partie dénudée qui serait fort disgracieuse.
Après la taille, les bourgeons ne tardent pas
à se développer. C’est le moment de donner
un rencaissage aux Fuchsias. Les plantes
alors sont retirées de leur bac ; la terre
usée est enlevée, et les racines gâtées sont
supprimées ; en un mot, on réduit la motte
de moitié ou même des trois quarts de son
volume, puis les plantes sont replacées dans
leur bac, qu’on aura soin de bien drainer
et qu’on remplira avec la terre dont nous
avons précédemment donné la composi-
tion (1). Après le rencaissage, les Fuchsias
seront replacés dans la serre.
Les arrosements seront donnés d’abord
avec modération ; mais, dès que la végétation
est partie, il faut arroser abondamment la
terre des bacs et multiplier les bassinages
sur les plantes qui, nous le répétons, ne
doivent jamais être ombrées, quelle que soit
l’intensité du soleil. L’air doit aussi être
largement donné aux Fuchsias.
Si l’on a bien suivi les préceptes que nous
avons recommandés, que les soins que nous
venons d’indiquer aient été donnés à propos,
les branches latérales prendront, malgré les
pincements qu’on doit leur faire subir, des
proportions assez considérables, et il pour-
rait alors arriver, lorsque les plantes sont
placées à l’air libre, qu’elles fussent rompues
par le vent.
Afin de parer aux accidents , nous
avons imaginé de palisser les branches sur
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 276. — Par
suite d’irrégularités typographiques, deux phrases
(p. 277) ont été dénaturées, et ne rendent plus la
pensée de l’auteur : ITme est relative au terreau
qui doit recouvrir la couche, dont l’épaisseur doit
être de 15 centimètres, et non de 75 centimètres,
ainsi qu’il a été écrit par erreur; l’autre se rapporte
au compost : ainsi, au lieu de : « une addition d un
quart de terre de bruyère du compost sus-indiqué, »
il faut lire : « au compost, etc. »
PALMIEKS NOUVEAUX.
329
une armature en fil de fer, procédé qui a
le double avantage d’empêcher la rupture
des branches et de former un cône d’une
régularité parfaite.
Tous nos Fuchsias sont assujettis à des
tuteurs en fer cylindriques de 3 mètres de
hauteur et de 15 millimètres d’épaisseur.
Nous attachons, au sommet de ces tuteurs,
vingt à vingt- cinq fils de fer galvanisé, très-
fins, ayant environ 3 mètres de longueur,
que nous fixons à la base sur un cerceau en
gros fil de fer également galvanisé, et ayant
5 millimètres d’épaisseur.
Ce cerceau, dont le diamètre peut varier
au gré de l’amiateur, et d’après le but qu’il
se propose, a, chez nous, 1 mètre. Il est
maintenu à 15 centimètres au-dessus du
niveau du bac par huit piquets en bois,
enfoncés obliquement dans la terre qu’il
contient.
Le tout est fixé par des attaches en fil de
fer.
Ainsi consolidées, toutes les branches de
Fuchsia sont palissées sur ces fils de fer, et
PALMIERS NOUVEAUX
Ce Palmier, peu connu il y a trois ou
quatre ans, est très-recherché depuis
les dernières expositions de Gand et de
Bruxelles où Legrelle d’Hanis (d’An-
vers) et M. de Kerckowe en avaient envoyé
des exemplaires d’une culture tout à fait hors
ligne. Malheureusement M. Linden, l’intro-
ducteur de cette belle plante, n’a pu livrer
au commerce qu’une quarantaine de ces
Palmiers, aujourd’hui répandus dans les
grandes collections. Aussi esl-ce un heu-
reux hasard que de rencontrer un horticul-
teur possédant cette rareté qui généralement
est tenue à un prix fort élevé, mais cepen-
dant bien en rapport avec la beauté de ce
type magnifique et original. En France, les
plus beaux Pritchardia connus sont ceux
du Muséum de Paris ; c’est à peine si on
les rencontre dans nos grandes collections
publiques ou particulières, quoiqu’ils soient
bien dignes d’y occuper la première place.
Le Pritchardia Pacifica (Seemann et
, Wendland) est le seul Palmier à éventail
qui croisse dans les îles de la Polynésie, où
il a été découvert par G. Forster qui, tout
d’abord, avait cru reconnaître une variété
du Corypha umbracidifera se rapprochant
de l’espèce originaire de Geylan. Après lui,
(1) Voir Revue horticole, 1873, pp. 218, 270, 290.
ce palissage se continue jusqu’à ce que le
cône formé par l’armature soit complète-
ment garni. Nous sortons nos plantes faites
de la serre vers la fin de mai;, alors la
végétation, qui est toujours subordonnée à
la température, se ralentit un peu ; mais,
malgré ce ralentissement et le palissage des
branches, un ou deux pincements sont quel-
quefois nécessaires pour arrêter l’évolution
des branches trop vigoureuses.
Toutefois, nous ferons observer qu’il ne
faut pas prolonger ce pincement, qui n’est
toujours que partiel, au-delà de la fin du
mois de juin, époque où les Fuchsias com-
mencent à épanouir leurs boutons. Quinze
jours après, ils sont en pleine floraison.
C’est alors un coup d’œil splendide qui
réjouit le cultivateur qui, pourtant, ne doit
pas perdre ses plantes de vue, car les Fuch-
sias, ayant une végétation vigoureuse, de-
mandent, jusqu’à leur rentrée en serre et
plusieurs fois par jour, de copieux arrose-
ments.
Roué.
- PRITCHARDIA PACIFICA
F. D. Bennett et Langsdorf le trouvèrent
dans l’île Viti-Liévou, où il était exclusive-
ment consacré à l’usage des chefs, le peuple
indigène n’ayant pas le droit de se servir de
cette plante pour en faire des éventails, des
chapeaux ou des toitures.
Jusqu’à présent on ne connaît que quatre
espèces ou variétés du genre Pritchardia,
dont trois sont originaires des îles Sandwich.
Ce sont les :
1® P. Martii (ou Livistona Martii et
aussi Corypha Martiana ; ce dernier nom
est souvent donné par les horticulteurs au
P. Pacifica dont, au reste, il est très-voisin.)
2® P. Gaudichaudii, très-beau et très-
rare; ne se rencontre guère que dans les
grandes collections botaniques d’Angleterre
et chez M. Linden, à Gand, qui en a mis
quelques exemplaires au commerce.
3“ P. species noval Cette espèce, non
encore déterminée, est citée par Horace
Mann; c’est très- probablement le P. fili-
fera si admiré à l’exposition internationale
de Gand, en 1873.
4® P. Pacifica, dont le tronc, qui est sans
épines, atteint environ 30 pieds de haut.
Dans l’île Viti, ce Palmier croît rarement à
l’état sauvage, dit B. Seemann; il est planté
près des habitations des chefs de haut rang.
Culture. — Les exigent une
330
RESEDA GRANDIFLORA SUPERBA. ~ LEPïOSYNE MARITLMA.
bonne terre franche mélangée de sable et de
terreau de feuilles^, une chaleur de fond
pendant la végétation et des arrosements
abondants auxquels on ajoutera souvent des
engrais liquides. Ces plantes se tachent faci-
lement. On évitera cet inconvénient en leur
donnant beaucoup d’ombre pendant l’été et
en les privant presque complètement d’hu-
midité pendant l’iiiver, et surtout en évitant
de mouiller les feuilles. Une serre chaude
maintenue à 15“ centigrades leur convient
parfaitement ; une température plus élevée
à l’époque du repos des plantes en ferait
jaunir les feuilles.
Alphonse D...,
I
RESEDA GRANDIFLORA SUPERBA
Dans un précédent numéro de ce jour-
nal nous avons cherché à appeler l’at-
tention sur l’importance commerciale, à
Paris, du Réséda odorata; nous allons, au-
jourd’hui, consacrer quelques lignes pour
faire connaître une forme de cette espèce
(qui n’est elle-même qu’une variété), qui
présente sur celle-ci des avantages très-
marqués au point de vue commercial. Cette
nouvelle forme fut obtenue par M. Vyeaux
du Vaux, dont il a été question (l. c.). Cette
variété diffère du type par une vigueur beau-
coup plus considérable, des tiges beaucoup
plus grosses, des feuilles plus larges et plus
épaisses, ainsi que par des fleurs un peu
plus larges. Ces caractères, qui sont très-
importants au point de vue du commerce
par les avantages qui en résultent au point
de vue de la culture, font aussi que cette
forme ne peut être employée que pour la
saison d’été. Sa vigueur considérable fait
qu’elle est un peu plus tardive, et par con-
séquent qu’elle pousse trop vigoureusement
lorsqu’on est forcé de la cultiver sous verre,
où, alors, elle prend de trop grandes pro-
portions; pour l’été, au contraire, elle donne
des résultats magnifiques, constitue des
plantes trapues et robustes d’un très-bel
effet. Ajoutons qu’elle est au moins aussi
rustique que le type dont elle sort. Quant à
la culture, elle est absolument la même. j
Le R. grandiflora superha est une plante
qui, nous n’en doutons pas, est appelée à
jouer un rôle analogue à celui que joue de-
puis si longtemps, à Paris, entre les mains
de quelques horticulteurs spécialistes, no-
tamment de M. Vyeaux du Vaux. Il est
même appelé à remplacer complètement
celui-ci pour les cultures d’été. Les per- j
sonnes qui ne le connaissent pas, lorsqu’elles |
le voient à côté du type, le distinguent
très-facilement, quelque ignorantes qu’elles
soient à la culture des plantes; et beaucoup
d’horticulteurs ou d’amateurs connaisseurs, |
qui ignorent l’origine, attribuent à tort cette j
différence de vigueur à l’emploi d’engrais j
particuliers. C’est ce qui est arrivé récem- |
ment à l’exposition d’horticulture de Ver- j
sailles, où un pied avait été présenté; aussi, j
contrairement à une proposition que nous |
avons faite, n’a-t-on rien voulu lui accorder, !
ce que nous regrettons.
E.-A. Carrière. !
LEPTOSYNE MARIÏIMA
Le Leptosyne maritima, Asa Gray, est
originaire du sud de la Californie, d’où il a
été introduit dans le commerce horticole
vers 1871 ou 1872 par M. William Thomp-
son, dTpswich, le zélé et persévérant bota-
niste-horticulteur anglais auquel nos jardins
sont redevables d’un assez bon nombre de
jolies plantes d’ornement, surtout dans les
sortes herbacées.
Il y a quelques années déjà, sous ce même
nom de Leptosyne maritima, il fut annoncé
et mis en circulation une autre plante de la
même famille des Composées, et également
à fleur jaune, qui a été reconnue depuis
pour VAgarista calliopsidea, Asa Gray,
espèce distincte par ses graines un peu plus
petites, velues, avec aigrette, tandis qu’elles |
sont nues et glabres dans l’espèce qui fait !
le sujet de cette note, et qui est représen- |
tée ci-contre.
Une autre plante, également mise dans le
commerce ces années dernières sous ce nom
de Leptosyne mariiima, var. gigantea, !
ne diffère pas du type dont nous parlons, et
doit lui être rapporté comme synonyme.
Quoiqu’on l’ait dit susceptible de devenir
vivace, le Leptosyne maritima s’est montré,
dans les cultures où il nous a été donné de
le voir (particulièrement chez MM. Vilmo-
rin-Andrieux et G‘% qui en avaient pré-
Bcvue -Horfi/:'ole .
^cr'eic:c, deL
CTtronz^/Jz^th.. G~. Severe^izs .
Z, cptos yji e m/xriÜmay.
CACCINIA GLAUCA.
331
senté de jolies potées à l’Exposition du Pa-
lais-de-l’Industrie en 1873, et sur le bureau
de la Société centrale d’horticulture en
1872), parfaitement annuel. C’est une plante
herbacée, un peu succulente, lisse et glabre
sur toutes ses parties, ramifiée à la base, à
ramifications allongées ; le tout pouvant en
bonne culture atteindre depuis 40 jusqu’à
80 centimètres d’élévation. Feuilles al-
ternes, divisées, bipinnatifides, à segments
peu nombreux, linéaires, entiers, légère-
ment carénés, occupant surtout la base des
tiges ét des ramifications, qui se terminent
par un pédoncule nu et lisse très-allongé,
de 20 à 25 centimètres et plus, supportant
à son sommet un beau capitule floral soli-
taire, agréablement odorant, entièrement
d’un jaune d’or très-vif, large d’environ 9 à
I 10 centimètres, pourvu d’un disque jaune
I entouré d’environ quinze à vingt rayons ou
ligules assezlarges, contigus et étalés, émer-
geant d’un involucre (calice composé) formé
I extérieurement à la base de pièces élargies,
‘ étalées et foliacées, et intérieurement de
I pièces contiguës et dressées d’un assez beau
j vert.
ij Nous ne pouvons donner une meilleure
idée des fleurs de Leptosyne qu’en disant
I que ce sont en jaune vif de petites fleurs de
Dahlias simples ou de grandes fleurs de
Bidens, ou mieux encore des Cosmos à
grande fleur jaune, ce que montre d’ailleurs
:1 très-surabondamment la belle aquarelle
Jj qu’en a faite notre célèbre dessinateur,
? M. Riocreux.
Outre la couleur vive et la beauté des
l! fleurs du Leptosyne maritima, un des
grands mérites de cette plante est l’extrême
Tl rapidité de sa croissance et celle avec la-
i < quelle elle se met à fleurir.
I Semées en place au printemps en bonne
j terre saine, ou même en terre légère et sa-
CACCINIA
!
■I
C’est dans les Cos. hot., ann. 1832, pl. i,
t. 1, ff. 1-6, que Savi a décrit et figuré la
I Borraginée singulière sur laquelle nous vou-
i Ions appeler l’attention des lecteurs de la
Revue hortieole.
Le Caeeinia glauca, Sav. , que nous avons
j eu en 1871 l’occasion de voir pour la pre-
mière fois à l’état vivant au Jardin-des-Plantes
de Grenoble, n’est pas une plante nouvelle
i ni récemment introduite. En effet, elle a
été cultivée dans les jardins de Gels,et Ven-
- i tenat, qui a décrit et fait représenter une
bleuse en plein air ou en plein soleil, les
graines donnent des plantes qui fleurissent
trois mois après, et continuent à développer
leur élégants capitules pendant un ou deux
mois ; si on la sème également en place en
juillet-août, les plantes arrivent encore à
donner à l’automne une floraison passable.
La culture qui paraît devoir convenir le
mieux à cette plante est le semis d’automne,
qui devra être fait dans le Midi en plein air,
et clair en place, mais que dans le Nord
on devra faire fin septembre et octobre dans
des pots ou terrines drainés, que Ton hiver-
nera sous châssis à froid, près du verre, en
donnant le plus d’air et de lumière possible.
De cette façon, on en obtiendra la floraison
dès mars-avril, ce qui est précieux, ces
fleurs étant particulièrement convenables
pour la confection des bouquets.
Au lieu de semer en place, ce qui nous
paraît le meilleur mode, à la condition de
semer très-clair ou d’éclaircir promptement
les semis trop drus, on peut semer en pé-
pinière et repiquer ensuite les plantes très-
jeunes, soit en place, soit en pots ou terrines,
dans un mélange de terre franche, ou de
terre de jardin et de terre de bruyère sa-
bleuse. En résumé, nous pensons qu’on
pourra traiter plus tard cette plante comme
les Clarkia, les Collinsia, les Esehscholt-
zia, en tenant compte que le Leptosyne
exige un peu plus de chaleur.
Une autre nouvelle espèce de ce même
genre, le Leptosyne Stillmamii, également
introduite de la même contrée par M. Wil-
liam Thompson, a fait son apparition dans
les cultures en 1873. Bien qu’assez intéres-
sante, celle-ci n’a pas la même valeur orne-
mentale que le Leptosyne maritima, dont
elle se rapproche néanmoins, sauf qu’elle est
beaucoup plus petite dans toutes ses parties.
Noblet.
GLAUCA
partie des richesses végétales que contenait
cet établissement, qui n’avait que peu ou
point de rivaux en Europe, en a donné
(Hort. Cels., p. et t. 100), sous le nom de
Borrago crassifolia , une bonne figure ac-
compagnée d’une description exacte. Re-
connaissons toutefois que sa présence n’a
été que très - rarement signalée , et que
c’est à peine si , depuis une quinzaine
d’années, son nom a été relaté sur les
catalogues des dix-neuf jardins botaniques
étrangers ou français avec lesquels le
332
CACCINIA GLAUCA.
Muséum entretient des relations d’échan- |
ges. ^ ^ 1
Voici en quelques mots la description de ]
cette Borraginée : !
Plante vivace entièrement glauque, et
rappelant, par ce caractère, l’aspect des Cé-
rinthés, qui appartiennent à la même fa-
mille, rude et hispide. Tiges nombreuses,
succulentes, couchées- dressées et s’élevant
à environ 60 centimètres. Feuilles sessiles,
oblongues-lancéolées, charnues, plus âpres
en dessous qu’à la face supérieure, ciliées
et denticulées sur les bords. Sur des pédon-
cules dont la réunion forme une grappe pa-
niculée et peu rameuse naissent des fleurs
ressemblant à celles de la Bourrache ordi-
naire, mais qui s’en distinguent à priori :
1° par le calice, accrescent, très-enflé à la
base ; ses divisions, au lieu d’être étalées pen-
dant et après l’anthèse, sont aiguës- dres-
sées, réunies au sommet jusqu’à la matura-
tion complète des fruits; en outre, ces divi-
sions sont barbues au sommet, et présentent
sur leur nervure médiane, ainsi que sur la
partie qui correspond à leur intervalle, une
crête tuberculeuse garnie de longs poils sé-
tacés très-renflés à la base ; 2» par la co-
rolle qui, de même grandeur et de forme à
peine distincte, — c’est-à-dire hypocratéri-
morphe, — est à divisions moins larges et
étalées ; elle en diffère en outre par la teinte,
qui, au lieu d’être bleu intense, comme dans
le Borrago offîcinalis, est ici d’abord azu-
rée pour passer insensiblement au violet
lilas, couleur qui ne fait que s’accentuer
avec l’âge des fleurs. En dernier lieu, lorsque
la fleur est sur le point de se flétrir, sa
teinte générale est décidément rose lilas. A
l’état de bouton avancé, la corolle du Cac-
cinia revêt souvent un rose plus ou moins
foncé, parfois même presque carminé. Plus
tard, quand les divisions de la corolle s’en-
tr’ouvrent, leur teinte est celle d’un bleu
azuré; quelques heures seulement après
leur épanouissement, ces divisions offrent
sur leurs bords des stries violet clair uni-
forme, plus ou moins étendues, et arrivent
finalement à revêtir une coloration rose vi-
neux. Les cinq divisions de la corolle sont,
en outre, plus étroites et plus aiguës que
celles du Borrago officinalis, et leur gorge
saillante, que dépassent les étamines insé-
rées ici au sommet du tube de la corolle et
un style filiforme-aigu, à la base duquel se
trouvent quatre nucules qui, après la fécon-
dation et la maturation, ont pris un gros
volume, est blanche et poilue.
Le genre Caccinm ne renferme que deux
ou trois espèces, toutes originaires d’Orient.
Celle qui nous occupe a été, d’après D. C.
(Prodr. X, p. 67), recueillie en Perse par
Olivier et Bruguère, entre Hamadan et
Téhéran.
Cette Borraginée, qu’il faut surtout consi-
dérer comme une plante curieuse, est plu-
tôt bisannuelle que vivace. Au jardin bota-
nique de Grenoble, où nous avons pu
apprécier toute sa valeur au point de vue
des services qu’elle pourrait rendre à l’ama-
teur ou aux botanistes-cultivateurs, elle était
cultivée dans la terre argilo- calcaire et à
sous-sol frais que caractérise la nature du
terrain où se trouve situé cet établissement.
Au Muséum, dans un sol beaucoup plus
léger ou de faible consistance, l’accroisse-
ment des tiges et des feuilles a été plus con-
sidérable, et cela, bien entendu, au détri-
ment des inflorescences. En effet, celles-ci
sont, au Muséum, moins fournies qu’elles
le sont au jardin de Grenoble. Par contre,
se trouvant sans doute dans un terrain plus
favorable à leur développement, les tiges et
les feuilles se sont incontestablement ac-
crues.
Quoi qu’il en soit, le Caccinia glauca,
déjà cultivé dans les jardins de Gels, mérite
une place dans les parties réservées aux
plantes singulières que leur consacrent
d’ordinaire les vrais amateurs d’horticul-
ture.
La culture n’en présente aucune diffi-
culté. B suffit de semer au printemps et en
pots dans un sol léger les graines que cette
Borraginée produit facilement; de piquer
séparément chaque individu aussitôt que les
deux premières feuilles ont succédé aux
larges cotylédons des jeunes plantes ; de les
laisser quelques jours sous châssis pour en
favoriser la reprise, et, lorsque celle-ci est
assurée, de les mettre en pleine terre.
Comme ces plantes ne fleurissent pas la
première année du semis , on pourrait
même, ce qui serait préférable, croyons-
nous, semer les graines en août-septembre,
et hiverner sous châssis après avoir repiqué
les individus en temps opportun, et mettre
le plant en place au printemps. Le Caccinia
glauca peut supporter une température de
— 6-8 degrés.
Les différences signalées plus haut dans
le développement des organes de végétation,
entre le Caccinia glauca cultivé à Gre-
noble et à Paris, ne sont pas les seules que
nous ayons à indiquer. Soit sous la double
influence du sol et du climat, soit sous celle,
incontestable et généralement incontestée.
CACCIMA GLAUCA.
333
qu’entraîne le dépaysement d’une plante
pour la production de ses variations, la co-
loration des fleurs s’est sensiblement modi-
fiée. Ainsi, ses fleurs sont et restent, à Gre-
noble, d’un bleu céleste, et il est difficile
d’observer, même sur les corolles passées,
cette teinte un peu violacée qui, à Paris,
prend depuis le moment de l’épanouisse-
ment de la corolle jusqu’à celui de son dé-
clin, une intensité de plus en plus grande.
Ces changements de coloration que peut
amener l’âge de la fleur, et en particulier
dans la famille des Borraginées, ne sont pas
rares; on les a depuis longtemps observées
dans des familles diverses. Toutefois, il est à
remarquer que les plantes à corolle mono-
pétale en offrent plus d’exemples que celles
à fleurs polypétales. Les Convolvulacées, et
entre autres Vlpomæa Leari, fournit, sous
ce rapport, un exemple des mieux caracté-
risés.
Mais, sans sortir de la famille à laquelle
appartient la plante qui fait le sujet de cette
note, cette tranformation du coloris, dans
les mêmes fleurs, est portée au plus haut
degré dans diverses et gigantesques Con-
solides orientales. Elle Test davantage en-
core dans VArnehia ecMoides, A. DC.,
curieuse plante originaire des montagnes
du Caucase et de l’Arménie, et dont la Re-
j vue horticole a donné, il y a quelques an-
nées (1), la description, accompagnée d’une
, figure coloriée. Ici, en effet, d’une teinte
jaune à peu près uniforme le premier jour
de leur épanouissement, les divisions de la
corolle se sont bientôt munies, à leur base,
d’une macule d’abord jaune plus foncé, puis
purpurine. L’effet contraire se produit par-
r fois dans la même Borraginée et sur des
j pieds de même espèce cultivés au Muséum ;
n nous avons eu l’occasion, ainsi que nous
I i l’avons indiqué dans Tarticle qu’accompagne
I le dessin précité, de constater que, le pre-
\ mier jour de leur épanouissement, les divi-
k sions de la corolle étaient munies chacune
f d’une large tache pourpre intense, presque
i noire, taches qui disparaissaient un ou deux
T jours après, et souvent même avant la com-
plète flétrissure des fleurs.
Il ne sera peut-être pas inutile de rappeler
, j ici, à propos du Caccinia glauca^ quelques
I j plantes de la même famille qui sont depuis
c longtemps cultivées dans nos jardins, ainsi que
celles qui, avec une culture intelligente, se-
raient bien dignes d’entrer dans le jardin
d’un véritable amateur.
J
(1) Revue horticole^ 1862, pp. 51 et 52.
Dans cette liste, plutôt nominative que
descriptive, nous classerons les plantes dont
elle se compose sous deux chefs principaux :
les Borraginées frutescentes ou sous-li-
gneuses; 2» les Borraginées herbacées.
Dans la première série, nous rappellerons
d’abord, à cause même du parti que pour-
raient en retirer les amateurs et les jardi-
niers, les Heliotropimn peruvianum, L.,
et corymhosum, B. et Pav., tous deux ori-
ginaires du Pérou. Cultivées depuis une
date fort reculée, soit pour le délicieux par-
fum qu’exhalent leurs fleurs, soit à cause
de leur culture facile et surtout de la pro-
longation de leur floraison, ces plantes fe-
ront encore, quoi qu’on fasse, longtemps
partie de celles auxquelles on recourra
toujours pour l’ornementation des corbeilles
et des plates-bandes. Par suite de la culture
dont elles sont depuis de longues années
l’objet, la première a produit deux variétés
bien distinctes, cultivées : la première, sous
le nom de H. de Yolterra, et non de Vol-
taire, et la seconde sous l’épithète de H. de
Liège. C’est à la seconde {H. corymhosum)
qu’on doit rattacher la plante connue sous
le nom de H. grandiflorum, Don., et dont
les fleurs, pareillement odorantes, sont plus
grandes et d’un coloris plus foncé que dans
V Heliotr opium peruvianum.
C’est tout près des Héliotropes que les
botanistes classent le genre Tournefortia,
dont l’espèce la plus humble, mais non pas la
moins jolie, est le T. heliotropioides, Hook.,
originaire du Mexique et d’autres régions
tempérées ou septentrionales du Nouveau-
Monde. Si ce Tournefortia, qui est vivace
par ses racines traçantes, et suffrutescent
par la base de ses tiges persistantes, ne se
développe que très-tardivement dans nos
cultures à Tair libre, il rachète cette tardi-
veté, que lui impose le climat, par la suc-
cession presque non interrompue de ses
grappes scorpioïdes de fleurs bleuâtres, as-
sez semblables à celles des Héliotropes,
mais peu odorantes.
Parmi les Borraginées ligneuses qui de-
mandent un abri l’hiver sous notre climat,
nous mentionnerons encore le genre Echium,
dont les espèces qui nous occupent et que
nous allons rappeler habitent surtout les
Canaries et les îles voisines. Ce sont, entre
autres, les E. simplex, DC. ; fastuosum,
Jacq. ; strictum, L. f. ; candicans, L. f . ;
cynoglossoides, Desf. ; thyrsiflorum, Mass,
ex Link, ai giganteum, L., toutes espèces
à tiges dépassant 1 mètre de hauteur, sou-
vent ramifiées, couronnées le plus souvent
CACCINIA GLAUCA.
334
d’un grand nombre de feuilles de formes
plus ou moins largement lancéolées-aiguës,
pubesbentes ou soyeuses blanchâtres , et
portant des énormes inflorescences bleues
spiciformes, ou mieux en forme de pompon,
et que tous nos lecteurs ont certainement
présentes à la mémoire.
Les Borraginées ornementales herbacées
peuvent se classer en deux groupes, celles
de haute stature et celles de taille plus
humble. Parmi les premières, nous devons
rappeler la Buglosse d’Italie (Anchusa ita-
lica, Betz), qui lient toujours si brillam-
ment, dans la partie centrale de nos plates-
bandes, la place qui lui a été donnée depuis
si longtemps ; elle doit la faveur dont elle
est l’objet à la beauté et au nombre si con-
sidérable de ses fleurs bleues, réunies en
vastes panicules ; la Buglosse toujours verte
(Anchusa sempervirens, L. ; Caryolopha^
F. et Mey.), indigène comme la précédente,
à fleurs bleu azuré, et qui remplira toujours
un important rôle dans les massifs d’arbres
ou arbustes fleurissants ou à feuillage déco-
ratif. C’est aussi à ce même genre qu’ap-
partient la Buglosse officinale (Anchusa ofjU
cinalis, L.), qui, bien qu’inférieure aux
espèces précédentes, ne contribuerait pas
moins, par ses fleurs, tantôt bleues ou vio-
lettes, tantôt rosées ou blanches, selon la
variété, à l’ornement des stations peu expo-
sées au soleil.
Le genre Symphytum , dont presque
toutes les espèces sont plus ou moins cu-
rieuses, voire même ornementales, soit par
leur grande dimension, et souvent aussi par
l’ampleur de leur feuillage, soit par le
nombre et le coloris variable de leurs co-
rolles, qui sont réunies à l’extrémité de ra-
mifications dont l’ensemble forme d’im-
menses panicules, possède un certain nombre
de types spécifiques dignes d’être utilisés
pour la décoration de quelques parties des
jardins paysagers. Nous noterons, outre le
S. officinale, L., qui orne si élégamment,
en même temps que le fait aussi l’Iris faux-
Acore, les bords de nos ruisseaux par ses
fleurs violet rosé ou blanches, selon la va-
riété, le S. hullatum, Horn., de la Tauride,
et le S. tuberosum, L., de nos prairies sub-
alpines, tous deux à fleurs blanches ou jau-
nâtres. Les suivantes, dont le développement
des tiges, qui dépasse plus de 1“^ 70 de hau-
teur, est tellement vigoureux qu’on les a
recommandées aux agriculteurs comme
plantes fourragères : S. echinatum, Lede-
bour, de Bussie, et S. asperrhnum, Bieb.,
du Caucase, sont, sous le rapport de la
taille, les espèces les plus robustes du genre.
Les fleurs sont bleu azuré dans la première,
bleu violet dans la seconde, et toutes deux
forment des touffes gigantesques dignes de
concourir pour une large part à l’ornemen-
tation des parties pittoresques et fraîches ou
demi-omhragées des jardins paysagers. Le
Symphytum peregrinum, Ledeb., de Po-
dolie, est encore une Consoude à larges
feuilles et à grandes fleurs, mais la colora-
tion violet terne de celles-ci fera qu’on don-
nera toujours la préférence aux deux précé-
dentes.
Pour terminer l’énumération des grandes
Borraginées herbacées dont la présence
dans nos jardins ne pourrait qu’être favo-
rablement accueillie, nous rappellerons en-
core une espèce qui, bien que très-vulgaire
dans les sols sablonneux de nos environs,
n’en remplirait pas moins un rôle utile. C’est
la Vipérine commune (Echium vulgare,h.),
dont il existe une variété parviflore, qu’on
rencontre assez fréquemment aux environs
de Paris, et à laquelle Beichenbach a donné
le nom de E. Wierzsbickii.
Nous trouverions, dans le second groupe
des Borraginées herbacées d’ornement, un
plus grand contingent d’espèces à signaler.
Ce sont d’abord les Omphalodes, dont trois
représentants spécifiques sont des plus con-
nus verna, Mœnch, l’une de nos
plantes les plus populaires; 2® l’O. longi-
flora, A. DC., du Cachemyre, espèce vi-
vace à fleurs bleu foncé réunies au sommet
des tiges en grappes denses ; et, enfin, 3° l’O.
linifolia, Mœnch, plante annuelle à feuilles
glauques, et dont les nombreuses fleurs
blanches ne sont pas sans produire un grand
effet dans les bordures ou contre-bordures
de nos parterres. On le trouve, à ce qu’il
paraît, à l’état sauvage, dans les bois de la
base du mont Ventoux ; mais nous avons
quelque doute sur l’identité de l’espèce, d’a-
près la description qu’en a donnée autrefois
Requien , et il serait intéressant de pouvoir
s’en assurer parle semis. Une autre espèce,
très-voisine de celle-ci, c’est l’O. littoralis,
des sables maritimes de la Vendée, mais
elle n’a pas été cultivée jusqu’ici dans les
jardins.
Puis les Myosotis, dont le nom ne peut
s’oublier. Ce genre renferme une quaran-
taine d’espèces, dont deux seulement con-
courent aujourd’hui à la garniture printa-
nière de nos corbeilles. Ce sont : M le M.
palustris, le (c Souvenez-voue de moi » tra-
ditionnel, et qui, sous l’influence du milieu,
a produit une forme assez constante au point
CAGCIMA GLAUCA.
335
de vue biologique pour vivre dans une terre
non seulement émergée, mais tenue simple-
ment dans un état permanent de fraîcheur.
C’est par une culture raisonnée et longtemps
prolongée que MM. Vilmorin et ont ob-
tenu et fixé cette variété. Il n’échappera à
personne que c’est là un fait des plus cu-
rieux. En effet, rendre terrestre une plante
aquatique n’est pas chose facile à obtenir,
et nos annales horticulturales n’ont jus-
qu’ici enregistré aucun fait de ce genre ;
2» le il/, alpesiris, Schmidt, dont on fait
avec succès, surtout depuis une quinzaine
d’années, un large emploi pour la formation
des bordures.
Le il/, alpestris cultivé est- il réellement
celui que nos Aoristes considèrent comme
tel, ou bien ne serait-ce pas plutôt une
forme domestiquée de ce type que tous les
botanistes ont recueilli dans les endroits
herbeux, rocailleux, frais, humides même
qui avoisinent ou dépassent la région succé-
dant immédiatement à la limite des prairies
alpines? Nous ne savons; en tous cas, le
Myosotis alpestris J très- souvent cultivé
dans nos jardins, a produit, depuis une
quinzaine d’années, date approximative de
son introduction dans nos cultures, une va-
riété à fleurs blanches, aujourd’hui aussi
répandue que le type. A ces deux variétés
s’en ajoute maintenant une troisième à fleurs
rose violet, et que les visiteurs de l’exposi-
tion que la Société centrale d’horticulture
de France vient de tenir au Palais- de-l’In-
dustrie ont dû remarquer dans le splendide
lot de plantes herbacées qu’exposaient
MM. Vilmorin, Andrieux et G'e. Cette va-
riété, qu’on peut considérer maintenant
comme définitivement fixée, est des plus
curieuses, et fait une exception assez rare
par la transformation manifeste des^coloris
de bleu en rose , phénomène que, dans la
même famille , nous présente quelquefois
aussi VAnchusa officinalis. A ces deux
Myosotis, dont le premier a pareillement
donné naissance à une variété blanche, ainsi
qu’à une autre à fleurs rose clair ou gris de
lin, les amateurs pourraient ajouter les M.
sylvatica, variant de même du bleu au
blanc et au rose, ainsi que le M. interme-
dia, l’espèce la plus répandue dans les bois
de nos environs. Signalons enfin, pour clore
la série des plantes voisines des Myosotis,
et que l’amateur aurait intérêt à cultiver,
surtout quand il l’a recueilli lui-m^ême, VE-
Htrichium nanum , Rchb. {Myosotis nana,
Vill.), dont les petites touffes cespiteuses,
ornées de fleurs du plus beau bleu, ne se
rencontrent que sur les rochers ou dans les
éboulés un peu stables des plus hautes mon-
tagnes. C’est même lui qui, en compagnie
d’un très-petit nombre d’espèces apparte-
nant à des familles diverses, dot pour ainsi
dire la végétation alpine.
On remarquera que nous passons sous
silence deux charmantes espèces, les il/.
azorica et sa variété, le M. Elizahethœ ;
mais leur culture est tellement difficile et
réussit si rarement, que nous hésitons à ex-
poser les amateurs aux mêmes déceptions
que nous avons si souvent éprouvées.
Les Pulmonaires , si bien étudiées , en
1868, par M. B. Du Mortier, président de
la Société royale de botanique de Belgique,
sont, il faut le reconnaître, des Borraginées
qui, par leur floraison précoce et leurs fleurs
non dépourvues d’élégance, dignes d’être
utilisées dans les parties pittoresques des
jardins, surtout dans les endroits ombragés,
frais et à sous-sol perméable. Il n’est pas
inutile de rappeler que les Pulmonaires iin-
néennes ont été, par ce savant, ainsi que
par plusieurs botanistes modernes, divisées
en un certain nombre d’espèces pouvant
toutes, du reste, contribuer à l’ornementa-
tion des rocailles artificielles.
Outre le Pulmonaria virginica, L.,
{Stennhamera virginica, Bchb.), que ca-
ractérisent des fleurs d’un bleu d’azur, un
feuillage glauque et lisse, nous citerons tout
particulièrement le P. angustifoUa , L.,
à feuilles étroitement lancéolées, le plus
souvent non tachées, et à fleurs d’un beau
bleu; le P. saccliarata, Mill., plante très-
variable, que spéciéisent surtout les nom-
breuses taches blanches plus ou moins
étendues de ses feuilles ovales, brusquement
contractées en un pétiole ailé au sommet,
et des fleurs d’abord bleu rougeâtre, passant
au violacé. C’est, aux environs de Paris, la
plante la plus vulgaire, et c’est très-vrai-
semblablement aussi celle que les horticul-
teurs belges et français cultivent sous le
nom de P. azurea ; elle se distingue à peine
du P. tuherosa, Schranck (P. vulgaris.
Mer.), soit par ses feuilles, toujours plus
largement maculées et moins allongées, soit
par ses fleurs, plus ou moins grandes,
bleuâtre violacé. Viennent ensuite les P.
officinalis, L., et mollis, Wolf. Nous ne
dirons rien de ce dernier, dont la présence
dans les jardins est exceptionnellement
constatée. Quant au premier, c’est aussi une
plante très-rare, et que, malgré son nom,
on ne trouve guère que dans les départe-
ments de l’Est. Ses feuilles sont cordées à
33G
DU BOUTURAGE DES PLANTES MOLLES.
la base, un peu maculées, et ses fleurs,
(l’abord rouges, passent au violet en vieillis-
sant.
Pour compléter l’énumération des Borra-
ginées dont nous pourrions, au point de vue
qui nous occupe, tirer profit, nous rappelle-
rions encore, si leurs noms n’étaient tou-
jours présents à la mémoire, les Gérinthés
aux feuilles glaucescentes , la Bourrache
officinale, connue de tout le monde, et dont
il existe une variété albiflore, ainsi que le
Borrago laxiflora, DC., plante rarement
cultivée, et originaire de Corse ; VAlkcünia
tinctoria, Tausch. {vulgo Orcanelte), des
lieux arides du Midi, et si difficile à cultiver
en dehors des régions où il croît spontané-
ment ; ce fait est d’autant plus regrettable
que, soit par la disposition étalée de ses
tiges, soit par l’intensité de son coloris,
cette bien ancienne plante serait très-conve-
nable à l’ornement de nos rocailles ; les
Onosma echioides, L., et arenarium, W.
et Kit., ce dernier à peine distinct du pré-
cédent, et dont le jardinier n’arrivera, quoi
qu’il fasse, à obtenir des touffes aussi élé-
gantes que celles qu’il peut lui être donné
de voir dans les lieux où 'elles croissent à |
l’état sauvage. Enfin, nous terminerons cette !
longue liste par la citation des Grémils (Lf- i
Ihospermum), qui sont cultivés ou seraient
dignes de l’être. Le L. purpureo ceru-
lœuni, L., a depuis longtemps sa place dans
les jardins, et les L. fruticosum, L., de
l’Europe méridionale, et le L. prostratum ^
Lois., qui n’en est sans doute qu’une va-
riété à rameaux étalés et propre à la région
du sud-ouest, auraient dû, depuis longtemps
déjà, et malgré leur difficile culture, contri-
buer à l’ornement de nos rocailles. Nous
avons eu, à la dernière exposition de Gand,
l’occasion de voir dans toute sa beauté un
remarquable individu de L. fruticosum. La
culture si intelligemment donnée à celte
plante par son exposant nous engage à en
rappeler la physionomie générale. Sa tige,
simple, haute de 25 à 30 centimètres, — ré-
sultat qui nous paraît assez difficile à obte-
nir, — se ramifiait à son sommet, et ses ra-
mifications formaient, par leur ensemble et
la manière dont elles avaient été dirigées,
la rnoité d’une sphère ornée d’un grand
nombre de fleurs bleu foncé. L’apparence
de cette plante ainsi élevée, et dont la cul-
ture devrait être généralisée, rappelait celle
que les lleuristes parisiens savent si bien
donner au Mgoporum parviflorum.
B. YERf.OT.
DU BOUTURAGE DES PLANTES MOLLES
En horticulture, il n’y a pas de repos ;
une chose est à peine terminée que l’on doit
en faire une autre. Ainsi, la saison des plan-
tations est à peine terminée, les plantes dites
d’automne en fleurs, que déjà il faut penser
à semer, à bouturer pour le printemps pro-
chain. C’est sur ce dernier point que nous
voulons appeler l’attention.
Bien que le bouturage soit une opération
généralement bien connue des lecteurs de
la Revue, nous croyons néanmoins leur être
utile en leur faisant connaître le procédé
que nous employons, et dont les résultats
sont excellents. B est des plus simples, et
ne demande ni cloche ni préparation de
terre ; on le pratique à l’air libre. Toutefois,
je dois dire que je ne suis pas l’inventeur
de ce procédé; je l’ai vu pratiquer pour la
première fois par M. Alphonse Brusse, lors-
qu’il était garçon jardinier chez nous, en
1866 (il est actuellement jardinierau Havre),
lequel m’a assuré l’avoir vu pratiquer il y a
déjà longtemps. Voici comment on doit opé-
rer : après avoir choisi la place du jardin la j
plus chaude et la plus exposée au soleil, on 1 ,
prépare des terrines non percées, des ter- |
rines à salades par exemple, puis, après les :
avoir remplies de sable bien fin, soit de ri- [
vière, soit de ravine, on bassine les terrines | ■
avec un arrosoir à pomme, et Ton plante les !
boutures comme on fait babiluellement. La
plantation achevée, on remplit d’eau les ter-
rines jusqu’au bord, et l’on a soin de les en- il
tretenir constamment pleines jusqu’à la îi
complète reprise des boutures. \
Gontrairemenl à l’idée qu’on se fait géné- / ft
râlement, les boutures ne craignent pas le ti
soleil, pourvu qu’on ait soin, ainsi que nous ^
l’avons dit plus haut, de tenir les terrines , ï®
constamment remplies d’eau, et, dans ce il
cas, toutes, même les plus herbacées, ré- ifji
sistent parfaitement, et cela sans avoir ja- f f ît
mais besoin d’être ombragées. j r k
Paul H AUQUEL, I > i
Jardinier à Monlivilliers. j I *
I »,
DIMORPHISME DU ROSA UANXaBIFOUA.
337
DIMORPHISME DU ROSA GAANABIFOLIA
Deux mots, d’abord, sur le dimorphisme :
Les dimorphismes peuvent être envisagés
à deux points de vue, ou, si l’on aime mieux,
être expliqués à l’aide de deux hypothèses :
l’une, que ce sont des faits à'atavisme,
c’est-à-dire d’une tendance à retourner au
type dont ils sortent, ce qui expliquerait
leur origine; l’autre hypothèse serait une
tendance à la disjonction, c’est-à-dire à la
séparation de leurs éléments, et alors une
propension à la formation d’un
nouveau type. Les deux sortes
d’hypothèses sont possibles ; elles
paraissent même parfois tout à
fait hors de doute. Le fait dont
nous allons parler semble ren-
trer dans la première de ces
hypothèses, ce qui, du reste, va
ressortir de la description que
nous allons faire. Commençons
par décrire le Rosa cannabi-
folia, plante peu connue dans
les cultures, bien qu’elle ne
soit pas dépourvue d’intérêt ; au
point de vue de la botanique,
elle en a un réel par les ca-
ractères qu’elle présente. En
voici une description :
Arbuste vigoureux à bran-
ches dressées, à ramifications
étalées - divariquées. Écorce
lisse, luisante. Feuilles alter-
nes, souvent une, parfois deux,
opposées sur un bourgeon , lon-
guement pétiolées, à 5 folioles
linéaires-elliptiques, longues de
3-5 centimètres, larges de 18-
20 millimètres, sessiles, d’un
vert sombre , légèrement ru-
gueuses-scabres, à dents fines, couchées-
aiguës, à rachis long, grêle, violacé.
Fleurs (fig. 31, rameau placé à droite)
pleines ou à peu près pleines, larges de
3-4 centimètres de diam.ètre, à pétales très-
nombreux, petits, étroits, irrégulièrement
déchiquetés, d’un blanc jaunâtre ou soufré,
rappelant un peu les fleurs du rosier Banks.
Tels étaient, sans aucune variation, les
caractères que, depuis un grand nombre
d’années, nous présentait le Rosa canna-
hifolia, lorsque cette année, 1873, sur deux
forts pieds que nous possédions, il s’est pro-
duit sur chacun d’eux un fait comme celui
que représente la figure 31. Sur une même
branche, partant du même point ou à peu
près, un rameau (celui qui est à la gauche
sur la figure 31) s’est développé, lequel
présentait les caractères suivants : écorce
‘munie d’arguillons assez forts, arqués, pré-
sentant à leur base un assez large empâte-
ment; folioles largement ovales arrondies,
fortement rugueuses, d’un vert gris, large-
ment dentées-crénelées. Fleurs simples
d’environ 8 centimètres de diamètre, à pé-
tales d’un blanc pur, largement obovales,
élargies, comme tronquées-cunéiformes au
sommet, qui est largement échancré.
Les caractères que nous venons d’énumé-
rer sont à peu près ceux que présente le
Rosa alha, duquel, assure-t-on, le R. can-
nahi folia est issu. Si ce fait est vrai, le
cas de dimorphisme dont nous parlons, et
que représente la figure 31, serait donc un
effet de retour. Quoi qu’il en soit, nous
avons cru qu’il était bon de le signaler.
E.-A. Carrière.
338
A PROPOS DU PHYLLOXERA.
!
A PROPOS DU
Nous avons lu avec la plus grande attention
tout ce qui a été écrit au sujet du phylloxéra.
Nous avons aussi, autant qiiil nous était
possible, apprécié la valeur des communica-
tions et des rapports qui ont été faits ; mais,
nous devons le dire, de tous les moyens
préconisés pour combattre ce terrible en-
nemi, celui qui nous a le plus frappé est la
submersion, procédé inventé, pratiqué et
recommandé par M. L. Faucon, et, à ce
sujet, nous écrivions dans la Revue horti-
cole, 1870, p. 303, les lignes suivantes :
Un fait à peu près certain, c’est que malheu-
reusement, le phylloxéra vastatrix continue ses
ravages, et, malheureusement encore, que de
tous les remèdes employés, il n’en est qu’un,
assure-t-on, qui a produit de bons résultats.
C’est la submersion, dont M. Louis Faucon, pro-
priétaire-viticulteur, membre de la chambre con-
sultative d’agriculture de l’arrondissement d’Ar-
les, le premier, aurait eu l’idée. Cette opération,
qui se pratique en automne et en hiver, consiste
à submerger complètement, autant qu’on le peut
du moins, le sol dans lequel sont plantées les
Vignes, de manière à faire périr tous (insectes et
larves) les phylloxéras. M. L. Faucon assure que
toutes les Vignes malades qu’il a pu soumettre à
ce traitement sont à peu près guéries ou bien
près de l’ôtre. Cet honorable viticulteur ne fait
pas mystère de sa découverte, au contraire,
et depuis longtemps il en a recommandé l’em-
ploi; mais, comme cela arrive presque toujours,
on lui fait des objections, on cite les nombreux
cas où le procédé n’est pas applicable, et, mal-
heureusement, on semble s’appuyer sur ceux-ci
pour n’essayer nulle part, pas meme là où l’ex-
périence serait facile à faire. Pourtant quelques
vignerons, nous ne dirons pas plus intelligents,
mais mioins rebelles aux innovations et poussés
sans doute par la complète inefficacité des autres
moyens recommandés, commencent à essayer le
procédé indiqué par M. L. Faucon ; l’un d’entre
eux, M. Tardieu, s’en trouve très-bien, si l’on
peut en juger d’après une lettre qu’il a écrite et
qui a été insérée dans le Journal d' Agriculture
pratique, 1870, p. 134.
Après avoir reproduit celte lettre, qui
témoigne de la bonté du procédé, nous
ajoutions comme conclusion :
Nous n’ignorons pas que la submersion n’est
pas possible pour toutes les Vignes, mais est-ce
une raison pour ne pas l’appliquer là où on le
peut? Non, sans doute, au contraire. Mais, d’une
autre part, s’il est reconnu que c’est le seul
moyen d’avoir des Vignes dans ces contrées mé-
ridionales, pourquoi ne planterait-on pas en
Vignes les terrains qui peuvent être submergés?
PHYLLOXERA !
[
I
1
C’est, du moins, ce que peut-être on sera obligé i
de faire, du moins jusqu’à ce que les causes !
qui ont amené le phylloxéra n’existant plus, cet '
insecte disparaîtra. Sera-ce prochainement? Nous
le désirons. ^
On peut voir, d’après ce qui suit, que i i
nous partageons complètement l’opinion de i
M. L. Faucon, sans toutefois prétendre à en j |
partager, en quoi que ce soit, le mérite; ;
c’est assez de le constater. Mais si les faits, ;
que nous avons rappelés, n’étaient pas suffi-
sants, ceux qui ont été consignés dans un
très-remarquable article (1) par M. E. Borde
de Tempest sont de nature à dissiper tous i
les doutes. Aussi, si nous revenons sur ce ;
sujet, ce n’est pas pour appuyer les dires de ;
MM. Faucon, Tardieu et E. de Tempest qui
ont pour eux les faits, toujours autrement '
éloquents que toutes les phrases que l’on i
pourrait faire. Notre but est tout autre :
appeler l’attention des savants et des prati-
ciens sur certaines particularités peu con-
nues, et qui, peut-être, si l’on en tirait les
conséquences, pourraient jeter quelque jour
sur cette importante question en faisant res-
sortir des faits assez analogues à ceux que !
l’on constate dans le travail de la submer- ;
sion et qui ont passé inaperçus. Ajoutons
que les faits dont nous allons parler concor- .
dent assez avec ceux de M . L . F aucon , et qu’ils
sem.blent même les confirmer. Pour cela, et
avant tout, nous posons cette question : Le
'phylloxéra est-il d’origine américaine^, u
et si oui, son apparition dans nos cul- I
tures est-elle aussi récente qu’on paraît le !
croire^ On doit comprendre que sur ces
différents points, délicats et difficiles à Irai- J
ter, nous n’avons pas la prétention de don-
ner une solution complète, mais seulement, i
et ainsi que nous l’avons dit, d’appeler Fat- (
tention sur certains faits que nous allons j
exposer, et qui nous paraissent dignes de i
quelque attention. Voici :
Vers 1852, un de nos collègues bien
avantageusement connu, M. Dupuy-Jamain, j
horticulteur-pépiniériste, route d’Italie, à la ; ^
Maison-Blanche (Paris, 13e arrondissement), j ^
avait, en outre de ses pépinières et de son ^
établissement, un terrain situé à la Pointe- !
d’Ivry, d’une contenance d’environ 60 ares, | ^
exclusivement consacré à la culture des ^
arbres fruitiers qui, du reste, y poussaient à | ^
(1) Voir Journal d’Agriculture pratique, 18/3, j |
p. 43. ! I;
A PROrOS DU PHYLLOXERA.
33î>
merv'eille, lorsque tout à coup il s’aperçut
que ses arbres, jusque-là si rigoureux,
semblaient souffrir : leur belle teinte verte
s’altérait, l’écorce des jeunes bourgeons était
comme un peu ridée, et, peu de temps après,
les feuilles prenaient une teinte jaune. Con-
fiant dans la qualité du terrain et dans les
bons soins qu’il donnait à ses arbres,
M. Dupuy-Jamain ne s’en effraya pas autre-
ment; il pensa que le mal, étant probable-
ment dû à une cause accidentelle telle
qu’une très-forte insolation, un coup de vent
ou peut-être l’influence de certains gaz, ne
serait que passager. Mais il ne tarda pas à
se convaincre du contraire et à voir qu’il
devait y avoir là une affection plus grave
qu’il ne l’avait d’abord supposé. Mais que
faire? D’où pouvait provenir ce mal dont
rien ne lui révélait la cause ? En effet, bon
sol, assez humide pour que les végétaux (des
arbres surtout) ne puissent faner; ni tigre,
ni puceron sur les feuilles; rien, en un mot,
qui puisse expliquer ce dépérissement
presque instantané d’arbres dont la végéta-
tion, jusque-là, avait été parfaite. C’est alors
qu’il eut l’idée d’arracher un de ces arbres
pour en examiner les racines. Quel ne fut
pas son étonnement lorsqu’il vit ces racines
entièrement envahies par des légions de pu-
cerons aptères qu’il n’avait jamais remar-
qués, qu’il ne connaissait pas, et dont il ne
se préoccupa, du reste, autrement que pour
tâcher de trouver un’Dnoyen de s’en débar-
rasser ! Ayant arraché plusieurs arbres dans
les diffférentes parties du jardin, il constata
que, à peu près tous avaient les[racinesdans
le même état. Disons toutefois que les Poi-
riers seuls, principalement ceux qui étaient
greffés sur franc, étaient attaqués. Après
avoir longtemps réfléchi, l’idée lui vint —
pourquoi? il n’aurait pu le dire — d’arroser
fréquemment et fortement ses arbres, de
les (( tenir à Veau, » comme l’on dit. Peu de
temps après, il vit ses arbres revenir à la
vie, et à l’automme, lorsqu’il les arracha,
tout le mal était disparu. Quelques an-
nées plus tard, dans un terrain qu’il avait
loué, rue Vendrezanne, dans le voisinage de
son établissement, le même fléau sévit sur
ses Poiriers. Là, aussi, le même remède
réussit : de très-fréquents et copieux arro-
merits sauvèrent les arbres.
Nous savons bien qu’on est en droit de
nous faire cette objection : Mais est-il dé-
montré que l’insecte qui attaquait ainsi les
Poiriers est le même que celui qui attaque
j la Vigne, le Plnjlloxera vastatrix ? Sous ce
rapport nous ne pouvons rienaffimer , puisque
le fait n’a pas été constaté scientifiquement ;
mais ce que nous pouvons dire et qui donne
un certain poids à l’identité, ce sont la nature
du mal et ses effets qui, de plus, paraissent
corroborés par le traitement qui, étant le
même dans les deux cas, a produit aussi
des résultats tout à fait semblables. On s’est
borné dans cette circonstance à découvrir
l’ennemi, puis à lui faire la guerre.
Tout ceci, en démontrant que si le puceron
qui attaquait les racines des Poiriers de
M. Dupuy-Jamain n’était pas le même que
celui qui attaque la Vigne, il semble, du
moins, indiquer qu’il a avec lui une très-
grande analogie, et, ce qui est important,
qu’on peut le combattre par les mêmes
moyens : les arrosements copieux répétés
fréquemment. Mais si le contraire arrivait,
que l’on trouvât sur des Poiriers des puce-
rons semblables à ceux qu’a observés
M. Dupuy-Jamain, et que les étudiant avec
soin, la science pût constater qu’ils sont
identiques à ceux du phylloxéra, il en résul-
terait que celui-ci n’est pas nouveau, et
aussi que son origine exotique pourrait être
mise en doute . Peut-être aussi découvrirait-on
que ce sont des insectes du même genre,
mais de différentes espèces, et que celle qui
attaque la vigne est américaine, tandis que
celle qui attaque les Poiriers est européenne
et même française, fait dont nous n’aurions
toutefois pas lieu de nous enorgueillir. Il va
sans dire que nous ne jugeons pas, et que
nous n’avons aucunement l’intention d’en-
lever aux savants entomologistes qui ont fait
l’histoire et une étude spéciale du phylloxéra
le mérite incontestable, et du reste incon-
testé, de leurs remarquables travaux. Notre
but, nous ne saurions trop le répéter, en
faisant ressortir l’analogie des insectes et
des dégâts qu’ils occasionnent, ainsi que du
procédé à l’aide duquel on peut les détruire,
est d’engager tous les intéressés à faire des
expériences. Mais ce que nous ne saurions
non plus trop répéter, c’est que nous ne pré-
tendons avoir aucune part, si petite soit-elle,
à la découverte réelle du moyen de com-
battre le phylloxéra par la submersion, pro-
cédé qui revient tout entier à M. L. Faucon.
Tout ceci dit, il reste encore plusieurs
questions qui, bien qu’en apparence secon-
daires, sont également d’une importance ca-
pitale, d’abord celle-ci : La submersion des
Vignes est-elle indispensable pour com-
battre le phylloxéra ? Sous ce rapport, on
ne peut rien affirmer ; l’expérience seule
pourra donner une solution. Faisons^d’abord
remarquer que s’il était bien démontré,
340
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES.
ainsi qu’on le dit, qu’il suffise qu’il reste un
seul insecte pour en produire bientôt des
millions d’autres, il est douteux qu’on par-
vienne jamais à se débarrasser du phylloxéra,
car, dans ce cas, aucune submersion ne
pourrait être assez complète pour les faire
tous périr. En effet, il faudrait alors que non-
seulement le sol, mais la tige et les sarments
de Vigne qui peuvent également recéler des
œufs ou des larves, puissent être entièrement
submergés, ce qui est de toute impossibilité.
Reste donc à trouver dans quelles limites et
dans quelles proportions la submersion de-
vrait se faire, et, si des arrosements peuvent
suffire, dans quelles conditions ils doivent
être pratiqués, quelle quantité d’eau l’on
devrait donner, à quelle époque, etc., etc.
D’un autre côté, en supposant que les deux
procédés puissent donner de bons résultats,
on aurait à tenir compte des difficultés ré-
sultant de l’emplacement, des Irais de main
d’œuvre, de la valeur des vins, etc., etc.,
toutes choses très-complexes, relatives, et
que seule l’expérience peut résoudre.
Une autre question qui nous est sug-
gérée par une objection qui nous a été faite
est celle-ci : L’action répétée et prolongée
de Veau sur les racines des Vignes n’ affai-
blir ait- elle 2^ ois la qualité des vins de nos
grands crus^ et alors ne leur enlèverait-
elle pas la juste renommée dont ils joui-
sent? La logique, en effet, semble répondre
par l’affirmative ; mais, même en admettant
ce fait, devrait-on s’arrêter devant les con-
séquences qu’ils pourrait entraîner, et là où
il y a un mal, doit-on ne pas chercher à le
combattre, par cette raison qu’on ne pourrait
le guérir complètement? Nous croyons le
contraire : quel que soit un remède, il vaut
mieux que le mal ; autrement il n’aurait de
remède que le nom. Aussi, pour résumer et
conclure, nous disons :
Etant reconnu que de tous les moyens
qu’on a recommandés pour combattre \e phyl-
loxéra, celui de M. L. Faucon est à peu
près le seul qui donne de bons résultats,
il faut l’employer, à moins que les incon-
vénients qu’il pourrait occasionner soient
trop graves et qu’il n’y ait pas de compen-
sation entre les dépenses et les bénéfices,
ce qui est une question d’appropriation,
de milieux, etc., en un mot d’économie,
dont seuls les intéressés peuvent être
juges. D’une autre part, comme il est
très-probable que des arrosements fré-
quents et copieux, donnés à propos, produi-
raient également de bons résultats, il faut
donc aussi en essayer, et par des expériences
variées, s’assurer si, dans certains cas, il n’y
aurait pas avantage à pratiquer ceux-ci au
lieu de la submersion, et là où il n’est pas
possible d’arroser, ni de submerger, aban-
donner temporairement la culture de la
Vigne. Mais en même temps, par contre et
comme compensation, il faut planter des
Vignes là où il est possible d’irriguer, et cela
sans se préoccuper si les vins seront de
qualité un peu moins bonne; car dans cette
circonstance on n’a guère à choisir qu’entre
quelque chose et rien, choix qu’on peut
résumer par ce dicton : c( entre deux maux,
il faut choisir le moindre. » C’est du moins
ce que recommandent la prudence et la sa-
gesse, et que conseille l’intérêt, tant qu’on
aura à craindre les ravages du phylloxéra,
qui lui aussi, on ne peut en douter, dispa-
raîtra, rien ne pouvant être éternel ! Gomme
les biens, les maux passent !
E.-A. Carrière.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES
Uhnus Berardi, Hort., Simon-Louis. —
Rien de plus curieux et de plus distinct que
cette espèce, qui, par son faciès, n’a pour
ainsi dire plus rien de commun avec celles
de ce genre. Elle a été trouvée en 1865 chez
MM. Simon-Louis frères, horticulteurs-
pépiniéristes et marchands grainiers à Metz,
dans un semis de graines d’Orme cham-
pêtre. Par son feuillage, V Ulmus Berardi
rappelle assez exactement le Comptonia
asplenifolia. R constitue un arbuste très-
buissonneux, à ramifications excessivement !
ténues (filiformes). Ses feuilles, très-rap- i
prochées, qui sont rarement étalées-disti- !
ques, excepté parfois sur les rameaux vi-
goureux ou sortes de gourmands, sont d’un
vert très-foncé, presque noir; elles sont ex-
trêmement petites et irrégulièrement cré-
nelées, dans le genre de celles du Planera
crenata, ordinairement redressées sur les
rameaux, qu’elles cachent presque entière-
ment. C’est un arbuste peu connu et des
plus curieux, que l’on ne saurait trop re-
commander; il est aussi des plus jolis.
E.-A. Carrière.
Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine de septembre)
Les premiers froids ; nuit du G au 7 septembre. — Le phylloxéra. — Le Champignon gigantesque de la
Banque d’Angleterre : extrait du Gardener’s Chronicle. — Exposition de la Société centrale de la
Seine-Inférieure. — Le Torreya nucifem; sa maturité bisannuelle : communication de M. Lalande
jeune, horticulteur à Nantes. •— Exposition spéciale de fruits faite par le Cercle d'arboriculture de
Belgique. — Communication de M. Ayral, sur les ravages du phylloxéra. — La grêle : lettre de M. Jules
Mathieu, de Louviers. — Démission de M. Jean Sisley de ses fonctions de secrétaire général du Cercle
horticole lyonnais : lettre de M. Jean Sisley. — Exposition de Heurs, de culture maraîchère, de pomo-
logie, préparée par l'administration communale de Spa. — Rusticité et facilité de reproduction de
V Amorphophallus Rivieri; communication de M. Gagnaire : V Amorphophallus au Muséum. —
L’agriculture et l’horticulture au Japon; communication de M. Hénon : les Blés et les Orges; un
Magnolia de 50 mètres ; plantation des rizières. — Remarques sur le Fraisier Y Inépuisable : sa rus-
ticité, sa qualité de Fraisier remontant, son utilisation. — Les Glaïeuls : récompense obtenue par
M. Charles Verdier, à l’Exposition de Vienne.
Si, jugeant sur les apparences, on essayait
d’apprécier quelle pourra être la rigueur de
l’hiver prochain par la température du 6 au
7 septembre 1873, on pourrait en conclure
qu’il sera froid ou prématuré, peut-être
l’un et l’autre. En effet, à Paris, dans
les pépinières du Muséum, entre 4 et
5 heures du matin, le thermomètre mar-
quait seulement à peine 4 degrés au-des-
sus de zéro. Dans certains quartiers, à Vau-
girard, par exemple, on nous a affirmé
qu’il y a eu de la gelée blanche. Il en a été
de même à Versailles et dans plusieurs lo-
calités des environs : ainsi, à Viroflay, on a
pu, sur des feuilles de Choux, constater la
présence de légers glaçons, et l’on nous a
assuré que le fait s’est aussi produit dans
certains endroits sur des carreaux de châs-
sis.
Si de ces avant-coureurs on ne peut con-
clure la rigueur du prochain hiver, ils
pourraient pourtant indiquer qu’il est bon
de se mettre en mesure, car il suffit d’une
température relativement basse pendant
quelques jours pour faire beaucoup de mal
à certains végétaux : on en a comme exem-
ple l’hiver dernier qui," bien que presque
nul, fut précédé en septembre de quelques
jours froids qui firent beaucoup de tort ; ainsi
le 8 septembre un certain nombre de plantes,
i des Ficus elastica entre autres, eurent l’ex-
trémité des jeunes pousses gelées. Aussi
I doit-on tenir un très -grand compte de
ces avant-coureurs, qu’on peut considérer
comme une sorte de « garde à vous, » et
1 ne pas oublier ce vieux proverbe : « La pru-
dence est la mère de la sûreté, » qui est
toujours vrai.
! — Une question aussi capitale que celle du
phylloxéra ne doit laisser personne indiffé-
16 SEPTEMBRE 1873.
rent à sa solution, puisque tout le monde y
est intéressé ; tous les organes, surtout ceux
qui sont spéciaux à la culture, ne doivent
donc rien négliger de tout ce qui s’y rat-
tache. C’est ce qui explique l’empressement
que nous avons mis à tenir nos lecteurs au
courant de toutes les publications qui ont
été faites sur ce sujet. On trouvera plus
loin un article de M. Gaston Bazille, ainsi
qu’un c( Exposé des mesures quHl convieyit
de prendre pour arriver à V extinction de
ce fléau, » par MM. Lautaud, d’Ortoman et
Monestier.
— Dans le numéro du 16 août du Garde-
ner’s Chronicle, on lit ce qui suit :
Champignon gigantesque de la Banque d’An-
gleterre. — On a reçu de M. Alfred Smee, la se-
maine dernière, un Champignon dont la patrie
adoptive n’était rien moins que la Banque d’An-
gleterre. Ce parasite avait élu domicile sous les
planchers de cet établissement, sur les solives
en sapin d’Amérique (nommé Pitch Pin), qui
supportent ces derniers. Le poids de ce Fungus
mastodonte était de 32 livres ; ses dimensions
étaient, comme on le pense bien, très-respec-
tables; la partie principale mesurait près de
2 mètres de circonférence sur près de 17 cen-
timètres d’épaisseur. Ce Champignon était le
Polyporus annosus, Fr., espèce particulière aux
Conifères, et sans doute assez commune dans de
semblables situations, sous les planchers. Son
mycélium avait complètement détruit le mor-
ceau de solive sur lequel il était fixé. Il sera ex-
posé à la prochaine exhibition de la Société
royale d’horticulture, au mois d’octobre pro-
chain.
Nous serions presque tenté de croire à l’in-
fluence des métaux précieux que renferme cet
établissement sur l’embonpoint de ce parasite.
Ce Champignon peut aller de pair avec
celui trouvé récemment dans le département
de la Creuse, qui, lui aussi, pouvait passer
18
342 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
pour un (( mastodonte. » Ce dernier, qui
appartenait à l’espèce Lycoperdo7i hovista
ou Bovista gigmitea, mesurait 55 centi-
mètres de diamètre , 1”^ 30 de circonfé-
rence, dimensions énormes, ainsi qu’on
peut le voir, et que, dit-on, il aurait atteintes
en trois jours et trois nuits.
Bien que de genre, d’espèce et de nature
différents, aucun de ces deux Champignons
n’est comestible ; pourtant l’on nous a as-
suré que dans son jeune âge le Bovista gi~
gardea est comestible, qu’on le mange dans
certains endroits, ce que nous ne garan-
tissons pas : nous ne conseillons même pas
d’en tenter l’essai.
— Du 8 au 12 octobre 1873, la Société
centrale du département de la Seine-Infé-
rieure fera, à Rouen, dans le palais des
Consuls, une exposition d’horticulture à la-
quelle elle convie tous les horticulteurs et
•amateurs français et étrangers. Les con-
cours qu’elle comprend sont répartis dans
les sections suivantes : floricuUm'e^ culture
maraîchère, pomologie et ai'horiculture,
fruits. Outre ces concours, il en est d’au-
tres tout à fait locaux, dont par conséquent
nous n’avons pas à parler.
Les demandes d’admission devront être
adressées au président, au siège de la So-
ciété, 40, rue Saint-Lô, au moins dix jours
avant l’ouverture de l’exposition.
Le jury se réunira le 8 octobre, à onze
heures du matin, au local de l’exposition.
— L’article que nous avons publié, sur
le Torrega nucifera (1), nous a valu de
notre collègue, M. Lalande jeune, pépinié-
riste à Nantes, une très-intéressante lettre
que nous nous empressons de publier. La
voici :
Nantes, le 23 août 1873.
Monsieur E.-A. Carrière, à Paris.
J’ai lu avec intérêt, dans la Revue horticole
du 16 août 1873, votre article intitulé : Du Tor~
reya nue fera à propos des sexes. Je prends la
liberté de vous informer de ce que j’ai observé
à ce sujet, vous autorisant à publier ma lettre
si TOUS la jugez digne d’intéresser vos lecteurs.
Les Torreya nucifera que j’ai eu occasion de
voir en fleur chez moi portaient sur le même
individu des fleurs mâles et des fleurs femelles,
mais qui cependant ne produisaient pas de fruits,
probablement à cause du trop jeune âge des ar-
bres. Pourtant, en 1871, je récoltais quatre
beaux fruits que j’ai semés en septembre. J’ai
été très-heureux, puisque, de ces quatre graines,
(1) V. Revue horticole, 1873, p. 315.
j’ai obtenu trois plantes vigoureuses qui ont fait
deux pousses en 1872. Cette année-ci, 1873, ces
trois sujets ont également fait deux pousses, et
la dernière s’est très-bien caractérisée; les
feuilles, qui d’abord ressemblaient à celles du
Torreya myristica, ont en dernier lieu pris la
forme et la grandeur de celles du type, T. nuci-
fera. En 1872, bien que j’aie également récolté
quatre graines, j’ai été beaucoup moins heureux
que la première fois, puisque, bien que semées
et soignées avec les mêmes précautions, je n’ai
rien obtenu jusqu’à présent ; je ne me décou-
rage pas pourtant ; j’ai l’espoir qu’elles lèveront
au printemps 1874. J’avais aussi l’espoir d’une
récolte plus abondante cette année, mais les ge-
lées du 25 au 28 avril dernier ont tout détruit.
Le fait le plus remarquable que j’ai pu obser-
ver relativement à la floraison du Torreya —
celui du moins qui me paraît tel et que j’ai pu
constater sur le pied qui a fructifié chez moi —
est que le fruit naît sur une fleur sortie un an
auparavant. Ainsi, en ce moment, il existe sur
mon arbre une certaine quantité de fleurs fe-
melles qui paraissent déformées, qui vont rester
stationnaires et ne grossiront qu’en 1874; c’est
une chose qui demande à être étudiée.
Je possède un fort sujet du Torreya myris-
tica qui tous les ans se charge de fleurs mâles ;
mais je n’ai encore pu constater aucune fleur fe-
melle.
Agréez, etc. Lalande jeune.
Horticulteur à Nantes.
Cette lettre, dont nous ne saurions trop
remercier l’auteur, présente le plus grand
intérêt, non seulement au point de vue de
l’horticulture proprement dite, mais encore
à celui de la science, en venant éclairer une
question sur laquelle, il y a peu de temps
encore, on n’était pas suffisamment rensei-
gné. En appuyant les faits que nous avons
indiqués précédemment relativement à la
sexualité des Toy^reya, la lettre de M. La-
lande nous fait aussi connaître que la matu-
rité des fruits est bisannuelle comrRe chez
les Cephalotaxus, qui, du reste, paraissent
en être très-voisins. Ajoutons que, au point
de vue de l’ornement, l’obtention par graines
de^Torreya nucifera est un fait dont on
doit se réjouir, car, comme beaucoup de
Conifères, cette espèce ne produit jamais de
flèche quand elle provient de bouture, et
qu’alors les plantes buissonneuses ne s’élè-
vent qu’àjl’aide d’un tuteur et présentent
un aspect disgracieux, tandis que c’est
le contraire lorsque les individus provien-
nent de semis. Dans ce cas, en effet, les
plantes s’élancent verticalement en étalant
horizontalement leurs branches, qui sont
disposées par verticilles réguliers.
— Du 21 au 23 septembre prochain, le
343
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAlaE DE SEPTEMBRE;.
Cercle d’arboriculture de Belgique fera, au
local du Casino, à Gand, une exposition
spéciale de fruits qui promet d’être des plus
brillantes, ce qui ii’a pas lieu d’étonner lors-
qu’on réfléchit à ce que, en général, l’hor-
ticulture est en Belgique.
Les personnes qui désirent prendre part
aux concours doivent en informer M. Ed.
Pinaert, à Gand, qui leur donnera, à ce su-
jet, tous les renseignements dont ils pour-
raient avoir besoin.
— Si, dans certaines’ localités, le phyl-
loxéra semble avoir une tendance à res-
treindre ses ravages, c’est le contraire dans
d’autres ; dans quelques endroits il gagne
du terrain. G’est ce que fait observer M. Ay-
ral, qui, dans une lettre qu’il écrivait ré-
cemment, disait « que le fléau a étendu ses
ravages sur les Vignes situées entre les Cé-
vennes et la mer, et qu’il marche vers le
sud. )) Aussi, au lieu de s’arrêter dans la
recherche des moyens de combattre cet en-
nemi de nos vignobles, il faut redoubler
d’efforts et faire connaître, avec les diffé-
rents moyens qu’on a employés, les résul-
tats qu’on a obtenus. Pas d’indifférence ! un
mal qui frappe tout le monde doit avoir tout
le monde contre soi.
!
i
— Indépendamment des pertes de toutes
sortes résultant du climat, des insectes, des
intempéries, le cultivateur est encore ex-
posé à certains accidents contre lesquels
il ne peut rien, et qui, en quelques instants,
peuvent lui enlever ses récoltes et lui cau-
ser des préjudices considérables : telle est
la grêle, qui chaque année tombe sur cer-
tains points. La lettre suivante, que nous
adresse un de nos abonnés, en fournit en-
core un triste exemple :
bouviers, le 25 août 1873.
Monsieur Carrière,
Aujourd’hui, de trois à quatre heures du soir,
il est tombé de la grêle qui mesurait jusqu’à
15 centimètres de circonférence et d’un poids
vraiment considérable (certains grêlons pesaient
100 grammes) ; aussi, pas une fleur n’est restée ;
nos Chicorées sont criblées, et sur les arbres on
ne voit pas une seule feuille entière: les trois
quarts des fruits, même sur les espaliers, sont
tombés ; il ne reste plus sur les serres que quel-
ques carreaux, qui étaient en verre double ; mais
là où les carreaux étaient en verre ordinaire, de
même que les cloches, les plus grands morceaux
ne mesurent pas 10 centimètres carrés.
Agréez, etc.
Jules Mahieu,
Maraîcher et fleuriste.
— Nous publions, sans commentaires, une
lettre que nous avons reçue de notre colla-
borateur, M. Jean Sisley, dont nos lecteurs
sauront tirer les conséquences. La voici :
Lyon, 1er septembre 1873.
A Monsieur E.-A. Carrière, rédacteur en chef
de la Revue horticole.
Cher Monsieur,
Je vous prie, de vouloir bien annoncer à vos
lecteurs que j’ai donné ma démission de se-
crétaire général du Cercle horticole lyonnais.
Je me dois à moi-même, à mes amis de la
presse horticole et aux nombreux horticulteurs
et amateurs qui m’honorent, par les relations
amicales qu’ils entretiennent avec moi , de dire
les motifs de ma résolution.
Un différend de peu d’importance selon quel-
ques-uns, et de la plus grave selon moi, s’est
élevé lors de la discussion du programme de
notre exposition. — J’ai défendu avec ardeur le
principe que nul ne pouvait et ne devait con-
courir pour un prix avec des plantes qu’il
n'avait pas cultivées.
J’ai soutenu et je maintiens que le travail seul
doit être récompensé dans les concours.
La majorité n’a pas été de cet avis. Je dois
m’incliner, mais je dois protester publiquement
et me retirer, pour ne pas sanctionner par ma
présence ce que j’ai qualifié de fraude hor-
ticole.
Comme secrétaire général du Cercle horticole
lyonnais, j’espérais, par mes nombreuses rela-
tions en Europe et en Amérique, servir l’art
horticole et les horticulteurs.
Ma retraite ne me fera pas renoncer à cet
espoir, car je continuerai comme amateur à
mettre au service de l’horticulture le peu
d’énergie qui me reste au déclin de la vie, et je
répondrai avec empressement à tous les appels
qui seront faits à mon dévoûment.
Agréez, mon cher rédacteur en chef, l’assu-
rance de mes sentiments affectueux.
Jean Sisley.
— L’administration communale de Spa
(Belgique) fera dans cette ville, les dimanche
et lundi 21 et 22 septembre 1873, une
« grande exposition de fleurs, de plantes
ornementales, de produits de la culture
maraichère, de pomologie, de la flore de
Spa et de Champignons, » à laquelle elle
convie tous les horticulteurs et amateurs
français et étrangers. Les demandes d’ad-
mission doivent être adressées à M. le di-
recteur des fêtes de Spa.
Le jury se réunira le dimanche 21 sep-
tembre, à dix heures et demie du matin, à
la salle Levoz, local de l’exposition.
— A propos de la rusticité de V Amorpho-
phallus Rivieri dont nous avons parlé récem-
É
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
344
ment (1), noire collègue et colloborateur
M. Gagnaire nous a adressé la lettre suivante :
Bergerac, le 24 août 1873.
Mon cher collègue,
Le fait cité par M. H. Truchotdans le dernier
numéro de la Revue horticole, relativement à
la rusticité de VAmorphophallus Rivieri, vient
d’avoir son pendant chez un amateur, à Berge-
rac.
M. Roman, ingénieur du chemin de fer, pos-
sède à ;.Bergerac un charmant jardin dans le-
quel se trouvent de bonnes et rares plantes aux-
quelles il consacre une grande partie de ses loi-
sirs. Or, au printemps de 1872, M. Roman ayant
reçu un tubercule à' Àmorphophallns, s’empressa
de le livrer à la pleine terre, où il poussa vi-
goureusement pendant le cours de la saison.
A l’automne, l’Amorphophallus fut retiré de la
pleine terre avec soin, et rien ne faisait prévoir
qu’au printemps de 1873 deux ou trois rejetons
de cette plante auraient bravé sans abris les ri-
gueurs de l’hiver, et viendraient prendre la place
de la touffe précédente.
C’est cependant ce qui a eu lieu, au grand
étonnement de M. Roman et de votre serviteur,
qui n’ont pas été peu surpris de cette rusticité
inattendue, et de la facilité de reproduction qui
caractérise VAmorphophallus Rivieri.
VAralia papyrifera est devenu dans mon jar-
din en plein air et depuis quatre ou cinq ans une
plante désagréable à cause de ses nombreux re-
jets qui poussent de tous côtés. En sera-t-il de
même de V Amorphophallus Rivieri?
Agréez, etc. Gagnaire fils aîné.
Un fait tout à fait identique à celui qu’a
rapporté notre collègue M. Gagnaire s’est
passé au Muséum : des bulbilles qui avaient
échappé aux recherches lors de l’arrachage
des fortes plantes en 1872, ont poussé et
produit des feuilles, ainsi que l’auraient fait
des tubercules qu’on aurait hivernés en serre
et mis en pleine terre au printemps. Disons
toutefois que les bulbes qui restent en pleine
terre produisent des plantes relativement
•plus vigoureuses. Une chose qu’il ne faut
pas oublier pourtant, c’est que l’hiver der-
nier a été très-doux, nul presque, et que les
résultats dont nous venons de parler pour-
raient bien être la conséquence de cette
absence de froids, d’où nous concluons que
îe dernier mot sur ce sujet n’est probable-
ment pas dit.
— Notre collaborateur et ami, M. Jean
Sisley, nous a communiqué l’extrait d’une
lettre qu’il a reçue de M. le Dï" Augustin
Hénon, attaché au gouvernement japonais.
Comme tout ce qui vient de ce pays pré-
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 305.
sente de l’intérêt, surtout en ce qui concerne
l’horticulture, nous croyons devoir repro-
duire cet extrait.
Ikouno (Japon), 3 juin 1873.
... Nous avons ici une sécheresse très-forte
pour le pays ; plus de trois semaines sans
pluie du tout, et pendant les mois d’avril et de
mai il n’était tombé que des pluies insignifiantes,
de sorte que tout commençait à souffrir et qu’on
ne pouvait pas préparer les rizières pour la trans-
plantation du Riz, qui va recommencer.
Juin nous a amené de la pluie; avant-hier et
hier, il est tombé une pluie diluvienne qui n’a
presque pas cessé de tout le jour et la nuit; au-
jourd’hui il a fait très-beau et très-chaud; l’air
est presque saturé d’humidité, de sorte que l’on
se croirait dans une serre à Orchidées. Tout va
donc pousser rapidement. Nous avions bien besoin
de cette pluie; notre jardin, qui n’est pas brillant
à cause de la mauvaise qualité du terrain, com-
mençait à devenir misérable.
Ici le terrain semble assez bon, mais il est
pourtant moins bon qu’il ne paraît.
Je crois que le calcaire fait complètement dé-
faut dans le pays; aussi je n’ai guère mené à
bien, jusqu’à présent, que des Choux ordinaires
et des Choux-Fleurs.
On commence à couper les Orges d’hiver ; on
en cultive beaucoup en trois à quatre variétés.
La plupart sont à grains nus ; on les égrène au
moyen de pilons, comme le Riz, et on en fait
d’excellents gruaux; je crois bien que ce sont ces
Orges qui ont été appelées si souvent Ris s^cs.
Les Blés seront mûrs dans une quinzaine ; il y ,
en a très-peu aux environs d’Ikouno. Comme le
pays est beaucoup plus froid et plus tardif que ,
dans la plaine, on sème plutôt de l’Orge qui, •
mûrissant un peu plus vite, donne plus de temps ,
pour préparer les rizières qui lui succèdent.
Les Azalées sont presque tous passés, les -
Weigelias aussi; les Deutzias sont en pleine fleur
et très-jolis. L’arbuste très-épineux, de la famille ;
des Cassiées, dont j’ai envoyé les graines, estac-'
tuellement fleuri; il forme de grands épis de
fleurs jaunes, avec les étamines un peu rouges;
il est très-joli et doit résister à nos hivers (1).
18 juin.
Je suis allé me promener jusqu’à Kosi-Kouno,
et là, à côté d’un temple d’Hatchiman, nous avons
vu un Magnolia d’au moins 50 mètres de hau-
(1) Nous ne sommes pas éloigné de croire que
l’arbuste épineux dont parle le D>’ Hénon est le
Poinciana GilUesii , bien que cette espèce soit
considérée comme étant d’origine américaine (de
Buénos-Ayres). Ne pourrait-il se faire, en effet,
qu’elle croisse en même temps au Japon, ainsi du
reste qu’on en a des exemples pour beaucoup d’au-
tres plantes, ou bien quelle y ait été importée
à une époque très - reculée , dont l’histoire n a
pas gardé le souvenir, comme c’est le cas pour
un grand nombre d’autres espèces? Les deux cho-
ses sont possibles. {Note du rédacteur.)
. CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE SEPTEMBRE). 3/iiV
leur, gros comme un de nos gros Noyers. Cette
espèce, que je ne connais pas, est à grandes
feuilles caduques et à grandes Heurs blanches,
s’épanouissant dans le commencement de juin.
Il y a en beaucoup dans les taillis des environs ;
mais ils ne fleurissent que quand ils sont un peu
gros; c’est un arbre magnifique.
On achève en ce moment de planter les ri-
- zières dans les en vairons.
Des hommes et des femmes marchent à recu-
lons dans l’eau et la boue (car on mélange avec
des houes la terre et l’eau, de façon à en faire de
la boue demi-liquide), tenant dans la main gau-
che un paquet de plançons de Riz ; ils en pren-
nent quatre ou cinq pieds avec la main droite
et les enfoncent dans la boue, sans se servir
d’aucun instrument; les touffes sont espacées d’à
peu près un demi-pied en tous sens.
Devant chez nous j’ai regardé travailler deux
hommes et deux femmes, et à eux quatre ils ont
dans la journée planté un peu plus de 27 ares.
C’est un travail qui doit être assez désagréable
et qui dans la plupart des pays serait extrême-
ment malsain. Ce qui m’étonne beaucoup ici,
c’est que jusqu’à présent je n’ai pas encore eu
un seul accès de fièvre intermittente.
Je pense que ce qui fait que les rizières d’ici
ne sont pas malsaines, c’est que ce sont de pe-
tites terrasses artificielles établies sur des pen-
tes assez fortes, et dans lesquelles l’eau se re-
I nouvelle constamment, condition bien différente
1 des grandes rizières d’Italie. Ici, aux environs,
j les plus grandes rizières n’ont guère qu’un demi-
I hectare, et beaucoup n’ont que 2 ou 3 ares de
• superficie.
I
S
f
— Si le F raisier V Inépuisable n’est pas une
bonne variété (ce qui aujourd’hui paraît être
à peu près hors de doute), on doit néan-
moins reconnaître que c’est une variété par-
ticulière possédant des propriétés spéciales,
qui, mises à profit, pourraient très-proba->
blement produire de très-bons résultats.
Nous avons déjà appelé l’attention sur ce
sujet, que nous considérons comme très-
important, ce qui nous engage à y revenir.
Tout récemment encore nous avons vu deux
planches de ce Fraisier, dont toutes les
plantes sont en fleur depuis le mois de mai.
Il est vrai, — et c’est certainement le côté re-
grettable, — que la plupart des fruits avortent
ou ne prennent qu’un développement impar-
fait. Nous devoirs ajouter aussi que, presque
toujours, les fruits, lorsqu’ils viennent gros,
sont monstrueux; quant à la qualité, elle est
très-bonne.
Cette variété, qui est vraiment remon-
tante, et qui sous ce rapport rentre dans
I les véritables semperflorens, paraît être
un premier pas fait vers l’obtention des
Fraisiers à gros fruits, remontants; aussi
est-ce surtout à ce point de vue que nous la
recommandons aux semeurs. Toutefois, nous
croyons devoir faire quelques observations
sur celte Fraise, et sans la défendre ni la re-
commander, dire ce que nous en savons, lais-
sant chacun l’apprécier comme il le voudra.
Ainsi, aux deux dernières séances de la So-
ciété centrale d’horticulture, notre collègue,
M. Robine, de Sceaux, a présenté une
assiettée de fruits de cette Fraise, beaux,
bons et bien murs, qu’il avait cueillis dans
une planche d’environ 3 mètres carrés, où
les pieds plantés il y a deux ans avaient été
abandonnés et à peu près recouverts par les
mauvaises herbes. Il va sans dire qu’ils
n’ont pas été arrosés. Le résultat dont nous
venons de parler ne fait pas seulement res-
sortir la propriété remontante de Vlnépui-
sahle; il en démontre la rusticité à résister
au soleil et à la sécheresse. Ainsi, tandis
que des Fraisiers de quatre-saisons placés
dans les mêmes conditions étaient brûlés,
dépourvus de feuilles et de fruits, les Frai-
siers V Inépuisable, très-vigoureux et garnis
de belles feuilles vertes, étaient chargés de
fleurs et de fruits à différents états.
Malgré ces avantages incontestables et
particuliers que présente ce Fraisier, nous
ne le recommandons pas au point de vue de
la spéculation, mais seulement, et nous ne
saurions trop le répéter, comme plante
porte-graine ; si l’on veut suivre nos recom-
mandations, nous ne serions pas surpris d’ap-
prendre bientôt que l’on possède, dans les^
Fraisiers à gros fruit, l’équivalent ou mieux
l’analogue du Fraisier des quatre-saisons.
Ce résultat est du moins à moitié obtenu ;
la voie est donc indiquée ; ce serait vraiment
regrettable que l’on s’arrêtât en «aussi beau
chemin. ))
— Une culture éminemment (pour ne pas
dire exclusivement) française est incontes-
tablement celle des Glaïeuls ; aussi nous
empressons-nous d’informer nos lecteurs que
ces plantes viennent d’être récompensées à
l’exposition internationale de Vienne, dans
la personne de M. Charles Verdier, horti-
culteur à Paris, 12, rue Duméril, qui en
avait envoyé une collection. Nous sommes
très-heureux de ce résultat qui, du reste,
ne surprendra personne lorsqu’on saura que
les belles collections de Glaïeuls que pos-
sède M. C. Verdier sont, pour le plus grand
nombre, des gains de l’heureux semeur
M. Souchet, qu’on peut, au point de vue de
l’ornement, considérer comme le créateur
du genre Glaïeul.
ABRI DES ARBRES FRUITIERS CONTRE LES GELÉES PRINTANIÈRES.
346
Ainsi, le 21 août, à la troisième exposition
temporaire, le jury accordait la Médaille de
MÉRITE à notre collègue et compatriote
M. Charles Verdier. Encore une victoire
remportée par l’horticulture française. Es-
pérons que ce n’est pas la dernière que nous
aurons à enregistrer.
E.-A. Carrière.
ABRI DES ARBRES FRUITIERS
CONTRE LES GELÉES PRINTANIÈRES
L’expérience de ces dernières années,
répétée coup sur coup, nous a montré com-
bien, en outre des fléaux de toute sorte qui
s’abattent sur les jardins, nous avons à re-
douter k s gelées printanières, et beaucoup
de personnes qui, jusqu’à présent, ne les
avaient considérées que comme un accident
peu commun, ont fini par s’apercevoir com-
bien il faut compter sérieusement avec
elles.
Je n’ai point l’intention de rappeler ici
les divers moyens qu’emploie l’horticulture
pour s’en préserver du mieux possible ; je
ne veux que constater les bons effets que
j’obtiens au moyen d’un abri fort simple,
très- pratique et peu coûteux, ce qui est im-
portant. Tout abri n’est pas aussi bon qu’on
le pourrait croire, et s’il est opaque et per-
manent, tout en protégeant les végétaux
contre les froids, les pluies, les givres, il les
dérobe malheureusement aussi aux salu-
taires influences de l’air et de la lumière,
d’où il résulte que la fécondation n’a lieu que
d’une manière imparfaite ou même qu’elle
ne se fait pas du tout, et que les arbres
sont envahis parles pucerons et autres para-
sites. Au printemps, de tels abris devien-
nent plus nuisibles qu’utiles. Pour éviter
cet inconvénient, j’utilise un produit de bien
peu de valeur , les genêts communs, et je
m’en trouve on ne peut mieux.
C’est surtout aux arbres dirigés en cor-
don horizontal qu’il est bon d’apporter une
protection ; leur charpente étant rapprochée
du sol, la gelée en frappe d’autant plus les
fleurs ; aussi plusieurs personnes assurent-
elles que les arbres, conduits sous cette
forme, ne produisent rien. Or, les miens et
bien d’autres produisent, et les leurs pour-
raient faire de même, pour peu que, toute
autre cause d’infertilité écartée, elles es-
saient comme moi de les garantir.
A cet eflet, je conditionne avec les genêts
des paillassons d’environ 40 centimètres de
largeur, en ayant soin qu’ils soient aussi
peu épais que possible. Longs de 2 ou
3 mètres et maintenus entre deux rangs de
lattes, ces paillassons sont à plat, ensuite
fixés à environ 30 centimètres au-dessus
des cordons, au moyen de petits échalas en-
foncés verticalement en terre de chaque
côté desdits cordons.
Ainsi qu’on le voit, le procédé est des
plus simples. Tous les arbres en cordon
horizontal que j’ai ainsi garantis au printemps
dernier se sont couverts de fruits en telle
quantité, que j’ai dû leur en enlever ; d’au-
tres, qui n’avaient pas reçu mes panneaux
de genêts, sont restés à peu près stériles.
Comme il s’agit de préserver les fleurs
des gelées du printemps, c’est un peu avant
leur épanouissement qu’il faut poser les
abris, et ce n’est que vers la fin de mai
qu’on doit les enlever, puisque malheureu-
sement, presque chaque année, le mois de
mai nous laisse à redouter quelque chose.
Je fais remarquer que les fleurs du Pom-
mier sont particulièrement sensibles au
froid ; elles nous l’ont surtout prouvé à la
saison dernière ; ainsi qu’on a pu s’en rendre
compte, leurs organes sexuels peuvent être
atteints par la gelée avant même qu’elles
soient elles-mêmes complètement épanouies.
Je me hâte de dire que je suis loin d’être
le premier à me servir des branches de ge-
nêts pour protéger les arbres au printemps ;
beaucoup d’autres l’ont fait avant moi ; mais
ce procédé, aussi simple que peu coûteux,
n’étant pas répandu autant qu’il devrait
l’étre, j’ai pensé qu’il pourrait être utile de
le signaler à ceux des lecteurs de la Revue
horticole qui ne le connaissent pas encore.
Il arrive parfois aussi qu’en plein été, les
fruits des arbres d’espalier sont frappés d’in-
solation pendant les fortes chaleurs, surtout
aux expositions du couchant et du midi ; je
préviens également cet accident au moyen de
quelques branches de genêts qui, suspen-
dues aux arbres, brisent les rayons solaires.
F. Jamin,
Horticulteur-pépiniériste à Bourg-la-Reiue.
!
i
(
I
SfS;
CULTURE DES CîIIBOUQUES. — DES TULIPES.
3i7
CULTURE DES GHIBOUQUES
Lors de notre dernier voyage à Constan-
tinople, nous avons remarqué une culture
fort intéressante du Jasmin {Jasminum of-
ficinale, L.) au point de vue de la fabrica-
tion des pipes dites turques. Cette culture
est, dans le pays, appelée simplement :
<ï culture des chibouques ; » ce dernier mot
s’applique aussi bien à la pipe entière qu’à
une de ses parties , le tuyau {tchïbouli).
Voici comment l’on opère :
On choisit un terrain de très-peu d’éten-
due, de forme rectangulaire et bien abrité
de tous côtés, de façon que le jour ne
vienne que d’en haut. Dans cet intérieur, on
construit une charpente composée de quatre
fortes poutres formant un rectangle, et es-
pacées entre elles de 50 sur un sens et
de 2 mètres sur l’autre ; leur hauteur est de
5 mètres, et les extrémités supérieures sont
réunies par des traverses de force moindre.
Au pied de chaque poutre on plante un
Jasmin dans un bon compost ad hoc, à forte
dose d’eugrais, afin d’obtenir une végétation
des plus actives possibles. Le Jasmin est at-
taché à un fil de fer galvanisé recouvert de
laine. Dans cet état il fait peu de progrès la
première année ; on ne fait que le pincer
avec soin.
La deuxième année, il est l’objet de plus
d’attention ; le pinçage a toujours lieu de
manière que la tige soit complètement nue.
A la tête du Jasmin on attache un fil qui
vient passer dans une poulie à la partie su-
périeure du poteau, et qui vient retomber le
long de celui-ci en se terminant par un
poids, de sorte que la lige ainsi tendue
prend toujours la direction verticale. Lors-
que le Jasmin a atteint 2 centimètres de dia-
mètre, elle est enveloppée d’une gaine en
toile gommée, fort ample, fermée dans sa
longueur par un fil qui passe dans de petits
anneaux. Celte gaine est destinée à préser-
ver la lige des rayons du soleil ou de la
poussière. Deux ou trois fois chaque année,
on lave soigneusement cette tige avec une
éponge imbibée d’eau de citron, opération
qui lui donne celte couleur claire si recher-
chée parmi les chibouques.
La troisième année, la tige du Jasmin
ayant acquis encore plus de vigueur, le
poids est changé en un plus lourd. Enfin,
lorsque cette tige a atteint 5 mètres de hau-
teur, on la coupe par la base. Elle passe
alors dans les mains de l’ouvrier, qui la per-
fore avec une mèche de 5 mètres de long.
A l’un des bouts est adapté le fourneau
(louleh), généralement fabriqué avec une
argile rougeâtre ou jaunâtre, tandis que
l’autre bout est terminé par un bouquin
(imameh) en ambre jaune, souvent enrichi
de pierreries.
Les chibouques ont 5 mètres ou seule-
ment 50 de longueur. Les premières se
vendent jusqu’à 500 fr.
Une des plus remarquables cultures que
nous ayons visitées est celle que possède le
khédive ou vice-roi d’Égypte, daiiS son pa-
lais d’Émirghian, près de Constantinople.
Dans chaque demeure princière il existe
une de ces cultures, et c’est être l’objet d’une
grande considération lorsque le maître de
céans vous fait offrir une chibouque tout
allumée.
La noble chibouque où brûle et s’évapore
la feuille réservée au seigneur du Bosphore
ne peut être comparée avec celle que tu ment
continuellement les pauvres habitants de la
ville qu’on voit repliés sur eux-mêmes,
usant de longues heures de loisir dans une
sorte d’abêtissement extatique.
Barillet.
DES TULIPES
SEMIS DE TULIPES ET TULIPES DE COLLECTION
De toutes les plantes les plus jolies, les
plus élégantes, les plus gracieuses par leur
forme, leur coloris, mais qui sont aussi les
plus délaissées de nos jours, nous pouvons
affirmer assurément que ce sont les Tulipes ;
ces plantes superbes, qui faisaient les délices
de nos ancêtres et la fortune de plusieurs
Hollandais, se cotaient, dit-on, à la bourse
de Harlem, Amsterdam, comme le sont au-
jourd’hui nos principales valeurs à celle de
Paris. Quoi qu’il en soit, les Tulipes ont été
vendues à des prix vraiment fabuleux au
temps de leur splendeur et où elles régnaient
en souveraines dans tous les jardins, petits
et grands, des amateurs de toutes les con-
trées de l’Europe, où on pouvait les cultiver
DES TULIPES.
318
et les collectionner. Aujourd’hui ces super-
bes Liliacées sont restées les mêmes, avec
tout leur éclat et avec leur forme gracieuse
et parfaite; mais, à notre grand regret, elles
sont abandonnées de presque tous les ama-
teurs de jardins qui, il faut bien le dire en
passant, ne sont pas tous amateurs de belles
plantes. Il existe bien encore çà et là des
collectionneurs de Tulipes, mais leur nombre
tend à disparaître de jour en jour.
La plus belle et la plus riche collection
de Tulipes qu’il y ait en France, et dont
nous possédons plusieurs oignons que nous
cultivons avec le plus grand soin, est sans
contredit celle qui appartenait à Rouillard,
que la mort vient d’enlever à l’horticul-
ture. Cette magnifique collection, cultivée
maintenant par Hillaire, avenue Ma-
lakoff, n® ll,à Paris, a été formée de Télite de
toutes les collections françaises et étran-
gères, et en outre elle fut augmentée de se-
mis faits par ce grand amateur, dont beau-
coup sont inédits et à l’état de baguettes
plus ou moins tracées (terme consacré pour
indiquer une belle plante future). Nous en
avons vu en fleur, au printemps dernier,
chez M™® Hillaire, et nous pouvons dire
qu’elles étaient toutes de la plus grande
beauté et du plus bel avertir. Maintenant, que
va devenir le sort de cette collection hors
ligne ? Nul ne le sait, à moins qu’un ama-
teur se présente à Hillaire pour en
faire l’acquisition, ou que plusieurs se la
partagent, ce qui serait à désirer dans l’in-
térêt de l’horticulture. Nous espérons néan-
moins que notre appel sera entendu, et que
les amateurs de Tulipes ne laisseront pas per-
dre une aussi belle collection que celle dont
nous parlons, et nous serions heureux d’ap-
prendre un jour que cette collection est
dans les mains d’un véritable amateur de
Tulipes : ceci est à l’adresse des amateurs
et des connaisseurs. Après cette sorte
d’exorde ou d’entrée en matière, nous allons
parler de la manière dont nous établissons
nos semis de graines de Tulipes pour ob-
tenir de nouvelles variétés, ce qui, du
reste, est fort simple et facile à pratiquer ;
elle est peu coiiteuse, ne demande que
quelques soins, mais de la patience et de la
persévérance, deux qualités que l’on doit
toujours rencontrer chez les personnes qui
s’adonnent particulièrement aux semis.
Vers la fin d’octobre, ou dans les premiers
jours de novembre, nous traçons une plan-
che de 33 de large sur une longueur
indéterminée, après l’avoir ameublie par un
bon labour à la bêche; nous ouvrons des pe-
tits rayons en travers, que nous espaçons
de 20 à 25 centimètres les uns des autres ;
nous leur donnons une profondeur de 3 cen-
timètres, et quand ils sont tous ouverts, nous
répandons au fond de chaque petit rayon
2 centimètres de terre de bruyère tamisée,
sur laquelle nous semons nos graines de
Tulipes, après quoi nous les tassons avec
le revers de la main ou avec un instrument
quelconque ; nous recouvrons ensuite les
graines de 1 centimètre de la même terre
de bruyère, puis nous donnons un coup de
râteau à la planche, pour en égaliser la su-
perficie, et pour enlever les mottes, les pe-
tites pierres et autres détritus, qui pourraient
nuire plus ou moins à la levée des jeunes
embryons. Si le temps est à la sécheresse,
nous arrosons au besoin ; si la terre est en
bon état, nous laissons nos graines passer
l’hiver dans le sol, sans nous en occuper
davantage. Si nous craignons que la terre
se batte par la pluie et qu’elle forme croûte,
nous donnons à nos semis un léger paillis
bien mince qui favorise au printemps la ger-
mination des graines ; nous leur donnons
des binages aussitôt que les herbes mena-
cent de les envahir, et dans le courant de
mars, nous commençons à les arroser, afin
que toutes les semences puissent germer à
la fois et la même année. Sans ces précau-
tions, et même malgré ces précautions, il
arrive souvent que toutes les graines ne
germent pas et qu’au troisième printemps
il en lève encore quelques-unes, mais peu
à la vérité. Il est entendu que la planche
dans laquelle on procède n’a pas reçu de
fumier Tannée du semis, mais qu’elle devra
avoir été fumée les années précédentes, et
qu’elle sera en bon état. Pyrolle semait ses
Tulipes en bordure.
Nous ne relevons nos semis de Tulipes
qu’à la troisième année, et nous nous en
trouvons bien. D’abord nous donnons le
temps à toutes nos graines de lever, et puis
nous ne perdons pas à Tarrachage autant
d’oignons, que Ton confond souvent avec les
pierres, ou qu’on ne voit pas à cause de leur
petit volume, ce qui arrive presque toujours
quand on arrache plus tôt. Quand nous arra-
chons nos semis de Tulipes, nous les trou-
vons à une profondeur de 5 à 8 centimètres
dans le sol, et si on ne les lève pas à la troi-
sième année, comme le font certains semeurs,
ils descendent encore plus profondément, ce
qui démontre qu’il faut à ces jeunes oignons
une terre meuble et profonde. Presque tous
les sols conviennent à la culture des Tulipes;
néanmoins une terre légèrement sablon-
DES TULIPES.
349
neuse et perméable est préférable ; et elles y
végètent à merveille ; celles qui sont froides,
humides ou trop fortes leur sont moins favo-
rables et font quelquefois périr les oi-
gnons, même ceux destinés à porter fleur ;
il faut donc éviter de les planter dans ces
mauvaises conditions, si l’on veut obtenir des
floraisons abondantes et régulières. Ceci
s’applique aussi bien aux semis de Tulipes
qu’aux caïeux et aux gros oignons, comme
nous avons été à même de le constater assez
souvent. Bien que les Tulipes, en général,
ne soient pas très-difficiles sur le choix du
terrain, encore faut-il les cultiver dans
celui qu’elles préfèrent : quand l’on n’en a
pas, il faut avoir recours aux composts.
Les oignons de Tulipes, provenant des
semis de trois ans, sont de la grosseur envi-
ron d’une noisstte ; et ils restent attachés,
en forme de chapelet vertical, à la tige de
première année, qui leur sert pour ainsi
dire de guide et de tuteur ; à chaque saison
ils changent de tunique, qui reste suspen-
due à la tige ; on les détache de la base, et
on les met à sécher dans un endroit sain et
à l’ombre. Comme il faut éviter que les oi-
gnons se dessèchent, nous les mettons en
terre vers le milieu d’octobre, quelquefois
plus tôt, mais jamais plus tard ; nous les plan-
tons en planches, espacés de 15 centimètres
les uns des autres sur les rangs, ceux-ci
étant à la distance de 20 centimètres entre
eux ; nous les relevons en juillet suivant,
c’est-à-dire lorsqu’ils ont cessé de végéter,
etque les feuilles sont jaunes ou qu’ellescorn-
mencent à sécher. Toutefois, cette règle n’a
rien d’absolu : elle dépend de l’année; quel-
quefois nous les laissons deux ans sans les
relever.
Nous avons déjà dit qu’il fallait que les
semeurs fussent doués de patience et de
persévérance ; en effet, il leur faut un cer-
tain courage pour cultiver pendant quatre
ou cinq ans des plantes qui ne doivent leur
donner leur première fleur (et quelle fleur
encore !) qu’au bout de ce laps de temps.
Très-souvent, pour ne pas dire toujours, elle
est unicolore ; et ce n’est guère qu’à la hui-
tième et neuvième année que l’on peut juger
du mérite réel d’une belle Tulipe, qui, jus-
que-là, porte le nom de baguette ; elle ne
commence à panacher, en jaune ou en blanc,
que vers la cinquième et sixième année.
Quand elle a trois ou quatre couleurs parfai-
tement distinctes, bien tranchées et bien
fixes, ce qui peut exiger jusqu’à douze ou
quinze ans, c’est alors qu’on la classe dans
les plantes de choix, et qu’on lui donne un
nom qu’elle conserve toujours. Toutes les
Tulipes dont les tiges sont trop faibles et
dont la fleur n’est pas régulière dès la pre-
mière floraison sont considérées comme dé-
fectueuses et doivent immédiatement dispa-
raître de la planche, au moment même de
la floraison. En cela les vrais amateurs sont
impitoyables, et ils ont raison, car en toute
chose il faut une règle, et celle-ci est abso-
lue. Pour qu’une Tulipe soit parfaite, il faut
que la hampe soit droite et ferme, que la
fleur soit régulière dans sa forme et dans le
volume, qui doit toujours être en rapport
avec la hauteur de la tige, rien n’étant plus
disgracieux qu’une petite fleur portée par
une longue hampe, ou qu’une grosse fleur
sur une petite tige ; les pétales doivent être
arrondis et présenter trois ou quatre nuan-
ces ; la fleur doit être d’un cinquième plus
haute que large. — Pour plus de détails, voir
notre Traité des plantes bulbeuses, à la
librairie agricole et horticole, 26, rue Ja-
cob, à Paris.
Dans une note spéciale, nous traiterons
de la plantation des Tulipes de collection ;
en attendant, nous terminerons celle-ci en
recommandant aux amateurs celle de notre
ami Rouillard, qui est en ce moment soi-
gnée par Biliaire, et qui comprend
environ sept cent quinze variétés, sans comp-
ter les baguettes ; on aurait donc une collec-
tion des plus belles et toute faite, ce qui n’est
pas à dédaigner.
Les Tulipes se divisent en deux grandes
catégories, qui forment deux collections dis-
tinctes qui ont leurs amateurs particuliers ;
l’une n’est composée que des plantes à fond
blanc, dites flamandes, et que l’on désigne
habituellement sous le nom de « Tulipes
d’amateurs ; » l’autre, au contraire, n’est
formée que de plantes à fond jaune, que
l’on nomme « bizarres; » il n’est pas rare
de trouver dans le même semis des gains
appartenant à l’une ou à l’autre catégorie ;
c’est donc au semeur à les classer. Certains
amateurs cultivent les deux collections, sé-
parées ou mélangées entre elles, ce qui en
fait ressortir les couleurs ; mais d’autres les
excluent entièrement, et n’admettent que
les fonds blancs ou les fonds jaunes. Quant
à nous, nous préférons les cultiver toutes, et
nous croyons que les amateurs ont tort
d’exclure les blanches ou les jaunes, car les
variations de couleurs rehaussent l’éclat de
la floraison. Lorsque toutes les plantes sont
mélangées ensemble, portant un numéro
séparé, bien entendu, rien n’est plus joli
ni plus agréable à l’œil, lorsque toute la
350
QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES.
planche ou le « parc » est en fleurs, et que
cette immense variété de couleurs est réu-
nie sur un même point. Selon nous, sans dé-
daigner le fond blanc, il nous semble que le
ton chaud des Tulipes fond jaune ou bi-
zarres l’emporte en beauté sur celles à fond
blanc, dites d’amateurs. En cela chacun
peut avoir son appréciation, et il nous est
permis de faire connaître la nôtre sur une
plante que nous cultivons depuis longtemps
et que nous cultiverons tant que Dieu nous
prêtera vie. Au moyen des semis nombreux
et répétés chaque année, il est facile de for-
mer des collections de Tulipes à fond jaune
et à fond blanc ; pour y parvenir, il faut du
temps, et c’est cette raison qui détermine à
en acheter de toutes faites ; cela est plus
commode et en même temps plus agréable:
QUELQUES PLANTES I
Araucaria excelsa glauca. — Ce splen-
dide Conifère est considéré comme une mer-
veille du règne végétal. Il fut mis au com-
merce il y a quelques années par M. Spae,
sous le nom A Araucaria excelsa glauca, et
rebaptisé un an plus tard par M. Baumann,
lequel le dédia à son fils, sous le nom
A Araucaria JoseiAi-Napoléon Baumann.
Il offre les caractères suivants : port pyra-
midal; tige droite et élancée, à branches
disposées en étages distants et régulière-
ment verticillées. Le tronc et les rameaux
sont littéralement garnis de feuilles rappro-
chées, longues de quelques centimètres,
raides , épaisses , d’une teinte glauque,
bleuâtre, persistante. Végétation vigoureuse.
Curmeria picturata, Lind. {Hæmalo-
nœma marantoides). — Nouvelle Aroïdée,
mise au commerce cette année par M. Lin-
den, provenant des régions de la Nouvelle-
Grenade. Elle constitue une plante herbacée,
acaule, à pétioles courts, engainants à la
base. Les feuilles, roulées en cornet avant
leur développement, présentent un limbe
elliptique, obtus, cordiforme à la base. Une
large bande centrale, déchirée aux bords,
forme une macule au centre du limbe, ma-
cule plus ou moins blanche, suivant la force
et l’âge des sujets.
Cette plante, de haute serre chaude, exige
une atmosphère humide. Le compost qui
lui convient est un mélange de : terre de
bruyère, trois sixièmes; sphagnum, deux
sixièmes ; terre forte, un sixième ; sable et
charbon de bois. Arrosages et bassinages
la jouissance en est immédiate, tandis qu’en
employant la voie des semis pour en créer
une à son goût et de son choix, il faut at-
tendre bien des années ; mais aussi c’est le
seul moyen d’avoir des plantes inédites que
personne ne possède, procédé qu’employait
Rouillard et qui explique le mérite tout j
particulier que possède la collection qu’il
avait formée, et dont nous parlons.
Les graines de Tulipes ont la forme en
cœur ; elles sont de couleur roux brunâtre
au centre, et plus clair sur les bords qui sont
légèrement frangés ; elles sont planes, très- -
légères, et il en faut 145 pour peser 1 gr.;
chaque fruit en contient de 130 à 180 pou-
vant germer ; leur diamètre est de 10 milli-
métrés de longueur sur 8 de largeur.
Bossin.
AMS OU NOUVELLES
fréquents, surtout à l’époque de la végéta-
tion (avril-septembre). La multiplication se
fait soit au moyen des rejets, soit par les '
tronçons de ses racines (rhizome), qu’on en-
terre dans de la terre de bruyère mélangée
de sphagnum.
Cochliostema Jacohianum. — Gigan- j
tesque Commélinée, trouvée dans les forêts ^
qui se trouvent entre les Andes et le Paci- i
fique (Équateur). C’est une plante épiphyte, |
ayant le port d’une Broméliacée. |
Ses feuilles, qui sont charnues, pouvant i
atteindre l"i 50 de longueur sur 30 centi- !
mètres de largeur, sont lancéolées, acumi- j
nées en pointe à l’extrémité, engainantes à
la base, d’un vert tendre et à bords margi- |
nés de violet. Inflorescences en panicules. !
Bractées d’un rose pâle. Fleurs bleues,
d’une singulière structure.
Culture. — Chaleur, humidité et ombre.
Arrosages et bassinages matin et soir, sur-
tout à l’époque de sa floraison. Le compost ;
qui lui convient est un mélange de terre de !
bruyère fibreuse et de sphagnum, environ j
par moitié.
Celte Commélinée atteint en peu de temps
des dimensions vraiment colossales. Les
graines qui succèdent aux fleurs servent à |
la propager.
Une nouvelle variété vient d’être mise au
commerce sous le nom de Cochliostema
odoratissima. Elle se distingue du C. J(^'
cohianum par ses fleurs odorantes et ses
feuilles plus petites et d’une teinte plus
foncé. Ez. Madelain fils.
t
/irnur //(>r/i ro/<\
CERASUS LANNESIANA. — PÈCHE PRINCESS OF WALES. — NOUVEAU MODE D’ORNEMENTATION. 351
CERASUS LANNESIANA
Par la description que précédemment (1)
nous avons donnée de cette espèce, nos lec-
teurs ont pu juger que c’est une plante émi-
nemment ornementale ; toutefois, cela ne
nous paraissant pas suffisant, nous avons
profité de la deuxième floraison de cette
plante, qui n’existe encore qu’au Jardin
d’acclimatation, où nousl’avons fait peindre.
Dans l’article que nous avons publié, L c.,
et où nous en avons fait connaître l’origine,
après avoir indiqué les caractères de cette
plante, nous posions cette question : Le Ce-
rasus Lannesiana, en même temps qu’il
est un arbrisseau d’ornement, ne pourrait-
il pas en même temps devenir un arbre frui-
tier, et alors, ne pourrait-il pas prendre
place dans nos jardins, au double point de
vue de l’ornement et comme arbre de pro-
duit? La question nous paraît aujourd’hui à
peu près résolue. Nous disons à peu près,
parce que les quelques fruits qui avaient
noué sont tombés avant d’avoir atteint à peine
la moitié de leur développement.
Terminons en informant nos lecteurs que,
en même temps que le Cerasus Larme-
siana, le Jardin d’acclimatation recevait
une autre espèce du même genre, mais à
fleurs blanches ou à peine rosées. Elle sera
très-probablement aussi également fruitière;
mais, toutefois, nous ne pouvons rien affir-
mer, car, comme la précédente, les fruits
qu’elle a donnés sont tombés bien longtemps
avant d’être arrivés à grosseur.
E.-A. Carrière.
PÊCHE PRINCESS OF WALES
Cette nouvelle Pêche, que nous trouvons
décrite et figurée dans le Florist and po-
mologistj issue de Pavi de Pomponne, a
été obtenue parM. Thomas Divers, de Saw-
bridgeworth (Angleterre).
D’après les renseignements qui nous ont
été transmis, cette nouvelle Pêche serait
. une bonne acquisition, particulièrement
pour les cultures forcées.
Le fruit est d’une grosseur au-dessus de
la moyenne; la peau, d’une couleur paille
verte du côté ombré, est rouge et marquée
de taches irrégulières de même couleur du
côté exposé au soleil.
La chair, d’un jaune pâle, devient rouge.
puis rouge foncé en s’approchant du noyau,
duquel elle se détache complètement.
Ce fruit, quoique d’une maturité tardive
(mi- octobre), n’en est pas moins fondant et
d’une saveur excellente, qualités que beau-
coup d’autres fruits de cette espèce sont loin
de posséder.
L’aspect de l’arbre est, paraît-il, irrépro-
chable; ses fleurs sont très-belles et très-
larges. Si à ces avantages on ajoute que la
qualité du fruit, est parfaite, on demeurera
convaincu que ce nouveau gain de M. Tho-
mas Divers est une heureuse acquisition.
J. Jarlot.
UN NOUVEAU MODE D’ORNEMENTATION
1
1
Le mot nouveau, dont nous nous servons
ici, n’est pas tout à fait exact, puisqu’il y a
déjà plusieurs années qu’on pratique à Paris
le procédé d’ornementation des vases dont il
va être question. Mais comme la chose est
encore très-rare, et qu’elle peut conduire à
d’autres applications analogues, nous avons
jugé à propos d’en donner un dessin, de
manière surtout à bien faire comprendre le
résultat et à indiquer le moyen qu’on em-
ploie pour l’obtenir, lequel, du reste, est des
plus simples, ainsi qu’on va le voir. Quoi-
qu’on puisse se servir de tous les vases in-
distinctement, on doit préférer ceux en terre
non vernie, et le plus poreux possible, ce
qui est facile à comprendre, puisque dans
ce cas l’eau qu’ils contiennent, passant
constamment à travers, vient humecter les
plantes qui sont fixées sur les parois. Cette
propriété n’est cependant pas indispensable;
l’on peut, au besoin, orner toutes sortes de
vases, quels qu’ils soient, seraient- ils en
verre ou même en métal des plus durs et
des plus unis. Mais dans ce cas il faut en
modifier la surface, de manière à la con-
vertir en une sorte de sol qu’elle représente
(1) Voir Revue horticole, 187*2, p. 198.
352
UN NOUVEAU MODE D’ORNEMENTATION.
réellement, opération qui est facile à l’aide
d’un morceau d’étoffe de drap ou de laine
assez épais, que l’on fixe au moyen d’une
petite ficelle, ou même, si le vase est gros,
avec du fil de fer ou du laiton. Ceci entendu,
il reste à indiquer les moyens qu’il convient
d’employer pour opérer les semis. S’il s’agit
de vases poreux, on les remplit d’eau, puis,
au bout d’environ vingt- quatre heures,
quand l’eau a traversé et mouillé les parois,
on vide les vases, et après les avoir passés
dans l’eau pour en imbiber complètement la
surface, on sème sur celle-ci, en ayant soin
de coucher et de tourner les vases en diffé-
rents sens pour que toute la surface soit bien
garnie de graines. Cette opération terminée,
on place les vases pendant quelque temps à
(Lepidium sativiirn).
l’abri de la lumière et, si l’on peut, sous une
cloche, de manière à conserver l’humidité
et à faciliter la germination. Lorsque les
plantes sont déjà développées, et dans la
crainte qu’elles se détachent du vase, on les
maintient en passant autour, en différents
sens, une petite ficelle ou du gros fil, qui
bientôt disparaît sous la végétation. Si, au
contraire, on a employé un vase non poreux,
après avoir bien mouillé l’étoffe qui le re-
couvre, on sème les graines dessus, et on
donne absolument les mêmes soins que ceux
que nous venons d’indiquer. Dans le pre-
mier cas, on devra tenir le vase constam-
ment plein, puisque c’est l’eau qu’il contient
qui, en filtrant lentement à travers les pa-
rois, doit alimenter les plantes qui les re-
couvrent; pourtant, si cela était insuffisant.
il faudrait arroser, en ayant bien soin de
verser l’eau avec précaution, de manière à
ne pas faire détacher les plantes du vase. Il
va sans dire que si l’on a affaire à des
vases vernis non poreux, à des bouteilles en
verre, par exemple, qu’il faudra arroser;
pour cela, on verse l’eau au sommet, sur
toute la circonférence, de sorte qu’en des-
cendant elle mouille toutes les parties de
l’étoffe, [qui, du reste, doit toujours être
humide. Si l’on s’apercevait que les plantes
souffrent, on pourrait les rafraîchir en leur
jetant de l’eau avec précaution, ainsi qu’on
le fait quand on donne un bassinage. Pour
éviter les ordures et recueillir les eaux qui
suintent à la base du vase, on fait reposer
celui-ci, soit dans une soucoupe (fig. 32),
soit dans une assiette, ou toute autre chose,
suivant la grandeur du vase.
Il nous reste, pour terminer cet article, à
indiquer quelles sont les plantes qui peuvent
être particulièrement employées à l’orne-
mentation des parois externes des vases, ce
que nous ne pouvons faire qu’après avoir
énuméré les principales conditions qu’elles
doivent remplir, qui sont les suivantes :
Les graines doivent être très-fines et sur-
tout légères, d’une germination facile et
prompte. Il faut que les plantes s’élèvent
peu, gazonnent, et, si c’est possible, qu’elles
puissent être coupées (tondues), comme on
le fait pour les gazons, par exemple. Jus-
qu’ici, on paraît n’avoir songé qu’au Cresson
alénois {Lepidium sativum) (fig. 32), ce
qui s’explique par la grande rapidité de sa
croissance, la germination facile et très-
prompte de ses graines, et aussi par le peu
de nourriture qu’exigent les plantes pour
vivre. Cette espèce a toutefois plusieurs in-
convénients : d’abord, de fondre plus ou
moins, et alors de laisser des vides, puis de
monter très-vite à fleurs, et alors de périr.
On pourrait, ce nous semble, essayer beau-
coup d’autres plantes, en choisissant celles
qui réunissent le plus possible les qualités
que nous avons indiquées plus haut. Nous
avons essayé le Ray-grass, et nous en avons
été assez satisfait. Néanmoins, il ne faudrait
pas s’en tenir là, et l’on devra au contraire
multiplier et varier les expériences jusqu’à
ce que l’on ait obtenu des résultats satisfai-
sants, ce qui ne peut manquer d’arriver.
Nous appelons l’attention sur les quelques
espèces suivantes : Crételle, Trèfle blanc.
Minette, Lin commun; mais tout particuliè-
rement la Fléole, qui nous paraît très-propre
à ce mode d’ornementation.
E.-A. Carrière.
i 1
j ,
DESTRUCTION DU PHYLLOXERA.
353
DESTRUCTION DU PHYLLOXERA
Je ne voudrais pas donner aux viticulteurs
de fausses espérances. Il me paraît cepen-
dant que nous venons de faire un pas déci-
sif dans notre lutte contre le phylloxéra.
Depuis plusieurs mois, MM. Monestier,
Lautaud et d’Ortoman avaient entrepris de
nombreuses expériences pour débarrasser
les Vignes de leur cruel ennemi. Il y a huit
jours, ces messieurs sont venus me dire
qu’ils avaient enfin atteint le but et m’ont
prié d’aller constater leurs succès à Gelle-
neuve, tout près de Montpellier, dans une
vigne de M. Lautaud.
Je me suis rendu avec le plus vif empres-
sement à cet appel, et voici ce qu’en pré-
sence de plusieurs personnes j’ai pu cons-
tater, le 3 août dernier :
La Vigne de M. Lautaud, âgée de cinq à
six ans, plantée principalement en aramons
et carignans, dans un bon sol, de consistance
moyenne, présente plusieurs points d’attaque
très-nettement caractérisés où les souches
ont déjà faibli, mais l’ensemble de la Vigne
est encore satisfaisant. C’est précisément,
on le sait, à cette période de l’invasion que
les phylloxéras se trouvent en plus grand
nombre sur les racines.
Par l’examen rapide, mais attentif, d’une
vingtaine de souches prises au hasard, je
constatai la présence du puceron dans toute
la Vigne ; il n’étaitmême pas nécessaire d’em-
ployer la loupe. Certaines racines étaient
toutes jaunes, presque entièrement cou-
vertes de phylloxéras pressés les uns contre
les autres. MM. Monestier, Lautaud et d’Or-
toman me dirent alors : « Voici, au milieu
des autres, une rangée que nous avons trai-
tée, il y a dix ou douze jours, par notre in-
secticide ; veuillez désigner une ou plusieurs
souches de cette rangée ; nous allons les faire
arracher devant vous, et vous n’y trouverez
plus un seul insecte. »
... Une souche prise au hasard, dans cette
rangée, fut en effet arrachée avec soin. Le
sol est assez meuble pour que la souche pût
être enlevée avec la plus grande partie de
ses racines, conservées dans presque toute
leur longueur.
L’examen le plus minutieux ne me fit dé-
couvrir aucun parasite ; j’avais beau pro-
mener ma loupe de l’extrémité des radicelles
jusqu’au point où les grosses racines sortent
de la tige, sonder les petites crevasses de
(1) Extrait à\x Journal d’ Agriculture 'pratique,
août 1873, p. 261.
l’épiderme, regarder avec soin aux bifurca-
tions ; je ne vis rien, je ne découvris rien.
Cependant, bon nombre de racines avaient
été évidemment attaquées par le phylloxéra.
Leur aspect brunâtre, leur épiderme cre-
vassé, cédant à la moindre pression des
doigts, ne pouvaient laisser de doute. Il
fallait se rendre à l’évidence : cette rangée
de souches attaquées, comme toutes les au-
tres, dans le courant de l’été, n’avait plus
de phylloxéra le 3 août. Je voyais déjà, sur
certaines parties de la souche qui faisait
l’objet de mon examen, se développer quel-
ques nouvelles radicelles, signe infaillible
d’une prochaine reprise dans la végétation.
J’avais enfin sous les yeux ce que depuis
cinq ans j’avais souvent, mais inutilement
cherché, des souches complètement débar-
rassées du phylloxéra par l’application d’un
insecticide. Ce premier résultat avait, à coup
sûr, une très-grande importance : il n’était
cependant pas décisif, d’abord parce qu’une
expérience unique ne peut avoir ce caractère,
et aussi parce que, malgré l’étrangeté du
fait, il n’était pas mathématiquement impos-
sible qu’une des rangées, précisément celle
qui avait été traitée, fût restée à l’abri du
phylloxéra, au milieu d’une Vigne attaquée.
Il fallait donc une contre-épreuve sur un
coté de la Vigne où, par des sondages répétés,
je pusse m’assurer de la présence du phyl-
loxéra dans de très-grandes proportions ; je
désignai un rectangle d’une centaine de
souches qui fut nettement limité par des pi-
quets.
Ces cent souches ont été traitées, le 3 août
au soir, par le système de MM. Monestier,
Lautaud et d’Ortoman ; hier, 10 août, après
sept jours seulement, j’ai été me rendre
compte des résultats.
J’ai fait arracher au hasard douze souches
sur les cent ; les racines ont été conservées
autant que possible dans toute leur longueur ;
il y en a cependant une partie dont l’extré-
mité brisée est restée dans le sol, malgré
les précautions prises par les ouvriers.
Sur onze de ces souches, je n’ai pu aper-
cevoir aucun phylloxéra vivant. On voit au
contraire sur divers points quelques phyl-
loxéras morts, noircis et comme carbonisés
par l’effet de l’insecticide. C’est surtout sur
les nodosités blanchâtres du chevelu que ces
insectes morts se voient le mieux. Le traite-
ment n’éloigne pas les phylloxéras, comme
on aurait pu le croire ; il les tue sur place.
354
DESTRUCTION DU PHYLLOXERA.
et avant la décomposition, naturellement
fort rapide, de la dépouille de ce petit être
presque microscopique, on peut voir morts
sur les racines les groupes de phylloxéras
dans la position où il étaient vivants.
Voilà ce que j’ai vu, bien vu, ainsi que les
quelques personnes présentes, sur onze des
souches arrachées. Quant à la douzième, elle
était, comme le 3 août, le jour de mon pre-
mier examen, couverte de phylloxéras par-
faitement intacts. Est-ce un échec du sys-
tème ? J’ai peine à le croire ; il serait bien
extraordinaire que le traitement eût réussi
sur toutes les souches du carré et fût resté
inefficace sur une seule. Personnellement,
je suis convaincu que celte souche a été ou-
bliée au moment du traitement ; cet oubli
est à coup sûr fâcheux, mais il est explica-
ble. Le rectangle que j’avais désigné borde
un chemin assez fréquenté, et MM. Mo-
nestier, Lautaud et d’Ortoman, qui faisaient
eux- mêmes le travail, l’interrompaient sou-
vent à l’approche d’un passant par trop cu-
rieux ou indiscret. Cet incident regrettable
n’infirme pas pour moi la valeur du sys-
tème.
Est-ce à dire que tout soit fini mainte-
nant, et que dès aujourd’hui les viticulteurs
vont être délivrés du cauchemar qui pesait
sur eux ? Pas tout à fait. Il faut d’autres ex-
périences dans des conditions nouvelles, sur
des sols de diverses natures, sur des souches
de différents âges ; il faut s’assurer que l’in-
secticide employé ne nuit dans un aucun cas
à la Vigne. Tout cela exigera encore du
temps ; mais il me semble cependant à peu
près certain que les viticulteurs ont aujour-
d’hui à leur disposition un puissant moyen
de sauver leurs vignobles.
MM. Monestier, Lautaud et d’Ortoman
ont une position à se faire ; ils veulent na-
turellement tirer parti de leur découverte.
Je n’ai rien voulu demander à ces messieurs
sur la nature de leur insecticide ; bien des
gens leur ont aidé dans le travail manuel à
faire au pied des souches; on les a vus à
l’œuvre, épiés peut-être ; une indiscrétion
peut fort bien être commise, et je ne veux
à aucun prix qu’on puisse même supposer
qu’elle vient de moi. Je ne sais donc rien,
sauf ceci cependant, que je puis eEque je
dois dire sans compromettre l’intérêt des in-
venteurs.
Dans le système qui m’occcupe, il n’est
pas nécessaire d’arroser les souches avec de
l’eau ou tout autre liquide, ce qui constitue-
rait souvent une impossibilité, et, dans tous
les cas, une grande dépense. On emploie à
peine par pied de souche quelques gram-
mes d’insecticide. Un ouvrier peut facile-
ment opérer sur 300 souches par jour,
et le traitement, main d’œuvre comprise,
ne dépassera pas 12 à 15 centimes par
cep. Il pourra être appliqué dans toutes
les saisons de l’année ; la sécheresse et
une chaleur tropicale ne l’empêchent pas
de donner de bons résultats. Tels sont fidè-
lement racontés les faits dont je viens d’être
témoin.
J’avais bien raison, ce me semble, de dire,
en commençant, que la question venait de
faire un pas décisif.
Il y a cinq ans, en juillet 1868, trois dé-
légués de la Société d’agriculture de l’Hé-
rault, un savant, M. Planchon, et deux viti-
culteurs eurent l’heureuse chance, dans
leur première visite aux vignobles de la Pro-
vence, de découvrir à Saint-Rémy le phyl-
loxéra, qui jusqu’alors avait échappé aux
recherches.
Aujourd’hui, ce sont encore trois agri-
culteurs de Montpellier, MM. Monestier,
Lautaud et d’Ortoman, qui, à la suite de
recherches dans le laboratoire et d’applica-
tions sur le terrain, trouvent un moyen
prompt et facile de détruire le nuisible pa-
rasite, et, par suite, vont très-probablement
sauver la viticulture d’un épouvantable dé-
sastre. Gaston Bazille,
Vice-président de la Société d’agriculture
de l’Hérault,
En sortant hier de la séance de la So-
ciété d’agriculture, j’ai eu l’honneur de re-
cevoir, en ma qualité de vice-président de la
commission départementale de la maladie
de la Vigne, et en l’absence du président,
la visite de MM. Monestier, d’Ortoman et
Lautaud.
Ces messieurs, guidés par un noble sen-
timent, et désireux de mettre dans le plus
bref délai possible à la disposition de tous
les viticulteurs, et sans aucune rétribution,
l’usage de leur procédé, ont rédigé l’instruc-
tion détaillée que l’on trouvera ci-après. On
verra que le mode d’application de l’insecti-
cide fait le principal mérite du nouveau
moyen de guérison, car l’agent principal
avait été employé, sans succès, il est vrai,
par un des hommes les plus éminents de la
science.
Nous ne saurions trop louer MM. Mo-
nestier, d’Ortoman et Lautaud de leur
intelligente initiative. Le service qu’ils
rendent aux viticulteurs est bien grand;
c’est aux corps constitués, aux conseils
généraux, à l’État, de les récompenser
DESTRUCTION DU PHYLLOXERA.
355
comme ils doivent l’être, dès que le pro-
cédé, qu’ils nous livrent si généreusement
aujourd’hui, aura complètement fait ses
preuves. Gaston Bazille,
Vice-président de la Commission départementale
pour la maladie de la Vigne.
Exposé des mesures que doivent ^prendre
les viticulteurs 'pour détruire le phyl-
loxéra d'apres le système imaginé par
M. Monestier et mis en pratique par
MM. Lautaud, d' Ortoman et Monestier .
«En attendant que MM. Lautaud et d’Or-
toman puissent mettre sous les yeux et à la
disposition du public une machine qu’ils ont
imaginée pour abréger la durée des opéra-
tions, voici comment devra procéder le vi-
ticulteur : il fera trois trous autour de cha-
que souche. Généralement la profondeur de
ces trois trous doit être de 80 centimètres,
mais elle devra varier suivant la nature des
terrains.
« Jusqu’ici, dans toutes nos expériences,
nous avons fait faire ces trois trous à l’aide
d’un pal en fer qu’on enfonçait dans la
terre à coups de marteau. Quand le trou
est fait, on retire le pal ; on introduit un
tube muni d’un entonnoir à son extrémité
supérieure, et l’on fait pénétrer dans les pro-
fondeurs de la terre, au-dessous des racines,
i 50 grammes par trou de sulfure de carbone.
, On bouche ensuite vivement l’ouverture.
« Ce sulfure de carbone est destiné, une
fois là, à être l’agent chargé de réaliser
l’idée qu’a conçue M. Monestier : l’immer-
sion de toutes les parties de la souche de
bas en haut. Des travaux incessants sont
i faits pour donner, sous peu, la série de
corps qui peuvent économiquement rempla-
cer le sulfure de carbone ; mais comme ces
travaux ne sont pas encore complètement
I terminés et jugés par des personnes sérieu-
ses, nous nous garderons bien de nous avi-
ser, comme cela se fait quelquefois, de les
; publier encore. Nous craindrions d’être ac-
i cusés de publier des expériences ridicules
et inintelligentes pour conquérir un droit de
priorité de mauvais aloi sur des travaux
i longuement, sérieusement et consciencieu-
‘ sement exécutés.
« Le sulfure de carbone se volatilisant
dans la terre, il se forme immédiatement
une vapeur de sulfure de carbone qui
s’élève lentement et imprègne toutes les
molécules de terre, toutes les racines de
la souche. Le gaz qui s’élève n’est pas,
comme le sulfure de carbone liquide,
fatal à la Vigne ; au contraire, il active
la végétation, ainsi que l’a constaté l’homme
si honorable et si dévoué à son pays qui
a bien voulu se charger de vérifier et
contrôler nos expériences. Les effets de ce
gaz sont terribles contre l’insecte dévas-
tateur. Si l’on examine une souche après
huit jours de traitement, l’on voit l’in-
secte mort et carbonisé ; au bout de
quinze jours, il ne reste plus sur les racines
que les traces des ravages qu’a faits le phyl-
loxéra.
« Des expériences comparatives et mul-
tipliées nous ont permis de constater que
100 grammes de sulfure de carbone
sont suffisants pour tuer l’insecte. Il faut
soigneusement éviter tout arrosage. L’ar-
rosage produit des effets désastreux sur
la souche. On peut faire pénétrer dans
la terre 150, 200, 300 et 400 grammes de
sulfure sans que sa vapeur nuise à la souche.
« Nous recommandons à tous les viticul-
teurs de se mettre rapidement à l’œuvre ;
quinze jours après qu’ils auront mis en exé-
cution l’opération que nous leur indiquons,
le phylloxéra aura cessé de ravager leurs
vignes.
« Nous sommes certains du résultat.
« Nous tenons à rendre ici hommage à
l’activité, à l’intelligence et à la discrétion
de^ MM. Laurent et Valentin, ouvriers de
M. Lautaud, chez qui les expériences ont
été faites.
« Monestier, Lautaud, d’Ortoman. »
Nous ne contestons en quoi que ce soit
le résultat que, d’après cette note, on obtient
à l’aide de sulfure de carbone pour la des-
truction du phylloxéra. Toutefois, nous fe-
rons observer que cette substance exige de
grandes précautions dans son emploi, qui
n’est pas toujours sans danger pour l’opé-
rateur; que, d’une autre part, elle nécessite
beaucoup de main-d’œuvre, ce qui entraîne
de très-grands frais, qui, dans certains cas,
peuvent même absorber le produit que don-
neraient les Vignes, et que, d’une autre part
encore, il peut devenir sinon inefficace,
mais même un danger pour la Vigne, s’il
survient une forte pluie immédiatement
après que l’opération est faite, puisque,
d’après les dires de l’inventeur, « l’arrosage
produit des effets désastreux sur la souche. »
Aussi, nous croyons qu’on ne saurait être
trop prudent dans l’emploi de cette subs-
tance, et l’on est autorisé à craindre que ce
procédé ne donne pas une solution com-
plète de la question
Note du rédacteur.
356
SEAFORTHIA ELEGANS.
SEAFORTHIA ELEGANS
rattachés à la tribu des Arécinées, à laquelle
appartiennent, outre les Areca^ son type et
les Chamwdorea, dont plusieurs représen-
tants embellissent nos jardins vitrés, les
Œnocarpus, Oreodoxa, Euterpe, Ceroxy-
lon, Arengctj Caryota, Pinanga et Kentia,
tous genres moins nombreux en espèces
que les deux précédents,
mais dont quelques formes
spécifiques tiennent un rang
distingué dans les collections
bien tenues.
Le Seaforthia elegans est
originaire de la Nouvelle-
Hollande, où il s’avance jus-
qu’au 350 de latitude australe.
Sous ce rapport il peut être
compris parmi les rares es-
pèces de cette famille qui
pourraient prendre droit de
cité dans les jardins du midi
de la France où, mis en pleine
terre, il atteindrait très-rapi-
dement son développement
ultime. C’est, ainsi que le
montre la figure 32 qui re-
produit, sous une forme très-
réduite, l’exemplaire du Mu-
séum, et dont nous allons
rappeler l’aspect général, un
Palmier d’une grande élé-
gance , aussi bien par son
port svelte que par la forme
de son feuillage.
Le pied auquel nous fai-
sons allusion a été, sur la re-
commandation de M. Mac
Arthur, envoyé au Muséum
en 1855, par M. Veitch, de
Chelsea. Il n’avait alors que
quelques feuilles réduites à de
faibles dimensions, et son stipe
n’était pas encore apparent.
Aujourd’hui ce même Seaforthia, le plus
beau peut-être de tous ceux qui sont culti-
vés, présente une tige qui ne mesure pas
moins de 8 mètres de hauteur. La circonfé-
rence de sa base, qui est munie de quelques
racines débordant le sol de la caisse où il
est planté, laquelle n’a pas moins de 1»" 05
de diamètre, est d’environ 1 mètre. Cette
mesure se réduit à G5 centimètres à 1 mètre
de hauteur, et elle n’est pas inférieure à
50 centimètres à son sommet. Elancé et
Les lecteurs de la Revue horticole nous
sauront peut-être gré d’attirer leur atten-
tion sur quelques-uns des nombreux végé-
taux remarquables par leurs grandes di-
mensions qui sont cultivés au Muséum.
Sous ce rapport, on peut dire que parmi les
Palmiers réunis dans cet établissement, le
Fig. 33. — Seaforthia elegans.
Seaforthia elegans, R. Br. (tig. 33), tient
un des premiers rangs.
Le genre Seaforthia, créé par Robert
Brown, ne possède qu’un petit nombre d’es-
pèces, dont trois ou quatre au plus existent
à l’état vivant dans les jardins. Ce genre est
compris, dans la grande famille des Pal-
mées, parmi ceux qu’on a depuis longtemps
(1) Seaforthia elégans, R. Br., Prdor. fl. nov.
HolL, I, p. 267; Knth, Emim. plant., III, 189;
Mart., Palm., III, p. 182, 1. 105, 106 et 109.
357
APERÇU DU GENRE DEUTZIA.
lisse, ce slipe est couvert sur toute sa lon-
gueur de soixante- quatre cicatrices annuli-
formes qui représentent l’emplacement
qu’ont occupé successivement les volumi-
neuses feuilles dont nous indiquerons plus
loin les dimensions. La distance qui sépare
ces cicatrices est variable, mais toujours
plus grande à la base qu’à la partie supé-
rieure du stipe : elles sont écartées de
12 centimètres à la base et de 6 centimètres
seulement au sommet. Les gigantesques
feuilles pennées de ces Palmiers qui, aujour-
d’hui, au nombre d’une dizaine, couron-
nent ce stipe élancé, régulier et d’aspect
curieux, ont une forme ovale-lancéolée
dans leur contour; leur robuste pétiole, dont
la base entoure le stipe tout entier sur une
longueur d’environ 60 centimètres, dépasse
4 mètres de longueur ; les folioles qui les
constituent sont séparées entre elles par un
intervalle de 3 à 5 centimètres, longues,
dans la plus grande largeur de la feuille, de
50 à 60 centimètres, étroitement lancéolées,
obliquement tronquées et brièvement bifides
au sommet.
L’exemplaire dont nous venons de rap-
peler les caractères de végétation a fleuri
la première fois en 1867. Ses fleurs étaient,
comme les auteurs l’ont indiqué, monoïques,
et naissent en grand nombre sur le même
spadice qui est incliné et rameux, et qu’en-
toure une spathe polypliylle. Ces fleurs, qui
n’ont, comme du reste toutes celles des Pal-
miers, à quelque genre qu’on ait affaire,
1 ien d’élégant, étaient d’un vert jaunâtre.
Aux fleurs femelles qu’accompagnaient or-
dinairement deux fleurs mâles munies cha-
cune d’un nombre d’étamines multiple de
trois, ont succédé des fruits bacciformes à
enveloppes fibreuses, ovales, et dont le vo-
lume équivalait à celui des fruits du Cor-
nus mas. Ces graines ont été fertiles, et plu-
sieurs qui avaient été abandonnées à dessin
sur le sol environnant n’ont pas tardé à
germer.
A cause de sa robusticité, de son élégance
et de sa facile culture, on ne saurait trop
répandre ce Palmier dans les contrées chau-
des de l’Europe, où il pourrait sans doute
croître à l’air libre, ainsi que dans les collec-
tions qui demandent un abri.
B. Verlot.
APERÇU DU GENRE DEUTZIA
A part un très-petit nombre d’espèces, le
genre Deutzia ne renferme que des arbustes
d’un mérite ornemental tout à fait supé-
rieur. Aussi, en écrivant ces quelques
lignes, n’avons-nous d’autre but que d’atti-
rer l’attention sur quelques-unes des prin-
cipales espèces ou variétés qu’il comprend.
En donner une idée exacte à l’aide d’une
description n’est pas chose facile, car tous
possèdent un faciès général assez sem-
blable, ou, comme l’on dit, « des caractères
, communs. » C’est donc une sorte d’énumé-
I ration que nous allons en faire, en n’in-
diquant toutefois que les plantes tout à fait
méritantes, qui, toutes, sont originaires du
Japon ou ont été obtenues par graines de
celles-ci. Nous commençons par l’espèce,
sinon la plus vigoureuse, du moins celle qui
atteint les plus grandes dimensions, le
Deutzia scahra, L., qui est aussi le plus
anciennement cultivé, et dont voici la des-
cription :
Arbuste à branches dressées, atteignant
jusque 2 mètres et plus de hauteur, très-ra-
mifié, à écorce gris blanchâtre, celle du
vieux bois se détachant par plaques, ainsi
que cela a lieu pour certains arbres ; ra-
ïmeaux très-nombreux, diffus, formant une
masse compacte. Feuilles d’un vert gris’
assez longues et larges, scabres ou dures au
toucher par des aspérités pubérulentes. En
juin, fleurs blanches, simples, nombreuses.
La quantité considérable de ramifications
que produit cette espèce fait que chaque
année beaucoup de parties meurent, et
qu’on est obligé de les enlever, ce qui donne
à la plante un aspect assez désagréable, en
même temps que cela occasionne une perte
de temps assez considérable.
D. crenata, Sieb. — Celui-ci, qui a beau-
coup d’analogie avec le précédent, dont il
n’est probablement qu’une légère variété,
forme un arbuste un peu plus diffus et plus
élargi ; ses ramifications sont aussi un peu
plus divariquées. Quant aux fleurs, elles
sont à peu près identiques.
Le D. crenata a produit une variété à
fleurs pleines, très-jolie et très-ornemen-
tale : c’est le D. crenata flore pleno, dont la
Revue horticole a donné une description et
une figure (1867, p. 70). Cette variété, qui,
comme son type, a été envoyée du Japon,
est à fleurs très-pleines, d’un beau rose
carné, très-jolies et extrêmement nombreu-
ses. Quant à son port et à sa végétation, ils
sont absolument semblables à ceux de l’es-
358 SUR LA VÉGÉTATION ]
pèce dont elle sort ; l’écorce de ses bour-
geons est un peu plus colorée.
A côté du I). crenaia flore pleno se place
une autre variété d’une valeur au moins
égale à celle de la précédente : c’est le D.
candidissima plena, dont les fleurs, tout
aussi pleines, sont du blanc le plus pur, sans
aucune nuance de rose. Elle a été, paraît-il,
obtenue vers 1868 par MM. Frœbel et C‘®,
horticulteurs-pépiniéristes à Zurich (Suisse),
de graines du D. crenata flore pleno. Tout
aussi vigoureuse et floribonde que ce der-
nier, elle s’en distingue encore par son'^as-
pect, qui rappelle assez exactement (presque
à s’y tromper) celui du D. Fortm%ei. Ses
feuilles, très-légèrement ondulées , sont
d’un vert beaucoup plus gai.
D. Fortunei. — Nous manquons de ren-
seignements sur l’origine de cette espèce,
qui est apparue dans le commerce versl865.
Vient-elle de la Chine, ainsi que le qualifi-
catif semble l’indiquer? Nous l’ignorons. Ce
que nous savons, c’est qu’elle est préférable
au D. crenata, dont elle diffère un peu par
le faciès général, qui est plus agréable, et
qu’elle est aussi plus floribonde, au moins
aussi vigoureuse, et tout aussi rustique.
Nous pourrions encore citer les D. ca-
nescens et staminea, espèces très-voisines
l’une de l’autre, qui ne sont guère cultivées
que dans quelques jardins botaniques.
Ajoutons, du reste, que, au point de vue de
l’ornement, elles ne sont pas comparables
aux espèces et variétés que nous avons
citées.
Quelques autres espèces de Deutzia ont
été décrites ou seulement mentionnées ; ce
sont le D. Brunoniana, Wall., Cat. Ind.
orient.; corymhosa, R. Br., ex Wal., l. c.;
grandiflora, Bunge, et parviflora, Bunge,
indiqués comme originaires de la Chine bo-
réale, toutes espèces peu connues ou plutôt
à peu près complètement ignorées. Reste
donc, pour terminer sur les Deutzia, à dire
quelques mots d’une espèce tellement ré-
pandue et connue, qu’il suffit d’en citer le
nom, du D. gracilis, Sieb., également ori-
ginaire du Japon. Cette espèce, qui est l’ob-
jet d’un commerce très-important par suite
de l’usage qu’on en fait comme plante
SUR LA VÉGÉTATION I
Puisque vous avez bien voulu prêter votre
attention à la lecture de ces notes sur la vé-
gétation dans le nord de la Chine, je viens la
(1) Revue horticole, 1873, pp. 95 et 317.
r NORD DE LA CHINE.
propre au forçage, ne constitue qu’un ar-
buste buissonneux-cespiteux, s’élevant à
peine à 50 centimètres de hauteur, par con-
séquent propre à faire des bordures dans
les grands jardins ou les parcs. Il a produit
une variété qui, peu cultivée, n’a d’autre
mérite que d’avoir les feuilles panachées
de blanc. Elle est moins vigoureuse que le
type.
Culture. La culture des Dewfzia est très-
facile; d’abord, au point de vue du sol, ils
s’accommodent de presque tous, pourvu que
l’élément calcaire ne soit pas trop abondant,
parce qu’alors ils prennent une teinte jaune,
poussent et fleurissent peu.
Multiplication. Elle se fait avec la plus
grande facilité par boutures, soit en sec,
soit herbacées; les premières se font à
partir de novembre jusqu’en mars. Pour
cela, on coupe des rameaux par longueur
de 20-30 centimètres, et on les pique dans
une terre meuble, légère et siliceuse, que
l’on a soin d’arroser lorsqu’il est nécessaire.
Si on peut recouvrir le sol d’une bonne
couche de paillis, la réussite en sera plus
assurée et plus complète. Les boutures her-
bacées se font pendant tout l’été, à partir de
juin-juillet ; on prend pour cela des bour-
geons semi-aoûlés; on les repique dans une
plate-bande de terre de bruyère, à l’exposi-
tion du nord, ou sous cloche, dans des pe-
tits pots ou en pleine terre, où la reprise se
fait facilement et promptement. On les mul-
tiplie aussi par graines, qu’on sème au prin-
temps en terre de bruyère, qu’on entretient
toujours légèrement humide à l’aide de bas-
sinages. En raison de leur ténuité, les grai-
nes doivent être très-peu enterrées, ce qui
explique la fréquence des bassinages qu’on
est obligé de faire. Si ce moyen n’a pas la
propriété de reproduire identiquement les
variétés, il a du moins celui de les repro-
duire à peu près parfois, et aussi de donner
naissance à de nouvelles variétés. Les
graines doivent être peu recouvertes, semées
en terrine ou dans des pots, qu’on place
sous châssis ou bien en pleine terre, dans
des conditions analogues.
E.-A. Carrière.
J NORD DE LA CHINE
terminer aujourd’hui en la reprenant au
point où je l’ai interrompue, c’est-à-dire à
la question des fruits.
Du Halde a avancé que les Chinois n’en-
1
1
i i
i
,i
I
i
SUR LA VÉGÉTATION DU NORD DE LA CHINE.
tendent rien à rarboriculture. Son opinion
est difficile à concilier avec le jugement du
P. Grosier, qui les prétend fort experts dans
cet art.
On sait que ces deux auteurs, qui ont écrit
les deux ouvrages les plus complets sur la
Chine (dans notre pays, bien entendu), n’y
ont été ni l’un ni l’autre ; car du Halde n’a
fait que rassembler les travaux des mission-
naires, et le P. Grosier n’est que l’éditeur
des œuvres du P. de Mailla. Comme les
éloges l’emportent de beaucoup sur le blâme
dans l’ouvrage de du Halde, son jugement
doit sembler, à priori, impartial.
D’autre part, à l’époque où écrivait le
P. Grosier, cent ans plus tard, l’étoile des
missions catholiques avait déjà bien pâli, et
rien que pour ce fait le jugement de notre
auteur est peut-être entaché d’exagération.
Dira-t-on que du P. du Halde au P. Gro-
sier il y a eu progrès ? Nous en doutons, et
serions tenté de croire le contraire. Mais
laissons de côté cette critique rétrospective,
et ne considérons que ce qui existe actuelle-
ment. Quant à moi, je m’en rapporte au ju-
gement du P. David, si compétent et si au-
torisé dans toutes les matières, car il
s’appuie sur des observations personnelles
directes et contemporaines.
Les Chinois, dit cet intrépide voyageur,
ce savant naturaliste, négligent l’arboricul-
ture. S’il en est ainsi, nous n’avons donc
rien à apprendre d’eux, nous qui faisons
tant de progrès dans cet art. Il est certain
que les Chinois ont de tout temps connu la
greffe, mais ils ne l’ont jamais perfection--
née ; ils font encore aujourd’hui ce qu’ils
faisaient il y a mille ans. C’est, pour ainsi
dire, la nature qui a spontanément et pro-
gressivement amélioré les espèces de fruits,
rares il est vrai, dont la saveur se rapproche
de celle des fruits de nos contrées. C’est à
peine si l’on peut trouver à Pékin une qua-
lité de Poire comparable à nos qualités
moyennes. Elles sont presque toutes petites,
granuleuses, astringentes et à peine su-
crées. Peut-être doit- on faire une exception
pour une espèce qui, par sa forme, res-
semble plutôt à une Pomme, et qui est très-
estimée des Chinois et même prisée par les
I Européens, faute de mieux , bien entendu (1 ) .
(1) Toutes les Poires venant de la Chine ou du Ja-
|Pon, que nous avons eu occasion d’étudier, étaient
de qualité très-inférieure ; la plupart même étaient
1 mauvaises. A peu près toutes présentaient dans la
dentelure des feuilles un caractère particulier qui
les distinguait. Ce caractère est-il dû au climat
pu désigne-t-il une sorte particulière? Nous ne sa-
vons. (Note du rédacteur.)
359
La Cerise n’existe pas, à moins qu’on ne
veuille donner ce nom à un microscopique
noyau immédiatement revêtu d’une pelli-
cule acide ; c’est, en un mot, le fruit à l’état
sauvage et n’ayant jamais été greffé.
La Fraise n’existe pas, et non seulement
dans la région qui nous occupe, mais nulle
part en Chine, excepté, bien entendu, dans
les points occupés par les Européens.
Elle est remplacée par une baie que nous
connaissons sous le nom de Myrica sapida,
qui est un peu acidulée, et qui, confite et
glacée, est assez délicate. Les Chinois sont
très- friands de, la baie du Mûrier.
Les Pêches sont certainement le meilleur
des fruits chinois, et, sans les égaler, rap-
pellent d’assez près les nôtres. Elles ont une
forme assez spéciale, que vous avez tous pu
remarquer sur les dessins qui ornent les ob-
jets d’art chinois, où elles sont plus fré-
quemment représentées, car le Pêcher est
l’arbre sacré sous lequel s’échangent les
serments d’amour. Elles sont moins sphé-
riques que les nôtres, plus grosses, plus
ovoïdes, et terminées à chaque extrémité du
grand axe par deux mamelons pointus.
Leur sillon n’est pas aussi profond que chez
les nôtres (1).
On trouve une variété d’Abricots assez
gros, mais moins bons que les nôtres, sauf
peut-être une espèce exclusivement cultivée
à Tan-chan, à dix kilomètres au nord de Pé-
kin, dans une propriété impériale, et qu’on
ne sert alors qu’au palais. Je n’ai jamais pu
rencontrer une Prune, même passable.
Le fruit du Jujubier est très-répandu. On
le mange à l’état frais; on le fait sécher
comme chez nous, pour le transformer en
une sorte de pruneau; on le fait cuire, et on
le sert comme un mets sucré.
Un des fruits les plus répandus est le
Diospyros kaki. Je pense qu’il vaudrait la
peine qu’on cherchât à l’acclimater chez
nous, ce qui ne serait pas bien difficile, puis-
qu’il croît sous toutes les latitudes. Il est
vrai que les meilleures espèces sont celles
du Sud, et au-dessus d’elles, à notre avis,
celles que nous avons goûtées dans tout le
Japon.
G’est, à proprement parler, la Figue des
Chinois. Quand il est sec, il a la forme d’un
(1> Différents Pêchers que nous avons reçus, soit
de la Chine, soit du Japon, nous ont démontré par
la dissemblance de leurs caractères que là, comme
chez nous, il doit y avoir de nombreuses variétés de
cette espèce. Non seulement les formes et les di-
mensions sont très-différentes; il y a même des di-
versités notables dans la qualité.
[Note du rédacteur,)
360 PLANTES NOUVELLES, PAR
disque; les Chinois en réunissent un cer-
tain nombre et en font une sorte de chape-
let. C’est une précieuse conserve pour ceux
qui voyagent, car il est très-sucré. A l’état
frais, il rappelle assez bien une Orange, dont
il a la couleur et la grosseur variable comme
celle de l’Orange elle-même. Au lieu d’être
une sphère régulière, il se compose de deux
demi-sphères de rayon inégal, superposées
de manière que la plus petite soit supé-
rieure, et détermine ainsi une sorte de rayon
équatorial. La peau est lisse et mince; sa
chair est à peu près celle de la Prune. On
cueille ce fruit quand il est encore vert, et,
comme l’Orange, il mûrit lentement. Pour
hâter sa maturité, les Chinois le plongent
dans l’eau bouillante. On le désigne en chi-
nois par le nom de Chi-ze (1).
PLANTES NOUVELLES, RAI
Buddleia glohosa, Lam. — Arbuste
très-vigoureux, formant de forts buissons,
très-ornemental par ses feuilles persistantes
longuement elliptiques, acuminées en pointe,
atteignant 15-22 centimètres de longueur sur
environ 5 de largeur, d’un vert très-foncé,
et comme gaufrées-bullées en dessus,
blanchâtres en dessous. Fleurs très-petites,
d’un rouge fortement orangé, réunies et
constituant des sortes de capitules réguliè-
rement sphérique.s de 2 centimètres de dia-
mètre, portés sur des pédoncules opposés de
3-4 centimètres de longueur. Les fleurs, qui
apparaissent en mai-juin, durent très-long-
temps, de sorte que, à l’époque de la flo-
raison, le B. glohosa est un des beaux ar-
bustes.
(1) Voici encore une preuve de plus — dont tou-
tefois nous n’avions pas besoin, que du reste nous
n’avons pas cherchée — qui démontre combien nous
avions raison en soutenant que tous les Diospyros,
en Chine, sont des Chi-ze ou Chi-tse. Notons,
toutefois, que celui dont il s’agit, qui porte aussi la
dénomination Kaki, n’a rien de commun avec le
D. kaki de certains auteurs, ce mythe dont on
voit le nom partout, mais que l’on ne rencontre
nulle part. Il y a plus, celui-ci est encore distinct,
non seulement de notre D. costata, mais de tous
ceux dont ont parlé les différents auteurs. « Au
lieu d’être une sphère régulière, il se compose de
deux demi-sphères de rayon inégal, superposées de
> OU PAS ASSEZ CONNUES.
Je passe sous silence une grande quantité
de fruits indigènes dont se servent les Chi-
nois, mais qui ne valent certainement pas la
peine d’être mentionnés et surtout proposés
à l’attention de ceux qui s’occupent d’accli-
matation.
Je ne dois pas insister non plus sur le
Raisin, si ce n’est pour rappeler quelques
particularités qui ne sont pas sans intérêt.
J’ai déjà dit plus haut que la variété à jus
noir n’existe pas. Celle à enveloppe noire et
à jus blanc y est même très-rare. La pre-
mière, apportée par les missionnaires, a été
tout à tait délaissée par les Chinois, pour
qui elle ne pouvait, du reste, avoir un grand
intérêt, puisqu’ils ne font pas de vin du
Raisin.
Martin.
ES OU PAS ASSEZ CONNUES
Dans les hivers rigoureux, cette espèce,
qui est originaire du Chili, souffre beaucoup
du froid ; aussi, à Paris, est-il prudent d’en
garantir le pied avec des feuilles, de la li-
tière, ou bien d’y amonceler soit de la terre,
soit du sable. On la multiplie par bouture
et par couchage, soit en vert, soit en sec ;
les boutures se font ou avec des bourgeons
presque aoûtés, en juillet-août, sous des
cloches, ou bien avec des rameaux dépour-
vus de feuilles, qu’on plante en pleine terre.
Les couchages doivent être incisés; il faut
les laisser deux ans avant de les relever.
Quant à la terre, presque toutes conviennent
au B. glohosa, pourvu qu’elles ne soient pas
trop argileuses.
E.-A. Carrière.
manière que la plus petite soit supérieure, et dé-
termine ainsi une sorte de rayon équatorial. » Il y
a donc là encore une sorte d’intrus qui vient dé-
ranger les combinaisons Qu’en va-t-on faire?
Pour éviter les difficultés, tout en restant dans le
vrai, nous proposons d’en faire un Tchi-tse, ou
Chi-tse, qualification qui, en Chine, est donnée à
tous les Diospyros (a) ! De cette manière, l’hon-
neur sera sauf, et la science n’aura rien perdu ni...
gagné. {Note de la rédaction.)
[a] \o\v Revue horticole, 1870, p.l3l et suiv.; 1871, p. 410,
et 1872, p. 77. Voir aussi dans ce journal, p. 190 en 1872, l’ar-
ticle de M. Francis Coignet, intitulé : Les Kakis au Japon, et
p. 252 et suiv. de celle même année.
Orléans, imp, de G. Jacob, cloître Sainl-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine de septembre)
I/Exposition de Brie-Gomte-Robert. — Nécrologie : M. Barillet. — L'établissement horticole de Bourcj-
la-Reine (dépôt des plantes du Ilamma d’Alger); circulaire de M. Durand. — Notes manuscrites et
inédites de Marius Porte. — Deuxième Exposition temporaire d'horticulture à Vienne; liste de.s
récompenses décernées. — Instabilité des sexes dans le genre Bégonia : communication de
M. Deleuil, horticulteur à Marseille. — Apparition de chatons mâles sur les Wellinrjtonia de Trianon.
— Le Boussingaultia baselloidcs et le Haricot flageolet à feuilles gaufrées. — (Qualités de V Amaranthus
salicifolius. — Observations sur le Fuchsia syringœ flora : lettre de M, Porcher, président de la Société
d’horticulture d'Orléans. — Emploi de la chaux au pied des Pommiers pour éloigner le puceron
lanigère; lettre de M. Ch. Baltet : question de priorité.
L’événement le plus important qui vient
de se produire dans l’horticulture fran-
çaise est, assurément, l’exposition qui a
eu lieu les 13, 14 et 15 septembre dernier,
à Brie-Comte-Robert. Celle petite ville du
département de Seine-et-Marne qui, na-
guère encore, était à peu près complètement
ignorée au point de vue de l’horticulture, est
aujourd’hui, grâce à ses cultures de Ro-
siers, connue de toute l’Europe — pour ne
pas dire de l’univers, horticole, bien en-
tendu. — Mais n’ayant pas eu l’avantage de
la voir, nous ne pouvons que nous faire
l’écho de l’opinion générale, et dire avec
tous ceux qui ont visité cette exposition :
(( Elle n’était pas seulement belle ; elle était
très-belle. Nous espérons, néanmoins,
pouvoir en donner prochainement une idée
à nos lecteurs, un de nos collaborateurs
ayant bien voulu se charger d’en faire un
compte-rendu que nous nous empresserons
de publier.
— Lel2septembredernier s’éteignait, bien
jeune encore, loin de sa famille et de ses
amis, un homme dont le nom est universel-
lement connu en horticulture, M. Barillet,
dont on a pu admirer les travaux aussi re-
marquables par la hardiesse des conceptions
que par le fini de l’exécution. L’immense
succès qu’il obtint alors à Paris, lors de la
grande Exposition universelle de 1867,
acheva sa réputation, qui devint bientôt aussi
grande qu’elle était méritée; tous les souve-
rains qui, à cette époque, visitèrent Paris
nous enviaient cet homme, et plusieurs
même essayèrent de se l’attacher, ou tout au
moins recherchèrent ses conseils. Toutefois
il ne devait plus rester longtemps parmi
nous, et, peu de temps après il consentit à
entrer au service du vice-roi d’Égypte. Là,
I dans ce pays de feu, si funeste aux Euro-
péens, où, pour résister à l’extrême chaleur,
il faut prendre des soins particuliers, notre
1er OCTOBRE 1873.
collègue et ami, M. Bariltet, n’écoutant que
son zèle et son amour pour l’horticulture,
se livra sans réserve à sa puissante activité;
aussi quelques années étaient à peine écou-
lées qu’il contractait certaines affections aux-
quelles sa robusiieité résista d’abord, mais
qui néanmoins allèrent constamment en
s’aggravant. C’est alors qu’il vint à Paris,
d’où il se rendit de suite à Vichy-les-Bains,
4ans l’espoir d’y passer quelque temps pour
se rétablir. Mais son état était tel, que
malgré tous les soins il n’en put revenir;
il y mourut le 12 septembre dernier, dans
sa 50e année.
Ne pouvant dans cette chronique retracer
une vie aussi laborieuse et bien remplie
qu’a été celle de M. Barillet, et bien qu’un
article spécial doive être consacré à ce récit,
nous avons voulu, en annonçant cette triste
nouvelle à nos lecteurs, payer un faible tribut
de reconnaissance à la mémoire d’un homme
bon et dévoué pour tous, dont la vie tout
entière a été consacrée au service de l’hor-
ticullure, et pour laquelle il est mort viTime
de son altachernent.
— Une circulaire en date du 10 sep-
tembre 1873, de notre confrère M. Du-
rand, horticulteur à Bourg-la-Pieine (Seine),
annonce que, par suite d’arrangements pris
avec la société algérienne, son établissement
va devenir une succursale de cette compagnie
pour recevoir les plantes du jardin du
Hamma (Algérie). Voici un passage de la
circulaire où M. Durand donne de ce fait
un avis à sa clientèle :
...Je puis donc, dès maintenant, annoncer à ma
clientèle que l’établissement Durand est devenu,
sous le nom d' Etablissement horticole de Bourg-
la-Reine (dépôt des plantes du Hamma d’Alger),
un milieu où se concentreront tous les genres de
culture. A ses anciennes spécialités d’arbres et
d’arbustes d’ornement, à ses grandes pépinières
d’arbres fruitiers de toutes sortes, jeunes encore
ou tout formés, va s’ajouter une série de serres
19
362
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
qui lui permettront d’offrir au choix de ses
clients tous les végétaux dont s’occupe notre
commerce horticole. Toutes les plantes de luxe
que les acheteurs doivent, la plupart du temps,
faire venir des pays voisins, ils les trouveront à
Bourg-la-Reine, dans les conditions de force et
de culture auxquelles ils donnent la préférence,
et avec des avantages de prix qu’ils seront
bientôt à même d’apprécier.
— Nous devons à l’extrême obligeance
de notre collègue, M. Houllet, chef des
serres au Muséum, une importante commu-
nication dont nous comptons bien faire pro-
fiter nos lecteurs. Ce sont des notes ma-
nuscrites et inédites d’un des plus célèbres
botanistes-voyageurs, feu Marius Porte, de
bien regrettable mémoire. Dans ces notes
exclusivement propres aux Palmiers, qu’il
aimait et connaissait si bien, ce zélé collec-
teur passe en revue et énumère un certain
nombre de produits que les indigènes en re-
tirent, ainsi que l’usage qu’ils en font, toutes
choses dont Porte pouvait d’autant mieux
parler, que, pendant de longues années, il
avait vécu au milieu de ces habitants, chez
lesquels il avait souvent reçu l’hospitalité,
partageant leur repas, reposant sous leur
toit.
— Notre collègue et collaborateur, M. Del-
clievalerie, vient de nous adresser de l’Ex-
position de Vienne (Autriche), où il est
juré, la liste de toutes les récompenses qui
ont été décernées à la suite de la deuxième
exposition temporaire d’horticulture. Voici
ce qu’il nous écrit :
La deuxième exposition temporaire d’horticul-
ture qui a eu lieu dans le parc de l’Exposition
universelle comptait parmi les exposants fran-
çais ;
France : M. Ch. Ballet frères, pépiniéristes à
Troyes, qui ont reçu le diplôme de mérite pour
une belle collection de greffes, et un ouvrage,
« Vart de greffer. »
MM. Croux fils, horticulteurs à Sceaux, ont
reçu le diplôme démérité pour une collection de
Conifères.
M. Rose Charmevx, de Thomery, près Fon-
tainebleau, a reçu la médaille de inérite pour
son exposition de Vignes.
Le vignoble de Larrg (Moselle) a obtenu la
médaille de progrès.
M. C. Verdier, horticulteur à Paris, a exposé
une belle collection de Glaïeuls qui sera sou-
mise au jury de la troisième exposition tempo-
raire (1).
(1) Rappelons que déjà M. Ch. Verdier, dans un
précédent examen, a obtenu la médaille de pro-
grès. Voir Revue horticole, 1873, p. 345.
Italie : MM. Borelli frères, horticulteurs à
Pallanza, ont obtenu la médaille de mérite pour
de forts spécimens de Camellias plantés dans le
jardin de l’exposition permanente. La commission
de Brescia et cellede Vérone ont obtenu chacune
la médaille de mérite pour leur exposition de
fruits.
Grèce : M. Orphanides, professeur de bota-
nique à Athènes, a obtenu la médaille de •pro-
grès pour une collection de 60 belles espèces
d’Oranges, Citrons, Cédrats, Pamplemousses, etc.,
en très-beaux échantillons. Le même exposant
a obtenu la médaille de mérite pour son spéci-
men de pépinière nationale d’Athènes, au jardin
du Prater.
Belgique : M. Linden, horticulteur à Gand et
à Bruxelles, a obtenu la médaille de progrès
pour ses belles plantes nouvelles, parmi les-
quelles nous citerons : le Curmeria picturata;
Dieffenbachia antiquensis ; D. angustifolia, D.
imperialis, Dracœna Gloneri; Philodendron pa-
rimense ; Rapatea pandandides ; Spratiphyllum
macrophyllum ; Tillandsia Lindeni vera et tes-
sellata.
M. Linden a aussi exposé 12 Palmiers nou-
veaux, 20 espèces d’Orchidées rares et nouvelles,
remarquables par leur belle culture et leur flo-
raison abondante, et une centaine d’espèces d’ar-
bres à fruits des tropiques et de plantes utiles
diverses.
M. Jacob Makoy et horticulteurs à Liège,
ont obtenu la médaille de progrès pour des
plantes rares et nouvelles que nous n’avons pu
voir et qui ne figurent pas au catalogue officiel.
M. T. Van Geert, horticulteur à Gand, a ob-
tenu la médaille de mérite pour des Fougères en
arbre et VErica Candolleana.
M. J. Verschaffelt a obtenu la médaillé de
mérite pour Agaves, Yucca, Bonapartea, Cac-
tées, Cycadées, etc., en collections.
M. Stelzner, A., horticulteur à Gand, a obtenu
la médaille de mérite pour une collection de
120 espèces de Fougères de pleine terre.
Legrelle d'Hanis, à Anvers, a obtenu la
médaille de mérite pour une belle collection de
plantes d’ornement et utiles, telles que Dracœna,
Maranta, Palmiers, Aroïdées, Broméliacées, etc., i
eiane médaille de coopérateur pour son jardinier.
M. de Goes, horticulteur à Schærbeek (Bruxel-
les), a obtenu la médaille de progrès pour un
nouveau Gazon.
M. Ghellinck de Walle, président de la So-
ciété d’horticulture de Gand, a obtenu la mé~
daille de mérite pour une belle collection de j
Selaginella, Maranta, etc. I
M. Dailtière, A., horticulteur à Gand, a ob-
tenu la médaille de mérite pour une belle et j
nombreuse collection de Dieffenbachia, Dracœna, j
Aroïdées, Croton, Maranta, Zamia, Cypripe- |
dium, etc. i
M. Desmet, Louis, horticulteur à Gand, a ob- !
tenu la médaille de mérite pour une collection j
de Phormium, Echeveria, Thuiopsis, Agapan- |
thus, etc.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
M. Bœlens, Ch., horticulteur à Gand, a obtenu
le diplôme de mérite pour des Amaryllidées en
fleurs.
La direction du jardin botanique de Gand a
obtenu le diplôme de mérite pour une collection
de plantes utiles et officinales, etc.
Allemagne : M. Jiirgens, F.-J.-C., à Ham-
bourg, a obtenu la médaille de progrès pour une
belle collection de Conifères. Le même exposant
a obtenu la médaille de bon goût. — Quatre mé-
dailles-de mérite, cinq diplômes de mérite et
une médaille de coopérateur ont été décernées
aux autres exposants de l’Allemagne.
Autriche : Deux médailles de progrès ont été
décernées aux princes Joseph et Johan de
Schwarzenberg pour leur exposition dans un
local spécial des spécimens de leurs pépinières
d’arbres forestiers, fruitiers et d’ornement, cul-
tures potagères, floriculture, etc.
Quinze médailles de mérite, dix-neuf diplômes
de mérite, sept médailles de coopérateurs et
quatre médailles de bon goiU ont été accordées
aux autres exposants de l’Autriche, et deux mé-
dailles de mérite aux exposants de la Hongrie.
G. DeLCHE VALERIE.
— A la date du 7 août dernier, M. Deleiül,
horticulteur à Marseille, nous adressait la
lettre suivante :
Monsieur le rédacteur en chef de la Revue
horticole.
Je reçois à l’instant le n» 15 de votre excel-
lente Revue horticole, et j’y trouve une note sur
un des genres de plantes qui m’intéresse le plus :
les Bégonias. J’y vois queM. Léon de Saint-Jean,
vice-président du Cercle horticole lyonnais, nous
apprend qu’un Bégonia Sedeni à fleur double
s’est montré tout récemment au parc de la Tête-
d’Or. Est-ce par dimorphisme ou par semis ?
C’est ce que nous apprendrons bientôt, il faut
l’espérer; en attendant j’ai cru devoir vous in-
former que, dans mes cultures, j’ai déjà observé
la tendance à doubler qu’a cette belle variété de
Bégonia. Ainsi, avec du pollen recueilli sur la va-
riété B. Boliviensis superba, sur une fleur semi-
double, j’ai fécondé cette année des fleurs qui
avaient une tendance à doubler, sur un pied de
B. Sedeni ; qu’en résultera-t-il ? C’est ce que je
saurai plus tard.
Mais voici un autre fait d’une importance bien
plus capitale. L’année dernière (i 872), je découvris
sur le Bégonia Chelsoni une fleur hermaphro-
dite très-bien caractérisée, dont l’ovaire était
supère au lieu d’être infère, bien plus petite que
dans l’état normal et dépourvue de ses ailes,
presque ronde, légèrement côtelée ; elle était
entourée, insérées à sa base, d’un rang d’étami-
nes subsessiles ; la fleur, renflée à sa base, était
composée de six pétales très-grands. Je fécon-
dai cette fleur par son propre pollen ; la fécon-
ation s’effectua parfaitement ; l’ovaire grossit
égèrement et atteignit à peine la grosseur d’un
^etit Pois ; néanmoins cette fleur me donna une
grande quantité de bonnes graines que j’ai se-
mées ce printemps; elles ont bien levé, et j’a,i
en ce moment une centaine de plantes de ce se-
mis, dont plusieurs me montreront leurs fleurs
encore cette année. Si le résultat est heureux, je
m’empresserai, soyez-en sûr, de vous le faire,
connaître.
Eu attendant, recevez. Monsieur le directeur,
l’assurance de ma parfaite considération.
J. -B. Deleuil.
Les faits que contient cette lettre sont de?i
plus intéressants ; en montrant l’instabilité
des organes sexuels et la tendance qu’ils ont
à se modifier, ils autorisent à croire qu’une
plante monoïque peut en produire de dioï-
ques et vice versa, qu’elle peut même en
produire à fleurs hermaphrodites.
Du reste, nous avons déjà de nombreux
exemples de cette variation dans le genre
Bégonia qui, en général, était regardé
comme ayant des fleurs monoïques (1).
Ainsi, dans les semis dont nous avons parlé
récemment, faits par M. Malet (2 ;, nous
avons remarqué des plantes complètement
dioïques. Toutefois, la communication qu'a
bien voulu nous faire M. Deleuil, et dont
nous le remercions, semble jeter un nou-
veau jour sur la physiologie, dont les pro-
grès si rapides, faits pendant ces dernières
années, ont profondément modifié certaines
opinions, en venant renverser des théories
que pendant longtemps on avait considérées
comme étant immuables , — ce qui, du
reste, est le sort réservé à toutes les théories
absolues.
— On peut espérer que, très-prochaine-
ment, nous ne serons plus en France tri-
butaires de la Californie, au sujet des
graines de Wellingtonia. En effet, cette
espèce qui depuis longtemps déjà ne pro-
duisait que des fleurs femelles, vient sur
certains points de donner des chatons mâles.
Ainsi, à notre connaissance, le fait s’est
montré déjà dans deux endroits : aux pépi-
nières de Trianon, dirigées par notre con-
frère et ami, M. Briot, et chez M. Golin-
(1) ESegoiiia, Linn. Flores, monoici. Masc. Pen-
goniimi tetraphglhun, foliolis subrotundia, duo-
bus exteriorïbus majovibus, etc. Fem. Perigonium
tubo triptero, cum ovario connaio, limbi siiperi,
quadri-novemparti, persistantibus lobis plurise-
riatim imbricatis, etc.
En comparant ces caractères, qui sont ceux énu-
mérés par Endlicher {Généra, p. 941), avec ceux
que présente actuellement le genre Bégonia, ou
reconnaît qu’il faut ou ajouter d’autres caractères,
ou scinder le genre et en faire plusieurs, ce qui re-
vient au même.
(2) Voir Revue horticole, 1873, p. 30G.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
Lebert , horticulteur-pépiniériste à Blois
(Loir-et-Cher).
Nous profitons de cette circonstance pour
taire remarquer que l’ordre d’apparition des
sexes dans les végétaux conifères n’a rien
d’absolu ni de déterminé. Par exemple,
on voit souvent dans un môme genre des
espèces sur lesquelles les chatons mâles se
montrent les premiers, tandis que c’est l’in-
verse chez certaines autres ; il en est de
môme des genres ; ainsi, tandis que dans le
genre Wellingtonia les chatons femelles
se mollirent longtemps avant les fleurs mâ-
les, dans les Cèdres c’est le contraire qui a
lieu.
— Bien que les nouveautés doivent au-
tant que possible trouver place dans la
Revue, ce n’est pas, croyons-nous, une raison
pour négliger les vieilles choses quand elles
sont bonnes ; très-souvent on a pu juger du
contraire ; en voici encore deux exemples
pris, l’un dans les plantes ornementales,
l’autre dans les plantes potagères. Il s’agit
du BoiissmgauUia haselloides et du Ha-
ricot flageolet à feuilles gaufrées , dont
nous allons dire quelques mots.
Le Boussingaultia, dont plusieurs fois
déjà nous avons parlé, est une plante qui
semble avoir été créée exprès pour garnir les
tonnelles là ou le sol est de mauvaise nature
ou fait presque complètement défaut. C’est,
par excellence, la plante qui paraît destinée
aux villes pour garnir les balcoiis exposés
en plein soleil et à Taridité la plus grande,
ainsi que les mansardes ou la croisée du
pauvre, beaucoup mieux que ne le feront
jamais les Capucines, les Volubilis ou les
Haricots d’Espagne qu’on est dans l’habi-
tude d’employer à cet usage. Quelque peu
de terre dans un pot ou dans une caisse suffit
pour nourrir la plante qui, bientôt très-vi-
goureuse, pousse de nombreuses liges qui se
couvrent de feuilles, puis souvent de fleurs,
pour ne disparaître que par les gelées.
Le Haricot llageolet à feuilles gaufrées
est peut-être, de tous, celui qui donne les
produits les plus abondants; il est relative-
ment rustique, de bonne qualité, ne rame
pas, résiste aussi bien à la sécheresse qu’à
l’humidité ; en un mot, toujours et dans
toutes les conditions, il se charge de fruits
souvent même là où d’autres poussent à
peine ou ne donnent que des produits insi-
gnifiants. Aussi, ce qui a lieu d’élonner, c’est
d^ le voir encore si rare, lorsque tous ceux
qui le cultivent en font tant d’éloges. Cette
précieuse variété dont l’origine est inconnue,
en outre de ses qualités, a encore l’avantage
d’être très-distincte et de ne pouvoir être
confondue avec aucune autre, qualité qu’elle
doit à son feuillage qui est huilé, cloqué
dans toutes ses parties, d’un vert sombre
très-foncé. Nous n’hésitons pas à la recom- i
mander et à affirmer que tous en seront
contents.
— Une plante qui, contrairement à
beaucoup d’autres, a gagné à être connue,
est VAmara^ithus salidfolius. En voyant
la gravure qu’on en a faite, jointe à la des-
cription qu’on en a donnée, on s’est défié, on a
craint les exagérations. Pourtant ces craintes
étaient mal fondées, et si l’on a manqué,
c’est dans l’énumération de son mérite. En
effet, qu’on se figure des plantes qui dépas-
sent parfois I mètre de hauteur sur un
diamètre à peu près égal, avec des feuilles
excessivement rapprochées , très-longues , |
gracieusement contournées, d’un roux som-
bre et tombant presque jusqu’à terre, et
qu’on ajoute à cela que la partie supérieure
de chaque ramification (bourgeons et feuilles)
prend une couleur d’un rouge clair très-vif;
on pourra avoir une idée à peu près exacte
de la beauté que présente V Amaranthus
salicifolius. C’est une plante magnifique I
pour isoler ou pour faire des massifs ; il lui
faut de l’espace, de l’air et du soleil. Les
grands jardins lui conviennent ; elle est an-
nuelle et se cultive comme ses congénères.
— L’article que nous avons publié ré- J
comment (1) nous a valu de la part de I
M. Porcher, président de la Société d’horti- i'
culture d’Orléans, la très-intéressante lettre
que voici : 1 1
Orléans, le 21 août 1873. I
Monsieur le rédacteur en chef, |l|
La Revue horticole étant en quelque sorte une
tribune où, grâce à votre bienveillant accueil, I®'
on est admis à signaler les faits qui intéressent if|®
l’horticulture, je viens, en ma qualité de vieil
amateur du genre Fuchsia, vous présenter quel- U®''
ques observations concernant le F. syringæflora,
qui de votre part a été l’objet d’un article re-
njarquable, accompagné d’une charmante gravure •
due au pinceau de M. Riocreux.
Depuis environ trente années, je m’occupe du
genre Fuchsia. J’en ai étudié les espèces et la plu- '
part des nombreuses variétés dont les semeurs
nous ont gratifié avec plus ou moins de discrétion, ;
et plus de deux mille m’ont passé entre les
mains. Une partie a été robjel de descriptions
insérées dans la 3^ édition du Fuchsia, parue K
en 1857, et maintenant épuisée, et dans des ar- ^liiui
(1) V. Revue horticole, 1873, p. 311.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
365
ticles isolés publiés depuis dans le Bulletin de la
Société d’horticulture d’Orléans.
C’esl vous dire assez que je me suis nécessai-
rement occupé du F. syringœflora, introduit
en 1849 par M. Van Iloutte, de Gand. J’ai ac- j
cepté avec une confiance absolue, que mérite un
homme aussi distingué, son affirmation qu’il le
considérait comme une variété du F. arbores-
cens, laissant à de plus savants en botanique la
solution de cette question.
Quoi qu’il en soit, ce nouv^eau Fuchsia, à son
entrée dans nos cultures, fut le bienvenu; il le
méritait par son beau feuillage, son port gracieux,
son inflorescence spéciale, ses charmantes petites
fleurs et la longue durée de sa floraison.
La cause principale de son abandon presque
général lient d’abord, comme vous le dites fort
bien, à l’attrait beaucoup trop grand pour l’ama-
teur de la nouveauté, qui en cela oublie trop fa-
cilement les déceptions qu’il éprouve; mais il est
dû aussi, il faut bien le reconnaître, à ce que le
F. syringœflora cultivé dans de petits vases est
d’un eflet médiocre, tandis que placé dans des
pots de grande dimension, ou plutôt livré à la
pleine terre, il forme de superbes buissons qui
se couvrent de fleurs tout l’été, et dont la florai-
son peut se continuer en serre pendant une
partie de l’hiver.
11 fleurit l’été, lorque de vieux pieds conservés
en serre ou dans une orangerie sont mis en
pleine terre au printemps.
Ce Fuchsia ne saurait être rangé au nombre
de ceux qui ne fleurissent que vers la fin de l’au-
tomne , tels que les F. spertabilis, sert ali folia,
miniata, venusta, etc., etc., et qui par ce motif
réclament un autre mode de culture que les au-
tres Fuchsias.
Au mois d’août 1855, étant de passage à
Strasbourg, et visitant le célèbre jardin de la
Robertsau, le jardinier en chef me fit voir plu-
sieurs sujets du F. syringœflora, cultivés en
pleine terre, qui excitèrent mon admiration : ils
avaient de 1 mètre à 50 de hauteur, d’une
forme irréprochable et étaient couverts de fleurs.
Ainsi cultivé, c’est un délicieux aibrisseau,
digne du suffrage de l’amateur; mais dans de
petits vases, l’effet laisse à désirer. C’est ce qui
m’autorise à penser que ce Fuchsia en 1874, pas
plus qu’il y a vingt-cinq ans, ne deviendra une
plante de marché. Lors de son introduction, il
aurait dû être l’un des plus beaux ornements des
squares, d< s parcs, des grands jardins et des
grandes serres, où il peut acquérir tout son dé-
fi veloppement; espérons qu’il le deviendra bientôt
I sur vos recommandations.
II Puissé-je être assez heureux pour que ces ré-
flexions, qui pour la plupart viennent à l’appui de
ce que vous avez si bien dit, soient de nature à
encourager de nombreux amateurs à suivre
l’exemple donné par le jardinier en chef de la
i Robertsau.
* Veuillez agréer, Monsieur, l’expression'de mes
sentiments les plus distingués.
Le Président : Porcher.
C’est avec un grand plaisir que nous pu-
blions cette lettre, qui émane non seulement
d’un savant, mais d’un véritable praticien
des plus compétents, et qui a fait des
Fuchsias une étude toute spéciale, qui les a
aimés et cultivés toute sa vie; aussi osons-
nous espérer que les conseils qu’il donne sur
la culture du Fuchsia syringœflora seront
accueillis comme ils le méritent par nos lec-
teurs, qui sauront les mettre à profit pour
tirer de cette belle ]dante les avantages qu’on
est en droit d’en attendre. Inutile d’ajouter
que c’est notre désir, et 'que tout particu-
lièrement nous remercions bien sincèrement
l’auteur de ces conseils, M. le président
Porcher.
— A propos de la lettre de M. Robinet, de
Toulouse, que nous avons reproduite dans
ce journal (1), relativement à l’emploi de la
chaux au pied des pommiers pour en éloigner
le puceron lanigère, notre collègue, M. Ch.
Baltet, nous écrit pour nous informer que
cette idée n’est pas nouvelle, et qu’il en re-
vendique la priorité en faveur de M. Martin,
arboriculteur à Troyes, lequel, dit-il, « a
opéré pour la première fois, et avec un plein
succès, en 1868, ce dont un rapport de la
Société horticole, vigneronne et forestière,
inséré dans ses Annales de 1869, fait foi. »
M. Ch. Baltet ajoute :
J’en ai donné communication à la Revue
horticole, dans son numéro du 15 juin 1870,
page 240. J’ajoutais qu’il y aurait lieu d’essayer
ce procédé contre le phylloxéra. J’indiquais
même, d’après les recherches de M. Duchartre,
qu’un agronome grec, M. Koressios, proposait de
déraciner la Vigne et de jeter dans le sillon de la
chaux en poudre.
Quelques mois plus tard, dans le numéro de
la Revue du pr décembre, page 587, M. Bossin
recommandait pour la destruction du puceron
lanigère le déchaussement du sujet, l’enfouisse-
ment de charbon pilé, et le badigeonnage des
tiges et branches avec un mélange de chaux,
soufre et guano. Il emploie ce moyen depuis
quinze ans, elle signale aux viticulteurs frappés
par le phylloxéra.
Mon but, en écrivant cette lettre, est de répon-
dre à votre dernière chronique, où M. Robinet,
de Toulouse , paraît croire qu’il a découvert
l’emploi souterrain de la chaux contre le fléau du
Pommier.
Agréez, etc. Charles Baltet,
Horticulteur à Troyes.
C’est avec plaisir que nous nous empres-
sons d’insérer cette réclamation, parce qu’elle
établit un fait, et qu’il est tojours bon, lors-
(1) Voir Revue horticole, 1873, p.
326.
TACSONIA IXSIGNIS.
3GÜ
qu’on le peut, de rendre à chacun ce qui lui
est dû, et de constater l’origine des choses.
Toutefois, nous ferons observer que, dans sa
lettre, M. Robinet ne s’est pas attribué
l’honneur de l’invention de l’emploi de la
chaux contre le puceron : il cherche à être
utile en citant un fait, voilà tout. Mais, d’une
autre part, que nous apprend la lettre de
notre excellent confrère M. Ch. Baltet, si ce
n’est que, en 18G8, M. Martin a employé la
chaux pour combattre le puceron lanigère?
Ce qu’elle nous apprend encore, c’est que lui-
même conseillait l’emploi de cet agent pour
s’opposer aux dégâts du phylloxéra, mais
aussi que ni lui ni M. Martin, à plus forte
raison M. Robinet, ne sont les premiers qui
aient eu l’idée d’employer la chaux pour
combattre les parasites, puisque M. Bossin
a déclaré qu’il « emploie ce moyen depuis
plus de quinze ans, ); — disons plus de vingt,
ceci ayant été écrit en 1870. — Ajoutons
qu’on pourrait remonter beaucoup plus haut,
car ilyap^ws de trente ans que notre patron
d’alors (c’était vers 1836) nous faisait dé-
chausser des Pommiers nains dans une Nor-
mandie (1), et mettre de la chaux éteinte et
des plâtras au pied, puis recouvrir de terre.
Pourquoi ? R ne nous le disait pas. Et il
n’est guère douteux que l’on pourrait remon-
ter beaucoup plus loin, et que ce procédé,
comme tant d’autres que nous venons d’in-
venter, était [connu des anciens, peut-être
même renouvelé des Grecs. N’est-ce pas le
cas de rappeler ce vieux proverbe : Nihil
suh sole novuni ?
E.-A. Garpjère.
TACSONIA INSIGNIS
Cette espèce, que nous trouvons figurée et
décrite dans le numéro du 16 août' 1873
du Gardener' s Chronicle, n’est pas seule-
ment nouvelle ; elle est d’un grand intérêt
au point de vue de l’ornement et tout parti-
culièrement propre à l’ornementation des
jardins d’hiver, toutes choses qui nous ont
engagé à la faire connaître aux lecteurs de
la Revue horticole et à reproduire les
principaux passages concernant cette plante,
que nous empruntons au journal sus-
nommé :
On possède déjà dans les cultures plu-
sieurs représentants de ce genre, et le der-
nier venu, le T. Van Volxemü, est d’intro-
duction assez récente, et d’un si grand
mérite horticole, que peu d’amateurs de
belles fleurs en ignorent le nom. Cette nou-
velle espèce est considérée comme surpas-
sant en beauté et est plus florifère que cette
dernière. L’échantillon qui a servi à l’illus-
tration que l’on peut voir dans le Garde-
ner’s Chronicle du 16 août 1873, page 1113,
a été envoyé par M. Anderson, jardinier à
Sowerby-House, à Hull, qui annonce avoir
obtenu cette espèce de graines qui lui
furent envoyées de l’Amérique méridionale
(probablement du Pérou) par M. Yarbo-
rough Greame. Cette nouveauté n’est pu-
bliée dans aucun ouvrage, et l’auteur n’a
rien trouvé d’analogue- dans les herbiers.
Elle est remarquable 'par ses larges feuilles
ovales lancéolées, d’un vert brillant et hui-
lées sur la face supérieure, couvertes en
dessous d’un duvet rougeâtre. Les stipules
sont comme celles du T. pinnatistipula,
mais plus divisées ; les bractées sont diffé-
rentes, ainsi que la dimension et l’organi-
sation de la fleur, qui ne mesure pas moins
de 16 à 17 centimètres de diamètre. Le tube
est cylindrique, avec une dilatation cuboï-
dale à la base, légèrement couverte de du-
vet. Les sépales ont de longues cornes, et
leur coloris, à la face supérieure, ainsi que
celui des pétales, est d’un joli rose violacé,
difficile à décrire. La partie supérieure du
tube de la fleur est ornée d’une superbe
frange de filaments courts, d’un beau bleu
ponctué de blanc. Quant aux autres carac-
tères, ils diflerent peu de ceux des espèces
connues.
L’auteur de l’article du Gardner’s Chro-
nicle, dont nous avons extrait ces quelques
lignes, M. M.-F.-M., engage beaucoup à
essayer les espèces de ce beau genre en
pleine terre, partout où les gelées ne sont
pas trop fortes; la plupart occupant des al-
titudes voisines de la région des neiges, sur
les Andes, on pourrait donc, avec de
légers abris, les faire passer nos hivers
dehors. Il est à peu près certain qu’on
pourrait aussi les cultiver dans diverses par-
ties de la France, telles que sud-est, sud et
sud-ouest, et peut-être même dans le centre,
en plaçant les plantes dans des positions
abritées. Louis Neumann.
(1) Normandie, nom donné très-fréquemment,
dans le langage horticole, à une plantation de Pom-
miers, et principalement de Pommiers nains, vul-
gairement appelés Pommiers paradis : Voilà une
Belle normandie, une Normandie bien plantée, en
plein rapport. (Carrière, Encyclopédie horticole,
p. 39i.)
SERPETTE BARTII. — DIMENSIONS DE QUELQUES ESPÈCES DE CONIFÈRES.
367
SERPETTE BARTH
La serpette qui est représentée par la
figure 34, à laquelle nous donnons le nom
de son inventeur, M. Barth, coutelier à La-
gny (Seine-et-Marne), 10, rue du Chemin-de-
Fer, présente un avantage incontestable,
réalise un véritable progrès. Outre ses mé-
rites particuliers se rapportant soit à la forme,
soit aux qualités qui ne laissent rien à dé-
sirer, cette serpette a des avantages qui lui
sont propres, et qui la distinguent de toutes
celles inventées jusqu’à ce jour.
Disons d’abord que cette serpette n’a pas
de ressort; lorsque la lame est ouverte, elle
vient reposer sur une virole mobile en acier
sur laquelle elle se trouve solidement fixée
par suite d’un petit mouvement de droite à
gauche qu’on imprime à la virole. Ouverte
et arrêtée ainsi qu’il vient d’être dit, la
lame ne peut plus se fermer, de sorte qu’on
n’a pas à craindre de se blesser, ainsi que
cela arrive parfois avec d’autres serpettes
lorsqu’en travaillant elles se ferment brus-
quement. Lorsqu’on veut fermer celle-ci, on
fait tourner la virole de gauche à droite, de
façon à déplacer sa partie fendue et à la faire
coïncider avec celle que présente le vide du
manche et dans lequel elle vient s’insérer ;
puis, lorsqu’elle est fermée, et pour éviter
que la serpette ne vienne à s’ouvrir dans la
poche on imprime à la virole le même mou-
vement de droite à gauche dont nous avons
parlé, ce qui l’empêche de s’ouvrir.
L’idée d’une virole mobile, appliquée à la
fermeture des couteaux, est déjà ancienne ;
ce qui, dans cette circonstance, en constitue
l’avantage, c’est la précision que lui a donnée
M. Barth à l’aide d’un petit échappement ou
sorte de dent fixe que l’on voit au point A qui
arrête la virole, lorsque la lame se trouve en
face de la fente dans laquelle elle doit entrer
lorsqu’on la ferme, ou, au contraire, lors-
qu’étant ouverte on veut empêcher qu’elle
se ferme. Avec cet arrêt, on n’a pas à s’oc-
cuper du point où l’on doit s’arrêter pour
l’ouverture ou pour la fermeture de la lame,
ces points étant fixés d’une manière absolue
par la saillie qui limite la course de la vi-
role, soit de droite à gauche, soit de gauche
à droite.
Si la lame était usée ou venait à se casser,
rien de plus facile que de la remplacer : il
suffit d’enlever deux petites vis placées sur
le dessus; alors la plaque se lève, et la vi-
role glisse comme ferait un anneau sur une
tringle ; une fois la lame remise, ce qui se
fait sans travail et à l’aide d’un simple
clou, on replace la virole que l’on fixe à
l’aide des vis, et tout est fini.
A tous ces avantages, la serpette Barth
joint ceux de la solidité et de la qualité, et
Fig. 34. — Serpette Barth, ouverte et en arrêt
(aux 2/3 de grandeur naturelle).
même celui du bon marché : 2 fr. les serpet-
tes à manche de buis ; 3 fr. avec un manche
en buffle. Toutes sont très-soignées.
Nous devons dire toutefois, d’après l’ex-
périence que nous avons des serpettes
Barth, que celles à manche de buffle sont
préférables, à cause de la résistance beau-
coup plus grande que présente la partie de
manche située sous la virole, qui, lorsqu’on
coupe, supporte toute la pression.
E.-A. Carrière.
DIMENSIONS DE QUELQUES ESPÈCES DE CONIFÈRES
Bien des fois, déjà, dans ce recueil, il a I favorable à la végétation que présente Cher-
été question du climat tout particulièrement I bourg et ses environs, et tout particulière-
3G8
DIMENSIONS DE QüELUÜES ESPECES DE CONIFEIIES.
ment de celui de Brix, près Valognes
(Manche), où se trouve la propriété de
M. Herpin de Frémont; celle-ci est tout
particulièrement connue de nos lecteurs par
les spécimens de Conifères qui y sont plan-
tés, et tout récemment, à propos de ces vé-
gétaux, nous prenions l’engagement d’en
parler dans un prochain article, ce que nous
allons faire.
Bien que M. Herpin de Frémont s’occupe
tout particulièrement des Conifères, aux-
quels il a voué une sorte de culte, cela ne
l’empêche pas de cultiver quelques autres
plantes également dignes d’intérêt à un tout
autre point de vue. Mais, pour aujourd’hui,
nous ne parlerons que des Conifères. Parmi
ceux-ci, il en est qui ne présentent qu’un
intérêt médiocre, qui n’ont pas « d’avenir »
comme arbres forestiers, ce qui, pourtant,
est le but que se propose M. Herpin; nous
les citerons cependant, parce qu’ils indi-
quent la nature de ce climat tout particulier
des environs de Cherbourg, et deviennent
une sorte de guide pour ceux qui voudraient
tenter des essais de culture ou d’introduc-
tions de plantes nouvelles. Dans cette énu-
mération, nous ne nous attacherons pas à
préciser les noms, que nous n’avons pu vé-
rifier, ni, par conséquent, à suivre une
classificalion rigoureuse ; nous citerons les
plantes d’après la liste qu’on nous a envoyée,
que nous pouvons garantir d’une exactitude
rigoureuse quant à ce qui concerne les di-
mensions et l’àge; quand il s’agira soit
d’espèces tr ès-communes ou d’espèces rares,
mais récemment plantées, et qui seront en-
core très-petites, nous ne ferons non plus
que les citer ; toutefois, dans un cas comme
dans l’autre, et autant qu’il nous sera
possible, nous rectifierons l’orthographe,
quand celle-ci ne nous paraîtra pas correcte,
ou, tout en conservant le nom, nous le fe-
rons suivre de celui que nous croirons exact
ou que nous supposerons s’y rapporter, en
le plaçant alors entre parenthèses, de ma-
nière que, sans que nous ayons rien changé
d’une manière absolue, le lecteur puisse
néanmoins avoir un guide, presque une pro-
babilité.
Afin de compléter et d’augmenter autant
que possible l’intérêt de ces renseignements,
nous indiquerons — toujours d’après la liste
— l’origine, la hauteur des plantes, leur cir-
conférence à 1 mètre du sol, et enfin la
date de leur plantation. L’origine sera indi-
quée abréviativement et comme suit : J. P.
Jardin-des-Plantes de Paris; Tr. Transon,
à Orléans; T. -K. Thibaut et Keteleer, à
Sceaux; Sen. Séneclauze, à Bourg-Argen-
tal; S. -B. Soulange-Bodin, à Bis-Orangis;
A.-L. André-Leroy, à Angers. Quant à l’or-
dre suivi, le voici : nom , origine, hauteur,
circonférence, date de la plantation.
Ahies Tsuga. — A. {Tsuga) Brunoniana,
J. P., 3™ 35 haut., 24 cent, circonfér. ,
1802; — A. {Tsuga) Canadensis, Tr.,
9 mèt. haut., 42 cent, circonfér., 1855; —
A. (Pseudotsuga) Douglasii, T. -K., T"» 30
haut., 30 cent, circonfér.; — A. (Tsuga)
Hookeri, T. -K., 1872; — A. (Tsuga) Mer-
tensiana, T. -K., 2^ 75 haut., 1809; —
Nov. spec. Japon, J. P.; — A. (Tsuga) Pat-
toniana, Sen.; — A. (Tsuga) Sieboldi,
T. -K. — A. (Picea) alha, 13 mèt, haut.,
1™ 15 circonfér., 1842; — A. (Picea) Al-
cockiana, J. P., 75 cent, haut., 1809; * —
A. (Picea) Engelmanyii, 1872; — A. (Pi-
cea) excelsa; — A. (Picea) Japonica,J.P.,
3 mèt. haut. ; — A. (Picea) SitchensiSy
T. -K., 1873. — D’après M. Herpin, ces
deux plantes seraient les mêmes. — A. (Pi-
cea) fiîaxhuovoiczii, T. -K., 1872; — A.
(Picea) Menziesii, T. -K., 13m 50 haut.,
1 mèt. circonfér. ; — A. (Picea) Mormda,
T. -K., 8m 30 haut., 52 cent, circonfér.,
vers 1857; — A. (Picea) nigra, J. P.,
Im 95 haut., 1805; — A. (Picea) orienta -
lis, J. P., 7™ 00 haut., 40 cent, circonfér.,
vers 1855; — A. pichta, 4 mèt. haut.,
20 cent, circonfér., vers 1800; — A. (Pi-
cea) polita, T. -K., Im 25 haut., 1809; —
Ahies argentea (Ahies pectinata); — A.
halsamea, Tr., 13 mèt. haut., 07 cent, cir-
confér., vers 1842; — A. hracteata, T. -K.,
45 cent, haut., 1872; — A. Cephalonica,
Im 25 haut., 1871 ; — A. Cilicica, J. P.,
3m 30 haut., 20 cent, circonfér., 1859; —
A. firma, T. -K. ,3 mèt. haut., 17 cent, cir-
confér., 1807; — A. grandis, T. -K., 2™ 70
haut., 22 cent, circonfér., 1802; — A. gran-
dis, de Vancouver (A. Gordonï), T. -K.,
4'“ 50 haut., 20 cent, circonfér., 1803; —
A. Hudsoniana, 40 cent. haut. ; — A, Je-
zoensis, Sen.; — A. magnifica, J. P.,
1873; — A. nohilis, T. -K., 10 haut.,
1802; — A. Nordmanniana, T. -K., 2m 40
haut., 1804; — A. Numidica,\^^ 50 haut.;
A. Pindrow, 3'” 30 haut., 23 cent, circon-
fér., 1800; — A. Pinsapo, Tr., 13 mèt.
haut., 80 cent, circonfér., vers 1850; — |
A. religiosa, Tr., 13 mèt. haut., 77 cent. |
circonfér., vers 1850; — A. spectahilis, '
Tr. , 14 mèt. haut., 1 mèt. circonfér.,
1849.
j Larix Europœa; — L. americana,
I 9 mèt. haut., 77 cent, circonfér., 1833; —
369
DIMENSIONS DE QUELQUES
L. (Pseudolarix) Kœmpferij T. -K., 60 c.,
1872.
Pins a deux feuilles. — Pinus mari-
tima {Piniis pinaster); — P. sylvestris ;
— P. nigra (IK austriaca; — P. Laricio;
— P. Pyrenaica; — P. densitlora, J. P.,
1 mèt. liant., 1869; — P. ruhra, Sen.,
42 cent., 1873; — P. Pinea, 3>“ 25 haut.,
37 cent, circonfér., 1859; — P. Masso-
niana, T. -K., 2 mèt. haut., 20 cent, cir-
confér., 1867; — P. Halepensis, 4 mèt.
haut, (réussit mal à Frémont).
Pins a trois feuilles. — P. tœda, Tr.,
9 mèt. haut., 1 mèt. circonfér., 1847; —
P. insignis, T. -K., 20 mèt. haut., 1^ 85
circonfér., 1849 (fructifie abondamment);
— P. ponderosa, 3“' 60 haut., 23 cent, cir-
confér., 1861 ; — P. occidentalis, 11 mèt.
haut., 90 cent, circonfér., 1833; — P. Jef-
freyana, T. -K., 1™ 50 haut., 1869; — P.
Benlhamiana, T. -K., 2ni 40 haut., 1869;
P. Bungeana, J. P., 1“‘ 20 haut., 1868
(vient mal à Frémont, buissonne); — P.
Coulteri, 3 mèt. haut., 21 cent, circonfér.,
1870; — P. inops, J. P. ; — P. Gerar-
diana, J. P., 1873.
Pins a cinq feuilles. — P. Montezu-
mœ, O*" 60 haut., 47 cent, circonfér., 1861 ;
— P. strohiis; — P. excelsa, 8'’^ 30 haut.,
81 cent, circonfér., vers 1858 ; — P. Lam-
hertiana, 68 cent, haut., 1869; — P. cem-
hra, T. -K., 7»^ 50 haut., 50 cent, circonfér.,
1848; — P. monticola, T. -K., 1"^ 75 haut.,
1867; — P. Peuce, T. -K., 1*” 25 haut.,
1867 ; — P. aristata, J. P. 1873.
Cedrus Lihani, Tr., 14"^ 30 haut., 1“^ 13
circonfér., 1837; — C. occidentalis, A.-L.,
7m 25 haut., 31 cent, circonfér., vers 1859;
— C. Deodora, A.-L., 7™ 30 haut.,
41 cent, circonfér., 1866; — C. Deodora
rohusta, 7 ifièt. haut., 25 cent, circonfér.,
1856; — C. glauca, 3^ 50 haut., vers
1864; — C. variegata, 3™ 25 haut., vers
1863.
Araucaria imhricnta, J. P., 10 mèt.
haut., 80 cent, circonf., 1848.
Sciadopitys verticillata^ T. -K., Im 05
haut., 1867.
Cunninghamia sinensis, Tr., 8^ 50
haut., 77 cent, circonfér., vers 1856.
Séquoia sewpervirens, J. P., 20 mèt.
haut., 2m 12 circonfér., 1849 ; — S. (Wel-
lingtonia gigajitea)^ J. P., 6m 85 haut., 57
cent, circonfér., 1852.
Arthrotaxis selaginoides,l^c.ewi, haut. ;
— A. Doniana.
Cupressus pyramidalis, 13 mèt. haut.,
60 cent, circonfér., 1833; — C. Lamher-
ESPÈCES DE CONIFÈRES.
tiana, J. P., 7>“ 60 haut., 38 cent, cir-
confér. ; — C. torulosa, J. P., 4m 60 haut.,
19 cent, circonfér., 1862; — C. elegans,
J. P., 9m 50 haut., 54 cent, circonfér.,
1862; — C. LusÜanica, J. P., 13 mèt.
haut., Im 30 circonfér., 1848; — C. fune-
bris, 4m 40 haut., 30 cent, circonfér., vers
1860; — C. Cachemyriensis, 3m 58 haut.,
34 cent, circonfér.; — C. Knightiana,
8 mèt. haut., 47 cent, circonfér., 1862; —
C. glaufca, 3m 90 haut., 1865.
Chamcecyparis sphœroidea, T. -K. , Im 10
haut., 1872; — C. Nutkaensis, 2m 33 haut.,
vers 1868; — C. Lawsoniana, J. P., 6m 60
haut., 32 cent, circonfér., 1862; — C. ob-
tusa, T. -K., 4m 60 haut., 1867 ; — C. pisi-
fera, 4m 30 haut., 1867; — C. pisifera
lœtevirens, J. P., 1873; — C. pisifera
plumosa, J. P., 1873.
Retinospora dubia, J. P., 1873; — R,
juniperoides, J. P., 1873. — R. leptoclada,
J. P., 1873; — R. squarosa, J. P., 1873.
Taxodium distichum , S.-B. , 13™ 20
haut., 1™ 20 circonfér., 1833.
Glyptostrobus pendulus, 6™ 60 haut.,
31 cent, circonfér., 1833.
Gryptomeria Japonica, 17 mèt. haut.,
1™ 43 circonfér., 1852; — C. Lobbi, J. P.,
6 mèt. haut., 35 cent, circonfér., 1859 ; —
C. pungens, J. P., 1 mèt. haut., 1873; —
C. araucarioides, T. -K., 50 cent, haut.,
1873; — C. nana, J. P., 50 cent, haut.;
— C. elegans, T. -K., 5™ 30 haut., 33 cent,
circonfér., 1871.
Thuia occidentalis, 2 mèt. haut. ; — T.
{Biota) orientalis, 9 mèt. haut., 1833; —
T. {Biota) falcata, T. -K., 1™ 40 haut. ; —
T. gigantea, 7 mèt. haut., 39 cent, circon-
fér., vers 1865.
Thuiopsis dolabrata, T. -K., 85 cent,
haut., 1867 ; — T. dolabrata variegata,
T.-K.,90 cent, haut., 1869.
Fitz-Roya Patagonica, T.-K., 4™ 50
haut., 16 cent, circonfér., 1867.
Libocedrus decurrens, J. P., 4™ 50 haut.,
28 cent, circonfér., 1836; — L. Cliilensis,
Im 85 haut. ; — L. tetragona.
Juniperus Virginiana, 11™ 20 haut.,
1™ 12 circonfér., 1833; — /. excelsa, 2™ 60
haut., vers 1861 ; — J. drupacea, T.-K.,
2™ 80 haut., 1867; — J. rigida, T.-K.,
2 mèt. haut., 1869; — J. macrocarpa,
3™ 85 haut., 1837 ; — J. dealbata, T.-K.,
50 cent, haut., 1872; — J. Chinensis,
75 cent, haut., 1872 ; — J. recurva, J. P.,
3™ 50 haut. , 1867 ; — J. squam-
mata.
Taxus baccata, 6 mèt. haut., 54 cetit.
370
LES CATALOGUES.
IRIS IBERICA.
circonfér., 1833 ; ■ — T. liyhernica, T. -K.,
lï«20 haut., 1871.
Torreya nucifera, T.-K., 1^90 haut.,
1801.
T. myrisiica, T. -K., 1873.
Cephalotaxus Fortunei, T. -K., 2 met.
haut., 1867; — C. pedunculata, 2 mèt.
haut., 1862.
Ginkgo hiloha, 4>« 30 liaut.
Phyllocladus rhomboidalis , T. -K. ,1873;
— P. trichomanoides, 4'" 60 liant., 16 cent,
circonfér., 1853.
Podocarpus Chilina, J. P., 1»‘10 liaut.,
d862.
Prumnopüys elegans, Sen.
L’énumération que nous venons de faire
est intéressante à plusieurs points de vue ;
non seulement elle fait connaître l’impor-
tance de la collection de Conifères que pos-
sède M. Herpin, mais elle permet de se
faire une idée assez exacte du climat de
Brix, et de voir quelles sont les espèces
qu’on aura chance d’y voir prospérer d’une
manière avantageuse. En effet, connaissant
l’espèce, la date et les dimensions que les
plantes peuvent atteindre dans un temps
déterminé, on a des points de comparaison
qui permettent d’apprécier et de reconnaître
celles qui sont les plus avantageuses à cul-
tiver au point de vue de l’exploitation.
E.-A. Carrière.
LES CATALOGUES
Nous avons reçu pour 1873-1874 les ca-
talogues suivants : celui de M. Truffant,
horticulteur à Versailles, dont la spécialité
est la culture des plantes dites à feuillage,
qu’on trouve là non seulement en très-
grande quantité, mais d’une beauté irrépro-
chable, ce que tout le monde sait du reste.
Aussi, si nous en parlons, c’est moins pour
faire connaître cet établissement modèle, ce
qui serait tout à fait inutile, que pour rappeler
que c’est un des plus remarquables, tant par
la tenue que pour la bonne culture. Indé-
pendamment des plantes à feuillage, on
trouve là des collections variées et choisies
de Pihododendrons, Azalées, Camellias, Bro-
méliacées, etc.
Un catalogue de MM. Vilmorin, Andrieux
et C^®, propre aux Oignons à fleurs. Tulipes,
Jacinthes, Narcisses, Crocus, Lis, Couron-
nes impériales. Amaryllis, Glaïeuls, Ixia,
etc., etc., Caladium, Anémones, Pvenon-
cules, Tritoma, Cyclamen, Gloxinia, Bé-
gonia, Boussingaultia, etc., etc.
mis I
(Jette espèce, qui a quelque rapport avec
VIris Suziana , vulgairement nommée
Iris deuil à cause de sa couleur, est origi-
naire du Caucase. Ses caractères, un peu
différents de la plupart des espèces à rhizo-
mes charnus, l’ont fait élever au rang de
genre par Siemsen, qui en a fait VOncocy-
elus ïbericus.
C’est une plante qui d’un petit rhizome
horizontal charnu émet des bourgeons qui,
longs de 20 à 25 centimètres, se terminent
De MM. Simon-Louis frères, horticulteurs
à Metz, un catalogue exclusivement consacré f
aux Fraisiers, dans lequel 57 variétés ap- I
partenant aux divers groupes sont décrites. |
Inutile de dire que c’est un choix des meil- I
leures variétés, et aussi que les nouveautés' |
s’y trouvent indiquées.
Un catalogue général de M. Auguste Van
Geert, à Gand (Belgique), dans lequel, en
outre des collections aussi nombreuses que
variées de plantes de serres et de pleine
terre qui s’y rencontrent, nous remarquons,
entre autres plantes très-rares, les Fremon-
tia Californica, Fortunea sinensis, Maa-
kia amurensis, Maximowiczia sinensis,
Nuttalia cerasiformis, etc. ; enfin le Ste-
wartia Malacodendron, espèce excessive-
ment rare, également très-rustique et sur-
tout très-jolie, et sur laquelle nous appelons
tout particulièrement l’attention des ama-
teurs de beaux arbustes.
E.-A. Carrière.
par une fleur très-grande à six divisions,,]
dont les trois extérieures, étalées, réfléchies, ;
très-larges, sont maculées, striées de rouge
violet rosé, parfois presque noir, sur un
fond jaunâtre ; les trois pièces extérieures
sont dressées, blanc légèrement violacé,
longitudinalement maculées pictées à la
base de violet rosé. A l’intérieur se trouvent,
comme à peu près dans toutes les espèces
d’iris, trois organes pétaloïdes, sous lesquels
sont placées les étamines et les papilles stig-
Ch.r>omolU^G: St
&ve7'’e^7zs .
ocr-etc^: del
P
■ N.
Ij'is Ihej'ica
PLANTATION DES JARDINS,
matiques. Quant aux feuilles, elles ne pré-
sentent rien de particulier; elles sont li-
néaires, engainantes, comme dans toutes les
espèces.
VIrisiherica,S[ew., Oncocyclusibericus,
Siem., est une des jolies espèces du genre
\ et dont on pourrait tirer un bon parti pour
l’ornementation. Comme les rhizomes peu-
vent être arrachés tous les ans sans que la
plante en souffre, cela permet de l’expédier
très-facilement, absolument comme on le
fait des Glaïeuls. Cette propriété présente
PLANTATION
La plantation des jardins est une chose
des plus importantes, car c’est d’elle en effet
que ressort leur principal mérite.
Dans bien des cas, lorsque les difficultés
de terrain, le manque d’eau, la surface
trop restreinte, surtout aussi la dépense, s’op-
pdsent aux embellissements projetés, la vé-
gétation devient la seule beauté possible.
Alors il n’est pas indifférent de planter
telle ou telle plante ou des massifs de n’im-
porte quelle façon. Une grande connaissance
des végétaux d’ornement devient nécessaire,
et avec du goût, un peu d’expérience et une
méthode convenable, on peut obtenir de
beaux résultats en dehors des travaux coû-
teux occasionnés par les mouvements de
terrain, la création de pièces d’eau, les cons-
tructions pittoresques, etc., etc.
Mais en adoptant un système quelconque
de plantation, il ne faut pas oublier que ce-
lui qui en jouira pourra y passer de longues
années ; que, dans ce cas, la satiété vient
vite ; qu’on se blase de tout, et que les ré-
sultats de tout cela seront ces remaniements
devenus l’habitude générale. Ce ne sont pas
seulement les jardins appartenant à de riches
propriétaires qui sont exposés à ces change-
ments : à peu près tous les subissent dans
de plus ou moins grandes proportions.
D’un autre côté, quelques jardiniers ont
peut-être un peu trop le tort de vouloir faire
de grands changements ^ de grands tra-
vaux. Sans doute, pour beaucoup, le besoin
paraît évident, car les chefs-d’œuvre sont
rares, et les goûts ne se ressemblent guère;
mais ces modifications, lorsqu’elles prennent
un peu d’importance, ont toujours le défaut
de détruire l’ensemble, le style si l’on veut,
et alors plus on fait, plus il faut faire. En
outre, plus les hommes, par conséquent les
idées et la direction, changent, plus les choses
s’aggravent, et l’on finit souvent par tomber
371
cet autre avantage qu’elle permet, là oû les
hivers sont trop rigoureux pour que la
plante résiste au froid, de relever de terre
les rhizomes et de les enterrer dans un lieu
sec, à l’abri de la gelée.
La figure ci-contre de VIris iherica a été
faite d’après nature, sur un individu vivant
appartenant à M. Eugène Verdier, horticul-
teur, 2, rue Dunois, à Paris, chez qui l’on
pourra se procurer cette espèce.
E.-A. Carrière.
DES JARDINS
dans le gâchis. Il y a bien peu de jardins
maintenant qui n’aient pas souffert de ces
changements, et où il serait encore possible
de retrouver une idée de la création primi-
tive.
Il est presque inutile de parler ici des
idées bizarres et ultra-pittoresques qui nais-
sent dans le cerveau de quelques proprié-
taires blasés de voir toujours les mêmes
choses. Il faut les avoir vues de près et
avoir été obligé de les combattre souvent
sans succès.
Pour éviter ces inconvénients, il faut ex-
citer le goût, l’intérêt, la curiosité du pos-
sesseur, afin de lui faire conserver ce qui
existe sans lui ôter la facilité de rechercher
les plantes nouvelles ou méritantes ; en un
mot, tâcher de le « rendre amateur. »
Dans un jardin, la beauté réelle, la gran-
deur et le pittoresque même sont insuffi-
sants. Il faut non seulement tenir la curio-
sité toujours en éveil par la variété des
sujets, mais encore chercher à guider le pro-
priétaire et à le pousser naturellement vers
l’observation et l’étude. Une fois dans cette
voie, on peut espérer voir les végétaux ar-
river avec l’âge à toute leur beauté.
Puisque nous voyons des amateurs d’Or-
chidées, de Gamellias, d’arbres fruitiers, etc. ,
pourquoi ne verrait-on pas aussi bien des
amateurs d’arbres et d’arlaustes d’ornement?
Ce serait moins coûteux, et ils auraient de
belles promenades qu’ils pourraient admirer
eux-mêmes, chose qu’on ne voit guère chez
les amateurs de plantes de collection, les-
quels, sortis de là, ne savent souvent plus
se souvenir qu’ils ont un jardin.
Examinons maintenant les méthodes ou
plutôt les habitudes de plantations actuelles,
car en général on peut dire que ce ne sont
pas des méthodes.
Dans les plantations en mélange générale-
372
PLANTATION DES JARDINS.
ment usitées, l’impression est à peu près la
même pour tous les massifs, 'et en en voyant
un, on les a vus tous, non parce qu’ils sont
plantés avec les mêmes espèces, mais parce
que le mélange y est fait avec la même va-
riété de forme et d’aspect, sans qu’une es-
sence ou un genre y domine. On y peut ad-
mettre une foule de plantes, et cette variété
émousse l’attention au point de ne plus voir
que des masses de verdure sans rien remar-
quer en détail. Rien alors ne guide les idées,
et les plantes les plus jolies, les plus cu-
rieuses, si elles ne sont pas bien en relief
ou tout à fait sous les yeux, disparaissent
dans ces mosaïques sans laisser de souvenir.
Sur ce point, ce genre de plantation laisse
à désirer à l’esprit, et il n’est pas inutile
d’essayer de modifier ses défauts sans sacri-
fier ses qualités.
On propose (nous n’en connaissons pas
d’exemple caractérisé) les plantations par
groupes présentant de l’analogie comme fa-
ciès. Les plantes à grandes feuilles. Syco-
mores et autres Érables au feuillage étoffé,
Platanes, etc., ensemble; celles à feuillage
léger, Sophora, Févier, Acacia, etc., égale-
ment rassemblées, et les intermédiaires de
même. Ce système, qui paraît exclure les
contrastes faciles avec les mélanges, nous
paraît avoir plus de djéfauts encore, et sur-
tout ne pas prêter à l’observation et à l’étude
comme nous l’entendons. En outre, les ar-
bustes ne se prêtent guère à cette combi-
naison, qui, du reste, n’aurait pas de raison
d’être pour ces plantes trop basses et pré-
sentant des formes trop faibles, trop peu dé-
finies, dans les plantations faites pour être
vues à distance ; on ne pourrait guère l’ap-
pliquer avec raison que pour allonger une
perspective. Dans un point de vue où les
massifs auront été disposés en se rétrécis-
sant d’une façon insensible, les mouvements
de terrain de plus en plus faibles, on peut
augmenter l’illusion par des plantations éle-
vées d’abord et au feuillage étoffé, et arriver
à l’extrémité avec des plantes plus faibles,
au feuillage léger, grisâtre et indécis. Mais
nous ajouterons que, pour réussir, il faut
beaucoup de précaution, de connaissances,
être aidé par le terrain, l’horizon même, et
surtout aussi travailler sur de grands es-
paces. Nous ne connaissons encore aucun
exemple de ce genre bien réussi ; mais, par
contre, nous pourrions en citer plus d’un
produisani l’effet inverse.
On trouve parfois une autre méthode plus
caractérisée dans le sens des analogies, mais
qui dépasse parfois le but en plaçant les
plantes par masses non seulement de même
faciès, mais de même espèce. C’est le sys-
tème appliqué aux fleurs en corbeilles. Là,
on trouve des effets admirables comme coup
d’œil. Qui n’a admiré au printemps des
masses de Lilas, de Weigelias, de Faux-Ébé- i
ni(TS, de Tamarix, etc., etc.? C’est splen- j
dide, mais éphémère comme la floraison, et j
après il ne reste rien. La curiosité ne trouve |
rien d’intéressant dans ces masses où un i
coup d’œil sufflt pour juger à distance ce
qu’on a devant soi.
Contrairement à la manière qui groupe i
par analogie de formes et ne s’applique I
guère qu’aux arbres, celle-ci est à peu près j
exclusivement employée pour les arbustes I
et arbres moyens, ayant une floraison bien I
apparente. Les exemples de plantations de
ce genre sont assez nombreux pour être
connus et admirés pendant la floraison ; ce-
pendant, à la longue, le peu de variété se
fait sentir, et l’on se prend à regretter de
ne pas voir tout ce qui n’y est pas. Le choix
même des plantes les plus méritantes ne I
suffit pas pour arrêter les regrets de l’ama-
teur, qui finit par les connaître trop bien. |
Quand on connaît tout ce qu’on a, on arrive !
vite à désirer ce qu’on ne connaît pas. •
Dans cet ordre d’idées, il nous semble qu’il
serait préférable, ‘à tous les points de vue, | ,
de grouper les végétaux par genres, de ma-
nière à former non pas un massif de Lilas |
de Perse, mais de toutes les bonnes espèces ! i
de Lilas que nous possédons ; non une masse i i
de Groseillier sanguin, mais bien de nos j 9
Ribès variés, car ils sont presque tous beaux ; !
de même pour les arbres. Au lieu de semer
toutes les espèces d’un même genre un peu
partout, il faudrait les rassembler. La crainte
même de l’uniformité et du manque absolu
de contraste ne serait pas sérieuse, car la
plupart des genres possèdent des espèces ou
variétés de formes, d’aspects et de_ dimen-
sions très-variés.
Pour faire comprendre notre but et l’effet b
que devrait produire une plantation telle |
que nous l’entendons, citons un exemple, '
les Lilas, dont on possède une douzaine envi-
ron d’espèces ou variétés, et supposons-les i
tous semés un peu partout. Pour quiconque '
n’est pas initié un peu aux plantes (et certes i i
c’est là le cas général, on pourrait presque [
dire absolu de tous les propriétaires), tous |l
sont des Lilas, et rien de plus. Les Lilas |i
communs, Saugé, Charles X, Perse, Va- |'l
rin, etc., ne lui présentent, séparés, aucune jH
différence assez sensible (à part les blancs, i ?
peut-être), pour l’exciter à établir des com- j-^
PLANTATION
paraisons rii chercher à les connaîire ou à
saisir les différences qui les caractérisent.
Au lieu de cela, réunissons-les, et alors,
sans effort, les différences, même faibles,
vont sauter aux yeux. Bien des espèces à
peu près inconnues verront la lumière, et
l’homme le plus indifférent ne manquera
pas de les remarquer, par cette raison d’a-
hord que tous ont un air de famille bien ca*
ractérisé, et que voyant bien que ce sont
■tous des Lilas, il cherchera parmi ce que
peuvent être les espèces qui ne lui sont pas
familières.
Il est entendu que ceci ne peut s’appliquer
aux connaisseurs spéciaux, pour lesquels,
trop souvent, le plus beau n’est que le plus
nouveau. Nous n’avons d’autre but que de
guider et fixer le goût de ceux qui, assez
riches pour avoir des jardins, ne savent pas
toujours en jouir et y trouver l’attrait qu’ils
recherchent. En effet, pour le plus grand
nombre, les sensations n’ont pas de durée,
et comme nous le disons plus haut, la sa-
tiété et l’indifférence arrivent bientôt, faute
d’excitant.
Peut-être pourrait-on objecter à cela le
défaut des collections pour des gens qui ne
s’y intéressent pas, faute de goût, plus sou-
vent faute de temps, et craindre de rebuter
au lieu d’intéresser. Le cas n’est pas tout à
fait le même. Assurément quelqu’un qui
possède une collection de 150 ou 200 varié-
tés de Roses ne songera pas à les connaître
•ou se rebutera vite ; mais s’il n’en a que 10,
il ne tardera pas à les distinguer toutes ; s’il
a une dizaine de variétés de Carnellias ou
de Rhododendrons, 5 ou 6 espèces de Lis,
il les connaîtra bientôt également. De même
dans les fruits. Malgré^l’attrait que la gour-
mandise ne manque jamais d’apporter, il
ne connaîtra jamais une centaine de variétés
de Poires ; mais s’il n’en a que 12 ou 15, il
«en sera tout autrement, et il voudra les
connaître ; de même de tout.
Dans les plantes d’ornement pour les
jardins, il n’y a guère de collections compa-
rables à celles que présentent des Roses,
des Glaïeuls, des Dahlias ou des fruits. Notre
intention n’est pas de former un collection-
neur, mais un amateur, et de faire en sorte
de l’intéresser au lieu de le blaser, comme
cela arrive si souvent lorsqu’on a toujours
devant soi les mêmes arbres et le même jar-
din. Ajoutons que ce serait également utile à
beaucoup de jardiniers qui, souvent au cou-
rant des différences insensibles qui caracté-
risent certaines variétés de plantes à la mode,
Oeraniuûiy Caladium , Gloxinia, Orchi-
DES JARDINS. 373
dées même, n’ont jamais vu un Liquidam-
bar ni un Koëlrenteria.
La question de terrain, au point de vue
de la qualité, pourrait aussi avoir de l’im-
portance pour ce genre de plantation, et
faire craindre que beaucoup de végétaux se
trouvent placés dans de mauvaises conditions
de sol et d’exposition. Mais on n’a qu’à étu-
dier la façon dont les plantations sont exé-
cutées en général, et l’on verra bientôt qu’en
y mettant seulement un peu de soin, on fera
tout aussi bien et mieux que ce qu’on voit
partout. V
Nous avons sous les yeux un massif planté
depuis une dizaine d’années tout au plus, oû
l’on trouve des Marronniers, des Acacias, des
Erables variés, des Micocouliers, Ormes, Fé-
viers. Frênes, Sophoras, Sorbiers, Tilleuls,
Epines roses, Hipophae, Negundo, Platanes
et Vernis, et pourtant il n’est pas grand ! Le
sol est argileux, froid et sans profondeur.
Nous croyons qu’en face d’un exemple
comme celui-ci, et qu’on peut dire très-
commun, on peut bien grouper les Acacias
ou les Peupliers ensemble, sans danger sé-
rieux. Au point de vue du sol, il serait dif-
ficile de ti’ouver dans les espèces d’un même
genre des différences de tempérament plus
accusées que dans toutes ces plantes. Au
reste, on doit toujours prendre en considé-
ration les connaissances du planteur, qui,
avant de commencer, doit connaître le sol
dont il dispose et savoir l’utiliser en consé-
quence.
On pourrait également repousser cette
idée qu’on ne doit admettre que des plantes
rares ou celles d’un grand mérite, et qu’il
faut rejeter les autres, surtout lorsqu’elles
sont communes : Chênes, Charmes, Saules,
Peupliers, Mélèzes, Pins, etc., qui, en effet,
sont généralement exclus. Rappelons que,
parmi ces arbres, on trouve souvent des
spécimens magnifiques lorsqu’ils rencon-
trent un sol qui leur plaît; que quoique
très-répandus, on les admire lorsqu’ils sont
beaux, et que la richesse de la végétation
donne souvent aux Saules, pour ne parler
que de ce genre bien connu, un cachet pit-
toresque qu’on ne retrouve dans aucun de
nos plus beaux arbres dits « d’ornement. »
Sans eux, que ferait-on des terrains maré-
cageux?
Et dans les Peupliers, quelle richesse et
quelle végétation rapide! Que voit-on en
général dans les parcs? Le Peuplier d’Ita-
lie, le Peuplier neige {Popidus nivea), et
malgré des insuccès répétés, quelques Peu-
pliers de la Caroline. Rien n’est plus rare
374
TORNELIA FRAGRANS.
que les Populus Ontariensis, heterophylla ,
canadensis, halsamifera et autres. Dans
les espèces communes, on ne plante, par
dédain sans doute, ni Peuplier noir, ni
Tremble, ni Populus canescens, et pour-
tant ils ont leur mérite. Sur une vingtaine
d’espèces de Peupliers, la plus répandue est
le Peuplier d’Italie, préférence qu’il doit à sa
forme. Mais cette forme même n’est pas ex-
clusive à cette espèce; nous la retrouvons
plus ou moins prononcée dans presque tous
les genres ; les Chênes, les Ormes, les Hêtres,
les Robinias nous en fournissent. Il en est
de même des plantes à rameaux pendants.
Il est peu de genres d’arbres qui n’en pos-
sèdent, et si tous n’ont pas la gracieuse lé-
gèreté du Saule pleureur, tous ont une phy-
sionomie particulière, un cachet spécial de
végétation qui les rend très-propres à l’or-
nementation.
Le Hêtre fournit 8 ou 10 variétés, parmi
lesquelles celle à feuilles de Fougère et celles
à feuilles pourpres sont les plus répandues.
Les Frênes, les Ormes, les Bouleaux, les
Aulnes possèdent tous de bonnes espèces
d’agrément. Dans une taille plus moyenne, le
groupe des Crategus contient de belles va-
riétés à peu près inconnues dans les jardins ;
les Sorbiers nous offrent de bonnes plantes,
dont les plus répandues sont les Sorhus
americana, aucuparia et hybrida. Il en est
d’autres, tels que Madura, Liguidambar,
Planera, Pyrus salicifolia, etc., qui, mal-
gré leur mérite, sont excessivement rares.
Leur défaut est de ne pas toujours pousser
aussi vite que des Marronniers ou des Ver-
nis, et il faut parfois quelque événement peu
ordinaire, comme la floraison des Virgilias
dans les Champs-Elysées il y a quelques an-
nées, pour les rappeler au souvenir de ceux
qui oublient ce qui n’est pas à la mode.
Dans les arbustes, les ressources sont en-
core plus grandes que dans les arbres.
Ainsi dans les Spirea, où à peu près tous
sont si beaux et si variés, où presque toutes
les espèces sont plus belles les unes que les i
autres ; les Ceanothus, genre à peine connu, \
renferment toutes plantes ornementales au 1
premier chef : l’abondance, la beauté des
fleurs semblent lutter de mérite, et pour j
mettre le comble, la plupart ne cessent de |
fleurir qu’à l’arrivée des froids. Et combien !
d’autres plantes sont dans ce cas! Aussi, ,
rien ne serait-il plus facile que de faire des
plantations magnifiques sans retomber en-
tièrement dans les plantes qu’on retrouve
partout, et même sans en employer d’infé-
rieures.
Jules Batise.
[La fin au lyrochaïn numéro.)
TORNELIA FRAGRANS
Il n’est peut-être aucune famille qui de-
puis une vingtaine d’années ait été aussi re-
cherchée des horticulteurs et des amateurs
que celle des Aroïdées, à laquelle appartient
la plante qui fait le sujet de cette note. Ce ne
sont pourtant pas, à de bien rares exceptions
près, des végétaux à fleurs; mais il suffit de
rappeler les modifications nombreuses qu’ils
revêtent dans leurs formes et leurs textures,
leur ampleur et surtout dans leurs coloris,
depuis V Alocasia metallica au feuillage
bronzé, jusqu’aux délicats Caladiums de la
section des bicolor aux fraîches et nom-
breuses nuances si diversement variées,
pour comprendre la passion qu’ils ont ins-
pirée.
Les Aroïdées, dont la grande majorité des
espèces vivent dans les lieux ombragés des
forêts tropicales de l’Asie et surtout de
l’Amérique, et dont un très-petit nombre
ont l’Europe et les régions septentrionales
du Nouveau-Monde pour patrie, renferment
des plantes tantôt acaules, rhizomateuses ou
tuberculeuses, tantôt caulescentes et même
arborescentes, tantôt enfin sarmenteuses ou
grimpantes, et se soutenant alors aux corps
environnants à l’aide de nombreuses et par-
fois, selon l’espèce, de très -longues racines
adventives.
Parmi celles, en petit nombre d’ailleurs,
qui appartiennent à celte dernière section,
beaucoup ne présentent pas un égal intérêt ,
au point de vue de l’ornement. Il en est Ig
même beaucoup qui, sous ce rapport, sont I
tout à fait insignifiantes pour l’horticulteur,
et qu’on ne rencontre pour ainsi dire que j|
dans les collections scientifiques. Mais quel- fj
ques autres font une exception, et parmi ,
celles qui méritent le plus de fixer l’atten-
tion est, sans contredit, le Tornelia fra- ! |
grans, dont la figure 35 reproduit une tige | |
feuillée, et qui est bien certainement la plus | j
robuste et la plus gigantesque des Aroïdées i j
grimpantes cultivées. , \
Le genre Tornelia appartient à ^ tribu . j,
des Gallées, dont le type le pi us ^^àr fait, le j d
L., croît sponta^rément dans | j
les marais vosgiens de la Lorraine et de j |
TORNELIA FRAGRANS.
375
l’Alsace. Celte tribu ne renferme, du reste,
qu’un petit nombre de groupes génériques.
Ceux dont les jardins privés ou scientifiques
possèdent quelques représentants sont les
Monstera et les Scindapsus, toutes Aroï-
dées grimpantes et qui ont, dans leurs ca-
ractères de végétation, beaucoup de traits
commiwis de ressemblance avec les Tornelia.
La nomenclature des Aroï-
dées est, il faut en convenir
fort difficile à débrouiller ,
et l’espèce qui nous occupe
en fournit un exemple. En
effet , longtemps répandu
dans les jardins sous le nom
de Scindapsus pertiisus ,
Schott , notre plante a été
désignée aussi par Kunth et
Bouché [in Ind. sem. hort.
Beroï, 1848) sous l’appellation
de Philodendron pertusum,
et par C. Koch [Bot. Ztg.,
1852) sous celle de Mons-
tera [Coriospatha] Lennœa.
Le premier de ces noms
doit disparaître, car il se rap-
porte à une Aroïdée appelée
aussi par Schott Raphido-
phora pertusa et qui, bota-
niquement, en est très-diffé-
rente. C’est dans le Linnœa de
1853, p.382, que Schlechten-
dal [vid. Schott, Prodr. syst.
Aroidear, p. 354) indique
le premier que cette plante,
que Liebmann avait baptisée
du nom de Monstera delicio-
sa, avait déjà reçu de Guttie-
rez celui de Tornelia fra-
grans, genre nouveau que
l’auteur mexicain dédiait à
Tornelia , ministre de la
guerre, au Mexique.
Il résulte de ce qui pré-
cède que la synonymie de
l’Aroïdée, dont nous allons
rappeler les traits principaux, est la sui-
vante :
Tornelia fragrans, Gutt., inLinn., xxvi,
p. 382 et seq.; Schott, Prod. syst. Aroid.,
p. 354; Monstera deliciosa, Liebm. ; M.
Lennea, G. Koch ; M. [Coriospatha] Len-
nea, C. Koch ; Philodendron pertusiim,
Kth et Bché ; et enfin de Scindapsus per-
tusus, Hortul ! et même Hort. Paris, olim;
et que celle du Scindapsus pertusus, plante
du Coromandel très-différente de la nôtre et
qu’on rencontre rarement à l’état cultivé, est.
d’après Schott, l. c., p. 382, ainsi établie :
Raphidophor a pertusa, Schott, Bonpl., V,
p. 45, 1847 ; Scindapsus pertusus, Schott,
Melet. ; Raphidophor a lacera, Hssk ?
Tandis que le Scindapsus pertusus a pour
patrie la côte de Coromandel, le Tornelia
fragans serait, d’après les auteurs, origi-
naire du Mexique : de l’Etat de Veracruz
selon Schaffner, de la Cordillère de Oajaca
selon Liebmann, qui l’y aurait trouvé très-
abondant, à l’altitude de 5 à 7,000 pieds,
c’est-à-dire dans la région du Cheiroste-
mon platanoides. Ce n’est donc pas une
plante proprement et exclusivement de serre
chaude, et si elle ne redoute pas la tempé-
rature élevée, elle peut croître en serre
tempérée et y acquérir même sa luxuriante
végétation. Le grand pavillon destiné, au
Muséum, à la conservation des plantes'dites
de serre tempérée, en possède dans l’une
TORNELIA PRAttliANS.
376
de ses niches nn fort bel individu. Mais
l’exemplaire qui donne le mieux l’idée du
développement que peut atteindre cette
Aroïdée vraiment géante est celui qui se
trouve planté dans Taquarium et qui, con-
curremment avec le Raphidophora Houl-
letiana, Schott in lût., ou Philodendron
Iloulletianiim, Hort., autre Aroïdée de
grandes dimensions, en garnit l’un des bouts.
Les tiges de notre plante, qui alteignent
presque le volume du bras et qui ne mesurent
pas moins de 6 à 8 mètres de longueur et
même davantage, sont plus succuleijtes vers
le sommet qu’à la partie moyenne de leur
étendue, où elles sont très-rarnifiées ; elles
sont marquées de nombreuses et larges ci-
catrices indiquant la place qu’occupaient les
feuilles, et émettent sur toute leur lon-
gueur de vigoureuses et solides racines ad-
ventives qui restent simples ou à peine di-
visées lorsqu’elles plongent dans l’air, mais
qui se ramifient aussitôt qu’elles sont au
contact de l’eau ou d’un sol humide. Dans
ces divers cas, c’est toujours la partie ter-
minale qui présente ce caractère au plus
haut degré. Ces racines, qui ressemblent à
des cordes et dont on pourrait se servir
comme on le fait dans les pays chauds de
celles des Imhés, qui appartiennent à des
plantes de la même famille et notamment
au genre Philodendron, en guise de liens
pour consolider les faisceaux de Salsepareille
qui sont envoyés en Europe, sont à peu près
cylindriques, longues souvent de plus de 3
mètres, et forment par leur enchevêtrement
un fourré compact. Les feuilles, cartila-
gineuses, persistantes, longuement et ro-
bustement pétiolées, sont ovales, larges de
près de 50 centimètres, profondément di-
visées sur les bords et percées, dans leur
partie centrale et entre les ramifications des
nervures secondaires, de trous plus ou
moins nombreux de dimensions variables,
mais n’excédant pas 8 à 10 centimètres de
long sur 2 à 3 au plus de large, et de
forme plutôt ovale qu’oblongue. Ces perfo-
rations, ainsi que les divisions du limbe,
qui n’arrivent cependant pas à dépasser le
tiers de son diamètre, donnent à ces feuilles
une conformation vraiment originale. C’est
à leur aisselle que sont portées, au sommet
d’un robuste support, les fleurs petites et
insignifiantes, comme le sont, d’ailleurs,
celles de la plupart des Aroïdées ; elles sont
verdâtres, très- odorantes au moment de
leur épanouissement, et leur réunion forme
un gros épi cylindro-conique offrant l’aspect
des inflorescences de quelques Cycadées.
L’inflorescence est accompagnée à sa base
d’une spathe jaunâtre lavée intérieurement
de rouge terne, gibbeuse, aiguë, plus lon-
gue que le spadice, d’abord dressée, puis
étalée et réfléchie. Cette spathe tombe peu
après l’antbèse.
A la maturité, les spadices et les fruits
nombreux dont ils sont chargés forment des
sortes d’Ananas allongés, parfumés et sa-
voureux, qui, dit-on, se vendent en grand
nombre sur les marchés de Mexico, où ils
rivalisent avec les véritables Ananas. Il ne
nous est pas démontré cependant que ces
qualités doivent se retrouver dans les plantes
de nos cultures, et l’impression qui nous
est restée d’une dégustation déjà ancienne
nous laisse quelques doutes à ce sujet. A
une saveur assez agréable avait succédé
une sorte de sensation de brûlure dans
l’arrière-bouche, qui nous a semblé par sa
disparition rapide tenir à la présence de
quelques-uns de ces cristaux appelés ra-
phides, qui sont si abondants dans tous les
organes de ces plantes. Cela indiquerait au
moins que ces fruits ne doivent être mangés
que très-mûrs, la maturation devant at-
ténuer ou détruire cet inconvénient.
Le Tornelia fragrans se plaît, nous le ré-
pétons, dans les serres chaudes et tempérées^
mais il se comporte mieux encore dans les
premières, surtout lorsqu’elles sont peu
élevées et où règne toujours une grande-
humidité. Il en existe, comme nous le
disions plus haut, un fort bel exemplaire
dans faquarium du Muséum. Là ses nom-
breuses tiges entrelacées, que les dimensions
restreintes du lieu obligent à réduire sans
cesse, sont accompagnées de ces longues
racines adventives dont nous avons parlé, et
qui, descendant perpendiculairement, arri-
vent bientôt à plonger dans l’eau, où elles
viennent disputer le droit à l’existence aux
plantes aquatiques tropicales qui vivent dans
leur voisinage.
Par ses grandes dimensions et la singu-
larité de son feuillage, cette plante de facile
culture devrait être plus répandue. Elle peut
en effet devenir, dans les serres à tempéra-
ture un peu élevée et humide , l’orne-
ment par excellence des murs et des ro-
cailles. Quant à sa multiplication, elle se
fait tout aussi facilement que celle des
autres Aroïdées grimpantesousarmenteuses^
c’est-à-dire par le bouturage. B. Verlot.
EXPOSITION AGRICOLE ET HORTICOLE A L’ILE-ADAM.
377
EXPOSITION AGRICOLE ET HORTICOLE A LTLE-ADAM
Agréablement baigné par l’Oise, avec ses
villas élégantes, ses belles avenues de Mar-
ronniers et de Tilleuls, ses parcs si sédui-
sants, tout concourt pour faire de llle-
Adam une ville essentiellement horticole.
Si elle ne possède plus le magnifique châ-
teau des Conti, elle a en revanche de jolis
jardins dont le bon goût et l’intelligence de
ceux qui les cultivent ne peuvent être
mis en doute. Aussi bien que nos grandes
villes, rile-Adam possède une Société
agricole et horticole. Cette Société, dont
M. Thoureau, maire de l’Ile-Adam, est le
président, a ouvert sa deuxième exposition
le 27 juillet, et elle a duré huit jours con-
sécutifs, concurremment avec la fête pa-
tronale. Elle s’est tenue dans les vastes jar-
dins de la maison de santé construite par
les soins de M. Chantepie, et dont plus tard
il fit don à la ville.
Sous une tente qui y avait été dressée,
M. Etienne, horticulteur à l’Ile-Adam, avait
transformé la surface en un délicieux jar-
din anglais.
Les nombreux apports de M. Desmoulin,
jardinier chez M. Binder, à l’Ile-Adam, et
de M. Théophile Dupré, jardinier chez
M. Dalloz, occupaient presque exclusive-
ment l’intérieur de cette tente.
Les plantes de serre chaude de M. Des-
moulin ont été primées d’une médaille d’or,
offerte à la Société par M. Lefèvre-Pontalis,
député de Seine-et-Oise.
Parmi ces plantes, citons les Pandanus
utiliSy Ay'ecix ruhra, Areca nohilis^ San-
cliezia nohilis, Lalania harhonica, Cyrto-
miuYYi caryotideum, etc.
Les collections de Coléus, Achimènes,
Bégonias, du même exposant, méritent aussi
d’être citées, ainsi que son lot de légumes.
Pourquoi, à côté des lots remarquables,
exposer des médiocrités, telles que son lot
de Pélargoniums zonales et de Fuchsias, qui
pour les trois quarts n’étaient même pas
étiquetés ?
A la place de M. Desmoulin, je me serais
abstenu de faire ce remplissage.
M. Dupré avait aussi exposé de nom-
breuses collections.
Remarquons ses plantes de serre chaude,
cultivées avec soin, ses Bégonias, ses Zin-
nias élégants, ses Rosiers liges en pots, ses
légumes et sa collection de Pommes de terre,
qui ne comprenait pas moins de 125 variétés.
Comme M. Desmoulin, il a peu étiqueté sa
collection de Fuchsias. Il suffit d’en faire ici
la mention pour que M. Dupré et son col-
lègue mettent à la prochaine exposition tous
les soins désirables à leur étiquetage, et
tout sera parfait
M. Lionnet, jardinier chez M"'^ Laveaiix,
à Asnières-sur-Oise, présentait des collec-
tions de Caladiums composées des variétés
Houlettii, cordifolium, Isidore Leroy^
pictuYi2, etc., à' Achimenes, et de plusieurs
sujets du magnifique Hydrangea oiaksa.
Puis la collection de Pélargoniums zonales à
feuilles panchées, de M. Mézard, horticul-
teur à Rueil, qui comptait plus de 60 variétés.
Une nombreuse collection de Roses
coupées était présentée par M. Vignon ,
horticulteur à Montreuil, pour laquelle il a
obtenu une médaille de vermeil.
Les Rosiers en pots de M. Etienne, et ses
Roses de semis, méritent une mention, ainsi
que ses Phlox.
M. Létu père, amateur à ITle-Adam,
exposait une belle collection de Cactées ; son
apport de Pélargoniums zonales lui a valu
une médaille de vermeil.
M. Carnelle, horticulteur à Jouy-le-Comte,
a reçu pour le même objet une récompense
semblable.
Le jury, il faut le reconnaître, s’est montré
d’une remarquable prodigalité envers ces
deux exposants.
Citons encore les beaux Fuchsias à tiges
de M. Félix Lemaître, qui lui ont fait obte-
nir une médaille d’or, ses Choux colossaux
et ses beaux légumes.
M. Bourgeois, jardinier de la maison de
santé Chantepie-Mancier, mérite aussi une
mention pour la manière dont il dirige les
jardins confiés à ses soins.
MM. Binet, agriculteur à Parmain, et
Burgaud, à Valmondois, avaient exposé de
beaux spécimens delarécolte en Blé, Seigle,
Avoine et Orge.
Le premier a été récompensé par une
médaille de vermeil, et le second par une
médaille d’argent.
MM. Létu fils et Mauger, fabricants de
porcelaines à l’Ile-Adam, présentaient de
très-jolies suspensions, aquariums, etc.
M. Ferry, serrurier à file-Adam, avait
exposé une grille en fer rustique d’un très-
bon goût, pour laquelle il a reçu une mé-
daillé de vermeil.
378
POIS LÉONARD LILLE. — PLANTATIONS COSMOPOLITES.
La Société de l’Ile-Adam ne compte que
deux années d’existence, et à en juger par
les remarquables et nombreux apports des
horticulteurs et jardiniers, qui ont contribué
au succès de sa deuxième exposition, on
est en droit d’espérer, la concorde et les ef-
forts de chacun aidant, qu’un brillant avenir
est réservé à cette Société. J. Jarlot.
rois LÉONAIID LILLE
Cette variété, dont le mérite économique
est aujourd’hui bien constaté, est surtout
remarquable lorsqu’on la considère au point
de vue scientifique. Nous en ignorons l’ori-
gine. La première fois, croyons-nous, qu’il
en a été question, c’est en 1872, dans la
Revue hortieole, page 268, dans un compte-
rendu de l’exposition de Lyon, par M. Jean
Sisley, qui en parle ainsi :
(( ... Ce légume attirait l’attention par
son aspect étrange ; les gousses apparais-
sent au sommet des tiges, qui sont fasciées.
M. Léonard Lille va soumettre ce Pois à une
culture raisonnée et expérimentale; nous
ne saurons donc réellement que l’armée
prochaine sa véritable couleur. En atten-
dant, je puis dire ce que j’en connais : c’est
que les fleurs sont d’un beau rose satiné et
que les Pois sont très-tendres et de bon
goût. »
L’expérience paraît avoir confirmé les
prévisions qu’avait faites M. Sisley ; le Pois
Léonard Lille, sans être une variété hors
ligne, n’en est pas moins bon et surtout
très-intéressant par ses caractères mons-
trueux, qui se reproduisent parfaitement
par le semis. Cet exemple démontre que ce
ne sont pas seulement les caractères nor-
maux qui peuvent se reproduire, mais que
les exceptions sont dans le même cas, et
par conséquent qu’elles peuvent à leur tour
former des règles, ce que nous avons déjà
dit bien des fois.
Ce Pois présente les caractères suivants :
plante extrêmement vigoureuse ; lige attei-
gnant 1 mètre et plus de hauteur, d’abord
petite, simple, mais prenant promptement
un accroissement considérable qui va cons-
tamment en s’élargissant (se fasciant), et
devenant alors effrayamment grosse, large
et profondément canaliculée, puis s’arrêtant
brusquement pour donner naissance vers
son sommet à un nombre considérable de ra-
mifications fructifères qui portent des fleurs
moyennes camées-rosées, ou légèrement
violacées, assez ornementales, auxquelles
succèdent des gousses qui n’ont rien d’anor-
mal, et qui contiennent des graines (Pois)
parfaitement conformées et de bonne qua-
lité.
Les graines, subsphériques ou irréguliè-
rement arrondies, tronquées et comme bos-
selées, sont plutôt petites que grosses, pic-
tées roux strié sur un fond jaunâtre.
Ce Pois sera mis au commerce en novem-
bre prochain par son propriétaire, M. Léo-
nard Lille, de Lyon ; nous le recommandons
non seulement aux amateurs, mais aux bo-
tanistes ; ces derniers, s’ils se fondent sur
les caractères différentiels et sur sa cons-
tance à se reproduire de graines, pourront
le mettre au nom.bre des « bonnes » espèces
et, une fois de plus, constater comment se
forment celles-ci.
E.-A. Carrière.
PLANTATIONS COSMOPOLITES
Nous diviserons en deux parties les arbres
et les arbustes qui peuvent être livrés à la
pleine terre. Cette division nous est naturel-
lement fournie par la floraison plus ou
moins précoce des divers arbustes qui en-
treront dans la composition des massifs.
Ainsi, par exemple, pour les arbustes à flo-
raison précoce, tels que Camellias, Azalées
de l’Inde, etc., il est évident qu’il faudra un
abri qui permette à l’amateur de pouvoir
jouir facilement des fleurs, tout en les pré-
servant des neiges tardives, des pluies et des
(1) Voir Revue horticole^ 1873, p. 72.
giboulées qui sont fréquentes dans cette sai-
son (février à mai), et qui détériorent rapi-
dement des fleurs aussi délicates , tandis
que pour les arbustes dont les fleurs n’arri-
vent qu’en juin, juillet, août (Laurier rose.
Oranger), un simple abri contre la gelée est
parfaitement suffisant. Ce que nous appe-
lons abri n’est autre chose qu’une serre
mobile économique, une sorte de cabane en
bois que l’on monte à l’approche de l’hiver
et que l’on démonte au retour du beau
temps.
c( Mais, vont peut-être s'écrier quelques per-
sonnes, quel énorme travail pour monter et
BAMBÜSA SULFUREA.
démonter une serre à chaque saison ! C’est
passer beaucoup trop de temps, prendre
trop de peine, et faire trop de dépenses pour
avoir le mince agrément de cultiver des ar-
bustes en pleine terre, au lieu de les cultiver
en pot. )) A cela nous répondrions : Si l’on
réfléchit aux arrosages constants qu’il faut
donner aux plantes en pots, aux rempotages
annuels ou bisannuels, à la rentrée des
plantes en automne, aux soins de propreté
à leur donner en hiver, etc., etc., nous
sommes certainement dans le vrai en disant
que le système que nous proposons est beau-
coup plus économique.
Ajoutons que dans beaucoup de cas les
serres mobiles deviennent inutiles, dans le
cas, par exemple, où l’on veut laisser la
floraison printanière de certains arbrisseaux
exposée aux caprices du temps ; on n’a alors
à s’occuper que de l’emplacement. Essayons
une démonstration, et pour cela, supposons
que nous ayons un massif de Gamellias à
planter. Dans ce cas, nous chercherons un
emplacement abrité par de grands arbres,
ce qui leur est favorable, non seulement
l’été, mais aussi et surtout l’hiver, car c’est
dans cette saison que les plantes sont cou-
vertes de givre ou de neige, que les rayons
solaires sont le plus à craindre ; par cette
même raison il faut choisir de grands arbres
à feuilles persistantes. Une personne de nos
connaissances, M. Louis Bouret, nous ra-
conte souvent les merveilles de cette flore
japonaise où les Gamellias jouent un si
grand rôle : c’est presque toujours sous les
grands arbres qu’on les rencontre à l’état
sauvage; et lorsqu’on les plante dans les jar-
dins japonais, c’est toujours aussi sous des
abris, ce qui ne les empêche pas de pousser
vigoureusement, au contraire. M. Bouret,
dans le jardin qu’il possède encore à
Yokohama, en a un exemplaire dont le tronc
est de la grosseur d’un homme; cet arbre,
qui chaque année se couvre de milliers de
fleurs, produit un effet tel qu’un Européen
peut difficilement s’en faire une idée, fait
qui démontre clairement que les Gamellias
ne sont pas aussi délicats qu’on le suppose
BAMBÜSA
B est certains "groupes parmi les végé-
taux monocotylédonés qui, bien que très-
nombreux en individus, présentent un tel
caractère d’homogénéité ou d’ensemble, qu’il
est très -difficile, ou plutôt qu’il est impos-
sible d’établir des coupes nettement tran-
379
généralement, et que leur culture en pleine
terre devrait être essayée, en prenant, bien
entendu, les précautions qu’exige le milieu
dans lequel on se trouve placé.
Notre collection de Gamellias plantés en
pleine terre, enl8G9, fait aujourd’hui l’ad-
miration des amateurs qui visitent notre
établissement; ils ont eu cependant à sup-
porter les rudes hivers de 1870 et 1871 .
Voici en quelques mots comment nous les
avons plantés et soignés. Nous avons fait
creuser toute la partie réservée au massif à
1 mètre de profondeur; nousavons mis dans
le fond une couche de 25 centimètres de
gravier ou débris de pots, puis par dessus
une seconde couche de 15 à 20 centimètres
de débris de bruyères; le restant de la fosse
a été rempli de terre de bruyère grossière-
ment concassée, mais non tamisée, et les
Gamellias ont été plantés dans ce massif
ainsi préparé. Ges précautions sont néces-
saires lorsqu’on opère dans un sol argileux,
compact et froid, tel qu’est le nôtre; mais
si au contraire on a affaire à un sol léger et
siliceu'f, une simple couche de terre de
bruyère de 25 à 30 centimètres suffit , car
une fois que les Gamellias ont pris un peu
de force dans la terre de bruyère, ils peu-
vent parfaitement vivre dans la terre ordi-
naire et se développer avec une grande vi-
gueur. Nous leur mettons fhiver une bonne
couverture de feuilles sèches, et pour sup-
pléer aux grands arbres qui doivent les
abriter plus tard, et qui ne sont pas encore
assez développés, nous leur faisons une
simple couverture en planches, que nous
enlevons dès que le verglas et la neige ne
sont plus à craindre. Quant aux feuilles,
nous en laissons une couche que nous re-
couvrons avec un peu de terre de bruyère
tout simplement pour empêcher le vent
d’enlever cette couche de feuilles qui leur
est très -favorable pour maintenir la fraîcheur
en été, et qui, par leur décomposition, four-
nissent aux racines une nourriture qui leur
est très-favorable. Léon Aurange,
Horticulteur, architecte de jardin?, à Privas
(Ardèche).
SULFUREA
chées, ce qu’on nomme des especes. Tels
sont les Aroïdées, Broméliacées, Agaves
Yucca., etc., ainsi que les Bambous, dont
nous allons décrire une espèce, le Bamhusa
sulfurea. Tous ces groupes forment des
sortes de familles ; la parenté est si grande
PYRUS MELDENSIS. ‘
380
entre les individus, qu’il est difficile de les
distinguer, et qu’on doit, pour le faire, tenir
un grand compte de leur faciès, c’est à-dire
du port et de la végétation des individus.
C’est une affaire d’habitude et toute de pra-
tique. Aussi les jardiniers sont-ils à peu
près les seuls qui peuvent les différencier.
Pourtant, l’espèce que nous allons décrire
fait exception et présente cet avantage qu’on
ne peut guère la confondre avec aucune
autre. En effet, excepté ses feuilles, toutes
les tiges et ramifications sont toujours fran-
chement jaunes, même dès qu’elles appa-
raissent. La qualification de sulfurea était
donc indiquée, bien qu’elle semble prêter à la
confusion avec la plante qu’on nomme aurea.
Cette confusion ne pourrait toutefois exister
qu’en ce qui concerne le nom, les deux
plantes étant complètement différentes. En
effet, cette dernière n’a guère d'aurea que
le nom, ses tiges étant à peu près toujours
vertes, tandis que le Bamhusa sulfurea est,
nous le répétons, d’un beau jaune soufre
dans toutes ses parties.
Quoi qu’il en soit, nous allons le décrire :
Plante traçante, à faciès général ayant quel-
que rapport avec le B. viridi-glaucescens^
mais moins vigoureuse, à tiges un peu di-
variquées, étalées, d’un très- beau jaune
soufre dans toutes les parties (excepté les
feuilles, bien entendu), de même que les ra-
mifications, qui sont assez nombreuses et dis-
tiques. Bractées très-caduques. Feuilles d’un
vert clair en-dessus, glaucescentes en-des-
sous, naissant un peu au-dessous du sommet
de la ligule, qui, vers l’insertion du pétiole,
porte un petit faisceau de poil gris jaunâtre.
Cette espèce, qui rentre dans notre groupe
nudicaule, existe au Jardin d’acclimatation
du bois de Boulogne, où elle a été introduite
vers 1865, et où nous avons pu l’étudier de-
puis cette époque ; elle est très-constante :
jamais nous ne l’avons vue varier. Elle est
rustique et ne souffre nullement l’hiver,
de sorte que, seul, ce caractère suffirait pour
la distinguer des autres espèces dont le bois
est également jaune, mais qui sont très-
sensibles au froid, et qui, sous notre climat,
exigent l’abri de la serre pendant l’hiver.
E.-A. Carrière.
PYRUS MELDENSIS
Si, contrairement à l’usagej nous appli-
quons une qualification latine à une sorte
usuelle ou de table, c’est-à-dire destinée
aux vergers, c’est, d’une part, pour rap-
peler son origine, qui intéresse la science,
et la faire entrer dans les écoles de bota-
nique comme étant le fait d’une combinaison
scientifique, le résultat d’une fécondation
universelle intentionnelle.
Déjà, dans ce journal (i), nous en avons
parlé, et, après avoir dit qu’elle provient
d’une fécondation du Passe- Colmar par le
Doyenné d'hiver, nous ajoutions, l. c. :
(( L’aspect général de l’arbre ressemble à
celui du Passe- Colmar ; quant au fruit, il
est un peu plus gros et plus ventru, et vient
presque toujours en bouquet; son pédon-
cule, gros et court, présente à sa base un
renflement énorme: il se conserve très-
longtemps, et est de toute première qualité.
Nous y reviendrons. »
Après ces quelques considérations géné-
rales relatives au Pyrus Meldensis ou Poi-
rier de Meaux, nous allons décrire cette
variété :
(1) Voir Revue horticole, 1871, p. 390.
Orléans, imp. de G. Jac
Arbre d’une bonne vigueur, à scions plu-
tôt grêles que gros couverts d’une écorce :
gris brunâtre, lisse et unie, à peine lenti- '
cellée ; yeux petits, pointus, un peu écartés
du scion. Feuilles petites ou moyennes, 1
longuement pétiolées. Fruils ordinairement ?
groupés par trois, courternent turbinés, at- I
teignant jusqu’à 25 centimètres de circonfé- |
rence dans la partie la plus renflée, courte- î
ment atténués vers la queue (forme de .
Doyenné), qui est droite, souvent insérée un ^
peu obliquement. Peau ordinairement un
peu rugueuse, par des macules ou taches,
se colorant à peine un peu, même au soleil,
passant au jaune roux à la maturité. Chair |
extra-fine, serrée, fondante, et comme i
beurrée,'contenant très-peu de granulations ; i
eau sucrée légèrement acidulée, '^^’une sa- Il
veur parfumée, exquise. f
Cette délicieuse Poire, qui semble avoir 4
hérité de ses parents toutes leurs qualités, | ,
mûrit de décembre à janvier ; aussi, si, au ^ i
point de vue scientifique, elle doit entrer ■
dans les écoles de botanique, elle ne devra u. I
manquer dans aucun jardin d’amateur de <
bons fruits. E.-A. Carrière. ]
s, cloître Saint-Etienne, 4.
1
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine d’octobre)
Congrès international des rosiéristes, à Lyon : Exposition de Roses; procès-verbal des opérations du jury;
classement des collections de Roses coupées; les cinq nouveautés de semis récompensées. École pré-
paratoire à l’agriculture, à l’institution Sainte-Barbe. — Le phylloxéra; communication de M. Hiéra. —
Mise en vente du Pêcher à feuilles pourpres et du Wellinglonia pendula. — Origine de la Pomme
de terre Early rose : communication de M. Guérineau. — Nécrologie ; M. Prudhomme. Culture des
Piments ; lettre de M. Cabos, jardinier-chef à la ferme-école de la Gironde. — Floraison du Caragana
pendula. — Floraison du Dasglirion gracilis à Hyères: lettre de M. Nardy. — La Fraise Brovm’s
Wonder : extrait du Bulletin d’arboriculture., de floriculture et de plantes po/apéres.— Observations
sur le Curmeria picturata et le Cochliostema odoratissimum : lettre de M. Ed. André.
A l’occasion du Congrès international
des rosiéristes, à Lyon, il y a eu dans
cette ville, en 1873, une Exposition par-
ticulière de Roses, qui a attiré de différents
points de l’Europe des hommes aussi re-
marquables par leur position et leur honora-
bilité que par leurs connaissances spéciales.
Cette idée, partie du Cercle horticole
lyonnais, pouvant être le point de départ
d’une institution horticole très -importante
par suite des relations internationales qui
peuvent en résulter, nous croyons qu’il con-
vient d’en consigner l’origine dans les an-
nales scientifiques de l’horticulture, ce qui
nous engage à publier le procès-verbal of-
ficiel de cette exposition. Le voici :
Procès-verbal des opérations du jury à V Expo-
sition des Roses, tenue à Lyon du 20 au 23
juin i873.
Convoqué pour trois heures, le 19 juin, le jury
se réunissait dans un salon de l’exposition, au
parc de la Têle-d’Or.
Etaient présents :
MM. Chrétien (Jules), de Lyon ; — Collet (Do-
minique), de Lyon; — Jamain (Hippolyte), de
Paris ; — Paul (Georges), de Cheshunt ; — Ri-
vière (Auguste), de Paris; — Soupert, de Luxem-
bourg; — Verdier (Eugène), de Paris; — Verdier
(Charles), de Paris.
Le jury se constitua en choisissant M. A. Rivière
pour son président, et M. Charles Verdier pour
son secrétaire rapporteur ; puis il se disposa à
entrer en fonctions. C’est alors que la commission
lui fit remarquer que plusieurs exposants n’avaient
pas encore installé leurs produits, que quelques-
uns même n’étaient pas arrivés encore, et que
dans ces conditions l’examen des jurés devait
être renvoyé au lendemain.
Ceux-ci durent exprimer leur regret de ces
fâcheuses circonstances; ils signalèrent combien
ce retard allait être préjudiciable aux exposants
qui s’étaient religieusement conformés au pro-
gramme, et dont les Roses défraîchies allaient
avoir à subir le lendemain une comparaison dé-
favorable avec des fleurs arrivant toutes fraîches
des jardins de concurrents qui ne se trouvaient
16 OCTOBRE 1873.
plus, comme eux, dans les conditions du pro-
gramme.
Ils firent remarquer, en outre, que ces irré-
gularités rendaient leur tâche fort délicate; ils
durent néanmois céder devant la force des
choses : la réunion fut ajournée au lendemain.
Le lendemain, à midi, les membres du jury
étaient exacts au rendez-vous ; introduits dans le
local de l’exposition, ils se trouvèrent en présence
de dix collections de Roses coupées, présentées
par autant d’exposants. Cette exposition, due à
l’initiative de quelques amateurs et Rosiéristes
lyonnais, était complètement en dehors du pa-
tronage des Sociétés d’horticulture ; c’était une
exhibition toute désintéressée et sans promesses
de récompenses; le jury n’avait donc pour devoir
que de classer par ordre de mérite les collec-
tions qui lui étaient présentées ; c’est ce qu’il
se borna à faire. A chaque lot qui était sans
nom de producteur fut apposé un numéro
d’ordre, et les travaux commencèrent.
En voici les résultats :
A été déclarée mériter le premier rang la col-
lection no 5, appartenant à M. Guillot fils ; cette
collection était nombreuse, les fleurs grandes et
bien nourries; parmi elles se faisaient parti-
culièrement remarquer sa belle Rose JRBe Marie
Cointet, puis les hybrides remontants Abbé
Bramerel, baronne Louise Uxl ull, la France,
ilfiie Eugénie Verdier, le Provin pa^iaché. Belle
des jardins, autant de variétés obtenues et mises
au commerce par l’exposant.
Venait ensuite la collection inscrite sous le
no 1, appartenant à M. Joseph Schwartz, très-
remarquable, nombreuse, contenant beaucoup
de variétés nouvelles, notamment, l’Ile-Bourbon,
Reine Victoria, les Hybrides remontants Prince
Stirbey, Schwartz, André Dunant, tous
enfants de l’exposant. Ici le jury renouvela ses
regrets de la veille; il était clair pour lui que si
cette collection n’eût été exposée que le matin
même, comme la précédente, et non la veille, il
eût été difficile de donner la préférence à l’une
plutôt qu’à l’autre.
Au troisième rang vint la collection exposée
sous le no 4, appartenant à M. Levet. Celle-ci se
faisait principalement remarquer par la grande
variété de Roses appartenant à la section des
Thés, parmi lesquelles Üfme D. Jutté, M, Henry
20.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’üCTÜBRE).
382
Benel, ma Capucine, Jules Margottin, Per-
fection de Monplaisir, Souvenir de Paul Néron,
et parmi les hybrides remontants Claude Levet,
Pierre Seletzfcy, et la gigantesque Paul Néron,
toutes variétés obtenues de semis par l’exposant.
En quatrième ligne ex œquo les lots n» 2 et
n° 7, appartenant à MM. Duchet et Alex. Ber-
naix. Ces exposants montraient de belles fleurs,
larges et très-fraiches, mais les variétés nou-
velles n’y étaient représentées que faiblement.
Même observation fut faite pour les lots n° 6
et n° 9, exposés par MM. llambaud et Liabaud,
qui furent placés ex œquo au cinquième rang. Le
jury a surtout remarqué et signalé aux amateurs
le iXosier Polyantha à fleurs doubles, Xrès-vemâr-
quable espèce grimpante dont M. Bambaud avait
présenté une pyramide splendide.
Puis arrivait la collection exposée sous le no 3,
appartenant à M. Kenaud-Guépet, de Châlons-
sur-Saône. Celle-ci encore, arrivée la veille, au
moment réglementaire, après un assez long
voyage, se trouvait donc forcément dans des con-
ditions défavorables, et elle eût fort probablement
été classée à un rang plus élevé, si la fraîcheur
de ses Roses n’avait eu beaucoup à souffrir de
ces circonstances défavorables.
Un autre lot figurait encore à l’exposition,
celui de M. Lacharme; par sa composition par-
ticulière, c’est-à-dire d’un petit nombre de va-
riétés, mais chacune d’elles représentée par
groupes compacts, ce lot était hors concours',
mais le jury est heureux d’adresser ici ses félici-
tations à M. Lacharme, pour la beauté de ces
Roses exposées qui, en grande partie, sont des
variétés obtenues par lui ; nous citerons en pre-
mière ligne sa belle Rose Lacharme, re-
présentée par plus de cinquante beaux exem-
plaires, et que nous croyons être une Rose
appelée à un grand succès.
Venaient ensuite les Hybrides remontants :
Président Thiers, Lyonnais, Louis Van Houtte,
Charles Lefebvre, Victor Verdier, ainsi que sa
série d’hybrides de Noisettes remontants à fleurs
blanches. Baronne de Meynard, Boule de Neige,
Afme Alfred de Rougemont, etc., etc.
Les Roses de semis devaient tout naturelle-
ment attirer l’attention particulière du jury; dans
une région qui a mis au commerce des variétés
si recommandables, le nombre de celles soumises
à son jugement était considérable; il a posé tout
d’abord, pour condition première, que toutes les
variétés récompensées devraient être nommées
séance tenante, et que les obtenteurs les li-
vreraient au commerce l’automne prochain. Puis
dans le nombre, il a distingué particulièrement
les cinq dont les noms et descriptions suivent et
qui lui ont paru mériter d’entrer dans les collec-
tions ; ce sont :
Hybrides remontants. — Af^e Marie Finger
(semis Rambaud.) Arbuste vigoureux à rameaux
droits glabres, parsemés de quelques aiguil-
lons légèrement arqués et rougeâtres ; feuilles
à cinq folioles luisantes, vertes en dessus, blan-
châtres en dessous, dentées sur les bords;
pétioles armés de petits aiguillons; stipules
moyennes ; pédoncules droits, longs de 4 à
5 centimètres, glanduleux ; ovaires glabres à di-
visions caliciiiales de2 à 3 centimètres, foliacées.
Fleurs grandes, forme globuleuse, rose carné vif,
centre plus foncé. (Issue du Rosier Victor j
Verdier.)
Capitaine Christy (semis Lacharme). Arbuste ;
vigoureux à rameaux droits, raides, glabres, lé- |
gèrement violacés, armés de quelques aiguillons; |
feuilles composées de cinq folioles acuminées, j
vertes à la face supérieure, blanchâtres en |
dessous, dentées ; pétioles armés de quelques ai-
guillons, stipules courtes ; pédoncules raides, j
glanduleux ; ovaires glabres ; divisions calici- ;
nales très-longues, foliacées. Fleurs grandes,
pleines, carné très-tendre, à centre plus vif. .
Prince Paul Demidoff (semis Guillot fils). ■
Arbuste très-vigoureux, à rameaux droits forte- t
ment armés d’aiguillons généralement courts, |
droits et rouges ; feuilles grandes, de 3 à 5 folioles; i
pétioles flexueux armés d’aiguillons; folioles ?
grandes, ovaliformes, dentées, glabres ; pédon- |
cules de 3 à4 centimètres, glanduleux; ovaires j
glabres, à sépales très-longs, foliacées. Fleurs
grandes, globuleuses, rose carminé clair. (Issue ;
du Rosier Jules Margotlin.)
Thés. — Shirley Stilbet (semis Levet). Arbuste
assez vigoureux, rameaux grêles, rougeâtres, ,
flexueux ; aiguillons courts, à large empâtement, |
légèrement arqués et rouges ; feuilles de 5 à 7
folioles, petites, légèrement acuminées, glabres
sur les deux faces, légèrement dentées ; pétioles |
armés de quelques rares aiguillons ; pédoncules
longs de 3 à 5 centimètres, légèrement glandu-
leux, accompagnés de bractées; ovaires de
moyenne grosseur presque globuleux, glabres, à
divisions calicinales courtes. Fleurs de moyenne
grandeur, jaune nankin chamoisé, coloris nou-
veau.
Marie Guillot (semis Guillot fils). Arbuste vi-
goureux, à rameaux droits de moyenne grosseur,
raides, légèrement rougeâtres, armés d’aiguillons
presque droits, rougeâtres ; feuilles de 3 à 7 fo-
lioles, légèrement arrondies, acuminées, gla-
bres ; pétioles armés d’aiguillons ; pédoncules de
4 à 5 centimètres, glabres ; ovaires urcéolés ; di-
visions calicinales courtes. Fleurs grandes, très-
pleines, blanches, à reflets très-légèrement jau-
nâtres.
Telles sont les cinq remarquables Roses dont
la région lyonnaise vient d’enrichir l’horticulture;
d’autres assurément, dans cette exposition, nous
ont paru avoir quelque mérite, et notre juge-
ment aura peut-être semblé sévère ; mais en
présence de collections déjà si riches, nous avons
cru, en usant d’une sage réserve, rendre à tous
ceux qu’intéressent les Roses un véritable
service.
Telle a été la mission du jury, heureux d’avoir
été associé à une initiative privée qui, comme
toutes celles qui sont suivies d’une manière
sérieuse, contribue au progrès de l’horticul-
ture et à l’accroissement du commerce horticole.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’OCTOBRE).
Ont signé : H. Jamain, Eug. Verdier fils,
Ch. Verdier fils, A. Rivière.
— Tel est l’enchaînement général des
choses, qu’à mesure que l’on avance on re-
connaît de plus en plus que non seulement
toutes les sciences sont utiles, mais qu’elles
se prêtent un mutuel concours par suite de
leur étroite liaison, qui démontre même
l’impossibilité qu’il y a de fixer une li-
mite absolue de démarcation entre cha-
cune d’elles. Néanmoins, on est bien obligé
de reconnaître qu’elles n’ont pas toutes
la même importance, et que parmi il en
est qui sont d’un usage beaucoup plus
général, qui semblent même la véritable
voie pour arriver aux autres; telles sont les
sciences de l’histoire naturelle qui forment
la base de l’agriculture, cette autre science,
sans contredit la plus utile de toutes,
puisque c’est elle qui failles sociétés. L’agri-
culture, on peut le dire, est la mère de
l’humanité. Aussi voit-on ces sciences s’é-
tendre constamment et prendre une place de
plus en plus large dans l’enseignement.
C’est ce qui ressort d’un programme que
nous avons sous les yeux et que nous allons
reproduire. C’est celui du collège Sainte-
Barbe, à Paris, pour l’année scolaire 1873-
1874, et qui se rattache à l’agriculture :
Programme des études. — L’école prépara-
toire à l’agriculture comprend deux années
d’études.
Les matières des cours sont les suivantes :
lo botanique et physiologie végétale; 2» zoolo-
gie et zootechnie ; 3» chimie agricole ; 4» phy-
sique et météorologie; 5» géologie et minéralo-
gie; 6° géométrie appliquée, arpentage et nivel-
lement; 7o travaux hydrauliques, mécanique
agricole et constructions rurales ; 8° législation
agricole et notions d’économie politique ; 9° cul-
ture, économie rurale et statistique agricole ;
IQo dessin géométrique et d’imitation; Ho lan-
gues vivantes.
Il y aura en outre, sous la conduite des pro-
fesseurs, des exercices pratiques, manipulations,
observations, visites au Muséum, au jardin d’ac-
climatation, au marché de la Villette, levers de
plans, etc.
Des rédactions, compositions écrites et inter-
I rogations fréquentes, permettront de suivre les
progrès des élèves et de les classer suivant leur
mérite.
Liste des iirofesseurs. — MM. Prillieux, doc-
teur ès-sciences, botanique générale; Cornu,
docteur ès-sciences, répétiteur à la Faculté des
sciences de Paris, botanique appliquée ; Bouley,
membre de l’Institut, inspecteur général des
écoles vétérinaires, zootechnie ; Ménard Saint-
[ Yves, sous-directeur du Jardin d’acclimation,
l| zootechnie (2e partie); Focillon, directeur de
383
l’école municipale Colbert, zoologie ; Gustave
Heuzé, adjoint à l’inspection générale de l’agri-
culture, culture ; Lecouteux, rédacteur en chef
du Journal d' Agriculture pratique^ secrétaire
général de la Société des agriculteurs de France,
économie rurale ; Ilervé-Mangon, membre de
l’Institut, professeur au Conservatoire des arts
et métiers, climatologie; G. Lemoine, répétiteur
à l’Ecole polytechnique, chimie générale ; Garieî,
professeur agrégé à la Faculté de médecine, phy-
sique ; Delesse’ ingénieur en chef, professeur à
l’Ecole des mines, géologie ; Durand-Claye (Léon),
professeur à l’Ecole des ponts et chaussées, chi-
mie appliquée et génie rural; Pillet, ancien
élève de l’Ecole polytechnique, professeur à
l’école municipale Turgol, sciences pures et
dessin géométrique; Durand-Claye (Alfred), in-
génieur des ponts et chaussées, mécanique, ar-
pentage et nivellement ; Demongeot, maître des
requêtes au conseil d’Etat, législation et écono-
mie politique.
— Dans une lettre qu’il vient de nous
adresser, à propos du phylloxéra, M. Jules
Hiéra, propriétaire à Gadagne (Vaucluse),
s’élève à des considérations philosophi-
ques d’après lesquelles, en examinant
l’harmonie de la nature et l’enchaînemeiü
des faits, ce savant observateur conclut que
le mode de culture adopté depuis un cer-
tain nombre d’années pourrait bien entrer
pour une large part dans la cause qui a dé-
terminé l’apparition du phylloxéra ou qui,
du moins, contribue à sa rapide extension.
Après avoir démontré que tous les travaux
des commissions officielles avaient été sans
résultats, passé en revue les moyens pro-
posés et fait ressortir leur inefficacité,
M. Hiera ajoute :
... Mais en admettant même comme efficaces
les procédés qui ne nous sont encore que timi-
dement proposés comme essais par M. Gaston
Bazile (1), la solution du problème posé à la
science n’aurait pas beaucoup avancé au point
de vue pratique pour la destruction du phyl-
loxéra, car tous ces procédés sont plus ou moins
irréalisables sur une grande exploitation. La
submersion même, dont M. Gaston Bazile attend
de si heureux résultats et pour laquelle il a une
préférence bien marquée, est, à vrai dire, de
tous les procédés recommandés, le moins réali-
sable et le plus inconsidéré Il est grand
temps de sortir de la voie malheureuse où l’on
nous a engagés et d’en revenir à la foi pratique
et scientifique en rapport avec les nouvelles con-
ditions climatériques de nos contrées et l’in-
fluence des milieux auxquels tout obéit... Deman-
dons-nous d’abord quelle est la cause de la
mortalité de la Vigne. La culture à basse tige
adoptée dans nos pays épuise le cep et affaiblit
le système radiculaire
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 353.
384 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE D’OCTOBRE).
Arès avoir fait ressortir que le mal est
toujours plus grand au centre des Vignes
que sur les bords, là où l’air circule plus
librement, M. J. Hiéra ajoute :
Dès lors le remède est entrevu : il faut aérer
les Vignes, élever les ceps et les espacer davan-
tage ; il nous faut revenir à la pratique des an-
ciens, adopter la culture de la Vigne à haute tige
ou en hautains ; il nous faut aussi, comme eux,
déchausser en septembre à l’époque de l’éclosion
des œufs, et rendre ainsi impossible au phylloxéra
l’attaque du cep. Les pieds étant moins nom-
breux, l’opération sera plus facile et moins coû-
teuse
— Deux intéressantes nouveautés, le
Pêcher à feuilles pourpres et le Welling-
tonia pendula, dont nous avons déjà parlé
dans ce journal, seront mises au commerce
à partir du novembre prochain, par leur
propriétaire, notre confrère, M. Paillet,
horticulteur à Chatenay-lès-Sceaux (Seine).
Ce sont deux plantes de haut mérite — le Pê-
cher surtout — et auxquelles on peut pré-
dire un brillant avenir. Malgré sa grande
vigueur, ce Pêcher conserve toute l’année la
couleur pourpre très-foncée de ses feuilles.
— Nous avons reçu d’un de nos abonnés
à la Revue horticole, de M. Guérineau
(Louis), jardinier au jardin botanique de
Cambridge (Massachussets, Etats-Unis d’A-
mérique), une lettre dans laquelle notre
confrère nous donne quelques détails très-
intéressants sur l’origine de la Pomme de
terre Early-rose, sur laquelle M. Ravenel,
dans le numéro du 46 janvier dernier, ap-
pelait l’attention des lecteurs. Voici ce pas-
sage :
Je viens de lire dans le numéro du
16 janvier dernier de la Revue horticole un ar-
ticle relatif à la Pomme de terre Early rose,
dans lequel il est dit que cette variété provient
de la presqu’île de Alaska (Amérique russe).
Comme il y a là une erreur et qu’il est de toute
justice de rendre à César ce qui appartient à
César, je crois utile de vous donner sur l’origine
de celte Pomme de terre quelques renseigne-
ments qui rétablissent la vérité.
La Pomme de terre Early rose a été obtenue
dans les Etats-Unis, en 1861, par M. Albert
Bressee, de Hortonville (Etat de Vermont), d’un
semis de la variété cultivée dans ces régions
sur une vaste échelle, sous le nom de « Carnet
Chili. » Les nombreuses qualités que lui recon-
naît M. Ravenel sont, permettez-moi de le dire,
bien loin de les faire connaître toutes ; aussi se
vendait-elle encore, en 1869, 40 livres sterling
(1,000 francs) le baril de 165 livres, et depuis,
elle est à peu près encore la seule des Pommes
de terre que l’on cultive dans nos régions.
Les Géorgiens peuvent aisément en faire deux '
récoltes par an, ce qui leur procure d’avoir
toute l’année ce qu’ils ne peuvent obtenir avec les
autres variétés — en petit nombre d’ailleurs —
qu’ils cultivent. i
M. Bressee est un semeur de Pommes de terre
comme il y en a peu. C’est à lui qu’on doit l’ob-
tention de nos meilleures variétés, et il a tout
particulièrement rendu un véritable service à
l’humanité par la découverte et la propagation
de celle qui est désignée sous le nom de « Early
rose, » dont les qualités dépassent celles des
Pommes de terre généralement cultivées dans
le Massachussets et dans les Etats voisins.
— Une nouvelle perte vient de frapper
l’horticulture dans la personne de M. Char-
les-Evariste Prudhomme, imprimeur et édi-
teur du journal le Sud-Est, qui est mort
à Grenoble le 28 septembre 1873, dans sa
75® année. Ce n’est pas seulement l’horti-
culture qui est frappée ; ce sont les sciences
en général, car M. Prudhomme les aimait
toutes ; et si l’on tenait compte des goûts, l’on
pourrait dire que chez lui l’imprimerie
n’était que secondaire. C’est ce que, au be-
soin, pourrait démontrer son journal, qui,
en très-grande partie fait et rédigé par lui,
était un recueil des plus complets où toutes les i
sciences d’histoire naturelle, d’agriculture, :
d’horticulture et d’économie domestique trou-
vaient toujours un bienveillant accueil. Les :
connaissances aussi nombreuses que variées
qu’il avait acquises lui permettaient aussi de
traiter des questions qui semblaient devoir |
lui être étrangères, dans lesquelles néan-
moins on rencontrait, avec un profond sa-
voir, une manière de présenter les choses et ,
d’enlever à certaines cet entourage scolasti-
que qui les rend arides et désagréables et
qui, au contraire, leur donne un certain '
attrait qui les fait rechercher. i
— A la date du 7 septembre, on nous I <
adressait de Machare, près Bordeaux, la '
lettre suivante, sur laquelle nous appelons | j
tout particulièrement l’attention de nos lec- |
leurs : | j
Monsieur le rédacteur, li
Après des chaleurs tropicales survenues vers i |
le milieu du mois d’août, la température I
s’est considérablement abaissée depuis le 18, j '
après une pluie d’orage qui est tombée avec |
grande abondance; les nuits sont très-fraîches, I
et nous commençons à craindre pour la bonne ^
maturité du Raisin, car elle se fait avec une len-
teur désespérante.
Le thermomètre , qui descend toutes les
nuits au-dessous de. 10 degrés, nous prévient J
qu’il va falloir songer à rempoter les plantes, I f*'
385
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE D’OCTOBRE).
qui ont été mises en pleine terre au printemps,
et qui ne pourraient résister à nos hivers , afin
qu’elles aient le temps de reprendre en pots
avant leur rentrée en orangerie.
Ceci me rappelle une opération que nous
fîmes l’année dernière, et de laquelle nous nous
trouvâmes très-satisfaits ; aussi nous proposons-
nous de recommencer plus en grand. Voici de
quoi je veux parler.
Nous trouvant dans de très-mauvaises condi-
tions pour faire nos semis et plantations au
printemps, car notre terre étant très-argileuse
et humide, nous ne pouvons planter quoi que ce
soit avant le 15 mai, époque à laquelle les ma-
raîchers de Bordeaux ont déjà toutes sortes de
légumes, l’année dernière il arriva que nos Pi-
ments, plantés à cette époque, ne mûrirent que
très-imparfaitement leurs fruits, surtout la va-
riété gros-doux que nous avions reçue d’Espagne,
dont les fruits étaient encore tous verts au
15 septembre. Comme les fruits en étaient très-
beaux, nous tenions à en avoir de la graine ;
aussi, voyant les gelées arriver à grands pas,
nous prîmes la résolution de relever nos Piments
de la pleine terre et de les rempoter dans des
vases assez grands pour pouvoir faire entrer une
assez forte motte; nous arrosâmes souvent, et
nous laissâmes nos pots contenant les Piments
dans le potager, à l’ombre, jusqu’à l’arrivée des
froids; après quoi nous les portâmes dans une
mauvaise orangerie, où ils mûrirent très-bien
leurs fruits, et nous pûmes alors recueillir de
la graine en assez grande quantité pour ne plus
U craindre de perdre cette variété.
Après que les fruits furent mûrs, les feuilles
il ne tardèrent pas à tomber; alors nous cessâmes
I complètement les arrosements, et ce n’est que
I vers le mois de mars que nous recommençâmes
I à les arroser, d’abord avec modération, puis da-
! ; vantage à mesure que les beaux jours arrivaient.
II Gomme nous l’avions espéré, la végétation ne
|! tarda pas à se manifester; toutes les branches,
[I qui étaient dénudées, se couvrirent de petits
|| bourgeons couverts de feuilles et de fleurs. Vers
■ i le 15 mai nous les remîmes en pleine terre, et
Il les traitâmes pour les soins de plantation et de
culture absolument comme s’il se fût agi de jeu-
nes plants de semis. A l’heure où j’écris (7 sep-
tembre), nos Piments d’Espagne sont couverts de
: ! fruits parfaitement mûrs, d’où je conclus qu’il
. serait facile d’obtenir ce légume assez à bonne
heure même dans les terres les plus froides, en
le semant en juin ou juillet dans des pots assez
'• grands, dans lesquels on leur laisserait passer
' ^ l’hiver, pour les mettre en pleine terre au prin-
temps, lorsque les terres seraient suffisamment
I ressuyées.
i Quoiqu’on ne fasse pas une très-grande con-
î sommation de ce légume, il faut toujours en
’ avoir un peu dans toutes les maisons bourgeoi-
^ ; ses, où, en général, on en fait très-grand cas.
Je ne serais pas étonné que l’Aubergine vio-
1 lette, qui est aussi très-difficile à la reprise en
\ , pleine terre, se trouvât également bien de cette
culture. Nous nous proposons d’en faire l’es-
sai cette année, ainsi que celui des Piments, en
semant les graines dans les derniers jours du
mois d’août.
Si vous croyez. Monsieur Carrière, que ces
renseignements puissent intéresser quelques-uns
de vos lecteurs, je vous autorise à les publier
dans la Revue horticole.
Agréez, etc. J.-V. Cabos,
Jardinier-chef à la ferme-école de la Gironde.
C’est avec empressement que nous pu-
blions cette intéressante lettre, dont nous re-
mercions l’auteur. Nous ne doutons pas que
beaucoup de nos lecteurs mettront à profit
les procédés de culture qu’elle contient, et
nous ne serions pas étonné qu’à l’aide de
ces procédés on puisse cultiver, même dans
des pays très-froids, certains légumes qu’on
ne peut se procurer que dans ceux où les
chaleurs sont suffisamment fortes et pro-
longées.
— Au point de vue de la floraison, par
conséquent de la fructification, tous les vé-
gétaux ligneux peuvent être partagés en
deux groupes, l’un qui comprend tous ceux
qui fleurissent sur le bois de l’année, c’est-
à-dire sur les bourgeons; tels sont les Teco-
ma, Callicarpa, Buddleia, etc. ; l’autre,
de beaucoup plus nombreux, comprend les
espèces qui fleurissent sur le bois de l’année
précédente ; tels sont les Lilas ^ Lahurnum,
Veigelia, Boule de Neige, etc., ainsi que
toutes nos espèces d’arbres fruitiers. Cette
marche, à peu près générale, présente
néanmoins des exceptions rares, c’est vrai;
aussi, est-ce précisément la raison qui doit
engager à les faire connaître lorsqu’on en
rencontre ; c’est celle aussi qui nous pousse
à rapporter l’exemple suivant, cela d’autant
plus que jamais nous ne l’avions remarqué.
Il s’est produit sur un Caragana pendula,
espèce qui, comme toutes les autres, fleurit
dès le premier printemps. Voici : un fort pied
de Caragana qui avait fleuri en mars dé-
veloppa en juillet plusieurs bourgeons vi-
goureux qui ne tardèrent pas à se couvrir de
fleurs, précisément à l’époque où les fruits
de toutes les autres parties étaient mûrs ;
ce caractère exceptionnel se maintiendra-t-
il pour ces rameaux ? Et les graines qui en
proviennent produiront-elles une variété
bifère? C’est ce que nous promettons de
faire connaître plus tard.
— Notre collègue et collaborateur, M. Nar-
dy, nous adressait de Hyères (Var) la lettre
suivante :
386
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’OCTOBRE).
Cher Monsieur Carrière,
Les longues et si fortes chaleurs de l’été que
nous traversons ont déterminé ici la floraison de
beaucoup de végétaux exotiques. Partout, sur le
coteau contre lequel est dressée la charmante
ville de Hyêres, on voit s’élever du centre de
leur imposante masse de gigantesques inflores-
cences d’Agaves américaines et de sa variété à
feuilles panachées. De nombreuses Agaves
mexicaines ont également fleuri et sont en
ce moment en fructification. Les graines de
ces diverses plantes donneront probablement lieu
à d’intéressantes variations. Plusieurs Dasylirion
gracilis, Bonapartea gracilis ont aussi monté
à fleurs ou montent encore dans nos envi-
rons.
L’établissement Ch. Huber et C‘« en possède
deux, dont un est mâle et l’autre femelle, et ac-
tuellement en fleurs. Ce sont des végétaux ad-
mirables, âgés d’environ dix ans, qui ont été
mis en pleine terre en 1856. Tous deux forment
des masses compactes, bien qu’élégantes, sphé-
riques, hautes de D» 30 sur 80 de diamètre.
La tige florale du pied mâle s’élève à 1^20 au-
dessus du feuillage ; sa grosseur est double de
celle de la tige femelle ; elle est, comme celle-ci,
garnie de fleurs dans toute sa longueur au-des-
sus du feuillage. La tige du pied femelle est plus
élevée ; elle atteint 2m 20 au-dessus des feuilles.
Ces deux plantes produiront-elles des graines?
Je l’espère, les sujets, qui sont de sexe différent,
étant placés à 2 mètres l’un de l’autre, et de plus,
des fécondations artificielles ayant été faites
plusieurs fois.
Une boîte partant par la poste vous porte du
pollen de Dasylirion gracilis. Peut-être trouverez-
vous l’occasion d’en disposer utilement.
Prochainement, j’aurai l’avantage de vous en-
tretenir d’un Dracæna indivisa lineata de nos
environs, et qui promet une intéressante et
abondante fructification. Nardy aîné.
Les faits qui précèdent intéressent non
seulement l’horticulture, mais la science tout
entière, en démontrant la nature tout excep-
tionnelle de cette partie de la France dans
laquelle se trouve la ville de Hyères, si fa-
vorable à l’horticulture par les collections
aussi nombreuses que variées qu’y ont
réunies MM. Ch. Huber et C‘®, dans leur
magnifique établissement, à la tête duquel
est placé notre confrère M. Nardy, à qui
nous devons la lettre qu’on vient de lire, et
dont nous le remercions.
— D’un article intitulé Les meilleures
Fraises^ publié dans le n« 8 du Bulletin
d'arhorieulture, de florieuUure et déplan-
tés potagères, p. 253, nous extrayons, rela-
tivement à la Fraise Brown’s Wonder, que
nous ne connaissons pas, quelques détails
qui semblent indiquer que cette variété est
de premier mérite, ce qui nous engage à les
reproduire.
Brown's Wonder. — Fruit assez gros, de
forme ovale, quelquefois allongée, ainsi que le
montre la figure, à graines saillantes. La chair
est blanc de crème, ferme, pleine, juteuse, sucrée
et parfumée.
Le mérite transcendant de cette variété con-
siste dans une fertilité extraordinaire. Le jour où
elle sera cultivée en grand, la Fraise pourra fi-
gurer partout sur les tables les plus modestes.
Voici les renseignements que M. Dallière com-
muniqua à ce sujet en séance du Cercle, le 6 juin
dernier, en même temps que quelques spécimens
du fruit :
« ... J’ai compté les fruits d’une plante ce
matin, et j’en ai trouvé 423, bien que depuis huit
jours on en cueille les plus mûrs. Sur une su-
perficie de 7 mètres carrés, il y a 21,150 Fraises.
« Ce que je vous dis est de parfaite exacti-
tude. i>
— Au sujet d’un article publié par notre
collaborateur, M. Madelain fils, dans la
Revue hortieole 1873, notre confrère M. Ed.
André nous adresse la lettre suivante :
La Croix-Bléré (Indre-et-Loire), 17 septembre.
Mon cher Monsieur Carrière,
Je lis dans la Berne horticole (n° du 16 sep-
tembre 1873, p. 350) un article de M. Madelain fils,
qui contient quelques légères erreurs qu’il me
permettra de rectifier dans l’intérêt de la vérité.
En parlant du Curmeria picturata, M. Made-
lain attribue la paternité de l’espèce à M. Linden
seul, tandis qu’il faut lire C. picturata, Linden
et André. Le nom de Homalonema (et non Hæ-
malonæma) marantoides ne doit pas être donné
comme synonyme. Il n’a jamais été publié, et
nous ne l’avions proposé qu’avant la floraison de
la plante, qui constitue un genre distinct. C’est
moi qui ai fondé ce genre (voir Illustration hor-
ticole, 1873, p. 45), et qui l’ai dédié à mon ami
L. Curmer, éditeur de plusieurs ouvrages sur
l’histoire naturelle. Ses caractères descriptifs
n’ayant été publiés qu’en latin, voudriez-vous
avoir l’obligeance de les donner ainsi traduits,
la plante étant de premier ordre et méritant
d’être connue en détail de tous les amateurs :
Curmeria, André, yen. nov. — Spathe ventrue,
demi-close à la base et atténuée en un court
pédoncule, étranglée au milieu, ouverte, cucullée
aiguë mucronée au sommet, obliqueusement
adnée au spadice à la base. Spadice inclus égal
à la spathe androgyne interrompue, mâle à la
partie supérieure, subtrigone inférieurement et
gibbeux, brièvement pédiculé, contracté au milieu,
conique au sommet ; organes générateurs rudi-
mentaires absents, de même que l’appendice
stérile que l’on trouve dans d’autres genres;
étamines sessiles irrégulières disposées en spirale
dans la partie moyenne et supérieure du spadice,
les supérieures fertiles ; anthères couvertes latéra-
387
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE PRATIQUE DU RHÔNE.
lement par le connectif pelté; ovaires nombreux,
verticillés ou en spirale vers la base du spadice,
libres, ovoïdes, anguleux par pression réciproque
latérale, à 4 (rarement 3) loges, contractés au
sommet ; stigmate capité discoïde, entier, papil-
leux ; ovules nombreux, ovales oblongs, attachés
horizontalement à l’angle interne des loges.
Plante herbacée, de la Nouvelle-Grenade (ré-
gions chaudes), acaule, à rhizome vivace épais,
à feuilles elliptiques cordiformes peintes au mi-
lieu d’une large zone argentée ou pourprée,, sui-
vant l’âge et la variété, couvertes d’un tomentum
long et fin, à pétioles longuement invaginés, à
pédoncule court, à spathe verte, glabre, longue
de 6 à 7 centimètres, à suc un peu âcre.
Le genre Curmeria, qui se rapproche des
Homalonema par plusieurs caractères, en diffère
largement par les organes générateurs rudimen-
taires faisant défaut, un ovaire quadriloculaire,
le stigmate discoïde, le port acaule, une spathe
non aromatique et enlin la patrie américaine.
(Trad. de Vlllust. hort. 1873, p. 45, où se trou-
vent d’autres détails.)
Ma seconde observation porte sur le qualifi-
catif du Cochliostemaj qu’il faut écrire odoratis-
simum, et non odoratissima, la terminaison stema
étant neutre. Le qualificatif de l’autre espèce, C.
Jacobiantmij Linden et G. Koch, le montre d’ail-
leurs. Il n’est pas exact non plus de dire que le
C. odoratissimum soit une nouvelle variété; c’est
une excellente espèce, créée par Ch. Lemaire
{Illust. hort., VI, pl. 217), et qui existait déjà
sur le continent européen plusieurs années avant
l’année de sa publication (1859), par conséquent
antérieure de beaucoup à l’apparition du C. Jaco~
bianum. M. Madelain nous saura gré de ces rec-
tifications. Il est actuellement employé dans
rétablissement de M. J. Linden, à Gand, et avec
le vif désir de s’instruire qu’il témoigne et a
déjà prouvé, il pourra continuer ses utiles ob-
servations et contrôler l’exactitude des observa-
tions qui précèdent.
Agréez, etc. Ed. André.
Nous remercions notre ami et confrère,
M. Ed. André, de tous les détails qui pré-
cèdent, lesquels, en rectifiant certains faits,
servent à la fois les savants et les horticul-
teurs, sans toutefois rien enlever du mérite
réel de l’intéressant article de notre colla-'
borateur, M. Madelain fils, qui, nous aimons
à le croire, nous continuera son excellent
concours, ce dont aussi nous le remercions
à l’avance.
Quant à l’affirmation de notre confrère,
M. Ed. André, c( que le Cochliostema odo-
ratissimum est une bonne espèce, » nous
voulons bien le croire sur parole ; nous le
préférons même plutôt que de le mettre en
demeure de nous en fournir la preuve.
E.-A. Carrière.
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE PRATIQUE
DU RHONE
L’exposition d’horticulture qui a eu lieu a
Lyon, les 11, 12, 13 et 14 septembre 1873,
dans la cour du Palais des Arts, a de tous
points justifié mes prévisions. Ce que je
pressentais et prédisais l’année dernière s’est
vérifié.
La division survenue dans la Société
d’horticulture , la séparation d’un assez
grand nombre de ses membres, qui ont
fondé le Cercle horticole lyonnais, a stimulé
le zèle des restants, et malgré l’absence des
rosiéristes et de la plupart des horticulteurs,
l’exposition a été très-remarquable ; l’ému-
lation a fait son œuvre, et la rivalité pacifique
a remplacé l’animosité.
Devons-nous nous réjouir de cette situa-
tion ou espérer un jour la fusion et l’union
de tous les membres de la famille horticole
du Rhône? Les avis sont partagés.
La cour du Palais des Arts était bien
garnie, autant qu’aux années précédentes ;
la disposition des massifs était bien enten-
due, et le tout offrait un aspect fort attrayant,
malgré le peu de plantes fleuries et surtout
l’absence des Roses.
M. Fillion, comme toujours, brillait au
premier rang et avait apporté différents lots,
tous très-remarquables.
Sa collection de Fuchsias est nombreuse
et composée de beaux spécimens bien cul-
tivés. Ses semis de Verveines sont ravis-
sants; chaque année, par une sélection intel-
ligente, il obtient les mêmes résultats. Il en
est de même de ses semis de Reine-Mar-
guerite et de ses Gloxinias. Sa collection de
Pélargoniums zonales défie toujours toute
comparaison, quoique comme horticulteur
marchand M. Roucharlat aîné puisse présen-
ter les variétés nouvelles un des premiers.
Parmi ceux de M. Fillion, l’on remarquait
Sœur Bazile, à fleurs simples d’un beau
chamois flammé de blanc, à gros bouquets,
et, parmi les doubles, le Triomphe du
Nord, remarquable par l’ampleur de ses
fleurs et le brillant de son coloris; Jewell,
variété anglaise, selon moi d’un très-grand
388
EXPOSITION DE LA. SOCIÉTÉ D’HORTICULTÜRE PRATIQUE DU RHÔNE.
mérite, malgré la petitesse relative de ses
fleurs, car elles sont en forme de Renoncule
et s’ouvrent très-bien, et il est à désirer
que les fécondateurs puissent s’en servir
pour obtenir cette forme si désirable dans
tous les coloris, car jusqu’à présent, c’est
par la forme que pèchent presque tous les
Pélargoniums zonales doubles.
Un petit lot de Bégonias Boliviensis de
M. Fillion attirait l’attention, et cette plante
mérite bien qu’on s’y arrête, puisqu’il est
maintenant bien constaté qu’elle est très-
rustique sous notre climat, et que par la
fécondation artificielle, M. Louis Van Houtte
a doté l’horticulture d’un grand nombre de
variétés plus belles les unes que les autres.
La collection de Lantana de M. Fillion
brillait par le nombre et la beauté des spé-
cimens. Ce massif bordé de Coléus très-
variés faisait un bel effet. Après M. Fillion,
il faut classer M. Boucharlat aîné, qui pos-
sède dans les genres qu’il cultive les plus
belles collections qu’il y ait dans notre dé-
partement. Son lot de Pélargoniums zonales
n’était pas aussi beau qu’il aurait pu être ;
mais cela tient, il faut le dire pour être juste,
à la saison anormale que nous venons de
traverser, car les plantes ont eu beaucoup à
souffrir des changements brusques de tem-
pérature, qui ont nui à leur floraison.
Parmi les Zonales de M. Boucharlat aîné,
l’on remarquait Polly kmg, M. Lacoste,
M. Rameau, Henriette Choquet, Pelleport
et Gloire de France, cette dernière parti-
culièrement intéressante à cause des macules
des pétales supérieurs, qui lui donnent le
faciès de certains Pélargoniums à grandes
fleurs, et nous fait espérer une série de va-
riétés nouvelles.
Le lot de Fuchsias de M. Boucharlat aîné
était moins nombreux que celui de M. Fil-
lion, mais se distinguait par des variétés
nouvelles, telles que: Emile Chaté, Esthel,
la Neige, Champion ofthe World, Silis-
tria, Warrior queen et bon nombre d’au-
tres.
M. Liabaud est sans rival à Lyon pour les
plantes de serre ; ses apports sont toujours
remarquables. M. Liabaud n’est pas seule-
ment un horticulteur distingué par le savoir
et la droiture de son caractère ; c’est un
amateur passionné. Parmi toutes ses belles
plantes, je ne puis en citer qu’un très-petit
nombre : ce sont V AmorphophallusRivierï,
plante encore trop peu répandue, d’autant
plus qu’elle est d’une culture excessivement
facile, comme un Dahlia ou un Canna ;
Agaphylla tricolor, plante ancienne, mais
très-méritante ; Zamiaglauca et Vromii,et
une Fougère nouvelle très-jolie, le Todea
superha ; un beau Musa superha, Brownea
princeps, Hœmadictyon refulgens.
B n’y avait que deux collections de Dah-
lias, celle de M. Fillion, parmi lesquels on
remarquait Auguste Rivière, Bou~
Maza, Kmg of primroses, la Perle,
Ivanhoë,JohnNeville, Geïta, Blanche, etc.
Je ne parle de l’autre collection que pour
mémoire, sans dire le nom de l’exposant, les
fleurs ne portant que des numéros.
M. Bécus et M. Torterotot avaient chacun
une belle collection de plantes grasses, qui
attirent toujours l’attention à cause de leurs
formes si variées et si bizarres.
Il y avait aussi une belle collection de
Glaïeuls ; mais l’exposant ayant omis d’y
mettre les noms, je ne citerai pas le sien.
Le lot de Reines-Marguerite de M. Valla,
jardinier chez M. Ghanay, contenait des va-
riétés très -méritantes par l’ampleur et les
nuances des fleurs.
En fait de Roses, il n’y avait qu’un petit
lot de M. Bouchard, qui se distingue tou-
jours par les erreurs de noms et d’ortho-
graphe.
M. Rivoire avait un beau lot de Zinnias
doubles assez variés, et un certain nombre
d’Amaranthes, parmi lesquels se distinguait
V Amaranthus salicifolius.
M. Boucharlat jeune, un nombreux lot
d’Œillets remontants.
M. Mercier, jardinier chez M. Chômer,
avait une magnifique collection de Caladium
et un très-beau lot de Coleus, moins beau
cependant que celui que nous avons admiré
il y a quelques années à la même place.
M. Valla, jardinier chez M. Ghanay,
nous a fait admirer quelques Daturas à
fleurs doubles, lilas, blancs, jaunes, pana-
chés blanc, et lilas, blanc et violet, blanc et
jaune, et violet et jaune. Cette plante est
trop peu cultivée. Il est fâcheux qu’il ait
négligé d’y mettre une étiquette portant le
nom de la plante, car le public va aux expo-
sitions non seulement pour admirer, mais
aussi pour s’instruire.
Il y avait de magnifiques lots de Conifères
de MM. Luizet père et fils , Linossier ,
Lagrange, Treyve. Ce dernier avait en
outre apporté sept très-beaux Magnolias
qui brillaient par leur taille et leur bonne
santé. M. Lagrange avait eu la bonne idée
d’apporter des rameaux de Chênes et autres
arbres remarquables qu’il est impossible de
montrer en leur entier à une exposition.
Ces rameaux étaient dans des flacons ; cela
BUDDLEIA INTERMEDIA ROBUSTA.
ne trompait personne ; mais que dire de
celui qui apporte des rameaux fichés dans
des pots, au milieu d’arbres et d’arbustes
cultivés en vases?
Ne pourrait-on pas classer ce procédé
parmi les fraudes horticoles ? M. Linossier
etM. Lagrange avaient aussi chacun un beau
lot d’arbustes à feuilles persistantes.
Parmi les rameaux exposés par M. La-
grange, le Chêne à feuilles panachées, le
Sophora panaché et le Cornouiller panaché
attiraient les regards. Le public aime ces bi-
zarreries de la nature.
Les fruits étaient moins nombreux que de
coutume ; néanmoins M. Fillion avait une
belle collection de Poires qui éclipsaient
toutes les autres; il avait aussi quelques
Raisins.
Je ne citerai les autres exposants de fruits
que pour mémoire, n’ayant rien de remar-
quable à signaler dans leurs lots :
M. Joannon, Poires de semis.
M. Linossier, Pèches.
M. Grangé, jardinier chez M. Cochaud,
Poires, Raisins et Pommes.
Refuge de Saint-Joseph, Poires et Raisins.
M. Durand, jardinier chez M. Perret,
Poires, Pêches et Raisins.
M. A. Pin, Poires et un panier de très-
belles Pêches.
Orphelinat de Saint-Joseph, Poires et Rai-
sins.
M. Rivière d’Oullins, Poires, Pommes,
Pêches et Raisins.
389
M. Rigaud, maire de Mirebel, Poires et
quelques belles Pêches.
M. Pommier, à Lunar, Raisins.
M. Fillion avait une fort belle collection
de Melons, et nous lui reprocherons, comme
l’année dernière, de ne pas nous en faire
connaître les noms.
Nous écoutera-t-il pour une autre fois?
Espérons.
Sa collection de Pommes de terre est aussi
nombreuse, et ces tubercules ont une très-
belle apparence ; mais cette exhibition sans
désignation de précocité perd de son
utilité.
Parmi les autres lots de légumes, il y avait
ceux de :
M. Pommier, Pommes de terre.
M. Bouchard, Pommes de terre.
M. Rivoire, légumes secs et de belles To-
mates, mais pas assez lisses.
Orphelinat de Saint- Joseph, légumes
variés.
Refuge de Saint-Joseph, légumes variés.
M. Emery, légumes variés.
M. Martinet de Trévoux, légumes variés.
Parmi les bouquets de fleurs naturelles, je
ne citerai que ceux de M. Debelfort, qui si-
gnalent un progrès notable pour leur com-
position et leur disposition.
Je ne dirai rien des outils, pompes, treil-
lages, laissant ce soin à une plume plus
compétente.
Monplaisir, 15 septembre 1873.
Jean Sisley.
BUDDLEIA INTERMEDIA ROBUSTA
L’origine du B. intermedia rohusta est
la même que celle du B. intermedia dont
nous avons parlé (1). Comme lui aussi, il est
issu du Buddleia curviflora dont il diffère
complètement. La plante avec laquelle il ale
plus de rapport est le B. intermedia
dont il se distingue pourtant, et à laquelle
il est supérieur au point de vue ornemen-
tal. R s’en distingue surtout par sa vé-
gétation beaucoup plus considérable, sa
floribondité plus abondante et par sa préco-
cité. Au lieu d’une plante sous-frutescente
comme le B. intermedia, celui-ci s’élève et
forme un fort buisson très-ramifié, se cou-
I vrant de fleurs semblables à celles du B.
Bindley ana ; la couleur et la forme des
I fleurs sont les mêmes ; mais l’inflorescence,
! bien qu’au moins aussi forte, en diffère en
ce qu’elle ne se ramifie pas, ou du moins
qu’elle ne se ramifie que très-peu, et même
' (1) Voir Revue horticole, 1873, p. 151.
exceptionnellement. C’est, en un mot, une
plante très-intéressante au point de vue de
l’ornement, mais surtout au point de vue
scientifique ; sous ce dernier rapport, elle
fournit un des plus frappants exemples de
la formation des caractères, par conséquent
des types. Quant au faciès en général, il
rappelle assez exactement celui du B. Lin-
dleyana, mais dans des proportions beau-
coup plus fortes, et lui est bien préférable
au point de vue de l’ornement ; il forme des
buissons plus compacts, et sa floraison dure
aussi longtemps. Ajoutons aussi qu’il a
l’avantage de produire des graines, ce que
ne fait pas le B. Lindleyana, Nous y re-
viendrons, du reste, très- probablement en
parlant d’un autre individu issu du même
semis, et qui a des caractères assez ana-
logues à ceux que présente le B. inter media
dont il est frère.
E.-A. Carrière,
r
390 NOIX JUMELLES. — CYTISUS EVERESTIANUS.
NOIX JUMELLES
Il est sans doute peu de personnes qui
n’aient eu l’occasion de voir, soit dans les
Cerises, soit dans les Pêches, les’Noix, etc.,
ce que vulgairement on nomme des « ju-
melles », qui ne sont autre chose que deux
fruits soudés ensemble ; mais il en est peu,
sans doute, qui aient réfléchi et reconnu
que ce fait, qu’on nomme une (( monstruo-
sité, )) peut, dans certains cas, devenir per-
manent, et alors caractériser une sorte que,
suivant l’importance ou la nature, on appelle
variété, race, etc. ; aussi, bien que le fait
dont nous allons parler, qui est spécial aux
Noyers, soit connu, nous avons néanmoins
cru devoir le signaler d’une manière parti -
Fig. 36. — Noix jumelle (grandeur n:
quemment, du moins de temps à autre,
qu’un Noyer quelconque donne quelques
Noix jumelles ; mais ce qui est rare, c’est de
voir un arbre ne donner que de ces fruits.
C’est ce fait que nous tenons surtout à cons-
tater. Deux fois déjà nous l’avons remarqué,
la première sur un Noyer dont tous les fruits
étaient soudés par deux ; la deuxième fois
sur un Noyer dont le faciès, qui présen-
tait quelques légères différences, pouvait
faire supposer qu’on avait affaire à une sorte
d’hybride ; tous les fruits, soudés deux à
deux dans toute leur longueur, au lieu d’être
obtus, comme tronqués, étaient longuement
atténués en pointe au sommet. Ajoutons que
culière, et en donner même un dessin
(fig. 36), parce qu’il nous fournit un exem-
ple de plus de la plasticité des formes et mon-
tre que les variations peuvent s’étendre à i
des organes que beaucoup considèrent 1
comme absolument stables.
Nous n’avons pas à nous arrêter longtemps i
sur le fait considéré au point de vue orga- |
nique, les figures que nous en donnons 1
montrant suffisamment les modifications du j
fruit. !
Le fait de la production des Noix jumelles,
qui a d’abord été une exception, paraît dans
certains cas vouloir se généraliser. Tout
chacun sait, en effet, qu’il arrive sinon fré-
). — Fruit entier et fruit coupé.
ces productions n’étaient pas anormales, ;;
qu’elles se montraient chaque année.
Peut-on, des faits que nous venons de j
rapporter, conclure qu’il viendra un jour où
il y aura des variétés de Noyers donnant
toujours des Noix soudées, lesquelles alors '
pourraient constituer une série particulière
dans le genre Noyer? Nous n’affirmons j
pas, bien que la chose soit possible ; notre j
but en publiant cette note est de constater
un fait qui, nous le croyons, est digne de |
l’attention de toutes les personnes qui s’oc- |
cupent de physiologie et qui, surtout, étu- }
dient la vie afin d’en découvrir les lois. |
E.-A. Carrière. i
CYTISUS EVERESTIANUS
Cette espèce, dont il a déjà été question
dans ce recueil (1), est l’une des plus jolies
du genre, etnousla croyons appelée à jouer
un rôle des plus importants au point de vue
de l’ornementation ; aussi, et pour la faire
bien apprécier, avons-nous cru devoir en
donner une figure coloriée. C’est, comme le
Cytisus racemosus, une plante de serre
froide ou d’orangerie, mais très-probable-
(1) V. Revue horticole, 1873, p. 298.
ment de pleine terre dans certaines parties j
de la France ; sa floribondité est telle que, |
à l’époque de sa floraison, qui commence en >
mars et finit en mai, la plante disparaît pres-
que entièrement sous les fleurs.
Nous ne savons rien de certain sur l’ori-
gine du Cytisus Everestianus, sinon qu’il
est arrivé d’Angleterre en France par la voie
du commerce ; c’est chez MM. Thibaut et
Keteleer que nous l’avons vu pour la pre-
mière fois et où nous l’avons fait peindre.
B enue I/oHirol<' .
^i^ms E ver est i <m us
OBSERVATIONS PRATIQUES SUR LA CULTURE DES FRAISIERS.
391
Nous ne croyons pas nécessaire d’entrer
dans de grands détails sur les caractères de
la plante, ce dont on pourra juger par la fi-
gure ci-contre. Nous nous bornerons à dire
que les fleurs d’un jaune orangé dégagent
une odeur fine et très-agréable qui rappelle
un peu celle des fleurs d’Oranger. Les fruits
sont de petites gousses villeuses très-apla-
ties, renfermant plusieurs graines. Quant à
la culture, elle est semblable à celle qu’on
donne au Cytisus raceynosus : terre de
bruyère pure quand les plantes sont jeunes ;
puis, lorsque les plantes sont fortes, on peut
y ajouter de la terre franche siliceuse ; la
terre calcaire ne convient pas ; les plantes y
prennent une couleur jaune et s’arrêtent
bientôt, au lieu de pousser. Il faut éviter
l’excès d’humidité qui leur est très-nuisible ;
aussi est-il avantageux de tenir les plantes
dans des pots relativement petits, dût-on les
arroser plus souvent.
Le Cytisus Everestianus ne reprenant
pas de bouture, il faut le multiplier par
greffe ou par graines. On greffe sur les
espèces voisines ou congénères, telles que :
Cytisus racemosus , Rodaphne , Cana-
riensis, etc. Peut-être pourrait-on prendre
pour sujet des espèces de pleine terre, par
exemple les Cytisus capitatus, leucanthe-
mus ou sur d’autres analogues. C’est à
essayer. D’une autre part, il nous semble
que cette espèce (C. Everestianus) fersi une
bonne « plante de marché, » ce à quoi elle
est d’autant plus propre, qu’elle « se fait »
bien, fleurit très-facilement et en très-grande
abondance, quelles que soient les petites di-
mensions des plantes.
On trouve cette espèce à Sceaux, chez
MM. Thibaut et Keteleer ; à Paris, chez
M. Rougier-Ghauvière, horticulteur, 152, rue
de la Roquette.
E.-A. Carrière.
OBSERVATIONS PRATIQUES
SUR LA CULTURE DES FRAISIERS
Les tableaux que nous publions ci-contre
sont le complément de celui qui a paru à
l’automne dernier dans le numéro du no-
vembrel872 de cette Revue (page 412). Nous
avons cru devoir l’augmenter, parce que di-
vers avis que nous avons reçus nous ont
fait voir que la plupart des personnes qui
avaient lu notre premier tableau possédaient
déjà bon nombre des variétés qui y sont in-
diquées, et que le peu de variétés qui res-
taient de ce tableau, en plus de celles qu’elles
avaient déjà, les embarrassaient pour faire
leur choix. Nos nouveaux tableaux contien-
nent 50 variétés, nombre qui nous paraît lar-
gement suffisant. Toutefois, nous pensons
qu’il sera très-facile de faire un bon choix,
car toutes celles que nous mentionnons sont
également méritantes à des titres divers;
c’est à ce point qu’il nous serait difficile
de dire à une personne qui nous prierait
de lui indiquer celles qui sont préféra-
bles : « Plantez celles-ci ou celles-là, »
attendu que la réussite de telles variétés
plutôt que de telles autres dépend plus
de la nature du sol, de sa position, du mi-
lieu où elle se trouve, etc., que des qualités
proprement dites des variétés ; qu’en outre
I il faudrait aussi connaître les formes, les
grosseurs, les saveurs des Fraises que cette
ou ces personnes préféreraient, car parmi
ces variétés, il y en a de parfumées, de
musquées, de sucrées, de relevées, d’un
peu plus acidulées ou d’un peu plus fades ;
à chair juteuse, fondante ou à chair suc-
culente, même sèche, etc., toutes cho-
ses variables avec le goût des individus.
Aussi espérons-nous qu’à l’aide des descrip»
lions qui se trouvent en face de chaque
variété, et surtout des observations ou re-
marques particulières à chacune d’elles,
les personnes qui désirent planter des
Fraisiers sauront choisir les variétés qui
conviendront le mieux à leur terrain, à leur
climat et à leur goût, etc., car nous n’a-
vons caché ni les défauts, ni exagéré les
qualités ou les mérites de chacune de ces
variétés. Du reste, nous ne saurions trop
engager les personnes à ne pas s’en rappor-
ter tout à fait à un premier choix fait pour
ainsi dire théoriquement. Qu’elles fassent
d’abord des essais de plusieurs variétés;
qu’elles les plantent et les soignent bien
(voir nos deux notes de culture dans cette
Revue, 1872, page 412, et 1873, page 86), et
qu’elles suppriment toutes celles qui n’au-
raient pas réussi quelques années après la
plantation. C’est le conseil le plus sûr que
nous puissions leur donner sur la valeur de
certaines variétés, l’expérience étant toujours
le meilleur maître. R.obine,
Horticulteur à Sceaux (Seine).
(La suite de V article au prochain numéro.)
392
TABLEAU de 50 bonnes variétés de Fraises divisées en huit sérij i six
DÉSIGNATION
DEGRÉ
de
DEGRÉ
de
FORME
COULEUR
lOüLEUR ET NATURE
POSITION
DEGRÉ
DEGRÉ
DE VIGUEUR.
DES TITRES, DES SÉRIES ET DES NOMS.
QUALITÉ
|1- et 2’J,
GROSSEUR,
elalȈla 4*.
DES FRAISES.
DES FRAISES.
de la chair.
DES graines.
DE fertilité.
DEGRÉ
DE RUSTICITÉ.
N. B. Les varie'le's marquées d’uo aste'risque
■ —
soQt celles qui se promeut le mieux à la culture
forcée.
FRAISIERS
dits «les Quatre-Saisons.
(Fragaria semperfLorens, DC.).
1» UNE SÉRIE.
1* A fruit rouge, amélioré et renou-\
vêlé par des semis successifs ..
Analogues : Reine des Quatre-^
L*'®, parfu-;
mée.
3®.
Conique ou ovoïde.
Régulière.
Rouge brun et ra« pâle,
lige et rose, ferme,
creuse.
Tr.-saillantes.
Très-fertile.
Tr.-vigour®e.
Tr.-rustique.
Saisons; Du potager de Yer-
2 A fruit blanc ordinaire {variation
du 11° 1)
1', exquise
3® et 4®.
Çoniq., arrondie, régul.
Blanc jaunâtre.
inclie, ci's®, ass. fer“®.
Saillantes.
Très-fertile.
Vigoureuse.
Rustique.
3* A fruit brun, de Gilbert A
pe, parf.
3' et 4®.
Id.
Rouge noirâtre.
juge, creuse, ferme.
Tr.-saillantes.
Id.
Id.
Id.
4* A fruit rouge, Janus (Bruant). . A
5 A fruit rouge, sans filets ou de
1«, parf.
3».
Conique, rég®« ou lobée.
Rouge vif et rouge pâle.
«ge et rose, cr., f®™®.
Id.
Id.
Tr.-vigour®«.
^Id.
1«, parf.
Coniq., arrondie, régul.
Rouge brun et r3® pâle.
Id.
Id.
Id.
Tr.-rustique.
id.
6 A fruit blanc, sans filets ou de
ne carné, cr., ass. f®“®
Gaillon A
1®, exquise
4®.
Id.
Blanc jaunâtre.
Saillantes.
Id.
Vigoureuse.
Rustique.
Caprons [Fragaria elatior, Ehrh.),
Hautbois des Anglais.
2» DEUX VARIÉTÉS SEULEMENT.
Goût mus-f
7 Belle Bordelaise (Lartey) A
qué sucré,
tr.-relevé.
; 3® et 2®.
Conique, ovoïde, rég®®.
Rouge vineux pâle.
iicjaun., pleine, f®“®.
Ass. saillantes
Très-fertile.
Vigoureuse.
Rustique.
8 Royal Hautbois (Rivers) B
partie. aux(
Caprons, j
1 3® et 2®.
Conique, arrond., rég®®.
Bouge vineux.
Id.
Presq. saill*®®.
Id.
Tr.-vigour'®.
Tr.-rustique.
Variétés hj'iiB'Bcles Bssues
«Tcspèccs anBéB’icaines.
3» SÉRIES DES PLUS HATIVES.
9* Écarlate, May Queen (Nicholson) A
l” ou 2®.
2® et 3®.
Arrondie, irrégulière.
Rouge orangé.
16, pleine, fondante.
Enfoncées.
Très-fertile.
Vigoureuse.
Rustique.
10 Kates (M““ Cléments) B
1 1®®, parf.
2® et 3®.
Coniq . , pointue , ail. , rég.
Rouge foncé.
Rouge, pleine.
Saillantes.
Fertile.
Ass. vigour®®.
Id.
11 Princess Frédérick William (Ni-
ven) E
I 1®® ou 2®.
2®.
Arr'^i®, ou en crête de'.coq
Rouge écarlate.
f^ormillon clair.
Enfoncées.
Id.
Vigoureuse.
Id.
12* Princess of Wales (Knight)... E
! 1®®.
2®.
Arr^i®, ovoïde, assez rég.
Rouge vermilloi'-
'661 pleine, ferme.
Saillantes.
Id.
Tr.-vigour®®.
Tr.-rustique.
13 Bicolore (de Jonghe) E
1 1®®.
2® et 3®.
Arrondie, ovoïde, rég®®.
Rose et blanc rosé.
"Re, pleine, ferme.
A la surface.
Très-fertile.
Id.
Rustique.
14* VtcsseHéricartdeThury (Jamin) ..
, 1®', excel*'
’ 2®.
Ovoïde, aplatie, ass.rég.
Rouge vermillo’'’
'6 l'osé, pl.j ferme.
Ass. saillantes
Id.
Id.
Tr.-rustique.
4» SÉRIE DES HATIVES.
15 Triomphe de Liège (Lorio) I
3 Ire.
1®® et 2®.
Allongée ou irrégulière,
Rouge foncé.
Rouge vermillon
tendre, juteuse. ]
Peuenfoncées
Fertile.
Vigoureuse.
Rustique,
1 16* M&rgu6rit6 (LslDrôtoTi}
• l®eou2®.
3 ire.
l®,tr.-gr®®
1®® et 2®.
® Coniq., allong., ass. rég,
Arrondie, irrégulière.
■>Pl.,un peu tendre.
Enfoncées.
Très-fertile.
Tr.-vigour®®.
Id.
17* Gweniver (M""' Cléments) 1
Rouge orange vif.
■6, pl., fme, juteuse. 1
Presq. sailP®®.
Id.
Id.
Tr.-rustique.
18* Président (Green) 1
3 1®®.
1®® et 2®.
Arr'b® ou en cœur, rég®®
Rouge vif luisant.
carné, pl., ferme. ^
âss. saillantes ^
jaunes.
4ssez fertile.
Id.
Id.
I 19 Élisa (Myatt) I
L 1®, exquisi
, 2® et au-
■" dessous.
jOvoïde, conique, rég®®
1
Vermillon orangé'
'Re, pleine, ferme. ‘
Saillantes.
Id.
Id.
Rustique.
1. Lorsque les pieds ue
Fraisiers s epuisent et cora-j
meneeiu à donner des fruits
petits et ronds, il est bon dei
renouwler la plantation à'
1 aide de jeunes plants de se-
mis ou par les premiers filets
émis des pieds de semis.
2. Le fruit est moins sec et
plus succulent que ceux des"
Quatre-Saisons à Iruit rou'm
3. Excellente variété, dont
le seul défaut est d’avoir le
truit un peu trop foncé.
4. Nous avons remarqué
que dans nos cultures cette
variété conserve ses fruits
plusieurs années beaux et
allongés, en renouvelant seu-
lement les pieds quand ils
sont trop épuisés, a l’aide de
jeunes filets provenant d’eux,
et sans être obligé de la ré-
générer par des semis,,
comme il est nécessaire dé
le faire pour la variété n» L'
5 et 6. Ces deu X variétés re-
montent bien, surtout à l'au
tomne, dans les terrains un
peu frais; elles fructifient
jusqu’aux premières gelées;
ce sont celles qui convien
nent le mieux pour faire des
bordures, parce qu’elles ne
donnent pas de coulants.
7 et 8. Les Caprons ont des
fruits excellents qui, néan-
moins, plaisent à certaines
personnes et déplaisent à
d’autres. Mélangés avec ' de
grosses Fraises, ils en relè-
vent le goût et le parfum.
Dans une plantation de Ca-
prons, il est bon d'enlever,
après la floraison, tous les
"ieds mâles stériles et tous
3S coulants.
9. Recherchée pour sa pré-
cocité surtout, convient et
résiste assez bien dans les
terrains chauds et secs l’été.
10. Presque aussi hâtive
que le n° 9; son fruit est
peu meilleur.
11. C’est une des plus, si
n’est I a pl U s hàti ve desFraises
à fruits VI aiment assez gros.
12. Une des meilleures, et
peut-être la meilleure pour
forcer en toute première
saison.
13. C’est une Fraise de deux
couleurs; elle est très-jolie
pour un dessert. Les fruits,
qui sont bien distincts de
ceux des autres variétés,
viennent par bouquets sur
chaque hampe.
14. Sa réputation est bien
connue, car c’est elle qui est
le plus cultivéeauxenvirons
de Paris pour l’approvision
nement des marchés.
15. Variété très-cultivée
dans certaines parties de la
France, et même en grand
du côté de Lyon.
16. Variété d’un grand pro
duit, ayant des fruits su-
perbes; on la cultive, ainsi
que les n°‘ 14 et 32, assez en
grand dans les champs, et
c’est celle qui est le plus cul-
tivée pour les forçages des
premières saisons.
17. Une des variétés qui se
prêtent ie mieux à la culture
forcée.
18. Variété dont les fruits
sont beaux et bons; elle se
prêle bien à la eu bure forcée.
19. Vieille variété, qui a le
défaut de ne pas nouer tous
ses fruits; mais ceux qui
reslentsont vraiment exquis.
394
Suite du TABLEAU DES 50 BONNES VARIÉTÉS DE FRAISES DIVISÉES EN HUIT SÉRIES,! po^T SIX, DE LA 3<> A LA 8«, SONT CLASSÉES
PAR ORDRE DE PRÉCOCITÉ.
Désignation
DES TITRES, DES SÉRIES ET DES NOMS.
DEGRÉ
de
QUALITÉ
et 2*).
DEGRÉ
de
GROSSEUR,
FORME
DES FRAISES.
COULEUR
DES FRAISES, !
J COULEUR ET NATURE
3 DE LA CHAIR.
POSITION
DES GRAINES
DEGRÉ
. DE FERTILITÉ
DEGRÉ
. DE VIGUEUR,
DEGRÉ
DE RUSTICITÉ.
’iarîéfés hybrides issues
d’espèees amévieaines.
(Suite).
4» SÉRIE DES HATIVES (Suite).
l
20* Formosa (Dr Nicaise) B
1', exquise
2« et au-
dessus.
Arrondie ou en cœur.
Rouge foncé luisant,
Rose, pleine, ferme.
.Saillantes.
Fertile.
Tr.-vigours®.
Rustique.
5“ SÉRIE DES DEMI-HATIVES.
21* Sir Joseph Paxton (Bradley). . . B
Irc, excel'r
Ire.
Arr'de, coniq., aplatie.
Rouge cerise luisant. ;
Saumonée, pl., ferme
. Saillantes.
Très-fertile.
Tr.-vigourse.
Rustique.
22* Louis Vilmorin (Robine) C
Ire.
2e.
En cœur ou en cône, rég.
Rouge luisant vernissé, f
vif, belle couleur. 3
Rose vif, rouge, pl., f™e,
Id.
Id.
Ass. vigourse.
Ass. rustique.
23 Élisa (Hivers) B
ire.
2e.
Ronde ou arrondie.
Orange clair.
Blanche, pleine.
A la surface.
Fertile.
Id.
Rustique.
24* Sir Harry (Underhill) C
1«, exquise
Ire et 2e.
AiT'de, bosselée ouapla‘>e
Rouge foncé et brun.
Vermillon et blanche,
assez pleine, ferme.
1 Id.
Très-fertile.
Tr.-vigour’«.
Ass. rustique.
25 Triomphe de Paris (Souchet) . . C
Ire.
Ire.
Ronde ou en cône très-
obtus, régulière.
Rouge orange vif glacéif
vernissé. '
1
Rose, à cavité centrale,
1 ferme.
1
Saillantes,
roug«efjaun«
Fertile.
Id.
Tr.-rustique.
26 Excellente (Lorio) A
Ire.
Ire et 2e.
Arr<ue, ovale ou aplatie.
Rouge foncé, bienmvire.
1 Rose pme, cavité centrale
Ass. saillantes
Fertile.
Vigoureuse.
Rustique.
27 La Reine (de Jonghe) B
1®, exquise
2e et au-
dessus.
Allong., apla'te, ass. rég.!
[Rosée au soleil, blanclie)
( à l'ombre. |
Très-blanche, pL, f™e.
Saillantes.
Assez fertile.
Id.
Ass. rustique.
28* Lucas (de Jonghe) B
Ire, excepe
Ire et 2e.
Arrond., ovale ou aplatie
Rouge foncé vernissé.
Blanc rosé, pl., ferme.
Id.
Fertile.
Tr.-vigourse.
Rustique.
29 Sabreur (M-”' Cléments) B
Ire.
2e.
Ovale, pointue, tr.-rég.
Vermillon orange-
Blanche, pleine, ferme.
Tr.-saillantes.
Très-fertile.
Id,
Tr.-rustique. 1
30 Ornement des Tables (S. et N.). B
Ire.
2e et au-
I dessus.
jovale, aplatie ou élargie.
1
Rouge vif luisant.
Bose, pleine, ferme.
-A. la surface.
Id.
Id.
i
Id. c
31 Highland Mary (Cuthill) B
Ire.
2e.
(Ovale, renflée au milieu,
1 très-régulière.
Rouge vermillon-
Blanc rosé, pleine, R'"®.
Saillantes.
Fertile.
Id.
c
Id. j,
32* Victoria (Trollope')
Ire ou 2e.
Ire.
Arrondie, régulière.
Vermillon clair-
Blanc rosé, pL, tendre. 1
Peuenfoncées
Très-fertile.
Id.
r
Id ff
6” SÉRIE DES DEMI-TARDIVES.
r'
di
SI
El
et
33 Savoureuse (de Jonghe) B
Ire.
2e.
Coniq. ou allong., régr®.
Cerise clair luisant' ||
Plane rosé, ferme, ppe.
Saillantes.
Fertile. A
SS. vigours'.|
in
Rustique, j
34 Surpasse gr®'' sucrée (de Jonghe) C
Ire.
Ire.
En cône obtus, ass. régre,
Rouge vif luisant' |j
I Blanc rosé, pleine. A
. la surface.
Id. 1
fr.-vigours®.
1
Id. le!
35 Duc de Malakoff (Gloede) ^
Ire.
le, tr.-gres'
B Arr't'®, irrég.,t*®® formes
Rouge foncé terne-
^“Uge clair, ferme. P
resq. sailpsL A:
ssez fertile.
Id. T
rie
l'.-rustique.
36* Goliath (Kitley) I
i Ire.
Ire.
Coniq,, obtuse ou aplatie
Vermillon foncé, p''^
pâle au bout-
lanc rose, pl»e, ferme. A
la surface. 1
’rès-fertile.
Id.
éni
T, jou
Id. 3
37 Belle de Sceaux (Robine) C
; Ire.
2e et Ire.
Conique, souvent régr'
Vermillon vif-
vif veiné, pl.,
Id.
Id.
,
Id.
prf
Rustique. 3
par
taii
DOS
l’au
395
OBSERVATIONS.
20. Une des bonnes varié-i
tés obtenues par le D'
caise.
21. C’est peut-être la
nété qui réunit le plus
naérites, et qui donne les
Plus belles et les meilleures
Fraises de toutes celles con-
nues jusqu'à ce jour.
22. Plante trapue et très-
fertile les premières années
après la plantation. Sa ma-
turité, qui est successive, se
prolonge jusqu’à la récolte
des variétés plus tardives,
Elle s’epuise un peu vite, a,
besoin d’être replantée tous
les deux ou trois ans, el
souffre l’hiver dans les terres
trop humides et trop froides,
23. Les fruits rappellent
peu le goût de l’Ananas.
2i. Perfectionnement
amélioration de \‘àKeensseed
ling; elle a deux défauts
1° de s’épuiser trop vite,
2“ de ne pas résister assez
aux hivers froids et hu-
mides, et l’été aux trop
grandes chaleurs; mais dans
les t-rrains où elle se c
vient bien, ceux qui ;
sains, ni trop secs l’été,
trop humides l’hiver, c’i
une variété hors ligne et
premier mérite.
25. Fraise superbe
bonne, d’une belle couleur
claire et brillante; C’est une
variété très-distincte.
2B. Bonne variété à fruits
excellents qui justifient son
nom.
27. Fraise très-distincte
tout à fa.it exquise. La plante
n’est ni bien rustique, ni
bien fertile; elle souffre sur-
tout de la grande humidité,,
des grands froids et des
trop grandes sécheresses
28. Variété de premier mé
rite.
29. C’est une très-jolie
bonne Fraise; mais elle
t pas assez grosse po
; qui désirent des fruits
>n nourrait la nommer
•œfulia-
31. C’est encore une très-
ulie Fraise, ayant les mé-
ites et le défaut du n° 29.
32. Variété très-répandue,
ui, concurremmentavec les
14 et 16, est cultivée en
33. Le fruit est d’une jolie
ormation et très-bon.
Variété qui paraît être
36. Remarquable surtout
é qui, étant pré-l
vaillée d’une cer- ‘
a quelques dis-
Suite du TABLEAU DES 50 BONNES VARIÉTÉS DE FRAISES DIVISÉES EN HUIT
PONT SIX, DE LA 3« A LA 8®, SONT CLASSÉES PAR ORDRE DE PRÉCOCITÉ.
DÉSIGNATION
DES TITRES, DES SÉRIES ET. DES NOMS.
DEGRÉ
de
QUALITÉ
(!■• et 2b, d
DEGRÉ
de
BOSSEUR,
lal«àU4«.
FORME
DES FRAISES.
COULEÜR
DES FRAISES.
COULEÜR ET NATURE
DE LA CHAIR.
POSITION
DES GRAINES.
DEGRÉ
DE FERTILITÉ.
DEGRÉ
DE TIGDEDR.
DEGRÉ
DE RUSTICITÉ.
Il Variétés liybrîdes issues
d’espèces américaines.
1 (Suite).
6» SÉRIE DES DEMI-TARDIVES (Suite).
1 38 Empress Eugénie (Knevett) . . . C
Irr ou 2'.
e,tr.-grsse
:oniq.,irrég., t'enfermes
3ouge pourpre vernissé.
Rouge vermillon, pRe.
Ass. saillantes
! Très-fertile.
Tr.-vigour^».
Rustique.
1 7» SÉRIE DES TARDIVES.
1 39 Souvenir de Kieff (de Jonghe). c
Ire.
Ire.
Coniq., allong., aplatie.
Rouge vif foncé.
Blanc rosé, pleine, f™e.
Tr.-saillantes.
Fertile.
Vigoureuse.
Tr.-rustique.
40 La Châlonnaise (Di- Nicaise). . . B
le, exquise
Ire et 2».
Coniq., arrond, aplatie,
Rouge vermillon vif.
l Blanche, pleine, ferme.
Saillantes.
Très-fertile.
Tr.-vigour'e.
Ass. rustique.
41* Sir Charles Napier (Smith) ... B
Ire.
Ire et 2e.
Coniq., régul. ou aplatie.
Vermillon orange clair.
Blanc rosé, pleine,
Tr.-saillantes.
Id.
Id.
Tr.-rustique.
1 42 Napoléon III (Gloede) C
Ire.
2e et ire.
Arrondie, aplatie, ou en
cône très-obtus.
Rose vermillon vif.
1 Toute jblanche, pleine,
1 tendre.
A la surface. 1
Id.
Id.
Id.
1 43 Haquin (Haquin) C
Ire.
1«, tr.-greee
Coniq., api. ou élargie.
Rouge clair glacé, j
1 Rose vif, ph, assez R®'.
A la surface,!
écartées, j
j Fertile.
Des plus vignes
Id.
I 44 Bonté de Saint-Julien (Carré). . B
Irc ou 2'.
2e.
Arrond. ou en cœur, rég.
Vermillon foncé. |
1 Rouge, rose au cen^^jfid®
Presq. saill'es.
Très-fertile.
Tr.-vigourne.
Id.
1 8» SÉRIE DES TRÈS-TARDIVES.
1 45 Dr Hogg (Bradley) C
le, exquise
1 le, tr.-grse<
Ovale, ail., aplatie, irrég.
Orange rosé, glacé.
Très-blanche, ferme, pl.
Rose vif, pleine, ferme.
Tr.-saillantes.
Fertile.
Vigoureuse.
Rustique.
1 46* Éléonor (Myatt) A
1 Analogues ; Cnjsial Palace,
1 NcYilTOd^ 6tC
• Ire ou 2e.
le,tr.-grse
(Coniq., allong., rarem
1 aplatie, régulière.
Verm'e» foncé, vernis-^
A la surface,
rég»' espacées
Très-fertile.
Tr.-vigourse.
Tr.-rustique.
1 47 Amiral Dundas (Myattj (
)
Z Ire ou 2e,
le, tr.-gr“
e .AIL, coniq. ou lobée, irrr
e Vermillon orange p*'®
Rose et rouge, pl., R”'®.
A la surface.
Très-fertile.
Tr.-vigourse.
Ass. rustique. '
U 48 Du Chili, à fruit orange <
: Ire.
2e.
Ovale, arrondie, régul
Orange vif.
Tounàtre, pL, très-f™®.
Saillantes.
Fertile.
Id.
i
Tr.-rustique. l
è
I 49 De Californie améliorée {Califor
II yiicOr Zwcic?ct pBvfBctci) •
. Ire ou 2e
2e.
Ronde ou arrond., régn
b Rose orange vif’
®'obc jaunâtre, tendre.
Peuenfoncées
Très-fertile.
Vigoureuse.
f
I
Id. 1
1 50 Du Chili, Lucie (Boisselot) ....
C ire.
le, tr.-gr®
ne Allongée, aplatie, régr'
e. Rose vif verniss'’
Rose, pleine, ferme.
Saillantes.
Fertile.
Tr.-vigoui'se.
Tr.-rustique. t
é
l
d
n
n
e
n
397
OBSERVATIONS.
38. Fraise superbe, qui
inanque un peu de qualité;'
elle convient aux personnes!
qui aiment les Fraises
goût relevé.
39. Fruit su perbe et I rès-bon
40. Amélioration de notre
ancienne BriUsii qucen pour
la ruslicilé et la vigueur, ei
dont le fruit est aussi bon
ce qui n’est pas peu dire.
41. Variété réunissant tous
les mérites, sauf celui de la
grosseur des Fraises, qui
bien que très-belles de cou
leur et de forme, ne sont pa;
toujours assez grosses.
42. Jolie Fraise, de belle
forme et de bonne grosseur,
qui maibeureusement se dé
compose assez facile ment et
ne peut voyager; elle con-
vientaux personnes qui peu
vent laconsommersur place,
43. , Une des plus belles
Fraises. Cette variété est tel-
lement vigoureuse, qu’il faul
éviter de la planter dans un
terrain trop riche, car dani
ces conditions elle est sou
vent peu fertile; toutefois,
et quelles que soient ces
coniiitions, elle ne rapporte
bien que la deuxième, troi-
sième ou quatrième année
après la plantation.
44. Bonne Fraise, mais d’u
goût un peu acidulé, relevé,
parfumé.
45. Encore nouvelle, et qui
n’a pu être assez appréciée,
dont les fruits sont très
beaux et exquis.
46. Fraise superbe, à cbaii
ferme, jolie de forme et d’as-
pect, se transportant facile-
ment; aussi, coiumence-t-
elie à être cultivée dans les
cnamps pour l’approvision
nement des marchés de Pari
à l’arrière-saison ; mais,
comme presque toutes les
très-grosses Fraises , elle
n’est pas de toute première
qualité ; son goût est agréa-
ble, mais un peu acidulé. On
peut la forcer en dernière
saison.
47. Cette Fraise, et celle du
n° 46, sont peut-être les deux
plus belles qui existent
ceile-ci est de qualité va
riable, très bonne dans cer
tains terrains un peu secs
elle est de deuxième qualité
dans les sols froids et hu-
mides.
48. Cette variété, indiquée
comme délicate dans plu-
sieurs ouvrages et catalo-
gues, est rustique dans les
terres riches mêlées desable,
:sonf."uitest très-joli eibon.
49. Espèce ou variété d’une
structure et d’un aspect par-
ticuliers, facile à reconnaître
parmi les autres. Demande
terre riche mêlée de
J qualité
398
SPARGOUTE PILIFÈRE.
SPARGOUTE PILIFÈRE
Dans un précédent article où, en cher-
chant à appeler l’attention sur cette es-
i^èce{Spergulapilifera,L.), et en essayant
d’en faire ressortir le mérite ornemental,
nous exprimions le regret que non seule-
ment cette plante ne soit pas recommandée,
mais même pas décrite par les livres élé-
mentaires, les (( bons Jardiniers, » qui, l’on
peut dire, sont le catéchisme horticole, et
pour heacoup de gens, Voracle. Heureuse-
ment il est un autre livre qui, nous en
avons l’espoir et surtout le désir, deviendra
plus populaire encore qu’il l’est ; c’est le
livre qui a pour titre : Les fleurs de
pleine terre, par MM. Vilmorin, Andrieux
et Ci®, et dans lequel nous trouvons une
description détaillée du Spergula. La
beauté, l’aspect exceptionnel et particulier,
— nous dirions presque la migno7inité —
de cette espèce nous engagent à en donner
une description que nous empruntons en
partie à la maison Vilmorin et C‘®, qui a
bien voulu nous prêter ses clichés, ce dont
nous l’en remercions bien sincèrement.
Nous empruntons cet article aux Fleurs de
pleine terre, 3« édition, p. 1000.
Plante indigène, vivace . Tiges nombreuses,
gazonnantes, naissant de rosettes de feuilles,
très-rameuses, ne s’élevant pas au-delà de
4 à 8 centimètres, d’un vert tendre. Feuilles
opposées linéaires-aiguës, longues de 8-
12 millimètres, terminées par une petite
pointe. Pédoncules grêles, filiformes, dres-
sés,|puis penchés, sensiblement plus longs
Fig. 37. — Spargoute pilifère.
que les feuilles, terminés par une seule
fleur légèrement odorante. Calice à 5 sé-
pales persistants, ovales-lancéolés, à bords
marginés, longs de 2-3 millimètres; corolle
blanche, à 5 pétales un peu plus larges que
les sépales et plus longs, ovales-obtus ; éta-
mines 5-10, plus courtes que la fleur;
styles 5, égalant les étamines. Fruit capsu-
laire, s’ouvrant en 5 valves, et dépassant un
peu le calice.
Ce n’est que depuis quelques années que
cette charmante petite plante est utilisée
assez généralement pour l’ornementation
des jardins. Sa manière de végéter en gazon
fin et serré lui donne l’aspect d’une mousse,
et permet d’en former des tapis ras d’un
très-joli effet, par la couleur vert gai de son
feuillage, sur lequel se succèdent de mai en
août dlinnombrables petites fleurs étoilées,
d’un blanc pur. On peut en faire aussi de
charmantes bordures, des pelouses de peu
d’étendue, en orner les rochers, les gla-
cis, etc., etc.
La Spargoute pilifère (fig. 37) {Arenaria
cœspitosa, Hort.; A. verna, Hort.; Sagina
acicularis, Rori.; S. pilifera, Rort.; S. su-
hulata, Sweet.) est Jrès-rustique, et réussit
en tous terrains sains, mieux cependant
dans ceux qui sont profonds, légers et frais,
que dans ceux qui sont forts et humides.
Elle vient à peu près à toutes les positions
aérées; cependant elle sera plus jolie et
conservera plus longtemps sa fraîcheur, si
elle est placée à l’exposition de l’est et du
nord; dans tous les cas, on devra avoir soin
de lui donner de temps en temps un coup
de rouleau ou de la piétiner. Sous le climat
de Paris, cette plante prend en hiver une
couleur roussâtre et comme brûlée, mais
elle reverdit d’ordinaire vers la fin d’avril.
La multiplication s’opère très-facilement :
1® par la séparation des pieds, qui peuvent
être divisés à l’infini, opération qui se pra-
tique au printemps ; le plus petit fragment
peut arriver, dans l’année, à former une
assez large touffe ; 2® par le semis, qui se
LES CATALOGUES.
399
pratique à l’air libre, soit en pots, soit en
terrines, soit en pleine terre, depuis le mois
d’avril jusqu’en août-septembre. La graine,
j étant d’une ténuité extrême, devra être se-
mée sur une terre préalablement tassée et
bien unie, et on la recouvrira au plus d’un
demi-millirnètre de terre très-fine ou de
quelques fragments de mousse ; mieux vau-
I dra même ne la point recouvrir du tout, et
i
LES CAT
En raison du grand nombre de catalogues
que nous avons reçus cette quinzaine, nous
ne nous étendrons sur aucun, nous bornant
à indiquer d’une manière générale les spé-
; cialités, de façon à renseigner nos lecteurs
! sur les principaux produits qu’on trouve
dans les établissements dont ils émanent.
D’abord un catalogue prix-courant de
M. Louis Van Houtte, horticulteur à Gand
(Belgique), propre aux Azalea indica, Ca-
' mellia, Rhododendrons, d’orangerie et au-
tres espèces de plein air, aux Azalées rus-
tiques japonaises (A. mollis) ou américaines,
et autres articles de terre de bruyère.
Un catalogue général des Rosiers dispo-
nibles pour 1873-1874, cultivés dans l’éta-
blissement de M. Joseph Schwartz, rue du
Repos, n® 43, à la Guillotière, — Lyon
I (Rhône).
I Par une circulaire spéciale, cet horticul-
teur informe le public qu’il mettra au com-
merce, à partir du 1er novembre 1873, deux
Rosiers nouveaux obtenus dans son établis-
sement. Ce sont les hybrides remontants
J Olga Marix et Perfection des blanches.
I MM. Gharozé frères, horticulteurs-pépi-
' niéristes à la Pyramide, près Angers (Maine-
let-Loire). — Plants d’arbres fruitiers et fo-
irestiers. Rosiers, plantes de serre chaude,
'serre tempérée et serre froide, telles que:
i Ficus, Dracœna, Palmiers, etc.
i J. -B. Guillot fils, horticulteur, chemin
! des Pins, 27, à Lyon-Guillotière. — Sup-
'plément au catalogue général des Rosiers
pour l’automne 1873 et le printemps 1874.
Ce même horticulteur annonce qu’à partir
;du 1er novembre prochain, il va mettre au
commerce pour la première fois deux nou-
velles variétés de Rosiers, l’une : Claire
! Carnot, appartient aux Noisettes ; l’autre :
prince Paul Demidoff, rentre dans la sec-
tions des hybrides remontants.
Frœbœl et G‘e, horticulteurs à Neumuns-
’ ter-Zurich (Suisse). — Nouveautés en tous
genres, collections d’arbres et d’arbrisseaux
fruitiers et d’ornement, de Conifères , de
se contenter de l’appliquer sur la terre :
dans ce dernier cas, le semis devra être fait
à l’ombre, et l’on aura soin d’arroser très-lé-
gèrement avec un arrosoir à pomme finement
percée, afin de ne point déplacer les graines.
On pourra se procurer des graines de
Spargoute pilifère chez MM. Vilmorin-An-
drieux et 4, quai de la Mégisserie, à
Paris. E.-A. Carrière.
plantes vivaces alpines et autres. Fougères
de pleine terre. Pivoines, Rosiers, etc., etc.
Louis Leroy, horticulteur-pépiniériste à
Angers (au grand jardin). — Pépinières très-
vastes, où l’on trouve des collections d’arbres
fruitiers et d’ornement, des Rosiers, Coni-
fères, Magnolias, plants d’arbres et d’arbris-
seaux fruitiers, forestiers et d’ornement, etc.
Simon-Louis frères, horticulteurs-pépi-
niéristes, marchands grainiers à Metz.
• — Catalogue spécial des arbres et ar-
brisseaux fruitiers. L’un des plus grands
établissements et des mieux assortis ; on
trouve là à peu près tout ce que Von
peut désirer en plants et plantes prôpres à
l’ornement, aux vergers, ainsi que des col-
lections spéciales en tous genres de plants
d’arbres forestiers et fruitiers, etc. Plantes
de serre, assortiment complet de graines po-
tagères, fruitières, forestières et d’ornement.
Etablissement horticole de Adrien Séné-
clauze, à Bourg- Argentai (Loire). — Collec-
tions nombreuses et variées d’arbres frui-
tiers, forestiers et d’ornement, plantes de
serre et de pleine terre. Rosiers, Pivoines,
Conifères en plantes faites et jeunes
plants, etc., etc.
Audusson-Hiron fils, pépiniériste, rue de
Brissac, à Angers. — Arbres fruitiers, fores-
tiers et d’ornement, à feuilles caduques et
à feuilles persistantes ; plantes grimpantes,
Camellias, Rhododendrons, Rosiers, etc.,
plantes de terre de bruyère, etc., etc.
J.-B.-A. Deleuil, rue Paradis, traverse du
Fada, à Marseille. — Spécialités de Bégonia,
Echeveria , Amaryllis, Yucca. M. De-
leuil, qui s’adonne tout particulièrement à
la culture de ces plantes si jolies et si pro-
pres à l’ornementation, a, par des féconda-
tions artificielles savamment et intelligem-
mentcombinées, obtenu les résultats les plus
remarquables. A partir du octobre 1873,
il mettra au commerce pour la première fois
quatre nouveaux Bégonia et trois Echeve^
ria, toutes plantes hybrides des plus remar-
quables obtenues dans son établissement.
CONSERVES DE TOMATES.
400
Jacquemet-Bormefont père et fils, horti-
culteurs-pépiniéristes et marchands grainiers
à Annonay (Ardèche). — On trouve dans
cet établissement, l’un des plus vastes du
monde, à peu près tout ce qui est nécessaire
pour les plantations fruitières, forestières et
d’ornement, ainsi que des collections spé-
ciales telles que : Pivoines, Camellias, Rho-
dodendrons etc., etc. On peut se procurer
là tout particulièrement et en quantités con-
sidérables des collections de Mûriers greffés
et francs de pied pour l’usage de la sérici-
culture. S’adresser soit à Annonay, soit à
Lyon, à la succursale, place Bellecour, 3.
F. Fauveau , pépiniériste- viticulteur à
Beaulieu, près Saint-Lambert-du-Lattay
(Maine-et-Loire). ■ — Cultures spéciales de
Vignes pour Raisins de table et vignoble.
Groux et fils, horticulteurs-pépiniéristes,
vallée d’Aulnay, à Sceaux (Seine^ — Pépi-
nières très-vastes, collections d’arbres frui-
tiers, forestiers et d’ornement. Rosiers,
Pivoines, Rhododendrons, Azalées de pleine
terre, etc., etc. Cultures spéciales d’arbres
d’alignement en forts exemplaires.
CONSERVES
Dans la troisième édition de la Culture
maraîchère que je viens de faire paraître,
au sujet des cultures des Cardes du Chili,
des Cornichons et des Patates, j’ai indiqué
la manière de les préparer pour en faire des
mets exquis, et celle de conserver les Corni-
chons aussi longtemps qu’on le désire. Dans
des lettres que j’ai reçues depuis cette pu-
blication, et qui prouvent l’intérêt qu’on at-
tache à ces renseignements, on me demande
d’ajouter quelques mots à chaque culture
pour préparer ou conserver les produits, ce
que je vais essayer de faire en publiant une
série de petites notes qui feront partie de
la ^quatrième édition de ma Culture ma-
raîchère.
Confitures de Tomates.
Les personnes qui n’ont pas besoin d’une
grande quantité de ce produit se trouveront
bien du procédé suivant :
Lorsque les fruits sont bien mûrs, il faut
les écraser, puis les passer dans une pas-
soire afin d’en extraire les graines et les pel-
licules ; ensuite on les fait bouillir dans une
chaudière de cuivre bien propre ; on les
laisse bouillir selon la quantité de conserve
qu’on désire obtenir, mais en général il y a
toujours avantage de les laisser bien cuire.
Quand le jus a diminué environ de la
moitié, on commence à le remuer avec un
Dans une circulaire spéciale, M. Eugène
Verdier, horticulteurà Paris, 72, rue Dunois,
informe le public qu’il mettra au commerce,
à partir du 1er novembre 1873, dix variétés
de Rosiers dont il est l’obtenteur. Toutes
ces variétés, qui appartiennent aux hydrides
remontants, sont les suivantes : Antoine
Castel, Ernest Verger, François Courtin,
John Harrison, Saison Lierval, Miller
Hayer, Paulin Talahot, Président Hardy,
Théodore Buchetet, Thomas Mills.
Un extrait du catalogue général de
MM. Thibault et Keteleer, horticulteurs à
Sceaux (Seine), spécial aux plantes rares
et aux nouveautés, soit de serre, soit de
pleine terre. — Dans celles-ci se trouvent,
parmi les arbustes, les Erables japonais, si
remarquables par l’élégance de leur feuillage,
VAralia hybrida, le Stuartia grandiflora,
VEnkianthus japonicus, les Daphné bla-
gayana et salicifolia, une nouvelle et jolie
variété de Houx, M*"® Briot, etc. Enfin dix
espèces ou variétés de Bambous rustiques,
dont plusieurs tout à fait nouvelles.
E.-A. Carrière. î
)E TOMATES :
bâton, pour ne pas le laisser brûler ni s’at-
tacher au fond du chaudron, et l’on continue
de remuer jusqu’à ce que le jus soit bien
pris et forme une sorte de pâte assez consis-
tante, à peu près comme de vraies confitures.
Lorsque la cuisson est à point, on laisse
refroidir, puis on met le tout dans des plats
en terre ou dans des vases appropriés. On peut
mettre cette sorte de confiture dans des as-
siettes, où la rouler en bille et la plier dans
du papier blanc comme des saucissons ; si
elle est bien cuite, elle se conservera par-
faitement bien, quel que soit le procédé
qu’on ait employé, de sorte que l’on pourra
s’en servir au fur et à mesure du besoin. Si
Ton a bien suivi ces prescriptions on peut
être sûr que quand même un morceau serait
entamé, il se conserverait jusqu’à la fin sans
même devenir aigre, ce qui n’a pas lieu pour
la liqueur de Tomates renfermée dans des
bouteilles.
J’ajoute comme renseignement pour ceux
qui ne connaissent pas cette sorte de conserve
qu’on peut en ajouter dans les potages ou
dans la plupart des autres mets, ce qui leur
communique une saveur très-agréable que ;
ne peut donner le jus de Tomates tel qu’onle
prépare ordinairement. A. Dumas,
Jardinier-chef à la ferme-école;^du Gers. -
Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4.
I CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine d’octobre)
Souscription ouverte pour élever un monument à la mémoire de M. Barillet. Le phylloxéra* une
question de mots ; moyens divers proposés pour la destruction du phylloxéra. Résultats obtenus par
M. de la Paillone par l’emploi du sable déposé au pied des ceps : communication de M. de la Paillone.
— Les Fraisiers de M. Robine. — Cueillette et conservation des fruits : extrait du Bulletin de la
! Société centrale d’horticulture de la Seine-Inférieure. — La maladie des Pommes de terre et
I l’oïdium ; leur identité probable : communication de M. Weber, jardinier-chef au jardin botanique de
\ Dijon. — Le Canistrum aurantiacum : extrait de la Belgique horticole. — Les Phormium tenax à
feuilles panachées : observations sur la constance de cette variété. — Expériences sur la culture à sec
j du Cresson de fontaine : communication de M. Eugène Vavin. — Fructification de VA bies religiosa
j chez M. Herpin de Frémont. — Fructification, au Fleuriste de la ville de Paris, d’un Yucca quadri-
j color variegata. — Le Magnolia Camphelli. — Le Diospgros Kaki.
!
j Aussitôt après la mort de M. Barillet, un
i certain nombre de personnes, se faisant
I l’interprète du sentiment général des hor-
' ticulteurs, amateurs et amis de l’horticul-
î ture, ont pris l’initiative d’ouvrir une sous-
! cription dont le produit sera consacré à
I élever un monument pour perpétuer la
! mémoire de cet homme remarquable, à qui
l’horticulture doit tant.
Nous apprenons à l’instant que, sur la
demande qui lui en a été faite, « le conseil
d’administration de la Société centrale d’hor-
I ticulture de France, désirant donner un
témoignage de sympathie à la souscription
qui est ouverte en vue d’élever un monu-
ment à M. Barillet, a, dans sa séance du
23 octobre dernier, autorisé M. le trésorier
de la Société à recevoir le dépôt des fonds
i ç qui seront versés avec cette destination. »
[ C’est là une bonne nouvelle que nous nous
\ ^ empressons de porter â la connaissance de
nos lecteurs, et sur laquelle nous revien-
I drons dans un prochain numéro de la Revue.
— La question du phylloxéra est toujours
pendante, et, jusqu’à présent, loin de rece-
voir une solution pratique, elle tend à dégé-
nérer en une question de mots. Ainsi, tandis
que certains auteurs le considèrent comme
un mythe, — ce qui malheureusement est
une erreur complète, — d’autres le consi-
f I dèrent comme n’étant qu’un effet, d’où ils
tt concluent qu’on a tort de s’en préoccuper et
i ! que toute l’attention doit être portée sur sa
cause, de sorte que causes et effets sont au-
jourd’hui les deux principaux points sur
! lesquels, pour beaucoup de personnes, rou-
I lent la plupart des discussions. Mais ce
à quoi l’on ne paraît pas assez réfléchir,
c’est qu’il n’y a là que des mots , car
qui n’est pas à la fois cause et effet? Une
i cause première est l’équivalent d’un enfant
1er novembre 1873.
sans parents : il ne peut donc y en avoir.
Aussi pèche-t-on contre la logique lorsque,
comme on le fait lorsqu’il s’agit d’un mal ou
d’un sinistre quelconque, l’on conseille de
remonter d’abord à la cause. La chose n’a
de raison d’être que dans un très-petit
nombre de cas, mais non dans celui qui nous
occupe. Presque toujours la cause est incon-
nue, tandis qu’il en est tout autrement de
l’effet qui, presque toujours aussi, est la
seule chose qui frappe, et par conséquent
qu’il faut faire disparaître. Ainsi, par
exemple : vous avez la fièvre, votre champ est
envahi par de mauvaises herbes, vos arbres
sont dévorés par les chenilles et vos enfants
par la vermine; est-ce qu’au lieu de recher-
cher et de discuter sur les causes qui ont dé-
terminé ces choses, vous ne chercherez pas de
suite à faire disparaître les effets? Voici une
maison qui brûle ; est-ce que vous ne cher-
cherez pas plutôt à arrêter l’incendie que d’en
rechercher l’auteur? N’est-ce pas, du reste,
ce qu’on fait contre l’oïdium ? au lieu d’en
chercher la cause, on essaie de le détruire.
On a raison. Que dans cette circonstance, si
le phylloxéra a une cause, — ce qui ne peut
faire l’objet d’aucun doute, — ce n’en est pas
moins lui, effet, qui tue' la Vigne; il est donc
à son tour la véritable cause de la mort de
la Vigne ;Jaussi est-ce à lui qu’il faut d’abord
s’en prendre, ce qui pourtant ne veut pas dire
que lorsqu’on se trouve en face d’un mal on
ne doit point chercher à remonter à la source
afin de la détruire si possible ; mais en at-
tendant il faut tâcher de faire disparaître
l’effet qui, nous le répétons, est toujours ce
qui frappe ; ce qui nous amène à cette con-
clusion : Tuez le phylloxéra, et la Vigne
vivra.
Les savants qui ont une mission officielle
pour chercher des moyens de détruire le
phylloxéra font toujours des études pour ar-
21
CHROI^IQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’OCTOBRE).
river à ce résultat. Tout récemment (séance
de l’Académie des sciences du 29 septembre),
M Max. Cornu présentait un long mémoire
sur cet insecte. Cette note porte sur certains
caractères de l’insecte, et principalement sur
les transformations des galles des racines,
toutes choses qui peuvent être très-intéres-
santes au point de vue de l’entomologie,
mais à peu près inutiles h celui de la des-
truction du phylloxéra. Malheureusement
nous devons reconnaître que la question
pratique ne fait guère plus de progrès; à
part la submersion (lui, il faut l’avouer,
présente de très-grandes difficultés, aucun
des autres moyens indiqués n’a donné de
résultats sérieux. Dans une de ces notes,
M. Gauhan du Mont indique la présence du
Chanvre pour éloigner l’insecte. Une autre,
de M. E. de Laval, prescrit le sulfure de
carbone mélangé avec une huile végétale,
ainsi que le sulfure de potassium. M. Ray-
mond Réjou fils (1) conseille l’emploi du
tabac. Enfin, un propriétaire de Sérignan
(Vaucluse), M. de la Paillone, a publié un
article dans le Sud-Est de Grenoble, dans
lequel il a fait connaître les résultats qu il a
obtenus par l’emploi du sable déposé au pied
des ceps :
Frappé, dit-il, depuis longtemps delà richesse
de végétation dont jouissaient les Vignes en ter-
rains sablonneux au milieu de la destruction gé-
nérale produite par le phylloxéra, je cherchai a
me rendre compte de cette immunité que je
rencontrais aussi dans les treilles fixées aux
lüuüuuuaio -V. —
murailles, dans les lignes de souches longeant le
midi des grandes routes ou la rivière de l’ Aigues,
. riviere ue i
êTsurtout dans les Vignes situées au sud de
rétaiio- de Rhut, au nord desquelles sont plantées
des haies d’abri. Partout, en un mot, où le vide
ne pouvait se former autour du collet de la souche,
le phylloxéra n’exerçait que peu ou point^ de
ravages. Ces nomhieuses observations mont
amené à penser que ce terrible insecte ne pé-
nétrait sur les racines des souches que par le
vide qui, chaque année, et surtout à l’époque
actuelle, se forme autour du collet. Cette pensee
est devenue pour moi une quasi-certitude, et
j’ai cherché à faire prévaloir ce système à la
Société d’agriculture de Vaucluse et à celle de
Montpellier, dans la séance du 23 septembre.
Tous les efforts des viticulteurs doivent donc
tendre, selon moi, à trouver un obturateur qui
ferme l’entrée de la souche à notre cruel en-
nemi. , , , „
M. Faucon a évidemment trouve le plus ethcace
de tous par son procédé de l’immersion pro-
longée ; mais malheureusement peu d’agricul-
teurs se trouvent en position de 1 imiter, et il
fallait chercher un procédé d’une application
plus générale. L’emploi du sel était indiqué tout
d’abord, en y joignant toutefois le perfectionne-
ment de notre culture de la Vigne, dirigée dans
le but d’économiser autant que possible la sève
que peuvent encore nous donner les racines de
nos Vignes déjà si gravement atteintes.
Voici la manière d’opérer dont je recommande
vivement l’essai : tailler tout de suite après la
vendange, enlaissantles porteurs à 50 centimètres
de longueur, pour ne les couper dérinitivement
qu’en mars. La sève d’automne s’utilise ainsi à
la cicatrisation des nombreuses plaies de la taille.
Ces ceps feuillés, mis tout de suite en fagots,
font une excellente nourriture d’hiver pour les
moutons.
Tout de suite après la taille, donner une cul-
ture profonde, en ayant soin de laisser autour
des souches une légère dépression de terrain, et
la remplir de sable fin. (Cette culture, quoique
profonde et atteignant parfois les racines, n’a
pas le même inconvénient qu’au printemps , les
plaies ont le temps de se cicatriser et ne de-
viennent pas un exutoire par lequel s’écoule la
sève du printemps, au grand détriment de la
souche.) i * 4
Ces deux opérations faites, surveiller, et toutes
les fois que, par suite de circonstances quelcon-
ques, le vide se forme autour du collet, donner
un coup de râteau, un binage s’il y a de l’herbe,
ou simplement opérer un tassement avec le pied
autour de la souche.
Au mois de juin, enlever impitoyablement tous
les bourgeons poussés au-dessous des porteurs
et déchausser; c’est bien simple, comme vous le
voyez, et c’est par ce moyen que j’ai conserve,
non pas mes Vignes, mais deux seulement,^ et
encore en partie, n’ayant expérimenté ce système
que beaucoup trop tard.
(1) Journal d’AgnadHire pratique, octobre 1873,
p. 507.
■ — R y R cfuelque temps, en parlant du
Fraisier V Inépuisable et en cherchant à en
faire ressortir certaines qualités , ^ nous
disions que très-probablement il y avait dans
l’obtention de cette Fraise un pas immense
de fait pour arriver à des variétés à produc-
tion continue de grosses Fraises, qui, alors,
seraient l’analogue des Fraisiers quatre sai-
sons dans les petits fruits. Nous conservons
le même espoir, augmenté même de certains
faits dont nous avons été témoin depuis.
Alais si ce iTest encore là qu’une hy pothèse,
il y a d’autres faits qui semblent indiquer
que bientôt, à l’aide des variétés ordinaires,
par suite d’un travail intelligemment com-
biné, l’on arrivera à avoir de grosses Fraises
pendant une grande partie de l’année, peut-
être même toute l’année. Nous ne pouvons
rien affirmer à ce sujet, bien que pourtun
nous ayons de fortes probabilités. En effet,
depuis quelque temps notre confrère, M. Ro-
bine, borticulteur à Sceaux, qui, faisant des
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE D’OCTOBRE). 4Q3
Fraisiers une spécialité, a pu remarquer les
particularités propres à chacune des variétés,
est arrivé à pouvoir présenter chaque se-
maine à la Société centrale d’horticulture
(il en a encore présenté le jeudi 9 octobre)
une assez notable quantité de grosses Fraises,
aussi bonnes que belles ; il a non seulement
présenté des Fraises cueillies, mais même
des pieds dont les nombreux fruits attestaient
que ce n’était pas un fait dû au hasard , ainsi
qu’on en voit parfois. Ces Fraisiers ont été
présentés à la séance du jeudi 25 septem-
bre 1873.
— Arrivés à l’époque de cueillir les fruits
d’hiver et de les ranger dans le fruitier,
nous croyons devoir rappeler les principales
précautions qu’il convient de prendre pour
opérer convenablement ce travail. A ce su-
jet, nous trouvons dans le Bulletin de la
Société centrale d'horticulture de la Seine-
Inférieure les quelques détails suivants :
c( On peut conserver les fruits au-delà de
leur terme ordinaire en les cueillant avant
maturité ; mais il ne faut pas oublier que
cueillir les fruits de trop bonne heure,
c’est en diminuer les qualités.
<c II ne faut point placer ensemble les
fruits précoces et les fruits tardifs; l’acide
carbonique qui se dégage des premiers,
quand ils parviennent à leur maturité, fait
avancer les autres ; c’est pour cela qu’il faut
aussi retirer du fruitier tous les fruits qui
approchent de leur époque de maturité. »
Nous ajoutons qu’on doit éviter avec
grand soin l’humidité; qu’il n’est pas néces-
saire, ainsi qu’on l’a parfois recommandé,
de renouveler fréquemment l’air d’un frui-
tier, à moins qu’il n’y ait un excès d’humidité,
ce qu’il faut éviter. Si une obscurité com-
plète n’est pas indispensable, il faut éviter
une lumière vive, qui est toujours nuisible
en accélérant la maturation. De la chaux
pulvérisée très-sèche contribue pour une
certaine part à assécher l’air du fruitier en
s’emparant de la vapeur d’eau qu’il contient
et, d’une autre part, en absorbant le gaz
acide carbonique qui se dégage sans cesse
des fruits ; il purifie l’air qui, là où il ne se-
rait pas suffisamment renouvelé, — surtout
si le local était petit et contenait une grande
quantité de fruits, — pourrait se vicier et
devenir insalubre, dangereux même pour
les personnes qui y resteraient longtemps
exposées. Quant à la température, elle doit
être aussi uniforme que possible, toujours
relativement très-basse : à peine quelques
degrés au-dessus de zéro sont suffisants.
Pour le renouvellement de l’air, l’ouverture
de la porte, quand on entre dans le fruitier
ou qu’on en sort, suffira. Si pourtant, par
suite de circonstances particulières, on était
obligé d’aérer un peu, on ouvrirait un cré-
neau ou sorte de petit vasistas prenant l’air
du dehors, au nord si c’est possible.
— Au sujet de la maladie des Pommes
de terre, notre confrère et ami, M. Weber,
nous adresse la lettre suivante :
Cher monsieur Carrière,
^ Dans votre chronique de la deuxième quinzaine
d août, page 322, relativement à la maladie des
Pommes de terre, vous faites ressortir l’analogie
de cette maladie avec l’oïdium de la Vigne, et
vous dites que le manque de potasse pourrait
en être la cause sur les Pommes de terre, en vous
appuyant sur les expériences de M. George Ville,
les premières qui Paient démontré scientifique-
ment.
C’est possible, mais pratiquement on le savait
déjà, car, Pan dernier, dans un rapport inséré
dans le Bulletin de septembre et octobre 1872
de la Société d’horticulture de la Côte-d’Or, je
signalais cette cause, et je ne m’appuyais pas
seulement sur des données scientifiques, mais
sur des expériences faites par une personne de
ma connaissance qui s’occupe depuis de longues
années d’engrais chimiques, et qui cendre forte-
ment les engrais destinés à ses cultures de Pom-
mes de terre ; celles-ci par suite échappaient ainsi
en partie à la maladie.
Dans le même rapport je dis :
« Pour moi, la maladie de la Pomme de terre
est en tout semblable à l’oïdium de la Vigne, aux
tavelures des fruits à pépins et au blanc des
feuilles du Pêcher.
c< Un Champignon se développe d’abord sur les
parties aériennes ; les pluies arrivent et entraî-
nent les spores en terre et transmettent ainsi la
maladie aux tubercules; aussi les temps secs et
la suppression des fanes malades sont reconnus
depuis longtemps contraires au développement de
la maladie sur les tubercules. Puisque l’on réus-
sit à combattre le mal sur la Vigne et sur les
arbres fruitiers, pourquoi ne réussirait-on pas
sur les Pommes de terre? En 1869, nous culti-
vions une collection de Pommes de terre le
long d’une treille ; deux soufrages furent appli-
qués à cette dernière pour combattre l’oïdium
toutes les touffes les plus rapprochées de la
treille restèrent vertes, tandis que celles plus
éloignées furent atteintes par la maladie et se
desséchèrent complètement. »
11 résulte de cette citation que depuis longtemps
l’expérience nous a démontré l’analogie de l’oï-
dium avec la maladie de la Pomme de terre; que les
deux parasites se développent avec plus d’inten-
sité lorsque ces deux plantes souffrent ; que les
engrais riches en potasse sont particulièrement
favorables aux Pommes de terre et combattent
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’OCTOBRE).
4 04
cette maladie, mais qu’ils ne peuvent l’empêcher
complètement. J. -B. Weber,
Jardinier-chef au jardin botanique de Dijon.
Grand merci à notre confrère et ami de
ses observations. Sans discuter la priorité,
nous sommes heureux d’enregistrer et de
rappeler une fois de plus l’efficacité de tapo-
tasse contre la maladie des Pommes de terre
et contre l’oïdium de la Vigne qui, en effet, pa-
raissent avoir une certaine analogie. Cet en-
seignement, nous l’espérons, profitera à nos
lecteurs.
— Le dernier numéro (septembre 1873) de
la Belgique horticole contient une figure co-
loriée du Canistrum aurantiacum, genre
nouveau de la famille des Broméliacées établi
par M. Ed. Morren, qui après en avoir dé-
crit les caractères, qui tous reposent sur le
faciès et sur la végétation, dit :
... Ce nouveau genre est caractérisé surtout
par la forme insolite des sépales; il se distingue
aussi à son inflorescence en forme de corbeille
remplie de fleurs, d’où le nom Canistrum que
nous lui avons attribué.
Il se distingue des Nidularium par ses sépales
libres et inéquilatéraux, la corolle tripétale, les
ovales acuminés, etc.; des Hohenbergia et des
Hoplophytum par la forme de sépales, l’inflores-
cence, les ovules, etc. Les Cryptanthus ont le
calice gamopliylle, les pétales nus, les étamines
libres, etc...
M. E. Morren ajoute :
Nous n’avons jamais vu la Broméliacée dont
il s’agit que dans la collection réunie au Jardin
botanique de fUniversité de Liège. Nous croyons,
mais sans pouvoir l’affirmer, que cette plante est
venue du Muséum d’histoire naturelle de Paris,
sous le nom de Cryptanthus clavatus... Par son
ovaire infère, c’est une Broméliacée, mais ce n’est
ni un Nidularium, ni un Cryptanthus, ni un
Hohenbergia ouun Hoplophytum. L’inflorescence
ressemble à une corbeille de fleurs portée sur
une tige droite bien au-dessus du feuillage. C’est
comme une de ces corbeilles larges, plates et
découvertes que les Grecs nommaient xâvcou, et
les Romains Canistrum ; et c’est cette compa-
raison qui nous a inspiré le nom du genre nou-
veau à établir. D’anciens documents représen-
tent des femmes athéniennes portant une large
corbeille d’osier sur la tête, un Canistrum; le
nom de Canéphores leur avait été donné. On
voit au Musée de Dresde la statue d’un Cané-
phore. On dit qu’à Athènes des jeunes filles ac-
compagnaient dans cette attitude la procession
aux flûtes de Cérès, de Bacchus et de Minerve.
D’ailleurs les verdurières du pays de Liège, por-
tant sur la tête leur charge de légumes dans un
ou plusieurs larges paniers empilés, sont aussi
des Canéphores...
La seule espèce qui jusqu’ici constitue ce
genre est très-probablement une plante brési-
lienne. Peut-être a-t-elle été introduite dans les
cultures par Marins Porte (voy. Houllet, Rev.
hort.j 1870, p. 232). Elle se distingue surtout
par son inflorescence en capitule serré au som-
met d’une hampe qui s’élève au-dessus du feuil-
lage, par ses larges bractées rouges qui entou-
rent ce capitule, et par ses fleurs nombreuses
et serrées de couleur jaune orangé...
L’intérêt tout particulier qui s’attache au
genre Canistrum, surtout aujourd’hui que
les Broméliacées, non sans raison, du reste,
sont un peu à la mode, nous engage à re-
produire la description que M. Ed. Morren
a faite de cette espèce, qu’on trouvera plus
loin.
— Des plantes aujourd’hui à la mode, et
par conséquent recherchées, sont les Phor-
mium tenax à feuilles panachées, surtout
la belle et la plus grande variété du type, qui
est en effet l’une des plus ornementales.
Malheureusement c’est une de celles qui se
multiplient le plus difficilement, ce qui ex-
plique le haut prix qu’a conservé cette plante.
Récemment, c’est-à-dire il y a environ deux
ans, en voyant qu’elle avait fructifié dans
différents endroits, on espérait que ses grai-
nes la reproduiraient et en feraient abaisser
le prix. Il n’en a rien été ; c’est du moins
l’opinion qu’on s’en est faite; la raison, c’est
que toutes ces jeunes plantes paraissent re-
venir au type, c’est-à-dire purement et sim-
plement à la couleur verte. Mais ne s’est-on
pas trop pressé de juger ? Nous ne sommes
pas éloigné de le croire, et cela en nous ap-
puyant sur certains faits que nous allons
rapporter et dont nous avons été témoin.
Sur un très-grand nombre de plants prove-
nant de graines récoltées sur un Phormium
à feuilles panachées, au Fleuriste de Paris,
quelques-uns seulement, lors de leur ger-
mination , présentaient quelques bandes
ou stries jaunes, mais qui ne tardèrent pas
à disparaître; les plantes prirent la teinte
verte qu’elles semblaient devoir conserver.
Des faits analogues s’étant produits dans
d’autres endroits, on en conclut tout naturel-
lement que cette variété <( n’était pas cons-
tante ; )i nous-même l’avons dit et écrit;
cependant il pourrait se faire qu’il n’en soit
pas ainsi, et que les Phormium tenax va-
riegata ne se caractérisent, c’est-à-dire ne
deviennent panachés qu’à un certain âge,
lorsqu’ils ont atteint plus de force, ainsi
que cela se voit chez quelques espèces par-
ticulières, notamment sur les Corydiline ou
Dasylirium, plantes qui, du reste, ont beau-
coup d’analogie avec les Phormium. Un fait
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405
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’OCTOBRE).
qui nous autorise à émettre cette hypothèse
est la panachure que prennent depuis quel-
que temps des jeunes Phormiums de semis
qui jusqu’à présent étaient restés verts, et
qui commencent à se panacher d’une ma-
nière assez sensible ; nous croyons devoir
faire connaître ce fait, afin d’engager les per-
sonnes qui, ayant des Phormiums provenant
de plantes panachées, seraient disposées à
s’en défaire parce qu’elles les verraient res-
ter verts : qu’elles attendent, et nous croyons
qu’elles n’en seront pas fâchées. Du reste,
en agissant ainsi, elles n’ont rien à craindre,
et ne peuvent perdre, puisque, en supposant
même que leurs plantes restent vertes, elles
acquerraient une valeur plus considérable,
ne serait- ce que par le fait de leur accrois-
sement.
— Un article intitulé : Le Cresson de fon-
taine en culture à sec, publié dans la Re-
vue horticole, nous a valu d’un des grands
amateurs d’horticulture, M. Eug. Vavin, une
très-intéressante lettre que nous nous em-
pressons de reproduire. La voici :
Besancourt, le 14 septembre 1873.
Mou cher monsieur Carrière,
Lecteur assidu de votre journal la Revue hor-
ticole, j’y puise souvent de bien utiles rensei-
gnements. Le no 10 du 16 mai 1872 contenait
un article instructif sur le Cresson de fontaine
en culture à sec, de M. Mayer de Jouhe, qui
conseille d’expérimenter ce genre de culture
pendant l’été ; pour les amateurs qui n’ont pas
d’autre moyen d’avoir du Cresson, il pense qu’en
le cultivant dans du terreau entretenu humide
sous châssis dont la pente sera tournée au nord,
avec une aération suffisante, on obtiendra de bons
résultats.
Cette idée m’ayant paru ingénieuse, j’ai engagé
mon jardinier d’en faire l’essai.
Je viens donc aujourd’hui vous dire, avec une
vive satisfaction, que non seulement ce procédé
a parfaitement réussi, mais que le Cresson que
j’ai obtenu par ce mode de culture est plus
tendre et plus blond que celui qui vient naturel-
lement dans les cressonnières, d’où je conclus
que tout amateur peut obtenir ce légume, sans
avoir besoin d’eau courante,
j Les graines ont été semées vers le 10 juin, et
dès le commencement d’août, la cueillette a
(commencé.
Il est vrai que mon jardinier a suivi très-exac-
tement les indications de M. Mayer de Jouhe.
A la séance de jeudi dernier de la Société
centrale d’horticulture de France à Paris, j’en ai
apporté au comité de culture potagère; les mem-
bres présents ont trouvé ce Cresson excellent;
aussi ont-ils engagé le jardinier à continuer ce
nouveau genre de culture, se réservant de de-
mander, après une expérience bien constatée,
une récompense spéciale pour son travail.
Au mois de juin dernier, je donnais dans le
Journal de V Agriculture la description d’un nou-
veau siphon économique, inventé par M. Léchaut,
président de la Société d’horticulture de Sauvie,
en faisant observer que ce siphon pourrait être
très-utile à ceux qui se livrent à la culture de la
Barbe de capucin. Je vais en faire l’essai pour
mes nouvelles cressonnières, et je ne doute pas
d’obtenir un résultat des plus satisfaisants que je
m’empresserai de vous faire connaître.
Agréez, etc. Eug. Vavin,
Président honoraire de la Socié:’î
d’aç:ricuUure et d’horticulture
de l’arrondissement de Pontoise.
— Dans l’article que nous avons publié (i)
au sujet de la remarquable collection de Co-
nifères de M. Herpin de Frémont, à Brix
(Manche), on a pu remarquer que VAhies
religiosa, espèce très- rare dans les cultures,
bien que délicate et sensible au froid, a
acquis là des dimensions relativement con-
sidérables (13"™ 77 de hauteur). Dans une
lettre qu’il vient de nous adresser, M. Herpin
nous informe que cet arbre fructifie cette
année pour la première fois, et que le.s
cônes sont assez beaux. Ce fait très-intéres-
sant, en montrant quelle est la nature toute
particulière du climat de Brix, près Valogne,
et en indiquant les cultures que l’on pourrait
établir dans cette partie de la France, nous
fait espérer que bientôt, grâce à M. Herpin,
il sera possible de s’approvisionner en France
de graines de cette belle espèce, que l’on
pourra alors essayer sur divers points, où
peut-être, par suite des dimensions qu’elle
atteint (40 mètres et plus de hauteur), elle
pourrait servir non seulement à l’ornemen-
tation, mais même être employée pour l’ex-
ploitation de son bois qui, dit-on, possède
des propriétés toutes particulières. Peut-
être aussi pourrait-on obtenir des variétés
plus robustes, fait dont on connaît beaucoup
d’analogues.
Dans cette même lettre, M. Herpin de Fré-
mont parle d’un Picea Japonica provenant
du Muséum, de graines reçues du Japon, qui
a fait cette année une pousse de 1»^™ 60 de lon-
gueur. « Cet arbre, qui a aujourd’hui 4"™ 50,
<( a augmenté de 4 mètres en 4 pousses, »
nous écrit M. Herpin. Quel avenir, au point
de vue forestier, est réservé à cette espèce ?
— En parcourant récemment les cultures
du fleuriste de Paris à la Muette, nous avons
remarqué un fait assez rare qui, par cela
même, nous a paru digne d’être signalé :
c’est la fructification d’un Yucca quadri-
color variegata, plante qui, comme l’on
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 367.
406
LES CHRYSANTHÈMES PRÉCOCES REMONTANTS.
sait, est une variété du Y. alœ folia dont
elle a tous les caractères généraux ; ce qui
la distingue surtout, c’est une large bande
blanc Jaunâtre placée au milieu des feuilles,
qui est bordée d’une ligne verte. Ces fruits,
très-bien conformés, sont à peu près sem-
blables à ceux du Y. alœ folia ; ils sont très-
régulièrement subfusiformes , obtus aux
deux bouts, à angles fortement et largement
arrondis, et portent sur chaque facette, dans
toute la longueur, une large bande jaune
blanchâtre tout à fait analogue à celle qui
est sur les feuilles. Les graines provenant
de ces fruits produiront-elles, du moins en
partie, des Y. quadricolor9 Nous en avons
la presque certitude.
— Il est certains genres de plantes dont
toutes les espèces sont jolies et où la beauté
n’est guère qu’une question de plus ou de
moins . tel est le genre Magnolia, exempl e .
Il est une espèce qui tout particulièrement a
déjà à plusieurs reprises excité l’attention de
nos lecteurs. C’est le Magnolia Camphelli,
espèce qui dans l’Inde, sur le haut des mon-
tagnes de THimalaya, atteint des proportions
vraiment considérables et qui, au premier
printemps, se couvre de très -grandes fleurs
rouges du plus brillant éclat. Pendant long-
temps cette plante, à cause de son origine
indienne, était considérée comme ne pou-
vant résister au froid de nos hivers ; mais
aujourd’hui on a la preuve du contraire :
comme exemple nous pouvons citer un in-
dividu planté dans les pépinières de M. Ma-
koy et C‘®, à Liège (Belgique), qui, relati-
vement très-fort, supporte très-bien l’abais-
sement de la température hivernale de ce
pays, abaissement qui, déjà, est allé jusqu’à
22 degrés centigrades au-dessous de zéro, et
sans qu’il ait manifesté la moindre souf-
france. Ceux qui en possèdent quelques
exemplaires peuvent donc, sans aucune
crainte, les planter en pleine terre, où ils se
développeront beaucoup plus rapidement que
si on les laissait dans des pots.
Si nous sommes bien informé, le M. Camp-
helli présenterait au point de vue de sa mul-
tiplication une particularité bien rare, et
qui serait à peu près exceptionnelle. Ce
serait, lorsqu’on le greffe, de pouvoir vivre
sur le M. grandiflora, qui, dit-on, serait
même le seul sujet sur lequel il convient de
le greffer. Si ce fait est exact, nous aurions là
un exemple presque unique : une espèce à
feuilles caduques pouvant vivre sur une
espèce à feuilles persistantes. Nous le signa-
lons aux horticulteurs, en les engageant d’en
tenter l’essai.
— Parmi quelques espèces de graines
japonaises que nous a envoyées notre ami,
jVI. Jean Sisley, se trouvait un petit paquet
étiqueté Diospyros Kaki; celles qui ont
levé ont donné des individus identiques pour
le faciès avec l’espèce que nous avons décrite
et figurée dans la Revue horticole sous le
nom de D. costata (1), et que, antérieure-
ment à cette époque et dans ce même re-
cueil, nous avions considéré comme le
(( véritable D. Kaki (2). » Toutes ces plantes,
nous le répétons, sont complètement diffé-
rentes de l’espèce que l’on persiste à consi-
dérer comme le D. Kaki, que nous avons dé-
crit sous le nom de D. Roxhurghi (3), espèce
très -sensible au froid, qu’on ne rencon-
tre qu’exceptionnellement dans les parties
chaudes de la Chine, mais qui très-proba-
blement n’existe pas au Japon, contraire-
ment à l’assertion de certains botanistes. En
rapportant ce fait, nous constatons encore
une fois que la pratique, c’est-à-dire l’expé-
rience, a raison sur la théorie, ce qui se
comprend, celle-ci, lorsqu’elle est établie
dans le cabinet, comme cela a lieu presqu#^
toujours, n’étant qu’une science de mots,
tandis que la pratique, qui conduit à l’expé-
rience dont elle est le principal agent, est la
science des faits, c’est-à-dire la vérité.
E.-A. Carrière.
LES CHRYSANTHÈMES PRÉCOCES REMONTANTS
Le Pyrethrum indicum, ou Chrysan-
thème de rindo-Chine, introduit depuis un
siècle environ dans les cultures européennes,
était déjà à cette époque, selon les rapports
des voyageurs, aussi répandu dans les jardins
chinois et japonais, d’ou il fut importé, qu’il
l’est actuellement en Europe. Cette faveur,
aussi bien chez les’Jndiens que chez nous,
provient sans doute de la rusticité de cette
espèce, de sa multiplication facile et de sa
floraison, qui a lieu à une époque déjà
avancée de l’année, où généralement les
fleurs deviennent rares.
Malheureusement il arrive fréquemment
qu’à côté des qualités les plus précieuses
(1) Voir Revue horticole, 1871, p. 410.
(2) Ibid., 1869, p. 284.
(3) Ibid., 1872, p. 253.
OBSERVATIONS PRATIQUES SU
se trouvent parfois les défauts les plus
graves ; c’est ce qui a lieu pour les Chrysan-
thèmes de rindo-Chine. Sous le climat du
centre et de l’est de la France, leur floraison
tardive se trouve la plupart du temps inter-
rompue par les gelées de cette saison.
Frappé de cet inconvénient, l’horticulture
moderne a cherché à obtenir des variétés
à floraison plus précoce, afin d’en jouir plus
longtemps. Depuis une quinzaine d’années
et principalement dans ces derniers temps,
ses efforts ont été couronnés d’un plein
succès.
Au début, les efforts se sont d’abord portés
vers un seul point, la floraison précoce, sans
se préoccuper du coloris ni de la forme plus
ou moins parfaite de la fleur ; mais une fois
ce point essentiel obtenu, on a cherché le
perfectionnement des autres parties.
Les graines de cette plante mûrissant dif-
ficilement sous le climat de Paris, c’était
donc aux horticulteurs du Midi qu’incombait
naturellement le soin de l’amélioration de
cette plante ; aussi est-ce dans cette contrée,
et notamment à Avignon et à Toulouse, que
sont nées la plupart des variétés de cette
race de Chrysanthème si intéressante.
Dès le début on n’a guère obtenu que des
coloris peu marquants, une floraison ihal
soutenue et des fleurs mal faites. En 1860,
les catalogues ne mentionnaient encore
qu’une douzaine de variétés de cette race,
tandis qu’aujourd’hui ce nombre s’est con-
sidérablement accru. Les coloris varient
depuis le blanc pur jusqu’au rouge foncé en
passant par le jaune ; la floraison, qui com-
mence parfois dans la première quinzaine de
juillet, se prolonge sans discontinuer jus-
qu’aux gelées; les fleurs sont aussi bien
faites que celles des autres races, et les plan-
tes, aussi rustiques, se multiplient avec la
même facilité.
Un autre avantage très-grand qu’elles ont
de commun avec leurs sœurs aînées, c’est
de supporter la transplantation sans presque
en souffrir, aussi bien avant qu’au début et
pendant la floraison; par cette raison, ce sont
des plantes très-précieuses pour remplacer
SUR LA CULTURE
Lorsque nous avons préparé les tableaux
qui ont paru dans le dernier numéro de la
Revue, nous avions cru devoir les faire
(1) V. Revue horticole, 1873, p. 391.
LA CULTURE DES FRAISIERS. 407
celles, trop nombreuses, dont la floraison se
passe en juillet et août.
On peut avec ces Chrysanthèmes obtenir
des contrastes aussi agréables que ceux que
l’on obtient avec les Reines - Marguerite et
bien plus durables. C’est ainsi que se forment
de charmantes bordures tricolores, en em-
ployant les variétés suivantes :
Precoxetti, fleurs moyennes bien déta-
chées, d’un beau jaune brillant ; plante bien
touffue, à floraison abondante d’un bel effet ;
M'ïi® Alphonse Dufoy, fleurs moyennes
d’un blanc pur, ramassées en bouquet,
serrées au point de couvrir la plante com-
plètement ;
Frédéric Pelé, plante bien trapue, d’une
bonne tenue, littéralement couverte de fleurs
d’un rouge cramoisi.
D’autres variétés tout aussi méritantes
pourraient tenir avec avantage les places des
variétés que je viens de signaler.
Leur multiplication se fait, comme celle
des autres races, soit par la division des
pieds au printemps, soit par boutures pen-
dant la végétation, n’importe à quelle époque.
Par le premier procédé on obtient des
plantes vigoureuses et étoffées, tandis qu’en
bouturant les extrémités des tiges on obtient
des plantes naines, grêles et plus florifères,
quelquefois même florifères à l’excès la pre-
mière année.
C’est par le bouturage des extrémités que
l’on obtient des plantes très-naines ne dé-
passant quelquefois pas 40 centimètres de
hauteur, qui se couvrent de fleurs pendant les
derniers mois de la belle saison, et particu-
lièrement convenables pour la culture en pot.
Nous n’hésitons donc pas à recommander
ces charmantes plantes, soit aux fleuristes
pour la culture en pot : ils y trouveront un
auxiliaire puissant pour leur vente pendant
les derniers mois de l’année ; soit aux jar-
diniers bourgeois, pour leur culture en pé-
pinière, pour les remplacements depuis juil-
let jusqu’en octobre, époque oû beaucoup
de plantes à floraison printanière et estivale
passent. J. -B. Weber,
Jardinier-chef de la ville de Dijon.
S PRATIQUES
DES FRAISIERS(l)
précéder de l’article suivant ; mais la quan-
tité de matières ne permettant pas de l’in-
sérer tout entier, nous avons dû en ajourner
le complément, que nous publions aujour-
d’hui.
408
OBSERVATIONS PRATIQUES SUR LA CULTURE DES FRAISIERS.
Puisque nous nous trouvons entraîné à pu-
blier de nouveaux tableaux que nous faisons
suivre de quelques observations, nous profi-
tons de cette circonstance pour compléter les
deux articles que nous avons rappelés ci-
dessus. Déjà, dans ces articles (1), nous
indiquions succinctement les travaux prépa-
ratoires, la plantation, la culture en plein air
et en pleine terre, etc., qui conviennent aux
Fraisiers, ainsi que certains procédés pour
la préparation, la plantation et la culture
des Fraisiers sous châssis à froid ou sur
couches, etc. Aujourd’hui, après avoir rap-
pelé ces détails, nous allons faire connaître
la méthode à suivre pour forcer les Fraisiers
en première saison, c’est-à-dire à l’aide du
thermosiphon.
Commençons par indiquer les procédés à
employer pour préparer les plantes néces-
saires à cette culture. Pour cela, il nous faut
revenir un peu en arrière de la saison où
nous sommes ; les personnes qui à ce mo-
ment n’auraient pas de plantes propres à cet
usage ne pourront plus les préparer pour
commencer le forçage prochain ; mais elles
pourront facilement s’en procurer chez les
horticulteurs, qui en élè\ent ordinairement
pour cet usage. Ce que nous allons dire ne
pourra donc servir que pour la préparation
et l’élevage des plants pour l’année pro-
chaine.
11 y a plusieurs manières d’élever les
plants de Fraisiers qui doivent être em-
ployés au premier forçage ; mais dans tous
les cas, il est utile de repiquer ces plants de
bonne heure, c’est-à-dire au plus tard en
juin, afin qu’ils aient le temps d’acquérir
tout leur développement avant la fin de sep-
tembre, époque à laquelle ils devront être
empotés. Les trois principaux moyens qu’il
convient d’employer pour obtenir des plants
de Fraisiers en mai -juin sont les suivants :
Diviser les gros pieds de Fraisiers
qui ont déjà rapporté l’année ou les années
précédentes, à la condition qu’ils soient en-
core vigoureux et pas trop usés; on rajeunit
ces éclats en leur retirant les trop vieilles
racines et en leur laissant celles qui ne sont
pas trop noires, etc., mais surtout les nou-
velles de l’année qui commencent à paraître
ordinairement sur le côté de chaque éclat à
la partie extérieure de la touffe ; on enlève
ces parties inutiles en faisant, avec la ser-
pette, une coupe bien nette au-dessous du
point où se développent les jeunes racines ;
on retire aussi les vieilles feuilles, et l’on
(1) Voir Revue horticole^ 1872, p. 412, et 1873,
p. 86.
coupe même, parmi les vertes, celles qui
sont trop longues. Ces éclats ainsi préparés
sont repiqués à environ 15 centimètres les
uns des autres en tous sens, en mai -juin,
et sont souvent aussi bons et parfois même
meilleurs que ceux provenant de jeunes
filets [stolons).
2» Un autre moyen de se procurer de
très -bons plants pour les premiers forçages
est de prendre les jeunes filets qui sont
poussés les derniers l’année précédente,
c’est-à-dire vers la fin de l’été ou au com-
mencement de l’automne précédent.
On met ordinairement ces plants en jauge
avant l’hiver, par rangs espacés entre eux de
12 à 15 centimètres et placés près à près
les uns des autres sur la longueur des rangs,
mais pas trop serrés pourtant, de manière
qu’ils ne pourrissent pas l’hiver ; on choisit
pour cela un endroit assez bien abrité, et
dans ces conditions ils ont rarement besoin
d’être couverts ; si cependant le temps est
très-mauvais, par trop pluvieux ou nei-
geux, ou que de grandes gelées fassent
trop souffrir les plants, il est bon, alors, de
les garantir avec de la grande paille ou des
paillassons qu’on soutient à l’aide de barres
placées un peu plus haut que les Fraisiers,
de manière à isoler ceux-ci de la cou-
verture, ou ce qui vaut mieux encore à l’aide
de châssis qu’on soutient seulement de
chaque côté de la planche, à l’aide de deux ^
rangées de briques. Toutefois, on ne doit j
laisser ces couvertures que pendant les trop i
mauvais temps, car les deux premiers pro- !
cédés, en privant trop longtemps les Frai- i
siers d’air, les feraient blanchir et pousser ;
tout étiolés, et le troisième leur donnerait |
une avance qu’ils n’ont pas besoin et qui j
leur serait plutôt nuisible. Ces plants restent
ainsi jusque vers le 15 avril. Arrivé à cette
époque, on les repique à 15 centimè- ||
très, et même, si les plants sont forts, à j
20 centimètres les uns des autres en tous j
sens. ,|'
3^ Enfin, dans les années où le printemps -
et le commencement de l’été sont humides
et que les jeunes filets (stolons) poussent de ;
bonne heure, on les détache des pieds-mères ;
en juin, et même plus tôt s’ils sont formés; ;
et s’ils commencent à s’enraciner avant, ;
on les repique à 10 centimètres les uns des
autres (car ces plants sont petits) dans un î|
endroit un peu ombragé, parce qu’alors ces '|
jeunes filets sont tendres et peu enracinés, !
et comme à cette époque les chaleurs sont ’
fortes, il faut les bassiner souvent pour les »
empêcher de brûler et en favoriser la reprise, j
OBSERVATIONS PRATIQUES SUR LA CULTURE DES FRAISIERS.
400
Voilà à peu près les procédés qu’il con-
vient d’employer pour se procurer les plants
les plus convenables pour les cultures for-
cées des premières saisons.
Nous n’avons pas cru devoir indiquer ni
la manière de préparer le terrain, ni de for-
mer et de tracer les planches, non plus que
les engrais et les paillis qui conviennent
le mieux, ni la manière de repiquer les
plants, etc., tous ces détails ayant été donnés
dans les numéros des 4®r novembre 1872,
page 411, et l^r mars 1873, p. 86, de cette
Revue. Ces opérations terminées, les plants,
qui sont tenus propres et exempts de
toutes mauvaises herbes, resteront ainsi en
première pépinière jusqu’au 15 juillet en-
viron, selon que les pieds auront été re-
piqués plus tôt ou qu’ils étaient plus ou
moins forts ; ainsi il est évident que les
filets de l’année précédente et les éclats
de vieux pieds auront de l’avance sur les
jeunes filets de l’année. Arrivé au mois de
juillet, on prépare à nouveau des planches
de la même façon qu’on l’a fait pour le pre-
mier repiquage, en mêlant toujours à la terre
des engrais bien consommés, et en choisis-
sant, autant que possible, un endroit à demi-
ombragé, par exemple au nord de grands
rideaux d’arbres fruitiers, ou à la rigueur en
plein carré de jardin, mais pas au midi, car,
à cette époque, on est aux plus grandes cha-
leurs de l’année. Lorsque les planches sont
préparées, on ouvre avec un traçoir, ou avec
une binette à une pointe, des rangs à 30 cen-
timètres les uns des autres, et on va chercher
les plants qui ont été repiqués en première
pépinière ; on les lève en motte avec un dé-
plantoir ou une petite houlette, et on diminue
la motte en l’arrondissant à la main, de fa-
çon qu’elle soit de la grosseur du poing, en-
viron ; on les met côte à côte dans une
brouette, une boîte à porter les plantes ou
un crible, et on va les planter dans les rayons
qui ont été faits pour les recevoir, à 30 cen-
timètres les uns des autres sur la longueur
des rangs et en quinconce ; on enterre de
manière que le collet ou partie inférieure
du cœur se trouve à ras de la terre. Lors-
que le premier apport est planté, on va
chercher d’autres plants, et ainsi de suite
jusqu’à la fin. Lorsque l’opération est termi-
née, on met sur la terre, entre les Fraisiers,
un bon paillis ; on donne une forte mouil-
lure, et il n’y a plus ensuite qu’à les entre-
tenir à l’eau, en ayant soin de n’arroser que
le soir, quand le soleil n’est plus trop fort,
ou le matin de très-bonne heure, parce que
si les plantes étaient mouillées trop sou-
vent au moment de la chaleur , alors
qu’elles ne sont pas encore bien reprises, le
soleil pourrait en brûler les feuilles qui se-
raient trop tendres. On doit toujours tenir
les planches propres, exemptes de toutes
mauvaises herbes ; on peut les sarcler à la
main ou même donner des binages, car les
pieds des Fraisiers sont assez écartés pour
cela ; seulement il[faut avoir soin de ne pas
déranger le paillis. On gagne ainsi le 15 ou
même la fin de septembre, époque où il con-
vient d’empoter ces Fraisiers. Quelques se-
maines avant ce temps, on a dû composer le
mélange de terre qui doit servir à cet usage ;
il comprend : un tiers de bonne terre fran-
che, un tiers de terreau de fumier, un
quart de sable de ravine, de sable jaune or-
dinaire ou même de gravier fin que les can-
tonniers ramassent sur les routes macada-
misées, et enfin environ un demi-quart de
bonne gadoue bien consommée. On passe ce
mélange à la claie fine, on mêle à plusieurs
fois, en disposant le tout en tas dehors en
forme de cône ou de pain de sucre; on
laisse ce mélange jusqu’au moment de l’em-
potage, afin qu’il absorbe bien l’air et les
gaz, et que le tout se fonde bien ensemble.
Après le 15 septembre, on peut commen-
cer à empoter les plants qui sont arrivés
à presque parfaite grosseur, c’est-à-dire
ceux qui peuvent figurer avec avantage dans
des pots de 16 et 17 centimètres. On relève
ces Fraisiers en mottes, que l’on tient
un peu plus grosses que lors de la se-
conde plantation en pleine terre, c’est-à-
dire d’une grosseur telle qu’étant placées
dans les pots on puisse facilement passer
entre elles et les parois des pots le fou-
loir dont on se sert pour faire l’opération du
rempotage.
Nous n’entrerons pas dans de plus longs dé-
tails sur cet empotage, que, du reste, tous les
jardiniers savent faire, puisqu’il ressemble
à tous les autres ; il nous suffira seulement
de dire que les collets des Fraisiers doivent
être presque au niveau des bords des pots,
et qu’au moment de l’empotage la terre ne
doit être ni trop sèche, ni trop humide, afin
qu’elle descende bien jusqu’au fond des
pots entre les mottes et les parois de ceux-ci,,
de manière à ne laisser aucun vide ; si cette
terre était trop sèche, il serait difficile, après
l’empotage, de l’imbiber suffisamment jus-
qu’au fond des pots sans trop mouiller celle
de la surface. On ne doit pas oublier, non
plus, de mettre au fond de chaque pot un
tesson pour boucher le trou, et même une
bonne opération est d’en mettre plusieurs
410
LYCOPERDON GIGANTEUM.
que l’on recouvre ensuite de mousse ou de
feuilles un peu consommées ; de cette façon,
il y a au fond de chaque pot une sorte
de drainage qui convient bien aux racines des
Fraisiers. Aussitôt que l’empotage est ter-
miné, ou au fur et à mesure qu’il se fait, on
place les pots de niveau dans un endroit bien
découvert et aéré, et qu’on a dû préalable-
ment nettoyer et couvrir d’une légère
couche de sable ou de cendre ; dès qu’on
y a placé un certain nombre de ces pots,
à 5 ou 10 centimètres les uns des autres,
on les mouille avec un arrosoir à pomme,
et ainsi de suitejusqu’à la fin de l’empotage,
et on laisse ainsi les Fraisiers jusqu’à
l’époque du forçage, opération que nous
traiterons dans un prochain article.
Rorine,
Horticulteur a Sceaux (Seine).
LYCOPERDON GIGANTEUM
Dans sa récente chronique (Revue horti-
cole, 1873, p. 342, n» 18, 16 septembre),
M. Carrière, parlant d’un Lycoperdon gi-
ganteum, Batscb [Lyc. hovista, Pers.; Bo-
vista gigantea, Grev.), trouvé dans le dé-
partement de la Creuse et qui avait atteint
des dimensions considérables (1™ 30 de cir-
conférence), émettait des doutes sur son
innocuité et sa comestibilité.
C’est qu’en effet, à l’état adulte, les Lyco-
perdons sont vénéneux, lorsque leurs in-
nombrables spores se répandent dans l’air,
comme un nuage de poussière jaune ou
noirâtre. On les connaît sous l’appellation
populaire de vesse de loup, dont le nom
botanique latin n’est qu’une traduction.
Cette poussière, d’une extrême ténuité, a
été employée en médecine, en Angleterre
surtout, comme anesthésique, pendant des
opérations chirurgicales. Pour cela l’on
choisissait principalement le Lyc. proteus
dont on faisait brûler les spores, et c’est à
l’oxyde de carbone développé pendant la
combustion qu’on attribuait les propriétés
stupéfiantes. Aujourd’hui, le chloroforme a
remplacé ces moyens imparfaits, et l’on n’u-
tilise plus guère les Lycoperdons que comme
dessiccatifs et hémostatiques, c’est-à-dire
pour étancher le sang des plaies. Nous avons
cependant ouï dire en Angleterre que dans
certains comtés on employait encore cette
poussière ténue pour endormir les abeilles.
La poussière de tous les Lycoperdons,
dont l’un des plus communs de nos pays
granitiques, comme le Limousin et la Creuse,
est le Scleroderma vulgare , Fries, est
vénéneuse lorsqu’elle est prise à l’inté-
rieur, et peut alors déterminer des accidents
graves.
Mais avant que les spores soient pulvé-
rulentes et arrivées à l’état de maturité,
quand les cellules sont encore compactes,
non désagrégées et que \eperidium n’est pas
ouvert au sommet pour laisser passer les
spores, les Lycoperdons, et principalement
le Lycoperdon giganteum, sont comesti-
bles. Ils forment même un mets délicat, et
sont délicieux, mélangés à une omelette. Ils
sont d’une consistance charnue, blancs ou
grisâtres, pleins, et sans avoir un arôme
aussi développé que le Cèpe {Boletus edulis.
Bull.), ils présentent une saveur très-fine et
très-parfumée. De plus, ils sont d’une di-
gestion plus facile qu’aucun autre Champi-
gnon. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que
leurs propriétés alimentaires sont considé-
rables et qu’elles justifient absolument le
surnom que les Anglais lui ont donné : bif-
tecks végétaux [vegetahle heefsteacks] . En
Amérique, dans la Caroline surtout, où
croît abondamment le Lycoperdon géant,
on en fait une grande consommation, et
d’autres espèces du même genre sont ven-
dues journellement en Asie, àSecunderabad,
dans les^bazars et marchés aux comestibles.
Nous avons dit que c’était dans leur jeune
âge, avant le complet développement, qu’il
fallait manger les Lycoperdons. Cet état est
facile à reconnaître : c’est quand tout le tissu
intérieur est encore blanc et parfaitement
plein. Dès qu’il commence à s’amollir, il
faut rejeter la plante.
Les dimensions citées par M. Carrière
(1™ 30 de circonférence) ne sont pas sans
exemple pour cette espèce. Nous en avons
vu en Angleterre, à South Kensington, au
local de la Société d’horticulture, qui attei-
gnaient cette taille et qui étaient exposés
comme Champignons alimentaires, ce qui se
voit tous les ans d’ailleurs. Le 4 octobre
1872, étant du jury à l’exposition de la So-
ciété, nous eûmes à examiner une collection
complète de Champignons comestibles, où
se trouvaient plusieurs échantillons superbes
de cette espèce, semblables à de gigantes-
ques œufs d’autruche ou mieux de diornis.
En 1871, M. Bennet, jardinier bien connu
à Enville, récoltait dans un bois un Lyco-
/iff >ue /forh< yjI c .
SALYIA SCABIOSÆFOLIA. — EXPOSITION DU CERCLE HORTICOLE LYONNAIS.
411
perdon géant (les Anglais le nomment Fuzz
ou Puffhall) de 33 centimètres de diamètre.
Un domestique de lady Berners, à Key-
thorpe (Leicestershire), en envoya un à
Londres, en août de la même année, qui
pesait 3 kilog. 500 grammes, et mesurait
00 centimètres de hauteur sur 10 de cir-
conférence. Enfin, un échantillon trouvé à
Southall, sur du fumier pourri, au pied
d’un Orme, avait atteint le diamètre prodi-
gieux de 17 pouces anglais, soit 1"^ 27 de
circonférence, ce qui est à peu près égal à
la dimension citée dans la Revue horticole.
Il ne se passe guère d’année sans que l’on
relève des faits analogues, et ils surprennent
toujours, tellement il est rare de voir des
Champignons atteindre un volume pareil
dans nos régions.
Nous engageons donc nos lecteurs, s’ils
rencontrent des Lycoperdons, non seulement
le L. giganteum, mais le L. ^lurnheum, et
sans doute plusieurs autres, à ne pas croire
à la lettre les assertions des auteurs qui ont
conseillé de s’en défier même à l’état jeune.
Qu’ils essaient d’en mélanger, ne fût-ce que
par petites quantités, à leurs aliments, et
peu à peu ils augmenteront la dose, pour
arriver, nous n’en doutons nullement, à les
considérer comme un aliment tout à fait inof-
fensif et même salutaire.
Voici les caractères descriptifs qui aide-
ront à reconnaître le Lycoperdon gigan-
teum, à part ses dimensions énormes : en-
veloppe extérieure {peridium) obovale, lisse
et blanc dans le jeune âge, comme la surface
d’un œuf, devenant d’une couleur olivâtre
en vieillissant. Dans cet état, le peridium
est très-fragile dans la partie supérieure, et
se déchire en étoiles ouvertes, à écorce flo-
conneuse, peu distincte, laissant passer les
spores, qui sont brun olivâtre.
Ed. André.
SALYIA SCABIOSÆFOLIA
Cette espèce qui, bien que vieille, pour-
rait passer comme nouvelle, tant elle est peu
connue, appartient à la tribu Eusphace ;
c’est une plante vivace, sous-frutescente,
pouvant atteindre 50 à 60 centimètres de
hauteur, à tiges nombreuses étalées. Feuilles
caulinaires pennatiséquées, pétiolées, à pin-
nules distinctes, la terminale beaucoup plus
grande ; les florales sont entières, sessiles,
lancéolées, naviculaires-acuminées, aiguës.
Fleurs en mai-juin, disposées en petits
groupes spiciformes axillaires, d’un rose
très-tendre violacé. Calice à deux divi-
tions presque égales, légèrement bi ou tri-
fides, aiguës. Corolle profondément bila-
biée, à lèvre supérieure presque fermée en
capuchon, couverte de poils laineux, à lèvre
inférieure beaucoup plus longue, très-large-
ment étalée, à deux lobes arrondis présentant
i vers leur base deux autres divisions ou petits
I lobes très-courts, d’un rose violacé, marqué
vers son milieu de deux grandes taches
Iplus foncées et comme marbrées.
La plante que nous venons de décrire est-
elle celle dont a parlé Lamarck, ou bien en
est-elle une forme ou une variété? Nous
penchons pour cette dernière hypothèse, en
nous appuyant sur ce fait que tous les au-
teurs qui en ont parlé l’ont indiquée comme
étant à fleurs blanches. Mais quoi qu’il en
soit, elle est d’un grand mérite ornemental,
et à ce point de vue nous n’hésitons pas à
la recommander. Plantée isolément, elle
forme des buissons énormes qui, en juin,
disparaissent complètement sous la masse
des fleurs. Mélangée avec l’espèce commune
Salvia officinalis, qui est à fleurs blanches,
ou avec les Salvia grandiflora et co7ifusa,
qui n’en sont que des formes, on pourra,
avec le S. scabiosœ folia, constituer des
massifs qui, isolés dans les grands jardins,
produiront un effet splendide à l’époque de
la floraison. Ajoutons que, au point de vue
économique, le S. scahiosœfolia jouit de
propriétés analogues à celles qu’on trouve
chez le S. officinalis et ses variétés.
Le S. scahiosœfolia, Lam. ; pinifolia,
Pall. ; scahiosæ,VeYs>. ; Tawica, Habliz.;
vulnera^Hæ folia, Willd., bien qu’origi-
naire de la Tauride, est très-rustique et ne
souffre nullement des froids de l’hiver.
C’est une espèce robuste qui s’accommode de
presque tous les sols, qu’importe la nature
et l’exposition. On la multiplie par la divi-
sion des touffes, que l’on pratique au prin-
temps, lorsque la plante recommence sa vé-
gétation.
E.-A. Carrière.
EXPOSITION DU CERCLE HORTICOLE LYONNAIS
Cette exposition a eu lieu les 18, 19, 20 1 d’Or, à Lyon, dans deux serres etdansl’es-
et 21 septembre 1873, au parc de la Tête- I pace compris entre le jardin d’hiver et la
412
EXPOSITION DU CERCLE HORTICOLE LYONNAIS.
serre aux Cactées, que l’administration avait
gracieusement mis à la disposition du Cercle
horticole.
Ces deux serres, dont l’une sert à abriter
les Pélargoniums et l’autre les Azalées, ont
chacune 50 mètres de longueur sur 7 mètres
de largeur, et chacune de ces serres contient
200 mètres de tablettes propres à recevoir
les plantes.
L’espace entre le jardin d’hiver et la serre
aux Cactées est d’environ 50 mètres de lon-
gueur sur 15 mètres de largeur, soit 750
mètres carrés. Cet espace avait été trans-
formé en parterre, au milieu duquel s’élevait
un petit château d’eau construit en mâche-
fer recouvert de ciment et orné de plantes
aquatiques.
Les deux serres étaient complètement
garnies ; la première contenait plus particu-
lièrement les fruits et l’exposition collective
des membres du Congrès international des
rosiéristes, section du Rhône, qui comptait
450 bouteilles, garnies chacune de 3 à 6
rameaux fleuris. Les exposants étaient
MM. Alex. Bernaix, Rucher, Duchet, Guil-
lot fils, Claude Jacquier, F. Lacharme,
Levet, Philippe Rambaux et Joseph Schwartz.
Cette exposition collective des membres
de la section lyonnaise du Congrès interna-
tional des rosiéristes a été fort admirée et
est d’un bon exemple. Celui qui a eu le
premier cette idée est un noble cœur. Je ne
dois pas, par respect pour sa modestie, dire
son nom, mais il se retrouvera plus tard
sous ma plume. Au surplus, lorsque, dans
une réunion du Congrès des rosiéristes, il
émit cette idée, il ne trouva pas un seul
contradicteur.
L’argument fraternel et décisif du propo-
sant a été que, si l’on faisait à cette expo-
sition un concours sérieux entre les mem-
bres du Congrès, bon nombre d’entre eux
ne pourraient exposer, ne pouvant lutter
avec les « gros bonnets » de la rosiculture
pour la quantité des variétés et des fleurs,
et qu’il était de bonne confraternité de les
engager à exposer, pour concourir ensemble
au nom du Congrès, contre d’autres lots de
plantes. Le Congrès, en adoptant cette pro-
position de l’un de ses membres qui avait
le plus de chances de remporter le premier
prix, s’est réservé d’établir l’an prochain
des concours spéciaux pour les Roses, dans
des conditions telles, que les plus petits
rosiéristes pourront y participer.
Si je me suis étendu sur cette partie de
l’exposition, c’est qu’elle ouvre une voie
nouvelle à l’horticulture.
Dans cette serre, l’on remarquaitjes Gra-
minées envoyées par MM. Charles Huber
et C'o, d’Hyères (Var), et plus particulière-
ment les suivantes : Agrostis nehulosa^
charmante plante annuelle, d’une légèreté •
remarquable et d’une élégance particulière,
fait de délicieuses bordures ; Panicum ca- |
2nllare, annuelle, d’une végétation rapide,
inflorescences grandes et larges, empour-
prées, très-propre à former des bordures ; i
Peyinisetum longistylum, vivace, formant ■
dès l’année du semis de fortes touffes, de '
50 à 60 centimètres, étalées, d’où s’élèvent
de juin à octobre des épis plumeux, cylin-
driques, denses, d’un blanc pur; Permise-
tum setosum, vivace, mais plus convenable
pour la culture annuelle ; ses épis sont longs,
de couleur rubis ; employés frais dans les
bouquets, ils produisent beaucoup d’effet
et font ressortir les autres fleurs ; Uniola '
latifolia, vivace, à épis articulés, d’un joli j
vert, élégant, se séchant et se conservant j ''
très-bien; et plusieurs autres, mais que la i/
place ne me permet pas d’énumérer. Nous I
devons savoir gré à nos collègues du Var
de nous faire apprécier des plantes trop !|
peu cultivées dans notre région.
Parmi les fruits exposés dans cette serre,
il y a à signaler tout particulièrement la |
superbe collection de Raisins de M. Victor
Pulliat, le zélé viticulteur. Cette collection
contenait 160 variétés, tant de table que de
cuve ; les plus remarquables parmi les va-
l'iétés de table étaient : Fondant roux, Gé- ^
néral de la Marmora, les Chasselas de
Négrepont, de Florence, Yihert et Rose de
Falloux, Musca caminada, Saint-Laurent |
et Clairette rose, Milhaud du Pradel, San i
Antoni, Ligneau blanc, Schiradzouli, et
parmi ceux de cuve : Oporto, Petit Bouchet, j
Plant Dureff. Tous ces Raisins étaient d’une j
belle venue et faisaient l’admiration des
nombreux visiteurs. j
A la suite, 150 variétés de table et de i
cuve, exposées par M. F. Gaillard de Bri-
gnais, parmi lesquelles on remarquait en
Raisins de table les Chasselas de Florence, j
de Falloux, de Saint-Fiacre, Fondant
roux, de Négrepont, et les muscats déjà
signalés dans la collection Pulliat. Parmi ;
ceux pour chve, le Gamay teinturier, |
Blauer portugières, Momennoir et Serine. |
M. Fougère de Saint-Priest, près Lyon, j
avait envoyé quelques Raisins et des Poires j
de semis, qui ont été admis à l’étude. j
M. Routin, pépiniériste, une belle collée- |
tion de Poires en 120 variétés, 65 variétés ,
de Pommes et 30 variétés de Raisins.
EXPOSITION DU CERCLE HORTICOLE LYONNAIS.
413
M. Gorret, 80 variétés de Poires de belle
grosseur et une très-belle corbeille de Pê-
ches Nivette.
M. F. Bergeret, un lot de Poires et un de
Pommes assez belles.
M. Blanchet, de Vienne (Isère), 150 va-
riétés de Poires et 40 de Pommes, fruits gé-
néralement beaux.
M. Alégatière a exposé une Pêche de semis
très-grosse, assez colorée, d’excellente qua-
lité, issue de la Pêche de Syrie (dite aussi
Michal).
Les légumes ont manqué à l’appel ; ce-
pendant l’on remarquait 2 variétés de Pom-
mes de terre apportées parM. F. Gaillard,
dont une nouvelle, Reine Manche^ très-re-
commandable, farineuse, de moyenne saison.
L’autre, Blanchard^ est une excellente va-
riété hâtive, mais moins bonne à l’arrière-
saison.
Puis un petit lot de légumes divers de
M. Jullien, et quelques Melons et Pastèques
de M. Léonard Lille.
Un lot de Fraises de M. Claude Jacquier
tentait surtout les dames par leur sédui-
sante apparence. C’est une quatre saisons,
qu’il a appelée Marquise de Mortemart.
Les fruits sont gros et savoureux, et la
plante très-productive ; elle sera prochai-
nement mise au commerce.
Dans la même serre, M. N. Accarie, jar-
dinier chez M. Fickler, avait exposé un joli
lot de Dianthus Sinensis de semis, très-
variés.
M. Valla, jardinier chez M. Chanay, avait
exposé ses beaux Daturas à fleurs doubles et
de très-belles Reines-Marguerite.
M. Léonard Lille, quelques Phlox decus-
sata, des Pétunia à fleurs simples et dou-
bles, des Zinnia doubles très-beaux et
quelques Graminéesornementales. M. Joseph
Schvartz avait aussi un beau lot de Phlox
decussata de semis, parmi lesquels quel-
ques coloris nouveaux.
Deux lots de Dahlias, l’un de M. Benoît
Comte, composé surtout de variétés naines ;
l’autre très-beau , très-remarq uable, mais sans
nom ; l’exposant s’obstinant à les cacher, je
laisse son nom à deviner.
A propos des Dahlias, il y a, selon moi,
dans ces expositions une immense lacune :
des fleurs sans feuillage, mises isolément
dans des fioles sur le bord desquelles elles
s’appuient, ne peuvent donner aucune idée
du mérite des plantes. L’on ne sait ni le
port, ni la taille de la plante, si les fleurs
sont pendantes ou si elles sont supportées
par un fort pédoncule, si elles s’élèvent au-
dessus du feuillage ou sont cachées par lui.
On dirait que les exposants de Dahlias, en
se cachant ainsi, n’ont d’autre but que de
tromper le public.
Je ne dis pas que ce soit; mais les visi-
teurs ont le droit de faire ces suppositions ;
moi je sais qu’il n’en est rien, car la per-
sonne dont je parle et dont je ne dis pas le
nom, parce qu’il cache celui de ses fleurs,
est un des horticulteurs les plus intelligents,
les plus honnêtes que je connaisse dans la
région lyonnaise, mais il a la faiblesse de
croire qu’il agit dans l’intérêt de son com-
merce.
Je voudrais que les commissions d’orga-
nisation des expositions sortissent un peu
de l’ornière et se missent à étudier les
moyens de mieux faire que par le passé.
Celle de celte exposition devait suivre le
programme voté en assemblée générale, qui
porte, article 17 : (( Ne seront admis au con-
cours que les plantes ou lots dont chaque
sujet sera numéroté et étiqueté avec soin. »
Elle n’en a pas tenu compte ; c’est un fâ-
cheux précédent.
Ne pourrait-on pas pour les Dahlias exiger
que l’exposant qui veut concourir pour un
prix apportât un rameau suffisamment grand
pour que l’on pût juger du port de la plante,
et qu’à côté du nom figurât la hauteur de la
plante ?
Dans ce cas, les visiteurs apprendraient
quelque chose, car beaucoup d’entre eux
ne vont pas seulement aux expositions pour
se promener et voir ce qu’ils peuvent voir
dans nos parcs et dans nos squarres, mais
pour y faire des études comparatives, que
les Sociétés horticoles doivent avoir pour
but d’encourager.
Je crois avoir tout dit sur cette première
serre. Passons à la seconde, qui certaine-
ment était la partie la plus intéressante de
cette exposition. Elle était presque exclusi-
vement consacrée aux plantes de serre et
principalement à celles de serre chaude.
Tout d’abord il faut dire que M. Liabaud
y brillait dans tout son éclat. Mais, ce que je
ne prévoyais pas à l’exposition du palais des
Arts, il vient de trouver un rival, M. Benoît
Comte, et un rival digne de lui. M. Liabaud
n’en est ni ému, ni découragé ; il a ramassé
assez de lauriers, et je suis sûr qu’il voit
avec plaisir grandir à côté de lui son jeune
concurrent, car, comme je l’ai déjà écrit,
M. Liabaud en cela se distingue de plusieurs
de ses confrères; encore plus artiste que
marchand, il aime ses plantes.
Le lot de M. Liabaud se distinguait comme
414
EXPOSITION DU CERCLE HORTICOLE LYONNAIS
toujours par la beauté de ses spécimens, et
c’est à cela qu’il a dû de remporter les premiers
prix dans les concours; l’on remarquait sur-
tout son Pandanus Veitchii, puis les Dra-
cœna stricta, Guilfoylei et Reginœ; ce
dernier a les panachures très-marquées ; le
Dracœna gloriosa que nous voyions pour
la première fois à Lyon ; Todea superha,
Maranta Makoyana ; un beau lot de Ma-
rantas variés ; un de Fougères, parmi les-
quelles se distinguaient des Gymnogramma
et des Cyhotium ; et parmi les plantes de
récente introduction, Curmeria picturata,
Curcuma ruhricaulis ; les Kentia Balmo-
reana et Forstereana, et un grand nombre
de belles plantes connues, trop longues à
énumérer.
M. Benoît Comte, son heureux rival, bril-
lait moins par la taille de ses plantes que par
leur nouveauté et leur variété, parmi les-
quelles j^ai à signaler Impatiens Jerdoniœ,
Clerodendron Kœmpferi en fleurs, Vers-
chaffeltii melanochœtes , etc.; un lot de
Palmiers très-variés, un de Fougères, un de
Caladium et un de plantes diverses à feuil-
lages coloriés.
M. Farfouillon, amateur, avait un très-
joli lot de plantes de serre, entre autres
Croton Hookerii, Anthurium cristalli-
num, Dracœna sulcata, Cyrtodeira Cha-
talensis, Croton Weismani et Phylotœ-
nium Lindeni, ce dernier de récente in-
troduction; un lot de Bégonias divers et bon
nombre de belles plantes à feuillage, très-
variées, toutes remarquables par leur ex-
cellente culture, qui fait honneur à son jar-
dinier.
M. François Gaulain, chef de culture au
parc, nous a montré plusieurs plantes nou-
velles, produit de ses soins, Campylohotrys
Guieshrechtii, à panachures singulières,
teinté de rouge, rose, bleu et vert ; c’est un
accident fixé, le type étant unicolore ; Alo-
casia Gaulaini, qu’il a reçu de Singapore;
il se distingue des A. Lowvi et Feitc/tii par
un liseré blanc de chaque côté de la ner-
vure ; le pédoncule est plus allongé et d’un
vert clair.
Quatre Pandanus de serre tempérée, en-
core rares : les P. bromeliœfolius , humiliSy
à feuilles très-fines, purpurascens et spe-
cies de Madagascar.
Plus des semis de Bégonias bulbeux,
dont un à fleurs doubles.
M. Grozy avait un très-joli lot de Bégo-
nias bulbeux; M. J. M. Rochet une col-
lection nombreuse de Bégonias à feuil-
lage;
M. Forterotaune nombreuse collection de
Cactées ;
M. Dauphin un remarquable lot de plan-
tes à feuillage, spécialement propres aux
garnitures d’appartement ;
MM. Joly père et fils une collection de
Bégonias admirablement cultivés et six sus-
pensions de leur invention, ornées déplantés
diverses, ainsi que des poteries ornementales
également de leur composition, en mâchefer
cimenté et coloriées de diverses façons, et
une jardinière rustique, le tout garni de
plantes diverses.
Les suspensions attiraient surtout les
regards, car ce genre d’ornementation des
serres et des appartements est trop négligé
parmi nous.
M. Belisse, un lot de plantes ornementa-
les pour garnitures d’appartement ; les
plantes étaient trop nombreuses pour en dire
les noms, mais très-bien cultivées.
Le jardinier de M. Linossier, dont je re-
grette d’avoir oublié le nom, a montré son -
talent de culture par un très -joli lot de Bé- ;
gonias, ainsi que M. N. Accarie, jardinier '
chez M. Fittler, par un lot de plantes de
serre chaude très- variées.
J’ai pu oublier quelques lots ; mais je
puis dire que cette serre était splendide et
contenait certainement pour une somme
considérable de belles plantes, que l’on
n’avait pas vu depuis longtemps réu-
nies.
Passons au parterre, où nous trouverons
des plantes moins rares et moins dispen-
dieuses, mais non moins intéressantes et cer-
tainement davantage pour le plus grand
nombre. Ce qui frappait d’abord les regards,
c’est le magnifique lot de Conifères de
M. Claude Jacquier, qui était adossé contre
la serre aux Cactées et la masquait complè-
tement, ce qui ajoutait aux charmes du
parterre. Dans ce lot j’ai à signaler :
Cedrus deodora argeniea; un fort exem-
plaire de Cupressus Lawsoniana pyrami- f
dalis compacta et viridis, en forts exem- '
plaires; les Abies polita, fort exemplaire;
Abies Alkockiana et Paitoniana ; Juni~
perus hybernica, pyramide très-serrée;
Thuyopsis borealis nana compacta ;
Thuya semper aurescens ; Araucaria im~
bricata, très-bel exemplaire. |
De plus, ces arbustes étaient très-artiste- \
ment disposés par le contraste des feuillages H
de teintes diverses.
M. J. Métrai avait aussi un beau lot de '
Conifères, quoique moins nombreux, et un ï
beau lot d’arbustes à feuilles persistantes
i
CAMELLIA KILLWINGTONIANA.
qui intéressent tout particulièrement les
amateurs de jardins paysagers.
M. Otin avait aussi quelques Conifères ;
M. Simon jeune un beau lot d’arbustes à
feuilles persistantes ; M. Deberle un lot de
Conifères et arbustes à feuilles persistantes.
Tous ces lots bordaient le parterre, ainsi
que les quelques Cannas de M. Crozy, mais
quin’ avaient rien de remarquable, ainsi qu’un
lot deYuccas etd’ A.ucubas de M. C. Jacquier.
Au centre, autour du petit château d’eau,
étaient les fleurs, à la vérité peu nombreu-
ses, parmi lesquelles se distinguaient deux
lots de Pélargoniums zonales de M. Léon de
Saint-Jean, un de simples et un de doubles.
Parmi les simples l’on admirait un de ses
semis qu’il a dédié à M. le président du
Cercle horticole, Ernest Faivre, et qui’ fera
sensation l’année prochaine, quand M. Alé-
gatière le mettra en vente.
Un troisième lot de Pélargonium zonale
appartenait à M. Alégatière, principalement
composé des variétés doubles Asa Gray et
Charles Darwin.
Un magnifique lot ôiHïbiscus rosa si-
nensis grandi florus couvertes de fleurs,
bordé à'Irésine Linde^ii, faisait très -bon
effet ; il appartenait à MM. Joly père et fils.
415
MM. Lassonnerie et Pellet avaient chacun
un lot d’Œillets ;
M. Dauphin, des Reines-Marguerite ;
Deux lots de Fuchsias sans noms, et un
lot de Camélias également sans noms.
Pour la fin, signalons à l’attention des ar-
boriculteurs et des amateurs en général le
Bouleau pyramidal, trouvé par M. J. Mé-
trai, horticulteur à Lyon.
Cet arbre remarquable est très-fastigié.
Il a été trouvé dans une forêt de Sapins
et de Hêtres du haut Jura ; le pied mère
avait 8 mètres de haut, et sa pousse annuelle
est d’environ 1™ 50. Les feuilles sont plus
grandes que celles du Bouleau ordinaire.
Cet arbre pourra avantageusement rempla-
cer les Peupliers pour les avenues, car il
est plus accommodant sur la nature du ter-
rain et craint moins la sécheresse.
Jean Sisley.
Nous avons reçu, mais un peu trop tard
pour le publier dans ce numéro, un rap-
port sur les arts et industries horticoles re-
latifs à cette exposition ; nous le publierons
dans le prochain numéro de la Revue
(15 novembre).
CAMELLIA KILLWINGTOiXIANA
Cette variété, l’une des plus jolies, sinon
la plus jolie du genre, est très-rare dans les
cultures, où elle est même à peine connue,
malgré qu’elle ne soit pas nouvelle. En effet,
elle a été mise au commerce il y a bien
longtemps déjà par M. Cachet père, horti-
culteur à Angers, qui l’avait reçue d’Amé-
rique. Pourquoi cette plante, d’un sijgrand
mérite ornemental, est- elle encore si rare?
Probablement parce qu’elle n’est pas con-
nue ; aussi croyons-nous faire une bonne
chose, servir l’horticulture, en lui consacrant
quelques lignes.
La fleur du C. Kilhumgtoniana a dans son
ensemble quelque chose d’un peu analogue
à celle du C. Donkelari, mais est infini-
ment plus grande, puisqu’elle atteint jusque
15 centimètres, parfois plus de diamètre.
C’est assurément ce que l’on peut voir de
plus beau en ce genre ; les pétales larges,
arrondis, peu serrés, présentent dans leur
réunion un arrangement qui plaît à tous,
une sorte de laisser-aller qui n’a rien de
guindé, que seule la vraie beauté présente.
La couleur, d’abord d’un rouge excessive-
ment vif et chatoyant, s’atténue à mesure
que la floraison s’avance; chaque fleur pré-
sente dans l’une de ses parties des pétales
plus ou moins largement marqués du blanc
le plus pur, ce qui fait un frappant contraste
et relève encore la beauté de cette fleur.
Le seul reproche que, peut-être, l’on
pourrait faire au C. Killwingtoniana, c’est
d’avoir les branches un peu divariquées, de
ne pas prendre « une belle forme. » Ce
reproche est fondé si on cultive les
plantes en pot; encore est-il facile de re-
médier à ce léger inconvénient en attachant
les rameaux, en ce dressant les plantes. »
La véritable place de cette variété est la
pleine terre. Dans ces conditions, les fleurs
sont encore plus larges, les plantes sont
splendides, et, nous le répétons, dépassent
en beauté tout ce que l’on peut imaginer en
ce genre. Cette culture lui convient d’autant
mieux que la plante est vigoureuse et
floribonde.
Nous avons admiré récemment le C.
Killwingtoniana chez MM. Thibaut et Ke-
teleer, à Sceaux, où, placé dans une magni-
fique collection de choix, il se faisait parti-
culièrement remarquer de tous les visiteurs.
C’est une plante que devra posséder tout
amateur de Camellias. F. -A. Carrière.
416
SELENIPEDIUM ROEZLII.
SELENIPEDIUM ROEZLII
Cette espèce (fig. 36, 37) qui est nouvelle,
encore très-rare et par conséquent chère,
est, dit-on, originaire du Glioco (Nouvelle-
Grenade), d’où elle a été envoyée en Europe
par M. Roezl; elle appartient au groupe des
Cypripedium , dont les feuilles gladiées
rapellent les Iridées dont, au reste, elle a
un peu l’aspect. Disons de suite qu’elle est
Fig. 30. — Seleiîipedium Roezlii (au 1/7 de grandeur naturelle)
très-voisine du Selenipedium longifolium
dont, à vrai dire, elle ne diffère guère que
par des caractères extrêmement légers. En
voici la description :
Souche vivace émettant des bourgeons
munis de feuilles engainantes, ensiformes-
gladiées, consistantes, longues de 60 à 80 cen-
timètres sur 2-4 centimètres de largeur;
hampe de 50 centimètres et
plus de hauteur, portant dans
sa longueur deux, parfois trois
bractées stériles appliquées.
Les fleurs, qui naissent à
l’extrémité de la hampe, sont
longuement pédonculées ,
presque toujours solitaires
vers l’aisselle d’une bractée
non colorée ; les deux divi-
sions externes sont striées
rose sur un fond blanc ver-
dâtre ; la supérieure est un
peu plus longue et acuminée
en pointe ; l’inférieure, un
peu plus large et plus arron-
die, s’applique sur le labelle
qu’elle cache en partie ; les
deux divisions internes, qui
divergent dès le point de dé-
part, sont étroites (environ
2 millimètres), longues de
10-12 centimètres, contour-
nées en spirales, striées rose
violacé; le labelle, vulgaire-
ment sabot, est vert roux,
pointillé fauve.
Le Selenipedium Roezlii
qui, cette année 1873, a
fleuri dans les serres du Mu-
séum en août-septembre, en
même temps que le S. longi-
folium, est, nous le répétons,
très-voisin de celui-ci ; sa cul-
ture est absolument la même :
serre chaude, terre de bruyère
grossièrement
concassée, a
Fig. 37. — Selenipedium Roezlii (fleur détachée aux 2/3 de
grandeur naturelle).
laquelle on peut ajouter un
peu de sphagnum haché.
Quant à sa multiplication, on
la fait par la division des
souches, ainsi qu’on le fait
pour les Cypripedium de
serre qui, tous, réclament à
peu près les mêmes soins.
Si nous en jugeons par
CANISTRUM AURANTIACUM.
417
les plantes que nous avons sous les yeux,
le S. Roezlii, au lieu d’être plus vigoureux
que le S. long r folium y ainsi qu’on l’a pré-
tendu, le serait moins. La difTérence la plus
manifeste, c’est que sa hampe florale et
les pédoncules des fleurs sont à peu près
verts dans le S. Roezlii, tandis qu’ils sont
d’un roux brun chez le S. longifolium
dont, en général aussi, la fleur est un peu
moins rosée. E.-A. Carrière.
GAWSÏRUM AURANTIACUM
Plante de dimension moyenne, mesurant
75 centimètres d’envergure sur 40 dehauteur,
y compris l’inflorescence.
Acaule. Feuilles disposées en rosace, ar-
quées, très-larges surtout à la base engai-
nante qui est ample, entière, plus ou moins
violacée, puis un peu plus étroite et profon-
dément canaliculée dans la région pétiolaire ,
qui est assez fortement dentée ; plus haut,
elles s’élargissent et s’aplatissent dans le
limbe qui est largement rubaniforme, assez
brusquement atténué et acuminé au sommet
un peu réfléchi. Ces feuilles sont très-fine-
ment dentées sur les bords, à dents droites,
espacées de 1-2 millimètres, petites, brunâ-
tres ; les deux faces sont lisses, parfois un
peu marbrées de vert foncé et de brun rou-
geâtre. Les feuilles moyennes, qui sont les
plus étendues, atteignent une longueur de
40 à 50 centimètres et une largeur de 6 à 7
centimètres. Les feuilles centrales diminuent
rapidement de longueur au voisinage de
l’inflorescence.
Hampe centrale dressée au-dessus du
feuillage à une hauteur de 35 centimètres
environ au-dessus du collet de la plante,
cylindrique, d’une épaisseur de 6-7 milli-
mètres, mais paraissant en avoir 10 à 12 et
! même se renfler à la partie supérieure par
i suite du boursouflement des bractées su-
i périeures ; ces bractées sont nombreuses,
s’imbriquant l’une l’autre, amplexicaules,
embrassantes, lancéolées-aiguës, à bords
I entiers, à sommet acuminé brunâtre, le reste
I vert pâle et luisant ; toutes, mais surtout les
j terminales, un peu bouffies-gibbeuses dans
I la région dorsale supérieure.
L’inflorescence est un épi contracté en
capitule ; celui-ci a la forme d’un bouquet
plat composé de fleurs nombreuses serrées
les unes contre les autres (de 30 à 100). Il
est enveloppé et dépassé par un involucre de
spathes appliquées les unes contre les autres,
largement ovales, s’atténuant rapidement en
une pointe acuminée, courte, atteignant la
I même hauteur que les fleurs épanouies,
lisses sur les bords, passant successivement
(1) Extrait de la Belgique horticole^ 1873, p. 259.
du verdâtre au rouge assez foncé et un peu
brunâtre.
Bractée de chaque fleur pyramidale-lan-
céolée, aiguë, pliée, appliquée, à bords en-
tiers et membraneux, dépassant l’ovaire et
atteignant environ la moitié delà hauteur du
calice de la fleur épanouie, lisse, incolore à
la base, jouant du rouge à l’orange à la
pointe, qui est visible.
Fleurs sessiles, dressées, tubuleuses dans
leur ensemble, d’une longueur de4à 5 cen-
timètres sur un diamètre moyen de 5 milli-
mètres.
Calice épigyne à 3 sépales immédiatement
libres, dressés, convolutés, avec recouvre-
ment à gauche, carénés, acuminés, longs de
15 millimètres et atteignant les deux tiers
de la longueur des pétales ; à limbe forte-
ment inéquilatère, le côté libre ou gauche
étant simplement lancéolé-aigu, tandis que
le côté recouvert ou droit est développé en
fer de hache; partout lisse, luisant et d’un
beau jaune orangé.
Corolle épigyne à 3 pétales immédia-
tement libres, linéaires-oblongs, dressés, à
onglet long, renfermé entre les sépales,
muni à la base de 2 écailles faiblement den-
tées et de sillons et de crêtes le long des
étamines ; limbe un peu élargi, ovale, dressé,
ne s’étalant jamais, dépassant le calice de
4-5 millimètres ; jaune orangé au moment
de l’anthèse, brunissant et noircissant ensuite
à la défloraison.
Etamines 6, les unes alternatipétalées et
libres, les autres oppositipétalées, soudées
avec l’onglet sur la plus grande partie de
son étendue; filaments aplatis, clavés, c’est-
à-dire s’élargissant de la base au sommet;
anthères dorsifixes dressées, n’atteignant
pas tout à fait le sommet des pétales.
Style filiforme, assez épais et parfois un
peu flexueux, portant un peu au delà des
anthères et du sommet de la corolle un stig-
mate capité, en pyramide hélicoïdale, orangé.
Ovaire infère, triangulaire par compres-
sion, allongé, lisse, luisant.
Ovules nombreux insérés à la partie su-
périeure de chaque loge, pendants, allongés,
, brièvement appendiculés.
418
LES CATALOGUES.
Le Canistrum aurantiacum est de cul-
ture facile en serre chaude^ dans le compost
ordinaire des Broméliacées. La forme re-
marquable de son bouquet floral peut le
faire rechercher. Son principal mérite est la
durée de sa floraison, qui se prolonge pen-
dant plus de trois mois. Un pied qui a com-
mencé à fleurir à la fin de juin est encore en
pleine floraison pendant le mois de septembre.
En. Morren.
LES CATALOGUES
Parlons d’abord du catalogue n° 151, de
M. Wan Houtte, horticulteur à Gand, qui est
affecté aux plantes vivaces de pleine terre,
telles que: Œillets, Chrysanthèmes, Glaïeuls,
Lis, Pivoines herbacées, Phlox, Potentilles,
Primevères, Pyrèthres, Saxifrages, Sedum,
Sempervivum, etc.
M. Morel, pépiniériste et dessinateur de
jardins, rue du Souvenir, 33, àVaise-Lyon.
Extrait de catalogue propre aux espèces ou
variétés les plus nouvelles ou les plus rares
des arbres fruitiers, arbres d’agrément
variés. Magnolia grandiflora, arbustes à
feuilles caduques, arbres à feuilles persis-
tantes, plantes grimpantes et rampantes.
Pivoines en arbre, etc.
Napoléon Baumann et fils, horticulteurs -
pépiniéristes à Bolwiller (Alsace). Arbres
fruitiers, forestiers, d’ornement, plantes de
serre variées. Azalées, Gamellias et Coni-
fères, plantes vivaces. Rosiers, etc., etc.
Parmi les nouveautés d’arbres fruitiers, ci-
tons les Abricots Gloire de Pourtales, Sou-
venir de la Rohertsau, la Pêche Tante
Mélanie, et enfin la Prune Mas, toutes ob-
tenues dans l’établissement de M. Baumann.
F. Brassac, horticulteur au Grand-Rond,
à Toulouse. Arbres et Arbustes fruitiers et
d’ornement ; collections diverses de plantes
d’ornement, de serre et de pleine terre ;
arbrisseaux et arbustes à feuilles caduques
et à feuilles persistantes ; Orangers, Myrthes,
Conifères, spécialité de Rosiers. Citons
comme nouveautés ayant été obtenues dans
l’établissement les variétés suivantes : Ro-
siers hybrides remontants. Exposition de
Toulouse, Louis Brassac, Triomphe de
Toulouse, Canna VOr de Toidouse, fraisier
Belle Paide, etc., etc.
M. Renault, pépiniériste à Bulgnéville
(Vosges). Arbres et arbustes forestiers et
d’ornement, spécialité de Conifères.
M. V. Lemoine, horticulteur à Nancy
(Meurthe-et-Moselle). Collections nombreu-
ses et variées de plantes de serre chaude,
serre tempérée, serre froide, pleineterre, etc.,
de Clématites ; arbustes nouveaux. Fougères
de serre et de pleine terre, Phlox, Delphi-
nium, Pentstemons, Primevères, etc., etc.
Indépendamment de collection de fonds,
M. Lemoine, qui chaque année fait de
nombreux semis, livre maintenant au com-
merce les nouveautés suivantes :
Serre tempérée : Theleianthera ver-
sicolor grandis; cinq Bégonias obtenus par
la fécondation artificielle du B. Veitchi,
Sedeni et Pearcei ; cinq variétés de Pélar-
goniums zonalesà fleurs simples. — Pleine
Terre : quatre variétés de Pentstemon ;
six de Phlox decussata ; plus deux Wei-
gelia, le W. Hortensis gratissima et le
W. hybrida incarnata.
M. Villevielle jeune et fils, horticulteurs
à Manosque (Basses-Alpes). Catalogue d’ar-
bres fruitiers et forestiers, arbrisseaux et
arbustes d’ornement à feuilles caduques et
à feuilles persistantes, plantes grimpantes.
Conifères, Rosiers ; collection de plantes
vivaces d’ornement, de serre et de pleine
terre : Pélargoniums, Lantanas, Dahlias,
Verveines, Fuchsias, etc., etc.
M. J. -R. Rendatler, horticulteur à Nancy.
Supplément au catalogue général ; collec-
tions nombreuses de plantes de serre et de
pleine terre propres à l’ornement : Coleus,
Phlox, Fuchsias de diverses sections; Del-
phiniurns, Fougère de pleine terre, Pélar-
goniums, Pentstemons, Pyrèthres, Pen-
sées , etc. ; Oignons à fleurs variées de
Jacinthes, Lillium, P ancratium. Amaryl-
lis, etc. Plus un assortiment de plantes de
serre chaude, serre tempérée, etc.
Un catalogue de M. Ferdinand Lombard,
horticulteur au Ruisseau, par Mustapha,
près Alger, informe le public qu’il possède
de grandes quantités de diverses espèces de
Palmiers, ainsi que d’autres espèces de
plantes d’ornement cultivées en pots, pou-
vant par conséquent être livrées à toute épo-
que de l’année.
M. Narcisse Gaujard, horticulteur-pépi-
niériste à Ledeberg-lez-Gand. Extrait du
catalogue général : collections nombreuses
et variées d’arbres fruitiers, forestiers et
d’agrément, soit de serre, soit de pleine
terre. Parmi les raretés qui se trouvent dans
cet établissement, nous citons entre autres
le Castanea crysophylla , espèce très-
LES CATALOGUES.
419
curieuse qu’on se procurerait diflicilement
ailleurs.
Une circulaire de MM. Baltet frères, hor-
ticulteurs, faubourg Croncels, àTroyes, in-
forme le public qu’ils livrent au commerce,
pour la première fois en automne, les nou-
veautés suivantes : Poiriers, deux variétés:
Docteur Jules Guyot, dont les fruits mû-
rissent vers la rni-août, et Duchesse d'An-
goulème bronzée, variété du type et qui,
comme lui, mûrit ses fî'uits à partir d’octobre
jusqu’en décembre; Rosiers : Hortense Mi-
gnard, hybride remontant à fleurs « rouge
cerise vif, à revers satiné très-frais ; » Lilas
de Croncels ; enfin trois variétés de Pélar-
gonium zonale. Inutile de rappeler que
l’on trouve dans cet établissement à peu près
tous les articles de pépinières : arbres, ar-
brisseaux et arbustes fruitiers, forestiers et
d’ornement.
M. Bertrand - Guinoiseau , horticulteur,
chemin de Saint-Barthélemy, 14, à Angers.
Camellias, Rhododendrons, Conifères, Ma-
gnolias, arbres fruitiers et arbres d’orne-
ment à feuilles caduques et à feuilles per-
sistantes, plantes de serre et d’orangerie.
Dahlias, plantes vivaces de pleine terre, etc.
M. Thiébaut aîné, successeur de M. Otto,
marchand grainier- fleuriste, 30, place de
la Madeleine, Paris. Catalogue d’oignons à
fleurs. Glaïeuls, Jacinthes, Amaryllis, etc..
Dahlias, graines de fleurs variées, plantes
vivaces, arbustes d’ornement, arbres frui-
tiers, Rosiers, Fraisiers, etc.
M. Eugène Verdier, horticulteur, rue Du-
nois, 72, Paris, publie une liste spéciale de
Glaïeuls et d’autres plantes bulbeuses ou
tubéreuses, qu’il est en mesure de fournir à
partir du mois de novembre, ainsi qu’une
liste de toutes les variétés nouvelles de Ro-
siers qu’il a annoncées jusqu’à ce jour, et
qu’il livrera également à partir du no-
vembre 1873. Ces deux listes sont d’autant
I plus précieuses qu’elles contiennent les des-
j criptions des plantes, de sorte qu’elles peu-
I vent guider l’amateur dans le choix qu’il
' désire faire. Rappelons qu’on trouve dans
; cet établissement VIris iberica, dont nous
• I avons donné une description et une figure
!’ dans ce recueil. {Rev. hort. 1873, p. 370.)
M. Arsène Saunier, pépiniériste, rue
1 Marc-aux-Trous, 1 bis, à Rouen, informe
le public qu’il livrera au commerce, à partir
! ï de novembre 1873, les deux variétés sui-
^ ! vantes de Poiriers obtenues dans son éta-
i I blissement : Louise-Bonne Sannier, issue
) de la Louise-Bonne. Cette variété mûrit ses
- j fruits en janvier-février ; Bon chrétien An-
i
toine Lormier. Cette variété qui provient du
Beurré d'Amanlis, porte des fruits gros et
très-gros, qui mûrissent en janvier-février.
M. A. Sannier prévient également qu’il
mettra au commerce, à partir de l’au-
tomne 1874, onze variétés de Poiriers de
premierj mérite. Nous reviendrons sur ces
variétés dont nous donnerons même les des-
criptions un peu plus tard, c’est-à-dire vers
l’époque ou M. A. Sannier sera prêt à les
livrer au commerce.
M. Démouilles, horticulteur-pépiniériste,
près le pont des Demoiselles, à Toulouse, dont
l’établissement est connu tant par son éten-
due que par l’importance et le nombre des
collections qu’il comprend, vient de publier
un catalogue descriptif des végétaux que con-
tient cet établissement. Au lieu d’énumérer
ces collections, nousnous bornons à dire qu’on
trouve là à peu près tout ce que l’on peut
désirer pour la plantation et l’ornementation
des jardins fruitiers ou paysagers, ainsi que
ceux qui conviennent soit aux plantations
des routes ou avenues, soit aux plantations
forestières. Disons néanmoins qu’à l’exposi-
tion universelle de Vienne, le 18 septembre
dernier, lors du quatrième concours, M. Dé-
mouilles a obtenu la grande médaille du
progrès pour ses admirables collections de
fruits variés, parmi lesquelles on distinguait
ses magnifiques Raisins comprenant 180
variétés.
MM. Rovelli frères, horticulteurs à Pal-
lanza (Lac-Majeur), viennent de publier un
catalogue Mes plantes et graines qu’ils sont
à même de livrer. Cet établissement, le plus
considérable de l’Italie, comprend des col-
lections aussi nombreuses que variées, non
seulement de plantes, mais de graines, parmi
lesquelles se trouvent celles d’espèces rares
qu’on ne rencontre ordinairement pas dans
le commerce, ce qui s’explique parle climat
tout exceptionnel sous lequel se trouve placé
cet établissement. Ainsi on trouve là des
graines des espèces suivantes : Arbutus fa-
rinosa , Citrus triplera , Dalecham2na
Roezli rosea, Fitz-Roya Patagonica, For-
tunea sinensis, Hakœa flexüis, Laurus
camphora, Lomatia longifolia, Metrosi-
deros, Myrthes, Rhododendrons de l’Hyma-
laya. Thés, Torreya nucifera fécondé par
le Torreya grandis, etc., etc.
Terminons cette liste parle catalogue gé-
néral pour 1873 de M. André Leroy, à Angers,
qui vient de paraître et sur lequel nous ne
croyons pas nécessaire d’insister. En effet,
cet établissement, l’un des principaux de
l’Europe, connu aussi à peu près du monde
i
420 PLANTES NOUVELLES, RARES Cl
entier, renferme soit en arbres, arbrisseaux
et arbustes fruitiers, forestiers et d’orne-
ment, à peu près tout ce que l’on peut dé-
sirer. Indépendamment de l’énumération
des plantes, des observations, des descrip-
tions même sur les espèces principales, en
PAS ASSEZ CONNUES.
f.ii'Mitt ressortir les qualités des plantes, ap-
pi Hi ont même aux plus ignorants dans l’art
d(.o- j irdins l’usage qu’ils peuvent en faire,
et L s avantages qu’ils peuvent en retirer.
E.-A. Carrière.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES
Medinilla eritopliylla, Lindl. — Si cette
espèce n’est pas la plus jolie du genre par
ses fleurs, qui ne manquent cependant pas
d’élégance, c’est au moins l’une des plus
rustiques, qui a l’avantage d’être ligneuse,
et de constituer un buisson qui peut at-
teindre 2 mètres et même plus de hauteur.
Ses rameaux cylindriques, à écorce rou-
geâtre, portent des feuilles opposées, décus-
sées, très-longuement et régulièrement
elliptiques, épaisses, charnues, unies, vertes
en dessus, glauques en dessous, régulière-
ment parcourues dans toute leur longueur
par trois nervures, la médiane rougeâtre, ar-
rondie et excessivement saillante. Les fleurs
très-nombreuses, d’un beau rose violacé,
sont disposées en courts racèmes ramifiés,
axillaires sur le vieux bois, là où étaient les
feuilles ; toutes les inflorescences sont colo-
rées comme les fleurs.
Cette espèce, très-floribonde, fleurit à
partir de juillet jusqu’à septembre, quel-
quefois en octobre. Ses fleurs très-nom-
breuses, disposées le long du vieux bois,
rappellent un peu, par ce caractère, la flo-
raison de l’arbre de Judée {Cercis siliquas-
trum). On la cultive en serre tempérée, et
on la multiplie de boutures. Une bonne
terre franche, mêlée d’un peu de terre de
bruyère ou même de terreau de feuilles, lui
convient parfaitement.
Mevenderd hulbocodiwn. — Cette char-
mante Colchicacée, qui est très-peu connue,
devrait au contraire l’être non seulement de
tous ceux qui s’occupent d’horticulture, mais
de presque tout le monde. En effet, elle
vient dans tous les sols et sans que l’on s’en
occupe, pour ainsi dire ; elle fleurit abon-
damment chaque année en août-septembre;
ses fleurs, à divisions excessivement lon-
gues et étroites, sont d’un beau violet rosé,
blanches à la partie inférieure qui se pro-
longe en une sorte d’onglet jusqu’au bulbe,
dans le centre duquel elles prennent nais-
sance. A la partie inférieure de chaque di-
vision florale, là où elle est rétrécie en une
sorte de pétiole, est placé un filet court,
terminé par une très-longue anthère jaune.
L’Oignon est sphérique solide.
Au point de vue de l’ornement, la Mé-
rendère bulbocode est une plante char-
mante, avec laquelle on peut faire des bor-
dures ou garnir des talus dans les parties
arides, là où il serait difficile d’avoir d’au-
tres fleurs. Placée çà et là dans les gazons,
elle égaie celui-ci en en faisant ressortir la
verdure qui, à son tour, réagit sur les fleurs
de Merendera, dont elle augmente encore
la beauté. Nous la recommandons d’une
manière toute particulière. Sa culture est
des plus faciles : il suffit de planter les Oi-
gnons, qui, très-rustiques, supportent sans
souffrir les plus grands froids.
Sagittaria japonica flore pleno. —
Plante vigoureuse et très-rustique, tra-
çante. Feuilles portées sur un long pétiole
canaliculé, très-longuement sagittées, à
segments inférieurs étroits ou même linéai-
res, atteignant jusque 15 centimètres de
longueur, sensiblement nervées. Hampe
florale atteignant jusque 50 centimètres au-
dessus de l’eau, irrégulièrement anguleuse,
canaliculée dans tout son contour. Fleurs
très-pleines, d’un blanc pur, rappelant un
peu celles d’un Cerisier à fleurs doubles,
solitaires à l’extrémité d’un fort pédoncule,
disposées en verticilles très -distants. Ga-
lyce à 4 divisions largement ovales, sca-
rieuses, transparentes ; pétales très-nom-
breux, serrés-imbriqués, formant par leur
réunion une sorte de rosace de 3 centi-
mètres de diamètre.
Le Sagittaria japonica a sur notre es-
pèce commune {S. sagittœ folia), indépen-
damment de la plus grande beauté qui ré-
sulte de la plénitude de ses fleurs, l’avantage
de rester plus longtemps en végétation, et
par conséquent de mieux garnir les endroits
où on le plante ; sa rusticité est à toute
épreuve. Quant à sa multiplication, il n’y a
pas à s’en occuper : il suffit d’abandonner la
plante à elle-même. Lebas.
Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine de novembre)
Exposition internationale de la Société royale toscane d’horticulture, à Florence, annoncée pour le mois
de mai 1874 ; dispositions générales du programme. — Rectification : récompense obtenue à Vienne
par MM. Rovelli, du Lac Majeur. — Orage du 24 octobre. — Les Palmiers de la Nouvelle-Calédonie :
notice de M. Brongniart, lue <à l’Académie des Sciences. — La liercjamotle PoilcOfU. — Le journal Le
Sud-Est : note de la rédaction du Sud-Est. — Le phylloxéra dans les Cbarentes : inconvénients du
sulfure de carbone ; le phylloxéra ailé. — La Fraise Brown’ s Wonder : communication de M. Ferdinand
Gloede; Exposition internationale agricole et horticole à Brémcn. — Dimorphisme remarqué sur rJFt'o-
mjmus Europœa rohusta. — Le Mescmbrianthemuni hrachyphyllum au Cap de Bonne-Espérance et
au Portugal. — Le Radis Garwoski ; communication de M. P. Wolkenstein. — Le Bamhusa arundi-
nacca et le Bamhusa Kananya. — Détails sur le Bégonia Sedeni : communication de M. Jean Sisley.
— Le Witadenia triloba. — Récompense obtenue à Vienne par MM. Charles et Ernest Baltet.
Du 11 au 25 mai 1874, la Société
royale toscane d’horticulture fera à Florence
une exposition internationale d’horticulture.
D’après le programme que nous avons sous
les yeux, qui nous paraît des mieux compris
et des plus complets, cette exposition, au
sujet de laquelle nous reviendrons du reste,
promet d’être des plus intéressantes. Afin
de renseigner nos lecteurs, nous allons ex-
traire du programme les dispositions géné-
rales :
DISPOSITIONS GÉNÉRALES.
1. L’exposition restera ouverte du 11 au 25
mai 1874.
2. Les demandes d’admission devront être
transmises au Comité avant le 31 janvier 1874.
Elles devront comprendre :
a. L’indication des concours auxquels l’expo-
sant veut prendre part ;
h. La liste des plantes ou autres objets qu’il
veut présenter à chaque concours ;
c. L’indication approximative de l’espace né-
cessaire.
3. Les plantes et autres objets admis aux con-
cours devront être rendus à leurs places du 2 au
10 mai, sauf disposition spéciale du Comité.
4. Tous les frais de transport jusqu’à Florence
sont à la charge des exposants : le Comité s’en-
gage toutefois à solliciter des compagnies des
chemins de fer et des bateaux à vapeur les plus
fortes réductions possibles sur les tarifs, et il
s’empressera de porter à la connaissance des ex-
posants le résultat de ses démarches.
5. Le Comité se charge de la réception en
gare de Florence, du placement et de la réexpé-
dition éventuelle des plantes ou objets envoyés
par les exposants qui n’auraient pas un repré-
sentant spécial à Florence. Le Comité décline à
l’avance toute responsabilité pour le dépérisse-
ment des plantes ou objets susdits.
6. Chaque plante ou objet exposé devra porter
son nom lisiblement écrit. Les plantes ou objets
mis en vente devront porter aussi l’indication de
leur prix respectif.
7. Chaque plante ou objet exposé ne pourra
être admis qu’à un seul concours.
16 NOVEMBRE 1873.
8. Le Comité se réserve de prenlre toutes les
dispositions réglementaires qu’il jugera néces-
saires, et qu’il s’empressera de porter à la con-
naissance des exposants.
PRIX.
La Société royale toscane d'horticulture a des-
tiné pour les différents concours :
100 médailles d’or, 221 médailles d’argent et
131 médailles de bronze.
Le jury aura en outre à sa disposition un
nombre convenable de médailles d’or, d’argent
et de bronze, destinées aux plantes ou autres
objets méritants, qui ne seraient pas compris
dans le programme.
Des prix spéciaux de culture seront affectés
aux jardiniers et cultivateurs les plus méritants.
CAnq grands prix d’honneur, consistant en mé-
dailles d’or grand module et donnés respective-
ment par S. M. le roi d’Italie, le ministère de
l’agriculture et du commerce, l’association des
dames patronesses, la province de Florence, la
ville de Florence, seront décernés aux exposants
qui, par la beauté et l’importance de leurs ap-
ports, auront le plus contribué à la réussite de
l’exposition, et obtenu de nouveaux titres à être
considérés comme bien méritants de l’horticul-
ture.
S. E. le prince Paul Demidoff a généreuse-
ment mis à la disposition du Comité deux grandes
médailles d’or de la valeur de 50ü francs cha-
cune, en les affectant aux premiérs prix des con-
cours no 114 et no 116.
M. le professeur Parlatore, président de la
Société royale toscane d’horticulture, a bien
voulu prendre à sa charge la médaille d’or
1er prix du concours no 41.
Le Comité s’empressera de porter à la con-
naissance des exposants les autres prix qui pour-
raient encore être offerts, et leur destination,
s’il y a lieu.
Comme complémentajoutons que 248 con-
cours, compris dans 102 articles qui résu-
ment à peu près tout ce que comporte le
jardinage et les arts et industries qui s’y
rattachent, sont ouverts, et, de plus, qu’à
l’occasion de cette exposition, et pour que
22
422
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE NOVEMBRE).
cette lutte ou plutôt cette fête scientifique
soit complète, il se tiendra un congrès in-
ternational de botanique sur lequel nous
reviendrons dans le prochain numéro, en
reproduisant le programme et la liste des
principaux sujets qui devront faire l’objet
des discussions.
— Dans un précédent numéro de la Re-
vue (1873, p. 362), en parlant des récom-
penses accordées à l’exposition de Vienne
et au sujet de MM. Rovelli frères, qui ont
obtenu une récompense de premier ordre
pour leurs Conifères et leurs Camellias, il
s’est glissé une erreur typographique qui a
dénaturé le nom qui, alors, est écrit Bovelli.
Bien qu’il soit facile de reconnaître qu’il
s’agit des célèbres horticulteurs Rovelli, de
Pallanza (Lac-Majeur, Balie), nous croyons
néanmoins devoir faire cette rectification.
— Bien que la saison où nous sommes
n’ait rien d’anormal, il s’est cependant passé
un fait qui n’est pas commun et que nous
croyons devoir signaler. C’est, après deux
jours d’une pluie torrentielle, pourrait- on
dire (les 23 et 24 octobre dernier), la pré-
sence d’un orage qui à Paris a éclaté avec
tonnerre et éclairs le 24, vers quatre heures du
soir, et qui non seulement a donné beaucoup
d’eau, mais une grande quantité de grêle qui
heureusement n’a pas fait de mal. Mais il
en a été autrement dans quelques autres
parties de la France, notamment à Saint-
Usage, près Saint-Jean-de-l’Osne (Côte-d’Or).
Là le tonnerre est tombé sur une grange ap-
partenant à M. Chesnot, et a brûlé environ
6,000 gerbes de blé.
— Les amateurs et les horticulteurs qui
se livrent particulièrement à la culture des
Palmiers apprendront avec plaisir que
M. Brongniart, professeur de botanique au
Muséum d’histoire naturelle, a lu récem-
ment à l’Académie des sciences une notice
très- intéressante sur les Palmiers de la
Nouvelle-Calédonie. Ce travail ayant été
publié dans les Comptes-rendus (1873,
t. LXXVII), nous le reproduirons prochai-
nement.
Au sujet de ces Palmiers, nous croyons,
dès aujourd’hui, devoir appeler l’attention
sur ce fait assez curieux que, parmi toutes
ces espèces — qui sont relativement nom-
breuses, — il n’en est aucune qui ait les
feuilles palmées-flabellées, c’est-à-dire en
éventail ; toutes, au contraire, sont à feuilles
plus ou moins longuement pennées. Les
genres Chamœrops, Rhapis, Sahal, Thri-
nax, etc., n’ont donc pas de représentants à
la Nouvelle-Calédonie.
— Une variété de Poiriers presque com-
plètement oubliée aujourd’hui, et qui pour-
tant mérite d’être conservée et propagée,
pour ses qualités, 2» pour le nom qu’elle
porte, est la Rergamotte Poiteau. Sous le
premier rapport, on ne pourrait guère lui
adresser d’autre reproche que d’être un peu
petite, défaut qu’elle rachète largement par
les qualités du fruit et la fertilité de l’arbre,
qui vient très-bien en plein vent, où il pro-
duit beaucoup et d’excellents fruits. Sous le
rapport du nom, il n’en est guère de plus cher
à la science végétale. En effet, Poiteau a
servi à la fois la botanique et l’horticulture ;
c’était un de ces hommes qui ne dut qu’à
son travail l’immortalité qui restera attachée
à son nom, et à qui la moindre faveur fut
complètement étrangère. B mourut pauvre,
cela va sans dire. Nous possédons encore
dans les pépinières du Muséum deux pieds
de ce Poirier provenant de greffons que nous
avions pris sur le pied mère dans la partie
du jardin de l’Ecole-de-Médecine qui était
accordée à la Société royale d’horticulture,
qui en avait fait un jardin d’expériences
qui longeait l’ancienne rue d’Enfer. Les
personnes qui désireraient en recevoir des
greffons pourront en faire la demande à
M. le directeur du Muséum ou à M. le pro-
fesseur de culture du même établissement.
L’arbre charge beaucoup, même en plein
vent, et son fruit qui tient très-bien à l’arbre
mûrit de la fin de septembre à la mi-no-
vembre.
— Nos lecteurs apprendront sans doute
avec plaisir que, malgré la mort de son édi-
deur, M. Prudhomme (1), le Sud-Est con-
tinuera à paraître comme par le passé, ce ,
que nous fait connaître le n® 10 (octobre) ,
que nous venons de recevoir, où , sur la
première page dans un panégyrique consa-
cré à la mémoire de cet homme qui a si
bien servi la cause horticole et agricole, '
nous lisons ce qui suit, écrit par la rédac-
tion :
« Le Sud-Est reste et restera sur la brèche. .
Le même désir de bien faire continuera à lui
servir de mobile, et peut-être rendra-t-on bien-
tôt au Sud-Est, à sa rédaction et à ses multiples
collaborateurs, Tunanime justice que, tout en
continuant les traditions de M. Prudhomme, —
dont le soufffe ne cessera de l’inspirer, — notre
(1) V. Revue horticole, 1873, p. 384.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE DE NOVEMBRE).
publication sera plus que jamais un puissant,
un efficace moyen de progrès.
— Malgré et en dépit de tous les nom-
breux remèdes proposés pour tuer ^ ou pour
atténuer la marche du phylloxéra, non seu-
lement l’extension du terrible insecte n’est
pas arrêtée, mais il gagne du terrain et se
montre sur certains points où, jusqu’à ce
jour, sa présence n’avait pas encore été
constatée. Ainsi dans les Charentes, princi-
palement dans la partie connue sous le nom
de « Grande Champagne, » à cause du sol,
qui est crayeux, il a déjà fait un mal très-
appréciable ; il en est de même dans quel-
ques autres localités, et aujourd’hui, assure-
t-on, ce ne sont pas seulement quelques
hectares, mais bien des dizaines d’hectares
qui sont totalement détruits dans la partie
de la commune de Cognac, située sur la
rive gauche de la Charente.
Tandis que la position s’aggrave, que le
mal s’étend, on est forcé de reconnaître
qu’il en est autrement des moyens de le
combattre; au contraire, on constate tous les
jours l’inefficacité de ceux qu’on avait indi-
qués; c’est ainsi que le sulfure de carbone,
sur lequel on avait d’abord fondé de grandes
espérances, doit, paraît-il, être abandonné,
car, indépendamment qu’il est dispendieux,
d’un emploi difficile et qu’il n’est pas sans
danger pour ceux qui opèrent, il paraît lui-
même très-funeste à la Vigne. C’est un re-
mède comme malheureusement on en con-
naît beaucoup, qui fait disparaître le mal....
et le malade.
D’une autre part, d’après une découverte
que vient de faire M. Cornu, le phylloxéra
ailé, que jusqu’à ce jour on avait considéré
comme très-rare, sans être absolument
abondant, serait pourtant beaucoup plus
commun qu’on l’avait cru, fait qui explique
l’extension si rapide que prend parfois le
mal.
I — Dans une lettre qu’il vientjde nous
1 adresser, notre confrère, M. Ferd. Gloède,
nous informe que la Fraise Brown' s Won-
der, dont nous avons parlé dans[notre avant-
dernière chronique, est d’un mérite se-
condaire, et qu’elle est dépassée depuis
très-longtemps. Un tel renseignement,
donné par un tel maître, est trop précieux
pour que nous [ne nous empressions de le
faire connaître à nos lecteurs qui, comme
Inous, en sauront gré àM. Gloède.
Dans cette même lettre, notre confrère
nous annonce qu’une grande exposition in-
m
ternationale agricole et horticole aura lieu
en juin 1874 dans la ville de Brémen, et
qu’à ce sujet il s’offre de nous tenir au
courant de tout ce que cette exposition aura
de remarquable, ce que nous acceptons et
dont nous le remercions à l’avance.
— Lorsqu’on réfléchit combien la ques-
tion des formes est importante, mais aussi
combien elle est complexe, on comprend
combien aussi il est nécessaire de noter tout
ce qui peut contribuer à l’éclairer. En effet,
et quoi qu’on en dise, cette autre question,
celle de Vespèce, qui, comme autrefois la fa-
tale pomme, jette la désunion dans le camp
scientifique, est entièrement liée à celle des
formes, ce qui se comprend, puisque c’est le
côté principal, à peu près le seul par où 1er.
êtres nous sont accessibles. C’est là ce qui
explique l’importance que nous y attachons,
et l’empressement que nous mettons à si-
gnaler les formes nouvelles, surtout quand
elles se manifestent d’une manière inaccou-
tumée. Tel est le fait de dimorphisme dont
nous allons parler.
Sur un fort pied d'Evonymus Europæa
rohusta se développent çà et là des bourgeons
vigoureux qui ne diffèrent des autres que
par les feuilles, qui, au lieu d’être vertes,
sont jaunâtres, flammées vert, et par la cou-
leur des rameaux dont l’écorce est égale-
ment jaune pâle entremêlé d’étroites lignes
vertes. Depuis plus de quinze ans que nous
cultivons cette plante, nous avons toujours
vu ces faits se montrer ; mais cette année il
est apparu une autre « anomalie, » ce qu’on
appelle vulgairement « accident. » Une
branche extrêmement vigoureuse s’est mo-
difiée, et au lieu d’être verte, l’écorce de
sa partie supérieure s’est revêtue d’une cou-
leur purpurine, en même temps que ses
feuilles prenaient elles-mêmes cette couleur.
Si l’on réfléchit qu’il y a des plantes qui
ont été élevées au rang d'espèces par suite
de leur couleur, on comprendra une fois de
plus d’où viennent celles-ci. Ajoutons que
déjà, dans le 'genre Fusain, nous avons une
espèce qui est caractérisée par la couleur
de ses feuilles qui, presque toute l’année,
est d’un rouge foncé, qui à l’automne passe
au rouge intense, presque noir.
— On sait depuis longtemps qu’il existe
une grande uniformité de température et
de climat entre le sud du Portugal et le Cap
de Bonne-Espérance. Ce fait, démontré ou
du moins indiqué par la nature des plantes
qui croissent dans ces deux pays si éloignés,
424 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE DE NOVEMBRE).
vient d’êire de nouveau confirmé par une
espèce de Ficoïde : le Mesemhriantîiemum
Irachyphyllum, Wellw., qui croît à la fois
dans ces deux pays. C’est un fait que nous
apprend un des derniers numéros du Gar-
dener's Chronicle.
— Au sujet du Radis Garwoski, dont
nous avons parlé dans ce journal (1), nous
avons reçu de Saint-Pétersbourg une lettre
très-intéressante contenant quelques détails
dont nos lecteurs, nous l’espérons, pourront
tirer parli, ce qui nous engage à la publier.
Saint-Pétersbourg, le 29 septembre 1873.
Monsieur,
De retour à Saint-Pétersbourg, j’ai parcouru
avec intérêt votre article du n° 12 de la Revue j
sur le Radis Ganvoslà. D’après la description des
caractères, je ne doute pas qu’il s’agit d’une
variété de Radis des plus estimées et des plus ré-
pandues parmi nous, Radis d’hiver ou d’automne,
Graivoro»skaïa Riédka (Riédka veut dire Radis),
Comme il est question de la meilleure méthode
de sa culture, je prends la liberté de vous faire
connaître celle qui est employée avec succès
parmi nous. On sème le Radis du commence-
ment à la tin du mois de mai, sur place et à la
volée, dans une terre meuble, mais substantielle,
pas frav hemevt fumée; autrement les feuilles se
développeraient aux dépens des racines, et
celles-ci deviendraient plus sujettes aux attaques
des insectes. Pour éviter les racines creuses et
les avoir avec des proportions respectables, on a
soin d’arroser les plantes et d’entasser autour
d’elles ia terre, ce qu’on pratique deux ou trois
fois pendant la végétation.
La plante réussit mieux dans les années bu*
mides que dans la saison sèche.
Le palais russe exige que le Radis soit fortj
c’est-à-dire d’un goût un peu mordant. On le
mange ordinairement râpé, avecdusel, del’huile
et quelquefois aussi avec un peu de vinaigre, ce
qui le rend plus délicat et plus doux.
C’est un légume indispensable pour l’économie;
aussi voit-on le Radis cultivé par nos paysans
plus que toute autre plante à racine potagère.
Veuillez agréer, etc. Pierre Wolkenstein.
— Sous ces dénominations générales
cc grand Bambou de V Hymalaya, grand
Bambou de Vlnde^ » désigne-t-on une seule
et unique espèce correspondant, ainsi que
quelques-uns l’affirment , au Bambusa
arundinacea ou au B. Thouarsii ? D’une
autre part, ces deux dernières plantes sont-
elles synonymes, ou bien constituent-elles
deux espèces, dont l’une croissant sur les
hautes montagnes serait par conséquent rus-
tique, tandis que l’autre venant dans les
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 227.
parties chaudes des vallées exigerait la serre
chaude sous notre climat? C’est là, croyons-
nous, une question qui, jusqu’aujourd’hui,
ne peut être résolue, et au sujet de laquelle
on ne peut émettre que des hypothèses.
C’est afin de tâcher de jeter quelque lu-
mière sur ce sujet que nous allons faire
connaître quelques détails sur deux sortes de
Bambous dont le Muséum a reçu des graines.
Un paquet de ces graines était étiqueté
Bambusa arundinacea, l’autre Bambusa
Kana^iga; ces graines, qui étaient à peu près
semblables, avaient une certaine analogie
par la grosseur et la forme avec des grains
d’Orge commun; quant aux plantes, qui
n’ont pas tardé à se montrer, elles sont à
peu près identiques, du moins dans le jeune
âge. Malheureusement l’espèce étiquetée
Kananga n’a donné que quelques individus.
Que deviendront les plantes ? Nous ne man-
querons pas d’en informer nos lecteurs.
— ' Dans notre chronique du août der-
nier, page 282, nous avons cherché à appe-
ler l’attention sur une remarquable nou-
veauté, le Bégonia Sedeni à fleurs doubles,
obtenu au parc de la Tête-d’Or, à Lyon. A
ce sujet, un de nosfconfrères, M. Deleuil,
horticulteur à Marseille, nous a écrit une
très-intéressante lettre que nous avons re-
produite {Bev. liort. 1873, p. 363), et dans
laquelle|M. Deleuil témoigne le désir d’avoir
quelques renseignements sur cette plante,
savoir si elle a été obtenue par semis ou si
parfois elle ne serait pas le produit d’un fait
de dimorphisme. Pour satisfaire à son dé-
sir et en même temps éclairer nos lecteurs,
nous avons écrit à notre ami, M. Jean Sis- i
ley, qui, avec sa complaisance habituelle, i
nous a fourni les renseignements nécessai-
res, et qui, de plus, nous a envoyé une fleur i
de ce Bégonia, ce qui nous permet de don- :
ner quelques détails sur cette plante.
Voici l’énumération des caractères que nous ^
avons été à même de constater : fleurs un ,
peu pendantes, d’un beau rouge ponceau, à
peu près|semblabie à celles du B. Sedeni
dont cette plante sort, à pétales de 2-3 cen- ;
timètres de longueur; les internes, beaucoup |
plus étroits, sont dus à la transformation |
des organes [sexuels qui font complètement
défaut. Ovaire nul ou à peine rudimentaire; |
pédoncule d’environ 2 centimètres de Ion- j
gueur.
Relativement à la plante, voici ce que |
nous a écrit M. J. Sisley : j
C’est un semis provenant de la fécondation ar- i
tificielle du B. Sedeni par le B. DeguesvelUana. ‘
425
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE NOVEMBRE).
Les graines, de l’une desquelles est issue cette
plante, semées de bonne heure cette année, ont
produit des individus qui ont fleuri en mai et qui
refleurissent maintenant.
Le feuillage de ce Bégonia est intermédiaire
entre les deux parents, mais cependant plus rap-
proché de celui delà mère {B. Sedeni). La plante
est vigoureuse.
Ce qui est à remarquer, c’est que ces semis
conservés en serre étaient devenus malades, et
que mis dehors en pleine terre ils ont repris une
grande vigueur et alors ont fleuri plus abondam-
ment.
M. François Gaujain — c’est l’obtenteur de
la plante dont nous parlons — a continué cette
année ses fécondations des différentes variétés
de Bégonias bulbeux par le double qu’il a obtenu,
espérant obtenir une série de doubles de coloris
variés et augmenter la duplicature. Il cherche
aussi à augmenter les feuillages par des croise-
ments appropriés.
Il y a, dans ce qui précède, un exemple
et une leçon; le premier, en enrichissant
l’horticulture, montre la voie qu’il convient
de suivre, voie féconde qui, à peine ouverte,
a déjà donné de magnifiques résultats ; aussi
ne saurait-on trop engager de multiplier les
expériences. D’une autre part, il y a dans
les observations de M. F. Gaujain, qui vien-
nent d’être rapportées, un fait qui doit en-
courager à faire des essais au sujet de la
rusticité. Peut-être même ferait-on bien de
laisser un certain nombre de ces Bégonias
hybrides en pleine terre, en les couvrant
seulement d’une légère couverture pendant
l’hiver. Dans tous les cas, ce sont des plan-
tes précieuses pour la serre froide et qui,
mises en pleine terre au printemps, ne ces-
sent de fleurir jusqu’aux gelées et même, si
à cette époque on les relève en motte, qu’on
les mette en pots et les place dans une serre
chaude, ils continueront à fleurir pendant
une bonne partie de l’hiver.
— S’il faut en croire M. le professeur
Asa Gray, la plante que l’on cultive en
France sous le nom de Witadenia triloha
ne serait autre qu’un Brachicome. C’est un
fait que démontre le professeur américain
dans le Gardener^s Chroniclc, numéro du
4 octobre 1873, et dont voici la traduction :
En recommandant pour la culture en grand le
Witadenia triloba, le Gardenefs Chronicle de-
vrait renseigner ses lecteurs où ils peuvent se
procurer cette plante. La charmante espèce cul-
tivée sous ce nom dans les jardins n’est pas un
Witadenia^ encore moins le W, triloba. C’est un
fait dont je me suis assuré et dont j’ai essayé de
convaincre M. le professeur de culture du Mu-
séum en lui communiquant le type original de
Gaudichaud. Cette plante n’est même pas un Wi-
tadenia, mais un Br achy corne, ainsi que le sup-
posait Gaudichaud. L’espèce que l’on rencontre
dans les cultures sous le nom de Witadenia tri-
loba est VErigeron mucronatum,B. G., d’origine
mexicaine, de Venezuela, etc.
Nous n’essaierons pas — et pour cause
— de savoir qui a tort ou raison ; toutefois,
ne fut-ce que pour éclairer nos lecteurs sur
la valeur de certaines assertions scientifi-
ques, nous allons mettre sous leurs yeux
quelques remarques que nous avons pu
faire relativement à cette plante dans l’her-
bier général du Muséum. Elle se trouve là,
au genre Erigeron, sous ces divers noms :
Aster quercifoliiis, Lessg. ; Wittadenia
triloha, Hort., d’après M. Decaisne et écrit
par lui ; puis, sur la même étiquette et im-
médiatement au-dessous, le nom générique
Erigeron écrit par un botaniste étranger
(probablement par Asa Gray), tandis que
à l’école de botanique du Muséum on trouve
cette même espèce sous le nom A Erigeron
quercifoUus , Lam. Ajoutons encore, qu’au
genre Witadenia nous l’avons trouvée sous
le nom de Brachy corne triloha, Gaudich.,
écrit par Gaudichaud lui-même. Enfin, et
toujours pour éclairer nos lecteurs , disons que
tous ces savants ne sont guère plus d’accord
quant à l’orthographe : ainsi les uns écrivent
Vittadenia, d’autres Vittadinia, Wiladinîa,
avec deux tt ou un seul. Quel accord! Com-
ment après cela accorder de la valeur à cette
fameuse phrase : « Magister dixit 9 »
— Un de nos correspondants nous in-
forme que, le 5 octobre dernier, à l’Exposi-
tion de Vienne (concours des fruits), nos
confrères, MM. Charles et Ernest Baltet, ont
obtenu le diplôme de mérite pour 210 va-
riétés de fruits qu’ils avaient exposés.
A ce sujet, notre correspondant nous fait
remarquer l’isolement dans lequel se trou-
vent nos exposants, par suite de la compo-
sition du jury qui ne compte aucun membre
appartenant à la France. Ce que dit notre
correspondant est vrai, trop vrai même, et
c’est avec un grand regret que nous voyons
notre pays s’écarter et rester en dehors de
ces grandes questions qui sont le fond même
des nations.
E;-A. Carrière.
426
PLANTATION DES JARDINS.
PLANTATION DES JARDINS
La plantation par groupes de même genre
permettra toujours d’introduire des plantes
qui, sans être de premier mérite, ont cepen-
dant de la valeur, et qui seraient beaucoup
moins déplacées là que mélangées avec des
plantes de genres différents. Elle a en outre
cet autre avantage de permettre l’étude et
la comparaison, et tout le monde connaît le
sentiment de curiosité, nous dirions presque
l’intérêt qu’on éprouve à la vue d’une va-
riété rare et oubliée d’un genre connu.
On va admirer, dans des écoles de bota-
nique, ou dans quelques jardins privilégiés,
comme Trianon, des végétaux qu’on ne voit
plus ailleurs, et qui ont dû à leur position
d’atteindre leur développement et d’arriver
ainsi à toute leur beauté; mais là se borne
la chose, et si la mode ne s’en mêle pas, et
que la croissance en soit relativement lente
ou la culture difficile, on les oublie et on
les délaisse.
On les oublie si bien que quelques-uns
reçoivent une appellation générale dans la-
quelle disparaît complètement la distinction
des espèces. Prenons pour exemple les
Chênes américains : ils sont si peu répandus,
par conséquent si peu connus, que, malgré
un certain nombre d’espèces, ils sont dési-
gnés collectivement et même demandés dans
les pépinières sous le nom général de
<( Chênes d’Amérique :& : les Quercus aïba,
coccmea , tinctoria , palustris , macro-
carpta, etc., tout passe sous le même vo-
cable.
On peut comprendre qu’avec les genres
de plantations adoptés maintenant, beaucoup
de plantes comme celles-ci ne soient que
peu ou ne soient même pas employées; mais
lorsqu’on en voit par hasard quelque beau
spécimen, on peut aussi le regretter vive-
ment.
Mais, d’un autre côté, avec la quantité de
végétaux d’ornement que nous possédons,
on ne peut songer à prendre dans un genre
jusqu’aux espèces insignifiantes et sans va-
leur, et faire d’un jardin une véritable école
de botanique; sans aller jusque-là, et tout
en sortant du commun, on peut faire de
belles plantations.
Il est aussi quelques genres qui, bien que
peu nombreux en espèces, tels que Vernis
du Japon, Chionanthe, Gtjmnocladus , Tu-
lipier, Arbre de Judée, etc., ont pour la
(l) Voir Revue horticole^ 1873, p. 371.
plupart beaucoup de valeur ornementale.
Pour ces plantes, comme pour celles à feuil-
lage panaché ou pourpre, on trouve toujours
des places marquées. La plupart, réunies
en groupes ou même isolées, produisent un
très-bel effet, celles à rameaux pendants, sur
le bord des eaux ou dans les pentes très-ra-
pides. Du reste, quant à la répartition et à
l’emplacement qu’elles doivent décider, il
n’y a rien d’absolu, et ces choses sont par-
fois indiquées par les conditions dans les-
quelles on se trouve ; les règles aussi sont
souvent subordonnées au goût de l’archi-
tecte, qui toujours doit s’inspirer par les
contrastes majestueux que présente la na-
ture. L’expérience, aussi, doit avoir sa place,
et souvent elle corrige des idées qui parais-
sent excellentes. On en trouve la preuve
dans la recherche des contrastes qu’on ob-
tient par la différence des formes, et surtout
par celle des couleurs. Cette dernière est la
plus propre à former des effets heurtés et
violents que le bon goût condamne parfois
aussi bien dans les plantes que dans les ta-
bleaux. Il ne suffit pas toujours que deux
plantes soient très-différentes de formes et
de couleurs pour produire un effet agréable.
Nous pouvons citer à l’appui des exemples
de groupes de Catalpa recépés tous les ans
et de Populus nivea placés devant une
grande plantation de Picea, et dont le bon
effet est très-contestable. Un autre tout jl
aussi mauvais est un groupe compact de ^
Negundo panachés devant des Ifs; c’est du 1 1
blanc sur du noir : ce n’est que bizarre sans fJ
être beau. 1 1
Des différences telles ne paraissent pas i
nécessaires. Les plus beaux effets de con- i
trastes que nous ayons vus sont de jeunes
Hêtres pourpres devant des Picea et devant
des Hêtres communs. Nous pouvons citer
surtout un Hêtre commun mêlé par mégarde
sans doute, sur le bord d’un groupe épais de
Hêtres pourpres ; par le contraste, cet arbre
produisait un effet ravissant.
Un effet qui paraît généralement très-joli
est celui produit par les formes fines et dé-
licates, telles que le feuillage des Sophora
et des Féviers, surtout le Gleditschia Bu-
jotti, sur des fonds plus compacts. L’effet
contraire {Catalpa, Paidownia, Marron-
nier), sur des fonds légers, paraît moins
agréable. Il faut avouer que souvent les
contrastes naissent en dehors de la concep-
tion qui préside à l’arrangement des plantes.
PLANTATION DES JARDINS.
427
et il est facile de le comprendre en pensant
aux conditions de position, de végétation et
d’entourage qui jouent un rôle pour les pro-
duire.
L’imprévu de ces effets peut être consi-
déré comme une des causes de la supério-
rité possible de nos jardins paysagers sur
les anciens jardins réguliers; mais cette
supériorité elle-même est un peu un effet
du temps, qui nous donne des éléments qui
manquaient auparavant.
On a beaucoup critiqué les plantations
dites « à la française, » reprochant à ce genre
sa symétrie, son dessin architectural et dé-
pourvu de pittoresque, enfin une foule de
défauts qui, contrairement, faisaient l’admi-
ration de nos pères. Nous croyons qu’on
pourrait ajouter à ces reproches assez con-
testables, et qui sont souvent plus du res-
sort de la mode que du bon goût, un autre
défaut plus réel : le manque de variété dans
les plantations. A l’époque de la création de
Versailles, on ne connaissait pas la plupart de
nos plus beaux arbres actuels d’ornement,
et les plantations d’alignement, si usitées
alors, étaient peu variées. Quelques espèces,
mieux connues plus tard, quoique déjà cul-
tivées, étaient encore trop nouvelles pour
être bien appréciées. Mais si, au lieu d’en
être réduit aux Tilleuls, aux Ormes, aux
Charmes ou aux Érables, on eût eu à sa
disposition les végétaux que nous possédons
maintenant, et si une partie de ces planta-
tions eût été faite en Marronniers rouges,
en Catalpas, en Tulipiers, enRobinias, etc.;
si la quantité de belles plantes connues
maintenant avait permis de former des lignes
I de Magnolia grandiflora, d’Épines roses,
I de Paulownia et même de Hêtres pourpres
I (ces derniers quoique connus déjà), et de
quantité d’autres belles plantes, il n’est pas
douteux que les restes encore existants à
notre époque feraient juger avec plus d’in-
dulgence et de justice un genre qui dispa-
' raît de plus en plus, et que, sans chercher
à reproduire, on pourrait ou plutôt on de-
I vrait respecter.
I Peut-être aussi y a-t-il dans ce genre trop
d’obstacle pour les changements . Une ave-
nue ou une allée régulière, aussi bien dans
son tracé que dans sa plantation, ne se prête
guère aux petites modifications qu’excite la
recherche du pittoresque ou le caprice d’un
moment. C’est l’immobilité, et il serait sans
doute difficile, à notre époque, de se con-
tenter d’un système qui entraverait à ce
point nos goûts changeants. Aussi combien
I de parcs grandioses ont disparu pour faire
place à des jardins aussi pittoresques par la
conception que par l’exécution !
Nous n’avons pas, jusqu’ici , parlé des
Conifères, qui, sous le rapport de l’emploi,
mériteraient une étude spéciale et étendue.
Ces plantes ont une physionomie tellement
différente de celle des autres végétaux,
qu’elles ne se mêlent pas volontiers avec
eux. Elles gagnent toujours à être réunies
en groupes ou alors isolées. On peut admi-
rer dans quelques parcs des plantations de
Picea, Sapinettes, Pins du Lord et Laricio,
Ahies pectinata, etc. , et qui toutes sont
splendides lorsque le terrain ne leur déplaît
pas. Beaucoup d’autres peu employées en
grandes masses y feraient aussi un très-bel
etfet. Qu’on se représente, par exemple, ce
que serait, dans trente ans, une plantation
un peu considérable de Wellingtonia gi~
gantea que l’hiver aurait respectée. A en
juger par la vigueur de ceux que nous con-
naissons, on peut croire que ces énormes
pyramides de verdure, non encore dégar-
nies, auraient un caractère grandiose que
nous ne connaissons pas.
Les formes pyramidales de certains Cy-
près, Thuyas, Genévriers, rassemblés en
grand nombre, rappellent un peu trop les
cimetières; en groupes, elles conviennent
mieux, surtout sur les pentes un peu rapides
et dans les terrains très-tourmentés. Lear
emploi est tout entier une affaire de goût.
La mode, aidée de la beauté réelle de
beaucoup de ces plantes, les a fait recher-
cher avec ardeur, et il en est résulté la dé-
couverte et l’introduction d’espèces magni-
fiques, mais encore trop rares pour en faire
des plantations étendues. Cependant il est
certain que, en mettant de côté la question
pécuniaire, on obtiendrait des effets magni-
fiques avec la plupart d’entre elles, sans en
excepter quelques-unes ayant un cachet
particulier, telles que les Araucaria im~
hricata, Cryptomeria, Torreya, etc. Les
exemples manquent encore chez nous, mais
il faut espérer que le temps nous les four-
nira. Les deux hivers de 1870 et 1871 ont
montré la rusticité de beaucoup d’entre les
nouvelles introductions japonaises, les Re-
tinospora et Sciadopytis entre autres, et,
malheureusement aussi , détruit l’espoir
fondé sur les Cèdres deodora, dont bien peu
ont été épargnés, sans qu’on ait encore bien
pu se rendre compte des causes qui en ont
préservé quelques-uns.
D’autres plantes. Magnolia, Kalmia,
Rhododendrum, Azalées, exigeant souvent
un sol spécial, se rassemblent d’autant plus
428
PLANTATION DES JARDINS.
que, plantes à feuilles persistantes et pré-
sentant une floraison qui les rapproche plus
des plantes de serre que des arbustes de
plein air, elles ne se marient pas bien avec
ceux-ci ; aussi est-il préférable pour elles
de les planter dans des parties spéciales où
elles paraissent se convenir d’autant mieux
qu’elles sont en plus grand nombre. En
somme, pour les Rhododendrons, Azalées
et Kalmias, la beauté réside plus en eux-
memes que dans l’effet qu’ils produisent
dans l’arrangement d’un jardin, et si l’on
tient à en avoir, il ne faut pas précisément
chercher la place qui les réclame, mais plu-
tôt faire la place où l’on veut les avoir, les
traitant en cela un peu comme les corbeilles
de fleurs. Le voisinage de la maison leur
convient généralement mieux que l’éloigne-
ment.
Les Lauriers-Amandes et de Portugal,
les Houx, les Troènes, les Filarias, quelques
Fusains, en un mot les plus vigoureuses de
ce qu’on est convenu d’appeler 'plantes
vertes, sont les seules qui se prêtent assez
au mélange dans les massifs d’arbustes à
feuilles caduques. Quelques jardins nous
montrent des exemples de plantations exclu-
sivement composées de plantes vertes ; cela
a sa valeur l’hiver, mais le printemps ne s’y
montre guère que par les Mabonias et les
Rhododendrons, et cette dernière floraison
est fort coûteuse pour être un peu considé-
rable. Malgré les panacbures des Aucubas,
des Houx et de quelques Fusains, ces
plantes ont un aspect monotone ou plutôt
triste, même pendant la belle saison ; en
outre, beaucoup sont plusou moins frileuses,
et la floraison des Lauriers-Tins entre
autres est très-précaire. Au contraire, beau-
coup de ces plantes font un bel effet dans
les parties les plus accidentées, dans les ro-
chers mêmes. Nous avons vu des Ruis, des
Cotoneaster, des Ruscus et même une
touffe de Menziezia poUifolia très-jolies
dans ces conditions. Quant aux Chênes
verts, la lenteur de leur croissance les fait
négliger; aussi, maintenant, sont-ils plus
rares encore que connus.
Nous ne voulons pas, pour le moment,
étudier l’emploi qu’on peut faire de ces
plantes, qu’on peut appeler spéciales; on
pourrait y ajouter avec raison les plantes
grimpantes. A part le Lierre, la Vigne
vierge et les Glycines, on utilise bien peu
les autres : les Chèvrefeuilles, Bignonias,
Rosiers grimpants. Clématites, parmi ces
plantes à floraison, et les Periploca, Aris-
toloche, Boussingaultia, etc.
R en est de même des plantes vivaces, si
connues autrefois et si oubliées maintenant ;
et pourtant rien n’égale la beauté des Phlox,
des Lis blancs, et surtout des Roses tré-
mières sur le bord des massifs d’arbustes.
Leur floraison, qui, pour presque toutes,
arrive après celle des arbustes, égaie et re-
lève les masses sombres de ceux-ci et de-
vient souvent de la plus grande utilité pour
faire des bouquets ou des garnitures de
fleurs quelconques , car il est assez rare de
trouver dans l’organisation d’un jardin un
carré spécial de plantes annuelles ou vivaces
ayant cette destination, ce qui pourtant se-
rait d’un immense secours.
On peut voir par l’examen de nos richesses
végétales quel parti on pourrait tirer de l’ar-
rangement des plantations pour orner un
jardin, le rendre agréable, lui donner une
physionomie particulière, créer des curio-
sités végétales pour l’avenir et empêcher
dans une grande mesure que l’ennui et le
dégoût du propriétaire le poussent à en faire
retourner tous les ans quelques parties.
Une analyse un peu attentive des jardins
qu’on voit autour de soi laisse voir de suite
que la plantation est toujours faite au ha-
sard, non pas seulement pour le choix, mais
aussi pour l’arrangement ; que l’attention est
plutôt portée sur les végétaux qui doivent
être isolés ou placés bien en vue ; que la
mode s’en mêle souvent au détriment du
goût; que les plus beaux effets en végétation
sont plus le fait du hasard et de la position
que de l’idée; enfin qu’il n’y a généralement
pas de méthode appliquée pour arriver à un
but bien déterminé. On plante pour planter,
et l’on choisit les plantes les plus vigou-
reuses pour arriver à avoir de l’ombre rapi-
dement; on improvise un bois comme on
fait une plantation de Pommes de terre,
sans songer à l’avenir, et quelques années
après, on le change de place ou de forme,
parce qu’il a eu le tort de ne pas changer
lui-même. R semble qu’en fait de stabilité,
les jardins et la politique marchent de pair.
Nous pouvons aussi ajouter que l’empla-
cement d’une propriété pour y créer un jar-
din n’est pas toujours bien approprié ; nous
en connaissons qui paraissent avoir été choi-
sis en raison des difficultés à surmonter
pour arriver à un résultat convenable : sol
ingrat, sans eau, mauvaise position, entou-
rage défectueux, toutes choses qu’on subit
quand on n’a pas le choix, ou que la posses-
sion du sol force à travailler dans ces condi-
tions, mais qu’on doit chercher à éviter si
l’on tient à avoir une végétation passable
FLORAISON d’un AGAVE YUCCÆFOLIA.
m
sans faire des dépenses exagérées. Aussi en
est-il bien peu qui, sous le rapport de la
plantation, peuvent être étudiés avec fruit.
Le travail que nous publions sur les plan-
tations n’est qu’un simple aperçu, une
ébauche faite surtout en vue d’appeler l’at-
tention. Une étude sur ce sujet exigerait des
recherches nombreuses auxquelles nous ne
pouvons nous livrer, des détails circonstan-
ciés dans lesquels nous ne pouvons entrer
dans un article. Il y aurait surtout à recher-
cher, au point de vue pratique, quelques
exemples que l’on pourrait citer. Malheu-
reusement, ces recherches, qui sont assez
difficiles, nécessiteraient du temps et des
déplacements, la plupart ne se trouvant que
dans des propriétés privées et disséminés un
peu partout.
Un ouvrage dans ce genre manque com-
plètement comme étude, car la plupart des
travaux sur la création des jardins ont plu-
tôt en vue l’ensemble général et son côté
pittoresque que les détails de la plantation.
Celle-ci arrivant nécessairement à la fin des
travaux est toujours moins étudiée, souvent
meme un peu abandonnée par l’architecte,
qui, ne manquant pas de travaux ailleurs,
laisse la plantation marcher à peu près sous
la direction d’un chef de travaux qui reçoit
les plantes à la douzaine et les place parfois
sans les connaître (1).
Il n’y a pas de témérité à affirmer que
dans ces conditions, qui sont les plus com-
munes, il n’y a guère à compter sur des ré-
sultats propres à rendre un propriétaire
amateur. Il arrive toujours que, pour lui,
un arbre n’est qu’un arbre, un Cèdre ou un
Pin, un arbre vert, et rien de plus. Quelle
raison aurait-il donc de respecter plutôt l’un
que l’autre? Aussi avons -nous vu, pour un
caprice, déranger des Cèdres d’un demi-
siècle et les perdre.
C’est ce qu’on peut appelr la morale des
méthodes employées en fait de plantation.
Jules Batise.
FLORAISON D’UN AGAVE YÜGGÆFOLIA
Les serres d’un amateur douaisien,
M. Desmarets, ont vu ces jours derniers,
6 octobre, un fait assez rare dans le nord de
la France : la floraison d’un Agave Yuccœ-
folia.
Cette plante fut rempotée au mois de
septembre 1872, par M. Henri Détournai,
jardinier de la maison, dans un mélange de
terreau et de terre de bruyère. Il la laissa
dans une serre chaude, où elle avait tou-
I jours vécu. Pendant les chaleurs de juin
dernier, il la sortit, et le 8 août on vit se
i dégager du bourgeon central une hampe qui
s’accrut rapidement.
Voici les hauteurs de cette tige à diffé-
rentes époques :
Le 8 août, elle avait 30 centimètres ; le
15, l'n35;le 22, 2>«26.
Le 28, la plante fut rentrée en serre.
Le 29, elle avait atteint 3^"; le 4 septem-
bre, 3«i 42 ; le 12, 3>" 63 ; le 18, 3«^ 68 ; le 20,
3«i 70.
Alors s’arrêta la croissance, et deux jours
après la floraison commença.
Les fleurs, réunies en forme d’épi au
sommet de la hampe, occupent une lon-
" gueur de 80 centimètres. Le reste est par-
> semé de bractées ; celles-ci, qui sont sessiles,
géminées, portent à leur point d’insertion
' une bractée rudimentaire très-petite et de
couleur brune. Le nombre de ces bractées |
est d’environ 70 groupes de deux. Elles sé-
crètent une liqueur très-abondante, de con-
sistance gommeuse et de saveur suciée, et
exhalent une odeur désagréable.
Le périanthe sépaloïde se compose de
six segments, de la forme d’une ellipse al-
longée, de couleur verte à la base et tirant
sur le jaune à l’extrémité. Pendant la flo-
raison, ces sépales s’enroulent en dehors et
sont marquées en dessous de deux sillons
profonds longitudinaux.
Les étamines, également au nombre de
six, sont insérées à la base des sépales à
leur point de séparation ; leur filet, dressé
et rougeâtre, est saillant, et sa longueur est
de 45 millimètres ; il porte de grandes an-
thères biloculaires vert jaunâtre, d’une lon-
gueur de 15 millimètres sur 3 de largeur
au milieu.
Le stigmate est porté par un style de couleur
brun rougeâtre qui atteint 62 millimètres de
long.
L’ovaire, de couleur verte, a la forme
ellipsoïde allongée, de 2 centimètres de
(1) En disant parfois^ notre collaborateur fait
preuve d’une grande modestie. Au contraire, nous
ne craignons pas d’affirmer que le plus grand nom-
bre de gens (75 p. O/q, au moins), parmi ceux qui
s’intitulent » architectes, » sowi complètement étran-
gers à la connaissance des plantes, heureux lors-
qu’il n’en est pas à peu près de même dans les au-
tres parties du jardinage. {Rédaction.)
i30 POMMES DE TERRE. —
long sur 5 millimètres de diamètre en son
milieu.
La hampe, haute de 3'"70, n’a que 0«^019
de diamètre à la hase; elle est de couleur
vert glauque et parsemée de bractées. Les
bractées sont placées sur la hampe, de telle
façon qu’en partant de l’une d’elles, et en
les comptant circulairement, on en rencontre
cinq pour arriver à la bractée correspon-
dante en ne faisant qu’une fois le tour de
l’axe ; autrement dit, leur angle de diver-
gence est un cinquième.
La plante est dépourvue de tige ; sa sou-
pêche EARLY HIVERS.
che, haute de 8 centimètres sur 7 de dia-
mètre, est brune.
Les feuilles nombreuses, d’un vert glau-
que, en forme de ruban étroit, canaliculées
en dessus, se terminent en une pointe aiguë,
et sont bordées d’une fine dentelure imper-
ceptible; leur longueur est de 80 centi-
mètres sur 4 de largeur à la base ; elles
sont très-serrées et forment une touffe de
40 de circonférence d’où s’échappe ma-
jestueusement la hampe.
Paul Desmarets,
Amateur d’iiorlicullure.
POMMES DE TERRE
J’ai fait sur la culture des Pommes de
terre trois séries d’expériences.
Je me borne à donner aujourd’hui les ré-
sultats de celles qui ont porté sur des en-
grais.
Je ferai connaître prochainement les ren-
dements que j’ai obtenus de quelques va-
riétés différentes et de plusieurs modes de
plantation.
Il n’est pas inutile de dire que ces essais
ont été faits en plein champ, dans une terre
de qualité moyenne, mais qui convient mal
à cette plante, et qui n’avait reçu aucun la-
bour préparatoire. Les résultats obtenus
n’ont dès lors qu’une valeur relative ; ils
m’ont paru néanmoins n’être pas dépourvus
d’intérêt.
§ 1. Engrais. — L’hectare comprenait
40,000 pieds. L’engrais n’avait été mis que
dans la fosse. Chaque fosse n’avait reçu
qu’un tubercule de grosseur moyenne et
pesant de 43 à 44 grammes.
Voici, pour les personnes qui ne con-
naissent qu’imparfaitement les engrais de
M. G. Ville, les formules de ceux que j’ai
employés :
Engrais chimique complet^ 3 :
Phosphate acide de chaux ... 40 kil.
Nitrate de potasse 30
Sulfate de chaux 30
Engrais chimique complet, 3 bis :
Phosphate acide de chaux ... 40 kil.
Nitrate de potasse 20
Nitrate de soude 10
Sulfate de chaux 30
Le compost Danicourt avait été fabriqué
plusieurs mois à l’avance, d’après la for-
mule qui suit :
Sel marin 250 kil.
Phosphate acide de chaux. . . 50
Cendres 125
Fumier sans litière 188
Terre pour dénaturer le sel . 300
Chaux grasse 1 hectolitre.
Quant au guano de chauve-souris, il ren-
fermait, sur 100 kilog. :
23 kil. de matières organiques.
5 — d’azote à l’état d’ammoniaque.
1,5 d’acide phosphorique.
1,3 — de chaux.
Traces de potasse et de soude.
tableau des expériences :
Fumure. Récolte en kil.
lo
25,000 kil. fumier de cheval sortant
de l’écurie
4,656
2o
1,000 — compost Danicourt
5,360
3o
1,000 — poudrette
6,870
4o
1,000 — engrais chimique complet.
n“ 3 bis
6,880
5o
1,000 — engrais chimique complet,
n® 3
6,924
6°
25,000 — fumier de cheval, vieux
de sept à huit mois. . .
8,698
7° Un mélange formé de :
10,000 kil. fumier de cheval, vieux \
de sept à huit mois . . f
8,854
200 — guano de chauve-souris, l
100 — sulfate d’ammoniaque. . )
E. Barutel.
[La suite prochainement.)
PÈCHE EARLY RIVERS
Cette précieuse variété de Pêche précoce 1 M. Rivers, le célèbre pépiniériste de Saw-
est d’origine anglaise; c’est un gain de I bridgeworth, auquel nous devons également
Rhocrer^jc, deù:
CTtroiTUPlvÛv. 'R. Seve:re^izs .
Pèche Pcu^ljj Pivef’s,
EXPOSITION DES ARTS ET INDUSTRIES DU CERCLE HORTICOLE LYONNAIS.
431
la Pêche Early Béatrice, l’excellent Bru-
gnon Victoria, etc.
Le fruit du Pêcher Early Rivers (Pré-
coce de Rivers) est d’un volume raisonnable,
d’une bonne grosseur moyenne, ce qui n’est
point commun pour une Pêche qui com-
mence à mûrir, sous notre climat parisien,
dans la deuxième quinzaine de juillet. La
peau qui est très-mince, d’un jaune paille,
est délicatement teintée de rose au soleil,
parfois lavée de rouge vif. La chair est ju-
teuse et d’un parfum relevé; lorsque la
maturité est complète, c’est à peine si elle
adhère légèrement au noyau.
L’arbre est facile à gouverner ; il a de la
vigueur, ce qui ne l’empêche pas d’être
d’une grande fertilité. C’est en 1871 qu’il
produisit pour la première fois dans mon
école d’arbres fruitiers ; il avait pourtant,
durant la guerre, subi (avec bien d’autres,
hélas !) des mutilations terribles. Je le sau-
vai toutefois, et le 22 juillet il me donnait
une récolte suffisante pour que je dusse me
réjouir de l’avoir introduit.
En 1872, il rapporta peu, mais je me hâte
d’ajouter que, le trouvant extrêmement
gêné à la place provisoire qu’il occupait,
entre deux Poiriers, je l’avais déplanté au
commencement de l’année même.
En 1873, la végétation est redevenue
normale, etle jeune arbre s’est littéralement
couvert de fruits ; il m’en a donné quatre-
vingts, et je l’en avais déchargé d’un nombre
égal ; il aurait fallu en retirer encore plus
cependant. Cette fois, par suite de la froide
température, les premières Pêches ne fu-
rent récoltées qu’à la fin de juillet. J’en
avais l’an dernier donné quelques boutons à
fruits à mon confrère de Montreuil, M. Che-
valier; lui, commença sa récolte le 24, en
avance sur moi d’une semaine, ce qui
s’explique en ce que le sol de Montreuil, de
nature calcaire, est plus chaud que celui de
Bourg-la-Reine, qui est argilo-siliceux.
Les fleurs de la Pêche Early Rivers sont
grandes, et les feuilles portent des glandes
réniformes.
Je crois cette variété appelée à un grand
succès, tant pour la culture de plein air que
pour la culture sous verre; la maturité de-
vance celle de la Grosse mignonne hâtive
d’environ quinze jours, de sorte que les
fruits de V Early Rivers seront fort re-
cherchés, d’un écoulement facile et avanta-
geux. Cultivée en serre et sans le moindre
chauffage, tout porte à croire que cette
variété mûrirait ses fruits vers la mi-juin.
En indiquant ici l’obtenteur, je ne saurais
oublier les quelques mois de jeunesse pen-
dant lesquels, travaillant sous ses ordres,
j’ai été à [même de juger de l’intelligence,
de l’aménité, de la science pratique et de la
passion professionnelle de ce remarquable
horticulteur.
F. J AMIN,
Pépiniériste à Bourg-la-Reine.
EXPOSITION DBS ARTS ET INDUSTRIES
DU CERCLE HORTICOLE LYONNAIS (1)
Cette exposition, qui a eu lieu au parc de
la Tête-d’Or, les 18, 19, 20 et 21 septembre,
était au point de vue artistique et industriel
richement pourvue d’objets et d’appareils se
rattachant à l’horticulture. Parmi ces nom-
breux appareils, quelques-uns ont attiré
spécialement l’attention des visiteurs comme
réalisant un progrès , les autres comme
bonne fabrication. Nous allons très -briève-
ment parler des plus remarquables.
Différents systèmes de pompes ont été
présentés par M. Livet et C^e, et M. Eldin,
tous deux constructeurs à Lyon. Tous ces
appareils hydrauliques étaient de bonne fa-
brication ; nous avons remarqué une pompe
nommée pompe jardinière par l’exposant,
M. Livet. Cette pompe nous a paru répondre
aux besoins de l’horticulture et de l’agri-
culture ; son installation dans une cour de
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 411.
ferme ou dans un jardin potager rendrait de
grands services ; elle peut puiser à 10“^ de
profondeur 5,000 litres par heure; son
bas prix la rend très-pratique. L’exposant
se charge de la mettre en place au prix de
300 fr., y compris les 10 mètres de tuyaux.
D’autres pompes, également exposées par le
même, permettent l’arrosage à la lance.
Tous ces appareils sont facilement mania-
bles, bien fabriqués et à des prix très-mo-
dérés. Le jury lui a accordé le premier prix.
Le deuxième prix a été accordé à M. Eldin,
qui a présenté une pompe destinée au sou-
tirage des vins. Cet appareil se compose de
deux corps de pompe pourvus chacun d’une
soupape à boulets ; tout l’intérieur est
émaillé ; ce système peut se nettoyer très-
facilement ; son prix, tout monté, est de
200 fr. D’autres pompes de différents sys-
tèmes ont été présentées par cet exposant ;
!
432
EXPOSITION DES ARTS ET INDUSTRIES DU CERCLE HORTICOLE LYONNAIS.
toutes nous ont paru réunir les garanties
désirables de bonne fabrication.
Des appareils à l’eau chaude ou thermo-
siphon, applicables au chauffage des serres
et des édifices publics, étaient exposés par
M. Malhian et M. Sauze, constructeur à
Lyon. Le premier prix a été décerné par le
jury à M. Mathian, qui a présenté un grand
nombre d’appareils de différents systèmes,
qui tous offraient des garanties de bonne
fabrication. D’abord, une très-belle chaudière
ou thsrmosiphon pouvant chauffer jusqu’à
1 ,200 mètres de tuyaux; puis des chaudières
horizontales, plus facilement utilisables pour
les horticulteurs, ont été très-appréciées
par le jury, qui a reconnu que leur emploi
ne nécessitait pas de frais appréciables d’ins-
tallation ; que le nettoyage et les réparations
y étaient beaucoup plus faciles qu’avec les
chaudières verticales, toujours enveloppées
de maçonnerie ou d’une enveloppe métalli-
que, qu’il faut ou démolir ou démonter
suivant les matériaux dont elle est formée.
Les chaudières horizontales, quoique égale-
ment placées dans une enveloppe métallique,
peuvent en être facilement retirées ; ces ap-
pareils demandent peu de place. Un appareil
de cette nature peut phauffer 200 mètres de
tuyaux; il coûte de 500 à 600 fr.
M. Sauze n’a obtenu que le deuxième
prix; il a exposé une chaudière verticale
pouvant se démonter et se nettoyer facile-
ment ; il a, au point de vue du nettoyage,
réalisé un progrès; déplus, son appareil est
construit très-économiquement et peut
s’installer facilement ; la modicité de son
prix en répandra, nous en sommes certain,
rapidement l’usage.
Parmi les rocailles exposées, nous citerons
M. Joly, à Monplaisir, qui a érigé, avec des
mâchefers recouverts d’une substance qui
leur donne l’apparence du tuf, un très-
élégant château d’eau. Quatre ou cinq jours
ont suffi pour cette construction, dont l’effet
est très-heureux et le prix peu élevé, car le
constructeur se charge d’en établir de sem-
blables au prix de 250 à 300 fr. dans la ré-
gion lyonnaise. Il a obtenu un premier
prix.
Il a exposé également des suspensions
d’un très-bon effet, faites par le même
procédé.
Un autre rocailleur, M. Bordes, a exposé
une rocaille obtenue avec des broussailles
recouvertes de ciment, imitant parfaitement
le tuf; ce mode de construction se prête
facilement à toutes les combinaisons obte-
nues ordinairement à l’aide du tuf.
Différents lots de meubles rustiques, pour '
jardins, vérandas, etc., ont figuré à cette
exposition , les uns en fer, les autres en
bois, réunissant tous, par l’élégance, les
conditions exigées pour figurer dans l’orne- f !
mentation des jardins. Un meuble rustique ‘
en fer forgé, dont le dessus des sièges et des '
tables est recouvert en treillis métallique, a f
été très-remarqué pour son élégance et sa ‘
nouveauté ; il sort des ateliers de M. Tran- ‘
chaud, constructeur à Lyon, qui a aussi pré- ^
senté un très-beau lot de meubles de jardins, i
de volières, et surtout de très-belles barrières ‘
en fer forgé. Le jury lui a décerné un grand '
premier prix, pour l’élégance et la bonne ^
construction des objets qui figuraient dans '
son lot.
Les meubles en bois, solidement établis,
étaient bien conditionnés ; ils étaient pré-
sentés par M. Lespinasse et par M. Guérin ; ^
ils ont obtenu des récompenses. '
Les claies, treillages et barrières occu- '
paient à l’exposition une large place ; nous
avons remarqué les produits de MM. Les-
pinasse et Guérin. Tous ces produits de
l’industrie réalisaient un progrès réel au
point de vue économique et de la fabrica-
tion. M. Lespinasse, auquel le premier prix
a été décerné, a présenté un grand nombre
de modèles nouveaux.
Quelques projets de parc, exposés par
M. Rouillard, M. Gaillard et M. Joly, nous
ont paru très-heureusement conçus.
Des ustensiles et objets dont l’énuméra-
tion nous entraînerait trop loin contribuaient
à l’attrait de cette exposition. De très-beaux
produits céramiques de l’usine Boutroux,
des semoirs et des houes ratissoires, des
embarcations pour pièce d’eau, des filtres,
des pièges de toutes sortes, des fleurs des-
séchées remarquables par la conservation
de coloris, des légumes secs obtenus par un
nouveau procédé qui leur permet, après une
immersion de quelques instants, de repren-
dre leur état primitif, un couteau à découper
d’un système tout à fait nouveau, des ruches
bien installées, des entonnoirs de sûreté, ont
vivement intéressé le public et ont obtenu
des récompenses.
En un mot, cette société, qui inaugurait '
ces expositions, a eu un grand succès ; elle
a, peut-on dire, débuté par un coup de !
maître, qui est un heureux présage pour j
son avenir.
Lyon, le 23 septembre 1873.
E. Luge, |
Ingénieur.
LES GLAÏEULS NOUVEAUX DE 1873,
433
LES GLAÏEULS NOUVEAUX DE 1873
Parmi les catalogues spéciaux récemment
parus, nous avons remarqué particulière-
ment celui que la maison Vilmorin-An-
drieux et C‘® a consacré aux Glaïeuls, et
plus particulièrement à ceux qui provien-
nent des semis et des cultures de M. Sou-
chet, le célèbre horticiilteur de Fontaine-
bleau, qui a été le vrai créateur de ce beau
genre, devenu, grâce à lui surtout, un pro-
duit éminemment français, et qui a doté les
collections du plus grand nombre des va-
riétés remarquables cultivées aujourd’hui
dans le monde entier.
1 Tous les vrais amateurs de Glaïeuls savent
I quelle science, quelle méthode présidaient
I aux croisements auxquels il soumettait ses
f plantes, à quels soins minutieux il subor-
donnait ses cultures, et enfin quelle sévérité
il apportait dans le choix et l’adoption des
nouvelles variétés qu’il mettait chaque année
: dans le commerce. Aussi les Glaïeuls Sou-
chet n’ont-ils cessé d’être recherchés avec
I empressement par le public horticole qui,
sachant toutes ces choses et aussi qu’il n’é-
tait jamais sorti des cultures de M. Souchet
I une plante médiocre, achetait de confiance
et pour ainsi dire les yeux fermés les nou-
veautés qu’il produisait ou plutôt qu’il
i créait chaque année et qui étaient de plus
' en plus belles, toujours différentes et plus
perfectionnées. Si l’on joint à cela que la
vente de ses Glaïeuls n’était confiée qu’à un
très-petit nombre d’établissements recom-
, mandables, on comprendra la vogue tou-
; jours croissante des Glaïeuls Souchet.
I La maison Vilmorin est une de celles qui
jouissent du privilège de la vente de ces
Glaïeuls, et dans le catalogue qu’elle vient
d’en publier, elle a accompagné les noms des
variétés d’une courte description indiquant
brièvement leurs caractères et coloris ; puis,
afin de faciliter le choix et l’emploi de ces
nombreuses variétés, elle a, au moyen de
chiffres et de lettres correspondant à une lé-
gende, distingué leurs différents degrés de
précocité, et classé toute la collection en neuf
séries principales, d’après la teinte générale
des fleurs, c’est-à-dire de celle qui domine,
qui frappe à distance et à première vue, en
sorte que les amateurs pourront faire leur
choix et combiner à volonté leur plantation
de façon à en obtenir les meilleurs effets
d’ensemble, d’harmonie ou les contrastes
les plus désirables.
Les nouveautés de l’année sont plus abon-
dantes que d’habitude et au nombre de dix-
huit. — Nous en donnons ci-après la no-
menclature et une description suffisante
pour permettre d’en faire apprécier le mé-
rite exceptionnel. Les ayant vues en pleine
floraison à Fontainebleau, chez MM. Souil-
liard et Brunelet, les collaborateurs et ha-
biles continuateurs des cultures de M. Sou-
chet, nous pouvons ajouter que toutes ces
variétés sont hors ligne, par l’ampleur ex-
ceptionnelle des fleurs, la“perfection de leur
forme et de leur tenue, la beauté et la dis-
tinction de leur coloris, et enfin par la di-
mension et la force des rameaux excessive-
ment étoffés, avec des fleurs bien groupées,
laissant entrejelles peu ou pas d’intervalle et
épanouissant en certain nombre à la fois, ce
qui laisse bien loin en arrière les variétés
primitives dont les fleurs espacées, disposées
et tournées sur deux rangs opposés (dis-
tiques), n’apparaissaient guère alors que
l’une après l’autre ou deux par deux au
plus.
Les progrès réalisés par M. Souchet, aussi
bien dans le genre Glaïeul que dans plu-
sieurs autres, et notamment dans les Ama-
LES GLAÏEULS NOUVEAUX DE 1873.
434
ryllis, au sujet desquels nous entretiendrons
prochainement les lecteurs de la Revue,
montrent ce que peuvent produire, entre
les mains d’une personne intelligente, pa-
tiente et persévérante, la science et la théo-
rie unies à la pratique.
Albion. Très-long et bel épi, très-ample, fleurs
extra-grandes, blanc finement et vaporeusement
teinté lilas, et quelquefois flammé lilas carminé.
Plante extra-grande, particulièrement propre
pour le centre des grands massifs et des plates-
bandes.
Amaltkée. Bel épi bien étoffé de fleurs très-
grandes, blanc pur; très-grandes macules rouge
violet riche, gorge violet velouté ; les divisions
inférieures légèrement teintées lilas. Plante de
hauteur moyenne.
Ambroise Verschafffelt. Splendide épi de fleurs
parfaites, rose avec fond blanc flammé grenat
très-éclairé ; grande macule rose. Plante d’un
très-grand effet.
Aréthuse. Bel épi de fleurs parfaites, blanc,
très-légèrement teinté de rose flammé et strié
de carmin clair.
Asmodée. Très-bel épi rouge cerise pourpre
brillant, bordé et flammé rouge grenat, macule
et très-larges rayures blanches. Plante très-re-
marquable, d’une nuance infernale exception-
nelle.
Belladona. Bel épi de fleurs bien rangées,
blanc, teinté lilas clair, les divisions inférieures
très-finement lignées de carmin vif. Forme toute
particulière et nouvelle, excessivement gaie et
gracieuse.
Cassmi. Long et bel épi de fleurs extra-grandes
parfaitement groupées, très-beau rose flammé
carmin, divisions inférieures également striées
carmin sur fond très-éclairé. Plante à grand effet.
De Mirbel. Long épi très-ample, très-grandes
fleurs parfaites, très-ouvertes, beau rose légère-
ment teinté lilas ou violet, fond très-éclairé, strié
et flammé carmin foncé. Nuance remarquable.
Le Tintoret. Très-long et bel épi de fleurs
bien ouvertes, beau rose cerise flammé carmin
sur les bords, macule carmin sur fond teinté de
jaune. Plante très-vigoureuse à grand effet.
Le Vésuve. Très-long et magnifique épi, très-
étoffé, très-beau rouge feu des plus brillants, du
plus grand et du plus riche effet. Plante tardive,
admirable, très-vigoureuse, à fleurs éblouis-
santes.
Uunique violet. Très-long épi de fleurs extra-
grandes, lilas foncé teinté violet, flammé carmin
foncé. Plante vigoureuse. Perfection unique, d’un
coloris excessivement gai, frais et nouveau.
Merveille. Très-beau rose cerise légèrement
teinté violet, bordé et flammé carmin foncé,
centre très-éclairé et d’un effet merveilleux.
Murillo. Epi splendide, fleurs extra-grandes,
beau rose cerise à fond très-éclairé, toutes les
divisions lignées, blanc pur; très-grande macule
blanc pur couvrant les divisions inférieures.
Perfection à grand effet.
Ondine. Long épi, fleurs parfaitement rangées,
blanc teinté de lilas, petite macule violet foncé,
légèrement flammé sur les bords de carmin lilas
très-frais. Coloris très-joli. '
Psyché. Très-grand et splendide épi rose ten-
dre et glacé satiné, bordé et flammé carmin
foncé, centre très-éclairé, et d’un très-bon effet.
Sirène. Bose tendre très-clair, légèrement
orangé, très-largement flammé rouge sur les di- '
visions inférieures, macule rouge sur fond jaune.
Nuance charrnante.
Triumphans. Très-long et bel épi de fleurs ^
bien rangées, cerise teinté groseille. Plante à :
grand effet pour faire des contrastes de couleur. ,
Variabilis. Long épi de fleurs parfaites extra-
grandes, blanc avec ou sans macule, parfois
flammé de lilas, fond de la gorge violet. Plante
rameuse à grand effet, particulièrement conve-
nable pour le centre des massifs ou des plates-
bandes.
Parmi les variétés ci-dessus, il en est une
qui est singulière par un coloris bizarre,
infernal, pourrait-on dire, ainsi que l’indi-
que fort à propos son nom Asmodée. Ce
coloris qui semble cherché depuis quelques
années a déjà produit un certain nombre de
plantes remarquables et entre autres Jupi-
ter, une des plus belles variétés de 1871 ;
plusieurs autres gains du même genre de
coloris se sont trouvés dans les plantes ob-
tenues de semis ces années dernières et
qui se trouvaient depuis lors à l’étude. As-
modée est la seule variété de ce nouveau
coloris qui ait été jugée supérieure et digne
de trouver place dans les collections d’ama-
teurs et de curieux.
Nous ne quitterons pas le chapitre Glaïeul
sans parler de la tendance très-prononcée
à doubler que présentent certaines des va-
riétés de Glaïeuls Souchet, ce qui fait espé-
rer que dans un avenir prochain nous ver-
rons apparaître (comme cela existe d’ailleurs
pour tant d’autres plantes) la série des
Glaïeuls doubles. Déjà nous devons signaler
comme doublant ou semi-doublant, d’une
manière remarquable et assez constante :
Octavie, plante semi-naine et l’une des
plus merveilleuses nouveautés de l’année
dernière (1872); puis aussi Horace Vernet,
variété de 1870, qui double un peu moins
que la précédente, mais dont les fleurs qui
terminent les rameaux sont fréquemment
monstrueuses et semi-doubles. — Il en est
de même des deux variétés Prince of Wales
et Spectahilis, dont les fleurs, notamment
celles de l’extrémité des épis, ont une ten- i
dance à doubler et sont souvent composées
d’un nombre de pièces plus grand que six, |
qui est le chiffre normal. — Il est à remar-
PALMIERS NOUVEAUX OU RARES.
435
quer que ces fleurs semi-doubles ou à pièces
multiples sont d’une plus longue durée et
produisent, jusqu’à un certain point,. plus
d’effet que celles qui sont simples ou nor-
males.
Quant à la culture des Glaïeuls hybrides
de Gandavensis, nous la supposons suffi-
samment connue de nos lecteurs pour la ju-
ger superflue ici ; cependant, si elle était
réclamée, nous nous empresserions de la
décrire dans un nouvel article spécial. En
attendant , nous croyons devoir prévenir
qu’elle se trouve indiquée d’une manière
succincte, mais suffisante, dans le catalogue
spécial des Glaïeuls de MM. Vilmorin, qui
lui ont en outre donné un assez grand déve-
loppement dans leur livre Les Fleurs de
pleine terre, 3® édition, illustrée de 1,300
gravures, ouvrage qui devrait se trouver
entre les mains de toutes les personnes qui
s’occupent de la culture des fleurs de plein
air et de l’ornementation des jardins.
Dans ce même catalogue de Glaïeuls,
nous trouvons annoncés et figurés les nou-
veaux et magnifiques Bégonias tuberculeux
hybrides, dont notre ami, M. Leclerc, a en-
tre’tenu les lecteurs de ce recueil, numéro
du 16 août dernier. MM. Vilmorin-Andrieux
et C>® (qui se sont rendus acquéreurs de la
majorité des beaux hybrides de semis de
M. Malet), ayant bien voulu nous prêter les
clichés des dessins qu’ils ont fait graver de
ces plantes, et nous autoriser à les repro-
duire, nous nous proposons de publier, dans
un des plus prochains numéros de ce jour-
nal, un [article spécial sur leur semis, leur
culture et leur emploi.
En terminant, nous devons des remercî-
ments à cette maison pour l’obligeance
qu’elle a mise à nous prêter le cliché du
bouquet de Glaïeuls qui figure dans le pré-
sent article, gravure et cliché qui sont la
propriété spéciale de MM. Vilmorin.
E.-A. Carrière.
PALMIERS NOUVEAUX OU RARES
PINANGA — PTYCHOSPERMA — SEAFORTHIA — VEITCHIA
(! Ces quatre genres sont très -étroitement
i alliés; aussi doivent-ils être décrits simulta-
nément. Les Seaforthia sont de tous les
Palmiers les plus connus en France. Le
^ elegans, très-répandu, rivalise avec les
P Phœnix et les Latania pour la décoration
Y des appartements. Dans un récent arti-
t de (2), M. B. Verlot a fait ressortir avec
son talent ordinaire les mérites de cette
B Arécinée ; aussi voulons-nous simplement
[(donner quelques détails sur la culture et
■ l’utililité décorative des Palmiers qui, se rat-
tachant au ^enre Seaforthia, ont été cités
ipar le savant directeur de l’école de bota-
/ nique du Muséum.
I. PiNANGA. — Palmiers s’élevant peu et
S considérés comme faisant partie d’une sous-
i division du genre Seaforthia. Ce sont des
[plantes très-élégantes, rares dans le com-
‘merce, qui presque toutes réclament la
Α ;serre chaude et beaucoup d’humidité. Ori-
iginaires de Java, les Pmangra prospéreront
ibien le pot placé dans une terrine d’eau
(pendant l’été, et sur une couche de tannée
IBn hiver ; mais ce serait mieux encore de
les cultiver dans un aquarium chauffé. Ce
llraitement, qui est pratiqué dans les serres
re la ville, à Lyon, à Paris, au Muséum et
(1) Voir Revue horticole, 1873, pp. 278, 270, 290
' jet 329.
9|| (2) Voir Revue horticole, 1873, p. 356 et 357.
dans le Hanovre, à Heerenhaüsen, réussit
parfaitement et pourrait même être utilement
employé pour la plupart des Palmiers. Plu-
sieurs horticulteurs ont déjà essayé cette
méthode et la trouvent bonne (3). Le seul
inconvénient de ce genre de culture consiste
en ce qu’il est difficile aux marchands de
fournir des plantes ainsi traitées à des ache-
teurs disposant d’une serre où la culture
ordinaire est en usage, ces espèces délicates
étant exposées à périr des suites du brusque
changement de milieu. Pour remédiera cet
inconvénient, les horticulteurs, désireux de
forcer des Palmiers (4) par l’eau chauffée,
devront les retirer de leur aquarium trois
mois avant l’époque présumée de la vente ;
dès que les plantes seront sorties de l’eau,
on changera entièrement la terre, puis, après
un rempotage dans un terreau léger et frais,
on les placera sur une bonne couche de tan-
née. Après la reprise, qui a lieu au bout de
trois semaines, les arrosements devront être
abondants. Nous pouvons assurer par expé-
(3) Voyez Revue horticole, 1869, p. 85, Les serres-
aquariums. Dans cet article curieux, le traitement
par Ueau chauffée remplaçant la tannée est très-
bien expliqué ; mais il se rapporte seulement à la
culture des plantes molles de serre chaude.
(4) Principalement quelques Acanthophœnix,
Chamœrops, Astrocaryum, Attalea, Ractris, Ca-
larnus, Cocos, Iriartea, Geonoma, etc., dont nous
donnerons les noms dans un prochain article.
PALMIERS NOUVEAUX OU RARES.
436
rience qu’un sujet traité de cette façon don-
nera au bout d’une année un résultat équi-
valent à trois et même quatre années de
culture ordinaire.
Les principales variétés de Pinanga
sont :
1» P. coronata; 2® P. costata; 3® P.
Dicksonii ; P. javana ; 5° P. Kuhlii;
6® P. latisecta.
Ces six variétés sont comprises tantôt
sous le nom générique de Ptychosperma
(Miq.), tantôt sous celui de Seaforthia
(IL Wendl.).
7° Pinanga nenga ou Areca pumila.
8® P. maculata (Hort.), originaire des îles
Philippines. C’est une espèce superbe, mais
très-rare, à feuilles divisées retombant
gracieusement et maculées de taches d’un
vert olive foncé (serre chaude). Sans syno-
nyme connu.
9« P. cæsia (Bl.), nouvelle espèce, à pé-
tioles rougeâtres et à feuilles vert clair ta-
chées de noir. Cette plante, qui ne se trouve
encore qu’en petits exemplaires dans les
cultures, est, croyons-nous, appelée à un
grand avenir (serre chaude humide) ; elle
est aussi répandue sous le nom de Ptychos-
peryna cæsium (Miq.).
10« P. patula (BL), aussi appelée PtycJi.
patulum (Miq.).
10® P. Simhtii (Hort.). Plus rustique
que ses congénères, cette plante est surtout
remarquable par son tronc peu élevé, flexi-
ble et léger, portant des feuilles de li« 50 à
2 mètres de longueur, d’un vert clair en
dessus et argentées en dessous. (Originaire
de Queensland, A-UsirsiMe). Serre tempérée.
IL Ptychosperma. — Magnifique genre,
très-voisin des Seaforthia. Quoique le tronc
lisse de ces Palmiers soit plus léger, il at-
teint 10 à 15 mètres d’élévation. Culture
facile en serre tempérée ou en serre chaude,
suivant l’espèce et la station géographique
où elle vient. Terre de bruyère mélangée de
sable par moitié ; engrais liquides deux ou
trois fois par an.
Les espèces introduites sont :
1° P. Alexandræ, décrit dans la Flore
des serres de M. Van Houtte, tome XVIII,
p. 151 : (( Palmier très-élégant, atteignant
une centaine de pieds de hauteur, crois-
sant dans les épaisses forêts qui bordent
la rivière de Fitzroy, dans la partie tropi-
cale de l’Australie.... Une serre chaude
ordinaire lui suffit. » Nous croyons en
effet qu’une température élevée avec cha-
leur de fond est nécessaire aux jeunes
Palmiers de semis de cette espèce ; cepen-
dant, dès qu’ils ont atteint une certaine force,
la serre tempérée est celle qui leur convient
le mieux.
2o P. rupicola. Le plus beau de tous.
Ce Palmier, originaire de Ceylan, est re-
marquable par la teinte rouge de ses pé-
tioles. Assez rare dans les cultures; serre
chaude humide.
3® P. elegans. N’est autre que le Seafor-
tJiia elegans (H. Wendl.).
4° P. Cunninghamii on Seaforthia Cun-
ninghamii.
III. Seaforthia. — Ainsi que l’écrivait
M. B. Verlot, \ogemo Seaforthia, créé par
Bobert Brown, ne possède qu’un petit nom-
bre d’espèces, trois ou quatre au plus, qu’il
est assez difficile de trouver réunies dans
les serres. Quelques auteurs assurent que
les Indes orientales sont peuplées de nom-
breuses variétés de ces plantes. La culture
de ces Palmiers est très-facile; la serre
froide leur plaît tout particulièrement;
l’excès de chaleur sèche donne la grise aux
feuilles, et la plante atteinte de cette maladie
dépérit rapidement; la fleur de soufre et
les lavages à l’eau de tabac sont les seuls
bons remèdes contre ce mal, qui est conta-
gieux et gagne rapidement les plantes sai-
nes qui touchent au sujet attaqué ; ils ne
sont pas délicats et se contentent d’une
bonne terre de jardin très-riche, et il est
également bon de leur donner de fréquents
arrosages avec du purin de vache, mais en
petite quantité (un litre pour dix litres
d’eau). On pourra, par exception, joindre
une poignée de guano pour quinze litres de
liquide; le guano, nuisible à presque tous les
Palmiers de serre chaude, est, d’après nos
expériences, très-favorable à ceux de serre
froide, qui peuvent en absorber une quan-
tité relativement plus considérable. Les prin-
cipales espèces sont :
1*^ P. Seaforthia elegans, aussi appelé
Ptychosperma elegans, ei S. Cunningha-
mii (H. Wendl.).
2o 5^. rohusta ou Kentia Baueri, le
plus beau de tous, sur lequel nous revien-
drons dans un article spécial.
3» S. oryzœformis (Mart.), de Java. Peu
connu, cité par H. Wendland.
4° /S. sylvestris ou Pinanga javana,
IV. Veitchia. — Genre créé en l’honneur
de feu JohnGould Veitch. Les Veitchia dif-
fèrent fort peu des Ptychosperma ; la dis-
position par couples des fleurs mâles à la
partie supérieure du spadice est le seul ca-
ractère qui les distingue. La seule espèce
introduite est le V. Johannis, plante très-
LES CATALOGUhb.
rare dans le commerce ; elle atteint 40 ou
50 pieds d’élévation, et est surtout remar-
quable par la couleur pourpre de ses pé-
tioles et par ses feuilles qui, divisées, sont
vert foncé en dessus et glauques en dessous.
Ce Palmier est commun aux îles Vitii.
(Pour la culture des Kentia^ voy. Rev.
hort. 1873, p. 219.) D’après B. Seemann,
ce genre comprendrait encore trois espèces
non introduites en Europe, qui sont les
V. Storckii, suhglohosa et spiralis.
Alphonse D***, amateur.
LES CATALOGUES
Lorsqu’en parlant de l’établissement de
MM. Rovelli frères, horticulteurs à Pallanza,
nous avons cité, parmi beaucoup d’autres,
quelques espèces de graines de plantes rares
que l’on pouvait y trouver, nous en avons
oublié une sur laquelle nous croyons devoir
revenir et appeler particulièrement l’atten-
tion. C’est le Pseudolarix Kœmpferi dont
ils ont récolté une certaine quantité de
« bonnes graines et de germination sûre. »
En même temps ces horticulteurs publiaient
deux catalogues prix-courant, l’un pour les
plantes (arbres, arbrisseaux et arbustes.
Conifères , etc. ) fortes de pleine terre ;
l’autre est consacré aux Palmiers, Cycadées
etPandanées, ainsi qu’à divers autres genres
de plantes particulièrement recherchées pour
l’ornementation.
Un extrait du catalogue général de
M. Crousse , horticulteur à Nancy , con-
tient l’énumération sommaire des plantes
qu’il est en mesure de fournir. Cet horti-
culteur informe le public qu’il mettra au
commerce, pour la première fois, en no-
vembre 1873, les Pivoines herbacées iné-
dites dont les noms suivent : Couronne
d^or , Midticolor , Comte de Dieshach,
Schmitt, Costé et ilf™® Jules Élie.
M. F.-E. Rottereau et Ci®, horticulteurs,
chemin Saint-Léonard, à Angers, viennent
de publier un catalogue général prix-cou-
rant pour l’automne et l’hiver 1873-1874.
Ce catalogue d’un établissement très-ancien-
nement et avantageusement connu com-
prend, indépendamment des pépinières frui-
tières et ornementales , des assortiments
nombreux et variés de plantes de serre
chaude , de serre tempérée , de serre
froide, etc., ainsi que des collections d’ar-
brisseaux et d’arbustes de terre de bruyère
et autres à feuilles caduques et à feuilles
persistantes, de Conifères, de Rosiers, de
plantes vivaces variées. Fougères de pleine
terre, etc., etc.
Dans une circulaire qu’il vient de publier,
M. Schmitt, horticulteur à Lyon, fait con-
naître les plantes qu’il est en mesure de
fournir. Cet horticulteur, qui se livre parti-
culièrement à la culture des Bruyères, des
Azalées et des Camellias, peut livrer ces es-
pèces en très-grandes quantités.
M. Marchand (Charles), horticulteur, rue
du Calvaire, à Poitiers : arbres fruitiers,
forestiers et d’ornement , Conifères , Ca-
mellias , Rosiers, Magnolias, Plantes de
serre, etc., etc.
Dans le catalogue prix-courant que vient
de publier pour 1873-1874, qui est tout à
fait particulier aux graines, M. Ch. Huber,
horticulteur à Nice (Alpes-Maritimes), nous
remarquons, outre celles des espèces com-
merciales, un certain nombre de nouveau-
tés dont il est l’obtenteur, telles que Ahuti-
lon aurantiacum. Agératum cœrideum
Reine des massifs, Antirrhinum Numi-
dicum. Aster occidentalis roseus, etc., etc.
Le nom de chaque plante est suivi d’une
description qui en fait connaître les carac-
tères. Parmi les Conifères se trouvent indi-
quées des graines de Taxodium semper-
virens, de Wellingtonia gigantea.
M. Bruant, horticulteur, boulevard Saint-
Cyprien, à Poitiers (Vienne) : arbres frui-
tiers, forestiers et d’ornement à feuilles
persistantes et à feuilles caduques ; collec-
tions diverses de plantes de serre. Rosiers,
Vignes, plantes de terre de bruyère, Pivoi-
nes, Phlox, Œillets, etc., etc.
MM. Charles et Ernest Baltet, horticul-
teurs à Troyes : arbres, arbrisseaux et ar-
bustes Ffruitiers, forestiers et d’ornement,
arbres à feuilles caduques et à feuilles per-
sistantes, plantes grimpantes. Conifères,
Rosiers, plantes de serre et d’orangerie,
collections diverses, nombreuses et variées
de plantes de pleine terre, de Dahlias, etc.
Asperges, graines diverses. Oignons à fleurs.
Cannas, iPhlox, Vignes de table. Vignes de
cuve, etc.
M. Ch. Rimaucourt, horticulteur à Lan-
gres (Haute-Marne), mettra prochainement
en vente le Rosier hybride remontant Pa-
nachée Langroisse y doxii il est l’obtenteur.
C’est, dit-il, un arbuste vigoureux, franche-
ment remontant, à fleurs très-pleines de
8-10 centimètres de diamètre, d’une belle
438
PYROSTEGIA IGNEA.
nuance cerise vif, panachées de carmin foncé,
et passant au lilas foncé marbré de rose vif.
Les feuilles sont également panachées. D’a-
près M. Rimaucourt,da plante ne dépanache
jamais, quels que soient le sol et les condi-
tions dans lesquels on la cultive.
E.-A. Carrière.
PYROSTEGIA IGNEA
La famille des Bignoniacées à laquelle
appartient la belle Liane que représente la
fîg. 39 est, comme on le sait, formée 'pres-
que exclusivement de plantes ligneuses,
grimpantes ou sarmenteuses, remarquables
non seulement par la beauté de leurs fleurs
tantôt tubuleuses ou infondibuliformes,
tantôt campanulées, souvent très-grandes
et revêtant les coloris les plus brillants,
mais aussi par la structure si curieuse de
leurs tiges âgées. Les Catalpas et les Jaca-
randas, arbres de première et de seconde
grandeur, à tiges dressées, rameuses, attei-
gnant souvent de grandes dimensions, sont
pour ainsi dire, parmi les Bignoniacées cul-
tivées, les seules qui fassent exception. Les
sortes herbacées sont moins communes
encore, et l’annuel Tourretia, qu'on ne ren-
contre qu’exceptionnellement dans les jar-
dins d’étude, même les plus riches en
espèces vivantes ; VIncarvillea Sinensis,
plante bisannuelle, qui se recommande à
l’amateur aussi bien par le feuillage élégam-
ment découpé que par ses fleurs rose
vineux disposées en grappes spiciformes, et
enfin les Amphicome arguta et A. Emodi
des Indes Orientales, constituent le bilan des
Bignoniacées herbacées de nos jardins.
La plante qui nous occupe fut introduite
en Angleterre vers 1815 ou 1816, et peu de
temps après au Muséum. Elle fleurit pour
la première fois en France en 1841 ou 1842,
dans la serre chaude du Jardin des plantes
d’Orléans, et sa floraison s’y reproduisit
pendant une longue suite d’années. Rien
de plus admirable que la vue de ces longs
rameaux flexibles et suspendus au moment
où ils portaient ces remarquables fleurs
orangées, groupées en grappes axillaires
corymbiformes , dont l’ensemble formait
des guirlandes fleuries de près d’un mètre
de longueur.
Nous avons eu en 1853 et 1854, alors que
nous étions attaché au Jardin des plantes
d’Orléans en qualité de jardinier, le plaisir
de voir en fleurs cette plante grimpante, dont
on rabattait annuellement et peu après leur
floraison les longs rameaux qui se rami-
fiaient promptement, et dont on faisait courir
les ramifications nouvelles le long des fils
de fer placés sous le vitrage de la partie
moyenne de la serre, dont ils arrivaient
bientôt à garnir une grande partie. Cette
même serre possédait en outre bon nombre
d’espèces remarquables par leur grand dé-
veloppement. Nous nous rappelons y avoir
vu, parmi tant d’autres dont la citation nous
éloignerait trop du sujet qui nous occupe,
un exemplaire vraiment grandiose d'Astra-
pæa Wallichii, qui fleurissait déjà abon-
damment depuis plusieurs années. Le jar-
dinier en chef Delaire aimait beaucoup son
art. Il avait une grande passion pour les
plantes en général ; mais celles des serres
l’intéressaient plus vivement encore. Il a été
le créateur et le fondateur de ce jardin qui,
à cause des richesses végétales qu’il y avait
accumulées en peu de temps, passait à juste
titre pour l’un des plus renommés de
province.
Quoi qu’il en soit, la plante dont nous
parlons était connue dans les jardins français
sous le nom de Tecoma venusta que lui
avait donné Lemaire, qui l’avait ainsi sortie
à tort du genre Bignonia. Elle fut décrite et
figurée par lui dans la première livraison du
tome V de VHorticult. urdv. (mai 1843).
V. Paquet en donna également sous le même
nom une planche coloriée dans le n® du
1er juillet 1843 de VHorticult. prat. Cette
dernière ne paraît être qu’une reproduc-
tion de la partie terminale de la figure de
VHorticult. univ. Enfin la Flore des serres
de M. Van Houtte, vol. 7, p. 745, a reproduit
également cette même espèce sous le nom
plus correct de Bignonia venusta, queKer
lui avait appliqué dans le Bot. Reg., t. 249.
Hooker, Bot. Mag., t. 1511, et quelques
autres recueils anglais l’ont également décrit
et figuré sous ce dernier nom. Cette dénomi-
nation, que DC., Prodr.,t.IX,p. 158, admet
aussi, était celle sous laquelle nous nous
proposions'de rappeler cette plante à nos
lecteurs. Nous l’aurions fait si nous n’avions
consulté M. leDrEd. Bureau, aide naturaliste
au Muséum, et dont le nom fait autorité à
propos de Bignoniacées. M. Bureau, qui a si
bien étudié et classé les Bignoniacées de
l’herbier du Muséum, et qui a enrichi cet
établissement d’une collection vivante pour
ainsi dire sans rivale en Europe, nous a
appris que dans le Botan. Beriuerk, p. 93,
I
I 1
i ■
' ï
i
I
!
\
i
Presl avait, à cause de sa corolle à préflo-
raison valvaire et du recouvrement de ses
graines qui a lieu de haut en bas, séparé
des Bignonia \qB. venusta pour en former
un genre nouveau , le genre Pyrostegia , et
avait décrit l’espèce sous le nom de P.
ignea. (Voir Walp., Bep., t. VI, p. 512.)
La plupart des Bignoniacées, soit de serre
ou de plein air, qui appartenaient autrefois
à un très-petit nombre de genres, ont du
reste subi le même sort. Par
suite de recherches plus at-
tentives rendues plus faciles
par de nombreux matériaux,
MM. de Candolle, Martius,
Miers et Bureau ont été con -
duits à créer de nouveaux
genres pour la plupart des
Bignoniacées cultivées. C’est
ainsi, par exemple, que les
B. Tweediana, exoleta et
unguis sont seuls restés dans
le genre Bignonia, qui dans le
Prodrome comprend plus de
170 espèces; que le Tecoma
leucoxylon, Mart. , représente
l’unique espèce de Tecoma,
les autres sortes étant deve-
nues le type de nouvelles cou-
pes génériques; que les Bi-
gnonia ou Tecoma radicans
et grandifiora ont été ratta-
chés au genre Campsis, très-
anciennement créé par Lou-
reiro, et sont devenus les C.
radicans et C. adrepens.
Le Pyrostegia ignea (fi-
gure 39), Presl (Bignonia
venusta , Ker ; B. ignea ,
VelL, FL flum., 4, t. 15;
Tecoma venusta, Lem.) ha-
bite les forêts du Brésil méri-
dional et notamment dans les
provinces deBio de Janeiro, de
Saint-Paul et de Minas Ge-
raes ; il ne paraît pas remonter
jusqu’au fleuve des Amazones.
C’est une plante vigoureuse dont les tiges
flexibles et très-rameuses, atteignant à la
base presque la grosseur du poignet, s’élè-
vent jusqu’à la cime des arbres de première
grandeur. Dansles cultures, elles arriveraient
en peu de temps, si on n’était obligé de ra-
battre sans cesse les ramifications, à plus
de 20 mètres de longueur : la base du tronc
de l’exemplaire du jardin d’Orléans mesu-
rait, en 1854, environ 5 à 6 centimètres de
circonférence. Les tiges sont arrondies ,
creusées de très-petites stries qui disparais-
sent avec l’âge et couvertes sur les ramules
d’un duvet poilu-verruculeux. Les feuilles
sont tantôt trifoliolées, tantôt à deux ou à
une seule foliole, et terminées dans ce cas
par une vrille rameuse. Persistantes pen-
dant deux ou trois années, glabres, coriaces,
réticulées-veinées, assez longtemps pétio-
lées, ces folioles sont ovales -oblongues,
acuminées, obliques à la base et entières.
Fig. 39. — Pyrostegia ignea.
Les fleurs sont nombreuses, jaune orangé
velouté, réunies sur les rameaux de l’année,
en grappes axillaires corymbiformes. Le ca-
lice est petit , la corolle longuement tubu-
leuse (environ 8 cent.), à tube atténué à la
base, renflé-arqué au milieu et s’élargissant
insensiblement de ce point au sommet, où
deux des cinq lobes linéaires oblongs du
limbe sont égaux : les trois inférieurs un
peu plus longs que les deux supérieurs, et
tous bordés d’un petit liséré blanc velu-to-
PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
440
menteux ; étamines ne dépassant pas le
limbe, à anthères jaunes; style à deux stig-
mates lamelliformes plus longs que les an-
thères. Fruits siliquiformes, aplatis, longs de
20 centimètres sur environ 1 centimètre de
large.
On sait que les Bignoniacées grimpantes
de serre chaude ou de serre tempérée exi-
gent, pour se bien développer et fleurir, la
pleine terre dans un bon sol assez poreux,
mais plutôt léger que substantiel et main-
tenu frais, surtout pendant la période végé-
tative; elles réclament aussi les lieux les plus
éclairés de la serre; mais cela n’est pas ab-
solument indispensable, et on peut les plan-
ter dans les bâches qui longent le mur des
jardins vitrés. La végétation de ces arbris-
seaux est tellement vigoureuse, que leurs
rameaux arriveront bientôt à dominer les
plantes mêmes les plus élevées situées dans
le voisinage. Là, convenablement dirigés le.
long des chevrons ou des frises, les ra-
meaux quittent bientôt leur point d’appui,
et, suspendus dans l’espace, se couvrent de
nombreuses et magnifiques fleurs. Bientôt
même, on est obligé, bien que cela ne soit
pas d’absolue nécessité, de tailler les ra-
meaux les plus vigoureux afin d’empêcher
un excès de développement qui gênerait les
plantes environnantes. Cette suppression^e
rameaux ne devra être faite qu’après la flo-
raison et toujours en conservant la base des
rameaux qu ont fleuri ; en agissant ainsi,
PLANTES NOUVELLES (
Jiiglans laciniata variegata. — Tout
aussi joli, aussi élégant et aussi vigoureux
que le J. regia laciniata, dont il est issu
par graines, la forme dont nous parlons
s’en distingue par ses feuilles, parfois même
par ses bourgeons, qui sont panachés de
blanc jaunâtre, couleur qui, bien franche,
forme un contraste assez agréable avec le vert
gai luisant des autres parties. Cette très-re-
marquable variété, que nous avons obtenue
au Muséum en 1868, ne s’est panachée que
vers la deuxième année de semis.
Philadelphus amcena. — Issu du Phila-
delphus speciosus, le P. amcena est une
plante de première valeur par l’abon-
dance, la beauté, ainsi que par l’ensemble
de ses fleurs. Celles-ci sont plutôt moyennes
on ne risquera pas de nuire à la floraison
ultérieure, puisque les fleurs ne se montrent
en général dans les plantes de cette famille
que sur les rameaux d’un ou de deux ans.
La multiplication des Bignoniacées de
serre s’obtient par le bouturage sous cloche
des rameaux herbacés un peu aoûtés. La
reprise est presque toujours certaine, ce qui
n’étonne pas lorsqu’on sait que les tiges de
ces arbrisseaux émettent assez souvent des
racines lorsqu’elles plongent dans le rideau
de verdure du Ficus repens qui tapisse ha-
bituellement les murs de nos serres ; on
peut aussi propager ces plantes par semis.
Lorsqu’on en a de bonnes graines, on les
sèmera de suite en serre et sur couche dans
des pots ou des terrines. On piquera le
plant dans des godets, où il pourra rester
quelque temps, puis on le mettra en pleine
terre, où son développement se fera bientôt
remarquer.
Nous savons que le peu] d’espace dont
dispose en général l’amateur de plantes de
serres empêche la diffusion des sortes grim-
pantes, et en particulier des Bignoniacées.
Cependant il est regrettable que celle dont
nous nous occupons, qui est l’une des plus
élégantes parmi les espèces cultivées, ne soit
pas plus répandue. Elle est relativement
rustique et fleurirait, croyons-nous, tout
aussi bien dans les serres tempérées que
dans les serres chaudes.
B. Verlot.
ü PAS ASSEZ CONNUES ]
i
que grandes, d’un blanc pur (blanc de lait) .
et odorantes. La végétation est bonne. Les
bourgeons, dressés, ont l’écorce glabre, lé- !
gèrement purbérulente ; les feuilles, qui
sont de grandeur à peine moyenne, presque
glabres ou pubérulentes, portent sur chaque |
face des poils très-courts, à peine visibles à !
l’œil nu. Au moment de sa floraison, la • I
plante disparaît presque sous la multitude
de ses fleurs. Il va sans dire que, comme j
toutes les autres espèces de Philadelphus, |
celle-ci devra être taillée aussitôt que les j
fleurs sont passées; les jeunes bourgeons ne
devront pas être rognés, à moins qu’ils ne I
soient démesurément longs ou qu’ils défor- ■
ment les plantes. :
E.-A. Carrière. i
Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine de novembre)
Programme du Congres international de botanique qui sera tenu à Florence, à l’occasion de l’Exposition
internationale de la Société royale toscane d’horticulture; dispositions générales; thèmes proposés
pour [la discussion au Congrès. — Le Xantlioceras sorbifolia, Bimge. — L’iiorticulture au Japon :
questions posées par M. le comte de Castillon à M. Wagener, commissaire de la section japonaise à
l’Exposition de Vienne : état de l’arljoriculture fruitière au Japon ; variétés d’arhres fruitiers ; semis,
greffes, taille; les arbres nains du Japon; culture des arbres fruitiers avec abri, culture forcée;
l'Oranger, la Mandarine ; la science horticole au Japon. — La collection d’Orchidées de M. Guibert, à
Passy. — Ouverture du cours d’arboriculture professé par M. Du Breuil; le jardin-école de Saint-
Mandé. — Nécrologie : M. Jean-Baptiste-Louis-Honoré Bouchard. — Résultats de la mission de
M. Planchon en Amérique.
Conformément à ce que nous avons dît
dans noire précédente chronique (1) au sujet
de l’exposition internationale que la Société
royale toscane d’horticulture fera à Flo-
rence, du 11 au 25 mai 1874, nous donnons
ci-après le programme du Congrès interna-
tional de botanique qui sera tenu à cette oc-
casion. On verra d’après ce programme
qu’il est peu de questions de quelque impor-
tance, au point de vue général de la science
des végétaux, qui n’aient été prévues. C’est
même, sous ce rapport un travail remar-
quable, ce qui nous engage à le reproduire
tout entier.
DISPOSITIONS GÉNÉRALES.
1. Un Congrès international de botanique,
organisé par la Société royale toscane d’horti-
culture, sera tenu à Florence au mois de
mai 1874, et pour la durée de trois jours, en
coïncidence avec l’Exposition internationale
d’horticulture (2).
, 2. Seront admis au Congrès tous ceux qui
s’occupent de botanique.
3. Les botanistes qui désirent prendre part
au Congrès devront se munir d’un billet per-
sonnel, qui leur sera délivré sur demande par
M. le Président de la Société royale tocane
d’horticulture, et signé par lui et par les secré-
taires de la Société.
4. Les demandes de billets personnels certi-
fiant l’inscription au Congrès seront adressées
avant le Rr mars 1874 au Président ou aux
Secrétaires de la Société royale toscane d’horti-
culture, au Musée royal de physique et d’histoire
naturelle, à Florence.
5. La Société royale toscane d’horticulture a
déjà fait les démarches nécessaires pour obtenir
du gouvernement italien, et des administrations
des chemins de fer et des bateaux à vapeur,
soit nationales, soit étrangères, les réductions
d’usage aux tarifs des transports, et elle s’em-
pressera de faire connaître en temps utile aux
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 421.
(2) L’Exposition internationale d’horticulture res-
tera ouverte du 11 au 25 mai 1874.
intéressés les résultats de ses démarches, et les
formalités à remplir pour jouir des facilités
obtenues.
6. L’inauguration du Congrès international de
botanique sera faite par le président de la So-
ciété royale toscane d’horticulture, qui fera con-
naître en même temps les noms des vice-pré-
sidents du Congrès, nommés à l’avance par le
bureau de ladite Société. Les membres du Con-
grès procéderont immédiatement à l’élection des
Secrétaires et des Présidents des différentes
séances du Congrès. Ces présidents devront être
choisis parmi les vice-présidents du Congrès, et
chacun d’eux dirigera la discussion de la séance
pour laquelle il sera nommé.
7. L’italien sera la langue officielle du Con-
grès; chaque membre pourra toutefois faire
usage de sa langue maternelle, soit dans la ré-
daction des mémoires, soit dans la discussion
qui s’ensuivra.
8. La durée du Congrès devant nécessairement
être très-restreinte, Messieurs les membres du
Congrès seront instamment priés de vouloir
porter toute la concision possible dans leurs
communications et dans la discussion des thèmes
proposés.
9. Les mémoires écrits seront déposés au bu-
reau de la présidence du Congrès. Il en sera
donné communication par extrait aux réunions
du Congrès.
10. A l’occasion du Congrès international de
botanique, on organisera des excursions botani-
ques aux environs de Florence, des visites aux
principaux jardins de la ville et des environs,
et une excursion àPise pour visiter le Jardin bota-
nique et le Musée d’histoire naturelle de cette
ville.
Thèmes proposés pour la discussion au Congrès
internaiional de botanique, qui aura lieu à
Florence en mai 187 i (1).
I. Sur la durée de la vie latente dans les plantes
et sur les conditions capables de la réveiller.
11. Sur la circulation cellulaire et sur ses
causes.
(1) Le jour de l’inauguration du Congrès sera
annoncé ultérieurement.
1er décembre 1873.
23
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMBRE).
in. Sur l’usage que les sucs laiteux ont dans
les plantes.
IV. Sur la nature et les fonctions des poils
dans les plantes.
Y. Sur les causes du mouvement automatique
des feuilles, manifesté principalement dans
VHedysarum gyrans.
VI. Des causes qui peuvent déterminer les di-
rections que prennent la radicule et la tigelle
dans la germination.
VII. Des causes qui peuvent influer sur la di-
rection des brandies, surtout dans les arbres
pleureurs.
VIII. Sur l’acclimatation des plantes vivaces,
et particuliérement sur l’àge où chaque espèce
peut résister aux températures minimes qu’elle
peut supporter.
IX. Sur les analogies des organes de la repro-
duction des Phanérogames et des Cryptogames.
X. Sur la généralité ou non de la fécondation
dicliogamique, et sur la durée de la faculté fé-
condante du pollen.
XI. Sur l’usage de la membrane striée des vé-
sicules embryonnaires, et nature des vésicules
antipodes du sac embryonnaire.
XII. Sur la nature et le rôle des gonides des
Lichens.
XIII. Sur la nature des Cryptogames parasites
de riiomme.
XIV. Sur la nature et l’origine des Bactéries.
XV . Sur la part que les plantes ont ou peuvent
avoir aux fermentations, aux miasmes et aux
contagions.
XVI. Des variations qu’offrent les feuilles par
rapport à l’âge des plantes.
XVII. Sur la symétrie des étamines.
XVlll. Si l’on peut établir des règles pour une
distinction rationnelle entre les groupes qu’on
désigne par les noms à'espece, race, variété, et
cela surtout en vue des limites à poser aux ap-
préciations individuelles des phytographes.
XIX. Sur la valeur des déterminations des
plantes fossiles, et particulièrement sur le crité-
rium des caractères des feuilles pour cette déter-
mination.
XX. Sur les caractères et l’origine des flores
insulaires.
XXI. Sur les caractères et l’origine des flores
alpines, et particulièrement sur les causes qui
en ont limité l’extension.
XXII. Sur les procédés pour obtenir une éva-
luation fixe des grossissements microscopiques.
— Dans la septième livraison de V Illus-
tration horticole, qui est récemment parue,
notre confrère, M. E. André, en signalant la
fructification au Muséum du Xantlioceras
sorhifolia, dont nous parlons et donnons
plus loin une figure, commet une erreur en
attribuant à M. Decaisne la qualification
qu’elle porte. C’est M. Bunge à qui cet hon-
neur revient. Ainsi, au lieu d’écrire Xa7i-
thoceras sorhifolia, Dcne, ainsi qu’il l’a fait,
il faut écrire X. sorhifolia Bge. M. Decaisne,
dont tout le monde connaît la délicatesse
et admire la loyauté, ne voudrait certaine-
ment pas qu’on lui attribuât un mérite qu’il
n’a pas, et nous sommes certain qu’il nous
saura gré de cette rectification qui, en ré-
tablissant la vérité, rend justice à chacun en
lui donnant la part qui lui revient.
— C’est avec autant de plaisir que d’em-
pressement que nous publions la lettre sui-
vante que vient de nous adresser M. le comte
de Castillon; elle contient sur le Japon des
détails très-intéressants, à peu près incon-
nus jusqu’ici :
4 novembre 1873.
Monsieur et cher directeur,
Trouvant que votre correspondant à l’Exposi-
tion de Vienne, à laquelle je n’avais pu me ren-
dre à cause de mes affaires, ne nous disait pas
grand’cliose sur cette Exposition, je chargeai un
de mes frères de se mettre en rapport avec un
membre de la Commission japonaise. Je suis en-
tré en correspondance avec lui, et je lui ai posé
les questions énumérées plus bas. Je vous envoie
copie de sa lettre, dans laquelle vous trouverez
certainement quelque chose à glaner pour les
abonnés de la Revue horticole. Si je n’ai pas eu
à certaines de ces questions une réponse aussi
catégorique que je l’aurais désiré, c’est que le
cadre à remplir était bien vaste ; c’était tout un
livre à écrire. Jugez-en plutôt :
fo Quel est l’état de l’arboriculture fruitière
au Japon? Cette science y est-elle en honneur
et pratiquée sur une grande échelle?
2o Les variétés y sont-elles nombreuses dans
chacune des espèces suivantes : Poirier, Pom-
mier, Kakis, Orangers, Figuiers, Vigne, Pêcher,
Abricotier, Prunier, Cerisier?
3» Quelles sont les espèces ou variétés qui se
reproduisent franchement de semis (graines, pé-
pins ou noyaux) et n’ont pas besoin du secours
de la greffe?
4» Cherche-t-on à obtenir de nouvelles varié-
tés par le moyen des semis, ou bien s’en tient-on
à un petit nombre connues de temps immémo-
rial?
5o Quels sont les modes de greffage les plus
généralement employés, et sont-ils absolument
identiques dans tous leurs détails avec ceux pra-
tiqués en Europe ? Quels sont les sujets préférés
pour le greffage des différentes espèces ^de
fruits?
6» La taille des arbres fruitiers repose-t-elle
sur une base rationnelle, soit pour leur donner
une forme avec leur espèce, leur variété, leur
mode de végétation et le sujet sur lequel ils sont
greffés, soit pour hâter, maintenir et régulariser
leur fructification ?
7» Quel est le procédé suivi au Japon pour la
formation des arbres nains? (J’ai lu quelque part
que vos horticulteurs étaient d’une habileté ex-
I
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CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE DE NOVEMBRE).
traordinaire pour obtenir des arbres prodigieu-
sement petits.)
8» Pratiquez-vous la culture des arbres frui-
tiers avec abri : lo permanent, en espalier contre
un mur; 2» temporaire, en caisses ou en vases
rentrés pendant l’hiver?
9° Connaissez-vous la culture forcée avec cha-
leur artificielle?
10‘> L’Oranger est-il cultivé au Japon en pleine
terre et sans abri, et comment nommez-vous les
variétés rustiques ainsi cultivées?
Ho Les feuilles d’Oranger ci-jointes (Oran-
ger que nos pépiniéristes nous vendent sous le
nom de Citrus Japonica) n’appartiennent-elles
pas à la variété que vous appelez Kum~Komt ou
un nom analogue? Sinon, comment la nommez-
vous’
12o Cultivez-vous l’Oranger dont le fruit à peau
mince, rugueuse et se détachant facilement de
la pulpe, est connu en Europe sous le nom de
Mandarine ou de Tangerine, et dont je vous en-
voie une feuille comme échantillon ?
13° Avez-vous un traité populaire d’arbori-
culture fruitière où soient fidèlement résumées
les pratiques des arboriculteurs japonais? Le cas
échéant, je vous serai infiniment obligé de me le
faire parvenir par l’entremise de mon frère.
14° Quelle est la valeur scientifique de l’ou-
vrage botanique que vous appelez les livres
Kwa-wi ?
15° Y a-t-il, dans le nombre de vos pratiques
arboricoles, quelqu’une qui soit inconnue en
Europe et qui puisse y être avantageusement ap-
pliquée ?
16° Où pourrai-je m’adresser pour me procu-
rer des graines, particulièrement d’ Orangers, de
Kakis et quelques noyaux?
17« Enfin (et il en bien temps), je prendrai la
liberté de vous demander jusqu’à quelle époque
vous serez à Vienne et votre^adresse à Vienne et
au Japon?
(Pour M. G. Wagener, commissaire de la sec-
tion japonaise à l’Exposition de Vienne.)
Voici maintenant, Monsieur et cher direc-
teur, les parties essentielles et copiées tex-
tuellement de la réponse de M. VA^agener.
Celui-ci n’est pas horticulteur, mais les
renseignements qu’il me transmet lui ont
été dictés par le jardinier de la Commission
japonaise.
1» L’arboriculture fruitière est fort bien con-
nue au Japon et pratiquée sur une échelle pas
aussi grande que chez nous (M. Wagener est Au-
trichien), mais cependant assez respectable. 11
y a des jardiniers spéciaux pour la culture des
arbres fruitiers, et même pour une seule espèce.
2° Les variétés sont assez nombreuses : les
données suivantes viennent du jardinier qui, ce-
pendant, n’en connaît pas le nombre exact, mais
qui l’estime approximativement à une vingtaine
de variétés de Poiriers ; des Pommiers, il n’y en
a que de très-mauvais, et ils ne comptent pas ;
m
des Kakis, il y en a une cinquantaine ; les Oran-
gers sont assez nombreux, et les meilleures
Oranges viennent de Kushin. Il y a deux espèces
de Figuiers: l’une est comme les nôtres; l’autre
porte des fruits beaucoup plus petits (c’est pro-
bablement le Ficus hiria.)
La Vigne est surtout cultivée à Kushin, au
pied du Fusi-Yama; le Raisin est très-bon à
manger, les grappes volumineuses, et les fruits
(grains) sont plus gros que ceux du Chas-
selas de Fontainebleau. Si je ne me trompe, it
n’y a que des Raisins blancs. Il y a bien une
vingtaine de variétés de Pêches et d' Abricots,
Les Pêches ne sont pas très-bonnes; cependant
j’ai mangé à Kioto une espèce de fruit intermé-
diaire entre la Pêche et l’Abricot, d’un bien joli
extérieure! de beaucoup de saveur. (Ne serait-ce
pas une Nectarine?) Les Pruniers sont nom-
breux, et le jardinier estime le nombre des va-
riétés à une centaine. Les Cerisiers, qne les
Japonais aiment beaucoup, surtout ceux à fleurs
doubles, ne portent généralement pas de fruits,,
et s’il y en a, ils sont petits et mauvais. En gé-
néral, les Japonais ont la mauvaise habitude de
manger les fruits avant qu’ils ne soient mûrs
c’est dans cet état qu’on les trouve au marché,
et l’on est quelquefois fort tenté de leur dire des
sottises quand on voit un fruit qui pourrait être
très- bon et qui n’est pas mûr.
3« Tous les arbres fruitiers sont greffés sans
exception ; les Japonais greffent même les arbres
à cire.
4o Tous les jours les arboriculteurs cherchent
à obtenir de nouvelles variétés par des semis, et
en choisissant les individus qui présentent quel-
que particularité et qu’ils élèvent avec soin.
5° Les modes de greffage sont pour la plupart
semblables et identiques avec ceux pratiqués
chez nous ; cependant, le jardinier prétend qu’il
y en a aussi qui diffèrent ; seulement, je vous
prie de m’excuser si je ne vous en fais pas-
une description exacte : ce serait tout un travail
à faire ensemble avec le jardinier, et encore ne
serait-il pas bien fait. Il y a des ouvrages avec
des dessins fort exacts.
00 La taille des arbres est considérée comme
chose de grande importance, et il y a des règles
exactes pour chaque espèce. Ainsi, par exemple,,
les Poiriers (qui sont quelquefois de grands ar-
bres pour les espèces communes) sont surtout
cultivés entre Yokohama et Y’eddo ; les troncs
sont à peu près de la hauteur d’un homme, et les
branches sont fixées dans une position horizon-
tale sur un treillage en bambous, de telle sorte
qu’un verger est couvert d’un plan complètement
horizontal, formé des branches des divers Poi-
riers et sans interruption ; on peut se promener
dessous et cueillir les fruits avec la main. Ceux-
ci sont de forme presque sphérique, gros comme
un poing d’enfant ; la peau est d’un jaune ver-
dâtre, tachetée comme une Pomme de reinette;
le fruit a beaucoup de jus, mais la chair est fila-
menteuse comme un Radis et est loin d’avoir la
saveur de nos bonnes Poires. Cependant les Ja-
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMBRE).
4M
ponais d’ici prétendent que Jeurs Poires valent
bien mieux que les nôtres. Affaire de goût.
Les Kakis demandent une culture particulière :
ici, il s’agit d’obtenir de grands arbres, et il faut
qu’ils se reposent une année entre autre : c’est-
à-dire ils portent des fruits une année, et l’année
suivante on les en empêche en tordant les petites
branches qui pourraient porter des fruits. De
plus, il s’agit de faire pousser des racines pro-
fondes et fortes : pour cela, on entoure les prin-
cipales racines d’argile et de pierres (jue l’on
tasse fortement, afin d’empècher les petites raci-
nes latérales de se former ; il faut que le sol soit
tel que les racines ne rencontrent l’eau qu’à une
grande profondeur.
Pour les Pruniers, il y a d’autres règles en-
core : les branches ont leur position naturelle,
mais il faut qu’elles soient taillées de façon à
bien laisser passer le vent à travers ; du moins,
c’est ainsi que le jardinier me l’explique ; il in-
siste surtout sur la libre circulation de l’air au
milieu des branches.
La Vigne est cultivée sur treillage en forme
de berceau. Les Pêchers gardent leur forme na-
turelle.
7o II est parfaitement vrai que les jardiniers
japonais sont très-habiles à produire des arbres
nains, mais cela demande beaucoup de temps,
trente, quarante, cinquante ans avant de pro-
duire un sujet comme il faut. Quand les arbres
sont jeunes, on les tord et on les fixe dans des
positions impossibles pour empêcher la circula-
tion de la sève. 11 faudrait questionner de nou-
veau mon jardinier; c’est une longue histoire
que je n’ai pas bien saisie la première fois. Sou-
vent aussi les Japonais greffent des branches
sur un tronc coupé, et le plantent dans un pot à
terre. C’est un procédé suivi surtout pour les
Pruniers, Cerisiers et Pêchers.
8o Quelquefois les arbres fruitiers sont culti-
vés en caisses et rentrés en hiver, mais rarement
pourtant. Je n’ai jamais vu d’arbres en espalier;
du moins je ne me le rappelle pas.
00 La culture forcée, avec chaleur artificielle,
est connue, mais rarement employée.
IQo Vê Oranger est cultivé en pleine terre et
sans abri; quelques-uns des noms les plus ordi-
naires sont les suivants : Mikan, Kin-kan, Daï-
daï, Kodyi, Kunembo, Youdzan, Buska-ban. Le
Kara-iachi, très-remarquable parce qu'il résiste
à des froids même rigoureux, est l’espèce sur
laquelle on greffe les autres, précisément à cause
de sa constitution robuste.
Ho Le Citrus Japonica est en effet l’arbre
dont le fruit gros comme un grain de Raisin de
Malaga, est généralement appelé Kum-kouat par
les étrangers. Je ne sais pas trop d’où vient ce
nom que j’ai souvent entendu, surtout à Nanga-
saki ; si je ne me trompe, les Japonais qui sont
avec notre Commission et dont un est très-fort
en fait de noms botaniques, ne connaissent pas
le mot de Kum-kouat. Le nom japonais du fruit
en question est « Kin-kan. »
12^ L’Orange Mandarine n’est pas connue au
Japon.
13o II y a des traités d'arboriculture avec des-
sins; mais nous en avons fort peu avec nous, et
ils sont destinés à être donnés en cadeau à des
bibliothèques. Je crois que, si vous y tenez'beau-
coup, il vaudrait mieux attendre que je vous en
expédie de Yeddo.
14o L’ouvrage botanique appelé Kiva-ioi est
très-estimé à cause des dessins, mais il paraît
que le texte ne vaut pas grand’chose.
15» Vous me demandez s’il y a, au Japon,
quelque pratique arboricole qui soit inconnue en
Europe et qui puisse y être avantageusement ap-
pliquée; c’est là une question qui dépasse ma
compétence ; je ne connais pas assez bien les
pratiques d’ici ni celles de là-bas pour pouvoir y
répondre en conscience.
1f)0 11 ne sera pas trop difficile d’avoir des
graines de toute espèce ; il y a à Yeddo, et no-
tamment à Osacca, de gros jardiniers qui font le
commerce des graines et où vous pourrez avoir
tout ce que vous voudrez ; je suis prêt de grand
cœur à vous aider dans ces achats ; seulement,
je vous dirai que le meilleur moment pour faire
les commandes est le mois de décembre, d’après
ce que le plus grand jardinier d’Osacca m’a dit
lui même; si vous m’écrivez de suite ce que
vous voulez avoir, je pourrai peut-être faire par-
venir la commande à Osacca, de telle sorte que
vous recevrez les semences en mars.
Vous exigez absolument. Monsieur le comte,
que je mette votre complaisance à contribution ;
eh bien ! je vais le faire dans l’intérêt de mes
Japonais ; il serait intéressant de savoir quelque
chose sur la culture du Pm maritime, telle
qu’elle est pratiquée en Sologne, et sur les pro-
cédés industriels pour en extraire la térében-
thine et les produits dérivés.
V Olivier serait également un arbre d’un grand
intérêt pour le Japon; le climat ne s’y oppose-
rait pas, je crois ; quant au sol, je ne sais pas ;
mais il paraît qu’il y a une espèce d’Olive au Ja-
pon. Je vous serais donc obligé si vous pouviez
m’indiquer quelques brochures traitant de la cul-
ture des arbres en question, et aussi de m’infor-
mer où je pourrais avoir au besoin soit des se-
mences, soit des plants, pour les emporter au
Japon. En ce qui concerne les arbres fruitiers,
on a promis aux Japonais une telle quantité de
jeunes arbres, qu’ils en auront bien assez pour
commencer, surtout s’ils ont la faiblesse de pré-
férer leurs Poires, etc., aux nôtres. Je ne vois
pas trop quel serait le meilleur moyen pour
transporter au Japon des sujets greffés ou des
rameaux pouvant servir de greffons pour greffer
des sujets japonais. Vous m’obligeriez si vous
pouviez me donner quelques indications. J’ai bien
envie, quand je serai de retour . au Japon, de
planter un petit verger où je cultiverai quelques
espèces choisies de Poiriers, Pommiers, Ceri-
siers, etc. Je suis grand amateur de fruits, et ceux
du Japon ne sont généralement pas merveilleux.
Veuillez agréer, etc. G. Wagener.
445
CHRONiaUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMBRE).
Il est inutile, croyons-nous, d’insister
pour faire ressortir l’intérêt qui s’attache à
tout ce qui précède ; il n’est personne parmi
nos lecteurs qui ne puisse l’apprécier et en
faire son profit. Néanmoins, nous en devons
témoigner publiquement notre reconnais-
sance à l’auteur de cette communication,
M. le comte de Gastillon, et le féliciter d’a-
voir, par son initiative privée, provoqué des
questions et obtenu des renseignements qui
nous étaient inconnus et dont, pendant long-
temps encore, la science aurait été très-pro-
bablement privée.
— Il est peu, ou plutôt il n’est pas d’bor-
ticulteur ou d’amateur d’horticulture qui
n’ait vu ou du moins entendu parler de la
magnifique collection d’Orcliidées de M. Gui-
bert, à Passy-Paris. Gomme tant d’autres,
hélas ! elle vient de quitter la France. Gette
collection, qui était un choix de tout ce qu’il
y a de beau en France, a été vendue pour
l’Egypte. Après avoir fait l’admiration du
public français, elle va orner les serres du
vice-roi et rappeler le nom de notre re-
gretté ami, M. Barillet, dans ce pays où,
comme en France, son nom est déjà si cé-
lèbre et écrit partout dans ses remarquables
travaux.
— Le cours municipal d’arboriculture,
professé par M. Du Breuil, commencera le
25 novembre 1873, à huit heures du soir,
dans la salle de la Société d’horticulture,
rue de Grenelle- Saint-Germain, 84.
Les leçons théoriques seront continuées
tous les mercredis et samedis, à la même
heure.
Les leçons pratiques seront faites tous les
dimanches, à une heure et demie, à partir
du dernier dimanche de janvier, à l’école
pratique d’arboriculture de la ville de Paris,
située au bois de Vincennes, Avenue Dau-
ménil, près la porte de Picpus (chemin de
fer de Vincennes et chemin de fer de cein-
ture, station de Bel-Air).
Nous avons visité plusieurs fois, cette
année, le jardin-école de Saint-Mandé, créé
en vue des leçons pratiques, ainsi que pour
les expériences relatives à l’arboriculture.
Get établissement des plus remarquables,
et dont la plantation a été terminée seule-
ment à l’automne de 1869, commence à
donner des résultats importants au point de
vue de la production. Gette année, après
quatre ans de végétation, et malgré l’in-
tensité des gelées printanières, on y a
vendu, au profit de la caisse municipale.
30,000 Poires, Pommes et Pêches, plus
175 kilogrammes de Gerises, Raisins et Gro-
seilles. Dans deux ans, on arrivera au pro-
duit maximum qui, sans aucun doute, dou-
blera ces quantités. Ges résultats prouvent
l’excellence des méthodes de culture préco-
nisées par le professeur. Aussi ce jardin
est-il sans cesse visité par un grand nombre
d’amateurs et de jardiniers nationaux et
étrangers, et les leçons, tant théoriques que
pratiques, attirent chaque année u^ audi-
toire des plus nombreux.
— La Société centrale d’horticulture de
France vient de perdre un de ses principaux
membres, son secrétaire général, M. Jean-
Baptiste-Louis-Honoré Bouchard, officier
d’Académie, membre de la Société des
agriculteurs de France, de la Société d’ac-
climatation, etc.
Atteint depuis quelque temps seulement
d’une maladie qui devait le conduire au
tombeau, M. Bouchard est mort à Paris, le
23 novembre 1873.
G’était un membre actif, qui a rempli
avec zèle et distinction l’importante et déli-
cate fonction de secrétaire général de la So-
ciété centrale d’horticulture de France de-
puis le l<^i’ janvier 1866 jusqu’à sa mort.
— La question du phylloxéra continue à
occuper les savants ; mais jusqu’à ce jour
aucune découverte pour combattre cet en-
nemi n’ayant été faite, nous ne rapporterons
pas les discussions qui en ont été l’objet et
qui, à vrai dire, n’intéressent guère que les
entomologistes; nous dirons seulement que
M. Planchon, envoyé en Amérique par
le ministre de l’instruction publique (1),
sur la proposition de l’Académie des scien-
ces, a maintenant terminé sa mission, et
que sa communication dont, à nos yeux,
on a beaucoup exagéré l’importance, n’est
pas de nature à rassurer les viticulteurs.
En effet, il a, dit-on, acquis la certitude
que le phylloxéra qui ravage nos Vignes
est bien le même que celui qui frappe
les Vignes américaines, ce qui équivaut
à ceci: M. A... et M. B..., attaqués de
la même maladie , sont morts tous les
deux.... Il a aussi acquis cette autre convic-
tion que certaines Vignes américaines ne
sont pas attaquées par le phylloxéra. Ges
dires que, jusqu’à plus ample informé,
nous considérons comme hypothétiques, ne
nous rassurent pas, car, fussent-ils vrais,
(1) V. Revue horticole, 1873, p. 282.
UN LEGUME A RECOMMANDER.
446
ils ne démontrent pas que ces quelques
Vignes américaines soient l’équivalent des
nôtres et puissent les remplacer, ce que
nous n’hésitons pas à considérer comme
très-douteux ; le troisième point important
comme résultat du voyage de M. Planchon
serait la découverte d’un acarus (( qui pour-
suit le phylloxéra jusque dans les profon-
deurs du sol, qui l’attaque, s’en nourrit et
le détruit. » Sans être sceptique, nous
avouons ne pouvoir partager le contentement
que semblent éprouver certaines personnes
de cette affirmation, et nous n’hésitons pas
à dire que, à part certains petits détails qui
vont occuper le monde savant, faire noircir du
I
UN LÉGUME A
papier et accorder certains honneurs, la ques-
tion du phylloxeran’est guère plus avancée :
pour les viticulteurs, elle est exactement là
même après comme avant ce voyage, sur
lequel on fondait tant d’espoir. Inutile, on
doit le comprendre, de dire que nous dési-
rons nous tromper et que ce serait avec le
plus grand plaisir que nous ferions publi-
quement amende honorable. H est bien
entendu aussi que nous ne critiquons en
rien la manière dont M. Planchon s’est ac-
quitté de sa mission, heureux de recon-
naître ici toute son honorabilité scientifique.
E-A. Carrière.
RECOMMANDER
En horticulture, comme en toutes choses,
les nouveautés ont le privilège d’attirer l’at-
tention et de faire accourir les gens. Elles
se présentent, en général, avec accompa-
gnement de promesses et renfort de coups
de grosse caisse, ce qui ne nuit pas à l’af-
faire, attendu que le bruit attire toujours les
badauds, et que les promesses ont le double
avantage de ne rien coûter et de rapporter
beaucoup à ceux qui les font au public. S’il
faillait le démontrer, les exemples ne nous
manqueraient pas ; mais point n’en est
besoin.
Nos lecteurs savent aussi bien que nous
combien est petit le nombre des légumes de
mérite découverts depuis quelques années;
et pourtant, que nous sachions, les nouveau-
tés n’ont pas fait défaut; du moins on nous
en a fait voir de toutes les sortes et de toutes
les couleurs. Qu’est-il donc resté de tout
cela? Bien peu de chose, en vérité.
Or, si le fait que nous avançons est vrai,' —
et nul ne le contestera, hormis les intéressés,
— on nous saura gré, sans doute, de recom-
mander aux lecteurs quelques vieux légu-
mes oubliés et qui méritent pourtant bien
d’avoir une place dans le potager. De ce
nombre est le Chou-Rave, que les Alsaciens
nomment Colrave et les marchands grai-
niers de Paris, Chou de Siam, on ne sait
trop pour quelle raison.
Ce Chou, dont la tige se renfle au collet
en forme de sphère, de boule aplatie ou
d’ovale, et qu’on cultive sur une vaste
échelle dans nos contrées de l’Est, se re-
commande non seulement par sa qualité,
mais encore par la simplicité de sa culture.
C’est un légume qui devrait figurer sur
toutes les tables, maintenant que chacun
croit faire acte de patriotisme en mangeant
force chou croûte arrosée de nombreux
bocks, sans compter que le Chou-Rave vaut
grandement le mets dont nous venons de
parler. N’allez pas croire, après cela, que
nous voulions médire de la choucroûte ; il
s’en faut de beaucoup ; mais elle n’est point
en cause ici, et dès lors, on ne trouvera pas
mauvais c{ue nous la laissions de côté. Ce
qui nous occupe pour l’instant, c’est le Chou-
Rave ; voyons-le donc.
Les Choux de cette catégorie doivent être
semés en pépinière, de mars en avril. On
les éclaircit si besoin en est dès que la chose
est possible, et quand ils sont d’une taille
convenable, c’est-à-dire âgés de cinq à six
semaines, après la levée, ôn les repique,
comme les Choux ordinaires, en ayant soin
de les placer à 60 centimètres environ de
distance et autant que possible dans des
fossettes ouvertes avec la houe, afin que
leurs pommes ou renflements se fassent au
niveau du sol. Dès que ces renflements ont
atteint près de 15 centimètres de circonfé-
rence, on ramène la terre du bord dans les
fossettes, et l’on en recouvre les renflements
en question, afin de les soustraire à l’ardeur
du soleil qui les empêcherait de se dévelop-
per, Quand on les laisse exposés à l’air et au
soleil, la peau se dyrcit, perd son élasticité,
éclate et se corde ; mais quand on cache la
pomme sous une butte, la peau reste tendre,
garde son élasticité et ne se déchire point
sous un afflux de sève. A mesure que cette
pomme grossit et se dégage de la terre qui
la recouvre, on recharge la butte. Il va de
soi que les sarclages et les binages ne
doivent pas être négligés entre les plantes.
Comme les autres Choux, les Choux-Raves
ANTHURIUM SCHERZERIANUM
U1
en temps de sécheresse, ont besoin d’être
abondamment arrosés. Quant aux insectes,
ils ne sont pas bien à redouter pour ce lé-
gume. Les chenilles et les pucerons l’atta-
quent peu et n’altèrent jamais son renfle-
ment, qui est la partie comestible; cependant
ce dernier est quelquefois endommagé par
d’infimes vers rouges qu’on rencontre sou-
vent sur les racines de nos légumes et aussi
par de petits myriapodes que tous les horti-
culteurs ont appris à connaître à leurs dé-
pens.
Dans les terres de médiocre qualité, le
renflement du Chou-Rave atteint d’ordinaire
une circonférence de 30 à 32 centimètres ;
dans les bons terrains, il n’est pas rare d’en
voir qui mesurent 45 centimètres.
Les Choux-Raves ne sont réellement fins
que lorsqu’ils sont arrivés au tiers ou, au
plus, à la moitié de leur développement. On
fera donc bien de les prendre quand les
renflements mesureront de 20 à 25 centimè-
tres de circonférence. A ce moment leur
saveur rappelle à s’y méprendre celle des
Choux-Fleurs ; mais plus tard, ils ont un
goût de Chou trop prononcé pour les ama-
teurs. Quand on ne redoute pas ce goût fort,
on arrache les Choux en question en sep-
tembre ou en octobre, selon les climats, puis
on les dépouille de leurs feuilles, que l’on
donne aux vaches, aux chèvres ou aux lapins,
et l’on garde les renflements dans la cave ou
au cellier. On pourrait parfaitement manger
les feuilles du Chou-Rave qui sont tout aussi
bonnes que celles des autres Choux ; on en
pourrait faire, par exemple, d’excellentes
soupes au chou vert. Dans l’Ouest, où ce
mets est très-répandu ; on n’en fait guère
usage à cet effet, et le plus ordinairement,
on cueille même ces feuilles, pendant le
développement des têtes, pour les donner
aux animaux.
Nos lecteurs nous sauront peut-être gré
de leur indiquer la manière d’utiliser le
Chou-Rave en cuisine ; nous allons les ren-
seigner. Mais avant de parler des prépara-
tions qui conviennent à ce légume, il nous
reste à faire aux ménagères une recomman-
dation qui n’est pas sans importance : c’est
de préférer, pour la cuisine, les têtes parfai-
tement rondes et dont la peau est fine, aux
têtes allongées et à peau rugueuse à la base.
Les premières sont toujours tendres ; les au-
tres sont parfois dures et ligneuses dans leur
moitié inférieure.
Le Chou-Rave se prépare à la sauce blan-
che, absolument comme le Chou-Fleur. On
l’accommode également au beurre, à la
crème, ou bien encore on s’en sert pour les
ragoûts. Avec le veau et le mouton, à la
casserole, il fort estimé ; en Alsace, on le
mange au jus, et nous ajouterons, avec con-
naissance de cause, que, préparé de cette
façon, il n’est point à dédaigner.
Aug. JOIGNEÂUX.
ANTHURIUM SCHERZERIANUM
Plusieurs auteurs prétendent que cette
Aroïdée n’est pas un Anthurium et qu’elle
appartient à un autre genre ; cela regarde
les savants : à eux de décider cette grave
question ; ce qui est plus intéressant pour la
masse des amateurs de ce bijou, c’est que
depuis quelque temps, en attendant l’.^n^/itt-
rium Scherzerianum blanc, qui fleurirait,
dit-on, à Gand (?) MM. les horticulteurs bel-
ges et anglais livrent des jeunes sujets de
cette plante provenant de semis, lesquels
sont loin de valoir le type.
Les plantes ayant cette origine ne four-
nissent pas une aussi belle spathe ; la cou-
leur de celle-ci est d’un vermillon orangé
très-pâle; sa forme est rétrécie, et son port
moins gracieux ; tout cela choque grossiè-
rement, surtout si une ancienne plante, di-
rectement introduite, est là pour servir de
(1) Cette charmante espèce a été décrite et figu-
rée dans la Revue horticole, en 1866, p. 480.
comparaison. Ajoutons que ces semis sont
moins vigoureux et qu’ils paraissent étiolés
et malades ; leurs feuilles sont aussi bien
plus étroites que celles des pieds-mères.
En revanche, M. Rergmann, le jardinier
en chef deM. Rotschild, au château de Fer-
rières, a obtenu des résultats très-opposés,
également par le semis direct, sans la
moindre fécondation artificielle. Ses plantes
présentent des spathes plus grandes, mieux
formées et d’un superbe rouge carmin très-
foncé ; leur aspect est vigoureux ; chez la
plupart des sujets, les feuilles sont moins
longues, mais bien plus larges que celles du
type.
Il serait peut-être utile de donner une
sous-dénomination à ces deux variétés, par
exemple Anthurium Scherzerianium an-
gustifolium pour les premiers, et Anth.
Scherzerianum latifolium pour les seconds.
Dans tous les cas, nous avons cru utile de
448
XANTIIOCERAS SORBIFOLIA.
signaler cette particularité aux amateurs,
qui, ainsi avertis, seront moins exposés à
être trompés. Nous pensons aussi que les
horticulteurs feront bien d’établir des prix
différents pour ces produits, dont l’un est
parfait, tandis que l’autre est au-dessous du
médiocre.
Culture. — On ne saurait trop recom-
mander de cultiver ces Antburiums dans
des cendres de charbon de terre ou escar-
billes, et de la terre de bruyère largement
mélangée de sphagnum et de petits mor-
ceaux de charbon de bois de la grosseur
d’une noisette. Le fleuriste de M. de AVo-
roqué, à Mariemont (Belgique), n’emploie
que la poussière jmre de charbon de terre
sortant de ses fourneaux de chauffage; il
obtient ainsi des plantes d’une force extra-
ordinaire. Alphonse D***,
Amateur.
XAXTHOCERAS SORBIFOLIA
Dans la Revue horticole, 1872, p. 291,
nous avons donné une description et une
figure de cette espèce, l’une des plus inté-
ressantes qui, au point de vue de l’ornemen-
tation, ait été introduite depuis longtemps.
Dans cet article, nous avons rapporté,
d’après M. Decaisne, toutes les particularités
qui se rattachent à l’introduction de cette
plante, ainsi que les caractères que nous
avons été à même d’observer au Muséum,
où, chaque printemps, nous la voyons se
couvrir de fleurs. Jusqu’à ce jour, tout de-
vait se borner à la végétation et à la florai-
son de la plante, puisqu’elle n’avait pas en-
core fructifié. Disons toutefois qu’il y avait
pour cela une bonne raison, puisqu’aussitôt
que s’ouvraient les premières fleurs, on don-
nait des ordres pour qu’on les coupât toutes.
Pourquoi? Nous n’en savons rien, nous ci-
tons le fait ; nous nous permettrons pourtant
de faire observer qu’il est fort douteux que
ce soit par amour pour la science qu’on ait
agi ainsi.
Mais quoi qu’il en soit, et fort heureuse-
ment, sur le désir exprimé par M. Bron-
gniart, on consentit cette année à laisser
fleurir cette plante, fait qui a
permis d’en apprécier la beauté,
ce que jusque-là on n’avait pu
faire. En agissant ainsi, le célèbre
botaniste du Muséum, M. Bron-
gniart, avait surtout en vue l’ob-
tention des fruits, ce qui est ar-
rivé et permettra d’en bien
indiquer les caractères et d’en
faire ressortir les particularités.
L’impossibilité dans laquelle
nous nous sommes trouvé d’exa-
miner ces fruits, et surtout l’in-
suffisance de nos connaissances
botaniques, expliquent pourquoi
nous nous bornons à les repré-
senter (figure 40), en indiquant
leurs caractères physiques, au-
tant toutefois qu’il nous^a été pos-
sible de les étudier.
Faisons d’abord remarquer
que malgré qu’il y ait eut plu-
sieurs milliers de fleurs, il n’y
a eu que quatre fruits disposés
par deux, absolument comme
le représente la figure 40. Bien
que les fleurs soient disposées en panicules
spiciformes terminales très-dressées , les
fruits étaient néanmoins pendants, ce qu’il
faut attribuer, très-probablement du moins,
au volume et au poids qu’ils acquerront. Ces
fruits qui, jusqu’à leur maturité, peuvent
être comparés à des sortes de grosses Aman-
des ou à des Abricots un peu allongés, nous
ont présenté les caractères suivants :
Péricarpe déhiscent, triloculaire, très-
A'ig- 4Ù. — Fruits du Xanthoceras sorbifolia
(grandeur naturelle).
SOUVENIRS DE L’EXPOSITION D’HORTICULTURE DE GAND.
449
charnu, atteignant jusqu’à G centimètres de
longueur sur environ 4 centimètres de dia-
mètre, atténué à la base, courtement rétréci
et prolongé au sommet en une sorte de mu-
cron ou d’apicule analogue à ce qu’on re-
marque fréquemment chez certaines Pêches
ou même d’Amandes, à surface très-légère-
ment bossuée et comme très- finement pu-
bérulente-granuleuse, et, sous ce rapport
encore, rappelant un peu ce qu’on observe
sur le péricarpe soit des Pêches, soit des
Abricots; valves épaisses très-résistantes,
bien que charnues, renfermant à leur inté-
rieur un petit nombre de graines qui nous
ont paru s’attacher sur un placenta longitu-
dinalement axile — ce que nous n’affirmons
pas, n’ayant pu voir les fruits qu’à peine
entr’ouverts, comme le démontre la gravure ;
SOUVENIRS DE L’EXPOSITIO
Chaque peuple a, pourrait-on dire, sa
spécialité horticole. C’est ainsi qu’aucune
nation ne peut rivaliser avec la France pour
l’art de tracer les jardins, pour l’emploi
raisonné et vraiment artistique des végétaux
dans l’ornementation des parcs, squares,
jardins ou appartements, et pour la confec-
tion des bouquets. L’horticulture française
est encore supérieure à celle des autres na-
tions par ses légumes, ses beaux et bons
fruits, son arboriculture et ses Rosiers, par
l’étendue et la bonne direction de ses pépi-
nières et aussi par la culture des plantes les
plus recherchées du public. Enfin, on peut
dire qu’en France la presque totalité des
produits horticoles (sauf ceux des pépiniè-
res, les légumes et les fruits) est consommée
sur place.
En Belgique, au contraire, l’horticulture
est une industrie d’exportation qui donne
lieu à des transactions commerciales très-
, importantes avec les nations voisines et éloi-
gnées, ce qui explique pourquoi dans les
expositions belges on rencontre une si
grande quantité de produits nouveaux, rares
ou remarquables par leur dimension.
La pensée d’être utile aux lecteurs de la
Revue horticole nous a engagé à publier
les notes que nous avons prises à Gand lors
de sa dernière exposition, en mars 1873.
Le grand nombre des exposants et celui des
végétaux présentés nous servira d’excuse
pour les oublis que nous pourrons faire. En
effet, plus de deux cents personnes ont ap-
porté à cette exposition environ six mille
végétaux divers.
— graines peu nombreuses, mûrissant fin
juillet, à testa uni, luisant, résistant, non
osseux, coriace, cartilagineux, d’un noir un
peu grisâtre, grosses, subsphériques, rap-
pelant assez exactement par la forme, l’as-
pect et les dimensions, les graines de Kœl-
reuteria paniculata qui , du reste , de
même que le Xanihoceras, fait partie des
Sapindacées.
Bien que nous ne puissions rien affirmer
sur la nature des graines du Xanthoceras,
l’examen que nous avons pu en faire semble
démontrer qu’on devra les semer peu de
temps après leur maturité, mais à froid
sous des châssis, comme si on les mettait en
stratification, si l’on désire avoir une bonne
germination.
E.-A. Carrière.
[ D’HORTICULTURE DE GAND
D’abord, comme aperçu général nous di-
rons que la grande salle du Casino (sorte de
jardin d’hiver) avait été convertie en jardin
paysager ; les massifs du pourtour étaient
occupés par de beaux Palmiers (les Phœ~
nicophorium Sechellesense (1), Pritchar-^
dia Gaudichaudea, Cocos Weddelliana
ou Glaziova elegantissima, Pritchardia
Martiana, Arenga saccharifera, étaient les
plus remarqués); des Cycadées [Cycas
Armstrongca^ Ceratozamia Kusterea, Ce-
ratozamia metallica, Microcycas calo-
coma^ Stangeria schizodon eiparadoxa^
Zamia Porowskiea, Roezlea, Vroomea,
Cycadæ folia, spiralis, villosa, vernicosa,
étaient les plus rares); d’énormes Fougères
arborescentes (Todea harhara, Dicksonia
chrysostricha , Cyathea Reirichea , C.
dealhata, C. princeps, C. medullaris, Ci-
hotium spectahile, Angiopteris Rrongniar-
tea étaient les plus belles) ; de superbes
Protéacées [Driandra armata, touffe de
50 de diamètre) ; des Aroïdées [Anthu-
rium peltatum, A. hyhridum, Philoden-
drum sanguineum, Potos crassinerva,
Atithurium crinipes, attiraient surtout les
regards des amateurs); de beaux Camellias,
des Phormium tenax foliis variegatis
ayant 250 à 300 feuilles de 2 à 3 mètres de
longueur et toutes régulièrement panachées ;
enfin une foule de plantes remarquables par
le choix des 'espèces ou variétés, par leur
(\) Nous déclinons toute responsabilité relative-
ment à la manière d’orthographier les noms; elle
retombe tout entière sur l'auteur de l’article.
(Rédaction.)
450
SOUVENIRS DE L’EXPOSITION D’HORTIGULTURE DE GAND.
bonne culture et par la dimension des su-
jets, parmi lesquelles nous citerons : Arto-
‘Carpiis hresiliensis, Rhododendrum de
THimalaya, Azalea mollis (un des produits
les plus remarquables de cette exposition).
Yucca Roezleay Strelitzia rutilans^ pu-
mila, régime, etc. Le massif du centre,
composé d’Azalées de l’Inde, extraordinaires
comme lloribondité, forme, richesse et fran
cheur de coloris (quelques sujets m.esuraient
2 mètres de diamètre), était bordé par une
collection de Sélaginelles et par des Tro-
peolum hicolor palissés sur des sphères en
fil de fer. Les quatre autres massifs de ce
jardin étaient garnis avec des lots d’Azalées
de l’Inde, des Camellia (beaux et généra-
lement forts), des Fougères arborescentes,
de nombreuses Cycadées, des Dracœna
nouveaux ou remarquables par leur bonne
culture, enfin par une quantité considérable
de plantes variées en forts exemplaires, parmi
lesquelles nous mentionnerons comme les
plus remarquables les espèces suivantes :
Adenandra fragrans avec ses jolies fleurs
roses; Eriostemum pulchellum, liniifo-
lium, neriifolium et myoporoides ; Epa-
cris nivalis, dentiflora, pulchella, im-
pressa et pungens ; Diosma alha; Polygala
oppositifolia ; Geyiista ramosa ; Genithyl-
Us fuchsioides ; Dracœna : à feuilles
îancéolées-elliptiques : D, jaspidea, pé-
tiole brun pruineux bordé de brun foncé;
limbe vert marqué transversalement de
petites raies jaunes; D. metallica, pétiole
et limbe noirâtre; D. Moorea, pétiole et
limbe rouge à reflet métallique ; D. Chelso-
nea; D. Youngea ; D. gloriosa et Shepher-
dea (ces quatre derniers nouveaux).
2o Feuilles ovales-elliptiques : D. splen-
dens ; D. regina, pétiole et limbe vert bordé
et marginé de blanc jaunâtre. 3« Feuilles
linéaires : D. lutescens et lutescens striata ;
D. lentiginosa, variété à feuilles brunes du
D. indivisa ; D. grandis, vert brillant lé-
gèrement bordé de blanc. Ajoutons que
pour rendre l’.effet plus grandiose et plus
saisissant, les organisateurs avaienffait pla-
cer, çà et là, dans ces massifs et dominant
les autres végétaux, de très-forts exem-
plaires de Cïbotium regale, Balantium
untarcticuyn ; Cycas circmalis etrevoluta ;
Zamia Altensteinea ; Encephalartos caf-
fra ; Zamia villosa ; Ahophila australis ;
Latania horhonensis (avec 40 feuilles) ; Ca-
mellia fimhriata et retieulata (très-belles
pyramides) ; de magnifiques exemplaires de
Teopkrasta macrophylla; Curatella [Theo-
pl trusta] imperialis, etc., etc.
Montons au premier étage du Casino : là,
deux salles étaient affectées à l’exposition
des végétaux, tandis qu’une troisième était
réservée aux objets scientifiques tels qu’ou-
vragés de librairie, de physique, parmi les-
quels des thermomètres avertisseurs Le-
maire (instrument qui mérite d’ètre recom-
mandé), etc., etc.
Au centre de la première salle et sur une
grande tahle ovale une riche collection de
Pandanées : Pandanus cuspidatus, Hort., à
feuilles longues, à bords portant des épines
brunes et colorées de vert lavé de brun vers
la base ; P. ornatus, Hort., feuilles larges,
flexueuses,’épines blanchâtres, vert brillant ;
P. caricosus, Rumph., feuilles longues et
vertes, épines petites et blanchâtres; P. gra-
mineus {Freycinetia), Hort., feuilles étroi-
tes, vert foncé ; P. pigmœus, Petit-Thouars,
feuilles très-canaliculées vert maculé de
jaunâtre; P. reflexus, Loddiges, feuilles
très-longues, retombantes, à épines courtes
et blanchâtres ; P. farinosus, Linden, va-
riété de P. utilis à feuilles étroites à la base
et farineuses ; P. Javanensis, Hort., à feuilles
panachées ; P. Veitcheus, Veitch, égale-
ment à feuilles panachées, mais dépourvues
d’épines ;|P. amaryllidifolius, Roxhurgh,
feuilles petites, minces, vertes. Cette collec-
tion était entourée par des centaines à' Ama-
ryllis, dont les fleurs éblouissaient la vue par
la richesse et la fraîcheur de leurs coloris
[Bijou des dames, particulièrement, avec ses
grandes fleurs rouges rayées de blanc pur,
contrastait avec Reine des Belges, à fleurs
fond blanc teinté de rose carminé) ; puis des
Caladium bulbeux et des Cyclamen variés.
Sur d’autres tables, longeant la muraille,
étaient placés des bouquets généralement
compacts, des légumes et des fruits forcés
(Asperges, Fraises, Ananas, Raisins) ou
conservés (Poires, Pommes et Pommes de
terre), des collections de Jacinthes en pots
et sur carafes (choix des variétés et culture
remarquables), quelques Lilium, de magni-
fiques Cyclamen (surtout bien cultivés),
enfin de très-belles variétés de Gymno-
gramma aux feuilles longues, élégantes et
revêtues d’une véritable mine d’or ou d’ar-
gent. Au fond de cette salle on admirait des
massifs de belles et fortes touffes de Ma-
ranta Lindenea, vittata, fasciata, Wa-
gnerea, roseo-picta, coreif olia • de Curcu-
ligo recurvata foliis variegatis, Pandanus
utilis foliis variegatis, avec leurs feuilles
panachées de jaunâtre; Musa vittata, avec
sa belle panachure blanche ; Ficus Wend-
landea, à grandes feuilles cordiformes.
QUESNELIA RUFA.
451
vert brillant et à nervures blanches ; Philo-
dendrum parimense à pétiole rougeâtre,
Ph. Payeuse, concurrent du Ph. Lin-
deneum ; des Alocasia, des Croton, des
Dieffenhachia variés, etc., etc.
Dans la seconde salle, une table placée le
long du mur était garnie par de très-beaux
exemplaires de Leptopteris superha, la plus
jolie desFougères;d’Adianium Farlayense,
dont les feuilles élégantes couvraient un
métré carré ; de beaux lots de Broméliacées,
d’Aroïdées variées, de Caladium bulbeux,
de Musa variés, de plantes et arbres frui-
tiers et utiles des tropiques, de Maranta,
de Nepenthes, d'Anœctochilus, d' Orchi-
dées, de Palmiers, de Bégonia, parmi les-
quels nous citons le B. reginœ Sophia
comme très-remarquable par la panachure
rose et blanche de ses feuilles d’un beau
vert foncé ; enfin, toutes les plantes rares ou
nouvelles de serre dont on trouvera la liste
à la fin de cet aperçu général.
Dans le jardin du Casino, de nombreux
lots de Conifères en collection. Les sujets
étant presque tous très-gros, les amateurs
pouvaient facilement se rendre un compte
exact de l’aspect que doit produire, à son
entier développement, chaque espèce ou va-
riété. Il y avait aussi des lots de Lierres,
dAucuha nombreux en espèces et variétés,
des Myrtes, des Lauriers-Tins, Lauriers
d’Apollon [Laurus nohilis] énormes, élevés,
à tige de 2 mètres environ et taillés en
boule (ces arbustes remplacent les Orangers
dans le nord)) ; de beaux Houx en collec-
tion, de magnifiques pyramides de Buis ;
enfin une très-grande quantité d’instruments
et d’objets concernant l’horticulture, tels
que bancs, chaises, kiosques, poterie, appa-
reils de chauffage et d’arrosage, tondeuse
de gazon ; puis divers spécimens de serre
où on avait exposé des Pélargonium, Ges-
nériacées, Azalea et Bhododendrum nou-
veaux. Dans une annexe, vaste construction
élevée pour la circonstance, on trouvait les
nouvelles variétés d’Azalées de l’Inde, des
collections, peu nombreuses, de Bhododen-
drum, \diYÏéiés anciennes et nouvelles, de
très-beaux lots d’arbustes bien cultivés, tels
que Mimosa Drummondea, avec ses belles
grappes de fleurs jaunes; M. ovata, couvert
de ses houppes de même couleur; M. penta-
denia, remarquable par son feuillage ;
M.falcata, lanata, etc., en touffes de 2 à
3 mètres de hauteur et autant de circonfé-
rence ; des Genista racemosa de môme
dimension et également couverts de fleurs;
Diosma capitata, jolies boules de fleurs
roses d’un mètre de diamètre ; Littosper-
mum fruticosum, très-jolie plante que nous
recommandons tout spécialement; celles
qu’on voyait là étaient élevées à lige de
30 centimètres de haut et ressemblaient à
des Myoporum, sauf les fleurs qui sont
d’un beau bleu; des collections très- remar-
quables dAgave, d'Aloe [A. roseo cincta,
feuilles de 25 centimètres de long, vertesbor-
dées de rose), d' Echeveria, de Bo7iapar-
tea, de Dasylirium, de Yucca (Y. Smetea,
à feuilles bronzées ; Y. funifera, à feuilles
dressées de 1 mètre de long ; Y. lûtes -
cens, Carr. ; Y. recurvifolia, à feuilles re-
tombantes, etc.), de Fougères et de Pal-
miers de serre tempérée et de plein air
(Neptopteris australica, bel exemplaire,
feuilles de plus de 1 mètre de longueur sur
20 centimètres de largeur ; Cocos Bonnetea,
Livistona fdamentosa , Juhea spëctahilis,
Chamœrops nivea, à feuilles blanches en
dessous, etc.) ; des Phormium [P. tenax
tricolor, peu distinct) , P. tenax fol. var. ,
P. tenax Veitcheum , P. atropurpureum ,
P. Colensoi fol. var., P. Cookeumfol. var. ;
enfin deux variétés de circonstance, P.
hrevifolium elegans et P. latifolium aureo
striatum] ; de très-beaux Camellia ; des
Dracœna, Cineraria, P ce onia ; des Acer
palmatum [ornatum, à feuilles très-décou-
pées ; crispum, feuilles roulées ; atropur-
pureum, feuilles bronzées ; sanguineum,
feuilles rougeâtres ; formosum, feuilles
vert tendre) ; enfin une très-grande quan-
tité de lots de Conifères nouveaux, surtout
des Araucaria et des Dammara, etc.
Rafarin.
(La suite prochainement.)
QUESNELIÀ RUFA
Malgré toutes les recherches que nous
avons faites, nous n’avons pu découvrir où a
été publié le genre Quesnelia, ni qui a créé
l’espèce, dont nous donnons une figure ci-
contre. Quelques personnes nous ont dit
qu’il avait été établi par M. Adolphe Bron-
gniart; d’autres nous ont assuré qu’il l’avait
été par feu Gaudichaud. D’où l’on pourra
conclure que c’est un de ces baptêmes clan-
destins comme il y en a malheureusement
un si grand nombre en botanique, et dont
le parrain a mis l’acte de baptême dans ses
452
.lACINTHES DE SEMIS.
cartons, ce qui est à peu près comme si
cet acte n’existait pas. C’est même plus pré-
judiciable à la science, car ignorant le fait,
on est autorisé à donner un nom qui plus
tard détermine des synomynies, toujours
nuisibles par les confusions auxquelles elles
donnent lieu. Pour le cas qui nous occupe,
cette absence de qualificatif, de baptistère,
pourrait-on dire, explique l’embarras où
nous étions pour orthographier le nom ;
nous avons dû pour cela recourir aux cata-
logues, sur lesquels ayant trouvé écrit Qiie-
nelia, Queneslia et Quesnelia (1), nous
avons pris le premier. Nous n’avons pas été
plus heureux en ce qui concerne l’espèce :
qui donc a établi celle-ci?
Quoi qu’il en soit, voici, autant que nous
pouvons le croire, comment la synomynie
doit être établie : Quesnelia rufa, Gau-
dichaud ? Bilhergia Quesneliana, Ad.
Brongn. Agalostachys commeliana, Hort.
Cette espèce, qui paraît être originaire de la
Guyane, d’où elle fut envoyée par M. Me-
linon, en 1844, présente les caractères sui-
vants :
Plante caulescente, atteignant jusqu’à
2 mètres de hauteur, ayant le port ou faciès
d’un Bromelia ou plutôt intermédiaire en-
JACINTHES
Dans la préface de son excellent Traité
sur les Jacinthes, publié en l’année 1752, le
célèbre jardinier hollandais Georges Voor-
kelm dit à la page 12 : a II ne me reste à
« présent qu’à encourager les amateurs
(( étrangers, que je prie de cultiver la Ja-
« cinthe, et s’ils veulent être aussi patients
« que les Hollandais, qu’il s prennent la voie
« des semis, et au bout de quelques an-
(( nées ils iront de pair avec eux ; quelque
(( difficile que paraisse la réussite, on verra
« bientôt toutes les nations en état de se
(( fournir réciproquement de belles fleurs.
« Je ne crains pas de le dire, il est honteux
(( pour les Européens de ne point seconder
« les Hollandais dans un travail, tel que
« celui de connaître tous les mystères de la
(( nature par rapport à la Jacinthe.
(( Je finis en souhaitant qu’il se trouve
« encore quelque amateur dont les con-
(i) Nous avons appris, malheureusement trop
tard, c’est-à-dire après que la planche était tirée,
que cette espèce a été dédiée à feu M. Ed. Quesnel,
grand négociant et amateur de plantes, au Hâvre.
C’est donc Quesnelia qu’il faut écrire. Nous prions
nos lecteurs de vouloir bien faire cette rectification
au bas de la figure.
tre ce genre et les Bilhergia. Feuilles pro-
fondément canaliculées, très-finement den-
tées, atteignant 80 centimètres à I mètre de
longueur, d’un vert pâle glaucescent, éta-
lées, légèrement révol utées. Inflorescence j
termino-centrale d’environ 20 centimètres
de longueur; bractées florales d’un rose
cerise très-vif et comme chatoyant, à bords
très-amincis, blanchâtres, comme farinacés,
très- légèrement érosés, portant à leur ais-
selle des fleurs bleu violacé, incluses ou at-
teignant à peine le sommet des bractées.
Nous ne savons sur quoi reposent les ca-
ractères à l’aide desquels on a créé le genre
Quesnelia, qui doivent être au moins très-
légers ; nous ne voyons pas en quoi la plante
dont nous parlons diffère des Bilhergia.
La culture et la multiplication du Ques-
nelia rufa sont absolument semblables à
celles des autres Broméliacées : serre chaude
plutôt humide que sèche; terre de bruyère
à laquelle on peut ajouter de la terre fran-
che siliceuse; arrosements fréquents. Quant
à la multiplication, on la fait à l’aide des
bourgeons qui se développent au pied des
plantes adultes, et qui s’enracinent très -fa-
cilement.
E.-A. Carrière.
DE SEMIS
a naissances soient plus grandes que les
(( miennes, et s’il en est un, je le prie, pour
(( les vrais curieux et pour moi, de mettre
« la main à la plume. ))
Sans avoir la prétention de croire que
nous sommes celui que souhaitait Georges
Voorkelm, nous croyons cependant être le
seul qui, en France, ait semé des graines de
Jacinthes sur une très-grande échelle. Pen-
dant plusieurs années, nous nous sommes
livré à des semis successifs, dont le nombre
des graines a quelquefois dépassé cent mille,
et si notre exemple eût été généralement
suivi, la France ne serait plus aujourd’hui
— excepté pour les échanges — tributaire
de la Hollande, pour des sommes assez con-
sidérables, qui feraient vivre chaque année
dans une honnête aisance des centaines de
familles françaises; en même temps, nos
habiles horticulteurs, s’ils s’étaient adonnés
à cette intéressante culture, l’auraient fait
progresser, et ils en auraient obtenu des bé-
néfices considérables, ainsi que certains l’ont
fait pour le beau genre Gladiolus, qu’ils ont
su perfectionner par la voie des semis et qui
est devenu parce fait une plante éminemment
Queue h a ruQà .
G: ô'GVeue^ns .
Rerue Hoi'f leo/e .
^oc7'eiiJcy. deZ .
JACINTHES
nationale et toute française. Nous regret-
tons donc que leurs 'vues ne se soient pas
portées vers la Jacinthe; mais néanmoins nous
conservons l’espoir qu’un jour viendra où
cette culture sera reprise avec tout l’élan
qu’elle' mérite; ce qui nous le fait croire,
c’est que la Jacinthe, par la vivacité de son
coloris, par sa grâce et l’élégance de' ses
fleurs, et enfin par son odeur suave et
agréable, est encore de nos jours l’objet
d’une culture particulière ; que pendant
l’hiver elle fait les délices de l’ouvrière qui
n’a que quelques centimes à dépenser pour
son plaisir, et c’est toujours pour acheter
un oignon de Jacinthe, auquel elle donne la
préférence, ce qui n’empêche que cette
plante orne les salons et les appartements
les plus somptueux. Ajoutons que pas une
fête ne serait belle et complète, si pendant
les mauvais jours de l’hiver on n’y rencon-
trait une certaine quantité de Jacinthes
de tous les coloris, aux nuances délicates
et les plus variées. Cette charmante plante
s’accommode de tout : elle vient dans la
terre, dans la mousse humide, et elle réussit
admirablement cultivée dans l’eau sur des
carafes en verre, ou sur d’autres vases en
porcelaine ; elle s’accommode très -bien
aussi de la culture forcée, et on la voit éga-
lement prospérer en pleine terre, à l’air
libre. Ce sont donc tous ces avantages in-
contestables qui nous font croire à un retour
prochain de la culture en grand des Jacin-
thes dans notre pays.
Quand l’heure aura sonné, — et nous la
croyons proche, — tout le monde voudra
semer des Jacinthes, créer ou en posséder
une collection qui lui soit personnelle, ce
qui nous semble facile à faire. En effet,
lorsque chaque amateur sera pourvu d’une
quantité suffisante de graines, il pourra ob-
tenir de nouvelles variétés plus ou moins
belles, plus ou moins remarquables, puis,
au moyen des échanges qu’il pourra faire,
il verra sa collection aller constamment en
augmentant; il en est ainsi du reste de toutes
les collections acquises par les semis, ou au
moyen d’argent pour ceux qui sont pressés
de jouir. En suivant exactement les procédés
que nous allons indiquer, chacun pourra se
faire une collection de Jacinthes inédites,
qui sera augmentée tous les ans de gains
nouveaux, ce qui permettra d’en retrancher
aussi les moins belles et les moins méri-
tantes, car en fait de Jacinthes il n’y a pas
de vilaines fleurs: toutes sont jolies; nous
en avons eu en fleurs simultanément plus
de cent mille, et nous pouvons affirmer
DE SEMIS. 453
qu’aucune n’était laide, comme cela arrive
souvent dans d’autres genres.
C’est en 1837 que nous avons annoncé
pour la première fois à la Société royale
d’horticulture de Paris la possibilité de cul-
tiver avec succès la Jacinthe de Hollande
sous le climat de Paris; quelques collègues
doutèrent de notre assertion ; d’autres au
contraire appuyaient notre dire. Dans plu-
sieurs notes subséquentes nous avons donné
à cette Société la preuve de ce que nous
avancions. Mais en 1852, nous résolûmes de
faire mieux ; nous avons semé tout d’abord
une certaine quantité de graines qui nous
donnèrent sept ou huit ans après des plantes
aussi belles que celles que nous recevions
de la Hollande. Encouragé par ce premier
succès, nous continuâmes nos semis durant
une période de dix années, convaincu que
nous étions — et nous ne nous sommes pas
trompé — que chaque année de semis nous
donnerait de nouvelles variétés de Jacinthes.
En 1862, nous avons demandé à la Société
impériale d’horticulture la nomination de
commissaires pour venir sur les lieux
examiner la floraison de nos Jacinthes : elle
devait fonctionner pendant cinq années con-
sécutives, et elle avait pour but de suivre
nos semis, de les étudier jusqu’à ce qu’ils
portent fleurs. Cette commission fut nommée,
et elle était composée de : MM. Rouillard,
Ryfkogel et Jacquin aîné, tous bons con-
naisseurs et cultivateurs de Jacinthes. Rs
sont effectivement venus sur les lieux, où
nous avons marqué environ 550 Jacinthes
capables de faire partie d’une collection,
dont 53 étaient vraiment hors ligne. Un
rapport fait par M. Rouillard fut lu en
séance publique, et approuvé par les mem-
bres présents, qui en demandèrent l’insertion
dans les Annales de cette Société; il fut
renvoyé au comité de rédaction. Nous re-
grettons que ce comité — dans l’intérêt des
amateurs de Jacinthes, n’en ait pas autorisé
l’insertion, ce que voyant, l’année suivante,
lorsque Rouillard nous écrivit pour être fixé
sur le moment de la floraison, nous lui ré-
pondîmes que s’il voulait faire le voyage en
son nom personnel, nous étions prêt à le
recevoir, mais non en qualité de commis-
saire, la Société n’ayant pas cru devoir insérer
son rapport dans son bulletin mensuel.
Rouillard nous donna raison , et les choses
en restèrent là. Depuis cette époque, la
question des Jacinthes ne fit pas de progrès,
et nous en avons été profondément affligé,
car il nous semblait qu’elle méritait la peine
d’être approfondie par la Société impériale
454
JACINTHES DE SEMIS.
d’horticulture; dès lors nous avons cessé
nos semis, pour nous restreindre de temps à
autre à semer des graines de Jacinthes dans
de petites proportions, que nous exécutons en
pleine terre, en pots ou en terrines, selon
le nombre. Voici par ordre de date ceux qui
nous ont donné de belles plantes :
d852. Nous avons semé en mélange les
graines de Jacinthes roses et rouges, et
également en mélange les bleues de toutes
les couleurs, jusqu’à la Jacinthe la plus
noire.
i85S. Rose foncé, 562 graines ; rose pâle,
764 graines ; couleur de chair, 364; rouges,
93; violet foncé, 295 ; violet, 441; passe-
tout bleu de Paris, 21 ; blanche de Hol-
lande, 25; blanc rosé, 19; jaunes, 366.
Total : 2,048 graines.
1854. Blanche striée, 58 graines; blanche
à godet rose, 45 ; passe-tout bleu, 42 ; passe-
tout blanc, 63 ; bouquet tendre, beau rouge,
semi-double, 147; rose tendre, 86; rouge,
203; rouge foncé, 220; violet, 275; blanc
pur, 278; jaunes variées, 526; couleur de
chair, 322; beau rouge, 305; violet foncé, 306;
rose tendre, 486 ; enfin un lot de toutes cou-
leurs et de toutes sortes, 378. Total : 3,140
graines.
1855. Nous avons semé cette année un
certain nombre de graines qui n’ont été ni
comptées, ni semées par couleurs séparées,
le temps nous ayant manqué pour le faire
avec le même soin que précédemment.
Les trois premiers semis sont restés en
terre sans avoir été déplacés jusqu’en 1858,
et ce sont ceux provenant d(‘s années 1853
et 1854 qui nous ont donné les plus belles
variétés. 1852 et 1855 ont produit des Ja-
cinthes dont les fleurs étaient en masse de
beaucoup inférieures, quant au nombre des
belles variétés, à celles obtenues des semis
de 1853-1854; cependant les semences furent
récoltées sur les mêmes plantes, qui toutes
étaient de premier choix, ce qui donne
raison à un vieux dicton populaire, « que les
années se suivent et ne se ressemblent pas, »
et qui confirme notre opinion sur les semis,
que nous conseillons de faire tous les ans.
Mais passons.
i858. Semé en mélange de toutes cou-
leurs 22,000 graines de Jacinthes récoltées
sur nos plus belles variétés.
■1850. Semé également en mélange de
toutes couleurs 43,952 graines de Jacinthes
récoltées comme les précédentes.
1800. Semé en mélange des plus belles
variétés 33,700 graines, récoltées sur nos
Jacinthes provenant des semis des années
1853 et 1854; en mélange de jaunes, 39,092;
en Jacinthes bleues emicus et autres, 13,915
graines ; passe-tout blanc, 258 graines ; se-
mences qui m’ont été fournies par M. Mar-
tin, amateur à Sceaux, 48 graines très-
belles et plus fortes que les nôtres ; Jacin-
thes des bois à fleurs bleues, 15 graines;
semences de Jacinthes récoltées en Hollande
et envoyées par M. Roozen, 370 graines.
Ensemble 81,398.
1861. Le temps ne nous ayant pas permis,
lors de la maturité des semences, d’en faire
la récolte, nous n’en avons pas semé.
1862. Semé en mélange 2,448 graines
récoltées sur les plus belles, marquées par
les commissaires de la Société d’horticulture;
un autre lot de 3,120 graines ; semé en outre
3,300 graines ; passe-tout blanc, 10 graines ;
Jacinthe romaine, 8 graines. En tout 8,886.
Depuis cette époque, sans avoir cessé com-
plètement nos grands semis de Jacinthes, nous
n’en semons chaque année que dans de très-
petites proportions, pour plusieurs raisons
que voici : la première, c’est que nous avons,
il nous semble, suffisamment prouvé aux
amateurs et aux horticulteurs que la culture
de la Jacinthe était possible en France, et
que par les semis on pouvait obtenir d’aussi
belles plantes qu’en Hollande; nous en
avons eu la preuve, Rouillard et moi, lorsque
nous étions membres du jury pour les Ja-
cinthes à l’exposition du Champ-de-Mars,
en 1869, où nous avons pu voir en fleurs
les plus belles Jacinthes de- Hollande, ce
pays si favorisé pour cette culture. Eh bien,
sans aucun amour-propre, nous n’hésitons
pas à dire qu’elles n’étaient pas supérieures
aux nôtres.
Choix et récolte des graines. — Lorsque
les Jacinthes sont en pleines fleurs, nous re-
commandons aux amateurs qui veulent
semer de marquer les plus belles plantes
avec des petits piquets, pour être sûr de ne
récolter leurs graines que sur des Jacinthes
de choix ; si les plantes ne sont pas catalo-
guées, on fera sur chaque tuteur un ou
plusieurs crans ou coches, de manière à
pouvoir distinguer la couleur lorsqu’on les
récoltera, afin de pouvoir les semer par
nuances séparées, et on en prendra note sur
des listes à cet effet.
Selon que l’année est plus ou moins pré-
coce, on récolte les graines de Jacinthes dans
la dernière quinzaine de mai ou dans la
première quinzaine de juin. Nous recom-
manderons encore aux amateurs de bien les
surveiller, car d’un jour à l’autre les cap-
sules s’ouvrent et laissent tomber à terre
455
LÉGUMES NOUVEAUX MIS AU COMMEUCE AU PRINTEMPS DE 1873.
les semences ; il suffit d’un jour de pluie
pour perdre la plus grande partie des graines.
On coupe les tiges en séparant les couleurs;
on les met à sécher dans un endroit sain, à
l’abri des rats, des souris et des mulots, qui
sont très-friands des graines de Jacinthes ;
on les étendra sur des casiers, et environ un
mois après on les extraira de leurs capsules,
et on les mettra dans des sacs où elles res-
teront jusqu’au moment de les semer.
Epoque des semis. — On peut établir les
semis de Jacinthes avec succès à deux épo-
ques différentes : à l’automne dans les mois
d’octobre, de novembre et jusque dès les
premiers jours de décembre ; au printemps
dans les mois de février et de mars ; plus
tard, les graines ne lèvent qu’à l’automne
suivant. Les semis peuvent avoir lieu en
planches, en plein air, ou en pots et en
terrines que l’on pourrait à la rigueur laisser
dehors pendant l’hiver, mais qu’il est plus
prudent de rentrer dans l’orangerie, ou de
placer en bâches pour les garantir de la
mauvaise saison. Nous avons employé tous
ces moyens, et nous pouvons assurer qu’ils
nous ont toujours parfaitement réussi ; l’es-
sentiel est de les bien faire. Bossin.
{La suite au prochain numéro.)
LÉGUMES NOUVEAUX
MIS AU COMMERCE AU PRINTEMPS DE 1873
Chaque année, à l’automne, sortent des
pépinières des fruits nouveaux qui sont mis
pour la première fois au commerce. Natu-
rellement, les prix sont plus élevés que ceux
des variétés anciennes, qu’on a depuis long-
temps multipliées en grand nombre ; et, gé-
néralement aussi, la description de ces nou-
velles variétés ne laisse dans les catalogues
rien à désirer : la grosseur du fruit, la fer-
tilité et la vigueur de l’arbre n’ont rien à
redouter; si, de plus, on s’intéresse à la
qualité des fruits du nouvel individu, on y
trouve toujours cette indication : « très-
bonne, > rarement «bonne, » encore moins
« assez bonne, » et c< médiocre, » jamais.
Ce n’est seulement que quelques années
plus tard qu’on peut juger « l’arbre à ses
fruits » et apprécier ceux-ci à leur juste va-
leur.
Si le fruit est réellement bon et l’arbre
productif, tant mieux. Aussi, dans ce cas,
il n’y a pas à hésiter ; il faut le conserver et
le soigner ; si, au contraire, il ne vaut rien,
il faut sans perdre de temps changer la va-
riété par la greffe, si toutefois la vigueur de
l’arbre le permet. .
Dans tous les cas, que le fruit soit bon
ou mauvais, il est impossible d’en faire por-
ter la responsabilité à celui qui, la première
fois, l’a livré au commerce, ignorant lui-
même et sa valeur et sa fertilité, à moins
toutefois qu’il en soit l’obtenteur.
Ce que nous venons de dire des fruits, on
peut le dire en grande partie des nouveaux
légumes mis dans le commerce par les mar-
chands grainiers. Depuis dix ans, nous
étudions tout ce qui paraît chaque année en
légumes nouveaux, et nous avons constaté,
depuis cette époque, qu’il n’y avait guère que
le quart environ des variétés de ceux mis au
commerce qui soit» de première qualité, et
conséquemment considérés comme devant
être cultivés avantageusement, c’est-à-dire
sans mécomptes comme sans déceptions
Mais dans cette circonstance la question est
bien plus tôt tranchée que dans la précédente,
puisque six mdisaprès et même souvent beau-
coupmoins, onpeutêtre fixé sur la valeur delà
marchandise fournie et sur les avantages et
les inconvénients qu’ils peuvent présenter.
Les inconvénients, nous les indiquons plus
loin à propos d’une nouvelle variété de Pois.
Nous avons voulu, en écrivant ces lignes,
éviter aux autres ce que nous constatons
tous les ans, c’est-à-dire perte d’argent,
perte de terrain, perte de temps, à propos
des légumes nouveaux.
Pour les variétés de Haricots, nous n’a-
vons trouvé que le Haricot Comte de Vougy
qui se soit bien comporté au jardin de la
Société d’horticulture de Boissons. Cette in-
téressante variété est constamment en fleur;
elle fournit abondamment des aiguilles lon-
gues et fines, qui ont l’avantage de cuire
rapidement. Nous ne saurions trop recom-
mander la culture de cette variété pour être
mangée en vert. Les grains cuisent bien,
sont bons ; mais malheureusement, comme
les Haricots de couleur, ils font une sauce
noire qui les rend moins appétissants.
Après les Haricots viennent les Pois. Le
Pois ridé très -nain pour bordure mérite
d’être cultivé dans tous les jardins, particu-
lièrement dans celui de l’instituteur, car il
évite l’embarras de chercher des rames. Sa
gousse est bien fournie ; les grains, quoique
456
LÉGUMES NOUVEAUX MIS AU COMMERCE AU PRINTEMPS DE 1873.
gros, sont toujours tendres et bien sucrés.
C’est une excellente acquisition pour les
jardins potagers.
La désignation de très-nain laisse peut-
être à désirer ; nous avons dû soutenir ces
Pois avec des petites rames branclmes de
60 centimètres de hauteur. Il est vrai qu’ils
étaient semés dans un terrain excellent, et
que le printemps a été fort humide, circons-
tances qui plaident tout particulièrement aux
Pois.
Le Pois Sangsters n» i , cultivé par les
maraîchers de Londres pour l’approvision-
nement des marchés de cette importante
cité, a fait ici sensation. Ce Pois, très-hâ-
tif, a les gousses larges et longues ; à l’inté-
rieur on trouve jusqu’à sept et huit grains ;
il est en outre très-productif, et cela à un
tel point, qu’on devra pincer les tiges sur la
quatrième ou cinquième fleur. Il réclame
des rames de 1 mètre de hauteur. Nous re-
commandons l’essai de sa culture aux ma-
raîchers, concurremment avec celle du Pois
Prince Albert, auquel il ne cède rien ; nous
l’avons même considéré ici bien supérieur à
ce dernier, comme précocité, rusticité et
fertilité. Cuit, ce Pois est de première qua-
lité.
Nous n’en pourrions dire autant des Pois
remontants à rame. Les deux variétés
revendiquent M. Gauthier pour père. Nous
plaignons bien ce pauvre père, car il a des
enfants bien mal élevés, ils n’ont certaine-
ment pas tenu ce qu’ils promettaient ou plutôt
ce qu’on nous promettait ; et si j’ai un con-
seil à donner à l’obtenteur, c’est de les dé-
baptiser, car ils n’ont aucun droit à l’épi-
thète de (( REMONTANTS. )) Malgré nos soins
assidus et nos visites quotidiennes, ils n’ont
pas bronché, et M. Gauthier a eu la main
malheureuse cette fois.
Il est vrai que nous nous sommes placé
à notre point de vue exclusif, par rapport à
la valeur et au climat du Soissonnais. Il re-
monte peut-être à Paris, à Bordeaux et à
Marseille; mais à Soissons, non! ! /
A part ce défaut qui, malgré cela, les a
fait vendre 7 francs le kilogramme au prin-
temps dernier (on est de temps à autre ex-
posé à ces sortes d’aventures avec les nou-
veautés), nous avons remarqué que cette
variété est fertile et vigoureuse ; quant à la
qualité des grains, elle n’atteindra jamais
la finesse et les principes sucrés des va-
riétés anglaises, vendues depuis quelques
années sous les noms de Pois nam hâtif
anglais, Pois ridé nain blanc hâtif. Pois
ridé nain vert hâtif, et les mêmes variétés
à rames qui sont aussi vigoureuses et plus
productives que peut l’être le Pois no7i re-
montant de M. Gauthier, et avec lequel, je le
crains bien, il ne lui reste plus que la res-
source de faire un virement de nom.
Si des Pois nous passons aux Pommes de
terre, nous pouvons 'dès aujourd’hui faire
connaître notre appréciation sur leur valeur,
et sans attendre àl’année prochaine pour nous
prononcer définitivement sur les variétés
nouvelles que nous avons reçues.
Ainsi la Pomme de terre à feuilles cV or-
tie mérite d’être cultivée ; sa production,
qui rappelle assez bien celle de la Mar-
jolm, quoique un peu plus fertile peut-être,
est sa moindre valeur. La chair est de meil-
leure qualité que cette dernière, et les yeux
sont plus nombreux et plus rustiques que
chez la Marjolin, où ils sont souvent uni-
ques, et lorsque cet œil n’existe plus, le tu-
bercule reste improductif.
La Pomnlfe de terre rose de mai devra
bientôt être dans tous les jardins. Elle est
très- probablement une variation de la Mar-
jolin, mais bien plus productive, et la chair
est tout aussi farineuse ; sa fertilité en re-
commande la culture aux maraîchers, mais
les primeuristes devront se rappeler qu’elle
mûrit huit jours plus tard ; à la Halle, un
retard de huit jours est considérable. Donc
il faudra tenir compte des qualités et des
défauts; mais la culture en pleine terre n’au-
ra-t-elle pas le même inconvénient que
celle faite sous châssis?
Gette variété se reconnaît à la forme cor-
recte de son tubercule allongé, qui est très-
lisse à cause du peu d’apparence des yeux;
la peau est, comme la chair, de couleur jaune.
Nous ajouterons à ces deux variétés la
Pomme de terre rogno7i rose, mise cette
année au commerce par la maison Vilmorin.
Elle a tenu, et au delà, les promesses des
directeurs de cet important établissement ;
aussi nous garderons-nous de toucher à la
description qu’ils en ont faite; nous préférons
la citer entièrement : « Cette variété, disent-
ils, que nous cultivons et étudions depuis
plusieurs années, nous paraît d’un grand
mérite et tout à fait digne d’être recomman-
dée. Elle est au moins aussi productive que
la Maigolin tardive et mûrit à la même
époque ; ses tubercules, plus longs et plus
gros que ceux de cette dernière, sont régu-
liers, lisses et d’une couleur rosée, qui
devient presque jaune ou légèrement sau-
monée à la maturité. La chair est jaune, de
bonne qualité. Gette variété a l’avantage de
se conserver longtemps sans germer, et
PRUNUS JAP0N1CA.
457
jusqu’à présent elle est complètement
exempte de la maladie. Nous croyons qu’elle
trouvera sa place aussi bien dans le jardin
que dans la grande culture pour l’approvi-
sionnement des marchés. »
En terminant, un bon point au moins à
• la Carotte rouge demi-longue du Luc,
imitant la Nantaise, quoique plus obtuse ;
elle a l’avantage de n’avoir pas de cœur et
de se prêter supérieurement à la cuisson.
Nous ignorons, au moment où nous écrivons
ces lignes, si elle est de bonne garde et si
elle se prêtera facilement à la culture for-
cée. Nous pouvons en dire autant de l’Oi-
gnon blanc rond dur de Hollande. Ce
n’.est qu’au printemps prochain que nous
saurons comment il a passé l’hiver et quel-
les sont ses qualités, ce que nous espérons
faire connaître.
E. Lambin.
PRUNUS JArONlCA
D’introduction récente, le Prunus Japo-
nica (fig. 41) vient non seulement enrichir
l’horticulture ; il vient servir la science et
démontrer que la plante à fleurs doubles
roses qui pendant longtemps a figuré sous
ce même nom dans les écoles de botanique,
et qui, du reste, sauf la duplicature de la
fleur, en a tous les caractères physiques,
n’en est qu’une variété. Les carac-
tères du P. Japonica sont les sui-
vants :
Arbuste buissonneux, nain, ra-
mifié dès la base, très-floribond et
fleurissant très-jeune. Feuilles ca-
duques * longuement lancéolées-
elliptiques, acuminées au sommet,
finement et régulièrement dentées.
Fleurs simples paraissant au com-
mencement d’avril, très-nombreu-
ses, rose vif et comme striées-cha-
toyantes par suite de la variation
des couleurs. Fruits (fig. 41) d’en-
viron 15 millimètres de longueur
sur 10-14 millimètres de diamètre,
portés sur un pédoncule grêle d’en-
viron 1 centimètre de longueur,
subcordiforrnes, très-brusquement
arrondis au sommet où il existe un
mucronule sétiforme spinescent,
oblique, d’environ 3 millimètres de
longueur, présentant parfois sur
l’un des côtés une petite dépression
dans laquelle se trouve un très -léger sillon ;
peau rouge vineux foncé, glabre et luisante ;
chair adhérente au noyau, pulpeuse, fon-
dante à la maturité, rouge violacé, peu su-
crée, de saveur aigrelette, légèrement as-
tringente; noyau subelliptique-cordiforme,
d’environ 10 millimètres de longueur, régu-
lièrement atténué au sommet, arrondi con-
vexe sur les côtés, à surface légèrement
rimeuse-chagrinée et comme guillochée ,
rappelant, mais en très -petit, le noyau de
certaines Pêches.
Le Prunus Japonica, Thunb. ; P. Si-
nensis, Pers.; P. humilis, Bung.; Cerasus
Japonica, Loisel, est très-rustique; il fleu-
rit et fructifie facilement, même quand les
plantes sont très- petites. Une terre franche,
légère, un peu siliceuse, lui convient ; les
jeunes plantes se trouvent très-bien d’une
terre de bruyère légèrement humide. Quant
à la multiplication, on la fait très-facilement
pendant l’été à l’aide de boutures, en pre-
nant pour les faire des bourgeons herbacés
consistants, c’est-à-dire un peu aoûtés, qu’on
plante en terre de bruyère et qu’on place
sous cloche, où elles s’enracinent prompte-
ment.
E.-A. Carrière.
Fig. 41. — Prunus Japonica (grandeur naturelle).
458
LES CATALOGUES. — SOUVENIRS DE VOYAGE.
LES CATALOGUES
L’établissement horticole de Bourg-la-
Reine (dépôt des plantes du jardin du Ham-
ma d’Alger), directeur M. Durand, vient *de
publier un catalogue général des arbres
fruitiers, arbres et arbrisseaux d’ornement.
Rosiers, etc., qu’il est en mesure de livrer.
Indépendamment des collections, aussi
nombreuses que variéés, que renferme cet
établissement, on y trouve un assorti-
ment complet de plantes de serre dites à
feuillage et autres qui, grâce aux vastes
serres qu’il comporte, peuvent y être
réunies. Il suffît, pour le comprendre, de
rappeler qu’en outre de ses richesses, cet
établissement est un dépôt des plantes de
celui du Hamma, à Alger.
Dans une petite circulaire qu’il vient de
publier, datée de Hambourg (Eppendofer
Landstrasse, 123), M. Ferdinand Gloëde
annonce la vente des Fraises AnnadeRots-
child, Auguste Nicaise, Maria Nicaise,
sir John Falstaff, Waltham Seedling, et
enfin trois variétés dont il est l’obtenteur; ce
sont : Eppendorf, Inspecteur Otto et Syn-
dius Merck.
MM. Charles Huber et C>®, horticulteurs
à Hyères (Var). Catalogue général de grai-
nes, pour 1873-1874, comprises dans les
sections suivantes : graines de plantes nou-
velles ou offertes pour la première fois; grai-
nes de plantes particulièrement méritantes;
graines de Giroflées, de plantes annuelles
diverses; de plantes annuelles grimpantes,
de Graminées ornementales, de plantes vi-
vaces, de Cannas, de Primevères de Chine,
de Verveines, de plantes vivaces grimpantes, \
de plantes aquatiques, de plantes potagères |
et industrielles, d’arbres et d’arbustes, de
plantes ligneuses grimpantes, de Cucur- I
bitacées, d’Oignons à fleurs ; enfîn un I
assortiment de graines d’Australie, parmi
lesquelles se trouvent quatre espèces d’Fuca-
lyptus et une Laurinée, le Tristania con~
ferta.
Fn dehors des graines, on trouve dans
cet établissement des assortiments de
plantes diverses de serre et de pleine terre,
des Palmiers, Eucalyptus, Cannas, etc.,
ainsi que des plantes destinées particulière-
ment à la pleine terre l’été.
MM. Lévêque et fils, horticulteurs, 26, rue
du Liégat, à Ivry-sur-Seine. Catalogue des
Rosiers, Glaïeuls, Pivoines, Phlox, Camel-
lias. Azalées de l’Inde, plantes à feuillage-
ornemental particulièrement propres aux
appartements, tels que : Aspidistra, Cur-
culigo, Latania, Dracæna, Ficus, Phor-
mium, Pandanus, Yucca, etc., etc. Plus
un assortiment de plantes diverses tels
que : Aucuha, Clématis, Dahlia, Delphi-
nium, Erythrina, Glycines, Hortensia,
Magnolia, Rhododendrons, etc., etc.
E.-A. Carrière.
SOUVENIRS DE V0YÂGE<‘>
NOTES SUR QUELQUES PRODUITS FOURNIS PAR LES FRUITS DE DIVERSES
ESPÈCES DE PALMIERS.
Cocos NuciFERA. — Eau de Cocos. — Le
fruit du Cocos nucifera fournit aux habi-
tants des tropiques une boisson aussi agréa-
ble que rafraîchissante, connue, dans le
Brésil et dans l’Inde, sous le nom Y eau de
Cocos. Pour que le fruit soit au point con-
(i) Nous intitulons ainsi les notes que nous de-
vons à l’extrême obligeance de M. Houllet, et dont
nous avons annoncé la publication dans une précé-
dente Chronique, 1873, p. 362. Écrites par Marins
Porte, elles ont cet autre avantage que, en nous
faisant connaître des particularités des plus intéres-
santes, ignorées ou peu connues, elles rappellent
le nom d’un homme dont la vie tout entière a été
consacrée à l’étude de l’histoire naturelle, particu-
lièrement à la botanique et à l’horticulture, qu’il a
considérablement enrichies par les collections de
végétaux qu’il n’a cessé d’envoyer.
(Note du rédacteur.)
venable pour fournir une quantité suffisante
d’eau, et que cette eau soit agréable à
boire , il doit être cueilli avant sa maturité ,
lorsque le périsperme n’est qu’en partie
coagulé. Ce fruit est appelé « Coco de cuil-
lère, » parce que, après en avoir retiré l’eau
pour boire, on mange à la cuillère la par-
tie gélatineuse du périsperme qui est adhé-
rente à l’endocarpe. L’eau que l’on retire
des Cocos avant leur maturité est très-
limpide, douceâtre et un peu acidulée ;
celle qui reste après la maturité du fruit est
beaucoup plus douce et n’est pas estimée.
Lait de Coco. — Pour obtenir le « lait
de Coco, » le fruit doit être bien mûr ; alors
on en retire le périsperme qu’on râpe très-
menu, afin de pouvoir lui faire rendre par
SOUVENIRS DE VOYAGE.
459
la pression tout le suc qu’il contient. Ce suc
a beaucoup d’analogie avec le lait de vache,
et le remplace pour prendre avec le café
et pour faire du riz au lait. On s’en sert aussi
pour la préparation d’un grand nombre de
ragoûts : la partie huileuse, que contient ce
suc laiteux, remplace le beurre et donne aux
mets un goût très-agréable.
Huile de Coco. — Ce produit s’obtient
en soumettant à l’ébullition le suc laiteux du
périsperme mûr que l’on a retiré du fruit,
ainsi que je l’ai dit plus haut. Lorsque le li-
quide entre en ébullition, l’huile surnage, et
c’est alors qu’on la retire. Pour que le Coco
rapporte beaucoup d’huile, il doit être bien
mûr et bien sec.
Pomme de Coco. — On donne ce nom
à une combinaison qui a lieu au moment
de la germination, entre le périsperme
mûr et l’eau qu’il contient dans son centre.
Pour l’obtenir, on plante le fruit, et quand
la germination a commencé son travail, on
le retire de terre, on casse l’endocarpe,
et l’on trouve en place de l’amande une
masse ronde, spongieuse, très -tendre,
huileuse et plus agréable au goût que ce
que l’on apppelle vulgairement Noix de
Coco. Indépendamment de ces divers pro-
duits que fournit le fruit du Cocotier, on
retire encore du mésocarpe fibreux une ma-
tière textile, mais qui est assez connue de
tout le monde pour me dispenser d’en parler.
Tous les fruits des Palmiers appartenant
au genre Cocos sont à périsperme huileux,
comme l’est celui du Cocos nucifera; ils en
diffèrent cependant en ce que leur méso-
carpe, au lieu d’être sec, est mucilagineux
et quelquefois d’un goût très -agréable,
comme dans le Cocos Australis par exemple;
mais en général ils ne sont pas utilisés à
cause de la petitesse du fruit.
Elaïs Guineensis. — Huile de palme.
— De tous les fruits de Palmiers, celui de
VElaïs Guineensis est sans contredit celui
qui fournit le plus d’huile au commerce
pour la fabrication du savon.
Cette huile, qui est connue sous le nom
àdmile de palme ^ s’obtient en soumettant
le fruit mûr à l’ébullition, afin d’en ramollir
le mesocarpe qui la contient; quand le mé-
socarpe est assez mou pour pouvoir se déta-
cher facilement de l’endocarpe, on met des
fruits d’un ou de plusieurs régimes dans un
grand mortier, et l’on frappe dessus jusqu’à
ce que les noyaux soient séparés; alors
ceux-ci sont rejetés, et la pâte huileuse con-
tenue dans le mortier est de nouveau sou-
mise à l’ébullition dans une quantité
suffisante d’eau ; l’huile surnage , et la
partie fibreuse reste au fond. Cette huile
sert aussi pour préparer une foule de mets
dont les nègres sont très-friands. L’usage
de ces ragoûts s’est même propagé dans le
Brésil, où on les sert sur les meilleures ta-
bles du pays. C’est aussi avec l’huile de
palme qu’on assaisonne le poisson. Les
noyaux qu’on rejette ne sont pas entière-
ment dépourvus de valeur; ils contiennent
une amande qui renferme également de
l’huile; mais la dureté de cette amande est
cause qu’on n’en extrait pas l’huile sur les
lieux de production ; on se contente d’enle-
ver l’endocarpe, qui se casse facilement, et
l’on envoie en Europe le périsperme, qui est
utilisé dans les fabriques d’huiles.
Attalea. — Tous les fruits des palmiers
appartenant au genre Attalea ont le méso-
carpe sec et fibreux, l’endocarpe épais et très-
dur, et le périsperme huileux. Les amandes
sont utilisées, comme le périsperme du Cocos
nucifera, dans l’art culinaire, et pour en
extrairel’huile. Maisla dureté de l’endocarpe
est telle qu’on ne l’emploie que rarement.
Toutefois, cette dureté de l’endocarpe devient
un avantage; on fait de ces fruits un objet de
commerce assez important ; on exporte des
quantités considérables de ces fruits, sous
le nom de Coquillos, pour être transformés
en Europe en objets d’art, tels que bagues,
tabatières, etc. C’est surtout dans les pri-
sons que ces travaux de patience sont
exécutés. C’est V Attalea funifera qui four-
nit les « Coquillos » au commerce.
Dans l’Amazone, on brûle le fruit de
V Attalea excelsa pour produire la fumée
qui sert à coaguler le caoutchouc. Ce com-
bustible ne peut être remplacé, pour cet
objet, que par les fruits des autres Palmiers
appartenant au même genre, où par ceux
du Maximiliana regia.
Mauritia flexuosa. — Malgré son mé-
socarpe huileux et son périsperme dur,
semblable à celui du Phitelephas qu’il
pourrait remplacer pour fournir V ivoire
végétal, le fruit du Mauritia flexuosa n’est
pas utilisé par l’industrie. Il n’y a guère que
les Indiens de l’Amazone qui tirent parti de
ces fruits et qui en font une partie de leur
nourriture dans les temps de disette. Ils les
font macérer pendant quelques jours pour
que l’épicarpe écailleux puisse s’enlever faci-
lement, et ils râpent avec leurs dents le mé-
socarpe, qui est féculent et huileux ; ou bien
ils le délaient dans une petite quantité d’eau
qu’ils avalent en guise de bouillie.
Guilielma speciosa. — Le fruit de ce
PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
460
Palmier fournit aux habitants de l’Amazone
une nourriture saine et agréable. Après
l’avoir fait cuire pour le ramollir , ils en-
lèvent l’épicarpe mince et fibreux, et man-
gent le mésocarpe, qui est épais, féculent et
très-buileux.
Euterpe. — Tous les Palmiers apparte-
nant au genre Euterpe produisent des fruits
qui ne contiennent pas d’huile ; mais qui,
en revanche, fournissent aux habitants du
Para une boisson nourrissante et assez
agréable, connue sous le nom d’Assaï, que
l’on retire du mésocarpe. Pour obtenir
l’Assaï, on cueille les fruits quand ils sont
mûrs, et on les met macérer pendant deux
ou trois heures dans de l’eau échauffée au
soleil ou dans de l’eau tiède, de manière à
ramollir le mésocarpe. Lorsqu’il est assez
mou pour se délayer facilement, l’on prend
des poignées de fruits que l’on frotte dans
les mains les uns contre les autres au-des-
sus d’un tamis, en ayant soin, de temps en
temps, d’ajouter un peu d’eau pour délayer
la partie détachée, et la faire passer par le
tamis, d’où elle tombe dans un vase qui est
placé dessous. Quand tout le mésocarpe des
fruits a été délayé de cette manière, l’on jette
tout ce qui est resté au-dessus du tamis, et
ce qui est contenu dans le vase forme un
liquide qu’on boit en y ajoutant préalable-
ment du sucre.
L’Assaï se vend dans les rues du Para, ou;‘
tous les habitants en sont friands : bon;
nombre de gens, même très-pauvres, en font
la base de leur nourriture en y ajoutant de
la farine de manioc.
Ænocarpus. — Une espèce de ce genre,
y Ænocarpus hacaba, donne des fruits des-
quels on retire une boisson analogue à celle
qu’on fait avec les fruits des Euterpes, dont
elle diffère cependant en ce qu’elle contient
de l’huile. De même que l’Assaï prend le
nom des Palmiers qui le produisent, on
donne à celle-ci le nom de Bacaha, qui est
celui de l’espèce dont on l’extrait. Cette
boisson qui provient du mésocarpe s’obtient
de la même manière que celle qu’on obtient
des Euterpes, sert aussi aux mêmes usages
et est plus nourrissante à cause de la partie
huileuse qu’elle contient.
Le mésocarpe des fruits de V Ænocarpus
Pataïua étant beaucoup plus huileux que
celui de tous les fruits produits par les au-
tres Palmiers de ce genre, est utilisé pour
l’extraction de l’huile. Pour obtenir celle-ci,
on prépare la liqueur comme pour l’Assaï,
et on l’expose au soleil ; elle s’échauffe fa-
cilement, et bientôt l’huile surnage. Cette
huile, qui est d’une qualité supérieure pour
manger, se vend aux marchands du Para,
qui la mélangent à l’huile d’Olives.
Marius Porte.
PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES
Rihes sanguineum rohustum. — Issue
du Pi. albidum, cette plante est très-vigou-
reuse et se distingue du R. sanguineum,
dont elle a l’aspect général, par sa vigueur,
par l’ampleur et les dimensions de ses
feuilles, qui apparaissent en même temps
que les fleurs, et surtout par la force des in-
florescences. Ces dernières, moins nom-
breuses que chez le R. sanguineum, com-
posées de fleurs très-denses, les unes d’un
rouge foncé à peu près uniforme, les autres
— particulièrement celles qui terminent les
inflorescences — à pétales rouges à l’ex-
trémité, blanc légèrement rosé à la base,
et parles appendices pétaloïdes internes, qui
forment une sorte de godet ou de couronne
autour des étamines, sont blancs, ce qui
forme un agréable contraste. Ajoutons que
les fleurs se succèdent pendant longtemps,
et que la plante est en même temps cou-
verte d’un feuillage abondant, à travers du-
quel les fleurs se montrent, ce qui augmente
la valeur décorative.
Rosa yvara. — Cette espèce, introduite
du Japon vers 1855, ne se trouve guère que
chez quelques amateurs et dans certaines
jardins botaniques. Elle n’a, du reste, d’in-
térêt qu’au point de vue scientifique. C’est
un arbuste buissonneux, divariqué, à ra-
meaux à écorce vert roux couverte d’ai-
guillons étalés, inégaux, blanc jaunâtre,
persistants sur l’écorce, qui passe au roux
brun. Feuilles composées, imparipennées, à
quatre paires de folioles épaisses, rugueuses,
vert foncé, chagrinées, luisantes en dessus,
glauques et comme feutrées en dessous, lar-
gement ovales, courtement denticulées, à
dents arrondies. Fleurs d’un blanc pur, lar-
ges d’environ 7 centimètres, simples, à 5
pétales étalés, obovales et comme tronqués,
courtement lobés. Calice à divisions linéai-
res de 20 à 22 millimètres de longueur,
réfractées après la floraison. Ovaire sphé-
rique lisse. Fleurit en juin-juillet.
Lebas.
Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine de décembre)
Commencement de l’hiver de 1873-1874. — Exemple d’hybridation à l’établissement horticole de Saint-
Alban : Melon-Concombre; extrait du Gardener's Chroincle. — Graines de la Clématite vilicclla
venosa; stérilité des hybrides. — Un type de Groseillier à maquereau sans épines : le Groseillier
Billiard. — Fructification du Wellimjlonia^ observée chez M. Berlin père, à Versailles. — Une nou-
velle variété de Lis à fleurs doubles : le Lilium auratum. — Observations sur le greffage des végétaux
monocotylédonés, au Brésil. — Circulaire de la Société pomologique de France. — Identité du Lappa
major et du Lappa edidis. — Récompense accordée à M. Weber, jardinier en chef au Jardin botanique
de Dijon, à l’Exposition de Vienne. — Panachures des feuilles du Rosier hybride remontant Panachée
Lanrjroisse ; rectification. — Identité du Coloneasler Simonsii et du Coloneasler Nepalensis.
Aurons-nous un hiver dur? aurons-nous
un hiver relativement doux? Telle est la
question que, chaque année, l’on se pose
quand on arrive à la fin de l’automne. En-
suite, suivant certaines appréciations, et en
se fondant sur des remarques qu’il a pu
faire, chacun résout par avance cette ques-
tion, fait qui, du reste, n’influe guère sur
les résultats. Sans rien préjuger, nous al-
lons nous borner à citer les faits, laissant à
chacun le soin de les interpréter. Ainsi,
jusqu’au 6 décembre, à part quelques pe-
tites gelées qui, daus beaucoup d’endroits,
n’avaient pas même fait périr les Pélargo -
N niums, il avait fait relativement doux ; aussi
les travaux n’avaient-ils pas été interrom-
pus. Les Chrysanthèmes continuaient à
fleurir; partout, dans Paris, l’on vendait
des bouquets de Violette. A partir du 6, tout
changea ; le temps s’éclaircit ; le 7 au ma-
tin, le thermomètre marquait 3 degrés au-
dessous de zéro ; le 8, 5 degrés 4 dixièmes;
le 9, 6 degrés le matin (vers deux heures, il
était à 8 degrés 2 dixièmes au-dessous de
zéro) ; le ciel était sans nuage. Cela va-t-il
continuer ? Nous ne pourrons guère l’indi-
quer que dans notre prochaine chronique.
Nous croyons toutefois devoir faire re-
marquer que certains avant-coureurs sem-
blent annoncer un hiver rigoureux. Ainsi,
dans le midi de l’Europe, les froids sont
déjà relativement grands, et même dans le
midi de la France. A Montpellier, l’on nous
a assuré que le jour où nous écrivons (8 dé-
cembre), le thermomètre était déjà des-
cendu à près de 5 degrés au-dessous de
zéro.
— Dans le numéro du 4 octobre 1873 du
Gardener's Chronicle, nous trouvons une
note relative à un fait d’hybridation qui, par
l’intérêt qu’elle présente, nous paraît digne
d’être connue de nos lecteurs et que nous
reproduisons :
16 DÉCEMBRE 1873.
11 a paru dans le Journal d'horticnllnre une
description et une figure faites par M. W.-G.
Smith, habile botaniste et dessinateur, d’un Me-
lon-Concombre, phénomène rapporté à une
hybridation. A ce sujet M. G. Smith donne les
détails suivants ;
Jusqu’à la saison actuelle, M. Watson (de
l’établissement horticole de Saint-Alban) n’avait
pas cultivé de Melons depuis trente ans, et le
Melon-Concombre a été trouvé sur un pied de
Concombre planté dans la partie nord d’une
serre à deux pentes, dans laquelle, à la partie
sud, se trouvaient quelques pieds du Melon ap-
pelé Munro's Little Heath. Le pollen d’une fleur
mâle de ces Melons a été probablement trans-
porté par des insectes sur une fleur femelle du
Concombre, et ainsi se sera produit cet hybride.
Ce Melon-Concombre a 4 pouces 1/2 de lon-
gueur sur 8 pouces 1/4 de circonférence. Il
paraît extérieurement être exactement intermé-
diaire entre ses deux parents ; sa forme générale
est celle du Melon ; sa peau est d’un vert jau-
nâtre, et possède quelques poils de Concombre
à sa partie supérieure ; le pédoncule et la base
du fruit tiennent bien du Melon. M. Watson croit
que ce fruit mûrira et donnera de bonnes grai-
nes. Nous ne connaîtrons donc qu’un peu plus
tard l’intérieur de ce fruit.
Dans Faisselle de la tige qui a produit ce croi-
sement se trouve une feuille de Concombre d’un
développement extraordinaire, et à 18 pouces de
distance de ce Melon se voit un très-beau Con-
combre, comme on le voit dans la figure. Mes
premiers sentiments de surprise se sont un peu
affaiblis quandje me suis rappelé combien il est
facile à ce genre de produire des variétés
entre ses différentes sortes. Ces deux plan-
tes sont du même genre : l’une est. le Cucu-
mis Melo, l’autre le G. sativus. Si ces plantes
n’avaient pas été si proches parents, et si au
contraire elles appartenaient à des genres dif-
férents, cet hybride nous aurait montré une
grande affinité entre ses deux plantes. Je com-
prends les hybridations entre différents genres
d’Orchidées produits par M. Dominy, dans l’éta-
blissement de M. Veitch ; ces croisements prou-
vent une grande relation entre les parents expé-
rimentés.
Quelques mots sur les parents de nos deux
24
462
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
plantes peuvent intéresser. Le Melon est le
Munro’s Utile Heath, à chair rouge. Les plantes
étaient chargées d’une abondante et belle récolte,
et plusieurs fruits pesaient de 7 à 8 livres. Le Con-
combre est Y Antagoniste de Watson, plante
très-vigoureuse, à fruits de grande dimension et
d’une belle forme : quelques-uns mesurent
2G pouces de longueur sur 9 pouces de circon-
férence. C’est une excellente variété.
En présence des faits si remarquables que
nous venons de rappeler, que devient l’idée
pendant si longtemps admise : (( que la fé-
condation agit sur le contenu et non sur
le contenant? »
Nous reviendrons prochainement sur cette
question si importante de la fécondation, et
alors, du fait dont il vient d’être question,
nous donnerons une ligure, de manière à
ce que chacun puisse s’en faire une idée
exacte.
— Si, ainsi que beaucoup de savants l’ad-
mettent, le caractère principal de l’hybride
est la stérilité, nous serions en droit de con-
clure que la Clématite viticella venosa
qu’on considère comme hybride n’en est pas
un. En effet, cette année, nous avons un
pied qui est littéralement couvert de graines
bien conformées. Mais si, d’une autre part,
et comme la science l’admet également, ces
graines ne peuvent perpétuer la plante, et
qu’elles doivent retourner aux deux parents
dont est né l’hybride, — toutes choses qui
sont loin d’être démontrées et qui ne sont
guère que des hypothèses, — il est néan-
moins un autre fait assez important pour que
nous appelions sur lui l’attention. Comment
expliquer par exemple que, depuis bientôt
vingt ans que nous cultivons cette espèce,
elle^a toujours été stérile, que cette année
même, des différents pieds que nous possé-
dons, un seul se soit chargé de graines? Ne
serait-ce pas un commencement de réalisa-
tion d’une hypothèse que nous avons émise
il y a longtemps au sujet des hybrides : à
savoir que cet état, comme tout autre, peut
être modifié par le milieu ou la végétation,
et qu’alors une plante qui n’avait pas fruc-
tifié se trouverrit dans des conditions qui
lui permettrait de produire des graines, fait
qui toutefois pourrait être local, se montrer
sur un point, non sur d’autres ?
Quoi qu’il en soit et sans rien conclure,
nous appelons l’attention sur ce sujet qui
nous paraît digne d’être médité, et sur le-
quel nous nous proposons de revenir pro-
chainement.
— En parlant de l’obtention du Groseillier
à maquereau sans épine, et dans la descrip-
tion que nous en avons faite (1), nous di-
sions : « Le Groseillier à maquereau sans
épines, que nous nommons Groseillier Bil-
liard, est une des plus heureuses découver-
tes, non seulement par l’avantage direct
qu’il présente, mais encore par celui très-
probable qu’il laisse entrevoir, de devenir
le type d’une série de variétés qui, dépour-
vues d’épines comme lui, offriront des avan-
tages qu’il ne présente pas encore. » Notre
prévision s’est largement réalisée, du moins
quant à ce qui concerne la production d’indi-
vidus ressemblant à la mère, c’est-à-dire
non épineux. En effet, sur environ 600 pieds
de semis que nous possédons, un quart à
peine sont épineux ; parmi les autres, un
grand nombresont complètement dépourvus
d’épines; le reste en possède plus ou moins,
peu pourtant, relativement. Quant aux qua-
lités, nous ne pouvons nous prononcer, puis-
que quelques individus seulement ont déjà
porté des fruits.
Tous ces faits ont non seulement une
utilité pratique; ils constituent un haut
enseignement scientifique et sont surtout
dignes d’être profondément médités par les
botanistes, en leur montrant comment les
races, par conséquent les espèces, se for-
ment, puisque des unes aux autres il n’y a
de différence que le nom.
— On peut espérer que bientôt nous ces-
serons d’être tributaires du Nouveau Monde
pour les graines de Wellingtonia. Jusqu’à
présent, en effet, on n’en a pas encore récolté
en France — peut-être même pas en Eu-
rope— bien que depuis une douzaine d’an-
nées environ, on rencontrait sur différents
points des individus qui portaient des cônes
qui, très-souvent même, atteignaient des
dimensions normales, mais qui étaient sté-
riles par suite de l’absence de chatons mâles.
Cet état de choses va probablement changer^
car déjà, l’année dernière, à Versailles, dans
le jardin d’un horticulteur des plus distin-
gués du XIX® siècle, de M. Bertin père, un
individu dans toute sa partie supérieure était
couvert de chatons mâles. Ceux-ci, qui sont
placés à l’extrémité de ramilles, comme
cela a lieu chez les Cupressus, sont jau-
nâtres, de sorte qu’à l’époque où ils s’épa-
nouissent l’arbre est très-ornemental. Cette
année, trois pieds hauts de 10 à 13 mètres
sont chargés de ces chatons. Un seul pied a
quelques cônes. Atteindront -ils leur com-
(1) Voir Revue horticole, 1867, p. 370.
463
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE DE .DÉCEMBRE).
plet développement? et si oui, les graines
seront- elles bonnes? Espérons-le.
- — A la séance du 11 septembre 1873 de
la Société centrale d’IiorticuUe de France,
M. Duchartre a donné lecture d’une lettre
de M. Boisgiraud, de Tours, dans laquelle
cet amateur fait savoir que, parmi les LiZmm
auratum qui viennent de fleurir dans son
jardin, il s’en est trouvé un à fleurs doubles.
Le savant secrétaire rédacteur fait observer
que c’est une troisième espèce à fleurs dou-
bles à ajouter aux deux que l’on connaissait
déjà : Liliiim tigrinum et L. Thunhergia-
num. Au lieu de deux, c’est au moins trois
qu’il faut dire, car il faut ajouter la variété
à fleurs doubles du Lis blanc, que M. Du-
chartre n’a pas citée — sans doute par ou-
bli — et qu’il connaît parfaitement, puisqu’il
Ta décrite dans son remarquable travail sur
les Lis.
— On a admis comme règle que les végé-
taux monocotylédonés, par suite de leur orga-
nisation, ne peuvent être grelfés; nous-même,
dans nos Entretiens familiers sur Vhorti-
l’avons écrit, sans toutefois affirmer
le fait d’une manière absolue. Cependant,
d’après une lettre que nous avons sous les
yeux, cette opération se pratiquerait même
en grand au Brésil ; de plus et par le contact
des deux sèves, il y aurait production de
nouvelles variétés. 11 va de soi que nous ne
nous portons pas garant de ces assertions ;
néanmoins, le fait semble entouré d’assez
de preuves pour que nous ne le rejetions pas
sans examen, car Ton connaît tant d’exem-
ples de choses qui, considérées d’abord
comme impossibles, sont devenues même
familières, à ce point qu’elles sont tombées
dans le domaine de la pratique, qu’il est
bon de ne rien affirmer. Il n’est personne
qui n’en connaisse des exemples, ce qui
nous dispense d’en citer. Aussi nous enga-
geons-nous à revenir sur cette question, qui
est des plus intéressantes au point de vue
de la physiologie.
— Dans une circulaire qu’elle vient de
publier, la Société pomologique de France
informe le public que le huitième et der-
nier volume de la Pomologie est prêt à être
expédié ; il se termine par une note de la
rédaction et par une table générale de tous
les fruits décrits dans l’ouvrage.
La commission permanente des études,
qui se réunit les deuxième et quatrième
samedis de chaque mois, n’ayant plus à
s’occuper de la rédaction du catalogue, se
consacrera entièrement à l’étude des fruits
nouveaux et des divers modes de culture.
A cet effet, elle prie toutes les personnes
qui auraient des renseignements à lui trans-
mettre de vouloir bien les lui adresser au
siège de la Société, au palais des Arts, à
Lyon.
— Dans une lettre qu’il vient de nous
adresser, notre confrère, M. Wéber, nous
informe que le 20 novembre au matin, à
Dijon, le thermomètre marquait 6 degrés
au-dessous de zéro. Dans cette même lettre,
il nous informait aussi que le happa
major, dont nous avons parlé dans une
précédente chronique (1), et pour lequel le
Japon a obtenu une récompense, n’est autre
que le happa edulis, Thunb., ce dont il
s’est convaincu, par la comparaison qu’il a
faite de plantes du happa major, issues
de graines qu’il avait reçues du Japon sous
le nom- de Salsifis du Japon, et qu’il a
comparées avec des happa edidis qu’il
avait fait venir du Jardin botanique de Halle.
Ce fait, en [même temps qu’il intéresse la
science, justifie de tous points ce que nous
avons dit des Japonais , lorsqu’au sujet de
cette récompense, nous écrivions : « Le
happa major est un très-mauvais légume ,
du moins si l’on doit en juger par ce qu’il
vaut en France. C’est une Bardane qui nous
paraît tout au plus propre à faire une
plante à feuillage ornemental ; ou bien
encore qu’on a voulu faire une gracieuseté
aux Japonais, ce qui ne nous surprendrait
pas : il faut être courtois. » Notre opinion
n’a pas changé à cet égard.
— Parmi les diverses récompenses ac-
cordées aux exposants français, à l’expo-
sition universelle de Vienne, il en est une
dont on n’a pas parlé, parce qu’elle a été
comprise dans un groupe faisant partie de
l’enseignement général des frères ignoran-
tins, à Dijon. C’est une médaille du pro-
grès, accordée à notre collaborateur et ami,
M. Wéber, jardinier en chef au Jardin
botanique de Dijon, pour des cartes d'arbo-
riculture qu’il a inventées, et à l’aide des-
quelles, en peu de temps, et facilement, il
inculque aux élèves les principes sur les-
quels repose cette science, dont ils forment
la base.
— Dans notre précédente chronique,
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 263.
464
PRIMEVÈRES DE Cl
p. 438, en parlant du Rosier hybride re-
montant, Panachée Langroisse, nous avons
indiqué que les feuilles de cette belle va-
riété sont panachées ; c’est une erreur,
ainsi que nous l’apprend son obtenteur,
M. Ch. Rimaucourt, horticulteur aux Fran-
chises, à Langres, ce dont nous le remer-
cions.
— Le Cotoneaster Simonsii est-il une
nouvelle espèce ? Le fait est possible en tant
qu’espèce, mais alors ce ne serait pas une
nouveauté ; le nom seul serait nouveau. En
effet, c’est une plante relativement vieille,
que nous cultivons depuis plusieurs années,
et que tout récemment encore nous avons
vue en forts et nombreux exemplaires dans
un jardin où il n’est pas rare de rencontrer,
non seulement des nouveautés, mais des ra-
PRIMEVÈRES DE CHI
Les Primevères de Chine à fleur double
ne produisant pas de graines sont multipliées
par bouture. Voici comment on opère :
Au printemps, vers le mois de mars,
dans une serre à multiplication, on vide la
bâche jusqu’aux tuiles qui recouvrent les
tuyaux de chauffage, et on établit une sorte
de drainage en plâtras, d’environ 3 ou 4 cen-
timètres d’épaisseur, puis on recouvre ce lit
d’une couche de terreau de feuilles bien
consommé et passé au crible fin. Cette couche
de terreau devra avoir 3 ou 4 centimètres
d’épaisseur et être tassée de façon à la
rendre également ferme partout. Cela fait,
on met un lit de sable fin d’environ 1 pouce
d’épaisseur. Il serait préférable d’avoir du
sable blanc pour piquer les boutures; mais
cependant, à défaut de celui-ci, on pourrait
se servir de sable de rivière tamisé très-fin.
Les boutures seront très-peu enfoncées dans
le sable, et le tout sera recouvert d’un
châssis.
Pour obtenir des boutures, on se sert de
vieilles plantes qui poussent toujours beau-
coup de branches sur les côtés ; on en re-
tranche les fleurs, ainsi que les feuilles qui
vont trop en s’écartant du collet. Ces feuilles
sont coupées de façon à ne laisser que le
moins de prise possible à la pourriture ;
celles qui seraient embarrassantes peuvent
être coupées à 5 ou 6 centimètres du collet.
Les boutures de Primevère doivent être
visitées au moins tous les deux jours, et les
moindres traces de moisissure enlevées avec
des ciseaux bien tranchants. Si le soleil était
[NE A FLEUR DOUBLE.
retés, chez M. Bertin père, à Versailles,
sous le nom de Cotoneaster Nepalensis, où
ils formaient des massifs en ce moment
encore couverts 'de fruits d’un rouge très-
brillant qui produisaient un charmant effet.
C’est également sous ce nom, qui nous paraît
devoir être conservé, que nous le cultivons.
Qui donc lui a donné le qualificatif Si-
monsii, à l’aide duquel on a ainsi rajeuni
une vieillerie? C’est alors l’équivalent de
certains habits qu’on croit neufs, dont on n’a
fait que de retourner l’étoffe. Il va sans dire
que nous ne critiquons ni n’accusons per-
sonne ; notre but, en constatant ce fait, est
de servir Ja science et l’horticulture, en dé-
montrant que les Cotoneaster Nepalensis
et Simonsii sont une seule et même plante.
E.-A. Carrière.
[E A FLEUR DOURLE
très-fort, il faudrait ombrer, sans toutefois
rendre l’obscurcité trop profonde. Des claies
un peu serrées valent mieux pour cela que
de la toile où des paillassons. Il faut aussi
veiller soigneusement à l’arrosage, bien que
l’humidité soit à craindre à cause de la moi-
sissure; il faut surtout éviter de tenir ces
boutures trop sèches au pied, car alors elles
se rendurcissent, se fanent et n’émettent
pas de racines. Comme l’on est obligé d’ar-
roser avec la seringue, il faut donner un
peu d’air après les arrosages, et aussi le
matin pendant une heure avant que le soleil
donne sur la terre. Il va sans dire que
la serre doit être bien calfeutrée; sans cela on
ne pourrait donner d’air aux boutures sans
danger.
Les boutures de Primevère peuvent aussi j
être faites à froid, mais alors elles sont I
beaucoup plus longues à s’enraciner. Il vaut
donc mieux chauffer un peu ; cela sèche
l’humidité surabondante, et les boutures
émettent des racines plus vite. La durée
de la reprise est d’environ cinq semaines.
Quand les boutures sont à peu près toutes
enracinées, on retire les châssis qui les cou-
vraient, et on les laisse pendant quelques
jours au plein air de la serre, pour leur
donner le temps de bien s’accrocher au sol;
ensuite, on les rempote dans des godets de
7 à 8 centimètres de diamètre ; la terre, qui
doit être légère, sera composée comme suit:
moitié de terreau de feuilles bien con-
sommé, un quart de bon terreau de fu-
mier, et un quart de vieille terre de bruyère
NOYER COMMUN A GRAPPES.
465
très-sableuse. (La terre de bruyère n’étant
employée ici que comme divisant, il est inu-
tile qu’elle soit neuve.)
Après le rempotage, on place les boutures
sur une petite couche tiède faite dans un
coffre; il faut tenir bien clos et ombré jus-
qu’à ce que les plantes commencent à s’éta-
blir dans leur pot, et ensuite donner de l’air
graduellement, tout en diminuant l’ombrage.
Pendant l’été, il faut donner beaucoup
d’air et ombrer modérément ; il ne faut pas
non plus oublier que si la Primevère de la
Chine craint l’humidité stagnante , elle a
besoin d’un milieu frais pour pousser vigou-
reusement.
A l’automne, c’est-à-dire vers le 15 sep-
tembre, on place les Primevères en serre
pour la floraison d’hiver. La serre doit avoir
une température plutôt sèche qu’humide,
et il est préférable de les placer sur des gra-
dins, et aussi près du verre que possible ; la
chaleur artificielle n’est nécessaire que quand
la température extérieure commence à de-
venir froide ; cependant on peut donner une
petite chaude de temps en temps, pour sé-
cher l’humidité produite par les arrosages.
L’arrosage doit être fait très-régulière-
ment et à propos ; il faut autant que possi-
ble éviter de mouiller le feuillage, car un
point essentiel pour réussir dans le forçage
des Primevères, c’est de nettoyer les plantes
et d’enlever avec la plus grande attention
même les plus légères traces de pourriture.
C’est du reste pour cela que ces plantes doi-
vent être transportés en serre d’aussi bonne
heure, car il serait beaucoup plus difficile
de les préserver de la moisissure dans des
coffres à cette époque de l’année.
Les Primevères ne s’accommodent pas
d’une haute température pendant le forçage :
12 à 15 degrés centigrades sont tout à fait
suffisants pour les amener à fleurir vers
Noël et le jour de l’an, et cela dans la per-
fection.
La meilleure espèce de Primevère à fleur
double à cultiver sous le rapport de la flo-
raison forcée est sans contredit le Primula
Sinensis flore alho pleno. Non seulement
il fleurit abondamment, mais la fleur est
belle, et il a cet autre avantage de se prêter
merveilleusément à la culture forcée. Un des
grands inconvénients que présentent la plu-
part des espèces de Primula, c’est que la
hampe florale est souvent trop courte, et
qu’alors les fleurs sont tellement les unes
sur les autres, que cela ne fait plus qu’une
masse, ou plutôt qu’un paquet de fleurs
au milieu de quelques feuilles. Dans la Pri-
mevère blanche ordinaire à fleurs doubles,
les fleurs sont peut-être moins larges que
dans certaines espèces, mais les hampes
sont très-multipliées, et les fleurs sont ainsi
mélangées parmi les feuilles, ce qui forme
un effet des plus agréables.
Le Primula Sinensis flore rubro pleno
vient en seconde ligne comme valeur ; il se
force aussi très-bien, mais le coloris de la
fleur n’est pas vif ; il tire plutôt sur le
violet, et de plus, il fleurit bien moins abon-
damment. H. Jamain fils.
NOYER COMMUN A GRAPPES
Cette variété encore peu connue, qui
pour certaines personnes est un mythe, tan-
dis que d’autres la considèrent comme nou-
, velle, n’est ni l’une ni l’autre de ces choses;
elle existe réellement, et il n’est pas rare
d’en trouver le nom sur quelques vieux ca-
talogues, et même dans certains ouvrages
d’horticulture. D’où vient-elle? Où a-t-elle
pris naissance? Y a-t-il dans cette forme par-
ticulière de Noyer des sous-variétés ou des
plantes de valeur et d’intérêt divers ? Ce sont
là des questions auxquelles il nous paraît
difficile de répondre. Notre but, en publiant
cette note, est d’abord d’éclairer un peu cette
question, et de faire connaître cette variété
qui n’est pas sans mérite, tant s’en faut; en-
suite pour servir la science en montrant une
fois de plus combien ce qu’on nomme une
espèce peut varier, toutes choses qui nous
ont engagé à donner une figure de la variété
qui fait le sujet de cette note.
Le Noyer commun à grappes. Juglans
regia racemosa, figure 42, ne présente rien
de particulier quant à son port et à sa vé-
gétation; c’est un grand arbre, tout à fait
semblable au Noyer commun qu’on ren-
contre partout, et dont, par conséquent,
le principal caractère différentiel réside
dans la disposition des fruits qui, au lieu
d’être solitaires ou parfois réunis par deux
ou par trois, rarement plus, sont disposés
en sorte d’épis ou grappes à l’extrémité des
rameaux, ainsi, du reste, que le démontre la
figure 42. Ajoutons que ceux-ci sont gros et
de bonne qualité (du moins chez la sorte
dont nous parlons), ce qui ne gâte rien.
Nous avons vu tout récemment encore et
chargé de fruits un très-fort exemplaire de
CULTURE DES JACINTHES DANS L’EAU.
166
cette variété dans le jardin de M. Berlin père,
40, boulevard de la Reine, à Versailles;
c’est sur ce pied qu’a été coupé le rameau
figuré ci-contre. C’est, croyons-nous, cet
éminent praticien et connaisseur auquel
l’horticulture doit tant, qui le premier a
cultivé, en France, le Noyer à grappes, celui
dont nous parlons, du moins. L’ayant ques-
tionné sur son origine, avec sa bienveillance
accoutumée, M. Bertin s’est empressé de
nous donner les renseignements suivants :
« Je possède cet arbre depuis une ving-
taine d’années ; je l’ai acheté à un horticul-
teur de Gand, chez lequel j’ai vu un pied
qui portait environ 140 grappes, composées
chacune de 8 à fruits. C’est le nombre
que j’ai également constaté chez moi; Jamais
je n’ai remarqué de grappes plus fournies,
par exemple de 15 à 20 Noix, ainsi que l’ont
rapporté certains auteurs. A-t-on possédé au-
trefois une variété plus productive, ou bien
a-t-on exagéré? Les deux choses étant pos-
sibles, je m’abstiens de prononcer, me bor-
nant à dire ce que j’ai vu.
« Je n’ose non plus affirmer que cette
variété se reproduit identiquement par se-
mis ; je suis même porté à penser le con-
traire, et qu’il se trouverait toujours un
nombre plus ou moins grand d’individus qui
retourneront au type. Le meilleur moyen de
le multiplier est donc la greffe en approche,
procédé peu expéditif, je le sais, mais qui
du moins à l’avantage d’être certain. »
Comme renseignement, nous ajoutons,
dans l’intérêt de nos lecteurs ou de ceux
qui feraient des semis, qu’ils ne devraient
point se décourager
si, pendant les pre-
mières années de
leur rapport, les su-
jets de semis don-
naient des fruits soli-
taires ou seulement
réunis par 2-3, et in-
férer de là qu’ils sont
dégénérés. Ce serait
un tort : à peu près
toujours c’est même
le cas ; les grappes
ne commencent à
paraître que sur les
individus déjà forts
et sur les pousses
très-vigoureuses seu-
lement. C’est même
ce qui se manifeste
sur les arbres tout
à fait adultes. Chez
ceux-ci, en effet, on
ne voit de grappes
que sur les bour-
geons vigoureux ;
toutes les parties grêles, ainsi que les brin-
dilles placées à l’intérieur, ne portent sou-
vent que deux ou trois Noix, parfois même
une seule. Mais quoi qu’il en soit, le Noyer
à grappes est une variété dont nous n’hé-‘
sitons pas à recommander la propaga-
tion.
On trouvera soit des pieds, soit des Noix
de cette variété, chez M. Moser, horticul-
teur, rue Saint-Symphorien, à Versailles.
E.-A. Carrière.
Fig. 4^2. — Noyer commun, à grappes, au 1/3 de grandeur naturelle.
CULTURE DES JACINTHES DANS L’EAU
B y a plus de huit années que, dans la
Revue hortieole du 16 mai 1865, paraissait
un article de notre savant collègue, M. Ed.
André, sur la culture perfectionnée des Ja-
cinthes dans l’eau. Il constatait le procédé
que j’employais pour obtenir les hampes de
Jacinthes plus fortes et mieux développées,
procédé qui consistait simplement à retran-
467
BELLES AROÏDÉES ANCIENNES, MAIS PEU CONNUES.
cher une partie des racines, lorsqu’elles ont
atteint 10 à 15 centimètres.
Ayant toujours réussi depuis cette époque,
je viens aujourd’hui compléter ce que ma
vieille expérience m’a suggéré, car nous
voici arrivés, ainsi que le disait notre cher
collègue, « aux dures journées de l’hiver
où chacun veut se donner ce luxe innocent
de la verdure et des fleurs, comme une
réminiscence du printemps passé, comme
un appel au renouveau prochain. »
Je choisis les oignons les mieux faits et
dont le plateau est le plus rond possible ; je
les place dans des vases faits exprès pour
ce genre de culture; l’eau ne doit pas dé-
passer les racines de plus de 1 centimètre
environ, pour que la couronne plonge tou-
jours dans le liquide. On fixe l’oignon soli-
dement au vase avec un lien quelconque, ce
qui a une grande importance, ainsi que je le
dirai plus loin.
Les carafes doivent être placées dans un
endroit complètement privé de lumière, où
la température ne soit pas trop élevée. Il
faut de temps à autre les visiter pour re-
mettre de l’eau là où elle s’est évaporée ; au
bout d’un mois ou six semaines, les racines
ont poussé verticalement, puisque, grâce aux
liens, elles n’ont pu se développer par côté,
ce qui arrive quelquefois lorsqu’on n’a pas
eu la précaution de fixer solidementl’oignon;
d’un autre côté, l’évaporation se trouve, aussi,
bien moins active. Les feuilles qui se mon-
trent indiquent que c’est alors le moment
de placer les carafes près du jour ; il est né-
cessaire que les plantes reçoivent le plus de
lumière possible ; la température de la pièce
ne doit pas être très-élevée, afin de ne pas
trop hâter la végétation.
J’ai remarqué que pendant la période ac-
tive du développement de la tige, on devait,
tous les quinze jours environ, laver les ra-
cines et parfaitement nettoyer les vases. On
aura soin de procéder successivement à celte
petite opération pour ne pas mélanger les
carafes, qui doivent être étiquetées, si toute-
fois elles contenaient des variétés particu-
lières. Les liens sont encore utiles pour em-
pêcher la plante de se déjeter ou même
quelquefois de tomber ; on peut les rem-
placer par deux caoutchoucs entrés par le
dessous du vase.
En lavant soigneusement les racines, je
suis persuadé qu’on évite la pourriture qui
attaque très-souvent les bulbes. Lorsque les
racines ont atteint 7 à 8 centimètres, on les
coupe, laissant seulement 4 centimètres au-
dessous du plateau ; je laissais autrefois les
racines plus longues, mais j’ai reconnu qu’il
y avait avantage à opérer comme je viens de
l’expliquer : en agissant ainsi, on obtient
toujours de plus belles hampes que par les
moyens ordinaires, et les feuilles, prenant
moins de développement dans le commen-
cement, laissent la fleur acquérir plus de
force et se montrer dans toute sa beauté.
Si, comme je l’espère, j’obtiens encore
cette année le succès auquel je suis habitué,
j’en informerai les lecteurs de la Revue, et
je serai très-heureux de montrer mes Ja-
cinthes, au moment de leur floraison, à tous
ceux qui désireraient les voir, et je suis per-
suadé qu’ils approuveraient ce mode de cul-
ture, qui, j’ose le dire, est très-satisfaisant,
ainsi que notre cher collègue, M. Verlot, du
Muséum, l’a constaté il y a quelques années,
lorsqu’il m’a fait l’amitié de venir visiter mes
cultures. Eug. Vavin,
Président honoraire de la Société d’horticulture
de Pontoise.
BELLES AROÏDÉES ANCIENNES, MAIS PEU CONNUES
En parcourant le Manuel de V Amateur
des Jardins (Decaisne et Naudin, vol. III,
page 714), nous avons trouvé une inté-
ressante notice sur les Aroïdées, et en la
lisant nous pensions qu’il était regrettable
que beaucoup des variétés citées et recom-
mandées fussent , malgré leur beauté , si
peu connues et presque oubliées dans les
collections des jardins botaniques.
Nous croyons être agréable à nos lecteurs
en leur signalant quelques espèces dignes
d’entrer en ligne avec les Alocasia, Colo-
easia, Caladium, etc., les plus répandus.
Voici les noms des meilleures espèces ;
ceux qui ne font pas partie de cette liste ont
été omis parce qu’ils ont été déjà donnés
dans la Revue :
lo Anthurium reflexum (Brongn.), qui
devrait avoir une place dans toutes les
serres.
Philodendron calophyllum , décrit
par M. Ed. André, dans le 19® vol. de
y Illustration horticole, et qui sera, paraît-
il, remis au commerce l’année prochaine
par l’établissement Linden. Cette superbe
plante, victime de l’hiver 1870-1871, mon-
trait autrefois ses magnifiques spathes dans
les serres du Muséum.
468
LIQUEUR DE TOMATES, EN BOUTEILLES.
3® Philodendron giganteum. Cette es-
pèce, fort peu répandue en France, mais
qu’il est facile de se procurer en Belgique,
fait cependant partie des collections du
parc de la Tête-d’Or, à Lyon ; elle provient
des serres de Herrenhausen, d’où elle a été
envoyée par M. Wendland. Il est important
de ne pas confondre cette plante avec le
Pothos giganteum, belle espèce également
très-méritante, mais pourtant inférieure à
celle que nous Venons de citer ; nous avons
admiré ce Pothos en bel exemplaire dans le
lot de Legrelle d’Hanis, à l’exposition
de Bruxelles, en 1872.
4® Philodendron eruhescens; remar-
quable par sa spathe cnarnue, en forme de
cornet, qui est du plus beau rouge carmin.
— Le nouveau Ph. Daguense, figuré dans
V Illustration horticole (1873), paraît s’en
rapprocher un peu.
5® Philodendron Melinonis. Livrée nou-
vellement au commerce, cette espèce, qui
est très-belle, exige une température élevée
{+ 15^ cent.), surtout si on la tient en pleine
végétation pendant l’hiver.
6® Philodendron Simsii. Cette magni-
fique Aroïdée est fort rare, quoique son
introduction date de 1803. D’après Lemaire,
elle viendrait de Demerary {Guyane an-
glaise). Ses grandes feuilles lisses, poin-
tues et retombant gracieusement sont d’un
beau vert, à très-longs pétioles finement
striés de rouge avec l’âge ; ses spathes,
richement colorées de rose vif à la l3ase et
de blanc dans la partie supérieure, sont
d’un effet splendide. (Décrit dans le Jardin
Fleuriste, vol. 1, pl. 36). M. B. Williams,
dans son livre sur les Pla7ites à feuillage
ornemental, assigne Caracas comme étant
la patrie de cette plante ; il recommande
sa culture dans un aquarium. Nous obte-
nons de très-bons résultats par la culture
ordinaire en serre chaude, à une tempéra-
ture moyenne de + 15“ cent.
Culture. — La terre qui convient à toutes
ces Aroïdées est le mélange déjà indiqué par
nous pour V A^ühurium Sùherze7Ùanu7n{\).
Quand les plantes deviennent fortes, il est
fort utile d’entourer leurs troncs de spha-
gnum que l’on tient humide ; cet élément
favorise considérablement le développement
des racides adventives qui trouvent ainsi un
appui et de la nourriture. Au printemps,
les engais liquides ne leur sont pas égale-
ment très-favorables. Alphonse D***,
Amateur.
LIQUEUR DE TOMATES, EN BOUTEILLES
Une des premières conditions pour faire
de bonne liqueur de Tomates, c’est que les
fruits soient bien mûrs; plus ils seront mûrs,
plus la liqueur sera bonne et abondante.
Voici comment il faut procéder :
On doit ramasser les Tomates, autant que
possible, lorsqu’elles sont sèches, jamais par
la rosée, puis on les écrase au fur et à me-
sure, et on les met dans un chaudron en
cuivre étamé ou du moins très-propre, et
qu’on place sur le feu; lorsqu’elles ont bien
bouilli pendant trois quarts d’heure à une
heure environ, on les passe dans un tamis
en crin, pour en enlever toutes les graines
et les pédicules des fruits, puis Ton verse le
jus des Tomates dans de grands vases en
terre pour le faire refroidir.
Lorsque le tout est refroidi convenable-
ment, on lave bien proprement de nouveau
le chaudron, et l’on remet le jus à bouillir
jusqu’à ce qu’il soit bien cuit, ce qui se re-
connaît lorsqu’il ne reste plus d’eau sur la
surface du jus. Pendant tout le temps de la
cuisson, on a soin, avec une longue spatule
(1) Voir Revue horticole, 1873, p. 447,
(2) Ibid., p. 400.
en bois, de remuer le liquide, afin qu’on
ait la certitude qu’il a bien bouilli par-
tout sans se brûler.
Bien des personnes mettent dans la li-
queur des Tomates, en la faisant bouillir, du
sel, du poivre et d’autres épices ; ces choses
ne sont pas nécessaires, et sans elles cette
liqueur se conserve tout aussi bien, et en-
suite les cuisinières ne sont pas exposées à
ce que, faute d’attention, les mets soient trop
épicés.
Quant on voit que la liqueur est bien
cuite, il tant de nouveau la mettre refroidir
un peu dans les mêmes vases, puis, avant
qu’elle soit bien froide, il faut remplir les
bouteilles, en laissant toujours un vide de
5 centimètres entre le liquide et le bouchon,
puis on ficelle solidement chaque bouteille,
et on les met bouillir toutes ensemble dans
le même chaudron plein d’eau jusqu’au ni-
veau de la liqueur contenue dans les bou-
teilles; on enveloppe chacune de ces bou-
teilles avec un paillon (3) fait exprès, pour
(3) Ces sortes de paillons sont semblables à ceux
dont on se sert pour expédier les vins fins de Bor-
deaux, Sauterne, etc.
CULTURE DES PÉLARGONIUMS ZONALES ANGLAIS.
4G9
éviter que les verres se touchent et que les
chocs les brisent.
Un quart d’heure suffit largement pour
cette opération.
Lorsqu’on travaille pour la vente, on doit,
dès que les bouteilles sont refroidies, en
goudronner le bouchon, ce qui, tout en don-
nant un certain cachet, est plutôt favorable
que nuisible à la conservation.
On peut, dès que les bouteilles sont bien
refroidies, se servir de ce liquide pour les
divers usages du ménage. J’ajoute que dans
presque toutes les parties du Midi, on est
très-friand de ce mets, qu’on mélange à pres-
que toutes les sauces, même à la soupe, et
dans les ménages où la gène se fait un peu
sentir, la liqueur de Tomates remplace —
non pas avantageusement toutefois — une
partie de la graisse.
Conserve de Tomates entières, au sel.
— Un des premiers soins doit être le choix
des fruits, qui doivent être bien mûrs et
aussi unis que possible dans leurs parties
supérieures. Après les avoir bien essuyés,
on les met dans des pots en terre cuite et
vernissée, rang par rang, bien arrangées, afin
qu’il en contienne davantage ; chaque rang
de fruits doit être couvert de sel de cuisine,
et ainsi de suite jusqu’à ce que le pot soit
plein.
Comme à l’époque où se fait ce travail il
fait toujours très- chaud dans nos contrées,
le sel ne tarde pas à se fondre de lui-même,
et alors l’eau qu’il forme couvre presque
toujours toutes les Tomates, qui alors se
conservent très-bien d’une année à l’autre.
Le point essentiel pour bien les conserver,
c’est que les fruits soient toujours bien cou-
verts d’eau.
Au fur et à mesure qu’on prend les To-
mates pour la consommation, et afin de ne
rien perdre, on se sert de l’eau de sel qui re-
couvrait les fruits, ainsi qu’on le ferait avec
du sel proprement dit.
Ce procédé de conservation est le plus
économique de tous ; aussi est-il usité dans
les ménages les plus modestes, où, plus
encore que dans tout autre, l’ordre et l’éco-
nomie doivent être la base. A. Dumas,
Jardinier en chef à la ferme-école du Gers.
CULTURE DES PÉLARGONIUMS ZONALES ANGLAIS
Il n’est pas d’amateurs qui ne connaissent
les plantes de cette section de Pélargoniums,
qui par la beauté et la variété des nuances
de leurs feuilles fait que celles-ci peuvent
rivaliser avec les fleurs pour l’ornementa-
tion. On pourrait même dire que, dans cer-
tains cas, elles sont préférables, puisque, au
lieu d’être passagère comme chez les fleurs,
cette beauté est permanente. Néanmoins, et
malgré tous ces avantages, beaucoup d’ama-
teurs tendent à abandonner ces plantes
qu’ils regardent comme trop délicates. Dans
ce reproche qui, en apparence, paraît fondé,
il y a beaucoup d’exagération ; on peut, par
une culture facile et sans beaucoup de soins,
obtenir en pleine terre, à l’air libre, des plan-
tes relativement vigoureuses et d’une belle
venue, ce que je vais essayer de démontrer.
Après avoir choisi l’emplacement (massif
ou bordure) que l’on destine à la plantation,
on en enlève la terre jusqu’environ 30 cen-
timètres de profondeur que l’on remplace
par de la terre de bruyère grossièrement
cassée, non tamisée, et l’on y plante les Pé-
largoniums que l’on arrose légèrement au
pied pour lier ou faire adhérer la terre du
massif à celle des plantes. Dans ces condi-
tions, la végétation est vigoureuse, et les
feuilles acquièrent des dimensions considé-
rables, tout en conservant leur éclat, et ne
redoutent même pas l’ardeur du soleil. Ce-
pendant il est encore possible d’augmenter
l’intensité et le brillant des couleurs en ar-
rosant une fois par semaine avec de l’eau
légèrement chargée de suie ou de résidu des
fourneaux. Si l’on cultive en vases, on ad-
ditionne cette substance à petite dose au mé-
lange dans lequel sont placées les plantes et
qui est ainsi composé : terre de bruyère,
terreau de couche bien consommé et terre
franche légère, un tiers de chaque.
La multiplication des Pélargoniums zo-
nales anglais, dont Miss Pollock peut don-
ner une idée, ne diffère pas de celle des au-
tres espèces ; néanmoins, en raison de leur
nature particulière, il est bon de prendre
certaines précautions que je vais indiquer.
Bien qu’on puisse faire les boutures pendant
toute l’année, les mois de mars et d’avril
sont les plus favorables, parce qu’à cette
époque les plantes entrent dans toute l’acti-
vité de leur végétation, et que les boutures
ont le temps de prendre de la force avant la
saison des froids. On coupe les boutures
d’environ 10 à 12 centimètres de longueur;
on en supprime toutes les feuilles, excepté
les deux terminales ; il faut également en-
lever avec soin les stipules placées à la base
470
ARONIA HOSTII.
des feuilles, qui feraient des sortes de réser-
voirs qui retiendraient un excès d’humidité
toujours très-nuisible aux plantes, et qui
pourrait môme les faire pourrir , car les
Pélargoniums anglais redoutent excessive-
ment l’humidité; aussi faut-il avoir soin,
lorsqu’on les arrose, d’en mouiller les feuil-
les le moins possible. Une autre précaution
qu’il e^t bon de prendre, c’est de ne donner
aux plantes que des pots relativement petits,
parce que, en général, elles absorbent peu.
Dans cette circonstance, l’excès en moins
est préférable à l’excès contraire, car, il faut
bien le reconnaître, ces Pélargoniums sont
moins robustes que ceux des autres sections
de zonales. Pour la saison d’hiver les vases
ne doivent pas dépasser 4 à 5 pouces de
diamètre pour les plus fortes plantes ; et il
va de soi que si les plantes étaient très-fai-
bles, on devrait les mettre dans des pots
un peu plus petits. Quant aux arrosages, ils
devront être très-modérés, ces plantes ne
périssant presque jamais de la Pécheresse,
ARONIA
Cette espèce, que nous avons reçue de
MM. Simon -Louis, horticulteurs à Metz,
sous le nom de Cratægus Hostii, est des
plus jolies, et en même temps trés-intéres-
sante par ses caractères intermédiaires qui
la rattachent d’une part aux Aria, de l’au-
tre aux Aronia, ce qui nous engage à la
placer à la tête de ces derniers, à côté de
V Aronia charnœmespilus. En voici la des-
cription :
Arbrisseau ayant le port et le faciès de
VAria intermedia mais à feuilles plus
grandes, moins argentées, tomenteuses en
dessous, les unes longuement ovales, cour-
tement dentées, les autres plus profondé-
ment dentées-lobées, rappelant celles de
VA. intermedia, parfois même de VA. pin-
natifida. Fleurs très-nombreuses disposées
en sorte de corymbes à l’extrémité de courtes
ramilles, d’abord rose lilacé, passant succes-
sivement au gris rosé, à reflets chatoyants.
Fruits rappelant ceux de VA. pinnatifida,
mais un peu plus gros, brusquement arron-
dis et légèrement aplatis au sommet, où se
trouve le calice qui, étroit, fermé et
comme plissé, présente autour des saillies
fortement anguleuses, prenant à la maturité,
qui a lieu vers le 15 août, — c’est, peut-
être, de tous les genres voisins {Aria, Aro-
nia, Sorhiis), l’espèce la plus hâtive — une
belle couleur rouge orangé luisante. Grai-
tandis qu’il en est tout autrement lorsqu’elles
sont trop humides. Il faut aussi, pour l’hi-
ver, avoir bien soin de les placer au grand
jour et surtout le plus près possible du verre,
l’ombrage leur étant très-préjudiciable non
seulement pour la végétation, mais aussi
pour le coloris des feuilles, qui alors devient
terne et peu sensible sur le plus grand
nombre des variétés. Il arrive parfois que
certains individus tendent à reprendre la
couleur verte ; dans ce cas il faut de suite et
sans ménagement enlever toutes ces parties ;
quelquefois même il est bon de jeter les in-
dividus qui présentent ce caractère, et ja-
mais on ne devra prendre de boutures des-
sus.
En se conformant aux indications qui pré-
cèdent, je ne doute pas qu’on obtienne de
bons résultats, ce dont je m’estimerai heu-
reux, puisque c’est dans ce but que j’ai écrit
cet article.
Boucharlat aîné.
Horticulteur à Cuire-les-Lyon.
HOSTII
nés presque toujours solitaires, placées au
centre des fruits dans une pulpe jaunâtre,
sèche et comme farineuse presque complè-
tement dépourvue de saveur, longues d’envi-
ron 7 millimètres, atténuées aux deux bouts,
presque pointues, à testa parcheminé brun
foncé, uni, luisant, coriace, mais non os-
seux.
D’où cette espèce est - elle originaire ?
Nous ne savons ; ce que nous pouvons affir-
mer, c’est qu’elle est très -ornementale et
que, par ses fleurs roses, elle fera un con-
traste des plus charmants, mélangée avec
les Aria dont elle a assez l’aspect, qui tous
ont les fleurs blanches. Sous le rapport de la
couleur des fleurs, V Aronia Hostii est une
rare exception parmi le groupe des Poma-
cées dont il fait partie.
La culture et la multiplication sont iden-
tiques à celles des 4 Ha ; c’est à l’aide de
la greffe en fente ou en écusson qu’on la
propage; les sujets sont l’Epine et les diverses
espèces A Aria; dans certains cas même,
l’on peut employer le Cognassier. Quant à
la multplication par semis, bien qu’il pa-
raisse probable qu’on pourra aussi la prati-
quer, nous ne pouvons cependant rien affir-
mer, puisque cette année 1873 est la pre-
mière où nous mettons ce procédé en usage.
E.-A. Carrière
/<'/'0{^^fu/ron .s'/uu'io.s'iint .
CLÉRODENDRON SPECIOSUM. — PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES.
471
CLERODENDEON SPECIOSUM
Cette plante qui, assure-t-on, est un hy-
bryde entre le Clerodendron splendens et
le C. Balfouri ou Thompsoni, paraît avoir
été mise au commerce, vers 1868, par la
maison William Bull, de Londres. C’est
donc, comme on le voit, une plante nouvelle,
et, disons-le, une des plus jolies qifil soit
possible de voir, fait qui du reste est mis
hors de doute par la figure ci- contre. Son
mérite incontestable ne nous paraît pas suf-
fisamment connu si nous en jugeons par la
rareté de cette plante, qu’on ne rencontre
que très-rarement dans les cultures; ses ca-
I ractères sont les suivants : tige robuste,
volubile ou mieux sarmenteuse, légèrement
I comprimée, violacée. Feuilles persistantes,
opposées, courtement pétiolées, largement
ovales ou subarrondies, épaisses, coriaces,
à contour arrondi non denté, glabres, lisses
et luisantes en dessus qui est vert foncé, glau-
cescentes à la face inférieure qui porte des
nervures saillantes, arrondies. Fleurs très-
nombreuses, rapprochées en groupes sur
des pédoncules communs axillaires. Calice
persistant, à 5 dents profondes, égales, lon-
guement acuminées, d’un roux ferrugineux.
Corolle longuement tubuleuse, à 5 divisions
régulièrement ovales étalées, rouge ponceau
très-foncé ; étamines longuement saillantes ;
style généralement saillant, parfois à peine
plus long que les étamines. Fleurit vers le
mois de juin.
Le Clerodendron speeiosum, Hort., qui
est parfois désigné sous les noms de C. spe-
eiosum Rollissoni ou tout simplement C.
Rollissoni, est, nous le répétons, une plante
d’une beauté des plus remarquables. C’est
surtout quand elle est en pleine terre, car
elle prend alors des proportions considéra-
bles. Dans ce cas, en effet, les inflorescences
axillaires, qui sont très-nombreuses, for-
ment un ensemble de 50 centimètres et plus
de longueur. B faut cultiver cette espèce
dans un sol consistant, c’est-à-dire en serre
chaude, dans une terre franche, légère, ad-
ditionnée de terre de bruyère grossièrement
concassée, dans laquelle on laisse les détri-
tus de végétaux ; on peut même y ajouter
un peu de terreau de feuilles. Les arrose-
ments doivent être copieux pendant l’époque
de la végétation, surtout à partir du moment
où la plante montre son inflorescence. La
multiplication se fait à l’aide de bourgeons
qu’on obtient en rabattant les plantes. Ces
boutures se plantent en terre de bruyère,
sous cloche, à chaud, où elles s’enracinent
assez facilement.
E.-A. Carrière.
PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES
Cratægus spectabilis. — Cette espèce,
que nous avons reçue sous le nom de Cra-
tœgus fruetu lutea, et que nous avons dû
changer comme étant tout à fait impropre,
est une des plus intéressantes au point de
vue de l’ornement, tant par ses fleurs et ses
fruits que par la beauté de son feuillage.
Ajoutons qu’il est très-vigoureux et dé-
pourvu d’épines. En voici la description :
Arbrisseau à feuilles subpersistantes,
simples, grandes, longuement elliptiques,
atténuées aux deux bouts, coriaces, luisantes
en dessus, blanchâtres en dessous, courte-
ment et irrégulièrement dentées. Fleurs
blanches, grandes, réunies en fortes om-
belles compactes. Fruits gros, pyriformes,
d’environ 2 centimètres de longueur, d’une
largeur à peu près égale, surmontés par les
dents du calice, qui, étalées, sont li-
néaires, longues de 6-10 millimètres ; peau
d’un rouge corail orangé, marqué çà et là
de ponctuations assez fortes ; chair blanc
jaunâtre, aigrelette-sucrée , blétissant sur
l’arbre à la maturité, qui a lieu en novem-
bre, mais alors presque dépourvue de sa-
veur, et rappelant assez celle de l’Épine
blanche commune {C. oxyacantha) ; ma-
cules 3, osseuses, allongées, légèrement ar-
quées, parfois un peu aplaties, obtuses ou
subtriangulaires, à angles arrondis.
Le C. speetahilis n’est pas seulement or-
nemental par ses fleurs ; il l’est surtout à
l’automne, par le nombre et par la couleur
de ses fruits, qui, à cette époque, contras-
tent admirablement avec la couleur métal-
lique des feuilles, qui persistent jusqu’en
décembre, parfois même plus longtemps.
E.-A. Carrière.
Orléans, irap. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4.
472
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEUPiS.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
DU VOLUME DE 1873
A
Alphonse D. — Dimorphantus MandschuricuSj
120. — Culture forcée des Palmiers, 167. —
Culture pratique des Palmiers, 192. — Musa
siiperha, 207. — Palmiers nouveaux, 218, 270,
290, 329, 435. — Exposition internationale de
Gand, 255. — Pritchardia pacifica, 329. —
Anthurium Scherzerianim, 447. — Belles
Aroïdées anciennes, mais peu connues, 467.
André (E.). — Pêche Belle de Saint-Geslin, 231.
— Charles Darwin, 293. — Observations sur
le Curmeria picturata et le Cochliostema ado-
ratissimum, 386. — Lycoperdon giyanteum^
410.
Aurange. — Plantations cosmopolites, 72, 378.
— Les Gloxinias, 132.
Aymar (V.). — Exposition d’horticulture de Ver-
sailles, 232.
B
Baltet (Charles). — Emploi de la chaux au pied
des Pommiers pour éloigner le puceron lani-
gère, 365.
Barillet. — Du tracé des jardins, 14, 111. —
Destruction des rats, 82. — Les froids de la
mi-mai, 228. — Infusion de feuilles d’Estra-
gon, 243. — Quelques arbres remarquables,
251. — Les squares de Paris, 284. — Sur la
Nouvelle-Calédonie, 307. — Jardinier et hor-
ticulteur, 316. — Culture des Chibouques, 347.
Barutel (E.). — La taupe, 206. — Histoire na-
turelle en agriculture. -- Animaux utiles. —
La taupe, 215. — Pommes de terre, 430.
Batise (J.). — Chaque chose à sa place, 107. —
Plantation des jardins, 371, 426.
Bazille (G.). — Le phylloxéra, 308. — Destruc-
tion du ])hylloxera, 353.
Bossin. — Les semences, 94. — Conservation
des Poires au-delà de l’époque habituelle de
maturité, 132. — Quelques plantes potagères
nouvelles ou peu répandues, 149. — Maladie
des Pommes de terre, 209. — Culture des
Melons et de l’Igname de Chine, 271. — Roses
de semis, 286. — Des Tulipes, 347. — Ja-
cinthes de semis, 452.
Boucharlat. — Culture des Pélargoniums zo-
nales anglais, 469.
Bouvet (E.). — Culture des Fraisiers, 9. — La
température dans rille-et-Vilaine, 46.
Brassac — • Revue des squares de Toulouse, 59.
— Culture du Triteleia uniflora avec des Ja-
cinthes et des Lachenalia, 106.
Briot. — Bouturage des Conifères, 78.
C
Cabos (J.-V.). — Culture des Piments, 384.
Carbou (J.-B.). — Moyen de prolonger la récolte
des Tomates sur pied, 43.
Carrière. — - Chronique horticole : 2^ quinzaine de
décembre 1872, 5; Irequinzainede janvier 1873,
21 ; 2e quinzaine de janvier, 41 ; De quinzaine de
février, 61 ; 2e quinzaine de février, 81 ; De quin-
zaine de mars, 101 ; 2e quinzaine de mars, 121 ;
De quinzaine d’avril, 141 ; 2e quinzaine d’avril,
161 ; De quinzaine de mai, 181 ; 2e quinzaine
de mai, 201 ; De quinzaine de juin, 221 ; 2e quin-
zaine de juin, 241 ; De quinzaine de juillet, 261 ;
2e quinzaine de juillet, 281 ; De quinzaine
d’août, 301 ; 2e quinzaine d’août, 321 ; D’e quin-
zaine de septembre, 341 ; 2e quinzaine de sep-
tembre, 361 ; De quinzaine d’octobre, 381 ;
2e quinzaine d’octobre, 401 ; De quinzaine de
novembre, 421 ; 2e quinzaine de novembre, 441 ;
De quinzaine de décembre, 461. — Liliim
tigrinum flore pleno, 10. — Cerise à collier,
13. — Les catalogues, 19, 39, 78, 117, 156,
370, 399, 418, 458. — Plantes nouvelles, rares
ou peu connues, 20, 60, 1 20, 200, 220, 240, 260,
300, 340, 360, 420, 437, 471. — Poire Henri
Decaisne, 31. — Pseudotsuga Davidiana, 37.
— Hydrangea paniculata grandiflora, 51. —
Panier porte-bouquet, 55. — Bibliographie,
60, 76, 188. — Exposition des insectes en 1872,
67. — Poire Riocreux, 71. — Chêne-chapelle
d’Allouville, 72. — Toiles-abris, 75. — Cucumis
zapallito, 90. — Salvia farinacea, 91, —
Adhatoda cydoniœfoUa , 110. — Cinchona
calisaya, 113. — Marche de la sève dans les
végétaux, 126. — Rutabaga Quetieri et Chou-
Rave, 135. — Fructification du Robinia colu-
teoides, 139. — Cryptomeria pungens rubi-
ginosa, 140. — Buis à branches dressées, 140.
— Un nouveau lien horticole, 147. — Rhamnus
hybridus, 148. — Lonicera Standishi, 148. —
Buddleia intermedia, 151. — Des mastics ou
cires à greffer à froid, 157. — Quelques ob-
servations sur les Bambous, 159. — Prunus
obovalifolia, 160. — Lonicera fragrantissima,
169. — Poire Louis Cappe, 171. — Une nou-
velle maladie des Pommes de terre, 174. —
Phaseolus macrophyllus, 190. ■— Zygopetalum
Rivieri, 191. — Du poison curare, 194. —
Desmodium penduliflorum, 211. — Massifs
d’hiver, 219. — Radis Garwoski, 227. — Co-
marouna odorata, 231. — Rusticité des Gy-
nériums, 239. — Robinia tragacanthoides, 239.
— Lonicera longiflora, 248. — Salvia ruti-
lans, 251. — Quillaja saponaria, 254. —
Culture des Bamljous au point de vue de la
spéculation, 256. — Paulownia imperialis,
259. — Agalmyla longistyla, 271. — Cephœlis
ipecacuanha, 275. — Multiplication du Poly-
carpa Maximoiviczii, 279. — Veigela excelsa,
279. — Lælia Jongheana, 291 — Angelica
sylvestris purpurea, 300. — Fuchsia syrin-
gœflora, 311. — Du Torreya nucifera à"pro-
pos des sexes, 314. — Réséda grandiflora
superba, 330. — Dimorphisme du Rosa can-
nabifolia, 337. — A propos du phylloxéra,
338. — Cerasus Lannesiana, 351. — Un nou-
veau mode d’ornementation, 351. — Aperçu
du genre Deutzia, 357. — Serpette Barth, 367.
— Dimensions de quelques espèces de Coni-
fères, 367. — Iris iberica, 370. — Pois Léo-
nard Lille, 378. — Bambusa sulfurea, 379. —
Pyrus Meldensis, 380. — Buddleia intermedia
robusta, 389. — Noix jumelles, 390. — Cytisus
Everestianus, 390. — Spargoute pilifère, 398.
— Salvia scabiosæ folia, 411. — Camellia
Kilwingtoniana, 415. — Selenipedium Roezlii,
416. — Les Glaïeuls nouveaux de 1873, 433.
— Xanthoceras sorbi folia, 448. — Quesnelia
rufa, 451. — Prunus Japonica, 457. — Noyer
commun à grappes, 465. — Aronia Hostii,
470. — Clerodendron speciosum, 471.
Castillon (comte de). — L’horticulture au Japon,
442.
Chabaud. — Le climat de la Provence, 125. —
473
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
Piège à papillons crépusculaires et nocturnes,
138.
Clemenceau. — Des fleurs dans les jardins à
propos de la température, 15. — Plantes nou-
velles ou pas assez connues, ICO, 180.
Colin-Lebert. — Destruction des fourmis, 6.
D
Del AIRE. — Araucaria imhricata, 64.
Delcheyalerie. — Exposition de Vienne, 164. —
L’horticulture à l’Exposition universelle de
Vienne, 246, 362.
Deleuil (J. -B.). — Instabilité des sexes dans le
genre Bégonia, 363.
Desmarets (Paul). — Floraison d’un Agave Yuc-
cœ folia, 429.
Doumet-Adanson (N.). — La température dans
le Midi, 63. — Panachure des Roses, 83. —
Evomjmus Japonica elegans, 92.
Drouet. — Phormium tenax variegata, 245.
Duchartre. — Sur une variation remarquable,
172.
Dumas. — Culture des Bambous, 133. — Les
gelées des 25 et 26 avril, 186, 221. — Con-
serves de Tomates, 400. — Liqueur de To-
mates en bouteilles, 469.
E
Émery (Paul). —
241.
Le Pêcher à feuilles pourpres,
F
Favresse (Auguste) . — L’horticillture aux Açores,
222, 283.
G
Gagnaire fils aîné. — Rusticité de VAmorpho-
phallus Rivieri, 343.
Gloède (Ferdinand). — Moyen de préserver des
rongeurs les semis de Pois, 44.
Goujon. — Multiplication de VExocorda grandi-
flora, 40. — Azalea mollis, 230. — Erysimum
Petrowskianum, 285.
Guérineau (Louis). — Origine de la Pomme de
terre Early rose, 384.
Guillon. Empotage et séparage des Pivoines,
260.
H
Hauguel. — Les Scabieuses, 199. — Du boutu-
rage des plantes molles, 336.
Hélye (D.). — Végétation des Cryptomeria, 102.
Hénon (Aug.). — Les Séquoia sempervirens, 21.
— Une excursion au Japon, 42. — L’horticul-
ture au Japon, 225, 284, 344.
Hiéra (Jules). — Le phylloxéra, 383.
Houllet. — Plumbago coccinea, 112. — Col-
quhounia tomentosa, 131. — Amarijllis pro-
cera, 191.
J
Jamain (H.). — Généalogie des Wellingtonias, 32.
— Culture du Muguet, 51. — Les Gloxinias,
226. — Du chauffage des serres à Berlin, 274.
— Primevère de Chine à fleur double, 464.
Jamin (F.). — Abri des arbres fruitiers contre
les gelées printanières, 346. — Pêche Early
Hivers, 430.
Jarlot (J.). — Exposition d’horticulture à Lagny,
249. — Les Auricules nouvelles de M. Turner,
308. — Primula cortusoides amæna et va-
riétés, 320. — Pêche Princesse of Wales, 351.
— Exposition agricole et horticole à File-
Adam, 377.
JoiGNEAUx (A.). Un légume à recommander,
446.
L
Lachaume. — Liparis chrysorrea, 169. — Phé-
nomènes de végétation, 246.
Lapon fils (J.-E.). — Les Manguiers, 46.
Lafosse (Joseph). — Phormium tenax à feuilles
panachées, 323.
Lalande jeune. — Le Torreya nucifera, 342.
Lambin (E.). — L’enseignement horticole dans
les campagnes, 45. — Le Peuplier régénéré,
47. — Deux bonnes plantes pour bordures, 269.
— Légumes nouveaux mis au commerce au
printemps de 1873, 455.
Lebas. — Teucrium Orientale, 76. — Géranium
anemonœ folium, 93. — Des Franciscea au
point de vue de l’ornement, 139. — Gardoquia
betonicoides, 229. — Plantes nouvelles, rares
ou pas assez connues, 420, 460.
Lecaron (A.). — Culture du Triteleia uniflora
sur soucoupes, 11.
Leclerc. — Nouveaux Bégonias tuberculeux,
hybrides, 306.
Luce (E.). — Exposition des arts et industries du
Cercle horticole lyonnais, 431.
Ludovié. — A propos du Boussingaultia basel-
loides, 29.
M
Madelain (Ex.). — Du genre Croton, ses espèces,
sa culture, 312. — Quelques plantes rares
ou nouvelles, 350.
Mahieu (Jules). — La grêle à Louviers, 343.
Martin. — Sur la végétation du nord de la Chine,
95, 317, 358. — Lychnis Viscaria flore pleno,
280.
May. — Gloxinias à corolle double, 28. — Des
Pervenches au point de vue de l’ornement, 230.
Morlion (l’abbé). — Artichaut de Beaulieu, 268.
Morren (E.). — Bibliographie, 249. — Canis-
trum aurantiacum, 417.
N
Nàrdy. — Mort d’un des plus beaux Dattiers, 5.
— Deux bonnes variétés de Melons, 26. —
Floraison du Dasylirion gracilis, 386.
Naudin. — Le Sou-li-Koua de Veitch, 58. — A
propos d’acclimatation, 187. — Leptosiphon
roseus, 259. — Les plantes alimentaires, 291.
Neumann. — Effets du galvanisme chez les végé-
taux, 56, 118, 145, 212. — Tacsonia insignis,
367.
Noblet. — Culture forcée des rameaux, 27. —
Leptosyne maritime, 330.
P
Palmer. — Punaises granivores, 89. — Du mou-
vement de la sève, 179. — Piège à souris, 280.
Paszkiewicz (L.). — Discussion des règles à ob-
server dans la conduite des arbres fruitiers,
123.
Petit. — Destruction du phylloxéra, 323.
Porcher. — Observations sur le Fuchsia syrin-
gœflora, 364.
Porte (Marius). — Souvenirs de voyage, 458.
liRUDHOMME. — Les Vignes gelées, 184.
R
Rafarin. — Coloration des feuilles à l’automne,
50. — Psophocarpus tetragonolobus, 135. —
Souvenirs de l’Exposition d’horticulture de
Gand, 449.
Ravenel. — Pomme de terre Early rose, 30.
Raymond (A.). — Quelques observations géné-
rales sur l’arboriculture, 238.
474 TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES
Robine. — Plantation et culture des Fraisiers,
86, 398, 407.
Robinet (11.). — De l’ombre en horticulture, 267.
Robinet (A.). — A propos du phylloxéra, 326.
Roue. — Sur la culture des Fuchsias, 276, 328.
Royer. — Marche de la sève dans les végétaux,
126.
S
Sacc. — La Patate blanche du Japon, 165.
Saint-Jean (Léon de). — Exposition de Roses à
Spa, 324.
SisLEY (Jean). — Pélargonium zonale double
blanc, 23. — Germination des graines de
Primula Japonica, 125. — Raidisseur Ravet,
208. — Démission de M. Jean Sisley de secré-
taire général du Cercle horticole lyonnais, 343.
— Exposition de la Société d’horticulture pra-
tique du Rhône, 387. — Exposition du Cercle
horticole lyonnais, 411. — Bégonia Sedeni à
fleurs doubles, 424.
Sisley (Léon). — L’horticulture au Japon, 62,
162, 225. — Floraison des Camellia au Japon,
81.
T
Ternisien. — Une pyramide de Bégonias, 66.
Truchot (Henri). — Rusticité de VAmorpho-
phallus Rivieri, 305.
COLORIÉES ET DES GRAVURES NOIRES. ^
\
Vavin (Eug.). — Le Cresson de fontaine en cul-
ture à sec, 405. — Culture des Jacinthes dans
l’eau,. 406.
Veitch et fils (James). — Embothrium cocci-
neum, 22.
Verlot. — Le premier Robinier introduit en
Europe, 152. — Fleur monstrueuse de Fuchsia '
globosa, 289. — Caccinia glauca, 331. —
Seaforthia elegans, 356. — Tornelia fragrans,
374. — Pyrostegia ignea, 438. ▼
Vigneron. — Du Poirier et du Pommier, 98. —
Culture des Haricots sous châssis, 115.
Vilmorin (H.). — La Chicorée à grosse racine
employée comme légume, 167.
VisiANi (de). — Variétés de Roses obtenues par
la greffe, 12.
\\
Wagener (G.). — L’horticulture au Japon, 443. '
Weber. — Les Echévérias d'ornement, 53. —
Rosier Jules Margottin, 64. — Maladie des
Pommes de terre, 65, 403. — Fraisier l’iné-
puisable, 65. — La gelée du 27 avril, 186. — i
Les Chrysanthèmes précoces remontants, 406» '
Wolkenstein (Pierre). — Le Radis Garwoski-
424.
TABLE ALPHABÉTIQUE I
Adhatoda Cydoniæ folia, 110.
Agalmyla longistyla, 271.
Buddleia intermedia, 1 51 .
Cerasus Lannesiana, 351.
Clerodendron speciosum, 471.
Colguhounia tomentosa, 131.
Cytisus Everestianus, 390.
Desmodium penduliflorum, 211.
Fuchsia syringœflora, 311.
Hydrangèa paniculata grandiflora, 50.
Iris iberica, 370.
Lœlia Jongheana, 291.
TABLE ALPHABÉTIQUE
Antiaris toxicaria (Rameau d’), 196. — Vase en
terre cuite fabriqué par les Indiens du Para,
contenant le poison curare, 197.
Bouquet (Panier porte-) entr’ouvert, 55. — Panier
porte-bouquet fermé et contenant un bouquet,
55.
Brigman (Expérience de), 213.
Cephœlis ipecacuanha, 275.
Cerise à collier, 14.
Chêne-Chapelle d’Allouville, 73.
Chou-Rave au 1/4 de grandeur naturelle, 137.
Cinchona calisaya (Rameau de) au 1/5, avec
fleurs et fruits de grandeur naturelle, 113.
Comarouna odorata, 232. — Fruits de Coma-
rouna odorata, 232.
Darwin, 295.
Dimorphisme du Posa cannabifolia, au 1/4 de
grandeur naturelle, 337.
Expérience de Brigman, 213.
Fuchsia globosa (Fleur monstrueuse de), 289.
Géranium anemonœ folium, 93.
Glaïeuls Gandavensis hybrides variés (Bouquets
de), 433.
Gloxinia à corolle double, 28.
Kentya Ganter bur y ana, 218.
ES PLANCHES COLORIÉES
i;
vLeptosyne maritima, 330. y
Lilium tigrinum flore pleno, 10. 4
. Pêche Belle de Saint-Geslin, 230. |
Pêche Early Hivers, 430. î
Poire Henri Decaisne, 31.
Poire Louis Cape, 171.
Poire Riocreux, 71.
Quesnelia Ru fa, 451.
Salvia farinacea, 91.
^Salvia rutilans, 251.
Salvia scabiosœ folia, 411.
^Zygopetalum Rivieri, 191.
DES GRAVURES NOIRES ;
Lonicera fragrantissima, 169.
Lonicera Standishi, moitié de grandeur natu- ,
relie, 148.
Navet plat d’Auvergne, au 1/4 de grandeur na- ,■
turelle, 136.
Noix jumelles, 390.
Noyer commun à grappes, 466.
Panier porte-bouquet entr’ouvert, 55. — Panier
porte-bouquet fermé et contenant un bouquet, ■
55.
Pomme de terre fileuse de grandeur naturelle,
176. — Pomme de terre Marjolin, saine, de
grandeur naturelle, 177.
Prunus Japonica, 457.
Pseudotsuga Davidiana (Branche de), 36. —
Pseudotsuga Davidiana {?ovl\on de rameau de),
36. — Pseudotsuga Davidiana (Cône de), 37.
Pyrostegia ignea, 439.
Quillaja saponaria, 254.
Raidisseur Ravet, 208.
Robinia pseudoacacia, premier individu introduit
en Europe et planté au Muséum d’histoire
naturelle, 153.
Rosa cannabifolia au 1 /4 de grandeur naturelle
(Dimorphisme du), 337.
‘ TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
Rutabaga au 1/4 de la grandeur naturelle, 136.
— Rutabaga Quetieri au 1/4 de la grandeur
naturelle, 137.
Seaforthia elegans, 356.
Selenipedium Roezlü au 1/7 de grandeur natu-
relle, 416. — Fleur détachée aux 2/3 de gran-
deur naturelle, 416.
Serpette Barth, 367.
Spargoute pilifère, 398.
475
Tornelia fragrans, 375.
Torreya nucifera de grandeur naturelle (Rameau
mâle de), 315. — Rameau femelle de Torreya
nucifera, 315.
Vase en terre cuite fabriqué par les Indiens du
Para, contenant le poison curare, 197. — Vase
orné à l’aide de Cresson alénois, 352.
Xanthoceras sorti folia, 448.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
A
Abies religiosa (Fructification de F), 405.
Abri des arbres fruitiers contre les gelées prin-
tanières, 346.
Acclimatation (A propos d’), 187.
Açores (Végétation des), 283.
Adhatoda Cydoniœ folia, 110.
Agalmyla longistyla. 271.
Agave Salmiana (Les) de M. Goupil, au Pecq,
244. — Floraison d’un Agave yuccæfolia, 429.
Agératum Lasseauxii (Genre de F), 163.
Agriculture en Californie (L’), 24. — L’agricul-
ture au Japon, 344.
Amaranthus salicifolius (Qualités de F), 364.
Amaryllis procera, 191.
Amorphophallus Rivieri (Rusticité de F), 304,
343. — U Amorphophallus au Muséum, 344.
Angelica sylvestris purpurea, 300.
Animaux utiles : la taupe, 215.
Anthurium Scherzerianum, 447.
Apathophite Châtelain (L’) comme remède contre
le phylloxéra et le puceron lanigère, 222.
Apocynum venetum, 122.
Aponogeton distachyum, 165.
Araucaria imbricaia (Fructification de F), 64.
Arboriculture (Cours public d’), de M. Du Breuil
141, 445. — Quelques observations générales
sur l’arboriculture, 238. — Examens des élèves
ayant suivi le cours de M. Du Breuil, 241. —
Ecole d’arboriculture de la ville de Paris, 282.
— Arboriculture fruitière au Japon, 443.
Arbres dans les grandes villes (Influence des), 8.
— Quelques arbres remarquables, 251. —
Arbres nains du Japon, 443. — Culture des
arbres fruitiers au Japon, 443.
Arbres fruitiers (Observations sur la non-dégé-
nérescence des), 104. — Discussion des règles
à observer dans la conduite des arbres frui-
tiers, 123. — Moyen de protéger les arbres
fruitiers contre l’attaque des insectes, 244. —
Abri des arbres fruitiers contre les gelées
printanières, 346.
Aroïdées (Belles) anciennes, mais peu connues,
467.
Aronia Hostii, 470.
Artichauts (Préparation des fonds d’), 9. — Ar-
tichaut de Beaulieu, 268.
Aucubas (Floraison des), 242.
Auricules nouvelles de M. Turner (Les), 308.
Azalea mollis, 230.
Azalées (Les) au Japon, 284.
B
Bambous (Floraison des), 24. — Culture des
Bambous, 133, 256. — Quelques observations
sur les Bambous, 159. — Les bourgeons de
Bambou au Japon, 285.
Bambusa sulfurea, 379. — Bambusa arundi-
nacea et le Bambusa kananga (Le), 424.
Bégonias (Une pyramide de), 66. — Exemple de
Bégonia Sedeni à fleurs doubles, 282, 424. —
Bégonias tuberculeux, hybrides (nouveaux),
305. — Instabilité des sexes dans le genre
Bégonia, 363.
Bibliographie : Les Clématites, par MM. Thomas
Moore et Georges Jackman, 24. — Culture
forcée artificielle des arbres fruitiers, par
M. Pynaert, 60. — Les Plantes alpines, par
M. Verlot, 70. — Les Semences, par MM. Mon-
nier et Cîe, 94. — La Greffe à la portée des
classes populaires, par M. Faudrin, 103. —
Le Jardin de V instituteur, par M. Burvenich,
103. — Le Moniteur horticole illustré, 143.
— Dictionnaire de pomologie, 3e volume, par
M. André Leroy, 164. — Les Roses, par
MM. Jamain et Fornay, 188. — La Flore des
serres et des jardins de l’Europe, t. XIX, 4e,
5e et 6e livraisons, 202. — Eléments de jar-
dinage, par M. le comte de Lambertye, 206.
— Le Bon Arboriculteur fruitier, par M. Fau-
drin, 206. — Dictionnaire de pomologie, t. III,
par M. André Leroy, 249. — Le Cultivateur
de la région lyonnaise (journal), 281. — Les
Plantes alimentaires, par M. Gustave Heuzé,
291. — Le Rucher du Sud-Ouest à Bordeaux,
301. — La Culture maraîchère pour le Midi
et le Centre de la France, par A. Dumas, 303.
— Le Calendrier horticole du Midi et du Centre
de la France, par A. Dumas, 303. — Les
Promenades de Paris, par M. Alphand, 321.
Boussingaultia baselloides (A propos du), 29,
364.
Bouturage des Conifères,' 78. — Bouturage des
plantes molles, 336.
Buddleia intermedia, 151. -- Buddleia inter-
media robiista, 389.
Buis à branches dressées, 140.
c
Caccinia glauca, 331.
Caladium comestible (Le) au Japon, 285.
Calceolaria rugosa et excelsa (Rusticité des),
182.
Calyptrogyne, 290.
Camelliâ au Japon (Floraison des), 82. — Sin-
gulière floraison d’un Camellia alba plena,
\66. — Camellia Kilwingtoniana, 41_5.
Canistrum aurantiacum (Le), 404, 417.
Caragana pendula (Floraison du), 385.
Catalogues (Les), MM. Vaudrey-Ewrard, De-
mouilles, Philippe Sendral, Bruant, Desfossés-
Thuillier, 19. — MM. Morel ^F.), Dumas,
Schmitt, Ortgies, Claude Sahut, Boucharlat,
Eugène Mézard , 39. — MM. Alégatière,
D. L’Huillier, 40. — M. Rendatler 41. —
MM. Bruant, Fauveau , Crousse, Vilmorin-
Andrieux et Cîe, Paul Tollard, Haage et
Schmidt, Lévêque et fils, 78. — M. J. Valle-
rand, 81. — MM. Van-Houtte, Vilmorin etC‘e,
47G
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
Jacquemet-Bonnefont, Frœbel et Cîe, Henry-
Jacotot, Courtois-Gérard et Pavard, C.-C. Bust,
117. — MM. Thibaut et Keteleer, 122. —
MM. Van-Houtte, Boucharlat aîné, 124. —
MM. Lemoine, Thomas-Gripps et Son, Berthier-
Rendatler, Lhuillier, Crousse, Bœmpler, 156.
— M. Rougier-Chauvière, ICI. — M. Chaté,
164. — M. Eugène Mézard, 182. — MM. Lin-
den, Charles Verdier, 184. — M. Durand, 361.
MM. Truffant, Vilmorin, Andrieux et G'®,
Simon-Louis frères, Auguste Van-Geert, 370.
— MM. Louis Van-Houtte, Joseph Schwartz,
Charozé frères, J. -B. Guillot fils, Frœbel et G>e,
Louis Leroy, Simon-Louis frères, Adrien Sé-
néclauze, Audusson-Iliron fils, J. -B. -A. Deleuil,
399. — MM. Jacquemet-Bonnefont père et fils,
F. Fauveau, Croux et fils, Eugène Verdier,
Thibault et Keteleer, 400. — MM. Van-Houtte,
Morel, Baumann et fils, F. Brassac, Renault,
V. Lemoine, Villevielle jeune et fils, J. -B. Ren-
datler, F. Lombard, Narcisse Gaujard, 418. —
MM. Baltet frères, Bertrand-Guinoiseau, Thié-
baut aîné, Eugène Verdier, Arsène Sannier,
Demouilles, Rovelli frères, André Leroy, 419.
— MM. Rovelli frères, Grouse, Roltereau et Gie,
Schmitt, Marchand, Gh. Huber, Bruant, Baltet,
Rimaucoiirt, 437. — MM. Durand, F. Gloëde,
Gharles Huber et Gî®, Lévêque et fils, 458.
Cephœlis ipecacuanha, 274.
Cerasus Lannesianay 351.
Gercle horticole lyonnais (Le), 85. — Démission
de M. Jean Sisley de ses fonctions de secré-
taire général du Cercle horticole lyonnais, 343.
Cerise à collier, 13.
Champignons (Croissance rapide des), 7. — Le
Champignon gigantesque de la Banque d’An-
gleterre, 341.
Chaux au pied des Pommiers pour éloigner le
puceron lanigère (Emploi de la), 365.
Chêne-Chapelle d’Allouville, 72.
Chenilles (Un nouveau procédé pour la destruc-
tion des), 163.
Chibouques (Culture des), 347.
Chicorée à grosse racine employée comme lé-
gume (La), 167.
Chine (Végétation du nord de la), 95, 317, 358.
Chou-Fleur Gambey (Le), 45.
Chou-Rave, 135.
Chronique horticole : 2e quinzaine de décembre
1872, 5; Ire quinzaine de janvier 1873, 21 ;
2equinzaine de janvier, 41 ; Ire quinzaine de fé-
vrier, 61 ; 2® quinzaine de février, 81 ; Ire quin-
zaine de mars, 101 ; 2e quinzaine de mars, 121 ;
Ire quinzaine d’avril, 141 ; 2e quinzaine d’avril,
161 ; Ire quinzaine de mai, 181; 2® quinzaine
de mai, 201 ; Ire quinzaine de juin, 221 ;
2e quinzaine de juin, 241 ; Ire quinzaine de
juillet, 261 ; 2e quinzaine de juillet, 281 ;
"ire quinzaine d’août, 301; 2® quinzaine d’août,
321 ; Ire quinzaine de septembre, 341 ; 2e quin-
zaine de septembre, 361 ; Ire quinzaine d’oc-
tobre, 381; 2e quinzaine d’octobre, 401;
Ire quinzaine de novembre, 421 ; 2e quinzaine
de novembre, 441; Ire quinzaine de dé-
cembre, 461.
Chrysanthèmes précoces remontants (Les), 406.
Cinchona calisaya, 113.
Cires ou mastics à greffer à froid, 157.
Clématite viticella venosa (Graines de) ; stérilité
des hybrides, 462.
Clerodendron spedosum, 471.
Climat de la Provence (Le), 125. — Le climat
des îles Açores, 222. ‘
Cochliostema odoratissimum (Observations su^
le), 386.
Cocos Weddeliam, 270.
Coloration des feuilles à l’automne, 50. — Colo-
ration des feuilles, 183.
Colquhounia tomentosa, 131.
Comarouna odorata, 231 . !
Concours pomologique de la Société d’horticul-
ture de Maine-et-Loire, 243.
Conférence du docteur Jeannel au jardin d’ac-
climatation : sa théorie sur l’influence des I
arbres dans les grandes villes, 8. j
Congrès pomologique de France à Lyon (Dernière
séance du), 43. — Congrès international des ,
rosiéristes à Lyon, 381. — Congrès interna-
tional de botanique à Florence, 441.
Conifères (Bouturage des), 78. — Dimensions de
quelques espèces de Conifères, 367.
Conservation des Tomates, 43, 243, 400. — Con-
servation des Poires au-delà de l’époque ha-
bituelle de maturité, 132. — Conservation des
échalas, 243. — Conservation du pollen des
fleurs, 245. — Conservation des fruits, 403.
Cotoneaster Simonsii (Identité du) et du Goto-
neaster Nepalensis, 464.
Cours de taille des arbres de M. Rivière au
Luxembourg, 41 . — Examen des élèves ayant
suivi le cours de M. Du Breuil, 241.
Cresson de fontaine (Expériences sur la culture
à sec du), 405.
Croton pictum et le C. chrysostichum, 7. — Du
genre Croton, ses espèces, sa culture, 312.
Cryptomeria Japonica (Le), 63. — Culture du
Cryptomeria Japonica, 102, 204. — Crypto-
meria pungens ruhiginosa, 140.
Cucimis zapallito, 90.
Cueillette des fruits, 403.
Culture du Triteleia uniflorasViV soucoupes, 11,
106. — Culture forcée des rameaux, 27. —
Culture du Muguet, 51. — Culture des Oran-
ers au Japon, 62. — Culture des Fraisiers,
6. — Culture du Cryptomeria Japonica, 102,
204. — Culture des Haricots sous châssis, 115.
— Culture des Bambous, 133, 256. — Ouver-
ture du cours de culture de M. Decaisne au
Muséum, 164. — Culture forcée des Palmiers,
167. — Culture pratique des Palmiers, 192.
— Culture des Gloxinias au point de vue du
marché aux fleurs, 226. — Culture des Melons
et de l’Igname de Chine, 272. — Culture des
Fuchsias, 276, 328. — Culture du Croton, 312.
— Culture des Chibouques, 347. — Culture
des Piments, 384. — Culture du Cresson de ;
fontaine à sec, 405. — Culture des arbres
fruitiers au Japon, 443. — Culture des Jacin-
thes dans l’eau, 466.
Curare (Du poison), 194.
Curmeria picturata (Observations sur le), 386. '
Cycas revoluta sous l’influence des engrais chi-
miques (Développement d’un pied de), 325.
Cytisus Everestianus, 390.
D
Dahlias de M. Eug. Mézard (Les), 182.
Darwin (Charles), 293.
Dasylirion gracilis (Floraison du), 385. |
Dattier (Le) du Muséum, 101. — Le Dattier de
MM. (]h. Huber et Ci®, 142.
Desmodium penduliflorum,
DestructionI des fourmis, 6. — Destruction des
rats, 82, 184. — Destruction des chenilles, 163.
Deutzia (Aperçu du genre), 357.
Dimorphantus Mandschuricus, 120. !
477
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
Dimorphisme observé sur un Tilleul argenté, 22.
— Dimorphisme du Rosa cannabifolia, 337.
— Dimorphisme remarqué sur YEvonymus
Europæa robusta^ 423.
Diospyros kaki (Le), 406.
Echalas (Conservation des), 243.
Echeverias d’ornement (Les), 53.
Ecole d’arboriculture de la ville de Paris, à
Saint-Mandé, 282. — Ecole préparatoire à
l’agriculture, à l’institution Sainte-Barbe, 383.
Edwarsia grandiflora (Rusticité de F), 304.
Embothrium coccineum, offert au Muséum par
M. Hamond, 22.
Engrais en horticulture (Les nouveaux), 104.
Erysimum Petrowskiamm, 285.
Estragon (Infusion de feuilles d’), 243.
Etourneau, ses ravages (L’), 246.
Encaltjptiis cultivées au Fleuriste de la ville de
Paris (Les espèces d’), 6.
Evonymus radicans (Propriété de F), 10. —
Evonymus Japonica elegans, 92. — Evonymus
Europæa robusta (Dimorphisme remarqué
sur F), 423.
Eœocorda grandiflora (Multiplication de F), 40.
Exposition universelle de Lyon en 1873, 8. —
Trente-uniême Exposition de la Société d’hor-
ticulture du Bas-Rhin, 45. — Exposition de la
Société d’horticulture de Seine-et-Oise, 61. —
Exposition des insectes en 1872, 67. — Expo-
sition internationale gastronomique, culinaire,
vinicole et florale , aux Champs-Elysées, du
15 mars au 1er avril, 83. — Les Expositions
de la Société d’horticulture de la Haute-Ga-
ronne pour l’année 1873, lOl. — Exposition
de la Société d’horticulture de Meaux, à Lagny_,
121. — Exposition de la Société royale d’hor-
ticulture et de botanique de Gand, 141. —
Exposition de la Société tourangelle d’horti-
culture, 142. — Exposition de la Société
d’horticulture de Picardie, 142. — Exposition
de Vienne des produits de l’horticulture, 164,
201, 241, 246, 263. — Exposition de la Société
centrale d’horticulture de France, 181, 201 . —
Exposition d’horticulture de Seine-et-Oise, 181.
— Exposition de Roses à Lyon, 201. — Expo-
sition horticole à Cholet, 202. — Prorogation
de l’Exposition de Lyon, 203. — Exposition de
la Société d’agriculture et d’horticulture de
File-Adam, 204. — Exposition d’horticulture
de Versailles et de Lagny, 222. — Grande
Exposition de Roses et de fleurs ornementales,
à Spa (Belgique), 224. — Exposition d’horti-
culture de Versailles, 232. — Exposition de la
Société d’horticulture de Melun et Fontaine-
bleau, 242. — Les tableaux de botanique à
l’Exposition d’horticulture, au Palais- de-FIn-
dustrie, 242. — Programme de l’Exposition de
la Société d’horticulture de Marseille, 245. —
Exposition d’horticulture à Lagny, 249. — Ex-
position internationale de Gand, 255. — Expo-
sition de la Société d’horticulture d’Orléans,
263. -— Exposition de Roses à Lyon, 263. —
Exposition de la Société pratique d’horticulture
d’Yvetot, 265. — Exposition de Champignons
utiles et nuisibles à Spa, 265. — Insuccès de
l’Exposition de Roses à Spa, 282. — Exposi-
tion horticole à Bordeaux, 284. — Exposition
de la Société d’horticulture de la Nièvre, 301.
— Exposition de la Société d’horticulture de
Senlis, 302. — Exposition de la Société d’hor-
ticulture de Ronfleur, 303. — Exposition or-
ganisée au parc de la Tête-d’Or, 321. — Ex-
position de Roses à Spa, 324. — Les fausses
déclarations dans les Expositions d’horticul-
ture ; mesure prise par la Société d’horticul-
ture de Marseille, 325. — Exposition de la
Société centrale de la Seine-Inférieure, 342.
— Exposition spéciale de fruits faite par le
Cercle d’arboriculture de Belgique, 342. —
Exposition de fleurs, de culture maraîchère,
de pomologie, préparée par l’administration
communale de Spa, 343. — Exposition de
Brie-Comte-Robert, 361. — Deuxième Exposi-
tion temporaire d’horticulture à Vienne, 362.
— Exposition agricole et horticole à File-
Adam, 377. — Exposition de Roses à Lyon,
381. — Exposition de la Société d’horticulture
pratique du Rhône, 387. — Exposition du
Cercle horticole lyonnais, 411, 431. — Expo-
sition internationale de la Société royale tos-
cane d’horticulture à Florence, 422. — Expo-
sition internationale agricole et horticole à
Brémen, 423. — Souvenirs de l’Exposition
d’horticulture de Gand, 449. — Récompense
accordée à M. Weber, jardinier en chef au
Jardin botanique de Dijon, à l’Exposition de
Vienne, 463.
F
Fécondation artificielle (La), 101.
Férule de Tanger (Moyen de se procurer des
graines de la), 124, 141.
Feuilles à l’automne (Coloration des), 50. —
Coloration des feuilles, 183.
Fleurs dans les jardins à propos de la tempéra-
ture (Des), 15. — Le nouveau quai aux fleurs,
121, 244, — Création de trois nouveaux mar-
chés aux fleurs, 122. — Le nouveau marché
aux fleurs du boulevard de Clichy, 163. —
Exemple de conservation du pollen des fleurs,
245. — Fleur monstrueuse de Fuchsia globosa,
289.
Floraison des Camellias au Japon, 82. — Singu-
lière floraison d’un Camellia alba plena, 166.
— Floraison des Aucubas, 242. — Floraison
du Phormium tenax foliis variegatis au Fleu-
riste de la ville de Paris, 245. — Floraison du
Caragana pendula et du Dasylirion graciliSy
385. — Floraison d’un Agave yuccœfoliaj 429.
Fourmis (Destruction des), 6.
Fraises (Opinion de M. Doumet-Adanson sur trois
variétés de), 63. — Nouvelles variétés de
Fraises de M. Riffaud, 321. — La Fraise
Brown's Wonder, 386, 423.
Fraisiers (Remarques sur quelques variétés de),
9. — Observation de M. Weber sur le Fraisier
l’inépuisable, 65. — Plantation et culture des
Fraisiers, 86. — Remarques sur le Fraisier
l’inépuisable, 345. — Observations pratiques
sur la culture des Fraisiers, 391, 407. — Les
Fraisiers de M. Robine, 402.
Franciscea au point vue de l’ornement (Des), 139.
Froids du mois de mai, 221, 228. — Les pre-
miers froids; nuit du 6 au 7 septembre, 341.
Fuchsias (Sur la culture des), 276, 328. — Fleur
monstrueuse de Fuchsia globosa^ 289. —
Fuchsia sijringœflora, 311, 364.
G
Galvanisme (Effets du) chez les végétaux, 56,
118, 145, 212.
Gardoquia betonicoides, 229.
Gelées printanières (L’enfumage employé contre
les), 223. — Essais de nuages artificiels dans
le département de Saône-et-Loire, 224.
478
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
Généalogie des Wellingtonias, 32.
Geonoma, 290.
Géranium anemonœ folium, 93.
Glaïeuls (Les), récompense obtenue par M. Charles
Verdier à l’Exposition de Vienne, 345. —
Glaïeuls nouveaux de 1873, 433.
Glaziova insignis, 270.
Gloxinias à corolle double, 28, 85. — Les Gloxi-
nias, 132. — Les Gloxinias, culture au point
de vue du marché aux fleurs, 2:2^6.
Graines d’essences forestières de M. d’üunous
(Les), 324.
Greffage des végétaux monocotylédonés, au Bré-
sil (Observations sur le), 403.
Greffe des Rosiers sur Rosiers de semis (La),
142. — Engluement pour recouvrir les greffes,
243. — Greffe de la Vigne sur le Mûrier du
Japon pour détruire le phylloxéra, 327.
Grêle à Louviers (La), 343.
Groseillier Billiard (Le) ; type de Groseillier à
maquereau sans épines, 462.
Gynériums (Rusticité des), 239.
H
Haricots sous châssis (Culture des), 115. — Le
Haricot flageolet à feuilles gaufrées, 364.
Hiver de 1872-73, 185. — Commencement de
l’hiver de 1873-1874, 461.
Horticulteur et jardinier, 316.
Hybridation à rétablissement horticole de Saint-
Alban (Exemple d’), 461.
liydrangea paniculaia grandiflora, 51.
Igname de Chine (Culture de 1’), 272.
Incendie de la forêt de Chênes-Lièges de
M. Silva, à Oran, 303.
Infusion de feuilles d’Estragon, 243.
Inondations (Moyen de prévenir les), proposé
par M. Victor Chatel, 8.
Insecticides divers et leurs propriétés, d’après
leurs auteurs. 144.
Instituteurs (Les) et la Société d’horticulture de
Soissons, 44.
Iris Iberica, 370.
J
Jacinthes de semis, 452. — Culture des Jacinthes
dans l’eau, 466.
Japon (L’Hiver au), 162. — (La science horticole
au), 443. — (L’horticulture au), 21, 42, 62,
81, 225, 284, 344, 442.
Jardin d’acclimatation d’Hyères (Le), 86. — Le
jardin d’acclimatation du bois de Boulogne,
282. — Le Jardin de M. Hamond, à Cherbourg,
323. — Le jardin-école de Saint-Mandé, 445.
Jardinier (Le) de l’Empereur de Chine, 281. —
Jardinier et horticulteur, 3l6.
Jardins (Du tracé des), 14, 111. — Des fleurs
dans les jardins à propos de la température,
15. — Chaque chose à sa place, 107. — Massifs
d’hiver, 219. — Le jardin de M. le docteur
Ernesto Do Canto aux Açores, 222. — Planta-
tion des jardins, 371, 426.
Journal le Sud-Est (Le), 422.
K
KaM (Maturité des) au Japon, 62. — Mise en
vente à Paris des Kakis japonais, 143. ^
Kentia Canterburyana et orsteriana, 218.
L
Lœlia Jongheana, 291.
Laportea pustulata, nouvelle plante textile, 244.
Lappa major (Identité du) et du Lappa edulis,
463.
Laurocerasus vulgaris (Le) : ses caractères, ses
qualités, ses divers emplois, 105.
Laurier-d’Apollon (Produits fébrifuges du), 46.
Légume à recommander (Un), 446. — Légumes
nouveaux mis au commerce en 1873, 455.
Leptoüphon roseus, 259.
Leptosyne maritima, 330.
Lettres (Procédé simple et peu coûteux pour
copier les), 182.
Leucadendron argenteum (Le) aux Açores, 283.
Lien horticole (Un nouveau), 147, 165.
Lilium auratum; nouvelle variété de Lis à fleurs
doubles, 463.
Lilium tigrinum flore pleno, 10.
Liparis chrysorrea, 169.
Lonicera fragrantissima, 169. — Lonicera lon-
giflora, 248. — Lonicera Standishi, 148.
Lychnis viscaria flore pleno, 280.
Lycoperdon giganteum, 410.
n
Magnolia grandiflora (Influence générale des
milieux sur la végétation ; exemple tiré des),
102. — Un Magnolia de 50 mètres au Japon,
344. — Magnolia Campbelli, 406.
Manguiers (Les) de M. Lafon à Bordeaux, 46.
Marchés aux fleurs (Création de trois nouveaux),
122. — Le nouveau marché aux fleurs du
boulevard de Clichy, 163. — Ouverture du
marché aux fleurs de Batignolles-Clichy, 301.
— Prix des places dans les différents marchés
aux fleurs, 301.
Marronnier commun du château de Bercy, 61.
Massifs d’hiver, 219.
Mastics ou cires à greffer à froid, 157. — Recette
pour faire un mastic à greffer, 206.
Melons (Deux bonnes variétés de), 26. — Culture
des Melons, 272.
Merisiers (Maladie des), 165.
Mesembrianthemum brackyplujllum au Cap de
Bonne-Espérance et au Portugal (Le), 423.
Moisson de 1873 (La), 266, 281.
Muguet (Culture du), 51.
Multiplication de V Exocorda grandiflora, 40. —
Multiplication du Polycarya Maximowiczii,
279.
Musa superba, 207.
IX
Nécrologie : M. Auguste Neumann, 25. —
M. Lambert-Jacob, 101. — M. Ysabeau, 161.
— M. Barillet, 361. — M. Prudhomme, 384. —
M. Jean-Baptiste-Louis-Honoré Bouchard, 445.
Noix Jumelles-, 390.
Notes manuscrites et médites de Marius Porte,
362, 458.
Nouvelle-Calédonie (Sur la), 307.
Noyer commun à grappes,, 465.
Nuages artificiels dans le département de Saône-
et-Loire (Essais de), 224.
O
Oïdium (L’) et la maladie des Pommes de terre;
leur identité probable, 403.
Ombre en horticulture (De 1’), 267.
Orage du 19 janvier, 41. — Orage du 24 octobre,
422.
Orangers au Japon (Culture des), 62.
Orchidées de M Guibert à Passy (La collection d’),
445.
Ornementation (Un nouveau mode d’), 351.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
P
Palmiers (Culture forcée des), 1G7. — Culture
prathiue des Palmiers, 192. — Palmiers nou-
veaux, 218, 270, 290, 329, 435. — Les Pal-
miers du jardin de M. Antonio Borges aux
Açores, 283. — Les Palmiers de la Nouvelle-
Calédonie, 422. — Notes sur quelques pro-
duits fournis par les fruits de diverses espèces
de Palmiers, 458.
Panachures (Les), exemple tiré du Taxus bac-
cala Doioasionii, 144.
Panier porte-bouquet, 55.
Papillons crépusculaires et nocturnes (Piège à)^
138.
Parc en Amérique (Création d’un nouveau), 85.
Patate blanche (La), 1G5.
Paulownia imperialû, 259.
Pêche Belle de Saint-Geslin, 231 . — Pêche Prin-
cess of WaleSj 351.— Pêche Early Hivers, A^O.
Pêcher sanguin, reçu d’Amérique par M. Paillet,
183. — Le Pêcher à feuilles pourpres, 241.
— Mise en vente du Pêcher à feuilles pourpres,
384.
Pélargonium zonale double blanc obtenu par
M. J. Sisley, 23, 25. — Culture des Pélargo-
niums zonales anglais, 4G9.
Pervenches au point de vue de l’ornement (Des),
230.
Peuplier régénéré (Le), 47. — Peuplier de l’Ar-
quebuse à Dijon (Le), 182.
Phaseolus macrophyllus, 190.
Phœnix dactylifera, par MM. Ch. Huber et G‘e
(Don fait au Muséum d’un), 5.
Phormium tenax foliis variegalis au Fleuriste
de la ville de Paris (Floraison du), 245. —
Phormium tenax à feuilles panachées, 323,
404.
Phylloxéra (Le) et quelques-uns des remèdes
proposés, 25. — Rapport de M. Duclaux sur
le phylloxéra, 42. — Le phylloxéra et les
Vignes américaines, 44. — Opinion de M. Du-
pont, de Bordeaux, sur le phylloxéra, G5. —
Opinion de M. Casimir Gary sur le phylloxéra,
84. — Observations de M. Cornu sur \e phyl-
loxéra, 185. — Un remède contre le phyl-
loxéra, 222. — Le phylloxéra, ses ravages
dans les Bouches-du-Rhône, 261 . — Mission
de M. Planchon en Amérique, 281. — Propo-
sition de M. Destremx, ayant pour but de
combattre le phylloxéra en facilitant l’immer-
sion des Vignes, 302. — Le phylloxéra, 308,
341. — Communication de M. Henri Marès ;
expériences de M. Petit sur le phylloxéra, 322.
— Greffe de la Vigne sur le Mûrier du Japon,
pour détruire le phylloxéra, 327. — A propos
du phyllooèera, 338. — Communication de
M. Ayral sur les ravages du phylloxéra, 343.
— Phylloxéra (Destruction du), 353. — Le
phylloxéra, 383, 401 . — Le pMjlloxera dans
les Charentes, 423. — Résultat de la mission
de M. Planchon en Amérique, 445.
Piège à papillons crépusculaires et nocturnes,
138. — Piège à souris, 280.
Piments (Culture des), 384.
Pinus ilfassoma»ia (Fructification du) chez M. Her-
pin de Frémont, 245.
Piquets incorruptibles (Procédé simple pour
rendre les), 205.
Pivoines (Empotage ou séparage des), 260.
Plantations cosmopolites, 72, 378. — Plantation
des Fraisiers, 86. — Plantation des jardins,
371, 426.
479
Plantes nouvelles, rares ou peu connues, 20, 60,
120, IGO, 180, 200, 220, 240, 260, 300, 340,
350, 3G0, 420, 440, 460, 471. - Plantes pota-
gères nouvelles ou peu répandues, 149. —
Deux bonnes plantes pour bordures, 269. —
Bouturage des plantes molles, 336.
Pluies (Les), du mois de décembre, 5. — Pluies
continuelles à Hyères, 10. — Les pluies du
mois de mai, 221.
Plumbago coccinea, 112.
Poire Beurré Alexandre Lucas (Une nouvelle),
23. — Poire Henry Decaisne, 31. — Poire
Riocreux, 71. — Conservation des Poires au-
delà de l’époque habituelle de maturité, 132,
— Poire Louis Cappe, 171. — Le Beurré Du-
buisson, 202. — Les meilleures Poires d’hiver
pour verger, 202. — Trois Poires nouvelles,
246. — La Bergamotte Poiteau, 422.
Poirier : manière de mettre à h uit les arbres
les plus rebelles; moyen de donner de la
vigueur à ceux dont la végétation est languis-
sante et stationnaire, 98.
Pois Léonard Lille, 378.
Poison Curare (Du), 194.
Pollen des fleurs (Exemple de conservation du),
245.
Polycarpa Maximowiczii (Multiplication du),
279 .
Pomme de terre Early rose, 30. — Pomme de
terre Marjolin, moyen de multiplier ses bour-
geons, 63, 403. — Observation de M. Weber
sur la maladie des Pommes de terre, 65. —
Une nouvelle maladie des Pommes de terre,
84, 174. — Maladie des Pommes de terre, 208.
— La maladie des Pommes de terre : expé-
riences de M. Georges Ville; analogie entre la
maladie des Pommes de terre et la maladie de
la Vigne, 322. — Origine de la Pomme de
terre Early rose, 384. — Pommes de terre,
430.
Pommier : manière de mettre à fruit les arbres
les plus rebelles; moyen de donner de la
vigueur à ceux dont la végétation est languis-
sante et stationnaire, 98 — Emploi de la
chaux au pied des Pommiers pour éloigner le
puceron lanigère, 365.
Préserver les plantations de Pois des attaques
des rongeurs (Moyen de), 7, 44.
Primevère de Chine à fleur double, 464.
Primula cortusoides amæna et variétés, 320.
Primula Japonica (Gernjination des graines de),
125.
Pritchardia pacifica, 329.
Prunus obovalifoUa, 160. — Prunus Japonica,
457.
Pseudotsuga Davidiana, 37.
Psophocarpus tetragonolobus, 135.
Pteris aquilina (Propriété du), 162.
Puceron lanigère (Un remède contre le), 222. —
Emploi du jus de tabac contre le puceron
lanigère, 326.
Punaises granivores, 89.
Pyrostegia ignea, 438.
Pyrus Meldensis, 380.
Q
Quai aux fleurs (Le nouveau), 121.
Quesnelia rufa, 451 .
Quillaja saponaria, 254.
R
Radis sauvage en Radis cultivé (Transformation
du), 161. — Radis Garwoski, 227, 424.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
480
Raidisseur Ravet, 208.
Rameaux (Culture forcée des), 27.
Ramié (Observations sur le), 83.
Raphanus raphanistnm (Sur une variation re-
marquable), 172.
Rats (Destruction des), 82, 184.
Résédas (Importance du commerce des), 304. —
Réséda grandiflora superha, 330.
Revue des squares de Toulouse, 59.
Rhamnus hybridus, 148.
Ribes albidum (Sur l’origine du), 204.
Robinia coliiteoides (Fructification du), 139. —
Robinia tragacanthoides^ 239.
Robinier introduit en Europe (Le premier), 152.
Rongeurs (Moyen de préserver les plantations de
pois des attaques des), 7, 44.
Rosa cannabifolia (Dimorphisme du), 337.
Roses résultant de la greffe (Panachures des),
42. — Roses nouvelles de M. Eug. Verdier,
181. — Roses de semis, 286.
Rosiers obtenues par la greffe (Variétés de), 7,
12. — Observation de M. Weber sur le Rosier
Jules Margottin, 64. — Variété de. Pmsier
BanliS obtenue par M. Doumet-Adanson, 83.
— La greffe des Rosiers sur Rosiers de semis,
142. — Rosiers nouveaux de MM. Lévêque et
fils, 202. — Panachure des feuilles du Rosier
hybride remontant Panachée Langroisse, 464.
Rutabaga Quetieri, 135.
S
Salades (Action de la tannée sur les), 8.
Salvia farinacea, 91. — Salvia ruülans, 251.
— Salvia scabioscefolia^ 411.
Scabieuses (Les), 199.
Seaforihia elegans, 356.
Sécheresse (La) à Montpellier, 65.
Selenipedium Roezlii, 416.
Serpette Barth, 367.
Serres du jardin d’acclimatation (Les), 162. —
Du chauffage des serres à Berlin, 274.
Sève dans les végétaux (Marche de la), 126, 266.
— Du mouvement de la sève, 179.
Silene pendula flore pleno (Apparition simulta-
née, en France et en Allemagne, du), 205.
Société française de pomologie (Statuts de la),
163. — Société pomologique de France :
16e session, à Marseille, 265. — Circulaire
de celte Société, 463. — Société horticole,
vigneronne et forestière de l’Aube; récom-
penses décernées, 266. — La Société d’hor-
ticulture de Soissons et les instituteurs, 44.
— Distribution solennelle des récompenses
à la Société centrale d’horticulture de France,
285.
Sou-li-Koua de Veitch (Le), 58.
Souris (Piège à), 280.
Souscription en faveur des victimes des inonda-
tions, 82. — Souscription ouverte pour élever
un monument à la mémoire de M. Barillet,
401.
Spargoute pilifère, 398.
Squares de Toulouse (Revue des), 59. — Obser-
vations sur les squares de Paris, 284. — Un
nouveau square dans le cinquième arrondisse-
ment, 304. — Le square des Petits-Pères, 305.
T
Tabac contre le puceron lanigère (Emploi du jus
de), 326.
Tacsonia insignis, 366.
Tannée sur les Salades (Action de la), 8.
Taupe (La), 206, 215.
Taxus baccata Dowastonii (Exemple de pana-
chures sur le), 144.
Température exceptionnelle, non seulement en
France, mais dans toute l’Europe, 21, 22, 41,
46, 63,81.
Teucrium Orientale, 76.
Tilleul argenté (Exemple de dimorphisme ob-
servé sur un), 22.
Toiles-abris, 75.
Tomates sur pied (Moyen de prolonger la récolte
des), 43. — Conservation des Tomates, 43,
243, 400. — Liqueur de Tomates, en bou-
teilles, 468.
Tornelia fragrans, 374.
Torreya nucifera à propos des sexes (Du), 314.
— Le Torreya nucifera ; sa maturité bisan-
nuelle, 342.
Triteleia uniflora sur soucoupes (Culture du),
11, 106.
Tropiques (Végétaux des), 304.
Tulipes (Des), 347.
\
Végétation (Influence générale des milieux sur
la), 102. — (Phénomènes de), 246.
Végétaux (Effets du galvanisme chez les), 56,
118, 145, 212. — Marche de la sève dans les
végétaux, 126, 266. — Les végétaux des tro-
piques, 304.
Vente des plantes de M. Linden, horticulteur à
Gand, 321 . — Vente de la collection de plantes
de M. de Jonghe Van Ellement, 322.
Vignes américaines et le phylloxéra (Les), 44.
— Les Vignes gelées ; procédé de M. Magister
pour les remettre à fruit, 183. — Les Vignes
gelées dans le Midi, 221. — Greffe de la Vigne
sur le Mûrier du Japon pour détruire le phyl-
loxera, 327.
\\
Warabi (Le) au Japon, 285.
Weigela excelsa, 279.
Welfia, 290.
Wellingtonias (Généalogie des), 32. — Ce qu’on
lit sur un Wellingtonia gigantesque de la Ca-
lifornie, 84. — Apparition de chatons mâles
sur les Wellingtonia de Trianon, 363. — Mise
en vente du Wellingtonia pendula, 384. —
Fructification du Wellingtonia, 462.
Witadenia triloba (Le), 425.
X
Xanthoceras sorbifoUa du Jardin-des-Plantes
(Le), 142. — Le Xanthoceras sorbifoUa et
M. Bunge, 442. — Xanthoceras sorbifoUa,
448.
T
Yucca qmdricolor variegata (Fructification, au
Fleuriste de la ville de Paris, d’un), 405.
Z
Zygopetalum Rivieri, 191.
FIN DU VOLUME DE 1873.
Orléans, iinp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4,
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