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HARVARD UNIVERSITY
OF THE
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https://archive.org/details/revuehorticolejo1883unse
HORTICOLE
ANNKE 1883
«RI.La\N$, IMPRIMEHIE DE GEORGES .TAGOR, CLOÎTRE SAINT-ÉTIENNE, 4
EEVDE
HORTICOLE
JOURNAL D’UORTIGULTDRE PRATIQUE
Fondée en 182*.) par les auteurs du Doï; Jardinier
RÉDACTEURS EN CHEF : MM. E.-A. CARRIÈRE ET ED. ANDRÉ
ADMINISTRATEUR: L. BOURGUIGNON
PRINCIPAUX collaborateurs: mm.
AURANGE, D' BAILLON, BAILLY, CH. & ERN. BALTET, BARBET, J. BATISE, BLANCHARD,
BOISSLLOT, BOISBUNEL, BONCENNE, BRIOT, BRUANT, BUCHETET, CARBOU,
CARRELET, C'» DE CASTILLON, de D’Ê PRÉMESNIL, CUSIN, DAVEAU, DELCHEVALERIE,
DENIS, DE LA DEVANSAYE, DUMAS, DU BREUIL, DUVAL, ERMENS, FOURNIER,
GAGNAIRE, GLADY, GODEFROY, HARDY, HÉLYE, HOULLET,
KOLB, LACHAUME, LAMBIN, LOUIS LEROY, L. LHÉRAULT, MALLET, MARTINS, MAY,
MESSAGER, F. MOREL, NANOT, NARDY, NAUDIN, L. NEUMANN, D’OUNOUS, V. PULLIAT,
QUETIER, RAFARIN, F. DE RIJK, ROUÉ, ROVELLI, JEAN SISLEY, SALLIER,
DE SOLAND, CH. THAYS, O. THOMAS, TRUFFAULT, VALLERAND,
B. VERLOT, VILMORIN, WEBER.
55« ANNÉE. — 1883.
LIBRAIRIE AGRICOLE DELA MAISON RUSTIQUE
26, RUE JACOB, 26
1883
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REVUE
HORTICOLE
HORTICOLE
CHRONIQUE
Le Pritchardia filifera à Lisbonne. —
Il est impossible, en voyant l’état souffreteux
et chétif que cette plante présente toujours
quand elle est cultivée en pot, de se figu-
rer son exceptionnelle beauté quand elle est
en pleine terre. La Revue horticole l’a déjà
dit, mais on ne saurait trop le répéter. En
voici encore un exemple que nous fait con-
naître notre collaborateur, M. Daveau, jar-
dinier en chef à l’Institut polytechnique de
Lisbonne :
En relevant dans la Revue horticole un ar-
ticle publié il y a quatre ans par M. le comte
d’Éprémesnil {Pieviie horticole, 1878, p. 382)
au sujet du Pritchardia filifera, je ne puis
résister au désir de vous communiquer quel-
ques notes prises sur les exemplaires de notre
jardin botanique.
Semés en décembre 1876, c’est-à-dire l’année
même de mon arrivée en Portugal, ces plantes
étaient de la grosseur d’un crayon au mois de
mai 1877, époque de leur mise en place.
Aujourd’hui, 5 décembre 1882, six ans après
leur semis, voici la moyenne de leurs dimen-
sions :
Hauteur du sol à la pointe extrême : 3™ GO. —
Circonférence du tronc à la base : P» 70. —
Circonférence de la touffe ; 13 mètres. — Lar-
geur moyenne des feuilles : 1^^ 60. — Longueur
totale de la feuille : 3 mètres. — Longueur du
pétiole : 1»^ 50. — Nombre de feuilles : 32.
Je ne crois pas qu’il y ait de Palmiers d’une
croissance plus rapide ; il est bon de dire que
l’été je les fais arroser d’une façon plus que
copieuse; l’eau coule à leur pied durant toute
la nuit deux fois par semaine, et ils s’en trou-
vent à merveille. J’ajouterai que les feuilles
sont d’autant plus garnies de filaments qu’elles
sont plus jeunes; les anciennes feuilles sont par-
foi s complètement dépourvues de cet ornement.
Nous avons encore en pleine terre d’autres
exemplaires de Pritchardia filifera qui m’ont
été fournis par la maison Godefroy-Lebeuf,
d’Argenteuil, et ({ui sont également devenus
fort beaux; mais ignorant l’époque de leur
semis, j’ai tenu à ne parler que des plantes dont
je connaissais le point de départ.
Nous avons également en pleine terre, depuis
quelques années : Cocos flexuosa, Latania bor-
honica. Cocos {Glaziova) insignis, Kentia Fors-
teriana,K. auslralis , Juhœa spectahilis , Sabal
umhraculifera, Seaforthia elegans, plusieurs
Phœniæ et beaucoup d’auti'es plantes intéres-
santes. Notre minimum de température est
— 3° 5 au thermomètre placé sur l’herbe, et
2® à celui placé à 1 ni 50 du sol.
Tout commentaire, pour faire ressortir le
mérite ornemental du Pritchardia, serait
inutile après celte intéressante communi-
cation.
Nous rappellerons cependant ce que nous
avons dit dans notre dernière chronique
{Revue hort. 1882, p. 543) sur les dimen-
sions du plus gros Pritchardia filifera que
nous connaissions en Europe, et qui est
planté dans'le jardin de M. le comte d’Épré-
mesnil, à Cannes. La circonférence du tronc
de celui-ci est de 2‘^35, dépassant de 65 cen-
timètres celui de Lisbonne, et la hauteur
totale de l’arbre est de 4ni20, au lieu de
3«i60. D’autres exemplaires très-beaux ne
manquent pas sur la côte méditerranéenne,
sans arriver encore à de semblables pro-
portions.
Floraisons anticipées. — Plusieurs de
nos confrères. Lillois et Belges, ont fait
remarquer que certaines espèces avaient
devancé dernièrement la saison normale
pour épanouir leurs fleurs. Ces espèces sont
surtout des Camellias et des Azalées de
l’Inde, qui fleurissaient dès les mois de sep-
G
CHRONIQUE HORTICOLE.
tembre-octobre. Nous avons remarqué, à
Sceaux, des faits analogues sur quelques
espèces du même genre, notamment sur
VAzalea narcissiflora qui, depuis près de
deux mois, est en pleine floraison et cons-
titue le plus charmant arbuste qu’on puisse
voir. Le même fait s’est produit sur quelques
autres espèces d’arbustes, par exemple sui-
des Elœagnus, particulièrement sur VE.
Shnoni.
Nos confrères attribuent ces floraisons
précoces aux oc quelques beaux jours du mois
de juillet. » C’est une hypothèse quelque peu
hasardée, car s’il en était ainsi, ce phéno-
mène se serait montré sur un grand nombre
d’autres espèces, et il n’en a rien été;
seules quelques-unes, en grande partie ori-
ginaires de la Chine ou du Japon, ont pré-
senté cette anomalie. Ne faut-il pas voir
dans ce fait, d’abord une analogie de tem-
pérament entre les espèces précitées, en-
suite une autre dans les conditions climaté-
riques exceptionnelles qui se sont produites
cette année en France? Par suite des pluies
continuelles et surtout d’un ciel à peu près
toujours couvert, il est résulté un climat
analogue à celui du Japon, ce qui pourrait
expliquer les floraisons dont il vient d’être
question, qui toutes se sont montrées sur
des plantes japonaises ou chinoises.
Nous profitons de cette circonstance pour
recommander à nos lecteurs V Elœagnus
Simoni. C’est un arbuste vigoureux et rus-
tique, à feuilles persistantes, et dont les
fleurs blanchâtres dégagent une odeur très-
agréable.
Une vieille plante rajeunie. — L’es-
pèce en question, qui vient d’être* vendue —
et que l’on vend en ce moment — sous le
nom de Chœnostoma liispidum, n’est autre
que le Manulea oppositifolia, Ventenat, que
l’on cultivait il y a une trentaine d’années
et qui, même à cette époque, n’était pas
nouveau, ce qui toutefois ne lui enlève
aucunement son mérite. C’est une plante
herbacéç ou sous-frutescente, formant un
petit buisson compacte qui, pendant presque
toute l’année, se couvre de petites fleurs
d’un blanc pur rappellant un peu celles
des ISycterinia, auprès desquels, du reste,
cette espèce est placée dans la famille des
Scrophularinées.
Le Chœnostoma hispidum^ Benth. {Ma-
nulea hispida^ Thunb. ; M. oppositifolia^
Vent.; Sutera oppositi folia, Roth, est ori-
ginaire du Cap, d’où il paraît avoir été in-
troduit en 1816. On le cultive en serre
tempérée, où il fleurit pendant tout l’hiver.
Azalea narcissiflora. — Ce n’est pas
comme nouveauté que nous recommandons
cette variété, mais pour son mérite, qui est
assurément très-grand. Outre qu’elle est à
fleurs doubles et d’un blanc pur, la plante
est très-rustique et vigoureuse. Elle est
très-hâtive et peut naturellement fleurir dès
le mois de novembre, et continuer pendant
une partie de l’hiver partout où il n’est
pas trop inclément. En serre froide elle
est admirable. Elle se force avec la plus
grande facilité et a même sur VAzalea lilii-
flora l’avantage d’avoir un feuillage abon-
dant d’un très-beau vert; d’autre part,
ses fleurs, plus jolies, sont préférables pour
confectionner les bouquets. Coupées et
mises dans l’eau, elles se conservent très-
longtemps, et les boutons mêmes s’y épa-
nouissent. Donc, à tous les points de vue,
VAzalea narcissiflora est une plante dé-
corative hors ligne.
Remède contre le tigre. — Un de nos
collègues, grand amateur d’arbres fruitiers,
nous affirme qu’il combat le tigre avec
succès en bassinant ses arbres avec de
l’eau additionnée de matières fécales. Si le
fait est vrai, ainsi que nous avons lieu de
le croire, il est probable que ce résultat
est dû à l’ammoniaque que contiennent ces
matières, et dès lors ne pourrait-on tes
remplacer par un peu d’ammoniaque liquide
du commerce? Ce produit ne coûte pas
cher, 1 fr. le litre et même moins, si on
l’achète dans les fabriques de produits chi-
miques.
Faisons toutefois observer que l’ammo-
niaque chimique est très-énergique et qu’il
convient de procéder prudemment. Dans
tous les cas, il vaut mieux employer le
mélange un peu faible. Cependant le fait
peut être plus complexe, car, outre l’ammo-
niaque, les matières fécales contiennent
d’autres éléments fertilisants qui peuvent
aussi jouer un rôle favorable dans la vé-
gétation. Toutefois l’excès ici est moins à
craindre, l’ammoniaque se trouvant com-
biné à d’autres corps qui neutralisent un
peu son action corrosive.
Formation rapide des boutons à
CHRONIQUE HORTICOLE.
7
fruits. — La théorie qui établissait qu’il
fallait plusieurs années pour la formation
des fleurs des Poiriers et des Pommiers
reçoit tous les jours des démentis. Des
Poiriers et des Pommiers produisent sou-
vent des boutons à fleurs sur le bois de
l’année, même sur des parties qui n’ont que
quelques mois d’existence. On voit parfois
ces mêmes productions fleurir et donner
naissance à des fruits. Mais alors il arrive
souvent que les fleurs sont stériles , ou ,
dans le cas contraire, que les fruits restent
petits ou imparfaits. Le fait dont nous
allons parler, est bien plus remarquable et
plus complexe ; il s’est produit cette
année à Saint-Michel-Bougival, dans une
pépinière de M. Couturier- Mention. Dans
un carré de Pommiers-Paradis écussonnés
en août 1Ô81, l’un deux a développé un
scion très-vigoureux de P^50; à 10 cen-
timètres de son point de départ, ce scion
a produit un fruit très-bien conformé, qui a
atteint 22 centimètres de circonférence.
Nouveau procédé pour détruire les
pucerons du Pêcher. — Voici comment
l’auteur de cette découverte, M. Louis Len-
glé, jardinier à Saint-Sulpice, près Ham
(Somme), parle de ce procédé et comment
il en fait l’application :
On a déjà essayé beaucoup de choses pour
détruire les pucerons des Pecliers, mais la plu-
part laissent à désirer. En voici un qui me pa-
raît préférable, si j’en juge par le résultat que
j’ai obtenu; voici en quoi il consiste :
J’ai fait bouillir des Champignons vénéneux,
ramassés dans les bois sur de vieux arbres
morts, dans la proportion de 1 kilog. pour
10 litres d’eau. A l’aide d’une petite seringue,
j’ai bassiné un Pécher couvert de pucerons;
je faisais l’opération à midi et le soir. Au bout
de la troisième opération, il ne restait pas un
seul puceron sur l’arbre, qui n’avait nullement
souffert et avait repris son cours normal, ab-
solument comme s’il n’avait jamais été atteint.
Les feuilles et les rameaux n’ont éprouvé au-
cune fatigue, et le tout est parfaitement intact.
Guérison du chancre des Melons. —
Nous devons également à M. Louis Lenglé
l’intéressante communication suivante, re-
lative à un traitement particulier à appli-
quer aux Melons quand ils sont atteints de
l’affection cancéreuse que dans la pratique
on nomme chancre ou carie des Melons.
Voici ce qu’il écrit à ce sujet
J’ai fait cette année sous châssis l)eaucoup
de Melons Cantaloup ; malheureusement, un
grand nombre ont été attaqués ])ar le chancre.
Afin de m’en débarrasser, j’ai d’abord fait
comnn' beaucoiq) de jardiniers : j’ai gratté le
chanci’e et j’ai mis sur les plaies du plâtre, de
la cendre de bois pure ou mélangée. De ces
deux moyens, pas un n’a eu d’efficacité ; les
Melons atteints, et ({ui n’ont pas succombé,
m’ont donné des fruits petits, en général })as
plus gros que le poing. Parmi les pieds que
je n’avais pas encore traités, j’en ai marqué
quelques-uns que j’ai également grattés au
pied, comme je l’avais fait précédemment ;
mais au lieu du plâtre ou de la cendre, j’ai mis
des cendres de chaux (1), de manière que
le pied en soit couvert. Grâce à ce moyen, j’ai
obtenu des Melons du poids de 3 ou 4 kilogr.
et d’un goût ex([uis. La maladie avait complète-
ment disparu, et tous les pieds traités étaient
très-vigoureux.
Ces deux procédés sont d’une application
tellement facile et si peu dispendieux, que
nos collègues n’hésiteront certainement
pas à les mettre en pratique , ce que nous
les engageons à faire en les priant de vou-
loir bien nous faire connaître les résultats
qu’ils auront obtenus.
Bibliographie. — Les produits du
Tong-King et des pays limitrophes (2).
— De l’action du froid sur les végétaux
pendant Vhiver i819-i880 (3). — Le pre-
mier de ces ouvrages est un opuscule de
M. Romanet du Galliaud, dans lequel sont
énumérés les divers produits végétaux, mi-
néraux et animaux de certaines parties de
l’extrême Asie, en général peu et surtout
mal connus ; l’opuscule dont nous par-
lons présente donc un intérêt tout particu-
lier. Nous en donnerons l’analyse.
M. Charles Baltet est l’auteur de V Action
du froid sur les végétaux. Ce travail, qui
forme une brochure in-S® de 330 pages,
est un • résumé des résultats du terrible
hiver de 1879-1880. L’auteur s’est attaché
à tout ce qui concerne le sol, sa nature, son
exposition, son altitude et par suite son
influence au point de vue de l’action du
(1) Il s’agit probablement ici de chaux vive bien
pulvérisée, c’est-à-dire réduite à l’état de poussière,
que M. Lenglé aura appliquée sur les plaies, après
en avoir gratté légèrement les parties cariées, et
qui en aura cautérisé la surface. (Rédaction.)
(2) Challamel aîné, libraire-éditeur, 5, rue Jacob.
(3) G. Masson, éditeur, 120, boulevard Saint-
Germain.
8
CHRONIQUE HORTICOLE.
froid. En ce qui a rapport aux végétaux,
il énumère les espèces qui ont souffert, en
lâchant, pour chacune, défaire ressortir les
causes du mal. Outre ces détails, ce livre en
contient beaucoup d’autres, tous d’applica-
tion, qui nécessitent un examen spécial du
sujet. Nous nous proposons de le faire dans
un compte-rendu spécial de cet ouvrage.
La température et l’horticulture en
Anjou. — Un de nos collaborateurs d’An-
gers nous adresse la lettre suivante, qui
contient d’intéressants détails sur l’état de la
température et des jardins à cette époque
de l’année :
Angers, le 20 décenibre 1882.
Nous n’avons pas encore eu de gelée dans
notre région.
Un seul matin, au lever du soleil, le thermo-
mètre est descendu a 2 degrés au-dessous de
zéi'o.
En revanche, si nous n’avons pas de glace,
nous avons de l’eau régulièrement quatre
jours par semaine, et c’est à peine si le soleil
s’est montré quatre fois par mois depuis le
commencement d’octobre.
De temps en temps le baromètre passe subi-
tement de 750 à 770 millimètres; le vent
souftle du nord i)endant vingt-quatre heures;
l)uis le baromètre redescend aussi prompte-
nu'nt ({u’il avait monté, et le vent tourne à
l’ouest en nous amenant de nouveau la pluie.
Toutes nos rivières ont débordé, et les ense-
mencements des vallées, qui depuis plusieurs
s('maines sont couverts d’eau, vont se trouver
perdus.
Ce[)endant la saison s’avance et les cultiva-
teurs se demandent comment ils feront pour
semer leurs blés.
Dans certaines parties de notre contrée, il a
été impossible de faire les labours d’automne,
tellement la tei're était moui-llée.
En somme, la situation est inquiétante, et il
est grand ttun})s qu’un peu de gelée nous
arrive.
Les })épiniéristes ne sont pas plus heureux
(fue les agriculteurs; ils ne peuvent faire leurs
})lantations. Leurs ventes sont arretées par
ce mauvais temps.
La végétation ne s’est pour ainsi dire pas
j'alentie cette année.
.l’ai vu ces jours derniers de jeunes Abri-
cotiers basses tiges en écussons de l’année qui
sont encore couverts de leurs feuilles; il en est
de même des Pêchers, des Cognassiers et de
beaucoiq) d’autres arbres à feuilles caduques.
Les boutons des Lilas, des Troènes et autres
arbustes du printemps grossissent à vue d’œil;
enlin je cueille tous les jours dans mon jardin
de superbes bouquets de Roses du Bengale,
Hermosa et ordinaires^ absolument comme en
plein mois de septembre.
Il y a à peine huit jours que les Rosiers Thés
ont donné leurs dernières fleurs.
Les Gamellias en pleine terre vont fleurir
d’ici à quinze jours ou trois semaines, en
avance de ])lus d’un mois sur les années ordi-
naires\
Le manque de froid a favorisé la propagation
des limaçons, loches et autres animaux nui-
sibles aux jardins, qui en ce moment en sont
couverts.
Les légumes du printemps auront fort à
faire pour se défendre de tous ces affamés, et
il faudra veiller activement pour qu’ils ne
soient pas détruits.
Je ne sais si cette température extraordi-
nairement douce et pluvieuse y est pour
quelque chose, mais les fruits, dont la récolte
a été cette année si abondante chez nous, ne
se conservent pas.
Les Poires les plus tardives se mangent en
ce moment; les Doyennés d’hiver, les Beurrés
d’IIardenpont se gâtent et ne passeront pas le
mois de décembre.
Les Pommes elles-mêmes ne sont pas épar-
gnées et je vois chaque jour dans mon fruitier
de supei'bes Reinettes détruites par la moisis-
sure.
De la Pomme au Pommier la transition est
! naturelle; on remarque que les pays envahis par
le phylloxéra commencent à remplacer les
Vignes par les Pommiers à cidre.
Les horticulteurs de l’Anjou ont eu cette
année de nombreuses demandes pour la Cha-
rente et le Midi, et si les essais tentés par les
plus pressés réussissent, il serait possible de
trouver là en même temps qu’un vaste dé-
bouché pour les pépiniéristes, une ressource
importante pour les malheureux pays envahis
par le redoutable insecte.
Je sais que le Pommier réussit moins bien
dans le ]\fidi que dans l’ouest ou le nord de la
France; mais je crois néanmoins que certaines
variétés y prospéreraient.
C’est là mon vœu de fin d’année pour ceux
qui, ne pouvant plus récolter du vin, désire-
raient cueillir des Pommes.
Un Angevin.
Bégonia Pictavensis ou Bruanti. —
Sur cette curieuse plante, dont la naissance
a donné lieu à un si singulier exemple de
synchronisme, nous recevons de M. G.
Bruant, de Poitiers, la lettre suivante, à
laquelle nous nous empressons de donner
l’hospitalité :
Dans la Revue du Ri’ décembre que je viens
de lire, M. Carrière signale, sous le titre de
CHRONIQUE HORTICOLE.
« Spontanéité simultanée, » ce fait l■emarquable
qui consiste dans l’apparition spontanée d’une
nouvelle et môme forme de Bégonia chez un
grand nombre d’horticulteurs.
A cette question: « Y a-t-il eu hybridation? »
vous répondez par un renvoi ainsi conçu :
« M. Bruant nous a affirmé avoir obtenu sa
plante par fécondation artificielle. » (Ed. André.)
J’affirme du moins que l’opération a été faite,
et si l’on en doutait, ce que je n’admets pas,
j’en pourrais donner la preuve, puisque la chose
est consignée à sa date (1881) sur mon carnet
de fécondation.
Lors({ue je vous ai signalé ce nouvel hybride,
j’ignorais absolument qu’il existât ailleurs, et je
pouvais aftirmer, ce que je crois (uicore, que
ma plante provenait de la fécondation que
j’avais faite. N’ayant laissé sur mon Bégonia
Schmidti placé dehors, mais ({ue je croyais
suffisamment isolé par son éloignement, que
les graines hybridées artificiellement, j’ignore
si les autres m’auraient donné la même varia-
tion; cependant je })uis ajouter que mes graines
de Schmidti récoltées en serre m’ont tout sim-
plement donné l’espèce type.
J’ai bien trouvé dans mes terrines de
Bégonia semperflorens et de B. Schmidti
quelques plantes identiques à mon hybride;
mais comme toutes ces graines avaient été
semées le même jour, au même moment et
dans des terrines placées à côté les unes des
autres, le mélange s’expliquait facilement en
raison de la légèreté des semences, qui ont dû
être entraînées sur les terrines voisines.
En ce qui concerne mes graines hybridées,
elles m’ont donné plusieurs centaines de })lantes
absolument semblables, sauf quelques sempcr-
flocens et quelques Schmidti purs, assurément
mêlés comme il est dit ci-dessus.
âLM. Thibaut et Keteleer m’ont envoyé
récemment une plante identkiiie à mon
Bégonia Bruanti. Je su])pose qu’elle provient
de chez M. Vallerand, et je crois que toutes
celles nées un peu })artout, dans le voisinage
du semperflorens sans doute, sont absolument
semblables; s’il en est ainsi, il serait inutile
de les baptiser différemment. J’estime que l’un
des noms donnés à ma plante devrait lui
rester, puisqu’elle a la priorité; c’est, il me
semble, un usage consacré. Il faudrait donc
l’appeler, soit B. Pictavensis, premier nom
donné par M. André, soit B. Brua^iti, comme
je pensais pouvoir le faire.
J’ai répété cette année, sur un Bégonia
Schmidti soigneusement isolé et castré, la
fécondation par le B. semperflorens; les
ovaires sont restés adhérents à la plante jusqu’à
la comjdète dessication; les graines semblent
bien constituées, et je ne crois pas qu’elhîs
aient pu recevoir l’influence d’aucun autre
pollen étrango«‘. Nous verrons l’été prochain ce
qu’elles produiront.
J’ai cru vous devoir ces explications, à vous
qui avez bien voulu consacrer à mon nouveau
Bégonia un article aussi savant qu’intéressant;
vous en ferez tel usage qu’il vous plaira.
G. Bruant,
Horticulleur à Poitiers.
Les observations de M. Bruant nous
paraissent absolument justifiées, et, confor-
mément à la loi de priorité botanique, la
plante ayant été d’abord nommée et décrite
{Revue horticole, 1882, p. 377) par M. Ed.
André, soiis le nom de B. Pictavensis,
cette appellation devra être conservée à la
plante de Poitiers comme à toutes celles
identiques qui ont été observées depuis.
Nécrologie: M. Sadler. — Nous avons
le regret d’annoncer la mort d’un des horti-
culteurs praticiens les plus habiles et les
plus instruits de la Grande-Bretagne.
M. Sadler, jardinier en chef (curateur) du
Jardin botanique d’Edimbourg, vient de suc-
comber dans la force de Tàge, à quarante-six
ans. Il avait succédé à un homme des plus
remarquables, qui a été associé de près à
tous les progrès de l’horticulture écossaise :
le savant et excellent M. Mac Nab, dont le
souvenir reste si vivant parmi tous ceux qui
l’ont connu.
M. U. Levôque. — Le doyen des rosié-
ristes français, M. Urbain Lévêque, est décédé
le 17 décembre 1882. C’était un praticien
consommé, un membre de cotte phalange re-
marquable qui s’éteint rapidement, qui a
compté dans ses rangs les Laffay, les Berger,
les Verdier, et qui a si largement contribué
à l’avancement de la culture des Rosiers, à
laquelle leur nom restera attaché.
Avec son fils M. Louis Lévêque, M. Ur-
bain Lévêque avait fondé un des plus vastes
établissements d’horticulture, surtoutcomme
culture de Rosiers, rue du Liégat, à Ivry-sur-
Seine, où il est mort, à l’àge de soixante-dix-
huit ans. E.-A. Carrière et Ed.>André.
KALMIA MYRTIFOLIA.
KALMIA MYRTIFOLIA
Le type de cette charmante variété, le
K. latifolia, estbien connu. C’est l’ornement
obligé de toutes les plantations de terre
de bruyère, soit qu’on l’associe aux Rho-
dodendrons et aux Azalées, soit qu’on en
forme des massifs entiers, uniformes, ou
accompagnés de la variété* à fleurs blanches.
Partout il produit le meilleur effet par la
beauté de
son port, la
netteté, le
luisant de
ses feuilles
larges, ova-
les-lancéo-
lées, qui lui
ont valu son
nom, et sur-
tout par ses
beaux co-
rymbes de
fleurs en
clochettes
visqueuses ,
sillonnées,
à étamines
arquées. A
l’état sauva-
ge, le K. la-
ti folia n’est
pas moins
agréable.
Répandu
dans les É-
tats de l’est
de l’Améri-
que septen-
trionale, il
forme dans
les bois ou
sur les ro-
chers, de-
puis le Mai-
ne jusqu’à l’Ohio et au Kentucky, des touffes
variant de 1 à 2 métrés de hauteur ; mais
nous l’avons vu acquérir, dans la Pen-
sylvanie, de beaucoup plus grandes di-
mensions, et nous n’oublierons jamais la
beauté des taillis qu’il forme dans les monts
Alléghanies, où il atteint parfois la hau-
teur d’un petit arbre de 6 à 7 mètres de
hauteur, sous le couvert des Pmus stro-
hus, des Magnolia acuminata et des Li-
quidamhar.
Depuis quelque temps, une forme naine
commence à se répandre chez les horticul-
teurs sous le nom de K. myrtifolia. (fig. 1.)
Nous ignorons si elle diffère de la variété
peu répandue que l’on trouve en Angleterre
sous les noms de K. l. minor ou nana, mais
elle n’en est
pas moins
une pré-
cieuse res-
source pour
former des
bordures
aux massifs
de terre de
bruyère.
Cet arbuste,
dont les
fleurs sont
roses com-
me celles
du type, est
nain, com-
pact, buis-
sonneux ;
ses rameaux
sont courts,
et ses feuil-
les, d’un
vert foncé,
luisantes,
sont épais-
ses, parche-
minées,ova-
les, un peu
atténuées
au sommet,
assez sem-
blables à
celles du
Myrte, d’où
le nom jardinique de la variété. Notre figure
donne d’ailleurs une idée très-exacte du
Kalmia myrtifolia, dessiné de grandeur
naturelle, d’après l’un des pieds fleuris
exposés en mai dernier à Paris, par
MM. Croux, horticulteurs à Aulnay, près
Sceaux (Seine), chez qui on peut se le
procurer.
Ed. André.
Fig. 1. — Kalmia myrtifolia, rameau de grandeur naturelle.
l’arbre a savon. — ÉÏIÛLAGE DES ARTICHAUTS.
li
L'ARBRE
L’arbre à pain, l’arbre à beurre, l’arbre
à cire, etc., ont été souvent mentionnés:
l’arbre à savon est moins connu.
Cet arbre, si éminemment utile, a été
nommé par de Candolle Sapindus Rarak.
On ne paraît pas bien certain de son ori-
gine; cependant on a tout lieu de croire qu’il
est originaire de nos forêts javanaises ; du
moins il y a plusieurs raisons qui peuvent
le faire supposer : d’abord le nom spécifique
de Rarak, qui est tout à fait pareil au nom
sous lequel les indigènes le désignent, si l’on
change la majuscule R en L. Il est même
très-possible que le nom javanais de La-
rak (qui est prononcé avec l’accent sur la
dernière syllabe) ait été mal transmis à
de Candolle. On sait que les idiomes indi-
gènes servent très-souvent à fabriquer les
noms spécifiques et génériques; par exemple
le nom générique à' Angrecum est proba-
blement dérivé du mot javanais Angrek
qui, d’une manière générale, signifie Or-
chidées.
La deuxième raison qui me fait supposer
que cette espèce est originaire de Java, c’est
qu’on la rencontre. très-fréquemment dans
les forêts de cette contrée, même dans les
endroits les plus éloignés.
Enfin l’usage que la population fait de
cette espèce depuis un temps immémorial
vient encore appuyer mes dires.
ÉTIOLAGE DEI
A peu près généralement connu et pra-
tiqué sur un très-grand nombre de légumes,
l’étiolage a pour résultat de modifier ceux-
(1) Voici, pour ceux de nos lecteurs qui ne con-
naîtraient pas la description de cet arbre, la tra-
duction de Loureiro {Flora coch., I, p. 293), qui
avait cru à tort à l’identité de cette espèce avec le
Sapindus saponaria de Linné, arbre originaire de
l’Amérique méridionale :
Grand arbre à rameaux étalés, iriermes; feuilles
imparipennées, à 10 paires de folioles inégalement
rangées, oblongues, aiguës, subfalquées, très-
entières, glabres; fleurs blanches, en grandes
grappes terminales composées; calice et corolle
campanulés , à cinq divisions, les pétales plus
longs que les sépales; huit étamines subulées,
poilues; ovaire trilobé ; baies sphériques, connées
par trois, glabres, bicarénées, monospermes ;
graines noires, globuleuses.
A SAVON
On trouve le Sapindus Rarak (1) ou
arbre à savon partout dans F île de Java,
depuis 1,000 jusqu’à 4,000 pieds d’altitude
au-dessus de la mer. C’est un grand arbre
dont les feuilles rappellent un peu celles du
Frêne. Toute espèce de terrain semble lui
convenir. La principale saison pour la ma-
turité des fruits est le mois de juillet. Il
n’en existe pas de culture spéciale. Pour ré-
colter les fruits à moitié secs, qui sont de la
grosseur d’une Prune moyenne et de
couleur brun clair, les indigènes ne se don-
nent pas la peine de monter sur les arbres,
puisqu’ils les trouvent en grande abondance
dessous. Aucun animal n’en mange la pulpe.
Cependant les fouines sont friandes des
noyaux, et elles savent très-bien les retirer
de la pulpe, à laquelle elles ne touchent pas.
Ces noyaux ne sont d’aucune utilité.
Les fruits récoltés ne nécessitent aucune
préparation pour être propres à l’usage
qu’on en fait. On enlève la partie charnue
externe qui, du reste, n’otfre pas de résis-
tance, et l’on s’en sert comme de savon,
L’écorce du bois jouit des mêmes propriétés
que les fruits.
Le bois est joli et est employé à la con-
fection de beaucoup d’objets d’art. On as-
sure que cette même espèce se trouve
cultivée également aux Antilles.
F. DE Rijk.
ARTICHAUTS
ci, d’en changer la nature et d’efl atténuer
la saveur, tout en leur donnant un aspect
jaune ou blanc qui peut même être orne-
mental. Ce moyen, particulièrement em-
Cet arbre est cultivé dans plusieurs régions de
l’extrême Orient; en Gochinchine, on le nomme
Cây bon hon. Ses baies, macérées dans l’eau après
avoir été légèrement broyées, fournissent un excel-
lent savon pour nettoyer et blanchir le linge ; elles
sont corrosives à un haut degré ; employées imprim
demment, elles constitueraient, dit-on, un véri-
table poison.
Bibliogr. : Sapindus Rarak, DG., Prod., I,
p. 608. — Walt, Ann., II, p. 211. — Blume,
Rumphia, III, 93, 1. 167. — Rarak, Rumph., Arnh.,
II, p. 134. — Sapindus saponaria, Lour., Fl. co-
chinch.,1, 293 (non Lin.). — S. pinnalus, Mill.,
Dict., ir 3 (?); Saponaria, Burm., Ind., p. 91.
(Ed. A.)
12
CARAGUATA CARDINALIS.
ployé pour les Salades, le Céleri, etc., a
été récemment recommandé pour les
Artichauts par un amateur de Bourg-la -
Reine, M. Rouby. Il consiste à soustraire à
la lumière les jeunes têtes d’Articliauts, en
les enveloppant d’abord d’un linge que l’on
recouvre d’un capuchon de paille et qu’on
lie pour maintenir le tout.
M. Rouby, qui est, je crois, l’inventeur de
ce procédé appliqué aux Artichauts, ou du
moins le premier qui l’ait fait connaître, af-
firmait que, ainsi traités, les Artichauts
étaient non seulement plus tendres, mais
que la partie comestible était plus considé-
rable, ce qui est vrai.
Voici, du reste la manière d’opérer qu’il
indique (1) :
Dès que l’Artichaut émerge du fond de la
plante, on le coilfe d’une bourse de gros linge
({ue l’on recouvre ensuite de paille, en fixant
cette double enveloppe autour de la tige avec
([uelques brins d’herbe ou autres liens. Dans
ce cas, au lieu de verdir, l’Artichaut poussant
à l’obscurité revêt une couleur blonde qui rap-
])elle celle de la Barbe de capucin; il est tel-
lement tendre que sa partie comestible se
trouve plus que doublée. Quant à la qualité,
elle ne gagne pas moins que le reste, et l’on
ne saurait' se faire une idée exacte de l’exquise
tinesse de goût que ce produit peut acquérir
})ar ce procédé, qui, comme on le voit, n’exige
que bien peu de soins et encore moins de dé-
pense, car les bourses de linge étant protégées
par la paille ({ui les recouvre, peuvent servir
pendant })lusieurs années
.l’ai voulu vérifier la chose, et, après
expérience, je puis affirmer que l’inven-
CARAGUATA
«
Celte Broméliacée, l’une des plus bril-
lantes de la famille, est originaire des
Andes occidentales de la Nouvelle -Grenade
et de l’Ecuador, où je l’ai découverte en
1876. Elle croît à des altitudes variant entre
1,500 et 2,500 mètres, principalement sur
les rochers des vallées qui descendent vers
le Pacifique, entre Tuquerrès et Bar-
bacoas, et à l’ouest des volcans du Pi-
chincha et du Corazon. Les exemplaires
(1) Nous avons déjà indiqué le procédé de M. Rou-
by, dans la Revue horticole (1882, p. 156), mais
M. Lantier fait bien de le reproduire. Ses essais
conlirment ceux qui nous ont réussi antérieure-
ment, et l’on ne saurait trop répéter les bons pré-
ceptes. (Ecl. André.)
teur n’a pas exagéré ; j’ajoute même qu’il
n’a pas tout dit, car, ainsi traités, les Arti-
chauts sont très-tendres, bons, savoureux,
et, comme il le dit, ils présentent plus de
substance comestible (une partie du pé-
doncule peut même être consommée); de
plus, ils sont très-beaux et peuvent cons-
tituer de magnifiques hors-d’œuvre. En
effet, la couleur vert foncé mat de l’Arti-
chaut est remplacée par une belle couleur
jaune très-légèrement nuancée de vert pâle,
parfois même un peu lignée de rose.
Le procédé que j’ai employé, étant basé
sur le même principe, mais différant quelque
peu de celui indiqué par M. Rouby, je vais
le décrire.
Lorsque la tête de l’Artichaut est bien
formée, qu’elle s’élève à environ 12 centi-
mètres sur son axe, j’enveloppe cette tête
avec un papier doux, un morceau de jour-
nal par exemple, et je la coiffe d’un sac en
gros papier gris que je fixe par sa base en
le serrant autour de la tige ; puis j’abandonne
le tout pendant un mois environ. Alors l’Ar-
tichaut, arrivé à un état d’étiolement suffi-
sant, est coupé et apprêté pour le service de
la table. Dans cet état, c’est un mets très-
tendre et très-savoureux. Je crois pourtant
que s’il est bon de garantir de la lumière les
pommes d’Arlichaut, il peut être mauvais
de les priver complètement d’air, car, dans
ce cas, j’ai cjru remarquer que les parties
prennent peu de développement et sont
même assez disposées à pourrir.
Lantier,
Amateur d’iiorliculliirc.
CARDINALIS
actuellement cultivés dans les serres de
l’Europe proviennent des graines prises sur
les capsules des échantillons de mon herbier,
où ils portent le n*’ 4263. Mes spécimens
desséchés ont conservé leurs belles brac-
tées rouges, dont le ton est seulement passé
de l’écarlate au carmin. Le semis a eu lieu
en 1877, date de l’introduction, et non en
1880, comme on l’a dit à tort, et la mise au
commerce a eu lieu en Belgique au prin-
temps de 1882. Quoique rare encore et très-
recherchée, la plante commence à se répan-
dre dans les collections de choix et a déjà
donné de larges profits à ceux qui l’ont
vendue.
Caracjuata Cimlindiu .
CAHAGUATÂ CARDINALIS.
13
La simple inspection de la planche ci-
contre suffit à donner l’idée de l’éclat des
inflorescences du Cararjuata cardinalis,
Lien que les dimensions de notre aquarelle
soient forcément très-réduites par les exi-
gences du format delà Revue. Un très-bel
exemplaire, fleuri l’automne dernier dans
les serres du Fresne, chez M. A. de la De
vansaye, montrait un capitule de plus de
20 centimètres de diamètre, et dernière-
ment encore nous signalions la présenta-
tion faite à la Société nationale d’horticul-
ture de France d’un échantillon dont les
dimensions n’étaient guère moindres (1).
Ce qui est particulièrement remarquable
dans cette plante, c’est la durée prolongée
de ses bractées colorées du plus beau rouge,
ce qui la rendra très- précieuse pour la
décoration des serres et des appartements.
Elle n’est égalée, sous ce rapport, que par
certains Chevalliera, qui sont loin cepen-
dant d’en l'eproduire les riches couleurs.
Quant j’ai décrit pour la première fois
cette belle plante (2), j’ai donné les raisons
qui m’ent fait hésiter à y voir un type spé-
cifique nouveau, bien que les différences
(1) Voir Revue horticole, 1882, p. 538.
(2) Caraguata cardinalis, Ed. André, mss., iu
herbario suo, suh no 4263. — C. livgulata, Lindl.,
var. cardinalis, Ed. André, Illustr. horl., 1880,
p. 35, t. 374.
Descriptio. — Planta glaberrima, robusta ; folia
lingolata, pergameneo-fragilia , sesquipedalia, e
basi dilatata ad medium paulo constricturn late
oanaliculata, recurvata, acuminata, apiculo termi-
nali incurvato, læte viridia subtus plus minus lineis
brûnneis, quibusdam tenuioribus interpositis, ele-
ganter percursi, caulina scapum teretem ereetum
30-50 cent, altum ampleclentia, pallide viridia
V. lubescentia apice viridi, ad medium ampliora,
apice acuta; intlorescentia capitata bracteis radian-
tibus cyathum subplanum formantibus ovato-lan-
ceolatis acutis patenti-decurvis viridissime cocci-
neis apice viridi pungente , interioribus oblongo-
ûbtusis galeatis aurantiacis aureo-marginatis v.
albidis; flores breviter-pedicellati, bracteolis basila-
ribus tribus oblongis obtusis membranaceis tenuiter
nervatis capsula ter brevioribus ; calyx et corolla
(nondum observât!); capsula oblongo-acuta apice
attenuata crustacea valvis intus lucidis nigris : se-
mina (Tillandsiæarum modo) funiculo umbilicali.
sericeo fulvo prædita. In Cordillera occidental!.
Novo-Granatensium et Ecuadorensium, altit. 1.500,
2.500 met. supra Océan, legi, anno 1876, vivamque
primus in Europam- introduxi.
Ad Caraguatœ lingulatœ varietatem splenden-
tern, Hort. planta hæc multiplici respectu accedit,
diversis tamen characteribus ita distincta, ut spe-
ciem propriam constituere videatur. Attamen tiguris
ilorum analyticis hucusque deficientibus, de ques-
tione specitica judicare noluimus. E. A.
soient grandes avec toutes les autres espèces
et variétés décrites et cultivées. Les fleurs
fraîches m’avaient fait défaut sur la plante
à l’état sauvage, et le premier échantillon qui
avait fleuri en Belgique pouvant donner des
graines et en permettre la propagation ra-
pide, je n’aurais pu, sans le détériorer, en
prendre aucune analyse. J’ai donc été
amené, en attendant plus ample informé,
à considérer le Caraguata cardinalis
comme une très-belle variété du C. lingu-
lata de Lindley. De même la plante pu-
bliée autrefois comme espèce dans la Flore
des serres (XI, p. 31, t.l091), sous le nom
de C. s}Dlendens, et qui avait été reçue du jar-
din botanique de Berlin par M. Van Houtte
sans indication d’origine, n’était qu’une autre
forme de cette espèce assez polymorphe.
Je crois donc prudent d’attendre une
étude plus complète des fleurs avant de fixer
la question de spéciéité.
Description. — Plante très-glabre, ro-
buste ; feuilles de la hase lingulées (en lan-
guette), à texture parcheminée un peu fra-
gile, longues de 40 à 50 centimètres,
dilatées à la base, largement canaliculées
rétrécies au milieu , recourbées, acumi-
nées, à pointe terminale incurvée, d’un vert
gai, pâles vers le centre, plus ou moins striées
de doubles lignes brunes, inégales en lar-
geur, ou semées de macules sous-épider-
miques foncées; feuilles caulinaires plus
courtes, vert tendre, les supérieures am-
plexicaules, élargies au milieu, aiguës au
sommet, ou rouges à pointe verte, envelop-
pant la hampe dressée cylindrique, d’un vert
pâle, haute de 30 à 50 centimètres ; inflores-
cence en gros capitule à bractées rayonnantes
extérieures imbriquées, les supérieures
étalées en rosace aplatie, comme tabu-
laire, ovales lancéolées, aiguës, étalées dé-
curves, d’un rouge cocciné avec pointe aiguë
verte, les intérieures oblongues obtuses,
concaves, incurvées au sommet, couleur
jaune-orangé, bordées d’or ou de blanc;
fleurs brièvement pédicellées, à trois brac-
téoles basilaires oblongues obtuses, mem-
branacées, finement nervées, trois fois plus
courtes que la capsule; fleurs peu saillantes,
calice et corolle (non encore étudiés); cap-
sule (sur les échantillons de mon herbier)
crustacée, oblongue aiguë, atténuée au som-
met, à valves intérieurement noires luisan-
tes; graines à funicule ombilical soyeux,
fauve. Ed. André.
14
LESPEDEZA MACROCARPA.
CORRESPONDANCE.
LESPEDEZA MACROCARPA
Plante rustique, vivace, plus rarement
sous-frutescente quand le climat est clément
et les froids à peu près nuis. Tiges relative-
ment grêles, à écorce brune, atteignant
1“ 50 et même plus de hauteur, tombantes.
Feuilles pétiolées, trifoliolées, sur un pétiole
grisâtre d’environ 1 centimètre de longueur ;
folioles ovales, elliptiques, très-courtement
pétiolulées, minces, entières, l’impaire plus
grande que les deux autres, d’un vert
cendré, comme légèrement velues, argen-
tées soyeuses. Fleurs nombreuses, petites,
d’un beau rose légèrement violacé (rose
mauve), se succédant pendant longtemps
au fur et à mesure de l’élongation des tiges
florales. Légume pédicellé, longuement
elliptique, terminé par un mucron séti-
forme. Graine généralement unique dans
chaque gousse, elliptique, comprimée, à
testa corné, luisant.
Le Lespedeza macrocarpa , Bunge
{Campylotropis Chinensis, Bunge), origi-
naire des provinces septentrionales de la
Chine, est très-rustique. C’est une espèce
très-floribonde qui, plantée en terre légère
à une bonne exposition, y fleurit pendant
plusieurs mois. Ses rameaux longs, presque
flexueux, font qu’on peut la palisser le long
d’un mur qu’elle garnit assez bien.
On multiplie par graines que la plante
donne facilement, et que l’on sème au
printemps en terre légère ou de bruyère.
On repique les plants quand ils sont encore
jeunes, soit en pépinière soit en place, afin
de n’avoir pas à en opérer la transplantation
qui, en général, est assez difficile, comme
pour toutes les Légumineuses. On se trou-
verait donc bien de repiquer dans des
petits pots, ce qui permet de transplanter
en tous temps avec la certitude d’obtenir un
bon résultat.
E.-A. Carrière.
CORRESPONDANCE
Mr E. R. (Dordogne). — Vous pourrez vous
procurer non seulement le Skimmia ohlata
Veitchi, mais à peu près toutes les espèces ou
variétés de ce genre, chez MM. Thibaut et
Keteleer, horticulteurs, rue detloudan, à Sceaux
(Seine).
Mr F. G. (Paris). — Les cueille-fniits à
pédale, de meme que le sécateur-cchenilloir
du meme genre, sont fabriqués par M. Aubry,
coutelier horticole, 131, rue Vieille-du-Temple,
à Paris.
Ml’ E. B. (Indre-et-Loire). — Les graines que
vous nous avez adressées sous le nom de Melon
de Caboul n’ont pas donné de bons résultats, ce
qui est probablement dû au temps défavorable
pour les plantes qu’il a fait cette année ; néan-
moins, nous avons pu constater que les sujets
obtenus appartenaient bien au groupe des Can-
taloups, mais alors à une variété à petits fruits,
d’une valeur très-médiocre, si on la compare à
ce qu’on possède en ce genre.
Mr J. G. (Loire). — 11 arrive fréquemment,
en horticulture, que sous un. môme nom on
cultive des choses très-diverses qui, par consé-
quent, ne peuvent s’accommoder d’un traite-
ment identique. C’est surtout quand on a affaire
à des plantes dont la végétation est, différente
que les procédés de culture ne peuvent être
les mômes. Ainsi, nous rappelons quelles Cri-
num^ certains Pancratium originaires des par"
lies chaudes et humides de l’Amérique centrale,
dont la végétation est continue, devront ôtre
cultivés d’autre manière que les espèces ana-
logues qui croissent dans les parties chaudes,
sèches et arides. De cette catégorie sont les es-
pèces de l’Afrique centrale, où, pendant l’été,
par suite de la chaleur et surtout de l’extrême
sécheresse, les plantes sont dans un état de
repos absolu.
Dans laquelle de ces deux catégories rentre
votre plante?
En général, les Amaryllidées exotiques s’ac-
commodent très-bien d’une forte chaleur pen-
dant leur végétation ; celle-ci terminée, il faut
les laisser reposer, en diminuant successive-
ment les arrosages, poiir arriver à les suppri-
mer tout à fait. Arrivé à cette période, il y a
deux modes à suivre : arracher les oignons et
les laisser sécher, pour les replanter lorsque
la végétation se manifeste ; ou laisser les oignons
dans des vases en les privant complètement
d’eau pendant toute la saison de repos, puis les
secouer, en couper ou non les racines, suivant
les espèces auxquelles on a affaire, et finale-
ment rempoter ou planter, ensuite arroser lé-
gèrement pour activer la végétation. On arrose
enfin abondamment, atin de faire développer
rapidement les plantes et d’avoir une belle ffo-
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE.
15
raison, ce qui n’aurait pas lieu si, lors de la
formation des organes floraux, les plantes ne
i-ecevaient pas l’eau nécessaire. Dans ce cas, il
y aurait avortement ou du moins affaiblis-
sement des parties floi'ales, ce qu’il faut
éviter.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1882
Apports. — Comité d'arhoriculture.
M. Mayeux, de Villejuif, avait apporté quelques
fruits bien connus : Doyenne dliiver^ Cniré,
etc., beaux, mais n’oflrant aucun intérêt par-
ticulier.
Comité de culture potagère. Le même
M. Mayeux présentait deux corbeilles de
Pommes de terre en 2 variétés : Trophy et
International Kidney. La première, longue et
ajdatie, grosse, très-belle, rappelle un peu la P.
Early rose ou la Saucisse; elle paraît intermé-
diaire entre les deux. Quant à la variété Inter-
national Kidney., elle est également jolie et
grosse, analogue par la forme et les dimen-
sions à la P. Tropliy., dont, sous ces rap-
ports, elle ne diffère guère que par sa couleur
qui est jaune, tandis que la P. Trophy est
rouge. Toutes deux, paraît-il, sont productives
et de bonne qualité. — M. Bergman, de Fer-
rières, présentait un fruit d’Ananas de la
variété Cayenne à feuilles lisses d’une beauté
et d’une grosseur extraordinaires ; il mesurait
environ 30 centimètres de hauteur sur 20 de
diamètre, et pesait 5 kil. 740 gr. — M. Girar-
din, cultivateur à Argenteuil, exposait, sous le
nom de « Persil pour l’hiver », une petite bar-
rique remplie de terre, dans laquelle avaient été
placés horizontalement, lits par lits, des pieds
de Persil frisé. Les tetes des plantes venaient
déboucher dans des trous percés sur toute la
circonférence du vase, où elles avaient émis
de grandes feuilles recouvrant entièrement
l’appareil qui disparaissait sous une masse
verte vraiment ornementale. Au lieu de tonneau,
on pourrait employer pour cet usage des vases
en terre nommés Persillères. — M. Gustave
Maïzet avait apporté 2 beaux fruits de Cara-
Imcetta; ces fruits, arqués et renflés aux deux
bouts, surtout à la base, ont la peau vert
marbré clair, et leur chair très-serrée, d’un
beau jaune, est, dit-on, délicieuse. Cette Cucur-
bitacée exige beaucoup de chaleur et, en France,
ne pourrait mûrir ses fruits que dans les
parties méridionales. — M. Dybowski, répéti-
teur de botanique et de culture à l’École
nationale d’agriculture de Grignon, présentait
une Courge dont les graines lui avaient été
envoyées de Constantinople. Très- régulier de
forme, très-finement et régulièrement côtelé,
à côtes étroites et peu enfoncées, ce fruit,
qui mesurait 40 centimètres de diamètre sur
30 de hauteur, avait la peau mince mais
résistante; la chair, d’un beau rouge orangé,
très-dense et fine, devient farineuse et fine-
ment granuleuse par la cuisson, comme la
semoule; elle est alors excellente.
Comité de floriculture. On voyait un beau
pied fleuri du nouveau Bouvardia nommé
Président Gar/ield. C’est une plante dres-
sée, à feuilles velues, d’un vert cendré, et dont
les fleurs doubles sont d’un rose carné qui
rappelle la nuance du Sipanea carnea. —
M. Queneau-Poirier, à Sakd-Cyr, près Tours,
avait envoyé en fleurs six pieds (VEpiphyllum
truncatum, en plusieurs variétés, dont quatre,
greffées l’année dernière, étaient d’une taille re-
lativement extraordinaire. — M. Hédiard pré-
sentait un fruit de Hura crepitans, Euphor-
biacée de l’Amérique centrale, des Antilles
notamment. Ce fruit orbiculaire, très-déprimé,
qui présente ordinairement douze côtes très-
régulières , est surtout remarquable par le
bruit qu’il fait lors de sa déhiscence, et
qu’on a comparé à un coup de pistolet.
— M. Régnier, horticulteur, avenue Mari-
gny, à Fontenay-sous-Bois, présentait une es-
pèce d’Orchidée très-voisine du genre Bletia ;
les tiges florales très-ténues, dressées et rai-
des, portent de petites fleurs solitaires, pendan-
tes, à divisions jaunâtres maculées roux. Cette
plante, originaire de la Cochinchine, et qui a
été introduite par M. Régnier, jardinier en chef
du jardin botanique, à Saigon, devra, d’après
M. le docteur Pierre, constituer un genre nou-
veau. — M. Godefroy-Lebeuf exhibait un
certain nombre d’espèces rares ou nouvelles,
particulièrement des Orchidées, telles que :
Cattleya Chocoensis, Eulophia macrophylla,
Hætaria Japonica, Odontoglossum gloriosum^
Dendrobium 2)alpebræ. Enfin, un beau pied en
fleurs de Pescatorea Lehmanni, espèce à feuilles
nombreuses, dressées ; ses fleurs, grandes, odo-
rantes, régulières, à divisions blanc rosé ma-
culé de rose à l’extrémité, ont le labelle étroite-
ment roulé, blanc violacé légèrement maculé.
Cette espèce, intéressante par la grandeur et la
beauté de ses fleurs, est même ornementale
par la quantité de ses feuilles qui, dressées,
forment un buisson ne man([uant pas d’élé-
gance, qualité dans les Orchidées, dont les
feuilles ont rarement un asj)ect agréable.
CULTURE DU RAMONDIA PYRENAICA.
K)
CULTURE DU RAMONDIA PYRENAICA
Je cultive les Ramondia Pyrenaica en
terre de bruyère, en pots, le long d’un mur
exposé au nord. Pour bien les réussir, il
n’y a que des arrosages à leur donner.
Cette plante craint beaucoup la sécheresse
chez nous ; quand on néglige de l’arroser,
on voit les feuilles se rider, se rétrécir et, si
cet état se prolonge, l’extrémité se dessé-
cher même complètement ; dans ce cas elle
ne donne que peu ou point de fleurs. Plus
les plantes sont vigoureuses et les feuilles
conservées entières, plus la floraison est
abondante.
La gelée, comme la sécheresse, fatigue
les Ramondia, quand ils reçoivent le froid
directement.
Lorsqu’il gèle sans neige, je les couvre
d’une légère couche de mousse longue;
quand on retire cette couverture, on les
trouve verts comme des Choux ; ils poussent
sous la mousse comme sous la neige de
leurs montagnes.
La multiplication se fait au printemps
par la séparation des touffes. On réussit
parfaitement même avec des éclats n’ayant
pas de racines, si on les a détachés adroite-
ment.
C’est le moment de ne pas négliger les
arrosages.
J’ai multiplié ces plantes à l’automne
avec succès, en couvrant légèrement de
mousse durant les froids ; il est urgent de
les visiter souvent, afin de leur donner de
l’air et de s’assurer de leur état (quand il ne
gèle pas). Grâce à ces soins, bien simples,
mais qui doivent être pris sous peine d’in-
FRUITS LOCAUX POMME SABÂROT ET POMME ÉTIENNE PIOUX.
17
succès, je garantis que la culture des
Ramondia sera toujours suivie d’une abon-
dante floraison annuelle. J. -B. Yyon,
4i, route de Châlillon, Paris.
A l’occasion de l’article de M. Yvon sur
les Raynondia, nous avons l’heureuse for-
tune de pouvoir donner à nos lecteurs une
bonne figure (fig. 2) gravée' d’après une
photographie prise dans les cultures de
MM. Frœbel, dont nous avons eu souvent
l’occasion de citer les belles collections de
plantes alpines. {Rédaction.)
FRUITS LOCAUX
POMME SARAROT ET POMME ÉTIENNE PIOUX
Sous ce titre général nous décrirons, à
l’occasion, des variétés fruitières qu’on ne
trouve pas ou qu’on ne trouve que rare-
ment dans le commerce, et qui, par consé-
quent, sont peu connues en dehors d’un pe-
tit rayon, malgré que parfois elles puissent
présenter de grands avantages. Telles nous
paraissent être les Pommes Saharot et
Étienne Pioux.
Toutes deux sont localisées dans l’île
de Ré, parfois môme dans quelques com-
munes seulement, bien qu’elles existent là
depuis un temps immémorial. Là ces ar-
bres sont abandonnés à eux-mêmes ; leur
tige, qui atteint rarement 2 mètres de hau-
teur, est surmontée d’une magnifique tête
arrondie à branches gracieusement réflé-
chies, parfois presque pendantes par le
poids des fruits que ces Pommiers produi-
sent abondamment chaque année. •
Pomme Saharot. — Arbre très- vigou-
reux. Branches robustes. Bourgeons allon-
gés, bien nourris, à écorce courlement
velue et d’un brun rougeâtre; lenticelles
petites, nombreuses , ponctiformes ; yeux
moyens, ovales, velus. Feuilles générale-
ment grandes, vert clair én dessus, blanc
verdâtre en dessous, ovales allongées, à
bords fortement dentés ; pétiole assez long,
grêle, canaliculé, muni à la base d’une
forte stipule. Fleurs grandes, blanc carné.
Fruit de grosseur moyenne, d’environ
6 centimètres de diamètre sur 5 de hau-
teur, brusquement arrondi aux deux extré-
mités, surtout à la base qui est très-élargie.
Pédoncule grêle dans une large cavité qu’il
dépasse rarement ; œil ouvert dans une ca-
vité légèrement plissée. Peau luisante, d’un
jaune pâle, plus ou moins ponctuée roux,
parfois lavée de rose sur les parties fortement
éclairées. Chair blanche, serrée, ferme,
sucrée et légèrement acidulée, agréable-
ment relevée. Mûrit de novembre à avril.
C’est surtout à l’extrémité de l’île de Ré,
sur le territoire de la commune des Portes,
que de temps immémorial la Pomme Sa-
harot est cultivée et très-fréquemment
plantée. L’arbre est très^robuste et très-
fertile.
Pomme Étienne Pioux. — Arbre vi-
goureux. Branches nombreuses formant une
large tête arrondie. Scions à écorce velue,
lenticellée, à lenticelles rapprochées; yeux
ovoïdes assez prononcés. Feuilles grandes,
d’un vert sombre en dessus, blanchâtres ve-
lues à la face inférieure, ovales arrondies,
fortement dentées sur les bords ; pétiole ro-
buste, assez long, à peine légèrement cana-
liculé, faiblement stipulé. Fruit de bonne
grosseur, gracieusement conique, comme
tronqué au sommet, ordinairement un peu
inéquilatéral, atteignant 8 centimètres de
hauteur sur un diamètre presque de même
dimension; pédoncule court, ténu, dans une
cavité étroite et profonde; œil grand, ouvert,
dans une cavité bien marquée, souvent un
peu plissée. Peau lisse et unie, mince, d’un
beau rouge foncé presque partout, dans le-
quel on remarque çà et là quelques bandes
ou larges stries plus foncées, presque brunes.
Chair blanche, un peu jaunâtre, croquante
et tendre à la fois, souvent rosée sous la peau ;
eau abondante, sucrée, légèi ement acidulée,
très-agréablement parfumée. — Maturité de
novembre à avril.
Cette variété, qui est très-fertile, de tout
premier mérite, et qui joint la beauté à
la qualité, est surtout cultivée dans la com-
mune de Sainte-Marie, distante de celle des
Portes d’environ sept lieues. Il est difficile
d’expliquer pourquoi un aussi beau et bon
fruit n’est pas généralisé et cultivé indis-
tinctement dans toutes les parties de l’île de
Ré, relativement petite, fait qui peut donner
une idée de la puissance de l’habitude, qui
pendant si longtemps localise, parque, pour
ainsi dire, des choses d’un intérêt aussi gé-
néral .
18
BORDURES TOUJOURS FLEURIES.
Les deux Pommiers Saharot et Étienne
Pioux sont des plus robustes et ne souf-
frent pas des vents de mer auxquels ils
sont constamment exposés. Une autre par-
ticularité assez remarquable aussi, qu’ils
présentent, consiste dans leur multipli-
cation , qui se fait à peu près comme
celle des Pommiers Paradis et Doucin.
Voici à ce sujet ce que nous écrivent
MM. Foucbé, horticulteurs à la Flotte (île
de Ré).
(( Les Pommiers Saharot et Étienne
Pioux ne sont jamais greffés ; on les mul-
tiplie d’éclat, c’est-à-dire par déchaussage
interne et même externe, à la façon du
Pommier -Paradis ; mais, au lieu de prépa-
rer des pieds-mères, nos paysans se bornent
à prendre des jets naturels qui sortent au
pied des arbres , qu’ils détachent quel-
quefois même sans racine , et plantent
à demeure avec un épieu en fer dont ils se
servent pour planter la Vigne ; puis ils aban-
BORDURES TOI
Le but principal à atteindre, lorsqu’on
plante une bordure, est, comme l’indique le
mot, de border, c’est-à-dire d’établir une
limite qui contraste avec les parties voi-
sines, qiu alors elle détache. Quand les bor-
dures sont destinées à soutenir des terrains,
elles doivent être résistantes, solides, per-
sistantes. Dans ce cas, suivant les circons-
tances ou les conditions dans lesquelles on
se trouve, on emploie des végétaux sous-
ligneux, tels que : Thym, Lavande, Ger-
mandrée,IIyssope, Origan, etc. On va mêmé
jusqu’à se servir d’arbustes que, par la taille,
on maintient à des proportions très-réduites :
les Troènes, les Fusains sont fréquemment
employés pour cet usage. Les autres espèces
précitées peuvent être également soumises
à la taille, et dans ce cas on obtient de
belles lignes régulières, mais de fleurs
point. Voilà pour quelques exemples de
bordures plus ou moins résistantes ; quant
aux autres, qui sont tellement nombreuses
que je n’en tenterai même pas l’énuméra-
tion, ce sont presque toujours des plantes à
fleurs qu’on emploie pour les établir. L’es-
sentiel est donc d’avoir des sortes robustes
et dont la floraison se prolonge le plus long-
temps possible.
Des plantes très-propres à cet usage,
donnent les arbres à eux-mêmes. Malgré un
traitement aussi primitif, au bout de quel-
ques années ces jets forment de jolies pa-
rasols d’une très-grande vigueur, couronnés
par une forte tête, bien qu’ils soient cons-
tamment exposés aux vents de mer qui
soufflent de tous côtés. »
Ainsi qu’on peut le voir, ces deux Pom-
miers présentent des avantages qui les re-
commandent tout particulièrement; ils
nous offrent de plus cet exemple de se mul-
tiplier par éclats, absolument comme le font
les Pommiers-Paradis et Doucin. Pourraient-
ils être employés comme sujets, ainsi qu’on
le fait de ces derniers? C’est à essayer.
Peut-être aussi que ces arbres pourraient
être cultivés en pots avec avantage. Le fait
paraît même probable. Encore une expé-
rience à tenter. Nous la signalons à nos
collègues, et tout particulièrement aux lec-
teurs de. la Revue horticole.
E.-A. Carrière.
OURS FLEURIES
auxquelles pourtant l’on ne pense guère
pour faire des bordures, sont les Chry-
santhèmes précoces, qui, très-vigoureux et
robustes, se maintiennent longtemps fleu-
ris : en général leur floraison a lieu à partir
de juillet et même plus tôt, et se succède
jusqu’aux gelées.
Culture. — Suivant l’emplacement dont
on dispose et le but qu’on cherche à at-
teindre, on agit diversement. Deux modes
sont surtout employés: 1*^ opérer comme
on le ferait de toute autre plante vivace,
c’est-à-dire laisser pousser et fleurir à
volonté. Mais comme les plantes pourraient
devenir un peu trop élevées, on opère vers
les mois d’avril-mai, suivant les espèces,
un rabattage ou pinçage qui fait ramifier les
plantes.
Les autres soins consistent à arroser
si cela est nécessaire, et à enlever au fur
et à mesure les fleurs passées, tant pour
la propreté que pour ne pas fatiguer les
plantes et nuire à leur floraison.
On peut donc, avec ces mêmes plantes,
constituer des bordures permanentes ou
annuelles. Dans le premier cas, on coupe les
côtés chaque année, afin de régulariser les
bordures, et s’il en est besoin on pince, afin
de maintenir les plantes dans de petites di-
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — ORANGES TRIPLES.
19
mensions. Dans le cas où Ton désire avoir
des l)ordures toujours en Heurs, les Chry-
santhèmes sont cultivés comme plantes an-
nuelles, du moins en tant que bordures.
Pour cela on plante d’abord des variétés à
floraison tout à fait printanière : Pensées,
Pâquerettes, etc., qu’on arrache fin mai,
après la floraison, puis on ks remplace par
des Chrysanthèmes qui ont été élevés en
pépinière pour cet usage, de sorte que, quel-
ques semaines plus tard, les plantes com-
mencent à fleurir pour ne s’arrêter qu’aux
premières gelées. Quant aux soins, ils
sont les mêmes que ceux indiqués plus
haut.
Pour ce qui concerne le mode de planta-
tion au point de vue décoratif, il n’y a rien
d’absolu ; c’est une affaire de goût, parfois
de milieu, en raison des contrastes ou de
l’effet qu’on recherche ; on peut faire des
lignes d’une seule couleur ou bien les al-
terner. Dans tous les cas, il n’est pas né-
cessaire que les couleurs soient nombreuses;
l’essentiel est qu’elles soient franches ; quel-
ques-unes : jaune, rouge, blanc, rose, sont
suffisantes. May.
PHYSIOLOGIE VEGETALE. - ORANGES TRIPLES
Qu’appelle-t-on « Oranges triples ? » Cette
dénomination, qui à première vue, c’est-à-
dire quand on examine les fruits entiers
auxquels elle se rapporte, peut paraître
impropre pour caractériser les faits, semble
au contraire se justifier, en partie du moins,
quand, faisant la coupe des fruits, on en
étudie l’organisation interne. En effet, on
reconnaît alors qu’on n’a pas affaire seule-
ment à une, mais bien à plusieurs Oranges.
Toutefois, on remarque dans ces fruits un
désordre organique : chaque fruit présente
une disposition spéciale, ce que montrent
les figures 3, 4, 5.
Dans la figure 3, où les modifications
semblent être les moins profondes, on voit
au centre une sorte d’axe qui, divisé sur plu-
sieurs points, présente vers son milieu deux
sortes de petits carpelles détachés, et dont
l’un contient une graine; les deux autres
gros carpelles — vulgairement appelés
« tranches » d’Orange — contiennent éga-
lement chacun une graine, mais placées di-
versement : dans celle de droite-, la graine
occupe une position normale ; il en est au-
trement de celle de gauche dont la graine,
inversée, a le dos tourné vers l’axe, tandis
que son point d’insertion semble placé au
milieu du tissu cellulaire. A ses deux extré-
mités, l’axe semble former plusieurs ramifi-
cations pour se terminer au sommet par
rois sortes de carpelles incomplets, indu-
rés, qui percent le testa de l’Orange et sail-
lissent plus ou moins au dehors.
Dans la figure 4, les modifications, beau-
coup plus importantes, sont aussi trè.s-diffé-
rentes de celles que présente la figure 3.
L’axe central semble bientôt s’effacer, et
alors les carpelles, très-nombreux, irrégu-
liers et de formes diverses, sont épars et
isolés ; deux seulement contiennent un
pépin, mais ceux-ci semblent s’insérer nor-
malement, c’est-à-dire par leur base, vers
l’axe du carpelle. Au sommet du fruit, et
bien qu’il y ait eu comme une solution de
continuité de l’axe, on voit saillir au dehors
un carpelle déformé, accompagné à sa base
de quelques autres plus petits et rudimen-
taires.
La figure 5 représente des modifications
plus complexes encore, mais aussi d’un
autre ordre. Ici les choses sont plus accen-
tuées, mieux caractérisées, et l’on distingue
assez nettement des superpositions de car-
pelles qui démontrent qu’on a affaire à
une sorte de prolification paraissant former
plusieurs fruits et justifier l’appellation
à' Orange triple, d’après la complexité des
parties. Ici l’on en distingue nettement
trois. Mais presque toujours, ou du moins
dans la plupart des fruits, on voit, plus ou
moins développés, des carpelles qui sem-
blent émerger du centre des fruits pour
saillir au sommet. Dans cette figure, la pro-
lification semble nettement établie.
Une autre singularité que présentent par- *
fois les « Oranges triples » consiste dans la
nature de certains carpelles qui, outre leur
monstruosité, sont complètement dénatu-
rés ; ainsi ils sont durs, secs, sans goût et
parfois même très-désagréables; leur cou-
leur est plus ou moins verdâtre, à côté
d’autres carpelles qui sont savoureux, su-
crés, aqueux, en un mot très-bons.
A quoi attribuer ces faits, et comment ex-
pliquer ces transformations que présentent
"20 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — OHANGES TRIPLES.
les fruits. Les fleurs dont ils proviennent
ne présentent rien d’anormal ; elles ont ab-
solument les mêmes caractères généraux
que toutes les autres espèces ou variétés
d’Orangers. Ces fleurs sont très-grandes, et
le pistil est aussi plus gros que dans la plu-
Fig. 3. — Coupe d’une orange triple, aux 2/3 de
grandeur naturelle.
part des autres variétés d'Orangers. Quant
à l’arbre, il est très-vigoureux et présente
quelque différence : au lieu de former na-
turellement une tête arrondie plus ou moins
régulière, il s’élance davantage. Ses ra-
meaux, raides et droits, tendent toujours à
Fig. 4. — Orange monstrueuse, dite triple, aux 2/3
de grandeur naturelle.
monter ; ainsi, un arbre de dix-huit ans de
cette espèce a bien 80 centimètres de plus
qu’un Oranger ordinaire du même âge et
de la même vigueur.
Maintenant que nous avons fait connaître
les particulari-
tés si singulières
que présentent
les fruits de
cette race d’O-
rangers , nous
allons en indi-
quer l’origine et
décrire les carac-
tères que nous
ont présentés les
fruits que nous
avons étudiés.
Les variétés
produisant les
Oranges triples
que représen-
tent les figures 3,
4, 5 ont été obtenues par M. Gué^ân (Joseph),
jardinier, chemin d’Almanarre, à Hyères
(Var). Comme la plupart des variétés, elles
se reproduisent plus ou moins bien par
semis (1). L’arbre est vigoureux et élancé ;
quant aux fruits, ils sont très-gros (atteignent
jusqu’à 9 centimètres de diamètre), à peu
près sphériques, parfois légèrement dépri-
més et comme un peu aplatis au sommet
qui, presque toujours, présente une petite
cavité du centre
de laquelle sor-
tent comme de
petits fruits ou
sortes de car-
pelles irrégu-
liers, imparfaits,
qui se colorent
comme le fruit.
La saveur est
très - agréable ;
le suc, exces-
sivement abon-
dant chez les
fruits verts, pré-
sente aussi, à
cette époque de
leur développe-
(1) Des variétés monstrueuses analogues à celles-
ci ne sont pas très-rares dans le Midi. Nous en avons
acheté l’année dernière à Nice, sur le marché, qui
présentaient les caractères indiqués dans la descrip-
tion ci-jointe des Oranges triples, et dont l’origine
n’a pu nous être indiquée par le vendeur. Ed. A.
PROMENADES DANS LES JARDINS DU MIDI.
21
ment, un parfum tout particulier d’une | un très-grand intérêt en montrant les trans-
finesse exquise. A leur maturité, ils sont de formations considérables que peut parfois
très-bonne qualité. déterminer la végétation dans la nature des
La variété d’Orange dite triple présente 1 fruits. E.-A. Carrière.
PROMENADES DANS LES JARDINS DU MIDI
Pour qui se transporte actuellement de
Paris à Cannes et à Nice par l’un des trains
rapides de la Compagnie P.-L.-M. (1), la
surprise est grande, et l’on peut dire tou-
jours nouvelle, pour ceux même qui con-
naissent bien la côte française de la Médi-
terranée.
Dès Avignon et Arles, on constate que,
depuis le commencement de l’biver, les cul-
tures de primeur. Fèves, Pois, Salades, etc.,
prospèrent au soleil levant, sous leur abri
de cannes (Arimdo Donax) inclinées pour
rompre l’etfort du mistral. Les Mûriers et
les arbres fruitiers ont en grande partie
conservé leurs feuilles, et le sol est émaillé
des touffes fleuries de l’Alysse maritime.
Sitôt qu’on a dépassé Marseille, les champs
se couvrent, avec une abondance extrême,
des fleurs blanches d’une Crucifère à florai-
son hivernale, le Diplotaxis erucoides, qui
pourrait former une plante d’ornement à la
manière des Arahis, si l’on en trouvait
une variété naine, par la voie du semis. Dans
les calcaires de la chaîne des Maures et des
collines qui en dépendent, les bois clairs de
Chênes encore feuillus et de Pins d’Alep
aux nuances pales laissent voir un taillis de
Bruyères {Erica multiflorci) constellées
de leurs jolies fleurs roses, violettes et
carnées. Puis viennent, aux alentours de la
ville d’Aubagne, les petites terrasses com-
plantées de l’Immortelle à Heurs jaunes
{Helichrijsum orientcde), cultivée là en
grand pour alimenter le commerce des
bouquets funéraires.
On approche de Toulon, et voilà qu’appa-
raissent les premiers Orangers chargés de
leurs pommes d’or, les Dattiers dressant
dans le ciel bleu leur beau panache de
feuilles pennées. Sur les tonnelles, les
Boussingaidtia, les Rosiers de Banks,
(1) Les progrès réalisés depuis cette année dans
l’organisation de ces trains sont extrêmement re-
marquables. On va de Marseille à Paris (863 kilo-
mètres) en quinze heures, avec six arrêts seulement:
Avignon, Valence, Lyon, Mâcon, Dijon et Laroche.
— Le matériel a été amélioré, et les nouveaux
wagons-salons sont des plus confortables.
trompés par la douceur de la saison, épa-
nouissent leurs fleurs comme au printemps,
et les haies du chemin de fer sont constellées
de Roses du Bengale dans lesquelles les
voyageurs peu discrets fourragent à chaque
station. Dans les prairies bien irriguées,
les premiers Narcisses trahissent leur pré-
sence par un parfum révélateur , et sur les
grands joncs verts, dressés comme des épées,
la petite rainette {Hyla viridis) chauffe
au soleil son dos d’érnéraudè en jetant
de temps à autre son cri rauque. La saison
clémente a laissé aux Cerisiers leur manteau
foliaire d’or et de pourpre cuivré ; les fines
aiguilles des Tamarix jaunissent à peine, et
les Chênes Tauzin {Quercus Toza) sont
verts comme en plein été. Partout la cul-
ture est en activité. Au lieu des tristesses
du Nord, des rivières débordées, des pluies
ou du froid, la vie rurale présente actuel-
lement, dans cette région charmante, au
lendemain des inondations désastreuses
dont on voit encore les traces, le spec-
tacle 'des champs bien ensemencés, de
la récolte des Olives, du binage des Fèves
et des Artichauts prêts à monter, des Bro-
colis couverts de leurs têtes blanches, et
aussi des gais repas du milieu du jour, sur
l’herbe, au clair et beau soleil méridional.
Dans la traversée des riches plaines du
Var, où la mer des Oliviers pâles moutonne
au-dessus du sol rouge et ferrugineux, où
les villages se succèdent avec leur clocher à
campanile de fer ouvragé, accompagnés des
noirs Cyprès pyramidaux contrastant si bien
avec le blanc cru des façades et le ton brun
des toitures, l’uniformité du paysage devient
vite fatigante.
Mais voici l’Estérel aux sommets aigus,
aux rochers roux et dorés, aux forêts de
Pins maritimes, sous lesquels croît une
région de Cistes, de Lavandes Stæchas, de
Myrtes, d’Arbousiers et de Romarins. Saint-
Raphaël nous a un instant arrêtés par la
gaîté de ses villas nouvelles et les rapides
progrès de ses jardins. Enfin le golfe de la
Napoule s’ouvre à nos yeux ravis, et devant
22
PROMENADES DANS LES JARDINS DU MIDI.
nous Cannes la coquette, en espalier au
pied de ses montagnes boisées, déroule son
panorama enchanteur. Tenter une fois de
plus la description de cet Eden serait su-
perflu. Cannes est à voir, non à décrire.
C’est des jardins que nous voulons parler,
et l’enthousiasme doit ici céder le pas à la
réalité, l’amateur du pittoresque à l’amateur
d’horticulture.
Nous avons parlé naguère de quelques-
unes des résidences cannoises les plus atta-
chantes à notre point de vue spécial : jardin
Vallombrosa, jardin Dognin, jardin d’Epré-
mesnil, jardin Mazel, etc. Une autre pro-
priété peu connue des amis des plantes vaut
bien aujourd’hui qu’on s’en occupe. C’est la
villa Saint-Jean, appartenant à S. A. le
comte de Paris. Avec l’aide de son jardi-
nier en chef, M. Xavier Bidon, le prince y
fait en ce moment des plantations qui inté-
ressent grandement l’horticulture. Il y
essaie, d’une manière très-sérieuse et très-
intelligente, la culture en plein air des Or-
chidées exotiques, épiphytes principalement.
Les conditions locales sont, il faut le dire,
éminemment favorables à- ces expériences.
On a choisi, pour disposer les plantes, soit
le sol naturel supportant un compost de
sphagnum et de bois à demi-décomposé,
soit le tronc même et les racines des Chênes,
sur les bords d’un ravin obscur, épaissement
ombragé par le couvert d’un bois de Chênes
verts, de Chênes-Lièges et autres essences à
verdure compacte. C’est un bon emplace-
ment pour cette culture. Les espèces que
nous avons trouvées prospérant le mieux
sont les suivantes : Odontoglossiim crista-
tum, Bictoniense, OncidhimSarcodes,puU
vinatmn, ornithorliynchum^ mcurvum,
tigrinum,lanceamim^ Masdevallia Bruch-
mülleri, Cœlogyne cristata, Brassia lan-
ceana, Maxillaria veniista, Gongora spe-
ciosa^ Ly caste Deppei, Pliajus Wallichii,
Stanhopea cirrhata. La végétation était
moins bonne pour les Epidendrum vitelli-
num, Trichopilia coccinea, Odontoglos-
sum Rossii, Lœlia, Phajus maculatus,
Calanthe Masuca. Plusieurs des plantes
que nous venons de citer fleurissent déjà et
paraissent acquises à la pleine terre. Si l’é-
preuve se continue d’une manière satisfai-
sante pendant plusieurs années, et si la
culture des Orchidées de serre froide est
décidément possible en plein air dans la
région méditerranéenne, que ne peut-on
espérer des destinées de l’horticulture orne-
mentale en ce pays?
Entre les Orchidées placées sur les pentes
du ravin, près d’un ruisseau d’eau vive des-
tiné à rafraîchir l’atmosphère pendant l’été,
on a planté çà et là des touffes d' Anthurium
Scherzerianum qui se développent en per-
fection et paraissent absolument chez elles.
En face, sur le bord opposé du ruisseau,
sur un terrain plus plan et plus profond,
des expériences d’un autre genre se pour-
suivent à la villa Saint-Jean. Bien que le
lieu soit plus froid que certains jardins du
quartier de la Californie , de Cannes-
Eden ou du golfe Juan, S. A. le
comte de Paris a planté une collection de
Palmiers et de F ougères qui donneront cer-
tainement lieu à de précieuses observations.
Nous y avons noté, parmi les Palmiers, les
Areca Verschaffelti, A. sapida, A.
Bauerij Kentia Balmoreana et K. Fors-
teriana, Ceroxylon Andicola^ Chamœ-
doy^ea elatior, Cocos flexuosa, C. Wed-
delliana, Ptychosperma Alexandrce, etc.
La plupart de ces espèces sont, déjà repré-
sentées dans d’autres jardins de Cannes;
mais il sera bon de suivre ici les plus déli-
cates, et de constater à quel abaissement de
température elles pourront résister.
La collection de Fougères, en forts exem-
plaires, est des plus intéressantes, et les
espèces arborescentes telles que : Balan-
tium antarcticum, Cyathea medullaris,
Beyrichiana, dealbata, Cihotium Schie-
deanum, Alsophila australis, excelsa,
Lomaria cycadifolia, se comportent comme
dans leur pays natal. Parmi les formes her-
bacées qui prospèrent, on peut noter les
Asplénium laxum, Bellangeri, Blechnum
acrostichoides, sans compter plusieurs
Pteris, qui viennent si bien à Cannes dans
les jardins ombragés.
En continuant la promenade, on arrive, à
travers des taillis d'Erica arhorea et d’ Ar-
bousiers, au petit jardin où le prince cultive
les Orchidées indigènes dont il est grand
amateur, et dont il ne manque jamais de
rapporter de nouveaux exemplaires dans ses
courses à travers les montagnes du littoral.
Quelques espèces italiennes et alpines s’a-
joutent aux types français. Nous y avons
relevé les noms suivants : Ophrys lutea,
Orchis fragrans, Rohertiana, elata, hom-
bylifera, longicornu, variegata, ciliata,
papilionacea , tenthredinifera , Mum-
PROMENADES DANS LES JARDINS DU MIDI.
23
hyana, sans parler des espèces plus com-
munes qui ont été plantées, en petits groupes
épars, dans l’intérieur du bois, parmi des
gazons de Cyclamens qui produisent le meil-
leur effet.
Nous aurions encore à noter les Cycadées,
les Dasylirions, les Musa Ensete, plantés
par M. Bidon sur une pelouse de Saxifraga
sarmentosa, les Latanias en avenue, les
Corypha australis, un Phœnix reclinata
très-fort et en fruits, et autres bonnes plantes
que nous avons rencontrées dans ce jardin;
mais nous ne saurions terminer cette visite
rapide sans citer une plante hors ligne,
dont nous n’avons pas vu de similaire sur la
côte méridionale. C’est un Palmier, un fort
exemplaire de Cocotier, de la tribu des espè-
ces à tronc court, comme le Cocos australis
et ses variétés, dont il a l’aspect d’ensemble.
Mais au lieu de porter des feuilles glauques
et des pinnules étroites et distantes, cette
espèce est représentée ici par un exemplaire
acaule pourvu de dix- huit feuilles recour-
bées, longues de 3 mètres, sortant de gaines
lacérées, réticulées, grises, à pinnules vert
foncé, non glauques, larges et aiguës, qua-
drinervées et à côte médiane mince et très-
saillante, et surtout à pétioles et rachis
robustes, très-dilatés à la base, d’un rouge
violacé terne et noirâtre. La plante est là
depuis longtemps et a été reçue sous le nom
de Cocos insignis (1). Quelques recherches
permettront sans doute d’élucider ce qui
concerne son histoire et son véritable nom.
Beux autres jardins de Cannes, ceux de
MM. Dognin et d’Éprémesnil, sont dignes
maintenant d’occuper nos loisirs, et les
nouveaux faits de végétation qu’ils nous ont
révélés, comme on le verra, ne manquent
pas d’importance au point de vue horticole.
Le jardin de M. Dognin vient de s’enrichir
d’une collection de Palmiers rustiques très-
remarquable. Cet amateur émérite a déplacé
de très-forts spécimens déjà plantés dans sa
propriété, et pour lesquels il a choisi aussi
des emplacements mieux appropriés. Il a ac-
quis aussi de M. Mazel quelques gros exem-
plaires qui faisaient la gloire de ce petit en-
clos du golfe Juan d’où tant de belles plantes
sont déjà sorties. Grâce à un lot de Cocotiers
vraiment unique, M. Dognin, vaillamment
(1) Le Cocos insignis, Martius, connu aussi sous
le nom Je Glaziova insignis, est une espèce à
feuillage fin, originaire des terres chaudes du
Brésil.
secondé par son jardinier- chef, M. Riffaud,
a créé une scène charmante auprès de son
habitation de la villa Valetta. Sur les bords
d’un petit vallon qui descend rapidement
à une pièce d’eau entourée de rochers, une
demi-douzaine de Cocos flexuosa, Roman-
zoffiana, Syagrus majestica, etc., dressent
de superbes fûts de colonnes éburnéennes
empanachées de leur feuillage plumeux, et
de grosses touffes de CocÔs campestris ou
Bonneti arrondissent à leurs pieds leurs
nombreuses frondes recourbées et glau-
cescentes. Ce petit coin de terre est vrai-
ment enchanteur, et la décoration des
jardins par la végétation tropicale, entendue
de celte manière, est vraiment une chose
supérieure. Des Chamœrops Martiana, Sa-
bal Havanensis et umbraculifera, Jubœa
Torallyi, Brahea 7iitida, Syagrus divers,
et autres Palmiers représentés par de très-
forts spécimens, ont été apportés à grands
frais delà même localité et ne paraissent pas
avoir souffert d’une déplantation soigneuse-
ment effectuée. Plusieurs de ces arbres ont
été transplantés avec des mottes de 10,000
kilog.
La végétation de ce beau jardin est de
plus en plus florissante. Les Araucai'ia
Bidwilli, excelsa, Baumamii, Rulei, s’y
développent avec une étonnante vigueur ;
les régimes des Musa Ensete pendent,
énormes, sous le poids de leurs nombreuses
graines mûres ; VAreca sapida est couvert
de ses petits fruits rouges oblongs, prêts à
être semés ; d’énormes Agaves fleurissent à
tour de rôle, et VA. liystrix laisse tomber
les graines noires de ses capsules, non loin
du rocher où V Opuntia timicata Dogni-
7iiana hérisse formidablement ses rameaux
cylindracés et couverts d’aiguillons blancs.
Dans les jardins du bas, formant la seconde
propriété de M. Dognin, et qu’il a nommée
Camille Amélie, nous avons de nouveau pris
les dimensions de deux arbres magnifiques,
que les amateurs des curiosités végétales
exotiques du midi de la France commencent
à bien connaître.
Le premier est un Araucaria excelsa
planté en avril 1871. Il mesure 13™ 50 de
hauteur; la circonférence de son tronc est
de 1™10, et le diamètre de ses verticelles
atteint 8 mètres.
Le second, un exemplaire unique, est le
beau Cocolier situé au pied d’un rocher,
au bord de l’eau. Nous aurons occasion de
PROMENADES DANS LES JARDINS DU MIDI.
reparler de ce bel arbre dans un article
spécial.
D’ailleurs des notes détaillées sur quel-
ques plantes rares du jardin Dognin paraî-
tront ici à leur date, et nous avons hâte de
passer au golfe Juan, où nous attend la villa
des Cocotiers, à M. le comte d’Eprémesnil.
Une description détaillée de cette pro-
priété ne peut être faite ici en peu de mots.
Il suffira de déclarer qu’aujourd’hui les
collections de plantes rares qu’elle contient
sont les plus complètes du littoral. Palmiers,
Gycadées, Aroïdées, Cactées, Agaves, Bam-
bous, y sont représentés par de forts exem-
plaires qui, grâce aux soins assidus du jar-
dinier-chef, M. Chevrier, atteignent d’éton-
nantes proportions. C’est ainsi que le fameux
Pritchardia fdifera, le plus fort qui existe
aujourd’hui en Europe, et dont nous avons
donné les proportions dans la chronique du
numéro précédent, forme une touffe de di-
mensions imposantes sur le bord de la route,
au milieu d’un bosquet d’autres Pritchar-
dias, de Cocotiers, de Palmiers divers, au
milieu desquels on arrive par une allée de
Bambous partant de la route d’Antibes.
Le petit jardin creux, entouré de rochers,
formant un abri naturel, qui est situé au
bas de ce talus de Palmiers, contient de
précieuses raretés. Le Cocos Maximiliana
(qui nous paraît le même que ses voisins
étiquetés C. lapidea et C. Datiï) ; les Pty-
chosperma Alexandrœ, Livistona fiUfera,
Thrinax ChucOy Cocos Maria-Posa, Bra-
hea egregia, B. Bœzlii, Phoenix .rupi~
cola, Syagrus majestica, Chamærops Mar-
tiana, etc., sont autant de belles espèces,
soit déjà éprouvées, soit encore à l’essai,
mais donnant toutes, par leur vigueur, les
meilleures espérances. La tribu des Cocos
flexuosa et Bomanzofjiana est représentée
par des centaines d’exemplaires qui justi-
fient pleinement le nom donné à la villa.
Sans parler des collections variées, sur
lesquelles nous aurons à publier d’intéres-
sants faits de culture, il convient d’attirer
principalement l’attention sur deux plantes
hors ligne. La première est une magnifique
Araliacée. C’est un Oreopanax qu’à pre-
mière vue on prendrait pour une espèce
nouvelle et que M. Marchai lui-même, le
savant monographe des Hédéracées, n’a pu
rapporter à aucune espèce connue. Ce n’est
pas une espèce, mais une variété ou un
hybride issu de l’O. dactyli folium. Nous
l’avons nommé O. d. Epremesnilianum,
et il a été décrit dans le dernier numéro de
la Bevue horticole (1).
La seconde plante est un Palmier encore
peu répandu, le Brahea Boezlii. Avec son
port dressé et ses belles feuilles raides, fla-
belliformes, d’un port élégant, il revêt une
nuance d’un blanc argenté de l’eflet le plus
saisissant. Cet effet s’accroît à mesure que
la plante grandit, et nous ne doutons pas du
grand succès qu’atteindra celte espèce lors-
qu’on en possédera des exemplaires adultes.
Une des curiosités de la villa des Coco-
tiers est la grotte aux plantes tropicales.
Beaucoup de plantes défieraient les hivers
dans cette région, si elles étaient protégées
contre quelques abaissements subits de tem-
pérature nocturne, rares, il est vrai, mais
qui peuvent se produire. M. le comte d’Épré-
rnesnil a eu l’idée d’utiliser, pour ces plantes
délicates, un creux naturel, taillé dans le
roc, et qu’il a couvert d’un chapeau en treil-
lage, tamisant à la fois la lumière et formant
écran contre la gelée. L’ensemble est très-
pittoresque, et la Bevue horticole en pu-
bliera prochainement un dessin avec la liste
complète des plantes contenues dans cette
ingénieuse serre-abri.
La matière est inépuisable; mais il faut
nous borner cette fois, nous réservant de
reprendre nos notes en détail, en faisant
passer sous les yeux de nos lecteurs les faits
horticoles les plus frappants de cette contrée
où les observations se présentent à chaque
pas, heureux pays où, suivant un mot cé-
lèbre, (C il n’y a qu’à regarder pour voir des
merveilles. » Ed. André.
(1) Voir Eev. hort., 1882, p. 557.
Xmp. Georges Jncob , — OrJéan».
CHEONIQUE HORTICOLE
Le temps. — Constatons d’abord que,
sans l’almanach, qui nous a rappelé que
l’hiver des astronomes — l’hiver officiel,
pourrait-on dire — avait commencé le
21 décembre, ce dont on ne se serait guère
douté, rien n’était changé à la saison d’au-
tomne : presque constamment de la pluie
et du brouillard, et toujours l’absence de
soleil. Quant à la température, elle s’est
généralement élevée de -}- 5 à -J- 10 le ma-
tin depuis le 15. Le jour le plus remar-
quable sous ce rapport est le l^r janvier :
près de 12 degrés au-dessus de zéro le ma-
tin, avec un soleil magnifique. Toutefois,
le soir la pluie a recommencé, et les choses
ont repris leurs cours... anormal.
Aussi la végétation se fait-elle sentir; les
yeux de certains végétaux, qui étaient ar-
rêtés, se gonflent, et dans les pépinières
beaucoup de jeunes « scions n’ont même
pas perdu leurs feuilles. Peut-on conclure
que nous sommes sauvés, qu’il n’y aura pas
d’hiver? Le pronostic serait hasardé.
Expositions internationales d’horti-
culture. — Rappelons que celte année plu-
sieurs grandes expositions internationales
devront avoir lieu ; celle de la Société royale
d’agriculture et de botanique de Gand se
tiendra à Gand du 15 au 22 avril 1883; celle
de la Société russe d’horticulture se tiendra
à Saint-Pétersbourg du 17 au 28 mai 1883.
A l’occasion de cette dernière exposition,
il se tiendra un congrès d’horticulture au-
quel tous les étrangers, exposants ou non,
seront priés de prendre part.
Cette exposition coïncidera avec le 25® an-
niversaire de la fondation de la Société
russe d’horticulture, ce qui contribuera en-
core à donner à celte fête horticole un
attrait tout particulier .
Enfm, l’exposition d’Amsterdam, qui
aura lieu en mai 1883, sera une solennité
où l’horticulture jouera un rôle très-impor-
tant. Nous engageons les horticulteurs
français qui désireraient y prendre part à
se hâter ; le délai est fixé au 10 janvier. S’il
y a quelques exceptions à faire en faveur
des produits de l’horticulture, elles ne tar-
deront guère à cesser, et la prohibition at-
teindra les retardataires.
Le camphre destructeur des vers de
terre. — R y a quelque temps (Revue
horticole, 1882, p. 446), nous avons repro-
duit les dires d’un abonné de ce journal
concernant la destruction des lombrics à
l’aide du camphre. Sans émettre de doute
sur l’efficacité de ce procédé, nous conseil-
lions alors d’en faire une vérification, de
manière à pouvoir affirmer le fait ou bien à
mettre en garde contre lui dans le cas où des
circonstances locales ou exceptionnelles au-
raient déterminé des résultats défavorables.
Aujourd’hui un autre abonné, M. Dubois,
directeur du Crédit foncier de France à
Agen, nous informe qu’il a expérimenté et
obtenu de bons résultats. Voici ce qu’il
nous écrivait à la date du 22 décembre
dernier :
.... Vous demandez qu’on fasse des expé-
riences avec du camphre pour arriver à dé-
truire les vers de terre. Eh bien! j’en ai fait, et
ces expériences sont concluantes. Après avoir
fait préalablement dissoudre du camphre dans
de l’eau-de-vie, j’ai mis le tout ensemble dans
de l’eau ordinaire. Avec 50 centigrammes de
camphre et moins d’un quart de litre d’eau-de-
vie, j’ai fait 2 litres de cet ingrédient, puis j’ai
laissé reposer pendant deux à trois jours, j’ai
passé le mélange, et j’ai versé un demi-verre à
un verre — suivant la grandeur des vases et la
force des plantes — même à des espèces déli-
cates, par exemple à V Amaryllis undulata. Le
lendemain, les vers, qui encombraient mes
vases, étaient tous morts. Le remède est donc
facile, efficace et sans danger pour les plantes,
qui n’en sont nullement affectées et dont la
végétation n’est même pas retardée.
Pomme de terre Éléphant blanc. —
Les journaux anglais et américains font
grand bruit autour de cette nouveauté qui,
assure-t-on, est très-méritante, et dépasse
en qualité et en rendement tout ce que
l’on connaît jusqu’ici. En 1881, elle a reçu
un certificat de mérite de la Société royale
d’horticulture de Londres.
La Pomme de terre Éléphant blanc est
regardée comme un hybride entre les va-
riétés Garnet Chili et White Peacblow.
Si les attestations étaient une preuve de
mérite, il faut reconnaître que la variété
en question serait , à tous les points de
2
16 Janvier 1883.
26
CHRONIQUE HORTICOLE.
vue, bien supérieure à ce qu’on connaît
jusqu’ici. .Maintiendra-t-elle la réputation
qu’on lui fait, et surtout la justifiera-t-elle ?
Espérons-le.
En attendant que l’expérience, en France,
ait justifié les nombreux mérites que l’on
accorde à cette nouveauté, nous pouvons
dire que, d’après l’examen que nous avons
fait d’un bon nombre de tubercules, ceux
dont la forme ressemble beaucoup aux va-
riétés Saucisse et Early rose ont les yeux
rares et peu enfoncés ; la peau, lisse et
unie, est légèrement rosée ; la chair, très-
douce, est d’un beau jaune.
La vapeur de nicotine comme moyen
de destruction des insectes. — Ce pro-
cédé, dont l’invention est due à M. Boizard,
jardinier de la baronne de Rothschild,
à Paris, est sans aucun doute ce qu’il y
a de mieux jusqu’ici pour la destruction
des insectes dans les serres. En effet, son
application est des plus faciles, et on ne
connaît pas d’insecte qui puisse résister à
son action. Le procédé consiste à vaporiser
de la nicotine dans les serres, ce qui peut
se faire à l’aide d’un vase quelconque dans
lequel on met la nicotine et que l’on place
sur un fourneau, pour déterminer l’éva-
poration. Nous reviendrons prochainement
sur ce procédé en faisant connaître un ap-
pareil spécial et les précautions principales
à prendre pour assurer une bonne exécu-
tion du travail.
École d’arboriculture de la ville de
Paris. — Les élèves inscrits pour l’année
scolaire 1882-83 sont au nombre de 41.
En voici la liste :
MM. Allongé (Seine). — Auboyer (Saône-et-
Loire). — Autier (Suisse). — Berger (Dor-
dogne). — Bernadet (Saône-et-Loire). — Blin
(Ille-et-Vilaine). — Boulay (Loir-et-Cher.) —
Gliabannes (Seine). — Champagne (Seine-
Inférieure). — Chantepie (Seine). — Chapat
(Seine). — Coste (LoD. — Crétier (Allier). —
Dagavarian (Turquie d’Asie). — Delange (Orne).
— Delille (Seine). — Ducrocq (Seine). — Fays
(Seine). — Huszarick (Hongrie). — Jacquet
(Seine). — Joly (Suisse). — Jourancl (Côtes-
Ou-Nord). — Lamy (Seine). — Laurent (Seine).
— Lecœur (Seine). — Lecornec (Côtes-du-
Noi’d). — Lemeunier (Orne). — Lenoir (Man-
che). — Lepage (Seine). — Levillain (Orne).
— Malfuson (Aisne). — Marais (Vendée). —
Marin (Aisne). — Messori (Seine). — Moreau
(Nièvre). — Noguès (Hautes -Pyrénées). —
Pique (Séine-et-Oise). — Rassiguer ('Haute-
Garonne). — Salvadori (Italie). — Schaettel
(Alsace). — Vuillet (Jura).
Opinion de feu M. Tourasse sur la
transformation des yeux en boutons.
— Dans un pli cacheté qui se trouvait dans
les papiers de feu M. Tourasse, et adressé
à la Société nationale et centrale d’horticul-
ture de France, ce grand ami du progrès
en tous genres a émis l’opinion, la quasi-
certitude même, qu’il était possible, sur un
arbre fruitier à pépins, sur le Poirier no-
tamment, de transformer les yeux à bois
en boutons à fleurs. L’opération, disait la
note, qui est des plus faciles, consiste, à
l’époque où la sève va s’arrêter, soit de
juillet à septembre, à faire deux entailles
transversales, l’une au-dessous, l’autre au-
dessus des yeux dont on veut déterminer
la transformation.
Cette opération a-t-elle été pratiquée par
cet homme à|qui, du reste, l’horticulture
doit la connaissance de certains procédés
reconnus avantageux, ou bien n’est-ce
qu’une hypothèse? Quoi qu’il en soit, l’idée
paraît] être nouvelle, et comme elle n’est
contraire à aucune des lois physiologiques
connues, nous conseillons de l’essayer, en
variant même les époques, de manière à voir
si l’état dans lequel se trouvent les yeux au
moment où Ton fait l’opération n’aurait
parfois pas une certaine influence sur le
résultat.
Encore une erreur par synonymie.
— Notre collègue, M. Cusin, secrétaire gé-
néral du Congrès pomologique, nous adresse
la note suivante :
Le Congrès pomologique a, depuis long-
temps, admis parmi les bons fruits la Poire Rési
de Chaumontel, originaire du département de
Seine-et-Oise ; ce bon fruit d’hiver dont le pied-
mère est mort à Chaumontel dans l’hiver mé-
morable de 1789.
C’est donc un fruit bon et ancien, deux qua-
lificatifs qui prédisposent à croire qu’il n’a pas
dû rester cantonné en France. Aussi les Alle-
mands Font-ils adopté, et, traduisant en leur
langue le nom de Beurré d’hiver que Duhamel
avait donné au Bési de Chaumontel, ils en
firent le Wmter Butterhirne, qui veut dire
Poire beurrée dliiver.
Lorsque le fruit nous est revenu d’Alle-
magne, nos arboriculteurs, sans chercher plus
avant, se sont empressés de traduire de non-
CHRONIQUE HORTICOLE.
27
veau et en partie le prétendu fruit nouveau, et
l’ont baptisé Wintey^ beurré.
Toute cette histoire plaide-t-elle en faveur
de ceux qui veulent que l’on conserve scrupu-
leusement le nom de la langue d’origine? Sans
doute, si nous pouvions faire la loi dans les
pays étrangers; mais comme il en est autre-
ment, j’estime que l’application de ce principe
ne résoudrait rien et qu’elle ne servirait qu’à
foire estropier les noms plus ridiculement.
Quoi qu’il en soit, la facilité avec laquelle la
Poire Bési de Gliaumontel joue dans sa forme
et sa grosseur prête étrangement à l’illusion.
Voilà pourquoi on a invité la commission des
études pomologiques à donner son appréciation
sur le nouveau Winter beurré, et c’est ce qui
nous engage à prévenir les arboriculteurs, afin
qu’ils se tiennent en garde contre le Winter
beurré, qu’ils pourraient croire venu récem-
ment de l’Allemagne ou de l’Angleterre (le mot
Winter se trouvant dans les deux langues).
Arrosage des Bruyères pendant l’hi-
ver. — En général, les Bruyères redoutent
Peau sur leurs feuilles, de sorte qu’il ne faut
jamais les arroser à la pomme. En hiver,
dans les serres, c’est encore plus grave; en
effet, non seulement cette humidité déter-
mine -la chute des feuilles, mais même la
coulure des fleurs. C’est à ce point qu’un
de nos meilleurs cultivateurs en ce genre,
M. Gentilhomme, se sert d’une sorte d’en-
tonnoir dont le tube d’écoulement, qui est
très-long, peut avoir son extrémité posée
sur les pots qu’il s’agit d’arroser, afin que
l’eau arrive sur la motte sans toucher du
tout aux feuilles. Cette précaution est d’au-
tant plus nécessaire que les plantes sont
plus serrées, et surtout lorsque la serre est
moins éclairée et le temps plus sombre.
Ravages du phylloxéra dans le dé-
partement de l’Hérault. — Une [note de
M. Marès, président de la commission phyl-
loxérique de l’Hérault, publiée dans la Yigne
américaine de décembre 1882, donne les
chiffres suivants, qui montrent que le mal va
constamment en s’aggravant : en 1880,
19,000 hectares furent détruits ; en 1881,
20,427 ; en 1882, 26,267. Par contre, on voit
les plantations de Vigne saméricaines suivre
une progression croissante. Ainsi, en 1880,
ces Vignes occupaient 2,624 hectares; en
1881, 5,162, et en 1882 elles occupaient une
surface de 10,918 hectares.
Brahea Roezlii. — On se souvient en-
core de l’étonnement ressenti par tous les
amateurs de Palmiers, dans le midi de la
France, lorsqu’on eut essayé pour la pre-
mière fois en pleine terre, en 1877, le Prit-
chardia filifera. En quelques mois, les
jeunes sujets prirent une vigueur qui les
rendait méconnaissables. Au lieu d’une
plante frêle et rachitique, comme tous les
exemplaires cultivés en pots, on vit cette
magnifique espèce se développer avec une
véritable fougue de végétation qui ne s’est
pas ralentie depuis. Nous avons dernière-
ment donné les dimensions de quelques-
unes de ces plantes.
Eh bien ! une autre espèce, appartenant
à un genre [voisin (sinon au même genre,
car le Pritcliardia filifera est synonyme de
Brahea /lïamenfosa), présente actuellement
des qualités ornementales qui paraissent
égaler, sinon surpasser celles du premier.
C’est le Brahea Boezlii, introduit égale-
ment par M. Pmezl du Far- West des États-
Unis d’Amérique, et qui vient de se révéler
comme un Palmier de premier ordre. Nous
venons d’en admirer une plantation remar-
quable dans le jardin de M. le comte
d’Éprémesnil, [au golfe Juan (Alpes-Mari-
times). Ce sont les plus forts exemplaires
qu’on trouve sur le littoral. Les plantes ont
leur feuillage en éventail (flabelliforme)
comme le Pritcliardia fdifera ; mais ce qui
les distingue à première vue de toutes les
autres espèces, c’est le teint bleu argenté
de ce feuillage, nuance unique dans cette
famille, et qui fait du Brahea Roezlii une
espèce du plus haut intérêt décoratif. Ajou-
tons que cet arbre paraît absolument rus-
tique sous le climat méditerranéen.
Nouvelles espèces de Primevères. —
Les récentes explorations dans l’extrême
Orient viennent de révéler de nouvelles
espèces de Primula destinées, sans nul
doute, à acquérir une rapide renommée dès
qu’elles seront répandues dans les collec-
tions. Nous prenons les devants en signa-
lant aux amateurs de ce beau genre les
espèces suivantes, annoncées tout dernière-
ment en Angleterre :
Primula Dickieana. Feuilles elliptiques
obovales ; fleurs jaunes.
P. elongata. Feuilles lancéolées élargies;
fleurs jaunes brillantes.
P. Elwesiana. Feuilles larges lancéolées;
grandes fleurs en entonnoir.
28
CHRONIQUE HORTICOLE.
P. Gamheliana. Feuilles orbiculaires,
cordiformes ; fleurs pourpres.
P. Kingii. Feuilles elliptiques lancéolées
aiguës ; fleurs rouge vineux clair.
P. ohstusifolia Griffithii. Feuilles ovales
cordiformes ; grandes fleurs d’un pourpre
brillant.
P. pulchra. Feuilles ovales oblongues;
grandes fleurs pourpres.
P. soldahelloides . Charmante petite
plante ; feuilles ovales crénelées ; fleurs
blanches.
P. unifiora. Feuilles très-petites, orbicu-
laires; grandes fleurs lilas pâle.
P. Waiiw. Feuilles oblongues lancéolées;
fleurs pendantes, assez grandes, violacées.
Il faut remarquer que toutes ces plantes
sont des espèces, des types sauvages, et que
l’industrie des hybridateurs pourra s’exercer
sur elles d’une manière probablement heu-
reuse.
Anthurium Andreanum. — Nous ap-
prenons de M. David Thomson, le savant et
habile jardinier en chef du duc de Buc-
cleugh, à Drumlanrig (Écosse), qu’il pos-
sède actuellement des exemplaires de cette
Aroïdée qui ont produit l’été dernier de
nombreuses fleurs (spathes) de 17 cen-
timètres 1/2 de longueur sur 12 centimè-
tres 1/2 de largeur. Les feuilles étaient
énormes, proportionnelles aux fleurs,
et l’aspect de ces plantes était saisis-
sant. M. Thomson ajoute quelques notes de
culture qu’il peut être intéressant de repro-
duire. Il cultive V Anthurium Andreanum
dans la serre aux Orchidées de l’Inde {Æri-
des, Saccolahium, Vanda, etc.). Le sol
qui paraît le mieux lui convenir est un com-
post par parties égales de terre de bruyère
fibreuse et de sphagnum, avec des mor-
ceaux de crottin de cheval bien séché et de
grattures de corne. Les plantes sont placées
dans des pots fendus.
Un singulier empoisonnement. — Les
journaux coloniaux de l’Angleterre vien-
nent de nous révéler le plus singulier cas
d’intoxication végétale qui se puisse ima-
giner. Le fait s’est passé dans la Guyane
anglaise, tout récemment. Ln voyageur,
égaré dans une des profondes forêts vierges
de cette contrée et souffrant de la soif, eut
l’idée de couper, pour se désaltérer, une
de ces branches d’arbres qu’on trouve fré-
quemment de la zone intertropicale, et qui
fournissent une sève rafraîchissante. Après
avoir absorbé le liquide séveux, il eut la ma-
lencontreuse idée de !’(( appuyer d par une
gorgée de rhum. Peu d’instants après, il se
tordait dans d’horribles convulsions, et mou-
rait après une agonie affreuse. Son corps fut
rapporté à l’hôpital, et l’autopsie fit décou-
vrir qu’il avait les intestins littéralement
(( scellés » par du caoutchouc. Le malheu-
reux avait absorbé la sève liquide du Mi-
musops Balata, qui présente la propriété
de se coaguler et de se durcir dans l’alcool.
Avis aux voyageurs-explorateurs des con-
trées lointaines ; ils ne devront s’aventurer
à consommer les produits végétaux naturels
qu’après avoir suivi l’expérience des indi-
gènes du pays.
Magnolia Campbelliæ. — Cet arbre de
l’Himalaya, que sir Joseph Hooker a fait
connaître dans ses Himalayan Plants, et
qui a fait tant de bruit lorsque M. W. Bull
l’introduisit vivant en Europe, a fait der-
nièrement l’objet d’une note . publiée dans
les journaux horticoles anglais. On y rela-
tait qu’un bel exemplaire se voyait actuel-
lement à Crawford, mais qu’il n’avait pas
encore fleuri, et que les fleurs de cette es-
pèce n’avaient pas encore paru en Europe.
Nous pouvons rectifier l’assertion de notre
confrère. Un superbe exemplaire du Ma-
gnolia Campbelliæ, un véritable arbre, est
planté sur une des pelouses de la villa
Franzosini, à Intra(lac Majeur), et tous les
ans il s’y couvre de^ magnifiques fleurs ro-
ses; nous l’avons vu, il y a quelques années,
ayant déjà atteint de fortes dimensions.
Nous croyons savoir également qu’un autre
beau pied fleurit chaque année chez
MM. Rovelli frères, horticulteurs à Pal-
lanza, également sur le lac Majeur. Cet
arbre paraît nécessiter d’assez grandes
sommes de chaleur pour épanouir ses
fleurs qui sont de la plus grande beauté.
Nécrologie : M. W. Sargent. — Quoi-
que ne faisant pas partie de l’horticulture eu-
ropéenne, M. Winthrop Sargent, qui vient de
mourir à Wodenethe, sur la rivière Hudson
(États-Unis), à l’âge de soixante-douze ans,
appartient à l’histoire de l’art des jardins
et a droit à nos regrets. Nous ne sau-
rions oublier qu’il a été l’ami et l’élève de
Downing, le célèbre architecte-paysagiste
‘29
QUELQUES PLANTES UES JARDINS DOGNIN, A CANNES.
qui a transporté aux États-Unis l’art des
parcs anglais de la grande école du
XVIIU siècle. M. W. Sargent, qui a
publié une édition remarquablement an-
notée et argumentée du livre de Downing,
avait fait de sa résidence de Wodenetlie un
des plus beaux parcs de l’Amérique du
Nord. Son nom se rattache aussi à l’horti-
culture pratique par ses nombreux essais
de culture des végétaux rustiques dans le
climat qu’il habitait
M. Jules de Liron d'Airoles. — Nous
avions appris, mais trop tard pour l’insérer
dans le précédent numéro de la Revue hor-
ticole, la mort du doyen de l’arboriculture
fruitière française, de M. Jules de Liron
d’Airoles. L’occupation favorite — on
pourrait dire la passion — de toute sa vie
était l’étude des arbres fruitiers. Il est mort
à Nantes dans les premiers jours du mois de
décembre 1882, à l’àge de quatre-vingts ans.
M. Jules de Liron d’Airoles était un
fécond publiciste; il a laissé de nombreux
et importants travaux pomologiques, qui
pendant longtemps rattacheront son nom
à l’arboriculture.
Depuis longtemps sa vue s’alfaiblissait
très-sensiblement, ce qui l’aftectait beau-
coup, et il est mort presque complètement
aveugle.
Un bon livre : Les plantes pota-
gères (1). — Ainsi que l’avaient promis les
auteurs, MM. Vilmorin, ce livre si impa-
tiemment attendu vient de paraître. Il
suffit, pour en faire ressortir la valeur, de
dire qu’il est le pendant des Fleurs de
pleine terre, publié par la même maison ;
ce sont deux ouvrages indispensables
qui, seuls, peuvent suffire â beaucoup
de gens, par cette raison qu’ils compren-
nent à peu près tout ce qu’on rencontre
dans la plupart des autres. Aussi notre in-
tention, ici, n’est-elle pas de l’analyser,
encore moins de le recommander. Du reste,
une analyse, quelque longue fùt-elle, pour-
rait à peine donner une idée de cet ouvrage ;
quant à le recommander, ce serait peine
perdue : un tel livre ne se recommande pas ;
il suffit de l’annoncer.
Outre son mérite pratique, qui est consi-
dérable, ce livre, grand m-oc^auo déplus de
600 pages, imprimé avec le plus grand
soin sur beau et fort papier, comprend
625 gravures intercalées dans le texte. C’est
donc un ouvrage d’une utilité incontestable
en même temps qu’un livre de luxe, ce qui
lui assure une place dans toutes les biblio-
thèques.
E.-A. Carrière et Ed. André.
QUELQUES PLANTES DES JARDINS DOGNIN, A CANNES
En décrivant les heureuses transforma-
tions apportées récemment à la disposition
des plantes rares de cette belle propriété (1),
nous avons parlé de transplantations de
gros exemplaires de Palmiers et autres vé-
gétaux, opérées l’été dernier avec grand
succès, sous l’habile direction du jardinier
en chef, M. Riffaud. Il n’est pas sans inté-
rêt de publier les dimensions de quelques-
unes de ces plantes qui ont été enlevées au
milieu de la grande chaleur, en spécimens
déjà forts, dont plusieurs avaient des mottes
pesant 10,000 kilogrammes. Les amateurs
encore timorés y verront une confirmation
de ce que nous avons déjà dit bien des fois:
que les Palmiers rustiques sont la parure
exotique par excellence de la région médi-
terranéenne, et qu’on ne saurait trop en
planter. Jeunes ou adultes, à tout âge ils
(1) Voir Revue horticole, 1882, p. 117.
reprennent parfaitement avec un peu de
soin et dans la saison appropriée.
Indépendamment des gros exemplaires
récemment transportés, les deux villas de
M. Dognin (Valetta et Camille-Amélie) sont
remplies de Palmiers formant de véritables
bosquets. Le.s Cocotiers brésiliens, les Cha-
mærops de Chine et ceux d’Algérie, les
Corypha australis, Pritchardia füifera en
masse, Lataniers, Dattiers divers, y sont
déjà représentés par des centaines d’exem-
plaires de toute beauté. L’aspect tropical
s’accentue de jour en jour dans cette belle
résidence, et les motifs d’instruction s’y
accumulent, au grand profit de la science et
de l’art des jardins.
La liste suivante donne l’idée des trans-
plantations récemment effectuées :
(1) En vente chez les auteurs MM. Vilinorin-
Andrieux et G*®, 4, quai de la Mégisserie, et à la
. Librairie agricole de la Maison rustique. — Prix,
broché-cartonné, 12 fr.
30
QUELQUES PLANTES DES JAHDINS DOGNIN, A CANNES.
Cocos Romanzoffiana (1). Stipe 50, cir-
conférence à la base 1"» 45; à i mètre de
hauteur 0™ 85.
Cocos Botryophora. Stipe 6n‘50; circonfé-
rence à la base 30; à 1 mètre de haut»’ 1»»» 03.
Cocos [Syayrus) majestica. Stipe 4 mètres;
circonférence à la base i»»»96; à 1 mètre de
hauteur 1»»»40.
Cocos de Yin'ùnaguas. Stipe C»»» 60; circonfé-
rence à la base 1 »»» 30.
Cocos australis. Stipe i mètre; circonférence
à la base 1"» 55.
Cocos Yatay. Garni de ses feuilles rez-terre;
circonférence du stipe 1»»»G5.
Sabal umhraculifera. Stipe 1»»» 50; circonfé-
rence à la base 2 mètres.
Sahal Havanensis. Stipe 2 mètres de hau-
teur; circonférence à la base 2 mètres.
Livistona australis (Corypha). Stipe 3»»» 25;
circonférence à la base 2 mètres; à i mètre de
hauteur 1»»»05.
Araucaria Bidwilli. Hauteur 7 mètres;
planté petit il y a six ans.
Araucaria exceJsa. Hauteur 9 mètres; planté
petit en 1874.
Araucaria excelsa glauca. Hauteur 9i»i50;
planté petit en 1874.
Yucca filifera. Hauteur totale 5»»» 50; cir-
conférence à la base 2»»» 40; à 1 mètre de hau-
teur 1»»» 18.
Baucarnea tuherculata glauca. Hauteur
totale 3»»» 40 ; circonférence à la base 1»»» 48.
Baucarnea tuherculata viridis. Hauteur to-
tale 3»»» 75 ; circonférence à la base 2»»» 10.
Pritchardia filifera. Stipe 1»»» 50; circonfé-
rence à la base 2 mètres.
Yucca Mazeli. Hauteur totale 6»»» 50, circon-
férence à la base 1»»» 95; àl mètre de hautr 1™ 18.
Yucca Parmentieri. Hauteur totale 3»" 30;
circonférence à la base 1»»» 25.
Thrinax Martiana. Stipe 1»»»80; circonfé-
rence à la base 85 centimètres.
Dasylirium longifolium. Stipe 3 mètres ; cir-
conférence à la base 1™ 60; base très-curieuse
ayant beaucoup de ressemblance avec le caudex
sculpté du Testudinaria.
Brahea nitida. Stipe 2 mètres ; circonférence
à la base 1 »»» 50.
Ai'eca sapida. Stipe 1»" 50; hauteur totale
5 mètres ; base 85 centimètres ; a produit cette
année de nombreuses graines fertiles.
Jubæa spectabilis. Circonférence à la base
2»»» 10.
Livistona sinensis {Latania). Stipe 4 mètres ;
à la base 2»“ 5 ; à 1 mètre de haut, I^IO.
Pammara Brownii. Hauteur 7 mètres.
Les dimensions de toutes ces plantes sont
déjà fort respectables. Elles sont dépassées,
(1) Le Cocos Romanzoffiana a fructifié abondam-
ment; unespathe seule a fourni 4,000 bonnes graines.
chez M. Dognin, par celles du magnifique
Cocotier planté au bas de la propriété, et qui
I fait l’admiration des visiteurs. Cet arbre, le
plus beau de son espèce sur le littoral, et
qui surpasse celui de la villa La Rochefou-
cault, route de Fréjus, à Cannes, a été mis
en place, gros comme un fil, en avril 1874.
I II atteint aujourd’hui 11 mètres de hauteur.
I Sa tige (stipe), droite, élancée, gris blanc,
1 comme une colonne de vieil ivoire, mesure
7'° 30 de haut; elle al *"80 de circonférence
à la base, 92 centimètres à 1 mètre du sol,
et 1»"15 à la hauteur de 4 mètres. Cet étran-
glement singulier se rencontre assez souvent
I chez les Palmiers.
Reçu et planté par M. Dognin sous le
nom de Cocos flexuosa, appellation fré-
quemment employée dans le Midi pour plu-
sieurs espèces encore mal connues, cet
arbre a été e.xaminé avec soin par M. Cha-
baud, de Toulon, qui a cru y reconnaître le
Cocos {Syagrus) hotryophora de Martius.
Nous aimons à croire que M. Chabaud est
dans le vrai. En attendant que la chose soit
dûment confirmée et jugée, nous pensons
faire œuvre utile en donnant une description
sommaire du Cocos hotryophora et sa bi-
bliographie. Les amateurs de Palmiers pour-
I ront examiner si cette description s’applique
bien à quelqu’une de leurs plantes et en fixer
la détermination exacte.
Cocos hotryophora (2).— Arbre de 20 mè-
tres de haut, à tronc droit, irrégulièrement
annelé, de 30 centimètres de diamètre
en moyenne. Frondes (feuilles) longues de
3 mètres et plus, dressées-étalées, à divi-
sions denses, opposées ou disposées en
amas, polyphylles, obliquement adnées au
rachis, linéaires acuminées, un peu cris-
pées, larges de 3 à 5 centimètres. Inflores-
cence à spadice long de 30 centimètres ou
plus; spathe sillonnée longitudinalement ;
fleurs mâles jaune pâle, à pétales charnus ;
fleurs femelles ovales globuleuses. Fruits
en drupes jaunâtres, ovales elliptiques ou
elliptiques, bossuées, longues de 33 à
40 millimètres, rassemblées en grand nom-
bre sur un régime volumineux, d’un bel
aspect. -
(2) Cocos hotryophora, Martius, Palm. 118,
t. 83, tab. 73, D, fig. 3. — Id., in d'Orbigny, Voy.,
VH, 3, p. 98; t. 4, fig. 3, et t. 30, D. — Kunth,
Enum. pL, III, p. 283, n* 4. — Syagriis boti'yo-
phora, Mart. — Atlalea grandis, H. Parraent. —
Cocos Pernambucana, H. Makoy.
CULTURE DES ARBRES FRUITIERS A BRANCHES RENVERSÉES.
31
Le C. hotryophora croît dans les forêts |
vierges de la province de Bahia, non loin j
du rivage de l’Atlantique, principalement
sur les rives du Paraguasu, à Engenho da
Ponté, près de la ville de Caxoeira, à Ca-
manni et sur les bords du Rio das Contas.
On pourrait s’étonner à bon droit qu’une
espèce croissant dans l’une des régions les
plus chaudes du globe (1), et à une très-
faible altitude, puisse supporter les basses
températures du midi de la France. On pour-
rait donc douter que nous ayons affaire ici
au véritable C. hotryophora^ si l’on oubliait
qu’un certain nombre de végétaux des terres
basses de la zone torride, le Jacaranda mi-
mosæ folia par exemple, supportent les hi-
vers d’Hyères, de Cannes et de Nice. Par
contre, les Cocotiers croissant vers le tropi-
que du Capricorne, ou plus au sud, comme
le Cocos Romanzoffiana de la province de
Sainte-Catherine, le C. Mikaniana de la
province de Rio, le C. campestris du sud de
la province des Mines, le C. australis du
Paraguay, etc, paraissent si rustiques que
l’on peut considérer l’expérience comme
concluante et tabler sur des plantations
étendues de ces Palmiers dans la région
méditerranéenne, où ils défient la froidure
et les grands vents du nord et de l’est.
Ed. André.
CULTURE DES ARBRES FRUITIERS A BRANCHES RENVERSÉES
A cette question : Peut- on cultiver les
arbres fniitiers à branches renversées^
qu’on pose encore si fréquemment, et sou-
vent même en émettant des doutes sur la
possibilité d’exécution, on pouvait pourtant,
a priori, répondre affirmativement; une
observation attentive était suffisante pour
cela. En effet, presque tous les genres de
plantes présen-
tant des formes à
branches pen-
dantes et parfois
même très-vigou-
reuses, il était
bien évident que
cette culture était
possible. Les ca-
ractères de posi-
tion : pendants,
dressés, ram-
pants, etc., se
montrant sou-
vent spontanés
chez des indivi-
dus de semis ,
parfois même par-
tiellement sur un
même individu, il était donc tout naturel
de voir que la direction perpendiculaire
au sol, pour être infiniment plus rare que
celle dressée, n’en était pas moins con-
forme aux lois naturelles de l’évolution, et
(1) Le rio Paraguasu coule par une latitude d'en-
viron 12" 30' S. — Kunth, d’après NIartius, a écrit
Peraguaçu, orthographe qui ne paraît pas adoptée
aujourd’hui.
qu’au besoin on pourrait même contraindre
les branches à prendre cette direction. A
quoi, en effet, sont dus les caractères des
plantes, sinon à une habitude qu’elles con-
tractent? Dès lors il suffisait donc de la leur
imposer. Nos coutumes et nos usages jour-
naliers pourraient même au besoin en four-
nir de remarquables exemples. En effet, ne
voit-on pas no^
— membres, d’abord
rebelles à exécu-
ter tel ou tel tra-
vail, s’y habituer
au point que
bientôt ils le font
presque d’eux-
mêmes, sans que
l’homme semble
même y faire at-
tention et sans
presque y penser?
Il y a plus : pour
l’en empêcher, il
faudrait le violen-
ter; ce qui d’abord
paraissait impos-
sible est devenu
I une nécessité. On a dit depuis longtemps
I que Vhabitude est une seconde nature.
! C’est plus encore : c’est la nature même !
j Ces conséquences, que nous tirons de
1 principes étrangers aux végétaux, peuvent
néanmoins s’appliquer à ceux-ci. Pour qui-
conque sait observer, il est facile de voir que
dans la nature tous les faits s’enchaînent;
que des analogies et des équivalents se
32
CULTURE DES ARBRES FRUITIERS A BRANCHES RENVERSÉES.
montrent dans des parties en apparence
complètement différentes, ce qui toutefois
n’a rien qui doive étonner, presque tous
les êtres, végétaux ou animaux, étant com-
posés des mêmes éléments.
Après ces considérations générales qui,
quoiqu’en apparence étrangères à notre sujet
s’y rattachent au contraire, et dont elles for-
ment même la théorie vraiment scientifique,
nous allons traiter la question pratique des
arbres fruitiers à branches renversées.
La première phase, c’est-à-dire l’élevage,
ne présente aucune différence avec les pro-
cédés ordinaires; le choix des sujets est
soumis aux mêmes règles que pour toutes
les autres formes, de sorte que, suivant les
espèces, le sol, le climat, on greffe sur
franc ou sur Coignassier. On laisse monter
le scion en maintenant le long de son axe
des branches fruitières que l’on tient cour-
tés, c’est-à-dire à l’état de coursonnes, et
que l’on supprime même si, absorbant trop
de nourriture, elles tendent à ralentir la
formation de la charpente en lui enlevant
trop de sève. Du reste, ces branches ne
sont que transitoires et doivent disparaître ;
on ne les admet donc que si la végétation
est trop grande et pour modérer celle-ci :
c’est un accessoire. Quand la tige a acquis
la hauteur où doit être placé le premier
étage, on arrête la flèche, afin de faire dé-
velopper les branches dont on a besoin,
lesquelles sont d’abord dirigées et main-
tenues horizontalement à l’aide de baguettes
jusqu’à la distance déterminée; ensuite on
doit leur faire prendre une direction per-
pendiculaire au sol.
Afin d’harmoniser les choses et d’obtenir i
un point de départ régulier et uniforme,
on fixe un cerceau à l’extrémité de la ta-
ble d’où partiront toutes les branches
perpendiculaires, qui alors se trouveront
toutes à la mêm.e distance de la tige qui
forme le centre ou l’axe [de la table. A
partir de ce cerceau, on place soit des fils de
fer, soit des baguettes qui, fixées au sol,
serviront à attacher les branches et à établir
la charpente. Ces sortes de tuteurs ou de
guides seront plus ou moins rapprochés ou
placés diversement, en raison de la forme
que l’on voudra donner à l’arbre. Quant
aux branches, elles devront être attachées
au fur et. à mesure de leur élongation.
Mais, quelle que soit la forme adoptée, si
l’arbre doit s’élever plus ou moins et avoir
I plusieurs étages de branches perpendicu-
laires, il faut veiller à ce que l’axe central
ne s’atrophie pas ; on le maintient en végé-
tation en conservant une sorte d’onglet au-
dessus de la première table, en le rappro-
chant de temps à autre, de manière à en
maintenir la vigueur, tout en le réservant
pour continuer la tige quand la première
partie sera suffisamment établie. C’est alors
qu’on pense à en former une seconde, puis
une troisième si cela est nécessaire, en pro-
cédant chaque fois ainsi qu'il vient d’être
dit pour dresser la première.
Dans le cas où l’on ne voudrait qu’un
étage, on établirait plus haut le point de
départ des branches charpentières, ainsi
que le démontre la figure 6. Si au con-
traire, tout en voulant former plusieurs
étages, on voulait modifier, élargir ou rétré-
cir la|forme, rien ne serait plus facile : il suffi-
rait d’établir cette seconde charpente en con-
séquence, en maintenant la table plus large
ou plus étroite, puis de diriger les parties
perpendiculaires en raison du dessin adopté.
Les principes étant posés, seule l’appli-
cation devra différer, suivant le but qu’on se
propose d’atteindre.
Modification ou transformation des
arbres. — Si l’on voulait changer la forme
d’un arbre, par exemple transformer une
pyramide ou un fuseau en une forme quel-
conque à branches renversées, il faudrait
d’abord supprimer tout ou partie des bran-
ches charpentières, excepté celles qui sont
placées aux endroits où l’on veut établir les
étages, qu’alors on abaisserait autant que
possible de manière à les amener à l’hori-
zontalité, puis à la perpendicularité. Dans
le cas où ces branches seraient trop fortes
pour subir cette opération, il vaudrait
mieux les couper, de manière à en obtenir
de jeuneslquel’on dirigerait facilement, ainsi
qu’il a été dit. Toutefois, l’on doit com-
prendre que ce n’est qu’avec des arbres vi-
goureux et des variétés robustes que l’on
pourrait tenter cette transformation. Ce que
l’on pourrait encore faire, ce serait d’essayer
de les rajeunir au moyen de la greffe, pro -
cédé radical qui consiste à tronquer com-
plètement la tige. Par la greffe en cou-
ronne qui, en général, réussit très-bien sur
les forts sujets, on placerait un nombre
de greffons en rapport avec les dimensions
de l’arbre à transformer, puis, au fur et à
mesure que les bourgeons se développe-
33
CULTURE DES ARBRES FRUITIERS A BRANCHES RENVERSÉES.
raient, on leur ferait prendre une direction
en rapport avec la forme que Ton voudrait
obtenir.
Soins à donner aux arbres à branches
renversées. — Qu’il s’agisse de taille, de
cassage, d’ébourgeonnage, de pinçage, etc.,
ces opérations sont absolument les mêmes
que s’il s’agissait d’arbres dirigés sous les
formes ordinaires. En général, du reste, si
les opérations ont été bien comprises et
faites à propos, la taille est à peu près nulle.
Il faut même prévoir les éventualités fâ-
cheuses, et si une branche est très-faible ou
menace de mourir, on doit tout de suite se
mettre en mesure de la remplacer en proté-
geant un bourgeon convenablement placé,
qui servira de branche de remplacement.
Un moyen très-bon aussi pour maintenir
l’équilibre et la forme régulière des arbres,
c’est, outre le remplacement des parties
défectueuses, la gretfe par approche de
branches vigoureuses sur d’autres plus fai-
bles, de manière à renforcer celles-ci. Cette
opération pourrait même se faire à l’aide
de scions mal placés que l’on supprimerait
quand l’équilibre serait rétabli. Dans le cas
où l’arbre aurait plusieurs étages, on pour-
rait même greffer l’extrémité des branches
charpentières supérieures avec les infé-
rieures, de façon à maintenir l’équilibre gé-
néral et à donner à l’arbre une grande so-
lidité ; alors l’individualité disparaîtrait et
serait remplacée par la collectivité. Ce se-
rait une sorte d’association fraternelle, où
les forces individuelles se confondraient
dans l’intérêt général.
Mais, d’autre part, le système des arbres
à branches renversées, perfectionné, n’est
pas aussi nouveau qu’on a bien voulu le
dire, et, pour être exceptionnel, il y a
cependant longtemps qu’on a formé des
modèles qui pourraient même aller de pair
avec ceux que l’on montre de nos jours, ce
qu’atteste la figure 6 et l’article qui lui est
consacré, que nous trouvons dans la Revue
horticole de 1856, p. 462. Nous allons
reproduire l’une et l’autre.
Poiriers soumis à la forme anglaise, — Le
mode de taille que je soumets aux lecteurs de
la Revue horticole est généralement employé
dans le nord de l’Angleterre, non pas pjar
fantaisie, dans le but d’avoir des arbres
très-fructifères.
Ce mode consiste à planter un arbre-tige et
à ne conserver qu’une seule branche qui, lors-
qu’elle atteint le haut du mur, est coupée, afin
d’obtenir deux branches horizontales. De ces
dernières on abaisse des branches équidistantes
qui })euvent atteindre le lias du mur en deux
ou trois années, dans un sol propice. En peu
de temps, les arbres se couvrent de beaucoup
de bosses à fruits par le travail de la sève qui
circule en sens inverse.
Dans l’opinion de beaucoup de jardiniers an-
glais, ce moyen est regardé comme excellent
pour forcer les arbres à fructifier. J’ai vu, dans
le Yorkshire de longs murs couverts de Poi-
riers en espalier, plantés alternativement
d’arbres taillés en forme horizontale et de la
manière que j’indique, ce qui donnait au mur
un aspect . nouveau et très-original. Plusieurs
personnes m’ont fait observer que ces arbres
exigent beaucoup de soins, parce que la sève,
toujours ascendante, s’efforce de s’échapper par
des branches nouvelles croissant sur les deux
horizontales. La seule chose à répondre à cette
objection, c’est que les Poiriers de toutes formes
exigent un ou deux pincements pendant l’été
et que le mode que j’indique n’en exige pas
plus que les autres. Paul Transon,
Pépiniériste à Orléans.
Cet article, écrit de visu, il y a vingt-six
ans, par un éminent praticien qui, complè-
tement désintéressé, n’avait d’autre but que
de faire connaître un procédé fréquemment
usité en Angleterre et pouvant aussi l’être
en France avec avantage, nous semble de
nature à clore le débat sur les arbres frui-
tiers à branches renversées, et, sinon de
résoudre la question, du moins de la faire
entrer dans une autre phase, dans celle de
l’expérience. La parole est donc aux faits.
Doit-on, de ce qui précède, conclure que
nous recommandons exclusivement ou
même d’une manière toute particulière la
culture des arbres fruitiers à branches ren-
versées? Ce serait un tort ; ce que nous
voulons, c’est démontrer que ce système,
peut-être trop critiqué par les uns et pro-
bablement trop préconisé par d’autres, est
susceptible de nombreuses applications et
qu’il pourrait, dans beaucoup de cas, rendre
de réels services ; mais vouloir l’appliquer
partout et pour tous les arbres pourrait
également .être funeste. Le devoir de tout
homme qui désire faire accepter une chose
qu’il croit bonne, c’est, après en avoir dé-
montré les avantages, d’indiquer les moyens
de la mener à bonne fin, puis de laisser
chacun libre de l’appliquer suivant ses in-
térêts
E.-A, Carrière.
34
TELÜPEA SPECIOSISSIMA.
TELOPEA SPECIOSISSIMA
La plante dont on vient de lire le nom est
une des plus belles et des plus rares Pro-
téacées qui existent. C’est une espèce aus-
tralienne, connue sous le nom vulgaire de
Waratah dans le New South Wales, et que
l’on connaît à peine dans les serres, bien
qu’elle ait été introduite en Europe en
4789, il y a près d’un siècle.
En voici la description : petit arbre très-
glabre, dressé, haut de 2 à 3 mètres, à tiges
simples ou peu rameuses, formant une sorte
de candélabre. Feuilles vertes, pétiolées,
planes, cunéiformes oblongues ou obovales
obtuses, mutiques, incisées dentées, nervées
réticulées, luisantes en dessus et parsemées
de points saillants, longues de 15 à 20 cen-
timètres, larges de 3 à 8 centimètres. Inflo-
rescence en magnifique corymbe de fleurs
rose carmin vif, de la grosseur du poing ou
plus, densiflore; bractées oblongues attei-
gnant jusqu’à 10 centimètres de longueur,
aiguës, finement veinées, les jeunes rousses
pubescentes au sommet ; pédicelles de la
base longs de 2 à 3 centimètres, égalant le
calice un peu tuméfié. Graines à ailes le
plus souvent tronquées (1).
La plante est originaire de Port-Jackson'
et Bathurst, où elle a été trouvée par R.
Brown, Sieber et d’autres botanistes.
Notre désir, en parlant de celte admirable
plante si peu répandue, est d’appeler sur
elle l’attention des amateurs de la région
méditerranéenne, où elle prospérerait sans
doute à l’égal des Hakea, Grevillea et tant
d’autres espèces du New South Wales qui
ornent les jardins depuis Toulon jusqu’à la
Riviera di Levante. Nous ne savons si on
pourrait se procurer l’espèce en France,
mais à coup sûr cela ne serait pas difficile en
Angleterre, où elle est toujours restée en
honneur dans quelques collections de choix.
Les Anglais, passés maîtres dans la cul-
(1) Telopea speciosissima, R. Brown, Trayis.
Soc. Lin.^ 188 et 388. — Rœm. et Schult., Syst.,
3, p. 432. — Reich., Fl. exot., t, 159. — Meisn.
in DG., Prod.., 14, p. 446. — Embothrimn spe-
ciosissimum., Smith, Nov. HolL, I, p. 19, t. 7.
— Willd., Spec.., 1, p. 537. — Bot. Mag., t. 1128.
— E. spathiilatuni, Cav., le., 4, p. 60, t. 388. —
Gæitn., fil. fr., 3, p. 214, t. 218. — Spreng.,
Sysl., 1, p. 483. — E. speciosum, Salisb., Farad.,
p. lit. — Hylogyne speciosa, Knight et Salisb.,
Prot., p. 126.
ture des plantes de serre froide, n’ont ja-
mais complètement délaissé le Telopea
speciosissima, et tout récemment le Gar-
den (2) publiait, avec une belle planche
coloriée, un intéressant article, que nous
croyons utile de traduire, sur la culture
sous verre de cette belle plante.
« Il y a quelques années, dit le journa
anglais, c’est-à-dire vingt-cinq ou trente ans,
les espèces ligneuses appartenant aux fa-
milles des Protéacées, Myrtacées, Éricacées,
étaient l’orgueil des cultivateurs anglais;
mais aujourd’hui c’est plutôt une exception
qu’une règle de trouver une collection im-
portante et bien cultivée de ces plantes,
même dans nos jardins botaniques.
« L’engoûment s’est reporté sur des plan-
tes d’une culture plus facile et se développant
rapidement, car il est bien connu que la
culture des plantes ligneuses demande beau-
coup d’habileté et une attention continuelle.
Rien ne peut surpasser la beauté d’un grand
nombre de ces plantes ligneuses. Parmi
elles, le Waratalion Telopea speciosissima,
de la Nouvelle Galles du Sud, occupe le pre-
mier rang.
« Il appartient à un genre peu nombreux,
composé d’espèces toutes australiennes,
mais dont aucune n’est aussi splendide que
celle-ci. C’est une des plus belles Protéacées
connues.
« Dansjes Montagnes-Bleues, il se déve-
loppe sous la forme d’un arbrisseau de 2“
à 2"^ 50 de hauteur, et ses splendides têtes
de fleurs sont fort recherchées par les indi-
gènes, qui viennent les vendre dans les
villes. On peut voir ‘à Kew, dans la galerie
de M“® North, une peinture qu’elle a faite
du Waratah. Quoique cette plante soit cul-
tivée depuis plusieurs années en Angleterre,
elle y a rarement été vue en fleur.
(( La personne qui jusqu’à ce jour l’a cul-
tivée avec le plus de succès est M. Green,
jardinier - chef chez Sir George Macleay,
Pardell Court, à Bletchingley. A l’une des
séances de la Société royale d’horticul-
ture de Londres, en avril dernier, M. Green
a exposé un Telopea speciosissima portant
de magnifiques inflorescences sur des tiges
minces garnies de longues feuilles. »
(2) The Garden, 1882, p. 600.
LES CORNICHONS A RAMES.
M. Green a donné en ces termes la culture
du Telopea speciosissima : « J’empote le
Telopea dans un mélange de terre franche
très-sablonneuse, avec un peu de terre de
liruyère, des morceaux de charbon de bois
et de pierre sablonneuse, et je dirige toute
mon attention sur un bon drainage. Je mets
les plantes dans une serre froide bien aérée,
et je donne des arrosages modérés jusqu’à
la pleine végétation des plantes et la ma-
turité des rameaux. Je place ensuite les
plantes très-près du vitrage, et je laisse
circuler l’air librement, les sujets devant
profiter du soleil autant que possible.
« La multiplication se fait par boutures de
bois dur, coupées de préférence à la base
des plantes. Les racines sont longtemps à
paraître. Je pique ces boutures tout sim-
plement dans des petits pots remplis de
terre sableuse et de charbon de bois,
sans cloches ; je les place dans un coin
35
de la serre chauffé et je mouille modéré-
ment. y>
En attendant que le procédé de culture
préconisé par M. Green porte ses fruits en
France, et que nous puissions voir à nos
grandes expositions horticoles de beaux
spécimens fleuris du Telopea speciosissima^
émettons le vœu que la culture méridionale
s’empare de cette admirable espèce.
Les collections de cette région s’augmen-
tent et s’épurent de jour en jour, grâce aux
amateurs dont nous citons souvent ici les
noms, et à quelques autres qui entrent
dans la carrière. Favorisées par un climat
qui semble fait pour reproduire les condi-
tions vitales de leur patrie, les espèces aus-
traliennes sont de plus en plus nombreuses
et bien cultivées dans les jardins méditerra-
néens. Nous espérons y voir avant peu de
beaux représentants de la plante que nous
venons do recommander. Ed. André,
LES CORNICHONS A RAMES
Je viens de lire dans la Revue horticole
(16 décembre 1882, p. 555), sous ce titre :
Culture spéciale des Cornichons, un arti-
cle qui a fixé tout particulièrement mon
attention, car je fais depuis plusieurs années
cette culture, à laquelle j’ai donné le nom
de Culture à rames.
C’est M. Paul Loyre, fils de l’inventeur
des bacs Loyre, alors à Nogent-le-Rotrou,
où il s’était retiré après la guerre, qui m’a
enseigné le procédé vers 1872. Je l’ai en-
core pratiqué cette année, et avec un succès
marqué, à raison de l’humidité persévérante
qui sera la note distinctive de l’an 1882.
Les avantages de ce mode de culture sont
réels. M. Carrelet signale son effet qui, dit-
il, est assez pittoresque: la régularité des
fruits, qui sont plus droits, et leur abon-
dance, qui est plus grande que dans la cul-
ture traînante ordinaire.
A ces trois avantages il est bon d’en
ajouter un quatrième , qui n’est pas le
moindre : venus en plein air, les tVuits sont
verts sur toutes les faces ; l’une d’elles n’est
pas blanchie par l’étiolement de la partie
du fruit en contact avec le sol. Le fruit est
plus beau certainement, d’un vert plus foncé,
et il est permis de croire encore que sa
qualité est supérieure.
Mais l’auteur de l’article cité ajoute ;
« Quand les plantes ont pris quelque déve-
loppement, on les rame comme on le ferait
des Haricots. » Il y a là une indication de
nature à induire en erreur les personnes
qui voudraient tenter la culture à rames du
Cornichon.
Ce n’est pas comme on le ferait des
Haricots qu’il faut dire, mais comme on le
ferait des Pois.
Les Haricots et les Pois (les variétés qui
ne sont pas naines) sont, les uns et les au-
tres, des plantes grimpantes ; mais chacun
sait qu’elles le sont différemment, et que
les Haricots et les Pois ne se rament pas de
la même manière, avec la même nature de
rames.
Le Haricot est une plante volubile enrou-
lante, et le Pois une plante volubile accro-
chante.
Ce qui convient surtout au premier, ce
sont, plutôt que des rames, des bâtons au-
tour desquels s’enroule sa tige volubile; de
même se bâtonne aussi, plutôt que se rame,
au moyen de hauts bâtons, de longues per-
ches, le Houblon, avec cette différence pour-
tant que la lige du Haricot s’enroule de
gauche à droite {dextrorsum), et celle du
Houblon de droite à gauche (smistrorsum).
Dans le Pois, ce qui est volubile, ce n’est
pas la tige; ce tqnt le§ vrilles, transformation
3G
STREPTOSOLEN JAMESONI.
des folioles terminales, et à l’aide desquelles
la plante s’accroche aux objets voisins ; c’est
par ces vrilles qu’elle grimpe. Un bâton tout
nu ne saurait lui convenir comme au Ha-
ricot. Il lui faut une rame proprement dite,
un branchage, une ramée avec toutes ses
ramifications dépouillées de leurs feuilles.
Un Haricot s’emparerait d’une ramée égale-
ment, mais un bâton lui plaît mieux ; il
laisse aussi plus de place à l’air et au soleil.
Le Cornichon est, comme le Pois, une
plante à vrilles, et il lui faut aussi des rames
proprement dites ; de même se rament les
Melons qu’on a appelés Melons grimpants y
qui ne le sont pas plus que tous leurs con-
génères, mais que la petitesse de leur fruit
a permis de cultiver de la sorte.
M. Carrelet indique que la culture a
rames du Cornichon se pratique dans une
certaine partie de la [Bourgogne ; il serait
intéressant de connaître la localité et même
En publiant aujourd’hui une bonne
figure coloriée de cette jolie plante, je ne
puis mieux faire que de reproduire la note
remise par moi le 27 avril dernier, lorsque
je présentai des échantillons lïeuris à la
Société nationale d’horticulture de France,
et qui a été imprimée dans le Bulletin de
cette Société pour 1882 (pp. 303, 304) :
« Le Streptosolen Jamesoni, que je pré-
sente en fleurs et que j’ai introduit des
Andes de l’Équateur, est un arbuste de la
famille des Scrophularinées, qui croît, dans
son pays natal, à une altitude de 2,500 à
3,000 mètres au-dessus du niveau de la
mer. Il forme des touffes de 1"^ 50 à 2 mè-
tres, à rameaux érigés ou inclinés, ligneux
comme ceux d’un Lantana ou d’un Fuchsia,
et couverts de corymbes de fleurs qui pas-
sent successivement du jaune au rouge
capucine le plus brillant.
(i Cette belle plante, découverte d’abord
par Hartweg dans l’Ecuador, fut nommée
Browallia Jamesoni par M. Bentham
(Plantœ Hartiuegianœ, p. 146, n» 818),
qui reconnut plus tard qu’elle ne pouvait
entrer dans ce genre, et qui adopta pour elle
(Benth. et Hook., Gem. plant. ^ II, p. 910)
le genre Streptosoleny créé par Miers, et
publié d’abord dans ]es Amials of naiural
Historif (2^ série, V, 208),
le nom de quelqu’un des jardiniers qui pra-
tiquent cette culture.
J’ai tenté de la propager en Eure-et-Loir
et n’ai pas réussi, je l’avoue, malgré les avan-
tages sus-énumérés, sauf auprès de quelques
jardiniers de grandes propriétés, qui ont
•facilement des branchages à leur disposition .
L’horticulteur maraîcher ^ d’ailleurs ,
n’aime pas les plantes hautes. Elles font de
l’ombrage au milieu de sa culture générale-
ment plate ; aussi ne cultive-t-il guère que
des variétés naines de Haricots et de Pois.
Une des raisons qui m’a fait vous adres-
ser cette note, c’est que j’avais commencé
moi-même à ramer au moyen d’échâlas, de
bâtons auxquels j’attachais les pousses avec
du jonc. [[.Mon jardinier et moi, nous nous
aperçûmes bientôt que c’étaient des bran-
chages ou un treillage à mailles serrées qu’il
convenait d’employer. J. Courtois,
Juge honoraire à Chartres.
SN JAMESONI
« Introduite déjà une première fois en
Europe par M. W. Lobb, qui en envoya des
graines à MM. Veitch, à Londres, il y a
trente-quatre ans, cette espèce paraît s’être
perdue dans les cultures, et nous ne nous
souvenons pas de l’avoir jamais rencontrée
dans les jardins ni dans les serres.
<( Les échantillons secs que je dépose sur
le bureau, et qui portent le n® 4,308 dans
mon herbier de l’Amérique du Sud, indi-
quent, aussi bien que les spécimens frais
qui viennent de fleurir dans mon jardin de
Cannes, la vigueur et l’abondance extrême
de floraison du Streptosolen Jamesoni.
Dans le midi de la France, cette espèce
constituera un arbuste rustique de premier
ordre. Dans nos régions plus septentrio-
nales, la culture s’en fera en orangeile ou
en serre froide, et, en lui appliquant un
traitement rationnel, on devra obtenir une
floraison printanière équivalente à celle du
Midi. ))
A la notice qui précède il convient
d’ajouter une description plus complète de
la plante :
Arbuste haut de 4 à 2 mètres, rameux
dès la base, pubescent, à rameaux plus ou
moins dressés ou étalés, cylindriques, verts
d’abord, gris en vieillissant; feuilles en-
tières, brièvement pétiolées, ovales, velues-
* GodaroL. ded
ChroTTwlUhy. GiS'evereyns.
StrepiosoLeri . Jamesoni
EVONYMUS SI ENSLS ET EVONYMUS MICEOPHYLLUS.
37
tomenteuses, devenant rugueuses en vieil-
lissant, longues de 2 à 4 centimètres, d’un
beau vert, à nervures enfoncées ; fleurs dis-
posées en panicules corymbiformes au som-
met des rameaux (souvent beaucoup plus
fortes que l’aquarelle ci-contre les a repré-
sentées, ainsi qu’en témoignent mes échan-
tillons d’herbier); pédicelles grêles, égalant
à peu près eii longueur le calice ovale-tu-
buleux campaniilé, brièvement 5-fide; co-
rolle d’un jaune pâle constant en dessous,
jaune d’abord en dessus, puis passant au
beau rouge orangé ou capucine, à tube long
de 2 centimètres, un peu recourbé, tordu à
sa partie inférieure, à limbe étalé, de 10 à
25 millimètres de diamètre, formé de cinq
lobes largement obtus, un peu plissés, dont
les deux postérieurs sont adnés comme un
labelle; quatre étamines normales didy-
names, incluses, insérées au-dessus du
milieu du tube, la cinquième rudimentaire,
peu apparente; ovaire stipité, biloculaire;
style un peu renflé au sommet, rugueux, à
stigmate dilaté, vert; ovules nombreux ;
graines petites, noires, fovéolées-réticulées.
Les premiers exemplaires d’herbier de
cette plante, recueillis par Hartweg, prove-
EVONYMUS SINENSIS ET 1
Cette prétendue espèce, Evonymus si-
nensis, que l’on trouve encore sous ce
nom dans quelques établissements, notam-
ment aux pépinières de Trianon, à Ver-
sailles, n’est autre qu’une des innombrables
formes de V Evonymus Japonicus ou Fusain
du Japon dont, au reste, elle a tous les ca-
ractères, ainsi que la rusticité. Le plus fort
pied que nous connaissions, à Trianon, me-
sure environ 3 mètres de hauteur et forme
un énorme buisson compact, largement
arrondi au sommet. Il est planté dans une
caisse que l’on rentre chaque année dans
une orangerie. Ses branches nombreuses,
dressées, sont garnies de feuilles relative-
ment longues et étroites ; mais en pleine
terre les caractères se modifient : les plan-
tes, alors, ont des feuilles un peu plus lar-
ges, d’un vert très-foncé, luisant, et une
tendance à donner, par dimorphisme, outre
une variété à bois et à feuilles plus ou
moins jaunes, des formes monstrueuses qui,
alors, revêtent des caractères divers.
P’un semis fait avec des graines de ce pré-
naient des montagnes de Paccha, dans la
région déjà froide de l’Ecuador. Lobb l’a
retrouvée à Cuenca (1), et c’est de là qu’il
en envoya des graines. Elle existe aussi à
Chuquiribamba, à Cisné, et plus au nord,
d’où proviennent mes échantillons. Partout
elle croît sur des rochers, où le plus souvent
elle ne donne pas l’idée de la beauté qu’elle
peut atteindre dans les endroits où une terre
fertile lui permet de développer de volumi-
mineux bouquets de fleurs. Elle m’a beau-
coup surpris l’année dernière lorsque je l’ai
vue, dans mon jardin, à Cannes, plus belle
qu’à l’état spontané (2).
M. Victor Lemoine, horticulteur à Nancy,
mettra le Streptosolen Jamesoni au com-
merce, au premier printemps. Nous recom-
mandons tout spécialement ce charmant
arbuste aux horticulteurs et amateurs de
jardins du midi de la France; mais il faut
aussi insister sur sa valeur dans le nord
comme plante de serre froide. M. Lemoine
l’a déjà essayé de diverses manières ; son
catalogue contiendra l’indication du traite-
ment, fort simple d’ailleurs, qu’il conviendra
de lui donner pour assurer une brillante
floraison. Ed. André.
VONYMÜS MICROPHYLLUS
tendu E. sinensis, par M. Chouvet, jardi-
nier en chef des Tuileries, il est sorti plu-
sieurs variétés plus ou moins différentes de
la mère, mais notamment une très -remar-
quable, tant par son nanisme que par la
petitesse de ses feuilles, à laquelle nous don-
nons le qualificatif microphyllus, et dont
voici les caractères :
Evonymus microphyllus, Hort,; (E". den-
(1) Ne pas écrire Guença, comme plusieurs au-
teurs l’ont fait à tort.
(2) Le genre Streptosolen, monotype jusqu’à pré-
sent, et dont l’étymologie vient de crpsTîzôç, tordu,
et de tuyau, diffère des Browallia par la
forme de l’inflorescence en corymbe, par la cou-
leur des fleurs et surtout par la singulière torsion
du tube de la corolle, caractère qui a fourni à Miers
les éléments du nom générique.
Bibliographie. — Streptosolen Jamesoni, Miers,
Ann. of nat. Jiist., sér. 2, v. 208; Illustr., t. 55.—
Wolf., A nn.,Ul 18 1 , v. 595. — Benth. et Hook., Gen .
pl., II, p. 910. — Browallia Jamesoni, Bentham,
Plant. Hartxv., p.l46, n" 818. — DG., Prodr., X,
p. 197. — Bot. Mag., t. 4605. — Paxt., Mag. ofbot.,
XVI, p. 6. — Harris, Flor. Cah., 49, t. III, p. 1.
- V. Bout., Fl. ser., V, 436,
38
THYMUS ORIGANOIDES. — LE JARDIN DES PLANTES DE SAUMUR.
tatiis, Hort. aliq). Plante buissonneuse. Ra-
meaux effilés, ténus. Feuilles opposées-dé-
cussées, très - rapprochées, régulièremen-
elliptiques, atténuées aux deux bouts, cour-
tement dentées, à dents relativement larges,
mais peu profondes, longues de 35 milli-
mètres, larges d’environ 13.
Obtenu par M. Ghouvet vers 1868, VE.
microphijUus n’a pas encore fleuri. Le pied
mère, qui formait un buisson court, com-
pact, a péri pendant l’hiver de 1879-1880.
C’est l’une des plus petites formes myr-
toïdes de VE. Japonicus. Elle a quelque
ressemblance avec VE. pulchellus, qui est
la plus petite espèce à feuilles persistantes
connues. Celte dernière, qui n’a pas encore
fructifié non plus, ne serait-elle pas aussi
une forme japonaise de VE. Japonicus?
Le fait ne nous étonnerait pas.
E.-A. Carrière.
THYMUS ORIGANOIDES
Plante buissonneuse, très-vigoureuse,
dressée, atteignant 30 centimètres environ
de hauteur. Tige robuste, raide, un peu
velue, pubérulente. Ramilles nombreuses,
dressées, opposées-décussées. Feuilles éta-
lées, largement et régulièrement obovales-
elliptiques, de 10-15 millimètres de lon-
gueur, larges de 8, fortement nervées, sur
un pétiole d’environ 3-4. Inflorescence
en large épi ovale, courtement arrondie,
composée de ramilles florales dressées et
ramifiées. Fleurs blanches, longuement tu-
buleuses, à cinq divisions dont deux très-
courtes.
Cette espèce, qui forme un buisson com-
pact dressé, rappelle assez exactement l’O-
ligan cultivé ou Marjolaine. Elle est très-
propre à former des bordures qu’on peut
également soumettre à la taille. Elle est
odorante comme le Thym, un peu moins
pourtant. On l’a obtenue d’une graine de la
variété à feuilles panachées, de laquelle elle
est complètement dilférente. En effet, tan-
dis que cette dernière constitue des plantes
basses, largement étalées, gazonnantes, à
rameaux grêles, diffus, couchés, à feuilles
bordées de blanc, le Thymus origanoides
forme des buissons compacts, dressés, vi-
goureux.
Scientifiquement parlant, le Thymus ori-
ganoides pourrait donc être regardé comme
une bonne espèce et montre une fois de
plus comment se forment celles-ci. Ajou-
tant que, par son port, la beauté et la gran-
deur de ses fleurs, par son extrême flori-
bondité, cette plante est éminemment orne-
mentale. E.-A. Carrière.
LE JARDIN DES PLANTES DE SAUMUR
A l’occasion du Concours régional agri-
cole de Nantes, nous avons entrepris de
parcourir un peu les rives de la Loire; la
végétation luxuriante des prairies et des
cültures nous rappelle les temps éloignés
où nous les parcourions pour en étudier la
llore. Après avoir visité Angers, son Jardin
botanique, et constaté qu’il est l’objet d’im-
portantes améliorations, nous avons visité
les principaux établissements d’horticulture,
puis nous sommes remonté à Saumur, lo-
calité renommée pour le vin blanc qu’on
récolte aux environs.
Le peu de temps dont nous avions à
disposer nous a pourtant permis de visiter
les carrières de Nantilly, où se font des
cultures de Champignons qui n’ont rien à
envier à celles des environs de Paris. C’est
à M. Yvon, le premier introducteur de ce
genre de culture dans le pays, que le mar-
ché de Saumur doit l’approvisionnement
journalier de ce légume si recherché. Les
prairies sablonneuses de la Loire en four-
nissent bien aussi, qui varient selon les sai-
sons ; mais la quantité ne suffit pas à la
consommation, et le produit n’est pas de
toutes saisons comme le Champignon cul-
tivé [Agaricus edidis).
En sortant des carrières de M. Yvon,
nous nous sommes rendu au Jardin des plan-
tes, qui est situé à côté. Ce jardin, peu connu,
dont nous avions entendu parler depuis fort
longtemps, est situé au sud de la ville, sur
une petite place dont l’abord est caché et
peu commode. Les terrains dont il fait
partie proviennent d’un ancien convent de
LE JARDIN DES PLANTES DE SAUMUR.
39
Récollets, et sont clos de murs élevés de
tous côtés. Sa position en amphithéâtre, sur
une magnifique colline exposée au spleil du
midi et de l’ouest, et couronnée au sommet
d’un magnifique massif d’arbres, en font une
promenade aussi agréable qu’originale. Les
points de vue les plus variés en même temps
que les plus pittoresques se déroulent à
l’horizon. Au sud, c’est le Thouet, arro-
sant de verdoyantes prairies plantées d’ar-
bres de toutes espèces et de toutes gran-
deurs ; à l’ouest, la Loire aux larges
contours, qui coule tranquillement vers
l’Océan ; puis, dans le lointain, les coteaux
les plus divers dont les flancs, garnis de
châteaux et de chaumières entremêlés de
Vignes et d’arbres de toutes espèces, produi-
sent l’effet le plus grandiose.
On arrive au jardin par une longue allée,
un peu en courbe, bordée de larges plates-
bandes plantées dans le fond d’arbustes va-
riés et garnies sur le devant de plantes de
serre tempérée, dont les pots sont enterrés
pendant la belle saison.
Notre première visite fut pour notre con-
frère, le jardinier en chef, M. Bidault, qui
s’est empressé de nous faire visiter ses cul-
tures et de nous donner tous les renseigne-
ments sur les collections confiées à ses
soins.
L’ensemble du jardin est divisé en plu-
sieurs terrasses superposées, presque toutes
affectées à la culture de la Vigne, La première
de ces terrasses, qui est en même temps la
première partie du jardin, renfermeune serre
servant à la multiplication et à la conserva-
tion des végétaux pendant l’hiver, d’un
bassin pour la culture des plantes aquati-
ques, et de massifs de différentes formes et
grandeurs pour la culture des plantes
d’étude, qui sont en réalité plutôt des plan-
tes d’amateurs que de véritables sujets bota-
niques. Ces végétaux, qui ne sont ni éti-
quetés ni classés méthodiquement, sont
néanmoins très-variés, disposés en massifs
comme ceux d’un jardin anglais et plantés
de manière à ce que les plus élevés se trou-
vent au centre, ceux de deuxième taille au
second rang, et les plus petits, ainsi que les
plantes vivaces, sur les bords, de sorte que
l’amateur peut facilement trouver les sujets
qui l’intéressent.
Mais ce qui est plus intéressant, en même
temps que plus utile, est, sans contredit,
une magnifique collection de Vignes; elle
est due au savoir et à la persévérance d’un
des plus remarquables viticulteurs de Sau-
mur, feu M. Auguste Courtillier, qui avait
réuni et classé dans cet enclos si restreint
873 espèces et variétés différentes de Vignes,
provenant non seulement de la France,
mais de l’Europe et du monde entier. Il
est donc très-regrettable que l’exiguité du
terrain ne permette pas d’étendre plus
largement une collection aussi importante;
on est obligé de cultiver chaque cépage
trop près l’un de l’autre, d’où il résulte
que des variétés poussant plus vigoureu-
sement que d’autres, ne peuvent se déve-
lopper convenablement, ce qui gêne à la
multiplication et nuit à l’élude, ainsi ren-
due très-difficile.
Tous les murs entourant la première
partie du jardin et ceux qui limitent les
terrasses supérieures sont, selon leur posi-
tion, plantés de cépages des régions les plus
chaudes ou de différentes variétés qui pro-
duisent des Raisins de table, c’est-à-dire
celles qui exigent la plus grande somme de
chaleur pour mûrir leurs fruits, tandis que
celles destinées à la production du vin sont
en plein air sur les terrasses, plantées en
lignes droites, échalassées et cultivées abso-
lument comme les Vignes des champs. Sans
être bien fertile, le sol paraît convenir assez
à la culture et au développement de tous
ces cépages, pourtant si différents d’origine
et de climat. La végétation est satisfaisante,
et la maturation des Raisins se fait dans
d’assez bonnes conditions.
Le nombre des cépages cultivés en plein
air est bien plus considérable que celui des
variétés cultivées en espalier, par la raison
qu’il se rencontre quelquefois des cépages
de même espèce sous des noms différents,
dont l’élimination ne peut se faire qu’après
de longues étudesetsouvent plusieurs années
de travail. C’est au directeur, M. J. Bury,
qu’incombe particulièrement cette étude
laborieuse. La vérification faite et l’identité
reconnue, chaque cépage est étiqueté, numé-
roté et inscrit sur un catalogue général indi-
quant : 1» le numéro d’ordre ; 2“ le nom de
l’espèce ou de la variété ; 3® la couleur du
fruit ; 4» la patrie, et 5^^ le numéro corres-
pondant audit catalogue et à celui de la
plantation. Un extrait de ce catalogue, con-
tenant les espèces et variétés parfaitement
caractérisées, et dont l’identité est bien
reconnue, est offert gratuitement par l’admi-
40
AMARYLLIS BIFIDA.
nistration aux personnes qui lui en font la
demande, soit pour l’étudier, soit pour fixer
leur choix sur celles qu’elles désirent cul-
tiver et qui, sur leur demande, leur sont
délivrées gratuitement.
Nous regrettons vivement que notre visite
ait eu lieu au printemps, car nous n’avons
pu juger la différence qui existe entre chaque
cépage ; aussi ne pouvons-nous donner que
des renseignements fort restreints. Ce que
nous avons vu nous a néanmoins permis de
constater les immenses avantages que pro-
cure cet établissement, et d’engager ceux de
nos lecteurs que la question intéresse, qui
auraient l’occasion de passer à Saumur à
l’automne, d’aller visiter cette remarquable
collection. Ils trouveront chez M. Bidault
l’accueil le plus sympathique en même temps
que des renseignements pratiques sur ce
genre de culture, qu’il dirige [depuis fort
longtemps.
Nous ne saurions non plus trop le recom-
mander à nos vignerons, si éprouvés par
les fléaux qui ravagent journellement leurs
vignobles ; ils pourraient étudier là les cé-
pages les plus rustiques en même temps que
les plus productifs, afin de les approprier,
selon les besoins, aux climats et aux terrains
dévastés par les gelées, l’oïdium, le phyl-
loxéra et toutes les autres calamités qui
sévissent si cruellement sur les vignobles.
Ils trouveraient probablement, là encore,
des types européens, asiatiques ou améri-
cains peu connus, dont il serait bon d’es-
sayer la culture, et qui, sans aucun doute,
pourraient leur rendre de plus grands ser-
vices que ceux de la Cochinchine et du
Soudan, dont la culture dans nos régions
tempérées sera toujours très-difficile, sinon
complètement impossible.
Si le Jardin des plantes de Saumur ne
présente qu’un intérêt très-secondaire au
point de vue de la botanique ou à celui de
l’horticulture, il en présente au contraire un
très-grand au point de vue de la viticulture,
des études qu’on peut faire à ce sujet et du
bénéfice qu’on pourrait en tirer, car, malgré
qu’elle soit bien éprouvée, la Vigne est en-
core de nos jours une des grandes sources
de notre richesse nationale.
J. Blanchard,
Jardinier en chef de la marine à Brest.
AMARYLLIS BIFIDA
Cette espèce, originaire de Buénos-Ayrès,
a reçu d’Herbert le nom générique Hahran-
thus ; pour cet auteur, c’est V Hahrantlms
hifidus. Voici ses principaux caractères :
Oignon courtement arrondi. Feuilles pla-
nes, longuement linéaires, d’un beau vert
brillant. Hampe dressée, cylindrique, raide,
très-lisse, atteignant jusqu’à 40 centimètres
de hauteur, souvent colorée. Spathes florales
très-étroites, longuement acuminées, mar-
cescentes. Pédoncule raide terminé par des
fleurs obliquement dressées, longuement et
régulièrement campaniformes par le rap-
prochement des pièces, qui se recouvrent
par les bords, de sorte qu’elles rappellent
assez exactement celles de certaines Als-
troémères, à divisions étroites, d’un rouge
vineux. Six étamines, à filets inégaux. An-
thères très-longuement ad nées. Style forte-
ment coloré, à stigmate courtement bilobé,
dépassant à peine les étamines et arrivant à
environ 1 centimètre du sommet de la fleur.
Ovaire trigone, lisse, légèrement coloré.
L’Amaryllis bifida, Spreng. {Hahran^
thus hifidus, Herb.), fleurit ordinairement
en août-septembre, au moment où ses feuil-
les commencent à pousser. C’est une belle
plante qui, dans le nord, et peut-être même
dans le centre de la France, devra être
garantie l’hiver, ou mieux rentrée en serre
ou sous châssis pendant cette saison. Il est
possible que plantée le long d’un mur à
bonne exposition, en terre saine et chaude,
on puisse, à l’aide d’une légère couverture,
la cultiver en pleine terre. Dans le Midi, le
fait n’est pas douteux. .
Comme à peu près toutes les plantes de
la famille des Amaryllidées, les fleurs cou-
pées se maintiennent très-longtemps dans
l’eau ; les boutons mêmes s’y épanouissent
parfaitement.
Les dimensions relativement réduites des
fleurs, leur forme, leur disposition et sur-
tout leur légèreté les rendent très-propres
à la confection des bouquets. ‘
E.-A, Carrière.
SHOUTIÂ GALIFORNICA.
41
SHORTIA GALIFORNICA
Il est problable qu’aucune des plantes in-
digènes de l’Amérique du Nord n’a été l’ob-
jet de tant de recherches, ou dont l’existence
a été aussi douteuse que celle du Shortia.
En 1839, le professeur Asa Gray, en exa-
minant l’herbier de Michaux l’aîné, au Mu-
séum d’histoire naturelle, y remarqua un
exemplaire, rapporté de la Caroline du Nord
par cet -éminent botaniste français, il y a
environ cent ans.
Quoique cet exemplaire eût perdu ses pé-
tales et ses étamines, le professeur Asa Gray
reconnut immédiatement qu’il avait devant
lui une plante ne ressemblant à aucune autre
plante américaine, et il la décrivit comme
le type d’un nouveau genre, Shortia.
Ce nom fut donné en honneur du feu doc-
teur C.-W. Short, de
Louisville, Kentucky, un
botaniste accompli et qui
employait sa fortune en
faveur des sciences.
En 1841, le professeur
Asa Gray et deux autres
botanistes firent une ex-
cursion dans les monta-
gnes de la Caroline du
Nord, principalement dans
le but de rechercher le
Shortia, et depuis d’au-
tres botanistes ont fait
en vain les mêmes recherches.
Leurs insuccès répétés firent penser qu’il
pouvait y avoir quelque erreur, et que
l’exemplaire de Michaux ne venait pas
d’Amérique.
Le genre fut retrouvé en 1868, non dans
la Caroline du Nord, mais au Japon, où l’ont
l’on trouva une plante correspondant à la
description du genre Shortia, mais d’une
espèce différente.
Enfin, en 1877, M. G.-W. Hyams eut la
bonne fortune de découvrir la plante si long-
temps cherchée à Dowell Gounty (Caroline
du Nord). En 1879 le professeur Asa Gray
et quelques autres botanistes firent une ex-
cursion dans la localité de M. Hyams.
Cet endrhit si intéressant n’occupait
qu’un espace de 10 pieds sur 30, et l’on y
trouva de 50 à 100 plantes du Shortia tant
cherché.
Il existe des exemples de plantes relé-
guées dans une air erestreinte ; mais, autant
que nous sachions, il n’en existe pas dont la
totalité soit confinée dans un espace aussi
réduit.
Il faut néanmoins espérer qu’on en trou-
vera ailleurs, quoiqu’il y ait à craindre que,
dans la « lutte pour l’existence, d cette plante
ait trouvé là son dernier refuge, d’où elle
peut disparaître complètement avant peu.
Quelques exemplaires ayant été apportés
dans la collection de MM. Woolson et G‘%
à Passaïc (New-Jersey), cela a fourni l’oc-
casion d’en faire faire le dessin, que nous
reproduisons avec plaisir.
Nous avons déjà donné l’origine du nom
générique Shortia; le nom spécifique est
galacifolia, de la res-
semblance des feuilles
avec celles des Galax.
Elle appartient à la
petite famille des Diapen-
siacées et ressemble à
quelques Bruyères et Pri-
mevères.
Les racines sont tra-
çantes, et les feuilles sont
persistantes ; les tiges flo-
rales sortent à l’interstice
des feuilles, et chacune
porte une fleur solitaire,
simple, d’un blanc pur, de 25 millimètres
de diamètre ; les pétales sont quelquefois
frangés ou festonnés irrégulièrement.
Généralement les espèces botaniques
n’ont pas grand attrait pour nos lecteurs ;
mais le Shortia doit faire exception, et nous
espérons que cette plante, si longtemps
égarée, trouvera bientôt domicile dans les
collections.
Jean Sisley.
(Traduit de V American AgricuUurist.)
Depuis que cet article a été écrit, on a été
assez heureux pour découvrir des exem-
plaires nouveaux de cette plante et la multi-
plier, et aujourd’hui on peut en obtenir des
graines en s’adressant à la maison Vilmo-
rin, 4, quai de la Mégisserie, à Paris.
E.-A. G.
42
SÉCÂTEUR-ÉCHENILLOIR .
SÉGATEUR-ÉCHENILLOIR
Cette phrase : « Il n’y a rien de nouveau
sous le soleil, i> est une de ces banalités
qu’on répète souvent, et qui, cependant,
est souvent fausse, si on l’interprète dans
le sens absolu du mot. En eflet, on pour-
rait plutôt dire qu’il est excessivement
rare qu’une chose tout à fait semblable se
montre deux fois. De même qu’avec des
Fig. 8. — Sécateur-échenilloir.
Légende.
A Levier qui, par un engrenage, fait mouvoir la lame B.
B Lame ouverte, au repos.
G Petite vis placée sur la rondelle en cuivre D.
D Rondelle en cuivre servant à maintenir le ressort E.
E Ressort.
F Crochet mobile.
briques uniformes, faites dans un même
moule, on peut faire les bâtiments les plus
différents et les plus variés, deux instru-
ments peuvent être composés d’un même
nombre de pièces semblables et constituer,
néanmoins, deux instruments très-diffé-
rents. Il suffit pour cela, soit de disposer
diversement les pièces, soit d’en ajouter
quelques autres nouvelles, en modifiant
les premières. C’est ce qu’a fait M. Aubry,
coutelier, rue Vieille-du-Temple, 131, en
fabricant le sécateur-échenilloir représenté
par la figure 8. Cet instrument, dont l’idée
première est due à M. Delaville, jardinier
principal du parc des Buttes- Chaumont, et
qui, à première vue, semble être identique
à l’antique échenilloir qu’à peu près tout le
monde connaît, en diffère pourtant sensible-
Fig. 9. — Cueille-fruit ouvert.
ment en ce que la lame se trouve placée en
dessus, au lieu de l’être en dessous, comme
dans l’ancien modèle. En tirant sur la fi-
celle fixée au sommet de la branche de
l’instrument, celle-ci forme levier et fait
mouvoir la lame, qui alors vient s’appuyer
sur la branche de l’arbre prise entre la
lame et le crochet placé à la base de l’ins-
trument.
Cette modification, en apparence- peu im.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE d’HORTICULTURE DE FRANCE.
43
portante, détermine pourtant une notable
amélioration, par ce fait que la lame étant
placée en dessus, sa coupe est plus nette et se
fait bien plus facilement qu’autrefois, ce qui
s’explique ; la branche, par son propre poids,
ouvre la coupe et dégage la lame, dont
l’action se trouve facilitée par l’écartement
de la plaie, ce qui est précisément l’inverse
de ce qui avait lieu avec l’ancien éche-
nilloir.
Aûn de rendre son instrument plus pra-
tique et de l’approprier à la taille des arbres
un peu élevés, M. Aubry a remplacé la corde
par un fil de fer qui, glissant le long du man-
che, vient se terminer à la base de celui-ci
par une pédale sur laquelle il suffit d’ap-
puyer un peu pour déterminer le mouve-
ment de la lame, qui alors se rabat sur la
base de l’instrument et coupe la branche
prise entre ces deux parties.- Il va de soi
que le manche pourra être plus ou moins
long, suivant que les parties à couper seront
plus ou moins élevées.
Pour apporter cette nouvelle amélioration
à son sécateur-échenilloir, M. Aubry s’est
basé sur ce qu’avait fait avant lui la maison
Lenief et G‘®, qui à son cueille-fruits (fig. 9)
avait adapté le ressort à pédale. Du reste,
M. Aubry fabrique également ce dernier
instrument qui, depuis l’invention première,
a, nous assure-t-on, reçu quelques modifi-
cations.
Ajoutons encore que le sécateur-éche-
nilloir, très-solide et très- pratique, est d’un
prix relativement très-bas, qu’il est parfai-
tement conditionné, et que, de plus, toutes
les pièces qui se fatiguent et sont suscep-
tibles de se détériorer peuvent être rempla-
cées facilement par d’autres, sans le secours
d’un ouvrier spécial. E. -A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1882
Les élections complémentaires qui devaient
se faire dans cette séance avaient sans doute
empêché certains membres d’apporter leurs
produits ; aussi les apports étaient-ils peu
nombreux.
Au comité de floricultm'e, M. Marron, jar-
dinier au château d’Herbault, près Blois, avait
envoyé un Billhergia soi-disant hybride du R.
Leopoldi et d’une autre espèce de ce même
groupe. C’est une plante compacte, se ramifiant
facilement, à feuilles courtes, larges, brusque-
ment arrondies au sommet, bordées d’épines
brunes finement aiguës, transversalement zo-
nées, à zones rapprochées, farinacées comme
celles du B. Leopoldi. — M. Nilsson, fleuriste,
rue Auber, à Paris, présentait un Dendrobium
sans nom, qui n’avait guère de mérite que la
nouveauté. Les fleurs, que la plante paraît
donner abondamment, disposées en grappes
assez compactes, pendantes, sont jaunâtres,
maculées rougeâtre à l’intérieur; les divi-
sions externes, étroites, sont longuement acu-
minées en pointe, tombantes et recouvrant en
partie la fleur. — M. Chapelier présentait neuf
formes de Crocus qui, d’après lui, sont de
véritables types spécifiques et ont été décrits
comme tels. Presque tous sont originaires de
l’Europe méridionale et de l’Asie septentrio-
nale. Nous avouons ne voir dans ces plantes
que des caractères légers, ne pouvant guère
distinguer que des formes particulières ana-
logues aux Crocus luteus, versicolor^ sativus^
vernus, etc. La seule différence appréciable
consiste dans les Heurs, qui sont beaucoup plus
petites. Comme toutes ces plantes sont, en
outre, très-hâtives, peut-être pourraient-elles
constituer un groupe particulier. — M. Gode-
froy-Lebeuf, horticulteur à Argenteuil, pré-
sentait une espèce de Goodyera originaire de
l’Amérique septentrionale ; c’est le Goodyera
pubescens., espèce très-rustique, qui a supporté
sans abri 27 -degrés au-dessous de zéro en
1879-1880. Cette espèce, qui appartient au
groupe des Orchidées, a son analogue, en
France, dans le Goodyera repens., que l’on
rencontre dans quelques localités boisées. C’est
une plante gazonnante, â feuilles ovales, très-
rapprochées, d’un vert sombre, qui fait ressor-
tir encore davantage les nombreuses nervures
blanches, formant un lacis inextricable, une
sorte de damiei très-élégant. Elle ressemble un
peu aux Anectochilus.
Au comité des plantes potagères., M. Boul-
lant, de Villejuif, présentait une douzaine de
belles et bonnes variétés de Pommes de terre ;
elles étaient aussi très-remarquables par leurs
dimensions. — M. Vincent Berthault, jardinier
à Rungis, présentait: des Crambe maritima
parfaitement réussis ; 2» des Scorsonères dont
les feuilles, qui avaient poussé à l’obscurité,
étaient blanc jaunâtre. Dans cet état, ces feuilles
sont très -tendres, ont une saveur des plus
agréables, et remplacent avec beaucoup d’avan-
tages la « Barbe de capucin ; » 3o enfin, un
petit lot de Witloof très-bien cultivé-; les têtes
étaient très-fortes et relativement courteSr
44
UARlllÈRE DE PARC. — LE HARICOT DE SOISSONS.
BARRIÈRE DE PARC
La barrière dont nous donnons le dessin
a été construite par nous pour le parc de
M. le duc de Rivière, à Lavaux (Cher). Elle
est en cœur de chêne et peinte en blanc lé-
gèrement saumoné. Son ouverture est de
4"^ 50, soit pour chaque battant ; cette
largeur est celle de l’allée à laquelle elle
sert de clôture, et a dû être prévue pour
le libre passage de grosses charrettes de foin.
Le plan, placé au-dessous de la vue en
élévation, indique en projection le mode
d’assemblage des bois. Les lignes en carré
entourant les poteaux de tête figurent le
plan de la maçonnerie de moellon et ciment
dans laquelle sont scellés fortement les
supports, renforcés eux-mêmes par des
arcs-boutants ou contre-fiches. Cette solidité
est indispensable pour fixer les battants de
la barrière, qui tendent à fléchir au milieu,
à (( saigner du nez, » suivant une expres-
sion familière. On ne peut même obvier
tout à fait à cet inconvénient qu’en
ayant des poteaux de soutien plus élevés,
avec des écharpes en fer sur les battants,
ou en scellant les battants dans un mur;
mais ces conditions ne se rencontrent pas
Fig. 10. — Barrière de parc (échelle de 0“ 02 p. m. )
toujours, surtout si l’on tient à conserver à
ce modèle de barrière son aspect peu élevé,
modeste, approprié à une scène paysagère
simple et tranquille. Ce qui vaut mieux,
pour éviter des retouches fréquentes causées
par cette déviation de la verticale, c’est de
faire reposer les deux extrémités intérieures
des parties ouvrantes sur des galets qui
roulent sur le sol ou sur une lame de fer, et
qui assurent un jeu excellent de la bar-
rière.
De pareilles fermetures conviennent par-
ticulièrement pour les entrées de service des
parcs forestiers ou paysagers. Trop peu
LE HARICOT
Si, au dire des historiens, les anciens
peuples n’ont pas connu le Haricot, personne
ne peut nier qu’à notre époque il ne soit
élevées et médiocrement ornementales pour
des entrées principales, elles sont cependant
d’un effet agréable. On doit les accompa-
gner, sur les côtés, par des massifs de
verdure sombre et épaisse sur lesquels leur
ton blanc, rosé ou de bois clair et verni,
tranche d’une manière heureuse.
Les détails de notre dessin, à l’échelle de
2 centimètres par mètre, sont suffisants
pour qu’un propriétaire rural fasse cons-
truire lui-même cette barrière dans des
proportions exactes avec les ressources
locales, par un charpentier ou un menuisier
intelligent. Ed. André.
DE SOiSSOiNS
très-connu dans l’ancien et le nouveau
monde.
Le département de l’Aisne est peut-être,
LE HARICOT DE SOISSONS.
45
en France, un de ceux où le Haricot de
Soissons est le plus cultivé.
Dans tous les cas, aucun autre peut-être
n’est aussi avantageux à cultiver, ce que
nous allons essayer de démontrer. C’est
surtout dans les communes de Vailly, de
Draine, de Ciry-Salsagne, de Sermoise,
de Vasseny, de Chassemy, de Luisé, de
Courcelles, d’Augy, d’Acy, etc., que le Ha-
ricot dit de Soissons est le plus — on peut
même dire le mieux — cultivé, cela depuis
plus d’un siècle.
Nous croyons inutile de décrire ce Ha-
ricot, qui est connu à peu près de tout le
monde ; mais nous insistons pour sa bonne
culture, car elle entre pour une grande part
dans la quantité et même dans la qualité des
produits.
De tous les Haricots, celui de Soissons. est
certainement la variété dont le grain est le
plus estimé, surtout s’il a végété dans un
sol léger et fertile, et si la récolte a été
soignée, parce qu’alors sa peau est très-
mince et d’une finesse extrême.
Il peut perdre une partie de ses qualités
s’il a été mal cultivé, ou s’il est venu sur
des terres froides ou compactes. Les mar-
chands, du reste, ne s’y trompent pas et
savent en faire la différence.
Jusqu’à ces dernières années, même dans
les communes citées ci-dessus, Jce Haricot
n’était guère cultivé que pour être récolté
en sec; mais, depuis 1880, la vente à l’état
de grains à écosser frais a pris des propor-
tions considérables. En 1882 surtout, la ma-
turité, à cause des pluies froides et pro-
longées, s’étant faite très-difficilement, les
cultivateurs ont trouvé de réels avantages à
les vendre à cet état.
Si ce Haricot peut être cultivé dans toutes
les communes de notre département lors-
qu’on ne vise qu’aux fruits pour écosser
frais, il n’en est pas de même quand on
veut en récolter les grains secs, arrivés
parfaitement à maturité.
Il redoute les plateaux élevés et battus par
les vents violents ; il vient mal sur les sols
froids et dans les vallées humides. Ce qu’il
préfère, ce sont les coteaux sains et éclairés,
et les vallons parfaitement abrités.
Ce Haricot redoute également les pluies
froides de mai, qui nuisent à la germina-
tion, ainsi que les froids tardifs de juin, qui
détruisent ou rendent malades les jeunes
plants.
Les grandes sécheresses ne lui sont pas
moins préjudiciables. Elles suspendent la
végétation, font jaunir les feuilles, empê-
chent la fécondation des fleurs et dessèchent
les gousses. Au contraire, il s’accommode
d’autant mieux de la chaleur que, pendant
l’été, il trouve dans l’intérieur du sol une
certaine humidité unie à une bonne dose
d’engrais. Les pluies continuelles qui sur-
viennent à la fm de l’été — comme en 1882,
par exemple — et des froids prématurés
lui sont aussi très-défavorables. Les pluies
altèrent les gousses et tachent les grains
contenus dans celles qui sont situées près
du sol, tandis que les froids, en paralysant
la végétation, nuisent à la maturité.
Terrain. — Le Haricot de Soissons pré-
fère les terres siliceuses, meubles, légères,
profondes, substantielles et légèrement hu-
mides, mais surtout une exposition chaude
et bien aérée. Dans les terres gypseuses ou
argileuses, les grains sont de mauvaise qua-
lité, et la cuisson en est toujours difficile.
Dans les localités citées plus haut, la
culture se fait surtout après un Blé, des
Pommes de terre ou des Betteraves. Les
cultivateurs évitent de le planter sur un
défrichement de Luzerne ou de Sainfoin,
parce que, dans ces conditions, la végétation
est moins bonne et que les plantes, qui
restent plus longtemps vertes, donnent gé-
néralement des grains qui mûrissent irré-
gulièrement.
Engrais. — Comme tous ses congénères,
le Haricot de Soissons peut être considéré
comme une plante épuisante ; aussi ne doit-
on jamais en planter deux années de suite
dans un même terrain.
Sous le rapport des engrais, on a re-
marqué qu’il n’est pas indifférent de pren-
dre tel ou tel; ainsi on a observé que le
fumier de cheval à moitié décomposé était
de beaucoup celui qui convient le mieux.
La poudrette, les boues de ville qui ont
fermenté, la cendre et la charrée, comme
amendements, sont également très -favo-
rables.
Préparation du sol. — Les terrains de
plaine dans leur état naturel ne sont pas
toujours aptes à recevoir les diverses opé-
rations d’une culture régulière ; à plus forte
raison lorsqu’il s’agit d’une culture comme
celle des Haricots, qui exige une préparation
aussi parfaite que possible. Aussi, dans la
, plupart des cas, les cultivateurs donnent-ils
46
LE HARICOT DE SOISSONS.
deux labours au champ destiné à recevoir
cette plante, et l’expérience leur a prouvé
qu’on ne saurait trop ameublir et diviser
les terres qui doivent la recevoir. Le pre-
mier labour, quand cela se peut, a lieu
avant l’hiver; il est donné par un beau
temps et quand le sol est sain. On profite
de cette première façon pour enterrer le
fumier.
L’opération se fait indistinctement à la
charrue ou à la bêche ; mais, toutes choses
égales d’ailleurs, le travail obtenu à l’aide
de cette dernière est toujours préférable. Le
second labour est donné vers la fin d’avril
ou dans les premiers jours de mai, c’est-à-
dire presque à la veille de l’époque du semis.
Cette seconde façon se fait avec beaucoup
de soins et en choisissant autant que pos-
sible un beau temps pour l’opérer.
Semis. — L’expérience a fait recon-
naître aux cultivateurs que le semis du
Haricot de Soissons devait être fait du 3 au
10 mai. Semé plus tôt, et si la température
se refroidit, la levée aura lieu difficilement
et très-irrégulièrement; semé plus tard,
les gousses mûriront plus lentement, et si
la fin de l’été est humide, les grains seront
altérés et perdront de leur valeur.
Pour semer, on donne la préférence aux
graines de l’année précédente ; onjpeut éga-
lement se servir de graines de deux ans, à
la condition toutefois qu’elles aient été con-
servées dans les cosses jusqu’à l’époque du
semis. Il importe en outre de bien les
choisir; les meilleures sont celles qui mû-
rissent les premières, qui se trouvent depuis
la base jusqu’au milieu des rames.
Le semis se fait dans des poquets
creusés à la bêche, placés en quinconce et
distancés l’un de l’autre de 80 centimètres
en tous sens.
Dans les sols riches, la distance devrait
être portée à 90 centimètres sur la ligne
et à 1 mètre entre les lignes.
A cette dernière distance, les soins d’en-
tretien se donnent plus facilement et plus
rapidement; la fécondation se fait dans
de meilleures conditions, et les gousses
mûrissent mieux et plus promptement.
C’est ainsi qu’à Vailly, où la culture de
ce légume est répandue depuis plus de
soixante années, les vignerons associent
parfois la culture des Haricots à celle de
la Vigne, en plaçant des touffes partout où
11 se trouvé des vides.
La profondeur à donner aux poquets
varie selon que le terrain est léger ou fort ;
en moyenne, elle ne dépasse pas 5 à 7
centimètres. Chaque poquet reçoit 8 à
12 graines qu’on a soin de bien espacer
entre elles, pour ne conserver, lors de la
levée et entons Iterrains, que 8 à 10 pieds
pour chaque touffe.
En général, la largeur des poquets est
de 30 à 35 centimètres ; la terre extraite
est déposée à l’entour, puis, à l’aide de la
bêche, et après avoir été bien pulvérisée,
elle est remise sur les graines, qui ne doi-
vent être recouvertes que de 4 à 5 centi-
mètres.
Soins d' entretien. — Le premier binage
se donne dès que les premières feuilles des
Haricots sont bien développées. Il faut sur-
tout éviter de faire cette opération quand les
feuilles sont mouillées, non seulement par
la pluie, mais même par la rosée; en faisant
cette première façon, on a soin de chausser
les tiges |en rapprochant la terre autour des
touffes. Ce buttage maintient plus de fraî-
cheur à la base des plantes,- de sorte que
celles-ci végètent mieux pendant les grandes
chaleurs.
Le second binage a lieu dès que les
herbes adventices commencent à paraître,
ou bien que le terrain a été battu par de
fortes pluies. Enfin, un troisième binage est
donné si l’année est humide et si les mau-
vaises herbes apparaissent de nouveau, en
un mot si l’état du sol le réclame. Ce troi-
sième binage se pratique ordinairement
quand toutes les gousses sont bien formées.
Plûmes, échalas. — Comme le Haricot de
Soissons ne peut se soutenir de lui-même,
il est indispensable de lui donner des sup-
ports.
Ceux-ci se placent dès que les plantes se
développent, et le plus souvent même aus-
sitôt l’exécution du semis terminée.
Chaque poquet est muni de deux rames,
dont l’une a environ 2 mètres de hauteur;
l’autre, moins élevée, ne dépasse guère 1™ 30.
En opérant, on s’arrange de façon que cette
dernière vienne s’appuyer sous forme d’arc-
boutant sur la première, de sorte que plus
tard, quand les tiges auront enlacé et
réuni ces rames, la touffe résistera mieux
aux vents violents. De plus, cette disposi-
tion laissera passer l’air et surtout la lumière
si nécessaires à la formation et à la matura-
tion des gousses.
LE HARICOT DE SOISSONS.
47
Ces rames, appelées plutôt échalas, faites
de gaulettes de Noisetier ou d’autres es-
sences qu’on coupe l’hiver, qu’on appointe
et met en bottes de cinquante, se vendent
en moyenne 80 à 90 centimes.
Il va sans dire que le fichage de ces tu-
teurs, qui doit être solide, a lieu de façon
qu’on puisse plus tard circuler dans le
champ aussi librement que possible, pour
donner les façons d’été et faire commo-
dément- la récolte des grains à écosser
frais.
Récolte. — La récolte des Haricots à
écosser frais se fait quand les gousses sont
bien pleines, que les grains ont assez de
consistance, et au fur et à mesure de leur
maturité.
Ces fruits sont d’autant meilleurs et re-
cherchés que la gousse a pris, au moment
de la cueillette, une teinte légèrement jau-
nâtre. Il faut surtout éviter de cueillir des
gousses à demi-pleines, qui laissent le ven-
deur et l’acheteur en perte. Commerciale-
ment, voici comme les choses se passent : la
récolte est mise dans des sacs fournis par
l’acheteur. Chaque sac doit peser 52 kilo-
grammes. Dans la soirée, le tout est porté
par les cultivateurs à la gare de Ciry-Ser-
moise et expédié dans la nuit, pour arriver
à Paris, aux Halles centrales, le lendemain
matin, où ils sont généralement vendus le
même jour.
Si la vente fait défaut le jour de leur ar-
rivée, ils sont remisés en cave pour le len-
demain ; mais déjà ils commencent à
s’échauffer, et dans cet état ils perdent de
leur valeur et surtout de leur qualité.
A Ciry, la valeur en argent des Haricots
de Boissons à écosser frais s’est établie
ainsi cette année : au début de la récolte, ils
se sont vendus 25 fr. les 100 kilogrammes,
pour redescendre à quelque temps de là à
20 et même 16 fr. ; plus tard, le prix s’est
relevé à 22 fr. pour atteindre 25 fr. vers le
15 octobre.
C’est vers cette époque que nous sommes
allé de nouveau à Ciry-Salsagne, prendre
nos derniers renseignements pour rédiger
cette note, qui est un résumé exact de
la culture du Haricot de Soissons’, telle
qu’on la pratique là où elle est l’objet de
soins tout particuliers. C’est là aussi, grâce
à l’obligeance de M. Boileau, sous -chef
de gare à Ciry-Sermoise, que nous avons
appris que celte petite gare avait déjà ex-
pédié 3,400 sacs de Haricots à écosser
frais, pesant 166,700 kilogrammes et repré-
sentant une valeur d’environ 66,100 fr.
La récolte des Haricots secs présente un
peu plus de difficulté, d’abord parce que
les gousses mûrissent plus inégalement et
plus lentement, et qu’on ne doit en faire la
récolte qu’au moment de leur parfaite ma-
turité.
Aussi, pour hâter et uniformiser cette
maturation, les cultivateurs, dans le courant
de septembre, coupent-ils les tiges à quel-
ques centimètres au-dessus du sol, puis les
relèvent jusqu’au point de jonction du petit
échalas avec le grand, où ils les fixent et
les laissent ainsi jusqu’à leur complète des-
siccation.
A quelque temps de là, ils profitent
d’une belle journée pour les lier en hottes
et les rentrer dans un local bien aéré, tel
qu’un hangar ou un grenier. Il va de soi
que les quelques gousses vertes qui exis-
tent encore à cette époque sont enlevées
avant de serrer définitivement la récolte.
Plus tard, le battage se fait au fur et à
mesure des besoins de la vente ou de la
consommation. La valeur des grains, pour
la consommation comme pour la germina-
tion, est d’autant plus élevée que les soins
auront été mieux suivis et que les cosses
auront été tenues plus au sec.
Le battage opéré, on procède au triage.
A Ciry, on ne fait généralement qu’un
choix pour livrer les Haricots secs à la
vente. Cette opération consiste à séparer les
bons grains des grains cassés, tachés ou
avariés.
Ces derniers, lorsqu’ils ne sont pas trop
défectueux, sont consommés sur place ou
vendus dans les environs, à un prix infé-
rieur.
Telle est, d’une manière générale, la cul-
ture pratique et raisonnée du Haricot de Bois-
sons. Le commerce auquel elle donne lieu
est relativement considérable, et il est même
difficile de s’en faire une idée exacte. Nous
aurions -désiré entrer dans ces détails et faire
ressortir l’important rôle que ce Haricot joue
dans l’alimentation; mais, outre que cela
nous eût entraîné trop loin, ces détails, qui
rentrent plutôt dans la partie économique et
se rat tachent plus particulièrement à l’agri-
culture, eussent été un peu en dehors de
l’esprit de la Revue horticole.
E. Lambin.
48
BEREERIS THUNEERCtII. — PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES
BERBERIS THÜNBERGII
Au printemps dernier, j’ai reçu de
MM. Croux, horticulteurs à Aulnay, près
Sceaux (Seine), des rameaux fleuris d’un
Berberis qu’ils me priaient de déterminer.
Ils en avaient reçu les graines directement
du Japon, sans aucune détermination. Je
reconnus dans cette espèce le Berberis
Thunbergii, DG. (1), dont voici la descrip-
tion :
Arbuste petit, à rameaux serrés, vigou-
reux, nombreux, couverts d’une écorce
brun rouge et d’épines simples, droites.
Feuilles rassemblées en touffes le long des
rameaux, longues de 10 à 25 millimètres,
obovales ou spatulées, très- entières, par-
fois apiculées, à nervures très-peu appa-
rentes. Fleurs très-nombreuses, petites, ne
dépassant pas 5 à 6 millimètres de dia-
mètre, solitaires ou par paires sur des
pédicelles recourbés, très-grêles, qui dépas-
sent à peine les feuilles, ou parfois, mais
rarement, en petites ombelles brièvement
pédonculées. Sépales au nombre de trois à
quatre, égaux, ovales aigus, rouges, moitié
plus courts que les pétales, qui sont d’un
jaune paille teinté de rouge, les extérieurs
presque orbiculaires, les intérieurs plus
obovales. Ovaire oblong; stigmate large,
sessile, orbiculaire. Fruit globuleux ou lar-
gement ellipsoïde, large de 5 à 6 milli-
mètres.
Le B. Thunbergii a été décrit dès 1784
par Thunberg, qui avait cru à tort la plante
identique au B. cretica de Linné, auquel
d’ailleurs elle ressemble, bien que celle-ci
ait des épines tripartites, des feuilles den-
tées, etc. Miquel, à son tour, tomba dans
une autre erreur en le rapportant au B. si-
nensis, celle-ci étant très -distincte,’ comme
l’a justement fait observer Sir J. Hooker
{Bot. Mag., t. 6646), par ses longues grap-
pes pendantes.
Ce joli arbuste, trouvé au Japon par
divers collecteurs, Thunberg, Dickens,
Wright, Savatier, Maximowicz et d’autres,
a été envoyé en Russie dans ces dernières
années et de là en Angleterre ; mais il pa-
raît que c’est à MM. Groux qu’il appartient
de l’avoir introduit directement du Japon
dans les pépinières françaises. Ge qui aug-
mente singulièrement le mérite de cette
espèce, en dehors de la grande abondance
de sa floraison printanière, c’est sa rusti-
cité. Les jeunes plantes n’ont nullement
souffert de l’hiver 4879-1880 ; on peut donc
dire sans crainte que l’épreuve a été déci-
sive et que le B. Thunbergii peut braver
impunément nos plus grands froids.
Cette jolie espèce se multipliera sans
doute de graines, et sa culture ne sera pas
plus difficile que celle de ses congénères :
B. dulcis, Darwini, stenophylla, etc., ar-
bustes déjà si précieux pour l’ornementa-
tion des jardins. Ed. André.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES
Rosa polyantha Cécile Brunner.
Variété très-méritante, remarquable aussi
par se^ caractères, qui sont tout à fait diffé-
rents de la plante dont elle sort, du Rosa
(1) Berberis Thunbergii, DG., Sgst. veg.,vo\. II,
p. 9; Prodr., I, p. 106. — Regel, Desc. pl. nov.
Turk., fasc. I, p. 19; Gartenfl., 1872, -p. 238. —
Bot. Mag., t. 6646. — B. sinensis, Miquel, Enum.
pl.jap., p. 1. — B. chinensis, Franch. et Savat.,
Enum. pl. jap., vol. II, p. 272. — B. cretica,
Thunb., Fl. jap., p. 146 (non Lin.).
polyantha (2). Sa végétation, son port, son
inflorescence, ses fleurs, la rattachent au
groupe des Noisettes remontantes. G’est une
plante très-vigoureuse, naine, pouvant faire
des bordures ; ses fleurs, disposées en co-
rymbe, sont d’un beau rose vif à fond jaune
soufre, rose clair à la circonférence. Elles
sont très-odorantes.
(2) Salon M. Grépin, le R. polyantha est syno-
nyme de R. multiflora.
üiip. Georges Jacob, — OrJéoua.
CHRONIQUE HORTICOLE
Le temps. — Loin de s’améliorer, la
situation s’aggrave en raison de la prolon-
gation des intempéries, et on constate qu’il
n’est guère de jours où il n’ait pas plus ou
moins plu. Quant à la température, elle est
toujours élevée, à part les 8 et 9, où il a
gelé de 3 à 8 degrés; à Paris, il y a eu — 3
le 8, et — 4 à 5 le 9; à Fontainebleau, le
froid a été plus vif : — 5 le 8, et — 8 le 9.
On voit apparaître de temps à autre une
véritable journée d’été : pas de nuage,
soleil chaud ; aussi la végétation marche-t-
elle rapidement. Dans les jardins où des
plantes de serre n’ont pas été enlevées,
beaucoup sont en très-bon état, et certaines
même n’ont pas cessé de fleurir : telle est
entre autres le Veronica speciosa et ses va-
riétés. Dans notre jardin, à Montreuil, un
pied de Bignonia jasminoides a eu à peine
ses jeunes bourgeons gelés, bien qu’il n’ait
pas été abrité.
Les hivers sans froid. — A cette épo-
que de l’année, il est permis de pronosti-
quer que l’hiver de 1882-1883 prendra
rang parmi ceux qui se sont signalés par
une douceur exceptionnelle. Janvier a com-
mencé au milieu des floraisons printanières,
et pas un instant les jardins ne sont restés
sans Heurs et sans parfums. Nous écrivons,
en Touraine, ayant sur notre table un bou-
quet cueilli dehors à l’instant et ainsi com-
posé : Giroflées jaunes, Spirea Thunhergii
et prunifolia, Calycanthe précoce et G.
à grandes fleurs {Chimonantlms fragrans
et G. grandiflorus), Daphné lauréole, Jas-
min nudiflore. Rose du Bengale, Berheris
Darioini, Hellébore noir, H. pied de grif-
fon, H. vert, Chrysanthème couronné à
fleurs doubles. Violettes odorantes et V. de
Parme, Thlaspi vivace {Iberis sempervi-
rens), Aubriétias, Lonicera fagrantissima
et L. Standishii, Pvéséda, Primula elatior
et acaulis, etc., etc. Cette liste pourrait
être allongée considérablement ; mais elle
donne l’idée de ce qu’un seul jardin peut
fournir au 15 janvier sous l’influence d’une
température inusitée. Ce serait le bonheur
parfait, pour l’amateur des jardins, s’il
constatait moins de pluie et n’avait pas à
gémir sur les inondations, les champs non
1er FÉVRIER 1883.
emblavés, les labours en retard, la récolte
presque compromise.
En présence d’un état météorologique si
singulier, il n’est pas sans intérêt de citer
ici quelques hivers qui se sont présentés
dans des conditions à peu près aussi ex-
traordinaires.
En 1172, dit une chronique ancienne,
— qui pourrait bien confiner à la légende et
n’être pas article de foi scientifique, — la
douceur de l’hiver permit aux arbres de se
couvrir de feuilles ; les oiseaux couvèrent et
eurent des petits en février.
L’année 1289, l’hiver fit totalement défaut.
En 1421 , on vit les arbres fruitiers fleu-
rir avant mars et les vignes en avril. Dans
ces deux mois les Cerises mûrirent et on
cueillit des Raisins en mai.
En 1538, on constata qu’au mois de jan-
vier les jardins étaient émaillés de fleurs.
L’année 1572 fut à peu près similaire à
celle de 1172.
On cite également les hivers de 1607,
1609, 1613 et 1617 comme remarquables
par leur douceur exceptionnelle.
Les chroniques allemandes racontent
qu’en 1692 on n’alluma pas de feu pour se
chauffer.
En 1781, de même qu’en 1807 et en
1823, la température citée, après des ob-
servations qui déjà révélaient un mode d’ex-
périmentation plus exact, fut d’une douceur
extraordinaire.
Enfin, chacun se souvient de l’hiver doux
de 1866, l’année de la grande inondation
de la Seine, et de celui de 1876-77.
Nous n’en avons pas encore fini avec
l’hiver que nous traversons, et quelques
recrudescences de froid peuvent encore se
produire ; mais les périodes de longues ge-
lées sont déjà passées, et tout donne à pen-
ser que le printemps sera précoce et que
cet hiver sera classé parmi les plus bénins.
Le Jardin d’acclimatation à Hyères.
— Nous venons de visiter, à Hyères, les
nouvelles cultures que le Jardin d’acclima-
tation du bois de Boulogne installe depuis
quelques années sous ce délicieux climat, et
qui ont pris une importance digne d’être
signalée aux amateurs d’horticulture. Des
3
50
CHRONIQUE HORTICOLE.
serres ont été construites, des abris ins-
tallés, de vastes terrains, occupant aujour-
d’hui une superficie de 15 hectares, ont
été plantés des espèces qui sont le plus
demandées sur la côte méditerranéenne, où
le goût des jardins prend de jour en jour
un essor plus considérable. Indépendam-
ment des collections d’Eucalyptus et d’A-
gaves, de serre froide et de plein air que
nous y avions déjà constatées, nous avons
vu avec plaisir que l’actif et habile direc-
teur du jardin d’acclimatation de Paris,
M. A. Geoffroy Saint-Hilaire, tenait à faire de
la succursale d’Hyères le digne complément
de l’établissement central. C’est ainsi que
la culture des Palmiers et autres belles
plantes d’appartement s’est beaucoup déve-
loppée à Hyères et que des milliers de La-
taniers, de Coryphas, d’Arecas, d’ Arauca-
rias, de Dracénas, etc., viennent chaque
semaine alimenter la vente de Paris.
En somme, l’établissement d’Hyères s’est
révélé comme un lieu de production consi-
dérable. Il ne lui manque plus que de déve-
lopper la culture d’amateur des plantes
rares et nouvelles, d’importation et d’accli-
matation directe, pour compléter l’intérêt
qu’il nous a déjà présenté pour l’horticul-
ture française.
Vignes tuberculeuses de la Cochin-
chine. — Un fait intéressant, dont nous
avons été récemment témoin, nous oblige
de dire un mot à propos de ces Vignes dont
naguère on a tant et si diversement parlé.
Nous n’avons à soutenir ni à combattre les
dires des uns ou des autres, mais tout sim-
plement à faire connaître des faits : or, de
beaux et très-gros Raisins des Vignes
tuberculeuses de la Cochincbine viennent
d’arriver chez 'MM. Vilmorin, quai de la
Mégisserie, à Paris, où nous les avons non
seulement vus, mais admirés.
En examinant ces Raisins, qui par l’aspect
rappellent nos belles espèces européennes,
et dont une grappe pèse près de un kilo-
gramme, cette pensée vient de suite à
l’esprit : « Gomment se fait-il que de si
remarquables produits n’aient pas frappé,
sinon les indigènes, au moins les Euro-
péens qui résident ou qui ont visité la
Cochincbine il y a longtemps, et que pas un
n’ait songé à les signaler, ne fût-ce que
comme un objet de curiosité? » En effet, on
ne peut guère expliquer ce fait qu’ainsi :
ces Vignes croissant dan§ les forêts, les
Raisins en sont mangés au fur et à mesure
qu’ils mûrissent, ce qui indiquerait qu’ils
ne sont pas, ainsi qu’on l’a dit, dépourvus
de qualités. Y aurait-il là plusieurs va-
riétés ou formes de valeurs diverses, et
n’aurait-on vu jusqu’ici que les inférieures?
C’est un point que l’avenir éclaircira. Pour
le moment, nous nous bornons à signaler
le fait, dont nos lecteurs apprécieront l’im-
portance.
Quant à la possibilité de tirer parti de
ces Vignes, c’est une tout autre question
que nous nous proposons d’examiner plus
tard.
Arrivage de Lis japonais. — M. Four-
nier, horticulteur, rue Basse-Saint-Père, à
Montreuil, vient de recevoir du Japon un
stock de Lis comprenant 28 formes di-
verses. A cet envoi étaient jointes des figures
coloriées représentant ces Lis. L’examen
que nous avons fait de ces dernières in-
dique des plantes sinon connues, du moins
rentrant dans les sections que l’on possède
dans les cultures européennes : des aura-
tiim, des speciosum, des longiflorum, des
croceiim, des pumilum ou tenui folium, des
cordifolium, etc. Y a-t-il là des espèces
nouvelles ? Nous ne pourrions le dire; mais
ce que nous pouvons assurer, c’est qu’il y a
de très-jolies choses, des coloris que nous
n’avons jamais vus nulle part.
Ce que nous avons constaté aussi avec
plaisir, c’est la force relative des oignons
et leur état parfait de conservation, ce qui
est dû, très-probablement, au mode de pré-
paration de ces oignons et aux soins avec
lesquels ils ont été emballés. Voici comment
s’opère ce travail : une fois arrachés, les
oignons sont étalés à l’air et à l’abri pen-
dant quelques jours, afin qu’ils ressuient un
peu, puis l’on prépare une bouillie de terre
épaisse et consistante, une sorte de pralin
dans lequel on enrobe les oignons, puis
chacun d’eux est recouvert d’une feuille de
papier qui se colle sur la terre à laquelle
elle adhère bientôt, de sorte que chaque
oignon forme une masse sphérique. Ceci
fait, on prend des caisses dans lesquelles les
oignons sont disposés par lits et séparés avec
de la terre argileuse pulvérisée et sèche, de
façon à bien boucher tous les interstices et
à remplir complètement les caisses. L’en-
robement ou pralinage (terre et papier)
CHRONIQUE HORTICOLE.
51
forme autour de chaque oignon une sorte
de carapace consistante et résistante qui
protège et conserve l’oignon. Quand elles
sont arrivées à destination, on ouvre les
caisses; on enlève la carapace, qui se sépare
et laisse l’oignon parfaitement intact et sain.
Précautions à prendre en prévision
des froids, pour garantir les fleurs des
arbres fruitiers. — Notre collaborateur,
M. Boisselot, de Nantes, nous adresse à la
date du 2 décembre 1882 les quelques
observations suivantes, qui nous paraissent
bonnes à méditer :
Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de
gelée, mais en revanche des pluies continuelles.
Cependant l’hiver n’est pas passé, et nous pour-
rions bien au printemps prochain payer tout l’ar-
riéré. C’est ce qui m’engage à vous parler
d’une expérience que j’ai faite il y a déjà bien
des années. Ayant à la campagne deux forts
Pruniers à haute tige couverts de fleurs, et le
temps semblant annoncer de la gelée, j’en-
tourai le tronc de ces arbres d’une torsade de
paille (depuis les premières branches jusqu’au
sol), puis je plongeai l’extrémité de la torsade
dans une terrine pleine d’eau.
Le lendemain matin, je trouvai une petite
couche de glace dans ma terrine (bien que
l’on pût à peine en voir de légères traces
dans les pas de bœufs sur les chemins).
Bref, j’eus cette année-là une abondance ex-
traordinaire de fruits sur mes deux arbres,
alors que d’autres placés dans des conditions
analogues en étaient dépourvus. Ce procédé
n’est peut-être pas nouveau, mais il m’a paru
bon à rappeler.
Nous ne pouvons rien dire des causes pré-
servatrices que signale M. Boisselot ; nous
rappellerons pourtant que son procédé nous
paraît être analogue à celui dont a parlé
M. Rivière-Verninas, et qui est employé en
Hollande pour garantir des gelées la floraison
des arbres fruitiers, et que nous avons
décrit et figuré dans la Revue horticole^
1878, p. 115, procédé sur lequel nous ap-
pelons de nouveau l’attention.
Fructification du Microcachrys te-
tragona. — C’est certainement la première
fois que la fructification de cette espèce a
lieu en Europe. C’est en Angleterre, dans
une des serres du jardin de Kew, que le fait
s’est montré. Voici à ce sujet ce qu’on lit
dans le Gardeners Clironicle :
Dans le jardin d’hiver de Kew, il y a actuel-
lement un beau spécimen en parfaite fructi-
fication de ce rare et curieux Conifère, et
c’est une des plantes les plus remarqua-
bles de la serre. Il est probable qu’en An-
gleterre il est peu d’endroits où cette plante
se trouve ailleurs qu’à Kew ; elle est cepen-
dant bien digne de culture pour la décoration
des serres froides.
Une bonne figure en a été donnée dans le
Botanical Magazine il y a quelques années, et
voici ce qu’il en est dit : « C’est assurément un
Conifère des plus remarquables, et, sous d’au-
tres rapports, un des plus intéressants ; il est
extrêmement rare, même dans son pays natal,
et il présente le caractère, unique dans cette
famille, de porter des cônes charnus brillam-
ment colorés. Il est vrai que nous avons dans
les Ifs et dans différentes espèces de Podocar-
pus, etc., des fruits charnus fortement colorés;
mais un Conifère dont les écailles, même celles
des jeunes cônes, présentent un tissu mou,
semi-transparent et de couleur brillante, est
unique dans cette famille. »
Le Microcachrys tetragona habite le sommet
d’un très-petit nombre de montagnes de la Tas-
manie, où il forme des buissons nains et étiolés.
La plante femelle est, comme de raison, la
plus jolie ; quant au male, il n’est pas sans
avoir de ressemblance avec quelques-uns de
nos Genévriers.
Cette espèce, dont nous avons vu des
échantillons frais qui nous avaient été en-
voyés de Kew, est en effet des plus cu-
rieuses, et même des plus ornementales
par ses petits cônes nombreux, terminaux,
à écailles charnues, d’un rouge brillant. Elle
a été décrite et figurée pour la première
fois par M. Hooker, dans sa Flore de Tas-
manie (vol. I, p. 353, pl. 98), sous le
nom générique Diselma, C’est aussi sous
ce nom que nous l’avons décrite dans la
deuxième édition de notre Traité général
des Conifères, en la considérant toutefois
comme un genre mal connu et de classifi-
cation douteuse.
Le Lierre à fruits rouges. — Nous
avons vu récemment, à Cannes, le Lierre à
fruits rouges dont nous avons entretenu nos
lecteurs. Nous avons constaté que le pied
mère, remarquable par le feuillage parti-
culier que nous avons décrit, porte de nom-
breuxYameaux adultes, qui étaient couverts
^de fleurs au moment de notre visite. On nous
a de nouveau affirmé que les fruits étaient
bien rouges, et nous avons pris des disposi-
tions pour que, si les choses sont ainsi
que nous l’espérons, la Revue horticole en
publie une planche coloriée.
52
CHRONIQUE HORTICOLE.
Populus alba Bolleana. — Cette nou-
velle variété de Peuplier blanc, originaire
de Taschkendt, dans le Turkestan, promet
d’être un arbre de grand mérite pour l’orne-
mentation des parcs.
Son caractère distinctif principal est la
forme fastigiée et pour ainsi dire en co-
lonne qu’il prend. Son joli feuillage dé-
coupé le rend, en outre, très-remarquable.
Le Peuplier blanc de Boll possède un
aspect tout à fait différent de celui du Peu-
plier blanc de Hollande. On en avait fait, à
son introduction en Allemagne, une espèce
distincte ; mais il est plus rationnel de n’y
voir qu’une variété très -intéressante du
Populus aïba.
Cercle pratique d’arboriculture et
de culture de Seine-et-Oise. — Sous ce
titre il vient de se former une Société dont
le siège est à la mairie de Montmorency.
Son but est de favoriser et d’encourager
tout ce qui peut contribuer au progrès de
l’arboriculture et de la viticulture dans le
département de Seine-et-Oise.
On ne peut qu’applaudir à cette idée;
aussi toutes nos sympathies et même notre
concours sont-ils acquis à cette nouvelle
institution. Nous lui souhaitons prospérité et
longue vie.
Addition au matériel de l’École
d’horticulture de Versailles. — Cette
école, probablement la plus complète, qui
est un vrai modèle en son genre et dont
l’importance s’accroît sans cesse, vient en-
core d’ajouter à son matériel une serre mo-
numentale dont voici les dimensions : 48"’ 60
de longueur sur 9'" 30 de largeur et 8'” 50
de hauteur. Deux chaudières pouvant fonc-
tionner ensemble ou séparément, cons-
truites suivant le mode adopté pour les ma-
chines à vapeur ordinaire, sont destinées à
assurer une température suffisante à l’aide
de six rangées de tuyaux de 10 centimètres
de diamètre et qui font le tour de la serre.
Cette serre est destinée à recevoir des
Palmiers, des Fougères et des plantes^di-
verses de serre tempérée et de serre froide.
Bien qu’elle ait des proportions un peu inu-
sitées, elle est comprise de telle sorte qu’elle
réunit toutes les meilleures conditions pos-
sibles de culture. On voit qu’un maître a
présidé à sa construction et que rien n’a
manqué, même l’économie. C’est un vérita-
ble modèle qui pourra servir de guide aux
amateurs. Quant aux hôtes que cette serre
est destinée à abriter, on n’a pas à s’en
préoccuper, et il va de soi que les meilleurs
soins leur seront donnés. Sous ce rapport,
on peut être tranquille; les précédents
sont là.
Concours de trufficulture. — Les
nombreux terrains laissés libres par la des-
truction des Vignes qui les occupaient, et
que le phylloxéra a anéanties, ont donné
l’idée, dans certains départements méri-
dionaux, dans la Dordogne notamment, de
créer des truffières en plantant des essences
qui semblent très-propres à favoriser cette
(( culture ? » De ces essences, celles qui
paraissent les mieux appropriées sont cer-
tains Chênes que pour cette raison on a
nommés « Chênes truffiers. »
A la suite de ce concours, pour lequel
le Conseil général départemental a voté
une somme de 1,500 fr., seront décernés
dix prix, dont le premier consiste en une
médaille d’or et 300 fr. La distribution
devra avoir lieu en séance publique, à l’oc-
casion des concours de bouchers de la
(( Foire des Bois. »
Bégonia Pictavensis. — Nous avons
reçu de M. J. -B. Deleuil, horticulteur à
Marseille, la lettre suivante, que nous nous
empressons d’insérer, en espérant qu’elle
sera la dernière sur un sujet dont l’intérêt
ne suffit pas pour occuper plus longtemps
l’attention des lecteurs de la Revue horti-
cole, bien que le fait de la production si-
multanée dont il s’agit reste toujours des
plus curieux :
Marseille, 5 janvier 1883.
Dans le numéro du l^i’ janvier 1883 de votre
estimable Revue que je reçois à l’instant, je
trouve une communication de M. Bruant, re-
vendiquant pour son compte, la priorité du
Bégonia hybride du B. Schmidti par le B.
semperjlorens , que vous avez dénommé B. X
Pictavensis, nom auquel mon honorable con-
frère préférerait, il semble, celui de Bruanti.
Il est évident que si M. Bruant avait déjà lancé
dans le commerce ce remarquable produit de
l’hybridation, sous l’un ou l’autre de ces deux
noms, personne, parmi les obtenteurs de cette
belle plante, ne lui contesterait la priorité.
Mais voici un fait, ignoré sans doute de
M. Bruant, et (jui me donne, je crois, un droit
incontestable à cette priorité.
J’ai fécondé le B. Schmidti par le semper-
florens en 1880, ainsi que j’ai déjà eu l’hon-
SPINOVITIS DAVIDI ET VITIS ROMANETT.
neur de vous le dire il y a quelque temps,
tandis que M. llruant n’a pratiqué le môme
croisement qu’en 1881. De plus, j’ai présenté
un sujet fleuri de cet hybride à la séance du
13 décembre 1881 de la Société d’horticulture
de Marseille, où il a été récompensé, ainsi que
le justifie le proces-verbal de cette séance, pu-
blié dans le numéro de janvier 1882 de la Re-
vue horticole des Bouches-du-Rhône, organe
de ladite Société, où vous trouverez ma plante
sous le nom de B. semperflorens superha,
nom que je comptais lui donner alors. Je vous
ferai observer qu’à cette même époque la
plante qui fut plus tard le B. Pictavensis ou
B y nanti n’était encore qu’à l’état de poussié-
reuse semence et ne devait révéler son exis-
tence qu’en septembre 1882 par l’excellente
description que vous lui avez consacrée.
En octobre 1882, bien approvisionné de cette
plante, je l’ai lancée dans le commerce sous
le nom de B. semperflorens Massiliensis ; c’est
un droit que personne ne me contestera. Au-
rais-je dû l’annoncer sous le nom de B.
Bruanti Ÿ Je n’en avais ni le droit ni le devoir.
Le B. semperflorens Massiliensis est actuelle-
ment répandu un peu partout, tandis que le
B. Pictavensis ou Bruanti n’est pas sorti en-
core des serres de son obtenteur.
Enfin, de tout ce qui a été dit de cet hybride,
et d’après l’usage consacré, à qui revient la
priorité de ce Bégonia 9 Je m’en rapporte, sur
ce point, à votre haute loyauté et à celle de
mon honorable collègue, M. Bruant.
J. -B. Deleuil.
Notre opinion est que la priorité de nom
serait acquise à M. Deleuil s’il avait consi-
déré sa plante comme une" production in-
termédiaire entre les Bégonia Schmidti et
semperflorens. La question est de savoir
s’il y a eu hybridation, ce qui ne paraît pas
démontré. Sans chercher à fixer la prédo-
minance de l’un des deux parents, on peut
considérer que leur action commune est in-
déniable, puisque la forme nouvelle ne s’est
produite que là où les deux plantes étaient
cultivées côte à côte. Il y a deux hybrides,
SPINOVITIS DAVIDI
Origine. — Ces deux Vignes sont origi-
naires de la province chinoise de Ghen-Si;
toutes deux appartiennent à la flore de la
chaîne du Tsing-Ling, ce vaste massif mon-
tagneux qui sépare les bassins des deux
grands fleuves de la Chine, le Hoango-Ho
et l’Yang-Tsé-Kiang.
Elles ont été découvertes, la première en
décembre 1872, la deuxième en mars 1873,
quelle que soit la définition ou la valcMir
qu’on attribue à ce mot. Dans ce cas, on
ne peut donner à la nouvelle plante le nom
d’une variété de l’un des types ; ce nom
doit les rappeler tous deux ou en être ab-
solument distinct. C’est pour cela que celui
de Pictavensis avait été proposé. Libre à
nos lecteurs de trancher la question selon
leurs propres lumières ; ils ont en mains
les pièces de cet innocent litige.
Errata : Dans la dernière livraison,
quelques erreurs typograpliiques se sont
glissées , que nous nous empressons de
réparer :
Page 27, 2® colonne, ligne 33, au lieu de
c( tient )), lire « ton » ;
Page 28, 2* colonne, ligne 27, au lieu de
« à Grawford », lire (( chez M. Craxvford » ;
Page 29, I**® colonne, ligne 5, au lieu de
(( argumentée », lire « augmentée».
Enfin une similitude de nom des plus
regrettables a fait confondre, dans le
numéro du 16 janvier, deux plantes com-
plètement différentes ; le Sliortia galaci-
folia, Torrey, petite espèce voisine des
Pyrola, avec le Shortia Californica,
Hort., angl., qui n’est autre que VHgme-
noxis Californica, DG., Gomposée-Séné-
cioïdée, voisine du Bœria chrysostoma,
Fisch.
L’article où il a été question du Shortia
est à peu près exact, sauf la note addition-
nelle qui s’applique à V Hymenoxis et que
représente aussi la figure 7 de la Revue
(1883, p. 41).
Le Shortia de Torrey est une -plante
excessivement rare ; c’est à ce point que le
pied cultivé par M. Hamelin, au Muséum
d’histoire naturelle, est peut-être le seul
qu’il y ait en Europe. On n’en connaît pas
les graines.
E.-A. Carrière et En. André.
ET VlTIS ROMANETI
par M. l’abbé Armand David, missionnaire
lazariste, l’un des naturalistes de notre
époque qui ont enrichi le Muséum des plus
belles collections. D’après les indications
contenues dans son ouvrage, j’ai en 1880
écrit à Ma^ Chiais, évêque missionnaire du
Chen-Si, pour lui demander des graines de
ces Vignes ; son coadjuteur, M^i* Pagnucci,
a bien voulu en faire récolter, et c’est de
54
SPINOVrns DAViDI ET VlTlls EO.MAAETI.
son obligeance que je tiens celles que j’ai
reçues l’année dernière et cette année.
De concert avec M. Armand David, ces
deux espèces de Vignes ont été nommées,
l’une, qui est un peu épineuse, Spinovitis
Davidî, l’autre Vitis Romaneti.
La première appartient au versant sep-
tentrional du Tsing-Ling; elle croît à une
altitude de 1,100 à 1,200 mètres environ par
34o latitude N. et 106» longitude E., aux en-
virons du village d’Inkiapo, dans la vallée
du Lao-Yu, l’un des contreforts du Tsing-
Ling ; la pente rocheuse qu’elle couvre de ses
lianes impénétrables est exposée au midi.
Partout, dans cette vallée, ce sont les
roches métamorphiques qui dominent :
gneiss grisâtre et verdâtre, micaschiste
très -siliceux, autres schistes divers et phyl-
lades ardoisières. On y rencontre également
des blocs de beau granit à gros cristaux de
feldspath, et un peu de calcaire mélangé de
silice. C’est surtout dans les régions supé-
rieures que le calcaire doit exister, cardans
la vallée on n’en rencontre guère que quel-
ques blocs roulés dans les torrents.
En somme, le sol du Lao-Yu est un
terrain primitif, analogue à celui du Li-
mousin et de la Bretagne.
Le Vitis Romaneti croît également dans
un sol exclusivement granitique ; son habi-
tat se trouve sur le versant méridional du
Tsing-Ling. M. Armand David l’a rencon-
trée près du village de Ho-Ghen-Miao, dont
l’altitude est de 1,390 mètres. La latitude
de ce point est d’environ 33®. 20 N. et sa
longitude vers 105® E.
Dans la région où croît le Spinovitis Da-
vidi^ la neige a commencé à paraître à la fin
de novembre ; dans celle du Vitis Romaneti,
elle n’était pas entièrement fondue le 8 mars.
Fruits. — Ni l’une ni l’autre de ces
Vignes n’est l’objet d’aucune culture de la
part des Chinois. Toutes deux cependant
produisent des Raisins comestibles et trans-
formables en vin.
Le Raisin du Spinovitis Davidi est noir,
à grains petits, de la dimension d’un gros
Cassis ; les pépins sont assez volumineux.
Sur le fruit du Vitis Romaneti je n’ai
encore aucune donnée ; mais ses pépins
étant en moyenne moins gros que ceux du
Spinovitis Davidi il est probable qu’il est
un peu plus charnu.
Les chrétiens de la montagne de Lao-Yu
fabriquent avec le Raisin du Spinovitis
Davidi un vin rouge, doux et acide en
même temps, d’un goût aromatique spé-
cial, rappelant la Framboise ; ce vin est
très-bon, mais faible en alcool.
Avec le Raisin du Vitis Romaneti, on
peut aussi faire du vin; toutefois, M. Ar-
mand David n’en a pas goûté.
En résumé, le vin produit par le fruit de
ces Vignes sauvages étant de bon goût, la
culture européenne ne peut que l’améliorer
encore; et nous pouvons admettre avec
M?»’ Pagnucci, que si ces Vignes parviennent
à s’acclimater en France, on en tirera un
vin excellent, aussi bon que le meilleur
Bordeaux.
Acclimatation. — D’après les expé-
riences de Humboldt, il est généralement
reconnu que 85 mètres d’élévation au-des-
sus du niveau de la mer produisent le même
effet sur la température annuelle qu’un dé-
placement d’un degré vers le pôle en lati-
tude. Suivant ce principe, on peut espérer
que les deux Vignes en question s’acclima-
teront parfaitement dans toutes les régions
viticoles (1) de la France, et parviendront à y
porter leurs fruits jusqu’à complète maturité.
A la vérité, dans ces contrées de la Chine,
dont la température moyenne est égale à
celle de la France, la somme des chaleurs
de l’été est de beaucoup supérieure. Or,
pour bien des plantes, la végétation dépend
moins de la moyenne que de la somme to-
tale de chaleur. Mais la culture, les en-
grais, les pluies estivales, plus communes
en France que dans l’extrême Orient, pour-
ront certainement faire compensation à la
chaleur plus considérable de l’été chinois.
Ainsi j’ai observé sur le Spinovitis Da-
vidi l’influence du terroir; les plants de
cette espèce qui ont poussé en 1881 dans le
sol calcaire du Périgord ont les feuilles du
double plus larges que ceux dont les graines
ont été semées dans le sol granitique du
Limousin, sol analogue à celui de leur
pays d’origine.
Les résultats des essais d’acclimatation
tentés en 1881 ont été moins satisfaisants
pour le Vitis Romaneti que pour le Spino-
vitis Davidi.
En effet, les graines du Vitis Romaneti
reçues en 1881 étaient de moins bonne
qualité que celles de son congénère (2).
Quand ma lettre de 1880 arriva au Chen-Si,
(1) Voir la note à la fin de l’article.
(2) Idem.
SPlNüVlïlS DAVIDI ET VITIS KüMANETl.
55
la saison était avancée. Pagnucci en-
voya ausssitôt un exprès à Ho-Ghen-Miao;
mais ce messager ne trouva plus daus la
forêt que quelques grappes tardives et mal
venues. Ce sont ces fruits chétifs qui ont
fourni les graines de 1881.
Les graines reçues en 1882, ayant été
récoltées à temps, proviennent de grappes
de pleine croissance. Un semis que j’ai fait
en Périgord sur couche, mais sans châssis,
dans les derniers jours d’avril' dernier, a
donné, le 22 mai, quelques petits plants
qui montraient déjà leurs cotylédons.
Les semis de Vitis Romaneti faits en
1881 m’ont pourtant donné quelques sujets
assez vigoureux. L’un d’eux surtout, venu
en Périgord, a déjà cette année des pousses
de 50 centimètres.
Il semble que le Vitis Romaneti com-
prenne deux variétés : l’une aurait le feuil-
lage couleur vert bouteille et glabre, l’autre
vert pomme clair et légèrement tomenteux.
La lige herbacée, chez les jeunes plants
de la première variéié , serait gris ver-
dâtre ; elle serait rosée chez ceux de la se-
conde.
Les feuilles du Vitis Romaneti sont plus
lancéolées et plus régulières que celles du
Spmovitis Davidi. Le feuillage de ce der-
nier est polymorphe, et sur un pied il n’est
pas rare de trouver des feuilles à deux,
trois ou quatre échancrures très-accentuées
et d’autres en forme de cœur.
La végétation du Spinovitis Davidi est
encore plus vigoureuse que celle du Vitis
Romaneti; semés le 15 avril 1881, les
plants n’avaient poussé qu’en fin mai. Or,
en septembre, à la fin de la végétation,
j’avais plusieurs tiges de 75 de long (1).
Les racines des deux espèces sont très-
vigoureuses; elles tracent à la surface du
sol ; le collet reste déchaussé, sans que la
plante paraisse en souffrir.
Des plants de 1881, que j’ai arrachés en
mars 1882 pour les planter en pépinière,
avaient un faisceau de 20 à 25 racines lon-
gues comme la main. La maison André
Leroy, d’Angers, qui a cultivé ces Vignes
en 1881, les considère comme aussi vigou-
reuses que les Vignes américaines, et elle
pense qu’elles résisteront, aussi bien que
ces dernières, aux atteintes du phyllo-'
xéra.
Conseils relatifs aux semis des graines.
(l) Voir la note à la fin de l’article.
— Je termine cette note par quelques con-
seils relatifs au semis des graines de ces
Vignes; ils sont basés sur l’expérience ac-
quise dans les semis faits l’année dernière
et au commencement de cette année.
On peut semer ces Vignes dès le mois de
mai ; en semant en mai et même jusqu’à la
mi-juin, on peut encore espérer avoir des
plants l’année même. U y a plus ; de graines
semées au commencement de juillet, quel-
ques-unes ont germé et donné des plants
viables.
L’année dernière, mes semis ont été faits
le 15 avril sur une couche de fumier de
cheval frais épaisse de 25 à 30 centimètres,
recouverte d’une épaisseur de terreau de
15 à 18 centimètres. Sur la couche était
un châssis vitré qui est resté presque tou-
jours fermé jusqu’à la germination. Chaque
soir le jardinier arrosait en pluie.
La germination s’est produite au bout de
cinq à six semaines.
Les jeunes pousses ont pour ennemis
les petits limaçons; il faut leur faire la
cbasse et les éloigner avec de la cbaux vive.
Mais, autant que possible, il est bon que la
cbaux vive ne louche pas la jeune tige; elle
pourrait la brûler.
Quand la germination commence à se
produire, on doit pailler le châssis et le le-
ver le jour, l’ardeur du soleil pouvant gril-
ler les jeunes plants. De même il faut évi-
ter d’arroser avant le déclin du jour.
En été, quand le plant a 25 centimètres
de hauteur environ, on peut enlever le
châssis. En automne, dès qu’on craindra la
gelée, on couvrira les jeunes plants avec un
paillasson, afin que le froid gèle le moins de
bois possible et éj>argne les bourgeons. La
partie ligneuse obtenue la première année
peut comprendre d’un à quatre bourgeons.
La plupart des plants que j’ai obbmus
en 1881 étaient bons à transplanter en pé-
pinière dès mars 1882. J’ai transplanté ceux
de mon semis du Limousin ; ils ont presque
tous repris.
Mais je crois qu’il est préférable de lais-
ser en place une seconde année les jeunes
plants dans la terre de leur châssis.
1° Us y acquièrent naturellement plus de
force ;
2'’ On peut mieux les abriter contre les
gelées printanières ;
3» Enfin, comme une partie des graines
semées ne germent que la seconde minée.,
5(5
BEGONIA SCHMIDTI.
il importe de ne pas trop remuer la terre
du châssis.
Ainsi, en Périgord, où je n’ai pas tou-
ché au châssis de graines semées en 1881,
j’ai vu ce printemps poindre une vingtaine de
jeunes plants tant de Vitis Romaneti que de
Spinovitis Davidi semés l’année précédente.
Tels sont les renseignements que je
crois pouvoir donner sur la culture de ces
deux Vignes sauvages de la Chine.
Les essais d’acclimatation, tentés l’an-
née dernière sur plusieurs points de la
France, vont être continués non seulement
en France, mais encore en Algérie, en Au-
triche, en Hongrie, en Espagne et en Por-
tugal. Puisse la viticulture européenne trou-
ver dans ces deux robustes espèces, vierges
de toute culture, des sujets résistant au
phylloxéra !
F. Romanet du Gaillaud.
11 y a, dans l’article qu’on vient de lire,
certaines aftirmations qui nous semblent en
opposition avec ce que nous connaissons de
ces Vignes chinoises, et aussi quelques doutes
émis sur des faits qui, au contraire, nous pa-
raissent certains : j)ar exemple en ce qui con-
cerne l’acclimatation, sur la({uelle M. Romanet
du Gaillaud ne nous paraît j)as l’assuré. En
effet, des jeunes sujets de ces Vignes, plantés à
Paris et dans ses environs, ont parfaitement
résisté sans aucun abri. Du reste, il faut bien
le reconnaître, la végétation et la nature de
ces Vignes sont absolument semblables à celles
des nôtres. Ce que nous avons pu constater
sous ce rapport, c’est que le Vitis Romaneti
est beaucoup plus vigoureux que le Sjnnovitis,
lequel, du moins chez les jeunes sujets,
a les feuilles i)lus orbiculaires que celles
du Vitis Romaneti. Les jeunes plantes que
l’on possède du Spinovitis Davidi s’allongent
peu ; en sera-t-il autrement quand les sujets
seront plus âgés?
(pliant au })assage où M. Romanet du Gail-
laud dit : « Les résultats des essais d’acclima-
tation tentés en 1881 ont été moins satisfaisants
pour le Vitis Romaneti que pour \e Spinovitis
Davidi, )) il ne faut pas oublier qu’il se rap-
])orte à la (pialité des graines, non à la rusti-
cité des plants, qui nous paraît être absolu-
ment la môme, et que la végétation du Vitis
Romaneti a toujours été plus vigoureuse que
celle du Spinovitis Davidi, qui toujours nous
a paru être beaucoup plus faible partout où
nous avons pu voir ces deux espèces réunies.
Pour l’éducation des plantes, on peut s’é-
carter un peu des recommandations faites
par M. Romanet du Gaillaud,- car ces deux
Vignes chinoises étant tôut aussi rustiques que
les nôtres, auxquelles elles se rattachent du
reste, on peut les soumettre aux mêmes trai-
tements. E.-A. Carrière.
BEGONIA SCHMIDTE’^
Le bruit qu’a fait et que fait même encore
cette plante, qui du reste est d’un très-
grand mérite orne-
mental, nous engage
à revenir sur son
compte, d’aliord à cau-
se du rôle qu’on lui
fait jouer dans la pro-
duction de certains hy-
brides, ensuite pour
rappeler l’origine de
cette espèce, origine
que beaucoup de gens
paraissent ignorer.
Le Regonia Schmid-
ti, Regel (lig. 11 et
12), a été mis au com-
merce par la maison
Haage et Schmidt ,
d’Erfurth, qui a donné
de ces plantes les
détails que nous allons indiquer, et qu’elle
fig. 11. — Berjonia Schmidli, plante réduite
(1) Voir Revue horticole, 1880, p. 431.
a répétés à peu près textuellement dans son
catalogue de 1881 (2).
Espèce nouvelle que
nous avons obtenue de
graines reçues du sud
du Brésil; elle n’appar-
tient ni aux Bégonias
tubéreux, ni à ceux à
grandes feuilles, mais
bien plus à la classe des
Bégonias semi-ligneux,
à petites feuilles et à flo-
raison abondante, dont,
par exemple, les R.
(2) Sur le catalogue de
cet établissement pour
1881, nous trouvons, en
tête d’une description à
peu près identique à celle
qu’on vient de lire, ces
quelques mots sur l’ori-
gine du B. Schmidti : « La
découverte de cette très-belle espèce est due à
M. W. Sturon, de Porto-Allegre, qui nous en a
envoyé les premières graines. »
BEGONIA SCHMIDTI.
57
Dregei, mcmmata, Ingrami, Weltoniensis sont
des types.
Elle est destinée à prendi'e une place impor-
tante entre ceux-ci, place qu’elle mérite par sa
floraison extraordinairement riche. Les fleurs
sont blanches, à léger reflet rose ; l’aspect de
toute la plante est nain et branchu, en forme
de boule. Couverte de fleurs de mars à la fin
d’octobre, cette espèce fleurit aussi pendant
tout l’hiver quand on la place dans de bonnes
conditions, de sorte qu’on peut la considérer
comme appartenant aux espèces à floraison
continue, La culture est tout à fait celle des
autres Bégonias semi-ligneux : l’été en plein
air, l’hiver en serre tempérée.
Nous n’avons pas à rappeler ce qu’est le
Bégonia Schmidti comme plante ornemen-
Figure 12. — Bégonia Schmidti, rameau de grandeur naturelle.
taie; comme type, il est bien connu au-
jourd’hui; aussi, si nous sommes entré dans
tous ces détails, c’est, comme nous l’avons
dit plus haut, à cause de l’influence qu’il
paraît avoir exercée sur certaines espèces de
ses congénères, à moins que ce ne soit lui
qui ait subi la leur. Mais, quoi qu’il en soit,
on constate que, dans beaucoup de localités
où il se trouve, il s’est produit une sorte
d’ébranlement spécifique qui a déterminé
l’apparition de formes particulières, notam-
ment d’une des plus remarquables, qui s’est
montrée spontanément, pour ainsi dire, sur
plusieurs points très-différents, et qui à tort
ou à raison a été considérée comme un hy-
bride entre le B. Schmidti et le B, semper-
florens, et qui, par suite de cette apparition
simultanée, a reçu différentes dénominations
telles que : B. Pictavensis, Ed. André; Bé-
gonia Bruanti, G. Bruant; B. Massiliensis,
Deleuil; B. Carrierei, Crozy, etc., et dont
l’origine hybride peut même être contestée.
58
CULTURE DES ARTICHAUTS AUX ENVIRONS D’ANGERS.
Il y a là un effet qui, comme tel, ne peut
être nié, et dont une explication scientifique
rigoureuse pourrait éclairer sur des ques-
tions regardées comme insolubles jusqu’à
ce jour, par ce fait que toutes les explica-
tions qu’on a essayé d’en donner reposaient
sur des hypothèses erronées.
E.-A. Carrière.
CULTURE DES ARTICHAUTS AUX ENVIRONS D’ANGERS
De même que les Choux-fleurs, dont
nous avons entretenu nos lecteurs dans le
numéro de la Revue du mois d’octobre der-
nier, les Artichauts sont l’objet d’une cul-
ture très-importante aux environs d’Angers.
Les mêmes terrains conviennent à ces
deux importants produits maraîchers.
Les pépiniéristes de la région en possè-
dent cinq ou six variétés dans leurs collec-
tions; mais c’est exclusivement la variété
Camard d'Angers ou Gros Camus d’An-
gers qui se cultive en grand. Nous n’avons
jamais trouvé aucune autre variété chez nos
jardiniers de Saint- Laud, et ils n’en con-
naissent pas d’autres.
Voici de quelle manière ils la cultivent :
C’est ordinairement vers la fin d’avril ou
au commencement de mai que se fait la
plantation des champs d’Artichauts. —
Nous employons à dessein l’expression de
champs, pour bien montrer aux lecteurs
qu’il s’agit d’une culture en ^/mne?, absolu-
ment comme celle du Blé.
Comme pour les Choux-Fleurs qui, du
reste, précèdent souvent dans le même
terrain les Artichauts , plusieurs labours
profonds, à la charrue, sont nécessaires pour
la plantation. Il importe que la terre soit
irës-meuhle, c’est-à-dire bien divisée.
Au dernier labour, il convient de fumer
abondamment le terrain avec du fumier de
cheval ou de vache ; lorsqu’il est ainsi bien
préparé, on procède à la plantation.
Les drageons ou œilletons qu’on aura dé-
tachés des pieds-mères, et dont on aura
coupé les jeunes feuilles, seront plantés en
lignes droites, en quinconce, à l’aide d’un
piquet, et à un mètre les uns des autres
dans le rang ; chaque rang sera séparé de
son voisin par un espace del"^ 50 environ,
de manière que les labours à la charrue
puissent se faire facilement dans le courant
de l’été.
Si le temps était trop sec au moment de
la plantation, il faudrait arroser, afin que la
reprise se fasse plus promptement.
Les seuls soins à donner jusqu’à la fin de
l’automne, consistent à tenir la plantation
propre par des binages fréquents à la houe.
Si l’été est pluvieux, on pourra, dès la
première année de plantation, faire une
première récolte dans le courant de l’au-
tomne.
Vers le 15 août, on coupe tous les mon-
tants, et on dédrageonne les Artichauts,
auxquels on laisse deux drageons seulement
par pied.
Puis, aux premières gelées, on hutte ou
on chausse le carré à la charrue. Celte opé-
ration consiste à relever une épaisse couche
de terre de chaque côté des rangs d’Arti-
chauts, de manière à renfermer ceux-ci
dans un large billon, ce qui les préservera
des grands froitls. Le plus souvent, les bil-
lons sont eux-mêmes recouverts de fumier
ou de foin, précaution qui devient indispen-
sable lorsque la température dépasse 8 à
10 degrés au-dessous de zéro.
Au printemps, lorsque toute crainte de
gelée a disparu, on déchausse les Artichauts,
et l’on enlève de nouveau les drageons qui
se sont développés pendant l’hiver, car il
importe de n’en pas laisser plus de deux
par pied.
Toutefois, avant de procéder à cette opé-
ration du déchaussement, on aura soin de
couvrir les autres rangs avec du fumier bien
consommé, qui se trouvera ainsi mis entre
deux couclies de terre.
Un carré d’Arlichauts planté dans un
terrain convenable, donnera d’abondantes
et productives récoltes pendant environ six
années.
1 l’après les distances indiquées plus haut et
qui sont celles appliquées chez nous pour la
. grande culture, on peut planter 7,500 pieds
d’Artichauts à l’hectare. Or, chaque pied,
dans les années ordinaires, peut donner
5 têtes, ce qui donne un produit d’environ
37,500 têtes à l’hectare.
La plus grande partie de la récolte des
Artichauts d’Angers se vend à des commis-
sionnaires, qui les expédient soit à Paris,
soit en Normandie ou dans le nord de la
DU CHOIX DES GHEFEONS.
59
France ; ils les achètent aux cultivateurs
au prix moyen de un franc la douzaine de
têtes.
L’hectare produisant environ 3,000 dou-
zaines de têtes, c’est donc un rendement de
3,000 fr. par hectare que donne la culture
des Artichauts.
Mais il faut tenir compte des frais consi-
dérables de location de terrain, labours,
fumures, etc., sans parler des mauvaises
années, qui ne donnent aucune récolte, et
pendant lesquelles les frais de culture sont
les mêmes que dans les bonnes années.
Lorsque les Artichauts commencent à
s’épuiser, on les détruit, et l’on est assuré
d’avoir d’excellentes récoltes sur le même
emplacement, pendant les années qui sui-
vront, quelle que soit la culture qu’on y
entreprenne ; la terre est, en effet, saturée
de fumier et purgée de mauvaises herbes.
L. Angevin.
DU CHOIX DES GREFFONS
Le choix des greffons, en horticulture,
est certainement une opération des plus
importantes, ce à quoi peut-être on ne ré-
fléchit pas assez. Pour s’en faire une juste
idée, il est certains principes qu’il ne faut
pas perdre de vue, par exemple que, dans
un végétal, la vie étant multiple, peut-on
dire, toutes les parties peuvent être déta-
chées et constituer un tout analogue à
celui dont elles ont été séparées. Mais
aussi, et précisément en raison de cette
multiplicité, chacune des parties peut re-
vêtir des caractères qui lui sont propres
et qu’elle tend ensuite à reproduire, d’où
il résulte que, lorsqu’on veut multiplier un
végétal ligneux, il faut choisir les parties
(boutures ou greffons) en raison du but
qu’on cherche à atteindre , qu’il s’agisse de
fleurs, de fruits, de feuillage, etc., ou de la
direction (dressée ou pendante).
Afin de nous faire mieux comprendre, nous
allons préciser et prendre un exemple bien
connu et journellement mis à profit dans la
culture des Rosiers. Ainsi, lorsqu’il s’agit de
variétés remontantes, il faut, pour avoir des
individus bien francs, choisir les greffons
sur des rameaux de force moyenne, qui
aient fleuri ou soient sur le point de fleu-
rir ; si au contraire on prenait pour la mul-
tiplication des parties vigoureuses, qui
n’aient pas fleuri ou qui ne soient pas dis-
posées à fleurir, on pourrait obtenir des
sujets très-vigoureux, mais qui pourraient
ne pas fleurir ou ne fleurir que très-rare-
ment, en sorte que, bien qu’appartenant à
des variétés très -remontantes, ces nouveaux
venus ne fleuriraient même plus. Si, au lieu
de parties vigoureuses, on prenait continuel-
lement des brindilles maigres et courtes
pour greffons, l’on pourrait arriver à n’avoir
plus que des sujets très -chétifs , poussant
à peine, bien qu’eux aussi proviennent de
plantes fortes et vigoureuses.
Le Rosier dit des quatre saisons peut
nous fournir un bon exemple de l’impor-
tance du choix des parties lorsqu’il s’agit
de multiplier les végétaux. Ainsi, dans cette
variété, on voit fréquemment des bour-
geons très-vigoureux qui ne fleurissent
plus, quoi qu^on fasse. Ce sont les Rosiers
qui proviennent de ces bourgeons qu’on
nomme de « faux quatre saisons .»
Ce que nous venons de dire des Rosiers
peut se dire des arbres fruitiers et des
arbres d’ornement; on ne saurait donc
apporter trop d’attention au choix des
parties destinées à la mullipücalion. C’est
souvent pour avoir négligé ce choix que l’on
voit des arbres fleurir peu et donner peu
de fruits ou des mauvais, ou bien présenter
d’autres caractères d’infériorité, si on les
compare à ceux dont ils proviennent. Par
contre, il pourrait arriver — et il arrive
même assez souvent — que dans un verger,
un parc, une pépinière, on voit des sujets no-
tablement différents et plus méritants que
d’autres de la même sorte placés à côlé
d’eux, bien que les uns et les autres pro-
viennent en principe d’un même individu,
et cela sans qu’il y ait eu semis.
Ce fait se montre surtout dans les arbres
fruitiers et les Vignes. Pour ces dernières
surtout, il n’est pas rare de voir au prin-
temps des ceps pousser plus tôt ou plus
tard que d’autres, ou présenter des carac-
tères particuliers et, à l’automne, des Rai-
sins plus hâtifs ou plus tardifs, où des grains
présentant une forme ou une couleur
différente, ou même des qualités spéciales,
en un mot constituer des variétés qu’on n’a-
60
LEPIDOPHORUM REPANDUM. — FUCHSIA ABEL CARRIÈRE.
vait pas plantées et qui se sont produites
spontanément.
Donc, puisqu’un même arbre peut pro-
duire des parties plus ou moins diffé-
rentes, parfois même très- différentes, non
seulement comme port, mais comme mé-
rite, il faut, avec une scrupuleuse attention,
choisir pour la multiplication les parties qui
présentent le mieux les caractères que l’on
tient à reproduire, ce qui doit se faire au
moment de la floraison quand il s’agit de
l’ornementation; et, s’il s’agit de fruits, lors-
que ceux-ci mûrissent. Alors on marque
les rameaux qui se montrent les plus francs,
c’est-à-dire qui réunissent le mieux les ca-
ractères qu’on a intérêt à conserver, pour
s’en servir au moment du bouturage ou du
greffage. E.-A. Carrière.
LEPIDOPHORUM REPANDU!
Espèce extrêmement rare, bien qu’elle
appartienne à la flore européenne. Nous
pensons même qu’elle n’a pas encore] été
cultivée comme plante d’ornement. Elle
appartient à la famille des Composées et
peut se décrire sommairement ainsi :
Plante herbacée, à tige simple ou peu ra-
meuse ; feuilles alternes, sessiles, créne-
lées-dentées, les radicales spatulées, les
caulinaires oblongues. Fleurs d’un beau
jaune d’or, en capitules rappelant ceux
du Chrijsantliemum segetiim ou du C.
My coris.
Plus élégant que le Chrysanthème des
champs par son joli feuillage denté, le Lepi-
dopliorum repandum (1), nommé ainsi
par Neck, habite parmi les taillis courts
des terrains sablonneux du Portugal, près
de Coimbre, et dans l’Estramadure, où
Brotero l’a fait connaître. Il forme un genre
jusqu’ici monotype. C’est une plante d’une
culture facile, d’un joli port, se couvrant
abondamment de capitules radiés, dorés.
Nous l’avons vue l’automne dernier au
Muséum d’histoire naturelle, à Paris, dans
l’École de botanique. Elle paraissait une ra-
reté ou une nouveauté digne d’être notée, et
nous l’ajoutons à la liste, déjà considérable,
mais jamais assez nombreuse, des plantes
rustiques de pleine terre. Ed. André.
FUCHSIA ABEL CARRIÈRE
Cette variété, des plus remarquables et
des plus ornementales, tant par l’abondance
de ses fleurs que par la couleur rouge foncé
de celles-ci, a été obtenue par M. Aubin,
horticulteur à Bagnolet (Seine). Ses carac-
tères généraux sont les suivants :
Plante vigoureuse, très-floribonde. Bran-
ches longues, ramifiées. Bourgeons à écorce
très -fortement colorée. Feuilles épaisses,
charnues, courtement cordiformes; les su-
périeures, surtout celles qui avoisinent les
fleurs, également colorées. Pétiole rouge
sang. Fleurs pendantes, nombreuses, d’un
rouge brillant très-foncé, bien ouvertes ; les
unes à 4, les autres à 5 divisions, rouge pon-
ceau à l’intérieur. Corolle plus courte que
le calice, rouge sang foncé, violacé à l’ex-
trémité. Pédoncule robuste, rouge luisant.
(1) Lepidophorum repandum, Neck, Elem.,
n. 22; DG., Prod., VI, 19. — Anthémis repanda,
L., Sp., 1262; Brot., Fl. Lus., I, p. 394; Phyt.,
p. 59, t. 27. — Verbesina rep)anda, Pers., Ench.,
II, p. 471. — ChrysaŸithemum lusitanicum Agerati
folio, Tûurn., Inst., 9i; Bauhin, Hist., III, p. 105.
De tous les Fuchsias, celui queM. Aubin
a nommé Ahel Carrière est certainement
la variété dont la couleur rouge est la plus
prononcée; la nuance est même unique. Il a
été trouvé dans un semis de graines prove-
nant d’une variété du commerce se ratta-
chant au groupe des glohosa, qui avait été
fécondée avec le Fuchsia corymhiflora ;
par conséquent il est issu de parents très-
différents.
Un fait remarquable, c’est que dans ce
semis se trouvaient en grande quantité des
plantes de coloris très-divers, bien qu’ayant
conservé les principaux caractères de la
mère. Quel est, dans cette circonstance, le
rôle qu’a joué le père? Quelle part lui re-
vient dans cette diversité si considérable où,
pourtant, aucune plante ne rappelait ses
caractères physiques ?
Malgré tout ce qu’on a dit et écrit sur le
rôle des deux parents dans l’acte de la fé-
condation, on ne sait rien de certain, et tous
les jours les résultats viennent le démontrer.
RêviLe. Norticxil^..
Of'LroTrvolxyÛiA Q-. s iv&re^ns.
Gcdarai deL
Iiu'ksui Abel Ca/'i'iere .
POIRE CHINOISE DE TIGERY.
61
Mais ce dont on paraît à peu près sûr,
c’est que, lorsqu’un type est arrivé à sa plus
grande perfection, le croisement des plantes
qui en sortent ne donne généralement plus
que des plantes inférieures. C’est le contraire
quand, dans ce cas, l’on prend une plante
d’un autre type, fût-elle de mérite inférieur.
En général, une grande diflerence entre les
deux générateurs est regardée comme une
condition favorable pour obtenir des sujets
méritants.
Est-ce pour cette raison que M. Aubin, qui
prend toujours comme père le Fuchsia co-
rymhiflora pour féconder des F. glohosa
obtient presque- toujours de très-bonnes
plantes ? May.
POIKE CHINOISE DE TIGERY
(( Arbre excessivement vigoureux, à
bourgeons verts. Feuilles très-grandes,
d’un beau vert clair. » (O. Thomas, Guide
de Vamateur des fruits, p. 114, n» 1414,
paragraphe : « Variétés introduites du nord
de la Chine. »)
Voilà tout ce que nous avons trouvé
de publié sur cette Poire, dont nous avons
reçu des fruits de M. Chrétien, récoltés sur
un sujet reçu de MM. Simon Louis frères,
de Plantières-lès-Metz, par conséquent
d’origine certaine. Ces fruits nous ont pré-
senté les caractères suivants :
Fruit longuement pédonculé, coiirtement
ventru arrondi, rappelant assez la Crassane
par sa forme, d’environ 55 millimètres de
diamètre. Queue de 4 centimètres, ténue,
légèrement arquée, implantée dans une ca-
vité très-étroite. Œil complètement nu par
la caducité des écailles, petit, assez profond,
évasé en entonnoir. Peau d’un jaune cireux
luisant, comme vernie, çà et là marquée de
grandes taches irrégulières d’un gris roux.
Chair blanc jaunâtre, fondante, sucrée, ai-
grelette, ayant une saveur toute particulière
{sui generis) qui rappelle un peu celle des
Coings, mitigée de celle de certaines Poires
juteuses qui commencent à blétir, sans être
désagréable pourtant ; eau extrêmement
abondante, de saveur sucrée, singulière-
ment parfumée, sans arrière-goût cepen-
dant. Cavité ovarienne assez grande. Loges
régulièrement distantes. Pépins noirs, lui-
sants, courtement arrondis, régulièrement
atténliés en une pointe aiguë.
L’arbre est vigoureux ; les scions ont
l’écorce vert olivâtre finement lenticellée, à
lenticelles ponctiformes longtemps visibles,
même sur de vieilles écorces. Feuilles large-
ment ovales, brusquement et courtement
atténuées aux extrémités, peu profondément
dentées, à dents fines, serrées, pointues.
Pétiole ténu, raide.
Cette variété, dont les fruits mûrissent en
septembre-octobre, ferait très-probablement
de bon cidre d’une nature particulière, à en
juger par sa saveur singulière, rappelant
un peu celle du Pyrws Simonii (1), qui, du
reste, est également originaire de la Chine.
Faisons remarquer que toutes les Poires
de la Chine que nous avons dégustées nous
ont présenté cette saveur particulière — à des
degrés divers pourtant — dont nous venons
de parler. Est-elle particulière, aux fruits
de ce pays, à ceux des Poiriers, bien en-
tendu? Ajoutons que les Poiriers du Japon,
qui ont une grande analogie avec ceux de la
Chine par leurs fruits, exigent les uns
comme les autres d’être greffés sur franc.
En terminant, nous croyons devoir faire
une observation importante relativement
au qualificatif de Tigery, que nous avons
donné à cette Poire.
L’arbre dont nous avons reçu des ra-
meaux et des fruits qui nous ont permis de
faire la description ci-dessus a été acheté à
MM. Simon Louis frères par M. Chrétien,
qui l’a planté dans sa propriété de Tigery,
près Corbeil (Seine-et-Oise). Cet arbre,
vendu sans autre dénomination que (( Poi-
rier du nord de la Chine, n° 1414, » n’étant
pas répandu et n’ayant probablement
jamais fructifié en Europe ailleurs qu’à
Tigery, nous avons cru, pour rappeler ce
fait, donner ce qualificatif à la variété en
question. E.-A. Carrière.
(1) Voir Revue horticole, 1872, p. 28.
62
TIT.LANDSIÂ ZAIINI MAGNIFICA. — KIOSQUE A JOUR EX FER RUSTIQUE.
TILLANDSIA ZAHNI MAGNIFICA
Plante très -vigoureuse, d’un bel aspect
et relativement naine. Feuilles nombreuses,
rapprochées, larges, planes et très-gracieu-
sement arquées, d’un vert luisant, marquées
çà et là, surtout vers la base, de macules
ou stries plus ou moins sanguines. Hampe
centrale dressée, forte, raide, atteignant de
80 centimètres à 1 mètre de hauteur, por-
tant dans sa longueur des feuilles appliquées
et plus ou moins longues, suivant la place
qu’elles occupent, terminée par une inllo-
rescence paniculée, rameuse, à ramifica-
tions dressées, accompagnées de nombreuses
bractées distiques, imbriquées rose strié.
Un pied de celte variété nouvelle, obtenue
par M. Constant Lemoine, et qui figurait
récemment à l’exposition nationale et cen-
trale d’horticulture de France, aux Champs-
Élysées, excitait vivement l’attention des
visiteurs; son inflorescence était un peu
tronquée, ce qui, peut-être, était le fait d’un
arrêt du bourgeon central.
C’est une plante jolie et gracieuse qui,
même en l’absence de fleurs, c’est-à-dire
par son port et son feuillage, est déjà très-
méritante comme plante décorative. D’après
son obtenteur, M. Constant Lemoine, hor-
ticulteur à Aogers, elle est sortie d’un
semis de Tillandsia Zahni.
E.-A. Carrière.
KIOSQUE A JOUR EN FER RUSTIQUE
Le kiosque représenté par la figure 13
construit par MM.
Solfier et C*® ,
est construit au
moyen de ces fers
rustiques, imitant
le bois, dont nous
avons déjà parlé
dans ce recueil ,
et qui rendent de
grands services
à l’ornementation
des parcs et jar-
dins, quand leur
gracilité peut être
dissimulée par
une forte végéta-
tion grimpante.
Sous la forme
d’une élégante
tonnelle, bien en-
cadi'ée par un
dôme de grands
arbres, au som-
met d’un monti-
cule ou à l’extré-
mité d’un point de
vue, un semblable
ornement trouve-
ra facilement sa
place dans les
parcs paysagers. Mais il sera mieux en-
core en situation dans les jardins de
médiocre étendue, où
Fi-, 13.
Kiosque à jour en fer rustique.
effet surprenant.
la fantaisie est plus
fréquente que le
style. '
Nous avons vu
à Monte-Carlo ,
sur le bord de la
route abrupte qui
va de La Conda-
rnine au Casino,
un berceau ter •
miné par un gra-
cieux kiosque
comme celui dont
nous parlons. Un
épais manteau
(ïlpomœa Leari
le recouvrait pres-
que en entier, ne
laissant passer la
vue que par d’é-
troites fenêtres
entre les colon-
nettes. Sur ce
beau feuillag(t
cordiforrne , des
milliers de co-
rolles du plus
beau bleu violet
s’épanouissaient
chaque matin et
produisaient un
Ed. André.
F\\VES GIGANTESQUES.
LIELE AU POINT DE VUE HODTIQOLE.
Ba
RAVES GIGANTESQUES
Il est bien entendu que le mot gigantes-
que dont je me sers ici doit être pris dans
un sens relatif et comparatif. Les deux va-
riétés dont il s’agit sont la Rave blanche à
collet vert et la Rave des marais, dont l’ana-
logie avec la précédente semble indiquer
que ces plantes proviennent d’un même
type. Toutes deux, aussi, ont celte propriété
de pousser presque tout entières en dehors
du sol, comme le font certaines Carottes et
certaines Retteraves.
En voici la description :
Rave blanche à collet vert. — Racine
longue, souvent contournée, sortant du sol
parfois de 15-20 centimètres, atteignant
jusque 50 centimètres de longueur sur
7 centimètres et plus de largeur dans le
plus grand diamètre, souvent fusiforme,
comprimée et comme sillonnée de chaque
côté dans la partie plate, ordinairement
rétrécie (étranglée) près du sommet, puis
brusquement arrondie, portant dans la par-
tie enterrée dans le sillon une sorte de
rainure, et de très- fines radicelles capilli-
formes, d’un violet rosé, moins colorée
dans la partie supérieure. Chair blanche,
légèrement piquante, de saveur stiptique
agréable, rappelant absolument celle des
Radis ; collet vert, assez gros, d’où partent
des feuilles longues de 40 centimètres et
même plus, profondément pennatiséquées-
lyrées.
Rave des marais. — Variété qui peut
être considérée comme un diminutif de la
précédente, dont, au reste, elle a tous les
principaux caractères; mais elle devient
moins forte, pousse également en dehors du
sol et toujours aussi très-contournée. Ses
LILLE AU POINT L
Dans cette courte esquisse sur l’horticul-
ture lilloise, nous n’entrerons pas dans les
détails, ni sur le nombre et l’importance
des cultures marchandes. Sur ce sujet nous
nous bornerons à dire d’une manière géné-
rale que, bien qu’elles confinent à la Rel-
gique, les cultures de Lille en sont néan-
moins très-différentes. Toutefois cette diffé-
rence n’est pas absolue, et l’on pourrait çà et
feuilles deviennent également moins longues
que celles de la précédente, et sont plus di-
variquées. Le collet, un peu moins gros que
celui de la Rave blanche à collet vert, est
fréquemment plus ou moins sanguinolent.
Quant à la chair, elle est à peu près la
même dans les deux variétés, tant pour la
couleur que pour les qualités.
Ces deux Raves sont très -vigoureuses et
peuvent être cultivées à deux points de vue :
comme plantes potagères et comme plantes
fourragères ; dans le premier cas, on mange
les racines comme on le fait des Raves et
des Radis, puis plus tard ces racines, de-
venues grosses, peuvent être données aux
bestiaux; dans le deuxième, le feuillage,
qui est très-abondant, constitue un excellent
fourrage. D’autre part encore, quand les ra-
cines sont fortes, on peut en couper le collet
avec les feuilles, qui constituent un fourrage
vert, et l’on rentre les racines, qui peuvent
être également consommées plus tard par
les animaux.
Je dois aussi faire remarquer que les ca-
ractères que j’ai indiqués sont ceux que
présentent ces plantes quand elles sont
adultes, c’est-à-dire caractérisées. Dans leur
jeunesse, elles sont longues, plus ou moins
effilées ou même napiformes et blanches.
C’est surtout dans cet état qu’elles sont
bonnes à manger comme hors-d’œuvre.
On sème les Raves dont il est question
de juillet à septembre, suivant les conditions
dans lesquelles on se trouve, un peu plus
tard dans le Midi, plus tôt dans le Nord,
surtout si les terres sont fortes et humides.
Lebas.
; VUE HORTICOLE
là trouver quelques points de contact ou des
analogies. Du reste, ce qui va suivre ayant
été relevé sur des notes que nous avons re-
cueillies à la hâte lors de la dernière expo-
sition de Lille où nous étions comme juré,
ces notes sont très-incomplètes et nous per-
mettent seulement de donner quelques dé-
tails sur l’ensemble. Dans une autre occa-
sion nous tâcherons de préciser.
64
LILLE AU POINT DE VUE HORTICOLE.
Horticulture marchande. — Bien que
le nombre des horticulteurs lillois soit
considérable, les cultures sont relativement
peu variées ; la plupart consistent en plantes
herbacées, vivaces et autres, cultivées soit
pour l’ornementation des jardins, l’appro-
visionnement des marchés, soit afin d’en
couper les fleurs pour la confection des
bouquets, quelquefois aussi d’espèces de
serre pour les garnitures d’appartement.
Un fait assez curieux auquel nous avons
fait allusion ci-dessus, en parlant des
cultures belges, c’est l’impossibilité presque
absolue de cultiver avantageusement à Lille
les plantes ligneuses de terre de bruyère :
Azalées, Rhododendrons, Camellias, etc.,
qui en Belgique trouvent au contraire un
débouché si facile. En effet , on nous a
affirmé que ces cultures, tentées plusieurs
fois, ont toujours été suivies d’insuccès,
non au point de vue de la végétation des
plantes, mais à celui de leur écoulement.
(( Le vent n’y est pas, > nous disait un de
nos collègues lillois. Mais pourquoi? Dès
l’instant qu’il n’y a pas d’impossibilité
culturale, il n’y a donc que des habitudes à
changer, des résistances à vaincre, et il
suflit pour modifier cet état de choses de
vouloir et de pouvoir, c’est-à-dire d’avoir
une ferme volonté appuyée par un assez
bon nombre d’écus... ce qui, comme tou-
jours, est la clé de la réussite, le « nerf de
la guerre »
Parmi les amateurs de plantes, nous n’en
avons guère qu’un à citer : c’est M. Lemon-
nier, dont le nom, au point de vue horticole,
est presque universellement connu. En effet,
et bien que cet ami de l’horticulture ait des
préférences pour certaines parties du jardi-
nage, presque toutes sont représentées chez
lui : les plantes de serre chaude, de serre
tempérée, de serre froide, de pleine terre,
ont de nombreux représentants et souvent
en très- forts exemplaires, cela toutefois
sans préjudice des arbres fruitiers et des
légumes, qui sont également cultivés là sur
une grande échelle. Il va sans dire que les
nouveautés sont bien accueillies chez
M. Lemonnier, et que le matériel et le
personnel sont en rapport avec l’importance
de cet établissement. Ajoutons, ce qui se
comprend et explique la réunion de ces
nombreuses collections, que M. Lemonnier
aime passionnément les plantes que, du
reste, il connaît très-bien.
Nous n’en dirons pas plus aujourd’hui,
notre but étant surtout de parler de la
culture administrative municipale qui com-
prend l’ornementation des squares, ainsi
que les plantations et l’entretien des boule-
vards, des promenades, des places publiques,
des jardins, des écoles et des cimetières.
Outre les dépendances municipales, sur
lesquelles nous reviendrons, la ville de Lille
possède une Faculté des sciences dont nous
n’avons pas à nous occuper, sinon en ce qui
concerne le Jardin botanique qui, au point
de vue où nous nous plaçons, se rattache
à l’horticulture.
Par suite de certains arrangements, ce
jardin se trouve en quelque sorte distrait
de la Faculté et placé sous la dépendance
de la municipalité, de sorte que, sans en
être e.xclu, le professeur de botanique n’a
qu’une autorité secondaire, morale, pour-
rait-on dire. De là résulte un antagonisme
fâcheux, funeste même pour la science,
souvent désagréable pour la ville.
Mais tout ceci étant étranger à notre
sujet, nous allons examiner ce jardin pour
ce qu’il est, en exprimant toutefois notre
opinion.
Disons d’abord qu’un grand tort que l’on
a eu, ce nous semble, c’est d’avoir isolé ce
jardin dans la campagne, où il est comme
perdu, à environ 3 kilomètres de la Fa-
culté. C’est à peine s’il paraît s’y rattacher;
aussi ni professeurs ni élèves n’y vont, et
le public encore moins, de sorte que, à la
Faculté de Lille, la botanique semble ne
tenir qu’une place secondaire. Pouvait-on
faire mieux, et lorsqu’on a acheté ce ter-
rain, il y a seulement quelques années, était-
il possible de se procurer dans Lille même,
près de la Faculté, l’emplacement néces-
saire à la création de ce jardin ? On nous a
affirmé la chose. Mais eût-on dû faire beau-
coup de sacrifices pour en arriver à ce
résultat, il y aurait eu à cela un immense
avantage, car, outre que les élèves eussent
pu facilement étudier la botanique, ce qui
est à peu près impossible aujourd’hui, le
public eût pu, lui aussi, fréquenter l’école et
acquérir quelques notions scientifiques sur
les plantes, ce qui eût formé son goût pour
l’histoire naturelle dont la botanique pré-
pare si bien les voies, et à laquelle elle
conduit presque toujours.
Si encore le lieu eût été bien choisi, que
la promenade fût belle, agréable et récréa-
A PllOPOS DU SCILLA CAMPANULATA.
CORPvESPONDANCE.
(35
tive, il eut pu se faire que, par la suite, on
se fût dirigé de ce côté, et qu’alors le
dimanche, au moins, le jardin fût visité par
le public et devînt un lieu de récréation et
d’études. Mais non ! rien de cela, au con-
traire : après avoir marché quelque temps
dans un faubourg assez triste, traversé la
double et même triple enceinte qui fait de
Lille une sorte de grande prison industrielle,
on arrive à une partie à peu près déserte,
où, pendant assez longtemps, on ne voit que
des établissements funèbres dont les monu-
ments, en général sont peu faits pour dis-
traire, et se dressent partout comme des spec-
tres, on arrive, disons-nous, à un immense
cimetière d’aspect sombre, assez mal tenu
et qu’il faut longer pendant près d’un kilo-
mètre.
Voici donc, en substance, les conditions
dans lesquelles on a établi le jardin bota-
nique de Lille. Il paraît difficile de faire un
plus mauvais choix.
Mais les choses étant ainsi, et le jardin
botanique ne pouvant guère être déplacé,
nous devons l’étudier où il est; c’est ce que
nous essaierons de faire dans un prochain
article.
E.-A. Carrière.
A PROPOS DU SCILLÀ CAMPANULATA
Plus on étudie la physiologie végétale,
plus on constate qu’elle est complexe ; l’on
pourrait presque dire que chaque espèce
présente des diversités qui lui sont pro-
pres.
Le Scilla campanulata m’en a fourni
dernièrement une nouvelle preuve.
Voulant me rendre compte du dévelop-
pement interne des organes floraux , je
coupai transversalement, un peu au-dessous
du milieu, un oignon de cette espèce, oi-
gnon tellement solide qu’a l’œil nu il paraît
constituer une masse compacte, homogène,
sans aucune trace de division. Ayant mis la
partie inférieure de l’oignon, celle où se
trouve le plateau, dans un endroit obscur
et légèrement humide, j’ai remarqué, au
bout de quelques semaines, la particularité
que montre la figure 4, qui représente six
petits corps, dont cinqjsubsphériques, et le
sixième beaucoup plus long et comme cou-
ché, c’est-à-dire placé horizontalement.
Comment ces petits corps, qui ne sont pro-
bablement autres que des caïeux à l’état
presque encore rudimentaire, détachés et
semblant nager au milieu d’une masse cel-
lulaire à laquelle ils paraissaient étrangers,
ont-ils pu se former? Voilà ce qui me
paraît difficile à expliquer ; et comme
ee fait m’a paru assez analogue à cer-
tains autres dont il a été plusieurs lois
question dans le Revue horticole, à propos
du bourgeonnement , j’ai cru devoir le
signaler à l’attention des physiologistes, en
les priant de vouloir bien en donner l’ex-
plication, si possible. May.
CORRESPONDANCE
Mr G. B. (Seine-et-Oise). — Les renseigne-
ments que vous demandez sur les « Chênes
truffiers » et sur leur culture, au point de vue
de la production des Truffes, exigent des détails
assez complexes, et surtout un peu trop longs,
pour trouver place dans la Correspondance.
Mais comme cette question, très-importante
du reste, peut intéresser beaucoup de lecteurs
de la Revue horticole, nous y consacrerons
prochainement un article spécial.
Ml' A. M. (l^aris). — Nous ne pouvons rien
vous affirmer quant à l’efficacité des « bassi-
nages chimiques, » dont il a été récemment
question. En principe, on ne peut douter
de leur utilité. Tout dépend de l’appropriation
des substances au but qu’on cherche à atteindre.
Pour détruire les insectes qui attaquent les
plantes, M. Caillaux a dû essayer des com-
binaisons spéciales et diverses qui, projetées
sur les végétaux, en font mourir les parasites.
66
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE d’HORTICULTURE DE FRANCE.
Quelles sont ces combinaisons, ces mélanges?
C’est l’alîaire de M. Caillaux, horticulteur à
Nice, à qui vous devrez vous adresser pour
avoir des préparations propres aux bassinages
chimiques, en lui faisant connaître les insectes
que vous voulez détruire ou éloigner.
Quant à nous, nous trouvons l’idée très-
bonne, à tel point que, lors même que dans
certains cas les résultats ne seraient pas ceux
qu’on espérait, il ne faudrait pas abandonner
le principe qui, tôt ou tard, devra donner de
bons résultats,
Mr D. (Lot-et-Garonne). — Voici le nom des
trois Fougères dont vous nous avez envoyé des
échantillons : no 1 , Aspidium aristatum ;
n" 2, Polypodium canibricum ; n» 3, Nephro-
dium exaltatum.
Quant aux ouvrages de botanique analytique,
voici le nom de quelques-uns des })lus répan-
dus, avec l’indication des librairies où vous
pourrez vous les procurer :
Etude des fleurs, par l’abbé Cariot, 3 vol. —
Girard et Josserand, rue Cassette, Paris.
Flore de Normandie, par Brébisson, 1 vol.
— Beraebo, 48, rue Montmartre, Paris.
Flore d'Alsace, par Kirschleger, 3 vol. —
Victor IMasson, boulevard Saint-Germain, Paris.
Flore des environs de Parts, par Gosson et
Germain, 2 vol. — J. Baillière, Paris.
Clé analytique de la flore de V Auvergne,
par le frère Gustave, — Clermont-Ferrand,
chez Ferdinand Thibaut.
Manuel de la flore de Belgique, par Crépin,
3® édition, — Bruxelles.
Flore de Montpellier, par Loret et Baran-
don, 2 vol. — Delahaye, place de l’Ecole-de-
Médecine, Paris.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRA
SÉANCE DU ii
Le mauvais temps et la saison avancée d’une
part, de l’autre les élections annuelles des di-
vers comités expliquent, sans la justifier pour-
tant, l’absence générale de produits horticoles.
Deux comités seulement, celui des plantes
potagères et celui de floricullure, avaient reçu
quelque chose : le premier un pied de Canna
edulis présenté par M. Paillieux, qui l’avait
cultivé dans sa propriété de Crosne (Seine-et-
Oise). Les tubercules, courtement arrondis,
lisses, relativement gros, si l’on tient compte
de l’année si défavorable que nous venons de
traverser, semblent montrer que, contraire-
ment à ce ({u’on avait dit, cette espèce pourra
être cultivée ailleurs que dans les pays méri-
dionaux. — M. Chemin, maraîcher à Paris, pré-
sentait une botte d’Asperges ; celles-ci, très-
belles, régulières et relativement grosses, étaient
Flore lyonnaise et des départements du Sud-
Est, par Michel Gandoger. — Paris, Lecolfre,
90, rue Bonaparte,
Flore analytique de la Suisse, par Morthier.
— Chez Sandoz et Fislibaclier, 33, rue de Seine,
Paris.
Florale du Tarn. — Paris, J. -B. Baillère.
Flore des Deux-Sèvres, 3 vol., par Maillard
et Sauze, — Chez Clouzot, à Niort.
Flore élémentaire des jardins et des champs,
par Le Maout et Decaisne, 2 vol. — Librairie
agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob.
Ainsi que vous pouvez le voir par les titres,
ces divers ouvrages sont spéciaux ; vous aurez
donc à choisir, selon le but que vous, vous
proposez d’atteindre ; s’il s’agit de plantes en
général, nbus croyons que la Flore des Jardins
et des champs serait ce qu’il y a de mieux.
Mlle G, (Aisne). — L’échantillon à feuilles
panachées que vous nous avez adressé appar-
tient bien, ainsi que vous l’aviez supposé, au
Sempervivum æonium, dont il a été récem-
ment question dans la Revue horticole (1882,
p. 516). La plantule et les caïeux-bulbilles que
vous nous aviez également adressés appar-
tiennent à Y Ornithogalum Eckloni, plante de
serre froide dans le nord de la France, Quant
à la troisième plante dont vous nous parlez,
elle manquait dans le paquet ; il nous est donc
impossible de vous en dire le nom.
Les Philodendron sont des Aroïdées qui
exigent la serre chaude; on les cultive et on les
soigne comme les Anthurium.
Nous ne connaissons, en fait d’ouvrages sur
la mousse, comme moyen de cultiver les plantes
sans terre, qu’un opuscule publié par M. Émile
Chaté, horticulteur, l ue Sibuet, Paris.
.E D’HORTICULTURE DE FRANCE
JANVIER 1883
très-longues (environ 40 centimètres), d’un
blanc mat qui, en indiquant qu’elles avaient
poussé vite et à une forte chaleur, dénotait
aussi qu’elles étaient très-tendres.
Au comité de floriculture, un apport fait
par M. Ed. André consistait en deux plan-
tes tout à fait nouvelles, encore inédites, les
Philodendron Mamei et Caraguata sangui-
nea. La première est une Aroïdée dont l’as-
pect général rappelle un peu certains Dief-
fenbachia; la plante semble disposée à former
des touffes, ce qui est un grand avantage au
point de vue de l’ornementation ; ses feuilles,
dressées sur de forts pétioles, ont le limbe bien
développé, cordiforme allongé, le dessus, d’un
beau vert, est élégamment et régulièrement zé-
bré de blanc, comme le sont certains Maranta;
le dessous, au contraire, surtout dans les
CULTURE DES CHRYSANTHÈMES.
67
jeunes feuilles, est uniformément* d’un blanc
argenté. La plante a été reçue tout dernière-
ment par M. André, du voyageur dont il dirige
l’exploration dans les Andes, exploration faite
à l’instigation et aux frais d’un homme de Lien,
grand amateur d’horticulture, M. Marne, de
Tours, et d’un autre amateur, qui s’occupe
plus spécialement de la botanique sud-améri-
caine, M. Emm. Drake del Castillo. Quant au
Caraguata sanguinea, c’est une Broméliacée
vigoureuse de taille moyenne, dont le port et
l’aspect général rappellent les Nidularium ;
les feuilles larges, gracieusement arquées, se
colorent (surtout les internes) d’un très-beau
rouge sang, brillant, d’une très-longue durée,
de sorte que, môme en l’absence de fleurs, la
plante est très - ornementale ; l’intlorescence,
très-curieuse, nidulante, se compose de fleurs
qui sont d’un jaune clair bordé de blanc. Cette
espèce nouvelle a été découverte par M. Ed,
André, en mai 1876, dans les Andes occiden-
tales de la Nouvelle-Grenade, et provient de
son introduction directe en P’rance. Le comité,
appréciant la valeur de ces deux plantes, a ac-
cordé à l’unanimité à chacune une prime de
première classe. — M. Millet, horticulteur à
Bourg-la-Reine, présentait deux beaux pieds
en pots de Cyclamen obtenus de semis ; l’un,
vigoureux, très-floribond, avait des fleurs gran-
des, d’un rouge feu, sui‘ de longs pédoncules;
l’autre était remarquable par ses fleurs d’un
blanc très-pur. Malheureusement, jusqu’à ce
jour, on n’est parvenu à fixer aucune des
variétés de Cyclamen, de sorte que, ne se mul-
tipliant que par graines, il faut constamment
recourir aux semis, qui donnent de nombreuses
variations.
CULTURE DES CHRYSANTHÈMES
A la suite d’une présentation de Chrysan-
thèmes que j’avais faite à l’ime des séances
delà Société nationale et centrale d’horticul-
ture de F rance du mois de décembre dernier,
beaucoup de personnes, frappées de la beauté
et des dimensions extraordinaires de ces
plantes, me prièrent de faire connaître la cul-
ture que j’avais pratiquée pour obtenir de
pareils résultats. C’est pour répondre à ces
desiderata que je publie la présente note.
Je dois d’abord faire remarquer que tou-
tes les variétés ne se prêtent pas aussi bien
les unes que les autres à ce traitement ;
il faut des plantes vigoureuses, très-flori-
bondes et qui se ramifient facilement. On
doit aussi choisir des variétés à floraison
moyenne, car celles qui sont excessivement
tardives, pour notre climat du moins, pour-
raient ne former que très-difficilement leurs
boutons, fleurir peu ou ne donner que de
mauvaises fleurs. Ces observations faites,
j’arrive à la culture.
Midtiplication. Dans les premiers jours
de juin je coupe des boutures sur les pieds
mères ; je les prépare et les plante trois par
trois dans des godets de 8 centimètres, qui
sont ensuite placés dans des châssis sur
une couche tiède, en les privant complète-
ment d’air. Il va de soi que les châssis doi-
vent être . couverts lorsque le soleil les
frappe, non autrement, car il est néces-
saire que les plantes reçoivent le plus de jour
possible. Quand les boutures ont développé
des racines, on commence à leur donner un
peu d’air ; c’est alors qu’on leur fait subir
un pincement, puis quelques jours après on
les sépare et on les met en pleine terre
dans un sol bien préparé, et surtout riche
en terreau. La distance à mettre entre les
plantes doit être d’environ 1 mètre. Dès
lors, il n’y a plus que les soins d’entretien
qui, du reste, se réduisent à surveiller les
plantes, les tuteurer au besoin, mais en
laissant de l’espace entre les rameaux, de
manière à ne pas en faire des « fagots. »
Quant aux arrosements, ils doivent être
très-modérés, afin de ne pas faire étioler
les plantes, qui, au contraire, doivent rester
trapues.
Dans les premiers jours de septembre,
lorsque les boutons commencent à se déve-
lopper, on rempote les plantes, on les tu-
teure et on les dresse, de manière à avoir
de belles touffes. Il faut alors les bien ar-
roser et les bassiner de temps à autre, afin
qu’elles conservent leurs feuilles.
Si f on tient à obtenir de fortes fleurs, il
faut, à mesure que les boutons se forment,
supprimer les plus petits, les plus mal ve-
nants, et n’en laisser à chaque ramification
qu’un certain nombre en rapport avec la
force des plantes et la nature des variétés.
Cette opération doit se faire graduelle-
ment, à plusieurs reprises et avec précau-
tion.
Ainsi traitées, les Chrysanthèmes, en no-
68
CRATÆGUS LALÂNDEI ET CRÂTÆGUS LALANDEI MICROCARPA. — PRUNUS PISSARDI.
vembre, peuvent former d’énormes buissons
de 50 centimètres à 1 mètre de diamètre,
disparaissant sous une masse de tïeurs.
li va sans dire qu’à cette époque avan-
cée de l’année, il faut se mettre en garde
contre les intempéries et préserver les plan-
tes, non seulement de la gelée, mais encore
des pluies, qui altéreraient les couleurs et
feraient même pourrir les fleurs. Pour con-
server celles-ci pendant longtemps, il faut
mettre les plantes dans une serre froide, et
leur donner le plus d’air et de lumière pos-
sible, mais pas de soleil ni de chaleur, ce
qui les'ferait passer trop vite.
Victor Lesueur,
Jardinier en chef chez la baronne de
Rothschild, à Boulogne (Seine).
CRÂTÆGUS LALANDCl ET CRATÆGUS LALANDEI MACROCARPA
Cratœgus Lalandei. Arbuste à port, vé-
gétation et faciès du Cratœgus pyracantha,
dont il n’est certainement qu’une variété,
atteignant de 1™ 50 à 3 mètres de hauteur,
formant des buissons compacts quand on
l’abandonne à lui-même, ou de belles pyra-
mides quand on le taille. Branches nom-
breuses, très-ramifiées, à ramifications éta -
lées, munies d’épines longues et raides qui
ne sont que des ramilles avortées. Feuilles
subpersistantes, luisantes, lancéolées-ovales
ou obovales-ellipticfues, dentées. Fleurs pe-
tites, d’un blanc sale, réunies en bouquets
rapprochés et constituant des sortes de pom-
pons qui couvrent complètement les ra-
meaux. Fruits d’un rouge orangé brillant,
tellement rapprochés que l’arbre disparaît
sous une masse des plus éclatantes et des
plus ornementales, qui maintient tout son
éclat pendant plus de cinq mois. C’est cer-
tainement, de tous les arbustes, un des plus
méritants.
Le Cratœgus Lalandei a été obtenu par
M. Lalande, horticulteur à Nantes, il y a
déjà bien longtemps; aussi peut-on s’étonner
de le voir encore si rarement dans les cul-
tures.
Cratœgus Lalandei microcarpa. Port
et végétation semblables à ceux du C. La-
landei, dont il ne se distingue que par ses
fruits qui, outre qu’ils sont plus petits, sont
d’un rouge cerise beaucoup plus brillant
que le type. L’arbuste fleurit et fructifie tout
autant, et ses fruits, tout aussi nombreux,
conservent leur beauté aussi longtemps,
c’est-à-dire pendant six mois, de sorte que.
mélangés avec le type, ces arbustes forment
des contrastes très-agréables et d’une très-
longue durée.
D’où vient celui-ci? Comment a-t-il été
obtenu? C’est ce que je ne pourrais dire. Ce
que je sais, c’est que je l’ai remarqué dans
un massif planté en Cratœgus Lalandei^
où un pied, aussi fort et vigoureux que les
autres, se faisait remarquer par ses fruits
beaucoup plus petits, de couleur rouge gro-
seille.
Est-ce un fait de dichroïsme spontané
auquel on n’avait pas encore fait attention ?
Le fait est possible.
Quoi qu’il en soit, c’est une variété très-
distincte et très-ornementale, qui, isolée ou
mélangée avec le i^ge{Cratœgus Lalandei),
produira de beaux contrastes.
Les deux plantes dont il vient d’être
question se multiplient de boutures et par
graines. Toutefois, le premier procédé doit
être préféré, afin de conserveries types bien
francs, ce qui très-probablement n’aurait
pas lieu si l’on employait le semis, qui cer-
tainement donnerait des Cratœgus pyra^
cantha, du moins en grande partie.
Le Cratœgus Lalandei fleurissant et
fructifiant tout petit, même à l’état de bou-
tures, peut être cultivé en pots pour la dé-
coration des appartements. Si quelque chose
peut étonner, c’est de ne le point voir em-
ployé pour les garnitures d’hiver et dans la
culture pour le marché aux fleurs, usages
auxquels il est tout particulièrement propre,
d’autant plus même que la plante pousse
très-bien en pots ou en caisses. May.
PRUNUS PISSARDI
Cette espèce, si remarquable et si orne-
mentale par ses feuilles qui sont d’un beau
rouge foncé, est encore des plus intéres-
santes par ses fruits qui, outre leurs quâ-
PÉLARGONIUMS ZONALES.
lités, sont d’une couleur métallique spé-
ciale, c’est-à-dire sans analogue dans
aucune espèce d’arbre fruitier. En voici les
caractères :
Fruits (fig. 15) sphériques, très-légère-
ment cordiformes, à surface unie, ou à peine
sillonnée, atteignant 3 centimètres et même
plus de diamètre, portant au sommet un
court mucronule d’un rouge métallique
bronzé luisant dès sa formation. Pédoncule
très-ténu, d’environ 2 centimètres, inséré à
üeur du fruit, presque filiforme, mais soli-
dement fixé, de sorte que le fruit ne se
détache pas facilement, même par les grands
vents. Chair très-fortement adhérente au
noyau, rouge clair, comme sanguinolente,
fine, fondante. Eau très-abondante, sucrée,
légèrement acidulée, de saveur faible, mais
agréable. Noyau un peu inéquilatéral, ellip-
tique, fortement aplati, long de 15 millimè-
tres, large de 10, à surface unie; suture
dorsale très-développée. — Maturité pre-
mière quinzaine d’août.
Le Prunus Pissardi, mis au commerce
par M. Paillet, horticulteur à Cliatenay-
lès-Sceaux, appartient au groupe des Miro-
bolans. C’est certainement l’arbre fruitier
le plus remarquable, le plus ornemental
par son feuillage et le plus singulier par ses
fruits. Il présente cet autre avantage de se
ramifier extrêmement et de former des
petits buissons qui se couvrent de fleurs et
de fruits pouvant ainsi être employés à la
69
décoration des massifs ou même des plates-
bandes, qu’il ornera pendant presque toute
l’année : par son feuillage, par ses fleurs
qu’il donne en abondance, finalement par
ses fruits, dont la couleur ne peut être com-
parée à celle d’aucune autre espèce. Ajou-
tons qu’il est d’une rusticité complète.
Fig. 15. — Fruit du Prunus Pissardi.
Nous devon-s rappeler que c’est M. Pis-
sard, jardinier du shah de Perse, qui a rap-
porté cet arbre de Téhéran, où il est cultivé
dans les jardins de la ville.
C’est une espèce qui ne devra manquer
dans aucun jardin, où elle figurera dou-
blement : comme arbre fruitier et comme
arbre d’ornement. ^E.-A. Carrière.
PELARGONIUMS ZONALES
Un grand nombre d’amateurs expriment
chaque année le désir d’avoir un choix, fait
impartialement, des meilleurs Pélargoniums
zonales simples et doubles. Pour remplir ce
desideratum, nous donnons ci-après une
sélection des meilleures variétés obtenues
de semis pendant les six dernières années,
avec désignation de celles qui se sont le
mieux comportées en pleine terre.
La liste donnée ci-dessous est faite sans
la moindre prétention d’avoir indiqué tou-
tes les variétés belles et recommandables ;
le nombre toujours croissant des nou-
veautés offertes chaque année ne permet
pas de les réunir dans un même établisse-
ment, à moins d’en faire une culture exclu-
sive. Laissant presque toujours aux obten-
teurs le soin de choisir leurs meilleurs
gains, il arrive parfois que des variétés peu
étudiées et reconnues bonnes plus tard ne
font pas partie des lots recommandés.
Comme ces plantes ne me sont pas con-
nues, je ne les mentionne pas ; d’autres col-
lectionneurs pourront les signaler s’ils le
jugent utile.
En général, dans une serre bien éclairée
et aérée, les Pélargoniums zonales prospè-
rent et fleurissent parfaitement pendant
tout l’été, surtout si, pour les maintenir en
bon état de santé, on a la précaution d’en-
tretenir la végétation au moyen d’arrose-
ments avec des engrais liquides : sang des-
séché, poudrette, etc. Mais en pleine terre
il n’en est pas de même ; tous ne réussissent
pas : il s’en trouve de trop vigoureux qui ne
produisent que des feuilles au détriment
70
PÉLARGONIUMS ZONALES.
des fleurs, surtout pendant les années hu-
mides. La dernière saison a bien démontré
que peu de variétés sont constituées de façon
à conserver leurs fleurs par les pluies per-
sistantes.
Près de cinq cents variétés à l’essai,
étaient placées en pleine terre chez moi
l’été dernier. La végétation de ces plantes
était luxuriante; mais la floraison a laissé à
désirer, à part les variétés que je signale,
qui se sont maintenues bien fleuries, et qui
ont bravé l’humidité si préjudiciable aux
cultures.
Étant donnée une température normale,
il est plus que probable que ces plantes
conserveront pour l’usage des corbeilles
une grande supériorité sur les autres. J’ai
négligé d’indiquer des variétés trop an-
ciennes, parce qu’elles sont ou suffisam-
ment connues ou remplacées par d’autres
offrant plus d’intérêt.
Toutes les variétés suivantes sont recom-
mandables ; mais celles qui sont précédées
d’un astérisque présentent plus de qualités
réunies :
FLEURS SIMPLES.
Rose.
Serve : Dante (D»' Denny). — Eurydice (Pear-
son). — Jules Grévy (Lemoine). — * Konigin
von Wuidemberg (Pfitzer). — * Ghues-
qiiiers (Aldebert). — *Gindre (Boucharlat). —
Perle française (Grousse).
Plein air : A. Rozenkrauzer (Gerbeaux). —
‘Gaston Tissandier (Lemoine). — Madouna
tl)‘‘ Denny). — * Mlle de la Rue (Bruant).
Groseille.
Serre : * Celia (Pearson). — Lion des com-
bats (Delesalle). — MH® M. Macarez (Delesalle).
— ‘Nancy Lee (Gatlin). — ‘Valéry Gerbeaux
(Gerbeaux).
Plem air : Golonel Martin (Lemoine). —
‘ Ilébé (Postan).
Blanc.
Serre: Bianca (Pearson). — ‘ Sarali Ber-
nhardt (Lemoine).
Plein air: ‘Duchesse des Cars (Bruant).
‘Eve Got it (Windsor).
Blanc à centre saumon.
Serre : M^ie Colson (Grousse). — ‘Mérimée
(Lemoine). — ‘Trocadéro (Lemoine).
Plein air : ‘Fanny Thorpe (Gatlin). — Fré-
déric Sauvage (Lemoine). — ‘Jules Ferry (Le-
moine).
Cramoisi.
Sei^re : * Commander in chief (Dr. Denny). —
‘Dr Orton (Postan). — MM. Miller (Pearson).
Plein air : Ernest Bersot (Lemoine). —
‘Henry Barcet (Boucharlat). — ‘Paul-Louis
Courier (Lemoine).
Saumon.
Serre : ‘ Edith Mary (Gatlin). — Walter
(Grousse). — ‘Rose (Pearson). — Virginal
(Bruant).
Plem air : Ed. Pynaert (Bruant). — Fra-
telli Ferrario (Boucharlat). — * Jules Chrétien
(Bruant). — ‘L’Élysée (Lemoine). — Léo Dé-
libes (Lemoine). — ‘MH® Macarez (Delesalle).
Jaunâtre, chamois, orange.
Serre : ‘Alsacien-Lorrain (Lemoine). —
‘ Atala (Postan). — ‘Faidherbe (R. Bertier).
‘ Feu de Bengale (Grousse). — Graf v. Schlie-
ben (Pfitzer). — Louis Ulbach (Lemoine). —
‘New Guinea (Parker).
Amarante clair.
Serre : ‘Dupont de l’Eure (Lemoine). —
‘F^i Kauffer (Grousse). — La France (Lemoine).
— ‘Ministre Varroy (Lemoine).
Plein air : ‘M. Chevreul (Lemoine). —
‘Président Garfield (Lemoine).
Écarlate.
Serre : Calliope (Bull). — Eugène Labiche
(Lemoine). — ‘Gloire lyonnaise (Bouch.). —
‘Godefroy Gavaignac (Lemoine). — ‘Pélagial
(Bull). — ‘Theodor Lindauer (Pfitzer).
Plein air : ‘Edgar Gatlin (Gatlin). — ‘H.
M. Pollett (Parker). — Manfred (Dr Denny).
— * MM. Gordon (Pearson). — ‘ Talma (Ber-
tier). — West Brighton gem (Miles).
FLEURS DOUBLES.
Cramoisi.
Serre : ‘Ami Hoste (Lemoine). — Duhamel
du Monceau (Grousse). — ‘Gabrielle Sépulchre
(Gerbeaux). — Horace Vernet (Boucharlat).
Plein air : ‘ Grand chancelier Faidherbe
(Lemoine). — M. de Joybert (Gerbeaux).
Ecarlate.
Serre: Dr Thouvenet (Bruant). — ‘Gam-
betta (Lemoine). — ‘ Hazel Birke (Allock, Son
et Thorpe). — ‘ M. Barat (Délaux). — M. Dal-
lière (Bertier). — Paul Charbonnier (Gerbeaux).
— Perfection (Dr Denny). — ‘Phidias (Bou-
charlat).
Plein air : ‘Boussingault (Lemoine). —
‘M. Florentin (Grousse). — P.-M. Binot
(Bruant).
Saumon.
Serre : ‘Elisabeth Gerbeaux (Gerbeaux). —
‘ Fulton (Lemoine). — M^e Bruant (Bruant).
— M. Machet (Lem.).
Plein air : Denfert-Rochereau (Lemoine).
— Got (Lemoine). — ‘J. -P. Stahl (Lemoine).
— ‘Ministre Gonstans (Lemoine).
Cerise.
Serre : * L’incomparable (Boucharlat). —
Le Nôtre (Lemoine).
DIPLOTAXIS ERUCOIDES.
71
Plem air : Athlète (Bruant). — *La Quin-
tnie (Lemoine).
Rose carmin.
Serre: Constancy (D'' Donny). — * p,
Gerbeaux (Gerbeaux). — Germain (Bou-
cbarlat). — Gramljean (Weick). — * M.
Léon Frené (Bruant). — * M. P. Jaud (Bruant).
— Secrétaire Daurel (Bruant).
Ple'üi air : Dorine (Gerbeaux). — Ilopeful
(D‘’ Denny).
Rose clair.
Serre : Boule rose (Gei'beaux). — * Caprice
des dames (üclesalle). — * M. Puteaux-Gbaim-
bault (Lemoine). — Perle des Bmses (Bou-
cbarlat). — * Ville de Nancy (Lemoine).
Plein air : Léon Dalloy (Delesalle). —
jM. Tisserant (Lemoine).
Rose lilacé.
Serre : *Ed. André (Lemoine). — * M.
Hardy (Lemoine). — * The Lord Mayor (Miller).
— Tliunberg- (Bruant).
Marron clair.
Serre : * Boule des llespérides^(Boucbarlat).
— *Cb. Darwin (Lemoine). — Colonel Flat-
ters (Lemoine). — * Etendard (Lemoine). —
L’abbé Grégoire (Lemoine). — * Président Gar-
field (Lemoine).
Blanc.
Serre : La Jeannette (Lemoine). — Blan-
che de la Rue (Bruant). — Nymphe (Lemoine).
— * Perle des blancs (Boucbarlat).
Plein air Amazone (Lemoine). — Fleur de
neige (Délaux). — * Flocon de neige (Lemoine).
— * Le Niagara (Bruant). Victor Lemoine.
DIPLOTAXIS ERUCOIDES
Cette Crucifère, qui forme actuellement
d’immenses tapis de fleurs blanches dans
les champs de la région du littoral médi-
terranéen et dans d’autres parties de la
Provence également, a attiré l’attention de
plusieurs de nos lecteurs, lorsque nous en
avons parlé dans notre article du l®*" jan-
vier dernier (1). Ils nous ont demandé de
leur mieux préciser cette plante, que nous
signalions à leur attention comme pouvant
éventuellement donner naissance à des va-
riétés naines, ornementales à la manière de
certains Arahis du premier printemps.
Rien n’est plus facile que de satisfaire à
ce désir.
Le Diplotaxis erucoides (2) est une
plante annuelle, à végétation surtout au-
tomnale ou hivernale. Elle forme des touf-
fes dressées, herbacées, à tiges portant des
feuilles sessiles lyrées ou incisées-sinuées.
Les fleurs sont en grappes dressées, à pé-
doncules un peu plus longs que les sépales
velus et étalés ; elles sont élégantes, assez
grandes, blanches, devenant un peu lilas,
et leurs pétales, amples, sont très-obtus,
blancs ou purpurins à l’onglet. Les si-
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 21.
(2) Diplotaxis erucoides, DG., Sijst., 2, p. 631;
Prod., I, p. 222. — Sinapis erucoides, Lin.,
Amœn., 4, p. 322; Jacq., Hort. Vind., t. 170. —
Rrassica erucoides, Ardoino, Fl. alp. mar., p. 32.
liques sont dressées, et les argines petites,
pâles.
L’espèce fait partie de la section Ano-
carpurn, DC., du genre Diplotaxis, section
caractérisée par un ovaire conique com-
primé ou vide, portant 1-2 graines, ter-
miné par un stigmate bilobé et des siliques
dressées, sessiles ou plus rarement pédi-
cellées.
On trouve cette plante, comme nous l’a-
vons dit, dans le midi de la France. Elle est
très-commune à Antibes, Cannes, Grasse,
surtout dans les champs cultivés, et plus
rare à Nice, à Monaco et à Menton. On la
voit souvent prendre un énorme développe-
ment sur les talus du chemin de fer expo-
sés au soleil levant, et qu’elle couvre de ses
myriades d’épis blancs, agréables à regarder
en plein hiver, comme le premier sourire
du printemps qui s’approche. Le Diplotaxis
erucoides se retrouve, d’ailleurs, dans le
sud de l’Espagne 'et de l’Europe méridio-
nale, en Sicile, aux îles Baléares et en
Orient. Ce n’est ni une rareté ni une plante
de haute valeur décorative ; mais puis-
qu’elle a intéressé quelques lecteurs de la
Revue horticole, nous devions leur indiquer
ces particularités et les engager de nouveau
à tenter d’en obtenir des variétés naines, di- '
gnes d’être cultivées.
Ed. André.
72
METHONICA SUPERBA,
'METHONICA SUPERBA
Il est extrêmement rare que dans les ca-
talogues on mentionne le Methonica su-
perha, Lam., ce dont je suis d’autant plus
étonné que celte plante n’est pas nouvelle,
et qu’elle est fréquemment décrite ou au
moins citée dans les ouvrages de botanique.
A Haarlem (Hollande), on cultive plusieurs
espèces de ce genre, et il est même pro-
bable que parmi celles-ci se trouve le M.
siiperha^ dont, à aucun point de vue, le
mérite ne peut être contesté ; on peut sans
crainte affirmer que parmi ses congénères
cette espèce est même la plus méritante.
On pourrait encore dire que le Methonica
superha n’est effacé par aucune plante de
la famille des Liliacées dont elle fait par-
tie. L’éclat de ses couleurs, la grâce de
ses formes sont certainement supérieurs et
de premier mérite; en outre, il est très-
florifère, et ce n’est pas rare de voir une
seule plante montrer une vingtaine de
fleurs épanouies à la fois. Si on le ren-
contre dans la promenade, on s’arrête in-
volontairement pour admirer sa beauté. Ses
formes dévient beaucoup de celles que les
Liliacées ont en général. D’abord, c’est le
tubercule dont la forme bizarre nous
frappe : il a la consistance d’une Pomme
de terre; il est très-mince par rapport à sa
longueur et surtout très-irrégulier. Il est
souvent bifurqué et émet une tige florale
mince au point de sa bifurcation. Gomme
il n’a de racines fibreuses que seulement
autour de la naissance de sa tige, il n’a
pas de bulbe, et c’est là que se trouve sa
plus grande différence des autres Liliacées,
qui généralement ont un bulbe ou une tige
bulbeuse.
Sa tige et ses feuilles offrent aussi un as-
pect assez singulier. A l’aide de vrilles dont
les extrémités de ces feuilles sont pourvues,
il se cramponne aux plantes et autres ob-
jets environnants, et quoique la faiblesse de
sa tige, qui n’a que quelques millimètres
d’épaisseur, lui fasse faire bien des méan-
dres, il finit souvent par atteindre une hau-
teur de 3 à 4 mètres. Arrivé presque à son
apogée, il lui pousse des branches, et c’est
alors qu’il montre ses brillantes fleurs. Sor-
tant de l’aisselle des feuilles, elles se trou-
vent tant sur la tige principale que sur les
branches ou tiges secondaires. Si nous les
suivons dans leur développement, nous
trouvons qu’elles sont d’abord vertes tirant
sur le jaune, tant qu’elles sont à l’état de
bouton. Suspendues aux pédoncules, et par
conséquent regardant la terre, les fleurs
s’épanouissent peu à peu et deviennent de
plus en plus jaunes. En jaunissant, leurs
sépales à bord fortement tuyauté se recour-
bent, et on voit apparaître à leurs extré-
mités des points rouge carmin; le rouge s’é-
tend et finit par envahir la place jusqu’alors
teintée de jaune. Comme celte couleur s’est
accentuée et est devenue du plus beau jaune
serin, on comprend combien ces deux cou-
leurs, opposées l’une à l’autre, 'donnent de
l’éclat à l’ensemble. A la fin, les sépales
sont entièrement recourbées, et la couleur
primitive a disparu et est remplacée par le
rouge carmin. C’est dans cet état que la
position des sépales est remarquable par sa
singularité. Parmi les Liliacées, il y en a
beaucoup qui ont les sépales recourbées,
mais aucune d’elles n’offre un aspect si ren-
versé. Cet aspect lui a valu son nom indi-
gène de « Sounsang, > qui signifie (( sens
dessus dessous. » Les tubercules se trou-
vent ordinairement à une assez grande pro-
fondeur en terre. Ils commencent leur vie
pendant les premières pluies d’octobre et
de novembre,- et se remettent en repos en
avril et mai. Cette plante est de serre
chaude ou tempérée en Europe.
Les tubercules sont éminemment véné-
neux et jouent un grand rôle dans les ven-
geances des Javanais. Ils supposent que ce
poison ne laisse pas de traces dans les ca-
davres de leurs victimes.
Le Methonica superha croît à l’état sau-
vage dans la partie orientale de l’île de Java.
F. DE Rijk.
lmp. Georges Jjwob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Les journées pluvieuses en 1882. —
Chacun sait que l’année 1882, que nous
venons de traverser, a été très- pluvieuse ;
mais bientôt il n’en restera qu’une idée
vague qui elle-même ne t;mdera pas à dis-
paraître. Il est donc utile de consigner dans
un recueil horticole ce temps anormal, qui
tout particulièrement a été nuisible aux in-
térêts de l’horticulture.
Voici le nombre exact des jours de pluie
relevé à l’Observatoire de Montsouris, à
Paris, renseignement que nous devons à
l’obligeance de M. Marié Davy, directeur de
cet établissement.
On a recueilli la pluie à Montsouris pendant
10 jours en décembre 1882.
La hauteur totale de pluie tombée est de 71 '«>"6
pendant ce mois, ce qui donne une hauteur
moyenne de 2'ï‘'“3 par jour du mois ou de
3mni 77 par jour de pluie.
Quantité de pluie Jours de pluie effective.
Janvier
qiiiin 3
7
Février
26,
7
il
Mars
28,
6
il
Avril
51,
2
13
Mai
27,
3
10
Juin
33,
0
18
Juillet
45,
l
13
Août
63,
4
16
Septembre . .
68,
4
15
Octobre
55,
2
23
Novembre. . .
112,
8
22
Décembre . . .
71,
6
19
592mm 6 178
Faisons toutefois remarquer que tous
ces chiffres sont variables suivant les lieux,
les climats et même les localités où les
observations sont faites. Ainsi à Bourg-la-
Reine, point Irès-rapproché de Montsouris,
les jours de pluie, très-exactement relevés
par notre collègue, M. F. Jamin, ont été :
Janvier 9
Février G
Mars 10
Avril 10
Mai 10
Juin 18
Juillet 14
Août 15
Septembre 18
Octobre 21
Novembre 22
Décembre 16
169
Le 6 janvier 1883, M. Gatros-Gérand,
horticulteur-grainier à Bordeaux, nous écri-
vait :
Sur les 365 jours dont se compose l’an-
née, on a compté 210 jours de pluie. — De-
puis le mois d’août dernier, le soleil a paru <à
de rares intervalles, et l’automne a été exces-
sivement pluvieux et humide. — Jusqu’à ce
jour le froid ne s’est pas fait sentir, et nous
n’avons relevé que 2 degrés au-dessous de
zéro les 11 et 12 décembre dernier. — Depuis
cette époque, la température s’est élevée à
10 degrés et plus.
Exposition internationale d’horticul-
ture à Saint-Pétersbourg en 1883. —
Cette exposition paraît devoir être des mieux
remplies. Les objets qui y figureront (plan-
tes et matériel horticole) comprennent 9 sec-
tions, embrassant 182 concours.
Elle s’ouvrira le 5/17 mai 1883 et durera
jusqu’au 16/28 mai.
Les personnes qui désireront y prendre
part devront en informer le président de
la commission de l’exposition, M. Ed. Ré-
gel, au plus tard le 1/13 mars, en indi-
quant la section du programme dans la-
quelle ils désirent exposer, ainsi que l’em-
placement qu’ils jugeront devoir leur être
nécessaire.
On peut se procurer le programme en en
faisant la demande à la commission de l’ex-
position, à Saint-Pétersbourg.
Cours publics et gratuits d’arboricul-
ture fruitière à Lille. — Des démonstra-
tions publiques et gratuites d’arboriculture
fruitière ont été instituées dans la ville de
Lille. M. Jadoul, jardinier-directeur des
plantations municipales, commencera ses
leçons le dimanche 28 janvier 1883, pour
les terminer le dimanche 12 août. Elles
comprendront deux séries : les opérations
dliiver et les opérations d’éié, de manière
à passer en revue toutes les parties de
l’arboriculture fruitière.
Ces démonstrations sont d’autant plus
utiles et profitables qu’elles se font dans
l’école fruitière, qui est l’une des mieux
tenues et des mieux conduites de la France.
Expéditions de Lilas blanc en An-
gleterre. — Ce n’est pas seulement en
France qu’est vendue l’immense quantité de
Total. .
16 Février 1883.
4
74
CHRONIQUE HORTICOLE.
Lilas blanc fabriquée à Paris pendant huit
à dix mois de l’année. Plusieurs nations
voisines importent aujourd’hui de chez
nous ce produit à peu près exclusivement
parisien.
L’Angleterre en fait une importante con-
sommation. Trois fois par semaine, les
dimanche, mardi et jeudi, il est expédié de
Paris pour Londres environ 150 hottes (1)
de Lilas blanc par semaine, au prix moyen
de 6 fr. la botte. Comme ce commerce
se fait pendant liuit mois environ, c’ost
donc une somme d’à peu près 29,000 fr.
que rapporte chaque année le forçage des
Lilas pour ce seul débouché.
Rappelons que ce magnifique Lilas, d’une
blancheur éclatante, est dû à la tranforma-
tion de la couleur rose lilacé, transformation
déterminée par la chaleur et l’obscurité.
Une plante précieuse pour fixer les
dunes. — On sait que les dunes sont
des amas de sable que les vents accu-
mulent sur les bords de la mer. Mais, par
suite de la violence du vent, ces sables
extrêmement fins se déplacent sans cesse
et tendent constamment à envahir les ri-
vages. On cite des villages qui ont été
engloutis par ces sables. Il est donc de la
plus grande importance de les arrêter. Aussi
la fixation des dunes fait-elle le sujet d’une
préoccupation incessante de la part du gou-
vernement qui, dans ce but, a dû établir
des réglements spéciaux.
Une espèce très-propre à fixer les sables,
en les gazonnant promptement, est VArte-
misia maritima, qui se plaît tout particu-
lièrement sim les bords de la mer. C’est
une plante vivace, très-rustique, extrême-
ment traçante, qui, par une sorte de cloi-
sonnement, enlace rapidement les sables,
tout en s’élevant au fur et à mesure que
ceux-ci s’amoncellent, de façon que le sol
n’est jamais nu. On ne saurait donc trop en-
gager les personnes qui, voisines de la mer,
ont à redouter l’ensablement, à semer sur
les terrains exposés des graines d’Arfe-
misia mariiima.
Maladie des Boses trémières. — De-
puis longtemps déjà, divers cryptogames,
(I) On nomme « botte de Lilas » une vingtaine
de branchettes d’envirun 4ü centimètres de lon-
gueur, teruiinées par une grappe de Heurs, et pi-
quées ou attachées autour d'un (( botillou » de pétille
qui les fixe et les raainlient écartées,
pour la plupart se rapportant au genre
Puccinia^ sévissent avec intensité sur
un grand nombre d’espèces de la fa-
mille des Malvacées, notamment sur les
Roses trémières dont ils «déterminent la
chute des feuilles, arrêtent la végétation,
et dont très-souvent même ils occasionnent
la mort.
Loin de se ralentir, le mal va constam-
ment en s’aggravant, au point que bientôt,
peut-être, la culture de ces plantes sera
complètement abandonnée, ce qui a déjà été
fait par quelques cultivateurs.
Un praticien, M. Portrait, qui s’occupe
particulièrement de la culture des Roses
trémières, vient, paraît-il, de trouver un
remède au mal que nous signalons. Voici,
à ce sujet, ce qu’il nous écrit :
Je ne sais s’il existe un moyen pour empê-
cher la maladie des Roses trémières; mais
voici une remarque que j’ai faite. Ce printemps
dernier, la variété dite Papede, qui est à fleurs
rouge cinabre, était tellement atteinte que je
voyais le moment où j’allais perdre ces plantes.
J’ai employé le soufre que l’on' recommande
en pareil cas ; mais je n’ai obtenu aucun ré-
sultat. C’est alors que j’ai eu l’idée d’employer
du guano du Pérou dans la proportion de
100 grammes pour 10 litres d’eau. J’ai arrosé
•mes Papales (Roses trémières) pied à pied con-
venablement, puis j’ai recommencé huit jours
api-ès dans la même proportion, enfin une
troisième et dernière fois, et la maladie a com-
plètement disparu; mes plantes ont repris une
bonne vigueur et m’ont donné une floraison
admirable. Je n’oserais affirmer que ce moyen
est infaillible; mais ce que je puis assurer, c’est
qu’il m’a donné de bons résultats,, ce qui m’a
engagé à vous faire cette communication.
Ce résultat s’explique par cette raison
que le remède indiqué, en augmentant la
vigueur des plantes, produit le même effet
que si l’on affaiblissait celle du mal. D’une
autre part, le guano possède-t-il des pro-
priétés insecticides particulières? Le fait
est possible. R serait à désirer que des ex-
périences sérieuses soient faites pour le
constater.
Chicorée sauvage à feuilles pourpres.
— Cette variété, récemment envoyée d’iialie
à MM. Léonard Lille et Beney, de Lyon, est
vigoureuse et nullement délicate, A une
certaine époque de sa végétation, et surtout
à partir de la fm de l’été, ses feuilles pren-
nent une couleur rouge sang qu’elles con-
CHRONIQUE HORTICOLE.
7»
servent en partie quand la plante est soumise
à l’étiolage, de sorte qu’amenées à l’état de
« barbe de capucin, » elles constituent une
salade délicieuse, agrémentée de la couleur
rosée qu’elles ont conservée.
Guérison de la chlorose des plantes.
— Rappelons qu’on nomme chlorose ou
état chlorotique la teinte vert pâle ou plus
ou moins jaunâtre que, dans certains cas,
revêlent les végétaux. Bien que cet état
puisse être dû à des causes diverses, il suffit
presque toujours, pour le faire disparaître,
ou au moins pour l’affaiblir considérable-
ment, d’arroser de temps à autre avec de
l’eau à laquelle on a ajouté un peu d’ammo-
niaque ou dans laquelle on a fait dissoudre
du sulfate de fer. Il est rare que les plantes
soumises à ce traitement ne reverdissent
pas au bout de quelques jours.
Toutefois, si la cause est grave, qu’elle pro-
vienne de la mauvaise qualité du sol, de son
insuffisance ou de son épuisement, il n’en
faut pas moins remédier à cet état, modifier
ce sol soit en le remplaçant, soit en y ajou-
tant les éléments qui manquent, autrement
la guérison n’étant que momentanée, l’affec-
tion ne tarderait pas à reparaître.
Nouveau type d’Œillet Mignardise.
— Ce type, auquel son obtenteur, M. Alé-
gatière, horticulteur à Montplaisir-Lyon, a
donné le nom significatif de Mil huit cent
quatre-vingt-un, afin de perpétuer la date
de son apparition, est le résultat d’une fé-
condation entre l’Œillet remontant Es-
poir (1) avec un Œillet Mignardise à fleurs
blanches. Les plantes, relativement naines,
très-ramifiées et buissonneuses, se tiennent
très-bien ; outre cela, elles sont franche-
ment remontantes ou plutôt elles sont tou-
jours en fleur. Un semis fait de graines de
Mil huit cent quatre-vingt-un semble dé-
montrer que cette plante constituera une
race particulière. En effet, bien que les
sujets soient encore jeunes, il en est beau-
coup qui montrent déjà des boutons.
Exposition internationale d’horti-
culture à Gand. — Cette exposition, qui
sera ouverte du 15 au 22 avril prochain,
et à laquelle les horticulteurs et amateurs
de toutes les nationalités pourront prendre
part, comprend, outre l’horticulture pro-
(I) Voir Hcvue horlmk, p, 190,
prement dite, les principaux produits de
l’art et de l’industrie qui s’y rattachent.
Près de trois cents concours sont ouverts.
Les personnes qui désirent prendre part
aux concours devront en faire la demande
au secrétariat général, rue Digue-de-Bra-
bant, 20, au plus tard le vendredi 30 mars,
avant sept heures du soir, en envoyant la
liste exacte et détaillée des objets qu’elles se
proposent d’exposer. Pour les serres, appa-
reils de chauffage, bâches et abris, les de-
mandes devront être faites avant le mars,
ces objets devant être installés avant le 30
du même mois.
Nice et Paris à propos du temps. —
Plusieurs fois déjà nous avons appelé l’at-
tention de nos lecleiirs sur les différences
qui existent entre le climat de la région
niçoise et celui du Bassin parisien. Par-
fois aussi ils présentent de l’analogie. Ainsi
à Nice l’inconstance du temps équivaut ac-
tuellement à celle de Paris, ce qui ressort
d’un passage que nous extrayons d’une lettre
que le 25 janvier dernier nous adressait
M. Thierry, jardinier en chef à la villa
Chambrun, à Nice :
... Le temps est très-variable en ce moment.
Du 10 au 15 janvier, nous avons eu un temps
pluvieux et une absence complète de soleil,
puis du 15 au 20 un temps doux avec un soleil
d’été; le 24, à sept heures du matin, 5 degrés
de gelée, ce qui a fait baisser le nez aux Roses et
aux Orangers qui sont en fleurs. Aujourd’hui
c’est autre chose : de la neige depuis le matin,
ce qui est tout à fait extraordinaire.
Ainsi qu’on le voit, la similitude est
presque parfaite : le 24, à Montreuil, le
thermomètre marquait 6 degrés au-dessous
de zéro, et le 25 la neige couvrait la terre
sur une épaisseur de 10 à 15 centimètres.
Exposition d’horticulture à Mar-
seille. — Le 19 mai 1883, la Société
d’horticulture de Marseille fera dans cette
ville une exposition internationale d’horti-
culture, ainsi que des objets d’art et d’indus-
trie qui s’y rattachent.
Les demandes devront être adressées au
Sécrétaire général de la Société avant le
30 avril prochain, en indiquant avec le nom
du demandeur les produits qu’il se propose
d’exposer, ainsi que l’emplacement ap-
proximatif qu’il jugera devoir liû être né-
cessaire?
76
CHRONIQUE HORTICOLE.
L’ensemble du programme comprend
9 sections dont 8 sont définies, la 9® étant
pour les divers. Tous les concours imprévus
ou non déterminés devront y trouver leur
place.
Le climat remarquablement beau de
Marseille, les immenses ressources horti-
coles de cette ville et des environs et les
dispositions toutes particulières que prend
l’administration sont une garantie de l’intérêt
, général que présentera cette exposition.
Impatiens Sultani. — Cette espèce,
encore toute nouvelle, originaire de Zan-
zibar, n’est pas annuelle, comme on l’a dit
par erreur ; elle est au contraire très-vivace
et présente cette particularité que, très-
charnue, .succulente comme celle de la Bal-
samine commune, sa tige peut être rabattue
quand la plante paraît épuisée, et qu’alors il
en part des bourgeons qui très-promptement
se mettent à fleurir, ce que ne font jamais
les plantes annuelles. On en possède au-
jourd’hui une variété ou forme à fleurs
blanches. Ces deux plantes, qui sont cons-
tamment en fleurs, s’enracinent avec une
extrême facilité, et tout fait croire qu’on
pourra les employer pour l’ornementation
des jardins, ainsi qu’on le fait des Coléus et
d’autres plantes analogues.
Le Niaouli. — On a beaucoup parlé ré-
cemment d’une plante dont les graines ont
été envoyées de la Nouvelle-Calédonie sous
ce nom, Niaouli. Dans une note détaillée,
publiée dans le Bulletin mensuel de la So-
ciété d’acclimation, 1882, p. 529, M. Charles
Rivière, directeur du jardin du Hamma, à
Alger, a fait justice de tous les prétendus
avantages que l’on prête gratuitement à
cette espèce, en démontrant par des faits,
que la plante n’est autre que le Melaleuca
leucadendroriy dont la culture, même en
Algérie, ne donne que de chétifs résultats.
Aux merveilleuses propriétés que l’on
prêtait à cette espèce on ajoutait celle de
l’incombustilité de son bois, propriété égale-
ment mise à néant par les observations de
M. Charles Rivière. De ses expériences il
résulte que le Niaouli, qui pour l’Algérie
devait constituer des forêts vigoureuses
et incombustibles reste tout simplement un
petit arbuste d’ornement.
Étiquettes en zinc. — Un de nos
abonnés nous recommande un mode
d’emploi des étiquettes en zinc, que nous
signalons aux expérimentateurs :
« L’emploi de l’encre à écrire sur le zinc,
dit notre correspondant, est souvent diffi-
cile, lorsque l’encre s’épaissit au point de
devenir baveuse et presque inemployable.
Pour éviter cet inconvénient, je fais simple-
ment mes inscriptions avec une plume
et de l’encre ordinaires, puis je laisse
sécher, et je vernis ensuite toute l’étiquette
avec du vernis copal très- clair (vernis à
voiture). S’il est trop épais, je 1’ « allonge »
avec de l’essence de lavande. Tout le secret
est de laisser ensuite sécher très-complète-
ment le vernis, à couvert, pendant plusieurs
jours, avant d’exposer les étiquettes à l’air. »
Tel est le moyen employé par notre
abonné. Un de nos amis nous en indique un
autre. Il consisterait à vernir d’abord les éti-
quettes, puis à écrire dessus avec un stylet,
et à faire mordre ensuite par un acide
l’écriture, qui se trouverait ainsi gravée en
creux et absolument indélébile. Nous citons
purement et simplement, et conseillons
l’essai et la comparaison.
Association de Genève pour la pro-
tection des plantes alpines. — Par suite
de dégrédations continuelles commises non
seulement par les botanistes, mais encore
par de nombreux collecteurs, acclimateurs
et amateurs, la flore des montagnes suisses
s’est appauvrie progressivement d’une façon
alarmante. Certaines espèces ne comptent
plus que de rares spécimens ; d’autres ont
complètement disparu.
De plus, les plantes aquatiques intéres-
santes des bords du lac de Neuchâtel ont
été presque détruites.
Depuis cette époque, on a constaté entre
autres, dans ces régions, la disparition des
Hydrocharis Morsus Rance, Sayittaria
sagittœfolia, Trapa natans, Alisma ra-
nunculoides, Leucoium œstivum, etc.
Dans le canton de Genève, dont la flore a
été très-étudiée, on a perdu un grand nom-
bre de bonnes espèces, même depuis la
mort de Reuter. Si les choses continuaient
ainsi, d’autres espèces qui sont devenues
très-rares disparaîtraient également, no-
tamment les Isopyrum thalictroides, Ery-
thronium Dens canis, Tulipa sylvestris,
Atragene alpina, Serratula nudicaulis,
Cypripedium Calceolus, etc.
Certaines plantes, notamment les Cy-^
CHRONIQUE HORTICOLE.
clamen hederœfolium^ Adonis vernalis et
autres, sont déjà devenues extrêmement
rares.
Ces dommages sont occasionnés par les
collecteurs. Deux fois par semaine, et sur-
tout au printemps, une énorme quantité de
plantes récoltées dans les montagnes sont
apportées sur les marchés de Genève. C’est
ainsi que l’on vend par centaines des Gen-
tianes, Soldanelles, Edelweiss, Rhododen-
drons, Orchidées de toutes espèces, ainsi
que de jeunes Pinus Cembra.
Si ce pillage continuait, la flore alpine
s’appauvrirait d’une manière irrémédiable ;
aussi, pour y mettre fin, un comité tempo-
raire vient de se former à Genève, dans le
but de fonder une association pour la pro-
tection des plantes alpines et, au besoin pour
obtenir la prohibition de leur enlèvement.
Un amateur vient d’acquérir dans ce but
une des montagnes les plus riches en
plantes, le Dole. Le propriétaire d’une autre
montagne, le Reculet, a promis de faire
respecter les plantes qui y croissent ; enfin,
et pour entraver par la concurrence la
vente de ces plantes, qui a été la principale
cause de leur destruction, on va, par semis
et tous autres moyens, les multiplier et cul-
tiver sur une grande échelle, et les faire
vendre à très-bas prix sur les marchés. On
sait que les plantes alpines obtenues de
semis ont toujours une floraison plus belle
que celles provenant directement de leurs
montagnes.
La Poire Etrictiade. — En parlant, il y
a quelque temps {Rev. hort., 1882, p. 482),
du curieux exemplaire de Poire de Chine
présenté par M. A. Lavallée à la Société
d’horticulture dont il est le Président, nous
n’avons pu donner le nom exact de cet
étrange fruit, que M. Lavallée nous adresse
aujourd’hui. Cette Poire, variété du Pyrus
Sinensis, fut envoyée en 1868, de Munich,
par M. de Siebold sous le nom de Poire
Etrictiade. Elle était accompagnée de plu-
sieurs autres variétés, au nombre de 15 en-
viron, dont plusieurs ont déjà fructifié dans
les cultures de Segrez, chez M. Lavallée,
qui les fera connaître successivement à
l’horticulture. Aucune de ces formes n’a en-
core présenté de fruits véritablement bons,
et il faut les considérer jusqu’à présent
comme de simples curiosités horticoles et
botaniques.
Les Daïkons au point de vue écono-
mique. — Au Japon, le terme Daïkon est
l’analogue de notre mot Radis, et s’applique
aussi à un nombre plus ou moins grand de
formes dont l’ensemble constitue une race
particulière. Ce sont des légumes analogues
à nos Navets, dont ils diffèrent pourtant sen-
siblement tant par la forme que par la sa-
veur. Par la première ils rappellent assez
exactement les Navets longs ; quant à la sa-
veur, elle rappelle plutôt celle des Radis, ou
mieux elle est intermédiaire entre ces deux
légumes. On mange les Daïkons également
crus et cuits; et comme ils donnent un
feuillage abondant, on peut aussi les culti-
ver comme fourrage. R y en a beaucoup
de formes, mais toutes sont d’une extrême
blancheur; leur chaires! cassante, et la sa-
veur en est très-légèrement stiptique sucrée.
On assure qu’au Japon il existe des Daï-
kons de plusieurs couleurs, que certains
ont la chair très-rouge et sont néanmoins
d’une très- bonne qualité. R faut les semer
dans la première quinzaine d’août.
C’est encore à M. Paillieux, propriétaire
à Crosnes (Seine-et-Oise), que nous sommes
redevables de l’introduction des Daïkons
dans nos cultures. R est probable que sans
lui ces plantes auraient disparu sans avoir
été à peine remarquées. Cette année en-
core, à une séance de la Société centrale
d’horticulture de France, il en présentait
d’une beauté et de dimensions vraiment
extraordinaires.
Rose Maréchal Niel. — Le Journal
des Roses recommande, pour ce Rosier, un
procédé de culture employé en Angleterre,
et qui permet d’obtenir des fleurs d’un dé-
veloppement presque double de celui qu’el-
les atteignent ordinairement. Le moyen
consiste à greffer cette variété sur une
pousse vigoureuse du Rosier Gloire de
Dijo7i planté en pleine terre dans une
serre.
En laissant ces deux variétés se dévelop-
per simultanément sur le même pied, on
aura un charmant mélange de fleurs.
R est probable que ce procédé réussirait
également pour les mêmes variétés em-
ployées à l’air libre comme sujets et gref-
fons. D’ailleurs, on l’emploie fréquemment
et avec succès dans le midi de la France.
E.-A. Carrière et En. André.
7S
CULTURE DES DIPLA.DENU.
CULTURE DES DIPLADENIA
Ces admirables plantes de serre chaude
sont trop peu^ connues en France. Elles
méritent une place de premier ordre dans
les collections d’amateur. Mais leur cul-
ture est l éputée diflicile. C’est une opinion
erronée. Nous croyons utile, pour en recom-
mander l’essai, de donner la traduction d’un
bon article que le Hamburger Blumen-
zeitung vient de publier sur ce beau genre
de végétaux brésiliens :
a La multiplication des Dipladenia se
fait par boutures pendant toute l’année,
dès que l’on peut prendre sur les pieds
rnères du bois dans de bonnes condi-
tions.
c( Les boutures se font, soit avec de jeunes
pousses, soit avec les petites bnanches que
l’on trouve sur le vieux bois.
« On repique ces boutures dans des pots
contenant un mélange de terreau de
feuilles, terre de bruyère et sable. Ces pots
sont placés sur une couche chaude, et les
boutures, qui développeront promptement
une grande quantité de racines, seront em-
potées isolément aussitôt qu’elles auront
atteint une hauteur de 12 centimètres.
« La bonne végétation des Dipladenia
déi)end principalement de la terre dans
laquelle on les cultive. Leur culture doit se
faire en terre de bruyère ; ils réussissent
quelquefois en terre franche, mais leur vé-
gétation y est moins belle, et ils y contrac-
tent souvent un aspect maladif.
(( Les Dipladenia demandent une terre
de bruyère fibreuse, plus consistante et plus
substantielle que celle employée pour les
Oichidées. On doit y ajouter du sable et
quelques morceaux de terre de bruyère
grossièrement concassés.
(( Les boutures enracinées seront mises
dans des pots de 7 à 9 centimètres de dia-
mètre, et placées dans une serre ou châssis
où la température nocturne sera de 4" 15“
ou 17“ centigrades.
(ü La saison la plus favorable pour le
bouturage est l’automne ; pendant l’hiver
les plantes s’enracinent facilement ; elles se
développent avec vigueur au printemps, et
enfin, pendant l’été, acquièrent tout le dé-
veloppement désirable.
« Bien que les Dipladenia puissent être
cultivés dans toute serre chaude, ils préfè-
rent une température plus élevée pen-
dant la nuit, et l’hiver, 20 à 22 degrés
centigrades leur sont favorables.
a Cette température peut encore, pen-
dant l’été, être plus élevée.
« Dans de semblables conditions, les Di-
pladénias fleuriront abondamment depuis
le commencement de mai jusqu’à la fin
d’octobre, et même plus longtemps.
« On doit donner aux jeunes plantes une
forte chaleur au printemps et pendant l’été.
<( Au moyen de fils de fer ou simplement
de ficelles, on dirige les jeunes pousses près
du vitrage, et, quand il en est besoin, on
rempote les plantes dans des pots plus
grands.
c( A l’automne, on abaisse la tempéra-
ture, et, la période de repos étant arrivée,
on laisse les pots à la sécheresse jusqu’à ce
que les plantes rentrent en végétation. Alors
on commence à mouiller sobrement, puis
on augmente peu à peu, suivant les pro-
grès de la végétation.
(( Dans la seconde année, les plantes
traitées comme nous venons de le dire fleu-
riront abondamment ; la floraison augmen-
tera encore l’année suivante.
(( Un point de la plus grande importance,
dans la culture des Dipladenia, est d’ob-
server que, par suite de la nature charnue
des racines, celles-ci doivent être peu
recouvertes de terre.
a II faut empoter les plantes de manière
que leur collet soit juste au niveau de la
terre.
« Ces principes de culture étant posés,
nous allons donner une liste des meilleures
espèces et variétés.
<L D. spleyidens, DC. — Espèce à ra-
meaux vigoureux et raides. Feuilles grandes
et larges. Fleurs très-jolies, blanches avec
une légère teinte rose. Les fleurs viennent
à l’aisselle des rameaux. La plante provient
des montagnes des Orgues (Brésil).
« D. crassinoda, A. DC. — Espèce pro-
venant de Rio de Janeiro. Le port de la
plante est très-élégant. Les feuilles sont
d’un vert brillant. Les fleurs sont d’une
jolie nuance rose délicatement nuancée.
(( D. Boliviensis, J. D. Hook. — Cette
DES LILAS A PETITES FEUILLES.
79
espèce n’atteint pas de Gjrandes dimensions.
Elle fleurit facilement et abondamment. Les
fleurs sont d’un blanc presque pur et de
petites dimensions, ce qui les rend très-
propres à la confection des bouquets.
(( D. Williamsi. — Variété provenant du
D. qu’elle surpasse en qualités.
Elle fleurit abondamment. Les fleurs ont la
gorge teintée de rouge foncé.
« D. amahilis. — Jolie variété, très-
florifère. Les fleurs, rose pourpre foncé
lorsqu’elles sont épanouies, sont d’un rose
plus pâle avant cette époque. Les feuilles
sont grandes et jolies.
(( D. Brearleyana. — De tous les Dipla-
denia ce dernier est celui qui possède la
coloration la plus foncée; quand les fleurs
sont entièrement développées, elles devien-
nent d’un rouge écarlate intense.
« D. insignis. — Plante à végétation arbo-
rescente, à grandes fleurs rose pourpre.
Les feuilles sont très-épaisses. Espèce
recommandable sous tous les rapports.
« D. hyb^'ida. — Cette plante, très-jolie,
présente une végétation vigoureuse. Elle a
de grandes feuilles raides, d’un vert clair.
Les fleurs, abondantes, sont d’une jolie
nuance rouge feu, si vive, qu’aucune autre
fleur ne peut leur être comparée comme
intensité de couleur.
(( D. amœna. — Ce Bipladenia produit
des fleurs rose carné pâle, réunies par pe-
tits paquets.
« D. Houtteana. — Plante très-distincte,
à fleurs pâles, de moyenne grandeur.
(( D. magnifîca. — Variété provenant de
D. crassmoda ; cependant les fleurs sont
souvent d’un blanc de marbre.
(( D. Regïna. — Fleurs de moyenne gran-
deur, de couleur rouge lorsqu’elles s’épa-
nouissent, et devenant ensuite plus pâles.
Floraison abondante.
(c D. profma. — Variété à fleurs rouge
carmin. La plante est très- florifère. Les.
fleurs, très-grandes, atteignent un diamètre
de 15-18 centimètres. Les racines, char-
nues, craignent l’excès d’humidiié.
(( Toutes les espèces et variétés précé-
dentes proviennent du Brésil, notamment
des montagnes des Or-gues. Ce sont des
arbustes plus ou moins grimpants, qui
atteignent dans leur pays natal une assez
grande hauteur.
(( En dehors des Dipladenia dont nous
venons de donner une courte description, et
qui sont les plus recommandables, il en
existe d’autres qui méritent aussi de pren-
dre place dans les collections choisies. Ce
sont les D. nohilis, urophylla, flava, acu-
minata^ Harrisii, atropurpiirea, vincœ-
flora,rosa campestris et carissima. »
Avec les soins peu compliqués qui vien-
nent d’être indiqués, il est permis de
croire que nos jardiniers de France obtien-
draient facilement des spécimens comme on
en voit si souvent paraître dans les exposi-
tions anglaises. Palissés sur de légères
armatures de bois ou de fer, en boule ou
en pyramide, on voit ces charmants ar-
bustes couverts de leurs admirables corolles
roses, rouges ou blanches ; mais ce sont
surtout les espèces et variétés rose-rouges
qui attirent le plus les regards, en raison de
l’élégance de leur forme et de l’incompa-
rable délicatesse de leur coloris.
Ed. André.
DES LILAS A PETITES FEUILLES
Sous cette qualification : « Lilas à petites
feuilles, d nous plaçons le groupe qui com-
prend les Lilas de Perse et de Rouen {Sy-
ringa Persica et S. Rothomagensis)^ ainsi
que leurs formes ou variétés (1).
Sans rechercher leur origine, nous po-
sons cette question : ces espèces sont-elles
différentes de l’espèce commune (S. vul-
garis) ou s’y rattachent-elles, et n’en sont-
(1) Voir sur ces Lilas Revue horticole, 1877,
p. 403; 1878, pp. 6, 217, 451; 1879, p. 82.
elles que des formes ? Nous penchons pour
cette dernière hypothèse.
Déjà, du reste, dans un article spécial
{Revue horticole, 1878, p.217), nous avons
étudié cette question à propos du Lilas
de Perse, et avons essayé de démontrer
que cette prétendue origine est proba-
blement fausse. Aujourd’hui, par suite
des semis que nous avons faits des Sy~
ringa Rothomagensis (fig. 16, 17) et du
Syringa Persica laciniata (fig. 18, 19),
nous pouvons affirmer que ces deux plantes
80
DES LILAS A PETITES FEUILLES.
ne sont autreFB
que des for |
mes du Lilasl
commun {Sy-^:
ringa vulga- ,,
ris). En ellet, i
dans les indi- ]
vidus qui sont *
issus de ces
graines se trou-
vent, outre des
Lilas à feuilles
plus ou moins
laciniées, des
formes les plus
diverses, va-
riant depuis
celles à petites
feuilles jus-
qu’aux formes
vis^oureuses à
bois
qui présentent
toutes les di-
mensions, à
partir des plus
petites feuilles
jusqu’à celles
du Lilas com-
mun. Du reste,
dans les semis
qu’on fait de
celui-ci, est-ce
qu’on ne ren-
contre pas des
sujets à feuilles
également pe-
tites? Il n’y a
pas de limite !
Mais, du reste,
qu’est-ce que
le Lilas de
Rouen ? Très-
probablement
une forme du
Lilas commun.
Il est donc
naturel qu’il
retourne au
type, et que
dans les semis
de ses graines
on trouve des
intermédiaires
entre les deux
Fig. 16. — .leune plantule de
Syrivga Rothomagensis (?) ou
Lilas Varin.
gros, et
Fig. 18. — Plantule de Syringa
Persica laciniata.
Fig. 17. — Ramille fructifère du
Syringa Rothomagensis ré-
duite; à côté, quelques fruits de
grandeur naturelle.
lormes extrê-
mes : Syrmga
Rothomagen -
sis et S. vulga-
ris. Quant au
S. persica pré-
tendu type, il
est probable
qu’il en se-
rait de même
si l’on pouvait
le multiplier
par graines,
ce qui jus-
qu’ici a été
impossible,
puisque ja-
mais il n’a
fructifié. C’est
probablement
un de ces
extrêmes qui,
par suite d’une
excessive mo-
dification, ne
'peuvent con-
stituer une
descendance
par leur cons-
titution spé-
ciale ; trop
éloignés des
deux procréa-
teurs, ils sont
condamnés à
s’éteindre sans
postérité, d’où
résulte un
hiatus, une
lacune dans
la série végé-
tale, cette af-
firmation du
grand Linné :
« Natura non
facit saltum , »
encore si sou-
vent, mais à
tort , invo -
quée de nos
jours.
E.-A. Carrière.
Fig. 19. — Rameau avec fruits mûrs du Syrmga Persica laciniata,
de grandeur naturelle.
EXPOSITION d'horticulture DE CANNES.
81
EXPOSITION D’HORTICULTURE DE CANNFS
Nous allons essayer de rendre compte de
l’exposition florale qui a eu lieu à Cannes, les
8 et 9 janvier, à l’occasion de l’inaug-uration
des boulevards créés par la Société foncière
lyonnaise, et de mettre en relief les efforts des
horticulteurs de la localité pour arriver à faire
de Cannes ui: centre d’alimentation. Si extraor-
dinaire que cela paraisse, on achète encore des
Palmiers à Paris, à Gand et en Allemagne
môme, pour planter sur le littoral, alors que
c’est le contraire qui devrait avoir lieu. Il sei'ait
en effet bien plus logique d’élever ici, en plein
air, une masse de plantes pour les garnitures
d’appartement ; elles seraient bien plus résis-
tantes que celles qui ont été poussées dans les
serres du Nord par la chaleur artificielle, et
privées du grand soleil et du grand air. L’élan
est donné, et nous espérons que bientôt les
horticulteurs du Noi'd pourront venir s’appro-
visionner ici. En attendant que nos prévisions
se réalisent, entrons à l’exposition où, par les
soins du comité d’organisation, un superbe
local couvert avait été préparé.
Nous trouvons d’abord un cercle dont le
centre avait réservé pour la distribution des
récompenses, et une galerie circulaire de 8 mè-
tres de large, dont 4 mètres pour la circula-
tion et 4 mètres pour l’exposition des lots. A
droite, en entrant, se trouvait une collection
de Pensées de Jourdan. Puis venait une
collection d’Œillets de M. Boutteau, de Nice,
où l’on remarquait quelques variétés fort dis-
tinguées. Venait ensuite un superbe lot de
plantes variées de M. Solignac, parmi les
quelles nous remarquons de beaux spécimens
de Dracæna amabilis, stricta, Baptisti, Gol-
cheana ; de superbes Maranta exirnia, Por-
teana, vittata, Makoyana, Van den Eckei, etc.,
et un beau pied de Luculia yratissima en
fleurs, que M. Solignac assure résister en
plein air dans son clos de la Californie, à
Cannes ; une série de Bégonias à feuillage
élevés en plein air ; un lot d’Œillets en fleurs
de toufe beauté.
La maison Paul Brunei et Gie, du golfe Juan,
avait fait une exposition de grande valeur; nous
citerons en passant une collection d’Agaves de
plus de quatre-vingts espèces et variétés. Ses
Fougères en arbre, remarquables par leur taille
gigantesque, étaient représentées par des Al-
sophila australis, Balantiujn antarcticum^
Cyathea dealbata. Ces plantes, à Cannes,
passent parfaitement l’hiver à l’abri de quelques
arbres de haute futaie. Quel riche parti on
pourra tirer de ces végétaux ! Que de petits
ravins pourront être transformés en fougeraies
délicieuses !
Une Fougère très-rare, le Bidymochlæna
irimcatulata, attirait particulièrement l’atten-
tion ; cette espèce est rustique sur le littoral.
Nous citerons encore de beaux spécimens d’A-
raucaria excelsa. Les Palmiers étaient repré-
sentés par quelques beaux sujets, tels que
Kentia Balmoreana, Forsteriana^ et autres
espèces ; les Phœnix, par ciinj ou six es})èces ;
les Cocos^ par huit espèces; les Cycadées étaient
représentées par des Cycas circinalis^ Neo-
Caledonica, revoluta^ Siamensis, Dion edule,
Macrozamiaspiralis^ Zamia Lehmani, ylauca
et vülosa en très-beaux spécimens. Cette expo-
sition était complétée par une collection de
plantes rustiques sur le littoral.
Le lot de Burckel était composé de
quelques Cycadées de belle végétation, des py-
ramides de Camellias de 2 à 3 mètres de hau-
teur, des Laui'iers-Cerises et des Magnolias
de la Galissonnière en pyramides de 3 mètres
environ, d’une culture irréprochable.
Vers l’entrée, à gauche, le premier lot est
une collection de Primevères de Chine en fleurs
appartenant à M. Mercier. Ces plantes sont cer-
tainement bien cultivées; mais il est regrettable
que cet horticulteur n’ait pas jugé à propos d’ex-
poser sa collection complète, pour montrer au
public ses variétés à riche coloris qui jouent un
si grand rôle en plein air, dans les jardins de
Cannes.
Ensuite venait le lot de M. Mauraux, composé
de plantes remarquables, parmi lesquelles nous
citerons un pied de Kentia Lindeni hors ligne,
ainsi que les Kentia Forsteriana^ Balmoreana,
Canterburyana ; les Cocos Mikaniana, Wed-
delliana, Maria Bosa, australis, Bonnetti; les
Syayrus majestica, Areca sapida, A. Bauer i,
A. Verschaff'elti; les Zamia CafJ'ra, Lehmani
ylauca, horrida , Macrozamia-, une col-
lection d’Araucarias des })lus com})lètes qui
existent un pied de Tillandsia tessellata hors
ligne; de nombreuses espèces de Fougères en
arbre ; un Raphis panaché, plante fort rare ;
une collection de Dasylirion, etc. Ce lot a été
très-remarqué par les amateurs de belles plan-
tes.
Venait ensuite le lot de M. Naboimand, du
golfe Juan ; quoique moins important que les
autres, ce lot avait à nos yeux un grand mé-
rite : c’est que toutes ces i)lantes avaient été
élevées au golfe Juan, dans l’établissement de
M. Nnbomiaud. Les plus forts et les plus re-
marquables sujets étaient des Chamærops
excelsa et humilis; des Livistona olivœ.formis
et australis, Latania Borbonica, Areca Baueri
et sapida, Seaforthia eleyans, Jubea spccta-
bilis, Phoenix Canariensis ^ Dasylirion en
82
I5IBLI0GRAPHIE : PE l’ACTION DU FROID SUR LES VÉGÉTAUX.
sujets hors ligne ; Encpphalartos lanata élevé
tout à fait en plein air; un pied (VAralia dac-
tylifolia^ bel arbuste rustique sur le littoral. —
Il est regrettable que M. Nabonnand n’ait pas
exposé sa collection de Roses thés, assurément
l’une des plus riches, obtenue par lui depuis une
dizaine d’années dans ses nombreux semis.
Venait ensuite un lot de Gamellias provenant
de l’établissement nommé « la P^oret de Camel-
lias du golfe Juan, » installé récemment pour
l’expédition des fleurs coupées, et pouvant four-
nir 2,000 à 3,000 fleurs par jour.
Une fable avait été disposée pour l’exposition
des fleurs et des bouquets. Ici les exposants
n’étaient pas nombreux; mais ils s’étaient dis-
tingués. Voici leurs noms par ordre d’exposi-
tion : M. Ducbemann, un bouquet de Roses,
Violettes et Gamellias, un panier de Violettes et
une immense couronne de Violettes parsemées
de Roses.
M. Mercier, un bouquet de mariage très-élé-
gant et d’un goût supérieur.
M. Solignac, un bouquet d’Œillets qui atti-
rait tous les regards ; à côté, une brouette en
fils dorés ornée de feuillage coloré et de fleurs
variées arrangées avec un goût parfait ; puis un
immense panier de Roses Maréchal Niel de
toute beauté, parsemé de fleurs d' Anthurium
Scherzerianum se balançant gracieusement au-
dessus des Roses. G’était le vrai bouquet de
l’exposition ; aussi a-t-il été offert par le comité
à Jules Grévy.
M. Dughera, jardinier chez M. le duc de
Vallombrosa, avait exposé un bouquet mosaïque.
Qu’il nous soit permis, en terminant, d’adres-
ser nos félicitations au comité chargé de l’expo-
sition, et en particulier à M. Maire, car c’est
grâce à son activité que l’on a pu en si
peu de temps ajouter aux fêtes une exposition
florale.
Nous avons entendu bien des personnes
exprimer le regret qu’il n’y ait pas à Gannes
une exposition de fleurs tous les ans ; sans doute,
ce serait un puissant moyen de pousser au
progrès dans ce beau pays où l’horticulture est
presque naissante. Que faudrait-il pour cela?
Une société d’horticulture bien organisée, et la
chose ne serait pas difficile, car ce ne sont pas
les élémenfs qui manquent.
Esftérons que bientôt quelques amateurs
dévoués en prendront l’initiative, et que l’année
prochaine, à pareille époque, nous pourrons
juger du progrès obtenu.
Léon Aurange.
BIBLIOGRAPHIE
DE i;action du froid sur les végétaux
Ce livre, dont nous avons dit quelques
mots dans une précédente chronique, est
un véritable memento, triste par les faits
qu’il rappelle, utile comme enseignement,
indispensable au point de vue de riiistoire
des désastres horticoles, car il constate mi-
nutieusement tous les principaux dégâts
occasionnés par le terrible hiver de 1879-
1880.
Cet ouvrage, publié par la Société d’agri-
culture de France qui, de plus, l’a récom-
pensé d’une médaille d’or,- forme un
petit in-octavo de 320 pages. Il comprend
treize parties ou chapitres. Nous allons
en publier l’énumération, ce qui, nous le
croyons, est le meilleur moyen de donner
un aperçu du contenu de ce livre.
I. Causes principales de la rigueur du
froid de 1819-1880. — II. Effets de la
durée et de la résistance du froid sur les
végétaux et sur les animaux. — III. Ri-
gueur du froid., d'après V altüude et le sol.
— IV. Du rôle de Ict neige pendant la
gelée. — V, De l’action du soleil sur les
végéta'ux gelés. Situation anormale
des végétaux lors de V arrivée du froid.
— VIL Détérioration des tissus végétaux
atteints par la gelée. — VIII. Effets de la
gelée dans les pépinières. — IX. Effets de
la gelée dans les jardins, les parcs et les
plantations routières. — X. Effets de la
gelée dans les hois et les forêts. — XI. Effets
de la gelée dans les plantations fruitières.
— XII. Effets de la gelée sur la Vigne. —
XIII. Nomenclature des arbres, arbris-
seaux détruits, fatigués ou épargnés par
la gelée.
On peut voir par cette brève énuméra-
tion que ces treize chapitres, qui peuvent
être considérés comme des principes dont,
à l’aide de détails, de rapports et d’obser-
vations, l’auteur a tiré des conséquences, et
dont il a fait une heureuse application, for-
ment, sur cet important sujet, un tout
complet retraçant avec fidélité et une exac-
titude minutieuse tous les désastres qu’a
occasionnés le rude et terrible hiver dont
nous parlons. Ce livre n’est pas seulement un
memento, mais un vrai guide utile à tous;
les ups y trouveront des rensei§;netnents et
BEGONIA SUAVEOLENS. — CULTURE DES MASDEVALLIA.
83
des conseils pratiques, soit sur les faits eux-
mêmes, soit pour la manière d’en tirer parli ;
les autres, des détails historiques ou de
statistique scientifique ou économique d’un
grand intérêt; mais tous y'trouveront une
série d’études, une sorte de réservoir dans
lequel on puisera toujours de précieux do-
cuments.
U action du froid sur les végétaux se
trouve chez M. G. Masson, libraire-éditeur,
120, boulevard Saint-Germain.
E.-A. Carrière.
BEGONIA SUAVEOLENS
Encore une de ces vieilles espèces dont
on ne parle plus guère et qu’on ne trouve
presque plus, bien qu’elle soit des plus
méritantes. Toutefois, relativement à son
nom, je n’oserais affirmer qu’il est scienti-
fiquement exact. En effet, d’après Steudel
{Nomenclator botanicus, p. 193), le B. sua-
veole7is, Ilort., qui a de nombreuses syno-
nymies, serait annuel ou bisannuel, ce qui
n’est pas le cas pour la plante dont je
parle, qui est ligneuse ou au moins sous-
frutescente. Ses caractères généraux sont
les suivants :
Plante très-vigoureuse, à rameaux sar-
menteux, subligneuse à sa base. Tiges vo-
lubiles, relativement grêles, à écorce lisse,
glaucescenle ou grisâtre. Bourgeons d’un
vert clair luisant, glabres, à écorce luisante
et comme vernie. Pétiole gros, cylinririque,
vert herbacé. Feuilles épaiss s, charnues,
très-grandes, subcordiformes et presque ré-
gulières, entières ou à peine dentées, d’un
vert pomme ou herbacé très-clair, luisantes
et glabres sur chaque face, très-fortement
nervées en dessous. Pédoncule général d’en-
viron 20 centimètres, cylindrique, non co-
loré, terminé par une inflorescence très-
courtement ombelloïde. Fleurs courtement
pédicellées, petites, rose carné pâle, fine-
ment et agréablement odorantes.
Cette plante ne serait-elle pas le Bégonia
odorata, Wüld., qui est indiqué comme
ligneux et considéré par certains auteurs
comme synonyme du B. diptera, ce qui
peut paraître d’autant plus singulier que
ce dernier est regardé comme annuel ou
bisannuel?
Quoi qu’il en soit de ces synonymies,
qu’elles résultent de confusions ou d’études
incomplètes, un fait reste acquis : c’est le
mérite ornemental de la plante dont je
parle, et qui, grâce à la longueur et à la
raideur de ses pédoncules, est très- propre
à la confection des bouquets, cela d’autant
plus qu’elle fleurit tout l’hiver.
La culture de cette espèce ne présente
aucune difficulté ; néanmoins, à cause (le sa
vigueur et de sa nature sarrnenteuse, il con-
vient de la mettre en pleine terre le long
d’un mur ou des colonnes, dans une serre
chaude ou une bonne serre tempérée. C’est
dans ces conditions qu’elle atteint toute sa
beauté.
Houllet.
CULTURE DES MASDEVALLIA
Dans sa remarquable publication, l’Or-
chid Album, M. B. -S. Williams, l’horti-
culteur anglais bien connu, fait connaître
de quelle manière les Masdevallia doivent
être cultivés pour que l’on en obtienne le
plus de satisfaction.
« Bien que les Masdevallia puissent être
cultivés dans toute serre tempérée ou froide,
il est préférable de leur réserver un com-
partiment de serre.
« Ces planles prennent peu de dévelop-
pement, et peuvent être cultivées dans une
serre à Odontoglossum. Presque toutes les
pspèces et variétés sont vigoureuses et de-
mandent peu de travail. Avec un bon trai-
tement, elles croissent facilement, et récom-
pensent amplement l’amateur des soins
qu’il leur a donnés.
(( La floraison se fait attendre quelque
temps, mais les fleurs sont fort jolies et
très-ornementales .
« Il existe actuellement un assez grand
nombre d’espèces dont la floraison dure
presque toute l’année ; néanmoins, c’est
pendant les mois de mai, juin et juillet que
cette floraison est dans sa plus belle période.
La multiplication des Masdevallia se fait fa-
cilement par la division des fortes touffes, »
84
HELLÉBORES HYBRIDES.
Chez M. Williams, les Masdevallia sont
cultivés dans un mélange de terre de
bruyère compacte et de spliagnum ; ils
sont placés dans de petits pots, et l’on a
soin de ne déranger les racines que le moins
souvent possible. Quand les pots que l’on
a employés en premier lieu sont bien gar-
nis de racines, on met les plantes dans des
pots plus grands, en employant encore le
même mélange de terre de bruyère com-
pacte et de sphagnum. Il est nécessaire de
donner un bon drainage, afin que l’eau cir-
cule facilement, car sa stagnation serait
très-nuisible aux Masdevallia.
On doit, dans la serre, placer les plantes
aussi près que possible du verre, en évitant
toutefois de les soumettre à l’action directe
du soleil. Une serre exposée au nord est
celle qui convient le mieux à ces Orchidées,
parce qu’il y fait moins chaud en été que
dans une serre exposée au sud. Une tem-
pérature trop élevée est nuisible aux plantes,
et l’on doit, pendant la belle saison, les
maintenir à une température aussi fraîche
que possible ; pendant l’hiver même, elles
exigent peu de chaleur artilicielle.
Les Masdevallia doivent recevoir un air
sain et renouvelé; cependant il faut les pré-
server, pendant l’hiver, des courants d’air
froid ; une température de + 6® à 8® est celle
qui leur convient le mieux.
D’après ce qui précède, on voit que la
culture de ces jolies Orchidées est des plus
simples, et peut se faire aisément dans une
petite serre quelconque.
La multiplication se tait par la séparation
des touffes. Cette opération doit s’effectuer
au moment où les plantes entrent en végé-
tation. On place les jeunes divisions dans
des petits godets, et on les rempote dans
des pots plus grands aussitôt qu’elles sont
bien reprises.
Si les jeunes tiges étaient attaquées par
certains insectes, et cela arrive souvent, il
faudrait les en débarrasser immédiatement.
Le plus grand ennemi des Masdevallia est
la mouche noire ; mais ils sont aussi atta-
qués, comme la plupart des Orchidées de
serre froide, par des petites limaces qui à
cause de leur petitesse sont très -difficiles à
découvrir. Le moyen le plus efficace de les
combattre est de mettre dans la serre, de
place en place, des morceaux creusés de
Navets, de Carottes ou de Pommes de terre
dans lesquels les insectes se cachent, et où
il est aisé de les voir et de les prendre
pour les détruire.
Nous donnons ci-joint la liste des espèces
de Masdevallia les plus recommandables
pour la culture :
Masdevallia Tovarensis, ignea, Veit-
chi, Harryana, Lmdeni, Trochilus, po-
lysticta , Davisii , Benedicti, Chimæra,
nycterina, amahilis, hella, peristeria,
Shuttlevjorthiij etc.
Ch. Thays.
HELLÉBORES HYBRIDES
Les plantes dont nous parlons sont re-
marquables à différents points de vue :
d’abord par leur origine, ensuite par leur
mérite. On les doit à M. Dugourd, jardi-
nier chez M. le comte de Circourt, à Fon-
tainebleau. Voici leur origine :
Aimant les plantes avec passion, M. Du-
gourd n’est indifférent à aucune; toutes
l’attirent, même les plantes « sauvages. »
Un jour qu’il herborisait dans la forêt
de Fontainebleau, il remarqua dans un
groupe d’Hellébore « pied de griffon » {Hel~
leborus fœtidus) un pied dont les fleurs,
grandes et bien ouvertes, étaient égale-
ment d’un beau coloris. Ce fut ce pied
qu’il emporta, qui lui permit plus tard
de faire des fécondations, d’abord avec de
VHellehorus purpureus. « Ce sont, nous
écrit-il, les graines de cette première fé-
condation qui, au bout de quatre ans, me
donnèrent, parmi de très- vilaines, des
plantes fort remarquables par la grandeur
et la beauté des fleurs; il y en avait de
rouges plus ou moins foncées, mais aussi
de presque blanches. J’en choisis alors
quelques-unes que je fécondai avec la Rose
de Noël (Hellehorus niger), et au bout de
trois ans, j’obtenais des plantes à fleurs de
grandeurs et de coloris très-divers, parmi
lesquelles un grand nombre de véritable-
ment belles. Il y avait depuis le blanc pur
jusqu’au rouge vineux ou pourpre plus ou
Revue floHicole.
ChrorriolUh. G-.Sez>&i-e,yr,
'lüLobrdi. cLeZ.
\ (U ictes d' Ile II éboms
j
DE LA CLASSIFICATION DES POMMES.
85
moins foncé. Je fis un second choix com-
prenant* une très-grande quantité de va-
riétés que je cultive, et sur lesquelles chaque
année je récolte des graines. »
Ce sont ces plantes, dont nous avons pu
apprécier le mérite, qui nous ont permis
de retracer les caractères généraux sui-
vants :
Plantes de port, de dimension et d’aspect
très-variables, intermédiaires entre ceux
des Hellehorus niger, purpureus, viridis
et fœtiduSy très-flori bondes, à tiges florales
plus ou moins ramifiées, également varia-
bles pour la hauteur suivant les variétés.
Ces fleurs varient de grandeur, de formes
et de couleurs ; on trouve depuis le blanc
pur, et en passant par le lose vineux et
même le rouge foncé, jusqu’au vert plus
ou moins intense. Elles peuvent rendre de
grands services pour l’ornementation d’hi-
ver, et particulièrement pour en couper
les fleurs et en faire des bouquets. Il faut
donc, suivant le but qu’on recherche,
choisir les variétés pour les approprier à
leur destination.
M. Dugourd multiplie celles qu’il trouve
les plus belles par divisions ou éclats, comme
on le fait des plantes vivaces en général. Il
continue actuellement ses semis et choisit
parmi les produits les plus méritants qu’il
ajoute à sa collection, déjà très-nombreuse,
et dans laquelle il y a beaucoup de plantes
de grand mérite.
Toutes ces plantes extrêmement remar-
quables présentent encore des diversités
dans l’époque de floraison qui, en général,
est beaucoup plus longue que celle de la
Rose de Noël. 11 y a même des variétés qui
sont presque toujours en fleurs.
E.-A. Carrière.
DE LA CLASSIFICATION DES POMMES
Chacun connaît l’importance de la clas-
sification fondée sur le caractère de l’in-
florescence et l’habitude des plantes. On
ne saurait contester non plus l’intérêt que
présente la classification des fruits, don-
nant la facilité de reconnaître à première
vue, par exemple chez une Pomme si c’est
une Reinette, un Ramhour ou une Pomme
dorée. Le docteur Diel a imaginé un sys-
tème de classification pour les Pommes,
avec division en sept classes. Mais ce sys-
tème a été reconnu impraticable sous cer-
tains rapports, car on a trouvé dans cer-
taines classes des Pommes de nature tout
à fait différente des autres placées à côté
d’elles.
Ledocteur Lucas ayant reconnu ce défaut,
a créé un système nouveau, en divisant les
Reinettes en cinq classes, et ajoutant trois
classes pour les Pommes ne pouvant se ran-
ger dans aucune des classes précédentes. —
C’est là une erreur contre le principe scien-
tifique, une bonne classification ne devant
comprendre que des sections bien limitées.
M. Lucas convient bien que ces trois der-
nières classes peuvent se constituer par des
Pommes rousses, Pommes steltines, etc.
Mais jusqu’à présent on n’a rien trouvé
de mieux que le système Lucas, et l’on se
contente de l’employer pour la classification
de presque tous les fruits. Nous croyons
utile, pour contribuer à élucider celte
question d’une impoidancepeu commune, de
donner dans la Revue horticole la classifica-
tion des Pommes, en indiquant pour chaque
classe quelques variétés comme exemple.
1. Calville. — Forme généralement
moyenne, haute, atténuée en largeur vers le
calice ; sur la surface plusieurs élévations en
forme de côtes. — Peau fine, délicate, non
raboteuse, rarement un peu rouillée, deve-
nant presque toujours grasse à l’époque de
la maturité. — Chair molle, friable, aro-
matique, ayant fréquemment un goût de
Fraises ou de Framboises, parfois rougeâtre
intérieurement. — Loges ouvertes oudemi-
ouvertes à, compartiments déchirés.
Exemples : Calville blanc d’hiver. —
Calville rouge d’hiver. — Calville Saint-
Sauveur. — Calville Malingre. — Calville
Græfenstein.
IL Pommes sonnettes. - Forme moyenne,
grosse ou très-grosse (certaines sont plates,
d’autres allongées pyramidales, ou cylin-
driques vers la cavité calycinale). — ■ Ca-
vité pédonculaire presque tout à fait régu-
lière, mais bossuée. — Peau lisse, presque
toujours luisante, jamais ou très-peu grosse,
raboteuse. — Chair grenue, friable et un
peu rude, rarement aromatique ; goût acide.
86
DE LA CLASSIFICATION DES POMMES.
OU sucré. — Loges grandes, ouvertes et
irrégulières; pépins se détachant souvent en
secouant, frappant sur la cloison, ce qui
produit le bruit d’où vient le nom de ces
Pommes.
Exemples : Belle fleur d’hiver. — Pos-
tophe d’hiver. — Pomme verte de Sulingre.
III. Pommes dorées. — Forme petite ou
moyenne, autour du calice plus ou moins
côtelée, parfois plate et ronde, pointue vers
le calice, ressemblant aux Calville, quelque-
fois allongée, pyramidale ou cylindrique. —
Peau lisse, souvent un peu rouillée, le plus
souvent vert jaunâtre, rarement colorée de
rouge. — Chair fine, ferme, ressemblant à
celle des Reinettes, douce, sucrée et relevée,
comme épicée ou vineuse. — Loges ouver-
tes, moyennes, à compartiments déchirés;
pépins arrondis.
Exemples: Pomme de Jersey. — Augus-
tin rouge, — Pomme dorée jaune.
IV. Pommes rosées. — Forme petite,
moyenne ou grande, offrant vers la cavité
pédonculaire ou vers le calice des éléva-
tions peu prononcées, presque toujours ré-
gulière, haute, subsphérique. — Peau lisse,
fine, pruineuse (étant frottée, elle devient
luisante), développant une odeur aroma- |
tique, rarement rouillée. — Chair molle, |
friable, parfois spongieuse, obéissant à la
pression du doigt, sous la peau souvent
rougeâti'e, d’un goût fin, épicé, anisé comme
le Fenouillet, mais n’ayant jamais le goût
de Fraise ou de Framboise comme les
Calville. — Loges habituellement fermées;
cloisons manquantes.
Exemples : Astrakan rouge et blanc. —
Pomme rosée de Virginie. — Pomme an-
glaise framboisée. — Cousinotte blanc d’hi-
ver. — Baldwin.
V. Pigeons. — Forme petite ou mmyenne,
sans saillies ou à saillies peu prononcées
et irrégidières, allongée, longue ou pyra-
midale. — Peau lisse, fine, luisante, légère-
ment pruineuse, très-rarement rouillée. —
Chair grenue, assez ferme, assez moel-
leuse, savoureuse et relevée, voisine des
Reinettes. — Loges quadruples (à quatre
divisions), ouvertes ou fermées.
Exemples : Pigeon blanc d’été. — Pigeon
blanc d’hiver. — Pomme rouge de Pirelle.
— Romarin rouge.
VI. PvAMBOURS. — Forme grande ou très-
grande, assez; irrégulière, ronde et plate
l^la pomtfne coupée en éeM% donne deux
moitiés dissemblables) avec des saillies très-
prononcées autour du calice, en suivant
la longueur du fruit. — Peau lisse et lui-
sante, épaisse, souvent coriace, rarement
rouillée. — Chair grenue, grosse, friable,
presque toujours riche en acide et très-peu
aromatique. — Loges très-ouvertes et très-
grandes, parfois fermées et sans cloisons.
Exemples : Rambourg de Lorraine. —
Rambour d’hiver. — Rambour Grand-
Alexandre. — Rambour d’Angleterre. —
Cardinal rouge.
Les cinq classes suivantes, les Reinettes,
ne diffèrent pas beaucoup comme qualité
de chair. La chair des Reinettes est tou-
jours spécifiquement plus lourde que chez
toutes les autres Pommes; elle est ferme, à
grain fin (excepté les Reinettes-Rambour)
et souvent fortement relevée, jamais comme
les Calville ou Pommes rosées. Le goût des
Reinettes est caractéristique, rappelant un
vin doux ou un peu acide.
VIL Reinettes-Rambour. — Forme
moyenne ou assez grosse, régulière, rappe-
lant les Calville, portant vers le calice des
saillies très-fortes. — Peau assez épaisse,
coriace, rarement tout à fait lisse, souvent
rouillée, couleur' primitive rougeâtre du
côté du soleil, jamais striée. — Chair cro-
quante, en partie à grain fin, en partie à
gros grain, ayant le goûi du vin doux ou du
vin fermenté. — Loges à compartiments
larges, fermées ou ouvertes.
Exemples : Reinette de Canada. — London
Pippin. — Reinette citron. — Reinette blan-
che d’Angleterre. — Reinette franche.
VIII. Reinettes cirées ou Reinettes uni-
golores. — L'orme moyenne, petite ou assez
grosse, très-régulière, ronde ou ronde plate,
rarement haute, sans saillies remai’quables.
— Peau partie lisse et luisante et partie
(surtout vers la cavité calycinale) rouillée,
grasse dans certaines variétés, sans être
rouge, le rouge passant quelquefois du, côté
du soleil, mais faible et non constant. —
Chair ferme, à grain fin ; goût relevé de vin
doux ou vin fermenté, excellent. — Loges
pour la plupart régulières et fermées.
Exemples : Pippin d’été doré. — Nonpnreil
hâtive. Reinette Diel. — Reinette Ob.r-
dieek. — Reinette dorée.
IX. Reinettes Borsdorf ou Reinettes
PLATES. — Forme petite, ne dépassant pas la
moyenne, très-régulière, ronde ou ronde
— Pea'if lisse, luisante, portant queU
DE LA CLASSIFICATION DES POMMES.
87
ques verrues, faiblement rouülée, variant
de couleur et fioement striée. — Chair
ferme, à grain très-fin, avec le goût dis-
tinctif du vin doux. — Loges presque tou-
jours régulières, fermées et rarement sans
cloison.
Exemples : Borsdorf oignon — Reinette
luisante. — Pomme oignon.
X. Reinettes rouges. — Forme petite,
moyenne ou grande, assez distincte, ronde
ou ronde plate, parfois haute ; environs de
la cavité calycinale plats , très-rarement
des saillies faibles. — Peau luisante, en
grande partie lisse, rarement rouillée, cou-
leur uniforme ou stiiée sur un fond jaune
vert ou jaune clair, mais jamais tout à fait
dorée; le rouge tout à fait pur, sans être
rouillé. — Chair fine, croquante, en partie
moelleuse et relevée, d’un goût doux vineux,
partout rougeâtre sous la peau. — Loges
en parties ouvertes, en partie fermées.
Exemples : Reinette de Baumann. —
Pearmain d’été. — Pearmain rouge d’hiver.
— Belle fleur de Hollande. — Reinette de
New- York. — Reinette Limon.
XI. Russets ou Reinettes grises. —
Forme petite, moyenne ou grande, en boule
ronde plate, rarement élevée, en général
complètement régulière. — Peau couverte
de rouille, raboteuse, rarement colorée;
la couleur primitive est vert gris, jaune
jusqu’au jaune mat; le rouge, quand il pa-
raît, n’est pas clair, mais taché de rouille.
Chair fine, moelleuse, douce, vineuse,
relevée. — Loges régulières et fermées.
Exemples : Reinette grise d’automne. —
Reinette grise de Canada. — Russet Non-
pareil. — Reinette grise de Raves. — Rei-
nette Van Mons.
XII. Reinettes dorées. — Forme
moyenne ou grande, ronde plate ou sphé-
rique, haute, en partie régulière, en partie
côtelée au bord de la cavité calycinale ;
saillies larges, assez fréquentes. — Peau
assez lisse, rarement tout à fait lisse, plus
ou moins rouillée, surtout du côté du soleil
(le rouge devient alors clair); la teinte du
fond est jaune prononcé et jaune d’or; la
couleur primitive est mouchetée ou striée
( les fruits des jeunes arbres sont plus lis.ses
et moelleux.) — Chair très-fine, savou-
leuse, moelleuse, souvent jaunâtre, très-
î'elevée, sucrée et vineuse, — Loges ouvertes
ou fermées.
Exemples : Heipette 4’0rléiir)s, Rei-
nette de Caux. — Ribston Pippin. — Pear-
main d’Adam.
XIII. Pommes striées. — Forme moyenne
ou un peu grande, assez variée, en gé-
néral ronde, haute, pyramidale et côte-
lée. — Peau lisse, luisante, en partie fine
ou raboteuse, souvent pruineuse ou striée,
mouchetée, rarement rouillée. — Chair en
partie ferme ou granuleuse, spongieuse,
souvent rougeâtre sous la peau, d’un goût
précieux, rarement aigre-doux ou doux
(l’arôrne manque presque toujours). —
Loges régulières, en général fermées.
Exemples : Pomme Luike. — Pomme
striée d’Amérique. — Pomme bleue.
XIV. Pommes pointues. — Forme en
général moyenne ou rarement très-grosse,
haute, allongée, pyramidale ou en cône
tronqué, souvent irrégulière. — Peau lisse,
luisante, fine, rarement pruineuse; couleur
uniforme. — Chair friable, molle, passant
du doux à l’aigre ou du vineux jusqu’à
l’aigre. — Loges régulières, en général fer-
mées, en partie sans cloison.
Exemples: Colfette blanche. — Harris-
son’s (à cidre).
XV. Pommes plates. — Forme petite ou
moyenne, plate ou sphérique déprimée,
en général plus large que haute. — Peau
lisse, luisante, ferme ; couleur uniforme,
jamais striée et souvent pruineuse. —
Chair blanche ou blanche et verte, en
général ferme et croquante, rarement moel-
leuse; goût allant du doux jusqu’à l’aigre,
jamais très-relevé. — Loges en général
régulières et fermées.
Exemples : Belle du Hâvre. — Api petit.
— Limon d’hiver. — Pomme de Stettin,
rouge, blanche et verte.
Système artificiel. — Nous appelons
système artificiel celui qui est fondé sur
l’époque de la maturité et sur la différence
entre les diamètres des fruits, en hauteur
et en largeur.
Le diamètre en hauteur se trouve entre
le calice et le pétiole, tandis que le diamètre
en largeur est en travers du fruit, de sorte
que nous avons :
Pommes plates, quand le diamètre en
hauteur est presque moitié moins grand
que le diamètre en largeur ;
Poymaes rondes, quand les deux diamè-
tres ne diffèrent pas d'un sixième entre
eux;
Pommes pointues, pu les deux diamè-
88
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
très peuvent être de même longueur, où
celui en hauteur ne dépassera pas d’un
quart le diamètre en largeur (mais les
Pommes étant toujours, vers la cavité caly-
cinale, sensiblement atténuées, la plus
grande largeur se trouve donc plus près de
la (cavité pétiolaire);
Pommes allongées, quand le diamètre
en hauteur est d’un quart plus long que
le diamèti-e en largeur.
En classant les Pommes selon l’époque
de la maturité, nous aurons
Pommes d'été, mûrissant avant la lin
du mois de septembre ;
Pommes d'automne, mûrissant depuis
le commencement d’octobre jusqu’au milieu
du mois de novembre ;
Pommes d'hiver, mûrissant en général
deux mois après avoir été cueillies.
.4. Pommes plates
B. — rondes
C. — pointues
D. — allongées
E. Pommes plates
F. — rondes
G. — pointues
11. — allongées /
7. Pommes plates
J. — rondes
K. — pointues
L. — allongées
Ce système, ne donnant pas les qualités
et les caractères du fruit, comme le sys-
tème précédent, est rarement appliqué. On
trouve plus généralement le système ar-
tificiel remplacé avec raison par l’indication
du mois dans lequel le fruit parvient à
maturité.
Pour préciser plus exactement la forme
extérieure d’une Pomme, le système naturel
peut être continué par les familles, fondées
sur la dilTérence du coloris de la peau :
1" Pommes à couleur primitive, ayant
toutes les nuances entre la couleur hlan-
cbâtre, jaunâtre et verdâtre recouvrant
plus de la moitié du fruit;
2” Pommesà coideur dommante, ayant
au moins un tiers du côté du soleil couvert
de rouge ou à fruits complètement rouges ;
3» Pommes striées, à couleur rouge, ré-
pandue en raies et non en tons plats.
Les sous-familles sont basées sur la
forme du calice :
a. Pommes à calice ouvert;
h. Pommes à calice demi-ouvert ;
c. Pommes à calice fermé.
M. Lucas a basé la classification des
Pommes sur une description complète des
Pommes et des Pommiers, en démontrant,
dans les caractères extérieurs et les carac-
tères intérieurs, toutes les variations ob-
servées chez les Pommes. Il divise toutes
les Pommes en trois grandes sections :
Pommes de table. Pommes de marché et
Pommes de cuisine. Nous croyons inutile
de traduire ces études, intéressantes sans
doute, mais ne contenant rien de nouveau
pour nos lecteurs.
On trouve dans les travaux pomologi-
ques allemands le nom du fruit suivi d’un
certain nombre d’abréviations qu’il est bon
d’indiquer aux lecteurs peu familiarisés
avec elles •
Les chiffres romains indiquent les clas-
ses (système naturel).
Les chiffres arabes indiquent les fa-
milles.
Les lettres a, b et c indiquent les sous-
familles.
Les chiffres ou lettres entre paren-
thèses ( ) indiquent que le fruit varie dans
ses rapports avec la classe ou la famille
indiqués. Les abréviations suivantes sont
les plus répandues :
t. g. très-gros; — g. gros; — a. g. assez gros;
— m. moyen; — p. petit; — *M fruit excel-
lent; — ** très-bon; — ‘assez bon; — 4-+! fruit
qui convient pour la grande culture et comme
fruit du marché, arbre très-fertile; 1-+ très-
fertile; — + fruit pour la dessiccation.
Nous espérons que, grâce à ces indica-
tions, les pomologues désireux de classer
leurs fruits avec exactitude, ou de savoir
dans quelle classe chercher telle variété
qu’ils étudient, trouveront avantage à con-
naître la méthode ta plus généralement em-
ployée, avec succès, dans l’Europe septen-
trionale et centrale.
F.-G. Thomayer.
d’été.
d’automne.
d’hiver.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 25 JANVIER 1883
Apports. — Comité de culture potagère. | mes nouveaux, non toutefois comme espèces,
INDl. Paillieux et Bois présentaient deux légu- 1 mais comme usage. C’étaient une Crucifère, le
CORRESPONDANCE.
89
Bunias orientalis, et une Composée-Cliico-
i-acée, le Scolyme d’Espagne {Scolymus His-
panicus). Ces deux plantes soumises à l’étiole-
ment avaient de nombreuses pousses d’un jaune
pâle, très-bonnes à manger en salade; le Sco-
lyme surtout donne en abondance un feuillage
succulent, d’une saveur des plus agréables. C’est
un légume à introduire dans les potagers. A
cet état d’étiolement, les feuilles sont complè-
tement inermes. — M. Vavin présentait des Cer-
feuils tubéreux qui, pour avoir été cultivés
dans du sable presque pur, n’en étaient pas
moins très-beaux.
Au comité (V arboriculture fruitière un seul
exposant, M. Thibault, amateur, qui présentait
quelques Pommes sans nom, que le comité a
supposé être des « Reinettes, » ce qui ne veut
pas dire grand chose ; une Pomme d’Api étoilé
et une Poire Olivier de Serres, grosse et très-
belle. Un fait assez curieux qu’a remarqué
]\r. Thibault, c’est que, chez lui du moins, l’Api
étoilé ne prend sa forme anguleuse que lors-
qu’il approche de sa maturité.
Au comité de floriculture^ M. Édouard André
avait exposé une Amaryllidée grimpante, nou-
velle, le Bomarea Kalhreyeri, découverte par
lui en 1876 dans la Nouvelle-Grenade et qu’il
vient d’introduire à l’état vivant. Les Bomaréas
sont devenus très à la mode depuis quelques
années, et on en a introduit plusieurs belles
espèces en Angleterre. Le B. Kalbreyeri est la
première espèce introduite directement par
M. André en France, où sa culture facile la
répandra bientôt. C’est une plante de serre
froide dont les tiges grêles, enroulantes, qui
peuvent atteindre plusieurs mètres de hauteur,
se terminent par un paquet de fleurs régulière-
ment tubuleuses, disposées en ombelle ren-
versée d’un très-beau rouge. En raison de la
beauté et de la rareté de la plante, le comité
lui a accordé une prime de première classe. La
Bevue horticole publiera une planche coloriée
et une description du B. Kalbreyeri. — M. Nau-
din fds, horticulteur, 64, rue d’Alleray, à Paris,
l)résentait deux magnifiques potées de Primula
sinensis alba plena. Ces plantes, d’une culture
irréjirochable, formaient d’énormes buissons
nains couverts de fleurs pleines d’un très-beau
blanc. Ces tleurs sont très-recherchées pour la
confection des bouquets; elles sont fort belles
et se conservent très-longtemps. — M. Ré-
gnier, horticulteur, avenue de Marigny, à
Fontenay-sous-Bois, présentait un très-heau
pied de Saccolabium giganteum. La plante,
très-naine, bien garnie de feuilles, portait
tout près du sol une grappe com}»acte de gran-
des fleurs blanc lilacé, très-régulièrement et
fortement maculées de violet, à odeur suave.
— M. Vauvel présentait un pied en pot et en
fleurs de Rhododendron dahuricum, espèce
des plus rustiques, à feuilles caduques, fleuris-
sant l’hiver; ses fleurs, assez grandes, sont de
couleur lilas violacé ; puis deux pieds en fleurs
de Narcissus Tazetta ou Narcisse de Constan-
tinople. M. Vauvel place ces oignons dans des
carafes sans fond qu’il remplit ensuite de
sphagnum ou de mousse tenue humide, et
dans laquelle se développent les racines.
La hampe et les feuilles passent par le côté
opposé, c’est-à-dire par le goulot de la
carafe, et s’élèvent dans l’air. Cette culture, à
laquelle on pourrait soumettre les Tulipes,
Jacinthes, Lis, etc., offre cet avantage que les
vases ayant une large base ne se renversent
pas facilement, contrairement à ce qui arrive
avec les tubes en verre dans lesquels on cultive
ordinairement les Jacinthes. Si un renverse-
ment avait lieu, il ne causerait aucun dégât;
tout se bornerait à relever les vases.
Au comité cVindustrie, M. Landry, horticul-
teur, rue de la Glacière, 92, à Paris, présentait
un vaporisateur de son invention. Cet appareil,
destiné surtout à vaporiser la nicotine, est des
mieux appropriés à cet usage. R consiste en une
sphère creuse en cuivre ayant à son sommet
une ouverture par laquelle on introduit la ni-
cotine, et auprès, sur un des côtés de l’appa-
reil, un tube par lequel s’échappe la vapeur.
E.-A. Carrière.
CORRESPONDANCE
Mi* J. C. P. (îles Ioniennes). — La plante
dont vous parlez n’est pas une Fève, bien
qu’elle appartienne à la môme famille des
Légumineuses; c’est un Soja, originaire de la
Chine et du Japon. C’est Kæmpfer qui le pre-
mier, dans ses Amœnitates exoticæ, a parlé de
cette espèce, et qui a fait connaître les diffé-
rents usages qu’en font les Japonais, notam-
ment la confection d’une sorte de fromage.
Sous ce dernier rapport, on sait aujourd’hui
que cet aliment, qui peut être très-goùté par
les Japonais, serait à peine supporté par les
peuples qui sont en possession des nombreuses
sortes de fromages fabriqués avec du lait. Aussi
n’est-ce pas à ce point de vue que vous devrez
vous livrer à la culture de cette plante.
Le véritable usage du Soja est comme plante
économique, soit légumière, soit fourragère, et
môme pour ces deux choses, et il ne nous
paraît pas douteux que sous votre climat la
plante puisse vous rendre de grands services.
Il y a plusieurs variétés de Soja; vous en trou-
ÜO
PORTE-FLEURS POUR BOUTONNIÈRE.
verez des graines chez MM. Vilnioriii et G*®,
4, quai de la Mégisserie, à Paris.
M*’ B. (Indre-et-Loire). — La greffe prati-
quée par M. Henry Misset, horticulteur à
Sedan, n’est autre que la greffe à cheval, fré-
quemment usitée en culture pour multiplier
certaines plantes dites de terre de bruyère :
Azalées, Camellias, et surtout les Rhododen-
drons. Le fait remarquable dans l’adoption de
M. Misset, c’est qu’il ne fait souvent pas de
différence entre le bois du sujet et celui du
greffon, du moins en ce qui concerne l’âge.
Nous avons vu du jeune bois d’un côté, et du
vieux de l’autre, et vice versa ; l’essentiel, c’est
que les deux soient de même grosseur, de sorte
qu’une fois soudés, c’est à peine si l’on voit le
point de jonction ; jamais de bourrelet ni
d’exostoses, et, d’autre part, comme les gref-
fons sont de la même grosseur que le sujet et
que très-souvent ils sont ramifiés, il en résulte
que, peu de temps après qu’ils sont greffés,
ces Rosiers ont une forte tête qui se couvre
de fleurs absolument comme si c’étaient des
vieux Rosiers, avec celte différence que le
sujet et le greffon étant de même diamètre,
c’est à peine si l’on aperçoit la jonction, vu la
grosseur extraordinaire du greffon. Toutefois,
cette greffe nécessite quelques précautions, par
exemple de soustraire pendant quelque temps
les sujets opérés au contact de l’air; aussi est-
il très-avantageux d’avoir des sujets en pots,
afin de pouvoir les abriter pendant le temps
que nécessite la reprise des greffons. Si les su-
jets étaient enracinés, l’opération serait beau-
coup plus certaine et plus prompte.
No 3428 (Loire). — Vous pourrez vous pro-
curer des Fougèi’es de serre chez M. Savoye,
horticulteur à Bois-de-Colombes (Seine), qui
en cultive une belle collection. Si, au lieu de
plantes de serre, vous désirez des espèces rus-
tiques de pleine terre, vous pourrez vous
adresser à MM. Thibaut et Keteleer, horticul-
teurs à Sceaux (Seine).
M^ P. (Cher). — Tous les renseignements
que vous demandez ont été indiqués dans un
article spécial de la Revue horticole (1881,
p. IGG), où vous pourrez les trouver. Voici
néanmoins quelques détails relatifs à la ques-
tion que vous nous adressez, et qui nous pa-
raissent devoir satisfaire à votre désir.
Pour mille griffes d’Asperges, il faut 143 kil.
de silicate de potasse à 28 degrés B. ; y ajouter
4,857 litres d’eau (de rivière, si possible), ce
qui produit 5,000 litres en volume. Quant à
l’emploi, on prend 5 litres dans un arrosoir à
pomme, et l’on mouille la butte vers les griffes,
à l’époque où celles-ci vont entrer en végéta-
tation. Dans les terrains où l’engrais li({uide
ne peut être appliqué, et loin des villes, où il
est impossible d’avoir de la gadoue, on peut
remplacer celle-ci par un engrais solide que
l’on répand pour remplacer les éléments indis-
pensables enlevés par la végétation, que l’on
maintient ainsi quand il s’agit d’une culture
intensive.
Vous pourrez vous procurer le silicate de
potasse liquide et les autres engrais chimiques
chez M. Gorré, rue de Braque, Paris.
N® 3218 (Gôte-d’Or). — Vous trouverez des
Ghrysanthèmes : 1» chez M. Margottin père,
horticulteur à Bourg-la-Reine (Seine) ; 2» chez
MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux
(Seine) ; et à Lyon, chez M. Boucharlat aîné,
qui collectionne tout particulièrement ces
plantes.
No 33G3 (Indre). — Il n’existe aucun instru-
ment du genre de celui dont vous parlez. Les
matières solides contenues dans les vins sont
extrêmement variables, et l’appareil que vous
désirez, qui ne pourrait être qu’une sorte de
densimètre, ne pourrait indiquer la quantité
d’alcool que contient le liquide moins dense,
quand les matières solubles dissoutes dans le
vin, et qui varient constamment en quantité,
viendraient influencer l’appareil en sens in-
verse.
On connaît une grande quantité d’appareils
pour doser l’alcool contenu dans le vin avec
plus ou moins d’exactitude ; mais tous exigent
des connaissances spéciales et nécessitent des
opérations complexes assez longues. En ré-
sumé, nous pouvons vous dire qu’il n’existe
pas de pèse-alcool pour vin.
PORTE-FLEURS POUR BOUTONNIÈRE
Le procédé employé à Londres pour con-
server les fleurs fraîches aux boutonnières
commence à se répandre sur le continent.
Il a été l’objet d’une petile notice que nous
avons donnée, il y a quelques années, dans
une revue belge, et que nous croyons pou-
voir reproduire ici, en publiant un nouveau
dessin de cet ingénieux petit appareil :
Un de mes amis m’accompagnait à
Londres l’hiver dernier. Invité à un bal
privé, il examine à loisir les toilettes, les
frais visages, et aussi les mœurs et coutumes
anglaises, qui lui étaient encore peu fami-
lières. A une heure assez avancée de la nuit,
il s’approcha de moi et me dit : (( Pour-
rais-tu m’expliquer comment font tous ces
NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES SEXES DES PLANTES.
91
gentlemen pour conserver aussi fraîches les
fleurs piquées à leur boutonnière? Je les
vois se trémousser depuis des heures sans
qu’aucune de ces fleurettes délicates ait
baissé la tôle. J’avais cru d’abord à des
fleurs en cire ou en papier ; mais, en y re-
gardant de près, je les ai
trouvées vivantes et très-
vivantes. »
Pour toute réponse, je
menai mon ami auprès
d’un des danseurs de ma
connaissance ; je relevai
le revers de son habit, et
montrai un petit tube de
verre plein d’eau où étaient
fixés les pédoncules des
fleurs et les pétioles des
feuilles du petit bouquet.
Le secret — j’allais dire le
pot aux roses — était dé-
couvert.
Depuis quelques an-
nées, à Londres, il se fait
un assez grand commerce
de ces hutton hole bou-
quet holders. Les petits
tubes de verre blanc, bleu
ou vert, de la grandeur
de celui dont notre dessin
donne l’image, sont cerclés
vers leur sommet par un
anneau de cuivre auquel est attachée une
petite feuille de fougère en métal, peinte en
vert, et qui sert d’agrafe pour fixer le tout
à la boutonnière. Le tube est ainsi solide-
ment attaché sous le parement de l’habit,
et rien ne s’aperçoit au dehors que cette
feuille artificielle, recouverte d’ailleurs par
les frondes légères de V Adiantum « cheveu
de Vénus » ou d’autres fougères à feuillage
léger. Les élégants de Londres, chaque ma-
tin, en allant à leurs aflaires ou à leurs plai-
sirs, passent les uns à Covent Garden, les
autres chez quelque fleu-
riste à la mode, se faire
attacher à l’habit la fleur
nouvelle. Certains maga-
sins entretiennent un es-
cadron de jolies jeunes
filles chargées de ce soin,
et le sourire avec lequel
elles assaisonnent le léger
bouquet se paie en shil-
lings de surplus, bien
sonnants, soyez-en per-
suadé.
Les plus fashionnables
de ces boulevardiers du
Strand ou de Ragent Street
ne manquent pas de de-
mand<-r la rareté du jour,
et l’Orchidée nouvelle,
Masdevallia ou Odonto-
glossum, atteint des pro-
portions de cherté sur-
prenantes pour une seule
fleur coupée.
Voilà un pays vrai-
ment ami des fleurs.
Combien nous sommes loin, sur le conti-
nent, de cet empressement des classes aisées
à porter les couleurs 'de cette maîtresse
charmante et point trompeuse, que les
anciens avaient décorée du doux nom de
Flore ! Ed. André.
Fig. 20. — Porte-bouqupt boutonnière,
2/3 d’exécution.
NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES SEXES DES PLANTES
Tout n’est pas dit sur les phénomènes de
la sexualité chez les végétaux et sur les
conditions qui règlent la fécondation de
leurs fleurs. Les grandes découvertes de
Darwin, tout en éclairant beaucoup de
points restés jusque-là obscurs, ont soulevé
de nouveaux problèmes et en môme temps
éveillé l’attention de naturalistes qui, sans
lui, n’auraient peut-être jamais .«ongé à
revenir sur un sujet qu’on pouvait croire
épuisé. L’un d’eux, le professeur améri^
cain Meehan, patient et perspicace obser-
vateur, a communiqué dernièrement à
l’Académie des sciences naturelles de Phi-
ladelphie le résultat de recherches qui l’ont
occupé pendant plusieurs années, et dont il
tire des conclusions qu’il peut être utile de
porter à la connaissance de ceux qui s’in-
téressent aux questions de biologie vé-
gétale.
• 11 y a quatorze ans, M. Meehan avait déjà
remarqué que l’Érable argenté {Acer dasij-
carpum) n’est point polygame, comme ie
j disent les livres de botanique usuels, mais
strictement monoïque et plus souvent dioï-
que, ne produisant jamais de fleurs herma-
92
NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES SEXES DES PLANTES.
phrodites. Tous les individus de i’espèce
sont ou mâles ou femelles, bien que parfois
on rencontre sur les individus femelles
quelques rameaux portant des fleurs mâles.
Quelle que soit leur origine, ces fleurs
mâles sont totalement dépourvues d’ovaire;
dans les fleurs femelles, au contraire, les
étamines sont en apparence bien dévelop-
pées, mais elles ne contiennent jamais de
pollen. Le fait le plus notable signalé par
M. Meehan, dès 1868, est qu’un arbre qui,
pendant nombre d’années, a été constam-
ment femelle peut changer de sexe et re
plus donner que des fleurs mâles, tandis
qu’il n’y a aucun exemple d’arbre mâle ar-
rivant à produire des fleurs femelles. Main-
tes fois, dans le cours de ces dernières qua-
torze années, M. Meehan a vu le fait se
renouveler, et il conclut de là les causes
qui amènent ce changement de sexe.
Aussi longtemps, dit-il, que l’Érable ar-
genté est encore jeune et végète vigoureu-
sement, il suit la règle générale qui veut
que les arbres, dans cette première période
de vigueur, ne tendent nullement à fleurir;
mais dès qu’une cause quelconque diminue
sa puissance végétative, il com.mence à pro-
duire des fleurs. C’est la seconde période
de la vie de l’arbre, qui pourra se continuer
jusqu’à sa mort. Qu’une nouvelle cause
d’allàiblissement s’ajouleà la première, l’ar-
bre ne produit plus que des fleurs mâles,
c’est à-dire qu’il saute par dessus la
deuxième période pour arriver d’emblée à la
troisième et dernière. Tous ceux, ajoute-t-
il, qui ont pu observer les allures de l’É-
rable argenté ont certainement remarqué
que les arbres femelles, quoique produisant
une énorme quantité de fruits, sont tout
aussi grands et aussi feuillus que les arbres
mâles, qui n’ont cependant pas fait une
pareille dépense de force. Ceci revient à
dire que les arbres mâles n’ont ni autant
de vigueur ni autant de vitalité que les ar-
bres femelles.
Au moment de la chute des feuilles, en
automne, on peut à peine distinguer un
bourgeon à fleurs d’un bourgeon à feuilles;
mais le bourgeon florifère ne tarde pas à se
mettre en mouvement. Il grossit insensi-
blement dans le cours de l’iiiver, tantôt plus
vite, tantôt plus lentement, suivant les vi-
cissitudes de la température, et il n’est
même pas complètement arrêté quand celte
dernière descend à quelques degrés au-
dessous de zéro. Le bourgeon à feuilles, au
contraire, reste complètement engourdi,
pour ne s’éveiller qu’avec une température
plus élevée vers les premiers jours du prin-
temps. Quelque chose d’analogue se fait
voir d’ailleurs sur le Pêcher et d’autres ar-
bres du même ordre, qui, ainsi que chacun
le sait, se couvrent de fleurs avant que
leurs premières feuilles se soient déve-
loppées.
L’hiver dernier, M. Meehan, continuant
ses observations, trouva qu’au 23 février
les bourgeons florifères de l’Érable com-
mençaient à s’étaler ; les bourgeons à
feuilles étaient encore dans le même état
qu’à la fin de l’automne. C’est seulement à
partir du 7 mars qu’on vit les pointes des
premières feuilles percer au sommet du
bourgeon ; alors les fleurs s’ouvraient, mais
toutes étaient mâles. On est donc en droit
de conclure, qu’au moins pour l’espèce dont
il s’agit ici il faut moins de chaleur pour
exciter la végétation d’un bourgeon florifère
que celle d’un bourgeon à feuilles, et moins
de chaleur aussi pour faire ouvrir des fleurs
mâles que pour amener les fleurs femelles
au même point.
D’autres différences de végétation entre
les arbres mâles et les arbres femelles sont
encore signalées par M. Meehan. Si l’on
examine, sur chacun des deux sexes, des
rameaux de l’année précédente au moment
de la floraison, on trouve, à côté du bour-
geon feuillu en voie de développement, une
ou deux fleurs, mâles si le rameau appar-
tient à l’arbre mâle, femelles s’il appartient
à l’autre sexe. Jusqu’ici donc il n’y a pas
de différences à noter. Toutefois, elles ne
tardent pas à apparaître : au bout de peu
de jours le bourgeon florifère de l’arbre fe-
melle s’est développé en un rameau de plu-
sieurs pouces de longueur; celui de l’arbre
mâle, au contraire, s’arrête à quelques li-
gnes, et se transforme en une sorte de lam-
bourde, qui, pendant plusieurs années, res-
tera stationnaire et ne produira que des
fleurs. Or, il arrive ceci qu’elles seront tou-
jours plus précoces que celles, en petit
nombre, qui apparaîtront à la base du bour-
geon feuillu, et qu’elles répandront une
immense quantité de pollen, absolument
inutile pour la fécondation des fleurs de
l’arbre femelle, qui ne pourront être fécon-
dées que par le pollen des fleurs retarda-
taires nées à la base du bourgeon à feuilles.
MUSSŒNDA THEIFERA.
98
L’auteur de ces observations se demande à
quoi peut tendre une telle profusion de
pollen qui reste forcément sans emploi (1).
Que les faits observés par M. Meehan
soient l’expression d’une loi générale, c’est
ce que nous ne saurions affirmer ; toujours
est-il qu’ils peuvent éclairer et diriger cer-
tains points de la pratique culturale. On a
remarqué, par exemple, en Amérique, que
les Bouleaux isolés restent souvent tout à
fait stériles, quoiqu’ils produisent une
grande quantité de chatons mâles et de
chatons femelles. Si, en elfet, ainsi qu’il a
été dit plus haut, les fleurs femelles de-
mandent, pour êtres aptes à l’imprégnation
pollinique, une plus forte somme de cha-
leur que les fleurs mâles, il devient évident
que le pollen de ces dernières pourra être
dispersé avant que les fleurs femelles ne
puissent le recevoir, et ainsi s’expliquerait
la stérilité des bouleaux isolés. Le remède
serait de les cultiver en massifs, parce que
les arbres de même espèce, surtout quand
ils son.t dioïques ou monoïques, ne fleuris-
sant pas tous en même temps, les retarda-
taires pourraient fournir du pollen à leurs
voisins moins précoces. Le cas s’applique-
rait à la plupart des arbres amentacés.
Plante vigoureuse, très - floribonde,
d’abord buissonneuse, très-ramifiée, bientôt
défléchie ou décombante par l’allongement
des rameaux, et rappelant assez alors, par
son port et son aspect général, une Per-
venche ou mieux un Torenia asiatica.
Rameaux grêles, axillaires. Feuilles oppo-
(1) Il est certain que nous sommes encore loin
de saisir les raisons de beaucoup de phénomènes
qui actuellement nous embarrassent ; c’est affaire
à la science de chercher et de découvrir En atten-
dant, et a priori, il est bien difficile de supposer
que la nature ait fait des choses inutiles, c’est-à-
dire sans but. Ces masses de pollen, qui ne servent
pas à la conservation de l’espèce, peuvent très-bien
être destinées à un autre usage que nous ignorons,
par exemple à servir de nourriture à quelque
insecte mellifère ou autre, ou même tout simple-
ment à porter à la surface du sol, au profit de
quelque végétation minuscule, un engrais très-ani-
malisé et très-puissant sous un très-petit volume 11
m’est souvent venu à l’esprit que c’est là la des-
tination de l’immense quantité de pollen produite
chaque année par nos Conifères, Pins , Sapins,
Cèdres, etc , dont la millionnième partie n'est pas
utilisée pour la fécondation de leurs cônes. (Ed. A.)
entre antres aux Noisetiers d’Europe, qui,
transportés en Pensylvanie, n’y produisent
presque jamais de fruits, ce que M. Meehan
attribue aux irrégularités de la tempéra-
ture hivernale. La discordance entre les
époques de floraison mâle et de floraison fe-
melle est moins grande dans les pays où
l’hiver est tout d’une venue, là où un prin-
temps tiède succède sans transition aux
froids de l’hiver. Les deux floraisons se
trouvent alors à peu près contemporaines,
et la fécondation en devient plus régulière
et plus assurée ; mais c’est là une exception,
sous nos latitudes du moins, où les alter-
natives de chaud et de froid sont fréquentes
en hiver. C’est donc affaire au cultivateur
de prendre les mesures qu’il jugera les
plus propres pour remédier à cet inconvé-
nient, et amener les fleurs mâles à s’ouvrir
à peu près en même temps que les fleurs
femelles. Le moyen le plus sûr d’y parvenir
est probablement celui que nous avons in-
diqué plus haut : la plantation en massifs,
en comptant sur les différences souvent
très-grandes des individus de même espèce
relativement à la précocité et à la tar-
diveté.
Ch. Naudin.
THEIFERA
sées, caduques, ovales cordiformes, sessiles
ou subsessiles, plus ou moins longuement
atténuées, vertes en dessus, glaucescentes
en dessous. Fleurs nombreuses, d’un très-
beau blanc pur très-suavement odorantes,
longuement tubuleuses, d’environ 4 centi-
mètres de diamètre, à 5 divisions étalées,
longuement elliptiques obovales, légèrement
mucronées.
Le Miissœnda theifera, Pierre (M. uni-
flora, Wall.), est originaire de la Cochin-
chine. C’est une espèce des plus méritantes,
tant par la beauté de ses fleurs que par leur
■parfum doux et agréable, qui rappelle assez
exactement celui des Jasmins. 11 est à peu
près hors de doute qu’elle jouera un impor-
tant rôle dans l’horticulture, soit comme
plante de marché en la soumettant à un
traitement ad hoc, soit comme plante de
suspension en la plaçant dans un vase ou
dans un panier, comme on le fait des
Æschynanthus ou des Torenia.
Une propriété particulière que possède
94
CULTURE DU NERINE SARNIENSIS.
cette plante et qui ajoute encore à son mé-
rite, c’est la qualité fébrifuge dont, paraît-il,
elle jouit à un très-haut degré. M. le doc-
teur Pierre, botaniste, qui est resté long-
temps en Cochinchine dont il fait la flore
en ce moment, nous a aftirmé que bien des
fois il s’était guéri de la fièvre avec des in-
fusions de cette plante. On prépare celles-
ci absolument comme on le fait des feuilles
de Thé, en les faisant griller ou « rissoler, »
et on fait des infusions que l’on prend
comme s’il s’agissait de véritable Thé. Cette
infusion, qui est très-bienfaisante, est aussi
très-agréable.
Voici, à ce sujet, ce que, dans une ré-
cente lettre, nous écrivait M. le docteur
Pierre :
Vous savez que dans mon herbier cette
plante porte le nom de Muss.œnda theifera,
depuis une dizaine d’années. Elle est remar-
quable et digne d’ètre cultivée à cause des pro-
priétés antifébriles que possèdent ses feuilles.
Préalablement préparées comme on le fait des
feuilles de Thé, et prises en infusion par les
peuplades forestières de la Cochinchine, cette
plante les guérit de la fièvre, ce que plusieurs
fois du reste j’ai pu constater par expé-
rience...
Quant aux fleurs, elles sont jaunes en Go-
chincliine, tandis qu’ici elles sont d’un beau
blanc, ce qui doit être une question de lumière :
soit par manque de lumière, soit à cause d’une
lumière insufüsante....
CULTURE DU NE
Le Nerine sarniensis {Lis de Giier-
nesey des Anglais) provient du Japon,
d’où il a été introduit en Angleterre en 1650.
Il appartient cà la famille des Amaryllidées.
Il fit d’abord partie du genre Amaryllis,
mais il en fut séparé par Herbert pour for-
mer le genre Nerine. Bien que cette plante
soit très-jolie, on la trouve rarement dans
les collections, pour cette raison que très-
peu de jardiniers connaissent sa culture et
savent l’amener à fleurir.
Le Nerine a été introduit à Guernesey
par suite du naufrage sur les côtes de cette
île d’un navire qui contenait une grande
quantité de bulbes.
Depuis, il s’y est complètement acclimaté, il
y est l’objet d’une cultur e étendue, et chaque
année on en exporte une grande quantité
pour l’Angleterre et diverges autres contrées,
Nous n’essaierons pas de rechercher les
causes de ce changement de couleur que
présente le Mussœndo. theifera; nous nous
bornerons à constater ce fait, qui très-cer-
tainement tient à une autre cause, ou peut-
être même à plusieurs qu’il nous paraît dif-
ficile d’indiquer. En effet, on ne trouve rien
d’analogue, non seulement pour les plantes
cochinchinoises, mais pour aucune autre ;
on voit parfois les plantes varier, soit par
la vigueur, les dimensions, par une florai-
son plus ou moins abondante, parfois même
nulle, mais jamais par un changement de
couleur radical et subit.
Culture et multiplication. — Le Mus-
sœnda theifera se cultive en serre chaude
ou en serre tempérée, dans de la terre de
bruyère grossièrement concassée, que l’on
entretient toujours humide pendant la végé-
tation : plus lard on modère les arrosements,
surtout pendant l’époque du repos des plan-
tes. Quant à la multiplication, on la fait de
boutures qui s’enracinent facilement et
promptement.
Le il/, theifera, que nous ne connaissons
à l’état vivant que chez M. Régnier, horti-
culteur, avenue Marigny, à Fontenay-sous-
Bois (Seine), conservera-t-il sous notre cli-
mat ses propriétés fébrifuges et serait-il
possible de l’utiliser pour cet usage, comme
un succédané du Quinquina? L’avenir le
dira. E.-A. Carrière.
UNE SARNIENSIS
Les fleurs du Nerine sarniensis, d’une
couleur rouge brillant, abondantes, sont
réunies en ombelles à l’extrémité d’une
hampe florale assez courte. Les lobes du
périanthe sont ondulés de la façon la plus
gracieuse.
Elles s’épanouissent habituellement en
septembre.
M. George Eyles, de Kew, indiquait ré-
cemment dans le Florist and Pomologist
les procédés de culture qu’il emploie avec
succès pour obtenir de beaux Nerine fleu-
rissant tous les ans.
Nous reproduisons ces précieuses indica-
tions, que l’on peut appliquer aux autres
espèces du genre :
« Lorsque Ton s’est procuré des bulbes
de Nerine, on les place vers le commence-
ment du mok d’août dans des grands pots
LES GLAÏEULS.
95
que l’on a remplis d’un compost de terre
argilo-sableuse et de terreau bien décom-
posé. Lorsque les fleurs commencent à se
former, on doit placer les plantes dans un
endroit abrité, bien aéré ; cette dernière
condition est essentielle, car sans cela les
fleurs seraient de couleur pâle et la floraison
de plus courte durée.
« Dans de bonnes conditions, cette florai-
son doit durer plus d’un mois.
<^ Quand elle est terminée, on place les
Nerine dans la partie aérée d’une serre
froide où les feuilles se maintiendront vertes
pendant tout l’hiver. Dès que ces feuilles se
dessécheront, la période de repos des bulbes
sera arrivée. A la fin de juin ou au com-
mencement de juillet, on rempotera les
Nerine dans une terre mélangée, comme il
a été dit plus haut, et alors ils pourront
fleurir pendant quatre ou cinq années con-
sécutives, sans avoir besoin d’être rempotés
de nouveau. » E. Bruno.
LES GLAÏEULS
Depuis quelques années, la culture des
Glaïeuls a fait tant de progrès, on en a ob-
tenu, par voie de semis, de si belles et de
si nombreuses variétés, qu’ils sont devenus
d’un grand usage pour la décoration des
parterres et des massifs.
Leurs grandes fleurs, passant par toutes
les nuances du rose, du rouge, du blanc,
du violet et du jaune, font un très-bel effet
soit sur plantes , soit en bouquets ; elles
sont rarement unicolores, mais le plus
souvent maculées, striées, lavées, pointil-
lées ou panachées de nuances tranchées.
Leur culture est des plus simples.
Si l’on veut obtenir une floraison qui se
prolonge en se succédant de juillet à sep-
tembre, il faut planter, dès mars, une partie
des ognons dont on dispose ; une deuxième
partie est mise en terre en avril, et enfin
une troisième et dernière en mai, en ayant
soin, chaque fois, de prendre toujours les
'plus petits et de réserver les gros pour les
dernières plantations.
Ils ne sont pas difficiles sur la nature
du sol; ils réussissent presque partout où
l’on peut établir un jardin; néanmoins, ils
préfèrent une bonne terre franche, bien fu-
mée, plutôt un peu humide que trop sèche,
et, pendant l’été, un bon paillis de fumier
gras, ainsi que de fréquents arrosages si le
temps est sec.
La grandeur des fleurs et la richesse des
coloris sont les caractères distinctifs de leur
beauté. Leur hauteur est de 1 mètre à 1«^50.
A l’automne, lorsque les tiges sont fa-
nées, on les coupe et on relève les ognons
pour les placer sur des rayons, dans un
lieu sec, à l’abri des gelées, mais non chauffé,
où ils se conservent parfaitement jusqu’au
printemps suivant.
Un massif qui n’est composé que de
Glayeuls n’est guère agréable à la vue; si
leurs fleurs sont belles, leur feuillage est
pauvre ; le massif, très-beau à 1 mètre du
sol, est complètement dégarni à sa base.
Pour remédier à cet inconvénient, il est
utile de les planter dans des massifs déjà
formés, tels que ceux de plantes vivaces ou
d’arbustes : leurs grandes tiges fleuries,
émergeant au-dessus de la verdure, ou pa-
raissant au travers, sont bien plus jolies en-
core.
Nous nous souviendrons toujours de l’ef-
fet ravissant que produisait un massif de
Rosiers tiges que nous vîmes il y a quelques
années. Au pied de chaque Rosier, un jardi-
nier intelligent avait planté un ognon de
Glaïeul et il en avait palissé la tige contre
l’Églantier. Cela produisait l’effet de jolies
tètes de Rosiers, bien fermées, que l’on au-
rait fixées sur un grand nombre de bâtons
fleuris, au lieu de ces barres droites, raides
et dénudées que l’on a l’habitude de voir et
dont l’aspect désagréable a fini par faire re-
noncer presque complètement aux Rosiers
à hautes tiges.
L’effet n’aurait pas été moins agréable,
non plus, dans une corbeille de Rosiers
nains : les tiges de Glaïeuls seraient alors
venues dominer le feuillage vert des Roses,
et l’auraient fleuri justement à l’époque où
ces arbustes admirables sont assez parci-
monieux de leurs fleurs.
Si nous avions un massif à former en em-
ployant des Glaïeuls, voici, croyons-nous,
comment nous procéderions. Nous le garni-
rions d’abord d’Amaranthes mélancoliques
dont, chacun le sait, le feuillage est d’un
rouge foncé ; entre chaque plante d’Ama-
ranthe, nous planterions un .ognon d©
96
POIRE DORÉE DE MONTGRTFFON.
Glayeul, et nous entourerions le tout d’une
bordure de Cinéraires maritimes dont le
feuillage est blanc. Le blanc des Cinéraires
ferait parfaitement ressortir le fond rouge
du massif qui, à son tour, par sa couleur
sombre, rendrait bien plus éclatants encore
les coloris déjà si vifs des Claïeuls, et nul
doute que cette association produirait un
eliet remarquable.
Cette combinaison peut d’ailleurs être va-
riée d’un bien grand nombre de manières
en remplaçant les Amaranthes par d’autres
plantes basses, telles que Réséda, Achiran-
tJies, Coleiis, etc.
Une qualité fort remarquable et très-
appréciée des, Claïeuls, c’est la facilité avec
laquelle ils continuent à fleurir dans l’eau
où on a mis tremper leurs tiges après les
avoir coupées : la tloraison continue abso-
lument comme sur la plante jusqu’à ce
que le dernier bouton se soit épanoui à son
tour, ce qui dure souvent fort longtemps.
Ce précieux avantage les fait beaucoup
rechercher pour la confection des bouquets
pour appartements; mais, dans ce cas, on
aime à leur associer quelques branchages
légers, tels que certaines Graminées : Stipa,
Panicum^ Statice, etc., et, d’une manière
bien plus commune, mais non moins jolie,
tout simplement avec des branches d’As-
perges. Rivoire père et fils,
Marchands grainiers, 16, rue d’Algérie, à Lyon.
POIRE DORÉE DE MONTGRIFFON
Arbre d’une très-grande vigueur, rappe-
lant un peu le Poirier William par l’en-
semble de ses caractères. Scions gros, à
écorce lisse, rousse, fortement pointillée de
gris blanc. Feuilles moyennes, légèrement
arquées, très-courtement denticulées. Fruit
gros, régulièrement turbiné, long de 9-10
centimètres, d’environ 8 dans son plus
grand diamètre, très-régulièrement atténué
vers la base où le pédoncule est implanté
verticalement, sensiblement élargi et comme
tronqué vers le sommet. Œil placé dans
une dépression bien évasée, peu profonde,
ouvert, à divisions courtes et étroites,
droites. Peau d’un très-beau jaune d’or,
même longtemps avant la maturité des
fruits, marquée de toutes parts de points ou
macules gris roux qui, à certains endroits,
notamment aux extrémités du fruit, se réu=*
nissent et forment des sortes de taches
(bronzLires). Pédoncule d’environ 3 centi-
mètres, droit, renflé et élargi à sa base.
Chair blanche, très-sucrée, agréablement
parfumée. Pépins peu nombreux, brun
roux, luisants, renflés, courtement atténués
à la base.
Cette Poire, qui mûrit en septembre, est
très-bonne quand elle est prise à point.
Malheureusement, comme beaucoup de va-
riétés d’été, son fruit devieilt vite pâteux.
Toutefois, ses dimensions, sa régularité et le
bel aspect général des fruits recommandent
tout particulièrement cette variété, et lui
assurent une place dans le jardin fruitier.
D’une autre part, grâce à la beauté de ses
fruits, qui prennent une belle couleur jaune
longtemps avant la maturité, et à la richesse
en sucre de ses fruits, on peut les cueillir
avant leur complète maturité, ce qui en
prolonge la durée sans nuire sensiblement
à la qualité.
Le Poirier Doré de Montgriffon provient
d’un Pépin de la Poire de Tongres, semé il
y a vingt-deux ans par M. Chaudy, horticul-
teur-pépiniériste, qui mettra prochainement
cette variété au commerce. La première
fructification s’est montrée il y a une dixaine
d’années. La qualité des fruits, de même que
la fertilité de l’arbre, ne se sont jamais
démenties.
E.-A. Carrière.
lmp, Georges Jacob, — OrJéan».
CHRONIQUE HORTICOLE
L’hiver 1882 en Russie. — Si le mal
de l’un pouvait enlever celui de l’autre ou
seulement l’atténuer, nous pourrions trou-
ver très-belle la situation de la France, re-
lativement à celle de la Russie. Voici ce
que nous écrivait le docteur Philibert, de
Moscou, à la date du 14 janvier :
.... Nous avons beaucoup de neige, excel-
lent traînage, et jusqu’à 27 degrés de gelée ;
malgré cela, nous nous estimons heureux de ne
pas être en Sibérie, où il y a eu cet hiver un
froid de 46 degrés Réaumur.
L’année 1882 a été la plus extravagante en
Russie, passant d’un extrême à l’autre : tantôt
de grandes chaleurs et des sécheresses in-
tenses, tantôt de fortes averses, qui faisaient
plus de mal que de bien. En général, le midi
de la Russie a eu à souffrir d’une effroyable
sécheresse ; la récolte des foins, des céréales
et des fruits y a été nulle ; même les pâturages
ont fini par manquer aux alentours des villages.
R y a des localités, comme le district de Théo-
dorie (Grimée), où les sources se sont taries,
de sorte que les pauvres bestiaux, que l’eau
soutenait encore, ont fini par succomber.
A ce fléau s’en est joint un autre : l’épizoo-
tie bovine qui emportait la moitié ou même les
trois quarts des troupeaux, et, ce qui est parti-
culièrement triste, aucune mesure n’est prise
par les autorités et ne le sera probablement
que lorsque nous en serons réduits à acheter
viande et beurre chez vous ou en Amérique ! . . . .
Année moyenne, les pertes causées par cette
maladie s’élèvent à la somme de douze millions
de roubles (plus de quarante millions de francs),
et cela dure, le croirait-on? depuis un très-
grand nombre d’années !...
Exposition générale et régionale à
Troyes. — Du samedi 19 au lundi 28 mai
1883, et à l’occasion du concours régional
agricole, la Société horticole, vigneronne et
forestière du département de l’Aube fera, à
Troyes, une exposition générale d’horticul-
ture à laquelle sont particulièrement appelés
à prendre part les départements de la
Marne, de la Haute-Marne, de Meurthe-
et-Moselle, de la Meuse et des Vosges.^
Tous les produits des Vignes, des jar-
dins, des forêts, et des sciences, arts ou in-
dustries qui s’y rapportent, seront admis
et placés dans leurs sections respectives.
Les personnes qui désirent prendre part
aux concours devront en faire la demande
à M. le secrétaire général de la Société
avant le mai, en indiquant la nature
des objets qu’elles se proposent d’exposer, et
approximativement l’emplacement qu’elles
jugeront devoir leur être nécessaire.
Le jury entrera en fonctions le samedi
19 mai, à huit heures du matin.
L’exposition se tiendra dans le jardin pu-
blic du mail de Belfroy, devant la gare de
l’Est.
Circulaire ministérielle relative aux
formalités à remplir pour les expédi-
tions en Belgique des produits horti-
coles. — Nous nous empressons de publier
la circulaire suivante, adressée aux préfets
par le ministère de l’agriculture, faisant
connaître les conditions auxquelles sont sou-
mises les expéditions des produits horticoles
en Belgique :
Monsieur le Préfet ,
Les plantes, arbustes et tous végétaux
autres que la Vigne, non dénommés à l’ar-
ticle 3, provenant de pépinières, de jardins
ou de serres, continueront d’être admis à
l’entrée et au transit; mais ils ne seront in-
troduits que par les bureaux de douanes
d’Anvers, de Bruxelles, de Gand, de Liège et
d’Ostende pour les importations par eau, et
par les bureaux placés sur une voie ferrée
pour les importations par les frontières de terre.
Les conditions suivantes seront observées :
« lo Ces colis seront présentés dans les con-
ditions usuelles d’emballage, de manière à per-
mettre les constatations nécessaires.
(( 2» Rs seront accompagnés :
(( A. — D’une déclaration signée par L’expé-
diteur portant ;
« a) L’indication du point de réception défi-
nitive et l’adresse du destinataire ;
« b) La mention que le contenu provient en
entier de l’établissement de l’expéditeur ;
« c) L’affirmation que l’envoi ne renferme
aucun pied de Vigne ;
« d) La mention que les végétaux sont pré-
sentés avec ou sans motte de terre.
« B. — D’une déclaration de fautorité com-
pétente, basée sur l’attestation d’un expert offi-
ciel portant :
« a) Que l’envoi provient d’un terrain (plan-
tation ou enclos) séparé de tout pied de Vigne
par espace de 20 mètres au moins ou par un
autre obstacle aux racines jugé suffisant par
l’autorité compétente ;
1er Mars 1883.
5
98
CHRONIQUE HORTICOLE.
« h) Que ce terrain ne contient lui-même
aucun pied de Vigne ;
« c) Qu’il n’y est fait aucun dépôt de cette
plante ;
« d) Que, s’il y a eu des ceps phylloxérés,
l’extraction radicale, des opérations toxiques
répétées, et, pendant trois ans, des investiga-
tions ont eu pour effet d’assurer la destruction
complète de l’insecte et des racines. »
Vous remarquerez, Monsieur le Préfet, que
que la déclaration de l’expéditeur doit être cor-
roborée par une déclaration de l’autorité com-
pétente basée sur l’attestation d’un expert
officiel.
Il va sans dire que, dans l’espèce, l’autorité
compétente est le maire de la commune. Comme
il n’existe pas, en France, d’expert officiel
chargé des constatations énumérées dans les
alinéas a, h, c, d du paragraphe B, cette fonc-
tion pourra être confiée au commissaire de po-
lice ou au garde champêtre dans les communes
où il n’existe pas de commissaire de police.
Je vous prie. Monsieur le Préfet, de vouloir
bien m’accuser réception de la présente circu-
laire, et de me faire connaître les mesures que
vous aurez cru devoir prendre pour porter les
})rescriptions ci-dessus indiquées à la connais-
sance des intéressés.
Le Ministre de V agriculture,
De Mahy.
Dictionnaire de botanique de M. le
docteur Bâillon. — Le quinzième fasci-
cule de cet important travail vient de pa-
raître à la librairie Hachette et Ci®, 79,
boulevard Saint-Germain. Bien que cet
ouvrage soit aujourd’hui généralement
connu, nous devons, du moins en quelques
mots, en rappeler les principaux traits.
Si son titre tout spécial semble indiquer
de la botanique pure; il n’en est pas
tout à fait ainsi : la médecine usuelle se
trouve fréquemment citée, et l’emploi des
simples est indiqué. La bibliographie non
plus n’est pas négligée : la- citation des
auteurs et le titre de leurs ouvrages sont
des indications à l’aide desquelles le
lecteur trouve des renseignements qu’jl ne
saurait souvent où chercher.
Ce fascicule, qui comprend 80 pages de
texte, contient 248 figures dessinées par
M. Faguet et gravées avec le plus grand
soin.
Fruits conservés par le froid. — Nos
lecteurs se rappellent sans doute l’article
publié par la Revue horticole sur un éta-
blissement spécial pour la conservation des
fruits (1), créé à Thomery par M. Étienne
Salomon. La conservation est due à un ap-
pareil réfrigérant à l’aide duquel on main-
tient une température très-peu supérieure
à zéro. Dans ces conditions , tous les
fruits peuvent se conserver plus ou moins
longtemps au delà de leur époque normale
de maturité. Toutefois, si tous conservent
leur beauté, leur première fraîcheur, il en
est qui perdent tout ou partie de leurs
qualités; tels sont les fruits à noyaux, les
Pêches particulièrement ; les fruits à pépins,
au contraire, conservent à la fois beauté et
qualité. On a vu et admiré de très-beaux
exemples des uns et des autres à la récente
exposition du palais de l’Industrie, à Paris,
dans le lot si remarquable de M. Étienne
Salomon, de Thomery ; ses Raisins, ses Poires
même d’été : Williams, Amanlis, Duchesse
(LAngoulème, Louise-Bonne ddAvranches,
étaient frais comme si on venait de les
cueillir. Il en était de même des Pêches ; mais
celles-ci n’avaient que l’apparence, et, bien
que tout aussi fraîches et aussi belles que
si on venait de les enlever des arbres, elles
avaient si on perdu leurs qualités. Il est vrai
qu’elles étaient cueillies depuis cinq mois.
M. Salomon, qui ne fait pas les choses à
la légère etaime à se rendre compte des
expériences, nous disait que les Pêches
conservaient leurs qualités pendant deux et
même trois mois, suivant les années.
Le jury, appréciant à leur juste valeur
les fruits exposés par M. Salomon, a
accordé à ce lot le grand prix d’honneur
de la section.
Palissage au papier. — Ce palissage
n’est autre que l’opération connue sous la
rubrique : 'palissage à la loque, dont il ne
diffère que parce qu’au lieu de loques on
se sert de fort papier. Ce papier peut durer
deux ans ; mais ne durât-il qu’une année,
il y aurait encore avantage à l’employer,
non seulement par économie, mais à cause
de la facilité de son emploi qui permet de
faire le travail beaucoup plus vite; le papier
étant plus ferme et plus résistant, se prête
mieux aux manipulations. Toutefois, afin
qu’il conserve ses qualités, il faut avoir soin
de tenir ce papier au sec; mais une fois en
place il défie les intempéries.
A qui est due la première idée de subs-
tituer le papier aux loques? Sans rien affir-
(1) Voir Revue horticole, 1882, p. 252.
CHRONIQUE HORTICOLE.
99
,mer sous ce rapport, nous croyons que c’est
à M. de Rotrou, ancien maire de Montreuil,
qui, dès l’année 1858, en faisait usage pour
palisser ses Pêchers.
Le papier aurait cet autre avantage que,
pouvant se teindre à volonté et prendre
toutes les couleurs, il permettrait de faire
des dessins lors du palissage en sec et de
représenter les formes des arbres. Il suffi-
rait d’employer des loques-papier de cou-
leurs appropriées, pour donner à l’arbre ou
à certaines de ses parties la forme jugée
nécessaire. Un autre avantage encore du pa-
pier sur les loques en étoffe, c’est de ne pas
donner asile aux nombreux insectes qui,
non seulement trouvent un abri dans les
chiffons, mais qui y déposent leurs œufs.
Exposition d’horticulture au Hâvre.
— La Société des sciences et arts agricoles
et horticoles du Havre fera dans cette ville,
du 26 mai au 3 juin 1883, une exposition
générale des produits de l’agriculture et de
l’horticulture, ainsi que des arts et industries
qui s’y rattachent.
Cette exposition se tiendra à l’aquarium
et dans ses annexes, au jardin Saint-Roch.
Les personnes qui désirent prendre part
à cette exposition doivent en faire la de-
mande au président de la Société avant le
5 mai 1883, en indiquant la nature des pro-
duits qu’elles se proposent d’exposer.
Le jury commencera ses opérations le
26 juin, à neuf heures et demie du matin.
Album Bénary . — Le T fascicule (1882)
de cette publication vient de paraître. Il
comprend les principaux légumes qui ont
paru en 1882. L’ouvrage est édité avec le
plus grand soin, sur beau et fort papier,
format in-folio. Les figures en chromo-
lithographie sont exécutées avec une fidé-
lité et une netteté vraiment remarquables;
dessins et chromo-lithographies sont faits
dans l’établissement de M. Bénary, à Erfurt.
Ce fascicule comprend 8 pages : A de
texte et 4 de figures ; les deux premières
sont consacrées à des variétés de Choux, la
troisième aux Pois ; la quatrième comprend
des Poirées-Cardes. Le texte est placé en
regard des chromo-lithographies, il est écrit
en allemand, anglais, français et russe. On
souscrit chez l’auteur, M. Bénary, à Erfurt
(Allemagne).
Nouvel exemple spontané de Chlo-
ranthie. — Cet exemple de chloranthie ou
de dichroïsme, qui nous est signalé par
M. Brunner fils, horticulteur à Lausanne
(Suisse), s’est produit dans ses cultures sur
le Primnla rohusta grandiflora compacta
alba plena {cinq qualificatifs, ce qui nous
ramène aux noms-diagnoses deTournefort),
forme à fleurs très-pleines, d’un beau blanc.
Le nouveau produit, qui s’est développé
spontanément, est absolument semblable à
ses parents, tant par son port et son faciès
général que par son inflorescence. La seule
différence consiste dans la couleur des fleurs
qui sont d’un vert foncé, absolument
comme celui des feuilles. Cette anomalie
se distingue de beaucoup d’autres en ce
que, au lieu d’être produite par graine, elle
résulte d’une transformation subite, spon-
tanée. A ce sujet, et en nous adressant un
échantillon de cette anomalie, M. Brunner
nous écrivait: « J’ai acheté en Alle-
magne, il y a quatre ans, cette belle variété
de Primevère; je n’en possède aucune autre,
et, bien que j’en cultive des quantités consi-
dérables que je multiplie par éclats (la
plante ne donnant pas de graine), jamais il
ne s’était produit autre chose que des
fleurs très - blanches et bien pleines,
quand, au mois de décembre dernier, un
pied montra des hampes d’un vert foncé et
des fleurs de la même couleur. Depuis cette
époque, ce pied, qui a continué à fleurir, n’a
plus que des fleurs vertes. »
Le fait n’est d’ailleurs pas isolé. Nous
avons reçu de M. le comte Paul Riant, de
Monthey (Valais), des fleurs de Primevères
de la Chine qui présentaient tous les carac-
tères de la chloranthie dont M. Brunner
vient de nous entretenir.
Le commerce horticole est-il une
industrie? — Cette question, qui maintes
fois a été soulevée, a été résolue affirma-
tivement en Belgique.
En effet, notre estimable confrère, M. Aug.
Van Geert, qui est en même temps un horti-
culteur distingué, a été nommé, il y a quel-
que temps, juge suppléant près le tribunal
de commerce de Gand. De plus en plus, on
le voit, l’horticulture se relève, et de l’état
rudimentaire où elle était confinée elle passe
successivement à des destinées plus bril-
lantes, en Belgique comme en France, en
Angleterre comme sur le continent. C’est
ainsi que les horticulteurs ont obtenu enfin
100
CHRONIQUE HORTICOLE.
d’être admis aux concours régionaux fran-
çais, après en avoir été si longtemps tenus
éloignés. Ces signes des temps indiquent
clairement que les hommes distingués de
l’horticulture prennent de plus en plus dans
la société un rang qu’ils ont justement mé-
rité par des progrès intellectuels qui s’af-
firment de jour en jour.
A propos d’un semis de graines d’Ar-
tichauts. — Un abonné à la Revue hor-
ticole nous adresse la lettre suivante :
J’avais aclieté, dans une maison de confiance,
des graines d’Artichaut que j’ai semées avec
le plus grand soin ; plus tard j’ai porté la
même attention aux plants, ({ui ont été repi-
([ués et mis en place dans les meilleures condi-
tions.
Malgré tous ces soins, j’ai obtenu, ce que peut-
être vous vous refuserez à croire, de grands
(diardons épineux, pour la plupart du moins.
A quoi dois-je attribuer ce fait? Les graines
auraient-elles été hybridées par des Chardons,
et dans ce cas comment ce fait aurait-il pu se
])roduire, car je ne sache pas qu’il ait })u y
avoir de Chardons, sinon à })lus d’un kilomètre
de l’endroit où se sont i)assés les faits dont je
vous parle? ou bien dois-je attribuer ceux-ci
à un mélange bien certainement involontaire,
qui aurait étéfait de graines d’Articliauts et de
graines de Chardons?
Voilà les faits dans toute leur exactitude;
je serais très-heureux si vous pouviez m’en
donner une explication.
Les faits donc parle notre abonné, et dont
il se plaint, n’ont rien qui doive étonner
les personnes quelque peu au courant de
la botanique. Pour en donner une expli-
cation rationnelle, il n’est pas nécessaire
d’établir d’hypothèses, de faire intervenir
(( l’hybridation avec des Chardons, » non
plus qu’un a mélange de graines de Char-
dons et de graines d’Artichauts; » il suf-
fit de rappeler que les Artichauts et les
Chardons sont des genres assez voisins l’un
de l’autre, et que dans les semis de
graines d’Artichauts il sort souvent des in-
dividus qui, en s’écartant du type, se rap-
prochent des Chardons, avec lesquels alors
il est parfois difficile à une personne étran-
gère à la botanique de les distinguer. C’est
ce fait qui est probablement arrivé à notre
abonné. Toutefois, en pareille circonstance,
il faut être patient et ne pas trop se presser
de jeter les plantes ; il est au contraire pru-
dent d’attendre jusqu’à la fructification, sur-
tout quand les sujets ne sont pas épineux,
car c’est seulement alors qu’on en peut
apprécier la valeur, qui, comme chacun le
sait, est en raison de l’épaisseur du récep-
tacle, » et aussi de la partie charnue qui
se trouve à la base des écailles bractéales
constituant l’ensemble de l’inflorescence ce
qu’on nomme vulgairement fond et feuilles
d’Artichaut. »
Ce n’est donc qu’après la floraison des
plantes qu’on peut réellement apprécier la
valeur des semis d’Artichaut; encore ne
faut-il pas trop se presser, car l’épaisseur
charnue que l’on mange dans l’Artichaut
est en rapport avec le milieu, c’est-à-dire
avec le climat dans lequel poussent les
plantes. Sous ce rapport chacun sait quelle
énorme différence existe entre une même
variété cultivée dans le Midi ou dans le
Nord : la partie tendre, très-épaisse dans
le Nord, existe à peine chez les plantes cul-
tivées dans le Midi, de sorte que dans les
pays très-chauds l’Artichaut est à peine co-
mestible; c’est alors une sorte de Chardon
ou, si l’on veut, une plante à 'feuillage or-
nemental, l’équivalent d’un Cardon.
Conservation des fleurs. — Il est bien
rare que le plaisir que l’on éprouve à con-
templer une jolie fleur ne soit accompagné
du regret que l’on a de ne pouvoir la con-
server longtemps fraîche, c’est-à-dire avec
sa forme, ses couleurs et son parfum.
De nombreux essais ont été faits pour
parvenir à ce résultat.
La Revue de VhorticuUure belge a
consacré à ce sujet un très - intéressant
article, et fait en même temps connaître un
procédé dû à M. Cornélis, de Diest, procédé
que ses expériences réitérées ont démontré
comme infaillible, du moins en ce qui con-
cerne la conservation de la forme.
Nous pouvons nous porter garants du
bon résultat obtenu par ce moyen, dont
nous avons vu les remarquables résultats
à la dernière grande exposition horticole
de Bruxelles, en 1880.
11 suffit tout simplement d’enfouir les
fleurs dans du sable et de les faire sécher
ensuite.
Voici la marche à suivre pour ces opéra-
tions :
Le récipient le plus convenable est un
cornet de papier dont on a refoulé la pointe,
de façon à en faire un cône tronqué.
CHRONIQUE HORTICOLE.
101
La dessiccation se fait bien à une tempé-
rature de 35 à 40 degrés, dans un lieu où
l’air se renouvelle facilement ; mais il est
préférable d’opérer dans le vide, en pré-
sence de l’acide sulfurique ou de toute
autre substance absorbant l’eau avec avi-
dité.
Après huit ou dix jours de séjour dans le
sable, les fleurs sont sèches ; il faut alors
les en retirer avec précaution, puis, après
les avoir débarrassées de la poussière qui
pourrait y adhérer, on les enferme dans des
lïacons hermétiquement fermés, et dans le
fond desquels on a déposé un peu de chaux.
Par ce procédé, on réussira à conserver
presque indéfiniment les fleurs avec leur
forme, et presque toujours elles garderont
aussi leurs couleurs.
Exposition internationale à Amster-
dam en 1883. — Dans cette exposition, qui
comprendra à peu près tous les produits
naturels, industriels, artistiques, etc., une
seule chose nous intéresse : c’est l’horti-
culture, ainsi que les parties qui s’y ratta-
chent. Considérée dans son ensemble, on
peut la partager en deux : exposition per-
manente et exposition temporaire. La
première comprend les végétaux qui peu-
vent rester en pleine terre pendant toute la
durée de l’exposition : Conifères, Rosiers,
Houx, arbres fruitiers, arbustes de pleine
terre, etc., Dahlias, Cannas et plantes
vivaces de pleine terre, puis les serres^ les
appareils de chauffage, enfin les rochers.
Les expositions temporaires sont au
nombre de 10. Les voici d’après l’ordre du
programme i
La première, du Rr au 27 mai, comprend
les plantes à feuillage, les plantes fleuries,
quelques meubles, outils et ustensiles de
jardin.
La deuxième, du 2 au 24 juin, comprend
le même programme que la première.
La troisième, qui ne durera que deux
jours, 27 et 28 juin, est tout à fait spéciale
aux Roses coupées.
La quatrième, du au 29 juillet, est une
répétition des première et deuxième, mais
avec des plantes différentes.
La cinquième, qui aura lieu les et
2 juillet, est spéciale aux fruits et aux
légumes.
La sixième, qui est spéciale aux L ses
coujiées, se tiendra les Rr et 2 août.
La septième, du 5 au 26 août, comprend
4 sections : a, plantes de serre non tleu-
ries ; h, plantes fleuries; c, plantes non
fleuries propres à divers usages ; d, collec-
tion d’Oignons à fleurs propres au com-
merce.
La huitième, qui est spéciale aux bou-
quets, milieux de table, couronnes, fleurs
caupées, etc., aura lieu les 29 et 30 août.
La neuvième, du 2 au 30 septembre,
comprend, outre des séries analogues à celles
de la septième exposition, des plans de
jardins divers, de nature, de formes et
d’étendues définies et déterminées.
Enfin, la dixième, qui sera une « grande
exposition de fruits, » sera ouverte du
20 au 30 septembre. Des programmes spé-
ciaux, sont dressés : pour les Pays-Ras ;
2*5 pour la Relgique et le Luxembourg;
3» pour l’Allemagne du Nord; 4» pour l’Al-
lemagne du Sud, l’Autriche et la Suisse ;
5° pour îe midi de l’Europe : Ralie, Es-
pagne, Portugal, Grèce; 6^ Danemark,
Suède, Norwège et Russie. Enfin, un con-
cours pour tous les pays, comprenant des
arbres fruitiers en pots portant des fruits,
savoir : 6 Poiriers, 6 Pommiers, G Pêchers,
6 Prunierj, plus une collection de toutes
sortes de graines potagères, céréales, etc.
Pour les expositions temporaires, les de-
mandes doivent être adressées à M. P. Ga-
lesloot, premier secrétaire de la Commission
de l’exposition, à Amsterdam, en indiquant
les objets qu’on se propose d’exposer et l’em-
placement qu’on jugera devoir être néces-
saire.
Quant à l’exposition permanente, les de-
mandes devaient être faites avant le 15 jan-
vier 1882. Il est donc trop tard.
Échenillage des arbres. — L’absence
à peu près complète d'hiver et la tempéra-
ture relativement élevée dont nous jouissons
ont fait que, malgré des pluies à peu près
incessantes, le « réveil de la nature » s’ac-
centue de jour en jour, et que, de même que
les plantes, les insectes de printemps font
déjà leur apparition. Il est donc prudent
de ne pas attendre la loi sur l’échenillage
pour pratiquer cette opération.
E.-A. C.'^RRiÈRE et Ed. André.
102
POMME DE TERRE EXCELLENTE NAINE.
LE BRAHEA KOEZLII.
POMME DE TERRE EXCELLENTE NAINE
Déjà, dans ce recueil (i), nous avons
parlé de cette nouvelle variété de Pomme
de terre obtenue par notre collègue,
M. Millet, horticulteur à Bourg-la- Reine
(Seine), et cultivée par lui sous le nom de
Pomme de terre Excellente naine. Nous
croyons, vu son grand mérite, devoir y re-
venir et la signaler de nouveau à l’attention,
d’autant plus que nous voici arrivé à
l’époque de plantation de ces précieux
légumes.
La Pomme de terre Excellente naine
provient d’un semis de la Pomme de terre
Royale {Royal ash leaved Kidney des
Anglais); comme elle, son tubercule .est en
forme d’amande, très-lisse et très- net,
d’une jolie couleur jaune doré; les yeux,
qui sont peu nombreux, sont également peu
marqués, ce qui est toujours une grande
qualité dans les Pommes de terre, et une
qualité surtout appréciée des ménagères, qui
peuvent peler plus facilement les tubercules
lisses que ceux dont les-yeux sont fortement
enfoncés. Le germe est violet et se déve-
loppe à peu près comme celui de la Pomme
de terre Marjolin hâtive; la chair est jaune,
farineuse et de première qualité.
Cette variété est hâtive et plus productive
que la Pomme de terre Marjolin. Comme
cette dernière, elle a la particularité de ne
pas fleurir. Les fanes sont plus courtes que
celles de la Pomme de terre Royale et, sous
le rapport de la dimension, se rapprochent
de celles de la Pomme de terre Marjolin
hâtive; mais les feuilles sont un peu gau-
fi ées et veinées et d’un vert franc peu foncé.
La Pomme de terre Excellente naine
est en somme une variété très-intéressante
et recommandable, et une des plus avanta-
geuses pour les cultures de primeur, en
pleine terre et encore mieux sous châssis;
par suite du peu de développement qu’elle
prend, on peut la cultiver en touffes très-
rapprochées. E.-A. Carrière.
LE BRAHEA ROEZLII
En citant dernièrement les beaux exem-
plaires de ce Palmier nord-américain qui
se trouvent dans le jardin de M. le comte
d’Épréniesiiil, au golfe Juan, nous avons
surtout insisté sur la noblesse de sa forme et
la coloiation glauque exti aordinaire (bleu
argenté) de son feuillage. Nous avons la
bonne fortune aujourd’hui de com[)léter ces
indications par les notes suivantes sur l’ha-
bitat de l’espèce, notes que nous tenons de
M. B. Roezl lui-même, qui l’a introduite en
Europe.
Le Brahea Roezlii croît entre les 33° et
34'* de latitude N. et à 150 lieues environ
de la côte du Pacifique, dans les Etats de la
Californie et de l’Arizona. Le pays est mon-
tagneux et très-aride. Il y pleut seulement
pendant trois ou quatre mois de l’année, de
décembre à février ou mars, et la quantité
totale d’eau tombée annuellement atteint
rarement plus de 20 à 30 centimètres.
Pendant l’hiver, on constate aussi quelques
forts brouillards. Le reste de l’année, un
soleil torriile dessèche tout. Pmezl a vu,
dans cette région, des lieues carrées cou-
(1) Voir Revue horticole^ 1881, p. 83,
vertes de ce beau Palmier. Son tronc atteint
seulement de 2 à 5 mètres de hauteur.
L’effet qu’il produit est saisissant lorsque
le vent incline son feuillage tout entier
d’un côté, ce qui le fait paraître entière-
ment argenté. Dans ce même pays on ren-
contre aus>i le Pritchardia fdifera (dont
les Américains ont fait le genre Washing-
tonia). Le tronc de cette espèce est majes-
tueux, et Roezl affirme qu’il peut atteindre
jusqu’à 20 mètres de hauteur. Lorsqu’il
arrive à cette haute stature, le P. filifera
perd ses filaments blancs, ou plutôt il n’en
produit presque plus.
Il convient de ne plus laisser la lumière
sous le boisseau, et le temps des « ca-
chettes végétales » est passé. Nous avons
donc demandé à M. Roezl comment on
arrivait au pays des Brahea Roezlii et B.
filamentosa {Pritchardia fdifera). Voici
l’itinéraire que le célèbre voyageur nous a
fixé; il pourra servir aux explorateurs de
l’avenir.
De San Francisco au petit port de San
Pédro, sur le Pacifique, le bateau à vapeur
ne met que vingt-quatre heures. De là on
URÂC/ENA. CÜNGESTA DISCOLÜK.
103
atteint en chemin de fer la petite ville de
Los Angélès, célèbre par ses Vignes colos-
sales, ses Orangers, ses cultures semi-tropi-
cales. Puis on gagne San Bernardine, Dos
Palmas, et, arrivé à cette localité, on ne
trouve plus de population ou du moins
Roezl n’en trouva pas en 1874, lorsqu’il
récolta les premières graines de ces Palmiers
pour les envoyer en Europe. De là on arrive
rapidement à la localité où croît en abon-
dance le B. Roezlii.
La végétation dominante de cette contrée
est représentée parles Cactées. Les Cereus,
Opuntia, Mamillaria, E cl lino cactus , y
abondent. On y rencontre aussi de nombreux
Yucca et Dasylirîon. Le coup d’œil est
d’une tristesse morne, malgré l’intérêt qui
s’attache à toutes ces plantes, et il faut vrai-
ment avoir le feu sacré du collecteur pour
résister aux fatigues des explorations bota-
nico -horticoles dans des régionsj’si inhospi-
talières.
Le Brahea Roezlii, dont les fruits sont
ovoïles niucronés et d’un jaune orangé à la
maturité, a été ainsi dédié par H. Wendland,
en 1876, à notre vaillant collègue, qui s’est
illustré par de si nombreuses et si intéres-
santes introductions de végétaux.
Avant peu d’années on verra le beau Pal-
mier qui porte le nom de Roezl aussi ré-
pandu que le Pritchardia /iii/hm sur le lit-
toral méditerranéen. Il est bon que l’histoire
de ce végétal soit dès aujourd’hui fixée et que
son habitat géographique soit divulgué. Les
lignes qui précèdent indiquent combien sa
culture sera facile dans le midi de la France,
où tous les jardins devront le posséder.
Ed. André.
DRACÆNA CONGESTA DISCOLOR
On a fait tant de semis de Dracœna con-
gesta pur, ou plus ou moins hybridé avec
des espèces voisines, et dont les produits
ont donné naissance à des variétés intermé-
diaires se rapprochant plus ou moins des
parents, qu’il est très-difficile de s’entendre
sur ces variétés, d’autant plus que plusieurs
à peine légèrement distinctes ont reçu des
noms diiïérents : stricta, rigida, rex, ru~
hra, spiralis, intermedia, latifolia, etc.
Nous n’insistei'ons pas sur ces faits, et,
sans pouvoir indiquer l’origine de la variété
en question, nous allons en énumérer les
caractères généraux.
Au point de vue de l’ornementation, le
Dracœna congesta discolor, dont nous
avons pu apprécier le mérite chez M. Lan-
dry, horticulteur, 92, rue de la Glacière, à
Paris, est de première importance pour les
décorations d’hiver. C’est une plante vigou-
reuse, dressée, simple, parfois ramifiée dès
la base, mais dans le sol seulement, très-
rarement ou presque jamais en dehors de
celui-ci. Feuilles excessivement rapprochées,
sessiles, longuement atténuées vers la base
qui est engainante, épaisses, coriaces, légè-
rement canaliculées, dressées-étalées un
peu arquées vers l’extrémité, longues d’en-
viron 25 centimètres, larges de 3-4, d’un
vert foncé luisant en dessus, d’un rouge vi-
neux en dessous pour les jeunes feuilles,
couleur qui disparaît au fur et à mesure que
les feuilles vieillissent. Ce sont ces variations
dans la couleur des feuilles et surtout cette
dilférence de 'coloris entre les faces supé-
rieure et inférieure qui ont valu à cette
plante la qualification discolor.
Le D. congesta discolor esttrès-rustique ;
il se conserve bien et beau pendant très-
longtemps dans les appartements, et comme
il développe fréquemment plusieurs bour-
geons à la base, on a alors des petites touf-
fes, des sortes de buissons compacts des plus
gracieux. Sa multiplication se fait par courts
tronçons de tiges munis de 2 à 3 feuilles.
Quoique celte propriété d’émettre plu-
sieurs bourgeons à la base ne soit pas ex-
clusivement particulière à la variété de
Dracænas dont nous parlons, elle semble
pourtant avoir une grande tendance à se
produire sur cette variété.
Cette propriété est-elle plus propre à cer-
tains individus qu’à certains autres? C’est
ce que nous n’oserions affirmer. Néan-
moins, en raison de cette tendance qu’ont
tous les caractères, une fois apparus, de se
maintenir et même de s’accroître, il est
bon de profiter de cette particularité et de
prendre pour^ la multiplication les sujets
sur lesquels elle se montre. En opérant
ainsi pendant longtemps, peut-être arrive-
rait-on à constituer une race vraiment buis-
sonneuse, ce qui, certainement, serait très -
avantageux. E.-A. Carrière.
104
PHILODENDRON MAMEI.
PHILODENDRON MAMEI
L’Aroïdée qui fait le sujet de cet article
est la première espèce nouvelle publiée,
d’une série d’introductions de plantes ve-
nant des Andes de l’Ecuador, à la suite
d’une exploration faite en 1882, sous ma
• direction, aux frais de deux amateurs dis-
tingués de l’horticulture, MM. A. Marne et
Em. Drake del Gastillo. Nous publierons
successivement les espèces intéressantes
qui en proviendront, et qui sont arrivées di-
rectement en France. Certains individus,
naturellement portés à dénigrer ce qui ne se
traduit pas pour eux par un intérêt mercan-
tile immédiat, n’admettent pas, pour cause,
que l’horticulture française affirme ses spé-
cialités et fasse valoir les mérites qui lui sont
propres, comme les autres nations ne man-
quent pas de le faire à l’occasion. Sans s’at-
tarder à ces colères stériles autant qu’inté-
ressées, la Revue horticole continuera à
relever tout ce qui est à l’honneur de notre
horticulture nationale.
Le Philodendron Mamei, Ed. André, que
nous sommes heureux de dédier à M. Alfred
Marne, dont les belles serres des Touches,
près de Tours, contiennent d’admirables
collections de plantes supérieurement cul-
tivées par M. Pacreau, est originaire des
parties chaudes de la Cordillère des Andes
méridionales de l’Ecuador, où il croît à
l’ombre des grandes forêts. Ses fleurs ne se
sont pas encore montrées, et l’hésitation
était permise sur ses affinités génériques.
L’espèce rappellerait par son port et la co-
loration de ses feuilles certains Cur- •
meria (1) ou Homalomena (2), ou encore
le genre Adelonema de Scholt (3) ; mais
ses pétioles comprimés ailés au sommet, et
(1) Curmeria, Ed. André, III. Jiovt.^^STô, p. 45.
(2) Homalomena, Sehott, Melet, I, 20.
(3) Adelonema, Sehott, Prodr.
surtout son faciès particulier, le rapprochent
plutôt des Philodendroyi, dans lesquels
nous le faisons rentrer en attendant sa
floraison.
Description. Plante herbacée, glabre, à
rhizome simple ou rameux, rampant, cylin-
dracé-anguleux, radicant aux nœuds, rou-
geâtre ; gaines caul inaires (cataphylles)
oblongues obtuses, membranacées, rou-
geâtres ; feuilles toutes basilaires dressées,
luisantes, à pétiole vert teinté de rouge, à
peu près égal au limbe en longueur,
semi - cylindrique comprimé et striolé
en dessus de lenticelles blanches, dilaté
aplati ailé ancipité émoussé au sommet
LES FRUITS ET LES LÉGUMES AUX CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS, EN JANVIER 1883. 105
teinté de rouge, brièvement invaginé à la
base, à gaine ovale convolutée, cucullée-
ligulée au sommet; limbe horizontal, ovale
cordiforme aigu, long de 15-25 centimè-
tres et large de 10-15 (sur les exemplaires
observés), à lobes postérieurs égaux arrondis,
séparés par un sinus étroit et profond ; face
supérieure d’un beau vert, abondamment
ornée de macules irrégulières argentées plus
ou moins confluentes; face inférieure d’un
vert très-pâle, uniforme ; nervures costales
subparallèles arquées, séparées, celles des
lobes très-courbées confluentes à la base.
toutes enfoncées en dessus, peu saillantes
en dessous, de même que la côte médiane
plane, non canaliculée; inflorescence encore
inconnue (1).
Le Philodendron Mamei n’est pas au com-
merce, et les exemplaires qui ont servi à la
description et à la figure ici publiées sont
actuellement dans les serres des Touches,
d’où ils ne sont encore sortis que pour
être présentés à la Société nationale d’hor-
ticulture de France, où la plante a obtenu à
l’unanimité une prime de première classe,
le 11 janvier 1883. Ed. André.
LES FRUITS ET LES LÉGUMES
AUX CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS, EN JANVIER 1883
Le lauréat du prix d’honneur des concours
généraux agricoles de 1883, c’est M. Étienne
Salomon, de Thomery. L’objet d’art en argent,
a un jardinier portant une colée de légumes et
une panerée de fruits, » est digne de décorer
le charmant pavillon vitré abritant les Pêches,
les Poires, les Pommes et les Raisins, au
premier étage du palais de l’Industrie, aux
Ghamps-Élysées. Ce pavillon était tout entier
consacré à l’exhibition de l’habile viticulteur
de Thomery.
Jamais ses treilles n’ont produit des Chas-
selas plus dorés, des Bicanes plus nacrés, des
Black Hamburg plus pourprés, des Bomania
ou Gros Colman aussi monstrueux, toute une
collection magnifique de Raisins ayant passé
leurs quartiers d’hiver le sarment plongé dans
l’eau. Mais la' curiosité était surtout excitée
par les corbeilles de Poires Williams, Louise
bonne, Beurré d'Amanlis, Bonne d’Ezée et
les paniers de Pêches Galande, Madeleine,
Mignonne, Belle-Bausse, Bonouvrier, Téton de
Vénus, tout aussi beaux au 27 janvier qu’au
mois de septembre, ce qui constituait un véri-
table tour de force.
C’est à l’aide d’appareils réfrigérants spéciaux
(1) Philodendron Mamei, sp. nov. — Planta
herbacea, glabra. Gaudex simplex v. ramosus, pro-
repens, angulato-cylindraceus, ad nodos remotos
radicans, rubescens ; cataphylla oblonga obtusa v.
acuta, rubescentia, decidua; foliorum omnium ba-
salium petioli virides roseo-suffulti, 15-20 cent,
longi , laminam subæquantes semi-teretes , an-
tice deplanati, ad apicem erubescentem dilatati
alati marginibus acietatis v. relusis, superne al-
bido striolati, ad basin breviter vaginati, vagina
ovata convoluta apice soluta cucullata ; lamina ovato-
cordata acuta, 15-25 cent, longa, 10-15 cent, lata (in
speciminibus observatis), lobis posticis æqualibus
semi-orbicularibus lobo antico 5-plo brevioribus
sinu angustato profundo sejunctis, utrinque niti-
que M. Salomon a installés dans son établisse-
ment, et qui conservent pendant une durée de
plusieurs mois la chair des fruits, du gibier, des
viandes et du poisson, que cet intelligent cul-
tivateur est arrivé à montrer tant de beaux pro-
duits. Mais il est probable que le parfum ca-
ractéristique de la Poire n’étant pas développé
au moment de son entrée dans la glacière, ne se
manifestera plus. A son tour, la Pêche, après
quatre mois de cave, n’aura plus la saveur dé-
licate qui donne à< ce fruit le premier rang;
mais la forme et le coloris restent intacts : pas
la moindre macule sur l’épiderme, pas la moin-
dre tache à l’intérieur, même après dix jours
d’exposition et de manipulations réitérées, de
changements de température, etc.
M. Salomon complétait son exposition par
une série de plants de Vignes obtenus par semis,
bouture, marcotte ou greffe,- et quelques spéci-
mens de taille de la Vigne en treille ou en cordon.
Sur les tables voisines, grâce à MM. Gheva-
lier fils, de Montreuil; Bertrand, de Sceaux;
Bertaut, de Rosny; Boucher, de l’avenue d’Ita-
lie ; Jourdain, de Maurecourt ; Battu, d’Alfort ;
Boulant, de Villejuif; Hamot, d’Asnières; Per-
quier, de la Seine-Inférieure, etc., on voyait de
dula, supra saturate viridis maculis geographicis
argenteis nitidis plus minusve confluentibus cons-
persa, margine tenuiter pergamenea, subtus palli-
dior, nervis coslalibus arcuatis obliquis subparal.
lelis, posticis valde curvatis basi confluentibus,
prirnariis insculptis, secundai iis tenuioribus inter-
positis, Costa supra depressa subtus cum nervis
paulo prominente; inflorescentia adhuc ignota. —
Habitat in silvis prirnævis calidioribus reipublicæ
Ecuadoris meridionalis, altit. circiter 600 met. —
Hanc speciem novam dom. A. Marne, celeberr-
bibliopolæ Turonensi, rei hortensis generoso
fautori, cujus cura et munificentià in Europam
anno 1882 introducta est, justissime dicavi.
(Ed. A.)
106 LES FRUITS ET LES LÉGUMES AUX CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS, EN JANVIER 1883.
jolies corbeilles de fruits, parmi lesquels les
excellentes Poires d’iiiver Passe-Crassane, Oli-
vier de Serres, Beurré Perrault, Joséphine de
Malines, Doyenné d'Alençon, Bergamote Es-
péren. Doyenné d'hiver. Beurré d'Hardenpont,
Passe-Colmar, Saint-Germain, Bon-Chrétien.
Une Bergamote Espéren, pesant 500 gram-
mes, était, d’après l’exposant, le résultat du
pincement de la fleur et de l’éclaircissage du
fruit (une Poire par 0^^ 20 de branche).
Au milieu des Pommes Calville blanc. Rei-
nette du Canada et Api rose, les classiques
desserts de Pommes, on remarquait la Belle-
fleur jaune, dite Linneous pippin, la Reine
des Reinettes, la belle Calville Saint-Sau-
veur, etc.
Ue Midi avait envoyé des branches chargées
. Oranges, de Mandarines, de Citrons, Berga-
motes et Pamplemousses. La Provence exhi-
bait des Amandes qui s’amassent par millions
de kilogrammes dans la seule ville d’Aix.
]M. Leydet aîné a fait connaître les meilleurs
types à coque dure ; Commune, Tournefort,
Béraude, Caillasse, A flots, La Verte ; à coque
demi-dure : Ahérame, Ay, Matheronne, Mo-
lière, Blanquette; à coque tendre : Princesse,
A la Dame.
L’Algérie trouvera certainement dans les
Oranges et les Amandes une source de richesse.
M. Charles Rivière, directeur des jardins du
Hamma, nous a signalé des plantations assez
étendues de ces divers genres dans notre co-
lonie algérienne.
Signalons un petit lot de fruits à cidre bien
choisis de la Société d’horticulture de Saint-Lô.
Cette branche intéressante de la Pomone ru-
rale n’est pas suffisamment représentée dans
les concours généraux agricoles.
Le Brésil, où l’importation du Caféier re-
monte à 1773, et qui produisait lOmillions de
kilogrammes de café en 1830, en a récolté de-
puis 1877 une moyenne annuelle de 350 mil-
lions de kilogrammes, c’est-à-dire de quoi
fournir à la consommation de la France, de
l’Allemagne, de la Belgique, de l’Autriche et
des États-Unis.
Une société s’est constituée à Rio-Janeiro,
le Centre da lavaura e commercio, sous la
présidence de M. le vicomte de S.-Clemente,
dans le but de populariser cette production
considérable de l’État brésilien; elle organise
depuis deux ans des expositions spéciales de
Café à New-York, à Londres, à Paris, à Berlin,
à Vienne, à Trieste, à Montréal, à Buenos-Ayres.
L’expqsition de Paris, très-bien préparée par
M. le consul général Juvencio-Machel da Ro-
cha, secondé par M. le chevalier A. d’Araujo
‘^t un personnel dévoué, a pleinement réussi.
Les salles destmées aux légumes montraient
la culture de l’Asperge à Argenteuil, sous ses
phases diverses, D’abord la série des plants,
racines et turions, depuis un an jusqu’à douze
ans, exposés par M. Louis Lhérault; de su-
perbes bottes cueillies sous verre, le châssis
étant placé sur les carrés d’ Asperges de pleine
terre, à la fin de novembre ou au commence-
ment de décembre; la récolte se 'fait en trois
semaines.
M. Leguay et M. Girardin procèdent d’une
autre façon. Ils arrachent en automne des
touffes d’Asperges dans les vieqx carrés et les
placent sous châssis; au bout d’un mois, la
cueillette commence et dure un mois; on peut
faire dans la saison trois chauffes avec le même
plant.
Le jury a décerné une médaille d’or à
M. Guyot, de Montreuil, pour sa grande pro-
duction de Chicorées, Salsifis et Pissenlits, sou-
mis à l’étiolement dans une cave à -f- Ib®. La
Chicorée dite Barbe de capucin demande
dix jours de cave, VàWitloof six jours, la Magf-
debourg sept jours, le Salsifis onze jours. Le
plant est élevé préalablement dans les terrains
secs et sablonneux de Bobigny et de Rosny. Le
territoire de Montreuil comprend lOO hectares
de cultures de Chicorées, et le revenu est égal,
paraît-il, à celui des Pêchers.
Une autre culture industrielle de la même
localité est celle du Raifort, qui entre dans la
préparation de la moutarde, du sirop antiscor-
butique, et de quelques hors-d’œuvre et condi-
ments. La culture se fait par lignes distantes de
40, avec Qt" 35 entre les plants. M. Lahaye
(Eugène) exploite plus d’un hectare de Raifort.
Les terrains fertiles de Saint-Gratien pro-
duisent, par la culture de M. Renard, des
Poireaux énormes ; exemples : le Carentan,
dont douze plants pesaient 13 kilog. 400, le
Gros court de Rouen, dont huit plants pesaient
9 kilog. 325.
Le temps nous manque pour examiner les
collections de Pommes de terre et autres plantes
potagères de petite ou de grande culture. La
maison Vilmorin s’était surpassée. MM. Dudoüy,
Forgeot, Lecaron, Delahaye, Mayeux, Paillet,
Cordier, Rigault, Terrand-Nicole, Sévin, Roche-
Papillon, etc., ont intéressé les nombreux visi-
teurs du concours par leurs lots très-complets
et bien étiquetés.
M. Hédiard, de Paris, avait fait hors concours
un apport remarquable de produits coloniaux
et algériens. Divers négociants parisiens le
suivent dans cette voie commerciale.
L’école des pupilles de la Seine, à Villepreux,
fondée en 1882 pour recueillir les enfants mo-
ralement abandonnés et en faire des jardiniers,
s’essayait pour la première fois aux Fraises
forcées. M. Dudoüy, tout près de ses volumi-
neuses Betteraves à l’engrais chimique, expo-
sait des Pommes de terre élevées dans la
mousse,
Charles Baltet.
CULTURE FLORALE DU XANTROCERAS SORRIFOLIÂ ET DE L’EXOCHORDA GRANDIFLORA. 107
GULTÜRE FLORALE
DU XANTHOCERAS SORIÎIFOLIA ET DE E’EXOGIIORDA GRANDIFLORA
Bien que le terme « florale » dont je me
sers à propos de la culture puisse me dis-
penser de parler de la multiplication, je
crois néanmoins devoir en dire quelques
mots, ne serait-ce même que pour l’^æo-
chorda^ que l’on considère comme difficile
à multiplier.
La valeur ornementale de ces deux plantes
est assez connue, et tout le monde sait que,
sous ce rapport, elles vont en première
ligne. Toutes deux sont d’une rusticité à
toute épreuve. Je ne dirai rien de la multi-
plication du Xanthoeeras sorbifolia^ sinon
qu’elle se fait de tronçons de racines que
l’on coupe un pi^u avant que la plante entre
en végétation. On prend donc les jeunes
plantes quand elles sont enracinées, pour
les mettre en pleine terre. Pour cela, on
choisit un sol dont la superficie seulement
— c’est-à-dire une épaisseur d’environ
20 centimètres — a été appropriée à l’aide
de vieille terre de bruyère et de terreau,
puis on plante en pleine terre, en lignes
assez rapprochées; ensuite on couvre d’un
bon paillis, et l’on arrose. Pendant l’été, on
tient le sol propre et toujours humide, de
manière à maintenir les plantes en végéta-
tion. Vers la fin de juillet, on doit modérer
les arrosements, afin de ralentir la végétation
des plantes qui s’aoûtent, et dont les Heurs
se préparent pour l’année suivante En sep-
tembre, alors que les plantes poussent encore
un peu et qu’elles sont couvertes de feuilles,
on les enlève de la pleine terre avec leurs
racines, et on les met dans des pots les plus
petits possible, eu égard à leurs racines ;
on arrose et bassine les plantes, que l’on
ferait bien de mettre à l’abri, afin de favo-
riser la reprise; puis on les expose tout à
fait à l’air, jusqu’au moment où l’on veut les
faire fleurir. Il n’est pas nécessaire de leur
donner beaucoup de chaleur : pour avoir
ces plantes en fleurs dans le commencement
de février, par exemple, il suffit de les mettre
dans une serre dont la température est main-
tenue à quelques degrés au-dessus de zéro.
Il va sans dire que, si l’on voulait en avancer
la floraison, il faudrait leur donner une cha-
leur un peu plus forte.
Pourrait-on, pour avoir de forts sujets,
les cultiver en pleine terre pendant deux
ans, c’est-à-dire ne les relever que la
deuxième année? Je le crois, bien que je
ne puisse l’assurer. Dans le cas où l’on vou-
drait tenter la chose, on procéderait ainsi
que je l’ai dit, et peut-être se trouverait-on
bien, pendant l’été, de cerner un peu les
plantes, à l’aide d’une bêche, de manière à
limiter l’extension des racines et à faciliter
la mise en pots. Peut-êti e aussi pourrait-on,
pendant la végétation, pincer l’extrémité
des bourgeons, de manière à faire ramifier
les plantes ou même leur faire subir une
taille avant le départ de la végétation de la
deuxième année de mise à la pleine terre.
Quant à la culture de V Exochorda gran-
diflora, «lie est à peu près la même que
celle des Xanthoeeras. J’ajouterai quelques
mots relativement à la multiplication de
V Exochorda^ qui est <( capricieuse, » et qui
présente quel(|ues difficultés. Voici comment
j’opère: je fais les boutures avec du jeune
bois aussitôt qu’il est suffisamment aoûté,
ce qui a lieu dès le commencement de l’été.
Je les plante sous cloche à froid, dans des
pots remplis de terre de bruyère ou en
pleine terre dans des condilions analogues,
et je les sépare aussitôt qu’elles ont déve-
loppé des racines. Un point très-important,
c’est que les boutures qu’on empote puissent
pousser avant l’hiver, et qu’elles aient formé
des racines avant la chute de leurs feuilles.
Je suis même assez disposé à croire — ce
que je n’affirme pas pourtant — qu’il serait
avantageux de placer ces jeunes boutures
sur une petite couche pour faciliter leur re-
prise et activer la végétation.
En ce qui concerne VExochorda, je
crois que pour obtenir des plantes suffisam-
ment fortes pour être forcées, il leur f u-
drait d-^ ux ans de pleine terre, pen. an:
lesquelles on leur donnerait des soins en
rapport avec le but que l’on recherche.
Quant au forçage, il ne présente aucune
difficulté; les plantes fleurissent parfaite-
ment dans toutes les conditions où on les
place. Toutefois, il va sans dire que la flo-
raison sera activée par la chaleur, et que
108
CRATÆGUS CARRIEREI.
si l’on désire avoir les fleurs plus tôt,
on devra placer les plantes à une tempéra-
ture plus élevée et soutenue.
Je viens de dire ce que je fais pour culti-
ver les Xanthoceras et les Exochorda
comme plantes à fleurs pour l’hiver ; doit-on
en conclure que l’on ne pourrait faire mieux ?
Non, certes, et telle n’est pas non plus ma
pensée; ce que j’ai voulu, c’est appeler
sur deux plantes qui, à mon avis, peuvent
être cultivées avec avantage au point de
vue de la décoration d’hiver, et mon but,
en écrivant cette note, était d’indiquer les
moyens qu’il me paraît convenable d’em-
ployer pour obtenir ce résultat.
Malet,
Horticulteur au Plessis-Piquet (Seine).
CRATÆGUS CARRIEREI
Arbrisseau très-vigoureux , fortement
épineux dans sa jeunesse, plus tard à peu
près inerme, excepté sur les bourgeons
vigoureux vulgairement appelés <c gour-
mands, » à écorce luisante, d’un vert gris
ou blanchâtre. Feuilles obovales-elliptiques,
longuement atténuées à la base, persistant
très-longtemps, surtout sur les jeunes su-
jets, grandes, inégalement dentées. Fleurs
pédonculées, assez grandes, blanches ou
très-légèrement rosées quand elles passent,
disposées en bouquets corymbiformes ou
subombelloïdes. Boutons gros, sphéri-
ques, d’un beau blanc, partiellement enve-
loppés par les pièces calycinales ; pédoncules
ténus, d’environ 15-25 millimètres de lon-
gueur. Fruit largement ovale arrondi, se
colorant de bonne heure en rouge orangé,
couleur qui varie un peu d’intensité et de
nuances suivant l’état plus ou moins avancé
de la maturation, d’environ 2 centimètres
de longueur sur 16-18 millimètres de dia-
mèire; œil saillant, à divisions calycinales
linéaires, assez longues, persistantes. Chair
jaunâtre, ferme, légèrement sucrée et fine-
ment relevée, d’une saveur agréable ; nu-
cules osseuses, très-dures, allongées, légè-
rement anguleuses.
Il va sans dire que la planche coloriée
ci-contre a été faite en deux fois : la première
paitie (fleurs) vers le 15 mai, alors que
la plante était en fleurs ; la seconde partie
(fi uits) vers la fin de l’été, quand s’effec-
tue la maturité des fruits et que, néanmoins,
la plante a encore toutes ses feuilles.
Issu d’une graine de Cratœgus Mexi~
cana^ que nous avions semée lorsque nous
étions chef des pépinières du Muséum, le
Crata^gus Carrierei a conservé de sa mère
la vigueur, l’aspect général et la végétation.
Comme sa rhère aussi, ses feuilles persistent
longtemps à l’automne, souvent l’attention
même tout l’hiver, par exemple sur les
jeunes sujets. Dès les premiers froids, ses
feuilles prennent une couleur métallique
rougeâtre cuivrée ou bronzée à reflets di-
versement nuancés qui, avec le brillant
coloris des fruits, produit de charmants
contrastes. Ajoutons que cet arbrisseau est
d’une rusticité à toute épreuve, à tel point
que le rigoureux hiver de 1879-1880 l’a
laissé complètement indemme.
Le C. Carrierei a été l’objet de quelques
critiques spécifiques ; on a dit qu’il est
identique au Cratœgus Lavallei, ce qui ne
peut être, vu son origine tout à fait diffé-
rente, et qui n’est certainement pas, d’après
la comparaison que nous avons pu faire
des échantillons de ce dernier, que M. La-
vallée avait apportés à plusieurs séances de
la Société nationale et centrale d’horticul-
ture de France.
Là, en effet, nous avons constaté qu’il y
avait entre cette espèce et la nôtre des
différences qui, sans être considérables (et
encore nous ne parlons pas des arbres, que
nous n’avons pu comparer), sont néanmoins
plus sensibles et plus importantes que celles
regardées comme caractérisant certains
Cratœgus dont la spéciéité n’est pas con-
testée.
Mais, de plus, une particularité du Cra-
tœgus Lavallei, à laquelle M. Lavallée
semble attacher une grande importance,
qu’à l’occasion il ne manque jamais de faire
ressortir, et qui, outre d’autres caractères
de détail, suffirait à différencier pratique-
ment cette espèce, c’est la répugnance que
tous les oiseaux et même les rongeurs sem-
blent éprouver pour les fruits du Cra-
tœgus Lavalleij auxquels, dit M. Lavallée,
« jamais ils ne touchent, de sorte que les
arbres en sont garnis pendant tout l’hiver,
et que le sol même en reste pendant long-
''vcitxrd lùi-l Chro7yu)hth/(Ir.Stver-e,^ns.
CrdidCijii.s’ Carnvrci
i
i
LES NOUVEAUX YUCCAS DE M. DELEUIL.
109
temps couvert, » caractère que n’a pas le
C. Carrierei dont, au contraire, les fruits
sont avidement recherchés, non seulement
par les merles, mais par tous les autres
oiseaux (1).
Nous connaissons une espèce cultivée
depuis longtemps au Muséum, qui présente
assez bien ce singulier caractère que M. La-
vallée reconnaît à son Cratœgus : « de con-
server ses fruits pendant tout l’hiver, et
auxquels les oiseaux ne louchent pas : » c’est
le Cratœgus spectabilis, Hort. D’où vient ce
dernier? C’est ce que nous n’avons jamais
pu savoir.
Quoi qu'il en soit, il ne faut pas croire
que c’est par amour-propre que nous dé-
fendons l’espèce à laquelle M. Vauvel, notre
successeur aux pépinières du Muséum, a
cru devoir attacher notre nom parce qua
nous en sommes l’obtenteur. Un tel senti-
ment n’aura jamais d’accès sur nous. Ce
que nous avons voulu, c’est faire connaître
une bonne plante d’ornement; si elle se
rapproche du C. Lavallei, tant mieux ; au
lieu d’une bonne plante, nous en aurons
deux.
E.-A. Carrière.
LES NOUVEAUX YUCCAS DE M. DELEUIL
Vers la fin de juillet dernier, j’ai eu l’oc-
casion de visiter les cultures d’un horticul-
teur distingué de Marseille, M. J. -B.
Deleuil.
Je trouvai chez lui ample matière à ob-
servation.
D’innombrables semis de Bégonias for-
maient des planches entières dans son
jardin. Des plates-bandes spéciales nourris-
saient des espèces rares de plantes bul-
beuses, parmi lesquelles de beaux exem-
plaires du Crinum humile épanouissaient
leurs charmantes fleurs blanches à styles
roses et à anthères noires.
De vigoureux Tritomas, issus des semis de
M. Deleuil, présentaient des variétés amé-
liorées ; l’une d’elles, produit du T. Mac-
Owani fécondé par le T. uvaria, était
remarquable par l’abondance extrême de
ses fleurs du plus beau rouge orangé.
Une très-curieuse Amaryllidée, à racine
bulbeuse, ouvrait ses fleurs brunâtres à
étamines saillantes, au sommet d’une hampe
de 1™ 50, et étalait ses feuilles caduques^
épaisses, canaliculées, aiguës, finement
dentées de blanc. La plante avait été envoyée
de. graines par MM. Haage et Schmidt, d’Er-
furt, sous le nom à' Agave Virgmica. A la
floraison, M. le professeur Marion, de Mar-
seille, crut y trouver les caractères d’un
genre nouveau, et la nomm^ AUihertia in-
termedia ; mais M. J. -G. Baker, de Kew,
a récemment ramené l’espèce à la section
(1) Rien toutefois ne prouve que cette répu-
gnance, dont parle M. Lavallée, ne puisse être
vaincue, du moment où les oiseaux seraient pressés
par la faim.
Manfreda, du genre Agave, et l’a décrite
sous le nom d' Agave Allïherti (2).
Mais la « grande attraction » du jardin
de M. Deleuil, je la trouvai dans ses Yuccas
de semis. Il y avait là environ trois mille
plantes obtenues par lui de fécondations
artificielles poursuivies pendant de longues
années. Elles offraient des formes distinctes
de celles qui sont généralement cultivées.
Les unes rappelaient le type du Yucca
Treculeana, mais avec de larges feuilles
pendantes.
D’autres, avec de longues feuilles étroites
et ondulées, semblaient autant de poignards-
flammes.
Certaines, à feuilles courtes et larges, se
rapprochaient du Y. filamentosa.
Un très-grand nombre étaient à feuilles
glauques.
Quelques-unes seulement, à port rigide,
à feuilles bleuâtres, avaient un aspect
d’ Agaves.
Plusieurs montraient l’extrémité de leurs
feuilles creusée en cuillère (cucullée).
Enfin les plantes jonciformes abondaient,
avec des feuilles d’un glauque blanchâtre,
fines, très -rapprochées.
A mon interrogation sur les types qui
avaient servi à ses hybridations, M. Deleuil
répondit que c’étaient les Yucca Treculeana
et cornuta, Y. gloriosa, Y. lœvigata (3),
Y. angustifolia et Y. filamentosa. Une flo-
raison extrêmement abondante, simultanée,
(2) Gardeners’ Chronicle, 1883, p. 176.
(3) Le Y. lœvigata est lui-même un produit, dû à
M. Deleuil, du Y. aloefolia fécondé par le Y. albo-
spica.
110
LES NOUVEAUX YUCCAS DE M. DELEUIL.
des Yuccas qu’il cultivait, ayant eu lieu en
1879, M. Deleuil en profita pour effectuer
de très-nombreuses fécondations, qui réus-
sirent à merveille. C’est de là que sortirent
les plantes dont Je parle aujourd’hui.
Le lecteur imaginera sans peine que j’aie
cherché à savoir de M. Deleuil dans quelles
conditions il opérait. Le sujet m’intéressait
particulièrement. En 1859, au Muséum
d’histoire naturelle de Paris, j’avais essayé,
à l’instigation de M. Car rière, qui s’occupait
alors spécialement des Yuccas, de féconder
artificiellement toutes les espèces et variétés
que nous avions pu trouver en fleurs. Vains
efforts ! aucune graine ne put être obtenue,
malgré des milliers de tentatives faites à
toutes les heures de la journée, par le soleil,
par un temps couvert, à la main, au pin-
ceau, etc. Il est vrai que nous n’opérions
qu’avec les formes rusti({ues sous le climat
de Paris, à l’exclusion du Y. aloefoUa, qui
graine assez souvent en serre froide et en
orangerie.
J’étais donc fort intrigué de savoir com-
ment on réussissait à Marseille, tandis qu’on
échouait à Paris.
M. Deleuil ne fit aucun mystère de son
procédé. Il m’autorisa à le publier, et le voici :
Opérer par un temps sec, les Yuccas
étant originaires des lieux arides de l’Amé-
rique du Nord ;
2® Enlever tous les boutons des ramifi-
cations avant qu’ils ne soient développés ;
3» Ne garder et ne téconder que les
sujets cauliflores, c’est-à-dire dont le pédon-
cule est inséré directement sur la hampe ;
4'^ Promener simplement sur les stig-
mates, à la main, les anthères couvertes de
pollen.
J’engage particulièrement nos confrères
en horticulture à essayer cette année ce
mode de fécondation sur les espèces et va-
riétés de nos climats. Nous verrons s’il suffit
à contrebalancer le manque de sécheresse
atmosphérique, qui a jusqu’ici stérilisé tous
les Yuccas rustiques dans le Nord.
Parmi les formes les plus distinctes que
j’ai remarquées dans les Yuccas de semis
de M. Deleuil, les suivantes ont reçu de lui
des numéros et des noms sous lesquels
elles seront mises au commerce prochaine-
ment. En voici la description sommaire :
N® 1. Yucca X Andreana (issu du
Y. plicata fécondé par le Y. Treculeana). —
Plante de végétation vigoureuse, acaule ou
à caudex très-court ; feuilles nombreuses,
oblongues-lancéolées , gracieusement ar-
quées, souples, longues de O'» 70-80, larges
de 0™ 06-08, d’une couleur vert sombre
marginée de brun foncé.
Cette plante rappelle le Y. pendula, avec
des dimensions plus grandes dans toutes
ses parties. Les jeunes feuilles s’annoncent
comme devant dépasser la longueur et la
largeur des plus grandes que nous ayons
mesurées. Leur couleur est vert sombre,
au lieu du vert glauque du Y. pendula.
2. Yucca X Carnerei{\sm du Y. lœ-
vigata fécondé par le Y angustifolia. —
Plante très-vigoureuse, acaule ou devenant
caulescente en vieilli>sant; feuilles très-
nombreuses et serrées, rigides, droites,
puis étalées, et probablement décombantes
plus tard si la plante s’élève sur tige, de
0'“ 50-60 de longueur sur 0'« 03 de lar-geur,
longuement acuminées-aiguës , à pointe
molle, glauques ou at'gentées pulvérulentes,
à bords amincis transparents.
N" 3. Yucca X sulcata (issu du Y. plicata
fécondé parle Y. cornuta). — Plante vigou-
reuse, acaule ou légèrement caulescente en
vieillissant; feuilles tr’ès-nornbreuses, oblon-
gues, brièvement acuminées, rigides, dres-
sées, puis étalées, plissées longitudinalement,
longues de 0™30-0'“40, larges de 0"'06-0™08 ;
d’un vert foncé glaucescent, marginées de
brun.
Cette forme est très-distincte de toutes
les autres. M. Deleuil en possède une autre
semhlable au n^ 3, mais entièrement
glauque.
N® 4. Yuccaxrigida (issu du Y. gloriosa
fécondé par le Y. cornuta). — Plante acaule,
vigoureuse; feuilles très-nombreuses et dis-
posées en rosette régulière, profondément
canaliculées, longues de 0'«20-0'“25, très-
larges à l’insertion, acuminées-aiguës au
sommet, d’un vert sombre lavé de rouge
pourpre, plus intense sur les bords et vers
la pointe.
N“ 5. Y uccaxstriatida{\iisu du Y.lœvi-
gata fécondé par le Y. flaccida). — Plante
acaule; feuilles nombreuses, d’abord dres-
sées, puis arquées, disposées en gerbe ré-
gulière, longues de 0‘"30-0t«40, larges de
0"'03-0'"04, d’un vert foncé, striées de
nombreuses lignes longitudinales argentées,
bordées d’une ligne brun foncé tiès-mar-
quée, d’où se détachent des filaments de
même couleur.
TEINTURE DES PANICULES DE GYNERIUM.
111
Cette plante rappelle le Y. ftaccida^ mais
elle ne forme pas touffe, et les caractères
ci-dessus indiqués l’en distinguent complè-
tement.
Dans ce type paraissent rentrer deux
autres plantes qui prennent une belle tour-
nure, quoique tiès-jeunes encore. L’une
d’elles a les feuilles non marginées et pour-
vues de très-nombreux filaments roulés en
spirales. L’autre est surtout caractérisée
par ses dimensions plus grandes.
N*’ G. Yucca X ensifera (issu du Y. glo~
riosa longifolia fécondé par le Y. angus-
tifolia). — Plante robuste, subcaulescente ;
feuilles flexibles, très-longues et très-
étroites, de 0'"60 0'"80 de longueur sur
0'^015-0«i0-20 de largeur, linéaires-aiguës.
7. Yucca X Massiliensis (issu du
Y. angustifolia fécondé par le Y. flaccida).
— De ce semis sont sorties plusieurs plantes
très- belles, se rapprocbant surtout du Y. an-
gustifolia, mais présentant une particularité
qui les rendront précieuses : tandis que le
Y. angustifolia pousse sur une racine unique
et pivotante, ce qui rend impossible la culture
en pot et la transplantation des forts sujets,
l’influence du Y. flaccida a fait disparaître
ce caractère, et causé la production de nom-
breux œilletons et de racines abondantes,
situées près du collet de la plante. Tous les
sujets issus de cette fécondation présentent
cette importante modification de la plante-
mère.
N^S. Yucca x juncea (semis du Y. an-
gustifolia fécondé par }. — Les feuilles
de cette plante sont linéaires-jonciformes,
c’est-à-dire profondément et étroitement
canaliculées, à bords convergents ; leur ex-
TUNTCRE DES PA NI
Dans le numéro du novembre dernier
de la Revue horticole, sous la rubrique
« Correspondance, » nous avons remarqué
les conseils donnés par la rédaction en ré-
ponse à une demande faite par une per-
sonne (n® 3180) désirant connaître la ma-
nière de sécher, colorer et conserver les
panicules de Gynérium.
Ces conseils sont excellents en ce qui
concerne la récolte et la conservation; mais
quant à les teindre de différentes couleurs,
la Revue horticole répond que c’est une
opération toute industrielle sur laquelle on
ne peut rien préciser.
trémité desséchée rappelle certains Dasy-
lirions.
On voit de quelle importance pour la dé-
coration des jardins et des parcs sont les
nouvelles obtentions de M. Deleuil. Aux
formes ci-dessus, les plus tranchées, s’en
ajoutent un grand nombre d’autres, parmi
lesquelles beaucoup mériteront d’èlre dé-
nommées et décrites, lorsque leurs carac-
tères se seront mieux accentués. Je puis
cependant ajouter, dès à présent, que plu-
sieurs de ces semis se sont déjà mis à
fleurir, n’ayant pas encore trois ans d’âge, ce
qui est d’un excellent augure pour la culture
en pots, en vue de la vente au marché.
Il reste maintenant à savoir quel sera l’a-
venir de ces pbintes pour les climats septen-
trionaux. Il est incontestable que beaucoup
d’entre elles ont reçu l’influence d’espèces
non rustiques sous la latitude de Paris, le
Yucca angustifolia, par exemple, et le
Y. lœvigata surtout. Mais les exemples
sont nombreux d’hybrides plus robustes que
leurs parents. Il est donc possible que la
plupart de ces nouveautés, sinon toutes, tra-
versent indemnes les hivers au nord des
Cévennes : c’est là un résultat très-désirable,
car les Yuccas jouent un j’ôle considérable
dans l’ornementation horticole de plein air,
et nous étions réduits, jusqu’à présent, à
propager par division des touffes ou par
œilletons les plantes connues de ce beau
genre, sans pouvoir ajouter des formes nou-
velles à nos jouissances d’amateur.
On saura prochainement à quoi s’en tenir
à ce sujet, si, comme on peut l’espérer,
M. Deleuil met prochainement ses nouvelles
plantes au commerce. Ed. André.
ULES DE GYNERIUM
Ayant tenté cette opération et obtenu un
succès assez sati.^faisant, nous avons cru
qu’il était bon de faire connaître notre pro-
cédé, d’autant plus qu’il est peu dispendieux
et que sa simplicité et sa facilité d’exécution
le mettent à la portée de tout le monde.
Mais comme il s’agit de produits chimiques,
de couleurs d’anilide, nous pensons qu’il
convient d’entrer dans quelques détails
sur cette substance et ses dérivés.
L’aniline, qui a donné naissance à tant de
composés chimiques, d’un usage si général,
est un liquide incolore, d’une saveur âcre,
d’une odeur désagréable, peu soluble dans
112
TEINTURE DES PANICULES DE GYNERIUM.
l’eau, mais qui se dissout très-bien dans l’al-
cool. Elle fut découverte en 1826 par Unver-
dorben, puis par Runge, qui la relira des
goudrons des houilles. Ce liquide entra suc-
cessivement dans la composition d’un grand
nombre de matières colorantes, parmi les-
quelles nous citerons : le rouge de rosaniline
ou fuchsine, substance trop connue par
l’emploi qu’en font certains falsificateurs; le
bleu de Lyon, les bleus solubles de Nichol-
son, peu solides en teinture ; la safranine,
le noir d’aniline, etc., etc., tous produits
qu’on trouve facilement dans le commerce.
Pour teindre les panicules de Gynérium,
nous avons opéré avec le rouge de rosani-
line, puis avec les Rleus solubles et inso-
lubles.
Le rouge de rosaniline se vend sous forme
de cristaux très-fins, à rellets verts irisés.
Nous en faisons dissoudre environ 50 cen-
tigrammes dans un décilitre d’alcool, puis
cette dissolution est étendue d’un à deux
litres d’eau, suivant la teinte, soit claire,
soit foncée, que nous voulons obtenir (les
chiffres cités nous donnent, dans un litre
d’eau, une belle couleur rouge carminée).
Pour le bleu insoluble, qui est une poudre
brunâtre très-fine, nous agissons de la même
manière, et les quantités à employer sont
aussi à peu près les mêmes que celles citées
plus haut. Avec cette préparation, nous
obtenons un bleu de Prusse d’une couleur
claire très-agréable.
■ Quant au bleu soluble, il est directement
étendu d’eau ; il se dissout très-vite et donne
une très-jolie teint bleu de ciel ; mais, en
raison de sa solubilité, il nous paraît être
moins bon teint que les autres substances
employées. En mélangeant le rouge de rosa-
niline et le bleu insoluble, après les avoir
fait dissoudre séparément, on obtient une
teinte violet foncé également agréable,
mais moins brillante pourtant que les trois
autres.
Quant à l’appareil destiné à contenir la
solution, il peut varier à l’infini. Celui dont
nous nous servons, aussi simple que com-
mode, n’est autre qu’une cloche de jardi-
nage, dite cloche à maraîcher. Ses formes
arrondies se prêtent parfaitement à la cour-
bure des fleurs, sans les casser. Ces prépa-
rations ou sortes de bains sont plus ou
moins étendues d’eau, suivant la nuance
que l’on désire.
Après avoir laissé les panicules deux ou
trois minutes dans la teinture, nous les
égouttons et laissons sécher naturellement,
en ayant soin de les tenir renversées. Lors-
qu’elles sont bien sèches, ce qui demande
plusieurs jours, plus ou moins, du reste,
suivant la température du local et la séche-
resse de l’air ambiant, nous faisons tourner
rapidement chaque tige entre nos mains, de
manière à faire écarter tous les épillets et
que l’ensemble reprenne sa forme bouffante
et légère. En prenant quelques précautions,
on peut faire prendre à chaque panicule plu-
sieurs couleurs distinctes ; ainsi, pour lui
donner les trois couleurs nationales, voici
comment nous opérons : nous enveloppons
les deux tiers supérieurs de chaque panicule
à teindre avec un fort papier plusieurs fois
roulé et bien ligaturé, de manière que la tein-
ture ne pénètre pas dans cette partie, et
alors, nous passons le tiers inférieur en teinte
bleue ; lorsqu’elle est sèche, nous plongeons
alors le tiers supérieur de la panicule dans
la teinture rouge, de sorte que la partie
intermédiaire, qui a été garantie par le
papier, conserve sa couleur blanche natu-
relle, ce qui forme un plumet tricolore.
A l’aide de combinaisons spéciales, soit
dans la forme des objets, soit dans la cou-
leur qu’on leur donne, on peut obtenir des
décors trè.s-variés. Ainsi, nous avons fait
pour un salon une grande gerbe composée
d’environ 70 panicules ; les couleurs rouges,
bleues, violettes et blanches s’y mélangent
sur une gamme de teintes qui va du clair
au foncé pour chacune des couleurs, le tout
entremêlé de grandes Graminées sèches pour
donner à l’ensemble plus de naturel et da
légèreté. La disposition gracieuse des fleurs,
jointe à la fraîcheur du coloris, produit un
effetdes plus remarquables. Nous nous pro-
mettons de composer, dans le même genre,
une palme en forme d’éventail pouvant servir
à différents usages, par exemple, pour mas-
quer dans un magasin une partie désa-
gréable à l’œil. Ce nouvel arrangement
permettant d’embrasser toutes les fleurs du
même coup, produit un très-bel effet. Il
va sans dire que cette ornementation serait
susceptible de nombreuses applications.
Bien qu’il n’y ait, dans tout ce que nous
venons de rapporter, rien de très-difficile,
nous ne sommes pourtant parvenu à ces
quelques résultats qu’après des tâtonne-
ments, des essais toujours ennuyeux, qui,
outre la perte de temps et les déceptions.
POMME CALVILLE MADAME LESANS. — APPRÉCIATIONS DE QUELQUES LÉGUMES.
113
entraînent parfois au découragement. Dans
le Lut d’éviter ces inconvénients à ceux qui
voudraient se livrer à ces diverses expé-
riences, nous avons rédigé la présente note,
qui, nous le reconnaissons, est loin d’être
parfaite, mais pourra être cependant de
quelque utilité.
Ajoutons, comme renseignementet comme
complément, que, dans certains endroits,
notamment à Angers, on peut se procurer
des panicules de Gynérium depuis 7 fr. le
cent.
J. Sallier fils.
POMME CALVILLE MADAME LESANS
Arbre vigoureux, excessivement fertile,
produisant bien à haut vent. Mérithalles
courts. Rameaux moyens, à écorce brune,
pointillée de blanc. Feuilles longues, forte-
ment dentées,
lisses, d’un
beau vert en
dessous. Fruits
gros, souvent
un peu plus
hauts que lar-
ges, sensible-
ment côtelés,
atténués au
sommet, rap-
pelant assez
exactement,
par leur aspect
général, leCal-
villeblanc. Œil
placé au fond
d’une cavité
étroite, pro-
fonde, et qui
est un peu plis-
sée ou resser-
rée par -la sail-
lie des côtes.
Cavité pédon-
culaire pro-
fonde, relati-
vement étroite; queue moyenne, renflée à sa
base, dépassant ordinairement la cavité.
Peau uniformément blanc crémeux mat, se
fonçant et prenant une très-belle couleur
jaune doux au fruitier. Chair ferme, non
cassante, blanche ou légèrement jaunâtre.
fine, juteuse, d’une saveur sut generis, frai
che, très-agréable; loges grandes; pépins
petits, nombreux, à testa luisant, roux brun.
Cette variété, obtenue à Clamecy (Nièvre),
d’un pépin de
Calville rouge,
par M. Eugène
Sagot, sera mi-
se au commer-
ce par M. Le-
sans-Bertrand,
pépiniériste à
Clamecy (Niè-
vre). C’est cer-
tainement une
variété d’ave-
nir, qui jouera
un important
rôle dans l’ar-
boriculture
fruitière parmi
les fruits à
couteau. Elle
paraît avoir
presque tous
les avantages,
moins les in-
convénients,
de notre Pom-
mier Calville
blanc. Outre
que ses fruits se conservent très-longtemps
en gardant leur qualité, ils ont encore le
mérite de ne point se tacher comme ceux
du Calville blanc.
E.-A. Carrière.
Fig. 22. — Pomme de Calville Madame Lesans, de grandeur
naturelle.
APPRÉCIATION DE QUELQUES LÉGUMES
Suivant un usage que nous avons suivi
depuis quelques années, nous publions nos
appréciations sur des légumes nouveaux mis
au commerce au printemps de 1882 par
MM. Vilmorin, et cultivés au jardin de la
Société d’horticulture de Soissons.
Aubergine monstrueuse de New- York,
— Cette plante, d’une végétation tardive,
114
APPRÉCIATION DE QUELQUES LÉGUMES.
n’a pas donné de résultat dans nos cultures
soissonnaises ; son véritable climat doit être
le midi de la France. Il est vrai que la
température froide et humide de l’été der-
nier a dû contribuer fortement à cet in-
succès.
Céleri’Rave gros lisse de Paris. —
Cette variété est bien supérieure au Céleri-
Rave ordinaire ; sa racine forme une
énorme boule arrondie à la partie supé-
rieure, et, dans nos cultures, certains pieds,
débarrassés de leur chevelu, pesaient de
500 à 600 grammes. Ce Céleri cuit bien;
il est de première qualité. Il se conserve
admirablement l’hiver. Pour la cuisine, c’est
un précieux auxiliaire.
Laitue frisée d’Amérique. — Cette
Laitue est aussi vigoureuse que les Laitues
Batavia, avec lesquelles, du reste, elle a
beaucoup de ressemblance. Elle ne pomme
pas et monte très-vite ; ses feuilles sont
croquantes et aqueuses.
En somme, c’est une variété inférieure
et qui pour le marché n’a aucune valeur.
Oignon jaune de VilLefranche. — Cette
variété d’Oignon a beaucoup de ressem-
blance avec l’Oignon jaune des Vertus,
et il mûrit comme lui ; toutefois, il est
moins vigoureux, et il pn-duit moins. Quant
à sa qualité, elle ne lui est pas non plus
supérieure. Il ne remplacera pas cette
bonne et ancienne variété, qui tient tou-
jours la première place dans les potagers,
tant par son extrême production que par
sa rusticité.
Persil à feuilles de Fougère. — Cette
variété présente la même vigueur et les
mêmes qualités que le Persil ordinaire,
mais avec la différence qu’elle est plus orne-
mentale. On pourra s’en servir l’hiver, non
seulement pour garnir la viande, mais en-
core et surtout pour composer de fort jolies
corbeilles de table. Ses feuilles, souvent
plus belles que celles de certaines Fougères,
donnent à l’ensemble un aspect gai, gra-
cieux et léger. C’est une bonne acquisition
pour les jardins.
Pois Shah de Perse. — Cette variété
est peu vigoureuse ; ses tiges sont grêles et
ne dépassent pas 80 centimètres de hau-
teur. Ce Pois se rapproche un peu de la va-
riété Prince Albert. Ici elle a mûri la pre-
mière dans notre collection, c’est-à-dire
huit jours plus tôt que la variété citée plus
haut, et six jours avant le Pois Merveille
d’ Amérique. Sa gousse contient de G à 8
grains qui sont de première qualité. Mûrs,
ces grains sont très-ridés et d’un blanc
pur.
Placé à bonne exposition, ce Pois sera
très- précieux à cause de son extrême pré-
cocité. Il faudra lui donner de petites rames
branchues et en rapport avec la hauteur des
tiges.
Pois Criterion. — Celui-ci, au contraire,
est très-vigoureux, rustique et très- fertile.
Ses gousses sont d’un vert foncé, régulières,
et contiennent de 6 à 8 grains de couleur
verte, gros, serrés les -uns contre les
autres, ridés lors de la maturité et de
première qualité.
C’est une variété de demi-saison du plus
grand mérite. Elle exigera des rames
élevées et branchues, car, ici, les tiges ont
atteint 2 mètres de hauteur. — Variété pré-
cieuse à cultiver dans les exploitations où
il y a beaucoup de monde à nourrir.
Pois Téléphone. — Cette variété est
très-vigoureuse, rustique et assez fertile ;
ses gousses sont énormes, droites et con-
tiennent de 8 à 10 grains verls, très-gros et
un peu carrés.
Quoique énormes, ils sont de première
qualité. Plus tardive de trois à quatre jours
que la variété Criterion, elle est aussi
moins fertile. Toutefois, par son port, sa
vigueur et la beauté de ses gousses, c’est
très-certainement l’un des plus remar-
quables parmi les Pois cultivés jusqu’à ce
jour.
Pois Fillbasket. — C’est une plante demi-
naine et dont les tiges peuvent atteindre
dans certains terrains de 80 centimètres à
1 mètre de hauteur. Elle est extraordinaire-
ment fertile. Les gousses renferment de 8 à
10 grains de couleur vert foncé et un peu
ridés lors de leur maturité. C’est une
variété très-méritante, dont le grain est de
première qualité. Lors du semis, les rayons
devront être distancés d’environ 1 mètre, et
après le premier binage les tiges recevront
des petites rames en rapport avec la hau-
teur à laquelle parviennent les plants;
Le Pois Fillbasket constitue une bonne
et fertile variété nouvelle, qui doit trouver
place dans tous les jardins potagers. Elle n’a
rien de commun avec une autre variété qui
portait le même nom et que nous avions
autrefois reçue de M. Laridan, de Fonte-
noy.
APPRÉCIATION DE QUELQUES LÉGUMES.
115
Pois Merveille d'Amérique. — Ainsi
que nous l’avions fait pressentir l’an der-
nier, c’est assurément la meilleure variété à
cultiver ptrmi les Pois naiiis.
L’expérience n’a fait que confirmer nos
prévisions. Cette plante est extrêmement
naine, puisque la hauteur de la ti<^e ne
dépasse pas 30 centimètres. Cette dernière
est courte, raide et d’une grande fertilité.
Chaque plante peut produire de 8 à 12
cosses, et celles-ci contiennent de 6 à 8
grains qui sont assez gros, légèrement apla-
tis, de couleur verte, ridés lors de la matu-
rité et d’une excellente qualité. •
C’est peut-être la plus hâ'ive parmi les
variétés naines. Semée de bonne heure et au
pied d’un mur bien exposé, il se pourrait
que, sous le climat de Paris et lors d’un
printemps favorable, les grains fussent bons
à consommer dans la première quinzaine
de mai.
C’est une excellente acquisition pour les
grands et surtout pour les petits jardins. Il
serait intéressant de l’essayer sous châssis
ou pour la culture de primeur. -
Pomme de terre Eléphant hlayic. —
Variété très-vigoureuse, à tiges munies de
larges feuilles et terminées par de très-
belles fleurs blanches. Ses tub-^rcules sont
gros ou très-gros, quelquefois déformés ou
boursouflés et de qualité ordinaire.
Il nous est assez difficile de prononcer
définitivement sur le mérite de cette va-
riété, la maladie, l’année dernière, ayant
sévi sur elle d’une façon désastreuse,
ainsi , du reste, que sur pres(jue toute
notre collection. Par conséquent,, elle est
à revoir.
Pomme de terre de Malahry. — Celle-ci
est également vigoureuse ; ses fanes sont
raides et munies de feuilles de grandeur
ordinaire. La fleur est blanche. La plante
est très-productive ; ses tubercules sont
ovales, de couleur jaune pâle, à chair jaune
de très-bonne qywlité ; c’est une variété de
demi-saison qui chez nous a un peu mieux
résisté à la maladie que la précédente,
sans que pour cela on puisse, non plus,
porter un jugement définitif sur sa valeur
réelle.
Soja d'Êtampes. — Depuis quelques
années nous avons essayé la culture de
cette plante dans des conditions les plus
diverses, et nous devons avouer que jusqu’à
présent les résultats obtenus — au moins
comme plante potagère — laissent beau-
coup à désirer.
Notre climat, déjà froid et assez humide,
est évidemment la cause de nos insuccès
répétés.
Cependant, la levée des graines se fait
bien ; les plantes croissent même avec une
grande vigueur ; la fécondation des fleurs a
lieu dans les meilleures conditions, et les
gousses sont toujours très-nombreuses et
bien pleines. Malheureusement, la maturité
des graines a lieu imparfaitement ; aussi,
dans ces conditions et toutes choses égales
d’ailleurs, il est assez naturel que, cuites et
préparées de diverses façons, elles n’aient
pas donné ce que tout d’abord on avait
espéré obtenir de ce légume, qui dans son
pays — en Chine — est reconnu comme
e.xcellent et très-nutritif. Pour notre pays,
comme légume, c’est une plante à aban-
donner.
Chicorée Troyenne. — Cette variété de
Chicorée, que nous avons reçue de M. Dela-
ville, marchand grainier, 2, quai de la
Megisserie, à Paris, s’est montrée dans nos
cultures comme l’une des meilleures va-
riétés de pleine terre. Elle croît aussi bien
en été qu’en automne, et elle résiste très-
bien aux premiers froids. Elle nous a semblé
être intermédiaire entre la Chicorée de
Ruffec et la Chicorée de Meaux.
C’est une bonne acquisition, aussi bien
pour le maraîcher qui vend ses produits au
marché que pour le jardinier de maison
bourgeoise, car elle est de première qualité,
et nous ne saurions trop en recommander
la culture.
Tomate Président Garfîeld. — Avec la
variété de Chicorée dont nous venons de
parler, M. Delaville nous avait envoyé des
graines de cette variété de Tomate.
Nous avons pu constater que cette plante
était extraoi dinairement vigoureuse, à feuil-
les larges et d’un vert foncé, à tiges grosses,
subligneuses et pouvant atteindre plus de
2"' 50 de hauteur !
Les fruits sont peu nombreux, souvent
soli'aires, mais énormes, très-charnus, de
forme variable et pr^^nant en mûrissant un
coloris d’un beau rouge éclatant. Ici, en
plein air, leur maturité s’est faite dans de
mauvaises conditions; mais à Bucy, chez
M. Wathieaux, où le jardinier avait placé
les plants contre un mur regardant le sud,
les fruits ont bien mûri et ont été de
116
CORYDALIS SEWERZOWII. — VRIESEA TESSELLATA.
bonne qualité. C’est donc, pour la bonté et
la beauté de ses produits, une variété à
cultiver en espalier, tout en tenant compte
de son tempérament tardif, qui exige que
les plants soient appliqués contre des murs
chauds et bien exposés. E. Lambin.
CORYDALIS SEWERZOWII
(1)
Cette espèce, originaire
a été décrite et déter-
minée par le profes-
seur Régel, de Saint-
Pétersbourg.
C’est une plante vi-
vace, vigoureuse, rap-
pelant assez par son
port et son faciès géné-
ral le Corydalis nohi-
lis, Pers. {Fiimaria
nohilis, Jacq.; F. sa-
tiva, Scop.; Capnoi-
des 7iohilis,}flœnch.);
elle a des tiges herba-
cées, succulentes, gar-
nies de feuilles d’un
très-beau vert et tel-
lement découpées qu’elles
composées, atteignant jusqu
du Turkestan,
Fig. 23. — Corydalis Scu'er:ou'ii.
paraissent être
à 50 centimètres
et même plus de hauteur. Les grappes de
fleurs, d’un très-beau
jaune foncé, sur le vert
glaucescent de feuil-
les, produisent un
charmant contraste.
Le Coyyidalis Sewer^
zowii, Reg. (fig. 23),
est rustique, et, com-
me à peu près tous
ses congénères , il
fleurit dès les pre-
miers beaux jours du
printemps. 11 a été,
croyons-nous, mis au
commerce par la mai-
son Haage et Schmidt,
d’Erfurt,, où l’on
pourra se le procurer.
E.-A. Carrière.
VRIESEA TESSELLATA
Cette espèce, qui est connue et répandue
dans le commerce sous le nom de Tilla7id-
sia iessellata, a fleuri l’année dernière dans
plusieurs endroits, notamment en Belgique :
R chez M. F. -J. Spae, horticulteur à Gand;
2» à Liège, chez M. Jacob-Makoy, et, dit-on,
aussi à Moscou. Cette occasion était trop fa-
vorable pour que l’éminent broméliographe,
M. Edouard Morren, professeur de botanique
à l’Université de Liège, n’en profitât pas.
Non seulement il a complété la description
publiée pour la première fois en 1874 par
M. Ed. André qui n’avait pas vu la plante en
fleurs lorsqu’il la nomma en collaboration
avec M. J. Linden, mais il en a donné une
figure coloriée dans le dernier fascicule de
la Belgique horticole
Cette floraison a permis aussi à M. Mor-
ren d’étudier de plus près les caractères de
la plante, qui n’avait pas encore fleuri. De
cette élude il résulte que cette espèce n’ap-
partient pas au genre Tillandsia, mais bien
(1) Corydalis Sewerzowii, Ed. Regel, plant. Se-
7yienow, suppl. I, n. 66, b.
au genre Vriesea, comme M. Ed. André
l’avait prévu (2). Voici donc comment s’é-
tablit la synonymie de cette espèce et l’indi-
cation des ouvrages où il en a été parlé : .
Tillayidsia tessellata, Lmden, Cat.,iSl‘3,
p. 9. — Illust. hort., 1873, p. 78. — Vrie-
sea tessellata, Linden et André, Illust.
hort., 1874, XXI, p. 123, tab. 179; 1882,
p. 120. — Ed. Morr., Belg. hort., 1882,.
p. 381.
Nous avons pensé que les lecteurs de la
Revue horticole ne seraient pas fâchés, non
seulement d’apprendre la floraison de cette
espèce, mais d’en avoir une description, ce
qui nous a engagé à reproduire celle de la
Belgique horticole :
Plante de grande dimension : celle-ci mesure
1^90 de hauteur. En culture elle ne drageonne
pas.
La tige est dressée, courte (0'» 12-15) dans
la région proche de la racine, où elle paraît
être fort épaisse sous les induries qui la cou-
vrent.
(2) Voir Illuitratio7i horticole, 1874, p. 123.
VRIESEA TESSELLATA.
117
Les feuilles sont nombreuses (ici une qua-
rantaine), disposées en une rosette assez ample
qui mesure actuellement 1 mètre de diamètre
et près de 0™65 de hauteur. Chaque feuille
est coriace, assez longue (jusqu’à 70 centi-
mètres), dressée, raide ; gaine large de O*» 14,
brun foncé ; limbe en forme de courroie,
canaliculé, large surtout à sa base (0'"10),
s’atténuant jusqu’à l’extrémité, qui est ovale,
lancéolée et cuspidée, lisse sur les deux faces,
qui sont marquetées de jaune verdâtre pâle et
quadrillé de vert foncé, un peu glauque à la
face inférieure. Les feuilles centrales de la
rosette sont successivement plus courtes et
plus claires.
L’inflorescence est droite au centre du feuil-
lage, qu’elle dépasse considérablement. La
hampe raide s’élève jusqu’au niveau supérieur
du feuillage ; elle est cylindrique, épaisse (en-
viron 0™015), à nœuds rapprochés (0«^ 03),
vêtue dans un ordre spiral de feuilles courtes
(0‘“ 15 en moyenne), larges à la base, lancéo-
lées, plus ou moins étalées, et d’ailleurs colo-
rées comme celles de la rosette.
Panicule très-ample (lfn20 de haut, 0'^42 de
diamètre), ovale, très-lâche. Rachis dressé, à
entre-nœuds assez courts (O"^ 05), un peu ar-
qué, lisse et vert. Les nœuds, ici au nombre
de dix-huit, portent chacun une spathe et un
rameau axillaire qui sont dans un ordre spiral
(suivant la formule 2-5). Chaque spathe est
courte (depuis 0«O0, et successivement moins,
jusqu’à 0t«02), à base large amplexicaule, se
rétrécissant bientôt jusqu’au sommet, qui est
lancéolé. Ces spathes et celles de la hampe sont
profondément canaliculées, naviculaires et ad-
mirablement disposées pour retenir l’eau qui
les emplit jusqu’aux bords, qui sont horizon-
taux.
Les rameaux de la panicule sont beaucoup
plus longs que leur spathe; les intermédiaires
ont 0™10, tandis que les inférieurs, et surtout
les supérieurs, mesurent souvent près de
0‘“ 30 ; tous sont ascendants, un peu arqués,
lisses, verts, fermes, assez forts (0>n 004-5),
pédonculés, c’est-à-dire stériles sur une grande
partie de leur longueur (les deux tiers ont
Om 10-12), qui présente seulement deux bractées
herbacées, étroitement condupliquées et plus
courtes que le mérithalle. La partie fertile
donne de dix à douze fleurs assez rapprochées
(0m025), qui s’ouvrent successivement. Les
boutons sont disposés dans un ordre distique
de part et d’autre du pédoncule commun, con-
tre lequel ils sont appliqués ; mais au moment
de s’épanouir ils se dirigent vers la périphérie
de l’intïorescence, et ainsi les fleurs sont fé-
condes sur chaque branche de la panicule,
c’est-à-dire qu’elles se suivent à la file l’une de
l’autre.
Le rachis, les branches, les bractées et les
sépales sont verts, lisses et luisants; ils ne
sont pas glutineux, bien qu’on remarque sou-
vent à l’aisselle des fleurs, entre elles et le pé-
doncule commun, des lames ou des fils de
gomme transparente.
Pédoncule court (0»i 008-9), épais, obconique,
vert et lisse.
Bractée coriace, ovale-obtuse, étroitement
appliquée, atteignant les deux tiers environ du
calice (O'i^ 025-32), très-large (0*" 02), verte,
lisse, luisante, striée longitudinalement de vert
foncé.
Fleur largement tubuleuse , campanulée,
dressée, assez longue (0^032-40), très-large
(0'^01-4), très-épaisse à la base, lisse, verte, un
peu gluante à la face extérieure. Pétales dis-
posés en corolle campanuliforme, longs (0'^035-
47), dépassant un peu le calice (0»‘008), à
peine étalés au sommet, jaune pâle, munis à la
base de deux écailles amples, entières ou échan-
crées. Étamines trois libres, trois opposées et
adnées à la base des pétales, dépassant un peu
la corolle (0™ 003-4) ; filet large ; anthère
adnée, longue (0«i008), droite et lancéolée ;
pollen couleur de soufre. Pistil très-long
(O'ïi 046) ; style épais, dépassant un peu les
étamines ; stigmate à trois lobes papilleux et
très-rapprochés. Ovaire court, lisse, pyramidal.
Ovules longuement appendiculés.
A cette description du Vriesea tessellata ,
à laquelle nous n’avons voulu rien changer,
nous ajoutons — toujours d’après M. Morren
— que les fleurs sont éphémères et noc-
turnes.
Dans des considérations générales sur
cette espèce, le savant professeur de Liège
dit encore : « Par ses fleurs, la plante a
montré, à notre avis au moins, qu’elle n’ap-
partient pas au genre Tillandsia, mais bien
au genre Vriesea. Elle fait partie du sous-
genre que nous avons nommé Xiphion, et
qui se distingue par la corolle large et de
forme campanulée. La Belgique horticole
a déjà figuré le Vriesea Jonghei (1874,
p. 291), et le V. tessellata est de beaucoup
la plus belle et la plus grande espèce de
cette série. »
Le V. tessellata réclame impérieusement
la serre chaude. Il lui faut un vase bien
drainé, un sol léger composé de terre de
bruyère très-grossièrement concassée, mé-
langée de sphagnum et de brique pilée, de
manière à ce que l’air pénètre bien et
que l’humidité en excès puisse facilement
s’écouler. Malgré toutes ces précautions,
il arrive assez fréquemment que certains
sujets prennent un état chlorotique; les
•118
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
feuilles perdent alors la couleur verte et
deviennent jaunâtres. Dans cet état, un
peu d’engrais liquide donné de temps à
autre les ramène généralement à l’état
normal.
E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1883
Apports. — Comité de culture potagère.
Un jardinier M. Bertauld, à Rungis (Seine),
présentait un lot de Witloof d’une cul-
ture admirablement réussie. Outre la partie
foliacée de ces plantes, qui était bien dé-
veloppée, d’un beau jaune d’or, les racines
étaient aussi des plus remarquables tant
par la forme que par les dimensions; la
pi’emière est régulièrement fusiforme, très-
rentlée au milieu, et atteint jusqu’à 10 centi-
mètres et môme plus de diamètre. — M. Che-
min, maraîcher à Paris, exposait un lot de
Laitues noires très-grosses et de toute beauté ;
elles rappelaient assez certaines Laitues d’hiver,
notamment celle dite « de la Passion ; » elles
avaient été cultivées sur couche. — M. Paillieux
présentait deux étiolais^ l’un produit avec le
. Silaus Besleri, plante de la famille des Om-
bellifères. Les feuilles, nombreuses, mais assez
ténues, peuvent se manger en salade ; elles
ont une légère saveur aromatique assez agréa-
ble qui s’accorde très-bien avec d’autres sala-
des dont elle relève un peu le goût; l’autre
étiolât était fourni par une Crucifère indigène,
le Crépis hiennis ; les feuilles, nombreuses,
longues et assez larges, produisaient d’assez
fortes toulïes; leur saveur légèrement stipti-
que en fait une salade très-agréable. Cette es-
pèce pourrait certainement trouver sa place au
potager.
Au comité di arboriculture fruitière, d’abord
quelques fruits, mais sans aucun intérêt parti-
culier en dehors de leur beauté ; il y avait une
corbeille de magnifiques Poires Passe-Crassane,
variété de premier mérite, tant par la beauté
et les dimensions que par la qualité. —
M. Étienne Salomon, de Thomery, avait en-
voyé quelques fruits conservés par le froid ;
c’étaient des Louise-Bonne d’Avranches, Aman-
lis, Williams, Duchesse d’Angoulême, et qui non
seulement étaient bien conservés, mais n’é-
taient môme pas mûrs. Dans une discussion au
comité, on s’est élevé contre ce procédé, et l’on a
soutenu qu’il n’était pas à encourager, par cette
raison que ces fruits étaient moins bons et
qu’il n’était pas nécessaire d’en conserver, at-
tendu qu’on en avait assez d’autres de bonne
qualité qui venaient successivement et naturel-
lement remplacer ceux dont la saison était
passée. C’est un tort; sans rejeter ce qui est
bon, il est avantageux de chercher à étendre
et à multiplier les ressources; et d’autre
part la Société d’horticulture doit encourager
toutes les découvertes utiles, et celle de la con-
servation des fruits est certainement dans ce
cas.
Le comité de floriculture était assez bien
pourvu. C’était d’abord M. Millet, de Bourg-
la-Reine , qui présentait une variété de la
Violette commune, à feuilles bien et très-régu-
lièrement panachées de blanc jaunâtre; elle
est très-floribonde, et les fleurs, grandes,
d’un beau bleu, sont très-odorantes. — Le
Fleuriste de la Ville de Paris avait en-
voyé en fleurs : 1» un fort pied de Rho~
pala crenata, dont les feuilles rappelaient
assez bien celles du Grevülea robusta; quant
aux fleurs , elles sont blanches , petites et
disposées en épis ordinairement axillaires, et
sont insérées directement sur la branche ou sur
la tige, c’est-à-dire sur le vieux bois ; 2» une
grosse touffe de Cymbidium eburneum, très-
remarquable par la beauté de ses fleurs, qui
sont d’une grandeur vraiment extraordinaire.
C’est certainement une variété d’un mérite tout
à fait exceptionnel. — M. Morin, jardinier
chez M. Attias, présentait deux pieds en pots
des Crotons Bergmani et Baron Frank-Cel-
lière. Ces deux plantes, d’une beauté et d’une
vigueur incomparables, avaient été obtenues par
marcottes, d’autant plus remarquables qu’elles
étaient dans de petits pots-godets de 10 centi-
mètres de diamètre, ce qui indiquait une cul-
ture des mieux entendues. — M. Malet, horti-
culteur au Plessis-Piquet (Seine), présentait en
pot et en fleurs un pied de Xanthoceras sorbi-
folia très-beau; la plante, d’environ 35 centi-
mètres de hauteur, portait deux grappes de
fleurs très-bien développées. Les soins les
plus simples — on pourrait même dire élé-
mentaires — que lui avait donnés M. Malet
semblent indiquer que cette plante pourrait être
cultivée pour le marché aux fleurs. Les voici :
en septembre, alors que les plantes étaient en-
core en pleine végétation, M. Malet a relevé de
pleine, terre et mis en pots quelques pieds qu’il
jugeait disposés à fleurir, puis à l’automne il
les a mis dans une serre à Pélargoniums dont
la température, maintenue très-basse, est par-
fois tombée presque à 0 degré. Néanmoins,
dans ces conditions, les Xanthoceras se sont
très-bien comportés et se sont mis à fleurir
CULTURE DES BRUYÈRES.
119
dès le commencement de février. — Enfin,
M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur à Argenteuil,
présentait les nouveautés suivantes : 1« Iris
reticulata, espèce naine et très-floriboiide, ori-
ginaire de Sibérie ; ses tiges, hautes d’environ
12-15 centimètres, se terminent i)ar des fleurs
relativement très-grandes, d’un beau violet à re-
flets rose nuancé ; 2® deux potées de Tecophiæa
cyanocrocus , plantes très-naines (6-10 centi-
mètres), de la famille des Narcisses; l’une
d’elles, le type, a les fleurs de couleur bleu
pâle, comme zonées horizontalement de bandes
plus claires; l’autre, le T. cyanocrocus Leitch-
lini , était encore plus naine, et ses fleurs
plus délicates, en forme de coupe, rappelant
celles d’un Crocus ou d’un Colchique lilli-
putien, étaient d’un très-beau bleu foncé. Ces
plantes, bien que rustiques, devront être culti-
vées en pots à cause de leur floraison précoce,
qui exposerait les fleurs à être gelées,. Du
reste, elles se forcent très-bien et peuvent être
cultivées comme les Crocus.
CULTURE DES BRUYÈRES^')
Exposition. — En général, on se fait une
idée tout à fait fausse sur l’exposition qui
convient aux Bruyères : on croit que ces
plantes redoutent le soleil et qu’un demi-
ombrage, au moins, leur est nécessaire, ce
qui est le contraire de la vérité. A part quel-
ques exceptions, les Bruyères demandent
une exposition aérée et fortement insolée :
il en est même de vigoureuses, à végétation
rapide, qui ne fleurissent pas si, pendant
l’été, on les place dans des lieux ombragés,
où l’air n’a pas un libre accès. Tels sont les
Erica hyemalis, Vilmoreana, les perso-
luta, etc. B en est à peu près de même si,
pendant l’hiver, on ne les place pas près des
vitrages, dans une serre où elles reçoivent
non seulement de la lumière, mais beaucoup
de soleil. Dans ce cas, c’est à peine si elles
fleurissent. B en est cependant certaines
qui, au contraire, demandent à être placées
pendant l’été à mi- ombre. Toutefois, même
pour celles-ci, il faut éviter de les mettre
sous les arbres, parce qu’alors, l’eau tom-
bant en gouttelettes très- fortes sur la terre
des pots, fait sauter cette terre sur les plan-
tes, salit et fait même tomber les feuilles.
Ce sont surtout les ventricosa, les ampul-
lacea, etc., qui sont dans ce cas. Pour ces
plantes, à cause de la délicatesse de leur
feuillage, il serait même très-bon de les
placer dans des coffres, de manière à
pouvoir les abriter en cas d’orage. Pour
l’hiver, ces dernières espèces demandent
également certaines précautions ; ainsi il est
bon de les placer dans une serre très-éclai-
rée ; elles se trouvent même très-bien de
rester dans ces conditions jusqu’à la fin de
mai et d’être rentrées dès le mois de sep-
tembre, en ayant soin de leur donner beau-
coup d’air. Les premières (hyemalis, per-
(1) Voir Revue horticole^ 1882, p. 506.
soluta, Vilmoreana y etc.), au contraire,
doivent être sorties aussitôt que les gelées
ne sont plus à craindre et être rentrées le
plus tard possible, de façon à les mettre à
l’abri des premières gelées, car si ces plan-
tes sont relativement rustiques, il en est
autrement des boutons qui, comme ceux des
Azalées, sont fatigués, souvent détruits même
par une faible gelée.
Multiplication. — La réputation qu’on
a faite aux Bruyères d’être c( difficiles à mul-
tiplier » est également de beaucoup exa-
gérée. A part quelques variétés dont le bois,
d’une nature sèche, ne s’enracine pas faci-
lement, presque toutes les espèces repren-
nent bien lorsque les boutures sont faites
dans de bonnes conditions, mais néanmoins
dans un laps de temps variable suivant les
espèces.
Quand on possède une serre à multiplica-
tion dans laquelle il y a une couche de tan-
née chauffée en dessous à l’aide des tuyaux
d’un thermosiphon pouvant maintenir la
température de la couche entre 20 et 25 de-
grés, on peut faire des boutures pendant
tout l’hiver.
Si, au contraire, on n’a pas de serre à
multiplication organisée ainsi qu’il vient
d’être dit, on y supplée en opérant soit dans
une bâche de serre, soit même dans des
coffres, sous des châssis ; mais alors, au lieu
de bouturer tout l’hiver, on bouture fin
d’avril ou au commencement de mai. On
fait alors une petite couche dont la cha-
leur peut s’élever de 15 à 20 degrés, pas
plus.
Bouturage. — Quelle que soit l’époque
où l’on pratique le bouturage, celui-ci se
fait en pots ou mieux dans des terrines ;
dans le cas où les vases seraient profonds,
on les remplirait avec des tessons, de façon à
120
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES.
ce qu’il n’y ait pas plus de 6 à 10 centimètres
au plus de terre. Celle-ci doit être tamisée
et légèrement tassée, afin que les boutures
soient bien assises et que la plantation soit
plus facile à effectuer. On doit prendre du
jeune bois autant que possible, mais non à
fleurs^ ce qui, pour certaines espèces, n’est
pas facile à cause de leur excessive floribon-
dité*; il arrive même souvent qu’on est obligé
de rabattre les plantes pour les forcer à pro-
duire du bois propre au bouturage.
Soit qu’on bouture en hiver ou, au con-
traire, qu’on opère au printemps, on doit
toujours prendre les parties les plus tendres,
par exemple l’extrémité des branches laté-
rales, ou encore le sommet des parties verti-
cales‘quand il n’est pas trop gras, c’est-
à-dire trop aqueux.
Les boutures doivent être coupées avec
un outil bien tranchant, afin de n’en pas
mutiler la base ; on doit, pour faciliter le
repiquage, enlever une ou deux couronnes
de feuilles ; ces boutures doivent être très-
courtes, environ 2 centimètres de longueur.
Afin de faciliter la plantation, on a dû bas-
siner préalablement la terre des vases qui,
outre cela, doit être légèrement humide.
Suivant la force ou la nature des boutures,
on plante plus ou moins serré : 1 à 2 centi-
mètres de distance suffit. Aussitôt qu’un
vase (pot ou terrine) est planté, on le place
sur la couche, et on le recouvre d’une
feuille de verre qui doit être très-près des
boutures. Quant aux soins, ils consistent à
entretenir la terre humide, à enlever toutes
les boutures qui se tachent ou moisissent,
afin que le mal ne s’étende pas, puis, quand
elles sont enracinées, à les habituer gra-
duellement à l’air.
Si l’on avait peu de boutures de chaque
sorte et qu’on fût obligé d’en mettre plu-
sieurs ^dans un même vase, il faudrait choi-
sir des espèces distinctes, mais surtout de
même nature, afin que l’enracinement s’o-
père dans un même laps de temps ; autre-
ment, quand l’une serait reprise et qu’on
devrait lui donner de l’air, l’autre se fati-
guerait. Le temps nécessaire à l’enracine-
ment des boutures varie suivant les espèces :
tandis que certaines s’enracinent en quinze
jours, il en est d’autres qui mettent deux
mois à s’enraciner.
Les boutures de Bruyères doivent, avec
soin, être préservées du soleil, mais en
même temps recevoir le plus de lumière
possible.
Gentilhomme et Carrière.
PLANTES NUUYELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES
Odontoglossum Roezlii flore alho. —
Cette espèce, qui présente tous les caractères
du type comme faciès et végétation, s’en dis-
tingue nettement par la couleur de ses fleurs
qui est d’un blanc de lait, sauf à la base du
labelle où il y a une petite tache d’un très-
beau jaune d’or qui, par un heureux con-
traste, fait encore ressortir la blancheur de
la fleur. Mais ce qui augmente considérable-
ment le mérite de cette plante, c’est l’ex-
quise suavité que dégagent ses fleurs, cette
odeur est d’une incomparable finesse.
Armeria Mauritanica, Wallr. ; {A. Ce-
phalotes, Poir. ; A. formosa, Hort. ; Siatice
pseudo armeria, Desf.) — Plante gazon-
nante, à souche compacte. Feuilles épaisses,
charnues, toutes radicales, elliptiques-obo-
vales, longuement atténuées à la base. Tiges
florales ou hampes nues, fortes, dressées,
raides, atteignant environ 30-35 centimètres
de hauteur, terminées par une forte inflo-
rescence subsphérique composée de fleurs
qui, suivant les variétés, varient du rose
lilacé au rose vif et même au rouge, chacune
enveloppée d’écailles calycoïdes membra-
neuses, constituant une sorte de tube dont
l’extrémité papyracée-scarieuse est d’un
blanc velu transparent, qui forme un
agréable contraste avec la couleur vive delà
fleur qu’elle contient.
Cette espèce trop peu connue, qui fleurit
presque toute l’année à partir de mai, est
! certainement l’une des plus belles du genre,
outre qu’elle est très-rustique et s’accom-
mode de presque tous les terrains, surtout
s’ils sont légèrement humides ; les sols
argilo-siliceux lui conviennent tout particu-
lièrement.
Xmp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Exposition internationale d’horticul-
ture de Saint-Pétersbourg. — Une cir-
culaire que nous venons de recevoir du
comité de l’exposition nous informe que, à
leur arrivée à la frontière russe, tous les
objets destinés à l’exposition, et qui devront
porter cette adresse : Exposition intep.na-
tionale d’horticulture a Saint-Péters-
bourg, seront immédiatement dirigés sur
l’exposition par les lignes de chemin de fer
les plus directes.
Toutes les dispositions sont prises pour
que, aussitôt leur arrivée, les plantes puis-
sent être amenées à leur pleine floraison
pour l’époque de l’exposition, dans un local
construit à cet effet.
Toutefois, il est bon que les mesures soient
prises de manière que les plantes n’arrivent
ni avant le 15 (27) avril, ni apres le 2 (14)
mai, le jury chargé d’examiner les produits
et de décerner les récompenses devant se
réunir le 4 (16) mai (1).
Tous les hôtes, à leur arrivée à Saint-
Pétersbourg, seront reçus par une députation
de la commission de réception, qui prendra
à leur égard toutes les dispositions néces-
saires pour leur être utile et leur éviter les
ennuis inhérents à la circonstance.
Vente de la bibliothèque de feu
M, Decaisne. — Cette vente aura lieu du
30 avril au 15 mai 1883, de sept heures et
demie du soir à dix heures, rue des Bons-
Enfants, 28.
La bibliothèque de M. Decaisne était une
des plus riches en ouvrages de botanique et
d’horticulture. Elle est surtout abomlam-
ment pourvue d’ouvrages concernant Var-
horiculture fruitière. Sous ce dernier rap-
port, elle est des plus remarquables, et
parmi les nombreux volumes qu’elle con-
tient il en est beaucoup qu’il serait à peu
près impossible de se procurer aujour'd’hui.
Il y aura là, pour la Société centrale d’hor-
ticulture, une excellente occasion de com-
pléter sa bibliothèque.
Expédition botanique au cap Horn.
— Le gouvernement français vient de dé-
(t) Les dates indiquées les premières sont celles
du calendrier russe qui, comme on le sait est en
retard de L2 jours sur le calendiier grégorien;
c’est-à-dire, par exemple, que le 15 avril russe
correspond au *27 avril français.
16 Mars 1883.
cider qu’une exploration scientifique serait
faile au cap Horn, aux frais de l’État.
M. P. Hariot, préparateur du cours de
M. Van Tieghem au Muséum, est ciiargé
des recherches botanitjues.
Nous avons reçu la visite de M. P. Hariot
avant son départ ; nous avons trouvé le jeune
explorateur dans les meilleures dispositions,
animé par la soif des découvertes, et nous
lui souhaitons un vif succès.
Les ravages du phylloxéra. — Le
dernier rapport que vie nt de présenter
M. E. Tisserand, directeur de l’agriculture, à
la commission supérieure du phylloxéra est
absolument navrant. En voici le résumé :
50 départements envahis, 764,000 hectares
de Vignes entièrement détruits, 642,000 hec-
tares contaminés plus ou moins gravement.
Sans désespérer de la viticulture fi’ançaise,
I il faut déplorer, avec M. Tisserand, que
I l’apathie ou le mauvais vouloir de 1 1 plupart
de nos vignerons empêche la luPe à ou-
trance qu’il serait indispensable d’organiser
partout pour vaincre le terrible fléau. Les
chidVes que nous venons de publier sont
tristement éloquents. Le pays où l’on pou-
vait dire avec orgueil :
Nous buvons, dans le vin, le soleil de la France !
serait- il destiné avant peu à perdre son
antique et légitime réputation de «. premier
vignoble du monde? »
La récolte des vins en Algérie. — A
côté d*^ ce sombre tableau, en voici un plus
réjouissant. Le développement viticole de
notre belle colonie algérienne s’accroît avec
rapidité. Les cliitî'res suivants sont superbes
pour le présent et du meilleur augure pour
l’avenir.
Le total de la superficie plantée en Vigne
s’élève à 23,724 hectares, d’ près les der-
niers relevés otficiels, sur lesquels 19,700
sont plantés en cépages noirs et 4,024 en
cépages blancs.
La province d’Alger compte 7,396 hec-
tares cultivés par les Européens et 1,857
cultivés par les indigènes. Dans la province
d’Oran, les Européens cultivent 10,064 hec-
tares et les indigènes 477. Dans la province
de Constantine, la culture européenne s’é-
122 CHRONIQUE
tend sur 3,688 hectares et la culture indi-
gène sur 242*
On peut se rendre compte du développe-
ment des plantations en notant qu’en 1878
le total des hectares cultivés en Vignes ne
s’élevait qu’à 17,614.
En ce qui concerne la récolte, la province
d’Alger a produit sur les cultures euro-
péennes 197,718 hectolitres et 3,383 sur
les cultures indigènes.
Dans la province d’Oran, la récolte s’est
élevée à 164,204 hectolitres.
La province de Gonstantine a produit
67,276 hectolitres.
Dans ces deux dernières provinces, la
production indigène, relativement peu im-
portante, n’est pas encore exactement éva-
luée.
En résumé, le total de la production de.;
vins dans l’ensetuble de la colonie s’est
élevée à 429,197 hectolitres contre 328,220
hectolitres, montant de la précédente ré-
colte.
Que le gouvernement fasse bonne garde,
qu’il empêche rigoureusement l’introduc-
tion en Algérie des cépages étrangers, qu’il
continue à punir les délinquants comme cet
instituteur de Lodi, justement condamné à
un mois de prison et à 50 fr. d’amende pour
avoir importé des sarments de Vigne; qu’il
veille aux importations clandestines par
l’Espagne, de Carthagène et de Cadix, à
Ceuta et à Oran, et nous réussirons peut-être
à sauver du phylloxéra ce beau, nouveau et
déjà riche vignoble.
Association pour la protection des
plantes alpines. — Nos lecteurs se sou-
viennent du cri d'alarme poussé par quel-
ques botanistes à propos de la disparition
croissante des espèces indigènes des plantes
rares en Suisse. On saifqu’une société s’est
formée pour enrayer cette destruction. Nous
recevons de son président, M. H. Correvon,
de Genève, la lettre suivante, à laquelle
nous donnons très-volontiers l’hospilaliié :
Je viens de lire avec plaisir, dans votre nu-
méro du 16 courant, la traduction d’une de
mes lettres publiée il y a quelque temps dans
le Garden. Je vous serais bien reconnaissant
si vous vouliez bien aider à notre jeune asso-
ciation en nous consacrant encore quelques
lignes pour inviter toutes les personnes qui
veulent bien nous aidep et entrer dans l’asso-
piation à s’adresser, soit au président, votre
HORTICOLE.
serviteur, soit au secrétaire, M»* R. de Seigneur-
Malagnon, à Genève. Je vous enverrai notre
compte-rendu de la séance de fondation, conte-
nant deux pièces qui pourront vous intéresser.
Nous comptons à Paris quelques membres
zélés ; mais nous aimerions en avoir d’autres
encore: H. Gorrevon.
Recommander spécialement à nos lec-
teurs, amateurs des plantes, l’œuvre sym-
pathique et désintéressée à laquelle s’atta-
chent M. Correvon et ses amis, c’est servir
à la fois les véritables intérêts de la bota-
nique et de l’hoi liculture.
Origine du lis blanc. — Cette magni-
fique espèce, dont jus(|u’ici la patrie était
parfois contestée (1), vient d’être décou-
verte en grande quantité dans des endioits
presque inaccessibles et tout à fait sauvages
de la Palestine. Voici, au sujet de cette
espèce, ce qu’écrivait le 29 novembre der-
nier un Père Lazariste du collège d’An-
toura (Liban) :
A propos de Lis, je profite de l’occasion
pour vous prier de corriger, .S’il est possible,
une erreur que j’ai remarquée dans le Bon
Jardinier ; il y est dit, au sujet du Lis blanc
ordinaire : « origine inconnue. » Or, nos mon-
tagnes du Liban en sont remplies en plusieurs
endr'oits. Il est cerdain que personne ne les y a
plantés, car on les trouve dans les endroits les
plus sauvages, où jamais personne que les che-
vriers n’a mis les pieds. L’origine du Lis ordi-
naire est donc certainement connue. J’en ai
fait apporter par les paysans, et ils sont aussi
beaux que ceux que l’on cultive dans les jardins
de France. Pour les multiplier, il suffit de les
écailler et de les laissera la surface de la teri'e,
dans un endr’oit humide et ombi'agé. Au bout
d’un mois, chaque écaille pr oduit un bulbe qu’it
suffit de repiquer. J’ai obtenu ainsi de deux
bulbes une pépinière de plus de cinquante
sujets.
Pommiers « à couteau » croissant à
l’état sauvage. — D’une lettre que nous
adres.‘ie de la Havane notre collaborateur et
(1) Plusieurs auteurs, en parlant de ce'te espèce,
ont dit que son origine était in<‘onnue; d’auttes
qu’elle se trouve en Orient, ce qui est as.sez vague.
Dans le Nouveau Jardinier illustré, on va même
jusqu’à dire que cette espèce est indufèr\e (‘l).
Nous sei ions curieux de savoir où fauteur de l’ar-
ticle a constaté cet indigénat en France. Lavéï ifé,
c’est que le Lis blanc est une pl inte d Orient, qui a
été fréquemment rencontrée parles l)()tanisie', eu
l'alestine, en Syiie; dans la piovince de Lenkoran,
dans la Perse Caspienne, dans la Morée, etc. (*).
(*) Kuntb, Enum. plant, IV, p. ?66.
CHRONIQUE
collègue, M. J. î.acbaume, nous extrayons
le passage suivant, qui nous par aît présenter
un certain intérêt pour les lecteurs de la
Bevue horticole^ surtout pour ceux qui
s’occupent de l’arboriculture fruitière, et
aussi pour les personnes qui s’intéressent
particulièr’ernent à la question de sponta-
néité. Voici ce qu’il écrit :
C’est en faisant des parties de chasse
dans l'État de Nevv-Yoï-k que j’ai rencontré
dans les bois, croissant à l’état sauvage, quel-
ques variétés de Pommiers qui sont cultivées
en Europe, entre autres la Calville rouge et la
Reinette du Canada, d’une grosseur énorme,
ainsi que la Reinette grise, dont je faisais pro-
vision pour l’hiver à très-peu de frais.
Comme ces arbres provenaient certainement
de semis, et qu’à l’époque où je les vis les bois
où ils se trouvaient étaient encore vierges et
impénétrables, il me paraît impossible que qiel-
qu’un en eût apporté là les graines. Mais comme,
d’une autre part, l’État de New York n’est pas
très-éloigné du Canada où ces mêmes variétés se
rencontrent également à l’état sauvage, doit-on
admettre qu’elles viennent de cette dernière
localité, ou que le contraire a eu lieu, ou bien
encore que ces fruits gont spontanés dans les
deux endroits?
Quoi qu’il en soit des assertions et des
hypothèses émises par M.kachaume, et dont
nous lui laissons la responsabilité, un fait
intéressant s’en dégage : c’est la présence
au milieu des forêts de variétés fruitières
de choix sans l’intervention de l’homme.
Procédé pour combattre la chlorose.
— P^\i sujet de cetle maladie, un des abon-
nés de la Revue horticole nous adresse les
lignes suivantes :
Un bon moyen de guérir les plantes chloro-
tiques, et notamment les Rosiers, est de creuser
le sol légèrement, de manière à faire une petite
cuvette dans laquelle op met de vieux clous
ou du marc de café, substances que l’on a
toujours à sa disposition. Le marc de café agit
comme l’ammoniaque — que vous avez recom-
mandé pour des cas analogues — à cause de
l’azote qu’il contient. Il vaut même mieux, car
l’ammoniaque, dissous dans l’eau, a l’inconvé-
nient de s’évaporer trop vite et d’être, dans la
pratique, d’un emploi désagréable. Il serait
préférable d’employer une solution d’alun am-
moniacal, c’est-à-dire du sqlfate double d’alu-
mine et d’ammoniaque, dont l’action, comme
je m’en suis assuré par des expéi'iences person-
nelles, est éminemment favorable à la végéta-
tion. Ce sel est très-soluble, et son prix est loin
d’être un obstacle à son emploi.
HORTICOLE.
Chou-fleur monstrueux. — La mons-
truosité dont il s’agit, due à une fasciat on
analogue à celle dont la Rev)ie horticole a
donné une figure et une description (1),
s’est montrée à Pézenas, dans les cultures
de M. Louis Julian. M. J.-E. PI mchon,
professeur de botanique à la Faculté des
sciern'es de Montpellier, obtint une photo-
graphie du Chou fleur en question, et en
envoya un exemplaire à MM. Vilmorin,
accompagné d’une lettre dont voici un •
extrait :
J’ai vainement cherché dans votre livre (2)
la mention d’une fasciation en forme de crête
qui s’e.'.t produite récemment sur quekjues
])ieds de Chou-fleur d’un jardin potager de
Pézenas. Il est vrai qu’il s’agit d’un simple
accident et non d’une race déjà fixée. Je vou-
drais cejiendant savoir de vous si ce genre de
fasciation en crête comprimée, rappelant le
Celosia cristata, est fréquent dans les Choux-
fleurs. J’ai conseillé au propriétaire de ce
phénomène, d’entourer d’un filet les fleurs
des quatre ou cinq exemplaires ([u'il en pos-
sède et de voir si, par autofécondation et sélec-
tion, il pourra plus ou moins fixer cette forme
anomale dans une anomalie permanente, le
Chou-fleur lui-même, représentant une fascia-
tion en boule, au lieu d’être en crête.
M. Planchon a raison; il faut lâcher de
fixer celte cristatiire qui, ainsi qu’il le fait
remarquer, est l’équivalent, ou mieux l’ana-
logue du Celosia cristata. Celte réalisation
est d’autant plus probable que l’ébranlement
paraît produit, puisque déjà, sur plusieurs
points très-différents, elle s’est manifestée
avec les mêmes caractères. Cette fois, à Pé-
zenas, elle s’est même montrée sur plusieurs
individus.
Musa Fn'ete à feuilles panachées. —
Le Musa Ensete qui, jusqu’ici, au point de
vue de la couleur verte, s’était maintenu
dans une fixité absolue, vient de faire excep-
tion. Il a produit un sujet à feuilLs fran-
chement panachées de blanc qui, à première
vue, semblent rappeler certains Dieffen-
bachia.
Ce sujet, très-remarquable, vigoureux,
s’est produit dans un semis fait chez M. Truf-
fant, horticulteur à Versailles. Maintiendra-
t-il c^^s carac tères ? On peut le supposer
d’après la disposition et l’intensité de sa
panacliure. Toute la dilficulté paraît ré-
(1) Voir hevue horticole, 1881, p. 273,
(2) Les plantes potagères.
124
CHRONIQUE HORTICOLE.
sider dans sa multiplication. En effet, cette
espèce ne donnant pas de bourgeons et étant
franchement monocarpique, cVst-à-dire ne
fleurissant et ne fructifiant qu’une fois avant
de mourir, il n’y a donc d’autre espoir de
la conserver que par le semis. Or, en ad-
mettant que la plante donne de bonnes
graines, celles-ci reproduiraient-elles la pa-
nachure? Le fait est possible, car des exem-
ples analogues ne manquent pas, même
à l’état spontané. Nous connaissons un
jardin qui est envahi par des plantes à
feuilles panachées qui se propagent spon-
tanément, c’est-à-diie naturellement. Ce
sont particulièrement des Fraisiers, des
Lierres terrestres, des Ballota nigra, etc.,
qui se reproduisent par graines avec la plus
grande fixité. Même dans les cultures,
combien de plantes très-panachées qui se
multiplient par graines, le Maïs du Japon
par exemple ! En sera-t-il de même du
Musa Ensete dont nous parlons ? Nous le
souhaitons pour les amateurs de pana-
chures.
Ribes Lobbii. — Cette espèce, dont le
Gardeners' Chronicle (n*’ 6, janvier 1883,
p. 11) donne une figure noire, et qu’il
indique comme espèce, ne nous paraît être
qu’une variété du Ribes speciosum qui, lui
aussi, est originaire de la Californie. Il est
considéré, d’apr ès ce même journal, comme
un synonyme du R. suhvestitum, Hook.
{Bot. Mag , 82, t. 4931, mais non Hook.
et Arn.). De même que le Ribes spe-
ciosuui, Pursh, le Ribes Lobbii fleurit
en avril-mai. Ce sont des arbustes excessi-
vement épineux, plutôt profires à former
des haies que des plantes véritablement or-
nementales.
Mahonia fasoicularis. — Cette variété
très-ornementale du Mahonia Aquifolium
est peu répandue, dopuis qudques années
surtout. Elle est cependant belle et dis-
tincte par son port dressé, conrpact, et son
feuillage d’un joli ton glauque. Nous nous
souvenons de l’avoir vue, il y a quelque
vingt ans, à Angers, où elle entrait chaque
automne dans la vente courante à bon
marché des arbustes de pépinière.
Elle ne se reproduit pas pure de semis.
Chez M. André Leroy, on la multipliait de
couchages, moyen lent et coûteux.
Il y a cependant un moyen simple de
propager le Mahonia fascicularis : c’est le
bouturage herbacé en juin-juillet, sbus
clocbe et à froid. Le procédé nous a été in-
diqué par M. G. Croux, et nous avons cru
utile de le signaler à nos confrères en
horticulture. Nous serions heureux de
penser qu’il pourra contribuer à la diffu-
sion plus rapide de ce bon arbuste d’orne-
ment.
M. Laforcade, jardinier en chef de
la ville de Paris. — Nous venons d’ap-
prendre avec grande satisfaction que l’em-
ploi de jar'dinier en chef de la ville de Paris
est rétabli. A la suite de la nomination
de M. Bartet au poste d’ingénieur en chef
des promenades, concessions et éclairage, et
de la mise à la retraite de MM. Drouet et
Pissot, M. Laforcade, ancien jardinier prin-
cipal du bois de Boulogne, vient d’être
nommé jardinier en chef. Il centrali.sera
entre ses mains les divers services des
squares et parcs de Paris, le bois de Bou-
logne, le Fleuriste de la Muette, et sous
cette unité de direction l’horticulture muni-
cipale prendra un nouvel essor.
Nous applaudissons de tout cœur à la
nomination de M. Laforcade. Il y aura
liientôt trente ans qu’il consacre à l’admi-
nistration horticole de loyaux et intelligents
services, et il était tout spécialement destiné
pour les fonctions qu’il va prendre le
1er avril prochain.
Flore de Madagascar. — Le savant bo-
taniste de Kew, M. J.- G. Baker, poursuit
activement ses études sur la flore de Mada-
gascar. La plupart des espèces qu’il a pu-
bliées jusqu’ici proviennent des collections
faites par des voyageurs anglais. Parmi
eux se distingue surtout M. Baron, de la
London Missionary Society.
Récemment, M. Baker a entretenu la
Société linnéenne de Londres de quelques-
unes de ces plantes, et comme il se trouve
parmi elles des genres nouveaux , nous
croyons utile à la botanique et à l’borti-
culture de les faire connaître dans ce
recueil.
La plus intéressante de ces nouveautés
e^i\m Schismatoclada^ genre nouveau de la
famille des Rubiacées, et voisin de la famille
des Cinchona. Un autre genre fort curieu.x
se nomme Tetraspidium, Scrophulariacée
semi-parasit^e à l’instar des Pedicularis, et
CHRONIQUE HORTICOLE. 125
qui noircit par la dessiccation. Ce genre est
remarquable par ses quatre anthères uni-
cellulées, en forme de bouclier. Ajoutons
encore le Forsylhiopsis, genre représenté
par un arbrisseau élancé, de la famille des
Acanlhacées, à fleurs ressemblant à celles
des Forsythia, et dont les feuilles ne se
développent entièrement qu’après que les
fleurs sont fanées; le Monachochlamys,
autre genre de la famille des Acanlhacées,
voisin des Mendoncea et Thunhergia, pro-
duisant de nombreuses petites fleurs qui
portent chacune une bractée persistante en
forme de spathe, ressemblant au capuchon
d’un moine franciscain. Comme re['résen-
tanls des genres européens déjà connus,
cette collection comprend : deux espèces
Anagallis , voisines de VA. tenella, deux
Ajuga, un Salvia, deux Micromeria, trois
espèces de Stachys, cinq Senecio, trois
Cynoglossum, et un Lysimachia. Les
genres les plus largement représentés sont :
les Danais, Vernonia, Helichrysum,
Gœrtnera, Clerodendron eX Hypœstes. Il y
a aussi une espèce singulière et fort jolie du
genre Strohilanthes (Acanthacées), ciue l’on
ne trouve presque que dans l’Asie tropicale.
Puis un Vinça nouveau, voisin du V.
rosea. Parmi les genres endémiques, pré-
cédemment connus à Madagascar, on dis-
tingue trois nouvelles espèces d’Aspilia,
Epallage et Oncostemon. Enfin, parmi les
types représentés au Cap, les nouvelles
introductions sont un Lightfootia, un Hal-
leria, un Alectra et deux espèces du
genre Phîlippia.
Beaucoup de ces espèces présentent un
intérêt horticole considérable par leur
beauté. Mais l’iniérêt purement botanique
prime tout autre en ce moment, et nous
l’indiquons surtout parce qu’il nous semble
que la France, qui a des intérêts importants
à Madagascar, n’aurait pas dû se laisser
ainsi distancer par l’Angleterre dans la
connaissance et la publication de la flore de
ce beau pays.
Journées de pluie en 1882. — A
Brest (Finistère), d’après le relevé de
M. Blanchard, jardinier en chef à l’hô-
pital maritime, il y a eu 230 jours de
pluie, ainsi répartis : janvier 20 jours, fé-
vrier 12, mars 17, avril 20, mai 10, juin 22,
juillet 18, août 19, septembre 20, octobre 25,
novembre 28, décembre 27.
La quantité d’eau tombée a été do
1,286 millimètres.
Dans les Pays-Bas, d’après une commu-
nication que nous a faite M. Krelage, horti-
culteur à Haarlem, il y a eu, dans cette
même année, 148 jours de pluie ainsi ré-
partis : janvier 8, février 8, mars 12,
avril 11, mai 6, juin 16, juillet 14, août 20,
septembre 10, octobre 13, novembre 18,
décembre 12. Total 148 jours de pluie ayant
produit 1,005 millimètres.
Si l’on compare ces chiffres à ceux qui,
pour cette même observation, ont été rele-
vés à Paris, et qui ont été rapportés
dans l’avant-dernier numéro de la Revue,
on trouve les résultats suivants :
Paris (observatoire de Montsouris),
178 jours de pluie, ayant produit 592 milli-
mètres 6 cubes d’eau par mètre superficiel.
Brest, 230 jours de pluie ayant fourni
1,286 millimètres cubes d’eau.
D’où il résulte que de ces trois points de
l’Europe, Brest est celui où les jours de
pluie, en 1882, ont été les plus nombreux,
et où aussi la quantité d’eau tombée a été
la plus grande.
Nécrologie : Af. Martial Lamotte. —
La mort a frappé, le 23 février, M. Martial
Lamotte, professeur de botanique à l’École
de médecine de Clermont-Ferrand. Il avait
soixante-trois ans. Ami particulier de M. Le-
coq, le savant naturaliste qui a tant fait pour
l’avancement des sciences naturelles en Au-
vergne, M. M. Lamotte était un des bota-
nistes qui connaissaient le mieux la végé-
tation du plateau central de la France, et
la flore d’Auvergne lui doit de précieuses
additions d’espèces nouvelles.
Il dirigeait également le jardin botanique
servant de promenade publique, encore dû
à la munificence de M. Lecoq, et dont M. Ci-
terne est jardinier chef. Nous avons connu
personnellement M. Lamotte et fait avec lui
d’intéressantes courses botaniques en Au-
vergne, et nous gardons un souvenir ému
de cet homme de bien, de ce savant modeste
et affable autant qu’instruit, que regrettent
profondément tous ceux qui l’ont connu.
M. J.-G. Croux. — Nous avons appris
aussi avec un vif regret la mort d’un hor-
ticulteur des plus réputés des environs de
Paris. M. Croux père a succombé le 28 fé-
vrier, à l’âge de soixante-six ans, lorsqu’il
paraissait encore plein de vigueur et de
1^26
CULTURE DES CANNAS POUR L’ORNEMENTATION d’HIVER.
santé. Après avoir exploité pendant de
longues années un établissement important
d’arboriculture à Villejuif, M. Groux avait
fondé dans la vallée d’Aulnay, près Sceaux
(Seine), dévastés pépinières, au milieu d’un
site enchanteur et dans un sol d’une ferti-
lité exceptionnelle. Un jardin fruitier, établi
par lui d’après les meilleures règles, ser-
vait à la fois de modèle, de champ d’expé-
rience et de conservatoire de ses collections
d’arbres à fruits. Les pépinières d’Aulnay,
renommées pour la beauté de leurs produits,
avaient valu à leur fondateur, en 1878, la
croix de la Légion-d’Honneur.
Ces traditions ne seront pas perdues.
L’horticulteur distingué qui vient de dispa-
raître laisse plusieurs enfants, et son fils
aîné, M. G Groux, digne continuateur de
l’œuvre paternelle, ne fera qu’ajouter à la
prospérité des pépinières de la vallée
d’Aulnay.
E.-A. Carrière et Ed. André.
CULTURE DES CANNAS POUR L’ORNEMENTATION D’HIVER
Lorsque l’on considère la beauté excep-
tionnelle des Gannas et qu’on pense qu’il
est possible d’en avoir pendant toute l’an -
née, on se demande pourquoi cet abandon,
et comment il se fait que cette plante ex-
cessivement vivace, et dont on peut jouir
toujours, soit traitée comme un végétal an-
nuel.
Je sais bien que, pour jouir continuelle-
ment des Gannas, il faut avoir une serre et
soumettre les plantes à un travail particu-
lier j mais il n’y a rien là de diflicile ni au-
dessus des moyens dont beaucoup de gens
disposent. En effet, il est un grand nombre
de personnes qui possèdent une serre;
quant au traitement des plantes, il est à la
portée de tout le monde.
Une erreur fort répandue, c’est de croire
que les Gannas sont des plantes de serre
chaude. Il est vrai qu’ils s’accommodent
très-bien d’une température élevée; mais ce
qu’on paraît ignorer, c’est qu’ils peuvent
supporter une température relativement
basse, quelques degrés à peine au-dessus
de zéro. Dans cette condition, les plantes
fleurissent moins, mais de feuillage, qui est
l’ornement principal, est très-beau, et les
plantes s’élançant peu, sont plus compactes
et plus trapues.
Ce qui a fait croire que les Gannas exi-
gent beaucoup de chaleur l’hiver, et contri-
bue à perpétuer cette idée, ce sont les quel-
ques exemplaires que Ton voit l’hiver dans
les serres, où, malgré la haute tempéra-
ture à laquelle ils sont soumis, ils végètent
toujours faiblement et, quoi qu’on fasse,
perdent successivement leurs tiges. Cet état
s’explique par le fait du traitement auquel
on les a soumis, ou plutôt de l’absence à peu
près complète de traitement. En effet, ces
tiges, qui avaient poussé dehors et très-sou-
vent fleuri, étaient déjà épuisées quand on
les a relevées de pleine terre, de sorte que
l’aflaiblissement a encore augmerdé par suite
de l’arrachage. Mais il en est tout autre-
ment quand les plantes ont été traitées en
vue d’une culture hivernale, car dans ce cas
toutes les parties sont jeunes et vigoureuses.
Le choix des variétés à cultiver devra être
en rapport avec le but qu’on se propose
d’atteindre ; si l’on vise aux Heurs, on devra
prendre des plantes trè.s-floribondes, à fleurs
grandes et variées, naines, moyennes ou
grandes, à feuilles vertes, pourpres ou di-
versement nuancées.
Après ces quelques considérations géné-
rales, je vais indiquer la culture et les
principaux soins à prendre en vue d’une
végétation et d’une floraison d’hiver.
Culture. — - Deux procédés peuvent être
employés : culture en pot, culture en pleine
terre d’abord, puis les plantes relevées et
mises en pots fin d’été. Dans l’un comme
dans l’autre cas, la multiplication se fait par
le moyen connu, c’est-à-dire par turions ou
rhizomes que l’on détache des souches. La
terre doit être consistante, humeuse autant
que possible. Si l’on plante en pots, ceux-ci
doivent être relativement grands et enter^
rés près à près dans un endroit chaud et
abrité; puis, quand les Gannas commen-^
cent à pousser, il faut les distancer dans
un sol préparé, meuble et léger, en les en-
terrant par dessus les pots, mais peu pour-
tant, afin qu’ils ne forment pas ou qu’ils ne
forment que très-peu de racines au-des-
sus des pots. On recouvrira le sol d’un
bon paillis, et pendant l’été on arrosera
fréquemment et copieusement. De temps
à autre on visitera les plantes, et l’on fera
DES PLANTATIONS DANS LES PARCS PAYSAGERS.
127
un rempotage s’il en est besoin. Chaque
fois qu’on remaniera les plantes, on les dis-
tancera davantage, et Ton tournera les pots
de manière à ce que la partie la plus faible
se trouve du côté où frappe plus directe-
ment le soleil. Un point important, c’est que
les plantes soient bien aérées^ jamais dans
un lieu couvert, et surtout pas à V ombre. Le
dernier rempotage doit être fait vers le
15 août. Si l’on trouvait que les plantes s’al-
longent tiop ou qu’elle poussent trop en
feuilles, et si l’on tenait particulièrement
aux fleurs, on modérerait les arrosages. On
pourrait même, afin de les maintenir naines
et trapues, enlever les pots et les laisser sur
le sol.
Culture en pleine terre. — Il faut que
le sol soit bien préparé, profond, meuble
et surtout fortement mélangé de terreau
ou de matières organiques décomposées,
— herbes ou autres détritus végétaux.
— Le sol préparé et tracé, on plante
les turions par lignes à des distances assez
grandes pour que les plantes puissent se
développer sans & étioler. Le terrain est
ensuite paillé. Quant aux autres soins, ils
consistent à arroser au besoin, peu toute-
fois, les plantes en pleine terre. Pendant
l’été, afin de limiter l’extension des ra-
cines et favoriser l’enlèvement futur des
plantes, il faut de temps à autre cerner les
touffes, c’est-à-dire enfoncer une bêche tout
autour du pied, de manière à le circonscrire
et lui faire former une sorte de motte. Si
les plantes prenaient un trop grand déve-
loppement, on pourrait les relever et les re-
planter de suite, leur faire subir une sorte
de relayage. Dans le courant d’août ou
même de septembre, suivant la végétation
des plantes et le but qu’on cherche à attein-
dre, on les relève et on les met en pots. Si le
temps est sec et aride, on abrite les plantes
de manière à activer et faciliter la reprise;
il va sans dire qu’on devra les arroser et au
besoin les bassiner.
Ainsi traités et placés dans des serres
plus ou moins chauffées, les Cannas pousse-
ront et fleuriront tout l’hiver et même au
printemps, et l’on aura ainsi pendant toute
cette période des plantes très-propres à
orner les appartements.
Pour activer ou maintenir la végétation,
on pourra, de temps à autre, arroser ave^"
des engrais liquides, c’est-à-dire avec e
l’eau dans laquelle on aura mis, soit du
guano, soit du purin, de l’engrais Jean-
nel, etc.; la chose sera surtout nécessaire
si, pour faciliter la transportation ou l’em-
ploi des plantes, celles-ci ont été mises dans
des vases relativement petits.
En terminant, je répète qu’il est très-im-
portant de bien choisir les variétés suivant
le but qu’on recherche, et pour cela on fera
bien de s’adresser à un spécialiste, en l’in-
formant de l’usage qu’on se propose de faire
des plantes dont on lui tait la commande.
Il est également bien entendu que les re-
commandations qui précèdent n’ont rien
d’absolu et que, suivant le climat, les con-
ditions oû l’on se trouve et surtout le but
qu’on recherche, on pourra apporter quel-
ques modifications, soit pour les époques
des opérations, soit en ce qui concerne
celles-ci. Lebas.
DES PLANTATIONS DANS LES PARCS PAYSAGERS
A plusieurs reprises j’ai publié des con-
sidérations sur le groupement des massifs
et des isolés sur les pelouses des jardins
paysagers. Mais la question est si complexe
qu’on ne saurait trop souvent y revenir.
C’est peu de prouver et de convaincre ; il
faut parler aux yeux.
Les raisonnements les mieux établis
seront toujours dépassés par un croquis
simple et clair. Si le croquis est la repro-
duction d’un objet existant, facile à contrô-
ler ; si la théorie se complète par d’heu-
reuses applications, c’est mieux encore.
Le petit plan présenté aujourd’hui à nos
lecteurs est un morceau de parc illustrant
un des détails les plus importants de la plan-
tation des parcs et jardins paysagers : la dis-
simulation des carrefours.
Suivant une règle — je dirais volontiers
une loi — de l’art des jardins pittoresques,
les intersections des allées doivent être
enveloppées par des plantations générale-
ment compactes qui dissimulent les carre-
fours. La vue d’une grande surface sablée
irrégulière est toujours désagréable : il
faut donc la masquer, autant que possible.
D’autre part, les pointes plus ou moins
aiguës produites dans le gazon par ces
128
DES PLANTATIONS DANS LES PARCS PAYSAGERS.
intersections d’allées sont le plus souvent
traversées, coupées par les piétons, jardi-
niers, domestiques, gens pressés, qui for-
ment ainsi des raccourcis d’un vilain
aspect.
Pour obvier à ces inconvénients, on
enveloppe donc les carrefours avec des plan-
tations.
Si la plantation est compacte, elle doit
masquer entièrement la jonction des allées,
qui semblent ainsi avoir été taillées à la
hache dans un bosquet ou taillis.
Si l’on désire que l’air circule entre les
arbres, et que le carrefour soit seulement
caché de loin, on plante de grands arbres
isolés, en évitant de les placer en lignes, et
l’on relève les bords des pelouses de manière
à encaisser les allées et le carrefour, et à les
faire oublier.
J’ai indiqué ailleurs (i) divers exemples
du tracé et de la plantation appliqués en
semblables circonstances.
Mais il reste à préciser les moyens de
planter ces massifs et leurs abords. Ces
moyens peuvent varier à l’infini, suivant le
caractère du paysage, l’importance des
scènes du parc ou du jardin, la nature du
sol, la latitude et l’altitude, le climat et
d’autres conditions locales ; nous retrouve-
rons à i’occasion des applications de ces
principes.
Il s’agit, pour aujourd’hui, d’un coin du
parc du Trocadéro, à Paris (fig. 24), à l’in-
tersection de deux allées qui se coupent
presque à angle droit. La composition des
massifs compacts peut différer de celle qui
s’y trouve en réalité; je la suppose même
changée, de manière à l’appliquer plus spé-
cialement à un parc privé qu’à un jardin
public, où l’on plante plus serré.
Si l’on désire unir la^ végétation toujours
verte à celle des feuillages caducs, des
Conifères A A, par exemple dt^s Epicéas ou
des Sapins argentés, distancés de 5 à 6 mè-
tres au moins, détacheront agréablement
pendant l’biver leurs flèches un peu sombres
sur l’ossature grêle des rameaux dénudés
des autres essences. Parmi eux viendront
se placer les arbres de haute tige B B, es-
pacés de manière à ne pas se nuire mutuel-
lement et à combiner harmonieusement
leurs feuillages. Par exemple, si l’on est
proche de l’habitation, les Marronniers, les
(1) Traité général des parcs et jardins^ pp. 312,
627, etc.
Érables, les Tilleuls, les Platanes, aux feuil-
les grosses, aux formes un peu épaisses,
fourniront de vigoureux premiers plans qui
pourront être allégés çà et là par quelques
arbres à feuilles plus légères et pennées :
Sorbiers, Fiênes, Sophoras.
Au contraire, dans les lointains, les
feuillages blonds, comme ceux des Peu-
pliers, des Saules, des Bouleaux, adouciront
les formes, estomperont les lignes et recu-
leront les perspectives.
Au-dessous de ces grands arbres bien
espacés, une population arborescente de
troisième grandeur viendra remplir les vides
et accentuer la masse en amphithéâtre des
massifs.
Ce seront les baliveaux qui rempliront
celte fonction.
Suivant les conditions plus ou moins
naturelles ou décoratives dans lesquelles on
devra se maintenir, on choisira parmi les
espèces suivantes :
Pour un grand parc semi-forestier,
très- sim pie dans sa composilipn : Charmes,
Cytises Faux-Ébéniers, Cerisiers de Sainte-
Lucie {Mahaleb)^ Merisiers à grappes {Pa-
dus), Érables champêtres. Sorbiers des
oiseleurs. Frênes à Heurs, etc., etc.
2° Pour des parcs de moindre étendue,
des essences plus variées et plus exotiques,
principalement dans le voisinage dfe l’habita-
tion principale : Alisiers et Azéroliers va-
riés, Pommiers Horibonds, à Heurs doubles,
baccifères. Oliviers de Bohême, Hippophaés,
Érables jaspés de Colchide, Pêchers à fleurs
doubles, Cytises variés, Kælreuteria, Pa-
viers de Californie, Prunelliers à Heurs dou-
bles, Saules Marsault panachés, Noisetiers
de Byzance, etc., etc.
Vient ensuite le peuplement en arbustes-
touffes. Ces végétaux doivent former le
taillis, le sous- bois. Leur choix est impor-
tant ; il peut varier extr êmement, rnais tou-
jours il doit être inspiré par une entente
parfaite de la végétation de chaque espèce
et de la taille qu’elle doit acquérir. Après
de nombreuses observations sur cette ques-
tion conaplexe, j’en suis arrivé à formuler
ainsi mon opinion sur les plantations arbus-
tives dans les grands massifs :
Planter assez épais, sans excès cepen-
dant, pour que le massif soit à peu près
garni la seconde année après la reprise ;
2" Réser ver les espèces les plus basses
I pour la bordure intérieure, c’est-à-dire
DES PLANTATIONS DANS LES PARCS PAYSAGERS.
129
sur le bord de l’allée, elles espèces les plus
fleurissantes pour la bordure extérieure,
c’est-à-dire sur le côté de la pelouse;
3» Planter tout l’intérieur en espèces vul-
gaires, d’un prix peu élevé, propres à
végéter à l’ombre et à garnir pendant quel-
ques années le sous-bois, pour disparaître
ensuite, étouffées sous les arbres devenus
forts, et lorsque l’effet complet est produit.
Voici un exemple de ce mode de planta-
tion :
Soiis-hois : Viornes mansiennes (Vihur-
nurn Lantana), V. obier (V. Opulus),
Bourdaines {Rhamnus Frangula). Troène
O lo lîo Mètres
Fig. 24. — Plantations au parc du Trocadéro.
commun {Ligustricm vulgare), Cornouiller
mâle {Cornus mas), G. sanguin (C. san-
guinea), Xylostéon (Lonicera Xylosteon).
Bordure intérieure, à V ombre : Gro-
seillier stérile {Ribes alpinum s'erile).
Laurier Alexandrin {Ruscus racemosus),
Spirée lancéolée à fleurs doubles {Spiræa
Reewesiana flore pleno), Gotonéasters
{Cotoneaster buxifoiia et microphylla),
Mahonias {M. Aquifolium), Fusains du
Japon {Evonymus Japonicus et var.),
Troène de Chine nain {Ligustrum Si-
nense nanum), T. luisant (L. spica-
tum), etc., etc.
Bordure, côté des pelouses : Spirées
variées {Spiræa prunifolia, sorbifolia,
salicifolia, Thunbergii, crenata, Van
Houttei, Reewesiana flore pleno), Forsy-
430
DES PLANTATIONS DANS LES PARfîS PAYSAGERS.
thia viridissima, Weigela rosea et W.
hortensis nivea, Indigofera Dosua, Des-
modium penduliflorum^ Cytisus villo-
sus, Amygdalus nana^ Leycesteria for-
mosa, Berheris Darwini^ dulcis, Deutzia
gracilis, etc., etc.
Deuxième rang, côté des pelouses :
Troëne de Chine {Ligustrum sinense),
Buddleia Bindley ana, Gorète {Kerria Ja-
ponica flore pleno), Genêt blanc {Genista
multiflora alba), Goronille des jardins
{Coronilla Emerus), Seringat de Keteleer
et autres {Philadelphus Keteleeri, Zeyheri,
Gordonianus, etc.), Deutzias {Deutzia cre-
nata flore pleno), Cognassiers du Japon
(Chœnomeles Japonica et umhilicata),
Galycanthes {Calycanthus occidentalis et
floridus, Cytise trifolié {Cytisus sessi-
lifolius, etc., etc.).
Troisième rang, intérieur : Ghaméce-
risiers {Lonicera Tatarica et var.), Amor-
pha {AmorpJia fruticosa), Spirées {Spi~
ræa opulifolia, ariœfolia, Lindleyana),
Noisetiers {(lorylus avellanae\ var.), Faux-
Pistachier [Staphylea pinnata), Ghionan-
the {Chionanthus Virginica), Troëne à
feuilles ovales {Ligustrum ovalifolium),
Sureaux {Sambucus nigra et variétés ia -
ciniata, marginata, argentea, etc.). Lilas
variés {Syringa vulgaris et var.), grand
Seringat {Philadelphus grandiflorus), Gro-
seillier sanguin {Ribes sanguineum) ,
Boule de neige {Yïburnum Opulus, var.
sterilis), etc., etc.
On aura remarqué que le plus grand
nombre des espèces citées, qui ne sont
d’ailleurs qu’une bien faible portion de
celles qu’on peut planter dans les massifs
d’oinement, sont à feuilles caduques. Je
n’y ai intercalé quelques essences à feuilles
persistantes, telles que Mahonias, Troënes
de Chine et à feuilles ovales, Lauriers
alexandrins, etc., que parce qu’elles s’har-
monisent bien avec les feuillages caducs pen-
dant l’été et qu’elles relèvent un peu la nu-
dité des massifs pendant l’hiver. Plusieurs
de ces espèces ont un autre caractère, un
peu ambigu, qu’il est bon de faire ressortir.
Elles sont à feuilles semi-persistantes, par
exemple le Troëne à feuilles ovales (appelé
à tort Troëne de Californie, puisqu’il est du
Japon), qui perd ses feuilles anciennes seu-
lement lorsque les nouvelles apparaissent.
Le mélange de ces diverses espèces demande
du soin et du goût. Si l’on sait les entremêler
savamment, de manière à ce que les feuil-
lages légers et composés se mêlent aux
feuillages lourds et simples, en prenant la
précaution de ne pas mettre deux espèces
semblables à côté l’une de l’autre, on ob-
tiendra d’excellents résultats d’ornementa-
tion.
Les distances d’écartement des arbustes
ne doivent jamais être intérieures à ln»50 en
tous sens, excepté pour lesjardins de ville.
On peut planter le premier rang de bordure
de 1^10 à 50 de distance de l’allée, et
dans le rang àl"* 20 d’écartement au mini-
mum.
Je crois utile de rappeler par le tableau
suivant, pour les personnes qui ne les au-
raient pas présents à la mémoire, le nombre
de pieds de végétaux ligneux à planter à
l’hectare, à des distances variables :
Nombre d’arbres ou d’arbustes à planter à l’hectare
à des distances variant entre 0" 50 et iO mètres.
A 0">50....
. 40,000
A4™ »
625
A 1“ »
. 10,000
A 4^50
493
A 1^50...,
. . 4,436
A 5™ »
400
A 2™ »
, . 2,500
AO™ ».'....
276
A 2” 50. . . .
1,600
A 7™ »
201
A »
. 1,090
A 8™ »
156
A 3™ 50....
812
A 10™ »
100
Je recommande de planter la bordure, du
côté de la pelouse, suivant une ligne très-
sinueuse, avec beaucoup d’angles rentrants
et sortants, de manière à éviter toute régula-
rité, et à obtenir ainsi une union parfaite des
massifs et de la pelouse. De cette manière,
le gazon se mêlera insensiblement au feuil-
lage des arbustes ; pour accentuer cette dis-
position. On jette çà et là quelques arbustes
isolés, tout à fait en dehors de la bordure,
et l’on découpe des ronds dans le gazon
pour empêcher l’herbe d’affamer les jeunes
plants, au moins pendant deux ans, jusqu’à
ce qu’ils aient pris assez de force.
Arrivons maintenant à la disposition à
donner aux isolés, qui doivent être dispersés
sur les bords des massifs, comme des ve-
dettes destinées à les annoncer, à accuser la
transition entre la pelouse et le groupe li-
gneux.
Là encore la diversité est infinie.
Je ne citerai que l’exemple fourni par le
croquis ci-joint. Get aspect pourra devenir
extrêmement polymorphe, et il suffira de se
préoccuper des effets de contraste dont i}
offre un modèle recommandable.
NOUVEAU MODE DE SEMIS DES FOUGÈRES.
131
N® 1. — Un Yucca pendula (près de la
bordure).
N® 2. — Groupe de trois Bambous {Bam-
busa aurea.)
3. — Groupe de trois Nég:ondos panachés
{Negundo fraxmifolium foliis variegatis).
N" 4. — Grosse touffe de Laurier alexan-
drin {Ruscus racemosus).
5. — Groupe de plantes vivaces (Pi-
voines, Delphinium^ Phiox, etc.).
N°6. — Un Wellingtonia gigantea (planté
sur butte;.
N» 7. — Un Cotonéaster du Népaul (Goto-
neaster nepalenais^ synonyme du G. Si-
monsii).
8. — Plantes vivaces variées grandes.
N® 9. — Groupe de trois Géanothes bleus
{Ceanothus azureus grandiftorus).
N° 10. — Un Gingko {SaUshuria adian-
ti folia).
N» il. — Un Cyprès de Lawson {Cha-
mœcyparis Doursieri).
N® 12. — Un Tilleul argenté {Tilia ar-
gentea) à haute tige.
13. — Un Érable à larges feuilles
(Acer macrophyllum), à haute tige.
No 14. — Un Thuiopsis (Thuiopsis borea-
lis).
Ce groupement donne de très-jolis effets
décoratifs. Il peut être facilement reproduit
au moyen de l’échelle de proportion placée
au bas du croquis, et qui permet de mesurer
la distance entre les divers végétaux figurés.
A nos lecteurs maintenant d’imaginer les
variantes qui leur plairont le mieux, en se
souvenant qu’elles seront d’autant plus agréa-
bles que leurs combinaisons conserveront
l’harmonie dans le contraste, ce qui est le
but le plus élevé de l’art des jardins.
Ed. André.
NOUVEAU MODE DE SEMIS DES FOUGÈRES
Jamais, peut-être, le mot (( nouveau » ne
fut appliqué plus à propos que dans le cas
qui nous occupe : c’est à un jardinier de
Fontainebleau, M. Dugourd, que revient
l’honneur de la découverte.
Pour cultiver les plantes qu’il recueille
dans ses herborisations, M. Dugourd a cher-
ché à reproduire les conditions dans les-
quelles elles croissent naturellement, et à cet
effet il a construit des rocailles à toutes les
expositions, et les sous-bois, le dessous des
arbres, même les « fourrés, » sont garnis
d’espèces en rapport avec les milieux fac-
tices qu’il leur crée. C’est, pourrait -on
dire, une vaste forêt en, miniature ; aussi
trouve-t-on, dans son jardin, une grande
quantité de plantes qu’on chercherait vaine-
ment dans la plupart des écoles de bota-
nique. Nous devons ajouter que M. Du-
gourd est fortement encouragé par son
patron, M. de Circourt, qui, lui aussi, s’in-
téresse beaucoup à ces plantes dont il suit
avec attention le développement. Tout lé-
gume est prohibé de cet enclos, et l’on n’y
trouverait pas même un pied d’Oseille ou
de Persil, ces hôtes presque obligés de tout
jardin, quelque réduit soit-il.
Après cette sorte de digression que nous
avons jugée nécessaire pour donner une
idée de ce jardin peu connu, quoique très-
digne de l’être par tout amateur de plantes,
nous arrivons au mode en question de se-
mis de Fougères. Le voici :
Voici, tout garni de Scolopendres, un
petit rocher en meulière placé dms un
coin et derrière une orangerie sombre, non
vitrée. M. Dugourd eut l’idée d’en garnir
les anfractuosités avec des Fougères pou-
vant s’accommoder de cette situation. Mais
comme certaines parties qu’il voulait gar-
nir étaient dépourvues de terre et ne
présentaient que les aspérités naturelles
de la pierre meulière, et après s’êire dit
que dans ces conditions spéciales les Sco-
lopendres étaient particulièrement propres
à garnir ce rocher , il eut l’idée d’y
semer des sporanges de cette espèce, mais
alors par un tout autre procédé que celui
qu’on emploie généralement. Il prit des
frondes de Scolopendres garnies de fructifi-
cations et les brossa fortement dans l’eau
du réservoir placé à la base du rocher, afin
de détacher ces fructifications et d’en déga-
ger les spores, après quoi, de temps à au-
tre, à l’aide d’une seringue, il prenait, après
l’avoir agitée, de Teau dans le bassin, et
la lançait sur les parties du rocher qu’il dé-
sirait couvrir de Scolopendres.
C’est ainsi, dit M. Dugourd en nous mon-
trant son rocher, qu’au bout de quelques
mois je vis apparaître des petites taches qui
ensuite s’agrandirent en se modifiant, et qui
132
DENDROBIUM ERURNEUM.
me donnèrent de jeunes Scolopendres qui se
développèrent en augmentant constamment en
nombre. Je ne puis attribuer la présence de
ces plantes à d’autre cause qu’à l’opération
que j’avais faite, puisque, outre qu’il n’y avait
dans mon jardin aucun pied de cette Fougère,
mon rocher, qui était même à l’abri de l’air et
des influences atmosphériques, se trouvait dans
le fond d’nne orangerie, dans un coin, et que,
construit depuis huit ans, je n'avais jamais
observé sur ce rocher la moindre trace de Sco-
lopendre. »
Ce résultat, obtenu par M. Dugourd,
nous semble ouvrir une nouvelle voie pour
la multiplication non seulement des Scolo-
pendres, mais peut-être même des Fou-
gères en général, et permettre d’en garnir
certains endroits dénudés et dont l’accès
tellement difficile semblait s’opposer à ce
qu’on pût jamais les garnir de végétaux.
Précisons, et prenons pour exemple, soit la
grande cascade du parc des Buties-Chau-
mont, soit certaines parties des rochers de
ce jardin tellement élevés et à pic, qu’il est
à peu près impossible d’y arriver et com-
plètement impossible d’y planter des végé-
taux, qui pourtant y produiraient un très-
bon effet. Eh bien ! grâce au procédé inventé
par M. Dugourd, il nous paraît probable
qu’on pourrait les couvrir de verdure. Pour
cela, il suffirait de frotter dans des baquets
ou des réservoirs remplis d’eau des frondes
fructifères de Fougères diverses appropriées
aux circonstances, de puiser l’eau avec une
seringue et de la lancer sur les diverses
parties que l’on tient à garnir. Si ces parties
étaient trop élevées pour être atteintes avec
une seringue, on pourrait peut-être em-
ployer une pompe à bassiner, permettant
de lancer de l’eau jusqu’à 15 mètres ou
même plus. Il va sans dire que l’opération
devra être répétée plus ou moins souvent,
en raison des conditions où se trouveraient
placées les parties à garnir.
Peut-être même qu’à l’aide de ce procédé
on arriverait à multiplier certaines espèces
de Fougères ou de plantes analogues dont
jusqu’ici la germination est difficile ou
même impossible.
E.-A. Carrière.
DENDROBIUM ERURNEUM
Au mois de mars de l’année dernière,
M. Augustin Régnier trouva, près de Plum-
Bat, dans le Cambodge, l’Orchidée qui fait
le sujet de cet article. Le mois suivant, il
l’apporta vivante en France. Les pieds im-
portés se mirent peu de temps après à
fleurir, et nous permirent de déterminer
l’espèce.
La |)lante se nomme Dendrobe à fleurs
d’ivoire {Dendrobium eburneum) (1). Elle
a été d’abord découverte par M. Parish,
dans le Moulmein, et expédiée par lui, en
compagnie du D. fovmosum et autres
espèces, à MM. Low et C‘®, à Londres.
L’espèce n’est donc pas nouvelle, et plu-
sieurs de ses congénères sont plus brillantes ;
mais elle a une qualité rare qui la fera ac-
cueillir avec faveur : c’est la longue durée
de ses fleurs. Nous avons eu, sur notre bu-
reau, par conséquent dans des conditions
peu favorables à la culture et à la floraison
des Orchidées, deux touffes de Deyidro-
bium eburneum dont les fleurs se sont
conservées fraîches pendant sicc semaines.
(1) Dendrobium eburneum, Reich, f. mss. —
Bateman, Bot. Mag., t. 5459.
La description de l’espèce étant jusqu’à
présent assez incomplète, et réduite à la
phrase diagnostique publiée par M. Bate-
man, nous avons pu prendre à loisir le
signalement suivant, qui la fera plus com-
plètement connaître :
Plante épiphyte, à tiges nombreuses,
cylindracées, un peu fusiformes, sillonnées,
longues de 50 centimètres environ, d’un
gris cendré, annelées de jaune aux articu-
lations, les jeunes pourvues, surtout au
sommet, de poils courts, noirs, apprimés.
Feuilles longuement persistantes, dres-
sées, oblongues, obtuses, à base subcordi-
forme embrassant la moitié de la tige, iné-
quilatéralement échancrées au sommet, à
surface un peu ondulée, longues de 6-8 cen-
timètres, larges de 3 centimètres, épaisses
et d’un vert gai.
Inflorescence en grappes courtes, de une
à quatre fleurs, naissant à l’aisselle des
feuilles supérieures persistantes ou des an-
ciennes tombées ; bractées petites, brunes,
scarieuses, les supérieures aiguës; pédon-
cule cylindracé, long de 4 centimètres,
blanc d’ivoire ou carné, devenant conique
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PIN RUSTIQUE POUR PLANTATIONS URBAINES.
133
à sa jonction avec l’ovaire finement sillonné.
Fleurs charnues, d’un blanc d’ivoire poli;
sépales égaux, ligulés, aigus, carénés, à
bords entiers, longs de 35 millimètres,
larges de 10 millimètres, les latéraux
connés, gibbeux à la base et prolongés
en un éperon cylindrique, obtus, droit,
dépassant la moitié de la longueur du pé-
doncule ; pétales lancéolés aigus, inéquila-
téraux, égalant les sépales, mais plus élar-
gis au milieu (14-15 millimètres), recourbés
en dehors, à bords entiers, incurvés, un
peu sinueux ; labelle panluriforme aigu,
lo’ng de 3 cenlimètres, à base d’abord ré-
trécie, puis brusquement dilatée, à deux
lobes latéraux, obliquement arrondis, con-
vergents, contractés au milieu, parcouru
dans sa partie supérieure par un faisceau
de 5 à 6 lignes saillantes, longitudinales,
rouge sang comme les veines ou stries des
lobes latéraux ; lobe médian blanc pur,
teinté de jaune au sommet, lancéolé aigu,
large de 15 millimètres, à bords légèrement
émoussés, ondulés, convolutés au sommet,
à surface rugueuse, parcourue par le pro-
longement des lignes saillantes du disque ;
colonne dilatée à la base, rouge sang foncé
dans la première moitié de sa hauteur,
blanche au-dessus jusqu’au sommet, et
pourvue de deux petites auricules dressées
triangulaires.
Le Dendrobium eburneum, dont les
tiges fleurissent d’autant plus facilement
que les pieds sont plus récemment im-
portés, se cultive avec la plus grande faci-
lité. Serre chaude humide dans la période
de végétation; transport dans une atmos-
phère sèche quand l’activité végétative est
passée, afin de préparer les tiges à fleurir ;
bassinage sur les racines quand les boutons
sont formés et sortis des spalhes, et que
l’épanouissement approche ; plantation dans
des paniers suspendus, assez larges pour
favoriser le développement rapide des ra-
cines et des tiges; tels sont les soins élé-
mentaires qui permettent d’obtenir une
bonne culture de cette plante et une abon-
dante floraison annuelle. Ed. André.
PIN RUSTIQUE POUR PLANTATIONS URBAINES
Au lieu de rustique, je pourrais dire ro-
buste ou, mieux, je pourrais dire ces deux
choses, l’espèce dont je vais parler étant à la
fois robuste et rustique, deux appellations
qu’on prend souvent dans le même sens,
bien que, au point de vue pratique, elles
aient une signification bien différente. Ro-
buste signifie fort, vigoureux, quelque chose
de relativement athlétique, mais qui, néan-
moins, peut être sensible à l’action du froid.
Au contraire, rustique signifie résistant,
c’est-à-dire « qui ne gèle pas; » une plante
rustique peut donc être chétive, délicate,
avoir même un aspect souffreteux ou « ma-
lingre, tandis qu’une plante robuste, qui
peut être très-vigoureuse, forte, d’une crois-
sance exubérante, peut néanmoins être très-
sensible à l’action de la gelée.
Eh bien ! la plante dont je vais parler, le
Pinus austriaca, présente ces deux qua-
lités : c’est une espèce à la fois rustique et
robuste. En effet, elle supporte les plus
grands froids sans en éprouver le moindre
mal, et il n’en est aucune qui résiste aussi
bien aux mdieux délétères, à ceux regardés
comme les plus défavorables à la végétation
des Conifères. Aussi, là où elle ne vient pas.
inutile d’en essayer d’autres : aucune ne
pousserait.
C’est surtout dans les villes importantes
et commerciales, où la population est très-
nombreuse, où les maisons sont tellement
entassées que l’air semble manquer, tant il
est vicié, que l’on peut apprécier la robus-
ticité du Pinus austriaca ou Pin noir d’Au-
triche. Là, au milieu de la fumée et des
gaz de toute nature qui forment une es-
pèce de brouillard perpétuel, et qui contien-
nent des particules charbonneuses qui, en
se condensant, se déposent en une couche
de suie noire, le Pinus austriaca prend un
aspect plus sombre, c’est vrai, mais cepen-
dant il pousse et vit encore. C’est donc le
Pin qu’il convient de planter dans les grands
centres industriels.
Il y a bien longtemps que j’avais fait cette
remarque et constaté les qualités toutes par-
ticulières dont je viens de parler ; mais ce
n’est que récemment, en descendant du
chemin de fer de ceinture à la station de
Belleville-Villette, après avoir traversé üne
gorge profonde dont les talus sont plantés
de chaque côté de la voie ferrée de
Pins très- vigoureux et d’un vert noir, sem-
134
CHOIX DE CHRYSANTHÈMES.
blant. braver l’atmosphère à peu près cons-
tante d’une famée épaisse, que me vint l’idée
d’écrire cet article (1). C’est moins pour
faire ressortir le mérite de cette espèce que
pour la recommander pour la plantation des
villes manufacturières, comme étant la plus
avantageuse, celle qui présente tous les
mérites : rusticité, robusticité, vigueur, et
j’ajoute la beauté ! Que désirer de plus ?
May.
CHOIX DE CHRYSANTHÈMES
On sait de quelle vogue bien justifiée les
Chrysanthèmes jouissent en A-ngleterre.
Le goût de ces plantes, si précieuses à
l’automne, se répandde nouveau en France,
où elles ont été longtemps délaissées.
Nous avons publié dernièrement un inté-
ressant article de M. V. Lesueur sur leur
culture.
De nombreux jardiniers anglais se sont
passionnés pour leur culture et leur hybri-
dation; aussi en est- il résulté qu’aujourd’hui
il existe un nombre considérable de variétés
qui souvent sont fort peu distinctes les unes
des autres, et même, dans bien des cas, la
même plante se retrouve sous plusieurs
noms différents.
Pour obvier à cet inconvénient, et afin
de guider les amateurs dans le choix des
variétés préférables aux autres, surtout au
point de vue de l’ensemble des qualités dé-
coratives, le Garden vient de publier un
choix, une «sélection» des bonnes variétés
bien distinctes, dont nous nous empressons
de donner la traduction à nos lecteurs.
Variétés blanches. — Elaine et Fair
Maid of Guernsey^ variétés anciennes
bien connues ; Lady Selborne, charmante
variété nouvelle, d’un blanc pur ; La Pu-
reté, à floraison abondante ; fleurs d’un
blanc pur, à pétales longs et étroits, un peu
contournés, ondulés.
Variétés de couleurs pales. — Bou-
quet fait, rose argenté clair ; Espérance,
fleurs lilas, rassemblées par masses, pétales
ondulés ; Fée Rageuse, fleurs recourbées,
blanc teinté couleur lavande, pétales larges;
Hiver-Fleur, couleur crème, fleurs abon-
(1) L’auteur parle certainement des pentes de la
vallée de cheTnin de fer, dans la partie du parc des
Buttes-Chaumont longeant la rue de Grimée, et
que j ai plantée en 1867 presque entièrement en
Pins noirs d’Autriche. Ces arbres ont parfaitement
résisté, en effet, aux intempéries, à la fumée, à Tair
vicié, et ajoutons à l’argile compacte dans laquelle
ils ont été placés, ce qui indique combien cette
espèce est facile sur la composition du sol.
Ed. André,
dantes; James Salter, mauve; La Frisure,
rose brillant, pétales ondulés et bouclés
d’une façon curieuse, plante très-naine ,
bien fixe; Laurence; fleur très-grande,
rose brillant; Madame Clémence Audir
guier, variété très-vigoureuse et bien dis-
tincte ; fleurs très-grandes, lilas mauve;
Madame Émile Dufour, centre mauve
pâle, augmentant progressivement d’inten-
sité jusqu’au bord ; les pétales extérieurs
retombent, formant une frange arrondie ;
Mademoiselle Aiina Delaux, variété quel-
quefois presque blanche, quelquefois nuan-
cée de violet , presque naine ; Daïmio ,
variété bien connue, à grandes fleurs rose
pâle.
Variétés jaunes. — Bertier-Rendatler,
magnifique variété à fleurs grandes, larges,
jaune canari clair, tachées de rouge ; végé-
tation vigoureuse et rapide ; fleurs orange
foncé, nuancé ambre ; Docteur Masters,
jaune brillant, variété très-caractérisée par
la couleur rouge vif de la base des pétales ;
Fulton, grande fleur jaune clair; Infante
d'Espagne, fleurs composées de longs pé-
tales plumeux, jaune pâle ; Parasol, jaune
chamois ; la plupart des pétales sont four-
chus d’une curieuse manière ; Pierre-le-
Grand, jolie variété de couleur jaune citron,
en foi-me de coupe, que ses nombreuses
qualités décoratives font très-souvent pré-
parer pour les expositions.
Variétés de couleurs foncées. — Cette
catégorie comprend de fort jolies variétés
variant entre le cramoisi taché de jaune et
le brun rougeâtre foncé.
Docteur Audiguier , rouge amarante
taché de blanc, revers des pétales blanc. La
diflerence de couleur entre le dessus et le
dessous des pétales rend cette variété tout
à fait distincte. du Midi, fleurs d’une
jolie couleur cramoisie avec le centre orange;
pétales très- larges et gracieusement r ecour-
bés. Flambeau, cette variété est à notre avis
la plus ornementale parmi les nouvelles.
Elle se rapproche un peu de la variété bieq
CHOIX DE CHRYSANTHÈMES.
135
connue Julie Lagravère, mais elle est de
floraison plus hâtive et plus élégante ; les
pétales, larges, ont de jolis reflets veloutés,
et leur partie inférieure est jaunâtre.
Marguerite Monarch, variété de hauteur
moyenne ; fleurs cramoisi foncé très-vif,
à reflets métalliques. Moyisieur Castel^
variété naine à larges fleurs cramoisies,
centre jaune. Monsieur Crousse, variété
très-florifère et très-ornementale, fleurs
cramoisies ; le revers des pétales est jaune
d’or ; les pétales se recourbant en dessus
au moment de Tépanouissement, l’ensemble
de la plante prend alors un aspect doré.
Monsieur Delaux^ plante atteignant un
développement assez grand ; fleurs lar-
ges, cramoisi foncé. M. Eugène Pourquie,
fleurs cramoisi tacheté de jaune; pétales
longs, étroits et fourchus à leur extré-
mité, très- belle variété. Monsieur Juan
Cruz d’Eguileor, variété provenant de celle
bien connue Red Dragon; mais les fleurs
sont d’un rouge cramoisi plus intense, et les
pétales sont plus longs. Monsieur Lemoine^
pétales jaune doré, bordés de cramoisi
brillant ; ce contraste est d’un grand efTet.
Père Delaux, variété très-décorative, naine,
pouvant être cultivée sans tuteurs ni sou-
tiens ; fleurs cramoisi brunâtre, veloutées,
pleines, larges et très-brillantes. Reine des
Beautés^ variété naine et à petites fleurs.
Tokio^ variété très-grande, de couleur cra-
moisi orangé brillant ; fleurs de moyenne
grandeur, mais d’une très-jolie forme.
Variétés violettes nuancées de diffé-
rentes COULEURS. — Belle Gahrielle,
fleurs rose violet, revers des pétales blanc;
ces pétales ayant leurs bords légèrement
relevés et recourbés, semblent avoir une
bordure blanche à leur partie supérieure.
Duchesse de Gerolstein^ variété se rappro-
chant beaucoup de Rosa Bonheur, mais
d’une nuance plus pâle, très-vigoureuse.
Fulgore : fleurs quelquefois presque blan-
ches, quelquefois lilas clair par places, qui
peuvent même couvrir entièrement quel-
ques-uns des pétales. Rosa Bonheur, va-
riété appelée à être très-répandue; fleurs
larges, de couleur violet foncé, d’un très-
riche effet; plante très-distincte.
Variétés a fleurs de différentes cou-
leurs. — Les variétés suivantes sont toutes
de premier ordre. Comte de Germiny,
fleur jaune nankin éclatant, marqué de
cramoisi ; pétales très-longs et en pstrtie
recourbés d’une façon curieuse. La Char-
meuse, variété très-florifère, naine, à fleurs
rouge amarante brillant. Triomphe de la
rue du Châtelet: fleurs très- larges, d’un
coloris particulier, saumon éclatant. Source
japonaise, jolie variété très-distincte, ob-
tenue par M. Delaux. Les pétales sont très-
larges, d’une couleur violette plus ou moins
tachée de carmin, et sont recourbés d’une
telle manière que la fleur a plutôt la forme
d’une conpe que d’une boule.
Variétés a pétales recourbés. — Ces
variétés étant pour la plupart connues
d’assez longue date, nous allons seulement
donner une liste de celles qui se prêtent le
mieux à la culture en pots.
Variétés blanches ou de couleur pâle :
Aimée Ferrière, Beverley, Ève, Empress
of India, Monsieur George Glenny,
Madame Rundle, Madame Heale, Ma-
dame Haliburton, Princess of Teck,
Queen of England, Vénus, White globe.
Variétés jaunes et bronzées : Aureum
multiflorum, Barbara, An g elina. Golden
Queen of Englayid, Jardin des Plantes,
Monsieur Brunlees, Monsieur J. Laing,
Monsieur Bunn, Madame Dixon.
Variétés roses de diverses nuances ;
Beauty, Docteur Rozas, Fingal, Hero of
Stoke Newington, Lady Hardinge, Lady
Slade, Lady Talfourd, Pink Perfection.
Variétés de nuances foncées : Lord Derby,
Monsieur Cobay, Mulberry, Nil despe-
randum, Prince of Wales, Refulgens,
Révérend G. Boys, Le Grand, Madame W.
Shipman.
Variétés a pétales défléchis. — Va-
riétés très-remarquables à cause de leurs
brillantes fleurs très-abondantes. Voici les
meilleures : Annie Salter, orange ; Chris-
tine, jaune pourpre; Chevalier Domage,
jaune; Docteur Sharp, cramoisi magenta,
très-jolie ; Garibaldi, rouge brillant; Julie
Lagravère, cramoisi foncé; Progné, ama-
rante brillant, fleurs ayant l’odeur de la
Violette; King of the Crimsons, qui
ressemble à Julie Lagravère, mais en plus
grand.
Chrysanthèmes-Anémones. — Formes
très-distinctes, qui produisent un très-bon
effet lorsqu’elles sont mélangées avec d’au-
tres :
Acquisition, lilas ; Empress, bleue ;
Fleur de Marie, blanche ; Gluck, jaune ;
Georges Sand,, rouge et Jaune ; King of
136
CHOIX DE CHRYSANTHÈMES.
^Hcwones, pourpre carminé; Madame Go-
deraiix, blanc de crème ; Monsieur Chaté,
rose pêche ; Madame Clos, violet rose ;
Madame Pethers, lilas; Prince of Ané-
mones, bleu lilas, pétales du centre très-
serrés.
Parmi ces dernières variétés, les plus
jolies, et en même temps les plus aptes à
la culture en pots, sont : Fleur de Marie,
Monsieur Clialé et Madame Clos.
Chrysanthèmes-Anémones pompons. —
Variétés exigeant très- peu d’espace : Anto-
nius, jaune ; Caliiope, rouge rubis ; Dick
Turpin, magenta brillant ; Firefly, écarlate ;
Grâce Darling, rougeâtre; Marie Stuart,
rougeâtre; Monsieur Wyness, rose lilacé
tach( té de jaune ; Virgmans, blanc.
Chrysan'ihèmes pompons. — Adonis,
rose et pourpre ; Annette, lilas pâle poin-
tillé de pourpre; Bob, cramoisi brunâtre ;
Champs-Èlysées, rouge amarante ; Crim-
son Perfection, cramoisi; Fanny, cra-
moisi ; Jersey Gem, jaune pointillé de brun ;
Mademoiselle Marthe, blanc pur fort joli,
très-cultivé en Angleterre pour le marché ;
Model of Perfection, lilas régulièrement
tacheté de blanc, forme très-distincte ; Mar-
guerite Vincent, cramoisi noisette brillant;
Marie Crozat, jolies fleurs cramoisi- pour-
pre, plante vigoureuse ; Prince Victor,
marron ; Salamon, carmin foncé ; Sangui-
neum, cramoisi tacheté de jaun dans le
centre; Saint-Michael, jaune brillant;
Snowdrop, jolies (leurs blanches, petites.
ChRYSA.NTHÈMES a floraison HATIVE. —
Dans les variétés japonaises : Elaine, blan-
che ; Lady Selhoime, blanc; Gloire rayon-
nante, grande (leur lilas pâle, à pétales durs
et plissés sur toute leur longueur. Madame
Ruïidle, Monsieur George Glenny et
Madame Dixon sont les plus hâtives des
variétés de cette classe.
Parmi les Pompons, les plus hâtives
sont: Adrastus, rose pourpre; Auréole,
rose ; Aigle d’or, jaune ; Bolide, cramoisi
jaune; Capitaine N émo, goxxrgxe ', Géné-
ral Cayirohert, jaune pâle ; Sœur Mélanie,
très-jolie variété à fleurs blanc pur, en
boules, très-utile pour les bouquets.
Ces variétés hâtives possèdent le double
avantage de fleurir à une époque ‘où la
garniture des appartements est la plus re-
cherchée, et avant les froids qui souvent
arrêtent la floraison des Chrysanthèmes.
Les variétés à pétales recourbés présen-
tent cet inconvénient que les fleurs retien-
nent l’eau des rosées et de la pluie, et qu’a-
lors, trop chargées, elles retombent vers la
terre et nuisent beaucoup à l’aspect général
de la plante.
Chrysanthèmes fleurissant l’été. —
Les variétés de cette catégorie sont entrées
en faveur d’une manière frappante depuis
plusieurs années. Elles sont, pour la plu-
part, à fleurs de petite dimension, excepté
cependant Madame C. Desgrange, variété
à grande fleur blanche. Citons parmi elles :
Cassy, rouge; Frédérick Pelé, cramoisie;
//endersonr, jaune, à grande fleur ; La Petite
Marie, blanche; Lucinda, rougeâtre; Le
Luxembourg , jaune ambré ; Nanum, blanc
violet ; Perpétuel Toulousain, rouge ; Pré-
cocité, jolie nuance jaune ; Scarlet Gem, cra-
moisie; Souvenir de Monsieur Rampont,
pourpre rougeâtre ; Souvenir d’un arni,
blanche.
Chrysanthèmes a pétales frangés. —
Cette catégorie comprend les variétés ayant
l’extrémité des pétales profondément et fine-
ment laciniée, presque toujours très-jolies,
et employées surtout pour les fleurs coupées.
Laciniatum, variété introduite du Japon
par Fortune, et rappelant assez la forme et
la couleur d’un Œdlet ; une autre jolie va-
riété blanche, qui est certainement ancienne,
est Marabout, plante moyenne de la section
des Pompons, dont les fleurs sont parfois
délicatement nuancées de rose ; Lucrèce,
brun rouge et jaune ; Adèle Frisette, lilas ;
Frémy, saumon nuancé de rouge ; Ma-
dame Dieux, pétales rose tendre en dessus
et blancs en dessous ; ces pétales, étant
frangés et partiellement recourbés, donnent
à la heur, de grandeur moyenne, un aspect
tout particulier; Monsieur Bonamy aîné
est plus foncé en couleur que la variété
précédente, et ses pétales frangés ne sont
pas recourbés ; Striatum, variété à pétales
rayés ou striés, très-remarquable quand ces
raies sont bien marquées, mais assez varia-
ble sous ce rapport ; les raies, souvent
d’égale largeur, alternent et sont blan-
ches et rose pourpre ; quelquefois, l’une
quelconque de ces deux couleurs occupe
plus de surface que l’autre ; Striatum per-
fectum, blanc rayé rose ; lorsque ces raies
sont bien marquées, la Heur est fort jolie,
mais il arrive souvent qu’elles sont à peine
visibles. Ces deux dernières variétés pro-
viennent du type japonais Monsieur G.
GREFFE DE DAHLIAS EN ÉCUSSON. — TRAITEMENT SPÉCIAL DE LA VIGNE. 137
Wolkenstein ; Hofgartner Lehl., de la sé-
rie des variétés japonaises à petites fleurs,
pétales marqués de rose, de blanc et de
cramoisi. Ges dernières variétés sont l)ien
distinctes et très-jolies.
Ch. Thays.
GREFFE DE DAHLIAS EN ÉCUSSON
Bien qu’il soit déjà considérable, le nom-
bre des variétés de greffes pourrait être
encore augmenté; il pourrait même l’être
presque indéfiniment. En effet, pour cons-
tituer une greffe, il suflit de mettre en
contact des parties en voie de formation, à
la condition qu’elles aient entre elles cer-
tains caractères organiques communs.
Il n’y a donc l ien d’étonnant que nous en
représentions aujourd’hui une qui, si elle
n’est pas tout à fait inconnue, n’est ni
figurée ni décrite. Elle a même un avantage
sur beaucoup de celles qui sont recom-
mandées : elle est d’une exécution facile et
donne des résultats certains. Voici en quoi
elle consiste :
On prend, soit au printemps, soit dans le
courant de l’été, un tubercule de Dahlia
alors qu’il est en végétation; on fait sur une
partie unie deux incisions formant T, comme
on le ferait pour toute autre greffe en écus-
son; on en soulève l’écorce, et on introduit
sous celle-ci un œil qu’on a dû enlever et
préparer de la manière que l’on sait, puis
on ligature comme cela se fait ordinairement,
et l’opération est terminée.
• La figure 25 montre, au 15 juillet, une
de ces greffes qui avait été faite le 1®** de ce
même mois. On peut aussi, au lieu d’un œil,
insérer un rameau; l’opération réussit très-
bien, mieux même, car la reprise est plus
prompte et le développement beaucoup plus
rapide. Ainsi un bourgeon greffé à celte
même époque, qui avait 6 centimètres de
longueur, mesurait, quinze jours plus tard,
22 centimètres. On peut également opérer
de manière que le greffon puisse s’affran-
chir; il suffit pour cela de conserver à sa
base un talon, c’est-à-dire des yeux qui
émettront des tubercules, ainsi du reste
qu’on le ferait s’il s’agissait d’une greffe en
fente pratiquée sur un tubercule.
Quant aux soins ultérieurs, ils sont des
plus simples. Une fois greffés, les tuber-
cules sont mis dans des petits pots qu’on
place sous cloche dans une serre à multi-
plication. Peut-être môme, si l’on n’avait
Fig. 25. — Greffe de Dahlia en écusson.
employé pour greffon que des yeux non
développés, suffirait-il de les enterrer en
plein air en les recouvrant d’un peu de ter-
reau. Mieux vaudrait pourtant, selon nous,
les recouvrir d’une cloche; outre que le
résultat serait plus assuré, la reprise se
ferait plus promptement.
E.-A. Carrière.
TRAITEMENT SPÉCIAL DE LA VIGNE
Depuis plusieurs années, j’applique aux treil-
les de mon jardin un mode de culture qui
m’a toujours donné d’excellents résultats.
Cette année encore, quoique la température ait
été bien contraire à la Vigne, j’ai récolté en
abondance de beaux et bons Raisins, dont tous
les grains se sont bien développés, contraire-
ment à ce qui s’est passé partout ailleurs. J’ai
également constaté qu’aussitôt que j’ai appli-
qué cette culture à mes treilles, l’oïdium dont
elles étaient infestées a disparu, tandis que
celles de mes voisins, traitées par le soufre.
138
POMME SANS PÉPIN.
sont encore dans un état déplorable. Est-ce là
un cas exceptionnel ? ou bien la disparition
de l’oïdium tient-elle à ma culture? C’est
probable, mais je ne puis pourtant l’affirmer,
et c’est précisément pour être fixé sur ce
point que Je fais appel à la publicité de votre
journal, en vous priant d’engager vos lecteurs
à faire eux-mêmes des expériences.
Mon système repose sur ce principe : que
c’est le manque de chaleur qui nuit à l’épa-
nouissement de la fleur de la Vigne qui, alors,
ne peut s’accomplir dans de bonnes conditions.
Il consiste donc à réchauffer le pied de la
Vigne : 1» quand les bourgeons commencent
à paraître, afin de provoquer une bonne végé-
tation; 2» au moment de la fleur, afin d’em-
pêcher la coulure ; 3» quand les Raisins com-
mencent à tourner et pour en favoriser le
développement.
L’engrais qui m’a le mieux réussi est un
mélange d’urine et d’eau, dans la proportion
d’un quart d’urine et trois quarts d’eau pour
les premiers arrosages, d’un tiers d’urine et de
deux tiers d’eau pour les deux autres.
Environ un demi-litre à un litre d’engrais
est nécessaire, suivant le plus ou moins de
perméabilité du terrain et l’âge de la Vigne ; il
doit être déposé le soir, après le coucher du so-
leil, et à quelque distance des pieds de Vignes,
afin que cet engrais se trouve à la portée des
racines.
Les proportions d’urine qui entrent dans la
composition de mon engrais peuvent paraître
considérables ; elles ne sont pourtant pas trop
fortes, parce que mon terrain est très-per-
méable et que mes Vignes sont vieilles. Nul
doute donc que, si l’on opérait dans un sol
plus compacte, sur des Vignes plus jeunes, il
faudrait diminuer cette proportion. Cependant,
je ne pense pas qu’on puisse arriver à de sé-
rieux résultats en employant un mélange qui
ne contiendrait pas au moins un cinquième
d’urine pour le premier arrosage et un quart
pour les deux autres. Desbois.
POMME SANS PÉPIN
Arbre vigoureux, ne présentant rien de
particulier quant à son aspect général. Fruit
légèrement et obcuré ment côtelé, de gros-
seur moyenne, parfois gros, fortement dé-
primé aux extrémités, atteignant 5 centi-
mètres environ de hauteur sur 7 et plus
de largeur. Cavité pédonculaire largement
évasée en entonnoir, assez profonde et res-
serrée à l’insertion du pédoncule, qui est
petit. Cavité ombilicale très-large et peu
profonde ; œil largement ouvert, à divisions
courtes, irrégulières. Peau d’un vert her-
bacé (vert de gris), marquée çà et là de
quelques ponctuations grises, légèrement
lavée et rubannée de rose sur les parties
fortement insolées, et surtout vers la base
du fruit. Chair très-serrée,^ un peu verdâtre,
sucrée, douce, manquant de saveur. Loges
très-étroites, complètement dépourvues de
pépins.
Ces caractères sont ceux que nous a
présentés, le 24 janvier, un fruit assez
beau dû à l’obligeance de nos collègues,
MM. Transon frères, d’Orléans, qui ont mis
cette variété au commerce il y a quelques
années, et qui l’avaient reçue directement
d’Amérique, d’où elle est originaire.
Voici ce que depuis deux ou trois ans
nos confrères écrivaient dans le catalogue
qu’ils publient annuellement :
Ponime sans pépin. — Ici, comme pour
toutes les nouveautés que nous annonçons sans
avoir vu le fruit, nous déclinons toute respon-
sabilité. Nous traduisons textuellement un ar-
ticle du Gardener's Monthly, février '1874,
page 60. — New Florence (Pennsylvania].
« Nous avons ici, dans la vallée de Digomier,
une excellente Pomme d’hiver, qui n’est cul-
tivée que dans quelques vergers du centre,
sous le nom de Sans-trognon de Ménocher
{MenocheFs no core). Nous ne connaissons pas
de plus belle Pomme ; elle est bien nommée
Sans-trognon^ car elle n’a à l’intérieur rien qui
y ressemble : elle n’a ni graines ni loges, est
excellente, de grosseur moyenne, et cependant
si peu connue, que c’est à peine si elle est sor-
tie du voisinage de la vallée. »
On a pu voir, par ce que nous avons dit
plus haut de cette variété, que la descrip-
tion américaine n’est pas tout à fait exacte,
et que si cette Pomme est sans pépin, elle
n’est pas « sans trognon » ni sans loges,
puisque nous avons trouvé des loges bien
marquées, mais étroites, il est vrai, ce qui
résulte probablement de l’absence des pé-
pins.
La qualité nous a paru assez bonne, bien
que la chair manquât de saveur et aussi
d’eau, ce qui était peut-être dû à l’an-
née défavorable que nous venons de tra-
verser, et peut-être à l’époque un peu
avancée (10 janvier) où nous avons tait
la dégustation. MM. Transon disent que
DEUX PLANTES RECOMMANDABLES.
139
la Pomme sans pépin mûrit en novembre-
décembre.
Cette variété se modifiera-t-elle dans nos
cultures? viendra-t-il un temps où elle pro-
duira des pépins ? Le fait ne nous surpren-
drait pas, car notre climat n’est pas celui
de l’Amérique, d’où elle est originaire, et
avec les principes les conséquences varient.
Ë.-A. Carrière.
DEUX TUANTES RECOMMANDABLES
Ces deux plant s sont le Sedum sem-
pervivum, Led., et le Crassula rubicunda,
E. Mey.
Il y a peu de familles, dans le règne vé-
gétal, qui fournissent à l’ornementation au-
tant d’espèces que celle des Crassulacées.
Pour le démontrer, il suffirait de citer les
Echevpria, Sedum ^ Sempervivum^ Mesem-
hryanthemum, etc., qui, parleurs feuillages
diversement colorés ou par leur disposition
particulière, sont devenus indispensables
pour la mosaïculture naine. Par leur riche
floraison, peu d’espèces peuvent rivaliser
avec le Rochea falcata et le Crassula coc-
cinea^ plantes très-estimées des fleuristes,
qui les cultivent en pots pour la vente au
marché. On ne les emploie pas assez pour
la 'décoration estivale en pleine terre, aux
expositions chaudes et fortement ensoleil-
lées ; en effet, cultivées, soit en bordure
continue, soit alternées ou entrecoupées
d’autres plantes, indépendamment de l’effet
éblouissant qu’elles produisent pendant leur
floraison, ces espèces font encore pendant le
reste de la saison un très-bon effet par leur
feuillage, la pi emière avec sa teinte glauque,
et la seconde d’un vert gai. En hiver, quelle
ressource ne trouvons-nous pas dans les
abondantes fleurs rouge orangé de VEche-
veria retusa et de ses variétés, ainsi que
dans celles du Crassula lactea qui, à la
même époque, se couvre de nombreuses
grappes de fleurs blanches ! Et les touffes
du Crassula pachijura, qui sont terminées
par de nombreux épis de fleurs d’un roux
lilacé, quel effet splendide elles produisent!
A ce nombreux contingent viennent
encore s’ajouter le Sedum sempervivum
et le Crassula rubicunda.
La floraison du premier est estivale ; le
second épanouit ses fleurs depuis l’automne
jusqu’à une époque fort avancée de l’hiver.
Le Sedum sempervivum, Led. (Sed. sem-
pervivoides, Fisch., Umbilicus sempervi-
vum, Hort.), est une charmante miniature
origina'ire du Caucase » La plante forme la
première année du semis des rosettes, à la
manière des Echévérias ; ses feuilles sont
ovales, acuminées, d’un vert cendré. Livrée
à la pleine terre la seconde année du semis,
toute la plante prend une teinte d’un rouge
foncé et se couvre de nombreuses fleurs
rouge sang, semblables à celles du Rochea
falcata, et dont l’ensemble ne dépasse pas
15 à 20 centimètres de hauteur. La multi-
plication se fait de graines et de boutures,
ces dernières même avec des feuilles.
Une terre composée par tiers de terreau,
de terre de bruyère et de terre franche
lui convient parfaitement, et l’hivernage
devra se faire à la lumière, près des
verres, dans un endroit sec, afin d’éviter
la pourriture. C’est une plante excellente,
non seulement pour décorer les parties
rocheuses et pour former des bordures au
grand soleil, mais encore pour la culture en
pots.
On peut se procurer, soit des graines,
soit des plantes, chez MM. Haage et Schmidt,
à Erfurt.
Le Crassula rubicunda, E. M. {Globulea
stricta, Haw.), noms sous lesquels il est
décrit depuis longtemps, a été figuré et
rénové ces temps derniers sous les noms
de C. gracilis, Eberlé, ou C. Desmetiana,
Hort. C’est du reste une ravissante minia-
ture cespiteuse, ne dépassant pas 10 à 12
centimètres de hauteur. Les feuilles, qui
sont oblongues, étroites, charnues et poin-
tues, sont un peu arquées en dehors et mar-
quées de nombreuses petites cicatrices sur
la face supérieure ; le dessous est souvent
un peu rosé comme les hampes florales.
Les nombreuses petites fleurs qui terminent
ces dernières sont d’un rouge carmin et
s’épanouissent à partir d’octobre jusqu’en
février, et même au delà. La multiplication
est des plus faciles : elle se fait, soit par sé-
paration des touffes, soit par boutures. Une
terre composée comme celle indiquée pour
la plante précédente lui convient parfaite-
ment. Le plein air au soleil pendant la belle
140
CRATÆGUS OXYACANTHA SEMPERFLORENS.
saison, en hiver un abri contre la gelée et
près de la lumière, lui sont nécessaires
pour éviter la pourriture et assurer sa flo-
raison.
Par sa grande facilité de culture, son apti-
tude à se développer et à bien fleurir dans
des vases relativement petits, sa douce odeur
d’IIéliotrope, sa floribondité extraordinaire,
même sur des plantes très-petites (pendant
une saison où les fleurs font souvent défaut),
le Crassula ruhicunda se recommandera,
non seulement aux amateurs pour la déco-
ration hivernale des serres, mais encore aux
fleuristes pour la garniture des appartements
et les bouquets, car les fleurs, même cou-
pées se conservent très-longtemps.
J. Weber.
CRATÆGUS OXYACANTHA SEMPERFLORENS
Dans la chronique liorticole du 16 août
1882, nous avons signalé l’apparition d’une'
variété franchement remontante d’Aubépine.
Ce nouveau
gain est dû à
M. Bruant, hor-
ticulteur à Poi-
tiers. Il Ta trouvé
par hasard, il y a
quelques années,
dans un semis
d’Aubépine ordi-
naire , vulgaire-
ment « Épine
blanche. La
plante, dès le dé-
but de sa végéta-
tion, s’était carac-
térisée sous la for-
me d’un arbuste
nain très-buisson-
nant, et dès l’àge
de deux ans, ce
qui est tout à fait
inusité chez l’Au-
bépine, elle se
mit à fleurir de-
puis le printemps
jusqu’à l’au -
tomne.
M. Bruant la
greffa alors sur
le type de l’espèce
{Cratœgus oxya-
cantha ). Son
mode de végéter
ne se modifia pas,
et dès la pre-
mière année de greffe toutes les jeunes
plantes se couvrirent de fleurs. Les ra-
meaux qui nous ont été envoyés au mois
d’août dernier provenaient de ces sujets
greffés. Nous avons raconté que ces ra-
meaux montraient simultanément le ré-
sultat de trois floraisons. Les fruits prove-
nant des pre-
mières inflores-
cences étaient ar-
rivés à leur entier
développement ;
il ne leur man-
quait plus que la
coloration rouge.
Les' seconds
fruits qui avaient
succédé à la flo-
raison de juillet
étaient déjà bien
formés; enfin de
nombreux bou-
quets ou corym-
bes blancs et
parfumés étaient
épanouis aussi
normalement
qu’au mois de
mai. Les autres
caractères sont
ceux du type.
Nous avons
donc donné à la
plante le nom de
Cratœgus oxya-
cantha semper-
florens, et nulle
épithète ne fut
mieux justifiée
parmi les variétés
hoii-icoles.
Son mérite
principal, eu égard à son port nain et
buissonneux, à sa floraison abondante et
sans cesse renouvelée, sera de pouvoir se
cultiver comme arbuste en boule, greffé à
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. — CORRESPONDANCE. 141
tige, et surtout comme plante de marché.
On sait quelle est la faveur dont jouit l’Au-
l)éj)ine en mai. Les rameaux Oeuiis, qui
sont vendus dans les rues, se fanent mal-
heureusement très-vile, et les cultivateurs
n’essaient même pas de produire des Au-
bépines en pots, qui fleuriraient mal après
une culture de plusieurs années. L’obtention
de M. Bruant remplit donc un desideratum
tr’ès-intéressant, et nous apprenons avec
plaisir que l’Aubépine toujours fleurie est
dès à présent livrée au commerce.
Ed. André.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE O’IIORTICCLTCRE OE FRANCE
SÉANCE DU 2‘2 FÉVRIER 1883
Apports. — Comité de culture poiagère :
]\r. Bertaud, jardinier à Ilniigis, présentait en
pots et bien cultivés quelques pieds de Frai-
siei’s Marguerite (Lebreton), dont les fruits,
bien (jue beaux, laissaient à désirer pour la cou-
leur, qui était pfde, fait dû à l’absence de soleil.
M. Chemin, maraîcher, boulevard de la Gare,
à Issy (Seine), exposait une botte de très-belles
Asperges de la variété ancienne dite violette.
Elles étaient grosses, de toute beauté et bien
colorées; la botte, comprenant quarante-deux
turions, pesait 4 kilogr. 500. — Les demoiselles
Chrétien présentaient des Laitues rouges-vio-
lettes dites de la Passion., qui étaient assez belles.
— M. Boullant, de Villejuif, avait envoyé des
Pommes de terre préparées pour la plantation.
Les variétés, au nombre de trois, appartenaient
au groupe des Marjolin; deux sont bien con-
nues : Marjolin têtard et à feuilles d'ortie; la
troisième a été obtenue il y a ti'ois ans par le
présentateur, qui la dit hybride entre les deux
précédentes, ce qui n’est pas démontré; le
tubercule ressemble assez à ceux de la M. à
feuilles d’ortie, mais il en est autrement des
jeunes bourgeons qui, beaucoup plus nombreux
que ceux de cette dernière, sont fortement vio-
lacés. La plante naine est aussi hâtive que la
variété à feuilles d’ortie, mais bien plus pi’oduc-
tive. On peut donc la cultiver également c mime
primeur. Quant à la qualité, elle ne laisse rien
à désirer, dit l’obtenteur.
Au comité d’arboriculture fruitière, un seul
présentateur : M. Poiret-Delan, jardinier chez
M. Leduc, à Puteaux, qui avait apporté une
corbeille de fruits magnifiques comprenant les
trois variétés suivantes : Passe-Crassane, Belle
Angevùie et Doyenné d'hiver. Ces dernières,
très-belles et très-saines, sans aucune tavelure,
avaient été récoltées en contre- espalier et sans
aucun abri, ce qui est une exception proba-
blement due à la jeunesse des arbres. On re-
marque en effet que, toutes circonstances égales
d’ailleurs, les fruits sont d’autant plus beaux
que les arbres sont plus jeunes.
Au comité de floricuMure, qui était de beau-
coup le mieux pourvu, M. Le([uin, horticulteur à
Clamart (Seine), présentait un pied en pot et en
fleurs d’une forme issue du Bégonia Schmidti,
laquelle n’était autr e que la plante qui, l’année
dernière, s’est montrée spontanément sur tant
de points dilféi-ents de la France et qui, pour
cette raison, a reçu les différentes dénomina-
tions : Pictavensis, Bruanti, Massiliensis, etc.
C’est une variété nouvelle vi’aiment méi-itante et
qui, bien que dillérente des Bégonia Schmidti
et semperflorens, est tout aussi floribonde. —
M. Godefroy-Lebeuf, hoi'ticulteur, 26, route de
Sannois, à Argenteuil, pi'ésentait une Orchidée
nouvelle, V Odontoglossum marginella, à fleuris
petites, distantes sur un ham})e grêle ; les divi-
sions externes éti'oites sont jaune verdâtre,
mar quées transversalement de taches rnarr’on ;
le labelle, lar-ge et court, est d’un l’oux trés-
foncé, brunâtr’e. — L’apport le plus important et
le plus remarquable était fait par M. Landr^y,
horticulteur, 92, l’ue de la Glacièr'e, à Paris.
Il se composait: 1^* d’un très-foiff pied de
Vriesea hrachystachys, plante trés-ornernen-
tale par son port, par la beauté et la durée
pr'esque illimitée dé ses fleur’s ; 2» d’un Stanho-
pea tigrina superba, \a.r\été magnifique tant par
l’extiéme grandeur que })ar la beauté de ses
fleui's, qui, sur un fond jaune bronzé-cuivié
très-luisant, sont mai’quées de lai’ges tigrui’es
transversales ; le pied présenté fleurdssait pour
la tr'oisième fois depuis quelques mois ; 3* d’un
beau pied en fleurs de Cypripedium Harris-
.siamrm, charmante espèce à fleurs très-gi’andes,
de couleur r'oux brmnzé brillant, très-luisant ;
enfin d’un Leptotes bicolor, plante à feuilles
joncifor’ines , charnues, â tleurs de deux
couleurs : les divisions exteraies sont étroites,
blanches; le labelle, d’un beau violet rose, est
bordé de blanc.
CORRESPONDANCE
Mr L. C. (Somme). — Nous ne connaissons j ment consacrée â l’ai-boriculture fruitière ;
pas, en France, de publication exclusive- | on trouve dans presque toutes des articles
142
ORIGINE DU ROSIER MANETTl.
relatifs aux diverses parties du jardinage.
Le recueil qui pai-aît le mieux répondre
à voire desiderata est le Bulletin d'arbo-
riculture, de floriculture et de culture po-
tagère, qui s’imprime à Gand (Belgique).
Ainsi que son titre l’indifjue, ce journal
mensuel, l’organe du Cercle d' urboricu! tare
de Belgique, traite particulièrement de l’ar-
boriculture fruitière et de la culture des
légumes.
M»’ A. P. (Italie). — La maison Borel, quai
du Louvre, 10, Paris, tient particulièrement
la quincaillerie horticole; vous trouverez là à
peu près tous les outils et instruments de jar-
dinage dont vous pourriez avoir besoin, ainsi
que tout ce que comporte rornementatiou des
jardins.
Comme fabricant spécial, vous pourriez vous
adresser à M. Aubry, coutelier, 131, rue Vieille-
du-Temple, Paris.
B. B. (Lozère). — Le fragment de plante
que vous nous avez adressé apjrartient à l’As-
phodelus ramosus, plante de la famille des
Liliacées. Cette espèce, indigène dans certaines
parties du midi de la France, est aussi des
plus ornementales.
Quant au conseil que vous demandez : « si
l’on doit couper les radicelles du Houx fragon
{Buscus aculeatus), » c’est une (}uestion d’hon-
nêteté commerciale. Ces radicelles ne contenant
aucun principe fébrifuge, ne servent donc qu’à
augmenter le poids de la marchandise.
B. P. (Gers). Vous trouverez les rensei-
gnements que vous demandez dans le numéro
de la Revue horticole du le*" mars. L’article de
M. Sallierfils, bien (jue particulier à la teinture
des panicules de Gynérium, peut vous servir
de guide pour teindre les auti-es Graminées,
quel qu’en soit le genre. Suivant les couleurs
que vous voudrez obtenir, vous devrez varier
les substances, soit comme quantités, soit
comme nature.
M'’ O. (Puy-de-Dôme). — L'Aponogeton
distachyus, bien que relativement rustique, ne
suppoide pas la gelée si ses tubercules sont
exposés à l’air; mais il en est tout autrement
quand la plante est recouverte d’eau.
Vous pourrez vous procurer des tubercules
de cette espèce chez MM. Thibaut et Keteleer,
horticulteurs à Sceaux (Seine).
M»' D. L. (Vicence, Italie). — Vous trouverez
des graines des Baves des marais el blanche
à collet vert chez MM. Vilmorin et G*0, 4,
quai de la Mégisserie, Paris.
Mr H. W. (Paris). — Les Hellébores dont
vous parlez ne sont pas au commerce. Il
en est de même des Pommiers Pioux et
Sabarot, [)ar cette raison qu’ils ont été telle-
.ment demandés que les vendeurs en sont dé-
pourvus. Aussitôt que ces plantes seront mises
en vente la Revue horticole ne manquera pas
d’en informer ses lecteurs.
ORIGINE DU ROSIER MANETTl
Bien que Forigine d’une plante n’ait au-
cun intérêt (juant à l’usage pratiijue que
l’on en fait et n’ajoute rien de plus à son
mérite, il faut néanmoins reconnaître que,
à certains égards, la chose n’est pas sans im-
portance, surtout quand (telle plante a un
mérite réel, qu’elle est avantageuse au point
de vue pratique ; il est alor.S' équitable d’en
rechercher l’auteur, afin de lui rendre
l’honneur auquel il a droit.
Tel est assurément le Rosier Mane'ti, qui
aujourd’hui joue un rôle si important dans
la multiplication des Rosiers.
Depuis longtemps déjà nous savions que
c’est à M. Berlin père, horticulteur à Ver-
sailles, qu’on doit ce Rosier, et plusieurs
fois nous l’avons prié de nous en faire
l’historique. Il vient de nous écrire la lettre
suivaole que nous nous empressons de pu-
blier :
Mon cher collègue,
Puisque vous persistez dans votre désir de
faire connaître l’origine du Rosier Manetti, je
vais essayer de vous satisfaire, ce que, du reste,
je puis d’autant mieux faire que j’en suis l’ob-
tenteur. Voici exactement l’histoire de ce Ro-
sier.
Je l’ai obtenu, en 1832, de graines d’un Ro-
sier Ile-Bourbon, dont je ne puis préciser la
variété; voici pourquoi :
J’avais, je ne pourrais trop en dire la raison,
pris le parti de ne semer que des graines d'Ile
Bourbon., ce(|ueje fis pendant huit à dix ans,
cela sans rien obtenir autre chose (jue des Ro-
siers à fleurs simples dont je ne faisais aucun
cas. Cependant, de mon premier semis, fait en
1832, j’avais remaï qué un sujet beaucoup plus
vigoureux que les autres; je le plantai à part
pour le suivre jusqu’à ce qu’il eût fleuri, ce qui
n’arriva qu’au bout de quelques années pen-
dant lesquelles j’en fis f)lusieurs centaines de
sujets. Voulant alors les utiliser, j’en jilantai une
haie d’environ 25 mètres de longueur, pour
abriter mes semis de Rhododendrons. Cette
haie atteignit bientôt 4 mètres et même plus de
hauteur sur une épaisseur proportionnée, G’es|
CAMPANUIA TURBINATA ET CARPATHICA.
143
dans cette haie que j’ai vu apparaître les pre-
mières fleurs qui, comme vous le savez, sont
presque simples.
Jamais ye n'ai vendu aucun sujet de ce Ro-
sier; mais bien des fois fen ai donné soit à des
clients, soit à des horticulteurs qui, en voyant
l’extrême vigueur de ce Rosier, m’en deman-
daient des boutures. Ti-ès-souvent meme je leur
en donnai des sujets, par exemple à MM. Burdin,
de Chambéry et de Turin, ainsi qu’à des horti-
culteurs de Londres, de Nantes, d’Angers, etc.
Ne jugeant pas ce Rosier méritant, je ne lui
ai pas donné de nom, et celui de Manetti lui a
été appliqué par MM. Burdin.
Je me rappelle encore que, en 1860, étant à An-
gers avec M. Pépin, du Jardin-des-Plantes de
Paris, nous avons vu, chezM. André Leroy, des
quantités considérables de ce Rosier, très-bien
enracinées; mais, ainsi que je viens de le dire, la
maison Burdin, de Chambéry, en a jugé autre-
ment que moi, et c’est sous ce qualificatif J/a-
netti que, depuis, ce Rosier a fait le tour du
monde.
Voilà, mon cher collègue, quelle est la véri-
table origine du Rosier Manetli; vous voyez
que je précise, et j’ajoute qu’elle n’e.->t contes-
table sur aucun point. Bertin père.
L’intérêt très-grand qui se raltache à
cette communication explique et justifie
l’empressement que nous niellons à la re-
produire, et au nom de tous nos lecteurs
nous en remercions bien sincèrement l’au-
teur. C’est surtout au point de vue scienti-
fique que cette communication est pré-
cieuse; elb" fournit un remarquable exem-
ple (les variations considérables de certains
végétaux et doit faire réfiécliir les faiseurs
de f bonnes espèces, ))qui pour établir cel-
les-ci sont souvent obligés de s’appuyer
sur des caractères de convention dont la
valeur est parfois plus que contestable.
Quant au qualificatif Manetli^ il s’expli-
que maintenant: au lieu d’indi([uer, comme
tant (le gens le croyaient, une origine ita-
lienne, il indique tout simplement un dé-
guisement et confirme les dires de M. Ber-
tin. Aussi, au lieu de dédier ce Rosier à un
des leurs, MVl. Burdin eussent mieux fait
de le dédier à celui de qui ils le tenaient, à
M. Bertin. C’est Rosa Derlini qu’il eût fallu
dire. La science n’y eût rien perdu, l’his-
toire et l’équité non plus.
E.-A-, Carrière.
CAMPANfLA TURBINATA ET CARPATHICA
M. Ed. André a publié, dans la Revue
horticole de ISS^, page 509, un article sur
la valeur spécifique du Campanula turhi-
nata. A en propos, je crois utile de signa-
ler un fait que j’ai observé et qui peut
faire naître quelques di'utes sur l’invaria-
bililé de cette jolie plante, si Ton prend
pour critérium de l’espèce la transmission
exacte des caractères par voie héréditaire.
En automne 1881, je récoltai une cer-
taine quantité de graines des Campanula
turhinata et carpathica ; ces graines furent
semées sépar'ément dans «les terrines et éti-
quetées. Au pi-intemps, les jeunes plantes
poussèrent en abondance ; mais tandis que le
C. carpathica s’éiait identiquement repro-
duit, le C. turhinata présentait au contraire,
même en naissant, une grande diversité de
formes.
Plus tard la floraison vint encore accen-
tuer les variations de ce* te dernière esf)èce,
et je vis ma Cauipanute tur binée se réunir,
par tout une série U’intermédiaiivs, à la
plante des Carpathes; hampes plus élevées
(30 à 40 centimètres), pluriflores-rameuses,
villosité décroissante, couleur, etc. Seule-
ment, dans cette évolution vers son con-
génère, le Campanula turhinata avait,
lui, complètement disparu.
Je ne retrouvai jilus les hampes simples,
courtes et pauciflores qui, dans cette jolie
espèce, portent, à quelques centimètres
seulement au-dessus des toutfes, une à
trois jolies clochettes élégantes d'un bleu
violet. Toutes les plantes se rapportaient à
un type de taille plus élevée et d’aspect
moins gracieux.
Pourtant aucun d‘'s individus ainsi
obtenus ne pouvait non plus s’identifier
absolurnimt au Campanula carpqthica.
Tous, même Ls plus glabres, avaient con-
servé sur le tube du calice quelques poils
rares et rudes qui ne s’observent jamais
dans cette espèce.
C’est même grâce à la persistance de ce
cara<-lère que je pus détn»mper un de mes
collègues qui m’accusait de lui avoir vendu
des Carnpanubs des Carpathes pour des
Campanules turbinées. Je le conduisis vers
les plantes litigieuses, et je pus éUbljr
144
PINUS PEUCE.
devant lui la filiation de ma Campanule et
démontrer ma parfaite bonne foi.
J’attendais d’avoir fait, celte année, d’au-
tres expériences sur cette plante pour en
parler plus amplement, quand l’article de
M André, signalé ci-dessus, est venu pro-
voquer ces quelques explications.
Je me garderais bien de développer toutes
les hypothèses que peut suggérer l’obser-
vation du simple fait que je viens de signa-
ler, suivant que l’on est autonomiste absolu
ou transformiste intransigeant : est-ce
une espèce qui tend à se modifier, ou une
forme adventice et locale qui retourne au
type primordial? On peut soutenir égale-
ment les deux hypothèses.
La seule conclusion pratique que je
veuille tirer de ces faits, c’est qu’il est pru-
dent, si l’on tient à reproduire exacte-
ment le Campanula turhinata, (Vemp\oyer
la division des touffes préférablement au
semis.
Du reste, le C. turbinata est une espèce
charmante dont on ne saurait trop recom-
mander la culture. On peut l’employer en
bordure, dans la décoration des plates-
liandes, mais surtout sur les rocailles et
dans les parties pittoresques des jardins, où
la plante trouvera le milieu le plus favo-
rable à son tempérament.
Francisque Morel.
’ PINÜS PEUCE
Cette espèce trop peu répandue, mal- |
gré sa grande beauté et sa rusticité à toute j
épreuve, est originaire de Macédoine. Nous j
l’avons vue récemment chez MM. Chan- j
trier, à Mortefontaine, qui la cultivent en !
grand, et nous avons été frappé de son air |
de santé, au milieu des norjibreux Conifères ,
qui avaient souflert de l’hiver' 1879-1880. Ce
Pin, de la tribu des Strobus, est ti'ès- dis-
tinct par son port dressé, un peu rigide, mais
moins que le P. Cembra, et par sa forme
bien pyramidale.
Le Pinus Peuce (l)a été considéré comme
une simple forme du / iniis excelsa, de
l’Himalaya, dont il se distingue cependant
par des caraclèi’es assez saillants, indépen-
damment de son port plus nain, pyramidal
et compact, et de son habitat géogra-
phique (2). Il n’avait été trouvé qu’une fois,
par Grisebach, sur le mont Péri>teri, au
dessus de Bitolia (dans le sud, des monts Scar-
dus, Tcïiardagh), lursqu’en 1865 de nou-
velles graines furent reçues par MM. Haage
et Schmidt, d’Erfurt, grâce à l’entr’ernise
(1) On écrirait plus correctement Peuké, en
suivant l’ortliographe grecque.
(2) Voir Carrière, Traité général des Conifères.
du professeur Orpbanidès, d’Athènes. Sir
J. Hooker, ayant reçu à Kew quelques-uns
des cônes, les examina attentivement et
conclut à l’identité spécifique avec le P. ex-
celsa (3). La question vient d’è'tre reprise
cette année par le docteur M. Masters, de
Londres (4), qui a publié trne dissertation
et des analyses comparatives sur les deux
espèces, et qui leur trouve des dissem-
blances importantes, de nature à les faire
séparer spécifiquement, ou tout au moins à
accentuer les doutes sur leur identité spé-
cifique.
Quoi qu’il en soit, le P. Peuce est beau-
coup plus rustique que le P. excelsa. Nous
conseillons de le planter isolément sur les
pelouses. On peut aussi l’employer en
groupes, en espaçant les sujets de 6 mètres
au moins dans tous les sens. Mais il fait
moins bien dans les intérieurs de massifs,
et son emploi doit être limité dans les plan-
tations des parcs. Il y formera un arbre de
moyenne stature, très-ornemental et défiant
les plus rudes hivers.
Ed. André.
(3) Journ. Linn. Soc., 18()5, p. 146.
(4) Gard. Chron., 1883, I, p. 244.
fmp. G-eorg-e^, Jacob, — OrJéMUv
CHRONIQUE HORTICOLE
Un remède contre la toile. — Nous
sommes heureux de commencer cette chro-
nique par une bonne nouvelle que nous
fait connaître M. Louis Jules, jardinier chez
M. le comte de Clermont-Tonnerre, à Ancy-
le-Franc :
Je m’empresse de vous informer que je crois
avoir trouvé un moyen de détruire la toile,
cette terrible maladie si préjudiciable à l’hor-
ticulture par les ravages qu’elle cause sur les
boutures et sur les jeunes plantes cultivées
dans les serres. Ce moyen, qui est des plus
simples, consiste à arroser avec de beau chaude
les parties envahies. Voilà trois fois que je le
mets en pratique, et toujours il m’a donné de
très-bons résultats et m’a débai’rassé complè-
tement de ce fléau. Voici comment j’opère :
Je prends de l’eau au chauffage de la serre ;
à cette eau chaude j’en ajoute un peu de
froide, afin de ne pas brûler les plantes, puis
j’arrose avec un petit arrosoir à pomme, et
j’obtiens un succès complet. Maintenant je
ne sais si c’est seulement à l’eau chaude que
je dois ce bon résultat, ou si celui-ci ne
serait pas dû à un sel de cuivre tenu en
dissolution dans l’eau, et qui se serait formé au
contact des parois de la chaudière, qui n’a
pas été vidée depuis dix-huit mois. Je ne puis
rien affirmer à ce sujet.
Je vais continuer mes expériences et vous
tiendrai au courant des résultats que j’aurai
obtenus. En attendant, j’ai voulu faire con-
naître ce que j’ai constaté, afin que vos lec-
teurs puissent expérimenter de leur côté
et profiter d’un procédé qui m’a très-bien
réussi. Les expériences que mes collègues ne
manqueront certainement pas de faire vien-
dront probablement jeter quelque lumière
sur cette question des plus intéressantes [au
point de vue horticole.
Inutile de faire remarquer l’importance
de cette communication, pour laquelle nous
adressons de vifs remercîments àson auteur.
Nous ne doutons pas que beaucoup de culti-
vateurs ne fassent des expériences analogues
à celles de M. Louis Jules, et nous les prions
de vouloir bien nous faire connaître les
résultats qu’ils auront obtenus, et qu’alors
nous nous empresserons de publier.
Le temps. — Après quelques journées
splendides, succédant à des pluies ou à des
brumes plus ou moins intenses, il s’est
produit un brusque retour au froid assez
sensible, un véritable quartier d’hiver. A
1er Avril 1883.
partir du 8 mars jusqu’au 16, nous avons
éprouvé une série de gelées interrompue par
de fortes bourrasques de neige qui, suivant
les localités, a plus ou moins recouvert le
sol. Pendant tout ce temps, dans le bassin de
Paris, le thermomètre a varié entre 1 et 10
degrés au-dessous de zéro. C’était un véri-
table hiver qui a suspendu les travaux et
complètement arrêté les expéditions de
plantes. D’après des lettres que nous avons
reçues de différentes parties de la France,
des contre-temps analogues à ce que nous
venons de rapporter se sont produits dans
beaucoup de localités, même là où jamais
l’on n’avait remarqué de faits semblables.
Nous publions d’ailleurs, dans ce numéro,
une étude spéciale de M. André sur les
récents effets du froid dans le midi de la
France.
Nous croyons devoir constater certains
faits qui précisent les désastres et en conser-
veront le souvenir. C’est d’abord un abonné
à la Revue horticole qui, le 17 mars, écri-
vait d’Agen la lettre suivante :
La température anormale qu’il a fait ces
jours-ci mérite, je crois, d’être signalée. Nous
avons eu ici — 10,5, — 9,5 et — 9 degrés
de fi’oid, et pendant six autres jours une
moyenne de — 4 à — 6 degrés (pendant la
nuit).
C’est vous dire qu’Agen, malgré son excel-
lente position topographique, garanti au nord
par la colline de l’Ermitage, n’a pas été épar-
gné par le froid. J’ignore encore jusqu’à quel
point ces gelées, jusqu’ici inconnues en mars,
auront occasionné des désastres; mais le mal
pour les arbres fruitiers sera grand ! Les
Amandiers finissaient à peine de fleurir; les
Cerisiers, les Pêchers et d’autres allaient com-
mencer. Dubos.
D’autres lettres qui nous parviennent
nous signalent des faits analogues. Ainsi
notre collaborateur, M. Hauguel, nous écri-
vait le 44 mars de Montivilliers (Seine-In-
férieure) :
Nous avons ici un véritable hiver ; la neige
a fait son apparition le 7 mars, et le 8 au
matin il y avait 4 degrés 3/10 au-dessous de
zéro, avec la terre couverte de neige; le 9, il y
en avait 4; le 10, près de 4; mais c’est le 11
qui a été le plus fort: moins 10,5, avec 13 cen-
timètres de neige, ce qui a perdu beaucoup de
7
146
CHRONIQUE HORTICOLE.
plantes et de fruits, toutes les fleurs de Pêchers
qui n’étaient pas abritées, sont perdues. Les
bourgeons et les fleurs des Pivoines en arbre
sont tout noirs, ainsi que la plupart des arbres
qui étaient poussés.
De Plantières-lès-Metz, M. Jouin, dans
une lettre du 14 mars, nous dit : « Depuis
huit jours nous avons tous les matins de
5 à 8 degrés au-dessous de zéro; aujour-
d’hui, il fait moins froid : la neige a tombé
toute la journée et continue. Il y en a
20 centimètres d’épaisseur. »
Avis aux jeunes jardiniers français.
— Nous recevons de M. Maurice Vilmorin la
lettre que voici :
Je reçois du jardinier -chef d’un établisse-
ment anglais une lettre qui pourrait intéresser
quelque jeunes jardiniers désireux de s’ins-
truire à l’étranger. Voici le sens de cette
lettre :
« Je prends chez moi des jeunes gens que
j’emploie à l’établissement, et que je paie sui-
vant leur mérite ; j’ai en ce moment une ou
deux places dont je puis disposer. »
J’ajoute, nous écrit M. Vilmorin, que l’éta-
blissement en question est une bonne maison,
située près de Londres, et où l’on cultive de belles
et nombreuses collections de plantes vivaces,
de plantes d’orangerie, de plantes bulbeuses,
aquatiques, d’arbustes, etc., etc. Je ne doule
pas que ce ne soit une très-bonne occasion
pour un jeune homme studieux et rangé. Pour
renseignements, s’adresser à MM. Vihnorin-
Andrieux et Ci®, 4, quai de la Mégisserie,
Paris.
Comme le dit M. Maurice Vilmorin, il y a
là une bonne occasion, et nous le remercions
de nous l’avoir fait connaître.
Palais de cristal français. — Il est
fortement question de construire aux portes
de Paris, à Saint-Cloud, un palais nalional
analogue au Crystal Palace de Sydenham,
en Angleterre, mais bien plus grand que
celui de nos voisins. Ce palais serait conqrosé
de cinq nefs à dômes monumentaux dans
lesquelles, outi’e l’exposition de tous les
produits intéressants du globe, sorte d’école
permanente univer-selle où, sans fatigue, on
pourrait voir en un instant ce que l’existence
la })lus longue ne pourrait permettre d’étu-
dier autrement, contiendrait différents éta-
blissements également destinés à l’instruc-
tion : musées, collections diverses d’histoire
naturelle, etc., etc. Espérons que ce projet se
réalisera et que bientôt, comme l’Angleterre,
la France aura son Palais de crhtal. Il
sera d’autant mieux conçu que celui de nos
voisins, qui servira de modèle, aura montré
les lacunes à combler.
Les Poses au XIX® siècle. — M. Édouard
Morren, professeur de botanique à la Faculté
des sciences de Liège (Belgique), a eu l’heu-
reuse idée de faire traduire de l’anglais un
mémoire sur les Roses, intitulé: Catalogue
annoté des Roses horticoles mises en cul-
ture pendant les cinquayite dernières
années, par M. Shirley Hibbert, rédacteur
en chef du Gardeners’ Magazine, et publié
pour la première fois dans ce recueil, le
9 juillet 1881 .
Cette brochure, indispensable à tous ceux
qui s’occupent de l’histoire des Roses, com-
prend 37 pages, format de la Belgique hor-
ticole, dans laquelle il avait du reste paru
en 1881. Les noms des variétés, écrits en
français, en anglais ou en allemand, suivant
leur provenance, sont rangés par ordre
alphabétique, quelle que soit leur origine,
ce qui rend les recherches faciles.
La nomenclature est divisée en sept co-
lonnes indiquant : la première, le nom des
variétés; la deuxième, la race à laquelle ces
variétés appartiennent; la troisième, le nom
de l’obtenteur; la quatrième, l’année de
l’obtention; la cinquième, la couleur des
fleurs; la sixième, les dimensions de la
fleur; enfin la septième est relative à la
‘vigueur du sujet.
On voit par cette énumération que tous
les caractères généraux des plantes ont été
marqués. Toutes ces indications sont faites
à l’aide d’abréviations dont la signification
concise est simple, claire, facile à com-
prendre et surtout facile à retenir. On trouve
cette brochure à Liège, Boverie, 1.
Les premières fleurs de Prunier
en 1883. — C’est sur le Prunus Pis-
sardi que, à Montreuil, nous avons observé
les premières fleurs de Prunier ouvertes.
Cette espèce, qui appartient au groupe des
Miroholans, a épanoui ses premières fleurs
le 24 lévrier, alors qu’aucune autre variété
de Pruniers domestiques ne montrait même
de boutons. Ses fleurs blanches, à éta-
mines roses, produisent avec les jeunes
feuilles diversement nuancées et l’écorce
des bourgeons, qui est d’un noir brillant,
CHRONIQUE HORTICOLE.
447
un contraste des plus agréables. C’est donc,
rien qu’au point de vue des fleurs, une
véritable plante d’ornement.
Maladie des Poses trémières. — Ce
que nous avons dit de cette maladie dans
notre chronique du 16 février dernier,
p. 74, nous a valu d'un abonné de la Revue
horticole les observations suivantes dont
nos lecteurs feront leur profit. Voici :
D’une étude faite sur ce sujet par M. Plowright
etpubliée dans le Gardeners’ Chronicle du 11 no-
vembre dernier, il résulte que cette maladie se
transmet d’une année à l’autre par les groupes
de corps reproducteurs ou spores^ qui se déta-
chent à l’automne de la tige malade et gonflée,
en laissant sur elle une cicatrice ; ils demeu-
rent sur la terre pendant l’hiver, jusqu’à ce
que les télentospores (en allemand Dauers-
poren) qu’ils contiennent soient aptes à germer
et à reproduire la maladie l’année suivante.
La connaissance de ces faits porte à penser
qu’en nettoyant et en enlevant la partie super-
ficielle du terrain qui entoure les plantes affec-
tées, pendant le repos de la végétation, on ferait
beaucoup de bien à ces plantes. Il importerait
ensuite de mettre à part les résidus enlevés et
de les asperger abondamment de chlorure de
chaux, afin de détruire les germes du Puccinia
qu’ils renferment.
Le tigre du Poirier et le puceron
lanigère du Pommier. — Ces deux in-
sectes sont malheureusement trop connus
des horticulteurs par les nombreux dégâts
qu’ils occasionnent, pour que nous ne nous
empressions de publier tous les moyens
indiqués pour les combattre. Signalons
donc un procédé déclaré infaillible par la
Société d’horticulture de Soissons, qui l’a
signalé « avec les plus chaleureuses recom-
mandations à M. le Mini>tre de l’agricul-
ture, et à MM. les Présidents de la Société
centrale d’horticulture et de la Société des
agriculteurs de France, afin d’arriver à ob-
tenir pour M. Poiret (Scylla) les récom-
penses que justifie l’importance de sa dé-
couverte, sans préjudice, bien entendu, de
ce que la Société fera par elle-même pour
son dévoué collaborateur. »
Tout en admettant que le procédé en ques-
tion soit bon, nous nous demandons si la
Société d’horticullure de Soissons ne va pas
un peu vite dans ses conclusions. En effet,
pour être aussi affirmatif que l’a été le co-
mité nommé ad hoc, et sans élever même
le plus léger doute sur sa compétence non
plus que sur sa bonne foi, les résultats avan-
tageux obtenus ne peuvent-ils être un peu
dus à d(‘S circonstances except onnelles, soit
atmosphériques, soit locales, et ne pourrait-
il se faire que les résultats fussent moins sa-
tisfaisants dans une année plus sèche ou plus
humide que l’a été celle de 1882, surtout si
l’on réfléchit que les expériences ont été
faites dans le département de l’Aisne?
D’autre part, l’inventeur faisant un secret
de sa découverte et l’exploitant, devient un
véritable industriel ; l’État doit-il l’encoura-
ger? G' tte théorie pourrait mener loin. Sans
entrer d’ailleur dans l’examen de cette ques-
tion, nous nous bornons à engager nos lec-
teurs à faire eux-mêmes quelques essais
avec l’insecticide, qui se vend chez l’inven-
teur, M. Poiret (Scylla), jardinier chez
M. Goumant, à Fismes (Aisne).
Le Soja au point de vue culinaire. —
On se plaint généralement de la difficulté
de cuire le Soja. Ce n’est pas sans raison,
et si, lorsque ce légume est frais, la chose est
encore possible, elle est très-difficile quand
il est sec, du moins par les procédés ordi-
naires. Pourtant il est un moyen de le man-
ger excellent; comme nous croyons ce pro-
cédé peu connu et qu’il peut rendre de
grands services, nous l’indiquerons, car, s’il
est bon de faire pousser des légumes, il ne
l’est guère moins de pouvoir les bien pré-
parer pour l’alimentalion. C’est M'”® R. de
Thèse, à Auvillars (Tarn-et-Garonne), qui,
dans une lettre adressée à MM. Vilmorin,
leur faisait connaître le procédé en question.
Vous aviez bien voulu me donner quel-
ques explications pour faire cuire le Soja ; j’ai
donc essayé, et, à mon tour, je viens vous dire
comment j’ai obtenu un légume excellent ; une
fois Cuit, il tient le milieu entre le gros Haricot
rouge marbré de blanc et le Haricot marron.
Vous m’aviez un peu effrayée quand, dans
votre lettre, je vis qu’il fallait presque trois
jours pour le préparer. J’ai été beaucoup plus
heureuse grâce au procédé particulier que
voici ; j’ai fait, ainsi que je le fais toujours pour
les Lentilles, ti-emper mes Sojas pendant vingt-
quatre heures dans de l’eau de pluie, ainsi du
reste que vous me l’aviez conseillé; ensuite j’ai
mis ce légume sur le feu à l’eau froide, mais
non de pluie cette fois. Il était trois heures.
Quand l’eau entra en ébullition, j’y jetai de
l’alcali volatil — comme j’ai l’habitude de le
faire pour les légumes secs; — ensuite je mis
le beurre et le sel, et je laissai cuire. A cinq
heures le Soja était très-bien cuit. C’est dans la
148
CHRONIQUE HORTICOLE.
Maison rustique du XIX^ siècle, ce vieux livre
dans lequel il y a tant de bonnes choses, que
nous avons trouvé cette recette de l’alcali volatil
recommandé pour les légumes qui ne peuvent
cuire; j’ai toujours eu à m’en féliciter, et je
vous dirai que j’en fais constamment usage,
môme pour les légumes qui cuisent bien, et
cela parce qu’il y a une très-grande économie
de combustible, la cuisson étant beaucoup plus
rapide; puis les légumes sont bien plus doux.
Pour le Soja, j’ai doublé la dose : ainsi, pour le
peu que j’ai essayé, j’ai mis une cuillerée à bou-
che d’alcali, alors que cette même cuillerée est
suffisante pour faire cuire des légumes dans un
grand pot, pour les domestiques. Je puis vous
assurer que malgré cela les légumes n’en ont
pas conservé le moindre goût, tà la condition
de mettre l’alcali dès le début, c’est-à-dire dès
que l’eau entre en ébullition. Mais il faut avoir
soin de couvrir de suite ; sans cela, l’alcali
s’évaporerait. Je n’ai pas oublié le sucre, qui s’y
ajoute très-bien. Je puis vous dire que je vais
en semer autant que j’ai de graines, car c’est
vraiment un très-bon légume, que je vais
faire cultiver pour l’usage de ma maison.
Je désire. Messieurs, que ma recette puisse ser-
vir; elle est bien simple et à la portée de tous.
J’ajoute que le Sojaestun singulier légume: de
rond qu’il est étant sec, il est long sur pied et de-
vient presque comme un Haricot en trempant à
l’eau froide. C’est au point que, n’étant pas là l’an
dernier quand il fut semé, je disais toujours
au jardinier qu’il avait changé les graines.
Maladie des Scolopendres. — Cette
maladie, que nous n’avions encore vue
nulle part, se manifeste çà et là par des
macules noires, d’abord ponctiformes, peu
nombreuses, augmentant en nombre et
s’accroissant de façon à envahir plus ou
moins les frondes, et constituant ainsi des
taches irrégulières plus ou moins larges,
qui résultent de la décomposition complète
des parties affectées. Devenues plus nom-
breuses et plus intenses, ces plaques noires
fatiguent les plantes ; dans certains cas, elles
vont jusqu’à arrêter complètement la végé-
tation, et parfois même déterminent la mort
des plantes. Cette affection morbide est-elle
connue? Existe-t-elle dans plusieurs en-
droits ? Nous ne pouvons le dire. Ce que nous
pouvons affirmer, c’est que nous ne l’avons
remarquée que chez M. Berlin père, à Ver-
sailles, où, en peu de temps, elle a fait de
tels progrès, que sur des milliers de fortes
touffes il en est très-peu qui soient presque
indemnes; qu’un grand nombre sont très-
attaquées ; qu’il en est beaucoup dont les
frondes sont complètement noires, ce qui
semble démontrer qu’elles sont mortes. Ce
n’est pas le type seulement ou telle ou telle
variété qui est malade; toutes paraissent
également attaquées. A quoi est due cette
affection? Très-probablement à un parasite
du grand groupe des cryptogames ou des
agames. Peut-on remédier au mal? Ici nous
nous bornons à poser la question.
Exposition de l’Association horticole
marseillaise. — Nous venons de recevoir
de M. J. Bonnet, de Marseille, une lettre
qui, en nous apprenant que l’Association
horticole marseillaise va faire en mai, à
Marseille, une exposition d’horticulture,
s’étonne que nous n’en ayons pas parlé. La
raison, des plus simples, c’est que nous igno-
rions complètement cette exposition, dont
nous n’avons eu connaissance que par la
lettre en question.
Meeting international d’horticulture
à Gand. — A l’occasion de l’exposition in-
ternationale d’horticulture et de botanique
qui aura lieu à Gand le 15 avril prochain,
la chambre syndicale des horticulteurs bel-
ges organise pour cette même époque un
meeting international où seront discutés
les intérêts généraux de l’horticulture.
Ainsi qu’elle le fait remarquer dans une
circulaire qu’elle vient d’adresser à tous les
horticulteurs, c’est une bonne occasion
pour examiner et discuter les mesures à
prendre relativement à la convention de
Berne qui, par les conséquences qu’elle en-
traîne, est devenue une entrave considéra-
ble au commerce général de l’horticulture.
Voici un passage de cette circulaire, qui
explique le but, définit la question, en la
plaçant sur son véritable terrain :
J^e meeting a pour but d’offrir aux horticul-
teurs de tous pays une occasion précieuse d’étu-
dier en commun quelques-unes des multiples
questions qui se rattachent au développement
de leur industrie et à l’extension de leurs
relations commerciales. Ces questions seront
d’ordre purement commercial et industriel;
c’est la seule limite tracée aux orateurs qui,
dans l’exposé de leurs théories et dans l’ex-
pression de leurs vœux, jouiront de la liberté
la plus large.
Deux questions principales sont dès aujour-
d’hui inscrites à l’ordre du jour; elles se rap-
portent, l’une à la situation faite à Vhorticul-
ture par la convention phylloxériquede Berne;
CHRONIQUE HORTICOLE.
1
l’autre à la nécessité d'une action commune
des horticulteurs dans tous les pays du monde
en vue d'obtenir pour l'industrie horticole la
protection et les avantayes auxquels elle a
légitimement droit.
Le comité invite toutes les personnes qui
veulent prendre part au meeting à en in-
former M. le Président de la chambre
syndicale des horticulteurs belges, à Gand
(Belgique) ; il les prévient, en outre, qu’à
l’occasion de ce meeting des fêtes et des ex-
cursions dans les principaux centres du pays
seront organisées, et qu’une réduction de
prix de 50 0/q sur le chemin de fer de l’Etat
belge sera accordée à toute personne munie
d’une carte de la chambre syndicale.
Le plus fort Keteleeria Fortuuei de
l’Europe. — Cette espèce, l’une des plus
curieuses du groupe des Abiétinées, qui
rappelle à la fois les Pseudotsuga et cer-
tains Podocarpns, est presque complète-
ment disparue des cultures ; le plus fort
sujet qui existe aujourd’hui en Europe est
certainement le pied mère planté dans les
collections de M. Rovelli, à Pallanza (lac
Majeur, Italie). Gel arbre, qui forme une
pyramide conique, mesure 17 mètres de
hauteur et 7 mètres de diamètre à la base
de sa ramification. Bien qu’originaire du
Japon, de la Chine plutôt, le Keteleeria
Fortunei gèle parfois à Paris. Néanmoins,
c’est une espèce des plus curieuses, et que
tout amateur de Conifères devra se procu-
rer. Pour ceux qui habitent le centre et le
nord de la France, ce sera une plante de
collection ; mais pour ceux qui habitent
des pays plus cléments, ce sera, suivant les
cas, un arbre de rapport, mais toujours un
arbre d’ornement.
Maturation des fruits. — Peut-on dé-
terminer le point de maturation d’un fruit,
c’est-à-dire le moment où la maturité en est
parfaite? Non! Ce qu’on nomme maturation
étant le résultat d’un état particulier de
fermentation, il est impossible de prévoir le
moment où cet état est arrivé juste au point
où les modifications sont les plus à propos
pour déterminer la qualité du fruit, chose
d’autant plus difficile que ce point de per-
fection est variable suivant la nature des
fruits, et même suivant les variétés et le
terrain. Il en est ainsi de la Poire de Curé,
par exemple. Pour avoir le fruit bon, il faut
le prendre un peu avant sa complète muLn-
rité, car, aussitôt qu’il commence à passci-,
il perd complètement son goût. En généial,
les fruits sont meilleurs, ont plus de goût et
plus d’arôm.e lorsqu’on les mange peu mûrs,
à moins qu’on ait affaire à des variétés qui
doivent être consommées blettes. D’ordinaire
on reconnaît qu’un fruit est arrivé à matu-
rité quand il change de couleur, que, de
vert qu’il était, le fond de la peau prend
une couleur jaune, et que le fruit dégage
un arôme particulier suivant sa variété.
Très-souvent aussi, avec le pouce, on fait
une légère pression sur la base du fruit,
près du pédoncule ; mais elle doit être faite
avec une précaution extrême, de manière à
ne laisser aucune trace; autrement le fruit
deviendrait amer et se gâterait rapidement.
Nepenthes Mastersi. — Celte haute
nouveauté, que MM. Veitch mettront pro-
chainement au commerce, est l’une des
plus remarquables par sa taille très-réduite,
son beau feuillage et sa grande production
d’urnes ou ascidies. Le sujet que nous
avons vu récemment chez MM. Thibaut et
Keteleer, horticulteurs à Sceaux, haut d’à
peine 12 centimètres, formait un magnifi-
que buisson de feuilles épaisses, luisantes,
largement elliptiques, se terminant toutes
par une longue et relativement large ascidie
d’un rouge vineux plus ou moins foncé. Ces
ascidies, fortement et courtement pédon-
culées, dépassaient à peine le panier sus-
penseur dans lequel se trouvait la plante, de
sorte que le tout, panier et plante compris,
n’excédait guère 20 centimètres de hauteur.
Mise en vente de la villa Tourasse, à
Pau. — M. A. Fiche, l’ancien collaborateur
et l’exécuteur testamentaire du regretté
M. Tourasse, nous adresse la lettre suivante,
que nous nous empressons de publier :
Pau, le 20 mars 1883.
Messieurs les rédacteurs en chef,
La Bevue horticole a publié, il y a deux
ans (1), une notice de M. Baltet sur la villa
Tourasse, ses pépinières et ses champs d’expé-
riences.
Pour continuer les œuvres philanthropiques
de M. Tourasse, suivant les prescriptions qu’il
m’a tracées par son testament, je serai obligé
de vendre ou de louer ce beau domaine; mais
avant de morceler les dix-huit hectares qu’il
renferme et d’aliéner les collections de plantes
(1) Voir Revue horticole, 1881, p. 74 et 94.
450
CULTURE DI
que M. Tourasse avait si patiemment réunies,
je voudrais m’assurer qu’il n’est pas de par le
monde un horticulteur qui voudrait occuper
cette propriété si admirablement aménagée par
notre ami, en vue des cultures et des expé-
riences horticoles et arboricoles.
J’aimerais mieux céder en totalité la villa
Tourasse à un spécialiste, que de la vendre
plus cher en la fractionnant; Je suis sûr qu’en
agissant ainsi je remplirai le vœu de celui que
nous avons perdu.
Tout au moins faudrait-il placer en bonnes
mains son arboretum^ collection d’arbustes
verts (non Conifères), et ces plantes rares qu’il
cherchait à améliorer par les semis.
Comme le but que je poursuis a trait à
l’intérêt général et au succès des œuvres de
prévoyance que M. Tourasse m’a chargé de
continuer, j’espère que vous voudrez bien
porter mes instructions à la connaissance de
vos nombreux lecteurs.
'Veuillez agréer, etc.
A. Fiche,
Secrétaire de la Six iélé des sciences de Pau,
8, rue Müiilpeusier, à Paris.
CULTURE DEJ
Séparage. — Lorsque les boutures de
Bruyères sont reprises et qu’on les a habi-
tuées graduellement à l’air, il est bon,
avant de les séparer, de les laisser pendant
quelque temps dans une serre froide, afin de
les ralTerrnir, d’en rendre les tissus plus con-
sistants, et pour qu’elles reprennent une vé-
gétation normale, c’est-à-dire ♦ n rapport
avec le milieu où elles sont appelées à vivre.
Alors on procède au séparage^ que l’on fait
dans de petits godets en terre de bruyère
neuve. — Dans aucun cas il ne faut em-
ployer de vieille terre pour les Erica. —
On enlèvechaque plante avec précaution, de
manière à lui conserver une petite motte.
Au fur et à mesure qu’on les rempote, les
plantes doivent être placées dans une serre
fermée ou sous des châssis bien clos, en
ayant soin de les préserver de l’action du
soleil, qu’elles redoutent beaucoup quand
elles sont à cet état. Une fois les boutures
reprises et lorsqu’elles commencent à pous-
ser, on les habitue peu à peu au grand air
et au soleil, afin de pouvoir les y exposer
tout à friit sans qu’elles en soufflent.
Rempotage. — Le rempotage des Bruyè-
res doit se faire au printemps, en général
(1) Voir Revue horticolcy 1883, p. 119.
5 BRUYÈRES.
Ajournement de l’exposition inter-
nationale de ‘^'aint- Pétersbourg. — La
Société impériale d'horticulture de Paissie
nous informe que l’exposiiion et le congrès
botanique qui devaient avoir lieu le 5/17 mai
de celte année, à Saint-Pétersbourg, seront
ajournés à l’année prochaine, pour éviter
les inconvénients qui résulteraient de l’ou-
verture, à Saint-Pétersbourg, de l’exposition
internationale d’horticulture et du congrès
botanique pendant les fêtes du couronne-
ment à Moscou.
L’ouverture et la durée de l’exposition,
en 1884, restent telles qu’elles avaient été
fixées pour cette année, c’est-à-dire que
l’exposition et le congrès auront lieu du 5/17
au 10/'i8 mai 1884, et toutes les disposi-
tions qui ont été aiiêlées en vue de l’expo-
sition et du congrès de 1883, ainsi que les
programmes des concours, restent en vigueur
pour l’année 1884.
E.-A. Carrière et Ed. André.
BÜUYÈRKS^'^
au mois de mars. Cependant, suivant les va-
riétés et suivant l’époque de leur floraison,
ce moment sera modifié. Ainsi, pour les
variétés qui fleurissent en avril, on peut re-
tarder le rempotage jusqu’après la floraison;
au contraire, celles (|ui fleurissent en mai
doivent être rempotées dès le mois de fé-
vrier, afin qu’elles soient bien enracinées
dans la nouvelle terre quand aura lieu la
floraison.
Il va de soi que l’on devra ne se servir
que de terre neuve et toujours récemment
battue. La grandeur des pots doit être pro-
portionnée à la force des plantes. Voici
quelles sont, en général, les dimensions des
pots que l’on emploie : la première année,
Gà 8 centimètres, suivant les espèces et la
vigueur ; la deuxième, les plantes qui
étaient dans des pots de 6 centimètres se-
ront mises dans des pots de 10 ou de 11,
tandis que celles qui étaient dans des pots
de 8 centimètres seront placées dans
des pots de 13 centimètres. Pour les
premiers rempotages, on ne devra pas tou-
cher aux racines, mais il en sera autre-
ment pour les suivants : pour ceux-ci, on
devra enlever une cei laine quantité de terre
autour de la motte, afin de rafraîchir un peu
les racines ; mais pourtant, quand il s’agit
CULTURE RKS BRUYÈRES.
151
de plantes qui doivent fleurir dans un temps
assez rapproché, on devra procéder avec
ménagement, afin de ne pas fatiguer les
sujets, ce qui nuirait à leur floraison, et
même, quand la floraison est proche, il est
préférable d’ajourner l’opération.
Rabattage, pincement, taille. — Il en
est des Bruyères comme des auti'es plantes :
on en rencontre de tempérament et de
mode de végétation très -divers, ce qui,
comme conséquence, entraîne l’application
de traitements dissemblables. D’une manière
générale, au point de vue de la taille et du
pincement, on peut diviser les Bruyères en
deux catégories : l’une qui comprendra les
espèces à végétation vigoureuse et à ra-
meaux allongés; la deuxième les espèces à
rameaux courts, et qui naturellement for-
ment des plantes compactes, relativement
naines.
A part quelques exceptions, les plantes
de la première catégorie n’ont besoin la pre-
mière année que de pincements partiels
appropriés à la végétation, afin de les con-
traindre à se ramifier. Il est pourtant cer-
taines espèces très-vigoureuses qui, malgré
ces pincements, s’allongent tellement qu’on
est obligé, de les rabattre complètement.
Le premier rabattage se pratique ordinai-
rement à 8 ou 10 cetdimèlres du sol, ce qui
n’a pourtant rien d’absolu, car si les plantes
sont faibles, on peut, pour en renforcer le
pied, faire l’opération plus bas. Le rabattage
de la deuxième année devra se faire de 5 à
10 centimètres au-dessus du premier, sui-
vant la vigueur des plantes; quant aux au-
tres, ils seront également subordonnés à la
vigueur et à la force des sujets, et seront
faits à quelques centimètres au-dessus du
précédent pincement, de manière à donner
une bonne forme, proportionnée à la vi-
gueur des plantes.
Mais, malgré les rabattages annuels, il est
beaucoup de variétés dont les rameaux ten-
dent à s’emporter, et parfois même à se dé-
garnir de la base, ce que l’on évite par le
pincement. Cette opération se fait soit par-
tiellement, soit complètement, suivant l’état
des plantes, qui dans ce cas est le seul
guide. Elle se pratique de 8 à 10 centi-
mètres environ au-dessus du dernier ra-
battage.
L’époque du rabattage annuel varie sui-
vant les espèces. En règle générale, on
peut dire qu’on doit le faire aussitôt après
la floraison qui, comme on le sait, change
avec les espèces.
Voici pour quelques-unes de celles-ci l’é-
poque où cette opération doit se pratiquer :
Noms des espèces.
Rabattage.
Pinçage.
Erica hyemalis
Janvier.
Fin avril.
— Vilmoreana . .
Mars.
Fin mai.
— cylindrica . . . .
Avril.
Fin mai.
— persoluta
Avril.
Juin.
— præstans
Novembre.
Mai.
— Linneana ....
Novembre.
Mai.
— gracilis
Janvier.
Mai.
— caffra
Octobre.
Avril.
Il va de soi que ces époques n’ont rien
d’absolu; que, .«suivant l’état etle développe-
ment des plantes, l’opération devra se faire
un peu plus tôt ou un peu plus tard; ce
que nous avons voulu, c’est indiquer une
moyenne qui pût servir de guide.
Pour les plantes de la deuxième catégorie,
qui en général ditfèrent de celles de la pre-
mière par leur végétation, on ne pratique
pas le rabattage, sinon exceptionnellement,
par exemple lorsque les sujets sont mal
faits, déformés ou irréguliers, et encore,
dans ce cas, le rabattage ne doit-il se faire
que partiellement, c’est-à-dire sur les
branches vigoureuses qui s’emportent; mais
l’on devra conserver les brindilles et les ra-
meaux faibles qui, du reste, tout en don-
nant aux plantes de l’ampleur, se couvriront
de fleurs.
Il y a pourtant quelques exceptions à co
rabattage, même partiel, par exemple pour
les Erica cerinthoides, qui fleurissent tou-
jours à l’extrémité des rameaux souvent
très-vigoureux, simples, et qui, parlant de
la tige principale, même du collet et tout
près du sol, s’élèvent souvent au-dessus de
tous les autres, où ils étalent leur magni-
fique inflorescence. Il en est de même pour
V Erica mirabilis, qui, l’année où elle doit
fleurir, ne recevra ni rabatiage, ni taille,
ni même de pinçage. Aussi, pour ces plantes
et pour les espèces et variétés analogues,
doit on, avant de les amener à l’état de plan-
tes faites et bonnes à livrer au commerce,
faire en sorte qu’elles aient acquis la forme
et les dimensions convenables, ce qu’on ob-
tient à l’aide de pinçages, de rabattages ou
de tailles plus ou moins sévères.
Gentilhomme et E.-A. Carrière.
152
légumes nouveaux du bon jardinier pour 1883.
LÉGUMES NOUVEAUX DU BON JABDINIER POUR 1883
Mon but, en publiant cette note, n’est pas
(le faire l’éloge du Bon Jardinier (1), ce
vieux livre qui est toujours jeune par les
additions qu’on y fait chaque année, ce qui
est le meilleur moyen de rendre ce livre de
tout le monde, ce vade mecummd ispensa-
ble à la plupart des gens, utileà tous, même
à ceux qui savent.
Chaque année, en effet, à la suite d’une
revue sur les fruits, les légumes et les fleurs
récemment parus, on insère, dans ce com-
pendium liorticole, toutes les nouveautés mé-
ritantes. La revue des légumes, faite depuis
plusieurs années par un homme dont on ne
peut certainement contester la compétence,
Fig. 27. — Cresson alénois très-frisé.
M. Henry Vilmorin, comprend les quelques
variétés dont voici une description sommaire :
Betterave rouge naine de Dell. — Cette
variété, d’origine anglaise, est très-voisine
de notre Betterave rouge naine commune,
et n’en diffère que par l’aspect et par son
port. Dans les deux variétés, le feuillage
est rouge foncé, presque noir, et les pé-
tioles sont d’un carmin foncé. La racine
est droite, mince, pivotante, et la chair est
d’un rouge extrêmement intense. Elle est
de bonne qualité.
La Betterave rouge naine de Dell est
(1) Volume in-octavo de 1600 pages Prix : 7 fr.
— Librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue
Jacob, Paris.
parfois employée comme plante à feuillage
ornemental.
Betterave rouge plate de Trévise. —
D’origine incertaine, mais probablement
d’Italie, cette variélé a la racine petite, très-
aplaiie en dessus, dépassant rarement 7 cen-
timètres de diamètre ; la chair, ferme, rouge,
compacte, sucrée, est d’un rouge sang
foncé; le feuillage, peu abondant, ressemble
beaucoup à celui de la Betterave rouge
naine. Elle est demi-hâtive et de bonne qua-
lité.
Betterave rouge de Gardanne. — Va-
Fig. 28. — Haricot Bonnemain.
riélé méridionale qui, sous le climat de
Paris, est inférieure à plusieurs de celles
qu’on y cultive. Comme les précédentes,
c’est une race colorée, à chair très -rouge et
exclusivement cultivée comme plante pota-
gère. C’est cette race que, il y a peu de
temps encore, on recommandait comme
plante vinifère devant remplacer, sans avan-
tage certainement, les Vignes détruites par
le phylloxéra.
Chou-fleur nain hâtif Alleaume. —
Obtenu par M. Alleaume, ce Chou est dou-
blement remarquafile par sa qualité et la
finesse de son grain, et par ses dimensions
tellement réduites que la pomme, relative-
LÉGUMES NOUVEAUX DU BON JARDINIER POUR 1883.
153
ment forte, semble reposer sur le sol. Les
feuilles, peu nombreuses, assez amples, sont
d’un vert pâle. La pomme est très-blanche,
ferme, d’une dimension considérable, ce
qui a même lieu d’étonner chez une plante
de stature aussi réduite. Et comme ce (Jhou-
lleur est précoce et très-nain, il est pré-
cieux pour les cultures forcées sous châssis.
Chou frisé vert demi-nain. — Venue
d’Allemagne, il y a trois ans, sous le nom
de (( Chou frisé de Musbach, » cette variété
n’a rien de commun avec ce dernier, et, au
contraire, se rapproche beaucoup des Choux
frisés verts. Elle est intermédiaire entre les
frisés vert grand et les frisés, vert à pied
court, mais elle s’en distingue par ses feuilles
beaucoup plus courtes, plus frisées et plus
arrondies. La plante atteint 80 centimètres
Fig. 29. — Laitue romaine ballon.
à 1 mètre de hauteur et est très-rustique.
Concombre vert géant de Quedlinhourg.
— Variété très-vigoùreuse, belle et produc-
tive, et dont le fruit, lorsqu’il est parvenu à
son maximum de développement, peut at-
teindre de 50 à 60 centimètres de longueur;
il est vert, très-légèrement épineux, et
passe au jaune à sa complète maturité. Un
autre grand mérite de cette plante, c’est
qu’avec d’aussi beaux fruits elle est suffi-
samment rustique pour être cultivée en
pleine terre et y mûrir ses fruits.
Cresson alénois nain très-frisé. — Va-
riété des plus curieuses et très-ornementale
par ses feuilles, qui sont nombreuses, rap-
prochées, et très-frisées ou crépues, rappe-
lant celles de certains Choux verts frisés.
Ses premières feuilles diffèrent à peine du
Cresson alénois type, mais celles qui vien-
nent après, beaucoup plus fines et plus di-
visées, se contournent en se multipliant, de
manière à former une touffe compacte.
Le Cresson alénois frisé (fig. 27) a les
mêmes qualités que l’espèce type. C’est donc
à la fois un aliment, un condiment et une
plante ornementale qui peut être employée
comm.e accompagnement pour la préparation
Fig. 30. — Ognon blanc globe.
des desserts, ou pour orner certains plats de
viande.
Épinard à feuilles cloquées. — Cette
variété, d’origine américaine, rentre dans la
catégorie des grosses feuilles dites k Épi-
nards-Choux. î» Ses feuilles, d’un vert très-
foncé, sont épaisses et tendres, fortement
cloquées, comme celles de certains Choux,
Fig. 31. — Pois sans parchemin, très-nain,
à châssis.
ce qui justifie le qualificatif qu’on lui a
donné.
Pois Merveille d’Étampes. — C’est à
M. Eonnemain , secrétaire de la Société
d’horticulture d’Étampes, que l’on doit ce
Pois qui, par sa couleur et son aspect gé-
néral, se rapproche assez du Pois serpette.
C’est une variété à rames, atteignant 1"'50
environ de hauteur, et donnant tous ses
fruits dans l’intervalle de douze à quinze
jours. Son rendement est considérable ; les
154
LKGÜMES NOUVEAUX DU BON JARDINIER POUR 1888,
cosses, très -longues, droites et recourbées
en serpette à l’extrénriité, souvent réunies
par deux, se renflent de bonne heure et ren-
ferment de huit à douze grains sphériques
vert clair, un peu verdâtres à la maturité.
Haricot Bonnemain (fig. 28). — Cette
variété, de tout premier mérite, a été ob-
tenue également par M. Bonnemain. Elle
appartient au groupe des Flageolets, est Irès-
hàtive et très-naine, plus même que le Fla-
geolet bâtit d’Étampes; aussi est-elle tout
particulièrement propre à la culture de
primeur sous châssis. Elle forme des touffes
basses, trapues. Fleurs blanches. Cosses
droites, renflées, relativement courtes.
Grains blancs, ovoï^les, allongés, plus épais
et moins réniforrnes que ceux du H. fla-
geolet commun. Quant à la qualité, elle est
la même que celle du Flageolet.
Le H. Bonnemain est également avan-
tageux pour la culture en pleine terre;
où, toutes circonstances égales d’ailleurs, il
forme et mûrit son grain cinq ou six jours
avant le Haricot flageolet d’Étampes qui,
pourtant, est un peu plus hâtif que le Fla-
geolet ordinaire, ce qui, au'point de vue du
commerce, est d’une importance consi-
dérable.
Haricot blanc géant sans parchemin. —
Nouveauté très-méritante, tant par ses qua-
lités que par son excessive hâliveté et sa vi-
gueur. On pourrait, jusqu’à un certain
point, l’assimiler au Haricot sabre noir
sans parchemin, ou Haricot d’Alger Saul-
nier. Il a en effet les cosses très-grandes et
charnues; mais son grain est d’un beau
blanc, gros comme le Haricot de Liancourt au
moins. Arrivées à leur complet développe-
ment, les cosses atteignent jusqu’à 20 cen-
timètres de longueur. Ce Haricot est telle-
ment fertile que les cosses cachent parfois
complètement les racines depuis la ba.>e, à
ce point même que, dans les années hu-
mides, toutes les cosses de la base, qui traî-
nent sur le sol, pourrissent.
Haricot de Genève ou de Plainpalais.
— Port, aspect et végétation assez sem-
blables à ceux du Haricot intestin, et éga-
lement à rames ; ses cosses vertes, sans par-
chemin, charnues, renferment un grain
blanc, allongé, presque cylindrique ; toute-
fois, il ne fructifie pas si près du sol, ce qui
fait que ses corses inférieures ne pourrissent
pas comme celles du H. intestin. Pour
éviter çe défaut, ou plutôt pour le trans-
former en une qualité, M. Vilmorin, avec
beaucoup déraison, fait observer qu’il suffit
de cueillir les premières cosses pour les
consommer en vert et de ne laisser, pour
mûrir, que celles qui sont placées à une
certaine distance du sol.
Laitue Lortois. — Elle a pour synonymes
Laitue du Trocadéro en Anjou et à Paris,
Laitue maraîchère en Flandre. C’est, du
reste, une plante très-distincte; son aspect
est celle d’une Laitue à bords rouges ; ses
feuilles, légèrement contournées, sont un
peu cloquées; sa pomme, très-ferme, très-
blanche à l’intérieur, est rougeâtre à l’ex-
térieur. Cette Laitue, qui est de printemps
et d’été, se forme promptement. Sa graine
est blanche.
Laitue romaine ballon (fig. 29). —
Cette variété a été très- bien décrite dans la
Revue horticole (1881, p. 298). C’est une
Romaine blonde,' monstrueuse, à laquelle
il faut un bon sol consistant, plutôt humide
que sec. Elle monte difficilement à graines
et en donne peu. Sa graine est noire.
Melon Cantaloup de Vaucluse. — Cette
race, connue aussi sous le nom de Canta-
loup de Cavaillon, a les fruits petits, très-
réguliers, à côtes nombreuses, rapprochées,
à écorce presque blanche, peu rugueuse,
rappelant assez bien celle des Cantaloup
Prescot, à fond blanc ; la chair ferme, fon-
dante, est rouge orange. C’est une variété
rustique et très-productive. Elle a été décrite
dans la Revue horticole (1881, p. 368).
Melon brodé Boule d'or {Golden Perfec-
tion). — Variété anglaise, à peu près in-
connue en France. Elle est précoce, assez
productive et de bonne qualité. Fruits sphé-
riques, non côtelés, à -écorce très-mince.
Chair verte, épaisse, très-juteuse et tiès-
sucrée, fortement et agréablement parfumée.
Melon d*eau hâtif Seikon. — Variété
japonaise, à fruit oblong, lisse, d’un vert
foncé, d’environ 20 centimètres de lon-
gueur sur 12-15 centimètres de diamètre.
Chair rouge, très-aqueuse, fondante. Cette
Pastèque est hâtive et se cultive comme nos
Melons d’été ; elle mûrit sous le climat
de Paris, contrairement à tous les Melons
d’eau. C’est ce qui constitue son principal
mérite pour nous.
Navet très-hâtif de Milan. — Très-
voisin du Navet rouge plat hâtif à feuilles
entières, et aussi un peu plus petit, ce Na-
vet se cultive surtout à Milan pour pri-
VARIÉTÉS RÉSISTANTES DE POMMIERS.
155
meiir. Sa végétation est très-rapi<le : semé
à la sortie de l’hiver, on peut récolter dans
le courant de mai. La chair est blanche et
ferme, et d’une saveur particulière assez
prononcée. Toute la partie exposée à l’air
est d’un rouge violacé assez intense ; le
reste est blanc pur.
Oignon blanc globe (fig. 30). — Ré-
cemment arrivée des États-Unis, où elle est
cultivée, cette plante, à bulbe sphérique, ne
dépasse pas. 7 centimètres de diamètre ;
sa peau très-blanche rappelle assez exacte-
ment celle de l’Oignon blanc rond dur de
Hollande; son collet est très-mince, et sa
partie ii férieure très-étroite. L’Oignon blanc
Globe convient mieux pour les semis de
printemps que pour ceux il’hiver; il est
demi-tardif et se conserve très-bien.
Oignon russe de conserve. — Race très-
distincte parmi toutes celles cultivées en
France, très-connue et fort appréciée dans
tout le Nord de l’Kurope. Elle n’est pas très-
productive ni agréable à la vue; mais elle
possède des avantages particuliers, par
exemple une saveur très-forte qui rend cette
variété très-propre pour certains assaison-
nements. Mais ce qui fait surtout son mé-
rite, c’est sa conservation, qui est presque
indéfinie. A ce sujet, M. Vilmorin écrit :
« Nous avons vu récemment de ces Oignons
qui, récoltés au mois d’août 1881, étaient
encore parfaitement fermes et pleins au
mois de septembre 1882. » L’aspect de l’Oi-
gnon russe de conserve se rapproche de
l’Oignon de Cambrai, un peu plus petit
pourtant, d’un jaune [)lus foncé. Cet Oignon
se divise souvent en plusieurs parties pen-
dant le cours de sa végétation.
Pois sans parchemin très -nain à
châssis (figure 31). — C’est une sorte de
mange-tout, très-naine, ne dépassant pas
30 à 40 centimètres, dont l’aspect général
rappelle le Pois nain hâtif à châssis. Sa tige
se divise souvent en deux dès la base; les
cosses, épaisses et charnues, sont complète-
ment dépourvues de parchemin, solitaires
ou réunies par deux. Malgi é ses petites di-
mensions, celte variété est assez productive.
C’est la seule du groupe des mange-tout qui
convienne pour la culture sous châssis.
J’ai pu suivre et étudier tous ces légumes
dans les cultures de MM. Vilmorin, à Ver-
rières-le-Buisson (Seine-et-Oise).
May.
VARIÉTÉS RÉSISTANTES DE POMMIERS
Après le rigoureux hiver de 1871, si désas-
treux pour les pépinières de Pologne, nous
avons pris note des variétés de Pommiers et
Poiriers les plus résistantes, rejetant du cata-
logue celles qui avaient le plus souffert des
gelées. Si nous n’avons pas alors fait part de
ces remarques à nos confrères les pépiniéristes
français, c’est que nous pensions qu’elles les
intéresseraient peu. Mais les hivers de 1878 à
1879 et 1880 à 1881 ont cruellement éprouvé
les jardiniers des environs de Paris, et nous
ont donné à Varsovie, ici, l’occasion de faire un
choix définitif des variétés fruitières les plus
résistantes aux grandes gelées.
Pensant que ces observations intéresseront
quelques-uns de vos lecteurs, je vous en envoie
une copie exacte, d’après mes notices faites sur
un catalogue de 1871, avec annotations des
hivers suivants :
1. — Pommiers.
Adam's Pearmain {Norfolk pippin), rejeté
depuis 1871 comme incultivable.
Alexandre iAport)^ toujours rustique.
Alfriston, souffre au-delà de 20 degrés
Réaumur.
Antonowka (Antonoufka), qui veut dire
éf Antoine,
Cette Pomme, la plus belle et la meilleure des
variétés russes, ne se trouve pas dans le Dic-
tionnaire de pomologie de M. André Leroy.
L’arbre est vigoureux, fertile, et résiste aux
plus fortes gelées. Le fruit est de grosseur
^volumineuse et souvent considérable, de forme
conique allongée et légèrement côtelée ; la peau
est jaune paille clair mouchetée de blanc ; la
chair est croquante, acidulée, sucrée et très-
agréablement parfumée, de toute première qua-
lité, suivant l’opinion de beaucoup d’amateurs
de Pommes et la nôtre. Ce fruit se consomme
de mi-novembre à janvier à Varsovie, mais
dans le Nord, il est de beaucoup plus longue
garde.
Api noir, A. rose, souffrent en pépinière
au delà de 20 degrés Réaumur.
Arcade, très-rustique.
Astrakan blanc (Glacée d’été), très-rustique.
Astrakan rouge (Vermillon d’été;, très-rus-
tique.
Baldwin, gèle au-delà de 15 degrés Réaumur.
Beautg of Kent, Bedforshire foundling. Belle
de Suumur, gèlent au delà de 20 degrés Réau-
mur.
Belle du bois, très-rustique, variété très-
répandue en Pologne et en Lithuanie,
156
ADENOCARPUS DECORTICANS.
Belle fille petite, très-rustique. M. André
Leroy, dans son Dictionnaire de pomologie
(t. III, art. 40, p. 113), dit avoir reçu des en-
virons de Paris, sous le faux nom de Belle
fille normande, une Pomme sphéj-ique, à peau
verte, rugueuse, réticulée et ponctuée de brun,
mûre en décembre, et de deuxième qualité.
Cette description correspond parfaitement à la
variété que nous avons reçue des environs de
Paris aussi, et sous le même nom. Nous
pouvons ajouter, avec preuves en main, que
cette Pomme, verte et de deuxième qualité en
décendjre, se dore admirablement en janvier,
février et mai-s, et prend alors un arôme des
plus lins ; l’arbre est à l’épreuve des plus fortes
gelées, est excessivement fertile et vigoureux.
C’est une variété des plus méritantes pour nos
climats.
Blanche d'Espagne (Reinette d’Espagne),
gèle au-delà de 20 degrés Réaumur.
Bohnen Apfel Bheinisch, rustique.
Borowishi, à l’épreuve de toutes gelées.
Borsdorf dliiver, rustique, mais peu fertile
dans noti'e pays.
Boston Basset, gèle au delà de 20 degrés
Réaumur.
Brabant belle fleur, souffre souvent de la
gelée.
Calville blanc d'été (Passe-Pomme), très-
rustique.
Calville blanc d'hiver, gèle au delà de 15 de-
grés.
Calville Boisbimel, s,ouiïve au delà de 20 de-
grés Réaumur.
Calville des femmes, gèle au delà de 15 de-
grés.
Calville rouge d'hiver (rouge d’Anjou),
souffre rarement.
Calville rose (de Boutigny), souffre au delà
de 15 degrés Réaumur.
Castelet (Coing d’hiver), gèle au delà de
20 degrés Réaumur.
Cellini, rustique.
Châtaigne (de Châtaignier), variété très-sus-
ceptible aux gelées.
Canir de bœuf, rustiqué.
Cornish Gilliflower, rustique.
Court-pendu rouge, rustique.
Court-pendu royal, des plus rustiques.
Decui's Codlin, souffre en pépinière au delà
de 20 degrés Réaumur.
De la Chapelle, gèle au delà de 15 degrés
Réaumui‘.
De Jérusglem (Pigeonnet), souffre au-delà
de 20 degrés Réaumur.
Double rouge du Paradis, très-rustique.
Dumelow's seedling (Wellington), très-rus-
tique.
Du Firol, très-rustique.
De Lande, rustique.
llarbert (Reinette), rustique.
Fardée d'Amérique, souffre en pépinière
au delà de 20 degrés Réaumur.
Favorit Apfel, rustique.
Fenouillet gris, rustique.
Fenouillet gros, souffre par des froids excep-
tionnels.
Fenouillet jaune, gèle au delà de 20 degrés
Réaumur.
Fenouillet rouge ou Bardin, gèle nu delà
de 20 degrés.
Framboise d'Oberland, rustique.
Gros Bohn, rustique.
Gravenstein, gèle au delà de 20 degrés
Réaumur.
Greave's pippin, gèle quelquefois en scions
d’un an.
Gros Pigeonnet, gèle au delà de 20 degrés
Réaumur.
Hawthornden, souffre en pépinière au delà
de 20 degrés Réaumur.
Impériale ancienne, très-rustique.
Kiorabkoivski, très-rustique.
Layiterne, souffre fréquemment en pépinière.
Lemon pipp)in, souffre au-delà de 20 degrés
Réaumur.
Linneous pippin, souffre au delà de 20 de-
grés Réaumur.
Marbrée (Reinette drap d’or), gèle au delà
de 20 degrés Réaumur.
Margelle (Reinette musquée), rustique.
Ménagère (de Livre), souffre par des froids
exceptionnels.
Mignonne rouge, très-rustisque.
Moss’ incomparable, gèle au delà de 20 de-
grés Réaumur.
Nicolaïef, gèle au delà de 15 degrés Réaumur.
Noire de Vitry, gèle à 12 degrés Réaumur.
Sachant que l’on utilise cette variété comme
porte-greffe aux environs de Paris, pour tiges
greffées haut, nous l’avons fait venir, croyant
tirer les memes avantages de sa belle vigueur ;
mais elle est tout à fait incultivable dans nos
climats.
! G. Rardet,
1 Horticulteur à Varso\ie
ADENOCARPUS DECORTICANS
Arbuste buissonneux, compacte par la
multiplicité des ramilles foliaires, qui si-
mulent assez exactement celles des Ajoncs,
mais qui sont complètement inermes. Bran-
ches et rameaux arqués, réfléchis, dispa-
raissant sous une masse de feuilles. Ecorce
d’un vert mat herbacé, courtement velue.
Feuilles éparses, persistantes, e.xcessive-
l/orlù'-oU.
vdarôL.
Adznocat'pas (kcorticans .
ORTGIESIA TILLANDSTOIDES.
157
ment rapprochées, pétiolées, à deux, plus
rarement à trois folioles épaisses, linéaires,
sessiles, excessivement étroites, souvent Tal-
quées, molles, d’un vert très-foncé, por-
tées sur un pétiole de 1 à 2 centimètres
de longueur. Inflorescence en grappes
courtes, compactes. Fleurs solitaires, d’un
beau jaune d’or, sur un pédoncule d’envi-
ron 1 centimètre de longueur, fortement et
courlement velu. Calice tomenteux, à cinq
divisions, les deux supérieures plus longues
que les trois autres qui sont étroitement
linéaires; étendard largement arrondi, à
peine lobé au sommet, où il existe un très-
court mucronule, tiès-étroitement caréné,
renfermant les organes sexuels qui, alors, se
trouvent complètement cachés. F ruits (gous-
ses) d’environ 4-5 centimètres de longueur,
courtement atténués aux deux bouts, forte-
ment hispides-scabres par de nombreux poils
gros et courts, comme tuberculeux, visqueux.
Graines petites, suborbiculaires, légèrement
aplaties, à testa coriace, noir luisant.
Adenocarpus decorh'caus, Boissier, qui
fleurit en mai -juin, rappelle assez exacte-
ment, par son port et son aspect général, un
Ulex europæus. C’est une espèce rustique,
buissonneuse, originaire de la Sierra-Ne-
vada d’Espagne, où elle fut trouvée par
M. Boissier, croissant avec le Sapin Pin-
sapo. C’est un arbuste de haut ornement,
qui, dans les cultures, semble exiger la
terre de bruyère, au moins dans sa jeu-
nesse. Il craint la transplantation; aussi
doit-on le cultiver en pot, de manière à
pouvoir, au besoin, le planter en pleine
terre avec chance de réussite.
On le multiplie par graines qui lèvent
très-bien. C’est la seule espèce du genre
qui supporte bien l’hiver des environs de
Paris. On la trouve chez MM, Thibaut et
Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine), où
elle a passé en pleine terre le grand hiver
1879-1880.
E.-A Carrière.
ORTGIESIA TILLANDSIOIDES
La grande famille des Broméliacées, à la-
quelle appartient la plante sus-indiquée,
est féconde en nouveautés comme en sur-
prises; aussi le nombre toujours croissant
des amateurs a-t-il déterminé la création
d’un néologisme ad /me ; nous voulons parler
des broméliophiles.
Une des occupations favorites des collec-
tionneurs de plantes en général et des
broméliophiles en particulier consiste, tout
en surveillant le développement des plantes
avec une sollicitude paternelle, à scruter, à
épier, à deviner presque l’apparition ou
seulement les symptômes de l’inflorescence.
Quel est, en effet, l’amateur qui n’a pas, en
passant l’inspection de ses richesses bro-
mélioïdes, cherché à surprendre la pre-
mière coloration de tel Nidularium favori
en voie de développement, ou la grappe en-
core rudimentaire de tel Æchmea rare, ou
bien l’épi de tel Vriesea ou Encholirion
nouveau? C’est en effet une des plus douces
joies, pour celui qui cultive ces 'sortes de
plantes, que d’étudier la formation et la co-
loration successive de leurs fleurs. Nous
avons pu le constater bien des fois sur
diverses espèces, et tout récemment sur
VOrtgiesia tillandsioides, qui a fleuri dans
les serres du Val, près de Saint- Germain-
en-Laye, et dont nous avons pu, jour par
jour, suivre la coloration successive.
Nous donnerons ici la description de cette
espèce rare et peu connue.
Feuilles luisantes, vert clair, canaliculées,
serratulées, gracieusement arquées, longues
d’environ 40-50 centimètres sur 2 centi-
mètres et plus de largeur à l’insertion, en-
gainantes, convexes, se rétrécissant d’abord
brusquement, puis insensiblement jusqu’à
l’extrémité, qui est spinescente ; celles qui
avoisinent l’inflorescence sont d’abord dres-
sées, comme pour former une tige, puis
étalées horizontalement ; la base est agréa-
blement marquée de stries noires, fines,
plus nombreuses sur les bords; elle est
pliée, tourmentée comme dans les Æchmea
Melinoni, horrida et autres.
A l’époque de la fleuraison, les bractées et
la plupart des feuilles prennent une teinte
rouge orangé très- vive et peu commune
même dans cette famille, où pourtant les
feuilles se colorent souvent à Tépoque de la
floraison des plantes. Nous avons compté
sur notre pied 28 feuilles colorées
sur 50 qu’elle portait , ce qui indique une
proportion que n’atteint aucune autre es-
158
SAXIFRAGA LIGULATA. — DES CALCÉOLAIRES FRUTESCENTES.
pèce, même dans les Nidularium. C’est en
cela qiie consiste le principal attrait de la
plante; les fleurs, disposées engra[>pe courte
centrale, sont peu saillantes, presque in-
cluses; leur teinte rose tendre contraste
avec les nombreuses feuilles, colorées d’une
manière très-agréable.
En résumé, lOrtgiesia tillandsioides est
une plante naine, d’un faciès fin et délié.
Sa culture est simple et facile : un bon
compost de terre de bruyère fibreuse, bien
drainé, lui convient parfailement. C’est la
premièr'e plante de ce genre, établi par
M. Regel, en 1867, dans le Garlenflora.
Dans la même année, V Illustration horti-
cole (1) la signalait comme une bonne es-
pèce ; nous n’hésitons pas à faire cette
même recommandation, car la plante n’a
rien perdu de son intérêt, auquel s’ajoute
le mérite de la rareté, qui joue un si grand
rôle auprès des véritables amateurs.
J. Saluer fils.
SAXIFRAGA LIGCLATA
Cette espèce, originaire du Népaul, est
certainement une des plus méritantes; aussi
est-il étonnant de voir cette plante si rare-
ment cultivée. En effet, on ne la rencontre
guère que dans les jar dins botaniques oùy
chaque année, de la fin de janvier jusqr<’en
avril, elle excite l’admiration parla quantité
et |)ar la beauté de ses fieur’s, qui, outre ces
qualités, sont des plus agréablement odo-
rantes. Ses caractères sont les suivants :
Plante vivace, sous- frutescente et for-
mant une souche cespiteuse divariquée.
Tiges se dénudant au fur et à mesure de
leur élongation, feuillées seulement vers
Texti'émité. Feuilles persistantes, obovales,
longuement atténuées vers labase, aiTondies
au sommet, largement et peu profondément
dentées, coriaces, lisses et luisantes en
dessus. Hampe florale grosse, charnue,
rougeâtre. Inflorescence en fortes grappes
ramifiées, à ramifications parfois scorpioïdes.
Fleurs pédonculées, rose plus ou moins vif,
selon l’état de flor’aison et l’exposition de la
plante, à divisions très-rappi’ochées se re-
couvr*ant par les bor*ds, ce qui les fait
paraître tubuleuses à leur base, ouvertes en
cloche au sommet, finement et très-agréa-
blement odorantes.
Bien que relativement rustique, le Saxi-
fraga ligulata ne supporte par les hivers
rigoureux à l’air libre sous notre climat;
dans ces conditions, si l’on veut jouir de ses
fl^uns, il lui faut la serre froide, où il fleurât
abondamment de janvier à mars. L’abri
d’urie serre ne lui est pas indispensable,
et il fleurit également très-bien dans un
appartement, quelle que soit même l’expo-
sition qu’on lui donne. Toutefois, -ses fleurs
sont d’autant plus belles et plus colorées
qu’elles sont plus exposées à la lumière.
La plante se multiplie facilement d’éclats
et de boutures ; celles-ci se placent sous
cloche, où elles s’enracinent promptement.
Ce dernier procédé a l’avantage de faire
ramifier les pieds en arrêtant l’élongation
des tiges, et de donner des plantes beau-
coup plus réi^ulières et mieux faites.
Le <S. ligulata n’est pas le seul pi'opre à
l’ornemenlation ; les quelques espèces de sa
série dont on a formé le sous-genre â/c^asea
sont dans le même cas ; tels sont les Saxi-
fraga sibirica, cordi folia, crassifolia^ ma-
cro/di/y^/a, qui, ayant le même tempérament,
s’accommodent de la même culture.
May.
DES CALCÉOLAIRES FRUTESCENTES
Sous les noms, du reste assez vagues,
de Calcéolaii’es vivaces, frutescentes ou Cal-
céolaires ligneuses, on cultive aujourd’hui
en très-gr'ande quantité, pour l’ornementa-
tion des jai'dins pendant l’été, plusieurs
formes dont l’origine n’est pas très-bien
éiablie, mais qui très-probablement pour-
tant ont eu pour point de départ une es-
pèce chilienne, le Calceolaria rugosa, Ruiz
et Pavon, laquelle, du reste, est très- fré-
quemment cultivée avec les précédentes.
Dans tous les jardins botaniques et même
dans beaucoup de maisons particulières,
c’est encore la seule espèce que l’on cul-
tive ; elle se distingue des autres par ses
tiges, qui s'élèvent assez et deviennent sous-
frutescentes quand les plantes sont vieilles,
(i) Voir 18(57, planche 530,
SERRE-GALERIE.
159
Les variétés qui en sortent et qui en ont
tous les caractères généraux sont, en gé-
néral, plus floribondes et plus naines que le
type ; mais la grandeur et la forme des
fleurs sont à peu près les mêmes. Quant
à la couleur, elle présente quelques lé-
gères difTérences dans les nuances. Une des
bonnes variétés est nommée Triomphe de
Versailles ; quoique déjà ancienne, cette
variété n’a pas été dépassée.
•Culture et multiplication. — Bien
qu’elles soient vivaces et même sous-li-
gneuses, les plantes dont je parle sont cul"
tivées comme bisannuelles ; en effet, comme
c’est en général pour rornemeniatjon des
massifs qu’on les cultive en pleine terre
au printemps de leur deuxième année, il
est très-rare qu’on les relève à l’automne;
à peu près toujours on les laisse geler, ainsi
qu’on le fait des Pélargoniums, Verveines,
Héliotropes, Pétunias, etc. Il faut donc
chaque année faire de jeunes plantes pour
rem[»lacer les vieilles.
On peut multiplier par boutures et par
graines les Galcéolaires vivaces ; mais c’est
le plus généralement et même presque tou-
jours le premier de ces moyens que l’on em-
ploie, d’abord parce que les plantes ainsi
obtenues sont plus robustes, plus trapues;
ensuite parce qu’elles ont presque perdu
l’habitude de grainer. Bien que les bou-
tures puissent se faire au printemps à l’aide
de bourgeons qui ont poussé l’hiver dans
une serre tempérée, c’est en général vers
la tin de l’été qu’on les fait; pour cela, on
prend l'extrémité des bourgeons qui ne sont
pas à fleurs; on les prépare et on les plante
sous cloche avec une légère chaleur de fond.
Lorsqu’elles sont reprises, on les empote
dans des godets qu’on place sous des
châssis, pour hâter et favoriser la reprise
des boutures; puis on donne de l’air, et on
les y laisse tout à fait, jusqu’au moment où
on devra les rentrer dans une serre ou sous
des châssis dans lesquels ces plantes passe^
ronl l’hiver.
Au lieu de faire les boutures en pots, on
les fait presque toujours en pleine terre,
dans du terreau auquel on peut ajouter un
peu de teri'e de bruyère. Pour l’empotage,
on emploie un mélange de terre de bruyère
et de terreau dans lequel la premièr’e doit
dominer ; quant à la terre des massifs, elle
doit être substantielle, plutôt légère que
forte, riche en détritus organiques, recou-
verte d’un bon paillis ; les arrosements de-
vront être modérés, surtout si les plantes
sont peu vigoureuses.
A. Foissy,
Chef d« culture au palais du Sénat.
SFRRE-GALERIE
La mode charmante d’annexer des jardins
d’hiver aux habitations prend une extension
croissante. C’est avec raison que la maî-
tresse de la maison insiste pour avoir son
i J
[ l 1 I i
Fjg. o2. — Sen e-galerie.
huen retira verdoyant et fleuri pendant les
longs et obscurs mois de l’hiver, Ce qui
était autrefois une luxueuse exception,
réservée aux demeures opuleptes, est de-.
-IGO
CORBEILLE DE FLEURS.
venu le complément obligé de toute rési-
dence un peu confortable.
Mais dans les villes, où cette heureuse
addition aux appartements de réception et
d’habitation est si désirable, la place man-
que bien souvent. Faute de pouvoir annexer
au salon ou à la salle à manger la serre si
justement désirée, faut-il absolument re-
noncer à ce coin de verdure et de Heurs qui
fait prendre en patience le temps de la bise
hivernale? Serons-nous éternellement ré-
duits aux plantes étiolées dans le demi-jour,
la sécheresse et la poussière des salons, a
l’éternel Ficus, aux Aspidistra, à VAralia
Sieholdi, aux Palmiers et aux Dracénas qui
ce commencent à mourir dès qu’ils entrent
dans la demeure de l’homme? »
Non certes, il ne faut pas renoncer à créer
chez soi, même avec le moindre espace, une
véritable serre, où les plantes vivront et
prospéreront. Il est peu de maisons où l’on
ne puisse ouvrir largement un pan de mur
extérieur, soit sur un couloir, soit sur une
pièce d’habitation, passer un linteau en fer
et soutenir en encorbellement, sur des con-
soles, une petite construction en fer vitrée.
Et voilà une petite serre improvisée, qui se
chauffera facilement par un poêle Chou-
bersky ou tout système analogue, auquel
on ajoutera un récipient rempli d’eau pour
combattre la sécheresse de l’atmosphère.
La figure 32 représente la façade de l’un
de ces arrangements exécutés à Paris.
A l’intérieur de cette petite serre-galerie,
des caisses de bois, doublées de zinc et re-
vêtues extérietirement de faïence, sont ins-
tallées près du vitrage et peuvent recevoir
d’assez grandes plantes à feuillage, soit en
pots, soit en pleine terre. Ces plantes pros-
péreront, grâce à quelques soins élémen-
taires, et si des fleurs communes, mais
agréables à voir pendant l’hiver. Primevères
de Chine, Cyclamens, Tulipes naines. Cro-
cus, Jacinthes, y sont ajoutées, avec quel-
ques Lilas, Deutzias, Spirées du Japon et à
feuilles de Prunier, etc., nous pouvons affir-
mer que la petite serre sera fort appréciée.
Il y aurait beaucoup à dire sur les moyens
d’installer ces sortes de constructions, qui
peuvent prendre des formes très-diverses,
et la Revue publiera, à l’occasion, les mo-
dèles qu’elle fait dessiner à cet effet'.
Ed. André.
CORBEILLE DE FLEURS
Cette coi'beille de fleurs (fig. 33) est d’un
effet d’autant plus agréable que ses dimen-
sions sont plus grandes. Sa largeur, sur le
dessin ci-joint, est
de 7 mètres envi-
ron. Si l’on peut
porter à 9 ou 10
mètres le grand
axe de l’ellipse,
avec une dimen-
sion proportion-
nelle pour le petit,
on obtiendra un
résultat meilleur
encore.
En voici la com-
position pour la
saison d’été :
N'’ 1 . — Centre
occupé par un Dracéna [Cordyline indi-
visa), haut de 1™ 50 au moins.
N® 2. — Entourage de Pélargoniums à
feuillage vert et blanc (variété Bijou).
N® 3. — Masse principale en Héliotropes
à fleurs bleu foncé.
N® 4. — Un rang d’iresine acuminata.
N® 5. — En-
cadrement formé
de Pyrèthres à
feuilles jaunes
{Pyrethrumpar-
thenioides au-
reum).
N® 6. — Achy-
ra^ithes Ver-
schaffelti.
7. — Ronds
de Lohelia Eri-
nus compacta.
8. — Bor-
dure très-nette,
composée des ro-
saces bien égales de V Echeveria ro-
sacea.
Ed. André.
PHALÆNOPSIS STUARTIANA. — LES SERRES AU POINT DE VUE DE LA CULTURE.
161
PHALÆNOPSIS STUARTIANA
Port, aspect et végétation assez sembla-
bles à ceux du Phalænopsis Schillerimia.
Feuilles longuement ovales, marbrées et
zonées de blanc en dessus, rose violacé ou
ferrugineux en dessous. Tige florale et inflo-
rescence rappelant celles des Phalænopsis
amahilis et grandiflora. Fleurs moyennes,
étalées, les trois divisions supérieures d’un
blanc pur, finement pointillées de violet
rosé, les deux inférieures de deux couleurs
tranchées longitudinalement : une moitié
d’un blanc pur légèrement et finement
pointillé rosé, l’autre moitié, au con-
traire, fond jaune ponctué et maculé roux
fauve ou chocolat, marquée de très-nom-
breuses macules irrégulières d’un rouge
brunâtre nuancé, à reflets fauves; labelle
fond jaune maculé roux foncé, marqué
d’une large bande blanc pur à l’extrémité
inférieure. Colonne d’un beau blanc, rap-
pelant exactement celle du Phalænopsis
amahilis.
Introduit en 1881 des îles de la Sonde,
par M. Low, le P. Stuartiana, Rchb. f.,
se cultive absolument comme ses congé-
nères, c’est-à-dire qu’il lui faut la serre
chaude, beaucoup d’humidité et un sol com-
posé de sphagnum mélangé de quelques
mottes de terre de bruyère très -grossière-
ment concassée.
C’est une espèce très-curieuse et remar-
quable par la beauté et la délicatesse de ses
fleurs. Nous l’avons vue en fleurs chez
M. Rougier, horticulteur, 152, rue de la
Roquette, à Paris, et chez M. Godefroy-
Lebeuf, horticulteur à Argenteuil.
E.-A. Carrière.
LES SERRES AU POINT DE VUE DE LA CULTURE
Mon intention, en écrivant cet article, n’est
pas d’examiner la question au point de vue
général, d’entrer dans des détails précis, ni
sur la construction, ni sur la nature des
serres, non plus que sur leur appropriation.
Non : ce sont là des choses d’intérêt parti-
culier et qui rentrent dans un examen
d’ensemble sur le sujet. Le but que je
me propose est de combattre cette idée trop
généralement répandue, bien qu’elle soit
fausse : « que dans les pays chauds il ne
faut pas de serres. » Il est certain qu’au
point de vue des froids, c’est-à-dire de l’abri
proprement dit, les serres ne sont pas né-
cessaires dans ces conditions, puisqu’il ne
gèle jamais; mais au point de vue horticole,
où il faut souvent intervertir l’ordre de la
végétation et, en dehors des époques nor-
males, produire des plantes en fleurs ou en
fruits, il faut être maître de la position,
afin de pouvoir arrêter, modérer, activer à
volonté, produire du froid ou du chaud re-
latifs à des époques déterminées, contrai-
rement à ce qui devrait se passer dans l’état
ordinaire des choses ; il faut un outillage
spécial, et celui-ci consiste dans des serres
appropriées.
D’un autre côté, comme il s’agit de pro-
duire à des moments déterminés, il faut se
mettre à l’abri des extrêmes, qui se mon-
trent fréquemment dans les pays chauds,
par exemple des vents violents, arides,
des pluies torrentielles, etc. D’autre part
encore, l’horticulteur marchand doit pouvoir
cultiver des végétaux de pays et de climats
très-dilférents, qui ne s’accommoderaient
pas des conditions normales.
Mais, en dehors de toutes ces considéra-
tions, il est une opération de première im-
portance et qui nécessite la présence du
verre, l’usage d’un matériel spécial, tel que
cloches, châssis, etc. C’est la multiplication
des végétaux qu’il faut faire pendant presque
toute l’année, à des époques qui varient sui-
vant les espèces auxquelles on a affaire,
pour lesquelles il faut des milieux tout par-
ticuliers. Par exemple, la plupart des greffes
et des boutures ont besoin pour reprendre
d’être abritées de Tair et du soleil pendant
des temps plus ou moins longs.
De tout ceci il résulte que, quel que soit
le pays qu’il habite ou les conditions dans
lesquelles il se trouve, l’horticulteur devra
être muni d’un matériel ad hoc, que tou-
jours, et contrairement aux idées générale-
ment admises, un horticulteur devra avoir
162
LES EFFETS DU FROID DANS LE MIDI DE LA FRANCE.
des « verres : » serrns, châssis, cloches, etc.
Quant à l’usage qu’il devra en faire, il
variera suivant le lieu, le climat, l’exposi-
tion, mais surtout suivant les cultures aux-
quelles il se livre et le but qu’il cherche à
atteindre. Guillon.
LES EFFETS DU FROID DANS LE MIDI DE LA FRANCE
La dépression générale de la température
qui s’est étendue sur une grande partie de
l’Europe au commencement de mars a eu,
dans la région méditerranéenne de la France,
un contre-coup fatal.
Nous venons de visiter avec quelque
détail la zone où le froid et la neige ont
exercé leurs ravages, principalement de
Toulon à Nice, et l’exposé des faits que
nous avons observés peut présenter de
l’intérêt pour l’horticulture du littoral, au
point de vue des déductions pratiques à en
tirer.
L’hiver dernier avait été exceptionnelle-
ment doux. L’abaissement notable de la
température, qui s’était fait sentir à Paris
dès les premiers jours de mars et avait été
accompagné d’une abondante chule de
neige, surtout sur les montagnes et le pla-
teau central de la France, n’avait pas encore
dépassé la frontière de la Provence littorale.
Tous les jardins étaient couverts de fleurs,
qui, chaque semaine, s’expédiaient vers le
nord à pleins wagons. La végétation était
singulièrement avancée. Dès le 15 no-
vembre, les Roses avaient paru en abon-
dance, et les variétés hybildes — chose
rare — avaient donné une véritable florai-
son d’hiver. Les Orangers n’avaient pas cessé
de fleurir. Seules, les Violettes, les Giro-
flées étaient en retard dans un grand
nombre de jardins, par une exception
bizarre. Les horticulteurs se réjouissaient
de voir leurs terrains abondamment arrosés
par un hiver pluvieux, et les jeunes pépi-
nières de plantes délicates étaient pleines
de promesses.
Telle était la situation jusqu’à la fin de
février.
Il avait plu dans la journée du vendredi
9 mars. La température était restée douce.
Le samedi 10, à l’aube, une épaisse
couche de neige couvrait le sol, courbait
jusqu’à terre les tiges des Bambous, les
feuilles des Palmiers, brisait les Acacias et
autres arbres fragiles, et désolait toute la
conirée ! Dans la plupart des jardins, quand
on voulut secouer cette neige, on reconnut
qu’elle était glacée à la surface, et il fallut
y renoncer, sous peine de casser toutes les
plantes.
Au-dessus de la neige, dont l’épaisseur
variait entre 10 et 25 centimètres, suivant
les localilés, le thermomètre centigrade
marquait. 3, 4, 5 et jusqu’à 7 degrés sous
zéro. Fatale conjoncture! Ce qui est un pré-
servatif contre le grand froid dans les pays
septentrionaux aggravait ici le mal La neige
tombe assez souvent le long de cette côte
maritime, mais elle y fond presque aussitôt.
Les plantes délicates y peuvent supporter
un abaissement momentané de tempéra-
ture; mais si le froid se prolonge, elles pé-
rissent ou souffrent énormément. C’est ce
qui est arrivé en cette occurrence. Pendant
plus d’une semaine, on a vu le sol rester
couvert de neige dans tous les endroits non
exposés au plein midi, et si le soleil en fon-
dait une partie, en brûlant les feuilles et
désorganisant les tissus végétaux, une re-
crudescence de gelée venait chaque nuit
augmenter les pertes. Enfin, le mistral se
prit à souffler et mit le comble au mal dans
tous les endroits découverts.
Sous de pareilles influences, on comprend
que les jardins durent être terribhment
éprouvés. Ils l’ont été fort inégalement, tou-
tefois. Rien n’a mieux démontré la bienfai-
sante influence des abris Nous avons vu les
mêmes espèces de plantes ou rôties ou in-
demnes, suivant qu’elles étaient exposées
au plein air, protégées par un simple treillis
de cannes ou sous l’ombrage de quelques
arbres à feuilles persistantes. De plus, la
nature du sol a joué un grand rôle dans la
répartition des pertes. Les terrains bas et
frais d’Hyères ont beaucoup souffert. Cannes,
dont la température moyenne annuelle est
sensiblement plus élevée que celle de Nice,
de Monaco et même de Menton, a été plus
éprouvé que ces dernières localités, parce
que ses terrains étaient saturés par les
pluies d’hiver et que les sources coulaient
partout sur le flanc de ses collines.
Nous ne nommerons aucune des pro-
priétés que nous avons visitées. Nous devons
LES EFFETS DU FROID DANS LE MIDI DE LA FRANCE.
163
celte réserve à nos fulèles correspondants,
déjà éprouvés par cette rude aventuie, et
dont il est inutile d’augmeider les regrets
en étalant la liste de leurs pertes ei en si-
gnalant leurs mécomptes. Notre but, en
publiant la liste suivante, tout incomplète
qu’elle soit, est de prémunir les amateurs
contre des espérances exagérées sur la rus-
ticité de certaines espèces et, au contraire,
d’atfirmer ta résistance de certaines autres.
De pareils faits sont rares. Les vieux jardi-
niers du pays nous ont dit qu’ils n’avaient
pas observé, depuis plus de cinquante ans,
celte fatale simubanéité d^ la glace et de la
neige. Mais ces circonstances peuvent se re-
produire, et nous venons dire à nos lec-
teurs : « A bon entendeur, salut! »
ESPÈCES QUI ONT LE PLUS SOUFFERT.
Salvia princeps, cardinalis, splendens,
involucrata et autres; Solanum robu^tum,
marginatum, galeatum; Echeveria retusa
et autres; Héliotropes, Clivias, IHeris tre-
mula; Pliœnix reclinnta, Ph. leonensis;
Sirelitzia augusla ; Agave crenata, A. my-
riacantha; Aralia Veitchi, gracillima,
fdicifoLia, süJichifolia et autres espèces de
la mer du Sud; Philodendron ; Zamia vil-
losa, C(>ffra; Lehmanni^ vernico.'ia^ pin-
gens ; Sciadopfiyllum pulchrum ; Ficus re-
ligiosa, nymphœfolia, rubiginosa ; Also-
pliila australis ; iSparmannia, Agératums,
Wigandias, Pélargoniums, Hoya .divers;
Clirysanlhemum frutescens et formes voi-
sines; Aloe ferox, A. Dyckiana ; Musa si-
nensis. paradisiaca^ ensete (toutes les feuil-
les gelées); Fomcroyas divers; Cosmophyl-
lum cacaliœ folium ; Chamœdorea gra-
minifolia; Carolinea insignis, Ceroxylon
andicola, Cinnamonum dulce, Cleroden-
dron 2'hompsoni ; Cyatdiea Burkei el deal-
hala, Ficus ferruginea, Livistona Mau-
ritiana, Lomaria gibba^ Rbopala aus-
tralis, Jonghei, Corcovadensis et autres,
Seafortliia elegans, Makoya bella, Musa
Cavendishii, Stadmannia divers, etc. (1).
(1) Une grande partie de ces espèces, qui ont
été si éprouvées, et dont un certain nombre ont
péri, sont justement celles dont un journal donnait
récemment la lisfe comme constituant des espèces
rustiques dans la région dont nous parlons. On voit
Combien ü laut accu iilir avec réserve les affn ma-
tions de cei tains indusiriels désireux d écouler à
tout prix leur matcbandi'e, sans souci des mé-
comptes qu’ils i-auseront aux amateurs trop con-
fiants. Nous ne cesserons pas de dévoiler de sem-
blables manœuvres, qui commencent à être appré-
ciées comme elles le méritent. Ed. A.
PLANTES DONT LES FEUILLES ET LES JEUNES
POUSSES ONT GELÉ PLUS OU MOINS COM-
PLÈTEMENT.
Brachychüon Gregorii, Areca sapida,
A. monoslachya et A. Baueri (peu de mal),
Corypha australis, Livistona sinensis
(peu), Chamædorea elatior. Ficus elastica
et F. Boxburghii, Senecio Ghiesbreghtii,
Keritia divers; Salvia gesneriæflora. erio-
calyx ; lochroma divers, ('.estrum divers,
Siphocamp]flus divers, Solanum betaceum
(feuilles), Polygonum. platycladum , Aralia
Sieboldi, Abutilon variés. Orangers (jeunes
pousses), Artocarpus imperialis (feuilles),
Oreopanax (toules les feuilles), Cycas (feuil-
les) divers, excepté le L’. revoluta; Ptychos-
perma Alexandræ , Broméliacées diverses,
Cyathea medullaris (peu souffert), Psi-
dium Catleyayium, Kleinias, Bambusa
Thouarsii, Yucca Guatemalensis (feuilles),
Damrnaras, Araucaria Rulei et variétés;
Eucalyptus (les jeunes pousses d’un giand
nombre d’espèces), les bourgeons tendres
(et même une partie du vieux bois) des
Orangers; Chryso> hyllum impériale, Sa-
ribus olivæformis, Buddleia Madagas-
cariensis, Beschornérias, Colocasia escu-
(feuilles), jeunes pousst's des Rosiers,
Orcliidées tropicales (nous en donnerons
uliérieurernent la liste), Nérions (jeunes
pousses), Adiantum (feuilles), Bignonia
Capensis, B. jasminoides, Bougainvillea
(non abrités). t'Apura, Conoctinium, Se-
necio deltoideus et mikanioides, Cor-
dyline lineata , Dracœna cannœfolia ,
Eriocephalus, Eugenia brésiliens, Ada-
tfioda, Libonia, Meliamhus, Myoporum,
Russelia, etc.
ESPÈCES QUI n’ont PAS OU QUI ONT
PEU SOUFFERT.
Pritchardia fdifera, Brahea RoezHi,
Phœnix dactytilifera, Panariensis ; t'ocos
flexuosa, botryophora (?), Romanzoffiana,
Brahea nitida, Sabal umbraculifera et
Havanemsis, Gocos campestris et variétés,
Chamœrops (tous), Jubœa spectabilis, PsF
dium variés, Balantium antarcticum,
Cycas Siamensis (avec abri), Persea gra-
tissima, Anthurium Scherzerianum (à
peine abrité) et coriaceum. Agave et Opun-
tia (presque toutes les espèces). Euphorbes
cacti formes, Bucklandia populnea (à mi-
ombre), Lepidozamia Perofskiana, Zamia
spiralis, Dion edule, presque toutes les
164
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
plantes de l’Australie et de la Nouvelle-Zé-
lande, les Bambous; Araucaria excelsa et
A. Bidwilli, Phormiums, Senecio 'platani-
fülius, Schinus molle, Salvia Grahami,
Coronilles, Girollées, Aristolochia altissi-
ma, Sempervivum Œonium, Rosiers de
Banks et Indica major; plusieurs Bromélia-
cées, demi-abritées : Ortgiesia tülandsioi-
des, Puyas divers, Quesnelia Skinneri, Ana-
nassa macrodontes, Distega7ithus hasila-
teralis, etc. ; Baccharis Xalapensis, Achg-
ranthes, Agatliea, Beaucarnea, Cassia,
Cho7'izeyyia, Cistus, Cilrus otailensis, Cg-
perus alternifolius,Cgrlomium falcatum,
Cordgline (Dracœna) indivisa, Dracæna
Draco, Dyckia, Ephedra, Escallonia,
Egenia Ugni, Aralia irifoliata, Hahro-
thamnus, Hardenhergia, Kermedya, La-
gunea, Bhynchospermum , Strelitzia re-
ginœ, Yucca aloefolia, Treculeanaj etc. ;
Bhapis flahellifoy'mis, etc.
Parmi les espèces mentionnées dans cette
dernière liste, plusieurs ont été touchées
par le froid, sans avoir cependant leur exis-
tence compromise; mais dans les situations
favorisées, toutes se sont bien comportées.
C’est ainsi que le Phoenix Canariensis
(Ph. tennis, Vigieri, etc.), si rustique pres-
que partout, a été maltraité seulement dans
la partie froide de la ville de Cannes, quar-
tier des Vallergues, du Biou, etc.
Nous ne parlons pas, bien entendu, de la
très -nombreuse population végétale qui
forme le fonds commun de tous les jardins
du Midi, et dont les arbres et arbustes
australiens, japonais et californiens, etc.,
constituent la majorité. Ceux-là en ont vu
bien d’autres, et la secousse qu’ils viennent
de recevoir n’est pas pour diminuer leur
SOCIÉTÉ NATIONALÉ ET CENTRA
SÉANCE DU
Ai'PORTs. — Comité (ï arboriculture frui-
tière : iM. Jansoii, horticulteur à Etampes,
avait envoyé deux variétés de Pommes dont il
est l’obtenteur et qui, pour leur mérite, devi’ont
faire partie du jardin fruitier à différents titres ;
l’une, à peine moyenne, est blanche, parfois un
peu grisâtre, très-légèrement côtelée, un peu
variable de forme, de bonne qualité et se con-
serve très-bien Un mérite tout particulier que
présente cette variété consiste dans sa fertilité,
qui est excessive. Le comité, autorisé par le
présentateur, a donné à ce gain le nom de
solide réputation. Les genres Grevillea,
Hackea, Banksia, Benthamia, Dasylirion,
Brachychiton populneum et acerifolium,
Calolhamnus, Coryyiocarpus, Laurus, Me-
laleuca, Mühlenbackia, Phormium, Poly-
gala, Punica, Templetonia, Metrosideros,
CaUistemon, Acacia, Eucalyptus, Cupres-
sus , Juniperus, Callitris, Casuarina ,
Pittosporum, Ligustrum, Photinia, Stran-
wesia, Evonyrnus, etc., sont d’une résis-
tance à toute épreuve, sans parler des autres
genres cités dans la liste précédente.
La conclusion à tirer de ce rapide exposé
est que la région méridionale, malgré les
mécomptes inhérents à toutes les tentatives
un peu trop osées d’acclimatation, en dépit
des regrets que les amateurs doivent
éprouver de voir quelques-unes de leurs
espérances détruites, offre un champ vaste
et fécond à l’horticulture. On fera donc
sagement, en plantant les jardins sur le
littoral de Toulon à Menton et à toute la
« Riviera, » de constituer le fonds principal
des massifs avec les végétaux reconnus
absolument rustiques. Les groupes détachés
et les isolés seront pris parmi les espèces
indemnes portées sur les listes que nous
venons de publier. C’est alors seulement
que, brochant sur le tout, on viendra
essayer, dans des situations abritées contre
le froid, la neige, le mistral et le vent d’est,
les espèces plus délicates qui ne sauraient
se passer d’une protection intelligente. C’est
grâce à ces précautions qu’on obtiendra
l’aspect de vigueur et de santé que doivent
présenter les jardins de ces contrées pour
rester dignes de leur réputation.
Ed. André.
D’HORTICULTURE DE FRANCE
8 MARS 1883
Reinette Samson. L’autre variété, qui appar-
tient au groupe des Apjis, est relativement
grosse, plus lai ge que haute, fortement colorée
de rouge vif sur les parties insolées. Il arrive
parfois que les fruits, fortement anguleux,
simulent un peu VApi étoilé. Ce sera une
grande ressource pour la pré})aration des des-
serts. Le comité a donné à cette Pomme le
nom de Ajn d'Étampes.
Comité de culture ^wtagére : M. Bertaud,
jardinier à Rungis, présentait des Carottes
nouvelles de la variété dite grelot, et des
ORIGINE DES BETTERAVES.
165
Fraises des variétés Docteur Morère et Mar-
guerite qui étaient fort belles. — Sous le nom
de Céleri turc, M. Beurdelait présentait deux
pieds d’un Céleri à tiges relativement fines,
mais creuses, ce qui démontrait l’inexactitude
de la dénomination. C’était une sorte de Cé-
leri à couper.
Comité de floricuUure : M. Duval, chef de
culture au Muséum, présentait un Crinum
sans nom venant de Zanzibar, d’où il a été
envoyé par M. Durand. Le pied, très-beau, à
feuilles longues de 80 centimètres et plus,
étalées, arquées, légèrement ondulées, et qui
avait été cultivé par M. Ilainelin, chef des
serres froides au Muséum, portait deux hampes
tlorales déprimées, droites, presque aussi
longues que les feuilles, terminées par des
fleurs régulières, assez longuement pédon-
culées, d’un blanc très-légèrement rosé, lon-
gues d’environ 10 centimètres, s’élargissant
graduellement, un peu réfléchies au sommet
et dégageant une odeur des plus suaves.
C’est une magnifique espèce qu’on paraît
disposé à rapporter au Crinum Cajpense,
et qui toutefois en serait une forme très-dis-
tincte et surtout très-méritante. Les fleurs
rappellent celles de certaines Amaryllidées.
Quant à l’oignon, il est très-allongé et ne
présente aucun caractère particulier. — M. Go-
defroy-Lebeuf, horticulteur à Argenteuil, avait
un apport très- intéressant comprenant : un
pied d*Odontoglossu7n Roezli portant six
fleurs ; un beau pied de Phalænopsis considéré
comme un P. Stuartiana dont il a les carac-
tères généraux, mais très-distinct de ce que
l’on vend généralement sous ce nom. C’est
très-probablement un Phalænopsis nohilis,
espèce très-rare et de grande valeur. Quoi qu’il
en soit, c’est une magnifique plante appartenant
au groupe des Schilleriayia. Comme le P. Schil-
leriana, ses feuilles brunâtres, épaisses, sont
rougeâtres en dessous, marbrées de blanc en
dessus; la hampe, gracieusement ai'quée, ro-
buste, se termine par des fleurs très-rappro-
chées, très-bien ouvertes, larges et relative-
ment grandes; deux des divisions sont par-
tagées longitudinalement en deux couleurs,
l’une blanche, tandis que l’autre est fortement
marbrée de roux chocolat; le labelle est éga-
lement marqué de macules roux brun qui,
élégamment disposées, produisent un gracieux
contraste. M. Godefroy présentait en outre : un
nouveau Pellionia, le P. Rhodoconakiana,
dont le port, l’aspect général et la végétation
sont semblables à ceux du P. Daveauana,
figuré dans ce recueil (1) ; il n’en diffère guère
que par ses feuilles plus courtes, très-large-
ment arrondies et à peu près entières ; un pied
en fleur de Dendrochilon gliunaceum, cette
singulière Orchidée cespiteuse dont l’inflores-
cence, disposée en long épi, rappelle assez
exactement certaines Graminées. La durée de
ces fleurs est excessivement longue. Placées çâ
et là dans des bouquets, elles leur donnent
une élégance et une légèreté remarquables.
M. Godefroy présentait encore une forte touffe
de Masdevallia triangula^ns, espèce originaire
de Caracas, portant près d’une centaine de
fleurs; celles-ci sont petites, de couleur jau-
nâtre, terne, à appendices ténus, brunâtres ;
enfin un pied de Miltonia Russelliana dont les
fleurs, disposées en épis, ont les divisions
étroites, longues, un peu contournées; le
labelle est légèrement maculé rose.
ORIGINE DES BETTERAVES
L’opinion généralement admise de la filia-
tion, qu’une espèce ne peut venir que d’une
espèce semblable, implique forcément l’idée
d’une création unique, instantanée, d’un
état de choses primitif qui n’aurait eu qu’à
se continuer. Or, la science géologique, unie
à toutes les sciences naturelles, montre le
contraire de la manière la plus formelle.
En ce qui regarde l’origine des Bette-
raves, on paraît faire fausse route en cher-
chant le type dans l’espèce que l’on ren-
contre sur différentes parties du littoral,
particulièrement de nos provinces de l’Ouest,
le Beta maritima. En effet, celle-ci est vi-
vace, presque sous-frutescente, traçante; en
un mot, elle est complètement différente de
nos Betteraves, qui sont bisannuelles et
même annuelles^ absolument comme nos
Carottes.
La plante qui paraissait indiquée pour
tenter des expériences est la Bette com-
mune qui, à part les renflements des ra-
cines, a tous les caractères généraux de
nos Betteraves, ce qui, du reste, semble
sous-entendu dans la signification du mot
« Betterave, » c’est“à-dire une Bette et
une Rave réunies, en d’autres termes une
Bette dont la racine a pris la forme d’une
Rave.
Du reste, l’expérience vient de confirmer
l’hypothèse et de démontrer le fait. L’année
dernière, un de nos collègues a obtenu
dans un semis de Bette ou Carde plusieurs
(1) Voir Revue horticole, 1880, p. 290.
m
CULTURE DE L’AGATHEA. CŒLESTIS.
individus à racine principale diversement
renflée; certains ont même une protubé-
rance ass^ez forte, et ce qu’il y a de remar-
quable, c’est que le collet, au contraire,
s’est amoindri, ce qui, du reste, est con-
forme à ce que nous connaissons pour des
plantes analogues.
Loin d être extraordinaire, ce fait est
conforme à beaucoup d’autres et s’est pro-
duit sur des Panais, Carottes, Céleris, etc.
Néanmoins, comme il sert la science en
jetant un nouveau jour sur l’origine d’une
de nos plantes économiques et industrielles
des plus importantes, nous avons cru devoir
le citer.
E.-A. Carrière.
CrLTURR DE L’AGATHEA CŒLESTIS
Une de nos plus anciennes connaissances
parmi les plantes de serre froide est cer-
tainement l’Aster bleu du Cap, VAgalhen
cœlestis (ou A. amelloides). Chacun l’a vu
foianer des arbustes uu peu gr êles, se sou-
tenant assez mal, et produisant de jolies
étoiles du plus beau bleu faïence au sommet
des rameaux. Ainsi cultivée, à l’instar
d’une Bruyère ou d’une Epncris, la plante
n’a lien de très-séduisant, et on la relègue
souvent dans un coin de l’orangerie, sans lui
accorder beaucoup d’attention.
C’est qu’on ne la connaît pas bien.
Il tant la voir au grand air dans le midi
de la France, sur la côte méditerranéenne,
pour se faire une idée exacte de sa beauté.
Au lieu de former un arbuscule médiocre,
cetie espèce, placée en pleine terre au soleil,
dans le sol micacé de Cannes, par exemple,
prend en peu de mois la forme trapue, buis-
sonneuse, arrondie, régulière. Son joli feuil-
lage, ferme et bien tenu, devient compacte,
sans perdre son élégance. Des centaines de
fleurs se dressent avec régularité sur leurs
pédoncules rigides, et s’épanouissent succes-
sivement pendant plusieurs mois, du com-
mencement jusqu’au milieu de l’hiver. En
novembre dernier, j’ai fait relever de pleine
terre, à Cannes, et j’ai appc rlé à Paris une
de ces touffes, qui portait à la fois trois cents
fleurs et boulons, et qui n’a cessé de fleurir
pendant six semaines. J’affirme qu’un sem-
blable exemplaire, tout couvert de ses jo-
lies fleurs de saphir, aurait eu un véri-
table succès à la vitrine d’un des grands
fleuristes de Paris, d’un Vaillant ou d’un
Labrousse.
Mais le relèvement brusque de la pleine
terre, pour la transplantation en poi et la
culture d’appartement, n’est pas à con-
seiller. Ainsi traitées, les feuilles jaunissent,
et les fleurs se décolorent.
Voici le traitement que je conseillerais
pour la culture de marché et la vente hiver-
nale à Paris.
Il s’agit toujours de la culture prépara-
toire dans la région méditerranéenne.
En septembre-octobre, bouturer des
jeunes pousses, sous cloche, à l’étouffée ou
sous châssis froid. Rempoter les boutures
reprises et les hiverner dehors, protégées par
des abris de cannes {Arundo Donax).
En mars, préparer des planches de terrain
exposées au plein soleil, et, s’il est pos-
sible, sur un sol granitique ou gneissique,
bien défoncé et légèrement fumé. Espacer
les plantes de 33 centimètres en tout sens,
pour qu’elles puissent se développer libre-
ment et rester rondes et trapues.
A la fin de septembre, les Agathéas sont
arrivés à leur plein développement. Quand
les boutons sont bien sortis, mais avant que
les pédoncules soient trop allongés, relever
les plantes en motte avec précautioii, et les
mettre en pot, sur place, dans la terre
même du jardin. Les pots, suivant la gros-
seur des exemplaires, auront de 15 à 18 cen-
timètres de diamètre. Enterrer ces pots
dans les trous mêines des plantes et les re-
couvrir d’un centimètre de terre. Mouiller
abondamment et ombrer la planche tout
entière par un léger treillis de cannes sup-
porté par des piquets hauts de 70 à 80 cen-
timètres.
Quand les plantes sont bien reprises, en-
lever le treillis et laisser la végétation se
parfaire au soleil, jusqu’au moment de
l’expédition.
Ainsi traités, expédiés en boulons dans
des paniers, par petite vitesse, les Agathéas
peuvent facilement supporter les six jours
de transport jusqu’à Paris, arriver frais et
être placés dans une serre froide ou tem-
pérée, pour y fleurir avec profusion et être
mis en vente successivement.
J’engage nos confrères les fleuristes à
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
i67
essayer de cette méthode et à prendre des
arrangements avec des horticulteurs du
Midi, pour réaliser le mode de cidture que
je viens d’indiquer. J’ai la conviction qu’ils
y trouveront un profit de bon aloi.
On pourrait encore procéder par division
des touffes au printemps, plantation en
pleine terre en planches et relèvement,
comme je l’ai dit plus ' aut. Mais je crois
que le premier mode donnerait des plantes
mieux faites et de meilleurs résultats.
De fortes touffes d’A^athéas ainsi obte-
nues réaliseraient sur le marché «le Paris
des prix rémunérateurs, car, si les jeunes
sujets de vente courante ne peuvent attein-
dre un taux élevé, il n’en est pas de même
dès qu’on a affaire à de véritables exem-
plaires d’amateurs, que les fleuristes ven-
dent ce qu’ils veulent, quand la forme et la
floraison des plantes sont irréprochables.
Ed. André.
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS
Reinetle Ohio. — Cette Pomme, dont
nous n’avons trouvé nulle part de descrip-
tion, nous a été donnée par un grand
amateur d’arbres fruitiers, M. Chrétien;
elle rappelle assez par sa couleur certains
Rambours. C’est, du reste, un très-beau
fruit dont voici les caractères :
Fruit gros, élargi à la base, atteignant
jusqu’à 9 centimètres de diamètre et parfois
presque autant de hauteur, largement, mais
obscurément côtelé, souvent un peu inéqui-
latéral, brusquement et sensiblement atté-
nué vers le sommet. Queue fine, courte,
dépassant à peine la cavité, qui est éva-
sée, relativement étroite. Œil ouvert, pro-
fond, placé au fond d’une dépression assez
sensible, souvent plissée, à divisions très-
courtes. Peau rouge brillant sur un fond
jaune, longitudinalement rayée et marquée
de bandes ou rubanures muge sang. Chair
blanc jaunâtre, cassante, bien que très-
tendre, sucrée, légèrement aigrelette, très-
agréablement parfumée ; loges moyenn-^s;
pépins roux noir, assez renflés, longue-
ment atténués à la base.
Ce fruit, gros et aussi bon qu’il est beau,
mûrit de décembre à mars; mais il est bon
à manger même avant d’être bien mûr. 11
ne rougit pas à l’air après qu’il a été
coupé.
Poire Barillet- Deschamps. — Le seul
auteur qui nous paraît avoir parlé de cette
Poire est M. O. Thomas qui, dans son
Guide pratique de l’amateur des fruits^
la classe dans les « variétés à l’étude. »
Voici ce qu’il en dit : « Fruit assez gros,
jugé de premier mérite par le Comité
pomologique de Rouen, les 9 février et
5 avril 18üG. — Arbre très- fertile. »
Les fruits que nous avons dégustés, dus à
l’obligeance de M. Chrétien, nous ont pré-
senté les caractères suivants :
Fruit allongé, atténué presque dès sa
base, rappelant un peu un Capiaumont ou
une Figue d’Alençon, souvent légèrement
iné(|uilatéral, dépassant parfois 8 centimè-
tres de longueur sur un diamètre un peu
moindre. Œil dans une large dépression,
peu profonde, largement ouvert, à divisions
étroites, étalées et dégageant l’ouverture.
Queue forte, placée obliquement sur le
côté du fruit, ou mieux sur l’extrémité de
celui-ci, arquée en forme de bec de perro-
quet. Peau d’un gris roux foncé uniforme,
comme celle d’un Messire-Jean. Chair un
peu cassanfe, presque complètement dé-
pourvue de concrétions, blanche; eau abon-
dante, sucrée, finement et très-agréable-
ment parfumée; pépins très-longuement
atténués en pointe à la base.
Nous avons dégusté le fruit du Poirier
Barillet- Deschamps au commencement de
février 1883; il n’était pas encore arrivé à
sa complète maturité.
Pomme Müllers Spitzapfel. — « Fruit
moyen, conique obtus, régulier, lavé de
carmin sur fond jaune citron verdâtre; de
première qualité. Maturité, courant et fin
d'hiver. Joli frtjit. Arbre rustique et très-
fei'tile. » (O. Thomas, Guide pratique de
l'amateur de fruits, p. 138. — Variétés
à VHude.)
Des fruits d’origine authentique nous ont
présenté les caractères suivants, qui s’accor-
dent avec ceux indiqués par M. O. Thomas
et que nous venons de rapporter. Voici :
fruit subconique, non côtelé, atténué aux
deux bouts, mais plus longuement au som-
met, atteignant 8 centimètres de longueur
sur environ 7 dans son plus grand diamètre.
168
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
Queue ténue, saillante dans une cavité en
entonnoir régulier assez profonde. Œil petit,
fermé, dans une petite cavité plissée. Peau
lisse, luisante, à fond jaune beurre pâle à
la maturité, fortement lavée de rouge carmin
brillant sur les parties insolées, surtout
vers la base du fruit. Chair blanc crémeux,
à grain assez gros, sucrée, finement relevée,
manquant un peu de saveur quand elle est
très-mûre. Loges à peine moyennes ; pépins
nombreux, petits, renflés sur les faces, gris
roux foncé ou brunâtre.
Nous avons dégusté ce fruit le 2 fé-
vrier 1883; il paraissait presque à Tapogée
de sa maturité; néanmoins, la saveur était
encore très-bonne. La chair reste très-long-
temps blanche après qu’elle a été coupée.
Poire Léon Dejardin. — • « Bon fruit de
mai-juin, ressemblant au Beurré de Boll-
vAller, mais dont l’arbre est très -vigoureux
et d’une fertilité sans égale. — Obtenu à
Boussoir, près Maubeuge. » (O. Thomas.)
Voici les caractères de celte variété lors
de sa dégustation, le 11 février 1883 : fruit
assez régulièrement pyriforme, parfois un
peu oblique, atteignant jusqu’à 9 centi-
mètres de hauteur sur 8 de diamètre, très-
pesant, à peine légèrement rétréci à la base,
ventru, très-régulièrement atténué vers le
sommet. Œil très-plat, fermé, à divisions
courtes. Queue un peu oblique, droite,
insérée un peu au-dessous du sommet du
fruit, d’égale grosseur dans toute sa lon-
gueur qui est d’environ 2 centimètres. Peau
d’un jaune d’or uniforme, rarement très-
légèrement lavée de rouge. Chair ferme,
grossière, cassante, blanche ; eau sucrée,
faiblement relevée. Sans être mauvais, ce
fruit est médiocre cru, mais très-bon à
cuire.
Poire Gros-Trouvé {Pow.ologie tournoi-
sienne, n® 65, p. 181) : a Fruit énorme,
fusiforme, coloré du côté du soleil, à chair
cassante, de toute première qualité pour
cuire. Maturité jusqu’en automne de l’an-
née suivante. Arbre très-vigoureux. Su-
perbe Poire. » (O. Thomas, Guide de Va-
mateur des fruits, p. 95. — Variétés à
Vétude.)
Les échantillons que nous avons étudiés,
et que nous avait donnés M. Chrétien, con-
firment en tous points ce qu’a dit M. Thomas
et que nous allons compléter.
Fruit atteignant jusqu’à 11 centimètres
et plus de hauteur sur près de 9 centi-
mètres dans son plus grand diamètre, fusi-
forme, un peu inéquilatéral, ressemblant
assez exactement à une Belle Angevine. Œil
petit dans une dépression très-peu profonde,
à divisions courtes. Queue assez longue,
relativement ténue, renflée à sa base, in-
sérée un peu sur le côté. Peau fond jaune,
rouge vermillonné sur les parties fortement
insolees. Chair cassante, grossière, très-
blanche et très-sucrée, peu parfumée. Loges
longues. Pépins renflés, fortement ovales,
assez brusquement acuminés.
Les fruits que nous avons dégustés le
15 février d883 étaient arrivés à leur
extrême maturité et légèrement farineux;
néanmoins, ils étaient agréables à manger,
tendres, l’on pourrait même dire relative-
ment fondants, ce qui laisse supposer que,
pris à point, ils seraient même mangeables
comme fruits « à couteau. » Est-ce à l’année
pluvieuse et un peu froide que nous venons
de traverser qu’il faut attribuer la conser-
vation relativement courte des Poires dont
nous venons de parler ?
Quoi qu’il en soit, le Gros- Trouvé n’en
est pas moins un fruit très-méritant, aussi
beau et à peu près aussi gros que la
Belle Angevine, mais supérieur en qualité.
Si l’on veut avoir des fruits excessivement
gros, il convient de n’en laisser qu’une cer-
taine quantité, en rapport avec la force des
arbres.
POMONA.
lmp. d-Aorgei Jaoob, — Orléuu.
CHRONIQUE HORTICOLE
Avis important relatif à la circula-
tion des végétaux. — Nous appelons par-
ticulièrement l’attention sur les docu-
ments suivants que vient de nous adresser
M. Cornu, délégué du gouvernement fran-
çais à Berne, pour soutenir les intérêts
agricoles et horticoles français devant la
commission du phylloxéra :
Paris, 23 mars 1883.
J’ai l’honneur de vous adresser une copie
des deux premiers articles de l’arrêté ministé-
riel du 15 juin 1882, dont j’ai parlé hier à la
Société, mais dont je n’avais pas le texte.
Vous verrez qu’en France la circulation
des plants, arbustes, et tous végétaux autres
que la Vigne est libre quand ces plants pro-
viennent d’arrondissements non phylloxérés ;
dans ce cas se trouvent compris les départe-
ments de la Seine, de Seine-et-Oise, de Seine-
et-Marne (moins le canton de Château- Landon
{Seine-et-Marne), et tout le nord de la France,
Les restrictions n’interviennent que quand
les plants proviennent d’arrondissements phyl-
loxérés ; mais, dans ce cas encore, la libre
circulation est permise pour les légumes,
fruits, graines, etc., fleurs en pot^ que l’ar-
rondissement soit phylloxéré ou non (ceci inté-
resse le commerce avec Nice et le Midi).
Vous reconnaîtrez, j’en suis sûr, que* les
ennuis que vous subissez, pour la France, ne
proviennent -que d’une interprétation défec-
tueuse des arrêtés, qui sont favorables à
l’horticulture.
J’ai déjà insisté bien des fois auprès de nos
collègues, sans succès, avant la séance d’hier,
sur Futilité d’examiner en commission spé-
ciale les obligations de la convention, moins
sévère qu’on ne le croit. Maxime Cornu,
Arrêté du 15 juin 1882, relatif à la circula-
tion, en France, des produits de l'agricul-
ture et de l'horticulture.
« Article premier. — Les produits de l’a-
griculture et de l’horticulture, tels que légu-
mes, fruits et graines de toute sorte, fleurs
coupées ou en pots, etc., quelle que soit leur
provenance, continueront à circuler librement
dans toute l’étendue du territoire de la Répu-
blique française.
« Art. 2. — La même liberté de circulation
est maintenue pour les plantes, arbustes et
tous végétaux autres que la Vigne, provenant
de pépinières, de jardins, de serres, d’orange-
ries, situés dans des arrondissements réputés
préservés , de l’invasion phylloxérique et figu-
16 Avril 1883.
rant comme tels sur la carte la plus récente,
dressée en vertu de l’article 2 de la loi des
-15 juillet 1878 et 2 août 1879. »
L’article 3 introduit des restrictions pour
les plants qui proviennent d’arrondissements
phylloxérés ; c’est alors seulement qu’on exige
le certificat d’origine et l’attestation de l’auto-
rité compétente, etc.
Ainsi qu’on peut le voir d’après les
documents que nous venons de citer, rien
n’est plus clair ni plus précis. Tous les
produits, quels qu’ils soient, provenant
d’endroits réputés non phylloxérés, peuvent
circuler sans entrave dans toutes les parties
de la France; les certificats ne sont obliga-
toires que lorsqu’il s’agit de plants prove-
nant d’arrondissements phylloxérés. Mais,
ainsi qu’on peut également le voir, cet arrêté
n’est pas nouveau — il date d’un an bien-
tôt. — Comment donc se fait-il que depuis
ce temps les entraves sont telles sur cer-
taines lignes que plusieurs horticulteurs ont
pris le parti de ne plusfaire d’expéditions par
ces lignes? C’est surtout la ligne du Nord,
qui précisément devrait être la plus accom-
modante, eu égard à sa position géogra-
phique, qui est d’une rigueur implacable.
Toutefois, nous ne l’accusons pas d’un
parti pris, et nous avons la conviction qu’il
n’y a là qu’un malentendu qui va dispa-
raître.
Que faudrait-il pour faire cesser toutes
ces entraves ? Que le gouvernement envoyât
à toutes les compagnies de chemins de fer
un duplicata de l’arrêté que nous venons
de rapporter, en leur intimant l’ordre de
s’y conformer.
Exposition d’horticulture à Amiens.
— Du 10 au 14 mai 1883, la Société d’hor-
ticulture de Picardie fera, à Amiens, une
exposition des produits de l’horticulture,
ainsi que des arts et industries qui s’y rat-
tachent. Cette exposition coïncidera avec le
concours agricole qui se tiendra à la même
époque.
Tous les horticulteurs et amateurs fran-
çais ou étrangers pourront prendre part à
cette exposition ; ils devront en faire la de-
mande à M. Mennéchet, président de la
Société d’horticulture, 33, rue Remercier,
à Amiens.
8
170
CHRONIQUE HORTICOLE.
Outre les récompenses destinées aux pro-
duits de l’horticulture, il en sera accordé
pour les bons services rendus par les jardi-
niers et garçons jardiniers qui en justifie-
ront à l’aide de certificats délivrés par les
personnes autorisées.
Pour récompenser les instituteurs com-
munaux du département de la Somme, la
Société ouvre un concours spécial où seront
appréciés les résultats pratiques et théo-
riques concernant l’horticulture et obtenus
par les candidats, auxquels, après examen,
il sera attribué des récompenses en rapport
avec les progrès réalisés.
Abaissement des tarifs de chemins
de fer. — M. E. Delaire, secrétaire géné-
ral de la Société d’horticulture d’Orléans
et du Loiret, a eu la bonne idée de réunir
les différents documents relatifs aux démar-
ches qui ont été faites auprès des diverses
compagnies de chemins de fer, afin d’obte-
nir des réductions de prix sur le transport
des végétaux. Par suite de ces négociations
quelques résultats favorables ont été obte-
nus. On trouvera tous ces documents, que
les horticulteurs ont intérêt à connaître,
dans une brochure vendue chez MM. Puget
et O®, rue Vieille-Poterie, à Orléans.
M. E. Delaire ne s’en est pas tenu à ce
premier succès, et ses instances près de la
Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée ont
reçu bon accueil. Le 20 février dernier, la
lettre suivante lui était adressée :
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous informer que nous
venons de soumettre à l’homologation de l’ad-
ministration supérieure la proposition d’intro-
duire les arbres et arbustes vivants, avec la
taxe de la l^e série du tarif général, sans ma-
joration, dans notre tarif spécial P. V., n® 40
(plantes vivantes).
Dès que cette disposition aura reçu l’appro-
bation ministérielle, je m’empresserai de vous
faire connaître la date qui sera fixée pour sa
mise en vigueur.
Veuillez agréer, etc.
Des démarches analogues ont été faites
par M. Louis-Anatole Leroy, et la Revue
horticole, dans son numéro du 1®** décem-
bre 1882, a publié les résultats favorables
obtenus par cet utile concours. Un autre
horticulteur, M. Henry Chatenay, à Doué-
la-Fontaine (Maine-et-Loire), ayant, lui
qussi, fait des tentatives auprès de la Com-
pagnie de l’Ouest, a reçu la lettre suivante,
qui intéressera nos lecteurs :
Paris, -12 mars 1883.
Monsieur Chatenay, pépiniériste à Doué-
la-Fontaine,
Gomme suite à ma lettre, du 13 décembre
dernier, j’ai l’honneur de vous informer que
l’administration supérieure vient d’honiolo-
guer :
1® L’abaissement de la 2® à la 3® série de
notre tarif général des arbres et arbustes vi-
vants, par chargement complet de wagon d’au
moins 4,000 kilogrammes ;
2® Les additions dans nos tarifs spéciaux P.
V., n®s 24 et 24 quater, pour le transport des
memes marchandises, qui ont été portées à
votre connaissance.
En conséquence, nous avons donné toutes
instructions utiles à nos gares intéressées pour
l’application, à partir du 15 mars courant, des
nouveaux prix dont il s’agit.
Agréez, etc.
Le chef du service commercial.
Malgré cette réduction, les produits hor-
ticoles sont encore beaucoup trop imposés
comparativement à d’autres marçhandises,
et il est possible que de nouvelles sollicita-
tions, faites par les ayants droit, seraient
suivies de succès et auraient pour résultat un
nouvel abaissement des tarifs en vigueur.
Pour cela, il faudrait qu’une commission
analogue à celle qui s’est formée pour la
révision de la convention de Berne se cons-
tituât afin d’exposer et de défendre les droits
de l’horticulture auprès des Compagnies,
qui, du reste, paraissent assez disposées à
faire des concessions.
Floraison très-précoce d’un Poirier.
— Le Poirier dont il s’agit appartient à la
variété Boyine d’Ezée, et la personne qui
nous informe du fait, un amateur passionné
d’arboriculture fruitière. M. Lockroy père
nous écrivait le 7 mars :
<t La saison est-elle aussi dangereuse-
ment précoce à Montreuil qu’elle l’est à
Saint-Mandé ?
a. Voici à quel sujet je vous adresse cette
question :
<£ J’ai dans cette localité, et dans un ter-
rain qui n’est nullement abrité, un Poirier
Bonne d’Ezée qui est en fleurs depuis le
2 mars. »
Une telle précocité, en effet, est un fait
bien rare, à ce point même qu’on n’en pour-
rait certainement citer aucun autre exemple
CHRONIQUE HORTICOLE.
171
SOUS le climat de Paris. C’est du reste un cas
tout exceptionnel et dû, sans aucun doute,
à des conditions particulières et individuelles
qu’on ne pourrait probablement pas dé-
finir. Le fait est d’autant plus remarquable
que cette variété n’est pas une des plus
précoces à fleurir et que, dans tout le
groupe Poirier, aucune n’était prête à fleu-
rir au moment où se passait le fait dont
nous parlons, car, malgré une absence à
peu près complète de froid, on remarqua
que la floraison des arbres fruitiers n’est
pas exceptionnellement avancée.
Le fait que signale M. Lockroy serait-
il dû au tempérament spécial de l’individu
qui l’a présenté, et, les années précédentes,
cet arbre a-t-il montré une précocité ana-
logue ?
Fructification en Europe de l’Arau-
caria Cunninghami. — Cette fructifica-
tion, qui s’est montrée à Lisbonne, est pro-
bablement la première de ce genre en
Europe, d’après ce que nous écrit notre
collègue et collaborateur, M. Daveau, jardi-
nier en chef au Musée national de Lisbonne :
Je m’empresse de vous signaler la produc-
tion de graines fertiles de V Araucaria Cunnin-
ghami à Lisbonne. C’est dans les cultures de
M. Jacob Weiss, jardinier en chef du duc de
Palmella, que le fait s’est produit. Le sujet
avait donné des cônes en grande quantité, et
M. Jacob ramassa et mit en terre, au fur et
à mesure qu’elles tombaient, les écailles et
les graines. Ces dernières ne tardèrent pas à
germer; aujourd’hui les radicules ont déjà
plusieurs centimètres de longueur , et les
jeunes tigelles ne tarderont pas à se montrer.
Comme la fructification de cette belle espèce
est un fait rare, j’ai cru devoir vous la faire
connaître, pensant que les lecteurs de l^iRevue
horticole pourraient en faire leur profit.
M. Daveau a raison, et nous le remercions
de son intéressante communication. Deux
faits s’en dégagent; en Portugal V Arau-
caria Cunninghami peut fructifier, et
bientôt les horticulteurs pourront s’appro-
visionner de graines de cette belle espèce,
toujours rare parce qu’il est difficile de
s’en procurer des semences fraîches.
Encore des charlatans horticoles ! —
M. le docteur Miran, de Lectoure (Gers),
nous informe du séjour à Lectoure de mar-
chands (?) de plantes « impossibles, » ac-
compagnées de gravures qui ne le sont pas
moins; par exemple des Boules-de-Neige
de quatre couleurs : bleu, rouge, jaune,
blanc ; des Marronniers dont le fruit, res-
semblant à une Citrouille, contient des
quantités considérables de Marrons ; des
Asphodèles à fleurs bleues, rouges, etc. »
Les faits que nous signale M. le docteur
Miran sont assurément regrettables, mais
ils ne sont pas nouveaux, et chaque année ils
se renouvellent sur plusieurs points de la
France. Malheureusement, nous n’y pou-
vons rien, sinon de les enregistrer et d’en
flétrir les auteurs qui, du reste, ne s’en por-
teront pas plus mal et n’en continueront
pas moins leur commerce ? C’est donc aux
connaisseurs, témoins de ces faits, d’inter-
venir et d’éclairer les personnes qui se
laissent prendre à ces grossiers appâts,
ou, mieux encore, de donner publiquement
à ces individus une leçon telle qu’elle leur
ôte l’envie de recommencer.
Sur une facture imprimée de ces indus-
triels, on lit : (( Arnol et Qî®, horticulteurs,
Paris, barrière Fontainebleau. » Inutile de
dire que l’adresse est mensongère comme
tout le reste.
L’exemple paraît, du reste, contagieux.
Nous venons de voir à Nice un déballage de
prétendues plantes d’Angers qui rentre dans
la môme catégorie, et dont les titulaires sont
absolument inconnus en Maine-et-Loire.
Mais, ce qui^est plus fort, c’est la circu-
laire que nous venons de recevoir, signée
Delpech frères et Qî®, indiquant une mysti-
fication du même genre en plein Paris,
4, rue Notre-Dame-des- Victoires. Cette élu-
cubration fantastique commence ainsi :
(( GRANDE RÉVOLUTION DANS LES FLEURS !
c( Cinq variétés d’Oignons à fleurs trouvées
par la Compagnie horticole des voyageurs
de l’Afrique centrale {nous garantissons
le contenu de notre prospectus). ))
Suit l’énumération des espèces. Au-des-
sous de cinq mauvaises gravures représen-
tant des fleurs qui semblent copiées sur les
ornements en zinc des girouettes ou des
poinçons de tourelles, on voit :
« L’Amarlys (sic) n® 1, à hampe remplie
de fleurs blanches ; ne ressemblant ni au Lys
ni à la Jacinthe, mais réunissant ces deux
beautés ;
(( L’Amarlys (sic) n® 2, dont la hampe se
divise en quatre branches d’où se détache
une fleur rapprbchayite du Lys, mais quatre
fois plus volumineuse ;
172
CHRONIQUE HORTICOLE.
« L’Oignon Le Bananier, à fleur rouge
sang, blanche ou rouge et blanche, se rap-
prochant de la Rose; ses pistils au soleil
forment des brillants.
« La Tulipe de l’Afrique centrale, deux
fois grosse comme nos Tulipes, odeur suave,
calice de la plus bizarre construction.
<i La Jacinthe de l’Afrique a dû rapport
à celle que l’on cultive à Angers, Anvers et
au Gan (?), ornée de 30 clochettes à pistil
rouge et blanc, etc., etc. »
Et dire que de pareils charlatans peuvent
exercer une telle industrie en plein jour,
au centre de Paris, sans que justice soit faite
de leurs jongleries éhontées !
Anthurium Andreanum. — Nous re-
cevons de l’un de nos abonnés, employé
chez un horticulteur de Gand, la lettre sui-
vante, qui pourra intéresser les amateurs
de l’Aroïdée dont il s’agit, et donnant de
nouveaux détails sur sa culture :
Gand, 18 mars 1883.
J’ai lu avec plaisir les articles sur V Anthu-
rium Andreanum que vous mettez parfois
sous les yeux des lecteurs de la Revue Jiorti-
cole, et je me permets de vous adresser quel-
ques observations pratiques que j’ai eu l’occa-
sion de faire sur cette belle plante.
J’étais enthousiasmé, l’année dernière, de
voir dans les serres d’un grand établissement
d’horticulture de Gand cette magnifique Aroï-
(lée toujours recouverte de fleurs d’un éclat
éblouissant, entre autres un spécimen qui por-
tait (les spathes de 18 centimètres de longueur
sur 13 centimètres de largeur. Je tiens surtout
à attirer votre attention sur une plante rami-
fiée dès son jeune âge, qui portait sept ramifi-
cations, et chaque ramification deux fleurs,
c’est-à-dire quatorze fleurs sur une même
plante. Pour ma pai't, je ne pouvais me rassa-
sier d’admirer ce gigantesque bouquet.
On traite les plantes de la manière sui-
vante : elles sont placées dans une serre
chaude maintenue entre 18» et 20» centigra-
des. Le compost est fait d’un tiers de terre
de bruyère fibreuse, d’un tiers de terreau de
fumier criblé deux fois pour en extraire le plus
gros et le plus fin, et d’un tiers de sphagnum,
de charbon de bois et de tessons de briques. Le
tout repose sur un fort drainage. S’il s’agit de
forts spécimens, on forme un cône bien pro-
noncé au pied de la plante avec des mottes de
terre de bruyère de la grosseur d’un œuf de
pigeon environ, de morceaux de charbon de
bois, de tessons de briques de même grosseur ;
chaque morceau est séparé de lautre par une
pincée de têtes de sphagnum vivant. Peu de
temps après, on voit les racines se développer
dans ce mélange, ce qui donne à la plante un
aspect pittoresque et très-ornemental.
P. Grève.
Les fleurs coupées à Paris et à Lon-
dres. — Depuis plusieurs années la quan-
tité de fleurs coupées, venant du midi de la
France et vendues dans les rues de Paris
pendant l’hiver et au premier printemps,
augmente progressivement et dans de larges
proportions. Les Mimosas (Acacias), Jacin-
thes, Tulipes, Narcisses, Jonquilles, Vio-
lettes, etc., sont envoyés chaque jour par le
train rapide du littoral méditerranéen à Mar-
seille et à Paris, où les fleurs arrivent toutes
fraîches. On les expédie dans des paniers
peu profonds, sans emballage spécial. Pour
les Roses et les fleurs d’un prix un peu plus
élevé que les a bottes de Mimosas, » on se
sert de petites caisses faites de hâtons fen-
dus de cannes {Arundo Donax), et qui sont
livrées à très-bon marché aux expéditeurs.
C’est plaisir de voir tous les jours de l’hi-
ver, au train rapide du milieu du jour, à
Nice et à Cannes, les centaine.^ de petites
caisses-paniers de ce genre qui s’empilent
dans le fourgon des bagages et qui vont être
rendues à Paris dans 21 ou 22 heures. Les
Anglais et les Russes surtout usent de ce
mode d’expédition, et il y a de nombreux
« abonnés » qui tous les jours, sans excep-
tion, envoient de ces gracieux souvenirs
aux chers absents privés du beau soleil
méridional. C’est une industrie presque en-
tièrement nouvelle, née de -la création des
trains de grande vitesse.
Mais il n’y a pas que la côte de la Médi-
terranée qui soit la pourvoyeuse de la capi-
tale de la France. Le Sud-Ouest fournit
aussi un important contingent. Nous venons
de voir dans la région de Pau, et à Riarritz
surtout, des charretées d’ Anémones écar-
lates {Anemone fulgens), de petits Nar-
cisses {Narcissus hulbocodium) et autres,
qui s’expédiaient vers Paris et Londres. Un
de nos confrères d’Angleterre nous disait
dernièrement que la plus grande partie des
fleurs coupées qui se vendent l’hiver et ac»
tuellement, soit à Govent-Garden, soit dans
les rues de Londres, étaient de provenance
française, du Midi particulièrement. Expé-
diées, presque sans emballage, dans les pe-
tites caisses de roseau dont nous parlions
tout à l’heure, elles arrivent aussi fraîches
que si elles venaient d’être cueillies, pour
CHRONIQUE HORTICOLE.
173
se disperser entre les mains des marchands-
fleuristes en boutique ou des colporteurs,
qui en tirent un large profit.
Nous sommes heureux de voir les pro-
duits de notre beau pays ainsi recherchés à
l’étranger. Gela contribuera plus encore à
faire apprécier la richesse horticole et les
avantages sanitaires de nos stations hiver-
nales du Midi.
Le Nuttalia cerasiformis. — Ce joli
arbuste rustique, à floraison printanière,
dioïque, commence à se répandre dans les
jardins sous la forme d’un buisson aux
branches élancées et à fleurs blanches qui
s’épanouissent avant l’apparition des feuilles.
Nous en possédons en Touraine de jolis
exemplaires qui commencent à fleurir. Les
fleurs dégagent un parfum d’amande. Le
port ressemble à celui de certains Rihes ;
mais la conformation des fleurs et du fruit
rappelle de près les Pruniers. Le Nut-
talia appartient à la famille des Rosacées,
tribu des Spiréacées. Il est tout à fait
robuste et très -ornemental au premier
printemps. Ses qualités sont tellement ac-
centuées, qu’il est surprenant qu’il soit
aussi peu répandu. Nous pensons que ce
délaissement provient uniquement de ce
qu’à l’époque de la floraison du Nuttalia
les jardins botaniques et les pépinières sont
peu visités par le public.
L’ Arboretum Segrezianum, ce recueil
scientifique auquel M. Lavallée, président
de la Société d’horticulture de France, con-
sacre ses soins, a donné une description du
Nuttalia cerasiformis, accompagnée d’une
gravure représentant un rameau florifère et
des fruits. Les exemplaires qui sont culti-
vés à Segrez, et que nous avons vus couverts
de fleurs, sont véritablement des arbustes
du pluB gracieux aspect et nous en conseil-
lons fortement la culture.
Passiflores de la Nouvelle-Grenade.
— Le Gardeners' Chronicle, dans son
numéro du 10 mars, contient la note sui-
vante : < Le dernier numéro du journal de
la Linnean Society donne la description
et la détermination faites par le docteur
Th. Masters des espèces de Passiflora et
Tacsonia découvertes par M. Ed. André
dans la Nouvelle-Grenade et l’Équateur.
La plupart de ces plantes présentent un
grand intérêt horticole. Il serait particu-
lièrement désirable que les Tacsonia ftori-
hunda et Jamesoni fussent introduits à
l’état vivant. »
Rosa berberifolia. — Cette ancienne
et si curieuse espèce, à feuilles entières,
à fleurs simples, jaunes, a disparu de
presque toutes les collections de l’Europe.
Plusieurs de nos confrères de la presse hor-
ticole la réclament à tous les jardins botani-
ques et à tous les amateurs. Nous nous as-
socions bien volontiers à celte enquête, en
souhaitant qu’elle obtienne le même succès
que nous avons atteint pour une autre es-
pèce qui paraissait perdue, le Canna lilii-
flora, et que nous avons pu retrouver et
mettre entre les mains d’un certain nombre
d’amateurs. .
Floraison du Canna liliiflora. — Nous
venons de prononcer le nom de cette rareté.
Il nous est agréable d’apprendre à nos lec-
teurs que la plante est en pleine floraison,
actuellement, dans une de nos serres, à
Lacroix-Bléré (Indre-et-Loire). Elle porte
trois tiges hautes de plus de 3 mètres, ro-
bustes, ornées de leurs larges feuilles ver-
tes et de très-grandes et belles fleurs du
plus beau blanc, à odeur de Chèvrefeuille
très-suave et très -prononcée.
Nous l’avons fait peindre pour la Revue
horticole.
Neviusia Alabamensis. — Cette jolie
Rosacée, dont la Revue horticole a signalé
l’apparition (1), était représentée à l’expo-
sition dernière de la Société nationale d’hor-
ticulture par de beaux échantillons cou-
verts de fleurs. Ces arbustes, qui avaient été
forcés pour la circonstance, étaient en pots,
ornés de jeunes feuilles d’un vert blond
rappelant certaines Spirées ou des Rhodo-
typos (ce dernier genre en est très-voisin),
et abondamment fournis de leurs houppes
légères de fleurs sans pétales, à nombreuses
étamines. Ces fleurs étaient non d’un blanc
de neige, comme on l’a dit par erreur, mais
d’un blanc jaunâtre. L’arbuste est inté-
ressant, bien que d’un mérite modeste.
Il sera rustique, très-probablement, sous
le climat de Paris, étant originaire de l’Ala-
bama. Le genre Neviusia, A sa Gray, est
jusqu’à présent monotype.
(1) Voir Revue horticole, 1881, p. 198.
174
CULTURE DU PERISTERIA ELÂT.
Nécrologie. — M. A. -F. Barré, jardi-
nier-chef chez M. Worth, à Suresnes, est
mort le 29 mars, à l’âge de quarante -huit
ans. Sa perte sera vivement ressentie par
tous les amis de l’horticulture parisienne.
Aussi laborieux qu’intelligent, M. Barré
avait créé un jardin charmant, mélange
de plusieurs styles habilement combinés,
dont le spectacle était décoratif au premier
chef.
CULTURE DU PI
Un de nos abonnés du Havre nous écrit
la lettre suivante :
J’ai reçu l’année dernière, d’un ami habitant
l’isthme de Panama, un envoi de la belle
Orchidée nommée là-bas Flor del Espiritu
scmto. J’ai mis ces plantes dans ma serre
chaude ; mais comme elles paraissent se main-
tenir assez mal , je vous serais reconnaissant
de m’indiquer le mode de culture qui leur
convient.
La plante dont il s’agit est une espèce
bien connue, le Peristeria elata, nommée
Flor del Espiritii santo parce que les or-
ganes intérieurs de la fleur, gynostème et la-
belle, figurent assez bien une colombe, (d’où
le nom de Dove plant que lui ont donné les
Anglais). Cette espèce à larges feuilles, rap-
pelant celles des Phajus, porte des hampes
dressées sur lesquelles s’épanouissent les
belles fleurs blanches dont il s’agit. Nous
l’avons rencontrée avec grand plaisir à l’état
sauvage dans l’isthme de Panama.
. — CULTURE DES BRUYÈRES.
Non seulement l’habitation et le jardin
étaient des plus remarquables, mais des
serres, relativement nombreuses, témoi-
gnaient, par leur contenu végétal et leur
aménagement, du goût et du savoir qui
présidaient à leur installation et à leur cul-
ture. Nous ne saurions exprimer le vif re-
gret que nous fait ressentir la perte d’un
habile praticien comme M. Barré.
E.-A. Carrière et Ed. André.
IISTERIA ELATA
Sa culture n’est pas difficile ; elle peut se
résumer ainsi : pendant toute la période de
la végétation active, la température ne doit
jamais être inférieure à IS'», et elle peut at-
teindre sans danger 22» et plus, avec une
saturation presque complète de l’atmos-
phère, la région où elle croît étant très-hu-
mide. Pour activer encore cette végétation,
un peu d’engrais liquide très-dilué pourra
être appliqué de temps en temps.
Lorsque la végétation se ralentit, on di-
minue graduellement, puis on supprime les
arrosages pour tout le reste de la saison.
La floraison commence bientôt après.
Si la plante produit des rejetons, on peut
les laisser pour former de fortes touffes, à
moins qu’on ne désire obtenir des tiges plus
fortes et des hampes couvertes de nom-
breuses fleurs.
Ainsi traité, le Peristeria elata fleurit
facilement chaque année.
Ed. André.
CULTURE DES BRUYÈRES
Taille. — Dans la pratique on confond
presque toujours la taille avec le rabat-
tage ; aussi les horticulteurs emploient-ils
indistinctement l’iine ou l’autre de ces ex-
pressions, qui pourtant s’appliquent à des
choses différentes, ce que nous allons
essayer de démontrer.
Le rabattage, ainsi qu’on a pu le re-
marquer, consiste à couper complètement
toutes les parties d’une plante, afin de la
faire prendre de la force à la base par la
ramification des parties inférieures. Cette
opération se pratique souvent uniformé-
ment : c’est donc une sorte d’ étêteme^it
général.
(1) Voir Revue horticole, 1882, pages 119 et 150.
La taille, au contraire, se pratique avec
méthode, avec calcul, sur telle ou telle
partie d’une plante, afin de lui donner une
forme ou de régulariser celle-ci lorsqu’elle
a été détruite. Dans ce cas, on j taille les
branches les plus vigoureuses ou celles qui
s’écartent de la forme qu’on veut donner à
la plante. L’opération doit donc se faire à
des hauteurs diverses, subordonnées au but
qu’on se propose d’atteindre. La taille,
toujours partielle, peut donc se pratiquer à
toutes les époques de l’année; c’est une
sorte de toilette qu’on fait subir à une
plante, afin de la rendre plus agréable à
l’œil. Le rabattage^ au contraire, est une
opération brutale par laquelle on trans-
PHYLLANTIIUS SALVIÆFOLIUS.
175
forme les plantes en leur enlevant même,
momentanément, l’aspect agréable qu’elles
pouvaient avoir.
Arrosage. — On a exagéré de beaucoup
la délicatesse des Bruyères. Quant à ce qui
concerne les arrosages, bien que sous ce
rapport pourtant les excès peuvent leur
être nuisibles, elles les supportent néan-
moins assez bien, et il est certainement
beaucoup de plantes qui, à ce point de vue,
sont plus susceptibles que le sont les
Bruyères. Quoi qu’il en soit, voici d’une
manière générale comment nous prati-
quons les arrosages :
Dans l’été, alors que toutes les plantes
sont sorties en plein air, on passe tous les
matins les planches en revue ; avec un ar-
rosoir à bec on mouille toutes celles qui ont
soif, et le soir on arrose à la pomme les
jeunes plantes et même les grosses, lorsque
la plupart sont sèches. Pour les personnes
qui n’ont qu’une petite quantité de plantes,
il est préférable d’arroser le soir, parce que
l’eau pénètre mieux dans le sol alors qu’elle
n’est pas en partie évaporée par le soleil,
ainsi que cela arrive quand on arrose le
matin. Si les plantes sont fortes et qu’elles
aient bien soif, et même si elles sont faibles,
mais que la terre soit très-sèche, il est né-
cessaire d’arroser deux fois de suite, parce
que l’eau ne pénètre que très-difficilement
dans la terre de bruyère arrivée à un degré
extrême de siccité, de sorte que la surface
peut être humide quand, à l’intérieur, les
racines sont placées dans de la terre très-
sèche qui fait souffrir les plantes de la soif,
bien qu’en apparence elles semblent être
suffisamment mouillées. Un bon moyen de
s’assurer de l’état des plantes, c’est d’en
dépoter quelques-unes, afin de se rendre
un compte exact de l’état dans lequel se
trouve la terre.
Le moment où les Bruyères doivent sur-
tout être attentivement surveillées quant
aux arrosages, c’est lors de la formation
des boutons. A cette époque, si les plantes
souffrent de la soif, la floraison est compro-
mise ; il en est même qui ne fleurissent
pas, ou bien leurs boutons avortent, ou ils
s’épanouissent mal.
Une excellente chose que nous ne man-
quons jamais de faire lorsque nous sortons
nos Bruyères, c’est de les enterrer par
planches dans le jardin jusqu’à environ
3 ou 4 centimètres du bord des pots. Si la
terre du sol est forte, il est bon de la recou-
vrir dans tous les intervalles des pots d’une
couche de paillis court ou de tannée usée,
ou mieux encore de vieille terre de bruyère.
Cette précaution, très-utile, a surtout pour
résultat, lors des pluies d’orage, d’atténuer
les effets des jaillissements de la terre sur
toutes les parties inférieures des plantes,
ce qui en fait tomber les feuilles et peut
même en déterminer la mort.
Les plantes, même quand elles sont de-
hors, doivent être placées à une distance
assez grande les unes des autres pour
que l’air circule bien entre elles, et qu’on
ne soit pas obligé de les écarter pen-
dant tout le temps où elles restent en plein
air.
Les arrosages d’hiver exigent une cer-
taine précaution : on doit verser l’eau au
pied des sujets de manière à ne pas mouil-
ler ceux-ci, car à cette époque, et dans les
conditions où sont placées les plantes, elles
ne ressuient pas facilement, et il est certai-
nes variétés qui pourraient en souffrir, par
exemple celles dont le feuillage, très-dense,
ne permet pas facilement à l’humidité de
s’échapper.
Gentilhomme et Carrière.
PHYLLANTHUS SALVIÆFOLIUS
Arbuste ou arbrisseau de plusieurs mètres
de hauteur, à tiges et feuilles tomenteuses,
à port dressé, peu rameux, ayant, dans sa
jeunesse, le port d’un Allante. Rameaux
sillonnés, ressemblant à de larges pétioles
de feuilles pennées. Feuilles distiques,
ovales-lancéolées, brièvement pétiolées, à
limbe entier, long de 7-10 centimètres et
plus, large de 2 à 4, acuminées au sommet.
obtuses-subcordiformes à la base, pubé-
rulentes et vert foncé. dessus, blanchâtres et
tomenteuses dessous. Stipules linéaires lan-
céolées, foliacées, velues, égalant les pétioles
longs de 5 à6 millimètres. Fascicules multi-
flores, insérés à l’aisselle des feuilles, sessiles
ou brièvement pédonculés, les uns mâles, les
autres femelles, parfois androgynes, portés
soit sur le même pied, soit sur des individus
176
PHYLLÂNTIIUS SALVIÆFOLIUS.
difTérents. Fleurs mâles, petites et d’un vert
pâle, à pédoncules filiformes atteignant de
3 à 10 millimètres
de longueur, grê-
les; fleurs femel-
les plus grosses,
à sépales teintées
de rouge à l’exté-
rieur, supportées
par des pédon-
cules plus courts
et plus robustes;
styles saillants, à
stigmates dilatés,
d’un beau rouge.
Le Phyllan-
thus salviæfo-
lius, (1), qui ap-
partient à la
famille des Eu-
phorbiacées, est
originaire de la
Nouvelle -Grena-
de, de l’Ecuador,
du Vénézuéla, où
il a été rencontré
par de nombreux voyageurs. Il a été nommé
et décrit par Kunth, dans les plantes de
Humboldt et Bonpland, qui l’avaient décou-
vert dans les montagnes de la terre tempé-
rée, entre Po-
payan et Pasto,
à la Véga de San
Lorenzo. C’est
de la même ré-
gion que nous
sont venues les
graines qui ont
permis d’intro-
duire cette plante
vivante pour la
première fois en
Europe, à notre
connaissance du
moins. Ces grai-
nes nous ont été
apportées par le
voyageur que
nous avons envoyé
dans la Nouvelle-
Grenade, une so-
ciété d’amateurs
d’horticulture et
moi, en 1880.
Les jeunes plantes se sont développées
avec une vigueur peu commune dans mon
Fig. 35. — Phyllanthus salviœfolius, fleurs mâles Fig. 36. — Phyllanthus salviæfolius, fleurs femelles
de grandeur naturelle. de grandeur naturelle, feuille entière réduite.
(1) Phyllanthus salviœfolius, Kunth, in th. et
B., Nov. Gen et sp. pl. v, 2, p. 86, t. 107, 108.
jardin de Lacroix, en Touraine. L’une d’elles,
placée en pleine terre l’an dernier, y a rapi-
RAISIN DE SAINT-PIERRE OU DU SAINT-PÈRE.
177
dement atteint 1 mètre 30 de hauteur, avec
des tiges étalées, vigoureuses, que notre
figure, prise d’après une bonne photographie
de M. E. Ghaumier, reproduit exactement
(fig. 34). Ceux qui n’auraient pas su que ces
rameaux à feuilles distiques étaient ceux
d’une Euphorbiacée, auraient affirmé qu’ils
avaient affaire à des feuilles pennées comme
celles d’un Vernis du Japon. Rentrée en
serre en octobre , cette plante produisit
abondamment les petites fleurs mâles, insi-
gnifiantes, décrites ci-dessus (fig. 35).
D’autres exemplaires de la même espèce
furent plantés, également en plein air, dans
mon jardin de Cannes. Presque tous se
montrèrent femelles, quelques-uns cepen-
dant monoïques, et permirent de compléter
nos dessins en reproduisant des inflores-
cences de l’autre sexe (fig. 36). Ces divers
échantillons se développèrent également
avec vigueur; mais j’ai le regret de dire
qu’ils ont tous péri dans les derniers froids
qui ont si cruellement éprouvé les jardins
de la côte méditerranéenne.
11 faudra donc considérer, sous notre cli-
mat, le Phyllanthus salviœfolius comme
une plante de serre tempérée, propre à être
utilisée comme espèce à feuillage ornemen-
tal sur les pelouses pendant l’été.
M. J. Millier, d’Argovie (1), indique trois
variétés de cette espèce : la première, P. s.
genuinus, celle que nous avons introduite ;
la seconde, glabrescens, à feuilles glabres en
dessus ; la troisième, florihundus, feuilles
tout à fait glabres, où Kunth avait cru voir
une espèce distincte. La synonymie donne
les noms suivants : Kirganelia salvifolia,
Spreng., Syst., V, 3, p. 48. — Phyllayithus
Kunthianus, Baill., ou Oxalistylis Kun-
thiana, Baill., Et. gen. Euphorh., p. 629,
t. 24, fig. 15-19. — M. Müller {loc. cit.),
en parlant de cette section Oxalistylis, dit
qu’elle fut fondée sur le P. Kunthianus de
M. Bâillon, qui n’est pas autre chose qu’une
forme accidentelle triandre de l’ancien P.
salviœfolius de Kunth. B a donc fallu mo-
difier les caractères de cette section, qui
ne pouvait être basée sur ce cas anormal.
Le Phyllanthus salviœfolius n’est pas
encore au commerce ; mais dès qu’il sera
multiplié, il ^pourra être répandu dans les
cultures. Ed. André.
RAISIN DE SAINT-PIERRE OU DU SAINT-PÈRE
Ce beau et très -bon Raisin a été signalé
pour la première fois (sous ce nom du
moins) par M. Charles Rouget, de Salins,
le savant ampélographe jurassien.
<( Le Raisin de Saint-Pierre, dit M. Rou-
get, a été introduit dans le Jura il y a cin-
quante ans environ ; il y est encore peu ré-
pandu. Ce cépage s’accommode assez bien de
nos marnes basiques, surtout lorsqu’elles
sont ameublies ou triturées par les éboule-
ments. Comme le Lignan, il est saison-
nier et assez avare de ses grappes; sa
maturité est à peu près contemporaine de
celle du Poulsard. »
La description que donne de ce Raisin
M. C. Rouget diffère un peu de celle que
j’ai relevée sur une souche que je dois à
son obligeance : cette différence tient sans
doute à ce que M. Rouget a étudié d’a-
près un sujet en espalier, tandis que je
me suis servi d’un pied planté en pleine
vigne. Cette culture différente ^ peut modi-
fier un peu l’allure du cépage, son faciès
général, sans faire varier toutefois les ca-
ractères descriptifs qui sont toujours per-
sistants.
Voici les caractères de ma Vigne de Saint-
Pierre :
Bourgeonnement hâtif, presque glabre,
d’un vert clair. Souche forte, vigoureuse,
mais paraissant craindre les climats hu-
mides et froids. Sarments forts, renflés aux
articulations, noués assez long, de couleur
acajou, émettant de nombreux faux-bour-
geons et sujets à s’aplatir encorne de bélier,
s’aoûtant assez mal dans les années froides.
Vrilles peu fortes, le plus souvent cadu-
ques. Feuille grande, un peu plus longue
que large, glabre, lisse, un peu brillante en
dessus, à peu près glabre en dessous; sinus
supérieurs peu profonds, les secondaires
peu marqués, celui du pétiole bien ouvert;
denture assez profonde, un peu aiguë, de
moyenne longueur ; pétiole assez fort, n’at-
teignant pas la longueur de la nervure mé-
diane. Grappe au-dessus de la moyenne ou
grosse, cylindrico-conique, le plus souvent
(1) In DC. Prodr., XV, 2,p.330.
178
LES SOLDANELLES,
ailée, portée par un pédoncule long et fort.
Grains gros, ellipsoïdes ou plutôt olivoïdes,
légèrement incurvés (27 millimètres sur 20),
portés par des pédicelles assez longs, un
peu forts. Chair ferme, juteuse, bien sucrée,
à saveur simple, mais agréable. Peau assez
épaisse, résistante, d’un beau jaune doré à
la maturité, qui est de deuxième époque.
Le plant de Saint-Pierre n’est pas du
tout synonyme du Bicane ou Chasselas
Napoléon des pépiniéristes (par erreur),
comme semble le croire M. Rouget ; il en
diffère complètement. Malgré toutes les con-
frontations faites avec les nombreuses va-
riétés qui paraissent avoir de l’affinité avec
ce cépage, je n’ai pu lui découvrir aucun
synonyme. Il est plus que probable que ce
cépage est cultivé ailleurs que dans le Jura
(à Salins), sans doute en Italie, d’où peut-
être on pourra le signaler sous un autre
nom. C’est dans cet espoir que j’en ai
donné une description aussi complète que
possible.
Dans les régions viticoles du centre de la
France, le plant de Saint-Pierre devra
être conduit de préférence en espalier ; il y
aoûtera mieux son bois et donnera de plus
beaux fruits qu’en pleine terre, où il- s’ac-
commode d’ailleurs assez mal de la taille
courte sur souche basse. V. Pulliat.
LES SOLDANELLES
Nous avons eu souvent l’occasion, en
parlant des plantes alpines, de citer le nom
de M. Correvon.
Le savant cultivateur du Jardin botanique
de Genève s’occupe particulièrement de la
culture et de l’étude de ces plantes si char-
mantes, et on peut affirmer que personne
ne les aime plus que lui et ne les connaît
mieux.
M. Correvon publie en ce moment, dans
le Gardeners^ Chronicle, des études suc-
cessives sur chacune des espèces de ce
groupe, et nous nous empressons de les
traduire pour nos lecteurs, persuadé que
nous sommes que, si elles étaient plus et
mieux connues, les plantes alpines joue-
raient bientôt un rôle important dans l’or-
nementation des jardins. Ed. A.
Nous cvdtivons, dans nos jardins de ro-
cailles, quatre espèces de Soldanelles qui
proviennent des Alpes et des Pyrénées, et
qui se rapprochent les unes des autres par
la forme et la couleur. Ce sont : les Solda-
nella montana, Willd., et S. alpina,
L., qui croissent dans les Pyrénées et dans
les Alpes , et les <S. pusilla, Baumgarten,
et S. yninima, Hoode, que l’on ne rencon-
tre que dans les Alpes. Parmi les plantes
alpines, les Soldanelles sont bien connues
et des plus appréciées. Leur port gracieux
et particulier a toujours attiré l’attention
des touristes et des botanistes.
Le S. montana est l’espèce la plus ré-
pandue du genre, et, par suite aussi de ses
qualités décoratives, elle est la plus appré-
ciée par les amateurs. Ses feuilles sont quel-
quefois assez larges et ressemblent par leur
forme à celles de certains Cyclamens.
Les autres espèces, surtout les S. mi-
nima et pusilla, sont moins remarquables
par leurs feuilles et par leurs fleurs.
Le iS. montana a produit plusieurs va-
riétés dont les fleurs sont ou blanches
ou lilas, en passant aussi par les nuances
intermédiaires.
Pendant fort longtemps on était persuadé
que les Soldanelles ne pouvaient croître ab--
solument que dans leur pays natal, et qu’il
était tout à fait impossible de les conserver
ailleurs.
Des essais infructueux avaient amené les
cultivateurs à cette conclusion : que les plan-
tes en question ne pourraient jamais être
cultivées dans nos jardins, ce qui, dans
presque tous les cas, est une erreur. Il est
vrai que les méthodes de culture générale-
ment employées produisaient d’assez mai-
gres résultats.
Les Soldanelles exigent un traitement
tout à fait spécial, et l’on doit réunir au-
tour de ces plantes les conditions dans les-
quelles elles croissent à l’état spontané.
Si nous considérons les conditions physi-
ques et climatériques au milieu desquelles
ces charmants végétaux se propagent et
fleurissent abondamment, nous remarquons
du premier coup d’œil qu’ils aiment un ter-
rain léger, poreux, mais nutritif et suscep-
tible de conserver une bonne proportion
d’humidité, sans toutefois lui permettre de
devenir stagnante.
LES SOLDANELLES.
179
La Soldanelle est la première fleur qui
apparaît après la fonte des neiges, quelque-
fois même avant leur complète disparition.
Le docteur Christ, de Bâle, dans son excel-
lent ouvrage sur la flore suisse, affirme
avoir souvent trouvé sous la neige des Sol-
danelles en fleurs.
Nous-même avons quelquefois constaté
le fait, et nous pensons qu’il provient de ce
que sous la neige il se produit une faible
chaleur qui, avec l’humidité provenant de
la fonte continuelle et la vive lumière qui
existe à ces altitudes élevées, détermine la
végétation de ces plantes.
Les boutons à fleurs se sont formés dès
la saison précédente, et lorsque la neige
tombe et les recouvre pendant huit ou neuf
mois, les Soldanelles n’en continuent pas
moins à croître lentement.
Aussitôt que la neige commence à fondre,
c’est-à-dire d’avril à juin , la stagnation
glaciale du sol fait place à un état tempéré
et humide; la végétation des Soldanelles
prend alors une grande activité concentrée,
principalement sur la fleur, qui se développe
très-rapidement.
Sous l’influence de la chaleur particulière
qui accompagne le printemps dans les ré-
gions alpestres, de la vive lumière qui y
règne et de la longue durée du jour, les
plantes se couvrent avec une rapidité sur-
prenante de fleurs nombreuses et fort jolies.
L’bumidité de l’atmosphère, continuelle-
ment entretenue par la fonte des neiges des
régions supérieures et par l’évaporation qui
se produit constamment à la surface du sol
saturé d’eau, fait que les Soldanelles, pen-
dant leur période de végétation, se trouvent
continuellement dans un bain de vapeur,
ce qui explique leur rapide croissance.
C’est aussi à ce milieu tout à fait spécial que
ces charmantes plantes doivent leur grâce
et leur beauté.
Lorsque les jours secs de l’été arrivent et
que le sol n’offre plus aux Soldanelles les
conditions de moiteur favorables à leur vé-
gétation, on remarque facilement que ces
gracieuses et délicates plantes cherchent à
s’abriter sous leurs voisines, afin de trouver
de l’ombre.
Elles parviennent presque toujours à si
bien se cacher, que rien alors ne révèle leur
présence, si ce ne sont cependant les tiges qui
ont porté les fleurs et qui, pour mûrir leurs
graines, restent exposées â un soleil ardent.
Aussitôt que les graines ont été disper-
sées par le vent, les Soldanelles restent en
repos pendant la période aride d’août et
septembre; et quand les pluies commencent
et que l’atmosphère se charge de nouveau
d’humidité, leurs feuilles reverdissent, et
les boutons à fleurs se forment dans le mi-
lieu des touffes, pour se développer à leur
tour comme nous l’avons vu plus haut.
Telle est l’existence des Soldanelles dans
leur pays natal.
Maintenant, quels seraient les moyens à
employer pour imiter autant que possible
les conditions diverses indispensables à la
bonne végétation de ces plantes?
La méthode que nous avons adoptée après
de nombreux essais est la suivante :
Ayant remarqué que les plantes que nous
cultivions produisaient abondamment des
boutons à fleurs qui se desséchaient avant
de s’épanouir, nous en conclûmes que la
sécheresse relative de l’atmosphère était
seule cause de ce résultat. Aussi arrosâ-
mes-nous nos Soldanelles fréquemment et
abondamment, en leur donnant plusieurs
fois par jour un bassinage en fine rosée,
suffisant pour les placer dans un milieu
continuellement humide.
Il est bien entendu que ces arrosages ne
doivent avoir lieu que lorsque le soleil brille
et que l’évaporation peut se produire par
suite de la chaleur élevée.
En outre, et afin d’empêcher la forma-
tion de mousses à la surface du sol, il est
nécessaire de placer au fond des poches
dans lesquelles sont plantées les Soldanelles
une couche de cailloux ou de morceaux de
coke, pour permettre à l’eau de circuler fa-
cilement.
On dépose , par dessus ce drainage, la
terre, qui consiste principalement en terreau
de feuilles, avec une bonne proportion de
sable, afin de rendre générale et facile la
circulation de l’eau.
C’est grâce à ce procédé de culture que
l’on évite le dessèchement des boutons à
fleurs et que, par suite, on obtient une flo-
raison qui égale et surpasse même celle des
Soldanelles dans leurs montagnes natales.
Il est nécessaire de ne donner l’eau en
abondance que lorsque les boutons à fleurs
sont formés, c’est-à-dire de mars à mai.
La multiplication des Soldanelles se fait
aisément par la voie du semis.
Nous espérons que des indications aussi
180
SYNONYMIE DE TROIS POMMES.
ONOSERIS DRAKEANA.
faciles à suivre engageront les véritables
amateurs de jolies plantes à se livrer à la
culture des Soldanelles, et la réussite qu’ils
obtiendront certainement leur donnera le
désir d’avoir d’autres représentants de la
flore alpine, si jolie, si nombreuse et variée,
et cependant si peu répandue.
H. CORREYON.
SYNONYMIE DE
Rien n^est^ souvent plus difficile que de
déterminer les synonymies, soit d’une
plante, soit d’un fruit, parce que presque
toujours l’amour-propre s’en mêle, et que
souvent même interviennent des' person-
nalités ; alors, plus on avance, plus l’éche-
veau s’embrouille, et il devient presque
impossible de découvrir la vérité, si l’on n’a
recours à l’expérience. En voici un exemple
récent.
En janvier 1881, nous avons présenté à
la séance de la Société d’horticulture de
Rouen trois fruits provenant de trois ar-
bres différents, savoir : 1» une Pomme Locy;
2» une Pomme Duchâtel, et 3° enfin une
Pomme Quetier. Après examen et dégus-
tation en séance, ces fruits ont paru appar-
tenir à une seule et même variété. Depuis
cette époque, en septembre 1882, le Congrès
pomologique réuni à Rordeaux a été appelé ’
à juger deux de ces variétés, la Pomme
Duchâtel et la P. Quetier : ces deux fruits
ont été reconnus identiques. M. André Le-
roy, dans son Dictionnaire de Pomologie ,
est le seul auteur, en France, qui ait parlé
de ces fruits ; mais il n’en détermine pas
l’origine exacte ; il suppose avoir reçu la
Pomme Duchâtel des environs de Paris, en
1851. La Pomme Locy lui aurait été en-
voyée des États-Unis un peu plus tard, en
1858. Cet auteur reconnaît qu’il existe une
grande affinité dans Ifis arbres et les fruits
de ces deux, variétés : cependant il assure
que ce sont deux variétés distinctes, ce qui
ne nous semble pas avoir été démontré
jusqu’à présent. Quant à la Pomme Quetier,
elle est plus récente; son apparition date
ONOSERIS
Cette jolie Composée-Mutisiée croît dans
la Nouvelle-Grenade, sur les rochers de
Dorotès, et sur les bords escarpés du Rio-
Mayo, par 79^ 30’ de longitude ouest de
Paris, et 1" 47’ ou 40’ de latitude nord,
à une altitude de 1050*1170 mètres. La
région est aride et couverte d’une maigre
TROIS POMMES
seulement de 1868; elle a été décrite et figu-
rée danslaReuwe horticole (1868, p. 253);
elle paraît fort peu répandue. M. André
Leroy et M. A. Mas ne la mentionnent même
pas. Faute de documents certains sur l’ori-
gine des variétés qui nous occupent, on en
est réduit aux conjectures, au moins pour
deux d’entre elles, les Pommes Duchâtel et
Locy. Aussi, quand nous parlons de ces trois
variétés, nous n’entendons parler que de
celles qui sont dans le commerce.
A ce point de vue, doit-on considérer
l’analogie qui existe entre ces trois variétés
comme le résultat d’une erreur, comme on
l’a prétendu, ou bien la ressemblance est-
elle due à la reproduction plus ou moins
exacte d’une variété déjà connue ? Le fait
n’a rien d’impossible, bien que beaucoup
d’auteurs aient prétendu le contraire en affir-
mant que jamais deux fruits de source dif-
férente ne sont exactement semblables. Ce
raisonnement nous semble trop absolu; des
observations ont été faites qui infirment
cette opinion. La preuve du contraire serait
facile à démontrer quant aux fruits, car
pour les arbres ils peuvent différer d’une
manière sensible. Les pomologistes de-
vront donc surveiller attentivement les trois
variétés ci-dessus annoncées, afin de tâcher
de découvrir la vérité à leur égard. La
preuve de leur identité n’est pas encore
faite. Disons en terminant que ces variétés.
Pommes Locy, Quetier, Duchâtel, sont de
beaux et bons fruits d’hiver d’un aspect
jaune brillant. L’arbre qui les produit est
assez vigoureux et très-fertile.
Boisbunel.
DRAKEANA
végétation de Composées frutescentes, et
surtout de Graminées appartenant au genre
Deyeuxia. J’en ai parlé en ces termes dans
le Tour du Monde, en relatant cette partie
de mon voyage (1) :
(1) Ed. André, UAmér. équinox., t. XXXVIIl,
315.
ükromoLUà/. G-.S^z/ersyns.
R.cvuj'' florùr.ol.e.
'^dcarL, Kitdy.
Ojimcris Drakmiia .
ONOSERIS DRAKEÂNA.
181
« La table (mesa) inclinée de Mercadérès
est bien Tune des plus tristes régions qu’il
soit donné à un voyageur de parcourir.
Aussi loin que la vue peut s’étendre, elle ne
perçoit que des surfaces dénudées, sans
autre végétation que de rares Graminées.
Le sol, légèrement incliné vers le nord-
ouest, est çà et là raviné par les eaux plu-
viales qui se sont glissées entre les petites
failles de la roche tendre et blanche qui
vient partout affleurer le sol. Dans les temps
préhistoriques, la inésa de Mercadérès for-
mait le fond d’un lac subandin ; et cette
surface polie est due au glissement des
terrains des cerros de Mayo et de Som-
brérillos.
(( A Vaîto de Dorotès, on voit clairement
les cailloux roulés du fond de l’ancien
lac, épargnés par les eaux peu puissantes à
ce niveau, tandis que les parties inférieures
ont été profondément érodées par les suites
de la rupture, dans la direction de l’ouest.
De cette hauteur, le paysage est d’un pitto-
resque sublime. La haute Cordillère se
détache dans le lointain ; dans la vallée, les
schistes dessinent avec vigueur leurs strates
horizontales ou inclinées ; l’alto boisé de
Dolorès, la mer de collines du Patia, offrent
des oppositions violentes de tons vert et
rouge brique, et un beau soleil couchant
illumine, à notre arrivée, ce spectacle
grandiose. »
C’est entre les fissures de ces rochers que
je recueillis les échantillons secs de l’Ouo-
seris qui porte le n^’ 2917 de mon herbier.
Quelques graines, semées récemment, ont
germé, et j’ai pu étudier de près les
plantes qui en sont sorties. L’une d’elles a
fleuri et fourni les éléments de la jolie
planche coloriée que nous publions aujour-
d’hui.
A première vue, j’avais cru que ma
plante était l’O. speciosa, H. B. K., jolie
espèce qui n’a pas encore été introduite
vivante ; mais en comparant attentivement
mon herbier avec les excellents échantillons
conservés au Muséum et recueillis, les pre-
miers par Bonpland, à Alausi (Ecuador),
les autres par Grisar, dans l’Ecuador et au
Pérou, il ne me fut pas possible de conclure
à l’identité des deux plantes. L’Onoseris
speciosa se distingue à première vue comme
une plante acaule, à feuilles radicales lyrées,
dont les lobes inférieurs sont toujours ap-
parents, et ses capitules de fleurs sont
roses, tandis que l’espèce que je publie au-
jourd’hui est sous-frutescente, rameuse, à
feuilles caulinaires ovales-lancéolées ou has-
tées, entières, et porte des capitules plus
petits, d’un joli violet.
Ne pouvant rapporter cette espèce à aucune
autre déjà décrite, je dois donc la considérer
comme nouvelle, et j’ai grand plaisir à la
dédier, sous le nom {VOnoseris Drakeana,
à M. Emmanuel Drake del Castillo, bota-
niste distingué qui s’intéresse particulière-
ment à la flore sud-américaine.
Description. — Plante sous-frutescente,
à tiges dressées, parfois débiles, arrondies,
vêtues d’un épais tégument laineux, feutré,
blanc. Feuilles alternes, ovales-lancéolées
ou un peu hastées, entières ou présentant
quelques rudiments de dents lâches, à pé-
tiole cylindrique, nu ou légèrement ailé vers
le bas, couvertes en dessus d’une laine ap-
primée, blanche ou d’un ton cannelle léger.
Hampes portant de une à trois fleurs à longs
pédoncules érigés, grêles, unicapitulés,
pourvus de bractées subulées, rares à la
base, puis se rapprochant vers l’involucre.
Involucres turbinés oblongs , couverts
d’écailles imbriquées, dressées-apprimées,
linéaires très-aiguës, à bords scarieux. Fleu-
rons ou corolles centrales hermaphrodites,
jaune pâle, tubuleu.\, à limbe étalé 5-fide ;
demi - fleurons ou corolles extérieures
(rayons) bilabiés, à ligules étalées-tridentées
au sommet, d’un joli violet clair, soyeuses
en dessous, accompagnées de pappes formés
de nombreuses soies rigides et barbelées ;
achaines claviformes, sillonnés, soyeux (1).
Le genre Onoseris est peu répandu dans
les cultures, bien que les espèces qui le
composent puissent être généralement cul-
tivées en serre froide. En 1830, une espèce
(1) Onoseris Drakeana, Ed. André, nov. spec.
— Caulis fruticosus, pauciramosus, sæpè debilis,
teres, candido-lanatus ; foira alterna, caulina, ovato-
lanceolata v. hastata petiolis teretibus v. leviter
ad basin alatis, lamina integra v. laxe dentata in-
dumento canescente subtus instructa; involucri
oblongo- turbinati squamæ imbricato- adpressæ
erectæ lineares, acutissimæ, marginibus scariosis ;
corollarum centralium tlosculi hermaphroditi, tu-
bulosi, llavidi, limbo quinquefido; corollarum exte-
riorum bilabiatarum ligulæplanæ apice tridentatæ,
violaceæ, dorso lanatæ ; papporum setæ nume-
rosæ erectæ apice barbellatæ, tlosculis æquilongæ;
achænia oblonga, sulcata, sericea.
In Nova-Granata, ad Dorotes (Cauca) legi lloren-
tem, aprili 1876, et plantam vivam e seminibus
obtinui, anno 1880. E. A.
182
V
LES VIGNES TUBERCULEUSES A. SÀÏGON.
du Chili, rO. odorata, Hook. et Arn., les
O. reflexa, Less. et O. adpressa, Less. (1),
ces deux derniers apportés du Pérou par
M. Gruckshanks, firent leur apparition et
fleurirent en Angleterre. Nous ignorons si
ces plantes ont été conservées. Une espèce
beaucoup plus anciennement connue, l’O.
piirpurata, de Willdenov (2), fut rapportée
de la Nouvelle-Grenade par M. J. Triana, et
publiée par lui sous le nom d'Isotypus rosi-
florus. M. Triana avait cru à tort y voir une
espèce nouvelle ; mais aucun doute n’est per-
mis sur son ancienne dénomination, ainsi
qu’on peut le constater dans l’herbier du
Muséum et ailleurs. La plante fut mise au
commerce en 1860 par M. Linden, sous
ce nom inexact.
On compte une douzaine d’espèces aujour-
d’hui connues du genre Onoseris, parmi
lesquelles quatre seulement semblent avoir
été introduites vivantes, y compris l’O. Dra-
keana. L’une de celles que l’on rencontre
le plus communément dans l’Ecuador est
rO. hyssopifolia^ H. B. K., que j’ai vu épa-
nouir ses capitules lilas accompagnés de
feuilles linéaires, sur les flancs de la vallée
la plus profonde du globe, suivant les
paroles mêmes de Ilumboldt, et au fond de
laquelle coule le rio Chota (3). J’ai trouvé
également, dans la région de Giiaillabamba,
sur les grès, l’O. liieracioides, DG. à feuilles
radicales et à gros capitules d’un blanc
rosé (4). Bonpland avait le premier récolté
cette espèce à Alausi, en juin 1802. Elle
a été l’objet d’un dessin à la plume, dû à
Humboldt, qui a écrit en marge : perdici-
mur. Ge dessin est conservé au Muséum de
Paris. Je ne pense pas qu’on ait encore in-
troduit rO. liieracioides vivant.
Enfin, j’ai rencontré sur la rive gauche
du rio Magdalena, à Houda (Nouvelle -
Grenade), l’O. purpurata (syn. Isotypus
rosiflorus), en jolis exemplaires sous-fru-
tescents ornés de leurs élégantes feuilles ly-
rées et de nombreux capitules rouge vif (5).
On a encore indiqué : O. integrifolia,
Less., au Pérou|(Dombey) ; O. salicifolia,
H. B. K., près de Quito (Bonpland) ; O. ace-
rifolia, H. B, K., à Llamora (Ecuador) ;
O. Castelnæana, Wedd., au Pérou (Wed-
dell); O. hastata, Wedd., en Bolivie
(Weddell), et quelques autres formes dont
les noms paraissent synonymes des précé-
dents.
Ges espèces ont été diversement classées
par les auteurs, et n’ont pas été rapportées
à moins de neuf genres prétendus distincts,
que MM. Bentham et Hooker ont tous im-
mergés dans le genre Onoseris (6). Il faut
les en féliciter, car ce genre est facile à
définir, et l’on | évitera ainsi de grandes
confusions dans la nomenclature de ces
plantes.
J’ai dit que l’O. Drakeana serait une
plante de serre froide. Elle se cultive ainsi
avec la plus grande facilité. La multiplica-
tion se fera par boutures à l’étouffée, qui
reprendront probablement avec difficulté ;
on peut conseiller de pratiquer le mode du
(( demi -éclatement » et de 1’ « enterrage »
de la base des tiges à bouturer, pour faire
développer des racines avant de les séparer
de la plante mère.
L’édition de cette jolie Gomposée est à
vendre. On pourra s’adresser pour l’acqué-
rir à M. Bréauté, à Bléré (Indre-et-Loire).
Ed. André.
LES VIGNES TUBERCULEUSES A SAÏGON
Malgré tout ce qui a été dit sur ces Vignes,
ou est loin de se faire une idée de ce qu’elles
sont en Gochincbine, surtout au point de vue
(1) O. odorata, Hook. et Arn., Cornp., I, p. 103.
— Chœtachlœna odorata, Don, Trans. Lin. soc.,
16, p. 256. — Leysera odorata, Ruiz elPsiV., Herh.
O. reftexa, Less., Syn., 119. — Centroclinium
refiexum, Hook., Bot. May., t. 3J14.
O. adpressa, Less., Syn., 120. — Centroclinium
adpressum, Hook., Bot. May., t. 3115.
(2) O. purpurata, Willd., Spec., 3, p. 1702. —
Less. in Linnœa, 1830, p. 339.. — O. purpurea,
Less., Syn., 119. — A tracty lis purpurata, Lin.
de la végétation. L’extrait suivant d’une lettre
relative à ces Vignes, adressée à MM. Vilmorin,
et à l’obligeance desquels nous le devons,
fil., Suppl., 349. — Smith, le. ined., 3, t. 65. —
— Benth. et Hook., Gen. plant., II, p. 487. —
Isotypus rosiflorus, Triana, Hort. franc., 1864,
p. 137, cum icône.
(3) Ed. André, Herh., n" 3519 bis.
(4) Ed. André, Herh., n® 3947.
(5) Ed. André, Herh., n® 562.
(6) Ce sent ies genres Bhodoseris, Schœtzellia,
Seris,' Willd. (non Less.), Isotypus, Hipposeris,
Centroclinium, Chcetachlœna^ Cursonia,
TAILLE DU PÊCHER.
jetant un nouveau jour sur cette question, nous
croyons devoir le reproduire. Le voici :
Saigon (Cocliinchine), le Ier février i883.
.... Voici quelques détails sur la Vigne
de Cochinchine qui, je l’espère, pourront
vous intéresser. Les semis que j’ai faits
dans le commencement d’octobre, et qui
commencèrent à lever vers le 15 novembre,
continuent à se montrer. Déjà, dans les pre-
miers jours de janvier, des plants levés
le 15 novembre commençaient à avoir des
tubercules de la grosseur d’un fort porte-
plume ; vers la fm de janvier, ces tuber-
cules étaient de la grosseur d’un doigt, et
présentaient des ramifications ; beaucoup
en avaient 7 à 8 partant de la tige. A cette
époque, les plants mesuraient environ
30 centimètres de hauteur et commen-
çaient à former leurs vrilles.
Parmi les plantes que j’ai observées, j’ai
remarqué diverses formes bien distinctes ;
trois surtout sont particulièrement remar-
quables : l’une porte des Raisins blancs ;
l’autre a des Raisins noirs, à grain allongé;
la troisième a des Raisins noirs, à grain
rond....
A mon arrivée à Saïgon, l’époque de la
récolte des Raisins était passée, de sorte
que je n’ai pu étudier que très-imparfaite-
ment les diverses qualités de ces Raisins
qui, du reste, étaient tellement mutilés que
je n’ai pu me rendre un compte exact du
nombre et de la différence des variétés. J’ai
cependant pu distinguer des grains rou-
geâtres, d’autres gris roux, enfin d’autres
d’un jaune doré. Malgré la différence de cou-
leur, tous ces grains étaient également mûrs.
En ce, moment, je porte particulièrement
mon attention sur de jeunes semis, afin de
les bien examiner et d’en suivre toutes les
phases, à partir de la germination des grains
jusqu’à la fructification des plantes. Alors,
en séparant les différentes espèces de Vi-
gnes, de manière à en remarquer les carac-
tères, je pourrai vous donner les plus
grands détails sur chacune d’elles et sur le
laps de temps plus ou moins long de leur
complet développement, et c’est alors que
les graines de chaque forme pourront vous
188
être adressées séparément, ce qui n’a pu
être fait jusqu’à présent.
Dans le commencement de janvier, j’ai
couché un jeune pied de Vigne ; il com-
mence déjà à porter de petits tubercules»
à l’aisselle de chaque feuille. Il me sera
donc facile, par ce mode de multiplication,
de vous fournir autant de jeunes plants que
vous le voudrez. Vous pouvez donc, dès à
présent, annoncer de bons tubercules pour
mai, juin, juillet, etc. ; mais vous n’en au-
rez réellement de beaux que sur la fin de
l’année.... Je vous envoie un dessin de mar-
cotte que j’ai fait, afin de vous donner une
idée de la formation et du développement de
la plante ; plus tard je vous en adresserai
un autre d’un pied de semis commençant à
former son tubercule, puis, dans la saison
convenable, je dessinerai un pied avec toute
sa liane, de manière que vous puissiez vous
rendre un compte exact des caractères que
présente cette Vigne à divers états....
J.-B. Martin,
Jardinier en chef du gouvernement, à Saïgon.
Cette communication est très-importante à
plusieurs titres ; d’abord elle démontre l’in-
fluence du climat sur la germination des
graines et le développement des plantes, puis
la formation d’organes reproducteurs à fais-
selle des feuilles, organes tubéreux analogues
à ceux que produisent les souches, et à faide
desquels on pourra multiplier ces Vignes.
D’autre part, l’arrivée prochaine dans de
bonnes conditions de jeunes plantes bien
constituées permettra de se faire une idée, au
moins relativement exacte, du parti que l’on
pourra tirer de ces Vignes. Il y a aussi cet
autre fait, aujourd’hui incontestable, de la
présence en Cochinchine, non pas d’une, mais
de plusieurs sortes de Vignes, à fruits de gros-
seur et de formes diverses ; on est donc auto-
risé à croire qu’il y en aura de qualités et peut-
être de tempéraments différents. Et puis n’y
a-t-il pas les semis, les croisements, qui pour-
ront intervenir et produire une déviation du
type comme végétation, en même temps
qu’une modification dans la nature des fruits ?
Il n’y a donc pas lieu de désespérer ; au con-
traire, nous croyons qu’il convient d’essayer
sur plusieurs points, et par des procédés diffé-
rents, soit par des semis variés, soit à faide de
jeunes plantes importées. E.-A. C.
TAILLE DU PÊCHER
Mon but, en parlant de la taille du Pê-
cher, n’est pas d’examiner pette opération
dans tout ce qu’elle comporte ; assez de pra-
ticiens émérites se sont occupés de ce sujet,
184
CASSEMENT DE LA BRANCHE CHARPENTIÉRE DES ARBRES FRUITIERS.
et mon opinion ajoutée à la leur n’apporte-
rait rien de bien nécessaire. Ce que je veux
surtout, c’est appeler l’attention sur une de
ces questions qui, quoiqu’ayant été agitées
bien des fois, ne sont pas encore résolues,
tant s’en faut. Le point que je vais essayer
d’élucider est celui-ci : à quelle époque
doit-on tailler les Pêchers? Constatons
d’abord que sur ce chef, comme sur beau-
coup d’autres, on n’est pas d’accord : les
uns ont dit qu’il faut tailler de bonne heure,
d’autres qu’il vaut mieux tailler tard .
Ceux-là, comme ceux-ci, ont donné des
raisons pour appuyer leur manière de voir.
Comme ces deux opinions peuvent être sou-
tenues et qu’il n’est guère possible d’en
formuler d’autres sur ce sujet, je me rallie
à la dernière. Voici pourquoi :
Il arrive très-fréquemment qu’en mars,
alors que les Pêchers sont en Leurs, il sur-
vient des contre-temps ; froids, pluies et
surtout des gelées qui font périr, sinon tou-
tes, du moins un très-grand nombre de
fleurs, de sorte que si l’on a taillé court,
il est bien rare qu’il en échappe à la des-
truction, et par conséquent la récolte est
nulle; si au contraire on taille tard, c’est-
à-dire après que ces contre-temps prin-
taniers sont passés, on a la chance que,
parmi la grande quantité de fleurs qu’en
général portent les Pêchers, il y en ait
quelques-unes qui aient été épargnées, de
sorte qu’on peut les conserver en taillant
au-dessus de celles-ci; et si dans ce cas ces
fleurs échappées à la destruction donnaient
leurs fruits, on pourrait enlever tous les
bourgeons situés au-dessous des fruils,
excepté ceux qui, placés tout à fait à la base
des rameaux, devront constituer les bran-
ches de remplacement. C’est surtout pour
les arbres plantés au midi, où la floraison
se fait toujours de bonne heure, qu’il est
bon de tailler tardivement.
Du reste, ce que je recommande n’est pas
nouveau ; les anciens en avaient même fait
une règle générale, et jamais, disaient-ils,
il ne faut tailler les Pêchers avant qu’ils ne
soient en fleurs (I). Je crois qu’ils avaient
raison, du moins pour tous les pays où les
gelées tardives sont à craindre.
Quant à cette raison qu’on allègue parfois :
que la taille faite de très-bonne heure ex-
pose les parties taillées à la gelée, c’est une
erreur ; les plaies ne rendent pas plus sen-
sibles les parties où elles sont faites, et si
elles gelaient, celles qui n’ont pas é'é taillées
seraient également détruites. Il m’est arrivé
bien des fois de tailler avant l’hiver certains
individus, et jamais je n’ai vu un de ces
arbres souflVir plus que ceux qui n’avaient
pas été taillés. Je dis plus : c’est un moyen
de leur donner de la force, parce que, à l’ap-
proche de l’hiver, l’arbre étant dans un repos
absolu n’éprouve pas de réaction comme cela
a lieu quand on taille au printemps, alors
qu’il est en pleine végétation, ce qui, cette
fois encore, confirme cette théorie antique :
que les arbres souffrants, ou peu vigoureux,
doivent être taillés avant l’hiver, tandis que
les arbres très -vigoureux ne doivent l’être
qu’au printemps, même lorsqu’ils sont en
fleurs et complètement feuillés. J’ai même
remarqué que c’est un moyen qui réussit
assez bien pour mettre à fruit les arbres
rebelles, soit à pépins, soit à noyaux.
Carrelet.
CASSEMENT DE LA BRANCHE CHARPENTIÉRE
DES ARBRES FRUITIERS
Dans la pratique actuelle de l’arboricul-
ture fruitière, l’opération que je désigne
ici sous le nom de cassement consiste à
rompre à moitié hois seulement les jeu-
nes organes semi-ligneux (scions, bour-
geons, etc.) qui prennent naissance sur les
diverses parties des arbres fruitiers, en
conservant intacte l’autre moitié. C’est ce
qu’on est convenu d’appeler le cassement
partiel ou demi -cassement et qui a pour
but de transformer en boutons à fruits les
yeux qui sont naturellement disposés à se
développer à bois.
Recommandée par certains auteurs, ab-
solument proscrite par d’autres, cette opé-
ration, que l’on ne peut guère, sans de
sérieux inconvénients, pratiquer sur les ar-
bres à fruits à noyaux, n’a été, en général,
(1) Il y avait jadis un proverbe à ce sujet :
Taille tôt, taille tard,
Rien ne vaut taille de mars.
E. A.
CASSEMENT DE LA BRANCHE CIIARPENTIÈRE DES ARBRES FRUITIERS.
185
appliquée jusqu’à présent par les arboricul-
teurs qui l’ont adoptée qu’aux bourgeons,
aux rameaux et aux brindilles des Poiriers
et Pommiers ; aucun auteur, que je sache,
n’enseigne de la pratiquer directement sur
les branches charpentières, que l’on consi-
dère comme réservées exclusivement à pro-
duire les bourgeons destinés à se transfor-
mer en branches à fruits.
Mais un modeste praticien, dont l’expé-
rience s’est formée à l’observation des
pliénomènes de la végétation, s’est fait ce
raisonnement :
(( Il faut une année pour convertir en
bourgeon l’œil ou bouton qui a pris nais-
sance sur la branche de charpente, une
autre année pour convertir ce bourgeon en
rameau, une troisième année pour faire
passer ce rameau à l’état de branche. Or,
dit M. P. de Mortillet, le fruit n’apparaît
jamais sur le bourgeon, et si rarement sur
le rameau que l’on peut établir en règle
générale qu’il n’est produit que par la bran-
che ; donc, pour obtenir le bouton à fruit de
la branche, il faut encore attendre une qua-
trième année, et, le plus ordinairement,
bien d’autres encore. Si donc il était possi-
ble d’obtenir directement des boutons issus
de la branche charpentière, ce que l’on
n’obtient qu’au bout de quatre années au
moins des petites branches que la branche
de charpente a mis trois ans à former, on
réaliserait sur la durée ordinaire de la mise
à fruit une avance de trois ou quatre
années au moins. Et, puisque le cassement
partiel a pour résultat de transformer la
branche latérale en production fruitière,
essayons si, par ce cassement appliqué di-
rectement à la branche de charpente, il
n’est pas possible d’obtenir, au bout d’une
seule année, le bouton à fruit que nous ne
pouvons attendre de la petite branche qu’a-
près quatre années au moins de transforma-
tions et d'opérations multipliées... »
Et il a essayé, et le résultat a complète-
ment justifié ses prévisions et ses espéran-
ces. Dans le courant de mars, il casse à
moitié bois la branche de charpente, ainsi
que l’on recommande de casser les rameaux
des petites branches et les petites branches
elles-mêmes ; puis, pour retarder le plus
possible le rapprochement et la suture des
lèvres de la plaie, il y introduit une goutte
d’huile qui obstrue les issues à travers
lesquelles la sève tendrait à s’extravaser.
Quelques semaines après l’opération, on
voit surgir à quelques centimètres, tant au-
dessous qu’au -dessus de la cassure, une
série de boutons à fruit dont la production
se manifeste dès l’année suivante.
Si l’opération n’a pas été faite au mois de
mars, on peut y procéder au mois d’août.
Pour les gourmands, c’est le mois de mai
qui est l’époque la plus favorable.
Ce praticien, j’oubliais de le nommer, est
M. Delhomme, le jardinier en chef du
grand séminaire d’Autun.
La presse a, plusieurs fois déjà, signalé
la vigueur et la merveilleuse et précoce
fécondité des arbres dirigés par notre habile
compatriote. Ce cont les résultats du casse-
ment partiel de la branche de charpente
qu’il applique méthodiquement à tous ses
arbres. Constatés par de nombreux visiteurs,
et dans le cours de cette année encore par
des hommes dont la compétence est hors
de discussion, ces résultats sont consignés
dans un rapport de l’im des rédacteurs de
la Revue horticole, publié dans le dernier
Bulletin de la Société centrale d’horticul-
ture de France de l’année 1883, p. 150,
et qu’on ne lira pas sans intérêt.
Comment expliquer physiologiquement le
phénomène de la transformation en bou-
tons à fruits des yeux ou boutons à bois
par le cassement partiel de la branche char-
pentière ?
Le demi-cassement, disent les auteurs, a
pour effet d’intercepter la circulation d’une
partie de la sève, et conséquemment d’en
retenir une certaine quantité dans la région
de la partie cassée. Ainsi retenue, la sève
s’agglomère, s’élabore, se condense et com-
munique aux boutons placés dans la partie
où elle a été concentrée un surcroît d’ali-
mentation généreuse et fécondante qui les
met en état de remplir le rôle auquel ils
sont destinés.
Étant donnée la vérité de ce point de doc-
trine horticole, examinons les ditférents
cas dans lesquels on peut en faire l’appli-
cation.
Le cassement partiel de la branche de
charpente se fait quelquefois au point
même où cette branche a pris naissance sur
la tige ; mais il se fait le plus souvent sur
un point plus ou moins éloigné de la nais-
sance de la branche. Voyons d’abord com-
ment, dans ce dernier cas, le cassement
peut agir sur les boutons placés soit au-des-
186
CASSEMENT DE LA BRANCHE CHARPENTIÈRE DES ARBRES FRUITIERS.
süus, soit au-dessus du point où il a été
opéré.
A l’égard des boutons placés au-dessous
de la cassure, il est facile de s’expliquer
leur transformation par l’effet direct des
phénomènes physiologiques que j’ai précé-
demment énumérés. La partie de la sève
interceptée par la cassure s’arrête devant
l’obstacle que cette blessure oppose à sa cir-
culation ; elle s’agglomère entre ce point et
la naissance de la branche, s’élabore, se
condense et féconde les boutons placés dans
l’intervalle de ces deux points.
Mais les choses ne se passent pas aussi
simplement pour les yeux ou boutons qui
se trouvent au-dessus, au delà de la cas-
A
B
Fig. 37.
A, Cassoir Loriant. — B, Cassoir Dolivot.
sure. Quant à ceux-ci, ce n’est pas la sève
interceptée et refoulée par le cassement qui
a pu les atteindre, et conséquemment les
alimenter. Il faut donc attribuer leur modi-
fication à l’influence d’un autre agent, ou
plutôt d’une sève autre que celle qui n’a pu
rester en communication avec eux.
Ne perdons pas de vue que le cassement
n’ayant rompu que la moitié du bois de la
branche sans offenser l’autre moitié, l’in-
terception de la sève n’a été que partielle et
ne s’est produite que dans la partie de la
branche entamée par l’opération. La sève
n’a donc pas cessé de circuler dans les ca-
naux qui parcourent la partie de la branche
que le cassement a laissée intacte. On peut
même admettre qu’une certaine quantité de
la sève interceptée, et qui s’est accumulée
au-dessous de la cassure, a pu être refoulée
dans la partie de la branche qui n’a pas été
entamée et est venue accroître le fluide des-
tiné à l’alimenter. Or, on sait que la sève,
après avoir, dans son évolution ascension-
nelle, parcouru les organes foliacés, les tra-
verse de nouveau en sens inverse, c’est-à-
dire en descendant à travers les couches du
liber jusqu’aux racines. La sève, non inter-
ceptée, est donc montée jusqu’à l’extrémité
de la branche, puis, de cette extrémité, a
pris une direction descendante. Mais au mo-
ment où elle a atteint le point où a eu lieu
la cassure, elle a été forcée de s’arrêter de-
vant l’obstacle qui 's’opposait à sa circula-
tion ; elle s’est agglomérée de nouveau,
élaborée, condensée ainsi qu’elle l’avait déjà
fait au-dessous de la blessure, et, pendant la
période qu’a duré sa stagnation, elle a opéré
sur les boutons placés sur son passage la
même action fécondante qu’elle avait, dans
son mouvement d’ascension, exercée sur
les boutons placés dans la région inférieure
de la branche.
C’est ainsi, ce me semble, que peut s’ex-
pliquer le phénomène de la mise à fruit des
boutons à bois par le demi-cassement de la
branche de charpente.
Dans le cas où le cassement a été fait à
la naissance même de la branche, c’est donc
uniquement par l’action de la sève descen-
dante que s’opère la mise à fruit des bou-
tons situés au-dessus du point opéré.
Ce phénomène de la transformation si-
multanée des boutons de deux parties de la
branche de charpente à moitié séparées par
le cassement me paraît pouvoir être con-
sidéré comme une nouvelle justification de
la doctrine de la double circulation de la
sève, et comme une confirmation des expé-
riences diverses au moyen desquelles la
science a voulu démontrer l’existence de ce
double courant.
On ne manquera pas d’objecter que
l’opération du cassement ne peut avoir
qu’une influence funeste sur la vigueur, la
santé, la longévité des arbres qui y sont
soumis. J’ai déjà répondu à cette objection
en signalant l’état de vigueur et de santé
parfaite des arbres du grand séminaire
d’Autun, qui donnent une preuve irréfra-
gable de l’innocuité complète de cette opéra-
tion. Il n’en est pas un qui ait un seul ins-
CASSEMENT DE LA BRANCHE CHARPENTIÈRE DES ARBRES FRUITIERS.
187
tant montré le moindre symptôme d’affai-
blissement ou de souffrance. La mutilation
à laquelle on les soumet se cicatrise au
bout de quelques semaines et laisse à peine
la trace d’une légère suture ; les canaux,
momentanément interceptés, se ressoudent
et se remettent en communication ; la cir-
culation de la sève reprend son cours nor-
mal ; enfin, on ne voit d’autre différence
entre l’état des arbres antérieur à l’opéra-
tion et leur état actuel, qu’une riche et
abondante fertilité remplaçant une infécon-
dité dont on ne serait parvenu à triompher
par les moyens ordinaires qu’après de lon-
gues années d’attente et d’opérations mul-
tipliées.
Pourquoi, d’ailleurs, le cassement de la
branche de charpente' serait-il plus préjudi-
ciable à l’arbre que le cassement de chacune
des productions diverses et plus ou moins
nombreuses auxquelles cette jbranche a
donné naissance sur toute son étendue ?
Certes, s’il doit y avoir une différence dans
l’influence que peut exercer chacune de ces
opérations, cette différence ne peut . être
qu’en faveur de la première qui, à l’avan-
tage d’un résultat beaucoup plus prompt,
réunit celui d’une notable économie de
temps et de travail.
Au résumé, le cassement de la branche
de charpente ne fait pas autre chose que
d’obliger la sève à accomplir dans l’inter-
valle d’une seule année l’œuvre de trans-
formation que, suivant les autres procédés,
elle ne parviendrait à compléter que dans
trois, quatre ou cinq années, et souvent
davantage.
Le meilleur cassement, écrivait M. P. de
Mortillet à l’époque où il pratiquait encore
cètte opération sur les petites branches (ce à
quoi il a renoncé), est celui qui rompt la moi-
tié du bois et conserve l’autre. On acquiert
bien vite, disait-il encore, l’habitude d’opérer
ce cassement d’une manière prompte et uni-
forme. On pourra, dans le principe, employer
les deux mains ; l’une soutiendra le rameau au-
dessous du point où il doit être cassé, pendant
que l’autre opérera le cassement; mais bientôt
on pratiquera cette opération d’une seule
main en soutenant le scion par dessous avec
l’index, pendant que le pouce pèsera sur le
dessus et le cassera à demi en renversant la
main.
L’opération ne me paraît pas toujours
aussi simple et aussi facile qu’on pourrait
le croire d’après le savant pomologue, au
moins pour l’amateur dont la main n’a pas
fréquemment l’occasion de s’exercer. Mais,
en tout cas, si elle offre moins de difficulté
quand elle est pratiquée sur un rameau ou
une jeune branche, elle en présente davan-
tage quand il s’agit de la faire sur une
branche de charpente, naturellement plus
forte et plus résistante que les rameaux et
les branches d’une année. Le cassement de
la branche charpentière exigeant un eflbrt
plus considérable, l’opérateur est moins
maître de ses mouvements ; non seulement
le pouce et l’index d’une seule main ne
suffiront pas, mais encore l’action des deux
mains n’obtiendra pas toujours un résultat
satisfaisant, surtout lorsque le point où l'on
voudra faire la cassure n’est pas facile à
atteindre. Il arrivera souvent, alors, que la
cassure sera plus profonde qu’il ne le fau-
drait et que ne le voudrait l’opérateur.
Dans ce cas, le but de l’opération se trou-
vera complètement manqué ; la branche se
détachera ; l’équilibre de la végétation se
trouvera compromis, la régularité de la
charpente détruite, la forme de l’arbre pour
longtemps défectueuse et souvent difficile
à reconstituer.
Frappé de ces inconvénients, et convaincu
par sa propre expérience des heureux effets
du demi-cassement appliqué aux branches
çharpentières, un autre praticien, M. Lo-
riant, jardinier des Dames dominicaines de
Nancy, a imaginé un instrument destiné à
faciliter cette opération, tout en lui donnant
la précision nécessaire. Cet instrument,
auquel il a donné le nom de cassoir, est
en bois et consiste simplement en une
fourche à deux dents entre lesquelles
on introduit la branche à casser. L’une
des dents se place au-dessus, l’autre
au-dessous de la branche ; la main qui
tient le manche de l’instrument et qui, au
besoin, peut appeler l’autre main à son
aide, opère sur la branche, d’arrière en
avant, un mouvement de bascule qui, par
la pression en sens inverse de chacune des
deux dents sur cette branche, en détermine
la rupture à moitié bois.
J’ai fait l’essai de cet instrument qui,
entre des mains solides, expérimentées et*
sûres de leurs mouvements, m’a paru devoir
réaliser très-heureusement les vues de l’in-
venteur ; mais je dois avouer que je n’ai
pas pu obtenir une réussite aussi parfaite
que celle sur laquelle je comptais : ma
188
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
main, qui n’est plus jeune, trop faible sans
doute et manquant de l’habileté et de
l’expérience nécessaires, n’est pas toujours
parvenue à un résultat irréprochable. L’ef-
fort de la main, qui se porte sur l’extrémité
du manche, à plus de 20 centimètres du
point de l’opération, perd une grande partie
de son intensité et de son efficacité sur la
branche ; il faut souvent l’exagérer ; alors
l’opérateur ne reste plus maître de le mo-
dérer à son gré, de l’arrêter au moment
nécessaire, et quelquefois, au lieu d’un cas-
sement à moitié bois seulement, il se trouve
avoir fait à la branche une fracture assez
profonde pour arrêter complètement et dé-
finitivement la circulation de la sève, au
lieu de ne l’intercepter que partiellement et
momentanément, et même quelquefois dé-
terminer immédiatement la séparation com-
plète de la partie supérieure de la branche.
J’ai cherché à remédier à l’insuffisance
du cassoir de M. Loriant entre des mains
inhabiles comme les miennes, et je crois y
avoir réussi en modifiant cet instrument de
la manière suivante :
J’ai remplacé la fourche A (fig. 38) par
une sorte de clé à deux dents (B, même
figure). La seule différence, entre cet ap-
pareil et celui de M. Loriant, consiste en ce
que l’ouverture par laquelle on introduit
entre les dents la branche à opérer, au lieu
d’être placée sur l’axe du manche, comme
dans le cassoir Loriant, se trouve placée
sur le côté de ce manche, en sorte que,
pour faire l’opération, l’instrument et la
main de l’opérateur se placent, non pas
latéralement et perpendiculairement à la
branche, mais dans la direction longitudi-
nale de celle- ci.
Avec le cassoir modifié, l’opération peut
se faire de deux manières :
Ou bien en plaçant le crochet supérieur
de la clé au-dessous de la branche, et
conséquemment le crochet inférieur et le
manche au-dessus. Dans ce cas, le casse-
ment se fait en abaissant sur la branche le
manche, qui fait l’office de levier ;
Ou bien en plaçant, au contraire, le cro-
chet supérieur de la clé au-dessus de la
branche à opérer, et le crochet inférieur
ainsi que le manche au-dessous. Dans ce
second cas, l’opérateur place les quatre
doigts inférieurs de la main sous le manche
de l’instrument, et, en appuyant le pouce sur
la branche, la fait ployer et l’abaisse sur le
manche jusqu’à ce que le cassement se soit
produit dans la mesure voulue.
Les deux instruments pouvant être em-
ployés avec utilité selon les commodités,
l’habileté, les préférences de l’opérateur, il
a semblé tout à la fois naturel et éco-
nomique de les réunir en un seul en les
adaptant à un même manche dont chacun
d’eux occupe une extrémité. C’est ce qui a
été fait.
Je terminerai cette notice en faisant ob-
server que le cassoir, modifié ainsi que je
viens de l’expliquer, peut être très-avanta-
geusement utilisé pour la formation régu-
lière des] arbres à branches renversées.
Dans certaines variétés, le bois manque de
souplesse et de flexibilité, et il est quelque-
fois difficile, avec la main seule, de faire
ployer, sans accident, la branche que l’on
veut renverser, tandis qu’avec le cassoir
l’opération devient plus aisément praticable
et tout à fait exempte d’inconvénients. En
le faisant agir, au besoin, sur plusieurs
points plus ou moins rapprochés, on réussit
sans peine, et presque toujours sans la moin-
dre cassure, à faire fléchir la branche la
plus rebelle et à lui donner exactement la
courbure qu’exige la plus scrupuleuse régu-
larité. E. Dolivot.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 23 MARS 1883
Apports. — Comité (V arboriculture. Deux
Poires locales seulement, sans détermination,
et qui, du reste, n’offraient qu’un intérêt se-
condaire.
Comité de culture potagère. M. Bonnel,
de Palaiseau, présentait des Choux Crambé
{Crambe maritima) très-beaux, excellent lé-
gume trop peu cultivé, qui vient presque seul
et ne redoute aucune intempérie. M. Bonnel
fait observer que depuis dix-huit ans il fait
chaque année une abondante récolte sur les
mômes plantes. — M. Chemin, maraîcher à
Paris, présentait de beaux et gros Champi-
gnons de couche. — M. Cottereau, maraîcher,
rue de Javel, à Paris , présentait quelques
pieds de Céleri-rave très-gros et très-beaux. —
189
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE.
Un autre maraîcher, M. Ozouf, rue Lecourbe,
présentait une touffe de magnifiques Navets
hâtifs. — M. Ponce, maraîcher à Clichy-la-
Garenne, présentait une botte d’Asperges cul-
tivées à froid, c’est-à-dire sur lesquelles il
place, à l’approche de l’hiver, des coffres re-
couverts de leurs châssis. Ces Asperges, du
reste, ne présentaient rien de particulier.
Le comité de floriculture était relativement
bien fourni. C’était d’abord un horticulteur an-
glais, M. Cannel, qui présentait ; 1» un Fuchsia
de semis à grandes fleurs rose vif réunies en
fortes grappes pendantes qui, par la grandeur
et la disposition, rappelaient assez celles du
Fuchsia fulgens. Le feuillage aussi, quoique
rappelant celui du type ordinaire glohosa,
surtout, mais considérablement agrandi, indi-
quait, par sa contexture et sa couleur rouge à
la face inférieure, que le Fuchsia fulgeyis est
entré pour une certaine part dans la produc-
tion de cette variété, qui a reçu le nom de
Mistress Rimdell ; des fleurs de nombreuses
variétés^ de Primevères de la Chine, remarqua-
bles tant par la forme et le coloris que par les
dimensions des fleurs ; 3» des fleurs de Ciné-
raires qui n’avaient rien de remarquable ;
4° des fleurs de variétés de Cyclamen dont les
dimensions étaient extraordinairement grandes.
Enfin, ce même présentateur exposait un pied
en fleurs d’une Primevère de la Chine à
fleurs blanches doubles, formant un véritable
buisson sphérique disparaissant sous la masse
de fleurs qui, très-nombreuses, laissaient pour-
tant à désirer pour les dimensions. — M. Ver-
lot, chef de l’école de botanique au Muséum,
avait apporté de cet établissement un pied
fleuri (ïErythronium grandiflorum , plante
très-rustique, originaire de l’Amérique septen-
trionale, à fleurs assez grandes, d’un blanc
jaunâtre, à pétales roulés en dehors; ses
feuilles ovales elliptiques sont fortement ma-
culées de brun. — M. Vauvel, chef des pépi-
nières au Muséum, avait apporté en fleurs les
espèces suivantes : Spiræa Van Houttei, Wei-
gela eæcelsa, et deux pieds de Prunus sinensis
flore pleno albo. — M. Lequin, horticulteur à
Clamart, avait apporté des rameaux fleuris du
bégonia Sermaise (1), plante très-floribonde,
qui non seulement est très-propre à former des
massifs en pleine terre l’été, mais qui, rentrée
en serre, y fleurit tout l’hiver. — M. Jolibois,
jardinier en chef au palais du Luxembourg,
présentait un très-beau pied du Cypripedium
hirsutissimum, qui est toujours une des belles
espèces du genre; ses fleurs très-grandes, à di-
visions latérales longuement étalées presque
â angle droit, sont gracieusement contournées.
d’un rose doux tranchant agréablement sur
les autres parties de la fleur, qui sont d’un
roux marron verdâtre; ses hampes, qui sortent
d’un feuillage abondant, sont dressées, d’un noir
d’ébène, recouvertes de toutes parts de poils
couchés de meme couleur, qui justifient le
significatif hirsutissimum. — M. Régnier,
horticulteur à Fontenay-sous-Bois (Seine), pré-
sentait un Eranthemum originaire de Cochin-
chine. C’est une très-belle plante, voisine de
VE. Hendersoni. Ses fleurs très-nombreuses,
d’un lilas rosé, sont très-rapprochées et for-
ment un énorme pompon qui atteint -15 centi-
mètres et môme plus de hauteur sur environ
7-8 de diamètre. C’est une intéressante nou-
veauté qui, très-probablement, sera cultivée
pour l’ornementation. — Enfin M. Godefroy-
Lebeuf, horticulteur à Argenteuil, présentait
des fleurs de plusieurs espèces ou variétés de
Phalænopsis {amahüis, Schilleriana^ Cornu
cervi, etc.), et notamment une plante soi-disant
hybride entre les Phalænopsis Schilleriana et
P. amahüis; puis un Zygopetalum maxil-
lare, plante brésilienne assez voisine du Zygop).
Gautieri, mais à fleurs un peu plus foncées,
mieux « masquées, » comme l’on dit. Enfin ce
même horticulteur avait apporté des fleurs cou-
pées de Tecophylea cyanocrocus., charmante
miniature qui, par la forme de ses fleurs,
rappelle assez les Crocus , d’un bleu foncé
nuancé diversement suivant l’état plus ou moins
avancé de la floraison. Cette espèce est d’au-
tant plus précieuse que sa floiAison se succède
sans interruption depuis presque deux mois;
aussi est-il à peu près certain qu’elle entrera
bientôt dans l’ornementation courante. —
M. Lesueur, jardinier chez M'^^e la baronne de
Rothschild, à Boulogne, présentait un très-
fort et beau pied de Nidularium princeps
dont toutes les feuilles supérieures formaient
un très-grand cercle d’un beau rouge autour
de la cavité florale, ainsi qu'un magnifique pied
de Lycaste Skinneri portant sept hampes fleu-
ries. Rappelons non seulement aux amateurs
d’Orchidées, mais à tous ceux qui possèdent
une serre un peu chaude, qu’ils doivent cul-
tiver les Lycastes, dont la plupart sont des plus
ornementales par la beauté et la très-longue
durée des fleurs.
Au comité des arts et de Vindustrie., M. Éon,
constructeur d’instruments de physique et de
précision, 11, rue des Boulangers, à Paris,
présentait deux appareils à vaporiser la nico-
tine. Inventé par M. Landry, horticulteur, 92,
rue de la Glacière, cet appareil est très-bien
approprié à l’usage auquel il est destiné; il
vient encore d’être légèrement modifié par
M. Éon, qui a réussi à le rendre plus pra-
tique, tout en en diminuant le prix.
(1) Voir Revue horticole, 1882, p. 363.
190 EXPOSITION VERNALE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE d’hORTICULTURE DE FRANCE.
EXPOSITION VERNALE
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
La Société nationale et centrale d’horticul-
ture de France a tenu la première de ses ex-
positions de 1883, du 28 mars au 1er avril,
dans le pavillon de la Ville, aux Champs-Ély-
sées, à Paris. La partie centrale de ce pavillon
avait été transformée en un jardin anglais, sur
les pelouses duquel avaient pris place, soit
réunies en groupes ou en massifs, soit placées
isolément pour mieux en montrer l’effet déco-
ratif, les plantes fleuries telles que : Azalées
de Vlnàe^Azalea mollis et ses variétés, A;:a?ea
amœna, Cinéraires, Galcéolaires, Primiila
prœnitens, etc. Le pourtour était réservé aux
arbrisseaux à feuillage persistant, et aux Coni-
fères. Deux lots de plantes de serre tempérée
à feuillage d’ornement et deux groupes de
(iamellias fleuris contrastaient avec la teinte
sombre du feuillage des plantes précitées. Enfin,
à droite et à gauche de l’entrée, on admirait
une magnifique réunion d’Orchidées, de nom-
breuses Jacinthes, etc. En résumé, la disposi-
tion des plantes produisait, de l’avis général, le
meilleur effet.
Signalons d’abord parmi les plantes nouvelles
un Aucuba Japonica à fruits blanc jaunâtre,
que présentait M. Moser; puis un Bhocloclen-
dnim de semis sous le nom de Comte de
Clermont-Tomierre ; enfin, sous le nom d' Aines
Canendasis var. peiidula, un arbrisseau d’en-
viron G mètres de hauteur et ne différant du
type que par ses rameaux pleureurs du sommet
de la tige.
JM. Christen a eu la bonne idée de soumettre
à la culture forcée une plante arbustive d’in-
troduction relativement récente et rustique
sous le climat de Paris, le Neviusia Alaha-
mensis.
Le premier concours était affecté aux Camel-
lias. Ceux qui composaient la série de l’unique
exposant, JM. IVIoser, étaient suffisamment fleuris
et très-variés. M. Lévéque fils exposait hors
concours deux collections de Camellias que le
jury a accueilli de ses plus vives félicitations :
l’une était formée de jeunes plantes bien fleu-
ries et feuillées dès la base; l’autre, de qua-
rante variétés représentées chacune par un indi-
vidu dont les dimensions variaient entre l«i50
et 2 mètres de hauteur.
Il faut citer en première ligne les Azalées de
l’Inde de JVI. A. Truffant, dont les spécimens
étaient irréprochables sous le rapport de la
vigueur, de la forme des plantes et de leur
lloraison : conséquence d’une bonne et savante
culture. Venaient ensuite dans ce même con-
cours celles de JM. Royer fds.
Dans le concours affecté aux collections
d’ Azalées formées de trente variétés, on comp-
tait deux exposants ; JM. Royer fds, horticul-
teur, et JM. Laugier, amateur. Le groupe du
premier était formé de variétés de choix re-
présentées par de beaux individus ; même re-
marque pour l’exposition de JM. Laugier, qui
nous a d’autant plus intéressé qu’il est trop
rare en France de voir des amateurs présenter
des collections aussi nombreuses et d’aussi
bonne culture.
JM. JMoser nous a montré à une époque peut-
être un peu trop hâtive ce que peut produire
une culture intelligente de Rhodendrons. Sa
collection représentait bien la série aussi com-
plète que possible des plus belles variétés cul-
tivées.
Les Orchidées n’étaient représentées que par
une seule collection, celle de JM. Bleu, mais
aussi avec quelle magnificence! On remarquait
dans ce lot une nombreuse série de Phalæ-
nopsis Schilleriana admirablemeqt fleuris et
ne différant entre eux que par une coloration
plus ou moins claire ou plus ou moins foncée;
puis des Phalænopsis grandiflora variés aussi
de coloris. Parmi les autres Orchidées on re-
marquait dans leur parfait état de floraison les
Cattleya Skinneri et calummata si élégants ;
les Mütoîiia eimeata aux divisions brunes, on-
dulées, crispées, jaunâtres à fextrémité qui est
acuminée et dont le large labelle est blanc, etc. ;
enfin un Dendrobium chrysotoxum portant
sept inflorescences formées chacune d’un grand
nombre de fleurs jaune doré, à labelle très-
large, délicatement frangé et d’un jaune très-
intense dans sa partie centrale.
La France est encore tributaire de la Hollande
et de la Belgique pour la culture et la produc-
tion des plantes bulbeuses en général (les
Glayeuls exceptés).’ Les échantillons de Jacin-
thes présentés^ cultivés en pots, témoignaient
des connaissances précises du temps nécessaire
au forçage. Sous ce rapport, les Jacinthes de
JMJM. Vilmorin-Andrieux et G>® ont été classées
au premier rang. Leurs spécimens étaient bien
fleuris, rigoureusement étiquetés et parfaite-
ment développés. Venaient ensuite les collec-
tions de JMJM. Forgeot et Cie et de JMJM. Dupanloup
et Cie. Ces dernières étaient fort intéressantes,
sans doute, mais leur développement n’était pas
aussi parfait que dans les précédentes.
La Revue horticole a appelé plusieurs fois
l’attention de ses lecteurs sur la culture et la
multiplication des Cyclamens de Perse, dont il
n’était présenté qu’un lot de peu de valeur. Par
EXPOSITION VERNÂLE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE
contre, M. Truffant fils, de Versailles, avait
apporté quelques échantillons remarquables
par la grandeur des fleurs.
S’il est une plante qui a beaucoup varié dans
sa descendance, c’est évidemment la Cinéraire
{Senecio cruentus, DG. ; Cineraria cruenta,
L’Ilérit.). La plante typique, originaire des Cana-
ries, présente des capitules petits, formés d’une
seule rangée de ligules entourant un disque peu
développé portant des fleurons jaunâtres ou
purpurins. Par suite d’une culture intelligente,
toutes les parties de cette Composée ont subi
de profondes modifications. Les feuilles, les
tiges, les capitules se sont amplifiés par le dé-
veloppement des ligules qui ont pris les coloris
les plus variés de la série cyanique ; enfin, on
cultive depuis quelques années une race de Ci-
néraires à fleurs doubles. MM. Vilmorin-An-
drieux et Gîe en présentaient plusieurs dont les
individus témoignaient d’une culture irrépro-
cliable.
Les Primevères de la Chine {Primula præ-
nitens) formaient le sujet du SS® concours. Cette
plante produit non seulement des variétés de
coloration, des variétés grandiflores et à limbe
plus ou moins entier et fimbrié, mais encore
une race particulière se distinguant du type
par la forme du feuillage et à laquelle on a
donné l’épithète de filicifolia. Outre la plante
typique et ses variétés, on trouvait là, réunis
par MM. Vilmorin, de nombreuses variétés de
cette nouvelle race qui montraient bien le parti
qu’on peut en tirer pour l’ornement des serres
tempérées et orangeries. M. Schwartz en pré-
sentait une variété différente du type par ses
feuilles plus ou moins maculées ou picturées de
blanc jaunâtre; elle n’est élégante que par ses
fleurs nombreuses, grandes, en bouquet au
sommet de hampes robustes.
Le genre Primula^ a toujours vivement pas-
sionné les amateurs. Un concours était ouvert
pour les Auricules {Primula auricula). Au-
jourd’hui les Auricules ont â peu près disparu
de nos cultures. Cela est d’autant plus regret-
table que nous avons affaire à une plante fran-
çaise dont le type supposé est à fleurs jaunes
et dont on a obtenu un grand nombre de va-
riétés. Les plantes exposées par M. Launay ne
donnaient qu’une faible idée de la beauté et de
l’élégance des Auricules telles que nos ancêtres
les ont connues et décrites, et telles qu’on les
trouve encore aujourd’hui en Belgique et en
Angleterre.
L’une des plantes d’ornement les plus popu-
laires et dont l’origine est peu connue, quoiqu’on
ait beaucoup discouru sur son sujet, c’est la
Pensée. A-t-on affaire ici à une transformation
du Viola tricolor^ si caractérisé par la petitesse
de ses fleurs blanc jaunâtre, lignées ou striées
de teinte plus foncée, ou bien dérive-t-elle de la
Violette de l’Altaï (Violoy Altaica)^ Quoi qu’il
ET CENTRALE d’HORTICULTURE DE FRANCE. 191
en soit, les Pensées grandiflores de M. Falaise
aîné attestaient une fois de plus leur supério-
rité. Les Pensées de M. Asset étaient moins
fleuries, mais témoignaient d’une bonne cul-
ture.
Le 44® concours, réservé à la plus belle col-
lection de Rosiers nains fleuris, a été bien
rempli ; les nombreuses plantes présentées sous
ce chef et hors concours par M. Léveque ont
été très-remarquées.
Les Conifères, arbustes ou arbrisseaux â feuil-
lage persistant, occupaient une vaste place, et
on trouvait à l’entrée de l’exposition deux mas-
sifs formés de remarquables espèces résineuses
présentées par M. Defresne en grands et beaux
exemplaires. M. Moser montrait, sous des di-
mensions moins grandes, du moins pour cer-
taines espèces, une collection de Conifères,
dans laquelle on trouvait des espèces d’ancienne
introduction, et des formes introduites assez
récemment, qui montraient bien leur effet dé-
coratif.
Les Conifères à feuillage panaché de M. Mo-
ser présentaient les formes les mieux caracté-
risées de cette section appartenant aux genres
Thuiopsis, Jiiniperus, Cupressus, Retinos-
pora, Biota, Thuia et Taxus. Les panachures
dans les Conifères sont généralement jaunâtres
sur fond vert et peu élégantes; dans quelques
cas cependant la décoloration est blanche,
comme dans les Juniperus Virginiana.
Les arbustes à feuillage persistant formaient
le sujet du 55^ concours. M. H. Defresne en
présentait un grand nombre, et parmi eux des
sortes un peu frileuses sous notre climat, telles
que Cistus formosus (?) (ou C. salvifolius (?),
Osmanthus ilicifolius, VEurybia undulata,
Composée néo-hollandaise répandue bien à tort
sous le nom VElæagnus crispa^ puis les Ar-
butus Unedo, Eriobotrya Japonica, Berberis
stenophylla, etc. Dans la collection présentée
par M. Moser, on a remarqué entre autres le
curieux Mahonia Sieboldi et un bel individu
fleuri de Skiynmia oblata.
Signalons le lot de légumes forcés de M. Ch.
Dagneau, dans lequel on trouvait réunies les
principales plantes légumières pouvant être
présentées à cette époque. On remarquait même
de beaux échantillons du Chou-Marin {Crambe
maritima) dont il se fait une grande consom-
mation en Angleterre.
Il faut aussi rappeler les magnifiques Ana-
nas de M. Crémont appartenant aux variétés
Charlotte de Rothschild et Cayenne; notons
aussi ses Fraisiers Marguerite-Lebreton et
Princesse-Royale, qui appartiennent depuis
longtemps déjà aux meilleures variétés pour
culture forcée; enfin les magnifiques Fraises
Docteur Morère, dont M. Dubois avait présenté
de beaux spécimens.
Le Çhoisya ternata est une charmante
192 EXPOSITION VERNALE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
Rutacée mexicaine qui fut envoyée au Muséum
par l’excellent et regretté Bourgeau ; elle n’est
pas rustique sous le climat de Paris, mais elle
l’est définitivement depuis Avignon jusqu’à la
Méditerranée, où elle forme d’él-égants buis-
sons. MM. Vyeaux-Duvau et sont passés
maîtres en cette culture.
M. Moser avait formé un groupe d’arbustes
fleurissant de plein air : Azalea mollis, si cu-
rieux par ses grandes fleurs jaunâtres ou rouges
selon les variétés; A. amœna toujours char-
mant, A. amœna var. grandiflora, etc.
A M. Moser, l’Exposition était redevable, en
outre, de plusieurs Érlcacées remai’quables
par un beau développement et une brillante
floi’aison : Andromeda Japonica, supei'be et
ti'ès-rustique ai'bi’isseau que la Revue horticole
a depuis longtemps signalé à ses lecteurs; An-
dromeda florihunda, dont on a pu voir un bel
individu. Rappelons aussi, puisqu’il faisait par-
tie de la même collection, un pied de Xa^itho-
ceras sorhifolia, fleuri et cultivé en pot, Sapin-
dacée l’emai’quable qui devrait avoir pris droit
de cité dans tous les jardins.
La collection d’ai'bustes rustiques fleuris,
(jire M. Cr’oux fils exposait flores concoui’s, était
composée, en grande parlie, û' Azalea mollis
variés, et dans un brillant état de floraison, de
dix resplendissants A. amœna, d’un magnifique
exemplaire de Rhodora Canadensis^ les Skim-
mia fragrans et oblata bien fleuris, d’une
variété intéressante de Magnolia ohovata et de
deux loris individus de l’élégant Magnolia stel-
lata. Cette collection formait un tout qui a été
extrêmement rernar’qué.
Les Galcéolairrs de MM. Vilmorin-Andrleux
et G‘6 ont été bien r'ernar'quées aussi, et il en
a été de môme de leur-s Giroflées doubles
{Cheiranthus Cheiri, var*. grandiflora), r’ace
j)arliculièr'e, caractérisée par des tiges robustes
et des fleurs très-grandes.
M. Simon exhibait une collection d'Aloe dont
les repr'ésentants témoignaient d’une excel-
lente cultur’e. Plusieurs espèces étaient fleuries,
entr-e autres les Aloe humilis, xglinacantha,
spinosa, serrulata et variegata, toutes à inflo-
l'escences spiciforanes, et l’A. albo-cincta à fleuris
jaunâtres, nombreuses et disposées en panicule.
Enfin, M. Savoye présentait trois belles Bro-
méliacées fleuries, les Rillbergia roseo-mar-
ginata, Pitcairnia corallina et Caraguata
Zahni.
Aujourd’hui que le sexe mâle est introduit en
Eur'ope, l’Aucuba du Japon n’est plus, comme
autrefois, une plante stérile ; grâce à la facilité
de sa fécondation, les anciennes plantes de nos
jardins se couvr’ent au printemps d’une multi-
tude de fruits, d’un rouge le plus souvent écla-
tant, qui leur font une nouvelle parur’e. G’est
ce qu’on a pu r'ernarquer une fois de plus à
l’Exposition, en pxarninant les lots de MM. De-
fresne et Moser.
Trois horticulteurs, MM. Landry, Saison-
Lierval et Savoye, avaient présenté, sans con-
courir, des plantes de seru’e tempérée à feuil-
lage décor’atif, telles que Palmiers, Fougèr^es,
Phormium, Cycas, etc. Ges apports étaient
composés de beaux spécimens qui montraient
bien l’importance du réle que ces plantes jouent
dans l’ormernentation des appartements et des
jar’dins vitrés peu chauffés l’hiver. Enfin, le
Muséum exposait trois variétés à fleuris semi-
doubles du Pæonia Moutan, dont une à fleurs
blanches extrêmement odorantes, les autres
inodores, et de teinte r’ose cerise dans l’une,
l'ose foncé légèr’ernent ardoisé dans l’autr'e.
Telle est l’énumération succincte despi'oduits
qui ont figuré à cette Exposition, visitée par
plus de 20,000 personnes. G’est là un beau suc-
cès qui en fait présager un non moins brillant
pour l’Exposition génér’ale qui aur^a lieu fin mai,
dans le même palais. B. Verlot.
lmp. Gtmwg^s Jacob, ^ Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Les effets du froid dans le Midi de la
France. — Nous avons raconté, de visu
{Revue horticole, 1883, p. 162), les tristes
résultats des froids et de la neige du mois
dernier sur le littoral méditerranéen. Des
faits, malheureusement trop certains et fa-
ciles à vérifier, ont été précisés, tout en
constatant l’atténuation du désastre, dans
quelques situations plus favorisées que
d’autres.
Libre de nos actions et de nos dires,
dans un journal qui n’est inféodé à aucune
exploitation industrielle horticole, notre de-
voir était de faire connaître la vérité. Nous
n’avons rien à retirer de ce que nous avons
écrit précédemment sur cette question dans
la Revue ou ailleurs, mais l’enseignement à
tirer de cette cruelle expérience était de
conseiller une grande prudence dans le
choix des plantes exotiques à cultiver dans
le Midi, afin d’éviter pour l’avenir de grandes
déceptions.
En même temps, nous avons cru devoir
mettre nos lecteurs en garde contre certains
industriels, qui induisaient en erreur les
amateurs trop confiants, en leur vendant
des plantes délicates, dont un grand nombre
étaient destinées à périr plus ou moins
rapidement.
Le coup a porté. Ces industriels se sont
reconnus. Ils nous répondent dans leur
journal par des injures , à défaut de
raisons. Or, les injures, on l’a dit, sont
comme les corps pesants : elles n’acquiè-
rent de poids qu’autant qu’elles tombent
de haut.
L’écrivain qui a l’honneur de partager
avec M. Carrière la rédaction en chef de
la Revue horticole méprise ces lâches at-
taques et ne s’abaissera pas à les relever.
Ceci dit, reprenons notre tâche et reve-
nons aux choses de l’horticulture.
Ed. André.
Exposition estivale de la Société na-
tionale et centrale d’horticulture de
France. — Cette exposition, à laquelle tous
les horticulteurs et amateurs français et
étrangers sont invités à prendre part, aura
lieu, du 22 au 28 mai, dans le pavillon
lei* Mai 1883.
de la ville de Paris, aux Champs-Elysées.
Outre les produits horticoles de toute na-
ture, elle comprendra le matériel et l’ou-
tillage horticoles, ainsi que les arts et
industries se rattachant directement à l’hor-
ticulture.
D’après les dispositions qui sont déjà
prises, il n’est pas douteux que cette ex-
position soit brillante. Dans sa dernière
séance le conseil d’administration de la
Société a voté une somme de 30,000 fr.
pour les travaux d’installation et dépenses
diverses.
Les personnes qui désirent prendre part
à cette exposition devront, le plus tôt
possible, adresser une demande à M. le
secrétaire général de la Société, 84, rue
de Grenelle, Paris, en indiquant les objets
qu’elles se proposent d’exposer et, ap-
proximativement , l’emplacement qu’elles
jugeront devoir leur être nécessaire. Ces
renseignements sont de rigueur pour gui-
der la commission de l’exposition dans la
distribution et le placement des objets.
Semis d’arbres fruitiers de la villa
Tourasse, à Pau. — Dans la précédente
chronique de la Revue horticole, nous
avons annoncé la mise en vente de cette
magnifique propriété. Outre les collections
qu’y avait réunies M. Tourasse, elle com-
prend un nombre considérable de jeunes
semis d’arbres fruitiers dont, par suite de
cette vente, la vie était gravement com-
promise. Nous venons d’apprendre que
M. Piche, le savant collaborateur de feu
Tourasse, qui est chargé d’exécuter les
dernières volontés du testateur a eu la
bonne idée, afin de sauver les semis de
Poiriers, de les envoyer à nos collègues,
MM. Baltet frères, de Troyes, qui vont les
planter et les soigner avec tout le soin
dont ils sont capables. Parmi ces égrins de
Poiriers, trois cents proviennent de fécon-
dations combinées, et cent autres, qui ont
déjà fructifié, promettent de donner des
gains méritants. On est donc en droit d*es-
pérer qu’il s’en trouvera un grand nombre
dignes de prendre place dans nos jardins
fruitiers, où ils perpétueront la mémoire
9
194 CHRONIQUE
d’un homme dont toute la vie a été consa-
crée au bien général, et à qui l’horticulture
doit d’importantes découvertes.
La chasse aux chenilles. — Un voya-
geur qui, la nuit, subitement, serait trans-
porté sur les collines placées en face du
village de Thomery, serait certainement
bien surpris du spectacle étrange qu’il
aurait devant lui en voyant, sur une sur-
face considérable , dans laquelle le vil-
lage est compris, entre un dédale de murs
blancs, scintiller des milliers de lumières
qui s’agitent et se déplacent continuelle-
ment.
Ce spectacle singulier qui se renou-
velle chaque nuit, depuis quelque temps
déjà, est occasionné par les habitants de
Thomery, qui font une guerre acharnée
à des ennemis qui ne le sont guère
moins. Ces ennemis, qui pullulent cette
année, sont des chenilles nocturnes, qui
perforent les bourgeons prêts à se déve-
lopper. A la nuit tombante, ces dépréda-
teurs, attirés par les rayons lumineux des
lampes, quittent la retraite qu’ils occupent
pendant le jour, et c’est alors qu’on les
prend.
Le Généra plantarum. — La dernière
partie du troisième et dernier volume du
Généra plantarum, de MM. Bentham et
Ilooker, vient de paraître, et nous nous
empressons de communiquer à nos lecteurs,
d’après le Gardeners’ Chronicle, quelques
renseignements intéressants au sujet de cet
ouvrage colossal, sorte de code de la bota-
nique contemporaine qui, en évitant aux
botanistes des recherches toujours fort lon-
gues et souvent impossibles ou infructueu-
ses, rend de si grands services à la bota-
nique descriptive.
La première partie du Généra planta-
rum fut publiée en 1862. -Actuellement,
ce recueil se compose de trois volumes
contenant ensemble 3,500 pages de matière
imprimée en caractères très-fins. Les genres
seulement 'des plantes y sont décrits. Le
nombre des ordres naturels admis par les
auteurs est de 200; celui des genres est
approximativement de 8,000, et celui des
espèces mentionnées d’environ 100,000.
Depuis la publication du premier volume,
quelques centaines de genres nouveaux ont
été proposés par différents auteurs, et il est
à peu près certain que, pour les Polypétales,
HORTICOLE.
une révision de ces nouveaux genres, d’après
les bases adoptées par les auteurs, amène-
rait l’élimination d’à peu près les trois
quarts ; mais, d’un autre côté, une révision
de cette première partie provoquerait la
suppression d’un certain nombre de genres,
dans les Conifères notamment. D’où l’on
peut conclure que le chiffre de 8,000 genres
serait conservé, même après un remanie-
ment, par les auteurs du premier volume
du Généra plantarum.
Quant au nombre des espèces, le chiffre
de 100,000 n’est qu’approximatif, et, étant
donné le système de synthèse adopté par
MM. Bentham et Hooker, nous pensons
qu’il est très-bas et bien au-dessous du nom-
bre d’espèces reconnues par plusieurs bota-
nistes contemporains.
Corylopsis spîcata. — Nous avons reçu
de M. Jouin, chef de culture chez MM. Si-
mon Louis frères, à Metz, des rameaux fleu-
ris de ce joli arbuste japonais. Quelques
pieds forcés en serre tempérée avaient
amené la floraison à perfection, ce qu’on
n’obtient pas toujours avec les exemplaires
cultivés dehors, lorsqu’ils fleurissent un peu
trop tôt au premier printemps et que les
dernières gelées ne sont pas passées. Le
genre Corylopsis, ainsi nommé de ce que
les arbustes qui le composent ressemblent
assez par leur port à des Noisetiers {Cory-
lus), comprend 3 ou 4 espèces originaires
du Japon, de la Chine, des monts Kasia et
de l’Himalaya. L’espèce qui nous occupe,
le Corylopsis spicata, forme un arbuste à
jeunes rameaux pubescents. Les feuilles, ac-
compagnées de grandes stipules caduques,
sont pétiolées, largement ovales et orbicu-
laires, cordiformes, inéquilatérales dentées
en scie, à nervures convergentes. Les
grappes axillaires, pauciflores, pendantes,
sont pourvues de bractées amples, surtout
les inférieures, concaves, membranacéés,
et portant des fleurs d’un jaune paille dont
le calyce forme un tube adné à l’ovaire, avec
le limbe à cinq lobes valvaires. Les pétales,
de même nombre, sont périgynes, obovales
spatulés, et les étamines, périgynes, à filets
subulés, alternent avec de petites écailles
tronquées. Nous n’avons pas encore vu les
fruits, mais on voit déjà l’ovaire semi-
supère, biloculaire, surmonté par les styles
filifoi’mes à stigmate capité, et un seul
ovule dans chaque loge.
CHRONIQUE HORTICOLE.
Le Corylopsis spicata doit prendre rang
parmi les arbustes rustiques dont le
nombre, si grand qu’il soit aujourd’hui
dans les jardins, s’accroît bien lentement
depuis une vingtaine d’années.
Exposition internationale de Pommes
de terre. — Le programme de l’exposition
de Pommes de terre qui aura lieu en An-
gleterre, au Palais-de-Cristal de Syden-
ham, les 13 et 14 septembre prochain, vient
d’être publié.
Il contient 21 classes semblables à celles
des précédentes années, mais avec quel-
ques additions.
L’examen des nouvelles variétés se fera
avec l’aide de la Société royale d’horticul-
ture de Londres.
Les concurrents pour les différentes
classes relatives aux semis devront envoyer
leurs spécimens à Chiswick aussitôt que
possible, en se conformant au réglement,
qu’il est d’ailleurs facile de se procurer.
Nous ne saurions trop insister auprès de
nos lecteurs pour les inviter à assister à
l’une de ces expositions spéciales, qui n’ont
pas peu contribué à porter la production et
la culture des Pommes de terre de choix,
en Angleterre, au point de supériorité
qu’elles atteignent aujourd’hui.
Destruction des limaces. — M. Alexis,
jardinier chez M. Bargoin, au château de
Bellevue, près Royat (Puy-de-Dôme), nous
adresse la lettre suivante au sujet de la des-
truction des limaces :
... J’avais, depuis peu de temps, sulfaté des
étiquettes, quand je m’aperçus que trois grosses
limaces qui s’étaient traînées dessus étaient
restées raides (mortes, bien entendu) ; toutes
les parties de leur corps qui avaient été en
contact avec les étiquettes étaient d’un bleu
verdâtre, ce qui me fit supposer que la mort
avait été occasionnée par l’action du sulfate de
cuivre.
Voulant vérifier ce fait, je pris du gros son
de blé auquel je mélangeai du sulfate de cuivre
que j’avais préalablement pulvérisé; je plaçai
cette préparation auprès des plantes que je
tenais à conserver, et au bout de très-peu de
temps je vis des limaces et des colimaçons qui,
attirés par l’odeur du son, s’étaient traînés
dans le mélange, s’y débattre contre la mort
qui ne tarda pas à arriver.
Répétée dans des conditions diverses, cette
expérience m’a toujours réussi et a donné des
195
résultats analogues à ceux que je viens d’in-
diquer.
Ce qui précède s’applique surtout aux serres,
bâches, châssis, etc. Si l’on désirait appliquer
le même procédé en plein air, je crois qu’il
serait prudent de prendre quelques précau-
tions, afin que les volailles ne puissent manger
le son empoisonné, qui pourrait également leur
doner la mort.
Le moyen indiqué étant efficace, peu
dispendieux et d’une application facile,
nous ne doutons pas que nos lecteurs le
mettent à profit. En leur nom, nous re-
mercions M. Alexis d’avoir bien voulu nous
le faire connaître.
Streptocalyx Vallerandi. — M. Car-
rière ne s’était pas trompé sur l’identité de
la Broméliacée de M. Chantin avec celle
dont, en 1881, la Revue horticole donnait
une description et une figure sous le nom
de Lamprococcus Vallerandi (1). M. Ed.
Morren, vient de le constater récemment
dans la Belgique horticole, janvier 1883,
p. 13. Cette plante est identique avec celle
de M. Chantin, et elle appartient au genre
Streptocalyx, proposé en 1854 par le bo-
taniste Beer, genre qu’il avait établi d'après
un échantillon récolté par Pœppig sur l’A-
mazone, et conservé au Musée impérial de
Vienne.
Mais, quoi qu’il en soit, cette identité
n’enlève ni même n’affaiblit en rien le mé-
rite de la plante en question, qui n’en reste
pas moins l’une des plus belles du groupe
des Broméliacées, ce qui suffit amplement
pour la recommander. La seule différence,
c’est qu’au lieu de Lamprococcus, c’est
Streptocalyx Vallerandi qu’il faudra dire.
Exposition d’horticulture de Brie-
Comte-Robert et Grisy-Suisnes. —
Cette exposition, qui aura lieu les dimanche
8 et lundi 9 juillet 1883, comprendra, outre
les plantes, fruits et légumes, tous les ob-
jets d’art ou d’industrie se rattachant à
l’horticulture, ainsi que le matériel du jar-
dinage, et tout ce qui contribue à son or-
nementation. Il va sans dire que là, dans
le pays des Pioses, la reine des fleurs aura
la plus large part.
Les personnes qui voudront prendre part
à cette exposition devront en faire la de-
mande à M. Camille Bernardin, président
(1) Voir Jlevue liorticole, 1881, p. 423,
196
CHRONIQUE HORTICOLE.
de la Société, à Brie-Gomte-Robert, au
moins huit jours avant l’ouverture de
l’exposition.
Le jury se réunira au local de l’exposi-
tion, le samedi 7 juillet, à deux heures
très -précises.
Un intéressant hybride de Pavonia.
— La plante dont il s’agit, le Pavonia in-
termedia, a été obtenue par M. Lemoine,
horticulteur à Nancy, en fécondant le Pa-
vonia Wioti par le P. Makoyana. Celui-ci
a un très-beau feuillage, mais il fleurit peu,
tandis qu’au contraire le Pavonia Wioti,
qui fleurit abondamment, n’a qu’un feuil-
lage peu foncé et grêle. M. Lemoine, se
fondant sur beaucoup d’expériences, s’est
demandé si, en croisant ces plantes, il n’y
aurait pas interversion ou échange de leurs
caractères. C’est ce qui est arrivé : il a ob-
tenu des plantes très-floribondes et portant
un très-beau et ample feuillage.
Un fait qu’on ignore généralement, c’est
que le Pavonia Wioti, planté en pleine
terre dehors, fleurit continuellement, comme
les Hibiscus de la Chine ; aussi le nouvel
hybride, qui est tout aussi floribond, sera-
t-il précieux pour la décoration estivale des
jardins.
Un singulier dimorphisme. — Il s’est
produit au Muséum, dans une des serres
dont la direction est confiée aux soins de
M. Hamelin, le fait suivant :
Une plante grimpante-tapissante, à feuilles
épaisses, orbiculaires, envoyée en 1881 par
M. Van Houtte sous le nom générique de
Marcgravia, ayant été mise en pleine terre,
s’éleva lentement jusqu’à une certaine hau-
teur absolument comme le font les Marc-
gravia, c’est-à-dire en appliquant complète-
ment ses feuilles contre le support de mousse
qu’on lui avait préparé, puis ses feuilles
augmentèrent en dimension, tout en conser-
vant leur forme et en s’écartant les unes des
autres. Alors la végétation devint beaucoup
plus grande, et après un parcours d’environ
2 mètres, une transformation complète eut
heu : la tige grossit sensiblement, devint
charnue ; les feuilles s’allongèrent en se di-
visant et, se fenestrant, devinrent très-
grandes et absolument semblables à celles
du Philodendrum pertusum. Que de-
viendra cette plante? A quel genre appar-
tient-elle ? On le saura probablement bien-
tôt. En attendant, nous avons tenu à
signaler cette remarquable transformation.
Araucaria imbricata. — Depuis son
introduction en Europe, en 1796, ce roi
des Conifères du Sud-Amérique a été
planté dans de nombreuses localités euro-
péennes. Nulle part l’arbre n’a mieux pros-
péré que dans les régions de l’Ouest tem-
pérées par les effluves du Gulf stream, en
Angleterre, en Irlande, en Bretagne, etc.
On connaît les beaux exemplaires existant
chez M. de Kersauzon, dans le Finistère,
et ceux de Dropmore, près de Londres.
Nous trouvons aujourd’hui dans le Garden
la description d’un autre superbe Arauca-
ria, qui mérite d’être cité.
L’arbre dont il s’agit se trouve à Ballyne-
tray, Comté de Waterford (Irlande). Il a été
planté il y a cinquante ans, et mesure ac-
tuellement 22 mètres de hauteur, 25 mètres
de circonférence ; les branches de la base
ont G mètres de longueur, et le tronc, à
60 centimètres du sol, mesure 2 mètres de
circonférence.
La forme de cet Araucaria, qui a déjà
produit des cônes porteurs de bonnes grai-
nes, est très-régulière, et il est abondam-
ment garni de branches d’un port gracieux
qui descendent jusqu’au sol.
Les cônes, qui apparaissent en novembre,
ont une forme singulière et sont réunis par
grappes de deux ou trois à l’extrémité des
branches et des bourgeons. Leur nombre
s’élève à plusieurs centaines, et ils aug-
mentent encore l’aspect curieux de l’arbre
qui les porte.
V Araucaria de Ballynetray fera pen-
dant de longues années l’admiration de
tous les visiteurs par la beauté de sa
forme, l’ampleur de ses dimensions et la
noblesse de son port.
L’arbre à la vache. — Nous venons de
voir un arrivage de jeunes exemplaires bien
portants de cet arbre célèbre, qui a donné
lieu à tant de fables, mais qui offre un
grand intérêt scientifique et économique.
Pour empêcher l’opinion de s’égarer sur
ce qui concerne ce végétal de la famille des
Artocarpées, et dont le nom véritable est
Galactodendron utile (ou Brosimum Ga-
lactodendron), nous renvoyons nos lec-
teurs à l’article publié par M. Carrière dans
la Revue horticole, il y a neuf ans (1874,
CHRONIQUE HORTICOLE.
'197
p. 312), et nous rappelons ici quelques-unes
des particularités qui s’y rapportent. •
Le Brosimum Galactodendron (arbre à
la vache en français, 'palo de vaca en espa-
gnol, cow-tree en anglais) croît dans
l’Amérique du Sud, au milieu des grandes
forêts qui garnissent les montagnes près de
Cumana, et sur certaines parties du littoral
dans le Vénézuéla.
Cet arbre atteint de 30 à 35 mètres de
hauteur, et souvent aussi, lorsqu’il a acquis
de grandes dimensions, ses branches com-
mencent seulement à 20 ou 25 mètres de
hauteur. Le lait qu’il produit, et que l’on
obtient en faisant des incisions sur le tronc,
possède un agréable goût de crème sucrée,
avec un léger arôme balsamique. Il est un
peu glutineux et forme une boisson nutri-
tive et saine.
Boussingault a reconnu que la composi-
tion du lait produit par l’arbre à la vache
se rapproche de très-près de celle du véri-
table lait de vache.
Le Jardin botanique de Kew, qui avait
reçu de Caracas des graines de cet arbre
alimentaire, en expédia en octobre 1880
des graines germées au directeur du « Vic-
toria Garden, d de Bombay. Celui-ci dis-
tribua des jeunes plantes à plusieurs jardins
botaniques de l’Inde où, jusqu’ici, l’arbre à
lait paraît s’acclimater facilement.
Cependant, l’habitat de l’arbre à la vache,
au Vénézuéla, étant à 10 degrés de latitude
nord, dans des régions très-humides, il
y a peu d’espoir de réussite complète pour
cet arbre dans un pays situé à 11 degrés
plus au nord, et où il tombe annuellement
un mètre d’eau. Il faudra donc conserver
en serre ou envoyer dans' notre colonie de
la Guyane les nouveaux sujets dont nous
parlions précédemment.
Le Spiræa Lindleyana. Les ama-
teurs de jardins se plaignent quelquefois de
la raideur et de l’aspect trop compacte que
présentent les arbustes à feuilles persis-
tantes, lorsqu’ils sont réunis en massifs. Ce
reproche est souvent mérité, surtout lors-
qu’un choix judicieux n’a pas présidé au
groupement des espèces employées.
Nous avons récemment publié une inté-
ressante note de M. F. Morel, de Lyon,
conseillant de disperser, parmi les arbustes
toujours verts, quelques Rosiers francs de
pieds, dont les rameaux sarmenteux émer-
gent au hasard, couverts de feuilles et de
fleurs, et viennent apporter à ces massifs la
note gaie qui leur manquait.
Une plante qui, pour obtenir ce résultat,
sera également employée avec succès, est le
Spiræa Lindleyana^ arbuste du Népaul,
bien connu, mais assurément trop peu em-
ployé. En entremêlant, dans une faible
proportion, à des arbustes verts , le -S.
Lindleyana, on obtient de fort jolis effets.
Son élégant feuillage penné, qui rappelle
certaines Fougères exotiques, rompt, par
sa légèreté et sa couleur vert pâle, l’aspect
un peu lourd et la teinte foncée des plantes
à feuillage persistant.
Cet arbuste peut aussi former des cor-
beilles très-ornementales, mais à condition
d’être planté sans mélange et d’être recépé
tous les ans. Nous l’avons souvent employé
ainsi, et nous pouvons aftirmer que l’effet
en était remarquable.
Lavage des pots. — Beaucoup de gens
oublient que, sous certains rapports, les
végétaux peuvent être comparés aux ani-
maux et que, en dehors des aliments néces-
saires, il existe beaucoup de soins nécessaires
formant ce qu’on pourrait appeler Yhygiène
végétale. Parmi ces soins , il en est un
auquel on fait rarement attention , bien
qu’il soit un des plus importants : c’est le
lavage des pots. Les pots sont aux plantes
ce que le logement est à l’homme. Or, on
sait qu’une des premières conditions de
l’hygiène est d’avoir un logement propre et
salubre, d’où il résulte qu’on doit prendre
soin de tenir les pots bien propres, à l’inté-
rieur et à l’extérieur, afin de les débarrasser,
soit des parasites, soit de certains corps qui
seraient nuisibles aux racines des plantes.
Il faut donc, chaque fois que l’on se sert de
pots, les mettre tremper pendant quelque
temps dans de l’eau où on doit les laisser
d’autant plus longtemps qu’ils ont séjourné
davantage à l’action de l’air. Dans certains
cas, on se trouvera même très -bien de
brosser les pots. Cette précaution est bonne
non seulement pour les vieux pots, mais
même pour les neufs. S’ils sont exempts de
parasites, leurs parois très-sèches peuvent
être défavorables aux racines des plantes par
l’aridité résultant de la cuisson, c’est-à-dire
de Faction du feu. On se trouvera bien
d’ajouter à l’eau quelques cristaux de car-
bonate de potasse.
198
CULTURES POTAGÈRES AUX ENVIRONS DE MENTON.
Nécrologie : M. Duvivier. — Au mo-
ment de mettre sous presse, nous appre-
nons la mort de M. Duvivier, secrétaire
général de la Société nationale et centrale
d’horticulture de France, décédé le 25 avril,
à l’âge de cinquante-trois ans.
La perte de M. Duvivier sera vivement
ressentie par l’horticulture française, et
particulièrement par ses collègues de la
Société à laquelle il consacrait ses soins et
son dévoûment depuis de longues années.
E.-A. Carrière et Ed. André.
GüLTÜflES POTAGÈRES AUX ENVIRONS DE MENTON
Depuis plusieurs années, les jardiniers pri-
meuristes des environs de Paris ont à lutter
contre des printemps très-défavorables. Le
soleil, l’agent le plus indispensable pour
leurs produits, fait presque constamment
défaut, et est remplacé le plus souvent par
des temps couverts et brumeux, ou par des
pluies continuelles. Aussi, avec ces saisons
anormales, malgré leur expérience et la vi-
gilance assidue qu’ils ne cessent de pro-
diguer à leurs cultures, éprouvent-ils fré-
quemment les plus grandes déceptions ;
tant d’efforts ne les conduisent qu’à une
réussite imparfaite.
D’un autre côté, malgré les intempéries
contre lesquelles ils luttent, si par des soins
y-ncessants ils obtiennent des résultats as-
sez satisfaisants « ils arrivent presque tou-
jours après la bataille, y> comme on dit
vulgairement. Leurs produits, qui étaient
autrefois si recherchés, et qui atteignaient
des prix fort élevés, sont aujourd’hui à peine
rémunérateurs. Pourquoi ? La raison en est
bien simple : ces mêmes légumes qu’ils ob-
tiennent avec tant de peines arrivent en
grande quantité du Midi et sont vendus
depuis longtemps déjà chez les marchands
de comestibles, ou même sont criés à la
« petite voiture, » dans les rues de Paris, à
des prix relativement inférieurs. Il est vrai
que le voyage, leur fait perdre une partie de
leurs qualités ; mais leur présence sur nos
marchés n’en fait pas moins baisser le prix
des produits forcés de notre région, qui
pourtant leur sont bien supérieurs.
Il faut donc conclure de là que la cul-
ture des primeuristes parisiens est devenue
des plus ingrates et peu rémunératrice ; les
produits du Midi, qui arrivent tous les jours
par le chemin de fer, leur font une concur-
rence contre laquelle ils ne peuvent lutter.
La rapidité avec laquelle les plus grandes
distances peuvent être parcourues dans
toutes les directions de la France permet
d’approvisionner avec avantage les mar-
chés de la capitale de légumes frais et nou-
veaux, ce qui, il faut bien le reconnaître,
offre les plus grandes ressources pour la
population.
Beaucoup de personnes se demandent
d’où nous viennent ces superbes Choux-
fleurs, si fins et si blancs, qu’on voit sur
nos marchés pendant une partie de l’hiver ;
ces beaux Artichauts si frais et si tendres,
qui en ce moment ornent l’étalage de pres-
que toutes les boutiques de fruitiers; ces
jolis petits Pois verts si appétissants, ces
superbes Haricots verts qui tous les ans
font leur apparition aux halles vers le mois
de mars, etc., etc. Assurément, -notre colo-
nie africaine contribue pour une certaine
part à leur production; mais j’ai pu me
convaincre, par ce que j’ai vu lors de mon
récent voyage dans le Midi, que cette riche
contrée, favorisée l’hiver par une tempéra-
ture des plus clémentes, devait également y
apporter son contingent.
Voici, d’après les quelques études que
j’ai faites surplace, les renseignements que
j’ai pu tirer de diverses localités, et que
m’a donnés principalement avec beaucoup
de détails et d’empressement mon collègue
et ami, M. Thierry, jardinier à la villa Gham-
brun, à Nice. Cet habile praticien a étu-
dié, depuis plusieurs années qu’il est dans
ce pays, le travail des cultures maraîchères,
les espèces de légumes les plus cultivées,
leurs avantages et l’époque de leur récolte,
de sorte qu’on peut regarder comme exacts
les détails que je vais donner.
En général, toutes ces cultures pourraient
être beaucoup mieux faites; mais telles
qu’elles sont, grâce à la chaleur et à un
soleil à peu près continuel, elles donnent de
beaux résultats. Quant aux cultures, outre
qu’elles sont peu variées, elles sont mal
faites et surtout mal soignées ; presque tou-
jours les légumes sont étouffés par l’herbe
et élevés sous les Oliviers, les Citronniers
ou les Orangers. Cependant l’on ne peut
199
CULTURES POTAGÈRES AUX ENVIRONS DE MENTON.
douter, en remarquant leur bonne végéta-
tion, qu’une culture maraîchère bien en-
tendue offrirait là de très-beaux résultats.
Dès le courant de février, le marché de
Menton, que je visitais tous les jours, était
abondamment approvisionné de Pommes de
terre nouvelles, de Ghoux-ffeurs, de petits
Pois, d’ Artichauts, de Choux-pommes, de
Cardons, de Céleris, de Romaines, de Lai-
tues, de Chicorées, de Navets, de Carottes,
de Radis, etc., tous aussi tendres et aussi
frais que s’ils étaient sortis de nos marais
parisiens au mois de juin. Comme j’en man-
geais journellement, j’ai constaté que tous
ces légumes étaient aussi succulents que les
nôtres dans leur saison, et pour ne citer que
les Pois que l’on mange rarement bons à
Paris, ils étaient aussi sucrés et aussi ten-
dres que ceux de nos meilleures espèces.
J’ai remarqué aussi que ce marché était
très-fréquenté par les maraîchers italiens,
qui viennent de très-loin y apporter leurs
produits, et qui passent sans difficulté à la
douane française.
Voici à peu près, avec l’époque de leur
récolte, les légumes que l’on cultive dans
cette région.
Les Choux-fleurs, qui deviennent très-
gros, commencent à donner leur pomme
vers le 15 novembre et continuent jusqu’à
la lin de l’hiver.
Les Artichauts, qui poussent avec une vi-
gueur extraordinaire, forment des buissons
énormes et sont plantés à de grandes dis-
tances; les premiers fruits apparaissent vers
le 15 décembre; leur récolte est|très-abon-
dante et se prolonge pendant très-long-
temps; ils sont excessivement tendres, et
ceux que l’on mange dans la localité sont
cueillis très-petits.
La plantation des Pommes de terre se
fait, sans interruption, depuis le mois d’oc-
tobre jusqu’au mois d’avril, de manière à
en récolter des nouvelles pendant une par-
tie de l’année. On n’en cultive guère que
deux variétés ; une ronde nommée la Saint-
Jean (nom local, je crois) et une longue
qui y est appelée la Hollande. On paraît
n’y connaître nulle part la Pomme de terre
quarantaine. Ces cultures se font le plus
souvent dans les montagnes, sous les Oli-
viers ou les Citronniers.
Il en est de même pour les Fèves de
marais, qui sont semées jusque sur les par-
ties les plus élevées et presque toujours
sous les grands arbres ; la récolte, qui est
très-abondante, commence vers le mois de
février.
Les premiers Pois se sèment en octobre ;
ils se développent très-rapidement et sont
généralement très-élevés. La cueillette se
fait pendant très-longtemps. Il est assez
difficile de reconnaître les variétés qui y
sont cultivées; leur port vigoureux et la
dimension de leurs cosses n’ont aucun
rapport avec les nôtres. Cependant, je
crois qu’ils appartiennent à la section des
Pois à gros grains dits à rames. Pourtant,
dans le vaste potager de Monte-Carlo,
j’ai vu des Pois Michaux dont les graines
ont été tirées d’une de nos meilleures
maisons de Paris. Ces Pois étaient élevés
à près de 2 mètres de hauteur et portaient
des cosses qui ressemblaient plutôt aux
gros Pois sucrés de nos cultures. Le milieu
me paraît donc changer totalement la nature
de ces produits, sans toutefois en altérer la
qualité.
Les Haricots les plus avancés à cette
époque (15 février) étaient à peine fleuris ;
j’appris par les cultivateurs, que j’aimais à
aller voir dans les montagnes, que les pre-
mières récoltes ne se faisaient guère avant
la dernière quinzaine de mars.
Toutes les salades, telles que Romaines,
Laitues, Chicorées, donnent sans interrup-
tion une partie de l’année ; le Céleri même
est planté tout l’hiver, et on le fait blanchir
au fur et à mesure des besoins. Contraire-
ment, les Mâches sont très-rares et peu
estimées.
La culture des Cardons diffère essen-
tiellement de celle pratiquée aux environs
de Paris : on les multiplie, comme les Ar-
tichauts, au moyen d’œilletons, puis, lors-
que les plantes sont assez fortes, on les fait
blanchir. Quand elles sont arrivées à point,
on les coupe rez terre sur les racines,
de manière à faire sortir des œilletons qui
servent à la'multiplication.
Les Choux de Milan et les Choux
nantais sont les plus cultivés ; on les
plante en toutes saisons. Les Choux de
Bruxelles sont excessivement rares et peu
appréciés.
Quant aux racines potagères, telles que
Navets, Carottes, Panais, Ptadis, etc., on
renouvelle leurs semis très-souvent, afin de
les récolter toujours fraîches et tendres.
J’ai été fort surpris d’apprendre que les
200
GIRAUMON PETIT DE CHINE.
premières récoltes d’ Asperges ne commen-
çaient qu’en mars, par conséquent devan-
çant à peine d’un mois celles que nous
cultivons ici. Les Fraisiers, qui m’ont paru
n’avoir qu’une maigre végétation, mûrissent
leurs premiers fruits vers la mi-mars.
Les premières récoltes de Tomates n’ar-
rivent guère qu’en juin; pourtant j’ai re-
marqué au 15 février, dans les jardins de
M. Hanbury, à la Mortola, des Tomates en
espalier, à quelques mètres de la Méditer-
ranée, qui portaient des fruits dont quel-
ques-uns commençaient à rougir; mais je
dois dire que la situation est exceptionnel-
lement favorable.
J’ai vu encore certains autres légumes.
mais qui me paraissent n’avoir ici aucun
intérêt; tels sont les Oignons, les Aulx, les
Epinards, etc., et plusieurs autres qui sont
employés comme fournitures.
Pour terminer cette esquisse rapide des
cultures maraîchères des environs de Men-
ton, je dirai qu’au 15 février 1882, dans
les jardins de la Mortola, quelques variétés
de Gucurbitacées, telles que Potirons, Con-
combres, etc., étaient déjà développées en
pleine terre avec plusieurs feuilles. Le jardi-
nier, M. Villa, me faisait même remarquer
un terrain préparé et disposé pour y semer
des Melons les jours suivants.
Eug. Vallerand.
GIRAUMON PETIT DE CHINE
Sous le nom de Houy INan Koua, on a
introduit de la Chine une espèce de Courge
à petits fruits charmants qui, outre leurs
qualités culinaires, ont encore celle de se
conserver longtemps et de pouvoir constituer
une ornementation spéciale d’un très-bel
effet en les plaçant sur une étagère.
C’est cette variété, que représente la
Fig. 38. — Giraumoii de CJiinCj au 1/6 de
grandeur naturelle.
figure 38, que MM. Vilmorin ont mise au
commerce sous le nom de Giraumon petit
de Chine, et dont nous empruntons la fi-
gure et la description aux Plantes de pleine
terre.
« Ce joli petit Giraumon a été tout ré-
cemment introduit de la Chine par l’inter- |
médiaire du Muséum d’histoire naturelle de
Paris. C’est une plante tout à fait distincte,
qui paraît avoir un véritable mérite. Elle dif-
fère des Giraumons jusqu’ici connus en Eu-
rope par le petit volume de ses fruits, dont
le poids ne dépasse pas ordinairement 800 à
1,200 grammes. Ces fruits sont habituelle-
ment d’un rouge vif panaché longitudina-
lement de jaune et de vert foncé ; la cou-
ronne y est bien marquée, mais ne forme pas
saillie; sa chair est jaune, ferme, farineuse
et assez sucrée. Chaque pied peut porter dix
fruits et même davantage. La maturité en
est assez précoce et la conservation parfaite.
C’est une des races potagères que nous
avon reçues toutes faites de la Chine. »
L’étude que nous avons faite de cette es-
pèce dans les cultures de ^tM. Vilmorin, à
Verrières, nous permet d’ajouter quelques
détails à la description qu’on vient de lire,
et qui, du reste, est exacte de tous points.
Plante vigoureuse, à tige longuement traî-
nantes, à feuilles suhpeltées. Fleurs à peu
près semblables à celles de notre espèce de
Giraumon. Fruits très -réguliers, à écorce
très-dure, sèche. Chair très-ferme, d’un
beau jaune d’or, sucrée, de saveur agréable.
Cavité moyenne, graines assez fortes, ré-
gulièrement obovales.
La cuisson de ces fruits est assez longue ;
la chair ahsorbe^beaucoup d’eau ; elle a un
aspect féculent qui fait que, lorsqu’elle est
bien réduite, elle est légèrement grumeleuse
et rappelle un peu la semoule.
PASSIFLORA ATOMARIA.
Les faibles dimensions des fruits leur
donnent cet avantage de pouvoir être em-
ployés en une fois, ce qui ne peut se faire
201
pour les gros Potirons qui, une fois en-
tamés, se gâtent assez promptement.
E.-A. Carrière.
PASSIFLORA ATOMARIA
La plante qui fait le sujet de cet article a
été obtenue de graines qui m’ont été en-
voyées de la Nouvelle-Grenade. Elle a été
semée, elle a grandi dans mes serres de
Lacroix (Indre-et-Loire). Plantée en pleine
terre,
dernier, le
long d’un
mur au mi-
di, elle a
tapissé un
pan de treil-
lage, de 10
mètres car-
rés, avec ses
pousses vi-
goureuses
et son joli
feuillage
glauque,sur
lequel de
nombreuses
fleurs, du
plus beau
blanc, n’ont
cessé de
s’épanouir.
Enfin elle
y a pleine-
ment déve-
loppé ses
fruits ovoï-
des, longue-
ment pé-
donculés, et
a mûri ses
graines.
M. le doc-
teur Max-
well T. Mas-
ters, le sa-
vant rédac-
teur en chef du Gardeners' Chronicle, qui
a bien voulu étudier, pour le Linnean
Societi/s Journal (1), la collection des Pas-
(1) Lin. Soc. Journal {Botany), vol. XX, p. 44. —
Brochure tirée à part de vingt . pages et, deu-s
planches lithographiées.
siflorées que j’ai recueillies dans la Nou-
velle-Grenade et l’Ecuador, s’est égale-
ment chargé de déterminer cette espèce
dans laquelle il a reconnu le Passiflora
atomaria de Planchon (1) ou P. alba, de
Link et Ot-
to (2). En
voici la des-
cription :
Plante à
végétation
très-vigou-
reuse, à ra-
meaux et
feuilles vert
gai, tendre,
glacé, glau-
que. Feuil-
les plus lon-
gues que
larges, tri-
lobées, un
peu subpel-
tées et sub-
cordiformes
à la base,
à lobe mé-
dian plus
long que
les laté-
raux, tous
oblongs, ob-
tus ou un
peu aigus
mucronu-'
lés, pourvus
dans leur
sinus de
serratures
glanduleu-
.ses, à pé-
tioles pour-
vus ou dépourvus de glandes. Stipules
grandes, foliacées, obliquement oblonguesy
lancéolées entières. Pédoncules égalant ou
(1) Ann. scienc} nat., 5® série, t. X-VII, pp. 152
153. ...i 'i.-.: , - ' ■-
(2) Ic.iAant. rar., t. XXXIII,
202
LES BRUYÈRES FRANÇAISES AU POINT DE VUE DE L’ORNEMENTATION,
dépassant le pétiole. Bractées grandes, folia-
cées, recouvrant le tube de la fleur, qui est
de moyenne grandeur, d’un très-beau blanc
pur à l’intérieur. Sépales foliacés obtus pour-
vus de longues cornes dorsales. Pétales plus
courts que les sépales, ovales lancéolés;
couronne fauciale à filaments externes d’un
tiers plus courts que les pétales. Ovaire ovoïd-e
et stigmates claviformes verts. Fruitlongue-
ment pédonculé, gros comme un œuf, ovoïde,
un peu bossué, vert d’abord, pâlissant ou
jaunissant à la maturité. Graines moyennes,
subtriangulaires, à surface chagrinée.
Cette espèce s’est montrée si vigoureuse,
si ornementale par son joli feuillage; ses
nombreuses fleurs blanches, qui s’épanouis-
sent presque instantanément, chaque matin,
lorsque les boutons sont gonflés, se sont
succédé avec tant d’abondance tout l’été
dernier, que je n’hésite pas à recommander
sa culture aux amateurs de ces charmantes
lianes.
On trouvera le P. atomaria chez M. Go-
defroy-Lebeuf, horticulteur à Argenteui!
(Seine-et-Oise). Ed. André.
LES BRLYÈRES FRANÇAISES AU POINT DE VUE DE L’ORNEMENTATION
Le genre Bruyères comprend une grande
quantité d’espèces, arbustes et arbris-
seaux toujours verts dont les uns, origi-
naires du cap de Bonne-Espérance, ont fait
les délices des collectionneurs de plantes de
la première moitié de notre siècle; les autres
espèces, originaires de l’Europe, ne sont
guère connues que pour les services qu’elles
rendent aux malheureux habitants des con-
trées dans lesquelles ces plantes se rencon-
trent. Mais, sans exception, toutes sont re-
marquables par l’élégance et la légèreté de
leur feuillage, les formes et les couleurs va-
riées de leurs fleurs, et le port gracieux de
leurs tiges. Tant de mérites divers les signa-
laient à l’attention des amateurs.
Ge fut vers 1850 que la culture des
Bruyères africaines commença à décliner,
lorsqu’on s’aperçut, après des essais in-
fructueux, que l’atmosphère trop sèche de
la France leur était nuisible, et que pour
s’en procurer on était obligé de les faire
venir de l’Angleterre. A la suite de l’Expo-
sition universelle de 1855, les goûts de
l’horticulture s’étant portés préférablement
vers les plantes exotiques à grand feuillage
et vers celles à feuilles panachées, qui font
l’ornement des squares et des grands jar-
dins paysagers, la culture des Bruyères fut
à peu près complètement abandonnée.
Quelques horticulteurs seulement se livrè-
rent à cette culture, et pour cette raison
furent désignés sous le nom de spécialistes.
Mais alors on fit un grand choix, et l’on
abandonna la collection. On commença
par supprimer d’abord les espèces délicates,
pour ne conserver que les plus rustiques et
les plus robustes qui, à leur tour, devinrent
tous les jours de plus en plus rares, et ce
n’est plus guère que dans quelques centres
horticoles qu’on en rencontre aujourd’hui,
notamment à Paris, pour l’approvisionne-
ment des marchés, surtout en hiver et au
printemps.
Si la culture des Bruyères africaines est
abandonnée, on peut dire que celle de nos
espèces européennes n’a presque jamais été
connue ; cependant elle exige moins de
soins et moins de frais que la culture des
Bruyères du Gap, et les plantes sont toutes
très-jolies. Est-ce que les fleurs des Erica
tetralix et clliaris ne peuvent pas rivaliser
par l’élégance et la vivacité de leurs cou-
leurs avec celles des plus belles espèces
africaines? Est-ce que leur culture en est
plus difficile? Evidemment non. La cause
principale qui fait que nos Bruyères indi-
gènes ne sont pas cultivées paraît être leur
trop grande abondance dans nos landes, qui
les fait ^considérer comme des plantes trop
vulgaires. Et cependant, pour peu qu’on les
examine, on est frappé de leur beauté, et l’on
ne peut s’empêcher d’admirer ces milliers
de petites fleurs aux brillantes couleurs qui
font les parures des collines arides ou des
lieux marécageux que la nature semble avoir
privés de cette végétation verdoyante qui se
rencontre dans les plaines fertiles. Est-ce
que les fleurs de V Erica cinerea et de ses
variétés blanche et rose ne sont pas aussi
jolies que celle de VErica persohita qui est
originaire du Cap ? Il ne manque à notre
Bruyère que la culture pour la rendre aussi
belle que sa parente africaine. Puisque,
aujourd’hui, les amateurs de belles plantes
recherchent bien nos Fougères champêtres
CULTURE DES CALCÉOLMRES HYBRIDES.
203
— et ils ont certainement raison — pour-
quoi ne rechercherait-on pas aussi les
Bruyères, qui remplaceraient avantageuse-
ment celles du Cap, dont la culture est sou-
vent difficile et presque impossible même pour
certaines ? Est-ce que l’une comme l’autre
ne sont pas des plantes des champs ? Sans
aucun doute ; la seule différence, c’est que
les unes sont à nos portes.
La culture des Bruyères indigènes peut
contribuer avantageusement à l’ornementa-
tion des jardins paysagers, soit en en for-
mant des groupes ou massifs où toutes les
espèces et variétés seraient réunies, soit en
les disposant en bordure sur le devant des
massifs de Rhododendrons ou de Camélias,
où, mélangées aux Andromèdes, elles pro-
duiront le plus charmant effet ; mais pour
cet usage on ne peut cultiver que les
espèces de petite taille.
Le mieux est encore de les réunir en
massif, en plaçant les plus grandes espèces
sur le milieu, si on cultive en plein air. Les
espèces et variétés de taille moyenne, ainsi
que les Andromèdes, se placent au second
rang, et les espèces les plus basses sur le
devant du massif. On a par ce moyen des
groupes d’une grande beauté, donnant de
la verdure et des fleurs toute l’année, car
les premières fleurs qui apparaissent sont
celles de VErica herhacea, qui se montrent
dès les premiers jours de février et mars,
pour finir par celles de VErica vulgaris en
août et septembre. C’est une floraison
presque continuelle.
Dans nos départements humides de
l’Ouest, on peut placer indistinctement les
espèces et variétés de Bruyères à toutes les
expositions mais le grand air et un peu
d’ombrage sont préférables pour la culture
en massif, et, malgré que l’atmosphère soit
assez humide pour les empêcher de souf-
frir des grandes chaleurs, on fera cependant
CULTURE DES GA.LG
En horticulture, lorsqu’il s’agit de Cal-
céolaires, on donne le qualificatif «r hybride »
à une race particulière dont il serait diffi-
cile ou plutôt impossible de préciser l’ori-
gine. Donc, ce que l’on a écrit à ce sujet
ne repose que sur des hypothèses. Ainsi,
par exemple, on a dit que cette race pro-
vient du croisement des Calceoelaria
bien de les arroser un peu pendant les
grandes sécheresses de l’été, et de leur
donner une terre légère et sablonneuse
qu’elles préfèrent à la terre de bruyère pure.
Je parle ici de l’Ouest de la France, de la
Bretagne particulièrement.
On cultive également quelques espèces
méridionales qui viennent aussi belles que
dans leur patrie, mais qui pourtant sont
loin de produire l’effet d’un massif où se-
raient réunies toutes les espèces et variétés
appartenant à l’Europe moyenne.
Dans les promenades botaniques que
nous faisons de temps à autre dans les
campagnes, nous avons eu maintes fois
l’occasion de rencontrer des variétés à
fleurs blanches de toutes nos espèces com-
munes. Plusieurs oiit été arrachées et
plantées au Jardin botanique de Brest, où
elles ont reproduit des fleurs exactement
pareilles et aussi blanches que dans les
localités où elles se sont produites. Ce sont
surtout ces variétés que nous conseillons de
cultiver en les mêlant aux types ordinaires,
et qui alors formeront des massifs aussi
jolis que gracieux et peu coûteux à culti-
ver. Les belles choses ne sont pas toujours
les plus rares. Ci-après une liste des espèces
et [variétés pouvant se cultiver en pleine
terre à l’air libre :
Première grandeur. — Erica arhorea,
E. 'polytrichifolia.
Deuxième grandeur. — Erica mediter-
ranea^E. scoparia, E. stricta.
Troisième grandeur. — Erica multi-
flora^ E. ciliaris, E. ciliaris alha, E.
cinerea, E. cinerea alha, E. cinerea
rosea^ E. poliifolia, E. poliifolia alha,E.
herhacea, E. vagans, E. tetralix, E. te-
tralix alha, E. vulgaris, E. vulgaris
alha, E. vulgaris flore pleno.
Blanchard,
Jardinier en chef à l’hôpital de la marine, à Brest.
lOLAIRES HYBRIDES
corymhosa, Ruiz et Pavon, C. crinati-
flora, Cav., et du C. arachnoidea,
Graham. Aucun de ces dires n’est ni ne
peut êtrelprouvé, et tout ce que je pourrais
tenter à cet égard ne servirait pas à éclairer
la question, au contraire ; aussi j’y re-
nonce, pour ne m’occuper que de la
culture de ces admirables plantes qui, du
204
ÆSCHYNANTHUS PULCHER.
reste, sont bien connues et justement
appréciées comme très-méritantes au point
de vue de l’ornementation. Ces plantes sont
bisannuelles.
On sème les graines de juin à septembre,
en pots ou en terrines remplis de terre de
bruyère grossièrement concassée, recou-
verte d’un centimètre environ de cette
même terre, mais alors très-fine, sur la-
quelle on sème. Vu l’extrême ténuité des
graines, celles-ci ne doivent pas être recou-
vertes, mais seulement appuyées sur la
terre, rendue légèrement humide, de ma-
nière qu’elles adhèrent au sol. Il va sans dire
que les arrosages devront être faits à l’aide
d’une pomme dont les trous seront très-
petits. Les vases devront être placés à
mi-ombre jusqu’à la levée complète des
graines.
On peut également semer en pleine terre
dans le sol siliceux d’une plate-bande au
nord, ou que l’on abrite au besoin à l’aide de
paillassons. Quand les plants ont de 3 à
4 feuilles, on les repique soit en pots ou en
terrines qu’on abrite du soleil, soit même en
pépinière en pleine terre, à une exposition
ombragée et surtout abritée du vent. La
terre de bruyère additionnée d’un peu de
terre franche convient à ces plantes. A
l’automne, les plantes seront relevées de
pleine terre et mises en pots ; celles qui
avaient été repiquées dans des vases seront
séparées et également mises dans des pots
de même dimension, puis on les hivernera
sous châssis ou sur les tablettes d’une serre
tempérée, près des vitres. Dans un cas
comme dans l’autre, les soins, pendant
l’hiver, se bornent à des arrosages qui, du
reste, doivent être donnés très-modéré-
ment. Il faut également veiller à ce que la
pourriture ne gagne pas les plantes, et enle-
ver avec soin les feuilles qui seraient plus
ou moins altérées.
Les Galcéolaires sont très-fréquemment
attaquées par les pucerons, qui leur causent
un tort considérable et pourraient même
les faire périr si l’on n’intervenait pas. Il
faut donc veiller avec soin, et aussitôt qu’on
aperçoit des pucerons, les détruire à l’aide
des fumigations de tabac. Il serait même pré-
férable d’agir préventivement et, toutes les
semaines, d’enfumer la serre ou les coffres
où sont placées les Cinéraires. Au lieu de
fumigation, on peut employer avec avantage
la vapeur de nicotine ; le résultat est même
plus assuré et au moins aussi bon. Ce
moyen est préférable. Guillon.
ÆSCHYNANTHUS PULCHER
Les Æscliynanthus, jadis très-cultivés,
le sont aujourd’hui beaucoup moins et ten-
dent même à disparaître des cultures. C’est
regrettable, car, pour mettre dans des
suspensions, ce sont d’excellentes plantes
Outre leur port, qui se prête parfaitement
à ce genre de décoration, leurs fleurs nom-
breuses et brillantes, réunies en forts bou-
quets à l’extrémité des rameaux, suffiraient
pour les faire admettre dans les serres
chaudes, qu’elles ornent admirablement.
L' Æschynanthus pulcher {Æ. Boscia-
nus, Mort, aliq.) présente les caractères
généraux suivants :
Plante vigoureuse, très-floribonde, à ra-
meaux décombants, pleureurs, quand les
pieds sont élevés. Feuilles persistantes,
épaisses, coriaces, luisantes, très-entières,
courtement ovales, sur un court pétiole de
3 à 5 millimètres. Fleurs très-longues, réu-
nies par petitsgroupes sur de courtes ramilles
axillaires, parfois à l’extrémité de rameaux
vigoureux, et alors en groupes plus forts ;
pédoncule court. Calice tubuleux, courte-
ment denté, vert brunâtre. Corolle tubu-
leuse, ouverte, bilabiée au sommet, à divi-
sions très-inégales. Étamines incluses ou
à peine légèrement saillantes; style dépas-
sant longuement la corolle.
Culture. — Comme à peu près toutes les
espèces du genre, celle-ci réclame la serre
chaude ou au moins une bonne serre tem-
pérée. Elle s’accommode tout particulière-
ment d’une culture en panier, comme plante
de suspension, avec de la terre grossière-
ment concassée; elle réussit également
comme plante épiphyte placée sur des bû-
ches ou le long du mur, dans de la mousse
ou du sphagnum. De fréquents bassinages
sont nécessaires, surtout si la température
de la serre est élevée et si les plantes sont
dans de la mousse ou dans du sphagnum.
Rroue //o/RroR.
God/JbrcL. deiy
Æ’scliifian (h us pulclier.
EXPOSITION INTERNATIONALE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND. 205
En général, du reste, les Æschynanthus
aiment l’humidité.
Quant à la multiplication, on la fait par
boutures qui s’enracinent promptement et
facilement.
E.-A. Carrière.
EXPOSITION INTERNATIONALE
DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND
La Société royale d’agriculture et de bota-
nique de G and vient de convier, pour la on-
zième fois, l’horticulture européenne à l’ime
de ses admirables fêtes quinquennales.
C’est un grand succès à ajouter aux précé-
dents.
Les vastes salles du Casino, les nombreuses
serres élevées dans le jardin, les massifs, les
pelouses, regorgeaient de produits horticoles,
dont l’agencement attestait le goût, l’activité,
l’esprit d’ordre et de classement des organisa-
teurs.
Un temps superbe, un beau soleil a favorisé
l’ouverture de l’exposition.
Le samedi 14 avril, à dix heures du matin,
ont commencé les opérations du jury, assem-
blé dans l’ime des salles du Casino. Après
quelques mots de bienvenue adressés aux cent
vingt-huit jurés venus de toutes les parties de
l’Europe, M. Rolin, président de la Société, an-
nonça, aux applaudissements .de l’assemblée,
que le président général du jury, désigné par
le conseil d’administration, était M. A. La-
vallée, président de la Société nationale d’hor-
ticulture de France, et le secrétaire général
M. le docteur Maxwell T. Masters, rédacteur en
chef du Gardeners' Chronicle. L’appel nominal
des jurés et leur répartition dans les vingt et
une sections organisées ayant eu lieu, l’examen
des lots exposés et l’attribution des récom-
penses commencèrent. Grâce à une entente
parfaite dans la distribution du travail, ce for-
midable amas de richesses végétales fut étudié
et jugé, comme dans les expositions précé-
dentes de la Société, avec une rapidité que
nous ne saurions trop admirer. A deux heures
de l’après-midi, tout était examiné, un lunch
réunissait les juges et se terminait par de cha-
leureux toasts empreints d’une franche cor-
dialité.
Dimanche 15 avril, l’inauguration officielle
de l’exposition eut lieu à une heure et demie,
et S. M. la reine des Belges, accompagnée de
S. A. R. la comtesse de Flandre, en l’absence
du roi retenu à Bruxelles par une indisposi-
tion, tint à honneur de montrer, en visitant
le Casino, l’intérêt que les souverains de la
Belgique portent à l’horticulture, principale
branche de l’industrie gantoise.
Fidèle au programme que nous avons déjà
tracé ici à plusieurs reprises, nous n’entre-
prendrons point ce qu’on appelle un « compte-
rendu » de l’exposition de Gand.Un semblable
travail n’intéresse guère que l’industrie locale
des horticulleurs. Il nous semble plus pra-
tique, plus utile de signaler simplement les
traits saillants, de nous efforcer de préciser les
progrès réalisés, les changements survenus
dans les cultures, d’indiquer les préférences du
jour et les enseignements qui en découlent.
Tout d’abord, nous devons déclarer que
l’exposition était surtout remarquable par son
éclat, par la quantité et la belle culture des
plantes fleuries. Nous y avons constaté une
décroissance marquée dans les collections de
plantes uniquement à feuillage ornemental. On
dirait que les grands jours sont passés, où la
beauté du port d’une plante et de ses feuilles
l’emportait sur la grâce, la couleur et le par-
fum des fleurs. Les Palmiers, les Gycadées et
d’autres familles restent cependant très en
honneur, et notre observation générale n’em-
pêche pas que de nombreux horticulteurs et
amateurs aient contribué au succès des con-
cours par de magnifiques exemplaires dans
tous les genres.
Un autre point à noter, c’est la pénurie re-
lative d’espèces nouvelles d’introduction di-
recte. Malgré le grand nombre de collecteurs
de plantes qui parcourent les contrées encore
peu connues de la terre, on dirait qu’un ralen-
tissement notable se produit dans l’importa-
tion des nouveautés. Presque toutes ces plantes
appartiennent d’ailleurs aux régions intertro-
picales, et sont par conséquent de serre tem-
pérée ou chaude. Absence presque totale d’ai--
bres et d’arbustes de jilein air. Il semblerait
que l’exploration do la Californie, de la Chine
et du Japon, poursuivie avec tant d’ardeur
pendant un demi-siècle, ait épuisé pour long-
temps la riche veine si fructueusement ex-
ploitée par la génération qui nous a précédés.
C’est seulement vers l’Asie centrale que se di-
rigent actuellement nos espérances ; mais, au
lieu de riches moissons, il faudra se contenter
de récoltes comme celles que MM. A. Regel,
Korolkow, etc., ont recueillies dans les der-
nières années.
Ah jove 'principiiim. Il convient de commen-
cer par la première section; les plantes nou-
206 EXPOSITION INTERNATIONALE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D’aGRICULTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND
velles, que nous avons eu l’honneur de juger,
en compagnie de MM. Planchon , Masters,
Veitch, Morren et Van Volxem. C’est là, en
effet, autour de ces tables où les espèces, iné-
dites ou rares, ont été groupées pour que l’œil
de l’observateur saisisse mieux leurs carac-
tères, que se concentre l’intérêt principal d’une
exposition horticole, je veux dire au moins
pour les véritables amateurs. Avant de songer
à bien cultiver, il faut posséder la plante. Hier,
elle était inconnue de tous, vivant dans quelque
coin perdu des forets vierges de l’Ecuador ou de
.lava ; la voici aujourd’hui importée après mille
péripéties, souvent au prix de la vie de l’explo-
rateur. Bientôt les horticulteurs, les propaga-
teurs vont se la disputer à prix d’or. Elle sera
répandue à profusion, ornera nos jardins ou
nos serres et fera les délices d’un immense
public qui ignorera quelles peines son intro-
duction a coûtées.
Le concours n° 1, comprenant six plantes
nouvellement introduites en Europe par l’ex-
posant, a été le triomphe de la maison Van
Houtte, qui reste bien, en première ligne, à la
tête de l’horticulture gantoise. Ses plantes nou-
velles se composaient : de Y Amorphophallus
imperialis, des Philippines, à large pétiole zébré
comme une peau de serpent; le Washingtonia
vohusta^ delà Californie, dont on dit merveille,
pour sa rusticité dans le Midi de la France ; les
Delabecheia macropJnjUa de la Nouvelle-Calé-
donie (port d'un BracJiychiton) un Anthurium
innommé, de l’Amérique centrale ; un Attacia
nouveau, des îles de la Sonde ; Y Anthurium
Smidtcheni, de la Nouvelle-Grenade.
La maison Jacob-Makoy et Cie, célèbre éta-
blissement horticole de Liège, a obtenu le
meme succès pour six plantes nouvelles non
au commerce. C’étaient les espèces suivantes :
Ap)helandra Margaritæ, charmante Acanthacée
à feuilles lignées de blanc, à bractées pectinées
et à dents brunes, à Heurs du })lus bel orangé;
Bertolonia Closoni, espèce brésilienne comme
la pi’écédente ; Crgptanthus Glasii, Bromé-
liacée de même drigine, étrange par ses feuilles
ressemblant à du cuir et couvertes de poils
blancs ou bruns apprimés ; Croton Bennetti,
des Nouvelles-Hébrides; Philolendron Sodiroi,
de l’Écuador, jolie Aroïdée à feuilles pétiolées
de rouge, dont le limbe est marbré-argyré en
dessus; Tillandsia variegata , du Mexique,
Broméliacée à feuilles réunies en bulbe à la
base, et tordues comme les tentacules d’un
poulpe.
M. Van Houtte, dans les concours 4 à 6,
pour les plantes nouvelles ou nouvellement au
commerce, s’est présenté avec de remarquables
plantes, parmi lesquelles on distinguait Y Ara-
lia Kerchovei^ aux feuilles palmatilobées, à
folioles bordées de larges dents, les Anthu-
rium Wallisii et Brownii^ tous deux portant
de belles feuilles cordiformes; YAralia nobilis,
de la Nouvelle-Calédonie, qui nous semble un
Meryta ; le délicat, nuageux Asparagus te-
nuisissimus^ du Cap ; YAlocasia VanHouttei,
de l’Amérique centrale, rappelant Y A. commu-
tata, Brongt. ; la toute nouvelle Aroïdée de
M. W. Bull : Anthurium splendidum^ aux
feuilles bullées, étranges autant que belles, bien
que*les exemplaires soient fort jeunes, etc. Une
curieuse et jolie forme cristée du Cyrtomium
falcatum, rustique comme le type, le char-
mant Bertolonia Eeckhautei, sablé de blanc
sur fond vert tendre ; une belle Gesnériacée
(Bosanovia) de semis, à Heurs jaunes, prenaient
place dans des concours séparés.
M. IMoens exposait un superbe exemplaire du
Bavenea Hildebrandti^ beau Palmier des îles
de la côte orientale africaine; le Pritchardia
Moensii^ de Pomotou.
Nous avons trouvé M. A. Van Geert à la tête
d’une très-remarquable collection de plantes
nouvelles. Il s’est rendu acquéreur d’une
superbe Aroïdée, Y Anthurium G-ustavi, Regel,
la dernière plante que Wallis mourant 'expé-
diait de la Nouvelle-Grenade, en 1878. L’his-
toire^ de cette plante a été publiée avec de très-
intéressants détails, dans le dernier numéro de
la Bevue de l’horticulture belge et étrangère^
que nos amis de la rédaction de ‘ce journal ont
fait paraître, par un tour de force d’activité, le
jour même de l’Exposition. A côté des magni-
fiques limbes suborbiculaires de cette plante,
originaire des environs de Buénaventura, sur
la côte néo-grenadine du Pacifique, on remar-
quait le Pritchardia grandis vera, de Bornéo,
à limbes plus courts que le Licuala grandis^
le Wormia Burbidgeana, de la même île; le
Vriesea eumorpha, du Brésil, queM. Ed. Morren
vient de publier sous le nom de V. Barilleti-,
le Selaginella grandis^ de Bornéo, à feuilles
très-élargies ; le joli Dieffenbachia reginœ,
dont la patrie sud-américaine n’est pas pré-
cisée ; le délicieux Leea amabilis, de BoÂéo,
aux feuilles pennées, d’un vert sombre velouté,
à bande centrale d’un beau blanc, une des
plus gracieuses plantes à feuillage récemment
introduites ; le Dracæna Massangeana, variété
de YAletris fragrans à bandes alternative-
ment jaunes et vertes, et beaucoup d’autres
espèces.
Les plantes nouvelles comprenaient encore,
dans la salle du haut où ces trésors étaient
rassemblés, les Palmiers de M. Vuylsteke, de
Loochristy, près Gand. Nous avons trouvé,
dans ces lots, les Pritchardia pe7Hcularum et
P. Vuylstekeana^ qui se ressemblent beau-
coup ; tous deux sont des îles Pomotou. Les
Kentia Fipan,Sagus amicarum, Calamus Pa-
taneïisis, se ti'ouvaient encore dans cette collec-
tion; mais ces jeunes exemplaires sont encore
trop faibles pour qu’on juge de leur mérite.
EXPOSITION INTERNATIONALE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE d’AGRICULTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND. 207
Les lots de M. James Bray contenaient de
fort bonnes choses, dont la provenance n’était
pas ignorée des membres du jury. Nous y
avons remarqué VAlocasia Johnstoni, intro-
duit par M. W. Bull ; le Caraguata cardinalis,
que nous avons importé de l’Amérique du Sud ;
le bel Alocasia Thihautiana, Vlieliconia
triumphans, etc.
Notre collaborateur et ami, M. de la Devan-
saye, avait apporté, de ses belles serres du
Fresne, ses nouveaux Anthurium, variétés
yVA. Scherzerianum à spathes panachées, qui
ont conquis tous les suffrages.
Mais le grand succès des Aroïdées nouvelles
a été pour la magnifique plante issue de la
fécondation de notre Anthurium Andreanum,
par VA. ornatum, gain de M. Bergman, de
Ferrières. Dans ce superbe exemplaire, cou-
vert de grandes et belles feuilles et de quatre
fleurs, dont l’une, à spathe de io centimètres
de diamètre, offrait le ton rose le plus délicat
et le plus inattendu, il était difficile de recon-
naître la petite plante exposée, pour la pre-
mière fois, })ar M. Bergman, à l’exposition
automnale de 1882, à Paris. Nous avons eu la
satisfaction d’apprendre que l’édition de cette
haute nouveauté a été acquise par MM. Veitch,
de Londres.
Une très-belle Fougère, variété plus vigou-
reuse du Gijmno (J ranime schizophylla, a valu
à son obtenteur, M. Maron, du château d’IIer-
bault (Loir-et-Cher), une distinction bien mé-
ritée, la plante étant énorme et très-bien cul-
tivée.
Pour épuiser la liste des nouveautés sail-
lantes soumises au concours, il nous faudrait
({uitter cette salle et aller chercher, dans la
grande salle du palais, les Rhododendrons
hybrides nouveaux de MM. Veitch. Nous les
retrouverons un peu plus tard.
Passons aux Orchidées, qui ont hrillé, cette
fois, du plus vif éclat. De nombreuses collec-
tions, bien cultivées, admirablement fleuries,
arrachaient littéralement des cris d’admiration
aux visiteurs charmés.
Au premier rang, le lot exposé par M'^e Bod-
daert Van Cutsem, de Gand, la femme du
célèbre chirurgien et orchidophile. Cent vingt
espèces en fteui's, tel était le total de cet admi-
rable apport. Parmi les spécimens les mieux
fleuris, nous avons noté; de nombreux Vanda,
les Lycaste Skinneri, avec quarante fleurs,
Lœliaharpophylla, le magnifique Cymbidium
Lowii orné de ses longues guirlandes, le bril-
lant Odontoylossum triumphans et ses va-
riétés, les labelles bleus hérissés du Zyyope-
talum crinitum, les fleurs blanches tachetées
de V Odontoylossum Rossi, un très-bel exem-
plaire iV Odontoylossum vexillarium aux larges
périanthes roses, une touffe de Cypripedium
niveum très-bien cultivé, VAda aurantiaca
couvert d’épis écarlates, les Masdevallia Veit-
chi, Cypripedium lœviyatum et vülosum,
le Cattleya Trianœ album, la jolie variété
Odontoylossum crispum que nous avons
rapportée des Andes de Pasca et que nous
avons nommée Mariæ, les beaux thyrses du
Dendrobium Grifflthi, le Saccolabium ampuU
laceum, etc.
Les serres du docteur Boddaert sont une des
curiosités de Gand. Pilles sont au nombre do
cinq, divisées suivant le temjiérarnent spécial
do chaque tribu géographique de ces char-
mantes plantes. Le jardinier en chef, M. Wilke,
est un fort habile cultivateur, dont nous avons
eu grand plaisir à visiter les cultures. Le bel
Odontoylossum Wilkeanum lui a été très-
justement dédié.
Depuis qu’il a quitté les affaires, supérieure-
ment conduites aujourd’hui par son fils,
M. A. Van Geert père s’est fait amateur d’Ür-
cliidées, et il vient de s’affirmei’, à l’exposition,
par une collection choisie, couverte de fleurs.
Nous avons remarqué les Odontoylossum
Roezlii album, aux larges fleurs d’un blanc
de neige ; les quatre délicates guirlandes blan-
ches de V Anyrecum citratum, les nombreuses
fleurs blanches à labelle lilas d’une vieille et
toujours jolie espèce brésilienne, le Leptoles
bicolor, les grappes rouges du Dendrobium
sanyuineum, la belle variété maculatum de
V Oncidium cucullatum, etc.
Dans un lot charmant d’Orchidées de M. Ver-
vaet se voyaient des spécimens bien fleuris de
Phalænopsis Schilleriana, Dendrobium cras-
s inode Barberianum, Cypripedium læviya^
tum, Odontoylossum Peseatorei, Dendrobium
superbum yiyanteum, Oncidium pubes, Odon-
toylossum membranaceum, Dendrobium crys-
tallinum, Oncidium primulinum, Oncidium
luridum, etc.
Les Masdevallias avaient été l’objet de con-
cours spéciaux, bien remplis par MM. Van
Iloutte, Vervaet, etc. Ces bizarres et gracieuses
petites plantes sont en faveur croissante, et
parmi les espèces moins brillantes, mais assez
recherchées, il faut citer les M. Shutleworthii
et trianyularis, sans parler de simples variétés
issues de Veitchi et de Lindeni, et qui ont reçu,
à tort, selon nous, des noms d’espèces.
M. Ch. Vuylsteke, de Loochristy, près Gand,
vient de se révéler comme un cultivateur de
grand mérite, par ses nombreux apports, ses
Palmiers nouveaux, son arbre couvert d’Orchi-
dées de manière à rappeler la disposition
naturelle de ces pseudo-parasites, et d’autres
envois que nous retrouverons tout à l’heure.
Mais rien ne saurait peindre l’effet de la masse
de fleurs d' Odontoylossum crispum qu’il avait
exposée en un seul lot. Ses variétés Alexandræ
et formes voisines dominaient, et plusieurs des
plus pouvelles étaient placées à part, formant
208 EXPOSITION INTERNATIONALE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE d’aGRICULTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND.
un lot choisi, parmi lesquelles celle nommée
Président Zaldua, à fleurs jaune paille, ta-
chées de brun rouge, était une plante hors
ligne.
Depuis quelques années, les amateurs de
V Anthurium Scherzerianum suivent avec in-
térêt le développement d’une variété à spathes
blanches, grandes, lignées de rose au centre,
et à spadice doré, très-supérieure à l’ancienne
forme nommée Williamsi. Son obtenteur,
M. D. Vervaene père, exposait un beau pied
de ce gain, portant sept fleurs. La plante, nom-
mée A. S. Vervaeneanum. sera bientôt au com-
merce ; on se la disputera'à de très-hauts prix.
Jetons un regard admiratif au Massangea
tigrina de M. F. Massange de Louvrex, aux
spécimens variés d’arbres à caoutchouc de
M. Christy, au Ruhiis panaché de Mandchourie
de M. G. Gyselinck, aux Anæctochilus de
MM. A. Van Geert et Dallière, miniatures de
coloration délicieuse, aux Sonerila et Berto-
lonia de M. Van Houtte, et quittons la salle
des nouveautés, sans avoir cité tout ni épuisé
l’intérêt qu’elles présentent.
Descendons au rez-de-chaussée, après avoir
contemplé un instant, du haut du grand esca-
lier, l’aspect féérique de cet ainoncellement de
trésors horticoles.
V oici les énormes gerbes fleuries d’ Azalées
de l’Inde d’un amateur classique en ce genre,
M. de Ghellinck de Walle, resté fidèle aux
traditions paternelles, et qui n’est surpassé
par personne dans cette brillante spécialité.
Ses plantes sont irréprochables de culture, de
floraison et d’éclat. C’est le non 'plus ultra
des beaux spécimens.
Les lots d’ensemble d’Azalées, de MM. le
comte de Kerchove, Beaucarne, Rosseel, Ch.
Vuylsteke, d’IIaene, D. Vervaene, D. Putte;
les variétés nouvelles de MM. Van Houtte,
Vervaene et Van Eeckhaute présentent de si
rares mérites, sont si éblouissants de floraison,
que la tâche du jury de cette section a été
des plus difficiles à remplir.
Au pied du grand escalier, nous sommes en
présence de deux lots de tout premier ordre, li-
bellés Miscellanées. Nous voici revenus aux plus
grands jours de la belle culture. Spécimens
énormes de jilantes fleuries ou à feuilles d’or-
nement, de serre froide et tempérée, on ne sait
ce qu’on doit le plus admirer de la perfection
du choix des espèces ou de la perfection de
leur formes. M. Dallière a remporté la palme
de haute lutte. Voici, parmi ses plus belles
plantes, celles qui nous ont surtout frappé :
Dieffenbachia Leopoldi^ Croton magnoUæfo-
lium, Anthurium Laucheanum , Maranta
Kegeljaniana^ Gleichenia spelimcæ , Aralia
{Meryta) sonchifolia, Anthurium crystallinum^
A. Veitchi^A. Warocqueanum, Croton Queen
Victoria, Dracæna Robinsoniana, Vriesea
tessellata, Æchmea Lalindei, Pandanus Pan-
cheri, et enfin deux des plantes que nous avons
découvertes et rapportées de notre voyage dans
la Nouvelle-Grenade, le Philodendron glorio-
sum, avec vingt-cinq feuilles, et V Anthurium
Andreanum à grandes fleurs , la véritable
forme datant de notre première introduction,
et que M. Dallière a surnommée giganteum,
en raison du développement inusité de ses
spathes régulières.
Dans le lot rival, appartenant à M. A. Van
Geert, les exemplaires suivants ne le cédaient
guère en beauté au lot précédent. C’étaient:
Chorizema varians, Diosma ericoides, Clero-
dendron Balfourii, Hydrangea Otaksa, Dra-
cophyllum gracile, Genista elegans, Choisya
ternata, Pitcairnia (non Puya) Altensteini,
Eriostemon myoporoides, Metrosideros flori-
bunda, Deutzia gracilis d’un mètre de dia-
mètre, Calla Æthiopica nain, etc., etc.
Mais M. A. Van Geert trônait également
dans un autre apport, situé au milieu même de
l’exposition, et où se dressait un superbe exem-
plaire V Anthurium Gustavi, à feuilles ded™ 20
de diamètre, entouré d’une brillante popula-
tion de : Dracæna Baptisti, Pteris Ouvrardi,
Pandanus ornatus [Van Houtteij, Sarracenia
Drummondi, Maranta Bachemiana, Dieffen-
bachia amœna, Nepenthes bicalcarata portant
dix ascidies, Delarbrea [Aralia] spectabüis,
Anthurium Dechardi, Colea undulata, etc.
Poursuivons notre course à travers les
grands spécimens de plantes variées et fleuries.
M. Van Houtte nous arrête avec son magni-
fique lot comprenant, parmi tant d’autres
splendeurs, les : Genetyllis tulipifera, Fran-
ciscea, Polygala buxifolia, Dracophyllum
gracile, Anthurium Scherzerianum, Pimelea
spectabilis, Helichrysum macranthuyn, Erios-
temon intermedium , Mitraria coccinea ,
Diosma qmrpurea, Anthurium Andreanum,
Cochliostema Jacobianum, Prostanthera ni-
vea. Rhododendron Veitchi, etc. On le voit,
un grand nombre de ces plantes font partie
de ces espèces australiennes autrefois en hon-
neur dans les collections et devenues si rares
de nos jours. H faut complimenter M. Van
Houtte de s’en être fait le conservateur pas-
sionné.
Le même exposant nous a cliarmés par ses
beaux exemplaires de Clivia miniata nou-
veaux. On ne sait ce qu’on doit le plus admi-
rer des variétés nommées Marie Van Houtte,
Madame Donner, Léonie Van Houtte, Glu
Van Eeckhaute, Madame Peeters, Madame
Van Houtte. Ce sont des plantes magnifiques
et l’on comprend très-bien les hauts prix
qu’elles atteignent, en même temps que les
passions rivales que leur possession a fait
naître et dont nous raconterons quelque jour
riiistoire.
EXPOSITION INTERNATIONALE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND. 209
C’est encore à M. Van Houtte que nous
devons ces superbes touffes d’Aroïdées, au
milieu desquelles nous notons les noms sui-
vants, en admirant la culture : Philodendron
Melinoni Paranaense, Spathiijhyllum Ort-
giesii, Anthurium Dechardi^ A. Laucheanum,
A. ornatum, Alocasia PJdbautii, etc., etc..
Arrivons maintenant aux Palmiers. Quel
groupe imposant envoyé par M. de Gliellinck
de WalJe, et installé, au fond de la grande
salle, en face de l’escalier ! Au centre, do-
minant fièrement ses congénères, le Ceroxylon
Andicola^ l’arbre à cire des hautes Cordillères,
développe des frondes de sept mètres de lon-
gueur, exubérantes de santé, comme celles que
nous avons cueillies en 1876, à Las Crucès,
dans la région froide du Quindio. Autour de
lui se dressent de superbes exemplaires de
Pritchardia macrocarpa, Livistona Hoogen-
dorpii, Sabal Blackburniana, Cocos Bonneti,
Areca Baueri, Kentia divers, Phoenix rupi-
cola^ Areca sapida, Livistona australis,
Acanthorhiza stauracantha.
Chez M. Van Houte, qui expose aussi de
très-beaux spécimens de Palmiers, nous trou-
vons, outre un certain nombre des espèces pré-
cédentes, les Wallichia oblongifolia^ Areca
furfuracea, A. aurea, Acanthophœnix crinita,
Verschaffeltia melanochœtes , Kentia Wend-
landiana, etc.
M. Moens, MM. Vervaet et C^, M. Spae,
M. d’Haene, sont égalernents concurrents dans
la section des Palmiers, et leurs collections
contiennent des plantes du plus grand intérêt.
Non loin de là, adossés à un groupe de
plantes à feuillage décoratif, voici les fameux
Rhododendrons nouveaux de MM. Veitch, de
Londres. C’est une révélation. Ces habiles hor-
ticulteurs ont hybridé, depuis plusieurs années,
plusieurs espèces appartenant à l’extrême
Orient : Bh. Javanicum, de Java, Bh. jasmi-
niflorum, du Moulmein, Bh. Lobbianum., de
l’Inde. Il en est résulté des croisements extra-
ordinaires, où se mélangent les caractères des
parents. Feuillage généralement verticillé; tiges
articulées par étages, fleurs en beaux bou-
quets radiés; corolles tubuleuses, à limbe bien
ouvert, ■ coloris rose tendre, rose saumoné,
orangé, doré, rouge écarlate, magenta, ponceau,
jaune paille, tout cela avec des reflets métal-
liques étranges, et des étamines qui exagèrent
le ton général de la corolle, voilà de quoi tour-
ner la tête des amateurs, quand ces trésors
seront mis au commerce, ce qui ne tardera pas.
Auprès des Palmiers, se groupent les Cyca-
dées. Ces plantes singulières, qui rappellent
les âges préhistoriques, rares survivantes des
types ensevelis dans les couches profondes du
globe terrestre, ont toujours eu en Belgique
de fervents amateurs. M. de Gliellinck de
Walle est encore vainqueur dans cette lutte, et
nous relevons dans ses apports les Le^ndoza-
mia Perofskiana, Macrozamia Mac-Leayi,
Zamia Hildebrandti., Katzeriana, Vroomi^
Van Geertii, etc. MM. Van der Wouwer, de
Smet, Wartel, d’Haene, sont aussi de rudes
concurrents dans cette intéressante spécialité.
Voici les Fougères en arbre. Lauréats :
MM. Wartel frères, deGand; d’IIaene, de Ghel-
linck, Vervaet et Gî^ , etc. Nous remarquons les
Alsophila Paraguayensis., Ilemitelia Smithii,
Cyathea Burkei et C. Dregei ; le grand Cya-
thea medullaris deM. de Gliellinck, le Cyathea
dealbata de MM. Vervaet et Ci®, etc.
Une salle annexe de la grande rue du Casino
abrite des raretés, de charmants bouquets et
ornements en fleurs de MM. Lippens, Van den
Heede et Van Driessche-Leys ; les Jacinthes
admirablement fleuries, apportées de Haarlem
(Hollande) par MM. Byvoet frères ; les beaux
Lis en fleurs, surtout les variétés de Tliun-
bergianum., les L. Ilansoni et L. Brownii de
M. Van Houtte ; les Amaryllis, variétés de sur-
choix de M. Ch. Vuylsteke et de M. Van Houtte ;
toute la série des nouvelles variétés d’Azalées
quhl faudra voir en forts exemplaires avant de
prononcer sur leur mérite ; les étonnantes
Cinéraires bleues doubles, grosses comme des
Roses pompon, de MM. Cannell et fils, de
Londres, et enfin les 200 Cyclamens de M. B.
S. Williams, devant lesquels il faut s’incliner.
C’est qu’en effet il est impossible d’arriver à
une plus belle culture, à une floraison plus
riche, à de plus brillantes corolles. Cette race
{strain) , divisée en variétés nommées par
M. Williams Cyclamen persicum giganteum,
avec les sous-variétés album, roseum, bril-
liant et improved, est tout à fait superbe et
digne des plus grands éloges.
Il faut se hâter. Cette captivante exposition
nous absorbe et le choix devient de plus
en plus difficile entre toutes ces richesses
végétales. Nous ne pouvons que signaler, au
cours de la promenade à travers les salles
diverses, les annexes et le jardin, les apports
suivants :
Magnifique Crotons de MM. Chantrier fi'ères,
de Mortefontaine (Oise) ;
Azalea mollis variés de M. Van Houtte et
de M. Vuylsteke, charmants coloris, plantes
couvertes de corolles aux teintes délicates ;
Enormes touffes fleuries de Deutzia gracilis
dues à M. Devriesere-Remens, résultats de cul-
ture surprenants pour une plante si commune ;
Grands Rhododendrons à tige de M. L. de
Smet, abondamment fleuris;
Collections choisies de Broméliacées de
M. Dallière, à Gand, et de la Société Sainte-
Dorothée, à Uccle. Dans cette dernière se trou-
vaient en fleurs : Ortgiesia tillandsioides,
Nidularium Meyendorffii, N. ptrinceps, N.
fulgens, Billbergia rhodocyanea, Tillandsia
210
SOLANUM PLATENSE.
psittacma aureo-variegata, Encholirion Saun-
dersi, BiUbergia Skinneri, etc.;
Fougères translucides (filmy ferns), de
M. L. de Smet et de MM. Wallem et Legrand ;
Dracénas très-bien cultivés et en excellente
collection de M. Ed. Pynaert. Nous avons le
plaisir de rappeler à cette occasion que M. Py-
naert avait également exposé de superbes Gli-
vias de semis, et qu’il s’est fait une brillante
spécialité de ce beau genre. Notre ami avait
d’ailleurs pris part à quatorze concours, Coleus,
Bégonias, Gycadées, Pandanées, Pélargoniums,
Aucubas, plantes de serre ou d’appartement,
et prouvait ainsi qu’à ses autres mérites de
professeur d’horticulture à l’école de l’État et
d’architecte-paysagiste distingué, il sait allier
ceux d’un cultivateur de haut goût ;
Rhododendron Gibsoni, magnifique exem-
plaire fleuri de M'^e la comtesse de Kerchove
de Denterghem ;
Gollection très-nombreuse et supérieure-
ment cultivée de Galadiums à feuilles colorées,
exposée par M. et M»ie Lemoinier, de Lille ;
Plantes grasses, Gactées,Euphorbiacées, etc.,
de MM. Eggermont, Snoeck, et Agaves de
M. de Smet ;
Gamellias de M. Eeckhaute, encore bien
lleuris pour la saison;
Azalées nudiflores de M. Yan Houtte ;
Gharmants Gitronniers de Ghine, couverts de
fruits bien mûrs, de M. A. Van Geert et autres
concurrents ;
Gollections très-nombreuses et bien nom-
mées de Gonifères du même M. A. Yan
Geert, etc., etc.
Tels sont les traits saillants de ces grandes
floralies, oû la lutte très-vive entre les concur-
rents n’a pas empêché l’expansion presque gé-
nérale d’une vive cordialité.
Les horticulteurs gantois ont rivalisé de bonne
grâce et d’hospitalité dans l’accueil qu’ils ont
fait aux membres du jury venus de toutes les
parties de l’Europe pour proclamer les vain-
queurs dans ce vaste tournoi floral. Des réu-
nions organisées, soit par la chambre syndicale
d’horticulture, dans la grande salle du Spie-
gelhove, soit dans le cercle plus intime des fa-
milles, ont resserré les liens des anciennes
amitiés et en ont créé de nouvelles. Ghaque
établissement, devant être visité par un grand
nombre de commerçants et d’amateurs, s’était
hiit beau, et l’affluence n’a pas cessé, pendant
plusieurs jours, de se porter aux immenses
champs de Jacinthes et aux serres de la maison
Van Houtte, et aux établissements Van Geert,
Pynaert, d’Haene, Dallière, de Smet, de la
Gompagnie dite Gontinentale d’horticulture, etc.
Personnellement, nous rapportons de cette
visite une impression profonde d’admiration
pour l’antique et si vivante horticulture gan-
toise, sans cesse renouvelée par le souffle vivi-
fiant de l’amour des plantes et d’une concur-
rence féconde, et nous avons été heureux de
retrouver à Gand des témoignages de vieilles
et fidèles amitiés qui ne se sont jamais dé-
menties. Ed. xVndré.
SOLANUM PLATENSE
Le genre Solanum comprend une sorte
de dédale de neuf cents espèces décrites
par les auteurs ; aussi serait-il difficile,
même au botaniste le plus exercé, d’iden-
tifier avec certitude les espèces à lui incon-
nues qu’il rencontre, dans ce vaste continent
sud-américain, quartier-général des Sola-
nées du globe entier. En effet, si l’on
trouve ce seul genre représenté abondam-
ment dans les deux hémisphères, c’est en
Amérique qu’on le voit dominer, particu-
lièrement dans les régions intertropicales.
L’intérêt que présentent les plantes de
ce genre est considérable, tant au point de
vue de l’alimentation qu’à celui de la thé-
rapeutique, et je ne veux pas refaire ici
l’historique d’une famille qui a exercé de
tant de manières l’esprit des savants et des
économistes.
Je veux parler simplement du Solanum
platense.
Cette espèce est une jolie plante tra-
çante de 30 centimètres de hauteur et indi-
gène sur les deux rives du majestueux Puo
de la Plata. Ses feuilles duveteuses sont
assez épaisses, molles et d’un vert gris.
Les fleurs sont en clochettes blanches, et
les fruits, de la même couleur, sont très-
sucrés et ont une agréable odeur de
Fraise. Ils sont très-recherchés par les
enfants et par les oiseaux.
Cette plante, qui résiste aux sécheresses
les plus prolongées, vient dans les plus
mauvaises terres, où elle plonge ses nom-
breux rhizomes dans toutes les directions.
C’est une bonne acquisition pour la gar-
niture des rocailles, qu’elle couvre bien vite
de sa luxuriante verdure. J’ignore si la
plante est vénéneuse ; mais, ce qui me le
ferait croire, c’est que le bétail n’y touche
pas ; les fruits, par contre, peuvent être
mangés sans aucune crainte.
LILIUM HARRISII.
211
Les rhizomes charnus offrent dans leur
tranche deux zones alternativement brune
et blanche, avec un losange au centre.
J’ai expédié des graines du S. Platense
en Europe, où il serait intéressant de le voir
vivant. Docteur Sagc.
LILIUM HARRISII
Cette très-intéressante nouveauté nous
vient des États-Unis, où elle a été introduite
des îles Bermudes. Les journaux américains
ont longuement discuté l’origine de ce Lis,
attendu que les différents botanistes qui ont
exploré les Bermudes n’ont jamais signalé
son existence.
Enfin on paraît
être tombé à
peu près d’ac-
cord pour ad-
mettre que
cette plante est
le produit de
quelque Li-
liumeximium
ou longiflo-
ruyn^ égaré
d’un jardin
dans un en-
droit où il aura
trouvé à se ti-
rer d’affaire
tout seul, et
non seulement
à prospérer
sous un climat
doux et dans
un terrain à
sa convenance,
mais encore à
se modifier
sous les in-
fluences lo-
cales.
Nous n’a-
vons donc au-
cune raison
pour repousser
l’explication de
nos confrères
américains, et
il ne nous reste donc plus qu’à dire en quoi
l’enfant diffère de ses parents présumés.
Le nouvel arrivant, comparé à ces der-
niers, est d’une stature plus naine, à fleurs
plus grandes, à tube plus allongé, d’un
blanc pur et très-odorantes; mais sa qualité
la plus grande, qui en ferait véritablement
une plante des plus méritantes, paraît être
la facilité avec laquelle on peut le soumettre
à la culture forcée, et aussi le nombre de
fleurs qu’il peut produire quand on le sou-
met à ce traitement ; car, pendant que la
tige principale
fleurit, le bulbe
adulte émet
de nouvelles
pousses qui
se mettent suc-
cessivement à
fleurir, et qui
par consé-
quent fournis-
sent une série
non interrom-
pue de florai-
sons. Les bul-
billes de pre-
mière année,
quoique de la
grosseur d’un
petit Pois, pro-
duisent déjà
des fleurs.
Quant à la
culture, voici
ce que les hor-
ticulteurs amé-
ricains en di-
sent :
Pour culti-
ver ce Lis avec
succès, on doit
placer le bulbe
dans un pot de
12 centimè-
tres, bien drai-
né, dans une
terre compo-
sée de moitié terreau, un quart de fumier
de vache bien consommé et un quart de
sable, et donner peu d’eau jusqu’à ce
que le pot soit rempli de racines. Quand
le bulbe sera bien en végétation, on devra
rempoter dans un pot de 18 centimètres,
Fig. 40. — Lilium llarrisii.
212
LE MEETING INTERNATIONAL DES HORTICULTEURS A GAND.
dans une terre un peu plus forte, et alors
donner beaucoup d’eau. En même temps
il sera bon d’élever la température à -j-20
ou 25® centigr. pour le faire fleurir en hiver,
puis au printemps dépoter la plante et la
placer en mottes en pleine terre, où elle
continuera à fleurir jusqu’en été.
Ce Lis supporte une température très-
élevée ; il est, à cause de cela, très-facile à
forcer, ce qui le rend très- avantageux pour
les horticulteurs qui s’occupent de la fleur
coupée. Sa période naturelle de repos est
d’août à novembre.
En ce qui concerne sa rusticité, nous
n’avons rien trouvé dans les diflerentes
notes que nous avons sous les yeux ; mais
nous croyons néanmoins ne pas trop nous
avancer en le considérant comme aussi rus-
tique que les Lilium eximium et loyigiflo-
rum.
Dans la figure 40, qui représente une
LE MEETING INTERNATIONAL
Ainsi que nous l'avions annoncé, cette im-
portante réunion a eu lieu à Gand, pendant le
cours de l’Exposition d’horticulture. Elle s’est
faite à l’Ilôtel-de-YiHe, en présence de M. le
Bourgmestre, et elle était composée d’un grand
nombre de botanistes et d’horticulteurs de
toutes les nationalités. La question à l’ordre du
jour était la situation déplorable faite au com-
merce horticole par la convention de Berne, et
surtout par la mauvaise interprétation des
articles de cette dernière.
M. Auguste Van Geert, président de la
Chambre syndicale des horticulteurs belges, a
le premier pris la parole pour présenter les
adhérents du meeting au collège des bourg-
mestre et échevins.
Puis, avec une grande clarté, il a expliqué le
but du meeting qui était et qui sera, dans ses fu-
tures réunions, de discuter les questions d’ordre
matériel intéressant l’hoiTiculture, non plus
comme art d’agrément, mais comme industrie.
M. le comte O. de Kerchove de Denter-
ghem, président du meeting, a ouvert les dé-
bats en développant avec un grand talent la
question à l’ordre du jour.
M. Louis Leroy, d’Angers, qui, avec M. Ed.
André, a assisté à Berne, en 1881, M. Cornu, le
délégué du gouvernement français, a ensuite
prononcé un discours plein de justesse que l’on
peut l’ésumer ainsi : Étant donnée la situation
actuelle laite au commerce horticole par la con-
vention, dont les mesures di’aconiennes et vexa-
toires sont, on le sait, absolument inefficaces
jeune plante, on voit que la tige principale
est déjà en pleine floraison, et néanmoins à
sa base se montrent déjà de jeunes bourgeons
qui bientôt, à leur tour, produiront les
floraisons suivantes.
Le L. Harrisii (fig. 40) a été importé
des Bermudes par une dame amateur, qui
en remit des oignons à M. W. K. Harris,
horticulteur à Philadelphie. Les pieds que
nous avons vus en fleurs dans les cultures
de MM. Vilmorin, à Verrières, nous ont
paru justifier de tous points l’opinion que
c’est une forme du L. eximium, mais
possédant des propriétés particulières qui,
pour l’ornementation, en font l’ime des
formes les plus méritantes du genre Lis.
C’est donc une très-bonne importation, qui
a non seulement sa place dans toutes les
collections, mais qui semble devoir entrer
dans tous les établissements travaillant pour
le marché. E.-A. Carrière.
DES HORTICULTEURS A GAND
contre les progrès du phylloxéra, la meilleure
marche à suivre est la résignation raisonnée.
L’exécution loyale et judicieuse de la con-
vention, surtout avec la révision qui en a été
faite en 1881, nuit à l’horticulture beaucoup
moins qu’on le pense .
Les difficultés que l’on rencontre aujourd’hui
proviennent principalement de l’indifférence
des gouvernements non contractants.
C’est donc à cela qu’il faut remédier, et le
moyen d’y parvenir serait, suivant M. L. Leroy,
d’obtenir d’abord de ces gouvernements leur
adhésion à la convention ; ensuite on s’occupe-
rait de démontrer l’inutilité complète de cet acte
international, et grâce à une majorité nouvelle,
on arriverait sans aucun doute à son abolition.
D’autres orateurs, MM. Planchon, Truffant,
Krelage, Mercier, Burvenich fils, etc., ont
successivement pris la parole et étudié la ques-
tion à divers points de vue.
Dans l’impossibilité de citer tout ou partie
de ces discours, nous nous contenterons de
donner les conclusions qui ont été présentées
au meeting ainsi que les résolutions qui ont
été prises par lui :
Conclusions de M. Mercier, de Marseille.
Considérant que les mesures de prohibi-
tion prises dans divers pays à l’apparition
du phylloxéra en Europe, entraînent la
ruine de l’horticulture en général et de
certaines branches de l’agriculture ;
ARROSOIR VALLERÂND.
213
Considérant qu’il est reconnu que le phyl-
loxéra ne peut vivre que sur la Vigne ;
Considérant les pertes énormes que ces
entraves multipliées ont déjà fait subir à
l’horticulture et qu’il est désirable d’y voir
apporter un remède énergique ;
Les horticulteurs de toutes nationalités,
réunis en meeting international, émettent le
vœu :
1» De voir les gouvernements abroger à
bref délai les mesures prohibitives et excep-
tionnelles prises relativement au transport
et à l’exportation des végétaux, graines,
tubercules, etc., en exceptant toutefois
celles relatives aux Vignes;
2o De voir les transactions de l’horticul-
ture redevenir libres comme avant la con-
vention de Berne,
Et subsidiairement, dans le cas où ces
premières conclusions ne seraient pas prises
en considération par les gouvernements si-
gnataires de la convention :
Conclusions de M. Louis Leroy, d’Angers,
Considérant qu’aucun modèle de certificat
d’origine n’a été formulé dans la convention
de Berne du 3 novembre 1881 pour les ex-
péditions de plantes, arbustes et tous végé-
taux autres que la Vigne ; que par suite les
horticulteurs et pépiniéristes font accompa-
gner souvent leurs expéditions destinées à
l’exportation, de certificats d’origine dont la
teneur n’est pas conforme aux termes de la
convention de Berne, et qu’il en résulte des
retards, erreurs et inconvénients de toute
nature, tant pour les expéditeurs que pour
les destinataires ;
Considérant qu’il importe de remédier au
plus vite à cet état de choses;
Par ces motifs :
Les membres du meeting international
émettent à l’unanimité le vœu : Qu’un mo-
dèle de certificat d’origine uniforme soit
accepté par toutes les puissances signataires
de la convention de Berne ; et en outre :
Considérant qu’aux termes de l’article 10
de la convention de Berne il est de l’in-
térêt des pays non signataires de la dite con-
vention d’y adhérer, sous peine de la voir
appliquer d’office à ses produits dont l’en-
trée ou la libre circulation dans les pays
signataires peuvent de plus être absolument
interdites;
Considérant qu’il résulte des renseigne-
ments dont le congrès a pris connaissance
que les horticulteurs et pépiniéristes, ainsi
que les sociétés d’horticulture des pays non
encore adhérents, désirent cette adhé-
sion ;
Émettent le vœu que les puissances signa-
taires de la convention invitent de nouveau
les puissances non signataires à adhérer à
la dite convention.
Le meeting décide en outre : Que les
horticulteurs, les sociétés d’horticulture des
pays adhérents inviteront par une lettre,
chacun pour le compte de leur pays, les hor-
ticulteurs et pépiniéristes des pays non si-
gnataires à se former en syndicat, et à de-
mander dans le plus liref délai l’adhésion
de leur gouvernement à la convention de
Berne.
Ch. Thays.
ARROSOIR VALLERAND
Cet arrosoir, de forme nouvelle, ainsi
que le démontre la figure 41, a été cons-
truit spécialement pour arroser sur les ta-
blettes des serres, où il est toujours diffi-
cile d’atteindre avec les arrosoirs ordinaires,
même de très-petits. C’est M. E. Vallerand,
jardinier en chef de M. Carcenac, à Bougival,
qui en est l’inventeur et c’est chez lui aussi
que nous l’avons rencontré pour la première
fois.
Comme on le sait, il arrive toujours qu’à
l’automne, lorsque les premières gelées me-
nacent, on arrache à la hâte, de sorte que
les serres se trouvent tout à coup remplies
d’une grande quantité de plantes. On ne sait
souvent comment les loger; alors tous les
endroits sont utilisés. Les tablettes sont
Fig. 41. — Arrosoir Vallerand.
tellement bondées que les plantes touchent
au vitrage; mais alors il devient très-diffi-
cile de les arroser.
Aussi, combien de fois avons-nous été aux
214
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE.
prises avec la difficulté d’arroser ces tablet-
tes, soit avec un arrosoir lilliputien de
forme ordinaire, soit avec un autre plus
grand que nous étions obligé de tenir pen-
ché, de façon que la plus grande quan-
tité d’eau tombait à terre? Des condi-
tions analogues ne sont pas rares ; on en
rencontre même tous les jours dans la plu-
part des serres. Dans ce cas le petit arrosoir
dont nous parlons pourra rendre de grands
services. Nous n’essaierons pas de le dé-
crire. L’examen de la figure en dira plus que
toutes les descriptions. Sa capacité relative-
ment grande est due à sa forme ovoïde très-
déprimée. Quant à sa supériorité, elle est
surtout due à la disposition de l’anse, qui
permet de passer partout et d’approcher
même du vitrage. La construction en est
tellement simple que le premier ferblantier
venu peut s’en charger. J. Sallier fils.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 12 AVRIL -1883
Apports. — Comité de culture potagère.
]\r. Bertaud, jardinier à Ruugis, présentait :
des Tomates mûres, de deux variétés hâti-
ves, à petits fruits unis et ])aiTaitement sphé-
riques chez Tune; chez l’autre, ils étaient côte-
lés ; 2» cinq variétés de Haricots nains à châssis,
portant des fleurs et des fi'uits « couteaux,
filets, aiguilles, » bons à manger'; c’étaient le
Haricot vert d'Etampes, et les suivants :LYaiu
quarantain, Emile Perrier, à feuilles gaufrées,
enfin le Haricot Bonnemai)i\ ces cinq va-
riétés, qui appartiennent au groupe Elageolet,
sont naines, hâtives et très-pro{)res au forçage ;
la dernière })araît cependant l’emporter sur
les autres })ar son port plus raide et plus
dressé, et par ses fruits (jui, longs, larges et
bien droits, sont très-agréables à l’œil ; 3« des
Choux brocolis blancs, très-beaux et bien pom-
més. Ces choux, qui avaient été cultivés en
plein air et en plein carré, sans autre abi’i
qu’un ])eu de litière sur leS’ pieds et formant
un épais paillis, avaient supporté, en mars
dernier, plusieurs jours de gelée où le ther-
momètre était descendu jusqu’à 9 degrés au-
dessous de zéro. — M. Chemin, maraîcher
à Paris, présentait des Laitues dites « de la
Passion, » qui étaient très-belles et d’un aspect
tellement fra[s et tendre qu’on eût pu croire
qu’elles avaient .été cultivées sous châssis froid.
Ce même présentateur avait apporté une forte
liotte de Carottes dites Grelot, belles, grosses
et très « franches. » — M. Dibowsky, rép(?ti-
teur d’horticulture générale à l’Institut agri-
cole de Grignon, secrétaire du comité de cul-
ture potagère de la Société nationale d’horti-
culture, présentait en pots deux sortes de
confitures de Cucurbitacées faites, l’une avec
la Courge à graines noires (Cucumis mela-
nosperma), l’autre avec le Cucurhita meloni-
formis ; celle-là formait une sorte de gelée
semi-transparente, d’un aspect très-agréable,
qui rappelait certains miels épurés d’un goût
fin ; l’autre, au contraire, d’un beau jaune, rap-
pelait à s’y tromper les confitures d’ Abricots,
dont elles avaient le goût. Des préparations
analogues pourraient donc rendre de grands
services, en permettant de remplacer les con-
fitures d’Abricots qui, malheureusement, par
suite des gelées printanières, feront à peu près
complètement défaut cette année.
Au comité de floriculture, M. Le Guay, con-
seil ler^d’Etat, avait envoyé, de sa propriété de
la [Goujonnaye (Maine-et-Loire) un énorme
cône de Zamia Caffra qui, bien qu’âgé seule-
ment de six mois, mesurait environ 40 cen-
timètres de hauteur sur presque autant de lar-
geur^ dans son plus grand diamètre; il pesait
12 kilogrammes. La plante qui a produit ce
fruit a une tige de 50 centimètres de hauteur
sur B» 25 de circonférence. Elle est cultivée en
serre'froide l’hiver et mise tout l’été en plein
air. — M. Gannell, horticulteur anglais, avait
envoyé des tleurs coupées de Cinéraires à fleurs
douldes, d’une grosseur extraordinaire et d’une
beauté remarquable. Par leur réunion, ces
fleurs formaient des masses sphériques mesu-
rant 3-4 centimètres de diamètre, de coloris
magnifiques, dont quelques-uns tout à fait nou-
veaux. Il y avait des Heurs à larges ligules,
d’un beau violet foncé, strié rubanné de blanc.
Ces plantes nous paraissent devoir jouer un
important rôle dans l’ornementation, cela d’au-
tant plus ({u’elles sont vigoureuses etti'ès-llori-
bondes.—M. Ed. André présentait des fleurs du
Streptosolen Jamesoni, Miers (i), provenant
de son jardin de Cannes, oû la plante est cul-
tivée en plein air. Les Heurs présentées avaient
été coupées sur un pied abrité. Un autre pied,
placé à découvert, a l)eaucoup souffert des
froids rigoureux du commencement de mars
dernier. Ces deux pieds, les seuls que M. Ed.
André possède, ont été réservés par lui lors-
qu’il a cédé l’édition de la plante à M. Le-
moine, de Nancy, et cela pour en étudier
la culture dans le Midi. Le Streptosolen
Jamesoni, dont de fort belles inllorescences
(1) yoir Revue horticole, 1883, p. 36,
RUBUS ROSÆFOLIUS CORONARIUS.
215
ont été présentées l’année dernière au comité
de tloriculture, est décidément un arbuste de
^rand mérite. Il sera prudent de le planter,
dans le Midi, dans les i)arties abritées des jar-
dins, comme on le fait })our les llougainvilléas
sur le littoral méditerranéen, de Cannes à
Menton. Il ne faut })as oul)lier que le Strep-
tosolen Jamesoni croît dans la meme région
({Lie le Cantua dependens, autre admirable
arbuste é({uatorien, ce qui permet de penser
({ue les mêmes conditions de culture convien-
draient à tous deux. M. V. Lenioine a dû,
d’ailleurs, faire à ce sujet des observations qu’il
serait utile de {)ublier. Il serait également in-
téressant d’essayer l’hybridation du Streptoso-
len avec quelque genre voisin, les Broivallia^
par exem{)lc, les Brunfelsia {Franciscea)^
ScJnzantJius, SalpiglossU, et meme les Nie-
remhergia et les Pétunia., si l’on adopte les
vues de MM. Bentham et Hooker, qui classent
tous ces genres dans les Solanées.
En outre, M. André présentait deux pieds
fleuris de Tillandsia appartenant à la variété
du T. Lindeni., Morr., nommée vera par les
liorticulteui's, et dont ils sont une forme à
couleur violette plus intense, et ne présentant
pas ce changement de ton que l’on constate
généralement dans cette variété vers la gorge
de la corolle. Ces deux spécimens, arrivés
ti o}) tard pour (3tre appréciés par le comité de
tloriculture, ont obtenu en séance générale un
vif succès dont la plante est bien digne. En
effet, le contraste formé par ses larges brac-
tées roses disposées en épi distique, avec ses
larges corolles du {)lus beau violet, produit
un fort joli effet. Ces deux exemplaires pro-
viennent d’une importation toute récente du
sud de l’Ecuador, faite par un voyageur envoyé
par MM. A. Marne, Em. Drake et Ed. André,
Enfin M. André avait exposé un Gesneria
ulmifolia, II. B. K., ancienne espèce trouvée
d’abord près de Quito par Bonpland, et intro-
duite en Angleterre vers 1820. De ce type à
petites fleurs les semeurs ont obtenu de ma-
gnifiques variétés et hybrides horticoles.
RUBUS ROSÆFOLIUS CORONARIUS
Le type de cette très vieille espèce, pen-
dant si longtemps oubliée et qui est peut-
être même aujourd’hui disparue des cul-
tures, est originaire de l’île Maurice, d’où,
assure-t-on, il aurait été introduit en 1811.
Feu Jacques, jardinier en chef du domaine
royal de Neuilly, en a fait la description
suivante que nous croyons devoir repro-
duire ;
« Ruhus rosœfolius, Smith. — Tiges de
1 mètre, cylindriques, poilues, armées d’ai-
guillons un peu recourbés ; feuilles pen-
nées, poilues, à folioles lancéolées, double-
ment dentées, glanduleuses, ponctuées ; sti-
pules linéaires, sétacées. D’avril en octobre.
Heurs blanches au sommet des pédoncules,
ordinairement solitaires; divisions du calice
lancéolées, longuement acuminées, à peine
plus longues que la corolle ; fruits très-
nombreux, petits, glabres, presque secs,
rugueux. »
Cette description s’applique au type ;
quant à la variété coronarius, qui est éga-
lement une très-vieille plante, — nous la
connaissons depuis plus de cinquante ans —
peut-être même aussi vieille que le type,
elle est très-envahissante, cespiteuse ou ga-
zonnante ; ses tiges, qui atteignent de 20 à
35 centimètres, à écorce lisse et rougeâtre,
luisante sur les jeunes bourgeons, portent
parfois sur les vieilles tiges quelques courts
et relativement forts aiguillons. Feuilles
persistantes, composées-imparipennées, à
5-7 folioles étroitement elliptiques, réguliè-
rement acuminées en une pointe aiguë,
molles et fortement nervées en dessus, à
rachis quelquefois muni de rares aiguil-
lons courts. Fleurs renonculiformes, géné-
ralement solitaires, plus rarement réunies,
mais toujours peu nombreuses, dressées à
l’extrémité des liges, très-pleines, à pétales
nombreux, irréguliers, souvent un peu
chiffonnés, les extérieurs blancs, les inté-
rieurs un peu plus petits, verdâtres et for-
mant au centre une sorte de couronne
simulant assez une prolification.
Bien que relativement rustique, le Ruhus
rosæfoUus coronarius, Sims {R. sinensis,
Llort. ; R. Commersoni^ Poir.), ne sup-
porte pas les hivers du nord ni même du
centre de la France. Il pousse bien en
serre froide, mais n’y est pas très-beau ;
dans ces conditions, la plante n’est pas vi-
goureuse, et ses fleurs sont verdâtres. Au
contraire, placées dans une bonne serre
tempérée, les plantes sont vigoureuses, ont
un bel aspect, et leurs fleurs, qui se dé-
veloppent mieux, sont aussi plus jolies et
d’un beau blanc. On remarque que la blan-
cheur est d’autant plus éclatante que lef^
216
CHRYSANTHEMUM CORONARIUM PLENISSIMUM.
fleurs se sont développées plus prompte-
ment et à une plus forte chaleur.
Le R. rosæfolius coronarius fleurit à
peu près toute l’année, mais tout particu-
lièrement pendant l’hiver ; aussi pourrait-
on le cultiver principalement pour cette
saison. Dans ce cas, il serait convenable
d’élever de belles et fortes plantes qu’on
maintiendrait à froid pour ne pas les épui-
ser, et d’où on les tirerait au fur et à me-
sure du besoin pour les soumettre au
forçage.
Serait-il possible, à l’aide d’une culture
spéciale, et en soumettant les plantes au
pinçage, de les faire ramifier de manière à
avoir des sortes de buissons fleuris ? Le
fait nous paraît très-probable. C’est un
essai à faire, et nous appelons sur ce sujet
l’attention des horticulteurs spécialistes qui
(T travaillent » les plantes pour l’approvi-
sionnement des marchés.
Quant à la multiplication, on la fait par
éclats et par boutures. Dans le premier
cas, pour aller plus vite, et si l’on voulait
beaucoup de plantes, on pourrait mettre
quelques pieds en pleine terre, où ils don-
neraient de nombreux drageons qu’on
détacherait et mettrait en pots. Peut-êire que
des boutures vaudraient mieux, fleuriraient
plus, produiraient moins de bourgeons de
la base, et que leurs fleurs en seraient plus
belles. Ici encore c’est à l’expérience de
prononcer. E.-A. Carrière.
CHRYSANTHEMUM CORONARIUM PLENISSIMUM
Ce n’est pas sans de bonnes raisons que
la plante dont je vais parler a fait tant de
bruit l’an dernier, car c’est certainement
une des plus méritantes au point de vue de
l’ornementation générale. Je dis « générale, »
parce que, outre que cette plante n’est pas
délicate, qu’elle est très-floribonde et qu’on
peut la cultiver comme plante annuelle
vivace, on peut également l’employer comme
plante ligneuse ou au moins sous-frutes-
cente de serre ; dans un cas comme dans
l’autre, elle est toujours en fleurs. Ses ca-
ractères sont les suivants :
Plante ligneuse ou sous-frutescente, à
branches nombreuses, dressées. Feuilles
trés-rapprochées, bipinnatiséquées, à seg-
ments plus ou moins dentés, glabres de
toutes parts. Capitules sur un pédoncule
dréssé, sortant bien du feuillage, subémis-
pbériques ou' renonculi formes, composés
de nombreux fleurons ligulés, d’un beau
jaune, très-fortement imbriqués, de plus en
plus petits à mesure qu’on se rapproche du
centre, où par leur réduction les fleurs pa-
raissent tubulées.
Le Chrgsayithemum coronarinm ple-
nüsimiim, Hort., est une des nombreuses
variétés qu’a produites le type, très- fré-
quemment cultivé comme plante annuelle.
Il donne peu de graines et est même sou-
vent stérile ; mais en donnât-il qu’il ne
faudrait pas le multiplier par le moyen de
celles-ci, qui pourraient ne pas reproduire
la variété. On doit le multiplier par bou- |
tures, qui du reste reprennent très-bien,
faites avec de jeunes bourgeons qu’on place
sous cloche; une fois reprises, ces bou-
tures sont empotées et traitées absolument
comme on le fait des Chrijsanthemum fru-
tescens, type ou variétés. On peut, comme
ceux-ci, les cultiver en pleine terre pendant
l’été, les plantes fleurissent continuellement.
On peut les relever et les mettre en serre ;
mais le plus souvent on en coupe des bou-
tures, puis on laisse geler les pieds.
Ces plantes réussissent parfaitement
aussi en pots ; ceux-ci doivent être assez
grands et les arrosements abondants ; quant
à la terre, elle doit être consistante.
Pourrait -on, avec cette plante, en la
soumettant à une culture analogue à celle
qu’on accorde à la variété C. frutescens
Comtesse de Chambord, faire de fortes
plantes, ainsi qu’on en obtient de cette der-
nière? Le fait paraît douteux ; mais ce qui
est certain, c’est qu’on pourrait en conser-
ver plusieurs années qui acquerraient des
dimensions relativement fortes, pourraient
être employées à la décoration des ap-
partements, et devenir même de bonnes
plantes de marché. Dans ce cas, on devrait
rempoter les plantes de temps à autre, les
tailler ou les pincer à propos, en enlever
les fleurs au fur et à mesure qu’elles se pro-
duiraient jusqu’à ce que, les plantes étant
devenues assez fortes, on en laisse pousser
les fleurs. May.
lmp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Aversion des oiseaux pour les Wel-
lingtonias. — Le Garden a signalé un fait
assez bizarre, et dans tous les cas facile à
constater. Il paraît que les oiseaux ne s’ap-
prochent pas volontiers des Wellingtonias,
et surtout n’y font pas leurs nids. Gela pro-
vient probablement de la forte odeur que
dégagent ces arbres, et aussi des écailles
dures et pointues dont les jeunes branches
sont garnies, et qui empêchent les oiseaux
de s’y poser impunément. Ce fait est-il
exact ? Nos lecteurs ont-ils constaté quelque
exemple d’oiseaux nichant dans les Wel-
lingtonias de leurs jardins ou de leurs
parcs? Nous avouons n’avoir fait aucune
observation à ce sujet, et nous recevrons
avec intérêt les communications que l’on
pourrait nous faire.
Nous avons déjà écrit à plusieurs de nos
collègues qui ont pu faire des observations
à ce sujet. Tous ont été unanimes à déclarer
que, non seulement ils n’avaient jamais vu
aucun oiseau nicher sur les Wellingtonias,
mais même se reposer sur ces arbres.
Parmi ces lettres, en voici une qui nous
est adressée des environs de Hambourg
(Allemagne), et qui confirme ce qu’on nous
avait appris de diverses parties de la France. .
Un grand spécimen de WelUngtonia gigan-
tea de notre parc souffrait déjà depuis plusieurs
années, quand Thiver 1880 est arrivé et l’a
presque achevé.
Mais pendant vingt années que j’ai toujours
vu la plante, jamais un oiseau n’y a niché,'
tandis que sur des Taxus qui se trouvaient à
côté, tous les ans il y avait plusieurs nids
d’oiseaux d’espèces diverses. Il y a, dans les
environs de Hambourg, encore d’autres beaux
et forts sujets de Wellingtonias et, d’après des
informations que j’ai prises, jamais non plus
on n’y a vu de nids d’oiseaux. Je prendrai
encore de plus amples informations et je
m’empresserai de vous signaler ce que j’aurai
appris sur ce sujet. W. Vietense,
Jardinier-chef chez M. le consul Reimers,
près Hambourg.
Le Phylloxéra en Australie. — Loin de
s’arrêter ou même de restreindre son exten-
sion, le phylloxéra développe continuelle-
ment son aire de destruction. Après avoir
ravagé la plupart des régions européennes,
il gagne successivement les autres parties
du monde, qu’il pourra envahir, autant du
16 Mai 1883.
moins que les conditions de milieu le per-
mettront. Depuis longtemps déjà, sa pré-
sence est signalée dans l’Amérique du Sud,
ainsi que dans certaines parties de l’Asie.
Aujourd’hui, il a fait son apparition dans le
continent le plus éloigné de nous : l’Aus-
tralie. C’est surtout dans certains vignobles
de Geelong que sa présence a été bien cons-
tatée. Des études sur ce sujet semblent
avoir établi que le phylloxéra a été importé
là par des cépages phylloxérés provenant
de Montpellier, principalement de la variété
Aramon.
Des mesures très -sévères ont été prises
par les autorités des provinces de Victoria,
de la Nouvelle-Galles du Sud et d’Adélaïde,
pour combattre le redoutable puceron. Le
remède adopté est l’arrachage, qui doit
être pratiqué jusqu’à un mille au moins des
ceps phylloxérés.
Ces trois provinces, constituées en asso-
ciation défensive, devaient fournir chacune
4,000 livres, soit 100,000 francs, pour sub-
venir aux frais d’arrachage, tandis que tous
les viticulteurs des districts envahis étaient
tenus de fournir 5 shillings, c’est-à-dire
6 fr. 25 par acre de terre planté en Vigne .
Nous extrayons ces détails du Bulletin
mensuel de la Société nationale d’acclima-
tation, 1883, p. 35.
Flore des serres et des jardins de
l’Europe. — Un nouveau fascicule de ce
remarquable ouvrage vient de paraître ; il
comprend les 10®, 11® et 12® livraisons qui
terminent le XXIII® volume. Les planches
coloriées de ce fascicule sont au nombre de
20, dont 7 doubles, plus 2 gravures noires.
L’exécution de ces figures, la rédaction, le
choix des sujets, sont de tous points dignes
des précédents, et conformes à l’ensemble
de l’ouvrage.
Une note placée en tête du fascicule
informe les abonnés qu’un accident, sur-
venu pendant le tirage à une planche qui
devait paraître dans ce fascicule, a retardé
le travail et, par conséquent, qu’ils doivent
attendre, pour faire relier ce volume, l’envoi
qui leur sera fait de cette planche qui
représente le monument érigé à la mémoire
du fondateur de la Flores l’éminent horti-
culteur Louis Van Houtte^
10
218
CHRONIQUE HORTICOLE.
Emploi des Azalea mollis sous le
climat de Paris. — Le jardin d’hiver
de la Société zoologique d’acclimatation
du bois de Boulogne, à Paris - Neuilly,
nous fournit un exemple de ce que doit
être rornementalion de ces sortes de serres.
Toute l’année, suivant la saison, le jar-
dinier en chef de ce remarquable établisse-
ment, M. Patry, plante çà et là, dans les
gazons de Sélaginelles qui garnissent cet
immense jardin, des plantes fleuries, dis-
posée de manière à augmenter l’effet dé-
coratif de l’ensemble, tout en l’émaillant
constamment de fleurs. Cette année, outre
les espèces habituelles, il a eu l’heureuse
idée de planter, çà et là, Azalea mollis,
dont la beauté et la grandeur des fleurs
sont bien connues. Pendant plus de deux
mois, l’effet décoratif de ces plantes était au-
dessus de tout ce que nous pourrions dire.
Elles sont très-rustiques, résistent et fleu-
rissent parfaitement en pleine terre ; mais,
en raison de leur précocité, leurs fleurs
sont presque toujours détruites par les
gelées, tandis que, dans les conditions que
nous venons d’indiquer, cette floraison, qui
est toujours admirable, se prolonge pen-
dant deux mois et même plus.
Exposition d’horticulture à Épernay.
— Cette exposition, qui non seulement est
tout à fait locale, mais à laquelle les Mem-
bres de la Société seuls ont le droit de
prendre part, se tiendra à Épernay, sur la
promenade du Jard, du 23 au 25 juin 1883.
Elle est exclusivement réservée aux plantes
fleuries, plantes entières ou fleurs coupées,
de serre ou de pleine terre.
Les personnes qui voudront exposer de-
vront en faire la demande à M. le Président
de la Société d’horticulture, rue de Châlons,
à Épernay, avant le 22 juin, en indiquant
les objets qu’ils se proposent d’exposer et,
approximativement, l’emplacement qu’ils
supposeront devoir leur être nécessaire.
Les membres du jury se réuniront le
samedi 23 juin, à dix heures du malin, au
siège de l’exposition.
Mouches phytophages. — Y a-t-il des
mouches phytophages, c’est-à-dire qui se
nourrissent de végétaux? Les avis sont
partagés. Un abonné de la Revue horticole,
M. A. Bertin, jardinier en chef de la ville
de Saint-Quentin, penche pour l’affirma-
tive. Voici ce qu’il nous écrivait le 25 mars
dernier :
... J’étais appelé dernièrement par un pro-
priétaire, afin de constater les dégâts commis
par une petite mouche, sur les boutons à fruits
d un espalier de Poirier, et voici ce que nous
avons constaté ;
Ces mouches se réunissent en assez grand
nombre autour des fleurs qui, sans être ouver-
tes, ne sont déjà plus protégées par l’enveloppe
cotonneuse qui les entoure au début, et alors
chaque petit bouton, dont les parties repliées sont
encore très-tendres, devient leur proie, de sorte
que le bouton entier noircit et que le piédon-
cule reste bientôt seul par suite de la chute
des autres pièces qui constituent l’ensemble des
heurs.
C’est la seconde année que nous observons
ces faits aux mômes endroits; mais cette fois
nous avons eu la patience d’attendre, afin de
bien suivre toutes les phases du mal et de bien
constater les altérations.
D’après l’étude que j’ai faite de ces insectes,
j’ai cru reconnaître la « mouche de Saint-Marc »
ou (( Bibion des jardins » dont le docteur Bois-
duval a parlé dans son Traité d' Entomologie,
p. 018, et qui, bien qu’il la dise inotfensive,me
paraît être la seule cause du mal que je si-
gnale. En écrasant cette mouche, on sent sous
les doigts une matière visqueuse qui me paraît
légèrement caustique.
Presque aussitôt que la trompe de l’insecte
a touché les parties tendres de la fleur on
s’aperçoit que ces parties noircissent et tom-
bent. A. Bertin.
Les faits que nous venons de rapporter,
et qui nous paraissent trop bien établis pour
être contestés, ne sont pas d’une gravité
telle qu’ils puissent alarmer ; néanmoins, il
est bon de les signaler; aussi remercions-
nous notre collègue, M. Bertin, de son in-
téressante communication.
Mais, d’autre part, en nous signalant le
mal, il indique que nous devons nous en
garantir ; ce qui nous paraît facile, en pro-
jetant avec force, à l’aide d’un instrument
pulvérisateur, des insecticides liquides. Fi-
che! ou autres, sur les endroits où s’accu-
mulent les mouches en question , pour percer
l’enveloppe tendre des fleurs et se nourrir
de leurs tissus.
Rusticité des Camellias. — Tout le
monde sait que le Gamellia, originaire du
Japon, est relativement très-rustique, plus
même que beaucoup d’arbustes considérés
comme étant de a pleine terre. » A Nantes,
CHRONIQUE HORTICOLE.
219
à Angers, dans toute la Bretagne, on en
voit communément des massifs dans les jar-
dins. Ce que l’on sait moins, c’est qu’à Paris
même, on pourrait voir des exemples de
cette végétation exotique, par exemple, dans
le jardin de M. Crépeaux, horticulteur, rue
Lacordaire. Là, des Camellias plantés en
pleine terre, à l’air libre, depuis huit ans,
sans être jamais abrités, qui ont très-bien
repoussé, après avoir été rabattus par suite
de la gelée de 1879*1880, qui en avait détruit
les tiges, viennent de supporter les 9 de-
grés de gelée du printemps dernier. Malgré
ce froid relativement considérable, arrivé
dans un moment où ces arbres commen-
çaient à entrer en végétation, ils n’ont
nullement souffert et ils ont même continué
à fleurir, malgré que des températures
basses se soient succédées pendant un cer-
tain nombre de jours.
De ce fait on peut conclure que, même à
Paris, on pourrait avoir des Camellias en
pleine terre, en les plantant dans des en-
droits abrités et en les garantissant un peu
pendant l’époque de leur floraison. Il va
sans dire que, à Paris surtout, la terre de
bruyère est indispensable.
Le prix de 300,000 francs. — Dans
une de ses dernières réunions, le Conseil
supérieur de l’Agriculture a décidé que le
prix de 300,000 francs, proposé pour la dé-
couverte d’un procédé certain de destruction
du phylloxéra, serait maintenu. Tout en
reconnaissant que, malgré cet allèchement,
aucun moyen rationnel n’avait été proposé,
le Conseil a néanmoins jugé nécessaire de
conserver cette sorte d’enjeu, afin d’exciter
les convoitises et d’engager à faire des es-
sais. On a bien fait, et l’on eût pu, proba-
blement, sans s’exposer ni se compro-
mettre, doubler la somme, sans avoir beau-
coup d’espoir de voir jamais décerner cette
récompense.
Le phylloxéra disparaîtra, assurément,
mais quand et comment ?
École d’horticulture en Italie. —
Nous apprenons qu’une École d’horticulture,
à l’instar de celle de Versailles, vient de se
fonder à Florence.
Le directeur et le jardinier en chef de cet
établissement sont deux élèves de l’École
d’horticulture de Versailles qui ont acquis
chez nous les connaissances théoriques et
pratiques nécessaires pour fonder et diri-
ger un établissement de cette nature. Le
succès est à peu près certain, à en juger
par les résultats que l’on peut déjà cons-
tater. En effet, bien que cette École soit
récemment formée, un très-grand nombre
d’élèves se sont présentés aux examens
d’entrée, et, d’une autre part, les divers
cours qui constituent l’enseignement gé-
néral sont assidûment suivis.
L’ensemble du programme comprend
l’horticulture générale, théorique et prati-
que, la culture des primeurs et des légu-
mes de pleine terre, l’arboriculture frui-
tière, etc., etc. Il va sans dire que les
méthodes reconnues les meilleures, ainsi
que les divers systèmes de culture, seront
démontrés.
C’est donc une très-bonne pensée qu’ont
eu nos confrères, et nous ne doutons pas
qu’ils soient récompensés de leur initia-
tive par le succès.
Vinaigre de Tomates. — Il arrive
presque toujours, dans les potagers plus ou
moins importants, que lorsque l’on a mis
de côté la provision nécessaire de Tomates,
soit desséchées, soit en conserves liquides,
il en reste une grande quantité que l’on ne
sait comment employer.
VObstgarten nous indique les moyens
de les utiliser avantageusement, en les fai-
sant servir à la composition d’un vinaigre
qui est, paraît-il, de très-bonne qualité.
Voici la manière de préparer ce Vinaigre.
En premier lieu, broyer avec soin les
Tomates dont on dispose. En extraire tout
le jus que l’on étendra avec de l’eau chaude,
dans la proportion de 1 litre de jus pour un
demi-litre d’eau.
Mettre le liquide obtenu dans un tonneau
ou dans des pots de grès. Après que la fer-
mentation aura commencé à s’opérer, on
tamisera ce liquide à l’aide d’une toile, et,
après une demi-journée de repos, on le ren-
fermera dans des bouteilles ou tonneaux, en
ayant soin de l’exposer au soleil ou dans un
endroit chaud après cette dernière opéra-
tion.
Peu de temps après, le Vinaigre est,
paraît-il, devenu très-bon, et peut être con-
sommé à n’importe quel moment.
Hygromètre végétal. — On nous si-
gnale de Hongrie une remarque fort inté
220
CHRONIQUE HORTICOLE.
rossante au sujet des propriétés hygromé-
triques du Pinus Strohus (Pin du Lord
Weymouth)^ dont nous ne connaissions
encore que les qualités ornementales et la
rusticité.
Il paraît, nous assure-t-on, que, suivant
la saison, à l’approche de la pluie ou de la
neige, les feuilles de ce Pin qui garnissent
les pousses des deux dernières années se ra-
battent sur la tige qui les porte, et semblent
vouloir s’y appliquer.
Ces pronostics se montrent, paraît-jl assez
tôt pour permettre d’abriter à temps les
plantes délicates.
Aussitôt le beau temps revenu, les feuilles
reprennent leur position normale.
La Couveuse d’enfants ou Mère arti-
ficielle. — Bien qu’il ne s’agisse ni d’hor-
ticulture ni d’agriculture, le sujet sur lequel
nous allons dire quelques mots est assez
important pour nous autoriser à faire une
exception. Voici le fait :
On voit en ce moment au Jardin d’accli-
matation du Lois de Boulogne, dans l’éta-
blissement spécial d’engraissage de volailles,
créé et exploité par M. Odile Martin, une
invention toute spéciale due à ce dernier
et qu’à première vue, si l’on n’en connaît
l’application, on n’hésite pas à rapporter à
une des couveuses dont cet établissement
est abondamment pourvu. C’est, du reste,
d’après ce modèle que la « Mère artificielle »
ou (( Couveuse d’enfants » a été construite.
Si ces appellations ne sont pas d’une rigou-
reuse exactitude quant à la signification,
elles le sont pourtant au point de vue des
résultats, ainsi qu’on va en juger. L’appareil
en question, sauf quelques détails intérieurs,
est absolument semblable à une couveuse
artificielle ou incubateur, mais, au lieu d’un
tiroir à œufs, c’est un petit lit sur lequel on
place un bébé né avant terme, dont la for-
mation devra s’achever dans un milieu
identique à celui qu’il trouvait dans le sein
de sa mère. Dans ces conditions, l’enfant
achève son accroissement et est sauvé d’une
mort qui était imminente. En effet, aujour-
d’hui, l’expérience est faite, et l’on peut
dire que le succès a dépassé les espérances.
Les essais qui ont été faits à l’école d’ac-
couchement de la Maternité de Paris, sous
la direction du médecin en chef de cet éta-
blissement, M. le docteur Tarnier, ont
donné les résultats suivants qui dispensent
de tout commentaire. Sur 33 enfants nés
bien longtemps avant terme, soit naturelle-
ment, soit par suite d’opérations chirurgi-
cales pratiquées parfois même après la mort
de la mère, et qui n’auraient certainement
pas vécu s’ils eussent été placés dans les
conditions ordinaires, 30 ont été sauvés.
Application abusive de la Conven-
tion de Berne. — Nous recevons de
MM.Transon frères, pépiniéristes à Orléans,
et de M. Duval, horticulteur à Versailles,
les lettres suivantes, que nous nous empres-
sons de publier :
Dans le dernier numéro de la Revue hor-
ticole se trouve une lettre de M. Maxime
Cornu, relative à la circulation des produits
horticoles suivant les conditions de la Conven-
tion de Berne.
La ligne du Nord s’est montrée d’une ri-
gueur qui dépasse certainement les termes de
la Convention, et il est urgent que dus ordres
précis soient donnés pour faire cesser toutes
ces entraves ; ainsi les douanes belges, sans
avertissement préalable et sans autre forme
de procès, retournent aux frais des expédi-
teurs les envois non accompagnés du certificat
d’origine. N’y a-t-il pas là une injustice et un
abus de pouvoir ? La Convention de Berne, à
mon avis, n’avait pas légalement le droit de
dire que les marchandises peuvent être refou-
lées à leur point d’origine, au moins sans que
l’expéditeur soit mis en demeure de fournir
les pièces nécessaires et après un délai raison-
nable pour qu’il puisse le faire.
Les douanes françaises, pour les plantes
provenant de l’Irlande et d’Angleterre (pays
non pbylloxérés et où la Vigne n’est cultivée
qu’en serre), exigent un certificat signé d’un
consul français et dont le coût est de 12 fr.,
quand bien même il ne s’agirait que d’un
Géranium nouveau du prix de 2 fr.
Nous espérons qu’il suffira de signaler ces
mesures vexatoires pour qu’il y soit apporté
remède.
Transon frères.
— Seriez-vous assez bon de me dire pour-
quoi, depuis un mois, la Compagnie de l’Ouest
nous force, à Versailles, de nous munir de certi-
ficats d’origine concernant le phylloxéra, et cela
pour expédier des plantes même à Meudon,
Suresnes, ou Paris? Quelle est cette nou-
velle entrave apportée au commerce? A qui en
faire remonter la responsabilité ? D’autre part,
ayant à expédier des plantes en Belgique, il y
a huit jours, j’ai dû y renoncer ; la Compagnie
du Nord exigeait que le certificat fût, en outre,
signé et confirmé par l’expert chargé par le
CHRONIQUE HORTICOLE.
221
gouvernement, etc., etc. J’ai fait des démar-
ches à Versailles ; il n’y a pas d’expert, il n’y a
pas de fonctionnaire chargé d’attester quoi que
ce soit, autre que le maire. Eh bien ! la Com-
pagnie du Nord m’a répondu que cela ne la
regardait pas ; mais que les instructions étaient
formelles. Les horticulteurs belges peuvent
impunément envahir nos marchés de leurs
produits par wagons entiers pour nous, et à
chaque instant, nous sommes entravés par une
série de mesures vexatoires.
Soyez donc assez bon de m’éclairer à ce
sujet, car j’avoue n’y plus rien comprendre.
L. Du VAL.
Nous nous associons avec empressement
aux justes plaintes formulées dans ces deux
lettres. Il est vraiment grand temps que
l’État s’occupe d’une façon sérieuse de la
défense des intérêts du commerce horti-
cole, si gravement compromis en France,
par suite des fausses applications des arti-
cles de la Convention de Berne.
Le Meeting de Gand. — Au compte-
rendu que nous avons publié dans notre
dernier numéro, du Meeting international
de Gand, ajoutons la résolution suivante qui
a été prise dans cette réunion.
Les membres du Meeting international
chargent les sociétés ou personnes dont les
noms suivent de présenter, à leurs gouver-
nements respectifs, en les appuyant, les
vœux émis et les conclusions adoptées par
les adhérents au Meeting :
Pour la France : la Société nationale et
centrale d’horticulture de France.
Pour la Belgique : la Chambre syndicale
des horticulteurs de Gand.
Pour la Suisse : M. Otto Frœbel, de
Zurich.
Pour V Allemagne : la Société d’horticul-
ture de Berlin.
Pour V Italie : la Société d’horticulture de
Florence.
Pour V Espagne : M. Aldrufère, de Bar-
celone, et M. V. Fernandez Zileidas, de
Madrid.
Pour la Russie: M. Wagner, de Riga.
Pour r Angleterre : MM. J. Veitch, Bull,
Williams, de Londres.
Pour le Portugal : MM. Duarte de
Olivera et José Marquez Loureiro, de Porto.
La dix-neuvième Session de la So-
ciété pomologique américaine.
A l’occasion de la 54® exposition annuelle
de la Société d’horticulture de Pennsylva-
nie (États-Unis) VAmerican Pomological
Society tiendra, le 12 septembre prochain
et jours suivants, à Philadelphie, sa dix-
neuvième session.
On sait quel développement prodigieux
ont pris depuis quelques années en Amé-
rique, et surtout aux États-Unis, la culture
des arbres fruitiers et le commerce de leurs
produits.
Il est donc bien certain que les travaux
de ce congrès présenteront un haut intérêt.
D’après la circulaire que nous avons en
main, et qui annonce la réunion de ce con-
grès, il nous semble que les États-Unis et
les provinces britanniques sont seuls invités
à y prendre part.
Nous nous renseignerons d’une manière
précise à ce sujet.
Nos lecteurs pourraient d’ailleurs s’adres-
ser directement, pour cela, soit à M. P. Barry,
Esq. Rochester, N. Y. (États-Unis), qui est
le Président du Comité général des fruits ;
soit à M. J. G. Mitchell, 310, York Avenue,
Philadelphia (États-Unis) , Président du
Comité de réception ; soit enfin et plutôt à
M. le Professeur W. J. Real, Secretary of
the American pomological Society, à Lan-
sing, Michigan (États-Unis).
Les Orchidées dans le Midi de la
France. — Un de nos correspondants de
Cannes, habile cultivateur, nous envoie la
liste suivante des Orchidées qui, dans cette
localité, ont résisté, en pleine terre, aux
froids rigoureux de mars dernier.
Il convient d’ajouter que ces plantes gar-
nissent les flancs d’un ravin abrité sous des
Quercus Ilex et des Arbousiers.
Masdevallia Lindeni , M. Benedicti ,
M. Bruchmülleriy Cœlogyne cristata, Læ-
lia alhida, L. anceps, Gongora sp. (?),
Stanhopea cirrhata, Cymbidium aloefo-
lium, Odontoglossum cordatum, O. con-
color, O. Madrense, O. Rossii majus, O.
maculatum superbutn, O. cristatum, O.
nehulosum, Oncidium alpo -violaceum,
O. Farbesi, O. pidviatum, O. incurvum,
O. tigrinum, O. species nova (?), Phajus
maculatus, Lycaste Skinneri, Cypripe-
dium venustum.
Un certain nombre d’autres Orchidées
sont encore dans un état douteux ; mais d’ici
peu de temps on sera fixé sur leur rusticité,
et nous renseignerons nos lecteurs à ce sujet.
222
CULTURE DES BRUYÈRES.
Les Clivias de M. Duval. — Par
suite d’un oubli involontaire, notre col-
laborateur, M. B. Verlot, dans son compte-
rendu de l’exposition faite, en mars dernier,
par la Société centrale d’horticulture de
France, n’a pas parlé de la belle collection
de présentée par M. Duval, horticul-
teur à Versailles.
Ces plantes méritent d’être signalées, non
seulement à cause de la culture entendue
qui leur avait donné la riche floraison et la
verdure intense du feuillage, si admirées par
le public et surtout par les vrais amateurs,
mais encore pour le choix des variétés qui
composaient ce lot.
Rectification relative à l’Exposition
des Roses de Brie- Comte - Robert et
Grisy-Suisnes. — Nous avons fait ressortir
l’importance de.cette Exposition qui va s’ou-
vrir à Brie-Gomte-Roberl, le 8 juillet pro-
chain.- On se rappelle que les deux sociétés
de Brie-Gomte-Robert et Grisy-Suisnes sont
aujourd’hui fusionnées. G’est par erreur
que nous avions annoncé que les demandes
d’admission à cette Exposition devaient être
adressées à M. Camille Bernardin. Toutes
les demandes et communications relatives à
l’Exposition doivent être remises au secré-
taire général de l’Exposition, M. Louis Petit,
à Brie-Gomte-Robert (Seine-et-Marne).
E.-A. Carrière et Ed. André.
CULTURE DES BRUYÈRES
La rusticité relative des Bruyères fait
que ces plantes n’ont pas besoin de chaleur
pendant l’hiver ; quand il s’agit de leur con-
servation, une serre froide suffit, et, pourvu
que le thermomètre ne descende pas au-
dessous de zéro, les Bruyères ne souffrent
pas. Une température élevée, dans cette sai-
son où il est souvent impossible de donner
de l’air, pourrait même leur être nuisible
en faisant pousser les plantes qui, alors, s’al-
longeraient trop et pourraient s’étioler.
L’essentiel est que les serres soient ap-
propriées de manière que les plantes re-
çoivent le plus possible, de lumière et que
l’air puisse en être facilement renouvelé.
Toutefois, les Bruyères s’accommodent aussi
bien d’une température plus élevée, à la
condition que l’aération et la ventilation
soient faciles et que les plantes soient pla-
cées à la lumière et aussi près du verre que ^
possible. Autant qu’on le peut, on doit aussi
ne pas mélanger les Bruyères avec d’autres
espèces de plantes et leur consacrer des
serres spéciales. Les personnes qui seraient
obligées de faire autrement, devront réunir
leurs Bruyères et les placer dans la partie la
plus claire de la serre, où elles peuvent re-
cevoir le plus de lumière possible, et aussi,
autant que faire se peut, on doit réunir les
plantes à fleurs et les placer à la partie su-
périeure des gradins, de manière qu’elles
reçoivent la lumière de tous les cotés.
Forçage. — Toutes les Bruyères peuvent
être facilement forcées en prenant quelques
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 119, 150 et 174.
précautions en rapport avec la nature des
espèces dont il s’agit d’avancer la floraison.
Une condition essentielle de réussite, c’est
de ne pas soumettre brusquement les
plantes à une très-forte chaleur. En gé-
néral, la température première ne doit pas
dépasser 8 à 12 degrés.
Un petit nombre de variétés se prêtent
au forçage, rapide, et encore, même pour
celles-ci, doit-on attendre pour les forcer
que les boutons soient bien formés. Voici,
d’ailleurs, comment il faut procéder. On
commence par réunir toutes les plantes des-
tinées à être forcées, dans une serre où la
température est d’environ 8 à 10 degrés, de
manière à bien préparer les boutons. Au
bout de quelques jours, ces plantes sont pla-
cées dans une autre serre dont la tempéra-
ture varie de 15 à 20 degrés. Toutefois, il
faut, suivant les espèces, prendre certaines
précautions particulières. Ainsi, pour les
Bruyères à fleurs colorées, dont un des prin-
cipaux mérites consiste dans l’intensité du
coloris, dès que les premières fleurs com-
mencent à s’ouvrir, on doit mettre les plan-
tes dans une serre froide, afin que les tissus,
en se condensant, donnent plus de consis-
tance aux fleurs. R est même des variétés
qu’il convient d’exposer complètement à
l’air, afin d’en faire colorer les fleurs ; telle
est une plante d’hiver : Campanulata gra~
cilis vernalis qui, quand on la force et
pour que ses fleurs se colorent, doit être
mise tout à fait à l’air, toutes les fois, bien
entendu, que le temps le permet. Dans le
ANTHURIUM ANDUEANUM.
223
cas contraire, on doit la placer dans une serre
froide en l’exposant le plus possible au grand
air, et surtout à une lumière très-vive.
Parmi les espèces qui se prêtent le mieux
au forçage, on peut citer : VE. persoluta alha
qui, mis en chauffage fin de décembre,
fleurit vers le 15 janvier, et qui peut ainsi
se succéder jusqu’en mai ; les Erica cylin-
drica, translucens , inter media, qui, mis
en forçage au commencement de février,
fleurissent en mars, et que l’on peut égale-
ment faire succéder jusqu’en mai.
Le temps nécessaire à la floraison et la
durée de celle-ci sont en rapport avec la
nature des plantes, l’état plus ou moins
avancé dans lequel elles sont quand on com-
mence le forçage, ainsi qu’avec les conditions
dans lesquelles on les place, lorsqu’elles
sont en fleurs.
Une des conditions des plus importantes
aussi, quand on force les Bruyères, c’est
d’avoir bien soin que la terre soit constam-
ment humide, et ici l’excès en trop est moins
à redouter que l’excès en moins. Si l’excès
d’humidité peut tuer les plantes, il en pro-
ANTHURIUM
L’année dernière, à l’Exposition ouverte
en mai par la Société nationale et centrale
d’horticulture de France, on a beaucoup
remarqué un exemplaire à' Anthurium
Andreanum exposé par MM. Ghantrier
frères, horticulteurs à Mortefontaine, et
supérieurement cultivé. La plante portait
six fleurs à la fois. Son port était élégant ;
ses feuilles, lustrées, d’un vert clair,
ohlongue, cordiformes, se dressaient abon-
dantes et bien étagées, et les spathes,
portées par des pédoncules rigides, se déta-
chaient nettement du feuillage qui les ac-
compagnait.
Une photographie de la plante fut prise
avec soin, et permit de reproduire son por-
trait avec exactitude, comme en témoigne
le dessin ci-après (fig. 42).
Cette Aroïdée a fait du chemin depuis le
jour où je l’ai rencontrée pour la pre-
mière fois dans la Nouvelle-Grenade, le
22 mai 1876. J’ai indiqué, dans la Revue
horticole (1881, p. 170), l’histoire exacte
de son introduction.
Tous les faits de la découverte de la
plante, de sa détermination, de sa première
longe néanmoins la floraison ou la conserva-
tion, apparente du moins. Ne serait-ce que
par une imbibition, par le fait de la ca-
pillarité qui, faisant monter l’eau dans
toutes ses parties, la plante maintient celles-
ci renflées et avec une apparence très-pro-
noncée de vie, bien que pourtant elles
puissent être réellement mortes.
Au contraire, si les plantes ne sont pas
tenues humides, elles fatiguent, les boutons
ne s’épanouissent pas, les feuilles tombent,
et, finalement, les plantes meurent égale-
ment, mais sans qu’on en ait joui; c’est une
mort en pure perte, c’est-à-dire, sans com-
pensation.
Gomme les plantes que l’on soumet au
forçage sont souvent déjà d’un certain dé-
veloppement et dans des pots assez grands,
il est bon de s’assurer si la terre est mouillée
« à fond », parce que, ainsique nous l’avons
déjà dit, il peut arriver que le dessus soit
humide, alors que le dessous est sec et que
la plante souffre de la sécheresse, quand l’ap-
parence peut faire croire le contraire.
Gentilhomme et Carrière.
ANDREANUM
publication, de son introduction en Europe
et de sa vente, ont été l’objet de discussions
plus ardentes que ne comporte l’introduc-
tion d’une simple plante d’ornement, pas-
sant de sa forêt natale dans les mains des
amateurs d’horticulture.
Abandonnant le petit côté de la question
et rendant hommage au talent hors ligne de
MM. Chantrier comme cultivateurs, appe-
lons l’attention sur les variétés d' Anthurium
Andreanum que l’on rencontre dans les
cultures.
Je dois dire d’abord que la plante varie,
au total, assez peu à l’état spontané, malgré
la facilité qu’elle montre à se fertiliser et à
s’hybrider avec d’autres espèces. Mais,
parmi les exemplaires qui se trouvent ac-
tuellement au commerce, on trouve trois
formes assez distinctes :
1° La plante type, celle que j’ai d’abord
rencontrée, à port bien dressé, à grand et
beau feuillage, à spathes cordiformes, régu-
lières, profondément creusées en sillons
cloisonnés, à spadice d’abord incliné, puis
érigé après l’anthèse. C’est la plante que
l’on a pu voir chez M. le baron Nathaniel
224
ANTHURIUM ANDIIEANUM.
de Rothschild, à Vienne ; chez M. le comte
de Germiny, à Gouville; dernièrement, à
l’exposition de Gand, dans le magnifique
lot de M. A. Dallière, etc. C’est elle qui a
donné les plus belles fleurs ; on a mesuré
une spathe de huit 'pouces et demi de
longueur (plus de 21 centimètres), à Tring-
Park, en Angleterre.
2“ Une variété assez médiocre, à pétioles
et pédoncules grêles, très-longs, se tenant
mal, et portant de petites spathes ovales,
cordiformes, bien faites, d’un ton minium
clair, très-brillant. C’est une forme à aban-
donner.
3® Une troisième variété, fort belle, d’un
beau port, robuste dans ses hampes et dans
Fig. 42. — Anthurium Andreanum, au 1/8 de grandeur naturelle.
ses pétioles, à spathes grandes et fermes,
mais de forme irrégulière, à oreillettes re-
levées en surface gauche comme les ailes
à demi-ouvertes d’un papillon. Cette variété
est celle que MM. Ghantrier avait exposée
et qui montrait combien elle fleurit géné-
reusement. Elle n’est pas aussi parfaite que
la première, mais toutes deux méritent
d’être cultivées côte à côte.
Telles sont les trois formes de l’Ani/m-
rium Andrea'num que l’on a pu observer
jusqu’à présent. Je ne parle pas d’un acci-
dent signalé, d’une spathe qui se serait
montrée entièrement verte. Il n’y a là qu’un
accident tératologique, ce qu’on appelle en
botanique une chloranthie, et qui n’ofire
aucun intérêt horticole.
J’ai pensé que la connaissance de ces
faits intéresserait à la fois les amateurs et
le commerce horticole, en fixant les idées
PJ':CIIE EA.RLY BEATRIX AU POINT DE VUE DE L’EXPLOITATION. — DEUX PLANTES A RECOMMANDER. 225
sur les variétés d’une plante qui commence
à être bien connue.
Si quelques-uns de nos lecteurs avaient
à nous communiquer des réflexions sur
d’autres formes d’ Anthurium Andreanum
observées par eux, la Revue horticole ac-
cueillerait avec faveur leurs communica-
tions. ■ Ed. André.
PECIIi; EARLY BEATRIX AU POINT DE VUE DE L’EXPLOITATION
Jusqu’à ce jour, du moins sous le climat
de Paris, la culture des Pêchers n’a guère
été considérée que comme une culture de
luxe. En effet, à l’exception de Montreuil,
on ne voit guère les Pêchers cultivés que
comme une sorte de hors-d’œuvre. A Mon-
treuil même, cette culture se fait dans des
conditions spéciales, le long de murs cons-
truits ad hoc, de sorte que, là aussi, c’est
une culture un peu exceptionnelle. Y aurait-
il moyen de faire plus et autrement, sinon
mieux? La chose me paraît certaine. J’ap-
puie mon opinion sur quelques faits qui,
pour être rares, n’en sont pas moins con-
cluants. En voici un des plus remarquables :
Un cultivateur de mes voisins a planté,
il y a déjà longtemps, en plein champ et
sans aucun abri, des Pêchers Earhj Bea-
trix, et ces arbres, aujourd’hui en plein
rapport, lui donnent chaque année et de
très-bonne heure des quantités considé-
rables de belles et bonnes Pêches, supé-
rieures à celles de cette même variété qui
ont été récoltées en espalier.
En serait-il de même de toutes les va-
riétés? Je ne puis l’affirmer. Mais ce qui ne
peut être douteux, c’est qu’il y en a un bon
nombre d’autres qui sont dans le cas de
celles dont je parle. Et puis, pourquoi ne
pas faire des semis qui pourraient produire
des variétés peut-être supérieures à celles
que l’on possède ? La chose est d’autant plus
DEUX PLANTES
Il a été présenté à la Société d’horticul-
ture, dans une de ses séances de février
dernier, deux plantes fleuries qui intéres-
saient également l’horticulteur et le bota-
niste, et dont la Revue horticole a déjà
entretenu ses lecteurs. L’une d’elles était un
charmant Iris de la section Xiphium,
VL reticulata, Bieb., dont l’introduction
en Europe remonte à 1850 environ. Cette
plante aurait disparu des cultures, puis se-
rait apparue de nouveau, dix ans après.
engageante qu’on n’a guère de déception à
craindre, puisque les résultats ne se font
pas longtemps attendre, les Pêchers de semis
fructifiant la troisième année. On pourrait,
très-probablement aussi, obtenir des variétés
tardives dans leur floraison, et, au contraire,
hâtives dans la maturité des fruits. Mais,
sous ce rapport encore, les arbres en plein
vent sont favorisés ; ils fleurissent plus tard
que ceux en espalier, bien qu’ils mûrissent
leurs fruits tout aussitôt.
Mais, me dira-t-on peut-être, les Pêchers
en plein vent ne vivent pas longtemps.
C’est vrai ; mais, en revanche, ils produisent
beaucoup chaque année. Du reste, il serait
facile d’en prolonger un peu la durée en
leur donnant quelques soins : une sorte de
taille appropriée qui aurait cet autre avan-
tage de régulariser la production des fruits,
tout en augmentant la durée des arbres.
D’autre part, il existe sans doufe des
variétés plus robustes les unes que les
autres, ce que seule l’expérience peut dé-
montrer. Mais, même en ne comptant que
sur un nombre d’années d’existence relati- .
vement court, ces Pêchers en plein vent
auraient largement payé leur place. Il serait
donc bon, je crois, de soumettre à cette
culture toutes les variétés nouvellement
introduites ; Amsdeyi, Earhj Rivers, etc.
Un Montreuillois.
L RECOMMANDER
grâce à son importation faite en Angleterre
par un employé du télégraphe de Perse, le
capitaine Smith. Elle se répandit dans quel-
ques jardins botaniques ; mais là se borne,
pour ainsi dire, son extension. Cet Iris mé-
riterait cependant de ne point tomber dans
l’oubli. Son aire est assez étendue, car on le
signale en Géorgie, en Perse, Asie-Mineure,
Syrie, etc. Comme la plupart des plantes
de ces régions, celle-ci peut supporter
une température élevée sans souffrir des
226
DEUX PLANTES A RECOMMANDER.
hivers moyens de nos pays. Dès le prin-
temps, deux ou trois feuilles dressées li-
•néaires précèdent une hampe portant une,
rarement deux fleurs par bourgeon, et dont'
le périanthe a des teintes les plus parfaites
et les plus variées de violet, de pourpre,
avec des macules jaunes qui en rehaussent
l’éclat. Une douce odeur de Violette ajoute
encore au mérite de cette plante, dont la
taille ne dépasse pas 25 à 30 centimètres.
L’i. reticulata peut se cultiver en pleine
terre sous notre latitude; mais on pourrait
en faire une excellente recrue comme plante
forcée, puisque ses fleurs restent plu-
sieurs jours épanouies en appartement, et
que les fleurs de cette teinte font ordi-
nairement défaut parmi les plantes qu’on
soumet au forçage. La floraison de cet Iris
étant très-printanière , c’est encore une
raison qui plaide en sa faveur.
La multiplication se fait, comme pour les
autres Iris de cette section, par leurs rhi-
zomes hulhiformes.
La seconde plante est d’un intérêt plus
attachant pour le botaniste et l’amateur que
pour l’horticulteur proprement dit. C’est
la suivante.
Le Tecophüœa cyaneo-crocea, Leyb., qui
est une sorte de Crocus pour l’apparence des
feuilles et de la fleur, mais dont les divi-
sions du périanthe se recourbent gracieuse-
ment en dehors, comme le ferait une co-
rolle de Volubilis. Ce périanthe dégage une
faible, mais agréable odeur de Muguet, qui
n’est pas sans attrait ; sa couleur est d’un
beau bleu de France, ou bleu pâle, suivant
qu’on a affaire au type ou à sa variété
Leichtlini.
Plante bulbeuse également, elle exige
une température plus douce que la précé-
dente, comme semble le faire pressentir son
habitat, le 34° ou 35® de latitude australe, le
Chili.
Le genre Tecophüœa fut créé tout
d’abord pour une plante recueillie par Ber-
tero, au Chili, et publiée dans les Mémoires
de V Académie de Turin, par Colla (1883),
le T. violceflora, dont la fleur est inodore.
Ce n’est que vers 1867 que la seconde es-
pèce, bien supérieure à la première, fut
connue et publiée par Leybold, dans le
Journal de Seemann (I, 10), puis reprise
par Miers, par le Gardeners' Chronicle,
en 1872, et par le Garden, en 1881.
M. Godefroy- Lebeuf, qui soumettait ces
plantes intéressantes à l’appréciation des
membres de la Société d’horticulture, dé-
clarait qu’il tenait le Tecophüœa d’un
amateur et importateur distingué, M. Leicb-
tlin, de Baden-Baden. Il affirmait, en outre,
que la culture en était facile, mais qu’elle
ne pouvait se faire en pleine terre, au moins
durant l’hiver. Il fallait traiter cette plante,
selon lui, comme les plantes bulbeuses du
Cap, sous châssis froids, pendant la mauvaise
saison.
La patrie déclarée de la plante présentée,
serait les îles de Juan Fernandez, situées à
160 lieues du littoral américain. Si le fait
est exact, il constituerait un exemple assez
curieux de géographie botanique, car jus-
qu’ici ce Tecophüœa n’était connu dans les
herbiers que par les spécimens recueillis
dans la Cordillère de Santiago, par Phîlippi,
en 1867. Best fort probable que du conti-
nent cette jolie Monocotylédonée aura été
introduite dans les îles chiliennes précitées,
car la dissémination naturelle d’une sem-
blable plante à plus de 600 kilomètres sem-
ble, à priori, problématique.
La place que le genre Tecophüœa doit
occuper n’est pas bien déterminée jusqu’à
présent; cette incertitude est maintenue
même par des botanistes d’une grande au-
torité, comme M. Baker, qui a donné asile à
ce genre dans ses Aberrant Trihes of Li-
liaceœ. Par le nombre des étamines de la
fleur, ce serait une Liliacée. Cependant, trois
de ces étamines sont stériles, ce qui sem-
blerait alors ramener les Tecophüœa vers
les Iridées dont ils ont le port. D’autre part,
leur ovaire n’est pas réellement infère, ce
qui devrait les faire exclure de cette dernière
famille et les rapprocher des Liliacées.
Somme toute, cet exemple prouve bien que
quelle que soit une famille de plantes, c’est-
à-dire quelque constance qu’on observe
dans les caractères de ses représentants,
il arrive toujours que, par des découvertes
ultérieures, d’autres types viennent relier
entre eux des groupes d’êtres, animaux ou
végétaux, qui jusqu’alors avaient été dis-
joints, Jules Poisson,
Aide-naturaliste au Muséum.
CONCOURS DE VISITES DE JARDINS. — CINÉRAIRES A FLEURS DOUBLES.
227
CONCOURS DE VISITES DE JARDINS
La Société régionale d’horticulture du
Nord de la France, qui affirme de plus en
plus sa vitalité par de bons et solides tra-
vaux, vient d’instituer des concours spé-
ciaux pour la bonne tenue des jardins. Au
lieu de visiter les propriétés des amateurs
sur leur demande, comme le font d’autres
sociétés, elle les provoque, en les mainte-
nsint dans un programme dûment élaboré,
de manière à exciter l’émulation et à diri-
ger les efforts des concurrents vers un but
déterminé. Ce programme nous a paru si
judicieusement rédigé, que nous ne résis-
tons pas au plaisir de le reproduire in ex-
tenso :
Article I. — Il sera fait annuellement des
Visites de Jardins. Ges visites auront lieu dans
le courant du mois de septembre, à une date
déterminée par le Conseil d’administration de
la Société. Tous les amateurs et jardiniers
d’amateurs qui en feront la demande avant le
1er août pourront concourir.
Art. il — Les jardiniers d’amateurs, pour
prendre part à ce concours, devront être dans
leur place depuis un an au moins, au moment
de la visite, et seront tenus de produire une
autorisation écrite de leur patron.
Art. III. — Il est créé quatre catégories de
concours, savoir :
lo Pour la grande propriété, c’est-à-dire un
parc avec jardin d’agrément, massifs, corbeilles,
serres (ou non), etc., etc.;
2o Pour la petite propriété, c’est-à-dire un
jardin d’agrément, massifs, corbeilles et serres
(ou non);
3» Pour l’arboriculture et la culture frui-
tière ;
4» Pour la bonne tenue des jardins chez les
instituteurs.
Art. IV. — Les concurrents des première ou
deuxième catégories, en produisant leur de-
mande, devront indiquer dans quelle catégorie
ils se trouvent. Ils pourront toujours concourir
pour l’arboriculture, s’ils le désirent, et seule-
ment lors({u’ils l’auront annoncé dans leur de-
mande.
Art. V. — Deux médailles par catégorie
seront aüéctées à ces visites de jardins, savoir:
une médaille de vermeil et une médaille d’ar-
gent de première classe.
Ces médailles ne seront décernées ({ue si le
mérite est bien constaté.
Art. VI. — Le jardinier qui aura obtenu la
médaille de vermeil dans l’une ou l’autre des
catégories ne pourra que recevoir un rappel de
médaille, s’il concourt encore l’année sui-
vante. Au bout de deux rappels continus,
d’année en année, il lui sera décerné une mé-
daille d’or.
Art. vu. — Les délégués-jurés, chargés des
visites des jardins, seront au nombre de trois.
Il seront choisis parmi les membres amateurs
compétents, étrangers, ou parmi les membres
correspondants, ou parmi les membres pro-
tecteurs de l’arrondissement.
Les visites en dehors de l’arrondissement de
Lille pourront être faites par des délégués de
Lille, réunissant les conditions indiquées plus
haut.
Conformément aux statuts de la Société, les
délégués pourront être indemnisés de leurs
frais de déplacement.'
Art. VIII. — Un membre du Conseil, ama-
teur, ou un membre protecteur dévoué, guidera
les opérations de ce jury. Il ne jouira pas do
voix délibérative.
Art. IX. — Un rapport général sera fait
chaque année sur les visites de jardins.
Art, X. — Le Conseil d’administration déci-
dera des cas non prévus au présent régle-
ment.
Il est à désirer, pour le véritable progrès
de l’horticulture française, réalisable surtout
au moyen du plus puissant des mlibiles
humains, l’émulation, que l’exemple donné
par la Société régionale du Nord de la
France soit l’objet de nombreuses imita-
tions. Wanderer.
CINÉRAIRES A FLEURS DOUBLES
C’est en 1878, à l’Exposition universelle,
au Champ-de-Mars, que nous avons vu pour
la première fois des Cinéraires à fleurs
doubles. Ces plantes avaient été envoyées par
MM. Haage et Schmidt, d’Erfurt. Déjà l’on
voyait des variétés très- remarquables qui
faisaient augurer qu’il y avait là des plantes
ornementales de premier ordre, et dès l’an-
née suivante nous faisions peindre, dans les
cultures de MM. Vilmorin, une série de
variétés qui ont paru en couleur dans la
Revue horticole^ 1879, p. 150, Depuis cette
228
CALADIUM L’aUTOMME.
époque, par suite de semis successifs, on
a obtenu beaucoup d’autres variétés, et
quelques-unes sont remarquables, tant par
la grosseur des fleurs que par la diversité
des coloris. Non seulement le nombre des
variétés a considérablement augmenté en
même temps que celles-ci se sont sensible-
ment améliorées, mais la race s’est à peu
près fixée. En effet, cette année, dans un
semis de plusieurs centaines d’individus
fait chez MM. Vilmorin, il ne s’en est
pas trouvé un seul dont les fleurs fus-
sent complètement simples. Il n’y a donc
plus guère qu’à semer et à choisir les
meilleures variétés. Un fait à remarquer
aussi, c’est l’uniformité des plantes. Toutes
se tiennent bien, constituent des touffes com-
pactes, naines ou demi-naines, très-floribon-
des, à tiges raides, très-ramifiées, et «portant
bien » leurs fleurs au-dessus du feuillage.
Un autre avantage très -grand que pré-
sentent également les Cinéraires à fleurs
doubles, c’est la durée considérable de leurs
fleurs, qui dépasse trois et même quatre mois
si les plantes sont placées dans un milieu
approprié. Du reste, ces plantes ne sont pas
exigeantes, et pourvu qu’on les arrose suffi-
samment, elles se portent très-bien et conti-
nuent à épanouir leurs fleurs pendant long-
temps, même dans un appartement, pourvu
qu’elles reçoivent de la lumière.
CALADIUM
M. Bleu poursuit le cours de ses exploits.
Ses gains de Caladiums sont inépuisables.
Après nous avoir montré la série des colo-
ris rouges, roses, ponceau, écarlates, verts,
blancs, entremêlés de mille manières, il
est arrivé à la tribu des limbes translucides ;
il a supprimé le parenchyme des feuilles,
qui sont passées à l’état de gaze légère,
comme impalpable, d’une adorable fraî-
cheur.
Ce n’était pas assez. A l’exposition de
mai 1882, nous avons constaté la présence
de nouvelles nuances. Le jaune pâle, on
pourrait dire jaune paille, avait envahi la
totalité du feuillage, dans une variété qui
s’offrait toute charmante sous son aspect
modeste. Nous l’avons fait peindre pour la
Revue horticole, et nous en donnons au-
jourd’hui le portrait.
Cette nouveauté se nommera L’Automne.
La culture des Cinéraires à fleurs doubles
ne présente aucune difficulté ; elle est entiè-
rement semblable à celle des variétés du
même genre à fleurs simples. Toutefois,
comme parmi les variétés obtenues il en est
de très-jolies qui pourraient ne pas se repro-
duire par semis , on les multiplie par
éclats, ce qui ne présente non plus aucune
difficulté. Pour cela, aussitôt que les fleurs
sont passées, on coupe toutes les tiges flo-
rales et on met les plantes en pleine terreau
nord, dans un sol composé de terre de dépo-
tage et de terreau ; on arrose copieusement,
et pendant l’été on bassine, si cela est néces-
saire. Dans le courant de l’automne, on
arrache les touffes, on les divise, et l’on
empote les éclats qu’on place ensuite dans
des coffres, sous des châssis, pour les faire
reprendre, puis on leur donne de l’air.
Enfin, ici encore le traitement est absolument
identique à celui auquel on soumet les Ciné-
raires à fleurs simples.
Nous recommandons tout particuhère-
ment ces plantes, et ne doutons nullement
que toutes les personnes qui se livreront à
leur culture n’auront qu’à s’en féliciter. On
trouve aujourd’hui des graines de Ciné-
raires à fleurs doubles chez tous les mar-
chands-grainiers.
E.-A. Carrière.
L’AUTOMNE
Elle rappellera, par sa nuance, ces feuilles
de Peuplier, d’un or pâle, qui tombent dans
les vallées aux premières approches de
l’hiver. Sa forme est parfaite, son maintien
irréprochable. Sur le limbe de la feuille,
d’un blanc jaunâtre et d’un jaune cendré,
se détachent des nervures blanches ornées
d’un filet bleu turquin foncé. Sur toute la
surface s’étendent de nombreuses et larges
macules transparentes, d’un ton bleuâtre,
parfois légèrement rosé.
Cet ensemble est délicat et gracieux, et
sans nul doute le Caladium L Automne
obtiendra le succès de ses devanciers.
Objet des travaux constants de M. A.
Bleu, qui a obtenu de si remarquables ré-
sultats, l’hybridation lui a livré de précieux
secrets. Nous avons entendu cet habile ob-
servateur affirmer, récemment, les proposi-
tions suivantes, qui prêtent à réflexion :
Revu.e /forùcole.
Ch lacUiuiv L'Aiitx)mTie-
229
LES PRODUITS DU JARDINAGE EN HIVER, A MOSCOU.
1° Bien que la nature ne se répète jamais
exactement, les parents ont toujours ten-
dance à reproduire leurs caractères dans
leur descendance ;
2» Le rôle du père et celui de la mère,
quoi qu’on ait pu dire, est identique. En
d’autres termes, de deux plantes, dont l’une
sera prise pour père et l’autre pour mère,
naîtront des sujets analogues à ceux qui ré-
sulteraient de la même opération renversée.
M. Bleu déclare qu’il a toujours vu, dans
sa longue pratique, les choses se passer
ainsi. Cependant, d’autres expérimentateurs
obtiennent des résultats ,difïerents. Ainsi
M. H. Veitch nous disait dernièrement, à
Gand, que M. Seden n’avait obtenu qu’une
seule fois la même forme par fécondation
inverse du père et de la mère, et cela pour
le Cypripedium Sedeni seulement. Dans
tous les autres cas, on trouvait dos diffé-
rences très-notables, suivant qu’on employait
l’un ou l’autre des types pour plante anthé-
rifère ou plante pistillée.
La conclusion à tirer de ce qui précède
est que le champ des investigations reste
toujours ouvert, qu’il faut se garder des gé-
néralisations prématurées, et que la parole
est aux faits plutôt qu’aux théories.
Ed. André.
LES PRODUITS DU JARDINAOE EN HIVER, A MOSCOU
(SAISON DE -1882 A '1883.) — ORNEMENTATION
•B va sans dire que je ne veux parler que
dos articles produits par les horticulteurs
moscovites ; autrement il faudrait énumérer
tout ce qui nous arrive de l’étranger, depuis
les Truffes et les Choux-Fleurs jusqu’aux
fleurs de Lilas blanc, ainsi que les bouquets
de Violettes, Béséda, etc. En effet, les che-
mins de fer nous fournissent de tout en abon-
dance, en payant le prix, bien entendu.-»
Nous ne sommes pas plus privés de lé-
gumes frais, de fleurs, de fruits, etc., que
les Parisiens, bien qu’au moment où j’écris
ces lignes, le 12/24 mars, le thermomètre,
chaque matin, soit à plus de 20 degrés
Béaumur au-dessous de zéro, ce qui a peu
varié depuis plus de trois mois (en moyenne
de 15 à 25 degrés), avec la terre couverte
d’un manteau de neige de plus de 1™ 30
d’épaisseur. En revanche, le soleil est
magnifique; néanmoins, ses rayons ne par-
viennent pas à chauffer l’atmosphère dans la
journée à plus de 10 degrés au-dessous de
zéro, le tout agrémenté d’un vent du nord
des plus pénétrants. Les jardiniers parisiens
recommandent de donner de l’air le plus
possible à leurs plantes, même en hiver,
tandis que les jardiniers moscovites en
donnent le moins possible, et pour cause.
Les cultivateurs de légumes, à Moscou,
})euvent être rangés en trois catégories : la
première , qui comprend le plus grand
nombre, est composée des maraîchers, qui
cultivent les gros légumes, tels que : Choux
de toutes espèces. Betteraves, Carottes,
Oignons, Navets, Céleris-Piaves, Persil, Chi-
corée sauvage , petit Concombre russe ,
Haricots, Pois, Laitues, Artichauts, etc. La
seconde catégorie comprend les primeuristes,
qui cultivent et forcent les Asperges, Épi-
nards, Badis, Laitues non pommées. Oseille,
Champignons, Cresson alénois semé sur
feutre, Barbe-de-Capucin, Oignon vert. Bet-
terave en feuilles, etc. Enfin, la troisième
série se compose également de primeuristes,
mais qui habitent généralement dans les
campagnes, très-rarement en ville, à cause
de la cherté du bois. B y a même certains
villages où l’on ne s’occupe en hiver exclu-
sivement que des primeurs ; seulement les
cultures, plus circonscrites, ne comprennent
que quelques légumes particuliers : Haricots
verts, Concombres, Pois, Badis roses; le tout
est cultivé en serres très-basses. Mais, outre
ces cultivateurs proprement dits, les jardi-
niers des maisons seigneuriales, dans les
campagnes, vendent aussi divers produits,
tels que : Ananas, Salades, Fraises, Radis,
Concombres, etc.
Je crois utile de donner un aperçu des
prix de tous ces légumes pris chez les
marchands de Moscou, chose peu connue ou
même totalement ignorée en France. Ces
prix, très-exacts, sont ceux que j’ai relevés
dans le courant du mois de février et jusqu’à
ce jour (1).
(1) Les prix sont en monnaie courante de Russie,
en kopecks et en roubles. La valeur nominale du
rouble est de 4 fr. La valeur réelle est sensible-
ment moindre et le kopeck est la centième partie
du rouble.
230
LES PRODUITS DU JARDINAGE EN HIVER, A MOSCOU.
Légumes frais.
Asperges, suivant la grosseur , depuis
30 kopecks jusqu’à 1 rouble 50 kopecks la
livre.
Concombres , de 2 à 5 roubles les
10 pièces.
Laitue non pommée, 1 rouble la livre.
Radis roses, 1 rouble le paquet de
25 pièces.
Barbe de capucin, 26 kopecks la livre.
Champignons, 20 kopecks les 10 pièces.
Oseille, 15 kopecks la livre.
Cresson alénois sur feutre de 40 centi-
mètres carrés, 10 kopecks.
Persil vert, 10 kopecks la livre.
Oignons verts, 10 kopecks la livre.
Haricots verts, de 1 à 2 roubles la livre.
Légumes conservés dans les caves et silos.
Pommes de terre, 40 kopecks la mesure
de 16 litres.
Carottes, 50 à 60 kopecks la mesure de
16 litres.
Oignons, 60 à 70 kopecks la mesure de
16 litres.
Topinambours, 1 rouble la mesure de
16 litres.
Salsifis, 15 kopecks la livre.
Choux pommés, la pièce, de 15 à 20 ko-
pecks .
Choux de Bruxelles, 25 kopecks la livre.
Betteraves pour salade, 70 kopecks la
mesure.
Navets jaunes, ronds, 1 rouble la mesure.
Céleri-rave, la pièce, de 2 à 5 kopecks.
Céleri à salade, la pièce, de 10 à 15 ko-
pecks.
Légumes veyiant de V étranger.
Choux-fleurs, la pièce, 50 à 60 kopecks,
très-blancs.
Chicorée frisée d’Italie, la pièce, 1 rouble.
Bien que j’aie dit plus haut que je ne par-
lerais que des produits des jardiniers de
Moscou, je me vois forcé de manquer à
cet engagement et de donner place aux pro-
duits fruitiers, dont la plupart nous viennent,
soit des divers gouvernements de la Russie
méridionale, soit de l’étranger. Ce n’est
pourtant pas que les espèces nous manquent,
car chez M. Schereder, jardinier en chef à
l’Académie de Pétrowski, à Moscou, ainsi
que chez M. de Regel, à Saint-Pétersbourg,
l’on peut se procurer, rien qu’en Pommiers,
plus de 300 .variétés, toutes d’origine
russe. Malheureusement, sous le climat
de Moscou, peu de variétés résistent à nos
hivers rigoureux, surtout quand le thermo-
mètre descend au-dessous de 30 degrés
Réaumur, ce qui arrive généralement dans
chaque période d’environ dix à quinze ans.
Alors nos arbres fruitiers, ainsi qu’un cer-
tain nombre d’arbres décoratifs, tels que les
Fraxinus excelsior, Acer platanoides,
les Lilas, Philadelphus, JJlmus campes-
tris , etc., sont détruits ; néanmoins, et
malgré ce contre-temps, les fruits ne nous
manquent pas.
Voici les noms et le prix des variétés que
l’on trouve en ce moment chez les marchands
de comestibles de Moscou :
Pommes de provenance russe. (Prix des
10 pièces, depuis 50 kopecks jusqu’à
3 roubles, suivant la grosseur.)
Reinette dorée, de Canada, d’Angleterre,
panachée, Royale d’Angleterre.
Calville blanche, rouge, de Kourski, de
Crimée.
Sablisky (nom russe). ■ — Stalovoi, ou de
table. — Apaurte blanche. — Anis blanc,
gris , rouge. — Antonowka ou Saint-
Antoine. — Zolarowka (nom russp). —
Skrigeapell (nom russe). — Babouchekin
(nom russe). — Boravineka (nom russe).
— Aralsky ou Arabe. — Grouchowka. —
Korichenieff ou Châtaignier. — Ananas
rouge. — Boumagenoi à coton. — Fenouil-
let doré.
Poires de provenance russe. Prix des
10 pièces, depuis 1 rouble jusqu’à 3 rou-
bles 50 kopecks.
Bergamote d’hiver. — Beurré gris d’hi-
ver. — Colmar d’hiver. — Saint-Germain.
— Joséphine (?). — Marquise (?). — Vir-
gouleuse. — Koutarmouka (nom russe). —
Doubouka ou à feuilles de Chêne, de Crimée,
odorante.
Duchesse d' Angoulême de Crimée. Prix
des 10 pièces, de 3 à 4 roubles.
Duchesse d’ Angoulême de France. Prix
des 10 pièces, de 3 à 12 roubles.
Ananas pesant depuis 2 livres. Prix de la
pièce, de 10 à 15 roubles.
Oranges (de l’étranger). Prix des
10 pièces, de 40 kopecks à 1 rouble 50 ko-
pecks.
Raisins de Crimée. Prix de la livre, de
35 à 40 kopecks,
231
LES PRODUITS DU JARDINAGE EN HIVER, A MOSCOU.
Raisin d'Almirsky, à grains allongés.
Prix de la livre, de 50 à 60 kopecks.
Tous ces fruits, dont je pourrais de beau-
coup prolonger la liste, surtout pour les
Pommes et les Poires, sont fournis dans de
très-bonnes conditions. J’ai cru qu’il valait
mieux parler d’autres produits également
horticoles, et, après 'avoir satisfait le palais,
penser à la satisfaction de la vue et de l’odo-
rat. Aussi vais-je parler des fleurs, cet élé-
ment aimé de tous.
Malgré la rigueur du climat et son inter-
minable hiver, les magasins de fleurs de
Moscou sont toujours pourvus de fleurs.
Elles se succèdent sans interruption; les
fleurs d’automne ont à peine disparu que
celles de printemps apparaissent : ce sont
d’abord les Camellias, Jacinthes blanches,
dites romaines ; Primevères de la Chine ;
Roses Bengale ordinaires, R. Bengale Her-
7nosa, R. Mistriss Bosanquet et autres.
Actuellement, c’est le Muguet. Cette char-
mante messagère du printemps a même
presque disparu, ou du moins, si l’on en
rencontre encore quelques-unes, elles font
triste figure, écrasées qu’elles sont par ces
opulents et aristocratiques Azalea indica,
aux couleurs si éclatantes et si variées. Ar-
rive aussi le nombreux cortège de Rosiers
de tous genres, et les Oignons à fleurs qui
encombrent les magasins convertis en sortes
de boudoirs fleuris.
Voici les noms et les prix des plantes en
fleurs qui se vendent en ce moment à
Moscou.
Camellias de 60 centimètres à 1 mètre de
hauteur, suivant le nombre des fleurs : la
pièce, de 3 à 5 roubles.
Azalea indica, couronne de 30 à 40 cen-
timètres de largeur, suivant la floraison : la
pièce, de 7 à 10 roubles.
Rosiers en basses tiges, portant de 3 à
6 fleurs, suivant la beauté : la pièce de 2
à 3 roubles. ^
Jacinthes, Tulipes, Narcisses, Muguets,
Crocus, etc. : le pot, de 35 à 50 kopecks.
Giroflée savoyarde : le pot, de 70 kopecks
à 1 rouble.
Primula sinensis : le pot, de 30 à 40 ko-
pecks.
Cineraria hybrida : le pot de 50 à 75 ko-
pecks.
Réséda odorat a : le pot, de 50 à 80 ko-
pecks,
Plantes décoratives à fleurs ou à feuillage,
telles que Laurus divers et variétés, Eu-
genia, Aucuha, Ilex, Myrtus, Melaleuca,
Vïburnum, Clethra, EvonymusJaponicus,
Cupressus, de 70 centimètres*à 1 mètre de
hauteur. Prix : la pièce, suivant la force, de
50 kopecks à un rouble.
Plantes dites de serre chaude, telles que
Dracœna, Ficus, Curculigo, Plectogyne,
Hedychium, Anthurium, Maranta, etc.,
des mêmes dimensions que les précédentes.
Prix : la pièce, de 75 kopecks à 1 rouble
50 kopecks.
Palmiers de tous genres, de 4 à 6 feuilles,
suivant les espèces, tels que Latania,
Areca, Corypha, Phoenix, Cocos, Cha-
mœrops, Livistona, Seaforthia, etc. : la
pièce, de 2 à 5 roubles. Il va de soi que ces
prix ne sont applicables qu’aux plantes cou-
rantes très- répandues.
Plantes pour garnitures : Fougères, Ly-
copodes, Acorus, Isolepis, Yinca, Ficus
stipularis, Carex, Tradescantia, Saxi-
fraga, etc. : la pièce, de 20 à 30 kopecks.
Je dois faire observer que je ne parle ici que
des plantes vendues l’hiver à Moscou. Pour
terminer cette série, je vais dire quelques
mots des bouquets.
Les bouquets à la main, garniture de ta-
ble, couronnes pour les théâtres et les
fêtes de famille, pour les enterrements,
pour la coiffure des dames, etc., sont l’ob-
jet d’un commerce des plus importants et
des plus lucratifs pour les fleuristes.
Un petit bouquet à la main ou de bal,
de cinq à six fleurs, soit Camellias ou Roses,
avec garniture en fleurs de Primevères de
Chine, Jacinthes ou autres fleurs, avec son
porte-bouquet, ne se vend pas moins de 3
à 5 roubles ; et pour un bouquet passa-
ble, il faut payer de 10 à 15 roubles. Au-
dessus de cette somme, ce sont des bou-
quets de fantaisie, avec des proportions
diverses dépassant même 1 mètre de diamè-
tre, alors il n’y a plus de limites et il n’est
pas rare qu’un de ces bouquets se vende
100 roubles et même plus. Mais, chose sin-
gulière, ce qui manque très-souvent pour la
confection de ces bouquets ce ne sont pas
les fleurs, mais la verdure, car, en général, il
entre peu de feuillage, ce qui est un peu une
affaire de goût : les dames moscovites ado-
rent les fleurs en masse, même sans verdure.
Il est bien entendu que les fleurs et les feuil-
lages qui entrent dans la composition des
232
LES PRODUITS DU JARDINAGE EN HIVER, A MOSCOU.
bouquets sont montés sur des fils de fer, des
joncs ou des petites baguettes de Buis.
Quant aux formes, elles varient peu : en gé-
néral, presque toujours même, ce sont des
bouquets plats ou à peine bombés dans le
milieu; les fleurs, placées par rangs, entas-
sées les unes contre les autres, sont rehaus-
sées par quelques branches de Muguet ou
par des pointes de feuillage soit diErica
Malaharica, Myrtes ou Fougères, etc. Ces
bouquets, en déshabillé, c’est-à-dire sans la
robe ou porte-bouquet en carton ou en
mousseline, n’ont rien de gracieux, au con-
traire. On peut les comparera des bottes de
paille sur lesquelles on aurait fixé des
fleurs.
Pour faire les garnitures de table, les
fleurs sont généralement montées de la
même manière que pour les bouquets à la
main ; dans les cas les plus ordinaires,
lorsqu’on ne possède pas de vases artisti-
que en bronze ou en porcelaine munis de
leur socle, l’on se sert généralement de
vases en terre cuite de formes diverses, ap-
propriés aux circonstances, plats et peu
profonds, que l’on remplit de sable ou de
terre légère recouverte de feuillage dans
lequel on place les fleurs qu’on a montées
à l’avance sur des fils de fer. Il faut avoir
soin de bien garnir les contours des vases
en feuillage, de manière que les bords soient
cachés. Dans les grandes maisons, pour
les dîners de gala, pour des tables de qua-
rante à cinquante couverts et plus, où alors
on sort des habitudes ordinaires, les tables
sont littéralement couvertes de verdure et
de fleurs, c’est-à-dire qu’il ne reste de
libre que la place pour les couverts. Pour
effectuer cette décoration, l’on prépare à l’a-
vance des plateaux en planches minces, de
l'“ 50 à 2 mètres de longueur, sur une
largeur de 40 à 50 centimètres, suivant les
circonstances, et pouvant s’adapter les uns
au bout des autres, de façon à garnir toute
la table. Ensuite toutes ces planches sont
couvertes d’un lit de Selaginella denticu-
lata^ou de S. apoda^ sans pots bien entendu,
mais seulement avec leurs racines et un peu
de leur motte, de manière à former un gazon
touflu et continu. Ces plateaux ainsi garnis
se placent sur la nappe au milieu de la table,
de façon que les officiers de service puissent
poser les vases à fruits et les candélabres
directement dans le milieu de ce gazon im-
provisé. Ensuite le jardinier décorateur dis-
tribue les fleurs à travers cette verdure.
Dans cette circonstance, les fleurs et le feuil-
lage n’ont pas besoin d’être montés ; mais
alors l’essentiel est de se procurer des jeunes
plantes à feuillage ornemental et des plantes
fleuries de petite dimension, et en pots,
si cela est possible. Les fleurs coupées se
placent tout simplement sur les Lycopodes;
mais si les pots des plantes ne peuvent être
cachés par la verdure, on les retire, et l’on
enfonce les mottes dans la mousse en dimi-
nuant un peu celles-là s’il est nécessaire.
Toutes ces miniatures de fleurs et de feuil-
lage doivent être distribuées de façon qu’elles
aient l’air d’avoir poussé naturellement dans
le gazon et pas trop serrées, afin de conser-
ver l’élégance et la légèreté. En un mot,
toute la table doit ressembler à un tapis de
verdure émaillé de fleurs. Pour ce genre
de décoration l’on emploie autant que possi-
ble des plantes à feuillage bien accusé, de
couleur appropriée, de manière à' produire
avec la lumière d’harmonieux contraste, les
Maranta., Dracœna, Croton^ Géranium
panachés, Bertolonia^ Bégonia, Aucuha,
Dichorisandra, Hydrangea Japonica fo-
liis variegatis, Fougères diverses, des Gra-
minées à feuilles panachées, etc. Pour garnir
les contours, on emploie des plantes grim-
pantes ou rampantes, à feuillage coloré ; on
fait monter les unes au bras des candélabres
et des vases à fruits, tandis que les autres
rampent sur les Lycopodes. Pour cet usage
on emploie les Ficus discolor, Tradescan-
tia, Géranium hederœfolium variegatum,
Hedera Hélix fol. var., Lonicera reticu-
lata, des Cohœa panachés, etc. Pour achever
la toilette de ce parterre improvisé, on pique
çà et là, entre les planches et les Lycopodes,
des pointes de Fougère ou autres feuillages
très-légers et dont l’extrémité s’incline gra-
cieusement sur la nappe, qui doit dispa-
raître en grande partie sous une masse de
verdure et de fleurs.
J’ai oublié de dire que, avant de dresser
la table, on a dû placer des arbrisseaux dont
la tige, traversant le milieu de la table, est
surmontée par une tête dont les branches
lïarnies de feuilles s’étalent au-dessus des
convives. Des Palmiers à frondes élancées
et légères sont surtout très-propres à cet
usage.
F. Desmur,
Directeur des parcs et jardins publics de la ville
de Moscou, rue Palika, maison Kapoitine.
BIIOMUS PATULUS NANUS. — LES VARIÉTÉS DE l’EVONYMUS JAPOMCUS.
233
BROMUS PATULUS NANUS
Cette vaiiété, dont à première vue les
inflorescences rappellent quelque peu celles
des Briza, est naine et peut, comme un
très -grand nombre
d’autres Graminées,
être employée à la
confection des bou-
quets d’hiver. De
plus, ses dimensions
réduites permettent
de la semer en lignes
pour constituer de
charmantes bordu-
res. Outre ses dimen-
sions réduites qui la
distinguent très-bien
du type, elle s’en sé-
pare nettement par
ses inflorescences
plus courtes et plus
compactes, plus fines
et par conséquent
plus gracieuses et
qui lui donnent une
légèreté que n’ont pas ses congénères, ce
qui la rend particulièrement précieuse pour
la confection des bouquets.
Le Bromus ^^atulus nanus (fig. 43) n’est
nullement délicat; comme pour le type, on
en sème les graines dès les premiers beaux
jours du printemps,
et même avant, si la
saison et le climat le
permettent.
Comme à peu près
toutes les Grami-
nées, il s’accommode
très-bien des ter-
rains calcaires, lé-
gers et surtout
chauds. Si le temps
est très-sec, on peut
arroser pour faciliter
et activer la végéta-
tion ; mais une fois
levées, il n’y a plus
à s’occuper des plan-
tes, qui se défendent
parfaitement con-
tre la sécheresse,
quelle qu’elle soit, à
moins que le sol ne soit excessivement léger
et aride.
E.-A. Carrière.
Fig. 43. — Bromus pafulus nanus. Intlüiescence
détachée, de grandeur naturelle.
LES VARIÉTÉS DE L’EVONYMUS JAPONIGUS
Cet arbuste à feuilles persistantes des
plus répandus dans les jardins, le Fusain du
Japon (Evonymus Japonicus, Thunberg)
a produit un assez grand nombre de va-
riétés plus ou •moins ornementales, mais
dont la nomenclature est assez embrouillée.
Nous avions souvent pensé à donner une
monographie des formes les plus usitées
dans les pépinières françaises, lorsque nous
avons eu la bonne fortune d’apprendre qu’un
amateur d’Introschin, M. Scholtz, avait pu-
blié un très-intéressant travail sur ce sujet
dans le Bulletin de la Société horticole
de Breslau.
Pendant quinze années, M. Scbollz prit le
soin de rassembler toutes les variétés qu’il
put rencontrer du Fusain du Japon. Il en
réunit une nombreuse collection, compre-
nant jusqu’à ce jour seize variétés ; il en
étudia la synonymie, rectifia les mauvaises
dénominations, et trouva dans cette étude
patiente l.es éléments de l’article dont nous
parlons et qu’il nous a paru intéressant de
traduire pour nos lecteurs.
Voici en quels termes M. Scholtz donne
la description et le groupement des varié! és
de VE. Japonicus :
Les différentes variétés de V Evonymus
Japonicus se divisent en deux classes : les
variétés à feuilles étroites et celles à feuilles
larges. En dehors de cette différence, il n’en
existe aucune autre.
Nous examinerons en premier lieu les
formes!à feuilles étroites, qui sont :
1" Evonymus Japonicus (Tlibg.). Type
trop connu pour que nous ayons à le dé-
crire.
2o Evonyynus Japonicus foliis elcyanter
punctatis. Variété à feuilles très-étroites,
d’un joli vert foncé, avec une macule jaune
234
LES VARIÉTÉS DE l’EVONYMUS JÂPONICUS.
pâle, grande et large. Ces feuilles possèdent
le reflet brillant de la plante-mère.
Dans le commerce horticole, cette va-
riété à'Evonymus est souvent désignée
sous des noms très-différents ; c’est ainsi
que nous avons reçu cette seule variété re-
présentée par des individus portant les
noms de Ev. Japonicus maculatus, Ev.
Jap. foliis aureo-maculatis, Ev. Jap. me-
dio-punctatus.
Cette jolie plante est, comme nous avons
pu nous en convaincre à la suite de longues
expériences, très-sensible, en hiver, à l’ab-
sence d’air et de lumière, surtout dans sa
jeunesse. Plus tard, elle devient plus dure,
mais elle a alors une tendance à] perdre ses
caractères distinctifs, les feuilles redevien-
nent vertes et semblables à la plante-mère,
VEvonymus Japonicus. Jusqu’ici, nous ne
connaissons aucun moyen de combattre cet
inconvénient.
Passons maintenant à la seconde variété
de notre plante-type, variété que nous
nommons :
. 3» Ev. Japonicus latifoUus. Feuilles plus
grandes et plus larges que celles du n» 1 .
Cette plante a produit plusieurs sous-variétés
dont voici la désignation :
4» Ev. Jap. latifoUus aur eo -macula -
tus. Feuilles de la même grandeur que
celles de la plante-mère, vert foncé,
avec une ou deux macules jaune d’or au
centre.
Cette variété se rapproclie du n® 2, mais
elle en diffère par ses feuilles plus larges,
plus arrondies à l’extrémité.
Elle est moins délicate que celle-ci dans
sa jeunesse; mais elle a également plus tard
une tendance à dégénérer. Dans les cata-
logues marchands , la plante est souvent
désignée sous le nom de E. Jap. rotundi-
folius medio-pictus, dénomination qui est
fausse, puisqu’elle n’a pas les feuilles
rondes, mais bien larges et longues.
Cet Evonijmus est connu depuis long-
temps, mais on le rencontre rarement dans
les collections.
5» Ev. Jap. latifoUus foliis alho-varie-
gatis. Variété très-ancienne et bien connue,
mais des moins jolies. Feuilles épaisses,
ayant à la base une panachure blanche et
grise et bordée d’une bande étroite de cou-
leur blanche.
Cette plante retourne rarement au type,
et elle est insensible, pendant l’hiver, au
manque d’air et de lumière, aussi bien lors
qu’elle est jeune que plus tard.
6® Ev. Jap. latifoUus foliis alho-margi-
natis. Variété, à notre avis, la plus jolie de
toute la série. Feuilles plus ou moins acu-
minées, d’un vert mat, à panachure gris
cendré et bordées, surtout à leur extrémité,
de blanc et de jaune pâle. La largeur frap-
pante de ces panachures a été la cause de
la dénomination : fol. alho-marginatis, et
distingue le n» 6 du n® 5. Dans sa jeunesse,
cette variété est aussi délicate que le n» 2 ;
mais quand elle est développée, elle est
aussi robuste que le n» 5.
7® Ev. Jap. latifol. foliis aureo-margi-
natis. Feuilles vertes, lavées de jaune avec
quelquefois une bordure jaune et verte.
Jolie plante demandant à être exposée au
soleil. Elle est assez répandue, et possède
les qualités du n® 5.
8° Ev. Jap. fastigiatus. Jusqu’ici [nous
n’avions pas encore classé cette variété,
parce que nous ignorions si elle provenait
de YE. Japonicus ou bien de VE. radicans,
avec lequel elle a beaucoup de ressem-
blance. Mais, par suite de l’heureuse chance
que nous avons eue de trouver un rameau
ayant tous ses caractères sur un spécimen du
no 5, nous pouvons, en connaisssance de
cause, affirmer son origine.
EEv. Jap. fastigiatus a les feuilles plus
petites que la plante-mère, plus petites que
toutes les variétés soeurs. Ces feuilles sont
allongées, vertes, avec des panachures blan-
ches et grisâtres, et bordées d’une bande
blanc pur. Elles ressemblent à celles de
VEv. radicanSj ce qui explique que dans
beaucoup de collections elle en porte le
nom.
On distingue aisément les deux variétés
l’une de l’autre, pour cette raison que VEv.
Jap. fastigiatus a les rameaux élancés et
presque verticaux, tandis qu’au contraire
VEv. radicans pousse horizontalement et
a les branches presque rampantes.
De plus, et cela est très-caractéristique,
VEv. radicans a les feuilles peu luisantes,
tandis qu’au contraire cette propriété est
très-développée chez VEv. fastigiatus ; ce
dernier a d’ailleurs les feuilles obtuses pen-
dant qu’elles sont acuminées dans VEv.
radicans. L’E. fastigiatus possède aussi
une végétation beaucoup moins vigoureuse
que celui-ci.
Il est probable que les fleurs de ces deux
LES VARIÉTÉS RE L’EVONYMUS JAPONICUS.
235
plantes donneraient des caractères distinc-
tifs encore plus marqués ; mais il nous a été
jusqu’ici impossible de faire cette compa-
raison par suite du manque de fleur. Nous
avons remarqué que dans la culture en
pots les Evonymus exotiques fleurissent
difflcilement.
Cette variété n’a pas de type à feuille
verte sans panachure. Elle est plus vigou-
reuse et plus rustique que le n^ 2 et très-
constante dans sa forme.
Nous devons signaler ici une variété
connue dans le commerce sous le nom
à'Ev. Jap. pulchellus. D’après les dimen-
sions exiguës de ses feuilles, nous ne pen-
sons pas qu’elle provienne de VEv. Japo-
nicus. Nous l’avons trouvée dans bien des
collections sous le nom à'Eurya Japonica.
Nous n’avons pas encore pu examiner les
fleurs de cette plante ; aussi ne pourrons-
nous définitivement la classer que lorsque
nous aurons été à même de l’étudier sous
ce rapport.
En attendant, nous ne pouvons la placer
parmi les variétés de VEv. Japomcws, parce
que toutes les plantes à petites feuilles issues
de ce type donnent parfois des feuiles plus
grandes, tandis que VEv. Jap. pulchellus
est toujours constant dans la forme de ses
feuilles.
00 Ev. Jap. macropliyllus. Jolie variété
bien distincte, à grandes feuilles vert foncé,
arrondies, très-brillantes, et qui provient
de VEv. Jap. latifolius.
La plante est très-décorative, croît vigou-
reusement, et est peu sensible au manque
d’air et de lumière.
IQo Ev. Jap. latifolius pijramidalis.
Cette variété a de grandes feuilles vertes
avec une tache jaune plus ou moins visible.
La plante est jolie et de forme pyramidalè
bien caractérisée. Même rusticité que le n® 9.
Il® Ev. Jap. latifolius foliis viridi-
variegatis. Cette variété est connue dans le
commerce sous le nom à'Ev. Duc d'Anjou.
Nous ne la considérons pas comme cons-
tante, et c’est pour cela que nous préférons
lui laisser le nom ci-dessus. Ses feuilles
sont plus grandes que celles de la plante-
mère, très-brillantes, d’un joli vert, et
portant dans leur partie médiane, d’élé-
gantes panachures jaunes et vertes.
La plante pousse vigoureusement et
possède toutes les qualités du n® 9. Elle est
très-recommandable*
12» Ev. Jap. latifolius tricolor. Variété
ancienne, mais peu connue. Elle est carac-
térisée par ses feuilles, qui, de la même
grandeur que celles de la plante-mère,
portent, sur un fond vert, des lavures
irrégulières blanches ou jaunes. Elles sont
striées et ponctuées de blanc. Souvent elles
présentent des points et de grandes taches
jaunes; souvent aussi elles sont moitié
blanches, moitié jaunes, ou entièrement
blanc jaunâtre. Le port de la plante est
normal, mais peu joli, par suite de la ten-
dance qu’elle a de pousser de côté, au lieu
de s’élancer.
Les jeunes plantes sont sensibles au
manque d’air et de lumière; mais elles
perdent cet inconvénient en prenant de
l’âge. On peut remédier à leur végétation
défectueuse et en faire de jolis individus
bien formés, en les pinçant, en les tuteu-
rant, en un mot, en les conduisant avec soin.
13® Ev. Jap. latifolius aureus foliis
luteis. Cette plante a tous les caractères du
n° 7, à cela près que les feuilles sont jaune
verdâtre, et souvent entièrement jaunes.
Les pousses nouvelles sont surtout très-
jolies.
14o Ev. Japon, latifol. fasciatus foliis
aureo-maculatis . Cette variété provient du
no 4, auquel elle ressemble sous tous les
rapports ; elle s’en distingue pourtant en ce
que quelques-uns de ses rameaux prennent
parfois, par monstruosité, une forme de
crête de coq.
15” Ev. Jap. crispus. Cette curieuse
variété a les feuilles petites, vertes, avec
des panachures blanches et grises.
Ces feuilles ressemblent à celles de VEv.
Jap. fastigiatus ; mais elles sont recour-
bées, et paraissent pour ainsi dire frisées.
Cette variété est délicate ; elle reprend
difficilement de boutures, et produit volon-
tiers une grande quantité de rameaux qui
ne ressemblent aucunement à ceux de VEv.
Jap. fastigiatus.
A cause de différents points de ressem-
blance, on pourrait croire que cette variété
provient de VEv. Jap. fastigiatus ; mais
nous avons vu, sur un Ev. Jap. latif. foliis
albo-variegatis, un rameau ayant tous les
caractères de VEv. Jap. crispus, ce qui
nous autorise à affirmer que cette dernière
plante en provient.
h'Ev. Jap. crispus est aussi sensible^
quand il est jeune, que le n° 2.
236
LES VARIÉTÉS DE L’EVONYMUS JAPONIGUS.
16'^ Ev. Jap. macro phy Uns foliis alho~
rnarginatis. Dans l’ensemble de ses qua-
lités, cette jolie variété ressemble au n» 6;
mais ses feuilles sont plus grandes, et
possèdent une panachure blanche plus nette
et beaucoup plus riche. On devrait, pour ces
raisons, la considérer comme la plus jolie
de toutes les variétés d'Evonymus. A tout
âge, elle résiste bien au manque d’air et de
lumière, et paraît très- constante dans sa
forme. Les exemplaires que nous étudions de-
puis cinq ans n’ont encore aucunement varié.
Cette plante provient de VEv. Jap. ma-
cropliyllus ; mais elle ne possède pas le
vernis brillant sur les feuilles, qui distingue
cette variété.
Nous allons maintenant ajouter quelques
observations provenant des longues études
que nous avons faites sur ces plantes, et
l'elatives à leurs panacbures. Nos cultures
expérimentales ayant duré quinze années
consécutives, nous croyons pouvoir aftirmer
ce que nous avançons.
Voici d’abord la liste des variétés à feuilles
panachées, qui n’ont jamais produit de
feuilles ou rameaux verts. Ce sont : Ev.
Japon, latifol. fol. albo- rnarginatis, Ev.
Jap. latifol. fol. viridi-variegatis, Ev.
Jap. fastigiatus, Ev. Jap. crispus et
Ev. Jap. macroph. fol. albo -rnarginatis.
Ensuite viennent les variétés plus ou
moins constantes dans la couleur de leurs
feuilles, c’est-à-dire celles qui, quelquefois,
mais rarement, émettent des rameaux et des
feuilles d’une couleur verte. Ce sont : VEv.
Jap. latifol. fol. albo variegatis et VEv.
Jap. latif. fol. luteis.
Voici maintenant la liste des variétés qui
sont franchement panachées quand elles
sont jeunes, mais qui perdent peu à peu
cette propriété en vieillissant, et finissent
par devenir presque absolument vertes. Ce
sont : Ev. Jap. latifol. fol. aureo-macu-
latis, Ev. Jap. fol.eleganterpunctatis,Ev.
Jap. latif. tricolor et Ev. Jap. latifol.
fasciatus foliis aureo-maculatis.
Ce serait un point intéressant à étudier
et à connaître que celui qui a rapport aux
causes qui provoquent ces dégénérescences
ou plutôt ce retour au type non panaché
dont les variétés panachées proviennent.
On rendrait un grand service aux ama-
teurs de ces jolies plante's en leur faisant
connaître ces causes et en même temps le
moyen d’en combattre les eflets.
Telle est la substance du travail de
M. Scholtz, sur le Fusain du Japon et ses
variétés. Cette étude intéressante ne serait
pas complète, si nous n’y ajoutions quelques
autres documents que l’auteur semble
n’avoir pas connus et quelques réflexions
sur les variétés par lui décrites.
Il convient d’abord de signaler :
Ev. Japon, calamistratus. Variété à
feuilles tordues, comme frisées, ainsi que
l’indique le qualificatif, un peu dans le
genre de Vllex A. calamistrata. Il ne faut
pas confondre cette variété avec VEv. Jap.
crispas, qui ne serait pas autre chose, au
dire de M. A. Lavallée, que VEv. radicans
véritable, de Siebold et Zuccarini, tandis
que VEv. radicans du commerce est VEv.
gracilis de Siebold.
Nous signalerons ensuite :
Ev. Jap. pallens, connu aussi sous le
nom de fîavescens, et que M. Carrière a
obtenu et décrit (1). Cette variété esf remar-
quable par le ton jaune soufre ou jaune
« beurre frais » de ses feuilles, qui sont
beaucoup plus pâles au printemps que la
variété n» 13, plus connue en France sous
le nom d’aurea.
Ev. Jap. pyramidatus . Variété mise au
commerce par M. Moser, de Versailles,
décrite par M. Carrière (2), remarquable
par son port conique ou pyramidal, et sa
vigueur beaucoup plus grande que celle de
VEv. Jap. fastigiatus.
Ev. Jap. sulphureus. Variété rustique,
vigoureuse, érigée, supérieure au type, et
d’un ton plus pâle au printemps que la
variété aurea. Nous ne savons si elle est
distincte de là variété flavescens ou flavida,
mais on peut le croire, à juger d’après une
note de M. Vauvel (3) qui cite les deux
variétés comme différentes.
Ev. Jap. elegans. Variété signalée par
M. N. Doûmet-Adanson, caractérisée par
un feuillage plus ample que le type, subcor-
diforme, moins fortement dentelé, d’un vert
particulier, et surtout par une propension à
se couvrir de fruits pendant l’hiver, ce qui
donne à l’arbuste un aspect très-ornemental.
Nous ferons simplement observer que la
plante distinguée par M. Doûmet-Adanson
paraît une forme méridionale, obtenue de
(t) Voir Revue horiicole, 1877, p. 153.
(2) Voir Revue liorlicole, 1878, p. 300; 188'2,
p. 52Ü..
(3) Voir Revue horticole, 1860, p. 148.
ALAMBICS PORTATIFS VALYN.
237
semis, et assez fréquemment plantée dans
les jardins du littoral méditerranéen. Elle
n’en est pas moins remarquable.
Il serait possible qu’on trouvât encore,
dans les collections de France ou d’Angle-
terre, d’autres variétés qui ont passé ina-
perçues des collectionneurs. Le nombre des
variations « sportives », suivant l’expression
anglaise, a été assez grand dans ÏEvonymus
Japonicus, et nous pensons que la plupart
des panachures ont été plutôt des accidents
fixés que des formes dues aux semis. Nous
sommes loin du temps où les premiers
Fusains du Japon étaient plantés en espa-
lieç, le long d’un mur, dans les jardins de
la Société d’horticulture de Londres, et où
l’on constatait que l’hiver de 1837-38 les
avait laissés presque indemnes ; la variété
panachée avait même été trouvée plus rus-
tique que le type.
Parmi les variétés que nous venons de
voir signalées par M. Scholtz, plusieurs
donnent matière à réflexion. Ainsi, VEv.
Japon, macrophyllus (n°9) est, en France,
synonyme de rohustus. C’est une forme
très-robuste, très-décorative, pouvant très-
bien se former en arbre.
Le no 2 est la variété connue dans le
commerce sous le nom de punctata (1).
Le no 5 est la variété varier) ata.
Au n» 8, il faut ajouter cette observation
que l’on nomme aussi cette variété Ev. Jap.
mirrophyllus (ou Eurya microphylla par
quelques horticulteurs).
Le n» 10, Ev. Jap. latifolius pyramida-
lis, s’appelle aussi pyramidalis tout court
ou pyramidatus.
Le no 11, nommé par M. Scholtz du nom
interminable de Ev. Jap. latifolius foliis
viridi-variegatis n’est pas autre chose, en
effet, que notre variété Duc d’Anjou. Il est
bon de rappeler, à celte occasion, que la
plante provient de M. Gégu, chef de culture
chez M . André Leroy, à Angers, et qu’elle
est née d’un dimorphisme du sulphureus.
Le no 13, Ev. Jagj. latifolius foliis luteis
est synonyme de la variété aurea.
Le no 15 est le vrai Ev. radicans de
Siebold et Zuccarini.
Si ces renseignements peuvent aider les
amateurs de ces beaux arbustes à les recon-
naître et à les nommer avec exactitude, cet
essai de monographie des variétés horti-
coles d’une plante si répandue sera justifié,
et nous serions heureux qu’il fût complété,
s’il y a lieu, par les documents que nos lec-
teurs pourraient avoir recueillis sur ce
sujet. Ed. André.
ALAMBICS PORTATIFS VALYN
Par le temps de falsification et de sophis-
tication dans lequel nous vivons et où
bientôt il ne sera plus possible de se pro-
curer aucun produit naturel, mettre chacun
à même de fabriquer ses essences, ses par-
fums, les différents extraits dont il a be-
soin, de distiller ses marcs de Raisins ou de
Pommes, de préparer différents produits
pharmaceutiques, etc., c’est rendre un im-
mense service à la société, réaliser un véri-
table progrès en complétant l’éducation
générale par l’addition de la science écono-
mique.
C’est là la tâche que s’est donnée M. Va-
lyn, en inventant les petits alambics re-
présentés* par la figure 44, qui réalisent
(1) Nous devons faire observer que nous em-
ployons la terminaison us quand nous faisons
accorder le qualificatif avec le nom à'Evonymus,
qui est masculin. Quand nous terminons en a,
forme féminine, c’est que nous entendons le mot
varietas. C’est comme si l’on disait : Evonymus
japonicus^ varietas aurea.
tous les avantages que l’on peut désirer :
solidité, par conséquent sécurité, simpli-
cité, fonctionnement parfait et même co-
quetterie ; tout cela à des prix relative-
ment peu élevés. Aussi ces alambics
devront-ils se trouver dans toutes les mai-
sons ; chaque ménagère voudra avoir le
sien ; pour les fermes et les usines, quelles
qu’elles soient, ces appareils sont indispen-
sables. Nous ajoutons même que, en raison
de leur élégance, ils pourront trouver place,
près du cabinet de travail des dames qui,
tout en se livrant à leurs occupations habi-
tuelles, pourront fabriquer elles-mêmes leurs
parfums, extraire les essences dont elles ont
besoin, composer leurs eaux de toilette,
leurs liqueurs de ménage et obtenir ainsi,
au lieu de produits falsifiés, parfois insa-
lubres, des substances que, sans forcer les
mots, on pourra qualifier « d’hygiéniques. »
Pour le fermier ou l’industriel, les alam-
bics Valyn ne seront pas moins utiles, au
238
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’hORTICULTURE DE FRANCE.
contraire. Ainsi, il pourra se rendre un
compte exact de la valeur de certaines
denrées, et éviter bien des déceptions, en
ne se lançant qu’à bon escient dans une
exploitation sur laquelle il n’a que des
connaissances insuffisantes ; il pourra, par
exemple, distiller ses marcs
de Raisins ou de Pommes,
et se rendre compte de leur
richesse en alcool, faire de
même des différents fruils
(Prunes, Pêches, Figues,
etc.), dont il voudrait con-
naître le contenu et voir s’il
y aurait avantage à les ex-
ploiter; analyser ses Bet--
teraves, ses Pommes de
terre, etc., de manière à
agir avec certitude, au lieu
de le faire au hasard, ou
d’après des dires inexacts
ou mal fondés.
Ce sont tous ces avan-
tages qui nous ont engagé à
publier cette note, afin d’ap-
peler sur les appareils Valyn,
non seulement l’attention
des abonnés, mais tout par-
ticulièrement des nombreu-
ses abonnées de la Revue
horticole, qui trouveront là
un moyen d’exercer et d’aug-
menter leurs jouissances,
tout en ajoutant à celles-ci celles qui ré-
sultent d’applications scientifiques; de sorte
que, après avoir cultivé les plantes et ad-
miré leurs fleurs, elles pourront cueillir
celles-ci et en extraire les parfums qui, au
jardin, ont si agréablement satisfait leur
odorat.
Quant à l’usage, c’est-à-dire à l’emploi des
appareils dont nous parlons, qui, du reste,
n’exigent aucune connaissance spéciale,
ni ne peuvent exposer, même les personnes
les plus étrangères aux
sciences, nous n’avons pas
cru devoir entrer dans des
explications , parce que ,
toujours insuffisantes dans
l’application, elles ont l’in-
convénient de rendre les
choses ardues , et sou-
vent même d’empêcherjd’en
essayer, en laissant croire
à des difficultés qui n’exis-
tent pas.
Une autre raison , la
plus importante, nous a
empêché d’entrer d^ns les
détails d’application, c’est
que M. Broquet, construc-
teur et seul concession-
naire pour la fabrication
et la vente des alambics
Valyn, livre, avec chaque
appareil, une notice simple,
concise et très - explicite
qui, beaucoup mieux que
nous ne pourrions le faire,
donne tous les détails pour
bien gouverner ces appareils
et même l’indication précise de certaines
applications qu’on peut en faire en diverses
circonstances, tout cela en termes clairs et
très -bien définis.
E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 26 AVRIL -1883
A l’ouverture de la séance, M. Lavallée pré-
sident de la Société nationale et centrale d’horti-
culture de France, annoncet la perte cruelle
que la Société vient de faire dans la personne
de son secrétaire général, M. Duvivier, enlevé
brusquement, après trois jours de maladie, le
25 avril, à fâge de cinquante-trois ans.
Après quelques paroles empreintes d’une
émotion que partageaient tous les membres
présents, M. Lavallée dit que la séance du Con-
seil qui devait avoir lieu est ajournée, que dans
la réunion générale on se bornera à citer les
apports faits, mais sans aucune discussion ni
observation, et que la séance sera levée en
signe de deuil. Les apports faits en cette séance,
étaient les suivants :
Aü comité de culture ^ootag ère, M. Berthault,
jardinier à Rungis, présentait, en beaux échan-
tillons arrivés à maturité, trois sortes de Con-
combres : 1» Jaune hatif de Hollande ; 2» Blanc
hatif\ 30 Brodé de Russie ; puis de magnifiques
bourgeons de Crambe maritima, provenant de
BrBLIOGRAPHIE.
289
plantes sur lesquelles il cueille depuis cinq mois.
— M. Aubert, jardinier chez M. Pereire, au
domaine d’Armainvilliers, présentait, sous le
nom, de Noir des Carmes^ un Melon Cantaloup,
qui n’était qu’une sorte d’hybride; ses côtes
larges, profondes, très-galeuses, sillonnées,
étaient vert foncé brunâtre, fortement rimeuses,
çà et là lavées de jaune orange, ce qui indique
sa maturité. — M. Bouland, cultivateur à Ville-
juif, présentait une corbeille de Laitues blondes
de la Passion, venues en plein air, et qui
étaient assez belles. — M. Duchemin, maraîcher
à Paris, présentait, avec une botte d’Oignons
blancs, une corbeille de Choux hâtifs d’York
qui, sans être gros, étaient relativement bien
pommés.
Le comité de floriculture était beaucoup
mieux représenté ; c’était d’abord M. Aubert,
déjà nommé, qui présentait un beau et fort
pied de Co?ens, qu’il a obtenu de semis; ses
nombreuses et larges feuilles ovales, d’un blanc
jaunâtre, formaient un contraste remarquable-
ment singulier, avec une bande d’un beau vert
qui les circonscrivait. — M. Deschamps, grand
amateur d’horticulture à Boulogne (Seine), avait
eu l’heureuse idée d’apporter un fort bouquet
composé de rameaux fleuris de Malus sj^ecta-
bilis et de M. cerasiformis, charmants mes-
sagers du printemps qu’on cultive encore si
rarement, malgré leur très-grand mérite orne-
mental. A ces plantes étaient jointes quelques
Roses bien développées de Thé Souvenir d’un
ami, variété magnifique. — M. Castié, horti- |
culteur, 17, rue du Mont-Valérien, à Suresnes,
présentait en fleurs coupées de magnifiques j
Auricules. — M. Régnier, horticulteur à Fon- î
tenay-sous-Bois (Seine), présentait également I
en fleurs coupées des Pensées très-belles et bien
variées, à très-grandes fleurs. — M. Lévêque,
l’éminent rosiériste bien connu, présentait deux
pieds fleuris de la Rose Merveille de Lyon.
Cette variété, qui appartient aux hybrides re- *
montants et qui est issue de la Rose Madame »
la baronne de Rothschild, a la fleur forte et ,
bien faite, d’un blanc légèrement carné qui
rappelle assez exactement le coloris de la Rose
Cuisse de Nymphe ou du Souvenir de la Mal-
maison. — M. Michel, chef des cultures de la
Maison Vilmorin, rue de Reuilly, 115, à Paris,
présentait une boite de fleurs coupées de Ci-
néraires à fleurs doubles qui, à tous les points
de vue, pouvaient lutter avec celles qu’avait
récemment exposées M. Canne 1, horticulteur
anglais. La forme de ces fleurs, leurs dimen-
sions vraiment extraordinaires, jointes à labeauté
et à la richesse des coloris, font de ces plantes
de vrais types décoratifs, surtout si l’on réflé-
chit que, robustes et très-floribondes, elles
restent parfaitement fleuries pendant plus de
trois mois. — M. Godefroy-Lebeuf, horticul-
teur à Argenteuil, avait envoyé en pieds fleuris
les espèces suivantes : Masdevallia Wagene-
riana, espèce des plus curieuses, à extérieur
rose cuivré luisant, à intérieur jaunâtre, ter-
minée à chaque extrémité par un appendice
assez long, ténu ; Cypripediuyn marmorophyl-
lum, forme très-voisine du C. barbatum ; les
C. Boxalli et C. Boxalli superbum, deux
plantes très-vigoureuses, à hampe florale forte,
portant de nombreux poils laineux; les fleure
grandes, à ailes largement étendues, un peu
contournées, luisantes et commes vernies, assez
semblables quant à la forme à celles de la
variété superbuyn, sont un peu plus foncées
cependant. — M. Chenu, de Passy, présentait un
énorme et magnifique pied de Cypripyedium
Loiüii, portant 2 hampes florales d’un beau
noir, dressées, hautes d’environ 65 centimètres,
supportant chacune 4 fleurs, dont 3 très-bien
épanouies, la 4® en bouton; les fleurs, très-
grandes, à ailes extrêmement développées, con-
tournées, jaunâtres, maculées brun marron
dans la partie supérieure, ont l’extrémité élargie
d’un beau rose violacé foncé. Cette plante,
unique peut-être par les dimensions et la
beauté, appartient à une des plus jolies variétés
du Cypyûpedium Lowii.
BIBLIOGKÂPHIE
Palmiers brésiliens. — Le 86® fas-
cicule du Flora hrasiliensis est consacré
aux Palmiers, qui sont si largement repré-
sentés dans la flore du Brésil.
L’étude en a été faite par le docteur
Drude, directeur du Jardin botanique de
Dresde.
Le nombre des genres de Palmiers admis
par Bentham et Hooker, dans le Généra
Playitarum, est de 132, sans compter un
petit nombre de genres douteux, et les
espèces mentionnées n’y dépassent pas le
chiffre de 1,100, dont un grand nombre
étaient alors très-imparfaitement connues.
M. Drude, pour la flore brésilienne,
énumère 251 espèces appartenant à 35 gen-
res différents, ou, en d’autres termes, le
quart à peu près des espèces connues, re-
présentant également le quart des genres
décrits. 11 semble étrange de dire que, bien
qu’une grande proportion de ces espèces
soient tout à fait locales, deux seulement,
240
BIBLIOGRAPHIE.
des genres Glaziova et Barcella sont réelle-
ment endémiques, et il est probable que
l’une et l’autre de ces espèces sont repré-
sentées dans d’autres parties de l’Amérique
du Sud.
Les genres les plus nombreux au Brésil
sont les Bactris, 54 espèces ; Geonoma,
37 espèces ; Cocos, 29 espèces ; Astroca-
ryum, 28 espèces ; Desmoncus, 17 espèces,
et Attalea, 13 espèces. Les autres genres
sont représentés par un très-petit nombre
d’espèces : Œnocarpus, 8 ; Mauritia, 6 ;
Lepidoçaryum, 5; DiplotJiemium, Maxi-
miliana, Euterpe, Leopoldinia, 4 cha-
cun ; Acrocomia, Orhignya, Hyospatlie,
Iriartea, Trithrinax, 3 chacun; Oro-
phoma, Glaziova, Elaœs, Jessenia, More-
nia, Chamædorea, Catohlastus, 2 chacun ;
Baphia, Gulielma, Martinezia, Barcella,
Calyptronema, Manicaria, Kimthia, Co~
pernicia et Acantliorhiza, 1 chacun.
La plus grande concentration d’espèces
existe dans le nord-ouest des régions de
l’Amazone supérieur, où l’on en trouve 110.
En considérant les Palmiers répandus
dans la culture, nous observons que le
Cocos Weddelliana est reporté dans le
genre Glaziova, qui est un des deux classés
comme endémiques. Le joli genre Chamœ-
dorea, si nombreux dans LAmérique cen-
trale et au Mexique, est représenté au
Brésil par 5 espèces seulement.
A ce propos, il est bon de constater que
M. Drude, non plus que Bentham et Hooker,
n’a jugé utile de remplacer le nom de ce
Palmier par celui, plus ancien, de Nunne-
zharia, qu’avaient adopté Spruce, Œrsted
et d’autres botanistes. La raison péremp-
toire, à ce sujet, est que Buiz et Pavon, les
auteurs de ce dernier nom, avaient con-
fondu sous cette dénomination générique
des Palmiers appartenant à plusieurs genres
différents.
Le nom de Chamædorea, plus euphoni-
que, est d’ailleurs répandu partout aujour-
d’hui.
Le très-intéressant travail de M. Drude
donne, au sujet des Palmiers brésiliens,
d’autres renseignements très-complets que
nous espérons faire connaître plus tard à
nos lecteurs.
Ed. André.
Les Produits naturels du Tong-King
et des pays limitrophes. — Au moment
où il est question d’annexer à notre colonie
de Gochinchine cette partie de l’Annam
appelée Tong-King, nous avons pensé qu’il
ne serait pas hors de propos de donner
quelques renseignements sur les produits
de cette contrée. Nous les puisons dans une
brochure publiée par M. Fr. Romanet du
Caillaud. Cette brochure, qui se termine par
une carte du Tong-King, comprend les para-
ragrapbes suivants : Aperçu géogra-
phique; 2o Métaux; 3® Autres minéraux
divers ; 4® Produits du règne végétal ;
5» Produits du règne animal ; 6° Voies de
communication ; 7® Voies à créer; 8® Né-
cessité d’une exploitation commerciale.
Dans la section : (( Produits du règne vé-
gétal, » la seule qui nous intéresse, M. Ro-
manet du Caillaud indique d’une manière
générale les suivants : Riz, Maïs, Racines et
Tubercules divers ; Sucre, Fruits, Thé,
Tabac, Plantes médicinales, etc.
Dans les essences forestières, qui ne pa-
raissent ni nombreuses ni variées, les Bam-
bous occupent une des premières places. B
parle aussi d’un arbre dont le nom annamite
est Cay Cho. 11 est, dit cet auteur, (c droit,
très-élevé, et n’a de branches qu’à son som-
met, lequel est arrondi en forme de globe ;
son bois sert à la construction des barques,
on en fait aussi des madriers de 20 à 30 mè-
tres de long. )î
Quant aux Plantes d’ornement , que
pourraient-elles être? Nous croyons que,
quelles qu’elles soient, il n’y faut guère
songer pour la pleine terre, en France,
sinon très - exceptionnellement, puisque,
d’après M. Romanet du Caillaud, le Bana-
nier, la Canne à sucre, le Jacquier, la
Cannelle, l’Ananas, les Papayers, les Man-
guiers, les Li-tchi, etc., sont cultivés dans
presque tous les jardins.
Le climat du Tong-King paraît être au
moins aussi chaud que celui de la Cochin-
chine. Toutefois, sous ce rapport, nous ne
pouvons rien affirmer, car certaines parties
sont très-accidentées et fortement monta-
gneuses, conditions qui, comme on le sait,
déterminent de grandes diversités dans la
température et peuvent former des climats
locaux. E.-A. Carrière.
Xmp, Qeorges Jncob, Oriénm,
CHRONIQUE HORTICOLE
Exposition de la Société nationale
et centrale d’horticulture de France.
— Comme l’année dernière, cette exposition
a été installée dans le pavillon de la Ville de
Paris et scs abords, derrière le palais de
l’Industrie. C’est un grand succès pour la
Société. L’opinion est unanime pour cons-
tater que le nombre et la beauté des apports
ont dépassé ce qu’on avait vu jusqu’ici à
Paris. Rien ne saurait peindre l’éclat des
massifs de Rhododendrons et d’ Azalées, le
charme et le parfum des Rosiers qui ont
été apportés à profusion, la grâce des col-
lections de plantes de pleine terre, l’étrange
beauté des Orchidées, qui cette fois trô-
naient en nombre, etc. Pour la première
fois, à une exposition de la Société, les
plantes de nouvelle introduction étaient
représentées par des apports sérieux, d’eS-
pèces importées directement des pays d’ori-
gine et non encore exposées en Europe.
Les lots de belle culture indiquaient un
progrès constant dans la sélection des
plantes de serre et la beauté des spécimens.
Les spécialités françaises, Caladiums, Gloxi-
nias, Crotons, etc., ont triomphé, comme
toujours.
L’accueil fait par le public à ce magni-
fique ensemble de plantes a été enthou-
siaste, et le 22 mai, jour de l’inauguration,
a été favorisé heureusement par un temps
superbe.
Nous sommes heureux d’avoir à enre-
gistrer ce nouveau succès de notre horti-
culture nationale. La Revue horticole
publiera, dans son prochain numéro, le
compte-rendu de l’exposition.
Amélioration apportée aux expédi-
tions de plantes. — La Compagnie des
chemins de fer de l’Ouest vient d’apporter
à ses réglements sur le transport des
végétaux, une amélioration que nous nous
empressons de signaler. Voici, à ce sujet,
une réponse qu’a reçue notre collègue
M. Raptiste Desportes, le représentant de
l’établissement d’horticulture André-Leroy,
et qu’il a bien voulu nous communiquer.
(( Monsieur, par votre lettre du 7 mai cou-
rant, vous avez bien voulu appeler notre atten-
tion sur les difficultés que vous éprouviez pour
vos transports de végétaux depuis la mise en
1er Juix 1883.
application de certaines mesures prises à la
suite de la convention de Berne, dans le but de
combattre l’invasion du phylloxéra.
« J’ai l’honneur de vous informer que, dési-
reux de parer, dans la mesure du possible, aux
inconvénients résultant de cette situation, nous
avons, après examen, réglementé la circulation
intérieure par les nouvelles dispositions sui-
vantes ;
Les expéditions de végétaux, autres que la
Vigne, pourront être acceptées pour rbitérieMr,
sans les certificats précédemment prescrits, à
la condition que les expéditeurs justifieront, par
la production de la carte officielle de la date
la plus récente, que le lieu de provenance n’est
pas situé dans un arrondissement phylloxéré,
où, à défaut de cette production, déclareront
sur leurs notes d’expédition qu’ils garantissent
la Compagnie de toutes les conséquences,
quelles qu’elles soient, du manque de certificats
et des contraventions qui peuvent être relevées
par suite de leur absence.
Nous croyons, en outre, devoir porter à votre
connaissance qu’en ce qui concerne Vexporta-
tion des mômes végétaux sur la Belgique, les
envois peuvent être acceptés mainténant accom-
pagnés seulement du certificat délivré par l’au-
torité française compétente, et sans l’attestation
d’un expert officiel, le Gouvernement belge
n’exigeant pas cette dernière condition.
Celte concession est certainement quel-
que chose, mais ce n’est pas assez; puis-
qu’il est hors de doute que le phylloxéra ne
s’attaque qu’à la Vigne, celle-ci seule
devrait être le sujet de mesures exception-
nelles.
Nomination de M. Nanot comme
professeur d’arboriculture de la Ville
de Paris. — Par arrêté du préfet de la
Seine, M. Du Breuil, professeur, vient
d’être admis à faire valoir ses droits à la
retraite. M. J. Nanot, diplômé de l’ensei-
gnement supérieur de l’agriculture, répéti-
teur d’arboriculture et de viticulture à
l’Institut national agronomique, après avoir
suppléé depuis deux ans M. Du Breuil dans
son enseignement, a été, par le même
arrêté préfectoral, nommé pour occuper la
chaire de la Ville de Paris.
Vente de la bibliothèque de M.*De-
caisne. — Cette vente, qui devait avoir
lieu en mai, aura lieu du 4 au 23 juin pro-
M
242
CHRONIQUE HORTICOLE.
Chain, à sept heures et demie du soir, mai-
son Sylvestre (salle n° 1), 28, rue des Bons-
Enfants, Paris.
Nous avons déjà parlé de la haute im-
portance de la belle collection d’ouvrages
relatifs à la botanique, à l’horticulture et à
l’arboriculture, qu’avait réunie feu M. De-
caisne.
Ajoutons aujourd’hui que le Catalogue de
la vente a été classé scientifiquement par
M. Vesque, aide -naturaliste au Muséum.
Ce catalogue, qui contient 3,264 numéros,
sans compter un très-grand nombre de
brochures, est précédé d’une biographie par
M. le Dï* E. Bornet. Il se trouve en distri-
bution gratuite chez veuve Labitte,
libraire, 4, rue de Lille, à Paris, qui est
chargée de la vente.
Primes d’honneur en faveur de l’hor-
ticulture et de la petite culture. —
Nous apprenons avec plaisir que, dans le
budget pour 1884 que le gouvernement
vient de présenter à la Chambre, il est ajouté
une somme de 50,000 francs au chapitre
des primes d’honneur et des prix culturaux.
Cette somme est destinée à créer des
récompenses auxquelles concourront l’hor-
ticulture et la petite culture agricole.
Il y a tout lieu d’espérer que le Parle-
ment ratifiera cette proposition, et que ce
crédit spécial, modeste dans la somme
allouée, sera augmenté dans le budget des
futures années.
Exposition internationale d’horti-
culture à Boston. — Une lettre de Bos-
ton, adressée à la Société nationale et
centrale d’horticulture de France, informe
celle-ci qu’en mémoire du 100® anniversaire
du Traité de paix des États-Unis, une Expo-
sition internationale d’horticulture aura lieu
à Boston (Amérique), en septembre, octobre
et novembre 1 883.
Cette lettre engage non seulement les
membres de la Société, soit collectivement,
soit individuellement, à prendre part à ce
tournoi trans- océanien, mais tous les ama-
teurs et horticulteurs, quels qu’ils soient.
C’est donc une occasion pour l’horticulture
française de montrer à sa sœur d’Amérique
ses remarquables productions fruitières :
Pommes, Poires, Raisins, et de resserrer
encore les liens d’amitié qui unissent les
deux peuples.
Souvenir hygrométrique de l’Expo-
sition d’horticulture. — Sous cette ru-
brique, on voyait à l’exposition d’horticulture
de Versailles, du 12 mai dernier et dont on
trouvera plus loin un compte-rendu, une
carte-adresse sur laquelle on lisait : (( Ob-
servez-moi, si je suis bleu il fera beau; je
deviens rose s’il doit pleuvoir. » Le temps
s’était chargé de confirmer ces pronostics,
car il pleuvait à chaque instant et l’atmos-
phère était très- chargée d’humidité; aussi
la partie préparée était-elle d’un rose foncé.
Suivant les changements atmosphériques,
la couleur varie de nuance. Cette sensibilité
est due à une préparation chimique sur
laquelle l’humidité de l’air agit d’une ma-
nière analogue à celle qui s’exerce soit sur
les substances qui composent le légendaire
« capucin » qui se couvre ou rentre dans
sa cabane s’il doit pleuvoir, soit sur la graine
&'Erodium gruinum qui s’enroule ou s’é-
tend suivant le degré d’humidité de l’at-
mosphère. M. L. Couturier, 39, rue de la
Paroisse, à Versailles, est l’inventeur de ce
nouvel hygromètre.
Utilisation des fruits passés. —
Quand, par suite d’une maturité trop avan-
cée, les Pommes et les Poires ont perdu leurs
qualités, il est encore possible de les utili-
ser ; le moyen est de les faire cuire et d’en
préparer des compotes. Dans cet état, ces
fruits reprennent sinon toutes leurs quali-
tés, du moins une grande partie. On ajoute
un peu de sucre et une petite quantité d’eau,
et lorsque la cuisson est presque complète,
on verse dans le vase quelques gouttes
d’eau-de-vie ou de rhum ; ou bien encore,
un peu avant que la cuisson soit parfaite,
on jette dans le vase quelques fragments
d’écorce d’orange, l’on couvre et on laisse
pendant quelques minutes, sur un feu doux,
afin que la compote s’imprègne bien du
parfum de la substance ajoutée.
Exposition d’horticulture à Saint-
Germain-en-Laye. — Du 19 au 22 août 1883,
la Société d’horticulture de Saint- Germain-
en-Laye fera dans cette ville une Exposition
d’horticulture, ainsi que des arts et indus-
tries qui s’y rattachent. Elle se tiendra dans
le Manège militaire, place Royale.
Les personnes qui voudront prendre part
à cette Exposition devront, avant le 12 août,
en faire la demande à M. Goupy père, se-
CHRONIQUE HORTICOLE.
243
crétaire général de la Société, rue des
Kroumirs, en indiquant les objets qu’elles
se proposent d’exposer et l’emplacement
qu’elles supposeront leur être nécessaire.
Le jury se réunira le samedi, 18 août, à
midi précis, au local de l’Exposition.
Achyranthes et Gnaphalium lana-
tum en arbres . — Afin de varier les
aspects des plantes cultivées en caisse
pour la décoration et de produire des con-
trastes, M. Armand Guingand a eu l’heu-
reuse idée d’élever en arbre des plantes
à feuillage coloré. Pour obtenir ce résultat,
il a choisi deux plantes de couleur tout
à fait différente : V Achyranthes Verscha-
ffelti, qui est d’un rouge noir, et le Gna-
phalium lanatum, qui est blanc grisâtre,
avec un abondant tomentum. A l’aide de
tuteurs, du pinçage et de la taille, il est
arrivé à obtenir ces plantes avec des tiges
de 1 mètre et plus de hauteur, sur-
montées d’une énorme tête sphérique. Pla-
cées çà et là entre des Orangers, des Gre-
nadiers, des Lauriers roses, les espèces
en question produisent un effet charmant.
Faisons observer que ces plantes ne sont
pas les seules ; il en est beaucoup d’autres
que l’on pourrait soumettre à ce traitement.
Toutefois, pour réussir, outre la diversité
des couleurs, il faut choisir des variétés
très-vigoureuses , de manière à obtenir
promptement les dimensions nécessaires
pour remplir le but que l’on recherche.
A la dernière exposition quinquennale de
Gand, des Gnaphalium élevés de cette
manière, à haute tige, ont été remarqués.
Exochorda grandiflora. — Plusieurs
de nos abonnés, désirant se procurer cette
magnifique espèce, nous informent que, non
seulement ils ne savent où la trouver, mais
qu’ils n’en ont même pas vu le nom dans
les quelques ouvrages qu’ils possèdent. Ce
bel arbuste, originaire du Nord de la Chine,
a été décrit et nommé ainsi par le bota-
niste anglais, Lindley, dans le Garde-
ners’ Chronicle (1858, p. 925). Avant cette
époque, M. R. Fortune, qui l’avait décou-
vert en 1845 et introduit, avait cru y voir
un Amelanchier, et Lindley l’avait nommé
A. racemosa (1). En 1854, Sir Hooker ra-
mena la plante dans le genre Spirœa (2).
(1) Bot. Reg., 1847, t. 38.
(2) Bot. mag., t. 4795.
Ce ne fut qu’en 1858 que Lindley, lorsque
l’espèce eût fructifié chez M. Standish, à
Bagshot, lui trouva des caractères suffisants
pour fonder le nouveau genre Exochorda.
Ce genre, monotype jusqu’ici, a été conservé
par MM. Bentham et Hooker dans leur Gé-
néra plantarum, I, p. 612. M. le pro-
fesseur Bâillon, dans son Histoire des
plantes., place V Exochorda près des Lind-
leya. C’est aussi le Spirœa vera de quel-
ques horticulteurs.
11 est facile de se procurer V Exochorda
grandiflora, à Orléans, notamment chez
MM. Transon frères, chez M. Desfossés-
Thuillier, et d’autres horticulteurs.
Destruction des Fourmis. — Les
Annales de la Société horticole, vigne-
ronne et forestière de VAube publient
le procédé suivant, dont nous recomman-
dons l’essai à nos lecteurs.
Après que l’on aura reconnu l’emplace-
ment de la fourmilière d’où proviennent
les insectes envahissants, on l’arrosera avec
un mélange d’une partie de poudre chlo-
rurée pour 6 à 8 parties d’eau.
Une seule opération suffit, et les fourmis
qu’elle n’atteindrait pas émigreront aussitôt,
paraît-il, à une grande distance.
Production spontanée d’un Prunier
à fleur double. — Nous avons à signaler
l’apparition spontanée, dans un semis de
noyaux de Prunier, d’un sujet à fleurs
doubles, très-vigoureux et qui sera très-
précieux pour l’ornementation. Ce fait s’est
produit dans les pépinières de MM. Simon-
Louis frères, à Plantières-lès-Metz. Des
échantillons qui nous avaient été envoyés
par notre collègue, M. Jouin, chef de culture
dans cet établissement, nous ont permis
d’apprécier la beauté du nouveau venu, qui
certainement jouera un rôle important dans
l’ornementation des jardins paysagers, peut-
être même formera-t-il une nouvelle va-
riété fruitière.
Deux Poires monstrueuses. — Les
deux variétés dont il s’agit, et qui figurent
sur des tableaux placés dans la salle du
Comité d’arboriculture de la Société natio-
nale et centrale d’horticulture de France,
sont : Souvenir de i847 et Grosse- Ange-
vine. Ces véritables monstres dépassent de
beaucoup la Belle-Angevine ; leur surface
#
244 CHRONIQUE
est fortement et irrégulièrement bosselée,
et la. peau est d’un vert sombre plus ou
moins taché de gris. Jamais nous n’avons
rien vu de semblable, et nous ne nous souve-
nons pas d’avoir vu ces Poiriers annoncés
sur aucun catalogue.
Ces deux variétés, qui, par les dimen-
sions extraordinaires des fruits, sont si
remarquables, où pourrait-on se les pro-
curer ? Nous croyons qu’il y aurait intérêt
à les cultiver; aussi serions-nous heureux
que quelqu’un voulût bien répondre à cette
question. Si la réponse était affirmative,
nous nous ferions un devoir de la faire con-
naître.
Dichroïsme d’une Betterave. — Ce
nouveau fait de production de couleur ins-
tantanée s’est manifesté l’année dernière à
Verrières, dans les cultures de MM. Vilmo-
rin. Sur une racine de Betterave, il s’est
développé deux bourgeons, l’un vert brun
foncé, ce qui est la couleur normale; l’autre
d’un rouge vif à reflets orangés des plus
brillants, complètement différent du pre-
mier, ce qui produit un contraste d’autant
plus sensible, que les deux bourgeons sont
placés l’un près de l’autre et paraissent sor-
tir du même point. En supprimant le bour-
geon normal et ne conservant que le rouge
pour la graine, on aurait chance d’obtenir
une race particulière, complètement diffé-
rente quant à la couleur des feuilles.
Exposition d’horticulture à Dieppe.
— Cette exposition se tiendra tîh mercredi
11 au lundi 16 juillet, dans la cour de
l’Hôtel -de- Ville.
Toutes les personnes, de quelque natio-
nalité qu’elles soient, sont invitées à prendre
part à cette exposition.
Les demandes doivent être adressées à
M. le président de la Société d’horticulture,
à l’Hôtel-de-Ville de Dieppe, an moins dix
jours avant Vouverture de Vexposition,
en indiquant la nature des objets qu’on se
propose d’exposer, et approximativement
l’emplacement nécessaire.
Le jury se réunira au local de l’exposi-
tion, le mercredi 11 juillet, à onze heures
du matin.
Conservation des mastics à greffer à
froid. — Plusieurs fois déjà, des lecteurs
de la Revue horticole nous ont écrit pour se
HORTICOLE.
plaindre d’une altération assez prompte que
subissent les mastics à greffer à froid. Cette
altération consiste dans le durcissement qui,
en déterminant la solidificationdu mastic, le
rend impropre à l’emploi pour les greffes un
peu délicates. En nous faisant part du fait,
on nous priait d’indiquer un moyen d’éviter
cet inconvénient ou de le faire disparaître
lorsqu’il s’est produit. Le seul moyen est
d’empêcher l’évaporation de l’alcool employé
pour la liquéfaction des corps gras et rési-
neux qui entrent dans les mastics à greffer.
Pour cela il faut, autant que possible, tenir
les vases bien bouchés et les placer dans
un lieu frais et même relativement froid,
excepté lorsqu’on va les employer. Il est
bon aussi d’avoir des vases de petites dimen-
sions, afin qu’ils soient moins longtemps en
vidange.
Certaines personnes croient remédier au
mal en faisant chauffer ces mastics durcis
sur un réchaud ou à la chaleur d’une lampe,
mais cette prétendue amélioration aggrave
la situation, car, en se liquéfiant, le mastic
a perdu tout l’alcool qu’il contenait ; de sorte
qu’on ne peut plus l’employer qu’à chaud,
c’est-à-dire en le maintenant constamment
au-dessus d’une lampe ou d’un fourneau.
Encore les bassinages chimiques. —
Dans une lettre qu’il vient de nous adres-
ser, notre collaborateur, M. Boucharlal
aîné, horticulteur à Cuire-Lyon (Bhône),
nous informe qu’ayant fait usage du liquide
inventé par M. Ant. Caillaud, horticulteur
à Nice, pour détruire, soit les insectes, soit
les maladies qui attaquent l’épiderme des
plantes, il s’en est très-bien trouvé, et que,
notamment contre la rouille des Pélargo-
niums, il a obtenu un succès complet.
« ^près avoir vainement essayé contre ce
terrible fléau toutes les substances liquides
ou pulvérulentes préconisées, j’ai eu recours
à celle de M. Caillaud, qui est liquide.
L’ayant additionnée d’eau dans la propor-
tion d’un vingtième (20 litres d’eau avec
un litre de liquide), j’en bassinai tous mes
Pélargoniums atteints de la rouille, et la
maladie disparut comme par enchantement/,
même sur les feuilles attaquées qui tom-
bent graduellemeut. Aucune de celles qui
se développèrent ensuite ne présenta la
moindre trace d’affection. Voulant savoir si
je n’avais pas été servi par une cause étran-
gère, je renouvelai à différentes époques ce
CHRONIQUE HORTICOLE.
245
bassinage qui, toujours, fut suivi d’un plein
succès. Voilà ce que je puis assurer et que
je crois devoir faire connaître dans l’intérêt
de l’horticulture, qui trouve dans le liquide
de M. Caillaud un remède à une atrection
jusqu’ici considérée comme incurable.
Visites de marchés aux fleurs. — La
Société régionale d’horticulture du Nord de
la France, toujours à la recherche des inno-
vations qui peuvent être utiles au progrès
de l’horticulture sous toutes ses formes,
a pris une décision dont l’application ren-
dra, croyons-nous, de nombreux services.
Elle a organisé des visites de marchés,
qui auront lieu une fois par mois, à jours
fixes et publiés à l’avance, depuis le mois
d’avril jusqu’à la fin de septembre.
Les lots ou étalages examinés sont divisés
en trois catégories :
1" Marchands de plantes fleuries ou plantes
ornementales ;
2'> Marchands de plantes vivaces, de pleine
terre et d’arbustes ;
Bouquetières.
Des médailles de diverses classes seront
accordées aux lots ou aux plantes remar-
quables sous un rapport quelconque.
L’intérêt commercial engage d’ordinaire
les horticulteurs qui vendent sur les mar-
chés, à présenter leurs plantes et leurs fleurs
dans les conditions qui leur sont le plus
favorables (et l’on sait quel joli coup d’œil
présentent pendant presque toute l’année
nos marchés de la Madeleine, du Château-
d’Eau et du Quai aux Fleurs). Nous som-
mes cependant persuadés que l’émulation
entre confrères, aiguillonnée par des primes
accordées, soit pour la belle culture, soit
pour le choix le plus judicieux des espèces
et variétés cultivées, soit entin pour la vul-
garisation de plantes peu connues et re-
commandables, apporterait une améliora-
tion sensible dans l’ensemble des plantes et
fleurs présentées sur les marchés.
Une plante a rageuse ». — Nous avons
été souvent à même d’entendre ou de lire
la description fantaisiste de plantes imagi-
naires. Récemment nous signalions, à ce
propos, certaines réclames peu honnêtes,
quoique pittoresques. Mais nous n’avons
encore rien rencontré d’aussi original que
l’article suivant, publié récemment par le
Times :
Une singulière espèce d’ Acacia croît actuel-
lement dans la Virginie, et présente tous les
phénomènes qui caractérisent la Sensitive. Le
spécimen dont nous parlons a environ 2m 50
de hauteur, et pousse avec vigueur. Lorsque
les bourgeons développent des feuilles repliées
sur elles-mêmes et que l’extrémité des rameaux
se contourne en tire-bouchon {j/ig' s-taiï) , si
l’on y touche, la plante paraît mal à l’aise.
Son état le plus accentué de surexcitation est
atteint lorsque l’on change cet arbre de place.
Les jardiniers américains prétendent qu’à ce
ce moment il « perd la tête. » Il est à peine
placé dans sa nouvelle position que les feuilles
se redressent et se hérissent comme les poils
sur un chat en colère, et bientôt l’arbre entier
est pris de hissonnement ; il dégage alors une
odeur écœurante et pénétrante se rapprochant
de celle du serpent à sonnettes.
Cette odeur envahit tellement les habitations
ou serres dans lesquelles cet Acacia se trouve
au moment de ses « crises », qu’il est absolu-
ment nécessaire d’ouvrir alors les portes et
fenêtres ; il faut au moins une heure pour que
la plante soit calmée, et que ses rameaux et
ses feuilles reprennent leur position normale.
Culture desPins en Sologne. —Encore
une bonne mesure d’intérêt général due à
l’initiative privée.
Le Comice central agricole de la Sologne
offre une médaille d’or grand module à l’au-
teur du meilleur mémoire sur la culture
des Pins en Sologne.
Les conditions à remplir sont les sui-
vantes ;
Résumer sous une forme très-simple les
meilleurs conseils donnés par l’expérience
et se rapportant au choix du terrain et à
celui des espèces de Pins à employer dans
telles ou telles conditions ; les modes de
culture, semis, plantation, aération, éclair-
cies, élagages, seront indiqués, ainsi que les
moyens de défense contre les maladies, les
gelées, les insectes ; les modes d’aménage-
ment et d’exploitation, d’utilisation des
menus bois et écorces, etc.
Le Comité se réserve le droit d’éditer
sous forme de petit livre et sous le titre de :
Manuel du planteur de Pins en Soloçjne,
le mémoire couronné et de le distribuer
gratuitement ; sa propriété et le droit de l’édi-
ter étant réservés ultérieurement à l’auteur.
Les manuscrits devront être adressés le
Ier septembre 1883, deymier délai, à
M. Ernest Gaugiran, secrétaire-archiviste
du comité, à La Motte-Beuvron fLoir-et-
Cher).
246
ÉTUDE SUR LES ABUTILONS,
Traité élémentaire d’Ai;‘boriculture
fruitière. — Le Cercle d’Arboriculture de
Belgique avait ouvert un concours pour le
meilleur Traité élémentaire T arboriculture
fruitière destiné aux écoles primaires.
Nous avons appris avec satisfaction que
le premier prix, consistant en une médaille
d’or, a été gagné par un de nos compa-
triotes, M. Henry, professeur d’horticulture
à l’École Mathieu-de-Dombasle, près Nancy.
M. Henry est un ancien élève de l’École
nationale d’horticulture de Versailles, d’où
il est allé passer quelque temps chez
MM. Baltet frères, pépiniéristes à Troyes.
Un nouveau Nénuphar. — Une nou-
velle variété provenant du Nymphéa Devo-
niensis vient d’être obtenue en Angleterre
par M. E. Sturtevant. Bien que ce ne soit
pas une espèce, le docteur Asa Gray pense
qu’elle doit être nommée N. Sturtevanti, à
condition, toutefois, qu’en écrivant ce nom
on le fasse précéder d’une croix (x) indi-
quant que la plante est un hybride. D’après
la description, les fleurs du N. X Sturte-
vanti sont plus pâles que celles du type,
qui sont rouge foncé.
Le N. Devoniensis provient du N. den-
tata, espèce à fleurs blanches.
Exposition de la Société d’horticul-
ture d’Orléans et du Loiret. — - La So-
ciété d’horticulture d’Orléans et du Loiret
fera sa cinquantième Exposition du 13 au
17 juin prochain.
La Société a décidé de ne pas faire de
programme de concours, afin d’être très-
large dans la réception des plantes. Le jury
aura à décerner, en nombre illimité, des
médailles d’or, de vermeil, di argent et de
bronze et des diplômes d'honneur.
Cette exposition comprendra spéciale-
ment toutes les nouveautés de plantes ou
arbustes fleuris ou non ; les légumes nou-
veaux ou nouvellement introduits, et les
collections de Roses hybrides remontantes,
de Roses Thé, hybrides de Thé et Noi-
settes ; de Roses mousseuses ; de Roses lie-
Bourbon ; collection de Roses réunissant le
plus grand nombre de variétés.
Les personnes qui désirent prendre part
à cette exposition devront en faire la décla-
ration par écrit, du au 10 juin au plus
tard, au secrétaire-général, M.Eug. Delaire,
en indiquant le genre de plantes qu’elles
désirent exposer.
E.-A. Carrière et Ed. André.
ÉTUDE SUR LES ABUTILONS
M. Gumbleton est un amateur des plus dis-
tingués, qui, depuis de longues années, réunit
et augmente sans cesse une précieuse collection
de plantes rares et nouvelles dans sa propriété
de Belgrove, près de Cork (Irlande).
Les Abutilons sont fobjet de ses soins. Il
vient de publier, dans le Gcirden, une étude
sur ces plantes dont il nous a paru intéressant
de traduire la substance pour nos lecteurs.
E; A.
Abutilon vitifolium. — Espèce des plus
jolies. Bien que cette plante, originaire
du Chili, soit introduite en Europe depuis
environ quarante ans , elle est encore peu
répandue. On la désigne quelquefois sous
le nom de Sida vitifolia , et elle a fait ses
preuves comme arbuste de haut ornement
pour les serres froides et orangeries, par sa
floribondité et la jolie nuance lilas de ses
grandes fleurs qui rendent de grands ser-
vices en automne et en hiver.
A. Darivini. — Élégant arbuste qui
produit en abondance de grandes fleurs
en forme de clochettes, rouge orangé gra-
cieusement veiné de rouge sang, se dévelop-
pant à l’aisselle des feuilles, qui ressemblent
à celles du Sycomore.
Outre sa belle floraison hivernale, cette
plante est recommandable par la végétation
vigoureuse qu’elle fournit Tété en plein air.
Cette espèce a produit une variété à
feuilles panachées, V Abutilon Darwini tes-
sellatum, qui rend de grands services, pour
la décoration estivale des jardins, par son
emploi en compagnie d’autres plantes à
feuillage ornemental.
A. insigne. — Bonne plante de jar-
din à grandes feuilles cordiformes, à fleurs
blanc et marron foncé, réunies en grappes
axillaires et tombantes. Cette espèce est
très-florifère, et de jeunes pieds n’ayant
que 50 centimètres de hauteur fleurissent
abondamment. Elle fleurit en hiver.
A. pœoniœflorum. — Plante à grandes
GLOXINIA DIVERSIFLORA,
247
feuilles ovales et à fleurs rouges. Bien
que ces fleurs soient moins grandes que
celles des espèces précédentes, leur belle
couleur rend la plante ornementale et
bien distincte.
A. striatum. — Espèce souvent em-
ployée pour palisser contre les murs ou pour
garnir les piliers de serres froides ou d’oran-
geries. Grandes feuilles lobées, à pétioles
longs et minces, formant un fond de ver-
dure sur lequel se détachent de jolies fleurs
jaune orange veinées de rouge sang, élégam-
ment supportées par des pédoncules longs
et recourbés. La floraison de cetle espèce
a lieu à l’automne, et, avec des soins conve-
nables, on peut l’obtenir pendant presque
toute l’année.
A. venosum. — Cette espèce est tout à
fait remarquable par ses feuilles, qui res-
semblent à celles du Ricin, et par les gran-
des dimensions de ses fleurs, jaune et rouge,
qui ont 7 centimètres 1/2 de long et sont
en forme de clochettes.
A. megapotamicum. — Cette espèce
(nommée aussi A. vexïllarium) et sa
variété panachée sont fréquemment em-
ployées. Les fleurs, très-jolies, ont le calice
jaune et la corolle pourpre foncé. Elles
rendent de grands services pour la confec-
tion des bouquets et autres emplois simi-
laires. Les feuilles panachées de VA. vexil-
larium variegatum augmentent encore ces
qualités décoratives.
On greffe à hauteur sur une espèce
très-vigoureuse, déjà élevée à tige, et alors
on emploie très-avantageusement ces deux
Abutilons dans les serres pour garnir des
murs, des treillages, des piliers ou une char-
pente quelconque. Au printemps, il est bon
de pincer les bourgeons, qui s’allongeraient
trop et se dégarniraient. Les fleurs abondent
à l’automne et en hiver.
A. Sellowianummarmoratum. — Feuil-
lage très-ornemental, marbré de vert et
de jaune, employé principalement pour la
décoration estivale des jardins. Végétation
vigoureuse, multiplication facile.
A. Boule-de-Neige. — Variété très-dis-
tincte et fort jolie, à Heurs blanc pur, très-
recherchée par les fleuristes et bien supé-
rieure à toutes les autres variétés blanches
qui sont cultivées.
Il existe, en outre, un assez grand nom-
bre de variétés de nuances variées, depuis
le blanc jusqu’au violet, en passant par le
jaune, le rose, le rouge, le brun, etc. Nous
citerons seulement les plus distinctes :
Fleurs roses : Cleopatra, Venosum
roseum, Rosma, Richesse, Rosœflorum,
Louis Marignac.
Fleurs rouges : La Lorraine, Louis
Van Houlte, Firefly, I^a Grande.
Fleurs jaunes : Reine d'Or, Rlandi,
Phyllis, Lemoinei, Couronne d’Or, Zara.
Fleurs panachées : Mignon, Roi-Soleil,
Trïbute.
L’hybridation se fait aisément entre ces
espèces et variétés. Les étamines des porte -
graines doivent être soigneusement suppri-
mées, puis le pollen des plantes choisies
comme mâles sera, avec les précautions
habituelles, placé sur le stigmate. Cette
opération doit être faite dans la matinée
d’une belle journée de soleil.
Lorsque les graines sont mûres, on les
sème dans un mélange de terre argileuse,
terreau de feuilles et sable, et on les place
dans une serre chaude, où elles germeront
rapidement.
Si le semis a eu lieu au printemps, les
plantes obtenues pourront fleurir à l’au-
tomne suivant. Les Abutilons se multi-
plient aisément de bouture et demandent,
pour bien végéter, un riche compost.
W.-E. CUMBLETON.
GLOXINIA DIVERSIFLORA
Les nombreux faits, soit de dimorphisme,
soit de dichroïsme, qui se produisent cons-
tamment sous nos yeux, nous paraissent de
nature à modifier profondément les opinions
qu’on s’était faites jusqu’à présent sur la
nature et la valeur des caractères, et par
conséquent celles de l’origine des espèces.
En effet, si sur une même plante il peut se
développer des parties de forme, de couleur
et même de nature très-différentes les unes
des autres, et si ces diversités peuvent se
fixer, il s’ensuit que chaque plante est une
sorte de Protée d’où peuvent sortir des
formes qui n’ont plus de commun que les
caractères généraux du groupe auquel elles
appartiennent. Mais si de plus, comme cela
24S
GLOXINIÂ DIYERSIFLORA.
a lieu dans certains cas, — et ce qui du
reste est très-naturel, — ces diversités peu-
vent se multiplier par graines, cornaient
alors reconnaître les origines, établir la
généalogie spécifique et distinguer ce qu’on
nomme espèces, races, variétés, etc.? Ce
qu’on nomme des « monstruosités » n’é-
chappe même pas à la règle. Ainsi, pour pré-
ciser, prenons une Fougère, soit une Scolo-
pendre, un Lastrœa, etc., sur lesquels, à
côté départies ce normales, » on en rencontre
fréquemment de crispées, ou plus ou moins
chitfonnées, etc. Si, après avoir récolté des
graines sur ces parties, on les sème séparé-
ment, il arrive fréquemment que l’on obtient
j -de chaque côté des plantes différentes for-
I mant deux séries — deux types par consé-
i quent — complètement distinctes, de sorte
j que, si ces plantes se fixent, ainsi, du reste,
I que cela arrive généralement, on a alors
; deux catégories particulières auxquelles on
va donner des qualificatifs. Si ceux-ci ne
sortent pas des catalogues marchands, on
n’y fera pas attention ; mais si au contraire
j un botaniste s’en empare et leur donne des
I noms, les choses se passent tout autrement:
ce sont alors de « bonnes espèces. »
Je m’arrête à ces considérations générales
qui, de ma part, n’ont d’autre but que
d’appeler l’attention des savants sur des
Fig. 45. — Gloxinia diversiflora, Hort., au 1/4 de grandeur naturelle.
faits qui leurs sont presque inconnus, bien |
que leur étude puisse faire faire un grand pas
dans la science physiologique, qui, reposant
sur l’organisme, est par ce fait l’une des
plus importantes des sciences naturelles.
Le fait sur lequel je vais dire quelques
mots, et que représente la figure 45, s’est
produit sur un Gloxinia chez M. Jules Val- j
lerand, horticulteur, rue de la Procession, |
à Bois-Colombes (Seine). Déjà, en 1878, un |
fait analogue s’était montré chez ce même
horticulteur, qui l’avait exposé au Champ- i
de-Mars. Dans le cas qui nous occupe, le ■
port, le feuillage et l’aspect général des par-
ties sont absolument les mêmes; la diffé-
rence consiste dans la couleur des fleurs que
portent les deux bourgeons qui sortent d’un
même tubercule. L’un, celui de gauche, a
des fleurs damasquinées rouge losangé-rayé
et très-largement bordé de blanc pur, tandis
que l’autre, celui de droite, a des fleurs
dont la gorge, qui est d’un rouge sombre
losangé blanc, présente une première bande
ou sorte d’anneau rouge violacé, puis une
autre très-large d’un rouge cerise qui borde
les fleurs. Quant aux organes sexuels, ils
ne présentent aucune différence et ne sont
nullement affectés de ces modifications. Ce
phénomène persistera-t-il ? et si oui, la
plante en question passera-t-elle au rang
LE GENRE DIEFFENBACHIÂ.
249
d’espèce? Dans l’affirmative, il y aurait
cependant une distinction importante à faire,
une caractéristique originelle à établir, de
manière à éviter les confusions. C’est que
la qualification générique devrait être suivie
de cette abréviation latine: Hort.^ qui veut
dire que le parrain est un horticulteur.
May.
LE GENRE DIEFFENBACHIA
A l’occasion d’une étude publiée dans le
journal hambourgeois und Garten
Zeitung, sur les Dieffenhachia cultivés dans
les serres de l’Europe, nous croyons utile de
donner à nos lecteurs, avec la substance de
cette étude, des additions et des réflexions
critiques sur un genre de plantes dont la
faveur est devenue considérable depuis
quinze ou vingt ans. Cette faveur semble
avoir atteint son apogée de 1870 à 1880;
elle décroît sensiblement aujourd’hui, bien
que les Dieffenbachia jouent encore un
rôle important dans la tribu des plantes à
beau feuillage de serre chaude. Leur cul-
ture, relativement facile, leur propension à
fournir un grand développement foliaire en
peu de mois, sous l’influence d’une culture
appropriée, font de ces belles Aroïdées un
groupe de plantes du plus haut mérite pour
l’ornementation des serres.
Il y a vingt ans, on ne connaissait dans
les serres, comme représentant de ce beau
genre, que le D. Seguine, Schott. Nous
pensons qu’à cette époque, les D. humilis^
Poepp.,i). macrojphylla, Poepp., et D. obli-
qua étaient également cultivés; mais ils
étaient excessivement rares, tandis que le
D. Seguine se trouvait dans toutes les
bonnes collections. Depuis peu, c’est-à-dire
depuis dix ou quinze ans, trente espèces ou
variétés de ce genre ont été introduites ou
obtenues; mais certaines se rencontrent
peu dans les serres, à cause des propriétés
toxiques qu’elles possèdent, de même,
d’ailleurs, que l’ancien D. Seguine.
Nous ne nous occuperons pas de recher-
cher, au point de vue purement botanique,
lesquelles de ces formes nouvelles repré-
sentent des espèces ou des variétés pour
la plupart distinctes. L’inflorescence est la
même pour presque toutes; mais on observe
des différences très-sensibles dans leur port,
dans leur mode de végétation, dans la dis-
position de leur feuillage, ainsi que dans la
forme de leurs feuilles.
Les Dieffenbachia, qui proviennent pres-
que tous des régions chaudes du Brésil, de
l’Équateur, du Vénézuéla, du Pérou et
de la Nouvelle -Grrenade, demandent la cul-
ture en serre chaude. Ils croissent avec
d’autant plus de vigueur qu’ils se trouvent
dans une atmosphère cliaude plus chargée
d’humidité. Leur végétation commence en
avril et s’arrête à la fin de l’été.
Pour avoir de beaux exemplaires, il faut
maintenir les Dieffenbachia à une tempé-
rature de 20“ à 25“ centigrades, dans une
atmosphère humide, et pendant la belle sai-
son, leur donner de l’ombre, les bassiner
et les arroser avec de l’eau dans laquelle on
aura délayé de la bouse de vache.
En 18G3, à l’ancien D. Seguine est venu
s’ajouter le D. Verschaffelti, qui depuis a
disparu de la plupart des collections. Cette
plante avait les feuilles longues et ovales,
vertes, tachetées de blanc, à pétioles érigés.
En 1864, le D. Baraquiniana fut décou-
vert par Baraquin, dans la province de Para,
au Brésil, et introduit par lui. La même
année fut également signalé le D. grandis
(Verschaflelt), très-belle plante à grandes
feuilles tachées de blanc d’argent.
En 1866, le D. gigantea, introduit du
Brésil par Baraquin, fut mis au commerce
par M. Ambroise Verschaffelt. Ses jolies
feuilles vertes sont marquées de points
blancs et sa tige, vert foncé, est tachée de
jaune.
Le D. Weirii est encore une découverte
du malheureux Weir ; il a été mis au com-
merce en 1866. On en a obtenu récemment
une variété connue dans les collections
sous le nom de D. Weirii superba.
En 1869, on vit à l’exposition internatio-
nale de Hambourg, le D. picta, plante delà
plus grande beauté. Vint ensuite une remar-
quable forme, le D. Wallisii qui, dans les
expositions de Londres et de Paris, excita
l’admiration des visiteurs. Ce Dieffenbachia
a été découvert par G. Wallis, dans la ré-
gion du Rio Négro (Brésil); ses grandes
feuilles, d’un vert tendre, sont tachées de
blanc.
Trois nouveaux Dieffenbachia furent mis
250
LE GENRE DIEFFENBACHIÂ.
au commerce en 1871 : le D. alliodora,
le D. ehurnea, à longues feuilles vertes ta-
chetées de points blancs, et le D. Dowmani,
plante de mérite, découverte au Brésil par
Bowinan.
Les Dieffenhacliia amazonica, imperia-
lis et Bausei furent découverts en 1872.
Le D. amazonica est une des plus jolies
formes connues : il est trapu, ses feuilles
sont ovales allongées, acuminées, de gran-
deur moyenne, vert tendre, à nervure mé-
diane tachée de blanc.
Le D. imperialis, Linden et André
(1872), a été découvert par Baraquin en
1868, dans le Pérou occidental. C’est une
très-jolie espèce.
Le D. Bausei est un hybride entre le
D. picta et le D. Weirii.
Le D. latimacxdata, Linden et André,
provenant du Brésil, est remarquablement
joli. Il a été mis en vente en 1873 ; mais
son introduction, due à Baraquin, date de
1867. Cette plante a fourni une variété con-
nue sous le nom de D, latim illiistris.
En 1873 également, M. Bull mit au com-
merce une jolie plante, le D. nobilis.
L’an 1875 furent publiés le D. Antio-
quiensis et le D. Parlatorei. Le premier,
qui rentre dans la section du D. imperialis,
provient de la province d’Antioquia (Nou-
velle-Grenade) ; c’est une plante d’une
beauté exceptionnelle. Le B. Parlatorei,
Linden et André, est un des plus curieux
du genre ; il est remarquable surtout par
l’étrangeté de ses feuilles.
Le D. velutina date de 1877. M. W. Bull
le mit au commerce. C’est une jolie plante
découverte par "Wallis; aucune autre du
genre ne possède des feuilles aussi délicate-
ment veloutées en dessous.
Dans cette période apparaissent plusieurs
nouvelles plantes : le D. Parlatorei var.
marmorea, qui a été introduit de Colombie,
et dont le type avait été d’abord connu
sous le nom de D. Pothiformis ; le D. Leo-
poldi, qui est une des plus jolies formes à
feuilles d’un beau vert parcourues par une
bande blanc d’ivoire au milieu; le D. re-
ginœ, l’un des plus remarquables Dieftén-
bachias, dont la partie supérieure des feuilles
est marquée de taches blanches et jaune
pâle; le D. Shuttleworthi, qui est égale-
ment de Colombie et présente des feuilles
vertes tachées de blanc.
Parmi les plus récentes nouveautés, citons
encore le Dieffenhachia amœna, dont les
feuilles vert foncé sont fortement tachées de
jaune et de blanc; le D. splendens est égale-
ment une plante de grande beauté, de la
Nouvelle-Grenade; il oflre un grand feuillage
à bande centrale et à macules blanches
très-élégantes.
Le D. lanci folia, Linden et André, rap-
porté en 1871 de la Nouvelle- Grenade par
M. Uoezl, fut publié en 1874. C’est une
jolie plante à port élancé, à feuilles étroites
et élégantes.
Le D. memoria Corsi est un joli hybride
obtenu à Florence par un grand amateur
d’horticulture, le marquis Corsi-Salviati.
Le D. Carderi, mis en vente par M. Bull,
est une plante dont on n’indique pas la
provenance exacte, mais le nom de M. Car-
der, collecteur qui l’a introduite, fait croire
à une origine néo-grenadienne. C’est une
belle plante à larges feuilles vei:t foncé,
largement maculées.
Le D. triumphans, également de M. Bull,
qui le reçut de la Nouvelle- Grenade, est à
feuillage moyen, d’un vert foncé constellé
de taches irrégulières et anguleuses d’un
vert jaunâtre. C’est une fort belle variété.
Le D. Chelsoni a des feuilles d’un vert
noir satiné, la nervure médiane marquée
d’une bande grise, qui se partage en divi-
sions plumeuses sur la surface verte, ma-
culée de jaune verdâtre et très-brillant.
Le D. costata est une belle forme à
feuilles ovales, moyennes, émoussées à la
base, ondulées sur les bords, acuminées au
sommet, d’un vert velouté à nervure mé-
diane blanc d’ivoire, avec des séries de
taches oblongues, anguleuses, blanches.
Le D. delecta montre des tiges ponctuées
de gris, des feuilles elliptiques lancéolées,
peu grandes, à surface lustrée, panachées
et blanchâtres.
Le D. insignis est de forte végétation, à
tiges et pétioles verts, à feuilles grandes,
obliquement ovales, vert foncé, aux macules
anguleuses, vert jaunâtre, marquées en
blanc par dessous.
Ces six plantes sont originaires des Etats-
Unis, de Colombie (Nouvelle-Grenade).
Du Yénézuéla on a introduit dernière-
ment le D. magnifica, à feuilles larges,
vert clair maculé de blanc et de jaune.
On pourrait encore citer les D. vittata,
Bex, Princeps, nebulosa, majestica, ma-
culosa, Lucinda, eburnea, flavo-virens,
LE GENRE DIEFFENBACIIIA.
251
Pearcei, sur lesquels nous ne pouvons nous
prononcer avant plus ample informé.
Au point de vue scientifique, la question
des Dieffenhachia est épineuse, contro-
versée. La plupart des botanistes, jusqu’à
ces dernières années, acceptaient volontiers
la nomenclature adoptée par Schott dans
ses divers ouvrages sur les Aroïdées.
D’après lui, les Dieffenhachia Seguine,
picta, Œrstedtii, liturata, costata^ ro-
husta, étaient les seules plantes auxquelles
il reconnaissait la valeur spécifique. Encore
les D. costata et liturata étaient des formes
cultivées qu’il eût peut-être fallu en retran-
cher. Poeppig y ajouta les D. humilis et
macrophylla. D’autres botanistes, sans con-
sidérer comme espèces toutes les formes
apportées de l’Amérique du Sud dans nos
serres, admettaient cependant un plus grand
nombre de types.
Lorsque M. Engler fit paraître ses Ara-
ceœ, dans les Suites du Prodrome (Mono-
graphiœ Phanerogamarum) de De Can-
dolle, en 1879, on pouvait croire que cette
confusion allait disparaître et que la ques-
tion serait définitivement jugée. Il n’en fut
rien, cependant. M. Engler a rangé les
diverses variétés connues de Dieffenhachia
dans quelques types spécifiques dont il dis-
tingue seulement les six que voici :
1. D. Seguine, Schott, comprenant les
variétés : viridis, Baraguiniana, nohilis,
décora, liturata, lineata, lingulata (l. ir-
rorata et l. conspurcata) .
2. D. picta, Schott, comprenant les va-
riétés Weirii, Antioquiensis, hrasiliensis,
Bausei, lancifolia, mirabilis, Shuttle-
worthiana.
3. D. humilis, Poeppig. (Syn. allio-
dora.)
4. D. Œrstedtii, Schott.
5. D. macrophylla, Poeppig, compre-
nant la variété obliqua .
6. D. imperialis, Linden et André.
Or, si la plupart des variétés aujourd’hui
cultivées peuvent rester, en effet, dans les
types des D. Seguine et picta, nous ne
pensons pas que leur distribution naturelle
suive exactement celle que M. Engler a
adoptée, car il est difficile de fixer des
limites précises entre ces deux espèces.
Ainsi, le D. Antioquiensis ne se rapproche
pas de ces deux types, mais de notre D.
imperialis, que l’auteur adopte comme es-
pèce distincte. Où classe-t-il d’ailleurs le D.
Leopoldi, si différent de tous les autres,
qu’on le prendrait à peine pour un vrai
Dieffenhachia?
De plus, M. Engler a commis une erreur
en disant dans une note, à la suite de
sa monographie, que le D. Parlatorei
n’est pas un Dieffenhachia, mais un Philo-
dendron (1). Nous avons eu, heureusement,
la bonne fortune de rencontrer le D. Par-
latorei type à l’état sauvage, sur les bords
du Piio Magdaléna, près de l’Angostura de
Naré (Nouvelle-Grenade), et nous affirmons
que la plante est bien un Dieffenhachia, à
n’en pas douter. Sous un ombrage impéné-
trable aux rayons du soleil, cette Aroïdée
formait un véritable fourré de feuilles d’un
vert noir, dont la cassure exhalait une forte
odeur d’acide prussique qui eût suffi seule
pour faire reconnaître le genre. La plante
qui s’en rapprocherait le plus est le D. ro-
husta, G. Koch, rapporté de Caracas par
M. Karsten. Mais nous avons vu également
cette plante spontanée au Vénézuéla, près
de Maiquétia, et nous l’avons trouvée très-
distincte de la première.
On voit que l’erreur est facile dans un
genre où les différences spécifiques s’accu-
sent si peu par les caractères des fleurs, et
où les variations sont si fréquentes, même
dans les forêts vierges de l’Amérique du
Sud. Il faudrait donc reprendre en entier
le travail de M. Engler, et cette fois, non plus
d’après les échantillons d’herbier. Seules
des plantes cultivées, adultes, fleuries, per-
mettraient d’apporter la lumière dans ce
chaos, qui s’est encore augmenté depuis les
récentes introductions de formes nouvelles.
En terminant, nous ajouterons aux quel-
ques indications qui précèdent sur la cul-
ture des Dieffenhachia, les préceptes sui-
vants, obtenus d’un très-habile jardinier
anglais, M. Daines, de Southgate. Avec ce
procédé, on obtiendra, à coup sûr, une
superbe végétation.
Le meilleur compost pour les Dieffenha-
chia est un mélange de terre de bruyère,
de terre franche fibreuse formée de gazons
décomposés, avec addition de sable blanc,
et un peu de bouse de vache bien con-
sommée. Le drainage doit être copieux, et
formé d’un épais lit de tessons de pots. On
(l) D. Parlatorei certe hujus generis non est,
sed verisimiliter generis Philodendron atqiie af-
finis Philodendro Wendlandi. (Engl., Ai'aceœ,
p. 451.)
252
POMMIER CHÂTAIGNIER D’HIVER.
emploie des pots de 15 à 30 centimètres de
diamètre, suivant la force de la plante. La
température sera celle d’une serre chaude
ordinaire, sans aucun abaissement exagéré,
même pendant le repos de l’hiver; jamais le
thermomètre ne devra descendre au-dessous
de 12» à -j- 15» centigrades pendant la
nuit. Lorsque la végétation est dans toute sa
vigueur, on doit donner des arrosements
d’engrais liquide assez abondants, mais peu
fréquents, de peur de rendre les sujets
NOUVEAUX BÉGONIAS TUBÉREUX.
trop verts et d’en enlever la panachure.
Des seringages sur les feuilles abattent les
insectes qui, d’ailleurs, attaquent rarement
ces plantes. La multiplication des Dieffen-
hachia se fait par les tiges couchées ou
coupées en courts tronçons, piqués dans le
sable et étouffés jusqu’à la reprise. Pour
empêcher le soleil de brûler les feuilles, il
faut ombrer légèrement pendant la force de
la végétation. Ed. André.
POMMIER CHÂTAIGNIER D’HIVER
Arbre vigoureux et productif, très-rusti-
que. Scions à écorce noire, luisante, peu
lenticellée. Feuilles largement ovales-ellip-
tiques, courtement atténuées au sommet, à
dents courtes, assez rapprochées ; pétiole
gros, souvent légèrement velu ainsi que
le limbe, parfois coloré, dont les nervures
principales sont assez fortement saillantes.
Fruit gros, déprimé, parfois plus large que
haut, atteignant 8 centimètres et plus de
diamètre sur 6-7 centimètres de hauteur ;
queue grosse, très-courte, atteignant rare-
ment le bord de la dépression ; œil placé
dans une large cavité peu profonde, ordi-
nairement légèrement plissé. Peau luisante,
rouge brique sur les parties fortement in-
solées, marquée longitudalement de bandes
plus foncées presque noires, portant vers la
base — dans la cavité pédonculaire — une
tache grise, rugueuse, fendillée, qui, en
s’étendant, occupe toute la cavité en for-
mant une sorte de cercle. Chair blanche,
un peu verdâtre, cassante, assez serrée,
eau aigrelette, très - agréable, rougissant
promptement quand elle est exposée à l’air.
Pépins nombreux, aplatis, obovales ou ré-
gulièrement elliptiques. Maturité : décem-
bre à mai.
Cette variété, qui est très-fertile et loca-
lisée dans quelques parties du département
de l’Oise, outre la beauté et la qualité des
fruits, a cet autre mérite d’être extrême-
ment rustique. C’est à peu près la seule qui,
dans le terrible hiver 1879-1880, a complé-
ment résisté, dans toutes les conditions où
les arbres se sont trouvés placés.
On peut se procurer le Pommier Châtai-
gnier d’hiver en s’adressant à M. Cousin,
pépiniériste à Villers-Saint-Paul, près Creil
(Oise). E.-A. Carrière.
NOUVEAUX BÉGONIAS TUBÉREUX
MM. Coulurier et Pmbert, horticulteurs
à Chatou, ont exposé, en mai de l’année
dernière, dans le Pavillon de la Ville de
Paris, à l’Exposition tenue par la Société
nationale et centrale d’horticulture de
France, un lot de Bégonias tubéreux d’une
beauté saisissante et d’une grandeur de
fleurs inusitée.
Deux de ces plantes surtout attiraient
tous les regards, dans la corbeille placée en
face de l’entrée principale. L’une d’elles por-
tait des fleurs du rouge écarlate le plus
brillant, dont le diamètre atteignait treize
centimètres. Une autre, à nuance du plus
beau rose tendre, à fleurs un peu moins
grandes, mais très-bien faites, produisait
avec la première le plus agréable contraste.
Nous avons fait peindre ces deux magni-
fiques variétés, auxquelles MM. Couturier
et Robert ont donné les noms de M. Hardy
et M. Ed. André.
La variété qui porte le n® 1, M. Ed.
André, est une plante vigoureuse, à tiges
fortes, bien dressées, très-charnues, vertes,
avec un feuillage ample, très-oblique et pro-
fondément denté, vert gai, luisant, qui fait
ressortir l’éclat des grandes fleurs, du plus
beau vermillon. Ces fleurs, largement
ouvertes, sont d’une très- bonne tenue et la
plante est de premier ordre. Elles ont me-
suré jusqu’à 14 centimètres de diamètre.
La variété n® 2, M. A. Hardy, est égale-
evuj'- J/of lKXile..
Godard, deL-.
Chj'om.ohûh-.G-.Sev&r&yro'. j
Nouveaiuc Bcgoaias iabereiuw
■1 . M . Ed . André . 2 . M. A . Hard y
ACACIA DEALBATA.
253
ment vigoureuse, de port trapu, buisson-
nant et à feuillage vert clair, abondant,
aussi profondémentdentéoblique. Leslleurs,
régulières, à larges pétales obtus, sont d’un
rose tendre charmant. La plante égale le
mérite de la précédente, dans un autre
ordre de coloris.
Quels progrès n’a-t-on pas réalisés en
dix ans dans la production des variétés de
Bégonias tubéreux? Depuis l’introduction, si
remarquable, des Bégonia Pearcei, Boli-
viensis^ cinnabarina^ octopetala^ dont les
mélanges ont donné tant et de si belles
plantes, nos jardins et nos serres ont
trouvé, dans les hybridations qui en pro-
viennent, une décoration florale qui rivalise
avec celle des Pélargoniums. On en est
arrivé au point qu’il ne sera plus possible
de donner de noms aux nouveaux gains, car
on est parvenu à cette période où, comme
pour les Coleus, presque tous les semis
sont beaux lorsque les graines sont choisies
sur des sujets d’élite. Nous devons seule-
ment faire observer que c’est le choix de ces
porte-graines qui a maintenant la plus
grande importance. C’est pour cela qu’il
sera toujours bon de distinguer nominati-
vement les variétés hors ligne par leur bonne
tenue, la perfection de forme et la belle
couleur de leurs fleurs. MM. Couturier et
Robert ont montré ce qu’ils savaient faire
en ce sens, et leurs semis nouveaux sont
pleins de promesses séduisantes pour l’ave-
nir. Ed. André.
ACACIA DEALBATA
Il est peu d’horticulteurs qui ne connais-
sent V Acacia dealbata ; son port majes-
tueux, son élégant feuillage, l’abondance et
la bonne odeur que répandent ses fleurs,
l’époque de sa floraison, sont des qualités
qui le font rechercher des amateurs et qui
lui valent le premier rang parmi les végé-
taux appelés à décorer les grandes serres
tempérées et les jardins d’hiver. Dans ces
serres pourtant cette. espèce devient souvent
grêle, tortueuse et « s’emporte, » comme on
dit vulgairement. Mais lorsqu’elle est placée
dans de bonnes conditions, la plante prend
de grandes proportions et est alors d’une
beauté indicible. C’est ce que nous venons
de voir dans la propriété de Kerotéars, près
Brest. Là ce végétal, cultivé en pleine terre
et en plein air, forme un grand arbre qui,
pour la taille et la vigueur, rivalise avec les
arbres de nos promenades.
La propriété dont nous parlons est située
à un kilomètre de la ville de Brest, sur une
petite montagne placée entre le chemin de
fer et la rade ; le sommet est planté en
Pins sylvestres et maritimes, entremêlés
d’Ormes, de Frênes et de Hêtres formant
un petit paie peu étendu, très-fourré et
garni en dessous de Fusains du Japon,
de Lauriers-tin, d’Aucubas et de beaucoup
d’autres espèces d’arbustes résistant par-
faitement aux vents de mer, qui pour-
tant'sont très-violents dans cet endroit.
Au milieu de tout ce massif existe une pe-
tite pelouse sur laquelle sont cultivées quel-
ques corbeilles de fleurs et quelques plantes
isolées, telles que Yuccas, Dracénas, etc. ;
mais la perle de cet ensemble est formée
par trois Acacia dealbata comme nous
n’en avons jamais vu nulle part. Deux sur-
tout méritent une mention particulière : ils
sont âgés de vingt -cinq ans environ et
le plus élevé, qui n’est pas le plus gros,
atteint au moins 15 mètres de hauteur ; il
est droit comme un Peuplier et garni de
branches très-fournies dans ses deux tiers
supérieurs. Le plus gros, un peu moins
élevé, est également très-ramifié et fut
malheureusement fendu en deux par le poids
de la neige tombée pendant l’hiver 1879-80,
ce qui le rend un peu défectueux et irrégu-
lier d’un côté. Nous avons mesuré la plaie
faite par la moitié qui a été suprimée : elle
était large de 25 centimètres, ce qui donne
au tronc 50 centimètres de diamètre. Le
troisième n’qffre rien de remarquable ; ayant
été planté trop près des autres, ces derniers
ont arrêté son développement. A l’époque
où nous les avons visités, quelques branches
assez fortes avaient été cassées par la neige
tombée dans la première quinzaine de mars
dernier, et la quantité de fleurs dont ils
étaient couverts avait disparu, ce qui pour
nous n’en affaiblissait pas le mérite, qui
dans ce cas consiste dans les dimensions
extraordinaires qu’avaient acquises ces ar-
bres sous notre climat brestôis. Comme
arbres exotiques, ils peuvent être considérés
comme les plus remarquables du Finistère.
254
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
Quelques auteurs donnent la Nouvelle-
Hollande comme patrie à V Acacia dealhata;
d’autres disent que sa patrie est ignorée,
que partout où il a été rencontré il y est
cultivé. Quoi qu’il en soit, cette espèce est
très -intéressante, et il est étonnant de la
voir si rarement dans une contrée où pour-
tant elle pourrait rendre de grands services
pour l’ornementation. Sa multiplication est
très-facile, soit par graines, soit par les
nombreux drageons qu’elle donne. Quant
au sol, cette espèce préfère la terre légère,
pierreuse, perméable à l’eau, aux terres
fortes, humides, et même à la terre de
bruyère, qui est trop légère. Son bois,
qui est très-cassant, a besoin d’être abrité
du vent; VA. dealhata paraît surtout pré-
férer l’air salin des régions maritimes à
celui de l’intérieur des terres, ce qui pro-
bablement explique sa rareté dans les jar-
dins paysagers. On fera donc bien de le ré-
pandre davantage, surtout dans les jardins
du voisinage de la mer, isolément ou réu-
nis deux ou trois ensemble sur les grandes
pelouses, à l’abri de massifs d’autres arbres,
où son feuillage glauque et ses fleurs jaunes
produiront avec ceux-ci un contraste des
plus agréables. J. Blanchard.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 10 MAI 1883
Apports. — Au comité de culture potagère,
M. Bertliault, jardinier à Rungis (Seine),
présentait : 1» Une corbeille de Clioux-tleurs
du type Lenormand à pied court, très-remar-
quables tant par la beauté et les dimensions de
la pomme que par la réduction de la tige. En
effet, bien qu’ils fussent cultivés sous châssis et
sur couche, la tige était presque nulle (10 à
12 centimètres); semés à l’automne, ces Choux
avaient été repiqués en février. 2» Une botte
de Betteraves de la variété dite plate d’Égypte,
qui étaient relativement très-belles; elles
avaient été cultivées comme les Choux-fleurs,
mais il leur faut plus d’air. — Sous le nom de
(( Courge de Boston, » M. Delaville, marchand
grainier, quai de la Mégisserie, 2, à Paris, pré-
sentait une Courge de Iluhard, belle et très-
l)ien conservée. Cette variété, dont le fruit
rappel le. assez exactement une toupie renversée,
est l’une des plus méritantes, tant pour sa
(qualité que par sa longue conservation. —
M. Chemin, maraîcher à Paris, présentait de
très-beaux fruifs de Concombre Télégraphie
de Rollisson (Bollisson’s Telegraph), et de
magnifiques Radis noirs, qui avaient été cultivés
comme des Navets de primeur. — Deux pré-
sentateurs, MM. Girardin, d’Argenteuil, et
Auguste Renard, de Suresnes, présentaient
chacun une très-forte botte d’ Asperges qui
étaient très-belles et régulières, mais non d’une
grosseur exceptionnelle.
Comité de floriculture : M. Poitevin, à
Sannois, présentait des Auricules remarquables
tant par la beauté’ et la belle forme des fleurs,
que jiar l’aspect des plantes, qui étaient com-
pactes et très-naines (10 à 12 centimètres,
y compris les inflorescences). Ces plantes
sont très-propres à faire des bordures. —
M. Ed. André avait envoyé un pied fleuri de
Saccolahium, qui lui avait été communiqué par
le jardin d’Acclimatation d’Hyères et qui nous
a paru voisin du S. curvifolium, ou du minia-
tum. La plante était gracieuse dans toutes ses
parties : ses fleurs nombreuses, disposées en
grappes dressées, étaient d’un très-beau jaune
orangé. — M. Loizeau, jardinier à Nogent-sur-
Marne, . présentait un beau pied fleuri d’une
Violette excessivement ftoribonde, à fleurs bleu
foncé, striées de blanc; plante très-rustique
et très -propre à faire des bordures; puis
quatre variétés de Pélargoniums zonales de
semis, dont une seule, nommée Auguste Loi-
zeau, a été jugée méritante. C’est une plante
très-naine et excessivement ftoribonde, s’éle-
vant à peine à 15 centimètres; ses feuilles, pe-
tites, sont très-fortement zonées; les fleurs
très - nombreuses, d’un beau rouge foncé,
portées sur des pédoncules raides, sortent très-
bien du feuillage qui est compact. — M. Cannell,
horticulteur anglais avait envoyé des fleurs
détachées de Cinéraires hybrides, ainsi que
des Pétunias qui n’offrent rien de remar-
quable. — M. Duval, chef de culture au
Muséum, présentait plusieurs pieds fleuris
dTxyoUrion tataricum, Kunth. Cette espèce,
très-rusti(iue et très-voisine de 1’/. Pallasii,
qui atteint jusqu’à 50 centimètres de hauteur, a
des fleurs d’un très-beau bleu foncé, sur de
longs pédoncules dressés, glabres. — M. Ré-
gnier, horticulteur à Fontenay - sous - Bois,
présentait : une jeune bouture fleurie de
Mussænda tlieifera, plante très-jolie, à fleurs
d’un blanc pur, et très -agréablement odo-
rantes, dont la Revue horticole a donné
récemment une description (1); 2» un Saccola-
hium nouveau, espèce naine à fleurs' fond
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 93.
ARROSAGE DES PLANTES.
255
blanc lavé et relevé çà et là d’un très-beau
bleu violacé; 3o un petit pied de Cirrhopeta-
lum non nommé, plante très-naine et dont
la fleur unique, de forme très-singulière,
était rouge marron foncé. Toutes ces plantes
sont originaires de la Gocliinchine, — M. Duval,
horticulteur à Versailles, présentait un nouveau
Vriesea originaire du Brésil, qui paraît in-
termédiaire entre les V. hraclnjstachys et
Truf[autianal(V. incurvata), mais cependant
distinct des deux,; ses feuilles, légèrement
violacées-rosées, sont courtes, gracieusement
arquées ; sa hampe florale, robuste, courte
et dressée, rouge, se termine par une large
inflorescence régulière, serrée, plane, d’un
beau rouge vers le centre, jaune vers l’extré-
mité. — M. Pecquet présentait deux pieds en
pots et très-bien fleuris de Galcéolaires
hybrides, ainsi qu’une boîte de fleurs coupées,
ARROSAGE ;
Quand faut-il arroser les plantes? Con-
vient-il d’arroser beaucoup, peu, par le so-
leil, le matin, le soir, etc. ?
A ces quelques mots seulement on doit
comprendre combien la question est com-
plexe. Pour cela il suffit, par une simple
comparaison, de jeter un coup d’œil sur
l’ensemble de la végétation et de considérer
que tous ces végétaux, qui croissent dans
des conditions si différentes, de natures si
diverses, ont aussi des tempéraments parti-
culiers, réclament des soins très-divers,
qu’une grande pratique et une observation
attentive et soutenue peuvent seules indi-
quer. D’autre part, Tétat de développement
dans lequel se trouvent les végétaux, les
conditions dans lesquelles ils sont placés,
peuvent aussi déterminer de très-grandes
différences dans le traitement qu’il con-
vient de leur donner. Il est évident, en
effet, que des individus arrivés à leur
dernière période de développement, qui
n’assimilent presque plus, ont des besoins
variés, bien qu’ils appartiennent à une même
espèce. En un mot, ce qu’il faut surtout,
c’est donner à boire en raison de la soif,
c’est-à-dire réparer, dans l’économie du
végétal, les pertes occasionnées par son
accroissement, de manière que l’absorption
fasse équilibre à la consommation.
Nous allons brièvement résumer la ques-
tion et, sans la résoudre d’une manière
absolue, tâcher d’établir quelques données
générales qui pourront servir de guide,
dont les formes et les coloris ne laissaient rien
à désirer. — M. Godefroy-Lebeuf, d’Argenteuil,
présentait : 1» un Odontoglossiim nœvium,
magnifique espèce dont les fleurs nombreuses,
très-délicates et légères, disposées en lon-
gues grappes spiciformes, forment par leurs
ponctuations nombreuses d’un roux marron
foncé, disposées sur un fond blanc, un char-
mant effet ; 2» un beau pied fleuri de Vriesea
hellula^ remarquable par les deux couleurs
bien tranchées de son inflorescence, qui est
robuste, dressée, rouge foncé ; l’inflorescence
qui' la surmonte est composée de bractées
distiques, distantes, épaisses, charnues, pro-
fondément concaves, rouge foncé à la base,
tandis que la partie supérieure est d’un blanc
mat cireux. Ses feuilles, courtes et relative-
ment larges, gracieusement arquées, sont lé-
gèrement brunes.
ES PLANTES
et reposeront particulièrement sur la phy-
sionomie des plantes et sur l’aspect de la
terre dans laquelle elles vivent.
Nous devons aussi faire remarquer que
cette étude est surtout propre aux végétaux
cultivés en vases. Pour ceux plantés en
pleine terre, les soins sont de moindre im-
portance, les excès, soit de sécheresse, soit
d’humidité, étant moins à craindre, et les
facines n’étant pas limitées comme elles le
sont par les parois des vases.
Si la terre est forte et consistante, ce qui
est rarement le cas des plantes cultivées
en pots, il est clair que, toutes circons-
tances égales d’ailleurs, on devra arroser
moins fréquemment que si elle est légère,
soit siliceuse, soit humeuse ; dans ces cas,
et surtout si les vases sont bien drainés,
il est bien rare que l’humidité puisse être
nuisible. La surface du sol, c’est-à-dire son
aspect sec ou humide, n’est pas non plus
un indice bien certain que les plantes ont
ou n’ont pas besoin d’être arrosées. En
effet, le dessus peut être hàlé et paraître sec
alors que l’intérieur est suffisamment hu-
mide ; l’inverse peut se manifester, c’est-à-
dire que l’intérieur peut être très-sec, tandis
que la surface est humide. Ces diversités
se manifestent surtout lorsque, à l’exemple
de certaines gens, on met tous les jours
quelque peu d’eau, ce qui suffit pour hu-
midifier la surface. Pour s’assurer de Tétat
de la terre, on renverse le vase en mainte-
nant la motte d’une main, de manière à en
256
LE LAWN-TENNIS.
bien constater l'état. Un moyen d’éviter ces
inconvénients, c’est de temps à autre de don-
ner un arrosage de fond, c’est-à-dire d’arro-
ser jusqu’à ce que l’eau ressorte à la partie
inférieure. Ce procédé est surtout néces-
saire quand l’on a alTaire à des vases d’une
grande capacité.
L’abattement des feuilles, l’enroulement
du limbe, le fanement sont aussi des indices
du besoin qu’ont les plantes d’être arro-
sées, quoique ces signes puissent se m,a-
nifester alors que les plantes ont leurs ra-
cines suftisamrnent humides. Dans ce cas, ce
besoin apparent est dû à des causes phy-
siques de l’air, et il suffît généralement, pour
le faire cesser, de bassiner les plantes, ce
qui, en humidifiant le milieu ambiant, réta-
blit l’équilibre entre la plante et l’atmos-
phère dans laquelle elle est comme plongée.
Quant à l’époque de la journée où il con-
vient d’arroser, on ne peut non plus indi-
quer que des règles générales : si les plantes
ont très- soit, il faut les arroser quelles que
soient l’heure et l’époque de la journée. Mais
quand on a le choix, on doit tenir compte de
ce moment et surtout de la saison, et agir
de manière à ce que l’arrosage profite. Dans
ce cas, si c’est l’été, c’est le soir qu’il faut
opérer; dans l’hiver c’est le contraire,
arroser le matin afin que l’humidité soit
en partie résorbée quand se produit le
froid de la nuit. Cette précaution est
d’autant plus importante que l’on a affaire
LE LAWN
Point n’est besoin d’être très-observateur
pour constater le développement progressif en
France du goût pour le bien-être sous toutes
ses formes.
En première ligne, à notre avis, se place le
besoin du grand air et d’exercice. La création
(le nos beaux parcs et promenades a certaine-
ment contribué pour la plus large part à la
prise en habitude, par toutes les classes de la
société, des exercices corporels, des sports,
suivant l’expression anglaise, si favorables à
la santé.
Pour la classe laborieuse et peu fortunée, la
promenade pure et simple, loin des rues en-
combrées et poudreuses, l’exercice salutaire
qu’otfrent aux jeunes gens les nombreuses so-
ciétés de gymnastique, produisent de jour en
jour des avantages plus marqués et qui, bien
(1) De l’anglais laivn, pelouse, et tenyirs, jeu de
paume.
à des plantes plus délicates et plus sensibles
à l’action des refroidissements. En général
aussi les plantes à racines charnues et dé-
pourvues de chevelu absorbant beaucoup
moins d’eau que celles munies d’abondan-
tes radicelles, ont moins besoin d’eau que
ces dernières.
Pour bien juger, il faut s’assurer si le
malaise indiqué par le faciès des plantes
ne serait pas une conséquence de la mau-
vaise qualité du sol, ce qui dans l’affir-
mative, nécessiterait une modification ou
même un changement complet de celui-ci.
En résumé, toutes circonstances égales
d’ailleurs, les plantes devront être d’autant
plus arrosées qu’elles seront dans une pé-
riode d’activité plus grande, plus vigou-
reuse, et que la couleur verte sera plus
foncée, en tenant compte toutefois de la na-
ture particulière propre à l’espèce. En effet,
une plante à feuillage panaché ou blan-
châtre et même blanc, pourra être très-bien
portante, bien que ses parties herbacées
soient d’une autre couleur que la verte. Ce
qui est essentiel et qui indique assez bien
l’état de la plante, c’est un aspect général
luxuriant, lorsque toutes ses parties, bien
équilibrées, n’annoncent aucun signe de
souffrance. Dans ce cas, de l’eau, même un
peu en excès, ne peut être nuisible ; c’est
souvent le contraire qui est vrai.
E.-A. Carrière.
■TENNIS
certainement, augmentent proportionellement
la moyenne de la vie humaine.
Les classes riches n’ont, il est vrai, que
l’embarras du choix. L’équitation, la chasse,
l’escrime, le canotage, etc., sont là, offrant
toutes leurs ressources de distractions et d’exer-
cices.
Ceci étant posé, nous allons parler du Laim-
Tennis, jeu tout à fait en honneur chez nos
voisins les Anglais, chez qui les habitudes
sportives sont en si grande faveur. Ce jeu
présente l’avantage d’occasionner très-peu de
frais d’installation, aussi s’est-il rapidement
répandu chez nous, et existe-t-il peu de pro-
priétés n’ayant dans une partie quelconque
de leur parc ou de leur jardin, un emplace-
ment réservé au Laivn- Tennis.
Une installation éphémère suffit même, à la
rigueur, et il nous est arrivé souvent, soit à
Paris, dans un coin de pelouse des Bois de
LE LAWN-TENNIS.
Boulogne et de Vincennes, soit en province,
sur une promenade publique, ou un pré, de
rencontrer des joueurs très occupés de la partie
engagée et toujours entourés d’une haie de
curieux.
Pour ceux de nos lecteurs qui ne connaî-
traient })as encore le jeu du Lawn-Tennis,
voici, en peu de mots, comment on l’installe et
en quoi il consiste :
Une surface plane quelconque, mais, de pré-
férence, une pelouse bien tondue, est néces-
saire. Elle doit former un rectangle de 24 mè-
tres de long, sur 8 mètres de large.
11 est bon, mais non indispensable, de
l’entourer de talus dont l’effet utile se com-
prendra tout à l’heure.
Cette surface, appelée cours, et dont les di-
mensions peuvent varier suivant le goût et la
force des joueurs ou les exigences de l’emplace-
257
ment, est divisée en deux parties, ou camps,
par un tHet (voir fig. 46).
La hauteur du fdet est de P^i 20 aux poteaux
et de 90 centimères au centre ; les poteaux
sont plantés en dehors du cours, et à 1 mètre
environ de chaque côté.
Le cours, dont les limites son tracées sur
le sol, soit avec du sable, de la sciure de bois,
des rubans blancs ou du blanc d’Espagne mé-
langé d’eau, ou mieux encore, des planches en-
foncées dans le sol sur champ, sera de plus
pai'tagé en deux, dans le sens de la longueur,
par une ligne tracée de la meme manière et
aussi par deux lignes, dites de service, perpen-
diculaires à cette dernière et placées chacune à
7 mètres du filet.
La partie se joue avec des balles de caout-
chouc que l’on envoie par dessus le filet, à
l’aide de raquettes. Plusieurs personnes peu-
Fig. 46. — Jeu de Lawn-Tennis.
vent jouer ensemble, mais le mieux est d’être
deux ou quatre seulement à la fois.
On emploie quelques fois des talus, comme
nous l’avons dit, ou bien des filets de côté
pour empêcher les balles de rouler au loin et
de s’égarer.
Il est nécessaire d’avoir à portée des balles
de rechange, pour ne pas avoir à courir après
les balles perdues.
Ces balles, dont le diamètre doit être de
G cà 7 centimètres, pèsent de 55 à 60 grammes.
Les raquettes ont à peu près la même forme
que celles employées pour le jeu de paume.
Les règles du jeu, peu compliquées, ne
peuvent cependant être énumérées ici: On peut
d’ailleurs se les procurer facilement, et la Re-
vue Jtorlicole donnera au besoin à ses lecteurs
les renseignements qu’ils désireraient à ce
sujet.
Il nous reste maintenant à indiquer aux pro-
priétaires le moyen d’installer chez eux un jeu
de Lawn, sans modifier d’une façon désa-
gréable l’aspect paysager de leur jardin ou de
leur parc.
Prenons par exemple, le Lawn-Tennis placé
à côté d’un gymnase, comme celui que nous
avons établi dans la propriété des Roches, près
Briare (Loiret).
Entre les massifs A A (fig. 47), qui se re-
joignaient et ne formaient qu’un tout, l’espace
nécessaire a été défriché et nivelé.
Le sol du cours B, a été établi en contre-
bas des allées G G qui l’entourent, de manière
à créer des talus G, empêchant les balles de
s’égarer.
En D, se trouve le filet, puis de chaque
côté les lignes G G dont nous avons indiqué
plus haut la disposition.
258
NOUVEAU MODE DE GREFFAGE DE LA VIGNE.
En E, se trouvent des marches pour des-
cendre facilement dans chaque camp. F F sont
deux bancs, permettant aux joueurs de se re-
poser et à des spectateurs d’assister sans fa-
tigue à la partie engagée. D’autres bancs pour-
raient être placés dans l’allée G’, mais nous ne
les avons pas indiqués, parce qu’ils gêneraient
la vue qui, de l’allée de ceinture L, et du
kiosque K, doit passer librement par dessus
le Lawn-Tennis, et s’étendre sans entraves
sur la pelouse N. En HH, sont représentés les
portiques du gymnase, en I I, les barres fixes ;
et enfin une plantation de Marronniers ou
autres arbres J J, donnant de l’ombre et de la
fraîcheur aux amateurs de gymnastique.
Deux groupes d’arbres isolés M M encadrent
le Laiün-Tennis du côté de la pelouse.
Nous pourrions citer d’autres dispositions,
mais, plusieurs années après la création du
Lawn-Tennis que nous venons de décrire,
nous avons pu nous rendre compte de l’effet
d’ensemble qu’il produit, et nous croyons pou-
voir en recommander le dessin.
Il va de soi que rien n’oblige à lui juxtaposer
un gymnase, et qu’alors on pourrait le rappro-
cher un peu de l’allée qui y donne accès. L’es-
sentiel est que l’emplacement du jeu soit choisi
de manière à ce qu’il ne gêne pas la circulation,
et que les joueurs eux-mêmes soient libres de
leurs mouvements. Ed. André.
NOUVEAU MODE DE GREFFAGE DE LA VIGNE
C’est avec intention que je dis nouveau
mode de greffage et non nouvelle greffe.
En effet, dans la circonstance, il s’agit d’ap-
pliquer une vieille greïïe dans des conditions
tout à fait spéciales et tellement exception-
nelles, qu’on pourrait regarder le procédé
comme nouveau.
Constatons d’abord que, malgré tout ce
qu’on a dit et écrit sur le greffage de la Vigne
dans le but de faciliter le travail et d’en as-
surer le succès, c’est une opération qui, dans
le centre et à plus forte raison dans le Nord
de la France, ne réussit jamais que très-
imparfaitement, surtout si l’on greffe à une
certaine hauteur au-dessus du sol. Dans ces
conditions, c’est même une opération à peu
près impossible, ce qui, assurément, est
très-regrettable, car il y aurait un très-grand
avantage à opérer ainsi, par exemple, si l’on
voulait changer l’essence d’une treille établie
et en transformer les branches coursonnes
en une ou en plusieurs variétés. Il y a pour-
tant un moyen d’obtenir ce résultat. C’est ce
que je vais essayer de démontrer.
Je ferai d’abord remarquer que si les
greffes de Vigne ne réussissent pas quand
on les pratique à hauteur, c’est-à-dire dans
l’air, il en est autrement quand on opère en
LÇS nORTENSIÀS DU PARC DES BUTTES-CÎIAUMONT.
259
dehors du contact de celui-ci, par consé-
quent dans le sol . Il èst bien entendu que
je fais abstraction de la greffe en approche,
qui réussit partout quand on observe les
lois de la physiologie végétale en ce qui
concerne l’art de greffer.
Ce premier point établi, qu’y a-t-il à faire
pour que les greffes de Vigne réussissent ?
Détacher la treille et la coucher sur le sol
dans une tranchée préparée ad hoc, c’est-à-
dire correspondant à la charpente générale,
puis greffer chacune des parties à trans-
former, en ayant soin de mettre un tuteur
à chaque greffon indiquant la place de
celui-ci, et qui, plus tard, servira à attacher
les bourgeons au fur et à mesure qu’ils se
développeront. Le mode de greffe le plus
simple, et qui en même temps est l’un des
meilleurs, est la greffe en fente pratiquée
avec des greffons conservés, et assez tard en
saison pour que la sève soit « montée » et
que la Vigne ne (( pleure » plus. Quant aux
greffons, il faut choisir du bois bien mûr et
ayant le moins possible de moelle : celui de
la base des sarments, près de leur empâte-
ment, est toujours le meilleur ; toutefois, il
ne faut pas prendre les choses à la lettre et
s’arrêter quand même à cette condition ; on
doit tenir compte des parties à greffer et pro-
portionner les greffons avec ces parties.
Dans le cas où il serait impossible de faire
une tranchée, par exemple si le cep à trans-
former était planté dans une cour pavée,
LES HORTENSIAS DU PA]
La Revue horticole, dans un intéressant
article (1), a parlé des Hortensias qui gar-
nissent, à des hauteurs considérables et
sans aucun abri, les parois escarpées des
rochers qui rendent notre beau parc si
pittoresque.
Ces Hortensias, admirables à l’époque de
leur floraison, présentent un exemple sur-
prenant de culture simplifiée à l’extrême,
et bien différente de celle que l’on a cou-
tume d’employer.
On m’a bien souvent demandé quelles
conditions j’avais pu réunir autour de ces
plantes pour leur assurer une floraison
aussi abondante et aussi régulière que celle
que l’on constate chaque année. Aussi,
vais-je faire connaître par suite de quelles
(1) Voir Revue horticole, 1882, p. 402.
on abaisserait la Vigne, et on la maintiendrait
étendue sur le sol, puis on apporterait de
la terre qu’on amoncellerait, autour des
greffes, de manière à les préserver du con-
tact de l’air et à en accélérer la reprise.
Ensuite on étendrait sur le tout un bon
paillis. Pendant l’été on arroserait, si cela
était nécessaire.
Quant aux autres soins, ils consistent à
attacher les bourgeons au fur et à mesure
de leur élongation, et à enlever ou à pincer
tous ceux qui sont inutiles . Si l’opération a
bien réussi, que les greffons aient poussé
vigoureusement, on pourrait, à l’automne,
relever les treilles et les attacher où elles
doivent être; mais, toutes les fois que la
chose sera possible, il vaudra mieux ne faire
cette opération qu’au printemps suivant.
Si parfois quelques greffes ne reprenaient
pas, on pourrait encore les refaire à l’aide
de quelques bourgeons qu’on prendrait sur
celles qui auraient réussi et qu’on grefferait
en approche dans les vides, de manière à les
combler.
Le procédé que je viens d’indiquer n’est
pas dépourvu de difficultés, je le sais ; mais
l’on est encore heureux de pouvoir l’appliquer
quand aucun autre n’est possible, du moins
avec succès, et j’ai pu, grâce à lui, restaurer
et transformer en 'de bonnes variétés des
treilles de mauvaise nature et dont on ne
pouvait tirer aucun parti.
Lebas.
î DES BDTTES-GHAÜMONT
circonstances j’ai été amené à essayer un
genre de culture qui a réussi au delà de mes
désirs :
En 1878, il existait aux Buttes-Chau-
mont, sur les flancs de certains rochers, des
cavités ou poches qui, lors de la création du
parc, avaient été remplies de terre de
Bruyère, et dans lesquelles des arbustes de
différentes espèces avaient été plantés. Par
suite, soit de la rigueur des hivers, soit du
manque d’humidité, soit enfin de l’usure de
la terre, bon nombre de ces arbustes étaient
morts, et je me voyais dans l’impossibilité
de les remplacer. C’est alors que, ayant à
ma disposition un assez grand nombre
d’Hortensias, l’idée me vint de les utiliser
en les plaçant isolément ou par groupes
dans ces poches dégarnies de plantes.
260
LA VIGNE ET SES ENNEMIS AU KASIIMIG.
Depuis cette époque, et malgré l’abandon
calculé dans lequel je les laisse, ces Hor-
tensias n’ont pas souffert un moment,
même pendant le terrible hiver de 1879-
1880.
Cette rusticité étonnera certainement
beaucoup de personnes ; aussi vais-je
dire comment je crois pouvoir l’expliquer.
La situation très- élevée, très-aérée, expo-
sée au vent, au soleil, à la sécheresse, que
j’ai donnée à ces Hortensias a produit les
résultats suivants :
Bien que la végétation soit assez puissante
et le feuillage abondant et bien vert, les
pouses de chaque année se développent peu;
elles sont courtes, ramassées, vigoureuses,
ce qui les rend capables de résister à des
froids intenses. Pour les mêmes raisons.
la végétation en est très-tardive, ce qui fait
que ces jeunes pousses ne sont pas encore
développées lorsque les rigueurs du premier
printemps sont encore à craindre.
Enfin la sécheresse relative des poches
pendant l’hiver, rend les Hortensias ainsi
cultivés l)ien moins sensibles à la gelée.
Les seuls soins que ces belles plantes
demandent sont quelques arrosages pendant
leur période de végétation.
Tel est, dans toute sa simplicité, mon
procédé de culture. J’ajouterai qu’en ce
moment la floraison de mes Hortensias est
en bonne voie de préparation ; et le succès
de ces belles plantes sera sans aucun doute
aussi grand cette année que les années pré-
cédentes.
Ch. Delaville.
UTILISATION DES POIRIERS JAPONAIS COMME PORTE-FRUITS
De tous les Poiriers japonais dont j’ai été
à même d’apprécier les caractères, il n’en
est aucun dont les fruits soient quelque peu
méritants, si on les compare à ceux des
variétés qui peuplent nos jardins. Il faut
donc, pour en tirer parti, les faire servir
comme sujets, ou comme intermédiaires,
pour être greffés à leur Jour par certaines
de nos variétés connues. Dans ce cas, j’ai
cru reconnaître qu’il serait bon de s’en
servir sur les francs, car j’ai remarqué
que, placés sur le Cognassier, ils paraissent
ne pas bien s’accorder avec celui-ci, et qu’ils
forment un très -gros bourrelet au point
de contact avec le sujet.
Un autre moyen d’utiliser ces arbres,
c’est de s’en servir comme porte -fruits,
c’est-à-dire uniquement pour recevoir des
parties fruitières disposées à fleurir (lam-
bourdes, dards couronnés, etc.), ainsi que
cela se pratique à l’aide de la greffe Luizet.
Ces arbres sont d’autant plus propres à cet
usage que, en général, tous sont vigoureux
et qu’ils se ramifient peu, de sorte que les
fleurs et les fruits qu’on leur fait porter
sont bien nourris et surtout bien aérés, ce
qui en favorise le développement et en aug-
mente la beauté.
Des expériences faites dans le sens que
je viens d’indiquer m’ont démontré qu’il y
aurait avantage d’agir ainsi qu’il vient d’être
dit. J’ai, dans celles-ci, fait porter à des
Poiriers japonais des parties à Heurs de
plusieurs de nos variétés : Passe-Crassane,
Doyenné d'hiver, Olivier de Serre, Ber-
gamote Esperen, etc., et j’ai obtenu de
très-beaux et bons fruits.
Une remarque que j’ai aussi faite sur ces
Poiriers, c’est que : presque tous fleuris-
sent de très-bonne heure au printemps,
ce qui les expose aux gelées tardives ;
2° qu’ils nouent difficilement leurs fruits et
qu’ils sont peu fertiles. J’ajoute que leurs
feuilles, en général très- grandes et forte-
ment dentées en scie, leur donnent un ca-
ractère particulier qui ne permet pas de
les confondre avec nos types européens. Je
n’ai remarqué de feuillage analogue à ceux-
ci que dans les quelques variétés de Poiriers
chinois que j’ai pu observer, et qui, eux-
aussi, m’ont paru présenter des fruits de
qualité très-intérieure aux nôtres, et tout à
fait analogue à celle des Poiriers japonais,
avec lesquels, du reste, ils ont beaucoup de
caractères communs.
Guillon.
LA VIGNE ET SES ENNEMIS AU KASHMIR
Quelle que soit la contrée du globe qu’on i remarque que celle- ci a des ennemis en
observe et aussi l’espèce qu’on étudie, on | général d’autant plus redoutables qu’ils sont
LA VIGNE ET SES ENNEMIS AU KASHMIR.
261
plus petits. Ici, et en ce qui concerne la Vigne,
dont je vais particulièrement m’occuper, si
jusqu’à présent il n’y a pas de phylloxéra, en
revanche nous devons compter avec diffé-
rents érisyphés, notamment avec VOidium
Tuckeri qui sévit avec une opiniâtreté in-
croyable; l’année dernière j’ai soufré mes
Vignes jusqu’à quatre fois, et c’est grâce à
cette persévérance dans l’eLnploi du soufre
que je suis arrivé à les préserver du ter-
rible fléau. D’une autre part VOidium est
beaucoup plus difficile à combattre au Kash-
mir qu’en France, probablement par cette
raison que les Vignes indigènes, qui crois-
sent pour ainsi dire partout dans la vallée,
sont envahies par le maudit cryptogame ; et
comme ces Vignes sauvages sont abandon-
nées à elles-mêmes et* sans aucun soin,
la maladie est endémique, de sorte que
VOidium trouve dans les cépages français
transportés au Kashmir un aliment à sa
convenance, sur lequel il exerce ses ra-
vages.
Les personnes qui sont tentées de croire
que les plantes soumises à la culture sont
plus maltraitées par les maladies cryptoga-
miques ou par les insectes que celles qui
croissent à l’état sauvage sont dans une
grande erreur et pourraient ici se convaincre
du contraire ; ainsi, il n’est pas rare de voir
à Kashmir des pieds de Vignes àeKawaurij,
Opiman, Katchehourié (1) et autres dont les
énormes troncs atteignent presque la gros-
seur du corps d’un homme et dont les longs
sarments forment de gigantesques guirlandes
qui couvrent les plus hauts Peupliers et
Mûriers, créant ainsi, avec ces derniers,
de véritables berceaux naturels d’un effet
des mieux pittoresques. Tous ces berceaux
sont ornés à l’intérieur par les grosses
branches de ces Vignes qui prennent les
formes les plus capricieuses.
Eh bien, toutes ces Vignes qui sont ici dans
leur pays natal et qui croissent tout à leur
aise sans jamais être tourmentées par la ser-
pette ni le sécateur, ces mêmes Vignes, dis-
je, sont infestées d'Oidium, mais à un tel
point qu’il n’y a qu’un très-petit nombre de
pieds dont les fruits arrivent à maturité.
De plus il existe au Kashmir un Coléoptère
de couleur noire qui dévore les Vignes in-
digènes. Cet insecte broute tout le paren-
chyme des feuilles, et cela si bien que
(1) Voir Revue horticole, 1882, p. 484.
quand il quitte un pied de Vigne, il n’y
a plus une seule feuille qui ait trace de
verdure; les pétioles ne conservent ab-
solument que les squelettes des feuilles,
c’est-à-dire les nervures.
Lorsque les Piaisins approchent de la ma-
turité, ces mêmes insectes perforent la pelli-
cule des grains, pour se nourrir de leur
jus.
Il est bien entendu qu’ils attaquent les
Vignes françaises aussi bien que les Vignes
kashmiriennes ; néanmoins, l’année der-
nière Je n’ai pas eu à me plaindre; c’est
à peine si j’ai constaté leur présence dans
mon vignoble. Voici à quoi j’attribue ce
résultat. D’après les observations que j’ai pu
faire, j’ai toujours constaté la présence de
ces Coléoptères sur les pieds de Vignes les
plus voisins des Graminées, tels que : Blé,
Orge, Chiendent, etc., dont ils mangent les
jeunes feuilles absolument comme ils le font
pour la Vigne ; c’est ce qui m’a fait
croire — peut-être à tort — que la présence
des Graminées était indispensable au déve-
loppement des jeunes individus.
Mais ces insectes ne sont pas seulement les
ennemis des Vignes et des Graminées. Non,
et quand les feuilles de ces dernières sont
toutes dévorées, ils se jettent sur les Rosiers,
sur les Pruniers, etc., qu’ils n’abandonnent
qu’après leur avoir fait subir le même sort
qu’aux Vignes ; et, chose curieuse ils atta-
quent le Houblon avec le même acharne-
ment ; seulement sur cette dernière victime,
ce sont les fleurs qu’ils dévorent de préfé-
rence.
Ils ne meurent pas l’hiver, et bien que
toute la vallée du Kashmir ait été couverte
pendant dix-huit jours consécutifs d’une
couche de neige de 15 centimètres d’épais-
seur, cela ne les a pas fait périr, et les
quelques individus que je vous envoie ci-
joints, je les ai trouvés parfaitement vivants,
il y a huit, jours, au pied d’une Vigne,
presque à la surface du sol.
De tous ces faits on peut, ce me semble,
conclure avec assurance que les Vignes
kashmiriennes ne peuvent rendre aucun
service à la viticulture française, car, de
même que tous les cépages cultivés en
France, elles appartiennent au groupe uinz-
fera, et présentent du reste absolument le
même mode de végétation.
Au Kashmir, les mêmes ennemis leur sont
communs ; ce qui autorise à croire que ces
262
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ d’HORTICULTURE DE SEINE-ET-OISE, A VERSAILLES.
Vignes cultivées en France ne résisteront pas
plus au phylloxéra que les cépages borde-
lais, bourguignons et autres.
Les Vignes du Kashmir cultivées en
France pour leurs produits directs, c’est-à-
dire sans être greffées, ne sont donc recom-
mandables à aucun point de vue; leurs
fruits sont énormes, il est vrai, mais ils
n’ont aucune saveur agréable et ne con-
tiennent que très -peu de sucre, par consé-
quent d’alcool. De plus ces fruits n’attein-
dront probablement leur maturité en France
qu’avec beaucoup de peine, même en ayant
UN SUCCÉDANÉ
Sous ce nom : « Épinard de Tunisie, d j’ai
vu récemment, dans une propriété, à Mes-
nil-le-Roi (Seine-et-Oise), et cultivé par
M. Bertrand, jardinier-chef de cette pro-
priété, une énorme planche d’une sorte de
Riünex qu’on nomme vulgairement « Oseille-
Épinard )). C’est une plante peu connue,
qui pourrait rendre de très-grands services
aux jardiniers de maison bourgeoise.
D’après les botanistes, cette plante ne
seraiLautre que le Rumex Patientia, L.,
c’est-à-dire la « Patience » des champs,
dépuratif par excellence que l’on rencontre
à peu près partout, le long des chemins,
dans les prés, dans les décombres. Eh bien,
je connais l’une et l’autre, et je n’hésite pas
à dire que ces deux plantes sont complète-
ment différentes par l’aspect, et surtout par
les qualités.
L’Oseille-Épinard a les feuilles stricte-
ment dressées sur im fort pétiole, à limbe
entier, non auriculé, ovale-elliptique, atté-
nué longuement à la base, glabres, épaisses,
charnues, d’un vert gai et comme légère-
ment giaucescentes, à nervures petites,
d’un vert pâle ou blanchâtre.
Ces caractères, je le répète, ne sont pas
ceux qui sont propres à la vieille Patience
des herboristes, dont les feuilles, très-
soin de les placer à une exposition privilé-
giée, car, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est
qu’il y a loin du climat du Kashmir à celui
de la France.
Pour donner une idée exacte de la valeur
des Raisins du Kashmir, on peut établir la
proportion suivante :
Les Raisins du Kashmir sont aux Raisins
français, ce que les Poires sauvages sont à
nos meilleures variétés de Poires cultivées.
L. Bouley,
Ancien élève de l’École d’horticulture de Versailles,
chef des cultures de S. H. le Maharadjah de
Kashmir (Inde).
DE L’ÉPINARD
minces, étalées,^ tombantes, ont des ner-
vures rougeâtres. Mais la différence essen-
tielle réside surtout dans les propriétés qui
sont toutes différentes. Ainsi, tandis que la
Patience est sèche, dure, insapide ou her-
bacée vireuse, l’Oseille-Épinard est douce,
savoureuse, comme onctueuse, cuit très-
bien et très-vite, et a une saveur agréable.
Quant à la végétation, elle est également
différente ; l’Oseille-Épinard est presque
toujours en végétation, et, comme, d’autre
part, elle est très-rustique, on peut en
cueillir pendant presque tout l’hiver. Un
autre avantage qu’elle possède, c’est que
sa végétation n’est même pas arrêtée par la
chaleur, et qu’elle ne monte que très-dif-
ficilement à graines, de sorte qu’on peut en
cueillir pendant tout l’été.
L’Oseille-Épinard est certainement le
meilleur de tous les succédanés qu’on a in-
diqués pour remplacer l’Épinard, ce qui
m’engage à en recommander la culture.
On peut en semer les graines pendant
presque toute l’année ; celles-ci lèvent bien
et promptement ; si les plantes sont trop
serrées, les feuilles sont moins belles et
moins bien constituées, et les plantes sup-
portent moins bien la chaleur. May.
EXPOSITION
DE LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE
La Société d’horticulture de Seine-et-Oise
est certainement l’une des plus florissantes,
parmi les Sociétés d’horticulture des environs
de Paris, et ses expositions peuvent servir de
modèle aux Sociétés voisines.
DE SEINE-ET-OISE, A VERSAILLES.
Plantes d’introduction et de semis. —
Les plantes nouvelles de semis ou d’introduc-
tion étaient peu nombreuses à l’Exposition;
cependant, en raison de l’attrait que présente
toujours la nouveauté, nous citerons le Vriesea
263
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE DE SEINE-ET-OISE, A VERSAILLES.
d’introduction non encore nommé et présenté
par M. Duval, horticulteur à Versailles.
Cette Broméliacée nouvelle est une charmante
petite plante provenant de l’Amérique méri-
dionale, son port et son mode d’inflorescence
paraissent la rapprocher des formes du Vriesea
brachystachys o\ipsittacina\ toutefois, elle en
diffère par son feuillage teinté de rose et l’a-
gréable coloration de son épi.
Pai'mi les plantes de semis, les Bégonias à
feuillage, de M. Lionnet, jardinier au Grand-
Château, à Jouy - en - Josas , étaient assez
curieux ; nous remarquons de même un Bégo-
nia tubéreux exposé par M. Thomas, horti-
culteur à Versailles, dont la fleur, composée de
six pétales ronds et parfaitement disposés,
indique une plante à travailler pour les
semeurs .
Belle culture. — Les plantes exposées pour
leur belle culture^ suivant l’expression du
programme, étaient très -nombreuses. Nous
noterons d’abord la collection de plantes à
feuillage ornemental de M. Truffant, horticul-
teur à Versailles ; VAreca Verschaffelti et le
Phœnix rupicola y étaient magnifiques; VAra-
lia Fabrieri et VAcalypha marginata très-
élégants ; puis la collection présentée par
Lesueur, jardinier en chef chez la
baronne de Rothschild, à Boulogne ; un grand
Phœnix dactylifera s’y faisait surtout remar-
quer par son développement, et le groupe
d’Aroïdées contenait des échantillons aussi rares
que bien portants, les Philodendron crinitum
et Schottianum, VAlocasia Thibautiana, les
Anthurium Andreanum, trilobum, Hookerii,
hybridum, regale.
Les plantes de serre du meme ordre, expo-
sées par M. Lionnet, étaient aussi très-bien
cultivées ; son groupe, dominé par de grands
Chamærops contenait, de nombreuses plantes,
parmi lesquelles il faut signaler un grand
Phœnix Canariensis, le curieux Ficus Parcelli,
un beau Caraguata lingulata, et un beau lot de
Caladium.
La collection de M. Doré, jardinier chez
Hunebelle, à Fleury-Meudon, et celle de
M. Pigies, horticulteur à Versailles, concou-
raient dans le môme ordre ; chez ce dernier
nous avons noté un Sabal Palmetto excellent.
Les Chrysanthemum var. Comtesse de Cham-
bord., de M. Gillard, horticulteur, et le beau
Blechnum Brasiliense, de M. Fletcher, jardi-
nier au château des Bruyères, à Sèvres,
rentraient également dans la même section.
M. Moser, horticulteur à Versailles, exposait
une splendide collection de Rhododendrons et
d’Azalées de plein air ; les meilleures variétés
comme les plus charmantes couleurs se ren-
contraient dans ce lot.
M. Duval, horticulteur à Versailles, présen-
ait un lot de plantes marchandes supérieure-
ment cultivées. Nous y rencontrons le célèbre
Anthurium Andreanum", un beau Cypripe-
dium Boxalli, le Tillandsia Zahni, le Thun-
bergia lauri folia, plante peu cultivée et très-
recommandable ; la fleur est large, tubulée, à
divisions arrondies et étalées, teintées de violet
clair, la gorge blanche est striée do noir.
Serre chaude. — Dans la section des
plantes de serre chaude,, nous trouvons
M. Truffant, dont les nombreux concours furent
récompensés du grand prix d’honneur. Les
plantes de cet exposant étaient très-remar-
quables ; le rare Alocasia Thibautiana était
splendide. Parmi ses Palmiers, nous avons noté
un fort exemplaire de Cocos Weddelliana et un
Areca sapida d’excellente culture. Malgré la
saison peu avancée pour les Dracæna, la collec-
tion du même exposant était remarquable.
Une rare collection de Broméliacées comptait
plus de trente plantes en fleurs ; nous y avons
noté un fort Encholirion Saundersii avec un
Encholirion roseum â feuilles variées, plante
unique, très-belle; un vigoureux Tillandsia
tessellata et le Vriesea splendens major, lan-
çant un épi très-coloré et très-grand.
M. David, horticulteur à Versailles, présentait
aussi une belle collection de Broméliacées.
Nous y trouvons une magnifique touffe du
Tillandsia Lindeni, VAnanassa Pinangensis
à fruit, le V^Hesea Malzinei en fleurs, le Bill-
bet^gia granulosa.
La collection d’Orchidées de M. Truffant
constituait certainement un des plus beaux lots
de l’Exposition, aussi était-il très-admi ré; nous
y avons compté plus de 70 plantes en fleurs.
M. David avait apporté un lot de plantes
variées de serre chaude, parmi lesquelles nous
avons remarqué le Pellionia Daveauana,Ae
Maranta Massangeana, le Bertolonia Van
Houttei, un bel exemplaire du Kentia Luciani
et du Pritchardia filifera.
Les Gloxinias étaient représentés par deux
collections, celle de M. Duval et celle de
M. Vallerand, le spécialiste bien connu de
Bois-Colombes. La collection de M. Duval,
bien que peu nombreuse, contenait d’excel-
lents coloris, particulièrement dans les variétés
Victor Hugo, Célestial, Madame Ty'uffaut,
Monsieur Batta. Celle de M. Vallerand, bien
plus nombreuse, n’appartenait pas au même
genre. Les fleurs droites et larges, à fond blanc
finement pointillé ou tacheté de couleur, indi-
quaient le type variabilis, très-recherché des
amateurs. En somme, c’était une admirable
collection qui fut récompensée d’une médaille
d’or bien méritée.
Terminons la revue des plantes de serre
chaude par l’inspection du magnifique lot de
Croton provenant des cultures de M. Lesueur.
De chaque côté de ce groupe se dressaient
deux spécimens hors ligne de la variété C.
264
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE DE SEINE-ET-OISE, A VERSAILLES,
Baronne de Rothschild, plantes admirables,
autant par leurs dimensions que par leurs
coloris.
Serre tempérée. — La catégorie des plantes
de serre tempérée comprenait moins d’apports.
Nous y retrouvons les belles collections d’Aza-
lées de l’Inde de M. David, et de M. Truffant.
M, Royer fils, horticulteur à Versailles,
membre du jury, exposait, hors concours ; sa
collection d’ Azalées de l’Inde, fort bien culti-
vée, était splendide. Le choix des variétés et la
régularité des sujets en faisaient un lot très-
méritant.
Les collections de Pélargonium de M. Poi-
rier, horticulteur à Versailles, égayaient l’ex-
position par leurs coloris clairs. Ces lots, par-
faitement fleuris, contenaient des variétés
d’élite, entre autres les variétés Pourpre de
Tijr, Monsieur d’ Astis, Madame Binot, Chal-
lemel-Lacour. Dans la collection de variétés à
fleurs doubles, également bien fleuries, nous
avons noté Monsieur Glorieux, belle teinte
rose ; Charles Howey, blanc lavé de rose ;
Alha perfecta, blanc ; Madame Lecharpen-
tier, iDçlle teinte rouge ; Hétéranthe, grande
fleur rouge. N’oublions pas de citer encore un
lot du même genre composé seulement de
trois variétés de choix et bien disposées pour
flatter l’œil : P. Louis Courrier, Duchesse Des
Cars et Monsieur Grévy.
Pleine terre. — Dans cette section M. Poi-
rier présentait une collection de Rosiers
hautes tiges et basses tiges, composée d’une
centaine de variétés. Les meilleures Roses con-
nues y luttaient de fraîcheur et de délicatesse.
La collection du même genre, présentée par
M. Ghristen, horticulteur à Versailles, nous a
paru supérieure. Les variétés Jean Ducher,
Persian Yellow, Baronne de Rothschild, Sou-
venir de la Malmaison, sont toujours des
plus charmantes. M. Ghristen exposait encore
une grande collection Y Evonymus du Japon,
greffés sur notre Evonymus Europeus com-
mun.
Les Pensées étaient nombreuses. Nous en
avons remarqué cinq collections, parmi les-
quelles nous citerons celle de M. Falaise aîné,
horticulteur à Billancourt, et celle de M. Mou-
dain, horticulteur à Versailles.
Légumes. — Gette section était peu nom-
breuse ; cependant la qualilé semblait com-
penser la quantité. La meilleure collection,
celle de M. Rothberg, jardinier chez M. Marco
del Pont, à Saint -Gloud, se composait de
primeurs et de légumes de saison. Les As-
perges et les Ghoux-Fleurs y dénotaient une
excellente culture. Des Ananas Cayenne lisse
et Charlotte de Fiothschüd accompagnaient ce
lot. Notons pour mémoire les superbes Asperges
en botte de M. Girardin-Gollas, à Argenteuil,
et les Poireaux monstrueux de M. Rabourdin,
agriculteur à Vélizy. L’École nationale d’horti-
culture de Versailles, dirigée par M. Hardy,
avait exposé, hors concours, un magnifique
groupe de Gerisiers et de Fraisiers qui atti-
raient bien des regards de convoitise, et d’é-
normes grappes de fruits qui couvraient les
arbustes dénotaient une culture intensive per-
fectionnée.
Industrie horticole. — Quant à l’industrie
horticole, elle était, cette année, très-peu nom-
breuse ; à quoi attribuer cette abstention de la
part des industriels ? Est-ce à cause de l’é-
poque ou de l’endroit non couvert qui avait
été réservé à l’industrie ? Est-ce au petit
nombre des récompenses attribuées à cette
section? La chose est regrettable à tous les
points de vue. Nous avons remarqué, dans
cette classe, la serre à double vitraux, fort bien
montée, avec un système d’aération perfec-
tionné, exposée par M. Michaux, constructeur
à Asnières, et les appareils de chauffage de la
maison Mathian, de Lyon.
Le Jury a décerné les principales récom-
penses suivantes ;
Grand prix dTionnenr. — M. A. Truffaut,
horticulteur à Versailles.
Méd.villes d’or. — M. Lesueur, jardinier chez
M™® la baronne de Rothschild, à Boulogne-sur-
Seine; MM. David, Poirier, Duval, Ghristen,
Moser, horticulteurs à Versailles; M. Lionnet,
jardinier au grand château de Jouy-en-Josas;
M. Doré, jardinier chez M. Hunebelle, à Fleury-
Meudon; M. Rothberg, jardinier chez M. Marco
del Pont, à Saint-Cloud; M. Fletcher, jardinier
chez M. Girod, au château des Bruyères, à Sèvres.
Petites ynédailles d’or. — M. Vallerand jeune,
horticulteur à Bois-Colombes (Seine); et M. Gi-
RARDIN-COLLAS, horticulteur à Argenteuil.
Médailles de vermeil. — M. Dubois, jardinier
chez M. Denevers, à Versailles.
Grande médaille d’argent. — M. Thomas, hor-
ticulteur à Versailles.
Médaille d’argent. — M. Pigier, horticulteur à
Versailles.
En résumé, l’exposition de Versailles, mal-
gré le temps défavorable qui l’a précédée, a
pu affirmer une fois de plus la vitalité de la
Société d’horticulture de Seine-et-Oise.
J. Sallier, fils.
Xxap. Ge<wgo8 Jacob , — Orléaua.
CHRONIQUE HORTICOLE
Les Wellingtonias et les oiseaux. —
Dans une précédente chronique, nous fai-
sions remarquer combien il est rare que des
oiseaux nichent ou même se reposent sur
les Wellingtonias; en même temps que
nous faisions des réserves, nous priions
nos lecteurs de vouloir bien nous faire
connaître leurs observations à ce sujet.
Quatre déjà ont répondu à notre appel. C’est
d’abord M. Hauguel, de Montivilliers, qui
nous écrit :
Je connais, à Montivilliers, chez M. Murrets,
des Wellingtonias, hauts de 12 à 15 mètres,
sur lesquels chaque année des moineaux éta-
blissent leurs nids, ce qui n’est pas beau, car
ceux-ci, qui sont très-gros, se composent de
paille et de foin. ]\[oi-même j’ai été obligé de
retirer de ces arbres, après le départ des jeunes,
un nid de mésanges à longue queue, fixé au
bout d’une branche.
D’autre part, il y a déjà de cela longtemps,
j’ai enlevé d’un Wellingtonia un nid de troglo-
dyte, appelé ici berrichon ou riboudin. Ce nid,
placé contrejle tronc de l’arbre, était construit
avec des feuilles de Fougères.
Ici le roitelet huppé et le roitelet à bandeau
visitent fréquemment l’hiver les Conifères, les
Wellingtonias compris, pour y chercher leur
nourriture et un refuge contre le froid.
M. Daujar, jardinier chez M. Chevrier,
à Rosey (Saône-et-Loire), écrit :
Dans la propriété où je suis se trouve un
exemplaire de Wellingtonia d’environ 4 mètres
de hauteur, sur lequel existe un nid de
pinsons. Ce (jui me le fit découvrir, ce fut la
mère qui venait sans cesse voltiger autour de
l’arbre, sans se poser, et comme si elle cher-
chait une entrée facile ; un peu plus tard, je
vis le mâle faire les mômes mouvements et
comme si, lui aussi, il hésitait à se poser, pro-
bablement à cause de la présence, sur les
branches , d’écailles qui leur piquaient les
pattes.
M. Baumann, de Bolhviller, écrit :
Dans votre numéro du 16 mai je vois, dans
la chronique, un passage intitulé : « Aversion
des oiseaux pour les Wellingtonias, » duquel il
résulte que les oiseaux ne fréquentent pas
volontiers ces arbres. Cette aversion n’est pas
absolue; en voici une preuve :
Avant le rigoureux hiver de 1879-1880, qui
a fait périr la plupart de nos beaux Welling-
tonias, j’ai vu^ pendant quelques années, un nid
de moineaux s.ur mon plus grand exemplaire,
10 Jto 1883,
Dans un autre jardin, j’ai également vu sur un
Wellingtonia un nid de fauvettes, un de rossi-
gnols ; mais, au lieu d’etre placé vers le som-
met de l’arbre comme l’était celui du moineau,
ils se trouvaient sur les branches inférieures.
Enfin, M. Louis Bazille écrit de Mont-
pellier :
Vous désirez avoir des renseignements sur
les Wellingtonias, au point de vue des oi-
seaux.
Ce que je vois chez moi ne confirmerait pas
l’opinion exprimée par quelques personnes dans
votre dernier numéro.
J’ai un Wellingtonia devant ma maison qui,
l’année dernière, portait deux nids, l’un de
rossignols, l’autre de chardonnerets.
Les quelques faits qui précèdent démon-
trent que si les oiseaux ne fréquentent pas
volontiers les Wellingtonias, il y a pourtant
de remarquables exceptions. Celles que
nous venons de citer ne sont pas probable-
ment les seules.
Circulation des plantes sur les che-
mins de fer. — Les entraves apportées à
la circulation des plantes tendent à dispa-
raître ; plusieurs fois déjà, dans ce journal,
nous en avons cité des exemples. En
voici encore un que nous fait connaître
M. Desportes, directeur - gérant de l’éta-
blissement André Leroy, à Angers.
Nous donnons copie d’une lettre que le
chef de gare du chemin de fer d’Orléans, à
Angers, lui écrivait le 17 mai dernier :
Monsieur,
En réponse à votre lettre du 16 courant, j’ai
l’honneur de vous retourner, sous ce pli, la
letti’e de la Compagnie de l’Ouest, relative au
phylloxéra, que vous nous avez adressée en
communication.
Ayant reçu les memes instructions de la
Compagnie d’Orléans, nous nous empressons
de vous informer que nous acceptons, par
n'importe quelle voie, vos expéditions de
plantes, arbres et arbustes pour l’intérieur,
sans les certificats précédemment prescrits.
En résumé, nous nous conformerons aux
indications contenues dans la lettre ci-jointe,
dont nous possédons un exemplaire.
Recevez, etc.
Voilà donc encore un anneau de rompu à
la chaîne de la prohibition. A quand le§
autres ?
n
266
CHRONIQUE HORTICOLE.
Expositions annoncées. — La Société
horticole du Loiret tiendra son exposition
du 23 au 26 juin. Les exposants devront
envoyer leurs déclarations au Président,
M. P. Transon, 16, route d’Olivet, à Or-
léans.
— La Société centrale d’horticulture de la
Seine-Inférieure tiendra cette année deux
expositions : la première, spéciale aux
Roses, aura lieu du 30 juin au 2 juillet, à
Rouen. Les exposants s’adresseront au Pré-
sident de la Société, rue Saint- Lô, 40, à
Rouen. La seconde aura lieu à Dieppe, du
12 au 15 juillet. Les exposants devront
s’adresser au Président de la succursale-
section de la Société, à l’hôtel-de-ville, à
Dieppe (Seine-Inférieure).
Exposition internationale d’horti-
culture à Paris, en 1885. — Dans une
récente réunion du conseil delà Société na-
tionale et centrale d’horticulture de France,
sur la proposition de M. Lavallée, président
de ladite Société, il a été décidé, à l’unani-
mité, qu’une exposition internationale
d’horticulture aurait lieu à Paris en 1885.
Cette exposition, qui, en principe, devait
avoir lieu en 1884, a été ajournée par
suite de la remise à l’année prochaine de
l’exposition internationale de Saint-Pé-
tersbourg. *
Culture expérimentale de plantes
chinoises. — Sous ce titre, M. Paillieux
vient de publier une intéressante notice sur
les récentes expériences qu’il a faites de
plantes provenant de graines qu’il avait re-
çues de la Chine. Parmi le grand nombre
d’essais auxquels il s’est livré, il en est deux
surtout que nous devons signaler tout de
suite. Ils portent sur deux Crucifères : le
Pé-lsài dé Mongolie et la Moutarde tubé-
reuse. La première espèce, vigoureuse, pro-
ductive et d’une croissance très-prompte,
sera sans doute précieuse comme plante
fourragère; quant à la Moutarde tubéreuse,
elle est doublement intéressante par toutes
ses parties herbacées et surtout par les tu-
bercules qu’elle donne en même temps.
C’est une bonne acquisition pour l’économie
domestique en général, pour la ferme et
pour le potager en particulier.
Un nouveau prix fondé parle Jardin
d’accli tion. — Parmi les prix ré-
cemment créés par le Jardin d’acclimata-
tion, il en est un qui concerne l’horticul-
ture ; il se rapporte à une sorte de Haricot
tubéreux , au Pueraria Thunbergiana
(Pachyrhizus Thunhergianus., Spreng.,
Dolichos tuherosus, Lam., Stizolohiumtu-
berosum, Spreng.), plante grimpante, li-
gneuse, dont les nombreuses tiges très-
fibreuses peuvent être employées à faire
des tissus, notamment de très-belles toiles.
Ce concours, pour lequel est accordé un
prix de 300 fr., est ouvert jusqu’en 1890.
Les concurrents devront cultiver un demi-
hectare au moins de ce Haricot.
Duplicature spontanée d’un Lilas. —
Par quoi est déterminée la duplicature des
fleurs ? Ne pouvant en indiquer la cause,
bornons-nous à signaler les effets quand il
s’en présente. En voici un des plus singu-*
liers, dont nous devons la connaissance à
M. Rougier, horticulteur, rue de la Ro-
quette, à Paris. Il s’est produit â Ars-sur-
Moselle, sur un très-vieux Lilas. Voici à ce
sujet ce que lui écrivait M. le vicomte de
Resseguières, le 12 mai 1883 :
Un fait singulier s’est produit dans mon
jardin ; un Lilas, planté il y a au moins soixante
ans, avait seul fleuri Tannée dernière ; tous les
autres avaient été gelés ; celui-ci s’était égale-
ment ressenti du froid, mais, plus abrité, il don-
nait, plusieurs jours après, quelques thyrses,
mais alors à fleurs doubles, ce qui me surprit,
l’ayant toujours vu à fleurs simples. Je n’ai
pas mis en doute que ce fait ne serait
que passager, et qu’à l’avenir les fleurs re-
prendraient leur état normal, c’est-à-dire
deviendraient simples comme elles avaient
toujours été. C’est le contraire qui arriva, et
cette année toutes ces fleurs sont complète-
ment doubles. Le coloris des Heurs est lilas
bleuâtre.
Floraison précoce d’un Poirier. —
Dans une lettre qu’il vient de nous adres-
ser, M. Rlavet, président de la Société
d’horticulture d’Étampes, nous informe
d’un fait analogue à celui dont nous avons
parlé, d’un Poirier Bonne-d’Ézée, qui, dès
le 2 mars, était en fleur à Saint-Mandé,
mais beaucoup plus précoce toutefois. C’est
un Poirier Doyenné d'Alençon, qui, à
Étampes, entrait en fleur dès le 15 décem-
bre 1882.
<( Cet arbre, dit M. Rlavet, situé à 3 mè-
tres d’un mur regardant le nord, est d’une
CHRONIQUE HORTICOLE.
267
bonne vigueur ; il porte aujourd’hui des
fruits parfaitement conformés et dont, à
moins d’accidents, l’avenir est assuré. »
Pourquoi cette hâtiveté d’un seul indi-
vidu, quand tant d’autres de la même va-
riété, placés dans des conditions aussi avan-
tageuses, et même plus, ne fleurissaient
qu’à l’époque où ce fait a lieu normalement,
c’est-à-dire trois mois plus tard?
Moyen de prolonger la durée des
fleurs. — Ce procédé, des plus simples et
auquel oti fait à peine attention, est cepen-
dant indiqué depuis longtemps, et même
d’une manière poétique par certains bota-
nistes, qui, en parlant de l’état des fleurs,
de ces riches corolles, qui pour tant de
gens sont les seules parties qui constituent
la fleur, ont dit : « Cette parure n’est
pourtant qu’accessoire... elle représente la
couche ou le lit nuptial... mais une fois la
fécondation accomplie... l’acte de la géné-
ration est terminé.... alors le but étant
atteint, la beauté disparaît... »
Eh bien î c’est absolument vrai, ces
fleurs si belles se fanent, en général, lorsque
la fécondation est opérée. Qu’y a-t-il donc
'à faire pour en prolonger la durée? S’op-
poser à l’accomplissement de l’acte généra-
teur. Voici un exemple de l’elfet produit
par cet empêchement et dont nous devons
la connaissance à un abonné de la Revue
horticole, M. E. de Confevron, de Langres :
Les fleurs de Bégonias tubéreux durent
normalement liiiit jours, la corolle se dévelop-
pant chaque matin et se refermant chaque
soir, pour mettre à l’abri les étamines pendant
la nuit.
Mais la durée de la fleur ne se prolonge pas
après la fécondation, et le soir même qui suit
ce phénomène, la corolle se ferme pour ne
plus se rouvrir, la fleur ne fût-elle qu’au
deuxième ou au troisième jour de son épa-
nouissement.
Si donc, le lendemain du jour où elle s’est
épanouie, on féconde artificiellement une fleur
femelle de Bégonia, ce soir-là même elle se
ferme pour ne plus se rouvrir. Au lieu de
durer huit jours, elle se fane immédiatement;
son rôle est fini, l’œuvre de reproduction étant
terminée.
C’est un avis, un conseil donné à nos'
abonnés, et dont ils profiteront certaine-
ment.
Poire Directeur Alphand. — D’après
certains bruits qui circulent, la Poire Di-
recteur Alphand serait tout au plus de
(( troisième ordre. » C’est là une apprécia-
tion qui peut avoir un but intéressé, et,
dans tous les cas, la Revue horticole n’a rien
à y voir; aussi n’en parlerions-nous pas, si
précisément la Revue ne se trouvait, indi-
rectement du moins, quelque peu en cause.
En effet, dans l’article qui accompagnait la
figure coloriée de la Poire Directeur Al-
phand (i), il était dit que cette Poire « n’est
pas seulement très -belle, mais que c’est
l’une des meilleures dans la saison où elle
mûrit. Bonne à manger dès le mois de fé-
vrier, elle se conserve jusqu’en avril. » Eh
bien, il n’y a dans ces dires aucune exagé-
ration; au contraire, et nous avons pu le
constater le 20 mai dernier. Ce jour-là, nous
avons dégusté une Poire Directeur Alphand,
qui était très-bonne; sa chair, blanche, fine,
onctueuse même, était très-agréablement
parfumée.
Repiquage des Choux. — Tous les
cultivateurs expérimentés savent que les
débris de laine favorisent considérablement
la végétation des Crucifères en général, et
particulièrement des Choux.
Cependant, nous devons communiquer à
nos lecteurs les indications précises sui-
vantes que M. Ch. Wendelen vient de pu-
blier dans le Bulletin d'arboriculture, flo-
riculture et culture potagère de Gand.
Le carré destiné à recevoir les plants de
Choux doit être labouré, sans fumure ;
puis on ouvre à la bêche des trous de 30 à
35 centimètres en tous sens et distants entre
eux de 50 à 80 centimètres, suivant la va-
riété de Chou que l’on cultive. On emplit à
moitié les trous de bon fumier court, au-
quel on a mélangé de la chaux vive, dans la
proportion d’un vingtième.
La chaux, outre qu’elle est un engrais
pour la plante, hâte la décomposition du
fumier et le rend presque immédiatement
assimilable.
On met ensuite dans le trou, en la mé-
langeant au fumier, une quantité de vieux
chiffons de laine représentant au total une
surface d’environ 10 centimètres carrés, sur
une épaisseur ordinaire ; puis, après avoir
comblé les trous, on repique, à l’aide d’un
plantoir, et dans le milieu de ces trous, le
(1) Voir Revue horticole, 1880, p. 350.
268
CHRONIQUE HORTICOLE.
jeune plant, dont il faut avoir soin de ne pas
recourber la racine pivotante.
A l’aide de ce procédé, on obtient com-
munément des Choux cabus et des Choux
de Milan des Vertus, pesant de 4 à 5 kil.
et plus.
Un Cyclamen monstrueux. — Cette
nouveauté, qui s’est montrée dans un semis,
chez un amateur bien connu, M. Schlum-
berger, à Rouen, présente, outre des
dimensions extraordinaires, une sorte de
monstruosité particulière qu’on n’a encore
vue chez aucune plante de ce genre. C’est
la produel ion, à l’extrémité d’un gros et
long pédoncule, de plusieurs fleurs réunies,
plus ou moins fortes, constituant une masse
non diflbrme. Cet ensemble, qui atteint
jusqu’à 8 centimètres et plus de diamètre,
comprend plusieurs fleurs (jusqu’à 5) acco-
lées l’une à l’autre dans un même calice
assez régulier ; les cinq pièces qui le com-
posent sont larges, bien faites et bien dis-
posées. Le tout rappelle une sorte de dupli-
cature ; la couleur est d’un blanc carné
largement maculé de rouge violacé à la base.
Les pédoncules, qui sont énormément gros,
atteignent jusqu’à 35 centimètres de lon-
gueur.
En somme, c’est une fasciation nouvelle
et des plus extraordinaires.
Veronica prostrata. — On voit en ce
moment, dans le jardin de M. Godefroy-
Lebeuf, horticulteur à Argenteuil (Seine-
et-Oise), de longues bordures de cette
plante, couvertes d’une étonnante profusion
de délicieuses grappes bleues. L’effet en est
ravissant. M. Godefroy cultive cette plante
sous le nom de Yeronica rupestris. Nous
ne trouvons point ce nom dans les auteurs,
et nous inclinerions à croire qu’il n’y a là
que la charmante variété prostrata du V.
Teucrium de Linné (1), caractérisée par
des tiges ascendantes ou couchées, des
feuilles oblongues presque entières, den-
tées ou incisées, parfois presque pinnati-
fides.
Quoi qu’il en soit, dans les terrains un peu
sablonneux, même arides, cette Véronique
constitue de ravissantes bordures. On pour-
rait même en former des tapis entiers, de
(1) F. prostata, L., Sp. pl. 17; Bill. Exsicc.,
RO 1731 et his ; F. Teucrivm, var. prostata, lll,
^lor- Par., t. 17, f, 13,
véritables pelouses azurées, et nous croyons
savoir que M. Godefroy-Lebeuf se propose
de l’essayer sous cet aspect l’année pro-
chaine.
Selaginella grandis. — Parmi les
plantes les plus intéressantes que nous avons
vues à l’exposition de Gand, nous avons
remarqué une fort belle Lycopodiacée, le
Selaginella grandis, qui a été introduite
de Bornéo par MM. J. Veitch et fils, de
Ghelsea (Londres).
Les feuilles (frondes) en sont larges ; les
folioles sont également étalées et fixées avec
élégance et régularité sur leur support.
Ces feuilles sont très-arquées, ce qui les
fait complètement ressembler à des plumes
d’oiseau.
Les frondes fertiles ont leur extrémité en
forme de glands très-allongés. La couleur de
la plante est d’un vert brillant, très-riche.
Le Selaginella grandis, qui est heureu-
sement d’une taille moyenne, est vigoureux,
d’une culture facile, d’un accroissement
rapide ; et possède, au résumé, toutes les
qualités recherchées par les horticulteurs et
les amateurs. La plante exige la même
température que les Fougères tropicales.
Expositions d’Orchidées. — Le monde
horticole s’occupe beaucoup de quelques
remarquables expositions faites à Londres,
en ce moment, par MM. Veitch, W. Bull,
Williams, etc., et consacrées entièrement
aux Orchidées.
Nous espérons d’ici peu parler longue-
ment des principales plantes, si intéres-
santes par la beauté de leurs fleurs, par
leur développement ou par leur rareté, qui
composent ces exhibitions.
Contentons-nous, pour aujourd’hui, de les
signaler, en engageant ceux de nos lecteurs
que leurs occupations laissent actuellement
libres, à faire une visite aux belles serres
des grands horticulteurs de Londres.
Plus près de nous, à Argenteuil, M. Go-
defroy-Lebeuf a fait dernièrement, dans sa
nouvelle serre, une exposition de ce genre
où nous avons remarqué une grande quan-
tité de belles Orchidées fleuries. Cette ex-
hibition a eu beaucoup de succès et a
démontré que le nombre des orchidophiles
augmente dans notre pays,
Æsoulus initermedüa. — Sous ce pom.
CHRONIQUE
M. Ed. André a décrit (1) -une forme de
Marronnier croissant dans les pépinières de
M. Scipion Cochet, à Suisnes, et remarqua-
ble par les caractères intermédiaires qu’il
présentait entre le Marronnier blanc {Æscii-
lus Ilippocastanura) et le Marronnier
rouge {Æ. rnèzcunda). Un sujet analogue
existe en ce moment au parc Monceau, où
il vient de se couvrir d’une abondante flo-
raison. Est-il absolument semblable au
Marronnier de Suisnes, ou provient-il d’un
semis qui aurait reproduit les caractères
déjà observés? Il est difficile de se pronon-
cer. Toujours est-il que l’arbre que nous
avons remarqué au Parc Monceau, à l’inter-
section de deux allées, près de l’entrée don-
nant sur l’avenue de Messine, est un bel
exemplaire queM. Martineau, cbef-jardinier
du parc, nous a dit venir de chez M. Châ-
teau, à Beaugé (Maine-et-Loire). Il paraît âgé
d’une vingtaine d’années, et forme une
belle tête arrondie, vigoureuse, plus élancée
que celle du Marronnier rubicond, dont il
se rapproche d’ailleurs par le feuillage. Ses
pétioles sont verts, rouges seulement à la
base et au sommet. Les tbyrses, dressés, ont
les ramifications écartées, vertes et roses
comme la râfle. Les jeunes fleurs sont
blanches à l’intérieur, bordées de rose sau-
moné avec une large tache jaune d’or vif au
centre des pétales supérieurs; l'extérieur est
striolé et maculé de points roses glanduleux.
La teinte blanche passe au rose tendre (non
au rouge) en vieillissant, et quelques
fleurs présentent une macule centrale rouge
cramoisi. Les pétales sont connivents et non
étalés renversés comme dans le Marronnier
blanc. Le calyce est d’un blanc rosé ou rose
saumoné et verdâtre, et non rouge comme
dans le Marronnier rubicond, et le style
n’est pas non plus rouge, mais blanc
rosé, tandis que les filets des étamines sont
identiques à ceux du type.
Au total, cette intéressante forme, à la-
quelle les macules dorées des pétales don-
nent la note jaune des Pavias, se distingue
nettement de ses voisins à fleurs blanches
et à fleurs rouges, bien qu’elle se rapproche
davantage du Marronnier rubicond.
Y a-t-il dans ce fait un nouvel argument
à l’appui de ceux qui prétendent, avec assez
de vraisemblance, que le Marronnier rubi-
cond, qu’on n’a jamais trouvé sauvage, serait
une forme du Marronnier blanc obtenu par
(1) Voir Revue horticole^ 1867, p. 8i6.
HOHÏIGOLE. ^469
la culture? C’est un problème dont la lu-
tion n’a pas encore été trouvée.
Le Gymnogramme schizophylla . —
On a beaucoup admiré, à la récente exposi-
tion de notre Société centrale d’horticulture,
quelques spécimens hors ligne de Gijmiio-
gramme J calomelanos, Nephrolefis eraR
tata, Anthurium crystallinum, et Paya
Gigas.
Ces belles plantes, qui, sous le rapport
de la culture, réalisaient la perfection,
avaient été exposées par M. Maron, jardi-
nier-chef au château d’LIerhault (Loir-et-
Cher).
C’est également cet habile cultivateur qui
avait envoyé à l’exposition de Gand un re-
marquable exemplaire de Gymnogramme
schizophylla, fort belle espèce introduite
par MM. Veitch. Cet exemplaire, supé-
rieurement cultivé, a été acquis par la
Société continentale d’horticulture.
.On ne saurait trop applaudir aux progrès
que nos horticulteurs français réalisent de
jour en jour, et la dernière exposition nous
prouve que, si nous le voulons bien, nous
n’aurons bientôt lâen à envier sous ce rap-
port à l’étranger.
Cours d’arboriculture de la Ville de
Paris. — Le 4 juin 1883 a eu lieu, à la
Société nationale et centrale d’horticullure
de France, l’examen des élèves aspirant au
diplôme de capacité, délivré à la suite des
leçons professées par M. Nanot, soit au
Jardin fruitier de la Ville à Saint-Mandé,
soit à la Société d’horticulture.
Les huit élèves, dont les noms suivent, ont
obtenu le brevet de capacité : MM. Vuillet,
Dagavarian, Joly, Lecœur, Auboyer, Al-
longé, Delille et Coste.
Nécrologie. — • La mort vient d’enlever
subitement à sa famille et à ses amis, à la
fleur de l’âge, un praticien éclairé, et dont
le nom est connu de la plupart des lecteurs
de la Revue horticole par les intéressantes
communications que, de temps à autre, il
faisait à ce journal. C’est M. Henri Thierry,
jardinier en chef à la villa Chamhrun, à
Nice.
Praticien émérite et connaisseur dans
toutes les parties du jardinage, il avait fait
de la villa Chamhrun la résidence la plus
270
SYNOPSIS DES GENRES DE BROMÉLIACÉES.
agréable par la manière intelligente avec
laquelle il en avait orné toutes les par-
ties.
Comme homme, il était accompli ; sa
bienveillance, son affabilité et les bons con-
seils qu’il prodiguait volontiers lui avaient
acquis l’estime et l’afTection de tous ses
collègues et de ses maîtres, qui le regrettent
sincèrement.
M. H. Thierry est décédé à Nice, le
15 mai 1883, à l’âge de quarante-deu.x ans.
E.-A. Carrière et Ed. André.
SYNOPSIS DES GENRES DE RROMÉLIAGÉES
Depuis longtemps les amateurs de Bro-
méliacées — et ils commencent à s’appeler
légion — réclament une clé analytique des
genres, à défaut d’une monographie com-
plète de la famille, œuvre extrêmement
désirée. C’est un travail considérable, au-
quel notre savant confrère, Ed. Morren, est
attaché, nous le savons, depuis longtemps,
mais qui se fait bien attendre, au gré de
tous les broméliophiles. Cela est d’autant
plus regrettable que pendant ce temps-là
de nouvelles espèces apparaissent chaque
jour dans les collections vivantes, que ces
curieuses et belles plantes sont en faveur
croissante, et que la confusion de leur no-
menclature augmente sans cesse.
Ce serait donc une bonne fortune d’avoir
un Synopsis, un guide, qui devienne le
phare sauveur dans cette obscurité. Fût-il
contesté dans quelques-unes de ses parties,
on pourrait au moins s’appuyer provisoire-
ment sur lui, en attendant le grand travail
d’ensemble promis.
Ce guide, nous l’avons aujourd’hui. Il
vient de paraître dans le troisième et dernier
volume du Généra plantarum de MM. Ben-
tham et Ilooker (1).
Le livre n’est pas à la portée de tout le
monde. Son prix est élevé, et il est rédigé,
naturellement, tout en latin. Nous croyons
faire œuvré utile à nos lecteurs en tradui-
sant pour eux le résumé de ce qui con-
cerne cette famille dans l’ouvrage des deux
illustres botanistes anglais. Si nous réussis-
sons ainsi à mettre les amateurs à même
de déterminer avec exactitude les genres
dans lesquels rentrent les espèces qu’ils
cultivent, en attendant qu’ils déterminent
ces espèces elles-mêmes, nous nous estime-
rons heureux. Ce sera une raison pour eux
de s’attacher davantage à une famille qui
passionne aujourd’hui un si grand nombre
de cultivateurs de plantes de serre.
(t) Gen. plant. (Brnmeliaceœ), III, pp. 657-070.
Nous nous contenterons de donner très-
succinctement les caractères distinctifs, les
courtes diagnoses des genres. On en trou-
vera les caractères descriptifs et les diver-
ses particularités dans le livre ([ue nous ve-
nons de citer.
fi’c Tribu. — Broméliacées.
Ovaire infère, ovules horizontaux ou pendants.
Fruit charnu, indéhiscent ou s’ouvrant latéra-
lement. Graines inappendiculées. Feuilles le
plus souvent dentées en scie {Ronnhergia
excepté).
Première Section. — Sépales au sommet de Povaire,
libres entre eux. Pétales connés en tube dès la base ou
plus haut.
Genre 1. Streptocalyx, Beer. Panicule ter-
minale. Sépales larges, fortement imbriqués.
Tube de la corolle long. — Brésil tropical,
Guiang.
Genre 2. Bromelia, Linn. {joro parte). Pani-
cule terminale. Sépales ovales-ohlongs ou li-
néaires, peu imbriqués. Pétales connés à la
base en tube court. — Antilles, Amérique tro-
picale. — (Syn. Agallostachys, Beer.) MM. Ben-
tham et Hooker comprennent dans ce genre
les B. chrysantha, Jacq. ; B. Pinguin, Linn.
{Ananas, Gœrtn.); B. fastuosa, Lindl. ; B.sil-
vestris, Willd. et B. .antriacantha, Bertol. Les
cinq Bromelia de Linné étant distribués par
divers auteurs dans plusieurs genres, il con-
vient de prendre pour espèce type du genre
Bromelia le B. Pinguin. Le B. Ananas, Linn.,
devient le genre Ananas, d’Adanson, et le B.
Karatas de Linné rentre dans le genre Kara-
tas, également d’Adanson.
Genres. Karatas, Adanson. Gapitule termi-
nal, dense, sessile entre les feuilles supérieures
involucrantes. Sépales oblongs ou étroits. —
Amérique tropicale. — {Nidularium, Lem.,
Regelia,Lem.) Pour distinguer les Nidularium
des Karatas, Wawra dit que les anthères sont
dorsitixes dans le premier genre, et basihxes
dans le second, caractère assez incertain, qui
demande à être étudié de plus près.
Genre 4. Grerja, Regel. Gapitule épaiSj
sessile au milieu des feuilles inférieures, brac-
tées aiguës, imbri({uées, épineuses^ dentées en
SYNOPSIS DES GENRES DE RROMÉLIACÉES.
271
scie. Sépales étroits. Tal)e de la coi'olle
allongé. — Chili.
Deuxième Section. — Calyce ou tube du périanthe
cyathiforme au-dessus de l’ovaire ou brièvement cylin-
dracé, sépales libres au sommet du tube ou de la coupe.
Pétales libres ou brièvement coimés à la base.
Genre 5. Cryptantiius, Otto et Dietrich.
Capitule dense, snbsessile entre les feuilles,
bractées extérieures foliacées, les intérieures et
les bractéoles petites. — Brésil. — {Pholido-
phylimn., Yiv., Madviyia, Lieb.) M. Baker ne
reconnaît dans ce genre qu’une seule espèce à
formes diverses.
Genre G. Distegantiius, Lemaire. Épis stro-
biliformes, sessiles sur le rhizome. Bractées
imbriquées. Pétales libres, convolutés à la base
autour des étamines intérieures — Cayenne.
Genre 7. Ronnbergia, Ed. André. Tliyrse
terminal en épi dense. Pétales et étamines
libres. — Nouvelle-Grenade. — Ce genre se
distingue des Rhodostachys par son inflores-
cence et ses feuilles très-entières.
Genre 8. Ogiiagavia, Philippi. Épi terminal,
pétales et étamines libres. — Ile de Juan-
Fernandez. — Genre voisin des Rhodos-
tachys.
Genre 9. Portea, C. Koch. Épi terminal,
Trois étamines libres, et trois attachées sur le
haut des pétales. — Brésil. — (Le genre Orl-
giesia., Regel, ne paraît différer que par l’intlo-
rescence courte et sessile.)
Genre 10. Rhodostachys, Philippi. Capi-
tule terminal, dense, sessile entre les feuilles
serrées. Ovaire ou bas du périanthe court.
Pétales et étamines libres. — Chili, Colombie,
Guiane. (Syn. Ruckia, Regel.) — De ce genre,
6 ou 7 espèces ont été publiées sous le nom de
Bromelia bicolor, Ruiz et Pav., B. Join-
villei, Morr., peut-être B. longi folia, Rudge, et
Hechtia pitcairniœ folia, Verlot.)
Troisième section. — Sépales et pétales au sommet de
l’ovaire, libres.
Genre 11. Ananas. Inflorescence dense stro-
biliforme. Ovaire et fruit attachés à la base sur
un réceptacle charnu, ou complètement en-
tourés par lui. Bractées peu proéminentes sur
le strobile mûr. — Amérique tropicale. —
(Syn. Ananassa, Lindl., et Acanthostachyum,
Link, ce dernier formant une section à strobile
plus petit, à peine couronné. Le Chevalieria,
Gaudichaud, paraît rentrer avec plus de raison
dans le genre Ananas que dans les Æchmea).
Genre 12. Æchmea, Ruiz et Pavon. Épi
simple, ou rameux, ou paniculé, le plus souvent
terminal ; heurs distiques ou diversement tour-
nées, bractées généralement minuscules, plus
rarement épi contracté en capitule et à brac-
tées imbriquées. Ovules en nombre indéter-
miné. Stigmates le plus souvent contournés en
spirale. — Amérique tropicale.
Quelques genres considérés comme distincts
par plusieurs auteurs sont réunis dans le genre
Æchmea par MM. Bentham et Hooker, qui le
divisent, avec M. J. -G. Baker, en 9 sections
ainsi dénommées :
Amphilepis ;
2o Platyœchmea;
3'> Pironneava (syn. genre Pironneava,
Gaudichaud) ;
4o Euœchmea (dont le type est Æ. panicu-
lata, R. et P.) ;
of Lamprococcus (syn. genres Lamprococ-
cus, Beer, et Androlepis. Brongt.);
Go llohenbergia (syn. genre Hohenbergia,
Schult.) ;
7o Pothuava (syn. genres Pothiiava, Gaud.,
Hoplophytum, Morr., Macrochordium , de
Vriese, Echinostachys, Brongt., et Androlepis,
Brongt.) ;
8° Pectinaria;
9o Canistrum (syn. genre Canistrum, Morr.).
Genre 13. Aræocogcus, Brongniart. Fleurs
très-petites en paniculé lâche. Bractées minus-
cules. 1-2 ovules dans chaque loge. — Brésil
boréal et Guiane.
Genre 14. Billrergia, Thunberg. Grappe ou
paniculé étroite, terminale. Sépales plus étroits
que dans les Æchmea, dressés. Pétales plus
longs ,que les sépales. Stigmates linéaires, à
peine contournés. — Amérique tropicale.
(Les genres Helicodea, Libonia, Jonghea,
de Lemaire, sont synonymes de Bülbergia).
Genre 15. Quesnelia, Gaudichaud. Inflo-
rescence strobiliforme, bractées membraneuses
lâchement imbriquées, plissées transversale-
ment de chaque côté. Pétales étroits. — Bré-
sil. (Syn. Lievena, Regel.)
2c Tribu. — Pitgairniées.
Ovaire supère fixé à la base élargie, ou semi-
supère plus ou moins immergé dans le récep-
tacle, mais toujours libre en dessus ; ovules
ascendants. Fruit capsulaire, à 3 valves. Testa
de la graine prolongé à la base et au sommet
en un appendice linéaire entier, ou parfois
entouré par une aile membraneuse ; plus rare-
ment graines inappendiculées. Feuilles le plus
souvent épineuses et dentées en scie.
Genre IG. Brocghinia, Schultes. Paniculé
pyramidale, ample, heurs petites. Filets courts,
connés à la base. Ovaire libre, au sommet
seulement. Gapsule claviforme, septicide, à
3 valves. Graines étroitement appendiculées de
chaque côté. — Brésil.
Genre 17. Pitcairnia, L’Héritier. Grappe
terminale, simple ou })eu rameuse, à heurs
étroites, souvent fort belles. Filets libres.
Ovaire libre pour la plus grande partie; style
filiforme. Gapsule septicide à 3 valves, graines
étroitement appendiculées de ebaejue côté, ou
272
SYNOPSIS DES GENRES DE BROMÉLIACÉES.
(dans les Pepinia) entourées d’une aile petite,
plus rarement tout à fait nues. — Amérique
tropicale. — (Syn. Hepetis., Sw.) M. Baker a
réuni plusieurs genres aux Pitcairnia, qu’il
divise en 4 sections ;
lo Cephalopitcairnia (comprenant les P. he-
terophylla,]ieer., P. tiihiilœforynis, Mon-., etc.) ;
'2o Eupitcairnia (syn. genre Ortliopetalum.,
Beer, et Cochliopelalum., Beer);
3« Neumannia (syn. genres Neumannia,
Brongt., Lamprococcus., Lem., et Phlomosta-
cJiys, Beer) ;
4» Pepinia (syn. genres Peqnnia, Brongt.,
et Melinonia., Brongt.).
Genre i8. Puya, Molina. Grapjje terminale,
simple ou rameuse-pyramidale. Périantlie plus
ouvert que dans les Pitcairnia. Style liliforme,
capsule loculicide à 3 valves. Graines entou-
rées d’une aile saillante. — Andes de l'Amé-
rique méridionale . — (Syn. Pourretia, Ruiz
et Pav.)
Genre 19. Enciioliiuon, Martius. Grappe
simple, à fleurs nombreuses, serrées, pétli-
celles diversement tournés, souvent fasciculés.
Style court. Gapsule étroite, septicide, à valves
intérieurement closes renfermant les graines
brièvement stipitées et inappemliculées au
sommet. — Brésil. — (Syn. PrionopJujllum, G.
Koch.) Les prétendus EncJiolirion du com-
merce sont des Tillandsia ou des Cara-
guata.
Genre 20. Dyckta, Schultes. Epi sur une
hampe axillaire, simple ou rameux, allongé, à
Heurs éparses. Pétales très-dilatés d’un côté.
Style presque réduit au stigmate. Gapsule
septicide à 3 valves bifides. Graines })lanes,
inégalement mai'ginées. — Brésil. — (Syn. Gar-
rielia., Gaud., Cottendorfia, Schult., et Navia,
Schult.)
Genre 21. Heciitia, Klotzsch. Fleurs dioïques,
en glomérules épars le long du pédoncule très-
long, simple ou rameux. Style court. Gapsule
profondément trisulquée, à 3 valves septicides.
Graines courtement appendiculées. — Mexique.
3e Tribu. — Ttllandsiées.
Ovaire inséré sur une large base, supère ou
plus rarement immergé légèrement dans le
réceptacle à sa base. Fruit capsulaire, septicide
trivalve, à valves presque closes intérieure-
ment, enfermant complètement les graines.
Testa des graines stipité à la base et le })lus
souvent allongé au sommet en ajipendice
(funicule) divisé en fils nombreux finissant
par s’étaler et simulant une aigrette {Pappus).
Feuilles très-entières.
Genre 22. Sodiroa, Ed. André. Sépales
connés en tube vers leur milieu, largement
ouverts au sommet. Onglets des pétales très-
étroits à l’intérieur du tube. Tiges sarmen-
teuses, retombantes, à inflorescence apicale,
})auciflore. — Colombie, Ecuador.
Genre 23. Gauaguata, Bindley. Sériales
dressés, très-fortement imbriqués. Pétales
connés en tube, portant les filets des étamines
adnés très-haut à l’intérieur. Intlorescence
terminale, tantôt en capitule très-dense, tantôt
plus ou moins allongée, étroite ou paiiiculée. • —
Antilles, Aynérique tropicale. — (Syn. Mas-
sangea, Morr.) Le type du genre est le C. Im-
gulata, Liiidl.; le C. Augustæ est VEn-
cholirioyi Augustœ, Schomb., et le Massangea
musaica, kiorr. est le C.musaica, Ed. André.
Genre 24 (?). Sciilümbeugeuia, Morren.
Tous les caractères des Caraguata, saul
rintlorescence plus lâche et rameuse. — Amé-
rique australe. — MM. 'Bentham et llooker
pensent que ce genre doit être réuni au pré-
cédent.
Genre 25. Guzmania, Ruiz et Pavon. Sépales
dressés. Pétales convolutés en tube à la base,
connés supérieuremênt en un limbe trifide
ciqiulé. Anthères connées en anneau autour
du style. É})i simple. — Ayitilles, ^Amérique
irojricale.
Genre 20. Tillandsia, Linné. Sépales dres-
sés. Pétales et étamines libres. Funicule des
graines allongé avec les lilaments du testa au-
dessous du nucelle, appendice court au delà
du nucelle. Intlorescence variable, simple ou
rameuse. — Amérique tropicale et sepieyilydo-
nale — (Syn. Lin.) Ce genre a été
divisé par MM. Bentham et llooker en six sous-
genres ou sections où se trouvent immergés un
certain nombre de genres non admis, et mis au
rang de synonymes ;
R Strepsia (syn. genres Strepsia, Nutt., et
Biaphorayithey^ma, Beer) ;
2» Wallisia, Regel. (Syn. genres Phytar-
ydiiza, Viv., et Aynalia, Hort. bisp.);
3« Platystachya (syn. genres Platystachya,
G. Koch, Allardtia, Dietr., et Bonapaydea,
Ruiz et Pav. ;
4o Vriesia. (Syn. genre Vriesia, Lmdl.)-,
5» Anoplophytum. (Syn. genres Anoplophy-
tum, Beer., et Pityrophyllum, Beer.);
Conostachya, Griseb.
Genre 27. Gatopsis, Grisebach. Sépales
dressés. Pétales et étamines libres. Funicule
(les graines court avec les lilaments du testa,
appendice flexueux, très-long au delà du nu-
celle, ainsi que les fils du testa. Inflorescence
simple ou rameuse, fleurs plus jietites que dans
les Tillandsia. — Mexique, Antilles, Andes. —
(Syn. genres Pogospermuyn, Brongt., et Tus-
saccia, Klotzsch.)
D’après MM. Bentham et llooker, le
nombre total des espèces de Broméliacées,
aujourd’hui bien décrites, ne dépasserait pas
EPIPIIYLLUM GUEDENEYI
350, Lien que ces savants botanistes ajou-
tent que certains types ont manqué à leurs
études et seront distingués ultérieurement.
Pour qui connaît le système de synthèse qui
a prévalu dans la rédaction du Généra plan-
tarurn^ il n’y a rien d’étonnant à cette ré-
duction du nombre des espèces admises par
d’autres auteurs. La même méthode a été
appliquée aussi à la division générique, et
l’on trouvera, en jetant un coup d’œil sur
le Synopsis qui précède, que la forme com-
préhensive, dans laquelle certains genres
ont été limités, est faite pour troubler quel-
— BURSAFUA SPINOSA. 273
ques broméliograpbes partisans d’une divi-
sion plus étendue.
Quoi qu’il en soit, nous sommes au moins
en possession d’une méthode de classifica-
tion, et les collectionneurs pourront, désor-
mais, mettre un peu d’ordre dans leur
nomenclature. Ils attendront ainsi plus pa-
tiemment une monographie complète et
illustrée des genres et des espèces de cette
famille si attrayante, dont les plantes ont
une qualité des plus rares, celle d’étre gé-
néralement d’une culture facile.
Juin 1883. En. André.
EPiPHYLLÜM GUEDENEYI
La plante à laquelle je donne ce nom, et
dont l’origine n’est pas bien connue, ce qui
toutefois n’enlève rien à son mérite orne-
mental qui est des plus grands, est rare,
inédite; je ne l’ai jamais vue que chez
M. Guédeney, grand amateur de plantes
grasses, au Vésinet. Dans le groupe auquel
elle appartient, c’est certainement une des
plus jolies, ce qui n’est pas peu dire. Ses
caractères sont les suivants :
Plante vigoureuse, très-robuste, glabre et
complètement inerme dans toutes ses par-
ties. Tiges très-larges, minces, aplaties,
raides, se tenant bien, d’un très-beau vert,
à échancrures arrondies, peu profondes.
Fleurs grandes, d’environ 8 centimètres de
diamètre, sur un pédoncule gros, charnu,
écailleux, d’environ 15 centimètres de lon-
gueur, à écailles couchées, rouge rubigi-
neux ; les supérieures, celles qui accom-
pagnent la fleur dont elles paraissent faire
partie, sont plus étroites et beaucoup plus
longues que les autres, se confondant avec
les pièces florales. Pétales très-rapprochés,
les externes d’un blanc légèrement soufré
en dehors, les autres blanc pur crémeux,
longuement obovales, courtement arrondis
mucronulés. Etamines nombreuses beau-
coup plus courtes que la fleur et cou-
chées au centre de celle-ci ; anthères très-
légèrement jaunâtres. Style de même lon-
gueur que la fleur, à divisions stigmatifères
horizontalement étalées, simples ou rami-
fiées, d’un blanc mat dans toutes ses parties.
Cette remarquable plante, que l’on peut
se procurer chez M. Cappe, horticulteur au
Vésinet, est très-floribonde ; ses fleurs, qui
sont diurnes et d’une durée relativement
longue, dégagent une odeur fine des plus
suaves ; elles se succèdent pendant une par-
tie de l’été.
Quant à la culture et à la multiplication,
elles sont des plus faciles et ne présentent
rien de particulier : serre froide l’hiver; arro-
sements modérés pendant l’époque de repos;
l’été, au contraire, arroser la terre quand
elle est sèche; les boutures reprennent
presque seules : il suffit de les piquer en
terre. Quant au sol, un peu de terre de
bruyère et de terreau suffit. Houllet.
BURSARIA SPINOSA
Ce joli arbrisseau australien est fort peu
connu, bien qu’il ait été introduit en Europe
vers la fin du siècle dernier. Il croît dans la
région orientale de la Nouvelle-Hollande,
jusqu’au delà du Tropique. Lorsqu’il est en
fleur, c’est un véritable buisson de neige, et
dans certaines régions, comme sur les bords
de la rivière Derwent, il est populaire sous
le nom d’ Arbre de Noël {Christmas tree),
en raison de l’époque de sa floraison et des
longues épines pointues qui terminent sou-
vent ses rameaux latéraux.
De serre froide sous le climat de Paris,
le Bursaria spinosa est rustique sur le
littoral méditerranéen, de Toulon à Gênes.
Dans les rares jardins où on le rencontre, il
forme un assez grand arbuste rameux, à
rameaux divariqués, ayant un peu le port
271
BURSARIA SPINOSA.
d’un buisson ardent et se parant au prin-
temps d’une profusion de panicules pyrami-
dales, dressées, couvertes de fleurs d’un
blanc pur, fines, du plus délicat aspect et
d’une agréable odeur (fig. 48). A ces fleurs
succèdent bientôt des capsules comprimées,
bilobées, rappelant tout à fait (fig. 49) la
forme des silicules de la Bourse-à-Pasteur
(Capsella Btirsa pastoris). L’échantillon
dont nous publions aujourd’hui le dessin
nous a été obligeamment communiqué par
M. Dognin, de Cannes.
Le Dursaria spinosa constitue un petit
genre, jusqu’ici monotype, de la famille des
Pittosporées (1). On en avait distingué une
(1) Bursaria spinosa, Cavan., le. et desc. pL,
IV, 30, t. 350. — DG., Prod , I, 3i7. Pot. Maij.,
t. 1767. — Putterl., Synop. Pitlosp., p, 10. —
Walp., Rep., 1, 255. — Klatt, Linnœa, XXVlll,
56H, benthM- Pf- anstr.^ T, HL — f^pirma^
seconde espèce de la région tropicale aus-
tralienne, sous le nom de D. incana,
Lindl. ; mais M. Bentham a prouvé que
cette prétendue nouveauté devait être ratta-
chée à la précédente espèce typique. Toute-
fois, on doit distinguer deux formes bien
caractérisées :
B. s. inermis, Putterl. (2), à rameaux
sans épines, à feuilles plus grandes, oblon-
gues, lancéolées, à fleurs et à fruits trois
fois au moins plus grands que dans le type ;
B. s. macrophylla (3), rameaux épineux,
feuilles beaucoup plus grandes que dans le
type.
Nous pensons que la plante cultivée dans
Fig. 40. — Bursaria spinosa, rameau fructifère
de grandeur naturelle. — Fruit grossi.§g|j^_J
le Midi de la France est la forme à petites
feuilles. B serait désirable d’y voir ajouter
la variété macrophylle, dont le port serait
plus ornemental.
Voici, pour ceux de nos lecteurs qui
désireraient étudier cet arbuste de plus
près, une description exacte de l’espèce :
Arl)risseau haut de plusieurs mètres, en
buisson rameux, d’un port raide, irrégulier;
rameaux grêles, de couleur foncée, souvent
armés d’épines dures, formées par des
rameaux abortifs. Feuilles persistantes,
Audi’., Bot. Bep., t. 3U. — Cyrilla spinosa,
Spreng,, No^. Pt'od, llort. Hall., 15,
(2) Futteij , Syn, Piliosp,, p, 10.
'3) ]ipo\s,jQW')h of Jlot,, l,23o,
CMÆNOMELES JAPON! CA STMONII.
275
petites, sessiles ou brièvement pétiolées,
obovales ou ol)longues lancéolées, très-
entières, coriaces luisantes, souvent fasci-
culées. Panicules terminales pyrartaidales,
dressées, nombreuses, multillores. Calyce
à 5 sépales petits, 5* pétales étroits, obo-
vales, obtus, étalés presque dès la base.
Etamines à fdets subulés, anthères dressées,
ovoïdes, déhiscentes par deux fentes.
Capsule brièvement stipitée, plano-com-
priniée, largement orbiculaire bilobée, à
2 loges déhiscentes par les bords ; dans
chaque loge une ou deux graines réni-
formes, comprimées, non ailées, sèches.
Cultivé en serre froide, le Bursaria
spmosa se plaît surtout en terre de bruyère,
et léclame le traitement de la plupart des
arbustes australiens. On l’obtient beau,
surtout en le plantant en pleine terre, sa
forme étant disgracieuse en pots. Il se
multiplie par boutures, qui reprennent
assez difficilement, sous cloche, à l’étouffée.
C’est pour le Midi qu’il convient surtout
de le recommander. Là, il prospère comme
dans son sol natal, et puisqu’il y fleurit
abondamment, il faut espérer que la multi-
plication normale, par graines, contribuera
à le répandre rapidement. Ed. André.
CHÆNOMBLES JAPONIGA SIMOMI
Arbuste nain, dont la taille ne dépassera
pas i mètre de hauteur. Rameaux sem-
blables à ceux du type, mais plus petits,
plus grêles, de même que le feuillage.
Feuilles brièvement pétiolées, lancéolées,
atténuées également aux deux extrémités,
finement serratulées, à dents bordées de
brun roux, accompagnées de deux larges sti-
pules réniformes obliques, dentées, vertes.
Fleurs semi-doubles, bien ouvertes, naissant
par petits bouquets sur le vieux bois, au mi-
lieu d’une collerette de bractées imbriquées,
ovales, denticulées, scarieuses. Pédoncules
d’environ 1 centimètre de longueur. Ca-
lyce déformé, à 5-8 sépales courts, étalés
ou dressés, obtus spatulés, inégaux, vert
bordé de rouge. Pétales larges, orbiculaires
onguiculés, entiers, un peu ondulés, d’un
beau rouge cramoisi foncé, parfois par-
courus longitudinalement par une ligne
blanche centrale, ou tachés de vert quand
ils proviennent de la transformation des
sépales. Ovaire un peu déformé, oblong,
étranglé au-dessus du milieu, glabre, con-
tenant de 3 à 6 loges plus ou moins atro-
phiées. Etamines à fdets rouges, de la
même longueur que les stigmates, qui sont
en nombre variable, généralement de 4
à 6.
Cette nouvelle variété a été obtenue de
semis dans l’établissement de MM. Simon-
Louis frères, à Plantières, près Metz, qui la
mettront au commerce l’automne prochain.
Nous avons cru devoir lui donner leur nom,
si renommé, à juste titre, dans l’horticul-
ture européenne. La plante provient d’un
semis de l’ancien Cognassier du Japon atro-
sanguin (Chœn. Jap. atrosanguinea),
variété très-délicate, à fleurs petites, qui
n’existe que dans de rares collections et
qu’on ne trouve plus guère en multiplica-
tion. Le Chœn. Jap. Simonii, au contraire,
malgré sa taille modeste, se forme bien,
pousse régulièrement, et se couvre abon-
damment de ses grandes Heurs semi-
doubles.
On cultivait, il y a quarante ans, en
Angleterre, une autre forme à fleurs semi-
doubles, que Lindley a décrite sous le nom
de Cydoyiia Japonica flore semi-pleno (1),
et qui se trouvait en culture, parait-il, dans
les jardins de Kensington. Nous ne savons
si cette plante existe encore dans les collec-
tions d’outre-Manche.
Toutes les variétés de ce beau genre, à
floraison hâtive, sont précieuses pour les
jardins au premier printemps. On en
connaît environ une vingtaine, parmi les-
quelles une demi-douzaine au moins sont
tout à fait charmantes. Nous ne pouvons
que renvoyer les amateurs aux articles
publiés à plusieurs reprises par la Revue
horticole sur ce sujet. Pour aujourd’hui, il
nous suffira de constater l’apparition d’une
bonne nouveauté de plus parmi celles que
nous possédions déjà. Ed. André.
(1) Encycl. of trees and shrubs, p. 452,
276 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE d’IIORTICULTURE DE FRANCE. — PÈCHE PRÉCOCE CHEVALLIER
SÜCiÊTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 24 MAT f883
Ai'PORTs. — L’exposition d’horticulture qui
avait lieu à cette époque aux Ghamps-Élysées
enhivait tout l’intérêt de cette séance; aussi les
assistants étaient-ils peu nombreux, et il en
était de même des apports.
Au comité de floricuUure, M." Lavallée,
présiilent de la Société, présentait : deux
rameaux fleuris d'Æsculus sinensis, espèce
rare et qui se rapproche de notre Mar-
ron nicn* commun, dont elle diffère pourtant,
surt( lit par son feuillage, qui nous a paru
intermédiaire entre ce dernier et les Pavias.
Ses feuilles , peu nervées , lisses et lui-
sante. en dessus, sont glauques et courte-
ment velues - feutrées en dessous. Quant
aux fleurs, elles ont beaucoup de ra])port
avec celles de notre Alarronnier commun.
2o Un très-beau pied de Vigne du Soudan,
vigoureux et très-ramifié, haut d’environ
2 mètres; il provient d’un semis fait en
mars 1882, et est par conséquent âgé de qua-
torze mois. Ses tiges et ses ramifications grêles,
pourvues de nombreuses vrilles rosées, très-
longues et filiformes, ramifiées et pendantes,
donnent à la plante l’aspect et le port de cer-
tains CissKS ou Ampélopsis. L’année der-
nière, dit M. Lavallée, cette plante, ainsi que
quebiLies autres du même semis, se sont assez
bien comportées ; la maturation des bourgeons
semble s’étre parfaitement opérée, de sorte que
les tubercules ont bien passé l’biver, grâce
tout fois aux soins particuliers qui leur ont
été donnés. I.es pots contenant ces tuber-
cub's avaient été jilacés })rès du cbauft'age,
dans une serre chaude. Ces renflements qui,
pai ait-il, étaient bien formés et bien constitués,
PÈCHE PRÉC0(
(\< lie Pêche provient d’un noyau « de
hasard », comme l’on dit, c’est-à-dire qui
a levé naturellement, dans la plaine de Gen-
nevilliers, au milieu des cultures fruitières
(le M. Chevallier aîné, arboriculteur à Mon-
treuil.
D^ux raisons nous ont engagé à décrire
celte variété et à en donner une figure colo-
riée ; l’une, pour montrer qu’un même
arbre peut donner des fruits complètement
différents ; l’autre, qui découle de la précé-
dente, et qui montre l’importance considé-
rable que, dans certains cas, peut avoir le
choix des greffons, et combien il est néces-
auraient-ils passé l’biver s’ils eussent été mis
dans une serre froide et tenus simplement au
sec ? C’est à essayer. Mais, ce qui paraît à peu
près certain, c’est que ces plantes n’appartien-
nent pas au groupe vinifera. Ce sont des
l)lantes qui confinent au groupe des Ampé-
lopsis chinois cultivés pendant longtemps au
IMuséum, notamment des ximpelopsis roiun-
(lata et nopiformis, plantes qui sont fortement
tubéreuses et qui, chaque année, perdent plus
ou moins leurs tiges.
Au comité de culture jmtaçjère, M. Vavin
présentait des Fèves de la variété Windsor,
récoltées en pleine terre dans son jardin, à
Neuilly; quelques gousses étaient presque
arrivées à grosseur. Avec cela, M. Vavin pré-
sentait des })ots à repiquage dont il est l’inven-
teur, consistant en coquilles d’œufs remplies
de terreau dans lesquelles on place des plants,
de sorte que lorsqu’on met en pleine terre, on
n’a pas à dépoter; on se borne, à l’aide d’un
serrement de main, à briser la coquille, qui
reste néanmoins en maintenant la terre, et qui
donne à la plante un aliment très-favorable à
son dévelo})pement. — M. Bertbauld, jardinier
à Rungis, i)résentait un ensemble de légumes
de saison, comprenant un Cantaloup fond
blanc, 2 Cantaloups Noir des Carmes, 7 va-
riétés de Pommes de terre, du Fenouil, des
fjaitues et des Romaines variées, des Carottes,
des Choux d’York, Cœur - de - Bœuf, Baca-
lan, etc., ainsi que des Trêves à longues cosses.
Tous ces légumes, relativement beaux, ap})ar-
tenaient aux bonnes variétés de chacun de ces
groui)es.
il CHEVALLIER
saire, quand les "arbres sont en fruits, de
marquer les parties où ces fruits sont les
plus beaux et les plus francs, de manière,
plus tard, à pouvoir prendre les greffons sur
ces parties favorisées.
Si l’on ne prend pas ces précautions, il
peut se produire des confusions très-regret-
tables qui peuvent faire suspecter la bonne
foi du vendeur, bien que ces confusions
soient tout à fait involontaires.
C’est précisément un fait de ce genre qui
s’est produit pour la variété dont nous par-
lons. Voici ce fait :
M. Chevallier aîné, arboriculteur à Mon-
evcie. lIo7 '/ LCol.ey.
\9dard- de-L
’"0m^dtAy.dr.SëZPii7''ei
Pe'i'hc précoce Chemlker
CORRESPONDANCE.
277
treuil, ayant trouvé dans ses cultures de
Gennevilliers un noyau de Pêche en ger-
mination, le planta pour en suivre le déve-
loppement ; au bout de quelques années,
lorsque le fruit apparut, il constata que
cetle variété, par suite de sa hâtiveté, pou-
vait rendre de grands services, bien que
son fruit soit relativement petit. En effet, il
mûrit en juin. L’ayant fait remarquer à des
personnes compétentes, cette variété fut
jugée méritante, et c’est alors que M. Che-
vallier la répandit. Mais, ne doutant nulle-
ment de l’homogénéité des diverses parties
de l’arbre, il prit des greffons indistincte-
ment sur celles qui lui paraissaient les
mieux conformées. Un peu plus tard,
quand les sujets qu’il avait livrés fructi-
fièrent, i) reçut des plaintes, bien motivées
du reste, des personnes à qui il les avait
vendus. Au lieu de fruits hâtifs, mûrissant
en juin ou au commencement de juillet, on
se plaignait que ces fruits ne mûrissaient
qu’en août-septembre, ce que M. Chevalier
ne pouvait croire, car, n’ayant pris des gref-
fons que sur l’unique sujet qu’il possédait,
il ne pouvait comprendre les différences con-
sidérables qu’on lui signalait. Un peu plus
tard, le fait fut éclairci, lorsqu’il vit sur ce
même pied-mère des rameaux portant des
fruits mûrs bien colorés, à côté d’autres qui
en portaient de plus petits, verts, et parais-
sant bien loin de leur maturité. C’est cette
singularité que représente notre chromo-
lithographie et que nous tenions surtout à
montrer, parce qu’elle peut expliquer les
contradictions qui se rencontrent parfois
sur l’identité ou sur la valeur de certaines
variétés, et qu’elle démontre l’importance
considérable que peut avoir le choix des
greffons.
Après ces détails, qui expliquent l’obten-
tion de deux variétés sur un même arbre,
nous allons décrire la Précoce Chevallier
et la Tardive Chevallier. A part la diffé-
]\b’ J.D. (Saône-et-Loire.) — La maladie des
Fraisiers est connue; malheureusement, il n’en
est pas de même ])our le remède. L’année
dernière, un de nos voisins a presque i)erdu
tous les siens; seuls des arrosages fréquents,
dans lesquels il ajoutait à l’eau de l’engrais
liquide, lui ont donné d’assez bons résultats.
Ainsi qu’il est arrivé chez vous, cette maladie
rence dan.s l’époque de maturité des fruits,
elles ont, du reste, des caractères à peu
près semblables.
Précoce Chevallier. — Arbre un peu
plus vigoureux que le Pêcher Early Bea-
trix, avec lequel il a de grands rapports.
Feuilles à glandes réniformes. Fleurs rosa-
cées, de grandeur moyenne, à pétales lar-
gement ovales, concaves, non crispés, très-
courtement onguiculés. Fruits moyens, va-
riant un peu de forme, rappelant assez
ceux de la variété Early Beatrix^ plus ré-
guliers pourtant et un peu moins allongés,
plus sphériques, marqués aussi sur un
côté d’un sillon peu profond. Peau courte-
ment duveteuse, douce au toucher, rouge
foncé, parfois comme marbrée sur les par-
ties fortement insolées, se détachant bien.
Chair d’un très-beau blanc, fondante, fine,
légèrement sucrée, se détachant assez bien
du noyau lorsque le fruit est bien mûr.
Noyau régulièrement elliptique, blanc,
courtement atténué au sommet qui est
légèrement mucronulé.
Cette variété qui, nous le répétons, a
beaucoup de rapport avec la Pêche Early
Beatrix, mûrit, comme cette dernière,
à partir ‘de la fin de juin ou du com-
mencement de juillet. Ses fruits, un
peu plus réguliers, sont cependant préfé-
rables.
Tardive Chevallier. — Sœur de la pré-
cédente, elle en a tous les caractères; le
port de l’arbre est aussi le même ; la seule
différence, c’est que ses fruits mûrissent
beaucoup plus tard (un mois au moins) ;
mais, comme qualité, forme et dimension,
ils sont à peu près i s mêmes. Pourtant,
dans l’étude que nous en avons faite, nous
avons toujours remarqué que les fleurs, en
général un peu plus grandes, ont les pé-
tales profondément concaves, ondulés, et
comme crispés, surtout à la base.
F. -A. Carrière.
s’est montrée avec les chaleurs. Biais([aement
des plantes fortes, vigoureuses, commençant à
fleurir, se fanaient comme si le })ie(l était rongé
par un ver blanc (pourtant l’examen le plus
minutieux n’a jamais pu faire découvrir môme
la plus légère trace d’insectes), moui’aient,
pourries au centre, de même (jue si elles
avaient été coupées par un charançon; le mal
278
EXPOSITION ESTIVALE d’HORTICULTURE, A PARIS.
ne s’est vraiment arrêté qu’avec la cessation
des fortes chaleurs. Cette année, aucun des
pieds qui ont échappé n’est malade ; tous sont
couverts de fleurs et de fruits.
Une autre personne, dont les Fraisiers
avaient une maladie analogue, s’est bien trouvée
de couper les plantes un peu au-dessus du sol,
puis de biner et de pailler celui-ci, en ayant
soin d’arroser. Ce remède a un grave inconvé-
nient, sans doute : celui d’enlever la récolte ; il
n’est donc praticable que sur les Fraisiers des
Quatre-Saisons qui peuvent donner une nou-
velle récolte automnale.
Ml’ E. N. B. (Alsace). — Il existe déjà, et
même depuis longtemps, des Rhododendrons
à Heurs doubles; mais ils ne sont pas iden-
tiques; tous diffèrent par quelques carac-
tères particuliers en rapport avec les formes ;
réchantillon que vous nous avez adressé, sur
lequel vous nous demandez noti'e opinion,
nous paraît avoir son caractère s})écial, fleur
i relativement courte et largement évasée qui
j lui donne rap})arence canqianulée. Toutefois,
j il est bien entendu que ceci n’est pas afürmatif,
j car vous devez comprendre que ce n’est pas
i d’après un simple échantillon de fleur que
j l’on peut se pi’ononcer sur le nunâte d’une
i plante.
EXPOSITION ESTIVALE D’HORTICULTURE, A PARIS
Le 22 mai 1883, la Société nationale et cen-
trale d’horticultui'e de France ouvrait, pour la
troisième fois, une exposition aux Champs-Ély-
'sées, dans le Pavillon de la ville de Paris,
transformé en un jardin où s’étalaient des
richesses horticoles de tous genres. De l’aveu
de tous, jamais l’on n’avait vu, à Paris, d’ex-
position aussi brillante.
Toutes les })arties de l’horticulture étaient
représentées, la plupart même splendidement.
Les apports de i)lantes de sei're étaient par-
ticulièrement remarquables, par le nombre,
le bon choix, et surtout par la force extraor-
dinaire des exemplaires qui, à l’intérieur, en-
touraient entièrement le Pavillon dont ils ca-
chaient en grande })artie les murs, formant
ainsi une sorte de cadre autour des collections
fleuries d’Azalées, Rhododendrons, Rosiers,
Kalmias, Üi-chidécs, Gloxinias, etc., dont ils
faisaient encore ressortir la splendeur.
Ajoutons, à l’honneur de la commission d’or-
ganisation, que la disposition des plantes, des
mieux comprise, permettait de circuler tout
autour des massifs, d’approcher des plantes et
de les étudier sans aucun encombrement. Gà et
là, à côté des lleui's, des groupes de plantes à
feuillage : Dracénas, Grotons, Broméliacées,
Aroïdées, etc., produisaient des contrastes d’une
grande beauté.
Des tentes-annexes, en communication avec
le Pavillon, avaient été établies pour recevoir les
nombreuses collections de plantes fleuries, qui
n’avaient pu trouver place dans le Pavillon cen-
tral. La principale, en forme de T, renfermait les
magnifiques collections de Rosiers, Clématites,
Azalées, Kalmias, Pivoines en arbres et autres;
les Azalées de l’Inde, d’Amérique, du Japon
(A. mollis)^ les collections remarquables si
déplantés annuelles et bisannuelles de MM. Vil-
morin, Lecaron; les groupes de Cinéraires à
fleurs doubles, les Galcéolaires hybrides, les
fleurs coupées, etc, Au centre de cette annexe
se trouvait le groupe si remarquable et si
remanjué de Vignes en pots de M. Margot-
tin fils, qui, cliargées de magnifiques Raisins
mûrs, excitaient les convoitises de tous les visi-
teurs.
Dans une autre annexe, parallèle au Pavillon,
étaient placées, à coté de la superbe collection
de Rosiers de M. Lévêque, de Rhododendrons
et d’autres groupes fleuris, les collections de
légumes de la Société des maraîchers de la
Seine, de MM. Vilmorin, Chomet, Forgeot, etc.;
les riches collections de Fraisiers de MM. Louis
Lhérault (d’Argenteuil), La[)ierre (de Mont-
rouge). Là aussi étaiefit placés les légumes de
la plaine de Gennevilliers, obtenus à l’aide des
eaux d’égouts de la ville de Paris ; les Asperges
étaient représentées par les apports de M. Louis
Lhérault et M. Girardin-Golas (d’Argenteuil).
A l’extérieur, sur les terrains qui avoisinent
le Pavillon de la.ville de Paris et qui avaient été
transformés en un jardin pittoresque où se trou-
vait aussi un rocher et un pont rustique,
étaient placés cà et là des massifs de plantes
diverses qui n’avaient pu trouver place à l’in-
térieur : Pensées, Résédas, Yuccas, Pélargo-
niums. Agaves, Chrysanthèmes, etc. Dans des
massifs isolés, et aux angles du Pavillon, se
trouvaient de magnifiques groupes de Conifères,
d’arbustes à feuilles persistantes ou à feuillage
coloré, exposés par MM. Paillet, Groux et
Honoré Defresne. ,
Une partie très-importante de l’Exposition
était celle des plantes nouvelles. Malheureuse-
ment, à cause de la mauvaise disposition qu’on
leur donne presque toujours, ces très-intéres-
santes exhibitions passent inaperçues et n’exis-
tent guère que pour les initiés, Hj’est-à-dire pour
les personnes qui les exposent ; le jury même,
chargé de les apprécier, doit souvent, pour les
trouver, parcourir toute l’exposition et cher-
cher, dans les lots, les quelques nouveautés
signalées par le programme, Mais, pour le
279
EXPOSITION ESTIVALE D’IIORTICULTURE, A PAPJS.
public, on peut dire que ces plantes n’existent
pas. Comment, en effet, dans un groupe qui con-
tient parfois une centaine de plantes et même
plus, découvrir une nouveauté, surtout lors-
([u’aucun signe particulier ne la désigne? Cela
est absolument impossible. Dans l’intérêt gé-
néral et même dans celui des exposants, les
choses devraient se passer tout autrement ;
toutes les nouveautés: semis, introductions, etc.,
devraient être réunies dans un lieu particulier
avec une indication spéciale, très-visible, de
manière à frapper l’attention des visiteurs, et
rester là pendant tout le temps de l’exposition.
Ce serait une sorte d’école permanente qui,
assurément, serait des plus instructives.
M. Lavallée, président de la Société centrale
d’horticulture de Fi'ance et M. Ed. André fai-
saient seuls exception; encore les plantes de
ce dernier pouvaient difficilement être remar-
quées : elles étaient au centre d’un grand lot
dont elles semblaient faire partie, ce (jui était
assurément regrettable à cause de l’intérêt
qu’elles présentaient. En effet, l’apport deM. An-
dré se composait uniquement de plantes nou-
velles introduites par lui de l’Amérique du
Sud et de la Nouvelle-Calédonie. Plusieurs es-
pèces étaient inédites, quelques-unes, même,
n’étaient pas encore nommées; de ce nombre
était un Puyct, un Artanthe et un Neumannia.
Citons, parmi les autres, les suivantes : plu-
sieurs Tillandsia du groupe Lindeni^ notam-
ment un T. L. tricoloy, Carayuata sanguinea,
Rliopala Poortmani^ Paya gigas, le très-cu-
rieux Salix Ilumboldtiana, espèce très-rare
({U.’on dit avoir été introduite une fois en
Europe, vers 1823, mais que nous ne nous
souvenons pas d’avoir jamais vue dans les
cultures et qui, dans diverses parties de l’Amé-
rique-Sud, représente notre Peuplier d’Italie.
Enfin, le Washingtonia robusta, espèce de
l->almier des plus remarquables, dont le port et
le faciès général rappellent assez bien ceux du
Prilchardia filifera, bien qu’il en diffère nota-
blement pourtant. Sa culture est aussi plus
facile et présente cet autre avantage, de s’accom-
moder des pots, avantage que ne présente pas
le Prilchardia.
M. Lavallée présentait hors concours trois
beaux pieds en pots de Vigne du Soudan,
dont les tiges, contournées et ramifiées,
n’avaient guère moins de 2 mètres de hauteur.
L’aspect de ces Vignes rappelle exactement
celui de certains Cissus ou encore d' Am^^elopsis
asiatiques; leurs tiges grêles portent, en
grande quantité, des vrilles ténues et très-
longues, de couleur rose. Quant à leurs
feuilles, elles sont plus ou moins lobées non
digitées, du moins quant à présent. Impossible
de rien pi'éjuger de ces Vignes, sinon qu’elles
seront probablement très-vigoureuses.
Voici, en substance, un aperçu général et
très-succinct de ce qu’était cette exposition,
que nous résumerons, en citant, en dehors
des })lantes nouvelles, les lots les plus remar-
quables, ceux du moins qui frappaient plus
particulièrement l’atlention et ont le plus con-
tilbué à la splendeur de l’exposition. C’étaient,
dans les plantes de serre, les collections de
MM. Ghantin, Saison-Lierval, Savoye, Dela-
vier, Mathieu, Chantrier, Constant Lemoine,
Bleu, Truffaut, Landry, Dallé. — Pour les
Rosiers, MM. Charles Verdier, Margottin fils,
Lévêque. — Pour les Azalées, Rhododendrons,
Kalmias, MM. Groux, Moser, Paillet, Constant
Lemoine, Poirier, Royer fils. — Pour les plantes
annuelles et bisannuelles d’ornement fleuries,
MM. Vilmorin et Lecaron. — Pour les Cléma-
tites, MM. Ghristen et Boucher, — Pour les
Orchidées, MM. Ghantin, Truffaut, Thibaut et
Keteleer, Bleu, Jolibois. — Pour les Bromé-
liacées, M. Jolibois et M. Ed. André. — Pour
les Gloxinias, M. Vallerand. — Pour les Pi-
voines en arbre, M. Paillet; et M. Ch. Verdier,
pour les Pivoines officinales et paradoxales.
— Pour les Pensées, MM. Falaise, Jacqueau,
Trimardeau. — Quant aux Conifères et aux
arbustes à feuilles persistantes et à feuillage
coloré, ils étaient représentés par les collec-
tions de MM. Groux, Paillet et Honoré Defresne.
— Les légumes étaient particulièrement repré-
sentés par les collections de la Société des
maraîchers de la Seine , de MMi Vilmorin,
Ghomet, Forgeot, etc. — Les collections de fruits
forcés étaient représentées par M. Margottin fils,
pour les Raisins; par M. Louis Lhérault et par
M. Lapierre, pour les Fraises, et par M. Girar-
din-Colas, pour les Figuiers. — Deux cultiva-
teurs d’Argenteuil, MM. Louis Lhérault et
Girardin-Colas, exposaient des Asperges d’une
beauté et d’une grosseur tout à fait e.xception-
nelles.
Quant à l’industrie, elle était également bien
représentée, et surtout parfaitement appropriée
à sa destination. Un de nos collègues, très-
compétent en la matière, a bien voulu se char-
ger d’en faire, pour la Revue, un compte-rendu
qui paraîtra dans le plus prochain numéro.
Malgré la longueur de ce compte-rendu, qui
est pourtant loin de donner une idée exacte de
la richesse de cette exposition, nous croyons
devoir, comme complément, y ajouter une
liste abrégée des récompenses qui ont été
décernées par les jurys des diverses sections
chargés d’examiner les apports.
E.-A. Carrière.
DÉCISIONS DU JURY.
Prix d’honneur.
1. Vase en porcelaine de la Manufacture de
Sèvres, offert par le Ministre de l’Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts, à M. A. Ghantin. Plantes
variées de serre. — 2. Médaille d’or du Ministre
280
EXPOSITION ESTIVALE D’IIORTICULTURE, A PARIS.
de l’Agriculture, à M. Charles Verdier. Collection
de Rosiers. — 3. Médaille d’or du Ministre de
l’Agriculture, à M. J. Margottin fils. Vignes forcées.
— 4. Médaille d’or du Département de la Seine, à
M. Saison-Lierval. Plantes variées de serre. —
5. Médaille d’or de la Ville de Paris, à la Société
de secours mutuels des jardiniers maraîchers de
la Seine. — 6. INIédallle d’or des Dames patron -
nesses, à ]\I. Croux fils. Rhododendrons et Azalées.
— 7. Médaille d’or fondée par le Maréchal Vaillant,
ancien Président de la Société, à M. Alf. Bleu.
Caladium variés. — 8. Médaille d’or fondée par le
Df Anclry, ancien secrétaire général de la Société,
à MM. Vilmorin-Andrieux et C'®. Plantes herba-
cées d’ornement. — 9. Médaille d’or de la Société,
à M. Constant Lemoine. Collections de Dracama !
et autres plantes de serre. — 10. Médaille d’or de
la Société, à M. Delavier. Plantes de serre. —
11. Médaille d’or de la Société, à M. Paillet. Plantes
diverses. Conifères, etc.
§ Dr _ FLORICULTURE.
A . — Plantes nouvelles on iionveîlcaaacnt
ânlt'oilniles.
Concours. — Une ou plusieurs plantes lleui ies
introduites le plus récemment en France : 1®'' prix,
médaille d’or, M. E. André. — 2® prix, grande mé-
daille de vermeil, M. Dallé. — 3® prix. Grande
médaille d’argent, M. A. Chantin.
2e Concours. — Une ou plusieurs plantes à feuil-
lage ornemental introduites le plus récemment en
France : Rf prix, médaille d’or, M. E. André. —
2® pi ix, grande médaille de vermeil, M. A. Chantin.
— 3® prix, grande médaille d’argent, M. Chantrier.
B. — Semis.
5® Concours, — Une ou plusieurs plantes d’orne-
ment, ligneuses ou herbacées, de serre ou de plein
air, obtenues de semis et non encore dans le com-
merce : 1®'' prix, grande médaille d’or, M. Bleu. —
2® prix, médaille de vermeil, M. Piigaut. — 2® prix,
médaille de vermeil, M. Margottin. — 3® prix,
grande médaille d’argent, M. Gâche.
C. — ISeïïc CBïîlïïrc.
5® Concours. — Le plus beau lot de plantes à
feuillage ornemental, de serre, remar([uables par
leur développement, autres que les Palmiers, Cy-
cadées et Fougères : l®*" prix, médaille d’or,
M. Chantrier.
7e Concours. — La, plus belle collection de plantes
fleuries remarquables par leur développement et
leur floraison, :V quelque catégorie qu’elles appar-
tiennent : 1®*’ prix, médaille d'or, M. Cbristen. —
3® prix, grande médaille d’argent, M. Boucher.
.9® Concours — Le plus beau lot de plantes mar-
chandes fleuries : 1®'' prix, médaille de vermeil,
M. Royer. — 3® prix, médaille d’argent, M. Royer.
D. — f^erre chaesde.
iO^ Concours. — La plus belle collection de
quarante à cinquante plantes variées de serre
chaude : Isr prix, médaille d’or, M. Trulfaut. —
2® prix, grande médaille de vermeil, M. Constant
Lemoine. — 3® p'ix, grande miédaille d’argent,
M. Landry.
Concours. — La plus hidle c.ollection de
vingt-cinq plantes de scue chaude à feuillage
coloré, panaché, maculé, eten , autres (pie bégonias,
Caladium, Crolons , Üracœnu. et Marayita :
2® prix, grande médaille d’argent, M. Landry.
/4® Concours. — La plus belle collection de
vingt espèces ou variétés de Palmiers de seire
chaude ; 1®>' prix, médaille d’or, M. Chantin. —
2® prix, grande médaille de vermeil, M. Dallé.
75® Concours. — Collection de dix à douze Pal-
miers variés de serre chaude : 2® prix, grande mé-
daille de vermeil, M. Chantin.
75® Concours. — Trois Palmiers de serre chaude
remarquables parleur développement : grande mé-
daille (le vermeil, M. Chantin. — Giande médaille
de vermeil, M. Dallé.
77e Concours. — La plus belle collection de Cy-
cadées variées : 1®® prix, médaille d’or, M. Chantin.
75® Coïicours. — La plus belle collection de
Pandanées variées . 2® pi ix, grande médaille d’ar-
I gent, IM, Dallé.
19* Concours. — La plus belle collection d’Aro'i-
dées, à l’exception des Caladium : 1®*’ prix, mé-
daille de vermeil, M. Chantin.
21* Concours. — Trois plantes de serre chaude
remarquables par leur développement ; l®r prix,
médaille de vermeil, M. Maron.
23* Concours. — Une plante de serre chaude
remarquable par son développement ; 1®'' prix,
grande médaille d’argent, M. Chantin. — 2® prix,
médaille d’argent, M. Maron.
24® Concours. — La plus belle collection d'Or-
chidées exotiques en fleurs ; l®*" prix, médaille d’or,
M, Chantin. — 2® prix, grande médaille^ de ver-
meil, M. Truffaut. — 3® prix, médaille de vermeil,
MM. Thibaut et Keteleer.
20* Concours. — Trois Orchidées remarquables
par leur développement et leur floraison : 1®'' prix,
médaille de vermeil, M. Bleu.
30* Concours. — La plus belle collection de
Cactées fleuries ou non fleuries, en cinquante es-
pèces ou variétés au moins : 1®'’ prix, médaille de
vermeil, M. Simon.
57® Concours. — La plus belle collection d'Eu-
phoi bia cactiforrnes en vingt-cinq espèces ou va-
riétés : l®® prix, médaille de vermeil, M. Simon.
55® Concours. — La plus belle collection de
Bégonias tubéreux de semis non encore présentés:
2® prix, médaille d’argent, M. Glimpier.
55® Concours. — La plus belle collection de
Broméliacées fleuries ou non fleuries : 1®® prix,
médaille de vermeil, M. Chantin.
45® Concours — Vingt-cinq Bioméliacées va-
riées, fleuries ou non fleuries : 1®*’ prix, gi’ande
médaille d’argent, M. Ed. André.
45® Conanirs. — La plus belle collection de
Caladium .-1®*’ prix, médaille d’or, M. Bleu.
47® Concours. — La plus belle collection de
Fougères de serre chaude ou tempérée : l®® prix,
médaille d’or, M. Chantin.
45® Concours. — La plus belle collection de
Fougères arborescentes : 1®® prix, médaille d’or,
M. Chantin.
45® Concours. — Dix à quinze Fougères de ser re
chaude ou tempérée : 1®>' prix, grande médaille
d’ai’gent, M. Landry.
57® Concours. — La plus belle collection de
Dracœna de ser re chaude ou tem|)érée : 1®’’ prix,
médaille d’oc, M. Constant Lemoine.
54® Coticotirs. — La plus belle collection de
Coleus en variétés ne se répétant pas : U® prix,
grande médaille de vermeil, M. .Naudin. — 3® prix,
médaille d argent, M. l*ab(piiei'.
E. — actBîiiéréc.
5/® Concours. — La plus belle collection de
quai’ante à cinquante PeUmjonium zonatc et in-
281
EXPOSITION ESTIVALE D']
quinans fleuris, en variétés distinctes et ne se |
répétant pas : prix, grande médaille de ver-
meil, M. Poirier. — 2« prix, médaille de vermeil,
M. L. Keteleer. — 3® prix, grande médaille d’ar-
gent, M. Foucard.
04® Concours. — Le plus beau lot de Pelar-
(jonimn à grandes fleurs, en variétés distinctes et
ne se répétant pas : l®*" prix, grande médaille de
vermeil, M. Foucard (d’Orléans).
00® Concours. — La plus belle collection d’Ara-
liacées variées : 1*'’ prix, médaille de vermeil,
M. Chantin.
05® Concours. — Le plus beau lot de trente
Verveines fleuries, en quinze variétés nommées :
2® prix, médaille d’argent, M. Lecaron.
00® Concours. — La plus belle collection de
cinquante à soixante variétés de Pétunias fleuris :
1®’’ prix, grande médaille d’argent, M. Naudin.
70® Concours. — La plus belle collection d’Aga-
ves : 1®*’ prix, médaille de vermeil, M. Ébeiié. —
2® prix, grande médaille d’argent, M Chantin.
7 i® Concours. — La plus belle collection d’A loc :
1®® prix, grande médaille d’argent, M. Simon.
72® Concours. — La plus belle collection de
Yucca : 1®® prix, grande médaille d’argent, M. Pain-
tèche. — 2® prix, médaille d’argent, M™® Comesse.
75® Concours. — Le plus beau lot de Calcéolaires
herbacées : l®®prix, médaille de vermeil, MM. Vil-
morin et C‘®. — 3® prix, médaille d’argent, M. Jac-
queau.
70’’ Concours. — La plus belle collection de
Cinéraires : 3® prix, médaille d’argent, M. Vilmorin.
F. — E®îeis9c Serre.
77® Concours. — La plus belle collection de
Rhododendrons en cinquante variétés : 1®® prix,
médaille d’or, M. Croux. — 2® prix, grande mé-
daille de vermeil, M. H. Defresne. — 3® prix,
grande médaille d’argent, M. Lemoine (C.).
50® Concours. — La plus belle collection de
Rosiers haute tige, en fleurs, représentés par
deux exemplaires au plus de chaque variété :
1®® prix, médaille d’or, M. Ch. Verdier. — 2® prix,
grande médaille de vermeil, M. J. Margottin.
5i® Concours. — Collection de cent Rosiers
haute tige, en fleurs, représentés par deux exem-
plaires au plus de chaque variété : 1®® prix, grande
médaille de vermeil, M. Ch. Verdier.
52® Concours. — Collection de cinquante Ro-
siers haute tige, en fleurs, représentés par deux
exemplaires au plus de chaque variété : 1«® prix,
médaille de vermeil, M. Ch. Verdier.
55® Concours. — Collection de vingt-cinq Ro-
siers haute tige, en fleurs, représentés par deux
exemplaires, au plus, de chaque variété : 2® prix,
médaille d’argent, M. Ch. Verdier.
54* Concours. — La plus belle collection de
Rosiers basse tige, greffés ou francs de pied, en
fleurs, représentés par un seul exemplaire de
chaque variété : 1®® prix, médaille d’or, M. Ch.
Verdier. — 2e prix, grande médaille de vermeil,
M. J. Margottin.
55e Concours. — Collection de cent Rosiers
basse tige, greftés ou francs de pied, en fleurs,
représentés par un seul exemplaire de chaque
variété : 1e® prix, grande médaille de vermeil,
iM. Ch. Verdier.
50® Concours. — Collection de cinquante Rosiers
basse tige, greffés ou francs de pied, en fleurs, re-
présentés par un seul exemplaire de chaque variété :
le® prix, médaille de vermeil, VL Ch. Verdier.
57e Concours. — Collection de vingt-cinq Rosiers
HORTICULTURE, A PARIS,
I basse tige, greffés ou francs de pied, en fleurs, re-
présentés par un seul exemplaire de chaque va-
riété : 2e prix, médaille d’argent, VI. Ch. Verdier.
50e Coïicours. — La plus belle collection de
vingt Rosiers basse tige variés, remarquables par
leur développement et leur floraison : 1®® prix, mé-
daille d’or, VL J. Vlargottin.
02e Concours. — La plus belle collection d’Aza-
lées politiques fleuries : 1®® prix, grande médaille
de vermeil, VL Croux.
.05® Concoion-. — La plus belle collection de
Kalmias fleuris : 1®® prix, grande médaille d’argent,
VL Croux.
00® Concours. — La plus belle collection de
plantes vivaces fleuries ; 2e prix, médaille d’argent,
M. llavard.
Oé!® Concours. — La plus, belle collection de
plantes annuelles fleuries : le® prix, médaille d’or,
VIM. Vilmorin et C*®. — 2e prix, grande médaille de
vermeil, VL Lecaron.
00® Concours. — La plus belle collection de
Pivûine<= herbacées et ligneuses (en plantes vi-
vantes) ; .e® prix, médaille d’or, VI. Paillet.
702® Concours. — La plus belle collection de
plantes aquatiques : 1®® prix, grande médaille d’ar-
gent, VL A. Gontier.
i()3e Concours. — La plus belle collection de
plantes vivaces pour rocailles, à l’exception des
Fougères : 2® prix, médaille d'argent, VL Yvon.
i05e Concours. — Le filus beau lot de Résédas
(vingt-cinq pots) : 1®® prix, méd.jüle d’argent de
Vl"'® Lasson, VI. Thuillier. — i®prix, médaille d’ar-
gent, VlVl. Dupanloup et C‘®.
JOGc Concours. — La plus belle disposition d’un
massif ou d’une coibville de plantes fleuries ;
le® prix, gi-ande médaille d’argent, VLVL Vilmorin et
C*®. — 2* prix, iiiédaille d’argent, VL Lecaron.
107® Concours. — Les plus beaux motifs de
rnosa'iculture : 1®® prix, grande médaille d’argent,
VI®’® Comesse.
105® Concours. — La plus belle collection de
plantes spécialement employées pour la mosaïcul-
ture : i®® prix, grande médaille d’argent, Vl™® Co-
messe.
.§ IL - ARBORICULTURE.
114® Concours. — Le plus beau lot d’arbres
fruitiers forcés, en pots, portant leurs fruits à
maturité : 1®® prix, médaille d’or, VL Vlargottin.
1 15® Concours. — La plus belle collection de
fruits exotiques : 1®® prix, grande médaille d’argent,
VI. Ilédiard. — 2® prix, médaille d’argent, VI. Place.
§ III. - CULTURE VIARAICHÉRE.
110® Concours. — La plante légumière le plus
récemment introduite en France ; 2® prix, médaille
de bronze, VI. Hamelin,
120® Concours. — Une ou plusieurs plantes lé-
gumières obtenues de semis, non encore dans le
commerce : 3® prix, médaille de bronze, VL Boul-
land.
121® Concours. — Le plus beau lot d’ensemble
de légumes forcés et de la saison : 1®® prix, mé-
daille d’or, VI. Chomet. — 3e prix, grande mé-
daille d’argent (les cultures de Gennevilliers),
VI. Locquet..
122® Concours. — Les quatre plus beaux VIelons
arrivés à maturité : 2e prix, médaille de bronze,
VL Cerneau.
125e Concours. — Les quatre plus belles bottes
d’Asperges : P® prix, grande médaille de vermeil,
282
RÉFLEXIONS AU SUJET DE LA NATURALISATION DES PLANTES.
M. Girardin Collas. — 2e prix, grande médaille
d’argent, M. Girardin.
Concours. — Le plus beau lot de légumes
d’un même genre, représentés par deux individus
de chaque variété : le'' prix, grande médaille de
vermeil, MM. Vilmorin et G*®. — d® prix, médaille
de vermeil, M. Forgeot et Ci®.
Serre. — Concours imprévus.
(^Première section.)
Grandes plantes variées de serre, médaille d’or,
M. Savoye. — Grandes plantes variées de serre,
grande médaille de vermeil, M. Mathieu. — Aza-
lées de l’Inde, grande médaille de vermeil, M. Le-
moine. — Orangers variés, médaille d’argent,
M. Royer fils. — Chrysanthèmes, belle culture,
médaille d’argent, M. Gilkird.
Lots présentés hors concours.
Très-vives félicitations du Jury à M. Vallerand,
pour Gloxinias ; à M. Jolibois, pour Broméliacées
et Orchidées.
Plein air. — Concours imprévus.
(Deuxième section.)
Houx variés, médaille d’or, M. Paillet. — Coni-
fères, collection, médaille d'or, M. Paillet. —
Magnolia grandiflora., grande médaille de ver-
meil, M. Paillet. — Fusains, médaille de vermeil’
M. Christen. — - Rhododendrons nouveaux, médaille
de vermeil, M. Croux. — Pensées, médaille de
vermeil, M. Trimardeau; grande médaille d’argent,
M. Falaise; médaille d’argent, M. Jacqueau; mé-
daille de bronze, M. Asset. — Conifères et Houx
variés, médaille de vermeil, M. Croux. — Azalea
mollis, collection, grande médaille d’argent,
M. Paillet. — Funkias variés, grande médaille
d’argent, M. R. l,avallée. — Plantes à feuillage,
grande médaille d’argent, M. Defresne. — Érables
japonais, médaille d’argent, M. Croux. — Œillets,
médaille d’argent, M. Brot-Delahaye. — Bambous
variés, médaille d’argent, M, Paillet. — Houx forts
exemplaires, médaille d’argent, M. G. Boucher. —
A croclinium rosewn, médaille d’argent, M. Vyéaux-
Duvaux.
Lots présentés hors concours.
Vives félicitations du jury à M. Levêque, apports
de Rosiers ; à M.Moser, pour ses apports de plantes
fleuries.
Culture maraîchère et fruitière.
(Troisième section.)
LOTS PRÉSENTÉS HORS CONCOURS.
Très-vives félicitations du Jury à M. Louis Lhé-
rault, pour Fraisiers en pots et particulièrement
son apport d’Asperges.
RÉFLEXIONS AU SUJET DE LA NATURALISATION DES PLANTES
C’est une question à Tordre du jour, et
dont chacun comprend l’importance. Beau-
coup en parlent, et peu savent en quoi elle
consiste. Suivant les uns, il suffit qu’une
plante étrangère au lieu où on la cultive y
réussisse à peu près pour qu’on la dise na-
turalisée ; suivant les autres, la naturalisa-
tion est impossible, chaque espèce ne pou-
vant vivre et se propager, sans le secours
de Thomme, hors des lieux où le Créateur
Ta fait naître et auxquels son existence est
fatalement attachée.
Ces divergences d’opinion, et les disputes
qui s’en suivent, tiennent surtout à une'
mauvaise définition du mot. L’idée qu’on y
attache n’est pas la même pour tout le
monde, et il est nécessaire de la préciser si
on veut s’entendre. La première condition
pour se mettre d’accord est d’observer les
faits et de les voir tels qu’ils sont.
Il en est un qui s’impose dès l’abord et
que confirme une longue expérience : c’est
que, pour les plantes d’une contrée quel-
conque, bien déterminée par une certaine
uniformité de climat et de composition du
sol, l’aptitude à changer de lieu et de con-
ditions d’existence est fort inégale. De deux
plantes récoltées au même endroit, dans
leur pays natal, Tune n’éprouvera aucune
difficulté à croître sous un ciel nouveau et
dans un sol différent ; l’autre, au contraire,
y répugnera d’une manière presque absolue,
et ne cédera que par les soins assidus du
cultivateur. Il y a donc des plantes pour
ainsi dire indifférentes à la diversité des
conditions d’existence, qui s’accommodent
de tous les lieux et de tous les climats, et
qui, d’elles-mêmes, se sont dispersées sur
de vastes étendues de la terre ; de là le
nom di*uhiquistes qu’on leur a donné. Nous
avons un exemple frappant de cette ubi-
quité dans TOxalide corniculée {Oxalis cor-
niculata) qui se montre sous toutes les lati-
tudes où des plantes peuvent vivre, au
voisinage du cercle polaire et sous l’Equa-
teur, dans l’ancien et le nouveau monde, en
Australie et jusque dans les îles perdues de
l’océan Pacifique. Beaucoup d’autres plantes
sont ubiquistes, mais à divers degrés, sui-
vant l’extension de Tair qu’elles embras-
sent. Toutes, d’ailleurs, sont spontanées
dans les lieux où on les rencontre.
Mais de ce qu’elles croissent aujourd’hui
sur tel ou tel point du globe, on n’est pas
en droit d’en conclure qu’elles y ont tou-
jours vécu. Notre planète a été si profondé-
RÉFLEXIONS AU SUJET DE LA NATURALISATION DES PLANTES.
283
ment bouleversée dans la série des périodes
géologiques, les continents et les mers ont
si souvent changé de place qu’il est plus
que douteux qu’une seule espèce occupe
encore le point où elle est apparue pour la
première fois. Ce qui est définitivement
acquis, c’est que presque toutes, sinon
même toutes les formes végétales et ani-
males, se sont promenées à la surface de la
terre, cheminant tantôt dans un sens, tan-
tôt dans un autre, suivant les hasards des
accidents qui les contraignaient d’émigrer.
Un grand nombre ont certainement péri
dans ces migrations ; mais la nature, qui
tend toujours à combler les vides, en a fait
naître de nouvelles par de simples modifi-
cations de celles qui survivaient. Toutes ces
formes, anciennes ou nouvelles, espèces ou
variétés, car le nom dont on les qualifie
n’importe guère, se sont mises en harmonie
avec les milieux par lesquels elles ont suc-
cessivement passé. Cette adaptation aux
changements du monde extérieur, dont le
critérium est la conservation et la repro-
duction des individus dans un nombre in-
défini de générations, est ce qu’on peut ap-
peler la naturalisation parfaite, expression
qui implique que, là comme ailleurs, il y a
des degrés, etl’expérience confirme cette vue.
Nous connaissons en effet des plantes
naturalisées à tous les degrés, depuis celles
qui infestent nos moissons, et qui suivent
l’homme partout où il va s’établir, jusqu’à
nos plantes de serre chaude les plus re-
belles, mais qui viennent cependant à l’aide
de nos artifices de culture. La plupart de
nos mauvaises herbes, dont plusieurs ont
eu leur berceau dans l’Asie centrale, se
sont répandues dans les colonies de l’A-
mérique du Sud, en Tasmanie et à la Nou-
velle-Zélande. Un Cactus épineux {Opuntia
vulgaris), originaire de l’Amérique du
Nord, et notre Lampourde commune {Xan-
thium spinosum) sont devenus le fléau de
l’agriculture en Australie. On pourrait citer
plus de cent exemples de naturalisations
semblables, presque toujours accomplies
dans le sens péjoratif, c’est-à-dire au détri-
ment de nos intérêts. Le mal, cependant,
ne l’emporte pas toujours sur le bien, et au
cosmopolitanisme des mauvaises herbes on
peut opposer la naturalisation spontanée de
l’Oranger à la Floride, et celle du Manguier
{Mangifera indica) à la Jamaïque, où cet
arbre utile, introduit depuis moins d’un
siècle, forme déjà de véritables forêts. C’est
peut-être dans cette catégorie de naturali-
sations avantageuses qu’il faut ranger celle
d’une élégante Oxalide du Cap de Bonne-
Espérance {Oxalis cernua), commune au-
jourd’hui dans les alentours d’Alger, qu’elle
émaillé en hiver de ses fleurs d’un jaune
vif, souvent doubles ou même très-pleines.
On la trouve de même naturalisée sur divers
points de la Provence maritime où le climat
a beaucoup d’analogie avec celui d’Alger.
En résumé, j’appelle naturalisation ou
acclimatation, si on préfère ce terme,
toute introduction d’une plante dans un
pays où elle n’existait pas auparavant, et
où, soit par elle-même, soit par le fait de
notre industrie, elle se conserve indéfini-
ment en se multipliant de graines, de tuber-
cules ou de drageons, suivant son espèce.
Je répète, d’ailleurs, que la naturalisation
ainsi définie comporte un grand nombre de
degrés. Suivant les cas, elle est spoutanée
ou artificielle, facile ou difficile, nuisible ou
favorable à nos intérêts ; et quant à la dé-
termination du degré auquel elle arrive,
c’est notre succès seul qui en décide.
Nos champs et nos jardins sont aujour-
d’hui peuplés de végétaux exotiques, les
uns naturalisés d’ancienne date, les autres
d’introduction récente, mais en bonne voie
de naturalisation. Parmi ces derniers, je
citerais volontiers les Eucalyptus, dont plu-
sieurs espèces sont florissantes sous le climat
de l’Oranger et s’y reproduisent aisément
de leurs graines. Je n’ai pas besoin d’in-
.sister pour faire comprendre au lecteur que
ces arbres sont appelés à rendre d’impor-
tants services à l’agriculture et à la sylvi-
culture du Midi de l’Europe et surtout de
l’Algérie. Je ne connais guère que par oui-
dire les Vignes exotiques dont on s’occupe
tant aujourd’hui et surtout les Vignes, à
souche tuberculeuse et à sarments annuels;
mais je n’en suis pas moins convaincu que
toutes sont dignes d’exercer la sagacité des
acclimateurs. En ce qui concerne plus par-
ticulièrement les Vignes tuberculeuses,
peut-être y a-t-il là le germe d’un grand
avenir agricole, non pas sans doute pour la
France continentale, mais pour celles de
nos colonies qui sont entre les tropiques, et
qui sait? peut-être même pour la région
saharienne de notre grande possession afri-
caine. Il est écrit : Quœrite et invcnietis.
Ch. Nàudin.
m
MIMULUS GUPREUS. ~ VARIÉTÉS DE L’EVONYMUS JâPONICUS,
MIMÜLUS CUPKEUS
De toutes les espèces que renferme le
genre Mimuliis, l’une des meilleures,
au point de vue ornemen-
tal, est certainement le
Mimiilus ciipreus, Hook.
Originaire des Andes du
Chili, il peut être cultivé en
serre froide, et persister
pendant plusieurs années.
Mais ce qui vaut infiniment
mieux, c’est de le cultiver
comme une plante annuelle
d’automne. Dans ce cas, on cultive et traite
les plantes comme on le fait des Scliizan-
tlius, des Immortelles, ou de toutes les
autres es-
pèces qui,
semées d’é-
té et repi-
quées sous
châssis pour
passer l’hi-
ver, se trou-
vent (( à che-
val sur deux
ans, » com-
me l’on dit.
LeMlmii-
lus cuivré,
i)J. cupreus
(lig. 50)
constitue
des petites
tou fies qui,
au lieu de
monter, s’étalent sur le sol et forment des
tapis rouge orangé du plus brillant effet.
Les tleurs sont tellement abondantes, que
le sol disparaît complètement pendant envi-
ron deux mois que dure la floraison. On
peut en faire des bordures ou en garnir des
massifs qui, par l’uniformité
des plantes, font des con-
trastes magnifiques, si ces
fleurs sont en opposition
avec des plantes à fleurs
blanches ou même avec des
gazons.
Un autre avantage que
présente cette espèce, c’est
de pouvoir croître parfaite-
ment dans les parties peu éclairées, à mi-
ombre. Dan* ces conditions, la floraison des
lus cuivré
a produit
bea'ocoup
de variétés,
soit à fleurs
simples,
."oit <à fleuîs
doubles,
qui actuel-
lement sont
tout à fait
fixées. Ain-
si, dans la
race dite
hybride, on
trouve le
M. cupreus
hyhridus,
le M, c. ti~
grinus (fig. 51), le U.c. variegaius (fig.52),
le M. tigrinus flore pleno^ qui tous se
reproduisent parfaitement par graines.
E.-A. Carrière.
Fig. 50. — MimuUiÿ cupreus.
Fig. 51. — Fleur du Mimulus
ciipreus iUjrinus.
plantes est encore prolongée.
Fig. 52. — Fleur du Mhmdus
cupreus variegatus.
VARIÉTÉS DE L'EVONYMÜS JAPONICUS
.Fai lu avec grande attention l’article de M.
André, sur les variétés de VEuonymus Jciponi-
cus. Ce sujet m’intéresse d’autant plus que moi-
méine je me suis livré à des recherches pour
véilfier la nomenclature des plantes de ce genre
cultivées dans notre établissement, et ramener
à une dénomination unique les variétés sem-
blables atlublées de noms ditlérents. J’avais
renoncé à cette entreprise en présence de la
multiplicité et de la divergence de notation que
je rencontrais partout : il semble que chacun
n’ait consulté que son caprice pour nommer
et étiqueter les variétés de F'usains assez
nombreuses, répandues dans les cultures.
Je suis heureux de m’appuyer sur un docu-
ment bien établi pour poursuivre cette étude,
et je viens vous faire part des remanjues
que j’ai faites et aussi des doutes (jui me
VARIÉTÉS DE L’EVONYMUS JAPONICUS.
285
restent encore après la lecture de cet utile
travail.
Pour la clarté de ces explications, je prends
les variétés dans le même ordre qu’elles occu-
pent dans la Revue.
Le n» 1 ne prête à aucune confusion, si tou-
tefois l’on n’est pas trop méticuleux sur l’iden-
tité de la plante type de Thunberg.
Le n» 2 n’est-il pas une variété à port com-
pact, à ramifications étroitement dressées, por-
tant des feuilles non seulement « très-étroites, »
mais encore très-étroitement pliées en gout-
tière, dressées contre les tiges et à limbe irré-
gulièrement contourné ?
La précision des descriptions est absolument
indispensable pour se reconnaître au milieu de
variétés assez voisines entre elles et dépourvues
de ces caractères immuables qui permettent, le
plus souvent, de différencier en quelques mots
les espèces d’un même genre.
A côté de ce n» 2, je demanderai une place
pour une variété que je cultive et qui en diffère
surtout par sa macule « jaune d’or » et non
« jaune pâle; » ses feuilles seraient aussi plus
allongées et plus étroites encore.
Je passe len» 3 que je ne suis même pas sûr
de bien connaître.
Le no 4 se rapproche du n» 2, si la plante à
laquelle j’applique la description de la Revue
est bien celle que son auteur a en vue, j’ajou-
terai les caractères suivants à ceux qui lui ont
servi à la distinguer : les rameaux sont plus
étalés et forment une plante d’aspect moins
compact et moins dressé, plus largement pyra-
midale à la base ; les feuilles, beaucoup moins
étroitement en gouttière, et moins dressées
contre les rameaux, ont leur limbe régulier et
nullement contourné ; cette variété est la moins
constante dans sa panacbure de toutes celles
que nous cultivons.
No 5. Nulle observation.
No 6. La plante, à laquelle j’applique la des-
cription de la Revue, présente un caractère
qui la sépare nettement des autres variétés que
je connais. C’est sa végétation, tout aux extré-
mités et qui ne lui laisse pas le temps d’émet-
tre des ramifications. Dans nos cultures, nous
pinçons fréquemment les sujets de cette jolie
vai-iété, pour leur donner une forme correcte ;
les racines sont aussi très-traçantes, la plante
s’élève mal; cependant elle réussit bien à la
transplantation, tout en perdant presque tou-
jours ses feuilles.
No 7. Il m’est impossible de distinguer le
n» 7 du no 13. Peut-être n’ai-je qu’une seule
de ces variétés.
No 8. Je n’ai pas cette plante et je serais
très-désireux de l’acquérir.
No 9. Nulle observation.
No 10. Inconnu,
^0 ii, INuUe observation,
No 12. J’ai vu à Grenoble une belle et large
bordure de ce Fusain autour d’un massif de
plantes vertes; c’est un mode d’emploi recom-
mandable et auquel la végétation déprimée et
divariquée de cette variété se prête tout à fait
bien, sans direction et sans soin.
No 13. Voir no 7.
No 14. Peut-on vraiment donner le rang de
variété à un simple phénomène tératologique
accidentel.
No 15. Inconnu.
No 16. Ce Fusain est la plus jolie des
variétés panachées ; sa résistance au manque
d’air et de lumière en ferait une bonne plante
d’appartement. Son feuillage résiste également
bien à la transplantation. Une remarque utile
à faire, c’est qu’il vaut mieux greffer que bou-
turer cette variété ; on obtiendra des plantes
bien plus vigoureuses et plus faciles à former.
Nos horticulteurs lyonnais donnent encore,
à ce Fusain le nom d'elegantissima, recon-
naissant ainsi sa suprématie ornementale.
Quant à la constance de la panacbure, j’ai
en ce moment, dans mes cultures, des exemples
de toutes ces variétés ayant produit des feuilles
et des tiges vertes, en proportions bien diffé-
rentes, toutefois ; les panachures marginées
paraissent beaucoup plus solides que les pana-
chures à macules centrales ou à rayures sim-
ples.
J’ajouterai deux variétés à la liste publiée
par la Revue :
loE. J. longifolius fol. var. Plante à végé-
tation faible et dont la panacbure reproduit
exactement le n» 5 sur des feuilles plus petites.
2o E. J. prunifolius (Siebold), annoncé dans
ces formes pour la première fois, l’année der-
nière, dans le catalogue de la maison Simon-
Louis frères, de Metz (1), Cette plante, peu
vigoureuse, paraît tenir le milieu entre les
E. Japonicus et E./ pulchellus, quant à la
dimension des feuilles du moins, car sa végé-
tation la rapproche beaucoup du Japonicus.
Je suis bien persuadé qu’il existe encore
d’autres formes de Fusains du Japon, éparses
dans les cultures. Il serait à désirer que
chacun comprît, comme l’a fait M. André,
l’utilité de grouper, autour du travail de
M. Scholtz, pris comme base, les renseigne-
ments qu’il peut fournir et les observations et
remarques qu’il a pu faire.
Le commerce et la science horticoles y
gagneraient. . F. Morel.
(1) Celte année encore, le même établissement
annonce, sous le nom dEvonymus Miqueli aii-
rea variegata (Siebold), une plante nouvelle attri-
buée à Siebold. Qu’est-ce que cette plante et à
quel groupe faut-il la rattacher? L’absence de
l’épithète Japonicus à la suite du nom de genre
semble indiquér une espèce nouvelle,... ou üp
oubli,
286
DU CLIMAT ET DE LA VÉGÉTATION.
DU CLIMAT ET DE LA VÉGÉTATION
Une opinion généralement admise est que,
dans un pays donné, les plantes — on pour-
rait aussi dire les animaux et même les miné-
raux, c’est-à-dire tous les corps — sont en
rapport avec le climat de ce pays, absolument
comme les effets le sont avec leurs causes.
Gela est vrai d’une manière générale. Cepen-
dant, chez les uns comme chez les autres, il
n’est pas rare de voir des exceptions. Les diffé-
rences résultent de tempéraments particuliers,
conséquence d’organisations spéciales. Ces dif-
férences, parfois considérables, viennent donc
détruire cette affirmation : « que toute plante
provenant d’un pays chaud exige une tempé-
rature élevée correspondant à celle qu’elle
recevait dans son pays, » et par conséquent
qu’une plante introduite du Maroc, de l’Éthio-
pie, du Soudan, etc., transportée dans notre
pays, devra être cultivée en serre chaude.
Si le fait est, en général, relativement vrai,
on voit cependant, on ne saurait trop le répé-
ter, par des exceptions remarquables, des
exem})les d’espèces qui, bien qu’originaires de
pays chauds, semblent s’accommoder de tem-
pératures beaucoup moins élevées que celles
qu’elles trouvaient dans leur pays d’origine.
C’est une question d’organisation.
A l’appui de nos dires, nous allons citer
({uelques exemples qui se montrent à Brest,
climat maritime, c’est .vrai, mais où le ther-
jiiomètre, l’hiver, s’abaisse néanmoins jusqu’à-
6 degrés au-dessous de zéro. Nous devons ces
observations à un de nos collaborateurs aussi
observateur que compétent, à M. Blanchard,
jardinier en chef à l’hôpital maritime de Brest.
Voici, relativement à divers renseignements que
nous lui avions (l.miandés sur la rusticité de
quelques végétaux exotiques, ce qu’il nous écri-
vait le 7 avril dernier :
Le Richardia Æthiopica, originaire de
l’Afrique centrale, est une de nos belles
plantes vivaces de pleine terre, cultivée
dans tous les jardins de la Basse-Bretagne ;
on le cultive aussi comme plante aquatique
partout où il existe des cours d’eau ; il
marche de front avec V Aponogeton dis-
tachyus et le Ngmphæa alba. Chez M. Le
Bihari, à l’Ermitage,- près Brest, dans une
pièce d’eau, il en existe des touffes qui ont
plus de 2 mètres de diamètre. D’après
M. Gentilhomme, médecin de la marine,
c’est une des plantes les plus communes à
l’île Sainte-Hélène, où on la rencontre dans
tous les marécages de cette localité mari-
time, qui n’est pas très-chaude. B n’est donc
pas étonnant qu’elle réussisse bien à Brest,
dont le climat a beaucoup d’anologie avec
celui de cette île.
Le Musa Ensete, ©riginaire d’Abyssinie,
a passé l’biver de 1879-80 en pleine terre,
sans couverture, au Jardin botanique et
dans plusieurs jardins d’amateurs des envi-
rons de Brest. Il va sans dire que toutes
les feuilles ont été gelées ; mais il a re-
poussé vigoureusement l’été suivant et a
succombé depuis. L’année dernière (1882),
nous en avons placé un dans notre école de
botanique, et il a passé l’hiver sans geler ;
il commençait à pousser au mois de mars
dernier, mais il a gelé presque jusqu’à la
souche et paraît vouloir repousser : il aura
supporté 3 degrés au-dessous de zéro. Dans
notre pays, si on prenait le soin de leur
faire une ruche en paillassons, on pourrait
les sauver presque tous les ans. Je crois que
l’humidité est plus nuisible à cette plante
que le froid.
Les Hedychium Gardnerianum et fla~
vescens, des Indes orientales, sont aussi des
plantes de pleine terre chez nous : la pre-
mière espèce y fleurit très-bien et est
même plus belle qu’en serre ; la deuxième
montre ses boutons et gèle toujours avant
l’épanouissement de ses fleurs. M. Piriou
nous dit aussi qu’elle est très-commune sur
différents points élevés de l’île Bourbon, où
elle supporte 3 à 4 degrés de froid, et se
trouve pour cette raison à Brest dans les
mêmes conditions que le Richardia.
Le Cyperus alternifolius, originaire de
Madagascar, est aussi une assez jolie plante
de pleine terre à Brest, et ne craint point
la rigueur de nos hivers ; il en est de
même de V Aspidistra lurida, des A'ga-
panthes, des Tritoyna et d’autres Liliacées
et Iridées du Gap, qui sont de serre tem-
pérée à Paris.
Le Bromelia clandestina, A. Brgt.
(Greigia sphacelata), est la seule Bromé-
liacée passant l’hiver à la pleine terre que
nous ayons rencontrée jusqu’à présent; elle
a parfaitement traversé l’hiver 1879-80 sans
couverture, et a même fleuri après les
plus grands froids. On dit aussi que quel-
ques Puya résistent bien aux gelées ; mais
LES VIGNES ARABES.
287
n’en ayant jamais vu, je ne puis rien affir-
mer à ce sujet.
Enfin, les plus curieux exemples de rus-
ticité chez les végétaux exotiques de con-
trées chaudes que nous avons remarqués
cette année nous sont fournis, l’un par le
Latania borhonica, que nous avons arraché
au mois d’octobre dernier ; son tronc, qui
mesurait 8 mètres de hauteur et 1"^ 30 de
circonférence à 1 mètre au-dessus du sol,
a été déposé sur deux chantiers de bois le
long d’un mur où il a supporté toutes les
intempéries de l’hiver ; il est aujourd’hui
bien portant et s’est allongé de 40 centi-
mètres en six mois.
Le deuxième exemple nous est fourni
par une branche de Scindapsus fragrans
(Amérique méridionale), de 1 mètre de
long, qui fut coupée au mois de mai 1882
pour être jetée. M. Pondaven eut l’idée de
la placer dans un bassin situé au pied
d’un mur exposé au midi, où coule conti-
nuellement de l’eau très-fraîche ; non seu-
lement elle conserva ses feuilles en très-bon
état pendant toute la belle saison, mais elle
s’enracina dans la vase déposée au fond du
bassin. Les feuilles gelèrent à l’automne ;
mais la tige se conserva intacte. Le bour-
geon terminal et un bouton commençaient
à paraître, lorsque les gelées du mois de
mars dernier détruisirent ces derniers,
sans toutefois endommager le reste de la
tige, de sorte qu’aujourd’bui le bourgeon
terminal recommence à se développer et
promet une assez belle pousse.
J. Blanchard.
Ces divers exemples, et beaucoup d’autres
analogues que nous pourrions citer, monti’ent
nettement, ainsi que nous l’avons dit plus haut,
({lie, dans un pays très-chaud, il peut naître
des plantes avec un tempérament robuste qui
leur permet de croître sous un climat relative-
ment froid, d’où il résulte que le lieu d’origine
n’indique pas d’une manière absolue que telle
{liante qui en provient ne pourrait croître dans
des conditions plus défavorables; le seul cri-
térium sérieux est l’expérience.
E.-A. Carrière.
LES VIGNES ARABES
La question des Vignes est tellement impor-
tante, que nous considérons comme un devoir
de publier la lettre suivante, d’après la Gazette
du village.
Nous recevons de M. Chabas, colon à Roua-
ched, par Milah (Algérie) l’intéressante com-
munication suivante :
Au moment où le phylloxéra menace de
faire disparaître jusqu’aux dernières sou-
ches de nos Vignes de France, n’y a-t-il pas
lieu de s’étonner qu’avant d’aller chercher
en Amérique des plants résistants, il ne
soit venu à personne l’idée d’essayer l’in-
troduction des Vignes indigènes de notre
colonie africaine ?
La Vigne arabe est d’une vigueur incom-
parable ; elle vit généralement ici à l’état
sauvage sur le bord des ravins humides et
incubes, elle affectionne les fissures des
rochers et les terrains calcaires. On la voit
s’élancer sur les arbres qu’elle rencontre,
sur les ronces, et couronner de ses beaux
pampres toutes les broussailles qu’elle
trouve et qui couvrent généralement ces
sortes de terres. Dans ces conditions, la
Vigne se couvre de fruits que les Arabes
ramassent et vendent aux colons qui en
font un vin très-foncé, assez alcoolique et
de bon goût. Une de ces espèces, appelée
par les Arabes Hasseroum, a beaucoup
d’analogie avec le Temtwrier; comme celui-
ci, son vin est noir et foncé, et il pourrait par
conséquent servir à rehausser la couleur
des petits vins ; il est alcoolique, d’un goût
franc et pourrait rivaliser dans le commerce
avec nos meilleurs vins du Midi.
Ce cépage est en outre d’une prodigieuse
fertilité, car il n’est pas rare de voir de
ces pieds de Vignes produire 150 kilos de Rai-
sins. J’ai vu un propriétaire peser 320 kilogr.
de Raisins récoltés sur un pied qui lui a
donné 2 hectolitres d’excellent vin ; il est
vrai de dire que le pied mesurait 50 centi-
mètres de circonférence et que l’Arabe le
plus ancien du pays l’avait toujours vu de
la même grosseur.
Enfin, comme résistance, ce que je puis
affirmer, c’est que j’ai porté en 1875, dans
la propriété de mon père, au hameau des
Vignères, à Gavaillon (Vaucluse), j’ai porté,
dis-je, 10 pieds de Hasseroum. Je les ai mis
en remplacement des manquants dans une
Vigne déjà décimée par la maladie. Il y a
deux ans, c’était en 1881, ces plants étaient
288
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
splendides de vigueur et de santé, ils éten-
daient leurs beaux rameaux sur les pieds
morts qui leur servaient de soutien et sous
lesquels ces derniers disparaissaient.
A mon avis, le succès d’une pareille
Vigne n’est pas douteux ; et je ne saurais
trop engager les viticulteurs de la mère
patrie à essayer leurs nouvelles plantations
avec les Vignes arabes. Dans tous les
cas, on sera toujours sûr d’avoir des
plants absolument exempts d’infection.
Chabas.
Plusieurs faits importants, scientifiques et
pratiques, se dégagent de la lettre qui précédé :
d’abord, qu’il existe en Afrique, à l’état sau-
vage, des Vignes appartenant au groupe des
viiiifera, et qui, abandonnées à elles-inemes,
s’élèvent sur les arbres et se chargent de Rai-
sins, absolument comme cela a lieu en France,
en Italie et partout enfin où la Vigne se ren-
contre. Quant à être réfractaire aux maladies,
à l’oïdium ou différentes sortes d’Erisiphé,
ainsi qu’au phylloxéra, le fait est loin d’être
prouvé, car une culture de six années sans
qu’on ait observé ces affections ne démontre
pas que cette Vigne doive toujours jouir de cette
immunité. N’oublions pas que pendant des
siècles nos Vignes aussi étaient indemmes, et
même que, aujourd’hui encore, il existe de
nombreuses localités où ces divers fléaux sont
inconnus.
Toutefois, et en attendant que le temps ait
prononcé, soumettons à l’expérience ces Vignes
africaines, ce que nous avons d’autant plus de
raison de faire que, même à l’état où on les
prendra, elles donneront déjà de beaux pro-
duits.
Les Vignes sauvages Hasseroum sont les
analogues de celles qu’on rencontre dans
presque tous les pays où le climat est favo-
rable à la Vigne, des Embninches par exemple.
Quant à la récolte abondante qu’on peut faire
de ces Hasseroum, elle n’a rien qui nous
surprenne, nous en avons vu souvent d’ana-
logues dans une région qui, pourtant n’est
pas des plus favorable à la culture de la Vigne;
des pieds de Gamay croissent librement sur
des Pruniers et produisent annuellement une
ou même deux barriques de vin. Il est vrai
que ce vin était loin d’être d’une qualité extra,
mais cela n’a rien d’étonnant, étant donnés la
nature du cépage employé ainsi que le climat
et les conditions dans lesquels il était placé.
E.-A. Carrière.
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS
Poire Victoria Williams. — Nouveauté
anglaise vivement recommandée par la
presse horticole et décrite ainsi par le
savant docteur Hogg : « Fruit assez gros
ou gros, turbiné, à pédoncule charnu, jaune
citron taché de roux cannelle; chair fine,
très-tendre, fondante, beurrée, très-ju-
teuse, d’une saveur riche et finement par-
fumée ; de toute première qualité. Maturité
fin octobre. » (O. Thomas, Guide de
Vamateur de fruits, p. 112, section des
nouveautés). '
Cette description est exacte detous points,
ainsi qu’on va le voir d’après l’étude que
nous avons faite de fruits authentiques.
Fruit conique, très-régulièrement atténué
de la base au sommet, où est placé le
pédoncule, très-court, relativement gros,
élargi à la -base, brusquement arrondie.
d’au moins 6 centimètres dans son plus
grand diamètre sur environ 7 de hau-
teur. Cavité ombilicale régulièrement et
assez profondément évasée, largement ar-
rondie ; œil ouvert, à divisions étalées, per-
sistantes. Peau jaune citron, non colorée,
rappelant assez celle du Beurré aurore,
marquée de taches gris roux qui en s’éten-
dant forment des plaques plus ou moins
larges, surtout vers la base du fruit. Chair
blanche, légèrement jaunâtre, dense, fine,
fondante et presque dépourvue de gra-
nules; eau très- abondante, très-sucrée, de
saveur fine et agréablement parfumée.
Loges petites, solidement enfermées dans
le tissu de l’axe du fruit ; pépins allongés,
à testa noir luisant. — Maturité deuxième
quinzaine d’octobre.
E.-A. Carrière.
X»Ê. Georges JftColî}-* Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Ouragan à Angers. Un violent orage,
accompagné d’une pluie torrentielle, s’est
abattu sur Angers, le 4 juin au soir.
A quelques kilomètres d’Angers, une
trombe de grêle s’est formée au-dessus de
la Loire, sur la commune de Trélazé. Pous-
sée par le vent du sud-est, elle a parcouru
sur une largeur d’environ 1,500 mètres
les communes de Saint-Barthélemy, Saint-
Sylvain, Ecouflant, Soulaire et Boury, ra-
vageant tout sur son passage. Les récoltes
sont absolument anéanties, partout où le
terrible fléau s’est fait sentir.
Les grêlons avaient la grosseur d’un œuf
de pigeon et couvraient la terre, dans cer-
tains endroits, sur une épaisseur de 20 cen-
timètres.
Le 6 juin, c’est-à-dire après deux jours
de séjour sur la terre, ils encombraient
encore les ruisseaux dans les vallées et les
bas-fonds, où le vent et la pluie les avaient
entraînés. Les pépinières, heureusement
n’ont pas souffert.
Les fruits à Montreuil en 1883. —
Cette qualification : « Montreuil aux Pê-
ches, T> sera pleinement justifiée cette année.
En effet, quelle que soit leur exposition,
levant, couchant, midi, les Pêchers sont
tellement chargés de fruits qu’il faut faire
fréquemment la visite afin de pratiquer
l’éclaircissage au fur et à mesure du besoin.
Cette opération doit être faite avec quelques
soins qui sont consignés dans une note qu’on
trouvera plus loin. Mais il en est tout autre-
ment des autres sortes de fruits. Poires,
et Prunes, qui font à peu près complète-
ment défaut, et qui, après de belles appa-
rences, sont rares, et cela pour presque
toutes les variétés. Les Cerises communes
(de Montmorency), sans être abondantes,
seront moins rares que les Cerises dites
(( anglaises. » Quant aux Pommes, il en
tombe beaucoup, de sorte qu’il est égale-
ment à craindre que la récolte soit à
peinemoyenne. Sur les Vignes, les grappes*
sont généralement peu nombreuses; il en
est même une variété, la Madeleine, par
exemple, sur laquelle il n’y a presque pas de
grappes ; les Melliers sont dans le même cas.
Les Chasselas sont aussi très-peu fournis. En
1er Juillet 1883.
est-il de même ailleurs? Oui, aux environs
de Paris, pour certaines variétés du moins.
Exposition d’horticulture à Lyon. —
Une grande exposition d’horticulture et de
viticulture s’ouvrira à Lyon, .sur le Cours
du Midi, le 20 septembre prochain.
La société d’horticulture du Rhône, qui
l’inaugure, s’inspire du désir de montrer au
public toutes les richesses de la production
lyonnaise, de favoriser le commerce et de
contribuer ainsi au progrès de la culture de
la région.
C’est la seule exposition qu’il y aura cette
année dans cette ville; aussi la Société
invite-t-elle tous les producteurs à y prendre
la plus large part possible.
La même invitation est faite à tous les
horticulteurs et viticulteurs des autres ré-
gions, et leurs produits seront très-bien
reçus et admis à concourir.
Des exemplaires du programme sont dé-
posés à Lyon, chez le concierge du Palais
des Arts.
Les demandes d’emplacements devront
être adressées au secrétaire de la Société
d’horticulture du Rhône, au Palais des
Arts, avant le 10 septembre prochain.
Le jury, qui se composera de quinze
membres, se réunira au local de l'exposi-
tion le 19 septembre, à onze heures du
matin.
Société nationale et centrale d’hor-.
ticulture de France. — Dans sa séance
du 14 juin, notre grande société a élu
comme secrétaire général, et en remplace-
ment de M. Duvivier, décédé, M. A. Bleu,
l’horliculteur-amateur connu de tous, qui
a poussé si loin, en lui conservant un carac-
tère tout français, la production de certaines
plantes, notamment des Caladium. M. Bleu
ne compte que des sympathies dans le
monde horticole ; aussi sa nomination a-t-
elle été chaleureusement accueillie.
Dans la même réunion, il a été décidé
que, dès à présent, la Société prendrait le
nom de Société nationale d’horticulture
de France, tout en faisant des réserves au
sujet du qualificatif centrale, pour le cas
où elle jugerait à propos de le reprendre.
13
290
CHRONIQUE HORTICOLE.
Conférences agricoles. — M. Georges
Ville, professeur-administrateur au Muséum
d’histoire naturelle, fera, sur le champ
d’expériences de Vincennes, six confé-
rences consacrées à l’exposition des appli-
cations les plus récentes de la science aux
intérêts agricoles. Ges expériences ont
également leurs applications tout indiquées
dans la pratique de l’horticulture, et nous
conseillons à nos lecteurs d’y assister.
Les conférences auront lieu les diman-
ches 17 et 24 juin, l®»", 8, 15 et 22 juillet,
à 2 heures.
Exposition internationale d’horti-
culture de Lille. — Du samedi 1er au
9 septembre 1883, le Cercle horticole du
Nord, avec le concours de la ville de Lille,
fera dans cette ville, au palais Rameau, une
exposition internationale d’horticulture à
laquelle sont conviés tous les horticulteurs
et amateurs français et étrangers. Outre les
produits horticoles proprement dits, on ad-
mettra tous ceux qui se rattachent à l’hor-
ticulture : arts et industries divers, matériel
et outillage horticoles, etc., en un mot tout
ce qui sert soit au travail soit à la décoration.
Les concours prévus, au nombre de 185,
se répartissent dans les cinq sections sui-
vantes : Première section, Plantes de serre
et de plein air. — Deuxième section.
Fleurs coupées et bouquets. — Troisième
section. Fruits. — Quatrième section, Lé-
guynes. — Cinquième section. Arts et in-
dustries horticoles.
Les personnes qui désirent exposer de-
vront en faire la demande au secrétaire de
,1a commission organisatrice, M. A. Gavelier,
Grande-Place, 10, avant le 15 août, en in-
diquant les objets qu’elles se proposent
d’exposer et approximativement l’emplace-
ment qu’elles jugeront devoir leur être né-
cessaire.
Le jury se réunira le vendredi 31 août, à
11 heures précises du matin, au local du
Cercle horticole du Nord, 10, Grande-
Place, à Lille.
Expositions prochaines. — Dans les
premiers jours de juillet prochain s’ouvrira
à Erfurt, une exposition spéciale de Pvoses,
pendant le cours de laquelle se tiendra,
dans la même ville, un concours de rosié-
ristes.
A. Dresde, une grande exposition horticole
aura lieu du 11 au 19 août.
Le Prix des Orchidées en Angleterre.
— A une vente qui a eu lieu récemment à
Londres, certains exemplaires d’Orchidées
ont atteint des prix qu’il est bon de mettre
sous les yeux des amateurs de ces plantes :
Cattleya Trianœ Dodgsoni, 4,902 f. 50.
Lœlia anceps Daiosoni, 2,835 fr. 50.
Cattleya exoniensis, 1,484 fr. ; une pe-
tite plante, meme espèce, 1,325 fr.
Cattleya Trianœ Osmani, 5,697 fr. 50.
Dendrohiuyn Answorthi, 1,749 fr.
Ces chiffres, qui paraissent excessifs,
s’expliquent facilement quand on connaît
le goût que les riches propriétaires anglais
ont pour les plantes rares ou nouvelles.
Aucun luxe n’est plus louable ; et l’on
comprend qu’avec de tels enthousiasmes,
l’horticulture ait fait en Angleterre des pro-
grès rapides et considérables.
Impatiens Sultani. — Nous ayons der-
nièrement parlé (1) de cette jolie plante,
originaire de Zanzibar.
On admirait récemment, à l’Expositionde
South Kensington, à Londres, un remar-
quable exemplaire qui avait été envoyé par
MM. Jackson, de Kingston.
Il mesurait 1 mètre environ de dia-
mètre, avait une forme arrondie parfaite et
était littéralement couvert de fleurs d’un
rouge magenta brillant, rivalisant en richesse
de ton avec le Masdevallia Harryana.
Cette plante n’était âgée que de huit mois,
et sa belle culture faisait honneur à M. Put-
tick,qui, en aussi peu de temps, avait réussi
à l’amener à cet état de développement,
tout en lui faisant acquérir une complète
perfection de forme.
Vexations exercées au nom de la
Convention de Berne. — Il serait inté-
ressant de réunir et de publier les abus de
toute nature qui ont été commis sans
aucune raison, les dommages souvent con-
sidérables qui ont été causés, enfin les
mesures vexatoires et ridicules qui ont été
prises de tous côtés, pour résister au Phyl-
loxéra, qui n’en a pas retardé d’une minute
sa marche envahissante. La Revue de
Vhorticulture belge raconte à ce sujet une
histoire assez intéressante :
A son récent voyage en Italie, la prin-
cesse impériale d’Allemagne avait reçu une
certaine quantité de bouquets et de guir-
(1) Voir Eeinœ horticole, p. 70.
CHRONIQUE HORTICOLE.
291
landes. Entre Trente et Venise, notamment,
la princesse avait presque empli sa voiture
de fleurs ; mais à la frontière italienne, les
douaniers, après les avoir confisquées, les
déchirèrent et les lancèrent à tous les vents
en .présence même de la princesse.
Ce journal ajoute plaisamment qu’il est
aussi absurde, pour empêcherl introduction
du Phylloxéra, de prohiber la circulation
des fleurs, qu’il le serait de défendre l’im-
portation de la glace, dans la crainte d’accli-
mater les ours blancs.
Nous avons été témoin, à Vintimille,
frontière italienne sur da Méditerranée, de
prohibitions aussi grotesques. Des doua-
niers trop zélés jetaient brutalement de-
hors des bouquets portés à la main par
des dames; plusieurs gentlemens anglais se
virent arracher une fleur qu’ils avaient à la
boutonnière ; on pria impoliment un mon-
sieur de jeter une Orange qu’il portait à la
main ou de la manger immédiatement sur
le territoire français; enfin, une canne
de Bambou noir, que nous portions à la
main, fut examinée longuement, et il fut sé-
rieusement question de l’empêcher de fran-
chir la ligne fatidique.
Pendant ce temps-là, le Phylloxéra conti-
nuait à s’étendre sur le territoire italien
aussi tranquillement qu’en France !
Affinités des genres Garrya et Au-
cuba. — On sait que, dans le Généra plan-
tarum, MM. Bentham et Hooker ont classé
les Garrya auprès des Aucuha. Cette déter-
mination vient de recevoir accidentellement
sa consécration.
Un jardinier-multiplicateur de MM. Veitch
ayant essayé, sur un sujet à'Aucuha, la
greffe d’un Garrya elliptica, l’opération a
parfaitement réus.si, et la jeune plante se
développe dans les meilleures conditions.
Mais ce que les journaux anglais ne disent
pas, en relatant ce fait, c’est que la même
expérience a été faite, avec plein succès, il
y a plus de vingt ans^ par M. E.-A. Car-
rière, alors chef des Pépinières du Muséum.
La Revue horticole en a rapporté les résul-
tats en 1859, p. 202 et 1865, p. 238, avec
des détails circonstanciés sur la manière
dont se comportaient les plantes ainsi
greffées.
Rétablissement de la turgescence
des fleurs fanées. — Lorsque, pour une
raison quelconque, on reçoit des fleurs dans
un mauvais état de conservation, fatiguées,
fanées, on peut bien souvent leur rendre
leur fraîcheur. B suffit de tremper dans 1 eau
bouillante l’extrémité inférieure du pédon-
cule. Les fleurs se redressent bientôt. Il ne
reste plus ensuite qu’à couper la partie du
pédoncule qui a trempé dans l’eau; bouil-
lante et à mettre les fleurs, ainsi rafraî-
chies, dans de l’ean tiède.
I
Aphyllantkjes Monspeliensis. — Un
^ collaborateuv de la Revue horticole ,
5 M. de Cor/ievron, de Langres, nous écrit:
Je Crois rendre service aux horticulteurs en
leur signalant une très-jolie petite j)lante qui
n’est pas cultivée, que je sache, et qui pourrait
être avantageusement utilisée, soit en contre-
bordures, soit pour rornerhentation des petits
massifs.
Je veux parler de YAphijllanthes ^Monspe-
’iliensis^ charmante Liliacée aux fleurs rni-
i gnonnes, d’un bleu délicieux et qu’on trouve
i en abondance sur les pelouses sèches du Midi-
Dans cette région de la France, cette fleur
paraîtrait trop commune pour être introduite
dans les jardins, puisqu’il est admis qu’on aime
"surtout ce qu’on n’a pas ou ce qu’on ne peut
posséder sans difficulté. Mais dans le Nord et
(dans l’Est où on ne la trouve pas à l’état spon-
tané et où .elle n’est pas connue, je suis per-
suade (qu’éle serait très -appréciée surtout par
les amateurs de fleurs' bleues,
Les bulbes dont elle est pourvue étant re-
couverts de terre, je cî'oîs qu’elle résisterait
Iden au froid de nos hivers et qu’on pourrait Iq
; cultiver comme plante vivace de plejpe terre.
Nous appuyons fortement 'l’opinion de
M. de Confevron, et nul doute pour nous
que cette espèce, qui n’est décrite dans
aucun ouvrage de jardinage, ne puisse, par
ses jolies fleurs bleues, trouver son emploi
dans l’ornementation.
Conservation des tuteurs et poteaux.
— U Obstgarten indique pour la conserva-
tion des bois dont une partie doit-être
enterrée, la composition suivante :
Faire bouillir dans un chaudron 15 kilo-
grammes de goudron de gaz, 10 kilo-
grammes de résine d’Amérique, 3 kilo-
grammes 1/2 de graisse ordinairé, jusqu’à
ce que le mélangé soit bien liquide. On
ajoute alors 2 kilogrammes dé. plâtre, brûlé
et 2 kilogrammes, de craie.
Quand cette composition ’es^^ bien mé-.
202
CHRONIQUE HORTICOLE.
langée, on y trempe la partie des tuteurs,
piquets, etc., qui doit être enterrée, et on
roule ces piquets, avant que la préparation
ne soit devenue sèche, dans du sable, qui
forme corps avec elle et en augmente la
résistance. Avec les quantités que nous
venons d’indiquer, on peut enduire environ
1,000 tuteurs. Le prix de revient est de 6 fr.
Il est bien entendu que l’on peut modifier
ces quantités en plus oa en moins, mais en
conservant leurs proportions relatives.
Emploi du Lamium ma.culatum au-
reum. — On sait quelle immense quantité
de Pyrethrum Parthenium aiireum est
utilisée chaque année pour la Confection des
corbeilles, plates-bandes et bordures di-
verses en mosaïculture.
On emploie aussi en Angleterre, pour le
même usage, le Lamium maculatum
aureumj qui se multiplie très-facilement,
soit par boutures, à l’automne, soit par
divisions de touffes, au printemps, soit
enfin par la voie du semis.
Ce Lamium présente tous les avantages
du Pyrethrum et peut, au besoin, le rem-
placer. De plus, il a l’avantage d’être beau-
coup plus rustique.
Exposition d’horticulture à Nic,e. —
La ville de Nice ouvrira celte année, à l’oc-
casion du concours agricole, une exposition
d’horticulture qui durera du 19 au 23 no-
vembre.
Le premier jour, 19, concourront les
arbustes, plantes fleuries et fleurs coupées ;
le 21, les bouquets divers en fleurs natu-
relles ; le 23, les corbeilles de table, jardi-
nières, guirlandes, couronnes, coiffures de
bal, bouquets de boutonnières, etc.
Les demandes doivent être adressées au
secrétariat de la Société, avenue de la Gare,
no 32, avant le 5 octobre.
Anthurium splendidum. — Le monde
horticole s’occupe beaucoup, et à juste
titre, de cette belle plante, introduite et
mise tout récemment au commerce, par
M. W. Bull, qui la décrit ainsi : « V Anthu-
rium splendidum, originaire de l’Amé-
rique du Sud, est une plante de serre
chaude. Il est tout à fait distinct de tous les
autres Anthurium actuellement cultivés.
La surface de ses feuilles surtout est très-
remarquable. Sa tige est courte et grosse.
ses feuilles sont cordiformes, à sinus
ouvert, au-dessus duquel les deux lobes se
rejoignent. Le long des nervures se voit
une large bande d’un vert velouté foncé,
brillant; les espaces intermédiaires sont,
au contraire, d’un vert pâle, légèrement
nuancé de jaune, ce qui produit un élégant
contraste. La surface des feuilles est ru-
gueuse et les parties comprises entre les
nervures sont fortement bullées ou gau-
frées, formant ainsi une multitude d’(( am-
poules » de formes irrégulières. Les veines,
à la surface inférieure des feuilles, sont
angulaires et portent, de place en place,
des aspérités en forme de dents ; toute cette
face des feuilles est marquée de points
blanchâtres. »
Cette courte description, que l’on peut
considérer comme très-exacte, promet un
brillant avemrkV Anthurium splendidum,
et les grandes dimensions qu’acquièrent ses
feuilles en feront une plante très-'ornemen-
tale. D’ailleurs, la plante a été admirée
à l’exposition de Gand et même à Paris,
tout dernièrement ; avant peu, des exem-
plaires de bonne force permettront d’en
apprécier toute la beauté.
Patrie des Cattleyas. — Dans une rela-
tion très-intéressante qu’il vient de publier
dans V Orchidophüe, M. J. B. Roezl établit
que, dans l’Amérique du Sud, les Cattleyas
se sont partagé le territoire, qu’ils s’y sont
localisés, et que, si dans une région quel-
conque, on rencontre une espèce, on est sûr
qu’il faudra franchir une assez grande dis-
tance avant de rencontrer une autre espèce
ou variété.
A ce propos, le Gard.en fait remarquer
qu’il serait très-intéressant de savoir si,
dans les mêmes contrées, les insectes sont
répartis et divisés par espèces, dans des
conditions analogues ; et de plus, pourquoi
les Cattleyas sont ainsi séparés les uns des
autres, tandis que, dans ces régions, et sur
des territoires relativement peu étendus,
plus de cent espèces d’Orchidées croissent
les unes au milieu des autres.
Congrès de Pomologie. — La Société
pomologique de France tiendra, cette année,
un congrès à Genève. Nous en indiquerons
ultérieurement la date.
La Société des pomologues allemands se
réunira à Hambourg pour sa session de 1883.
CHRONIQUE
Les Gardénias en Angleterre. — Le
Journal of Horticulture donne les ren-
seignements suivants sur la culture des
Gardénia chez d’habiles spécialistes an-
glais, MM. Roberts frères et Arnold, à East
Grinstead.
Une des serres où ces jolies plantes aux
fleurs si recherchées en hiver sont culti-
vées, mesure environ 35 mètres de lon-
gueur sur 12 de largeur. Elle est partagée
en deux divisions, dont la première contient
vingt-huit plantes seulement, qui mesurent
en moyenne 7"^ 50 de circonférence et ont
près de 2 mètres de hauteur.
Ces plantes sont livrées à la pleine terre
depuis octobre 1881 .
Dans la seconde division, on voit vingt-
cinq plantes, un peu moins fortes, mais
tout aussi vigoureuses et florifères.
On se fera facilement une idée de la
beauté de ces cinquante-quatre plantes, qui
disparaissent à certaines époques sous leur
magnifique parure blanche, quand on aura
appris que du 24 mars au 3 mai dernier,
c’est-à-dire en quarante-un jours, elles
ont produit, pour la vente, 16,284 fleurs !
Plantes égyptiennes de l’antiquité.
— Dans une des dernières réunions de la
Société Royale de Londres, sir Joseph
Hooker a présenté des spécimens remar-
quablement intéressants de plantes trouvées
à côté de momies dans des sarcophages
datant du règne de Rhamsès Rr.
Ces plantes, envoyées par le docteur
Schweinfurth, ont été recueillies dans des
fouilles récemment faites à Thèbes.
Les guirlandes sont principalement com-
posées avec des feuilles de Mimusops
Schimperi, des pétales de Nymphœa cœru-
lea et de Lotus, assemblés avec des fibres
de Phoenix. On a paitaitement reconnu
aussi des feuilles de Salix Safraf ; des
gousses et des fleurs à’ Acacia Nilotica ; les
Seshania œgyptiaca, Carthamus tincto-
rius, et des pétales d’Alcea filicifolia.
Il est curieux de constater que ces
espèces appartiennent encore à la flore ac-
tuelle de l’Égypte, où elles se sont mainte-
nues, dans leur pureté spécifique, depuis
des milliers d’années.
Destruction de l’herbe dans les al-
lées. — Plusieurs de nos lecteurs nous
ayant consulté à ce sujet, nous leur trans-
HORTICOLE. 293
mettons une indication, qui nous est recom-
mandée, et qui nous semble pratique :
Un arrosage fait avec de l’eau de lessive
provenant d’une fabrique de savon. Si l’on
ne pouvait se procurer ce produit, rappe-
lons l’usage, usité en Allemagne, de l’acide
sulfurique très-étendu d’eau.
Nécrologie : M. Bocquillon. — M. le
docteur Henri Rocquillon, professeur agrégé
d’histoire naturelle à la Faculté de médecine
de Paris, vient de mourir, frappé d’une
attaque d’apoplexie foudroyante. Il était
âgé de quarante-huit ans seulement. Il
laisse des travaux importants, notamment
des études sur les genres Oftia^ Oxera,
Amethystea et surtout un Manuel d'his-
toire naturelle médicale.
M. Charpeyitier . — Le doyen des jardi- '
niers français, M. Charpentier, jardinier en
chef du palais de Trianon, à Versailles, est
décédé le 10 juin 1883, dans sa quatre-
vingt-septième année.
D’une force et d’une énergie rares, il ne
s’était jamais arrêté, et il est mort sur la
brèche. C’était un praticien éclairé, et l’état
dans lequel il laisse l’immense domaine
confié à ses soins pendant un nombre con-
sidérable d’années est la meilleure preuve
que l’on puisse donner de ses connaissances
jardiniques.
M. Charpentier était chevalier de la
Légion-d’Honneur et décoré de la médaille
de Sainte- Hélène qui, à celte heure, ne
compte plus qu’un nombre très-petit de
titulaires.
Erratum couceruant les bassinages
chimiques. — Dans la note que nous
avons publiée récemment (Ur juin, p. 244),
relative aux bassinages chimiques de
M. Ant. Caillaud, horticulteur à Nice, on
a, par erreur, indiqué que la préparation
devait être employée dans la proportion de
un vingtième, c’est-à-dire un litre de subs-
tance préparée pour 20 litres d’eau. Notre
collègue, M. Boucharlat aîné, de Lyon, qui
nous avait envoyé une note sur l’emploi de
cette substance en nous faisant connaître
les bons résultats qu’il en avait obtenus,
nous prie de rectifier les chiffres que nous
avons indiqués, ce que nous nous em-
pressons de faire. Au lieu de 20 litres d’eau
pour 1 litre de préparation ainsi que cela a
été écrit, c’est lûe litres d’eau qu’il faut
294
GREFFAGE TREYVE DU NOYER.
mettre, ce qui est bien différent. Cette rec-
tification faite, M. Boucharlat maintient en-
tièrement ses dires relativement aux résul-
tats qu’il a obtenus et qu’il a précédemment
indiqués.
E.-A. Carrière et Ed. André.
GREFFAGE TREYVE DU NOYER
La culture du Noyer est tellement impor-
tante, que de tout temps elle a particulière-
ment attiré rattention. En effet, c’est une ces
questions économiques d’intérêt général qui se
rattachent à la fois à l’horticulture, à l’agri-
culture et à l’industrie ; à la première et à la
seconde, par ses fruits, qui entrent directe-
ment dans l’alimentation; à l’industrie, par les
produits oléagineux qu’ils produisent.
Jusqu’à ce jour, cependant, et malgré toutes
les tentatives qui avaient été faites, le greffage
des Noyers était rarement suivi de succès;
chose d’autant plus regrettable ([u’on était
obligé de recourir aux semis qui, s’ils })euvcnt
produire des variétés méritantes, en donnent
aussi très-fréquemment de valeur très-mé-
diocre.
Cette difficulté avait surtout l’inconvénient
de ne pouvoir multiplier ou de ne multiplier que
difhcilement un très-petit nombre des variétés
méritantes à des titres divers, soit pour leurs
fruits, soit aussi pour leur tardiveté à fleurir.
Sous ce dernier ra])})ort, on connaît des parti-
cularités très-remarquables; par exemple, cer-
taines variétés qui ne feuillent et ne lleu-
rissent ([u’en juin et qui, jiar ce fait, sont
toujours à l’abri des gelées tardives, qui atta-
quent et détruisent si souvent la récolte des
Noyers.
Au nombre de ces variétés qui, tardives par
leur floraison, n’en sont pas moins hâtives à
mûrir leurs fruits, se trouvent toutes celles que,
d’une manière générale, on nomme a Noyers
de la Saint-Jean, » dénomination due à leur
tloraison tardive. Notons, toutefois, que toutes
les variétés qui possèdent cette double pro-
jiriété, d’être, tardives et hâtives, ne sont pour-
tant pas toutes également méritantes ; on devra
donc choisir celles qui réunissent le plus d’a-
vantages.
Ainsi qu’on peut le voir d’après ces quel-
ques observations, il existait donc, dans la
multiplication des Noyers, une profonde et
regrettable lacune. Eh bien ! nous sommes
heureux d’annoncer que cette lacune vient
d’être comblée par l’un de nos éminents collè-
gues, NI. Treyve père, horticulteur à Trévoux
C\in). Cette bonne nouvelle vient de nous être
annoncée par notre collaborateur, M. Gusin,
secrétaire général de la commission nationale
et centrale de Pomologie de la France, et qui,
le 8 juin dernier, nous faisait parvenir le docu-
ment suivant :
Extrait d’un rapport fait le 2 juin 1883,
à la suite d’une visite de commission
dans V établissement de M. Treyve, à
Trévoux.
Depuis longtemps, M. Treyve cherchait,
pour les Noyers, un mode de greffage facile
et dont la réussite assurée permît de
répandre partout les Noyers greffés et à
végétation tardive. Déjà son ami, M. Marie^
de Moulins, avait bien obtenu quelque
succès en ce genre de multiplication ; mais
M. Treyve ne trouvait pas ce résultat suffi-
sant pour un but aussi important à attein-
dre, que celui de concourir puissamment à
étendre cette branche de l’alimentation
publique. Le succès complet a couronné la
patience et la sagacité de ce chercheur et,
dès , l’année dernière, sa conviction était
formée.
Voici comment l’examen s’est opéré :
M. Treyve a d’abord montré à la commis-
sion une centaine de Noyers, greffés en
1882 ; ils étaient en pleine terre et d’un
aspect vigoureux. Ensuite, il l’a conduite
dans sa serre à multiplication; là elle s’est
trouvée en présence d’un millier de jeunes
Noyers greffés cette année et qui, tous,
attestaient une reprise évidente. On peut se
figurer notre agréable surprise qui s’est
immédiatement traduite en de chauds
remercîments au nom de l’horticulture,
lorsque NI. Treyve a déclaré à la commis-
sion qu’il n’entendait pas faire secret de
son procédé et, avec un désintéressement
qui l’honore, il a ajouté :
« Ce mode de greffage sera un avantage
pour la production des Noix ; je ne veux pas
en faire une affaire commerciale qui retar-
derait ses heureux effets pour la produc-
tion, et je prie la commission d’employer
tons les moyens possibles pour vulgariser le
procédé. »
Ce procédé, le voici :
Il faut se procurer des plants de Noyers
âgés d’un an, et vers la fin de mars, on
opère comme suit :
Les sujets sont tranchés au collet ; sur ce
LILIUM HÂNSONI.
295
collet, on insère des greffons vigoureux et à
bois d’un an, par greffage en fente, à la
pontoise ou à l’anglaise.
Le sujet est ensuite rabattu en son pivot,
assez courtement pour qu’il puisse être mis
dans un pot de trois pouces.
La partie greffée est tenue à quelques
centimètres au-dessus de terre, et les pots
sont placés sous cloche dans une serre à
multiplication.
Si nous prenons chacun des détails de
l’opération, nous ne voyons en ceci rien de
nouveau. En effet, on a publié et recom-
mandé, pour le Noyer, le greffage en fente ;
on a prescrit d’enterrer le greffon jusqu’à
son oeil supérieur ; tous les jardiniers
savent utiliser l’étouffement pour la reprise
des multiplications. Mais ce qui révèle la
sagacité de M. Treyve, c’est la combinaison
de ces divers procédés pour les faire con-
courir à une réussite infaillible, ce qu’on
était loin d’avoir obtenu jusqu’à ce jour.
Pour répondre au désintéressement de
M. Treyve, la commission a proposé de
divulguer le procédé qui vient d’être décrit,
sous le nom de Greffage Treyve, pour le
Noyer. Gusin.
Après cette intéressante communication dont
nous remercions sincèrement Fauteur, M. Gusin,
nous joignons nos félicitations à celles de la
commission et au noin, de l’horticulture, nous
félicitons M. Treyve de son heureuse décou-
verte et le remercions, tout particulièrement,
de son désintéressement. E.-A. Carrière.
LILIUM HANSONF*^
d
Ce beau Lis, qui est tout à fait distinct,
est d’introduction toute récente ; il a été
nommé par M. Baker, d’après une plante
cultivée par M. Leichtlin (en 1874). Comme
son histoire est assez embrouillée, nous
allons la donner en détail.
La plante a été découverte pour la pre-‘
mière fois, vers 1860, par le professeur
Maximowicz, célèbre par ses voyages en
Sibérie et au Japon. Il l’a trouvée au Vic-
toria Gulf, dans la Mandschourie orientale,
à la limite sud des possessions russes dans
cette région. Il ne remarqua pas toutefois
les caractères, légers du reste, qui distin-
guent ce Lis du L. avenaceum, de sorte
qu’il en fit mention en 1865, dans le Gar-
tenflora., comme une variété à fleur jaune
de cette plante. En 1868 ou 1869, deux ou
(1) Extrait de l’article Lilium llamoui^ dans la
Monographie de M. Elwes, par M. H. Vilmorin ;
L. Hayisoni, Baker, in Journ. Linn. Soc. Bot.,
XIV, p. 245, 1874 (ex Ilort. Leichtlin). — L. ma-
culatum et avenaceum, Moore, Florist, 1874,
p. 193; Gard. Chron., 1874, p. 231, t. 49.— L.
maculatum, Bot. Majy., pl.6126. — L. avenaceum,
Maxim., in Gartenflora, 1865, p. 290, pro parte.
Habite le Japon d’après MM. Leichtlin et Wil-
son; Victoria Gulf, dans la Mandschourie du N.-E.,
d’après Maximowicz ; la Mandschourie maritime,
par 44-45° de latitude d’après Wilfort ; le Japon
septentrional, d’après Hogg.
Bulbe gros, arrondi, massif, formé de nom-
breuses écailles blanches serrées les unes sur les
autres, ressemblant à celui du Lilium tigrmum.
Tige haute de 3 à 4 pieds, raide, dressée, portant
3 ou 4 verticilles de feuilles assez espacés , 1 infé-
rieur à une certaine distance au-dessus du sol.
trois bulbes de cette espèce furent envoyés
au jardin de feu M. le baron de Siebold, à
Leyde, et furent achetés un an plus tard
par M. Leichtlin, qui reconnut aussitôt que
c’était une espèce très-distincte. Il cultiva
la plante et lui donna le nom de M. Han-
son, de New-York, qui possède une des
plus belles collections de Lis qui soient au
monde.
Mais avant que ces faits fussent devenus
publics, M. Wilson avait acheté un ou deux
bulbes dans un lot en mélange chez Ste-
vens, où se vendent chaque année des
milliers de Lis, et cela sans savoir au juste
ce qu’il achetait. Au printemps suivant, il
fut agréablement surpris de voir une tige
commencer à se développer avant qu’aucun
autre Lis n’entrât en végétation ; la plante
Feuilles étroites quand elles sont en grand nombre
dans un verticille, larges quand elles sont peu
nombreuses, sessiles, longues de 8 à 15 centimè-
tres, larges de 1 à 4 centimètres, lancéolées ou
elliptiques, pointues, à 3 ou 5 nervures, d’un vert
foncé luisant en dessus, plus pâle en dessous ;
feuilles supérieures éparses, beaucoup plus petites.
Fleurs au nombre de 4 à 10 ou davantage^ en
grappe irrégulière ; pédoncules de 5 à 7 centimè-
tres ; bractées larges, vertes, foliacées; segments
du périanthe longs de 3 à 4 centimètres, d’un
jaune orangé, étalés et recourbés, mais moins que
dans les Lis Martagon, pointillés de noir vers le
milieu. Filets des étamines plus courts, de 20 à
25 millimètres de long ; anthères étroites, de 8 à
10 centimètres de longueur ; pollen jaune. Ovaire
en massue, profondément sillonné, de 10 à 12 cen-
timètres de long ; style sensiblement plus court.
Capsule inconnue.
296
LILIUM HANSONI.
fleurit en son temps, et il la présenta à
une réunion de la Société royale d’hor-
ticulture au mois de juin ; peu de temps
après, la plante fut figurée dans le Garde-
ners' Chronicle sous le nom de L. avena-
ceum, dans le Florist and Pomologist sous
celui de L. maculatum, et dans le Botani-
cal Magazine, pl. 6126, sous le nom de
L. maculalum (de Thunberg), avec le sy-
nonyme avena-
ceum.
M. Leichtlin
eut connaissance
de ces figures ; il
y reconnut sa
plante et écrivit
une note pour
faire remarquer
que si les tiges et
les fleurs ressem-
blaient à celles du
L. avenaceum,
le bulbe était tout
à fait diflérent.
J’ai pu me con-
vaincre de l’exac-
titude de ce fait,
car il m’a été
donné de voir
dans plusieurs
herbiers de bons
échantillons du
bulbe L. avena-
ceiim. Bien qu’il
n’existe pas ac-
tuellement dans
les cultures, il ne
me paraît pas
douteux que M.
Leichtlin ne soit
dans le vrai.
J’ai vu dans un
album de Lis ja- •
Fig 53.
ponais, fidèle-
ment dessinés
d’après nature par un artiste indigène, des
figures du L. Ilansoni et du L. avena-
ceum, auxquelles il n’est pas possible de
se méprendre. Il faut en conclure que les
Japonais y reconnaissent deux plantes dis-
tinctes, qui toutes deux pourraient bien se
trouver sauvages dans la partie septentrio-
nale de l’archipel japonais.
La culture de ce Lis est si facile, que je
ne doute pas de le voir bientôt plus répandu
dans les jardins. Un jeune bulbe a passé
chez moi l’hiver en pleine terre sans aucune
protection. La graine ne mûrit pas en An-
gleterre; mais la plante se multiplie par
division des bulbes et par rejetons. C’est
le premier de tous les Lis à entrer en vé-
gétation. Il réussit bien dans une terre
tourbeuse, pourvu qu’elle ne devienne pas
chaude et sèche en été. La seule graine qui
a été obtenue par
M. Leichtlin a
germé immédia-
tement, ce qui
n’est pas le cas
pour les graines
de L. Martagon.
De nombreux ca-
ractères tirés du
bulbe, du port,
de la forme des
fleurs, distinguent
le L. Ilansoni
des Martagons.
PIenry Vilmorin.
Le Lilium
Hansoni (fig. 53),
qui appartient à
la section des
Martagons , a
fleuri en France
pour la première
fois chez M. Henry
Vilmorin, à Ver-
rières, qui l’a
présenté en fleurs
à la séance de la
Société nationale
et centrale d’hor-
ticulture, dans la
séance du 22 juin
1882.
Voici l’indica-
tion des princi-
paux caractères
que celte espèce nous a présentés :
Oignon écailleux ressemblant beaucoup
à celui du L. tigrinum. Tige pouvant at-
teindre de 80 centimètres à 1 mètre 50 de
hauteur, lisse, d’un vert brunâtre. Feuilles
nombreuses, glabres, disposées en verti-
cilles distants assez compactes, longuement
atténuées à la base, de 8-15 centimètres,
parfois plus, de longueur. Inflorescence ter-
minale en panicule assez dense, large d’en-
- Lilium Ilansoni, port au 1/11.
Fleur détachée aux 3/5.
TRICYRTIS IIIRTA.
viron 20 centimètres à la base, atténuée-
arrondie au sommet. Fleurs penchées,
comme largement campaniformes, à bords
relevés, plus ou moins longuement pédon-
culées suivant la position qu’elles occupent.
Boutons ovales ou oviformes. Corolle bien
ouverte, à pétales étalés, légèrement ren-
versés, d’un beau jaune, portant vers la
297
base des macules ou larges ponctuations
noirâtres.
Cette espèce très-rustique, d’une culture
facile et nullement délicate, fleurit en juin-
juillet. On la multiplie par la séparation
des caïeux et aussi à l’aide des écailles, qui
émettent facilement des bulbilles.
E.-A. Carrière.
TRICYRTIS HiRTA
Cette espèce, que j’ai reçue dir^'ctement
du Japon, où elle est appelée cc Hototoguis-
sou, » sous le nom de T. Japonica, et qui
m’a paru n’être autre que le T. hirta, m’a
présenté les caractères suivants :
Plante vivace, rustique, très-floribonde, à
racine lubéreuse subconique. Tiges rami-
fiées, nombreuses, droites, raides; les flo-
rales atteignant jusqu’à 1 mètre et plus de
hauteur, villeuses. Feuilles alternes, en-
tières, très-rapprochées, surtout vers le
sommet, très-largement amplexicaules, ré-
gulièrement acuminées, fortement nervées,
molles, douces au toucher, velues sur les
deux faces. Fleurs pédonculées naissant par
trois dans l’aisselle des feuilles, mais ordi-
nairement réduites à deux ou même à une
seule par avortement. Pédoncule fortement
velu, raide, d’environ 2 centimètres, ter-
miné par une fleur dressée, campanuloïde,
à six divisions ouvertes, linéaires acuminées,
légèrement réfléchies au sommet, portant
dans toute leur étendue des points très-
rapprochés d’un violet rosé, qui, sur un
fond blanc, forment une sorte de damier
tigré ou de marbrure d’un très-bel effet.
Au centre de la fleur s’élève une colonne
stylaire formée par les filets des anthères,
qui se dressent sur le style qu’elles
cachent. Anthères adnées, longuement
ovales. Style de la même longueur que
les étamines, à 3 divisions bifides. Ovaire
allongé, fortement trigone; les filets des
étamines et même les anthères sont égale-
ment marmorées.
Le Tricyrtis hirta fleurit à partir de
la deuxième quinzaine de septembre, et sa
floraison se prolonge assez longtemps. C’est
une plante ornementale par l’abondance, la
couleur et la grandeur de ses fleurs, qui
atteignent 5 centimètres de largeur sur en-
viron 3 de hauteur. Pour donner une idée
de la floribondité, de la vigueur et de la
rusticité de cette espèce, il me suffira de
dire que le très-petit pied que j’avais reçu
du Japon en 1876 a parfaitement résisté
sans aucun abri au terrible hiver de 1879-
1880, qu’il forme aujourd’hui une très-forte
touffe et que les tiges florales portent une
centaine de fleurs épanouies, sans compter
les innombrables boutons. C’est le plus élé-
gant buisson qu’il soit possible d’imaginer.
Lorsque les plantes sont fortes et vigou-
reuses, elles se ramifient, et de l’ais-
selle des feuilles part une ramification qui,
à son tour, porte des fleurs, de sorte que
l’ensemble constitue un énorme buisson qui
disparaît sous une masse de fleurs. J’ajoute
que, coupées et mises dans l’eau, les tiges
continuent à fleurir, et que même les bou-
tons s’épanouissent.
Cette espèce présente encore l’avantage
de pouvoir être facilement relevée de la
pleine terre, ce qui permet de pouvoir mettre
les plantes en pots, soit pour jouir de leur
floraison à l’intérieur, soit pour les mettre à
l’abri des premiers froids, soit enfin pour
mettre les pieds en serre et tâcher d’en ob-
tenir des graines. Comme cette espèce ap-
partient au grand groupe des Liliacées, on
pourrait peut-être l’employer pour prati-
quer des fécondations soit avec les Lis, soit
avec des genres voisins.
Je dois toutefois faire observer que le
Tricyrtis hirta, comme plusieurs autres
plantes japonaises, redoute le grand soleil,
et que dans ces conditions il arrive fré-
quemment que ses feuilles sont brûlées. On
peut remédier à cet inconvénient en le plan-
tant dans un sol consistant bien drainé et
souvent arrosé.
Je possède deux autres espèces que j’ai
reçues directement du Japon, et que je cul-
tive dans ma propriété, à Fontenay-aux-
Pvoses; l’une est le Tricyrtis macropoda
qui, dans la flore d’Yokoussai, est appelé
298
RICIIARDIA ÆTHIOPICA.
Tama-gawa Hototoguissoii. La fleur, plus
petite que celle du Tr. hirta^ est aussi
plus renflée à sa base, moins jolie et moins
floribonde. La plante me paraît un peu plus
délicate et surtout plus sensible à l’humi-
dité; ses feuilles sont presque lisses.
L’autre espèce, qui n’est même pas men-
tionnée par Yokoussai/m’a été envoyée sous
le nom de Ki-Hotoguissou. Ki, signifiant
jaune, cette espèce serait donc à fleurs
jaunes, ce que je ne puis dire, n’ayant
jamais vu la fleur, ce qui est probablement
dû à la voracité des limaces et des colima-
çons pour cette plante. Je ne sais vraiment
comment faire : si je la cultive à une expo-
sition sèche et chaude, elle brûle; si je la
plante à l’ombre, les limaces la mangent.
En pot elle vient mal. C’est pourtant à ce
dernier mode que je m’arrête.
Le feuillage de cette troisième espèce est
lisse et luisant.
WlESENER.
RIGHARDIA ÆTHIOPICA
L’espèce dont je vais parler, le Richardia
Æthiopica vient, avec beaucoup d’autres,
donner un démenti à ceux qui soutiennent
que toujours les plantes ont un tempéra-
ment en rapport avec le climat où elles
croissent et que jamais aucune espèce
ayant poussé dans des pays chauds, ne
s’accommodera des pays froids. En effet,
bien qu’originaire de l’Afrique australe, le
Richardia Æthiopica est relativement rus-
tique ; on en a vu qui, plantés dans des
ruisseaux, aux environs de Cherbourg,
avaient envahi presque tou? ces ruisseaux
et étaient presque constamment en fleurs.
Et pourtant il n’est pas rare de voir
là, l’hiver, le thermomètre descendre à
plusieurs degrés au-dessous de zéro. D’une
autre part, la vigueur et la robusticité de
cette espèce lui permettent de vivre dans les
conditions les plus diverses, soit dans l’eau,
soit dans des lieux très-humides et même
submergés ; aussi la rencontre-t-on presque
partout, souvent même à peu près aban-
donnée et sans aucun soin : sur les fenêtres,
depuis le rez-de-chaussée jusque dans les
mansardes, dans les bassins qu’elle orne
admirablement pendant presque toute l’an-
née, en pleine terre pendant l’été, ce qui ne
l’empêche pas de figurer en pots sur les mar-
chés aux fleurs. D’autre part encore, son
joli et grand feuillage d’un vert foncé, à
travers lequel s’élèvent, pour s’épanouir
au-dessus, de grandes fleurs en cornet d’un
blanc mat des plus purs, en font une plante
d’un rare mérite, qui n’a peut-être qu’un
défaut : celui d’être commune et pas du
tout délicate. Néanmoins, elle n’est pas in-
différente aux bons traitements et, pour
l’avoir belle, il lui faut certains soins que
je vais indiquer. Il est bien entendu qu’il
s’agit ici de la culture en pots.
Terre, — Elle doit être consistante et
riche, en rapport du reste avec la force des
plantes. Ainsi, tandis que pour les jeunes
multiplications il faut un sol léger composé
de terre de Bruyère et de terre franche, ces
mêmes plantes, lorsqu’elles sont fortes,
pourront se passer de terre de bruyère, et
un mélange de terre franche et de terreau
bien consommé suffit ; néanmoins, si l’on
pouvait y ajouter un peu de terre dite de
dépotage, cela n’en vaudrait que mieux.
Multiplication. — Pour faire cette opé-
ration, qu’on pratique de juillet à la fin
d’août, on cesse farrosage quelques jours
auparavant, afin que les plantes entrent
dans un repos relatif ; puis on divise les
touffes en enlevant avec précaution tous
les petits drageons qu’on empote dans une
terre un peu plus légère, et qu’on place
sous des châssis au soleil et qu’on ombre
au besoin ; les arrosages doivent être copieux
et répétés, car ces plantes sont très -avides
d’eau, surtout pendant le fort de la végéta-
tion.
Si les touffes n’étaient pas trop fortes ou
qu’on ne veuille pas les diviser, on les rem-
poterait en enlevant les bourgeons superflus
qu’on traite ainsi que je viens de le dire.
Toutefois, je dois faire remarquer que si
les touffes sont très-fortes, les fleurs sont
un peu moins grandes. Dans le cas où l’on
désire obtenir de belles fleurs avec un feuil-
lage très-développé, on coupe entre deux
terres tous les petits drageons, en ne con-
servant qu’un ou deux forts bourgeons qui,
alors, prennent de grandes proportions.
Les Richardia se forcent parfaitement et
CULTURE DES CORREÂ.
299
les soins à prendre pour ce travail sont à
peu près les mêmes que s’il s’agissait de
Cinéraires. Les plantes doivent être placées
sur couche, sous des châssis et le plus rap-
proché possible des vitres ; une température
de fond d’environ 12 à 15 degrés suffit. Il
faut donner le plus d’air possible, en tenant
compte toutefois de la température exté-
rieure. Il va de soi que dans ces conditions
les plantes devront être fréquemment et
copieusement arrosées, car, si en général
elles sont avides d’eau, dans ces conditions
de végétation exceptionnelle elles en absor-
bent autant qu’on peut leur en donner.
Une précaution importante aussi, dans ce
cas, c’est, lors de la formation des fleurs, de
les préserver du très-grand soleil qui pour-
rait fatiguer les plantes et affaiblir la belle
couleur verte du feuillage qui contribue
pour une grande part à la beauté de l’en-
semble et qui produit le plus charmant
contraste avec la belle couleur blanche des
fleurs.
Il existe, sous le qualificatif minima, une
CULTURE I
Nous avons bien souvent entendu des
horticulteurs s’étonner à juste titre de la
rareté, dans nos serres froides, de ces jolies
plantes, originaires de la Nouvelle-Hol-
lande, et qui, à une grande rusticité, à une
floraison magnifique, commençant en sep-
tembre pour durer tout l’hiver, joignent le
grand avantage de se prêter à la taille
sous toutes formes, tiges avec têtes, globes,
pyramides, etc., etc.
Ce fait très-regrettable provient, bien
certainement, du manque de renseigne-
ments précis, relatifs à la culture des Cor-
rea ; aussi, espérant les remettre en vogue,
publions-nous les renseignements suivants
que vient de donner V Illustrierte Monats-
hefte de Stuttgart.
Pour certains Correa, les C. alha, ferrie-
ginea et Grevillei, notamment, la multi-
plication se fait aisément, soit par le semis,
au mois de février, soit par le boutu-
rage en février, avec du bois dur, soit en
août, en châssis tiède, avec du nouveau
bois.
Les espèces moins vigoureuses, que l’on
ne peut multiplier par les deux procédés
variété de Richardia Æthiopica plus naine
et à fleurs plus petites. D’où vient-elle?
comment a-t-elle été produite? C’est ce que
je ne pourrais dire. Sa culture et sa multi-
plication, du reste, sont absolument sem-
blables à celles du type.
Ces plantes peuvent être tenues en végé-
tation continuelle ; pour cela, il suffit de
les placer à la lumière, dans une serre ou
sous des châssis chauds, et de les entretenir
à l’eau ; si, au contraire, on veut les laisser
reposer l’hiver, il suffit de les placer à l’abri
de la gelée, sans chaleur, et de ne pas les
arroser autrement que pour entretenir la
vie. Quand vient le printemps, on les traite
ainsi qu’il a été dit plus haut ; et en les
plaçant à la lumière et à la chaleur, on
obtient de très -belles plantes.
Si l’on voulait obtenir de volumineuses
touffes de Richardia, on planterait dans
des bacs, en bonne terre, et pour favoriser
la végétation on pourrait, de temps à autre,
arroser avec de l’engrais liquide.
A. Foissy.
ÜS CORREA
que nous venons d’indiquer, devront être
greffées. Le sujet à prendre de préférence
est le Correa alha, espèce peu ornemen-
tale, mais très-vigoureuse, et qui a surtout
l’avantage de reprendre très-facilement de
bouture et de pouvoir servir de sujet, pour
la greffe, un an après le bouturage.
La greffe doit être faite en février ou en
août, dans une serre à multiplication, au
milieu d’une atmosphère humide. On devra,
pour favoriser la reprise, bassiner les
greffes chaque jour avec de l’eau tiède. Au
bout d’un mois environ, les greffes seront
soudées, et il conviendra alors de donner
un peu d’air aux jeunes plantes.
Le sol qui convient le mieux aux Correa
est un mélange de terre de bruyère, ter-
reau de feuille décomposé, un peu de terre
glaise écrasée et de sable de rivière. Les
rempotages doivent se faire au printemps,
aussitôt que les plantes sont défleuries. Les
espèces et variétés que l’on greffe sur le
C. alha, sont les C. cardinalis magnifica,
sidphurea, turgida et Lindleyana.
Ch. Thays.
300
BILLBERGIÂ THYRSOIDEA SPLENDIDA.
BILLBER6IA THYRSOIDEA SPLENDIDA
Beer a dit de cette plante qu’elle était
incontestablement la plus belle de toutes les
Broméliacées connues (1). Cette assertion,
qui date de 1857, époque de l’apparition du
livre du botaniste viennois, serait encore
vraie aujourd’hui, même après l’introduction
des nombreuses espèces qu’il ne connaissait
pas alors.
Déjà M. de la Devansaye a parlé du
Billbergia splendida (2), après l’avoir vu
en fleur chez un de noB amis, M. le doc-
teur Ghaumier, à qui nous devons le bel
échantillon qui a fleuri à Lacroix et a servi
de modèle à la planche ci-jointe. B a dit,
avec raison, que, de toutes les formes du
B. thyrsoidea, « celle qui a reçu le qualifi-
catif splendida, et qui est introuvable dans
les cultures, est la plus belle, celle qui fleu-
rit le plus facilement et le plus régulière-
ment. »
Une grande confusion régnait dans la
détermination des diverses formes sorties
des Billbergia pgramidalis et thgrsoidea.
On a même souvent confondu ces deux
types, et il n’a pas fallu moins qu’une bonne
étude critique de M. Ed. Morren (3) pour
mettre un peu de lumière dans ce chaos.
Voici, selon lui, comment on doit distinguer
d’abord les deux espèces :
B. pgramidaliSj
Bindley.
Bosaces peu ou-
vertes ; gaines larges;
feuilles étroites, dou-
cement acuminées,
à dents fortes, espa-
cées, brune's, vert
sombre, blanchâtres
et plus ou moins
zonées à la face infé-
rieure. Hampe fari-
neuse ; spathes infé-
rieures denticulées,
rouges ; épi peu régu-
lier, corymbiforme ;
fleurs assez nom-
breuses, un peu
courbes, corolle sub-
irrégulière.
B. thgrsoidea,
Martius.
Rosaces étalées ;
gaines ventrues ,
feuilles larges, brus-
quement tronquées-
acuminées, à dents
faibles et rappro-
chées , vert clair ,
peu ou point furfu-
racées-zonées à l’en-
vers. Hampe très-
farineuse ; spathes
très-entières, roses ;
épi régulier ovale ;
fleurs très-nombreu-
ses, droites, corolle
régulière.
(1) Beer, Die fam. der Bromel., p. 111.
(2) Revue horticole, 1881, p. 371.
(3) Belgique horticole, 1873, p. 295.
Les variétés du B. pyramidalis sont :
B. p. bicolor, à pétales violacés cocci-
nés. (Syn. B. bicolor, de quelques horti-
culteurs , B. Loddigesii, Steudel).
B. p. zonata, feuilles zébrées ou zonées
de blanc en dessous. (Syn. B. thgrsoidea
zonata, de Vriese, et peut-être B. Croyana,
du même.
B. p. Croyana, feuilles fasciées de blanc
en dehors, hampe allongée, fleurs très-
nombreuses, pétales marginés de bleu.
(Syn. B. Croyana, Lem.; B. thgrsoidea,
deVriese; B, setosa, Jacob-Makoy; /on-
ghea Croyana, Lem. ; Æchmea setigera,
de quelques horticulteurs.)
B. p. farinosa, feuilles furfuracées ou
farineuses, épi recourbé pauciflore. (Syn.
B. farinosa de quelques horticulteurs.)
Nota. — Le B. pyramidalis minor,
Antoine et Beer, se rapporte au B. speciosa,
Thunberg.
Les variétés du B. thgrsoidea, parmi
lesquelles se trouve celle dont nous parlons
aujourd’hui, sont :
B. t. fastuosa, feuilles vertes des deux
côtés, hampe allongée, pétales lilacés au
sommet (syn. B. thyrsoides, de Jonghe; B.
Paxtoni, Beer; B. Schultesiana, Lem.).
B. t. splendida, feuilles glabres, très-
larges, recourbées au sommet, hampe ne
dépassant pas les feuilles, fleurs très-nom-
breuses, pétales violets au sommet qui est
révoluté(syn.B. splendida, hem. ; Jonghea
splendida, Lem.).
B. t. miniato-rosea, feuilles légèrement
furfuracées sur les deux faces, hampe à
peine pubérulente furfuracée ; fleurs très-
nombreuses, pétales révolutés au sommet
(syn. B. miniato-rosea, Lem.).
B faut avouer que les caractères différen-
tiels de ces trois dernières variétés sont
assez légers, et si l’on ajoute que des formes
intermédiaires ont pu se produire dans les
cultures, indépendamment de celles qui
avaient été apportées de la province de Rio
Janeiro, au Brésil, patrie de ces plantes, on
conviendra qu’il est difficile de s’y recon-
naître, à moins d’une observaBon très-
attentive, nous ajouterons même à moins
de comparer les plantes en fleur entre
elles. C’est ce que nous avons pu faire chez
BiUber^ia thijrsoidea Jastiiosœ.
Rjivue. /I(y‘iicoIe.
Gh'orr'x'hjJ-u. G-.SevâJ-eyr.
Godard , tiei
DE l’Éclaircissage des fruits.
M. de la Devansaye, qui possède une ma-
gnifique collection de Broméliacées dans
ses serres du Fresne. Nous avons trouvé
d’abord que notre plante se référait plutôt
au B. t. fastuosa qu’au B. t. splendida.
Mais une traduction que nous venons de
faire des descriptions détaillées de Beer sur
ces deux plantes, indique que le premier
se distingue par des feuilles zonées, blan-
châtres en dessous avec des bandes étroites
vertes, que le bout du calyce est d’un rouge
vif et ta hampe verte. Le B. t. splendida
se caractérise par l’i^^lor^scence d’un beau
rouge écarlate à bouts bleu-violacé, les
bractées mères dressées, larges et toutes
de la même longueur. Enfin, la description
301
complète de celte dernière plante paraît
mieux agréer avec la notre.
On voit cependant que ces distinctions
sont assez précaires et que la variabilité des
plantes les réduit souvent à fort peu de
chose.
Quoi qu’il en soit, la plante que nous
figurons aujourd’hui est incontestablement
la plus belle de cette tribu. Elle ne doit
être confondue avec aucune autre, et nous
avons la satisfaction d’apprendre que les
amateurs pourront se la procurer chez
M. Godefroy Lebeuf, horticulteur à Argen-
teuil, sans craindre de recevoir une autre
variété inférieure à sa place.
Ed. André.
DE L’ÉCLAIRCISSAGE DES FRUITS
IVune manière générale, on peut dire que
toutes les espèces de fruits ne pourraient
que gagner à l’éclaircissage ; d’abord les
arbres s’en trouveraient mieux, et, toutes
circonstances égales d’ailleurs, les fruits
seraient plus beaux. Cependant, dans beau-
coup de circonstances, la chose est im-
possible, et dans d’autres elle deviendrait
très-onéreuse, outre que son application
pourrait également présenter de grandes
ditticultés, par exemple pour les arbres en
plein vent, en général, notamment pour les
Noyers, Cerisiers, Pruniers, Groseil-
liers, etc. Dans les cultures de primeurs ou
dans celles, très-restreintes où l’on veut
surtout avoir du beau, ou bien encore chez
les véritables amateurs qui ne mettent pas
en comparaison la dépense et la recette,
on pourra, avec avantage, pratiquer l’éclair-
cissage de presque tous les fruits, sauf ceux
des Noyers, Noisetiers, etc. Dans les cul-
tures à l’air libre et à grand rapport, les
Pêchers et les Abricotiers, les Vignes, sont
à peu près les seuls dont on soumet les
fruits à l’éclaircissage. Toutefois, et nous
ne saurions trop le répéter, il est bien
entendu que, lorsqu’on tiendra plutôt à la
beauté qu’à la quantité, on se trouvera
bien de pratiquer l’éclaircissage. Presque
toujours même il y aurait avantage.
L’éclaircissage devra être fait très-pru-
demment, en tenant compte de la nature
des fruits et surtout des variétés, car, outre
les contre-temps généraux qui peuvent dé-
terminer la chute des fruits, il y a des va-
riétés qui, généralement « tiennent mal les
fruits ; » telles sont, dans les Pêchers,
Sourdine et surtout Téton de Vénus.
En général, et toutes circonstances égales
d’ailleurs, on devra éclaircir à plusieurs
fois, deux au moins ; la première, quand
les fruits sont bien noués ; la deuxième,
quand ils ont déjà une certaine grosseur et
que l’intérieur est déjà bien organisé. Pour
beaucoup d’arbres fruitiers, il se produit,
lors de la formation des graines, une sorte
de réaction interne ou de malaise organique
analogue à ce qui se passe chez certains
animaux à l’époque de la puberté, et qu’on
désigne par cette expression : « Epoque
critique. » Gette période passée, on peut
opérer le dernier éclaircissage. Quant au
moment de pratiquer les éclaircissages, on
ne peut rien préciser, ces choses variant
suivant la nature des variétés, le climat où
l’on est placé et suivant aussi le but que l’on
se propose. Si l’on aime mieux avoir moins
de fruits, mais qu’ils soient plus beaux, on
opère plus (( sévèrement. »
Quelques précautions à prendre lors de
V éclaircissage. — Autant qu’on le pourra,
on devra éviter de faire des plaies. S’il
s’agit de fruits pédonculés, on devra, avec
un ciseau à branches effilées, bien tran-
chantes, couper net les pédoncules des
fruits; si au contraire il s’agit de fruits
sessiles, tels que Pèches, Abricots, etc., on
devra les saisir fortement et les tourner sur
eux-mêmes, de manière à rompre le point
d’attache sans occasionner de déchirure.
302
EXPOSITION ESTIVALE D’HORTICULTURE A PARIS. — INDUSTRIE.
Quant à la manière d’opérer les éclair-
cissages, elle n’a non plus rien d’absolu.
En général, pourtant, il faudra, lorsqu’on
aura le choix, « soulager » plutôt les bran-
ches faibles en enlevant à celles-ci le plus
de fruits possible, et au contraire « char-
ger )) les parties vigoureuses. C’est même
parfois un moyen de rétablir l’équilibre,
sinon complet, du moins 'partiel, des ar-
bres.
Quant aux fruits provenant de l’éclair-
(iissage, on est dans l’habitude de les jeter,
ce qui est un tort, puisque tous ou presque
tous peuvent être confits, soit pour former
des condiments, soit pour servir de base à
des liqueurs spéciales. Dans le premier
cas, on les met dans un bocal contenant du
vinaigre ; dans le deuxième, au lieu de
vinaigre, on se sert d’alcool. Si ce sont des
fruits à noyau, ils doivent être pris avant
que ceux-ci soient formés et alors qu’ils ne
présentent encore aucune partie ligneuse.
E.-A. Carrière.
EXPOSITION ESTIVALE D’HORTICULTURE A PARIS. — INDUSTRIE
Si l’exposition d’horticulture dont nous avons
essayé de donner une idée dans notre précé-
dent numéro était des plus remarquables, celle
concernant les arts et industries qui se ratta-
chent à l’horticulture ne l’était guère moins
dans son genre. Le matériel horticole surtout
se trouvait largement et très-bien représenté.
Constructeurs de serre et d’appareils de chauf-
fage s’étaient particulièrement signalés, et
leurs produits, tous de très-bon goût et sur-
tout de bonne qualité, ne laissaient rien à dé-
sirer; aussi étaient-ils fort visités.
Nous n’entrerons pas dans de longs détails
quant à ce qui concerne les innovations, in-
ventions ou perfectionnements ; un de nos
collègues, très-compétent en la circonstance,
ayant bien voulu nous promettre un article
sur l’exposition dont nous parlons. Nous allons
donc, pour aujourd’hui, nous borner à la
citation des récompenses :
!«>■ Concours. — Serres : premier prix, médaille
d’or, M. Ferry. — Deuxième prix, médaille de ver-
meil, M. Boissin. — Deuxième prix, médaille de
vermeil, M. Leblond. — Troisième prix, médaille
d’argent, M. Ozanne. — Troisième prix, M. Stoeckel.
— Quatrième prix, médaille de bronze, M. Laquas.
2e Concours. Châssis : Premier prix, médaille
de vermeil, grand module, M. Ozanne. — Deuxième
prix, médaille d’argent, grand module, M. Carpen-
tier. — Troisième prix, médaille de bronze,
M. Leblond.
3e Concours. — Vitrerie : Premier prix, non
décerné. — Deuxième prix, médaille de bronze,
M. Cadola.
Qe Concours. — Claies : Premier prix, médaille
d'argent, grand module, M. Marchai. — Deuxième
prix, médaille de bronze, M. Anfroy.
12* Concours. — Grilles, ponts, kiosques : Prix
supplémentaire, médaille d’or, M. Izambert. —
Premier prix, médaille de vermeil, M. Sohier. —
Deuxième prix, médaille de vermeil, M. Michelin.
— Deuxième prix, médaille d’argent, MM. Louet
frères. — Troisième prix, médaille de bronze,
M. Lavaud.
13® Concours. — Rochers : Premier prix, mé-
daille de vermeil, grand module, M. Chassin, avec
félicitations unanimes du Jury pour ses troncs
d’arbres en imitation — Deuxième prix, médaille
d’argent, grand module, M. Combaz.
19e Concours. — Poterie artistique et d’orne-
mentation : Premier prix, médaille de vermeil,
M. Paris. — Deuxième prix, médaille d'argent,
M. Sergent.
5e Concours. — Poînpes, appareils d’arrosage :
Rappel d’une médaille d’or, M. Debray, ensemble
de l’exposition. — Premier prix, médaille d’or,
M. Baume, ensemble de l’exposition. — Deuxième
prix, médaille de vermeil, M. Plasse, bonne fabri-
cation, — Troisième prix, médaille d’argent,
M. Dubuc, fabrication à bon marché. — Quatrième
prix, médaille de bronze, M. Malanrant et C'e, en-
semble de l’exposition.
(je Concours. — Coutellerie horticole : Premier
prix, grande médaille de vermeil, M. Hardivillé. —
Deuxième prix, grande médaille d’argent, M. Aubry.
— Troisième prix, médaille de bronze, M. Borel,
— Mention honorable, M. Péan. — Mention hono-
rable. M, Delaunay. — Rappel d’une médaille de
vermeil, M. Larivière.
7e Concours. — Instruments de jardinage :
Deuxième prix, médaille d’argent, MM. Lavaud et
C'e, échelles. — Troisième prix, médaille de bronze,
M. Martin, faucheuses et râtissoires.
8e Concours. — Tondeuses de gazon : Premier
prix, grande médaille d’argent, M. Baume. —
Deuxième prix, médaille de bronze, MM. Louet
Irères.
10e Concours. — Tuteurs, raidisseurs, palis-
sage: Premier prix, médaille de vermeil, MM. Louet
frères. — Deuxième prix, médaille d’argent,
MM. Cari et C'*, tuteurs et raidisseurs à guides
mobiles. — Rappel d’une médaille d’argent.
M. Pescheux. — Troisième prix, médaille de bronze,
M. Ozanne, raidisseur tiges fixes.
Ile Concours. — Treillages, grillages, clôtures :
Premier prix, grande médaille d’argent, MM. La-
vaud et C'e, clôtures et portes mobiles.
15e Concours. — Poterie usuelle : Deuxième
prix, grande médaille d’argent, M. Monnier.
16e Concours. — Caisses et bacs : Premier prix,
médaille de vermeil, M''e Loyre. — Deuxième prix,
médaille d’argent, M. Delaluisant.
17e Concours. — Ameublement, tentes : Premier
prix, grande médaille de vermeil, M. Couette,
tente et chaises. — Deuxième prix, grande mé-
daille d’argent, M. Borel, ameublement. — Troi-
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — DÉVELOPPEMENT ANORMAL D’UNE POMME.
303
sième prix, médaille de bronze, MM. Lavaud et
bancs couverts.
18® Concours. — Jardinières^ aquariums : Pre-
mier prix, médaille d’argept, M*^® Germain. —
Deuxième prix, médaille de bronze, M. Sanglier.
CONCOURS IMPRÉVUS :
Médaille de bronze, M. Abriou, feuillages natu-
rels entre verre. — Médaille d’argent, M. Dorel,
fruitier mobile. — Médaille d’argent, M. Jolivet,
fruitier mobile.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE
DÉVELOPPEMENT ANORMAL R’UNE POMME
Une théorie, quelle qu’elle soit, n’a de
valeur que par les résultats qu’elle donne
dans l’application, et il suffit du plus petit
fait qui lui soit contraire pour enlever son-
caractère absolu.
La théorie à laquelle nous faisons allu-
sion est celle-ci : qu’il faut toujours plu-
sieurs années pour transformer un œil en
bouton. Déjà, elle a reçu de sérieuses infir-
mations par suite d’yeux qui, Farinée de
leur formation, se
sont transformés et
ont même fleuri. Ce
sont surtout les
Pommiers, et parti-
culièrement les Poi-
riers qui présentent
ces exceptions. Une
des plus remarqua-
bles est certaine-
ment celle dont nous
allons parler, et que
représente la figure
54. Voici comment
et dans quelle cir-
constance la chose
s’est produite :
A Bougival, en
1882, M. Couturier-
Mention, pépinié-
riste, remarqua dans
un carré de Pom-
miers Paradis greffés
en écusson l’année
précédente avec la
variété Calville blanc, un sujet dont la
vigueur excessive dépassait celle de ses
voisins. Quel ne fut pas son étonnement,
quand, en attachant ce scion, il remarqua
à 10 centimètres environ du départ du
bourgeon, une belle Pomme parfaitement
conformée et bien développée. Nombre de
personnes à qui il fit remarquer ce fait n’en
furent pas moins surprises que lui. Parmi
ces observateurs se trouvait M. Pavard,
sous-chef des Pépinières de l’État, à Tria-
non, qui s’empressa de nous en informer
et qui, à quelques observations que nous
lui fîmes, répondit le 18 novembre 1882 :
... Le fait dont je vous ai parlé, et qui s’est
produit chez M. Couturier-Mention, pépinié-
riste à Bougival, d’une Pomme développée sur
un bourgeon provenant d’un écusson fait à
l’automne précédent, à 10 centimètres environ
de son point de départ, formée par conséquent
sur un bourgeon âgé seulement de quelques
semaines est parfai-
tement exact et je n’ai
rien exagéré dans le
récit que je vous en
ai fait. C’était une
belle Pomme de Cal-
ville blanc qui, au
mois d’août, avait déjà
25 centimètres de cir-
conférence. Quant au
scion, il se distinguait
des autres par sa vi-
gueur beaucoup plus
grande et à cette
époque il mesurait
plus de lni50 de hau-
teur, bien que la sève
ne fût pas encore
arrêtée. Le bourgeon
était très-droit et ne
présentait aucun in-
dice indiquant même
le moindre arrêt dans
sa végétation, de sorte
qu’on ne peut rien
arguer, ni invoquer
aucune raison pour
expliquer ce fait, qui est des plus singuliers et
qui ne s’est peut-être jamais vu.
J’avais fait un croquis de ce phénomène
aussi exact qu’il m’avait été possible de le faire
et à votre intention, et je l’avais remis à un
collègue qui l’aura probablement égaré, mais
il vous serait probablement facile de vous en
procurer un autre, en vous adressant au pro-
priétaire, M. Couturier-Mention, pépiniériste,
maire de Bougival...
En nous envoyant le dessin que nous
reproduisons (fig. 54), M. Couturier-Men-
Fig. 54. — Pomme de Calville poussée sur un scion
de l’année provenant d’un écusson, au 1/3 de
grandeur naturelle.
304
RÉGIONS PEU CONNUES DU SUD-EST A JAVA.
tion confirmait tout ce que nous avait dit
M. Pavard, et il ajoutait :
... Il est ti'ès-vrai que dans une de mes
pépinières il s’est développé, sur un Calville
Ijlanc et sur un scion de l’année, une Pomme
parfaitement conformée, qui a atteint toute sa
grosseur et mesurait alors 30 centimètres de
circonférence. L’œil qui a produit ce phéno-
mène n’avait pas bougé Vannée où il a été
posé^ d’où il résulte que ce fruit s’est formé
lors de la pousse, à environ 8 centimètres de
la hase du scion qui, à ce moment, était donc
tout à fait herbacé, ce qui n’a pas ralenti sa
végétation, qui a dépassé l'«65 de hauteur.
J’ai vu quelquefois des écussons qui avaient
poussé un peu l’année où ils avaient été posés,
fleurir l’année suivante; mais dans ce cas il
ÿ avait un petit conde, une sorte de bifur-
cation; et encore ces fleurs nouent rare-
ment et, si le fait' a lieu, les fruits restent
imparfaits, sont raccornis, etc. Le phénomène
dont je vous parle me paraît donc être nou-
veau ; c’est du reste l’opinion de tous mes
collègues auxquels je l’ai fait voir. Je vous
envoie un croquis de cette bizarrerie, désirant
qu’il puisse vous servir à quelque chose.
Le fait en question est des plus singu-
liers ; s’il n’est pas unique, il n’a jamais
élé signalé. A quoi est-il dû? qui l’a occa-
sionné? C’est ce que nous n’essaierons pas
de dire. E.-A. Carrière.
RÉGIONS PEU CONNUES DU SUD-EST A JAVA
Ayant eu récemment l’occasion de visiter
les régions javanaises du sud-est qui, en
général, sont peu ou mal connues, surtout
celles qui se trouvent sur le versant
méridional du volcan Seméroe et sur les
monts adjacents, je puis donner un aperçu
de leur végétation, ce qui est d’autant plus
important que ces parages n’onl jamais
été visités par des Européens, si ce n’est, il
y a trois ou quatre ans, par les officiers du
service topographique.
En partant de Soerabaia, on prend le
chemin de fer jusqu’à Pasjoeroean ; ensuite
on monte en voiture, et l’on passe par Pro-
bolingo, chef-lieu de la résidence , pour
arriver à Loemadjang. C’est là, à Loemad-
jang, qui signifie « pays des réfugiés, » que
la région moins bien cultivée commence.
On trouve la dernière fabrique de sucre,
c’est-à-dire la plus éloignée, et l’on entre
dans la contrée essentiellement consacrée à
la culture 'du Tabac, qui s’étend jusqu’au
village de Pasjirian, situé à une douzaine
de kilomètres de l’océan Pacifique.
Les environs de Pasjirian possèdent un
grand nombre d’établissements de colons
européens. Par suite du prix excessivement
bas du Tabac, ces établissements sont en
grande partie abandonnés, et les jardins
seuls, par la variété de leurs fleurs, indi-
quent qu’il y a quelques années seulement on
y gagnait assez d’argent pour s’occuper des
beaux présents de Flore. En effet, je vis là,
croissant à l’état sauvage, les Bougamvil-
lea, les Rosiers thés, des Datura arbores-
cents, couverts de jolies fleurs de couleurs
diverses, suivant les variétés, et tant d’autres
plantes ultra -marines, qui luttaient éner-
giquement avec les plantes sauv'ages indi-
gènes : les Convolvulacées, les Cucurbita-
cées, et surtout les iSaccharum spontaneum
(L.) et les Imperata arundinacea (CyrilL),
ces ennemis nés de toute culture exotique.
La fin de la lutte ne peut être douteuse.
Bientôt ces beaux enfants de l’horticulture
européenne, transportés ici avec tant de
peine et de sacrifices, céderont leur place
aux anciens habitants de cette île, de sorte
que là où jadis une main habile taillait et
protégeait les Ptosiers Madame Moreau et
le Géant des Batailles, on ne verra bientôt
qu’un fouillis de plantes indigènes si épais,
que l’œil distinguera difficilement à quelle
plante il a affaire.
Alors les Loranthacées couvriront les ar-
bres exotiques d’ornement ; les Ficus reli-
giosa et autres prendront la place des Zin-
nia et des Verveines, etc., jusqu’à ce que,
dominés à leur tour par des Aristolochia
gigantesques et par d’autres lianes non moins
envahissantes, ces brillants étrangers dispa-
raîtront, laissant la place aux Orchidées et
aux Mousses, qui s’engraisseront de leurs
débris ! Partout la lutte pour l’existence :
le faible tombera sous le fort.
Les personnes qui n’ont jamais vu la
végétation tropicale ne peuvent s’en faire
une idée. On a beau nettoyer un jardin ; à
peine si le jardinier a terminé son travail,
que les mauvaises herbes renaissent de plus
belle et semblent se moquer de ses ef-
forts.
RÉGIONS PEU CONNUES DU SUD-EST A JAVA.
305
Dans un des jardins de Pasjirian, j’ai vu
un Saule pleureur, probablement le seul
exemplaire qui se trouve dans ces contrées
(du moins je n’en ai jamais rencontré d’au-
tres, même à Java). Il est vigoureux et
semble se plaire sous ce climat.
C’est en vain que j’ai cherché à voir
dans les environs les Arenga obtusifolia,
Mart., et les Licuala peltata^ Pmxb., Pal-
miers qui se trouvent en grande quantité
sur le littoral de la côte sud-est, et qu’on
n’a jamais rencontrés sur la côte septentrio-
nale. Il esta désirer qu’on les y introduise,
parce qu’ils rendraient là de grands ser-
vices par les nombreux usages qu’on peut
en faire. Ainsi, avec les Bambous, les Impe-
rata arundinacea et la corde noire confec-
tionnée avec les fibres qvd protègent les
jeunes feuilles de V Arenga saccharifera, on
constitue tous les matériaux à l’aide desquels
on établit les grands hangars qui servent
de séchoirs pour le Tabac. Ces hangars
mesurent parfois 250 mètres de longueur
et plus, sur une trentaine de mètres de lar-
geur, et reposent sur des piliers d’Arej'iga
et de Licuala. Ces Palmiers ont l’avantage
d’être très-droits et assez durs pour ne
pas craindre l’attaque des insectes et des
rongeurs, très-nombreux sous ce climat.
Quoique le Licuala peltata soit le plus
droit et le plus long des deux, V Arenga
obtusifolia lui est préféré, à cause de sa
plus grande durée.
C’est à Pasjirian que, pour la première
fois, je vis manger les feuilles du Cycas
circinalisy Linn. Apprêtées comme les Sal-
sifis, elles forment un très-bon plat.
Jusqu’au vil âge que je viens de nommer,
nous avons pu faire le voyage en voiture ;
mais pour aller plus loin, vers l’ouest, il
nous fallut monter à cheval. Traversant les
jardins de Caféiers du gouvernement, nous
atteignîmes après quelques heures démar-
ché le village de Tjan^lie, où l’on trouve un
antique temple hindou tombé en ruine, et
tellement couvert de toute espèce de plantes
qu’on ne le voit presque pas.
De Tjandie, le chemin nous conduisit au
hameau de Kebou-Agooug (littéralement
Grand jardin), dernier lieu habité, si on
ne compte pas les quelques huttes dissémi-
nées à de grandes distances l’une de l’autre
dans le désert, formé de splendides forêts.
Quoique le sentier qui conduit de Tjandie
à Kebou-Agooug eût été dégagé exprès pour [
nous et rendu à peu près praticable, nous
rencontrâmes beaucoup de difficultés avant
d’arriver au hameau. Ici c’étaient les Bam-
bous inclinés sur le chemin qui nous dispu-
taient le passage ; là les feuilles des Dæmoyio-
rops Draco accrochaient nos vêtements au
moyen de leurs épines recourbées, tandis
qu’un peu plus loin le passage était barré
par de gros arbres couchés par le vent. Les
voyageurs qui pour la première fois se trou-
vent dans une forêt vierge de Java sont
constamment surpris de voir la luxuriante
végétation de ces localités et de la grande
quantité d’arbres déracinés que l’on y voit.
En effet, les sentiers, étroits et serpentant
en innombrables méandres, qui servent de
communication entre les deux hameaux
semblent se représenter constamment aux
yeux du voyageur, comme pour le harceler
et lui faire payer sa témérité. J’attribue ces
fréquents déracinements d’arbres à la grande
quantité d’humus dont se compose le sol,
dans lequel les racines ne peuvent trouver
la résistance dont elles ont besoin. Sur
la lisière des défrichements, ces grandes
scènes de désolation sont encore plus
fréquentes, car là les arbres manquent
de l’abri qu’ils trouvent au milieu de la
forêt.
De Kebou-Agooug, situé à 250 mètres au-
dessus du niveau de la mer, nous conti-
nuâmes à pied le voyage vers le nord. Le
sentier avait une pente rapide, et nous arri-
vâmes bientôt, à travers la forêt, à un des
sommets du mont Foengangaid.
Accablés par la chaleur, fatigués et sans
boisson, nous tâchions de calmer notre soif
à l’aide de plantes qui se trouvaient sur
notre passage, telles que rhizomes de diver-
ses espèces de Zingibéracées, centre ou cœur
des Bananiers sauvages {Musa simiarum,
Bumphius). C’était en vain: ni les uns ni
les autres ne pouvaient apaiser notre soif.
Bientôt cependant nous trouvâmes de
grandes quantités de Costus speciosus,
Smitli , qui nous rafraîchissaient mieux.
Cette jolie plante au port excentrique, dont
la lige s’élève en spirale, est très-fréquem-
ment usitée dans la médecine domestique.
Si nous avions eu à notre disposition des
Bambusa Apus, Schlr., nous n’aurions pas
été si altérés, car ce Bambou contient pres-
(jue toujours entre ses nœuds une eau
très -bonne à boire, qui n’est autre qu’une
accumulation de sève. Malheureusement,
306
VAPORISATEUR LANDRY.
cette espèce, de même que les autres de ce
genre, faisait complètement défaut.
Au sommet du Tœgaugaw, qui s’élève à
environ 600 mètres, on jouit de la plus belle
vue que l’on puisse imaginer ; un panorama
aussi grandiose qu’étendu se développe, et
la vue ne s’arrête que sur un horizon illi-
mité, qui semble confondre le ciel et la
terre. A nos pieds nous avions, dans le loin-
tain, l’océan Pacifique, marquant d’un ruban
argenté ses nombreux brisants. La côte
escarpée n’offre, dans ces parages, aucun
abri aux navires surpris par la tempête.
Après avoir à notre aise contemplé ce spec-
tacle imposant nous continuâmes notre
marche, tantôt en gravissant les difl’érents
sommets, tantôt descendant dans de pro-
fondes vallées, en suivant toujours le sen-
tier, qui était à peine visible et obstrué par
toutes sortes d’obstacles. Enfin nous attei-
gnîmes le but, et nos efibrts furent cou-
ronnés de succès : devant nous, la hutte
la plus avancée dans la forêt, liabitée par
une famille de Tiang-Dérèsje. Les Tiang-
Dérèsje sont gens c( sans peur, » et leur
métier est l’exploitation des Arenga sac-
char i fera ; matin et soir ils recueillent la
sève de ce Palmier et ensuite la transfor-
ment en sucre.
La végétation de ces parages est d’une
puissance et d’une beauté inimaginables.
Les eaux limpides des ruisseaux sans nom-
bre entretiennent la vie de milliers de
Fougères toutes plus belles et plus gra-
cieuses les unes que les autres, et parmi
lesquelles les espèces arborescentes sem-
blent trôner par leur stipe élancé et droit,
couronné par un dôme de feuilles d’une
majestueuse élégance. L’atmosphère hu-
mide fait qu’un grand nombre d’Orchi-
dées, de Mousses et de plantes terrestres
ou épiphytes diverses vivent très -bien.
D’autre part, la terre, éminemment fertile,
donne naissance à une foule de plantes de
différentes familles , dont l’énumération
seule remplirait plusieurs pages. Ici les
Pleciocomia elongata^ les Dcmnonorops
DracOy et beaucoup d’autres rotins formaient
une barrière infi’anchissable, et élevaient
leurs têtes à des centaines de pieds de hau-
teur en s’accrochant aux Artocarpus incisa.
Là c’étaient différentes espèces d’Areca,
dont les spadices de couleur corail capti-
vaient nos regards. Je remarquai aussi des
quantités considérables de Bégoniacées, de
Draccena et de Zingibéracées, et parmi
ces dernières le joli Hedychium corona-
riuMj Kœnig, à fleurs blanches et jaunes.
Dans quelques endroits, le tronc de presque
tous les arbres était couvert d’une Pandanée
grimpante dont les feuilles n’avaient , pas
plus de 25 centimètres de longueur. A l’aide
de racines adventices, cette espèce s’élevait
jusqu’à 25 mètres et plus de hauteur. Je
n’ai vu ce Pandanus sur aucune autre
montagne de notre belle île, et je regrette
beaucoup que, parmi la quantité innom-
brable qui se trouvait là, il n’y eût aucun
individu en fleurs.
A côté de la hutte des indigènes dont j’ai
parlé, il y avait plusieurs pieds de Cannes
à sucre qui prospéraient à merveille ; sur
quelques touffes, je comptai plus de vingt-
cinq tiges. Jusque-là je n’avais encore vu
nulle part la Canne à sucre croître à une
si grande hauteur au-dessus du niveau de
la mer.
F. DE Rijk.
VAPORISATEUR LANDRY
Commençons par dire qu’il s’agit de la
destruction des insectes au moyen de la
vapeur de nicotine, que l’instrument dont
il s’agit, le vaporisateur Landry, est destiné
à produire.
C’est à M. Boizard, jardinier de la
baronne de Rothschild, à Paris, que revient
l’idée première de l’emploi de cette subs-
tance insecticide, dont l’efficacité est incon-
testable. Le procédé est des plus simples,
puisqu’il suffit de chauffer fortement de la
nicotine pour l’amener à l’état de vapeur.
Un simple réchaud avec un vase quel-
conque, en fer, en terre, en cuivre, etc.,
dans lequel on met de la nicotine, suffisent.
Néanmoins, ces choses ne sont pas telle-
ment indifférentes, qu’il n’y ait pas lieu
d’employer plutôt l’un que l’autre.
M. Landry, horticulteur, 92, rue de la
Glacière, qui, depuis l’invention de M. Boi-
zard, s’est occupé de cette question et qui
a constamment fait des essais pour arriver
à la résoudre pratiquement et le plus éco-
nomiquement possible, est arrivé à un très-
VAPORTSA-TEUR LANDRY.
307
Lon résultat et, après bien des tâtonne-
ments, il s’est arrêté à un très-bon instru-
ment, approprié à l’usage auquel il est
destiné et dont voici une description très-
exacte, faite par M. Landry lui-même :
(( Get appareil (fig. 55) se compose de
trois pièces principales qui sont : 1» le four-
neau ; 2® la lampe ou réchaud ; 3» le réci-
pient ou bouilleur. Le fourneau, qui a 1 8 cen-
timètres de large sur 30 centimètres de haut,
est en tôle douce et de forme cylindrique ;
une plaque de même métal en forme la
base et sert d’assise à la lampe. Dans le
corps du cylindre et sur l’un des côtés est
ménagée une ouverture pour introduire la
lampe et faciliter la manœuvre du modéra-
teur. Sur les côtés sont fixées deux petites
poignées pour trans-
porter l’appareil ;
elles sont recou-
vertes d’une sorte
d’étui en bois, afin
que l’on ne puisse se
brûler quand l’ap-
pareil fonctionne et
qu’il faut le changer
de place. La lampe
est en métal blanc
et à modérateur, on
l’alimente à l’esprit
de bois.
(( Le récipient ou
bouilleur destiné à
contenir la nicotine
est en cuivre rouge ;
il est de forme sphé-
rique, composé de
deux pièces agrafées
et soudées ensemble ; un petit rebord fai-
sant une saillie de 5 millimètres est.mé- ,
nagé à l’endroit de l’assemblage, de sorte j
que, posé sur le haut du fourneau, la
moitié du bouilleur entre dedans et se
trouve, par sa base, à la hauteur néces-
saire pour être en rapport avec la flamme
de la lampe. A la partie supérieure existe
un orifice pour l’introduction du liquide,
lequel orifice peut se fermer au moyen
d’une vis-bouchon en cuivre jaune ou tout
simplement par un bouchon de liège, ce
qui est tout aussi bon et plus économique.
Tout auprès se trouve le tube d’échap-
pement pour la vapeur, auquel, au be-
soin, on adapte un tuyau en caoutchouc
variant de 80 centimètres à 1 mèlre de
longueur et même plus, suivant la distance
que doit parcourir la vapeur. A l’autre
extrémité du caoutchouc, on peut fixer une
douille en cuivre de quelques centimètres
de long pour en faciliter l’introduction, soit
dans les coffres, soit dans les vitrines dont
on dispose, et où sont placées les plantes
à traiter.
« La capacité réelle du bouilleur est de
2 litres 75 centilitres ; mais, pour qu’il
fonctionne bien, il ne faut guère mettre
plus d’un litre de nicotine ; vingt minutes
suffisent pour mettre celle-ci en vapeur, et
la dépense par heure est d’environ 30 cen-
tilitres de liquide. La lampe, d’une conte-
nance de 50 centilitres, dépense à l’heure
12 centilitres environ d’esprit de bois ; il
suffit, quand le
tout fonctionne bien,
d’un quart d’heure
pour remplir de va-
peur une vitrine
cubant un mètre. »
Il va sans dire
que cet appareil n’a
rien d’absolu dans
sa forme ni dans ses
dimensions, puis-
que, tout réchaud,
de même que tout
vase qui va sur le
feu, peuvent être
employés. Mais f ins-
trument que nous
venons de décrire,
remplit les condi-
tions les plus avan-
tageuses pour opérer
la vaporisation de la nicotine. »
Il nous reste à parler de son usage, c’est-
à-dire à indiquer la manière de procéder
pour arriver à de bons résultats.
Notons d’abord, bien que la vapeur de
nicotine ne puisse altérer en aucune façon
les tissus, même ceux des fleurs les plus
délicates, qu’il est bon de couper la nicotine
par moitié au moins avec de Teau. D’abord
il y a économie ; puis les vapeurs de nico-
tine et d’eau, en se combinant, agissent
presque aussi énergiquement sur les in-
sectes et ne peuvent nuire en quoi que ce
soit à la végétation. D’autre part, comme en
s’échauffant l’eau a toujours plus de ten-
dance à s’évaporer que la nicotine qui est
plus dense, il s’ensuit que le liquide tend
Fig. 55. — Vaporisateur Landry, au 1/8 d’exécution.
308
LES COLUMNEA.
toujours à épaissir; il faut donc, avec une
baguette, agiter de temps en temps le
liquide du récipient et y ajouter un peu
d’eau, s’il en est besoin. Faute de prendre
ces pr-écautions, au lieu d’une vapeur
aqueuse, on obtient de la vapeur charbon-
neuse, surchauflée, qui, alors, pourrait fati-
guer les plantes.
Les fumigations ou plutôt les vaporisa-
tions sont de deux sortes : préventives ou
hygiéniques, c’est-à-rlire faites de temps à
autre (tous les huit jours ou tous les quinze
jours, suivant le besoin), et curatives,
lorsqu’il y a beaucoup d’insectes à détruire
et, dans ce cas, il est bon de répéter fré-
quemment l’opération, soit de douze à
vingt-quatre heures d’iut»^rvalle. En géné-
ral, il vaut mieux répéter plus souvent
l’opération et que celle-ci soit plus légère.
Chaque fois qu’on a (( vaporisé » une
serre, il faut, quelques heures après que
l’effet est produit, bassiner les plantes avec
de l’eau froide, en ménageant toutefois les
fleurs qui pourraient en souffrir.
Ce qui vient d’être dit s’entend des opé-
rations générales, c’est-à-dire pour les cas
où l’on veut vaporiser toute une serre.
Mais, comme il arrive fréquemment que
certaines plantes seulement sont attaquées
LES CC
Ces belles Gesnériacées ont reçu leur nom
générique en l’honneur de Fabio Colonna
{Fabius Columna), savant botaniste né à
Naples, 15G7.
On connaissait depuis longtemps quelques
Columnea; mais les plus belles espèces sont
d’importation plus récente.
Le calyce des (jolumnea, dit M. J. Peters
dans l’arlicle de \ lllustrierte Monatshefte,
dont nous donnons ci-joint la tiaduction (1),
est monopétale, à cinq divisions profondé-
ment entaillées. La corolle est tubulaire, et
à double limbe. Le limbe extérieur est al-
longé et recoui’bé, le limbe intérieur [)lus
court et à trois divisions. Le fruit, en forme
de baie, est divisé en deux loges qui con-
tiennent une grande quantité de graines.
De même que les Atloplectus, les Æschy-
nanthus et la plupart des Gesnériacées, les
Columnea, dans leur pays natal, c’e-^t-à-
dire dans l’Atnérique ineridionale et cen-
(l) lllust. mouatscli., 18^3, p. '1^29.
par des insectes, il va de soi que celles-ci
seules ont besoin d’être traitées.
Il convient donc d’avoir une vitrine, fer-
mant ^ hermétiquement, plus ou moins
grande en raison des végétaux à traiter,
dans laquelle on apporte les individus ma-
lades, et où on les soumet à un régime par-
ticulier en rapport avec leur affection, abso-
lument comme dans une clinique ou un
hôpital il y a une pièce réservée pour les
opérations des maladies spéciales.
C’est dans ces cas particuliers, ou bien
quand il s’agit d’opérer dans des coffres,
que le tube en caoutchouc du vaporisateur
est nécessaire ; on l’introduit alors par une
petite ouverture placée au bas de la vitrine
ou sur l’un des côtés des coffres, ouverture
que l’on ouvre et ferme au besoin avec un
tampon de mousse, un bouchon de liège, etc.
Dans toute autre occasion, c’est -à-dire quand
il s’agit d’une opération générale, le tube
en caoutchouc n’est pas nécessaire ;'il suffit
de placer le vaporisateur dans une partie
quelconque de la serre, et, si celle-ci est
grande, de le changer de temps à autre,
de manière à régulariser l’opération et que
toutes les parties soient également satu-
l'ées.
E.-A. Carrière.
traie, croissent de préférence au milieu des
forêts, dans les endroits humides et peu
exposés au soleil, se développant au pied
des arbres et s’enlaçant autour de leurs
branches, sur lesquelles ils développent des
racines.
Sous nos climats, ce sont des plantes de
serre chaude ou tempérée.
Leur culture est facile, soit en pot, soit
en pleine terre. Certaines espèces, à tiges
vigoureuses et flexibles, peuvent être palis-
sées et prendre diverses formes ; d’autres,
au contraire, se développant peu, peuvent,
à l’aide de qutdques pincements, rester en
fortne de boules. Les Columnea doivent
toujours être soutenus par de petites
baguettes.
■ Le sol qui leur convient le mieux est une
terre sablonneuse, avec du terreau de feuilles,
de la terre tourbeuse, et aussi quelques
morceaux de bois décomposé et de chaibon
de bois. Les pots doivent toujours être rela--*
I.ES COLUMNEA.
309
tivement de petite dimension, et bien drai-
nés.
Les Columnea, pendant leur période de
végétation, demandent de la chaleur humide
et de l’ombre. Alors que les nouvelles
pousses ont fini leur développement, on laisse
les plantes se’ reposer et on leur donne
moins d’humidité. La multiplication se fait
aisément par boutures, mais toujours à
l’aide de la chaleur humide.
Voici la courte description de quelques-
unes des meilleures espèces :
C. aurantiaca, Dcsne. Introduit en 1843
de la Nouvelle Grenade. Feuilles opposées,
à pétioles courts, allongées-lancéolées-poin-
tues. Fleurs à longs pédoncules recourbés,
se développant à l’aisselle des feuilles. Ces
fleurs, grandes, tubuleuses, sont d’un jaune
orangé vif uniforme.
C. erythrophœa, Dcsne. Plante mexi-
caine, introduite en 1858. Espèce des plus
jolies et très-florifère. Feuilles ovales, d’un
vert foncé. Fleurs rouge vif, apparaissant
surtout en hiver. Pour obtenir de forts spé-
cimens bien fleuris, il est nécessaire, aussi-
tôt que les plantes montrent de nouvelles
pousses suffisamment développées, de les
mettre dans un endroit frais, afin d’arrêter
la végétation, sans quoi ces plantes pousse-
raient trop vigoureusement, et ne donne-
raient que des fleurs petites et peu nom-
breuses. Vers le 15 septembre, on rentre
les pieds en serre chaude et on les laisse
pendant quelque temps exposés au soleil.
La floraison commence bientôt, et, quand
elle est terminée, en mars, on rempote ces
Columnea, on les taille et on les met en
serre chaude, pour que le développement
des nouvelles pousses ait lieu.
C. hirsuta, Sw. (Antilles). Arbuste de
1 mètre à 50, grimpant, à tige faible.
Feuilles ovales, pointues et velues. Fleurs
rouge pâle et rouge écarlate, couvertes de
poils.
C. rutilans, Sw. (Antilles.) Introduit en
1823. Tiges ligneuses, peu grimpantes.
Feuilles velues, longues, ovales-lancéolées,
à pétioles assez longs, leur face inférieure
est colorée de rouge. Fleurs velues, de cou-
leur orange, se développant isolément ou
par trois à l’aisselle des feuilles.
C. scandens, L. (C. rotundifolia, Salisb.)
(Guyane, Antilles). Tiges faibles, ram-
pantes. Feuilles nombreuses, ovales-acu-
minées. Fleurs d’un rouge écarlate, très
velues, se développant isolément à l’aisselle
des feuilles. Cette espèce, lorsqu’elle est
bien cultivée, se prête facilement à la gar-
niture de grands vases et suspensions.
C. ScJiiedeana, Schlecht. (Mexique).
Espèce presque abandonnée, quoiqu’elle
soit une des plus jolies. Hauteur 50
à 2 mètres. Feuilles allongées, rouges en
dessous. Fleurs jaunes, longuement pédon-
culées, couvertes de taches brun rouge.
Plante de serre tempérée, d’une vigueur
moyenne.
C. crassi folia, Bron^xï. (Caracas). Fleurs
luisantes, d’un rouge écarlate.
C. ovata, Gav. (Vénézuéla). Fleurs rouge
écarlate, couvertes de poils blancs.
C. pilosa, Lem. (C. aureo-nitens ,
Hook). (Colombie). Très-belle espèce à fleurs
jaunes, couverte de poils.
Ajoutons à la liste donnée ci-dessus par
M. Peters, le C. Kalbreyeri, Hook. f.,
belle espèce récemment introduite de la pro-
vince d’Antioquia (Colombie), par M. Kal-
breyer, qui l’a envoyée à MM. Veitch, et
figurée dans le Botanical Majazine (1).
Très-belle espèce, à tiges courtes, q.uel-
quefois ligneuses, cylindriques. Feuilles ses-
siles, longues, d’un vert foncé, éclairées par
places de taches d’un vert gai. Ces feuil-
les, à leur face inférieure, sont rouge vio-
lacé. Fleurs velues, d’un jaune vif, mar-
quées longitudinalement par des lignes
orange. Plante très-ornementale.
Les Columnea sont des Gesnériacées
aussi étranges que belles. Nous avons eu
bien souvent la bonne fortune de les admi-
rer dans les forêts vierges de la zone équa-
toriale. Un petit nombre d’espèces seulement
sont connues des botanistes, et c’est par
douzaines qq’il faudrait introduire celles qui
pourraient jouer un rôle ornemental dans
nos serres. Nous aurons occasion de parler
prochainement de cet admirable genre en
traitant de la collection des espèces que
nous avons récoltées dans la Nouvelle Gre-
nade et dans l’Ecuador.
Ed. André.
(1) V. Botanical Magazine, 1882, tab. 6633.
310
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’IIORTIGULTURE DE FRANCE.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’IIORTICULTÜRE DE FRANCE
SÉANCE DU 14 JUIN 1883
Réunion très-intéressante , nombreux ap-
ports, tant au Comité de culture potagère
qu’à celui de tloriculture.
Au comité de culture ]iotagère^ présenta-
tions : Par MM. Gliantrier frères, horticulteurs
à Mortefontaine, quelques pieds de Fraisiers
des Quatre-Saisons, de semis, réunissant toutes
les qualités désirables. — Par M. Bertaud, de
Piungis: plusieurs tètes d’Artichaut de Laon,
très-bonne variété à tôles larges, bien faites,
bien développées, de production abondante ;
2» des Fraises de la variété Docteur Morère,
d’un remarquable développement ; 3^ des
fi'uits presque mûrs de l’Aubergine violette à
'petit fruit ; 4» un pied de Tomate rouge hâ-
tive, qui, cultivé en pleine terre, portait déjà,
avec plusieurs fruits encore verts, un autre
fruit arrivé à maturité. — Par M. Forgeot,
marchand-grainier, quai de la Mégisserie :
1“ Des Pois, bons à manger, des variétés
Express, Orgueil du Marché et Stratagème ;
ces échantillons démonti-aient la liâtiveté de
ces variétés, ainsi que leur gi'ande production.
2*^ Deux pieds de Romaine Ballon, variété peu
liàtive, mais très-vigoureuse. 3» Des pieds de
llarkot Flageolet beurre, couveids de gousses
])resque mûres. Ces gousses atteignaient jus-
({u’à i8 et 20 centimètres de longueur. 4» Des
])ieds de Haricot nain du Mont-Dore, variété
très-recommandable pour la culture sous châs-
sis. 5® Enfin, des Haricots Bonnemain. —
Par M. Dybowski, répétiteur d’horticulture gé-
nérale à l’Institut agronomique de Grignon :
1® Un paquet de racines de Bardayie du Japon,
])rovenant de semis faits fin mars dernier, sur
vieille couche. Ges racines, de la grosseur de
Salsifis très-développés, sont, on le sait, comes-
tibles, et M. Dybowski espère que la production
en sera possible toute l’année. 2» Un paquet
de racines de Smyrnium Olusatrum, ombelli-
fère indigène à racines charnues, qui a été
(‘ultivée anciennement, puis abandonnée, bien
({u’elle offre, suivant M. Dybowski, de sérieux
avantages. Les racines présentées proviennent
de semis faits fin mars sur couche froide, à
l’aide de graines reçues de Turquie. Le présen-
tateur, qui a dégusté ces racines, affirme que,
blanchies et cuites ensuite avec de la viande,
ou • simplement frites, elles sont farineuses,
et ont un goût très-agréable, ressemblant à
celui d’une Pomme de terre bien cuite. — Par
M. Boulant : 1» Un Pois nain, innommé, et
réunissant des qualités qui, croyons-nous, le
rendront recommandable. 2® Des Pommes de
terre Quarantaine (jui, plantées le 27 mars
dernier, étaient déjà bien développées, mesu-
rant 7 centimètres de longueur sur 3 centi-
mètres de largeur. 3® Une Fraise des Quatre-
Saisons obtenue de semis, très-grosse et très-
bonne. 4® Des Navets Tetlau de Berlin, variété
qui a été l’objet, l’année dernière, d’une com-
munication faite par M. A. Lavallée. Ges Na-
vets sont de bonne qualité; mais ils doivent être
mangés lorsqu’ils sont jeunes; en grossissant,
ils sont fortement attaqués par les vers. —
Par M. Yavin, des Fèves du Portugal. — Par
]M. Garnichon, des Fraisiers de semis.
Au comité de floriculture : Par M. Forgeot,
marchand-grainier, quai de la Mégisserie, Paris :
1® Une belle collection de Pieds-d’ Alouette
nains, à fleurs doubles, en pots ; coloris très-
vifs et très-variés, passant du blanc pur au
violet, au rouge foncé et au bleu, pàr toutes
les nuances intermédiaires. 2® Des fleurs cou-
})ées de Dahlias simples, jaune canari, rouge
pourpre, grenat, etc., d’une richesse de tons
admirable. — Par M. Naudin, horticulteur,
rue d’Alleray, Paris : 1® Un beau choix de Pé-
tunias doubles et simples, en Heurs coupées.
Ges Pétunias, à grandes fleurs, quelques-uns
frangés, étaient fort jolis, et de couleurs bien
variées. Ils dénotaient une culture entendue.
2® Deux Pétunias en pots. L’un (n® 41), à
fleur très-double, Rangée, rose légèrement
violacée; l’autre (n® 30), à fleur double, de
gi’andeur moyenne, blanc légèi’ement nuancé
de l'ose. — Par M. Dupanloup, marchand-
grainier, à Paris, une collection de Pensées
anglaises en fleurs coupées. Bonne cultui’e,
jolis coloris. — Par M. Précy, amateur ; un
pied de Phyllocactus Hookeyû, poiiant une
belle Heur blanche, légèrement teintéedejaune.
Plante à floraison magnifique. — Par M. Bleu,
horticulteur-amateur, avenue d’Italie, Paris :
des pieds fleuris de deux belles Orchidées :
1® du Cattleya Sanderiana, à grandes fleurs
roses marquées de blanc, haute nouveauté an-
glaise, qui fleurit pour la première fois en
France; 2® de ïOncidium pulvinatum, espèce
bien connue, mais représentée par un bel exem-
plaire, portant une hampe haute de l‘« 50, et
couverte de fleurs jaunes tachées de brun. —
Par M. Duval, h rticulteur à Versailles : un
Vyûesea psittacina Mory^eniana, jolie variété
récemment décrite. Le pied présenté portait
deux inflorescences, dont une axillaire. — Par
M. Brot-Delahaye, marchand-grainier, à Paris :
très-belle collection d’Œillets MigyiayMise à
fleurs doubles et très-doubles, coloris variés. —
Par M. Rigault: un bouquet d’Alstrœmèi-es, dé-
BÉGONIA HYBRIDE VICTOR LEMOINE.
311
notant une bonne culture» — Par la Compa-
gnie continentale d’horticulture de G and : Le
DieffenbacJda magnifica, déjà exposé à Gand
et à Paris, Aroïdée à feuilles vertes tachées
de blanc, et le Cattleya nobüior, Orchidée à
(leur rose violacé, récemment décrite. — Par
M. Godefroy-Lebœuf, horticulteur à Argen-
teuil : un pied fleuri de Pingnicula caudatcd
à feuilles charnues, rosulantes, à fleurs rose
vif violacé, tachées de blanc et garnies d’un
éperon verdâtre ; jolie espèce mexicaine de serre
froide.
BÉGONIA HYBRIDE VICTOR LEMOINE
Aujourd’hui que la belle famille des Bé-
gouiacées prête., à la décoration de nos ser-
res et de nos jardins, un si grand nombre
de ses intéressants sujets, il ne sera peut-
être pas sans intérêt, pour les lecteurs de la
Revue, de connaître un des meilleurs
moyens de conservation et de culture de la
jolie recrue que nous devons, m’a-t-on as-
suré, à rétablissement Schmidt, de Lyon. (1)
Le Bégonia Victor Lemoine, dont je veux
parler, est un vrai bijou horticole pour for-
mer les bordures de corbeilles de fleurs ou
des massifs entiers bordés de blanc ou de
bleu pâle. Il ne s’élève pas à plus de 25
à 30 centimètres de hauteur; son feuil-
lage est d’un vert gai et très-dense; quant
à ses jolies fleurs, très-nomlireuses et
formant boule, elles se succèdent de juin
en octobre et sont d’un coloris rouge gro-
seille très-vif. Ce précieux auxiliaire de
la décoration de nos parterres, une fois
livré à la pleine terre de nos massifs, est
très-rustique et résiste très-bien aux ar-
deurs du soleil, quoiqu’il soit préférable de
le placer à mi-ombre ; et je ne connais
aucune plante d’ornement qui puisse le
surpasser comme durée et comme abon-
dance de floraison. Pourquoi donc est-il si
rare dans nos jardins? Parce qu’il est né
mulet, issu de deux types distincts ; qu’il ne
peut se reproduire de semence, et que ces
anomalies sont toujours difficiles à conser-
ver. Malgré cet inconvénient, voici les
moyens de culture et de conservation que
j’ai employés jusqu’à ce jour et qui m’ont
toujours donné satisfaction.
Admettant que nous ayons réussi à hiver-
ner, en bonne serre tempérée, près du
verre, quelques potées de B. hybrida Victor
Lemoine, au mois de mars, je rabats les
plantes, les change de terre et les passe
dans la serre à multiplication, près du verre,
où elles ne tardent pas à pousser vigoureu-
(1) Voir, pour la description et l’origine de cette
espèce. Revue horticole, 1881, p. 445.
sement de nouvelles tiges que l’on bouture
lorsqu’elles ont de quatre à six feuilles. Le
bouturage se fait en terrines, que Ton choi-
sit carrées pour perdre moins de place sur
les tablettes où sont les châssis à boutu-
rages; la terre employée est du terreau de
bruyère ou de feuilles, additionné de sable
siliceux» Au bout de douze à quinze jours,
les boutures sont suffisamment enracinées
pour être mises en godets de 8 centi-
mètres, que l'on devra replacer quelques
jours encore à la chaleur, en ayant bien soin
de surveiller l’ennemi, qui est le puceron,
et de s’en débarrasser par des fumigations
lorsque les plantes sont sous châssis , ou
par l’évaporation du jus de tabac dans le
milieu ambiant des serres 'ou bâches, ce
qui est moins nuisible aux plantes et plus
désastreux pour les insectes. Lorsque ces
jeunes plantes seront bien reprises, on de-
vra les placer sur les tablettes de la serre
tempérée, près du verre, en les isolant au-
tant que possible des sujets susceptibles de
prendre les insectes. Aussitôt l’arrivée des
beaux jours on préparera des couches sur
lesquelles on enterrera toutes ces plantes, en
leur donnant de l’air petit à petit; alors elles
commencent à fleurir, deviennent robustes
et ne craignent plus rien. Vers la fin de
mai, on pourra les livrer à la pleine terre
des corbeilles où elles continueront à don-
ner des profusions de fleurs jusqu’aux
gelées.
Au lieu de livrer toutes les plantes à la
pleine terre, j’en réserve un certain nombre
en pots de 15 à 20 centimètres, que je place
dehors à mi-ombre, enterrées dans du
sablon. Dans les premiers jours de juillet,
je « rabats » ces plantes en leur enlevant
tous les rameaux fleuris, et je les mets à
la chaleur, en ayant soin de renouveler leur
terre, si cela est nécessaire. Au bout de
quinze jours à trois semaines, les plantes,
ainsi traitées , peuvent donner de belles
boutures que je fais comme je l’ai indiqué
312
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
ci-dessus, et lors'qu’elles sont bien enraci-
nées, je les mets en godets de 9 centimè-
tres que je place quelque temps sous châs-
sis, près du verre. Ce sont ces sujets qui
devront être conservés en serre tempérée
placés près du jour et isolés des plantes
qui prennent facilement le puceron.
L’année dernière, à l’entrée de l’hiver,
en arrachant les milliers de pieds que j’a-
vais livrés à la pleine terre des massifs du
palais de Fontainebleau, j’ai remarqué
que bon nombre d’entre eux avaient des
renflements très-accentués analogues à des
tubercules ; ce qui ne peut surprendre, puis-
qu’un des parents de ce Bégonia est tubé-
reux. Je me promets d’en essayer la con-
servation, et d’en rendre compte en temps
utile.
Louis Neumann,
Jardinier en chef au Palais de Compiègne.
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS
Prune Quetsche de Létricourt. — Fruit
très-gros, en forme de Quetsche, jaunâtre,
à chair jaunâtre, bien sucrée, de toute
première qualité. Arbre très-fertile. —
Trouvée par M. Alix, arboriculteur à
Nancy, dans une localité du département
de Meurthe-et-Moselle (France). (O. Thomas,
l. c., p. 165.)
Les échantillons de cette espèce, d’ori-
gine authentique, que nous avons étudiés
nous ont présenté les caractères suivants :
Fruit éti'oitement elliptique, d’environ
55 millimètres’ de loogueur sur 38 de lar-
geur dans le plus grand diamètre, atténué
aux deux bouts, mais ordinairement plus
au sommet, qui est pat fois presque pointu,
souvent profondément sillonné d’un côté
seulement. Queue ténue, d’environ 2 centi-
mètres, inséi’ée à fleur du fruit. Peau jaune
herbacé, parfois lavée ou maculée rougeâtre,
très-légèrement pruineuse à la maturité du
fruit. Chair très-légèrement adhérente,
dense, consistante, jaunâtre pâle, très-ju-
teuse, sucrée, d’une saveur assez agréable.
Noyau osseux, lonjuement atténué en pointe
au sommetj tronqué à la base, roux pâle,
présentant ordinairement des saillies lon-
gitudinales assez marquées. — Maturité,
deuxième quinzaine de septembre.
La Questche de Létricourt nous paraît
très-propre à la préparation des Pruneaux.
Prune d'automne de Schamal (?). —
Fruit énorme, atteignant jusqu’à 6 centi-
mètres de long sur 5 centimètres et plus de
largeur, obovale, très-sensiblement atténué
vers la queue et rappelant assez la Prune
Pond' s Seedling par sa forme et sa couleur,
souvent un peu inéquilatéral, comme tron-
qué au sommet. Peau rouge foncé vio-
lacé, légèrement pruineuse à la maturité
du fruit Queue forte, relativement courte,
très-solidement attachée dans une très-
petite cavité qu’elle remplit, entraînant avec
elle, quand on l’arrache, une partie cir-
culaire qui semble être une dilatation ou
expansion du pédoncule (queue). Chair
non adhérente, bientôt molle, bien que
consistante, d’un jaune pâle tendre, d’une
saveur toute particulière rappelant un peu
celle d’Abricot, laissant au palais une im-
pression légèrement aigrelette. Noyau roux
cendré, sensiblement obovale, très longue-
ment atténué en pointe à la base, renflé
sur les faces, qui sont unies, largement et
courtement arrondi au sommet. Très-gros,
beau et assez bon fruit, mûrissant deuxième
quinzaine de septembre.
c( Fruit gros ou très-gros, en forme de
Poire, rouge violacé, à chair jaunâtre. —
Maturité fin de septembre. Arbre vigou-
reux dans sa jeunesse, ensuite de bonne
fertilité. Beau fruit. » (O. Thomas, Guide,
etc., p. 161.)
POMONA.
lmp. Georges Jacob, — Orléans.
CMONIQUE HORTICOLE
Le temps. — Après une période de
sécheresse et de chaleur tout à fait excep-
tionnelle — presque caniculaire — pendant
une grande partie du mois de mai et le
commencement de juin, tout à coup le
8 juin une forte pluie est survenue et la tem-
pérature s’est abaissée considérablement.
Depuis, les jours souvent sombres et froids
accompagnés, de temps à autre, par des
pluies, nuisaient considérablement à la végé-
tation; la Vigne surtout qui n’était déjà pas
en avance fleurissait difficilement, de sorte
que la coulure est fort à craindre. Les temps
paraissent changés et au lieu du proverbe
« frais mai, chaud juin, amènent pain et
vin D qu’invoquaient nos pères en général,
nous avons l’inverse, c’est-à-dire de la séche-
resse en mai et des pluies relativement
froides en juin, ce qui produit des résultats
bien différents.
Cependant à partir du 24 juin, le beau
temps et la chaleur sont revenus et font
renaître l’espoir. L’apparence des récoltes
est bonne presque partout et donne les
meilleures espérances.
Encore les Wellingtonias et les
oiseaux. — Malgré que l’on ait trouvé
quelques exemples d’oiseaux nichant dans
ces arbres, ces exemples n’en sont pas moins
de rares exceptions, ainsi qu’il est facile de
s’en convaincre, si on les compare aux faits
contraires. Ce que nous allons rapporter le
prouve surabondamment. Voici ce que nous
écrit M. Philips-Thiollière, l’un des amateurs
qui sans aucun doute, en France, possède
la plus grande quantité de Wellingtonias :
....Il y a longtemps que je m’étais aperçu de
l’éloignement de lagenl volatile pour les Wel-
lingtonias, cela d’autant mieux, ainsi que vous
le savez, que personne peut-être en France, ne
possède de plus grandes quantités que moi de
ces arbres, et surtout d’aussi forts. J’en ai
mesuré dernièrement qui dépassent 22 mètres
de hauteur et dont la tige, près du sol, a plus
de 4 mètres de tour ; j’en possède des
groupes de 20 à 50 et plus, qui ont de 12 à
18 mètres. Eh bien! ni mes jardiniers, ni moi
n’avons jamais trouvé sur ces arbres aucun nid
d’oiseau ni même vu aucun oiseau s’y poser.
Et cependant les oiseaux de toutes sortes sont
nombreux chez moi où ils sont parfaitement
respectés. A quoi est dû cette répulsion? Est-
16 Juillet 1883.
ce à l’odeur si forte et si pénétrante que déga-
gent ces arbres, ou bien aux pointes si nom-
breuses et si acérées dont sont recouvertes
toutes les branches, même là où elles sont
dépourvues de feuilles? Je ne pourrais le dire.
Mais quelle que soit cette cause, il y a bien
longtemps que je l’avais remarquée, et aujour-
d’hui que l’attention est attirée sur ce fait sin-
gulier, j’ai cru devoir ajouter mon témoignage
à ceux que vous avez déjà enregistrés.
Nous remercions M. Philips-Thiollière de
son intéressante communication qui, en rai-
son des conditions si favorables où il se
trouve pour le nombre et la diversité des
oiseaux, apporte une preuve éclatante à
notre démonstration, en faisant encore
mieux ressortir l’aversion que les oiseaux
éprouvent pour les Wellingtonias.
Le Phylloxéra en Sardaigne. — Nous
lisons sur ce sujet, dans le numéro de juin
1883, de la Vigne américaine, que le
10 juin M. le chevalier de Rosavenda écri-
vait de Turin à M. Pulliat: « On vient de
découvrir le phylloxéra dans l’île de Sar-
daigne... » Par une autre lettre du 14,
M. Selleti confirme cette nouvelle, et il dit:
(( Le phylloxéra a été découvert par M. le
professeur Lubbi, sur vingttachesdifférentes.
On évalue l’étendue envahie à 15 ou 20 hec-
tares. »
On le voit, aucune des mesures prises —
et sous ce rapport l’Italie surtout s’est mon-
trée d’une sévérité cruelle — n’arrête la
marche du terrible puceron ; la retarde-t-
elle ? Il serait difficile de rien affirmer à ce
sujet. Quoi qu’il en soit, ces mesures rigou-
reuses font un tort considérable aux com-
munes. Ainsi il n’existe certainement pas
un pays où ces mesures aient été aussi
sévères qu’en Italie, et nous avons dit à
quoi cela a servi?
Bientôt, par suite de l’envahissement
universel des Vignes par le phylloxéra, les
mesures prohibitives tomberont d’elles-
mêmes. Déjà en France, beaucoup de loca-
lités, par suite de cet envahissement, jouis-
sent d’une liberté absolue, et tout récem-
ment certaines parties du département
de l’Aude, qui étaient fermées, ont été
ouvertes librement. Par un arrêté en date
du 23 juin 1883, l’introduction des plants
14
314
CHRONIQUE HORTICOLE.
de Vigne étrangère et des plants de Vigne
provenant d’arrondissements phylloxérés,
a été autorisée dans les arrondissements de
Limoux et de Castelnaudary.
A. quand les autres arrondissements? Les
arrondissements rendus à la liberté s’en
trouveront-ils plus mal ? On pourrait affir-
mer le contraire.
Concours d’horticulture à Saint-
Étienne. — Du 30 août au 2 septembre 4883,
la Société d’agriculture, industrie, sciences,
arts et belles-lettres du département de la
Loire, fera à Saint-Étienne une Exposition
d’horticulture générale, ainsi que des arts
et industries qui s’y rattachent.
Les demandes d’admission devront être
adressées à M. Maurice, secrétaire général,
rue de la Croix, 9, à Saint-Étienne,
avant le 15 août, et indiquer* la nature
des objets devant figurer à l’Exposition, et,
approximativement, l’emplacement qui sera
jugé nécessaire. Cette dernière disposi-
tion est importante, afin de permettre aux
organisateurs d’effectuer le placement des
objets.
Le jury se réunira le 30 août au matin.
Variations du Marronnier à fleurs
rouges. — Au sujet de la variété de Mar-
ronnier dont il a été parlé dans la chronique
du 16 juin de la Revue horticole, M. Bau-
mann, de Bolwiller (Alsace), nous adresse
les quelques observations suivantes :
« J’ai fait plusieurs semis de Marronniers
rouges et dans chacun j’ai obtenu des sujets
complètement differents du type de cette
espèce; et se rapprochant toujours des va-
riétés de Pavias ; presque tous avaient les
racines plus spongieuses que celles du Mar-
ronnier blanc. C’est pourquoi je crois que
le Marronnier rouge est une variété de Pa-
via, avec lequel, du reste, il a de nombreuses
ressemblances. »
Cette communication, bien qu’intéres-
sante, ne démontre qu’une chose : la
grande variation du Marronnier rouge; mais
rien quant à son origine qui, comme par le
passé, reste complètement inconnue. C’est
une lacune à combler.
Floraison d’un Agave Celsiana. —
Voici, au sujet de cette remarquable espèce,
ce que, à la date du 5 juin dernier, nous
écrivait M. Aubinaud fils, horticulteur à
Angoulême :
On peut voir en ce moment, chez un ama-
teur de notre ville, M. Dupuy, un admirable
sujet de V Agave Celsiana; la plante qui mesure
3^50 de circonférence, porte 50 feuilles, et sa
tige, qui, avec la hampe florale, haute de
70 centimètres, est entourée de COO boutons,
atteint, dans son ensemble, 1^80 de hauteur.
Croyant que cette floraison est assez rare, j’ai
supposé être agréable aux lecteurs de la Revue
horticole, en la faisant connaître.
M. Aubinaud a raison, et nous le remer-
cions de son intéressante communication.
Exposition générale des produits de
l’horticulture à Ostende.— Du 12 au 16
août 1883,^ la Société royale de Flore, de
Bruxelles, fera à Ostende, dans les salles et
jardins du Skating-Bing, une exposition
générale à laquelle (c tous les amateurs et
horticulteurs, les industriels, les sociétés
d’horticulture, les établissements publics de
botanique et d’horticulture, tant regnicoles
qu’étrangers, sont invités à prendre part et
à concourir. ))
Les listes exactes des objets, et la mention
des concours auxquels ils sont destinés,
doivent être remises au secrétariat général
ava7it le l®** août.
Le jury se réunira le 11 août, à onze
heures du matin.
L’article 2 du règlement pouvant intéres-
ser les personnes qui se proposent d’expo-
ser, nous croyons devoir le reproduire :
« Les frais de transport, par chemins de
fer de l’État, de tous les envois de plantes,
sont remboursés aux exposants sur la pro-
duction de pièces établissant que le trans-
port a été opéré conformément aux condi-
tions spéciales du tarif n» 10, »
Ceci est très-bien. Mais quel est ce tarif
spécial ? S’accorde-t-il avec les conditions
de célérité et de simplicité qu’exigent des
objets destinés à un concours rigoureuse-
ment déterminé ?
Pêches hâtives américaines. — Déjà
l’année dernière, nous avons prié nos lec-
teurs et collaborateurs, qui le pourraient,
de vouloir bien nous faire connaître les ca-
ractères (glandes, fleurs, fruits), des quel-
ques variétés de Pêches hâtives A^nsden,
Wilder, Précoce argentée. Précoce Louise,
Downmg, Waterloo, etc., sur lesquelles
il y a des dissidences, et afin de bien s’en-
tendre sur les caractères et la qualité de
ces variétés. Le moment étant arrivé de
CHRONI(?UE HORTICOLE.
faire ces vérifications, nous adressons de
nouveau la même prière, remerciant à l’a-
vance tous ceux qui voudront bien répondre
à notre appel. C’est une question d’intérêt
général horticole.
Magnolias Campbelliæ et Lenné. —
Nous annoncions, il y a quelque temps
d’après des nouvelles d’Outre-Manche, que
le Magnolia Camphelliœ, cette splendide
espèce himalayenne, montrait ses boutons
à fleurs dans un jardin du Comté de Cork
(Irlande). Or, la floraison attendue n’a pu
avoir lieu. Les froids du commencement de
mars, qui ont fait tant de ravages dans le
Midi, se sont étendus jusqu’en Irlande et
tous les boutons, qui étaient pleins de pro-
messes, ont été détruits.
A cette occasion, nous devons faire
remarquer, grâce à des renseignements plus
précis, que la floraison de cette espèce,
qui nous avait été signalée de Pallanza et
d’Intra, ne s’applique pas au M. Camp-
helliœ qui, en réalité, n’a pas encore fleuri
en Europe, mais simplement au M. Lenné,
très-belle variété, sans doute, mais dont
les fleurs sont bien connues. Il faut donc
attendre encore pour pouvoir se prononcer
de visu sur le mérite de la fleur du M.
Campbelliæ.
Développement remarquable d’un
Frêne pleureur. — Le Bulletin d'arbori-
culture, etc., de Gand, donne la figure et
les dimensions exactes d’un Frêne pleureur
qui se trouve dans la propriété de M. De-
bove, à Élouges (Belgique).
Ce bel arbre, d’une régularité parfaite,
forme un berceau de 19 mètres de dia-
mètre.
Le tronc, au niveau du sol, mesure 2™ 70
de circonférence.
Les branches retombantes de ce Frêne
sont tellement rapprochées les unes des
autres, qu’elles forment une sorte de toi-
ture parfaite, et l’intervalle compris entre
ces branches et le sol sert de hangar pour
abriter des instruments et objets de toutes
sortes.
Le Crinum Kirkii. Cette belle
plante, introduite en Europe en 1879, est
originaire de l’Afrique occidentale, d’où elle
a été transplantée à Zanzibar.
Récemment présentée par M. B. -S, WiL
315
liams à l’exposition printanière de la Société
royale de botanique, à Londres, elle obtint
un certificat de mérite de l**® classe.
Ses fleurs, d’une grandeur moyenne, for-
ment de belles têtes. Le bel effet qu’elles
produisent provient surtout d’une large
bande rose cramoisi qui occupe, en lon-
gueur, le centre de chaque pétale, et se
détache élégamment sur le reste, qui est
blanc. Le C. Kirkii se cultive aussi facile-
ment que les autres espèces de ce genre. Il
demande une température chaude et sur-
tout d’abondants arrosages au moment de
sa végétation et de sa floraison.
Essais d’acclimatation. — La société
nationale d’acclimatation distribue, on le
sait, à ses membres, des graines de plantes
exotiques, alimentaires ou industrielles, afin
d’en essayer en France la culture et la mul-
tiplication.
Récemment, M. de Muratel, qui habite
le Tarn, rendait compte des études faites
par lui à l’aide des graines qui lui avaient
été confiées.
Ces résultats sont très-intéressants ; les
voici :
Le Soja d’Étampes a bien mûri et a pro-
duit beaucoup, mais n’a pas été trouvé de
bon goût pour la cuisine. Essayé dans la
montagne à 630 mètres d’altitude, il n’a
pas mûri.
Le Physalis Peruviana a parfaitement
réussi et a produit beaucoup ; la maturité
a été arrêtée par un refroidissement con-
sidérable de la température arrivé le
12 septembre dernier. Les fruits ont été
essayés en confiture qui a été trouvée as-
sez bonne, mais désagréable à manger à
cause des nombreuses graines qu’elle con-
tient.
Le Soja vert du Japon, que l’on dit hâtif,
s’est montré, au contraire, plus tardif de
huit à dix jours. Il n’a pas été dégusté.
La Courge de Siam a mal réussi ôt n’a
pas mûri ; quant à la Courge meloniforme
(Cucurbita meloniformis, Carr.) du Japon,
elle se fend avant la maturité, qui s’effec-
tue mal, du reste; la chair en est très-
sèche.
La Courge de Boston, très-coureuse (cer-
taines branches ont atteint huit mètres de
long), a une chair peu abondante, très-dure
et très-sèche ; elle ne paraît pas propre au
climat du midi en France.
316
CHRONIQUE HORTICOLE.
Le Concombre du Sikkim a bien réussi ;
les fruits sont abondants et de bonne qua-
lité : il ne paraît en rien supérieur au Con-
combre ordinaire.
Le Melon blanc du Japon, (Shiro-iiri) et
le Haricot cerise à rames du Japon n’ont
pas prospéré.
La Chufa d’Espagne a passablement vé-
gété, malgré la sécheresse qui a duré jus-
qu’en septembre.
L’Aubergine de New-York réussit très-
bien et est très-belle.
La Laitue frisée de Californie monte lente-
ment à graine, c’est là son mérite ; elle a
résisté complètement aux deux derniers
hivers, mais ces hivers ayant été exception-
nellement doux, l’expérience n’est pas con-
cluante.
Le Yage-Nari {Phaseohis radiatus) a
donné de bons résultats. Le produit en
graines a été gardé pour être semé cette
année.
M. de Muratel a présenté ensuite des con-
fitures de Pastèques à graines rouges. Ces
confitures ont été trouvées très-bonnes,
bien que le fruit crû soit de médiocre qua-
lité.
Ces constatations éviteront aux lecteurs
de la Revue des recherches longues et sou-
vent infructueuses, et les guideront dans
le choix des espèces qu’il faut cultiver,
pour augmenter le nombre des plantes
utiles dans le Midi.
Nous continuerons à enregistrer les ob-
servations de ce genre qui nous parvien-
dront.
Destruction des insectes. — On si-
gnale d’Amérique un procédé qui, essayé
pendant plusieurs années, a donné des
résultats concluants, quant à son efficacité,
pour la destruction et l’éloignement des
insectes de toutes espèces qui attaquent les
arbres.
Badigeonner les arbres, avec la compo-
sition suivante : 9 kilogrammes d’eau de
pluie chaude, 2 kilogrammes de savon noir
ordinaire et un demi-litre d’acide phénique.
Il paraît qu’en employant cette prépara-
tion, on préserve les arbres pour plusieurs
années, de l’attaque des insectes. A essayer.
Le Rosa Ecæ. — Cette jolie espèce, à
fleurs jaunes, vient d’être introduite de
l’Afghanistan, par le docteur Aitchison.
MM. W. Paul et Sons, de Waltham Cross,
qui éditent le R. Ecæ, le décrivent ainsi :
L’espèce se rapproche un peu du Rosier
Pimprenelle, mais ses fleurs sont jaunes
et ses aiguillons sont uniformes.
Le docteur Aitchison dit que, dans les
régions où il croît naturellement, ce Rosier
est très-abondant et vigoureux ; ses fleurs,
très-nombreuses, ont à peu près 2 centi-
mètres et demi de diamètre et se dévelop-
pent, sur des bourgeons courts, de chaque
côté des branches.
Influence des milieux sur les végé-
taux et les animaux. — Un des derniers
bulletins de la Société d’acclimatation citait
le fait d’une tendance singulièreà l’albinisme
dans les animaux, et au retour à la couleur
verte pour les végétaux à feuillage coloré ;
ces faits ont été observés dans la Limagne
d’Auvergne.
M. le Marquis d’Apchier de Pruns écrivait
récemment à ce sujet de Brassac-les-Mines,
que, dans cette région, après deux ou trois
générations, les vaches de la race de Salers
ont les teintes beaucoup plus pâles; les
Faisans dorés, les Pigeons noirs, les Canards
de Labrador, prennent des plumes blanches.
Enfin, le règne végétal participe à ces par-
ticularités, et les Hêtres, les Noisetiers
pourpres et autres arbres à feuilles colo-
rées, redeviennent presque verts peu après
leur plantation. M. de Pruns attribue ces
effets au manque de sels calcaires et de
fer dans le sol. C’est une constatation qui
mérite d’être corroborée par de nouvelles
observations.
Inauguration du monument élevé à
la mémoire de M. Alexis Lepère. —
Le dimanche 22 juillet, à midi et demi,
sera inauguré à Montreuil, à l’Hôtel-de-
Ville, sous la présidence de M. Chéreau,
maire de Montreuil, le monument consacré
à la mémoire de M. Alexis Lepère, arbori-
culteur distingué qui, par ses connaissances
spéciales, a si largement contribué à la
réputation de la culture du Pêcher, à Mon-
treuil.
Le Murucuja. — On peut voir actuelle-
ment, chez certains marchands fruitiers de
Londres, des fruits du Passiflora laurifolia,
plante qui croît dans l’Amérique du Sud
et aux Antilles, où elle est connue sous le
CHRONIQUE HORTICOLE.
1317
nom de Murucuja. Le fruit, désigné sous le j
nom de « Pomme de Liane, » a environ la
grosseur et la forme d’un œuf de poule ;
mais il est plus allongé, et de la même
dimension aux deux extrémités. Au moment
de sa maturité, ce fruit est jaune, tacheté
de points blancs. Il contient une pulpe
aqueuse, blanchâtre, que l’on absorbe, aux
Antilles, à travers une petite ouverture pra-
tiquée dans l’écorce, qui est souple, mince
et tendre. Le jus, abondant, possède une
saveur aromatique particulière et délicate-
ment acide. Les Européens apprécient beau-
coup ce fruit, qui a la réputation d’apaiser
la soif, de produire une grande sensation
de fraîcheur, de donner de l’appétit et de la
gaîté.
Conserves d’ Abricots. — On sait que,
dans l’Orient, les Abricotiers sont l’objet
d’une culture importante, qui provient
uniquement de leur belle végétation et de
leur grande production sous ces climats
chauds.
Il est évident que dans ces conditions, l’in-
duslrie locale s’est préoccupée de rechercher
les manières les plus agréables et les plus
nombreuses de consommer les Abricots.
A ce propos, YObstgarten publie une
préparation toute spéciale, connue depuis
fort longtemps en Égypte, dans l’île de
Chypre, en Syrie et en Grèce.
On ajoute à la chair des Abricots une
petite quantité de sirop ou de sucre de
Caroube, puis on fait dessécher le mélange
jusqu’à ce qu’il prenne la consistance d’une
pâte épaisse. On le divise en petites
plaques que l’on cylindre, et que l’on expose
ensuite au soleil jusqu’à ce qu’elles soient
complètement desséchées. Enfin on répand
sur ces petites plaques une légère couche
de farine, qui assure leur conservation.
Les pastilles ainsi conservées peuvent
être consommées de différentes manières.
On peut, par exemple, longtemps après
leur préparation, les délayer dans un peu
d’eau. On obtiendra de suite une confiture
excellente.
Pendant les grandes chaleurs, on formera,
en faisant fondre une petite quantité de
pâte dans de l’eau, une confiture qui sem-
blera récemment faite. Enfin, les pastilles
croquées sans aucune autre préparation,
sont des bonbons délicieux.
Peu de personnes savent, croyons- nous.
qu’il arrive chaque année à Marseille plu-
sieurs navires chargés uniquement -le
noyaux d’Abricots, qui, par les amari'ies
qu’ils renferment, servent à faire de l’iiuile
de table.
Un nouveau sujet pour la greffe des
Rosiers. — C’est notre confrère, M. Ca-
mille Bernardin, rédacteur en chef du
Journal des Roses, qui, dans son numéro
de juin dernier, nous fait connaître ce
nouveau sujet; il s’agit des racines du
Rosa polyantha que l’on coupe par tron-
çons et que l’on greffe, ainsi du reste qu’on
le fait pour les autres espèces qu’on multi-
plie par ce procédé. Une fois greffées — en
fente, bien entendu — les plantes « sont
placées dans une serre, à une douce tempé-
rature. )) M. Bernardin ajoute que par ce
procédé on obtient très-promptement des
sujets d’une force et d’une vigueur extraor-
dinaires. Ainsi, il a vu, à Lyon, le 15 avril
dernier, une greffe d’un an, de la variété
Étoile de Lyon, qui « portait 20 tiges à
fleurs )î. A nos lecteurs de faire leur profit
de cette découverte due à M. Alégatière,
qui, du reste, n’en fait pas un secret.
Transformation des vrilles de Vigne
en grappes. — L’opération à l’aide de la-
quelle on détermine cette transtormalion
consiste à pratiquer d’une certaine manière,
et à des époques déterminées, des pinçages
sur les vrilles. Nous avons vu cette opération
pratiquée avec un certain succès à Autun
en 1882, et M. l’abbé Laborier, curé de
Saint-Gengoux-le- Royal, a fait cette dé-
monstration, il a même publié un petit
opuscule dans lequel il a indiqué les prin-
cipes de ce traitement. Aujourd’hui nous
apprenons par le Rulletin de la Société
d’horticulture de Reims que, depuis plu-
sieurs années déjà, M. le docteur Brébant
pratique cette opération. Les résultats in-
diqués par M. Alfred Mahuc, et qui sont
analogues à ceux que nous avons rapportés
dans notre compte-rendu de l’exposition
d’ Autun, en confirmant la tranformation,
montrent aussi que cette opération, assuré-
ment très-intéressante au point de vue de
la physiologie végétale, est de nulle valeur
au point de vue pratique, c’est-à-dire du
rapport. Les faits consignés dans le Rulletin
de la Société d’horticulture de Reims éta-
blissent que le résultat est d’autant meilleur
318
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
qu’on opère de la fin de mai au 10 juin,
époque qui nous paraît devoir varier sui-
vant le climat et aussi suivant les varié-
tés soumises à l’expérience.
Exposition d’horticulture à Armen-
tières. — Un des centres horticoles des
plus importants du Nord, Armentières, si-
tué à seize kilomètres de Lille (Nord), va
faire, du 12 au 15 août, dans cette ville, une
exposition d’horticulture et des arts et
industries qui s’y rattachent. Cette expo-
sition, à en juger par les mesures déjà
prises, promet d’ètre splendide.
Les personnes qui désirent exposer
doivent adresser leur demande avant
le 5 août, à M. le secrétaire général, rue
Sèche, à Armentières, ou à M. Ryckwaert-
Dejardins, 84, à Lille.
Le jury se réunira au local de l’exposi-
tion le samedi 11 août, à midi.
E.-A. Carrière et Ed. André.
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES
Considérations générales. — Partout on
remarque le peu de place que les plantes
grimpantes occupent dans les cultures et
l’espèce d’ou-
bli dans lequel
la plupart sont
tombées.
Autrefois, les
constructions
en treillage,
berceaux, ton-
nelles, palis-
sades, etc.,
étaient fré -
quemmentem-
ployées par
l’architecte de
jardins ; au-
jourd’hui, ces
ornements ont
disparu pres-
que totale-
ment, et l’on
en voit fort
peu qui aient
survécu après
les change-
ment subis par
nos jardins
modernes.
Nous par-
lons de la ré-
gion dont Paris
peut être pris
comme centre.
Le Midi ,
grâce au cli-
mat, qui fait de ces ornements presque une
nécessité, a conservé ses berceaux, ses per-
goles, où la Vigne, au reste, est presque le
seul végétal employé. Et cependant, il n’est
pas jusqu’aux villes des bords de la Médi-
terranée, où l’ombrage est si nécessaire et
si recherché,
qui, tout en
employant
quelques plan-
tes grimpan-
tes, ne parais-
sent entrer
qu’en hésitant
dans cette voie.
Là même, tan-
dis que le vil-
lage montre
ses berceaux,
la ville somp-
tueuse attend
presque tou-
jours les siens.
Cet aban-
don, ou si l’on
veut cette in-
différence, a
eu pour effet
de laisser à peu
près complète-
ment dispa-
raître des cul-
tures des plan-
tes qu’on ne
rencontre plus,
même dans de
bons établisse-
ments.
A Paris, les
fenêtres et les
balcons se garnissent encore de Capucines,
de Cobéas, de Volubilis ; mais les jardins pa-
raissent dédaigner ces vieilleries. Le Lierre,
Fig. 5G. — Ampélopsis dissecta.
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
3i9
la Vigne vierge, la Glycine trouvent encore
à se glisser pour masquer un pan de mur,
un tronc dénudé, un kiosque en ruines,
une vérandah ; mais jamais de dispositions
spéciales en vue de ces plantes elles-
mêmes.
Les magnifiques Clématites obtenues
dans ces derniers temps n’ont même pu
rétablir le courant du goût dans cette direc-
tion. On trouverait volontiers qu’elles
seraient bien
mieux, si elles
n’étaient pas
sarmenteuses.
Dans les ser-
res, même ab-
sence : les co-
lonnettes, les
fermes restent
nues; et si l’on
voit dans quel-
que serre ados-
sée des murs
garnis de Fi-
cus repens,
c’estsans doute
une vieille ser-
re, où il y a
encore un
vieux jardinier
au service d’un
ancien pro-
priétaire qui
n’aime pas le
changement.
Et puis , ce
Ficus repens
est comme une
sorte de pro-
vidence pour
ces positions-
là. Ne deman-
dant aucun
soin, ne crai-
gnant guère le
soleil ni l’ombre, peu sensible à la chaleur,
et supportant même des températures assez
basses, il semble ne demander que de la
tranquillité ; moins on s’en occupe, plus il
est beau. Quand il devient vieux, il donne
des figues, en changeant alors son feuillage,
qui devient beaucoup plus grand.
Dans ces situations, on trouve plus sou-
vent des palissages d’Hibiscus, d’Héliotro-
pes, de Camélias ; nous y avons même vu
des Ficus elastica, des Justicia variés, et
jusqu’à des Opuntia (O. Ficus indica). On
arrange aussi les murs en rocailles pour
des Fougères, des Broméliacées, etc.; mais
de plantes grimpantes, point !
On les repousse en prétendant qu’elles
sont délicates, difficiles à cultiver, en tous
cas impropres aux garnitures d’apparte-
ment. C’est là une condamnation sans
appel, ne comportant aucune circonstance
atténuante. A-
lors le com-
merce ne les
fait plus, par
cette raison
sans réplique
qu’on ne les
vend plus, et
bientôt même
leur souvenir
disparaît.
La mode est
malheureuse-
ment trop ex-
clusive : lors-
qu’elle change,
c’est l’oubli
pour ce qu’elle
abandonne.
Il en est un
peu de même
des plantes de
la Nouvelle-
Hollande qui,
il y a quarante
ou cinquante
ans, étaient en
pleine faveur,
et qui, si elles
n’avaient trou-
vé un asile
dans les jar-
dins de Nice
et du voisi-
nage, ne se
trouveraient plus guère que dans les her-
biers.
Comme plantes grimpantes, nous com-
prenons toutes celles à tiges annuelles ou
ligneuses, propres à grimper ou pouvant
être palissées, quel que soit leur mode de
végétation : sarmenteux, volubile, etc. Il ne
s’agit donc pas ici de nouveautés, mais bien
de rappeler à la mémoire une foule de vé-
gétaux admirables, généralement vigoureux
Fig. 57. — Capucine de Lobb.
320
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
et robustes, et pouvant soutenir, comme
effet ornemental, toutes les comparaisons
possibles. Leur défaut capital est de ne pou-
voir être admirés que sur place, grave in-
convénient qui leur a été fatal et leur sera
longtemps nuisible.
En commençant par les espèces les plus
rustiques, nous ne les considérons que
comme plantes recherchées pour leurs fleurs
ou seulement
pour leur feuil-
lage.
Parmi ces
dernières, la
Vigne vierge
peut être con-
sidérée comme
le type des
plantes à pa-
lisser. Peu dif-
ficile sur le sol
et l’exposition,
sa vigueur n’a
pas de bornes ;
on la voit es-
calader les ar-
bres et les
constructions,
les recouvrant
avec rapidité
de ses masses
de feuillage
d’un si beau
pourpre à l’au-
tomne. Nous
♦ivons toujours
vu cette teinte
plus belle au
levant et au
couchantqu’en
plein midi ou
à l’ombre. Vf
Dans le voi-
sinage, d’au-
tres Ampéli-
dées sont éga-
lement propres à être employées comme or-
nement : les Vignes américaines; le curieux
Vitis vinifera laciniosa ; une petite espèce
d' Ampélopsis, VA. dissecta (fig. 56), qui
gagnera à être connu, et d’autres encore, sans
parler de nos Vignes à Raisins, qui, quoique
excellentes au point de vue ornemental, sont
en somme des plantes fruitières, ce qui
n’est pas une raison pour les exclure.
L’Aristoloche {Aristolochia Sipho), bien
connue aussi, est cependant moins em-
ployée ; aussi belle à l’ombre qu’en pleine
lumière, elle se prête moins à l’emploi le
long d’un mur, où du reste sa végétation est
trop inégale. Pour couvrir un arbre mort,
un vieux tronc branchu, rien ne lui est pré-
férable. Cette plante aime les terrains frais.
Le Lierre peut se passer de description :
tout le monde
le connaît. In-
dépendam-
ment de son
mode de végé-
tation natu-
relle, on en
fait des déco-
rations variées
sur des grilles
de clôtures, en
forme de guir-
landes^ ou de
festons de dif-
férentes mani-
ères, toutes
dispositions
auxquelles il
se prête très-
bien. Dans
l’intérieur des
villes, où tant
de plantes sont
maladives, il
résiste parfai-
tement, si l’on
a soin de le
bassiner sou-
vent.
Le Periploca
græca, beau-
coup moins
connu et ré-
pandu, joint a
un beau feuil-
lage une vi-
gueur remar-
quable, mais parait demander de la lumière.
Nous avons vu un puits abandonné dont
les montants en fer, servant de supports
aux tiges de cette plante, lui avaient permis
de le cacher complètement sous une couche
de verdure impénétrable et magnifique.
Le Boussingaultia haselloides est une
vieille plante à tiges annuelles, bien oubliée
maintenant ; sa vigueur est très-grande, et
OBTENTION DE NOUVELLES VARIÉTÉS DE POIRIERS.
321
la beauté de son feuillage luisant lui assure
une place parmi les plantes grimpantes or-
nementales. De culture facile, mais aimant
les terrains sains, sa souche, ou plutôt ses
tubercules produisent au printemps de
nombreux rameaux pouvant couvrir de
grandes surfaces en peu de temps. Il se
couvre de petites grappes de fleurs blan-
châtres en épis, qui ajoutent encore à sa
beauté. Une couverture de feuilles pen-
dant l’hiver est nécessaire pour le garan-
tir des gelées, à moins que l’on n’ar-
rache la souche, ce qui diminue sa force de
végétation, pour la replanter au printemps
suivant.
Nous pourrions aussi, comme plantes à
feuillage, indiquer quelques végétaux indi-
gènes qui ne seraient pas sans valeur, étant
soumis à une culture appropriée ; telles sont,
par exemple, les espèces suivantes : Bryone,
Houblon, Tamus communis, etc. Malheu-
reusement, l’on ne pense guère à elles, et si
l’on n’emploie pas les plantes d’ornement
étrangères ayant de la valeur, à plus forte
raison celles qui sont indigènes et qu’on
voit tous les jours, croissant abandonnées
çà et là, où pourtant on les admire.
Parmi les espèces qu’on cultive pour
leurs fleurs, le Volubilis (Convolvulus
purpureus) est une des plus populaires.
Mais pour être jolie, cette plante exige
qu’on s’en occupe un peu plus qu’on ne fait
en général dans les jardins ; aussi est-elle
souvent plus belle aux fenêtres des villes,
où l’on a pour elle des soins et des atten-
tions de tous les jours. Le mieux est de lui
donner une ou deux baguettes, ou des fils
de fer sur lesquels elle s’enroule verticale-
ment. Sans cette précaution, elle forme une
masse compacte et peu élégante. Deux mè-
tres de hauteur peuvent lui suffire, et une
palissade de cette sorte est admirable en
OBTENTION DE NOÜVELLl
Les personnes qui sèment des pépins
de Poirier dans le but d’obtenir de nou-
velles variétés se plaignent, non sans raison,
de la longueur du temps nécessaire aux
plantes qui en proviennent, pour arri-
ver à produire des fruits parfaits. En
effet, outre qu’il faut attendre de six à dix
ans avant d’en voir les fruits, ce n’est parfois
qu’au bout de plusieurs récoltes que ces
peu de temps. Si ses fleurs manquent de
durée, en revanche elles ont l’avantage de
se renouveler continuellement.
Les Capucines sont un peu dans le même
cas ; mais cependant, pour elles, la direction
verticale est moins absolue. Nous avons vu
à Paris de grands vases (1 mètre de diamè-
tre) garnis de Capucines de Lobb (fig. 57),
dont les rameaux, couverts de fleurs et re-
tombant de toutes parts, formaient comme
un voile jusque sur les piédestaux. Les
Volubilis ne se prêtent aucunement à cette
position renversée.
Sans parler de beaucoup de Convolvula-
cées et de Tropéolées, qu’on peut employer
comme plantes grimpantes, nous citerons
cependant parmi les premières une des
plus jolies de ce groupe : le Calystegia pu-
hescens. Comme les Liserons communs,
dont elle est voisine, cette plante demande
un support pour monter toujours et se cou-
vrir de ses délicates fleurs doubles du plus
gracieux lilas carné ; elle peut aussi être diri-
gée horizontalement. Très-vieille, on la trou-
ve dans les villages, dans des cours pavées,
au pied d’une Vigne, ou simplement adossée
aux bâtiments, avec un fil de fer pour sou-
tien, et nous ne l’avons jamais vue plus belle
que dans ces conditions. Dans les jardins
bourgeois elle est à peu près inconnue. Se
reproduisant par ses racines comme le Li-
seron des haies, sa culture se réduit à la
plantation. Une autre plante, ancienne éga-
lement, mais toujours assez rare, est VAke-
hia qumata (fig. 58), dont la floraison
étonne toujours ceux auxquels elle n’est pas
familière. Les terres fraîches et légères pa-
raissent lui convenir beaucoup mieux que
les argiles. A Versailles elle est splendide,
avec son feuillage bizarre et ses nombreuses
fleurs d’un rouge vineux. Elle est rustique.
Jules Batise.
5 VARIÉTÉS DE POIRIERS
fruits ont revêtu leurs caractères définitifs
et acquis les qualités qui permettent d’en
faire une juste appréciation. C’est donc un
capital immobilisé pendant longtemps, et
parfois même en pure perte, si l’on n’obtient
pas de variétés méritantes. Toutes ces raisons
éloignent les semeurs, et font que ceux qui
se livrent à ces tentatives ne le font que sur
des surfaces très-restreintes, et qu’ils plan-
322
UNE COLLECTION DE PLANTES EN TERRINES,
tent les arbres très-rapprochés les uns des
autres, afin d’éviter les frais. Mais, d’autre
part, les chances favorables s’en trouvent
considérablement diminuées, ce qui est très
regrettable.
Il y a pourtant un moyen, non seulement
de remédier à ces inconvénients, mais même
de les faire disparaître.
C’est, après avoir fait un bon choix de
pépins en rapport avec le but qu’on
recherche, d’opérer sur une grande échelle,
et de distancer suffisamment les plants, d’en-
lever à ceux-ci toutes les parties buisson-
neuses qui, outre qu’elles n’ont pas chance
de produire de fruits, nuisent au déve-
loppement des sujets en entravant la circu-
lation de l’air, et aussi de bien entretenir
le sol, de manière à faciliter la végétation
des arbres.
Ainsi traités, ces sauvagons pourraient
recevoir chaque année une grande quantité
de greffes de boutons de bonnes variétés
connues, et devenir ainsi de véritables
magasins fruitiers, ce qui ne les empêche-
rait pas de croître et de donner, dans un
temps plus ou moins rapproché, des fruits
nouveaux qui permettraient de juger ceux-
ci, et d’en constater les avantages ; au
contraire, ces greffes, en favorisant les
combinaisons organiques, hâteraient la fruc-
tification, qu’alors on pourrait juger beau-
coup plus tôt.
De cette façon, on n’aurait aucune perte
de temps, et l’on pourrait attendre pa-
tiemment la fructification des aigrins qui,
alors, au lieu d’être une charge, devien-
draient une source de produits, ce qui
permettrait d’opérer sur une grande échelle,
par conséquent d’augmenter les chances
de productions de variétés nouvelles.
Une chose 'importante , dans ce cas,
serait d’éviter les confusions de fruits entre
ceux qu’on imposerait aux aigrins et ceux
qu’ils seraient appelés à produire naturel-
lement. Pour cela, il faudrait ne greffer que
des variétés connues et bien caractérisées,
ou ne mettre- sur chacun des arbres qu’une
seule variété, ce qui présenterait un avan-
tage pour faire la récolte des fruits, ou
bien encore, il faudrait, à chaque greffe,
mettre un plomb dont le chiffre correspon-
drait à un catalogue auquel, au besoin, l’on
pourrait recourir pour constater l’identité
des variétés.
Ainsi compris, on aurait là; une école
permanente dejnouveautés ; 2'’ un réservoir
fruitier, par conséquent, une pépinière à la
fois pratique et scientifique, qui permet-
trait de comparer les variétés, d’observer
les modifications qui pourraient se produire
d’année en année, d’assister aux transfor-
mations successives, et alors, par des com-
paraisons faciles à faire, de juger les
parents et les enfants, et de voir les diffé-
rences qui existeraient entre ceux-ci et
ceux-là, toutes choses avantageuses à la
pratique et à la science.
Mais pour obtenir ces résultats, il serait
indispensable de mettre à part, et de tenir
compte des variétés semées, et de bien
en enregister l’origine, de manière à pou-
voir comparer la mère et l’enfant, seul
moyen de s’éclairer.
En procédant ainsi, et en tenant compte
de toutes ces particularités, il pourrait
même se faire que l’on reconnaisse que
certains sujets (aigrins), bien qu’ils ne
donnent que des fruits inférieurs, fussent
par leur vigueur et leur aptitude favorables
à la réception de parties à fleurs et dussent
être conservés comme porte-fruits. C’est
encore une chose que seule l’expérience
pourrait démontrer.
E.-A. Carrière.
UNE COLLECTION DE PLANTES EN TERRINES
Nous avons remarqué que, généralement
pour les plantes tropicales, plus les propor-
tions diminuent, plus l’aspect décoratif
augmente, c’est-à-dire que la richesse du
coloris semble s’accentuer en raison in-
verse de la taille. Dans le règne minéral, la
nature n’a-t-elle pas donné aux pierres
précieuses les couleurs les plus vives en
même temps que les dimensions les plus
réduites? Dans le règne végétal on observe
une marche analogue : ainsi les Goodyera,
les Anæctochilus, les Bertolonia, les So-
nerila, les Erantliemum, etc., peuvent
être considérés comme des diamants en
ce genre. Aussi la culture de ces char-
mantes miniatures a-t-elle toujours été
et est-elle encore l’objet de soins particu-
liers de la part des amateurs. Ici des
UNE COLLECTION DE PLANTES EN TERRINES.
323
cloches, là des vitrines sont comme autant
d’écrins à plantes précieuses.
Sans nous arrêter à divers genres déli-
cats entre tous et que nous ne pouvions cul-
tiver, vu remplacement restreint dont nous
disposons, nous avons réuni une collection
de ces miniatures en recherchant les espèces
les plus vigoureuses; nous eûmes alors
l’idée, afin d’obtenir de larges exemplaires,
des «c plantes d’exposition, d comme l’on dit,
de cultiver nos sujets en terrines.
Les variétés gazonnantes s’arrangèrent
surtout très-bien de cette disposition : les
Fittonia (Gymnostachyum) Verschaffelti
et argyroneura firent merveille ; les Cyr-
todeira metallica et fulgida épanouirent
leurs nombreuses fleurs rouges ; le Ste-
nandrium [Eranthemum] igneum devint
très- vigoureux. Les espèces élevées et ra-
meuses, comme le sont certains Eranthe-
mum, Peperomia, Soiierila, etc., étaient
plus difficiles. Pour les maintenir dans de
justes proportions, il fallait toujours bouturer
et réunir, de manière à obtenir des plantes
plus compactes. Pour obvier à cet incon-
vénient, nous prîmes le parti de coucher
les pieds, de les « épingler », en terme de
pratique.
Ainsi, dans une terrine de 30 à 40 centi-
mètres de diamètre, nous plantons une
demi-douzaine au moins de boutures bien
enracinées, suivant l’espèce et la force, dans
une bonne terre de bruyère grossièrement
concassée ; presque toujours nous ajoutons
quelques petites mottes en dessus pour affer-
mir les plantes et faciliter la sortie des
racines, le tout sur un épais drainage. Lors-
qu’elles ont poussé de quelques centimètres,
ces jeunes plantes sont pincées ou coupées
pour faire des boutures. Les ramifications
qui alors ne tardent pas à se développer, sont
couchées et fixées au fur et à mesure à l’aide
de petits crochets en fil de fer galvanisé.
De cette manière, le Brunelia speciosa se
ramifie à l’infini et devient tellement com-
pact qu’il est impossible de rien apercevoir
des tiges ; ses délicates fleurs violettes ne
tardent pas à apparaître et à égayer de leur
teinte claire la masse compacte de son feuil-
lage. Par ce même traitement, le Dicho-
risandra undata devient très-fort, et ses
pousses doivent être souvent couchées, si
l’on tient à conserver la forme naine. Quant
au Peperomia argentea, il se prête moins
bien à ce mode de couchage ; cependant ses
belles feuilles orbiculaires n’en forment
pas moins en se redressant une touffe très-
agréable (Taspect. Le Peperomia velutina,
si délicat et si gracieux, et qui a toujours le
défaut de s’élever trop vite sur tige, s’ac-
commode au contraire très-bien de cette
culture ; ses feuilles succulentes et veloutées
acquièrent des reflets métalliques et bril-
lants. Quant à l’espèce lilliputienne Pepe-
romia prostrata, son qualificatif indique
que la position couchée lui est naturelle ;
aussi sa culture est-elle facile. C’est un
pygmée végétal relativement curieux.
Les Eranthemum se prêtent également
bien à ce genre de culture : VE. verbe-
naceum ne tarde pas à relever ses tiges
après couchage, sans toutefois garnir son
compartiment d’une manière complète, tan-
dis que VE. zeylanicum, par son mode de
végétation, forme une belle terrine. Quant
à VE. marmoratum, il fait merveille : ses
réseaux d’or sur un fond vert paraissent se
mettre en relief et cette agglomération pro-
duit le plus charmant coup d’œil.
Mentionnons encore le Pellionia Da^
veauana dont le feuillage présente une infi-
nité de couleurs, et dont les ombelles de fleu-
rettes blanches ont un aspect si délicat:
Une autre plante d’origine anglaise, Vlmpa-
tiens Marianæ, est une charmante nou-
veauté à laquelle le couchage convient tout
particulièrement ; la teinte fraîche et claire
de l’ensemble, jointe à ses feuilles ovales,
au fond vert bronzé d’argent, produisent un
contraste des plus harmonieux.
Les Sonerila Hendersoni, S. Hend. ar-
gentea et les autres variétés nous ont paru
capricieuses ; il leur faut le voisinage des
vitres, et souvent même, malgré une bonne
reprise, les plantes laissent à désirer. Quant
à la nombreuse série des Bertolonia, qui
presque tous présentent par leurs couleurs
des elfets indicibles de beauté, ils sont mal-
heureusement d’une culture difficile. Quel-
ques Marantacées, telles que les Maranta
Massangeana, Kerchovei, micans, appli-
cata, etc. , peuvent aussi être ajoutées à la col-
lection ; leur mélange et la diversité de leur
feuillage viennent, par les teintes les plus
nuancées, augmenter encore la beauté de
l’ensemble en faisant ressortir certains co-
loris des espèces auxquelles on les associe.
Citons enfin le Cyanotis villosa, curieuse
petite Commélynée, essentiellement ram-
pante, dont toutes les parties sont couvertes
324
LIATRIS PYCNOSTACHYA.
d’un duvet abondant; la teinte générale,
un peu sombre, est relevée par de pe-
tites fleurs violettes malheureusement très-
éphémères. C’est une plante peu répan-
due.
Comme ornementation d’ensemble et afin
de faire ressortir les couleurs, nous sépa-
rons chaque terrine avec quelques potées
di' Oplismenus imhecillis, cette petite Gra-
minée qui pousse à profusion et dont l’aspect
est si léger, puis nous bordons' le tout de
Tradescantia Lequesne, aux coloris
multiples et qui, par ses nuances d’une
grande beauté varie continuellement avec
l’état de la végétation. Toutefois, il arrive
parfois que la plante perd ses teintes et
retourne au type T, zehrina; il faut donc
toujours avoir soin de prendre pour bou-
tures les pousses les plus colorées.
Ainsi cultivées, les quelques plantes dont
il vient d’être question forment par leur
ensemble des contrastes des plus agréables.
Il va sans dire que ces espèces ne sont
pas les seules qui puissent être soumises à
cette culture. Nous avons voulu surtout
appeler l’attention sur un mode particulier
de culture permettant de tirer un bon parti
de plantes qui, isolées, sont regardées comme
délicates et d’un effet médiocre, tandis qu’à
l’aide de ce traitement on obtient une orne-
mentation aussi jolie que singulièrement
harmonique.
J. Saluer fils.
LIATRIS PYCNOSTACHYA
Le botaniste européen, qui parcourt à la
fin de l’été ou en automne, les grandes
prairies de l’Amérique du Nord, à travers
les états de l’Ohio, de l’Indiana et de l’Illi-
nois, marche de surprise en surprise.
Malgré la similitude du climat, la flore est
toute différente des régions analogues du
vieux monde. Très-peu d’espèces ligneuses
rappellent les nôtres. On se croirait plutôt
dans un parc planté de main d’homme qu’au
milieu de la nature sauvage. Les bouquets de
bois qui coupent çà et là l’immense savane
sont composés de ces beaux Chênes à feuilles
colorées {Quercus ruhra, coccinea, palus-
tris, etc.), de Liquidambars, de Tulipiers,
de Sassafras, de Robiniers, de Sumacs, de
Caryas, de Peupliers variés, deTupélos, de
Magnolias, etc. Le taillis se peuple de Rho-
dodendrons, de Kalmias, de la nombreuse
tribu des Spîrées, du Framboisier du Ca-
nada, des Itéas, Cléthras, Andromèdes,
Shepherdias, Chionanthes, Géanothes, Fon-
tanésias, Halésias, Seringats, Staphyliers et
de bien d’autres espèces. Dans les endroits
humides, prospèrent les Céphalanthes,
l’Arbre au cuir {Dirca palustris) et un
charmant arbuste à feuilles dentées, le
Comptonia asplenifolia. Une course dans
ces bois est un vrai régal pour l’amateur
de plantes.
Mais combien l’impression est plus vive
encore s’il descend dans le détail de la vé-
gétation herbacée et fleurie ! L’aspect d’en-
semble, le fond de la prairie est bien pro-
duit, comme chez nous, par les Graminées,
les Cypéracées, parmi lesquelles nous re-
trouvons les formes européennes. Mais
quelle dissemblance dans les espèces fleu-
rissantes !
Ainsi, les fleurs dominantes de nos prés
d’Europe, si gracieuses et si agréablement
nuancées, se recrutent principalement parmi
les Campanules bleues, les Achillées blan-
ches, les grandes Marguerites {Leucanthe-
mum), les Centaurées aux capitules lilas ou
roses, les calathides azurés de la Chicorée
sauvage, les panicules blanches ou jaunes des
Galium, les épis violets des Rrunelles, les
houppes soyeuses et argentées des Linai-
grettes, les rayons jaunes des Pulicaires, les
blancs parasols des Ombellifères, auxquels
s’ajoutent les Rhinanthes, les Girses, les
Euphraises, les Renouées, les Renoncules,
les Myosotis, les Épilobes, les Mauves, de
nombreuses Papilionacées, etc., etc.
Dans la prairie américaine, cette popula-
tion végétale est totalement modifiée. Pour
quelques espèces ubiquistes, communes aux
deux Continents, une quantité de genres
locaux, d’espèces inconnues à notre flore,
attirent les regards. Ce sont les Vernonias
aux corymbes violets, les capitules or et
pourpre de Y Echinacea purpurea, les
Gérardias, ces Scrofularinées semi-parasites
et à fleurs tubuleuses, si belles, presque
incultivblesa, les Coréopsis aux fleurs d’or ;
le gracieux Euphorhia corollata, dont les
bractées blanches ressemblent à des pétales ;
ha l/'i 1) IJ e J i os ta du f eu .
LIATRIS PYCNOSTACHYA.
325
le grand Eupatoire pourpre, les Silphiums
géants (S. laciniatum et pmnatifidum),
le Physostegia Yirginiana^ aux charmants
épis roses tétragones ; les Soleils {Helian-
thus mollis, giganteus, etc.), les Monardes
{Monarda didyma et fistidosa), les nom-
breuses espèces d’ Asters, bien connues de
nos horticulteurs ; la ravissante Reine des
prés à fleurs roses variéés {Spirœa lohata),
les Verges d’or (Solidago), les glorieux épis
des Lohelia cardinalis et enfin les Liatris,
dont je viens parler aujourd’hui à l’occasion
de l’espèce figurée par la Revue horti-
cole.
Le genre Liatris est confiné en entier
dans l’Amérique septentrionale (1), où il
est très-répandu dans la région des prairies.
Plusieurs espèces ont été successivement
introduites en Europe, bien que depuis
longtemps l’on ne connaisse guère, dans nos
jardins, que les Liatris spicata et squar-
rosa. Toutes sont des herbes vivaces, sou-
vent résineuses, ayant des tiges dressées
couvertes de feuilles linéaires entières. Les
inflorescences sont allongées, en épis ou en
panicules serrées ; elles portent des capitules
d’un beau rose plus ou moins pourpré ou
lilacé, rarement blanches, et offrent cette
particularité de s’épanouir du sommet à la
base de l’épi.
Les espèces connues sont les sui-
vantes (2) :
1. Liatris elegans, Willd. — Virginie
et plus au Sud.
2. L. squarrosa, Willd. — De' la
Pennsylvanie à l’Illinois et plus au Sud.
3. L. cylindracea, Michaux. — Du Nia-
gara au Wisconsin, et vers le Sud-Ouest.
4. L. scariosa, Willd. — De la Nouvelle-
Angleterre au Minnesota, et plus au sud.
5. L. pilosa, Willd. — Montagnes de la
Virginie et plus au sud.
6. L. spicata, Willd. — De l’État de
New-York au Wisconsin et plus au sud.
7. L. graminifolia, Pursh. — Virginie
et plus au sud; et L. graminifolia, var.
duhia. New-Jersey.
8. L.pycnostachya, Michaux. — Indiana,
(1) On indique une seule espèce (L. trichotoma)
dans la province de Goyaz au Brésil. Le fait mé-
riterait confirmation.
(2) Cf. Benth. et Hook., Gen. pL, II, p, 248. —
DG., Prod., V, p. 128. — Walp., Bep., II, 549,
949; Ann., I, 396; II, 815. — Gray, Man. of bot.,
1875, p. 223. — Chapman, Flora of south. St.,
1872, p. 190. — Mich., Flor. bor. am., II, 91.
vers le sud et l’ouest, Illinois, Virginie,
Caroline.
9. L. odoratissima, Willd. — Virginie
et plus au|sud. Les feuilles froissées exha-
lent une odeur de Vanille, d’où son nom
local de Vanilla plant.
10. L. paniculata, Willd. — Virginie et
plus au sud.
11. L. Boykinii, Torr. et Gray. —
Géorgie.
12. L. tenuifolia. Nuit. — De la Floride
à la Caroline du Nord.
13. L. pauciflora, Pursh. — De l’Ala-
bama à la Caroline du Nord.
14. L. Chapmani, Torr. et Gray. —
Floride.
15. L. gracilis, Pursh. — Alabama, Flo-
ride et Géorgie.
16. L. heterophylla, Brown. — De la
Géorgie à la Caroline du Nord.
17. L. fruticosa, Nutt. — Est de la Flo-
ride.
18. L.acidata, Engelm. — Rivière rouge,
Louisiane.
19. L. mucronata, DC. — Texas.
20. L. punctata, Hook. — Amérique
boréale (L. cylindraœa, Michaux.) — Illi-
nois.
21. L. aspera, Michaux. — Illinois.
22. L. secunda, EH. — Caroline.
23. L. oppositi folia, Nutt. — Nouvelle-
Orléans.
24. L. corymhosa, Nutt. — Caroline et
Géorgie.
25. L. Walterii, EH. — Caroline.
26. L. hellidifolia, Nutt. — Caroline du
Nord.
27. L. radians, Bertoloni. — Alabama.
28. L. sessiliflora, Bert. — Alabama.
29. L. lanceolata, Bert. — Alabama.
30. L. umhellata, Bert. — Alabama.
Peut-être conviendrait-il de réduire no-
tablement le total d0 ces espèces, ainsi que
le pensent MM. Bentham et Hooker. Je
n’en donne aujourd’hui la liste complète
que pour recommander l’introduction de
celles qui nous manquent, sans examiner
leur valeur scientifique.
J’ai eu la bonne fortune de rencontrer
l’une des plus belles espèces de Liatris, le
L. pycnostachya (1), à l’état sauvage dans
les prairies de l’Etat d’Indiana, en allant de
Cincinnati à Saint-Louis sur le Missouri,
non loin de la rivière Wabash. A cette
(1) Pycnostachya veut dire épi velu.
326
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
époque (1876), elle n’était pas, à ma con-
naissance, dans les jardins de l’Europe,
mais on la cultivait déjà dans les environs
de New-York et j’eus grand plaisir à la trou-
ver chez un jeune horticulteur de New-
Jersey, M. Woolson, à Passaïc.
L’échantillon qui a servi à faire l’aqua-
relle ci-contre a fleuri dans mon jardin de
Lacroix, en Touraine. Depuis plusieurs
années la plante a été introduite en Angle-
terre et en France, où il est facile de se la
procurer aujourd’hui.
Le L.pycnostachya estuneplante vivace
à racines tubéreuses, formant des touffes
composées de quelques tiges seulement,
fortes, dressées, hautes de un mètre et plus.
Les feuilles sont serrées contre la tige,
étroites-linéaires, surtout au sommet, pu-
hescentes ou glabres, suivant la variété.
L’inflorescence, disposée en épi très-allongé
porte des capitules serrés, sessiles, d’un
beau rose violacé ; les écailles de l’involucre
sont apprimées, rudes au toucher vers le
sommet. La floraison successive des capi-
tules, du haut en bas de l’inflorescence,
dure plusieurs semaines.
Cette plante est rustique, et se cultive
comme ses congénères, en plein air, dans
une terre de jardin sableuse et fraîche.
Quelques espèces du sud des Etats-Unis
feront sans doute exception et réclameront
les châssis pendant l’hiver. Il sera bon, tou-
tefois, de couvrir les souches du L. 'pyc-
nostachya, par précaution, avec de la litière
pendant les grands froids. Nous conseillons
de ne pas lui donner un terrain trop subs-
tantiel, si l’on veut empêcher les tiges de
s’allonger démesurément et d’avoir une
mauvaise tenue. Dans tous les cas, il sera
utile de les tuteurer pendant l’été, un peu
avant l’apparition des premières fleurs. La
multiplication se fait facilement par éclats
des touffes au printemps.
Ed. André.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 28 JUIN 1883
Les apports, en tous genres, étaient rares et
peu variés.
Au comité d'arboriculture, un seul présen-
tateur : Mlle Guilbert, qui avait envoyé des
Cerises Anglaise, Reine Hortense et Impéra-
trice Eugénie qui étaient fort belles, surtout
les anglaises, qualité qu’elle attribuait à l’in-
fluence de l’insecticide Guilbert dont elle est
l’inventeur.
Au comité de culture potagère, présentations
par M. Boullant, de Yillejuif: des Artichauts
provenant de pieds plantés en octobre 1882,
âgés par conséquent de sept mois, qui étaient
très-beaux; 2« des Pommes de terre de la
variété à feuilles c! Ortie, également fort belles;
elles provenaient de pieds plantés le 15 mars
entre les rangées d’Articliauts dont il vient
d’être parlé. — Par M. Lecolley, Jacques, de
Valognes (Manche), une corbeille de Fraises de
semis. Ces fruits énormes étaient surtout
remarquables par leur forme allongée (5-6 cen-
timètres), aplatie, largement et profondément
sillonnés longitudinalement , brusquement
tronqués, ils étaient à peu près tous cunéi-
formes, quelques uns cristés. La chair, assez
pleine, juteuse, rose foncé vineux, était acide
et manquait de sucre, ce qui pouvait être dû
au climat un peu maritime de Valognes ou à un
état trop avancé des fruits.
Au comité de floriculture, présentations :
par M. Tabar, de Sarcelles : lo des fleurs cou-
pées de Pétunias de semis. Ces fleurs très-
grandes et très-pleines étaient énormes, bien
faites et très-variées, la plupart rubanées,
roses ou rouges plus ou moins foncé ;
2» quatre Pélargoniums de semis dont deux à
fleurs semi-doubles. Ces plantes, bien que
relativement belles, présentaient peu d’intérêt,
aujourd’hui que l’horticulture est si riche dans
ce genre. — Par M. Landry, horticulteur rue
de la Glacière, 92, à Paris. Oncidium Har-
rissonianum assez fort et portant deux inflores-
cences; ses fleurs très-nombreuses sont petites,
jaunes, piquetées ou maculées à l’intérieur de
roux foncé, cuivré; 2® Colax viridis, dont les
fleurs ont les divisions externes vertes, les deux
internes étroites, un peu colorées, le labelle très-
réduit et sensiblement lilacé ; quant au feuillage
il est ample et assez élégant ; les pseudo-bulbes,
nus, assez longs, sont cylindrico-coniques. — Par
M. Mallet, horticulteur au Plessis-Piquet, des
fleurs de Bégonias tubéreux, montrant que ce
genre, qui a déjà fourni tant de magnifiques
choses, est loin d’être arrivé a ses dernières
limites de production. Ces fleurs qui étaient
fortes, bien pleines, de très-beaux coloris,
offraient une gamme commençant au blanc pur
pour se terminer au rouge foncé.
LES FRUITS, LA VIGNE ET LE PHYLLOXÉRA DANS LE SUD-EST.
327
DESTRUCTION DU PUCERON LANIGÈRE
Vers le mois de janvier dernier, dans
une séance de la Société nationale et cen-
trale d’horticulture de France, il fut de
nouveau question de l’un des plus grands
fléaux de l’horticulture, l’ennemi acharné
des Pommiers, en un mot, du puceron lani-
gère.
Parmi les remèdes nombreux qui furent
proposés, indépendamment de ceux que
l’on connaît déjà, et qui laissent tous plus
ou moins à désirer, se trouva le procédé
dit (( à l’eau bouillante », qui consiste à
verser pendant l’hiver sur les parties ma-
lades de l’eau arrivée au point d’ébullition.
Je n’ai point fait usage de ce moyen, et
ne puis par conséquent parler de son effi-
cacité ; mais- son emploi sera toujours diffi-
cile, ne fût-ce que par la quantité d’eau
nécessaire et son transport à travers les
jardins, au point d’ébullition.
Mais je viens vous faire part d’un autre
remède, qui m’a parfaitement réussi, et
que je trouve très-pratique.
Au moment où la végétation se met en
mouvement, mais avant l’épanouissement
des boutons à fleurs, je fais un mélange de
deux tiers d’eau, un tiers de nicotine ou jus
de tabac fourni par les manufactures, et
une faible addition d’alcool. Avec ce mé-
lange je seringue en entier les Pommiers
malades, en appuyant plus fortement, en
lançant le jet avec plus de vigueur sur les
LES FRUITS, LA VIGNE ET LE
Nous recevons de Tun de nos collaborateurs,
M. V. Pulliat, la lettre suivante qui, à plu-
sieurs égards, nous paraît devoir intéresser nos
lecteurs.
Ghiroubles (Rhône), le 23 juin 1883.
C’est avec le plus grand plaisir que je vous
adresse les renseignements que vous me
demandez sur la production fruitière de la
région que j’habite.
Autant nous étions pauvres en Pommes
l’an passé autant la récolte de ce fruit s’an-
nonce bien cette année, soit en plein vent,
soit sur cordons ou même sur souches
basses.
Par contre, les Poires qui étaient très-
endroits les plus gravement atteints, dans
les plaies et partout où l’insecte paraît se
multiplier le plus. Les arbres paraissent
changer de couleur dans ce bain nicotiné.
Au moyen de l’addition de l’alcool, qui
divise les matières grasses qui recouvrent
le corps des pucerons, ceux-ci périssent
infailliblement.
La première opération avait paru suffi-
sante ; mais, par excès de précaution, je la
recommençai au bout de quinze jours. Le
lendemain, toute trace de cette maladie
avait disparu, et l’écorce, qui était devenue
comme glaucescente, ne montrait nulle
part que la santé des arbres eût été le
moins du monde altérée. Aujourd’hui les
Pommiers dont il s’agit sont en pleine
vigueur, et entièrement débarrassés du
redoutable puceron.
Si l’on ne peut employer la seringue
d’arrosage, on peut laver l’écorce à la
brosse, avec le mélange que je viens d’in-
diquer, ce qui serait encore moins coûteux.
Le procédé que j’indique est-il nou-
veau? Je l’ignore; d’autres l’ont peut-être
essayé comme moi. Mon but est tout sim-
plement de le faire connaître et de rendre
ainsi service aux cultivateurs de Pommiers
en butte aux ravages du puceron lanigère.
Bach,
Jardinier-chef de M. le baron G. de Rothschild,
à Chantilly.
PHYLLOXÉRA DANS LE SUD-EST
abondantes en 1882, seront rares cette
année-ci.
Les fruits à noyau, quoique les arbres
aient été contrariés dans leur floraison par
un temps froid et pluvieux, sont assez abon-
■ dants. La récolte des Cerises est bonne,
sans être copieuse ; les Pruniers sont gé-
néralement chargés de fruits ; les Pêchers
de plein vent ont bien conservé les leurs
jusqu’ici et les espaliers sont plus beaux
que l’an passé.
La récolte des Amandiers sera assez
belle.
Sur quelques points, (terrains calcaires)
les Abricotiers ont bien noué leurs fruits ;
328
LES FRUITS, LA. VIGNE ET LE PHYLLOXÉRA DANS LE SUD-EST.
dans les terrains siliceux ou argileux la pro-
duction sera défectueuse.
Malgré un temps toujours couvert et des
petites pluies fines qui viennent à peu près
régulièrement chaque jour contrarier les
floraisons, nous souffrons déjà de la séche-
resse ; les pièces d’eau baissent, beaucoup
de sources tarissent. Depuis plus de trois ‘
mois nous n’avons pas eu de pluies qui
aient pénétré le sol.
La Vigne ne craint pas cette température
sèche en temps ordinaire, mais elle se trouve
mal des alternatives de froid et de chaud,
des bourrasques froides et des coups de
soleil que nous subissons depuis la fin de
mai. Dès le commencement de juin elle
avait commencé à fleurir et nous sommes
encore à attendre au 23, la fin de cette
floraison dans nos Vignes au nord et au
couchant. Une floraison aussi prolongée ne
présage ordinairement rien de bon surtout
pour la qualité ; les apparences actuelles ne
font espérer comme quantité qu’une récolte
moyenne.
Tous ces contre temps ne seraient rien si
le phylloxéra ne continuait impitoyablement
ses ravages malgré tous les moyens employés
pour le détruire. Dans la commune que j’ha-
bite, on avait eu jusqu’à ce jour beaucoup
d’espoir dans le sulfure de carbone et nous
étions cités pour les beaux résultats que
nous avions obtenus au moyen de cet insec-
ticide. Il n’en est plus de même cette année.
Sur tous les points rapprochés des premiers
centres d’infection, il y a un affaissement gé-
néral de la végétation; beaucoup de Vignes
qui avaient donné l’an passé une assez jolie
récolte sont perdues à tout jamais et
devront être arrachées à l’automne. Ce
n’est pas exagérer que d’évaluer les parties
a arracher au tiers des Vignes existantes.
Beaucoup de communes du Beaujolais
sont dans le même cas ; nos bons crus de
Morgon, de Brouilly, n’existent plus ; ceux
de Fleury, des Tborins, sont gravement
endommagés et l’espoir de conserver les
Vignes qui nous restent tend de plus en
plus à disparaître. C’est aujourd’hui l’avis
non seulement des personnes qui avaient
accepté le sulfure ou ses dérivés comme
un palliatif, mais encore celui des plus
chauds et des plus convaincus partisans de
ces insecticides comme moyen de conser-
vation.
Permettez moi de vous citer à ce sujet un
passage du remarquable rapport adressé au
Ministère de l’Agriculture, par M. Henri
Marès, président de la commission dépar-
tementale de l’Héraultetdirecteur du Champ
d’expérience de Las Sorrès, un des plus
grands prôneurs des insecticides, il y a
peu d’années. « Dans Vétat actuel de
la question phylloxérique, dit l’éminent
viticulteur de l’Hérault, aucun moyen
connu ne parait susceptible de détruire
économiquement le phylloxéra, ou d'em-
pêcher sa propagation, sauf l'emploi des
cépages naturellement indemnes de phyl-
loxéra, végétant vigoureusement dans tous
les sols et susceptibles d'être greffés avec
les admirables cépages [de nos vignobles
français, d ' v
Tel est aussi l’avis de toutes les personnes
qui ont mené de front l’essai des insecticides
et des Vignes américaines.
Je possède en ce moment-ci vingt-cinq à
trente ares de Vignes indigènes greffées
depuis quatre et cinq ans sur des Vignes
américaines résistantes ; elles sont d’une
végétation et d’une fertilité qui dépassent
tout ce que nous avions vu lors de la pros-
périté de nos anciens vignobles. Je ne dis-
cute plus avec les détracteurs des cépages
américains, je leur dis : Venez voir.
Veuillez, etc. V. Pulliat.
Malgré les affirmations qu’on vient de lire,
émanant de fun de nos viticulteurs les plus
compétents, nous croyons qu’il y a lieu de ne
pas se fourvoyer et de ne pas agir légèrement,
car nous nous rappelons avoir lu des affir-
mations contraires à celles qui viennent d’être
citées et tout récemment dans le Journal
d' Agriculture praticiue (i) . Un homme, dont la
compétence est également indiscutable, sans
nier formellement les qualités résistantes des
cépages américains , démontràit qu’on avait
souvent exagéré ces qualités. Il faut donc être
prudent et non exclusif, employer simultané-
ment les deux systèmes, et suivant les condi-
tions donner la préférence à celui qui produit
les meilleurs résultats. E.-A. G.
(1) Voir numéro du 28 juin, p. 913.
PRITCHARDIA VUYLSTEKEANA.
329
PRITCHARDIA VUYLSTEKEANA
Nous avons signalé, dans notre compte-
rendu de l’Exposition quinquennale de
Gand, qui a eu lieu en avril dernier (1), la
présence de plusieurs Palmiers remar-
quables, exhibés par M. Ch. Vuylsteke,
de Loochristi, près Gand. L’un d’eux,
qui portait le nom de l’introducteur, se
distinguait par sa vigueur et sa belle
venue. C’était le Pritchardia Vuylstekea7ia
(fig. 59), espèce nouvelle de l’Océanie, tout
récemment déterminée par M. Wendland,
de Herrenhausen. Voici ce qu’écrivait ce
savant palmographe, à la date du 30 mars
dernier :
« Les matériaux nécessaires à la des-
cription scientifique de ces deux nouveaux
Palmiers (l’autre espèce est également un
Palmier nouveau), à feuilles flabelliformes,
ne nous sont fournis que par les fruits. Il
est hors de doute qu’ils appartiennent tous
les deux au genre Pritchardia. Cependant,
il est à remarquer que, pour ces deux es-
pèces, les pointes du fruit ne se trouvent
pas en ligne droite avec la base, mais quelque
Fig. 59. — Pritchardia Vurjlstekcana.
peu de côté. C’est par là que ces espèces
s’écartent de toutes celles déjà connues,
tandis que tous les autres caractères du
fruit et des jeunes plantes sont exactement
ceux du genre Pritchardia.
« Le P. Vuylstekeana , Wendl., a le
fruit oblong, un peu oblique, d’une lar-
geur de 24 millimètres sur une largeur de
20 millimètres; les graines, nues, ont
15 millimètres de longueur sur 14 milli-
mètres de largeur. Les jeunes plantes sont
richement garnies de feuilles, dont la cou-
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 206.
leur est vert foncé, avec le pétiole plus
clair. »
Ajoutons à ces notes que les jeunes
sujets que nous avons vus à Gand, pré-
sentaient des feuilles larges, nombreuses,
bien placées les unes près des autres et
d’une texture solide. Les quelques exem-
plaires exposés étaient tous d’une remar-
quable vigueur.
Cette espèce nouvelle est originaire des
îles Basses ou îles Pomotou, dans l’Archipel
Dangereux. On sait que ces îles sont
presque inaccessibles, à cause de leurs
330
GREFFE DES FUSAINS A HAUTE TIGE.
côtes formées de rochers escarpés, sur
lesquels se brisent les embarcations. C’est
donc une heureuse fortune que d’avoir pu
aborder l’île déserte, où jamais peut-être
aucun Européen n’avait pénétré, et sur
laquelle de récents explorateurs ont décou-
vert ce magnifique Palmier. Ils ont été assez
heureux pour _ en recueillir des graines, qui
ont heureusement conservé leurs facultés
germinatives durant sept mois de traversée.
La plante est mise en vente par M. Vuyls-
teke, dès à présent, et sans aucun doute
elle est appelée à un grand avenir, car sa
vigueur permettra aux amateurs d’obtenir
rapidement de beaux exemplaires pour
l’ornementation des serres et jardins
d’hiver. Si l’on rapproche de ces qualités
particulières ce fait qu’il est difficile de
retourner dans la patrie de ce beau Pal-
mier et d’en importer de nouvelles graines,
on comprendra aisément la faveur dont il a
été entouré dès le jour de son apparition
sur la scène horticole.
Ed. André.
GREFFE DES FUSAINS A HAUTE TIGE
Lors de la dernière exposition de Ver-
sailles, au mois de mai 1883, M. Christen,
horticulteur, avait exposé un lot d’arbustes
qui attirait vivement l’attention. C’étaient
des variétés de Fusains du Japon, greffés
sur des sujets-tiges de 50 centimètres à
30 de hauteur. Rien de plus joli et de
plus singulièrement original que de voir de
charmantes boules variant par la couleur,
les dimensions et les formes des feuilles.
C’est un mode d’ornementation trop peu
connu et qui nous paraît susceptible de
rendre de grands services à l’horticulture
décorative, non seulement des jardins,
mais même et surtout des appartements.
Ce qui nous engage à recommander ce sys-
tème, et même à faire connaître le procédé
employé par M. Christen, pour arriver à de
bons résultats. C’est d’après les données
de cet horticulteur que nous écrivons le
présent article :
On se procure des sujets de Fusains com-
muns, élevés sur une tige bien droite, de
hauteurs variables et appropriées au but
qu’on se propose d’atteindre ; on les met en
pots, soit cà l’automne, soit au printemps, de
manière qu’ils soient bien repris quand on
devra les greffer au mois d’août suivant. A
cette époque, ces sujets sont greffés en tête,
en demi-fente ou à la Pontoise. Au fur et à
mesure que les greffes sont terminées (po-
sées, ligaturées, cirées), on couche les
sujets près à près dans une bâche ou dans
des coffres, sous des châssis, et on les prive
d’air jusqu’à ce que la reprise soit com-
plète, ce qui a lieu très-promptement ;
ensuite on les habitue successivement à
l’air, de manière à pouvoir les y livrer bien-
tôt tout à fait, jusqu’aux premières gelées.
Si, lorsqu’on les place au grand air, on peut
les enterrer à mi-ombre, cela n’en vaudra
que mieux.
Bien que ces plantes soient relativement
rustiques et tout aussi robustes que les
mêmes sortes non greffées, il est prudent,
au moins pendant quelques années, de ren-
trer les plantes l’hiver dans un local non
chauffé où la gelée même pourrait pénétrer
un peu, mais en ayant soin de leur donner
de l’air afin d’éviter la moisissure et la
chute partielle des feuilles. Un abri cons-
truit avec des planches ou avec des paillas-
sons peut également très-bien convenir.
Ainsi traitées les panachures se conservent
beaucoup mieux que si les plantes étaient
franches de pied.
Lorsque les plantes sont bien établies, on
peut les livrer à la pleine terre, soit isolé-
ment, soit groupées dans des plates-bandes
ou des massifs. On peut aussi les conserver
en pots ou en bacs que l’on remplace au
fur et à mesure du besoin.
Ainsi traitées, ces plantes peuvent servir
à de nombreux usages, soit pour la décora-
tion des appartements, soit qu’on les em-
ploie pendant l’été pour garnir des massifs
ou faire des oppositions, ou encore, quand
les plantes sont fortes, en les plaçant çà et
là sur le bord des allées ainsi qu’on le fait
des Orangers, Grenadiers, Myrtes, etc.
Les personnes qui désireraient se pro-
curer de ces Fusains greffés de hauteurs et
de forces diverses, pourront s’adresser à
M. Christen, horticulteur à Versailles.
F. -A. Carrière.
COMMERCE DES FRUITS DANS L’aNJOU.
331
COMMERCE DES FRUITS DANS L’ANJOU
Un de nos correspondants d’Angers nous
envoie les notes suivantes sur le commerce
des fruits dans cette ville et les environs.
On pourra y puiser d’utiles indications sur
les meilleurs fruits à cultiver et sur la
faveur comparée dont ils sont l’objet, sur-
tout pour la consommation parisienne.
Par les temps chauds, les Fraises, dans notre
région, pourrissent sur pied avant de mûrir ;
celles qui mûrissent sont aqueuses et ne con-
viennent pas pour l’expédition ; elles sont très-
promptement avariées dans les wagons, mal-
gré l’emballage soigné qui leur est fait.
La variété Marguerite Lehreton, cultivée en .
grande quantité autour d’Angers à cause de sa
précocité, de sa qualité et de l’abondance tou-
jours constante de ses fruits, se vend surtout
pour la consommation locale ; elle supporte
mal le voyage,, paraît-il, et les acheteurs en
gros n’en veulent plus ; nous ne conseillons
.donc pas de la cultiver pour l’expédition au
loin. Elle est cependant fort appréciée des con-
sommateurs qui la préfèrent à Surprise Myatt
{Maillasse, en Anjou) et à la Princesse Royale
{la Ronde).
Ces deux dernières variétés sont au contraire
fort appréciées des expéditeurs, parce qu’elles
voyagent bien et se conservent plus longtemps
que la Marguerite.
On cultive encore aux environs d’Angers plu-
sieurs autres variétés de Fraises, mais en petite
quantité seulement ; tels sont : Sir Harry, la
Reine, Comte de Paris, Docteur Morère, etc.
Le prix moyen des Fraises est d’environ
1 fr. 25 le kilog. ; c’est une culture assez ré-
munératrice dans les terrains convenables. Il
est bon de signaler ces chiffres pour les com-
parer à ceux de Paris.
Jusqu’à ces années dernières, les commis-
sionnaires qui achètent pour l’exportation se
faisaient livrer à Angers, dans leurs magasins,
les fruits qu’ils achetaient aux environs. Mais
aujourd’hui ils envoient des paniers à embal-
lage chez les cultivateurs, et ce sont ces der-
niers qui font directement les livraisons à la
gare la plus voisine. En ce moment on cueille
les Guignes et les Bigarreaux précoces qui se
vendent 40 fr. les 100 kilog.
Plusieurs distillateurs de notre ville achètent
les Guignes pour la fabrication du « Guignolet »
d’Angers, liqueur fort agréable et dont la
renommée est assez grande.
Ces maisons achètent également des quan-
tités importantes de Gassis, dont la culture
s’est beaucoup étendue dans notre pays depuis
une vingtaine d’années. C’est surtout dans les
terrains secs et pierreux que le Gassis est cul-
tivé. Le prix varie entre 35 et 50 fr. les 100 kil.,
suivant que la récolte est plus ou moins abon-
dante.
Deux variétés de Prunes seulement sont
cultivées ici en grandes quantités : la Reine-
Claude verte ou Abricot vert et la Sainte-
Catherine.
On trouve bien, dans une certaine partie du
département, la Prune de Damas noir, mais
elle n’est guère cultivée que pour les pépinié-
ristes qui achètent les fruits afin d’en semer les
noyaux.
Quant à la Prune Mirabelle, si recherchée
dans l’Est de la France, elle est cultivée ici
pour la fabrication des confitures ou des tartes ;
mais il ne se fait pas de culture en grand de
cette variété. Au point de vue de la spécula-
tion, la principale culture fruitière de l’Anjou
est celle du Poirier. Dès le mois de juillet, les
variétés précoces apparaissent sur le marché.
Le Citron des Carmes arrive le premier et se
vend pour la consommation locale au prix
moyen de 2 fr. le cent de Poires. Depuis quel-
ques années, la variété André Desportes, plus
belle, plus vigoureuse, aussi productive et de
meilleure qualité que la précédente, se voit sur
le marché et devient très -appréciée des ache-
teurs. Le Reurré Giffard arrive ensuite et est
acheté par les commissionnaires à 6 et 8 fr. le
cent, en belle qualité, pour l’exportation. Puis
vient le R.Clairgeau, très-beau et bon fruit,
mais peu recherché par les acheteurs en gros
(j’ignore pour quelle raison), et qui atteint fa-
cilement le prix de 6 à 8 fr. les cent Poires de
première qualité. Mais les véritables Poires
d’exportation sont surtout le Reurré cV Aman-
lis, très-cultivé à cause de sa grande fertilité et
qui se vend de 4 à 5 fr. le cent ; la Williams,
également très-fertile et très-appréciée, la
Ronne-Louise d’Avranches, qui trouve tou-
jours acheteur à 5 et 6 fr. le cent, et enfin la
Duchesse d’ Angoulême et le Doyenné d’hiver.
La Duchesse acquiert, sous le climat et dans le
sol de l’Anjou, une saveur qu’elle n’atteint, je
crois, nulle part ailleurs. Aussi y est-elle cul-
tivée en très-grande quantité ; l’arbre est vi-
goureux et fertile, le fruit très-gros est de toute
première qualité et supporte mieux qu’aucun
autre les plus longs voyages. Ges fruits se ven-
dent aisément 8, 10 et 15 fr. le cent pour l’An-
gleterre et surtout pour la Russie. Dans ce
dernier pays, il ont une renommée extraordi-
naire; ils atteignent facilement un rouble la
pièce (environ 2 fr. 50.)
332
PASSIFLORES HYBRIDES.
FRUITIER NATUREL.
En Angleterre, au contraire, les Poires de
Duchesse ne valent absolument rien, ce qui
démontre combien le sol et le climat influent
sur la qualité des fruits.
Le Doyenné cVhiver se vend ici 20 et 25 fr.
le cent. Cette variété est très-peu productive ;
ses fruits sont galeux et souvent invendables,
et ce n’est guère qu’en espalier qu’on peut en
obtenir de beaux. De plus, l’arbre est assez
délicat et ne pousse pas dans tous les ter-
rains.
J’oubliais le Beurré Royal {B. Diel) et le
Beurré d' Aremberg , deux excellents fruits ;
le premier, assez fertile et tardif, est aussi ap-
précié que la Duchesse et se vend bien. Quant
au Beurré d' Aremherg , depuis plusieurs an-
nées il donne très-peu de fruits, et nos culti-
vateurs l’abandonnent peu à peu.
Notre but, en publiant les notes succinctes
qui précèdent, est d’indiquer l’intérêt qui s’at-
tache à la culture en grand de certains fruits,
de préférence à d’autres. Des conditions locales
qui pourraient se reproduire ailleurs sont
bonnes à signaler, car l’industrie fruitière prend
en France une importance croissante, que les
facilités du transport par voies rapides aug-
mentent chaque jour au profit de tous.
L. Angevin.
PASSIFLORES HYBRIDES
Le Gardeners’ Chronicle a récemment
publié la courte description suivante de
quelques belles variétés nouvelles de Passi-
flores qui sont mises au commerce par
MM, Haage et Schmidt, d’Erfurt.
1° P. Professeur Fichier. Se rapprochant
beaucoup du P. racemosa quant à la forme,
et tenant à la fois de celui-ci et du P. Rad-
diana, pour la couleur. Le tube de la fleur
est cylindrique et rainé dans le sens de la
longeur. Les sépales sont pourpre à l’inté-
rieur et lie de vin à l’extérieur; les pétales
sont rose-lilacé. A l’extérieur de la cou-
ronne ces pétales sont tachés de blanc ; les
inférieurs sont plus courts et pourpres. Le
pistil est cylindrique. La fleur est plus
grande que celle des P. racemosa et Rad-
diana.
2o P. odro-purpurea. Variété la plus
foncée en couleur parmi celles obtenues
jusqu’à ce jour. Fleur rouge intérieurement,
large de 10 centimètres environ.
Plante très-florifère et de grand mé-
rite.
3» P. Madame Bruckhaus. Se rappro-
chant beaucoup du P. princeps coccinea,
surtout lorsque les fleurs ne sont pas tout
à fait ouvertes. Fleurs en grappes, rose
saumon carminé; pétales inférieurs légère-
ment violet cramoisi.
4» P. Docteur Wittmack. Variété se
rapprochant du P. Loudoni, mais avec les
pétales une fois plus grands, et d’un coloris
FRUITIER
Le qualificatif « naturel, » par lequel
nous désignons le fruitier dont il va être
plus pâle. Feuilles ressemblant à celles du
P. racemosa, munies à la base de sortes de
boursouflures. Tube de la fleur long de
4 centimètre 4/2 à 2, cylindrique, un peu
renflé, d’un joli rouge pourpre. Très-belle
variété provenant sans doute d’un croise-
ment entre le P. Raddiana et le P. race-
mosa.
Une autre très -belle Passiflore hybride,»
cultivée depuis quelques années en Alle-
magne, vient de nous fleurir à Cannes.
C’est le P. cœruleo-racemosa, obtenu d’un
croisement entre les deux espèces que son
nom rappelle. Le feuillage se rapproche
plus du racemosa que du cœrulea, mais
les fleurs à sépales et pétales renversés ne
rappellent ni l’un ni l’autre des parents.
Elles sont d’un beau rouge violacé avec
couronne de même nuance, et leur forme
est des plus élégantes. C’est une plante
dont la culture doit être fortement recom-
mandée, dans le Midi surtout, où sa florai-
son est d’une grande abondance. On croi-
rait voir ces admirables plantes dans leurs
stations naturelles de l’Amérique intertro-
picale. Mais c’est surtout la tribu des Tac-
sonia qu’il faudrait propager sur la côte
méditerranéenne, et nous appelons de tous
nos vœux le jour où nous pourrons revoir
vivant ce merveilleux Tacsonia Mandoni,
que nous avons admiré dans toute sa gloire
sur le versant occidental du volcan Corazon,
dans l’Ecuador. Ed. André.
NATUREL
question, est rigoureusement exact et pré-
sente cet avantage de sous-entendre cet
FRUITIER NATUREL.
333
autre qualificatif (( économique, » qui en
devient ainsi le complément. Il est de la
plus grande simplicité et n’exige ni dé-
pense ni soins d’aucune sorte. Si une chose
pouvait étonner, ce serait qu’on n’ait pas
encore pensé à en faire l’application. En
effet, il n’est aucun cultivateur, aucun
paysan qui n’ait remarqué, soit dans un
verger, dans de l’herbe, et à peine cachés
par quelques feuilles, parfois même dans
une bordure de Buis, et cela après un hiver
long et rigoureux, des fruits. Pommes ou
Poires, parfaitement conservés et tout aussi
frais que si l’on venait de les cueillir.
A quoi est due cette conservation? Comment,
après de tels exemples, soutenir encore la
théorie que pour conserver les fruits il faut
une température aussi régulière que pos-
sible ; que le thermomètre ne descende
jamais à zéro et qu’il ne s’élève guère que
de quelques degrés au-dessus de ce point ?
Il est bien évident, en effet, qu’aucune de
ces mesures n’a été gardée dans le cas où
les fruits sont restés pendant quatre et
même cinq mois sur le sol, dans les con-
ditions que nous avons dites, c’est-à-dire
exposés à toutes les variations et même à
toutes les intempéries : pluie, neige, par-
fois même à de très- fortes gelées ou à des
chaleurs relativement élevées. De tels faits
ne démontrent-ils pas d’une manière in-
contestable que les conditions de conserva-
tion des fruits ne sont pas bien connues,
et, dans tous les cas, qu’elles ne sont pas
précisément celles que l’on recommande
toujours pour l’établissement d’un bon frui-
tier? Faut-il de ceci conclure que nos frui-
tiers sont mauvais et que les soins que nous
donnons aux fruits, sont sinon nuisibles,
du moins inutiles? Ce serait à tort cer-
tainement ; mais cela engage à faire des
expériences et à chercher autre chose
que ce qu’on a fait jusqu’ici, puisqu’il est
démontré qu’il y a mieux que ce que nous
avons.
Mais pourquoi, même sans chercher la
raison de la conservation naturelle dont
nous parlons, n’essaierait-on pas d’imiter
ce qui la détermine, en y apportant quelques
modifications , suivant les lieux et à l’aide
de différents moyens dont nous allons citer
quelques exemples? Pourquoi, lors delà
maturité des fruits, ne pas les étendre sur
un gazon et les recouvrir simplement d’une
petite épaisseur de foin, d’herbe ou même
de paille ? Pourquoi encore ne pas en éten-
dre simplement sur le sol, de manière avoir
si l’influence directe de celui-ci serait favo-
rable ou défavorable ? Ne pourrait-on aussi,
pour varier les expériences, mettre plu-
sieurs couches de fruits l’une sur l’autre,
ou même les mettre en tas, en recouvrant
celui-ci de paillassons, d’herbes, de foin ou
de paille, de manière à pouvoir apprécier
les différents résultats? Il serait bon aussi
d’essayer de recouvrir les fruits avec des
corps mauvais conducteurs du calorique :
feutre, lainages, paillassons, mousse, du
sphagnum surtout qui, comme on le sait,
jouit de la propriété de ne jamais s’échauf-
fer, par conséquent de ne pas fermenter. Il
serait bon aussi, pour que les expériences
fussent plus concluantes, en même temps
que l’on met des fruits dans les diverses
conditions que nous venons de rapporter,
d’en placer dans les conditions où on les
place ordinairement pour les conserver :
fruitier, cave, cellier, etc.
Mais ce n’est pas seulement tel ou tel
fruit qu’il faudrait expérimenter; ce sont
tous et à toutes les époques, de manière à
pouvoir être renseigné d’une façon générale,
tant sur la conservation physique des fruits
que sur leurs qualités.
Ces expériences pourraient être multi-
pliées à l’infini, et sans frais, pour ainsi dire,
puisque, outre que les matières employées
sont communes et presque sans valeur, on
pourrait n’opérer que sur des quantités mi-
nimes. Les expériences seraient tout aussi
concluantes, puisqu’elles seraient faites dans
les mêmes conditions, le lot placé dans
les conditions ordinaires normales (fruitier,
cave, etc.), devant être de la même impor-
tance que le lot mis en expérimentation, de
sorte que les résultats de l’expérience se-
raient toujours comparatifs.
Ce principe admis, — le contact des fruits
avec le sol, — on pourrait disposer les ex-
périences de manière que ce fruitier fût
accessible en tout temps et en toutes sai-
sons, par exemple sous un hangar, ou
même sous une sorte d’abri construit ad
hoc. Nous engageons même à essayer en
même temps ces expériences dans une cave
ou un cellier, et à mettre là une certaine
quantité de fruits sur le sol, et une quan-
tité égale des mêmes fruits sur des ta-
blettes.
E.-A. Carrière.
334
L ARROSAGE EN PLEIN SOLEIL.
. KARROSAGE EN PLEIN SOLEIL
Dans une de ces charmantes boutades
que M. F. Sarcey distribue, de temps à
autre, aux lecteurs du X/Z® Siècle, le
spirituel critique, prenant à partie les
(( phrases toutes faites » qui servent trop
souvent de passeport à de grossière errreurs,
en relève une qui est du domaine de l'hor-
ticulture (1).
Après avoir rappelé l’insanité du vieux
dicton : « Les vues de myopes sont les meil-
leures, )) il range dans la même catégorie la
maxime populaire des horticulteurs : « On
ne doit pas arroser à l’heure du plein so-
leil. » L’article est plein de sel gaulois ; il
faut lire l’amusant dialogue de M. Sarcey
avec son jardinier, qui regarde avec dédain
son maître arrosant en plein midi par un
soleil ardent ses plantes fanées :
— Mais ça ne s’est jamais vu! répond le
jardinier à M. Sarcey, qui, tout fier de son
ouvrage et quelque peu ruisselant de sueur,
attendait des compliments et des éloges !
Et le jardinier d’ajouter sentencieusement :
Il ne faut pas arroser à l’heure du plein
soleil !
— J’entends bien, dit M. Sarcey un peu
décontenancé ; mais pourquoi ne faut-il pas
arroser à l’heure du plein soleil ?
Le jardinier qui n’avait sans doute jamais
cherché l’explication de cette maxime, el à
qui la tradition avait suffi, se contenta de
grommeler entre ses dents :
« Tout ça, c’est des idées de bourgeois! »
M. Sarcey n’insista pas, mais il en conclut
tout de suite que les inconvénients de l’ar-
rosage au soleil sont imaginaires, et qu’il
faut les ranger dans le fatras des préjugés
dont le profane vulgaire se nourrit trop
souvent.
Nous avions pris un vif plaisir à l’article
de M. Sarcey; mais peut-être n’aurions-
nous pas songé à y répondre ici, car cer-
tainement nos abonnés n’arrosent guère à
l’heure du plein soleil. Si M. Sarcey, ne
sachant plus que croire au milieu des lettres
qu’il avait reçues à ce sujet, n’avait fait, il y
a quatre ou cinq jours, à la Revue horti-
cole, l’honneur de lui demander son avis.
Nous sommes ennemis des préjugés au-
tant qu’homme du monde, et nous leur
(1) Numéro du 18 juin dernier.
faisons quelquefois la guerre dans la Revue
horticole. Si nous ne pouvons toujours
convaincre nos lecteurs, d’illustres exemples
nous encouragent à persévérer : Arago n’a-
t-il pas combattu pendant quarante ans
toutes les fables débitées sur la lune, sans
pouvoir éclairer de ses lumineuses démons-
trations l’armée innombrable des aveugles
volontaires ?
Cette fois, pourtant, le jardinier de M. Sar-
cey avait raison contre son maître, et la
phrase toute faite avait du bon ; nous allons
essayer de dire pourquoi.
L’arrosage pendant la grande chaleur du
jour, et surtout sous les rayons d’un soleil
ardent, n’est pas bon, par les raisons sui-
vantes :
1“ L’eau répandue n’est pas tôute ab-
sorbée par les plantes ; une partie s’éva-
pore avec rapidité. Les tissus des plantes
flétries reprennent d’abord leur turgescence
sous l’influence de ce bain superficiel ; mais
c’est tout : l’eau glisse sur le feuillage et
les tiges, humecte le sol et s’évapore en
grande partie avant d’arriver aux racines.
Reconnaissons tout de suite que cette raison
d’économie n’aura pas grande valeur aux
yeux de M. Sarcey ; son article nous a fait
voir qu’il ne regardait pas à sa peine ; il
aura simplement arrosé en pure perte, voilà
tout, et il en aura été ensuite délicieuse-
ment récompensé par la fraîcheur qu’il
aura créée autour de lui. Mais il recon-
naîtra comme nous que, pour le jardinier de
profession, cette question de bonne utilisa-
tion du travail vaut déjà la peine qu’on s’y
arrête.
2® Il est rare que l’on emploie, pour ar-
roser, de l’eau à la température de l’air
ambiant. L’eau de puits, de fontaine, est
froide, si elle n’a pas été préalablement
exposée au soleil dans des bassins ouverts.
Or, le contact qui resserre brusquement les
pores des plantes herbacées est préjudi-
ciable à beaucoup de végétaux au moment
de la grande végétation. Les maraîchers le
savent bien : les Melons, les Cornichons,
les Romaines « près de se coiffer, » les Sca-
roles, la Chicorée bonne à lier, souffrent des
aspersions brusques à f eau froide ; elles se
tachent de jaune et sont dites mouchetées.
CORRESPONDANCE.
335
Il en est de même pour beaucoup d’autres
plantes d’utilité ou d’ornement.
30 L’arrosage en- piem, au grand soleil,
sur des semis ou de très-jeunes plants, bat
la terre, qui se couvre d’une croûte sur
laquelle l’eau glisse sans pénétrer. L’aéra-
tion du sol ne. peut plus s’effectuer alors
sans de fréquents binages destinés à lui
rendre sa perméabilité.
4® Si l’on arrose au milieu du jour, au
soleil, les plantes d’une serre sans les om-
brer préalablement, les gouttes d’eau restées
sur les feuilles font lentille et brûlent les
tissus comme on le ferait avec une loupe.
Il en est de même, avec moins de force, en
plein air.
Il va sans dire que certaines plantes ro-
bustes souffrent peu ou point de l’arrosage
en plein soleil, et qu’il vaut encore mieux
arroser à midi que pas du tout; mais l’ex-
ception n’est pas la règle.
Voyons maintenant quels sont les procé-
dés usités et le temps le plus propice pour
l’arrosage.
Le meilleur arrosage est, sans contredit,
l’irrigation. On 'l’emploie principalement
dans le Midi. Il consiste à taire courir l’eau
sur le sol, qui se trouve ainsi saturé profon-
dément. On a remarqué que les arrosages
copieux et rares sont préférables aux arro-
sages superticiels et fréquents. Si la terre
est bien imbibée, les plantes, puisant par
l’extrémité de leurs racines une fraîcheur
constante, peuvent se passer de la pluie na-
turelle ou artificielle. Lindley cite un jardin
à Tonbridge (Angleterre), situé sur le sol
profond provenant d’un ancien étang, et où
les plantes restèrent d’une fraîcheur luxu-
riante pendant tout l’été de 1842 sans rece-
voir une goutte d’eau .
Mais l’eau courante ne peut guère être
appliquée à nos cultures de la France
moyenne et septentrionale. Il faut donc re-
courir à l’arrosoir, ou à (( la lance, » au
moyen de l’eau amenée soit à l’air libre, soit
souterrainement.
A quelle heure de jour faut-il arroser?
Le meilleur arrosage est celui du soir
'pendant la saison chaude, et celui du ma-
tin pendayit le reste de Vannée.
Vers la fin du jour, la température du
sol et des plantes s’abaisse, et celle de l’eau
s’en rapproche notablement. Les conditions
sont alors presque celles d’un temps plu-
vieux, c’est-à-dire que l’abaissement de la
température, joint à l’obscurité nocturne,
ralentit la transpiration du végétal et l’éva-
poration à la surface du sol. L’équilibre
entre la chaleur de l’air et celle de la terre
pendant la nuit ne sera donc pas rompu, et
une bonne végétation en sera la consé-
quence. D’ailleurs, on sait qu’une dépres-
sion légère de f atmosphère pendant la nuit
est un phénomène naturel.
L’arrosage du matin est recommandé par
quelques praticiens. Pour eux, les plantes,
stimulées par la chaleur du jour, trouvent
dans la quantité d’eau absorbée le matin
par leurs tissus, une provision de fraîcheur
et de vigueur qui leur permet de résister
aux ardeurs du soleil. On objecte avec raison
qu’une grande partie de cette eau s’évapore
et par conséquent reste sans effet utile, et
en outre qu’il y a inconvénient à abaisser la
température du sol au moment où la tige,
le feuillage et les fleurs sont exposés à la
plus grande chaleur.
L’arrosage du matin ne doit donc être
préféré à celui du soir, qu’au printemps et
à l’automne, lorsque les nuits sont longues
et froides et lorsqu’il y a nécessité de ne pas
accentuer ces conditions déjà défavorables à
la végétation.
Avons-nous réussi à démontrer à M. Sar
cey les inconvénients de l’arrosage en plein
soleil, et les avantages que les plantes retire-
ront du traitement ci-dessus indiqué? Nous
le désirons vivement.
Ajoutons que si les cultures du célèbre
critique en profitent, sa santé personnelle
ne s’en trouvera pas plus mal. En arrosant
aux heures propices, il évitera des insola-
tions fâcheuses, il rentrera dans les bonnes
grâces de son jardinier qu’il n’accusera plus
d’avoir inventé pour son usage personnel
cette règle, quil ne faut pas arroser en
plein soleil, et la Revue horticole sera fière
d’avoir retiré une maxime raisonnée du
panier des <i phrases toutes faites. »
£d. André.
CORRESPONDANCE
Mme P. (Doubs). — Le Citrus triplera est
très-rustique et passe très-bien l’hiver en pleine
terre dans le centre et même dans beaucoup
de localités du nord de la France. Vous pourre?
336
TRAITEMENT d’ÉTÉ ET d’aUTOMNE
trouver cette espèce chez la plupart des horti-
culteurs d’Orléans, notamment chez MM. Dau-
vesse, Desfossé-Thuillier, Transon frères.
M*’ B. (Seine). — Les Abricots dont vous
désirez savoir le nom viennent du midi de la
France et même de l’Algérie, par l’entremise
des commissionnaires en fruits, mais alors
sans aucune désignation. Il nous est donc tout
à fait impossible de satisfaire à votre désir, ce
que nous regrettons.
Mr A. (Charente). — L’anomalie dont vous
nous parlez, et qui s’est développée sur un,
Pommier, est assurément très-intéressante,
mais nous ne pouvons en donner d’explication,
surtout ne voyant pas l’objet. Peut-être plus
POUR LE RICII.XRDIA ÆTHIOPICA.
tard, lorsque le phénomène sera caractérisé,
pourrons-nous faire davantage. Pour le moment,
nous vous engageons cà suivre le développement
de cette anomalie, à en noter toutes les phases
et à nous faire connaître tous ces détails à
l’aide desquels nous pourrions peut-être tenter
une explication rationnelle.
A « Un abonne de la Revue horticole ».
— Votre communication relative au mastic à
greffer à froid est intéressante, et nous l’insé-
rerons aussitôt que vous aurez bien voulu nous
faire connaître votre nom, ce qui nous est né-
cessaire pour vous laisser la responsabilité de
vos assertions.
TRAITEMENT D’ÉTÉ ET D’AUTOMNE POUR LE RICHARDIA ÆTHIOPICA
h' Arum d’Éthiopie {Calla ou Richardia
Æthiopica)^ cette belle plante, si connue,
sur laquelle la Revue a publié récemment
un intéressant article de M. Foissy, offre un
si grand intérêt aux cultivateurs des plus
beaux comme des plus modestes jardins,
que nous croyons faire œuvre utile en indi-
quant, d’après le Journal of horticulture,
un autre mode de traitement que l’on pourra
comparer avec le premier.
Nous prenons les plantes au moment où
l’on va commencer leur multiplication.
Les pieds-mères, que depuis la veille on a
dû immerger entièrement dans l’eau, seront
divisés autant que possible, et réduits à
l’état de simples bourgeons, surtout si l’on
veut les multiplier abondamment.
Ces jeunes plantes seront placées en
lignes diagonales, à environ soixante centi-
mètres les unes des autres, dans un sol
composé de fumier décomposé et de terre
argileuse. On tasse légèrement autour de
chaque pjed, et lorsque la plantation est
achevée, on fait autour de chacun d’eux, en
relevant la terre, un bassin destiné à con-
server l’eau des arrosages, qui devront être
copieux et fréquents, surtout lorsque les
pluies seront rares.
Un tuteur sera placé auprès de chaque
plante, et ses feuilles y seront attachées au
fur et à mesure de leur développement afin
qu’elles ne soient pas brisées par le vent ou
toute autre cause.
Toutefois, les feuilles se dessécheront peu
à peu, mais seulement lorsque des racines
se seront développées, et que des couronnes
nouvelles seront bien formées. A partir de
cette époque, les Richardia croissent vi-
goureusement jusqu’à la fin de l’été.
A la fin d’août, on arrêtera la végétation,
en cernant les plantes à l’aide d’une bêche,
opération qui doit se faire-en proportionnant
la longueur des racines que Ton conserve
à la grandeur des pots que Ton se propose
d’employer.
Vers le milieu ou la fin de septembre, on
enlève les Richardia et on les empote dans
un mélange de deux quarts de terre argi-
leuse, un quart de terreau de feuilles, et un
quart de sable grossier ; puis on arrose
abondamment, de manière à faire adhérer
la terre aux racines. Les pots sont placés
à Tombre jusqu’à ce que de nouvelles racines
se soient formées, et alors on peut les trans-
porter à une situation ensoleillée, où ils se-
ront bientôt remplis de grosses racines affa-
mées.
Les Richardia, qui ont besoin de beau-
coup de nourriture, doivent être fréquem-
ment arrosés, pendant la période de florai-
son, c’est-à-dire, depuis la seconde moitié
de décembre jusqu’au mois de juillet, avec
des engrais liquides.
De temps en temps, des fumigations au
tabac et de bassinages fréquents pi évien-
dront les attaques de pucerons, qui sont
très-friands du tissu des Richardia.
Ch. Tiiays.
lmp. Georges Jacob , — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Exposition des Rosiéristes de la So-
ciété de Brie-Comte-Robert et de
Grisy-Suisnes. — Le 8 juillet, les rosié-
ristes de la Société de Brie- Comte-Robert
et de Grisy-Suisnes ont fait une très-belle
exposition. Aux massifs de Roses on avait
réuni des lots de plantes de serre chaude,
dont quelques-uns d’une culture irrépro-
chable.
M. Gautreau père, rosiériste à Brie-
Comte-Robert, a obtenu le grand prix
d’honneur, un objet d’art de Sèvres offert
par le Président de la République, pour
374 variétés de Roses.
M. William Fleetches, jardinier-chef au
château de Presles, médaille d’or grand
module du ministre, pour ses plantes de
serres: Caladiums, Broméliacées et Fou-
gères.
M. Scipion Cochet, de Grisy-Suisnes, a
eu le troisième grand prix pour son lot de
600 variétés de Roses, ses Broméliacées et
autres plantes.
M. Céchet, rosiériste à Brie, médaille
d’or du ministre pour 259 variétés de roses.
B a présenté un semis très-remarquable.
Sept autres rosiéristes ont obtenu des ré-
compenses, et parmi les autres exposants
nous devons citer M. Pernel, de LaVarenne,
qui a présenté des Coléus de semis de
toute beauté, et MM. Gautier et Hochard,
de Pierrefitte, dont les Œillets méritaient
la bonne réputation dont ils jouissent.
Avant la distribution des récompenses,
qui a eu lieu sous la présidence du préfet
de Seine-et-Marne, ayant près de lui M. le
comte Horace de Choiseul, président de la
Société, et M. le maire de Brie, on a en-
tendu une conférence très-intéressante de
M. Lévêque, d’Ivry-sur-Seine. L’habile ro-
siériste a mis à la portée des amateurs
nombreux qui l’écoutaient les principes
nécessaires à la bonne culture du Rosier.
On l’a vivement applaudi.
M. Thibaut, vice-président de la Société
de Paris, était le président du jury de Brie-
Gomte-Robert.
Parmi les visiteurs nous avons remarqué
MM. Eugène et Charles Verdier, M. Kete-
leer, M. Lacharme, de Lyon, M. Croux, de
la vallée d’Aulnay, et plusieurs horticulteurs
Ier Août 1883.
distingués qui avaient tenu à marquer leur
intérêt aux efforts des rosiéristes de la
Brie.
Décorations à l’horticulture. — Sur
la proposition de M. le Ministre de l’agri-
culture, ont été nommés dans l’ordre de la
Légion-d’Honneur :
Officier : M. Prillieux (Édouard
Ernest), professeur à l’Institut national agro-
nomique, auteur de nombreuses publications
sur les maladies des plantes ; a rempli avec
distinction la mission dont il a été chargé
en France et en Algérie sur les parasites
végétaux de la Vigne. Chevalier depuis
1867.
Chevalier : M. Margottin fils (Jules
Auguste), horticulteur-pépiniériste à Bourg-
la- Reine. Dirige un important établisse-
ment et a obtenu de nombreuses ré-
compenses dans les diverses expositions
horticoles, entre autres une grande mé-
daille à l’Exposition universelle de 1878;
vingt-trois ans de services.
Par arrêté du Ministre de l’agriculture,
en date du 17 juillet, la décoration du Mérite
agricole a été conférée à :
M. Bertin père, avec la mention sui-
vante : vice-président de la Société d’horti-
culture de Seine-et-Oise, un des doyens de
l’horticulture française; a fondé à Versailles
un très-important établissement de pépinié-
riste.
M. Bertin père est connu de toute l’hor-
ticulture européenne par ses connaissances
générales pratiques et théoriques, et sur-
tout par la science des végétaux. Agé de
quatre-vingt-quatre ans, il en a consacré
soixante-dix, au moins, à l’horticultuie,
qu’il a très-largement servie. M. Bertin
appartient à cette génération qui s’éteint,
comprenant les Bréon, les Noisette, les
Poiteau, les Hardy, les Jacques, les Chau-
vière, les Briot, qui, tous, au point de
vue horticole , ont si bien mérité du
XIX® siècle. Aussi, tous ceux qui connais-
sent M. Bertin ne pourront-ils s’empêcher
de penser que la distinction qu’il a reçue,
si honorable qu’elle soit, est au-dessous de
son mérite et des services qu’il a rendus
au pays.
15
338
CHRONIQUE HORTICOLE.
Effeuillage et ciselage des fruits. —
Ces deux opérations particulièrement esti-
vales se font à partir du nouage bien arrêté
des fruits, jusqu’à une époque qui varie
suivant les variétés soumises à l’opération
et pour des motifs différents. Ainsi V effeuil-
lage se pratique exclusivement pour faire
colorer les fruits, ce qui n’a lieu qu’en
les exposant au soleil. Il faut opérer avec
prudence et, en général, quand les fruits
ont déjà atteint toutes leurs dimensions,
et qu’ils entrent dans la période voisine de
celle de leur maturation. On effeuille suc-
cessivement et graduellement, c’est-à-dire
au fur et à mesure que les fruits, ayant
atteint leur grosseur, ont besoin d’une
lumière plus vive pour se colorer. Suivant
la nature des fruits, le climat et l’ex-
position, on devra agir avec plus ou
moins de réserve. C’est surtout pour les
Pêches que l’effeuillage est important, car
ces fruits sont d'autant plus recherchés
qu’ils sont plus colorés*
Ciselage. — On ne le pratique guère
que sur les Pvaisins, Cette opération doit se
faire en plusieurs fois, deux au moins; la
première quand les Raisins sont bien for-
més, qu’ils sont en « verjus ; » alors, à l’aide
de ciseaux à lames très-effilées, on coupe
net le pédoncule. Ce travail doit se faire
avec d’autant plus de soin que l’on tient
à avoir de plus beaux fruits. La seconde
opération se fait lorsque les grains ont
atteint environ les trois quarts de leur
grosseur.
Rappelons que toujours les petits grains
— ceux qui n’ont pas été fécondés — les
(( coulards », doivent être enlevés, car,
bien qu’ils ne grossissent pas, ils absorbent
néanmoins la sève au détriment des autres
grains. Faisons aussi remarquer que les
grains provenant du second ciselage, étant
déjà gros, peuvent être utilisés soit pour
confire dans de l’alcool ou du vinaigre, soit
même pour être écrasés et faire des sauces
vertes, ou pour servir comme condiments.
Pommier Paradis jaune (1). — Ce
Pommier, qu’on ne saurait trop recom-
mander comme sujet, offre l’avantage d’être
plus vigoureux que le Paradis ordinaire
bien que ses’racines soient également courtes
et filiformes, et par conséquent de se main-
(1) Voir, pour l’historique et la description,
lievue horticole, 1879, p. 43G; 1882, p. 138.
tenir en sève très-longtemps, ce qui permet
de le greffer en écusson, même à une époque
très-avancée de l’automne. Cette année, par
exemple, par suite d’une sécheresse et d’une
chaleur printanière excessives, le Pommier
Paradis ordinaire a poussé à peine, de sorte
que dans beaucoup de localités on n’a pas
pu le greffer, tandis, que dans ces mêmes
conditions, le Paradis jaune s’est déve-
loppé vigoureusement et on pourra le gref-
er en écusson en septembre, peut-être
même plus tard. A tous les points de vue
il y a donc un grand avantage à cultiver
comme sujet le Paradis jaune.
Congrès d’horticulture de Marseille.
— Venant à son tour apporter sa voix au
concert des réclamations qui s’élèvent de
toutes parts pour la révision des prohibitions
qui pèsent sur les échanges horticoles, le
Congrès régional d’horticulture, qui s’est
réuni dernièrement à Marseille, a adopté à
l’unanimité, sur la proposition de M. F.
Sahut, horticulteur à Montpellier, la réso-
lution suivante :
Considérant qu’il est universellement cons-
taté aujourd’hui et absolument démontré que
le Phylloxéra vastatrix ne peut vivre sur
aucun autre végétal que la Vigne ;
Que, dès lors, s’il est nécessaire d’interdire
ou de réglementer la circulation des plants en-
racinés de Vigne, ainsi que des boutures et
autres parties de cette plante, il n’y a, par
contre, aucun inconvénient à laisser absolu-
ment libre le transport des autres végétaux
produits par les pépinières, c’est-à-dire les
arbres, arbrisseaux et arbustes fruitiers et
d’ornement de plein air ou de serre, tant en
mottes qu’à racines nues ;
Attendu d’ailleurs, que l’administration est
suffisamment armée par les articles 13 et 14
de la loi du 15 juillet 1878, qui lui permettent
de punir sévèrement les infractions à la défense
rigoureuse d’introduire, tant en Algérie que
dans les arrondissements encore indemnes de
la France, les plants de Vigne qui pourraient
y apporter le Phylloxéra ;
Considérant que les entraves ou prohibitions
à la libre circulation des végétaux autres que
la Vigne, constituent inutilement une atteinte
à la liberté du commerce horticole et portent
un très-grave préjudice à une branche impor-
tante de l’industrie nationale ;
Le Congrès émet le vœu :
lo Que la liberté de circulation la plus com-
plète soit restituée, tant en France qu’en Algé-
rie, aux végétaux autres que la Vigne, c’est-à-
dire aux arbres, arbrisseaux et arbustes frui-
CHRONIQUE HORTICOLE.
339
tiers, forestiers et d’ornement, de plein air ou
de serre, tant en mottes qu’à racines nues,
ainsi qu’aux fruits et aux fleurs coupées.
2° Que le gouvernement français agisse par
voie diplomatique auprès des autres gouverne-
ments signataires de la convention internatio-
nale de Berne, afin que cette convention soit
modifiée dans le sens de la liberté absolue de
circulation des mômes végétaux ou produits
horticoles, autres que la Vigne.
30 Et enfin que la diplomatie française agisse
également auprès des gouvernements qui n’ont
pas adhéré a la convention de Berne, pour ob-
tenir celte même liberté dans les échanges in-
ternationaux des produits de l’horticulture.
Nous ne pouvons que nous associer chau-
dement à de pareils vœux et demander au
gouvernement qu’il les fasse suivre d’une
prompte réalisation.
Encore les mastics à greffer à froid.
— Un de nos abonnés nous adresse la
lettre suivante que nous nous empressons
d’insérer.
Épinal, 3 juillet 1883.
J’apprends par la chronique de la Pieviie
horticole du lcr juin, que des plaintes se sont
élevées au sujet du durcissement des mastics
à greffer à froid.
Vos lecteurs ne seront peut-être pas fâchés
de connaître le procédé si simple que j’emploie
pour remédier à cet état de choses.
Je verse de l’alcool dans le mastic et en
remuant avec une petite spatule, je l’obtiens
aussi liquide qu'c je le désire.
Le procédé dont il vient d’être question
est connu ; il est bien simple en effet, puisque
l’alcool jouit au plus haut degré de la pro-
priété de dissoudre les corps résineux,
qui font la base de tous les mastics à gref-
fer. Mais ce qui est aussi bien certain, c’est
que les mastics liquéfiés et surtout reliqué-
fiés par l’alcool, perdent de plus en plus le
caractère d’onctuosité que doivent avoir tous
les bons mastics, ils deviennent de plus en
plus secs et cassants et pourraient même
être rendus corrosifs par un excès d’alcool.
Cependant le moyen dont nous venons de
parler pour ramollir les mastics un peu
secs, est bon et peut être employé dans
une sage mesure.
Nomination de M. Briot, comme jar-
dinier en chef des Petit et Grand-Tria-
non. — La mort de M. Charpentier, dont
nous avons parlé récemment (1), a amené
(1) Voir Revue horticole^ 1883, p. 293. 1
dans le service administratif de Trianon la
suppression d’un emploi. Au lieu de deux
places de jardinier en chef, il n’y en a
actuellement plus qu’une, dont M. Briot est
chargé. Il devient par conséquent l’unique
chef, ayant sous ses ordres deux sous-chefs,
placés à la tête de chacune des deux divi-
sions : celle du Petit et celle du Grand-
Trianon. Pépinières, cultures décoratives
et entretiens des parcs sont donc réunis.
C’est certainement une simplification comme
service administratif, mais c’est une nou-
velle tâche qui incombe à M. Briot.
Exposition d’horticulture à Saint-
Maur-les-Fossiés. — Cette exposition à
laquelle tous les horticulteurs amateurs,
jardiniers bourgeois, ainsi que tous les in-
dustriels dont les travaux se lient à l’horti-
culture, sont invités à prendre part, aura
lieu à Saint-Maur-les-Fossés du 2 au 9 sep-
tembre 1883.
Toutes les demandes d’admission devront
être adressées à M. Piettre, président de la
Société, au moins huit jours avant l’ou-
verture, et indiquer la nature des objets à
exposer.
Le jury se réunira au local de l’exposi-
tion le samedi 1^^* septembre.
Soufrage des Vignes. — Nous voici
arrivés au moment où d’ordinaire — mal-
heureusement — l’oïdium fait son appa-
rition dans nos cultures. A ce sujet nous
rappelons qu’il vaut mieux agir préven-
tivement, c’est-à-dire soufrer même avant
qu’il y ait trace d’oïdium.
On a d’autant moins à redouter cette
opération que, quoi qu’il arrive, ce soufre
ne peut nuire à la vigne, au contraire ; il
lui donne une vigueur plus grande et une
couleur plus verte, caractères qui annon-
cent les meilleures conditions possibles de
prospérité.
Jasminum affine. — Quand une plante
est méritante on ne saurait trop la recom-
mander. Tel est, sans contredit, le Jasmi-
num affine, espèce très-voisine du J. offi-
cinale, mais plus floribonde, à fleurs un
peu plus grandes, et d’un ton légèrement
soufré.
Quant aux autres caractères : port,
feuillage, forme et disposition des fleurs,
ils sont absolument les mêmes que ceux
340
CHRONIQUE HORTICOLE.
du Jasmin officinal. Mais ce qui donne à
cette espèce une grande valeur ornemen-
tale, c"est son extrême vigueur, qui en
fait une plante de premier mérite, pour
couvrir des tonnelles, des berceaux, etc.
Ses tiges, fortes et robustes, s’enroulent
et se tordent même par le rapprochement
des spires, dans le genre du Celastrus
scandens.
Rosiers greffés sur semis d’Églan-
tiers. — Quel est l’inventeur, c’est-à-dire
celui qui, le premier, a eu l’idée de greffer
les Rosiers sur des semis d’Églantiers, en
vue d’obtenir des sujets nains? Peut-être
serait-il difficile de rien affirmer à ce sujet.
On est pourtant à peu près d’accord sur ce
point, que c’est à Lyon que l’opération s’est
faite pour la première fois.
L’opinion générale s’accorde assez pour
attribuer à M. Guillot fils, de Lyon, l’in-
vention de celle greffe, qu’il aurait pra-
tiquée dès 1850. Mais ce qui ne fait plus
de doute pour les rosiéristes, c’est que la
greffe sur collet d’Églantiers de semis, est
ce qu’il y a de meilleur pour obtenir des
Rosiers nains.
Exposition d’horticulture àÉtampes.
— Les 1, 2 et 3 septembre 1883, la Société
d’horticulture de l’arrondissement d’Étam-
pes fera, dans cette ville, une exposition à
laquelle tous les horticulteurs et amateurs
d’horticulture sont invités à prendre part.
Les personnes qui désireraient exposer
devront en faire la demande à M. le secré-
taire général, huit jours au moins avant
l’ouverture de l’exposition.
Les jurés se réuniront le samedi, à
deux heures, au local de l’exposition : pro-
menade des Prés, jardin de la Société.
Modification spontanée du Navet de
Teltau. — Ce Navet, si remarquable par
sa saveur toute particulière qui rappelle
un peu celle des Ombellifères (Carotte,
Panais, etc.), et par ses dimensions très-
réduites (2 à 4 centimètres de diamètre), a
montré simultanément, dans deux localités
différentes, une transformation des plus
sensibles, par le seul fait de l’influence des
milieux. Ainsi, des graines bien franches,
semées dans des jardins maraîchers, c’est-
à-dire dans du terreau presque pur, ont
produit des plantes très-vigoureuses et dont
les racines étaient au moins trois fois plus
volumineuses que celles que cette plante
présente ordinairement. R y a donc eu là,
tout à coup, et sans l’influence d’aucune
fécondation, une transformation des plus
remarquables.
Nous avons entendu des gens regret-
ter cette modification, parce que, disaient-
ils, (( elle enlève à la plante son véritable
caractère. » Ce raisonnement est au moins
singulier, car n’est-ce pas en se modifiant
continuellement que certaines de nos plantes
indigènes sont arrivées à constituer ces
races améliorées qui sont si recherchées
aujourd’hui? Regretter cette transforma-
tion du Navet de Teltau est comme si l’on
regrettait que nos Panais, nos Carottes,
nos Céleris, aient « perdu leur caractère
et ne soient plus ce que sont d les types
sauvages que l’on rencontre encore dans
les champs où ils croissent spontanément.
A la rigueur, on pourrait peut-être regret-
ter cette modification du Navet de Teltau
si elle lui avait enlevé sa saveur toute par-
ticulière ; mais non, cette propriété s'est à
peine modifiée, et, au contraire, ces Navets
ont gagné en grosseur et en qualité, puisque
la partie charnue, tout aussi savoureuse,
est beaucoup plus tendre, et que la partie
centrale, au lieu d’être fibro-ligneuse comme
elle l’est dans le Navet de Teltau, est rem-
placée par du tissu cellulaire tendre, par
conséquent bon à manger. A tous les points
de vue, cette transformation est donc un
progrès.
Protection des arbres contre les
ravages des lapins. — Dans les parcs
forestiers et même dans des propriétés
moins importantes, certaines espèces d’ar-
bres ont toujours leur écorce mangée par
les lapins, lièvres, etc.
Différents procédés sont employés pour
remédier à ce mal. Les grillages sont désa-
gréables à la vue, les enduits ont le même
inconvénient ; de plus, ils sont souvent
inefficaces et quelquefois nuisibles aux
arbres.
La Ligue de V Agriculture indique le
mélange suivant, qui nous semble réunir
les meilleures conditions désirables.
Dans dix litres d’eau, faire fuser deux
kilogrammes de chaux vive, y ajouter
quelques poignées de suie, mélanger avec
soin et, par un temps sec, badigeonner les
arbres que l’on veut protéger.
CHRONIQUE HORTICOLE.
341
Il faut recouvrir l’écorce des arbres au
moins jusqu’à 1 mèlre du sol, car c’est au
moment des neiges que les ravages se pro-
duisent principalement.
En graduant judicieusement la quantité
de chaux et de suie, on obtient une couleur
grise qui s’harmonise parfaitement avec la
tige des arbres.
A ce propos, nous pouvons faire remar-
quer que la Revue horticole, se préoc-
cupant des dommages continuels que cau-
sent aux propriétaires de parcs forestiers
et même de jardins plus modestes, les
lapins, les lièvres et autres rongeurs, a déjà
donné des renseignements précis, permet-
tant dans bien des cas d’éviter cet inconvé-
nient (1). Le Journal of Horticulture vient
de publier, à son tour, une liste de végétaux
très-intéressante, que nous nous empres-
sons d’ajouter à nos propres observations.
Parmi les arbustes complètement res-
pectés, il convient de citer les Rhododen-
dron, et surtout le R. ponticum, qui est
employé en Angleterre, pour former des
« couverts » où les faisans se tiennent de
préférence, et où les lapins se multiplient
prodigieusement sans endommager les
plantes.
Les Andromèdes, Katmias, Azalées poli-
tiques, Sureaux, Fusains d’Europe, Meri-
siers à grajipes. Bouleaux, Saules, sont
généralement exempts des attaques de ces
rongeurs. De tous les ai'bres résineux, le
Pin de Cor.se e^t le seul qui ne soit pas en-
dommagé. Les Ils cl les Lauriers de Por-
tugal sont attaqués dans les liivei's rigou-
reux, mais ils se rétablissent rapidement.
Ces renseignements complètent ceux que
nous avions déjà publiés sur cette question,
dans l’article précité. Nous espérons que de
nouvelles communications aideront à faire
la lumière complète sur une question qui
intéresse si vivement les chasseurs et les
propriétaires.
Couleur de l’Acer Schweidleri. — On
sait que les feuilles de Y Acer Schweidleri
sont, au printemps, d’un rouge foncé et
deviennent vertes en vieillissant; la feuille
de VAcer Reichenhachii, au contraire, est
verte à sa naissance et devient rouge en
durcissant. Si par hasard on plante les
deux espèces l’une à côté de l’autre sur le
bord d’une allée ou d’un carrefour, on
(l) Voir Rivua horticole, I8S2, p. G2.
pourra très facilement tromper une per-
sonne peu expérimentée, qui, en voyant le
nom des deux plantes, sera persuadée
qu’une erreur a été commise.
Le Carbolineiim. — On a beaucoup
parlé récemment du Carholineum, et on a
exalté les grands avantages qu’il présente
pour la conservation des bois. N’ayant pas
fait d’essais comparatifs, il ne nous appar-
tient pas de nous prononcer à ce sujet;
mais il est de notre devoir de signaler le
fait suivant aux personnes qui auraient l’in-
tention de se servir de cette préparation
pour injecter des bois devant servir à la
construction de serres, châssis, etc., ou à
la préparation de tuteurs, treillages, per-
golas, etc.
Dans un jardin des environs de Munich,
un propriétaire ayant fait donner une
couche de Carholineum aux planches .et
étagères qui garnissaient une serre chaude
et une serre froide, les résultats suivants
furent constatés :
Dans la serre chaude, toutes les plantes
perdirent leurs feuilles, quelques-unes
même moururent.
Dans la serre froide, presque toutes les
plantes perdirent leurs feuilles, notamment
tous les Délargoniums, qui pourtant sont
robustes. Les dégâts furent un peu moindres
que dans la serre chaude, à cause de l’aéra-
tion que l’on donnait de temps à autre.
Riustrierte Monatshefte, qui signale ce
fait, pense que l’on pourrait se servir du
Carholineum, mais à condition de ne pas,
pendant au moins une année, approcher les
plantes des bois qui en auraient été enduits.
Le Crinodendroa Hookerianum. —
Le C. Hookerianum est un des plus jolis ar-
bustes de serre froide récemment introduits.
C’est une espèce naine, toujours verte,
originaire du Chili méridional, où elle est
très-rare. Son port est bien buissonneux, et
elle produit des feuilles étroites, pointues,
d’un vert brillant, brièvement dentées. L’ar-
buste est remarquablement florifère. Les
Heurs, naissant isolées ou par paires, se
développent à l’aisselle de presque toutes
les feuilles de la partie supérieure des
rameaux. Ces fleurs sont à peu près de la
grosseur d’une noix, suspendues par des
pédoncules minces, longs de 5 à 8 centi-
mètres. Les pétales épais, charnus, ressem-
342
PARTICULARITÉS VÉGÉTALES.
blent à ceux du Lapageria rosea, et sont
éofalement d’un cramoisi écarlate et brillant.
On trouve le Crinodendron Hooke-
rianum, chez MM. Veitch, horticulteurs,
à Chelsea (Londres).
Bibliographie. — Traité de botanique
médicale (1). — Tel est le titre du premier
volume” d’un nouveau livre que vient de
publier M. le docteur Bâillon. Nous ne pou-
vons guère, dans cette chronique, qu’indi-
quer sommairement l’ouvrage, car pour en
énumérer seulement les principaux sujets,
un grand nombre de pages serait à peine
suffisant. Du reste nous y reviendrons quand
le second volume aura paru; la première
partie seule est en vente, et pourtant elle
peut être considérée comme relativement
complète, ce que d’ailleurs, l’auteur Semble
indiquer dans son préambule :
Cet ouvrage, dit-il est divisé en deux parties.
La première contient un précis de l’or-
ganographie, de l’histologie et de la physiologie
végétales : notions élémentaires, bien entendu,
mais sans lesquelles ne pourraient être faci-
lement compris la plupart des faits particu-
liers exposés dans la deuxième partie.
Celle-ci renferme une caractéristique som-
maire des plantes employées en médecine et
des plantes vénéneuses que le médecin doit
connaître. Celles qui n’ont qu’une utilité secon-
daire dans notre pays et à notre époque, sont
l’objet d’une indication souvent très-rapide.
Celles qui n’ont qu’un intérêt historique ne
sont guère que nommées. Quelques-unes
d’entre elles encore inconnues ou peu appréciées
en France, mais qui, à juste titre, font aujour-
d’hui partie des pharmacopées étrangères, no-
tamment de celle de l’Inde anglaise, de l’Alle-
magne ou des États-Unis, sont ordinairement
l’objet d’une description un peu détaillée.
Les notions purement botaniques sont géné-
ralement bornées à ce qu’il y a de plus élé-
mentaire et de moins compliqué. On peut dire
qu’elles sont‘ réduites au strict nécessaire et
qu’elles empiètent le moins possible sur le ter-
rain spécial de la pratique médicale.
L’ouvrage dont nous parlons n’est pas
seulement utile à ceux qui s’occupent par-
ticulièrement de médecine ; il sera précieux
pour tous, en indiquant non seulement les
plantes qui possèdent des propriétés mé-
dicales, mais le moment où celles-ci sont
les plus actives et les plus développées.
2,301 figures dessinées par M. Faguet, gra-
vées avec le plus grand soin, et disséminées
dans le texte, font comprendre ce que ne
pourrait faire une descripfon. Ce livre est
un véritable guide qui doit trouver place
dans toutes les bibliothèques.
E.-A. Carrière et Ed. André.
PARTICULAIUÏÉS VÉGÉTALES
Un collaborateur de la Revue horticole,
M. Marcel Poulin, de Coulanges-sur-Yonne,
grand amateur de plantes et tout particulière-
ment de plantes bulbeuses, vient de nous faire
part de diverses observations qu’il a faites
et qui nous paraissent devoir intéresser nos
lecteurs.
Une transformation qui me préoccupe
beaucoup vient de s’opérer sur la totalité
de ma collection de Narcisses, dans des cir-
constances qui lui donnent peut-être un
certain intérêt.
Ces Narcisses, depuis longtemps négligés,
ne m’avaient donné que des fleurs absolu-
ment simples. Après avoir été mis en bonne
terre il y a deux ans, ils furent transplantés
l’année dernière, à la fin de mars, en pleine
végétation ; aussi leur floraison fut-elle des
plus médiocres. C’est alors que me vint
(1) Hachette et G'®, 79, boulevard Saint-Ger-
main, Paris.
l’idée de les traiter chimiquement, et que
je leur administrai copieusement, à diverses
reprises, les agents que j’expérimente
quelquefois sur mes Tulipes. Mieux que
ces dernières, les oignons de Narcisse en
ont d’abord supporté les effets, ce qui m’en-
gagea à redonner à plusieurs d’entre eux
des doses nouvelles et plus considérables.
Quelque temps après ce traitement éner-
gique, les feuilles prirent peu à peu une mau-
vaise couleur ; une mortalité effrayante et
prématurée se produisit rapidement sur
toute la collection. Tulipes et Jacinthes,
soumises au même régime, mouraient de la
même façon. Feuilles, hampe, fruit, rien ne
fut respecté. C’était navrant.
A l’arrachage, les oignons de ces Nar-
cisses, contrairement à ceux des Tulipes,
avaient si mauvaise physionomie, que je
pensais les voir à bref délai se décomposer.
J’en traitai néanmoins de nouveau quelques-
PARTICULARITÉS VÉGÉTALES.
343
uns pendant le repos ; et, sans grand espoir
de succès, je les plantai tous à l’automne
en terrain convenablement préparé.
Grande fut ma suprise, au départ de la
végétation, de les voir pousser avec vi-
gueur; cette vigueur fut plus grande encore
à la floraison, et je constatai que tous
avaient formé, dans l’intérieur de leur
fleur, un nombre plus ou moins considé-
rable de pétales et de sépales supplémen-
taires.
Je dis pétales et sépales, sans savoir tou-
tefois quel nom il convient de donner à ces
appendices anormaux, qui ne ressemblent
à aucun autre, dont la forme et la couleur
sont bien tranchées, et qui donnent à la
fleur une physionomie particulière et chif-
fonnée d’une certaine étrangeté.
En résumé, de simples qu’ils étaient au-
paravant, ces Narcisses sont tous devenus,
d’un seul coup, doubles ou semi-doubles
cette année. Je ne sais s’ils ont subi un
retard général dans leur végétation ; je suis
disposé à le croire ; mais, n’ayant pas con-
servé de terme de comparaison, il m’est
impossible de l’affirmer.
Quant aux Tulipes — pour quelques-unes
du moins — mêmes observations.
Parmi les simples, une seule a fleuri.
Elle offre, outre neuf sépales ordinaires, un
autre qui est coloré, soudé avec une éta-
mine, ce qui semble commencer une dupli-
cature de la fleur.
Désireux d’en vérifier d’autres exem-
plaires, je viens d’entrouvrir violemment
les calices de trois ou quatre oignons parmi
les plus avancés.
L’un d’eux avait huit folioles et un stig-
mate en croix ; le second un stigmate
énorme, triangulaire et ondulé. Dans le
troisième les anthères étaient très-déve-
loppées ; et il y avait, en outre, quelques sé-
pales supplémentaires soudés, je le crois,
aux étamines.
Des faits morphologiques analogues sont
depuis longtemps connus ; et je ne vous
aurais pas importuné de l’exposé de ceux-
ci, sans le vif désir que j’ai de savoir, s’il
est à votre connaissance que les horticul-
teurs qui s'occupent de faire doubler des
fleurs, produisent A volonté cette modifi-
tion, ou si ce doublement est en général dû
à ce que l’on appelle volontiers les caprices
de la nature.
La cause est-elle dans la douceur excep-
tionnelle de l’hiver, l’abondance des pluies
de l’automne, une manifestation spéciale
d’électricité, ou une autre circonstance na-
turelle ?
Est-ce la culture de ces sujets dans lin
terrain plus richement amendé ?
Est-ce le traitement chimique qu’ils ont
subi, qui a produit ces modifications ?
Je vous demande quelques éclaircisse-
ments sur ce point ?
J’ai fini pour les plantes bulbeuses ; main-
tenant quelques mots sur le champignon
du Noyer dont je vous avais précédemment
parlé.
Lorsque je vous ai écrit cet hiver que, si
rien ne me faisait croire à la nécessité de
l’acclimatation sur couche de ce champi-
gnon du Noyer, rien non plus ne m’empê-
chait de l’espérer. Je venais d’observer sur
des fragments plantés depuis un mois, de
nombreux poils blancs, qui semblaient vou-
loir se transformer en racines ou peut-être
émettre des organes qui se transformeraient
en Champignons. N’ayant aucune notion de
mycologie, je ne sais pas comment s’opère
cette reproduction. Toujours est-il que ces
poils ont disparu plus tard, après avoir ac-
quis quelques millimètresde développement.
J’ai continué néanmoins d’autres planta-
tions de différentes manières, et je remar-
que aujourd’hui des filaments de quelques
centimètres de longueur, assez vigoureuse-
ment organisés et paraissant adhérer au
Champignon et au fumier, par conséquent
disposés à pousser.
Aurai-je encore une déception ?
Pour terminer, je reviens aux Tulipes
pluriflores dont plusieurs fois déjà je vous
ai parlé.
Je ne vois que neuf oignons pluriflores.
J’en avais six l’année dernière ; donc 50
p. 100 de plus cette année.
Ce résultat ne me satisfait guère. Les
Tulipes pluriflores sont dispersées au hasard
dans la collection ; et rien n’indique qu’elles
soient dues à un traitement particulier.
Il est probable que de nombreuses ano-
malies seront observées cette année ; si
cela était, je ne manquerais pas de vous en
prévenir. Marcel Poulin.
P. S. Je vous adresse, par la poste,
quatre spécimens de Narcisses et deux de
Tulipes se doublant. J’y joins un exem-
plaire de Tulipe semi-pluriflore, une de
344
VEITCIIIA JOANNIS.
celles qui m’ont fait vous écrire autrefois :
qu’outre la fleur principale, elles avaient
entre la hampe et les feuilles, de petites
fleurs à demi-développées,
Quelques mots de réponse sur ces diffé-
rents sujets me feront un vif plaisir. J’ose
les espérer de votre obligeance. M. P.
Nous avons examiné atlentivemont les faits
de duplicature en question ; ils sont de plu-
sieurs sortes, mais tous très-curieux. Quant à
la cause, nous ne j)ouvons rien affirmer, bien
qu’elle soit certainement une conséquence de
perturbation physiologique. Nous sommes
néanmoins disi)Osés à atti’ibuer,pour une très-
grande part, ces métamorphoses à rintluence
des agents chimiques employés par M. ]\Iarcel
Poulin, d’autant plus, que des expériences
antérieures qu’il avait faites, avaient déjà pro-
duit des résultats analogues à ceux qu’il nous
signale aujourd’hui. Aussi, tout en le remer-
ciant de son intéressante communication, l’en-
gageons-nous vivement à continuer ses essais.
Quant à ses expériences de culture sur
couche d’un champignon parasite du Noyer,
elles sont des plus intéressantes, et })ersonne,
peut-être jusqu’ici, n’avait pensé à en faire de
semblables. C’est donc une nouvelle voie ou-
verte aux ap})ro})riations de végétaux et un
commencement de transformation dans les ha-
bitudes de vivre d’un végétal qui, au point de
vue scientifique, pourra avoir d’heureux résul-
tats. E.-A. G.
YEITCHIA JOANNIS
Le beau Palmier connu sous ce nom a été
introduit une première lois, il y a quelques
années, des
îlesdeLord-
Ilowe. Les
quatre es-
pèces de ce
genre jus-
qu’ici con-
nues sont
d’ailleurs
originaires
des Nouvel-
les - Ilébri -
des et des
îles Fidji et
Santa Gruz.
Ce sont les
Veilcliia
spiralis,
Slorckii,
subglohosà
et Joannis.
Le genre
Veitchia a
été dédié au
nom des
Veitch, que
trois géné-
rations _
d’horticul-
teurs émé-
rites ont il-
lustré, et qui dirigent encore, à Londres, le
premier établissement horticole du monde.
L’espèce dont nous donnons aujourd’hui
Fii;- CO. - Vcllchia Joannis
le portrait (fig. 60) a pour qualificatif el
nom de notre ami John Gould Veitch, mort
à fa fleur de
l’âge, après
avoiraccom-
pli de fruc-
tueux voya-
ges d’explo-
ration au Ja-
pon, en 0-
céanie,etc.,
et dont la
science hor-
ticole gar-
dera tou-
jours le sou-
venir. Le
port de la
plante, à
l’état jeune,
rappelle ce-
lui du Ken-
tia Wend-
landi; mais
l’espèce en
diffère sur-
tout par sa
tige et ses
pétioles gar-
nis d’un du-
vet pourpre
violet.
sa nuance
glauque, foncée. On la connaît aussi sous
le nom de Kentia Fipan, Comme les autres
espèces du genre, c’est un Palmier inerme.
A PROPOS DU CANNA LILIIFLORA.
345
à tige dressée, élevée, annelée ; ses feuilles
sont terminales, également pennatiséquées,
à divisions linéaires ou acuminées, oblique-
ment tronquées, à bords épaissis, à côte
médiane prononcée.
Le genre Veitcliia^ créé par H. Wendland
dans la Flora Vitiensis (1), est voisin des
Kentia, et ses caractères m.èrnes sont im-
parfaitement connus. Toutes les espèces
qui le composent sont belles et d’un port
élégant ; mais parmi les plus gracieux, celui-
ci tient un rang distingué.
La première introduction du V. Joannis
est due à l’établissement Veitch, de Lon-
dres, mais les plantes qui en sont issues
ont disparu en grande partie des cultures.
Aussi avons nous constaté avec une grande
satisfaction la nouvelle importation qui
vient d’en être faite par M. Ch. Vuylsteke,
horticulteur à Loocbristi, près Gand (Bel-
gique). Nous en avons vu un certain nom-
bre de jeunes sujets à la dernière exposition
quinquennale, et le dessin ci-contre donne
bien l’idée du port de ce gracieux Palmier,
qui ne devra manquer à aucune collection.
Ed, André.
A PROPOS DU GAÎs’NA LILIIFLORA
Le Canna liliifïoraf qui paraissait perdu
pour la culture, existe encore dans quelques
jardins. Nous le possédons au jardin de
l’Hôpital maritime de Brest, bii l’on a pu
voir, ce printemps, un remarquable exem-
plaire ayant de 20 à 25 tiges de 3 mètres
de hauteur, terminées chacune par un ma-
gnitique épi de fleurs blanches.
Ce Canna, qui est à racines fibreuses et
à tige bisannuelle, ne peut se cultiver
comme les autres espèces du même genre,
et si l’on a l’intention de le cultiver pour en
faire des massifs comme ceux qu’on fait
avec les autres espèces de ce beau genre, il
est inutile d’essayer de le relever à l’au-
tomne pour le rentrer en serre tempérée
ou en orangerie, comme on le fait habituel-
lement avec les autres espèces; ses tiges,
qui mettent généralement douze à quinze
mois pour accomplir leur entier développe-
ment et ses racines qui ne sont encore qu’à
l’état de spongioles à l’automne, se flétris-
sent très-vite et pourrissent facilement, et
une fois pourries, la plante est complète-
ment perdue.
Tant que nous avons cultivé le C. lilii-
flora en pleine terre, à l’air libre, il a
toujours été malingre et chétif; au con-
traire, en pleine terre, en serre tempérée,
dans une bonne terre franche et substan-
tielle, avec beaucoup d’arrosements en été,
peu en hiver, il produit des tiges de 3 mètres
à 3’" 50 de hauteur, des feuilles de 1 mètre
(1) H. Wendl. in Seem. FL Vit., 271, t. LXXXI,
de long sur 50 centimètres de large, d’un
beau vert ; ses fleurs paraissent générale-
ment à la fin d’avril ou au commencement
de mai, et durent jusqu’au mois de juin ;
dans les années chaudes , elles donnent
mêmes des graines.
La rareté de cette plante tient beaucoup
à la vieille routine que suivent toujours cer-
tains horticulteurs, qui se figurent que
parce qu’une plante porte un nom généri-
que commun, elle doit se cultiver comme
ses congénères. C’est probablement ce fait
qui explique la diminution et même la dis-
parition d’un grand nombre d’espèces qui
étaient anciennement cultivées dans les
jardins botaniques ou d’amateurs.
Le Canna lüiiflora a été introduit de
l’Amérique centrale en Belgique où il fut
cultivé pendant un certain nombre d’années ;
de là, il passa en France au Fleuriste de la
Muette. De cet établissement il fût envoyé
chez M. le comte L. de Lambertye, au
château de Chaltrait (Marne), où cet ama-
teur le conserva et le propagea le plus qu’il
put jusqu’à sa mort. C’est lui qui, en 1874,
nous adressa l’exemplaire qui fait le sujet
de cette notice. Malgré que ce ne soit pas
précisément une bonne plante de pleine
terre sous notre climat brestois, ce sera
toujours une belle plante de serre tempé-
rée, et peut-être même de pleine terre dans
le midi de la France ou en Algérie, mais
à la condition, toutefois, qu’elle ne soit pas
dérangée pendant sa période de végétation.
J. Blanchard.
346
CULTURE EN CHAMBRE DES ORCHIDÉES TROPICALES.
CULTURE EN CHAMBRE DES ORCHIDÉES TROPICALES
Comme la Revue horticole Fa déjà fait
remarquer, la culture de certaines Orchi-
dées est beaucoup plus simple et plus facile
qu’on ne le pense généralement. Malheu-
reusement, la réputation d’èlre d’une cul-
ture tout à fait particulière leur est faite, et,
cela étant acquis, peu de personnes se ha-
sardent à faire des essais.
Une communication très-intéressante
vient d’être faite à ce sujet, à la Société
d’horticulture de Graz, par M. J. Birnba-
cher, et nous en extrayons, d’après le
Hamburger Gartenzeüimg, les passages
suivants, qui présentent un véritable intérêt
pour les amateurs d’Orchidées, si nom-
breux aujourd’hui.
Comme Humboldt l’a fait observer, sans
que pendant de longues années on en ait
tenu compte, un grand nombre d’Orchidées
végètent, dans leur pays natal, sur des mon-
tagnes élevées à une altitude dépassant
souvent 4,0ü0 mètres, où les conditions
atmosphériques sont très-variables, et où
le thermomètre descend presque à zéro.
C’est de cette constatation qu’est venue
l’idée de cultiver dans les appartements les
plus robustes de ces ravissantes plantes, et
ces essais ont pleinement réussi.
Afin de réunir autour des Orchidées les
conditions qui leur sont nécessaires, il con-
vient de les placer dans des sortes de caisses
vitrées, dont la forme est bien connue,
quoique variant un peu dans les détails et
que l’on place, à l’intérieur, devant l’ouver-
ture des fenêtres. Rappelons seulement que
l’une des deux parties vitrées qui ferment
la caisse par en haut doit être inclinée, tan-
dis que l’autre est horizontale. Ces deux
parties se rabattent sur des charnières, de
manière à pouvoir donner de l’air aux
plantes enfermées, le matin et le soir, pen-
dant environ une demi-heure, en temps
ordinaire, et pendant une heure si le temps
est humide. De plus, la caisse doit être
garnie en haut et en bas de ventilateurs, que
l’on fait à volonté fonctionner dans le jour,
pour aérer les Orchidées, surtout pendant
leur période de végétation et de floraison.
La partie inclinée de la toiture de la caisse
doit être naturellement tournée du côté de
la fenêtre.
Il est démontré que dans une caisse
semblable, l’humidité est toujours plus in-
tense dans la partie inférieure, que dans le
haut. Partant de ce principe, il sera tou-
jours facile de placer à l’intérieur une
Orchidée quelconque dans les conditions
hygrométriques qui lui conviennent parti-
culièrement.
Toutes les Orchidées demandent de la
lumière ; mais presque toutes craignent les
rayons directs du soleil.
L’abaissement ou la fermeture de per-
siennes ou de volets donnent, en ce dernier
cas, trop d’ombre.
Il est préférable, lorsque le soleil donne,
de couvrir les vitres à l’aide de tissus dont
l’épaisseur variera avec l’intensité des rayons
lumineux.
En hiver, aucune ombre ne sera^donnée,
car le peu de soleil qui parvient aux plantes
pendant cette saison leur est Irès-utile.
La plantation varie suivant que l’on cul-
tive des Orchidées terrestres ou épiphytes.
Pour les premières, Gypripediums, Séléni-
pediums, on mettra, dans le fond des pots
employés, une couche de tessons représen-
tant presque le tiers de la hauteur de ces
pots. Par dessus, on étendra une couche de
sphagnum, dans lequel les racines aiment
à se plonger.
En premier lieu, à cause de leur riche
floraison, viennent les Vanda, Aerides,
Phalœnopsis. Ces plantes, quoique de serre
chaude ou tempérée, peuvent, pendant au
moins plusieurs mois, être cultivées dans
les serres portatives. On emploie pour ces
plantes des sortes de cages, paniers ou
boîtes faites de morceaux de bois écartés
plus ou moins les uns des autres, et dont
on bouche les intervalles avec du sphag-
num.
L’intérieur est rempli d’un compost de
terre de bruyère, de morceaux de tourbe,
de liège et de charbon de bois, morceaux de
pots cassés, terreau humique de Saules ou
Chênes, racines de Fougères et gros sable
de rivière ; on plante de la même manière
que pour les Orchidées terrestres, en recou-
vrant les racines de sphagnum seulement,
ce qui empêche la terre de glisser entre
les tessons. On élève par dessus une petite
NOTE COMPLÉMENTAIRE SUR LA GREFFE DU NOYER.
347
butte de terre composée ainsi : terreau de
feuilles, un peu de terre glaise, terreau de
fumier d’étable, un peu de gros sable de
rivière non calcaire et du sphagnum haché,
mélangé de quelques tessons de pots, et de
morceaux de charbon de bois. Les Orchi-
dées seront ensuite placées sur cetle butte,
on écartera tout autour, en les élaiant, les
racines, et on les recouvrira de sphagnum
bien frais. Rappelons que ces plantes aiment
beaucoup l’humidité, et que c’est seuleme nt
pendant une période de quinze jours après
leur floraison, qu’on devra les tenir un peu
au sec.
Les Orchidées épiphytes se divisent, sous
le rapport de la culture, en deux classes
principales.
Les rameaux des espèces grimpantes se-
ront palissés sur des tuteurs enveloppés de
sphagnum. Pendant l’hiver, les Orchidées
seront placées à la partie supérieure de la
caisse, et tenues plus au sec.
La seconde catégorie comprend les Or-
chidées pseudo-bulbeuses, celles à qui la
culture en chambre convient le mieux. On
doit, pour celles-ci, employer des pots an-
glais, c’est-à-dire plats, avec des ouvertures
de drainage sur le côté, ou bien encore les
placer dans ces sortes de paniers que nous
venons de décrire et que l’on attache sur
des morceaux d’écorce, surtout pour les
NOTE COMPLÉMENTAIRE ^
Nous recevons sur ce sujet, de M. L. de la
Bastie, l’intéressante communication suivante:
Je viens de lire dans la Revue horticole
l’article intitulé : Greffage Treyve, du
Noyer.
Permettez-moi de compléter la note de
M. Cusin, qui, vu, l’importance du sujet
me paraît être insuffisante, en me servant
d’une lettre que M. Treyve a bien voulu
m’adresser le 12 mars de cette année. Les
détails qui y sont contenus et qui ont été
communiqués à la Société d’horticulture de
l’Ain, me semblent absolument indispen-
sables pour que les horticulteurs n’éprou-
vent pas des déceptions quand ils voudront
faire usage de cette greffe.
Voici ce que m’écrit M. Treyve :
a Avoir des Noyers d’un an de semis,
les arracher du 15 au 30 janvier, les mettre
en jauge dans du sable, en les isolant de
façon que les racines ne se touchent pas
espèces dont la fleur se développe sous la
surfjice du sol. La terre sera composée de la
même manière que pour les Vanda, Pha-
lœnopsis^ Aerides.
La transplantation s’opère, lorsque les
plantes sont trop petitement logées, en les
plaçant simplement, sans les démotter,
dans des pots ou paniers plus grands.
On ne saurait trop recommander de ne
pas froisser ni briser les racines. Si cela
cependant arrivait, il faudrait, à l’aide d’un
greffoir, régulariser les parties meurtries,
et les recouvrir de charbon de bois.
Les pseudo-bulbes sont toujours entourés
de gaines feuillues. Il faut bien se garder
d’introduire dans ces gaines de l’eau qui
les ferait pourrir.
Lorsque la végétation commence, et que
les premières feuilles se développent, on
emploie, pour les arrosages, de l’eau à la-
quelle on aura mélangé de l’engrais liquide,
jusqu’à ce que les bulbes florifères soient
bien formés ; on arrête alors les arrosages,
et on ne les reprend faiblement que pendant
la floraison.
Trop d’humidité serait alors nuisible.
Aussitôt la floraison terminée, on remet les
Orchidées dans la partie sèche de la caisse
vitrée et on les arrose très-rarement, en
attendant que la végétation recommence de
nouveau. Ed. André.
JR LA GREFFE DU NOYER
afin d’éviter la fermentation; couper les
greffons vers le commencement de mars,
les piquer dans du sable à l’ombre. C’est
du 15 au 30 mars que je retire du sable
les sujets destinés à la greffe. Alors je les
coupe un peu au-dessous du collet des
racines et c’est sur la racine qu’il faut
greffer. Lier et enduire de mastic à greffer,
puis empoter dans des godets de 8 à 10 cen-
timètres remplisde ferreau et de sable mé-
langés par moitié. Les mettre sous cloches
ou sous châssis fermés hermétiquement, et
chauffer à 15 degrés si la température exté-
rieure est plus basse. »
M. Treyve ajoute quelques considérations
au sujet de sa méthode, dont le plus im-
portant est que les sujets de deux ans de
semis ne donnent que 10 à 12 p. 0/q de
réussite ; il faut donc des sujets d’un an
qui donnent de 90 à 95 p. 0/0 de réussite.
J’ajoute que tous ceux qui ont visité
348
TROIS VARIÉTÉS DE HARICOTS POUR CHASSIS. — POIRE MARGUERITE MARILLAT.
l’Exposition de mai, de la Société d’horti-
culture de l’Ain, ont pu voir des spécimens
de la dite greffe : les sujets en pots étaient
greffés à 6 et 8 centimètres au-dessus, de
terre. L. de la Bastie,
Vice-Président de la Société d’horticulture de l’Ain,
et de la Société pornologique de France.
Betvey, le 3 juillet 1883.
Ces renseignements clairs et précis, dont
nous remercions l’auteur, ajoutés à l’intéres-
sante communication de M. Cusin (1) qu’ils
complètent, assurent la possibilité de greffer
avec succès le Noyer qui jusqu’à ce jour était,
non sans raison, considéré comme rebelle à
cette opération.
TROIS VARIÉTÉS DE HARICOTS POUR CHÂSSIS
En dehors des Flageolets et H. noirs de
Belgique, il est bien rare que, comme tlari-
cots de primeurs, on plante d’autres variétés
pour cueillir en vert, c’est-à-dire en « cou-
teaux ». Est-ce à dire que ce sont les seuls
propres à cet usage ? Non, et tout en cons-
tatant qu’ils sont certainement de premier
mérite, il faut pourtant aussi reconnaître
qu’il en est d’autres qui pourraient égale-
ment servir à cet usage. De ce nombre sont
les trois variétés suivantes : Haricot Sau-
mon du Mexique; IL chocolat ; IL nain
hâtif de Chalindreg, sur lesquels nous
allons dire quelques mots d’après des
expériences faites par nous, à Mon-
treuil.
Haricot saumon du Mexique. Plante
vigoureuse et robuste, à feuillage bien
nourri d’un vert foncé. Couteaux (jeunes
fruits) droits, larges, d’un beau vert. Très-
bâtif, la plante atteint environ 30 centi-
mètres de hauteur. Fleurs blanches ou à
peine très-légèrement rosées. Laisse peut-
être un peu à désirer pour la fertilité.
Haricot chocolat nain. Plante très-naine,
hâtive et surtout très-fertile. Feuilles plutôt
petites que grandes, légèrement cloquées,
d’un vert foncé. Fleurs lilas. Couteaux longs
et relativement étroits, arqués, de couleur
un peu sombre ou comme bronzé, légère-
ment villeux.
Haricot nain hâtif de Chcdhidrey.
Plante excessivement hâtive et naine, attei-
gnant 20-25 centimètres, rarement plus de
hauteur, très-compacte et très-productive,
à feuillage un peu maigre. Couteaux vert
foncé, assez larges, relativement courts,
très-fortement arqués.
Cette variété est remarquable par son
excessive hâtiveté et par ses dimensions
très-réduites. Sous ce dernier rapport,
aucune autre variété ne lui est comparable;
aussi la recommandons-nous aux primeu-
ristes. Les fleurs, chez nous, étaient blan-
ches ou à peine très-légèrement rosées,
tandis que dans les Plantes potagères, de
MM. Vilmorin, elles sont dites de couleur
lilas pâle.
Ces trois variétés que nous recomman-
dons pour le forçage, ne sont certaine-
ment pas les seules propres à cet usage ;
aussi conseillons-nous d’en essayer d’autres
en choisissant, cela va sans dire, dans
la catégorie des très-nains et ne (( filant »
pas, avantages que possèdent, au plus
haut degré, celles dont nous venons de
parler.
E.-A. Carrière.
POIRE MARGUERITE MARILLAT
La Poire Marguerite Marülat a été obte-
nue par un horticulteur des environs de
Lyon (M. Marillat, de Craponne), qui ne lui
a pas donné toute la publicité qu’elle mérite.
C’est l’une des meilleures et des plus grosses
Poires connues.
Le fruit figuré par la Revue horticole a
été choisi à Lyon par M. Ed. André, parmi
les spécimens de force moyenne, les autres
dépassant le format de cette publication.
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 294.
M. Viviand-Morel l’a décrite ainsi dans le
journal Lyon horticole :
« Fruit gros ou très-gros, oblong, pyri-
forme, largement renflé vers la moitié in-
férieure ; peau lisse, assez épaisse, verte,
passant au jaune fauve à la maturité ; œil
petit, ouvert, placé dans une cavité peu
profonde ; pédoncule petit, s’insérant dans
la partie charnue, placé obliquement; chair
d’un blanc jaunâtre, fine, fondante ; eau
abondante à la maturité, sucrée, très-
Rri)U£- flo/‘hj^ole.
f
Ck‘'d^xr<L, lieÂ
Poire Margaente Manllat .
LE COMMERCE DES FLEURS A NEW-YORK.
349
agréable; maturité : octobre et novem-
bre.
(( L’arbre est de vigueur moyenne, pyra-
midal, très-fertile; ses rameaux sont de
moyenne grosseur, relativement courts,
érigés, d’un brun rougeâtrej parsemés de
lenticelles blanchâtres. Les feuilles sont de
moyenne grandeur, ovales, finement den-
tées. Les boutons à fruits se présentent fié-
quemment sur des sujets d’un an de greffe,
et toujours sur ceux de deux ans.
CL Cette belle variété a été dégustée en
1872, 1874 et 1875 par la commission des
études de la Société pomologique de France,
qui l’a jugée digne d’être propagée et vul-
garisée. Elle a obtenu une médaille de ver-
meil à l’exposition de l’Association horticole
lyonnaise en 1872. »
A cette description, j’ajoute que la Poire
Marguerite Marillat présente une particu-
larité précieuse : elle ne blettit pas. La
décomposition qui suit la maturité ne
se fait pas du centre à la circonférence,
comme dans la presque totalité des Poires
— et surtout les Poires d’été et d’automne,
mais bien dans le sens opposé, et j’ai vu
des fruits dont toute la surface était gâtée
présenter encore au milieu une masse saine
et juteuse.
C’est une qualité bien rare dans la grande
famille des Poires, et je ne doute pas qu’avec
tous les autres avantages qu’il présente, ce
beau fruit arrive très-vite à se répandre
dans les cultures.
Francisque Morel,
Horticulteur à Lyon-Valse.
LE COMMERCE DES FLEURS A NEW-YORK
Le 19 juin, M. Lacliaume, directeur du
Jardin d’acclimatation de la Havane, nous
adressait la lettre suivante qui nous paraît
devoir intéresser les lecteurs de la Revue hor-
ticole :
J’arrive de New-York et je crois devoir
faire connaître aux lecteurs de la Revue
horticole, mes impressions à propos des
fleurs travaillées sous différentes formes, en
Am.érique et surtout à New-York.
Parmi les progrès qui se sont accomplis
depuis vingt ans à New-Yoïk, l’un des
plus curieux par les proportions qu’il a
prises est certainement celui des fleurs.
C'est presque une profanation de parler
de commerce à propos de fleurs, car au
point de vue poétique, il semble que des
choses aussi délicates ne peuvent se payer
à prix d’argent. New-York est devenu
la métropole d’une foule de belles choses ;
les fleurs y sont entrées comme un élément
civilisateur, on pourrait même dire mora-
liSvafeur ; elles sont devenues une néces-
sité dans la vie de la grande cité.
Mais si le Newyorkais aime passionément
les fleurs, il les aime sous toutes les formes,
dans toutes les circonstances, pour toutes
les cérémonies et même sans cérémonie.
Ce qui surtout dépasse toute croyance,
on pourrait même dire toute mesure, c’est
ce qui se passe au théâtre, où spectateurs ou
plutôt spectatrices rivalisent en ce qui con-
cerne les fleurs. A l’Opéra il y a des dames, '
et même beaucoup, qui ne mettraient pas à
leurs corsages un bouquet coûtant moins
de 125 fr.
Un jour, c’était au théâtre de l’Opéra,
une compagnie de trente- six personnes
avait loué toutes les loges. Le devant de
celles-ci disparaissait complètement sous
une mosaïque de fleurs, et dix-huit dames
formant la moitié des couples, avaient sur
la poitrine de véritables cuirasses de roses
blanches {Mademoiselle Cook), roses rouges
{Général /acgweminof), roses jaunes {Maré-
chal Niel). Un fleuriste nous a assuré qu’il
y en avait pour plus de 5,000 fr. Un autre
fleuriste nous a dit qu’il avait fourni pour
une représentation de M^'^ Nilsson un fau-
teuil en fleurs qui avait coûté 2,500 fr. ainsi
que des bouquets qui avaient fait monter la
note à 3,000 fr.
Parmi les étoiles dramatiques de passage,
celle qui a le plus consommé de fleurs est
certainement M^e Théo, artiste française.
Quand j’ai assisté à la conduite de cette
dame à bord du vapeur la Normandie,
le 25 mai, j’ai admiré quatre tables de la
salle à manger du bord couvertes de fleurs;
elle a emporté un chargement de bouquets,
de corbeilles, de gerbes, de couronnes, de
lyres, d’étoiles, de croix, de colonnes tron-
quées, etc., ainsi qu’une petite frégate
admirablement gréée et équipée de fleurs.
C’était une galanterie du président Arthur.
Rien de plus charmant que cet encourage-
350
LES CYPRIPEDIUM.
ment aux arts par le premier magistrat de
la république américaine.
Toutes ces fleurs, offertes à la gracieuse
artiste, avaient coûté des sommes considé-
rables.
En somme, on peut dire qu’à New-York
comme à Paris les fleurs sont de toutes les
fêtes. Toutefois ici elles sont montées sous
des formes beaucoup plus variées qu’à Paris
et les fleuristes surpassent ceux de Paris
qui pourtant excellent dans la confection des
bouquets, ce que j’ai pu voir en 1878. Le
forçage des Roses se fait à New-York sur
une grande échelle ; un seul jardinier a forcé
30 mille Rosiers Général Jacqneminot,
Thiver passé, sans compter des centaines
d’autres jardiniers qui en ont chauffé des
quantités un peu moindres.
A l’enterrement de M. Gambetta à Paris,
on a prétendu qu’il s’était vendu pour près
de 400,000 fr. de fleurs et de couronnes ; il
y en avait ici au moins autant le 30 mai
dernier, jour où l’on a décrété la décora-
tion des tombeaux des soldats morts pen-
dant la guerre de Sécession. Ce jour-là,
les quatre-vingts voitures de fleurs des
quatre-vingts sections ont défilé devant
l’estrade où se trouvait le gouvernement
présidé par le général Arthur. Ces fleurs
étaient accompagnées de 30,000 soldats et
vétérans.
Sur les statues de Washington, de Lin-
coln, de Lafayette et de Worth, sur les
porches et les tabernacles des églises, sur
les tombeaux des cimetières, des fleurs et
des fleurs partout ! Toutes les fleurs traînées
en grande pompe à la suite du cortège
de gala sont allées orner les champs de
repos qui entourent la ville.
Tout ceci peut donner une idée du rôle
que jouent les fleurs ici et comment les
LES CYPB
Parmi les 334 genres qui composent la
famille des Orchidées, il n’en est aucun qui
présente des caractères di>tinctifs aussi
marqués que le joli groupe des Cypripe-
dium et Selenipedium.
Les curieuses plantes qui en font partie
se distinguent surtout, on le sait, par un
(1) Traduit de l’anglais, d’après une étude lue
par M. Goldring à la Société royale d’horticulture
de Londres et publiée par le Garden.
Américains savent faire les choses. Mais,
d’autre part, j’ai appris de bonne source
que quelques fleuristes américains vont
bientôt aller s’établir à Paris pour pratiquer
en grand le commerce des fleurs montées,
art dans lequel iis excellent.
Tout en restant français de cœur et d’opi-
nion et en rendant à César ce qui appar-
tient à César, je suis bien obligé de con-
fesser la vérité, qu’il y a longtemps que le
travail des fleurs naturelles en Amérique a
dépassé celui des fleuristes de Paris dans
l’art du montage; sous ce rapport c’est par
centaines de diflérents modèles que les fleurs
ici sont disposées. C’est à l’aide de fils de
fer remplis de mousse et dans laquelle on
pique les fleurs, qu’on arrive à donner ces
formes gracieuses et légères et aussi nom-
breuses que variées.
L’accroissement de cette industrie s’est
fait avec une rapidité extraordinaire. Ainsi
en 1852, quand je débarquai en Amérique,
c’est à peine si les trois fleuristes quk étaient
établis à cette époque dans la ville de New-
York faisaient quatre bouquets par semaine,
et encore fallait-il commander ces bouquets
plusieurs jours à l’avance.
Aujourd’hui il y a cinquante -deux fleu-
ristes à New-York et tous font de bonnes
affaires. Je puis, sans vanité, revendiquer
une part de ce mouvement. Ainsi c’est
moi qui, en 1857, ai introduit la pre-
mière forme des bouquets français, de
monture légère et naturelle. Depuis cette
époque, cette forme est restée comme style,
mais les fleuristes américains ont créé une
quantité de genres de montages dont un
grand nombre sont vraiment remarquables
tant par les dessins que par la disposition
des fleurs.
Jules Lachaume.
PEDIUM
sinofulier labelle en forme de sabot ou de
bourse gonflée. Seul, V Uropedium Lindeni
fait exception, et produit un labelle allongé.
Un autre caractère particulier aux
Cypripedium, est qu’ils possèdent deux
étamines parfaites, tandis que les autres
Orchidées n’en ont qu’une. V Uropedium
fait encore exception et porte trois étamines
bien développées.
Toutes les espèces de ce genre sont her-
LES CYPRIPEDIUM.
351
bacées et vivaces et presque toutes terres-
tres.
La distribution géographique des Cypri-
pedium est très-intéressante.
On les rencontre presque partout, aussi
bien dans les régions glaciales de la Sibérie
et de l’Amérique du Nord, que dans les
régions montagneuses de l’Amérique du
Sud. Mais ils croissent surtout dans les
contrées les plus
chaudes de l’A-
sie et principa-
lement aux In-
des, et dans
l’Archipel envi-
ronnant. On
n’en rencontre-
ni en Australie,
ni en Afrique,
ni même dans
les parties mé-
ridionales de
l’Amérique du
Sud.
D’après le
Généra Plan-
tarum de MM.
Bentham et
Hooker, le genre
Cypripedium
compte 40 es-
pèces, et les
Selenipedium,
qui en sont voi-
sins, 10 espèces
seulement.
Dans les cul-
tures, beaucoup
de plantes sont
considérées
comme espèces
et ont cependant
été regardées
comme variétés,
par MM. Ben-
tham et Hooker. Presque toutes les espèces
connues sont aujourd’hui cultivées.
Les Cypripedium et Selenipedium
peuvent être divisés en trois groupes prin-
cipaux de la manière suivante :
Espèces habitant les régions froides et
tempérées de l’ancien et du nouveau
monde ;
Les Selenipedium, qui sont confinés dans
l’Amérique méridionale ;
Les Cypripedium, qui croissent dans
les régions tropicales de l’ancien monde.
Les Cypripedium des régions tempé-
rées et froides, sont représentés par 12 es-
pèces, qui possèdent toutes un mode de
végétation bien distinct de celui des espèces
composant les deux autres groupes. Toutes
sont vivaces, herbacées et, à quatre excep-
tions près, portent des tiges feuillues, hautes
de 25 centimè-
tres à 1 mètre.
Ces tiges sont
annuelles, elles
se dessèchent à
l’automne, en
laissant des bul-
bes charnus
d’où partiront
les tiges de l’an-
née suivante.
Ces espèces pro-
duisent des
fleurs plus ou
moins jolies,
quelquefois plus
abondantes que
celles des espè-
ces tropicales.
Ce groupe est
très-répandu. Il
occupe l’hémis-
phère septen-
trional.
L’espèce la
plus cosmopolite
est le C. Cal-
ceolus, qui vé-
gété dans toute
l’Europe cen-
trale, dans le
nord de la Scan-
dinavie, puis en
Sibérie, où les
C. macran-
thum, ventri-
cosum et guttatum l’accompagnent, et enfin
au Japon, où, légèrement modifié dans son
faciès, il a produit une nouvelle forme, le
C. Atsmoy'ii.
Quelques espèces se trouvent jusqu’à
l’Himalaya. Au Japon, on rencontre, avec
le C. macranthum, trois espèces locales,
C. Japonicum, fort joli, C. cardiophyllurn
et C. dehile. Cette dernière espèce est la
plus petite du genre.
Fig. 61. — Selenipedium caudatum.
352
LES CYPRIPEDIUM.
Dans l’Amérique du Nord, huit espèces
sont représentées, toutes cultivées main-
tenant. A rOuest, les C. californiciim,
montamim, occidentale. En revenant vers
l’Est, les C. candidum^ arielinum, puhes-
cens et parviflorum. A l’Est des États-
Unis, les C. acaule et spectahile. Celui-ci
est le plus joli de tous les Cypripedium.
Puis, dans les savanes du Mexique, le
magnifique C. Irapeanum.
La connaissance des conditions que
recherchent les Cypripedium dans leur
pays natal, intéresse naturellement les
cultivateurs de ces plantes charmantes et
singulières. En général, elles croissent dans
des endroits marécageux, surtout les espèces
de l’Amérique du Nord, qui recherchent les
tourbières, le sphagnum, les matières végé-
tales décomposées, mais qui n’aiment pas
la terre proprement dite. Par rapport à la
lumière, leurs préférences sont variables.
Ainsi, le C. spectahile semble ne pas pou-
voir supporter les rayons du soleil, et
réussit très-bien à mi-ombre. Le C. acaide,
au contraire, ne craint pas le soleil. Les
C. candidum et arietinum aiment à avoir
leurs racines dans les endroits marécageux,
mais leurs tiges recherchent les rayons
directs du soleil.
Les deux espèces à fleurs jaunes,
C. puhescens et parviflorum, sont moins
sensibles, soit au soleil, soit à l’ombre, et
Fig. 02. — C;ipripedii(m Lowü.
réussissent aussi bien dans les terrains secs
que dans les marécages, tout en recher-
chant surtout les sols argileux.
Le C. Calceolus demande un sol cal-
caire. Cultivé, il ne réussit bien que dans
un mélange compact de terre glaise et de
pierre calcaire brisée. Le C. ynacranthum
(Sibérie) et son voisin, le ventricosum,
sont les plus difficiles à cultiver. Mais ce
fait provient, croyons -nous, de ce qu’on les
met généralement dans de la terre tour-
beuse, humide, tandis qu’il est nécessaire
de leur donner le sol que nous avons indi-
qué pour le C. Calceolus. Le C. Japonicum
réussit bien dans la terre glaise. Le C. gut-
tatum (Sibérie), qui est peut-être le plus
joli comme couleurs, provient des pentes
orientales de l’Oural. Il pousse naturelle-
ment au milieu de l’herbe et des mousses,
sous l’ombrage des Bouleaux, des Pins et des
Peupliers. Le C. Irapeanum, du Mexique;
croît à une altitude de 1,000 à 1,300 mè-
tres, dans des conditions telles, que lorsqu’il
est en végétation, ses racines se trouvent
dans un sol humide et, qu’au contraire,
lorsque les tiges sont desséchées, le climat
rend le sol sec et aride.
L’insuccès fréquent dans la culture des
Cypripedium de pleine terre, provient
presque toujours de ce qu’on leur applique
à tous le miême traitement, c’est-à-dire, la
culture à l’ombre dans une terre tourbeuse
LES CYPRIPEDIUM.
353
Imniide, qui convient à quelques -uns, mais
non pas à tous.
2® Selenipedinm. — Ce groupe contient
une douzaine d’espèces, presque toutes
introduites dans les cultures. Ces espèces
sont bien caractérisées. Elles ont toutes les
feuilles épaisses, lancéolées, complètement
vertes. Leur hauteur est relativement
grande, elles produisent plusieurs hampes
florales garnies de bractées très-apparentes.
Les Selenipedium, dont l’ovaire est à
*rois cellu'es
lorsqu’il n’en
a qu’une dans
les Cypripe-
diiim , sont
originaires,
comme nous
l’avons dit, de
l’Amérique du
Sud, où leur
distribution est
relativement
limitée. Leur
quartier géné-
ral se trouve
dans les par-
ties monta-
gneuses du
Nord - Ouest ;
mais quelques
espèces habi-
tent le centre,
et une espèce,
le S. villalum,
est établi sur
les côtes du
Brésil. Quel-
ques espèces,
non encore in-
troduites, se
trouvent au
Brésil ; le S.
longi folium provient des régions élevées
de Costa - Rica et, descendant vers le
Sud, se rapproche de ses voisins, les
S. Roezlii , Harlwegii , Ilinksianum et
Lindleyaniim, qui diffèrent tous les uns
des autres. Le S. Schlimi, qui a joué un
rôle si important dans les hybridations,
est une plante très - distincte , originaire
des environs d’Ocana (Nouvelle-Grenade),
mais sa plus belle variété, ainsi que sa
forme blanche, proviennent d’Antioquia.
Il croît uniquement dans les crevasses de
l’ocliers, auprès de sources, dont il reçoit
les éclaboussures. Ce fait indique aux culti-
vateurs qu’ils doivent cultiver cette plante
dans une atmosphère humide, mais peu
chaude.
Le singulier Uropedium provient de la
Nouvelle- Grenade, où il croît aux abords
du lac Maracaïbo. Au Pérou, dans la Gor-
dillère des Andes, se trouve le S. cauda-
ium (fig. 61), que l’on trouve aussi plus au
nord, ainsi que sa variété, le S. c. roseum.
Le joli S. ca-
ricinum a été
découvert par
Pearce, dans
la Bolivie, et
est souvent dé-
signé sous le
nom de Pear~
cei.
Tous les Se~
lenipedium
demandent à
être cultivés au
milieu d’une
température
moyenne, dans
une serre hu-
mide et bien
aérée.
3» Ce troi-
sième groupe
est le plus im-
portant à tous
les points de
vue. Il ren-
ferme 30 es-
pèces, presque
toutes intro-
duites. Ou
pourrait le di-
viser en deux
séries, l’une à
fleurs isolées, l’autre portant plusieurs ^
fleurs sur la meme tige. Les pluriflores
ont tous les feuilles longues, vert foncé, de
texture coriace. On cultive 5 espèces de
cette série : les C. Stonei, lœvigatum, Pa~
rishi, Loivii (fig. 62), et Haynaldianum,
Une autre belle espèce de cette section est
le C. glanduliflorum, originaire de la Nou-
velle-Guinée ; mais on n’a pas encore
réussi à l’introduire à l’état vivant. Les
uniflores comptent 24 espèces divisées en
deux|catégories : 1° Les C. à feuilles plates,
I
354
LES CYPRIPEDIUM.
tels que le C. insigne ; 2» les C. à feuilles
tachetées semblables, sous ce rapport, au
C. barbatum. Celle dernière catégorie
contient les espèces suivantes ; C. barba-
tum ^ biflorum, Lavorencianum, super -
biens ou Veitchianum, nigritum, Argus,
cüiolare, Hookeræ, Bullenianum, Daya-
num, Petri^ Javanicum, vireyis, Bur-
bidgei, Maslersianum, Curtisii, purpura-
tum,niveum et concolor. L’autre catégorie
comprend les C. xnllosum, hirsutissunum,
Boxatli, insigne y Fairieanum, Druryi et
Spicerianum.
Ce troisième groupe principal est confiné
surtout pour les Cypripédiums de la série à
feuilles tachées, dans les îles de Bornéo,
Sumatra, Java, et dans la presqu’île de
Malacca.
Les espèces qui s’éloignent le plus de ces
régions sont le C. venustum, qui croît dans
le nord du Népaul et le C. purpuratum
(fig. 63), que l’on trouve à Hong-Kong. Les
Cypripedium à feuilles plaies, avec une tige
unifiore, ne s’éloignent pas du continent.
L’espèce la plus reculée au nord est le
C. insigne, à floraison hivernale, qui
habite le Népaul. Plus au sud, on trouve
successivement les autres espèces, y com-
pris le délicat C. Fairieanum. Le C. Spi-
cerianum, d’introduction récente, provient
des Nouvelles-Indes et croît dans des cre-
vasses de rochers calcaires, dans des
situations telles qu’il se trouve toujours
dans l’humidité. Le joli C. concolor, dont
la lleur est si distincte de celles des autres
espèces, provient du Moulmein, et le char-
mant C. xtiveum, d’un blanc pur, croît
aussi dans ces régions, mais il a été primi-
tivement découvert dans les îles Tambelan.
Ces deux espèces croissent naturellement
sur des rochers calcaires. Le C. t^arishi
est originaire du Moulmein ; le C. Iceviga-
^tum, des Philippines; le C. Lowü,
épiphyte, de Bornéo, ainsi que le C. Stonei.
Les différentes formes désignées sous le nom
de C. Haynaldianum, proviennent toutes
des Philippines.
Cypripedium hybrides. — Le nombre
des formes de Cypripedium obtenues par
le semis, s’élève à cinquante environ, tant
ils se sont facilement prêtés à l’hybridation.
Les semeurs avaient pour but, non seule-
ment d’obtenir de nouvelles variétés, mais
encore de donner aux espèces délicates la
force de constitution que possèdent quelques
espèces vigoureuses. Ils ont réussi à ces
deux points de vue.
Un fait important est que la presque
totalité des hybrides obtenus, ont une
constitution plus robuste que leurs parents ;
ils se développent plus vigoureusement et
ils sont beaucoup plus florifères. On peut
citer comme exemple, à ce propos, le
C. Sedeni, une des plus jolies variétés
aujourd'hui obtenues. La vigueur et la
lloribondité de cette plante sont telles qu’on
en a vu des spécimens, portant jusqu’à
50 fleurs développées en même temps. Le
C. Sedeni est' le type de la race des
hybrides à vif coloris, tous vigoureux, à
floraison abondante, durable et successive.
Il provient du croisement des C. longi-
folium et Schlimi. Ce dernier est la clef,
pour ainsi dire, de toutes les variétés à vif
coloris, de la race des Selenipedium. Le
C. cardinale, de couleur si brillante, pro-
vient du croisement des C. Schiimi et
Sedeni.
Il y a aujourd’hui cinquante ans, que le
premier hybride, le C. Harrisianum, a été
obtenu par M. Dominy, à. l’aide des C. bar-
batum et villosum. Les plus jolis hybrides
ont été obtenus avec les espèces des Indes
orientales, surtout avec les uniflores et les
pluriflores.
On connaît les beaux résultats qu’ont ob-
tenus, dans l’hybridation des Cypripédiums,
MM. Dominy, Seden, chez MM. Veitch, et
aussi d’autres habiles semeurs. Non seule-
ment de nombreuses variétés du plus haut
intérêt ont enrichi les collections, mais une
grande quantité de plantes hybrides, qui
n’ont pas encore fleuri, promettent de
fournir des variétés de premier ordre.
La Bevue horticole a donné (1) la liste
des Cypripédiums hybrides obtenus par
M. Seden. Complétons ce document, par la
liste suivante, des autres hybrides connus
à ce jour, avec l’indication de leurs pa-
rents (2) :
Ainsioorlhi
Arthurianum
Ashburtoniœ
Sedeni,
Boezli.
insigne,
Fairieanum.
insigne,
barbatum.
(1) Voir Revue horticole, 1882, p. 394.
(2) Pour chaque hybride le premier des noms
des parents e^t celui de la plante mère, le second,
le nom de la plante qui a fourni le pollen.
355
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE d’IIORTICULTURE DE FRANCE.
cardinale
conchiferum
Crossianum
discolor
Fraseri
gemmiferum
Harrisianum
macropterum
Se déni,
Schlimi,
Pearcei,
Roezlii.
venusturn,
harbatum.
barhatum,
hirsutissimum.
Hookeræ,
Daganum.
barbatum,
villosum.
Lowii,
Yeitchianum.
Meirax
melanopthalmvAn
Sedens Variety
politum
Schrœderœ
stenophylliim
Swanianum
exillarium
Williamsiamim
Harrisianum,
insigne Maulei.
caudatum,
Sedeni.
Schlimi,
Pearcei.
barbatum,
Dayanum,
barbatum,
Fairieanum.
Goldring.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICLLTÜHE DE FRANCE
SÉANCE DU 12 JUILLET 1883
Apports. — Au comité de culture pota-
gère, ont été présentés par M. Bertaud, de
Rosny-sous-Bois, des Cerfeuils tubéreux, très-
beaux, et de jeunes pieds de Fenouil, déjà
bien développés, eu égard à la saison. — Par
M. Chemin, maraîcher à Paris : 1» des Chi-
corées qui n’avaient rien de particulier ;
2® trois beaux Melons Cantaloups, fond blanc,
remarquables par leurs dimensions ' considé-
rables et par leur forme. — Par M. Berthaud,
jardinier cà Ptungis (Seine), un assortiment de
légumes de saison : Choux, Navets, Ail, Écha-
lottes, Pommes de terre Early rose, tous
d’un très-ben choix. Les Chicorées et Scaroles,
surtout, étaient d’une beauté et d’une grosseur
extraordinaires, très-pleines et compactes ;
chaque pied mesurait de 50 à 60 centimètres
de diamètre.
Au comité d* arboriculture ont été pré-
sentés, par M. Jamin, pépiniériste à Bourg-la-
Reine, un magnifique choix de Groseilles à
maquereau, comprenant une vingtaine de
variétés des plus méritantes; plus, deux va-
riétés à grappes également très-belles. — Par
M. Boucher, horticulteur, avenue d’Ralie, 156,
de très-belles Pêches de la variété Amsden.
Les fruits légère. nent déprimés, d’une bonne
grosseur moyenne et très-beaux, étaient
légèrement et très-courtement velus, d’une
couleur rouge sang, qui rappelait celle de la
Galande ou « Noire de Montreuil. » — Par
M. Nardy, horticulteur à Ilyères (Var), un
petit lot de cette même variété, Amsden, dont
les fruits ne présentaient guèi’e de différence
que dans les dimensions un peu plus consi-
dérabUs ; le coloris, pourtant, était moins
intense. — Par M. Gustave Chevallier, de
Monti-euil : 1» six variétés de Groseilles à
maquereau, grosses et belles ; 2» deux lots de
Pêches, l’un de la variété Early Beatrix,
l’autre de la Précoce Chevalier (1). Toutes
deux, sans être très-grosses, sont belles, très-
colorées et, ainsi que nous l’avons dit, i. c.,
assez semblables pour la forme et l’aspect.
Dégustée par le comité, la Pêche Précoce
Chevallier a été trouvée de bonne qualité.
Le comité a remarqué que cette année,
toutes ces Pêches sont en retard d’environ
quinze jours, et ce fait est exact et général
même pour le Midi. — Enfin, Mii° Guilbert
présentait un lot de Groseilles à grappes qui
étaient fort belles.
Au comité de floriculture, M. Descus, de
Nanterre, présentait un Vanda cœrulea, très-
beau, dont la hampe portait de grandes et
belles fleurs, d’un beau bleu lilas violacé. —
M. Loiseau, à Nogent-sur-Marne, présentait
des fleurs coupées d’Œillets de la Chine qui
n’avaient rien de remarquable ; mais, par
contre, il avait apporté un Pélargonium de
semis, qu’il nomme Madame Loiseau, et qui
était réellement méritant. Vigoureux et très-
tloribond, ses pédoncules floraux, gros et
raides, sont longs, fortement dressés et ter-
minés par une forte inflorescence en large
capitule ombelloïde. Quant aux fleurs qui sont
doubles, larges et bien faites, elles rappellent
assez celles de la variété Madame Thibaut,
quoique un peu plus claires. — M. Duval,
chef de culture au Muséum, avait apporté des
branches de Xanthoceras sorhifolia, portant
de nombreux et gros fruits. Elles provenaient
du premier pied envoyé de la Chine en
France, par M. l’abbé Armand David. Chaque
année, ce pied produit des fruits par centaines
et dont les graines sont de très-bonne qualité.
(1) Voir Revue horticole, 1882, p. 276.
35G
VÉGÉTATION PRINTANIÈRE DU KASIIMIR.
— Enfin, M. Goclefroy-Lebeuf, horticulteur à
Argenteuil, faisait un magnifique apport, com-
prenant les espèces suivantes, inédites ou très-
rares en fleurs : Lœlia purpurata Aurora et
L. purpurata ScJilumhergeri, portant de ma-
gnifiques Heurs ; Dendrohium Jamesianum,
espèce à fleurs d’un blanc un peu terne, un
Epidendrum non déterminé, portant deux
hampes robustes, dressées, d’environ GO cen-
timètres, couvertes de fleurs jaune-roux cui-
vré; enfin, deux petits pieds de Cypripedium
niveum, le type et une variété majus, qui ne
présente guère de différence avec le type
que dans les dimensions de la fleur, un peu
plus grande et très-légèrement colorée.
VEGETATION PRINTANIÈRE DU KASHMIR
Dans cet article, je me propose de donner
le plus brièvement possible un aperçu de
la belle végétation que le Kashmir présente
au printemps. C’est en avril que cette fer-
tile vallée est vraiment admirable ; on di-
rait qu’une main magique a jeté à profusion
les plantes fleuries et les arbres fruitiers.
A partir du mois de février, nous avons des
fleurs toute l’année. Les premières que l’on
rencontre en plein champ, mélangées au
Blé et à rOrge, sont les Crocus, ensuite les
Narcisses, les Scilles, les Frilillaires dont
les brillantes couleurs ressortent admira-
blement sur le fond vert des jeunes céréales,
ensuite apparaissent les Tulipes dont il y a
ici deux espèces bien distinctes. Tune à
très-petites fleurs jaunâtres, très-élégantes ;
l’autre, au contraire, à très-grandes fleurs
d’un beau rouge. Ces plantes sont tellement
répandues qu’on les rencontre partout.
Une chose très-remarquable, c’est qu’il
n’est pas rare de voir des maisons dont les
toits sont entièrement garnis de Tulipes qui
y vivent et fleurissent à merveille. Ces toits
de maisons qui, au printemps, sont de vé-
ritables jardins, se voient principalement
sur les temples mahométans. Tous ces
temples sont couverts en planches, les-
quelles sont à leur tour couvertes avec de
l’écorce de Bouleau qui supporte une
couche de terre d’environ '15 centimètres
d’épaisseur, ce qui explique comment au
printemps ces toits ont l’aspect de véri-
tables parterres.
Fig. G4. — Charrue cachemirieniie.
C’est en aviil que l’aspect du Kashmir
est vraiment beau ; partout des arbres frui-
tiers en fleurs ; autant que la vue peut s’é-
tendre, on voit des groupes de Poiriers, de
Pommiers, d’Amandiers et d’Abricotiers
parés de leurs belles robes blanches. Comme
contraste, on voit, disséminés çà et là ,
des Pêchers aux belles fleurs roses dont la
couleur tranche admirablement, sur celle
des autres arbres. De plus il existe au
Kashmir une variété de Pommier dont les
Heurs sont d’un rouge intense imitant cer-
taines roses et qui, par leur mélange avec les
autres au moment de la floraison, produisent
un contraste des plus heureux.
Les Lilas de Perse sont également en
pleine fleur et embaument l’atmosphère.
Les Cotoneaster variés, les Berheris, les
Cratœyus et les Pruniers émaillent la mon-
tagne. Les Jujubiers et les Grenadiers sunt
également en végétation.
Dans la plaine, on rencontre à chaque pas
de magnifiques touffes d’iris qui étalent
leurs belles fleurs ; il y en a à fleurs blan-
ches, à fleurs jaunes et aussi à fleurs bleues,
ce sont les plantes privilégiées des Musul-
mans pour la décoration de leurs cime-
tières.
Avec cela des Platanes, des Noyers, des
Mûriers, des Ormes et des Micocouliers,
d’une taille telle qu’on n’en rencontre au-
cun de semblable en Europe.
Actuellement les Bosiers indigènes sont
couverts de jolies fleurs d’une odeur des
VÉGÉTATION PRINTANIÈRE DU KASHMIR. 357
plus suaves. J’ai vu certaines montagnes
entièrement couvertes de Rosiers, les uns à
fleurs jaunes, les autres à fleurs rouges ;
chose remarquable, tous ces Rosiers qui
croissent ici à l’état sauvage, ont des fleurs
aussi pleines que celles de beaucoup de
variétés que l’on cultive en France.
Les Cachemiriens ont une grande véné-
ration pour les fleurs. A l’époque de la flo-
raison des arbres fruitiers, on voit tous les
jours des bandes de flâneurs qui s’installent
sous ces arbres où ils restent toute la jour-
née a dire leurs prières tout en buvant
force thé.
Les indigènes de la vallée du Kasbmir,
comme tous les Orientaux, sont des gens
paresseux dans toute la* force de l’expres-
sion ; en été, ils vivent presque uniquement
de fruits. Dès que les Mûres ont atteint
leur maturité, hommes, femmes, enfants,
personne ne travaille plus, à part quelques
sarclages qu’ils donnent à leurs rizières ;
c’est tout ce qu’ils font et encore, parce
qu’ils savent que le Riz est indispensable
pour se nourrir l’hiver.
Aussi, près de chaque habitation, plan-
tent-ils des arbres fruitiers de toutes sortes :
Mûriers, Poiriers, Pommiers, Cerisiers,
Abricotiers, Amandiers, Pêchers, Grena-
diers, Vignes, etc, par cette raison que les
fruits de ces arbres forment les trois quarts
de leur nourriture, cela sans exiger d’autre
soin que celui de la plantation. Ces arbres
même ne leur coûtent d’autre peine que
d’aller les chercher sur la montagne la
plus voisine, où existent en grandes quantités
toutes les espèces d’arbres fruitiers. Là
ils choisissent ceux qui leur plaisent et les
rapportent dans leur jardin. Pour les plan-
ter, le paysan fait simplement un trou
juste de la grandeur nécessaire pour pou-
voir loger les racines, puis il y dresse
l’arbre. La première année les soins se
bornent à quelques arrosages et c’est fini.
L’année suivante il le fait greffer par un
mâli (jardinier). R y a cependant plusieurs
espèces de fruits à pépins qu’ils ne greffent
pas, et qui malgré cela donnent des fruits
assez mangeables, pour les indigènes du
moins.
Quant aux Mûriers, il n’est pas néces-
saire d’en planter, il en pousse partout.
Inutile de dire que les Cachemiriens ne sui-
vent aucune symétrie dans leurs planta-
tions ; aucun des arbres n’est soumis à la
taille ; ils n’enlèvent même pas le bois
mort.
Néanmoins, et malgré le peu de soins
qu’ils prennent, tous ces arbres deviennent
énormes et donnent d’abondants produits,
ce qui me paraît résulter de ce que tous ces
végétaux sont dans leur pays même, c'est-
à-dire dans les conditions où ils croissent
spontanément, et de plus, parce que le sol
de la vallée du Kasbmir est un terrain d’allu-
vions de toute première qualité, et que la
couche végétale atteint une profondeur de
plusieurs mètres.
La formation de ce terrain si fertile s’ex-
plique facilement par cette raison que jadis
toute la vallée du Kasbmir était un immense
lac que des bouleversements ont en grande
partie assaini, par suite de l’effet de l’ou-
verture de deux montagnes, ce qui a permis
l’écoulement des eaux.
Quant à la qualité des fruits, elle est mé-
diocre; les meilleurs, c’est-à-dire ceux
qu’ils multiplient par la greffe, sont tous de
qualité tout à fait inférieure. Les Poires
sont assez grosses, mais très-aqueuses, sans
saveur. Les Pommes sont meilleures et de
bonne conservation, mais sont cependant
loin d’égaler nos variétés françaises.
J’ai rencontré dans les montagnes une
variété particulière dont les fruits petits
ressemblent assez à nos Pommets d’api ;
ces Pommes sont très-bonnes à manger,
mais ne se conservent pas. Il y en a de deux
sortes, l’une à fruits rouges et l’autre à
fruits jaunes. A l’époque de la maturité, ces
arbres sont saccagés par les ours qui mon-
tent dessus pour en manger les fruits dont
ils sont très-friands.
L’agriculture, ici, comme tous les autres
arts, est tout à fait à l’état embryonnaire,
mais comme les cultivateurs ont affaire à
un sol des plus fertiles, leurs récoltes sont
néanmoins relativement abondantes. Une
preuve que le terrain est des plus riches,
c’est que tous les ans les mêmes plantes
sont semées à la même place et jamais
on n’y ajoute le moindre engrais.
Les plantes le plus cultivées sont : le
Blé, l’Orge, le Maïs, le Lin et le Coton.
La plus grande partie des engrais dont
on pourrait disposer, est employée comme
combustible, après avoir été préalablement
séchée au soleil ; le peu que l’on garde
est pour les rizières.
Pour tout outillage agricole, les Cache-
358 SÉANCE DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES DE LA
miriens n’ont qu’une mauvaise charrue toute
en bois (fig. 64) et dont le soc, en forme de
triangle, a l’angle d’avant garni d’un mor-
ceau de fer pointu de la grandeur de la main.
Cette charrue ou araire est un simple
morceau de bois courbé à l’une de ses
extrémités et s’adaptant au soc au moyen
d’une simple mortaise; l’autre extrémité
qui est droite se fixe au joug au moyen
d’une cheville mobile. Derrière le soc, il
SOCIÉTÉ» NATIONALE D’AGRICULTURE.
y a un mancheron simple qui sert au
laboureur à guider la charrue, ce qu’il fait
avec une seule main. On peut, par ces
détails, se faire une idée exacte de ces
charrues primitives, étant donné qu’un
enfant de douze à quinze ans en porte très-
facilement deux sur son épaule.
L. Boulet,
Ancien élève de l’École d’horticulture de Versailles,
directeur des cultures de S. H. le Maharadjah de
Kashmir.
SÉANCE DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’AGRICULTURE DE FRANCE
La Société nationale d’agriculture de
France a tenu sa séance solennelle de dis-
tribution des récompenses le mercredi
27 juin, sous la présidence de M. le Ministre
de l’agriculture.
Après M; Méline, ministre de l’agricul-
ture, M. Dumas, président de la Société,
apris la parole, et dans un discours
aussi remarquable dans le fond que dans
la forme, a retracé l’histoire des princi-
pales applications de la science à l’agri-
culture.
Nous regrettons que le cadre de la
Revue horticole ne nous permette pas de
donner en entier l’admirable discours de
M. Dumas. Parlant de la crise que subit
actuellement l’agriculture en France :
Des crises ! dit M. Dumas, il y en a pour
tous les temps et pour tous les peuples. Tel se
croit invulnérable aujourd’hui qui sera frappé
demain. Des contrées maintenant en ruines,
l’histoire nous les montre florissantes autre-
fois, et des régions jadis désertes se couvrent
sous nos yeux d’une population nombreuse
et prospère.
C’est la loi de la’ nature. Tout se meut et
tout change. La routine seule prétend à l’im-
mobilité. La routine ! cette ennemie de la
science, qu’elle nie, et de la pratique, qu’elle
ne veut pas regarder, ignorera toujours que
supprimer le mouvement pour les êtres orga-
nisés, c’est la mort; pour la matière brute,
c’est le chaos. Elle ne veut pas savoir que tout
change : besoins des consommateurs, relations
de peuple à peuple, sources de profits, moyens
de production; qu’arrêter le mouvement serait
folie, et que manier le gouvernail quand le vent
change, de manière à en tirer avantage, c’est la
sagesse du nautonier...
J’ai toujours aimé à rappeler un apologue
chinois toujours de circonstance. Certain voya-
geur rencontre près d’un puits un enfant tout
en larmes et criant la soif; surpris de voir
entre ses mains une cruche vide munie de sa
corde : « Pourquoi ne cherches-tu pas à rem-
plir ta cruche, lui dit-il Le puits serait-il à
sec ? — Il y a de l’eau dans le puits, dit l’enfant,
mais il est trop profond. — C’est ta corde qui
est trop courte, nigaud, cherches-en une plus
longue et tu boiras à ton gré. »
Au temps de ma jeunesse, le puits de la
science agricole semblait aussi trop profond,
et plus d’un pleurait auprès de sa cruche vide.
Dès qu’on se fut avisé que c’était la corde qui
était trop courte, on s’employa de toutes parts
pour f allonger; tous les jours, on l’allonge
encore, et ces cruches qui demeuraient vides
autrefois se remplissent maintenant d’une eau
limpide et saine, puisée aux sources mê^nes de
la vérité.
Quand on se demandait : Quelle est la
structure intime du tissu des plantes? Com-
ment se forment les premiers rudiments de
leurs organes ? l’œil de l’homme restait im-
puissant devant ces mystères. J’obéis au senti-
ment de la justice en rappelant que nous
devons à deux savants français, MM. de Mirbel
et Payen, les notions exactes que nous possé-
dons à ce sujet. Pendant leurs longues études,
on ne les entendait jamais se plaindre des
difficultés du problème, non ! mais de l’insuffi-
sance de leurs microscopes.
Ils en changeaient sans cesse, gardant le
meilleur du jour, mettant au rebut le meilleur
de la veille. Ils ne disaient jamais avec décou-
ragement ; « Le puits est trop profond ; » mais ils
répétaient à chaque nouvel obstacle : « La corde
est trop courte; » et ils faisaient appel au génie
de l’optique. C’est ainsi qu’ils ont établi sur
une base certaine la science de l’anatomie
intime des plantes et la connaissance de la
constitution primordiale de leurs tissus.
Après avoir montré les progrès dus aux
DU CALORIQUE CHEZ LES PLANTES. 359
efforts persévérants de MM. Ghevreul, Pas-
teur et Boussingault, M. Dumas a terminé
son discours par cette éloquente péroraison :
Bons laboureurs, bonnes ménagères, vous
que nos prix et nos médailles vont signaler à
l’estime publique, puisse notre pays vous con-
server longtemps et revoir toujours des enfants
faits à votre image! Pendant la paix, c’est
vous qui lui assurez l’ordre et Tabondance ;
quand vient la guerre, vos économies, lente-
ment amassées, vont remplir le trésor des
armées, et vos fds robustes vont grossir les
rangs de leurs soldats. Honneur, respect et
protection à l’agriculture : elle nourrit, enri-
chit, embellit et défend la patrie !
Cette lecture terminée, l’assemblée, jus-
qu’alors tenue sous le charme par M. Dumas,
a fait à l’illustre président de la Société une
véritable ovation.
M. Barrai, secrétaire perpétuel, a pré-
senté ensuite le compte-rendu des travaux
de la Société depuis la dernière séance
publique, et il a exposé les principales
recherches qui ont vu le jour dans ses
séances.
Après ces lectures, les récompenses
décernées par la Société ont été procla-
mées ; presque toutes sont relatives à des
travaux purement agricoles ; celles qui se
rattachent le plus particulièrement aux cul-
tures spéciales et à l’horticulture sont les
suivantes :
Objet d'art décerné à M. Aug. Goffart,
propriétaire-agriculteur àBurtin (Loir-et-Cher),
pour l’invention de l’ensilage du maïs et des
autres fourrages verts.
Grandes médailles d’or: M. Gayon, profes-
seur à la Faculté des sciences de Bordeaux,
pour l’ensemble de ses travaux d’histoire natu-
relle agricole ; — M. Bayle, pour la création
de vignobles dans les sables d’ Aigues-Mortes ;
— M. E.-Abel Carrière, rédacteur en chef de la
Revue horticole^ pour l’ensemble de ses tra-
vaux d’horticulture.
Médailles d’or : M. le docteur Frédéric
Gazalis et M. Gust. Foex, pour la traduction
de V Ampédographie universelle du comte José
de Rovasenda; — M. Morot, vétérinaire.
Médailles d’argent : M. le docteur Plonquet,
pour ses travaux de viticulture; — M. Fréchou,
pour ses recherches sur le mildeiv.
C’est avec la plus vive satisfaction que
nous trouvons dans cette liste le nom de
M. Carrière. Notre excellent co-rédacteur
en chef de la Revue horticole a reçu une
grande médaille d’or pour l’ensemble de
ses travaux sur l’horticulture ; tous ceux
qui ont lu ses ouvrages ratifieront le verdict
de la Société d’ Agriculture de France.
Ed. André.
DU CALORIQUE CHEZ LES PLANTES
On peut affirmer que les plantes jouissent
d’un calorique qui leur est propre et qui se
développe plus particulièrement à certaines
époques de leur existence, au moment de
la végétation ou de la fécondation.
Expérience. — Coupez pendant le jour
quelques plantes et laissez-les le soir fanées
sur le sol. S’il gèle faiblement pendant la
nuit, les plantes coupées seules gèleront et
seront recouvertes d’une légère couche de
glace, tandis que celles environnantes ne
souffriront pas.
Ceci tient à ce que les unes sont, par la
mort, privées du calorique que conservent
celles qui sont vivantes.
Exemple. — Les plantes chétives sont
toujours les premières gelées, jouissant de
moins de calorique que les vigoureuses.
Ainsi, les vieillards, les enfants, les malades
sont plus sensibles au froid que les jeunes
gens forts et robustes.
Dans une serre froide, certaines espèces
de plantes gèlent, tandis que d’autres sont
indemnes. Cela tient à ce que les premières
ont un calorique propre, moins élevé que
les autres.
Enfin, parmi un carré de plantes de même
nature, haricots ou pommes de terre, les
unes gèlent tandis que d’autres résistent,
fait dû à ce qu’elles ne sont pas toutes dans
les mêmes conditions de végétation. Les
unes, plus fortes, ont des racines plus
profondes et puisent en terre un calo-
rique plus élevé, qui, par la conductibi-
lité, se transmet jusqu’aux extrémités des
tiges.
Le Tussilage fragrans, au moment de
sa végétation, développe un calorique assez
fort pour faire fondre la glace et la neige
autour de lui.
La fleur de certains Arums au moment
de sa fécondation développe une assez grande
360
EFFETS DES INONDATIONS SUR LES PLANTES.
chaleur comme, par exemple, VArum Dra-
cunculus.
Les plantes ayant la vie et le calorique.
pourquoi n’auraient- elles pas une certaine
sensibilité ?
CONFEVRON.
EFFETS DES INONDATIOxNS SUR LES PLANTES
Bien qu’une longue suite d’observations
ait établi la périodicité presque régulière
des grandes inondations, il est facile de
remarquer que depuis quelques années ces
terribles phénomènes deviennent de plus en
plus fréquents.
Leurs effets atteignent et ruinent un grand
nombre de personnes, et les pépiniéristes
qui, en recherchant la bonne qualité du
sol, s’établissent toujours de préférence
dans les vallées, aux bords des fleuves ou
rivières, sont, à chaque inondation, les pre-
miers atteints.
Les indications pouvant leur faire savoir
quelles sont les essences les plus sensibles à la
submersion, et qu’ils n’auraient pas encore,
à leurs propres dépens, appris à connaître,
leur seront toujours utiles, ainsi qu’aux
propriétaires dont les parcs et jardins sont,
dans certaines de leurs parties, exposés aux
inondations.
Nous traduisons donc, pour nos lecteurs,
les observations suivantes publiées par le
Garten Zeitung :
Les inondations d’hiver sont les moins
dangereuses, pourvu, bien entendu, qu’elles
ne durent pas trop longtemps et qu’elles ne
déracinent pas les plantes.
Les mêmes arbustes supporteront plus
facilement un mois d’immersion pendant
l’hiver qu’une seule journée pendant la pé-
riode de végétation.
La résistance est très-différente suivant
les espèces ; ainsi la Vigne, les Pommiers,
Pêchers, Pruniers, et même les Asperges,
peuvent supporter impunément plusieurs
semaines de submersion.
Les Cerisiers sont moins robustes ; les
Groseilliers à grappes sont très-sensibles,
et les Groseilliers épineux encore davan-
tage.
Parmi les arbres et arbustes d’ornement,
les Lilas, Amorphas, sont les plus sensibles;
quinze jours de submersion même l’hiver,
et seulement à 50 centimètres au-dessus du
sol, suffisent pour les tuer complètement.
Ensuite viennent les Rihes, qui sont dé-
truits si, au printemps, au moment où les
bourgeons commencent à se développer,
l’eau les recouvre même pendant très-peu
de jours. Les Spirées et Seringats sont dans
les mêmes conditions, tandis que les Chèvre-
feuilles, Caraganas, Symphorines, Troènes,
Aliziers, Ormes, Chênes et Frênes peuvent
supporter une inondation de longue durée.
La robusticité des plantes bulbeuses et
herbacées sous ce rapport, est également
variable. Ainsi, les Jacinthes périssent immé-
diatement; les Tulipes et Crocus résistent
un peu plus ; les Asphodèles et les Perce-
Neige ne souffrent aucunement.
Ces renseignements sont certes très-
intéressants ; mais il est nécessaire de les
contrôler et de les compléter. Nous accueil-
lerions avec plaisir ceux que nos lecteurs
voudraient bien nous adresser sur ce sujet,
et nous les publierons après les avoir ras-
semblés et classés.
Telles sont les principales observations
faites sur ce sujet en Allemagne. Nous
avons personnellement constaté en France
des résultats identiques, auxquels nous
pouvons faire quelques additions et modifi-
cations. Ainsi, nous avons remarqué qu’un
certain nombre de Spirées résistaient à
une immersion assez prolongée, tandis que
la plupart des Papilionacées arbustives pé-
rissent. Les Baguenaudiers succombent tous
rapidement. Les Sureaux, si rustiques d’or-
dinaire dans toutes les situations, se décor-
tiquent après l’inondation et meurent en
quelques jours.
Nous avons aussi remarqué que l’immer-
sion ou la submersion plus ou moins com-
plète produit des effets fort différents.
De nombreuses espèces souffrent moins
d’avoir été longtemps sous l’eau en totalité
que d’avoir eu seulement une partie de leur
tige immergée.
Ed. André.
lmp. Georgea Jacob , — Orléani.
CHRONIQUE HORTICOLE
Le temps. — Pendant tout le mois de
juillet le temps a été détestable pour la cul-
ture. En effet, peu ou pas de soleil, pluies
à peu près journalières et fréquemment
répétées; vents parfois très-grands et froids,
température basse (jusqu’à + 6 degrés le
matin). En un mot, un temps d’automne et
même pas très-beau. Aussi se plaint-on de
toutes parts; l’agriculture et l’horticulture
n’ont pas lieu d’être satisfaites : la Vigne,
surtout, qui déjà n’est pas très-bien partagée
sous le rapport de la quantité, laissera pro-
bablement beaucoup à désirer au point de
vue de laqualité, à moins que par un brusque
revirement l’état général ne vienne tout à
coup changer les choses. Ce qu’il y a de
grave, c’est que le mal paraît s’étendre sur
une grande partie de la France. On nous a
même affirmé que, dans le département
des Vosges, il a neigé abondamment vers le
20 juillet, ce qui, paraît-il, n’était jamais
arrivé.
Pêches hâtives. — Déjà, l’année der-
nière, nous avons fait ressortir le désaccord
qui existe entre les opinions des horticul-
teurs relativement aux caractères généraux
que présentent ces Pêches, et combien,
dans l’intérêt de tous, il serait urgent de
s’entendre. C’est surtout au sujet de l’adhé-
rence de la chair que le désaccord nous
paraît exister tout particulièrement. Qu’il
s’agisse à'Amsden^ d'Early Beatrix^ de
Précoce Alexander , etc.,on entend soutenir
et affirmer les opinions les plus contradic-
toires. D’après les uns, la chair est libre,
tandis que d’autres soutiennent qu’elle
est tout à fait adhérente. Qui a raison ?
Ainsi, nous avons dégusté des Pèches
Amsden dont la chair se détachait assez
bien du noyau, tandis qu’un de nos collè-
gues nous affirmait que, chez lui, cette
variété est presque immangeable, tant elle
est adhérente-tibreuse. Mais ne pourrait-il
se faire que tous aient raison, et que l’adhé-
rence ou la non-adhérence soit un peu le
fait du milieu dans lequel les Pêches ont
été produites ou du degré plus ou moins
grand de leur maturité? La chose nous
parait assez probable. Néanmoins, comme
ces diversités pourraient aussi provenir de
15 Août 1883.
la confusion de variétés différentes, nous
engageons vivement tous ceux de nos lec-
teurs qui le pourraient à nous faire part
de leurs observations et, afin de donner
plus de valeur à celles-ci, de bien pré-
ciser et de nous indiquer quelles sont pour
chaque variété : la forme des glandes
{globuleuses, réniformes ou nulles) ; 2® la
forme et la dimension des fleurs {petites,
grandes, en cuiller ons, c’est-à-dire campa-
NULAGÉES ou ROSACi^Es). C’est, ci’oyons-
nous, le seul moyen de se mettre d’accord.
Il est bien entendu que, pour arriver à ce
résultat, nous publierions les communica-
tions qu’on voudrait bien nous faire.
Translation du «Fleuriste de la
Muette. — Décidée depuis longtemps, en
principe, la translation du Fleuriste de la
Muette est actuellement résolue. Le Fleu-
riste de la Muette va être réorganisé sur
une vaste échelle, dans la partie du bois de
Boulogne appelée ce Parc-aux-Princes » ou
« Fonds-des-Princes ». Dans sa séance
du 20 juillet, un conseiller municipal,
M. Cernesson, au nom de la cinquième
commission, a présenté le projet de délibé-
ration suivant :
Art. Ici’. — Est approuvé, en principe, l’éta-
blissement, au Fonds-des-Princes, du Fleuriste
de la ville de Paris.
Cet amendement a été adopté, et une
proposition contraire, faite par MM. Curé
et Marsoulan, a été rejeté. Ajoutons, que
depuis plusieurs années, on fait de nom-
breuses plantations dans la nouvelle créa-
tion qui, aujourd’hui, après la délibéra-
tion du conseil municipal, va entrer dans
une période d’activité qu’elle n’avait pas
connue jusqu’ici.
Le Prunus Jacquemonti. — On con-
naît les intéressantes explorations bota-
niques accomplies par le docteur Aitchinson ,
dans l’Afghanistan, par ordre du gouverne-
ment anglais.
Parmi les nombreuses plantes qu’il a
découvertes ou retrouvées, on remarque le
Prunus Jacquemonti, espèce dédiée à
notre infortuné compatriote, le géologue
16
362
CHRONIQUE HORTICOLE.
Victor Jacquemont, et qui va se répandre
bientôt dans les jardins.
Le docteur Aitchinson ayant envoyé des
graines de ce Prunier au jardin botanique
de Kew, elles ont été semées et les jeunes
plantes en provenant sont en bonne voie de
développement.
Elles forment des arbustes compacts à
rameaux minces, branchus, garnis de petites
feuilles dentées.
Les fleurs, qui sont d’un joli rose, appa-
raissent en même temps que les feuilles. Le
P. Jacquemonti se couvre ensuite littérale-
ment de fruits et présente alors un aspect
particulier très-ornemental, qui rendra de
véritables services pour la décoration des
jardins.
Quantité de Pêches annuellement
récoltées à Montreuil. — D’une manière
générale on sait que la culture des Pêchers,
à Montreuil, se fait depuis longtemps sur
une grande échelle, bien que, sur ce point
encore, on n’ait que des données assez
vagues. Mais ce qu’on ignore et ce qui n’a
probablement jamais été publié, c’est le
nombre considérable de Pêches que l’on y
récolte chaque année, et nous étonnerons
certainement nos lecteurs en disant que ce
nombre dépasse quatorze millions, chiffre
énorme, qui explique le surnom de ce Mon-
treuil-aux-Pêches, 5) depuis longtemps porté
par cette commune suburbaine de l’est de
Paris.
Table générale du Botanical Maga-
zine. — Une bonne mesure vient d’être
prise par les éditeurs du Botanical Maga-
zine.
Il s’agit de la création d’une Table géné-
rale, comprenant l’indication des matières
depuis la fondation de ce recueil.
On sait que le Botanical Magazine, fondé
en 1787, forme aujourd’hui 107 volumes
qui sont de la plus haute valeur scientifique
pour les botanistes et pour les horticulteurs
soucieux de la description exacte et de l’his-
toire d’un grand nombre de plantes cultivées.
Bien que des tables partielles de cet ou-
vrage, embrassant plusieurs années, aient
un peu facilité les recherches, on se figure
aisément le temps que l’on perdait jusqu’ici
à chercher une plante d’une table à l’autre.
Maintenant cet inconvénient n’existe plus,
et il est fort à désirer que d’autres re-
cueils botaniques et horticoles spéciaux
entrent dans la même voie.
Une pluie de pollen. — Chaque jour,
on le sait, des faits surprenants de féconda-
tion et d’hybridation se produisent entre
plantes séparées les unes des autres par des
distances considérables. Le pollen de cer-
taines espèces est tellement léger qu’il peut
être transporté par les vents à des distances
immenses.
U American Naturalist vient de citer à
ce sujet un exemple curieux.
En avril dernier, un botaniste américain,
en récoltant des plantes aquatiques dans un
étang de l’Iowa central, constata que toute
la surface de cet étang était recouverte d’une
couche de pollen de Pin.
Aucun doute n’était possible, et, cepen-
dant, les forêts de Pins les plus rapprochées,
et qui seules avaient pu produire une quan-
tité de pollen aussi grande, étaient éloi-
gnées d’environ 600 kilomètres du point où
l’observation était faite.
Le vent avait donc fait franchir cette
énorme distance aux masses de pollen
s’échappant des fleurs des Pins.
Le Phylloxéra en Angleterre. — L’An-
gleterre est aussi envahie sur plusieurs
points par le Phylloxéra, et cela malgré la
protection d’abris vitrés. On signale que
la « Vinerie » de M. Lightfort, d’Acring-
ton, est attaquée, et que d’ici peu de temps
les Vignes qui la peuplent seront bien cer-
tainement détruites.
Le Plagioliron Horsmani. — M. Baker,
de Kew, vient de fonder un nouveau genre
dans les plantes bulbeuses.
Il s’agit du genre Plagioliron, apparte-
nant à la famille des Amaryllidées, voisin
des Eucharis, et qui a été introduit des
États-Unis de Colombie par M. Horsman,
de Golchester. Les feuilles du P. Horsmani
sont larges, ressemblent à celles de VEu~
charis candida et se développent par deux
ou trois seulement sur chaque bulbe. Les
tiges florales sont érigées et se terminent
par une ombelle de fleurs d’un blanc pur,
larges de 3 à 4 centimètres.
D’après les dessins et renseignements
publiés à propos de cette plante nouvelle,
que nous n’avons pas encore été à même
d’examiner, on peut dès aujourd’hui affir-
CHRONIQUE HORTICOLE.
3G3
mer que le P. Eorsmani tiendra une bonne
place parmi les plantes bulbeuses sud-amé-
ricaines.
Phalænopsis Sanderiana. — Cette
belle Orchidée nouvelle vient de fleurir à
Tring-Park, chez M. le baron N. de Roths-
child, et le Gardeners' Chronicle en
donne ainsi la description ; les sépales,
très-élégants, et les pétales, larges et d’une
forme admirable, sont lilas clair, tandis que
toutes les nervures sont lilas foncé et produi-
sent ainsi un réseau charmant. De même, le
labelle est, en dessous, d’une jolie couleur
lilas, et orange vif à sa partie supérieure.
L’éperon se recourbe d’une façon gracieuse.
L’ensemble de la fleur est ornemental au
suprême degré, et le P. Sanderiana tiendra
une des premières places dans les collections
d’Orchidées.
Crème de Groseilles à maquereaux.
— La production des Groseilliers épineux a
été cette année abondante en quelques loca-
lités, et plusieurs de nos lecteurs noi»s ont
demandé un moyen pour varier ou prolonger
la consommation des Groseilles.
Voici, d’après VObstgarten, de quelle
manière on obtient, en Autriche, une crème
délicieuse.
Faire bouillir doucement un kilogramme
de Groseilles à moitié mûres, bien nettoyées,
auxquelles on aura ajouté la moitié d’une
petite cuillerée de carbonate de soude, un
tiers de litre d’eau, une pincée de sel,
750 grammes de sucre dans lequel on aura
mis un peu d’écorce d’orange, trois quarts
de litre de crème sûre et trois ou quatre
blancs d’œufs.
Lorsque le mélange s’est bien accompli,
on le verse dans des récipients plats, et si
possible, on l’entoure de glace avant de le
consommer.
A Vienne, cette crème est mangée de
préférence avec de la pâtisserie aux aman-
des.
Pudding de Roses. — Encore une bonne
recette autrichienne signalée par VObst-
garten, devienne, et permettant d’employer
utilement ces brillants pétales que l’on voit
toujours à regret s’effeuiller et tomber à
terre.
Prenons, par exemple, 225 grammes de
fleurs à employer. Il faut y mélanger
125 grammes de farine de biscuit, 25 gram-
mes d’amandes douces, 12 jaunes d’œufs
battus avec 250 grammes de sucre en
poudre; remuer en tournant pendant quinze
minutes, et en même temps ajouter trois
huitièmes de litre de crème douce, une
cuillerée de cannelle et une pincée de sel.
On verse alors le blanc de douze œufs,
battu en neige, et l’on met le tout dans des
moules ou plats que l’on a préalablement
enduits de beurre à l’intérieur et saupou-
drés de farine de biscuit.
On fait bouillir au bain-marie pendant
environ une heure et demie. Le pudding
ainsi obtenu est très-bon, surtout s’il est
accompagné d’une sauce à la crème.
Le Rosier nouveau : William Francis
Bennett. — On se ferait difficilement une
idée, en France, du chitîre élevé que peut
atteindre Védition d’une seule Rose dans
l’Amérique du Nord. En voici un exemple
tout récent à propos du Rosier W. F. Ben-
nett. Ce Rosier thé est encore peu connu
en France. Ses fleurs, qui, par leur forme,
ressemblent à celles du Thé Niphétos, sont
d’un joli cramoisi brillant.
Son obtenteur, M. Bennett, vient d’en
céder l’édition moyennant la somme de
20,000 fr. à un pépiniériste de Philadel-
phie. Ce chilfre paraît considérable, mais il
s’explique quand on connaît la vogue si
justifiée dont jouissent les fleurs et surtout
les Roses, dans les grandes villes de l’Amé-
rique du Nord.
Le commerce des fleurs coupées, pen-
dant la saison d’hiver, y prend, nous l’avons
vü (1), des proportions surprenantes.
Intoxication par les graines du Kal-
mia latifolia. — Nous appelons tout par-
ticulièrement l’attention de nos lecteurs sur
la lettre suivante que nous adresse M. Victor
Guy on, jardinier au château de Brain, par
Decize (Nièvre):
En qualité d’abonné de la Revue horticole,
je viens vous signaler un fait qui peut intéres-
ser soit l’horticulture, soit même l’agriculture,
et que je n’ai encore vu signalé nulle part;
Un massif de Kalmia latifolia ayant été
émondé de ses corymbes de graines, ses débris
furent jetés sur un tas d’herbe fauchée, destinée
à des chèvres, et presque toutes en mangèrent.
Presque toutes aussi furent malades, éprou-
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 319.
364
CHRONIQUE HORTICOLE.
vèrent de violentes contractions d’estomac et
des vomissements, et même l’une d’elles en
mourut le lendemain.
Les autres, après être restées deux jours
sans vouloir prendre de nourriture, bavant et
faisant des efforts d’estomac, finirent par s’en
tirer. Une seule, sur six, qui n’en avait proba-
blement pas mangé, ne fut pas incommodée.
Le Kalmia contient donc un principe toxique
qui me paraît ignoré jusqu’ici. Je vous livre le
fait, vous autorisant à en faire tel usage qui
vous conviendra.
Victor Guyon.
Le fait dont parle M. Guyon, et qui peut
être de la plus grande importance par ses
conséquences, n’est pas le seul exemple
d’intoxication produit par la famille des Eri-
cacées, et principalement par le groupe des
Rhododendrées. Nous rappellerons que le
Rhododendron ponticum possède des pro-
priétés vénéneuses qui, plusieurs fois déjà,
ont donné lieu à de graves accidents. Mais
personne, jusqu’ici, ne paraît avoir signalé
un fait analogue dans les Kalmia. Nous
remercions donc tout particulièrement
M. Guyon de son intéressante communi-
cation, et en même temps nous engageons
les hommes spéciaux à renouveler ces expé-
riences, non seulement sur les Kalmia,
mais sur plusieurs autres genres d’Erica-
cées.
Encore les Wellingtonias et les
oiseaux. — A ce sujet, M. de Lavau nous
écrit du Château de Moncé (Loir-et-Cher),
la lettre suivante :
Je ne sais si les moineaux de Loir-et-Cher
sont moins douillets ou plus braves que
d’autres; mais ce que je puis affirmer, de visu,
c’est qu’ils n’ont pas peur des Wellingtonias.
Je possède quatre de ces arbres, qui me vien-
nent de chez MM. Thibaut et Keteleer, et qui
ont maintenant 8 à 10 mètres de haut; ils
sont plantés juste en face de la porte de mon
jardinier, qui aftirme y voir sans cesse des
oiseaux divers, tels que geais, pies, ramiers,
rouges-gorges, moineaux, etc. Toute une peitte
bande de ces derniers y chantait tout à l’heure
allègrement, devant moi, autour d’un vieux
nid qui n’est pas le seul dans les branches.
Au reste, pourquoi les oiseaux auraient-ils
si grand peur du Wellingtonia ? Le feuillage
de ces arbres n’a rien de bien redoutable ; et si
les jeunes rameaux sont garnis de feuilles
aciculaires assez piquantes, le vieux bois est à
peu près inerme. Quant à l’odeur résineuse,
elle est beaucoup moins prononcée que chez
beaucoup d’autres Conifères.
Je ne sais s’il existe des arbres sans oiseaux ;
en ce qui me concerne, j’en doute fort.
VAhies Pinsapo, bien autrement hérissé que le
Wellingtonia, même sur le vieux bois, est
certainement moins fréquenté que celui-ci par
les oiseaux, du moins chez moi ; mais je trouve
pourtant dans ses branches des traces irré-
cusables de leur passage. Les Genévriers,
malgré leur odeur et malgré leurs })iquants,
ne sont-ils pas recherchés par les merles? Il
faudrait voir si V Araucaria imbricata est inha-
bité. Malheureusement, je ne le possède pas.
Je rappelle à ce propos, en abandonnant les
Conifères, que les végétaux les plus épineux,
les fouillis de Ronces les plus épais, les Pru-
nelliers, les Robinias, les Gleditschias les plus
féroces, etc., n’effraient pas les oiseaux.
Mais les futaies déplaisent à plusieurs de
leurs espèces ; et c’est peut-être à cause de la
hauteur même de ses beaux arbres que M. Phi-
lips-Thiollière a pu récemment signaler la soli-
tude silencieuse qui les caractérise.
Floraison remarquable d’iine Orchi-
dée. — On admirait récemment en Angle-
terre, dans les serres de M. Broome, à
Didsbury, un magnifique exemplaire fleuri
de Vanda teres Andersoni. Celte plante,
de forme arrondie, mesurait environ 30
de diamètre en tous sens. Elle portait à la
fois 250 épis dont la plupart étaient composés
de 6 fleurs. On peut facilement se rendre
compte du bel effet produit par cette plante
dont la floribondité est aujourd’hui bien
établie. Le Vanda teres type est, comme
l’on sait, une de nos plus jolies Orchidées ;
mais elle fleurit trop rarement. Feu M. A.
Rivière, l’habile jardinier du Luxembourg,
à Paris, avait réussi à le cultiver dans des
caisses où les plantes se couvraient de fleurs
chaque année. Voici le traitement qu’il em-
ployait et que nous résumons d’après l’ex-
cellent traité de M. le comte du Buysson.
(( Cette belle Orchidée, aussi régulière-
ment florifère que n’importe quelle espèce,
ne consent à montrer ses fleurs que si elle
a été presque complètement épuisée par
une longue privation d’humidité et par son
exposition aux premières ardeurs du prin-
temps.
« On l’empote dans un panier ou un pot
rempli de grosses mottes de terre de
bruyère entremêlées de sphagnum, et on la
soutient avec des tuteurs de bois dur. De
novembre à avril, on la place sur une ban-
quette au midi, dans le coin le plus sec de la
serre, sans arrosements. En mars, les
CHRONIQUE HORTICOLE.
365
feuilles sont ridées, et les hampes commen-
cent à se montrer. Quand elles ont atteint
3 ou 4 centimètres et que quelques racines
percent, on donne les premiers bassinages,
et on soustrait la plante au soleil dès que
les boutons approchent de l’épanouissement.
Alors, on remet la plante dans la serre
chaude humide, pour qu’elle puisse consti-
tuer des pousses vigoureuses, condition
essentielle pour la floraison. En octobre, on
cesse les arrosements pour ne les reprendre
qu’en mars. ï
École d’horticulture de Versailles.
— L’École nationale d’horticulture de Ver-
sailles fera sa rentrée le octobre pro-
chain.
Les jeunes gens qui désirent y entrer
doivent adresser leur demande sur papier
timbré, avant le septembre, au Préfet
du département qu’ils habitent. Toutefois,
pour les départements de la Seine et de
Seine-et-Oise, ces demandes sont adressées
directement au Ministre de l’agriculture.
L’examen d’admission, qui porte sur les
matières de l’enseignement primaire, a lieu
le 15 septembre, à la Préfecture, ou au
siège même de l’École. Les candidats qui
ont obtenu le certificat d’études primaires
ou le certificat d’apprentissage d’une École
pratique d’agriculture ou d’une Ferme-
École, sont dispensés de l’examen d’admis-
sion.
Au 1er octobre prochain, il y aura un
certain nombre de bourses vacantes, cha-
cune d’une valeur de mille francs, parmi
lesquelles : six de l’État données au con-
cours, quatre du département de la Seine,
deux du département de Seine-et-Oise, etc.
Les candidats qui prétendraient aux bourses
de l’État devront adresser leur demande,
avant le l^r septembre, au Ministre de
l’agriculture. Pour les autres bourses, il
conviendra de s’adresser aux autorités com-
pétentes.
déclamation adressée à la Compa-
gnie du chemin de fer du Nord. — En
son nom et en celui de beaucoup de ses
collègues, M. Henry Châtenay, pépiniériste
à Doué-la-Fontaine, vient d’adresser une
réclamation à la Compagnie du chemin de
fer du Nord, afin d’obtenir l’abaissement de
certains tarifs appliqués par elle aux pro-
duits horticoles. Notre collègue, à l’aide de
détails dans lesquels nous ne pouvons
entrer ici, et qui tous sont justement fondés,
démontre à la Compagnie qu’en accordant
les allègements qu’il demande, elle y trou-
verait des bénéfices, en même temps qu’elle
favoriserait l’horticulture.
Nous engageons donc tous les horticul-
teurs et les pépiniéristes à s’entendre et à
agir dans le même sens que M. Chatenay.
Qu’ils n’oublient pas ce vieux proverbe :
(( L’union fait la force. » Il est toujours
vrai.
Un Rosier à forcer et bon pour tous.
— Ce Rosier, c’est Gloire de Dijon.
Aussi est-ce avec raison que, dans son
numéro du 1er juillet dernier, le Journal
des Roses le recommande comme oc le
meilleur pour palisser sur les murs ». Et si
ce Rosier, qui pousse beaucoup, devient vo-
lubile et peut alors être palissé pour garnir
les murs, rien n’est plus facile non plus
que d’en faire des plantes naines ou demi-
naines, de véritables buissons à l’aide de cer-
tains traitements. Nous le disons : hon pour
tous, parce que tout le monde aime les Roses
et surtout les belles Roses, et que la Gloire
de Dijon est une des plus jolies du genre.
En effet, sa forme, son coloris et son parfum
la placent en première ligne. Ajoutons que,
quelle que soit la forme sous laquelle on
dirige le Rosier Gloire de Dijon, il est
toujours très-floribond.
Remède contre les punaises, vulgai-
rement « tigres du bois. » - L’insecte
dont il s’agit est connu de tous les arbori-
culteurs ; son nom lui vient de ce qu’il
s’applique toujours sur les écorces ou sur
le jeune bois, qu’il suce et altère et où il
est bientôt recouvert par une sorte de
carapace qui abrite sa progéniture. On a
conseillé, contre cet insecte, le badigeon
des écorces avec une sorte de bouillie
composée d’un épais lait de chaux, addi-
tionné de fleur de soufre. Eh bien! cet
amalgame est inefficace ; même il semble
protéger les acares. En effet, il nous arrive
journellement, sous les plaques de cet
enduit qui bientôt forment des cavités par
suite du soulèvement, de trouver de nom-
breuses générations de tigres du bois, qui
alors se développent parfaitement. Frappé
de ce fait, un horticulteur bien connu de
Montreuil, M. François, dit « la Verveine, »
366
CHRONIQUE HORTICOLE.
eut l’idée de substituer au soufre la nicotine,
et aussitôt après la taille, d’en recouvrir
le bois comme on le fait habituellement
avec un lait de chaux. Lorsque la chaux est
réduite en pâte, il y ajoute un peu de nico-
tine, afin de liquéfier le mélange qu’alors
il étend à l’aide d’un pinceau ou qu’il
lance sur toutes les parties à l’aide d’une
seringue ou de tout autre instrument pro-
pulseur ; pour ce dernier cas, il va sans dire
que la préparation doit être plus étendue
d’eau.
Depuis qu’il emploie cette substance,
M. François ne remarque plus aucun
insecte sur ses arbres.
Conserves de Houblon. — On sait
qu’en Belgique, en Allemagne, dans l’Amé-
rique du Nord et dans bien d’autres pays,
on consomme, pour remplacer les Asperges,
les jeunes pousses de Houblon qui ont une
saveur délicate, un peu amère peut-être,
mais qui plaît à beaucoup de personnes.
Ces jeunes pousses étant d’ordinaire bonnes
à manger au moment où les Asperges se dé-
veloppent, on a dû, pour en profiter plus
longtemps, chercher les moyens d’en faire
des conserves.
UOhstgarten signale à ce sujet trois
procédés que nous recommandons à ceux
de nos lecteurs qui, ayant dans leurs jar-
dins des tonnelles, des haies, des palissades
garnies par du Houblon, désireraient utiliser
cette plante pour l’alimentation.
Le moyen le moins coûteux consiste sim-
plement à placer dans du sel les jeunes
pousses coupées en morceaux.
La dessiccation, par un procédé quel-
conque, est souvent employée, mais il ne
faut pas soumettre les tiges à une trop forte
chaleur qui les brûlerait, étant donnée leur
faible consistance.
La conservation dans le vinaigre comme
pour les Cornichons est aussi très-usitée.
On consomme de différentes manières
les jeunes pousses de Houblon, soit fraîches,
soit conservées : en salade, à la sauce
blanche, frites dans le beurre, etc.
La lutte contre le Phylloxéra. —
Pour combattre un ennemi aussi redou-
table, tout doit être mis en œuvre ; tous les
essais ayant donné une réussite relative
doivent être publiés, afin qu’ils puissent ser-
vir de bases à de nouvelles recherches.
A ce propos, signalons les intéressantes
études qui viennent d’être faites par M. le
docteur Fischer, de l’Université de Stras-
bourg.
M. Fischer a constaté qu’à l’aide d’une
méthode qui lui est personnelle, l’emploi
de la naphtaline détruit complètement les
insectes sans nuire aux plantes auprès des-
quelles ce traitement est employé.
Au cours des études qu’il a faites l’année
dernière à Bordeaux, ayant soumis à la
naphtaline quinze pieds de Vigne envahis
par le phylloxéra, M. Fischer put constater
publiquement, en arrachant ces Vignes au
mois de septembre, qu’elles étaient débar-
rassées des insectes, et que, depuis l’opéra-
tion qu’elles avaient subie, de nombreuses
racines s’étaient développées. La naphtaline
a encore été employée avec succès contre
les altises dans les Vignes.
Ajoutons qu’il est facile de se procurer
la naphtaline; elle se vend à Paris 100 fr.
les mille kilos. Un kilog. suffit pour le traite-
ment d’un pied de Vigne.
Marrubium Vaillantii. — Au sujet de
cette espèce, notre collègue, M. B. Verlot,
nous fait l’intéressante communication que
voici :
(( On sait que le Marrubium Vaillantii,
malgré son origine parisienne, est une des
plantes les plus rares qui existent, et peu
d’herbiers même la possèdent. Recueillie
une première fois par Vaillant, l’illustre
auteur du Botanicon Parisiense, ce n’est
qu’un siècle plus tard que MM. Cosson et
Germain de Saint-Pierre en retrouvaient
quelques pieds qui leur permettaient d’en
faire une étude complète et de l’introduire
dans la science, en la dédiant à leur émi-
nent précurseur comme auteur de la Flore
parisienne. Depuis elle avait échappé à
toutes les recherches, et c’était toujours
inutilement qu’elle était demandée par les
botanistes français et étrangers à leurs
correspondants parisiens. C’est donc avec
plaisir que nos lecteurs apprendront que
cette lacune va être comblée. MM. le doc-
teur Ed. Bounet et Th. Delacour, ayant eu
la bonne fortune de rencontrer le Marru-
hium Vaillantii à Fontainebleau, M. J.-
B. Yvon, horticulteur, 44, route de Châtil-
lon, à Malakoff, en a fait des multiplications,
et il est en mesure de fournir des pieds de
cette rarissime Labiée aux amateurs et aux
367
FRUCTIFICATION DU PRUNUS TRILOBA (PRUNOPSIS LINDLEYI).
jardins botaniques. M. Yvon croit même
que, grâce à son feuillage découpé et son
indumentum blanc, le M. Vaillantii pour-
rait être introduit dans les cultures d’orne-
ment. »
Prochaines Expositions d’horticul-
ture. — Du samedi 8 au mardi il sep-
tembre* 1883, la Société d’horticulture et
de viticulture des Vosges fera, à Mirecourt,
une exposition d’horticulture, de viticulture,
ainsi que des arts et industries qui s’y
rattachent. Les personnes qui désireraient
exposer devront en faire la demande au
Président de la Société, ou à M. Vaudrey-
Evrard, horticulteur, avant le 25 août. Le
jury se réunira le samedi 8 septembre, à dix
heures du matin. — Le conseil de la Société
nationale d’horticulture de France, dans sa
séance du 12 juillet 1883, a décidé que I
l’exposition estivale d’horticulture aurait lieu
dans la deuxième quinzaine de mai 1884.
Nous reviendrons sur cette exposition
aussitôt que le programme sera paru. — Une
exposition spéciale de Chrysanthèmes d’au-
tomne et d’hiver aura lieu à Birmingham
les 21 et 22 novembre prochain. — Le
16 septembre 1883, la Société régionale
d’horticulture de Vincennes fera à Saint-
Mandé, sur la place de la Mairie, une Expo-
sition d’horticulture. Placée devant la gare
du chemin de fer, près du lac de Saint-
Mandé, par conséquent dans la plus jolie
partie du bois de Vincennes, l’emplacement
ne pouvait être mieux choisi ; aussi le succès
est-il à peu près assuré. Les personnes
qui désirent exposer doivent s’adresser à
M. Chapuis, secrétaire général de la Société,
101, rue de Fontenay, à Vincennes.
E.-A. Carrière et Ed. André.
FRUCTIFICATION DU PRUNUS TRILOBA (PRUNOPSIS LINDLEYI)
Ce bel arbuste, aujourd’hui cultivé avec
prédilection dans tous les jardins, vient de
mûrir ses fruits 'pour la première fois en
Europe, à ma connaissance du moins. Le
fait a eu lieu chez un de mes amis et
voisins de campagne, grand amateur d’hor-
ticulture, M. le docteur Chaumier, à Bléré
(Indre-et-Loire).
Cette fructification permet d’élucider un
point resté jusqu’ici obscur, celui de la
véritable position du genre auquel appar-
tient cette espèce dans la famille des Bo-
sacées.
La question était, en effet, fort contro-
versée.
Voici comment elle se résumait jusqu’ici :
■ En 1856, M. R. Fortune introduisait
l’arbuste de Chine en Angleterre. L’année
suivante, le docteur Lindley en publiait la
description dans le Gardeners Chronicle (1)
et le nommait Prunus triloha. Le qualifi-
catif était inspiré par la forme des feuilles,
que l’on voit parfois porter trois lobes plus
ou moins distincts.
Puis la plante se répandit dans les jar-
dins, où elle obtint un très légitime succès,
d’autant mieux justifié qu’elle constituait
une charmante espèce de plus à floraison
printanière, et qu’elle était parfaitement
rustique.
(1) Gard. Chron., 1857, pp. 2 J 6-218.
Dès 1859, le P. triloha fut importé en
France et en Belgique. M. Ch. Lemaire le
fit connaître en 1861, dans V Illustration
horticole (1). En Allemagne, le docteur C.
Kock en parla dans le Wochenschrift (2).
En 1862, M. Carrière, qui cultivait la
plante au Muséum, la décrivit à son tour
dans la Revue horticole (3), dans un article
intitulé Amygdalopsis Lindleyi, tandis
que la planche qui l’accompagnait était
libellée : Prunus triloha. La raison de cette
différence de nom venait de ce que M. Car-
rière, après avoir vu les jeunes fruits,
jusque-là inconnus, avait pensé pouvoir
changer le nom inscrit sur la planche déjà
tirée, et créer pour cette espèce le nouveau
genre Amygdalopsis. D’autres publications
s’occupèrent à leur tour de cette belle in-
troduction (4).
Les raisons de M. Carrière pour justifier
son nouveau genre, étaient celles-ci : l’ar-
buste possède un faciès particulier (port,
bois, feuilles et fleurs), des fruits à car-
pelles multiples, hispides, rappelant ceux
des Amygdalus, et il s’éloignerait du genre
Prunier pour se rapprocher des Amygda-
(1) ni. hort., 1861, p. 308.
(2) Wochensch.., 1862, p, 396.
(3) Rev. hort., 1862, p. 91, cwn tab.
(4) Flor. Serr., XV, t. 1532, p. 63. — Gartenfî.^
1863, pp. 53-54. — Hort. franç., 1865, 1. 10.
3G8
FRUCTIFICATION DU PRUNUS TRILOBA (PRUNOPSIS LINDLEYl).
LÉES VRAIES. Sa description des jeunes
fruits était ainsi conçue : « Fruits agrégés,
réunis jusqu’à 7 ou 8 au sommet d’un
pédoncule gros, long d’environ un centi-
mètre, ovales, parfois ventrus, d’un roux
foncé, couverts de poils gris cendré et ter-
minés par le style qui persiste plus ou
moins longtemps, soit en totalité, soit en
partie. »
Dans le même journal, plusieurs années
après (3), M. Carrière revint sur ce sujet
pour ajouter quelques détails complémen-
taires à sa première description. Il établis-
sait, tout en maintenant son genre Amyg-
dalopsis, que des
fruits agrégés il n’en
subsistait souvent
qu’un seul par l’avor-
tement des autres;
que , toutefois , le
plus généralement, il
en restait plusieurs
(il compte 36 fruits
pour le produit de
8 fleurs; que tous
ces fruits jeunes res-
semblaient à des
amandes, à s’y trom-
per, et qu’ils tom-
baient toujours avant
d’avoir atteint leur
grosseur totale. A
l’observation qui lui
était faite que le bo-
taniste Rœmer avait
déjà établi un genre
Amygdalopsis (1),
M. Carrière répondait que ledit genre s’ap-
pliquait à des Rosacées d'Orient, différant à
peine du genre Amygdalus et très dis-
tinctes de la plante de Fortune, et il n’ac-
ceptait pas davantage l’opinion de MM. Ben-
tham et Hooker qui ne voyaient dans le
genre Amygdalopsis, Carr., qu’une forme
monstrueuse de Prunus (2).
Les choses en étaient là lorsque survint
la fructification dont je viens de parler, et
qui permet de trancher définitivement le
différend.
Il n’y a plus de doute à conserver après
l’examen des fruits mûrs : c’est bien à un
Prunier que nous avons affaire. Mais ce
(3) Rev. hort., 1870-71, p. 388, et 1872, p. 34.
(1) Rœm., Synops. monngr. Rosifl., p. 4.
(2) Benth. et Hook., Gen. pl , I, p. 610.
Prunier est extrêmement curieux. Il forme
une sorte de chaînon reliant les Abricotiers
aux Pruniers. On peut s’en rendre compte,
en lisant la description qui va suivre, et
que j’ai prise sur les échantillons envoyés
par M. Chaumier, dessinés en noir en at-
tendant mieux (fig. 65) :
Fruits solitaires- (par l’avortement des
carpelles dans la forme monstrueuse ou
syncarpée), pendants, supportés par un pé-
doncule cylindrique, un peu renflé à la
base, long de 5 millimètres; drupe glo-
buleuse légèrement oblongue, longue de
15 millimètres, large de 12, marquée d’un
léger sillon, à cavité
pédonculaire assez
profonde, à mucron
apical à peine sen-
sible ; peau d’aspect
glabre, mais en réa-
lité un peu rugueuse,
parsemée ^ de poils
courts , argentés ,
soyeux , plus nom-
breux au sommet,
ayant à sa maturité
l’apparence d’un pe-
titabricot jaune doré,
coloré de rouge foncé
au soleil ; chair peu
épaisse, de la con-
sistance et de la sa-
veur de l’abricot mé-
langé de prune, se
détachant tout en-
tière et facilement du
noyau resté libre
dans la cavité centrale ; noyau très-gros pour
le fruit (O^^Oll X 010), globuleux ou à
peine oblong, non comprimé, à base un peu
saillante, à sommet surmonté d’un mucron
court et aigu, à surface lisse ou très-peu
rugueuse, d’un jaune pâle ocracé, légère-
ment sillonné sur la surface ventrale, non
caréné, mais pourvu de quelques dépres-
sions ponctiformes de chaque côté de la su-
ture dorsale; amande....
On comprendra que cette description,
faite le 15 juillet dernier, s’arrête ex-
clusivement à l’amande des fruits, qu’il
semble utile de semer, pour savoir si les
les plantes qui en sortiront ramèneront
l’espèce à son type, probablement à fleurs
simples.
Pour donner au lecteur un moyen de
Fig. 65. — Fruits mûrs et noyau du Prunus triloba
(Prunopsis Lindleyi), grandeur naturelle.
LES ANÆCTOCIIILUS ET LEUR CULTURE.
369
contrôle sur les caractères distinctifs des
genres Prunier (Prunus), Abricotier (Ar-
meyiiaca) et Amandier (Amygdalus), ce
dernier sous sa forme la plus compréhen-
sive, c’est-à-dire en y rattachant les
Pêchers, je proposerai le tableau synop-
tique suivant qui rendra facile cette petite
étude :
CALYCE
DRUPE
NOYAU
PRÉFEUILLAISON
FLEURS
; Prunus.
Court, obeonique
ou hémisphé-
rique.
Très - glabre , sou-
vent glauque.
Comprimé, oblong
ou ovoide, lisse
ou rugueux.
Convolutée, feuil-
les pubescen-
tes.
Pédicellées, solitaires
ou géminées, nais-
sant avant ou avec
les feuilles.
Arnieniaca.
Court ou campa-
nulé.
Grosse, veloutée,
chair pulpeuse.
Lisse, sillonné au
bord, de chaque
côté.
Convolutée, feuil-
les très - gla-
bres.
Sessiles ou pédicellées,
sortant, avant les
feuilles, de boutons
écailleux. Ovaire pu-
bescent, atténué en
style court.
\ Amygdalus ou
• Per s ica.
Court ou allongé.
Souvent grosse, ve-
lue, à chair dure
dans les espèces
indigènes. 1
Rugueux, sillonné
et troué.
Condupliquée.
Subsessiles , naissant
avant les fleurs, de
boutons écailleux.
Un examen attentif de la description de
ces fruits montrera combien il est étrange
de constater dans un Prunier, indépendam-
ment des jeunes fruits hispides précé-
demment indiqués, cet aspect et cette
demi-saveur d’Abricot, ce noyau globuleux
si gros, proportionnellement, sans parler du
faciès général de l’arbuste (bois, feuilles et
fleurs), que tous les horticulteurs connais-
sent (1).
Je crois donc que, s’il y avait lieu de
faire une coupure spéciale dans le genre
Prunus pour cette singulière espèce, on
serait fondé à créer le sous-genre Prw-
nopsis, et que, le qualificatif triloha ne
s’appliquant guère qu’à une forme acciden-
telle des feuilles, il conviendrait'de proposer
le nom plus exact de Prunopsis Lindleyi.
Quoi qu’il en soit, le fait de la fructifica-
tion normale d’un de nos plus beaux ar-
bustes d’ornement offre un vif intérêt, et il
est permis d’espérer qu’il sera observé pro-
chainement dans d’autres localités, suivant
cette sorte de loi de synchronisme dont les
botanistes et les horticulteurs ont constaté
de si fréquents exemples. Ed. André.
LES ANÆGTOGHILUS ET LEUR CULTURE®
Bien que ces charmantes plantes restent
toujours basses, presque rampantes, quels
jolis effets elles produisent, par leurs feuilles
si brillamment, si diversement colorées, par-
courues en tous sens par un délicat réseau
de veines entrelacées ! Leur culture est peu
facile, et il arrive quelquefois que les Anœc-
tochilus souffrent et meurent, sans causes
apparentes, même entre les mains de cul-
tivateurs connaissnt bien les soins qu’ils
réclament. Les fleurs qu’ils produisent sont
(1) Ce mélange de caractères rapprochant les
Abricotiers des Pruniers n’est pas un fait absolu-
ment isolé. Déjà le Prunus pseudo-anneniaca,
Ileild. et Sart. (Boiss., Diagn., IL p. 96), qui croit
dans l’Attique, au milieu de la région des Sapins
du Mont Parriès, indique une espèce qui présente
cette particularité. Le Prunus Munie, Sieb. et
Zucc., de la Chine ou du Japon, est encore une
singulière forme à examiner de plus près, et il est
probable qu’une étude approfondie des espèces de
l’extrême Orient révélerait d’autres surprises.
Ed. A.
(2) Traduit du Garden, p. 53, 21 juillet 1883.
insignifiantes. C’est pourquoi, au lieu de les
soumettre à des alternatives de végétation
et de repos, ainsi qu’on le fait pour provo-
quer la floraison des autres Orchidées, on
les maintient continuellement en végétation,
ce qui permet de les multiplier facilement.
Depuis plusieurs années, nous cultivons les
plus jolies variétés d' Anœctochilus dans
une serre où la température ne s’élève jamais
au-dessus de 15» 5 pendant les nuits d’hi-
ver, et dans ces conditions, au moyen de
quelques petites plantes, nous avons eu
rapidement de belles terrines de 40 centi-
mètres de diamètre abondamment garnies
d’A. setaceus , Lowi , xanthophyllus et
autres, si bien portants qu’ils semblaient
être d’une vigueur et d’une robusticité ex-
ceptionnelles. Mais aussitôt que nous leur
donnons plus de chaleur pendant l’hiver, et,
par suite, moins de repos, leur vigueur et
leur beauté diminuent.
Multiplication. — Les Anœctochilus se
370
LES ANÆCTOCHILUS ET LEUR CULTURE.
multiplient au moyen de boutures faites avec
leurs tiges charnues, que l’on coupe par
fragments de un ou deux nœuds chacun.
La section doit toujours être faite au milieu
de la partie de tige séparant deux nœuds, et
non pas près d’un nœud, comme on le fait
pour la plupart des autres plantes. La mul-
tiplication peut se faire à toute époque du
printemps et de l’été ; mais le meilleur
moment est celui où la végétation com-
mence, c’est-à-dire la fin de février. La
terre qui leur convient se compose de trois
quarts de sphagnum finement haché et
d’un quart de portions fibreuses de bonne
terre de bruyère, avec un peu de sable et
quelques petits morceaux de charbon de
bois. On emploie des pots de trois pouces,
bien drainés, que l’on emplit de ce com-
post ; chaque pot reçoit deux ou trois bou-
tures enracinées, que l’on place horizonta-
lement, en les chevillant, à la surface du
compost, dans lequel, bien entendu, les
racines seront disposées avec soin. On presse
légèrement et on mouille avec modération.
Les potées ainsi préparées sont ensuite
placées, en les réunissant, dans de grands
pots ou plutôt dans des terrines, au milieu
d’un mélange de sphagnum et de sable, et
le tout est mis sous cloches ombrées, aux-
quelles on donnera un peu d’air, dans la
partie la plus abondamment éclairée de la
serre, mais à l’abri des rayons directs du
soleil. Une température de 18 degrés pour
la nuit et 23 degrés pour le jour suffira en
attendant que le soleil ait plus de force.
Quelques semaines après l’empotage, les
bourgeons se développent et produisent de
petites feuilles. On donne alors de l’eau de
manière à entretenir toujours le sol dans
une légère humidité, et en mai, on élève la
température à 21 degrés pendant la nuit, et
à 26 ou 30 degrés pendant le jour. Cette
chaleur diurne est facilement obtenue à cette
époque, au moyen du soleil.
Il est nécessaire d’essuyer la buée qui se
dépose sur les verres, afin de laisser parve-
nir aux jeunes plantes le plus de lumière
possible, condition essentielle pour leur as-
surer de la vigueur. C’est de préférence près
d’un vitrage perpendiculaire au sol, à l’une
des deux extrémités de la serre qu’il con-
vient de cultiver ces ravissantes Orchidées ;
mais il faut éviter avant tout qu’elles puis-
sent recevoir un courant d’air froid. Le
temps nécessaire pour que les jeunes
plantes forment une touffe abondante avec
les jeunes boutures que nous avons dé-
crites, dépend de la vigueur des pieds-mères
sur lesquels ces boutures ont été prises. Si
les tiges en étaient épaisses, trapues, les
boutures développeraient 4 ou 5 feuilles
avant l’automne.
Traitement dfété. — Ce traitement est
simplement la continuation de celui que
nous venons d’indiquer pour le printemps.
Cependant, lorsque la végétation est vigou-
reuse, on peut arroser un peu plus ; mais il
faut toujours éviter que le compost se
trouve dans des conditions trop fortes, soit
d’humidité, soit de sécheresse. En donnant
de l’eau, si quelques gouttelettes tombent
et restent sur les jeunes feuilles incomplè-
tement développées, il est utile de les épon-
ger.
Vers le milieu de septembre, on abaisse
la température à 18 degrés pendant la nuit,
et proportionnellement pendant le jour; à
partir de cette époque, on ombre seulement
lorsque le soleil est ardent. De novembre à
fin février, la chaleur doit être maintenue à
15 degrés la nuit, et à 18 ou 20 degrés le
jour.
Lorsque l’on possède un bon stock de
plantes bien portantes, il est préférable,
pour les multiplier, au lieu de faire des
boutures comme nous l’avons indiqué plus
haut, de les séparer à un ou deux nœuds
de la base, au printemps, juste avant que
la végétation commence, en ayant soin de
renouveler le compost dans lequel elles se
trouvent. De cette manière, on obtiendra
bien plus rapidement de belles terrinées.
Toutes les fois que les Anœctochilus
montrent des signes de floraison, il faut,
aussitôt que possible, supprimer les épis
floraux qui, en se développant, diminueraient
la vigueur des plantés qui les portent. Les
Anœctochilus sont quelquefois attaqués par
des pucerons verts qui envahissent la face
inférieure des feuilles. Il faut immédiate-
ment donner des fumigations de tabac, que
l’on répétera jusqu’à ce que les plantes
soient débarrassées complètement de ces
insectes.
Voici une description sommaire des
espèces ou variétés les plus jolies et les plus
distinctes :
A. setaceus. Espèce croissant vigoureu-
sement. Feuilles veloutées, d’un brun rouge
foncé, sillonnées en tous sens par un réseau
TULIPES
de veines dorées transparentes. Plante
originaire de Ceylan.
A. setaceus cordatus. Forme provenant
de l’espèce précédente, mais les veines sont
d’une couleur plus foncée. (Java.)
A. xanthophyllus . Plante très-jolie . et
surtout bien distincte, qui, outre un réseau
de veines des plus élégants, porte sur la
partie médiane de ses feuilles une large
bande brillante. (Ceylan.)
A. mtermedius. Jolie variété vigoureuse,
à feuillage élégamment marqué,, mais les
veines sont moins brillantes que celles de
VA. setaceus. (Java.)
A. Lowi. Espèce distincte et vigoureuse.
Feuilles grandes, larges, veloutées, d’un
vert presque noir, élégamment sillonnées
par des veines d’un vert brillant. Végéta-
tion tardive. (Bornéo.)
A. L. virescens. Forme bien caractérisée.
TULIPES
Si, par suite des nombreuses déceptions
qu’ils éprouvent, les amateurs-collection-
neurs de Tulipes diminuent tous les jours,
ce qui est certainement regrettable, il est
un fait non moins fâcheux pour l’horticul-
ture : c’est l’abandon de plus en plus grand
que l’on fait de ces plantes, qui pourtant
sont des plus jolies et auxquelles on ne
pourrait guère faire qu’un seul reproche :
de ne pas durer assez longtemps en fleur.
Cependant , même sans aucun soin , les
fleurs, tant à l’état de boutons que bien
épanouies, conservent leur beauté pendant
une quinzaine de jours; coupées et mises
dans l’eau, elles s’y m'aintiennent longtemps.
Ajoutons que ces plantes ne sont pas exi-
geantes et ne demandent presque aucun
soin, et qu’il suffit de les planter dans une
bonne terre de jardin pour que, à partir du
15 avril, elles produisent une abondante flo-
raison. D’autre part encore, leur taille naine,
trapue, uniforme, permet d’en faire des
dessins mosaïques ou des bordures du plus
bel effet, surtout si l’on choisit des variétés
à coloris pur et bien tranché. Les quatre
suivantes que j’ai récemment admirées chez
MM. Vilmorin, rue de Reuilly, m’ont paru
très-propres à cet usage. Voici les noms
et l’indication de leurs caractères géné-
raux :
Prince d' Orange. — Plante très-naine,
ATIVES. 371
Feuilles d’un coloris pâle. Jolie plante.
(Bornéo.)
A. Lobhi. Plante rare. Grandes feuilles
d’une belle couleur générale foncée, relevée
d’une façon charmante par des veines plus
pâles. (Java.)
A. imperialis. Très-jolie espèce, à feuilles
d’un vert olive, parcourues de veines bril-
lantes.
A. Daivsonianus. Plante érigée, à végé-
tation vigoureuse. Feuilles de nuance très-
sombre. Port tout à fait distinct. (Malacca.)
A. argenteus. Espèce bien différente de
celles à veines dorées. Feuilles d’un vert
pâle, sillonnées de veines argentées. (Brésil.)
A. a. pictus. Variété ressemblant à VA.
argenteus ; mais les feuilles sont parcou-
rues, dans leur partie médiane, par une
bande argentée pâle.
Ch. Thays.
HATIVES
d’environ 12 à 15 centimètres, à feuillage
abondant et bien développé, au centre du-
quel part une hampe robuste qui se termine
par une fleur un peu allongée, d’un très-
beau jaune clair, uniforme, contrastant
agréablement avec le feuillage qui, bien
(( étoffé, » est d’un vert glauque, sensible-
ment ondulé. Outre la beauté de ses fleurs,
cette variété dégage une odeur assez forte,
mais d’une excessive suavité, qui rappelle
celle de la Giroflée.
Archiduc d'Autriche. — Plante robuste,
à feuilles dressées, ovales -acuminées.
Hampe grosse, ferme, bien droite, attei-
gnant 25 centimètres de hauteur, terminée
par un bouton régulièrement ovale, à pétales
d’un rouge foncé vif brillant, bordés d’une
ligne d’un très-beau jaune d’or qui produit
un admirable contraste.
Duchesse de Parme. — Hampe d’environ
20 centimètres de hauteur, s’élevant bien
au-dessus du feuillage. Fleurs relativement
petites, à pétales courtement ovales, légè-
rement repliés sur les bords, d’un rouge
brique vineux, flammé çà et là de rouge
clair orangé.
Fottebacker. — Vigoureuse et robuste,
cette variété, dont la hampe dressée, raide,
se dégage bien du feuillage, atteint de 20
à 25 centimètres de hauteur. Boutons très-
gros, sphériques. Pétales courtement et
372
BEGONIA. MÂRTIANA GRACILIS.
largement ovales, d’un blanc pur. Fleurit,
comme les précédentes, vers la fin d’avril.
Ces variétés ne sont pas les seules méri-
tantes, tant s’en faut ; si je les ai choisies
dans un grand nombre d’autres, c’est que,
non seulement elles fleurissent à la même
époque, mais que leurs dimensions, relati-
vement naines, présentent une petite diffé-
rence qui permet de les harmoniser en les
plantant ensemble, et en les plaçant par
opposition de couleur. Celle que je recom-
mande surtout aux personnes qui aiment
les odeurs fines et suaves, c’est la variété
Prince d' Orange qui, sous ce rapport, est
ce qu’on peut trouver de mieux.
Guillon.
BEGONIA MARTIANA GRACILIS
Cette plante, qui fut découverte au
Mexique, près San Luis de Potosi, appar-
tient au groupe des Bégonias tubéreux et
se place près du Bégonia diversifolia,
dont elle ne paraît être qu’une forme plus
compacte et dont elle a tous les carac-
tères. Toutefois , au
point de vue ornemen-
tal, elle a le grand
avantage sur ce der-
nier d’être beaucoup
plus compacte, et, par
ses nombreuses rami-
fications, de former un
fort buisson dressé,
ainsi que le démontre
la figure 66. Ses prin-
cipaux caractères sont
les suivants :
Port et aspect du
Bégonia diversifolia ,
mais à ramifications
beaucoup plus nom-
breuses partant dès la
base de la plante et
strictement dressées.
Tiges et rameaux suc-
culents, glabres, lui-
sants, à écorce d’un vert
herbacé pâle. Ramilles
axillaires naissant ordi-
nairement par groupes.
Feuilles épaisses, char-
nues, fortement iné-
quilatérales, vertes, lui-
santes et comme ver-
nies sur les deux faces. Fleurs grandes,
d’environ 5 centimètres de diamètre, d’un
rose foncé sombre ou même vineux ; les
mâles à 4 divisions épaisses, très-inégales;
les deux externes plus grandes, largement
arrondies, courtement dentées; les deux in-
ternes très-petites, elliptiques, obovales.
Etamines nombreuses, réunies au centre
de la fleur en une masse subsphérique.
Fleurs femelles suborbiculaires, à 4 divi-
sions étalées, les deux extérieures très-
grandes, les trois internes largement obo-
vales, arrondies, sou-
vent inégales, entières
ou à peine très-cour-
tement dentées ; stig-
mates irréguliers, con-
tournés , d’un jaune
verdâtre; ovaire iné-
galement triangulaire.
Le B. Martiana gra-
cilis se cultive en serre
tempérée près du ver-
re. Sa culture et sa
multiplication se font
comme celles du Be~
g onia diversifolia.
Comme celui-ci aussi,
on le multiplie par
ses tubercules , qui
sont très-gros, et par
les. bulbilles aériennes
qu’il donne en très-
grande quantité, ca-
ractère qui, encore, le
rapproche du B. di-
versifolia.
Isolé et planté dans
de bonnes conditions
bien aérées et en plein
soleil, ce Bégonia cons-
titue un énorme buis-
son compact, qui atteint 1 mètre et plus
de hauteur et dont la floraison n’est inter-
rompue que par les gelées. De copieux
arrosages lui sont très-favorables.
E.-A. Carrière.
Fig. 66. — Bégonia Martiana gracilis,
au 1/12 de grandeur naturelle.
Reoue lIo/‘ticoi.e
Becjoii la Mali ta JL a y/r/ ci l is .
(-■haltxra-, ciel
Ch'orrwuuÂy. G-.S^oen^T-is.
LA MEILLEURE DES PÊCHES A MONTREUIL.
CULTURE DU GUNNERA SCABRA.
373
LA MEILLEURE DES PÊCHES A MONTREUIL
Au lieu de <( à Montreuil » » nous pour-
rions, sans nous écarter beaucoup de la
vérité, dire oc la meilleure des Pêches de
France, » si on excepte toutefois les parties
chaudes du Midi. La variété dont il s’agit
est la Grosse-Mignonne hâtive qui paraît
réunir toutes les qualités : l’arbre est d’une
bonne vigueur et excessivement fertile ;
quant aux fruits, ils sont gros, beaux et
bons, et prennent sur presque toutes leurs
parties une très- belle couleur d’un rouge
plus ou moins intense en raison de la puis-
sance de l’ensoleillement.
Une particularité ajoute encore au mérite
de la Grosse-Mignonne hâtive, c’est la
succession de maturité qui se montre : sur
un même arbre on peut récolter des fruits
à point de maturité pendant une quinzaine
de jours, et si l’on possède plusieurs arbres
un peu forts qui soient placés à toutes les
expositions où peuvent croître des Pêchers,
on peut, pendant un mois, récolter de beaux
et bons fruits.
A part les variétés hâtives récemment
introduites à Montreuil, telles que Amsden,
Early Beatrix, Précoce Alexander, etc.,
dont les fruits ne sont comparables ni par
les dimensions ni par les qualités à ceux
de la Grosse-Migyionne hâtive, celle-ci est
la première qui mûrit à Montreuil.
Tout cela justifie bien le titre de cet ar-
ticle, la renommée de cette variété et le
grand nombre de sujets qu’on en plante
chaque année. E.-A. Carrière.
CULTURE DU GUNNERA SCABRA
Parmi les plantes vivaces qui font l’orne-
ment de nos jardins paysagers de la Basse-
Bretagne, le Gunnera scahra est certaine-
ment l’une des plus digues d’attention.
Cette belle plante au port majestueux, à
l’ample et vert feuillage, aux inflores-
cences singulières, n’est cependant pas cul-
tivée autant qu’elle mérite de l’être, car on
ne la trouve guère qu’aux environs de Brest
ou de Cherbourg, et elle n’atteint des pro-
portions gigantesques que lorsqu’elle est
cultivée sur le littoral. Les quelques exem-
plaires qu’on remarque dans les jardins de
l’intérieur ne réussissent souvent qu’à
grand’ peine et la cause en est certainement
due à une mauvaire préparation du sol. Par
une culture bien entendue, on pourrait ar-
river, dans les jardins du centre, de l’ouest
et même du midi de la France, à produire
de beaux exemplaires. Si la région mari-
time en possède quelques forts exemplaires,
il ne faut pas croire qu’il n’y a qu’à les
planter et ne plus s’en occuper ensuite : la
plante est assez rustique pour supporter
le froid de nos hivers ; mais elle ne tarderait
pas à disparaître si on la négligeait.
Le genre Gunnera est connu depuis fort
longtemps. Molina en parle dans son His-
toire naturelle du Chili, où il lui donne le
nom générique de Panke. Linné dédia le
genre au professeur J.-Ern. Gunner, auteur
de la Flora norvegica (1766-1772). Ce
genre comprend douze ou quinze .espèces
appartenant presque toutes aux côtes occi-
dentales de l’Amérique méridionale et aux
îles de r.Océan Pacifique ; deux seulement
sont originaires de l’Afrique australe. La
majeure partie de ces espèces ne présentent
que peu d’intérêt, aussi ne les trouve- 1-
on que dans les herbiers et les collections
d’histoire naturelle.
Le Gunnera scahra, R. et P. (G. Chïlen-
sis, Lamk., Panke tinctoria, Mol.), qui est
l’espèce la plus intéressante du genre, croît
généralement dans les terrains d’alluvion
formant les estuaires des rivières marines
de la côte occidentale de l’Amérique méri-
dionale, depuis Caracas jusqu’à l’archipel
de Chiloé, où elle couvre parfois des sur-
faces de terrain d’une grande étendue (1).
(1) L’indication de M. Blanchard sur la patrie du
Gunnera scabra a besoin d’être complétée. La
plante est originaire des régions tempérées-froides
de l’Amérique du Sud. Au Chili, elle peut croître
dans les terres basses. Mais il n’en est plus de même
quand on s’approche du tropique et de l’équateur.
Là, elle doit chercher, par l’altitude, la température
que la latitude lui refuse. C’est ainsi que je l’ai
rencontrée, dans les Républiques de l’Ecuador et
374
CULTURE DU GUNNERA SCÂBRA.
Les indigènes exploitent souvent ses souches
pour le tannage des cuirs et pour en extraire
une couleur noire qu’ils emploient en tein-
ture. Un de nos amis, feu M. Sanzé, qui a
habité la Polynésie pendant fort longtemps,
nous disait aussi que cette espèce est très-
recherchée des grands propriétaires du Chili,
du Pérou et des îles de l’Océan Pacifique
pour l’ornement de leurs jardins, où elle est
toujours cultivée au premier rang.
Les tiges, très-grosses, courtes, un peu
rampantes, se terminent par un gros bour-
geon entouré de larges bractées laciniées
d’où sortent sept à huit gros pétioles, cou-
verts d’aspérités, de près de 2 mètres de
hauteur, terminés par un énorme limbe
arrondi, palmatilobé, très-nervé et très-
rude, qui atteint près de 2 mètres de dia-
mètre. A l’aisselle de chacune des. feuilles
se trouve l’inflorescence consistant en un
colossal épi qui arrive à peser jusqu’à 8
ou 10 kilos, et garni d’une grande quantité
d’épillets de 5 à 8 centimètres de long, très-
rapprochés, portant les fleurs qui sont insi-
gnifiantes ; à l’automne, ces épillets se
couvrent de fruits petits, sessiles, arrondis,
bacciformes, d’un jaune orange, produisant
un effet assez original.
Connu depuis fort longtemps des bota-
nistes, le Gunnera scuhra ne fut introduit
que très-tard en Europe; ce n’est que vers
1845 à 1850 qu’il fit son apparition à Paris
et se répandit de là dans l’ouest de la France
par Cherbourg, où l’on commença à le
cultiver en pleine terre. Il fut transporté
de cette localité à Brest, en 1859, par
M. Besnou, pharmacien de la marine.
Quoique originaire de régions plus chaudes
que la nôtre, cette espèce est assez rustique
pour supporter, sans autre couverture que
ses feuilles, le froid de nos hivers, qui
arrive quelquefois à 6 degrés au-dessous
de zéro; aussi je suis persuadé qu’avec de
bons abris elle supporterait bien ceux du
climat de Paris.
Dans les jardins de l’intérieur de la
de la Nouvelle Grenade, croissant en abondance
sur les hautes montagnes, dans la région brumeuse
qui avoisine les Paramos , depuis 2,000 jusqu’à
3,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Dans
le Quindio, le G. scabra forme un tapis de larges
feuilles sous l’ombrage des grands Palmiers à cire
{Ceroxylon Anclicola)^ et il abonde sur tous les
contreforts des grands volcans de l’Ecuador, Chim-
borazo, Pichincha, Gorazon, où je l’ai bien souvent
admiré dans la plus luxuriante végétation.
Ed. André.
France, le Gunnera est presque partout
cultivé en orangerie, où il donne une ou
deux feuilles de la largeur d’une feuille de
Chou, ce qui se comprend, car dans ces
conditions la plante souffre et meurt pour
ainsi dire de faim. Quelques personnes, pen-
dant la belle saison, plongent le pot dans un
bassin ou sur le bord d’une rivière ; cette
précaution est très-bonne, la plante se main-
tient dans cette situation tant qu’elle est dans
sa période végétative, mais lorsqu’elle arrive
à la période du repos, elle pourrit aussitôt,
car c’est bien une plante palustre, mais non
une plante aquatique ; elle aime le bord
des eaux courantes, mais ne peut s’accom-
moder des eaux stagnantes. D’autres la
mettent en pleine terre au milieu des mas-
sifs de fleurs qu’elle décore admirablement ;
cette culture est celle qui paraît le mieux
réussir ; mais lorsque vient l’automne, on
est obligé de l’arracher pour la rentrer dans
l’orangerie, et par conséquent de couper ses
racines pour la rempoter, ce qui occasionne
la pourriture et entraîne souvent la perte
de la plante.
Dans notre région, les pieds qu’on cul-
tive dans les jardins des bords de la mer
n’exigent pas de grands préparatifs pour
être mis en place. Après avoir défoncé
le terrain jusqu’à 1 mètre de profondeur,
l’avoir amendé s’il est trop léger ou trop
compact et l’avoir bien engraissé avec du
fumier à demi-consommé, il n’y a qu’à
mettre la plante en place et la laisser pous-
ser. Cependant, si la sécheresse devenait
trop longue pendant la végétation, on ferait
bien d’arroser copieusement de temps à
autre, et même de mêler quelquefois à
l’eau du purin ou autres engrais liquides,
surtout au printemps. Le froid n’étant pas
très-rigoureux, la meilleure manière de
garantir ses bourgeons est de relever les
feuilles par dessus sans les couper; tout
autre moyen de préservation serait plutôt
nuisible qu’utile.
Dans les jardins de l’intérieur de la
France, où l’air salin n’existe pas et où le
calcaire fait quelquefois défaut, il faut pro-
céder d’une toute autre façon. Voici la mé-
thode de culture que nous employons et
qui, jusqu’à présent, nous a parfaitement
réussi. A l’automne, nous préparons un
compost égal à la moitié du volume de la
terre qui doit être extraite du trou que
doit occuper la plante. Ce compost est formé
CULTURE DU GUNNERA SCABRA.
de vieille terre de dépotage, de bonne terre
de potager, si celle du sol n’est pas franche,
de sable fin de rivière ou de sable coquil-
lier et de terreau de couches bien con-
sommé, le tout par parties égales, bien mêlé
ensemble et mis en tas. Ensuite, nous
creusons un trou de 2 mètres carrés, en
profondeur comme en largeur, et nous
mettons d’abord dans le fond de ce trou
une couche de 10 centimètres d’épaisseur
de ce compost, puis une couche de gazon
de la même épaisseur, et nous continuons
ainsi jusqu’à la moitié de la hauteur du
trou. Arrivé à ce point, nous submergeons
avec du purin ou de la matière fécale dé-
layée dans de l’eau, et nous attendons que
le tout soit bien imbibé, ce qui demande
sept à huit jours ; passé ce temps, nous re-
commençons à remettre un lit de compost
et un lit de gazon jusqu’à 20 centimètres
du bord du trou, et nous arrosons de nou-
veau. Au bout d’une quinzaine de jours,
lorsque la terre a repris son aplomb, nous
fermons le trou avec la terre du compost
en ayant soin de l’élever de 20 centimètres
de plus pour parer à l’affaissement qui doit
se produire, et au mois de mars ou d’avril,
lorsque les gelées ne sont plus à craindre,
nous mettons la plante en place. Il va sans
dire que si la saison était sèche, on devrait
arroser convenablement pour faciliter la re-
prise, et dans le cas où les gelées tardives
seraient à redouter, on ferait bien de cou-
vrir la plante pendant la nuit, soit avec
une cloche, soit avec un pot à fleurs ren-
versé.
Cette plante aime le grand air et l'humi-
dité, mais non l’eau salée ; si l’on possède
dans son parc un cours d’eau, on choisit de
préférence les pelouses bordant ses rivages
pour la planter ; comme il n’est pas néces-
saire de la placer directement sur les bords,
on peut très-bien l’en éloigner à 10 ou
15 mètres et la placer le plus possible à mi-
ombre, mais loin des arbres.
L’exposition qui paraît la plus convenable
pour le Gunnera est le Sud-Ouest ; à dé-
faut de celte exposition on le placerait au
Sud-Est, plutôt qu’au Midi, afin que le soleil
ne brûle pas les feuilles, ce qui en enlè-
verait‘la beauté. Si l’on manque d’endroits
frais et ombragés, le nord d’un mur ou
d’un bâtiment est encore préférable au
plein vent. Dans ces conditions, les arro-
sements doivent se faire souvent et copieu-
875
sement et l’on se trouverait bien de recou-
vrir le sol d’un bon paillis.
Lorsqu’arrive l’automne, les fruits com-
mencent à mûrir et les feuilles à jaunir ;
au lieu de couper ces dernières comme on
le fait assez souvent, il est préférable de les
laisser sur la plante, et, lorsqu’elles sont
sèches, de les rabattre sur le pied. Si le
froid n’est pas rigoureux, cela suffit pour
abriter les bourgeons ; si, au contraire, la
gelée est intense, M n’y a qu’à mettre
par-dessus le tout un châssis formé de
quatre planches et recouvert d’un panneau
vitré, sur lequel on entasse soit de la paille,
soit des feuilles sèches ou des paillassons
qu’on retire au premier dégel et lorsque le
temps le permet. Si on laissait la plante
couverte pendant tout l’hiver, ses feuilles
qui se développent de très-bonne heure
et très-rapidement, seraient détruites par
les gelées printanières quand on enlèverait
l’abri. Dans les pays où le thermomètre ne
descend pas à 4 degrés au-dessous de zéro,
des feuilles ou un simple paillasson suffisent
pour la garantir du froid.
En traitant ainsi le Gunnera scahra, on
peut obtenir dans certaines localités de l’inté-
rieur de l’ouest ou du midi de la France,
des exemplaires presque aussi beaux que
sur les côtes de Normandie ou de Bretagne.
Le Gunnera se multiplie ordinairement
par la division des touffes ou par boutures
qui se font en coupant les ramuscules qui
poussent le long de ses tiges, et qu’on plante
dans de petits godets placés ensuite
sous cloche en serre tempérée, ou sous
châssis pour faciliter la reprise ; l’hiver, on
les tient enserre tempérée, jusqu’à l’époque
où on doit les mettre à la pleine terre pour
être traitées ensuite comme les plantes-
mères.
En Bretagne, lorsque les froids sont tar-
difs, cette espèce mûrit souvent ses graines
et se ressème d’elle-même parmi le gazon ; si
l’hiver est doux, les jeunes plants le pas-
sent facilement sans abri et deviennent
plus beaux que ceux qu’on est obligé de
rentrer en serre. Par ce moyen, on obtient
des plantes beaucoup plus vigoureuses que
celles provenant de bouture ou de division
des touffes. Lorsqu’on fait un semis, il est
toujours préférable de le faire en plein air,
en bonne terre franche de potager et le
long d’un mur exposé au midi. On laboure,
puis on sème les graines comme on le ferait
376
UN HÉLIOTROPE GÉANT.
de toute autre plante; ensuite on foule
la terre sans les enterrer et on les recouvre
d’un léger paillis de fumier sec ou de
mousse ; on bassine légèrement et souvent
si la chaleur est forte. Lorsque les plan-
tules commencent à lever, si le soleil est
trop vif, on aura soin d’ombrer, soit avec une
claie un peu claire, soit avec des branches
garnies de feuilles qu’on retire sitôt que la
chaleur est passée, et lorsque la fin d’août
arrive, on laisse les jeunes plants en liberté.
A l’approche des froids, on couvre les semis
d’un châssis vitré qu’on appuie sur le mur
en forme de serre, et au printemps suivant,
lorsque les gelées ne sont plus à craindre,
on les repique soit en pots, soit en pépi-
nière, en attendant leur mise en place.
Sous le nom de G. manicata, M. Linden
a introduit dans les cultures, en 1867, une
UN héliot;
Les faibles dimensions sous lesquelles,
dans les cultures, on voit ordinairement les
Héliotropes, sont loin de donner une idée
de celles que ces plantes peuvent acquérir,
ainsi que des services considérables qu’on
pourrait en retirer, au point de vue de la
décoration permanente des serres, ainsi que
de la confection des bouquets, pendant à
peu près toute l’année. Mais ce qu’on ignore
aussi, c’est que, même chez nous, on peut
obtenir des sujets d’une force relativement
considérable et dont on n’a probablement
pas d’idée. En voici un exemple dont nous
devons la connaissance à M. Constant Jollet,
horticulteur à Saint-Jean-d’Angély (Cha-
rente-Inférieure), qui nous écrivait le 24 mai
dernier :
Voici les détails que vous m’avez demandés
au sujet de mon Héliotrope en arbre.
Il est planté en pleine terre, dans une serre
dont la température varie entre 8 et 10 degrés
centigrades. La plate-bande dans laquelle il se
trouve est remplie de terre de jardin sur une
épaisseur de 50 centimètres, la surface est
garnie de charbon de forge passé à la claie.
Le pied est à une distance de 35 centimètres
d’un bassin, et il couvre une surface de
8 mètres carrés, c’est-à-dire, 2 mètres de lon-
gueur sur 4 mètres de largeur ; son tronc est
élevé de 90 centimètres au-dessus du niveau du
sol ; sa circonférence est de 28 centimètres. Il
est âgé de vingt-huit ans, a été planté il y a
seize ans dans la place qu’il occupe aujour-
autre espèce originaire du Brésil méridiona-
qui a beaucoup de rapport avec le G. scahra,
mais qui en diffère cependant au point de
vue botanique. Nous avons fait tous nos
efforts pour la cultiver à la pleine terre ;
elle ns nous a jamais donné que de mauvais
résultats, d’où nous concluons que cette es-
pèce est plutôt propre à orner les endroits
humides des serres tempérées ou des jardins
d’hiver, que nos jardins paysagers.
Enfin en 1880, nous avions reçu de M. Gué-
rard de la Quesnerie, médecin de la marine,
le G. magellanica, Lamarck, petite espèce
qui paraît s’accommoder assez bien de
notre climat breton, mais qui sera plutôt
une plante pour orner les rocailles humides
qu’une espèce de haut ornement.
Blanchard.
OPE GÉANT
d’hui; il est resté en pot jusqu’à l’àge de
douze ans.
Quant à sa variété, je ne puis rien affirmer;
tout ce que je puis dire, c’est que les fleurs
sont pâles (ce qui est probablement dû à
l’exposition où elle est placée) ; ce qui le
démontre, c’est que les fleurs qui sortent
quelquefois par un vasistas qui se trouve
au-dessus de la plante, sont d’une teinte
violacée. L’inflorescence ombelloïde est très
forte. C’est probablement une variété qui,
aujourd’hui, ne doit se trouver que très-rare-
ment dans les cultures. Quant à la floraison,
elle est très-abondante et incessante ; d’une
année à l’autre, nous pouvons fournir de
l’Héliotrope en fleur et, malgré que nous
fassions beaucoup de bouquets, il y a tou-
jours des fleurs qui se perdent. Sur la plate-
bande, au-dessous de la plante, je place des
Broméliacées qui se plaisent très-bien : mais
l’ennui est que les feuilles de l’Héliotrope qui
se détachent, nécessitent de fréquents net-
toyages.
On a pu voir, par ce qui précède, que la
plante dont il s’agit mérite bien, en effet,
le qualificatif que nous lui avons donné.
Mais ce n’est pas tout, et de ceci, nous
pouvons tirer cet enseignement que. dans
toutes les localités où la vente des fleurs
coupées présente quelque avantage, il
pourrait être lucratif de planter quelques
pieds d’Héliotrope, dans une serre sinon
très- chaude, au moins tempérée, et de
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE.
377
leur laisser acquérir de grandes propor-
tions, parce qu’alors on pourrait en obtenir
des fleurs pendant tout l’iiiver. Dans ce
cas, pour augmenter les chances de pro-
duction hivernale, on devrait éviter de
fatiguer les plantes pendant l’été. Pour
cela, on arroserait peu pendant cette sai-
son, afin de ne pas surrexciter la végé-
tation, et l’on pourrait même enlever les
boutons au fur et à mesure qu’ils se mon-
treraient. Il va sans dire que pendant toute
cette saison, on donnerait beaucoup d’air et
même, si possible, qu’on enlèverait les
châssis de manière à ce que les plantes
soient tout à fait à l’air pendant l’été.
Quant à la taille, elle se bornerait à la sup-
pression des parties mortes, épuisées ou
difformes ; pourtant il conviendrait, vers la
fin de l’été, de faire une taille raisonnée, de
manière à obtenir du jeune bois pour
l’hiver, saison où la production des fleurs
doit être aussi abondante et aussi soutenue
que possible.
E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU i2G JUILLET 1883
Apports. — Au comité de culture pota-
gère, un seul présentateur ; M. Berthaud,
jardinier cà Rungis, qui avait envoyé une cor-
beille de Haricots dits de Bagnolet, remar-
quables par les dimensions considérables des
gousses, ainsi que des Choux-fleurs Leïior-
mand, à pied court, qui, pour la saison,
étaient remarquablement beaux.
Au comité d' arhoricidture fruitière, M. Re-
père, de Montreuil, présentait hors concours
une corbeille de Pèches très-belles. Deux autres
membres du comité : M. Gharolais, rue de Ja-
vel, 296, et M. Chevallier (Gustave), de Mon-
treuil, présentaient : le premier, une douzaine
de Pèches Early Rivers, variété qui, de toutes
les hâtives connues, est la plus grosse. Elle ne
manque pas non plus de qualité. Malheureu-
sement elle est peu colorée, ce qui pour la
vente est un grand défaut. — M. Chevallier (G.),
outre de très-beaux Iruits de cette même va-
riété de Pêche, présentait : R quelques fruits
des variétés suivantes : Précoce Alexander,
Précoce argentée, deux variétés nouvelles, plus
un beau fruit de Grosse Mignonne hâtive, pro-
duit exceptionnel venu sur un vieil arbre
malade ; 2« une corbeille de Cerises Morelto
de Charmeux, de toute beauté et de première
grosseur. C’est une variété tout aussi tardive
que la Belle Magnifique dont, au reste, elle a
un peu les caractères généraux. — Mesde-
moiselles Chrétien présentaient des Cerises de
la variété Belle de Sceaux et d’une autre
vai'iété qu’elles désignaient sous le nom de
« Mei'ises tranches » et qui, grosses et d’un
noir très-foncé, servent, dans certains pays, à
faille du kirsch.
Au comité de foriculture, présentation par
j\l. Godefroy, d’Argenteuil, de l’ameaux fleu-
ris d’un Glaïeul nouveau nommé Gladiolus
Kewensis, dont les tleui's assez grandes sont
d’un rouge cocciné exti'èmement vif qui pi'oduit
un ti’ès-bel effet. Malheureusement, ces fleurs
sont mal faites. Toutefois, cette espèce pourrait
pr'obablement être utilisée avec avantage pour
faire des hybridations. — D’auti'es pi’ésenta-
tions étaient faites : par M. Decus, de Nanterre,
un beau pied en fleurs de Cattleya Mossiæ. —
Par AR Ghantrder, de Bayonne, deux variétés
de Coleus qu’il a obtenus de semis, plantes
naines et ti'ès-robustes, par-aît-il, qui, malgrù
leur aspect jaune foncé, ne souffrent nullement
même des plus gr’andes clialeur-s. — Par
M. Tabar, horticulteur à Sar'celles, des fleurs
coupées, bien pleines, de Pétunias, i*emar’-
quables par les foranes et les coloras variés. —
Par M. Régnier, horiiculteur à Fontenay-sous-
Bois, un pied en fleurs d’un nouveau Dendro-
bium de la Gochinchine, qui a été nommé
D. draconis. Res fleui’s blanches ont les divi-
sions inférieures marquées de rouge foncé. —
Par M. Bleu, horticulteur, avenue d’Italie, 48 :
1» un pied iVÆchmea Glaziovi, espèce bi’ési-
lienne, robuste, qui, malgré le fr^oid exception-
nel de cette année, a fleura en plein air; 2» une
cor’beille d’ür'chidées l’emai’quables par la for'ce
et la bonne culture des plantes. Pai’mi elles se
trouvait une nouveauté qui, par sa beauté et ses
car'actères intermédiaires, attir’ait vivement l’at-
tention ; c’est le Cattleya calumnata, Ed. An-
(h’é, hybride des G. amethystoglossa et Acklan-
diæ dont il a pris les car’actèi’es généi'aux. Ra
plante est naine, compacte et paraaît devoir être
très-floribonde. Enfin, M. Ravallée avait appordé
de son radie Arboretum de Segr^ez, des échan-
tillons en tleui's des espèces suivantes : !<> Ve-
ronica linearifotia, plante l’ustique et très-flo-
rabonde qui supporde parfaitement l’hiver à
Segi’ez ; ses feuilles longues sont extrêmement
étroites, on pouiaaait même dir'e ténues ; quant
à ses fleurs elles sont blanches, disposées en
nombreux épis dans le genre des espèces de la
Nouvelle-Zélande auxquelles elle se l’attache.
378
CORRESPONDANCE. — VIGNES TÜRERCULEUSES A TIGES ANNUELLES.
Il présentait en outre des échantillons de
Clématites dont voici les noms : Yiorna^ Fre-
monti, Davidiana (1), coccinea et Sargenti.
Au sujet de ces plantes et invité par la Société,
M. Lavallée youlut bien donner des explica-
tions pleines d'intérêt sur leurs caractères gé-
néraux, faire ressortir les avantages qu’elles
peuvent présenter pour l’horticulture , leur
synonymie, etc. Sur ce dernier point il fit re-
marquer que la Clematis coccinea est la même
que celle qui a été décrite et figurée dans
la Revue horticole, sous le qualificatif Pit-
cheri (12). Or, il ne paraît pas bien démontré à
M. Carrière que cette synonymie soit juste ;
il est porté à croire qu’il y a là deux formes
d’un même type, et que celle présentée par
M. Lavallée, à fleurs beaucoup plus fortes et
tout aussi belles que celle figurée par la Revue,
est préférable au point de vue ornemental.
M. Lavallée avait aussi apporté des rameaux
fleuris du Rohinia setnperflorens , variété
qu’avec raison il recommande et dont il fait
ressortir le mérite. C’est encore M. Carrière
qui, dans la Revue horticole, a décrit cette
plante, dont il a fait connaître l’origine et à
laquelle il a donné le qualificatif semperflo-
rens. {Revue horticole, 1875, p. 191.)
CORRESPONDANCE
M''A. G. (Seine-et-Oise). — Le genre Bégonia
est si nombreux aujourd’hui, qu’il est tout à
fait impossible, sur quelques mots de descrip-
tion d’une espèce ou variété quelconque, d’en
dire le nom.
Quant à votre Agératum, ce n’est autre chose
que la variété à feuilles panachées de l’espèce
mexicaine A. cœruleum, Desf. Cette variété,
dont vous désirez savoir le nom, est VAger.
cœruleum ou cœlestinum foliis variegatis.
àB F. G. (3,615). — La plante dont vous
nous avez envoyé un échantillon est le Metro-
sideros tomentosa, l’une des belles espèces du
genre. Elle n’est pas délicate, est très-flori-
bonde et s’accommode d’une serre tempérée.
Mr J. L. (Cuba). — Nous n’avons pas vu
l’article dont vous nous parlez, de sorte qu’il
nous est impossible de répondre à la question
que vous nous adressez.
Mr A. S. (Rhône). — Il n’est pas indispensable
({ue les boutures soient munies d’un œil à leur
base ; le plus souvent même les racines se déve-
loppent en dehors de l’œil ou talon. Pendant
i longtemps l’on avait cru qu’il y avait à la base
de l’œil une sorte de plexus qu’on avait com-
paré à une réunion de fdets nerveux, lesquels,
par une transformation, devaient donner nais-
sance à des racines; aujourd’hui on sait le con-
traire, c’est-à-dire que beaucoup de boutures
s’enracinent aussi bien et même mieux lors-
qu’elles n’ont par de talon. Pourquoi? La pra-
tique démontre le fait, mais la science ne l’ex-
plique pas.
NB J. C. (Landes). — Voici les adresses de-
mandées : M. Armand Gonthier, horticulteur à
f’ontenay-aux-Roses (Seine); — M. Yvon, hor-
ticulteur, 20, route de Châtillon, Paris-Mont-
rouge.
Mr A. G. (Seino-et-Oise.) — La plante. que
l’on trouve dans les cultures sous le nom de
Gnaphalium lanatum n’appartient même pas
à ce genre; c’est VRelichrysum petiolatum,
PC. Elle est originaire du Cap de Bonne-Espé-
rance. G’éstune plante sous-frutescente qui ré-
clame l’orangerie pendant l’hiver, sous notre
climat, du moins.
VIGNES TUBERCULEUSES A TIGES ANNUELLES
Où est la vérité sur les Vignes tubercu-
leuses à tiges annuelles ?
Lorsque, pour la première fois, il a été
question de ces Vignes, on a d’abord nié,
sinon leur existence, du moins quelques-
uns de leurs caractères.
On a dit, par exemple, que ces plantes
n’avaient pas des tiges annuelles. Plus tard,
et après avoir reconnu le contraire, on
s’est rejeté sur les Raisins, en soutenant
qu’ils ne pouvaient produire du vin. Au-
(1) Voir Revue horticole, 1867, p. 99.
(2) Id., 1878, p. 10.
jourd’hui on a reconnu que cette objection
n’est pas fondée, et qu’on peut, des Vignes
tuberculeuses, obtenir du vin, sinon très-
bon, du moins potable et que l’on peut
transformer en excellent vinaigre. Quant
à produire beaucoup de Raisin, le fait est
également hors de doute; et tout récem-
ment on en avait encore une preuve par un
envoi fait de Saïgon à MM. Vilmorin, de
grappes énormes et de toute beauté, tout à
fait comparables à celles de nos belles
variétés européennes : l’une d’elles mesurait
près de 30 centimètres de longueur sur un
VIGNES TUBERCULEUSES A TIGES ANNUELLES.
379
diamètre de dimension presque semblable,
et pesait près d’un kilogramme.
Les Vignes tuberculeuses de la Cochin-
chine sont-elles identiques à celles qu’on a
découvertes au Soudan ainsi que dans quel-
ques autres parties de l’Afrique centrale ?
Bien que toutes les apparences soient
pour l’affirmative, on ne peut pourtant l’as-
surer d’une manière absolue. Mais ce qui
paraît à peu près certain, c’est que toutes
ces Vignes, dans lesquelles il se trouve assu-
rément des variétés, se rattachent à un
même groupe dont les caractères généraux
sont analogues, sinon identiques, ce que
démontrent les nombreux échantillons ve-
nant de diverses contrées et que nous avons
eu occasion d’examiner. C’est aussi l’opinion
d’un homme compétent en cette matière, de
M. René de Saint-Foix, Président de la So-
ciété d’horticulture de Marseille, qui, à la
date du 31 août 1882, en réponse à une lettre
que nous lui avions adressée, nous écrivait :
... J’ai reçu les graines de Vignes du Sou-
dan, directement d’un de mes parents qui est
à la tête d’un comptoir, })rès du Niger.
J’ai fait en mars un premier semis, qui a
manqué, puis un second en mai qui a parfaite-
ment réussi. C’est ce dernier qui a été photo-
graphié par mon fils, au commencement de ce
mois, et dont je vous envoie une épreuve. De
la base du pot jusqu’à la cime des plantes
la hauteur varie entre 30 et 40 centimètres.
Je n’ai jamais vu de Raisin de cette espèce ;
on m’avait expédié une bouteille de vin fait
avec ce Raisin; malheureusement, elle ne m’est
pas parvenue. On m’avait, du reste, prévenu
que c’était une sorte de vinaigre qu’on buvait
étendu dans beaucoup d’eau.
J’ai sous les yeux des graines de la Vigne de
Gochinchine, de la Vigne de Lécard, et de
celles d’une Vigne de Madagascar, que j’ai
reçues directement.
En comparant ces quatre espèces on remar-
que une analogie bien évidente, qui tend à
prouver que partout, dans la zone tropicale, on
retrouve cette Vigne tuberculeuse qui pousse à
l’ombre, ou sous bois; si elles avaient un mé-
rite réel, il y a longtemps qu’il eût été signalé.
Ceci n’est qu’une opinion toute personnelle.
àles Vignes ont déjà des commencements de
tubercules. J’en ai plus de 30 pieds... Je viens
de semer les graines de Adgnes venues de Ma-
dagascar; elles sont plus belles que toutes les
autres. 11 est vrai qu’elles me sont arrivées
dans leur pulpe.
Pourtant, et malgré ce que dit M. René
de Saint-Foix, il n’est guère permis de
douter qu’il n’y ait dans ces différents pays
soit des variétés, soit des formes apparte-
nant à ce même groupe des Vignes tuber-
culeuses, formes intermédiaires, qui ten-
dent à relier ces Vignes entre elles ; et
peut-être même se relient-elles aussi au vrai
groupe Vitis (F. Vinifera) auquel toutes
nos Vignes indigènes dites « asiatiques » et
le plus grand nombre des Vignes améri-
caines — pour ne pas dire toutes — se rat-
tachent d’une manière certaine.
Ce qui semble appuyer l’hypothèse que
nous venons d’émettre, ce sont des lettres
du docteur Livingstone, écrites de diverses
parties de l’Afrique, centrale, et dans les-
quelles il est question de différentes Vignes
dont il a mangé des fruits.
Dans le Kalari, pays dépourvu d’eau et
où il règne une sécheresse excessive, il
paraît qu’il existe une grande quantité de
plantes tuberculeuses, ce qui, d’après
Livingstone, semblerait être une consé-
quence de cette sécheresse. Voici ce qu’il
dit (1).
... La plupart d’entre elles ont des racines
tuberculeuses et sont conformées de manière
à fournir à la fois un aliment et un liquide
pendant les longues sécheresses... L’une des
l)lantes que l’on rencontre dans ces pays offre
meme ce caractère singulier que, pourvue de
racines fibreuses dans son état normal, elle
acquiert des tubercules toutes les fois qu’un
réservoir lui devient indispensable ; elle appar-
tient à la famille des Cucurbitacées et donne
un petit Concombre écarlate qui peut servir
d’aliment. La meme particularité se re-
marque, dans la province d’Angola, chez une
espèce de Vigne portant du Raisin et qui, à
Voccasion, devient tuberculeuse pour résister
à la sécheresse.
D’après ce qu’a écrit Livingstone, on est
autorisé à conclure que, dans d’autres con-
ditions, il a vu la même Aligne, mais sans
racines tuberculeuses. Ceci est à noter et
pourrait peut-être expliquer bien des dissi-
dences des botanistes au sujet des caractères
des plantes et expliquer également des con-
tradictions spécifiques.
Ailleurs {l. c., p. 104), Livingstone
écrit :
... On trouve en abondance, au nord dul8® de-
gré de latitude méridionale, trois variétés de
(1) Exploration dans Vintérieur de V Afrique
australe de 1840 à 1856 (p. 51). — Traduit de l’an-
glais, par M"’e H. Loreau. — Librairie Hachette,
79, boulevard Saint-Germain, Paris.
380
VIGNES TUBERCULEUSES A TIGES ANNUELLES.
Vignes fructifères dont l’une porte des tuber-
cules oblongs, espacés de 3 à 4 pouces le long
de sa racine horizontale et qui ont beaucoup
de ressemblance avec les griffes de l’Asperge.
Ces appendices tuberculeux, qui permettent à
la plante de résister aux effets d’un climat dé-
vorant, })Ourraient être d’une grande valeur
dans les parties arides de la colonie et fournir
le moyen d’y propager une espèce de Vigne
beaucoup plus en rapport avec la nature du
sol que toutes les variétés étrangères que l’on
y cultive aujourd’hui.
Malgré l’insuffisance des détails et le vague
des descriptions, on semble autorisé à voir,
dans les Vignes dont parle
Livingstone , les plantes
mêmes dont a parlé Lé-
card. Mais, de plus, l’il-
lustre voyageur nous ap-
prend qu’il y a là plusieurs
variétés, ce que Lécard a
éofalement constaté.
Ainsi, plus loin, p. 174
de ce même recueil, Li-
vingstone dit :
...Afin d’éviter la mouche
tsetsé, que nous avions ren-
contrée à notre précédent
voyage, nous prîmes, en ({lut-
tant Lourihijiépé, la direction
du méridien magnétique ; et
la nécessité d’ouvrir un nou-
veau sentier nous donna un
surcroît de travail; mais vers
le 18® degré de latitude nous
fûmes dédommagés de la
{leine que nous avions pris(‘,,
par des nombreux ceps de
Vigne chargés de Raisins,
({ue nous n’avions jias i-en-
contrés l’année jirécédente.
Ils étaient sous mes yeux, je
b'.s voyais, et cette vue était
tellement im^spérée que je
regardais ces gi'ajijies abondantes comme un
rêve et sans avoir la pensée de les cueillir.
Les Bushmen connaissent le Raisin et le man-
gent avec plaisir; mais celui-ci n’est pas d’un
goût agréable; il doit à ses pépins, qui ont la
forme et la dimension d’im pois fendu par la
moitié, une saveur beaucoup trop astringente.
L’éléphant recherche non seulement le fruit,
mais encore le cep et sa racine...
Cette fois, plus de doute, et malgré l’in-
suffisance des détails, il est facile de recon-
naître que les Vignes dont parle le voyageur
anglais sont bien celles que nous connaissons
et dont nous nous occupons, ou du moins
qu’elles en sont très-voisines et appartien-
nent au même groupe ; car, outre les graines
(( qui sont comme des pois coupés par la
moitié, » qui correspondent à celles des
Vignes tuberculeuses à tiges annuelles, il y
a ce passage « nous ne les avions pas remar-
quées l’année dernière y> qui semble indi-
quer que, l’époque étant différente, ces tiges
avaient disparu.
A la page 418, Livingstone, sans préciser
suffisamment, parle de « Vignes fructifères
qu’on rencontre à chaque pas. » Puis, en
décrivant le Pungo Andongo, il écrit encore :
(ï La présence de la Vigne sauvage, qui croît
partout spontanément, prouve qu’il serait
facile de l’y cultiver avec succès. »
Mais, il y a plus, ce qu’il dit des produc-
tions du sol est de nature à faire croire que
ce climat dans lequel (( croissent partout des
Vignes sauvages » présente une certaine
analogie avec un grand nombre de ceux de
l’Europe. En effet, « le blé se développe à
merveille sans avoir besoin d’irrigation,
et le beurre et le fromage, que l’on trouve
sur la table du colonel Manuel-Antonio Pirès
sont bien préférables aux produits de même
nature qui viennent d’Irlande et que 1 on
»/
PK
Fig. 68 — Tubercule
de Vilifi Lecardi.
— Jeune plante
d’un an de semis.
VIGNES TUBERCULEUSES A TIGES ANNUELLES.
381
consomme à l’état de fromage rance et de
beurre fort dans tout le reste du pays. »
Dans ce même recueil, pages 610-611, on
lit :
Nous venons’ de franchir le Kapopo et l’Oné
qui ont de l’eau dans ce moment (mi-février),
mais ils sont presque toujours à sec. La Vigne
est très-commune dans toute cette région ; elle
abonde partout sur les rives du Zambèze; on
en trouve dans le pays des Batokas une variété
dont les feuilles sont larges et dures pour ré-
sister à l’action du soleil et qui donne un Rai-
sin noir excessivement doux ; mais les espèces
([lie l’on rencontre le plus fréquemment, l’une
à feuilles rondes et à fruits verdâtres, l’autre à
feuilles palmées, ressemblant beaucoup à celles
de l’espèce cultivée et à grappes violettes ou
brunes, ont de gros pépins qui produisent un
sentiment d’astriction des plus désagréables.
Les Portugais font du vinaigre avec les Raisins
de cette espèce ; quant aux indigènes, ils man-
gent indifféremment celui de toutes les variétés.
Il est probable qu’un pays où la Vigne croît
spontanément avec autant d’abondance et de
vigueur, conviendrait à merveille à la produc-
tion du vin ; notre sentier en est tellement
obstrué, qu’il faut faire grande attention pour
ne pas tomber en se prenant les pieds dans le
réseau de sarments qui le tapisse.
S’agit-il ici de Vignes tuberculeuses ou
bien d’autres analogues à celles du groupe
vinifera"! Livingstone ne le dit pas. Mais
ce qui ressort clairement de ses observations,
c’est que dans ces localités il existe, à l’état
sauvage, plusieurs sortes de Vignes de qua-
lités différentes, dont certaines « rappellent
la Vigne cultivée. »
Les quelques extraits que nous venons
de rapporter montrent, de la manière la
plus formelle, qu’il y a en Afrique et dans
diverses localités beaucoup de Vignes à Rai-
sins comestibles, par conséquent propres à
la fabrication du vin, et si l’on ne peut
affirmer que nos Vignes françaises y aient
des représentants, ce qui est certain c’est
que les Vignes tuberculeuses à tiges an-
nuelles y abondent. Et,
comme d’autre part, on ne
peut guère douter que dans
toutes ces Vignes il y ait
des sortes de tempéra-
ments très - différents , il
serait au moins imprudent
d’affirmer qu’aucune de
ces Vignes ne pourrait
être cultivée en Europe.
Ce sont toutes ces rai-
sons qui nous ont fait re-
jeter le qualificatif de Vi-
gnes du Soudan, de Gui-
née, de Madagascar ou
de Cochinchine , pour
adopter le qualificatif de Vi-
gnes tuberculeuses qu’el-
les nous paraissent parti-
culièrement mériter par
l’ensemble de leurs carac-
tères.
Tout en réunissant dans
un même groupe toutes les
Vignes tuberculeuses, nous ne les considé-
rons pas comme identiques ; si nous re-
connaissons qu’elles semblent avoir entre
elles de très-grands rapports de parenté,
nous laissons au temps à décider cette ques-
tion : les connaissances actuelles sur ce su-
jet ne permettent pas de la trancher.
Toutefois encore, relativement au carac-
tère commun de \3i tuberculosité, considéré
comme un distinctif spécifique général,
nous croyons aussi devoir appeler l’atten-
tion sur un fait important, dont, plusieurs
fois, nous avons été témoin : c’est que, dans
certains cas, celte particularité s’affaiblit et
peut même disparaître ; il semblerait alors
que l’on a affaire à des plantes annuelles
Fig. 69. — Tubercule
de Vitis Durandi. Fig. 70. — Feuille de Vilis Durandi. — Jeune
— Jeune plante plante d’un an de semis,
d’un an de semis.
382 EFFET DES INONDATIONS SUR LES ARBRES FRUITIERS ET SUR LES PLANTES POTAGÈRES.
dont les tiges sont grêles, filiformes, à
radicelles excessivement tenues (fig. 67) et
dont la vie ne se prolonge guère au delà
de la première végétation.
Ce fait est-il dû à notre climat, à une
nsuffisance de température, ou bien est -il
particulier à cette sorte de Vigne qui, par
suite d’une organisation spéciale, produirait,
sans qu’on en puisse déterminer la cause,
des individus tuberculeux, tandis qu’il en
serait autrement de certains autres, qui
n’auraient qu’une durée très- courte ; ou
bien encore, ainsi que semblait le croire
Livingstone, l’absence de tubercule est-elle
une conséquence du milieu ou sont placés
les sujets ? C’est ce que nous ne pouvons
dire.
Mais, après tout, et en admettant l’hypo-
thèse de la variabilité des tubercules, le fait
ne serait pas unique ; il serait analogue à
celui que fournit le Haricot d’Espagne, chez
lequel certains sujets, complètement an-
nuels, n’ont que des radicelles filiformes, de
sorte qu’ils meurent aussitôt qu’ils ont fruc-
tifié, tandis que d’autres, issus du même
semis, produisent une souche tuberculeuse,
ligneuse, pouvant atteindre des dimensions
parfois énormes, de laquelle partent chaque
année des tiges annuelles qui fleurissent,
fructifient et meurent.
Aurions-nous dans les Vignes tubercu-
leuses dont nous parlons des faits analogues
à ceux que nous venons de citer à propos du
Haricot d’Espagne, et chez ces plantes trou-
verait-on, dans un même semis, des pieds
annuels et d’autres tuberculeux- vivaces
et même sous-ligneux?
C’est là une question des plus impor-
tantes sur laquelle nous appelons l’attention.
Nous donnons une figure de deux sortes
du Soudan, provenant de graines rappor-
tées par MM. Lécard et Durand et ache-
tées par M. le docteur Lentilhac, qui avait
semé ces graines à son château de Mon
Souhait, par Sommières (Gard), où les figu-
res 67 à 70 {Vitis Leeardi et V. Durandi)
ont été faites d’après des jeunes plantes
d’un an de végétation. En communiquant
ces dessins, M. le docteur Lentilhac écrivait :
« Les pépins ont été semés le 30 mars
1881, en pots, à l’air libre, le premier pépin
appartenant au Vitis Leeardi a levé le
26 juin et celui du Vitis Durandi a levé le
30 du même mois.
« La végétation a duré jusqu’au 20 octo-
bre donnant une tige herbacée de 15 centi-
mètres en hauteur. »
Tout ce qui précède montre avec quelle
prudence il faut agir, et combien il faut être
réservé lorsqu’on parle de ces Vignes tuber-
culeuses soit de Cochinchine, soit du centre
de l’Afrique (Soudan, Niger, Guinée, etc.,)
qui paraissent avoir des caractères géné-
raux à peu près semblables.
Dans un prochain article, nous nous occu-
perons des Vignes de notre colonie cochin-
chinoise, qui sont un peu mieux connues,
bien que, pourtant, il nous reste encore
beaucoup à apprendre à leur sujet.
E.-A. Carrière.
EFFET DES INONDATIONS SUR LES ARBRES FRUITIERS
ET SUR LES PLANTES POTAGÈRES
Les périodes pluvieuses qui se sont pro-
duites dans le nord de la France, depuis
une dizaine d’années, ont causé de nom-
breuses inondations, dont les conséquences
ont été des plus désastreuses pour nos jar-
dins fruitiers et potagers. Aux environs de
Paris, ces inondations ont été fréquentes,
et à Bougival, de 1872 à 1883, la Seine est
sortie sept fois de son lit, d’abord en 1872,
deux fois en 1876, puis en 1878, en
1880, et enfin deux fois pendant l’hiver qui
vient de s’écouler.
Les dégâts que les inondations ont fait
subir à nos cultures, chaque fois qu’elles
se sont produites, ont été plus ou moins
graves , suivant la saison , l’influence
de la température ou le séjour des eaux
sur le sol. Je peux d’autant mieux par-
ler de ces sinistres que, chaque fois qu’ils
se sont montrés, mes cultures ont été frap-
pées. Comme il est certaines particularités
qui m’ont paru intéressantes : j’ai cru
devoir les faire connaître.
Je ferai d’abord remarquer que plus les
inondations sont tardives, plus elles font
de mal, ce qui, du reste, s’explique parfai-
tement; lorsque la sève est en mouvement,
que les plantes sont en végétation, ces inon-
EFFET DES INONDATIONS SUR LES ARBRES FRUITIERS ET SUR LES PLANTES POTAGÈRES.
dations sont naturellement bien plus nui-
sibles, que si elles se produisent lorsque
les plantes sont en repos.
Comme exemple, je citerai l’hiver de
1876 ; la première crue s’était retirée sans
avoir pour ainsi dire laissé de traces
fâcheuses, tandis que la seconde qui ne
se retirait que vers le mois de mars, et
même dans le commencement d’avril, ne
laissait après elle aucune plante potagère
indemne ; seuls certains arbres fruitiers
avaient résisté.
Le séjour prolongé des eaux sur les
plantes, est certainement une des choses
les plus à redouter, et j’ai pu constater
chaque fois que, dans la partie la plus éle-
vée de notre potager où l’eau ne reste gé-
néralement pas plus de huit à dix jours,
certaines plantes sont toujours intactes,
tandis que les mêmes espèces, placées dans
la partie basse où l’eau séjourne quelque-
fois vingt-cinq à trente jours, sont toutes
perdues.
Quand, à la suite des inondations, c’est-à-
dire aussitôt que l’eau est retirée, la tempé-
rature devient basse et sèche, et qu’il sur-
vient des vents arides, j’ai remarqué que ces
circonstances sont généralement funestes à
tous les végétaux submergés. Au contraire,
le mal est moindre, si la température est
chaude et humide, pendant les jours qui
suivent le retrait des eaux.
Lorsque les eaux dépassent la hauteur de
certains arbres, les cordons fruitiers par
exemple, il est fort à craindre qu’elles ne se
glacent, comme cela est arrivé en 1878, où
la glace avait acquis une épaisseur de 20 cen-
timètres. Comme ces eaux se retirèrent
promptement, cette lourde masse, en s’affais-
sant, écrasait tout ce qui se trouvait sous
elle, et venait encore ajouter au mal causé
par le séjour des eaux; les cordons s’a-
baissèrent jusqu’au ras du sol. Il est donc
bon, dans ce cas, de prendre un petit bateau
et de casser la glace deux fois par jour,
mais seulement dans le moment ouïes eaux
baissent, ainsique nous l’avons fait en 1878.
Par ce moyen nous avons pu sauver presque
tous nos cordons, qui, sans cette précaution,
eussent assurément été perdus.
De tous les arbres fruitiers, le Pêcher est
celui qui souffre le plus de la submersion ;
tout le jeune bois peut être considéré
comme perdu après cinq à six jours de
séjour dans l’eau ; quelquefois les branches
383
charpentières semblent résister, et alors on
croit pouvoir fonder quelques espérances
sur les bourgeons adventifs qui se déve-
loppent au printemps suivant. Malheureu-
sement on ne tarde pas à reconnaître que
les branches formées par ces bourgeons,
étant nées sur des parties que l’eau a ren-
dues gommeuses et maladives, sont appe-
lées à périr dans un délai très rapproché.
L’Abricotier est tout aussi sensible que le
Pêcher. Le Groseillier à maquereau est éga-
lement perdu, après huit à dix jours de sub-
mersion. Il en est de même des Framboi-
siers, bien que quelques-uns paraissent
vouloir repousser; mais alors les rares
rejetons qui partent sont tellement jaunes
et chétifs, qu’il n’y a rien de bon à en tirer.
Mieux vaut alors faire une nouvelle plan-
tation.
Les Poiriers sont plus durs et peuvent
résister à une première inondation ; mais
lorsqu’ils en supportent plusieurs à des in-
tervalles trop rapprochés, ils languissent
pendant quelques années et finissent par
périr. Il en est de même des Cognassiers et
des Cerisiers.
Les Pruniers, les Figuiers, les Pommiers,
les Groseilliers à grappes et surtout la
Vigne sont très-rustiques ; ils résistent par-
faitement, et ne subissent aucune altération,
quand bien même ils resteraient, comme
cela est arrivé cette année, cinquante jours
sous l’eau.
Pour les plantes potagères, quoique cer-
taines soient des plus rustiques, aucune
ne fut épargnée en 1876; toutes succom-
bèrent, tandis que cette année, malgré que
l’eau soit restée pour le moins aussi long-
temps, les désastres ont été bien moins
grands, et beaucoup d’espèces ont résisté.
D’où je conclus que la saison avancée, ainsi
que la température sèche et aride que nous
avons eue en mars et avril 1876, lorsque la
Seine se retirait, était bien plus funeste aux
plantes maraîchères que l’hiver dernier,
pendant lequel les eaux se retirèrent en jan-
vier par une température douce et hu-
mide.
Toutefois, la durée de la submersion est
assurément aussi très-redoutable, et comme
preuve à l’appui de mon dire, je vais don-
ner le résumé des observations que j’ai
faites, en établissant une liste des plantes
qui ont succombé et de celles qui ont résisté
chez nous cette année, à Bougival où, en
384
LAYIA ÉLÉGANT.
deux fois différentes, les eaux ont séjourné
pendant cinquante jours dans les parties les
plus basses de mon potager. J’ai réparti
cette liste en quatre groupes ainsi éta-
blis :
Premier groupe. — Ont succombé après
quinze jours de submersion : les Artichauts,
toutes les variétés de Choux pommés, les
Choux de Bruxelles, les Épinards, les
Carottes, le Thym, l’Estragon et le Cresson
aléno s.
Deuxième groupe. — Ont succombé
après trente jours ; le Céleri, les Scorso-
nères, les Navets, les Oignons blancs,
quelques Fraisiers des quatre saisons, des
jeunes Laitues et Romaines d’hiver, les
Chicorées et les Scaroles, le Cerfeuil et les
Poireaux.
Troisième groupe. — Ont succombé
aprè^ cinquante jours : les Fraisiers des
quatre saisons, quelques Fraisiers à gros
fruits, toutes les Laitues et Romaines d’hi-
ver, les Mâches et les Panais.
Quatrième groupe. — Ont assez bien
résisté : les deux tiers des Fraisiers à gros
fruits, quelques Fraisiers des quatre saisons,
l’Oseille, la Raiponce, les Asperges dont
cependant quelques-unes ont souffert.
D’aprèfi ce qui précède, il est inutile
d’insister sur les ennuis et les dommages
que peuvent causer les inondations dans
les cultures. Je me bornerai donc à enga-
ger ceux qui sont obligés d’établir des jar-
dins maraîchers sur des terrains exposés à
être submergés, à commencer par remblayer
ces terrains, ainsi qu’on le fait presque tou-
jours maintenant à Bougival. Ces remblais
peuvent très-souvent se faire à l’aide de
décharges publiques, ce qui est peu dis-
pendieux, et évite pour l’avenir bien des
déceptions.
Eug. Vallerand.
LAYIA ÉLÉGANT
Composée annuelle, couchée, très-fiori-
bonde, fleurissant de mai à août. Tiges
nombreuses et très-ramifiées , cylindri-
ques, rougeâtres, légèrement velues, pu-
bérulentes. Feuilles sessiles, les inférieures
profondément dentées et comme pennées,
les caulinaires sessiles, étroitement lancéo-
lées, légèrement amplexicaules, à nervure
médiane fortement saillante en dessous.
Fleurs très-nombreuses, en capitules un
peu allongés atteignant 4 centimètres et plus
de diamètre. Les ligules qui entourent
l’inflorescence sont cunéiformes, largement
tridentées au sommet, d’un très-beau jaune
dans toute la partie inférieure, blanc dans
la partie supérieure, ce qui produit un
charmant contraste. Le centre de l’inflores-
cence est composé de fleurons tuhulés
très-courts, d’un jaune un peu plus foncé,
qui tranche encore avec le rang de ligules
qui borde l’inflorescence.
Le Layia elegans, nouveauté que j’ai
admirée dans les cultures de MM. Vilmorin,
me paraît appelé à jouer un important
rôle dans l’ornementation estivale, soit en
massifs, soit en bordures ; la plante s’étale
sur le sol qu’elle couvre bientôt, et alors
elle constitue des masses qui produisent un
très-bel effet.
A côté de cette espèce s’en trouvait une
autre, de ce même genre, le L. hetero-
tricha, qui, un peu plus faible dans ses
dimensions que l’espèce précédente, s’en
distingue particulièrement par ses fleurs
plus petites, d’un beau blanc.
Les Layia se cultivent comme les
Oxyura, dont ils paraissent assez voisins
par leurs caractères généraux. On doit les
placer dans des lieux découverts, aérés
et bien ensoleillés. On sème les graines
dans la deuxième quinzaine de septembre
et l’on repique le plant dans des petits pots
qui, pendant l’hiver, doivent être placés
sous des châssis froids qu’on aère le plus
possible ; au printemps, les plantes sont
mises en pleine terre. On peut également
semer au printemps, en mars-avril, mais
alors en place, car les repiquages, à cette
époque, donnent des plantes grêles, dont
la reprise est même diflicile, à moins qu’on
ne leur donne des soins particuliers qui,
le plus souvent, ne sont pas compensés par
les résultats.
May.
lmp. Georges Jacob, — Orléana,
CHRONIQUE HORTICOLE
Approvisionnement des Halles de
Paris. — Par suite de la facilité et de la
rapidité avec lesquelles se font les com-
munications, les distances n’existent plus
guère et les produits de toutes sortes que
l’on voyait à peine autrefois, arrivent au-
jourd’hui journellement à Paris. Ce ne sont
pas seulement les choses résistantes, mais
des produits très-fragiles même sont régu-
lièrement expédiés. Ainsi comme exemple
se rapportant au commerce horticole, nous
pouvons citer venant de la Lorraine,
les Fraises et les Framboises. A Woippy,
Devant -les - Ponts, Plappeville et Larry-
lès-Metz, ces fruits sont cultivés sur une
très-grande échelle, uniquement pour être
expédiés à Paris où ils arrivent dans un
état de fraîcheur remarquable. Ce sont
particulièrement les espèces suivantes :
Fraises : Ancmas blanc (pour les confi-
seurs), Marguerite Lehreton^ hâtive, et
Elton, tardive. Framboises : hâtive, la rouge
de Hollande, et la variété Hornet, pour
succéder à celle-ci.
Si des fruits aussi fragiles et délicats
que le sont les Fraises et les Framboises
peuvent être envoyés de très-loin, à plus
forte raison ceux qui sont plus fermes :
Pommes, Prunes, Poires, etc. On n’a donc
pas à craindre la disette à Paris, et quoi
qu’il arrive, ces fruits ne manqueront pas.
Mais aussi c’est une rude concurrence pour
nos producteurs. Est-ce un mal? Oui et
non. Oui pour l’intérêt privé ; non pour
l’intérêt général.
Nouvelles variétés de Goignassiers
à fruits. — Ces deux variétés, d’origine
américaine, sont :
Champion. — « Originaire du Connec-
ticut, plus gros que le Coing de Portugal,
très -beau, brillant et de bonne qualité; se
conserve plus longtemps que les autres. »
Rea's Mammouth. — « Très-grosse et
très-belle variété à fruits ronds comme une
orange. Arbre vigoureux et productif ».
MM. Elhvanger et Barry regardent cette
variété comme la meilleure de toutes les
variétés de Coings.
Nous avons extrait ces courtes descrip-
tions du catalogue de MM. Iran son frères,
Ier Septembre 1883.
pépiniéristes à Orléans, qui, n’ayant pas
encore vu les fruits de ces deux variétés, ont
du s’en rapporter au dire de leurs collègues
américains. Néanmoins, comme ces variétés
peuvent présenter un certain intérêt, même
scientifique, nous avons cru devoir les
signaler à nos lecteurs.
Observations sur la Pêche Âmsden.
— Fvépondant à la question que nous
posions récemment au sujet des Pêches
hâtives, M. Catros - Gérand, horticulteur,
25, Allées de Tourny, à Bordeaux, a eu
l’obligeance de nous informer que les
Pêchers de la variété Amsden, qu’il a reçus
de M. Nardy, horticulteur à Hyères, lui
ont donné des fruits qui lui paraissent
devoir recommander cette variété et dont
il nous donne les caractères suivants :
(( Les fruits sont réguliers et d’une gros-
seur moyenne.
<^ La peau est fine, très-colorée et se dé-
tache facilement de la chair.
(( La chair est blanche, fine, très-fon-
dante, juteuse, très-fortement adhérence au
noyau. L’eau qu’elle contient, est très-par-
fumée.
(( Le noyau est petit, ovale.
Après avoir remercié M. Gatros, nous
nous permeltrons de lui faire observer qu’il
a oublié de paider de deux caractères essen-
tiels : ceux des feuilles et ceux des fieurs.
Les premières sont-elles munies de glan-
des, et si oui, de quelle forme sont ces
glandes? Quant aux fleurs, sont-elles
grandes {rosacées), petites {campamda-
cées). G’estce qu’il est important de savoir,
et nous signalons cette lacune à notre col-
lègue.
Greffe « sur genoux » des Pommiers.
— Cette greffe, appelée aussi (( greffe au coin
du feu » parce qu’on la pratique assis, à
l’abri, n’estautre que la greffe en fente ordi-
naire appliquée à des espèces diverses dont
les sujets arrachés et enjaugés, sont pris au
fur et à mesure du besoin. Ainsi, par
exemple, les Bosiers sur racines, les Pi-
voines, les Clématites, les Hibiscus, etc., etc.,
sont greftés sur genoux. Ce procédé, qui
pendant longtemps n’était qu’une exceptionj
386
CHRONIQUE HORTICOLE.
tend à se généraliser, et aujourd’hui on
l’applique même à certains arbres fruitiers :
Pommiers, Poiriers, etc. On pourrait l’é-
tendre non seulement aux arbres fruitiers
et aux diverses espèces citées plus haut,
mais presque à tous les végétaux à feuilles
caduques qui se greffent pendant la saison
de repos, c’est-à-dire de décembre à mars.
Il suffît de préparer des sujets et des greffons
et de les placer là où on peut les prendre à
volonté pendant tout l’hiver. Une fois greffés,
ligaturés et englués, ces plants sont en-
jaugés jusqu’à ce qu’on les plante, ce qui,
suivant leur force et leur nature, se fait à la
bêche, à la houe, au plantoir. Certains pépi-
niéristes, aujourd’hui, greffent ainsi, même
une partie des Pommiers, Poiriers, etc. Dans
les serres ce mode de greffe est le seul em-
ployé; et alors presque tous les sujets, qui
sont en pots, sont placés, une fois greffés,
sous des cloches pour en favoriser la reprise.
Une nouvelle plante pour bouquets
d’hiver. — On sait l’important rôle que
les bouquets jouent et par suite combien
on en est privé pendant l’hiver, lorsque les
fleurs font presque complètement défaut.
Aussi la découverte d’une nouvelle res-
source, surtout lorsqu’elle est à la portée
de tous, est-elle un bien. Telle est certaine-
ment la plante dont nous allons parler.
Cette espèce est une vieille connais-
sance qui se trouve dans presque tous
les jardins qu’elle orne admirablement dès
les premiers beaux jours : c’est la Lunaire
liisanuelle (Lunaria hiennis, Mœnch.)
dont les fruits, plats et très-larges et qu’on
a comparés à une pièce de monnaie, ont
reçu la qualification de ce Monnaie du pape. »
Ce sont ces fruits qui, fortement attachés,
persistant indéfiniment sur la tige, lorsqu’elle
est sèche, sont employés en guise de fleurs.
Leur nombre et leur disposition en larges
panicules ou en grappes spiciformes dres-
sées, produisent un effet ornemental des
plus singuliers et des plus jolis. On enlève
de ces fruits les deux enveloppes externes
et il reste la partie interne qui est brillante
et d’un éclat tout métallique, comme papy-
racée-scarieuse. Placées dans des vases,
mélangées avec des branchages feuillus,
elles produisent par leur aspect brillant
nacré, leur légéreté et leur disposition, un
effet très-décoratif.
Mais cet effet est beaucoup'plus saisissant
si, au lieu de branches, on prend des plantes
en pots, à feuillage approprié au milieu
duquel on pique çà et là des tiges de Lunaire.
Il y a donc là, presque sans aucun frais, une
ornementation à la portée de tout le monde,
peut être même l’objet d’une industrie
spéciale.
Destruction du Puceron lanigère. —
Le mal occasionné par cet insecte est telle-
ment grand que, malgré le nombre considé-
rable de remèdes déjà indiqués pour com-
battre ce fléau, nous croyons devoir rapporter
le suivant, que nous trouvons indiqué dans
le Bulletin de la Société d’horticulture de
Boissons, pour 1883, page 491. L’inven-
teur est M. Lemaire-Mutéaux, horticul-
teur-pépiniériste à Suzy.
J’ai à Suzy une pépinière de 12,000 Pommiers
en trois parcelles. L’une des trois contenait
8,000 sujets greffés en écusson, pendant les
années 1880, 1881 et 1882.
Au mois de novembre dernier, je me suis
aperçu que le redoutable Puceron lanigère
faisait de grands ravages dans cette plantation ;
il fallait combattre au plus vite l’invasion ou
arracher le plant.
J’ai essayé plusieurs procédés. Un seul a
réussi complètement et aujourd’hui il serait
difficile, sinon impossible, de trouver dans cette
pépinière un puceron lanigère, alors qu’il y en
avait plus d’un million il y a deux mois.
Ce procédé dont j’affirme la complète effica-
cité est très-peu coûteux; voici la composition
à employer :
Eau ordinaire .... 1 .000 gr.
Huile de pétrole. . . 100 gr.
Sel de cuisine. . . . 25 gr.
Bien que, à première vue, le mélange in-
diqué paraisse impossible en ce sens que
l’eau ne peut se combiner avec l’huile, il
faut néanmoins reconnaître qu’il y a ici une
affirmation précise émanant d’un praticien.
Il y a donc là un fait dont il reste à
chercher la cause. Ne pourrait-on admettre
que la combinaison de ces deux corps (huile
et eau), est due à l’influence du sel de cui-
sine qui agit ici comme décomposant, en
agissant sur le corps gras, dont il modifie la
nature en l’émultionnant, c'est-à-dire en le
saponnifiant. Nous serions reconnaissants
à ceux de nos lecteurs qui voudraient
bien nous donner une explication scienti-
fique du fait. En attendant, nous les prions
de vérifier la chose, et si elle est exacte
et conforme à ce qu’à dit M. Lemaire-
CHRONIQUE HORTICOLE.
Muteaux, de la mettre en pratique. Mieux
vaut un procédé qui réussit, même sans
explication, qu’une belle théorie que ne jus-
tifient pas les résultats.
Observation à propos de la Poire
Marguerite Marillat. — Au sujet de cette
variété dont la Revue a publié une planche
coloriée, accompagnée d’un article de M. F.
Morel, M. L. de la Bastie, vice-président de
la Société d’horticulture de la Haute-Savoie,
nous adresse l’observation suivante :
Il y a certainement eu erreur clans l’article
récemment publié dans la Revue horticole et
consacré à la Poire Marguerite Marillat^ quant
à répocpie de sa maturité. Les fruits c{ui ont été
présentés à la commission des Études de la
Société pomolog'ic{ue de France, ont été dégustés*
à la fin d’août et au commencement de sep-
tembre. Chez moi, où la maturité des fruits est
en retard de huit à douze jours sur le Lyonnais,
je n’ai jamais pu conserver cette Poire au delà
du 25 septembre. Cette année, peut-être, vu le
retard sur les années normales, je pourrai sans
doute en conserver plus longtemps. La P. Mar-
guerite Maiùllat, est un fruit d’août-septembre
et non d’octobre-novembre, ainsi c{u’il a été dit.
Nous laissons la parole à M. F. Morel
pour expliquer la différence constatée entre
l’époque de maturité indiquée par lui et
celle qu’a observée M. L. de la Bastie.
Variations dans l’époque de florai-
son de l’Acacia dealbata. — Ce bel
arbre, si répandu dans la région méditerra-
néenne où il fleurit l’hiver, opère sa florai-
son en juin en Australie, son pays natal.
Or M. de Brandis, directeur des forêts de
l’Inde, a constaté de curieux changements
dans l’époque normale de sa floraison dans
les monts Neilgherries (Hindoustan) où il a
été importé en 1845. Jusqu’en 1860 il a
fleuri au mois d’octobre. Cette année là, la
floraison eut lieu en septembre ; dix ans
plus tard, en août; en 1878, elle se pro-
duisit en juillet, et enfin en 1882, elle
se fit au mois de juin, comme dans la
patrie de l’espèce. Il y a là un fait singulier
pour un arbre d’adaptation à un climat
nouveau. Nous n’avons jamais entendu dire
que l’époque hivernale de la floraison de
V Acacia dealbata ait varié dans le midi de
la France, en Algérie, au lac Majeur, dans
tous les endroits enfin où le climat est assez
doux pour qu’il prospère et fleurisse en
587
plein air. Il serait curieux de constater des
faits analogues dans d’autres stations où cet
arbre est cultivé.
Odontoglossum Eugenes. — On parle
beaucoup actuellement en Angleterre de la
belle Orchidée hybride qui vient d’être
obtenue dans les serres du duc de Suther-
land, à Trentham.
Cette plante, d’une beauté remarquable
provient d’un croisement naturel entre F O.
Pescatorei et F O. triitmplians. Son mode
de végétation est semblalfle à celui de FO.
crispum. Ses fleurs, qui ont 10 centimètres
de diamètre, ont les pétales et sépales
blancs, larges, amplement bordés de jaune
et marqués de brun marron.
Le labelle est le même que celui du joli
O. Pescatorei, avec ses belles nuances et
sa forme si gracieuse.
Cette remarquable nouveauté porte en
moyenne huit fleurs sur le même épi. Elle
sera bientôt dans les collections de choix.
Boutons de Rose PaulNeyron. — Une
nouvelle spécialité s’est créée pour le com-
merce des roses à Paris. Les rosiéristes se
sont mis à cultiver en grande quantité la Rose
Paul Neyron pour la vente des boutons à
demi-épanouis. Cette belle Pmse, dont la
forme est d’ailleurs défectueuse et l’odeur
presque nulle, est admirable de grâce et de
fraîcheur lorsque son bouton n’est pas en-
core épanoui et qu’elle se tient, avec son
beau feuillage, sur une tige droite et robuste.
Ainsi préparée, elle est vendue fort cher
en grosses bottes (nous avons demandé ré-
cemment le prix d’une botte de 20 Roses :
on nous a répondu : 15 fr.). Elle joue, pen-
dant l’été, le rôle des boutons de la Rose
La Reine lorsqu’ils sortent des serres à
forcer, pendant l’hiver et au printemps. Il y
a donc là une nouvelle source de produc-
tion commerciale pour l’horticulture de
luxe à Paris, et nous devions la signaler. On
commence à vendre aussi beaucoup de
Roses thé, surtout parmi les variétés rouges
récemment obtenues, et qui vont devenir
rapidement à la mode. Cette faveur sera
d’ailleurs amplement justifiée par leurs
formes, leurs nuances et leur parfum.
Les mastics à froid. — Nous recevons
de M. V. Adam, Président de la Société
d’horticulture des Vosges, la lettre suivante,
que nous insérons volontiers, puisqu’elle
388
CHRONIQUE HORTICOLE.
ajoute un témoignage de plus à ce que nous
avons dit sur la question dont il s’agit :
Je me sers du mastic Lhomme-Lefort. Lors-
qu’il devient trop dur, je verse un peu d’alcool
dans la boîte, et je remue avec un morceau de
bois ou de fer. Le mélange s’opère très-vite, et
au bout d’un instant, le mastic est redevenu
mou.
J’emploie l’alcool du commerce qui me sert
aussi à détruire les pucerons lanigères.
Nous avons reçu plusieurs lettres sur le
meme sujet, mais dont le contenu est à peu
près identique à ce qui précède. On sait donc
maintenant le moyen très -simple de traiter
les mastics à froid lorsqu’ils sont durcis.
Le genre du mot Evonymus. — Un
de nos abonnés d’Orléans nous écrit la
lettre suivante, sans se nommer :
Permettez-moi de vous adresser une question
à l’égard de la note donnée dans votre traité
« les variétés de VEvonymus Japonicus »
{Revue horticole, no 10, 1883), concernant le
genre du nom « Evonymus ».
Vous dites là que ce mot est masculin,
tandis que j’ai toujours trouvé dans tous les
livres botaniques à ma portée (par exemple :
dans la Dendrologie par K. Koch, Berlin) le
mot Evonymus, traité en genre féminin.
Y a-t-il, peut-être d’après la dérivation —
comme par exemple avec le nom Cytisus —
deux genres, masculin et féminin qui s’em-
ploient également bien ?
Je vous remercierais beaucoup si vous aviez
la bonté de m’éclairer à ce sujet.
Agréez, etc.
Nous sommes heureux de pouvoir donner
satisfaction à la demande de notre corres-
pondant anonyme :
Il faut écrire au masculin les qualificatifs
du genre Evonymus parce que Linné a
fondé le genre sur un arbuste, E. Euro^
pœus, et qu’en latin l’arbuste (frutex) est
d’ordinaire masculin. L’arbre (arhor) est fé-
minin, et certains genres qui contiennent à
la fois des arbres, des arbustes et même des
plantes vivaces ou annuelles peuvent être
féminins si le premier type générique a été
un arbre et si le nom n’est pas neutre. Linné
a fait avec raison le genre Evonymus mascu-
lin, et il n’est pas exact de dire que les bota-
nistes n’ont pas suivi son exemple. Thun-
berg a nommé les E. Japonicus, alatus,
Jacquin VE. atropurpureus, Pursh VE.
angustifolius, Scop VE. verrucQSUS^ Wal-
lich VE. fimhriatx{$3 etc,, etc,
Ce serait donc une erreur de féminiser les
adjectifs qui qualifient les espèces et variétés
du genre Evonymus, quelle que paraisse
l’autorité de ceux qui écriraient autrement
que les bons auteurs.
Polygonum Sachalinense. — On
observe bien souvent que certaines plantes,
que leurs qualités décoratives devraient
faire rechercher, restent dans un quasi -
abandon que rien ne justifie.
De ce nombre est le Polygonum Sacha-
linense, originaire de l’île de Sachalin,
Polygonée vivace à grand développement,
comme le P. cuspidatum, et dont la Revue
horticole a donné une description et une
figure (1). Ses tiges, vigoureuses et élé-
gantes, atteignent plusieurs mètres de
hauteur; les feuilles, à nervures rouges,
sont oblongues gracieusement acuminées et
mesurent 30 centimètres environ de lon-
gueur sur 20 de largeur, et ses grappes blan-
ches, à l’automne, ne sont pas sans mérite.
La plante possède une végétation des plus
puissantes et les touffes qu’elle forme attei-
gnent rapidement 4 ou 5 mètres de hauteur.
Son emploi judicieux dans les squares et
jardins produirait de jolis effets, le P. Sa-
chalinense différant considérablement du
beau P. cuspidatum (P. Sieholdi), si ré-
pandu aujourd’hui.
Monument élevé à Alexis Lepère. —
On vient d’inaugurer, au cimetière de
Montreuil, le monument élevé à la mémoire
de l’habile arboriculteur Montreuillois dont
le nom est inséparable des progrès de la
taille du Pêcher. Une nombreuse popula-
tion assistait à cette cérémonie. M. Chéreau,
maire de Montreuil, et M. Zéry, délégué de
la Société des agriculteurs de France et re-
présentant le ministre de l’Agriculture, ont
successivement pris la parole pour rendre
hommage aux talents d’Alexis Lepère.
Conserves de Rhubarbe. — La con-
sommation des pétioles de Rhubarbe, qui,
il y a quelques années, n’était guère répan-
due qu’en Angleterre, s’est introduite peu
à peu en France, et leur emploi, de diffé-
rentes manières, mais surtout en tartes, est
fréquent sur les tables bien servies.
La préparation des pétioles à conserver
demande certains soins peu connus et que
voici :
(1) Votir Revue horticole, 187(3, p, 36,
CHRONIQUE
Couper les pétioles en tranches de 6 cen-
timètres de long, y ajouter quelques gouttes
de jus de citron et un peu de sucre. Faire
bouillir. Le jour suivant, on met le jus dans
une casserole, on y jette un peu d’écorce
de citron et on le fait bouillir jusqu’à ce
qu’il soit devenu épais. On y jette alors
les tranches de Rhubarbe, et on fait de
nouveau bouillir pendant douze ou quinze
minutes. On introduit ensuite ces pétioles
dans des bouteilles de verre et on enveloppe
le tout avec du papier trempé dans du rhum.
Table générale du Botanical Maga-
zine. — Dans notre dernier numéro, nous
avons annoncé que la table générale de ce
grand et utile ouvrage était publiée par les
éditeurs. C’est unè erreur. Ce travail a été
fait par un particulier, amateur, M. Edmond
Tonks, qui l’a publié à ses frais sans le
secours des éditeurs. On doit une vive recon-
naissance à M. Tonks pour avoir rendu un pa-
reil service à la littérature botanico-horticole.
Prix Laisné à l’établissement des
Pupilles de la Seine, à Villepreux. —
Mû par des sentiments aussi nobles qu’éle-
vés, voulant contribuer au succès de l’œuvre
si éminemment moralisatrice de l’insti-
tution des Pupilles de la Seine, fondée
par le Conseil général de la Seine, M. O.
Laisné, dont on retrouve presque toujours
le nom lorsqu’il s’agit d’une bonne action,
a donné à cette œuvre, comme un encou-
ragement annuel, un livret de cent francs
à la caisse d’épargne pour être remis à
l’élève qui en aura été jugé digne. La com-
mission, chargée de l’examen et du choix du
lauréat, s’est réunie le 13 courant. En ou-
vrant la séance, M. Laisné a prononcé le
remarquable discours que voici :
Jeunes élèves. Pupilles de la Seine,
La pensée qui a créé votre institution a été
une pensée généreuse ; vous devez vous en
montrer dignes par votre travail régulier, assidu,
votre docilité à la voix de vos maîtres.
Laissez également s’ouvrir vos esprits à l’ins-
truction, cette régularisatrice puissante de toute
œuvre humaine ; mais, en même temps, élevez
vos cœurs aux saines idées de devoir, de tra-
vail.
Moralement abandonnés, une famille nou-
velle vous a ouvert les bras, celle dont nous
sommes tous ; « la Patrie ! » a vous, de lui
être reconnaissants par votre conduite. Ainsi,
vous servirez votre propre intérêt, votre bon-
HORTICOLE. 389
heur que vous trouverez seulement dans la
persévérance pratique du travail honnête !
Jeunes élèves! apprenez à élever votre cœui-.
Le genre de vos travaux vous met en contact
avec la nature. Par l’étude de la science vous ap-
prendrez plus tard à en admirer avec fruit toute
l’harmonie, et alors, devenus hommes, vous
saurez porter vos pensées vers le Créateur de
tant de « merveilles grandioses » qui ne sau-
raient frapper vos yeux sans impressionner vos
cœurs .
Vous y puiserez le courage et la consolation,
s’il était besoin. « Le Prix Laisné et de la
Société nationale et centrale d’horticulture de
Fy'ance » n’est qu’un stimulant à l’excitation
de ces sentiments, et chacun de vous, à son
tour, saura mériter ce prix d’émulation au
devoir, au travail, au respect à vos maîtres
comme à l’aptitude professionnelle I
Chers jeunes élèves, espérons que le moment
est proche où la France sera couverte d’ins-
titutions semblables à votre école, et que les
jeunes enfants moralement abandonnés, recueil-
lis « tous » par la Patrie, deviendront des
hommes vaillants pour l’honorer par leur
vertu !
Après ce discours a commencé l’examen
des élèves, et le jeune Edmond Humbert
a été proclamé lauréat du prix O. Laisné.
Mais la commission ne s’est pas bornée
à ce prix, et sur l’affirmation de M. Guil-
laume que deux élèves, MM. Lucien Lin-
dimer et Arthur Roussin, sont également
très méritants, elle leur a accordé, au nom
de la Société, les ouvrages suivants : U Art
de greffer, par M. Ch. Baltet, et Les Plantes
potagères, de MM. Vilmorin et G‘% récom-
penses auxquelles M. Laisné , comme
membre de la Société nationale d’horticul-
ture de France, a ajouté, pour chacun de
ces deux élèves, une somme de 50 fr., qui
leur sera remise lors de leur entrée en
place.
Nous ne pouvons terminer sans féliciter
le directeur de cet établissement, M. Guil-
laume, qui, avec un dévoûment qui n’a
d’égale que sa sollicitude pour les enfants.,, ai
su, avec des ressources très-minimes, oréer-
un établissement appelé à rendre très-
grands services au pays, et cela à» l’aide-
d’éléments considérés comme mauvais. Ib
a donc démontré cette grande vérité ■: qpe •
l’homme est ce qu’on le fait, et que par
l’éducation on peut même ramener au bien
ceux qui étaient entrés dans la voie con-
traire, celle du mal.
La générosité de M. O. Laisné est d’un
390
INFLUENCE DU SUJET DANS L’OPÉRATION DE LA GREFFE.
grand cœur ; nous souhaitons naturellement
que le bon exemple qu’il donne soit suivi
et trouve des imitateurs.
Rectification. — Un de nos confrères,
M. Viviand-Morel, rédacteur en chef du
journal Lyon-horticole, sachant par expé-
rience combien la vérité importe à la
science, a eu l’extrême obligeance de nous
éclairer à propos des doutes que nous
avions émis au ^ujet de l’invention pre-
mière de la greffe en fente des rosiers prati-
quée sur semis d’églantiers. A ce sujet il
nous adresse la lettre suivante, que nous
nous empressons de publier :
Lyon le 9 Août 1883.
Dans le paragraphe intitulé Rosiers greffés
sur semis d'églantiers^ {Revue hort., août 1883,
pag. 340) vous posez une question à laquelle
je désire répondre, et cela pour plusieurs rai-
sons : d’abord pour rendre à César ce qui est
à César, c’est-à-dire à M. J. -B. Guillot fils,
rosiériste, à Lyon ; ensuite parce qu’il est im-
portant de ne pas laisser — dans l’intérêt de
l’histoire de l’horticulture — planer un doute
sur une invention qui a permis aux rosiéristes
de décupler leur commerce, et aux amateurs,
d’avoir, autrement qu’en individus malingres
et souffreteux, toute la collection de ces admi-
rables variétés de Roses de l’Inde, que le
commerce vend sous le nom passablement
chinois et très-peu harmonieux de Roses
Thé.
Voici la question que vous posez : « Quel
est l’inventeur, c’est-à-dire celui qui le pre-
mier a eu l’idée de greffer les Rosiers sur
semis d’Églantiers, en vue d’obtenir des sujets
nains ». Vous ne répondez à la question sus-
INFLUENCE DU SUJET DANS
Malgré tout ce que l’on a dit et écrit sur
cette question, elle est loin d’être résolue.
Néanmoins, ce qu’on ne pourrait nier sans
aller contre la vérité, c’est que cette influence
du sujet sur la greffe existe. _
Deux causes, ici, occasionnent et semblent
même justifier les contradictions : c’est,
d’une part, d’abord nos connaissances bor-
nées et nos moyens insuffisants pour cons-
tater les faits fondamentaux qui souvent
nous échappent; d’autre part, les différences
parfois considérables qu’exercent le milieu
ou les sujets qui, presque toujours, sont
dissemblables. En effet, rappelons qu’il n’y
dite que d’une manière tout-à-fait dubitative,
en disant qu’il serait difficile de rien affirmer
à ce sujet, tout en ajoutant que Vopinio7i géné-
rale s’accorde assez pour attribuer à M. Guillot,
fils, de Lyon, l’invention de cette greffe qu’il
aurait pratiquée dès 1850. Permettez-moi de
vous rappeler que les deux Sociétés d’hor-
ticulture du Rhône ont décerné chacune
une médaille d’or à M. Guillot, pour le récom-
penser de son invention si utile. Si M. Guillot
n’eût pas été l’inventeur de cette greffe, il
est fort peu probable qu’il eût accepté une ré-
compense qu’il ne méritait pas ; ensuite l’in-
venteur lui-même — à moins qu’il soit
mort jeune — aurait pu, en se nommant, ré-
clamer contre l’attribution de ces médailles.
Ce qu’il y a de certain, c’est qu’aucun ancien
traité d’horticulture ne parle de cette greffe,
qu’elle a été employée à Lyon, dès 1850, et
que personne n’est venu réclamer à M. Guillot
la priorité de sa découverte.
Viviand-Morel.
On voit par cette lettre que, sauf l’affir-
mation de notre part, nous sommes en
conformité d’opinion avec notre collègue,
ce dont nous nous félicitons.
Nécrologie : M. Buchetet. — La Société
nationale d’horticulture de France vient de
perdre l’un de ses membres, M. Buchetet,
mouleur de fruits, décédé le 11 août, dans
sa cinquante neuvième année. C’était à la
fois un artiste habile, un écrivain distingué
et des plus spirituels. Outre leur valeur in-
trinsèque, tous ses articles étaient empreints
d’une critique fine, enjouée, parfois un peu
piquante et rabelaisienne , mais toujours
honnête.
E.-A. Carrière et Ed. André.
.'OPÉRATION DE LA GREFFE
a ni ne peut y avoir deux milieux identi-
ques, et qu’il en est de même des sujets,
provinssent- ils d’une même plante; à
plus forte raison quand ils proviennent de
semis. Rien donc d’étonnant dans cette cir-
constance, que sur une question en appa-
rence identique, on soit en contradiction sur
les résultats. Les principes étant différents,
les conséquences ne peuvent être sembla-
bles.
Mais lors même que les faits différentiels
ne nous sont pas appréciables, ils n’en exis-
tent pas moins, et alors, en dehors de l’ex-
périence, la science répondrait affirmative-
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
ment. En effet, un mélange provenant de
deux substances différentes, ne peut-être
semblable à aucune des deux.
Bien que nous croyions inutile de citer
des exemples de modifications apportées au
greffon par l’influence du sujet, par cette
raison qu’ils fourmillent dans la pratique, et
qu’il n’est pas un seul horticulteur-pépinié-
riste qui n’en connaisse, nous croyons devoir
en citer particulièrement un parce que,
outre son importance dans l’application, il
peut encore servir la science en poussant à
l’explication de certains faits dont la cause
est complètement ignorée. Nous faisons
allusion à la surgreffe si fréquemment em-
ployée de nos jours pour certaines variétés
de Poiriers sur lesquelles cette opération
produit de si remarquables effets. C’est un
fait bien connu aujourd’hui, dans beaucoup
de localités, que les Doyennés d’hiver greffés
sur Coignassier (sur franc, ils ne donnent
rien ou à peu près), même quand on les
plante le long des murs, rapportent peu et
presque toujours de mauvais fruits, Jlandis
que lorsqu’on surgreffe, c’est-à-dire qu’on
interpose entre le sujet et le Doyenné une
autre variété améliorée, les choses se pas-
sent tout autrement.
Bien que ce fait soit constaté, nous croyons
devoir l’appuyer d’un nom qui, en la cir-
constance, fait autorité, de celui de M. Hardy,
directeur de l’École d’horticulture de Ver-
sailles qui, à ce sujet et en réponse à une
lettre que nous lui avions adressée, nous
écrivait le 22 juin dernier :
La surgreffe du Doyenné d’hiver sur Curé,
produit un arbre plus vigoureux et plus fer-
tile, à fruits plus beaux, plus gros et plus
sains. La maturité n’est pas avancée, maisHe
fruit se conserve bien ; quant à la qualité, elle
ne diffère pas de celle des Doyennés d’hiver non
surgreffés sur Curé, mais directement greffés
sur Coignassier. Il y a donc avantage à plan-
ter des Doyennés d’hiver surgreffés au lieu
391
de les planter directement greffés sur Goignas-
sier.
J’ai surgreffé sur Beurré d'Amanlis et J5. Diel
— deux variétés vigoureuses ; — j’ai obtenu les
mêmes résultats qu’avec le Curé. Je crois que
toute variété très-vigoureuse peut être employée
pour le surgreffage.
A ces détails si précis et si concluants,
M. Hardy ajoute :
oc Je ne cultive plus le Doyenné d’hiver sans
qu’il soit surgreffé ; c’est le seul moyen que
j’ai d’obtenir des arbres vigoureux, fertiles, à
fruits généralemeyit sains. »
Comment donc expliquer ces faits si bien
établis et certainement dûs à l’influence du
sujet qui, dans cette circonstance, est pour-
tant bien réduit puisqu’il consiste parfois
en une sorte de disque de l’épaisseur de 2
à 4 centimètres? Quel rôle joue ce frag-
ment? Nous n’essayerons pas d’en donner
une explication ; nous nous bornons à si-
gnaler le fait aux gens compétents.
Mais, en attendant l’explication du fait,
profitons-en, et, par une application rai-
sonnée, étendons-le à d’autres variétés qui,
aujourd’hui, viennent mal et ne présentent
plus les avantages d’autrefois, tels sont
les suivantes : Crassane, Saint- Germain,
beurré d’Hardempont et même le beurré
d’Angleterre, qui, dans certaines localités,
ne peut même plus vivre.
On pourrait aussi, en étendant un peu
l’expérience, chercher à s’assurer si, outre
la vigueur de la variété employée comme
surgreffe, sa nature ne jouerait pas un cer-
tain rôle et si, par exemple, au lieu d’une
variété améliorée, l’on obtiendrait d’aussi
bons résultats en se servant d’une espèce
sauvage dont la mauvaise qualité des fruits
est bien connue. Ce fait nous paraît assez
intéressant pour mériter l’attention des
personnes qui s’occupent de science dans un
but d’utilité générale. E.-A. Carrière.
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES
Tout le monde connaît le Cobœa scan-
dens. Quand on désire une végétation rapide
et cc étoffée, » rien ne peut remplacer cette
plante. Dans des conditions de sol à peine
passables même, sa végétation tient du pro-
dige; mais elle a besoin pour cette raison
d’être surveillée, car elle fait rapidement un
(1) Voir R«vut hoi'HcoU, 1883, p. 318.
fouillis. Sa variété panachée, bien plus dé-
licate, est loin de la valoir, si ce n’est en
serre. Pourtant elle peut êtreemployée l’été .
A Paris, ces plantes sont traitées comme
annuelles ; en serre, elles deviennent li-
gneuses et ne tardent pas à devenir vérita-
blement encombrantes.
Les Pois de senteur, et en somme tous
392
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
les Lathyrus annuels ou vivaces, les Haricots
d’Espagne {Phaaeolus multiflorus), sont
aussi d’anciennes plantes oubliées et même
dédaignées dans les jardins bourgeois.
Parmi les plantes plus faibles de végéta-
tion, et cultivées ici comme annuelles, nous
trouvons quelques jolies espèces : Thun-
hergia alata et ses variétés, les Mauran-
dia variés, le Lophospermum scandens, à
fleurs rappelant celles des Digitales ou des
Gloxinias. Ces plantes forment de jolies
palissades, soit sur des treillages peu
élevés, soit pour masquer des liges de Ro-
siers, soit aussi pour faire des guirlandes,
surtout les Maurandia. Chose singulière,
moins anciennes et aussi
moins populaires, elles
sont bien plus cultivées
dans les jardins que les
Pois de senteur et les
Haricots d’Espagne, qui,
incontestablement plus
beaux, en sont bannis, de
même que la plupart des
Cucurbitacées ornemen-
tales grimpantes. Il n’y a
que dans les jardinets de
campagne qu’on retrouve
les Coloquintes et les
Courdes aux fruits si bi-
zarres de forme et de cou-
leur. Un jardin d’amateur
qui se respecte un peu ne
se compromet pas avec ces
plantes-là !
Dans les plantes grim-
pantes ligneuses nous
trouvons le Jasmin blanc
{Jasminum officinale)
(fig. 71), bien connu, mais maintenant
devenu rare. L’élégance et la délicatesse
de son feuillage, l’odeur si suave de ses
fleurs d’un très-beau blanc le protègent
encore; mais en réalité on n’en plante plus
guère.
On en peut dire autant des Bignonia
[Tecoma grandifiora et radicans). On
plante souvent ceux-ci le long des murs. Il
nous semble que ce n’est pas la place de
ces espèces dont la végétation, un peu éche-
velée, ne se prête pas plus que celle de
l’Aristoloche à ces positions. Couvrir une
ruine, de vieux troncs d’arbres, des ton-
nelles même, nous semble plutôt leur des-
tination.
Au point de vue de la recherche et
de l’emploi, les Chèvrefeuilles {Lonicera)
nous paraissent dans le même cas que
les précédents; très-connus, ils sont peu
employés. Nous citerons particulièrement
une charmante petite espèce, le Lonicera
hrachypoda aureo-reticulata, aux petites
feuilles veinées de jaune et de rose. Peu de
plantes sont aussi gracieuses par leur feuil-
lage que celle-ci. Nous avons remarqué
une porte de laiterie, au Lieu tel, près de
Montfort-l’Amaury, garnie de cette plante,
qui produisait un effet admirable. Elle est
un peu buissonneuse et demande par consé-
quent de la largeur. Il lui faut des sols très-
sains ou même sablon-
neux, pour être vue dans
toute sa beauté.
11 n’y a rien à dire de
la Clycine de la Chine
{Wistaria sinensis). C’est
désormais ' unè espèce
classique généralement
connue et qu’on plante à
peu près partout. Il n’en
est pas de même de quel-
ques autres espèces de ce
genre, qui, sans valoir
celle-ci, seraient, si elles
étaient nouvelles, très-
recherchées, par exemple
les Wistaria frutescens et
Backhousiana qui don-
nent également des fleurs
magnifiques ; la variété à
fleurs doubles nous paraît
plus curieuse que belle.
Ces plantes exigent un sol
profond, riche, et se com-
portent mal dans les terrains compacts.
Elles y jaunissent et finissent par mourir;
cependant, on ne saurait les classer dans
les plantes délicates ou exigeantes pour le
sol.
Passons maintenant aux Rosiers.
Pour les espèces grimpantes, il faut de
l’espace et presque toujours des murs sur
lesquels on peut les palisser, afin de mettre
en lumière et en vue les splendides bou-
quets de la plupart d’entre elles. Quelques-
unes sont assez frileuses et ont besoin
de positions abritées ; il faut un sol chaud
pour les Banks, les Thés (si on les consi-
dère comme arbustes sarmenteux); il en
est de même pour les Noisettes, si répandus
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
dans le Midi. C’est là qu’il faut les voir pour
bien les juger, car à Paris il est très-rare
de les avoir absolument beaux. Mais que
dire de ces magnifiques Rosiers multiflores,
à fleurs pourpres, dont la floraison n’a d’é-
quivalent que celles des Bougainvillea
(fig. 72) garnissant les villas des bords de
la Méditerranée, de Cannes à Monaco? Vues
à distance, il n’est rien d’aussi riche dans
ce genre, et cependant ces plantes sont re-
lativement peu
employées, ce
qui est d’au-
tant plus sur-
prenant qu’el-
les sont con-
nues et juste-
ment appré-
ciées.
Au jardin du
Luxembourg,
on a fait de-
vant l’orange-
rie une école
de Rosiers où
les espèces et
variétés grim-
pantes sont pa-
lissées sur une
armure en py-
ramide assez
élevée. Ce sys-
tème, parfait
pour le but
cherché, n’est
guère conve-
nabledans l’or-
nementation
des jardins.
L’œil n’est pas
satisfait, et
cette forme ne
vaut pas ce que
nous pouvons
appeler l’espa-
lier.
Les Ronces à fleurs doubles sont aussi
des plantes intéressantes par leur abon-
dante floraison, mais seulement autour
d’un arbre au feuillage maigre, et dont le
tronc a besoin d’être masqué. Nous avons
vu au château de Verneuil un vieux Pin
d’Écosse à demi-mort, qui était garni de
Ronces à fleurs roses doubles. Rien n’était
plus joli.
393
Nous arrivons aux Clématites. C’est le
genre le plus riche en variétés, et assuré-
ment l’un des plus beaux du groupe des
plantes grimpantes. Parmi celles-ci, il en
est de rustiques, à feuilles persistantes, telle
est le C. Cirrhosa (lig. 73).
La beauté et les dimensions des fleurs,
le nombre considérable des variétés et leur
rusticité les rendent inappréciables au point
de vue ornemental. Relativement nouvelles,
ces variétés?
pour la plupart
si méritantes,
les unes hâti-
ves, les autres
tardives, sont,
dans leur en-
semble, pre-
que conti-
nuellement en
fleurs pendant
tout l’été.
Leurs couleurs
varient du
blanc pur au
plus riche vio-
let pourpre, en
passant par
toutes les
nuances in-
termédiaires ;
leur floribon-
dité est ex-
trême, à ce
point que les
feuilles dispa-
raissent sous
la masse de
leurs fleurs.
Un berceau
couvert de la
variété Jack-
manni, restée
une des plus
belles, est tou-
jours une merveille.
Si un genre de plantes ramène le goût et
la mode aux plantes grimpantes, ce sera
certainement celui des Clématites.
Nous trouvons encore pour le plein air
le Passiflora cœrulea, qui n’est pas à dé-
daigner, quoiqu’on ne puisse le placer in-
différemment partout. Cette Passiflore aime
les positions chaudes ; ses fleurs sont très-
curieuses, mais ses congénères de serre
394
VRIESEA. BARILLETI.
lui font tort. Nous en parlerons plus loin.
Disons toutefois que cette espèce n’est pas
très-rustique et qu’il est prudent de l’abri-
ter l’hiver.
Mais combien d’autres espèces encore,
outre celles dont nous venons de parler,
pourraient être employées pour la pleine
terre !
Si l’on étudie les plantes de serre, on
constate que le nombre des plantes grim-
pantes est encore bien
plus considérable.
Mais comme en gé-
néral ces plantes sont
très-vigoureuses et
s’accommodent mal
de la culture en pots,
on les délaisse, plutôt
que de chercher à
orner les parties où
elles pourraient être
utilisées.
Dans les serres, il
est urgent de placer
des supports disposés
de façon que les fils
de fer destinés aux
plantes soient à envi-
ron 20 centimètres du
vitrage. Plus rapprochés, les fleurs et
même le feuillage s’abîment et sont souvent
brûlés, surtout s’ils touchent aux carreaux.
Nous avons vu perdre des floraisons entières
de Kennedya par une mauvaise disposition
des supports.
Un cordon aux fermes, et deux ou trois
en travers, permettent déjà de cultiver
quelques plantes, sans nuire à la disposition
générale, ni même à la végétation des
autres plantes placées à l’intérieur.
Des cordons de Kennedya ovata, Fred-
woodi et surtout Maryaitæ^ fleurissent
parfaitement dans ces conditions, mais en
pleine terre. Nous en avons vu, plantés
dans une bâche à fond de tuiles, comme on
les fait maintenant, n’ayant pas plus de
8 centimètres d’épaisseur de terre, et dont
la végétation ne laissait rien à désirer; ceci
dit en vue des objec-
tions qu’on pourrait
élever contre les diffi-
cultés de la plantation .
Il n’est pas' jusqu’à
des Fuchsias, qui,
plantés et disposés de
la même façon, n’y
deviennent magnifi-
ques. Pour ceux-ci,
leurs fleurs pendantes
doivent faire préférer
cette disposition, qui
les présente bien
mieux à l’œil.
C’est également
dans ces conditions
que l’on peut jouir
des fleurs des Lapa-
geria, plantes des plus jolies, mais en-
core rares chez nous. Ces plantes ne nous
paraissent délicates que par suite de leur
culture en vases trop étroits. La pleine
terre dans une serre à Camellias, et assez
près de la lumière, nous semble plus ra-
tionnelle, en y employant des plantes bien
établies, c’est-à-dire déjà faites.
Jules Batise.
VRIESEA BARILLETI
Cette espèce, connue en Belgique sous le
nom de V. Eumorpha, et qui, à la dernière
exposition d’horticulture, aux Champs-
Elysées, était encore nouvelle, figurait dans
un lot de M. Chantin. Elle est originaire de
la République de l’Équateur, a été décrite
et figurée par M. Ed. Morren, dans la Bel-
gique horticole, 1883, p. 33. Elle a fleuri
pour la première fois dans les serres du
savant professeur de botanique de Liège, en
mai 1882. Voici sa description, l. c. :
« Plante de dimensions moyennes pour
le genre, à drageons très-rapprochés et peu
nombreux. Rosace ample (50 centimètres
de haut sur 70-80 centimètres de large)
gracieuse, en entonnoir lâche, et formée de
20 à 25 feuilles :
(c Feuilles coriaces, minces, ascendantes,
arquées, longues (jusqu’à 55 centimètres),
très-lisses, luisantes, vert très-clair sur les
deux faces , très -légèrement marbrées et
marquées de stries minces, vermiculaires,
courtes, transversales et de couleur verte un
peu plus foncée. La gaine est largement
ovale, assez longue (12-15 centimètres), large
(8 centimètres^ convexe, parfois un peu
POMME REINETTE VERTE D’ AUTRICHE.
395
blanchâtre, se rétrécissant dans la lame en
forme de courroie, large (045-055 millimè-
tres), canaliculée, les bords parfois finement
lisérés de rouge et s’atténuant brusquement
à l’extrémité, qui peut être marbrée de rouge
brun et pointue; parfois aussi légèrement
nuancée de rouge à la face inférieure.
(( L’inflorescence est dressée au-dessus
du feuillage (jusqu’à 60-70 centimètres).
Hampe droite, raide, cylindrique, épaisse
(007 millimètres), ferme, à nœuds rappro-
chés (environ 02 centimètres), portant cha-
cun, dans un ordre spiral, une bractée
dressée, involutée, plus longue que l’entre-
nœud, ovale, bientôt acuminée, lisse, rouge
brun pendant la floraison et verte plus tard.
« Épi simple, s’allongeant beaucoup
(25 centimètres et plus), multiflore, anci-
pité, large (07 centimètres) et relativement
épais (015-018 millimètres). 11 comporte un
grand nombre de bractées (ici jusqu’à
46 centimètres), distiques, très-rapprochées,
équitantes, presque horizontales, longues
(04 centimètres), très-large (05 centimètres),
condupliquées, naviculaires, terminées par
une carène étroite et un bec aigu. Elles
sont enfin un peu cartilagineuses, minces,
lisses, vert jaunâtre, un peu rouges près de
leur insertion et pointillées par des milliers
de ponctuations rouge foncé sur toute leur
surface extérieure, saut une bandelette
marginale (002 millimètres) qui est lisse et
jaune.
(( Fleur solitaire à l’aisselle de chaque
bractée qu’elle dépasse un peu, assez longue
(06 centimètres), sessile et légèrement ar-
quée. Sépales un peu cartilagineux, ligulés,
lancéolés, longs (035 millimètres), larges
(01 centimètre), atteignant les deux tiers de
la corolle, lisses, jaune citron. Pétales plus
longs (045 millimètres), disposés en tube un
peu arqué avec le limbe à peine étalé et
quelque peu irrégulier, en forme de ban-
delette, à sommet obtus, un peu échancré,
de couleur jaune et pourvus à leur base de
deux écailles semi-adhérentes, ovoïdes, en-
tières ou un peu crénelées. Étamines adhé-
rentes à la base des pétales (par 1, 2 et
3 centimètres), que les filets dépassent un
peu (002 millimètres) ; anthères sub-basi-
fixes, droites, allongées (008 millimètres).
Style un peu plus long et terminé par un
large stigmate à 3 lobes étalés et papilleux.
Ovaire lisse. Ovules nombreux brièvement
appendiculés à la chalaze. Capsule de la
longueur des sépales (035 millimètres), voi-
lée dans la bractée persistante.
« Graines nombreuses, ascendantes, sur-
montées d’un minuscule appendice chala-
zien et supportées par un long funicule qui,
à la dissémination, s’étale comme un pappe
en parachute, d
Dans un alinéa précédant la description
que nous venons de rapporter, M. Morren
fait de , cette plante le portrait imagé que
voici :
« Le Vriesea Barilleti atteint environ
70 centimètres de haut. Ses feuilles, très-
luisantes, et d’une charmante nuance, sont
disposées en une élégante corbeille d’où
sort l’inflorescence. L’épi, d’abord très-
court, ressemble à la crécelle d’un crotale ;
il s’allonge successivement, et de nouvelles
bractées semblent sortir des premières ve-
nues ; il atteint ainsi jusque 30 centimètres,
et, dans cet état, il rappelle par sa confor-
mation certains animaux du groupe des
Annélides connus sous le nom d’Eumolpe et
de Polynac. Les bractées de l’épi, bouffies
et en forme de proue de navire, ont les
bords étroitement serrés les uns contre les
autres. Chacune d’elles constitue ainsi un
réservoir, relativement très-vaste, que nous
avons toujours trouvé rempli d’eau pendant
le développement des boutons. Les fleurs
baignent dans cette eau comme des naïades.
L’épi présente assez bien la forme d’une
rame. Les bractées sont pointillées d’une
infinité de ponctuation brunes. Les fleurs
sont jaunes. »
L’aspect général herbacé de cette espèce
rappelle assez VÆchmea Weilbachi bien
qu’elle soit un peu plus dressée dans toutes
ses parties ; mais la plante en diffère com-
plètement par son inflorescence qui, portée
sur une hampe raide, est étroite, stricte-
ment dressée, d’un roux bronzé fortement
ferrugineux. E.-A. Carrière.
POMME REINETTE VERTE D’AUTRICHE
Sous ce nom, nous avons reçu, il y a une
vingtaine d’années environ, de M. le docteur
Alex. Lucas, pomologue, directeur de l’éta-
blissement agronomique de Reutlingen,
396
STENOMESSON HARTWEGII.
près Stuttgart (Wurtemberg), une variété
de Pomme dont je ne puis affirmer la va-
leur nominale, car malgré toute la confiance
que nous avons dans l’envoyeur, une erreur
de nom e>t bientôt faite; quoique M. Lucas
ait pris la précaution de nous envoyer,
écrite de sa main, la liste des variétés que
nous lui avions demandées. Depuis cette
époque, le temps a marché, et à l’heure
présente nous ne saurions trouver au-
cune trace de ce fruit ou du moins du nom
qu’il porte dans les ouvrages pomologiques
les plus complets que nous avons pu con-
sulter, bien différent en cela de certains
fruits dont on constate le passage avec ac-
compagnement de beaucoup de synonymes,
sous des noms divers, soit en Allemagne,
soit en Angleterre ou même en Amérique.
Celui-ci ne s’est pas encore révélé, pour
nous du moins, sous le nom qu’il porte,
ou même sous quelque autre auquel
on puisse rapporter ce fruit. Cependant il
nous paraît improbable qu’un fruit aussi
remarquable par sa qualité et sa longue con-
servation puisse être resté inaperçu. C’est
dans le but de le faire connaître que nous
en donnons aujourd’hui une description
sommaire.
Arbre vigoureux, rustique et assez fertile
en plein vent. Branches grosses et longues,
bien espacées, gris brunâtre ; rameaux forts
et longs, coudés et fïexueux dans leur jeu-
nesse, à écorce brun verdâtre, ponctuée de
lenticelles grises rares et proéminentes.
Yeux moyens, coniques, arrondis, appliqués
sur les rameaux, feuilles grandes et larges,
presque rondes sur le jeune bois, planes re-
pliées en dessous, brusquement acuminées,
d’un vert foncé, profondément dentées et
surdentées ; pétiole court, duveteux, vert
jaunâtre ; stipules courtes et spatulées.
Fruit gros ou assez gros, atteignant parfois
de 8 à 10 centimètres de hauteur sur autant
de diamètre, largement tronqué à .ses extré-
mités, ayant presque toujours un côté plus
gros que l’autre, relevé à sa surface, légère-
ment côtelé, inégalement bossué. Peau
fine et lisse, d’abord d’un vert clair, parse-
mée de taches ou points gris très-espacés à
la maturité qui a lieu fin de Vhiver et courant
du printemps et même plus tard. La peau
se lave de jaune mais partiellement et sur-
tout entre les côtes, ce qui donne à ce fruit
comme un aspect de Canada panaché.
Œil grand, entr’ouvert, à sépales larges et
courts, placé dans une cavité assez large et
profonde, sillonnée de rides. Quejie assez
forte, ligneuse, courte, presque à fleur du
fruit, entourée d’une large tache grise. Chair
fine, serrée tendre, blanc verdâtre, assez
sucrée, relevée d’un aigrelet agréable par-
ticulier aux Reinettes. Malgré que nous
n’ayons cultivé cette variété qu’en plein air,
nous conseillons de la greffer sur paradis,
sujet sur lequel la vigueur et la grosseur de
son fruit ne peuvent que gagner.
A l’époque ‘où nous faisons cette descrip-
tion (22 juin), nous constatons que la
Pomme Reinette verte d'Autriche n’a rien
perdu de ses qualités. Boisbunel.
STENOMESSON HARTWEGII
Cette jolie petite Amaryllidée est origi-
naire des hautes Cordillères des Andes. Je
l’ai rencontrée pour la première fois en
mai 1876, auprès du hameau d’Alché (Nou-
velle-Grenade) par 1® de latitude Nord.
L’altitude était de 3,000 mètres environ et
la température oscillait entre -j- 10 et 12 de-
grés. La plante croissait en abondance dans
cette région demi-froide, voisine des pa-
ramos brumeux, sur les lomas ou pentes
couvertes des graminées sèches apparte-
nant principalement au genre Deyeuxia
qui tapissent les contreforts du volcan de
Gumbal (1).
(1) "Voir ma relation de voyage dans le Tour du
Je retrouvai plus tard la même espèce
dans l’Écuador, sur les volcans du Pichin-
cha et du Chimborazo.
Le St. Hartwegii (2) que j’ai pu intro-
duire vivant en Europe et qui m’a fleuri
pour la première fois en serre froide à La-
croix (Indre-et-Loire), il y a deux ans, avait
été primitivement introduit par Hartweg,
qui le découvrit sur les pentes de l’Antisana
(Ecuador) près delà hacienda dellxo, à une
altitude de 3,600 mètres. La plante fleurit
d’abord en 1844 dans le jardin de la Société
Monde, 987* livr., pp. 356 et suiv., et 1169e Hvr.,
p. 349.
(2) Stenomesson Hartwegii, Lindley, Bot. Reg.,
1844, t. 42.
Hnni e /7o/‘lieole .
' G-odarcL, det
\
Ckf'orrwlxlhy. G- Severeyr^
I
397
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
royale d’horticulture de Londres, où le
docteur Lindley la fit peindre pour la publier
dans le Botanical Register. Depuis cette
époque, elle paraît s’être perdue dans les
collections, du moins toutes mes recherches
pour la retrouver ont été vaines.
C’est donc d’une réintroduction plutôt que
d’une introduction qu’il s’agit actuellement.
Description. — La plante est pourvue
d’un bulbe ovoïde, oblong et roux, d’où sor-
tent des feuilles ligulées, atténuées aux deux
extrémités, à sommet obtus, .glauques en
dessous et à côte médiane très-saillante, à
bords fortement révolutés. Les fleurs, que
nous avons toujours vu précéder les feuilles
malgré l’assertion contraire de Lindley (1),
sont supportées par des hampes cylin-
driques hautes de 15 à 25 centimètres, glau-
ques ; les ombelles sont bi (ou pluri) flores,
et les spathes plus courtes que les pédicelles,
accompagnent les périanthes d’un beau
rouge orangé vif, à lobes ovales dressés, à
étamines incluses aux anthères dorées, à
style saillant ; la couronne interne dé-
pourvue de dents, porteles filets des an-
thèresbi ou tridentés, à sinus entiers aigus.
Une autre espèce voisine de celle-ci, le
St. aurantiacum (2), découverte par Hum-
boldt et Bonpland, à Chillo, près de Quito,
a été retrouvée par Hartweg sur l’Antisana,
et croît aussi dans la province de Loja, à
2,700 mètres d’altitude. Elle se distingue
par quelques caractères, notamment par
les fleurs plus nombreuses sur la même
hampe et les spathes beaucoup plus longues
que les pédoncules, mais la végétation et la
couleur des fleurs sont les mêmes.
Le St. Hartwegii est une plante d’ama-
teur, d’un effet modeste qui peut être accen-
tué facilement en réunissant un certain
nombre de bulbes florifères dans une seule
potée. La culture en est facile. On le plante
dans un mélange de terre de bruyère et de
sable siliceux en proportions égales. Il
fleurit généralement en mars, et les feuilles
paraissent ensuite, souvent à la fin de la
floraison ou pendant qu’elle s’effectue. Il
lui faut, pendant la végétation, des arrose-
ments assez copieux qui devront cesser
quand les feuilles se flétrissent et meurent.
On tient les oignons au sec, dans les pots,
pendant quelques semaines d’hiver, en bonne
serre froide ou en serre tempérée froide.
Les exemplaires de Stenomesson Hart-
wegii que j’ai importés ont été cédés à
M. Godefroy- Lebeuf, horticulteur à Argen-
teuil près Paris, chez qui on pourra se pro-
curer l’espèce. Ed. André.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCK
SÉANCE DU 9 AOUT 1883
Apports. — Au comité de culture potagère
ont été présentés les objets suivants : Par
M. Berthaud, jardinier à Rungis (Seine), 1» des
Poireaux Carentan, très -beaux, énormes
même pour la saison ; 2o des Aubergines vio-
lettes dont les fruits excessivement gros sont
luisants, d’un noir très-foncé. — Par M. Gau-
tereau , des Bardanes améliorées du Japon
(Lappa edulis), provenant de graines semées
dans la première quinzaine d’avril et qui avarient
déjà acquis 40 centimètres de longueur sur 3
à 4 centimètres de diamètre. Ges racines,
simples, nues ou portant seulement quelques
radicelles, sont homogènes, cassantes, non
fibreuses. G’est, paraît-il, un légume à intro-
duire dans le potager ; ajoutons huit variétés de
Pommes de terre à peu près dépourvues d’in-
térêt. — Par M. Laurent, maraîcher, rue de
(1) FoUis synanthiis, Lindley, l. c.
(2) Stenomesson aurantiacum , Herb . Bot.
Reg., 1843, Mise, n® 90, p. 62; 1844, Mise., p. 25.
— Pancratium aurantiacum, H. B. K.
Lourmel, à Paris, deux magnifiques Choux-
fleurs remarquables par leur grosseur et sur-
tout par la blancheur et la finesse de leur
grain. — Par M. Chemin, maraîcher, quai
de la gare à Issy (Seine), 1» des Pommes de
terre de la variété Trophy, variété allongée,
rouge et aplatie rappelant aSsez exactement la
Pomme de terre Saucisse. Le lot présenté,
pesant 3 kilog. 500, provenait d’un seul tuber-
cule, ce qui démontre l’abondante production
de cette variété ; 2^ de très-beaux pieds d’une
variété de Céleri qu’il cultive depuis 6 ans
sous le nom de Céleri blanc. Cette sorte, dont
il est l’obtenteur, très-remarquable par une
couleur blanc jaunâtre dans toutes ses parties,
à l’exception de l’extrémité de ses feuilles qui
est verte, présente le très-grand avantage de
n’avoir pas besoin d’être blanchie, c’est-à-dire
soumise à l’étiolement ; il suffit de la planter
en pleine terre ainsi qu’on le fait de toutes les
autres variétés de Céleris. Bien que très-tendres
et d’un très-bon goût, les pétioles sont très-
398
GREFFE EN ÉCUSSON DE PIVOINES LIGNEUSES.
pleins et excessivement fermes. C’est donc une
variété qui mérite d’être propagée.
Au comité d'arboriculture, les objets sui-
vants ont été présentés : Par M. Eugène Girar-
din, cultivateur à Argenteuil, trois corbeilles
de Figues magnifiques des variétés Dauphine,
Blanche hâtive et Barbillonne. Celle-ci, rela-
tivement petite, est d’un violet foncé. On la dit
très-bonne. — Par M. Gustave Chevallier,
arboriculteur à Montreuil, des Pêches Belle de
Vitry, Grosse Mignonne hâtive, Early Rivers
qui étaient grosses et très-colorées; enfin des
fruits de la variété Early, qui, très-colorées,
rappelaient assez exactement par la forme, la
couleur et l’aspect général, ceux de la Pêche
Amsden, avec moins de qualité toutefois. Ces
fruits sont à chair adhérente au noyau. —
Par M. Aubrée, à Chatenay, des Pêches Early
Rivers, peu colorées et relativement petites. —
Par M. Bonniceau-Gesmon, juge d’instruction
au tribunal de la Seine, des fruits très-beaux et
excessivement colorés des variétés Mignonne
hâtive et Belle de Vitry. Enfin une collection
de Pommes hâtives qui avaient été envoyées de
Troyes, par MM. Baltet frères, comprenant les
variétés suivantes : Transparente blanche, de
Moisson, Sops of Wine, Astrakan, Sophie
Petot, Saint-Germain, Rose de Bohême, Iris
Peach, Baroivitsky et Rouge de lait, cette
dernière plus grosse que les autres. A l’excep-
tion de la Transparente blanche, toutes les
autres variétés étaient plus ou moins striées de
rouge.
Au comité de floriculture ont été présentés
par M. Tabar, de Sarcelles, des fleurs coupées
de Pétunias à grandes fleurs simples et doubles.
— Par M. Lequien, horticulteur à Glamart,
des fleurs coupées de Bégonias à fleurs doubles,
très-belles mais peu variées. — Par M. Delahaye,
marchand grainier, horticulteur, quai de la
Mégisserie, à Paris, de belles potées du Godetia
Bijou dont il est l’obtenteur. G’est une plante
très-naine, dressée, gazonnante, compacte,
très-floribonde, à fleurs blanches légèrement
maculées de rose vers la base de chaque pétale.
Elle est très-propré' à former des bordures. —
Par M. Fournier, horticulteur à Montreuil, trois
nouvelles variétés de Lis du Japon, paraissant
rentrer dans le groupe du Lilium auratum.
Elles étaient remarquables par les énormes
dimensions des fleurs; ce sont de très-belles et
vigoureuses plantes. — Enfin par M. Godefroy-
Lebeuf, horticulteur à Argenteuil, un apport
remarquable tant par le nombre que par l’im-
portance des sujets. C’était d’abord un fort
bouquet de Rosa Pissarti, espèce très-recom-
mandable pour la confection des bouquets bien
que ses fleurs soient à peu près simples ; elles
sont odorantes, d’un jaune soufre, disposées en
fortes panicules compactes ; les boutons, fort
bien faits, très-nombreux, sont subdressés,
d’un très-bel aspect et très-élégants, même
longtemps avant leur épanouissement ; ce qui
ajoute encore au mérite de cette plante, c’est
qu’elle fleurit continuellement. Gomme elle
provient de graines envoyées de Téhéran par
M. Pissart, on est autorisé à se demander
si ce ne serait pas une variété du Rosa
Pissarti dont la Revue horticole a donné
une description et une figure (1). Quoi qu’il en
soit, c’est une forme d’un grand mérite pour
la confection des bouquets. — M. Godefroy
présentait aussi un lot de Glaïeuls hybrides, des
Gladiolus Sundersi et Gandavensis (variétés).
Les fleurs de ces plantes, très-grandes et de
coloris variés, font espérer que bientôt il y aura
là un nouveau type qui viendra se placer à côté
des Glaïeuls perfectionnés, actuellement si
recherchés, et même peut-être lutter avec eux.
Dans tous les cas, ces nouvelles formes ne
sont pas à dédaigner. En plantes diverses,
rares ou nouvelles, M. Godefroy présentait les
suivantes : Cypripedium selligerum majus,
l’une des plus remarquables du groupe bar-
batum auquel elle appartient; Selenipedium
calurum, hybride des S. Sedeni et longi-
folium, magnifique plante à grandes et longues
feuilles distiques, à fleurs rappelant celles des
S. Sedeni pour la couleur, mais plus grandes;
les Statice helbrosa, à fleurs rouges, S. incana
à fleurs blanc rose f ces deux espèces sont naines,
rustiques, à inflorescences plates, très-larges;
enfin le Statice Japonica, plante vivace, rus-
tique, à tiges florales dressées atteignant 50 cen-
timètres et plus de hauteur, à fleurs nom-
breuses, d’un beau jaune clair. Gomme spé-
cimens, cet horticulteur présentait : 1» une
forte touffe (véritable buisson) de Veronica
subsessilis, plante vivace et rustique de pre-
mier mérite dont la Revue horticole a donné
une description et une figure (2) ; 2» une très-
forte touffe dTmpatiens Sultani, plante très-
floribonde appelée à jouer un important rôle
dans l’ornementation des serres chaudes ou
tempérées pendant la saison d’hiver, et des
massifs dehors pendant l’été.
GREFFE EN ÉCUSSON DE PIVOINES LIGNEUSES
D’après cette règle générale que l’on a
posée concernant l’opération du greffage :
« lorsqu’on met en contact des parties végé-
tales en voie de formation et qui ont entre
(1) Voir Revue horticole, 1880, p. 314.
(2) Voir Revue horticole, 1881, p. 270.
GREFFE EN ÉCUSSON DE PIVOINES LIGNEUSES.
399
elles certaines analogies organiques, elles
doivent s’unir d, il résulte qu’il n’y a pas de
limite absolue à établir et que la possibilité
ou l’impossibilité, qui du reste sont toujours
relatives, ne peuvent être démontrées que
par l’expérience. Aussi voit-on constam-
ment modifier les limites qu’on avait déter-
minées, et établir de nouveaux modes de
greffes. Celui dont nous allons parler et que
représente la figure 74, est dans ce cas, et
comme il nous paraît inédit et qu’il peut
rendre quelques services, nous avons jugé
utile de le faire connaître.
Du reste ce mode de greffage ne présente
rien de particulier en ce qui touche son exé-
cution ; c’est tout simplement une greffe en
écusson qui, au lieu d’être faite sur une
partie aérienne (branche ou tige), est placée
sur une partie souterraine. L’opération ne
présente non plus aucune difficulté. Une
seule condition paraît nécessaire : à savoir
que l’écorce de la partie qui sert de sujet
puisse se détacher, absolument comme
pour toutes les greffes en écusson. Quant à
l’époque, elle peut varier entre juillet et
septembre. Nous croyons pourtant qu’il
vaut mieux tôt que tard. Gomme l’écorce
des bourgeons de Pivoine est très-mince et
que les yeux sont au contraire excessive-
ment gros, il faut détacher ceux-ci avec un
peu de hois de manière à ne pas trop les
(( vider )>.
Les racines-sujets qu’il convient de pren-
dre sont celles de Pivoine de la Chine dites
albiflores ou comestibles {Pœonia albiftora,
sinensis ou edulis). Ce sont des racines de
ces sortes que nous employons. Celles des
autres espèces herbacées, notamment les
Pivoines officinales pourraient -elles être
employées avec les mêmes avantages? Le
fait nous paraît douteux.
Voici, du reste, comment nous opérons :
En juillet, quand la pousse des Pivoines
en arbre est terminée, nous arrachons des
racines des Pivoines énoncées ci-dessus,
que nous coupons par tronçons de 12 à
15 centimètres de longueur ; nous en in-
cisons l’écorce, et après avoir inséré dans
celle-ci un œil de Pivoine ligneuse, nous
ligaturons et l’opération est terminée.
Ainsi qu’on le voit, cette opération est
tout à fait la même que l’écusson ordinaire;
ensuite nous empotons la partie greffée et
plaçons le tout sous cloche pour faciliter
la reprise. Est-il indispensable de mettre
sous cloche, de placer les parties greffées
verticalement, de les enterrer complète-
ment ou vaut-il mieux laisser l’œil à dé-
couvert? Sur ces différentes questions nous
ne pouvons rien préciser. Nous croyons
cependant que les placer debout et plantées
près à près, à froid sous une cloche, en
enterrant légèrement la partie greffée, serait
le procédé le plus convenable. C’est, du
reste, celui qui nous a le mieux réussi, bien
que nous ayons aussi obtenu un résultat
passable en enterrant seulement la base
des tubercules de manière que fœil greffé
se trouve à l’air. Nous ne pouvons non plus
Fig. 74. — Greffe en écusson de Pivoine en arbre
sur une racine de Pivoine herbacée, de gran-
deur naturelle.
rien affirmer quant au masticage du greffon ;
est-il nécessaire? Ce que nous pouvons
dire, c’est que nous l’avons pratiqué. Nous
sommes pourtant • disposé à croire qu’en
raison du temps nécessaire au développe-
ment du greffon et des conditions dans les-
quelles la greffe est opérée le masticage ne
peut qu’être avantageux.
Cependant nous n’affirmons pas et nous
croyons que l’expérience seule peut indi-
quer ce qu’il y aura de plus avantageux à
faire. Ce que nous avons voulu, c’est faire
connaître une nouvelle application d’une
vieille greffe, et les résultats qu’elle nous a
donnés. E.-A Carrière.
400
LEUCÂNTHEMUM LACUSTRE. — LE JARDIN D’ACCLIMATATION D’HYÈRES.
LEUCANTHEMUM LACUSTRE
Encore une de ces vieilles plantes qui
après avoir été pendant longtemps mécon-
nue et reléguée dans les écoles de bo-
tanique, vient d’être admise comme plante
d’ornement. Et c’est avec raison, car son
port et surtout la beauté de ses fleurs,
qui sont très-grandes et
d’un blanc pur, la rendent
très-propre à la décoration
des plates-bandes où elle
fleurit pendant une partie
de l’été. Son port et son
aspect général rappellent
assez le Chrysanthemum
frutescens, bien* que la
plante s’en distingue très-
nettement par ses feuilles
plus entières et plus épais-
ses, et surtout par ses
fleurs qui sont considé-
rablement plus grandes.
En voici une courte description :
Tige robuste, dressée, ramifiée. Feuilles
sessiles, glabres, épaisses, charnues, d’un
vert gai ; les caulinaires subamplexicaules,
longuement ovales, irrégulièrement den-
telées. Inflorescence (capitule, vulgaire-
ment fleur) terminale, un peu concave,
rappelant celle du Chrysanthème des prés
( Chrysanthemum Leucanthemum , L .
Leucanthemum vulyare, Lam.) Pédon-
cules longs, dressés, raides. Involucre évasé,
à écailles fortes, imbriquées, comme sca-
rieuses. Les demi-fleurons
qui entourent l’inflores-
cence sont longs, bi ou
tridentés, d’un blanc très-
pur qui contraste très-
agréablement avec les
fleurons centraux qui, par
les anthères, sont d’un
beau jaune.
Au L. lacustre (fig. 75),
dont on ne saurait trop
recommander la culture,
j’engage à joindre le Chry-
santhème des prés (L.
vulgare), plante vivace,
très-floribonde, qui, sans aucun soin, forme
d’énormes touffes qui se couvrent de fleurs
chaque année. Coupées et mises dans l’eau,
les fleurs se conservent longtemps.
May.
Fig. 75. — Leucanthemum lacustre.
LE JARDIN D’ACCLIMATATION D’HYBRES
De nouveaux jardins se créent chaque
jour sur notre littoral méditerranéen. Le
mouvement horticole s’accentue, les ama-
teurs augmentent, la fabrication et l’appro-
visionnement ordinaires ne suffisent plus;
il y a pénurie chez les fournisseurs pour
les plantations nouvelles ou la transforma-
tion des .anciennes. La flore ornementale
d’il y a trente ans s’est augmentée d’une
profusion d’espèces qui meublent aujour-
d’hui les résidences de luxe édifiées sur la
côte, par centaines, de Toulon à Hyères,
Cannes, Golfe Juan, Antibes, Nice, Menton
et Gênes, en passant par toutes les stations
hivernales intermédiaires. Pour subvenir
aux besoins d’une si grande consommation,
on a vu des établissements d’horticulture se
fonder et se comporter avec des fortunes
fort diverses, les uns prospérant, les autres
comptant une durée plus ou moins pro-
longée, suivant l’intelligence, l’habileté,
l’esprit d’ordre et les ressources pécuniaires
des cultivateurs. A leur tour, quelques
amateurs n’ont pas dédaigné de se faire
producteurs et marchands. Il est devenu de
mode, parmi les gens du monde, de se
connaître en plantes comme on se connaît
en tableaux ou en faïences anciennes. L’art
du « bibelot >»'a englobé l’horticulture de
luxe, et il est du dernier goût, depuis
quelques années, d’être au courant des
nouveautés, de les guetter dès leur arrivée,
de les acheter à haut prix et, s’il est pos -
sible, de les revendre plus cher. Tel pro-
priétaire, qui a besoin de trois Cocotiers
pour faire un groupe, en plantera trente,
avec l’intention d’en revendre vingt-sept au
bout de quelques années, avec un beau
bénéfice, en laissant en place les trois plus
beaux. Il n’y a rien là que de légitime, et
LE JARDIN d’acclimatation D’hYÈRES.
401
si quelques-uns des nouveaux venus ont
laissé des illusions dans ce mirage décevant
de fortune horticole, ils ne peuvent s’en
prendre qu’à eux-mêmes s’ils n’ont pu
atteindre le succès durable qui est le privi-
lège des exploitations professionnelles et
d’une longue expérience.
Malgré ces nombreuses sources de pro-
duction, les plantes manquent le plus sou-
vent pour les plantations nouvelles, quand
il s’agit de créer un jardin sur le littoral.
Nous en avons fait la cruelle épreuve.
Faute des arbres et arbustes qu’on désirerait
acquérir, et dont les pépinières sont géné
râlement dépourvues dès les premiers mois
de la saison d’hiver, on en est réduit à
planter des sujets trop faibles, mal venus,
incapables de fournir une bonne végé-
tation et de résister aux grands vents, aux
alternatives brusques du froid et de la cha-
leur dans ces contrées. Tous ceux qui ont
eu à diriger des travaux de ce genre dans
le Midi, savent quels regrets cette pénurie
fait naître, et quels fâcheux résultats on
obtient généralement dans les premières
plantations, faute de ressources végétales
suffisantes. Les pépinières marchandes
étant rapidement vidées, il faut se rabattre
sur les jeunes semis ou des plantes de qua-
lité inférieure, sans qu’il soit possible
d’étendre bien loin les recherches, puisque
la flore de plein air se recrute parmi des
espèces qui seraient incultivables dans le
Nord.
Il était donc désirable de voir un ou plu-
sieurs grands établissements ' se former,
dans le but de produire beaucoup et à bon
marché, de centraliser, en quelque sorte,
les végétaux cultivables sur le littoral, et
d’offrir un grand choix aux planteurs de
jardins.
Un de ces établissements existe aujour-
d’hui à Hyères. Nous l’avons visité au prin-
temps dernier avec le plus vif intérêt, et
nous venons le signaler à nos lecteurs, dont
un grand nombre d’ailleurs le connaissent
déjà.
Nous voulons parler du Jardin d’acclima-
tion de Hyères (Var).
Avant de le décrire et d’en énumérer les
principales cultures, il convient d’en esquis-
ser rapidement l’historique et d’indiquer le
but que se sont proposé ses fondateurs et
ses continuateurs.
Un riche propriétaire, M. Riquier, avait
légué par testament, à la ville d’Hyères, un
terrain de six hectares, à la charge d’y
établir une promenade publique, et, autant
que possible, un Jardin d’acclimatation. La
municipalité, mise en possession du legs en
janvier 1869, fit dessiner un beau parc qui
fut terminé en 1871. A la place des cultures
maraîchères, se dessinèrent de gracieux
mouvements de terrain, des eaux serpen-
tantes, des massifs d’arbres et d’arbustes
exotiques.
L’année suivante, en 1872, un arrange-
ment intervint entre la ville et la Société du
Jardin zoologique d’acclimatation de Paris,
qui se chargea de l’entretien du parc
d’Hyères, à charge de le laisser ouvert au
public et de le peupler d’animaux d’orne-
ment et de plantes de choix, tout en l’exploi-
tant commercialement. La Société tint libé-
ralement ses promesses. Les plantations à
feuilles caduques furent remplacées par des
essences à feuilles persistantes qui firent
du jardin-succursale d’Hyères un lieu de
promenade vert en toute saison, et fort
apprécié des nombreux étrangers hivernant
dans ces parages.
Tous les visiteurs du Midi connaissent
cet endroit charmant, situé à quelques mi-
nutes du centre de la ville, et qui se trouve
limité au sud par la rivière le Roubaud, au
sud-est par le chemin des Peschiers, et sur
les autres côtés, par les cultures maraî-
chères de la plaine. On y accède par trois
portes, dont la principale, dite des Pal-
miers, donne sur un hémicycle, le long du
boulevard de la gare à la ville ; la seconde
s’ouvre sur une avenue curviligne de beaux
Eucalyptus^ et la troisième, dite des Bam-
bous, sur le chemin des Peschiers. Depuis
dix ans, les végétaux y ont rapidement pro-
gressé, sous l’influence de ce beau climat,
d’un riche sol d’alluvion et des eaux souter-
raines. Sans parler des grands Eucalyptus
que nous citions tout à l’heure, nous avons
constaté que les groupes et les massifs, tous
bien étiquetés, contiennent un choix de
beaux exemplaires parmi lesquels les es-
pèces rares ne manquent pas. La collection
des Bambous y est fort riche, bien déter-
minée, et les caractères distinctifs, si diffi-
ciles à saisir d’ordinaire sur ces Graminées
ornementales, peuvent y être étudiés à
loisir par les spécialistes. Sur un monticule
formé par les terres extraites du lac ou
s’ébattent de jolis Palmipèdes étrangers, de
402
LE JARDIN d’acclimatation D’HYÈRES.
nombreuses espèces d’ Agaves prospèrent et
fleurissent. Le long des allées sont rangés
de précieux spécimens de plantes rares,
parmi lesquelles nous avons constaté la pré-
sence de beaux Xanthorrhœa hastilis, du
Brahea Roezlii, d’une collection de Cha-
mœrops, du Yucca haccata en fleurs, des
Kakis variés de la collection de M. Du-
pont (1878), et surtout d’une nouveauté
hors ligne. Il s’agit d’un nouveau Yucca à
fleurs d’un beau violet, variété inédite du
y. Whipplei, que nous avons décrite et
fait peindre pour la Revue horticole.
Des cultures commerciales remplissent
les carrés réguliers du jardin ; des abris,
des serres, dont nous parlerons tout à
l’heure, sont abondamment remplis de plan-
tes bien traitées.
Mais le Jardin d’acclimatation d’Hyères,
dont le public horticole marchand et ama-
teur commençait à prendre le chemin en y
trouvant des cultures bien soignées, était
trop à l’étroit dans la ceinture élégante qu’il
s’était faite. Les débouchés croissants appe-
laient une plus grande production. Aussi,
dès l’année dernière, l’établissement entra
dans une voie nouvelle. De vastes terrains
furent acquis dans d’excellentes conditions,
et bientôt les champs affectés à l’exploita-
tion s’étendirent sur une surface de vingt
hectares et demi.
Tout auprès de la gare, dans le terrain
dit le Gros-Pin, sept hectares furent plantés
de Palmiers et de plantes diverses, pourvus
de 540 châssis et d’abris^en roseaux qui ne
couvrent pas moins de treize mille mètres
superficiels. Sur le sol même du Jardin
d’acclimatation, 13 serres occupent une
surface de mille mètres. Nous y avons vu
de grandes quantités de Palmiers, de nom-
breuses Cactées bien nommées, des FoU”-
gères en arbre d’Australie, 1,500 Cycas
Siamensis, de longues rangées de Kentia,
Cocos, Phœnix, Areca, Chamœrops, etc.,
destinés à la pleine terre ou préparés pour
l’expédition et la vente à Paris. De Gochin-
chine avait été reçue une riche collection
d’Orchidées où nous avons noté le rare et
beau Aerides Houlletianum, le nouveau
Calanthe Regnieri, des Phalænopsis Es-
meralda, ‘Saccolabium et Dendrobium
variés, sans compter quelques nouveautés
intéressantes. Huits cents espèces de graines
récemment arrivées d’Australie étaient en
germination.
Le département des semis était à lui seul
d’une importance capitale. Nous y avons
remarqué 60,000 Corypha Australie,
50,000 Phœnix Canariensis, d’innom-
brables Kentia, Areca, Seaforthia, Cha-
mœrops, Latania, Phoenix rupicola, re-
clinata, sylvestris, Araliacées, Dasylirions,
Agaves, etc., etc.
Dans la première annexe en face du
jardin principal, des champs s’étalent, cou-
verts de Pritchardias, de Dracénas {D.
indivisa et lineata), Phormiums, Fusains
verts. Yuccas, Bambous, Dasylirions, etc.
Sous les abris clayonnés de l’annexe du
Gros-Pin, qui couvrent près d’un hectare
et demi, d’interminables groupes se des-
sinent, sains, verts, bien portants, et se
recrutent principalement parmi les Chamce-
dorea elegans, C. excelsa, Corypha aus-
tralis, Phœnix reclinata, Arèca Baueri,
A. monostachya, A. sapida, Chamœrops
excelsa, Rhapis, etc., de la famille des
Palmiers. Dans les autres genres, les plus
grandes quantités sont représentées par les
espèces suivantes : Olivia miniata, Arau-
caria excelsa, Aspidistra elatior, Pteris
tremula. Asplénium variés, Cyrtomium
falcatum, Phormium variés, Camellia,
Strelitzia divers, etc.
Les terrains que nous venons de voir
sont frais et bien arrosés. Pour les cultures
qui ne craignent point les sécheresses de la
Provence, par exemple certains Palmiers,
les Rosiers, les plantes à tiges succulentes,
on a installé des pépinières spéciales de
trois hectares, sur un lieu élevé dit la
Colline, où elles sont traitées sans aucun
arrosement.
L’annexe nommée le Ceinturon (trois
hectares) a été établie dans une tout autre
situation, sur les dunes mêmes de la plage.
Des plantations expérimentales de la Flore
australienne y ont été faites et les Eucalyptus,
Casuarina, Acacia, etc., installés depuis
six ans au prix de persévérants efforts,
sont déjà en bonne voie. Le jardin d’Hyères
aura bientôt créé ainsi un groupe forestier
du plus sérieux intérêt, sur des sables jadis
dénudés et absolument impropres à la
culture.
Pour obtenir la correction dans les déter-
minations, trouver des éléments de compa*
raison et étudier sous tous leurs aspects les
plantes rares ou nouvelles introductions qui
formeront une des spécialités du jardin
CORRESPONDANCE.
403
d’Hyères, des écoles ont été plantées en
bordure des grandes allées de tout l’éta-
blissement, surtout dans l’annexe du Gros-
Pin. Nous y avons trouvé avec grand intérêt,
en plein air, des espèces peu communes
que nous nous proposons de revoir à l’occa-
sion, telles que : Fagus Kuhi, Daphni-
phyllum glaucescens, Brachyglottis de-
candra , Othera Japonica , Coprosma
Stoki, Myrsine undulata, Castanosper-
mum australe J etc., etc.
Enfin, pour compléter' le cercle de ses
opérations par une action qui relève de la
science horticole et de la philanthropie à la
fois, la Société a pris à sa charge l’entretien
d’un enclos, autrefois propriété particulière
aimée des-Hyérois et des promeneurs étran-
gers, le célèbre jardin Denys, situé au mi-
lieu de la ville et qui devient un square
public très-apprécié.
Un tel établissement situé dans un des
plus beaux sites du Midi, aü sein d’un déli-
cieux climat, par des Français, avec des capi-
taux français, est destiné à un grand avenir.
Il fournira aux horticulteurs, amateurs, aux
dessinateurs de jardins de la région médi-
terranéenne, au commerce parisien, d’abon-
dants approvisionnements de végétaux, sans
perdre de vue l’intérêt scientifique et le
maintien des collections de types,- que des
écoles bien installées et sans cesse aug-
mentées, accentueront encore.
Ces résultats sont dus à l’initiative, à
l’expérience et au talent d’organisateur de
M. A. Geoffroy Saint-Hilaire, directeur du
Jardin d’aclimatation de Paris, qui a con- '
sacré les soins les plus persévérants à la
création et au développement de l’établisse-
ment d’Hyères. Il est secondé avec dévoû-
ment par le chef de service, M. Davrillon,
que nous avons vu à l’œuvre. Nous pou-
vons donc prédire à celte œuvre des succès
bien mérités, que la Revue enregistrera
avec sympathie et auquel elle sera heu-
reuse d’applaudir. Ed. André.
COMESPONDANGB
M>* E. R., à Dordogne. — Le Crinodendron
Hookerianum décrit dans le numéro du
Ier août de la Revue horticole, p. 341, est en
vente chez MM. Veitch, horticulteurs à Ghelsea,
Londres : il appartient à la famille des Éléo-
carpées
Mr B., à Rennes. — Le Lamium mcicu-
latum aureum, assez répandu en Angleterre,
est, en effet, peu connu en France. Mais nous
pensons que vous le trouveriez facilement en
vous adressant à M. Yvon, horticulteur, 44,
route de Ghâtillon, à Vanves-Paris, qui vous
le procurera s’il ne le possède pas lui-même.
Mr le comte de G. (Haute-Garonne). —
Quelques renseignements demandés, et non
encore reçus, nous obligent à différer encore
notre réponse sur la question des Bambous
jusqu’à un prochain numéro de la Revue hor-
ticole.
Mr S. M. M. (Haute-Marne). — La destruc-
tion de riierbe à l’aide de l’acide sulfurique
exige quelques précautions particulières. Voici
les principales :
lo Mettre un gramme d’acide sulfurique par
litre d’eau, puis arroser les herbes à détruire
avec ce mélange.
2» La préparation de ce mélange exige cer-
taines précautions. D’abord : ne verser l’acide
sulfurique que goutte à goutte dans l’eau et
remuer avec un bâton pour opérer le mélange ;
mais ne pas faire Vinverse, c’est-à-dire verser
l’eau dans l’acide sulfurique parce qu’alors il
se produirait une vive effervescence, et l’opéra-
teur pourrait se trouver plus ou moins brûlé ;
ses vêtements même en seraient également
plus ou moins altérés.
3° Quant au mélange, il devra être fait dans
des vases en terre, en verre, en cuivre ou en
bois.
4o Toute autre substance que l’acide sulfu-
rique susceptible d’attaquer les matières végé-
tales pourrait être employée ; mais l’acide en
question paraît devoir être le plus écono-
mique.
Il est bien entendu que l’emploi de la prépa-
ration sus-indiquée ne devra se faire que sur
des sols non cultivés, soit dans des cours,
pavées ou non, soit dans tout autre endroit où
il ne se trouverait pas de plantes à ménager.
Ml’ L. L. (Gers). — Nous ne savons pas
s’il existe aucun moyen spécial de détruire les
lézards qui attaquent les fruits, autrement que
de leur faire une chasse directe par un moyen
quelconque. Ge que nous avons très-fréquem-
ment vu, c’est de trouver de ces reptiles dans
les vases placés, cà et là, le long des murs
d’espaliers, dans lesquels on a mis des liquides
sucrés pour prendre les mouches. Sont-ils
attirés par ces liquides ou par la fermentation
qu’ils développent, ou bien est-ce pour aller
manger les mouches entrées dans ces vases
pour butiner, que ces lézards ont trouvé la
404 TAILLE A FRUIT DES VIGNES REBELLES.
mort ? Cette dernière hypothèse nous parait être
la plus probable.
Quoi qu’il en soit, on pourrait essayer ce
dernier moyen, et pour cela mettre dans des
bouteilles quelques mouches vivantes qui,
retenues par des matières sucrées, reste-
raient, et alors serviraient d’appâts. Ce se-
“ CULTURÉ DES ORCHIDÉES AU SOLEIL.
raient des sortes « d’appelants ». Il va de
soi que les vases employés dans ces circons-
tances doivent être relativement longs et avoir
l’ouverture étroite, de manière qu’une fois
entrés les animaux ne puissent en sortir : des
bouteilles ou des flacons en verre sont ce
qu’il y a de mieux.
TAILLE A FRUIT DES VIGNES REBELLES
Parmi les très-nombreuses variétés de
Vignes que l’on possède, si toutes ont à peu
près la même rusticité, il en est autrement
de la végétation ; outre la vigueur et les
caractères physiques, feuilles, fruits, etc.,
qui présentent souvent des différences con-
sidérables, il y a l’organisation, pour-
rait-on dire, qui fait que les unes sont
très-fertiles tandis que les autres donnent
très-peu de fruits (je ne parle ni de la
nature ni des caractères de ceux-ci). Une
particularité importante et dont il faut
tenir un très-^grand compte dans la cul-
ture, est la hauteur où se développent les
raisins sur les sarments, laquelle est souvent
différente. En effet, tandis que dans cer-
taines variétés les « bourres », sont infé-
rieures, tout à fait à la base des sarments,
des grappes, il en est d’autres chez les-
quelles il n’y a de grappes que dans les
bourres qui avoisinent le sommet des sar-
ments; il faut donc traiter ces Vignes d’une
manière différente si l’on veut récolter du
Raisin des unes et des autres.
Les différents ouvrages d’arboriculture
indiquent bien quelques différences à faire
dans la taille de la Vigne suivant la nature
des cépages ; mais ces indications, toujours
vagues, sont insuffisantes ; on dit, par
exemple, de .tailler les coursonnes de telle
variété à 2, 3, 4, 5 ou 6 ce bourres »; mais
cela, je le répète, n’est pas suffisant, puisque
il n’.y a parfois de grappes que vers l’ex-
trémité des sarments, et qu’à 4 ou même
à 6 « bourres > elles ne produisent pas de
grappes. Un moyen des plus simples et des
plus faciles d’éviter ce grave inconvénient,
consiste à tailler très-long et même à ne
tailler que lorsqu’on distingue les grappes,
de manière à s’assurer du nombre dont on
a besoin. Dans ce cas, il faudrait surveiller
avec soin le développement des bourgeons,
pincer sévèrement ceux qui surmontent les
grappes et en faire autant pour ceux qui sont
au-dessous, de manière à faire développer
fortement le ou les bourgeons inférieurs
qui serviront de branches de remplacement
et sur lesquels on effectuera la taille sui-
vante.
Ce procédé est non seulement certain et
avantageux quant aux résultats, mais il a
cet autre avantage d’être d’une application
à la portée de tous. Du reste, il est l’analogue
de celui qu’on applique au Pêcher. Pour
celui-ci, en effet, que fait-on lors de la taille?
On va, comme l’on dit dans la pratique,
(( chercher le fruit là où il est », sauf à ra-
battre si le fruit ne noue pas, et, dans le
cas où celui-ci est assuré, on pince, ou on
enlève tous les bourgeons placés au-dessous
des fruits afin de protéger et de favoriser la
branche de remplacement. »
Le mode de taille dont je parle, je l’ai
pratiqué pendant longtemps sur des Vignes
peu fertiles et toujours j’en ai obtenu de
bons résultats, ce qui m’engage à le recom-
mander. May.
CULTURE DES ORCHIDÉES AU SOLEIL
La culture des Orchidées prend une telle
faveur, non seulement en Angleterre et en
Belgique, mais aussi en France depuis
quelque temps, que l’on ne saurait trop se
préoccuper des procédés de simplification
qui la rendront accessible à tout le monde.
C’est pour cette raison que nous donnons
ici les préceptes qui suivent, extraits d’un
travail récemment publié par le Gardeners’
Chronicle et indiquant comment on a pu
transformer facilement une serre ordinaire,
à Vignes, en serre à Orchidées, où ces plantes
CULTURE DES ORCHIDÉES AU SOLEIL.
405
sont cultivées excellemment en pleine lu-
mière, contrairement à ce que l’on pratique
le plus souvent.
Une grande serre, anciennement garnie
de Vignes en pots, est aujourd’hui consacrée
à la culture des Orchidées, qui y sont réunies
au nombre d’un mille environ, et qui toutes
sont dans des conditions surprenantes de
bonne végétation. A chaque saison, de nou-
velles espèces y sont placées, pour subir
Tessai de la culture sans ombre.
V Epidendriim vitellinum est actuelle-
ment à l’essai, et semble supporter l’exposi-
tion complète au soleil sans qu’il en résulte
pour lui aucun mauvais effet.
Les nombreuses espèces du genre Bar-
keria qui sont cultivées dans cette serre
présentent une vigueur et une beauté qu’on
ne. leur a peut-être jamais vues, si ce n’est
dans leur pays natal. Ces plantes sont là
depuis trois et quatre années.
Plusieurs Barkeria Skinneri, importés
seulement l’année dernière, ont produit cette
saison une végétation double de celle que
nous avions pu remarquer jusque là. Ces
plantes si jolies, mais habituellement d’une
culture si difficile, ne présentent aucun des
signes d’affaiblissement que l’on remarque
habituellement après qu’elles ont été culti-
vées pendant un certain temps.
VOncidium Lanceanum, autre espèce
délicate, souvent aussi affectée du blanc,
mais qui est des plus jolies et des plus dis-
tinctes quand elle se trouve dans de bonnes
conditions, est ici tout à fait acclimatée, et
produit des feuilles d’une épaisseur et d’une
largeur inaccoutumées.
Tous les Dendrobium aux feuilles les
pluscharnues, réussissent en pleine lumière,
tout particulièrement le D. formosum. Par-
mi les Epidendrum, le charmant E.nemo-
rale y croît dans la perfection. Une quantité
assez considérable de plantes sont disposées
sur une étagère latérale de la serre et pro-
duisent des tiges florales aussi serrées les
unes contre les autres que les scions d’un
Saule que l’on rabat chaque année.
Les Vanda teres, Y. cœrulea^ Saccola-
hium Blumei, S. giganteum, s’accom-
modent fort bien de la culture au soleil ;
mais c’est parmi la grande et belle famille
des Cattleya et des Lœlia leurs alliés, que
ce traitement produit les effets les plus sur-
prenants. Les C. Skinneri, Leopoldi, Men-
deli, Mo$siçe, Warneri, Gigas, et Gigas
Sanderiana, Gaskelliana et Trianæ, sont
nombreux et la végétation qu’ils acquièrent
établit avec certitude que non seulement ils
sont en vigoureuse santé, mais, ce qui est
aussi important, qu’ils se préparent pour
l’avenir une grande robusticité.
Un des résultats les plus remarquables de
cette vigueur, est la longue durée des fleurs.
Ainsi, les fleurs du Cattleya Trianœ res-
tent sans faner le double du temps ordi-
naire. C’est l’observation de ce fait qui a
motivé les premiers essais sérieux de ce
genre de culture.
Il est bien entendu que toutes les Orchi-
dées ne peuvent être soumises indistincte-
ment à ce traitement.
Celles-là même à qui il convient le mieux
devront y être amenées graduellement, et
l’on conçoit sans peine que des plantes éle-
vées dans une serre sans air et obscure,
aient acquis un tissu spongieux qui ne sup-
porterait pas sans inconvénient la brusque
exposition en plein soleil.
La réduction graduelle de l’ombrage,
ainsi^que l’augmentation successive de l’air
pendant’^un été ^ ou même deux, sont néces-
saires pour amener les plantes au degré
voulu de résistance.
Certaines espèces demandent à être légè-
rement ombrées en plein midi, lorsque le
soleil est très-ardent, et surtout dans les
serres qui, dans le sens de leur longueur,
sont orientées de l’est à l’ouest. Ces espèces
devront être placées de préférence, s’il est
possible, dans des serres orientées du nord
au midi, et on les placera de manière qu’au
moment de la plus forte chaleur, elles soient
momentanément abritées par l’ombre pro-
duite par les chevrons, galeries, barres, etc.,
faisant partie de la charpente de la serre.
Aux espèces que nous avons citées plus
haut comme réussissant le mieux, il con-
vient d’ ajouter leSof^miia macranthanana,
Lœlia ancepSy L. autumnalis, L. maialis,
Dendrobium infundibulum , Cœlogyne
cristata, et bien d’autres.
Les feuilles des Orchidées cultivées sans
ombrage sont un peu plus pâles que celles
des plantes non soumises à ce traitement;
mais leurs bulbes et leurs feuilles ont une
solidité, une consistance qui témoigne de
leur robuste constitution.
Une conséquence qui dérive naturelle-
ment de la non obstruction des rayons du
soleil est (|ue les plantes demandent plus
406
NÉCESSITÉ DES CARACTÈRES POUR DISTINGUER LES PÊCHERS.
d’eau, non seulement par suite de l’influence
desséchante du milieu dans lequel leurs
racines sont placées, mais également parce
qu’une plus grande vigueur fournie aux Or-
chidées produit chez elles une dépense
beaucoup plus grande, et cette vigueur
amène ce résultat, que les jeunes pousses
et les racines ne craignent aucunement le
contact de l’eau.
Ce point a une grande importance, car
chacun sait que lorsque l’on peut arro-
ser les végétaux abondamment , a: à
la pomme, » suivant^ l’expression usitée,
c’est le meilleur moyen de les tenir à
l’abri de l’invasion des insectes, particuliè-
rement des thrips ; et de plus, quand il est
possible de donner de beau à un moment
qui n’est pas précisément celui où les Orchi-
dées en ont positivement besoin, celà dis-
pense de les surveiller aussi attentivement
qu’il faut le faire avec les procédés habituels
de culture.
Les personnes qui ont beaucoup pratiqué
la culture des Orchidées, savent que ces
plantes, lorsque leurs feuilles et leurs bul-
bes sont tendres, ne peuvent être arrosées
qu’avec beaucoup de précaution et qu’il est
nécessaire d’avoir une longue pratique pour
bien effectuer cette opération.
Avec le système de culture au soleil et au
grand air, ces subtiles distinctions sont inu-
tiles, et on peut arroser des rangées de
Cattleya ou d’autres Orchidées de la même
manière qu’on le ferait pour un champ de
Choux, au lieu d’étudier chaque plante pot
à pot pour savoir quelle ((uantité d’eau il
convient de donner à chacune.
Afin de mettre les plantes ainsi cultivées
à même de conserver plus longtemps l’hu-
midité qui leur est donnée, il convient de
les loger un peu plus grandement qu’on ne
le fait lorsqu’on emploie la méthode an-
cienne.
En^résumé, ce traitement simplifie beau-
coup la culture des Orchidées, les rend plus
robustes et augmente leur floraison qui est
aussi beaucoup plus durable.
Ch. Thays.
NÉCESSITÉ DES CARACTÈRES POUR DISTINGUER LES PÊCHERS
Rien, peut-être, mieux que la série des
variétés nouvelles de Pêches hâtives récem-
ment introduites, ne démontre l’urgence de
bien préciser les caractères généraux des
Pêchers et des Brugnonniers, qui sont, pour
les feuilles, la forme des glandes ou leur
absence ; pour les fleurs, leurs dimensions
ou mieux leur forme {campanulacées ou
rosacées) ; enfin, pour leurs fruits, Vadhé-
rence ou la non adhérence de la chair
au noyau. Négliger ces indications, c’est
rendre impossible la distinction des variétés,
quelque bien faite que soit leur descrip-
tion. L’étude que nous avons faite cette
année d’une douzaine de variétés de ces
Pêches: Amsden, Cumberland, Précoce
Alexander, Musser, Wilder, Waterloo,
Downing, Royal May (de Bridge) etc.,
nous a démontré que les fruits de toutes
ces Pêches ont une grande analogie, tant
par la forme, les dimensions et le co-
loris que par la grosseur, la forme et la
nature du noyau, et qu’il en est absolument
de même en ce qui concerne la nature et
l’aspect de la chair, de sorte que si on néglige
d’indiquer rigoureusement ces caractères, il
devient tout à fait impossible de distinguer
ces variétés l’une de l’autre.
D’autre part, ce n’est pas seulement pour
ces quelques variétés qu’il faut indiquer
les caractères sus-mentionnés, mais pour
toutes; car, de tous les fruits, ceux des
Pêchers sont certainement les plus diffi-
ciles à distinguer ; et si l’on y parvient, ce
n’est guère que lorsqu’ils sont encore sur
l’arbre, parce qu’alors on peut en voir les
caractères, d’autant mieux que l’on con-
naîtra ceux qui ont disparu, par exemple
ceux des fleurs. Si l’on n’a pas tenu
compte de ces derniers, cette seule omission
peut déterminer les plus grandes confusions,
ce qui, du reste, arrive très- fréquemment.
Aussi ne peut-on jamais trop recommander
à tous les descripteurs de Pêches d’apporter
à leur travail la plus grande attention, en ce
qui concerne l’énumération des caractères
que nous venons d’indiquer. Nous pouvons,
sans aucune critique, affirmer que la
plupart des descriptions de Pêches et de
Brugnons qu’on a faites sont insuffisantes,
et qu’aucune d’elles ne permet de distin-
guer les variétés auxquelles chaque descrip-
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
407
tion se rapporte ; aussi les travaux des co-
mités pomologiques, ceux même du congrès
pomolûgique de France, sont-ils à peu près
de nulle valeur, en ce qui concerne les
descriptions des Pêches et des Brugnons.
Décrire ces fruits ainsi que le font la plu-
part des auteurs est comme si, voulant don-
ner le signalement d’un homme, on disait
qu’il a deux jambes, le nez au milieu du
visage, deux mains se terminant chacune par
cinq doigts, etc. Un pareil portrait, bien
qu’étant tout à fait exact, n’en serait
pas moins insuffisant et n’aurait aucune
valeur individuelle, puisqu’il se rapporterait
à tous les hommes, absolument comme la
plupart des descriptions de Pêches dans
FRUITS nouveau:
Prune Yellow Damask. — Nous n’avons
trouvé nulle part la description de cette
Prune, autre que la citation du nom par
M. O. Thomas, qui dans son Guide de
V amateur des fruits, p. 168, la classe
dans les « variétés douteuses et peu méri-
tantes. »
Des échantillons que nous a donnés
M. Chrétien, qui avait reçu l’arbre de
MM. Simon-Louis, de Plantières-lès-Metz,
nous ont présenté les caractères suivants :
Fruit à peu près sphérique, à peine légè-
rement sillonné d’un côté, de 35 millimètres
de diamètre. Queue d’environ 15 milli-
mètres, solidement attachée, ce qui permet
au fruit de bien résister au vent. Peau fond
jaune roux, agréablement lavée de rose
violacé, sur laquelle s’étend une pruine
qui forme des reflets irisés d’un très-
bel effet, même ornemental. Chair adhé-
rente, pulpeuse, jaunâtre; eau abondante,
sucrée, acidulée, assez agréable, bien que de
saveur particulière. Noyau aplati, large-
ment ovale-elliptique, courternent arrondi
aux extrémités. — Maturité fin d’octobre.
Cette variété, sans être de qualité supé-
rieure, a le mérite de mûrir à une époque
où les Prunes sont rares, et d’avoir des
fruits agréables à l’œil et relativement bons,
qui tiennent bien sur l’arbre, qu’ils ornent
encore même quand la plupart des feuilles
sont tombées.
Bergamote d’hiver de Furstenzell. —
(( Fruit gros, conique-racourci, jaune légè-
rement lavé de rouge, à chair très-ju-
lesquelles on n’a pas indiqué les caractères
essentiels dont nous avons parlé se rappor-
teraient à presque toutes les Pêches.
Il est bien entendu que dans tout ceci
nous n’avons aucunement l’intention de
critiquer qui ni quoique ce soit.
Notre but est de démontrer que la
marche suivie par la plupart des descrip-
teurs de Pêches et de Brugnons , est vi-
cieuse, toujours insuffisante, et d’engager
tous ceux qui auront à décrire ces fruits
à le faire ainsi que nous le disons, ce qui est
le seul moyen de servir la science et la pra-
tique, but que tout auteur doit chercher à
atteindre.
E.-A. Carrière.
: ou PEU CONNUS
teuse ; maturité octobre à décembre. —
Arbre très-fertile. » O. Thomas, Guide de
V amateur [des fruits, p. 84. — Variété à
l’étude.
Voici les caractères que nous ont pré-
sentés des fruits authentiques, c’est-à-dire
récoltés sur des arbres provenant de
MM. Simon Louis, de Plantières-lès-Metz
où la diagnose ci-dessus avait été faite :
Fruit gros, relativement court, brusque-
ment tronqué aux deux bouts (forme de
tonneau), d’environ 8 centimètres de hau-
teur et presque autant de diamètre. Peau
épaisse, jaune, marquée de nombreux points
gris qui, gros et très-rapprochés, rendent
souvent la peau un peu galeuse. Œil dans
une cavité profonde, largement conique,
à divisions fines, à peu près droites. Queue
assez longue, arquée, implantée dans une
cavité régulière, conique, profondément
évasée. Chair blanc un peu jaunâtre, assez
fine, de saveur agréable. Eau excessive-
ment abondante, sucrée, finement rele-
vée.
Les fruits que nous avons dégustés
en 1882, mûrs dès le commencement
de novembre, ont promptement bletti,
en conservant une partie de leur qua-
lité, et sans perdre leur eau. Ils nous
ont présenté cette particularité d’être com-
plètement dépourvus de pépins et même de
loges. Ce caractère est-il général et fixe, ou
est-il le fait d’un accident ou d’une végéta-
tion anormale? Quoi qu’il en soit, la
Bergamote d’hiver de Furstenzell peut
408
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
être regardée comme une variété méritante,
bonne à cultiver.
Shohden Court. — Dans son Guide de
Vamateur des fruits, M. O. Thomas parle
ainsi de cette Poire : (( Fruit moyen, obo-
vale, jaune taché de fauve, à chair beurrée,
d’une riche saveur sucrée ; de première
qualité; maturité janvier-février. — Variété
anglaise considérée à tort par quelques
personnes comme synonyme de Droom
Park, » (Ouvrage cité, p. 106, série
des variétés à l’étude.)
Les fruits, que nous avons examinés le
15 novembre, nous ont présenté les carac-
tères suivants :
Fruit très-courtement et fortement ven-
tru, brusquement acuminé vers chaque
extrémité, d’environ 7 centimètres de dia-
mètre, souvent un peu moins de hauteur,
parfois un peu inéquilatéral, légèrement
bosselé ou obscurément côtelé arrondi. Œil
peu profond, ouvert, à divisions courtes.
Pédoncule arqué, assez long (environ 4 mil-
limètres), renflé aux deux bouts, inséré
dans une cavité irrégulièrement et inégale-
ment plissée. Peau jaune clair, marquée de
toutes parts de macules gris roux parfois
légèrement rougeâtres, isolées, rarement
réunies en taches élargies. Chair très-
blanche, sucrée, peu serrée, plutôt cas-
sante que fondante, à grains assez gros ;
eau peu abondante, très-sucrée, de saveur
peu relevée. — Maturité deuxième quin-
zaine de novembre.
Les fruits que nous avons étudiés avaient
les loges assez bien prononcées, quoi-
qu’inégales, mais à peu près toutes vides, ou
parfois occupées par des pépins imparfaits.
Poire Belle des Ahrés. « Fruit très-gros,
pesant 300 à 400 grammes, de belle forme,
légèrement l'avé de rose, à chair fine, suave.
de première qualité pour cuire. Maturité,
mars à juin. Arbre vigoureux, très-rusti-
que, d’un très-beau port pyramidal. Variété
mise au commerce par M. Hoiulin, proprié-
taire à Châteaudun (Eure-et-l.oh). » (O.
Thomas,': GMide de Vamateur des fruits,
p. 108. — Variétés et Vétude.)
L’examen des fruits authentiques dégus-
tés le 8 mars 1883, nous a donné les carac-
tères suivants :
Fruit bosselé, rappelant un peu par la
forme le Triomphe de Jodoicjne, ou cer-
taines Duchesses d’ AngouUme un peu iné-
quilatéral, atténué aux deux bouts, attei-
gnant jusqu’à 11 centimètres de long sur
9 centimètres dans le plus grand diamètre.
Peau vert herbacé, jaunissant à la maturité,
se colorant rarement, même légèrement,
sur les parties fortement insoléés. Œil très-
régulier,? large, peu profond, à divisions
étroites. Queue arquée, de 4-5 centimètres
de longueur, forte, presque uniforme en
grosseur. Chair cassante, blanche, très-
juteuse, relativement fondante. Pépins peu
nombreux, luisants, noir roux, longs, brus-
quement rétrécis, puis prolongés en une
sorte de cuspide.
Ce gros, beau et relativement bon fruit
nous a paru manquer un peu de sucre et
aussi de saveur, ce qui était probablement
dû à la température froide et humide de
1882, et probablement aussi à son in-
complète maturité, cette Poii'e pouvant se
conserver jusqu’en juin.
Quoi qu’il en soit, et à part cette imper-
fection, la variété Belle des Ahrés est très-
méritante, surtout si l’on réfléchit qu’elle
mûrit à une époque où la rareté des fruits
ne permet guère d’être diflicile. Pour cuire,
on ne peut guère trouver mieux.
POMONA.
fnig. (Jeoryes JacoT) , — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Les fruits tombés. — A la suite du
terrible ouragan du 2 septembre dernier, la
plupart des arbres de plein vent, Poiriers
et Pommiers, ont perdu leurs fruits qui, en
quelques heures jonchaient le sol. Que peut-
on, que doit-on faire de ces fruits? nous
demande un de nos abonnés. Voici notre
réponse :
D’abord trier ces fruits en mettant à part
ceux qui sont mûrs ou à peu près. Des
autres, on fera deux lots, contenant, l’un
les fruits plus ou moins froissés, l’autre,
ceux qui sont à peu près sains. Les premiers
pourront être écrasés pour en faire de la
boisson, ou cuits et transformés en marme-
lade pour l’alimentation, ou bien encore
broyés ou cuits pour donner aux bestiaux.
Voilà pour les fruits avariés. Quant à
ceux qui sont sains, on en fera également
deux parts : l’une, comprenant les fruits
à peu près mûrs, que Ton pourra placer
au fruitier pour la consommation plus ou
moins prochaine ; l’autre sera placée sur
le sol, dans un lieu sombre, et les fruits
seront étalés en une couche assez mince, de
manière que tous ou presque tous soient plus
ou moins en contact avec le sol. De cette
manière la maturation s’achèvera lentement
et les fruits, sans se rider, acquerront une
qualité relative qui permettra de les con-
sommer. Ce que l’on pourrait faire aussi
afin d’augmenter la qualité, dans le cas où
cela serait nécessaire, ce serait, quelques
jours avant de les consommer, de soumettre
les fruits à une température un peu plus
élevée, de manière à déterminer des combi-
naisons chimiques, à développer les prin-
cipes sucrés et la saveur propre à chaque
espèce. S’il s’agissait de fruits à cidre, on
les rentrerait dans un cellier ou bien on
les mettrait en tas, en les recouvrant de
paille ou de foin, jusqu’au moment où on
les écraserait pour en extraire le jus.
Orchidée gigantesque. — Aucune fa-
mille végétale peut-être n’est aussi étrange
dans la diversité de ses représentants, que
celle si intéressante des Orchidées. Les
brillants coloris, les formes surprenantes,
les odeurs fines et pénétrantes de leurs
fleurs, leurs modes bizarres de végétation,
16 Septembre 1883.
étonnent et charment ceux qui les obser-
vent, surtout dans leurs pays d’origine.
Récemment M. Hemsley a consacré une
étude descriptive au Galeola altissima,
Orchidée originaire de l’Himalaya et dont
la tige, en s’enroulant autour du tronc des
arbres sur lesquels elle s’appuie, atteint un
développement de 30 à 35 mètres de lon-
gueur. Cette plante, qui sous plusieurs rap-
ports se rapproche de la Vanille, paraît se
nourrir en grande partie de matières orga-
niques.
Ses racines épaisses et charnues sont,
dans presque toutes leurs parties, de la
grosseur du doigt ; elles émettent des tiges
élancées, rouge pâle, qui s’enroulent autour
des arbres, sur lesquels elles s’attachent
au moyen de racines adventives qui rem-
placent les feuilles. Ces tiges, qui sont
charnues, sont recouvertes dans toute leur
longueur d’un épais duvet, et se terminent
par des panicules de fleurs jaune verdâtre.
Le grand intérêt de cette curieuse épiphyte
réside surtout dans ses prodigieuses di-
mensions caulinaires.
Le Phyllocalyx edulis. — Depuis quel-
ques années M. A. Lavallée nous montrait,
dans ses serres de Segrez, un petit arbuste
fort curieux dont on avait en vain cherché
le nom exact. Chaque année, plusieurs
exemplaires se couvraient de fruits gros
comme une noix, oblongs, côtelés, d’un
beau jaune d’or, surmontés par les folioles
du calyce persistant, exhalant une odeur
des plus suaves et possédant une agréable
saveur d’Ananas. Après quelques recher-
ches et une analyse détaillée, nous avons
trouvé qu’il s’agissait d’une Myrtacée brési-
lienne à fruits comestibles, le Phyllocalyx
edulis. C’est une espèce très-rare, et bonne
à cultiver, ne fut-ce que pour l’ornement.
Nous l’avons fait peindre en fruit mûrs,
pour la Revue horticole, et nous en publie-
rons l’histoire et la description en même
temps qu’une planche coloriée.
Impatiens platypetala. — Les qua-
lités de végétation très-vigoureuse et de
floraison abondante de V Impatiens Sidtani
sont aujourd’hui bien connues.
18
410
CHRONIQUE HORTICOLE.
Une autre espèce, 1’/. platypetala, pro-
venant également de Zanzibar, promet de
réunir les mêmes avantages.
Cette dernière ressemble quelque peu à
sa congénère, mais elle est moins compacte
en végétation. Ses fleurs sont aussi et
même quelquefois plus larges que celles
de VI. Sultani. Elles ont la même forme,
mais elles sont d’un blanc pur.
Cette nouveauté est destinée à être très-
employée, et produira un grand effet dans
les serres, surtout si on la met [en compa-
gnie de V Impatiens Sultani.
Lilium Canadense rubrum. — Jolie
variété à fleurs rouges du L. Canadense.
Ce Lis, de pleine terre, possède au milieu
de toutes les espèces et variétés|connues,
une beauté tout à fait particulière, à cause
de ses fleurs retombantes, en forme de clo-
chettes, et d’une jolie nuance rouge. Il est,
de la catégorie des Lis les plus faciles à
cultiver, pourvu qu’il soit placé, dès le
début, dans un terrain profond, humide,
tourbeux, à une exposition partiellement
ombragée.
Cette plante est certainement la plus
belle variété du L. Canadense qui ait été
obtenue jusqu’ici.
Extension du Mildiou. — Ignorée ou
à peine connue, il y a encore peu d’années,
cette Urédinée s’étend avec une rapidité
telle, que dans beaucoup de localités elle
compromet même l’existence des Vignes,
outre qu’elle en détruit souvent les récoltes.
Voici à ce sujet ce que , à la date du
23 août, nous écrivait de Chiroubles (Rhône),
notre collaborateur, M. Pulliat :
« Dans le bassin de la Saône, de Châion à
Lyon, les vig;iobles ont été gravement atteints,
depuis quinze jours ou trois semaines, par une
invasion du Mildiou fPeronospora VitisJ qui,
ordinairement, ne fait son apparition dans
nos régions que dans la première quinzaine de
septembre.
a Dans la plaine et les endroits bas et frais,
surtout dans les terrains siliceux frais ou hu-
mides, beaucoup de Vignes ont perdu complè-
tement ou presque complètement leurs feuilles,
desséchées par le Mildiou. Le Raisin, alors,
entièrement découvert, a été grillé en partie
par le soleil, et ce qui est resté frais mûrira
mal, ou ne mûrira pas du tout. C’est une perte
énorme pour le pays, surtout dans une année
où nos vignerons avaient si grand besoin de
faire une bonne récolte.
« Les Vignes des coteaux, où les terrains
siliceux ou sableux s’égouttent bien, n’ont pas
été trop atteints par le Peronospora. Là, on
compte cette année sur urie belle et bonne
récolte, si le soleil dont nous jouissons conti-
nue jusqu’aux vendanges.
« De son côté le phylloxéra continue plus que
jamais sa marche envahissante partout où on
ne l’arrête pas par le sulfurage, là où cet in-
secticide donne de bons résultats, ce qui n’est
pas général, malheureusement. »
L’invasion du Mildiou , constatée par
M. Pulliat dans le Rhône, ne fait qu’ajouter
un fait de plus à ceux que nous connaissions
déjà sur de nombreux points de la France.
Nous venons de le voir dans le midi, dans
l’ouest, en Touraine, où les vignerons se
désespèrent de le voir exercer ses ravages,
sans pouvoir arrêter sa marche envahissante.
Le Dendrobium Dearei. — Cette belle
Orchidée nouvelle, originaire de l’Indo-
Chine, est bien certainement une des plus
jolies que l’on connaisse aujourd’hui, et
le colonel Deare, qui l’a découverte, a lieu
d’être fier de l’avoir ajoutée aux espèces
déjà connues.
Ses fleurs, aussi grandes que celles du
Dendrobium infundihulum, sont blanches
et vertes. Les ovaires, labelles, sépales,
larges pétales et colonne, sont d’un blanc
absolument pur. Cependant, le labelle porte
une tache transversale verte et est marqué à
l’intérieur, sur certaines nervures, de lignes
rouges. Les pollinies sont blanches et vertes.
On remarque une légère teinte verte sur la
partie frontale de la colonne, au-dessus
du stigmate, et le dessous est parsemé de
quelques taches brunes.
Le D. Dearei est d’une floribondité
extrême. Il possède la qualité précieuse de
conserver ses fleurs très-longtemps sans
qu’elles se flétrissent. De plus, sa culture
est, dit-on, des plus faciles, ce qui permet
d’espérer que d’ici quelques années, il sera
représenté dans toutes les bonnes collec-
tions d’Orchidées.
Complément au sujet de la Pêche
Amsden. — Aux quelques caractères qu’il
avait récemment indiqués sur cette variété,
notre collaborateur et collègue. M. Catros-
Gérand, horticulteur, allées de Tourny, à
Rordeaux, ajoute les suivants :
Par suite des mauvais temps, il est resté peu
CHRONIQUE HORTICOLE.
411
de fleurs, mais assez cependant pour pouvoir
les juger.
Les Pêchers Amsden sont vigoureux et por-
tent des fleurs campanulées.
Les fruits, cette année, étaient d’une gros-
seur moyenne et ti'ès-réguliers.
La peau, très-colorée, se détachait facile-
ment de la chair.
La chair blanche, fine, très-fondante, juteuse,
est adhérente au noyau. — L’eau est parfumée.
Le noyau est petit, ovale.
La maturité des fruits n’a été complète que
le 8 juillet, mais elle a été retardée par les
temps froids du printemps, car les premières
chaleurs n’ont commencé à se faire sentir à
Bordeaux, que du 16 au 20 mai. Mais nous ne
doutons pas qu’avec un printemps ordinaire
nous puissions récolter des fruits mûrs de la
Pêche Amsden vers le 25 juin.
Si ces renseignements complètent ce que
nous avait dit précédemment notre col-
lègue sur la Pêche Amsden, ils démontrent
aussi, que ce qu’il cultive sous ce nom, n’est
par la variété que nous cultivons et que
nous avons vue chez beaucoup de personnes,
aux environs de Paris. Faisons aussi re-
marquer que M. Catros ayant oublié de
nous parler des feuilles, cette omission suf-
firait pour empêcher de rien affirmer sur
l’identité de la Pêche en question.. Les
feuilles sont-elles munies de glandes, et
dans l’affirmative, quelle est leur forme?
Le Phylloxéra en Italie. — La chose
est aujourd’hui certaine, le phylloxéra étend
de plus en plus ses ravages en Italie, mal-
gré toutes les mesures prohibitives et res-
trictives qui ont été prises. Ainsi nous
lisons dans le dernier numéro de la Vigne
américaine de MM. Planchon et Pulliat,
recueil des mieux renseignés sur ce sujet,
que dans file de Sardaigne plus de 200 hec-
tares sont envahis. Après cette constata-
tion, ce journal, par l’organe du docteur
Selletti, ajoute :
.... Mais ce n’est pas tout. On vient de si-
gnaler le puceron à Reggio de Calabre, qui
est en face de Messine, de l’autre côté du dé-
troit et aussi à Bâti (Italie méridionale), sur le
versant de la mer Adriatique, et d’une nou-
velle et toute petite tache à Saint-Maurice
(Piémont)
On le voit, malgré toutes les mesures
prises, le phylloxéra continue sa marche des-
tructive. Rien ne semble l’arrêter. N’est-
on pas en droit de se demander s’il est
nécessaire de lutter, et s’il ne vaudrait
pas mieux laisser aller les choses et arra-
cher les vignes? Il semble que, à priori,
c’était l’opinion de la commission qui,
paraît-il, est revenue à d’autres senti-
ments, ce dont on peut la féliciter. Aban-
donner la lutte ou détruire les vignes eut
été une grande faute. Ce qu’il convient de
faire, c’est, tout en luttant pied à pied, et
par tous les moyens, avec le phylloxéra, de
rendre la liberté à toutes les cultures, et si
l’on persiste à interdire la circulation,
que ce soit seulement celle de la Vigne.
Glematis Jackmanni alba. — Cette
charmante plante nouvelle, qui vient d’être
présentée à la Société royale d’horticulture
de Londres, est, comme son nom l’indique,
une forme à fleurs blanches de C. Jack-
manni, variété si jolie et heureusement si
répandue aujourd’hui, et dont la florai-
son en plein air est d’une abondance ex-
trême.
Le C. J. alba produit également une
profusion d’élégantes fleurs blanches très-
légèrement teintées de mauve.
Spiræa palmata alba. — Aucun ama-
teur de plantes n’ignore le rôle important
que l’on peut produire dans la décoration
des jardins à l’aide du Spiræa palmata.
Cette jolie plante à fleurs roses, d’une rus-
ticité à toute épreuve, et d’une élégance
complète, vient de produire, une variété à
fleurs blanches que MM. Veitch, de Chelsea
(Angleterre), vont éditer.
Le S. p. alba produit des panicules
de fleurs d’un blanc absolument pur.
Fructification en France du Scia-
dopitys verticillata. — Cette intéres-
sante et remarquable espèce est actuel-
lement en fructification, en France, chez
un de nos horticulteurs. Les cônes sont
parfaitement développés, et la production
simultanée de chatons mâles et de chatons
l'emelles sur le même pied fait espérer que
les graines seront fertiles, ce que nous
saurons bientôt et ferons connaître à nos
lecteurs, en même temps que, avec d’autres
détails complémentaires, nous donnerons
de cette plante une description accom-
pagnée d’une gravure. Pour aujourd’hui
notre but est de constater le fait et de
prendre date,
412
CHRONIQUE HORTICOLE.
Vignes chinoises.. — Après les Vignes
du Soudan, de la Gochinchine, voici des
Vignes de la Chine. Celles-ci, très distinctes
de toutes les autres, diffèrent également
de nos cépages, bien qu’elles s’y rattachent
d’assez près. En effet, malgré leurs carac-
tères tout particuliers, ces Vignes paraissent
appartenir au groupe vinifera^ dans lequel
elle formeront, au moins une, si ce n’est
même deux sections. Nous ne pouvons
encore rien affirmer quant à leurs qualités
vinaires : les renseignements font défaut.
Il paraît hors de doute que, dans le Céleste-
Empire, leurs fruits servent à la fabrication
du vin. Ce que déjà nous pouvons assurer,
c’est que chez nous ces Vignes auront plu-
sieurs avantages : d’abord, au point de vue
de l’ornementation, par leur feuillage tout
particulier et par leur mode de végétation.
Il en est au moins deux variétés qui sont
remarquables par la singularité et la longue
conservation de leurs feuilles.
Il pourrait se faire aussi que ces Vignes,
d’une nature si particulière, fussent résis-
tantes au phylloxéra et, par conséquent uti-
lisables comme porte-greffes pour recevoir
nos bons cépages que le terrible puceron
menace de faire disparaître.
Faits horticoles en Anjou. — Un de
nos correspondants habituels des envi-
rons d’Angers, nous adresse la lettre sui-
vante, qui contient d’utiles renseignements
sur des questions du ressort de la Revue :
Les petits oiseaux et les Wellingtonias font
chez nous très-bon ménage. Ainsi, un violent
orage a fait tomber, cette année, d’un de
ces arbres planté à quinze mètres de ma mai-
son, un superbe nid de moineaux^ contenant
six petits nouvellement éclos.
En outre, chaque matin avant quatre heures,
une quantité innombrable de ces joyeux oiseaux
perchés dans mon Wellingtonia, à qui
mieux mieux, et troublent mon sommeil, ce
dont je me passerais bien.
Donc les oiseaux n’ont pas plus horreur des
Wellingtonias que la nature n’a horreur du
vide, comme le prétendaient les physiciens du
bon vieux temps .
On parle beaucoup du phylloxéra, depuis
quelques jours dans notre région.
L’arrondissement de Saumur est officielle-
ment signalé comme contaminé et le fait ayant
été publié dans tous les journaux, je ne com-
mets aucune indiscrétion à l’endroit de nos
pépiniéristes, en le répétant dans cette chro-
nique.
Va-t-on se défendre en employant tout de suite
les moyens radicaux usités en Suisse, c’est-à-
dire l’arrachage des Vignes malades et le trai-
tement au sulfure de carbone? Je l’espére.
Réussira-t-on à enrayer le mal ? Je le sou-
haite.
L’arrondissement d'Angers est encore in-
demne, et les grandes pépinières de l’Anjou
sont, par conséquent, libres des entraves aussi
inutiles qu’arbitraires apportées aux expédi-
tions des végétaux par les gouvernements affo-
lés, signataires de la célèbre convention do
Berne.
Nos vignobles sont assez mal préparés pour
la récolte. Les cépages blancs n’ont point de
grappes et le peu qui se trouvaient dans les
rouges ont fleuri dans de mauvaises conditions,
car les pluies d’orage ont été fréquentes pen-
dant la floraison.
A propos de floraison, celle des Roses n’a
pas été très-brillante au printemps. Nous avons
pu néanmoins observer quelques nouvelles
variétés assez recommandables. Citons entre
autres : Merveille de Lyon, à laquelle nous
reprocherons toutefois son peu de vigueur
chez nous et Beauté de l’Europe, qui res-
semble un peu à Madame Bérard.
Nous attendons avec impatience l’épanouisse-
ment de Lady Mary Fitz William, que
nous avons vue admirable dans son pays natal,
en Angleterre, il y a un jm.
Il est incontestable qufe, depuis cinq ou six
ans, d’excellents gains ont été obtenus dans les
Noisettes et dans les Thés, surtout en variétés
à fleurs blanches, pour le marché, la culture
forcée et la confection des bouquets : Bouquet
d’Or, Perle des blanches. Boule de neige,
Perle de Lyon, Marie Van Houtte, Belle Lyon-
naise, Coquette de Lyon, sont des roses de
premier choix. Une grande partie en a été mise
au commerce par nos habiles semeurs d(i
Lyon. Mais elles ne surpassent point, en beauté
tout au moins, nos anciennes connaissances :
Sombreuil, Rubens, Maréchal Niel, et plu-
sieurs variétés de meme valeur.
Il nous semble même que sous, le rapport de
la vigueur, les dernières citées l’emportent sur
les nouvelles venues.
Puisqu’il est question de Pmses nouvelles,
nous nous permettrons humblement d’expri-
mer un vœu à l’adresse de MM. les semeurs.
Chaque année on voit apparaître plusieurs
centaines de nouvelles variétés cotées à des
prix assez élevés. Il semble que les rosié-
rites se croiraient déshonorés s’ils ne met-
taient tous les ans à peu près le môme
nombre de nouvelles Roses au commerce. Pu
un mot, ils paraissent viser à la quantité^ bien
plus qu’à la qualité.
Il en résulte que la plupart de ces nouveau-
tés, après avoir encombré les collections et
CHRONIQUE HORTICOLE.
413
les catalogues, disparaissent au bout de deux
ou trois ans de culture.
Ceux qui les ont achetées pour les multiplier
ne trouvent plus à les vendre et en sont pour
leur frais.
Les amateurs eux-mêmes, déçus dans leurs
espérances, se tiennent sur leurs gardes ; bref,
tout le monde y perd, et pour peu que cela
continue, les semeurs trop prompts à admirer
leurs produits, finiront par ne plus trouver le
placement des bonnes variétés qu’ils pourront
obtenir.
Nous émettons donc ici le vœu, qu’on nous
offre moins de nouveautés de roses et qu’on les
choisisse mieux.
Nous ne saurions mieux faire, dans l’in-
térêt général de l’horticulture, que de nous
associer au vœu qui termine la lettre de
notre judicieux correspondant angevin.
Durée du bois. — Des expériences ré-
cemment terminées en Autriche , dé-
montrent à nouveau que les- bois abattus
hors sève, c’est-à-dire de novembre en
janvier, sont d’une conservation beaucoup
plus durable et résistent mieux à tous les
parasites, que ceux abattus en sève.
Deux pins abattus, l’un en décembre et
l’autre en février, avaient été enterrés dans
un sol frais. Le premier était encore intact
après seize années d’enfouissement, tandis
que le second était pourri au bout de huit
années seulement.
Des planches soumises aux mêmes essais,
et provenant d’arbres abattus hors sève
étaient très-bien conservées au bout de
six années, alors que d’autres provenant
d’arbres abattus en mars, étaient pourries
après deux ans de séjour en terre.
Nons touchons là, nous le savons, à une
question assez controversée, sur laquelle
de nouvelles expériences pourraient être
faites et que nous recommandons encore
à nos lecteurs.
Conserves de fruits dans le miel. —
Encore une bonne recette que nous rele-
vons dans V Ohstgarten ; cela n’a rien d’éton-
nant, car l’on sait que Vienne est, après
Paris, la ville où la préparation des desserts
et des confiseries se fait dans les conditions
les plus minutieuses et les plus étendues.
Il s’agit cette fois de la conservation des
fruits dans le miel.
Pour les Pêches et les Abricots, on doit
employer ces fruits en bon état de maturité ;
les éplucher, les couper en tranches et les
plonger quelque temps dans l’eau bouil-
lante. On les fait ensuite refroidir dans d(3
l’eau et on les place, pour qu’ils sèchent, sur
une toile.
On fait alors bouillir le miel dans la
proportion de 750 grammes pour un ki-
logramme de fruits, et on y plonge les
tranches qui doivent rester entières et
ne pas se convertir en purée. On écume le
mélange, et on le verse encore bouillant
dans des bocaux ou vases de verre, en
ayant soin que la partie supérieure soit
recouverte entièrement de miel, puis on
bouche hermétiquement.
Les noix doivent être récoltées avant que
la coque soit dure : on les traverse de part
en part à l’aide d’une aiguille, et on les
fait tremper pendant une semaine dans
l’eau, qui doit être changée tous les jours.
On les met ensuite bouillir dans de l’eau
salée, où elles deviennent blanches et après
les avoir replongées pendant deux jours
dans l’eau froide, on les fait égoutter.
Ensuite, on fait bouillir ensemble un
kilogramme de noix ainsi préparées, un
kilogramme de miel , une légère quantité
de cannelle, quelques clous de girofle.
On laisse refroidir, et on recommence la
cuisson le lendemain.
Si par hasard le miel devenait trop liquide,
il suffirait d’y ajouter du sucre.
On met alors la préparation dans des
bocaux, que l’on bouche hermétiquement.
Les prunes de Reine-Claude se conser-
vent de la manière suivante :
Prendre les fruits mûrs, mais cependant
encore fermes ; les débarrasser de leurs
queues, puis les mettre dans l’eau bouil-
lante à laquelle on a ajouté, pour 2 litres,
une cuillerée de sel et de vinaigre. On en re-
tire les fruits avec une cuiller d’argent et on
les met dans l’eau froide ; on les place ensuite
sur une toile, pour qu’ils s’égouttent, sans
les presser les uns contre les autres.
On fait alors bouillir un demi-kilogramme
de miel dans un pot de terre, on le retire du
feu, et on y jette les fruits préparés, quand
le miel est un peu refroidi, de manière à
ne pas faire éclater ces fruits. Le jour sui-
vant, on enlève ces fruits avec une cuiller
d’argent, puis on fait de nouveau bouillir
le miel, en y ajoutant un demi-kilogramme
de sucre ; on attend, en l’écumant, qu’il
devienne épais et on le verse avec les
414
LES EUCALYPTUS EN ANGLETERRE ET DANS L’OUEST.
prunes dans des vases de verre qued’on re-
couvrira de papier trempé dans l’eau-de-vie.
Le Marché aux fleurs du Chàteau-
d’Eau. — Nous avons signalé l’embarras
dans lequel se sont trouvées les marchandes
de fleurs lorsqu’elles ont été dépossédées de
l’emplacement où pendant si longtemps s’est
tenu le marché aux fleurs du Château-d’Eau.
On leur avait assigné le boulevard Richard-
Lenoir, situation déplorable s’il en fut. La
clientèle désertait; c’était la ruine à brève
échéance. Une pétition, dont les deux cents
signataires représentaient un chiffre de
mille à douze cents travailleurs et travail-
leuses, a été déposée devant le Conseil
municipal de Paris, qui l’a renvoyée à sa
septième commission. On nous affirme que
les marchandes, désolées à juste titre, ont
déclaré qu’elles se contenteraient, à défaut
de mieux, d’une installation provisoire,
même en plein air, sur l’ancien emplace-
ment, aujourd’hui place de la République,
où elles retrouveront sûrement leur an-
cienne et fidèle clientèle. Nous espérons
qu’on fera mieux en leur faveur, et nous
apprendrions avec grand plaisir que la
question a reçu de nos édiles une solution
favorable aux intérêts’ de l’horticulture dans
ce quartier de Paris.
Exposition d’horticulture de Saint-
Étienne. — Cette exposition, sur laquelle
nous reviendrons prochainement avec dé-
tails, s’est tenue au Palais-des-Arts, du
30 août au 3 septembre, conformément
au programme qui avait été établi. Elle
a parfaitement réussi, et grâce à la bonne
entente et au concours des horticulteurs et
des amateurs des environs, de Lyon notam-
ment, toutes les parties de l’horticulture et
même de l’agriculture étaient représentées ;
les Roses, les Glaïeuls, les Œillets par des
horticulteurs lyonnais ; les fruits, les légu-
mes, les décorations et les bouquets de
table, les plantes diverses de serre par des
horticulteurs de Saint-Étienne et de ses
environs. Quant aux Conifères et aux
arbustes, citons les expositions de MM. Otin
père et fils, et Perrier, de Bourg -Argentai.
L’industrie horticole ne manquait pas non
plus : pompes, poterie et objets divers d’or-
nementation rustique de jardins ^et les
serres surtout étaient largement représen-
tés. Quant à la décoration et au placement
des divers objets, tout était parfait, grâce au
zèle et à l’activité de MM. Otin père et fils,
dont la réputation et le talent sont bien
connus.
E.-A. Carrière et Ed. André.
LES EUCALYPTUS EN ANGLETERRE ET DANS L'OUEST
On connaît généralement les Eucalyptus
au point de vue de leur effet ornemental
dans nos provinces méditerranéennes, ou
pour leur utilité comme essences de reboi-
sement et d’assainissement ; mais on ignore
trop qu’un certain nombre d’espèces peu-
vent être considérées comme acquises à nos
climats de l’ouest, dans toute la partie du
littoral océanique soumise à l’influence du
Gulf sircam. Nous croyons donc utile de
mettre sous les yeux de nos lecteurs la tra-
duction libre d’un article récemm.ent paru
dans le Journal of horticulture. Ce travail
engagera sans doute quelques amateurs à
faire des essais du même genre sur les
côtes françaises.
Les Wellingtonias et les Eucalyptus,
ces géants de la végétation, atteignent, on
le sait, dans leurs patries respectives,
l’Amérique du Nord pour ceux-là, l’Aus-
tralie pour ceux-ci, des dimensions sur-
prenantes. Les uns et les autres, s’élevant
au-dessus des autres espèces voisines, ont
parfois jusqu’à 120 mètres de hauteur.
Importés tous les deux en Europe, ils ont
plus ou moins prospéré, suivant les climats
sous lesquels ils ont été plantés.
En Angleterre, les Wellingtonias ont
réussi presque partout. Le climat brumeux,
exempt de fortes chaleurs, a facilité leur
végétation, et l’on peut dès aujourd’hui
admirer de magnifiques exemplaires très-
nombreux, qui ont déjà atteint plus de
30 mètres de hauteur.
11 n’en est pas tout à fait de même pour
les Eucalyptus, qui sont moins robustes,
et qui souffrent parfois dans les hivers très-
froids.
Dans les régions anglaises les plus tem^
pérées, cependant, comme les comtés de
Devonshire et de Cornouailles, les Euca-
lyptes ont une végétation vigoureuse et
LES EUCALYPTUS EN ANGLETERRE ET DANS L’OUEST.
415
sont très-rarement endommagés par les
gelées.
Le plus bel exemplaire du Royaume-Uni
se trouve, croyons -nous, dans les jardins de
Powderharn Castle, à Kenton, Devonshire.
Il mesure environ 20 mètres de hauteur,
et son tronc à 3 mètres de circonférence
à la base. C’est l’J^. coccifera, fort belle
espèce, qui a récemment fleuri. Ses fleurs
sont surtout remarquables par leurs éta-
mines très-nombreuses, blanches, exces-
sivement serrées les unes contre les autres,
et formant de jolis petits bouquets en forme
de houppes. Les fleurs sont réunies par
paquets compactes et produisent un char-
mant effet.
Gomme dans d’autres espèces du genre,
la corolle est combinée avec le calyce
ligneux, dont la partie supérieure supporte
ta corolle, de sorte que, comme dans les
Mimosa et Acacia, les étamines constituent
la partie la plus importante de la fleur.
UE. coccifera est originaire des monta-
gnes de la Tasmanie, où il croît à une alti-
tude de 1,000 à 1,200 mètres.
Dans la serre tempérée de Kew, plusieurs
grands et beaux spécimens d' Eucalyptus
sont cultivés, notamment des E. coryyio-
calyx, glohulus, citriodora, amygdalina,
eudesmioides, cordata ; ils atteignent jus-
qu’à 10 mètres de hauteur, bien qu’ils aient
été déjà plusieurs fois recépés.
UE. glohulus est celui qui se développe
le plus rapidement sous verre, à ce point
qu’il produit en une seule année des pousses
de 5 à 6 mètres, après avoir été rabattu.
Ce sont ces qualités d’accroissement rapide,
ainsi que leurs propriétés [anti- septiques et
fébrifuges, qui ont fait planter les Euca-
lyptus dans tous les endroits marécageux
■ et malsains, où le climat le permettait, no-
tamment dans certains districts des Indes.
Sous le climat de l’Angleterre, V Euca-
lyptus glohulus est fréquemment employé
pour la création de scènes tropicales, dans
les parcs et jardins ; il de)nande à être
abrité dans les hivers très-rigoureux, mais
il supporte bien les froids modérés.
Une autre espèce, 1’.^. Gunnii, arbre
très-ornemental, est également, depuis plu-
sieurs années, livré à la pleine terre, à Kew,
et, bien que plusieurs fois il ait été légère-
ment atteint par le froid, il s’est toujours
promptement rétabli, et il est actuellement
en très-belle végétation.
Cette espèce était connue, depuis long-
temps, sous le nom d’E. polyanthemos ;
mais elle est à présent bien définie et se
distingue de la plupart des autres Euca-
lyptus par ses feuilles rondes et glauques.
Il règne actuellement une grande confu-
sion dans la dénomination des diverses es-
pèces d' Eucalyptus. Gela résulte principa-
lement de ce que les graines, provenant des
pays d’origine, sont expédiées, sciemment
ou non, sous des noms faux, soit que plu-
sieurs espèces prétendues différentes portent
des noms spécifiques variés, bien que la
totalité des graines expédiées aient été ré-
coltées sur le même arbre; soit au contraire
que des graines de provenances différentes
aient été réunies au hasard, sous un nom
quelconque.
Pour distinguer sûrement toutes les es-
pèces les unes des autres, il est presque
toujours nécessaire d’attendre qu’elles fleu-
rissent, et dans la plupart des cas, cette
floraison est lente à se produire.
UE. glohulus est un de ceux qui fleu-
rissent et fructifient le plus tôt ; et l’on pos-
sède, à Kew, de jeunes plantes provenant
de graines récoltées au Jardin botanique
même.
UE. eudesmioides, que nous avons cité
plus haut, est représenté à Kew par un
spécimen âgé d’environ 30 ans, et qui a
déjà atteint un développement remarquable.
Cette espèce est bien distincte, avec ses
longues feuilles étroites, insérées sur des
rameaux retombants, et l’écorce de ses
tiges, qui se détache comme celle du Pla-
tane.
UE. cordata est une autre espèce qui
mérite d’être signalée : ses feuilles sont
petites, cordiformes et très-glauques.
UE. Risdoni est un des mieux caracté-
risés. Ses feuilles sont largement incisées,
et ressemblent énormément à celles du
Lonicera sempervirens.
UE. citriodora a les feuilles coriaces
acuminées, peu remarquables par leur
forme, mais possédant une odeur très-
accentuée qui rappelle celle de VAloysia
citriodora, ou Verveine-Gitronelle.
L’jE*. amygdalina est très-répandu,
aussi ne le décrivons-nous pas. Il est dési-
gné, dans les colonies anglaises, sous le
nom de <a Peppermint tree. »
UE. Gunnii, que l’on connaît aussi sous
le nom de c Gider tree (Arbre à cidre), à
416
SENECIO DELTOIDEUS.
cause du liquide que son écorce laisse
écouler, si on l’entaille au printemps, est
une bonne espèce, dont la culture est à re-
commander.
Si les espèces qui viennent d’être citées
prospèrent dans les comtés du sud de
l’Angleterre, il faut en conseiller l’essai
dans les situations abritées des environs de
Cherbourg, de Brest, de Quimper, de
Roscoff, etc., où les hivers sont doux et
épargneront le plus souvent le beau feuil-
lage de ces arbres étrangers. Quand on ne
devrait les traiter que comme sujets à
rabattre tous les deux ou trois ans, l’effet
décoratif qu’ils produiraient suffirait encore
à les faire admirer. Ch. Thays.
SENECIO DELTOIDEUS
Dans le carré consacré aux pépinières
de la villa Thuret, à Antibes, où le direc-
teur, M. Ch. Naudin, poursuit avec per-
sévérance de nombreux essais sur des
plantes rares ou nouvelles, on voit, au pre-
mier printemps, un bâtiment de service
entièrement recouvert par le feuillage gai et
les innombrables fleurs jaunes d’une liane
charmante et peu connue.
C’est le Seneçon à feuilles deltoïdes {Se-
necio deltoideus) (1).
Originaire du Cap de Bonne-Espérance,
où Burchell la recueillit dans le district
d’Uitenhagen, la plante fut introduite en
Europe il y a bien longtemps. On la trouve
rarement dans les jardins botaniques, et
nous ne nous souvenons pas de l’avoir vue
dans aucune collection d’amateur ou d’hor-
ticulteur. Elle aurait cependant droit de
cité comme son congénère le Senecio mi-
kanioides, si répandu sous le nom de Lierre
d'été. Les feuilles du S. deltoideus sont
Fig. 76. — Senecio deltoideus (grandeur naturelle).
plus petites, mais elles sont si nombreuses,
si élégantes, d’un vert si brillant rehaussé
par d’innombrables fleurs d’or, que nous
ne savons si la palme ne lui reviendrait pas
après examen comparatif.
Description. — Plante sous-frutescente
à la base, flexueuse- grimpante , très-
glabre; feuilles alternes pétiolées, trian-
gulaires deltoïdes, auriculées, acuminées,
sinuées- dentées, pourvues de stipules;
(1) Senecio deltoideus.! Less., Syn.., 892; DC.
Prod., VI, p. 404. — Eupatoriimi auriculatum,
Lamk. — Dict.2, p.411 (nonVahl.). -Mikaniaau-
riculata, Willd. Sp. 3, p. 1745. — Eupatorium
scandens, Link, Enum. h. herol., % p. 307 (non
Lin. nec Thunb.). — Cacalia fimbrillifera, Cav.
— Dict. 48, p. 460. — C. scandens, Thunb., Fl.
cap. 625, ex Less. — {Mikania auriculata, Eupat.
scandens et Cac. scandens, Spreng. Syst. Senecio
patulus, Burin. Herh.)
POMMIERS GREFFÉS SUR POIRIERS.
417
grappes de fleurs axillaires, plus courtes que
les feuilles, lâchement dichotomes, corym-
hiformes polycéphales; involucre cylindrique
à 5 folioles, légèrement calyculé à la base ;
corolle plus longue que l’involucre ; récep-
tacle fimbrillifère (finement frangé). Notre
gravure (fig. 76) représente un rameau
fleuri de grandeur naturelle.
La rapidité de végétation du S. deltoi-
deus est extraordinaire. Dans le Midi, un
jeune pied mis en place au printemps peut
garnir un mur dans une année. Déjà, à An-
tibes, on voit, dans les jardins de quelques
résidences, des tonnelles ou berceaux garnis
de cette jolie Composée, due probablement
à quelque don gracieux de la villa Tburet.
La multiplication se fait par boutures, qui
s’enracinent avec une grande facilité. Si les
gelées quelquefois intenses du Midi gâtent
momentanément le feuillage, la plante re-
pousse déplus belle et répare rapidement
le dommage qu’elle a éprouvé.
POMMIERS GREFI
Jusqu’à ce jour, que nous sachions du
moins, on n’a guère essayé de greffer les
Pommiers sur les Poiriers ; quelques faits
inverses ont été tentés çà et là ; bien des
fois, nous l’avons fait aussi. Sans être
précisément bon, le résultat semble indi-
quer qu’en choisissant les sujets et les
espèces à mettre dessus, l’on pourrait peut-
être arriver à trouver des sortes qui, en
s’harmonisant, pourraient vivre et fructi-
fier. Ainsi, un Beurré Spence ou Fondante
des bois, que nous avions greffé sur Pom-
mier doucin, a vécu plus de quinze ans
en produisant chaque année de beaux fruits
mais qui, presque tous, étaient véreux. Ce
résultat était-il dû au sujet ? Nous ne pour-
rions le dire.
Mais, en général, la greffe des Pommiers
sur Poiriers est regardée comme impossible,
ce qui pourtant n’est pas, ainsi qu’on va le
voir. Le premier fait porté à notre connais-
sance nous a été révélé par notre collabo-
rateur, M. Fouché fils, horticulteur à la
Flotte, île de Ré (Charente). Voici ce qu’il
nous écrivait le 8 mai 1883 :
Au mois de février dernier je fus appelé par
un propriétaire du village de la Noue, commune
de Sainte-Marie, pour tailler ses arbres. Là je
fus très-surpris de rencontrer de fort beaux
Dans le nord, ce sera une plante de
serre ou d’orangerie qui devra être hiver-
née presque sans soins, et qu’on pourra
livrer à la pleine terre pendant l’été, sans
prendre le souci de la relever avant l’hiver.
Quelques boutures enracinées, conservées
sous verre jusqu’au printemps, serviront
de pieds mères sur lesquels on pourra
couper abondamment les multiplications
désirables. Nous pensons aussi que le S.
deltoideus serait utilement employé en bor-
dure, à la décoration estivale des jardins
de la région parisienne.
Dans le Midi, on peut l’utiliser non seu-
lement comme garniture de berceaux et de
tonnelles, mais on en obtiendra d’excel-
lents effets pittoresques en le faisant courir
et retomber sur les rochers et en le plan-
tant au pied des grands arbres, des Oliviers
surtout, avec le feuillage desquels sa ver-
dure claire et lustrée tranchera très-avan-
tageusement. Ed. André.
ÉS SUR POIRIERS
Pommiers greffés sur Poiriers. Les sujets sont
des Beurrés d'Aremherg qui, d’après le pro-
priétaire, ne donnaient plus de fruits. La
variété de Pommier est la Reinette franche. Ces
greffes, âgées de un et deux ans, m’ont paru par-
faitement soudées. Je demandai alors au pro-
priétaire s’il en avait déjà greffé, et s’il avait
de plus forts sujets que ceux-ci. Il me répondit
affirmativement, et que, dans un autre jardin,
il avait des arbres plus âgés et qui tous les
ans lui donnaient des fruits magnifiques, ce
que je pus constater. Là, en effet, je vis des
Pommiers beaux et très-vigoureux qui, greffés
sur Beurré d' Amanlis, n’avaient pas moins de
5 mètres de hauteur, bien qu’âgés seulement de
quatre ans. La vigueur de tous ces Pommiers est
extrême, qu’ils soient greffés sur Beurré d’A-
manlis ou sur Beurré d’Aremberg. Un des
sujets avait même reçu deux greffes, l’une de
Pommier Reinette franche \ l’autre de Poirier
Triomphe de Jodoigne, et les deux variétés
étaient aussi vigoureuses l’ime que l’autre.
Ainsi donc, plus de doute qu’on puisse
greffer le Pommier sur le Poirier ! Jusqu’à
quelles limites la chose est-elle possible ?
Y a-t-il des sujets spéciaux, c’est-à-dire des
variétés de Poiriers qui conviendraient mieux
les unes que les autres ? En est-il de même
pour les variétés devant servir de greffons ?
Ces questions, ne peuvent être résolues que
par l’expérience, Et, d’autre part, qui sait si
418 CULTURE DE LA YIGNE
cette greffe, ce contact de divers sucs séveux
qui doivent produire des combinaisons spé-
ciales, ne détermineraient pas des modifica-
tions particulières qui changeraient le tem-
pérament du Pommier et le rendraient
rebelle à l’influence du puceron lanigère ?
En attendant, comme cette question très-
importante intéresse à la fois la pratique et
la théorie, c’est-à-dire la science pure et la
science appliquée, nous engageons tous
ceux de nos lecteurs qui le pourraient, à
faire des expériences en les multipliant et
en les variant, et à vouloir bien nous faire
connaître les résultats qu’ils auraient ob-
tenus ; nous nous empresserons de les
publier.
En attendant, nous croyons devoir rap-
porter ce que sur cette même question,
nous a répondu M. Fouché, à qui nous
avions demandé quelques nouveaux rensei-
gnements :
A SRJNAGAR (KASHMIR).
Avant de vous répondre, dit-il, j’ai voulu
m’assurer de l’état dans lequel, actuellement, se
trouvent les Pommiers greffés sur Poiriers. Non.
seulement aucun d’eux n’est attaqué du puceron
lanigère, bien que plusieurs soient rapprochés
de Pommiers envahis par cet insecte, mais les
arbres sont chargés de fruits magnifiques et
sont d’une vigueur exceptionnelle ; il paraît
même que ce Puceron n’a jamais, jusqu’à ce
jour du moins, attaqué les Pommiers greffés
sur Poiriers. Cela continuera-t-il ?
Oui, cette immunité persistera-t-elle ?
Toute la question est là. Quoi qu’il en
soit, ce premier point est acquis : Les
Pommiers peuvent vivre et fructifier sur
les Poiriers. )) A nos lecteurs de faire
leur profit de cette découverte et de se
livrer à des expériences pour tâcher de
découvrir jusqu’à quel point il y aurait
avantage à employer ce sujet, et quel en
serait le résultat. E.-A. Carrière.
CULTURE DE LA VIGNE A SEINAGAR (KASHMIR)
En présence du terrible fléau qui menace
d’anéantir les vignobles français, j’ai cru
utile de parler de la culture de la Vigne
dans l’Inde.
Le lecteur a sans doute déjà deviné que
je veux parler duKashmir, de cette belle et
fertile vallée de l’Orient.
La Vigne y pousse avec une vigueur
incroyable, et il n’est pas rare, dans une
année, de voir des sarments de nos espèces
françaises atteindre 9 à 10 mètres de lon-
gueur et se charger de grappes de pre-
mière grosseur et de première qualité.
D’après le succès que j’ai obtenu depuis
deux ans que je suis au Kashmir, je n’hésite
pas à affirmer que, si on établissait de
grandes plantations dans des terrains choi-
sis et irrigables, le Kashmir pourrait, dans
quelques années, fournir une quantité con-
sidérable de vin, suffisante pour la consom*
mation des Indes anglaises.
Le climat du Kashmir, tout en se prêtant
à merveille à la culture de la Vigne, exige
cependant qu’on prenne pour celle-ci cer-
taines précautions qui, en France, sont inu-
tiles.
Une des plus grandes difficultés à vaincre
pour faire réussir les jeunes plantations,
c’est d’assurer leur reprise. Cette difficulté
est une conséquence de l’extrême sécheresse
qui se fait sentir sous ce climat. Ainsi, au
Kashmir, 'il ne pleut pour ainsi dire jamais ;
à partir du mois de mars il fait une chaleur
excessive, et jamais alors il ne tombe même
une goutte d’eau. Aussi, sans irrigation,
pas de culture.
Les eaux que l’on emploie pour irriguer
les cultures proviennent des neiges qui,
pendant l’hiver, couvrent les hautes et
nombreuses montagnes qui sillonnent ce
pays.
Au printemps, au moment de la fonte de
ces neiges, qui, du reste, se prolonge toute la
belle saison, les cultivateurs, à l’aide de
rigoles, conduisent ces eaux dans leurs dif-
férentes cultures, principalement dans les
rizières, auxquelles ils prodiguent des soins
tout particuliers, ce qui se comprend, car,
au Kashmir, comme dans toutes les Indes,
c’est le Riz qui est la base de la nourriture
de l’homme.
Ces quelques observations suffisent pour
démontrer que si l’on plantait des jeunes
Vignes dans les mêmes conditions que celles
dans lesquelles on les place en France, ces
jeunes Vignes ne pourraient pousser.
Au Kashmir, la maturité du Raisin étant
assurée, on n’a pas à redouter l’action des
plaines, au contraire^; il faut de préférence
les rechercher afin de permettre les irriga-
CULTURE DE LA VIGNE A SRTNAGAR (KASHMIR).
m)
lions, sans lesquelles toute culture, môme
celle de la Vigne, est impossible.
Les terrains en pente et placés à l’exposi-
tion du sud sont ceux que l’on recherche en
France pour la production des grands vins;
à preuve les riches coteaux de la Bourgogne.
Eh bien ! au Kashmir, il en est tout autre-
ment, et dans les terrains à pente rapide et
exposés au midi, quelle que soit la nature
du sol, il ne faut pas songer à cultiver la
Vigne, parce que, dans ces conditions, les
irrigations sont impossibles, et que pendant
l’été les Raisins seraient brûlés.
Une pente très douce pourrait encore
être utilisée avec un certain succès ; car,
dans ce cas, l’on n’aurait que très peu de
terrassements à faire pour établir des ter-
rasses horizontales qui permettraient les
irrigations.
La manière dont j’ai procédé pour établir
les nouvelles plantations et qui a parfaite-
ment réussi, est la suivante :
J’ai fait creuser des rigoles de 50 centi-
mètres de largeur sur 15 centimètres de
profondeur ; toutes ces rigoles sont paral-
lèles et espacées entre elles de 2 mètres de
distance, et c’est dans ces rigoles que j’ai
fait faire les trous destinés à recevoir les
jeunes plants de Vignes. Ces trous sont
espacés de 50 sur la ligne. Pour la plan-
tation j’ai opéré comme cela se fait ordinai-
rement en ayant soin de conserveries rigoles
parfaitement régulières dans toute leur lon-
gueur.
En tête de tous les champs de Vigne, j’ai
fait passer un canal collecteur qui, à volonté,
amène les eaux de la montagne, de sorte
que toutes les rigoles aboutissant dans ce
canal, on peut, quand le besoin s’en fait
sentir, facilement et sans aucune fatigue,
arroser les Vignes ; l’eau coulant droit dans
toutes les rigoles, tous mes plants reçoivent
la ration d’eau qui leur est nécessaire.
Une des conditions indispensables ici à
la bonne réussite de la Vigne, c’est que
pendant toute la saison, le terrain soit tenu
propre par des binages donnés opportuné-
ment, que les rigoles soient toujours dans
un parfait état de propreté, même dans les
vieilles Vignes en rapport, car il arrive
presque toujours qu’au moment de lavérai-
son, les chaleurs sont tellement fortes, que
le Raisin pourrait ne pas tourner et les
grappes se dessécheraient sur pied, tandis
que si les rigoles sont bien entretenues,
il est très-facile d’y remédier par une bonne
irrigation donnée au moment ou le Raisin
va tourner. Si les chaleurs sèches conti-
nuent, on peut même, au bout de huit à dix
jours, pratiquer une seconde irrigation, et
tout peut se borner là; car à cette époque il
n’y a plus rien à redouter : la maturation et
la récolte sont assurées.
On pourrait craindre que ces irrigations
tardives ne nuisent à la qualité du vin, ce
qui, en France, arriverait inévitablement ;
au Kashmir, il n’en est rien ; au contraire,
par ces irrigations, on obtient qualité et
quantité.
Quels que soient les procédés oU les appa-
reils dont on dispose pour amener l’eau
nécessaire aux irrigations : pompes, chaînes
à godets, roues persanes, etc., le mode de
plantation que j’indique est, je crois, l’un des
meilleurs, ce qui m’a engagé à le décrire
avec certains détails qui en permettent l’ap-
plication partout où le pays est chaud et
très-sec ; peut- être même pourrait-il être
appliqué avec succès dans certaines de nos
colonies, en Algérie par exemple.
Je vais terminer par un exemple du pro-
duit que peuvent donner les Vignes au
Kashmir ; il est récent et date de 1882.
Ainsi, sur environ cinq hectares de Vigne en
état de production, nous avons récolté
quatre-vingt-dix hectolitres de vin, dont
cinquante hectolitres de vin blanc et qua-
rante hectolitres de vin rouge, le tout de
très-bonne qualité.
La vendange a été terminée le 8 sep-
tembre. Le vin blanc imite beaucoup le
Barsac. Quant au vin rouge, il a exactement
le bouquet d’un bon Médoc, et il est d’une
couleur et d’une limpidité qui ne laissent
rien à désirer.
Les variétés de Vignes que nous cultivons
sont :
Pour les vins blancs : Sémillon, Sau-
vignon et Saiiterne.
Pour les vins rouges : Cahernet sauvi-
gno7i, Cabemet franc, Verdot, Merlot et
Malbec. L. Bouley.
420
NOUVELLES RHUBARBES HYBRIDES.
TRITOMA PUMILA
Plante vivace , rustique, rappelant par
son port, son faciès et sa végétation, le
Tritoma uvaria. Feuilles nombreuses,
naissant d’une souche renflée , robuste ,
d’un vert glaucescent. Hampe robuste à
écorce rubigineuse glaucescente. Fleurs
pendantes et disposées en cône, d’un rouge
brique vineux, jaunâtres à l’extrémité.
Cette plante, que j’ai vue récemment en
fleurs chez MM. Thibault et Keteleer, hor-
ticulteurs à Sceaux, se distingue des autres
formes d’abord par ses feuilles un peu plus
courtes et par l’ensemble de la plante qui
est plus petite dans toutes ses parties, puis
par la couleur des fleurs, qui est d’un rouge
cerise violacé, difficile à définir, bien qu’il
soit différent de celui de doutes les autres
espèces et variétés.
Le Tritoma pumila {Link; Aletris pu-
mila, Dit. ; Veltheima ahyssinica, Red.;
Veltheimia pumila^ Willd.) est originaire
d’Abyssinie. Il est tout aussi rustique que
les autres ; sa culture et sa multiplication
sont aussi les mêmes. Houllet.
BEGONIA DAVISII SUPERBA
Cette plante, aussi modeste que méri-
tante, est l’une des plus propres à mettre
en première ligne autour des massifs ou à
faire des bordures. Ces qualités, elle les doit,
d’une part à sa taille très-réduite, de l’autre
à la beauté de ses fleurs, qui sont très-
grandes et d’un coloris rouge foncé des
plus chauds. Ses caractères sont les sui-
vants :
Plante acaule, gazonnante, atteignant 12 à
15 centimètres de hauteur, à feuilles de
grandeur moyenne, presque subcordiformes,
très-courtement pétiolées. Fleurs sur un
pédoncule dressé, raide, très-coloré, por-
tant de grandes fleurs bien ouvertes d’un
rouge extrêmement foncé brillant.
Le B. Davisii superha fut obtenu par
MM. Thibaut ©t Keteleer, horticulteurs à
Sceaux, du Bégonia Davisii^ dont il a
tous les caractères généraux ; il est des plus
floribonds et des plus robustes, et s’acco-
mode très-bien de la pleine terre, où la
plante forme de larges touffes qui fleu-
rissent continuellement jusqu’aux gelées.
Aucune variété n’est plus propre, soit à l’or-
nementation des plates-bandes, soit pour
entrer dans les massifs de mosaïculture
ou autres, où elle produit un très-bel effet .
Elle a cet autre avantage de se reproduire
à peu près identiquement par semis, ce
qui permet de la multiplier promptement
et en grande quantité.
La culture du B. Davisii superha ne
présente rien de particulier et est en tout
semblable à celle du type. Il en est «de
même pour sa multiplication. May.
NOUVELLES RHUBARBES HYBRIDES
En 1877, le jardin de la Faculté de mé-
decine de Paris avait reçu de M. Collin,
pharmacien à Verdun, bien connu par ses
recherches sur les Rhubarbes, un pied du
Bheum envoyé par Chauveau, comme
produisant la véritable Rhubarbe de Chine.
J’ai décrit cette plante sous le nom de R.
Collinianum, dans le n*^ 19 du Bulletin
de la Société Linnéenne de Paris (p. 146),
où je crus devoir la considérer provisoire-
ment comme une forme ou variété du R.
hyhridum. Je ne reviendrai pas sur les
caractères de cette curieuse plante, ren-
voyant pour les détails à ce que je publiai
à cette époque sur son organisation. Je rap-
pellerai seulement que ses fleurs m’avaient
été indiquées comme blanchâtres et que,
souvent dépourvues d’organes femelles,
elles ressemblaient beaucoup à celles du
R. hyhridum type.
En 1879, le pied reçu de M. Collin fleurit
dans le jardin de la Faculté. Il avait pris de
la vigueur, s’était élevé à la taille de
1 mètre 50 environ, et sa floraison fut
abondante. Seulement, la teinte de ses
fleurs fut d’un rouge sombre, et ses feuilles,
très-analogues à celles du R. hyhridum
type, mais plus allongées, plus aigües à
_R.ei)ue / fo/ ‘ù( 'o / 1' .
, tiet .
R h n ha rhc h i/ bride Flo/ 'en lui .
NOUVELLES RHUBARBES HYBRIDES.
leur sommet et plus inégalement incisées
sur les côtés, présentèrent, surtout pendant
leur jeunesse, un reflet rouge très- accen-
tué qui disparut graduellement avec l’âge.
A 4 mètres environ de la plate-bande où
était planté ce R. Collinianiim, fleurit en
même temps que lui un pied de R. offici-
nale type, c’est-à-dire de cette grande et
belle espèce, aujourd’hui partout cultivée,
dont les Chinois ont comparé la feuille, d’un
beau vert clair, à celle du Ricin ou à un
éventail ouvert, et dont les fleurs sont
d’un blanc laiteux ou légèrement teinté de
jaune.
Pendant la floraison, les insectes abon-
dèrent sur les inflorescences des deux
plantes ; si bien qu’elles se fécondèrent
réciproquement et qu’elles se couvrirent
l’une et l’autre de fruits fertiles. Aban-
donnés à eux-mêmes, ces fruits germèrent
presque immédiatement au pied des plantes
mères et donnèrent plusieurs centaines de
jeunes pieds dont le développement fut
rapide et qui présentèrent un certain
nombre de variations, d’autant plus dignes
d’intérêt, qu’elles furent sensiblement les
mêmes avec l’une quelconque des deux
plantes pour porte-graines. Les feuilles
étaient plus ou moins profondément décou-
pées et plus ou moins rigides ; leur pétiole
et leur courte tige étaient tantôt verts et
tantôt rougeâtres, et les racines surtout
différaient par leur coloration, étant rouges
dans certains pieds, et jaunes dans les
autres. Mais, nous le répétons, parmi les
plantes venues de graines récoltées sur le
R. Collinianum, par exemple, il y avait à
peu près autant d’individus à racine jaune
que de pieds à racine rouge.
En 1882, un grand nombre de ces
hybrides produisirent des fleurs. Elles pré-
sentaient de très-grandes variations dans
leur coloration, depuis le blanc rosé terne,
jusqu’au rouge carminé très-vif. Un des
pieds se distingua surtout par la teinte
foncée de ses fleurs; c’est cette variété que
représente la figure coloriée ci-contre et à
laquelle nous avons donné le nom de Flo-
rentin, c’est-à-dire le nom du jardinier de
la Faculté de médecine qui a donné ses
soins à nos plantes. Dans cette variété, les
feuilles ressemblent à celles du R. offici-
nale, mais elles sont plus longues que les
siennes, relativement à leur largeur, et la
jlisposition pennée de leurs nervures est
m
plus manifeste dans la portion qui surmonte
les digiti-nervations de la base du limbe;
celui-ci est de consistance un peu molle,
comme dans le R. officinale, et les divi-
sions de ses bords sont plus inégales. Quand
les feuilles ont pris tout leur développe-
ment, ces bords étalés se réfléchissent
même souvent en dehors, en vertu de leur
peu de rigidité. Le pétiole est tantôt d’un
vert uni, comme celui du R. officinale, et
tantôt finement strié de pourpre foncé,
comme il peut arriver dans le R. Collinia-
nuyn et aussi dans le R. tanguticum. Les
feuilles de la base avaient dans cette plante
plus d’un mètre de long. Quand la floraison
commença à se produire, les axes à fleurs
avaient plus de 2 mètres 50 de long, et ils
atteignirent ultérieurement près de 3 mètres.
Ils portaient jusqu’au milieu des groupes
floraux, de petites feuilles de même forme
que celles de la base, mais qui n’avaient
plus qu’un ou deux décimètres de largeur.
Quant aux fleurs, elles étaient d’un beau
rouge, comme nous l’avons dit, mais leur
nuance était surtout très-foncée avant l’épa-
nouissement, alors que les boutons se
dégagaient du milieu des bractées. Leur
ensemble'ressemblait beaucoup alors à une
tête de Celosia. La forme générale de l’in-
florescence était à peu près la même que
dans le R. officinale, un peu plus élancée
pourtant ; les derniers axes florifères s’in-
clinaient et retombaient gracieusement en
dehors sous forme d’arcs flexibles. Cette
plante est féconde, c’est donc un hybride
fertile ; elle a donné des milliers de fruits
qui ressemblent beaucoup à ceux du R.
officinale, et dont les graines, aussitôt
semées, ont déjà produit une nouvelle géné-
ration de pieds qui ont actuellement passé
l’hiver, développent cet été des feuilles
entières ou peu découpées, et se distinguent
déjà en sujets [à racine et à pétioles rou-
geâtres et en individus à racine jaune.
Il serait difficile de trouver un plus beau
Rheum ornemental que la plante dont nous
venons de parler, surtout à cause de la
coloration des inflorescences. Les feuilles
laissent peut-être quelque chose à désirer
au point de vue de la rigidité ; mais ce
défaut, si c’en est un, disparaît comme
nous le verrons dans une autre des variétés
que nous avons obtenues.
La même année a fleuri, dans des condi-
tions analogues, un autre pied de Rhubarbe
422
NOUVELLES RHUBARBES HYBRIDES.
hybride, représentant la variété que je
nommerai Faguet, et qui rappelle beaucoup
par les caractères de ses feuilles la plante
dont je viens de parler, avec toutefois un
peu plus de rigidité dans le limbe et des
découpures plus fines sur les bords. Les ner-
vures, très-saillantes en dessus, sont d’un
vert très-clair, comme celles du R. Collinia-
num type ; et le pétiole, à peu près cylin-
drique, est finement ponctué de pourpre,
mais moins abondamment que celui du R.
Collinianum. Ces feuilles arrivent à de
grandes dimensions. Dans nos cultures,
l’année dernière, leur pétiole atteignit de
50 à 80 centimètres, et le limbe, 1| mètre
de long sur 4 mètre 40 de large. La hampe
florifère était plus développée encore, puis-
qu’elle mesurait 2 mètres 80, et qu’à
l’époque de la maturité des fruits, elle avait
atteint 3 mètres 20. Sa base dénudée était
de la grosseur du bras ; dans sa portion
supérieure, elle portait de nombreux axes
secondaires, relativement courts, dressés,
de façon que leur ensemble avait une forme
pyramidale. Les fleurs étaient d’un rose
clair, un peu terne. Les fruits étaient exté-
rieurement semblables à ceux du R. Colli-
nianum qui avait été le porte-graines, de
même que celui de la forme précédemment
décrite. On se ferait difficilement une idée
de la beauté de la variété qui nous occupe
maintenant, et il est probable que dans un
meilleur sol elle atteindrait des proportions
bien plus considérables. J’en juge par un
renseignement que je tiens d’un horticul-
teur anglais digne de foi, et qui m’a assuré
avoir vu, aux environs de Londres, des
feuilles de R. officinale de 6 pieds de long
et des inflorescences de 20 pieds de haut.
C’est cette année seulement qu’a fleuri
et fructifié une troisième forme dont je
vais maintenant dire quelques mots et
que j’appellerai Carrière. Elle est aussi
sortie de graines récoltées sur le R. Colli-
nianum. Avec les inflorescences rela-
tivement étroites et vergées de la plante
précédente, surtout à l’époque de la matu-
rité des fruits, elle présente des feuilles
bien plus rigides, d’une belle tenue, d’un
beau vert franc, à sommet très-aigu, à
nervures secondaires très - saillantes et
comme carénées, deux fois plus épaisses
que larges. C’est là probablement ce qui
fait que le limbe se tient si bien. Le sinus
de la base a les bords rapprochés, comme
ceux d’un cornet, et les divisions des bords
sonttrès-aigües. Le pétiole est aussi tacheté
de pourpre. Certaines de ces feuilles avaient
50 centimètres de pétiole et un limbe de
4 mètre 20 de long sur 4 mètre 40 de large.
Les fleurs sont d’un rose de chair un peu
vif, et les fruits sont, avant leur complète
maturité, d’une belle couleur pourprée.
Aussi cette plante sera-t-elle une des plus
ornementales que puisse présenter le groupe,
et je crois que dans de bonnes conditions,
elle atteindra des dimensions considérables.
Il y a cependant des formes plus belles
encore et de plus grande taille quant aux
feuilles; mais je ne les signale qu’en pas-
sant, car elles n’ont pas encore fleuri à
l’heure qu’il est. Avec de plus vastes di-
mensions, leur feuillage est à peu près celui
du R. Collinianum, et cependant les
plantes sont sorties du R. officinale pris
pour porte-graine. Leur racine n’en est
pas moins rougeâtre dans le jeune âge,
de même que la base de leurs pétioles.
Quant aux deux premières formes que
j’ai décrites comme ayant fleuri et fructifié
et à côté desquelles il y en a un grand
nombre d’autres un peu moins belles et
qui ne seront pas conservées, elles ont donné
d’excellentes graines qui, semées un peu
après leur maturation, ont produit des pieds
déjà hauts de 75 à 90 centimètres, quoiqu’ils
n’aient que dix mois environ , avec des
feuilles de forme variable et des racines, les
unes rouges et les autres jaunes, absolu-
ment comme les plantes dont ils sont
sortis.
D’après ce que je viens de dire, toutes
ces plantes sont des hybrides extrê-
mement fertiles, et cependant certaines
d’entre elles sont tellement différentes de
leurs parents de l’un et de l’autre sexe,
que bien des botanistes à qui je les ai mon-
trées n’ont pas hésité à les considérer comme
de bonnes espèces, dans le sens qu’on
attache généralement à cette expression
dans le langage ordinaire. Pour moi, qui
vois naître ces prétendues bonnes espèces
et qui les produis, pour ainsi dire, à
volonté, je ne souris pas, en présence
de cette appréciation, attendu que les R. Flo-
rentin et Carrière, par exemple, sont plus
différents de leurs parents que ne le sont
l’un de l’autre bien des Rheum que nos
classiques considèrent comme des espèces
de valeur. Si je rencontrais dans les déserts
NOUVELLES RHUBARBES HYBRIDES.
dn Thibet ou de la Chine, un Rheum à fleurs
carminées, tel que le premier de ceux dont
je viens de rapporter le nom, sans connaître
sa filiation, je le considérerais certainement'
comme bien plus distinct du R. officinale,
son père, que ne le sont les uns des autres
un R. compactiim, Rhaponticum, etc. Et,
conséquence sur laquelle je ne puis ici in-
sister, je ne serais point étonné que nos
R, hyhridum, Collinianum et même of-
ficinale et palmatum fussent , à une
époque relativement peu éloignée, sortis,
comme l’on dit, d’un seul et même type
primitif.
Je sais bien qu’une semblable déclaration
ressemble beaucoup à une profession de
foi transformiste et « sent le roussi », par
conséquent. Mais qui serait transformiste,
sinon les botanistes qui observent les plantes
et qui enregistrent, en dehors de toute idée
préconçue, les mille variations de formes
du monde végétal ? Bien souvent les espèces
que nous croyons d’origine excessivement
ancienne, sont formées depuis quelques
siècles et même moins. Ce n’est pas moi
qui l’ai dit ; c’est celui que les botanistes
considèrent comme l’apôtre et le père des
espèces et le plus ferme partisan de leur
fixité et de leur éternité, c’est-à-dire l’au-
teur du Species plantarum, l’orthodoxe
Linné lui-même, qui considère le Prunella
laciniata {Species plantarum, ed. 2 [1763],
p. 837) comme issu du P. vulgaris'i) aqua,
dit-il, olim orta, structura hodie persis-
tens, adeoque tantillum distincta ». C’est
Linné qui, dans un passage du même ou-
vrage (p. 1050), passage qu’on n’a pas lu ou
qu’on a passé à dessein sous silence, décrit
comme espèces distinctes les quatre Scor-
piurus vermiculata, muricata, sulcata,
suhvillosa, et ajoute cependant (p. 1051) :
Species Jiasce omnes olim ex una specie
ortas esse duhium non est ; nec sufficit
locus harum generationi, qui tum mutatus
easdem redderet ; quæ itaque mixtura
harum produxerit constantes plantas?
Qui lias omnes aut conjungat aut distin-
guât videtur argumentis inniti. » On pour-
rait bien appliquer ces paroles, que l’on me
pardonnera de citer dans le texte latin
même, afin que rien n’eh soit atténué,
on pourrait les appliquer , dis-je , aux
Rheum palmatum, tanguticum, hyhri-
dum, Collinianum . et aux trois plantes
423
dont je viens de donner la description som-
maire (1).
Un missionnaire distingué écrit un jour :
€ Vous ne connaissez pas en Europe la
plante qui donne la véritable Rhubarbe de
Chine, la voici ; et il envoie le Rheum Col-
linianum dont les descendants hybrides
peuvent avoir les mêmes feuilles que le R.
tanguticum, c’est-à-dire une simple variété,
pour la plupart des auteurs du moins, du
R. palmatum qui passait jadis pour pro-
duire la véritable Rhubarbe de Chine et de
Moscovie. Certains de nos hybrides, nés du
R. Collinianum et du R. officinale tien-
nent, bien entendu, de leurs deux parents
par tous les caractères ; ils rattachent donc
le R. officinale au R. palmatum qui a
aussi les fleurs blanches, par les R. Collinia-
num et tanguticum qui ont les fleurs, l’un
d’un rouge sombre et l’autre d’un blanc
jaunâtre. Mais les Rhubarbes Florentin,
Faguet et Carrière servent d’intermédiaires
par la teinte carminée ou rosée ou couleur
de chair de leur périanthe.
Pour assurer la conservation de toutes
ces formes, nous n’emploierons que la divi-
sion des pieds. L’opération doit se pratiquer
au printemps, au moment même où la vé-
gétation entre en activité. L’expérience a
démontré que, pour la plupart des Rheum,
le moment le plus favorable à la multi-
plication est celui où le développement de
racines adventives est le plus facile à obte-
nir. La reproduction par semences est facile,
mais elle ne donne presque jamais exacte-
ment les types, et les variations sont, on
peut dire, infinies.
Tous ces Rheum sont extrêmement rus-
tiques. Je n’ai pas à revenir sur leur mérite
ornemental ; ce .sont, à ce point de vue, de
précieuses acquisitions pour les jardins, les
squares et les parcs. Rs ont une autre uti-
lité. La saveur de leur pétiole est moins
aigre, plus douce que celle de la plupart
des autres Rheum connus. Aussi peut-on
en préparer des compotes et des confitures
que l’on s’accorde à trouver excellentes.
H. Bâillon.
(1) Nous laissons à notre éminent collaborateur
toute la responsabilité de ses théories transfor-
mistes. Ceci d’ailleurs est une observation générale :
la Revue horticole étant une tribune où toutes les
opinions peuvent être librement émises et discu-
tées, ces opinions ne sauraient engager que les
auteurs mêmes des articles. (Ed. A.)
424
LACHENALIA AUREA. — SUR QUELQUES PÊCHES HATIVES.
LAGHENALIÂ AUREA
Établi par le botaniste Jacquin, en mé-
moire de Lacbenal, professeur de botanique
à Bâle, le genre Lachenalia comprend une
dizaine environ d’espèces originaires du cap
de Bonne- Espérance. Ce sont des plantes
bulbeuses, acaules, à feuilles radicales,
longuement allongées, rotembantes. Du
centre part une hampe nue, glabre, verte ou
colorée, parfois plus ou moins glaucescente
et comme farinacée. Les üeurs, éparses,
disposées en épis, ordinairement pen-
dantes, sont longuement tubuleuses par le
rapprochement des pièces florales qui se
recouvrent par leurs bords en se contour-
nant, et sont légèrement ouvertes au sommet
par le renversement des pétales.
Les quelques espèces anciennes que l’on
rencontre le plus fréquemment dans les
cultures sont les Lachenalia luteola, 3 Sicq.,
tricolor, Thunb., L. pendula^ Ait., L. qua-
dricolor, Jacq. On s’occupait si peu de ces
plantes que depuis longtemps (un siècle
bientôt) on n’avait introduit aucune nou-
veauté, quand, il y a environ deux ans,
apparut l’espèce dont le nom est inscrit en
tête de cet article, \e Lachenalia aurea
Hort., dont voici les caractères généraux :
Port, aspect et végétation des autres
espèces du genre. Feuilles très-longuement
elliptiques, vertes. Hampe nue, dressée,
d’environ 20 centimètres, rouge vineux,
légèrement pruineuse. Fleurs pendantes
sur un pédoncule jaunâtre, dressé d’environ
8 millimètres, d’un très-beau jaune orangé
dans toutes les parties externes ou internes,
à six divisions ; les trois externes de moitié
plus courtes que les internes, appliquées
sur celles-ci ; les internes élargies, arron-
dies au sommet qui est légèrement révo-
luté. Étamines à filets un peu inégaux,
également d’un beau jaune, les plus longs
légèrement saillants, insérés sur l’onglet
des pétales. Ovaire petit, trigone, jaune
orangé pâle, terminé par un style légère-
ment aplati, ordinairement dépassé par les
étamines.
Culture. — Tous les Lachenalia s’ac-
commodent parfaitement de la serre froide
ou des châssis non chauffés, pourvu qu’il
ne gèle pas trop l’hiver. A part cette cir-
constance le traitement est à peu près celui
des Jacinthes. On doit les cultiver en pots
de manière à pouvoir les transporter là où
l’on en a besoin au moment de la floraison,
qui s’effectue à partir de la fin de mars.
Il va de soi que ces plantes peuvent
être facilement forcées ; il suffit de les
mettre sur les tablettes d’une serre chaude
ou sur une couche, absolument comme
pour toutes les autres espèces analogues
dont on veut avancer la floraison. Quand
celle-ci est passée, on cesse les arrosages,
alors les feuilles disparaissent vers les mois
de septembre-octobre ; on dépote les
plantes, on rempote les oignons dans une
terre neuve composée de terre franche, de
terreau et de vieille terre de bruyère par
parties à peu près égales ; les caïeux sont
séparés et plantés à parts ; quant aux oi-
gnons à fleurs on en met plusieurs, 3 à 6,
dans chaque pot suivant la grandeur de
celui-ci.
Le L. aurea est une charmante Liliacée
que tout amateur devra se procurer. A l’ex-
position d’horticulture du mois de mai
dernier, cette plante faisait partie d’un lot
appartenant à la maison Vilmorin et C‘°.
Guillon.
SÜR QUELQUES PÈCHES HATIVES
. Nous avons reçu do M. L. de la Bastie l’inté-
ressante lettre suivante que nous nous em-
pressons de publier :
Dans l’intérêt général de la science et de
la pratique, vous avez demandé qu’on vous
envoyât des renseignements sur les fleurs
et les glandes de quelques variétés hâtives
de Pêchers. Je suis tout à votre disposition
et je vais essayer de répondre à votre désir
pour les variétés que vpus 3ignalez. Il y
aura pourtant une lacune cette année, car
les gelées de mars ont détruit toutes les
fleurs d’une partie de mes Pêchers.
Toutefois, j’éprouve quelque embarras au
sujet de Amsden et de Early Alexander.
L’année passée, j’affirmais que leurs glandes
étaient réniformes ; je les avais examinées
plusieurs fois et pour plus de certitude
j’avais pris l’avis d’autres personnes. Cette
année, j’ai examiné plus de cent feuilles
CONSTRUCTIONS RUSTIQUES.
425
par arbre et je constate que si les glandes
manquent sur quelques-unes, sur les
autres elles sont globuleuses. Ai-je mal
vu en 1882, me suis-je trompé sur ce ca-
ractère? C’est probable, car je ne puis
croire que ce caractère varie comme celui
de l’adhérence de la chair au noyau, ou
avec lui. Ainsi, en 1881, Amsden et Early
Alexander étaient à çhdàT ^adhérente, tan-
dis qu’en 1882 elles étaient à chair tout à
fait libre.
Quoi qu’il en soit, voici le résultat de
mes observations de 1883.
Amsden. Fleurs grandes (rosacées), rose
pâle. Glandes globuleuses, très-petites.
Early Alexander. Fleurs grandes (rosa-
cées), roses. Glandes globuleuses, petites.
Ciimherland,. Fleurs rosacées, moyennes,
rose pâle. Glandes nulles.
Doiuning. Fleurs moyennes, roses. Glan-
des nulles.
Wüder. Fleurs.... Glandes globuleuses,
très-petites, manquent sur quelques feuilles.
Conklind. Fleurs. . . . Glandes globuleuses,
petites, manquent sur beaucoup de feuilles.
Waterloo. Fleurs..., Glandes réniformes
par 4 et 5, 2 sur le pétiole, les autres sur
le limbe.
Musser. Fleurs.... Glandes globuleuses,
ti ès-petites, manquent parfois.
Précoce argentée. Fleurs grandes (rosa-
cées), rose pâle. Glandes réniformes.
Précoce River s. Fleurs grandes (rosa-
cées), rose pâle. Glandes réniformes.
L’origine des constructions rustiques re-
monte à la plus haute antiquité. Les habi-
tations des peuples primitifs furent cons-
truites avec des matériaux se trouvant à la
surface du sol, et surtout avec le bois qui
était le plus facile à employer. Quand la
réunion des masses populeuses donna lieu
à la fondation de villes, decités, les premiers
monuments furent construits en bois.
Pendant fort longtemps, pendant des siè-
cles même, la décoration rustique resta à
l’état secondaire, car les hommes ayant
trouvé d’autres matériaux dans le sol, les
goûts, les besoins, les idées changèrent et
modifièrent totalement le genre des cons-
tructions primitives.
Mais quand, après les grandes construc-
tions du siècle de Louis XIV, après les
Je n’ai malheureusement point de fruits
de Précoce Rivers, cette année. Elle res-
semble si bien à Précoce argentée que je
suis tenté de croire que c’est la même
variété. L. de la Bastie,
Vice-président de la Société pomologique de France.
Belvey, le 12 août 1883.
Après avoir remercié M. L. de la Bastie de
son intéressante communication, nous allons
d’abord compléter quelques-unes de ses dia-
gnoses en ce qui concerne les fleurs, ensuite
exposer quelques observations qui sont en
désaccord avec les siennes. Ce complément et
ces observations sont pris sur nos notes parti-
culières relatives à ces mêmes variétés que
nous cultivons à Montreuil.
En ce qui concerne les fleurs, nous dirons
que Wüder a les fleurs rosacées, Conklind les
a canipanulacées, Waterloo, relativement rosa- .
cées; Musser, rosacées.
En ce qui concerne les glandes : d’après M. de
la Bastie, Conklind a les glandes globuleuses,
notre sujet les a réniformes. Est-ce à dire que
nous soyons seul dans le vrai? Nous n’avons
pas cette prétention. Nous croyons devoir citer
le fait afin de montrer combien il faut y re-
garder de près et se mettre en garde contre les
erreurs involontaires.
Si nous ajoutons que l’on peut, de deux
pépiniéristes également sérieux et recomman-
dables, recevoir des choses différentes, on
comprendra combien il est difficile d’arriver à
la vérité. Le fait nous est arrivé à propos de
la variété^ May; un pied avait des
feuilles dépourvues de glandes, tandis que
fautre était à glandes réniformes.
E.-A. Carrière.
IS RUSTIQUES
grandes lignes, la mode et l’idée amenèrent
à copier la nature, à créer des jardins, dits
anglais, il convint alors de modifier aussi
les constructions à y élever et à revenir
au genre rustique, avec la décoration qu’on
était susceptible d’y ajouter.
Pour des habitations de gardes ou de jar-
diniers, des kiosques ouverts ou fermés, des
ponts, des belvédères, des cabanes de vola-
tiles ou de quadrupèdes, etc., non-seule-
ment la construction rustique est très-
agréable, très -pittoresque par elle-même,
mais encore elle contribue véritablement à
l’embellissement d’un grand parc ou d’un
jardin anglais de moindre dimension.
Et si ces parcs ou jardins présentent à
l’œil des surprises comme points de vue,
comme sites, les constructions elles-mêmes
426
CONSTRUCTIONS RUSTIQUES.
les ornent d’une manière agréable ; car si
l’extérieur, tout en étant élégant, est très-
simple et sobre de décoration, l’intérieur
permet, tout en maintenant un style parti-
culier, d’y apporter toute la décoration pos-
sible.
Pour que ces constructions soient bien
comprises, et agréables à l’œil, il faut une
recherche et une étude spéciales dans leur
construction. Les matériaux doivent être
choisis, car tous ne pourraient pas convenir.
Il faut aussi, en distribuant le plan de
façon à le rendre commode pour les servi-
ces, le rendre accidenté, de manière que
l’élévation présente sur chacune de ses faces
des décrochements, des saillies, des jeux de
combles, qui donnent à l’ensemble de la
construction un aspectdes plus pittoresques.
Ces chalets rustiques, tout en étant
très-élégants, doivent présenter une certaine
force, une certaine ampleur; c’est pourquoi,
ainsi qu’il est dit plus haut, tous les maté-
riaux ne pourraient pas convenir, et il faut
rejeter ceux qui sont maigres d’aspect ou
de tons incolores ; car les constructions de
ce genre se trouvant dans la verdure, au
milieu de paysages colorés, il importe que
les matériaux, à l’aide desquels elles sont
édifiées, soient eux-mêmes chauds de ton
et puissent subir sans crainte le contact de
couleurs variées.
Le bois est la base de la construction
rustique. Il est préférable de l’écorcer, car,
tout en conservant ses nodosités, il est
moins sujet à la piqûre des insectes et se
conserve beaucoup mieux, surtout s’il est
Fig. 77. — Chalet rustique.
imprégné et pénétré par certains agents
chimiques, et verni par dessus, après l’édi-
fication achevée. Le remplissage des pans de
bois se fait, soit avec du plâtre coloré à
l’oxyde -de fer, soit avec de la rocaille, soit
avec de la chaux ou du ciment teintés vigou-
reusement.
La couverture doit être principalement
faite en chaume, soit de paille, soit de ro-
seaux, car, en raison de son épaisseur et
de sa nature même, elle se relie mieux à
la forme extérieure. On peut au besoin se
servir de tuiles en terre cuite ; mais on doit
rejeter l’ardoise et le zinc, qui ne convien-
nent aucunement. Les cheminées hors com-
ble font très-bien en terre cuite, mariées
surtout avec quelque poinçon ou épi placé sur
le comble, et formé de terre cuite également.
Les menuiseries seront en chêne et sapin
apparents et vernis, ce qui permettra, ainsi
que pour le pan de bois, de voir les veines
et les fibres du bois. Les vitrages seront
faits de panneaux de verre, mis au plomb,
avec des bandes de couleurs.
On peut aussi ajouter quelques frises,
quelques panneaux de faïence émaillée,
mais dans une proportion modeste, afin de
faire paraître seulement quelques points
brillants.
Ces constructions ne doivent pas être
mises sur le sol même ; il faut, non seule-
ment pour leur conservation, mais encore
pour leur élégance, les élever d’une cer-
taine hauteur sur un soubassement, soit en
briques apparentes, soit en meulière ou ro-
caille, qui se marie très-bien avec l’ensemble.
SOCIÉTÉ NATIONALE d’HORTICULTURE DE FRANCE.
427
Les constructions ainsi achevées sont par-
faites de forme, mais elles sentent encore
un peu trop la main de l’ouvrier. Il faut les
mettre enharmonie avec les massifs qui les
environnent ; c’est pourquoi l’on doit placer
au pied de ces édicules certaines plantes
grimpantes qui, par leur feuillage et leurs
fleurs, complètent l’ensemble élégant et
pittoresque que l’on a voulu obtenir.
Tricotel.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICÜLTÜRB DE FRANCE
SÉANCE DU 22 AOUT 1883
Apports : — Au Comité à’ Arboriculture,
ont été présentés : Par MM. Baltet frères,
horticulteurs à Troyes, les variétés suivantes
de Pommes : Transparente de Zurich, de
Lait, Lord Suffiels, Sophie Petot, Cellini;
plus 6 variétés de Pommiers microcarpes, très-
bien nommés, parmi lesquels nous avons
remarqué les suivants : ampla, fastigiata,
ornata, striata translucens. — Par M. Ber-
nard, un fruit de Brugnon Cerise, variété
aujourd’hui très-rare, et presque abandonnée,
bien qu’elle soit de toute première qualité.
Son seul défaut, au point de vue commercial,
consiste dans la petitesse des fruits ; défaut
compensé, pourtant, par leur qualité et leur
beauté. — Par M. Berthaut (Vincent), des Beurré
d’ Amanlis, et une corbeille Raisin Frankenthal
et Chasselas, le tout très-beau. — Par M. Gus-
tave Chevalier, de Montreuil, un très-bel apport
coriiprenant 8 variétés de Pêches et autant de
Brugnons, dans les variétés les plus méritantes.
~ Enfin par M. Bouniceau Gesmon, une cor-
beille de Pêches Gh^osse Mignonne hâtive dont
un fruit, remarquablement beau, énorme, pe-
sait 300 gr. Ce qui ajoutait à l’intérêt de cette
présentation c’est que ce développement, inusité
on peut dire, était le résultat d’un éclaircissage
judicieux et sévère, démontrant l’avantage de
cette opération lorsqu’elle est bien faite. Cet
apport était doublement intéressant par la
beauté et par l’exemple.
Au comité de Culture potagère on remar-
quait les apports suivants : Par M. Boulland,
en beaux échantillons, 3 variétés de Pommes
de terre : Blanchard, Early rose, Flocon de
neige; des Oignons Jaune pâle des Vertus, et
des Pois nains dits à bordure. — Par M. Ber-
thaut, jardinier à Rungis (Seine). Des Arti-
chauts {têtes et ailes) beaux et relativement
gros, provenant d’œilletons plantés dans la
première quinzaine d’avril ; 2» des Choux-fleurs
Géant d’aulomne qui, semés fin de mars
avaient des pommes mesurant plus de 35 centi-
mètres de diamètre. C’étaient de véritables
monstres, non des géants toutefois, car les
plantes étaient relativement naines; — Par
M. Bonnemain, d’Étampes, 2 variétés de
Haricots nains : H, Bonnemain, et une nou-
veauté : Merveille de France qui, à la préco-
cité, joint le mérite d’avoir les grains verts. Ce
dernier, qui, paraît-il, est très-constant, a aussi
un très-beau feuillage. En somme, ce sont
deux variétés très-méritantes, appartenant au
groupe des H, Flageolets. — Par M. Vavin, des
Betteraves plate d’Égypte, variété à chair très-
colorée, presque noire, de bonne qualité.
Au comité des Plantes d’ornement, il a été
présenté : Par M. Forgeot, marchand grainier,
Quai de la Mégisserie, à Paris, une nombreuse
et très-belle collection de Dahlias à fleurs sim-
ples, comprenant ce qu’il y a de mieux en ce
genre. Outre la variation et le brillant du coloris,
la régularité des fleurs, on remarquait les di-
mensions de celles-ci ; la variété la plus réduite
est le glabratum, dont les fleurs, rose lilacé
tendre, rappellent assez de petites anémones.
Dans ce lot se trouvait aussi un autre type dit
Dahlia Cactus, représenté par trois variétés :
Juarezi, appelé aussi « Étoile du Diable », Cons-
tance, qui est blanc légèrement carné, et Éclat
des jardins, dont la couleur rouge cocciné pro-
duit un effet ornemental des plus jolis. Ces
trois plantes sont à fleurs pleines. — Par
MM. Dupanloup et Cîe, successeurs de M.Loise-
Chauvière, Quai de la Mégisserie, des Glaïeuls
dits « Souchet », remarquables par le choix des
variétés et leur fort développement. — Par
M. Alexandre, jardinier à Bourg-la-Reine, des
Bégonias tubéreux provenant de ses semis,
remarquables par l’éclat, la duplicature et les
dimensions des fleurs. Tous étaient beaux;
quelques-uns magnifiques. — Enfin, par M. Go-
defroy-Lebeuf, d’Argenteuil, des fleurs coupées
de Glaïeuls rustiques (hybride du G. cruentus
et du Gandavensis), Nerine venusta, Amaryl-
lidée à fleurs rouge sang ; Cypripedium selli-
gerum majus, l’un des plus jolis du groupe
des barbatum; Dendrobium formosum gran-
diflorum, à fleurs blanc pur, très-grandes,
munies d’un long éperon; Cattleya Leopoldi
et C. Gaskelliana. Enfin un fort pied de
Masdevallia Trochiliis, plante très-vigoureuse^
rare, à fleurs roux-marron brunâtre, à divisions
inégales, terminées chacune par un long éperon
jaune.
428
CORRESPONDANCE.
CULTURE DES FRAISIERS QUATRE-SAISONS.
CORRESPONDANCE
Mr H. B. (Vendée.) — Vous trouverez la
collection la plus complète de plantes grasses
en tous genres (Cactées et autres), et meme de
toutes les Eupliorbiacées cactiformes, chez
M. Eberlé, horticulteur, successeur de M.
Pfersdorir, Avenue de Saint-Ouen, près de la
barrière, Paris.
M. L. de la Bastie, à Belvey. — Réponse
de M. F. Morel, au sujet de la Poire Margue-
rite Marillat :
Voici quelques renseignements destinés à
compléter l’article que la Revue horticole a
publié sur la Poire Marguerite Marillat et à
préciser son époque de maturité :
La description de ce fruit aété faite parM. Vi-
viand-Morel, dans le Lyon-horticole, numéro de
novembre 1879, et je me suis borné à la repro-
duire dans la Fievue, en indiquant son origine.
Les éléments de cette description ont été four-
nis par M. Marillat lui-même, qui avait pré-
senté sa Poire pendant plusieurs années, soit
aux séances, soit aux expositions de l’Associa-
tion horticole lyonnaise;
Le fruit qui a été choisi par M. Ed. André,
pour la Revue, figurait à l’exposition du 15 sep-
tembre 1882, et, à cette époque, était tellement
vert que je dus, sur la recommandation de
M. André, attendre encore une quinzaine de
jours avant de l’envoyer à l’artiste chargé de le
peindre. A peu près à la môme date, j’en adres-
sai un autre fruit àM. Hortolès, de Montpellier,
pomologue bien connu.
Entin, dans une propriété que je possède sur
les limites des communes de Tassin et de Cra-
ponne, à quelques centaines de mètres du jar-
din de M. Marillat, je ne récolte jamais les
fruits de cette variété avant le mois d’octobre,
et j’en conserve jusqu’après la Toussaint; je
dois dire que dans ce terrain {gore siliceux
recouvrant des roches marneuses imperméables)
les fruits se conservent très-tard, et qu’il
n’est pas rare de manger encore à la Noël des
Poires de Duchesse d'Angouleme.
En raison de ces faits, et bien que je con-
nusse les exemples de maturité plus précoce
dont parle M. de la Bastie, je ne me suis pas
cru autorisé à contredire l’assertion de mon
collègue et ami, M. Viviand-Morel, dont je con-
nais la scrupuleuse exactitude en matière de
description .
M. de la Bastie, qui est vice-président de la
Société pomologique de France et qui continue
avec autant de savoir que de dévoûment l’œuvre
si regrettablement interrompue de M. Mas,
sait mieux que personne quelle circonspection
il faut a})porter à l’appréciation des propriétés
des fruits, propriétés si largement soumises
aux influences des milieux, — qu’il s’agisse de
l’exposition ou de la nature du sol. — Et ma-
réserve en cette occurrence lui paraîtra d’autant
plus excusable qu’il était question dans l’espèce,
non pas seulement d’une appréciation à émettre,
mais bien d’une rectification à faire.
Tels sont les motifs qui m’ont fait maintenir
intégralement la description du Lyon-horti-
cole. Les observations présentées par mon
savant contradicteur sont - elles de nature à
modifier ce jugement? C’est bien possible, et
pour ma part je recueillerai avec soin les infor-
mations qui me parviendront sur ce sujet, et les
ferai connaître avec l’abnégation que je mettrai
toujours au service de la vérité. F. Morel.
CULTURE DES FRAISIERS QUATRE-SAISONS
M’étant particulièrement occupé de la cul-
ture des Fraisiers Quatre-Saisons et ayant
obtenu de très-bons résultats, je crois, dans
l’intérêt général, devoir faire connaître les
procédés que j’ai employés. Récolter beau-
coup et de beaux fruits, tel était le problème
que je m’étais posé et que je crois avoir
résolu:
Plus que tout autre, le F raisier des Quatre-
Saisons aime les terres franches, neuves et
profondes; aussi tout endroit que je destine
à être planté en Fraisiers est d’abord
défoncé à deux fers de bêche ; puis, en fai-
sant ce travail, j’ai soin de mettre beaucoup
et de bon fumier, de vache autant que pos-
sible, surtout si le terrain est chaud et sec.
Sur le terrain ainsi préparé je fais une
récolte de salade ou d’autre légume qui,
sans épuiser le sol, permet de le façonner.
Je choisis les plus belles Fraises pour
faire des semis ; je repique en pépinière,
six semaines environ après la levée des
plants. xV l’automne, ces Fraisiers sont
bons à mettre en place. Quelquefois vers
la fin d’août je choisis des filets sur les
pieds provenant de semis, que je repique
en place à environ 33 centimètres en tout
sens. Au printemps suivant je fais quel-
ques binages, et ensuite j’étale surtoutle sol
une bonne couche de terreau, et au commen-
NOUVELLE CLÉMATITE. — RICIIARDIA ÆTHIOPICA MAXIMA. 429
cernent de mai un paillis. Afin de ne pas
affaiblir les plants et au contraire pour leur
donner de la force, j’ai soin d’enlever les
filets tous les quinze jours environ et de
temps en temps je donne de copieux arro-
sages. Par ce procédé j’obtiens en grande
quantité des Fraises grosses et belles pen-
dant tout l’été et même à d’automne. A
l’approche de l’biver j’épluche les Fraisiers
et leur donne un binage et un terreautage,
car les pieds de Fraisiers tendant toujours
à s’élever, il est nécessaire de les re-
NOUVELLE
Malgré le nombre déjà si considérable
de variétés de Clématites que l’on pos-
sède, la « mine n’est pas épuisée )) et il
y a encore moyen d’y ajouter. M. Auguste
Boisselot, de Nantes, vient d’en fournir une
nouvelle preuve.
De divers semis qu’il a faits et dont il
nous a envoyé des échantillons, nous avons
remarqué dans ceux-ci, six variétés qui
nous ont paru très -méritantes. Elles pro-
viennent de graines du Clematis lanugi-
nosa fécondé par le Clematis Jackmanni.
Bien que les enfants aient pris un peu le
caractère général des parents, c’est la mère
qui semble l’emporter, du moins en ce qui
concerne la forme des fleurs. Quant aux
couleurs, elles sont variées et vont du bleu
mauve au violet foncé, en passant par un
beau rose nuancé, à reflets chatoyants.
L’une d’elles a les fleurs d’un violet
chausser de temps à autre. Au printemps
de la deuxième année je fais un travail
analogue à celui de l’année précédente et
de nouveau j’obtiens en quantité de belles
et bonnes Fraises jusqu’en juillet. Après
cette saison, la récolte est si minime que
j’arrache les vieux pieds de deux ans, et
alors ceux que j’ai plantés à l’automne suc-
cèdent à ces vieux pieds et fournissent des
Fraises jusqu’aux gelées (1).
M. Leducq,
Jardinier au château de Tigery, par Corbeil
iSeine-ei-Oise).
CLÉMATITE
intense ou d’un bleu très-foncé; elle a
reçu le nom de Reine des bleues. Une autre
d’un très-beau rose lilacé, vineux, a été
nommée Docteur Blanchet. Parmi les
autres, qui sont également remarquablement
belles, à fleurs bien ouvertes, il en est une
dont la fleur très-bien faite, mais plus
petite, d’un lilas violacé, rappelle un peu le
Clematis viticella venosa par ses pana-
chures ; mais la fleur est un peu plus rose et
ses pétales, qui sont souvent au nombre
de 4, sont obovales, plus larges et plus
arrondis au sommet que le sont ceux du
Clematis viticella venosa.
A l’exception de la variété Docteur
Blanchet, qui sera vendue l’automme pro-
chain par M. Boucher, horticulteur, avenue
d’Italie, 156, toutes les autres sont inédites;
plusieurs même ne sont pas encore nom-
mées. E.-A. Carrière,
fiIGHARDIA ÆTHIOPICA MAXIMA
La Revue horticole (1883, p. 298)
publiait dernièrement un excellent article
sur le R. Æthiopica. L’auteur y citait une
variété naine connue|sous le qualificatif mi-
nima ; nous saisissons cette occasion pour
dire qu’il existe également une variété plus
grande que le type, encore peu répandue,
bien qu’elle lui soit de beaucoup supé-
rieure.
Cette variété fut introduite de file de
Madère, en 1878, par M. Leber, alors
directeur des propriétés de M. le comte de
Carvalhal à Palheiro do Ferreiro. M. Leber,
duquel nous tenons obligeamment ces
détails, fut frappé de la beauté de cette
plante, et résolut d’en introduire un stock
considérable, car elle croissait dans les
propriétés du comte de Carvalhal en si
grand nombre et si vigoureusement que
parfois on la donnait comme pâture aux
nombreux porcs d’élevage. Malgré les
bonnes conditions dans lesquelles se trou-
vaient les rhizomes importés, cette belle
(1) Nous devons faire observer à nos lecteurs que
le procédé préconisé par Leducq est celui qui a été
maintes fois recommandé par M. le comte L. de
Lambertye, qui a eu soin de dire qu’il l’avait lui-
même emprunté à M. le comte Le Lieur. Mais
comme le moyen est excellent et trop peu employé,
on ne saurait trop le répandre. Ajoutons que, pour
obtenir un résultat encore meilleur, on doit con-
seiller de semer les graines sous châssis en mars,
après les avoir pris sur des Fraises de l’année pré-
cédente et de faire subir aux jeunes plantes plu-
sieurs repiquages avant la mise en place à l’au-
tomne. {Rédaction.)
430 ECCREMOCARPUS SCABER.
variété se répandit peu. Mais il n’est pas
douteux qu’elle se répandra, et quand elle
sera plus connue, elle prendra probable-
ment la place du type. Du reste nous
l’avons déjà rencontrée dans quelques
bonnes collections où elle est très-appré-
ciée, entre autres à Gouville, chez M. le
comte Adrien de Germiny. Là, soumise aux
procédés de culture qui distinguent ce
remarquable établissement , cette plante
était de toute beauté; nous avons mesuré
des spathes de 25 centimètres de longueur
sur 18 de largeur, avec un feuillage pro-
portionné, cela dans des pots relativement
petits, et l’on nous a assuré que dans le
lieu où cette plante croît spontanément, les
fleurs et les feuilles sont encore bien plus
développées.
Cette variété est aussi rustique que le
type, et, de même que celui-ci, est très-pro-
pre au forçage. En lui donnant pendant la
belle saison beaucoup d’eau et de nourri-
ture, elle pourrait prendre une large part à
la décoration des pièces d’eau, si générale-
ment délaissées sous le rapport de la cul-
ture. Dans de bonnes conditions, nous ne
doutons pas que cette plante, très-floribonde,
ne donne des fleurs encore plus grandes que
celles que nous avons admirées à Gouville,
où l’effet produit par ces larges cornets
du blanc le plus pur était très-remar-
quable.
Les pieds que nous possédons de cette
plante portent quelques graines que nous
espérons semer et dont nous suivrons les
produits avec une grande attention. En
attendant, nous appelons l’attention sur
le R. Æthiopica maxima qui, sans aucun
doute, est de tout premier mérite. Le qua-
lificatif maxima que porte cette plante est
très-juste, vu les dimensions exceptionnelles
de ses fleurs, bien supérieures à celles du
type dont elles ont la forme et l’éclat.
J. Saluer fils.
ECCREMOCARPUS SCABER
Malgré sa grande beauté et bien qu’elle
soit introduite depuis longtemps , cette
espèce est encore très- rare dans les cul-
tures, où elle est même peu connue.
Rien, pourtant, ne justifie cet oubli. En
effet, la plante est vigoureuse, très-flori-
bonde et relativement rustique. De plus, sa
floraison se succède depuis le courant de
l’été jusqu’aux gelées, qui seules vien-
nent l’arrêter. J’ajoute encore, en faveur
de l’Eccrémocarpe scabre, que ses nom-
breuses fleurs, d’un rouge orangé très-
brillant, forment un charmant ornement.
Une autre considération qui milite en
faveur de celte espèce, c’est qu’elle appar-
tient à la série des <l plantes grimpantes, »
en général si recherchées pour la décora-
tion. Elle est très-propre à garnir les ton-
nelles et s’élève facilement de 3 à 6 mètres
de hauteur à l’aide des nombreuses vrilles
dont ses tiges sont munies. Gomment donc
se fait-il qu’une plante aussi méritante soit
encore si rarement cultivée? Probablement
parce qu’elle n’est pas suffisamment con-
nue, ce qui m’engage à écrire cet article.
h’Eccremocarpus scaher, R. et Pav.
{Calampelis scaher, Don), qui appartient à
la famille des Rignoniacées, est originaire
du Chili et aussi du Pérou. C’est une
plante vivace, qui, suivant les climats et
le traitement, peut être cultivée comme
annuelle, bisannuelle et même sous-frutes-
cente. Racines charnues, fusiformes, très-
consistantes. Tiges nombreuses ettrès-rami-
fiées, pouvant dans les pays chauds devenir
sous-frutescentes. Feuilles opposées, bipin-
natiséquées, à folioles cordiformes, échan-
crées, dentées, à pétiole commun ou rachis
dénudé à son extrémité, qui se prolonge en
vrille rameuse, très-prenante. Fleurs nom-
breuses, en grappes, d’un rouge orangé
très-brillant, tubuleuses, penchées, longues
d’environ 2 centimètres, rétrécies à la base,
légèrement lobées au sommet.
Culture et multiplication. — On mul-
tiplie VEccremocarpus par graines que
l’on sème, en pleine terre et en place
le long d’un mur ou d’un treillage contre
lequel la plante devra s’élever. Si la plante
est employée comme annuelle, on sème
dès avril-mai. On peut aussi semer en pots
et repiquer les plants, puis les garder
l’hiver en serre tempérée, de manière à
les livrer à la pleine terre au printemps
suivant. Dans les pays où l’hiver est doux, où
le thermomètre ne descend pas au-dessous
de quelques degrés, les plantes peuvent
rester en pleine terre. Toutefois, on devra,
CULTURE DES PÊCHES A MONTREUIL.
431
par précaution, couvrir le pied avec un peu
de feuilles ou de litière, de manière à le
garantir contre les grands froids. Mais,
dans tous les cas, il sera bon de planter
dans un sol sain, et toujours dans une par-
tie aérée et fortement insolée.
Au lieu de semer des graines de l’Ec-
cremocarpe, on peut bouturer cette espèce ;
il y a même à ce procédé un avantage qui
n’est pas à dédaigner : les plantes viennent
moins grandes et fleurissent davantage. Mises
en pleine terre aussitôt que les gelées ne
sont plus à craindre, elles commencent à
montrer leurs jolies grappes de fleurs
rouge orangé dès le commencement de
l’été ou même à la fin du printemps, pour
ne s’arrêter qu’à l’approche de l’hiver. Si
pendant le cours, de l’été la plante se
couvrait trop de graines, il conviendrait
de les supprimer en rabattant un peu les
plantes qui, repousseraient et ne tarderaient
pas à se couvrir de nouveau de fleurs. On
fait les boutures pendant tout l’hiver, sous
cloches, dans une serre à multiplication où
elles s’enracinent facilement et promptement.
Obtenu par ce procédé, V Eccremocarpus
scaber peut même être conservé en pots,
où il fleurit abondamment. May.
CULTURE DES PÊCHERS A MONTREUIL
C’est une opinion généralement répandue
que, à Montreuil , la culture des Pêchers
est de première importance, ce qui, du
reste, est complètement vrai. Sous ce rap-
port on peut affirmer que nulle part, pro-
bablement, il n’existe rien de comparable,
comme culture spéciale s’entend. Par cul-
ture spéciale nous comprenons celle qui se
fait à l’abri des murs, la seule peut-être,
qui dans le bassin de Paris, puisse être faite
commercialement et donner des résultats
rénumérateurs, parce que les travaux bien
exécutés sont en rapport avec le tempé-
ram.ent des Pêchers.
Toutefois, faisons remarquer que dans
cette circonstance ce n’est pas au point de
vue de la culture des Pêchers, proprement
dite, que nous nous pla , ons, mais à celui
des produits qu’ils fournissent, de manière
à faire apprécier l’importance de cette cul-
ture.
C’est là, assurément, une grande lacune
et c’est celle-ci que nous avons essayé de
combler, travail difficile et qui, à première
vue, peut être considéré comme impossible.
Pour y parvenir, nous avons dû puiser à de
bonnes sources, faire appel à l’obligeance
de cultivateurs sérieux qui, outre leurs
connaissances du sujet, se livrent eux-mêmes
à la culture des Pêchers sur une grande
échelle. Il en est un que nous devons citer
tout particulièrement. C’est M. Chevallier
(Prudent), trésorier de la Société d’horti-
culture de Montreuil, dont les cultures, des
mieux entendues, du reste, peuvent être ci-
tées en première ligne. D’autre part, enfant
de Montreuil, M. Chevalier en connaît tout
le territoire, les jardins, leur importance et
leur étendue]; nous ne pouvions donc puiser
à meilleure source, et c’est d’après les
notes qu’il a eu l’obligeance de nous fournir
que nous avons rédigé cet article.
On doit comprendre que dans un travail
de cette nature il n’est pas possible d’avoir
des données précises ni de chiffres d’une
exactitude rigoureuse. Il faut faire la part
des difficultés et se contenter d’à peu près ;
seulement nos approximations résultent de
déductions et de calculs qu’on peut consi-
dérer comme très-rapprochés de la vérité.
A une lettre que nous avions écrite à
M. Chevalier pour lui demander quelle était
approximativement la quantité de Pêches
récoltées annuellement à Montreuil, voici
ce qu’il nous répondit :
ce Pour arriver à connaître aussi exacte-
ment que possible le nombre de Pêches ré-
coltées annuellement à Montreuil, j’ai dû
chercher un moyen d’évaluer reposant sur
des bases solides, susceptibles même d’être
contrôlées. Après mures réflexions et bien
des tâtonnements, je n’ai rien trouvé de
mieux que d’étudier l’étendue consacrée à
la culture des jardins. Je suis donc parti
de ce principe général :
(( La commune de Montreuil possédait, il
y a environ vingt cinq ans, 300 hectares de
jardin en culture de Pêchers. Mais depuis,
grâce à diverses causes et surtout à l’a-
grandissement continuel du pays, à la cons-
truction d’usines et à la démolition, en 1870,
d’un certain nombre de jardins pour favo-
riser la défense nationale, soit pour isoler
les forts, soit pour toute autre cause, on a
432
PINUS AUSTRIACA. FOLIIS VARIEGATIS.
détruit environ 33 hectarôs, ce qui réduit
les jardins actuels de Montreuil à 267 hec-
tares, rapportant chacun 54,000 Pêches,
soit pour une année ordinaire, un total de
14,418,000 Pêches.
<( Voici sur quoi je me base pour établir
ce calcul. Admettons que chaque jardin com-
prenne 800 mètres d’espalier par hectare,
garnis de Pêchers de forme irrégulière, ce
qui est à peu près exact. Pour arriver à un
résultat plus certain et a des données plus
rigoureuses, je transforme les espaliers et
je suppose la forme irrégulière des arbres,
en palmettes à 5 étages, ce qui donnerait
5 mètres de longueur de branches par
mètre de mur. D’autre part, afin d’éviter les
écarts en plus, je déduis de ces chiffres deux
cinquièmes : l’un pour la mortalité et l’éle-
vage annuel de jeunes arbres, l’autre pour
la perte que nous a fait subir la grande gelée
du mois de décembre 1879. Ces déductions
faites, il reste 1,800 mètres de mur par hec-
tare, produisant chacun 30 Pêches par mètre
de mur, et donnant 54,000 Pêches par
hectare, ce qui, multiplié par 267 hectares.
produit un total général de 14,418,000 Pê-
ches. »
Ces chiffres, qui pourront paraître exa-
gérés, mais qui sont au moins vraisemblables,
ne sont pourtant pas tout ce que l’on peut
espérer ; M. Chevalier, au contraire, ne
craint pas d’affirmer qu’il seront dépassés
d’ici deux ans par le produit des nouvelles
et nombreuses plantations qui ont été faites,
après le rigoureux hiver de 1879. Il estime
même, d’après ces plantations, que s’il ne
survient pas de nouveaux désastres, le
nombre de Pêches, en 1885, pourra être
augmenté d’un tiers, et atteindre 18 mil-
lions. Ce qui, on le voit, explique la réputa-
tion de Montreuil et montre la justesse de
cette appellation: « Montreuil-aux-Pêches ».
A une époque antérieure, lorsque les
cultures étaient moins morcelées, on a vu
des cultivateurs qui récoltaient dans une
seule journée jusqu’à 4,000 Pêches. C’est
ce qui est arrivé, par exemple, en 1865
à M. Chevalier, le père de celui à qui nous
devons les détails contenus dans cet article.
E.-A. Carrière.
PINUS AUSTRIACA FOLIIS VARIEGATIS
Sous ce nom, nous avons remarqué dans
les pépinières de MM. Simon Louis, à
Plantières-lès-Metz (Alsace-Lorraine), une
plante véritablement ornementale. C’est une
variété du Pin noir d’Autriche, à feuilles et
même à bourgeons très panachés qui, avec
quelques parties vertes existant çà et là,
produisent un effet des plus jolis.
Au lieu d’avoir l’air malade et souffre-
teux comme l’ont assez généralement beau-
coup d’arbres panachés, celui-ci est très-
vigoureux, d’un aspect brillant. Cette variété
présente cet autile avantage, également rare
chez les plantes à feuilles panachées, que
les parties décolorées résistent très-bien au
soleil, loin de s’affaiblir ou de brûler. Ces
couleurs, d’un jaune d’ivoire luisant, sont
ici encore plus intenses.
Voici l’historique de cette plante et les
dimensions que, actuellement, présente le
pied mère.
Obtenu dans un semis, vers 4864, le sujet
type, qui mesure près de 4 mètres de
hauteur, forme un beau buisson, malgré
les nombreuses mutilations qu’on lui a fait
subir, afin de le multiplier ; l’arbre est
très-constant dans sa panachure, et si par
hasard il produit quelques parties vertes,
outre que le fait est exceptionnel, ces
parties renferment toujours assez de jaune
pour faire un frappant contraste. Du reste
tout fait supposer que cette tendance, déjà
très-exceptionnelle, disparaîtra complète-
ment par suite du choix des parties que l’on
fait lors de la multiplication. En effet les
premières plantes, qui sont déjà fortes, sont
beaucoup plus panachées que le pied mère,
et cette particularité s’accroît sans cesse chez
les jeunes individus qui, alors, sont presque
complètement jaunes, tout en ayant con-
servé leur vigueur et leur rusticité.
Ainsi qu’on peut en juger par cequi pré-
cède, le Pinus austriaca foliis variegatis^
trouvera place dans les jardins paysagers
comme arbre d’ornement et satisfera les
amateurs de plantes à feuilles panachées,
en même temps qu’il devra faire partie de
toutes les collections de Conifères où il
produira un bef effet par l’élégant contraste
de sa couleur jaune d’ivoire sur le fond
vert foncé E.-A. Carrière.
lmp. Georges Jacob , — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Irrégularité des saisons. — Depuis
quelques années on remarque que les irré-
gularités des saisons tendent à s’accroître.
Le fait est devenu tellement sensible qu’il
frappe même les plus indifférents, les gens
qui « prennent le temps comme il vient. »
Beaucoup de personnes un peu âgées et sa-
chant observer peuvent constater ces diffé-
rences, soit dans la température, soit dans
les pluies et les sécheresses, surtout en ce
qui concerne l’irrégularité des saisons. « Le
climat change, le climat est changé y>, tel
est le dire général auquel les faits semblent
donner raison.
Mais ce n’est pas seulement en France
que des perturbations atmosphériques, des
inversions de saison ont lieu ; toutes les au-
tres parties du globe semblent en subir d’ana-
logues. C’est ce qui s’est manifesté dans
rinde, au Kashmyr, cette année, ainsi que le
démontre la lettre suivante que notre colla-
borateur, M. Louis Bouley, "directeur des
cultures du Maharadjah, nous adresse de
Srinagar, en date du 4 août dernier ;
J’ai l’honneur de vous informer qu’il règne
au Kashmir une chaleur considérable, dont les
conséquences sont inquiétantes. Tous les jours,
le thermomètre, placé au nord et à l’ombre,
accuse, à midi, de 33 à 37 degrés centigrades ; et
avec cela nous n’avons pas eu de pluie depuis
cinq mois, aussi l’agriculture cachemirienne va-
t-elle subir des pertes considérables. Les Lins
ont séché avant de fleurir ; les Maïs sont en
fleurs, mais ils sont complètement desséchés
sur pied.
La récolte du Coton est aussi gravement
compromise ; tous les champs de cette pré-
cieuse Malvacée, situés en côte, sont brûlés
comme si le feu y avait passé.
Beaucoup de rizières sont complètement
desséchées et par conséquent la récolte de Riz,
si abondante d’habitude, sera considérablement
diminuée cette année ; aussi, l’inquiétude est-
elle à son comble.
L’herbe étant desséchée partout, les pâtu-
rages ne présentent plus trace de végétation ;
c’est à peine si les bestiaux peuvent trouver
leur nourriture.
Que faire à cet état de choses ? Rien, si-
non l’étudier, pour tâcher d’approprier,
autant que possible, les cultures aux nou-
velles conditions vitales.
Rusticité et robusticité du Canna
Annei. — Cette variété, l’une des plus
belles par ses grandes dimensions , la
beauté de son feuillage et sa floraison
abondante, paraît être aussi Tune des plus
rustiques, ainsi que l’indique le passage
suivant d’une lettre que vient de nous
adresser notre collaborateur, M. Dolivot,
à Mercey (Saône-et-Loire) :
... J’ai dans mon jardin quelque chose
que des amateurs ont vu avec étonnement et
trouvé assez remarquable. C’est un massif de
Canna Annei, qui pour la troisième fois a
passé le dernier hiver en pleine terre dans le
môme emplacement. Le terrain qu’il occupe
est de forme ovale : 6 mètres de long, 2 mètres
de large. Dans ce petit espace j’ai compté près
de 400 tiges de Cannas, et je m’attendais à
n’avoir qu’une végétation basse et rabougrie.
Or jamais les tiges n’ont été plus drues et
plus hautes. Avant-hier j’ai mesuré celles du
milieu qui m’ont donné 2"i 27. Elles vont en
diminuant vers chaque extrémité, ce qui donne
au massif une régularité parfaite et une grande
élégance. L’épaisseur du massif est telle que la
lumière ne le traverse pas.
C’est du reste la seule variété que j’ai pu
conserver en pleine terre. Le même essai,
fait par moi sur une quinzaine d’autres, ne
m’a jamais réussi.
Me conseillez-vous de le conserver encore
cette année?
Oui, certainement; non seulement cette
année, mais aussi longtemps qu’il sera
possible ; de plus nous conseillons de tenter
des expériences analogues sur différents
points, afin de voir si parmi les nombreuses
variétés de Cannas, aujourd’hui connues, il
ne s’en trouverait pas de relativement
rustiques qu’alors on devrait préférer.
Nouveau remède contre l’oïdium.
— Ce remède, qui est employé avec un
grand succès dans la Dordogne est, paraît-
il, d’une efficacité certaine. Voici à ce sujet
ce qu’écrit un homme dont la compétence,
la bonne foi, ne peuvent être mises en
doute :
M. de Chasseloup-Laubat, propriétaire aux
environs de Périgueux, a présenté à la Société
d’Horticulture de la Dordogne et expérimenté
chez divers propriétaires un liquide de son
19
l*^»’ Octobre 1883,
434
CHRONIQUE HORTICOLE.
invention, qui remplace avantageusement le
soufre pour la destruction de Toïdium.
Sur ma demande, M. de Ghasseloup-Laubat
a bien voulu venir chez moi, il y a six semaines,
faire Fessai de son remède.
Chaque année, malgré des soufrages répétés,
mes treilles étaient fort malades: l’une d’elles
ne donnait, pour ainsi dire, jamais de raisins.
Cette année, elles étaient déjà fortement at-
taquées par l’oïdium. A l’aide d’un pulvérisateur
très-simple, M. de Chasseloup-Laubat a ré-
pandu sur les grappes un liquide dont il est
l’inventeur. Il a désiré en laisser de côté quel-
ques-unes ; d’autres, cachées sous les feuilles,
n’ont pu être que partiellement atteintes.
Aujourd’hui, les raisins étant à peu près
mûrs, on peut apprécier complètement l’effet
du remède. Il est excellent. Les grains déjà
attaqués au moment de l’expérience mûrissent,
tout en gardant la trace du champignon dé-
truit, sous forme d’une légère tache noirâtre;
ils ont atteint, quelques-uns même dépassent la
grosseur normale. Les autres grains ont été
totalement préservés. L’état des grappes trai-
tées contraste d’une manière frappante avec
celui des raisins abandonnés à eux-mêmes ; ces
derniers ont complètement avorté, et sont cou-
verts d’oïdium.
En somme, le résultat obtenu par M. de Chasse-
loup-Laubat est remarquable et son remède
est bien plus efficace que des soufrages répétés.
Il sera en même temps très-économique, si les
prévisions de l’inventeur se réalisent et s’il
peut livrer le liquide préservateur à 0 fr. 50
le litre, ainsi qu’il l’espère.
Il paraît qu’un traitement préventif, appliqué
immédiatement après la floraison, suffit pour
détruire le mal dans son germe. C’est évidem-
ment ainsi qu’il faudra agir à l’avenir ; mais
une expérience faite sur des vignes déjà ma-
lades est bien plus probante, et je comprends
que M. de Chasseloup-Laubat y ait eu recours
de préférence pour faire connaître et apprécier
à sa juste valeur son procédé.
E. Romans,
Ingénieur en chef,
Membre de la Société d’horticulture
de Dordogne.
Concours horticoles à Montreuil et
à Vincennes. — Les 9 et 10 septembre a
eu lieu à Montreuil une petite exposition à
laquelle seuls les membres de la Société
d’horticulture locale pouvaient prendre part.
Si les produits floraux étaient relative-
ment rares, en revanche il en était autre-
ment des fruits qui étaient abondants
et beaux. C’est par milliers que l’on
voyait les Pêches, et sous ce rapport, la
commune de Montreuil a, une fois de plus.
affirmé sa supériorité et prouvé qu’elle
mérite toujours le qualificatif « Montreuil-
aux-Pêches » .
Malgré le terrible ouragan du 2 août, les
Poires, aussi, étaient nombreuses et belles.
Quant à l’industrie, elle ne figurait
guère que pour mémoire. Cependant une
pompe mue par un nouveau moteur, le
déplacement de l’eau, ce qui explique le
nom de Propulseur que lui donnent les in-
venteurs, MM. Saulé et Durozoi, construc-
teurs, 94, rue de Montreuil, et 4, rue
de Tunis, à Paris, présentait un grand
intérêt.
On remarquait aussi un procédé qui con-
sistait dans la conservation en grand des
œufs frais ; l’auteur en est M. Kaneus, rue
de Montreuil, 92, et rue de Tunis, 3, près
la placede la Nation, à Paris. Nous avons
vu là beaucoup d’œufs âgés de sept mois et
demi et qui nous ont paru aussi frais que
s’ils venaient d’être pondus.
Huit jours après, c’était le tour de la So-
ciété régionale d’horticulture de Vincennes
qui, cette fois, exposait à Saint-Mandé.
Cette exposition, qui s’est tenue du 9 au
16 septembre, était non seulement belle,
mais gracieuse et relativement complète.
Toutes les parties de l’horticulture y étaient
bien représentées. Les principaux lauréats,
pour les fleurs et les légumes, étaient
MM. Vilmorin et G*®, Forgeot et C^®, Du-
panloup et C^®. L’industrie très-nombreuse
comprenait des serres en fer, des chauffages,
des pompes, poteries usuelles et artistiques,
bacs, etc.
Dix exposants de fruits avaient apporté
de belles collections, parmi lesquelles il faut
citer celle de M. Sornin, de Montreuil, qui
a obtenu un prix d’honneur. Citons encore,
comme se rattachant à l’horticulture, un
magnifique herbier appartenant à M. Le-
conte, jardinier en chef de M. Forgeot,
comprenant une belle collection de plantes
parfaitement préparées, classées et soigneu-
sement étiquetées, ainsi qu’un autre her-
bier appartenant à M. Constant, formé du
seul genre Géranium et qui comprenait plus
de 100 espèces et variétés très-bien nom-
mées et parfaitement apprêtées. Ces deux
herbiers occupaient toute une salle des
écoles de Saint-Mandé.
En somme, c’est un succès complet qu’a
obtenu la Société régionale d’horticulture
de Vincennes.
CHRONIQUE HORTICOLE.
435
Les arbres fruitiers et les Conifères étaient
représentés par deux lots ; quant à Tin-
dustrie horticole, elle était nombreuse et
bien choisie, bien que parfois étrangère à
l’horticulture, mais pourtant les serres,
chauffages, pompes, châssis, coutellerie,
poteries artistiques et horticoles étaient
en nombre.
Citons encore, comme spécimens de cul-
ture spéciale, les plantes dans la mousse
de M. Emile Chaté, culture qui pourrait
rendre des services et qui est presque
abandonnée. Sur un arc-de-triomphe cons-
truit en liège, et sur une des arcades de
même nature, M. Chaté avait placé artis-
tement des plantes diverses et très-variées,
ainsi qu’une ornementation spéciale consis-
tant en : couronnes, croix, garnitures de
table ou de salon, de formes originales,
s’harmonisant avec l’ensemble de son ex-
position, qui, du reste, excitait vivement
l’attention du public.
Alcool de Topinambours. — Dans un
numéro de mai dernier du journal Lyon
horticole, notre confrère, M. Viviand- Mo-
rel, rédacteur en chef de ce journal, ap-
pelait l’attention sur l’alcool de Topinam-
bours, et citait, pour appuyer ses dires,
un extrait d’un journal de Nancy où ce
produit est recommandé comme de très-
bonne qualité, et pouvant remplacer l’al-
cool de raisin, qui tend de plus en plus à
disparaître par suite des maladies qui as-
saillent la Vigne.
Nous avions constaté ce fait depuis long-
temps, et nous avons connu particulière-
ment un fermier champenois qui cultivait
les Topinambours sur une grande échelle ;
une partie du produit était consommée di-
rectement par les animaux, comme four-
rage-racine; l’autre était transformée en
alcool, qui était droit de goût et relevé d’une
petite saveur agréable. On sait que, pré-
parés de diverses manières, les Topinam-
bours peuvent entrer dans l’alimentation.
Leurs propriétés alimentaires et qui pro-
duisent l’alcool, sont dues à Vhmline, prin-
cipe qui peut être comparé à la fécule dont
il est l’équivalent.
Un fait, qui nous a bien surpris et dont
deux années de suite nous avons été témoin,
c’est de voir, dans deux champs de Topi-
nambours avoisinant une ferme, le sol litté-
rallement couvert de Morilles énormes.
Etaient-elles dues à la présence des Topi-
nambours ou à du Mycélium ayant germé
sur les déjections des vaches qui, pendant
plusieurs années, avaient pâturé dans ces
champs, à cette époque cultivés en prairies
permanentes ?
Culture des Pommes de terre dans
de la mousse. — M. Alfred Dudoüy est,
comme on le sait, un des plus grands
expérimentateurs en ce qui concerne l’hor-
ticulture et l’agriculture ; son vaste champ
d’expériences, situé à Saint-Ouen-l’ Aumône,
est une des plus intéressantes écoles que
l’on puisse visiter. Nous y reviendrons un
jour avec plus de détails. Pour aujour-
d’hui nous nous bornons à citer un essai
qu’il a fait cette année de Pommes de
terre cultivées exclusivement dans de la
mousse. Des paniers- grill âges en fil de fer,
à mailles larges, ont été remplis de mousse
ordinaire, à laquelle il a ajouté un peu
d’engrais chimique, de manière à repré-
senter à peu près le fumier que l’on met
dans la terre lors des cultures ordinaires.
Ensuite il a mis au centre du panier des
tubercules en 5 variétés ; puis les paniers
ont été placés au soleil et à l’air sans aucun
abri et sans autre soin que de les arroser
de temps à autre, quand cela était néces-
saire. Sans être absolument bons, les
résultats ont été satisfaisants, tant pour la
beauté que pour la quantité. Quant à la
qualité, nous ne pouvons rien dire.
Ces résultats, ajoutés à ceux qui ont
été obtenus par MM. A. Dumesnil et
E. Chaté, doivent encourager les personnes
à multiplier les expériences de celle nature
et à les appliquer aux légumes, ce à quoi
on ne parait pas avoir beaucoup pensé
jusqu’ici.
Raisin Glady. — Ainsi nommé par son
obtenteur, M. Besson, de Marseille, ce
cépage est, paraît-il, appelé à jouer un
important rôle dans la production des
grands vins du Bordelais dans le genre de
celui que joue le Cahernet-Sauvignon, le
roi des cépages de la Gironde. Outre que
le Raisin Glady paraît robuste et productif,
il possède, dit M. Besson, (c un parfum
des plus agréables et qu’on ne saurait dé-
finir ».
f
Bouturage d’arbres fruitiers. — Tout
CHRONIQUE HORTICOLE.
436
récemment, au comité d’arboriculture de la
Société nationale et centrale d’horticulture
de France, M. Ponthieux, de Liouville,
faisait connaître un mode de bouturage des
arbres fruitiers qui, dit-il, donne de très-
bons résultats. Il consiste à prendre à
l’automne du bois aoûté et à en préparer
des boutures, à les coucher pendant
l’hiver dans des rigoles en les recouvrant
d’un peu de terre ; puis, au printemps, à
les planter très-inclinées, pailler le sol et
arroser au besoin.
Malgré les affirmations de l’inventeur,
nous nous tenons sur une grande réserve
en ce qui concerne ces résultats. Nous
appuyons notre doute sur les innombrables
tentatives en ce genre faites jusqu’ici sans
succès, bien qu’elles l’aient été par des
praticiens très-compétents. Aussi tout en
engageant les personnes qui le pourraient à
essayer le procédé de M. Ponthieux, leur
conseillons-nous d’être prudentes, d’essayer
en petit et en y apportant tous les soins que
comporte une expérience sérieusement con-
duite.
Sur les cépages américains porte-
greffes. — Un de nos abonnés, qui possède
des vignobles dans la Charente, nous a
adressé une lettre dont nous extrayons les
passages suivants. La question qu’il traite
intéresse tous les viticulteurs ; aussi tout en
nous réservant d’exprimer prochainement
notre opinion, prions-nous ceux de nos lec-
teurs qui auraient des observations à nous
communiquer, de le faire d’une manière
aussi complète que possible.
Il serait, pour nous autres cultivateurs, du
plus haut intérêt d’être éclairés sur ces deux
questions ;
lo Le sujet américain peut-il faire plus ou
moins rapidement perdre au greffage français,
greffé sur lui, une partie de ses propriétés na-
tives, de telle sorte que la qualité et la quan-
tité de l’eau-de-vie extraite du vin obtenu ne
donnent plus qu’un produit absolument nul?
A ce sujet, on lit dans V Année scientifique,
(1881, p. 380) : « Il importe de dire, concernant
les Vignes américaines, que, dans le Bordelais,
le greffage sur les cépages américains n’a pas
donné de résultats aussi satisfaisants que dans
les départements du Midi. On craint que la
qualité du vin de Médoc et de Saint-Émilion ne
soit fortement altérée si l’on a recours à une
souche américaine greffée avec les cépages du
pays. »
2» Le greffon français uni au sujet améri-
cain, peut-il, plus ou moins tôt, et aidé d’ail-
leurs par le sol français, suffisamment assimiler
la sève de son sujet à la sienne pour que la
constitution de ce sujet soit rapidement et telle-
ment modifiée qu’elle perde sa faculté de vivre
malgré les succions du Phylloxéra?
N’est-ce pas pour cela que, dans le Midi, on
a abandonné le Clinton, qui y avait précédem-
ment été en si grande faveur?
M. Dangibeaud.
A Beaumaine (Charente-Inférieure).
Le doute qui motive ces questions a cer-
tainement une importance considérable, et
nous espérons qu’à l’aide des études et des
entreprises qui ont été faites sur plusieurs
points de la France, plusieurs de nos abon-
nés pourront dès aujourd’hui y répondre
d’une manière satisfaisante.
Dahlia « Corne-du-Diable. » — Au
sujet de cette variété des plus remarquables
par son coloris, M. Vallon, vice-président
de la Société d’horticulture de la Seine-
Inférieure, nous adresse la lettre suivante :
.... Ce soir je vous ai adressé, une caissette
contenant quelques fleurs de Dahlias et des
feuilles de Scolopendre. Comme Dahlia je vous
montre le D. variabilis, qui me paraît un des
plus beaux types du Dahlia à fleurs simples,
aujourd’hui si recherché pour la fleur coupée.
Le D. coccinea a des fleurs d’un coloris plus
vif, mais moins chatoyant et surtout d’une di-
mension moindre. Quand au Dahlia coccinea,
il est tellement connu, que j’ai trouvé inutile de
vous le rappeler et si j’ai joint le Da/iZia varia-
bilis à mon envoi, c’est que je désirais le signaler
ou du moins vous prier de le signaler. Les deux
autres à fleurs semi-doubles appartiennent à
un Dahlia bien ancien, mais si peu connu et
si beau qu’il m’a paru intéressant de le rap-
peler. M. E. Pinel, botaniste rouennais dis-
tingué, qui fut longtemps secrétaire de la
Société centrale d’horticulture de la Seine-In-
férieure cultivait avec amour ce Dahlia, qu’il
appelait « Corne-du-Diable. »
La Fougère dont je vous adresse des feuilles
est une monstruosité de Scolopendriurn offi-
cinale dont je vous donnerai demain l’histo-
rique, l’heure du courrier me pressant de ter-
miner cette lettre.
Félix Vallon.
M. Vallon a raison d’appeler l’attention
sur le Dahlia c( Corne-du-Diable t>, que l’on
nomme aussi « Etoile-du-Diable ». C’est
une variété qui, par son coloris d’un rouge
cocciné des plus intense, produit le plus
CHRONIQUE HORTICOLE.
437
bel effet qu’on puisse imaginer. Quant à la
Scolopendre, contenue dans la boîte avec le
Dahlia, c’est une des nombreuses formes
dont les frondes, divisées et crispées, sont
des plus originales.
Le Dahlia en question, d’origine mexi-
caine, a été nommé botaniquement D. Juar-
rezi. C’est une espèce remarquable par la
belle couleur rouge de ses fleurs et par la
forme ébourriffée, qui explique le nom vul-
gaire de c( Corne-du-Diable. »
Les expositions horticoles en Angle-
terre. — On cite bien souvent l’impor-
tance qu’a prise l’horticulture en Angleterre
et le goût, «quelquefois la passion, de nos
voisins d’Outre-Manche pour les plantes. Si
ces résultats sont considérables, il convient
de reconnaître que, de toutes parts, des
mesures sont prises pour favoriser, pour
augmenter encore cet engouement. Ainsi,
lors d’une exposition florale qui se tenait
récemment dans le parc de [Sandringham,
les compagnies voisines de chemins |de fer
avaient, à cette occasion, organisé des trains
spéciaux à prix réduits, ce qui augmenta
dans des proportions surprenantes le nom-
bre des visiteurs. Cela n’est qu’un exemple
entre mille. Nous espérons que le jour n’est
pas éloigné où en France de semblables ini-
tiatives seront prises, et produiront des ré-
sultats également profitables à tous.
Deux nouvelles séries de Glaïeuls. —
L’une de ces séries comprend les plantes
issues du Gladiolus Lemoinei, qui vont
tellement en s’améliorant par la forme, la
grandeur et le coloris des fleurs, que bientôt
elles pourront rivaliser avec les Glaïeuls
(( Souchet, )) sur lesquels elles ont l’avan-
tage de la rusticité et de la robusticité.
L'autre série, de date beaucoup plus
récente, a été importée par M. Godefroy-
Lebeuf, horticulteur à Argenteuil. Ce sont,
dit-on, des hybrides des G. Saimdersi,
Kewensis et Gandavensis, Si nous ne pou-
vons rien affirmer quant à leur origine, il
en est autrement sous le rapport du mé-
rite, et les échantillons que nous avons vus
sont très-remarquables par la beauté, la
grandeur et le coloris des fleurs.
Encore le Gunnera scabra. — L’ar-
ticle récemment publié sur cette espèce
nous a valu l’intéressante lettre que voici :
Je viens de lire dans la Revue horticole du
15 courant au sujet du Gunnera scabra
« qu’on ne le trouve guère qu’aux environs de
Brest ou de Cherbourg, et que dans le centre
de la France il est cultivé comme plante
d’Orangerie. »
Je crois que M. Blanchard, l’auteur de l’ar-
ticle en question, n’est pas bien renseigné sur
la rusticité de cette belle plante, car depuis
dix ans, j’en cultive en plein air et toujours
avec succès. J’ai un pied de Gunnera scabra^
planté depuis huit ans dans mon jardin, sur
une pelouse, en terre franche, et qui a des
dimensions au moins égales, si ce n’est plus,
à celles que l’on rencontre dans les environs
de Brest, car cette plante a huit feuilles et les
deux plus grandes ont, l’une 2»^ 10 de dia-
mètre et l’autre 2 mètres ; la plante entière
couvre environ 10 mètres superficiels. L’épi
floral a 70 centimètres de long. Cet échan-
tillon n’est pas le seul qui ait ces dimensions ;
j’en connais plusieurs chez mes clients qui
sont presque aussi forts.
Quant à la culture, je plante en bonne terre
frailche ou d’alluvion, sans aucun engrais.
Pendant la période de végétation, je fais arro-
ser beaucoup (pour les fortes plantes, deux
arrosoirs par jour) ; l’hiver, au contraire, elles
demandent à être protégées contre l’humidité.
Pour cela, je me sers de leurs propres feuilles
que je coupe aussitôt après les premières
gelées. Du reste cette espèce est très-rustique
et ne craint nullement le froid, car pendant
le terrible hiver de 1879, mes plantes n’ont
pas souffert, malgré les 25 degrés centigrades
au-dessous de zéro que nous avons eus à Ne-
vers. Par contre, j’ai perdu un très-beau Gun-
nera manicata qui était presque aussi fort
que le G. scabra dont je parle plus haut.
J. -B. Martin,
Horticulteur à Nevers.
Nous pouvons ajouter, à la lettre de
M. J. -B. Martin, quQ nous-mêmes avons vu
plusieurs fois de beaux exemplaires de Gun-
nera scabra, cultivés en plein air dans le
centre de la France et même à Paris, où
nous en avons conservé longtemps un très-
fort pied sur une petite pelouse au fleuriste
de la Muette. Il suffit de protéger la plante
pendant l’hiver contre l’humidité stagnante
qui est sa principale cause de destruction.
Congrès pomologique de Montmo-
rency. — Le Cercle pratique d’arboricul-
ture et de viticulture de Seine- et-Oise tien-
dra à l’Hôtel - de - ville de Montmorency,
les 21 et 22 octobre 1883, un congrès de
pomologie en même temps qu’un concours
de fruits.
438
VIGNE TUEERCULEUSE DE LA COCHINCHINE A TIGES ANNUELLES.
Les personnes qui désireraient exposer,
devront en faire la demande au secrétaire
du cercle au moins cinq jours à l’avance.
Le Jury se réunira le dimanche 21 octo-
bre, à dix heures précises, à l’hotel-de-ville
de Montmorency.
Floraison gigantesque d’un Vanda
Lowii. — La plante dont il s’agit, qui a
fleuri chez M. le baron de Rothschild, à
Ferrières-en-Brie, avait 11 tiges florales,
mesurant ensemble 33 mètres de longueur
et portaient 280 fleurs. Jamais un pareil
fait ne s’était produit ! Quant à l’effet, il
était indescriptible ; ceux-là seuls qui con-
naissent la beauté de cette espèce pourront
s’en faire une idée.
Nous avons reçu de M. Bergman, jardi-
nier en chef des cultures de Ferrières, une
belle photographie réprésentant cette prodi-
gieuse floraison.
Rectification. — Dans le numéro du
1er septembre (p. 390), en parlant de la
greffe sur semis d’églantiers, il s’est glissé
une erreur que deux de nos collaborateurs,
MM. Eugène Verdier et Jean Sisley, vien-
nent de nous signaler. Ainsi, on a écrit,
dit M. Sisley, greffe en fente, c’est greffe
en ÉCUSSON qu’il faut lire. Nous engageons
nos abonnés à rectifier cette erreur qui a
bien son importance.
Profitant de cette circonstance, nos collé-
VIGNE TUBERCULEUSE DE LA G
Cette Vigne est-elle la même que celle
qui croît dans diverses parties de l’Afrique
centrale et dont il a été plus particuliè-
rement question dans nos articles précé-
dents (1) ? Nous ne pouvons rien affirmer à
ce sujet, bien qu’elle s’en rapproche, et
qu’elle semble en avoir tous les caractères
généraux. Quoi qu’il en soit, comme cette
forme de Vigne croît en abondance dans
une des colonies françaises et, par consé-
quent, que son étude nous est plus facile,
nous allons y consacrer un article spécial.
Grâce à un envoi de Raisin frais, fait à
MM. Vilmorin, par M. Martin, jardinier
du gouvernement à Saigon, nous avons pu
étudier ces fruits et en faire exécuter des
(1) Voir Journal d’agriculture pratique, 1881,
t. II, pp. 12L 264, 335; 1883, t. I, pp. 308, 415.
gués ont eu l’obligeance d’ajouter quelques
détails intéressants et que nous croyons
devoir reproduire. Ainsi, M. Jean Sisley
nous écrit:
.... Les semis d’Églantiers d’un an sont gref-
fés ici par tous les rosiéristes, l’année après
leur plantation, en écusson à œil dormant»
C’est ce qu’a pratiqué le premier J. -B. Guillot
fils, et non en fente. Ces greffes poussent l’an-
née suivante et sont vendues à l’automne ; elles
font des sujets très-vigoureux.
La greffe en fente sur Piosiers ne se fait que
pour les nouveautés, et cette greffe se fait en
serre, par les Parisiens et les Anglais.
De son côté M. E. Verdier nous dit :
«
.... C’est chez mon estimable ami, M. Guil-
lot fils, que pour la première fois j’ai vu pra-
tiquer cette greffe.... Depuis, ce procédé s’est
généralisé.... Une autre observation que je
crois très-importante est celle-ci :
Ce n’est pas la greffe en fente (presque tou-
jours mauvaise) qu’emploie mon ami, non plus
que ceux qui l’ont imité, mais la greffe en
écusson faite sur le côté du sujet, au-dessous
des cotylédons. Ainsi écussonnés ces sujets
ont l’avantage de ne donner que fort peu de
drageons ou gourmands, puis celui de s’affran-
chir immédiatement.
Grâce à ces informations, nos lecteurs
sont actuellement bien renseignés, tant sur
l’origine de cette opération que sur son
mode d’exécution.
E.-A. Carrière et Ed. André.
CHINCHINE A TIGES ANNUELLES
figures. Donnons d’abord quelques détails
sur certains caractères de ces Vignes tu-
berculeuses.
Ce sont des végétaux vivaces à tiges vo-
lubiles annuelles, dont les souches très-
volumineuses, ligno- tubéreuses, rappellent
un peu celles du houblon, mais avec des pro-
portions beaucoup plus considérables. En
effet, la souche que représente la figure 78 pe-
sait 7 kilogrammes, bien qu’elle fût mutilée
et qu’on en eût supprimé une très-grande
partie lors de son arrachage à l’état sauvage.
Les racines ou sortes de rhizômes ont par-
fois plusieurs mètres de longueur. Les tiges
qui, en quelques semaines, atteignent jus-
que 10 mètres et plus de longueur, sont
munies de longues et fortes vrilles. Quant
aux feuilles, elles rappellent d’une manière
VIGNE TUBERCULEUSE DE LA COCHINCHINE A TIGES ANNUELLES.
439
générale celles de nos Vignes, et, comme
elles, varient de formes suivant l’état et la
vigueur des plantes, les conditions dans
lesquelles poussent celles-ci, et très-sou-
vent aussi, suivant l’emplacement que ces
feuilles occupent sur les plantes. Les
grappes de Raisin, du moins dans la varié-
té que nous avons particulièrement étudiée,
qui avait été envoyée de Saigon, et dont la
figure 79 peut donner une idée, atteignent
jusqu’à 40 centimètres de longueur sur une
grosseur proportionnée; leur forme, de
même que celle des grains, rappelait exacte-
ment celles de nos belles variétés cultivées.
Voici, du reste, les caractères que ces
raisins nous ont présentés : Grappes (figu-
res 79 et 80) compactes ramifiées, à ramifi-
cations (ailerons) robustes. Grains (fig. 80)
sphériques atteignant 12 à 13 millimètres de
diamètre. Peau épaisse, lisse, unie, glabre,
d’un noir bronzé ou roux métallique, prui-
neuse à la maturité. Chair très-ferme, résis-
tante, adhérant à la peau avec laquelle elle
semble se confondre. Graines (pépins) va-
riant par la forme et par le nombre ainsi
que le montrent les figures 81 à 90, tou-
jours aplaties et plus ou moins ovales, pré-
sentant à la base une sorte de’ bec ou de
mucron très-court, à surface légèrement con-
vexe, ordinairement un peu rimeuse exté-
rieurement par de petites saillies transver-
sales, portant en dessus, sur le milieu et dans
toute la longueur, un sillon bien marqué,
concaves et carénées sur l’autre face. Quant
aux jeunes plantes, qui nous ont paru très-
voisines ou plutôt presque semblables à
celles des Vignes du Soudan {Yitis Lecardi
et V. Durandi) ; en voici les caractères :
Plantule (fig. 91) robuste , dressée ,
blanche ou légèrement colorée. Cotylédons
ovales, cordiformes, épais, sinués, forte-
ment nervés, étalés, parfois un peu tom-
bants, glabres ou légèrement velus. Feuilles
lobées plus ou moins profondément, velues
hispides surtout sur les bords, à poils gros,
laineux.
Ces caractères, nous le répétons, sont à
peu près ceux que présentent toutes les
autres jeunes Vignes tubéreuses que nous
avons eu l’occasion d’examiner ; ce qui
semble démontrer, ainsi que nous l’avons
dit, que toutes ces Vignes tuberculeuses
constituent un groupe particulier dont les
caractères sont à peu près les mêmes, ce
qui résulte aussi de l’examen des graines.
Voilà ce que l’on sait d’à peu près cer-
tain sur les Vignes tuberculeuses de la
Gochinchine à tiges annuelles. Afin de com-
pléter cette note, nous allons donner sur ces
plantes quelques extraits de lettres adressées
de Saïgon, à MM. Vilmorin. A la date du
3 février 1882, M. Martin écrivait :
, . . J’ai trouvé cette Vigne pour la première
fois en septembre 1872 dans les forets de Mois.
Elle était couverte d’énormes raisins... J’ai
pris les mesures nécessaires pour vous en ex-
pédier des tubercules et de la graine. Le vin
que produit cette espèce n’est pas très-fort ; il
ne contient guère que 5 degrés d’alcool pour
100, ce qui n’est pas beaucoup, mais en culti-
vant cette Vigne, il est probable que ses pro-
duits deviendaient meilleurs. Je crois néanmoins
que l’on pourrait en tirer un bon parti en Eu-
rope. La culture en serait facile. Il faudrait la
cultiver comme on le fait du houblon, sur des
perches, pour la faire grimper. Mais je ne crois
pas qu’elle vienne aussi grande en France
qu’en Gochinchine, car il y a ici des pieds qui
atteignent plus de 50 pieds de longueur, et qui
se couvrent de raisins depuis le bas jusqu’au
haut de la liane. Le vin est d’une belle couleur,
mais il est vert; celui que j’ai fait avec des
raisins cultivés pèse 1 degré de plus qu’à l’état
sauvage.
Dans une autre lettre, M. Martin écrivait :
... Je vous recommande surtout cette Vigne
sauvage ; la plante est tuberculeuse, ses tiges
meurent tous les ans, mais chaque année
aussi, il en repousse d’autres des tubercules.
Un pied de Vigne peut produire 100 kilos de
Raisin, pas en général, bien entendu, mais
j’en ai trouvé qui portaient cette quantité. J’ai
remarqué des grappes qui pesaient 4 kilo-
grammes.
On rencontre cette plante dans toute la Co-
chinchine, et sa culture pourrait se faire en
France comme on la fait dans certaines con-
trées pour la Vigne ordinaire, sur des treillages
ou sur des piquets.
Il paraît douteux, bien que rien ne
prouve encore le contraire — que les
Vignes tuberculeuses à tiges annuelles
puissent se cultiver en France, sinon peut-
être dans quelques localités privilégiées.
Cependant on ne peut rien affirmer à ce
sujet, ainsi que le prouvent les extraits
suivants de lettres adressées à MM. Vilmorin,
par un homme que l’on peut considérer
comme compétent en la matière, M. le
comte Henri d’Arpoaré, agronome du gou-
vernement portugais à Bolama (Guinée por-
tugaise) au Soudan, où il résidait et où, par
440
VIGNE TUBERCULEUSE DE LA COCHINCHINE A TIGES ANNUELLES.
conséquent, voyant journellement ces
Vignes tuberculeuses, il était à même de
Fig. 78, — Souche de Vigne de Cochinchine, pesant 7 kilogrammes, pré-
sentant sur différents points quelques bourgeons ; envoyée de Saigon
par M. Martin; au 1/7 de grandeur naturelle.
Vignes cultivées dans ce pays, ce qui lui per-
mettait de faire des comparaisons. Voici ce
qu’il écrivait en avril-
mai 1882 :
... C’est exactement la
même Vigne tuberculeuse
que celle de la Gochin-
cliine ; c’est bien un
Cissus vinifera : l’étude
comparative de ces deux
variétés sera très-inté-
ressante.
Cette Vigne sauvage se
couvre ici (dans la Guinée
portugaise) d’une quan-
tité de grandes et pesantes
Fig. 79. — Grappe d’une Vigne tuberculeuse de la Cochinchine, au 1/3 de
grandeur naturelle.
les bien juger et cela d’autant mieux que,
en Portugal, il s’était occupé de l’étude des
américains
assuré
grappes ; le Raisin est
d’un goût agréable. Cette
Vigne est assez abon-
dante pour que je puisse
vous en envoyer tant que
vous voudrez. J’ai vu
tant de plantes tropicales
s’acclimater dans le nord,
supporter la neige et la
glace que je ne doute
pas que les tubercules de
cette Vigne recouverts de
terre pendant l’hiver, ne
puissent être plantés dans
tous les vignobles de
l’Europe.
La Cochinchine pré-
sente le même terrain et
le même climat que la
Guinée. Mais cette Vigne
ne sera pas, à mon avis,
de grande utilité pour
les pays tropicaux qui ont
plus d’intérêt à cultiver
des denrées coloniales.
Nos célèbres vignobles ;
Porto, Douro, Madère,
Minho, etc., sont sérieu-
sement menacés, envahis
qu’ils sont par le phyl-
loxéra...
La Vigne de Guinée
sera d’une bien grande
utilité pour nos vigno-
bles, et c’est précisément
là qu’elle s’acclimatera le
mieux surtout dans les
contrées chaudes, par
exemple, le Douro, Ma-
dère, etc. A Madère, on
a essayé depuis long-
temps tous les cépages
les propriétaires de Madère m’ont
le vin de ces cépages, soit qu’il
VIGNE TUBERCULEUSE DE LA COCHINCHINE A TIGE ANNUELLE. 44i
vienne des États-Unis, soit qu’il ait été récolté
à Madère, est détestable.
Dans le nord de la Guinée portugaise, la
Vigne tubéreuse couvre des étendues immenses
et forme des fourrés impénétrables ; on y
trouve du Raisin rouge et du Raisin blanc ; le
blanc est beaucoup plus doux que le rouge et
nos soldats, en garnison, font du bon vin avec
ce Raisin, de la façon suivante : ils cueillent
les grappes, les pressent et mettent immé-
diatement le moût dans une bouteille forte.
' Fig. 80. — Grappillon de Raisin d’une Vigne tuber-
culeuse delà Cochinchine, de grandeur naturelle.
A côté, deux grains coupés, l’un verticalement,
l’autre horizontalement.
Fig. 81. — Graine vue
extérieurement, au
double de grandeur
naturelle.
Fig. 83. — Coupe trans-
versale d’une graine
au double de grandeur
naturelle.
Fig. 82. — Graine vue
intérieurement, au
double de grandeur
naturelle.
Fig. 84. — Graine vue
en dessous, au double
de grandeur natu-
relle.
morin qui les ont reçues le 12 mars 1882,
Voici un aperçu de leurs caractères :
D’une souche, qui peut atteindre d’é-
normes proportions, partent de nombreu-
ses racines grosses, longues, tubéroso-li-
gneuses, très-diffuses et s’enchevêtrant pour
constituer un ensemble très-irrégulier, telle-
ment même, qu’on peut affirmer qu’il existe
pas deux souches identiques.
Ces racines ont l’épiderme noir ou bru-
Fig. 85. — Graine vue
en dessus, au double
de grandeur natu-
relle.
Fig. 80. — Coupe trans-
versale d’une graine,
au double de gran-
deur naturelle.
Fig. 87. — Graine vue
extérieurement, de
grandeur naturelle.
Fig. 88. — Graine vue
intérieurement, de
grandeur naturelle.
Fig. 89. — Graine vue
en dessus, de gran-
deur naturelle.
Fig. 90. — Graine vue
en dessous, de gran-
deur naturelle.
Fig. 91. — Jeune plantule de Vigne de Cochinchine,
de grandeur naturelle.
soigneusement ficelée et bouchée avec de la
cire , quelques bouteilles éclatent, mais celles,
qui restent donnent un bon vin. Le Raisin
blanc est doux, le rouge est âpre.
En faisant la part de l’enthousiasme,
peut-être même de l’exagération, on est
autorisé à conclure que ces Vignes pour-
ront être cultivées en Europe, contrairement
aux prévisions de beaucoup de personnes, et
peut-être même y rendre quelques services.
Les premières souches de la Vigne de la
Cochinchine ont été expédiées à MM. Vil-
nâtre, plus ou moins rimeux, à tissu spon-
gieux, rougeâtre; la partie centrale plus
solide, mais à tissu plus lâche, est parcourue
de nombreux et larges vaisseaux qui sem-
blent annoncer que ces plantes doivent avoir
une végétation très-vigoureuse. L’une de
ces souches (fig. 78) qui, sans les nom-
breuses racines qui en faisaient partie,
pesait plus de 7 kilogr., mesurait 50 centi-
mètres de longueur sur 25 de largeur et 20
environ d’épaisseur. Chez presque toutes
les souches, le centre tend à se détruire et à
442
FLORAISON SIMULTANÉE DE DEUX DASYLIRION.
former une cavité; la vie, chez elles, semble
s’étendre du centre à la conférence.
Peut-il, sur une souche, se développer
plusieurs centres de bourgeonnement? Le
fait est hors de doute ; le nombre de ceux-ci
doit être en rapport avec l’âge et les dimen-
sions de la souche. Ainsi sur la souche en
question (fig. 78) nous en avons vu trois
bien caractérisés, qui, du reste, sur le
dessin, sont indiqués par des petites lignes
blanches.
Multiplication. — Elle se fait par grai-
nes et par boutures. On sème les premières
aussitôt qu’elles sont mûres ; mais, ainsi
que cela a lieu pour la plupart des Viticées,
notamment des Yitis vmifera, la germi-
nation est variable et capricieuse. Sous notre
climat, les graines doivent être semées en
pots ou en terrines, afin de pouvoir être abri-
tées, et, au besoin, placées sur une couche
ou sous des châssis, et rentrées l’hiver.
Quant aux plants, on peut les repiquer ou
les séparer au fur et à mesure de la germi-
nation. Il va sans dire que l’hiver, on devra
les tenir à la chaleur et au sec à moins que,
jeunes et herbacés, ces plants n’aient pas
encore développé de tubercule, auquel cas
il convient de les arroser et de les maintenir
à une température élevée, afin que la végé-
tation se continue. On devra aussi, pendant
la végétation, les abriter du soleil qu’ils
semblent redouter.
Quant aux boutures, on devra les pren-
dre à l’état herbacé et les faire enraciner
sous cloche, ainsi, du reste, qu’on le fait
pour la plupart des plantes de serre. Une
chose importante, c’est que la bouture, de
même que les jeunes plantes de semis,
puissent pousser et former un tubercule
avant l’hiver.
Culture. — Dans l’état actuel des choses,
il nous paraît impossible de rien préciser à
ce sujet ; cependant il paraît à peu près cer-
tain que ce n’est guère que dans les parties
les plus chaudes de la France qu’on
pourrait essayer la culture de ces vignes
avec quelque chance de succès. Sous ce
rapport, l’on ne peut rien assurer, car les
essais qui ont été tentés sont peu nombreux
et ont été faits souvent avec de mauvaises
graines et toujours* dans des conditions dé-
fectueuses.
En admettant les hypothèses les plus
favorables, en supposant que ces Vignes
puissent prospérer dans certaines parties de
la France, il parait au moins douteux
qu’elles s’y conduisent comme en Gochin-
chine ou au Soudan, qu’elles acquièrent les
mêmes propriétés et présentent les mêmes
avantages que dans des climats mieux favo-
risés.
Ce n’est pas une raison cependant pour
ne pas en essayer la culture. Qui sait si par
l’hybridation on ne parviendrait pas à en
obtenir des variétés recommandables pour
notre pays? E. A, Carrière.
FLORAISON SIMULTANÉE DE DEUX DASILIRION
Le château du Val et le parc qui l’en-
cadre, sont situés sur le versant d’une col-
line à l’extrémité de la célèbre terrasse
de Saint- Germain-en-Laye , de sorte que,
par sa position, et comme son nom l’in-
dique, il domine une charmante vallée, où
les accidents de terrain, traités par un ha-
bile paysagiste, furent mis au goût mo-
derne, selon les bonnes règles de l’art
des jardins, cela sans rien perdre de leur
caractère pittoresque.
Les pentes abruptes, les enrochements,
les déclivités y ont nécessité l’emploi de
nombreuses plantes décoratives, et à ce
point de vue et dans ces conditions, les
Cactus et les Agaves sont certainement
celles qui jouent le rôle le plus important.
La collection que nous avons réunie là,
dans ce but, est assez nombreuse et con-
tient quelques sujets remarquables tant par
la force que par la rareté. De plus cette
année l’attrait que présente cette collection
est encore augmenté par la floraison de deux
formes de Dasylirion, dont nous avons suivi
les diverses phases avec attention, et aussi,
de deux formes Y Agave filifera dont nous
parlerons prochainement. Nous fûmes d’au-
tant plus surpris de cette floraison qu’elle
avait lieu simultanément sur les variétés
d’un même genre, auxquelles pourtant,
nous n’avions fait subir aucun traitement
particulier. Voici comment les choses se
sont passées :
Vers le 15 mai dernier, le plus fort de
nos Dasylirions, le Dasylirion gracile^
placé sur une pyramide, au centre d’un
NOUVEAUX GLAÏEULS EN 1883.
443
petit jardin à la française, montra sa tige
florale garnie dans toute sa partie inférieure
de nombreuses feuilles bractéales. Cette
plante, placée dans un bac de 65 centimètres
de diamètre, a un stipe (tige) de 85 centi-
mètres de hauteur sur 22 centimètres de
diamètre. Sa tige porte dans toute sa lon-
gueur des écailles provenant de sa base des
anciennes feuilles, qui lui donnent l’aspect
d’un vieux tronc de Cycas; les nombreuses
feuilles de la tête, gracieusement arquées,
développent environ 90 d’envergure. La
hampe mesure 3™ 85 de hauteur, ce qui
donne au tout une hauteur totale de 5 mètres
environ.
La hampe monta très-rapidement jusque
vers la mi-juin, puis l’élongation se ralentit,
et les fleurs s’épanouirent. Nous recon-
nûmes alors que la plante était monoïque et
que les fleurs femelles étaient de beaucoup
les plus nombreuses, ce qui donnait à l’en-
semble une teinte jaune verdâtre tirant sur
le brun.
La fructification a parfaitement réussi, et
c’est par milliers qu’on peut compter les
fruits. Les ramifications florales, qui com-
posent ce gigantesque épi, sont presque
fastigiées, ce qui donne à l’inflorescence, un
aspect dense et étroitement effilé.
Ajoutons que cette belle plante, que l’on
suppose âgée de soixante à quatre-vingts ans,
montra également une inflorescence il y a
environ dix ans; mais alors un accident
l’empêcha de se développer, ce qui produisit
une légère déviation dans l’axe du stipe,
car l’inflorescence étant terminale, la pousse
qui terminait la tige se développa sur le côté.
NOUVEAUX GL
MM. Souillard et Brunelet, les dignes suc-
cesseurs de feu M. Souchet, viennent de
mettre au commerce quelques variétés nou-
velles très-méritantes de Glaïeuls ; et d’autre
part, M. Berger, horticulteur à Verrières -
le-Buisson (Seine-et-Oise), suivant la même
voie, nous présente déjà des résultats remar-
quables. Nous devons signaler les nouveautés
suivantes, dues à ces deux établissements :
elles nous paraissent absolument recom-
mandables.
Colorado (Souchet). Bel épi de fleurs, de
couleur très-écarlate et orangée très- vive, re-
cette plante nous fut vendue, /il y a une
vingtaine d’années,' par M. Ghantin, horti-
culteur, route de Ghatillon, à Paris.
La deuxième plante dont .noufe avons à
parler, le Basxjlirion gracile glaùcum, est
complètement mâle et ses dimensions sont
beaucoup plus restreintes, surtout dans la
hauteur. Ses feuilles sont couvertes d’une
matière blanchâtre pulvérulente, ce qui
justifie l’emploi du deuxième qualificatif.
Leur ensemble, y compris la souche, forme
une sorte de boule qui n’a pas moins de
50 de diamètre, et la hauteur totale est
de 2™ 25, dont 20 environ pour la hampe.
Gelle-ci se développa à la même époque
que celle de la précédente et dans des cir-
constances anlogues ; elle portait des milliers
de fleurs ayant chacune 6 étamines qui, au
moment de l’anthèse, laissaient échapper
des nuages de pollen qui donnait à l’en-
semble une belle couleur jaune d’or.
Les ramifications florales, au lieu d’être
fastigiées comme sur la plante précédente,
étaient irrégulièrement divergentes ; les
unes presque pendantes et recourbées,
d’autres raides et horizontales, d’autres
enfin dressées et arquées. Cet enchevêtre-
ment, des plus curieux, montre combien
ces plantes peuvent varier dans leur mode
de floraison.
Faisons observer, en terminant, que les
Dasylirion ne sont pas exclusivement dioï-
ques comme l’ont écrit quelques auteurs;
si certains pieds présentent ce caractère, il
en est d’autres chez qui la monoécie est
bien nettement démontrée.
J. Saluer fils.
.ÎEULS EN 1883
levée par une large macule blanche ; très-jolie
plante complètement distincte.
Conquérant (Souchet) . Superbe épi de
grandes fleurs rouge-carmin uni, avec une
large macule blanc pur et une ligne blanche
très-tranchée au centre de chaque division.
Plante splendide.
Constance (Souchet). Plante demi -naine
très-vigoureuse, donnant très -régulièrement
des épis serrés et bien garnis de fleurs rouge
amarante, à petite macule blanc crème faisant
beaucoup d’effet. Coloris très-distinct.
Crépuscule (Souchet). Magnifique épi de très-
grandes fleurs bien ouvertes, rose lilacé légère-
ment flammé de rouge carmin et de violet au
bord des divisions. Coloris charmant et très-frais.
444
MONNINA OBTUSIFOLIA.
Fleur de lys (Berger). Bel épi compacte de
très-grandes et belles fleurs d’un blanc pur
éclatant, à peine maculé de violet au fond de
la gorge. Le plus beau des blancs.
Gallia (Souchet). Très-long épi de grandes
et belles fleurs blanc rosé, flammé de rouge
carmin vif sur le bord des divisions. Grande
plante de premier mérite.
Lorédan (Berger). Épi serré, bien garni de
fleurs rose cerise vif, sablé de blanc crème et
légèrement flammé ardoisé sur le bord des
divisions; jolie plante bien distincte.
Médicis (Souchet). Très-bel et long épi de
grandes fleurs d’un coloris rose cerise des
plus frais ; divisions très-amples, arrondies,
lignées de blanc et flammées de carmin sur le
bord des divisions. Magnifique plante.
Papillon (Souchet). Charmante plante demi-
naine, d’un coloris très-original; épi serré et
bien fait; fleurs à fond jaune très-largement
flammées et bordées de rouge carmin, coloris
rappelant celui des œillets avranchins.
Pyramide (Souchet). Splendide et parfait
épi, plus large à la base qu’au sommet, grandes
fleurs bien ouvertes, du rose orangé le plus
frais et le plus délicat. Plante de taille
moyenne, exceptionnellement belle.
Quinola (Berger). Épi compacte et bien fait
de fleurs écarlates, maculées de blanc rosé, à
divisions un peu ondulées sur les bords et
flammées de rouge plus foncé.
Tamerlan (Souchet). Bel épi de fleurs
moyennes, du coloris le plus remarquable.
Divisions supérieures rouge grenat flammé,
ardoisé sur les bords; les inférieures mi-
parties rouge carmin foncé et jaune crème.
Superbe variété.
Ces Glaïeuls nouveaux sont vendus pa r
MM. Vilmorin et 0^% quai de la Mégis-
serie, 4, à Paris; Eugène Verdier, horticul-
teur , rue Glisson, à Paris, et Charles
Verdier, route de Ghoisy, à Ivry (Seine).
E.-A. Carrière.
MONNINA OBTUSIFOLIA
lie genre Monnina, dédié par les auteurs
de la Flore du Pérou, Ruiz et Pavon, à
Monnino, comte de Flor Blanca, seigneur
espagnol, grand promoteur delà botanique,
appartient à la petite famille des Polygalées.
Il se compose d’une cinquantaine d’espèces,
toutes originaires de l’Amérique méridio-
nale. On les trouve dans la Nouvelle-Gre-
nade, TÉcuador et le Pérou, à des altitudes
variant entre 2,000 et 3,000 mètres,
région tempérée-froide, où ils for ment de
jolis arbustes rameux à feuilles entières,
oblongues, qui se couvrent d’une profusion
de jolies grappes spiciformes terminales et
dressées, dont la couleur varie du bleu
foncé au violet taché de jaune.
Que de fois n’ai-je pas trouvé sur mon
chemin, pendant ma longue course à travers
la Cordillère des Andes, depuis les flancs du
Puracé jusqu’à la région des hauts volcans
de TÉcuador, les Monnina ligustrifoUa et
ohtusifolia, dont les épis de fleurs bleues
étaient accompagnés par les jolis fruits
rouges qui commençaient à leur succéder î
C’est auprès de Pasto, en avril 1876, que
j’ai récolté les graines de l’espèce figurée
aujourd’hui par la Revue horticole. Ces
graines n’avaient pas germé ; mais j’ai été
assez heureux pour réintroduire la plante
vivante, et l’aquarelle qui en a reproduit
les traits a été prise sur un pied planté en
plein air dans mon jardin de Cannes (Alpes-
Maritimes). C’est sur le littoral méditerra-
néen que cette espèce retrouvera une
seconde patrie ; elle y contribuera à aug-
menter le nombre des arbustes destinés à
orner les massifs ; elle y développera tout
l’hiver son abondant feuillage persistant,
relevé au printemps par des inflorescences
plus nombreuses et plus brillantes que
lorsqu’elle est cultivée en serre.
Description. — Arbuste glabrescent, à
rameaux dressés ou un peu étalés, fins,
cylindracés, pourvus de saillies géniculées
à l’emplacement des feuilles tombées.
Feuilles alternes, glabres, entières, subsessi-
les, étalées, oblongues obtuses cunéiformes
à la base, épaisses, à bords amincis mem-
branacés émoussés, à veines peu apparentes,
d’un vert foncé brillant en dessus, plus pâles
en dessous, articulées à l’insertion. Inflores-
cences en grappes spiciformes terminales,
dressées, composées de fleurs subsessiles à
cinq sépales dont trois minuscules, concaves,
hispides, et deux intérieurs très grands orbi-
culaires, en forme d’ailes, d’un beau bleu
foncé ; trois pétales dont un médian creusé
en nacelle, trilobé, jaune et violet, les deux
latéraux violet et blanc, convergents, creu-
sés irrégulièrement en cuiller avec prolon-
gement linguiforme, velus à l’intérieur
Étamines incluses à filets soyeux, blancs, à
Gzfiard, ù^i'.
‘ht'ly. <.^S'u>U':i U'., :
Monnuui ohtu^ij'oli a
CULTURE DES ARTICHAUTS EN RUSSIE.
anthères jaunes. Style inclus, courbé ; stig-
mate bilobé. Fruits drupacés, ovoïdes, pen-
dants, glabres, rouge vif à la maturité (1).
Le Moyinina ohtusifolia a été découvert
d’abord par Humboldt et Bonpland, dans la
Nouvelle-Grenade, près d’Almaguer, dans
la même contrée où je l’ai retrouvé environ
trois quarts de siècle plus tard. Il y fleurissait
en décembre, à une altitude de 2,300 mètres.
Bonpland publia d’abord l’espèce sous le
nom de Hebeandra phyllireoides (2), mais
Kunth, en étudiant avec soin la plante
pour la rédaction du grand ouvrage illustré
qu’il publia en collaboration avec les deux
célèbres voyageurs, la ramena avec raison
au genre Monnina de Buiz et Pavon (3).
Vers 1830, la plante fut introduite vivante
en Angleterre, venant du Pérou (4), mais
elle paraît avoir peu duré dans les collec-
tions, car nous n’avons jamais pu en retrou-
445
ver la trace dans les serres froides où elle
aurait pu conserver une place.
Gomme pour le Streptosolen Jamesoni,
le Monnina ohtusifolia est donc une
réintroduction offerte aux amateurs. Il se
recommande à la fois comme plante de
serre tempérée-froide sous le climat de
Paris, et comme arbuste de plein air dans
la région méditerranéenne. A Cannes, il a
souffert du froid exceptionnel de cette
année ; mais, comme le Phyllanthus sal-
viœfolius et d’autres espèces touchées par
les fortes gelées de mars 1883, il a repoussé
vigoureusement.
Les horticulteurs et amateurs qui désire-
ront se procurer le Monnina ohtusifolia,
peuvent s’adresser à M. Georges Bruant,
horticulteur à Poitiers, qui le mettra au
commerce au printemps de 1884.
Ed. André.
CULTURE DES ARTICHAUTS EN RUSSIE
Dans un article paru dans la Revue horti-
cole (numéro du 16 septembre 1882), et inti-
tulé: Culture exceptionnelle d’artichauts, se
trouvent quelques passages inexacts qui dé-
naturent cet article et lui enlèvent sa valeur,
ce qui m’engage à appeler de nouveau l’at-
tention sur cette singulière culture.
Le terme « exceptionnelle, » qui est de
toute exactitude pour l’Europe chaude et
même tempérée, ne l’est pas pour l’Europe
septentrionale où nous nous trouvons, de
sorte que sa culture peut être complète-
ment différente. Ainsi, je cultive des Arti-
i\) Monnina ohtusifolia, H. B. K. — Frutex gla-
ber; rami graciles suberecti, cylindracei, juniores
foliis delapsis nodosi; folia alterna, sessilia, paten-
tia, oblongo-obtusa basi cuneata, subcoriacea, mar-
gine acietato albido retuso, obsolète venosa ; racerai
ad summos ramulos erecti, spiciformes; flores mi-
nores subsessiles, sepalis 3 exterioribus minus-
culis concavis, hispidis, 2 interioribus maximis
alatis orbicularibus, atrocœruleis, petalis tribus
minutis violaceo-aureis, medio galeato trilobo,
2 lateralibus subconniventibus cochleato-linguæfor-
mibus intus hispidis, antheris biglobosis, fila-
mentis sericeis; fructus drupacei,ovoidei, notantes,
maturi læte rubri. — Grescit in regione Pastensi
Novo-Granatensium, ait. cire. 2300 metr. Ed. A.
(2) Mag. d. Gesellch. nat. Fr. zu Berl. 2 Jahrg.
1808, p. 41.
(3) Nov. gen. et spec. pl. am. 5, p. 411. —
Sxjn. plant, œquin. II, p. 319. — DG. Prodr. I,
p. 338.
(4) Bot. Mag., t. 3122.
chauts, en Russie, depuis huit ans, et en
assez grande quantité pour avoir eu l’oc-
casion de faire différentes remarques sur
cette culture. Voici à ce sujet ce que j’ai
observé :
Dans^les contrées méridionales, les semis
de printemps végètent avec beaucoup de
vigueur, mais ne donnent pas de fleurs la
première année, tandis que les plantes bi-
sannuelles conservées en cave l’hiver don-
nent de très-beaux produits.
Dans les contrées russes du midi et du
centre même, nous semons au commence-
ment du mois de mars. Aussitôt que la pre-
mière feuille, après les cotylédons, a paru,
nous rempotons les plants dans de tout petits
godets, et nous recommençons plusieurs fois
pendant le temps qui sépare la levée de la
mise en place, qui a lieu depuis le 9 jusqu’au
15 mai. Les plants, à cette époque, n’ont pas
plus de quatre à cinq feuilles, et certainement
ne représenteraient pas des touffes à pouvoir
produire de fortes têtes d’ Artichauts. Pour-
tant il en est tout autrement, et au bout
d’un mois environ, la tige florale commence
à s’allonger progressivement, et porte bien-
tôt un fort capitule tendre et très-présen-
table, c’est-à-dire une belle tête d’ Artichaut.
Cette année j’ai fait, le 5/17 mars, le
semis des variétés suivantes :
Artichauts Gros vert de Provence, Gros
446
EXPOSITION d’horticulture DE TOURS.
violet de Provence, Gros violet d'* Athènes,
Vert de Laon, Vert des Anglais (variété
très-épineuse), Gros Camus de Bre-
tagne.
Le 18/30 juin, sur toutes les variétés
indistinctement, je récoltais les premiers
Artichauts, et aujourd’hui 4/16 août, sur
les branches secondaires, se cueillent des
Artichauts de 30 centimètres de circonfé-
rence et de toute première qualité ; mais
je dois dire que les plantes n’ont jamais
manqué d’eau.
L’Artichaut est un légume rare et tou-
jours d’un grand prix dans nos contrées,
parce qu’on le conserve beaucoup pour
l’hiver.
Quant au mode de traitement, il ne pa-
raît pas nécessaire de faire geler la racine
pour obtenir des fruits la première année
du semis. Cette opération n’a jamais, à mon
avis, eu d’autre résultat que de produire
une sorte de pinçage du pivot et de con-
centrer la force vers le collet de la jeune
plante en lui faisant développer un plus
grand nombre de radicelles. Cette année,
j’ai tenu à m’assurer du fait, et la moitié de
mes plants a été pincée au moment du pre-
mier rempotage, tandis que l’autre moitié a
été soumise au gelage des racines qui ne
doit pas se prolonger au-delà de vingt à
quarante minutes pour que l’opération soit
terminée, et non pas de six à huit jours,
comme on vous l’a écrit.
Toutes mes variétés, quoique traitées dif-
féremment, sont arrivées ensemble à donner
leur pomme. Donc il n’y a, à mon avis,
que le climat qui influe sur la production
anticipée des Artichauts, et non un mode de
culture particulière. J’ajouterai aussi que
toutes ces variétés, excepté le Gros Camus
de Bretagne, ont conservé leurs caractères
particuliers ; mais, en général, ils sont plus
ou moins épineux, surtout les verts ; les
violets ne le sont pas autant, et produisent
beaucoup moins que tous les autres.
G. Dubois,
Jardinier chez M. S. A. Therestchentko,
^gouvernement de Koursk (Russie.)
EXPOSITION D’HORTICULTURE DE TOURS
La Société tourangelle d’horticulture a
ouvert sa dernière Exposition le 16 sep-
tembre, dans le jardin de la Préfecture de
Tours. Les envois étaient relativement peu
nombreux, mais les plantes témoignaient
d’une bonne culture et un certain nombre
de lots étaient vraiment remarquables.
Deux faits saillants caractérisaient cette
exposition : le dessin du jardin et les apports
de plantes nouvelles.
Au lieu de présenter les contours obligés
du jardin dit paysager qui se reproduit dans
presque toutes les expositions horticoles,
avec ses allées sinueuses, ses pelouses
fraîchement semées et le filet d’eau inévi-
table, on a pu constater que l’artiste chargé
de ce soin à Tours avait cherché des formes
symétriques, dites « à la française » ; c’est
une tendance à encourager. Cette disposi-
tion était très- favorable au groupement des
lots, M. Chevallier ayant eu le soin de varier
avec à propos les espaces fleuris de ses par-
terres et de leur cadre. Nous en avons fait
relever le plan, que la Bevue horticole
publiera prochainement avec une légende
explicative.
Les plantes nouvelles, sur le compte des-
quelles il est bon d’insister, constituaient
pour Tours un intérêt horticole inusité.
Nous avons vu sans doute, dans les grandes
expositions précédentes de cette ville, des
apports d’une grande beauté, les pépinié-
ristes prouvant aisément que toutes les nou-
veautés de plein air leur étaient familières,
les horticulteurs-fleuristes, à la tête desquels
se trouvent incontestablement MM. Delahaye
et Dallière, sachant arriver bons premiers à
l’occasion avec les nouvelles introductions
de l’Angleterre et de la Belgique. Cette fois
encore, ces habiles cultivateurs, qui avaient
exposé hors concours pour ne pas enlever
la plus grande partie des récompenses à
leurs concurrents, ont affirmé leur supério-
rité par de riches collections dont nous
citerons tout à l’heure les principales.
Un fait digne d’être noté se dégageait de
l’exposition de MM. Delahaye et Dallière :
la première floraison en Europe, à notre
connaissance du moins, du Vriesea sangui-
nolenta (1), que nous avons jadis publié
sans pouvoir en compléter la description,
faute de fleurs. La plante était représentée
(l) Vriesea sanguinolenta, Ed. André, in Lind.
Illustr. hortic., XXII, pp. 43-44 et 68.
447
EXPOSITION d’horticulture DE TOURS.
à Tours par un superbe exemplaire à
feuilles longues de près d’un mètre, d’un
très-beau vert, ornées à la base de taches
couleur de sang noir ocellées de vert.
Mais arrivons aux plantes de nouvelle
introduction. Un beau lot, envoyé par notre
dévoué collaborateur, M. A. delaDevansaye,
de ses riches collections duFresne, compre-
nait les espèces suivantes : Vriesea War-
mingii, nouvelle espèce brésilienne à
grande et belle végétation, portant un épi
distique, haut de 1 mètre, garni de fleurs
jaunes; Gmmania Melinoni, aux jolies
feuilles lignées aurore, inflorescence ovoïde
d’un beau ton orangé, fleurs jaunes ; Guzma-
nia Devansayana, à l’épi écarlate et doré,
s’élevant au milieu d’élégantes feuilles lon-
gitudinalement rayées de violet et de vert,
charmante nouveauté ; Tillandsia Lindeni
vera, type recherché en Angleterre et
provenant de l’horticulteur Williams ; Cryp~
tanthus Beuckeri, aux curieuses feuilles
en aviron, dentées, lavées de vert, de gris,
de rose et de blanc ; Yriesea glaucophylla
ou espèce voisine, à feuilles cendrées, à
grands panicules composées d’épillets disti-
ques portant des fleurs bleu violet, à
anthères jaunes; Hoplophytum giganteum
(vrai), énorme et beau feuillage.
Voilà pour les Broméliacées, toutes
plantes de premier ordre.
Dans les Aroïdées, le Philodendron aspe-
raturuy rare et curieux, unique jeune plante
issue de l’exemplaire du Jardin botanique
de Bruxelles; Philodendron species (?),
belle espèce sortie des serres de MM. Veitch,
de Londres, non encore déterminée et
remarquable par son grand feuillage cordi-
forme à nervures creusées et vert noir.
L’ensemble du lot de M. de la Devansaye
a été fort admiré, pour sa belle culture
autant que pour la grande rareté des espèces
qui le composaient.
Le second amateur étant M. Ed. André,
qui avait envoyé de ses serres de Lacroix
une collection de plantes nouvelles intro-
duites par lui de l’Amérique du Sud, on
comprendra que nous n’en parlions ici que
pour donner l’énumération des principales
espèces exposées dans ce lot :
Philodendron Mamei (Ecuador.). —
Caraguata sanguinea (Los Astrojos ,
Nouvelle-Grenade.) — Puya Gigas (La-
guna Cocha, Nouvelle-Grenade.) — Til-
landsia lineata (Nouvelle -Grenade). —
Epidendrum arachnoglossum (Puracé,
Nouvelle-Grenade). — Tillandsia Lindeni
tricolor (Rio del cristal, Ecuador.) — An-
thurium Andreanum (Armada, Nouvelle-
Grenade). — Tillandsia Armadce (Ar-
mada, Nouvelle-Grenade), etc., etc.
L’accueil fait à cette tentative de décen-
tralisation a prouvé que le public touran-
geau était très-sympathique aux introduc-
tions nouvelles dont on lui donnait la
primeur, et il a salué avec joie, sur l’éti-
quette d’une de ces plantes, le nom de
M. A. Marne, qui s’est fait le zélé promoteur
de nouvelles importations.
Si nous revenons aux nombreux apports
de MM. Delahaye et Dallière, nous les
trouverons représentés par d’importantes
collections de serre chaude parmi lesquelles
nous avons noté, comme spécimens de belle
culture : Tillandsia tessellata, Dracœna
■ Baptisti, Grotons en collection, Aralia
gracilUma, Ananassa sativa variegata,
Ixora Fraseri, Bouvardia variés, Dieffen-
hachia Parlatorei, Bertolonia Mirandeiy
Anthurium Andreanum, Impatiens Sul-
tani, etc.
Des mêmes exposants, une collection de
Coleus bien cultivés faisait distinguer spé-
cialement les variétés suivantes, choisies
parmi un grand nombre : Triomphe de
Saint- André, Charles de Franciosi, Juste
Delesalle , Charles Somers , Vandame
Grandel, Madame Somers, Madame Yan
den Heede.
C’est encore à MM. Delahaye et Dallières
que l’Exposition devait un lot de beaux
Dahlias à fleurs simples, plantes recherchées
aujourd’hui, et sur lesquelles nous avons à
dire un mot. En dehors de toute fantaisie
passagère, de tout caprice éphémère de cette
roue de fortune sous laquelle la mode doit
se courber, les Dahlias à fleurs simples ont
une valeur décorative indiscutable. Il n’y a
rien de plus brillant qu’un groupe des va-
riétés à fleurs éclatantes appartenant au
Dahlia gracilis, c’est-à-dire à ces formes
diverses à ligules écarlates et à centre jaune
d’or. La variété gracilis superha, au feuil-
lage finement lobé, nous paraît l’une des
plus belles et des plus élégantes, si elle ne
dépasse pas toutes les autres. Un massif de
cette variété seule produirait l’effet le plus
ornemental et le plus gracieux qu’on puisse
imaginer. D’ailleurs, nous sommes d’avis
que pour obtenir des effets de ce genre
448
PÊCHE ALEXIS LEPÈRE.
dans les grands jardins et les parcs, on ne
doit employer que les nuances vives comme :
gracilis elegans, g, perfecta, g. superha
(écarlate), Painted lady (violet), Warrior
(écarlate foncé), le Baron (noir), Morning
star (pourpre foncé), etc. Au contraire, nous
croyons qu’il serait bon* d’exclure les va-
riété entièrement jaunes, qui ressemblent
trop à des Soleils (Helianthus), les blan-
ches, qui rappellent des grandes Margue-
rites (Leucanthemum), et les variétés à
fleurs pâles, lilacées, violacées, rosées, car-
nées, qui se rapprochent trop des anciens
Dahlias doubles en train de dégénérer.
Deux exposants associés de Tours ,
MM. Travouillon et Robert, se sont révélés
par d’importants envois, et des plantes de
très-bonne culture. Dans leurs lots, nous
avons noté de beaux exemplaires de Cya-
nophyllum magnificum, Bégonia Gum-
hleton, B, Madame Ménoreau, Anthu-
rium crystallinum, de jolis Bouvardia
Humholdti, Alfred Neuner et elegans,
des Gloxiniàs variés, Vlmpatiens Sultani
cultivé en plein air, une Ipomée trop
rare (Calonyction macrantholeucum) aux
grandes corolles parfumées et fugaces, des
Chrysanthèmes précoces et des collections
de Cannas et de Fuchsias bien amenées.
Mais nous tenons surtout à louer leurs Bé-
gonias arbustifs, que les variétés tubéreuses
font trop délaisser aujourd’hui, et nous
sommes heureux de citer la bonne culture
des variétés suivantes, toutes connues,
mais toutes précieuses pour la décoration
estivale des jardins : Bégonia lucida et ses
variétés vernicosa, suaveolens, Albatros,
albida, B. semperflorens, B. s. Madame
Phil. Lemoine (rose vif) ; B. Ascottiensis,
castaneœfolia et C. alba, Ingrami, dis-
color, metallica, Louis Van Houtte.
M. Chatenay, pépiniériste à Tours, avait
exposé, hors concours, de magnifiques
Roses en fleurs coupées, que malheureu-
sement un soleil trop vif a rapidement flé-
tries, mais qui n’en étaient pas moins dignes
d’éloges.
Du Jardin botanique de Tours, l’habile
jardinier-chef, M. Madelain, avait apporté
un beau lot de plantes de serre à feuillage :
Pandanées, Palmiers, Clavija ornata,
grandes Broméliacées, Agaves, etc. Plus
remarquable et plus utile encore était la
collection de plantes officinales des tropi-
ques, due au même établissement. C’est
un excellent moyen, cette exhibition, pour
répandre dans le public la connaissance de
ces végétaux bienfaiteurs de l’humanité : le
Quinquina {Cinchona succirubra, lanci-
folia et Calisaya), le Café {Coffea arabica),
le Goyavier {Psidium), l’écorce de Winter
{Drymis Winteri), le Croton (Croton sebi-
ferum), le bois de fer {Guaiacum offici-
nale), etc. Il ne manquait à cet envoi si
intéressant que des étiquettes détaillées
faisant connaître les usages de chaque
plante.
Les beaux fruits de M. Méchin, de Ghe-
nonceaux. Raisins et Poires, indiquaient la
richesse des collections de cet amateur dis-
tingué. Celles de MM. Ronflard, Gibert,
Debreuil, Gerberon-Neau, Jamain, Fou-
queray. Doublet, Vigneau (Poires de semis)
étaient les principales collections pomolo-
giques de l’exposition.
Une jolie petite plante exposée par M. Au-
bert-Gauthier, le Chœnostoyna hispidum,
aux feuilles menues, dentées, aux fleurs
blanches petites, mais nombreuses, disait
quelles jolies bordures on pourrait faire de
cette gracieuse Scrophularinée.
On ne peut citer, dans cet exposé succinct,
toutes les belles plantes de M. Queneau-
Poirier (Bégonias), Delanoue, Aubert-Gau-
thier, Savary, Houdaye-Deniau (Dahlias),
Barillet (Dahlias), Fournier, jardinier-chef
à Villandry (Caladium), Reverdy-Durand
(Bruyères), etc. Mais il suffît d’avoir signalé
rapidement les spécialités et les traits sail-
lants de la dernière exposition tourangelle
pour montrer que la Société qui l’a orga-
nisée n’a pas démérité de sa vieille et légi-
time réputation.
Ed. André.
PÈCHE ALEXIS LEPÈRE
Cette Pêche est digne du nom qu’elle
porte, celui d’un homme qui, pendant sa
longue carrière, a su donner une impulsion
immense à la culture du Pêcher.
Cette variété, rapportée par M. Lepère fils,
qui l’a obtenue de semis dans les cultures
qu’il dirige depuis de longues années, dans
le nord de l’Europe, rentre dans le groupe
FRUCTIFICATION DE L’EVONYMUS JAPONICUS FASTIGIATUS. — IMPATIENS SULTANI. 449
désigné par le nom collectif de Made-‘
leines.
Elle est à la fois remarquable par sa
grosseur, sa forme, sa beauté et son aspect
général, et, tout parliculièrement, par sa
qualité, qui est exquise. En voici les carac-
tères :
Arbre très-productif, de vigueur moyenne,
à rameaux relativement faibles et grêles.
Feuilles dépourvues de glandes, moyennes
ou même petites, d’un vert brillant, sensi-
blement dentées sur les bords. Fleurs
campanulacées, assez grandes. Fruit gros
ou très-gros, subsphérique, parfois un peu
inéquilatéral, marqué d’un côté seulement
d’un sillon large, peu profond. Cavité pé-
donculaire moyenne, assez évasée. Point
pistillaire nul ou à peine marqué. Peau fine.
courtement velue ou presque glabre, très-
dure au toucher et comme onctueuse, d’un
rouge vineux très -foncé dans toutes ses
parties, ordinairement flagellée et rubanée
de brun noirâtre comme l’est souvent la
Madeleine de Courson. Chair non adhé-
rente au noyau, blanc jaunâtre, rouge
autour du noyau, très-fondante, contenant
en très -grande abondance une eau sucrée,
finement et très-agréablement parfumée.
Noyau régulièrement ovale, roux foncé,
très-largement sillonné. Maturité août-sep-
tembre.
Cette excellente variété, qui ne doit man-
quer dans aucune collection, a été mise au
commerce par M. Coulombier, pépiniériste
à Vitry (Seine). *
E.-A. Carrière.
FRUCTIFICATION DE L’BYONYMUS JAPONICUS FASTIGIATUS
Ayant déjàdécrit(l) cette forme si remar-
quable de VEvonymusJaponicus, nous ren-
voyons, pour les caractères généraux de la
plante, à la description que nous en avons
faite, et nous nous
bornerons ici à parler
de sa fructification, et
surtout à décrire les
fruits qui sont peu
connus, ce qui nous a
engagé à en donner
une figure.
Fruits sphériques,
dressés, atteignant
6 à 7 millimètres de
diamètre, lisses, unis
et comme vernis, por-
tant au sommet un
mucron raide ou sorte
d’apicule d’environ
4 millimètres de lon-
gueur, à quatre valves
régulières, à peu près égales. Pédoncule
principal, d’environ 3 centimètres de lon-
gueur, courbé et ramifié vers le sommet
d’où partent des pédicelles fructifères.
Particularités. Le pédoncule général
prend souvent une teinte rouge assez pro-
noncée; les fruits très-luisants se colorent
également, et alors ils sont comme trans-
parents et simulent
des Groseilles à grap-
pes. Quant aux grai-
nes, leur testa est
rouge orangé comme
celui de toutes les va-
riétés diEvonymm
Japonicus.
Les fruits de VEv.
Japonicus fastigiatus
mûrissent très-tardi-
vement, souvent même
assez avant dans l’hi-
ver. D’autre part, il
arrive fréquemment
que ces fruits avor-
tent en grande par-
tie et tombent avant
d’avoir atteint leur complet développement,
ce qui est probablement dû à une féconda-
tion imparfaite ou même nulle.
E.-A. Carrière.
Fig. 92. — Ramille fructifère de VEvonymus
Japonicus fastigiatus, de grandeur naturelle.
IMPATIENS SULTANI
En décembre dernier, M. Godefroy-Le-
beuf, horticulteur à Argenteuil, annonçait
(1) Voir Revue horticole, 1882, p. 529.
dans son journal V Orchidophile une nou-
velle Balsamine récemment introduite de
l’Afrique centrale. La description qu’il fai-
450
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
sait de cette espèce était des plus allé-
chantes, et promettait aux amateurs de
plantes à ornementation estivale une nou-
velle conquête.
On peut, dès à présent, dire que l’essai
qui en a été fait cet été a pleinement
confirmé l’espérance que l’on avait fondé
sur le mérite de cette jolie plante. Du reste
les sujets qui étaient en multiplication
l’hiver dernier, dans les serres de M. Gode-
froy-Lebeuf, et qui n’ont pas cessé de se
couvrir de fleurs aux gracieux coloris rouge
vineux brillant à reflets de teinte groseille,
ne laissait aucun doute sur la valeur de
cette nouvelle recrue pour la décoration des
corbeilles de jardins. Quant à moi je tentai
l’expérience avec une grande confiance, me
rappelant V Impatiens platypetala.
Vers 1855, M. Rossiaud, jardinier chez
M. le comte de Talleyrand, un des plus
grands amateurs de cette époque, avait
réuni dans ses cultures environ 2,000 es-
pèces et variétés de plantes. L’élément qui
alors dominait dans les serres des amateurs,
était surtout les plantes dites à fleurs; aussi
l’attrait qu’offraient ces collections était-il
ravissant, chaque saison ayant sa floraison
distincte, et présentant un nouvel attrait qui
ravivait les jouissances.
Combien il est regrettable que l’on ait
aujourd’hui, presque partout, exclu de nos
collections toutes ces plantes intéressantes
par leurs fleurs et leur aspect si variés!
Quel charmant contraste, par exemple, for-
maient toutes ces ravissantes Acanthacées
lors de leur floraison ! Que de richesses
dans la famille des Rubiacées! Et qui n’a
pas admiré les Rondeletia, les Rogiera,
les Luculia, les Ixora, les Gardénia, les
Sipanea, les Adamia, etc., etc.? Quels
éloges faire de quelques autres genres que
je citerai au hasard, comme les Medinilla,
les Melastoma, les Centradenia, les Bruns-
felsia, les Siphocampylus, quelques Ole-
rodendron, les Allamanda, les Moussa-
nia, etc., etc.!
Mais je m’aperçois que le désir de citer
toutes ces merveilles m’a éloigné de mon
sujet, VImpatiens Sultani, et j’y reviens.
L’expérience que M. Page et moi avons
faite l’été dernier de cette espèce, nous laisse
croire qu’il faut la tenir à mi-ombre. Au
soleil, elle ne fleurit presque pas. Ainsi
M. Page, jardinier chez M. Lebaudy, à
Bougival, en a planté au printemps dernier
un petit groupe au pied d’un fort Musa, de
manière qu’une moitié de ce petit groupe
se trouvât directement exposée aux rayons
du soleil ; de ce côté il y a eu peu de fleurs,
végétation courte et rabougrie jusqu’à la
mi- août, et ce n’est qu’à ce moment que
les plantes se développèrent et fleurirent;
tandis que sur le côté opposé, qui se trouvait
à mi-ombre mais bien aéré, les ^ plantes
n’ont cessé depuis le mois de juin de se
couvrir de fleurs dont l’éclatante vivacité
s’harmonisait agréablement avec la fraîcheur
de leur abondant feuillage.
R résulte de ce qui précède que VImpa-
tiens Sultani doit être cultivé à mi-ombre,
ce qui explique les déceptions qu’ont éprou-
vées beaucoup de personnes en le plantant
en plein soleil. Dans cette condition la plante
paraît souffrante, son feuillage est maigre
et ses fleurs petites et chétives sont d’une
courte durée. Au contraire, lorsqu’on la
place à mi-ombre dans un bon sol rendu
léger et poreux à l’aide de terreau et de
vieille terre de bruyère, cette espèce est
vigoureuse , développe un feuillage bien
nourri, avec lequel les fleurs, excessivement
abondantes et qui se renouvellent sans cesse,
produisent un effet ornemental des plus at-
trayants. Eug. Vallerand.
SOCIÉTÉ NATIONALE D^HORTICÜLTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1883
Apports. Comité de culture potagère.
Ont été présentés lés objets suivants : Par
M. Paillieux, de Crosnes, de magnifiques Baikon
dont la racine blanche, ressemblant au navets
avait environ 50 centimètres de longueur sur
9 ou 10 de diamètre. — Par M. Berthault
de Rungis, de très-beaux Gardons des variétés
Puvis, plein inerme. Afin de concentrer la
»
sève dans le bourgeon principal. M. Berthault
avait eu lé soin d’enlever tous les petits dra-
geons au fur et à mesure qu’ils se dé-
veloppaient. — Par M. Billarand, à Ablon,
une bourriche de Fraises des quatre saisons,
très-grosses, égales, et de toute beauté. — Par
M. Vavin, des Tomates dites de New-York, à
fruit moyen, subsphérique, à peine côtelé. —
451
DE LA LIMITE DES CARACTÈRES EN BOTANIQUE.
Par M. Chemin (Georges), maraîcher : Céleri
rave, Choux-fleurs demi-durs, et des Piments
doux des variétés dites carrés^ longs et courts.
— Par M. Beurdeley, des Pommes de terre
Reine des Pommes de terre, à tubercules
jaunes, allongés, un peu aplatis. Cette variété,
parait-il, est d’une fertilité extraordinaire. —
Enfin par M. Dudoüy des tiges garnies de fruits
du Cucumis Anguria, et quatre variétés de
Pommes de terre cultivées dans des paniers
remplis de mousse légèrement amendée par
des engrais chimiques, de manière à leur four-
nir l’équivalent de ce qu’on eût pu mettre de
fumier si elles eussent été dans de la terre.
Ces Pommes de terre, plantées dans des pa-
niers en fil de fer, ne recevaient aucun soin
particulier. Placées en plein air, au soleil," on
se bornait à les arroser lorsqu’elles en avaient
besoin. Le produit était assez abondant et rela-
tivement beau.
Au comité de florienlture, ont été présen-
tés : Par M. Balu, une collection de Dahlias
en fleurs coupées, doubles, appartenant aux
Lilliputs et à la section des grosses fleurs.
— Par M. Lequien, horticulteur à Clamart, des
Bégonias tubéreux à fleurs pleines énormes, de
forme sphéroïdale, et une variété à fleurs sim-
ples de 16 centimètres de diamètre, régulières
et presque orbiculaires. — Par MM. Dupanloup
et Ci®, successeurs de M. Loise-Chauvière, un
lot de Dahlias à fleurs pleines. — Par
M. Eberlé, successeur de M. Pfersdorff, de for-
tes potées de Crassula gracilis et d’autres
non moins belles d’une variété qu’il dit être
hybride entre les G. gracilis et le G. stachyura.
De même taille et de même aspect que le
G. gracilis, ce gain, qui ne diffère du C.
gracilis que par ses fleurs carnées, ressemble
beaucoup au G. Bolusii. — Enfin M. Lavallée
présentait des arbustes comprenant les espèces
suivantes : Viburnum dentatum, à fruits d’un
noir bleu ; V. edule, espèce qui, par son aspect
et sa végétation, a quelque rapport avec la
Viorne mansienne de nos bois, mais remarqua-
ble et très-ornementale par la quantité consi-
dérable de ses fruits sphériques, gros comme
de très-gros pois, d’un rouge brillant, et
comme vernis ; V. Opulus nana avec fruits ;
V, acuminatum à fruits noirs ; Rosa rugosa,
coruscans, Kamtschatica, en fruits ; Glematis
apiifolia dont les fleurs blanches, nombreuses,
rappellent un peu celles du G. Flammula,
mais sans odeur; G. Pitcheri à grosses fleurs
d’un violet cendré, rappelant un peu celles du
G. Viorna] enfin les Gratœgus succulenta et
G. glandulosa, à fruits d’un très-beau rouge.
Ces deux plantes épineuses se rattachent au
groupe des G. Grus galli.
Au comité d'arboriculture on remarquait
les apports suivants : Par M. Chevallier (Gus-
tave), de Montreuil, les Pêches Belle Bausse,
Belle de Vitry, Belle impériale, Alexis Le~
père, du Prado, Bonouvrier, Princesse de
Galles, Madeleine rouge. Brugnon violet mus-
gué. — Par M. Bertaut, de Rosny-sous-Bois,
une magnifique corbeille de Pêches Blondeau,
ainsi qu’une variété de semis dont il est l’ob-
tenteur. — Par M. Aubrée, à Ghatenay, une
corbeille de Grosse mignonne. — Par M. Ber-
thault, de Rungis (Seine), vingt fruits de
Beurré Spence ou Fondante des bois remarqua-
bles par leur grosseur et surtout par leur colo-
ris d’un très-beau rouge vermillon, brillant et
comme verni. C’est par un effeuillage continu
et gradué que M. Berthault obtient ce très-
remarquable coloris. Ce mode d’opérer n’a
pas l’inconvénient de saisir les fruits comme
celui qu’on pratique d’une seule fois lorque les
fruits commencent à mûrir, ce qui en arrête
plus ou moins le développement. Au contraire
par ce moyen les fruits s’habituent à l’air et à
la lumière, grossissent et se colorent fortement*
DE LA LIMITE DES CARACTÈRES EN BOTANIQUE
Au lieu de en bdtanique, » nous pour-
rions dire en histoire naturelle, celle-ci
comprenant la science générale, dont la
botanique fait partie.
Mais comme l’histoire naturelle est très-
étendue et surtout complexe, ndus devdns
préciser et asseoir nos démonstrations sur
un fait tangible et sur des caractères bien
accentués, qui ne prêtent ni à la confusion,
ni à l’ambiguité. Tels sont ceux que nous
allons citer ; non seulement ils sont clairs,
précis et concluants, mais ils ont l’im-
mense avantage de porter sur une plante
des plus vulgaires et qu’à peu près tout le
monde connaît : sur le Phaseolus multi-
ftorus ou coccineus, vulgairement c Haricot
d’Espagne. 3> Les caractères invoqués pour
la démonstration varient entre V annualité
et la pérennité, les racines filiformes et les
souches ligneuses ; en d’autres termes, nous
allons démontrer comment dans une même
espèce on passe d’une plante tout à fait
annuelle, à racines filiformes, à une plante
sous-frutescente par ses tiges et à souche
ligneuse très-volumineuse, cela brusque-
ment, dans l’intervalle d’une seule année,
ou plutôt de quelques mois.
Après ces quelques considérations géné-
452
DE LA LIMITE DES CARACTÈRES EN BOTANIQUE.
raies abordons la démonstration, qui est
d’autant plus facile qu'elle se réduit à l’ob-
servation et à l’exposition de faits dont
beaucoup de cultivateurs ont pu être
témoins ; il nous suffira donc de les leur
rappeler ; ils pourront alors .se convaincre
et même vérifier le fait par l’expérience,
qui est des plus simples, puisqu’il suffit de
semer et d’observer.
On sème en mai, à une bonne exposition,
fortement insolée, les Haricots d’Espagne,
aussitôt que les gelées ne sont plus à crain-
dre et que la terre est déjà échauffée ; on
laisse croître les plantes en les ramant ou
en les faisant grimper sur des supports
quelconques. Elles ne tardent pas à fleurir
et à fructifier, et aucunes ne montrent
extérieurement de différences ; mais il en
est autrement si on visite le pied : on voit
alors que certains sont légèrement renflés,
que d’autres le sont même beaucoup et que
ce renflement, de plus en plus consistant,
devient même sous-frutescent ou ligneux-tu-
béreux. Si l’on arrache ces renflements avec
précaution, qu’on rabatte les tiges en leur
conservant une certaine longueur, qu’on
empote les plantes et qu’on les mette dans
une serre en leur donnant les soins néces-
saires, elles se conservent, et au printemps
suivant elles produisent des bourgeons qui, à
leur tour, s’élèvent, fleurissent et fructifient.
Si ces pieds sont suffisamment abrités, ils
peuvent même rester en place l’hiver, gros-
sir, repousser, fleurir et fructifier chaque
printemps. Nous avons constaté ce fait chez
un maraîcher, route de Créteil , près de
Charenton-Alfort (Seine) (1).
Ces faits, que tout le monde peut vérifier,
démontrent de la manière la plus évidente
la formation de caractères nouveaux par la
transformation des anciens. Mais alors, que
devient le caractère annuel indiqué par de
nombreux auteurs, comme propre au Ha-
ricot d’Espagne?
Cette espèce est d’autant plus singulière,
d’autant mieux choisie pour faire réfléchir
sur la valeur des caractères et sur la manière
dont ils se forment, qu’elle réunit à la fois,
dans un même semis et brusquement, toute
la série des caractères que l’on considère
comme distinctifs des grands groupes de
(1) Cette année, grâce à la douceur de l’hiver,
plusieurs pieds placés en pleine terre ont conservé
la base de leur tige qui a elle-même produit des
bourgeons.
végétaux. C’est une sorte de trait d’union
qui relie, en les confondant, les caractères
de DURÉE : annuel, bisannuel, vivace, et
ceux de nature : filiforme-annuel, tube-
reux-ligneux.
C’est donc tout à fait à tort qu’on
a dit en parlant du Haricot d’Espagne,
(( qu’il est vivace, mais cultivé comme an-
nuel. » La vérité, c’est qu’il est à la fois
annuel et vivace, et même plus, démonstra-
tion d’autant plus facile à faire, d’autant
plus nette et plus caractéristique, qu’il n’est
pas besoin d’un long intervalJe de temps, ni
de multiplier les expériences en ajoutant les
uns aux autres les résultats obtenus, pour
constater ces changements. Non I c’est brus-
quement, dans une même année et dans
un même semis, qu’on remarque toutes ces
diversités (1). En effet, étant semées en
mai, toutes les plantes fleurissent et fruc-
tifient à partir de juillet, et à l’automne,
quand on les arrache, on voit queda plus
grande partie ont des radicelles ténues,
nombreuses , et déjà mortes, que chez
d’autres individus le pivot est légèrement
renflé, charnu, consistant ; et qu’enfin pour
d’autres le pivot est fortement épaissi,
fusiforme, parfois arrondi, résistant, su-
béreux-ligneux. Si l’on arrache toutes
ces plantes, qu’on les empote et les mette
dans une serre en leur donnant à toutes
les mêmes soins, on remarque que le
plus grand nombre sèchent (annuelles);
que certaines se conservent et repoussent
un peu l’année suivante, mais qu’elles ne
vont pas au delà (bisannuelles) ; que d’au-
tres vivent plusieurs années en conservant
même une partie de leurs tiges (vivaces);
enfin qu’il en est quelques autres dont la
souche prend un fort développement, devient
solide et produit même des racines d’une
nature analogue, et que les tiges tendent
également à prendre la consistance du bois
{ligneuses), et qu’on a alors une plante fru-
tescente ou sous- frutescente, une sorte
d’arbrisseau volubile à souche ligneuse
comme celle des Erythrina.
Faisons toutefois remarquer que ces di-
versités sont d’autant plus fréquentes et
(1) L’année dernière encore, nous avons re-
marqué dans une touffe comportant cinq pieds :
deux à racines fibreuses, tout à fait annuels; deux
autres fortement tubéreux, subligneux; enfin le
cinquième légèrement renflé, mais qui, n’étant pas
suffissamment développé, a pourri dans le courant
de l’hiver.
BILLBERGIA RIIODOCYANEA PURPUREA. — PRUNIER MYROBOLAN A FLEURS ROSES DOUBLES. 453
plus prononcées que le climat est plus
chaud, et que les plantes sont plus fortement
insolées.
Si, en se pénétrant bien de ce que
nous venons de dire et qui est abso-
lument exact, on veut bien réfléchir que
pour tout ce qui concerne les autres ca-
ractères il en est de même, peut-être arri-
verait-on à être moins absolu sur la valeur
de ceux-ci et à attacher moins d’impor-
tance qu’on ne le fait en général aux théo-
ries. La science n’y perdrait rien, au con-
traire, et la pratique, alors moins entravée,
serait plus féconde en résultats, ce qui doit
être le but de tout chercheur.
E.-A. Carrière.
BILLBERGIA RHODOCYANEA PURPUREA
Obtenu, dit-on par un horticulteur de
Cherbourg, le Billhergia rhodocyanea pur-
purea produit le contraste le plus singulier
avec le type. En effet, tandis que celui-ci
est d’un vert blond, la variété est d’un
rouge un peu sanguin dans toutes ses par-
ties. Ses caractères généraux sont les sui-
vants :
Plante vigoureuse, à faciès rappelant assez
celui du Billbergia Leopoldi. F euïWes larges,
fortement appliquées dans leur partie infé-
rieure, arquées et réfléchies au sommet,
largement et sensiblement canaliculées, d’un
rouge foncé sanguinolent, couleur sur la-
quelle tranchent très-agréablement des zones
farinacées transversalement disposées, très-
courtement denticulées, brusquement rétré-
PRUNIER MYROBOLAN A
Cette variété, mise au commerce par
MM. Baltet frères, de Troyes, qui l’ont reçue
directement du Japon, est une des plus in-
téressantes introductions qui aient été faites
récemment. Elle sera bien venue parmi les
arbustes printaniers, et ira prendre place
dans nos massifs à côté du Prunopsis Lin-
dleyi {Prunus triloha, Lindl.),dont elle a la
rusticité. Voici ce qu’en disentMM. Baltet :
Cet arbrisseau, très-rustique et vigoureux, se
couvre au commencement du printemps de
fleurs nombreuses, larges, doubles^ odorantes,
d’un frais coloris rose Hortensia, disposées en
bouquets bien fournis.
L’arbuste a une bonne tenue ; les feuilles,
assez grandes, sont d’un vert gai, bordées de
carmin clair à la denture du limbe et au pétiole ;
les yeux et les stipules sont également teintés
de rouge.
Le Prunier myroholan à fleur rose double,
donné à MM. Baltet frères, par la Commission
japonaise de l’Exposition universelle de 1878,
sera un joli décor pour nos jardins et robuste
cies, arrondies au sommet, qui se termine
par un mucronule court.
Cette plante se distingue nettement du
type par sa couleur et par son aspect général.
On la multiplie à l’aide des bourgeons ou
œilletons qui partent parfois de la souche,
qu’on sépare et fait enraciner comme pour
les autres espèces du même genre. On la
cultive en serre tempérée, bien qu’elle se
trouve parfaitement dans la serre chaude.
Une terre de bruyère tourbeuse, fortement
drainée et des arrosements assez copieux
pendant la végétation lui conviennent tout
particulièrement. Si de temps à autre on
donne un peu d’engrais liquide, la plante
poussera plus vigoureusement et sera aussi
beaucoup plus belle. Guillon.
FLEURS ROSES DOUBLES
en tout terrain. Il fleurit en première saison,
plusieurs semaines avant le Prunus triloba.
Cette note est insuffisante pour donner
une idée exacte de la beauté et du mérite
de l’arbuste auquel elle se rapporte; heu-
reusement que, ayant vu des échantillons
fleuris, nous pouvons la compléter ainsi :
Le Prunier Myrobolan à fleurs roses dou-
bles est très-vigoureux, très-floribond et
se couvre dès les premiers beaux jours de
très-nombreuses fleurs roses. Sa rusticité
est complète. Sa végétation est à peu près
la même que celle du Myrobolan ordinaire;
l’écorce de ses rameaux est lisse, luisante,
très-colorée ; ses feuilles caduques, pétio-
lées, à pétiole et nervures roses plus ou
moins foncé, sont courtement dentées,
brusquement rétrécies vers le sommet, puis
longuement acuminées, cuspidées, rappe-
lant un peu, sous ce rapport, celles du
Prunopsis Lindleyi.
La beauté, la grandeur et la belle couleur
454
REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES.
rose des fleurs font du Prunier myrobolan à
fleurs doubles roses, une plante ornemen-
tale de premier ordre. Gomme d’autre part
l’arbuste est vigoureux et extrêmement flo-
ribond, on pourra certainement le cultiver
en pot pour le forçage, ainsi qu’on le fait des
Prunus sinensis alha plena, triloha, etc.
Pour l’approprier à cet usage on devra,
pendant l’été, lui faire subir un ou deux
pinçages de manière à obtenir des plantes
trapues et ramifiées.
Un autre avantage de cette plante, c’est sa
précocité à fleurir; sous ce rapport, elle de-
vance même de beaucoup toutes les espèces
connues, ce qui lui assure une place impor-
tante parmi les arbustes à forcer.
Cette nouveauté donnera-t-elle des fruits
dans nos cultures ? Nous le croyons, bien
que nous ne puissions l’affirmer. Ce qui
nous donne cet espoir, c’est l’examen que
nous avons fait de ses fleurs qui, de même
que celles du Prunus triloha^ présentent
toujours quelques organes sexuels épars
parmi les pétales, ce qui augmente l’attrait
des fleurs en leur donnant une légèreté plus
grande et en produisant un élégant con-
traste.
E. A. Carrière.*
REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES
Doryanthes Palmeri,W. Hill. — Amaryllidées
{Bot. Mag.y tab. 66G5). — Racines fibreuses;
feuilles nombreuses, recourbées, longues de 2
à 3 mètres, larges de 10 à 15 centimètres,
garnies d’ondulations ou côtes longitudinales
et se terminant par une pointe brune coriace,
tubuleuse; tige florale haute de 2™ 50 à 3m 25,
garnie de bractées lancéolées, érigées. Inflo-
rescence thyrsoïde, compacte, de 1 mètre de
longueur; fleurs écarlates entourées de brac-
tées d’un rouge brun. Étamines plus courtes
que les segments du périantlie, d’abord jaunes,
puis pourpres. Cette espèce n’est pas très-
nouvelle, on la cultive en plein air dans le
Midi de la France, mais le Botanical Maga-
zine, à l’occasion de sa floraison, a pu en pu-
blier une bonne figure coloriée. — Serre froide.
Nemastylis acuta, Herbert. — Iridées {Bot.
Mag., tab. 6666). — Jolie petite plante bul-
beuse, native du sud-ouest des États-Unis,
portant sur des tiges hautes de 30 à 40 centi-
mètres des fleurs lilas pâle, toujours réunies
par deux, et contenant trois étamines d’un
jaune brillant. Feuilles au nombre de deux ou
trois, linéaires, pliées, longues de 15 à 35 cen-
timètres, glabres. Bulbes ovoïdes de 2 centi-
mètres 1/2 de diamètre, entourés de plusieurs
membranes brun foncé. — Serre froide.
Bahiana ringens, Ker. — Iridées {Bot. Mag.,
tab. 6667). — Plante à floraison singulière,
originaire du Gap de Bonne-Espérance et intro-
duite depuis longtemps. Bulbe globuleux, de
2 à 3 centimètres de diamètre. Feuilles li-
néaires pliées, au nombre de six à huit. Tige
florale haute de 30 à 45 centimètres ; spathe
tubuleuse de 25 à 40 millimètres de long, en-
tourant le pédicelle. Périanthe accompagné
d’un tube vert en forme d’entonnoir, presque
de la même longueur que la spathe. Limbe
cramoisi brillant, bilabié. La lèvre supérieure
est oblongue acuminée avec un long onglet à
bords recourbés. La lèvre inférieure est plus
courte, à cinq segments dont les trois centraux
sont allongés en forme d’étendard, et les deux
latéraux plus petits, lancéolés, recoui'bés. —
Serre froide.
Microstylis metallica. Reich, f. — Orchidées
{Bot.Mag.,iah.QQ68). — Gharmantepetiteplante
à feuillage pourpre, originaire de Bornéo, et
n’atteignant guère que 15 à 18 centimètres de
hauteur. Feuilles au nombre de quatre à six,
pourpre noirâtre, longues de 5 à 8 centimètres,
larges, elliptiques, acuminées, pliées ; hampe
élancée, haute de 5 à 8 centimètres. Grappe â
peu près aussi longue, portant de dix â douze
fleurs écartées, â bractées pourpres, pédicelle
long de 2 à 2 centimètres 1/2, horizontal; sé-
pales et labelle pourpres, pétales rose tendre.
— Serre chaude.
Cereus cespitosus, Engelm. — Gactées {Bol.
Mag., tab. 6669). — Gette espèce que l’on con-
fond quelquefois avec VEchino cereus pectina-
tus, est originaire du nouveau Mexique et du
Texas (États-Unis). Sa tige est haute de 10 à
15 centimètres sur 7 â 10 de diamètre, quel-
quefois isolée, quelquefois formant groupe avec
d’autres, cylindrique ovoïde, gris pâle ou blan-
châtre, avec des taches laineuses d’un brun
clair. Gütes au nombre de 12 â 18, larges de 12
à 25 millimètres à la base. Épines blanches ou
roses. Sépales intérieurs au nombre de 18 à 35
oblancéolés, entiers ou dentés. Pétales au
nombre de 30 â 40, oblongs, acuminés, obtus,
longs de 3 à 4 centimètres, rose foncé. —
Serre tempérée.
BillhergiaPorteana, Brongt. — Broméliacées
{Bot. Mag., tab. 6670). Plante déjà ancienne,
très-ornementale, originaire du Brésil, acaule,
produisant 5 à 6 feuilles en rosette, érigées,
en lanières, longues de 1>« à 1™ 50, larges de
5 à 8 centimètres dans leur milieu, d’un vert
foncé. Pédoncule long de 65 centimètres, blan-
REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES.
455
châtre farineux, garni de bractées rouges, lon-
gues de 10 à 15 centimètres sur 3 à 5 de lar-
geur. Fleurs sans autres bractées spéciales,
disposées en épi retombant, ovaire oblong avec
plusieurs nervures ou côtes verticales. Pétales
verts lancéolés, longs de 5 centimètres. Filets
des étamines violet pourpre, anthères linéaires,
longues de 2 à 3 centimètres. — Serre tempérée.
Pogonia Gammieana, J .-D. Hooker. — Orchi-
dées {Bot. Mag.j tab. 6671). --Indes septen-
trionales. Tubercule subglobuleux, de la gros-
seur d’une petite noix. Feuilles solitaires,
glabres, longues et larges de 10 à 15 centi-
mètres, cordiformes arrondies, à nervures très-
nombreuses, radiées, divisant la feuille en
bandes alternativement vert foncé et vert pâle.
Ces bandes sont aussi marquées de taches plus
foncées, régulièrement placées. Hampe haute
de 15 à 20 centimètres. Grappe portant de 6 à
8 fleurs retombantes. Pétales et sépales longs
de 2 à 2 centimètres 1/2, elliptiques, lancéolés,
acuminés, d’un rose pâle. — Serre chaude.
Microglossa albescens^ Clarke. — Composées
{Bot. Mag., tab. 6672). Himalaya. — Sous-
arbrisseau atteignant 70 centimètres à 1>^ 40
de hauteur. Face inférieure des feuilles et in-
florescence pubescentes. Feuilles longues de 8
à 11 centimètres, courtement pétiolées, lan-
^ cédées, acuminées, entières, d’un vert clair.
Capitules très-nombreux portant un grand
nombre de pédoncules disposés en corymbe.
Involucre campanulé, à bractées lancéolées,
acuminées. Ligules bleu pâle, tout à fait hori-
zontales, longues de 4 millimètres environ,
disque jaune proéminent, de 3 millimètres de
diamètre. — Serre froide.
Pseudodracontium Lacourü, N. E. Br. —
Aroïdées {Bot. Mag., tab. 6673). — Plante
singulière, originaire de File de Phû-Quocq
(Gochinchine), d’où elle fut envoyée par
M. Gontest-Lacour à M. Ed. André qui la céda
à l’horticulteur belge par qui elle fût mise au
commerce sous le nom d’Amorphophallus
Lacourii. Pétiole et pédoncule élancés, d’un
rouge grisâtre pâle avec des anneaux de cou-
leur olive, striés ; l’un et l’autre entourés
à la base de membranes d’un jaune brun.
Limbe de la feuille triséqué, à pétiolules longs
de 2 à 3 centimètres, colorés comme le pétiole.
Division centrale sessile et simple; divisions
latérales bifides ou pennées, trifides ou multi-
fides ; segments sessiles, elliptiques ou ovales,
ou oblongs lancéolés, longs de 10 à 14 centi-
mètres, d’un vert jaune pâle clair, marqué de
taches rondes blanches. Spathe érigée, vert
pâle, longue de 7 à8 centimètres; spadice de la
même longueur, sessile, vert blanchâtre. —
Serre chaude.
Pleuropetalum costaricense, H. Wendl. —
Amarantacées {Bot. Mag., tab. 6674). —
Joli sous-arbrisseau de l’Amérique centrale,
recommandable pour la culture en pot. Plante
glabre, à feuilles alternes, pétiolées, longues de
10 à 13 centimètres, elliptiques, lancéolées acu-
minées, d’un vert foncé, entièrement bordées
d’une bande vert clair. Pétiole long de 2 centi-
mètres environ. Fleurs petites, très-nom-
breuses, en corymbes terminaux et axillaires.
Périanthe de 7 centimètres de diamètre, d’abord
vert, puis écarlate, elliptique oblong. Fruits
globuleux de la grosseur d’un pois, d’un rouge
sang; graines très -nombreuses, noires. ]
Serre tempérée.
Caraguata musaica, Ed. André. — Bromélia-
cées {Bot. Mag., tab. 6675). — Superbe espèce
colombienne connue aussi sous les synonymes
de Tillandsia et Massangea mwsaica. Feuilles
loriformes au nombre de 12 à 20, en rosette, à
tissu cartilagineux, obtuses, longues de 50 à
70 centimètres, larges de 5 à 8 centimètres
dans leur milieu, d’un vert pâle, marquées de
lignes transversales très-nombreuses vermi-
formes minces et ondulées, de longueur irré-
gulière, d’un vert foncé sur la face supérieure,
d’un pourpre foncé sur la face inférieure.
Hampe centrale longue d’environ 35 centi-
mètres, écarlate brillant, garnie de nombreuses
bractées deltoïdes de la même couleur. Fleurs
au nombre de 30 environ, réunies en capitule
globuleux, accompagnées chacune d’une bractée
deltoïde, rouge écarlate. Galice à 3 sépales
lancéolés, jaunes, de 25 millimètres de long ;
corolle blanche plus courte que le calice, com-
posée d’un long tube et de trois segments
oblongs. Gette admirable Broméliacée est au-
jourd’hui répandue dans toutes les collections
de choix. — Serre chaude.
Eucharis Sanderii, J. G. Baker, — Amaryl-
lidées {Bot. Mag., tab. 6676). — Jolie plante
originaire de la Nouvelle-Grenade, et destinée
à devenir populaire. Bulbes ovoïdes de 3 à
5 centimètres de diamètre, à tunique brune.
Feuilles réunies par deux sur chaque hampe,
à pétioles longs de 10 à 15 centimètres, aplatis
sur une face, cordiformes ovales cuspidées,
longues de 20 à 25 centimètres, de tissu mem-
branacé, vert brillant à la face supérieure, vert
pâle sur l’autre, glabres avec 6 ou 10 paires de
veines très-accentuées. Spathes vertes, lan-
céolées, acuminées. Fleurs d’un blanc pur
réunies par deux ou trois en ombelles, larges
de 4 à 5 centimètres et portant une couronne
adnée, jaune pâle, qui soutient les 6 étamines
jaune foncé. Style grêle, vert pâle; stigmate
trilobé, jaune pâle. — Serre tempérée.
Thunbergia Kirkii, J. G. Baker, — Acan-
thacées {Bot. Mag., tab. 6677). — Petit ar-
brisseau de la partie orientale de l’Afrique
tropicale et voisine du T. erecta. Feuilles
longues de 4à8 centimètres, larges de 2 centi-
mètres 1/2, très-courtement pétiolées, lancéolées
entières ou ayant de chaque côté une dilatation
456
REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES.
obtuse qui leur donne la forme rhomboïdale,
trinervées, vert foncé en dessus, vert pâle en
dessous. Fleurs axillaires réunies par deux ;
pédoncule etpédicelle courts, raides, bractéoles
vertes. Calice très-court, irrégulier, obtus ; co-
rolle longue de 3 centimètres, à tube court, à
limbe campanulé, à lobes étalés, mais non hori-
zontaux, d’un joli bleu violet. — Serre chaude.
Fraxinus Mariesii, J. G. Baker. — Oléacées
(Bot. Mag. tab. 6678). — Arbre de petites
dimensions, originaire de la Chine septen-
trionale, destiné à l’ornementation des parcs
et jardins. Le F. MariesU est glabre dans
toutes ses parties, sauf les pétioles, le rachis
des feuilles et divisions des panicules qui sont
couverts d’une fine pubescence; les rameaux
sont courts et minces. Feuilles longues de 10
à 15 centimètres ; folioles au nombre de 5,
obovales-lancéolées, d’un vert pâle. Panicules
très-nombreuses, érigées, peu compactes, de
jolies fleurs d’un blanc pur. — Plein air.
FRUITS NOUVEAU
Poire tardive d'Anvers. — Cette va-
riété, dont nous n’avons pu trouver aucune
citation, a été achetée en Belgique par
M. Chrétien qui a bien voulu nous com-
muniquer des fruits à étudier. Ceux-ci, qui
par leur forme rappellent assez la Crassane
ou encore un très-gros Carrisi^ un peu
écrasé, nous ont présenté les caractères
suivants: Fruits surbaissés élargis, d’envi-
ron 65 millimètres de largeur sur 5 centi-
mètres de hauteur. Œil peu profond dans
une large cavité, à divisions larges, étalées.
Queue légèrement oblique, droite, raide,
assez forte, de 20 à 25 centimètres de lon-
gueur. Peau épaisse, passant au jaune d’or
à la maturité, présentant ordinairement des
taches grises qui, légèrement saillantes,
rendent le fruit rugueux. Chair dense,
blanche, fondante, à granules fins, dissi-
mulés dans la chair et alors peu visibles,
sucrée, d’une saveur très-fine et agréable-
ment parfumée. Loges spacieuses, courtes;
pépins assez gros, d’un noir roux, luisants.
Dégustée le 6 avril 4883, cette variété
était un peu ridée mais non passée ; le fruit
avait à peine perdu de sa saveur, qui rap-
pelle un peu celle d’un Passe-Colmar.
Pomme Wagener. — « Fruit moyen,
sphérique-aplati, jaune citron lavé de rouge,
à chair fine, bien sucrée, de toute première
qualité. Maturité fin d’automne et courant
d’hiver. — Arbre sain, vigoureux, de pro-
duit, précoce et très-fertile. — D’origine
Comparettia macroplectron^ Reichb. f. et
Triana. — • Orchidées {Bot. Mag. tab. 6679). —
Plante très-élégante, originaire de la Nouvelle-
Grenade. Épiphyte, pas de pseudo -bulbes.
Tige très-courte, garnie à sa base par les an-
ciennes racines distiques. Feuilles au nombre
de 2 â 3, longues de 10 â 14 centimètres sur 2 â
3 centimètres de largeur, épaisses, coriaces,
linéaires -oblongues, vert éclairé en dessus,
vert strié de jaune brun en dessous. Grappe
retombante, portant de 4 â 6 fleurs distiques,
de grandeur moyenne, sépale dorsal oblong,
acuminé, blanc; sépales latéraux plus arrondis,
rose pâle tacheté de points rouges ; pétales
oblongs acuminés, rose pâle, brillamment
ponctués de rouge ; labelle très-large, faible-
ment divisé en deux lobes égaux, rose ponctué
de rouge vif. Éperon allongé, recourbé en
haut, rose à la base, puis devenant blanc. —
Serre tempérée. Ed. André.
{La suite prochainement.)
: OU PEU CONNUS
américaine. )) (O. Thomas, Guide prati-
que de V amateur des fruits. — Première
série de mérite. — Pommes tardives.)
Des échantillons, dégustés le 48 avril 4883,
nous ont présenté les caractères suivants :
Fruits aplatis aux deux extrémités, d’or-
dinaire sensiblement, inégalement et lar-
gement côtelés, d’environ 75 millimètres
de diamètre sur 65 de hauteur. Cavité
pédonculaire profondément évasée en en-
tonnoir. Queue ténue d’environ 2 centi-
mètres de longueur. Œil presque fermé,
dans une cavité assez profonde et relative-
ment étroite, à divisions resserrées, longue-
ment sétacées. Peau épaisse, luisante, pres-
que uniformément d’un rouge un peu
fauve, contrastant agréablement avec le
reste, qui est d’un très -beau jaune foncé.
Chair d’un blanc un peu jaunâtre, fine,
relativement fondante, sucrée, légèrement
mais très-agréablement parfumée. Loges
petites, à cartilages peu développés. Pépins^
nuis ou très-rudimentaires dans les échan-
tillons que nous avons étudiés.
Très-beau et bon fruit précieux pour la
vente. C’est certainement une variété méri-
tante que l’on peut recommander au point
de vue de l’exploitation. Au 46 avril, et
bien que la qualité de ce fruit fût arrivée à
sa dernière limite, il n’était nullement ridé
et avait conservé toute sa fraîcheur.
POMONA.
lmp. Georges Jacob , — Orléans.
CMONIQUE HORTICOLE
Maladie des Aubergines. — CesSola-
iiées, qui jusqu’à présent avaient été à peu
près exemptes de maladie, ont été cette
année attaquées à leur tour par une sorte
d’Urédinée, analogue à celles qui sévissent
sur la Vigne, les Tomates, etc., mais plus
terrible encore. En peu de temps et brusque-
ment la plante est envahie à ce point qu’elle
tombe en pourriture.
Cette affection est-elle due aux perturba-
tions atmosphériques si fortes cette année,
et peut-on espérer que, passagère et ex-
ceptionnelle, elle ne se renouvellera pas ?
Nous n’osons trop l’espérer, ce qui nous
engage à conseiller de surveiller ces plantes
et, à la moindre apparition du mal, d’agir
énergiquement contre lui. Nous croyons
même que là où le mal s’est montré
dernièrement, il serait bon d’agir préven-
tivement l’année prochaine, ainsi qu’on
devrait le faire contre les cryptogames
qui, une fois apparus, se multiplient si
rapidement qu’il est souvent impossible
d’en arrêter l’extension. Quel remède con-
viendrait-il d’employer? Sans pouvoir rien
affirmer, nous croyons que des insecticides,
tels que le polysulfure Grison, la nicotine
et surtout l’insecticide Fichet, pourraient
exercer une action bienfaisante, si on les
employait à propos.
Massifs de Rhododendrons. — Plu-
sieurs fois déjà nous avons signalé à nos
lecteurs une manière très-simple d’égayer
les massifs de Rhododendrons, Azalées, etc.,
qui, après la floraison, restent sombres et
uniformes pendant toute la belle saison. Ce
moyen consiste, on le sait, à placer entre
les touffes de Rhododendrons certaines
plantes à floraison brillante et successive,
qui, tout en épuisant peu la terre de bruyère
où elles sont plantées, donneront de la
gaîté à ces massifs, placés le plus souvent
aux abords même des habitations.
Nos voisins les Anglais, si amateurs de
plantes et si connaisseurs, réussissent com-
plètement dans ce genre de décoration ou
garniture. Nous extrayons les indications
suivantes d’une note que le Garden vient de
consacrer à ce sujet.
Les plantes vivaces ou bulbeuses qui
16 Octobre 1883.
remplissent le mieux les conditions dési-
rables, et parmi lesquelles le choix se fera
suivant les préférences personnelles, sont
les suivantes : Digitales blanches et tachetées.
Delphinium^ Campanules : les jolis épis de
ces deux plantes produisent un effet char-
mant, en s’élançant entre le feuillage sombre
des Rhododendrons ; Spirœa (Hoteia) Japo-
nica, S. palmata , S. Aruncus, Phlox,
Lis variés, Anchusa italica , Mufliers,
Pentstemon, Pivoines herbacées , Pavot
d’Orient, Ancolies. On peut y ajouter la série
des plantes décoratives aussi bien par leur
beau feuillage que par leur floraison ; Tha~
lictrum, Funkia, Canna, Eryngium (no-
tamment VE. amethystinum), Acanthus,
Ferula, Bocconia cordata, etc. En bordure
des massifs, où il y a toujours un peu plus
d’espace, on forme des groupes d’Œillets
variés, de Mignardises, Fuchsias (F. Riccar-
toni et gracilis), Rosiers japonais. Glaïeuls,
Tritoma, Dahlia, etc.
Gomme on le voit, le choix est grand, et
il permet de varier, suivant les conditions
où l’on se trouve, ce genre d’ornementa-
tion qui, nous le répétons, produit toujours
un fort joli effet.
Fructification de l’Olivier à Brest. —
Un fait rare et tout à fait exceptionnel vient
d’être constaté dans le chef-lieu du départe-
ment du Finistère: c’est la fructification
de l’Olivier en plein air. A ce sujet, notre
collaborateur, M. Blanchard, nous écrivait,
le 21 juillet dernier, les lignes suivantes :
Le climat de Brest n’est guère fait pour cul-
tiver rOlivier et le terrain ne s’y prête guère
non plus. Depuis que le Jardin de la Marine
existe, cet arbre est cependant cultivé comme
plante d’étude, mais jamais il n’y avait montré
de fleurs, et nous sommes porté à croire qu’il
en est de même dans tous les jardins éloignés
de la région méditerranéenne. Cette année, par
exception, un jeune pied issu de bouture et
âgé de cinq ans, très-vert et très-bien portant,
s’est couvert d’une floraison abondante, tandis
que ses frères, cultivés comme lui et à côté
de lui, en pots, sont restés stériles. A quoi
doit-on attribuer cette floraison prématurée?
Est-ce à l’humidité continuelle dont nous
soutirons depuis plusieurs années? Évidem-
ment non, cai' les vieux pieds auraient fleuri
20
458
CHRONIQUE HORTICOLE.
aussi. Est-ce un signe d’affaiblissement comme
il s’en présente souvent chez nos arbres frui-
tiers ? C’est ce que nous ne saurions affirmer,
attendu qu’aucune partie du sujet ne se trouve
altérée. Dans ce cas il y aurait peut-être chance
de fixer cette anomalie, en multipliant le sujet
qui l’a produite.
Les Dahlias à fleurs simples et les
Dahlias à fleurs doubles. — Quel que
soit le sujet dont il s’occupe, il est rare
que l’homme s’arrête à de justes propor-
tions ; en général on exagère et l’on se porte
aux extrêmes. Après avoir proscrit toutes
les variétés de Dahlias à fleurs simples, on
les recherche aujourd’hui. Certaines per-
sonnes vont même jusqu’à affirmer que les
Dahlias doubles seront à jamais rejetés. La
chose est au moins douteuse, et, quoiqu’on
en dise, on ne répudiera pas ces variétés si
jolies qui ont la beauté des fleurs, la richesse
de coloris et la perfection des formes. Si
les capitules sont trop gros pour la confec-
tion des bouquets, cela n’a pas lieu pour
la section des Lilliputs, dent les* fleurs
petites, érigées, bien pleines, extrêmement
variées et longuement pédonculées, se tien-
nent très-bien.
Pourquoi faire de l’exclusivisme, quand il
s’agit de fleurs et surtout quand elles sont
toutes belles ?
Figue San-Pietro ou Mecklingea. —
Cette variété, introduite de la Dalmatie
à Bordeaux par M. Faubert, est probable-
ment des plus méritantes. Voici ce qu’en
dit M. E. Glady :
Ce Figuier est bifère. La première récolte,
qui se fait ici au commencement, de juillet,
paraît supérieure à la seconde.
Le fruit est noir violacé avec une teinte un
peu verdâtre à la partie venue à l’ombre ; il
est très-gros, de forme allongée, fortement
renflé à la base, affectant un peu la forme
d’une poire Beurré Glairgeau. La chair abon-
dante est d’un rouge sanguinolent, très-ju-
teuse, bien sucrée, savoureuse. Les grains
sont très-petits, la peau peu épaisse, le pédon-
cule très-court. C’est, sans contredit, une des
plus belles et des meilleures Figues, qu’on
peut qualifier d’excellente. Précieuse acquisi-
tion pour notre pays, méritant d’être multi-
pliée sur une grande échelle, aussi intéres-
sante pour la Belgique que pour le nord de la
France, puisqu’elle mûrit ici dans les premiers
jours de juillet.
L’Ononis Natrix. — Sur la route de la
vallée du Cher qui va de Saint-Martin-le-
Beau à Chenonceau, en Touraine, nous
avons retrouvé, toujours avec une surprise
agréable, cette charmante plante qui croît
là, en abondance et à l’état spontané, sur
les talus des routes, dans les endroits non
cultivés. La plante n’est pas très-rare dans
la région du centre de la France.
On sait que F O. Natrix, ainsi que plu-
sieurs autres espèces du même genre,
sont aujourd’hui cultivés en Angleterre
pour la décoration des jardins, et particu-
lièrement pour la garniture des endroit^
pittoresques , des rochers , des pentes
abruptes, etc., où la nature de leurs racines
leur permet de résister longtemps à la sé-
cheresse. L’O. Natrix est assez ornementale
pour justifier cette adoption par les ama-
teurs d’Outre- Manche, et certes nous pour-
rions bien en faire autant, car la plante est
rustique, s’accommode des terrains cal-
caires les plus brûlants, et orne très-bien
les rochers en plein soleil.
Ses fleurs jaunes portent un étendard
très-développé, marqué longitudinalement
à l’extérieur de veines rouges, fourchues.
Dernièrement, le Gardeners’ Chronicle
consacrait une note à [’Ononis Natrix, et,
en rappelant les qualités décoratives de cette
plante, qui de France a été introduite en
Angleterre il y a deux cents ans, ce journal
reconnaissait qu’après une longue période
d’oubli inexplicable, elle rentre actuelle-
ment en faveur. On en voit de jolis spéci-
mens dans la « New-Rockery » de Kew.
L’O. Natrix a été décrit et figuré dans le
Botanical Magazine, t. 329.
Suspension nouvelle pour les Orchi-
dées. — On sait que la plupart des Orchi-
dées doivent être cultivées suspendues en
l’air, non seulement pour que leurs belles
fleurs, souvent retombantes, soient plus en
vue, mais encore et surtout parce que c’est
là seulement que ces jolies plantes, aux
habitudes quelquefois singulières, trouvent
les conditions d’air, d’humidité et de chaleur
qui leur conviennent le mieux.
Depuis fort longtemps on suspend simple-
ment les cages ou paniers préparés à cet
effet au moyen de trois ou quatre fils de fer
plus ou moins longs ; mais tous les culti-
vateurs d’Orchidées ont reconnu que ce pro-
cédé présentait quelques inconvénients ; les
feuilles, en touchant à ces fils métalliques.
CHRONIQUE HORTICOLE.
459
sont endommagées, et, pendant la période
de végétation, malgré de fréquents arro-
sages, les touffes se dessèchent rapidement.
Pour remédier à cela, M. Sander, hor-
ticulteur anglais qui s’adonne à l’impor-
tation et à la culture des Orchidées, a
inventé un nouveau genre de pots sus-
pendus, qu’il emploie maintenant en grand
dans ses serres de Saint-Albans, et dont
voici la description : .
Une tige de fer, formant crochet à sa
partie supérieure, est introduite au milieu
de la touffe d’Orchidée, qu’elle traverse
verticalement. Cette tige, qui remplace les
fils métalliques anciennement employés, se
visse exactement à sa partie inférieure, dans
un disque horizontal de zinc, dont le dia-
mètre égale ou dépasse un peu la plus grande
largeur du panier dans lequel la plante
végète.
Le disque, qui est placé en dessous du
panier et qui le supporte, est concave à sa
face supérieure, et par suite, en retenant
l’eau des arrosages, donne une humidité
constante aux racines et empêche cette eau
de tomber en gouttelettes, soit sur les plantes
placées en dessous, soit sur les visiteurs.
Une enveloppe conique de même métal,
mais sans fond, naturellement, peut com-
pléter au besoin l’appareil et empêcher la
trop forte évaporation latérale.
^ On se rend compte aisément de la forme
de cette suspension fort simple, ainsi que
des grands avantages qu’elle présente. -
Le phylloxéra vaincu. — Tel est le
titre d’un article qu’a publié VÉcho uni-
versel, du 1er septembre dernier, sous la
signature de J. -F. Audibert.
Après avoir tonné contre toutes les Vi-
gnes américaines et dit que c’était une mys-
tification, la ruine des vignobles, etc., l’au-
teur en arrive à préconiser un remède.
Devinez lequel ? on pourrait le donner non
pas en cent, mais en plusieurs millions.
C’est... le Myrtillier( Vaccmium Myrtilliis).
Gomme sujet, la ronce est dépassée ! jugez-
en :
Pour vaincre le phylloxéra et non pas com-
mettre la lourde faute de le subir comme l’ont
fait nos savants..., il fallait tout d’abord s’atta-
cher à greffer la Vigne sur un arbuste dont
les racines fussent elles-mêmes anti-phylloxé-
riques... Au nombre de ces arbustes est en
première ligne l’Airelle ou Myrtille.
Grâce à la précieuse collaboration d’un
homme aussi modeste que dévoué à l’agricul-
ture, i\I. Bonneval, d’Abrigeon, j’ai pu réunir
des données certaines et les offrir, tout heu-
reux, à mes chers lecteurs ([ui peuvent consi-
dérer le phylloxéra comme vaincu, en suivant
bien les données suivantes :
Mariage de la Vigne avec V Airelle. — Lors-
que l’Airelle a pris racine (et on la plante tou-
jours avec racines), elle croît et se développe
sans culture. On enlève la première écorce
d’un plant de Vigne sans racine et colle de
l’Airelle. On présente ensuite simplement le
plant (le Vigne contre la tige d’Airelle, en les
maintenant fortement dans cette position,
comme collés l’un à l’autre, au moyen d’une
forte ligature soit de Lin, de Chanvre ou de
Jonc. La soudure s’opère facilement. La Vigne
est alors nourrie par l’Airelle, et le phyl-
loxéra ne jjeut d.vns..\ucun cas, l’atta-
quer. C’est le plant d’ Airelle qui devient nour-
ricier.
Tout commentaire serait inutile, n’est-ce
pas ? Aussi nous bornerons-nous à ce pas-
sage, que nous avons copié textuellement et
qui nous paraît suffisant pour faire apprécier
la valeur du remède.
Particularités de la Pêche Amsden.
— A propos de l’adhérence ou de la non
adhérence de la chair au noyau, notre
collaborateur M. Auguste Boisselot, de
Nantes, nous écrit :
J’ai remarqué sur le même arbre des Pêches
Amsden à chair adhérente et d’autres qui
étaient à chair complètement libre. C’est du
reste ce que j’ai aussi remarqué sur certaines
Prunes, notamment sur des Reines-Claude.
A propos de la Pêche Amsden, j’ai remarqué
que sûr plus de trente fruits que j’ai examinés
cette année, aucun ne possédait d’amande. En
est-il de même aux environs de Paris ?
Nous n’avons rien observé de semblable,
et ce fait dont parle M. Boisselot nous
paraît d’autant plus singulier que, à Nantes
du moins, il paraît avoir été presque général.
A quoi est-il dû? Est-ce par suite de la
non fécondation des fleurs, ou est-ce le fait
de combinaisons organiques spéciales qui
auraient déterminé l’avortement de l’em-
bryon?
Quant à trouver sur un même arbre "des
Pêches à chair adhérente et d’autres com-
plètement libres, ce fait, lorsqu’il se pré-
sente, ne peut être que très- exceptionnel
et ne peut jamais entraîner de confusion
460
CHRONIQUE HORTICOLE.
dans les caractères, si l’on observe avec
quelque attention ce qu’on juge d’après
l’examen de fruits mûrs normalement
développés.
Rose Queen of Queens. — MM. W.
Paul et fils, les célèbres rosiéristes anglais,
ont introduit cette année dans le commerce
une très-jolie et distincte Rose nouvelle,
qui a été fort remarquée dans diverses
expositions d’Outre- Manche, et que la
Société d’horticulture de Londres a récom-
pensée d’un certificat ou diplôme dé pre-
mière classe.
La Rose Queen of Queens (Reine des
Reines) provient d’un croisement entre la
vieille Rose blanche ou Rose belge, connue
sous le nom de* Maiden Blush et un
Hybride perpétuel. Les fleurs en sont
grandes, pleines, d’un rose élégamment
bordé de rose lilacé ; les pétales sont larges,
amples, arrondis, placés avec une régula-
rité parfaite, sans être trop serrés les uns
contre les autres, du centré à la circonfé-
rence.
Cette variété est vigoureuse, très-flori-
fère et remonte franchement à l’automne,
qualité qui manque à la majeure partie des
Hybrides perpétuels. Nous espérons la voir
prochainement se répandre dans toutes les
collections. Mais est-elle le produit d’un
semis anglais ou une variété d’origine fran-
çaise dont l’édition aurait été vendue à l’éta-
blissement W. Paul et fils? C’est ce que
nous n’avons pu savoir.
Exposition de Pommes de terre au
Palais de Cristal. — Cette exposition
vient d’avoir lieu et a obtenu un grand
succès. On sait quel rôle immense la Pomme
de terre joue dans l’alimentation en Angle-
terre, et on conçoit l’importance qu’on y
donne à la culture et au choix des meil-
leures variétés.
Nous n’avons pas à publier un compte-
rendu de cette exposition, ni à citer toutes
les variétés qui ont été primées. Nous nous
bornerons à donner la liste des variétés de
choix qui ont valu le premier prix à leur
exposant :
Blanches rondes. — Schoolmaster,
Early Regent, Porteras Excelsior, King
of Potaioes, Reading Hero, Bedfont
Prolific, FUÏbasket.
Colorées rondes, — Matchlessj Vicar
of Laleham, Beauty of Kent, Heather Bell,
Reading Russet, Improved Peach Blow.
Kidneys blancIhes. — Cosmôpolitan,
Voodstock, Magnum Bonum, Covent Car-
den Perfection, International.
Kidneys colorées. — Prizetaker, Ame-
rican Purple, M. Bresee, Extra Early
Yermont et Beauty of Hébron.
Floraison du Cattleya Sanderiana. —
Cette splendide Orchidée vient de fleurir
pour la première fois dans les serres de
M. Lee, à Downside (Angleterre). Il paraît,
dit le Gardeners' Chronicle, que toute des-
cription serait impuissante à rendre la ri-
chesse et la délicatesse des couleurs de ce
Cattleya dont les fleurs atteignent un déve-
loppement énorme. La plante de Downside
se compose de sept ou huit grosses tiges,
réunies en une masse, et d’où s’élèvent trois
épis floraux. Ces épis supportent chacun de
8 à 11 grandes fleurs qui se trouvent pla-
cées] les unes près des autres, sans cepen-
dant se toucher.
Le contour de la fleur est ovale, et sa
forme générale d’une grande élégance. Les
trois segments supérieurs sont d’une nuance
rose-lilas pâle, très-délicate ; les deux laté-
raux sont teintés de jaune sur leurs bords
et pointillés de cramoisi près de la colonne.
Les deux segments inférieurs ont une cou-
leur de fond jaune chamois, uniformément*
rayée d’un réseau cramoisi marron, dont les
lignes deviennent de plus en plus fines
à mesure qu’elles s’approchent des bords,
pour laisser une bande marginale jaune
chamois pur, qui est elle -même bordée
par une étroite ligne blanche. La colonne
et la base du labelle sont d’un jaune ver-
dâtre; la partie inférieure de la lèvre est
cramoisi lourd, d’une nuance particulière
et très-jolie, qui s’harmonise admirablement
avec le reste de la fleur.
On peut aisément, d’après cette courte
description, se figurer le magnifique effet
queproduit le Cattleya Sanderiana.
Cactus gigantesque. — Le Garde-
neré Chronicle donne la description d’un
exemplaire de Cereus giganteus qui a été
observé dans l’Arizona (Amérique du Nord)
en compagnie de beaucoup d’autres repré-
sentants de la même espèce, et dont les
dimensions ont tout lieu d’étonner les
personnes qui n’ont jamais vu les plantes
CHRONIQUE HORTICOLE.
grasses que représentées par des spécimens
de petites dimensions.
Cet arbre, dont la forme est absolument
régulière, s’élève à environ 20 mètres de
hauteur ; il est cylindrique et sa circonfé-
rence, qui mesure 2 mètres à moitié hau-
teur, diminue progressivement de la base
au sommet où elle n’a plus que 1 mètre
environ, et où la plante se termine brusque-
ment en un mamelon arrondi. Des côtes
assez proéminentes, au nombre de 12 à 22,
et toutes garnies d’épines, parcourent régu-
lièrement ce Cereus depuis le bas jusqu’au
sommet.
Protection artistique des chutes du
Niagara. — Les voyageurs qui, attirés soit
par la passion du beau et du grandiose,
soit par la simple curiosité, ont, depuis
quelques années, visité les imposantes
chutes du Niagara, ont pu constater à quelle
dévastation barbare leurs abords étaient
abandonnés.
Les arbres et arbustes indigènes qui
autrefois garnissaient d’une manière si pit-
toresque les bords accidentés des eaux,
du côté des grandes chutes, ont été en
grande partie arrachés et détruits.
De plus, un certain nombre de moulins
et d’usines, constructions désagréables à
la vue, et dont la présence détruit tout pay-
sage, ont été construits dans le voisinage
immédiat des cataractes.
Là où anciennement les arbustes et les
herbages descendaient jusque dans le lit du
fleuve, la roche uniforme et laide étale
aujourd’hui au soleil ses surfaces dénu-
dées.
En présence de ces faits, et pour rendre
aux chutes l’ensemble et la grandeur qui en
faisaient le paysage le plus émouvant du
monde entier, il vient de se former, dans
l’Éiat de New-York, une commission dont
le but est de réparer toutes les détériorations
qui ont été commises.
Une certaine surface de terrain, de di-
mensions suffisantes, sera dès m.aintenant
réservée autour des chutes. Les arbres et
plantes actuellement existants seront soi-
gneusement conservés ; de nouvelles plan-
tations et des semis seront faits, en se rap-
prochant , autant que possible , de l’état
primitif des choses. Les constructions désa-
gréables à la vue seront expropriées et éloi-
gnées considérablement, et malgré cela.
461
l’accès des visiteurs auprès des chutes res-
tera absolument libre.
On ne peut qu’applaudir à des mesures
qui, bien qu’un peu tardives, rendront avec
le temps aux chutes du Niagara le cadre
pittoresque qui leur est indipensable.
Expositions prochaines. — Une note
émanant du commissariat général de l’expo-
sition internationale de Nice, informe le
public qu’en raison des nombreuses deman-
des faites à l’administration, il a été décidé
que le délai accordé pour l’admission à ex-
poser serait prorogé jusqu’au 20 octo-
bre 1883.
Par une circulaire spéciale, ce même
Comité informe également le public que,
par suite de nouvelles mesures adminis-
tratives, des récompenses spéciales ont été
ajoutées à celles prévues au programme gé-
néral. Voici cette circulaire :
Comme suite aux communications que j’ai
eu l’honneur de vous adresser relativement
à l’Exposition d’horticulture qui aura lieu à
Nice du 1er décembre 1883 au 1er juin 1884,
j’ai l’honneur de vous informer que, en outre
des récompenses indiquées dans le programme
général, il sera mis à la disposition du Jury les
prix suivants :
le Prix d’honneur, médaille du Ministre de
l’agriculture avec prime de mille francs ; sera
décerné à l’exposant qui aura le plus contribué
à la splendeur de l’exposition par ses apports de
plantes.
2» Prix d’honneur, médaille de la ville de
Nice avec prime de cinq cents francs ; sera dé-
cerné à l’exposant qui aura le plus contribué
au succès de l’exposition par ses apports de
fleurs coupées.
3» Prix d’honneur, médaille de la princi-
pauté de Monaco avec prime de cinq cents
francs ; sera décerné à l’exposant qui aura ap-
porté les plus beaux lots de fruits et légumes.
4° Prix d’honneur, médaille de l’administra-
tion de l’Exposition avec prime de cinq cents
francs; sera décerné à l’exposant déclaré le
plus méritant pour les serres ou accessoires de
l’horticulture.
— Une exposition internationale d’horti-
culture est annoncée pour 1885 à South-
Kensington, Londres.
Nécrologie: M. Alfred Cottin. — Une
mort imprévue vient d’enlever à la Société
nationale d’horticulture de F rance l’un de ses
membres les plus actifs les plus dévoués.
462
EXPOSITION AUTOMNALE
M. Alfred Cottin, pépiniériste, à Sannois
(Seine-et-Oise). Il était âgé de quarante-deux
ans, et rien ne pouvait faire présager ce triste
dénoûment. Le 23 septembre au soir, il étàit
encore au Pavillon de la ville de Paris, oc-
cupé à arranger quelques fruits pour l’ex-
position à laquelle il devait prendre part
comme juré, lorsque le lendemain matin,
jour de l’ouverture, un télégramme annon-
çait à ses collègues réunis à l’exposition la
mort de M. Cottin.
M. D. Granger. — Nous apprenons avec
grand regret la mort de M. D. Granger,
l’habile cultivateur bien connu qui avait
fondé à Suisnes, près Brie-Gomte-Robert,
des cultures très-importantes de Rosiers.
Il était un des créateurs de la culture du
Rosier dans cette région, où elle- a pris ra-
pidement un développement considérable.
Par le semis, il a obtenu un grand
EXPOSITION AUTOMNALE
Constatons d’abord que, malgré l’été peu fa-
vorable que nous avons eu, cette exposition,
très-variée dans les produits qui y ont con-
couru, a parfaitement réussi et a prouvé que
nos cultivateurs, qu’ils concentrent leurs soins
sur riiorticulture ou sur l’arboriculture frui-
tière et d’ornement, perfectionnent de plus en
plus leurs cultures spéciales, et que les bons
résultats en sont de jour en joui; plus marqués.
L’attention du public était attirée en premier
lieu par de beaux lots de plantes à feuillage
ornemental et nous retrouvons dans cette série
• les horticulteurs habituels.
M. Saison- Lierval , entre autres belles
plantes, avait envoyé de remarquables spéci-
mens de Corypha Gebanga (i), Pteris Ou-
vrardi, Araucaria glauca, Croton Disraeli, C.
W eismanni, Dracæna lineata, Kentia rupi-
cola, Areca lutescens, etc.
I\L Landry, dont la bonne culture est bien
connue, exposait notamment un bel exem-
plaire (V Adiantum décorum, puis V Areca
sapida, A. Baueri, Anthurium Laucheanum
et de nombreux Palmiers de choix.
M. Delavier présentait une collection de
Palmiers, parmi lesquels nous citerons de
beaux Cocos, Kentia, Thrinax, Areca, Phæ-
nix, Sabal, choisis dans les espèces les plus
décoratives.
(1) Nous avons des raisons de croire que les
Palmiers généralement cultivés sous ce nom ne
sont autre chose que le Saribus olivœformis.
{Rédaction.)
i’horticulture a paris.
nombre de variétés nouvelles, parmi les
plus jolies desquelles on peut citer les Roses
Louis Van Houtte, Baronne de Noir-
mont, Édouard Morren, Maurice Ber-
nardin, Général Washington, etc.
M. H. Harpur-Crewe. — Nous appre-
nons la mort du Rev. H. Harpur-Crewe,
membre de la Société royale d’horticulture
de Londres. Grand amateur de plantes,
botaniste distingué, il avait réuni dans sa
propriété de Drayton-Beauchamp (Angle-
terre), une des plus belles collections con-
nues de plantes de pleine terre. Il s’est
occupé spécialement des plantes bulbeuses,
et les nombreux voyages qu’il a faits dans le
midi de l’Europe pour collectionner des
espèces nouvelles lui avaient permis de
rassembler une série hors ligne. Sa mort
est une perte pour l’horticulture anglaise.
E.-A. Carrière et Ed. André.
D’HORTICULTURE A PARIS
Les Bégonia bulbeux étaient bien repré-
sentés. MM. Couturier et Robert, en tête,
avaient de fort jolies nouveautés, à coloris
écarlate et cramoisi, puis un Bégonia à fleurs
d’un rose saumoné très-délicat; M. Lequin
avait également un lot de bonnes plantes
nouvelles, à grandes fleurs couleur vermillon,
minium, carmin foncé et pâle, etc.
Dans le lot de M. Arnould, nous avons
remarqué un joli Bégonia à fleurs blanc sau-
moné à la face supérieure des pétales, et
saumoné carmin au revers.
M. G. Groux présentait un choix remar-
quable d’arbres fruitiers formés. Sa culture
irréprochable est trop connue pour que nous
parlions plus longuement de son apport.
MM. Defresne et Boucher avaient aussi des
arbres fruitiers dont la forme dénotait des
soins constants et entendus.
Les plantes annuelles étaient représentées
par un lot important de MM. Vilmorin, qui en
ont fait une de leurs plus brillantes spéciali-
tés. Ces exposants avaient de plus envoyé une
belle collection de Glaïeuls provenant de leurs
semis. M. Tollard avait un lot remarquable de
Celosia (Crêtes de coq) ; quelques inflores-
cences mesuraient plus de 30 centimètres de
largeur.
On remarquait aussi les spécimens irrépro-
chables Klxora amabilis, à floraison très-
abondante, de M. Wood; les Coleus de semis
de M. Pacotto, de couleurs et de formes nou-
velles ; une très-belle collection de Zinnia,
EXPOSITION AUTOMNALE D’IIORTICULTURE A PARIS.
463
envoyée par MM. Baltet et comprenant des
plantes aux coloris les plus variés ; les Dahlia
à fleurs simples et doubles de MM. T'orgeot,
Paillet, Delahaye et Dubois ; les arbustes d’or-
nement de M. Moser, notamment un choix des
plus jolis Ceanothus cultivés, des Cratægus
Lalandei, Ggneriu^m juhatum, etc.
Les légumes formaient une large part de
l’exposition. En tête venaient MM. Vilmorin,
les établissements de Gennevilliers et de Saint-
Nicolas, à Igny. MM. Paillet, Jacqueau, puis
MM. Forgeot, Dagneau, présentaient de bonnes
et nombreuses collections de Pommes de terre.
De beaux Ananas avaient été envoyés par
M. Crémont.
Pour les fruits, M. Croux avait, suivant
son habitude , une collection hors ligne ;
MM. Baltet, une sélection de toutes les bonnes
variétés de Pommes auxquelles étaient joints
quelques beaux fruits inédits; puis, MM. Le-
roux, Rabier, Arthur, Jamet, Jourdain, ex-
posaient tous des apports excitant un vif in-
térêt. M. Leroux, notamment, avait des fruits
splendides.
MM. Baltet exhibaient en outre une collection
intéressante de fruits des Malus microcar'pa.
M. Salomon avait de beaux Raisins, très-bien
classés ; M. Lhérault, un choix des meilleures
espèces de Raisins de cuve.
Enfin, M. Chaté, qui s’est fait le zélé pro-
moteur de la culture des plantes dans la
mousse, exposait une construction rustique en
liège, supportant, arrangées de manières di-
verses et très-ingénieuses, des plantes variées
qui semblent très-bien s’accommoder de ce
mode de traitement. X.
DÉCISIONS DU JURY.
A. — FriHÎts.
Concours. Pour un ou plusieurs fruits non
encore au commerce obtenus de semis par l’expo-
sant. — Fruits de MM. Baltet frères. — Les prix
seront décernés, s’il y a heu, après l’examen du
Comité d’ Arboriculture de la Société.
Concours. Pour la collection de fruits la plus
complète et la plus remarquable par la beauté et
la qualité des échantillons (trois fruits au moins de
chaque variété et cinq au plus). — Ier prix, mé-
daille d’or, M. Croux. — 2* prix, médaille de ver-
meil, M. Boucher, et l’Établissement Saint-Nicolas,
Igny. — 3® prix, médaille d’argent, M. Havard.
4® Concours. Pour la plus belle collection de
Poires, composée de trente variétés nommées (il
ne sera reçu que cinq échantillons de chacune
d’elles). — 1®*’ prix, médaille de vermeil, M. Rabier.
— 2® prix, médaille d’argent, M. Th. Denis.
7® Concours. Pour la plus belle et la plus nom-
breuse collection de Pommes (trois échantillons de
chaque variété) à fruits volumineux. — l«r prix,
médaille d’or, MM. Baltet frères.
i /® Concours. Pour le plus beau lot de Pêches.
— Grande médaille de vermeil, M. G. Chevalier.
Concours. Pour la plus belle collection de
Raisins de table, composée de vingt-cinq variétés
nommées. — 1®*" prix, médaille d’or, M. Salomon.
— 2® prix, médaille de vermeil, M. L. Lhérault.
J4® Concours. Pour le plus bel apport de Chas-
selas de Fontainebleau qui ne sera pas moindre de
cinq kilogrammes. — 1er prix, grande médaille
d’argent, M. Salomon et M. Crapotte.
Jfio Concours. Pour la plus belle et la plus nom-
breuse collection de Raisins de cuve. — l®r prix,
médaille de vermeil, M. Lhérault. — 2® prix, mé-
daille d’argent, M. Salomon.
i6^ Concours. Pour le plus beau lot d’ Ananas à
maturité. — 1er prix, grande médaille de vermeil,
M. Crémont.
^7® Concours. Pour la collection la plus belle,
la plus nombreuse et la plus correctement éti-
quetée de fruits à cidre. — 2® prix, médaille d’ar-
gent, MM. Baltet frères.
i8* Concours. Pour les arbres fruitiers dressés
(deux exemplaires de chaque genre et formés).
— 1®*- prix, médaille d’or, M. Croux. — 2® prix,
médaille de vermeil, M. G. Boucher. — 3° prix,
médaille d’argent, M. H. Defresne.
Concours. Pour les arbres fruitiers de pépi-
nière (deux individus). — «lci‘ prix, grande médaille
d’argent, M. G. Boucher et M. H. Defresne. —
2c prix, médaille d’argent, M. Chatenay.
20° Concours. Pour les plus belles corbeilles de
fruits. — 1er prix, médaille de vermeil, M. Jamet
et M. Jourdain. — 2° prix, grande médaille d’ar-
gent, M. Arthus. — 3o prix, médaille d’argent,
M. Crapotte et l’Établissement Saint-Nicolas, Igny.
22° Concours. Pour les fruits cultivés en Algérie
et dans le midi de la France. — 2° prix, médaille de
vermeil, M. Place. — 3c prix, médaille d’argent,
M, Hédiard.
CONCOURS IMPRÉVUS.
Raisins et fruits. — Grande médaille d’argent,
M. Gommeaux.
Fruits de Pommiers baccifères. — Grande mé-
daille d’argent, MM. Baltet frères.
Arbres fruitiers en pots. — Médaille d’argent,
M. Salomon.
Collections de fruits. — Grande médaille de ver-
meil, M. Leroux.
HORS CONCOURS.
FÉLICITATIONS DU JURY.
M. F. Jamin, lot de Fruits. — M. Cottin, cor-
beilles de Fruits. — M. Millet, Vignes en pots (cul-
ture anglaise). — M. A. Hamelin, Pêches.
B. — Légumes.
23° Concours. Pour un ou plusieurs légumes
nouveaux, obtenus de semis par Fexposant et jugés
méritants. — M. Jacqueau, Pommes de terre nou-
velles. — M. Mayeux, Pommes de terre nouvelles,
renvoyées à l’examen du Comité de culture pota-
gère. — Prix à la disposition du Jury.
25° Concours. Pour la plus belle et la plus nom-
breuse collection de légumes. — Ici' prix, médaille
d’or, MM. Vilmorin-Andrieux et C'c. — 2c prix, mé-
daille de vermeib MM. les Cultivateurs de Genne-
villiers. — 3c prix, médaille d’argent, Établissement
de Saint-Nicolas, à Igny.
30° Concours. Pour la plus belle et la plus nom-
breuse collection de Choux alimentaires (quatre
individus de chaque sorte). — 2c prix, médaille
d’argent. Établissement de Saint-Nicolas, à Igny.
4G4
ABRIS ÉCONOMIQUES POUR LES PAYS CHAUDS.
31^ Concours. Pour le plus beau lot de Choux-
fleurs composé d’au moins quatre individus de cha-
que variété. — 1^“ prix, médaille d’argent, M. H.
Jamet,
33^ Concours. Pour la collection la plus com-
plète de Pommes de terre. — Ici' prix, médaille de
vermeil, M. Paillet et M. Jacqueau. — 2° prix, mé-
daille d’argent, M. Dagneau et MM. Forgeot etC'c.
54° Concours. Pour le plus beau lot de Fraises.
— 1er prix, médaille d’argent, M. Picquenot
Concours imprévus. Potirons et Tomates. — Mé-
daille d’argent, M. Falaise.
Hors concours. Gurcurbitacées. — L’école d’agri-
culture de Grignon. Remercîments du Jury.
C. — Plasites fiSeurics.
37° Concours. Pour une ou plusieurs plantes de
serre, d’orangerie ou de plein air obtenues de se-
mis par l’exposant et n’ayant pas encore été livrées
au commerce. — Médaille de vermeil pour Coléus,
M. Pacotto. — Médaille d’argent pour Bégonias tu-
béreux, M. Lequin.
38° Concours. Pour six plantes au moins remar-
quables par leur bonne .,culture et leur belle flo-
raison. — 2c prix, médaille d’argent, M. Armand-
Gontier jeune.
42° Concours. Pour une collection de Bégonia
en fleurs (tuberculeux, acaules ou caulescents). —
Ici' prix. Grande médaille de vermeil, MM. Coutu-
rier et Robert. — 2c prix, médaille de vermeil,
M. Lequin, — 3c prix, médaille d’argent, M. Ar-
nould.
48° Concours. Pour la plus belle collection de
Pélargonium zonale et inquinans à fleurs simples
(40 variétés fleuries au moins, représentées cha-
cune par un exemplaire). — 2c prix, médaille d’ar-
gent, M. Ch. Dagneau.
40° Concours. Pour la plus belle collection de
Pélargonium inciuinans et zonale à fleurs doubles
(30 variétés au nmins représentées chacune par un
spécimen). — 2c prix, médaille d’argent, M. Ch.
Dagneau.
53° Concours. Pour la plus belle collection, en
trente variétés au plus, de Reines-Marguerites
fleuries, représentées chacune par un spécimen. —
2c prix, médaille d’argent, MM. Vilmorin-Andrieux
et CJc.
5G° Concours. Pour la plus belle et la plus nom-
breuse collection de Dahlias grandiflores en fleurs
coupées (50 variétés au moins, nommées). — Ici' prix,
médaille de vermeil, M. A, Dubois. — 2° prix, mé-
daille d’argent, M. Paillet. — 3° prix, médaille d’ar-
gent, M. Delahaye.
5b° Conco'urs. Pour la collection la plus méri-
tante de Dahlias lilliputiens (30 variétés au moins).
— ici' prix, grande médaille d’argent, M. A. Dubois.
— 2c prix, médaille d’argent, M. Delahaye.
59° Concours. Pour une collection de Dahlias
fleuris cultivés en pots (30 variétés au moins). —
2° prix, médaille d’argent, M. Paillet.
00° Concours. Pour la plus belle collection de
Dahlias simples. — Ici' Prix, médaille d’argent,
MM. Forgeot et Gîc.
62° Concours. Pour le plus beau lot de Cy-
clamens. — 2° prix, grande médaille d’argent,
M. Ch. Wood.
05° Concours. Pour la plus belle collection en
pots ou en fleurs coupées de Zinnias à fleurs doubles.
— ici' prix, médaille d’argent, MM. Baltet frères.
66° Concours. Pour la plus belle collection de
Roses nommées, présentées en fleurs coupées. —
Ici' prix, médaille de vermeil. Les Cultivateurs de
Gennevilliers. — 2c prix, médaille d’argent, M. Ro-
beaux.
07° Concours. Pour la plus belle collection de
Rosiers fleuris nommés, cultivés en pots. — 3° prix,
médaille d’argent, M. Robeaux.
CONCOURS IMPRÉVBS.
Arbustes d’ornement. — Grande médaille d’ar-
gent, M. Moser.
Ornementation, plantes dans la mousse. — Mé-
daille d’or, M. E. Chaté.
Tapisserie-culture. — Grande médaille d’argent,
M. L. Chaté.
Glaïeuls de semis. — Médaille de vermeil,
MM. Vilmorin-Andrieux et C‘c.
. Glaïeuls de semis. — Médaille d’argent, M. Pic-
quenot.
Plantes annuelles fleuries.- — Médaille de vermeil,
MM. Vilmorin-Andrieux et Cic.
Bégonia Rex. — Grande médaille d’argent,
M. Delaluque.
Célosies. — Médaille d’or, M. A. Lecaron.
Ixoras. — Grande médaille d’agent, M. Ch.
Wood.
Clématites. — Grande médaille d’argent, M. G.
Boucher.
Objets d’histoire naturelle. — Médaille d’or,
M. Sosson.
Musée scolaire. — Grande médaille d’argent,
M. Guibourg.
Herbier. — Médaille d’argent, M. H, Rousseau.
HORS COxNCOURS.
FÉLICITATIONS DU JURY.
Pour plantes de serre variées. — MM. Landry,
Saison-Lierval, Delavier et Dalé.
Pour Violettes panachées {Armandine Millet).
- M. Millet.
Pour plantes à feuilles persistantes. — Cultures
de Gennevilliers.
ABRIS ÉCONOMIQUES POUR LES PAYS CHAUDS
Les pays plus favorisés que le nôtre
SOUS le rapport de la température ne sont
pourtant pas exempts d’inconvénients ; il
y a plus, cet avantage peut même devenir
un mal. Il faut donc, dans la pratique,
cliercher à harmoniser les choses et faire
en sorte de profiter de tout.
Quelles que soient la douceur et la clé-
mence d’un climat, il y a des moments où, par
suite d’intempéries, il faut intervenir, afin
d’éviter, corriger ou combattre celles-ci.
C’est surtout quand il s’agit d’arbres frui-
tiers que cette intervention est nécessaire ; le
moment, c’est le printemps, lorsqu’à lieu la
NAVET PETIT DE BERLIN ET NAVET DE TELTAU AMÉLIORÉ.
floraison. A cette époque, il est rare que,
même dans le Midi, l’on n’ait pas à redouter
soit des froids, soit des pluies, contre les-
quels on doit se mettre en garde. Ce
sont des moments critiques, pendants les-
quels des murs deviennent nécessaires,
sinon indispensables. Mais, comme dans
ces conditions les chaleurs seront bientôt
très-fortes, qu’alors les arbres auront be-
soin de beaucoup d’air, et par conséquent
que les murs seraient nuisibles, il faut
prévoir cet inconvénient, ce à quoi l’on
parvient aisément en établissant des abris
mobiles, peu dispendieux, que l’on met
et retire à volonté. On emploie des paillas-
sons en paille, roseau, genêt, bruyère, etc.,
suivant les conditions dans lesquelles on se
trouve. C’est donc une question d’appro-
priation locale ou économique, soit par le
choix des matériaux, soit pour la forme et
les dimensions à donner aux abris. On peut
les construire à l’aide de gaulettes mainte-
nues par des fils de fer ou des lattes ; on con-
fectionne ainsi des sortes de cadres que l’on
remplit ensuite avec l’une ou l’autre des
matières qu’on a à sa disposition. On pour-
rait aussi, au lieu de paillassons, faire des
abris légers, ou sortes de panneaux en
planches. Voilà pour les abris, voyons pour
les plantations.
Plantation et dressage des arbres. Bien
que devant être fait économiquement, ce
travail nécessite certaines dépenses inaccou-
tumées ; aussi ne doit-on l’appliquer que
pour les arbres dont la culture est rémuné-
ratrice ou bien pour ceux auxquels on tient
tout particulièrement. Admettons ici qu’il
s’agisse de Pêchers.
Les arbres devront être plantés en contre-
espaliers, dans de bonnes conditions d’o-
rientation et d’exposition. Les soins après
la plantation, qui devra toujours être bien
faite, consisteront, outre la culture du sol,
NAVET PETIT DE BERLIN ET
L’influence du milieu cultural, au point
de vue de l’horticulture, est telle que des
démonstrations sérieuses et bien faites,
dans ce sens, pourraient expliquer la for-
mation et la répartition des espèces beau-
coup mieux que toutes les théories qu’on a
faites jusqu’ici. Voici encore un exemple
tout récent qui ne laisse aucun doute à cet
465
à tailler, pincer, ébourgeonner les arbres
afin de les disposer à la fructification. C’est
seulement à partir de ce moment que l’on
pense aux abris. Ceux-ci devront être pla-
cés avant la floraison des arbres , derrière
et près de ces derniers, comme le seraient
des murs dont ils tiendront lieu. L’époque,
en rapport avec le climat et les localités,
sera subordonnée à celle où se produisent
les intempéries. II. en est de même pour
l’enlèvement de ces abris ; on le pratique
quand tout danger est passé, lorsque les
fruits, plus ou moins gros, sont assurés,
dans le courant de mai, par exemple. Alors
ces fruits, exposés à l’air et au soleil, grossis-
sent et acquièrent leurs qualités sans brûler
ni recevoir de coups de soleil, ainsi que
cela ne manquerait pas de se produire pen-
dant les fortes chaleurs, si les arbres étaient
placés le long des murs.
A l’aide des précautions que nous ve-
nons d’indiquer il sera possible, même dans
le Midi de la France, de cultiver les Pê-
chers en espalier, et de récolter chaque
année de beaux et bons fruits; en un mot,
d’obtenir tous les avantages que procurent
les murs sans en avoir les inconvénients.
Il va de soi que les abris dont il vient
d’être question, ne dispenseront pas de
donner aux Pêchers les soins généraux qui
leur sont nécessaires : arrosage, bassinage,
pinçage, ébourgeonnage, éclaircissage des
fruits, etc., etc.
Rien, non plus, ne s’opposerait à ce que,
au besoin, on laissât les abris plus long-
temps ; il suffirait, par exemple, pour pré-
server les fruits du grand soleil, de les ga-
rantir avec des toiles pendant les quelques
heures où le soleil brille de tout son éclat.
Ici, comme toujours, il y a la question
pratique, le (( tour de main » que l’on ne
peut décrire, mais que le praticien sait re-
connaître et appliquer. Carrelet.
IA VET DE TELTAU AMÉLIORÉ
égard; nous le devons à M. Hébrard, ma-
raîcher, 55, rue de Reuilly, à Paris.
Mais , avant d’arriver au fait et pour
mieux faire apprécier l’importance de la
modification dont il s’agit, nous allons, en
quelques mots, rappeler les caractères du
Navet de Teltau, souvent appelé (( Navet
petit de Berlin. ))
4G6
NAVET PETIT DE BERLIN ET NAVET DE TELTAU AMÉLIORÉ.
Racine complètement enterrée, conique ou
pyriforme, courte et petite, mesurant de G à
8 centimètres de long sur 4 centimètres de
diamètre au collet, d’un blanc grisâtre. Chair
très-sèche sans être dure, sucrée et presque
farineuse. Feuilles très-petites, à lobes arron-
dis, ne dépassant pas 12 a 15 centimètres de
longueur, tombant sur la terre et se desséchant
lorsque la racine est bien formée. ^
Le Navet petit de Berlin (tig. 93) est précoce
et réussit très-bien dans les terres légères et
sablonneuses. C’est un légume tout particulier,
dont la saveur diffère de celle des autres Navets ;
elle est plus douce et plus sucrée, et la consis-
tance de la chair est presque farineuse au lieu
d’être aqueuse et fondante. Les racines arra-
chées et enterrées dans du sable demi-sec,
peuvent se conserver tout l’hiver et même très-
avant dans l’année suivante, si on les ])lace dans
un lieu légèrement humide.
Fig. 93. — Navet petit de Berlin.
Cette description, qne nous emprun-
tons aux Plantes potagères, est par-
faitement exacte et concorde avec ce
que nous avons observé dans les expé-
riences que nous avons faites 'de cette
même espèce cultivée à Montreuil, dans
un sol très-sableux et sec. Mais, ainsi qu’on
va le voir, elle diffère complètement de
celle faite de visu dans les cultures de
M. Hébrard, et que voici :
Plante très-vigoureuse (fîg. 94), à feuilles
d’un vert intense, glabres et luisantes, s’éle-
vant jusqu’à 40 centimètres et plus de hau-
teur, persistantes, et tellement nombreuses,
qu’elles constituent de très-forts collets.
Racine fusiforme, courtement renflée, lisse,
blanche comme celle du Navet Marteau,
atteignant jusqu’à 11 centimètres de dia-
mètre. Chair blanche, cassante, plutôt sèche
que aqueuse, de saveur sui generis, difficile
à définir (celle du Radis noir alliée à celle
du Navet, rehaussée d’une légère saveur
de Panais), un peu styptique. Ajoutons que
ces Navets cuisent bien et sont dépourvus
du corps central fibro-ligneux qui se ren-
contre très-fréquemment dans le Navet de
Teltau.
Après avoir décrit ces nouveaux produits
et montré qu’ils n’ont plus rien de com-
mun avec le type dont ils sortent, nous
devons faire connaître comment et en com-
bien de temps M. Hébrard est arrivé à une
si complète transformation, à laquelle, du
reste, il était loin de s’attendre. Voici
d’abord pour l’origine :
Dans une séance de février 1883, de la
Société nationale et centrale d’horticulture
de France, M. Lavallée avait apporté quel-
ques petits Navets de Berlin, sur les-
quels il appelait tout particulièrement l’at-
tention, en faisant ressortir leurs carac-
tères de végétation et surtout leur bonne
qualité ainsi que leur nature tout à fait
spéciale. Ici, nous laissons la parole à
M. Hébrard :
CÉLERI BLANC OU CÉLERI CHEMIN.
467
.... Gomme M. Lavallée avait mis ces Navets
à la disposition des sociétaires, j’en pris trois
que je plantai sur couche froide et sous cloche
et dont je récoltai bientôt des graines que je
semai dès le commencement de juillet. J’ai
pu présenter en septembre, à une séance de
la Société, une botte de ces Navets, qui déjà
étaient plus du double plus gros que ceux sur
lesquels j’avais récolté les graines. Depuis, j’ai
fait de nouveaux semis dans des conditions
diverses, sous châssis sur couche froide, et en
pleine terre sur côtière , et j’ai obtenu des
résultats étonnants, des racines d’un très-beau
blanc, renflées, énormes.
Contrairement à ce qui a lieu d’ordinaire
pour ces Navets types, les feuilles, au lieu
d’ôtre maigres et de disparaître , sont nom-
breuses et persistent. Le terrain où j’avais
semé les graines était ou du terreau ou un
sol sabloneux, très-humeux, comme le sont
tous les terrains maraîchers. Quant à la nature
de ces nouveaux produits, elle était aussi sen-
siblement modifiée, la saveur rappelant tou-
jours un peu celle des Panais, mais moins
accentuée ; la chair blanche est beaucoup plus
tendre et moins filandreuse que celle du type
et, par conséquent, plus agréable. Toutefois,
elle a le défaut d’être attaquée par les vers...
Les faits dont il vient d’être question
démontrent, de la manière la plus nette,
l’influence du milieu sur la nature des
CÉLERI BLANC 01
Cette variété, des plus remarquables, qui
a été obtenue par M. Chemin, maraîcher,
8, quai de la Gare, à Issy (Seine), est ap-
pelée à un brillant succès dans la cul-
ture potagère, et, probablement, elle rem-
placera bientôt toutes les autres variétés
de Céleris, moins les tubéreux, bien en-
tendu.
Une chose qui suffirait pour démontrer
la valeur de cette variété, c’est l’empres-
sement avec lequel elle a été accueillie par
le public ; aujourd’hui, aux halles de Paris,
on n’en voit presque plus d’autre, et cet
approvisionnement est uniquement dû aux
maraîchers parisiens On sait que les ma-
raîchers n’admettent jamais dans leur
culture que ce qui est véritablement mé-
ritant.
Ce qui constitue le mérite particulier de
ce Céleri, c’est, outre ses qualités culinaires,
la couleur blanc jaunâtre qu’il prend na-
turellement, ce qui dispense de le soumettre
végétaux. Nous avons tenu à les rappeler,
parce que, mieux que tous les raisonne-
ments, ils peuvent expliquer la formation
de races locales et l’apparition de variétés
ou de formes très-diverses, bien que pro-
venant de graines récoltées sur une même
plante, lorsqu’elles sont semées dans des
conditions très-différentes.
Quant à ce que dit M. Hébrard, que
ces Navets sont souvent attaqués par les
vers, rappelons que ce fait n’est pas dû à
la nature des produits, mais qu’il est une
conséquence du sol et surtout du milieu
ambiant. Eii effet, il y a beaucoup de ter-
rains et même de natures très - diverses,
dans lesquels les Navets viennent mal et
sont toujours remplis de vers, excepté à
l’automne, tandis qu’il en est d’autres où
ces plantes viennent admirablement bien
pendant toute l’année et ne sont jamais atta-
quées par les vers. Pourquoi ?
Les faits que nous venons de rapporter
peuvent aussi donner une idée de ce qu’on
nomme « dégénérescence, » expression
très-vague, du reste, qui donne lieu à des
interprétations très-diverses et, par suite,
à des conclusions souvent contradictoires,
toujours nuisibles à la vérité.
E.-A. Carrière.
CÉLERI CHEMIN
à l’étiolage, opération laborieuse qui a le
grand inconvénient de déterminer la pour-
riture d’une partie des plantes. Il n’en est
pas ainsi du Céleri Chemin naturellement
blanc, il suffit de le planter, de l’arroser
ainsi qu’on le fait pour tous les autres Cé-
leris, et de l’arracher pour le porter au
marché lorsqu’il a atteint tout son déve-
loppement. Dans ces conditions ordinaires
et qui n’exigent aucun travail spécial, non
seulement ce Céleri est très-beau d’aspect,
mais il est aussi très-bon, bien plein, très-
tendre, savoureux et très-agréable à man-
ger. C’est donc une véritable révolulion, bien
pacifique toutefois, que va produire le Cé-
leri Chemin, dit « Céleri blanc ». Ajoutons
qu’il est vigoureux et relativement hâtif.
Quant à sa culture, elle est absolument
la même, moins l’étioîage, que celle qu’on
applique à tous les autres Céleris.
Ce Céleri a été obtenu en 1875, et c’est
en 1877 que son obtenteur, M. Chemin, en
468
CARÂGUATA SANGUINEA.
portait les premiers pieds aux halles cen-
trales de Paris.
A tous les points de vue, le Céleri Che-
min est une plante précieuse, une heureuse
addition aux plantes économiques alimen-
taires. E.-A. Carrière.
CARAGUATA SANGUINEA
J’ai récolté les premiers échantillons de
cette Broméliacée nouvelle en mai 1876,
dans la Cordillère occidentale des Andes
de la Nouvelle-Grenade, entre Tuquerrès et
Barbacoas, au lieu dit (^ Los Astrojos ». Elle
croissait çà et là, en épiphyte , sur les
grands arbres qu’elle ornait de son beau
feuillage d’un rouge de sang. Les couleurs
en étaient si vives que les Indiens cargueros
qui parcourent
cette voie, dite le
(( chemin terri-
ble », en récol-
taient souvent des
pieds vivants pour
les planter, en
guise à’ex-voto,
sur une croix
formée de deux
tronçons de Fou-
gère en arbre
(Alsophila)ei qui
avait reçu pour
cette raison le
nom de (c Cruz de
los hicundos (i)y).
J’en recueillis un
assez grand nom-
bre d’échantil-
lons, qui furent
expédiés en même
temps que les
premiers Anthu-
rivm Andrea-
niim, lorsque je
découvris cette
belle Aroïdée ;
mais la Bromé-
liacée périt dans l’emballage avant d’at-
teindre l’Europe.
En 1880, dans une nouvelle exploration,
organisée avec le concours de quelques ama-
teurs du midi de la France, je réussis à
introduire de bonnes graines du Caraguata
(1) Bicundo ou Vicimdo est le nom des Bromé-
liacées dans cette partie de la Nouvelle-Grenade
et le Caraguata sanguinea, de couleur rouge, est
nommé Bicundo Colorado.
sanguinea. De ces graines sont sorties les
plantes sur lesquelles ont été prises la des-
cription et les figures aujourd’hui pu-
bliées pour la première fois par la Revue
horticole.
Description. -- Plante de dimensions
moyennes (fig. 95 et 96), ne dépassant guère
40 à 50 centimètres de diamètre sur 30 à
40 centimètres de hauteur, en rosace serrée
un peu aplatie.
Feuilles nom-
breuses, dressées,
puis fortement
étalées, décurves,
longues, de 20 à
30 centimètres,
larges de 4 à
6 centimètres,
aplaties, à bords
incurvés, longue-
ment engainan-
tes, peu dilatées
à la base, à bords
subparallèles, à
sommet acuminé
révoluté ondulé,
à pointe canali-
culée aiguë, à
surface finement
sillonnée, d’une
couleur vert ten-
dre, teintées de
rouge dans leur
jeune âge, se ta-
chant graduelle-
ment de macules
couleur rouge vio-
let d’abord, pas-
sant au rouge sang et devenant de plus en
plus colorées en approchant du moment de
la floraison, variant de coloration suivant
les individus, au point que certains sont
entièrement pourpres, tandis que d’autres
sont plus ou moins maculés. Inflorescence
terminale, nidulante (caractère jusqu’ici
unique dans le genre Caraguata), formant
un épi serré, subsessile, entouré de brac-
tées ovales, imbriquées aiguës, entre les-
Fig. 95. — Caraguata sanguinea, au 1/7 de grandeur
naturelle.
CÂRAGUATA. SANGUINEA.
469
quelles se développent les fleurs brièvement
pédicellées, d’un jaune paille bordé de
blanc ; calyce gamosépale à la base sur un
quart de sa hauteur, à trois lobes épais, cu-
cullés obtus, longs d’un centimètre, d’un
blanc hyalin ; corolle gamopétale, longue de
5 à 6 centimètres, à tube cylindrique un
peu renflé au sommet, à lobes étalés, ovales
obtus, un peu concaves; étamines adnées
au tube de la corolle jusqu’à l’orifice de
la gorge, subconnées en un glomérule
conique, anthères subbasifixes , sagittées
jaunes; style filiforme saillant, blanc, stig-
mate vert, à trois branches droites papil-
leuses ; ovaire à trois angles arrondis, à
trois loges portant de nombreux ovules ;
capsule cartilagineuse brune, cylindracée
aiguë, graines soyeuses comme dans toutes
les Tillandsiées (1).
Le Caraguata sanguinea, exposé pour
la première fois à la séance du 11 janvier
1883 de la Société nationale d’horticulture
de France, y a reçu une prime de pre-
mière classe. Il a été une des dix plantes
nouvelles à beau feuillage qui ont obtenu
le premier prix (médaille d’or) à l’exposi-
1. Une fleur entière, de grandeur naturelle.
2. La même fleur, coupe longitudinale.
3. Un lobe de la fleur avec une partie du tube, pour
montrer l’insertion des étamines, coupe longitudi-
nale.
4. Une étamine vue de face et de profil (grossie 3 fois).
5. Pistil, ovaire et un fragment du calyce (grandeur na-
turelle).
6. Le stigmate (grossi 5 fois).
7. Un des lobes du calyce (grossi 2 fois).
8. Coupe longitudinale de l’ovaire (grossi 3 fois).
9. Coupe transversale de l’ovaire (grossi 3 fois).
tion générale de mai 1883 de la même so-
ciété.
La plante sera mise au commerce par
M. Bruant, horticulteur à Poitiers (Vienne),
à partir du 15 octobre de cette année.
Ed. André.
(1) Caraguata sanguinea, Ed. André, spec. nov.
— Folia plurima rosulantia, 30-40 centim. longa,
3-4 cent, lata, erecto-patentia decurva plana mar-
ginibus subparallelis erectis, basi parum dilatata,
longe vaginantia, apice acuminato acuto revoluto,
supra leviter sulcata, plus minus viridi-violacea
dein sanguineo colore maculata et tincta ; inllo-
rescentia terminalis nidulans, basi foliorum im-
mersa, scapo subsessili bracteis imbricatis ovato-
acutis, floribus stramineis albo-marginatis ; calyx
basi gamophyllus sepalis 3 cucullatis obtusis hya-
linis, 1 cent, longis ; corolla erecta gamopetala
5-6 cent, longa, tubo cylindraceo apice inflato,
lobis patentibus ovato-obtusis concavis ; stamina
fauci corollæ adnata subconnata, antheris subba-
sifixis sagittatis, stylo filiformi brevioribus ; stigma
trifidum lobis erectis papillosis ; ovarium obsolète
trigonum, 3 loculare, ovulis permultis; capsula
cartilaginea oblongo acuta ; semina ut in Tilland-
siæis sericea-papposa. — In Cordillera occidentalî
Columbiæ meridionalis prope Los Astrojos legi,
maio 1876, et in Europarn e seminibus vivam in-
troduxi anno 1880. — Ed. A.
Syn. Tillandsia sanguinea^ Ed. André, in Tour
du Monde, liv. 987, p. 367.
470
ENCIIOLIRION ROSEUM VARIEGATUM. — EXPOSITION D’IIORTIGULTURE A LYON,
ENGHOLIRION ROSEUM VARIEGATUM
Cette plante, encore inédite, a été obtenue
de semis, par M. Truffant, horticulteur à
Versailles, et n’est probablement repré-
sentée que par le bel exemplaire qui figurait
aux expositions estivales d’horticulture de
Versailles et de Paris, dans un lot appar-
tenant à l’obtenteur.
Quant aux fleurs, je n’en puis rien dire,
la plante, bien que forte et vigoureuse,
n’ayant pas encore fleuri. Voici une des-
cription sommaire de cette nouveauté :
Plante vigoureuse, compacte, à port et
faciès rappelant le type. Feuilles rappro-
chées, largement canaliculées , glauces-
centes, gracieusement arquées, brusque-
ment et régulièrement rétrécies au sommet
en une pointe courte, longitudinalement
parcourues de bandes jaunâtres, régulières,
mais variant en largeur et contrastant
agréablement avec celles qui les avoisinent
et qui sont d’un beau vert clair.
Sa culture ne présente rien de particulier ;
la terre de bruyère très-spongieuse gros-
sièrement concassée lui convient. Les pots
doivent être bien drainés. La plante s’ac-
commode très-bien de la serre chaude, bien
qu’elle puisse vivre dans une serre tempérée.
Guillon.
EXPOSITION D’HORTICULTURE A LYON
Tandis que s’éteignaient les échos des gran-
des manœuvres d’automne, s’ouvrait à Lyon,
sur le Cours du Midi, une lutte moins bruyante
dans ses moyens d’action. Deux Sociétés, qui
furent souvent d’ardentes rivales, unissaient
leurs forces dans une alliance étroite, sous la
haute direction de M. Senélar, président de la
Société d’horticulture pratique du Rhône.
Cette fois encore c’est M. Schwartz qui est
arrivé premier pour les Roses. Quand il s’agit
des Roses lyonnaises, il faut renoncer à citer
des noms et se borner à signaler quelques nou-
veautés recommandables. De ce chef notons
deux Rosa polijantha remontants. Perle cfor,
à Heurs d’un beau jaune, obtenu par M. Fran-
cis Duhreuil, et Jeanne Drivon, blanc bordé et
nuancé de rose, à M. Schawrtz.
Ce que M. Schwartz est pour les Roses,
MM. Liabaud, Schmitt, Comte, le sont pour les
plantes de serre, M. Boucharlat ainé pour les
Fuchsia et les Pélargonium, M. Iloste pour
les Dahlia, M. Crozy fils pour les Canna,
M. Alégatière pour les Œillets, MM. Luizet
pour les fruits. Une courte promenade au milieu
de leurs apports respectifs embrassera ce que
l’exposition lyonnaise de cette année offrait de
plus remarquable.
M. Liabaud est un collectionneur passionné,
qui ne sacrifie pas volontiers à la mode. Dans
son lot, les vieilles plantes coudoient les
nouvelles. Notons en passant un beau pied
de Cgano2)hgllum magnificum, superbe es-
pèce qui s’éloigne de plus en plus de nos ex-
positions, où elle trônait autrefois sans conteste,
les bizarres Dorstenia maculata, argentea et
caulescens, le Cypripedium Sedeni, aux belles
fleurs roses, les Anthurium Warocqueanum
et Andreanum, ce dernier, de plus en plus
apprécié à Lyon où d’habiles praticiens ont
réussi à le multiplier et à le répandre, le Ficus
subpandurifomis, portant ses fruits sessiles
appliqués contre le tronc.
M. Comte n’avait envoyé qu’une faible por-
tion de ses plus belles plantes, mais il les
avait bien choisies. Nous avons vu surtout quel-
ques nouveautés recommandables: Croton mag-
noliæfolium, à grand feuillage bien maculé,
fermes et vigoureux, G. Chantrieri et Sinit-
zini à feuilles étroites, mais allongées et ri-
chement colorées, deux Palmiers nouveaux :
Yeitchia Joannis etPritchardia Vuylstekiana,
une magnifique touffe du nouvel Impatiens
Sultani, couverte de ses fleurs rouge-écarlate
qui rappellent un peu les bractées du Poinsettia
p) nicher rima , V Anthurium Dechardi, autre
introduction due à M. Ed. André, Aroidée dont
les larges spathes nacrées surmontent un feuil-
lage vigoureux ; et enfin un lot fort nombreux de
Coleus très-variés et admirablement cultivés.
Les Coléiis ont fait cette année une irrup-
tion inquiétante dans le domaine déjà restreint
des plantes de serres. Je n’ai pas compté
moins de sept exposants pour ce seul genre. R
y a, à propos de cette plante, une tendance
curieuse à signaler : le semis donne dès à pré-
sent de tels résultats, que la culture des Goléus
pourrait bien, ‘sauf quelques variétés dites « de
massifs », en être profondément modifiée;
déjà on conseille de les traiter comme plantes
annuelles, de leur faire passer l’hiver dans un
sac de graines. Si cette pratique vient à se gé-
néraliser, ce sera encore un genre enlevé aux
collectionneurs.
Un Anthurium Scherzericmum de dimen-
EXPOSITION d’horticulture A LYON.
471
sions inusitées, à feuillage plus abondant que
clans le type généralement cultivé, à floraison
encore plus généreuse, et à spatlies plus larges,
nous annonce (jue nous entrons dans la zone
occupée par M. Schmitt. Autour de cette plante
très-remarquable, se presse une flore choisie :
le Pavetta horhonica, aux feuilles élégamment
bigarrées, les Tillandsia tessellata et musaica
en larges rosaces transparentes illustrées d’hié-
roglyphes, le léger Asparagus plumosus, véri-
table nuée végétale ; quelques Dracæna parmi
lesquels le beau D. umbracu lifera, au feuillage
ondulé comme la lame d’un kriss malais; D. Gol-
dieana, transversalement rayé de marbrures
blanches et vertes ; puis les D. Taylori, ama-
hilis, Elisabeth, Comtesse de Germiny, belles
variétés vigoureuses aux coloris bien tran-
chés, etc.
Nous arrivons devant deux lots des plus re-
marquables de l’Exposition: je veux parler des
Balisiers de M. Grozy fils, et des Œillets de
M. Alégatière. M. Grozy poursuit depuis de
longues années sans interruption l’améliora-
tion du genre Canna. Nombre de bonnes
plantes sont sorties de ses semis, et cette année
encore il présentait une série tout à fait remar-
quable par l’ampleur et la couleur du feuil-
lage, la bonne tenue des plantes, et surtout
par la grandeur des fleurs striées de couleurs,
éclatantes. Nous pouvons citer : Commandant
Rivière, feuilles vertes, fleurs flammées de
rouge sur fond jaune ; Jean Liabaud, feuillage
pourpre ; Abel Carrière, fleurs finement striées
de rouge et de jaune; Sénateur-Millaud, plante
gigantescjue, etc.
Les Œillets Mignardises remonton^s de M. Alé-
gatière marquent une nouvelle étape dans la
voie de transformation que ce semeur fait par-
courir à la (( fleur des Dieux ». Le gros public a
passé, distrait et indifférent, devant ce petit
groupe de fleurs modestes, sans savoir quelle
somme de travail, quels soins persévérants elles
représentent et ce qu’elles contiennent en
germe pour l’avenir.
Les Fuchsia et les Pélargonium de M. Bou-
charlat ainé, étaient « amenés «dans la perfec-
tion accoutumée; toujours quelques nouveautés
sollicitent les regards ; parmi les Pélargoniums :
Belle France, carmin pourpre avec des onglets
blancs. Orange perfection, un vermillon pres-
que jaune; Amiral Seymour, double, rouge
foncé, très-beau; puis deux gains de M. Bou-
charlat : Aurore boréale, saumoné lumineux
et Roi des Roses, beau rose de Ghine à onglets
blanc; le Fuchsia Abel Carrière à fleurs très-
rouges dont la Revue a donné une description
et une figure (1).
Gitons encore les nouveaux Dahlia à fleurs
simples dont les noms trahissent l’origine, ex-
il) Voir Revue horticole, 1883, p. 60.
posés par MM. Gusin et Guichard : White
Queen, blanc pur à centre jaune; Yelloiv
Divarf, entièrement jaune; glabrata, dont
le feuillage délicat et les fleurs mauves,
moyennes et bien arrondies le font ressem-
bler à une Anémone; les Zinnia si bizarre-
ment striés de MM. Rivoire père et fils, les
Œillets remontants de MM. Garle, Boucharlat
jeune, etc.
Parmi les Gonifères nous avons remarqué :
Abies concolor violacea, arbre vigoureux et
rustique, d’une belle teinte glauque violacée,
moins difficile sur le choix du terrain que les
Abies lasiocarpa, nobilis, amabüis et leurs
variétés, qui ne réussissent bien que dans
les sols frais à base granitique; Abies com-
mutata, ou du moins la plante dont M. Ortgies,
de Zurich, avait d’abord vendu les graines
sous ce nom ; Picea nigra Doumeti, excellente
variété glauque de V Epicéa noir; Tsuga Dou-
glasii glauca, forme glaucescente qui paraît
aussi vigoureuse que son type spécifique ; Abies
Engelmanni, espèce très-variable pour la cou-
leur et dans laquelle se trouvent des individus
d’un glauque argenté très-brillant ; enfin un
exemplaire bien étiqueté et que nous citons
pour la rareté du fait, du Cephalotaxuspedun-
culata'fastigiata. Gette variété, dont M. Gar-
rière a parfaitement établi la filiation, se trouve
dans le commerce sous plusieurs noms diffé-
rents. Le remarquable apport dans lequel nous
avons noté ces belles plantes, appartenait
à M. Treyve, de Trévoux, qui a obtenu le grand
prix d’honneur de l’Exposition.
Il resterait à passer en revue les collections
fruitières si intéressantes à Lyon où le Gongrès
pomologique a eu son berceau, mais ce travail
a été fait l’an dernier par M. Ed. André, d’une
façon complète, et cette année, en l’absence
d’éléments nouveaux, il n’y a rien à y ajouter.
D’ailleurs la saison a été peu favorable aux
fruits et ils se présentaient en nombre et en
qualité notoirement inférieurs à ceux de 1882.
Toutefois un lot exposé par MM. Luizet était
absolument irréprochable, n’admettant que des
variétés de bonne qualité, représentées avec
exactitude par des spécimens bien venus et
bien caractérisés ; la collection de MM. Guis-
sard et Barret était également bien composée
et dénommée.
Quelques fruits nouveaux : Joyau de Sep-
tembre, Poire dorée de Montgriffon, dont la
Revue horticole a parlé récemment et qui a été
obtenue par M. Ghaudy, de Ghaponost (Rhône) ;
les Pèches Tardive Gros et de Syrie tardive,
variétés nouvelles obtenues dans nos envi-
rons et mûrissant du milieu à la fin d’oc-
tobre.
Ge compte-rendu pourrait s’augmenter en-
core de remarques nombreuses sur les lots de
fleurs coupées, les légumes, les Raisins français
472
LE REBOISEMENT DE L’ALGÉRIE.
et américains exposés avec et sur les ceps
nourriciers, producteurs directs ou indirects,
mais ce serait sortir de notre cadre sans profit
appréciable pour les lecteurs habituels de la
Revue.
Francisque Morel.
LE REBOISEMENT DE L’ALGÉRIE
On sait que M. Ch. Naudin, l’éminent
botaniste dont les travaux scientifiques
sont si importants et si nombreux, vient de
faire en Algérie un voyage d’études dont le
but principal était de rechercher les moyens
de reconstituer les forêts dans notre colonie
africaine.
Le Journal d'hygiène a publié tout
récemment l’exposé des remarques et les
conclusions du savant académicien. Tout
en regrettant de ne pouvoir reproduire in
extenso ces lignes si intéressantes, nous
allons en analyser les données principales.
On se préoccupe beaucoup en France, et
cela à bien juste titre, de la reconstitution
des forêts, et surtout du reboisement des
montagnes. Personne n’ignore quels sont
les résultats souvent désastreux qui résul-
tent aujourd’hui du déboisement progressif
qui s’est opéré aveuglement depuis des
siècles.
En dehors de la perte sèche que notre
commerce éprouve, puisque la France est
aujourd’hui obligée d’importer annuelle-
ment pour plus de 200 millions de francs
de bois d’œuvre, l’effet beaucoup plus
grave, plus terrible, pourrait-on dire, de
ces défrichements irraisonnés est la détério-
ration toujours croissante du climat, dété-
rioration qui se manifeste journellement et
qui entraîne souvent les conséquences les
plus graves.
A ce fléau vient s’en ajouter un autre,
qui produit à la longue des effets analogues :
il s’agit de la vaine pâture dans les terrains
abandonnés ou non exploités par la cul-
ture, sur lesquels les troupeaux viennent
détruire toute végétation arbustive.
« Si la cause du mal est connue, dit
M. Naudin, le remède ne l’est pas moins : il
faut rel)oiser, soit directement par des semis
et des plantations d’arbres, soit, indirecte-
ment et d’une manière plus lente, mais tout
aussi sûre, en laissant la nature refaire toute
seule ce que les siècles ont détruit.
(( Cette entreprise, quelque vaste et
laborieuse qu’elle apparaisse, n’est pas au-
dessus des ressources d’une nation civilisée ;
elle s’impose d’ailleurs si impérieusemen
qu’il n’est plus possible de la différer, si on
tient à sauvegarder l’avenir. »
En Algérie, le mal, quoique plus récent,
a produit des résultats encore plus désas-
treux, à cause de l’irrégularité plus grande
du climat.
Les besoins immédiats des colons, l’in-
suffisance ou l’absence de réglementation
et de surveillance, ont depuis un demi-
siècle appauvri considérablement les forêts
algériennes, et cela fatalement, là où elles
étaient le plus utiles.
L’immense plaine du Chéliff, notam-
ment, est tout à fait dépourvue d’arbres ;
l’hiver, les troupeaux y trouvent une
maigre pâture ; l’été, ce vaste territoire
possédant une terre de première qualité,
qui produirait des grains en abondance si
elle était arrosée par des pluies, est brûlée,
calcinée par le soleil.
« Mais, pour que la pluie y tombe, il faut
que les montagnes environnantes soient
couvertes de bois, et que la plaine elle-
même entretienne de nombreux massifs
forestiers. »
Avant tout, pour arriver à ce résultat,
qui, non seulement rétablirait les condi-
tions normales du climat, en assurant pour
l’avenir une production régulière de bois
de toutes natures, mais encore assainiraits
les lieux insalubres et créerait de nom-
breuses oasis indispensables à la coloni-
sation, (( il faut modérer et régler les
défrichements, faits jusqu’ici au hasard et
suivant les caprices du colon, et fixer les
points qui devront être réservés à la végéta-
tion arborescente, et au besoin y con-
traindre les occupants du sol par des
réglements spéciaux. Il y a là, pour le gou-
vernement, de graves devoirs à remplir,
car en définitive, c’est l’avenir du pays qui
est en jeu. ))
Étant donnée la nécessité de reboiser au
plus vite, quelle essence d’arbre convient-
il d’employer ?
Les Eucalyptus, qui réussissent parfaite-
ment en Algérie, et cela dans des condi-
LE REBOISEMENT RE L’ ALGÉRIE.
lions les plus diverses, ont, sur tous les
autres arbres étudiés jusqu’à ce jour, le
grand avantage d’y développer une végéta-
tion des plus vigoureuses. 11 est reconnu
aujourd’hui que VE. Globulus, notamment,
produit en vingt-cinq ans autant ou plus de
matières ligneuses qu’un Chêne de nos cli-
mats en cent ans, et l’on sait qu’en Australie,
où le climat se rapproche beaucoup de celui
de l’Algérie, certains Eucalyptes atteignent
140 mètres de hauteur.
Certes, des plantations de ces arbres
précieux sont déjà faites en maints endroits ;
mais il en faudrait dix fois plus, surtout
dans la province d’Oran, la plus maltraitée
par la sécheresse.
Ce serait pour notre colonie, et en de-
hors des avantages principaux de tempéra-
tion et d’assainissement du climat, une
source de produits très-prochaine, car
personne n’ignore que le bois d’Eucalypte
est recherché pour les usages les plus
variés : chauffage, charpente, ébénisterie,
construction de wagons, poteaux télégra-
phiques, traverses de lignes ferrées, etc.
Les différentes espèces d’Eucalyptes,
qui sont au nombre de 200 environ, ont
chacune des qualités diverses : hautes
dimensions, végétation rapide, solidité et
longue durée du bois, beauté et abondance
du feuillage, production d’huiles essen-
tielles, préférence pour les terrains maré-
cageux ou arides, etc., telles sont les
propriétés précieuses réparties entre les
nombreuses espèces aujourd’hui connues.
Mais il est actuellement assez difficile de
se reconnaître au milieu de la nomenclature
souvent erronée et confuse que l’on
remarque dans les cultures et dans les
collections (1). Des efforts sont entrepris
sous ce rapport, et l’on ne saurait trop en-
courager les expérimentateurs qui, comme
M. Cordier, à la Maison-Carrée, et M. Trot-
tier, à Hussein-Dey, ont créé en Algérie,
avec leurs ressources personnelles, de
riches collections-écoles à' Eucalyptus.
Ces arbres, inappréciables au point de
vue des immenses services qu’ils rendront
(!) M. Ch. Naudin, pour remédier à cet incon-
vénient si grave, a créé depuis plusieurs années,
dans le Jardin botanique de la villa Thuret, à
Antibes, dont il est le directeur, une pépinière-
école Eucalyptus , qui comprend plus de quatre-
vingts espèces, et qui rendra prochainement de
grands services pour la culture étendue de ces
arbres.
473
un jour à notre colonie, ne suffiraient pas
on le conçoit, à son reboisement. Ils con-
viennent surtout à la plantation dans les
plaines, et près des centres d’habitation.
Pour la reconstruction des massifs fores-
tiers sur les flancs et les parties les plus
élevées des montagnes (et ce point, peut-
être le plus important, peut seul tempérer,
régulariser le climat de ces régions), il est
nécessaire d’employer les essences indi-
gènes, qui heureusement ne font pas défaut.
Les arbres robustes, réussissant bien, même
dans les situations les plus arides, sont
nombreux.
Les Chênes {Quercus Mirhecki, Q.
castaneœ folia, Q. Ilex, Q. Ballota, Q.
Suher) ; les arbres résineux (Cedrus atlan-
tica, Pinus pinaster, P. halepensis, Ahies
numidica , Juniperus thurifera) ; les
Erables {Acer obtusifolium, A. Monspes-
sulanum) ; les Frênes {Fraxinus australis,
F . dhnorpha) et tant d’autres arbres et
arbustes, arriveront lentement, mais sûre-
ment, à réparer les ravages déjà opérés
sur le territoire algérien.
Mais l’arbre qui, pour les régions élevées,
rendra les plus grands services pour le
repeuplement, est le Térébinthe de l’Atlas
(Pistacia atlantica) qui devra précéder,
pour les protéger, toutes plantations impor-
tantes.
La nécessité du reboisement des mon-
tagnes, et surtout du massif montagneux
qui, de l’est à l’ouest, sépare l’Algérie du
Sahara, est on ne peut plus évidente.
L’absence de rideau végétal entre notre
colonie et le désert torride est la cause
principale de son extrême sécheresse, des
ravages du sirocco, des tempêtes de sable
et de poussière et de l’irrégularité des
pluies, qui sont abondantes quand elles
devraient faire défaut, et vice versa.
« Avec l’aide du reboisement, la chaleur
du soleil, dès lors employée à fabriquer du
bois, y deviendrait par celà même plus
supportable; le sol, abrité sous le tapis
végétal, ne réfléchirait plus autant de cha-
leur vers l’espace céleste, et cet abaissement
de température amènerait la condensation
de la vapeur d’eau dissoute dans l’atmo-
sphère; des nuages se formeraient et les
pluies deviendraient plus fréquentes et
mieux réglées. Les vents, principalement
ceux du sud, useraient une grande partie
de leur violence en traversant les massifs
SOCIÉTÉ NATIONALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE.
474
boisés et dessécheraient moins le sol livré à
la culture. Enfin, et ce serait peut-être là
encore un résultat du reboisement, les
nuées de sauterelles, si redoutables par
moments, trouveraient dans l’épais rideau
de la végétation arborescente une barrière
difficile à franchir. C’est que tout se tient
dans la nature ; les agents physiques et les
êtres vivants sont dans un intime rapport
et réagissent perpétuellement les uns sur
les autres. Sans pluie, il n’y a pas de vie
possible, sans végétation, la pluie est rare,
souvent nulle, et, dans tous les cas, mal
distribuée quand elle arrive. C’est comme
un cercle vicieux, dont il semble au premier
abord qu’on ne peut sortir, mais qui, heu-
reusement, a quelques ruptures par les-
quelles on peut tourner et vaincre les
difficultés apparentes. Il n’y faut que des
efforts persévérants et intelligemment con-
duits. ))
Il ne reste rien à ajouter à de si sages
paroles, si ce n’est que la question soulevée
par M. Naudin est utilitaire et patriotique
au premier chef, que les efforts du gouver-
nement doivent s’appliquer à la résoudre et
enfin que nous ne saurions trop provoquer,
en ce sens, les tentatives privées, qui peu-
vent, elles aussi, contribuer puissamment
à la prospérité future de notre belle colonie
algérienne.
Ed. André.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICLWRE DE FRANCE
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1883
Apports. — Comité de culture 'potagère.
Ont été présentés : par M. Yavin deux fruits de
Zapallito^ Gucurbitacée américaine très-pro-
ductive , non coureuse quand elle est bien
franche ;■ ses fruits, qui sont petits, meloni-
fornies côtelés, de bonne qualité, ont surtout
l’avantage de se conserver longtemps, jusqu’en
avril. — Par M. Billarand, à Ablon-sur-Seine,
une corbeille de Fraises des quatre saisons
qu’il nomme Généreuse cVAhlon. C’est une
race créée par le présentateur, très-productive,
et qui. assure-t-il, se reproduit exactement de
graines. — Par M. Berthault, de Rungis, un
assortiment de légumes de saison, remar-
quables par leur beauté et leurs fortes dimen-
sions et dont voici rénumération : les quatre
Radis d’hiver suivants ; gros de Laon., noir
long, rose de Chine, de Russie ; les Tomates
Poire, Cerise et Président Garfield ; Patate
rose, cultivée en plein air. Céleri rave. Pissen-
lit très-blanc ; enfin les Épinards à feuille de
laitue et de Viroflag, sortes voisines, à feuilles
énormes, fortement cloquées. — Par M. Jac-
queau, marchand grainier, 2, rue Saint-
Nlartin, des Pommes de terre d’une variété
nouvelle, nommée Joseph Rigault, et qu’il
va mettre procliainement au commerce. Issue
des variétés Quarantaine à feuilles d'ortie et
de Marjolin Têtard, cette variété participe des
deux pour la qualité; ses tubercules jaunes
oblongs un peu aplatis sont réguliers, d’as-
pect gris un peu rugueux, caractères qui dé-
notent une qualité supérieure; elle est très -
hâtive et très-productive.
Au comité de floriculture : par M. Yéniat,
jardinier de M. Paillieux, deux pieds cVOxalis
lobata, espèce du Chili, très-petite, à feuilles
ténues, à fleurs d’un très-beau jaune d’or. —
Par M. Yincent, de Bougival, des Bégonias
tubéreux appartenant au type erecta. Ces
plantes, à feuillage et à tige florale robustes,
étaient très-variées et avaient des fleurs très-
larges et régulières, bien ouvertes et parfaite-
ment dressées. — Par M. Jules Yallerand,
horticulteur à Bois-de-Colombes, un très-fort
})ied d’une Gesnériacée hybride entre Nœge-
lia et Achimenes. Cette plante, remarquable-
ment belle et d’une excessive floribondité, est
intermédiaire entre les deux genres dont elle
pi'ovient, dans sa partie souterraine et dans sa
})artie aérienne ; la tige dressée, raide, rami-
fiée et se tenant bien, rappelle les caractères
des Nœgelia dont elle a le faciès et la végé-
tation. Ses fleurs, extrêmement nombreuses,
d’un rouge foncé, feu ou magenta, sont rela-
tivement grandes et se rapprochent de celles
des Achimenes.
Au comité ch arboriculture : M. Bertaut, de
Rosny-sous-Bois, présentait des Pêches Ronou-
vrier et des fruits d’une nouvelle variété
dont il est l’obtenteur. Ces fruits très-gros,
sphériques, se colorent d’un rouge chaud, très-
foncé ; leur aspect est admirable ; malheureuse-
•ment, la qualité ne répond pas à l’aspect ; la
chair, bien qu’ayant un goût agréable, est ex-
cessivement adhérente au noyau. — M. Bonnel,
d’Arpajon, président du Comité d’arboricul-
ture, avait apporté quelques fruits encore
rares, récoltés chez lui. C’est le meilleur moyen
de les faire connaître et l’on ne saurait trop
féliciter M. Bonnel. — MM. Baltet, frères, de
Troyes, avaient fait un apport très-intéressant.
C’était une certaine quantité des fruits inédits
dont ils sont les obtenteurs et qui faisaient par-
CORRESPONDANCE. — LE PÊCHER A BERGERAC.
475
tie de la remarquable collection qu’ils avaient
exposée aux Champs-Elysées. D’après un
article du programme de cette exposition, les
fruits inédits devaient être renvoyés au Co-
mité d’arboriculture de la Société nationale
d’horticulture de France qui, seul, avait le
droit de statuer. En attendant la décision du
Comité, constatons que parmi ces fruits. Poires
et Pommes, au nombre d’une trentaine, au
moins, il s’en trouvait plusieurs dont l’as-
pect faisait augurer favorablement de leur
valeur.
CORRESPONDANCE
AP C. (Nord). — La conservation des pail-
lassons, ficelles, toiles, tuteurs, voliges, au-
vents, etc., se fait à l’aide du sulfate de cuivre,
vulgairement couperose verte. Yoici comment
on opère, dans quelles proportions doit entrer
le sulfate et le mode de préparation.
Dans un récipient en pierre ou en ciment
plus ou moins 'grand en raison des objets qui
doivent y entrer, on met une quantité connue
d’eau, puis on ajoute le sulfate de cuivre à
raison de 2 kilos pour ICO litres d’eau. Afin
de faciliter le mélange et d’activer la prépara-
tion, on peut écraser le sulfate et le faire dis-
soudre à l'avance, puis le verser dans l’eau en
brassant de manière à bien opérer le mélange.
Le bain préparé, on y plonge les objets à
injecter et que l’on tient complètement im-
mergés pendant un temps qui varie en raison
de leur nature, soit :
Paillassons, 24 heures ; ficelles, cordes,
12 heures ; raphia ou nattes pour liens,
G heures environ. Les objets en bois, tels que
piquets, tuteurs, échalas, voliges, auvents, etc.,
de 8 à 15 jours suivant leur nature, leur épais-
seur et surtout suivant leur état de siccité.
Les objets sont maintenus dans le bain à
l’aide de planches que l’on charge de pierres
ou de tout autre corps pesant. Lorsqu’on les
retire, il est bon de les placer debout sur le
bord du bassin ou sur un égout qui y conduit,
de manière que l’eau qui les recouvre ne
soit pas perdue et qu’elle s’écoule dans le
bassin.
Comme l’eau tend constamment à s’affaiblir
par l’enlèvement du sulfate qui entre dans les
objets immergés ou par suite de pluies abon-
dantes qui lavent le bain, on ajoute de temps
à autre du sulfate, de façon à lui conserver
une densité à peu près uniforme.
AP AI. (Ille-et-Vilaine). — Le Parasite qui
attaque les feuilles des Poiriers, sur lesquelles
il détermine des altérations importantes sous
forme de plaques jaunes, qui, en s’élargissant,
produisent comme une galle convexe faite aux
dépens du tissu qui alors se décompose, est
dû à un Champignon qui, d’abord gélatineux,
jaune ou rouge orange, devient pulvérulent et
alors répand ses sporules qui vont se déposer
sur les feuilles de Poiriers où ils produisent
des phénomènes de décomposition. C’est VÆci-
cliiim cancellatum {Gymnos2)orangiiini fus-
cum Podisoma fuscum). 11 est endémique sur
le genre Genévrier ; nous ne l’avons jamais
observé sur d’autres. Ce champignon est peu
apparent ; appliqué sur le corps des branches,
il y produit des sortes de chancres, les altère
et peut même les faire périr. Sa présence
n’est souvent révélée que par les taches jaunes
en question; donc, aussitôt que l’on aperçoit
quelques-unes de celles-ci, il faut visiter avec
soin les Genévriers qui sont dans le voisinage
de l’endroit où se produisent ces taches, et en-
lever complètement le parasite, en ayant soin
de bien nettoyer la place. On a conseillé d’en-
lever les feuilles attaquées par le parasite et de
les brûler. La précaution n’est pas mauvaise,
assurément ; mais elle ne nous paraît que secon-
daire, car jamais, que nous sachions, ces sortes
de chancres ou névroses ne reproduisent la
maladie. Ge sont des effets et non une cause.
LE PÊCHER A' BERGERAC
Tandis que dans les numéros des juil-
et 16 août de la Revue horticole, on si-
gnalait une grande abondance de Pêches à
Montreuil, jamais, de mémoire d’homme, il
n’y avait eu ici une pareille disette de ce
fruit. Ni les Pêchers à chair non adhérente
dits <( femelles », ni les gros Mirlicotons ou
Pavies à chair adhérente, que nous dési-
gnons ici sous le nom de « Pêchers mâles »,
ni le groupe des Brugnons, ordinairement
si fécond, ne présentent, chez nous, le
moindre fruit, et cela dans la plaine comme
sur les coteaux qui encadrent notre vallée.
A quoi faut-il attribuer cette pé-
nurie de Pêches qui semble vouloir se géné-
raliser chaque année, sinon à la décrépitude
dans laquelle sont tombés et tombent de
plus en plus les arbres en plein vent de ce
beau genre, autrefois si prospère et fertile
dans nos contrées. Si l’on traverse nos cam-
476
MULTIPLICATION DU ROBINIA PSEUDO-ACACIA DESSONIANA.
pagnes jadis si belles, aujourd’hui si tristes,
on entend le paysan dire dans son lan-
gage rustique et imagé : (( lou i^réciguié s'en
vàij fai coumo la vigno, le Pêcher sien
va, il fait comme la Vigne. »
Et notez que ce ne sont pas seulement
les gros Pêchers en plein vent qui tendent
à disparaître. Nous éprouvons à chaque prin-
temps, dans nos pépinières, des difficultés
de plus en plus grandes, pour le succès de
nos greffes en écusson, qui restent belles
cependant jusqu’aux premiers jours de
mars. Mais viennent les giboulées, les alter-
natives de température, le passage d’une
journée chaude à une journée froide, les
brouillards, le vent du nord, etc., alors
l’œil de nos écussons, déjà gonflé par une
sève que provoquent les journées chaudes,
s’écaille, devient gommeux et tombe en ne
laissant d’autre trace que la parcelle de
liber qui lui servait d’appui.
Le mal est tel, que nous en sommes ré-
duits à encapuchonner nos greffes de Pê-
chers, au printemps, avec des feuilles de
papier, que nous fixons à l’aide d’un brin
de Raphia, au-dessous et au-dessus de l’é-
cûsson, pour arriver à conserver soixante à
soixante-dix pour cent environ de nos
greffes.
Voilà, en ce qui concerne le genre Pêcher,
où nous en sommes ici de sa culture. Il
y a seulement dix ans, un écusson posé au
mois d’août, non lié, à la rigueur, poussait
et prospérait au printemps comme un chien-
dent en bonne terre. N’y a-t-il pas, en pré-
sence de ces faits, l’indication d’un affaiblis-
sement marqué dans l’organisme de cet
arbre, occasionné par le changement et
l’instabilité des saisons ?
Non seulement cette année nous n’avons
pas de Pêches, mais les Poires sont à peu
près dans le même cas. Seules, les variétés
précoces que l’on cultive ici pour la vente,
telles que la Saint- Jean, \di Saint-Pierre,
le Passe-Friayid , la Bien- Aimée, une
ancienne variété décrite par Duhamel,
à laquelle la popularité a donné ce nom, le
Bon-Chrétien d’été, plus connu ici sous le
nom de Poire. Canelle, le Doyenné de
Juillet, la vieille Sanguinole toujours
bonne et abondante, etc., seules, je le ré-
pète, ces variétés dont les arbres prennent
avec le temps les proportions d’un Chêne,
ont donné cette année une bonne récolte
moyenne; q’iant aux Poires d’automne,
de même que celles d’hiver, elles font com-
plètement défaut.
J’attribue les causes de ces revers aux
faits suivants: généralement les variétés de
Poiriers à fruits tardifs, fleurissent plus tôt
que les variétés de Poiriers à fruits précoces.
Or, cette année, un abaissement de tempé-
rature étant survenu brusquement en
avril, au moment où la plupart des Poiriers
tardifs étaient en ffeurs, il en est résulté
la chute complète de ces fleurs. Au con-
traire, la floraison des Poiriers à fruits
précoces étant bien moins avancée à cette
époque, la fécondation des ffeurs a pu s’o-
pérer dans des conditions satisfaisantes :
de là l’abondance que je signale de ces
Poiriers précoces. Gagnaire.
MULTIPLICATION DU ROBINIA PSEUDO-ACACIA BESSONIANA
Avant de parler de la multiplication de
cette remarquable variété, nous croyons
devoir dire quelques mots sur ses caractères.
D’abord d’où vient-elle? A cette question
nous ne pouvons répondre. Tout ce que
nous savons, c’est qu’elle a été introduite
pour la première fois aux pépinières du
Fleuriste de Paris, à Longchamps, vers
1868, et que, jusque là, on n’en avait
jamais entendu parler. Il existe deux ver-
sions sur l’origine du Bohinia Bessoniana :
la première, c’est qu’il viendrait de chez
M. Besson, horticulteur à Marseille; la
deuxième, qui paraît la plus probable, est
que cette pante viendrait de chez M. Lau-
rentius, horticulteur-pépiniériste à Leipsig,
où, dans un de ses voyages, feu Barillet-
Deschamps l’aurait remarquée. Quelle est
de ces deux versions la véritable? Nous ne
pouvons le dire. Quoi qu’il en soit sous ce
rapport, la plante étant intéressante et en-
core peu connue, nous allons la décrire
brièvement. Voici d’abord ce que, à son
sujet, nous écrivions en 1878 dans la Revue
horticole :
Rohinia pseiido- Acacia Bessoniana. — Cette
variété du Rohinia commun, (|ue les })épinié-
ristes appellent tout simplement Rohinia Res-
soniana, quoique déjà ancienne, commence
seulement à se répandre ; la Ville de Paris
477
REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES.
surtout semble l’avoir adoptée, car sur plusieurs
points des boulevards on la trouve plantée.
Ses branches courtes, grosses et très -ro-
bustes, peu ramifiées, subdressées, sont gar-
nies d’un joli feuillage abondant, de sorte
que la plante forme une tête arrondie, com-
pacte, qui rappelle un peu celle du Robinia
umbraculifera^ vulgairement appelé « Acacia
boule. » La plante fleurit peu, et ses fleurs, qui
sont blanches, comme celles du Robinier com-
mun, ne se montrent que sur les arbres déjà
forts.
A cette description, qui est exacte, ajou-
tons que le Robinia Bessoniana est ro-
buste et vigoureux, et que, en vieillissant,
il perd ce caractère sphérique si on ne le
maintient un peu en le taillant. Ses bran-
ches grosses et relativement courtes portent
des épines peu développées qui disparais-
sent promptement, de sorte que les arbres
un peu forts sont complètement inermes.
La floraison a lieu si rarement que nous
ne la trouvons indiquée nulle part. Seul,
peut-être, nous l’avons constatée au Mu-
séum sur un individu assez fort que nous
avait donné notre collègue et ami M. Ra-
farin, et que nous avions planté dans les
pépinières, le long de la Bièvre, où, du
reste, nous avions réuni beaucoup d’autres
espèces rares, comme pieds mères. Les
grappès sont lâches, et les fleurs, plutôt
petites que grandes, sont d’un très-beau
blanc.
Quelques mots maintenant sur la multi-
plication du Robinia Besaoniana. Afin
d’aller plus vite et de former plus prompte-
ment des 4 boules », certains pépiniéristes
greffent en tête ainsi qu’on le fait du JRohi-
nia umbraculifera ; nous croyons qu’il
vaut mieux procéder par boutures qui, du
reste, reprennent très-bien et sans aucun
soin particulier. Il suffit, avant le départ de
la végétation, de prendre des jeunes bran-
ches, d’en faire des sortes de plançons
comme s’il s’agissait d’osier ou de tout
autre espèce que l’on multiplie par bou-
tures, et de les planter en pleine terre. Il va
sans dire que des soins particuliers, tels
qu’arrosage, paillage etc..., ne peuvent que
faciliter la reprise.
Si l’on veut obtenir des tiges, on tuteure
ou dresse un des plus beaux bourgeons et
l’on’ supprime les autres. Mais le mieux,
pour arriver à ce résultat, est, quand les bou-
tures sont bien établies, de recéper près du
sol, et, alors, parmi les bourgeons qui se
développent, de choisir le plus vigoureux et
le mieux placé et, au besoin, de le tuteurer
de manière à avoir un beau jet, et ensuite
de l’arrêter pour former la tête quand la tige,
suffisamment constituée, a atteint la hauteur
que l’on désire. E.-A. Carrière.
REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES
Saxifraga cortusifolia, Sieb. et Zucc. —
Saxifragacées {Bot. Mag. tab. 6680). — Es-
pèce voisine du Saxifraga sa?^ynentosa, her-
bacée vivace, acaule, à racines stolonifères.
Feuilles fortement pétiolées, orbiculaires, à
base subréniforme, de 5 à 8 centimètres de
diamètre, faiblement et irrégulièrement lobées,
serrées, velues, d’un vert pâle, avec une large
zone noire, et bordées de rouge brun. Hampe
supportant une panicule longue de 16 à 20 cen-
timètres, large de 10 à 12. Fleurs peu com-
pactes à pédicelles élancés; sépales oblongs
obtus, verts, de moitié moins longs que les pé-
tales les plus courts ; pétales linéaires subaigus,
blancs, variant de 6 à 20 millimètres de long ;
anthères d’un rouge brun brillant. — Serre
froide.
Medinilla a^nabilisj Dyer. — Mélastoma-
cées {Bot. Mag., tab. 6681). — Plante magni-
fique, originaire de Java, aussi ornementale que
le M. magnifica, entièrement glabre, arbustive.
Tige et branches carrées ; feuilles très-larges,
longues de .35 centimètres, larges de 20, obo-
vales ou elliptiques oblongues, à cinq nervures,
d’un vert très-brillant. Panicules terminales, py-
ramidales, très-ramifiées, hautes de 30 à 35 cen-
timètres, larges de 15 à 20. Fleurs' courtement
pédonculées, d’un joli rose, de 4 à 5 centimètres
de diamètre. Tube du calyce hémisphérique.
Pétales obovales oblongs ; anthère formant une
sorte d’étendard violet pâle. — Serre chaude.
Hoya linearis, Wall. — Asclépiadées {Bot.
Mag. tab. 6682). — Jolie plante, native de
l’Himalaya, plus ou moins hérissée, à rameaux
sarmenteux allongés, longs de 35 centimètres
et plus. Feuilles longues de 3 à 5 centimètres,
sur 3 à 4 millimètres de largeur, cylindriques
subaiguës, vert foncé. Fleurs en ombelle ter-
minale sessile; calyce à lobes petits, hérissés,
ovales lancéolés; corolle de 13 millimètres de
diamètre, blanche, recourbée, à lobes courts,
larges, obtus ; appendices de la couronne
étoilés, obtus, subcylindriques, d’un rose très-
pâle. — Serre chaude.
478
REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES.
Lælia monophylla, N. E. Brown. — Orchi-
dées {Bot. Mag. iSih.QQ83). — Espèce terrestre
provenant de la Jamaïque, sans pseudo-bulbes.
Rhizomes formant une sorte de réseau, d’où
émergent les tiges de la plante. Tiges florifères
hautes de 15 à 25 centimètres, vert pâle, en-
tourées sur la moitié de leur longueur, et alter-
nativement, de bractées gris clair pointillé de
carmin ; feuilles solitaires, subérigées, sessiles,
longues de 5 à 8 centimètres, larges de 15 mil-
limètres, presque linéaires, oblongues obtuses,
vert foncé en dessus, vert pâle en dessous.
Fleurs subérigées, de 25 â 50 millimètres de
diamètre, orange écarlate vif ; étamines violet
pourpre ; pétales et sépales semblables, étalés
oblongs, subaigus ; labelle très-petit, entou-
rant la colonne. — Serre tempérée.
Haynamelis Virginiana, Linné. — Hamamé-
lidées {Bot. Mag. tab. 6684). — Ce vieil
arbuste est assez commun aux États-Unis, où
il forme de forts arbrisseaux ou de petits
arbres, atteignant 10 mètres de hauteur. On
le connaît assez peu en Europe. Feuilles de
forme très-irrégulière, ressemblant un peu â
celles du Noisetier, longues de 8 â 15 centi-
mètres, quelquefois presque aussi larges, vert
clair nuancé de brun auprès des bords. Fleurs
en involucres axillaires , polygames ; calyce
brun, de 6 millimètres de diamètre, â lobes
ovales obtus ; pétales en forme de lanières,
jaunes d’or, de 15 à 20 millimètres de long.
— Plein air.
Cadia Ellisiaua, Baker. — Légumineuses
{Bot. Mag. tab. 6685). — Cette plante, native
de Madagascar, appartient â un genre très-re-
marquable parmi les Légumineuses, â cause
de la régularité de ses fleurs. C’est, paraît-il, un
})etit arbuste glabre , à rameaux ligneux.
Feuilles alternes, longues de 10 à 15 centi-
mètres, â pétiole très-court, pennées ; folioles
alternes , très courtement pédonculées, au
nombre de 8 â 9 par feuille, elliptiques-oblon-
gues ou lancéolées acuminées obtuses. Fleurs
longues de 35 â 38 millimètres en grappes axil-
laires, retombantes. Calyce campanulé, vert
pâle, à 5 lobes *peu accentués, érigés. Pétales
longs de 35 millimètres, obovales spatulés,
formant une corolle campaniforme , rose
lavé de rouge. Serre tempérée.
Üædalacanthus inacy'ophyllus, T. Anders. —
Acanthacées {Bot. Mag. tab. 6686). — Plante
herbacée, originaire de la Péninsule malaise,
â port érigé, haute de 70 centimètres âl mètre,
peu ramifiée. Feuilles pétiolées, de 18 à 20 cen-
timètres de long, elliptiques-lancéolées, acumi-
nées. Épis floraux longuement pédonculés,
érigés, longs de8à20 centimètres, â bractées pe-
tites, vertes, imbriquées ; calyce petit, à 5 lobes
glandulaires lancéolés érigés; corolle longue
de 25 â 30 millimètres, érigée, d’un violet bleu
pâle; tube très-élancé recourbé, blanc violacé,
limbe recourbé, de 20 à 25 millimètres de dia-
mètre à lobes oblongs obtus, veinés de violet
foncé. — Serre chaude.
Gy'evülea ayiyiulifeya, F. Muell. — Protéacées
{Bot. Mag. tab. 6687). — Arbrisseau austra-
lien, atteignant 2 â 3 mètres de hauteur, à
rameaux raides ; feuilles étalées, recourbées,
longues de 8âl 2 centimètres, pennées, segments
longs de 2 â 3 centimètres, distants, rigides, li-
néaires subulés, vert foncé. Grappe longue de
8 â 10 centimètres , courtement pédonculée.
Fleurs jaune soufre, disposées en rond autour
du rachis â périanthe très-court, long de 10 à
25 millimètres, â lobes linéaires avec une
pointe anthérifère ovale obtuse. — Serre froide.
Saxify'aga lingulata, var. cochleayHs ,
Engler. — Saxifragacées {Bot. Mag. tab. 6688).
— Charmante petite plante de la région médi-
terranéene, se développant en touffe compacte,
haute de 4 â 5 centimètres. Feuilles linéaires,
spatulées, arrondies, coriaces, d’un joli vert
glauque. Tige florale rouge brun, s’élançant
du centre de la rosette des feuilles, de 15 â 20 cen-
timètres de long, formant une panicule al-
longée de fleurs â pétales arrondis, d’un blanc
pur. Calyce, pédoncules et pétioles rouge brun.
— Plein air.
Utriculayda hifida., Linn. — Lentibulariées
{Bot. Mag. tab. 6689). — Plante singulière,
originaire de l’Inde et de la Chine, dont les
fleurs rappellent, en plus petit, celles de la
Linaire. Elle forme des petites touffes acaules,
compactes, de feuilles érigées, filiformes, lon-
gues de 3 à 5 centimètres, d’un vert brillant.
Hampes très-nombreuses , de 10 â 20 centi-
mètres de longueur, érigées, portant, assez dis-
tantes les unes des autres, 8 à 10 fleurs, qui par
leur forme et leurs couleurs se rapprochent
beaucoup de la Linaire (jaune soufre et orange),
mais qui ont à’peine un centimètre de longueur.
— Serre tempérée.
Spiranthes euphlehia., Reich, f. — Orchidées
{Bot. Mag. tab. 6690). — Plante originaire du
Brésil, terrestre, haute de 25 â 40 centimètres.
Feuilles radicales, longues de 12 â 15 centi-
mètres, larges de 3 à 4 centimètres, linéaires ou
ovales oblongues, ondulées, vert pâle, avec des
taches blanches ; hampe brun verdâtre, garnie
de place en place par des bractées amplexi-
caules brun foncé; grappes longues et larges de
5 â 8 centimètres. Fleurs peu nombreuses, mais
assez rapprochées, horizontales , très-courte-
ment pédonculées ; bractées érigées, lancéolées,
brun foncé. Périanthe pubescent blanc, veiné
de rouge brun; sépales rassemblés en un tube
long de 25 millimètres, portant une gibbosité à
la base, sur la face antérieure. Pétales érigés,
semblables à peu près pour la forme et la
couleur aux sépales; labelle très-petit, inséré
à la base des pétales; limbe très-petit, recourbé,
lancéolé, ondulé sur les bords, de même cou-
VARIÉTÉS RÉSISTANTES DE POMMIERS.
470
leur que les pétales et sépales. — Serre
tempérée.
Rodgersia podojjJiylla, A. Gi’ay. — Saxifra-
gacées {Dot. May. tab. 6G91). — Plante japo-
naise, herbacée vivace, à feuilles radicales ,
peu nombreuses, peltées, quinquelobées, de
15 à 20 centimètres de diamètre ; folioles ses-
siles, de 15 à 25 centimètres, obovales, à bords
irrégulièrement lobés, rugueuses. Tiges florales
hautes de 70 centimètres à 1 mètre, se ter-
minant par une élégante panicule longue de
15 centimètres, large à la base de 8 à 10, à cime
scorpioïde. Fleurs de 8 millimètres de dia-
mètre, courtement pédicellées, d'un blanc jau-
nâtre ; tube calycinal très-court, à lobes ovales
aigus ; pas de pétales. Plein air.
Licuala grcmdis^ II. Wendl. — Palmiers
{Dot. Mag. tab. 6704). — Très belle espèce
originaire de la Nouvelle-Bretagne, introduite
par M. W. Bull, de Londres. Elle ne dépasse
pas deux mètres de hauteur au-dessus de l’in-
sertion des pétioles sur le tronc, qui atteint
environ 20 de hauteur, et sur lequel la base
des pétioles des anciennes feuilles forme des
écailles ; feuilles réunies en couronne, au
nombre de 30 environ, d’un vert brillant foncé,
à pétioles longs de 75 à 90 centimètres, con-
cavo-convexes, armés sur les cotés de fortes et
courtes épines, subérigées, de 1 mètre de
diamètre ; limbes d’environ 70 centimètres
de longueur, orbiculaires ou semi-orbicu-
laires, concaves, étroitement plissés, et légè-
rement ondulés, à base cunéiforme ou tron-
quée, à dents marginales bifides, longues de
2 à 3 centimètres ; plusieurs spadices subérigés,
émergeant à peine des feuilles par leur extré-
mité ; spathes brunes à la base des panicules ;
fleurs jaunes, longues de 8 centimètres, réu-
nies en panicules peu compactes. — Serre
chaude.
Aloe pratensis.) Baker. — Liliacées {Bot.
Mag. tab. 6705). — Plante très-remarquable,
originaire du Gap de Bonne-Espérance, acaule,
à feuilles réunies au nombre de 60 à 80 en ro-
sette compacte, longues de 15 à 18 centimètres,
larges de 37 millimètres à la base, vertes, de
texture solide, finement rayées de vert sombre
sur les deux bords, non tachetées, concaves ;
pédoncule court, épais, simple, long de 30 cen-
timètres au moins , garni de nombreuses
bractées, scarieuses, ovales acuminées. Grappe
dense, simple, atteignant de 20 à 35 centi-
mètres de longueur ; bractées semblables à
celles du pédoncule. Périantlie cylindrique,
long de 3 centimètres, rouge brillant lavé de
vert à l’extrémité, à segments lancéolés, jaunes.
— Serre tempérée.
Dendrobium revolutum, Lindl. — Orchidées
{Bot. Mag. tab. 6706). — Espèce voisine du D.
unillorum, originaire de la Péninsule malaise.
Pas de pseudo-bulbes ; tiges longues de
30 à 35 centimètres. P'euilles nombreuses, dis-
tiques, longues de 25 à 50 millimètres, oblon-
gues-ovales obtuses, semi-amplexicaules, caré-
nées dans leur milieu, d’un vert brillant. Fleurs
solitaires, axillaires, longues de 20 à 25 mil-
limètres ; bractées caduques. Pétales et sé-
pales blancs, réfléchis, lancéolés acuminés ;
labelle presque carré , convexe , d’un jaune
verdâtre brillant ; éperon tronqué, blanc. —
Serre chaude.
Allium Macleani, J. -G. Baker. — Liliacées
{Bot. Mag. tab. 6707). — Charmante nou-
veauté très-floritère, native de Caboul. Bulbes
symétriques, solitaires, globuleux; feuilles au
nombre de 4 ou 5, se développant avec les
fleurs, lancéolées, vertes, longues de 30 à
35 centimètres, larges de 25 à 35 millimètres,
glabres sur les deux faces ; pédoncule flexueux,
haut de 65 centimètres à 1 mètre ; ombelle
dense, globuleuse, de 10 à 12 centimètres de
diamètre, formée d’un grand nombre de fleurs
pourpre mauve, de 12 à 15 millimètres de dia-
mètre. — Serre froide.
Nymp)hoea odorata^ var. minor floribus
roseis, J. D. Hook. — ^ Nymphéacées {Bot.
Mag. tab. 6708). — Jolie plante originaire des
États-Unis ; feuilles arrondies ,’ cordiformes ,
vert clair marqué de vert foncé, au passage
des nervures, larges de 8 à 10 centimètres en
moyenne ; fleurs bien faites, larges de 7 à 8 cen-
timètres, pétales blancs, légèrement nuancés de
rose saumon à leur face supérieure, rose vif
à leur face inférieure ; sépales rose vif en des-
sus, vert clair largement bordé de rose en
dessous ; organes générateurs d’un jaune vif. —
Plein air.
, Ed. André.
VAKIÉTÉS RÉSISTANTES DE POMMIERS
La Revue horticole a récemment insé-
ré (1) une partie des observations faites par
nous au sujet de la rusticité, sous notre
climat, des différentes variétés de Pom-
miers.
Gomme nous le prévoyions, cette étude a
(I) Voir Revue horticole, 1883, p. 155.
intéressé bon nombre de pépiniéristes et
d’amateurs, et c’est avec grand plaisir que
nous avons répondu aux demandes de ren-
seignements complémentaires qui nous sont
parvenues.
Nous terminons aujourd’hui la liste anno-
tée que nous avons commencée, en y ajou-
480
VARIÉTÉS RÉSISTANTES DE POMMIERS.
tant la nomenclature des variétés de Pom-
miers résistant aux froids de nos contrées.
Notre grand désir est que ces documents
soient utiles, tant aux propriétaires qui
désirent faire une plantation de longue
existence, ne craignant aucunement les
hivers rigoureux, qu’aux pépiniéristes qui,
pour la vente, ont des relations avec les
régions du Nord et de l’Est de l’Europe.
Impériale ancienne. Variété des plus
rustiques et d’une fertilité extraordinaire.
Juneating Red (Pomme Fraise). Variété
rustique.
Linneous Pippin. Cette variété, récem-
ment importée chez nous, est fort deman-
dée; elle souffre en pépinière, non en ver-
ger, où, ayant atteint une certaine force,
l’arbre se montre vigoureux, fertile et rus-
tique.
Margil (Reinette musquée). Rustique.
Ostogate ou Doux d'argent. Très-fertile,
très-rustique, variété en grand renom dans
la contrée.
Passe- Pomme (Calville blanche d’été).
Très-rustique et très-fertile.
Princesse nohle de Knoop (Pomme d’Au-
née). Très-rustique et très-fertile.
Reinette de Gaux. Gèle souvent en scions
d’un et de deux ans, l’arbre ayant atteint
une certaine force est rustique et fertile.
Reinette d'Orléans. — Reine des Rei-
nettes. — Reinette rouge étoilée. — Rei-
nette de Rïbston.
Ces quatre variétés de Reinettes sont
également estimables pour leur rusticité et
l’abondance de leurs produits ; nous les
cultivons en pépinière sur une vaste
échelle.
Framboise d' Oherland. Très-rustique et
fertile.
Sans pareille écarlate. Très-rustique et
fertile.
De Stettin d' hiver, rouge. Cette variété
est cultivée dans le pays depuis nombre
d’années ; on en trouve de forts arbres dans
les anciens vergers, elle est très-estimée sur
les marchés de Varsovie.
Sam Rawlings {Hoary Morning, Mor-
genduft). Très-rustique et fertile.
Simnœ polosatœ. Nous avons reçu' cette
variété de M. le docteur Regel, de Saint-
Pétersbourg, où elle est en grand renom pour
sa fertilité et pour son extrême rusticité.
Transparente de Moscovie. Variété des
plus rustiques, arbre vigoureux et fertile.
Le nombre des Poiriers existant et fruc-
tifiant convenablement sous notre climat
est plus restreint encore que celui des Pom-
miers, car, parmi les 500 variétés importées
de France depuis] 4 845, plus de la moitié
ont été rejetées par nous comme inculti-
vables. Des^deux cents environ qui figurent
encore dans notre catalogue, voici celles qui
nous ont semblé préférables à toutes, sous
le rapport de la rusticité et de la produc-
tion.
Ananas français. — Beurré Hardy. —
Beurré blanc. — Beurré d'Amanlis. —
Beurré Napoléon. — Beurré superfi^i. —
Beurré Davy ou Fondante des Bois. —
Beurré Bachelier. — Beurré de Spoel-
berg. — Beurré de Grumkiost. — Berga-
mote grosse d'automne. — Bergamote
Sylvange. — Bergamote Laffay. — Ber-
gamote Espéren. — Bergamote Poiteau.
— Bergamote Crassane. — Catillac. —
Doyenné d'hiver. — Doyenné du Comice
d'Angers. — Doyenné de Juillet. • — Doc-
teur Andry. — Docteur Pigeaux. —
Epargne. — Épine de Tolède. — Franc-
réal d'hiver. — Fondante du Comice. —
Henkel. — Le Berriays. — Louise-Bonne
d' Avr anches. — Monseigneur des Hons.
— Marie-Louise Delcourt. — Monseigneur
Affre. — Marie Guise. — Pater noster. —
Suzette de Bavay. — Seigneur d' Espéren.
— Fruitée ou Forelle. — Urbaniste ou
Beurré Piquer y. — Vineuse d'été de
Windsor. — Virgouleuse.
Outre ces variétés de provenance étran-
gère, la Pologne compte bon nombre de
variétés rustiques venues de semis dans le
pays ; ces Poires, toutes d’été et de qualité
peu recommandable, baptisées à l’envi dans
chaque localité, sont malheureusement les
seules que l’on rencontre en abondance sur
les marchés ; cependant, l’on peut compter
d’année en année une plus forte proportion
de bons fruits d’automne et d’hiver, pro-
duits des vergers de plantation récente.
G. Bardet,
Horticulteur à Varsovie.
Imy, Gtaorgea J^oob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Fraisiers cultivés dans de la Mousse.
— Après avoir été prônée, outre mesure,
peut-être, puis dénigrée dans des propor-
tions non moins grandes, la culture des
plantes dans la mousse semble entrer dans
une nouvelle phase, celle de l’expérience,
la seule, du reste, susceptible de donner
une solution rationnelle. Ainsi, nous avons
récemment relaté une culture de Pommes
de terre faite exclusivement dans de la
mousse (1) ; aujourd’hui c’est un autre
exemple que nous fait connaître M. Millet
père, horticulteur à Montagny-lès-Buxy
(Saône-et-Loire) et qui se rapporte à la cul-
ture des Fraisiers. Voici ce qu’il nous écrit :
Dans les premiers jours d’août je me pro-
cure de la mousse ; je la débarrasse très-soi-
gneusement de tous les débris, surtout des
mauvaises herbes, qu’elle contient. J’en fais une
plate-bande de 0,25 centimètres d’épaisseur et
l’y place les jeunes plants que j’ai repiqués
au printemps ; ils sont bien plus précoces que
ceux placés dans les conditions ordinaires.
Cette méthode offre des avantages surtout
pour les fraisiers à gros fruits, qui, plantés en
terre, n’atteignent jamais une maturité par-
faite, tandis que, dans la mousse, qui conserve
très-bien la chaleur, ils mûrissent également,
dessus et dessous, en acquérant même une
qualité supérieure.
Voilà trois ans que je m’occupe de cette cul-
ture dans la mousse, et j’en obtiens des ré-
sultats très-satisfaisants.
Je crois aussi que cette culture serait agréa-
blement mise à profit par des personnes qui
n’ont que des balcons ou des cours pavées,
bien exposés au soleil.
Nous appelons tout particulièrement l’at-
tention sur cette lettre dont nous remercions
l’auteur, M. Millet, et nous engageons forte-
ment nos lecteurs, non seulement à répéter
l’expérience ci-dessus, mais à appliquer un
traitement analogue à beaucoup d’autres
espèces potagères ou ornementales, les diffé-
rents résultats déjà connus étant de nature
à encourager les essais.
Transplantation des Lapageria. —
Ces délicieuses lianes du Chili, le Lapa-
geria rosea et sa variété alha ainsi que les
autres à grandes fleurs, sont souvent diffi-
ciles à transplanter avec succès. Le jour-
(1) Voir Revue horticole^ 1883, p. 435.
1er Novembre 1883.
nal The Garden a donné à^ce sujet des
indications qu’il nous paraît intéressant de
reproduire :
(( Après de nombreux essais plus ou
moins fructueux, nous avons remarqué
que la transplantation des Lapageria ne
pouvait s’effectuer dans de bonnes con-
ditions, qu’en employant des spécimens
forts, ou tout au moins de grandeur
moyenne. La meilleure époque est le mo-
ment où la végétation est sur le point de se
mettre en mouvement, lorsque les racines
et la tige vont rentrer en végétation.
^ « Les racines seront déroulées de manière
à défaire les nœuds ou paquets qu’elles
forment fréquemment. Il faut avoir soin de
de ne pas briser ces racines, car cela retar-
derait considérablement le développement
des feuilles et des fleurs.
(( Si les Lapageria sont placés en pleine
terre, on devra tasser la terre autour des
racines, de manière que les arrosages ne
les mettent pas à nu, ce qui compromet-
trait l’avenir des plantes.
(( Ces jolies lianes demandent de l’ombre
et ne doivent pas, autant que possible, être
placées dans la partie au midi d’une serre.
Si l’on ne pouvait faire autrement, il serait
nécessaire d’ombrer les jeunes pousses,
car les feuilles encore tendres ne peuvent
supporter les rayons du soleil.
(( Pendant leur période de végétation, les
plantes doivent être tenues constamment
dans un sol très-humide, et quand le repos
est arrivé, il faut arroser encore, mais
très-modérément, de manière que la terre
ne soit jamais desséchée.
« Les Lapageria, malgré la réputation
qu’on leur a faite, doivent être rangés dans la
catégorie des plantes de culture très-facile,
pourvu, bien entendu, que leurs habitudes
ou préférences soient connues et respectées.
. <ü Le point essentiel est, comme nous
l’avons dit plus haut, de ne pas mettre les
Lapageria en pleine terre dans une bâche
de serre, avant qu’ils aient atteint une force
moyenne. »
Serre-École, à Versailles. — Aux
nombreux sujets d’étude que comporte
l’École nationale d’horticulture de Versailles,
aujourd’hui la plus complète qui existe,
21
482
CHRONIQUE HORTICOLE.
011 vient d’en ajouter un autre qui, bien que
spécial, n’en est pas moins très-utile. C’est
une serre monumentale dans laquelle les
plantes, mises en pleine terre, peuvent ac-
quérir un grand développement qui permet
de se rendre compte de leur mérite et d’ap-
précier l’effet ornemental qu’elles sont sus-
ceptibles de produire.
Dans cette serre, dont on pourrait peut-
être regretter l’étroitesse, chaque sujet est
accompagné d’une étiquette sur laquelle,
en caractères très-lisibles, est inscrit le
nom de la plante. C’est un heureux com-
plément dont on ne peut trop féliciter le
directeur, M. Hardy, qui a consacré sa vie
au succès de l’École d’horticulture de Ver-
sailles, si éminemment utile.
La serre en question mesure 48"‘ 60 de
long, extérieurement, sur 9“^ 30 de large,
et 8"' 60 de hauteur, à l’intérieur. A l’une
des extrémités on a construit un rocher
en meulière, dans lequel sont placées des
plantes exotiques particulièrement propres
à ce mode d’ornementation, ce qui ajoute
encore à l’intérêt de l’ensemble.
Prunus Pissardi. — Plusieurs fois
déjà, en parlant de cette variété si remar-
quable de Prunier, nous avons émis l’opi-
nion qu’elle fait partie du goupe des Myro-
bolans. Nous en avons aujourd’hui la
certitude ; quelques semis que nous avons
faits ne laissent plus aucun doute à cet
égard. L’expérience est d’autant plus con-
cluante qu'elle est comparative. En même
temps que nous semions des noyaux de
Prunus Pissardi, nous faisions de même
et dans des conditions identiques avec des
noyaux de Prunier Myrobolan. Les résul-
tats ont été les mêmes des deux côtés.
Voici pour le P. Pissardi. Tigelle ro-
buste, dressée, blanchâtre ; cotylédons lon-
2:uement obovales, très-entiers. Les feuil-
les, les stipules et le mode de végétation des
jeunes plantes étaient aussi exactement sem-
blables à ceux du Prunier Myrobolan et il
en était absolument de même pour la cou-
leur, qui était verte. Quant aux noyaux,
ils ne présentaient aucune différence.
Est-ce à dire qu’il en sera toujours ainsi,
que la couleur rouge du Prunus Pissardi
ne se reproduira jamais? Non, évidemment,
mais cela démontre que ce caractère, si
constant pendant la végétation, est incons-
tant lorsqu’il s’agit du semis.
Un nouvel Aerides. — MM. Sander, de
Saint-Albans (Angleterre), ont introduit un
Aerides nouveau, et l’unique exemplaire
qu’ils possédaient, vendu tout récemment
aux enchères, à Londres, a atteint le chiffre
respectable de 6127 fr. 50.
Il a été acquis par Sir Trevor Lawrence,
le riche amateur Ijien connu.
La plante se, compose de six vigoureuses
tiges, bien garnies de feuilles d’un vert
foncé, larges de 5 centimètres. La grappe
de fleurs, retombante, mesurait environ
60 centimètres de longueur, au moment de
la vente. Elle portait 32 fleurs, presque toutes
épanouies à la fois. Ces heurs présentent
quelques-uns des caractères de celles du
rare A. Leonii, et aussi de VA. odoratum
très-répandu aujourd’hui. Elles exhalent
notamment le même délicieux parfum que
ce dernier.
Ces fleurs, longues de 5 centimètres, et
larges d’à peu près 4, offrent, dans toutes
leurs parties, une apparence cireuse. Les pé-
tales et sépales sont blancs, les derniers
pointillés de petites taches bien apparentes,
pourpre-améthyste. Le labelle large, trilobé,
a les ailes enroulées, blanc pur, avec le lobe
médian d’une riche couleur d’améthyste.
Chacun des lobes est terminé par des franges
délicates. L’apparence de la grappe entière,
avec toutes ses belles fleurs bien épanouies,
est d’un effet . remarquablement beau, et
V Aerides acquis par Sir Trevor Lawrence
dépasse de beaucoup sous tous les rapports
les autres Aerides connus jusqu’ici.
Ajoutons que la plante vient d’ètre nom-
mée, en l’honneur de lady Lawrence, Aeri-
des Laivrenciœ.
Plantes bulbeuses de l’Asie centrale.
Le docteur Albert Regel, fds du docteur
E. Regel, directeur du Jardin botanique
de Saint-Pétersbourg, poursuit le cours de
ses explorations scientifiques dans le Turkes-
tan. Il a déjà découvert un grand nombre
de plantes fort intéressantes. Aux environs
de Darwas, il a notamment collecté quatre
espèces nouvelles de Gagea, une espèce de
Corydalis, un genre intermédiaire entre les
Ornithogalum et les Rliinopetalwm, le Col-
chicum rubrum, le C. crociflorum, le Cro-
cus Korolkowi. Le docteur A. Pvegel a
dû parcourir ensuite la région qui s’étend à
l’est de Rokhara, région élevée et riche en
plantes nouvelles, et le résultat de cette
CHRONIQUE HORTICOEE.
exploration nous promet d’intéressantes nou-
veautés.
Rentrée des élèves à l’École natio-
nale d’Horticulture de Versailles. --
Cette rentrée a eu lieu le le** octobre. Les
élèves admis en première année ont subi, à
à leur arrivée, un examen de classement
dont voici le résultat :
1, Martinet, d’Azay-le-Ridoan (Indro-ot-
Loire) ; — 2, Duclobior, de Renac (1 Ile-et-Vi-
laine) ; — 3, Lacroix, de Montélimart (Drôme) ;
— 4, Courtois, de Montbard (Côte-D’Or) ; —
5, Velker, de Paris ; — 6, Hodier, de Cou-
tençon (Seine-et-Marne) ; — 7, Allary, de Jar-
nac (Gliarente) ; — 8, Tiger, de Paris ; —
9, Tiorcelin, de Versailles (Seine-et-Oiso) ; —
10, Clarac, de Foix, (Ariège) ; — 11, Gnille-
ininot, de Dijon (Côte-d’Or) ; — 12, Ramousse,
de Ferrolles-Attilly (Seine-et-Marne); — 13, Tri-
horeau, de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir);
— 14, Jullien, de Clerval (Donbs) ; — 15, Gliâ-
tel, d’Anflargis (Seine-et-Oise) ; — IG, Goyon,
de Courson-l’Annay (Seine-et-Oise); — 17, Bercy,
de Montaillé (Sarthe); — 18, Foisnean, de
Géaucé (Orne) ; — 19, Kauffer, dé Nancy
(Menrthe-et-Moselle) ; — 20, Thiault, de Ville-
neuve-siir-Yonne (Yonne); — 21, Routier, de
Troyes (Aube) ; — 22, Bellefaye, d’Angoulême
(Charente) ; — 23, Simon-Louis, de Metz ; —
24, Gasnier, de Montrenil-sur-Maine (Maine-et-
Loire).
Hors classement: Péluffo, de Buenos-Ayies
(République-Argentine) ; — Maciaszek, d’üscie-
Solne (Pologne-Autrichienne) ; — Allard, de
Paris ; — Michel, de Paris.
L’École, depuis dix ans qu’elle est ouverte,
a reçu 234 élèves appartenant à 54 dépar-
tements et à 7 pays étrangers. Le nombre
des élèves présents au l®'" octobre 1883,
époque de la rentrée, était de 53.
Rappelons que cette École, l’une des plus
utiles créations de nos jours, a déjà rendu
d’importants services, car, par suite de sa
bonne direction et surtout de l’ensemble de
ses études, les élèves qui en sortent sont,
non-seulement capables de former d’ex-
cellents jardiniers, rrnais des régisseurs de
domaines, des comptables même pour des
exploitations horticoles et agricoles.
Une seule chose nous paraît manquer à
cet établissement ; c’est un internat qui
assurerait aux parents une sécurité plus
complète, une surveillance, sinon pater-
nelle, au moins familiale, nécessaire à des
jeunes gens qui, jusque-là, n’ont guère
483
quitté leurs parents que pour aller au col-
lège.
Espérons que bientôt cette lacune sera
comblée, et alors bien des familles qui hési-
tent aujourd’hui s’empresseront d’envoyer
leurs enfants à l’école de Versailles, où ils
compléteront leurs études horticoles.
Le Vanda Lowii. — Nous avons récem-
ment décrit la superbe Orchidée, dont la
floraison vient de se produire à Ferrières,
grâce aux soins de M. Bergman, dans des con-
ditions de développement extraordinaires.
Ce fait n’est pas isolé, et cette plante,
qu’il serait plus correct de nommer Renan-
thera Lowii, est en fleurs actuellement,
avec une profusion encore plus surprenante,
dans les serres de M. le baron Hruby, à
Peckau, en Bohême.
M. B. Roezl, le célèbre voyageur collec-
teur de plantes, vient de nous écrire de
Prague, à ce sujet, et il nous donne de la
plante en question la description suivante :
Le Vanda Lowii de Peckau mesure
1«‘70 de hauteur sur 2 mètres de largeur ;
sa tige principale se partage en haut en
10 branches florales; 11 autres tiges florales,
partant de la base, complètent un ensemble
de 20 hampes garnies de fleurs, et ces
hampes, au moment de leur complet épa-
nouissement, à la fin d’octobre, mesureront
une longueur totale de 40 à 50 mètres. Cette
plante est confiée aux soins éclairés de
M. Skopec, jardinier en chef du domaine
de Peckau, qui a su l’amener à cet état par-
fait de développement, en vingt années de
culture judicieuse.
Le Renamthera Lowii est certainement,
dans ces conditions, une des plus belles
Orchidées connues ; ses gigantesques hampes
llexueuses, si étranges avec leurs fleurs
jaunes tachées de rouge foncé, et dont les
deux premières diffèrent toujours des autres
par la forme et la couleur, présentent un
spectacle unique dans le règne végétal.
Multiplication des Diospyros. — La
greffe est à peu près le seul moyen qu’il
convient d’employer pour multiplier les
Diospyros ; celle en fente sur D. Yirgi-
niana est la seule qui nous ait donné
d’assez bons résultats. Il y a pourtant, pa-
rait-il, un autre sujet qui peut également
être employé, c’est le Lotier d’Italie {Bios-
jnjros Lotus, L.) C’est, du moins, ce qu’in-
484
CHRONIQUE HORTICOLE.
dique la note suivante, que nous devons à
M. le comte de Castillon. Voici ce qu’il nous
écrit :
J'ai vu chez MM. Bonnamy, les horti-
culteurs bien connus de Toulouse, de jolies
greffes de Kakis japonais sur Diospyros Lotus.
Elles avaient été faites le printemps dernier à
œil poussant et sur vieux bois., le rameau cà
écussonner étant détaché du pied mère au mo-
ment même de l’opération.
Les Kakis étant des arbres dont les greffes
sont d’une reprise des plus fantasques à l’air
libre et sous les climats tempérés j’ai
cru devoir signaler cet heureux essai. Si j’ai
souligné les mots « vieux bois », ce n’est pas
sans intention. Voici ce qui m’est arrivé. De
tous les Diospyros et Kakis comestibles, le
plus docile au greffage (et j’ajouterai le meil-
leur à manger) est bien certainement le D.
coronaria. Or, le mois de mars dernier, j’ai
greffé, le môme jour, en fente, avec des scions
de cette variété, trois jeunes sujets de D. Vir-
giniana avec rabattage du greffon, et trois au-
tres forts sujets de la même espèce, en fente
double et à demi-tige . Ceux-ci avaient de
8 à 10 centimètres de diamètre. Pas une des
premières greffes n’a réussi, tandis que pas
une des secondes n’a manqué. Cependant, en
faisant - l’opération, j’avais plus d’espoir dans
les premières. Expliquez donc cela?
Il y aurait peut-être lieu d’essayer cet écus-
sonnage à œil poussant et sur vieille écorce,
pour le Noyer, dont la sève, comme celle du
Diospyros, contient beaucoup de suos tan-
niques.
Veuillez, etc.
Cte de Castillon.
Il y a dans cette intéressante communi-
cation, dont nous remercions sincèrement
l’auteur, plusieurs faits sur lesquels nous
croyons devoir appeler l’attention. Le pre-
mier porte sur le D. Lotus recommandé
comme sujet. A Paris, nous avons toujours
très-mal réussi en le prenant comme tel et
même les quelques individus qui repre-
naient ne vivaient pas longtemps. Il en est
donc autrement ailleurs. D’une autre part,
toutes les graines que nous avons reçues du
Japon, sous le nom de D. coronaria, nous
ont toujours donné des sujets analogues ou
plutôt identiques au Diospyros Virginiana,
type ou variétés. Faisons toutefois remar-
quer que ces quelques observations n’en-
lèvent en rien la valeur des dires de M. de
Castillon, dont on devra, au contraire, tenir
un très-grand compte.
Helichrysum rosmarinifolium (1). —
Ce joli arbuste, originaire de la Tasmanie et
de l’Australie, où il croît à une altitude
très-élevée (1300-2000"'), rendra de grands
services dans le midi de la France. Il forme
des] touffes qui Jat teignent 2 et 3 mètres
de hauteur. Son feuillage, qui ressemble
beaucoup comme forme et grandeur à celui
du Romarin commun, est vert foncé. Ses
rameaux se couvrent littéralement de pa-
quets de jolies petites fleurs blanches, en
étoiles. L’ensemble est des plus élégants.
Le Gardeners’ Chronicle nous apprend que
des essais d’acclimatation de VH. rosmari-
nifolium ont parfaitement réussi dans les
parties méridionales de l’Angleterre, ce qui
nous engagera à le cultiver dans l’ouest et le
midi de la France.
Phalangium lineare foliis varie-
gatis. — Dans une lettre qu’il vient de
nous adresser M. Adolphe de Kunkler ,
d’Este (Italie), appelle l’attention sur une
(( excellente plante d’appartement qui sert
admirablement à orner les corbeilles ou
vases: c’est la charmante Asphodelée du
Cap, indiquée dans les catalogues sous le
nom de Phalangium lineare foliis argen-
teo marginatis, ou tout simplement P. li~
neare foliis variegatis. »
Après cette entrée en matière, notre
correspondant donne, sur cette plante, les
intéressants détails que voici :
FeuM. Van Houtte, dans le 21® volume
de la Flore des serres, donne une planche co-
loriée de cette Asphodélée du Gap, la désignant
sous le nom de Chlorophytum elatum, Brown,
tout court. En outre, il lui porte comme syno-
nymes les noms suivants :
Chlorophytum elatum, Brown. (Kunth,
Enurn. IV, C04.)
Chlorophytum elatum, Kunth. IV, Gé-
néra, 602.
Anthericum elatum Aiton, Kew, I, 448.
(Mill. le., tome 56. Willd., Spec., II, 138.)
Phalangium elatum. Red. LU. t. 191.
(Poir. Encycl. V, 248.)
Phalangium fastigiatum, Poir., Encycl.
V, 246. Eide Redouté.)
Asphodelus Capensis, Linn., Syst. et 10,
982. Gap. b. Spei 4 (An hue Brège, Herh. cap.
no 8719, b.)
Phalangium lineare, f. 25, Jean Verschaf-
felt.
(1) Ozothamnus rosmarinifolius, D. G. Ptxd.
vol. VI, p. 165; Hook. Flora of Tasm. vol. I, p. 205.
CHRONIQUE HORTICOLE.
485
Plialangiiim fastigiatiim, Poir.
Antlicricum variegatam, Floral Magazine^
1179.
Dans des ouvrages allemands, je trouve d’au-
tres synonymes encore; le Choroi^hgtum elatum
argoit. marg. — Anthericum variegatiirn. —
Anthericum Williamsii. — Plialangium ele-
gans pictmn. — Chlorophytum Sternbcrgia-
uum et d’autres encore.
J’ai remarqué que chaque feuille du Chloro-
phytum elatum figuré dans la Flore des serres,
porte invariablement deux lignes blanches, bien
distinctes, tandis que mes P. lineare ont
tous une seule, mais large bordure blanche.
Seraient-ce deux plantes voisines, mais pour-
tant différentes ?
Je vous serais bien reconnaissant, si vous
vouliez avoir l’extrême obligeance de dé-
brouiller ce chaos, et de vouloir me faire con-
naître le vrai nom que doit porter cette belle
plante, qui, de loin, à l’aspect d’un Pandanus
Veitchi, et si, par hasard, les Chlorophytum et
les Phalangium sont deux plantes voisines
mais distinctes.
Agréez, etc. Adolphe de Kunkler.
A ces synonymies, déjà très-nombreuses,
nous aurions pu en ajouter encore, ce qui
n’eût pas éclairé la question, au contraire.
Quant au nom générique à adopter, nous
croyons qu’il vaudrait mieux admettre celui
de Chlorophytum proposé par Ker (1) et
adopté par la plupart des botanistes. D’une
autre part, la plante en question ne doit
être considérée que comme une variété, ce
qui pourrait bien infirmer la plupart des
synonymies qu’on lui a attribuées.
Mais quoi qu’il en soit, c’est une plante
des plus ornementales, et M. de Kunkler a
grandement raison de la recommander.
Rhododendron hybride nouveau. —
M. A. Waterer, l’habile cultivateur de Knap
Hill, édite un Pdiododendron nouveau, dont
l’un des parents est le R. Aiicklandi, du
Sikkim Himalaya, auquel il ressemble par
la forme et la couleur de ses fleurs, qui
sont cependant un peu plus petites, et
marquées de légères taches rose tendre
sur leur segment supérieur.
Ce Pvhododendron forme un arbuste haut
d’environ 30, et est, paraît-il, très-rus-
tique. Il n’est pas encore nommé.
(1) Ker, Bot. Mag., t. 1535. - R. Br , Prodr.,
277. — Lindl., Bot. Reg., t. 8l3. — Phalan-
gii sp.. Redouté, UJ.iacées, t. 191. — Asphodeli
sp., Linn. Mil!., le., t. 5G. — Hartwegia, Nees,
in N. A. K. C., XVII, 392.
Le commerce horticole et le phyl-
loxéra. — Nous sommes en mesure de
donner une bonne nouvelle, toute récente,
aux horticulteurs :
Le modèle uniforme de certificat d’ori-
gine qui devra accompagner les envois de
plantes à destination de l’étranger va être
adressé par le Ministre de l’agriculture,
d’ici huit jours, à tous les préfets et à tous
les maires de France. On n’aura donc plus
à craindre désormais, dans les bureaux de
douane, les difficultés de toute nature qui
résultaient de la fausse interprétation des
dispositions essentielles de la Convention de
Berne.
Ainsi se trouve réalisé — nous le consta-
tons avec empressement — le vœu formé
par M. Louis Leroy au Congrès interna-
tional de Gand, en avril dernier.
Marché aux fleurs permanent. —
C’est à Saint-Étienne, sur une grande place
publique, près du square Marengo, que se
tient ce marché, unique, peut-être, dans
son genre. Comme marché, il n’a pour-
tant rien d’extraordinaire ; les plantes sont
exposées en plein air, de même que les mar-
chands, qui cependant ont la liberté de
s’abriter à leur gré soit dans une guérite ou
de toute autre manière. Ce qui particularise
ce marché c’est sa permanence ; une fois le
beau temps arrivé, les fleuristes s’installent,
apportent leurs plantes, qui ne s’en vont
guère que pour aller chez le client. Les
personnes qui y ont une place viennent
tous les matins, arrangent leur marchandise
c’est-à-dire la disposent sur le sol en gra-
dins, de manière à en faciliter le choix,
puis attendent la clientèle. Le soir arrivé,
les marchands s’en vont chez eux, sans
aucun souci pour la nuit; le matin ils re-
trouvent les choses en l’état où ils les ont
laissées, si ce n’est parfois quelques pots
renversés par les chiens et les chats. Mais
jamais, nous ont dit les fleuristes que nous
avons questionnés, on ne leur dérobe rien.
Il va sans dire que ceux qui le veulent ont
la liberté de remporter leur marchandise le
soir, en totalité ou en partie, mais en géné-
ral, paraît-il, cela ne se fait guère que pour
les plantes délicates qui pourraient souffrir
pendant la nuit. Pas d’autres constructions
(du moins lorsque nous l’avons visité le
septembre 1883) que deux petits kios-
ques ou chalets, fermés et vitrés, loués par
486
CULTURE DES CENTRADÉNIAS.
des fleuristes qui s’y tiennent le jour et où
ils vendent des bouquets, des graines, des
oignons à fleurs, du terreau, etc. C’est vrai-
ment là un marché patriarcal !
Panorama pour l’histoire naturelle.
— Parmi les nombreuses améliorations qui
doivent être apportées au Jardin d’Accli-
matation du Bois de Boulogne et dont le
projet est arrêté depuis longtemps, il en
est une dont nous pouvons parler parce
qu’elle a reçu un commencement d’exécu-
tion.
C’est un panorama gigantesque (42 mètres
de diamètre), paléontologique et zoologique,
où le public pourra voir se dérouler toutes
les grandes époques de la création, et où,
sans aucune fatigue, il verra défiler les ani-
maux et les végétaux d’un monde qui n’est
plus, assister à ces grandes scènes dont
aucune description ne peut donner une idée,
et voir revivre ces êtres si étranges dont
il a entendu parler et qui semblent des
ébauches de ceux qui existent aujourd’hui.
Ce sera un heureux complément de cet éta-
blissement déjà si remarquable à tant de
points de vue, une sorte de trait d’union re-
liant le passé au présent.
Ce panorama sera achevé et livré au pu-
blic vers le mois de mars 1884. Il est placé
vers l’extrémité du jardin où autrefois se
trouvaient les Vignes, qui ont été transpor-
CULTURE DES
Ces charmantes petites Mélastomacées
conviennent surtout aux cultures des ama-
teurs qui n’ont quelquefois que des serres
assez restreintes. Leurs fleurs sont indivi-
duellement de courte durée, mais elles sont
nombreuses et se succèdent sans interrup-
tion pendant plusieurs semaines. Leurs
feuilles sont longues et étroites, bien pro-
portionnées aux dimensions des plantes,
vert foncé en dessus, rouge foncé bu violet
en dessous. On emploie fréquemment pour
les garnitures leurs rameaux coupés, et bien
que les plantes demandent une certaine cha-
leur, ces rameaux, aux feuilles si brillam-
ment colorées, conservent toute leur beauté
dans l’eau, pendant un mois au moins, dans
une pièce peu ou point chauffée.
Soi. — Les Centradénias demandent soit
une terre tourbeuse, soit une terre franche,
tées sur un autre terrain dans de meilleures
conditions culturales.
Nécrologie. — Notre collaborateur,
M. Jean Sisley, nous adresse la triste com-
munication suivante :
L’horticulture américaine vient de perdre un
de ses plus fervents adeptes. H.-B. Ellwanger,
de Rochester (États-Unis), y est décédé à l’âge
de 32 ans.
C’était un horticulteur éclairé, zélé et loyal,
qui avait la passion de son art, et qui, par ses
écrits et par sa parole, cherchait à répandre le
goût des fleurs, et pi’incipalement celui des
Roses, non seulement dans un but commercial,
mais dans un but social; il était de ceux qui
pensent et croient que le culte de Flore a sur
tous les autres l’avantage d’unir les hommes
de toutes les conditions et de toutes les natio-
nalités, d’adoucir les mœurs et d’enseigner le
goût du bien, du beau et du vrai.
Aussi est-il vivement regretté par ceux qui
l’ont connu ou qui ont eu quelques rapports
avec lui.
M. Ellwanger a publié l’an dernier un très-
remarquable ouvrage sur le genre Rosier, qui
du reste était l’objet de sa prédilection.
Il s’occupait depuis quelque temps de la
fécondation artificielle des Roses, mais mal-
heureusement il a été enlevé trop tôt, car avec
sa rare intelligence, il serait probablement
arrivé à doter l’horticulture de gains très-
remarquables.
E.-A. Carrière et Ed. André.
CENTRADÉNIAS
OU enfin un mélange des deux ; mais nous
avons remarqué que les plantes sujettes à
perdre leurs boutons à fleurs sont plus
exposées à cet inconvénient lorsqu’elles
se trouvent dans une terre tourbeuse, que
lorsqu’on emploie la terre argileuse et
poreuse.
Ils s’enracinent facilement par boutures
faites au printemps ou en été, lorsque le
bois est à moitié dur ; cependant, il est pré-
férable d’opérer de bonne heure. Si les bou-
tures sont faites au mois de mars, et repi-
quées dans des godets que l’on aura bien
drainés, puis que l’on aura emplis, jusqu’à
3 centimètres du bord supérieur, avec un
tiers de terre franche tamisée et deux tiers
de sablon blanc, le tout recouvert, jusqu’au
bord du godet, par une couche de 3 centi-
mètres de sable, ces boutures, placées à une
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
487
chaleur de 15 degrés, seront enracinées en
quinze jours ou trois semaines.
Les boutures ne seront pas complètement
privées d’air, car cela exposerait leurs
feuilles à pourrir. Quand les racines sont
développées, on habitue graduellement les
jeunes plantes au grand air de la serre, et
aussitôt que les godets sont bien garnis de
racines, on rempote les Centradenia dans
des pots de 12 centimètres de diamètre, en
employant une terre argilo-tourbeuse, bri-
sée en fragments de la grosseur d’une forte
noisette, et additionnée d’un cinquième de
sable.
On les place sur une tablette où ils
pourront recevoir la plus grande quantité
possible de lumière ; mais on ombre légère-
ment lorsque le soleil est ardent. La tempéra-
ture sera réglée à 12» pendant la nuit et 17^
au plus pendant le jour. Un seul petit tuteur
soutiendra la tige principale; on pincera
l’extrémité des rameaux les plus allongés
pour rendre les touffes plus compactes, et
cela à deux ou trois reprises, pendant l’été.
L’air doit être donné abondamment. Toutes
les après-midi, pendant leur période de vé-
gétation, les Centradénias seront bassinés
copieusement, tout en arrosant de même les
racines. Vers le commencement de juillet,
on rempote dans des pots de 15 à 18 centi-
mètres, car il nécessaire que ces pots soient
complètement garnis par les racines avant
la fin de l’automne, sans quoi, par suite
d’une végétation trop tardive, le bois mûri-
rait insuffisamment, et la floraison serait
plus ou moins compromise. '
On emploie le même sol que pour le rem-
potage précédent ; on continue le même
traitement, tout en diminuant naturelle-
ment les bassinages et l’ombrage.
Lorsque la durée des jours diminue, on
réduit peu à peu la chaleur : 10 à 12" pen-
dant la nuit avec une légère augmentation
dans le jour, devront être maintenus.
Lorsque les boutons à fleurs commencent
ESSAI SUR LES m
Le Mandevïllea suaveolens, 'vigoureux
autant que rare maintenant, s’accommode
très-bien d’un jardin d’hiver, où il y a de
l’espace. Nous l’avons vu, non pas couvert
de ses fleurs blanches dont il n’est pas pro-
(J) Voir Bevue horticole^ 1883, pp. 318 et 391.
à se gonfler, on place les plantes aussi près
que possible du verre, sans que toutefois
elles y touchent ; entre autres avantages,
cette disposition présentera celui d’assurer
aux fleurs un coloris plus brillant. A ce
moment, un arrosage par semaine avec un
engrais liquide de force moyenne produira
un très-bon effet. On met pendant quelque
temps une partie des Centradénias dans un
endroit plus froid, de manière à obtenir plus
tard une floraison successive.
Il est bon chaque année d’élever un nou-
veau stock de jeunes plantes, afin de n’être
pas obligé de conserver les vieilles; toute-
fois, on gardera quelques-unes de ces der-
nières, pour les décorations en rameaux ou
fleurs coupées, de même que pour servir
de mères au moment de la multiplication par
boutures.
Les ennemis des Centradénias sont nom-
breux. On les débarrassera facilement des
araignées rouges, desthrips et des pucerons,
au moyen des bassinages, et au besoin en les
plongeant dans une faible dissolution d’in-
secticide. Quant aux punaises farineuses et
aux cochenilles, on détruira les premières
en mettant les plantes sur le côté et en les
seringuant abondamment avec de l’eau tiède ;
on emploiera pour les secondes une petite
brosse douce.
Le C. rosea est originaire du Mexique,
d’où il a été introduit il y a environ 30 ans.
C’est une fort jolie espèce d’ailleurs bien
connue et très-cultivée pour la production
des fleurs coupées.
Le C. florihunda^' du Guatémala, a les
fleurs plus grandes, plus abondantes, d’une
belle couleur pourpre-violet. Les feuilles de
cette espèce sont aussi lavées de pourpre à
leur face inférieure.
Le C. grandifiora est une jolie plante,
mais cependant moins recommandable que
les deux espèces précédentes.
Baines.
{Traduit du Garden.)
NTES GRIMPANTES
digue, mais assez fleuri, pour regretter qu’il
ne soit pas plus répandu. Outre la grandeur
et la blancheur éclatante de ces fleurs,
elles dégagent une odeur dont la suavité
justifie le qualificatif donné à cette espèce.
Les xirauja {Physianthus albens, fig. 97) ,
488
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
misérables en pots, sont beaux en pleine
terre, où ils prennent moins d’insectes, et
ouvrent leurs curieuses fleurs d’un blanc
légèrement carné.
Il en est de même du Dillenia ou Hih-
hertia volubilis aux belles fleurs jaunes.
Ajoutons ici qu’une des causes de la
mauvaise végétation de toutes ces plantes
réside aussi dans l’emploi presque exclusif
de la terre de bruyère. La plupart sont
douées d’une vigueur qui s’accommode assez
mal d’un sol aussi maigre. Chacune peut
avoir des préférences, mais un petit nombre
exigent réellement la terre de bruyère, et
la coutume de soumettre toutes les plantes
de serre à
ce traite-
ment est
assez géné-
rale chez
nous. Voici,
entre au-
tres, un
genre dont
la vigueur
demande un
sol riche :
les Tacso-
nia. Ce sont
de belles
plantes, flo-
ribondes
lorsqu’elles
sont dans
une serre
tempérée fa-
cile à aérer ;
en serre
chaude,
elles poussent grêles et sont attaquées par
une foule d’insectes, sans donner de fleurs ;
celles-ci, d’une teinte rose rougeâtre ou rouge
vif, selon les espèces, sont curieuses par
leur forme de Passiflores, à part la longueur
du tube de la corolle.
Dans les plantes de même tempérament,
nous trouvons aussi le Solanum jasmi-
noides, très-répandu dans le Midi, où il
forme des guirlandes magnifiques. Ses
fleurs blanches sont petites, il est vrai, mais
leur nombre et surtout leur continuité, qui
est presque indéfinie, rachètent un peu ce
défaut.
On pourrait également classer ici le
Plumbago cœrulea, aux jolies fleurs bleu
clair ; mais pour le voir beau, il faudrait
pouvoir enlever les châssis des serres pen-
dant Tété, son tempérament ayant beaucoup
d’analogie avec celui du Fuchsia. Cepen-
dant nous nous rappelons avoir vu de
magnifiques floraisons sur de très-vieilles
plantes palissées le long d’un mur ou atta-
chées autour des colonnes d’une serre tem-
pérée froide.
Grâce à un tempérament exceptionnel,
VHoya carnosa est du reste un peu plus
répandu. Sa floraison curieuse, composée
d’ombelles de fleurs en étoile d'une nature
cireuse et charnue, blanches et odorantes,
le fait même rechercher, ce qui est rare pour
les plantes
grimpantes.
Ne deman-
dant qu’une
chaleur re-
lativement
très - modé-
rée, peu
difficile sur
le sol, il
se prête à
tout, même
à la culture
en pots,
et c’est,
croyons-
nous, cette
facilité de
culture qui
l’a empê-
ché de dis-
paraître
comme tant
d’autres.
Dans les serres tempérées chaudes on
regrette la disparition des Methonica, dont
les grandes et très-curieuses fleurs jaune
clair, sont si intéressantes. Ces plantes,
assez connues aujourd’hui, n’ont jamais,
du reste, été répandues, on ne sait trop
pourquoi, car leur culture ne nous a jamais
paru difficile.
Un peu plus délicats sont les Bomarea,
dont nous n’avons rarement vu de beaux
exemplaires. Ces curieuses et belles Amaryl-
lidées ont du reste toujours été rares.
Ici, la plupart des Passiflores fourniraient
au jardin d’hiver leur ]dus belle parure.
Les Passi/lora ISeumanni, (fig. 98),
palmata, PrincepSj kermesina surtout,
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
489
sont de magnifiques Lianes qui s’accommo-
dent de toutes les positions, lorsqu’elles peu-
vent atteindre la lumière. On les prétend
encombrantes ! Mais on les taille, on les ra-
bat même à volonté, et elles s’accommodent
de tout cela. Parmi celles qui exigent un
peu de chaleur, on trouve autant de vigueur
et plus de richesse dans la Heur. Les P.
alata et les variétés qui s’y rattachent :
amabiliSj Decaisneana, etc., sont admi-
rables par la grandeur de leurs fleurs et la
brillante parure de leur collerette. Ici en-
core on constate
que l’abandon des
plantes grimpan-
tes que nous dé-
plorons a eu pour
résultat la dispa-
rition d’une cu-
rieuse petite Pas-
siflorée, le Mu-
rucuja ocellata,
charmante petite
plante aux feuilles
bizarrement tail-
lées, et aux jolies
fleurs rouges.
Nous l’avons cher-
chée en vain,
même en An-
gleterre.
Nous ne par-
lons pas des
Bougainvillea
comme plantes
grimpantes, chez
nous. Il n’y a rien
à en attendre
dans le Nord.
Quand on a vu la
splendeur de flo-
raison de ces vé-
gétaux dans le Midi, on reste ébloui, mais
découragé. Question de climat, d’atmos-
phère, de lumière peut-être.
La tribu des Ipomées, qui offre de si
belles plantes dans le Midi, donnerait aussi
dans nos serres des résultats curieux ; mais
ces plantes sont à peu près inconnues, et il
en est de même de leurs fleurs, excepté
pour les quelques rares amateurs qui en
possèdent de forts sujets, quand par hasard
un automne chaud et long succède à un
véritable été.
Nous retrouvons encore les Aristoloches,
mais cette fois avec des fleurs énormes ou
de formes extraordinaires. Les A. Duchar-
treiy grandis, ornithocephala, etc., se
plaisent mieux en serre tempérée qu’en
serre chaude, où l’araignée rouge les fatigue
et arrête leur végétation, ainsi du reste que
cela arrive pour les Convolvulacées citées
plus haut.
Ces fleurs d’Aristoloches sont vraiment
des plus singulières. Celles de VA. orni-
thocephala, présentent une sorte de bec
d’oiseau, surmontant un sac veiné de brun
sur fond jaunâ-
tre ; VA. grandis
rappelle un cas-
que brun; mal-
heureusement les
fleurs de toutes
les espèces déga-
gent une odeur
peu agréable.
Les Cleroden-
dron Thompso-
nœ, Balfouri et
speciosum sont
de véritables mer-
veilles pour les
jardins d’hiver et
les serres où l’on
peut les faire
courir près des
vitres. Leurs in-
nombrables et
magnifiques inflo-
rescences, com-
posées de fleurs
rouge vif, à calice
blanc pur pour
les premiers, et à
calice rose pour
les seconds, pla-
cent ces plantes
au premier rang pour l’ornementation. Elles
sont connues, mais trop peu répandues en-
core, ce qui peut surprendre, car elles
devraient servir aux décorations florales
comme fleurs coupées.
Par exception aussi, les Clérodendrons se
prêtent assez volontiers à la culture en pots,
sur des ballons en fil de fer ; mais, en
somme, leur vigueur réclame la pleine terre.
On trouve aussi les Hexacentris, cu-
rieuses Acanthacées presque toujours culti-
vées en pots, où elles ne fleurissent que
très-rarement, mais où, en revanche, elles
‘ VARIÉTÉS DE
prennent foutes sortes d’insectes. En pleine
terre, au contraire, nous voyons VH. Mijso-
rensis produire en quantité ses curieuses
grappes pendantes de grandes fleurs, de
forme bizarre, et d’une couleur mordorée
sur fond jaune, qui rappelle certaines Pén-
sées ; parfois elles sont entièrement jaunes.
Cette plante est aussi ancienne que peu
connue.
Et les Cactées ? Où trouve-t-on mainte-
nant ces splendides Cereus Mac-Donaldiæ ,
triangularis, nycticalus, avec leurs im-
menses corolles extraordinairement grandes,
formées de sépales blond maïs, de pétales
blanc pur, avec un faisceau d’étamines
d’une finesse et d’un brillant inouis. Ces
VARIÉTÉS D:
Chaque année, les marchands grainiers
annoncent sur leurs catalogues, des va-
riétés de Pois, naines et hâtives, qu’on
recommande comme étant propres à être
cultivées sous châssis. D’après les descrip-
tions qu’on a faites de ces variétés il est
souvent difficile, — ou plutôt impossible —
de les distinguer; le seul moyen pour arriver
à cette constatation, c’est l’expérience, ce
qui nous engage à faire connaître les prin-
cipaux caractères que nous ont présentés
les quelques variétés suivantes.
Pois ridé très-nain, à bordures. —
Plante naine, un peu irrégulière dans sa
végétation, de 15 à 20 centimètres de hau-
teur, d’un vert foncé. Hâtive. Gousses de
force moyenne.
Merveille d' Amérique. — Plante trapue,
atteignant de 12 à 15 centimètres de hauteur,
de croissance très-régulière. Cosses souvent
solitaires, droites, renflées, très-pleines.
Tige et feuillage robustes, d’un vert foncé.
Vrilles peu développées ou nulles.
Cette variété, l’une des plus naines et des
plus hâtives, ne remonte pas, de sorte qu’on
peut ne faire qu’une cueillette; elle est donc
très-avantageuse pour le forçage.
Très-nain à châssis. — Cette variété,
de croissance un peu irrégulière, est un
peu plus tardive que les précédentes ; sa
floraison se prolonge aussi plus longtemps ;
la plante est plus maigre et plus vrilleuse.
Les fleurs, généralement solitaires, produi-
sent des cosses belles, moyennes, bien
pleines.
POIS NAINS.
fleurs sont éphémères, et, en outre, ne
s’ouvrent que la nuit. Grave défaut, sans,
doute. Mais combien il est agréable d’ad-
mirer une guirlande de Cereus grandi flo-
rus, ouvrant 10 ou 15 fleurs à la fois, qui
répandent une odeur de vanille d’une sua-
vité exceptionnelle.
Que faut-il à ces malheureuses délais-
sées ? Les planter et s’en occuper le moins
possible. La sécheresse, l’humidité, les al-
ternatives de chaleur plus ou moins accu-
sées, elles supportent tout cela ; parfois
même elles n’ont plus le pied en terre et
se nourrissent à l’aide de leurs racines aé-
riennes.
J. Batise.
! POIS NAINS
Minimum. — Assez semblable à la pré-
cédente, cette variété est très-naine (environ
15 centim.). Feuilles ovales-elliptiques, les
supérieures sensiblement vriltées. Cosses
assez belles. Nous a paru peu produc-
tive.
Early Erlinger. — Variété hâtive à fleu-
rir, mais à cosse très-petite. Plante extrême-
ment grêle, d’environ 35-45 centimètres de
hauteur. De nulle valeur.
Très-nain de Bretagne. — Plante rela-
tivement naine, bien qu’inégale en dévelop-
pement. 'figes en zigzag, couchées, d’envi-
ron 35 centimètres de hauteur. Fleurs
réunies par deux, se succédant pendant
assez longtemps. Cosses très-petites.
Celte variété est très-tardive. Plantée en
même temps que les précédentes, elle donne
ses produits au moins quinze jours plus
tard. Plante de second ordre.
Nam vert gros. — Plante demi-naine
s’élevant de 40 à 50 centimètres, à feuilles
assez grandes, d’un vert glauque bien pro-
noncé. Fleurs généralement réunies par
deux, très-rarement solitaires. Cosses rela-
tivement fortes, d’environ 6-7 centimètres,
assez larges.
Cette variété, robuste et très-productive,
est au moins plus tardive de huit jours que
la variété Merveille d'Amérique.
Les variétés Très-nam à châssis et Mi-
nimum, qui mûrissent à peu près ensemble
et diffèrent peu comme dimensions, sont
très-productives et peuvent donner pendant
plus d’une semaine si les plantes sont pla-
LES DAHLIAS SIMPLES.
cées dans un terrain un peu fort ou si on
les maintient un peu à l’eau.
En plantant en pleine terre le même
jour l’une ou l’autre des trois variétés
491
naines mention nées ci-dessus ou bien toute
•les trois, et le Nam vert gros, on peut pen-
dant plus d’un mois cueillir continuellement
des Pois verts. E.-A. Garpjère.
LES DAHLIAS SIMPLES
Le besoin de changement dans les objets
de luxe, qu’on l’appelle mode ou engoû-
ment, fait commettre de grandes erreurs,
mais le bon sens, d’une manière plus ou
moins rapide, sape les réputations éphé-
mères, et fait retomber dans l’oubli ce qui
aurait dû ne jamais en sortir.
Les plantes sont sujettes à ces fortunes
. variables, et telles d’entre elles qu’il y a
dix ans on aurait arrachées sans pitié de
tout endroit où elles auraient osé se mon-
trer, sont aujourd’hui très-recherchées, et
bien souvent à juste titre. •
Au nombre de ces dernières sont les
Dahlias simples, dont les fleurs si élégam-
ment portées, si bien faites, possèdent les
coloris les plus variés et les plus brillants.
En France, ces belles plantes commen-
cent un peu à se répandre, mais nous de-
vons reconnaître que les amateurs et culti-
vateurs anglais sont entrés les premiers dans
cette voie; aussi nous semble-t-il intéres-
sant de publier des extraits d’un article que
vient de publier sur ce sujet le Gardeners'
Chronicle.
Pendant de longues années, les semeurs
éliminaient de leurs produits et détruisaient
tous les Dahlias à fleurs demi-doubles ou
simples. L’élégance et la variété du port, la
diversité et la puissance du coloris n’y fai-
saient rien : la fleur était simple ou à peu
près, et par suite indigne de vivre. Cette
rigueur a certainement produit de bons
effets. C’est à elle que l’on doit ces beaux
Dahlias doubles, à fleurs si pleines, si com-
pactes, si grandes, de couleur quelquefois
vives, mais plus souvent fondues, mélan-
gées, amollies, pour ainsi dire.
Le reproche principal que l’on peut
adresser aux Dahlias doubles, c’est que leurs
fleurs, trop régulières , semblent artifi-
cielles.
Rien de semblable pour ceux à fleurs
simples, et il est facile de prévoir que d’ici
à deux ou trois armées au plus, ils occupe-
. ront une très- large place dans la décoration
automnale des jardins.
En effet, à l’époque où le Dahlia brille
dans tout son éclat, et où les Chrysanthèmes
commencent à peine à fleurir, la plupart des
plantes à belles fleurs sont presque passées.
Malgré les pincements, la floraison est
maigre, et la verdure, irrégulière et abon-
dante, prend le dessus.
Les plantes à feuillage ornemental pro-
duisent seules leur maximum d’effet, et les
Dahlias à fleurs simples apportent une note
gaie au milieu de la tristesse croissante qui
s’empare de la nature.
Leur utilité est très-grande également
pour la confection de bouquets, garnitures
de vases, surtouts de tables, etc., et les cou-
leurs chaudes de leurs fleurs produisent un
fort bel effet dans les appartements.
La forme, ainsi que la grandeur des
fleurs de ces Dahlias, sont très-variables ;
suivant le but recherché, le choix sera
facile entre les nombreuses variétés con-
nues aujourd’hui.
Une des plus jolies formes, qui est en
même temps bien distincte, est le D, hego-
nioides, dont les fleurs, vues à une cer-
taine distance, ressemblent à celles du Be~
gonia Boliviensis. Les ligules sont étroites
et pointues, d’une forme particulière, et leur
couleur est généralement orange ou cha-
mois.
Les Dahlias Poppy sont aussi bril-
lants que les Pavots les plus vifs de tons.
Les variétés qui composent ce groupe sont
naines, très - florifères, à fleurs grandes,
d’une jolie forme, un peu retombantes. Elles
seront très-employées pour la confection des
bordures, ainsi que pour la culture en pots.
Le D. Lucy Goldworth Fish est une va-
riété fort jolie et bien distincte à pétales
blancs bordés de rouge écarlate.
Les Dahlia Cactus, aux pétales irrégu-
liers, aux brillantes couleurs, sont précieux
pour la confection de bouquets de même
que pour tout autre emploi décoratif. Leurs
fleurs se rapprochent beaucoup de ces beaux
Chrysanthèmes chinois bizarres, si appré-
ciés aujourd’hui.
492
PHILODENDRON MAMEI.
Dans une exposition spéciale, qui vient
d’avoir lieu dans les jardins de la Société
royale d’horticulture de Londres, les va-
riétés suivantes de Dahlias simples ont été
surtout remarquées.
Parmi les rouges écarlates ou cramoisis :
Beautij of Cambridge, Roh-Roy, Fire-
ball , gracilis perfecta, Morning Star,
Hxmtsman , Dash , Sunrise , Pimicea , ’
Countess Doneraile ; cette dernière variété,
très-jolie, rouge cramoisi marqué de rouge
magenta.
Dans les rouges orangés ou saumonés :
gracilis elegans et Firefly.
Magenta et mauve : Reatrice, Nord,
Duke of Teck, Mauve Queen.
Jaune : Royal Angus, Yellow Queexi,
Yellow Gem, aurata, lutea et Gonziola.
Oranges jaunes légèrement pointillés de
rouge : Pink Helen, Mac Gregor.
Blancs : Marchioness of Westminster,
White Gem, Merckii.
Mauves : Little Nymjjh, Little Lily.
Les variétés suivantes, bien distinctes.
attiraient grandement l’attention : Juarezi,
variété ancienne, coloris ardent rouge in-
tense; Zinnia, cramoisi brillant; M, Rur-
hidge, pourpre foncé ; Pantaloon, rayé
de blanc et de cramoisi; Cypria, cramoisi
orangé ; ütility, rouge orangé foncé ;
Union Jack, blanc et cramoisi ; Ruffalo,
orange saumoné brillant; Christine, mauve;
Cetewayo , brun marron très - brillant ,
et Rarkway , cramoisi orangé, marginé
d’orange chamois foncé.
Dans un article précédent, en parlant de
l’Exposition de Tours, nous avons conseillé
de choisir, surtout parmi les Dahlias sim.-
ples, les variétés à coloris éclatants, au
point de vue décoratif pour les jardins.
Nous réitérons ce conseil, et recomman-
dons principalement la section dite des gra-
cilis, à beaux capitules écarlates. Pour les
collections d’amateurs, on pourra étendre
davantage la liste , et l’énumération qui
précède rendra, sous ce rapport, quelque
service aux collectionneurs.
Ed. André.
PHILODENDRON MAMEI
Cette superbe Aroïdée nouvelle, que M.
Ed. André vient d’introduire directement
de l’Ecuador, et qu’il a publiée pour la pre-
mière fois dans ce journal (1), est une des
plus distinctes, des plus vigoureuses et des
plus faciles à cultiver qui se puissent ren-
contrer dans le genre Philodendron. Elle a
été justement dédiée, par l’auteur, au célèbre
imprimeur de Tours, M. A. Marne, grand
promoteur de l’horticulture française.
La Revue horticole, en donnant aujour-
d’hui le portrait chromo-lithographique du
Philodendron Mamei, Ed. André, doit faire
une remarque sur les dimensions de la
plante. En etïet, l’aquarelle faite l’an dernier
par M. Godard, d’après un jeune exemplaire,
ne saurait donner une idée de la beauté du
feuillage cordiforme, lustré et marbré de
celte Aroïdée, et surtout de ses propor-
tions, quatre fois plus grandes que celles de
la feuille représentée ci-contre.
La plante a d’ailleurs été exposée cette
année en France, à plusieurs reprises : en
janvier, au Comité de floricullure de la
Société nationale d’horticulture de France,
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 104, descrip-
tion et port de la plante.
à Paris, où elle a obtenu une prime de
première classe; à l’Exposition générale
de la même Société, en mai dernier, aux
Champs-Élysées, où elle faisait partie du lot
de six plantes de nouvelle introduction qui
a remporté le premier prix (médaille d’or);
à Tours, à l’Exposition de Septembre de la
Société tourangelle d’horticulture, où le
premier prix des plantes nouvelles (médaille
de vermeil) lui a été attribué.
Nous ne pouvons mieux faire que de re-
produire ici la description de cette espèce,
rédigée par son introducteur dans l’article
précité de la Revue, en ajoutant cependant
que le pied-mère, depuis cette époque
(pr mars 1883), a atteint des dimensions
beaucoup plus considérables, et est devenu
un véritable exemplaire d’Expositioii par
sa vigueur et la beauté de sa coloration.
Le Philodendron Mamei est une plante
herbacée, glabre, à rhizome simple ou ra-
meux, rampant, cylindracé, anguleux, rou-
geâtre, radicant aux nœuds, à gaines cau-
linaires (cataphylles) oblongues - obtuses,
membranacées, rouge fauve. Les feuilles,
toutes basilaires, dressées, luisantes, ont un
pétiole vert, teinté de rouge, égalant* envi-
«P-J,
nrDCU' / /o/‘ucou
CHRYSANTHÈME PETITE-MARIE. — PLANTES UTILES CULTIVÉES AU PARAGUAY.
493
ron la longueur du limbe, semi-cylindrique,
comprimé et striolé en dessus de lenlicelles
blanches, dilaté, aplati, ailé ou ancipité, au
sommet teinté de rouge, brièvement inva-
giné à la base, à gaine ovale, convolutée,
cucullée, ligulée au sommet ; leur limbe est
étalé ou horizontal, ovale cordiforme aigu,
long de 15 à 25 centimètres et large de 10 à
15 centimètres, sur les exemplaires obser-
vés jusqu’ici (1), à lobes postérieurs égaux,
arrondis, séparés par un sinus étroit et pro-
fond ; la face ou page supérieure est d’un
beau vert, abondamment ornée de macules
irrégulières, argentées, plus ou moins con-
fluentes, et la face inférieure est d’un vert
très 'pâle, uniforme ; les nervures costales
sont subparallèles, arquées, bien séparées;
celles des lobes très-courbées, confluentes à
la base, toutes enfoncées en dessus, peu
saillantes en dessous de même que la côte
médiane plane, non canaliculée. Les fleurs
sont encore inconnues.
Gomme nous l’avons dit, la culture de
cette plante est des plus simples et sa
vigueur est extrême en bonne serre tem-
pérée.
Kous avons la satisfaction d’annoncer que
le Philodendron Mamei sera mis au com-
merce par la maison Godefroy-Lebeuf, à
Argenteuil (Seine-et-Oise), à partir d’au-
jourd’hui.
Godefroy -Lebeuf.
CHRYSANTHÈME PETITE-MARIE
Les différents qualificatifs : MaHe ,
Vierge-Marie, enfin Petite-Marie, sem-
blent indiquer les principaux caractères de
cette plante, c’est-à-dire qu’elle est blanche
et naine, ce qui est vrai.
D’où vient cette variété ? Je ne puis le
dire; par contre, je n’hésite pas à affirmer
que c’est une des plus jolies du genre et
probablement aussi l’une des plus naines,
bien que ses fleurs soient relativement très-
fortes. Mises en planche dans un lieu aéré
et bien ensoleillé et sans aucun travail,
les plantes dépassent à peine 10 à 12 centi-
mètres de hauteur et forment des touffes
dressées , compactes et subsphériques ,
se couvrant littéralement de fleurs bombées
et très-pleines qui, d’abord d’un blanc
légèrement soufré ou jaunâtre, ne tardent
pas à passer au blanc pur ; les tiges se ra-
mifient naturellement, de sorte que, sans
même pratiquer de pinçage, on obtient des
sujets parfaits de forme. Si au contraire
on la soumet au pinçage, la plante, qui
alors n’atteint que quelques centimètres,
ne s’en couvre pas moins de fleurs et cons-
titue de magnifiques tapis d’un effet splen-
dide.
Le Chrysanthème Petite-Marie, dont la
présence dans les collections ne date que
de quelques années, a encore cet avantage
de se prêter facilement au pinçage et de
pouvoir arriver à fleurir à une époque où
aucun autre n’est en fleur. Cette variété est
naturellement hâtive, et, si on l’abandonne à
elle-même, elle fleurit dès le mois d’août ;
ses fleurs sont d’une longue durée. On peut
à l’aide de traitements particuliers faire
varier l’époque de sa floraison et la di-
mension des plantes, qui s’accommodent
très-bien de la culture en pots ; on peut
aussi en faire des bordures, ce à quoi elles
sont très-propres, par la régularité de leur vé-
gétation, leur bonne tenue et leur floribon-
dité. Quant à la rusticité, elle laisse un peu
à désirer, et il arrive parfois que les plantes
souffrent dans les hivers rigoureux. Mais
c’est là un mal facile à éviter, et qui est lar-
gement compensé par les nombreux avan-
tages que présente le Chrysanthème Petite-
Marie. May.
PLANTES UTILES CULTIVÉES AU PARAGUAY
Les cultures du midi de la France et de
l’Algérie préoccupent au plus haut point
tous ceux qui ont des intérêts agricoles et
horticoles dans ces régions.
(1) Nous avons dit que ces dimensions s’étaient
beaucoup augmentées depuis l’époque de cette
description.
Aussi croyons-nous utile de résumer,
pour l’utilité de nos lecteurs, une étude sur
les cultures paraguayennes, récemment
publiée par le Gardeners' Chronicle, et
dont les applications peuvent être profi-
tables pour nos cultures coloniales.
En première ligne vient le Tabac, objet
494
PLANTES UTILES CULTIVÉES AU PARAGUAY.
d’une culture très-importante, donnant
chaque année une production de 5 millions
500,000 kilog., et qui certainement s’accroî-
tra encore, étant donné qu’actuellement les
débouchés pour l’exportation n’existent que
dans la République Argentine, l’Uruguayet
le Chili, tandis que, d’ici quelques années,
par suite d’une culture plus entendue, et
surtout d’une meilleure préparation, le
Tabac du Paraguay trouvera facilement des
acquéreurs sur les marchés européens.
Au Paraguay deux variétés seulement de
Tabac sont cultivées : le Tabac jaune, dési-
gné dans le pays sous le nom de peti-parà,
dont les graines ont été, dans le principe,
tirées de la Havane, et qui donne les pro-
duits destinés à l’exportation, et le Tabac
bleu, dit peti-hohy, qui est consommé sur
place et dans des proportions considé-
rables, car au Paraguay tout le monde fume,
hommes, femmes et enfants.
Le Maté ou Yerha {Ilex paraguayensis)
vient ensuite, et est également cultivé sur
une grande échelle. Le Paraguay en exporte
annuellement 5,000,000 de kilog. Le Maté,
nommé aussi Thé du Paraguay, possède,
on le sait, des propriétés nutritives et stimu-
lantes développées à un très-haut degré.
Il est facile de prévoir que d’ici à peu
'd’années, sa consommation entrera dans
nos habitudes, comme cela eu lieu pour la
Coca du Pérou, et ce résultat est dési-
rable.
Le plus grand nombre d’arbres fruitiers
des climats tempérés, tels que Poiriers,
Pommiers, Figuiers, ainsi que ceux des
régions chaudes. Orangers, Bananiers,
sont cultivés au Paraguay.
La production des Oranges y est tellement
abondante que leur prix est souvent très-
bas. Ainsi, à certaines époques, 5000 Oran-
ges chargées dans des bateaux, sur la
rivière du Paraguay, coûtent 29 fr.
L’exportation annuelle s’élève quelque-
fois à environ 50,000,000 d’Oranges re-
présentant une valeur de 250,000 fr.
Ces Oranges ont une saveur délicieuse et
sont très-recherchées des populations voi-
sines.
On cultive trois variétés de Canne à
sucre (Saccharum officinarum) : deux de
couleur blanche, l’autre plus foncée. Cette
dernière est plus robuste et supporte
mieux le froid. La Canne réussit très-bien
sous ce climat, mais il est nécessaire d’irri-
guer les plantations, qui ont une durée
moyenne de 8 à 9 ans.
L’industrie sucrière y est cependant
encore à l’état primitif, par suite de l’ab-
sence d’entreprises importantes et de capi-
taux, ce qui explique que le Paraguay est
actuellement obligé d’importer chaque année
200.000 à 250,000 kilos de sucre étranger.
La consommation de Cana, ou rhum, est
énorme dans toute la contrée, et la produc-
tion moyenne de sucre est évaluée à
185.000 kilos.
Le Café est de bonne qualité, avec un
peu trop d’amertume. Sa culture est peu
répandue, toujours par suite du manque de
capitaux, et du temps relativement long que
le cultivateur doit supporter, avant de tirer
profit des plantations qu’il a faites, car ce
n’est en moyenne qu’à la cinquième année,
que Fon peut faire la première récolte.
L’Indigo y est de qualité ordinaire et l’ex-
traction de la teinture se fait aisément. Un
Français, M. Balansa, botaniste distingué
qui a fixé sa résidence au Paraguay, y
a fait des plantations d’indigo qui sont
actuellement en pleine voie de prospérité.
Une plante très-abondante là-bas, et que
ses qualités fibreuses rendraient d’un pla-
cement facile sur les marchés, est le Cara-
guata (1) {Eryngium Lasseauxii); mais il
serait utile d’avoir sur place des machines
permettant de séparer la matière fibreuse
du tissu végétal qui l’enveloppe.
On sait que depuis fort longtemps les in-
digènes fabriquent des cordes d’une force et
d’une légèreté remarquables à l’aide de fibres
du Caraguata et d’une autre plante également
native du Paraguay, VElvira. Des spécimens
de ces cordages envoyés sur les marchés
d’Angleterre, y ont trouvé acquéreurs au
prix de 650 francs environ les 1000 kilog.
ce qui prouve une bonne qualité.
Des fabriques spéciales seront, croyons-
nous, bientôt installées sur place, et nous
croyons que l’exploitation et la culture de
ces plantes textiles deviendront une source
de larges profits pour ce pays encore si en
retard.
Un Palmier (?) indigène produit des fila-
ments textiles encore supérieurs à ceux du
Caraguata, mais la plante qui réunit au plus
(1) Ne pas confondre cette appellation locale
d’une Ombellifère avec le nom botanique de Cara-
cjuata, qui s’applique à un genre de Broméliacées
de la tribu des Tillandsiées (Rédaction).
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTIGULTURE DE FRANCE.
495
haut degré ces qualités si précieuses est le
Pino Giiazii {Urtica utilis) ou Ramie. On
a tant parlé de cette Urticée depuis quelques
années qu’elle est connue de beaucoup de
cultivateurs.
Une écorce, nommée dans le pays Guru-
guay^ contient une grande proportion de
tannin ; mais ce produit naturel reste
encore inutilisé par suite de l’absence com-
plète de tanneries.
Le Paraguay compte aussi une grande
quantité d’arbres forestiers dont le bois pré-
sente une grande valeur pour la construction
ou pour l’ornementation.
Citons notamment le Quehracho dont
le bois est d’une telle densité qu’il pèse
38 kil. par pied cube, et est envoyé par
grandes quantités en France. Il sert à faire
des traverses de chemins de fer, et pos-.
sède des principes accentués pour le tan-
nage et la coloration. Cet arbre semble être
le red quehracho {Loxopterijgium Lo-
renziï).
Outre les plantes si importantes que nous
venons d’énumérer, le Paraguay fournit un
grand nombre de plantes médicinales, ou
produisant des gommes, des essences, dont
la recherche et l’expérimentation rendraient
certainement de grands services.
Si nous avons insisté sur ce sujet dans
dans les colonnes de la Revue horticole,
c’est que l’avenir de nos colonies se lie de
très-près à celui de la mère -patrie, et que
nous désirions appeler l’attention de nos
compatriotes sur les produits des régions
favorisées de cultures encore peu répan-
dues chez nous, malgré les résultats qu’elles
laissent entrevoir à ceux qui les tenteront
avec de l’intelligence, de la persévérance et
des capitaux suffisants. Ch. Thays.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICÜLTURE DE FRANGE
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1883
Apports. — Au cofuité à' arboriculture ont
été présentés : par M. Aubrée, propriétaire à
Ghâtenay (Seine), une corbeille de Pêches pro-
venant d’un de ses semis, et dont l’année pré-
cédente il avait déjcà montré des échantillons.
Le fruit est d’une bonne grosseur, légèrement
conique, bien sillonné d’un côté, et fortement
coloré dans toutes ses parties d’un rouge brique
foncé et comme granuleux pointillé. — Par
M. Chevalier (Gustave), de Montreuil, les va-
riétés suivantes de Pêches : Lady Palmerston,
Admirable jaune, Chevreuse tardive, Belle de
Palaiseau, Salway, et enfin le Brugnon Vic-
toria. — Par M. Jamin, de Bourg-la-Reine,
6 magnifiques variétés de Raisins dont voici les
noms : Black Alicante, Noir d'Espagne, et
parmi les blancs Foster's seedling. Muscat
Docteur llogg. Parc de Versailles, et enfin le
Chasselas Duc de Malakoff. Les cinq premiers
sont des raisins qui chez nous réclament l’abri
d’une, serre pour mûrir leurs fruits, tandis que
le sixième. Duc de Malakoff, est un Raisin hâtif,
ce qui, du reste, n’est pas sa seule qualité.
C’est comme une sorte de Chasselas Gros Cou-
lard qui a, sur celui-ci, le grand avantage
de ne pas couler.
Au comité de culture potagère ont été pré-
sentés : par M. Billarand, à Ablon-sur-Seine,
une corbeille de Fraises des Quatre-Saisons : la
Généreuse tVAblon, très-belle, mais qui nous a
paru peu savoureuse et manquant de sucre, ce
qui pouvait être un peu le fait de la saison. —
Par M. Forgeot, marchand grainier, quai de la
Mégisserie, à Paris, des rameaux avec fleurs
et fruits d’une fraise Quatre saisons nommée
jlfme Béraud, obtenue par M. Béraud, horticul-
teur à Montceau-les-Mines. A en juger par les
échantillons présentés, c’est une variété extrê-
mement fertile, à gros fruits, et excessivement
remontante. — Par M. Duvillard, deux pieds de
Céleri commun, qui, bien que très-beaux, ne
présentaient aucune particularité digne d’être
citée.
Au comité de floriculture ont été présentés;
par M. Régnier, horticulteur à Fontenay-sous-
Bois, un pied en fleurs de Phalænopsis Esme-
ralda. Orchidée de Cochinchine, rare dans les
cultures, et, à ce qu’on assure, peu commune,
même dans son pays natal. Nous en avons
donné une figure et une description dans
la Revue horticole (1877, p. 106). — Par
M. Ed. André, un magnifique pied de Tilland-
sia Lindeni trieolor. Cette Broméliacée, que le
présentateur a rapportée de son voyage dans
l’Amérique du Sud, a une inflorescence très-
largement ovale qui, par sa forme et sa belle
couleur rose, rappelle le T. Lindeni vera, mais
avec des dimensions beaucoup plus grandes.
Quant à ses fleurs, elles sont d’un beau bleu lilas
nuancé, à centre blanc. La plante est vigou-
reuse, compacte et d’un beau port; ses feuilles,
d’un vert strié longitudinalement de violet, sont
longuement et gracieusement arquées, de sorte
que, même sans fleur, la plante est ornemen-
496
CORRESPONDANCE. — NOUVELLE ESPÈCE
laie. — Par M. Vincent, horticulteur à Bougival,
une collection en fleurs coupées de Bégonias
tubéreux du groupe erecta cjrandiflora : plantes
vigoureuses, robustes, à grandes fleurs de colo-*
ris divers, très-remarquables, et une variété qu’il
a nommée Be.sut'iits, issue du Bégonia Davisii,
très-remarquable par sa floribondité et la belle
couleur rouge cocciné orange de ses fleurs qui
DE POMME DE TERRE.
se tiennent bien, dressées sur des pédoncules
robustes. — Enfin un exposant, M. Gannel,
croyons-nous, présentait un semis de Bégonia
Marliana gracüis à fleurs plus grandes et
plus foncées que celles de ce dernier ; ses tiges,
au lieu d’étre vertes, étaient colorées rou-
geâtres.
CORRESPONDANCE
Mï" B. (Cher.) — Vous pourrez vous procurer
le BUlhergia rhodocijanea purpurea chez
M. Truffault, horticulteur, 40, rue des Chan-
tiers, à Versailles, qui probablement aussi
pourra vous faire connaître l’origine exacte de
cette plante remarquable. Si ce qu’on nous
a affirmé est vrai, elle aurait été obtenue par
M. Gavron, horticulteur à Cherbourg.
NB’ A. 11. (Gers.) — La culture et les soins
({ue vous donnez à vos Bégonias sont des plus
rationnels. Rien donc ne seml)le pouvoir
expliquer comment il se fait que leurs feuilles
se tachent et pourrissent. Deux circonstances
nous paraissent déterminer ces affections : une
chaleur insuffisante, ou bien la buée qui se
condense sur les fers de la serre et qui ensuite
retombe en gouttelettes chargées d’oxyde de fer
sur les feuilles de vos Bégonias où elles
déterminent des taches, puis la pourriture. Si
le mal n’est occasionné par aucune de ces
deux causes, le seul moyen qui nous paraisse
devoir donner un bon résultat, serait un chan-
gement de serre, en donnant, bien entendu,
tous les autres soins ([ue, normalement, ces
plantes réclament.
M>' P. L. (Calvados.) — Le Canna Annei
n’est pas le seul qui puisse passer l’hiver en
pleine terre : à peu près toutes les variétés qui
ont de forts rhizomes pourraient être soumis
à cette culture, pourvu qu’on ne laisse pas
geler le sol où elles sont plantées et que celui-
ci ne soit pas trop humide. Il suffit donc, lors-
que les tiges sont détruites par les premiers
froids, de les couper et de recouvrir le sol
d’une couche de feuilles, de fumier, ou même
de terre que l’on prend autour des massifs.
Ce dernier moyen, lorsqu’il est possible de l’ap-
pliquer, à cet avantage d’assainir le sol du
massif qui, alors, se trouve entouré d’une sorte
de fossé d’écoulement dans lequel vient se dé-
verser l’eau du monticule où -sont plantés les
Cannas, qui par conséquent se trouvent dans
de bonnes conditions de conservation.
Quant au Dahlia « Corne du Diable » ou
Juarezi, ce n’est autre qu’une forme locale du
DaJiUa variabilis^ qui, comme chacun le sait,
donne des variétés à l’infini.
Le type du Haricot domestique n’est ni
déterminé ni déterminable, sinon très-relative-
ment. Quant au fait dont vous parlez, de la
production d’un Haricot grimpant par un non
grimpant^ il est très-commun et cette année
nous l’avons remarqué sur un H. Flageolet.
Nous vous remercions des autres communi-
cations contenues dans votre lettre et dont,
à l’occasion, nous ferons profiter les lecteurs
de la Bevue horticole.
Erratum. — A propos de notre réponse in-
sérée dans le dernier article correspondance
{Rev. hort., p. 479), il faut lire « sulfate de
cuivre ou couperose bleue, » au lieu de coupe-
rose verte qui a été écrit par eiTeur.
NOUVELLE ESPÈCE DE POMME DE TERRE
Quoique nous soyons passablement riches
en légumes, l’arrivée d’une nouvelle es-
pèce est toujours bien accueillie, surtout
quand elle fait partie d’un genre univer-
sellement connu et dont la réputation est
au-dessus de tout éloge. Telle est la tribu
des Pommes de terre. Est-ce à dire que
l’espèce dont il est question dans cette note
va supplanter toutes ses congénères? Non,
sans aucun doute. Nous n’avons même
pas la prétention de croire qu’elle les éga-
lera en mérite. Ce que nous voulons, c’est
appeler l’attention sur une espèce nouvelle
dont les caractères particuliers semblent
pouvoir rendre quelques services, soit par
suite de mo üfications directes, c’est-à-dire
par elle-même, soit indirectement en la
faisant agir comme agent de fécondation
avec nos bonnes variétés cultivées. Dans ce
cas, il pourrait se faire que cette nouvelle
venue, qui jusqu’à présent paraît rustique
et exempte de maladie, communiquât ces
qualités à nos bonnes races qui paraissent
s’affaiblir. La chose ne semble pas impos-
NOUVELLE ESPÈCE DE POMME DE TERRE.
497
sible ; dans tous les cas il serait bon d’en
faire l’expérience.
I,a Pomme de terre Ohrond {Solayium
Ohrondii) a été découverte et introduite par
un médecin de la marine française, M. Oh-
rond, qui l’a trouvée dansl’île Goritti. C’est
à notre collègue, M. Blanchard, jardinier en
chef à l’hôpital maritime de Brest, que nous
devons celte variété, ainsi que la note sui-
vante de M. Ohrond, qui donne des détails
intéressants sur l’origine et sur l’histoire de
cette Pomme de terre. Voici cette note:
llecueillie dans l’île Goritti, à rembouchure
(lu Rio de la Plata, en face de la ville de Mal-
donado, par 35» de latitude Sud, et 58» de lon-
gitude Ouest.
Climat tempéré — saisons marquées — tem-
pérature estivale relativement peu élevée.
L’île Goritti est inhabitée, sablonneuse, à
sables très-meubles et fins, contenant une
quantité de débris de coquilles. Les plantes ([ui
y poussent sont en majeure partie des Gheno-
podées, parmi lesquelles le genre Salsola et le
Clienopodium ambrasioides ; celui-ci couvrant
presque littéralement l’île. La chair des lapins
très-nombreux qui vivent sur cet îlot de 2 ki-
lomètres environ de circuit, a le goût très-pro-
noncé de cette plante.
Une espèce de Solanée {Solanum sisymhrii-
folium) se montre également en assez grande
abondance; elle est d’une végétation très-luxu-
riante.
Le soubassement de l’île n’est évidemment
pas aride puisqu’il s’en échappe deux petites
sources.
Les tubercules ou les racines en question
ont été trouvées à la surface du sable, au nombre
de six, de la grosseur d’une aveline, environ.
Les recherches faites dans les sables du lieu
meme et du voisinage, dans le but d’en décou-
vrir d’autres, sont restées vaines.
Le plateau de l’île présente un terrain plus
solide sur lequel des Graminées et des Carex
ont trouvé prise.
Voici les caractères que, à Montreuil,
dans un terrain siliceux, nous a présentés
la Pomme de terre Ohrond.
Plante très-naine (20 à 30 centimètres),
vigoureuse et excessivement buissonneuse.
Tiges dressées, légèrement anguleuses à la
base des pétioles, violacées, rougeâtres, un
peu luisantes, hispides, à poils étalés. Feuil-
les irrégulièrement pinnées, à pinnules très-
inégales, crispées et comme roncinées, ve-
lues de toutes parts. Inflorescence (fig. 99),
en corymbe lâche, paucillore. Pédoncule ex-
tra-axiliaire, violacé, grêle, légèrement velu,
muni au tiers environ de sa longueur d’une
feuille semblable à celle de la plante, mais
plus petite ; pédicelles articulés, munis à la
base d’une bractée caduque. Galice velu, à
sépales linéaires lancéolés. Corolle rotacée,
d’un blanc légèrement lilacé à l’intérieur,
bleu violacé à l’extérieur, deux fois plus
longue que le calice, à divisions étroites,
acuminées, redressées, velues à l’extrémité
qui est un peu verdâtre violacé. Anthères
; d’un beau jaune d’or, fortement appliquées
I sur le style qui les dépasse de 5 à. 6 milli-
mètres. Tiges souterraines nombreuses, fili-
formes, longuement étalées; les plus rap-
prochées de la surface développant ça et là
des faisceaux de tiges aériennes qui, à peine
I sorties du sol, se mettent à fleurir (fig. 100).
Tubercules généralement épars, oblongs ou
irrégulièrement subsphériques, atteignant
jusqu’à 8 centimètres de longueur sur 5 à
6 de diamètre ; yeux petits, peu saillants.
Peau unie , légèrement rugueuse , jaune
clair. Chair jaunâtre, pâle, de saveur ex-
trêmement douce.
La pomme de terre Ohrond (tig. 99 et
100) présente plusieurs particularités que
nous devons faire connaître. D’abord sa
végétation est presque continue. G’est au
point que l’on pourrait faire deux récoltes
là où le climat est chaud, et même, dans
ces conditions, ce serait presque une ré-
colte permanente. Ainsi à Montreuil nous
en avons planté en avril qui étaient mûres
en juin et replanté une deuxième saison
en septembre qui fleurirent environ cinq
semaines après la plantation. Elle présente
aussi dans sa végétation cette particularité
que les drageons (tiges souterraines), qui
donnent des bourgeons, fleurissent pres-
que aussitôt qu’ils sont sortis du sol. G’est
aussi ce qui est arrivé pour celles que nous
avons plantées en deuxième saison. Il est
donc difficile de préciser la culture à la-
quelle on devra soumettre cette Pomme de
terre. Voici à ce sujet ce que nous écrivait
M. Blanchard :
Depuis son arrivée j’ai cultivé cette plante
ou plutôt je l’ai laissée au môme endroit, et
cela pour cette raison qu’il est à peu près im-
possible de la détruire. Tous les ans, à la
fin de juin ou au commencement de juillet,
j’en fais la récolte. Malgré tous les soins que
j’ajiporte à cette opération, il en reste assez
en terre pour que l’année suivante le champ
s’en trouve garni, tant elle est traçante.
498
NOUVELLE ESPÈCE DE POMME DE TERRE.
Je crois qu’on pourra facilement améliorer
cette espèce, et que cela se pourrait môme par
le fait seul de la culture en la plaçant dans des
conditions convenables. Ainsi déjà je constate
une grande amélioration sur les produits que
je récolte comparativement à ceux que j’ai reçus
de M. Olirond : tandis que ces derniers étaient
à peine gros comme de petites noisettes, ceux
que j’obtiens actuellement sont de moyenne
grosseur, il en est même qui obtiennent les di-
mensions d’un petit œuf de poule. J’ajoute que
ces tubercules sont bons, ont un goût de châ-
taigne, seulement ils laissent dans la bouche
un petit goût d’âcreté qui rappelle assez ce-
lui des Pommes de terre qui ont verdi à la lu-
mière ; celles que nous avons mangées, mes
ouvriers et moi, avaient été cuites à l’eau ou
au four : ces dernières
sont préférables...
Quant à la rusticité,
elle est complète, du
moins ici, à Brest; pen-
dant l’hiver de 1881 j’en
ai placé dehors sur la
terre ; un thermomètre
([ue j’avais mis à côté a
marqué — 2o, malgré
cela elles n’ont pas gelé.
J’ajoute aussi que
jus(ju’à présent les
l)lantes n’ont pas mon-
tré la moindre trace de
maladie...
Cé qui précède,
joint à ce que nous
avons pu constater,
semble démontrer que
le Solanum Olirondii
est susceptible d’amé-
lioration et que, soit
directement, soit par fécondation, on pourra
probablement le. faire entrer dans la cul-
ture.
Nous croyons toutefois que, en ce qui con-
cerne sa rusticité, il est bon de faire des
réserves, car il ne faut pas oublier que le
climat de Brest est relativement très-doux;
que beaucoup de végétaux qui, à Paris,
exigent l’abri d’une serre, passent là très-
bien l’hiver en pleine terre; qu’un froid
égal accusé par le thermomètre n’agit pas
de la même manière quand il se produit
loin de la mer, où l’air est sec : à Brest,
au contraire, outre que l’air est constam-
ment chargé d’humidité, il est saturé d’élé-
ments salins qui modifient l’action du froid.
Pour ce qui est de la qualité, nos expé-
riences s’accordent avec celles de M. Blan-
chard. Ainsi nous avons fait cuire les tu-
bercules dans l’eau, dans le feu ou sur un
fourneau dans de la cendre, et toujours ils
se sont montrés d’assez bonne qualité.
La chair est d’une extrême densité,
quelles que soient les conditions dans les-
quelles nous avons placé les tubercules,
l’intensité de la chaleur et même le temps
pendant lequel ils ont été soumis à celle-ci,
jamais la chair ne se ce défait »; toujours ils
sont restés entiers et même très- fermes, et
qu’ils soient chauds ou froids, on peut les
couper comme on le ferait d’un morceau
d’argile fraîche (terre glaise).
Ces particularités sont- elles la consé-
quence d’une nature
spéciale qui détermi-
nent la rusticité de
cette plante et sa ré-
sistance aux diverses
affections qui frap-
pent nos Pommes de
têrre améliorées ?
C’est ce que nous ne
pourrions dire.
Nous avons prié
M. Laugier, répéti-
teur de chimie au
laboratoire des Hautes
Études, au Muséum
d’histoire naturelle,
de vouloir bien ana-
lyser ces Pommes de
terre, ce qu’il a fait ;
il n’a découvert aucun
principe autre que la
fécule propre à toutes
celles du genre, d’où l’on est en droit de
conclure que le poids considérable des tu-
bercules de la Pomme de terre Ohrond,
ainsi que l’extrême densité de sa chair, sont
dus à la quantité extraordinaire de fécule
qu’ils contiennent.
A ce qui précède nous ajoutons les ob-
servations suivantes, extraites d’une lettre
adressée à MM. Vilmorin, par M. Blanchard,
qui nous a communiqué la Pomme de terre
Ohrond, observations qui, non seulement
complètent ce que nous avons écrit sur cette
nouveauté, mais montrent une modification
déterminée par l’influence du milieu, ce
qui fait espérer que par une culture bien
appropriée on arrivera à tirer un bon parti
de cette nouvelle Solanée.
Fig. 99. — Solanum Ohrondii, de grandeur
naturelle.
NOUVELLE ESPÈCE DE POMME DE TERRE.
499
« N’ayant ni potager, ni jardin spécial
pour laii-e des expériences sur les végétaux qui
nous arrivent des colonies qui nous intéres-
sent, tant au point de vue économique qu’au
point de vue horticole, nous devons nous
borner à les cultiver sur les plates-bandes
d’ornement, ou dans les endroits vagues des
quelques massifs que nous possédons ; nos ex-
périences ne peuvent guère que guider sur les
cultures qu’on peut faire en plein champ.
A l’arrivée du Solanum Ohrondii, nous
l’avons d’abord cultivé en serre tempérée;
mais voyant qu’il dépérissait, nous l’avons mis
en pleine terre dans la clairière d’un massif,
où, à l’automne, il produisit 6 tubercules, dont
le plus gros était de la grosseur d’une prune de
Mirabelle ; ces tubercules ayant été récoltés et
mis au sec pendant l’hiver, au printemps sui-
vant (188i) nous remarquâmes que l’emplace-
ment, qui était d’environ 1 mètre carré, oc-
cupé l’année
précédente
par les deux
ou trois pieds
que nous
avions livrés
à la pleine
terre, se
couvrait de
jeunes plants
de Pommes
de terre,
ayant passé
l’hiver sans
aucun abri ;
parmi eux
se trouvaient
les 6 tuber-
cules que
nous avions
récoltés, et on ne s’en occupa plus. En juillet
suivant, la récolte donna environ 2 litres de tu-
bercules. En septembre l’emplacement se re-
couvrait encore de nombreuses tiges nouvelles,
sur une surface de 2 mètres carrés; alors on ne
replanta plus rien et en juillet 1882, on récolta
près de 8 litres de Pommes de terre, dont la
plus grosse pesait 72 grammes. Les belles furent
mangées et les petites distribuées à divers ama-
teurs. Cette même année, on tenta d’arracher
définitivement la Pomme de terre de l’emplace-
ment qu’elle occupait et toutes les précautions
furent prises pour qu’il ne restât aucun tuber-
cule en terre ; malgré cela, au mois de sep-
tembre suivant, la terre était encore couverte
de jeunes plants sur une surface de 6 mètres
carrés, sans qu’on eût planté même un seul
tubercule. Le 8 août dernier nous en avons fait
la récolte et ces 6 mètres de terrain nous ont
fourni 10 kil. 890 gr. de tubercules dont la
majeure partie pèse de 15 à 18 grammes.
Quelques tubercules, ayant échappé à l’avant-
dernière récolte, en ont naturellement repro-
■ duit d’autres qui pèsent en moyenne 70 à
• 72 grammes (un seul est arrivé à 85 grammes).
Ce qui prouve que si l’on plantait de gros tu-
bercules, dans un bon terrain, on obtiendrait
un rendement beaucoup plus avantageux que
celui que nous avons obtenu.
La majeure partie des tubercules récoltés
pèsent en moyenne 15 â 18 grammes ; cette
uniformité démontre qu’ils sortent tous d’une
même source, qui est celle-ci ; Cette plante
donne trois sortes de tiges souterraines :
1® les supérieures, qui donnent des tiges her-
bacées fleurissant presque en sortant de terre ;
2° les inférieures, qui produisent les tuber-
cules; 3» les intermédiaires, qui ne donnent
ni tubercules, ni rameaux, mais des turions se
garnissant d’une quantité énorme de biilbilles
microscopiques qui se détachent quand le sto-
lon })ourrit ;
ce sont ces
bulbilles qui
repoussent
après la ré-
colte et don-
nent l’année
suivante les
tubercules
de moyenne
grosseur
dont nous
venons de
parler.
Nous avons
encore re-
marqué que
certaines ti-
ges qui é-
taient abri-
tées par des arbres, un mur, etc., périssent
jusqu’au collet, et repoussent de nouvelles
tiges â partir de ce point, comme toutes les
plantes vivaces. Ces rameaux produisent aussi
de petits stolons de la grosseur d’un fil, se
terminant généralement par une petite bulbille,
qui s’enfonce en terre comme le font les fruits
d’ Avachis hypogœa et forme par la suite d’autre
pieds-mères.
On voit par ce qui précède que cette plante
est si prolifique qu’il est impossible de la dé-
truire, et qu’une fois cultivée dans un champ,
elle s’y multiplie d’une manière prodigieuse,
de sorte qu’il n’y a guère qu’à récolter son
produit. L’espace que nous lui consacrons est
malheureusement fort restreint, et il nous est
impossible de donner des renseignements exacts
et précis sur sa culture, sur son rendement,
non plus que sur le terrain qu’elle préfère ;
nous croyons, toutefois, qu’elle préfère les
terres légères et sablonneuses aux terres fortes
500
EXPOSITION GÉNÉRALE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE.
et compactes, que le fumier et les sarclages lui
conviendraient très-bien, mais que le buttage
que nous pratiquons avec nos races ordinaires
de pommes de terre lui serait plutôt nuisible
qu’utile, puisque ce sont les tiges souterraines
inférieures qui produisent les tubercules.
Cette année, le mauvais temps nous a em-
pêché de faire la récolte en juillet; nous l’avons
faite le 8 août, mais déjà les tubercules avaient
poussé des stolons de 10 ou 15 centimètres
de long, ce qui donne à penser que la meil-
leure époque serait du 1^’ au 15 juillet. On fera
donc bien de commencer la récolte lorsque les
tiges seront à moitié flétries; c’est le seul moyen
que nous puissions indiquer pour avoir des tu-
bercules sains et de conservation facile.
Depuis quatre ans que nous cultivons cette
plante, nous n’avons encore mangé que des
tubercules récoltés chez nous, qui ne nous
ont pas paru de première qualité, mais qui ne
nous ont causé aucun accident, ce qui nous
engage à en essayer la culture ; nous pensons
que, cultivée dans un climat moins humide et
plus chaud et en plein champ, comme nos
Pommes de terre, les produits de la plante
seraient plus abondants et de qualité supé-
rieure à ce que nous avons obtenu à Bi-est. Ce
que nous désirons, c’est appeler l’attention des
agriculteurs sur ce nouveau tubercule, qui })eut
rendre de grands services, non seulement pour
pour la nourriture de l’homme, mais encore
pour celle des animaux, et qui exigera peu de
frais pour sa culture; elle pourra être em-
ployée pour la culture des terrains arides où
d’autres variétés ne pourraient réussir. »
E.-A. Carrière.
LES PLANTES DTNTRODÜGTION NOUVELLE
A L’EXPOSITION GÉNÉRALE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
(22-28 mai 1883)
Les deux concours ouverts, à notre
grande exposition des Champs -Élysées,
pour les plantes, soit fleuries (premier
concours), soit recommandables pour leur
feuillage ornemental (deuxième concours),
ont donné des résultats exceptionnellement
importants, surtout grâce à M. Ed. André,
à qui chacun d’eux a valu un premier prix
consistant en une médaille d’or. Pendant
son voyage dans l’Amérique du Sud, qui a
été des plus fructueux pour la botanique et
pour l’horticulture, notre actif et savant
collègue a su acquérir une parfaite connais-
sance des richesses végétales que possèdent
ces belles contrées.
iLclairé par son expérience personnelle,
il a dirigé à coup sûr, depuis son retour en
Europe, des explorations qui ont été comme
la continuation de la sienne. H a pu ainsi,
soit par lui-même, soit par ses continua-
teurs, doter l’horticulture européenne de
nombreuses espèces de haut ornement qui
ont été les éléments de deux lots exposés et
d’une haute valeur. Celui qu’il avait formé
pour le premier concours se composait de
six plantes fleuries, toutes importées par
lui de la Nouvelle-Grenade ou de l’Ecuador.
C’étaient les deux variétés tricolor et vlola-
cea d’une belle Bi oméliacée, le Tillandsia
Lindeni ; une Orchidée, VEpidendrum
araclinoglossum, Pieichb.; une très-belle
Amaryliidée , le Bomarea Kalbregeri ,
Baker, qui supporte la pleine terre sur les
côtes de la Provence; enfin le Passifïora
atomaria^ Planch., et une Composée décou-
verte par lui, VOnoseris Drakeana, Ed.
André. Quant au lot que M. Ed. André
avait présenté au deuxième concours qui
n’exigeait pas des plantes en fleurs, il ne
comprenait pas moins de 19 espèces toutes
introduites par lui, à l’exception d’un beau
Palmier tout récemment importé de Cali-
fornie. Parmi ces plantes se trouvaient
des Pipéracées entièrement nouvelles et
encore sans nom ; une dizaine de Bromélia-
cées, dont quatre sont encore indéterminées
spécifiquement, et dont les autres ont pour
la plupart figuré à notre Exposition du mois
d’octobre 1882; le curieux Salix Humhold-
tiana, Willd., à port fastigié; enfin une
Protéacée, le Rhopala Poortmani, Ed.
André, et une remarquable Aroïdée, le
Philodendron Mamei, Ed. André, l’une et
l’autre importées de TÉcuador, en 1882.
Jusqu’à ce jour, nos horticulteurs avaient si
rarement enrichi les jardins de plantes
introduites par eux directement du pays
natal, qu’on ne saurait trop féliciter M. Ed.
André d’avoir résolument rompu avec leurs
habitudes d’emprunt aux Belges et aux
Anglais.
Un aulre exposant a pris également part
à ces deux concours: c’est M. Chantin,
horticulteur à Paris, qui a obtenu une
FLORAISON DE DEUX AGAVE FILIFERA,
501
grande médaille d’argent dans le premier,
et une grande médaille de vermeil dans le
second. Pour le premier concours, cet expo-
sant avait présenté deux remarquables
Broméliacées, le Vriesea Barilleti, Ed.
Morr., qui paraissait pour la première fois
à une exposition française et le Streptoca-
lyx Vallerandi, Ed. Morr., récemment
introduit par lui, qui vient d’être décrit et
figuré pour la première fois dans le cahier
pour janvier dernier de la Belgique horti-
cole. Le lot présenté par le même horticul-
teur pour le deuxième concours était
notablement plus nombreux et comprenait
une Fougère nouvelle, VAngiopteris Moorei,
une Cycadée nouvelle, le Cycas Terkesi,
de remarquables Broméliacées et Aroïdées.
FLORAISON DE DEl
En exceptant la région méditerranéenne,
si privilégiée au point de vue des plantes,
on peut dire que la floraison d’une Agave
est un fait rare dans nos contrées, ce qui
s’explique par cette raison que, pour fleurir,
ces plantes doivent être fortes, et, par consé-
quent, vieilles. De plus, la culture des va-
riétés d’élite de ce genre est à peu près dé-
laissée ; aussi est-il rare d’entendre signaler
la floraison de ces plantes, fait regrettable
assurément, car il y en a de fort jolies,
déjà très-ornementales par leurs feuilles
auxquelles s’ajoutent souvent de belles
fleurs. De ce nombre sont certainement les
deux plantes dont nous allons parler,
VAgave filifera, et une forme à feuilles
plus larges, VAgave filifera latifolia. Celle-
ci a montré son inflorescence la première,
vers le commencement du mois de juin
dernier. Le sujet, complètement acaule,
portait environ 125 feuilles, ayant cha-
cune en moyenne 25 centimètres de lon-
gueur sur 35 millimètres de largeur ; elles
étaient légèrement arquées en dedans, à
peine canaliculées. sillonnées de lignes
blanches, acuminées et terminées par une
pointe dure, brune, aiguë, très-raide ; les
bords étaient très-amincis, presque tran-
chants, finement marginés de brun et
ornés de fils blancs, ténus, enroulés.
La hampe mesurait 2"^ 85 de hauteur dont
1*“ 90 pour l’inflorescence; elle était termi-
nale et garnie dans toute sa partie inférieure
de feuilles bractéales, qui se changaient
MM. Dallé, horticulteur à Paris, et
Chantrier frères, horticulteurs à Mortefon-
taine, ont fait encore figurer à l’Exposition
des plantes nouvelles qui ont été jugées
favorablement par le jury. Le premier a
reçu une grande médaille de vermeil (pre-
mier concours) pour deux belles Bromélia-
cées fleuries, le Yriesea hellula (1) et le
Caraguata cardinalis, Ed. André; le
second a eu une grande médaille d’argent
(deuxième concours) pour une charmante
plante sarmenteuse, à feuillage élégant, le
Leea amahilis (Ampélidée).
P. Duchartre.
{Journal de la Société centrale d’horticulture
de France.)
N AGAVE FILIFERA
insensiblement en écailles, en arrivant vers
la partie florale. Ces écailles, d’une couleur
verdâtre, avaient une longueur moyenne de
10 centimètres; très-élargies à leur base,
puis brusquement rétrécies,' elles étaient
longuement acuminées, flexibles, terminées
par un appendice brunâtre non spinescent.
Les fleurs, géminées à la base de chaque
écaille, sont hermaphrodites, isostémones,
le tube du périanthe adhère à l’ovaire,
le limbe comprend six divisions égales,
renversées, vertes au centre, rouge vineux
sur les bords ; la préfloraison est imbri-
quée ; les étamines ont les filets d’une
teinte indécise, tirant sur le rouge. Les an-
thères, très-rouges, sont biloculaires, oblon-
gués, oscillantes, introrses ; le pollen est
d’un jaune vif, ce qui produit un charmant
contraste avec la teinte sombre de la fleur.
Les carpelles, au nombre de trois, sont cohé-
rents et ne dépassent pas les étamines ;
l’ovaire est infère et à trois loges. La lon-
gueur des fleurs, en moyenne, est de 8 à
9 centimètres à partir de leur point d’in-
sertion; elles secrétent pendant l’anthèse
une liqueur miellée, visqueuse, très-abon-
dante, qui attire une grande quantité de
mouches de toutes espèces.
Quant à notre autre plante, VAgave
filifera, elle est également acaule, de forme
plus trapue et plus régulière que la précé-
dente ; ses feuilles sont aussi plus nom-
(1) Ce Vriesea hellula n’est autre chose que le
V. heliconioides, Lindley (Bot. Reg., t. 29.) (Réd.),
IA PAGE ET SON TPÂITEMENT.
5Ü‘2
breuses, moins longues, lancéolées, termi-
nées par une forte épine ; les filaments
blancs, plus serrés, et fortement enroulés,
s’échappent d’une marge très-fine, -les
feuilles portent également des bandes blan-
ches, mais plus accentuées.
La hampe avait 2“ 40 de hauteur, y
compris l"™ 60 pour l’inflorescence qui était
garnie d’écailles bractéales rougeâtres, fari-
nacées, plus nombreuses mais moins fortes
que dans la précédente variété, ces bractées
étaient contournées et recouvraient presque
entièrement la hampe ; leur nombre semble
en rapport avec celui des feuilles. Les fleurs
avaient les divisions pétaloïdes plus foncées
et surtout plus nombreuses, ce qui donnait
à l’inflorescence un aspect très-dense. Le
tube calycinal était aussi moins long. Enfin
l’ensemble de la fleur était plus réduit;
mais à part ces différences les caractères
de la fleur étaient absolument semblables,
quant à l’organisation.
L’élongation rapide de la hampe est une
des particularités qui, au point de vue jar-
dinique, caractérisent ce genre de plantes.
Ainsi, pendant les chaudes journées de la fin
de juin, la pousse s’allongeait quelquefois de
7 millimètres par heure, ce que nous cons-
tations au moyen d’une longue planchette
fichée latéralement et sur laquelle nous po-
sions des points de repère.
J. Saluer, fils.
LA RAGE ET SON TRAITEMENT
Nous trouvons dans le journal V Agriculture
pratique un article très-intéressant et très^
utile, nous n’hésitons pas à le dire, sur la
rage, cette maladie si terrible qui, chaque
année, fait un si grand nombre de victimes et
contre laquelle jusqu’ici la science est à peu
près impuissante. Aussi, tout ce qui a trait à
cette cruelle affection, surtout pour la com-
battre, doit-il être connu partout et de tous et
surtout encore lorsque les remèdes indiqués
sont simples, peu dispendieux et d’une appli-
cation facile, ce qui est le cas pour le traite-
ment en question, ce nous engage à reproduire
l’article suivant.
En se plaçant à un point de vue général,
populaire si l’on veut, il n’y a sûrement plus
à parler de la rage que pour dire où peut
être le moyen d’en empêcher l’invasion ou
de la guérir lorsqu’elle est venue : mal hor-
rible, on ne la connaît que trop ; mal viru-
lent et transmissible, loin de s’user ou de
s’éteindre, il se conserve à travers les ans
et reparaît à distance toujours la même,
aussi redoutable toujours. « Un mal qui ré-
pand la terreur », c’est bien celui-là, puis-
que toujours il menace et jamais ne passe.
En effet, sans règle ni périodicité voulue ou
prévue, il frappe ici, là, ailleurs, partout en
réalité, au hasard et de la façon la plus inat-
tendue : au logis, l’enfant simplement léché
par le petit chien qu’il caresse ou chiffonne,
son camarade de jeu et son commensal ;
dans la rue, le passant affairé, le promeneur
distrait, l’écolier au sortir de la classe ; aux
champs, l’animal paisible qui broute ; der-
rière la charrue, le laboureur au travail ;
sur les routes, bêtes et gens allant au mar-
ché, et toujours, toujours sans crier gare !
Beaucoup prétendent que la rage est tou-
jours communiquée ; on n’a jamais supposé
qu’elle pût naître spontanément chez d’au-
tres que le chien et le loup dont les mor-
sures alors la transmettent souvent aux
autres, à tous les autres.
Spontanée ou communiquée cependant
— question à vider entre savants — elle est,
et devant elle tous sont égaux. Ce n’est pas
assez que le plus fréquemment elle éclate
au milieu de la plus complète sérénité ou
du plus profond oubli ; la voilà qui se révèle
transmissible aussi par voie d’hérédité ma-
ternelle, et M. Pasteur déclare qu’elle est
de nature microbienne.
En somme — scientifiquement parlant
— elle ne laisse rien à désirer et se pré-
sente encore aux chercheurs, après tant et
tant d’années d’attente, sous la forme d’un
problème dont les termes, loin de se sim-
plifier, vont, semble-t-il, en se compli-
quant.
Laissant aux hommes de science le soin
de débrouiller les hautes et difficiles ques-
tions du sujet, le commun des martyrs se
contenterait d’apprendre que , touché ,
c’est-à-dire mordu par un animal enragé,
il trouverait, dans la médecine, non plus
l’impuissance ou l’abandon, mais la certi-
tude d’un prompt soulagement, mieux en-
core, l’espoir fondé d’une guérison facile. Or,
s’il en était ainsi pour la rage communiquée
à l’homme, il est à présumer qu’il en serait
LA RAGE ET SON TRAITEMENT.
503-
de même pour la rage observée chez les
animaux, à commencer par celle du chien,
triste privilégié d’un mal réputé indomptable
parce qu’on ne sait ni comment l’empê-
cher d’éclater, ni comment le vaincre quand
il est venu.
Bien des remèdes ont été proposés ou
préconisés : on les a essayés tous et bien
d’autres avec ; mais tous ont également
échoué. Si la rage est due à l’existence, à la
pénétration et à la pullulation plus ou moins
rapide d’un microbe, celui-ci n’a encore été
ni isolé ni cultivé, et les espérances d’ino-
culation préventive aux jeunes chiens,
exempts par elle de toute atteinte ultérieure,
ne seraient encore qu’une demi-garantie.
Quoi qu’on fasse, en effet, beaucoup de
chiens échapperaient certainement à l’ino-
culation, et l’homme — on ne l’inoculera
pas, lui — restera quand même exposé au
danger, si éloigné soit-il, de contracter la
rage. Est-ce que, malgré la vaccination,
beaucoup encore ne meurent pas de la pe-
tite vérole ?
Que l’inoculation rabique du chien de-
vienne ou non pratique, réalisable, efficace,
il n’en sera pas moins utile toujours de voir
la médecine, sinon le malade lui-même, en
possession assurée d’une médication souve-
raine contre la cruelle maladie.
Y a-t-il lieu d’espérer qu’après avoir vai-
nement cherché au loin cette médication, on
finira par la trouver tout près de soi? Pour-
quoi non? Comme tant d’autres découvertes
dues uniquement au hasard, celle-ci ne se
peut-elle trouver sous la main?
En parlant de la possibilité de découvrir
le vaccin de la rage, M. H. Bouley disait
excellemment, et très-judicieusement aussi :
(( Il faut se garder d’espérances qu’on est
d’autant plus prompt à concevoir que le ré-
sultat espéré apparaît plus beau. > C’est
très -sagement dit ; mais la sagesse ne con-
sisterait pas à négliger les faits dont l’obser-
vation et la sage interprétation peuvent
conduire à un résultat d’autant plus en-
viable et satisfaisant qu’il est depuis long-
temps attendu ou inespéré.
Il y a deux ou trois ans déjà, le Recueil de
médecine vétérinaire empruntait à une
autre publication la relation d’un fait
étrange mais très-important, qui n’a mené,
ni dans la presse scientifique ni dans l’autre,
le bruit qui se fait chaque jour autour du
moindre assassinat. Il s’agissait pourtant
d’un homme cruellement atteint de la rage,
désespérément abandonné à sa malheureuse
destinée, et fort inopinément guéri — guéri
de la rage ! cela valait bien qu’on s’y arrêtât.
La chose a passé inaperçue La voilà
pourtant qui semble remonter du fond des
oubliettes où elle était tombée comme un
simple fait-divers.
C’est une bonne occasion de la rappeler,
de la reprendre brièvement ah ovo et de
dire en quoi elle peut faire espérer la dé-
couverte du traitement fort simple de la
rage et l’affirmation dé son efficacité.
Un jeune paysan, mordu par un chien
errant, devint — comme on dit — enragé.
Pour se soustraire à l’affreux spectacle des
accès qui secouaient ce malheureux et à ses
violentes atteintes, on se décida à l’enfermer
dans une petite chambre dont les murs
étaient garnis de bottillons de gousses d’ail
fraîchement récoltées.
On voit d’ici ce pauvre abandonné dans
cette étroite prison, aux prises avec ses
souffrances, avec son désespoir aussi peut-
être, se jetant en furieux sur la seule chose
qui fût à sa portée, sur ces bottillons accro-
chés aux murs, mâchant avec rage les
gousses et les ingérant à la façon du chien
malade qui avale du foin, de la paille, ffe la
terre, des débris de bois, au plus fort des
accès du mal qui l’étreint et l’affole.
Eh bien, là était le salut î L’ail ainsi in-
géré en quantité n’est point un corps inerte,
loin s’en faut, mais une substance médica-
menteuse énergique.
Doué de propriétés excitantes très-ac-
tives, l’ail paraît agir tout à la fois sur les
organes digestifs, rénaux et pulmonaires, à
petite dose. Pris comme assaisonnement, il
n’a qu’une action passagère; administré plus
largement, et, comme dans ce cas particulier,
très-incomplètement étudié sans doute, jus-
qu’à production d’effet utile, ainsi que le
veut pour tous les alcaloïdes la méthode
thérapeutique des médecins dosimètres, on
ne sait encore rien des effets ou physiolo-
giques ou curatifs qui peuvent lui être ra-
tionellement attribués. Appliqué à l’exté-
rieur, haché menu, fortement écrasé, il agit
comme rubéfiant énergique, voire comme
vésicant, et on n’en supporte pas longue-
ment l’application.
Quoi qu’il en soit, absorbé inconsciem-
ment, pris à haute dose, furieusement —
croyons-nous pouvoir dire — par cet homme
504
I.A RAGE ET SON TRAITEMENT.
malade de la rage, il l’a ;forlement assoupi,
puis guéri, bien guéri.
L’ail a vraiment fait ce miracle. On n’en
a pas beaucoup parlé et on pouvait le ciDire
tout à fait oublié, mais il nous est revenu
d’un peu loin peut-être, qu’importe !
C’est encore par la voie du Recueil de
médecine vétérinaire qu’il se représente
revu, augmenté, consolidé, sous forme de
découverte à retenir et à cultiver pour le
plus grand bien de l’humanité. C’est dans
cette feuille que nous prenons la substance
des constatations suivantes :
Un vieux médecin de Porto, M. le doc-
teur Victorina Pereira Dias, a eu l’heureuse
idée de traiter la rage préventivement et
effectivement par l’ail. Ses premières expé-
riences, les seules que l’on connaisse au
surplus, ont porté sur neuf individus mordus
par des chiens enragés dans le cours de
l’année 1882.
(( Aucun de ceux qui ont été traités par
l’ail, dit le compte rendu, n’a présenté de
symptômes rabiques. Tous ceux qui ont été
cautérisés au fer rouge sont morts.
(T Voici comment on procède :
(( La morsure doit d’abord être lavée à l’eau
froide, puis frottée avec de l’ail pilé, ({u’on
laissera sur la plaie pendant un certain temps.
« Le malade prendra pendant huit jours
üO grammes de la décoction suivante :
« Eau pure 720 grammes.
« Ail 1 tête.
« On fait bouillir jusqu’à réduction de
500 grammes.
« Le malade mangera en outre tous les
matins deux gousses d’ail avec du pain.
« Pendant l’accès de rage confirmée, on lui
fera constamment mâchonner des gousses d’ail
jusqu’à ce qu’il s’assoupisse.
(( Cet antidote de la rage est infaillible. »
Nous ne demandons pas qu’on croie aveu-
glément à l’infaillibilité, ni même à l’effica-
cité constante de ce traitement, qui nous
paraît d’ailleurs susceptible d’être modifié,
simplifié, perfectionné. Nous émettons seu-
lement le vœu qu’il soit essayé, sérieuse-
ment étudié dans nos écoles vétérinaires,
où les sujets d’expérimentation ne font pas
défaut, mais abondent.
La règle qui semble se dégager de ce qui
précède, c’est de saturer le malade du prin-
cipe actif de l’ail, de lui en faire absorber
jusqu’à production d’effet utile dont la me-
sure est donnée par un assoupissement assez
profond.
Il nous semble qu’il y aurait un mode
d’administration plus sûr que la décoction
plus haut formulée et qu’ici la chimie et la
pharmacie, s’entr’aidant, auraient un mot
à dire et quelque préparation commode
à proposer aux praticiens des deux méde-
cinesc
Tout dernièrement aussi on a parlé d’une
plante exotique, une liane du genre Strych-
nos, dont le nom, Hoàng-Nàn, suffirait
peut-être à assurer la fortune. Ail, c’est
bien vulgaire, cela monte peu l’imagination :
Hoàng-Nàn, au contraire, vous a un air pé-
dant et vous pose. Et puis l’ail, tout le
monde le connaît, on le voit, on le touche,
on le sent, on en use à son gré, tandis que
l’autre, cueillie au Tonkin ! est une in-
connue, une nouveauté qu’on peut mettre
à la mode. Aussi lui promet-on les honneurs
de l’expérimentation.
Quoi qu’il en soit, cette expérimentation
ne peut qu’être la bien venue, mais qu’elle
s’applique avec une égale attention, avec le
même intérêt, aux deux plantes, à l’étran-
gère venue de si loin et à l’autre que chacun
de nous a sous la main. Que celle-ci et celle-
là se montrent également dignes de pro-
messes faites en leur nom et nos vœux se-
ront comblés. Deux remèdes pour un, ce
serait un double bienfait (1). Eug. Gayot.
(1) Ne serait-ce pas le moment de rappeler un
autre alcaloïde végétal, la Pilocarpine, dont ré-
cemment on vantait les propriétés antirabiques
constatées sur un nommé Gillet, qui, après avoir
été mordu par un chien enragé, avait été parfaite-
ment et radicalement guéri à l’Hôtel-Dieu de Caen?
On le sait, la Pilocarpine est un extrait d’une plante
brésilienne, le Püocarpns Jahorandi.
( Rédaction. }
Im]». daorgw Jneob , — Orléaiu.
GHROMQUE HORTICOLE
Nouveau mode de multiplication des
Lis. — Nous devons la connaissance de ce
nouveau procédé à notre collaborateur
M. Boisselot, de Nantes. Voici ce qu’il nous
écrit à ce sujet : c: J’avais, à l’automne,
planté deux variétés de Lilium lancifo-
Hum; placés sur le côté, ces Oignons fu-
rent recouverts d’un morceau d’ardoise, de
sorte que, pour sortir, les tiges ont du dé-
vier sous le sol. Dans ces conditions, sur la
partie oblique et cachée, elles ont développé
plusieurs çaïeux magnifiques à l’aide des-
quels je pourrai multiplier la plante. Ne
pourrait-on appliquer un traitement ana-
logue à d’autres espèces de Lis, dont la
multiplication est parfois difficile ?
M. Boisselot a raison ; il nous paraît plus
que probable que, généralisé, ce traitement
,donnerait de bons résultats ; nous fondons
cette conviction sur des analogies ou plutôt
sur des faits qui se produisent naturelle-
ment sur la tige de certains Lis, par exem-
ple sur le Lis blanc, si avant la complète
floraison on coupe les tiges et qu’on les
suspende la tête en bas dans un lieu hu-
mide et sombre, soit dans une cave, soit
dans un cellier. Dans ce cas, il arrive fré-
quemment qu’à l’aisselle de chaque feuille,
là où il y en avait une, il se développe
un caïeu ou une bulbille, suivant l’espèce
soumise à l’expérience.
Série d’Œillets Mignardises remon-
tants. — En nommant son premier gain
d’Œillets Mignardises remontants Mil huit
CENT QUATRE-VINGT-UN, M. Alégatière ,
horticulteur, chemin Croix-Narlon-Saint-
Alban, à .Montplaisir-Lyon, semblait pres-
sentir toute une phalange de plantes ayant
pour caractère exceptionnel de « remonter »
et vouloir prendre date, ce qui est arrivé.
En effet, le 20 septembre dernier, à l’expo-
sition de Lyon, cet horticulteur exhibait
dix -sept variétés qui lui ont valu une mé-
daille d’argent. Nous avons vu des échan-
tillons de ces plantes qui sont vraiment
très-remarquables, tant pour la grosseur
des fleurs que pour leurs couleurs, qui va-
rient du rose uniforme ou à peu près, au
fond blanc fortement maculé brun ou
pourpre ; parfois ce sont des stries excessi-
vement colorées qui s’étalent sur un fond
plus clair, ce qui, par contraste, en fait
16 Novembre 1888.
ressortir la beauté. Ces plantes, mises en
serre, y fleurissent tout l’hiver et ont des
fleurs très-agréablement odorantes.
Ces Mignardises qui proviennent en prin-
cipe d’un Œillet Mignardise croisé avec
l’Œillet Espoir, ont conservé les caractères
de végétation de celui-ci ; leurs tiges persis-
tantes se lignifient presque, et, comme elles
se ramifient considérablement, ces plantes
constituent de fortes touffes buissonneuses
dressées, absolument comme des Œillets
remontants.
Conservation des Raisins. — Pres-
que tous ceux qui s’occupent des choses
horticoles savent que pour conserver les
Baisins, on coupe les sarments qui portent
les grappes, et qu’on les met dans des bou-
teilles remplies d’eau, placées ensuite dans
un endroit très- sombre et où la tempéra-
ture, aussi uniforme que possible, ne s’élève
guère au-delà de 3 ou 4 degrés au-dessus de
zéro. Dans cette eau, qui n’a pas besoin
d’être changée tant que dure la « saison »,
l’on ajoute quelques morceaux de charbon
et un peu de sel gris, afin d’en empêcher la
corruption. Malgré ces précautions et tous
les soins, il arrive fréquemment que des
Champignons apparaissent, ce qui se recon-
naît à l’odeur de moisi qui ne tarde pas à se
manifester. Aussitôt qu’on s’aperçoit de cette
affection, il faut s’empresser de la com-
battre, ce à quoi l’on parvient facilement en
allumant une mèche soufrée, dont la com-
bustion produit de l’acide sulfureux qui dé-
truit les miasmes répandus dans l’air et le
purifie. Quant à l’humidité qui tend à se
former continuellemenl par l’évaporation de
l’eau, on l’enlève avec de la chaux vive qu’on
place çà et là dans les c( chambres à Raisin »
et qu’on renouvelle lorsqu’elle est tombée
en poussière par suite de l’eau qu’elle a
absorbée.
Tous ces soins ne doivent pas empêcher,
ni même faire négliger ceux de propreté
hygiénique, qui consistent à passer de temps
à autre dans les chambres, afin de couper
avec des ciseaux les grains gâtés, qu’il ne
faut jamais laisser séjourner dans les pièces
à cause des principes destructeurs qu’ils
dégagent.
Ce que nous disons des Raisins peut,
comme soins généraux, s’appliquer aux
22
CHRONIQUE HORTICOLE.
r)Ou
autres fruiis, de sorte que ce qui vient
d’être dit pour les « chambres à Raisin » est
également applicable à tous les fruitiers.
Culture des Ananas dans la mousse.
— Ce n’est pas seulement les plantes d’or-
nement qu’on cultive ainsi, mais des légu-
mes et même des plantes fruitières. Ainsi,,
dans le précédent numéro de la Revue hor-
ticole j p. 481, nous faisions connaître des
expériences de ce genre faites sur des Pom-
mes de terre et sur des Fraisiers, et dont le
résultat avait été satisfaisant. Aujourd’hui
nous avons mieux à faire connaître, une
culture en grand d’ Ananas, faite à l’École
d’horticulture de Versailles, ce que nous
avons constaté récemment, en parcourant
ce remarquable élablissement.
En eftet, des bâches tout entières d’ Ana-
nas sont cultivées dans la mousse depuis
deux ans et ils donnent de magnifiques
produits. L’expérience est comparative. Dans
une même serre partagée en deux parties
pour la circonstance, une de ces parties a
été occupée par des Ananas cultivés par
l’ancien système, c’est-à-dire en pleine terre,
tandis que l’autre partie contenait des plantes
du même âge, mais cultivées en plein dans
la mousse, à l’exception d’un peu de terre
de bruyère que l’on avait ajoutée autour de
la motte pour cc amorcer » les racines. 11
va sans dire que ces plantes recevaient des
soins identiques. Eh bien î dans ces condi-
tions, l’avantage est resté aux plantes cul-
tivées dans la mousse; elles étaient plus
trapues, moins élancées, d’un vert plus bril-
lant et en même temps plus foncés. Les
fruits même étaient plus réguliers, souvent
plus gros. Bref, les résultats étaient meil-
leurs dans la mousse qu’en pleine terre.
L’expérience paraît donc concluante.
Une bonne plante indigène. — Cette
plante nouvelle, des plus méritantes, est
une Fougère du genre Scolopendre,
genre beaucoup trop négligé, assurément. '
Il est, en effet, peu de genres, même
parmi les plantes exotiques, qui lui soient
supérieurs, même com.parables en mérite.
Toutes les formes qu’il renferme ont les
frondes persistantes, largement rubanées
et d’un beau vert brillant, ondulées, ou cris-
pées, ou diversement contournées. De plus,
toutes sont l ustiques, d’une culture facile
même en pots, de sorte qu’on peut les em-
ployer avec avantage pour la décoration des
appartements.
Le Scolopendrium officinale Valloisi,
(c’est le nom de cette nouveauté) est de
beaucoup supérieur à tout ce qui est connu
dans ce genre.
Cette plante a été découverte à l’état sau-
vage par un amateur passionné d’horticul-
ture, M. Vallois, vice-président de la So-
ciété centrale d’horticulture de la Seine-
Inférieure, dans un fourré du bois dit « des
Tilleuls 3), mélangée à un nombre considé-
rable de Scolopendrium officinale.
La Revue horticole en donnera prochai-
nement une description et une figure.
Conservation des fruits par le froid.
— M. E. Salomon, le célèbre viticulteur
de Thomery, qui a fait de la production et
surtout de la conservation des Raisins une
véritable industrie, continue ses expériences
sur une échelle dont on n’avait pas eu
d’exemples jusqu’ici. Au moyen de conser-
vation connu et employé à Thomery depuis
longtemps, M. Salomon en a ajouté un au-
tre dont il est l’inventeur: le « Froid »,
qu’il maintient constamment et uniformé-
ment à l’aide du procédé réfrigérant et
dont nous avons déjà parlé dans la Revue
horticole. Par ce moyen le résultat est des
plus avantageux, car, outre que la conserva-
tion est prolongée, la perte est beaucoup
moins grande. Ainsi, tandis que cette perte
est d’environ 50 «/o par l’ancien système, elle
n’atteint pas 5 par le nouveau procédé.
D’autre part, M. Salomon ne s’est pas
borné aux Raisins, il a étendu son système
à presque tous les autres fruits charnus. On
pourra s’en faire une idée par les chiffres
suivants se rapportant à quelques sortes
qu’il a soumises, cette année, à la conser-
vation :
Prunes de Reine-Claude, 1,500 kilos;
Abricots, Pêches, Brugnons, 26,000 en-
viron ;
Poires Duchesse d'Angoulême, Louise-
Bonne d’Avranches, Beurré-Diel, 30,000.
Ces fruits ne sont pas les seuls; lors
d’une récente visite, nous en avons vu de
variétés très-différentes, par exemple des
Melons Cantaloups, qui restaient magni-
fiques, bien qu’ils eussent déjà plus de deux
mois de conservation.
Nouveau procédé pour détruire le
CHRONIQUE HORTICOLE.
507
Puceron lanigère. — Un abonné de la
Revue horticole, M. Ganeutte, vice-prési-
dent de la Société d’agriculture et d’horti-
culture, 58, quai des Tanneurs, à Saint-
Omer, nous assure qu’il emploie avec un
complet succès, contre le Puceron lanigère,
de Veau sédative avec laquelle il badigeonne
les arbres attaqués par cet insecte. « Loin
de fatiguer les arbres, dit-il, cette substance
leur donne une nouvelle vigueur. »
Le remède est d’une application facile
et nous engageons nos lecteurs à l’es-
sayer.
Rappelons à ce sujet que toutes les subs-
tances susceptibles de décomposer les corps
gras, tels que alcool, pétrole, nicotine,
huile lourde et insecticide Fichet, etc.,
etc., peuvent être employées pour détruire
le Puceron lanigère, en prenant toutefois
certaines précautions suivant l’état de la
végétation et la nature des substances qui
devront être plus ou moins additionnées
d’eau, en raison de leur nature, c’est-à-
dire leur force de corrosivité, pourrait- on
dire.
Les dernières Vignes dans l’intérieur
de Paris. — On ne se doute guère que
dans l’enceinte même de Paris, il existe en-
core des champs de Vignes, et il est bien
certain qne bon nombre de Parisiens même
l’ignorent complètement. Le fait est pour-
tant exact. Ces Vignes ne sont certainement
pas dans le « vieux » Paris, mais dans le
Paxis nouveau, dans le Paris « annexé », à
Ménilmontant, rue de la Justice. Et comme
probablement elles n’y resteront pas long-
temps, nous avons pensé qu’il était bon de
les signaler, comme étant les dernières qui
auront existé dans le Paris de 1883.
Orchidées en fleurs chez M. Bleu. —
L’éminent cultivateur de Caladium bulbeux
ne se borne pas à la culture de ces plantes,
dans laquelle il est passé maître ; il se livre
avec non moins de talent et de succès à
d’aulres spécialités, notamment à l’hybri-
dation des Orchidées, dans laquelle il a déjà
obtenu de remarquables résultats. Lors
d’une récente visite que nous lui avons faite,
nous avons remarqué, en Heurs, plusieurs
espèces intéressantes et rares, notamment
plusieurs belles variétés de Cattleya Pineli,
un Epidendrum speciosum, plante extra-
belle et rarissime qui n’a jamais fleuri en
France, peut-être même en Europe. Enfin,
un très fort pied de Catasetum Gnomus,
plante des plus singulières par la couleur
brune de ses grandes fleurs, mais surtout
par leur forme qui rappelle deux insectes
différents, suivant qu’on la regarde en des-
sus ou en dessous.
Essieu propulseur. — Tout ce qui,
dans l’économie domestique, se rattache à la
traction, intéresse non seulement l’agricul-
ture, mais se relie étroitement à l’horticul-
ture, ce qui nous engage à publier la note
suivante que nous adresse M. le comte de
Gastillon :
La masse de transports que nécessite soit la
création, soit l’entretien et l’exploitation des
jardins, fera, nous en sommes certains, bien
accueillir par les lecteurs de la Revue horti-
cole, l’annonce de la découverte que vient de
faire un honorable ecclésiastique de la Haute-
Garonne, M. l’abbé Mathieu, curé de Saint-
Julien. Il a trouvé le moyen de supprimer,
presque complètement, le frottement de l’es-
sieu, qui, comme on le sait, est la cause prin-
cipale de la résistance à la traction : car il le
réduit de 94 p. 100 ; et cela, par la disposition
la plus simple qu’il soit possible d’imaginer.
Le nouvel essieu, auquel son inventeur a
donné le nom, parfaitement approprié, éCEs-
sieii propidseur, est aussi peu compliqué en
lui-même et dans son agencement que l’antique
essieu encore en usage de nos jours. En tenant
compte des autres résistances à la traction,
cette amélioration permettra de supprimer trois
sur quatre des chevaux attelés à une cliarrette,
ou, ce qui revient au même, de leur faire
traîner un poids quatre fois plus considérable.
Inutile, croyons-nous, d’insister davantage sur
l’immense portée de cette belle découverte ;
nous avons voulu seulement l’annoncer, nous
réservant d’entrer plus tard dans les détails
nécessaires. Disons seulement que l’expérience
a pleinement justifié les prévisions du modeste
et savant inventeur.
Orme du Nord. — Cette espèce remar-
quée aux environs de Lille, par M. Goulom-
bier, pépiniériste à Vitry, qui l’a introduite
dans les environs de Paris, est très-pré-
cieuse et même ornementale. Elle est vi-
goureuse, pousse très -droit et a l’écorce
très-lisse, ce qui en fait un bel arbre d’ali-
gnement. Nul doute que comme arbre fo-
restier on pouriait en retirer de grands
avantages. Gomme arbre d’alignement, c’est
la meilleure variété qu’il conviefit de planter,
508
CHRONIQUE HORTICOLE.
Campanula turbinata. — M. Frœbel,
de Zurich, ayant semé des graines de
C. carpatica et de C. turbinata pelvi-
formis, les plantes obtenues de l’une et de
l’autre espèce sont absolument semblables
sous le rapport de la couleur et de la forme
des fleurs, ainsi que pour la disposition des
tiges ramifiées. On doit conclure de là que
le C. turbinata pelviformis est une forme
du C. carpatica et non pas du C. turbi-
nata.
Un amateur passionné des plantes al-
pines, M. Brockbank, de Brockhurst (An-
gleterre), cite également que parmi les
plantes qu’il a obtenues en semant des
graines de C. carpatica^ une grande partie
ressemblent au C. turbinata pelviformis.
Le C. turbinata pelviformis de M. Frœ-
bel a les fleurs d’une couleur mauve pâle.
Voici maintenant la description des deux
plantes types :
C. turbinata {C. carpatica transylva-
nica des auteurs, pro parte). Plante pu-
bescente, à feuilles ternes, à dents recti-
lignes. Tube calycinal campanulé turbiné,
à segments étalés, réfléchis, graduellement
cuspidés ; coupe trois fois plus courte que
le reste des segments ; corolle largement
turbinée, graduellement ouverte, non ven-
true ; lobes érigés à leur extrémité. Corolle
violet foncé.
C. carpatica, Jacq. Plante glabre, ex-
cepté le calyce ; feuilles brillantes, à dents
recourbées ; tube calycinal hémisphérique
turbiné (en forme de toupie), à segments
réfléchis, brusquement cuspidés ; coupe
deux fois plus courte que lé reste des seg-
ments ; corolle légèrement pelviforme (res-
semblant à une coupe) immédiatement au-
dessus de la base ventrue ; lobes recourbés,
s’étalant à l’extrémité.
Floraison plus tardive que pour le C. tur-
binata ; corolle bleue.
Nyman {Conspectus Florœ Europeœ,
p. 482) réunit ces deux espèces, qu’au-
trefois il considérait comme distinctes.
Nous renvoyons d’ailleurs nos lecteurs
aux articles publiés à ce sujet dans la Revue
horticole, 1882, p. 188.
Les Philodendron Mamei et P. So-
diroi. — Une circulaire de la maison Jacob-
Makoy, de Liège, vient de paraître, annon-
çant la mise en vente du Philodendron
Mamei, et ajoutantque cette plante est syno-
nyme de celle que cet établissement avait
exposée à Gand, en avril dernier, sous le
nom de Ph. Sodiroi.
C’est là une erreur que nous devons si-
gnaler et contre laquelle la publication de
la plante coloriée et delà description duP/i.
Mamei aurait dû les mettre en garde (1).
MM. Jacob-Makoy n’ont probablement
pas vu les deux plantes ; mieux informés,
ils n’hésiteront pas, nous en sommes cer-
tains, à reconnaître leur erreur, en indi-
quant loyalement les sources. Plus heu-
reux , nous avons vu à Gand le Ph.
Sodiroi, et nous en avons même pris une
description détaillée que voici :
Ph. Sodiroi, H. Makoy. Tige dressée ou
subrampante, arrondie; gaines courtes,
ovales, aiguës, couleur feuille morte, pétiole
dressé, déprimé en dessus, violacé et ponc-
tué de blanc, à gaîne longue sur les jeunes
feuilles, courte sur les adultes; limbe ovale
cordiforme allongé, sinus très-obtus , à
oreillettes peu développées, à pointe longue,
molle et tordue, à nervures saillantes et vio-
lacées dessous, non proéminentes en des-
sus ; couleur de fond vert gai avec couches
argyrées, interrompues, larges.
Le Ph. Sodiroi est une plante intéres-
sante, qui fera une nouveauté de plus à
ajouter aux collections, sans rien enlever
du mérite du Ph. Mamei.
Ouverture du cours municipal d’ar-
boriculture de la Ville de Paris. —
M. J. Nanot, professeur d’arboriculture de
la Ville de Paris, commencera ce cours, qui
sera public et gratuit, le mardi 20 no-
vembre 1883, à 8 heures du soir, au siège
de la Société nationale d’horticulture de
France, 84, rue de Grenelle. ‘Les leçons
théoriques seront continuées tous les mardis
et vendredis, à la même heure.
Les leçons pratiques commenceront le
dimanche 27 janvier 1884, à 1 heure 1/2, à
l’École pratique d’arboriculture , avenue
Daumesnil, au bois de Vincennes.
Les fleurs dans les rues, à Paris. —
Grâce à l’absence de gelées et à une tempéra-
ture relativement élevée, on voit les petites
voitures de fleurs circuler dans les rues char-
gées de Violettes, de Giroflées, de Dahlias,
de boutons de Roses, de Réséda, de Roses
de Noël, etc., et même de plantes de serre,
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 492.
LES FRÂNCISCÉAS ET LEUR CULTURE.
telles que Héliotropes, Chrysanthèmes, etc.,
qui, plantées en pleine terre au printemps,
continueront à y épanouir leurs fleurs. Sans
l’almanach qui nous ramène à la réalité, on
pourrait se croire en septembre, bien que
nous touchions au mois de décembre.
Sibthorpia europæa variegata. —
Celte charmante plante rampante, de minus-
cules dimensions, peut tapisser très agréa-
blement les rochers des serres froides, et
même les endroits ombragés des terrains
granitiques, en plein air, puisque le type
est indigène.
Un pan de muraille peut être garni
d’une manière très-complète par les l'a-
meaux filiformes elles innombrables feuilles
bordées de blanc de cette Scrophularinée,
que nous avons quelquefois rencontrée en
mauvaises conditions, parce qu’elle n’était
pas soumise au traitement qui lui convient.
Il lui faut la culture en terre de bruyère
pure, à l’ombre, avec beaucoup d’humidité,
et, s’il se peut, de l’eau de source tombant
goutte à goutte autour d’elle.
Décoration de M. Â. Lavallée. —
Nous avons la satisfaction d’annoncer que
le Président de la Société nationale d’horticul-
ture, M. A. Lavallée, vient d’être nommé,
par S. M. le Pmi des Belges, officier de'l’Or-
dre de Léopold. C’est un hommage légitime-
ment rendu au Président général du jury
de la dernière Exposition quinquennale de
Gand, qui a eu lieu au mois d’avril dernier.
Marseille horticole. — Tel est le litre
d’un nouveau journal qui vient de se fonder
à Marseille et dont le premier numéro a
paru le octobre. Ce journal, publié avec
la collaboration de V Association horticole
marseillaise, a pour rédacteur en chef
M. Frise Numa, ingénieur civil. Il paraîtra
le 15 de chaque mois.
LES FRANGISGÊÂS
Les plantes à fleurs charmantes qui com-
posent ce genre sont toutes ornementales.
On les cultive encore trop peu dans les
collections.
C’est pour cette raison que nous avons
traduit l’article suivant, publié récemment
par M. Baines, dans le Garden.
Les Franciscéas prennent rang parmi les
L’horticulture ne pouvant que gagner à
l’extension et à la vulgarisation des con-
naissances horticoles, on doit se réjouir de
voir paraître un nouvel organe consacjé
particulièrement à son service ; aussi, avec
la bienvenue, nous souhaitons au Mar-
seille horticole succès et longue vie.
Nécrologie. — Nous avons le regret
d’annoncer la mort de trois botanistes de
grand mérite, dont la perte nous intéresse
vivement, puisque la botanique et l’horti-
culture se prêtent un mutuel appui, et
qu’on peut dire même que chacune d’elles
ne saurait progresser sans le secours de
l’autre.
M. J. Duvcd-Jouve. — Ce savant bota-
niste, décédé à Montpellier dans sa soixante-
quatorzième année, était surtout connu
par ses travaux sur les Graminées, les
Cypéracées, la structure des Cryptogames
vasculaires, etc. Il avait fait entrer les ca-
ractères histologiques dans la diagnose de
l’espèce.
M. Pedicino. — Directeur du Jardin bo-
tanique de l’Université, à Borne, M. Pedi-
cino, est mort dans cette ville, à un âge
avancé.
M. Gaillardot. — Médecin, directeur de
l’École de Médecine du Caire , M. le
Ch. Gaillardot, apprécié par les impor-
tantes collections botaniques qu’il avait
faites en Égypte et en Syrie, est mort à
Baudoun, près Beyrouth, à l’âge de soixan-
te-dix-neuf ans.
Rectification. — Dans le précédent nu-
méro de la Revue horticole, page 484, une
erreur typographique, dans la lettre de
M. le comte de Castillon, a dénaturé une
phrase principale et lui a enlevé sa significa-
tion. Ainsi, en parlant du greffon, on a écrit
mèattaiye ; c’est BUTTAGE qu’il faut écrire.
ET LEUR GULTÜRE
plantes à fleurs de serre, les plus distinctes
et les plus jolies. Leurs dimensions sont
variables, certaines espèces se développant
très -peu, tandis que d’autres, le F. con-
fertiflora, par exemple, forment des touffes
de 1"^75 de hauteur sur de dia-
mètre. Leur feuillage vert foncé est ample
et fait admirablement ressortir leurs fleurs
510
LES FIIANCISCÉAS ET LEUR CULTURE.
pourpre-violet lorsqu’elles sont nouvelle- I
ment épanouies, et devenant progressive-
ment plus pâles en vieillissant.
Le F. confertiftora est assurément le
plus joli représentant du genre; cependant
ses fleurs sont dépassées en grandeur par
celles du F. calycina major.
La beauté des fleurs de la plupart de ces
espèces est principalement produite par
l’anneau blanc qui orne l’oriflce du tube,
et qui forme un éclatant contraste avec la
vive couleur des fleurs nouvellement ou-
vertes. De plus, leur floraison fournie et
successive dure depuis le premier prin-
temps jusqu’à une époque très-avancée de
l’été. Ces avantages rendent ces plantes pré-
cieuses pour les expositions et pour la
décoration en général.
Les Franciscéas demandent peu de cha-
leur et ils produiront une floraison abon-
dante et un coloris d'une grande délicatesse
en les tenant dans une serre froide bien
ombrée.
Dans leur culture, deux points impor-
tants doivent être observés. Lorsque leur
végétation est en mouvement, ou bien lors-
qu’elle est terminée et que leur bois et.
leurs feuilles sont bien endurcis, les Fran-
ciscéas peuvent recevoir directement la
lumière du soleil, sans quoi les feuilles, au
lieu de conserver leur jolie couleur lustrée,
vert foncé, deviendraient d’un brun sombre
et d’apparence maladive. Si au contraire
cette exposition en plein soleil leur était
donnée au moment de la floraison, les fleurs
blanchiraient en un jour ou deux.
Un autre point également très-important
est qu’il faut toujours tenir les Franciscéas
exempts d’insectes, surtout delà cochenille,
dont la présence les rend tout de suite
souffrants.
Multiplication et culture. — Tous les
Franciscéas reprennent facilement à l’aide
de boutures faites avec le bois à moitié dur,
que l’on a vers la fin de mars, lorsque les
plantes ont fait une bonne végétation hâtive
en serre.
Les rameaux principaux doivent être
coupés en fragments de 10 à 12 centimètres
de longueur et piqués dans des godets
remplis de sable, qui seront placés sous
verre, à une température de 15 degrés, et
ombrés.
En quelques semaines, les racines seront
développées et les verres (cloches, châs-
I sis, etc.) seront enlevés. Les Franciscéas
pourront alors recevoir une lumière abon-
dante, tout en étant garantis des rayons
directs du soleil. Aussitôt que les godets
seront emplis de racines, on rempote les
jeunes plantes dans des pots de 10 à 12 cen-
timètres de diamètre; elles s’accommoden
soit de la terre de bruyère tourbeuse,
soit de terre argileuse fine, soit d’un
mélange des deux. Mais c’est dans la terre
de bruyère tourbeuse qu’elles développent
le plus ample feuillage, et surtout que leur
floraison est plus abondante. Pour le pre-
mier rempotage, la terre sera brisée en frag-
ments de la grosseur d’une noisette, et on.
lui adjoindra un sixième à peu près de sable
blanc ; on donnera un bon drainage, et on
tassera légèrement.
On écarte, en les maintenant, les jeunes
rameaux, de manière que les parties cen-
trales de la plante prennent dès le principe
une bonne disposition. Une température
moyenne leur suffit, mais la végétation sera
plus vigoureuse si on leur donne en été
une température de 15 degrés pendant la
nuit, et plus élevée de 6 à 8 degrés pendant
le jour. Dans la matinée, il convient de
donner de l’air, mais on ferme ensuite, et
l’on peut, pendant une heure ou deux,
laisser la température atteindre 28 degrés;
mais il faut à ce moment bassiner en pluie.
Les racines se développent rapidement;
vers le 15 juillet il faut donner un nou-
veau rempotage dans des pots de 10 centi-
mètres de diamètre, et en même temps
opérer un pincement à l’extrémité des
bourgeons que l’on recourbera en les
piquant sur terre , de manière à faire
élargir les touffes. Le traitement indiqué plus
haut continue, toutefois en arrosant plus
abondamment. Au commencement de sep-
tembre, l’air doit être distribué plus large-
ment; on ombre beaucoup moins, mais
toujours cependant quand le soleil est fort.
En hiver, on maintient la température
entre 8 et 10 degrés, et en février, on
l’élève à 12 ou 13 degrés.
En mars, on donne un nouveau rempo-
tage. Les espèces les moins vigoureuses
telles que les F. Hopeana^ eximia, etc.,
seront placées dans des pots de 12 à 14 cen-
timètres de diamètre; les autres, notam-
ment les F. conf ertiflor a ^ calycina, deman-
dent des pots de 18 à 20 centimètres. Pour
obtenir des spécimens d’élite, il est bon de
TROIS PLANTES NOUVELLES MÉRITANTES.
511
mettre quelques plantes dans des pots
beaucoup plus grands, pouvant avoir, sui-
vant les espèces, jusqu’à 50 centimètres de
diamètre.
Dès le printemps qui suit leur première
année, les Franciscéas produiront déjà un
assez joli effet. On devra encore pincer
l’extrémité des rameaux et les écarter en
les fixant sur terre. Le traitement est le
même que celui indiqué pour la première
année. En septembre, au moment où la
végétation s’arrêtera, une partie des plantes
seront placées dans une serre froide, où
elles recevront une quantité modérée d’air;
et quand le soleil brillera, on ne donnera
également qu’un très- léger ombrage. Les
plantes non changées de place resteront à
la chaleur jusqu’à ce que les boutons à
fleurs soient bien visibles, et alors on les
transportera à leur tour dans un endroit
frais, puis on les arrosera moins abondam-
ment; mais il ne faut jamais les laisser
souffrir de la sécheresse, sans quoi leur
beau feuillage serait endommagé.
Pendant l’hiver, la température sera
tenue à 6 ou 8 degrés ; une moindre chaleur
leur serait préjudiciable, et une plus forte
les amènerait à fleurir trop tôt.
Les plantes ainsi préparées seront, vèrs
la fin d’avril, placées dans la partie d’une
serre exposée au nord et que l’on ombrera,
si le soleil est brillant. La floraison com-
mence en juillet. Lorsqu’elle est terminée,
les rameaux doivent être rabattus, pour
régulariser la forme des buissons.
Ensuite, on place de nouveau les Fran-
ciscéas à la chaleur et les soins sont les
mêmes que ceux indiqués précédemment,
en ayant soin de rempoter quand besoin
est, et de donner un peu d’engrais liquide
pendant la période de végétation.
Les Franciscéas sont quelquefois attaqués
par les thrips, les araignées rouges et les
pucerons. On les en débarrasse facilement
au moyen de bassinages copieux et de
fumigations. De même les punaises et les
kermès sont à craindre, mais on peut les
détruire soit par des insecticides, soit en
nettoyant les plantes avec une éponge ou
une brosse douce.
Voici la liste des meilleures espèces.
F. confertiflora. Espèce à végétation
vigoureuse, compacte. Une plante des plus
jolies, que l’on peut préparer pour les ex-
positions, et qui rend de grands services
pour la décoration en général, car ses belles
fleurs violet-pourpre foncé s’harmonisent
avec la plupart des autres fleurs. Originaire
du Brésil.
F. c. variegata. Variété de l’espèce
précédente, à feuilles élégamment pana-
chées.
F. calycina major. Très-jolie plante
brésilienne, à larges feuilles, à grandes
fleurs rouge foncé, moins nombreuses que
celles du F. confertiflora.
F. eximia. Espèce également brésilienne,
à port érigé, produisant de larges têtes de
fleurs violet-pourpre. Végétation moyenne.
F. Lindeni. Brésil. Espèce ne se déve-
loppant pas beaucoup, à feuilles d’un vert
foncé, à fleurs d’un violet -pourpre très-
brillant. Plante très-ornementale.
F. Hopeana (uniflora) Brésil. Petite
espèce fleurissant abondamment aussi bien
à l’extrémité des rameaux qu’à faisselle
des feuilles. Fleurs violet-pourpre pâle ou
lilas, devenant blanches.
F. acurninata. Espèce ancienne, mais
très-élégante et bien distincte, à fleurs
violet-pourpre, originaire de Rio de Janeiro.
(Traduit du Garden.) Ch. Thays.
TROIS PLANTES NOUVELLES MÉRITANTES
Les plantes dont il s’agit et que viennent
de mettre au commerce MM. Haage et
Schmidt, horticulteurs à Erfurt, sont les
suivantes : Bégonia florida incompara-
hilisy Exacum affine et Statice Suivorowi.
Ce sont trois plantes ornementales de mé-
rite. En voici une description ;
Bégonia florida incomparahilis{lig. 101).
— Issu par croisement des Bégonia sem-
perftorens rosea et du B. Sclimidti, l’enfant
a hérité des qualités de ses parents. C’est
une plante naine très-ramifiée et excessive-
ment floribonde, rappelant assez exacte-
ment par son faciès et sa végétation le
B, Schmidti. Quant à ses fleurs, elles sont
d’un très-beau rose et tellement nom-
breuses, que pendant tout l’été et jusqu’à
ce qu’il gèle, la plante disparaît sous une
512
TROIS PLANTES NOUVELLES MÉRITANTES.
masse de fleurs. La culture et la multipli-
cation sont identiques à celles des parents :
B. semperfîorens et Scliynidti.
Fig. loi. — Bégonia florida incomparabilis.
Exaclun affine, Balfour (fig. 102). —
Plante vivace ou bisannuelle, suivant la
culture à la-
quelle on la
soumet, très-
naine et très-
ramifiée, for-
mant de petits
buissons com-
pacts qui se
couvrent de
Ifeurs et se
succèdent pen-
dant une partie
de l’année. Ti-
g'es glabres,
luisantes, rou-
geâtres, légè-
rement angu-
leuses, arron-
dies. Feuilles
très - entières,
régulièrement
ovales, cordi-
formes, atté-
nuées à la base
en un large
pétiole, épais-
ses, coriaces,
charnues, lui-
santes. Fleurs
très-nombreu-
ses, subdres-
sées sur un pédoncule luisant, rougeâtre,
très-régulières, larges de 2 centimètres, à
cinq pétales étalés en roue, brièvement ova-
les, d’un beau rose magenta lilacé , d’abord
plus ou moins maculées, ensuite de couleur
Fig. 102. — Exacum affine.
uniforme lilas violacé. Étamines réunies
au centre, d’un très-beau jaune d’or qui
produit un ma-
gnifique con-
traste. Style
longuement
saillant, s’écar-
tant du centre
de la fleur et
couché sur la
partie basse de
celle-ci.
VExacum
affine pourra
se cultiver soit
comme bi-
sannuel, soit
comme plante
vivace de serre
tempérée. Con-
venablement
traité, il con-
stituera des
plantes char-
mantes, qui,
pendant très-
longtemps, se
couvriront de
fleurs. Nul
doute pour
nous que l’on
pourra en faire
une bonne
plante de marché, cela d’autant plus que
ses fleurs, nombreuses et d’une longue
Fig. lOJ. — SicUice .'Suivoy^owi,
FLEURS d’arrière-saison.
513
durée, sont aussi très- robustes et très-so-
lidement attachées. Ajoutons que ces fleurs
dégagent une odeur fine et agréable ; cou-
pées et mises dans de l’eau, elles s’y con-
servent également très^bien. La floraison s’y
continue même pendant quelque temps.
Cette charmante espèce a été découverte
en 1881, dans l’île de Socotora, par le
D*" Scbweinfurth, qui en envoya des graines
à MM. Haage et Schmidt, à Erfurt.
Htatice Suiüoroivi, Regel. — Cette espèce,
qui par son aspect a quelque rapport avec
le Statice spicata, est une des plus jolies
du genre, ce qui n’est pas peu dire, et sans
aucun doute une des plus remarquables
introductions faites ces temps derniers. La
plante est annuelle, vigoureuse et d’une flo-
ribondité extrême, et ses fleurs d’un rose
vif brillant, disposées en épis dressés, pro-
duisent le plus bel effet qu’on puisse ima-
giner, dont la figure 103 peut à peine donner
une idée. En voici une description som-
maire :
Feuilles nombreuses, radicales, étalées
en rosette, d’un vert glauque, gracieu-
sement ondulées. Tige florale raide, dressée.
Inflorescence spiciforme, ramifiée, à rami-
fications obliques, longuement assurgentes,
beaucoup moins longues que l’axe central
qui s’élève et domine le tout. Fleurs d’un
beau rose vif tellement rapprochées et nom-
breuses qu’elles cachent complètetement les
branches qui disparaissent sous une masse
de fleurs.
Culture, — Le Statice Suworoivi se
multiplie par graines que l’on sème de
février en mai. Les premiers semis se font
sous châssis, les autres successivement en
pleine terre, de manière à avoir continuel-
lement des plantes en fleurs. Si nous
jugeons par analogie, nous croyons que l’on
devra éviter le repiquage qui, en général,
ne convient pas aux Statice, dont la reprise
est toujours difficile. Ce qu’il y a de mieux,
c’est de faire les premiers semis en pots,
que l’on mettra en pleine terre quand
les plantes seront assez fortes et que le
temps le permettra, puis plus tard en pleine
terre, soit en massif, soit çà et là pour former
des touffes. E.-A. Carrière.
FLEURS D’ARRIÈRE-SAISON
Les fleurs qui produisent en plein air
leur plus bel effet dans le mois de septem -
bre et au commencement d’octobre sont
aussi recherchées au moins que celles du
printemps et de l’été. En effet, aux approches
de l’automne, les belles journées ensoleil-
lées ne sont pas rares, et, alors que la fraî-
cheur des nuits a depuis longtemps terni
l’éclat de la plupart des plantes décoratives,
on éprouve une sensation agréable à rencon-
trer de jolies fleurs, aux fins coloris, encore
dans toute leur fraîcheur.
C’est pourquoi nous extrayons aujour-
d’hui d’une correspondance anglaise une
liste de plantes recommandables pour leur
floraison tardive et durable.
A^iemone Japoyiica. — Très-jolie plante,
bien connue et qui produit de nombreux
bouquets de jolies fleurs rouges. Cette Ané-
mone préfère une terre humide et ne craint
pas l’eau stagnante du sous-sol.
A. Japoyiica hyhrida. — Variété à fleurs
plus grandes, de couleur rose, très-délicate
(nommée aussi A. elegayis).
A. Japoyiica alha (syn. A, Honorine
Jobert). Jolies fleurs blanc pur, avec le centre
jaune. Tous les terrains et toutes les expo-
sitions conviennent à cette plante précieuse
à tous les égards.
Fuchsia gracilis. — A fleurs pourpres
ou écarlates ; et F. microphylla, couleur
magenta ; l’un et l’autre sont très-décoratifs,
se plaisent à mi-ombre et se couvrent de
jolies fleurs qui durent jusqu’aux gelées.
Hyacinthus candicans. — Longues
feuilles lancéolées. Tiges florales s’élevant à
1'" 30, et supportant de grandes fleurs blanc
pur, en forme de cloches, qui rendent de
grands services pour la confection des bou-
quets.
Veroyiica longifolia var. suhsessilis. —
La plus jolie de toutes les Véroniques de
pleine terre, feuillage ample, vert foncé, for-
mant des touffes de 70 centimètres de hau-
teur, d’où s’élancent des épis de fleurs bleu
foncé; ces épis ont jusqu’à 35 cenlimètres de
longueur.
Acoyiituyn variegatum ( A. hicolor ).
Fleurs nombreuses, blanches et bleues, sur
un épi érigé qui a jusqu’à un mètre de lon-
gueur.
Eryjngiuni pandani folium. — Plante
514
FLEURS d’arrière-saison.
très-ornementale, dont les feuilles rappellent
l’aspect d’un Pandanus. Feuilles longues
d-un mètre, de forme très-élégante. Tiges
llorales s’élevant à 50, portant des capi-
tules blancs ou rougeâtres.
CJirysanthemiim maximum. — Espèce
très-vigoureuse, produisant en abondance
des fleurs blanc pur de 8 centimètres de
diamètre avec le centre jaune.
Cheloyie obliqua. — Hauteur 75 centi-
mètres à 1 mètre. Fleurs rose pourpre
réunies en têtes ou épis terminaux. Très-
jolie plante.
Solidago virga aurea nana. — Variété
très -décorative. Fleurs d’un jaune d’or
brillant, réunies en larges têtes hautes de
45 centimètres.
Senecio ptdcher. — Végétation vigoureuse
et érigée ; feuilles épaisses, vert foncé, lon-
gues de 30 centimètres. Tiges florales hau-
tes de 1 mètre, se terminant par une cime
ramitiée qui porte de nombreuses fleurs
pourpre cramoisi, larges de 6 à 8 centi-
mètres, à disque jaune, fort jolies. Culture
assez difficile.
RudheckiaNewmauni.^P\3inies'3LCCom-
modant de toutes les situations, àjolies fleurs
jaune d’or, avec un disque noir. Très-utile
pour Heurs coupées.
Salvia païens. — Sauge bien connue,
mais toujours recommandable, à cause de
ses jolies Heurs bleues, qui se succèdent
fort longtemps en grande abondance. Cul-
ture assez difficile.
Lohelia fulgens. — Hauteur : un mètre
environ ; Heurs très-ornementales, vermil-
lon écarlate. Plante de premier ordre.
■ Spigelia marglandica. — Tiges érigées,
hautes de 50 centimètres et se terminant par
5 ou G Heurs tubuleuses longues de 5 cen-
timètres, cramoisies à l’extérieur, jaune
pâle à l’intérieur.
Pityrospermum acerinum. — Feuilles
vert foncé ressemblant à celles de l’Érable.
Tiges érigées, hautes de 1 mètre environ,
produisant des épis de fleurs blanches plu-
meuses qui rappellent celles de certains
Spirœa.
Pentstemon barbatus Torreyi. - Hau-
teur, 1"^ 30 ; fleurs écarlate brillant en lon-
gues panicules.
A cette liste de plantes, il convient d’a-
jouter pour mémoire celles plus répandues
qui sont tout aussi précieuses à cette époque
de l’année : Dahlia, Aster, certains Phlox,
Glaïeuls, Scabieuses, Bégonias bulbeux.
Pois de senteur, etc., espèces dont les mé-
rites sont connus de tout le monde.
Faisons suivre ces indications par la des-
cription suivante d’un jardin remarquable
par sa décoration florale d’automne, celui
de Miss Jekyll, en Angleterre. On verra
que le système de plantes mélangées que
nos voisins préconisent sous le nom de
mixed border, est la source d’heureuses
combinaisons, souvent plus agréables, plus
artistiques, et surtout plus dignes d’un vé-
ritable amateur que l’emploi uniforme de
nos corbeilles et bordures régulières de
fleurs et de feuillage.
On remarque surtout dans le jardin en
question les Tritomas, qui étaient ré-
cemment en pleine floraison. Ces jolies
plantes aux couleurs éclatantes sont dispo-
sées judicieusement par groupes un peu
compacts.
Les touffes, principalement composées de
Tritoma uvaria, contiennent aussi quel-
ques pieds du T. nobilis, qui est de beau-
coup le plus joli de tous ; ses beaux épis,
longs de 30 centimètres, sont supportés par
des tiges longues et robustes. Quelques T.
Saundersi varient encore cette riche flo-
raison.
Après les Tritomas, vient un choix des
plus jolies Composées : Aster Amellus, es-
pèce naine à larges fleurs; A. longifolius
formosus-, A. Novœ Angliœ, A. pidchellus
et A. Novœ Belgii, puis V Harpalium rigi-
dum, aux nombreux fleurons jaune foncé ;
le Rudbeckia purpurea aux capitules
rouges, VHelianthus giganteus aux jo-
lies fleurs jaunes, et le remarquable Ve-
nidium calendulaceum , dont le mérite
comme plante ornementale est trop peu
connu. En effet, son feuillage compact,
d’un vert gris argenté, fait admirablement
ressortir ses fleurs jaune orange qui se suc-
cèdent de juin jusqu’à octobre. Çà et là
apparaissent, en pleine floraison, les Li-
lium auratum et splendens, perlant d’é-
normes couronnes de magnifiques fleurs.
Puis vient le Lobelia cardinalis au feuil-
lage foncé, aux fleurs brillamment colorées.
Protégées par l’ombrage d’un mur élevé,
voici les Anémones japonaises à fleurs roses
ou blanches ; auprès d’elles un choix des
plus belles variétés de Glaïeuls élèvent leurs
beaux épis de fleurs si variées de tons au
milieu des autres plantes entre lesquelles
CANNAS NOUVKâUX.
ils sont placés. Ces plantes se composent
à'Aconîtum autiiynnale, aux fleurs bleu
pâle lilacé ; Chrysanthemum maximum,
aux belles ombellées de fleurs blanches s’é-
levant jusqu’à 32 de hauteur, et Sene-
cio 'pulcher, dont nous avons parlé plus
haut. Phygelius capensis, aux fleurs rouge
brique ; Ourisia coccinea, d’un si beau
rouge; Sedum faharium, aux grandes
ombelles d’un rose tendre ; Œnothera Mis-
souriensis, aux rameaux aplatis donnant de
jolies fleurs rose pâle; Celsia cretica qui
élève jusqu’à près de 2 mètres ses jolies
fleurs jaunes.
Dans un endroit propice à leur culture,
c’est à dire en terre de bruyère tourbeuse,
sont artisternent groupées quelques char-
mantes plantes alpines : le Potentilla duhia
aux fleurs jaune brillant ; le Pyrola ro-
tundifolia, dont les épis floraux ressem-
blent au Muguet, et le Parnassia pahis-
tris, si charmant avec ses fleurs blanches
.51 ij
à cils glanduleux jaunes ; le Vallota pur-
pmrea, planté au pied d’un mur exposé au
midi, montre ses délicieuses fleurs rouges ;
ses bulbes ont été mis en place au mois
d’avril. Près de lui, le Crinum capense
est également en pleine floraison, ainsi que
le charmant Sparaxis pulcherrima, au-
près duquel on admire les grands périan-
thès roses de V Amaryllis Belladona et les
fleurs blanches tigrées de violet du Tricyr-
lis hirta.
La courte description qui précède suffit
à donner une idée de l’effet charmant pro-
duit par la plate-bande en question. Des
fleurs aux formes et aux coloris les plus
divers, mais toutes choisies parmi les plus
élégantes, sont ainsi rassemblées, et leur
floraison tardive, au moment où les pre-
miers froids ont déjà surpris ou vont sur-
prendre toutes les autres corbeilles, offre un
charme tout particulier.
Wanderer.
CANNAS NOUVEAUX
De même que lorsqu’il est question de
Glaïeuls, le nom de Souchet se présente
de suite à l’esprit, celui de M. Crozy aîné,
de Lyon, se révèle chaque fois qu’il s’agit
de Cannas. En effet, les progrès accomplis
par cet horticulteur dans ce genre de
plantes, à la culture duquel il s’adonne
particulièrement, sont des plus remar-
quables.
Ce n’est pas seulement sur telle ou telle
autre partie des plantes que portent
les modifications, mais à peu près sur
toutes : couleurs , dimensions et formes
des fleurs ont subi de notables trans-
formations, et il en est absolument de même
de l’ensemble des plantes. Aujourd’hui,
grâce à cet horticulteur, on possède des
races très-naines, à fleurs excessivement
grandes et qui fleurissent abondamment
depuis juin jusqu’aux gelées.
A la beauté des fleurs et à la floribondité
des plantes s’ajoute encore le mérite du
feuillage, qui, très-large, et robuste sui-
vant les variétés, varie du vert gai au
rouge noir, à reflets chatoyants. Et comme
chaque année de nouvelles variétés s’ajou-
tent aux anciennes, on est aujourd’hui à la
tête de nombreuses collections ornemen-
tales, par leurs fleurs ou par leur feuil-
lage, ou mieux, par ces deux choses à la
fois.
Voici une liste des principales nouveautés
de Cannas, obtenues par M. Crozy aîné, qui
viennent d’être mises au commerce.
Feuilles pourpre noir. — Sénateur Mil-
laud. — Plante vigoureuse. Feuilles stric-
tement dressées, noir roux. Fleurs grandes,
rouge orange nuancé, chaud.
Jean Liabaud. — Robuste et vigoureux.
Feuilles largement ovales, acuminées au
sommet, d’un rouge sombre, brunâtre, for-
tement nervées. Fleurs très-grandes, nom-
lireuses, en épis compacts, d’un rouge
orange brillant. Plante extra, à tige et
spathe d’un noir foncé recouvert d’une prui-
nosité glauque.
Abel Carrière. — Feuillage bien nourri
(étoffé), largement ovale, d’un rouge noir.
Tige et spathes brun roux foncé. Fleur
excessivement grandes, rouge brique vi-
neux, et brillant.
Feuilles vertes. — B. Cousançat. —
Plante robuste, feuillage large, d’un beau
vert. Fleurs grandes, nombreuses, en épâs
compacts, d’un rouge aurore foncé, bril-
lant.
Claude Bernard., — Plante vigoureuse,
à feuilles très-larges, fortement veinées,
51G
BOMAREA KALBREYERI.
d’un beau vert. Fleurs grandes, fond jaune
d’or rouillé, flammé et parfois maculé
rouge foncé, surtout sur l’onglet.
Rosœflora. — Feuilles vertes. Fleurs
très-nombreuses en épis dressés, serrés,
d’un rouge cerise vineux.
Émile Guichard. — Plante très-robuste,
vigoureuse. Feuilles excessivement grandes,
vertes, très-fortement nervées, à nervures
rapprochées. Fleurs nombreuses en gros
épis compacts, très-grandes, dressées, d’un
rouge ponceau clair.
Commandant Rivière. — Variété vigou-
reuse à tige robuste. Feuilles sensiblement
nervées, à nervures assez écartées, très-régu-
lières, vertes. Fleurs très-grandes, d’un
beau jaune d’or, fortement maculées, striées
à l’intérieur de rouge marron. .
Crozy père. — Plante robuste, à feuilles
vertes. Fleurs très -grandes, rouge cho-
colat, finement striées à l’intérieur, forte-
ment flammées à l’extérieur de rouge
foncé, surtout vers le centre des pétales.
Toutes ces plantes sont de premier mé-
rite, et quelques-unes sont tout à fait hors
ligne : d’ailleurs l’appréciation des carac-
tères spéciaux qui forment le mérite de
chacune de ce& plantes est un peu une
affaire de goût.
E.-A. Carrière.
BOMaREA KALBREYERI
La tribu des Alstrœmères, de la famille
des Amaryllidées , est formée de quatre
genres, dont un seul asiatique (Ixiolirion)
et les trois autres (Alstrooneria, Bomarea
(comprenant les CoUania (Wichurœa) et
Sphœrine), Leontochir, sont américains.
Les Alstrœmères, plantes vivaces péru-
viennes et chiliennes, depuis longtemps
cultivées dans nos jardins , sont assez
connues, et les semeurs ont obtenu de
nombreuses variétés sur les types intro-
duits. La culture de ces plantes est facile, et
leur rusticité parfaite, pour peu qu’on les
cultive dans une terre saine, sableuse de pré-
férence, où leurs racines fasciculées-char-
nues s’enfoncent profondément et résistent
ainsi à la rigueur de nos hivers.
Les Bomaréas (1), également originaires
de l’Amérique méridionale, à l’exception de
quelques espèces mexicaines, étaient fort
peu répandus jusqu’à ces dernières années,
où ils sont devenus tout à fait à la mode.
Aux anciennes espèces cultivées dans les
jardins botaniques ou dans quelques collec-
tions d’amateurs, sont venues s’ajouter de
jrillantes nouveautés, importées directe-
ment des Cordillères en Angleterre. Le
nombre des espèces aujourd’hui connues
est de plus de cinquante, et sur ce chiffre,
un petit nombre seulement ont été intro-
duites.
Les botanistes collecteurs qui ont par-
couru les Andes, paraissent d’ailleurs avoir
assez négligé les Bomaréas, puisque, sur
(1) Genre dédié à Valmont de Bomare, natura-
liste français.
les vingt espèces que j’ai recueillies en
1875-1876, dans mon exploration do la
Nouvelle-Grenade et de l’Ecuador, onze se
sont trouvées nouvelles })Our la science et
ont été décrites par M. J. -G. Baker (2).
C’est une de ces nouveautés que j’ai la
satisfaction de présenter aujourd’hui aux lec-
teurs de la Revue horticole. Je l’ai rencon-
trée pour la première fois en décembre 1875,
dans les Andes bogotaines, à 2,900 mètres
d’altitude (n<> 1251 de mon herbier), et six
mois plus tard (mai 1876) dans la Cor-
dillère de Pasto, non loin de Tuquerrès, à
3,200 mètres au-dessus du niveau de la
mer . Qu elques années après , M . Kalbreyer re-
trouvait la même espèce à Chico, également
dans la Nouvelle-Grenade, et M. Baker, en
publiant les plantes de ma collection, donna
à la nouvelle espèce le nom de ce voya-
geur.
Le Bomarea Kalhreyeri, que j’ai pu in-
troduire vivant en Europe, il y a trois ans,
a fleuri l’année dernière et cette année
dans mes-serres de Lacroix ; c’est sur l’un
(2) Journ. of Botamj, 1882, liv. de juillet. —
Ces espèces nouvelles sont les suivantes : Boma-
rea podopetala, Baker; B. polygonatoides^ Bak.;
B. lancifolia, Bak.; B. Ilartivegii, Bak.; B. dis-
siiifolia, Bak.; B. pachyphlebia, Bak.; B. lon-
gipes, Bak.; B. goniocaulon, Bak.; B. Kalhreyeri,
Bak.; B. Andreana., Bak.; B. diffracta, Bak. — Les
espèces, antérieurement décrites, que j’ai retrou-
vées, sont les B. glaucescens (Wichurœa glau-
cescens, Rœm.); B. linifolia (Sphoxine Unifolia,
Kunth); B. platipetala^ Benth.; B. oligantha,
Bak.; B. Caldasiana, Herb.; B. conferla, Benth.
[B. Patacocensis^ Herb.); B. hitea^ Herb.; B. par-
dina, Herb.; B. edulis, Herb.
R.4u>u,e //o/‘licole.
BOMAREA KÂLBREYERI.
517
de ces échantillons que l’aquarelle ci-jointe
a été faite. Voici la description de la plante :
Tiges grêles, fortement grimpantes, pu-
bescentes vers leur sommet. Feuilles briève-
ment pétiolées, oblongues-aiguës, arrondies
à la base, de 5 à 8 centimètres de longueur
sur 2 à 3 de largeur, à texiure ferme,
vertes et glabres à la surface supérieure,
pubescentes dessous, portant quinze à
vingt veines de chaque côté de la nervure
médiane. Fleurs rassemblées par douze ou
quinze (et même davantage) en ombelle
simple, plus ou moins dense, accompagnées
à la base de plusieurs bractées petites, lan-
céolées ; pédicelles sans bractéoles, très-
pubescents, longs de 2 à 3 centimètres ; sé-
pales rouge brique, oblongs spatulés, de
d5 à 20 millimètres de longueur; pétales de
2 à 3 centimètres plus longs que les sépales,
obovales-cunéifornies, longuement ongui-
culés, larges de 1 centimètre au sommet,
de couleur jaune orange. Etamines de même,
longueur que les pétales (1).
Les échantillons de U. Kalbreiferi qui
ont fleuri à Lacroix, ont épanoui leurs om-
belles à diverses époques de l’année, soit en
serre, soit en plein air. Celte espèce, con-
trairement à d’autres du genre Bomarea,
paraît disposée très-jeune à montrer ses
fleurs.
En Angleterre, comme sur le continent,
les Bomaréas cultivés pendant Jde longues
années, jusqu’à ces derniers temps, se rédui-
saient à peu près aux espèces suivantes :
Bomarea edulis, Herb., des Antilles et
même du Brésil, introduit en 1801 ou 1806;
jolie espèce à fleurs roses.
B, hirtella, Herb., du Chili, importé en
1824 ; fleurs rouges.
B. acutifolia, du Mexique, d’où on
l’a importé en 1829; fleurs jaune d’or;
elles sont lâchées de pourpre à l’intérieur
dans la variété macidata^ venue de Caracas
en 1839.
B. Salsilla,L., espèce décrite par Linné,
(I) Bomarea Kalbreyeri^ sp. nov. — Gaules te-
retes valde volubiles ad apicern pubescentes; folia
breviter petiolata, oblongo acuta basi rotundata, co-
riacea, superne glabra, subtus pubescentia, venislô
iu utroque coslæ latere; flores t2-15 et ultra in
umbellàtn plus minus densain basi bracteis minutis
lanceolatis conferti, pedicellis pubescentibus ebrac-
teatis latis, 2-3 centim, longis, sepalis oblongo-
spathulatis, lateritiis, 15-20 mill, longis, petalis
quarn sepala 2-3 centim. longioribus, obovato-
cuneatis longe unguiculatis,aurantiacis, staminibus
æquilongis.
introduite du Chili en 1831, et remarquable
par ses fleurs pourpres.
B. simplex, Herb., espèce originaire de
Cuzco, au Pérou, introduite en 1838 ; fleurs
rouge et jaune verdâtre ponctuées.
Il faut convenir que si ces Lianes étaient
de facile culture en serre froide, leurs fleurs
étaient généralement peu brillantes, et que
la plupart des espèces étaient bien longues
à produire leurs ombelles.
Mais lorsque, dans ces dernières années,
on vit arriver \e Bomarea co7iferta, Benth.,
aux grands bouquets d’innombrables fleurs
pourpres (2) ; le B. Carderi, Bull, aux
longs périanthes ressemblant à des fleurs
de Lapagéria, rose tendre ponctué de
pourpre; le B. Caldasiana, Herb., aux
fleurs jaune d’or, élégamment tigrées; le
B. oligantha, Baker, jaune ponctué de
brun ; B. Shutlevorthii, Mast., jaune et
orange, etc,, les amateurs s’empressèrent
autour des nouvelles venues, qui prirent
rapidement faveur.
Le B. Kalbreijeri continuera cette bril-
lante série de nouveautés. Non seulement
il sera apprécié en Angleterre, où la des-
cription de M. Baker l’avait d’abord fait
connaître, mais également sur le conti-
nent, où l’on commence à collectionner
activement ces belles plantes grimpantes, si
précieuses par leur belle floraison pour la
garniture des serres froides et des jardins
d’hiver (3).
La culture des Bomaréas est très-simple.
Comme les Lapagérias, dont nous parlions
dans notre dernière chronique (4), il est bon
de les planter en pleine terre ou dans une
caisse spacieuse, sous l’une des tablettes de
la serre ; mais il ne faut pas les mettre en
place trop jeunes. Mieux vaut conserver les
jeunes plantes en pots pendant un ou deux
ans de plus ; nous avons vu d’ailleurs qu’elles
y fleurissent très-bien, au moins en ce qui
concerne le B. Kalbreyeri. Une terre fran-
che, bien drainée, mélangée de terre de
(2) Sir J. Hooker a reconnu que la plante décrite
autrefois sur ce nom par M. Bentham, était la même
*que le B. Patacocensis, Herb. découvert précé-
demment dans l’Ecuador, à Patacocha, par le co-
lonel Hall. H faut aussi rapporter à la plante, d’après
M. Baker, le B. frondea de Masters [Bot. Mag.,
1882, V. T, p. 668).
(3) Le Bomarea Kalbreyeri est mis au commerce
par M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur à Argentcui|
(Seine-et-üise).
(4) Voir Revue horticole, 1883, p. 481.
518 POMME DE TEP.UE JOSEPH RIGAULT. — FLORAISON d’UN AGAVE AMERIGANA EN PLEINE TERRE.
bruyère, leur convient. Leurs racines fibro-
charnues se terminent, en partie du
moins, par des bulbes ou réservoirs fécu-
lents qui atteignent ou dépassent la grés-
seur d’une noix. Les jeunes pousses partent
du collet, comme des turions d’Asperges. Il
faut les laisser se développer en liberté,
sans les couper, pour essayer de les bou-
turer, car ces tiges ne produisent jamais
d’yeux latéraux, et les décapiter serait les
faire périr sans aucun prolit. On doit donc
les laisser s’allonger jusqu’à ce qu’elles aient
fleuri, et pratiquer la multiplication des
sujets, soit par graines, soit par détachement
des turions, quant ils sortent de terre, en
enlevant avec eux une portion des racines.
On n’oubliera pas que les Bomaréas croi.s-
sent en général, au Chili, dans la région déjà
froide des Araucarias, ou encore, plus près de
l’Equateur, à des altitudes absolues variant
entre "2,000 et 3,500 mètres. Ce sont donc
tout à fait des plantes de serre froide, qui
prospéreront de concert avec la llore austra-
lienne. Pour mon compte, je les ai vus
abonder surtout entre la terre tempérée
{tierra templada) et la terre froide {tierra
/Ha), où leur curieux feuillage lustré et
leur magnifiques ombelles de Heurs m’ont
accompagné pendant des centaines de lieues.
Une espèce de tout point admirable, nouvelle
et non introduite, le B. diffracta, Baker, que
je rencontrai dans le Quindio, à La Céjà
(3,200 mètres), était extraordinaire par ses
gigantesques ombelles. Le B. Anâreana,
Baker, du Rio Piendamo (1,900 mètres),
présentait des fleurs très-grandes du plus
beau jaune d’or. Mais je n’ai rien vu qui
égalât les ombelles de fleurs blanches
ponctuées de carmin du B. pardina
Herb., quand je le découvris à Canzacoto,
sur le chemin de Manabi, dans les immenses
forêts vierges qui couvrent les flancs occi-
dentaux du volcan Corazon (Ecuador). Bien
ne serait plus désirable que l’introduction
,de cette espèce à l’état vivant, et je la signale
aux collecteurs de l’avenir. Ed. André.
POMME DE TERRE JOSEPH RIGAULT
Cette variété qui, assure-t-on, est issue
des Pommes de terre Marjolin Têtard et
Quarantaine à feuilles d'ortie, a été ob-
tenue par un cultivateur de Groslay, M. Jo-
seph Bigault, à qui elle a été dédiée.
La plante, qui appartient aux « Quaran-
taines hâtives, » est de première qualité et
produit relativement beaucoup, ce qui la place
à la fois dans deux catégories : pour le po-
tager et pour la grande culture bourgeoise,
c’est-à-dire pour l’approvisionnement des
halles et marchés.
Elle est, assure-t-on, une des plus hâti-
ves, et mûrit en même temps que la Boy al
Ash leaved Kidney (Marjolin royale à
feuilles de Frêne). Déplus l’obtenteur, dont
la compétence et la bonne foi ne peuvent être
mises en doute, assure que depuis plusieurs
années qu’il cultive cette nouveauté, elle
s’est montrée rebelle à la maladie. Si donc,
ainsi qu’on l’assure, son produit moyen est
de 25,000 kilogrammes à l’hectare, ce serait
une des meilleures variétés obtenues jus-
qu’à ce jour.
Quant à ses tubercules, qui sont très-
rapprochés au pied des plantes, ils sont
gros, d’un beau jaune, oblongs, légère-
ment aplatis ; les yeux, peu nombreux et
peu profonds, sont déprimés, c’est-à-dire
aplatis ; les germes sont rouges ; la chair
est d’un beau jaune; les tiges, bien nourries,
ne s’élèvent guère au-delà de 50 centimè-
tres. .Les fleurs sont grandes, d’un bleu
lilacé.
Vu la rareté des yeux, il sera bon de s’as-
surer du développement de ceux-ci, et,
ainsi qu’on le fait de la Marjolin, de faire
(( germer > les tubercules quelque temps
avant de les planter.
On pourra se procurer la pomme de terre •
Joseph Bigaidt, chez M. Jacqueau, 2, rue
Saint-Martin, à Paris. E.-A. Carrière.
FLORAISON D'UN AGAVE AMERIGANA EN PLEINE TERRE
Le 27 septembre, M. Bouclet d’Halewyn,
propriétaire au cliàteau de Ledquent, près
Marquise, m’écrivait pour me prier d’aller
voir chez lui un Agave americana en
fleurs.
Cette plante, disait-il, âgée de près de
CONSTRUCTION DES JARDINS d’hIVER.
519
cent ans, avait pris un développement telle-
ment considérable, les feuilles avaient tant
d’ampleur, qu’il était devenu impossible de
la faire passer par la porte des caveaux de
son château, où on la rentrait à l’automne.
Aussi, en octobre 1882, se décida-t-il, en
désespoir de cause, à ia mettre en pleine
terre. Pour la préserver des rigueurs de
l’hiver, il eut toutefois soin de l’entourer de
paille qu’il enleva au mois de mai 1883.
Grand fut son étonnement de constater, lors
de cette opération, l’existence d’une petite
tige s’élançant du milieu de son Agave !
Cette tige s’accrut rapidement, donnant
naissance à quatre autres branches latérales
qui, comme leur mère, se couvrirent de
fleurs, et atteignit enfin les dimensions sui-
vantes, dont j’ai constaté l’exactitude sur les
lieux, le 3 octobre dernier :
Hauteur de la hampe florale . . 4”' 32
Circonférence à la base 0™26
A la hauteur de l‘"30 part une première
branche latérale, longue de 1‘" 50 sur 9 cen-
timètres de grosseur. De cette branche, à
une distance de 85 centimètres, sort un
premier bouquet de fleurs d’un jaune ver-
dâtre ; puis d’autres se succèdent à 8 centi-
mètres d’intervalle, dans quatre directions
différentes, au nombre de neuf, et enfin
trois autres qui forment la panicule ter-
minale.
A 1'" 45 vient une seconde branche ayant
les dimensions de la première. Sur cette
tige, à 80 centimètres, dix bouquets se sui-
vent de 5 centimètres en 5 centimètres.
tandis que trois autres se réunissent en
haut.
A 1"^50 partent deux autres tiges flo-
rales, l’une à droite, l’autre à gauche, de la
longueur et de la grosseur des autres.
Celle de droite a treize bouquets espacés
de 8 centimètres, plus les trois terminaux.
Celle de gauche en compte douze, â
10 centimètres de distance l’une de l’autre,
et quatre qui en ornent l’extrémité.
La hampe ou tige principale se continue
alors seule, décroissant de volume. Sa cir-
conférence qui à la base était, comme je l’ai
déjà dit, de 26 centimètres, n’atteint plus
que 16 centimètres au point d’où s’échappe
la première branche latérale, et se réduit à
9 centimètres au sommet. A 2»i60 sort son
premier bouquet, que seize autres suivent à
10 centimètres de distance, et trois autres à
l’extrémité.
Le nombre total de bouquets est donc de
soixante-seize ; chacun d’eux se compose
en moyenne de quinze à vingt fleurs, sauf
le premier de chaque branche, qui n’en con-
tient que huit ou dix ; soit quatorze cent
cinquante fleurs environ.
Cette floraison d’une Agave americana,
en pleine terre, dans nos régions, m’a paru
d’autant plus curieuse à relater, qu’elle ne
s’est pas encore produite dans mes serres
où j’en possède de forts exemplaires. J’ajou-
terai en terminant que cette plante va s’af-
faiblissant chaque jour et ne résistera sans
doute pas à cette végétation anormale (1).
C^® F. DE COUPIGNY.
CONSTRUCTION DES JARDINS D’HIVER
L’emploi judicieux du fer a fait de tels*
progrès dans ces dernières années que la
construction des serres en a largement pro-
fité. On est arrivé à calculer avec tant
d’exactitude la force et la résistance des
fers de divers calibres qui se trouvent dans
le commerce, qu’un ingénieur tant soit peu
habile peut dire à quel point minimum on
peut s’arrêter pour la forme et les poids des
fers à employer dans la construction des
serres.
C’est là un puissant moyen de vulgariser
ces sortes de constructions, non pas seule-
ment au point de vue de la culture et de la
multiplication, pour lesquelles des serres
basses et économiques suffisent, mais en-
core, en ce qui concerne les grandes serres
chaudes ou froides, destinés à la culture des
Palmiers et des grandes plantes tropicales.
Avec des ressources très-modérées on peut
maintenant faire construire des jardins
d’hiver et les orner de superbes plantes,
alors que jadis les architectes dépensaient
de telles sommes sur les structures en fer
qu’il ne restait parfois plus d’argent pour
l’ameublement végétal. Que de fois n’avons-
(l) On sait que dans les Agaves, la plante est
monocarpique, et par conséquent périt après la
Iloraison, mais elle se perpétue, sans parler des
graines, par les rejetons qui apparaissent abon-
damment à la base de la plante qui se prépare à
fleurir et à fructifier. (Rédaction.)
520
SOCIÉTÉ NATIONALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE.
nous pas vu dépenser de grosses sommes,
pour ériger des serres monumentales, dont
quelques douzaines de Pélargonium^ de
Coleus et de Bégonia faisaient ensuite le
piètre ornement intérieur !
On peut donc, à peu de frais, créer de
vastes récipients de plantes, sans pour cela
tomber dans des dessins de mauvais goût,
comme nous l’avons souvent constaté. Nous
avons même remarqué à Gand (Belgique)
dans ce genre de structures à bon compte,
l’application d’une ingénieuse idée due à
notre habile et laborieux compatriote,
M. A. Dallière. Il s’est créé économique-
Fig. 104. — Jarilin d’hiver construit en fer.^ — Elévation.
ment un grand jardin d’hiver en rassem-
blant une série de serres moyennes, toutes
reliées par des colonnettes à l’intérieur.
L’ensemble est excellent, du plus agréable
effet, et nous nous proposons de l’indiquer
bientôt avec détail à nos lecteurs.
Pour le moment, nous voulons simple-
ment leur signaler, parmi les exemples de
serres jardins-d’hiver légers, de bon goût,
la structure représentée par les figures 104
et 105, et qui est due à MM. Solder et G*®.
Ils trouveront là un bon modèle à exécuter,
à la fois agréable au point de vue archi-
tectural et éminemment propre à la culture
des grandes plantes des pays chauds.
Ed. André.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 24 OCTOBRE 1883
Apports. — Au comité arboriculture^ ont i savoir le nom, deux magnifi([ues et très-gros-
été présentés par M. Émile Thibault, de Lou- ses Pommes d’un semis dont il est l’obtenteur,
veciennes, outre plusieurs fruits dont il désire | Ces fruits, cjui rappellent assez exactement le
LES CLÉMATITES.
521
Calville blanc, sont jaunâtres, côtelés; leur om-
bilic, très-enfoncé, est entouré de saillies ou
côtes (il est plissé, comme l’on dit). La peau,
d’un aspect gras ou onctueux, comme dans
la variété Calville blanc, ne se colore pas ;
parfois, elle se lave un peu de rouge ou seu-
lement à peine rose sur les parties fortement
insolées. Au nombre des autres fruits pré-
sentés se trouvaient notamment une assiettée
d’Api étoilé, et quelques fruits inédits provenant
des cultures de MM. Baltet frères, de Troyes.
Au comité de floricnlture, M. Jules Valle-
rand, horticulteur à Bois-de-Colombes, pré-
sentait un fort pied fleuri de Nœyelia à fleur
double, qu’il a dédié à Heine; c’est une
plante robuste et vigoureuse, très-floribonde, à
Heurs penchées, disposées en forts épis dressés
et ramifiés comme ceux des autres espèces du
genre, mais beaucoup plus forts. La couleur
des fleurs est d’un rouge vineux nuancé rose
et comme vergeté de blanc par des parties
plus claires. Quant à la duplicature, elle est
formée par l’addition de pièces étroites placées
en dehors de la fleur, d’une manière analogue
à ce qui se passe chez un autre genre de Ges-
nériacées, les Gloxinias, par exemple, lors-
qu’ils commencent à doubler. C’est, croyons-
nous, le premier fait de ce genre qui se montre
dans le genre Nœgelia. — M. A. Lavallée
avait envoyé de son Arboretum de Segrez, di-
vers échantillons de plantes en fruits, notam-
ment trois espèces de Cratægus : C. Loddi-
gesiana, à gros fruits jaunes, qui nous a paru
analogue au Cratægus lob ata ; C. Olive-
riana, plante qui est cultivée au Muséum
sous le nom de C. nigra; C. Tournefortii, à
fruit assez gros, subsphériques d’un rouge
noir, luisants et comme vernis. Enfin, deux
espèces de Pliellodendron : P. Amurense, et
P. Japonicum, dont les nombreux fruits sphé-
riques sont rassemblés en masse comme ceux
de certains Viburmim, mais en paquets plus
compacts. Les feuilles, composées, à nom-
breuses folioles très-longues, donnent à ces
arbres un certain aspect ornemental. Les
Phellodendron appartiennent à la famille des
Zanthoxylées et sont placés près du genre
Ptelea avec lesquels, du reste, ils ont un cer-
tain rapport.
Au comité de Culture potagère, M. Chemin,
maraîcher, avait -apporté deux très-beaux
pieds de Céleri jaune Chemin, dont il est l’ob-
tenteur. Examinés avec attention par le Co-
mité, ces Céleris ont été trouvés beaucoup plus
beaux et plus régulièrement décolorés que ceux
de l’espèce ordinaire et au moins aussi tendres
bien qu’ils n’aient subi aucun travail et qu’ils
n’aient pas été soumis à l’étiolage. C’est une
précieuse acquisition. Au lieu d’une couleur
jaune, verdâtre terne comme les Céleris étiolés,
le céleri Chemin est d’un jaune brillant ou
jaune d’ivoire.
LES CLEMATITES
Je ferai d’abord remarquer que certaines
variétés de Clématites fleurissent au prin-
temps , tandis que d’autres ne montrent
leurs fleurs que dans le courant de l’été.
Celles qui fleurissent au printemps, c’est-à-
dire sur le bois de l’année précédente,
doivent êlre taillées aussitôt que la fleur est
passée, afin d’obtenir des pousses nouvelles
qui fleuriront au printemps suivant.
Au contraire, les variétés, qui fleurissent
dans le courant de l’été, peuvent être cou-
pées, dès la fin de l’hiver, à une hauteur
du sol plus ou moins élevée, selon l’usage
qu’on en veut faire.
Dans la première catégorie, je citerai le
Clematis montana, comme des plus vi-
goureux, et qui peut être conduit en
guirlandes, en cordons comme la Vigne, et
qui, taillé comme cette dernière, après la
floraison toutefois, forme des sortes de dra-
peries émaillées d’une multitude de fleurs
blanches d’un effet maggnifique.
Dans la seconde catégorie, l’espèce la plus
vigoureuse est bien la C. Jackmanni. Elle
peut s’étendre à de grandes distances ; une
fois qu’elle a atteint les limites qu’on lui a
assignées, on taille (à la fin de l’hiver) les
tiges de l’année précédente.
Dans certains cas, on peut ne pas tailler
pendant deux ou trois ans certaines varié-
tés, lorsqu’on veut qu’elles produisent de
l’eflet d’un peu loin; elles forment alors, à la
longue, une masse compacte dont la surface
se couvre de fleurs. Mais, bientôt, ce fouillis
devient trop épais, les fleurs diminuent de
grandeur et il faut alors tout couper, pour
recommencer le même mode de traitement
pendant une autre période de temps.
Lorsqu’on désire avoir de fortes gerbes,
composées d’un grand nombre de tiges, il faut
rabattre, tous les ans, les plantes au rez de
terre, et cela peut se faire quel que soit leur
âge et quelle que soit la force du pied; il re-
pousse alors un grand nombre de tiges, soit
sur le pied même, soit sur le collet des
racines.
522
EXAMEN DE DEUX VARIÉTÉS DE POMMES.
On peut même prolonger la floraison de
certains pieds lorsqu’on en a plusieurs;
pour cela il faut attendre que les nouvelles
pousses du printemps aient atteint un Inè-
tre ou plus ; on recèpe alors le tout, sans
aucune crainte, et peu après on voit appa-
raître de nouvelles tiges qui, retardées,
fleuriront un mois après les premières.
Un grand défaut qu’on reproche généra-
lement aux Clématites, c’est d’avoir un feuil-
lage un peu grêle.
Pour compenser et atténuer cet incon-
vénient, il faut planter ces Clématites de-
vant un mur couvert de Lierre. Mais dans
ce cas, et pour empêcher les racines du
Lierre de dévorer les Clématites, on peut
planter ces dernières dans de grands pots
défoncés et enterrés; oü bien encore, ce
qui même est préférable, couper chaque
année les racines envahissantes du Lierre
EXAMEN DE DEUX \
Dans un précédent article paru dans la
Revue horticole (1883, p. 180), à propos
de la synonymie des Pommes Locy, Quetier
et Diichâtel, nous avons essayé de faire res-
sortir l’analogie singulière de certains fruits
répandus dans les cultures sous des noms
différents, et cela au détriment de la science
pomologique. Cet exemple, qui n’est malheu-
reusement pas isolé et qui a eu des précé-
dents nombreux, pourra même se renou-
veler pour peu que l’on y fasse attention,
chose d’autant plus fâcheuse que le plus
souvent l’on a affaire à des variétés méri-
tantes et répandues à juste titre, comme par
exemple celles dont il va être question. Ces
variétés sont les Pommes Drap d’or ou
vrai Drap d’or et Golden noble ou Or
noble; elles ne sont pas nouvelles, tant
s’en faut, puisque la plus jeune, Gol-
den noble, remonterait presque au com-
mencement de ce siècle, tandis que l’autre,
le vrai Drap d’or, serait bientôt, d’après
les auteurs, trois fois séculaire. Plus de
vingt auteurs, soit français, soit étrangers,
ont cité ou décrit dans leurs ouvrages et
toujours avec éloges cette dernière variété.
Elle semble cependant, malgré son ancien-
neté, plus répandue en Allemagne, par exem-
ple, qu’en France sa patrie présumée, car
on n’est pas bien fixé sur son origine ; on
suppose seulement qu’elle a dû être obtenue
ce qui du reste est très-facile à l’aide d’un
instrument que j’ai inventé, il y a bien des
années, et dont voici la description : c’est
une simple barre de fer, pointue d’un bout
et aplatie de l’autre en forme de spatule, de
la largeur de la main. Si la terre est dure,
on fait des trous préalablement avec le bout
pointu, tout le long de la bordure de Lierre,
puis ensuite avec le bout plat et bien cou-
pant, on tranche toutes les racines envahis-
santes, cela sans aucun déplacement de
terre.
Ce qui serait préférable, lorsque la chose
peut se faire, ce serait, à Venvers du mur,
de planter du Lierre et de le laisser dépas-
ser la hauteur de celui-ci jusqu’à ce qu’il re-
tombe de l’autre côté et forme un fond
sur lequel ressortent parfaitement les Clé-
matites.
A. Boisselot.
tRIÉTÉS DE POMMES
en Bretagne vers le commencement du
XVII® siècle, du moins d’après le témoi-
gnage des anciens auteurs qui l’ont d’abord
appelée cc Pomme de Bretagne ou Drap
d’or de Bretagne. » Quelques auteurs de la
fin du XVIII® siècle, tels que Duhamel,
Bastien, Et. Calvel, La Bretonnerie, etc.,
ont quelque peu hésité et ont confondu
cette espèce soit avec le Fenouillet jaune
appelé aussi Drap d’or, soit avec le Pépin
d’or ou Pomme d’Angleterre, comme
l’on disait dans ce temps-là. D’après
M. André Leroy, le dernier auteur descrip-
teur de cette variété. « c’est, dit-il, une
grosse Pomme, globuleuse, à peau unie,
d’un jaune pâle du côté de l’ombre, jaune
plus foncé et brillant de l’autre côté, légère-
ment marbrée de brun clair ponctué de
roux et portant quelques petites taches noi-
râtres. Maturité: décembre à mars. Qualité:
première. La haute tige convient avant tout
à ce Pommier, comme plein vent il rapporte
beaucoup et fait de jolis arbres. Sous forme
naine, sa végétation est tellement rapide,
même sur paradis, qu’alors on l’amène
difficilement à donner quelque produit. »
{Dictionnaire de Pomologie, t. III, p. 272.)
Nous ne nous attarderons pas à donner
sur cette espèce, si ancienne , d’autre
description. Nous nous en tenons à celle si
claire de M. André Leroy et nous passons
LA SOCIÉTÉ u’iIOriTICULTURE DE l'aIN.
523
à la variété Golden noble que nous croyons
identique, ou offrant de grands rapports
avec la précédente.
D’après M. André Leroy, la variété Gol-
den noble, décrite en 1831 par Lindley, a
été également citée et décrite par différents
auteurs anglais, américains et allemands ;
elle est, quant au fruit, ainsi définie
par M. André Leroy: « grosseur considé-
rable ; forme globuleuse ; peau unicolore
jaune d’or brillant, finement ponctuée de
blanc vers l’œil et de brun à l’autre extré-
mité, amplement maculée de fauve autour
du pédoncule. — Maturité : octobre-janvier.
Qualité, première. ».
Quant à la portée historique, M. André
Leroy, ordinairement si complet sous ce
rapport, ne donne à cet égard que des
renseignements insuffisants : nous préférons
donc emprunter à la Pomologie générale de
M. Alphonse Mas les renseignements sui-
vants qui ont paru cette année même dans
le tome IX de cet ouvrage, qui traite des
Pommes à couteau : cc Golden noble.
Observations : Lindley dit qif il existe un
arbre âgé de cette variété dans les environs
de Downham Morkel dans le Comté de
Norfolk. D’après K. Hogg, elle fut publiée
ou connue pour la première fois, par
M. Thomas Harr, de Stowettall, et comme
provenant d’un arbre supposé le pied-mère
qui s’élevait dans un ancien jardin, à
Downham. Elle fut communiquée à la So-
ciété d’horticulture de Londres en 1826. »
{Pomologie générale t. IX, p. 173.)
Point n’est besoin de multiplier les
exemples pour arriver à prouver que les
deux variétés de Pommes en question, les-
quelles pour nous n’en font qu’une, sont
répandues dans la culture. Disons seule-
ment que les noms Pomme vrai Drap d'or
et Golden noble figurent dans quelques
catalogues marchands tels que ceux de
MM. Simon Louis frères et André Leroy, et
cela presque côte à côte, ainsi que dans
certains jardins de notre connaissance, no-
tamment dans la collection fruitière de la
ville de Pvouen. La Pomme vrai Drap d’or
est une des rares espèces qui, malgré leur
mérite et leur ancienneté, n’ont pas été sou-
mises à l’appréciation du Congrès pomolo-
gique de France; la Pomme Golden noble
l’a été une seule fois et a été ainsi définie
par la commission: « Golden noble, gros ei
joli fruit à- robe jaune d’or uniforme, à
chair tendre, juteuse, très-acide. » A pro-
pos de cette description, nous croyons devoir
reproduire un extrait de celle donnée sur la
Pomme Drap d'or il y a plus de cent ans
dans le Jardinier solitaire.
(c La Pomme du Drap dor est grosse;
la peau est semblable à du drap d’or, ce
qui lui en a fait donner le nom ; son
eau, quoique en petite quantité, est agréa-
ble, etc. » On pourra peut-être tirer profit
de ce renseignement lorsque l’on s’occupera
de cette espèce alors qu’on semble vouloir
substituer le nom de Pomme d'or, tout
court, à celui de Drap d’or; d’ailleurs le
nom de Goldyeng des Allemands semble
donner raison aux anciens pour le nom qu’ils
avaient adopté et justifié par la citation que
nous avons faite plus haut.
Une particularité bien tranchée de la
variété ou des variétés qui nous occupent
réside dans le bois. La base du pétiole de
la plupart des feuilles est tellement déve-
loppée qu’elle couvre entièrement l’œil qui
en est par suite annihilé, ce qui a fait dire
à un auteur que (( les yeux sont petits,
noyés sous l'écorce », d’où résulte l’annula-
tion partielle de quelques yeux, ce qui déter-
mine çà et là des solutions de continuité.
Boisbunel.
LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE DE L’AIN
On sait quels larges services les Sociétés
d’horticulture ont rendus jusqu’ici et rendent
chaque jour. Par leurs expositions, par leurs
réunions intéressantes, leurs publications,
les récompenses diverses qu’elles accordent
judicieusement, elles ont grandement con-
tribué à répandre partout le goût des
plantes et des fleurs, à apporter dans les
jardins et les serres le choix des bonnes
espèces et variétés et le luxe que l’on y
remarque aujourd’hui.
Certes, les résultats acquis sont considé-
rables et faciles à constater ; mais il reste
encore beaucoup à faire, et, étant donnée
la marche régulièrement progressive de
l’horticulture, il est aisé de prévoir que d’ici
à quelques années, d’importantes amélio-
rations seront encore réalisées.
524
LA. SOCIÉTÉ d’horticulture DE L’AIN.
Pour parvenir rapidement à ce but, il faut
que les Sociétés redoublent leurs efforts, et
au besoin, qu’elles remanient et modifient
leurs règlements, qui les lient quelquefois et
les empêchent d’agir comme il conviendrait
de le faire.
Parmi les progrès désirables, il faut mettre
en premier lieu la création, au siège de toute
Société d’horticulture, d’un jardin d’expé-
riences qui, outre les nombreux avantages
que nous citerons plus loin, permettrait de
mieux juger, par suite d’une culture com-
parative, les nouvelles obtentions de fleurs
et de légumes.
Quelques exemples de cette utile adjonc-
tion existent déjà : en France, citons entre
autres Chartres, et Chiswick en Angleterre,
dont les Sociétés horticoles possèdent des
jardins d’essais, qui, par leur bon fonction-
nement, rendent chaque jour des services
croissants.
La principale objection que l’on peut faire
à ce sujet, est la difficulté qu’éprouveraient
au point de vue financier, la plupart des So-
ciétés, dont le modeste budget s’équilibre
difficilement. Cette observation est aisément
réfutable, et, en prenant pour exemple l’or-
ganisation d’une Société horticole française,
nous espérons convaincre nos lecteurs de ce
fait, que la création d’un jardin d’essai, loin
de grever les finances d’une Société d’hor-
ticulture, favorise son accroissement et lui
permet d’augmenter futilité de ses tra-
vaux, tout en consacrant à ce chapitre de
son budget une somme relativement très-
faible.
En 1858, la Société d’horticulture de l’Ain
acheta, pour la somme de 18,000 francs,
un terrain de près d’un hectare qu’elle tenait
à bail depuis quelques années, et où elle
avait installé ses écoles et ses cultures
expérimentales
Pour payer le pi ix de l’acquisition, la So-
ciété émit des actions de 100 francs, rap-
portant un intérêt annuel de 4 francs. De-
puis lors, et suivant ses ressources, elle
remboursa chaque année un certain nombre
d’actions ; depuis longtemps déjà sa dette
est complètement amortie.
Les frais d’entretien du jardin sont peu
considérables, la dépense la plus forte est le
traitement du jardinier (1,200 francs); mais
ces frais sont compensés de la manière sui-
vante ;
En dehors des cultures -écoles conservées
avec soin et qui forment les collections de
la Société, tous les produits du jardin sont
partagés entre les membres présents aux
réunions: on fait autant de lois qu’il y a
d’assistants et ces lots sont tirés au sort.
Tout membre de la Société reçoit chaque
année, en faible nombre, quelques Poiriers,
Rosiers, etc., qui sont élevés et greffés par
le jardinier. Celui-ci sème en outre au prin-
temps et cultive sous châssis une grande
quantité de plantes annuelles ; Pétunias,
Zinnias, Reines-Marguerites, Verveines, etc.,
qui sont partagées entre tous les sociétaires.
Les collections de la Société renferment
aujourd’hui : 400 variétés de Roses, 300 va-
riétés de Poires, 75 variétés de Pommes,
30 variétés de Pèches, 80 variétés de Rai-
sins, etc., etc,
Des greftês^de tous ces arbres sont dis-
tribuées gratuitement aux sociétaires qui
désirent en recevoir.
Cette répartition de plantes et de greffes
ne porte aucun préjudice au commerce hor-
ticole local, au contraire. Ainsi qu’on l’a
constaté, ce commencement de collections a
éveillé le goût des sociétaires qui sont de-
venus peu à peu amateurs, et qui, ne s’en
tenant plus aux distributions forcément res-
treintes du jardin de la Société, achètent
journellement des arbres, des plantes et
des graines pour augmenter leurs cultures
d’une façon plus sérieuse.
L’entrée du jardin est libre tous les jours
pour les membres de la Société, et le public
y est admis le jeudi et le dimanche.
Ces jours-là, beaucoup de sociétaires à
qui leur situation de fortune ne permet pas
de posséder un jardin, sont enchantés
de faire à leurs amis, les honneurs du
jardin de la Société, dont ils sont un peu
propriétaires, et il leur est toujours facile
de recruter ainsi de nouveaux adhérents.
Voilà donc une Société de province, dont
les ressources au début étaient des plus res-
treintes, et qui, par une administration
sage, par des mesures éclairées, et, pour-
rait-on dire, presque palriarcales, ést arri-
vée rapidement à une situation des plus
prospères. Pourquoi? Parce qu’elle a su
donner à ses membres un intérêt constant,
multiple dans ses éléments et très-varié.
Son exemple devrait être suivi par toutes
les Sociétés. R est évident que certains arti-
cles de ses règlements ne seraient pas
applicables partout, dans les grands centres
SUR QUELQUES TRITOMAS. — SALPIGHROMA RHOMBOIDEUM.
525
notamment, où un emploi plus philantro-
pique pourrait être fait des apports, surtout
en ce qui concerne les légumes. Mais ce
n’est qu’une légère exception, et l’ensemble
des mesures prises par la Société d’horti-
culture de l’Ain devrait servir de base au
remaniement de la plupart des règlements
de nos Sociétés, au grand profit de l’horti-
culture française.
Ed. André.
SUR QUEUQT
A part quelques espèces caulescentes, le
T. comosa, par exemple, tous les Tritomas
ont un aspect général identique ainsi qu’une
même organisation, ce qui suppose un
tempérament analogue; aussi les confond-on
presque toujours. Il y a cependant chez la
plupart d’entre eux des caractères qui per-
mettent de les distinguer, ce que je vais
essayer de démontrer pour trois espèces
appartenant au groupe des acaules, groupe
qui, du reste, comprend le plus grand nom-
bre des espèces. Commençons par une des
formes appartenant à l’espèce uvaria :
Tritoma uvaria grandiflora. — Plante
vigoureuse, à feuilles glauques, très-lon-
gues et relativement étroites, tombantes.
Hampe ou tige florale glabre, luisante, roux
foncé dans toute sa longueur, portant vers
son sommet quelques écailles bractéales
courtes, élargies à la base, caduques. Inflo-
rescence longuement et régulièrement atté-
nuée en pointe au sommet, atteignant
45 millitimètres dans son plus grand diamè-
tre. Boutons rouge cinabre, un peu glau-
cescents; fleurs tombantes, d’abord rouge
foncé, s’éclaircissant au fur et à mesure de
l’anthèse, finalement d’un rouge orangé jau-
nâtre.
Cette forme, très-floribonde et très-jolie,
fleurit continuellement à partir du mois
d’août jusqu’aux gelées; à mesure qu’elle
fleurit, les fleurs de la partie inférieure s’ap-
pliquent sur l’axe et l’inflorescence forme
ainsi une sorte de fuseau.
Tritoma Saunder si. Si je reviens sur cette
espèce dont la Revue horticole a donné une
description et une figure (1882, p. 504),
c’est afin de la différencier d’une autre, du
SALPIGHROMA
Nos lecteurs se souviennent sans doute
de l’article publié par notre collaborateur,
M. le Di" Sacc, sur une curieuse Solanée pa-
raguayenne qu’il avait nommée provisoire-
ES TRITOMAS
T. nohüis, avec laquelle on persiste à la
confondre. Le T. Saundersi a les feuilles
plus étalées et un peu plus larges ; la hampe,
beaucoup plus haute (jusque 2 mètres), porte
vers l’inflorescence des écailles bractéales
blanchâtres, scarieuses, très -élargies à la
base, brusquement atténuées au sommet.
L’inflorescence forte, tronquée au sommet
qui se termine par une partie dénudée de
l’axe, est très-forte, d’un rouge clair bril-
lant; la base se dénude aussi au fur et à
mesure de l’anthèse, de sorte que l’inflores-
cence est comme tronquée aux deux bouts,
et d’autant plus courte que la floraison est
plus avancée.
Tritoma nohilis. — Plante d’aspect et de
végétation assez semblables à ceux du T.
Saundersi. Feuilles d’un vert très-clair
comme celles de ce dernier, mais un peu
plus dressées et aussi un peu plus étroites,
et également triquètres. Hampe très-forte,
atteignant 60 à 80 centimètres de hauteur,
portant un peu au-dessous de l’inflorescence
des écailles bractéales blanches, cartilagi-
neuses-papyracées, irrégulières. Inflores-
cences régulièrement fusiformes, atténuées
aux deux bouts, atteignant 12 centimètres
et plus de diamètre dans la partie la plus
élargie, souvent dénudées au sommet par
l’avortement des fleurs supérieures. Les
boutons sont d’un rouge foncé cocciné bril-
lant et comme verni, les fleurs, très-ser-
rées, jaunissent à peine à l’extrémité lors
de l’anthèse ; elles retombent sur la tige
où elles persistent en formant un fuseau
régulier. La floraison est de longue durée.
— C’est une plante d’un grand mérite or-
nemental. May.
RHOMBOIDEUM
ment Solanum platense {i). Entre autres
particularités, M. Sacc ajoutait que les oi-
seaux, et même les enfants, à La Plata,
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 210,
526
HARICOT ZÉBRÉ.
étaient friands des fruits blancs de cette
espèce, qui avaient l’odeur et le goût de
la Fraise, et qui étaient parfaitement co-
mestibles et inoffensifs, tandis que le redite
de la plante était vénéneux, comme la plu-
part des Solanées.
Quelques graines nous avaient été en-
voyées par l’auteur de l’article. î^ous les
avons semées au printemps dernier; elles
ont développé des plantes à feuillage rhom-
boïdal, vert clair, très-abondant, à tiges
couchées, charnues, et à racines rampantes.
De petites fleurs blanches, ressemblant à des
grelots d’Andromèdes, se sont succédé en-
suite et ont donné naissance, un peu tardi-
vement, à des baies oblongues, d’un blanc
pur et transparent, d’un joli aspect.
Ces fruits, longs de 2 centimètres en-
viron, sur 6 millimètres dans leur petit
diamètre, viennent de mûrir dans notre
jardin de Lacroix, et nous les avons dé-
gustés. Leur pulpe, blanche et transpa-
rente, aqueuse, nous a présenté une saveur
assez développée d’Ananas (ou mieux de
Phyllocalyx, moins le goût de théréhen-
tine), et non de Fraise comme M. Sacc l’a-
vait observé. Au total, ce fruit peut être
considéré comme comestible. Il faudrait
voir ce qu’il deviendrait si la plante était
cultivée dans le midi de la France, en plein
air, et si cette espèce, qui est vivace, ou
mieux suffrutescente, résiste bien à l’hiver.
Aussitôt après avoir vu les fleurs, nous
remarquâmes que, si la plante était bien
une Solanée, elle ne rentrait certainement
pas dans le genre Solarium ; sa corolle
étant urcéolée et non rotacée. Les fruits
étant arrivés à leur entier développement,
nous en envoyâmes des échantillons à notre
collaborateur, M. J. Poisson, aide-natura-
liste au Muséum, qui ne tarda pas à déter-
miner la plante et y reconnut le Salpi-
chroma rhomhoideum de Miers (1). C’est
une plante anciennement découverte au dé-
troit de Majellan par Commerson, rencon-
trée .par de nombreux voyageurs dans la
Plata, commune dans les Pampas, à Mon-
tévidéo et au Brésil austral. On en connaît
deux ou trois variétés, parmi lesquelles :
le S. rh. divaricatum, commune dans la
province de Cordova, au Paraguay, et dans
la province de Rio-Grande, au Brésil, et le
S. rh. puhescens^ répandu dans les Pampas
de la République Argentine.
C’est au Salpichroma rhomhoideum (2)
puhescens que paraît appartenir notre
plante (section Perizoma de Miers).
Nous avons laissé en pleine terre une
certaine quantité des plants de Salpichroma
cultivés à Lacroix. Les uns seront découverts,
les autres couverts de feuilles, afin d’étudier
leur degré de résistance à la gelée. Quel-
ques pieds ont été rentrés en serre. Nous
serons donc en mesure de les essayer l’an-
née prochaine sur plusieurs points. Pour
faciliter les expériences, nous offrons à ceux
de nos lecteurs, qui le désireraient, de leur
envoyer, au printemps, soit des graines,
soit de jeunes boutures enracinées en go-
dets. Ils pourront les planter en plein midi,
dans une situation où leur racines traçantes
pourront s’étaler en liberté, et où leurs
fruits 'mûriront en bonne saison. Nous
serons ainsi fixés sur la valeur comestible
de la Solanée sud-américaine recommandée
par le D*’ Sacc. En. André.
HARICOT ZÉBRÉ
Ce Haricot, dont plusieurs fois déjà il a
été question dans la Revue horticole (3),
est certainement l’une des plus précieuses
(1) Salpichroma rhomboideu7n, Miers, in Hook.
Jourîi. of bot., 1845, vol. 4, p. 326. — Id. III.
of Amer. pl. t. I, p. 7. — Sendtn. in Endl. et
Mart. Fl. bras., fasc. 6, Sol., p. 150. — Dun. in
DC. Prod. 13, I, p. 374. — Busbeckia radicans,
Mart. Cat. hort. reg. mon. p. 69. — Planchonia
nrbuti folia, Ban. le. pict. in Vel. fac. sc. Monsp.
t. 9, p. 836. — Atropa rhomboidea, Hook. Bot.
mise. I, p. 135, t. 37. — Walp. Bepert. 3, p. 103.
— Physalis origanifolia, Lam. III. 2398. — Atropa
organifolia, Desf. Catal, éd. 3, p. 396,
variétés. C’est le plus productif de tous ceux
que nous avons cultivés jusqu’à ce jour, et
il se fait remarquer autant par sa vigueur
que par sa productivité, qui est extrême.
(2) Le nom du genre est formé de
trompette, et y^püiia, couleur, d’après la couleur
jaune de la corolle de certaines espèces, nom mal
appliqué d’ailleurs, puisque les Heurs de plusieurs
autres espèces sont blanches. D’ailleurs, ce nom
est neutre ; Miers a donc fait erreur, et Dunal aussi
(DG. Prod. XIII, I, p. 474) en écrivant Salpi-
ehroma rho^nboidea.
(3) Voir Bevue hortieole, 1877, p. 469; 1878,
p. 54.
. LE MATÉ.
527
Chaque rame, si haute qu’elle soit, se
garnit depuis la base jusqu’au sommet de
nombreuses cosses sous lesquelles la plante
disparaît. Quant à sa qualité, nous pouvons
sans aucune exagération affirmer qu’elle
surpasse de beaucoup tous les Haricots
Mange-Tout que nous connaissons. Fin,
moelleux, non filandreux, * tendre à la
cuisson, ce Haricot est estimé et recherché
des cuisinières, qui lui donnent la préfé-
rence sur toutes les autres variétés.
Sur la table il est fort apprécié et fait les
délices des gourmets ; c’est surtout un lé-
gume qui doit trouver sa place dans les plus
modestes jardins potagers d’ouvriers, et deve-
nir la providence des ménages, que peu de
ressources, car, sans tomber en purée, il est
tellement savoureux, qu’on pourrait le man-
ger chaud, sans autre assaisonnement que
du sel.
Outre ses qualités comestibles , ce
Haricot réunit presque tous les mérites :
O ■ LE ]
On sait que le Maté est un produit fourni
par une plante très-commune dans diverses
parties de l’Amérique du Sud, notamment
dans le Paraguay; elle appartient aux Ilici-
nées, et on lui a donné, pour cette raison,
le nom à'Ilex Paragudyensis. Ce sont les
feuilles de cette espèce qui sont employées
soit directement comme masticatoire, soit
en infusion, parfois réduites en poudre, ce
qui permet d’en diversifier l’usage.
C’est à la fois un excitant et un fortifiant
au plus haut degré, et, d’après le dire des
personnes qui ont habité certaines partie
chaudes du Nouveau - Monde , une sorte
d’alimentation indispensable et qui peut en
remplacer beaucoup d’autres.
Jusqu’à ce jour, ce produit n’était guère
connu en France que par ce qu’en avaient dit
les voyageurs. Aujourd’hui il en est autre-
ment, grâce aux efforts et à la persévérance
de M. Charles Barbier qui, en 1873 et 1874,
ayant été chargé d’une mission officielle
d’études économiques dans l’Amérique du
Sud, a pu apprécier les immenses bien-
faits que procure le Maté (vulgairement
Yerha Maté), et résolut de l’introduire en
France.
D’après des études sérieuses faites par
des personnes compétentes, chimistes et
vigueur, rusticité, robusticité. Le seul re-
proche qu’on pourrait lui faire, c’est d’être
un peu tardif, quoique sous ce rapport,
il ne s’écarte guère de quelques autres
variétés de Haricots Mange-Tout, tels que
Haricots Beurre ivoire. Haricots Beurre du
Mont-Bore, etc. Ainsi, cette année à Bou-
gival, quoique semé sur un sol froid et
tardif, il a donné depuis la première quin-
zaine du mois d’août, et continué jusqu’aux
premières gelées.
On peut hâter la production, en semant
en pot sous châssis, pour le livrer au plein
air vers le 15 mai. Trois ou quatre graines à
chaque touffe sont suffisantes, touffes que
nous plaçons à de grandes distances. On
ne met que deux rangées par planche, ce
Haricot exigeant beaucoup d’air.
Pour la description de cette variété, voir
la Bevue horticole, 1877, p. 409.
Eug. Yallerand.
médecins, on peut ainsi résumer les pro-
priétés du Maté :
« Par sa composition chimique le Maté
se rapproche du Café et du Thé, mais il
est de beaucoup plus riche en matières ré-
sinoïdes, mucilagineuses et gommeuses. Son
alcaloïde (Matéine), chimiquement identique
à la caféïne et à la théïne, existe dans une
proportion au moins égale à celui du Thé
noir et- double de celui du meilleur Café. »
Dans la Bevue scientifique du 9 juil-
let 1881, le docteur Couty écrit :
(( J’ai fait des expérienees sur moi-même
et j’ai constaté que le Maté peut remplacer
parfaitement le café pour une personne
habituée à ce dernier, et j’ai remarqué, en
même temps, que le Maté n’a pas l’incon-
vénient du café. Buveur habituel de café, j’ai
besoin de cet excitant pour pouvoir travailler;
si je n’en prends pas, je suis las et m’endors ;
mais il me suffit de dépasser un peu ma ration
pour avoir de l’insommie ou des palpitations.
J’ai remplacé le café par le Maté à diverses
reprises, notamment pendant les fatigues
de mon voyage à Montévideo ; j’ai pu tra-
vailler à l’aise, sans être pris de fatigues
ni de sommeil. En exagérant, je n’ai point
eu d’insommie. »
M. le docteur Gubler, en rendant compte
528
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CQNNUS.
à l’Académie de médecine (séance du
7 août 1877) des analyses du chimiste
Byasson, dit : « Quelle est la valeur dyna-
mique du Maté? On doit la croire très-
grande, si l’on considère qu’il permet aux
soldats paraguayaniens et argentins, de
même qu’aux gauchos des Pampas, de se
passer de nourriture solide pendant un ou
même plusieurs jours, malgré les fatigues si
puissantes de la guerre ou de la chasse à
courre, dans les vastes solitudes de l’Amé-
rique méridionale.
(( ... Le Maté forme une partie essentielle
de la ration réglementaire des troupes. Avec
lui il n’est pas de fatigues, de privations qui
ne soient gaillardement supportées ; mais
sa nostalgie est un supplice mortel. On peut
dire : « Pas de Maté, pas de soldats » et
quelque part qu’il aille, un Sud- Américain
emporte sa provision de Yerha pour toute
la durée de son voyage. »
Pour terminer, cilons le passage suivant
du chimiste italien Parodi :
(( Chacun sait que le Maté est le vin, la
bière, le café, le thé, le chocolat, non seu-
lement de nos populations rurales, mais de
toutes les familles indigènes de nos villes.
Son usage exerce sur les fonctions orga-
niques une influence puissante, soit en les
excitant, soit en les modérant, suivant la
quantité absorbée, le dosage de l’infusion et
le mode d’administjation. Les gauchos dans
le campo^ les pauvres dans les villages
vivent souvent un ou plusieurs jours con-
sécutifs en prenant du Maté comme unique
aliment. »
Toutes ces propriétés, que possède le
Maté provenant de plantes récoltées dans
l’Amérique du Sud, se retrouveraient-elles
dans celles cultivées dans nos serres ? C’est
à essayer, ce qui est d’autant plus facile
que Vllex Paraguayensis pousse parfaite-
ment sous notre climat parisien où, cepen-
dant, il a besoin d’être rentré dans une
orangerie pendant l’hiver. Dans le midi de
la France, en Algérie surtout, il pourrait
être cultivé en plein air. C’est un arbris-
seau ou petit arbre compact à feuilles per-
sistantes, rappelant quelque peu notre houx
commun, et qui ne serait pas déplacé dans
nos jardins comme plante d’ornement. Sa
culture est très- facile; il s’accommode de
presque tous les terrains, surtout de ceux
qui sont chauds. On le multiplie par graines
et par boutons, quelquefois aussi on le greffe
sur le houx commun, sur lequel il reprend
assez bien, mais ne vit pas longtemps.
Par ce qui précède, on a pu se faire une
idée du rôle que le Maté peut jouer dans
l’économie domestique, et combien il serait
important d’essayer la culture de la plante
qui le produit, c’est-à-dire de Vllex Para-
guayensis. Aussi félicitons-hous M. Thomas,
28, boulevard Poissonnière, à Paris, d’avoir
eu l’idée d’établir un dépôt de Maté, et, par
tous les moyens possibles, de chercher à en
vulgariser et généraliser l’usage en France.
E.-A. Carrière
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS
Pomme Reinette Von Gomond. — Très-
beau, bon et gros fruit, mûrissant de jan-
vier à mars-avril, atteignant jusqu’à 7 cen-
timètres de hauteur sur environ 8 et même
plus de diamètre, à peine côtelé. Queue té-
nue, d’environ 18 millimètres de longueur,
dans une cavité largement évasée. Œil très-
largement ouvert, à divisions étroites et
grêles, renversées et dégageant bien l’ou-
verture. Peau d’un rouge foncé brillant
presque partout, mais tout particulière-
ment vers la base du fruit, jaune d’or, la-
vée de roux sur les autres parties. Chair
fine, jaune verdâtre, tendre, de saveur
agréable. Loges étroites, allongées. Pépins
peu nombreux, petits, ordinairement mal
conformés, plats, souvent vides.
Malgré les recherches que nous avons
faites, nous n’avons rien trouvé de publié
sur ce fruit. Son nom autorise à croire qu’il
est d’origine allemande. Nous devons à
M. Chrétien les échantillons à l’aide des-
quels nous avons fait la description qu’on
vient de lire. Pomona.
Zmr. Oaorget Jaoob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
Doit-on relever les Oignons de
Glaïeuls? — L’expérience semble répondre
affirmativement. En effet, outre que ces
Oignons peuvent geler l’hiver ou fondre par
suite d’une trop grande humidité, il arrive
fréquemment qu’ils dégénèrent ou s’affai-
blissent, et qu’alors, au lieu de produire
une hampe forte et de grandes et belles
fleurs, ils ne produisent que des tiges
grêles qui, parfois même, ne fleurissent
pas. Pour avoir une bonne réussite, il faut
planter les Oignons un peu avant qu’ils
n’entrent en végétation, de manière qu’ils
n’aient rien perdu de leur vitalité, et,
d’autre part, comme il y a des variétés plus
précoces les unes que les autres, il est
bon de les mettre à part, afin de les planter
un peu avant celles qui ne poussent que
beaucoup plus tard. En général, à part de
rares exceptions, toutes les plantes bul-
beuses gagnent à être relevées et replantées
chaque année. Quant au moment opportun,
il varie suivant la nature des espèces et est
subordonné au climat sous lequel on est
placé.
Céleri Chemin. — Cette variété, dont
il a été récemment question dans la Revue
horticole (1), n’est pas seulement remar-
quable par sa belle couleur jaune d’ivoire,
qui s’obtient naturellement, c’est-à-dire
sans soumettre les plantes à l’étiolage, elle
l’est aussi par sa qualité très-fine et délicate.
D’autre part, et contrairement à ce qu’on
aurait pu craindre, elle est très-tendre,
absolument comme si elle eût été étiolée.
Mais c’est une variété estivale, c’est-à-dire
qui doit être semée une des premières, par
conséquent sur couche, dès le mois de mars.
On doit la consommer assez vite ; sans cette
précaution, les feuilles se creusent un peu.
Elle est au Céleri Turc ce que les Choux-
Fleurs tendres sont aux Choux-Fleurs
durs. C’est une variété hâtive’ : semée en
même temps que le Céleri Turc, elle est
bonne à consommer un mois plus tôt] que
les autres.
Bégonia Martiana gracilis. — Un de
nos abonnés, M. Lamare, horticulteur à
(1) Voir Revue horticole, 1883, p, 467.
lei’ Décembre 1883.
Bayeux (Calvados), qui fait une culture
étendue des Bégonias tubéreux, notamment
du B. Martiana gracilis, nous informe
que, chez lui, cette plante ne donne pas de
graines : « Malgré les soins les plus assidus
et les fécondations soigneusement faites,
tant en serre qu’en pleine terre, je n’ai
pu l’an dernier, ni cette année, récolter une
seule graine sur plus de cent fécondations
que j’ai faites. Les pétales tombent, il est
vrai, mais il en est bientôt de même des
ovaires qui, du reste, ne contiennent jamais
de graines. » Le fait dont parle M. Lamare
peut paraître d’autant plus singulier, que le
Bégonia diversifolia, qui en est excessive-
ment rapproché, produit abondamment des
graines. Cette stérilité du B. Martiana
gracilis, chez M. Lamare, est-elle une ex-
ception, un fait résultant de conditions par-
ticulières?
Poire Charles Cognée. — Cette variété
est l’une des plus méritantes de celles qui
ont été obtenues depuis quelques années.
Elle est encore nouvelle et peu connue, ce
quij^à l’époque où se font les plantations
d’arbresj fruitiers, nous engage à appeler
sur elle l’attention des pomologues . Le
fruit, très-gros et de toute première qualité,
ordinairement bossué, a parfois un peu de
rapport avec celui de la Duchesse d'An-
goulôme. Il mûrit de février à avril.
C’est une variété très-fertile ; l’arbre s’ac-
commode de toutes les formes, même
du plein vent. Ce gain a été obtenu par
M. Charles Cognée, de Troyes, qui en a
vendu l’édition à MM. Baltet frères, chez
qui on pourra se le procurer.
Deux bonnes Pêches très-tardives.
— Pêche Quétier. — Cette variété, dont il
a déjà été question dans la Revue horticole
et sur laquelle nous croyons devoir revenir,
est la Pêche Quétier, obtenue à Meaux par
l’habile horticulteur de ce nom. Elle se
recommande tout particulièrement par les
qualités suivantes : grosseur, beauté, qualité
de premier ordre, et surtout par sa tardivelé.
En effet, cette année encore, nous en avons
mangé le 1®’’ novembre, jour de la Toussaint,
qui étaient excellentes. L’arbre, qui est vi-
23
530
CHRONIQUE HORTICOLE.
^oiireux et productif, est à glandes réni-
formes ; ses fleurs sont campanulacées ;
quant à ses fruits, qui atteignent jusqu’à
9 centimètres et même plus de diamètre, ils
sont sphériques, colorés, à chair non adhé-
rente, jaune, très-ferme, bien que succu-
fente, d’un parfum très-agréable, et sont
intermédiaires entre ceux des Pêches à chair
tendre et les Pavies. C’est, en un mot, un
fruit délicieux pour la saison où il arrive.
Si on le cueille un peu avant la maturité
complète, on peut facilement en conserver
jusqu’au 15 novembre et même au-delà.
Belle de Saint-Geslin. — La Revue
horticole a fait connaître en 1874, dans un
article de M. Ed. André, une belle et ex-
cellente Pêche obtenue en Touraine, et qui
peut passer pour une des plus tardives.
Elle se nomme Belle de Saint-Geslin.
Nous en avons plusieurs fois dégusté de
beaux et bons spécimens après la Toussaint. |
Cette variété est peu connue, malgré les
efforts de M. Defains, pépiniériste à Am-
boise, qui l’a mise au commerce. Nous
l’avons revue avec plaisir cette année, mais
sous une forme inusitée, c’est-à-dire com-
plètement blanche, absolument décolorée,
même sur la face insolée. Cette variation
constitue ainsi une forme nouvelle et inté- |
ressante sur laquelle nous aurons occasion
de revenir.
Les Raphanodes. — Ces produits si re-
marquables, tant par leur nature que par
leur origine, et dont toute la presse horticole i
a parlé lors de leur apparition, sont aujour-
d’hui à peu près oubliés, ce qui assurément
est très - regrettable, à cause des services
qu’ils sont susceptibles de rendre. Ce sont des
sortes de Radis issus du Bayhanistrum ar-
vense, remarquables par la forme, les dimen-
sions, la couleur, et même la saveur. Sous
ces rapports, ils présentent les variations les
plus diverses et les plus étonnantes : depuis
la forme et les dimensions des petits Radis,
jusqu’à celle des gros Navets. Quant aux
couleurs, les variations ne sont guère
moindres : on passe, par des nuances gra-
duées, du blanc au gris noir, et leur saveur
varie de celle des Radis à celle des Navets.
En raison de ces variations, et surtout des
dimensions qu’ils atteignent, ces produits
avaient été désignés par M. Carrière sous le
nom de « Radis de famille » et par M. Ed.
André sous celui de Raphanodes.
Floraison anormale de Lilas. — Un
de nos abonnés, M. G. Davillon, de San-
cerre, nous informe que « dans la propriété
de de Grussol d’Uzès, les Lilas sont en
pleine floraison. » R ajoute : « J’ai re-
marqué que les arbustes qui ont le plus
souffert de l’ouragan du 2 septembre, et qui
ont été complètement privés de leurs feuilles,
ont presque tous refleuri, surtout ceux qui
se trouvent le moins abrités, c’est-à-dire sur
le point culminant de la montagne. y>
Nous pouvons ajouter aux renseigne-
ments fournis par M. Davillon, que la situa-
tion de Sancerre est particulièrement favo-
rable aux faits de végétation qu’il signale.
Le parc de d’Uzès est situé au sommet
d’un promontoire élevé au-dessus de la
rive gauche de la Loire, qui coule en cet
endroit entre les départements du Cher et
de la Nièvre, et les situations variées du
parc donnent des expositions au plein soleil,
le long de rochers en espalier, qui rappel-
lent certaines cultures méridionales. Rien
d’étonnant à ce que les boutons de ces Lilas
aient leur végétation excitée par la tempé-
rature exceptionnelle de la saison.
Nuilure des rafles de Raisin. — D’une
I manière générale, dans la pratique, on
nomme nuilure, ou tout simplement nulle,
une affection dont la cause, mal connue, et
probablement complexe, est déterminée par
la présence de parasites végétaux. Cette
affection, qui se manifeste très-fréquem-
i ment sur les Gucurbitacées, et notamment
sur les Melons, ainsi que sur beaucoup
d’autres plantes légumières, se montre aussi
parfois sur la râfle des Raisins. Dans ce
cas, la râfle sèche et les grains ne prennent
plus d’a’ccroissement ; ils se rident, res-
tent acides et n’acquièrent aucune qualité.
Jusqu’ici cette altération était toujours
très-rare ; aussi n’y faisait-on guère atten-
tion.
Mais, il paraît aujourd’hui en être autre-
ment, et dans certains endroits, à Versailles
notamment, nous avons vu que, soit à l’air
libre, soit dans les serres à Raisin, le
fait est désastreux, et les remèdes tentés
donnent lieu à des dépenses relativement
grandes.
A quoi est due cette affection? Pro-
bablement à des parasites végétaux peu
connus et dont la présence ne se manifeste
guère que par l’intensité du mal, qui est
CHRONIQUE HORTICOLE.
telle, alors, qu’il est à peu près impossible
d’y porter remède.
Pourrait-on prévenir ce mal, et com-
ment ? Sur ces deux points, nous ne
pouvons qu’émettre des hypothèses, ce
qui n’est pas une solution, assurément,
mais pourrait en amener une, et nous
engage à émettre une opinion. Ce serait,
lorsqu’il s’agit de Vignes cultivées en serre,
de brûler de temps à autre un peu de
soufre ; cette combustion formerait de l’acide
sulfureux qui purifierait l’air en détrui-
sant les corpuscules délétères. Pour cela,
il suffirait de suspendre çà et là une mèche
soufrée qu’on allumerait le soir, mais dont
les dimensions déterminées ne pourraient
produire aucun inconvénient sur la végéta-
tion. Dans ce cas, nous ferons observer
qu’on ne saurait être trop prudent, et qu’il
vaut toujours mieux pécher par un excès en
moins, que par l’excès contraire.
Pour les Vignes placées au dehors, c’est-
à-dire en plein air, il faudrait de temps
en temps, mais toujours préventivement,
bassiner les Vignes avec un insecticide
énergique, mais dont l’action, pourtant,
ne pourrait altérer en rien les tissus, ce
qu’on pourrait du reste éviter en diluant
plus ou moins la substance employée. La
nicotine , l’insecticide Fichet, surtout, pour-
raient probablement donner de bons résul-
tats.
Conservation des Champignons. —
M. Launay, secrétaire de la Société botani-
que de Meaux, indique le procédé suivant
pour la conservation des Champignons pen-
dant plusieurs années : laver les Champi-
gnons à grande eau, puis les introduire dans
un bocal contenant de l’eau filtrée, addi-
tionnée d’un seizième d’acide sulfurique
pur, puis boucher hermétiquement.
Le Champignon de couche se conserve
ainsi, paraît-il, sans contracter aucune sa-
veur désagréable ou nuisible, et parle même
procédé, les Champignons de couleurs va-
riées, rouges, roses, bleus, verts, etc., con-
servent leur nuance sans aucune altération.
La « Germeuse ». — L’incubation des
œufs est tellement analogue, comme fait et
même comme résultat, à la germination des
graines, que les moyens employés pour
obtenir la première, peuvent également
l’être pour déterminer la seconde. Des deux
531
côtés il s’agit de transformer un corps
inerte en un être vivant, végétal ou
animal. D’où cette conclusion, que la cou-
veuse d’œufs et la couveuse d’enfants (1)
peuvent être transformées en une Couveuse
de graines, que, pour la circonstance, nous
nommons Germeuse. Des expériences faites
au Jardin d’acclimatation, par MM. Martin
et Patrie, ont démontré que la couveuse
artificielle qui fonctionne là, toute l’année,
pour l’incubation des œufs, peut être trans-
formée en une petite serre -éleveuse. Des
graines d’espèces diverses et de natures va-
riées y ont parfaitement germé dans un temps
relativement court. L’expérience scienti-
fique est faite, reste l’application pratique.
On pourrait utiliser la Couveuse- Ger-
meuse, même telle qu’elle est, c’est-à-dire
comme une sorte de laboratoire d’essai.
Grâce à son faible volume et à son aspect
de petit meuble, elle pourrait être placée
dans l’appartement . Avec 15 centimes
d’huile par jour, on aurait là, sous la
main, un moyen permanent de s’assurer
de la qualité des graines ou du temps
nécessaire à leur germination. Pour rendre
cet appareil plus pratique, et propre à
faire partie du matériel horticole, il suffi-
rait d’en augmenter les dimensions et d’y
apporter quelques modifications en rapport
avec le but qu’on se propose d’obtenir.
Dans ce cas, M. Odile Martin pourrait don-
ner des avis fort utiles.
Alcool de Melon. -- A une récente
séance de l’Académie des sciences de Paris,
M. Levât a fait connaître le résultat d’essais
qu’il a opérés, pour extraire l’alcool qui se
trouve dans la pulpe du Melon.
Ces résultat sont vraiment surprenants :
30 kilogrammes de pulpe ont produit cinq
litres d’alcool normal et utilisable.
Force de la végétation. — La puis-
sance mécanique et statique des végétaux a
été l’objet de nombreuses expériences ,
parmi lesquelles celles de Haies sont bien
connues de tous les botanistes. Mais le sujet
est si étendu et les faits qui s’y rapportent
sont parfois si surprenants, qu’on nous per-
mettra d’appeler l’attention de nos lecteurs
sur de nouvelles observations.
D’expériences récemment faites en An-
gleterre à ce sujet, il résulte que la Ci-
(1) Voh Revue horticole. 18S3, p. 220.
532
CHRONIQUE HORTICOLE.
trouille peut, en se développant, soulever
un poids de 2,050 kilos, et supporter, sans
souffrir, un poids de 2,500 kilos pendant dix
jours.
Le déplacement et le soulèvement de
pavés et de roches, qui s’accomplissent fré-
quemment sous l’effort de certaines racines,
prouvent qu’elles possèdent une puissance
mécanique considérable.
Les racines annuelles peuvent de même
produire une force surprenante; ainsi, une
Betterave rouge, introduite dans un drain en
terre cuite de 2 centimètres 1/2 de dia-
mètre, l’a facilement fendu dans le sens de
la longueur, pour continuer son développe-
ment.
Les Champignons, dont le tissu est cepen-
dant bien spongieux, ont aussi cette pro-
priété développée à un très -haut degré. On
a récemment constaté en Angleterre, à
Braintree (Essex), qu’un Agaricus arven-
sis avait, pour se développer, soulevé une
pierre mesurant 75 centimètres de lon-
gueur, sur 55 de hauteur, ce qui représente
un poids considérable.
Plantations nouvelles au Mexique.
— Le Bulletin dC arhoriculture de Gand
nous apprend , sous réserves , que le
gouvernement mexicain entreprend des
plantations très-importantes. Un entrepre-
neur se serait engagé, par contrat, à livrer
au Gouvernement, moyennant la somme de
un million de francs, et dans un espace de
quatre années, à partir du 15 mars 1884,
environ quatre millions d’arbres, dans les
essences suivantes :
Saules, Peupliers, Tilleuls, Cèdres, Aca-
cias, Frênes et autres essences diverses.
Un certain nombre de jeunes gens, char-
gés de soigner ces pépinières, recevront en
même temps une instruction spéciale. Des
cours leur seront faits et de nombreux ou-
vrages horticoles et sylvicoles seront mis à
leur di.sposition.
Café « Maragogipé ». — Notre excel-
lent confrère de la presse horticole belge,
M. A. Van Geert consacre, dans la Revue
de Vhorticulture helge^ une note intéres-
sante à cette nouvelle espèce de Café qui,
paraît-il, doit peu à peu remplacer le Coffea
arabiea. Le Café <( Maragogipé d réussit à
merveille dans les terrains élevés. Voici
quelques détails donnés sur cette plante par
un voyageur européen qui a pu récemment
l’étudier sur place :
« La feuille du Caféier Maragogipé est beau-
coup plus grande que celle de l’espèce ordi-
naire ; elle atteint 25 centimètres de lon-
gueur sur ^0 centimètres de largeur, tandis
que celle du Caféier d’Arabie, ne mesure que
15 centimètres de longueur sur 6 de largeur,
chez des arbres placés dans les mêmes condi-
tions. Sa croissance est d’une vigueur telle
que des arbres de trois à quatre ans ont atteint
8 cà 10 pieds de hauteur et sont chargés de fruits.
L’arbre paraît d’ailleurs fructifier plus tôt
que le Caféier d’Arabie et ses fruits sont
de dimensions beaucoup plus grandes; en
somme, le rendement en poids d’un terrain
planté en Café Maragogipé doit être beaucoup
plus considérable que celui d’un terrain planté
en Café ordinaire, et cela nous paraît tout
dire. »
Acclimatation du Quinquina dans
l’Assam. — On sait que des études ont été
entreprises afin d’arriver à introduire la
culture du Quinquina dans notre colonie
algérienne ; mais il faut probablement re-
noncer à l’y établir, le climat n’étant pas
favorable.
C’est dans d’autres de nos colonies, plus
chaudes et en même temps plus semblables
à la région des Andes où croit le Quinquina,
qu’il faut chercher la solution du problème.
Nos voisins les Anglais, plus colonisateurs
que nous, sont aussi plus expéditifs. Aus-
sitôt que, dans l’une quelconque de leurs co-
lonies, la possibilité d’une culture est recon-
nue, et cela est fait sans perdre de temps,
les plantations sont exécutées sur une grande
échelle, sous la protection et avec l’assis-
tance du gouvernement. A ce propos,
nous lisons dans la Revue d’horticulture
belge que le gouvernement anglais a rapi-
dement introduit la culture du Quinquina
dans sa colonie de l’Assam et ailleurs. Dans
la région des Nilgherries et à Djardeeling
(Sikkim), on compte actuellement. plus de
5,000,000 de pieds de cet arbre précieux.
Il n’est pas étonnant qu’avec une activité
semblable, répartie sur toutes choses, les
colonies britanniques deviennent pour la
plupart rapidement florissantes.
Histoire de la pomologie. — On sait
que la côte américaine occidentale a vu se
créer depuis un demi-siècle des plantations
immenses de Pommiers, qui dépassent
SOCIÉTÉ POMOLOGIQUE DE FRANCE.
533
même en importance les grands vergers de
Normandie et d’Angleterre.
Mais on ne sait pas assez comljien leur
histoire, toute moderne, offre d’intérêt.
Ainsi le premier Pommier qui a été
transporté d’Europe en ces régions existe
encore, et il est conservé dans une pro-
priété du gouvernement des États-Unis,
près de Vancouver.
C’est en 1826 que la Compagnie de la
Baie d’Hudson fit transporter par un de ses
navires ce pionnier végétal, si l’on peut
ainsi parler, ancêtre vénérable autour du-
quel s’est développée une postérité aujour-
d’hui innombrable.
Exposition d’horticulture à Orléans.
— Du 29 avril au 8 mai 1884, à l’occasion du
Concours régional qui se tiendra à cette
même époque, la Société horticole du Loiret
fera à Orléans une exposition d’horticulture
et de tous les objets industriels économiques
qui s’y rattachent.
Les personnes qui désireraient prendre
part au concours devront en informer
M. P. Transon, route d’Olivet, à Orléans,
et envoyer la liste des objets qu’ils se pro-
posent d’exposer, au plus tard, le l®i’ avril
1884.
E.-A. Carrière et Ed. André.
SOCIÉTÉ POMOLOGIQUE DE FRANGE
La Société pomologique de France a tenu
sa vingt-cinquième session, du 26 au 28 sep-
tembre, à Genève (Suisse), sous les aus-
pices de la Société d’horticulture de Ge-
nève. Les magnifiques salles de l’Athénée
avaient été gracieusement mises à sa dispo-
sition par la Société des Arts.
La Société avait à s’occuper : 1° de l’ap-
préciation des fruits qu’elle avait admis à
l’étude dans ses séances précédentes ; 2^* des
fruits étudiés et présentés, soit par sa com-
mission permanente de Lyon, soit par les
commissions pomologiques locales; 3° de
l’étude et de la dégustation des fruits dé-
posés sur son bureau; ¥ de sa situation fi-
nancière, de la médaille à décerner à la
personne qui a rendu le plus de services à
la pomologie française, et, enfin, du lieu où
se tiendra sa session prochaine.
M. Gardinaux, président de la Société
d’horticulture de Genève, après avoir sou-
haité la bienvenue aux membres de la So-
ciété et aux délégués des Sociétés d’horti-
culture , déclare ouverte , à Genève , la
vingt-cinquième session.
M. delà Bastie, vice-président du Conseil
d’administration de la Société pomologique,
son président, M. Réveil, étant absent, re-
mercie d’abord la Société suisse de son
bienveillant accueil, engage les personnes
présentes à être, pendant le courant de la
session, très-sévères pour l’admission des
fruits, (( car, dit-il, il faudrait mieux n’en
admettre aucun que de s’exposer à voir figu-
rer sur le catalogue de la Société des fruits
non méritants )) ; puis il invite la Société
à nommer son bureau, qui sera chargé de la
direction des travaux pendant la session.
M. Cusin, secrétaire général, donne lec-
ture de la liste des membres et des délé-
gués présents, puis l’on passe à l’élection
du bureau.
Sont nommés :
Présidents hpnor aires : MM. Cardinaux,
de la Bastie.
Président titidaire : M. Jamin.
Vice-présidents : MM. Hortolès, Jacque-
met-Bonnefond, Welter, Gunthert.
Secrétaire général : M. Cusin.
Secrétaires : MM. Michelin, Nanot, Alli-
bert de Berthier, Vaucher.
Trésorier : M. Reverchon.
Trésorier-adjoint : M. Varenne.
Après avoir pris possession du fauteuil de
la présidence, M. Jamin remercie la Société
de l’honneur qu’elle lui fait en le nommant
son président pour la sixième fois.
On décide ensuite que le Congrès tiendra
deux séances générales par jour et qu’une
commission de dégustation sera nommée
pour apprécier les fruits déposés sur le
bureau.
M. Gardinaux invite, au nom de la So-
ciété d’horticulture de Genève, les personnes
présentes à un banquet et leur fait distri-
buer des cartes d’entrées pour l’Exposition
de fruits qui se tient au Monument électoral.
Le président fait part à la Société de la
perte de plusieurs membres, décédés pen-
dant le courant de l’année (MîM. Buchetet,
Pingeon, Techeney, Claude Blanchet et
Croux père).
534
SOCIETE POMOLOGIQUE DE FRANCE.
Cette séance préparatoire se termine par
la nomination d’une commission de trois
membres chargés de vérifier les comptes du
trésorier.
Séances de dégustation.
Le lendemain, à sept heures et demie du
matin, la Commission de dégustation com-
mence ses travaux, après avoir nommé :
Président : M. Luizet.
Vice-président : M. Treyve.
Secrétaire : M. Michelin.
Secrétaire-adjoint : M. Francillon.
Elle déguste dans ses diverses séances :
POMMES.
Béants Codlin, d’origine anglaise, aci-
dulée, juteuse, bonne ; maintenue à l’étude ;
— Archiduc Louis, à chair fine, sucrée,
parfumée, manquant un peu de jus ; admise
à l’étude; — Sans -pareille de Peasgood,
à chair blanchâtre, fine, tendre, juteuse,
parfumée, à recommander parmi les fruits
précoces ; maintenue à l’étude ; — Frooz,
à chair jaunâtre, mi-fine, peu juteuse, su-
crée et parfumée ; n’est pas admise à l’étude.
POIRES.
Joyau de septembre, de M. Hérault,
d’Angers, à chair fine, parfumée, d’une
très-grande délicatesse , très-bonne , est
admise à l’étude ; — Vice-Président Dele-
haye, qui a déjà été présentée, est repoussée
de nouveau à cause de sa trop grande
âpreté ; — Souvenir Deschamps, est main-
tenue à l’étude ; — une Poire obtenue de
semis, envoyée par M. Bruant, de Poitiers,
â chair très-dure, non comestible, n’est pas
admise ; elle est seulement remarquable par
sa longue conservation, car elle a été ré-
coltée en 1882 ; — Poire de semis n® 23,
présentée parM. Treyve, n’est pas admise à
cause de sa trop grande âpreté ; — Poire
de semis 739 (Sannier), à chair un peu
granuleuse, très-sucrée, juteuse, légère-
ment acidulée; — Poire de semis n® 364
(Sannier), est envoyée à la commission des
études à cause du doute sur son identité; —
Trésorier Lesac/ier (Sannier), à chair assez
line, juteuse, sucrée, très-parfumée, agréa-
blement acidulée, est maintenue à l’étude ;
— Président Maslon (Sannier), est trop
mûre pour pouvoir être dégustée ; — Ma-
dame Sannier, à chair sucrée, moyenne-
ment juteuse et à arôme peu agréable.
n’est pas admise â l’étude ; — Président
Delacour (Sannier), à chair pas assez su-
crée, peu volumineuse pour la saison, n’est
pas admise; — Souvenir de Sannier père,
à chair délicate, juteuse, sucrée, agréable-
ment parfumée, est maintenue à l’étude ; —
William-Duchesse (Luizet), n’est pas assez
mûre pour pouvoir être dégustée ; ^ Sa-
bine Vermorel, à chair blanche, juteuse,
parfumée, un peu âpre, un peu musquée,
n’est pas admise à l’étude ; — Thérèse,
n’est pas assez mûre pour être dégustée;
— Semis 28 (Cuissard et Barret), à
chair blanchâtre, sucrée, juteuse, quoique
bonne, n’est pas admise, parce qu’elle est
peu connue ; — Edmond’s, à chair très-
blanche, pâteuse, granuleuse au centre,
trop mûre, n’est pas acceptée.
PÈCHE (Nectarine).
Nectarine Albert, quoique jugée de qua-
lité inférieure, est maintenue à l’étude, car
l’échantillon dégusté est en mauvais état.
PÈCHES (proprement dites).
Pêche Michelin : l’exemplaire présenté a
été récolté sur un arbre à haute tige et est
défectueux; — Princesse de Galles, qui
est déclarée bonne, mais ne répondant pas
à la description qui en a déjà été faite, ne
peut être jugée à cause de cette incertitude;
— Sea Eagle, quoique peu sucrée et filan-
dreuse, est maintenue â l’étude ; — Merlin
(Barret), est très-juteuse, âpre et de qualité
médiocre; — Pêche de semis (M. Treyve),
juteuse, amère, est déclarée sans valeur.
PRÊCHE (Pavie).
Pavie Saint-Michel (Besson), à chair
jaune, modérément ferme, sucrée, est dé-
clarée bonne.
RAISINS.
Duc de Malakoff, présenté par M. Ja-
min (obtenteur Moreau -Robert), est un
très-beau Raisin, doux, agréable au goût,
précoce, très-fertile. Est adopté pour être
inséré au catalogue; — Buchetet (Besson),
peu sucré; — Michelin (Besson), bon fruit,
maintenu à l’étude ; — Chasselas Besson
(Besson), a beaucoup de ressemblance avec
le Chasselas de Fontainebleau, mais, dit
M. Besson, lui est préférable à cause de sa
plus grande précocité; — Grosse Clairette
(Besson), à grains sucrés, bon, est main-
tenu à l’étude; — Noir Glady (Besson),
SOCIÉTÉ POMOLOGIQUE DE FRANCE.
535
bon Piaisin ; — Valencia^ de qualité infé-
rieure et mûrissant difficilement, sous notre
climat, n’est pas maintenu à l’étude ; —
Sultanieh rose sans pépins, de bonne qua-
lité, est maintenu à l’étude ; exige la taille
longue; — Président Cardinaux (semis
n» 410, de M. Besson), à grains noirs, est
plutôt un Raisin de cuve que de table; —
Président Doûmet, à grains rose foncé, ju-
teux, modérément sucré, n’est pas très-bon
comme Raisin de table; — Boisselot, à
grains très-fermes, ce qui lui permet de
supporter les voyages, et qui est de bonne
qualité, est admis à l’étude; — Muscat
Reynier, à grains blancs et mûrissant avant
le Chasselas de Fontainebleau, est proposé
pour l’étude ; — Koocki (Vigne du Japon),
est un Raisin à grains blancs, acerbes, de
mauvaise qualité; — Saint-Louis (semis de
M. Besson), à grappe ailée et à grains
oblongs, juteux, très-sucrés, à peau tendre,
précoce, bon.
PRUNE .
Tardive de Corny , présentée par
M. Luizet, est de bonne qualité ; l’arbre qui
la porte est ornemental.
FIGUES.
Saint-Dominique (Besson), fruit moyen
à chair blanche ; ne paraît pas être authen-
tique, car, d’après M. Jamin, il devrait être
blanc, plus allongé et plus gros; maintenu
à l’étude ; — Coucourelle, fruit très-petit,
strié de violet, à chair rouge-violet ; n’est
pas maintenu à l’étude ; — Figue d’A-
thhies, à chair de lait et d’une qualité tout
au plus passable ; n’est pas admise à l’étude ;
— Fortunée (Besson), à chair rouge et d’un
goût particulier peu agréable, n’est pas
admise à l’étude.
SÉANCES GÉNÉRALES.
Pendant ses séances, la Société pomolo-
gique révise la liste des fruits qui sont à
l’étude depuis plusieurs années. Pour main-
tenir à l’étude ou pour rayer de sa liste les
fruits qui y sont déjà inscrits, et qui n’ont
pas été présentés à la Commission de dé-
gustation, elle se base sur l’avis des pomo-
logues présents, qui cultivent ces fruits chez
eux.
Deux fruits : la Prune Turner's Pippin
(Dillistone) et le Raisin Duc de Malalioff,
qui depuis plusieurs années sont à l’étude,
sont déclarés présenter des qualités suffi-
santes pour pouvoir figurer sur le cata-
logue.
Dans une de ses séances, la Société dé-
cerne, à l’unanimité, sa grande médaille
d’or à M. Treyve, de Trévoux, qui, depuis
plusieurs années, rend de grands services
à la pomologie, et qui vient, cette année, de
se distinguer tout particulièrement en indi-
quant les règles qui doivent être suivies
pour greffer les Noyers avec succès.
M. de la Bastie propose ensuite à la So-
ciété d’accorder, cette année, par exception,
une 2e médaille. Après avoir approuvé cette
proposition, la Société décerne cette mé-
daille à M. Cusin, son dévoué secrétaire
général, qui, depuis longtemps, lui rend de
grands services.
Avant de se séparer, la Société renou-
velle cinq de ses conseillers sortants (mem-
bres du Conseil d’administration) ; puis elle
entend le rapport de la commission chargée
de vérifier les comptes du trésorier, et,
enfin, décide la réimpression de son cata-
logue. (Chaque description sera accompagnée
d’une coupe longitudinale du fruit décrit.)
La vingt-sixième session se tiendra à
Rouen en 1884.
LISTE.
DES FRUITS ÉTUDIÉS PAR LA SOCIÉTÉ POMOLOGIQUE.
Fruits maintenus à l’étude.
Années
de la
Noms des fruits.
Époque
de
présentation.
maturité.
1878.
Abricot.
Chancelier (Luizet).
Fin juillet.
1882.
l'erise.
Bigarreau noir d’Ecullg
Mi-juin, coin.
(Luizet). juillet.
Figue.
1882. S oint- Dominique.
Frauiboise.
1879. Fillhasket. Non bifère.
1882. DeBohüiller.
1882. Impériale de Tréhizonde.
Xoïx,
1882. Princesse (Martin).
Pècîies (proprement dites)
1881. Alexis Lepère (Lepère
fils). Mi-septemb.
1882. Albatros (Tihers). id.
18/9. Baltet (Ballet). Fin septemb.
1882. Baro)ine de Brivazac. Mi-septemb.
1882. Comtesse de Montijo
(Gauthier). id.
536
SOCIÉTÉ PO.AIOLOGIQUE DE FRANCE.
Années
Époque
de la Noms des fruits.
de
présentation.
maturité.
1880. TJaxvn.
Corn. août.
1879. Earhj Alexander.
Fin juin.
1881, Lady Pabnerston (Ri-
.
vets).
Fin septernb.
1882. Lafdte.
Septembre.
1881. Michelin (Lvâzci).
Mi-septemb.
1880. Précoce Tilt oison.
Fin juillet.
1881. Sea Eagle {VdveYs).
Fin septernb.
1882. Walburlon admirable.
id.
Fèeiscs (Nectarines).
1878. Albert (JX'wQYS,).
Mi-septemb,
1880. Bowdexi.
Fin août.
1882. Incomparable {ÏY. belge).
id.
1882. Prince de Galles (Hi-
vers).
Mi-septemb.
1881. Stamcick Elruge (El-
ruge).
Fin août.
PèelBC (Pavie).
1882. Comme (Comme).
Fin septernb.
Polrc-s.
1881. Abbé Lefebvre (Saunier).
Novembre.
1880. Alexandre Delaherche
(Sannien.
Octobre.
1881. Alexandrine Mas (Mus),
Fin hiver.
1881. Beurré amande (Sau-
nier).
Oct.-Nov.
1881. Beurré de Naghin (Da-
ras).
Hiver.
1881. Beurré Dubuisson.
Nov.-Janv.
1881. Beurré Henri Courcelle
(Saunier).
Fin hiver.
1881. Bon Chrétien Erédéric
Baudry (Saunier ) .
Hiver.
1881 . Délicieusede Graynmont.
Fin août.
1880. Edouard Collette (Col-
lette).
Octobre.
1880. Ciram.
Cora. août.
1875. Henri de Bourbon (de
Roussineau).
Hiver .
1882. La France (Blanchet).
Octobre.
1881. Louise-Bonne Saunier
(Sannier).
Hiver.
1881. Madame Chaudu (Chau-
dyl-
Novembre.
1882. Notaire Lepin (Rollet).
• Nov. -Février,
1881. Président B arnabé (San-
nier).
Hiver.
1878. Président Drouard (Oli-
vier).
Nov. -Mars.
1 882 . Sa in t-A ndré .
Fin septernb,
1880. Sannier père (Sannier).
Octobre. •
1882. Souvenir Deschamps
(Deschamps).
Com. sept.
1878. Sucrée Troyenne (Baltet).
Fin septernb.
1881. Trésorier Lesacher (Sau-
nier).
Fin septernb,
1880. Vice -président Decaye
(Sannier).
Octobre.
Pojîames.
1877. Belle d’Angers.
Hiver.
1880. Bonne Virginie.
Décembre.
1882. Cox’s orange Pippin
(Cox).
Hiver
1882. Dean’ s Codiin.
Oct.-Nov.
1882. Djerbi grijfe.
Octobre.
1882. D. T. Fisc h.
Sept. -Nov.
1881. Ch 'OS se ca i sse .
Oct.-Nov.
1882. Napoléon.
Hiver.
1880. Beinelle Lamberct .
Déceinln’c.
1882. Sans -pareille de Peas-
good.
Oct.-Nov.
1882. Yodishire Beaiily.
.Mi-septemb.
Années
Epoque
de la
Noms des fruits.
de
présentation.
E®i’SÎ5Bes.
maturité.
1882.
Monsieur à fruits verls.
Fin juillet.
1882.
Napolilana.
Fin juillet.
18S2.
Tardive de Corny.
EaâsÎBîs.
Fin août.
1882.
Allen’ s hybride.
Fin scptoml).
1878.
Buchelet (Besson).
Fin septeinb.
1881.
Chasselas Jalaberl.
Mi-septemb.
1882.
C h asselas Marvaud.
Fin septeml».
1882.
Eniily.
Fin septernb.
1882.
Crosse clairette (Bes-
1882.
son).
Mi-septemb.
Noir Cladij (Besson).
id.
1882.
Sultanie/i rose saxis pc-
pins.
Mi-septemb.
Fruits non maintenus à l’étude.
Cerise.
Guigne blanche Winhlcr. Mi-juin .
FâejMc.
1882. Coucourelle.
PE’îimSsoz.se.
1879. Surpasse merveille.
Bil'ère.
Cîa'oseîSlcs à grappes
1879. Blanche transparente.
1879. Prince Albert.
Gro.sciiScs à maquereau.
1879. Duch Wing.
1879. Ereedom.
1879. CoLden Gourd.
Pèche.*?; (proprement dites).
1881. Clémence Isaure (Bai-
thère ) .
1880. Précoce de Sainlc-Ais-
Mi-septemb.
sile.
Mi-juillet.
1879. Princesse de Galles .
Poires.
Mi-septemb.
1880. Antoine Delfosse (Gré-
goire).
Novembre.
1880. Baltet père (Ballet).
1881. Hippolgte Collette (Col-
Nov.-Déc.
lette).
Octobre.
1880. Varenne de Fenille.
Hiver.
PottKme.
1880. Saint-Germain.
Fin juillet.
Pr5»nc.
1882. Marange.
Fin juillet.
Raisins.
1882. Black défiance.
1882. Chasselas Besson (Bes-
Fin septernb
son 1.
Août .
1882. Delaware.
Mi-septemb.
1881. Golden Hamburg.
Fin septernb
1882. Othello.
Fm septernb
1882. Senasijun.
Mi-septcml>.
1882. Triumph.
Fin septernb
1882. Valancia.
Octübi-e.
,1. Nanot.
r 10 fcs SC U r d’ a 1 1 lor i c iil 1 1 1 ro .
PHYLLANTflUS CHANTIllERI.
537
PHYLLANTHUS CHÂNTRTBRI
C’est avec une vive satisfaction que nous
constatons l’accroissement des introductions
directes de
plantes nou-
velles en
France.
En voici
un exemple
tout récent :
MM. Glian-
trier frères,
horticuF
teurs àMor-
tefontaine,
viennent de
recevoir de
Gochinchine
une très-
belle Eu-
phorbiacée
nouvelle,
importée vi-
vanteparles ^
soins d un
des vaillants offi-
ciers supérieurs
de notre marine,
l’amiral Diiperré.
Nous donnons
avec plaisir à cette
nouveauté le nom
des habiles horti-
culteurs qui nous
l’ont fait connaître,
MM. Ghantrier.
Le Phyllanthus
Chantrieri (lig.
106) est un arbuste
à tige dressée et à
rameaux couverts
d’une pubescence
glanduleuse blan-
che passant ensuite
au ton roux. Les
rameaux forment
un angle droit avec
la tige et ils ont
triangulaires aiguës.. Les feuilles sont gla-
bres, d’un beau vert brillant, obliquement
distiques,
subsessiles ,
trapézoïda -
les, très-
inéquilaié -
raies , ar-
rondies à la
base et au
milieu, acu-
minées au
compagnees
de deux sti-
pules té-
nues, trian-
gulaires ai-
guës, la su-
périeure
dressée. Le.s
fleurs males
naissent par
1 à ^ '
l’aspect de feuilles
pennées; ils sont ^
herbacés, un peu
sinueux cylindracés,
méfiée portant deux
— Phyllanthus Chantrieri^ port de la planée, réduit au sixième.
1 a O a
l’aisselle et en
dessous des feuil-
les, depuis la base
jusqu’aux 2/3 des
rameaux; elles sont
pendantes à l’ex-
trémité d’un pé-
doncule solitaire
capillaire, long de
10 millimètres ;
leur caîyce, d’un
rouge brique (fig.
107, n° 1), se com-
pose de 4 lobes
étalés , libres ,
ob longs, bordés de
franges laciniées
jaune pâle, à gorge
calleuse, à côte mé-
diane décurrente.
Les anthères, au
nombre de deux
(à première vue
quatre) sont fau-
Fio-. -107.
Phyllanthus Chantrieri.
Fleur mrUe, çrofspîe 4 fois, — 2. Fleur femelle, grossie 4 fois (de face). 0iat0s SOSSiloS bi-
3. Fleur femelle, grossie 4 fois (de profil). \
loculaires, latera-
géniculée
à base
petites écailles
tu-
noires
lernent déhiscentes. Les fleurs femelles
(tig. 107, n^s 2 et 3) sont plus grosses que
538
CONSERVATION RES GRAINES.
les mâles, de même couleur, solitaires vers
l’extrémité des rameaux, à pédoncules longs
de 2 centimètres, filiformes, renflés en mas-
sue au sommet sillonné, insérés dans l’ais-
selle et en dessus des feuilles ; leur calyce est
infondibuliforme, à 6 lobes libres, décurves,
triangulaires oblongs frangés-laciniés. Le
réceptacle claviforme supporte l’ovaire gla-
bre, globuleux, à 3 divisions biloculaires et
entouré d’un disque en collerette festonnée,
appliquée; le stigmate est sessile, trifurqué.
Le fruit, représenté par une seule capsule
(sur l’échantillon observé) est oblong, de
2 centimètres de long sur 1 de large (1).
Le P. Chantrieri se place entre les P. ele-
gans et P. Roxburghii.
Ce qu’une description botanique ne peut
indiquer, c’est le mérite particulier du Ph.
Chantrieri comme plante de serre à feuil-
lage ornemental. Son port régulier, l’élé-
gance de ses rameaux horizontalement
étalés, le vert brillant, lustré, de son
étrange feuillage trapézoïdal, sont des carac-
tères décoratifs qui en feront une fort jolie
plante d’appartement. Il n’est pas jusqu’aux
nombreuses petites fleurs mâles et femelles
dont les calyces rouge brique pendent gra-
cieusement sur les rameaux, qui n’ap-
portent un attrait de plus à cette nouveauté.
Nous prédisons donc une faveur marquée
au Phyllanthus de MM. Chantrier, et
nous attendons l’heure où nous apprendrons
qu’ils le livrent au commerce horticole.
Ed. André.
CONSERVATION DES GRAINES
La culture offre aux initiés une infinité
de problèmes à la recherche desquels les
savants ont toujours été occupés. Souvent,
après de longues et patientes études et de
nombreuses observations, ils ont trouvé la
solution cherchée avec tant d’ardeur ; quel-
quefois ces découvertes ont immortalisé
leurs noms ; mais combien de fois n’ont-ils
abouti qu’à une simple hypothèse, qu’ils ont
bien essayé de défendre avec le plus de
chaleur possible, mais, quoi qu’on en dise,
les hypothèses n’ont jamais un fonds
bien solide et la question revient natu-
rellement en évidence, parfois sur la
(1) Phyllanthus Chantrieri, Ed. André, nov.
spec. — (( Arbuscula ramis puberulo-glandulosis
cum caule erecto rectangulis foliaceis, basi geni-
culato-tumescentibus scalas 2 triangulo-acutas ni-
grescentes gerentibus. Folia coriacea, glabra,
nitida, oblique disticha, subsessilia,^ trapezoidea,
inæquilateralia apice acuminata, basi medioque
rotundata, stipulis 2 tenuibus triangulo-acutis. Flo-
res maso, e basi ad 2/3 ramorum in axilla folio-
rum inferne orientes ; pedunculi solitarii capillares,
0^.010 longi ; calycis lateritii lobi 4 patentes'Jiberi,
oblongi, margine laciniato-fimbriati, ad faucem cal-
losi, Costa decurrente ; antheræ 2 (primo visu 4) fau-
ciales, sessiles, biloculares, lateraliter déhiscentes.
Flores fœm. masculis majores, lateritii ; pedun-
culi 0“. 02 longi, filiformes apice clavato-sulcati, in
axilla foliorum superiorum superne inserti; calyx
infundibularis lobis 6 liberis decurvis triangulis
oblongis laciniato-fimbriatis ; receptaculum clavi-
forme; ovarium globoso-sulcatum ; discus mani-
cato-fissus adpressus; stigma sessile, trifurcatum;
capsula oblonga — E. Cochinchina gallica in
Europam introduxit illust. classis prœfectus Du-
perré, anno 1882. d E. A.
simple observation d’un disciple peu con-
vaincu.
Au nombre de ces problèmes, il en est
un surtout qui me préoccupe depuis le
temps où j’ai entendu raconter, pour la pre-
mière fois, la légende de ces grains de Blé
que des chercheurs avides, cachés sous le
voile de la science, avaient découverts dans
des tombeaux égyptiens où ces grains
étaient enfermés depuis plusieurs , milliers
d’années, et qui, semés en bonne terre,
avaient parfaitement germé : ce problème
est celui de la conservation des graines.
Aujourd’hui, cette histoire est générale-
ment reléguée dans le domaine de la fable ;
mais d’autres faits, qui paraissent plus cer-
tains, prouvent que la question est loin
d’être vidée. C’est ainsi que les Annales
de la Société linnéenne de Bordeaux
renferment un mémoire de M. Desmoulins,
dans lequel celui-ci atteste que des graines
trouvées dans des tombeaux gallo-romains,
découverts en Périgord, ont germé, malgré
leurs quinze siècles d’existence.
Bindley, l’illustre botaniste anglais, pré-
tend également avoir obtenu des Fram-
boisiers de graines trouvées dans la cavité
ventrale d’un squelette humain, que ren-
fermait un tiimutiis découvert dans les en-
virons de Maiden.
J’admettrai volontiers encore, si on le
veut, que ces deux derniers faits puissent
être classés, pour leur véracité, dans la
même catégorie que le premier; mais alors
POIRIERS DE LA. CHINE ET DU JAPON.
539
je passerai à une autre série qui sera moins
contestée.
Qui n’a entendu dire que des Haricots
pris dans l’herbier de Tournefort, plus d’un
siècle après que ce grand botaniste les y
avait placés, avaient été semés au Muséum
de Paris et y avaient très-bien germé ?
Qui n’a remarqué aussi ce fait que lors-
qu’on creusait la terre à une certaine pro-
fondeur, pour un puits, par exemple, le tas
que l’on formait avec la terre extraite se
couvrait, quelque temps après son exposi-
tion à l’air, de plantes dont quelques-unes
ne se retrouvent souvent pas dans les en-
virons et dont les semences ont, par consé-
quent, été conservées, pendant un temps plus
ou moins long, à une grande profondeur?
Faut-il attribuer cette conservation extra-
ordinaire de la qualité germinative à la sup-
pression absolue des influences atmosphé-
riques? Cependant, ne dit-on pas toujours
que les graines doivent être mises dans un
endroit sec et aéré et renfermées, non dans
des bouteilles, ni dans des tiroirs, où l’air
ne pénètre pas assez facilement, mais dans
des sacs de toile? Ou bien le vide complet,
absolu, est-il le meilleur conservateur de
cette qualité ?
Question assez complexe, vraiment, et
que j’aimerais bien à voir traitée et déve-
loppée.
La physiologie végétale nous explique
très-bien, par la composition des graines,
pourquoi il y en a qui se conservent plu-
sieurs années, tandis que d’autres perdent
si vite leurs qualités germinatives; mais,
lorsque cette conservation dépasse les li-
mites qu’elle a tracées, elle devient tout à
fait insuffisante.
Une autre face de la question est celle de
POIRIERS DE LÀ (
Si jusqu’ici ces deux pays, situés aux
confins de l’Asie, nous ont donné un
nombre considérable de plantes d’orne-
ment, par contre, et bien que tous nos
arbres fruitiers y aient des représentants,
souvent même très -nombreux, aucun, jus-
qu’à ce jour, ne nous a fourni une seule
espèce qui puisse aller prendre place dans
nos collections fruitières, cela quelle que
soit l’espèce dont il s’agisse. Les Poires,
Prunes, Pèches, Raisins, etc., qui jusqu’à
la suspension de la qualité germinative
d’une graine pendant un temps donné.
Je ne connais pas d’auteur qui ait parlé
d’une observation semblable.
J’ai déjà cité dans ce journal (1), il y a
quelques années, ce fait d’une variété de
Laitue dont la graine ne germait pas du
tout avec deux ans d’âge et parfaitement
bien, au contraire, l’année svdvante.
Je suis persuadé que la plupart de ceux
qui ont lu cette histoire, ont dû immédiate-
ment la classer au nombre de ces inventions
fabuleuses à la tête desquelles se trouve
celle des grains de Blé égyptiens, dont j’ai
parlé au commencement de cet article.
Cependant, j’affirme avoir observé le
fait ; mais n’est-il pas véritablement sin-
gulier?
Une autre particularité qu’il serait impor-
tant d’approfondir est celle de la reprise,
par des graines qui les ont perdus, de leurs
principes germinatifs, sous l’influence de
moyens artificiels.
J’ai lu, je ne sais plus où, que des graines
vieilles, ne germant plus du tout, avaient
tini cependant par produire des plantes sous
l’action du camphre. On prétend aussi avoir
observé le même fait en se servant du chlore,
et enfin, en mai 1850, la Société d’horticul-
ture de Lyon constata que M. Beckensteiner,
le savant électricien de notre ville, avait
réussi, avec le secours de l’électricité sta-
tique, à faire germer des graines ayant
vingt-huit ans d’existence.
En vérité, la question que je pose dans
cet article, n’est-elle pas une des plus inté-
ressantes delà culture et n’est-elle pas très-
attrayante pour tout physiologiste ?
Qui la résoudra? A. Rivoire fils.
Marcliand-gràinier, IG, rue d’Algérie, à Lyon,
UNE ET DU JAPON
ce jour nous sont parvenus de l’une ou de
l’autre de ces contrées, n’ont qu’une valeur
à peine médiocre. Les Poiriers, qui par leur
aspect et leur végétation, semblaient devoir
donner des produits de bonne qualité,
n’ont pas justifié cette apparence; tous
leurs fruits ont un aspect analogue, sont
peu colorés ou même pas, restent jaunâtres,
et leur peau rappelle assez bien celle de
notre vieux Beurré gris ou encore du
(l) Voir Revue horticole, 1881, p, 9t.
540
ANTHURIUM FERRTERENSE.
Beurré Aurore. Une pariicularité tout à fait
remarquable et que ne présente aucune de
nos variétés, c’est une saveur fine et bien
prononcée de Coing, qui, sans être désa-
gréable, ne convient pas à nos palais, un
peu gâtés peut-être par nos excellents fruits.
Il est pourtant un procédé de préparation
qui permet d’utiliser ces fruits, c’est de les
faire cuire ou d’en faire des conserves. Dans
ce cas, ces préparations sont délicieuses ; ce
n’est ni du Coing ni de la Poire, mais
quelque chose d’intermédiaire et de très-
agréable, qu’alors on mange avec plaisir.
On peut aussi en faire des boissons fer-
mentées, notamment un cidre d’une nature
particulière et d’une saveur spéciale, sui
generis, qui laisse un arrière-goût d’une
finesse exquise. J’ajoute que plusieurs de ces
Poiriers chinois ont des fruits excessive-
ment juteux, notamment le Pgrus Simonii,
dont la Revue horticole a donné une figure
et une description (1). D’autre part, il
serait possible que le cidre-poiré, obtenu de
fruits japonais, n’ait pas l’inconvénient de
celui provenant de nos Poiriers qui, comme
on le sait, a le grave inconvénient d’at-
taquer tellement le système nerveux, que
son usage est à peu près abandonné, ce
qui est regrettable, surtout aujourd’hui que
la production du vin tend constamment à
diminuer par l’extension continuelle du
phylloxéra. C’est à essayer, la chose en
vaut certainement la peine ; c’est pourquoi
je la signale en informant les personnes
qui voudraient la tenter, qu’elles pour-
raient se procurer le Fhjrus Simonii chez
MM. Simon-Louis frères, à Plantières-lès-
Metz (Alsace-Lorraine). May.
ANTHURIUM FERRIERENSE
Au commencement d’avril 1880, quand
apparurent les
premières
fleurs de V An-
thurium An-
pro-
venant des
pieds que j’a-
vais introduits
vivants en Eu-
rope, les hor-
ticulteurs ne
tardèrent pas
à envisager la
possibilité de
fructueuses hy-
bridations fu-
tures, au
moyen de ce
type si étrange
dans ses for-
mes et si bril-
lant de cou-
leur.
Plusieurs
amateurs me
questionnèrent
sur les affinités
de l’espèce. Je Fig- 108. — Anthurium Février >
répondis qu’à
mon avis elle s’éloignait de la tribu où était
placé l’A. Scherzerianum, qu’elle ne s’en
rapprochait que par le ton de la spathe, et
qu’il fallait
chercher dans
la section des
A . ornatum,
Lindigii, leu-
coneurum,
crystallinum ,
ynetallicumy
etc., des for-
mes capables
de s’hybrider
avantageuse-
ment avec VA.
Andreanum,
sans cepen-
dant négliger
d’autres es-
pèces.
M. a. Van
G eert , de
Gand, exprima
une opinion
semblable
dans la Revoie
de VhorticuR
ture belge et
étrangère (2),
ense, au 1/7 de grandeur naturelle, d’après les ren-
seignements
que je lui avais communiqués.
(1) Bcv. horl., '1872, p. 128. - (2) 7J., 1880, p. 188.
P R4n>U£ /lorlicole.
Aiitluu'iiinb X Ferrurejuse .
AÎ^TIIURIUM FERRIERENSE.
541
La voie indiquée fut donc suivie, et nous i
savons, de diverses sources, que de nom- i
breuses fécondations artificielles furent ten- i
tées avec succès.
On apprit bientôt qu’un de ces semis nou-
veaux venait de fleurir en France, et qu’il
était exposé à Paris.
Parmi les plantes nouvelles qui figuraient
à l’Exposition tenue par la Société nationale
d’horticulture de France en octobre 1882,
cette nouvelle Aroïdée fit sensation. Elle
était présentée par M. Bergman, jardinier-
chef chez M. le baron A. de Rothschild, à
Ferrières-en-Brie (Seine-et-Marne), au mi-
lieu d’un lot d’autres plantes admirable-
ment cultivées.
Les spathes, du plus beau rose, formant
un élégant contraste, avec un large feuil-
lage vert foncé, attiraient d’autant plus vive-
ment l’attention du public horticole, qu’on
savait que la plante était issue du premier
croisement heureux entre V Anthurium An-
dreanum et VA. ornatum.
Voici ce qu’en disait M. Duchartre, le sa-
vant botaniste rédacteur de la Société, dans
son compte-rendu de cette Exposition (1) :
« M. F. Bergman avait apporté à l’exposition
un beau pied fleuri de son bel Anthurium
Ferrieri |(2), hybride des A. Andreanum et
ornatum^ qui, d’après la loi de nomenclature
établie par Schiede et observée par tous les bo-
tanistes, devait être appelé Anthurium ornato-
Andreanum, si la seule loi qui soit observée
aujourd’hui })Our la création des noms de
plantes en horticulture n’était de n’en recon-
naître aucune. Une médaille lui a été décernée
pour ce gain de tous points remarquable.
« Ce nouvel Anthurium^ à côté duquel se
trouvaient des pieds fleuids de ses deux parents,
est intermédiaire à ceux-ci par la couleur de
sa spathe colorée en rose vif, c’est-à-dire dans
laquelle le rouge ardent de VA. Andreanum a
été adouci par le blanc légèrement verdâtre de
VA. ornatum. Il semble inaugurer une nou-
velle catégorie d’Aroïdées ornementales, grâce
â cette coloration de sa spathe. Il constitue
donc une acquisition d’un haut intérêt. »
Aux renseignements qui précèdent, et
qui indiquent sommairemontpa présentation
faite à l’Exposition de Paris, il convient d’a-
(1) Bulletin de la Société nationale et centrale
d' horticulture de France, 1882, pp. 788-89.
(2) Nous avons cru qu’il serait plus correct de
changer ce nom en celui de Ferrierense, qui depuis
a été adopté généralement pour cette belle plante,
par les liorticulleurs
i jouter ceux qui précisent l’histoire de la
i plante et dont les éléments m’ont été four-
I nis par M. Bergman lui-même.
Laissons parler l’obtenteur :
« IV Anthurium Andreanum qui a servi de
porte-graines pour la plante nouvelle dont il
s’agit , a été acheté â l’état de rhizome le
5 mai 1880, et a été exposé à Paris le 23 dé-
cembre de la même année, comme le premier
fleurissant en PVance. Les visiteurs de l’expo-
sition du 21 mai 1881, de la Société d’horticul-
ture de France, aux Champs-Élysées, ont pu
remarquer encore cette meme plante, dont les
fleurs avaient alors acquis un développement
remarquable et dont l’une d’elles portait des
graines presque mûres que nous avons semées
au retour de l’exposition. Elles ont donné nais-
sance à V Anthurium Ferrierense. Cette nou-
veauté a fleuri pour la première fois au mois
de mai 1882 ; les fleurs n’avaient alors que
3 centimètres environ de long et étaient d’un
coloris rose magenta ; elles atteignent aujour-
d’hui 16 centimètres de long sur 14 de large.
« Chose remarquable, un Anthurium orna-
tum fécondé par V Andreanum, a donné exac-
tement les mêmes résultats, les semis étant
absolument identiques dans les deux cas ; il
n’y a aucune différence entre les semis dont
l’A. Andreanum a été le porte-graines ou ceux
dont VA. ornatum a été le porte-graines (1).
«Notre A. Ferrierense a été exposé en pre-
mier lieu â Lagny, le 16 septembre 1882,
â Paris le 10 octobre 1882 (dans ces deux
expositions il a obtenu des premiers pri.x), et â
Londres à la Société botanique, le 25 mars 1883,
où il a reçu une prime de première classe ;
â Londres à la Société d’horticulture, le
27 mars 1883 (prime de première classe), et
enfin à Gand, le 15 avril 1883, où il a reçu une
médaille de vermeil.
« Nous avons donné plus haut tous les détails
généalogiques et les dimensions de l’A. Fer-
rierense, })our montrer la rapidité avec laquelle
ce semis a été obtenu et aussi pour faire voir
aux semeurs que la première floraison des
Aroïdées est toujours au-dessous de celle des
plantes adultes et qu’il ne faut pas se laisser
aller au découragement en la voyant.
« Voici en quelques mots comment nous
avons procédé pour l’obtention ou plutôt pour
la culture de nos graines. Ces graines, recueillies
sur l’A. Andreanum ont été de suite semées,
après avoir été retirées de leurs enveloppes,
(1) Ce fait remarquable d’identité dans les pro-
duits d’une fécondation intervertie a déjà été ob-
servé par M. A. Bleu, dans ses expériences sur la
fécondation artificielle des Caladium, et cet habile
semeur nous a affirmé qu’il était disposé â trouver
là une loi naturele. E. A.
542
ONCIDIUM ORNITHORYNCHUM SUPERRUM.
dans de petites terrines remplies de sphagnum
et de terre de bruyère, et couvertes d’une
cloche. Au bout de six semaines, les semis
avaient déjà une feuille et de belles racines ;
on les repiqua alors en terrines dans le môme
compost, puis dans des godets quand elles
eurent trois feuilles. Quand les godets devin-
rent trop petits pour ces plantes, on les mit
dans des terrines plates de 15 centimètres de
profondeur et de 20 à 25 centimètres de large,
avec un bon drainage et toujours la même
composition de terre, c’est-à-dire sphagnum et
teri’e de bruyère, mais en ajoutant un peu de
cJiarbon de bois. C’est alors que nous avons
obtenu des fleurs d’une grandeur inusitée. Au
fur et à mesure que la plante pousse en hau-
teur, il est bon d’entourer la tige de
sphagnum^ pour aider au développement des
jeunes racines d’où la plante tire une partie de
sa vigueur.
«Tout ce travail se fait dans une serre chauffée
à 20 à 25» centigrades, et les terrines, pots,
godets, etc., sont plongés dans de la mousse
avec une chaleur de fond de 25 à 30^. Natu-
rellement il faut que la serre soit toujours
tenue humide et que les semis, jeunes plantes
et specimens, soient arrosés et seringués fré-
([uemment.
« L’Anthurium Ferrierense^ de même que
la plante-mère, VA. Andreanum, n’est pas dé-
licat ; il est au contraire très-robuste, vigou-
reux, et pousse avec rapidité; il est lïorifère et
porte constamment des fleurs qui durent fort
longtemps, plusieurs mois môme. Pour obtenir
des plantes bien ramifiées et par conséquent
d’une floraison très-abondante, il suflit de leur
couper la tête. »
A ces intéressants détails, je puis ajouter
les quelques notes suivantes, prises devant
la plante exposée à Gand au mois d’avril
dernier.
Le pied-mère, présenté par M. Bergman,
est devenu d’une vigueur extrême. Comme
beaucoup d’hybrides , ses dimensions dé-
passent de beaucoup celles des parents. Son
beau feuillage cordiforme, épais, luisant,
supporté par de robustes pétioles cylindri-
ques, est plus étoffé que celui de VA. or-
natum, dont la plante a le port ferme et
bien dressé. Ces pétioles peuvent atteindre
jusqu’à 1 mètre de hauteur, et le limbe
40 centimètres dans son plus grand dia-
mètre. Les fleurs, à pédoncule égalant ou
dépassant les feuilles, à spathe dressée,
ovale, aiguë, concave, ont la texture épaisse
des deux types, mais elles ont perdu les
•dépressions caractéristiques de VA. An-
dreanum, pour lui emprunter la couleur
rose vif, atténuation du rouge écarlate de
ma plante. Le spadice, qui reste dressé,
n’est pas jaune, mais blanc d’ivoire.
La gravure noire ci-jointe (fig. 108), faite
d’après l’exemplaire encore jeune de VA.
Ferrierense exposé à Paris l’année dernière,
deAnême que la spathe rose de notre plan-
che coloriée, doivent donc être de beaucoup
amplifiées par l’imagination de nos lecteurs,
s’ils veulent se faire une idée exacte des di-
mensions de cette belle plante.
J’ai dit, en commençant, que d’autres fé-
condations de VA. Andreanum, avec di-
verses espèces du genre, avaient été tentées
par plusieurs horticulteurs et amateurs. Des
résultats très-intéressants se sont déjà pro-
duits, et nos lecteurs en seront prochaine-
ment instruits.
En attendant , nous sommes heureux
d’annoncer que VA. Ferrierense vient
d’être mis au commerce par MM. Veitch
et fds, horticulteurs à Ghelsea, Londres.
Ed. André.
ONCIDIÜM ORNITHORYNCHUM SUPERRUM
Plante très-vigoureuse, cespiteuse, à
pseudobulbes comprimés, ovales, tronqués
au sommet. Feuilles nombreuses, subdres-
sées, longuement iridiformes, régulière-
ment acuminées en pointe aiguë, d’un vert
très-foncé ou vert noir. Hampe robuste, re-
lativement grosse, atteignant 40 à 50 cen-
timètres de hauteur, terminée par une forte
et légère inflorescence, très- ramifiée, à ra-
mifications filiformes. Fleurs crispées, rap-
pelant assez exactement celles de VOnci-
dinm ornithorgnchum, un peu plus fortes
cependant, d’un rose légèrement violacé
ou vineux, dégageant une odeur fine, très-
agréablement vanillée; colonne très-pe-
tite, blanc carné ; masses polliniques d’un
beau jaune d’or qui contraste très-agréable-
ment avec l’intérieur du labelle qui est rose
piqueté.
IL Oncidium ornitliorgnclium siiper-
bwm, Hort., est originaire du Giiatémala.
M. Pmugier l’a reçu de ce pays, en mélange
avec d’autres espèces d’Orchidées. C’est
une plante ornementale de premier ordre.
LES GYMNOGRAMME.
543
d’une extrême fïoribondité et d’une vigueur
tout à fait exceptionnelle, qui seule suffirait,
pour la distinguer de VOncidium ornitho-
rynchuyn type, qui dégage une odeur désa-
gréable de punaise, ainsi que de sa variété
suavis, qui sent la vanille. Ces deux plan-
tes, relativement naines et délicates, ont des
hampes grêles qui s’élèvent peu, et leur feuil-
lage toujours maigre n’est jamais abondant.
L’O. orn. que nous décrivons,
est au contraire une espèce précieuse, à
feuilles nombreuses et formant des touffes
qui, même sans fleurs, peuvent être con-
sidérées comme ornementales. On peut
se la procurer chez M. Rougier-Chauvière,
horticulteur, 152, rue de la Roquette,
Paris.
E.-A. Carrière.
LES GYMNOGRAMME (’>
Dans la grande famille des Fougères, le
genre Gy myio gramme est un des plus culti-
vés et des plus appréciés. Cela s’explique
par la beauté de presque toutes les espèces,
et aussi par leur culture facile.
Quoi de plus joli, de plus élégant, que
ces ravissantes feuilles si légères, merveil-
leusement argentées ou dorées en dessous?
La plupart des espèces ou variétés sont bien
distinctes entre elles, et nous établirons
plus loin leurs principaux caractères diffé-
rentiels.
Aussi bien pour les plantes à développe-
ment moyen, que pour celles de proportions
plus modestes, la culture en paniers sus-
pendus est toujours employée avec avan-
tage. C’est dans ces conditions que les
nogramme se développent le mieux, et
conservent cette élégance suprême, qui est
une de leurs principales qualités. Les gran-
des espèces seules doivent être cultivées en
pots.
La terre qui leur convient le mieux est
un mélange de terre de bruyère fibro-tour-
beuse.pour deux tiers, et de terreau de
feuilles pour le reste. On peut au besoin
remplacer ce terreau par du sphagnum
finement haché.
Les Gymnogramme ne doivent pas être
cultivés au milieu d’autres Fougères pour
cette raison que les bassinages leur sont
absolument nuisibles, et que la moindre
pluie artificielle, aussi légère qu’elle soit,
enlèverait les colorations blanches ou jaunes
du feuillage. Ils se développent très-bien et
se colorent parfaitement sans recevoir au-
cune ombre, même lorsque la lumière est
ardente, pourvu qu’ils y aient été habitués
de bonne heure, et qu’ils soient soumis à
une bonne aération. Quoique leurs feuilles
(1) C’est par erreur qu’on écrit généralement
Gymnogramma. Il faut dire Gymnograynme.
demandent une atmosphère sèche, il est
nécessaire d’arroser fréquemment et abon-
damment les racines ; et par ce traitement
on obtient toujours une bonne végétation.
Les Gymnogramme se multiplient faci-
lement de semis, et la rapidité de leur crois-
sance permet de former de jolies plantes
en très-peu de temps.
Passons maintenant à un examen rapide
des diverses espèces.
Gymnogramme calomelanos (Indes oc-
cidentales).— Frondes longues de 1 mètre.
Les nervures sont noires dans toute leur
longueur, à l’exception de la base qui est
marquée de raies brunes. La partie supé-
rieure des feuilles est vert foncé luisant ; le
dessous^est couvert d’une poudre farineuse
blanche. Serre chaude.
G. chærophylla (Amérique tropicale). —
Petites dimensions; frondes triangulaires,
vert brillant, transparentes. Leur face in-
férieure est complètement couverte par les
sores, qui sont disposées en lignes étroites.
Serre chaude.
G. chrysophy lia (Indes occidentales). —
Jolie espèce très-répandue. Frondes longues
de 40 à 50 centimètres, vert clair en des-
sus, couvertes en dessous d’une poussière
jaune doré, sur laquelle les sores noires
produisent un élégant contraste. Serre
chaude.
G. Laucheana. — Variété de l’espèce
précédente. Port compact. Frondes triangu-
laires gracieusement arquées ; leur face in-
férieure est uniformément colorée de jaune
d’or brillant. Serre chaude.
G. Alstoni. — Sous-variété du chryso-
phylla. Port compact. Frondes irrégulière-
ment triangulaires, recouvertes en dessous
d’une poussière dorée, à nervures très-al-
longées. Serre chaude.
G. Laucheana gigantea. — Frondes
544
LES COULISSES-ÂBRTS.
plus longues que celles du G. Lauclieana,
})lus lancéolées, lobes plus profondément in-
cisés. Les autres caractères sont à peu près
les mêmes. Serre chaude.
G. Laucheana grandiceps, — Frondes
robustes, érigées; leur partie inférieure est
peu garnie; leur partie supérieure au con-
traire se termine par une touffe corymbi-
forme d’un beau jaune d’or. Jolie plante.
Serre chaude.
G. chrysophylla Massoni. — Frondes
très-longues, lancéolées, dorées en dessous,
élégamment retombantes. Serre chaude.
G. decomposita. — Espèce bien distincte,
se couvrant, dans son jeune âge, d’une
poussière qui plus tard devient d’un jaune
brillant. Frondes longues de 70 centimètres
à 4 mètre, gracieusement arquées. Serre
chaude.
G. flexiiosa {Amérique tropicale). — Jolie
espèce, ne se couvrant d’aucune poussière
farineuse. Frondes à divisions très-nom-
breuses. Serre cbaude.
G. ochracea. — Espèce robuste, de serre
chaude et de serre froide. Frondes nom-
breuses, lancéolées, vert foncé sombre en
dessus, jaune pâle en dessous. (Amérique
tropicale). Serre chaude.
G. Pearcei. — Espèce péruvienne, exces-
sivement élégante et très-rare. Jolies fron-
des quadripennées, vert brillant au-dessus,
couvertes d’une poussière farineuse blanche
en dessous, à nervures brunes. Très -belle
plante. Serre cbaude.
G. Peruviana argyropliiylla. — Cette
forme réalise par excellence le type de la
Fougère argentée. Frondes splendides et
nombreuses, longues de 75 centimètres,
larges et bien fournies à la base, argentées
aussi bien en dessus qu’en dessous. Serre
chaude.
G. pulchella. — Espèce très-élégante, de
l’Amérique tropicale. Frondes longues Ale
70 centimètres, larges de 35, vert brillant
au-dessus, et couvertes d’une poussière
jaune orange en dessous. Serre chaude.
G. ritfa. — Espèce très- distincte par ses
LES GOULl
Dans tous les établissements d’horticul-
ture, on réserve à proximité des serres
un espace réservé aux jeunes plantes que
l’on sort des serres â miilliplication, ou que
nervures rouges, et les poils que prcvsente
toute sa surface. Serre chaude.
G. schizophylla. — Charmante espèce,
très-distincte. Frondes abondantes, de gran-
deur moyenne et présentant ce caractère
spécial de se bifurquer aux deux tiers
de leur longueur. Les nervures sont le plus
souvent prolifères aux points de bifurcation,
ce qui permet de multiplier rapidement la
plante. Serre chaude.
G. sulplmrea. — Espèce naine, origi-
naire de la Jamaïque, la plus petite de tou-
tes les Fougères dorées. Frondes longues
de 25 centimètres, vert clair en dessus,
couvertes en dessous d’une épaisse pous-
sière jaune soufre. Serre chaude.
G. tartarea. — Frondes à nervures et
sores noires, longues de 60 centimètres, vert
foncé en dessus, couvertes d’une poussière
d’un blanc de neige en dessous. Serre chaude.
G. tomentosa. — Espèce brésilienne qui
se rapproche du G. rufa, mais qui s’en dis-
tingue cependant par ses frondes bipennées
au lieu d’être pennées, et par les poils d’un
rouge brun qui couvrent ses nervures. Serre
froide.
G. triangularis. — Espèce sud-améri-
caine, dont le port se rapproche plus de ce-
lui d’un CJieüanthes que d’un Gymno-
gramme. Frondes triangulaires, longues de
20 à 25 centimètres, couvertes en dessus
d’une poussière jaune soufre. Serre froide.
G. irifoliata. — Espèce très-remarqua-
ble, originaire de la Jamaïque, et bien dis-
tincte de toutes celles appartenant au même
genre. Frondes bipennées, à segments tri-
foliés et dinéaires, vert foncé en dessus, et
couvertes en dessous d’une poussière fari-
neuse qui varie depuis le blanc pur jus-
qu’au jaune orange. Serre chaude.
G, Weitenhalliana. — "Variété très-dé-
corative se rapprochant un peu du G. pul-
chella’, mais ses frondes se terminent en
forme de corymbe et sont couvertes sur
toute leur surface d’une poussière jaune
soufre pâle. Ch. Thays.
(Traduit du Garden.)
;SES-ABRIS
leur tempérament délicat empêche de
placer en plein air.
Cet endroit doit être à l’abri du soleil et
des vents violents. Pour obtenir ce résultat.
LES COULISSES-ABRIS.
545
on divise le terrain par bandes de 2 à
3 mètres de largeur, séparées entre elles
par des plantations en ligne.
D’ordinaire, ces plantations sont recti-
lignes, et orientées de façon à briser les
rayons du soleil de midi, et à arrêter les
vents de l’ouest ou du nord.
Mais à certaines heures de la journée, qui
varient suivant l’orientation qu’occupent
les arbres plantés comme abris, le soleil
frappe en plein sur toute la longueur des
i)late -bandes, et les plantes ainsi exposées
pendant assez longtemps reçoivent souvent
des coups de soleil.
Pour éviter cet inconvénient, mon père
eut l’idée , il y a une trentaine d’années,
de former des coulisses-abris, en lignes
circulaires, suivant le dessin ci-dessous
(fig. 109).
Depuis longtemps déjà ces coulisses-
abris ont atteint leur complet développe-
ment, et elles remplissent parfaitement le
but proposé c’est-à-dire : Éviter que les
rayons du soleil ne portent trop longtemps
sur le même endroit.
Il est bien entendu qu’en plantant ces
abris circulaires, il faut tenir compte,
comme pour ceux plantés en ligne droite,
de l’orientation du terrain.
Quels sont les arbres qu’il faut employer
de préférence?
Cela dépend du climat sous lequel on se
trouve, et de l’usage que l’on veut faire de
ces arbres.
0 ? £ 3 4 5 W 15 S0^\
Fig. 109. — Coulisses-abris circulaires.
Dans l’ouest de la France, où le climat
est tempéré, on emploie généralement le
Biota orienialis (Thuia de Chine).
Mais dans le nord et dans l’est, ou cette
espèce gèle facilement, on préfère le Thuia
occidentalis (Thuia du Canada).
En Belgique et en Angleterre, c’est ce
dernier qui est exclusivement employé à
cet usage.
Il faut, avant tout, éviter de choisir des
essences dont les racines traçantes, en
coui'ant à la surface de la terre, la dessé-
cheraient, enlèveraient ainsi toute nourri-
ture aux jeunes plantes placées sous les
ahris et empêcheraient même de les en-
terrer ; il importe également que les arbres
choisis pour al)ris puissent supporter facile-
ment la. taille afin de prendre le moins de
place possible dans le sens de la largeur.
L’If commun, le Cyprès pyramidal, le
Genévrier de Virginie, le Houx, peuvent
être employés pour former des coulisses-
abris. On a essayé aussi avec succès les
arbres fruitiers, les Poiriers surtout, traités
comme contre-espaliers et qui offrent le
double avantage de donner à la fois de l’om-
brage et des fruits.
Lorsqu’il s’agit d’abriter du soleil ou du
vent des plantes que l’on ne veut pas en-
terrer , mais qui doivent simplement être
placées en pot, sur le sol, on peut planter
de grands arbres pour former ombrage
et dans ce cas le Peuplier d’Italie nous
semble très-convenable. Il végète de très-
546
EFFEUILLAGE DES ARBRES AU ROINT DE VUE DE LA COLORATION DES FRUITS.
Lonne heure au printemps, pousse promp-
tement et laisse circuler l’air entre ses
rameaux beaucoup plus facilement que les
Platanes, Tilleuls, et autres arbres dont ‘les
têtes s’élargissent et empêchent la lumière
et l’air de pénétrer sous leurs branches.
Sur les bords de la mer, les Tamarix,
les Atriplex, peuvent servir à former ces
sortes de palissades.
EFFEUILLAGE
AU l'OlXÏ DE VUE DE LA
Considérations générales. — La colora-
tion des fruits est un phénomène complexe,
auquel concourent plusieurs circonstances.
Les conditions nécessaires pour que ce
phénomène s’accomplisse sont au nombre
de trois : lumière, soleil, Suivant
que l’une ou l’autre manque, ou n’est
pas suffisante, la coloration peut être plus
ou moins intense ou même nulle.
Ainsi, sans lumière, pas de coloration;
sans soleil, pou, bien que suivant l’inten-
sité de la chaleur il puisse y avoir quelques
nuances légères ; sans humidité, et malgré
(|u’il puisse y avoir lumière et soleil, la
coloration ne serait ni vive ni intense, et
n’aurait pas cet aspect brillant que l’on voit
ordinairement sur les fruits.
Notons aussi que les deux espèces de
fruits. Raisins et Pêches, que l’on soumet
ordinairement à l’effeuillage, ne sont pas les
seules auxquelles ce procédé peut s’appli-
quer avec avantage; plusieurs autres fruits,
dont on mange la chair, tels que les Abricots,
Poires, Cerises, etc., pourraient également
gagner à être soumis à cette opération, car
non-seulement ils deviendraient beaucoup
plus beaux, mais ils seraient meilleurs, plus
savoureux, peut-être moins aqueux; ils
seraient plus croquants s’il s’agissait de
Raisin, plus savoureux dans les autres sortes
de fruits, et de meilleure garde.
Notons aussi que les fruits qui ne se
colorent pas gagnent à être exposés à la
lumière, à moins — ce qui est très-rare et
exceptionnel — que l’on tienne à conserver
à l’épiderme des fruits cette couleur pâle et
blafarde qui semble dénoter la souffrance,
ou du moins une élaboration insuffisante
des sucs.
Maintenant, examinons sommairement
Enfin, dans le Midi, les Rarnbous peu-
vent remplir le même but ; mais il n’of-
frent pas tous les avantages que présentent
les Thuias de Chine et du Canada.
Nous conseillons donc de planter ces
deux espèces partout où le climat le per-
mettra.
L.-A. Leroy,
Horticulteur à Angers.
DES ARBRES
COLORATION DES FRUITS
comment on opère l’effeuillage, et voyons
si, tel qu’on le pratique, il est rationnel et
conduit au résultat que l’on se propose :
« faire acquérir aux fruits une couleur vive. »
Faisons d’abord remarquer, lorsqu’il s’a-
git d’effeuillage, qu’il existe une idée fausse ;
c’est que l’action directe de la lumière et
du soleil arrête. le développement des fruits,
et les « durcit ». C’est là une erreur qu’une
observation quelque peu attentive aurait
bientôt dissipée. En efiet, presque toujours
les plus beaux et les plus gros fruits sont
céux qui viennent en plein soleil, et qui,
pendant toute leur croissance, sont exposés
à son influence. Il en est tout autrement
lorsque ces fruits ont crû à l’ombre et que
brusquement on les expose au soleil afin
(( de leur faire prendre de la couleur ».
Dans ce cas, le contraste très-violent dé-
termine une réaction dans les tissus, arrête
le développement des fruits et les durcit.
Cette fois l’expression est juste, le fait vrai ;
aussi faut-il l’éviter, ce qui est facile en ef-
feuillant successivement de manière à ce
que les fruits soient toujours, et en tout
temps, bien éclairés et surtout fortement
insolés.
Nous avons vu des Poires qui ordinaire-
ment ne se colorent pas ou ne se colorent
que très-peu, et qui, soumises au traite-
ment de l’effeuillage successif étaient non
seulement très-grosses et très-belles, mais
d’une couleur rouge brillant qui con-
trastait considérablement avec de sembla-
bles fruits qui n’avaient pas été elfeuillés, et
dont la peau, d’un vert foncé, était à peine
çà et là lavée de rouge terne. Au point de
vue de la beauté, par conséquent de la
vente, la différence en faveur des fruits
effeuillés était très -grande.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE.
547
Résumant les faits généraux qui viennent
d’être rapportés, nous disons :
Les fruits étant d’autant plus beaux,
plus gros et meilleurs, qu’ils sont plus
éclairés, plus exposés à la rosée et plus in-
solés,jl faut, dès leur formation, enlever
les feuilles qui les dérobent à ces agents ;
2'’ Ce ne sont pas seulement les Pêches
et les Raisins qu’il faut soumettre à un
sévère effeuillage, mais tous les fruits qui
peuvent gagner à être colorés , Poires ,
Pommes, Prunes, Abricots, etc.;
3'» En opérant aussitôt que les fruits
sont formés, de manière à les habituer à la
lumière, on n’arrête pas leur développement
et l’on n’a pas à craindre que les fruits
brûlent ou durcissent, comme cela a lieu
lorsqu’on ne les effeuille que lorsqu’ils sont
presque arrivés à leur complète maturité.
Il va sans dire qu’un effeuillage comme
celui que nous conseillons ne dispense
pas de certains autres soins, tels que ceux
d’éclaircissage, par exemple.
Et comme d’autre part une atmosphère
sèche et aride nuit à la formation des
principes colorants, et que dans ces con-
ditions la peau des fruits est épaisse et reste
d’un vert gris (à moins qu’il ne s’agisse de
fruits qui naturellement et toujours pren-
nent beaucoup de couleur), d’un aspect dur
et sombre, on fera bien, si l’atmosphère est
sèche ou si par leur position les fruits ne
reçoivent pas de rosée, de les bassiner de
temps à autre, en ayant soin de faire cette
opération le soir ou lorsque le soleil est
(( tourné », ou bien le matin avant qu’il ait
pris de la force.
E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ xNATlONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1883
Apports. — Au comité de culture potayère
ont été présentés les objets suivants : — Par
M. Glieniin, maraîcher à Paris, des Ptadis noirs,
un Gardon épineux, des Géleris-Raves, des Lai-
tues noires qui avaient été repiquées sur cou-
ches le 18 octobre. Tous ces légumes étaient
remarquablement beaux et surtout bien francs.
— Par M. Bertrand, de Rungis (Seine), un bel
assortiment de légumes de saison : Garottes,
Glioux, Poireaux, Radis, Gourges diverses. Me-
lons de Gliypre, etc., le tout comprenant de
nombreuses variétés d’un très-beau choix. —
l’ar M. Gottereau , maraîcher à Paris, des
Radis noirs d’une grosseur extraordinaire, re-
marquables par leur régularité de forme et la
franchise de leur type. De même que ceux de
M. Gliemin, ils étaient très-sains, lisses et d’un
noir d’ébène, et appartenaient à la variété à
côtes violettes.
Au comité d’arèoncuiP/re ont été présentés ;
— Par M. Régnier, horticulteur, à Fontenay-
sous-Rois, quelques fruits des variétés suivan-
tes de Poires: Beurré PerrauU., B. Bachelie)',
(]ohna}\ d'Hardenpont, Beryamotte Espéreu^
Passe-Crassane, Olivier de Serres^ tous re-
marquables par leurs dimensions et leur beauté.
— Par M. Jourdain, de Maurecourt, une cor-
beille de Ghasselas de Fontainebleau, d’une
beauté vraiment exceptionnelle. — Par ]M. Vau-
vel, chef des pépinières du iMuséum, des ra-
meaux d’arbres fruitiers. Poiriers, Pêchers, etc.,
qui avaient été soumis au bouclaye^ opération
(pii consiste à contourner et lier l’e.xtrémité
des rameaux très- \igoureux , en arrête ainsi
l’élongation et fait développer les parties infé-
rieures qui, alors, se trouvent abondamment
pourvues de ramifications, contrairement à ce
qui serait arrivé si les bourgeons avaient été
laissés à eux-mêmes.
Au comité de floriculture ont été présentés :
Par M. Vauvel, des rameaux chargés de fruits
du Cratæyus Carrierei{\)^ magniüque et vigou-
reuse espèce, remarquable par la grosseur et
la belle couleur rouge orange vermillonné
de ses fruits, et particulièrement aussi par
la beauté, l’ampleur et surtout la longue
persistance de ses feuilles. En effet, à cette
époque avancée de l’année où presque tous les
arbres sont dépourvus de feuilles, le Cratæyus
Carrierei a conservé toutes les siennes, et leur
belle couleur brillante est encore rehaussée
par celle des fruits, qui forme un magnifique
contraste. — Par M. Bruant, horticulteur, à
Poitiers : l» une collection très-nombreuse et
bien variée de Ghrysanthèmes dits delà Gliine,
}) tantes éminemment ornementales à cette épo-
({ue de l’année, et qu’on a le tort dé délaisser;
un magnifique pied en Heur de Caraguala
sanyuinea (2), Broméliacée nouvelle, décou-
verte par M. Édouard André, dans la Nou-
velle-Grenade. Gette espèce est doublement re-
marquable : R au point de vue ornemental,
par la belle couleur rouge sang artériel que
prennent ses feuilles lors do la Horaison ;
2'' au point de vue scientilique, par son inflo-
(1) Voir Revue horticole, 1883, p. 108.
(2) Voir Revue horlieole, 1883, p. 4(38.
548
CORRESPONDANCE.
rescence, ([ui, au lieu de s’élever sur une
liainpe centrale, comme dans le genre Cara-
(juata, est sessile et profondément enfoncée,
exactement comme dans les Nidularium. Ce
fait, du reste, n’avait pas échappé à M. And^’é,
(j[ui, en parlant de cette inflorescence, l’a ap-
pelée « nidulante ». Quoi qu’il en soit, en re-
connaissant que les caractères botaniques es-
sentiels de cette nouveauté sont bien ceux des
Carcujuata, nous pensons ({ue cette diversité
dans les caractères im])ortants de l’inflores-
cence justifierait la création d’une nouvelle
section, celle des infinidihu II flores^ par exem-
})le (1). — Par ]M. lioyer, liorticulteur à Ver-
sailles, un pied bien fleuri de Bouvardia, })ré-
senté sous le nom de Président Gàrficld, qui
pourtant ne paraît pas être la plante vendue j
ordinairement sous ce nom; elle est plus naine
et plus com[)acte, la couleur des fleurs est
d’un rose beaucoup plus vif. Le pied pi'ésenté
})ar ]\I. Royer provient d’un dinior])bisme du
B. Alfred Neune)\ observé sur une bouture
coupée et bouturée au mois de février. — Par
]\L Édouard André, deux plantes nouvellement
introduites par lui : une énorme tète ramifiée
du PhyllanUius salviæfoUiis , portant, avec
un abondant feuillage, des milliers de fleurs
femelles et de fleurs mâles mélangées sur les
memes rameaux; des rameaux lleuiâs du
Monnina oldusifoUa, charmante Polygalée à
fleurs d’un beau bleu violet foncé; de ])lus,
des rameaux chargés de fruits du Psidiiim
Cattleyamnn, provenant de sujets cultivés en
pleine terre dans son jardin de Cannes. Ces
fruits, qui, rappellent des sortes de Nèfles,
sont d’un rouge foncé, luisant, assez agréables
à manger, sans pourtant être comparables à
nos bons fruits. On les emploie surtout pour
faire des confitures, qui, assure-t-on, sont ex-
cellentes. — Enfin, M. Godefroy-Lebeuf, hor-
ticulteur à Argenteuil, présentait, en forts
pieds bien fleuris, les trois espèces d’Orchidées
suivantes: Alaxillaria Lehmanni, es])èce vi-
goureuse et gazonnante, dont les pseudo-
bulbes, j)etits, sont smanontés de grandes et
belles feuilles dressées. Les Heurs, assez
grandes, sont d’un blanc carné très-légèrement
rosé ; Oncidium iweetextum^ à hampe très-
longue, lâchement et longuement ramifiée,
l)ortant de grandes fleurs d’un brun foncé lui-
sant, et une belle et très-remarquable variété
(POncidiurn Forhesii, dont les Heurs grandes,
et très-rapprochées, forment une inflorescence
compacte, bien que légère et élégante, à pé-
rianthes brun marron bordé d’or. C’est une
plante hors ligne.
CORRESPONDANCE
M'‘ AL (Rhône). — Le Jahorandi (Pilocar-
jnîs pinïiatus), ])lante originaire de la province
de Saint-Paul au Lrésil, appartient à la famille
des Riosmées. Cette })lante est rare et peu
connue dans les cultures. Elle n’a du reste
rien de très-ornemental, et l’attention n’a été
appelée sur elle que par suite des propi'iétés
antirabiques qu’on lui a attribuées dans ces
temps derniers.
Vous pourrez vous })rocurer cette espèce
chez âl. Rougier- Chauvière , horticulteur,
152, rue de la Roquette, Paris.
M*’ L. S. A. (Paris). — R n’a rien été écrit
})our déterminer des modifications dans la cul-
ture des fleurs à l’aide d’agents chimiques ; les
quelques essais qui ont été tentés dans ce but
n’ont donné aucun résultat. Quant à la culture
dans la mousse, il en est autrement ; la plupart
des plantes [)Ourraient y être cultivées avec
plus ou moins d’avantage; toutefois, en raison
des espèces, il ne paraît pas indis})ensable d’a-
jouter des engrais à la mousse. Du reste les
expériences faites jusqu’à })résent à ce sujet, ne
sont pas suffisantes ]»our qu’on puisse se pro-
noncer d’une nuinière absolue.
(l) Nous apprenons que M. Ed. André propose
pour cette section du genre le nom de nidi/lures.
AR de V. (Charente-Riférieure). — Nous ne
connaissons pas la cause qui a déterminé sur
vos Bégonias l’affection morbide constatée.
L’examen du tubercule que vous nous avez
adressé et qui offre un commencement de
décomposition, semble démontrer la })résence
d’un Gham})ignon. Alaisdequel genre est celui-
ci? C’est ce que nous ne pourrions vous dire.
Pour le moment, du reste, le nom importe
peu, c’est la chose qu’il faudrait pouvoir com-
battre, et malheureusement nous ne pouvons
que vous donner des conseils qui, eux-mêmes,
reposent sur des hypothèses.
Voici donc, croyons-nous, ce que vous pour-
riez faire : arracher vos plantes aussitôt que la
végétation est terminée, sans même attendre
que les tiges soient complètement mortes; les
laisser sécher un peu, afin que la terre, s’en
détache, puis les tremper dans de l’eau insec-
ticidée avec nicofine, pétrole, Fichet, régénéra-
teur Guilbert, etc., etc., puis les laisser sécher,
les sau[)Oudror de fleur de soufre et les mettre
à une température sèche, i)as très-élevée.
Vous pourriez encore essayer d’exposer les
tubercules à une légère action de l’acide sulfu-
reux, qui, ainsi ([ii’on le sait, jouit de la [)ro-
priété de s’oj>posei‘ au dév(doj)pcm('ut des mi-
crobes ou parasites végétaux ou animaux.
CDLTUUE J)ES CROTONS.
549
L’adresse demandée est : M. Crozy fds aîné,
liorticulteur, 20G, Grande-Rue de la Guillo-
tière, à Lyon.
M'’ Ch. P. (Algérie). — Voici l’adresse que
vous demandez ; M. Lavallée, à Segrez, par
Boissy-sous-Saint- Yon (Seine-et-Oise). — Pour
(te qui est des Eiiçienia Ugni, vous en trou-
verez de dilférents âges, chez M. Rougier-
Chauvière, liorticulteur, 152, rue de la Roquette,
à Paris.
GULTÜRB DES GROTONS
Dans toutes les expositions françaises où
MM. Chantrier frères, les habiles horticul-
teurs de Mortefontaine, ont apporté leurs
beaux Crotons {Codiœum pictum, var.),
les visiteurs ont été émerveillés de leur cul-
ture, soit qu’il s’agît des variétés obtenues
par MM. Chantrier eux-mêmes, soit des
variétés du commerce. La culture de ces
plantes est facile, mais elle n’est pas assez
connue; on peut en choisir plusieurs as-
sez distinctes. Nous pouvons recommander
celle qui résulte des lignes suivantes, ex-
traites du Garden et dont nous avons pu
constater les excellents résultats.
Pour obtenir des plants hors ligne, voici
la méthode à suivre : choisir, parmi des
boutures enracinées, et n’ayant qu’un seul
bourgeon terminal, celles qui sont le mieux
développées. Les rempoter au nombre de
quatre ou cinq par pots, dans des pots de
12 centimètres ; on pourra, par exemple, en
placer une, la plus forte, au milieu, et trois
ou quatre, également distancées, autour de
la première ; si l’on rempotait isolément les
jeunes plants, des pots de 8 centimètres suf-
firaient. Employer une bonne terre substan-
tielle, additionnée de sable blanc. On tasse
assez fortement, et, si besoin est, on soutient
les jeunes plants à l’aide de petits tuteurs.
Une chaleur de fond est nécessaire. On
place des petits châssis carrés portatifs
dans la serre à multiplication, et on plonge
les pots dans un lit de fibres de noix de coco.
Une chaleur de fond de 28 à 30 degrés de-
vra être maintenue. Dans ces conditions et
en conservant toujours une grande humidité
atmosphérique, les plantes se développent
rapidement et pourront être sorties au bout
de 4 à 6 semaines. Quand les Crotons com-
menceront à s’habituer à la nouvelle serre
où on les aura placés, on les rempotera un
peu plus largement, et on les pincera pour
régulariser leur végétation. La forme à don-
ner est variable et dépend du but que l’on
se propose. Pour soutenir les rameaux
trop flexibles, on plantera au milieu de la
touffe un tuteur léger et quelques-uns
plus faibles auprès des tiges principales.
On placera les Crotons dans la partie la plus
humide de la serre et on les bassinera abon-
damment pendant le jour, pour faciliter la
végétation, et en même temps pour éloigner
les insectes. En hiver, on seringuera une
ou deux fois par jour, suivant les conditions
atmosphériques plus ou moins sèches où les
plantes se trouveront. On ombrera seule-
ment lorsque le soleil sera ardent et que les
plantes paraîtront en souffrir. La plus grande
quantité de jour est nécessaire pour que la
coloration du feuillage soit parfaite ; mais il
faut en même temps placer les Crotons près
du verre pour qu’ils ne s’étiolent pas.
Pour les boutures, on emploiera un com-
posé de terre de bruyère tourbeuse, sable,
un peu de terre franche et du terreau de
feuilles de bonne qualité. Au premier rempo-
tage on mettra plus de terre franche, ensuite
moitié de terre de bruyère fibro-tourbeuse et
moitié de terre franche avec une bonne pro-
portion de sable blanc et quelques fragments
de charbon de bois ; on donnera un bon
drainage, et on tassera fortement la terre.
Quand les plantes sont bien développées,
on peut employer les engrais liquides. Le
purin de ferme est le meilleur.
Nous n’indiquerons pas de liste complète
des variétés à cultiver, par la raison que les
nouveautés obtenues de semis deviennent
de plus en plus belles et dépassent en mé-
rite les anciennes. Mais on peut recom-
mander sans crainte, comme plantes de
premier ordre pour former de beaux spé-
cimens d’exposition, les variétés suivantes :
C. Andreanum^ Baronne de Rothschild,
undulatum, Mortefontainense, Veitchia-
num,Hendersoni, Williarnsi, Qiieen Vic-
toria, Earl of Derhy, Disraeli, majesti-
ciim, etc. Bréauté.
550
LILAS A FLEULS DOUBLES.
LILAS A FLEURS DOUBLES
En parcourant le catalogue que M. Le-
moine, horticulteur à Nancy, vient de pu-
blier pour 1883, et en voyant annoncées qua-
tre variétés de Lilas à fleurs pleines, l’idée
nous vint de rappeler l’origine de ceux-ci et
de faire ressortir l’influence que peut avoir
le choix des parents dans le croisement des
plantes. La manière dont a opéré M. Le-
moine mérite d’être connue, pour plusieurs
raisons : d’abord, parce qu’elle peut servir
de guide dans des opérations analogues, en-
suite parce qu’elle montre combien la
science peut, dans ce cas comme dans tant
d’autres, du reste, être utile à la pratique,
lui venir en aide. Ici, en effet, c’est par
suite de combinaisons reposant sur la
science, que M. Lemoine est arrivé à obte-
nir, non pas une plante, mais une série de
plantes à fleurs pleines. Il s’est fondé sur
l’influence que peuvent avoir les parents
dans le rapprochement des sexes, et alors,
procédant logiquement, il a pensé que, puis-
qu’il cherchait à obtenir des Lilas à fleurs
doubles, il fallait au moins que l’un des
deux parents possédât ce caractère, qu’il
eut des fleurs doubles. Mais le début parais-
sait difficile ; en effet, à cette époque, on n’en
connaissait encore qu’une seule forme de
Lilas ayant ce caractère, et elle était à fleurs
complètement pleines, de sorte qu’il était
impossible de tirer du pollen de cette plante,
ainsi que semblait l’exiger le succès de l’o-
pération. Comment faire, alors?
Néanmoins, et en désespoir de cause,
pourrait-on dire, M. Lemoine chercha, dis-
séqua des milliers de fleurs, afin de voir s’il
ne trouverait pas quelque organe sexuel;
son espoir ne fut pas trompé, il finit par
découvrir, non pas des étamines, mais des
rudiments de style, assez bien conformés
pourtant pour qu’on pût en tenter la fé-
condation. C’était bien quelque chose, mais
pas ce que cherchait M. Lemoine : du pol-
len. Après réflexion, il lui vint à l’idée de
tourner la difficulté par l’interversion des
rôles, c’est-à-dire de se servir de la plante à
fleurs doubles, comme mère, et de féconder
les quelques organes femelles qu’il avait
trouvés sur elle, avec du pollen pris sur
une espèce à fleurs simples. L’opération
réussit, et il obtint quelques graines. Le
premier pas était fait.
Voici, du reste, comment les choses se
sont passées : à une lettre que nous écrivî-
mes à M. Lemoine, pour lui demander
quelques détails sur ces faits, qu’il nous
paraissait intéressant de constater, il nous
répondit ce qui suit :
Tl existe dans les pépinières un Lilas à
fleurs pleines/sous le nom à'azurea plena. Il y
a bien 25 ans que j’ai acheté cette plante chez
M. A. Wilhelm, à Luxembourg. D’où vient-
elle? Je l’ignore. Quoi qu’il en soit sous ce rap-
port, voici comment les choses se sont passées.
Vers 1869, en examinant le susdit Lilas, j’ai
remarqué que les fleurs, mal conformées,
étaient complètement dépourvues d’organes
sexuels, sauf parfois, çà et là, dans un thyrse
où l’on découvrait un pistil à peu près normal.
Dès que j’eus constaté ce fait, l’idée me vint de
chercher à en tirer parti ; mais comme il était
certain que le pollen ne pouvait être pris que
sur des fleurs simples, puisque la plante à
fleurs doubles en était dépourvue, c’est à ces
dernières que j’ai eu recours. Le résultat fut
celui-ci : en deux années , j’obtins quarante
sujets de semis qui ont fleuri vers 1877. Le
premier a épanoui ses fleurs doubles 12 jours
avant les autres; il a le feuillage, la couleur et
les caractères généraux du Sijringa ohlata,
qui, du reste, était le père. Son seul mérite
consiste dans la précocité de sa floraison, qui
tient de celle du père. Je fai vendu sous le
nom de Syringa hyacinthiflora plena.
Parmi les autres (une quarantaine de sujets)
il s’est trouvé environ la moitié qui avaient des
fleurs plus ou moins irrégulières, et à peu près
une quinzaine seulement de doubles. Quelques-
uns ont été nommés et sont actuellement au
commerce sous les noms de S. hyacinthiflora
plena Lemoinei, Renoncule, ruhelJa
Mathieu de Dombasle, etc.
Quant à la duplicature , elle consiste dans
l’emboitement de deux ou trois corolles. Il
s’est cependant trouvé un sujet à fleurs semi-
doubles, bien pourvues d’organes générateurs
des deux sexes ; je m’en suis servi pour faire
de nombreuses fécondations de diverses varié-
tés de Lilas simples. Du premier de ces semis,
j’ai obtenu plus de 250 plantes qui ont com-
mencé à fleurir depuis deux ans.
Malgré que la floraison ait été contrariée par
deux printemps défavorables, les résultats per-
mettent néanmoins d’augurer favorablement
pour l’avenir. Ainsi, par exemple, les sujets
provenant de graines fécondées par semi-dou-
bles, donnent 60 0/0 de })lantes à fleurs pleines,
petites, plus ou moins atrophiées, donnant des
EXPOSITION DE CHRYSANTHÈMES
thyrses maigres; certains sujets ont des fleurs
ayant des corolles présentant de 2 à 5 emboî-
tements ; il en est cependant quelques-uns de
très-méritants, à fleurs très-grandes, aussi
bien faites que les simples, mais avec la du-
plicature en plus
On a pu voir, par ce qui précède, com-
bien rinfluence des fleurs doubles a été
grande et avantageuse au point de vue de la
* production de nouvelles variétés à fleurs
doubles. On peut même dire qu'aujourd’hui
il existe une race de plantes à fleurs dou-
bles, c’est-à-dire plus ou moins pleines.
Cette influence, ici, est d’autant plus facile
à démontrer, qu’elle est même comparative,
puisque, parmi les millions de semis de Li-
las que l’on fait chaque année, il est exces-
AU ROYAL AQUARIUM (LONDRES). 551
sivement rare qu’il s’en trouve, même un
seul, à fleurs doubles.
C’est donc à M. Lemoine qu’est due la
série de ces plantes que l’on possède aujour-
d’hui.
«
Ajoutons que ces Lilas à fleurs doubles
ont encore un avantage sur ceux à fleurs
simples. Tout aussi abondantes, leurs
fleurs durent beaucoup plus longtemps et
sont par conséquent plus avantageuses pour
la confection des bouquets, ou pour l’orne-
mentation des appartements. Il est donc à
peu près hors de doute que, dans un avenir
prochain, lorsque ces variétés seront multi-
pliées suffisamment, on s’en servira pour le
forçage, en vue de la vente des fleurs.
E.-A. Carrière.
EXPOSITION DE CHRYSANTHÈMES AU ROYAL AQUARIUM
(LONDRES)
La Société d’horticulture du ’ Borough of
Hackney, qui s’occupe particulièrement de la
culture (les Chrysanthèmes, a tenu son expo-
sition annuelle les 13 et 15 novembre dernier,
au Royal Westminster Aquarium. Cette société,
instituée en 1846, est une des plus célèbres
pour ce genre de plantes; elle fut puissamment
secondée par les efforts du voyageur feu Forsyth
qui, après avoir longtemps parcouru le Japon
et introduit une quantité de plantes, s’adonna
spécialement à la culture de ces beaux Chry-
santhèmes japonais qu’il avait vus dans leur
contrée natale.
Dès cette époque, l’impulsion fut donnée et
depuis elle ne s’arrêta pas ; les cultivateurs pro-
fitèrent des leçons du maître, de magnifiques
variétés furent obtenues et les races à grandes
fleurs devinrent à la mode. Les plantes que
nous avons admirées à cette exposition déno-
tent une culture intensive et perfectionnée;
nous étonnerons certainement beaucoup de
nos collègues français en disant que nous y
avons mesuré parmi ces variétés japonaises,
beaucoup de fleurs ayant 46 et 47 centimètres
de diamètre. Quant aux variétés incurvées
(Pivoines), souvent un peu moins larges, leur
forme ronde et régulière, leurs pétales serrés
et cucullés les faisaient ressembler à de beaux
Dahlias, surtout parmi les nombreuses collec-
tions de fleurs coupées, dressées sur de lon-
gues tables.
L’exposition de cette année passe à bon droit
pour une des plus belles qu’ait encore tenues
cette société, ce qu’attestent les collections de
plantes formées en pots (spécimens), et de
Heurs coupées. Quelques lots de légumes, de
fruits, et surtout de Raisins, avaient également
pris place dans le même local, et ajoutaient en-
clore à la beauté de l’ensemble. Nous nous
abstiendrons de citer les noms et adresses des
nombreux exposants, car celte énumération
n’offrirait qu’un intérêt secondaire à nos lec-
teurs ; notre but étant surtout de faire ressortir
la beauté de ces plantes, nous nous sommes
attachés à faire un choix des variétés les plus
méritantes. Les variétés japonaises étaient de
beaucoup hîs plus nombreuses, car elles sont
toujours à la mocbq ce (jui s’explicjue, tant pai-
les formes et les dimensions, que par la richesse
et la beauté des coloris. Je vais en citer quel-
ques-unes, par exemple :
C. Hiver fleuri (crème) et Safrano (jaune
pale), Bex ruhrorum (rouge) et Flambeau (cra-
moisi orange) . De plus, ces plantes affectent les
formes les plus bizarres et les gains des se-
meurs paraissent s’acheminer vers un pro-
téisme effréné des pétales ; ainsi ils deviennent
étroits Mons J. C. Eguilcor (cramoisi), fili-
formes et fourchus ThisipJione (nouveauté
rouge orange clair), enchevêtrés, Chinaman
(violet pourpre) et Angèle (rose tendre), roulés
en spirale Monsieur Arclène (lilas), larges et
enroulés Comte de Germiny (magnifique jaune
nankin), contournés Mary major (iDlanche),
très-longs et pendants The Golden Dragon
(jaune d’or).
Parmi les nombreuses variétés exposées,
nous avons noté les suivantes qui nous ont
paru magnifiques ;
Thunberg, jaune primevère délicat, grande
fleur; — Baronne de Prailly, rose rougeâtre
à grande et belle fleur; — Comte de Germiny,
jaune nankin brillant, rayé d’incarnat, fleur
très-grande et très-distincte; — Agrément de
la nature, jaune d’or, ombré de rouge brun,
pétales entrelacés, large fleur ; — Fuir maki
of Guernsey, blanc pur ; une des plus belles ;
— Chang, rouge foncé, pétales enchevêtrés,
large et bonne fleur; — Elaine, blanc pur, le
revers des pétales est teinté de carmin, fleur
magnifique, très-pleine ; — Fanny Bocharlet,
blanc de crème teinté (Je rose ; — Incompa-
rable, bronzée, ombrée d’incarnat; — Mons
Ardène, riche lilas, très-grande et très-belle ;
— La France, grande fleur très-double, rouge
bronzé; — Albert, énorme fleur, pétales en
spirale, rouge carmin ; — Chinaman, longs
pétales, violet pourpre brillant, ombré de
EXPOSITION DE CHRYSANTHÈMES AU ROYAL AQUARIUM (LONDRES).
552
violet ; — Peter the Great, jaune citron, large
tleur, argentée au centre ; — Père Delau.x,
riche couleur incarnat ; — The golden Dragon,
jaune d’or magnifique, Heur très-curieuse ; —
Source d’Or, fleur grande et double, jaunie
orange, ombré de jaune d’or, couleur fraîche
(nouveauté) ; — Criterion, jaune d’ambre ; —
The Daïmio, granae fleur rose.
I^es variétés à pétales incurvés, produisant
des fleurs subspbériques régulières, étaient
aussi très-brillamment rejirésentées ; nous
avons noté parmi les meilleures :
Empress of India, une des plus grandes, à
fleurs blanches ; — Golden Empress of India,
jaune, non moins grande ; — Golden Queen of
England, beau jaune, à pétales tubulés et
cucullés ; — Princess Béatrice, beau l’ose
lilas, belle forme; — Jardin -des- Plantes,
grandes fleurs jaune d’or, une des plus belles;
— Alfred Salter, jaune; — Julie I^agravère,
incarnat ; — Eniily Date, ambre pâle, variété
obtenue par dimorpbisme ; — Princess of
Wales, blanc de perle de la variété Golden
(Jueen ; — Eelicitg, beau blanc à centre jaune
citron.
Les Gbrysantbèmes- Anémones, si gracieuse-
ment couronnés, sont ti-ès-peu recherchés
en Angleterre, aussi étaient-ils moins nom-
breux; nous n’en avons pas moins remarqué
(juel({ues bonnes variétés, par exemple : J^adg
Margaret, très-belle, à fleurs blanches; — Dii-
chess of Edinhurgh, blanc rosé au centre,
])étales de ta couronne récurvés ; — George
Sand, rouge, à centre doré; — Marguerite
d'Anjou, jaune nankin; — Gluck, jaune orange,
à disque })roéminent; — SunjUnver , jaune
soufre, plus teintée au centre.
Les gentilles' variétés de Gbrysantbèmes
pompons, si florifères et si utiles, tenaient éga-
lement bien leur rang; les variétés suivantes
nous ont paru très-recommandables ;
Marie Stuart, lilas rougeâtre, centre couleur
soufre ; — Madame Montels, jaune pale ; —
Antonius, beau jaune; —Dick Tiirpin, magen-
ta brillant, centre orange ;. — Monsieur Astié,
jaune d’or ; — Madame Pentiz, blanc pur; —
Eire-Elg, écarlate clair.
Les plantes exposées en pots étaient admi-
rables, et, de meme que les fleurs coupées,
elles mar({uaient encore un progrès sur les
années précédentes; la forme en ombelle est
])resque exclusivement employée, et nous en
avons remarqué qui dépassaient de beau-
coup 1 mètre de diamètre. La variété Antonius
(genre pompon), cultivée de cette manière, est
une des i)lus tloribondes; nous en avons re-
marqué une sur laquelle les fleurs étaient tel-
lement nombreuses qu’elles se touchaient les
unes les autres; leur réunion formait une masse
dorée, ])roduisant à distance un splendide
coup d’œil. La variété Défiance, appartenant
au même groupe et cultivée identiquement, ap-
])araissait comme une énorme boule rose lilas,
et tout aussi bien garnie de fleurs que la pré-
cédente.
Beaucoup d’autres variétés, qui avaient été
soumises au même traitement, étaient égale-
ment très-bien réussies, surtout parmi les in-
curvées ; les fleurs étaient tellement bien es-
pacées, qu’on les aurait cru posées là artificiel-
lement; de plus, les plantes olfraient dans leui’
ensemble une régularité ])ar(aite, telles étaient
surtout : G. B}nidle, blanc pur, la plus
belle du genre; — Barbara, jaune d’ambre,
^et il/rs Dixon, jaune d’or, une des plus belles
*de cette couleur.
Les variétés japonaises, bien que moins sou-
vent cultivées de cette manière, étaient néan-
moins bien représentées. Parmi celles à cul-
tiver dans ce but, notons Elaine, une des plus
jolies blanches; — Gloire de Toulouse, variété
très-remarquable; — Triomphe du Nord, cra-
moisi foncé tirant sur le marron; — Madame
Bertier Ptendatlcr, fleur très-large orange; —
Peter the Great, Gossack, etc.
(Quelques sujets affectaient la forme d’un
buisson, c’est-à-dire qu’ils n’avaient été ni tu-
teurés ni pincés. Ge genre a, croyons-nous,
l’avantage de laisser à la plante son aspect
noianal et gracieux. (Quelques forts exemj)laires
olfraient un coup d’œil très-remarquable et
montraient tout ce qu’il est possible d’obtenir
de ce genre de plantes. Parmi ces der-
nières, la variété japonaise. Ile -des -Plaisirs,
était une des plus belles avec ses nombreuses
tleurs rouge cramoisi; puis La Nymphe,
rose; — Julie Lagravière, très-rouge; —
John Salter, rouge cannelle, à très-grandes
fleurs.
Les expositions anglaises, à tous les points
de vue, sont fort distinctes des expositions
françaises; il n’y a même pas de comparaison
possible, non seulement parce qu’on y spécia-
lise le plus souvent les genres de plantes, mais
encore parce que les locaux choisis sont fort
différents. Qu’on nous permette, à ce sujet et
pour terminer, de donner sur ce sujet quel-
ques détails utiles, en disant un mot du
Royal Aquarium.
Ce vaste bâtiment où, par parenthèse, les
poissons paraissent presque oubliés, présente
en petit et à l’intérieur, la forme du Palais de
l’Industrie à Paris ; cette ressemblance est sur-
tout accentuée par la couverture de verre qui
a également la même structure ; mais s’il y
ressemble matériellement, il s’en écarte un
peu quant à la destination, car c’est une sorte
de théâtre ou de concert-promenade , avec
scène, musiciens et acrobates; aussi fûmes-
nous fort surpris, lorsqu’on examinant les fleurs
nous entendîmes tout à coup la musique et
vîmes deux danseurs de corde s’avancer dans
l’espace, à quelques mètres au-dessus des
plantes.
Great attraction, représentations de jour et
de nuit, avec exposition de fleurs, sans supjplé-
ment de prix, telle était la substance des af-
fiches du théâtre, pour ces jours d’exhibition;
aussi y eut-il foule, tant il est vrai que les
fleurs et le plaisir vont bien de pair. Ici c’est
un rapprochement très-pratique qui donne
une idée de la spéculation anglaise. A Paris,
il existe plusieurs théâtres qui paraissent se
rapprocher du genre du Royal Aquarium; ne
serait-il pas curieux, sinon avantageux, d’y
installer une exposition d’horticulture? G’est
une idée qui pourrait avoir son utilité. Nous
la soumettons aux horticulteurs français.
.1. Sallieh.
lmp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE
M. Mas et la Société d’horticulture
de l’Ain. — Nous recevons de notre ex-
cellent collaborateur M. Pulliat la lettre
suivante, qui rend un juste hommage à la
mémoire d’un homme de bien et de savoir,
le regretté pomologue, M. Mas.
En payant ce juste tribut d’éloges à l’un
des principaux fondateurs de la Société
dont nous avons récemment signalé l’état
prospère et l’heureux esprit d’initiative,
M. Pulliat s’honore lui-même, car tout le
monde sait qu’il est le digne continuateur
des travaux viticoles de celui qu’il désigne
comme un « maître vénéré ».
La notice que vous consacrez à la Société
d’IIorticulture de l’Ain est très-exacte et fort
intéressante, mais beaucoup de personnes au-
raient désiré que vous rappeliez en quelques
mots quel a été l’instigateur et le principal or-
ganisateur de celte Association si utile.
Voudriez-vous me permettre de venir ici
remplir cette petite lacune?
• Tous les membres de la Société d’Horticul-
ture de l’Ain sont unanimes à constater que
si leur Société est aujourd’hui si florissante et
si riche en belles collections, elle le doit pour
une large part à l’initiative, aux travaux inces-
sants et au dévouement sans borne de notre
grand pomologue, le bien regretté M. Mas, qui
fut son président depuis sa fondation jusqu’au
15 novembre 1875, époque de sa mort.
Pour perpétuer la mémoire de cet illustre
collègue, les membres de la Société d’Horticul-
ture de l’Ain ont élevé à leur président défunt
un superbe buste en marbre dans leur salle de
délibération.
M. Mas, il faut le reconnaître, avait trouvé
autour de lui des collaborateurs dévoués et à
la hauteur de l’œuvre si utile qu’il avait en-
treprise ; il suffit de nommer M. Lahérard,
]\r. de Lapérouse, M. le docteur Pie, M. Ghé-
vrier, M. Aynis, M. Siraud, M. Gointet, etc.,
mais tous ces hommes de bien et de pro-
grès se plaisent à reconnaître dans la per-
sonne de leur ancien président une supériorité
d’autant mieux acceptée qu’elle ne s’imposait
pas.
Je détache d’une notice nécrologique sur
M. Mas l’appréciation suivante, d’un membre
fondateur de la Société de l’Ain: « Je n’ai eu
avec M. Mas, dit M. S..., que des relations de
courte durée, ne pouvant le voir qu’à de rares
intervalles seulement. On lui doit tous les suc-
cès de la Société d’Horticulture, succès aux-
16 Décembre 1883.
quels ses grandes connaissances et son carac-
tère conciliant ont puissamment contribué.
Bien supérieur à nous tous par son talent
d’observation et son expérience, il ne manquait
jamais, quand l’occasion s’en présentait, de
faire prévaloir les travaux et la science de ses
confrères. Gette disposition d’un cœur droit et
ouvert a fait beaucoup pour le développement
de la Société. »
Je m'arrête sur ce jugement porté par un des
membres les plus distingués de la Société
d’Horticulture de Bourg; il rend un hommage
bien mérité aux services rendus à l’association
des horticulteurs de la Bresse par l’homme
éminent qui fut l’une des plus hautes représen-
tations de la science pomologique de notre
époque.
Il faut conclure de là que, si nous avions
dans nos départements beaucoup de prési-
dents de Sociétés d’IIorticulture comme le sa-
vant et sympathique M. Mas, nous aurions
beaucoup Je Sociétés aussi florissantes que
celle de l’Ain.
Pardonnez-moi cette trop longue lettre ; elle
aura pour excuse un témoignage de reconnais-
sance que j’ai cru devoir donner à celui qui
fut pour moi un maître vénéré dont l’amitié
m’a grandement honoré.
Agréez, etc. V. Pulliat.
Enduit préservatif contre le feu. —
Le journal américain Gardeners’ Monthly
donne les indications suivantes qui, paraît-
il, permettent de soustraire un objet quel-
conque, clôture, hangar, instruments en
bois, voitures, etc., aux atteintes d’un
incendie. La question ayant une importance
capitale, nous reproduisons cette recette,
en engageant nos lecteurs à faire des expé-
riences, et à nous en communiquer le ré-
sultat.
Réduire en poudre fine et mélanger
ensemble vingt parties de verre, vingt
parties de porcelaine, vingt parties de
pierre de nature quelconque, dix parties
de chaux calcinée et trente parties de
silicate de soude, tel qu’on le trouve dans
le commerce. Les éléments solides doivent,
nous le répétons, être pulvérisés, aussi
finement que possible, et tamisés. On
humecte le mélange, qui prend une con-
sistance sirupeuse, et on l’emploie seul, ou
mélangé à une couleur ou peinture quel-
conqqe.
24
554
CHRONIQUE HORTICOLE.
Exposition d’horticulture à Rouen.—
La Société centrale d’horticulture de la
Seine-Inférieure fera à Rouen une exposition
générale d’horticulture, coïncidant avec le
Concours régional agricole qui se tiendra
dans cette ville du 7 au 15 juin 1884.
En faisant connaître cette décision, la
Société fait aussi tout particulièrement un
appel général à l’arboriculture fruitière, no-
tamment à la pomologie, et l’informe aussi
que vers la fin de septembre de cette même
année, à Rouen et à l’occasion du Congrès
pomologique de France, elle organisera une
exposition générale des fruits comprenant les
deux grandes divisions : fruits de table et
fruits de pressoir.
Les expositions horticoles en An-
gleterre. — Nous ne cessons de citer à
toute occasion l’activité que nous voyons
déployer chez les peuples qui nous avoisi-
nent, dans tout ce qui touche aux intérêts
de l’horticulture. Notre devoir n’est-il pas
de tenir nos lecteurs au courant de tout ce
qui se fait dans de bonnes conditions, tant
en France, qu’à l’étranger, et de montrer
toujours le chemin qu’il convient de suivre,
le résultat qu’il faut surpasser ?
Nous ne sommes pas arrivés au point de
perfection où le repos momentané est
permis, tant s’en faut.
C’est encore en Angleterre que nous
prenons le fait suivant.
Nous avons eu à Paris une exposition
spéciale de Chrysanthèmes qui, moins im-
portante à coup sûr qu’elle aurait dû l’être,
n’en a pas moins eu un grand succès ; mais
en dehors de cette tentative, qu’a-t-il été
fait? Rien.
Au même moment, toutes les Sociétés
horticoles anglaises organisaient, suivant
l’usage, des expositions semblables, et le
compte-rendu que la Revue horticole a
publié de celle du Palais de Cristal, peut
donner une idée de l’importance de toutes
les autres.
Les journaux anglais publient les compte-
rendus détaillés des exhibitions de Londres,
Southampton, Rath, Hawkhurst, Lewes,
Croydon, Hackney, Staines, Kingston, etc.
Que résulte-t-il de cet ensemble d’initia-
tives? Les amateurs deviennent de jour en
jour plus nombreux, leur goût se forme,
s’épure, des collections se créent de tous
côtés, et l’on n’est pas exposé, là-bas.
comme nous le sommes à Paris, où le com-
merce des fleurs est cependant considé-
rable, à voir sur les marchés aux fleurs
des variétés de Chrysanthèmes ou de toutes
autres plantes, apportées en quantités sur-
prenantes, et que leur infériorité, par rap-
port aux gains récents, comme forme et
coloris, aurait dû depuis longtemps faire
impitoyablement arracher des cultures.
Le Pinetum Britannicum. — Nous ap-
prenons avec une vive satisfaction qu’après
un long intervalle la publication de ce su-
perbe recueil va reprendre son cours. La
plupart de nos lecteurs connaissent le « Pi-
netum » qui, à l’aide de ses belles planches
coloriéeSj et de ses descriptions, simples et
complètes, fait connaître successivement
tous les arbres résineux cultivés en Angle-
terre, et on sait que c’est leur pays de pré-
dilection. Les prochains fascicules contien-
dront la description des Cyprès, Cèdres et
Pins désignés ci- après: Cupressus Lamber-
tiana {macrocarpct), Pinus Laricio, P.
albicaulis {flexilis), P. Balfouriana, P.
aristata, P. porphyrocarpa^ etc.
La Muscade. — Le Journal of horti-
culture estime qu’il y aurait de grands béné-
fices à réaliser en cultivant, sur de grandes
proportions, le Muscadier, dans la Nouvelle-
Guinée.
L’arbre qui produit la Muscade croît
vigoureusement dans cette île.
La plupart des fruits qui apparaissent
sur les marchés proviennent de Singapore,
qui centralise la production des contrées
avoisinantes. Mais le Muscadier a été im-
porté dans ces régions, où il est la source
de produits considérables, et où sa produc-
tion est bien moindre qu’elle le serait avec
la même culture, dans la Nouvelle-Guinée.
Cette note du journal anglais intéresse
nos cultures coloniales d’une manière toute
particulière. On sait, en effet, que la mus-
cade est un produit très-recherché du com-
merce. Il conviendrait donc que la culture
en fût essayée très-sérieusement dans nos
colonies de l’extrême orient.
Les Camphriers de la péninsule
malaise. — Dans la relation d’un voyage
qu’il vient de faire à travers la Malaisie,
M. Weld, gouverneur de province dans
ce pays encore peu connu au point de vue
CHRONIQUE HORTICOLE.
555
botanique, cite ce fait intéressant qu’à Kan-
ching, c’est-à-dire à environ 24 kilomètres
au nord de Kuala Lumpor, il a traversé
une grande forêt de Camphriers {Laurus
Camphora) dont un grand nombre attei-
gnent jusqu’à 70 mètres de hauteur.
Cette forêt représente une valeur énorme,
et M. Weld l’a tout de suite placée au nom
du gouvernement anglais sous une sorte de
séquestre qui en réglementera l’exploitation
et empêchera l’abattage et la destruction
de ces magnifiques arbres.
La première gelée, à Brest. — Notre
collaborateur M. Blanchard nous adresse la
communication suivante :
« Le 14 novembre 1883, a eu lieu, à Brest,
la première gelée blanche de l’automne;
la douce température qui n’avait cessé de
régner depuis la tempête des 1®** et 2. sep-
tembre, a enfin terminé sa période d’exis-
tence et va probablement être remplacée
par les gelées et les froids humides.
Jusque-là, on ne se serait pas douté qu’on
fût en automne, à Brest ; on se serait plu-
tôt cru au printemps, tant la végétation
était avancée; tous les champs et jardins du
littoral sont fleuris comme au printemps.
Presque tous les grands arbres , tels
que Peupliers, Ormes, Allantes, Marron-
niers, etc., qui ont perdu leurs [feuilles
pendant l’ouragan du septembre, ont
repoussé de nouveaux bourgeons et de nou-
velles feuilles et même quelques-uns,
comme le Marronnier blanc, ont produit
de nouvelles fleurs; d’autres, comme le
Saule cendré, commencent à montrer leurs
chatons. En nous promenant sur les bords
de la mer, nous avons remarqué une grande
quantité d’ Ajoncs garnis de fleurs, et de
Cuscutes, comme au mois de mai, ainsi que
sur beaucoup de Poiriers chargés de fruits
qui n’étaient pas assez mûrs pour être ré-
coltés, des bouquets de fleurs complète-
ment épanouies et de feuilles. M. Grouan,
le frère des célèbres algologues bretons,
dit qu’il a dans son jardin de nouvelles
Poires Duchesse très-bien formées; une
grande partie des Pommiers nains sont aussi
en pleine floraison. Nous avons également
vu près de Kerhuon deux Pruniers de plein
vent couverts de fleurs, sans avoir une seule
feuille, ainsi que plusieurs Lilas blancs
presque aussi beaux que dans leur saison
ordinaire ; on en a même vu au marché ; le
rouge est moins avancé, nous ne l’avons vu
qu’en boutons. Un Cytisus Lahurnum éi^ii
couvert de fleurs. Voici la composition d’un
bouquet que nous avons fait dans différents
jardins que nous avons visités : Vinca ma-
jor et minor^ Saxifraga ligulata, Kerria
japonica, Rhodotypos kerrioides, Ompha-
Iodes verna, la Vigne, Fàbiana imhri-
cata, Viburnum lantana, V. Opidusei V.
Lentago, Spirœa hypericifolia^ Hypericum
calycinum et Androsœmum, Rïbes atro-
sanguineum et alpinurn, Rubus Idœus et
cœsiuSy Myrtus communis^ Æsculus hip-
pocastanum, Sorbus pinnatifida, Gamellia
simple, Colutea arborescens , Staphylea
colchica, et sur les talus exposés au soleil
les Fraisiers à gros et à petits fruits. Si l’on
ajoute à ces fleurs celles des Dahlias, les
Chrysanthèmes, les Véroniques, les Fu-
chsias, les Pélargonium zonale et toutes
les plantes de l’Amérique australe, telles que
Berberis Darwinii, dulcis, Azara integri-
folia, Escallonia florïbunda, macrantha,
rubra, Aralia Sieboldii, Schizostylis coc-
cinea et des Roses de toutes variétés, on
peut se faire une idée de la douce tempéra-
ture qui a existé à Brest pendant les deux
mois et demi qui viennent de s’écouler, ce
qui, du reste, est un mauvais pronostic pour
la récolte des fruits en 1884. »
Medinilla Curtisii. — Cette jolie
plante, qui a été présentée cet automne,
par MM. Veitch, à la Société royale d’hor-
ticulture de Londres, forme un petit ar-
buste au port très-élégant. Ses feuilles sont
un peu charnues. Ses fleurs, nombreuses,
se développent en cymes terminales, pyra-
midales, paniculées. La hampe florale prin-
cipale, qui se ramifie à angles ^droits, est
d’une belle couleur rouge corail. Chaque
fleur est large de 12 à 15 millimètres; le
calyce cupuliforme est d’un blanc d’ivoire,
et entoure la corolle dont les pétalles ob-
longs arrondis sont d’un blanc de crème.
Au centre de la fleur, les étamines, rouge
violacé, forment une élégante petite touffe.
Cette plante a été introduite de Sumatra,
par M. Gurtis; et le Botanical Magazine
l’a récemment figurée en une très-bonne
planche coloriée.
Extension du Phylloxéra. — L’Ile de
Ré (Charente -Inférieure), ainsi que les ar-
rondissements de Salins et de Saint-Jean-
556
CHRONIQUE HORTICOLE.
de-Maurienne (Haute -Savoie), qui, jus-
qu’ici, avaient été considérés comme in-
demnes, viennent d’être envahis par le'
phylloxéra. Gomme on le voit, le terrible
puceron n’arrête pas sa marche malgré
toutes les ordonnances et règlements. Mais,
puisqu’il est bien reconnu et constaté scien-
tifiquement que rien ne l’entrave et que
jamais il ne s’attaque à aucun autre végétal
que la Vigne, pourquoi maintient-on toutes
les mesures restrictives s’appliquant à tous
ces végétaux auxquels il ne touche jamais.?
Roses remontantes : Perle d’or,
Jeanne Drivon. — Ces deux plantes, qui
rentrent dans le groupe des variétés naines
du Rosa polyantha {multiflora), auquel
appartiennent déjà les variétés Ma Pâque-
rette, Aune Marie de Montravel, etc., sont
encore plus naines que celles-ci, plus jolies
même, ce qui n’est pas peu dire. Toutes deux
sont lyonnaises. La première. Perle d'or, a
été obtenue par M. Dubreuil, rosiériste à
Montplaisir-Lyon; son feuillage, d’un très-
beau vert brillant, rappelle celui des Thés ;
ses fleurs, relativement très-grandes, sont
d’un beau rose nankin, avec le centre encore
plus orangé. Elle est tellement remontante
et floribonde qu’on pourra, assure-t-on, la
cultiver pour la d fleur coupée » ou en pots
comme plante de marché. L’autre variété,
Jeanne Drivon, qui est un gain de
M. J. Schwartz, de Lyon, est tout aussi re-
marquable que la précédente. Également
naine et excessivement remontante, ses
fleurs, petites et bien pleines, d’un blanc
légèrement carné nuancé, rappellent un peu
celles d’une Balsamine-Camellia.
Aucune plante, peut-être, mieux que le
Rosa polyantha, n’est plus propre à dé-
montrer, en même temps que l’extrême
variation que peut subir un type, comment se
créent les races, par conséquent les espèces.
Pour s’en faire une idée, il suffit de se rap-
peler ce que sont ees nouveaux et
de les comparer à leur mère, ce que nous
allons faire en quelques mots. Celle-ci, qui
est excessivement vigoureuse, non remon-
tante , très - épineuse , à fleur blanche ,
simple, forme des buissons qui attei-
gnent plusieurs mètres de hauteur, tandis
que ses enfants, surtout ceux dont nous
parlons, sont des plantes pour bordures, très-
remontantes, à fleurs doubles, blanches,
rose plus ou moins foncé, enfin jaunes,
Le Kumara. — On parle beaucoup en
ce moment d’une plante tuberculeuse origi-
naire de la Nouvelle-Zélande, et dont la
racine, ressemblant à une Pomme de terre
longue, de moyenne grandeur, est comes-
tible. Cette plante, appelée Kumara dans
son pays natal, est le Convolvulus chry-
sorrhizus, Forster, et se rapproche, par sa
nature, du Dioscorea Ratatas. Le Ku-
mara, qui est, paraît-il, rustique sous le
climat de l’Angleterre, est, nous apprend le
Gardeners' Chronicle, actuellement cultivé
à Kew. Les quelques plantes que nous con-
naissons ressemblent assez à de jeunes pa-
tates.
Exposition internationale d’horti-
culture à Saint-Pétersbourg. — Cette
exposition, qui devait avoir lieu en 1883,
mais qui avait été ajournée à cause du sacre
de l’empereur, s’ouvrira définitivement en
1884, à la même époque où elle devait avoir
lieu en 1883, soit du 5/17 au 16/28 mai
1884. En nous adressant cette c®mmuni-
cation, la commission directrice nous prie
d’informer les horticulteurs et amateurs qui
voudront prendre part à cette exposition
que toutes les mesures qui avaient été
prises pour faciliter cette grande fête horti-
cole, soit pour la réduction du prix des
places sur les différents chemins de fer de
l’État russe, soit pour le programme qui
avait été fait, sont maintenues intégralement.
Néanmoins, nous croyons bon que les per-
sonnes qui avaient adhéré à cette exposition
renouvellent leur demande, et nous les en-
gageons à le faire le plus tôt possible, afin
de recevoir à temps toutes les pièces admi-
nistratives nécessaires pour jouir des privi-
lèges qui seront accordés soit pour le
transport des marchandises, soit pour celui
des voyageurs.
Toutes les demandes de renseignements
ou d’admission à exposer doivent être
adressées à M. Édouard Régel, président de
la commission de l’exposition, à Saint-Pé-
tersbourg.
La « Pomme de Neige ». — Le journal
américain Gardeners' Monthly en par-
lant de la culture en grand qui est faite de
cette variété, tant dans le nord de l’Europe
qu’en Amérique, rappelle qu’elle a été ob-
tenue de semis en Amérique.
La « Pomme de Neige )) est souvent
CHRONIQUE HORTICOLE.
557
désignée là-bas sous le nom de « La Fa-
meuse y>.
Le Cattleya labiata. — On remarquait
récemment en Angleterre, à Birdhill, un
bel exemplaire fleuri de cette superbe espèce.
Ses fleurs, d’une riche couleur lilas-rosé,
nuancée de rose tendre, atteignaient 18 cen-
timètres de largeur. Le labelle, très-déve-
loppé, est gracieusement ondulé.
Cette plante, avec ses deux hampes por-
tant huit fleurs, a été estimée 1,325 fr. par
un expert chargé d’en fixer la valeur.
Le Cattleya lahiata est une espèce des
plus précieuses par sa floraison automnale.
Il est devenu très -rare, extrêmement re-
cherché des amateurs d’Outre- Manche,
surtout, qui paient au poids de l’or les quel-
ques exemplaires que l’on peut rencontrer
parfois dans d’anciennes collections. La
plante, d’ailleurs, est fort belle et mérite bien
cette recrudescence de faveur.
La Plante Colombe. — Le Garden
donne de précieuses indications sur la cul-
ture qu’il convient de donner à cette char-
mante Orchidée {Peristeria elata) pour lui
assurer une floraison très-abondante (1).
Une serre tempérée est celle qui lui
convient le mieux. La terre à employer est
un compost de terre de bruyère, de spha-
gnum, de terreau de feuilles et de sable
blanc.
Les arrosages doivent être peu fréquents
et même, dans une serre un peu humide,
n’être donnés qu’une fois par mois.
Les épis floraux se développent rapide-
ment, et la floraison a lieu en juillet et
août, lorsque les plantes ont été mises en
végétation vers la fin de février. Il n’est pas
rare d’obtenir, avec des sujets bien cultivés,
jusqu’à trente et trente-cinq fleurs sur un
seul épi.
Chaire de culture au Muséum. —
Cette chaire, vacante depuis la mort de
M. Decaisne, va être prochainement pour-
vue d’un titulaire. Le Journal officiel du
22 novembre dernier déclarait la vacance
de cette chaire, et par conséquent l’ouver-
ture du concours, en invitant les candidats
à produire leurs titres.
(1) Ces données complètent celles que nous
avons publiées précédemment. Voir Revue horti-
cole, 1883, p. 174.
Fructification de l’Olivier à Cher-
bourg. — Le climat de Cherbourg a beau-
coup d’analogie avec celui de Brest ; aussi
la fructification de certaines , plantes de la
région méditerranéenne y est-elle égale-
ment rare : telle est par exemple celle de
l’Olivier. Cependant, et malgré que Cher-
bourg soit encore plus au nord que Brest,
la fructification de l’Olivier y a été re-
marquée il y a déjà plusieurs années, fait
constaté dans le Bulletin de la Société
d’horticulture de Cherbourg, pour l’an-
née 1878. C’est à M. H. de la Chapelle, se-
crétaire de cette Société, que nous devons
ce renseignement dont nous le remer-
cions très-sincèrement.
Décorations à l’horticulture. — Nous
avons le plaisir d’annoncer la nomination de
M. Besson aîné, delà maison Besson frères,
horticulteurs à Nice, comme chevalier de
l’ordre du Mérite agricole. Cette distinction,
qui honore justement l’horticulture niçoise
sera accueillie avec plaisir par tous ceux qui
connaissent les services rendus, dans le Midi,
à la culture en plein air par MM. Besson.
Nous applaudissons aussi sans réserve
à la distinction dont vient d’être l’objet
M. Bernard Verlot, nommé chevalier de
l’Ordre du Mérite agricole. Le sympathique
jardinier en chef de l’Ecole de botanique
du Muséum, qui est en même temps pro-
fesseur à l’École d’horticulture de Ver-
sailles, est trop connu de nos lecteurs pour
qu’il soit nécessaire de rappeler les ser-
vices qu’il a rendus à l’horticulture.
Nécrologie. — Sir W. Siemens. — Nous
apprenons avec grand regret le décès de
Sir William Siemens dont les recherches,
au sujet de l’action de l’électricité sur la
végétation, sont connues de tous. Il a rendu
de grands services à la science. L’horticul-
ture à son tour, eût pu en retirer d’utiles
applications, et nous sommes persuadés que
son œuvre, qu’il laisse très-avancée, et dont
la Revue a plusieurs fois parlé, aura de
vaillants continuateurs. Déjà, en Angleterre,
Sir W. Siemens a fait école. D’autres expé-
rimentateurs lui ont succédé. En France, on
suit également le cours des expériences sur
plusieurs points et le temps ne semble pas
éloigné où la culture pratique retirera de
l’électricité des bienfaits analogues à toutes
les autres applications de cette force mer-
veilleuse. E.-A. Carrière et Ed. André.
558
CULTURE DES ASPERGES SOUS CHASSIS A FROID.
CULTURE DES ASPERGES
I
C’est, croyons-nous, M. Ponce, maraî-
cher à Clichy-la-Garenne, qui, le premier,
a eu ridée de cultiver les Asperges sous
châssis à froid. Convaincu qu’il était que ce
mode devait produire de bons résultats, il
a débuté par un coup de maître. En effet,
son premier essai s’est fait sur une sur-
face qui comportait 440 châssis. Ce pro-
cédé étant avantageux comme spéculation et
pouvant aussi rendre de grands services
comme culture bourgeoise, nous allons le
décrire tel que le pratique M. Ponce, et
d’après des documents que ce cultivateur a
bien voulu nous communiquer.
Plantation. — On la fait en mars et de
manière que, sous un châssis de
de côté, il puisse y avoir seize touffes d’ As-
perges, que l’on choisit aussi belles et
aussi égales que possible. Après avoir bien
préparé le sol, on en égalise la surface sur
laquelle on place les griffes, qui, bien dis-
tantes et étalées, sont ensuite recouvertes
d’abord d’un peu de terreau, puis d’une lé-
gère épaisseur de terre (à peine 10 centi-
mètres). Si au lieu de planter à même le
sol on peut faire une couche de fond, cela
n’en vaudra que mieux. La plantation a dû
être faite de telle sorte que les coffres puis-
sent être placés en ligne et se touchant
par les bouts, de manière que chaque ligne
soit séparée de sa voisine de 35 centimètres.
Quant aux coffres, comme ils sont posés sur
le sol, il n’est pas nécessaire qu’ils soient
très élevés : 12 à 15 centimètres pour le
haut et environ 8 pour le bas suffisent :
de simples planches clouées sur les côtés et
maintenues en bas et en haut avec des pi-
quets et que l’on recouvre de châssis, voilà
tout le matériel, qui, comme on le voit, est
des plus simples et peu dispendieux. Il va
de soi que l’on n’est pas obligé de faire les
choses aussi simplement; nous indiquons les
mesures économiques, chacun sera libre de
les modifier suivant son goût ou ses moyens.
Les Asperges n’occupant guère le sol que
pendant l’été, on peut l’utiliser en cul-
tures diverses suivant la saison, les be-
soins de la consommation et la spéculation
à laquelle on se livre. L’essentiel, c’est que
ces produits ne gênent pas la croissance
des Asperges et qu’ils soient enlevés lors du
sous CHASSIS A FROID
fort développement de celles-ci. Une con-
dition également essentielle, c’est que ces
plantes accessoires se développent promp-
tement et ne soient pas affamantes ou épui-
santes, et qu’elles soient enlevées quand les
Asperges commencent à pousser. Ce sont ou
des petits Radis rouges, hâtifs, à bout blanc,
ou de la petite Laitue à couper, ou mieux
encore de la Laitue noire que l’on repique à
raison de 30 à 35 pieds par châssis, culture
qui, de toutes, donne les meilleurs résultats.
L’essentiel étant de planter des essences non
épuisantes et d’une prompte venue. Il ne
faut jamais semer ou planter très-rappro-
ché, et lors des labours ou des façons à
donner au sol, il faut éviter d’aller profon-
dément, afin de ne pas blesser les griffes
ou souches d’Asperges. Les Radis ne doi-
vent être semés qu’en janvier ; quant aux
autres légumes, on plante ou on sème à
partir de la deuxième quinzaine d’octobre,
suivant leur nature et les conditions dans
lesquelles on est placé.
Soins généraux. — Aussitôt la plantation
terminée, on place les châssis afin de favo-
riser la reprise, surtout si le sol a été oc-
cupé par d’autres plantes que les Asperges.
Il est bien entendu que ces cultures acces-
soires ou dérobées ne devront gêner ni
entraver la végétation des Asperges, qu’elles
devront être claires et enfevées avant
qu’elles puissent nuire. Les autres soins
consistent à donner de l’air et à arroser
au besoin. Les arrosages devront être
modérés, parce que l’Asperge redoute
l’humidité surabondante, ce qui parfois
en détermine la rouille. Il va sans dire
aussi que le terrain devra être tenu propre,
sarclé et même biné au besoin. Un
paillis ou un terreautage ne pourront être
qu’avantageux. Lors même qu’on ne ferait
d’autre culture que celle des Asperges,
les châssis devront être placés avant l’hi-
ver, de façon à éviter les fortes pluies
de la fin d’automne et les neiges qui
viendraient trop humidifier le sol, et le
refroidir: il est toujours plus facile de
donner de l’eau que d’en ôter lorsqu’il y en
a de trop. Il va également de soi que plus
les Asperges sont fortes, moins l’on doit
mettre de plantes accessoires.
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
559
Bien que les Asperges ne redoutent pas
le froid, on pourra, si l’on veut, recouvrir
les châssis l’hiver avec des paillassons ; il
pourrait même y avoir avantage à concen-
trer l’a chaleur de manière à échauffer le sol
et activer la végétation. Du reste, tous ces
soins sont relatifs et subordonnés aux con-
ditions dans lesquelles on se trouve et au
but qu’on cherche à atteindre. Ici, comme
dans toute spéculation, c’est toujours l’inté-
rêt qui guide.
Fumure. — On fumera avec de la gadoue
ou du fumier bien consommé qu’on enter-
rera à l’automne par un labour ou même
par un binage fait avec précaution, de façon
à ne pas fatiguer les souches.
Cueillette, — Elle est subordonnée à
l’âge et à la force des plantes, et soumise
par conséquent aux mêmes règles que toutes
les Asperges en général. Il ne faut jamais
fatiguer les plantes par une cueillette antici-
pée, et ce n’est guère que la troisième année
qu’on peut faire une récolte à peu près
pleine ; la seconde année, pourtant, si le
plant est fort, on peut enlever quelques
Asperges, mais, autant que possible, sur
les fortes touffes qui présentent plusieurs
turions. Quant à l’époque où l’on doit cesser
la cueillette des Asperges, elle n’a non plus
rien d’absolu. De même que pour les cul-
tures en plein champ, la récolte, sous
châssis, est relative et liée à la force des
plants. En général, la fin de juin est la der-
nière limite si l’on tient à conserver la plan-
tation vigoureuse.
Dans de bonnes conditions de culture, on
peut faire pendant dix années une pleine
récolte; pour alimenter la souche, il est
bon, au bout de quelque temps, de laisser
monter deux ou trois Asperges à chaque
touffe. Vers la fin de la saison, on laisse
monter toutes les petites et l’on ne coupe
plus que les grosses. Nous disons couper,
c’est décoller qu’il faudrait dire. En effet,
autant que possible, on doit déterrer un peu
les Asperges, puis, en les saisissant avec les
doigts, le plus bas possible, on fait une lé-
gère torsion, de manière à les détacher de la
souche jusqu’à la base ou empâtement, et
qu’il ne reste rien du jeune turion qui,
s’il était coupé, pourrait déterminer de la
pourriture. Si dans les cultures accessoires
il se développait quelques turions, on pour-
rait les détacher en prenant les précautions
nécessaires, afin de ne rien endommager.
Les Asperges, en plein rapport, doivent
être recouvertes d’environ 20 centimètres de
terre. Quand on cueille, il est bon d’at-
tendre que les turions soient sortis de 5 à
6 centimètres, parce qu’alors ils se colo-
rent légèrement de rose et sont beaucoup
plus beaux, outre qu’ils ont aussi un peu
plus de goût; ce qui est une qualité, quand
la saveur n’est pas amère.
Cette culture, bien entendue et bien
suivie, est ‘très-avantageuse, soit qu’on la
fasse au point de vue spéculatif, soit qu’on
la pratique en maison bourgeoise. Dans le
premier cas, les produits accessoires viennent
en mars -avril, époque à laquelle ils se
vendent généralement bien; puis arrivent
sans frais les Asperges qui, comme primeurs
de moyenne saison, sont également très-
recherchées et vendues à un prix relative-
ment élevé. Bourgeoisement, cette culture
présente tous les avantages que nous venons
de signaler ; de plus, elle permet d’utiliser
le sol soit pour des cultures temporaires ex-
ceptionnelles (fournitures de saisons), soit
pour des cultures ornementales.
Dans l’un ou l’autre cas, c’est-à-dire
hourgeoiserneut ou maraîchèrement, les
châssis et les coffres peuvent être enlevés
en mai et être employés à d’autres cul-
tures, potagères ou florales. Ajoutons que
comme produit pécuniaire, cette culture est
rémunératrice ; un hectare superficiel et un
matériel, tel que nous l’avons décrit, peu-
ven produire un bénéfice de trois à quatre
mille francs par an. E.-A. Carrière.
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES
Les Jasmins fournissent aussi leur contin-
gent avec le Jasrninum Sambac et la variété
à fleurs doubles, dont les fleurs blanches
répandent une odeur suave et pénétrante
qui les fait toujours rechercher. Ils pa-
(l) Voir Revue Jiorlicole^iBSd, p. 318, 391 et 486.
raissent aimer la chaleur, quoique nous
ayons vu de beaux exemplaires dans un
jardin d’hiver, où la température descendait
à 4" 8» centigrades.
Une ancienne plante qui est en train de
disparaître , c’est le Quisgualis Indica,
560
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
Disons, toutefois, qu’elle n’a jamais été bien
répandue. Vigoureuse et très-floribonde, si
ses fleurs d’une nuance indécise, allant du
jaune au rouge, manquent d’éclat, au moins
elles sont nombreuses. Malheureusement,
elle est fréquemment attaquée par les
insectes.
Les Allamanda
pourraient aussi être
employés avec avan-
tage comme plantes
volubiles de serre
chaude, en choisis-
sant et en appro-
priant les espèces.
Nous avons vu
autrefois des Alla-
manda cultivés en
buisson dans de
grands vases. Mais
leur floraison était
pauvre, ainsi du reste
que leur végétation.
C’était, croyons-
nous, des A. ca-
thartica et nerii-
folia. Ces espè-
ces, peut-être moins
sarmenteuses que
les A. Schoilil et
Wardleyaiia, au-
raient été certaine-
ment plus beaux en
pleine terre et près
de la lumière. Notre
opinion est confir-
mée là-dessus par
l’exemple de plu-
sieurs A. Ward-
leyana magnifiques,
placés dans ces con-
ditions. Toutefois,
ici, une taille raison-
née est nécessaire
pour faire naître les
rameaux à fleurs.
Au reste, beaucoup
de plantes sont dans
le même cas.
Dans les Asclépiadées, nous trouvons le
Steplianotis floribimdayVnne desplusjolies,
accusée d’être rebelle à la floraison. En
serre chaude, en pleine terre et surtout bien
près du verre, elle fleurit abondamment, et
ses (leurs d’un blanc pur, si agréablement
odorantes, sont très-recherchées. Elle exige
des soins incessants par sa tendance à
prendre des insectes.
Plus difficiles et plus rares sont les Hoya
imperialis et fraterna, de la même famille
que le Ste^dianotis . Le dernier paraît moins
Fig. 110. — Cissus porphyrophyllus.
exigeant. Nous avons vu, dans le temps, à
La Queue-en-Brie, chez M. Bertrand,
amateur bien connu, un Hoya imperialis
en pleine terre, dans une serre très-chaude,
et couvert de fleurs.
Le Placostemma lasiantlium est une
ESSAI SUE LES PLANTES GRIMPANTES.
aulre Asclépiadée vigoureuse et surtout
très-curieuse par ses fleurs jaunâtres et de
forme singulière. Nous l’avons vu en fleurs,
il y a une vingtaine d’années, dans l’établis-
sement de M. Chantin. Il est douteux
qu’on puisse se le procurer aujourd’hui.
Bien rares aussi sont les Argyreia, dont
nous n’avons vu en fleurs que VA. argen-
tea, délicat peut-être, mais aussi, tou-
Fig. 111. — Scindapsus pertusus.
jours en pot ! quand il lui faudrait la
pleine terre, de l’espace. Contrairement à la
description, les fleurs nous ont paru petites,
d’un rose terne, par suite de la culture, sans
doute.
Quelques Bignonia pourraient aussi
être employés, le B. venusta surtout. Ses
fleurs d’un jaune singulier sont trop jolies
pour qu’on les oublie, et, d’autre part, cette
561
espèce se recommande par sa vigueur et sa
floribondité. Une autre plante, mais bien
plus délicate, est le B. argyrœa violascens,
dont le feuillage offre des teintes très-cu-
rieuses, qui fait ranger cette plante dans le
groupe des plantes à feuillage coloré.
Dans cette même catégorie nous trouvons
le Cissus discoJor, bien délaissé maintenant,
mais qui eut son heure de célébrité. Les
jeunes feuilles offrent tout ce
que la nature produit de plus
élégant, avec des nuances
chatoyantes qu’on ne retrouve
guère ailleurs. Le C. porphy-
rophyllus (fig. 110), sans le
valoir, est également remar-
quable, mais il est moins
vigoureux. Ces plantes doivent
être surveillées à cause de
leur tendance à être attaquées
par les insectes, et, d’autre
part, elle exigent une tempé-
rature élevée, si on veut les
avoir belles.
Parmi les Thunbergia de
serre, nous avons vu un
T. Harrisii splendide avec
ses belles fleurs bleues à
gorge jaunâtre. Cette espèce
vigoureuse, au feuillage am-
ple et luxuriant, est une ma-
gnifique liane de serre chaude
ou même de serre tempé-
rée. Une bonne aération lui
est aussi nécessaire, car, à
l’ombre et sans air, la plante
paraît souffrante, et ses feuil-
les tombent les unes après
les autres.
Plus beaux encore sont les
Dipladenia; mais bien plus
rarement, s’il est possible,
on en voit les magnifiques
fleurs. Nous ne parlons ici
que du D. Bosa campestris,
dont la floraison nous a tou-
jours surpris par sa beauté, quoique la
plante cultivée en pot fût presque dépourvue
de feuillage. Mais quelle plante superbe, si
elle eût été cultivée en pleine terre ; et que
doivent être les autres espèces plus récem-
ment introduites et que l’on dit être encore
plus jolies! Malheureusement, ces plantes
sont très-sujettes aux insectes de toutes
espèces ; mais il est probable qu’une forte
502
ESSAI SUR LES PLANTES GRIMPANTES.
végétation et une bonne aération, l’été, leur
permettraient de surmonter ces obstacles,
tout en préparant leur floraison.
Le genre Echites, très-voisin du précé-
dent nous fournit aussi des plantes intéres-
santes par leurs fleurs et par leur feuillage.
Dans divers groupes, très -différents de
ceux-ci, nous avons des Mikarda aux belles
feuilles pourpre noirâtre, des Dioscorea
discolor et illustrata aux feuilles bizarre-
ment maculées, des Pothos, des Aroï-
dées aux feuilles élégamment découpées, et
fenestrées, telles que le Scindapsus per-
tusus (fig . 111) , etc. ,' toutes plantes
à végétation vigoureuse, dont la petite
quantité, ou même l’absence de fleurs, est
largement rachetée par la beauté du feuil-
lage. Et que d’autres encore ! On doit
comprendre qu’il ne peut être question
ici de passer en revue tout ce que la
culture nous offre en fait de plantes grim-
pantes, et celles dont nous parlons pour-
ront suffire pour rappeler l’attention sur
elles.
Le nombre des végétaux grimpants,
dont on retrouve des représentants jusque
dans les Fougères, est tel, qu’il faudrait un
fort volume .pour donner leur description
et un aperçu de leur culture. D’autre
part, il faut bien reconnaître que dans l’état
actuel, et avec les goûts dominants, il n’y a
pas urgence !
Du reste, la construction des serres et
des jardins d’hiver comporte rarement les
dispositions nécessaires à la végétation vi-
goureuse de la plupart de ces plantes ; le
sol, aussi, n’est jamais disposé ou préparé
en conséquence, et cela, même lorsqu’il y
aurait peu à faire pour obtenir un bon
résultat.
Pourtant les fleurs, parfois si riches et
souvent si nombreuses de toutes ces lianes
et leur végétation particulière, échevelée,
pourrait-on dire, combleraient les vides
que le changement de culture a produits
dans les serres, où l’on ne remarque bientôt
plus que des plantes à feuillage, ce qui est
beau assurément, mais trop monotone, peu
gai et peu varié.
On objectera l’ombre produite par cette
végétation fougueuse, désordonnée ! Mais
des guirlandes et des cordons de feuil-
lage et de fleurs, et un vitrage clair,
seraient bien préférables à des carreaux
obscurcis par le temps, la mousse et le
manque de soins. La pluie lave bien le de-
hors ; mais l’intérieur, toujours humide par
la condensation, ne connaît pas l’eau des
lavages.
Un exemple, que nous avons noté parti-
culièrement, peut faire voir qu’il est souvent
facile de cultiver les plantes grimpantes,
d’une manière élégante et tout à fait en
rapport avec la nature de leur végétation.
Dans une serre en bois, adossée à un mur
de près de 3 mètres d’élévation, on avait
posé des fers servant d’arcs-boutants aux
fermes. Ces sortes de consoles, scellées à
GO centimètres du faîtage, d’environ 1 mè-
tre de long, légèrement cintrées, formaient
une espèce de demi-cerceau au-dessus du
sentier, grâce aux nombreux fils de fer qui
les reliaient l’une à l’autre. Là des Passi-
flora alata, Decaisneana, et d’autres en-
core, plantées au pied du mur et dirigées
sur ces fils de fer, formaient une magni-
fique voûte de verdure et de fleurs, mas-
quant en même temps l’angle du haut de
la serre où le vitrage s’appuyait sur le mur,
angle qui n’est souvent qu’un réceptacle de
toiles d’araignées. Des châssis s’ouvrant par
le haut, aéraient parfaitement toute cette
végétation. Le mur lui -même était garni
par le bas de Ficus repens avec différentes
plantes au-dessus, entre autres de ces Mu-
rucuja dont nous avons parlé plus haut.
Au moment de la floraison des Passiflores,
le spectacle était magnifique.
C’est, comme on peut le voir, peu de
chose à établir. Et que de cas où l’on pour-
rait faire aussi bien et mieux encore !
Dans les jardins, on fait de grands frais
pour les espaliers d’arbres fruitiers, et l’on
trouve là de véritables merveilles. Assuré-
ment, l’on a raison. Mais pourquoi les
plantes grimpantes ne seraient-elles pas
l’objet de quelques soins analogues? Pour-
quoi les berceaux et les tonnelles ne se-
raient-ils pas également admis dans l’orne-
mentation de nos jardins où la fantaisie pro-
duit trop souvent de si singuliers résultats ?
Comme nous l’avons dit en commençant,
on ne peut que s’étonner de l’oubli où est
tombée toute une série de plantes ornemen-
tales de premier ordre, possédant un cachet
de végétation particulier, et où, indépen-
damment de la végétation spéciale des
plantes et la diversité de leur feuillage,
presque toujours la beauté des fleurs riva-
lise avec leur abondance. J. Battse.
TROIS RÉCOLTES DE RADIS DANS UN MÊME SEMIS. — GLAÏEULS IIYRRIDES NOUVEAUX. 5C3
TROIS RÉCOLTES DE RADIS DANS UN MÊME SEMIS
Notons d’abord ce fait, que, contrairement
à l’opinion généralement admise, on peut,
même avec avantage, repiquer les Radis ; il
suffit de faire l’opération en temps utile,
c’est-à-dire d’assez bonne heure, pour que
les plantes ne soient pas trop développées,
et qu’il n’y ait pas, dans la végétation, un
arrêt brusque et par trop sensible.
Rappelons aussi cet autre fait, que le
mode de traitement peut parfois modifier
tellement les végétaux, que les résultats en
soient complètement différents.
Cet article va en fournir de remarquables
exemples, soit comme formes de racines,
soit comme durée.
Première récolte. — Elle résulte du
semis fait en place. Les Radis viennent plus
ou moins vite, suivant la variété employée,
l’époque où on fait le semis et les conditions
dans lesquelles il est opéré.
Deuxième récolte. — Elle provient des
plants qu’on a enlevés du semis, et qu’on
doit repiquer de suite, en ayant soin de ne
pas les laisser faner. Ce repiquage doit se
faire à bonne exposition, et, comme les
plants doivent être jeunes, par conséquent
tendres, il faut les bassiner souvent.
Suivant la manière dont ce repiquage
aura été fait, on obtiendra des résultats
très-différents. Ainsi, si l’on repique peu
profondément, les Radis sont plus courts,
plus sphériques et toujours plus hâtifs. Si
au contraire, on repique profondément, alors
la racine, toujours plus longue à se former,
s’allonge davantage et est moins renflée. Ce
sont ces Radis qui constituent la troisième
récolte.
Ces trois récoltes de Radis provenant
' d’un même semis sont distinctes, bien que
successives, et permettent, avec une seule
variété, d’avoir des Radis pendant un mois à
six semaines, et même beaucoup plus long-
temps, suivant l’époque où a été fait le
semis, et surtout aussi suivant la variété
soumise à l’essai. Comme exemple, nous
pouvons citer l’expérience suivante.
Le 18 août dernier, nous avons fait un
semis de Raphanodes, qui commencèrent
à donner des produits mangeables trois
semaines environ après que le semis avait
été fait. Des plantes provenant des éclaircis
furent repiquées en deux lots, l’un à « fleur
du sol l’autre beaucoup plus profondé-
ment, c’est-à-dire que toute la racine fut
complètement enterrée et que très -souvent
même une grande partie du collet se trou-
vait cachée dans le sol. Le premier de
ces lots commença à donner trois semaines
après ceux du même semis, mais qui n’a-
vaient pas été repiqués. Quant au deuxième
lot, qui avait été planté profondément, il
ne commença à donner que bien plus tard.
Beaucoup de racines ne sont actuellement
que dans leur première phase de déve-
loppement, de sorte que la récolte pourra
se prolonger pendant une grande partie de
l’hiver.
Cette expérience, qui sert à la fois la
science et la pratique, montre d’abord que
l’on peut, d’un même semis, récolter des
Radis pendant plus d’un mois. Voilà pour
la partie pratique. Quant à l’influence du
traitement, elle est largement démontrée
par les résultats, car ce traitement retarde
le développement, en modifiant les formes.
E.-A. Carrière.
GLAÏEULS HYBRIDES NOUVEAUX
Sur ces plantes, si ornementales, et dont les
plus belles variétés ont été obtenues en France,
nous trouvons dans le Garden (Novembre
1883, p. 420), un article qui nous paraît de-
voir intéresser nos lecteurs et dont voici une
traduction :
J’ai cultivé cette année les huit Glaïeuls
hybrides mis au commerce l’automne der-
nier par M. Victor Lemoine, de Nancy, pro-
venant de ses croisements entre l’espèce G.
purpureo-auratus, et l’une des formes du
G. Gandavensis. Sur ces huit plantes, j’ai
réussi à en faire fleurir sept, ainsi que deux
hybrides analogues, reçus de M. Deleuil, de
Marseille, et je suis porté à espérer que
quelques notes, prises sur ces plantes, ne
seront pas dépourvues d’intérêt, et pour-
ront guider les amateurs. Pour cela je vais
5C4
CATTLEYÂ CALUMMÂTÂ.
les décrire toutes séparément, de manière à
taire ressortir leurs mérites comparatifs.
Les huit variétés de M. Lemoine furent
plantées en pleine terre le 7 novembre 1882.
Ce sont les suivantes :
Enfant de Nancy. — Celui-ci, qui ou-
vrit sa première fleur le 11 août, est une
variété relativement naine, à fleurs moyen-
nes, cramoisi foncé, avec des macules plus
foncées et veloutées sur les pétales infé-
rieurs.
Cléopâtre. — A commencé à fleurir le 14
août. C’est une plante vigoureuse, à belles
fleurs bien formées, d’une teinte rose sau-
moné, délicate, avec une macule cramoisi
riche, bordée d’une bande soufre pâle sur
les pétales inférieurs.
Christophe Colomb. — Cette variété, qui
a commencé à fleurir le 17 août, est haute
et vigoureuse. Sa hampe ramifiée porte des
fleurs moyennes, rose chair saumoné, re-
marquables par une raie d’or sur une ma-
cule cramoisi foncé. Elle me paraît être une
des moins belles de la collection.
Ménudier. — A commencé à fleurir le
24 août. Ses fleurs, qui sont bien ouvertes,
d’une jolie teinte rouge cerise, à centre plus
pâle, ont les pétales inférieurs cramoisi
foncé, veloutés, avec une légère veine d’or
au centre. Très-belle variété.
Victor Hugo. — A commmencé à fleurir
le 2G août. C’est une belle variété vigou-
reuse et de haute stature, portant les fleurs
les plus grandes et les mieux ouvertes que
j’aie jamais vues dans cette classe. Sa teinte
CATTLEYA
La curieuse et jolie Orchidée que nous
décrivons aujourd’hui est l’un des premiers
produits hybrides obtenus dans cette famille
par M. A. Bleu, grâce à la fécondation arti-
ficielle.
Que de progrès réalisés, depuis l’époque
où feu Lhomme faisait ses premiers essais
dans la modeste petite serre basse du Jardin
du Luxembourg ! Ce n’est plus seulement
la Vanille, dont on obtient sûrement des
(L gousses y* bien mûres, en fécondant les
fleurs, c’est surtout la production presque
assurée de remarquables hybrides ou métis
pour la culture ornementale.
La Revue horticole a souvent cité les
conquêtes de MM. Dominy et Seden et,
est d’un beau cerise clair, pâlissant vers le
centre de la fleur, avec une macule cra-
moisi foncé, entourée d’une bordure prime-
vère clair sur les pétales inférieurs. Variété
magnifique, d’un effet remarquable et sans
conteste la meilleure de la collection.
Mars. — Cette espèce a épanoui ses
premières fleurs le 2 septembre. Fleurs
moyennes, d’une teinte pourpre rosé clair,
à pétales inférieurs maculés rose vif sur un
fond blanc.
Obélisque. — A commencé, à fleurir le
10 septembre. Fleur moyenne, rose pour-
pre foncé, ornée d’une macule carmin sur
les pétales inférieurs et d’une lèvre prime-
vère. Très-belle variété.
Stanley n’a pas fleuri.
Les deux variétés de M. Deleuil, de Mar-
seille, m’ont fourni les caractères sui-
vants :
Cœlus, qui commença à fleurir le 1®'’
août, a de belles et grandes fleurs, bien
ouvertes, cramoisi rosé, maculées plus
foncé, légèrement bordées jaune.
Zélie. — Ses premières fleurs se montrè-
rent le 18 août. C’est une plante relative-
ment basse, à fleurs moyennes, d’un joli
rose pourpré, avec une macule cramoisi
rose, bordée de blanc crème sur les pétales
inférieurs. C’est une variété à grand effet
qui, de plus, présente l’avantage de se pro-
pager très-rapidement; un petit bulbe a
donné quatre hampes, dont trois ont fleuri
cette année et qui produiront chacune un
bulbe. W.-E. Gumbleton.
sans parler d’autres genres d’Orchidées, les
Cattleya Mendeli, Mastersoniæ, fausta
radicans, f. superba, f. alba, f. aurea,
f. crispa, f. delicata, Chamberlayni,
témoignent des travaux fructueux de ces
habiles observateurs.
C’est à un français cette fois, et à l’un de
nos hybridateurs les plus distingués, que
nous devons la production de ce Cattleya
nouveau. Nous sommes heureux de l’en
féliciter.
Issu du C. amethystina, Lem. (C. inte^'-
media, Grah.), fécondé par le C. Acklan-
diæ, LindL, ce nouvel hybride est remar-
quable par son aspect intermédiaire entre les
deux parents. Un de ses caractères les plus
R-cvtruÂt //o/‘^zcoli\.
Gt’da/'d . d-d .
üh'ornA)buA ■. ü:
Cattleya caliuimiata-.
5G5
POIRE CIL\]
saillants est fourni par la forme du labelle,
qui rappelle certaines coiffures de femme.
C’est pour cette raison que nous l’avons
nommé C. X calummata, du grec
capuchon.
M. Bleu, qui plusieurs fois a présenté sa
plante avec succès dans les expositions des
dernières années, a pris soin de la décrire
lui-même, en ces termes (1) : Plante vi-
goureuse et facile à cultiver. Pseudo-bulbes
longs d’environ 16 à 18 centimètres, un
tiers plus gros que ceux du C. Acklandiæ ;
les feuilles, d’un vert foncé parfois mou-
cheté de violet, rappellent aussi ce semis,
mais ce qui rend la plante très-intéres-
sante, c’est sa fleur qui, bien que sem-
blable à celle du C. Acklmidiæ par sa
forme, s’en distingue complètement par son
périanthe, dont les sépales et les pétales
sont blanc rosé légèrement verdâtre, et par-
POIRE CHAI
Cette variété obtenue par M. Cognée, pro-
fesseur d’arboriculture de l’Aube, qui l’a
dédiée à son lils, est une des plus riches
acquisitions de la pomologie moderne. Elle
réunit, en effet, toutes les conditions de
vigueur, de fertilité, tout le mérite de la
beauté et de la bonne qualité dans son
fruit qui, en outre, fortement attaché, a
l’avantage de résister aux vents et de mûrir
à la fin de l’hiver.
Le fruit est beau et sain. L’arbre est très-
vigoureux sur Cognassier et très-fertile sur
Poirier franc ; son avenir est donc assuré
dans toutes les situations favorables au
Poirier.
Le port de l’arbre est pyramidal, les ra-
meaux ne se tourmentent jamais dans leur
évolution ; le bois est très-gros, les yeux
sont saillants, aigus ; les feuilles sont assez
grandes, peu dentées, vert foncé, avec sti-
pules adnées au pétiole.
La nature ramifiable de l’arbre et sa fé-
condité régulière ne laissent rien à désirer.
Nous l’avons essayé avec un égal succès,
en plein vent et en espalier, au soleil et à
l’ombre, et partout il s’est admirablement
comporté.
Le fruit est gros, parfois très-gros. Sa
forme est tantôt renflée, cydoniforme
(1) Voir Revue horticole^ 1881, p. 305.
LES COGNÉE.
semés de très- nombreux et gros points vio-
lets, comme dans les C. guttata ameihys-
toglossa^ Keteleeri ; ei ce qui achève d’en
faire une plante vraiment remarquable,
c’est son labelle, d’un violet rouge velouté
jusqu’au gynostème qu’il laisse à décou-
vert, en s’élargissant et formant comme
une aile rose tendre de chaque côté.
Nous n’avons qu’un mot à ajouter à cette
description et à cette notice historique, c’est
que ce premier gain de M. Bleu dans les
Orchidées sera, nous en somme assuré,
suivi de produits similaires, et nous avons
confiance que la France ne restera pas
longtemps en arrière de l’Angleterre sous
ce rapport. Les progrès constants de son
horticulture sur d’autres points nous sont
garants de ses succès futurs dans la voie
de l’hybridation des Orchidées.
Ed. André.
LES COGNÉE
OU elliptique, tantôt pyriforme ventrue et
tronquée ; les contours sont souvent bos-
sués.
Le pédoncule est long de 12 à 15 centi
mètres, élargi au point d’attache sur la
bourse et implanté à la jonction de petits
mamelons teintés de gris. L’ombilic est
moyen, vert clair, au centre d’une cavité
assez évasée.
Le coloris de la Poire est vert de mer,
ponctué de vert foncé, taché au soleil par
quelques stries. Dès le mois de janvier, l’é-
piderme prend un ton jaune crémeux,
nuancé citron et orange du côté insolé.
La chair, très-fine et trés-fondante, est
bien juteuse et d’un bon goût sucré ; la sa-
veur est caractérisée par un arôme fort
agréable.
La maturité arrive de février en avril.
On peut dire que c’est un fruit sans dé-
faut.
Soumise en mars et avril 1876 et 1877 à
l’appréciation de la Société nationale d’hor-
ticulture de France et delà Société d’horti-
culture de l’Aube, la Poire Charles Co-
gnée a été déclarée de toute première qua-
lité. Les échantillons d’alors provenaient du
type et n’avaient pas encore subi l’influence
de la greffe.
B est maintenant reconnu que cette va-
riété sera une précieuse ressource pour les
56G
PÊCHE PETITE MIGNONNE.
approvisionnements d’arrière-saison. Elle a
désormais son entrée au verger du spécula-
teur et au jardin fruitier de l’amateur, au
même titre que les Passe-Crasanne, Olivier
de Serres, Doyenné dliiver, Bergamote
Espéren, avec lesquelles elle peut soutenir
la comparaison.
Baltet frères.
PÊCHE PETITE MIGNONNE
La variété qui porte le nom Petite Mi-
gnonne et qui se trouve citée dans pres-
que tous les ouvrages d’arboriculture frui-
tière sous le qualificatif oc Double de Troyes,
Avant Pêche », est aujourd’hui très-rare et
serait probablement difficile à trouver ;
nous la croyions même à peu près perdue
lorsque, tout ré-
cemment, nous
avons eu la
chance d’en ren-
contrer, chez M.
Sornin, arbori-
culteur, à Mon-
treuil, un arbre
chargé détruits.
D’une autre
part, comme
cette variété n’a
jamais été que
très-incomplète-
ment décrite, et
qu’outre ses
qualités elle est
relativement hâ-
tive si on la
compare à nos
anciennes Pê-
ches, nous avons
cru devoir en
donner une des-
cription et une
figure (fig.112),
ce qui aura
l’avantage de
bien faire con-
naître la Petite
Mignonne, et
de fixer la place
qu’elle doit occuper dans la classification
des Pêchers.
Disons d’abord que cette variété n’appar-
tient pas à ce que dans la pratique on
nomme le groupe des « Mignonnes » , groupe
qui est caractérisé par des fleurs rosacées
(grandes), des fruits suh sphériques à chair
non adhérente au noyau ; enfin, par des
glandes globuleuses, tous caractères que ne
possède pas la Petite Mignonne qui, au
contraire, porte des glandes réniformes et
des fleurs campanulacées (petites) ou en
(( cuilleron », comme on dit vulgairement.
Voici une description de cette variété :
Arbre d’une bonne vigueur moyenne.
Feuilles glan-
duleuses, très-
longues (12 cen-
timètres et mê-
me plus), régu-
lièrement atté-
nuées ‘ en une
pointe aiguë,
très-courtement
dentées. Glandes
réniformes, sou-
vent placées sur
le pétiole, par-
fois à la base du
limbe. Fleurs
campanulacées.
Fruits subsphé-
riques sur un
pédoncule rela-
tivement très-
gros, d’environ
3 à 4 centimè-
tres de diamètre,
sensiblement
sillonnés d’un
côté, portant au
sommet un mu-
cron dressé,
grêle, presque
sétiforme. Ca-
vité pédoncu-
laire largement
évasée, relativement grande. Peau courte-
ment duveteuse, rouge foncé sur les parties
ensoleillées, fortement sablée, pointillée sur
toutes les autres parties, se détachant diffi-
cilement de la chair. Chair fine non adhé-
rente, ou parfois plus ou moins adhérente
au noyau sur lequel des filaments restent
souvent attachés, très-fondante, blanche.
TILIA DASYSTYLA. — SOCIÉTÉ NATIONALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE.
567
quelquefois légèrement rosée dans la partie
qui avoisine le noyau ; eau extrêmement
abondante, finement et agréablement rele-
vée, parfumée ; noyau ovale, à surface sen-
siblement rustiquée.
La Pêche Petite Mignonne mûrit ses
fruits du 8 au 20 août.
Après avoir décrit cette Pêche Petite Mi-
gonne, dont il a donné une bonne figure,
et en avoir indiqué les caractères, qui se
rapportent assez exactement à ceux que
nous avons constatés, \e Nouveau Duhamel
{Traité des arbres, etc.), ajoute :
(( La Petite Mignonne est une des pre-
mières Pêches mûres ; dans les années hâ-
tives on peut en manger fin de juillet; dans
les années ordinaires elle mûrit à la mi-
août. » E.-A. Carrière.
TILIA DASYSTYLA
Il existe dans les collections dendrologi-
ques un assez grand nombre d’espèces de
Tilleuls propres à l’ornementation des jar-
dins, mais je crois qu’il en est peu qui
soient plus dignes d’êtres tirées de l’oubli
que le Tilia dasystyla, Stev., appelé aussi
T, euchlora par quelques auteurs, sans
doute par allusion à la belle couleur verte
de son feuillage.
C’est un arbre qui se rapproche par quel-
ques caractères de son faciès du Tilleul à
petites feuilles, T. parviflora, L., dont le
port est si pittoresque ; mais il est bien plus
vigoureux et son feuillage est beaucoup plus
grand.
Steven le décrit ainsi {Nouveaux mém.
Soc. Nat. Moscou, t. III, page 101) :
Bourgeons glabres, feuilles à base très-
obliquement tronquée, parfois subcordée,
un peu poilues en dessous et barbues à
l’aisselle des nervures ; capsule obovée,
presque membraneuse, à côtes proémi-
nentes; partie inférieure du style pyrami-
dale, tomenteuse, avec un mucron persistant.
Habitat : Tauride méridionale.
Boissier {Flora orientalis,i. I, page 847)
estime que ce Tilleul est peut-être une va-
riété du T. ruhra ; cependant il faut re-
marquer qu’il en diffère par les feuilles poi-
lues à la face inférieure, par la capsule plus
grande, nervée, la base du style mucronée
et par conséquent non mutique.
Une variété, le T. multiflora (Ledebour,
Flora rossica, I, page 442) a les feuilles
suborbiculaires et le corymbe multiflore.
Les qualités par lesquelles cet arbre se
recommande à l’attention des pépiniéristes,
sont la beauté de son port, la vigueur
et la rusticité de son feuillage, qui reste
toujours indemne des maladies qui dé-
pouillent prématurément un grand nombre
de ses congénères plantés autour des
grandes villes; enfin sa vigueur bien su-
périeure à celle du Tilleul à petites feuilles
dont il a, ainsi que nous le disions en
commençant, le port admirablement pitto-
resque.
La forme que nous cultivons a les feuilles
profondément cordées, à lobes pétiolaires
très-inégaux. F. Morel.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1883
Il est pénible de constater parfois le manque
(l’énergie, l’indifférence de nos cultivateurs,
en ce qui concerne les présentations au siège
de la Société, présentations si intéressantes
pour tous, et si profitables pour les amateurs
et les horticulteurs, en mettant les premiers
en rapports entre eux, et en donnant aux se-
conds une publicité pouvant accroître leur
clientèle.
Le nombre des visiteurs grandit en raison
directe de l’intérêt offert par ces présentations.
Le 22 novembre, un seul apport avait été
fait au comité de floriculture. M. Hamelin,
chef de culture au Muséum, avait envoyé des
rameaux de Ficus ruhiginosa et dé Evonymus
fîmbriatus couverts de Cuscuta reflexa, Roxb.,
espèce vigoureuse, originaire des Indes orien-
tales, à fleurs très-nombreuses, blanc trans-
parent, ressemblant par leur forme et leur
grandeur à des fleurs de Muguet.
Au Comité de cidture 2^otagère, par le même
présentateur , cinq variétés nouvelles de
Patates mexicaines, à tubercules roses et
blancs, de formes rondes ou contournées.
Ces Patates sont, paraît-il, d’une culture très-
facile et demandent peu de chaleur. — Par
568
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
M. Ilédiard, quelques fi’uits d’un Piment cul-
tivé en Espagne, dans la région de Galaliorra,
près Logrono. Les fruits ont à peu près
la forme et la couleur d’urre Tomate bien
mure.
Le même jour avait lieu une exposition
spéciale de Chrysanthèmes, et en choisissant
parmi les lots, nous avons pu dresser une
courte liste des variétés les plus belles et les
plus distinctes.
M. Yvon, horticulteur, 44, route de Châ-
tillon (Paris), avait envoyé une très-belle et
nombreuse collection de Chrysanthèmes en
pots : citons parmi les plus jolies plantes (i);
h' Africaine, grande fleur rouge brun, pétales
frisés à revers jaunes. Gérés, fleur moyenne,
double jaune d’or. Pluie d'or, fleurs jaune vif,
pétales singulièrement enroulés et contournés.
— Triomphe de la rue du Châtelet, très-
grande fleur, jaune bronzé, semi-double, pé-
tales très-larges. Deuil de Madame Thiers,
fleurs grandes, assez doubles, carmin foncé,
très-jolie variété. Album plénum, grandes
fleurs doubles, blanc pur, élégamment séparés
les uns des autres. Docteur Masters, fleurs
énormes, ressemblant un peu à celles de cer-
tains Helicmthus, jaune d’or, bord des pétales
nuancés de rouge. Le diamètre de ces fleurs
atteint jusqu’à 15 centimètres. Mabel Ward,
jaune paille brillant, fleurs très-doubles res-
semblant à celles des Dahlias doubles. Madame
Audiguier, fleurs très-grandes, très-doubles,
l'ose mauve. Antigone, fleurs semi-doubles,
grandes, pétales rouge brun bordés d’or. Du-
chesse d'Edimbourg, fleurs d’abord rose pâle,
puis blanches, à pétales enroulés, contournés.
Efl'et très-singulier. Ile des Plaisirs, fleurs
grandes, semi-doubles, jaune chamois. Soleil
d'Austerlitz, fleurs très-grandes, doubles,
jaune d’or. Jardin des Plantes, fleurs en
forme de Dahlias doubles, bien rondes, jaune
vif.
Parmi les lots de fleurs coupées, nous avons
remarqué :
Dans l’envoi de M. Mercier, horticulteur à
Châlons-sur-Saone : Fulton, iaune vif, pétales
bizarrement enroulés. Gloire rayonnante,
fleurs singulières, à pétales recourbés en
forme de tubes, rose lilas pâle.
Dans celui de M. Deschamps, amateur, 2,
rue de Clichy, Paris : Incomparable, fleurs
très-grandes, semi-doubles, rouge bronzé, pé-
tales larges et contournés. Lacmiatum, fleurs
moyennes, pétales étroits, laciniés, serrés, d’un
blanc légèrement nuancé de jaune. Rubrum
Poggi, fleurs très-grandes, rouge nuancé de
brun, pétales très-larges.
M. Boutigny, jardinier-chef chez M. Elwell,
à Rosny , avait envoyé une collection de
10 variétés environ , appartenant toutes à la
catégorie des Chrysanthèmes-Dahlias, à pétales
incurvés, doubles et qui toutes étaient de pre-
mier choix. Citons : Prince of Wales, très-jolies
fleurs, pétales carmin grenat en dessus, rose
violacé en dessous ; Empress of India, fleur
blanc mat ; Golden Beverley, jaune vif ; Prin-
cess of Teck, rose pâle très-doux ; Golden
Queen of England, fleurs très-grandes, jaune
paille.
M. Hamelin avait également exposé une
nombreuse collection, réunissant une bonne
partie des variétés quenous venons de citer.
En somme, cette exposition spéciale, quoique
moins complète qu’on eût pu le désirer, était
très-intéressante, et l’affluence des visiteurs a
prouvé que les amateurs de ces jolies plantes
sont nombreux.
FRÜITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS
Foire Reine des Tardives. — D’après
M. O. Thomas {Guide de V amateur des
fruits, p. 104) cette Poire, qu’il place dans
ses (( variétés à l’étude », aurait été mise au
commerce en 1865, par M. Bruant. Cet
auteur l’a décrite ainsi : « î’ruit assez gros,
jaune vif, à chair juteuse, sucrée, et se
conservant facilement jusqu’en juin. »
Des échantillons récoltés par M. Chrétien
nous ont présenté les caractères suivants :
Fruit moyen, rappelant un peu par sa
(1) Nos lecteurs trouveront une description plus
complète de la plupart des variétés citées, dans
l’étude que la Revue horticole a publiée le 16 mars
1883, page 134.
forme un Doyenné blanc ou Saint-Michel,
d’environ 75 millimètres de hauteur sur un
diamètre à peu près égal, atténué vers la
queue. Œil petit, presqu’à fleur du fruit, à
divisions courtes, étalées. Queue d’environ
2 centimètres, légèrement oblique, insérée
au fond d’une cavité régulière. Peau assez
épaisse, non colorée, d’un beau jaune à la
maturité, ordinairement marquée de taches
gris roux aux deux extrémités du fruit.
Chair blanche, fine, fondante; eau sucrée,
légèrement parfumée, peu relevée. — Dé-
gustée le 15 avril 1883, cette variété nous
a paru alors arrivée à son extrême matui ité.
POMONA.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
DU VOLUME DE 188a
André (Ed.) :
Arjathœa cœlestis (Culture de F) 166
Anthurium Andreanum 223
— Ferrierense 540
Bégonias (Nouveaux) tubéreux 252
JJerberis Thunbergii 48
Billbergia thyrsoidea splendida 300
Bomarea Kalbreyeri 516
Brahea Roezlii 102
Broméliacées (Synopsis des genres de) 270
Biirsaria spinosa 273
Caladium VAutoimie 228
Caraguata car dîna Us 12
— sanguinea 468
Cailleya caluyyimata 5G4
Chænomeles Japonica Simonii 275
Colunmea (Les) 308
Cratœgus oxyacantha semperjlorcns 140
Dahlias simples 401
Dendrobium eburneum 132
Diefj'enbachia (Le genre) 249
Dipladenia (Culture des) 78
Diptotaxis erucoides 71
Evonymus Japonicus (Les variétés de F).. 233
Kalmia myrtifolia 9
Lepidophorum repandum 60
Liatris pycnosiachga 324
Monnina obtusifolia 444
Onoseris Drakeana 180
Orchidées tropicales. (Culture en chambre). 346
Passiflora atomaria 201
Passitlores hybrides 332
Perisleria e/afa (Culture du) 174
Phyllanlhus Chantrieri 537
— salviœfolius 175
Philodendron Mamei 104
Pinus Peuce 144
Pritchardia Vuylstekeana 329
Prunus (Fructification du) 367
Salpichroma rhomboideum 525
Senecio deltoideus 416
Stenomesson Hartivegii 396
Rtreptosolen Jamesoni 36
Telopea speciosissima 34
Veitchia Joannis 344
Yuccas (Nouveaux) de M. Deleuil 109
Jardins et serres. — Barrière de Parc. . . 44
Corbeille de Heurs 160
Jardin d’acclimatation d'Hyères 400
Jardins Dognin, à Cannes 29
Jardins d’hiver, construction 519
Kiosque à jour en fer rustique 62
Plantations dans les parcs paysagers 127
Promenades dans les jardins du Midi 21
Serre-galerie 159
Divers. — Arrosage en plein soleil 334
Bibliographie : Palmiers Brésiliens 239
Exposition d’horticulture de Tours 446
— internationale de la Société royale
d’agriculture et de botanique de Gand... 205
l’roid (Le). Ses effets dans le Midi de la
France 162
Inondations (Les). Leurs effets sur les plantes. 360
Lawn-Tennis 256
Porte-Heurs pour boutonnière 90
Reboisement de l’Algérie 472
Société nationale d’agriculture de France. —
Distribution des récompenses 358
Société d’horticulture de l’Ain 523
Angevin (^L.j. — Culture des Artichauts aux en-
virons d’Angers, 58. — Commerce des fruits dans
l’Anjou, 331.
Aurange (L.). — Exposition d’horticulture de
Cannes, 81.
Bach. — Destruction du puceron lanigère, 327.
Bâillon (H.). — Nouvelles Rhubarbes hybrides, 420.
Raines. — Culture des Centradénias, 486.
Baltet (Ch.) — Les fruits et les légumes aux
concours généraux agricoles de Paris, 105. —
Poire Charles Cognée, 565.
Bardet (G.). — Variétés résistantes de Pommiers,
155, 479.
Bastie (L. de la). — Note complémentaire sur la
greffe du Noyer, 347.
Batise (J ). — Essai sur les plantes grimpantes,
318, 391, 487, 559.
Blanchard (J.). — Acacia dealbata, 253. —
Bruyères (Les) françaises au point de vue de l’or-
nementation, 202. Canna lUiiflora, 345. —
Climat (Du) et de la végétation, 286. — Gunnera
scabra, culture, 373. — Jardin des plantes de
Saumur, 38.
Blanchard et C.arrière. — Nouvelle espèce de
Pomme de terre, 496.
Boisbunel., — Pomme Reinette verte d' Autriche,
395. — Synonymie de trois Pommes, 180, — Exa-
men de deux variétés de Pommes, 522.
Boisselot (A.). — Les Clématites, 521.
Bouley (L,). — La Vigne et ses ennemis au
Kahsmii'. 260. — Culture de la vigne à Srinagar,
418. — Végétation printanière au Kahsmir, 356.
Bréauté. — Culture des Crotons, 549.
Bruno (Em.). — Culture du Nerine Sarniensis, 94.
Carrelet. — Abris économiques pour les pays
chauds, 464. — Taille du Pêcher, 183.
Carrière (E.-A.^ :
Adenocarpus decorticans . 156
Æschynanthus pulcher 204
Alambics portatifs Valyn 237
Amaryllis bifida 40
Arbres fruitiers (Culture des) à branches
renversées 31
Arrosage des plantes 255
Asperges. Culture sous châssis à froid 558
Begoma Martiana gracilis 372
— Schmidti 56
— florida incomparabilis 511
Betteraves (Origine des) 164
Bibliographie : De l'action du froid sur \les végé-
taux, 82. — Les produits naturels du Tong-King
et des pays limitrophes, 240.
Botanique (De la limite des caractères en). 451
Bromus patulus nanus 233
Cannas nouveaux 515
Céleri blanc ou Céleri Chemin 467
Cinéraires à Heurs doubles 227
Clématite (Nouvelle) 429
Corydalis Sewerzowii 116
Cratœgus Carrierei 108
Dracœna congesta discolor 103
Effeuillage des arbres 546
Evonymus Japonicus fastigiatus (Fructifi-
cation de F) 449
Evonymus sinensis et E. microphyllus ... 37
Exacum affine 512
Exposition estivale d’horticulture à Paris . . . 278
Glaïeuls (Nouveaux) en 1883 443
Fougères, — Nouveau mode de semis 131
Fruitier naturel 332
Fruits. — (De l’éclaircissage des) 301
f’ruits nouveaux ou peu connus (Voir table
alphabétique des matières) 288
Giraumon Petit de Chme. 200
Greffe (Inlluence du sujet dans l’opération
delà) 390
Greffe de Dahlias en écusson 137
— des Fusains à haute tige 330
Greffons (Du choix des) 59
Haricots (Trois variétés de) pour châssis. . . . 348
570
TAELE ALPHABÉTIQUE DES AUTEUBS-
Héliotrope géant 376
Hellébores hybrides. 84
Lespedeza macrocarpa 14
Lilas à petites feuilles 79
— à tleurs doubles 550
Lilium Hansoni 295
— Harrisii 211
Lille au point de vue horticole 63
Maté 527
Mimulus cupreus 284
Mussœnda theifera 93
Navet Petit de Berlin et N. de Teltau
amélioré 465
Oncidium orîujtiiorynchiim snperbum .. . . 542
Oranges triples 19
Pêche A lexis Lepère 448
— Grosse Mignonne hâtive 373
— Petite Mignonne 566
— Précoce Chevallier 276
— (sur quelques) hâtives. 424
Pêchers. Culture à Montreuil 431
— (Nécessité des caractères pour dis-
tinguer les) 406
Phalœnopsis ètuartiana 161
Pinns austriaca foliis variegatis 432
Pivoines (Greffe en écusson de) ligneuses. . . 398
Plantes nouvelles, rares ou peu connues
(Voir table alphabétique des matières). 48, 120
Poire chinoise de Tigerg 61
— dorée de Montgrijjon 96
Poiriers. Obtention de nouvelles variétés. . . 321
Pois nains 490
Pomme (Développement anormale d’une). . . 303
— Calville madame Lesans 113
— Sabarot et P. Etienne Pioux 17
— sans pépin 138
Pommier Châtaignier d'hiver 252
Pommiers greffés sur Poiriers 417
Pomme de terre Excellente naine 102
— Joseph Bigault 518
Prunier Myrobulan à Heurs roses doubles. . . 453
Prunus Pissardi 68
Radis (Trois récoltes dans un même semis. 563
Bobinia j)seudo-Acacia Bessoniana. Multi-
plication 476
Rosier il/nne?<L Origine 142
Biibus rosœfolins coronarius 215
Sécateur-échenilloir 42
Statice Suworoivi 513
Thymus origanoides 38
Tillandsia Zahnl rnagnifica 62
Vaporisateur Landry 306
Vignes tuberculeuses à tiges annuelles. 378, 438
Vriesea BariUeti 394
— tessellata 116
Carrière et Chabas. — Les vignes arabes, 287.
CONFEVRON. — Du calorique chez les plantes, 359.
CoRREVON (H.). — Les Soldanelles, 178.
CoupiGNY (comte F. dej. — FJ.oraison d’un Agave
americana en pleine terre, 518.
Courtois (J.j. — Les Cornichons à rames, 35.
CusiN ET Carrière. — Greffage Treyve du Noyer,
294.
Delaville (Ch.). — Les Hortensias du Parc des
Ruttes Chaumont, 259.
Desbois. — Traitement spécial de la Vigne, 137.
Desmur (F.). — Les produits du jardinage en hiver
à Moscou, 229.
Dolivot (E.). Cassement de la branche charpen-
tière des arbres fruitiers, 184.
Dubois (G.). Culture des Artichauts en Russie, 445.
Duchartre (P.). — Les plantes d’introduction
nouvelle à l’Exposition générale de la Société
nationale d’horticulture de France, 500.
Foissy (A.). — Des Calcéolaires frutescentes, 158.
— Bichardia Æthiopica^ 298.
Gagnaire. — Le pêcher à Bergerac, 475,
Gayot (Eug.). — La rage et son traitement, 502.
Gentilhomme et C.arrière.— Culture des Bruyères,
119, 150, 174, 222.
Godefroy-Lebeuf. — Philodendron Mamei, 492.
Goldring. — Les Cy^iripedium, 350.
Guillon. — Biilbergia rhodocyanea purpurea^
453. — Culture des Calcéolaires hybrides, 203. —
Encholirion roseum variegatum, 470. — La-
chenaiia atirea, 424. — Poiriers japonais (Utili-
sation des) comme porte-fruits, 260. — Serres
(Les) au point de vue de la culture, 161. —
Tulipes hâtives, 371.
Gumbleton (W.-E.). — Étude sur les Abutilons,
246. — Glaïeuls hybrides nouveaux, 563,
Houllet. — Bégonia suaveolens, 83. — Epi-
gBiyllum Guedeneyi, 273. — Tritorna pumila,
420.
Lachaume (J,). — Le commerce des Heurs à New-
York, 349.
Lambin. — Appréciation de quelques légumes, 113.
— Haricots de Soissons, 44.
Lantier. — Etiolage des xArtichauts, 11.
Lebas. — Cannas, Culture pour l’ornementation
d’hiver, 126. — Greffage de la Vigne (Nouveau
mode de), 258, — Raves gigantesques, 63.
Leducq. — Culture des Fraisiers Quatre-Saisons,
428.
Lemoine ( V.j. Pélargoniums zonales, 69.
Leroy, — Les Coulisses-Abris, 544.
Lesueur (V.). — Culture des Chrysanthèmes, 67,
Martin (J. -B.). — Les Vignes tuberculeuses à
Saigon, 182.
Malet. — Culture florale du Xanthoceras sorbifo-
lia et de VExochorda grandi flora^ 107.
May. — Bégonia Davisii superba, 420. — Bordures
toujours fleuries, 18. — Chrysanthème Petite
Marie, 493. — Chrysanthetnuni coronarium
plenissimum, 216, — Cratcegus Lalandei et C.
Lalandei macrocarpa, 68. — Eccremocarpus
scaber, 430. Fuchsia Abel Carrière, 60. — Glo-
xinia diversi/lora, — Layia élégant, 384.
— Légumes nouveaux du Bon Jardmier pour
1883, 152. — Leucanthernuni lacustre, 400. —
Oseille-épinard, 262. — Pin rustique pour plan-
tations urbaines, 133. — Poiriers de la Chine et
du Japon, 539. — Saxifraga ligulata, 158. — -
Scilla campanulata, 65. — Taille à fruit des
Vignes rebelles, 404. — Tritornas, 525.
Montreuillois (Un). — Pêche Earty Béatrice au
point de vue de l'exploitation, 225,
Morel (Fr,). — Campamda turbinata et C. car-
pathica, 143. — Evonymus Japonicns (Variétés
de l’j, 284. — Exposition d'horticulture à Lyon,
470. — Poire Marguerite Marillat, 348, — Ti-
lia dasystyla, 567.
Nanot, — Société pomologique de France, 533.
Naudin (Ch.). — Nouvelles observations sur les
sexes des plantes, 91. — Réflexions au sujet de
la naturalisation des plantes, 282,
Neumann (Louis). — Bégonia hybride Victor Le-
moine, 311.
Poisson (J,). — Iris reticulata et Tecophilœa
cyaneo-crocea, 225,
Pomona. — Fruits nouveaux ou peu connus, 167,
312, 407, 456, 568, (Voir Table alphabétique des
matières.)
Poulin (Marcel). — - Particularités végétales, 342.
Pulliat ( V.). — Les fruits, la Vigne et le phylloxéra
dans le sud-est, 327. — Raisin de Saint-Pierre ou
du Saint-Père, 177.
Rijk (F. de). — Arbre à savon, 11. — Methonica
superba, Tl. — Régions peu connues du sud-est
de Java, 304.
Rivoire. — Les Glaïeuls, 95. — Conservation des
graines, 538.
Romanet du Caillaud. — Spinovitis David i et
Vitis Bomaneti, 53.
Sacc (DQ, — Solanurn platense, 210.
Sallier (J.) fils. — Arrosoir Vallerand, 213. —
TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES COLORIÉES ET DES MATIÈRES.
Exposition de la Société d’horticulture de Seine-
et-Oise, à Versailles, 262. — Exposition de Chry-
santhèmes en Angleterre, 551. — Floraison si-
multanée de deux Dasylirions, 442. — Floraison
de deux Agave filifera^ 501. — Ortgiesia til-
landsioides, 157. — Plantes en terrine (Une
collection de), 322. — Richardia Æthiopica
maxima, 429. — Teinture des panicules du
Gynérium ^ 111.
SiSLEY (J.j. — Shortia Californica, 41.
Thays (Ch.). — Les Anœctochilus et leur culture,
369. — Plantes utiles cultivées au Paraguay, 493.
— Chrysanthèmes (Choix de), 134. — Correa (Cul-
ture des), 299. — Eucalyptus (Les) en Angleterre
et dans 1 Ouest, 414. — Franciscéas, culture, 509.
— Les Gyrnnogramme, 543. — Masdevallia,
culture, 83. — Meeting international des horti-
culteurs à Gand, 212. — Orchidées, culture au
soleil, 401. — Richardia Æthiopica, traitement
d’été et d’automne, 336.
571
Thomayer (F.). — De la classification des Pommes,
85.
Tricotel. — Constructions rustiques, 425.
Vallerand (Eug.j. — Cultures potagères aux envi-
rons de Menton, 198. — Effets des inondations
sur les arbres fruitiers et sur les plantes potagères
382. — Haricot zébré, 526. — Impatiens Sidtani,
^ 449.
Verlot (B.). — Exposition vernale de la Société
nationale et centrale d’’horticulture de France,
190.
Wanderer. — Concours de visites de jardins, 227.
j — Fleurs d’arrière-saison, 513.
Weber (J.j. — Sedum sempervivum et Crassula
ruhicunda, 139.
W’iESENER. — Tricyrtis hirta, 297.
Yvon (J. -B.). — Culture du Ramondia pyrenaiea,
i 16.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES COLORIÉES
'' A denocarpus decorticans, 156.
'^Anthurium Ferrierense, 540.
^Æschynanthus pulcher, 204.
'^Regonia Martiana gracilis, 372.
''Bégonias tubéreux, 252.
vRillbergia thyrsoidea splendida, 300.
vRomarea Katbreyeri, 516.
vCaladium V Automne, 228.
vCaraguata cardinalis, 12.
'^Cairtguata sanguinea, 468.
^Cattleya calummata, 564.
Æratœgus Carrierei, 108.
'''Dendrobium eburneum, 132.
''Fuchsia Abel Carrière, 60.
''Hellébores hybrides, 84.
'*Liatris injcnostachya, 324.
^Monnina obtusifolia, 444.
vOnoseris Drakeana, 180.
vPêche Précoce Chevallier, 276.
vPhilodendron Mamei, 492.
vPoire Marguerite Marillat, 348.
vRhubarbes (nouvelles) hybrides, 420.
'^Stenomesson Hartwegii, 396.
Streptosolen Jamesoni, 36.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES FIGURES NOIRES
Akebia quinata, 320.
Alambic portatif Valyn, 238.
Ampélopsis dissecta, 318.
Anthurium Andreanum, 224. — A. Ferrierense,
540.
Arrosoir Vallerand, 213.
Aubépine remontante de Bruant, 140.
Barrière de parc, 44.
Regonia florida incomparabilis, 512. — R. Mar-
tiana gracilis, 372. — R. Schmidti, 56, 57.
Bougainvillea spectabilis, 393.
Promus patulus nanus, 233.
Rursaria spinosa, 274,
Calville (Pomme de) poussée sur un scion de
l’année provenant d’un écusson, 303.
Capucine de Lobb, 319.
Caraguata sanguinea, 468. — Caraguata san-
guinea, figures analytiques, 469.
Cassoir Dolivot, 186. — Cassoir Loriant, 186.
Chalet rustique, 426.
Charrue cachemirienne, 356.
Cissus porphyrophyllus, 560.
Clematis cirrhosa, 394.
Corbeille de fleurs, 160.
Corydalis Sewerzowii, 114.
Coulisses-abris circulaires, 545.
Cresson alénois très-frisé, 152.
Cueille-fruits, 42.
Cypripedium Loicü, 352. — Cypripediurn purpu-
ratum, 353.
Dahlias. Greffe en écusson, 137.
Evonymus Japonicus fastiqiatus (Ramille fructi-
fère de U), 449.
Exacum affine, 512.
Giraumon Petit de Chine, 200.
Gloxinia diversiflora, 248.
Haricot Ronnemain, 152.
lardin d’hiver construit en fer. Élévation et plan,
520.
Jasminum officinale, 392.
Kalmia myrtifolia, 10.
Kiosque à jour en fer rustique, 62.
Laitue romaine ballon, 153.
Lawn-Tennis (Jeu de), 257.
Lawn-Tennis (Place duj, au Parc des Roches, 258.
Leucanthemurn lacustre, 400.
Lilas Varin, jeune plantule, 80.
Liliurn Hansoni, 296. — Lilium Harrisii, 211.
Mimulus cupreus, 284. Mimulus tigrinus, 284.
— Mimulus variegatus, 284.
Navet Petit de Rerlin, 466. — Navet de Teltau
amélioré, 466.
Oignon blanc Globe, 153.
Oranges triples, 20.
Passif ora atomaria, 201. — Passifora edulis, 489.
Pêche Petite mignonne, 566.
Philodendron Mamei, 104.
Phyllanthus Chantrieri, port et fleurs, 537.
— salviœfolius, port, fleurs mâles et
femelles, 176.
Physianthus albens, 488,
Pivoine en arbre (Greffe en écusson d’une) sur une
racine de Pivoine herbacée, 399.
Plantations au parc du Trocadéro, 129.
Poirier soumis à la forme anglaise, 31.
Pois sans parchemin très-nam à châssis, 153.
Pomme de Calville poussée sur un scion de l’année
provenant d’un écusson, 303.
Ponjme de Calville Madame Lesans, 113.
Pomme de terre Ohrond, 499.
Porte-fleurs pour boutonnière, 91.
Pritchardia Vuylstekeana, 329.
Prunus Pissardi (Fruit du), 69.
Prunus triloba (Fruits mûrs et noyau du), 368.
Ramondia pyrenaica, 16.
Scillo. campanulata. Coupe d’un oignon, 63.
Scindapsus pertusus, 561.
Sécateur-échenilloir, 42.
Selenipedium caudatum, 351.
Senecio deltoidjnis, 416.
Serre-galerie, 159.
Shortia Californica, 41.
572 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Solanum OJirondii, 499.
Statice Siiivoroivi, 512.
Sijringa persica laciniata, plantule, 80. — S\j-
ringa persica laciniata, rameau avec fruits, 80.
- Sgringa Bothomagensis ou Lilas Varin ;
jeune plantule, 80.
Trocadéro (Plantations au parc du), 129.
Vaporisateur Landry, 307.
Veitchia Joannis, 344.
Vigne de Cochinchine. Graines, 441. — Vigne de
Gochinchine. Grappe, 440. — Vigne de Cochin-
chine. Grappillon, 441. — Vigne de Cochinchine.
Jeune plantule, 441. — Vigne de Cochinchine.
Souche, 440.
Vitis Durandi. Tubercule et feuille, 381. — Vitis
Lecardi. Jeune plante d'un an de semis, 380. —
Vilis Lecardi. Tubercule, 380.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
A
Abris économiques pour les pays chauds, 464.
Abutilons (Études sur les), 246.
Acacia, une plante rageuse, 245. — A. deaîbata,
253; variations dans Tépoque de floraison, 387.
Acer Schiveidleri (Couleur de U), 341.
Achgranthes et Gnaphaliurn lanatum en arbres,
243.
Adenocarpus decorticans, 156.
Æcidium cancellatum. — Champignon du Poirier,
475.
Aerides (Un nouvel), 482.
yEschynanllnis pulcher, 204.
Æscutus intermedia, 268.
Agathea cœlestis, sa culture, 166.
Agave (Floraison d’un) Celsiana, 314. — Floraison
de deux A . filifera, 501. — Floraison d’un A .
Americana en pleine terre, 518.
A k ebia guinala, 320 .
Alambics portatifs Valyn, 237.
Alcool de Topinambours, 435. — de Melon, 531.
Algérie (Reboisement de T), 472.
Allées (Destruction de l’herbe des), 293, 403.
Amaryllidées exotiques, leur végétation, 14.
Amargllis bifida, 40.
AiJipeiopsis dissecta, 318.
Ananas (Culture dans la mousse de U), 506.
Anaictochilus (Les) et leur culture, 369.
Anjou (La température et l’horticulture en), 8. —
Le commerce des fruits. 331.
Animaux. (Influence des milieux sur les), 316.
A)ithurium Andreanum, 28, 172, 223. — A. splen-
didiün, 292. — A. Ferrierense, 540.
Aphgllanlhes Monspelliensis, 291.
Arbres. Protection contre les ravages des lapins,
340.
Arbres fruitiers. Le bouturage, 435. — A. fruitiers
à branches renversées, leur culture, 31. — A.
fruitiers de semis de la villa Tourasse, 193. —
Précautions à prendre pour garantir les fleurs
contre les froids, 51.
Arbre à la vache, 196. — A. à savon, 11.
Araucaria imbricata, 196. — A. Cunninghami,
floraison en Europe, 171.
Armeria Mauritanica, 120.
Arrosage des plantes, 255. — A. en plein soleil,
334.
Arrosoir Vallerand, 213.
Artemisia marilima, plante précieuse pour lixer
les dunes, 74.
Artichauts. L’étiolage, 11. — Culture aux environs
d’Angers, 58. — A propos d’un semis de graines,
100. — Culture en Russie, 445.
Association de Genève pour la protection des plan-
tes alpines, 76, 122.
Asperges. Emploi du silicate de potasse, 90.
Culture sous châssis à froid, 558.
Aubergines (Maladie des), 457. — A. monstrueuse
de New-York, 113, 3)6.
Aucuba (Affinité des genres Garrga et), 291.
Azalées. Floraisons anticipées, 5. — Emploi des
Azalea inollis sous le climat de Paris, 2l8.
Azalea narcissiflora, 6.
B
Barrière de parc, 44.
Bassinages chimiques, 244, 293.
Bégonia Davisii superba, 420. — B. florida in-
comparabilis, 511. — B. hybride Victor Le- I
moine, 311. — B. Martiana gracilis, 372, 529. —
B. Pictavensis ou Bruanti, 8, 52. — JB. Schmidt i,
56. — B. suaveolens, 83.— Nouveaux Bégonias
tubéreux, 252. — B. dont les feuilles se tachent
et pourrissent, 496.
Berberis Thunbergii, 48.
Bergamote d’hiver de Furstenzell, 407.
Betteraves Leur origine , 165. — (Dichroïsme
d'une), 244. — B. rouge naine de Dell, 152. —
B. rouge, plate, de Trévise, 152. — B. rouge de
Gardanne, 152.
Bibliographie. Les produits du Tong-King et des
pays limitrophes, 7, 240.— De l’action du froid
sur les végétaux pendant l’hiver 1879-80, 7,
82. — Album Benary,9D. — Dictionnaire bota-
nique de M. le docteur Bâillon, 98. — Flore des
serres et des jardins de l’Europe, 217. — Le
Généra plantarum, 194. — Palmiers brésiliens,
239. — Les Plantes potagères, par Vilmorin, 29.
— Traité élémentaire d’arboriculture fruitière,
246. — Traité de botanique médicale, 342. —
Marseille horticole, 509.
Bibliothèque de feu M. Decaisne (Vente de la),
121.
Billbergia rhodocyanea purpurea, 453.— L’. thyr-
soidea splendida, 300.
Bois (Durée du), 413.
Bomarea Kalbreyeri, 516.
Bordures toujours fleuries, 18.
Boutons à fruits (Formation rapide des), 6.
Botanical Magazine. Table générale, 362, 389.
Botanique (De la limite des caractères en), 451.
Bouturage d’arbres fruitiers, 435.
Boutures (Sur l’enracinement des), 378.
Brahea Boezlii, 27, 102.
Briot. Sa nomination comme jardinier-chef des pe-
tit et grand Trianon, 339.
Broméliacées (Synopsis des genres de), 270.
Bromus patulus nanus, 233.
Bruyères. Arrosage pendant l'hiver, 27. — Leur
culture, 119, 150, 174, 222. — B. françaises au
point de vue de l’ornementation, 202.
Bursaria spinosa, 273.
C
Cactus gigantesque, 460.
Café. Culture au Paraguay, 494. — C. Maragogipé,
532.
Calorique (Du) chez les plantes, 359.
Caladium V Automne, 228.
Calcéolaires (Des) frutescentes, 158. — (Culture
des) hybrides, 203.
Camellias. Floraisons anticipées, 5. — Sur leur
rusticité, 218.
Camphriers ( Les) de la péninsule malaise, 554.
Camjianula turbinata et C. carpathica, 143, 508.
Cannas. Culture pour l’ornementation d’hiver, 126.
— C. nouveaux, 515. — C. Annei, rusticité et
robusticité, 433, 496. — C. liliiflora, floraison,
173, 345.
Canne à sucre. Culture au Paraguay, 494.
Capucine de Lobb, 319.
Caraguata cardinalis, 12. — C. sanguinea, 468.
Culture du Caraguata au Paraguay, 494.
Carbotineum, d'A .
Cassement de la branche charpentière des arbres
fruitiers, 184
Cassoirs Loriant et Dolivot, 186.
Cattleya (Patrie des) 292. — C. Sanderiana, llo-
573
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
raison, 460. — C. labiata, 556. — C. cahimmata,
550.
Céleri blanc ou C. Chemin, 467, 529.
Céleri-rave gros lisse, de Paris, 114.
Centradénias (Culture des), 486.
Cercle pratique d’arboriculture et de culture de
Seine-et-Oise, 52.
Charlatans horticoles, 171.
Chænomeles Japonica Simonii, 275.
Champignon du Noyer, 343.
Champignons (Conservation des), 531.
Chemins de fer La circulation des plantes et la Con-
vention de Berne, 97, 169, 170, 220, 241, 265, 365.
Chenilles (La chasse aux), 194.
Chicorée sauvage à feuilles pourpres, 74. — C.
troyenne, 115.
Chloranthie (Nouvel exemple de), 99.
Chlorose (Guérison déjà; des plantes, 75, 123.
Choux. Repiquage, 267.
Chou-fleur monstrueux, 123. — C. nain hâtif Al-
leaume, 152.
Chou frisé vert demi-nain, 153.
Chutes du Niagara (Protection artistique des), 461.
Chrysanthèmes. — Culture, 67. — Choix de va-
riétés, 134. — Exposition en Angleterre, 551. —
C. Petite Marie, 493.
Chrysanthernum coronarium plenissimiim, 216.
Chufa d’Espagne. — Essai d’acclimatation, 316.
Cinéraires à fleurs doubles, 227.
Citriis triptera. 335.
Clematis Jackmayini alha, 411.
Clématites, 521, — C. nouvelles, 429.
Climat (du) et de la végétation, 286.
Clivias (Les) de M. Duval, 222.
Coignassiers à fruits, nouvelles variétés, 385.
Columnea, 308.
Commerce horticole. — Est-il une industrie ? 99.
Concombre du Sikkim. — Essai d’acclimatation,
316 — C. vert géant de Quedlinbourg, 153.
Concours général agricole de Paris. — Les fruits
et les légumes, 105. — C. d’horticulture à Saint-
Étienne, 314. — C. horticoles à Montreuil et à
Vincennes, 434. — C. de visites de jardins, 227.
— C. de trufficulture, 52. — (V. Expositions).
Conférences agricoles, 290.
Congrès d’horticulture de .Marseille, 338. — C. de
pomologie, 292. — C. pomologique de Montmo-
rency, 437.
Conserve de fruits dans le miel, 413.
Constructions rustiques, 425.
Convention de Berne (Vexations exercées au nom
de la), 290. — (V. Chemins de fer).
Corbeille de fleurs, 160.
Cornichons à rames, 35.
Correa (Culture des), 299.
Corydalis Sewerzoïvii, 116.
Corylopsis spicata, 194.
Couiisses-Abris (Les), 544.
Courge de Boston. — Essai d'acclimatation. 315. —
C. de Siam, 315.
Cours d’arboriculture de la Ville de Paris, 269,
508. — C. publics et gratuits d'arboriculture à
Lillô, 73.
Crassula rubicunda, 139.
Cratœgus Carrierei. 108. — C. Lalandei et C.
Lalandei macrocarpa, 68. — C. oxyacantha
semperflorens , 140.
Crème de Groseilles à maquereau, 363.
Cresson alénois nain très-frisé, 153.
Crinodendron Hookerianum. 341.
Criniun Kirkii, 315.
Crotons (Culture des), 549.
Cucurbita meloniformis. — Essais d’acclimatation,
315.
Cultures potagères aux environs de ^lenton, 198.
Cyclamen monstrueux, 268.
Cypripedium, 350.
»
Dahlias. — Greffe en écusson, 137. — - D. à fleurs
simples et à fleurs doubles, 458. — D. Corne-du-
Diable, 436. — D. simples, 491.
Daïkons au point de vue économique, 77.
Dasylirions (Floraison simultanée de deux), 442.
Decaisne (Vente de la bibliothèque de feu M.i,
241.
Dendrobium Dearei, 410. — D. eburneurn, 132.
Dichroïsme d’une betterave, 244.
Diefjenbachia (Le genre), 249.
Dimorphisme (Un singulier), 196.
Diospyros (Multiplication des), 483, 509.
Dipladenia . — Culture, 78.
Dvplotaxis erucoides, 7 1 .
Dracæna conyesta discolor, 103.
Dunes {WArtemisia marithna pour fixer les), 74.
E
Eccremocarpus scaber, 430.
Echenillage des arbres, 101.
Eclaircissage des fruits, 301.
Ecole d’arboriculture de la ville de Paris. — Liste
des élèves inscrits, 26.
Ecole d’horticulture de Versailles. — Addition au
matériel, 52. — Rentrée de 1883, 365, 483.
Ecole d’horticulture en Italie, 219.
Effeuillage des arbres, 546.
Encholirion roseurn variegatum, 470.
Epinard à feuilles cloquées, 153. — Un succédané
de l’Epinard, 262.
Epiphyllum Guedeneyi, 273.
Essieu propulseur; 507.
Etiquettes en zinc, 76.
Eucalyptus (Les) en Angleterre et dans l’Ouest,
414”
Evonyrnus Japonicus. — Ses variétés, 233, 284, —
Genre de ce mot, 388. — E. Japonicus fastigia-
tus, fructifi):ation, 449. — E. sinensis et E. mi-
crophyllus, ol.
Exacurn affine, 512.
Exochorda grandiflora, 107, 243.
Expédition botanique au cap Horn, 121.
Expositions. — E. d’horticulture d’Amiens, 169;
d’Armentières, 318; de Cannes, 81 ; de Dieppe,
244,266; d’Epernay, 218; d’Etampes, 340 ; du
Hâvre, 99; de Lyon, 289; compte rendu, 470; de
Marseille, 75, 148; de Mirecourt, 367 ; de Nice,
292,461; d’Orléans, de Rouen, 266; de Saint-
Etienne, 414; de Saint-Germain-en-Laye, 242 ;
de Saint-Mandé, 367; de Saint-Maur-les-Fossés,
339; de Tours, 446; d’Erfurt, de Dresde, 290; de
Birmingham, 367. — E. générale et régionale de
Troyes, 97. — E. de la Société nationale d’horti-
culture de France, 190, 193, 241, 278, 302, 462.
— E. internationale d’horticulture à Boston, 242;
— d’Amsterdam, 25, 101; de Gand, 25, 75, 205;
de Lille, 290; de South-Kensington, à Londres,
461; de Saint-Pétersbourg, 25, 73, 121, 150. —
E. de la Société d’horticulture d’Orléans et du
Loiret, 246; de la Société d’horticulture de
Seine-et-Oise, à Versailles, 262. — E. générale
des produits de l’horticulture à Ostende, 314. —
E. internationale d’horticulture à Paris en 1885,
266. — E. horticoles en Angleterre, 437. — E.
d'Orchidées, 268. — E. des rosiéristes de Brie-
Comte-Robert et Grisy-Suisnes, 195, 222, 337. —
E. internationale de Pommes de terre, 195, 460.
F
Feu (Enduit préservatif contre le feu), 553.
Figue San Pietro ou Mecklingea, 4o8.
Fleuriste de la Muette (Translation du), 361.
Fleurs. — Conservation. 100. — F. coupées à Pa-
ris et à Londres, 172. — Moyen de prolonger
leur durée, 267. — Rétablissement de la tur-
. gescence des fleurs fanées, 291. — Le commerce
des fleurs à New-York, 349. — Les fleurs dans
les rues, à Paris, 508. — Fleurs d’arrière-saison,
513.
Flore de Madagascar, 125.
Fougères. — Nouveau mode de semis, 131.
Fourmis. — Destruction, 243.
Fraisiers (Maladie des), 277. — F. Quatre-Saisons,
428, — F. cultivés dans la mousse, 481,
Franciscéas. Culture, 509,
574
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Frêne -Pleureur (Développement remarquable
d’un), 315.
Froid. — Précautions à prendre pour garantir les
fleurs des arbres fruitiers, 51. — Effets dans le
midi de la France, 162. — Conservation des
fruits, 506.
Fruitier naturel, 332.
Fruits. — Le commerceidans l’Anjou, 331. — Con-
serve dans le miel, 413. — Conserve par le froid,
98. — La maturation, 149. — Les fruits à Mon-
treuil en 1883, 289. — De l’éclaircissage, 301. —
Effeuillage et ciselage, 338. — Les fruits dans le
sud-est, 327. — Fruits passés, leur utilisation,
242. — Conservation par le froid, 506. — Fruits J
tombés, leur utilisation, 409.
Fuchsia Ahel Carrière, 60.
Fusains (Greffe des) à haute tige, 330.
G
Gardénias (Les) en Angleterre, 293.
Garrya (Affinité des genres) et Aucuha, 291.
Germeuse (La), 531.
Giraumon Petit de Chine, 200.
Glaïeuls, 95. — G. nouveaux, 437, 443, 563. —
(Ognons de), 529.
Gloxinia diversiflora, 247.
Gnaphalium lanalum en arbre, 243.
Graines (Conservation des), 538.
Greffage Treyve du Noyer, 294 , 347. — Nouveau
mode de greffage de la Vigne, 258. — G. à che-
val, 90. — G. en écusson de Pivoines ligneuses,
398. — G. des Fusains à haute tige, 330. — In-
fluence du sujet dans l’opération de la greffe,
390. — Un nouveau sujet pour la greffe des Ro-
siers (iIo6'a poZ;/ an//? a), 317. G., de Pommiers
sur Poiriers, 417. — G. de Rosiers sur semis
d’Eglantiers, 390, 438. — G. « sur genoux » des
Pommiers, 385.
Greffons (Du choix des), 59.
Gunncra scahra, 373, 437.
Gymnogramme (Les), 543. — G. schizophy lia, '20)9.
Gynérium, — Teinture des panicules, 11 i.
Halles de Paris. — Approvisionnement, 385.
Haricot Bonnemam, 154. — H. blanc géant sans
parchemin, 151. — H. chocolat nain, 348. — H.
de Genève ou de Plainpalais, 154. — H. nain
hâtif de Chalindrey, 348. — H. saumon du
Mexique, 348. — H. de Soissons, 44. — H. zé-
bré, 526.
Helichrysum rosmarini folium, 484.
Htdiotrope géant, 376.
Hellébores hybrides, 84.
Herbes (Destruction des mauvaises) dans les allées
et les cours, 293, 403.
Hortensias du parc des Buttes-Chaurnont, 259.
Houblon (Conserves de), 366.
Hygromètre végétal, 219. — Souvenir hygromé-
trique de l’Exposition d’horticulture, 242.
I J K
Impatiens plalypetala, 409. — J. Sultani, 76,
290, 449.^
Inondations. — Leurs effets sur les plantes 359,
382.
Insectes (Destruction des), 26, 316.
Iris reticulata, 225.
Jardin d’acclimatation d’Hyères, 49, 400.
Jardins et parcs de la ville de Paris. — Nomination
de M. Laforcade comme jardinier en chef, 124.
Jardin des plantes de Saumur, 38.
Jardin Dognin, à Cannes, 29.
Jardins d’hiver, construction, 519.
Jardinage (Les produits du) en hiver à Moscou,
229.
Jasminum affine, 339.
.lava. — Régions peu connues du sud-est, 304.
Kahsmir (La Vigne et ses ennemis auj, 260. —
Végétation printanière, 356. — Culture de la
Vigne à Srinagar, 418.
Kalmia latifolia (Intoxication par les graines du),
363. — K. myrti folia, 10.
Keteleeria Fortunei (Le plus fort) de l’Europe,
149.
Kiosque à jour en fer rustique, 62.
Kumara (Le), 556.
Lachenalia aurea, 424.
Laitue frisée d’Amérique, 114. — L. frisée de Cali-
fornie, 316. — L. Lortois, 154. — L. romaine
ballon, 154.
Lapageila (Transplantation des), 481.
Lamium maculatmn aureum, son emploi, 292.
Lapins (Protection des arbres contre les ravages
des), 340.
Lawn-Tennis, 256.
Layia élégans, 384.
Légion d’honneur. — Décorations à l’horticulture,
337.
Lepère (Inauguration du monument d’Alexis), 316,
388.
Lepidoph orum repandum ,60 .
Lespedeza macrocarpa, 14.
Leucanthemum lacustre, 400.
Lézards (Chasse aux), 403.
Liatris pycnostachya, 324.
Lierre à fruits rouges, 51.
Lilas (Des) à petites feuilles, 79. — L. à fleurs
doubles, 550. — Duplicature spontanée, 266. —
Les expéditions de Lilas blanc en Angleterre, 73.
— Floraison anormale, 530,
Lilium Canadense rubrurn, 410. — L. Hansoni,
295. — L. Harrisii, 211.
Lille au point de vue horticole, 63.
Limaces, — Destruction, 195,
Lis, — Origine du Lis blanc, 122. — Arrivage de
Lis japonais, 50. —Nouveau mode de multiplica-
tion des Lis, 505.
Lunaire bisannuelle, plante nouvelle pour bouquets
d’hiver, 386.
IW
Magnolia Camphelliœ, 28, 315. — M. Lenné, 315.
Mahonia fascicularis, 124.
Manulea oppositifolia, 6.
Marchés aux fleurs (Visite des), 245. — Marché du
Château-d’Eau, 414. — M. permanent, 485.
Marronnier (Variations du) à fleurs rouges, 314.
Marrubium Vaillantii, 366.
Mas (M.) et la Société d’horticulture de l’Ain, 553.
Masdevallias (Culture des), 83.
Mastic à gretTer à froid, 244, 339, 387.
Maté, 527. — Culture au Paraguay, 494.
Medinilla Curtisii, 555.
Meeting international d’horticulture à Gand, 148,
212, 221.
Melon. — M, blanc du Japon, 316. — M. brodé Boule
d’or, 154. — M. Cantaloup de Vaucluse, 154. —
M. d’eau hâtif Seikon, 154. — Guérison du
chancre, 7. — Alcool de Melon, 531.
Mère artificielle, 220.
Methonica superba, 72,
Metrosideros tomentosa, 378.
Mexique (Plantations nouvelles au), 532.
Microcachrys tetragona, fructification, 51.
Miel (Conserve de fruits dans le), 413.
Mildiou (Extension du), 410.
Mimulus cupreus, 284.
Mirnusops Balata. — Un singulier empoisonne-
I ment, 28.
Monnina obtusifolia, 444.
Mouches phytophages, 218,
Mousse (Culture des Pommes de terre dans la),
435, — (Culture des Ananas, 506.
Moutarde tubéreuse, 266.
Murucuja, 316.
Musa Ènsete à feuilles panachées, 123.
Muscade (La), 554.
Mussœnda theifera, 93.
IV
Narcisses. — Particularités végétales, 342.
Naturalisation des plantes, 282.
575
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Navet très-hâtif de Milan, 154. — N. petit de
Berlin et N. de Teltau, 340, 465.
Nécrologie : MM. A. F. Barré, 174 ; Bocquillon,
293; Buchetet, 390; Charpentier, 293; Cottin
(Alfred), 461 ; J. G. Croux, 125; G. Duval Jouve,
509; Duvivier, 198; H. B. Ellwanger, 486;
Gaillardot, 509; D. Granger, 462; Harpur Crewe,
462; Lamotte (Martial), 125; U. Lévêque, 9;
J. de Liron d’Airoles, 29; Pedicino, 509; Sadler,9;
W. Sargent, 28 ; Siemens, 557. H. Thierry, 269.
Nénuphar (Un nouveau), 246.
Nepenthes Mastersi, 149.
Nerine Sarniensis. — Culture, 94.
Neviusia Alahamensis^ 173.
Niaouli, 76.
Noyer. — Greffage Treyve, 294, 347.
NuttalUa cerasiformis, 173.
O
Odontoqlossum Euqenes, 337. — O. Roezlii flore
albo, 120.
Oïdium. — Nouveau remède, 433.
Œillet Mignardise. — Un nouveau type, 75. —
O. Mignardise remontant, 505.
Oignon blanc Globe, 155. — O. jaune de Ville-
franche, 114. — O. russe de conserve. 155.
Oiseaux (Les Wellingtonias et les), 217, 265, 313,
364, 412.
Olivier. — Fructification à Brest, 457.
Oncidium ornithorynchum superbum, 542.
Ononis Natrix, 458.
Onoseris Drakeana, 180.
Oranges triples, 19.
Orchidées. — Les Orchidées dans le midi de la
France, 221. — Culture en chambre des Orchi-
dées tropicales, 346. — Culture au soleil, 404. —
Floraison remarquable, 364. — O. gigantesque,
409. — Le prix des Orchidées en Angleterre, 290.
— Suspension nouvelle, 458. — O. en fleurs chez
M. Bleu, 507.
Ordre de Léopold. — Décoration de M. A. Lavallée,
509.
Orme du Nord, 507 .
Ortgiesia tülandsioides, 157.
Ouragan à Angers, 289.
P
Palais Je Cristal français, 146.
Palissage au papier, 98.
Panorama pour l’histoire naturelle, 486.
Paraguay (Plantes utiles cultivées au), 493.
Parcs paysagers, les plantations, 127.
Passiflora atomaria, 201.
Passiflores hybrides, 332. — P. de la Nouvelle
Grenade, 173.
Pavonia. — Un intéressant hybride, 196.
Pêches. — Quantité récoltée annuellement à Mon-
treuil, 362. — P. Amsden^ 385, 410, 459. —
P. Early Beatrix au point de vue de l’exploita-
tion, 225. — P. Grosse Mignonne hâtive, 373. —
P. Petite Mignonne, 566. — P. A lexis Lepère,
448. — P. Précoce Chevallier, 276. — P. hâtives,
361, 424. — P. hâtives américaines, 314. — P. tar-
dives, 529.
Pêcher (Le) à Bergerac, 475. — Culture à Mon-
treuil, 431. — Nécessité des caractères pour dis-
tinguer les Pêchers, 406. — La taille, 183
Pelargoniums zonales, 69.
Peristeria elata. — Culture, 174, 537.
Persil à feuilles de Fougère, 114.
Pé-tsaïe de Mongolie, 266.
Phalangium lineare foins variegatis, 484.
Phalœnopsis Sanderiana, 363. — P. Stuartiana,
161.
Phaseolus radiatus. — Essai d’acclimatation ,316.
Phyllanthus salviœfolius, 175 ; Chantrieri, 537;
Phyllocalux edulis, 409.
Philodendron Mamei, 104, 492,508.
Phylloxéra. — Ses ravages, 27, 121, 327; en Angle-
terre, 362 ; en Australie, 217 ; en Italie, 411 ; en
Sardaigne, 313. — Le prix de 300,000 francs,
219. — Lutte contre île phylloxéra, 366‘. — Le
commerce horticole et le phylloxéra), 485.
Physalîs peruviana, 315.
Pin rustique pour plantations urbaines, 133. —
Concours sur la culture des Pins en Sologne, 245.
Pinetum Britannicum, 554.
Pinus austriaca foliis variegatis, 422. — P. Pence,
144.
Pivoines (Greffe en écusson des) ligneuses, 398.
Plagiolirion horsmani, 362.
Plantations dans les parcs paysagers, 127.
Plantes (Du calorique chez les), 359. — Collection
de plantes en terrines, 322. — Effets des inonda-
tions, 360. — P. chinoises, culture expérimen-
tale, 266. — P. égyptiennes de l’antiquité, 293. —
P. grimpantes, 318, 391, 487, 559. — P. bulbeu-
ses de l’Asie centrale, 482. — P. d’introduction
récente à l’exposition de la Société nationale
d’horticulture de France, 500.
Pluie de pollen, 362.
Poire Barillet-Deschamps, 167. — P. Belle des
Abrés, 408. — P. Bési de Chaumontel, erreur
par synonymie, 26. — P. Charles Cognée, 529,
565. — P. Chinoise de Tigery, 61. — P. Léoti
Déjardin, 168. — P. Directeur Alphand, 267.
— P. dorée de Montgriffon, 96. — P. Etric-
tiade, 77. — P. Gros-Trouvé, 168. — P. Mar-r
guerite Marillat, 348, 387, 428. — P. Beine des
tardives, 568. — P. Shobden Court, 408. — P. Tar-
dive d^ Anvers, 456. — P. Victoria Williams,
288. — P. monstrueuses, 243.
Poirier, cas de floraison précoce, 170, 266. — Ob-
tension de nouvelles variétés, 321. — h'Æci-
dium cancellatum, 475. — Utilisation des Poi-
riers japonais comme porte-fruits, 260. — P. de
la Chine et du .lapon, 539.
Pois Criterion, 114. — P. Fillbasket, 114. — P.
Merveille d' Amérique, 115. — P. Merveille
d'Étampes, 153. — P. sans parchemin très-nain
à châssis, 155. — P. Shah de Perse, 114. — P.
Téléphone, 114. — Variétés de Pois nains, 490.
— Polygonum Sachalinense, 388.
Pommes. — Classification, 85. — Développement
anormal d’une Pomme, 303. — Synonymie des
Pommes Locy, Quétier, Duchâtel, 180. — P.
de Bretagne ou Drap d'or de Bretagne et
P. Golden noble, 522. -- P. Calville Madame
Lesans, 113. — P. Etienne Pioux, 17. — P. Mill-
iers Spitzapfel, 167. — P. Beinette von Go-
mond, 528. — P. Beinette verte d' Autriche, 395
— P. Sabarot, 17. — P. Sans pépin, 138. — P.
Wagener, 456.
Pommes de terre. — Culture dans la mousse, 435.
— Exposition au Palais de Cristal, 460. — P. de
terre Éléphant blanc, 25, 115. — P. de terre
Excellente, naine, 102. — P. de terre Joseph Bi-
gault, 518. — P. de terre de Malabry, 115. —
P. de terre Ohrond, 496.
Pommiers. — Greffe sur genoux, 385. — P. greffés
sur Poiriers, 417. — Variétés résistantes, 155,
479. — P. à couteau croissant à l’état sauvage,
122. — P. châtaignier d’hiver, 252 — P. Paradis
jaune, 338. — P. Reinette Ohio, 167.
Pomologie (Histoire de la), 532.
Populus alba Bolleana, 52.
Porte-fleurs pour boutonnière, 90.
Poteaux (Conservation des), 291.
Pots. — Lavage, 197.
Primes d’honneur en faveur de l’horticulture et de
la petite culture, 242.
Primevères. — Nouvelles espèces, 27.
Pritchardia filifera (Le) à Lisbonne, 5. — P.
Vuylstekeana, 329.
Prix Laisné à l’établissement des pupilles de la
Seine à Villepreux, 389.
Professeur d’arboriculture de la Ville de Paris. —
Nomination de M. Nanot, 241.
Promenades dans les jardins du Midi, 21.
Prunes d’automne de Schamal. 312. — P. Quetsche
de Létricourt, 312 — P. Yellow Damask, 407.
Prunier. — Les premières fleurs en 1883, 146. —
Production spontanée d’un Prunier à fleurs dou-
bles, 243. — P. Myrobolan à fleurs doubles,
453.
576
TABLE ALPHABÉTIQUE 'DES MATIÈRES.
Prunus J acqiiemonti, 861. — P. Pissardi, Q8,
48*2. — P. triloba (Fructification du), 367.
Pucerons (Nouveau procédé pour détruire les) du
Pêcher, 7.
Puceron lanigère du Pommier, 147, 327, 386, 507.
Pudding de Roses, 363.
Pueraria Thunbergiana. — Prix fondé par le Jar-
din d’Acclimatation, 266.
Punaises (Remède contre les), vulgairement Tigres
de bois, 365.
Q R
Quinquina (Acclimatation du) dans l’Assam, 532.
Radis (Trois récoltes dans un même semis, 563.
Rage (La) et son traitement, 502.
Ramo7idui pyre7iaica. — Sa culture, 16-
Raisin Glady, 435. — R. de Saint-Pierre ou du
Saint-Père, 177. — Conservation des Raisins,
505. — Nuilure des Râlles, 530.
Raphanodes (Les), 530.
Raves gigantesques, 63.
Reboisement de l’Algérie, 472.
Revue des publications étrangères, 454, 477.
Rhododendrons à fleurs doubles, 278. — Les mas-
sifs, 457. — R. hybride nouveau, 485.
Rhubarbe (Conserves de), 388. — (Nouvelles),
hybrides, 420.
Richardia Æthiopica, 298, 336. — R. ÆtJiiopica
maxhna, 429.
Ribes Lobbi, 124.
Robinia pseudo-Acacia Ressoniana. — Multipli-
cation, 476.
Rosa berberifolia, 173. — R. Ecœ, 316. — R. po-
hjantha\ nouveau sujet pour la greffe des Ro-
siers, 317. — R. polyantha Mademoiselle Cécile
Brunner, 48.
Rose. — Les Roses au XIXc siècle, 146. — R. Ma-
réchal NieU 77. — R. Paul Neyron, 387. -r.- R.
Queen of queens, 460.
Roses Trémières (Maladie des), 74, 147.
Rosier. — R. Willia^n Fraficis Beiinett, 363. —
Pl. Gloire de Dijon, 1 on à forcer et bon pour
tous, 365. — R. Manetti, son origine, 142. —
Nouveau sujet pour la greffe, 317. — Greffe sur
semis d’Eglantiers, 340, 438. — Sur les nou-
velles variétés mises au commerce, 412.
Rubus rosœfolius ^oronarius , 215.
Russie. — Les produits du jardinage en hiver à
Moscou, 229.
S
Salpichroma rhomboideum, 525.
Saxi fraya ligulata, 158.
Sciadopitys verticillata (Fructification en France
du), 411.
Scilla campa^mlata, 65.
Scolopendres (Maladies des), 148. — Scolopen-
drium officinale Valloisi, 506.
Sécateur échenilloir, 42.
Sedum sempervivum, 139.
Selaginella grandis, 268.
Selenipedium caudatwn, 351.
Senecio deltoideus, 416.
Serre-Ecole à Versailles. 481.
Serre-Galerie, 159. — Les serres au point de vue
de la culture, 161.
Sexes des plantes. — Nouvelles observations, 91.
Shortia californica, 41.
Sibthorpia europæa variegata, 509.
Société nationale d’agriculture de France. —
Séance de distribution des récompenses, 358.
Société d’horticulture de l’Ain, 523.
Société nationale d’horticulture de France. —
Comptes-rendus des séances, 15, 43, 66, 88, 118,
141, 164, 188, 214, 238, 254, 276, 310, 326, 355,
377, 397,427, 450, 474, 495, 520, 547, 567. — Elec-
tion de M. Bleu comme secrétaire général, 289.
Société pomologique américaine, 221.
Société pomologique de France, 533.
Soja d’Etampes, 115. — Le Soja au point de vue
culinaire, 147. — Essais d’acclimatation, 315, —
S. vert du Japon, 315.
Sola72um platense, 210.
Soldanelles (Les), 178.
Soufrage des Vignes, 339.
Spirœa palmata alba, 411.
Spinovitis Davidi, 53.
Spirœa Lindleyana, i91.
Statice Smvoroioi, 513.
Stenoynesson Hartwegii, 396.
Streptocalyx Vallerandi, 195.
Streptosolen Jaynesoni, 36.
Sulfatage des paillassons, ficelles, toiles, etc., 475.
Suspension nouvelle pour les Orchidées, 458.
T
Tabac. — Culture au Paraguay, 493.
Tecophilœa cyano-crocea, 226.
TeloiJea speciosissima, 34.
Température. — Le temps, 25, 49, 125, 145, 313,
361. — Les journées pluvieuses en 1882, 73, 125.
— Nice et Paris à propos du temps, 75.' — L’hiver
1882 en Russie, 97. — Les effets du froid dans le
midi de la France, 193. — Irrégularité des
saisons, 433.
Thymus origanoides, 38.
Tigre (Remedes contre le), 6, 147.
Tilia dasystyla, 567.
Tillayidsia Zahni ynagnifca, 62.
Tomate Président Garfeld, 115. — Vinaigre de
Tomates, 229.
Toile (Remède contre la), 145.
Topinambours (Alcool de), 435.
Transformation des yeux en boutons, opinion de
M. Tourasse, 26.
Tricyrtis hirta, 297.
Tiutoma piwiila, ¥20. — T. uvaria grandi fora,
T. Saundersi, T. nobilis, 525.
Tulipes. — Particularités végétales, 343. — T. hâ-
tives, 371.
Tuteurs. — Lenr conservation, 291.
\ \l X Y
JTmda Loivi, 483. — Floraison gigantesque, 438.
Vaporisateur Landry, 306.
Végétation (Du climat et de la), 286. — (Force de
la), 531.
Végétaux. — Influence des milieux, 316.
Veitchia Joayims, 344.
Veroyiica prostrata, 268.
Vers de terre. — Le camphre comme ennemi, 25.
Vignes. — Nouveau m.ode de greffage, 258. —
Greffe sur TAirelle, 459. — Le soufrage, 339. —
Taille à fruit des Vignes rebelles, 404. — Trans-
formation des vrilles en grappes, 317. — Traite-
ment spécial, 137. — La Vigne dans le sud-est,
327. — La Vigne et ses ennemis au Kahsmir,
260. — Culture à Srinagar, 418. — Les dernières
Vignes dans l’intérieur de Paris, 507.
Vignes américaines porte-greffes, 436.
Vignes arabes, 287.
Vignes chinoises, 412.
Vignes tuberculeuses de la Cochincbine, 50, 182,
378, 438.
Villa Tourasse. — Mise en vente, 149.
Vinaigre de Tomates, 219.
Vins. — La récolte en Algérie, 121,
Vitis Ronianeti. 53.
Vriesea Bayùlleti, 394. — TL tesscllata, 116.
Wellingtonias (Les) et les oiseaux, 217, 265, 313,
364, 412.
Xayythoceras sorbifolia. — Culture florale 107.
Yucca. — Les nouveaux Yuccas de M. Deleuil,
109.
FIN DE LA TABLE DU VOLUME DE 1883.
Georges Jacob, — Orléaas,
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