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Full text of "Revue horticole : journal d'horticulture practique"

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HARVARD  UNIVERSITY 


OF  THE 


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https://archive.org/details/revuehorticolejo1883unse 


HORTICOLE 


ANNKE  1883 


«RI.La\N$,  IMPRIMEHIE  DE  GEORGES  .TAGOR,  CLOÎTRE  SAINT-ÉTIENNE,  4 


EEVDE 


HORTICOLE 


JOURNAL  D’UORTIGULTDRE  PRATIQUE 


Fondée  en  182*.)  par  les  auteurs  du  Doï;  Jardinier 


RÉDACTEURS  EN  CHEF  : MM.  E.-A.  CARRIÈRE  ET  ED.  ANDRÉ 


ADMINISTRATEUR:  L.  BOURGUIGNON 


PRINCIPAUX  collaborateurs:  mm. 


AURANGE,  D'  BAILLON,  BAILLY,  CH.  & ERN.  BALTET,  BARBET,  J.  BATISE,  BLANCHARD, 
BOISSLLOT,  BOISBUNEL,  BONCENNE,  BRIOT,  BRUANT,  BUCHETET,  CARBOU, 
CARRELET,  C'»  DE  CASTILLON,  de  D’Ê PRÉMESNIL,  CUSIN,  DAVEAU,  DELCHEVALERIE, 
DENIS,  DE  LA  DEVANSAYE,  DUMAS,  DU  BREUIL,  DUVAL,  ERMENS,  FOURNIER, 
GAGNAIRE,  GLADY,  GODEFROY,  HARDY,  HÉLYE,  HOULLET, 

KOLB,  LACHAUME,  LAMBIN,  LOUIS  LEROY,  L.  LHÉRAULT,  MALLET,  MARTINS,  MAY, 
MESSAGER,  F.  MOREL,  NANOT,  NARDY,  NAUDIN,  L.  NEUMANN,  D’OUNOUS,  V.  PULLIAT, 
QUETIER,  RAFARIN,  F.  DE  RIJK,  ROUÉ,  ROVELLI,  JEAN  SISLEY,  SALLIER, 

DE  SOLAND,  CH.  THAYS,  O.  THOMAS,  TRUFFAULT,  VALLERAND, 

B.  VERLOT,  VILMORIN,  WEBER. 


55«  ANNÉE.  — 1883. 


LIBRAIRIE  AGRICOLE  DELA  MAISON  RUSTIQUE 

26,  RUE  JACOB,  26 


1883 


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REVUE 

HORTICOLE 


HORTICOLE 


CHRONIQUE 

Le  Pritchardia  filifera  à Lisbonne.  — 

Il  est  impossible,  en  voyant  l’état  souffreteux 
et  chétif  que  cette  plante  présente  toujours 
quand  elle  est  cultivée  en  pot,  de  se  figu- 
rer son  exceptionnelle  beauté  quand  elle  est 
en  pleine  terre.  La  Revue  horticole  l’a  déjà 
dit,  mais  on  ne  saurait  trop  le  répéter.  En 
voici  encore  un  exemple  que  nous  fait  con- 
naître notre  collaborateur,  M.  Daveau,  jar- 
dinier en  chef  à l’Institut  polytechnique  de 
Lisbonne  : 

En  relevant  dans  la  Revue  horticole  un  ar- 
ticle publié  il  y a quatre  ans  par  M.  le  comte 
d’Éprémesnil  {Pieviie  horticole,  1878,  p.  382) 
au  sujet  du  Pritchardia  filifera,  je  ne  puis 
résister  au  désir  de  vous  communiquer  quel- 
ques notes  prises  sur  les  exemplaires  de  notre 
jardin  botanique. 

Semés  en  décembre  1876,  c’est-à-dire  l’année 
même  de  mon  arrivée  en  Portugal,  ces  plantes 
étaient  de  la  grosseur  d’un  crayon  au  mois  de 
mai  1877,  époque  de  leur  mise  en  place. 

Aujourd’hui,  5 décembre  1882,  six  ans  après 
leur  semis,  voici  la  moyenne  de  leurs  dimen- 
sions : 

Hauteur  du  sol  à la  pointe  extrême  : 3™  GO.  — 
Circonférence  du  tronc  à la  base  : P»  70.  — 
Circonférence  de  la  touffe  ; 13  mètres.  — Lar- 
geur moyenne  des  feuilles  : 1^^  60.  — Longueur 
totale  de  la  feuille  : 3 mètres.  — Longueur  du 
pétiole  : 1»^  50.  — Nombre  de  feuilles  : 32. 

Je  ne  crois  pas  qu’il  y ait  de  Palmiers  d’une 
croissance  plus  rapide  ; il  est  bon  de  dire  que 
l’été  je  les  fais  arroser  d’une  façon  plus  que 
copieuse;  l’eau  coule  à leur  pied  durant  toute 
la  nuit  deux  fois  par  semaine,  et  ils  s’en  trou- 
vent à merveille.  J’ajouterai  que  les  feuilles 
sont  d’autant  plus  garnies  de  filaments  qu’elles 
sont  plus  jeunes;  les  anciennes  feuilles  sont  par- 
foi  s complètement  dépourvues  de  cet  ornement. 

Nous  avons  encore  en  pleine  terre  d’autres 
exemplaires  de  Pritchardia  filifera  qui  m’ont 


été  fournis  par  la  maison  Godefroy-Lebeuf, 
d’Argenteuil,  et  ({ui  sont  également  devenus 
fort  beaux;  mais  ignorant  l’époque  de  leur 
semis,  j’ai  tenu  à ne  parler  que  des  plantes  dont 
je  connaissais  le  point  de  départ. 

Nous  avons  également  en  pleine  terre,  depuis 
quelques  années  : Cocos  flexuosa,  Latania  bor- 
honica.  Cocos  {Glaziova)  insignis,  Kentia  Fors- 
teriana,K.  auslralis , Juhœa  spectahilis , Sabal 
umhraculifera,  Seaforthia  elegans,  plusieurs 
Phœniæ  et  beaucoup  d’auti'es  plantes  intéres- 
santes. Notre  minimum  de  température  est 
— 3°  5 au  thermomètre  placé  sur  l’herbe,  et 
2®  à celui  placé  à 1 ni  50  du  sol. 

Tout  commentaire,  pour  faire  ressortir  le 
mérite  ornemental  du  Pritchardia,  serait 
inutile  après  celte  intéressante  communi- 
cation. 

Nous  rappellerons  cependant  ce  que  nous 
avons  dit  dans  notre  dernière  chronique 
{Revue  hort.  1882,  p.  543)  sur  les  dimen- 
sions du  plus  gros  Pritchardia  filifera  que 
nous  connaissions  en  Europe,  et  qui  est 
planté  dans'le  jardin  de  M.  le  comte  d’Épré- 
mesnil, à Cannes.  La  circonférence  du  tronc 
de  celui-ci  est  de  2‘^35,  dépassant  de  65  cen- 
timètres celui  de  Lisbonne,  et  la  hauteur 
totale  de  l’arbre  est  de  4ni20,  au  lieu  de 
3«i60.  D’autres  exemplaires  très-beaux  ne 
manquent  pas  sur  la  côte  méditerranéenne, 
sans  arriver  encore  à de  semblables  pro- 
portions. 

Floraisons  anticipées.  — Plusieurs  de 
nos  confrères.  Lillois  et  Belges,  ont  fait 
remarquer  que  certaines  espèces  avaient 
devancé  dernièrement  la  saison  normale 
pour  épanouir  leurs  fleurs.  Ces  espèces  sont 
surtout  des  Camellias  et  des  Azalées  de 
l’Inde,  qui  fleurissaient  dès  les  mois  de  sep- 


G 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


tembre-octobre.  Nous  avons  remarqué,  à 
Sceaux,  des  faits  analogues  sur  quelques 
espèces  du  même  genre,  notamment  sur 
VAzalea  narcissiflora  qui,  depuis  près  de 
deux  mois,  est  en  pleine  floraison  et  cons- 
titue le  plus  charmant  arbuste  qu’on  puisse 
voir.  Le  même  fait  s’est  produit  sur  quelques 
autres  espèces  d’arbustes,  par  exemple  sui- 
des Elœagnus,  particulièrement  sur  VE. 
Shnoni. 

Nos  confrères  attribuent  ces  floraisons 
précoces  aux  oc  quelques  beaux  jours  du  mois 
de  juillet.  » C’est  une  hypothèse  quelque  peu 
hasardée,  car  s’il  en  était  ainsi,  ce  phéno- 
mène se  serait  montré  sur  un  grand  nombre 
d’autres  espèces,  et  il  n’en  a rien  été; 
seules  quelques-unes,  en  grande  partie  ori- 
ginaires de  la  Chine  ou  du  Japon,  ont  pré- 
senté cette  anomalie.  Ne  faut-il  pas  voir 
dans  ce  fait,  d’abord  une  analogie  de  tem- 
pérament entre  les  espèces  précitées,  en- 
suite une  autre  dans  les  conditions  climaté- 
riques exceptionnelles  qui  se  sont  produites 
cette  année  en  France?  Par  suite  des  pluies 
continuelles  et  surtout  d’un  ciel  à peu  près 
toujours  couvert,  il  est  résulté  un  climat 
analogue  à celui  du  Japon,  ce  qui  pourrait 
expliquer  les  floraisons  dont  il  vient  d’être 
question,  qui  toutes  se  sont  montrées  sur 
des  plantes  japonaises  ou  chinoises. 

Nous  profitons  de  cette  circonstance  pour 
recommander  à nos  lecteurs  V Elœagnus 
Simoni.  C’est  un  arbuste  vigoureux  et  rus- 
tique, à feuilles  persistantes,  et  dont  les 
fleurs  blanchâtres  dégagent  une  odeur  très- 
agréable. 

Une  vieille  plante  rajeunie.  — L’es- 
pèce en  question,  qui  vient  d’être*  vendue  — 
et  que  l’on  vend  en  ce  moment  — sous  le 
nom  de  Chœnostoma  liispidum,  n’est  autre 
que  le  Manulea  oppositifolia,  Ventenat,  que 
l’on  cultivait  il  y a une  trentaine  d’années 
et  qui,  même  à cette  époque,  n’était  pas 
nouveau,  ce  qui  toutefois  ne  lui  enlève 
aucunement  son  mérite.  C’est  une  plante 
herbacéç  ou  sous-frutescente,  formant  un 
petit  buisson  compacte  qui,  pendant  presque 
toute  l’année,  se  couvre  de  petites  fleurs 
d’un  blanc  pur  rappellant  un  peu  celles 
des  ISycterinia,  auprès  desquels,  du  reste, 
cette  espèce  est  placée  dans  la  famille  des 
Scrophularinées. 

Le  Chœnostoma  hispidum^  Benth.  {Ma- 
nulea hispida^  Thunb.  ; M.  oppositifolia^ 


Vent.;  Sutera  oppositi folia,  Roth,  est  ori- 
ginaire du  Cap,  d’où  il  paraît  avoir  été  in- 
troduit en  1816.  On  le  cultive  en  serre 
tempérée,  où  il  fleurit  pendant  tout  l’hiver. 

Azalea  narcissiflora.  — Ce  n’est  pas 
comme  nouveauté  que  nous  recommandons 
cette  variété,  mais  pour  son  mérite,  qui  est 
assurément  très-grand.  Outre  qu’elle  est  à 
fleurs  doubles  et  d’un  blanc  pur,  la  plante 
est  très-rustique  et  vigoureuse.  Elle  est 
très-hâtive  et  peut  naturellement  fleurir  dès 
le  mois  de  novembre,  et  continuer  pendant 
une  partie  de  l’hiver  partout  où  il  n’est 
pas  trop  inclément.  En  serre  froide  elle 
est  admirable.  Elle  se  force  avec  la  plus 
grande  facilité  et  a même  sur  VAzalea  lilii- 
flora  l’avantage  d’avoir  un  feuillage  abon- 
dant d’un  très-beau  vert;  d’autre  part, 
ses  fleurs,  plus  jolies,  sont  préférables  pour 
confectionner  les  bouquets.  Coupées  et 
mises  dans  l’eau,  elles  se  conservent  très- 
longtemps,  et  les  boutons  mêmes  s’y  épa- 
nouissent. Donc,  à tous  les  points  de  vue, 
VAzalea  narcissiflora  est  une  plante  dé- 
corative hors  ligne. 

Remède  contre  le  tigre.  — Un  de  nos 
collègues,  grand  amateur  d’arbres  fruitiers, 
nous  affirme  qu’il  combat  le  tigre  avec 
succès  en  bassinant  ses  arbres  avec  de 
l’eau  additionnée  de  matières  fécales.  Si  le 
fait  est  vrai,  ainsi  que  nous  avons  lieu  de 
le  croire,  il  est  probable  que  ce  résultat 
est  dû  à l’ammoniaque  que  contiennent  ces 
matières,  et  dès  lors  ne  pourrait-on  tes 
remplacer  par  un  peu  d’ammoniaque  liquide 
du  commerce?  Ce  produit  ne  coûte  pas 
cher,  1 fr.  le  litre  et  même  moins,  si  on 
l’achète  dans  les  fabriques  de  produits  chi- 
miques. 

Faisons  toutefois  observer  que  l’ammo- 
niaque chimique  est  très-énergique  et  qu’il 
convient  de  procéder  prudemment.  Dans 
tous  les  cas,  il  vaut  mieux  employer  le 
mélange  un  peu  faible.  Cependant  le  fait 
peut  être  plus  complexe,  car,  outre  l’ammo- 
niaque, les  matières  fécales  contiennent 
d’autres  éléments  fertilisants  qui  peuvent 
aussi  jouer  un  rôle  favorable  dans  la  vé- 
gétation. Toutefois  l’excès  ici  est  moins  à 
craindre,  l’ammoniaque  se  trouvant  com- 
biné à d’autres  corps  qui  neutralisent  un 
peu  son  action  corrosive. 

Formation  rapide  des  boutons  à 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


7 


fruits.  — La  théorie  qui  établissait  qu’il 
fallait  plusieurs  années  pour  la  formation 
des  fleurs  des  Poiriers  et  des  Pommiers 
reçoit  tous  les  jours  des  démentis.  Des 
Poiriers  et  des  Pommiers  produisent  sou- 
vent des  boutons  à fleurs  sur  le  bois  de 
l’année,  même  sur  des  parties  qui  n’ont  que 
quelques  mois  d’existence.  On  voit  parfois 
ces  mêmes  productions  fleurir  et  donner 
naissance  à des  fruits.  Mais  alors  il  arrive 
souvent  que  les  fleurs  sont  stériles , ou , 
dans  le  cas  contraire,  que  les  fruits  restent 
petits  ou  imparfaits.  Le  fait  dont  nous 
allons  parler,  est  bien  plus  remarquable  et 
plus  complexe  ; il  s’est  produit  cette 
année  à Saint-Michel-Bougival,  dans  une 
pépinière  de  M.  Couturier- Mention.  Dans 
un  carré  de  Pommiers-Paradis  écussonnés 
en  août  1Ô81,  l’un  deux  a développé  un 
scion  très-vigoureux  de  P^50;  à 10  cen- 
timètres de  son  point  de  départ,  ce  scion 
a produit  un  fruit  très-bien  conformé,  qui  a 
atteint  22  centimètres  de  circonférence. 

Nouveau  procédé  pour  détruire  les 
pucerons  du  Pêcher.  — Voici  comment 
l’auteur  de  cette  découverte,  M.  Louis  Len- 
glé,  jardinier  à Saint-Sulpice,  près  Ham 
(Somme),  parle  de  ce  procédé  et  comment 
il  en  fait  l’application  : 

On  a déjà  essayé  beaucoup  de  choses  pour 
détruire  les  pucerons  des  Pecliers,  mais  la  plu- 
part laissent  à désirer.  En  voici  un  qui  me  pa- 
raît préférable,  si  j’en  juge  par  le  résultat  que 
j’ai  obtenu;  voici  en  quoi  il  consiste  : 

J’ai  fait  bouillir  des  Champignons  vénéneux, 
ramassés  dans  les  bois  sur  de  vieux  arbres 
morts,  dans  la  proportion  de  1 kilog.  pour 
10  litres  d’eau.  A l’aide  d’une  petite  seringue, 
j’ai  bassiné  un  Pécher  couvert  de  pucerons; 
je  faisais  l’opération  à midi  et  le  soir.  Au  bout 
de  la  troisième  opération,  il  ne  restait  pas  un 
seul  puceron  sur  l’arbre,  qui  n’avait  nullement 
souffert  et  avait  repris  son  cours  normal,  ab- 
solument comme  s’il  n’avait  jamais  été  atteint. 
Les  feuilles  et  les  rameaux  n’ont  éprouvé  au- 
cune fatigue,  et  le  tout  est  parfaitement  intact. 

Guérison  du  chancre  des  Melons.  — 

Nous  devons  également  à M.  Louis  Lenglé 
l’intéressante  communication  suivante,  re- 
lative à un  traitement  particulier  à appli- 
quer aux  Melons  quand  ils  sont  atteints  de 
l’affection  cancéreuse  que  dans  la  pratique 
on  nomme  chancre  ou  carie  des  Melons. 
Voici  ce  qu’il  écrit  à ce  sujet 


J’ai  fait  cette  année  sous  châssis  l)eaucoup 
de  Melons  Cantaloup  ; malheureusement,  un 
grand  nombre  ont  été  attaqués  ])ar  le  chancre. 
Afin  de  m’en  débarrasser,  j’ai  d’abord  fait 
comnn'  beaucoiq)  de  jardiniers  : j’ai  gratté  le 
chanci’e  et  j’ai  mis  sur  les  plaies  du  plâtre,  de 
la  cendre  de  bois  pure  ou  mélangée.  De  ces 
deux  moyens,  pas  un  n’a  eu  d’efficacité  ; les 
Melons  atteints,  et  ({ui  n’ont  pas  succombé, 
m’ont  donné  des  fruits  petits,  en  général  })as 
plus  gros  que  le  poing.  Parmi  les  pieds  que 
je  n’avais  pas  encore  traités,  j’en  ai  marqué 
quelques-uns  que  j’ai  également  grattés  au 
pied,  comme  je  l’avais  fait  précédemment  ; 
mais  au  lieu  du  plâtre  ou  de  la  cendre,  j’ai  mis 
des  cendres  de  chaux  (1),  de  manière  que 
le  pied  en  soit  couvert.  Grâce  à ce  moyen,  j’ai 
obtenu  des  Melons  du  poids  de  3 ou  4 kilogr. 
et  d’un  goût  ex([uis.  La  maladie  avait  complète- 
ment disparu,  et  tous  les  pieds  traités  étaient 
très-vigoureux. 

Ces  deux  procédés  sont  d’une  application 
tellement  facile  et  si  peu  dispendieux,  que 
nos  collègues  n’hésiteront  certainement 
pas  à les  mettre  en  pratique  , ce  que  nous 
les  engageons  à faire  en  les  priant  de  vou- 
loir bien  nous  faire  connaître  les  résultats 
qu’ils  auront  obtenus. 

Bibliographie.  — Les  produits  du 
Tong-King  et  des  pays  limitrophes  (2). 
— De  l’action  du  froid  sur  les  végétaux 
pendant  Vhiver  i819-i880  (3).  — Le  pre- 
mier de  ces  ouvrages  est  un  opuscule  de 
M.  Romanet  du  Galliaud,  dans  lequel  sont 
énumérés  les  divers  produits  végétaux,  mi- 
néraux et  animaux  de  certaines  parties  de 
l’extrême  Asie,  en  général  peu  et  surtout 
mal  connus  ; l’opuscule  dont  nous  par- 
lons présente  donc  un  intérêt  tout  particu- 
lier. Nous  en  donnerons  l’analyse. 

M.  Charles  Baltet  est  l’auteur  de  V Action 
du  froid  sur  les  végétaux.  Ce  travail,  qui 
forme  une  brochure  in-S®  de  330  pages, 
est  un  • résumé  des  résultats  du  terrible 
hiver  de  1879-1880.  L’auteur  s’est  attaché 
à tout  ce  qui  concerne  le  sol,  sa  nature,  son 
exposition,  son  altitude  et  par  suite  son 
influence  au  point  de  vue  de  l’action  du 

(1)  Il  s’agit  probablement  ici  de  chaux  vive  bien 
pulvérisée,  c’est-à-dire  réduite  à l’état  de  poussière, 
que  M.  Lenglé  aura  appliquée  sur  les  plaies,  après 
en  avoir  gratté  légèrement  les  parties  cariées,  et 
qui  en  aura  cautérisé  la  surface.  (Rédaction.) 

(2)  Challamel  aîné,  libraire-éditeur,  5,  rue  Jacob. 

(3)  G.  Masson,  éditeur,  120,  boulevard  Saint- 
Germain. 


8 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


froid.  En  ce  qui  a rapport  aux  végétaux, 
il  énumère  les  espèces  qui  ont  souffert,  en 
lâchant,  pour  chacune,  défaire  ressortir  les 
causes  du  mal.  Outre  ces  détails,  ce  livre  en 
contient  beaucoup  d’autres,  tous  d’applica- 
tion, qui  nécessitent  un  examen  spécial  du 
sujet.  Nous  nous  proposons  de  le  faire  dans 
un  compte-rendu  spécial  de  cet  ouvrage. 

La  température  et  l’horticulture  en 
Anjou. — Un  de  nos  collaborateurs  d’An- 
gers nous  adresse  la  lettre  suivante,  qui 
contient  d’intéressants  détails  sur  l’état  de  la 
température  et  des  jardins  à cette  époque 
de  l’année  : 

Angers,  le  20  décenibre  1882. 

Nous  n’avons  pas  encore  eu  de  gelée  dans 
notre  région. 

Un  seul  matin,  au  lever  du  soleil,  le  thermo- 
mètre est  descendu  a 2 degrés  au-dessous  de 
zéi'o. 

En  revanche,  si  nous  n’avons  pas  de  glace, 
nous  avons  de  l’eau  régulièrement  quatre 
jours  par  semaine,  et  c’est  à peine  si  le  soleil 
s’est  montré  quatre  fois  par  mois  depuis  le 
commencement  d’octobre. 

De  temps  en  temps  le  baromètre  passe  subi- 
tement de  750  à 770  millimètres;  le  vent 
souftle  du  nord  i)endant  vingt-quatre  heures; 
l)uis  le  baromètre  redescend  aussi  prompte- 
nu'nt  ({u’il  avait  monté,  et  le  vent  tourne  à 
l’ouest  en  nous  amenant  de  nouveau  la  pluie. 

Toutes  nos  rivières  ont  débordé,  et  les  ense- 
mencements des  vallées,  qui  depuis  plusieurs 
s('maines  sont  couverts  d’eau,  vont  se  trouver 
perdus. 

Ce[)endant  la  saison  s’avance  et  les  cultiva- 
teurs se  demandent  comment  ils  feront  pour 
semer  leurs  blés. 

Dans  certaines  parties  de  notre  contrée,  il  a 
été  impossible  de  faire  les  labours  d’automne, 
tellement  la  tei're  était  moui-llée. 

En  somme,  la  situation  est  inquiétante,  et  il 
est  grand  ttun})s  qu’un  peu  de  gelée  nous 
arrive. 

Les  })épiniéristes  ne  sont  pas  plus  heureux 
(fue  les  agriculteurs;  ils  ne  peuvent  faire  leurs 
})lantations.  Leurs  ventes  sont  arretées  par 
ce  mauvais  temps. 

La  végétation  ne  s’est  pour  ainsi  dire  pas 
j'alentie  cette  année. 

.l’ai  vu  ces  jours  derniers  de  jeunes  Abri- 
cotiers basses  tiges  en  écussons  de  l’année  qui 
sont  encore  couverts  de  leurs  feuilles;  il  en  est 
de  même  des  Pêchers,  des  Cognassiers  et  de 
beaucoiq)  d’autres  arbres  à feuilles  caduques. 

Les  boutons  des  Lilas,  des  Troènes  et  autres 
arbustes  du  printemps  grossissent  à vue  d’œil; 
enlin  je  cueille  tous  les  jours  dans  mon  jardin 


de  superbes  bouquets  de  Roses  du  Bengale, 
Hermosa  et  ordinaires^  absolument  comme  en 
plein  mois  de  septembre. 

Il  y a à peine  huit  jours  que  les  Rosiers  Thés 
ont  donné  leurs  dernières  fleurs. 

Les  Gamellias  en  pleine  terre  vont  fleurir 
d’ici  à quinze  jours  ou  trois  semaines,  en 
avance  de  ])lus  d’un  mois  sur  les  années  ordi- 
naires\ 

Le  manque  de  froid  a favorisé  la  propagation 
des  limaçons,  loches  et  autres  animaux  nui- 
sibles aux  jardins,  qui  en  ce  moment  en  sont 
couverts. 

Les  légumes  du  printemps  auront  fort  à 
faire  pour  se  défendre  de  tous  ces  affamés,  et 
il  faudra  veiller  activement  pour  qu’ils  ne 
soient  pas  détruits. 

Je  ne  sais  si  cette  température  extraordi- 
nairement douce  et  pluvieuse  y est  pour 
quelque  chose,  mais  les  fruits,  dont  la  récolte 
a été  cette  année  si  abondante  chez  nous,  ne 
se  conservent  pas. 

Les  Poires  les  plus  tardives  se  mangent  en 
ce  moment;  les  Doyennés  d’hiver,  les  Beurrés 
d’IIardenpont  se  gâtent  et  ne  passeront  pas  le 
mois  de  décembre. 

Les  Pommes  elles-mêmes  ne  sont  pas  épar- 
gnées et  je  vois  chaque  jour  dans  mon  fruitier 
de  supei'bes  Reinettes  détruites  par  la  moisis- 
sure. 

De  la  Pomme  au  Pommier  la  transition  est 
! naturelle;  on  remarque  que  les  pays  envahis  par 
le  phylloxéra  commencent  à remplacer  les 
Vignes  par  les  Pommiers  à cidre. 

Les  horticulteurs  de  l’Anjou  ont  eu  cette 
année  de  nombreuses  demandes  pour  la  Cha- 
rente et  le  Midi,  et  si  les  essais  tentés  par  les 
plus  pressés  réussissent,  il  serait  possible  de 
trouver  là  en  même  temps  qu’un  vaste  dé- 
bouché pour  les  pépiniéristes,  une  ressource 
importante  pour  les  malheureux  pays  envahis 
par  le  redoutable  insecte. 

Je  sais  que  le  Pommier  réussit  moins  bien 
dans  le  ]\fidi  que  dans  l’ouest  ou  le  nord  de  la 
France;  mais  je  crois  néanmoins  que  certaines 
variétés  y prospéreraient. 

C’est  là  mon  vœu  de  fin  d’année  pour  ceux 
qui,  ne  pouvant  plus  récolter  du  vin,  désire- 
raient cueillir  des  Pommes. 

Un  Angevin. 

Bégonia  Pictavensis  ou  Bruanti.  — 

Sur  cette  curieuse  plante,  dont  la  naissance 
a donné  lieu  à un  si  singulier  exemple  de 
synchronisme,  nous  recevons  de  M.  G. 
Bruant,  de  Poitiers,  la  lettre  suivante,  à 
laquelle  nous  nous  empressons  de  donner 
l’hospitalité  : 

Dans  la  Revue  du  Ri’  décembre  que  je  viens 
de  lire,  M.  Carrière  signale,  sous  le  titre  de 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


« Spontanéité  simultanée,  » ce  fait  l■emarquable 
qui  consiste  dans  l’apparition  spontanée  d’une 
nouvelle  et  môme  forme  de  Bégonia  chez  un 
grand  nombre  d’horticulteurs. 

A cette  question:  « Y a-t-il  eu  hybridation?  » 
vous  répondez  par  un  renvoi  ainsi  conçu  : 

« M.  Bruant  nous  a affirmé  avoir  obtenu  sa 
plante  par  fécondation  artificielle.  » (Ed.  André.) 

J’affirme  du  moins  que  l’opération  a été  faite, 
et  si  l’on  en  doutait,  ce  que  je  n’admets  pas, 
j’en  pourrais  donner  la  preuve,  puisque  la  chose 
est  consignée  à sa  date  (1881)  sur  mon  carnet 
de  fécondation. 

Lors({ue  je  vous  ai  signalé  ce  nouvel  hybride, 
j’ignorais  absolument  qu’il  existât  ailleurs,  et  je 
pouvais  aftirmer,  ce  que  je  crois  (uicore,  que 
ma  plante  provenait  de  la  fécondation  que 
j’avais  faite.  N’ayant  laissé  sur  mon  Bégonia 
Schmidti  placé  dehors,  mais  ({ue  je  croyais 
suffisamment  isolé  par  son  éloignement,  que 
les  graines  hybridées  artificiellement,  j’ignore 
si  les  autres  m’auraient  donné  la  même  varia- 
tion; cependant  je  })uis  ajouter  que  mes  graines 
de  Schmidti  récoltées  en  serre  m’ont  tout  sim- 
plement donné  l’espèce  type. 

J’ai  bien  trouvé  dans  mes  terrines  de 
Bégonia  semperflorens  et  de  B.  Schmidti 
quelques  plantes  identiques  à mon  hybride; 
mais  comme  toutes  ces  graines  avaient  été 
semées  le  même  jour,  au  même  moment  et 
dans  des  terrines  placées  à côté  les  unes  des 
autres,  le  mélange  s’expliquait  facilement  en 
raison  de  la  légèreté  des  semences,  qui  ont  dû 
être  entraînées  sur  les  terrines  voisines. 

En  ce  qui  concerne  mes  graines  hybridées, 
elles  m’ont  donné  plusieurs  centaines  de  })lantes 
absolument  semblables,  sauf  quelques  sempcr- 
flocens  et  quelques  Schmidti  purs,  assurément 
mêlés  comme  il  est  dit  ci-dessus. 

âLM.  Thibaut  et  Keteleer  m’ont  envoyé 
récemment  une  plante  identkiiie  à mon 
Bégonia  Bruanti.  Je  su])pose  qu’elle  provient 
de  chez  M.  Vallerand,  et  je  crois  que  toutes 
celles  nées  un  peu  })artout,  dans  le  voisinage 
du  semperflorens  sans  doute,  sont  absolument 
semblables;  s’il  en  est  ainsi,  il  serait  inutile 
de  les  baptiser  différemment.  J’estime  que  l’un 
des  noms  donnés  à ma  plante  devrait  lui 
rester,  puisqu’elle  a la  priorité;  c’est,  il  me 
semble,  un  usage  consacré.  Il  faudrait  donc 
l’appeler,  soit  B.  Pictavensis,  premier  nom 
donné  par  M.  André,  soit  B.  Brua^iti,  comme 
je  pensais  pouvoir  le  faire. 

J’ai  répété  cette  année,  sur  un  Bégonia 
Schmidti  soigneusement  isolé  et  castré,  la 


fécondation  par  le  B.  semperflorens;  les 
ovaires  sont  restés  adhérents  à la  plante  jusqu’à 
la  comjdète  dessication;  les  graines  semblent 
bien  constituées,  et  je  ne  crois  pas  qu’elhîs 
aient  pu  recevoir  l’influence  d’aucun  autre 
pollen  étrango«‘.  Nous  verrons  l’été  prochain  ce 
qu’elles  produiront. 

J’ai  cru  vous  devoir  ces  explications,  à vous 
qui  avez  bien  voulu  consacrer  à mon  nouveau 
Bégonia  un  article  aussi  savant  qu’intéressant; 
vous  en  ferez  tel  usage  qu’il  vous  plaira. 

G.  Bruant, 

Horticulleur  à Poitiers. 

Les  observations  de  M.  Bruant  nous 
paraissent  absolument  justifiées,  et,  confor- 
mément à la  loi  de  priorité  botanique,  la 
plante  ayant  été  d’abord  nommée  et  décrite 
{Revue  horticole,  1882,  p.  377)  par  M.  Ed. 
André,  soiis  le  nom  de  B.  Pictavensis, 
cette  appellation  devra  être  conservée  à la 
plante  de  Poitiers  comme  à toutes  celles 
identiques  qui  ont  été  observées  depuis. 

Nécrologie:  M.  Sadler.  — Nous  avons 
le  regret  d’annoncer  la  mort  d’un  des  horti- 
culteurs praticiens  les  plus  habiles  et  les 
plus  instruits  de  la  Grande-Bretagne. 
M.  Sadler,  jardinier  en  chef  (curateur)  du 
Jardin  botanique  d’Edimbourg,  vient  de  suc- 
comber dans  la  force  de  Tàge,  à quarante-six 
ans.  Il  avait  succédé  à un  homme  des  plus 
remarquables,  qui  a été  associé  de  près  à 
tous  les  progrès  de  l’horticulture  écossaise  : 
le  savant  et  excellent  M.  Mac  Nab,  dont  le 
souvenir  reste  si  vivant  parmi  tous  ceux  qui 
l’ont  connu. 

M.  U.  Levôque.  — Le  doyen  des  rosié- 
ristes  français,  M. Urbain  Lévêque,  est  décédé 
le  17  décembre  1882.  C’était  un  praticien 
consommé,  un  membre  de  cotte  phalange  re- 
marquable qui  s’éteint  rapidement,  qui  a 
compté  dans  ses  rangs  les  Laffay,  les  Berger, 
les  Verdier,  et  qui  a si  largement  contribué 
à l’avancement  de  la  culture  des  Rosiers,  à 
laquelle  leur  nom  restera  attaché. 

Avec  son  fils  M.  Louis  Lévêque,  M.  Ur- 
bain Lévêque  avait  fondé  un  des  plus  vastes 
établissements  d’horticulture, surtoutcomme 
culture  de  Rosiers,  rue  du  Liégat,  à Ivry-sur- 
Seine,  où  il  est  mort,  à l’àge  de  soixante-dix- 
huit  ans.  E.-A.  Carrière  et  Ed.>André. 


KALMIA  MYRTIFOLIA. 


KALMIA  MYRTIFOLIA 


Le  type  de  cette  charmante  variété,  le 
K.  latifolia,  estbien  connu.  C’est  l’ornement 
obligé  de  toutes  les  plantations  de  terre 
de  bruyère,  soit  qu’on  l’associe  aux  Rho- 
dodendrons et  aux  Azalées,  soit  qu’on  en 
forme  des  massifs  entiers,  uniformes,  ou 
accompagnés  de  la  variété* à fleurs  blanches. 
Partout  il  produit  le  meilleur  effet  par  la 
beauté  de 
son  port,  la 
netteté,  le 
luisant  de 
ses  feuilles 
larges,  ova- 
les-lancéo- 
lées, qui  lui 
ont  valu  son 
nom,  et  sur- 
tout par  ses 
beaux  co- 
rymbes  de 
fleurs  en 
clochettes 
visqueuses , 
sillonnées, 
à étamines 
arquées.  A 
l’état  sauva- 
ge, le  K.  la- 
ti folia  n’est 
pas  moins 
agréable. 

Répandu 
dans  les  É- 
tats  de  l’est 
de  l’Améri- 
que septen- 
trionale, il 
forme  dans 
les  bois  ou 
sur  les  ro- 
chers, de- 
puis le  Mai- 
ne jusqu’à  l’Ohio  et  au  Kentucky,  des  touffes 
variant  de  1 à 2 métrés  de  hauteur  ; mais 
nous  l’avons  vu  acquérir,  dans  la  Pen- 
sylvanie,  de  beaucoup  plus  grandes  di- 
mensions, et  nous  n’oublierons  jamais  la 
beauté  des  taillis  qu’il  forme  dans  les  monts 
Alléghanies,  où  il  atteint  parfois  la  hau- 
teur d’un  petit  arbre  de  6 à 7 mètres  de 
hauteur,  sous  le  couvert  des  Pmus  stro- 


hus,  des  Magnolia  acuminata  et  des  Li- 
quidamhar. 

Depuis  quelque  temps,  une  forme  naine 
commence  à se  répandre  chez  les  horticul- 
teurs sous  le  nom  de  K.  myrtifolia.  (fig.  1.) 
Nous  ignorons  si  elle  diffère  de  la  variété 
peu  répandue  que  l’on  trouve  en  Angleterre 
sous  les  noms  de  K.  l.  minor  ou  nana,  mais 

elle  n’en  est 
pas  moins 
une  pré- 
cieuse res- 
source pour 
former  des 
bordures 
aux  massifs 
de  terre  de 
bruyère. 
Cet  arbuste, 
dont  les 
fleurs  sont 
roses  com- 
me celles 
du  type,  est 
nain,  com- 
pact, buis- 
sonneux ; 
ses  rameaux 
sont  courts, 
et  ses  feuil- 
les, d’un 
vert  foncé, 
luisantes, 
sont  épais- 
ses, parche- 
minées,ova- 
les, un  peu 
atténuées 
au  sommet, 
assez  sem- 
blables à 
celles  du 
Myrte,  d’où 
le  nom  jardinique  de  la  variété.  Notre  figure 
donne  d’ailleurs  une  idée  très-exacte  du 
Kalmia  myrtifolia,  dessiné  de  grandeur 
naturelle,  d’après  l’un  des  pieds  fleuris 
exposés  en  mai  dernier  à Paris,  par 
MM.  Croux,  horticulteurs  à Aulnay,  près 
Sceaux  (Seine),  chez  qui  on  peut  se  le 
procurer. 

Ed.  André. 


Fig.  1.  — Kalmia  myrtifolia,  rameau  de  grandeur  naturelle. 


l’arbre  a savon.  — ÉÏIÛLAGE  DES  ARTICHAUTS. 


li 


L'ARBRE 

L’arbre  à pain,  l’arbre  à beurre,  l’arbre 
à cire,  etc.,  ont  été  souvent  mentionnés: 
l’arbre  à savon  est  moins  connu. 

Cet  arbre,  si  éminemment  utile,  a été 
nommé  par  de  Candolle  Sapindus  Rarak. 
On  ne  paraît  pas  bien  certain  de  son  ori- 
gine; cependant  on  a tout  lieu  de  croire  qu’il 
est  originaire  de  nos  forêts  javanaises  ; du 
moins  il  y a plusieurs  raisons  qui  peuvent 
le  faire  supposer  : d’abord  le  nom  spécifique 
de  Rarak,  qui  est  tout  à fait  pareil  au  nom 
sous  lequel  les  indigènes  le  désignent,  si  l’on 
change  la  majuscule  R en  L.  Il  est  même 
très-possible  que  le  nom  javanais  de  La- 
rak  (qui  est  prononcé  avec  l’accent  sur  la 
dernière  syllabe)  ait  été  mal  transmis  à 
de  Candolle.  On  sait  que  les  idiomes  indi- 
gènes servent  très-souvent  à fabriquer  les 
noms  spécifiques  et  génériques;  par  exemple 
le  nom  générique  à' Angrecum  est  proba- 
blement dérivé  du  mot  javanais  Angrek 
qui,  d’une  manière  générale,  signifie  Or- 
chidées. 

La  deuxième  raison  qui  me  fait  supposer 
que  cette  espèce  est  originaire  de  Java,  c’est 
qu’on  la  rencontre. très-fréquemment  dans 
les  forêts  de  cette  contrée,  même  dans  les 
endroits  les  plus  éloignés. 

Enfin  l’usage  que  la  population  fait  de 
cette  espèce  depuis  un  temps  immémorial 
vient  encore  appuyer  mes  dires. 

ÉTIOLAGE  DEI 

A peu  près  généralement  connu  et  pra- 
tiqué sur  un  très-grand  nombre  de  légumes, 
l’étiolage  a pour  résultat  de  modifier  ceux- 

(1)  Voici,  pour  ceux  de  nos  lecteurs  qui  ne  con- 
naîtraient pas  la  description  de  cet  arbre,  la  tra- 
duction de  Loureiro  {Flora  coch.,  I,  p.  293),  qui 
avait  cru  à tort  à l’identité  de  cette  espèce  avec  le 
Sapindus  saponaria  de  Linné,  arbre  originaire  de 
l’Amérique  méridionale  : 

Grand  arbre  à rameaux  étalés,  iriermes;  feuilles 
imparipennées,  à 10  paires  de  folioles  inégalement 
rangées,  oblongues,  aiguës,  subfalquées,  très- 
entières,  glabres;  fleurs  blanches,  en  grandes 
grappes  terminales  composées;  calice  et  corolle 
campanulés , à cinq  divisions,  les  pétales  plus 
longs  que  les  sépales;  huit  étamines  subulées, 
poilues;  ovaire  trilobé  ; baies  sphériques,  connées 
par  trois,  glabres,  bicarénées,  monospermes  ; 
graines  noires,  globuleuses. 


A SAVON 

On  trouve  le  Sapindus  Rarak  (1)  ou 
arbre  à savon  partout  dans  F île  de  Java, 
depuis  1,000  jusqu’à  4,000  pieds  d’altitude 
au-dessus  de  la  mer.  C’est  un  grand  arbre 
dont  les  feuilles  rappellent  un  peu  celles  du 
Frêne.  Toute  espèce  de  terrain  semble  lui 
convenir.  La  principale  saison  pour  la  ma- 
turité des  fruits  est  le  mois  de  juillet.  Il 
n’en  existe  pas  de  culture  spéciale.  Pour  ré- 
colter les  fruits  à moitié  secs,  qui  sont  de  la 
grosseur  d’une  Prune  moyenne  et  de 
couleur  brun  clair,  les  indigènes  ne  se  don- 
nent pas  la  peine  de  monter  sur  les  arbres, 
puisqu’ils  les  trouvent  en  grande  abondance 
dessous.  Aucun  animal  n’en  mange  la  pulpe. 
Cependant  les  fouines  sont  friandes  des 
noyaux,  et  elles  savent  très-bien  les  retirer 
de  la  pulpe,  à laquelle  elles  ne  touchent  pas. 
Ces  noyaux  ne  sont  d’aucune  utilité. 

Les  fruits  récoltés  ne  nécessitent  aucune 
préparation  pour  être  propres  à l’usage 
qu’on  en  fait.  On  enlève  la  partie  charnue 
externe  qui,  du  reste,  n’otfre  pas  de  résis- 
tance, et  l’on  s’en  sert  comme  de  savon, 
L’écorce  du  bois  jouit  des  mêmes  propriétés 
que  les  fruits. 

Le  bois  est  joli  et  est  employé  à la  con- 
fection de  beaucoup  d’objets  d’art.  On  as- 
sure que  cette  même  espèce  se  trouve 
cultivée  également  aux  Antilles. 

F.  DE  Rijk. 

ARTICHAUTS 

ci,  d’en  changer  la  nature  et  d’efl  atténuer 
la  saveur,  tout  en  leur  donnant  un  aspect 
jaune  ou  blanc  qui  peut  même  être  orne- 
mental. Ce  moyen,  particulièrement  em- 

Cet  arbre  est  cultivé  dans  plusieurs  régions  de 
l’extrême  Orient;  en  Gochinchine,  on  le  nomme 
Cây  bon  hon.  Ses  baies,  macérées  dans  l’eau  après 
avoir  été  légèrement  broyées,  fournissent  un  excel- 
lent savon  pour  nettoyer  et  blanchir  le  linge  ; elles 
sont  corrosives  à un  haut  degré  ; employées  imprim 
demment,  elles  constitueraient,  dit-on,  un  véri- 
table poison. 

Bibliogr.  : Sapindus  Rarak,  DG.,  Prod.,  I, 
p.  608.  — Walt,  Ann.,  II,  p.  211.  — Blume, 
Rumphia,  III,  93, 1. 167.  — Rarak,  Rumph.,  Arnh., 
II,  p.  134.  — Sapindus  saponaria,  Lour.,  Fl.  co- 
chinch.,1,  293  (non  Lin.).  — S.  pinnalus,  Mill., 
Dict.,  ir  3 (?);  Saponaria,  Burm.,  Ind.,  p.  91. 

(Ed.  A.) 


12 


CARAGUATA  CARDINALIS. 


ployé  pour  les  Salades,  le  Céleri,  etc.,  a 
été  récemment  recommandé  pour  les 
Artichauts  par  un  amateur  de  Bourg-la - 
Reine,  M.  Rouby.  Il  consiste  à soustraire  à 
la  lumière  les  jeunes  têtes  d’Articliauts,  en 
les  enveloppant  d’abord  d’un  linge  que  l’on 
recouvre  d’un  capuchon  de  paille  et  qu’on 
lie  pour  maintenir  le  tout. 

M.  Rouby,  qui  est,  je  crois,  l’inventeur  de 
ce  procédé  appliqué  aux  Artichauts,  ou  du 
moins  le  premier  qui  l’ait  fait  connaître,  af- 
firmait que,  ainsi  traités,  les  Artichauts 
étaient  non  seulement  plus  tendres,  mais 
que  la  partie  comestible  était  plus  considé- 
rable, ce  qui  est  vrai. 

Voici,  du  reste  la  manière  d’opérer  qu’il 
indique  (1)  : 

Dès  que  l’Artichaut  émerge  du  fond  de  la 
plante,  on  le  coilfe  d’une  bourse  de  gros  linge 
({ue  l’on  recouvre  ensuite  de  paille,  en  fixant 
cette  double  enveloppe  autour  de  la  tige  avec 
([uelques  brins  d’herbe  ou  autres  liens.  Dans 
ce  cas,  au  lieu  de  verdir,  l’Artichaut  poussant 
à l’obscurité  revêt  une  couleur  blonde  qui  rap- 
])elle  celle  de  la  Barbe  de  capucin;  il  est  tel- 
lement tendre  que  sa  partie  comestible  se 
trouve  plus  que  doublée.  Quant  à la  qualité, 
elle  ne  gagne  pas  moins  que  le  reste,  et  l’on 
ne  saurait' se  faire  une  idée  exacte  de  l’exquise 
tinesse  de  goût  que  ce  produit  peut  acquérir 
})ar  ce  procédé,  qui,  comme  on  le  voit,  n’exige 
que  bien  peu  de  soins  et  encore  moins  de  dé- 
pense, car  les  bourses  de  linge  étant  protégées 
par  la  paille  ({ui  les  recouvre,  peuvent  servir 
pendant  })lusieurs  années 

.l’ai  voulu  vérifier  la  chose,  et,  après 
expérience,  je  puis  affirmer  que  l’inven- 

CARAGUATA 

« 

Celte  Broméliacée,  l’une  des  plus  bril- 
lantes de  la  famille,  est  originaire  des 
Andes  occidentales  de  la  Nouvelle -Grenade 
et  de  l’Ecuador,  où  je  l’ai  découverte  en 
1876.  Elle  croît  à des  altitudes  variant  entre 
1,500  et  2,500  mètres,  principalement  sur 
les  rochers  des  vallées  qui  descendent  vers 
le  Pacifique,  entre  Tuquerrès  et  Bar- 
bacoas,  et  à l’ouest  des  volcans  du  Pi- 
chincha  et  du  Corazon.  Les  exemplaires 

(1)  Nous  avons  déjà  indiqué  le  procédé  de  M.  Rou- 
by, dans  la  Revue  horticole  (1882,  p.  156),  mais 
M.  Lantier  fait  bien  de  le  reproduire.  Ses  essais 
conlirment  ceux  qui  nous  ont  réussi  antérieure- 
ment, et  l’on  ne  saurait  trop  répéter  les  bons  pré- 
ceptes. (Ecl.  André.) 


teur  n’a  pas  exagéré  ; j’ajoute  même  qu’il 
n’a  pas  tout  dit,  car,  ainsi  traités,  les  Arti- 
chauts sont  très-tendres,  bons,  savoureux, 
et,  comme  il  le  dit,  ils  présentent  plus  de 
substance  comestible  (une  partie  du  pé- 
doncule peut  même  être  consommée);  de 
plus,  ils  sont  très-beaux  et  peuvent  cons- 
tituer de  magnifiques  hors-d’œuvre.  En 
effet,  la  couleur  vert  foncé  mat  de  l’Arti- 
chaut est  remplacée  par  une  belle  couleur 
jaune  très-légèrement  nuancée  de  vert  pâle, 
parfois  même  un  peu  lignée  de  rose. 

Le  procédé  que  j’ai  employé,  étant  basé 
sur  le  même  principe,  mais  différant  quelque 
peu  de  celui  indiqué  par  M.  Rouby,  je  vais 
le  décrire. 

Lorsque  la  tête  de  l’Artichaut  est  bien 
formée,  qu’elle  s’élève  à environ  12  centi- 
mètres sur  son  axe,  j’enveloppe  cette  tête 
avec  un  papier  doux,  un  morceau  de  jour- 
nal par  exemple,  et  je  la  coiffe  d’un  sac  en 
gros  papier  gris  que  je  fixe  par  sa  base  en 
le  serrant  autour  de  la  tige  ; puis  j’abandonne 
le  tout  pendant  un  mois  environ.  Alors  l’Ar- 
tichaut, arrivé  à un  état  d’étiolement  suffi- 
sant, est  coupé  et  apprêté  pour  le  service  de 
la  table.  Dans  cet  état,  c’est  un  mets  très- 
tendre  et  très-savoureux.  Je  crois  pourtant 
que  s’il  est  bon  de  garantir  de  la  lumière  les 
pommes  d’Arlichaut,  il  peut  être  mauvais 
de  les  priver  complètement  d’air,  car,  dans 
ce  cas,  j’ai  cjru  remarquer  que  les  parties 
prennent  peu  de  développement  et  sont 
même  assez  disposées  à pourrir. 

Lantier, 

Amateur  d’iiorliculliirc. 

CARDINALIS 

actuellement  cultivés  dans  les  serres  de 
l’Europe  proviennent  des  graines  prises  sur 
les  capsules  des  échantillons  de  mon  herbier, 
où  ils  portent  le  n*’  4263.  Mes  spécimens 
desséchés  ont  conservé  leurs  belles  brac- 
tées rouges,  dont  le  ton  est  seulement  passé 
de  l’écarlate  au  carmin.  Le  semis  a eu  lieu 
en  1877,  date  de  l’introduction,  et  non  en 
1880,  comme  on  l’a  dit  à tort,  et  la  mise  au 
commerce  a eu  lieu  en  Belgique  au  prin- 
temps de  1882.  Quoique  rare  encore  et  très- 
recherchée,  la  plante  commence  à se  répan- 
dre dans  les  collections  de  choix  et  a déjà 
donné  de  larges  profits  à ceux  qui  l’ont 
vendue. 


Caracjuata  Cimlindiu . 


CAHAGUATÂ  CARDINALIS. 


13 


La  simple  inspection  de  la  planche  ci- 
contre  suffit  à donner  l’idée  de  l’éclat  des 
inflorescences  du  Cararjuata  cardinalis, 
Lien  que  les  dimensions  de  notre  aquarelle 
soient  forcément  très-réduites  par  les  exi- 
gences du  format  delà  Revue.  Un  très-bel 
exemplaire,  fleuri  l’automne  dernier  dans 
les  serres  du  Fresne,  chez  M.  A.  de  la  De 
vansaye,  montrait  un  capitule  de  plus  de 
20  centimètres  de  diamètre,  et  dernière- 
ment encore  nous  signalions  la  présenta- 
tion faite  à la  Société  nationale  d’horticul- 
ture de  France  d’un  échantillon  dont  les 
dimensions  n’étaient  guère  moindres  (1). 
Ce  qui  est  particulièrement  remarquable 
dans  cette  plante,  c’est  la  durée  prolongée 
de  ses  bractées  colorées  du  plus  beau  rouge, 
ce  qui  la  rendra  très- précieuse  pour  la 
décoration  des  serres  et  des  appartements. 
Elle  n’est  égalée,  sous  ce  rapport,  que  par 
certains  Chevalliera,  qui  sont  loin  cepen- 
dant d’en  l'eproduire  les  riches  couleurs. 

Quant  j’ai  décrit  pour  la  première  fois 
cette  belle  plante  (2),  j’ai  donné  les  raisons 
qui  m’ent  fait  hésiter  à y voir  un  type  spé- 
cifique nouveau,  bien  que  les  différences 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  p.  538. 

(2)  Caraguata  cardinalis,  Ed.  André,  mss.,  iu 
herbario  suo,  suh  no  4263.  — C.  livgulata,  Lindl., 
var.  cardinalis,  Ed.  André,  Illustr.  horl.,  1880, 
p.  35,  t.  374. 

Descriptio.  — Planta  glaberrima,  robusta  ; folia 
lingolata,  pergameneo-fragilia , sesquipedalia,  e 
basi  dilatata  ad  medium  paulo  constricturn  late 
oanaliculata,  recurvata,  acuminata,  apiculo  termi- 
nali  incurvato,  læte  viridia  subtus  plus  minus  lineis 
brûnneis,  quibusdam  tenuioribus  interpositis,  ele- 
ganter  percursi,  caulina  scapum  teretem  ereetum 
30-50  cent,  altum  ampleclentia,  pallide  viridia 
V.  lubescentia  apice  viridi,  ad  medium  ampliora, 
apice  acuta;  intlorescentia  capitata  bracteis  radian- 
tibus  cyathum  subplanum  formantibus  ovato-lan- 
ceolatis  acutis  patenti-decurvis  viridissime  cocci- 
neis  apice  viridi  pungente  , interioribus  oblongo- 
ûbtusis  galeatis  aurantiacis  aureo-marginatis  v. 
albidis;  flores  breviter-pedicellati,  bracteolis  basila- 
ribus  tribus  oblongis  obtusis  membranaceis  tenuiter 
nervatis  capsula  ter  brevioribus  ; calyx  et  corolla 
(nondum  observât!);  capsula  oblongo-acuta  apice 
attenuata  crustacea  valvis  intus  lucidis  nigris  : se- 
mina  (Tillandsiæarum  modo)  funiculo  umbilicali. 
sericeo  fulvo  prædita.  In  Cordillera  occidental!. 
Novo-Granatensium  et  Ecuadorensium,  altit.  1.500, 
2.500  met.  supra  Océan,  legi,  anno  1876,  vivamque 
primus  in  Europam-  introduxi. 

Ad  Caraguatœ  lingulatœ  varietatem  splenden- 
tern,  Hort.  planta  hæc  multiplici  respectu  accedit, 
diversis  tamen  characteribus  ita  distincta,  ut  spe- 
ciem  propriam  constituere  videatur.  Attamen  tiguris 
ilorum  analyticis  hucusque  deficientibus,  de  ques- 
tione  specitica  judicare  noluimus.  E.  A. 


soient  grandes  avec  toutes  les  autres  espèces 
et  variétés  décrites  et  cultivées.  Les  fleurs 
fraîches  m’avaient  fait  défaut  sur  la  plante 
à l’état  sauvage,  et  le  premier  échantillon  qui 
avait  fleuri  en  Belgique  pouvant  donner  des 
graines  et  en  permettre  la  propagation  ra- 
pide, je  n’aurais  pu,  sans  le  détériorer,  en 
prendre  aucune  analyse.  J’ai  donc  été 
amené,  en  attendant  plus  ample  informé, 
à considérer  le  Caraguata  cardinalis 
comme  une  très-belle  variété  du  C.  lingu- 
lata  de  Lindley.  De  même  la  plante  pu- 
bliée autrefois  comme  espèce  dans  la  Flore 
des  serres  (XI,  p.  31,  t.l091),  sous  le  nom 
de  C.  s}Dlendens,  et  qui  avait  été  reçue  du  jar- 
din botanique  de  Berlin  par  M.  Van  Houtte 
sans  indication  d’origine,  n’était  qu’une  autre 
forme  de  cette  espèce  assez  polymorphe. 

Je  crois  donc  prudent  d’attendre  une 
étude  plus  complète  des  fleurs  avant  de  fixer 
la  question  de  spéciéité. 

Description.  — Plante  très-glabre,  ro- 
buste ; feuilles  de  la  hase  lingulées  (en  lan- 
guette), à texture  parcheminée  un  peu  fra- 
gile, longues  de  40  à 50  centimètres, 
dilatées  à la  base,  largement  canaliculées 
rétrécies  au  milieu , recourbées,  acumi- 
nées,  à pointe  terminale  incurvée,  d’un  vert 
gai,  pâles  vers  le  centre,  plus  ou  moins  striées 
de  doubles  lignes  brunes,  inégales  en  lar- 
geur, ou  semées  de  macules  sous-épider- 
miques foncées;  feuilles  caulinaires  plus 
courtes,  vert  tendre,  les  supérieures  am- 
plexicaules,  élargies  au  milieu,  aiguës  au 
sommet,  ou  rouges  à pointe  verte,  envelop- 
pant la  hampe  dressée  cylindrique,  d’un  vert 
pâle,  haute  de  30  à 50  centimètres  ; inflores- 
cence en  gros  capitule  à bractées  rayonnantes 
extérieures  imbriquées,  les  supérieures 
étalées  en  rosace  aplatie,  comme  tabu- 
laire, ovales  lancéolées,  aiguës,  étalées  dé- 
curves,  d’un  rouge  cocciné  avec  pointe  aiguë 
verte,  les  intérieures  oblongues  obtuses, 
concaves,  incurvées  au  sommet,  couleur 
jaune-orangé,  bordées  d’or  ou  de  blanc; 
fleurs  brièvement  pédicellées,  à trois  brac- 
téoles  basilaires  oblongues  obtuses,  mem- 
branacées,  finement  nervées,  trois  fois  plus 
courtes  que  la  capsule;  fleurs  peu  saillantes, 
calice  et  corolle  (non  encore  étudiés);  cap- 
sule (sur  les  échantillons  de  mon  herbier) 
crustacée,  oblongue  aiguë,  atténuée  au  som- 
met, à valves  intérieurement  noires  luisan- 
tes; graines  à funicule  ombilical  soyeux, 
fauve.  Ed.  André. 


14 


LESPEDEZA  MACROCARPA. 


CORRESPONDANCE. 


LESPEDEZA  MACROCARPA 


Plante  rustique,  vivace,  plus  rarement 
sous-frutescente  quand  le  climat  est  clément 
et  les  froids  à peu  près  nuis.  Tiges  relative- 
ment grêles,  à écorce  brune,  atteignant 
1“  50  et  même  plus  de  hauteur,  tombantes. 
Feuilles  pétiolées,  trifoliolées,  sur  un  pétiole 
grisâtre  d’environ  1 centimètre  de  longueur  ; 
folioles  ovales,  elliptiques,  très-courtement 
pétiolulées,  minces,  entières,  l’impaire  plus 
grande  que  les  deux  autres,  d’un  vert 
cendré,  comme  légèrement  velues,  argen- 
tées soyeuses.  Fleurs  nombreuses,  petites, 
d’un  beau  rose  légèrement  violacé  (rose 
mauve),  se  succédant  pendant  longtemps 
au  fur  et  à mesure  de  l’élongation  des  tiges 
florales.  Légume  pédicellé,  longuement 
elliptique,  terminé  par  un  mucron  séti- 
forme.  Graine  généralement  unique  dans 
chaque  gousse,  elliptique,  comprimée,  à 
testa  corné,  luisant. 

Le  Lespedeza  macrocarpa , Bunge 


{Campylotropis  Chinensis,  Bunge),  origi- 
naire des  provinces  septentrionales  de  la 
Chine,  est  très-rustique.  C’est  une  espèce 
très-floribonde  qui,  plantée  en  terre  légère 
à une  bonne  exposition,  y fleurit  pendant 
plusieurs  mois.  Ses  rameaux  longs,  presque 
flexueux,  font  qu’on  peut  la  palisser  le  long 
d’un  mur  qu’elle  garnit  assez  bien. 

On  multiplie  par  graines  que  la  plante 
donne  facilement,  et  que  l’on  sème  au 
printemps  en  terre  légère  ou  de  bruyère. 
On  repique  les  plants  quand  ils  sont  encore 
jeunes,  soit  en  pépinière  soit  en  place,  afin 
de  n’avoir  pas  à en  opérer  la  transplantation 
qui,  en  général,  est  assez  difficile,  comme 
pour  toutes  les  Légumineuses.  On  se  trou- 
verait donc  bien  de  repiquer  dans  des 
petits  pots,  ce  qui  permet  de  transplanter 
en  tous  temps  avec  la  certitude  d’obtenir  un 
bon  résultat. 

E.-A.  Carrière. 


CORRESPONDANCE 


Mr  E.  R.  (Dordogne).  — Vous  pourrez  vous 
procurer  non  seulement  le  Skimmia  ohlata 
Veitchi,  mais  à peu  près  toutes  les  espèces  ou 
variétés  de  ce  genre,  chez  MM.  Thibaut  et 
Keteleer,  horticulteurs,  rue  detloudan,  à Sceaux 
(Seine). 

Mr  F.  G.  (Paris).  — Les  cueille-fniits  à 
pédale,  de  meme  que  le  sécateur-cchenilloir 
du  meme  genre,  sont  fabriqués  par  M.  Aubry, 
coutelier  horticole,  131,  rue  Vieille-du-Temple, 
à Paris. 

Ml’  E.  B.  (Indre-et-Loire).  — Les  graines  que 
vous  nous  avez  adressées  sous  le  nom  de  Melon 
de  Caboul  n’ont  pas  donné  de  bons  résultats,  ce 
qui  est  probablement  dû  au  temps  défavorable 
pour  les  plantes  qu’il  a fait  cette  année  ; néan- 
moins, nous  avons  pu  constater  que  les  sujets 
obtenus  appartenaient  bien  au  groupe  des  Can- 
taloups, mais  alors  à une  variété  à petits  fruits, 
d’une  valeur  très-médiocre,  si  on  la  compare  à 
ce  qu’on  possède  en  ce  genre. 

Mr  J.  G.  (Loire).  — 11  arrive  fréquemment, 
en  horticulture,  que  sous  un.  môme  nom  on 
cultive  des  choses  très-diverses  qui,  par  consé- 
quent, ne  peuvent  s’accommoder  d’un  traite- 
ment identique.  C’est  surtout  quand  on  a affaire 
à des  plantes  dont  la  végétation  est,  différente 
que  les  procédés  de  culture  ne  peuvent  être 
les  mômes.  Ainsi,  nous  rappelons  quelles  Cri- 


num^  certains  Pancratium  originaires  des  par" 
lies  chaudes  et  humides  de  l’Amérique  centrale, 
dont  la  végétation  est  continue,  devront  ôtre 
cultivés  d’autre  manière  que  les  espèces  ana- 
logues qui  croissent  dans  les  parties  chaudes, 
sèches  et  arides.  De  cette  catégorie  sont  les  es- 
pèces de  l’Afrique  centrale,  où,  pendant  l’été, 
par  suite  de  la  chaleur  et  surtout  de  l’extrême 
sécheresse,  les  plantes  sont  dans  un  état  de 
repos  absolu. 

Dans  laquelle  de  ces  deux  catégories  rentre 
votre  plante? 

En  général,  les  Amaryllidées  exotiques  s’ac- 
commodent très-bien  d’une  forte  chaleur  pen- 
dant leur  végétation  ; celle-ci  terminée,  il  faut 
les  laisser  reposer,  en  diminuant  successive- 
ment les  arrosages,  poiir  arriver  à les  suppri- 
mer tout  à fait.  Arrivé  à cette  période,  il  y a 
deux  modes  à suivre  : arracher  les  oignons  et 
les  laisser  sécher,  pour  les  replanter  lorsque 
la  végétation  se  manifeste  ; ou  laisser  les  oignons 
dans  des  vases  en  les  privant  complètement 
d’eau  pendant  toute  la  saison  de  repos,  puis  les 
secouer,  en  couper  ou  non  les  racines,  suivant 
les  espèces  auxquelles  on  a affaire,  et  finale- 
ment rempoter  ou  planter,  ensuite  arroser  lé- 
gèrement pour  activer  la  végétation.  On  arrose 
enfin  abondamment,  atin  de  faire  développer 
rapidement  les  plantes  et  d’avoir  une  belle  ffo- 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’iIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


15 


raison,  ce  qui  n’aurait  pas  lieu  si,  lors  de  la 
formation  des  organes  floraux,  les  plantes  ne 
i-ecevaient  pas  l’eau  nécessaire.  Dans  ce  cas,  il 


y aurait  avortement  ou  du  moins  affaiblis- 
sement des  parties  floi'ales,  ce  qu’il  faut 
éviter. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  14  DÉCEMBRE  1882 


Apports.  — Comité  d'arhoriculture. 
M.  Mayeux,  de  Villejuif,  avait  apporté  quelques 
fruits  bien  connus  : Doyenne  dliiver^  Cniré, 
etc.,  beaux,  mais  n’oflrant  aucun  intérêt  par- 
ticulier. 

Comité  de  culture  potagère.  Le  même 
M.  Mayeux  présentait  deux  corbeilles  de 
Pommes  de  terre  en  2 variétés  : Trophy  et 
International  Kidney.  La  première,  longue  et 
ajdatie,  grosse,  très-belle,  rappelle  un  peu  la  P. 
Early  rose  ou  la  Saucisse;  elle  paraît  intermé- 
diaire entre  les  deux.  Quant  à la  variété  Inter- 
national Kidney.,  elle  est  également  jolie  et 
grosse,  analogue  par  la  forme  et  les  dimen- 
sions à la  P.  Tropliy.,  dont,  sous  ces  rap- 
ports, elle  ne  diffère  guère  que  par  sa  couleur 
qui  est  jaune,  tandis  que  la  P.  Trophy  est 
rouge.  Toutes  deux,  paraît-il,  sont  productives 
et  de  bonne  qualité.  — M.  Bergman,  de  Fer- 
rières, présentait  un  fruit  d’Ananas  de  la 
variété  Cayenne  à feuilles  lisses  d’une  beauté 
et  d’une  grosseur  extraordinaires  ; il  mesurait 
environ  30  centimètres  de  hauteur  sur  20  de 
diamètre,  et  pesait  5 kil.  740  gr.  — M.  Girar- 
din,  cultivateur  à Argenteuil,  exposait,  sous  le 
nom  de  « Persil  pour  l’hiver  »,  une  petite  bar- 
rique remplie  de  terre,  dans  laquelle  avaient  été 
placés  horizontalement,  lits  par  lits,  des  pieds 
de  Persil  frisé.  Les  tetes  des  plantes  venaient 
déboucher  dans  des  trous  percés  sur  toute  la 
circonférence  du  vase,  où  elles  avaient  émis 
de  grandes  feuilles  recouvrant  entièrement 
l’appareil  qui  disparaissait  sous  une  masse 
verte  vraiment  ornementale.  Au  lieu  de  tonneau, 
on  pourrait  employer  pour  cet  usage  des  vases 
en  terre  nommés  Persillères.  — M.  Gustave 
Maïzet  avait  apporté  2 beaux  fruits  de  Cara- 
Imcetta;  ces  fruits,  arqués  et  renflés  aux  deux 
bouts,  surtout  à la  base,  ont  la  peau  vert 
marbré  clair,  et  leur  chair  très-serrée,  d’un 
beau  jaune,  est,  dit-on,  délicieuse.  Cette  Cucur- 
bitacée  exige  beaucoup  de  chaleur  et,  en  France, 
ne  pourrait  mûrir  ses  fruits  que  dans  les 
parties  méridionales.  — M.  Dybowski,  répéti- 
teur de  botanique  et  de  culture  à l’École 
nationale  d’agriculture  de  Grignon,  présentait 
une  Courge  dont  les  graines  lui  avaient  été 
envoyées  de  Constantinople.  Très- régulier  de 
forme,  très-finement  et  régulièrement  côtelé, 
à côtes  étroites  et  peu  enfoncées,  ce  fruit, 
qui  mesurait  40  centimètres  de  diamètre  sur 


30  de  hauteur,  avait  la  peau  mince  mais 
résistante;  la  chair,  d’un  beau  rouge  orangé, 
très-dense  et  fine,  devient  farineuse  et  fine- 
ment granuleuse  par  la  cuisson,  comme  la 
semoule;  elle  est  alors  excellente. 

Comité  de  floriculture.  On  voyait  un  beau 
pied  fleuri  du  nouveau  Bouvardia  nommé 
Président  Gar/ield.  C’est  une  plante  dres- 
sée, à feuilles  velues,  d’un  vert  cendré,  et  dont 
les  fleurs  doubles  sont  d’un  rose  carné  qui 
rappelle  la  nuance  du  Sipanea  carnea.  — 
M.  Queneau-Poirier,  à Sakd-Cyr,  près  Tours, 
avait  envoyé  en  fleurs  six  pieds  (VEpiphyllum 
truncatum,  en  plusieurs  variétés,  dont  quatre, 
greffées  l’année  dernière, étaient  d’une  taille  re- 
lativement extraordinaire.  — M.  Hédiard  pré- 
sentait un  fruit  de  Hura  crepitans,  Euphor- 
biacée  de  l’Amérique  centrale,  des  Antilles 
notamment.  Ce  fruit  orbiculaire,  très-déprimé, 
qui  présente  ordinairement  douze  côtes  très- 
régulières  , est  surtout  remarquable  par  le 
bruit  qu’il  fait  lors  de  sa  déhiscence,  et 
qu’on  a comparé  à un  coup  de  pistolet. 
— M.  Régnier,  horticulteur,  avenue  Mari- 
gny,  à Fontenay-sous-Bois,  présentait  une  es- 
pèce d’Orchidée  très-voisine  du  genre  Bletia  ; 
les  tiges  florales  très-ténues,  dressées  et  rai- 
des, portent  de  petites  fleurs  solitaires,  pendan- 
tes, à divisions  jaunâtres  maculées  roux.  Cette 
plante,  originaire  de  la  Cochinchine,  et  qui  a 
été  introduite  par  M.  Régnier,  jardinier  en  chef 
du  jardin  botanique,  à Saigon,  devra,  d’après 
M.  le  docteur  Pierre,  constituer  un  genre  nou- 
veau. — M.  Godefroy-Lebeuf  exhibait  un 
certain  nombre  d’espèces  rares  ou  nouvelles, 
particulièrement  des  Orchidées,  telles  que  : 
Cattleya  Chocoensis,  Eulophia  macrophylla, 
Hætaria  Japonica,  Odontoglossum  gloriosum^ 
Dendrobium  2)alpebræ.  Enfin,  un  beau  pied  en 
fleurs  de  Pescatorea  Lehmanni,  espèce  à feuilles 
nombreuses,  dressées  ; ses  fleurs,  grandes,  odo- 
rantes, régulières,  à divisions  blanc  rosé  ma- 
culé de  rose  à l’extrémité,  ont  le  labelle  étroite- 
ment roulé,  blanc  violacé  légèrement  maculé. 
Cette  espèce,  intéressante  par  la  grandeur  et  la 
beauté  de  ses  fleurs,  est  même  ornementale 
par  la  quantité  de  ses  feuilles  qui,  dressées, 
forment  un  buisson  ne  man([uant  pas  d’élé- 
gance, qualité  dans  les  Orchidées,  dont  les 
feuilles  ont  rarement  un  asj)ect  agréable. 


CULTURE  DU  RAMONDIA  PYRENAICA. 


K) 


CULTURE  DU  RAMONDIA  PYRENAICA 


Je  cultive  les  Ramondia  Pyrenaica  en 
terre  de  bruyère,  en  pots,  le  long  d’un  mur 
exposé  au  nord.  Pour  bien  les  réussir,  il 
n’y  a que  des  arrosages  à leur  donner. 

Cette  plante  craint  beaucoup  la  sécheresse 
chez  nous  ; quand  on  néglige  de  l’arroser, 
on  voit  les  feuilles  se  rider,  se  rétrécir  et,  si 
cet  état  se  prolonge,  l’extrémité  se  dessé- 
cher même  complètement  ; dans  ce  cas  elle 


ne  donne  que  peu  ou  point  de  fleurs.  Plus 
les  plantes  sont  vigoureuses  et  les  feuilles 
conservées  entières,  plus  la  floraison  est 
abondante. 

La  gelée,  comme  la  sécheresse,  fatigue 
les  Ramondia,  quand  ils  reçoivent  le  froid 
directement. 

Lorsqu’il  gèle  sans  neige,  je  les  couvre 
d’une  légère  couche  de  mousse  longue; 


quand  on  retire  cette  couverture,  on  les 
trouve  verts  comme  des  Choux  ; ils  poussent 
sous  la  mousse  comme  sous  la  neige  de 
leurs  montagnes. 

La  multiplication  se  fait  au  printemps 
par  la  séparation  des  touffes.  On  réussit 
parfaitement  même  avec  des  éclats  n’ayant 
pas  de  racines,  si  on  les  a détachés  adroite- 
ment. 


C’est  le  moment  de  ne  pas  négliger  les 
arrosages. 

J’ai  multiplié  ces  plantes  à l’automne 
avec  succès,  en  couvrant  légèrement  de 
mousse  durant  les  froids  ; il  est  urgent  de 
les  visiter  souvent,  afin  de  leur  donner  de 
l’air  et  de  s’assurer  de  leur  état  (quand  il  ne 
gèle  pas).  Grâce  à ces  soins,  bien  simples, 
mais  qui  doivent  être  pris  sous  peine  d’in- 


FRUITS  LOCAUX  POMME  SABÂROT  ET  POMME  ÉTIENNE  PIOUX. 


17 


succès,  je  garantis  que  la  culture  des 
Ramondia  sera  toujours  suivie  d’une  abon- 
dante floraison  annuelle.  J. -B.  Yyon, 

4i,  route  de  Châlillon,  Paris. 

A l’occasion  de  l’article  de  M.  Yvon  sur 
les  Raynondia,  nous  avons  l’heureuse  for- 


tune de  pouvoir  donner  à nos  lecteurs  une 
bonne  figure  (fig.  2)  gravée'  d’après  une 
photographie  prise  dans  les  cultures  de 
MM.  Frœbel,  dont  nous  avons  eu  souvent 
l’occasion  de  citer  les  belles  collections  de 
plantes  alpines.  {Rédaction.) 


FRUITS  LOCAUX 

POMME  SARAROT  ET  POMME  ÉTIENNE  PIOUX 


Sous  ce  titre  général  nous  décrirons,  à 
l’occasion,  des  variétés  fruitières  qu’on  ne 
trouve  pas  ou  qu’on  ne  trouve  que  rare- 
ment dans  le  commerce,  et  qui,  par  consé- 
quent, sont  peu  connues  en  dehors  d’un  pe- 
tit rayon,  malgré  que  parfois  elles  puissent 
présenter  de  grands  avantages.  Telles  nous 
paraissent  être  les  Pommes  Saharot  et 
Étienne  Pioux. 

Toutes  deux  sont  localisées  dans  l’île 
de  Ré,  parfois  môme  dans  quelques  com- 
munes seulement,  bien  qu’elles  existent  là 
depuis  un  temps  immémorial.  Là  ces  ar- 
bres sont  abandonnés  à eux-mêmes  ; leur 
tige,  qui  atteint  rarement  2 mètres  de  hau- 
teur, est  surmontée  d’une  magnifique  tête 
arrondie  à branches  gracieusement  réflé- 
chies, parfois  presque  pendantes  par  le 
poids  des  fruits  que  ces  Pommiers  produi- 
sent abondamment  chaque  année.  • 

Pomme  Saharot.  — Arbre  très- vigou- 
reux. Branches  robustes.  Bourgeons  allon- 
gés, bien  nourris,  à écorce  courlement 
velue  et  d’un  brun  rougeâtre;  lenticelles 
petites,  nombreuses , ponctiformes  ; yeux 
moyens,  ovales,  velus.  Feuilles  générale- 
ment grandes,  vert  clair  én  dessus,  blanc 
verdâtre  en  dessous,  ovales  allongées,  à 
bords  fortement  dentés  ; pétiole  assez  long, 
grêle,  canaliculé,  muni  à la  base  d’une 
forte  stipule.  Fleurs  grandes,  blanc  carné. 
Fruit  de  grosseur  moyenne,  d’environ 
6 centimètres  de  diamètre  sur  5 de  hau- 
teur, brusquement  arrondi  aux  deux  extré- 
mités, surtout  à la  base  qui  est  très-élargie. 
Pédoncule  grêle  dans  une  large  cavité  qu’il 
dépasse  rarement  ; œil  ouvert  dans  une  ca- 
vité légèrement  plissée.  Peau  luisante,  d’un 
jaune  pâle,  plus  ou  moins  ponctuée  roux, 
parfois  lavée  de  rose  sur  les  parties  fortement 
éclairées.  Chair  blanche,  serrée,  ferme, 
sucrée  et  légèrement  acidulée,  agréable- 
ment relevée.  Mûrit  de  novembre  à avril. 

C’est  surtout  à l’extrémité  de  l’île  de  Ré, 


sur  le  territoire  de  la  commune  des  Portes, 
que  de  temps  immémorial  la  Pomme  Sa- 
harot est  cultivée  et  très-fréquemment 
plantée.  L’arbre  est  très^robuste  et  très- 
fertile. 

Pomme  Étienne  Pioux.  — Arbre  vi- 
goureux. Branches  nombreuses  formant  une 
large  tête  arrondie.  Scions  à écorce  velue, 
lenticellée,  à lenticelles  rapprochées;  yeux 
ovoïdes  assez  prononcés.  Feuilles  grandes, 
d’un  vert  sombre  en  dessus,  blanchâtres  ve- 
lues à la  face  inférieure,  ovales  arrondies, 
fortement  dentées  sur  les  bords  ; pétiole  ro- 
buste, assez  long,  à peine  légèrement  cana- 
liculé, faiblement  stipulé.  Fruit  de  bonne 
grosseur,  gracieusement  conique,  comme 
tronqué  au  sommet,  ordinairement  un  peu 
inéquilatéral,  atteignant  8 centimètres  de 
hauteur  sur  un  diamètre  presque  de  même 
dimension;  pédoncule  court,  ténu,  dans  une 
cavité  étroite  et  profonde;  œil  grand,  ouvert, 
dans  une  cavité  bien  marquée,  souvent  un 
peu  plissée.  Peau  lisse  et  unie,  mince,  d’un 
beau  rouge  foncé  presque  partout,  dans  le- 
quel on  remarque  çà  et  là  quelques  bandes 
ou  larges  stries  plus  foncées,  presque  brunes. 
Chair  blanche,  un  peu  jaunâtre,  croquante 
et  tendre  à la  fois,  souvent  rosée  sous  la  peau  ; 
eau  abondante,  sucrée,  légèi  ement  acidulée, 
très-agréablement  parfumée.  — Maturité  de 
novembre  à avril. 

Cette  variété,  qui  est  très-fertile,  de  tout 
premier  mérite,  et  qui  joint  la  beauté  à 
la  qualité,  est  surtout  cultivée  dans  la  com- 
mune de  Sainte-Marie,  distante  de  celle  des 
Portes  d’environ  sept  lieues.  Il  est  difficile 
d’expliquer  pourquoi  un  aussi  beau  et  bon 
fruit  n’est  pas  généralisé  et  cultivé  indis- 
tinctement dans  toutes  les  parties  de  l’île  de 
Ré,  relativement  petite,  fait  qui  peut  donner 
une  idée  de  la  puissance  de  l’habitude,  qui 
pendant  si  longtemps  localise,  parque,  pour 
ainsi  dire,  des  choses  d’un  intérêt  aussi  gé- 
néral . 


18 


BORDURES  TOUJOURS  FLEURIES. 


Les  deux  Pommiers  Saharot  et  Étienne 
Pioux  sont  des  plus  robustes  et  ne  souf- 
frent pas  des  vents  de  mer  auxquels  ils 
sont  constamment  exposés.  Une  autre  par- 
ticularité assez  remarquable  aussi,  qu’ils 
présentent,  consiste  dans  leur  multipli- 
cation , qui  se  fait  à peu  près  comme 
celle  des  Pommiers  Paradis  et  Doucin. 
Voici  à ce  sujet  ce  que  nous  écrivent 
MM.  Foucbé,  horticulteurs  à la  Flotte  (île 
de  Ré). 

((  Les  Pommiers  Saharot  et  Étienne 
Pioux  ne  sont  jamais  greffés  ; on  les  mul- 
tiplie d’éclat,  c’est-à-dire  par  déchaussage 
interne  et  même  externe,  à la  façon  du 
Pommier -Paradis  ; mais,  au  lieu  de  prépa- 
rer des  pieds-mères,  nos  paysans  se  bornent 
à prendre  des  jets  naturels  qui  sortent  au 
pied  des  arbres , qu’ils  détachent  quel- 
quefois même  sans  racine , et  plantent 
à demeure  avec  un  épieu  en  fer  dont  ils  se 
servent  pour  planter  la  Vigne  ; puis  ils  aban- 

BORDURES  TOI 

Le  but  principal  à atteindre,  lorsqu’on 
plante  une  bordure,  est, comme  l’indique  le 
mot,  de  border,  c’est-à-dire  d’établir  une 
limite  qui  contraste  avec  les  parties  voi- 
sines, qiu alors  elle  détache.  Quand  les  bor- 
dures sont  destinées  à soutenir  des  terrains, 
elles  doivent  être  résistantes,  solides,  per- 
sistantes. Dans  ce  cas,  suivant  les  circons- 
tances ou  les  conditions  dans  lesquelles  on 
se  trouve,  on  emploie  des  végétaux  sous- 
ligneux,  tels  que  : Thym,  Lavande,  Ger- 
mandrée,IIyssope,  Origan,  etc.  On  va  mêmé 
jusqu’à  se  servir  d’arbustes  que,  par  la  taille, 
on  maintient  à des  proportions  très-réduites  : 
les  Troènes,  les  Fusains  sont  fréquemment 
employés  pour  cet  usage.  Les  autres  espèces 
précitées  peuvent  être  également  soumises 
à la  taille,  et  dans  ce  cas  on  obtient  de 
belles  lignes  régulières,  mais  de  fleurs 
point.  Voilà  pour  quelques  exemples  de 
bordures  plus  ou  moins  résistantes  ; quant 
aux  autres,  qui  sont  tellement  nombreuses 
que  je  n’en  tenterai  même  pas  l’énuméra- 
tion, ce  sont  presque  toujours  des  plantes  à 
fleurs  qu’on  emploie  pour  les  établir.  L’es- 
sentiel est  donc  d’avoir  des  sortes  robustes 
et  dont  la  floraison  se  prolonge  le  plus  long- 
temps possible. 

Des  plantes  très-propres  à cet  usage, 


donnent  les  arbres  à eux-mêmes.  Malgré  un 
traitement  aussi  primitif,  au  bout  de  quel- 
ques années  ces  jets  forment  de  jolies  pa- 
rasols d’une  très-grande  vigueur,  couronnés 
par  une  forte  tête,  bien  qu’ils  soient  cons- 
tamment exposés  aux  vents  de  mer  qui 
soufflent  de  tous  côtés.  » 

Ainsi  qu’on  peut  le  voir,  ces  deux  Pom- 
miers présentent  des  avantages  qui  les  re- 
commandent tout  particulièrement;  ils 
nous  offrent  de  plus  cet  exemple  de  se  mul- 
tiplier par  éclats,  absolument  comme  le  font 
les  Pommiers-Paradis  et  Doucin.  Pourraient- 
ils  être  employés  comme  sujets,  ainsi  qu’on 
le  fait  de  ces  derniers?  C’est  à essayer. 
Peut-être  aussi  que  ces  arbres  pourraient 
être  cultivés  en  pots  avec  avantage.  Le  fait 
paraît  même  probable.  Encore  une  expé- 
rience à tenter.  Nous  la  signalons  à nos 
collègues,  et  tout  particulièrement  aux  lec- 
teurs de. la  Revue  horticole. 

E.-A.  Carrière. 

OURS  FLEURIES 

auxquelles  pourtant  l’on  ne  pense  guère 
pour  faire  des  bordures,  sont  les  Chry- 
santhèmes précoces,  qui,  très-vigoureux  et 
robustes,  se  maintiennent  longtemps  fleu- 
ris : en  général  leur  floraison  a lieu  à partir 
de  juillet  et  même  plus  tôt,  et  se  succède 
jusqu’aux  gelées. 

Culture.  — Suivant  l’emplacement  dont 
on  dispose  et  le  but  qu’on  cherche  à at- 
teindre, on  agit  diversement.  Deux  modes 
sont  surtout  employés:  1*^  opérer  comme 
on  le  ferait  de  toute  autre  plante  vivace, 
c’est-à-dire  laisser  pousser  et  fleurir  à 
volonté.  Mais  comme  les  plantes  pourraient 
devenir  un  peu  trop  élevées,  on  opère  vers 
les  mois  d’avril-mai,  suivant  les  espèces, 
un  rabattage  ou  pinçage  qui  fait  ramifier  les 
plantes. 

Les  autres  soins  consistent  à arroser 
si  cela  est  nécessaire,  et  à enlever  au  fur 
et  à mesure  les  fleurs  passées,  tant  pour 
la  propreté  que  pour  ne  pas  fatiguer  les 
plantes  et  nuire  à leur  floraison. 

On  peut  donc,  avec  ces  mêmes  plantes, 
constituer  des  bordures  permanentes  ou 
annuelles.  Dans  le  premier  cas,  on  coupe  les 
côtés  chaque  année,  afin  de  régulariser  les 
bordures,  et  s’il  en  est  besoin  on  pince,  afin 
de  maintenir  les  plantes  dans  de  petites  di- 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  — ORANGES  TRIPLES. 


19 


mensions.  Dans  le  cas  où  Ton  désire  avoir 
des  l)ordures  toujours  en  Heurs,  les  Chry- 
santhèmes sont  cultivés  comme  plantes  an- 
nuelles, du  moins  en  tant  que  bordures. 
Pour  cela  on  plante  d’abord  des  variétés  à 
floraison  tout  à fait  printanière  : Pensées, 
Pâquerettes,  etc.,  qu’on  arrache  fin  mai, 
après  la  floraison,  puis  on  ks  remplace  par 
des  Chrysanthèmes  qui  ont  été  élevés  en 
pépinière  pour  cet  usage,  de  sorte  que,  quel- 
ques semaines  plus  tard,  les  plantes  com- 
mencent à fleurir  pour  ne  s’arrêter  qu’aux 
premières  gelées.  Quant  aux  soins,  ils 


sont  les  mêmes  que  ceux  indiqués  plus 
haut. 

Pour  ce  qui  concerne  le  mode  de  planta- 
tion au  point  de  vue  décoratif,  il  n’y  a rien 
d’absolu  ; c’est  une  affaire  de  goût,  parfois 
de  milieu,  en  raison  des  contrastes  ou  de 
l’effet  qu’on  recherche  ; on  peut  faire  des 
lignes  d’une  seule  couleur  ou  bien  les  al- 
terner. Dans  tous  les  cas,  il  n’est  pas  né- 
cessaire que  les  couleurs  soient  nombreuses; 
l’essentiel  est  qu’elles  soient  franches  ; quel- 
ques-unes : jaune,  rouge,  blanc,  rose,  sont 
suffisantes.  May. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE.  - ORANGES  TRIPLES 


Qu’appelle-t-on  « Oranges  triples  ? » Cette 
dénomination,  qui  à première  vue,  c’est-à- 
dire  quand  on  examine  les  fruits  entiers 
auxquels  elle  se  rapporte,  peut  paraître 
impropre  pour  caractériser  les  faits,  semble 
au  contraire  se  justifier,  en  partie  du  moins, 
quand,  faisant  la  coupe  des  fruits,  on  en 
étudie  l’organisation  interne.  En  effet,  on 
reconnaît  alors  qu’on  n’a  pas  affaire  seule- 
ment à une,  mais  bien  à plusieurs  Oranges. 
Toutefois,  on  remarque  dans  ces  fruits  un 
désordre  organique  : chaque  fruit  présente 
une  disposition  spéciale,  ce  que  montrent 
les  figures  3,  4,  5. 

Dans  la  figure  3,  où  les  modifications 
semblent  être  les  moins  profondes,  on  voit 
au  centre  une  sorte  d’axe  qui,  divisé  sur  plu- 
sieurs points,  présente  vers  son  milieu  deux 
sortes  de  petits  carpelles  détachés,  et  dont 
l’un  contient  une  graine;  les  deux  autres 
gros  carpelles  — vulgairement  appelés 
« tranches  » d’Orange  — contiennent  éga- 
lement chacun  une  graine,  mais  placées  di- 
versement : dans  celle  de  droite-,  la  graine 
occupe  une  position  normale  ; il  en  est  au- 
trement de  celle  de  gauche  dont  la  graine, 
inversée,  a le  dos  tourné  vers  l’axe,  tandis 
que  son  point  d’insertion  semble  placé  au 
milieu  du  tissu  cellulaire.  A ses  deux  extré- 
mités, l’axe  semble  former  plusieurs  ramifi- 
cations pour  se  terminer  au  sommet  par 
rois  sortes  de  carpelles  incomplets,  indu- 
rés, qui  percent  le  testa  de  l’Orange  et  sail- 
lissent plus  ou  moins  au  dehors. 

Dans  la  figure  4,  les  modifications,  beau- 
coup plus  importantes,  sont  aussi  trè.s-diffé- 
rentes  de  celles  que  présente  la  figure  3. 
L’axe  central  semble  bientôt  s’effacer,  et 


alors  les  carpelles,  très-nombreux,  irrégu- 
liers et  de  formes  diverses,  sont  épars  et 
isolés  ; deux  seulement  contiennent  un 
pépin,  mais  ceux-ci  semblent  s’insérer  nor- 
malement, c’est-à-dire  par  leur  base,  vers 
l’axe  du  carpelle.  Au  sommet  du  fruit,  et 
bien  qu’il  y ait  eu  comme  une  solution  de 
continuité  de  l’axe,  on  voit  saillir  au  dehors 
un  carpelle  déformé,  accompagné  à sa  base 
de  quelques  autres  plus  petits  et  rudimen- 
taires. 

La  figure  5 représente  des  modifications 
plus  complexes  encore,  mais  aussi  d’un 
autre  ordre.  Ici  les  choses  sont  plus  accen- 
tuées, mieux  caractérisées,  et  l’on  distingue 
assez  nettement  des  superpositions  de  car- 
pelles qui  démontrent  qu’on  a affaire  à 
une  sorte  de  prolification  paraissant  former 
plusieurs  fruits  et  justifier  l’appellation 
à' Orange  triple,  d’après  la  complexité  des 
parties.  Ici  l’on  en  distingue  nettement 
trois.  Mais  presque  toujours,  ou  du  moins 
dans  la  plupart  des  fruits,  on  voit,  plus  ou 
moins  développés,  des  carpelles  qui  sem- 
blent émerger  du  centre  des  fruits  pour 
saillir  au  sommet.  Dans  cette  figure,  la  pro- 
lification semble  nettement  établie. 

Une  autre  singularité  que  présentent  par-  * 
fois  les  « Oranges  triples  » consiste  dans  la 
nature  de  certains  carpelles  qui,  outre  leur 
monstruosité,  sont  complètement  dénatu- 
rés ; ainsi  ils  sont  durs,  secs,  sans  goût  et 
parfois  même  très-désagréables;  leur  cou- 
leur est  plus  ou  moins  verdâtre,  à côté 
d’autres  carpelles  qui  sont  savoureux,  su- 
crés, aqueux,  en  un  mot  très-bons. 

A quoi  attribuer  ces  faits,  et  comment  ex- 
pliquer ces  transformations  que  présentent 


"20  PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  — OHANGES  TRIPLES. 


les  fruits.  Les  fleurs  dont  ils  proviennent 
ne  présentent  rien  d’anormal  ; elles  ont  ab- 
solument les  mêmes  caractères  généraux 
que  toutes  les  autres  espèces  ou  variétés 
d’Orangers.  Ces  fleurs  sont  très-grandes,  et 
le  pistil  est  aussi  plus  gros  que  dans  la  plu- 


Fig. 3.  — Coupe  d’une  orange  triple,  aux  2/3  de 
grandeur  naturelle. 


part  des  autres  variétés  d'Orangers.  Quant 
à l’arbre,  il  est  très-vigoureux  et  présente 
quelque  différence  : au  lieu  de  former  na- 
turellement une  tête  arrondie  plus  ou  moins 
régulière,  il  s’élance  davantage.  Ses  ra- 
meaux, raides  et  droits,  tendent  toujours  à 


Fig.  4.  — Orange  monstrueuse,  dite  triple,  aux 2/3 
de  grandeur  naturelle. 


monter  ; ainsi,  un  arbre  de  dix-huit  ans  de 
cette  espèce  a bien  80  centimètres  de  plus 
qu’un  Oranger  ordinaire  du  même  âge  et 
de  la  même  vigueur. 

Maintenant  que  nous  avons  fait  connaître 
les  particulari- 
tés si  singulières 
que  présentent 
les  fruits  de 
cette  race  d’O- 
rangers , nous 
allons  en  indi- 
quer l’origine  et 
décrire  les  carac- 
tères que  nous 
ont  présentés  les 
fruits  que  nous 
avons  étudiés. 

Les  variétés 
produisant  les 
Oranges  triples 
que  représen- 
tent les  figures  3, 

4, 5 ont  été  obtenues  par  M.  Gué^ân  (Joseph), 
jardinier,  chemin  d’Almanarre,  à Hyères 
(Var).  Comme  la  plupart  des  variétés,  elles 
se  reproduisent  plus  ou  moins  bien  par 
semis  (1).  L’arbre  est  vigoureux  et  élancé  ; 


quant  aux  fruits,  ils  sont  très-gros  (atteignent 
jusqu’à  9 centimètres  de  diamètre),  à peu 
près  sphériques,  parfois  légèrement  dépri- 
més et  comme  un  peu  aplatis  au  sommet 
qui,  presque  toujours,  présente  une  petite 

cavité  du  centre 
de  laquelle  sor- 
tent comme  de 
petits  fruits  ou 
sortes  de  car- 
pelles irrégu- 
liers, imparfaits, 
qui  se  colorent 
comme  le  fruit. 
La  saveur  est 
très  - agréable  ; 
le  suc,  exces- 
sivement abon- 
dant chez  les 
fruits  verts,  pré- 
sente aussi,  à 
cette  époque  de 
leur  développe- 

(1)  Des  variétés  monstrueuses  analogues  à celles- 
ci  ne  sont  pas  très-rares  dans  le  Midi.  Nous  en  avons 
acheté  l’année  dernière  à Nice,  sur  le  marché,  qui 
présentaient  les  caractères  indiqués  dans  la  descrip- 
tion ci-jointe  des  Oranges  triples,  et  dont  l’origine 
n’a  pu  nous  être  indiquée  par  le  vendeur.  Ed.  A. 


PROMENADES  DANS  LES  JARDINS  DU  MIDI. 


21 


ment,  un  parfum  tout  particulier  d’une  | un  très-grand  intérêt  en  montrant  les  trans- 
finesse  exquise.  A leur  maturité,  ils  sont  de  formations  considérables  que  peut  parfois 
très-bonne  qualité.  déterminer  la  végétation  dans  la  nature  des 

La  variété  d’Orange  dite  triple  présente  1 fruits.  E.-A.  Carrière. 

PROMENADES  DANS  LES  JARDINS  DU  MIDI 


Pour  qui  se  transporte  actuellement  de 
Paris  à Cannes  et  à Nice  par  l’un  des  trains 
rapides  de  la  Compagnie  P.-L.-M.  (1),  la 
surprise  est  grande,  et  l’on  peut  dire  tou- 
jours nouvelle,  pour  ceux  même  qui  con- 
naissent bien  la  côte  française  de  la  Médi- 
terranée. 

Dès  Avignon  et  Arles,  on  constate  que, 
depuis  le  commencement  de  l’biver,  les  cul- 
tures de  primeur.  Fèves,  Pois,  Salades,  etc., 
prospèrent  au  soleil  levant,  sous  leur  abri 
de  cannes  (Arimdo  Donax)  inclinées  pour 
rompre  l’etfort  du  mistral.  Les  Mûriers  et 
les  arbres  fruitiers  ont  en  grande  partie 
conservé  leurs  feuilles,  et  le  sol  est  émaillé 
des  touffes  fleuries  de  l’Alysse  maritime. 

Sitôt  qu’on  a dépassé  Marseille,  les  champs 
se  couvrent,  avec  une  abondance  extrême, 
des  fleurs  blanches  d’une  Crucifère  à florai- 
son hivernale,  le  Diplotaxis  erucoides,  qui 
pourrait  former  une  plante  d’ornement  à la 
manière  des  Arahis,  si  l’on  en  trouvait 
une  variété  naine,  par  la  voie  du  semis.  Dans 
les  calcaires  de  la  chaîne  des  Maures  et  des 
collines  qui  en  dépendent,  les  bois  clairs  de 
Chênes  encore  feuillus  et  de  Pins  d’Alep 
aux  nuances  pales  laissent  voir  un  taillis  de 
Bruyères  {Erica  multiflorci)  constellées 
de  leurs  jolies  fleurs  roses,  violettes  et 
carnées.  Puis  viennent,  aux  alentours  de  la 
ville  d’Aubagne,  les  petites  terrasses  com- 
plantées  de  l’Immortelle  à Heurs  jaunes 
{Helichrijsum  orientcde),  cultivée  là  en 
grand  pour  alimenter  le  commerce  des 
bouquets  funéraires. 

On  approche  de  Toulon,  et  voilà  qu’appa- 
raissent les  premiers  Orangers  chargés  de 
leurs  pommes  d’or,  les  Dattiers  dressant 
dans  le  ciel  bleu  leur  beau  panache  de 
feuilles  pennées.  Sur  les  tonnelles,  les 
Boussingaidtia,  les  Rosiers  de  Banks, 

(1)  Les  progrès  réalisés  depuis  cette  année  dans 
l’organisation  de  ces  trains  sont  extrêmement  re- 
marquables. On  va  de  Marseille  à Paris  (863  kilo- 
mètres) en  quinze  heures,  avec  six  arrêts  seulement: 
Avignon,  Valence,  Lyon,  Mâcon,  Dijon  et  Laroche. 
— Le  matériel  a été  amélioré,  et  les  nouveaux 
wagons-salons  sont  des  plus  confortables. 


trompés  par  la  douceur  de  la  saison,  épa- 
nouissent leurs  fleurs  comme  au  printemps, 
et  les  haies  du  chemin  de  fer  sont  constellées 
de  Roses  du  Bengale  dans  lesquelles  les 
voyageurs  peu  discrets  fourragent  à chaque 
station.  Dans  les  prairies  bien  irriguées, 
les  premiers  Narcisses  trahissent  leur  pré- 
sence par  un  parfum  révélateur , et  sur  les 
grands  joncs  verts,  dressés  comme  des  épées, 
la  petite  rainette  {Hyla  viridis)  chauffe 
au  soleil  son  dos  d’érnéraudè  en  jetant 
de  temps  à autre  son  cri  rauque.  La  saison 
clémente  a laissé  aux  Cerisiers  leur  manteau 
foliaire  d’or  et  de  pourpre  cuivré  ; les  fines 
aiguilles  des  Tamarix  jaunissent  à peine,  et 
les  Chênes  Tauzin  {Quercus  Toza)  sont 
verts  comme  en  plein  été.  Partout  la  cul- 
ture est  en  activité.  Au  lieu  des  tristesses 
du  Nord,  des  rivières  débordées,  des  pluies 
ou  du  froid,  la  vie  rurale  présente  actuel- 
lement, dans  cette  région  charmante,  au 
lendemain  des  inondations  désastreuses 
dont  on  voit  encore  les  traces,  le  spec- 
tacle 'des  champs  bien  ensemencés,  de 
la  récolte  des  Olives,  du  binage  des  Fèves 
et  des  Artichauts  prêts  à monter,  des  Bro- 
colis couverts  de  leurs  têtes  blanches,  et 
aussi  des  gais  repas  du  milieu  du  jour,  sur 
l’herbe,  au  clair  et  beau  soleil  méridional. 

Dans  la  traversée  des  riches  plaines  du 
Var,  où  la  mer  des  Oliviers  pâles  moutonne 
au-dessus  du  sol  rouge  et  ferrugineux,  où 
les  villages  se  succèdent  avec  leur  clocher  à 
campanile  de  fer  ouvragé,  accompagnés  des 
noirs  Cyprès  pyramidaux  contrastant  si  bien 
avec  le  blanc  cru  des  façades  et  le  ton  brun 
des  toitures,  l’uniformité  du  paysage  devient 
vite  fatigante. 

Mais  voici  l’Estérel  aux  sommets  aigus, 
aux  rochers  roux  et  dorés,  aux  forêts  de 
Pins  maritimes,  sous  lesquels  croît  une 
région  de  Cistes,  de  Lavandes  Stæchas,  de 
Myrtes,  d’Arbousiers  et  de  Romarins.  Saint- 
Raphaël  nous  a un  instant  arrêtés  par  la 
gaîté  de  ses  villas  nouvelles  et  les  rapides 
progrès  de  ses  jardins.  Enfin  le  golfe  de  la 
Napoule  s’ouvre  à nos  yeux  ravis,  et  devant 


22 


PROMENADES  DANS  LES  JARDINS  DU  MIDI. 


nous  Cannes  la  coquette,  en  espalier  au 
pied  de  ses  montagnes  boisées,  déroule  son 
panorama  enchanteur.  Tenter  une  fois  de 
plus  la  description  de  cet  Eden  serait  su- 
perflu. Cannes  est  à voir,  non  à décrire. 
C’est  des  jardins  que  nous  voulons  parler, 
et  l’enthousiasme  doit  ici  céder  le  pas  à la 
réalité,  l’amateur  du  pittoresque  à l’amateur 
d’horticulture. 

Nous  avons  parlé  naguère  de  quelques- 
unes  des  résidences  cannoises  les  plus  atta- 
chantes à notre  point  de  vue  spécial  : jardin 
Vallombrosa,  jardin  Dognin,  jardin  d’Epré- 
mesnil,  jardin  Mazel,  etc.  Une  autre  pro- 
priété peu  connue  des  amis  des  plantes  vaut 
bien  aujourd’hui  qu’on  s’en  occupe.  C’est  la 
villa  Saint-Jean,  appartenant  à S.  A.  le 
comte  de  Paris.  Avec  l’aide  de  son  jardi- 
nier en  chef,  M.  Xavier  Bidon,  le  prince  y 
fait  en  ce  moment  des  plantations  qui  inté- 
ressent grandement  l’horticulture.  Il  y 
essaie,  d’une  manière  très-sérieuse  et  très- 
intelligente,  la  culture  en  plein  air  des  Or- 
chidées exotiques,  épiphytes  principalement. 
Les  conditions  locales  sont,  il  faut  le  dire, 
éminemment  favorables  à-  ces  expériences. 
On  a choisi,  pour  disposer  les  plantes,  soit 
le  sol  naturel  supportant  un  compost  de 
sphagnum  et  de  bois  à demi-décomposé, 
soit  le  tronc  même  et  les  racines  des  Chênes, 
sur  les  bords  d’un  ravin  obscur,  épaissement 
ombragé  par  le  couvert  d’un  bois  de  Chênes 
verts,  de  Chênes-Lièges  et  autres  essences  à 
verdure  compacte.  C’est  un  bon  emplace- 
ment pour  cette  culture.  Les  espèces  que 
nous  avons  trouvées  prospérant  le  mieux 
sont  les  suivantes  : Odontoglossiim  crista- 
tum,  Bictoniense,  OncidhimSarcodes,puU 
vinatmn,  ornithorliynchum^  mcurvum, 
tigrinum,lanceamim^  Masdevallia  Bruch- 
mülleri,  Cœlogyne  cristata,  Brassia  lan- 
ceana,  Maxillaria  veniista,  Gongora  spe- 
ciosa^  Ly caste  Deppei,  Pliajus  Wallichii, 
Stanhopea  cirrhata.  La  végétation  était 
moins  bonne  pour  les  Epidendrum  vitelli- 
num,  Trichopilia  coccinea,  Odontoglos- 
sum  Rossii,  Lœlia,  Phajus  maculatus, 
Calanthe  Masuca.  Plusieurs  des  plantes 
que  nous  venons  de  citer  fleurissent  déjà  et 
paraissent  acquises  à la  pleine  terre.  Si  l’é- 
preuve se  continue  d’une  manière  satisfai- 
sante pendant  plusieurs  années,  et  si  la 
culture  des  Orchidées  de  serre  froide  est 
décidément  possible  en  plein  air  dans  la 
région  méditerranéenne,  que  ne  peut-on 


espérer  des  destinées  de  l’horticulture  orne- 
mentale en  ce  pays? 

Entre  les  Orchidées  placées  sur  les  pentes 
du  ravin,  près  d’un  ruisseau  d’eau  vive  des- 
tiné à rafraîchir  l’atmosphère  pendant  l’été, 
on  a planté  çà  et  là  des  touffes  d' Anthurium 
Scherzerianum  qui  se  développent  en  per- 
fection et  paraissent  absolument  chez  elles. 
En  face,  sur  le  bord  opposé  du  ruisseau, 
sur  un  terrain  plus  plan  et  plus  profond, 
des  expériences  d’un  autre  genre  se  pour- 
suivent à la  villa  Saint-Jean.  Bien  que  le 
lieu  soit  plus  froid  que  certains  jardins  du 
quartier  de  la  Californie , de  Cannes- 
Eden  ou  du  golfe  Juan,  S.  A.  le 

comte  de  Paris  a planté  une  collection  de 
Palmiers  et  de  F ougères  qui  donneront  cer- 
tainement lieu  à de  précieuses  observations. 
Nous  y avons  noté,  parmi  les  Palmiers,  les 
Areca  Verschaffelti,  A.  sapida,  A. 
Bauerij  Kentia  Balmoreana  et  K.  Fors- 
teriana,  Ceroxylon  Andicola^  Chamœ- 
doy^ea  elatior,  Cocos  flexuosa,  C.  Wed- 
delliana,  Ptychosperma  Alexandrce,  etc. 
La  plupart  de  ces  espèces  sont,  déjà  repré- 
sentées dans  d’autres  jardins  de  Cannes; 
mais  il  sera  bon  de  suivre  ici  les  plus  déli- 
cates, et  de  constater  à quel  abaissement  de 
température  elles  pourront  résister. 

La  collection  de  Fougères,  en  forts  exem- 
plaires, est  des  plus  intéressantes,  et  les 
espèces  arborescentes  telles  que  : Balan- 
tium  antarcticum,  Cyathea  medullaris, 
Beyrichiana,  dealbata,  Cihotium  Schie- 
deanum,  Alsophila  australis,  excelsa, 
Lomaria  cycadifolia,  se  comportent  comme 
dans  leur  pays  natal.  Parmi  les  formes  her- 
bacées qui  prospèrent,  on  peut  noter  les 
Asplénium  laxum,  Bellangeri,  Blechnum 
acrostichoides,  sans  compter  plusieurs 
Pteris,  qui  viennent  si  bien  à Cannes  dans 
les  jardins  ombragés. 

En  continuant  la  promenade,  on  arrive,  à 
travers  des  taillis  d'Erica  arhorea  et  d’ Ar- 
bousiers, au  petit  jardin  où  le  prince  cultive 
les  Orchidées  indigènes  dont  il  est  grand 
amateur,  et  dont  il  ne  manque  jamais  de 
rapporter  de  nouveaux  exemplaires  dans  ses 
courses  à travers  les  montagnes  du  littoral. 
Quelques  espèces  italiennes  et  alpines  s’a- 
joutent aux  types  français.  Nous  y avons 
relevé  les  noms  suivants  : Ophrys  lutea, 
Orchis  fragrans,  Rohertiana,  elata,  hom- 
bylifera,  longicornu,  variegata,  ciliata, 
papilionacea , tenthredinifera , Mum- 


PROMENADES  DANS  LES  JARDINS  DU  MIDI. 


23 


hyana,  sans  parler  des  espèces  plus  com- 
munes qui  ont  été  plantées,  en  petits  groupes 
épars,  dans  l’intérieur  du  bois,  parmi  des 
gazons  de  Cyclamens  qui  produisent  le  meil- 
leur effet. 

Nous  aurions  encore  à noter  les  Cycadées, 
les  Dasylirions,  les  Musa  Ensete,  plantés 
par  M.  Bidon  sur  une  pelouse  de  Saxifraga 
sarmentosa,  les  Latanias  en  avenue,  les 
Corypha  australis,  un  Phœnix  reclinata 
très-fort  et  en  fruits,  et  autres  bonnes  plantes 
que  nous  avons  rencontrées  dans  ce  jardin; 
mais  nous  ne  saurions  terminer  cette  visite 
rapide  sans  citer  une  plante  hors  ligne, 
dont  nous  n’avons  pas  vu  de  similaire  sur  la 
côte  méridionale.  C’est  un  Palmier,  un  fort 
exemplaire  de  Cocotier,  de  la  tribu  des  espè- 
ces à tronc  court,  comme  le  Cocos  australis 
et  ses  variétés,  dont  il  a l’aspect  d’ensemble. 
Mais  au  lieu  de  porter  des  feuilles  glauques 
et  des  pinnules  étroites  et  distantes,  cette 
espèce  est  représentée  ici  par  un  exemplaire 
acaule  pourvu  de  dix- huit  feuilles  recour- 
bées, longues  de  3 mètres,  sortant  de  gaines 
lacérées,  réticulées,  grises,  à pinnules  vert 
foncé,  non  glauques,  larges  et  aiguës,  qua- 
drinervées  et  à côte  médiane  mince  et  très- 
saillante,  et  surtout  à pétioles  et  rachis 
robustes,  très-dilatés  à la  base,  d’un  rouge 
violacé  terne  et  noirâtre.  La  plante  est  là 
depuis  longtemps  et  a été  reçue  sous  le  nom 
de  Cocos  insignis  (1).  Quelques  recherches 
permettront  sans  doute  d’élucider  ce  qui 
concerne  son  histoire  et  son  véritable  nom. 

Beux  autres  jardins  de  Cannes,  ceux  de 
MM.  Dognin  et  d’Éprémesnil,  sont  dignes 
maintenant  d’occuper  nos  loisirs,  et  les 
nouveaux  faits  de  végétation  qu’ils  nous  ont 
révélés,  comme  on  le  verra,  ne  manquent 
pas  d’importance  au  point  de  vue  horticole. 

Le  jardin  de  M.  Dognin  vient  de  s’enrichir 
d’une  collection  de  Palmiers  rustiques  très- 
remarquable.  Cet  amateur  émérite  a déplacé 
de  très-forts  spécimens  déjà  plantés  dans  sa 
propriété,  et  pour  lesquels  il  a choisi  aussi 
des  emplacements  mieux  appropriés.  Il  a ac- 
quis aussi  de  M.  Mazel  quelques  gros  exem- 
plaires qui  faisaient  la  gloire  de  ce  petit  en- 
clos du  golfe  Juan  d’où  tant  de  belles  plantes 
sont  déjà  sorties.  Grâce  à un  lot  de  Cocotiers 
vraiment  unique,  M.  Dognin,  vaillamment 

(1)  Le  Cocos  insignis,  Martius,  connu  aussi  sous 
le  nom  Je  Glaziova  insignis,  est  une  espèce  à 
feuillage  fin,  originaire  des  terres  chaudes  du 
Brésil. 


secondé  par  son  jardinier- chef,  M.  Riffaud, 
a créé  une  scène  charmante  auprès  de  son 
habitation  de  la  villa  Valetta.  Sur  les  bords 
d’un  petit  vallon  qui  descend  rapidement 
à une  pièce  d’eau  entourée  de  rochers,  une 
demi-douzaine  de  Cocos  flexuosa,  Roman- 
zoffiana,  Syagrus  majestica,  etc.,  dressent 
de  superbes  fûts  de  colonnes  éburnéennes 
empanachées  de  leur  feuillage  plumeux,  et 
de  grosses  touffes  de  CocÔs  campestris  ou 
Bonneti  arrondissent  à leurs  pieds  leurs 
nombreuses  frondes  recourbées  et  glau- 
cescentes.  Ce  petit  coin  de  terre  est  vrai- 
ment enchanteur,  et  la  décoration  des 
jardins  par  la  végétation  tropicale,  entendue 
de  celte  manière,  est  vraiment  une  chose 
supérieure.  Des  Chamœrops  Martiana,  Sa- 
bal  Havanensis  et  umbraculifera,  Jubœa 
Torallyi,  Brahea  7iitida,  Syagrus  divers, 
et  autres  Palmiers  représentés  par  de  très- 
forts  spécimens,  ont  été  apportés  à grands 
frais  delà  même  localité  et  ne  paraissent  pas 
avoir  souffert  d’une  déplantation  soigneuse- 
ment effectuée.  Plusieurs  de  ces  arbres  ont 
été  transplantés  avec  des  mottes  de  10,000 
kilog. 

La  végétation  de  ce  beau  jardin  est  de 
plus  en  plus  florissante.  Les  Araucai'ia 
Bidwilli,  excelsa,  Baumamii,  Rulei,  s’y 
développent  avec  une  étonnante  vigueur  ; 
les  régimes  des  Musa  Ensete  pendent, 
énormes,  sous  le  poids  de  leurs  nombreuses 
graines  mûres  ; VAreca  sapida  est  couvert 
de  ses  petits  fruits  rouges  oblongs,  prêts  à 
être  semés  ; d’énormes  Agaves  fleurissent  à 
tour  de  rôle,  et  VA.  liystrix  laisse  tomber 
les  graines  noires  de  ses  capsules,  non  loin 
du  rocher  où  V Opuntia  timicata  Dogni- 
7iiana  hérisse  formidablement  ses  rameaux 
cylindracés  et  couverts  d’aiguillons  blancs. 
Dans  les  jardins  du  bas,  formant  la  seconde 
propriété  de  M.  Dognin,  et  qu’il  a nommée 
Camille  Amélie,  nous  avons  de  nouveau  pris 
les  dimensions  de  deux  arbres  magnifiques, 
que  les  amateurs  des  curiosités  végétales 
exotiques  du  midi  de  la  France  commencent 
à bien  connaître. 

Le  premier  est  un  Araucaria  excelsa 
planté  en  avril  1871.  Il  mesure  13™  50  de 
hauteur;  la  circonférence  de  son  tronc  est 
de  1™10,  et  le  diamètre  de  ses  verticelles 
atteint  8 mètres. 

Le  second,  un  exemplaire  unique,  est  le 
beau  Cocolier  situé  au  pied  d’un  rocher, 
au  bord  de  l’eau.  Nous  aurons  occasion  de 


PROMENADES  DANS  LES  JARDINS  DU  MIDI. 


reparler  de  ce  bel  arbre  dans  un  article 
spécial. 

D’ailleurs  des  notes  détaillées  sur  quel- 
ques plantes  rares  du  jardin  Dognin  paraî- 
tront ici  à leur  date,  et  nous  avons  hâte  de 
passer  au  golfe  Juan,  où  nous  attend  la  villa 
des  Cocotiers,  à M.  le  comte  d’Eprémesnil. 

Une  description  détaillée  de  cette  pro- 
priété ne  peut  être  faite  ici  en  peu  de  mots. 
Il  suffira  de  déclarer  qu’aujourd’hui  les 
collections  de  plantes  rares  qu’elle  contient 
sont  les  plus  complètes  du  littoral.  Palmiers, 
Gycadées,  Aroïdées,  Cactées,  Agaves,  Bam- 
bous, y sont  représentés  par  de  forts  exem- 
plaires qui,  grâce  aux  soins  assidus  du  jar- 
dinier-chef, M.  Chevrier,  atteignent  d’éton- 
nantes  proportions.  C’est  ainsi  que  le  fameux 
Pritchardia  fdifera,  le  plus  fort  qui  existe 
aujourd’hui  en  Europe,  et  dont  nous  avons 
donné  les  proportions  dans  la  chronique  du 
numéro  précédent,  forme  une  touffe  de  di- 
mensions imposantes  sur  le  bord  de  la  route, 
au  milieu  d’un  bosquet  d’autres  Pritchar- 
dias,  de  Cocotiers,  de  Palmiers  divers,  au 
milieu  desquels  on  arrive  par  une  allée  de 
Bambous  partant  de  la  route  d’Antibes. 

Le  petit  jardin  creux,  entouré  de  rochers, 
formant  un  abri  naturel,  qui  est  situé  au 
bas  de  ce  talus  de  Palmiers,  contient  de 
précieuses  raretés.  Le  Cocos  Maximiliana 
(qui  nous  paraît  le  même  que  ses  voisins 
étiquetés  C.  lapidea  et  C.  Datiï)  ; les  Pty- 
chosperma  Alexandrœ,  Livistona  fiUfera, 
Thrinax  ChucOy  Cocos  Maria-Posa,  Bra- 
hea  egregia,  B.  Bœzlii,  Phoenix  .rupi~ 
cola,  Syagrus  majestica,  Chamærops  Mar- 
tiana,  etc.,  sont  autant  de  belles  espèces, 
soit  déjà  éprouvées,  soit  encore  à l’essai, 
mais  donnant  toutes,  par  leur  vigueur,  les 
meilleures  espérances.  La  tribu  des  Cocos 
flexuosa  et  Bomanzofjiana  est  représentée 
par  des  centaines  d’exemplaires  qui  justi- 
fient pleinement  le  nom  donné  à la  villa. 

Sans  parler  des  collections  variées,  sur 
lesquelles  nous  aurons  à publier  d’intéres- 
sants faits  de  culture,  il  convient  d’attirer 
principalement  l’attention  sur  deux  plantes 


hors  ligne.  La  première  est  une  magnifique 
Araliacée.  C’est  un  Oreopanax  qu’à  pre- 
mière vue  on  prendrait  pour  une  espèce 
nouvelle  et  que  M.  Marchai  lui-même,  le 
savant  monographe  des  Hédéracées,  n’a  pu 
rapporter  à aucune  espèce  connue.  Ce  n’est 
pas  une  espèce,  mais  une  variété  ou  un 
hybride  issu  de  l’O.  dactyli folium.  Nous 
l’avons  nommé  O.  d.  Epremesnilianum, 
et  il  a été  décrit  dans  le  dernier  numéro  de 
la  Bevue  horticole  (1). 

La  seconde  plante  est  un  Palmier  encore 
peu  répandu,  le  Brahea  Boezlii.  Avec  son 
port  dressé  et  ses  belles  feuilles  raides,  fla- 
belliformes,  d’un  port  élégant,  il  revêt  une 
nuance  d’un  blanc  argenté  de  l’eflet  le  plus 
saisissant.  Cet  effet  s’accroît  à mesure  que 
la  plante  grandit,  et  nous  ne  doutons  pas  du 
grand  succès  qu’atteindra  celte  espèce  lors- 
qu’on en  possédera  des  exemplaires  adultes. 

Une  des  curiosités  de  la  villa  des  Coco- 
tiers est  la  grotte  aux  plantes  tropicales. 
Beaucoup  de  plantes  défieraient  les  hivers 
dans  cette  région,  si  elles  étaient  protégées 
contre  quelques  abaissements  subits  de  tem- 
pérature nocturne,  rares,  il  est  vrai,  mais 
qui  peuvent  se  produire.  M.  le  comte  d’Épré- 
rnesnil  a eu  l’idée  d’utiliser,  pour  ces  plantes 
délicates,  un  creux  naturel,  taillé  dans  le 
roc,  et  qu’il  a couvert  d’un  chapeau  en  treil- 
lage, tamisant  à la  fois  la  lumière  et  formant 
écran  contre  la  gelée.  L’ensemble  est  très- 
pittoresque,  et  la  Bevue  horticole  en  pu- 
bliera prochainement  un  dessin  avec  la  liste 
complète  des  plantes  contenues  dans  cette 
ingénieuse  serre-abri. 

La  matière  est  inépuisable;  mais  il  faut 
nous  borner  cette  fois,  nous  réservant  de 
reprendre  nos  notes  en  détail,  en  faisant 
passer  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  les  faits 
horticoles  les  plus  frappants  de  cette  contrée 
où  les  observations  se  présentent  à chaque 
pas,  heureux  pays  où,  suivant  un  mot  cé- 
lèbre, (C  il  n’y  a qu’à  regarder  pour  voir  des 
merveilles.  » Ed.  André. 

(1)  Voir  Eev.  hort.,  1882,  p.  557. 


Xmp.  Georges  Jncob , — OrJéan». 


CHEONIQUE  HORTICOLE 


Le  temps.  — Constatons  d’abord  que, 
sans  l’almanach,  qui  nous  a rappelé  que 
l’hiver  des  astronomes  — l’hiver  officiel, 
pourrait-on  dire  — avait  commencé  le 
21  décembre,  ce  dont  on  ne  se  serait  guère 
douté,  rien  n’était  changé  à la  saison  d’au- 
tomne : presque  constamment  de  la  pluie 
et  du  brouillard,  et  toujours  l’absence  de 
soleil.  Quant  à la  température,  elle  s’est 
généralement  élevée  de  -}-  5 à -J-  10  le  ma- 
tin depuis  le  15.  Le  jour  le  plus  remar- 
quable sous  ce  rapport  est  le  l^r  janvier  : 
près  de  12  degrés  au-dessus  de  zéro  le  ma- 
tin, avec  un  soleil  magnifique.  Toutefois, 
le  soir  la  pluie  a recommencé,  et  les  choses 
ont  repris  leurs  cours...  anormal. 

Aussi  la  végétation  se  fait-elle  sentir;  les 
yeux  de  certains  végétaux,  qui  étaient  ar- 
rêtés, se  gonflent,  et  dans  les  pépinières 
beaucoup  de  jeunes  « scions  n’ont  même 
pas  perdu  leurs  feuilles.  Peut-on  conclure 
que  nous  sommes  sauvés,  qu’il  n’y  aura  pas 
d’hiver?  Le  pronostic  serait  hasardé. 

Expositions  internationales  d’horti- 
culture. — Rappelons  que  celte  année  plu- 
sieurs grandes  expositions  internationales 
devront  avoir  lieu  ; celle  de  la  Société  royale 
d’agriculture  et  de  botanique  de  Gand  se 
tiendra  à Gand  du  15  au  22  avril  1883;  celle 
de  la  Société  russe  d’horticulture  se  tiendra 
à Saint-Pétersbourg  du  17  au  28  mai  1883. 

A l’occasion  de  cette  dernière  exposition, 
il  se  tiendra  un  congrès  d’horticulture  au- 
quel tous  les  étrangers,  exposants  ou  non, 
seront  priés  de  prendre  part. 

Cette  exposition  coïncidera  avec  le  25®  an- 
niversaire de  la  fondation  de  la  Société 
russe  d’horticulture,  ce  qui  contribuera  en- 
core à donner  à celte  fête  horticole  un 
attrait  tout  particulier . 

Enfm,  l’exposition  d’Amsterdam,  qui 
aura  lieu  en  mai  1883,  sera  une  solennité 
où  l’horticulture  jouera  un  rôle  très-impor- 
tant. Nous  engageons  les  horticulteurs 
français  qui  désireraient  y prendre  part  à 
se  hâter  ; le  délai  est  fixé  au  10  janvier.  S’il 
y a quelques  exceptions  à faire  en  faveur 
des  produits  de  l’horticulture,  elles  ne  tar- 
deront guère  à cesser,  et  la  prohibition  at- 
teindra les  retardataires. 


Le  camphre  destructeur  des  vers  de 
terre.  — R y a quelque  temps  (Revue 
horticole,  1882,  p.  446),  nous  avons  repro- 
duit les  dires  d’un  abonné  de  ce  journal 
concernant  la  destruction  des  lombrics  à 
l’aide  du  camphre.  Sans  émettre  de  doute 
sur  l’efficacité  de  ce  procédé,  nous  conseil- 
lions alors  d’en  faire  une  vérification,  de 
manière  à pouvoir  affirmer  le  fait  ou  bien  à 
mettre  en  garde  contre  lui  dans  le  cas  où  des 
circonstances  locales  ou  exceptionnelles  au- 
raient déterminé  des  résultats  défavorables. 
Aujourd’hui  un  autre  abonné,  M.  Dubois, 
directeur  du  Crédit  foncier  de  France  à 
Agen,  nous  informe  qu’il  a expérimenté  et 
obtenu  de  bons  résultats.  Voici  ce  qu’il 
nous  écrivait  à la  date  du  22  décembre 
dernier  : 

....  Vous  demandez  qu’on  fasse  des  expé- 
riences avec  du  camphre  pour  arriver  à dé- 
truire les  vers  de  terre.  Eh  bien!  j’en  ai  fait,  et 
ces  expériences  sont  concluantes.  Après  avoir 
fait  préalablement  dissoudre  du  camphre  dans 
de  l’eau-de-vie,  j’ai  mis  le  tout  ensemble  dans 
de  l’eau  ordinaire.  Avec  50  centigrammes  de 
camphre  et  moins  d’un  quart  de  litre  d’eau-de- 
vie,  j’ai  fait  2 litres  de  cet  ingrédient,  puis  j’ai 
laissé  reposer  pendant  deux  à trois  jours,  j’ai 
passé  le  mélange,  et  j’ai  versé  un  demi-verre  à 
un  verre  — suivant  la  grandeur  des  vases  et  la 
force  des  plantes  — même  à des  espèces  déli- 
cates, par  exemple  à V Amaryllis  undulata.  Le 
lendemain,  les  vers,  qui  encombraient  mes 
vases,  étaient  tous  morts.  Le  remède  est  donc 
facile,  efficace  et  sans  danger  pour  les  plantes, 
qui  n’en  sont  nullement  affectées  et  dont  la 
végétation  n’est  même  pas  retardée. 

Pomme  de  terre  Éléphant  blanc.  — 
Les  journaux  anglais  et  américains  font 
grand  bruit  autour  de  cette  nouveauté  qui, 
assure-t-on,  est  très-méritante,  et  dépasse 
en  qualité  et  en  rendement  tout  ce  que 
l’on  connaît  jusqu’ici.  En  1881,  elle  a reçu 
un  certificat  de  mérite  de  la  Société  royale 
d’horticulture  de  Londres. 

La  Pomme  de  terre  Éléphant  blanc  est 
regardée  comme  un  hybride  entre  les  va- 
riétés Garnet  Chili  et  White  Peacblow. 

Si  les  attestations  étaient  une  preuve  de 
mérite,  il  faut  reconnaître  que  la  variété 
en  question  serait , à tous  les  points  de 

2 


16  Janvier  1883. 


26 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


vue,  bien  supérieure  à ce  qu’on  connaît 
jusqu’ici.  .Maintiendra-t-elle  la  réputation 
qu’on  lui  fait,  et  surtout  la  justifiera-t-elle  ? 
Espérons-le. 

En  attendant  que  l’expérience,  en  France, 
ait  justifié  les  nombreux  mérites  que  l’on 
accorde  à cette  nouveauté,  nous  pouvons 
dire  que,  d’après  l’examen  que  nous  avons 
fait  d’un  bon  nombre  de  tubercules,  ceux 
dont  la  forme  ressemble  beaucoup  aux  va- 
riétés Saucisse  et  Early  rose  ont  les  yeux 
rares  et  peu  enfoncés  ; la  peau,  lisse  et 
unie,  est  légèrement  rosée  ; la  chair,  très- 
douce,  est  d’un  beau  jaune. 

La  vapeur  de  nicotine  comme  moyen 
de  destruction  des  insectes.  — Ce  pro- 
cédé, dont  l’invention  est  due  à M.  Boizard, 
jardinier  de  la  baronne  de  Rothschild, 
à Paris,  est  sans  aucun  doute  ce  qu’il  y 
a de  mieux  jusqu’ici  pour  la  destruction 
des  insectes  dans  les  serres.  En  effet,  son 
application  est  des  plus  faciles,  et  on  ne 
connaît  pas  d’insecte  qui  puisse  résister  à 
son  action.  Le  procédé  consiste  à vaporiser 
de  la  nicotine  dans  les  serres,  ce  qui  peut 
se  faire  à l’aide  d’un  vase  quelconque  dans 
lequel  on  met  la  nicotine  et  que  l’on  place 
sur  un  fourneau,  pour  déterminer  l’éva- 
poration. Nous  reviendrons  prochainement 
sur  ce  procédé  en  faisant  connaître  un  ap- 
pareil spécial  et  les  précautions  principales 
à prendre  pour  assurer  une  bonne  exécu- 
tion du  travail. 

École  d’arboriculture  de  la  ville  de 
Paris.  — Les  élèves  inscrits  pour  l’année 
scolaire  1882-83  sont  au  nombre  de  41. 
En  voici  la  liste  : 

MM.  Allongé  (Seine).  — Auboyer  (Saône-et- 
Loire).  — Autier  (Suisse).  — Berger  (Dor- 
dogne). — Bernadet  (Saône-et-Loire).  — Blin 
(Ille-et-Vilaine).  — Boulay  (Loir-et-Cher.)  — 
Gliabannes  (Seine).  — Champagne  (Seine- 
Inférieure).  — Chantepie  (Seine).  — Chapat 
(Seine).  — Coste  (LoD.  — Crétier  (Allier).  — 
Dagavarian  (Turquie  d’Asie). — Delange  (Orne). 

— Delille  (Seine).  — Ducrocq  (Seine).  — Fays 
(Seine).  — Huszarick  (Hongrie).  — Jacquet 
(Seine).  — Joly  (Suisse).  — Jourancl  (Côtes- 
Ou-Nord).  — Lamy  (Seine).  — Laurent  (Seine). 

— Lecœur  (Seine).  — Lecornec  (Côtes-du- 
Noi’d).  — Lemeunier  (Orne).  — Lenoir  (Man- 
che). — Lepage  (Seine).  — Levillain  (Orne). 

— Malfuson  (Aisne).  — Marais  (Vendée).  — 
Marin  (Aisne).  — Messori  (Seine).  — Moreau 


(Nièvre).  — Noguès  (Hautes -Pyrénées).  — 
Pique  (Séine-et-Oise).  — Rassiguer  ('Haute- 
Garonne).  — Salvadori  (Italie).  — Schaettel 
(Alsace).  — Vuillet  (Jura). 

Opinion  de  feu  M.  Tourasse  sur  la 
transformation  des  yeux  en  boutons. 

— Dans  un  pli  cacheté  qui  se  trouvait  dans 
les  papiers  de  feu  M.  Tourasse,  et  adressé 
à la  Société  nationale  et  centrale  d’horticul- 
ture de  France,  ce  grand  ami  du  progrès 
en  tous  genres  a émis  l’opinion,  la  quasi- 
certitude  même,  qu’il  était  possible,  sur  un 
arbre  fruitier  à pépins,  sur  le  Poirier  no- 
tamment, de  transformer  les  yeux  à bois 
en  boutons  à fleurs.  L’opération,  disait  la 
note,  qui  est  des  plus  faciles,  consiste,  à 
l’époque  où  la  sève  va  s’arrêter,  soit  de 
juillet  à septembre,  à faire  deux  entailles 
transversales,  l’une  au-dessous,  l’autre  au- 
dessus  des  yeux  dont  on  veut  déterminer 
la  transformation. 

Cette  opération  a-t-elle  été  pratiquée  par 
cet  homme  à|qui,  du  reste,  l’horticulture 
doit  la  connaissance  de  certains  procédés 
reconnus  avantageux,  ou  bien  n’est-ce 
qu’une  hypothèse?  Quoi  qu’il  en  soit,  l’idée 
paraît]  être  nouvelle,  et  comme  elle  n’est 
contraire  à aucune  des  lois  physiologiques 
connues,  nous  conseillons  de  l’essayer,  en 
variant  même  les  époques,  de  manière  à voir 
si  l’état  dans  lequel  se  trouvent  les  yeux  au 
moment  où  Ton  fait  l’opération  n’aurait 
parfois  pas  une  certaine  influence  sur  le 
résultat. 

Encore  une  erreur  par  synonymie. 

— Notre  collègue,  M.  Cusin,  secrétaire  gé- 
néral du  Congrès  pomologique,  nous  adresse 
la  note  suivante  : 

Le  Congrès  pomologique  a,  depuis  long- 
temps, admis  parmi  les  bons  fruits  la  Poire  Rési 
de  Chaumontel,  originaire  du  département  de 
Seine-et-Oise  ; ce  bon  fruit  d’hiver  dont  le  pied- 
mère  est  mort  à Chaumontel  dans  l’hiver  mé- 
morable de  1789. 

C’est  donc  un  fruit  bon  et  ancien,  deux  qua- 
lificatifs qui  prédisposent  à croire  qu’il  n’a  pas 
dû  rester  cantonné  en  France.  Aussi  les  Alle- 
mands Font-ils  adopté,  et,  traduisant  en  leur 
langue  le  nom  de  Beurré  d’hiver  que  Duhamel 
avait  donné  au  Bési  de  Chaumontel,  ils  en 
firent  le  Wmter  Butterhirne,  qui  veut  dire 
Poire  beurrée  dliiver. 

Lorsque  le  fruit  nous  est  revenu  d’Alle- 
magne, nos  arboriculteurs,  sans  chercher  plus 
avant,  se  sont  empressés  de  traduire  de  non- 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


27 


veau  et  en  partie  le  prétendu  fruit  nouveau,  et 
l’ont  baptisé  Wintey^  beurré. 

Toute  cette  histoire  plaide-t-elle  en  faveur 
de  ceux  qui  veulent  que  l’on  conserve  scrupu- 
leusement le  nom  de  la  langue  d’origine?  Sans 
doute,  si  nous  pouvions  faire  la  loi  dans  les 
pays  étrangers;  mais  comme  il  en  est  autre- 
ment, j’estime  que  l’application  de  ce  principe 
ne  résoudrait  rien  et  qu’elle  ne  servirait  qu’à 
foire  estropier  les  noms  plus  ridiculement. 

Quoi  qu’il  en  soit,  la  facilité  avec  laquelle  la 
Poire  Bési  de  Gliaumontel  joue  dans  sa  forme 
et  sa  grosseur  prête  étrangement  à l’illusion. 
Voilà  pourquoi  on  a invité  la  commission  des 
études  pomologiques  à donner  son  appréciation 
sur  le  nouveau  Winter  beurré,  et  c’est  ce  qui 
nous  engage  à prévenir  les  arboriculteurs,  afin 
qu’ils  se  tiennent  en  garde  contre  le  Winter 
beurré,  qu’ils  pourraient  croire  venu  récem- 
ment de  l’Allemagne  ou  de  l’Angleterre  (le  mot 
Winter  se  trouvant  dans  les  deux  langues). 

Arrosage  des  Bruyères  pendant  l’hi- 
ver. — En  général,  les  Bruyères  redoutent 
Peau  sur  leurs  feuilles,  de  sorte  qu’il  ne  faut 
jamais  les  arroser  à la  pomme.  En  hiver, 
dans  les  serres,  c’est  encore  plus  grave;  en 
effet,  non  seulement  cette  humidité  déter- 
mine -la  chute  des  feuilles,  mais  même  la 
coulure  des  fleurs.  C’est  à ce  point  qu’un 
de  nos  meilleurs  cultivateurs  en  ce  genre, 
M.  Gentilhomme,  se  sert  d’une  sorte  d’en- 
tonnoir dont  le  tube  d’écoulement,  qui  est 
très-long,  peut  avoir  son  extrémité  posée 
sur  les  pots  qu’il  s’agit  d’arroser,  afin  que 
l’eau  arrive  sur  la  motte  sans  toucher  du 
tout  aux  feuilles.  Cette  précaution  est  d’au- 
tant plus  nécessaire  que  les  plantes  sont 
plus  serrées,  et  surtout  lorsque  la  serre  est 
moins  éclairée  et  le  temps  plus  sombre. 

Ravages  du  phylloxéra  dans  le  dé- 
partement de  l’Hérault.  — Une  [note  de 
M.  Marès,  président  de  la  commission  phyl- 
loxérique  de  l’Hérault,  publiée  dans  la  Yigne 
américaine  de  décembre  1882,  donne  les 
chiffres  suivants,  qui  montrent  que  le  mal  va 
constamment  en  s’aggravant  : en  1880, 
19,000  hectares  furent  détruits  ; en  1881, 
20,427  ; en  1882, 26,267.  Par  contre,  on  voit 
les  plantations  de  Vigne  saméricaines  suivre 
une  progression  croissante.  Ainsi,  en  1880, 
ces  Vignes  occupaient  2,624  hectares;  en 
1881,  5,162,  et  en  1882  elles  occupaient  une 
surface  de  10,918  hectares. 

Brahea  Roezlii.  — On  se  souvient  en- 


core de  l’étonnement  ressenti  par  tous  les 
amateurs  de  Palmiers,  dans  le  midi  de  la 
France,  lorsqu’on  eut  essayé  pour  la  pre- 
mière fois  en  pleine  terre,  en  1877,  le  Prit- 
chardia  filifera.  En  quelques  mois,  les 
jeunes  sujets  prirent  une  vigueur  qui  les 
rendait  méconnaissables.  Au  lieu  d’une 
plante  frêle  et  rachitique,  comme  tous  les 
exemplaires  cultivés  en  pots,  on  vit  cette 
magnifique  espèce  se  développer  avec  une 
véritable  fougue  de  végétation  qui  ne  s’est 
pas  ralentie  depuis.  Nous  avons  dernière- 
ment donné  les  dimensions  de  quelques- 
unes  de  ces  plantes. 

Eh  bien  ! une  autre  espèce,  appartenant 
à un  genre  [voisin  (sinon  au  même  genre, 
car  le  Pritcliardia  filifera  est  synonyme  de 
Brahea  /lïamenfosa), présente  actuellement 
des  qualités  ornementales  qui  paraissent 
égaler,  sinon  surpasser  celles  du  premier. 

C’est  le  Brahea  Boezlii,  introduit  égale- 
ment par  M.  Pmezl  du  Far- West  des  États- 
Unis  d’Amérique,  et  qui  vient  de  se  révéler 
comme  un  Palmier  de  premier  ordre.  Nous 
venons  d’en  admirer  une  plantation  remar- 
quable dans  le  jardin  de  M.  le  comte 
d’Éprémesnil,  [au  golfe  Juan  (Alpes-Mari- 
times). Ce  sont  les  plus  forts  exemplaires 
qu’on  trouve  sur  le  littoral.  Les  plantes  ont 
leur  feuillage  en  éventail  (flabelliforme) 
comme  le  Pritcliardia  fdifera  ; mais  ce  qui 
les  distingue  à première  vue  de  toutes  les 
autres  espèces,  c’est  le  teint  bleu  argenté 
de  ce  feuillage,  nuance  unique  dans  cette 
famille,  et  qui  fait  du  Brahea  Roezlii  une 
espèce  du  plus  haut  intérêt  décoratif.  Ajou- 
tons que  cet  arbre  paraît  absolument  rus- 
tique sous  le  climat  méditerranéen. 

Nouvelles  espèces  de  Primevères.  — 

Les  récentes  explorations  dans  l’extrême 
Orient  viennent  de  révéler  de  nouvelles 
espèces  de  Primula  destinées,  sans  nul 
doute,  à acquérir  une  rapide  renommée  dès 
qu’elles  seront  répandues  dans  les  collec- 
tions. Nous  prenons  les  devants  en  signa- 
lant aux  amateurs  de  ce  beau  genre  les 
espèces  suivantes,  annoncées  tout  dernière- 
ment en  Angleterre  : 

Primula  Dickieana.  Feuilles  elliptiques 
obovales  ; fleurs  jaunes. 

P.  elongata.  Feuilles  lancéolées  élargies; 
fleurs  jaunes  brillantes. 

P.  Elwesiana.  Feuilles  larges  lancéolées; 
grandes  fleurs  en  entonnoir. 


28 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


P.  Gamheliana.  Feuilles  orbiculaires, 
cordiformes  ; fleurs  pourpres. 

P.  Kingii.  Feuilles  elliptiques  lancéolées 
aiguës  ; fleurs  rouge  vineux  clair. 

P.  ohstusifolia  Griffithii.  Feuilles  ovales 
cordiformes  ; grandes  fleurs  d’un  pourpre 
brillant. 

P.  pulchra.  Feuilles  ovales  oblongues; 
grandes  fleurs  pourpres. 

P.  soldahelloides . Charmante  petite 
plante  ; feuilles  ovales  crénelées  ; fleurs 
blanches. 

P.  unifiora.  Feuilles  très-petites,  orbicu- 
laires; grandes  fleurs  lilas  pâle. 

P.  Waiiw. Feuilles  oblongues  lancéolées; 
fleurs  pendantes,  assez  grandes,  violacées. 

Il  faut  remarquer  que  toutes  ces  plantes 
sont  des  espèces,  des  types  sauvages,  et  que 
l’industrie  des  hybridateurs  pourra  s’exercer 
sur  elles  d’une  manière  probablement  heu- 
reuse. 

Anthurium  Andreanum.  — Nous  ap- 
prenons de  M.  David  Thomson,  le  savant  et 
habile  jardinier  en  chef  du  duc  de  Buc- 
cleugh,  à Drumlanrig  (Écosse),  qu’il  pos- 
sède actuellement  des  exemplaires  de  cette 
Aroïdée  qui  ont  produit  l’été  dernier  de 
nombreuses  fleurs  (spathes)  de  17  cen- 
timètres 1/2  de  longueur  sur  12  centimè- 
tres 1/2  de  largeur.  Les  feuilles  étaient 
énormes,  proportionnelles  aux  fleurs, 
et  l’aspect  de  ces  plantes  était  saisis- 
sant. M.  Thomson  ajoute  quelques  notes  de 
culture  qu’il  peut  être  intéressant  de  repro- 
duire. Il  cultive  V Anthurium  Andreanum 
dans  la  serre  aux  Orchidées  de  l’Inde  {Æri- 
des,  Saccolahium,  Vanda,  etc.).  Le  sol 
qui  paraît  le  mieux  lui  convenir  est  un  com- 
post par  parties  égales  de  terre  de  bruyère 
fibreuse  et  de  sphagnum,  avec  des  mor- 
ceaux de  crottin  de  cheval  bien  séché  et  de 
grattures  de  corne.  Les  plantes  sont  placées 
dans  des  pots  fendus. 

Un  singulier  empoisonnement.  — Les 

journaux  coloniaux  de  l’Angleterre  vien- 
nent de  nous  révéler  le  plus  singulier  cas 
d’intoxication  végétale  qui  se  puisse  ima- 
giner. Le  fait  s’est  passé  dans  la  Guyane 
anglaise,  tout  récemment.  Ln  voyageur, 
égaré  dans  une  des  profondes  forêts  vierges 
de  cette  contrée  et  souffrant  de  la  soif,  eut 
l’idée  de  couper,  pour  se  désaltérer,  une 
de  ces  branches  d’arbres  qu’on  trouve  fré- 


quemment de  la  zone  intertropicale,  et  qui 
fournissent  une  sève  rafraîchissante.  Après 
avoir  absorbé  le  liquide  séveux,  il  eut  la  ma- 
lencontreuse idée  de  !’((  appuyer  d par  une 
gorgée  de  rhum.  Peu  d’instants  après,  il  se 
tordait  dans  d’horribles  convulsions,  et  mou- 
rait après  une  agonie  affreuse.  Son  corps  fut 
rapporté  à l’hôpital,  et  l’autopsie  fit  décou- 
vrir qu’il  avait  les  intestins  littéralement 
((  scellés  » par  du  caoutchouc.  Le  malheu- 
reux avait  absorbé  la  sève  liquide  du  Mi- 
musops  Balata,  qui  présente  la  propriété 
de  se  coaguler  et  de  se  durcir  dans  l’alcool. 
Avis  aux  voyageurs-explorateurs  des  con- 
trées lointaines  ; ils  ne  devront  s’aventurer 
à consommer  les  produits  végétaux  naturels 
qu’après  avoir  suivi  l’expérience  des  indi- 
gènes du  pays. 

Magnolia  Campbelliæ.  — Cet  arbre  de 
l’Himalaya,  que  sir  Joseph  Hooker  a fait 
connaître  dans  ses  Himalayan  Plants,  et 
qui  a fait  tant  de  bruit  lorsque  M.  W.  Bull 
l’introduisit  vivant  en  Europe,  a fait  der- 
nièrement l’objet  d’une  note . publiée  dans 
les  journaux  horticoles  anglais.  On  y rela- 
tait qu’un  bel  exemplaire  se  voyait  actuel- 
lement à Crawford,  mais  qu’il  n’avait  pas 
encore  fleuri,  et  que  les  fleurs  de  cette  es- 
pèce n’avaient  pas  encore  paru  en  Europe. 
Nous  pouvons  rectifier  l’assertion  de  notre 
confrère.  Un  superbe  exemplaire  du  Ma- 
gnolia Campbelliæ,  un  véritable  arbre,  est 
planté  sur  une  des  pelouses  de  la  villa 
Franzosini,  à Intra(lac  Majeur),  et  tous  les 
ans  il  s’y  couvre  de^  magnifiques  fleurs  ro- 
ses; nous  l’avons  vu,  il  y a quelques  années, 
ayant  déjà  atteint  de  fortes  dimensions. 
Nous  croyons  savoir  également  qu’un  autre 
beau  pied  fleurit  chaque  année  chez 
MM.  Rovelli  frères,  horticulteurs  à Pal- 
lanza,  également  sur  le  lac  Majeur.  Cet 
arbre  paraît  nécessiter  d’assez  grandes 
sommes  de  chaleur  pour  épanouir  ses 
fleurs  qui  sont  de  la  plus  grande  beauté. 

Nécrologie  : M.  W.  Sargent.  — Quoi- 
que ne  faisant  pas  partie  de  l’horticulture  eu- 
ropéenne, M.  Winthrop  Sargent,  qui  vient  de 
mourir  à Wodenethe,  sur  la  rivière  Hudson 
(États-Unis),  à l’âge  de  soixante-douze  ans, 
appartient  à l’histoire  de  l’art  des  jardins 
et  a droit  à nos  regrets.  Nous  ne  sau- 
rions oublier  qu’il  a été  l’ami  et  l’élève  de 
Downing,  le  célèbre  architecte-paysagiste 


‘29 


QUELQUES  PLANTES  UES  JARDINS  DOGNIN,  A CANNES. 


qui  a transporté  aux  États-Unis  l’art  des 
parcs  anglais  de  la  grande  école  du 
XVIIU  siècle.  M.  W.  Sargent,  qui  a 
publié  une  édition  remarquablement  an- 
notée et  argumentée  du  livre  de  Downing, 
avait  fait  de  sa  résidence  de  Wodenetlie  un 
des  plus  beaux  parcs  de  l’Amérique  du 
Nord.  Son  nom  se  rattache  aussi  à l’horti- 
culture pratique  par  ses  nombreux  essais 
de  culture  des  végétaux  rustiques  dans  le 
climat  qu’il  habitait 

M.  Jules  de  Liron  d'Airoles.  — Nous 
avions  appris,  mais  trop  tard  pour  l’insérer 
dans  le  précédent  numéro  de  la  Revue  hor- 
ticole, la  mort  du  doyen  de  l’arboriculture 
fruitière  française,  de  M.  Jules  de  Liron 
d’Airoles.  L’occupation  favorite  — on 
pourrait  dire  la  passion  — de  toute  sa  vie 
était  l’étude  des  arbres  fruitiers.  Il  est  mort 
à Nantes  dans  les  premiers  jours  du  mois  de 
décembre  1882,  à l’àge  de  quatre-vingts  ans. 

M.  Jules  de  Liron  d’Airoles  était  un 
fécond  publiciste;  il  a laissé  de  nombreux 
et  importants  travaux  pomologiques,  qui 
pendant  longtemps  rattacheront  son  nom 
à l’arboriculture. 

Depuis  longtemps  sa  vue  s’alfaiblissait 
très-sensiblement,  ce  qui  l’aftectait  beau- 
coup, et  il  est  mort  presque  complètement 
aveugle. 


Un  bon  livre  : Les  plantes  pota- 
gères (1).  — Ainsi  que  l’avaient  promis  les 
auteurs,  MM.  Vilmorin,  ce  livre  si  impa- 
tiemment attendu  vient  de  paraître.  Il 
suffit,  pour  en  faire  ressortir  la  valeur,  de 
dire  qu’il  est  le  pendant  des  Fleurs  de 
pleine  terre,  publié  par  la  même  maison  ; 
ce  sont  deux  ouvrages  indispensables 
qui,  seuls,  peuvent  suffire  â beaucoup 
de  gens,  par  cette  raison  qu’ils  compren- 
nent à peu  près  tout  ce  qu’on  rencontre 
dans  la  plupart  des  autres.  Aussi  notre  in- 
tention, ici,  n’est-elle  pas  de  l’analyser, 
encore  moins  de  le  recommander.  Du  reste, 
une  analyse,  quelque  longue  fùt-elle,  pour- 
rait à peine  donner  une  idée  de  cet  ouvrage  ; 
quant  à le  recommander,  ce  serait  peine 
perdue  : un  tel  livre  ne  se  recommande  pas  ; 
il  suffit  de  l’annoncer. 

Outre  son  mérite  pratique,  qui  est  consi- 
dérable, ce  livre,  grand  m-oc^auo  déplus  de 
600  pages,  imprimé  avec  le  plus  grand 
soin  sur  beau  et  fort  papier,  comprend 
625  gravures  intercalées  dans  le  texte.  C’est 
donc  un  ouvrage  d’une  utilité  incontestable 
en  même  temps  qu’un  livre  de  luxe,  ce  qui 
lui  assure  une  place  dans  toutes  les  biblio- 
thèques. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


QUELQUES  PLANTES  DES  JARDINS  DOGNIN,  A CANNES 


En  décrivant  les  heureuses  transforma- 
tions apportées  récemment  à la  disposition 
des  plantes  rares  de  cette  belle  propriété  (1), 
nous  avons  parlé  de  transplantations  de 
gros  exemplaires  de  Palmiers  et  autres  vé- 
gétaux, opérées  l’été  dernier  avec  grand 
succès,  sous  l’habile  direction  du  jardinier 
en  chef,  M.  Riffaud.  Il  n’est  pas  sans  inté- 
rêt de  publier  les  dimensions  de  quelques- 
unes  de  ces  plantes  qui  ont  été  enlevées  au 
milieu  de  la  grande  chaleur,  en  spécimens 
déjà  forts,  dont  plusieurs  avaient  des  mottes 
pesant  10,000  kilogrammes.  Les  amateurs 
encore  timorés  y verront  une  confirmation 
de  ce  que  nous  avons  déjà  dit  bien  des  fois: 
que  les  Palmiers  rustiques  sont  la  parure 
exotique  par  excellence  de  la  région  médi- 
terranéenne, et  qu’on  ne  saurait  trop  en 
planter.  Jeunes  ou  adultes,  à tout  âge  ils 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  p.  117. 


reprennent  parfaitement  avec  un  peu  de 
soin  et  dans  la  saison  appropriée. 

Indépendamment  des  gros  exemplaires 
récemment  transportés,  les  deux  villas  de 
M.  Dognin  (Valetta  et  Camille-Amélie)  sont 
remplies  de  Palmiers  formant  de  véritables 
bosquets.  Le.s  Cocotiers  brésiliens,  les  Cha- 
mærops  de  Chine  et  ceux  d’Algérie,  les 
Corypha  australis,  Pritchardia  füifera  en 
masse,  Lataniers,  Dattiers  divers,  y sont 
déjà  représentés  par  des  centaines  d’exem- 
plaires de  toute  beauté.  L’aspect  tropical 
s’accentue  de  jour  en  jour  dans  cette  belle 
résidence,  et  les  motifs  d’instruction  s’y 
accumulent,  au  grand  profit  de  la  science  et 
de  l’art  des  jardins. 

La  liste  suivante  donne  l’idée  des  trans- 
plantations récemment  effectuées  : 

(1)  En  vente  chez  les  auteurs  MM.  Vilinorin- 
Andrieux  et  G*®,  4,  quai  de  la  Mégisserie,  et  à la 
. Librairie  agricole  de  la  Maison  rustique.  — Prix, 
broché-cartonné,  12  fr. 


30 


QUELQUES  PLANTES  DES  JAHDINS  DOGNIN,  A CANNES. 


Cocos  Romanzoffiana  (1).  Stipe  50,  cir- 
conférence à la  base  1"»  45;  à i mètre  de 
hauteur  0™  85. 

Cocos  Botryophora.  Stipe  6n‘50;  circonfé- 
rence à la  base  30;  à 1 mètre  de  haut»’  1»»»  03. 

Cocos  [Syayrus)  majestica.  Stipe  4 mètres; 
circonférence  à la  base  i»»»96;  à 1 mètre  de 
hauteur  1»»»40. 

Cocos  de  Yin'ùnaguas.  Stipe  C»»» 60;  circonfé- 
rence à la  base  1 »»»  30. 

Cocos  australis.  Stipe  i mètre;  circonférence 
à la  base  1"»  55. 

Cocos  Yatay.  Garni  de  ses  feuilles  rez-terre; 
circonférence  du  stipe  1»»»G5. 

Sabal  umhraculifera.  Stipe  1»»»  50;  circonfé- 
rence à la  base  2 mètres. 

Sahal  Havanensis.  Stipe  2 mètres  de  hau- 
teur; circonférence  à la  base  2 mètres. 

Livistona  australis  (Corypha).  Stipe  3»»»  25; 
circonférence  à la  base  2 mètres;  à i mètre  de 
hauteur  1»»»05. 

Araucaria  Bidwilli.  Hauteur  7 mètres; 
planté  petit  il  y a six  ans. 

Araucaria  exceJsa.  Hauteur  9 mètres;  planté 
petit  en  1874. 

Araucaria  excelsa  glauca.  Hauteur  9i»i50; 
planté  petit  en  1874. 

Yucca  filifera.  Hauteur  totale  5»»»  50;  cir- 
conférence à la  base  2»»»  40;  à 1 mètre  de  hau- 
teur 1»»»  18. 

Baucarnea  tuherculata  glauca.  Hauteur 
totale  3»»»  40  ; circonférence  à la  base  1»»»  48. 

Baucarnea  tuherculata  viridis.  Hauteur  to- 
tale 3»»»  75  ; circonférence  à la  base  2»»»  10. 

Pritchardia  filifera.  Stipe  1»»»  50;  circonfé- 
rence à la  base  2 mètres. 

Yucca  Mazeli.  Hauteur  totale  6»»»  50,  circon- 
férence à la  base  1»»» 95;  àl  mètre  de  hautr  1™  18. 

Yucca  Parmentieri.  Hauteur  totale  3»"  30; 
circonférence  à la  base  1»»»  25. 

Thrinax  Martiana.  Stipe  1»»»80;  circonfé- 
rence à la  base  85  centimètres. 

Dasylirium  longifolium.  Stipe  3 mètres  ; cir- 
conférence à la  base  1™  60;  base  très-curieuse 
ayant  beaucoup  de  ressemblance  avec  le  caudex 
sculpté  du  Testudinaria. 

Brahea  nitida.  Stipe  2 mètres  ; circonférence 
à la  base  1 »»»  50. 

Ai'eca  sapida.  Stipe  1»"  50;  hauteur  totale 
5 mètres  ; base  85  centimètres  ; a produit  cette 
année  de  nombreuses  graines  fertiles. 

Jubæa  spectabilis.  Circonférence  à la  base 
2»»»  10. 

Livistona  sinensis  {Latania).  Stipe  4 mètres  ; 
à la  base  2»“  5 ; à 1 mètre  de  haut,  I^IO. 

Pammara  Brownii.  Hauteur  7 mètres. 

Les  dimensions  de  toutes  ces  plantes  sont 
déjà  fort  respectables.  Elles  sont  dépassées, 

(1)  Le  Cocos  Romanzoffiana  a fructifié  abondam- 
ment; unespathe  seule  a fourni  4,000  bonnes  graines. 


chez  M.  Dognin,  par  celles  du  magnifique 
Cocotier  planté  au  bas  de  la  propriété,  et  qui 
I fait  l’admiration  des  visiteurs.  Cet  arbre,  le 
plus  beau  de  son  espèce  sur  le  littoral,  et 
qui  surpasse  celui  de  la  villa  La  Rochefou- 
cault,  route  de  Fréjus,  à Cannes,  a été  mis 
en  place,  gros  comme  un  fil,  en  avril  1874. 

I II  atteint  aujourd’hui  11  mètres  de  hauteur. 

I Sa  tige  (stipe),  droite,  élancée,  gris  blanc, 

1 comme  une  colonne  de  vieil  ivoire,  mesure 
7'°  30  de  haut;  elle  al *"80  de  circonférence 
à la  base,  92  centimètres  à 1 mètre  du  sol, 
et  1»"15  à la  hauteur  de  4 mètres.  Cet  étran- 
glement singulier  se  rencontre  assez  souvent 
I chez  les  Palmiers. 

Reçu  et  planté  par  M.  Dognin  sous  le 
nom  de  Cocos  flexuosa,  appellation  fré- 
quemment employée  dans  le  Midi  pour  plu- 
sieurs espèces  encore  mal  connues,  cet 
arbre  a été  e.xaminé  avec  soin  par  M.  Cha- 
baud,  de  Toulon,  qui  a cru  y reconnaître  le 
Cocos  {Syagrus)  hotryophora  de  Martius. 
Nous  aimons  à croire  que  M.  Chabaud  est 
dans  le  vrai.  En  attendant  que  la  chose  soit 
dûment  confirmée  et  jugée,  nous  pensons 
faire  œuvre  utile  en  donnant  une  description 
sommaire  du  Cocos  hotryophora  et  sa  bi- 
bliographie. Les  amateurs  de  Palmiers  pour- 
I ront  examiner  si  cette  description  s’applique 
bien  à quelqu’une  de  leurs  plantes  et  en  fixer 
la  détermination  exacte. 

Cocos  hotryophora  (2).—  Arbre  de 20  mè- 
tres de  haut,  à tronc  droit,  irrégulièrement 
annelé,  de  30  centimètres  de  diamètre 
en  moyenne.  Frondes  (feuilles)  longues  de 
3 mètres  et  plus,  dressées-étalées,  à divi- 
sions denses,  opposées  ou  disposées  en 
amas,  polyphylles,  obliquement  adnées  au 
rachis,  linéaires  acuminées,  un  peu  cris- 
pées, larges  de  3 à 5 centimètres.  Inflores- 
cence à spadice  long  de  30  centimètres  ou 
plus;  spathe  sillonnée  longitudinalement  ; 
fleurs  mâles  jaune  pâle,  à pétales  charnus  ; 
fleurs  femelles  ovales  globuleuses.  Fruits 
en  drupes  jaunâtres,  ovales  elliptiques  ou 
elliptiques,  bossuées,  longues  de  33  à 
40  millimètres,  rassemblées  en  grand  nom- 
bre sur  un  régime  volumineux,  d’un  bel 
aspect.  - 

(2)  Cocos  hotryophora,  Martius,  Palm.  118, 
t.  83,  tab.  73,  D,  fig.  3.  — Id.,  in  d'Orbigny,  Voy., 
VH,  3,  p.  98;  t.  4,  fig.  3,  et  t.  30,  D.  — Kunth, 
Enum.  pL,  III,  p.  283,  n*  4.  — Syagriis  boti'yo- 
phora,  Mart.  — Atlalea  grandis,  H.  Parraent.  — 
Cocos  Pernambucana,  H.  Makoy. 


CULTURE  DES  ARBRES  FRUITIERS  A BRANCHES  RENVERSÉES. 


31 


Le  C.  hotryophora  croît  dans  les  forêts  | 
vierges  de  la  province  de  Bahia,  non  loin  j 
du  rivage  de  l’Atlantique,  principalement 
sur  les  rives  du  Paraguasu,  à Engenho  da 
Ponté,  près  de  la  ville  de  Caxoeira,  à Ca- 
manni  et  sur  les  bords  du  Rio  das  Contas. 

On  pourrait  s’étonner  à bon  droit  qu’une 
espèce  croissant  dans  l’une  des  régions  les 
plus  chaudes  du  globe  (1),  et  à une  très- 
faible  altitude,  puisse  supporter  les  basses 
températures  du  midi  de  la  France.  On  pour- 
rait donc  douter  que  nous  ayons  affaire  ici 
au  véritable  C.  hotryophora^  si  l’on  oubliait 
qu’un  certain  nombre  de  végétaux  des  terres 
basses  de  la  zone  torride,  le  Jacaranda  mi- 


mosæ folia  par  exemple,  supportent  les  hi- 
vers d’Hyères,  de  Cannes  et  de  Nice.  Par 
contre,  les  Cocotiers  croissant  vers  le  tropi- 
que du  Capricorne,  ou  plus  au  sud,  comme 
le  Cocos  Romanzoffiana  de  la  province  de 
Sainte-Catherine,  le  C.  Mikaniana  de  la 
province  de  Rio,  le  C.  campestris  du  sud  de 
la  province  des  Mines,  le  C.  australis  du 
Paraguay,  etc,  paraissent  si  rustiques  que 
l’on  peut  considérer  l’expérience  comme 
concluante  et  tabler  sur  des  plantations 
étendues  de  ces  Palmiers  dans  la  région 
méditerranéenne,  où  ils  défient  la  froidure 
et  les  grands  vents  du  nord  et  de  l’est. 

Ed.  André. 


CULTURE  DES  ARBRES  FRUITIERS  A BRANCHES  RENVERSÉES 


A cette  question  : Peut- on  cultiver  les 
arbres  fniitiers  à branches  renversées^ 
qu’on  pose  encore  si  fréquemment,  et  sou- 
vent même  en  émettant  des  doutes  sur  la 
possibilité  d’exécution,  on  pouvait  pourtant, 
a priori,  répondre  affirmativement;  une 
observation  attentive  était  suffisante  pour 
cela.  En  effet,  presque  tous  les  genres  de 
plantes  présen- 
tant des  formes  à 
branches  pen- 
dantes et  parfois 
même  très-vigou- 
reuses,  il  était 
bien  évident  que 
cette  culture  était 
possible.  Les  ca- 
ractères de  posi- 
tion : pendants, 
dressés,  ram- 
pants, etc.,  se 
montrant  sou- 
vent spontanés 
chez  des  indivi- 
dus de  semis , 
parfois  même  par- 
tiellement sur  un 

même  individu,  il  était  donc  tout  naturel 
de  voir  que  la  direction  perpendiculaire 
au  sol,  pour  être  infiniment  plus  rare  que 
celle  dressée,  n’en  était  pas  moins  con- 
forme aux  lois  naturelles  de  l’évolution,  et 

(1)  Le  rio  Paraguasu  coule  par  une  latitude  d'en- 
viron 12"  30'  S.  — Kunth,  d’après  NIartius,  a écrit 
Peraguaçu,  orthographe  qui  ne  paraît  pas  adoptée 
aujourd’hui. 


qu’au  besoin  on  pourrait  même  contraindre 
les  branches  à prendre  cette  direction.  A 
quoi,  en  effet,  sont  dus  les  caractères  des 
plantes,  sinon  à une  habitude  qu’elles  con- 
tractent? Dès  lors  il  suffisait  donc  de  la  leur 
imposer.  Nos  coutumes  et  nos  usages  jour- 
naliers pourraient  même  au  besoin  en  four- 
nir de  remarquables  exemples.  En  effet,  ne 
voit-on  pas  no^ 
— membres,  d’abord 

rebelles  à exécu- 
ter tel  ou  tel  tra- 
vail, s’y  habituer 
au  point  que 
bientôt  ils  le  font 
presque  d’eux- 
mêmes,  sans  que 
l’homme  semble 
même  y faire  at- 
tention et  sans 
presque  y penser? 
Il  y a plus  : pour 
l’en  empêcher,  il 
faudrait  le  violen- 
ter; ce  qui  d’abord 
paraissait  impos- 
sible est  devenu 
I une  nécessité.  On  a dit  depuis  longtemps 
I que  Vhabitude  est  une  seconde  nature. 

! C’est  plus  encore  : c’est  la  nature  même  ! 
j Ces  conséquences,  que  nous  tirons  de 
1 principes  étrangers  aux  végétaux,  peuvent 
néanmoins  s’appliquer  à ceux-ci.  Pour  qui- 
conque sait  observer,  il  est  facile  de  voir  que 
dans  la  nature  tous  les  faits  s’enchaînent; 
que  des  analogies  et  des  équivalents  se 


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CULTURE  DES  ARBRES  FRUITIERS  A BRANCHES  RENVERSÉES. 


montrent  dans  des  parties  en  apparence 
complètement  différentes,  ce  qui  toutefois 
n’a  rien  qui  doive  étonner,  presque  tous 
les  êtres,  végétaux  ou  animaux,  étant  com- 
posés des  mêmes  éléments. 

Après  ces  considérations  générales  qui, 
quoiqu’en  apparence  étrangères  à notre  sujet 
s’y  rattachent  au  contraire,  et  dont  elles  for- 
ment même  la  théorie  vraiment  scientifique, 
nous  allons  traiter  la  question  pratique  des 
arbres  fruitiers  à branches  renversées. 

La  première  phase,  c’est-à-dire  l’élevage, 
ne  présente  aucune  différence  avec  les  pro- 
cédés ordinaires;  le  choix  des  sujets  est 
soumis  aux  mêmes  règles  que  pour  toutes 
les  autres  formes,  de  sorte  que,  suivant  les 
espèces,  le  sol,  le  climat,  on  greffe  sur 
franc  ou  sur  Coignassier.  On  laisse  monter 
le  scion  en  maintenant  le  long  de  son  axe 
des  branches  fruitières  que  l’on  tient  cour- 
tés,  c’est-à-dire  à l’état  de  coursonnes,  et 
que  l’on  supprime  même  si,  absorbant  trop 
de  nourriture,  elles  tendent  à ralentir  la 
formation  de  la  charpente  en  lui  enlevant 
trop  de  sève.  Du  reste,  ces  branches  ne 
sont  que  transitoires  et  doivent  disparaître  ; 
on  ne  les  admet  donc  que  si  la  végétation 
est  trop  grande  et  pour  modérer  celle-ci  : 
c’est  un  accessoire.  Quand  la  tige  a acquis 
la  hauteur  où  doit  être  placé  le  premier 
étage,  on  arrête  la  flèche,  afin  de  faire  dé- 
velopper les  branches  dont  on  a besoin, 
lesquelles  sont  d’abord  dirigées  et  main- 
tenues horizontalement  à l’aide  de  baguettes 
jusqu’à  la  distance  déterminée;  ensuite  on 
doit  leur  faire  prendre  une  direction  per- 
pendiculaire au  sol. 

Afin  d’harmoniser  les  choses  et  d’obtenir  i 
un  point  de  départ  régulier  et  uniforme, 
on  fixe  un  cerceau  à l’extrémité  de  la  ta- 
ble d’où  partiront  toutes  les  branches 
perpendiculaires,  qui  alors  se  trouveront 
toutes  à la  mêm.e  distance  de  la  tige  qui 
forme  le  centre  ou  l’axe  [de  la  table.  A 
partir  de  ce  cerceau,  on  place  soit  des  fils  de 
fer,  soit  des  baguettes  qui,  fixées  au  sol, 
serviront  à attacher  les  branches  et  à établir 
la  charpente.  Ces  sortes  de  tuteurs  ou  de 
guides  seront  plus  ou  moins  rapprochés  ou 
placés  diversement,  en  raison  de  la  forme 
que  l’on  voudra  donner  à l’arbre.  Quant 
aux  branches,  elles  devront  être  attachées 
au  fur  et. à mesure  de  leur  élongation. 

Mais,  quelle  que  soit  la  forme  adoptée,  si 
l’arbre  doit  s’élever  plus  ou  moins  et  avoir 


I plusieurs  étages  de  branches  perpendicu- 
laires, il  faut  veiller  à ce  que  l’axe  central 
ne  s’atrophie  pas  ; on  le  maintient  en  végé- 
tation en  conservant  une  sorte  d’onglet  au- 
dessus  de  la  première  table,  en  le  rappro- 
chant de  temps  à autre,  de  manière  à en 
maintenir  la  vigueur,  tout  en  le  réservant 
pour  continuer  la  tige  quand  la  première 
partie  sera  suffisamment  établie.  C’est  alors 
qu’on  pense  à en  former  une  seconde,  puis 
une  troisième  si  cela  est  nécessaire,  en  pro- 
cédant chaque  fois  ainsi  qu'il  vient  d’être 
dit  pour  dresser  la  première. 

Dans  le  cas  où  l’on  ne  voudrait  qu’un 
étage,  on  établirait  plus  haut  le  point  de 
départ  des  branches  charpentières,  ainsi 
que  le  démontre  la  figure  6.  Si  au  con- 
traire, tout  en  voulant  former  plusieurs 
étages,  on  voulait  modifier,  élargir  ou  rétré- 
cir la|forme,  rien  ne  serait  plus  facile  : il  suffi- 
rait d’établir  cette  seconde  charpente  en  con- 
séquence, en  maintenant  la  table  plus  large 
ou  plus  étroite,  puis  de  diriger  les  parties 
perpendiculaires  en  raison  du  dessin  adopté. 

Les  principes  étant  posés,  seule  l’appli- 
cation devra  différer,  suivant  le  but  qu’on  se 
propose  d’atteindre. 

Modification  ou  transformation  des 
arbres.  — Si  l’on  voulait  changer  la  forme 
d’un  arbre,  par  exemple  transformer  une 
pyramide  ou  un  fuseau  en  une  forme  quel- 
conque à branches  renversées,  il  faudrait 
d’abord  supprimer  tout  ou  partie  des  bran- 
ches charpentières,  excepté  celles  qui  sont 
placées  aux  endroits  où  l’on  veut  établir  les 
étages,  qu’alors  on  abaisserait  autant  que 
possible  de  manière  à les  amener  à l’hori- 
zontalité, puis  à la  perpendicularité.  Dans 
le  cas  où  ces  branches  seraient  trop  fortes 
pour  subir  cette  opération,  il  vaudrait 
mieux  les  couper,  de  manière  à en  obtenir 
de  jeuneslquel’on  dirigerait  facilement,  ainsi 
qu’il  a été  dit.  Toutefois,  l’on  doit  com- 
prendre que  ce  n’est  qu’avec  des  arbres  vi- 
goureux et  des  variétés  robustes  que  l’on 
pourrait  tenter  cette  transformation.  Ce  que 
l’on  pourrait  encore  faire,  ce  serait  d’essayer 
de  les  rajeunir  au  moyen  de  la  greffe,  pro  - 
cédé  radical  qui  consiste  à tronquer  com- 
plètement la  tige.  Par  la  greffe  en  cou- 
ronne qui,  en  général,  réussit  très-bien  sur 
les  forts  sujets,  on  placerait  un  nombre 
de  greffons  en  rapport  avec  les  dimensions 
de  l’arbre  à transformer,  puis,  au  fur  et  à 
mesure  que  les  bourgeons  se  développe- 


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CULTURE  DES  ARBRES  FRUITIERS  A BRANCHES  RENVERSÉES. 


raient,  on  leur  ferait  prendre  une  direction 
en  rapport  avec  la  forme  que  Ton  voudrait 
obtenir. 

Soins  à donner  aux  arbres  à branches 
renversées.  — Qu’il  s’agisse  de  taille,  de 
cassage,  d’ébourgeonnage,  de  pinçage,  etc., 
ces  opérations  sont  absolument  les  mêmes 
que  s’il  s’agissait  d’arbres  dirigés  sous  les 
formes  ordinaires.  En  général,  du  reste,  si 
les  opérations  ont  été  bien  comprises  et 
faites  à propos,  la  taille  est  à peu  près  nulle. 
Il  faut  même  prévoir  les  éventualités  fâ- 
cheuses, et  si  une  branche  est  très-faible  ou 
menace  de  mourir,  on  doit  tout  de  suite  se 
mettre  en  mesure  de  la  remplacer  en  proté- 
geant un  bourgeon  convenablement  placé, 
qui  servira  de  branche  de  remplacement. 

Un  moyen  très-bon  aussi  pour  maintenir 
l’équilibre  et  la  forme  régulière  des  arbres, 
c’est,  outre  le  remplacement  des  parties 
défectueuses,  la  gretfe  par  approche  de 
branches  vigoureuses  sur  d’autres  plus  fai- 
bles, de  manière  à renforcer  celles-ci.  Cette 
opération  pourrait  même  se  faire  à l’aide 
de  scions  mal  placés  que  l’on  supprimerait 
quand  l’équilibre  serait  rétabli.  Dans  le  cas 
où  l’arbre  aurait  plusieurs  étages,  on  pour- 
rait même  greffer  l’extrémité  des  branches 
charpentières  supérieures  avec  les  infé- 
rieures, de  façon  à maintenir  l’équilibre  gé- 
néral et  à donner  à l’arbre  une  grande  so- 
lidité ; alors  l’individualité  disparaîtrait  et 
serait  remplacée  par  la  collectivité.  Ce  se- 
rait une  sorte  d’association  fraternelle,  où 
les  forces  individuelles  se  confondraient 
dans  l’intérêt  général. 

Mais,  d’autre  part,  le  système  des  arbres 
à branches  renversées,  perfectionné,  n’est 
pas  aussi  nouveau  qu’on  a bien  voulu  le 
dire,  et,  pour  être  exceptionnel,  il  y a 
cependant  longtemps  qu’on  a formé  des 
modèles  qui  pourraient  même  aller  de  pair 
avec  ceux  que  l’on  montre  de  nos  jours,  ce 
qu’atteste  la  figure  6 et  l’article  qui  lui  est 
consacré,  que  nous  trouvons  dans  la  Revue 
horticole  de  1856,  p.  462.  Nous  allons 
reproduire  l’une  et  l’autre. 

Poiriers  soumis  à la  forme  anglaise,  — Le 
mode  de  taille  que  je  soumets  aux  lecteurs  de 
la  Revue  horticole  est  généralement  employé 
dans  le  nord  de  l’Angleterre,  non  pas  pjar 
fantaisie,  dans  le  but  d’avoir  des  arbres 
très-fructifères. 

Ce  mode  consiste  à planter  un  arbre-tige  et 
à ne  conserver  qu’une  seule  branche  qui,  lors- 


qu’elle atteint  le  haut  du  mur,  est  coupée,  afin 
d’obtenir  deux  branches  horizontales.  De  ces 
dernières  on  abaisse  des  branches  équidistantes 
qui  })euvent  atteindre  le  lias  du  mur  en  deux 
ou  trois  années,  dans  un  sol  propice.  En  peu 
de  temps,  les  arbres  se  couvrent  de  beaucoup 
de  bosses  à fruits  par  le  travail  de  la  sève  qui 
circule  en  sens  inverse. 

Dans  l’opinion  de  beaucoup  de  jardiniers  an- 
glais, ce  moyen  est  regardé  comme  excellent 
pour  forcer  les  arbres  à fructifier.  J’ai  vu,  dans 
le  Yorkshire  de  longs  murs  couverts  de  Poi- 
riers en  espalier,  plantés  alternativement 
d’arbres  taillés  en  forme  horizontale  et  de  la 
manière  que  j’indique,  ce  qui  donnait  au  mur 
un  aspect . nouveau  et  très-original.  Plusieurs 
personnes  m’ont  fait  observer  que  ces  arbres 
exigent  beaucoup  de  soins,  parce  que  la  sève, 
toujours  ascendante,  s’efforce  de  s’échapper  par 
des  branches  nouvelles  croissant  sur  les  deux 
horizontales.  La  seule  chose  à répondre  à cette 
objection,  c’est  que  les  Poiriers  de  toutes  formes 
exigent  un  ou  deux  pincements  pendant  l’été 
et  que  le  mode  que  j’indique  n’en  exige  pas 
plus  que  les  autres.  Paul  Transon, 

Pépiniériste  à Orléans. 

Cet  article,  écrit  de  visu,  il  y a vingt-six 
ans,  par  un  éminent  praticien  qui,  complè- 
tement désintéressé,  n’avait  d’autre  but  que 
de  faire  connaître  un  procédé  fréquemment 
usité  en  Angleterre  et  pouvant  aussi  l’être 
en  France  avec  avantage,  nous  semble  de 
nature  à clore  le  débat  sur  les  arbres  frui- 
tiers à branches  renversées,  et,  sinon  de 
résoudre  la  question,  du  moins  de  la  faire 
entrer  dans  une  autre  phase,  dans  celle  de 
l’expérience.  La  parole  est  donc  aux  faits. 

Doit-on,  de  ce  qui  précède,  conclure  que 
nous  recommandons  exclusivement  ou 
même  d’une  manière  toute  particulière  la 
culture  des  arbres  fruitiers  à branches  ren- 
versées? Ce  serait  un  tort  ; ce  que  nous 
voulons,  c’est  démontrer  que  ce  système, 
peut-être  trop  critiqué  par  les  uns  et  pro- 
bablement trop  préconisé  par  d’autres,  est 
susceptible  de  nombreuses  applications  et 
qu’il  pourrait,  dans  beaucoup  de  cas,  rendre 
de  réels  services  ; mais  vouloir  l’appliquer 
partout  et  pour  tous  les  arbres  pourrait 
également  .être  funeste.  Le  devoir  de  tout 
homme  qui  désire  faire  accepter  une  chose 
qu’il  croit  bonne,  c’est,  après  en  avoir  dé- 
montré les  avantages,  d’indiquer  les  moyens 
de  la  mener  à bonne  fin,  puis  de  laisser 
chacun  libre  de  l’appliquer  suivant  ses  in- 
térêts 

E.-A,  Carrière. 


34 


TELÜPEA  SPECIOSISSIMA. 


TELOPEA  SPECIOSISSIMA 


La  plante  dont  on  vient  de  lire  le  nom  est 
une  des  plus  belles  et  des  plus  rares  Pro- 
téacées  qui  existent.  C’est  une  espèce  aus- 
tralienne, connue  sous  le  nom  vulgaire  de 
Waratah  dans  le  New  South  Wales,  et  que 
l’on  connaît  à peine  dans  les  serres,  bien 
qu’elle  ait  été  introduite  en  Europe  en 
4789,  il  y a près  d’un  siècle. 

En  voici  la  description  : petit  arbre  très- 
glabre,  dressé,  haut  de  2 à 3 mètres,  à tiges 
simples  ou  peu  rameuses,  formant  une  sorte 
de  candélabre.  Feuilles  vertes,  pétiolées, 
planes,  cunéiformes  oblongues  ou  obovales 
obtuses,  mutiques,  incisées  dentées,  nervées 
réticulées,  luisantes  en  dessus  et  parsemées 
de  points  saillants,  longues  de  15  à 20  cen- 
timètres, larges  de  3 à 8 centimètres.  Inflo- 
rescence en  magnifique  corymbe  de  fleurs 
rose  carmin  vif,  de  la  grosseur  du  poing  ou 
plus,  densiflore;  bractées  oblongues  attei- 
gnant jusqu’à  10  centimètres  de  longueur, 
aiguës,  finement  veinées,  les  jeunes  rousses 
pubescentes  au  sommet  ; pédicelles  de  la 
base  longs  de  2 à 3 centimètres,  égalant  le 
calice  un  peu  tuméfié.  Graines  à ailes  le 
plus  souvent  tronquées  (1). 

La  plante  est  originaire  de  Port-Jackson' 
et  Bathurst,  où  elle  a été  trouvée  par  R. 
Brown,  Sieber  et  d’autres  botanistes. 

Notre  désir,  en  parlant  de  celte  admirable 
plante  si  peu  répandue,  est  d’appeler  sur 
elle  l’attention  des  amateurs  de  la  région 
méditerranéenne,  où  elle  prospérerait  sans 
doute  à l’égal  des  Hakea,  Grevillea  et  tant 
d’autres  espèces  du  New  South  Wales  qui 
ornent  les  jardins  depuis  Toulon  jusqu’à  la 
Riviera  di  Levante.  Nous  ne  savons  si  on 
pourrait  se  procurer  l’espèce  en  France, 
mais  à coup  sûr  cela  ne  serait  pas  difficile  en 
Angleterre,  où  elle  est  toujours  restée  en 
honneur  dans  quelques  collections  de  choix. 

Les  Anglais,  passés  maîtres  dans  la  cul- 

(1)  Telopea  speciosissima,  R.  Brown,  Trayis. 
Soc.  Lin.^  188  et  388.  — Rœm.  et  Schult.,  Syst., 
3,  p.  432.  — Reich.,  Fl.  exot.,  t,  159.  — Meisn. 
in  DG.,  Prod..,  14,  p.  446.  — Embothrimn  spe- 
ciosissimum.,  Smith,  Nov.  HolL,  I,  p.  19,  t.  7. 

— Willd.,  Spec..,  1,  p.  537.  — Bot.  Mag.,  t.  1128. 

— E.  spathiilatuni,  Cav.,  le.,  4,  p.  60,  t.  388.  — 
Gæitn.,  fil.  fr.,  3,  p.  214,  t.  218.  — Spreng., 
Sysl.,  1,  p.  483.  — E.  speciosum,  Salisb.,  Farad., 
p.  lit.  — Hylogyne  speciosa,  Knight  et  Salisb., 
Prot.,  p.  126. 


ture  des  plantes  de  serre  froide,  n’ont  ja- 
mais complètement  délaissé  le  Telopea 
speciosissima,  et  tout  récemment  le  Gar- 
den  (2)  publiait,  avec  une  belle  planche 
coloriée,  un  intéressant  article,  que  nous 
croyons  utile  de  traduire,  sur  la  culture 
sous  verre  de  cette  belle  plante. 

« Il  y a quelques  années,  dit  le  journa 
anglais,  c’est-à-dire  vingt-cinq  ou  trente  ans, 
les  espèces  ligneuses  appartenant  aux  fa- 
milles des  Protéacées,  Myrtacées,  Éricacées, 
étaient  l’orgueil  des  cultivateurs  anglais; 
mais  aujourd’hui  c’est  plutôt  une  exception 
qu’une  règle  de  trouver  une  collection  im- 
portante et  bien  cultivée  de  ces  plantes, 
même  dans  nos  jardins  botaniques. 

« L’engoûment  s’est  reporté  sur  des  plan- 
tes d’une  culture  plus  facile  et  se  développant 
rapidement,  car  il  est  bien  connu  que  la 
culture  des  plantes  ligneuses  demande  beau- 
coup d’habileté  et  une  attention  continuelle. 
Rien  ne  peut  surpasser  la  beauté  d’un  grand 
nombre  de  ces  plantes  ligneuses.  Parmi 
elles,  le  Waratalion  Telopea  speciosissima, 
de  la  Nouvelle  Galles  du  Sud,  occupe  le  pre- 
mier rang. 

« Il  appartient  à un  genre  peu  nombreux, 
composé  d’espèces  toutes  australiennes, 
mais  dont  aucune  n’est  aussi  splendide  que 
celle-ci.  C’est  une  des  plus  belles  Protéacées 
connues. 

« Dansjes  Montagnes-Bleues,  il  se  déve- 
loppe sous  la  forme  d’un  arbrisseau  de  2“ 
à 2"^  50  de  hauteur,  et  ses  splendides  têtes 
de  fleurs  sont  fort  recherchées  par  les  indi- 
gènes, qui  viennent  les  vendre  dans  les 
villes.  On  peut  voir  ‘à  Kew,  dans  la  galerie 
de  M“®  North,  une  peinture  qu’elle  a faite 
du  Waratah.  Quoique  cette  plante  soit  cul- 
tivée depuis  plusieurs  années  en  Angleterre, 
elle  y a rarement  été  vue  en  fleur. 

((  La  personne  qui  jusqu’à  ce  jour  l’a  cul- 
tivée avec  le  plus  de  succès  est  M.  Green, 
jardinier  - chef  chez  Sir  George  Macleay, 
Pardell  Court,  à Bletchingley.  A l’une  des 
séances  de  la  Société  royale  d’horticul- 
ture de  Londres,  en  avril  dernier,  M.  Green 
a exposé  un  Telopea  speciosissima  portant 
de  magnifiques  inflorescences  sur  des  tiges 
minces  garnies  de  longues  feuilles.  » 

(2)  The  Garden,  1882,  p.  600. 


LES  CORNICHONS  A RAMES. 


M.  Green  a donné  en  ces  termes  la  culture 
du  Telopea  speciosissima  : « J’empote  le 
Telopea  dans  un  mélange  de  terre  franche 
très-sablonneuse,  avec  un  peu  de  terre  de 
liruyère,  des  morceaux  de  charbon  de  bois 
et  de  pierre  sablonneuse,  et  je  dirige  toute 
mon  attention  sur  un  bon  drainage.  Je  mets 
les  plantes  dans  une  serre  froide  bien  aérée, 
et  je  donne  des  arrosages  modérés  jusqu’à 
la  pleine  végétation  des  plantes  et  la  ma- 
turité des  rameaux.  Je  place  ensuite  les 
plantes  très-près  du  vitrage,  et  je  laisse 
circuler  l’air  librement,  les  sujets  devant 
profiter  du  soleil  autant  que  possible. 

« La  multiplication  se  fait  par  boutures  de 
bois  dur,  coupées  de  préférence  à la  base 
des  plantes.  Les  racines  sont  longtemps  à 
paraître.  Je  pique  ces  boutures  tout  sim- 
plement dans  des  petits  pots  remplis  de 
terre  sableuse  et  de  charbon  de  bois, 
sans  cloches  ; je  les  place  dans  un  coin 


35 

de  la  serre  chauffé  et  je  mouille  modéré- 
ment. y> 

En  attendant  que  le  procédé  de  culture 
préconisé  par  M.  Green  porte  ses  fruits  en 
France,  et  que  nous  puissions  voir  à nos 
grandes  expositions  horticoles  de  beaux 
spécimens  fleuris  du  Telopea  speciosissima^ 
émettons  le  vœu  que  la  culture  méridionale 
s’empare  de  cette  admirable  espèce. 

Les  collections  de  cette  région  s’augmen- 
tent et  s’épurent  de  jour  en  jour,  grâce  aux 
amateurs  dont  nous  citons  souvent  ici  les 
noms,  et  à quelques  autres  qui  entrent 
dans  la  carrière.  Favorisées  par  un  climat 
qui  semble  fait  pour  reproduire  les  condi- 
tions vitales  de  leur  patrie,  les  espèces  aus- 
traliennes sont  de  plus  en  plus  nombreuses 
et  bien  cultivées  dans  les  jardins  méditerra- 
néens. Nous  espérons  y voir  avant  peu  de 
beaux  représentants  de  la  plante  que  nous 
venons  do  recommander.  Ed.  André, 


LES  CORNICHONS  A RAMES 


Je  viens  de  lire  dans  la  Revue  horticole 
(16  décembre  1882,  p.  555),  sous  ce  titre  : 
Culture  spéciale  des  Cornichons,  un  arti- 
cle qui  a fixé  tout  particulièrement  mon 
attention,  car  je  fais  depuis  plusieurs  années 
cette  culture,  à laquelle  j’ai  donné  le  nom 
de  Culture  à rames. 

C’est  M.  Paul  Loyre,  fils  de  l’inventeur 
des  bacs  Loyre,  alors  à Nogent-le-Rotrou, 
où  il  s’était  retiré  après  la  guerre,  qui  m’a 
enseigné  le  procédé  vers  1872.  Je  l’ai  en- 
core pratiqué  cette  année, et  avec  un  succès 
marqué,  à raison  de  l’humidité  persévérante 
qui  sera  la  note  distinctive  de  l’an  1882. 

Les  avantages  de  ce  mode  de  culture  sont 
réels.  M.  Carrelet  signale  son  effet  qui,  dit- 
il,  est  assez  pittoresque:  la  régularité  des 
fruits,  qui  sont  plus  droits,  et  leur  abon- 
dance, qui  est  plus  grande  que  dans  la  cul- 
ture traînante  ordinaire. 

A ces  trois  avantages  il  est  bon  d’en 
ajouter  un  quatrième , qui  n’est  pas  le 
moindre  : venus  en  plein  air,  les  tVuits  sont 
verts  sur  toutes  les  faces  ; l’une  d’elles  n’est 
pas  blanchie  par  l’étiolement  de  la  partie 
du  fruit  en  contact  avec  le  sol.  Le  fruit  est 
plus  beau  certainement,  d’un  vert  plus  foncé, 
et  il  est  permis  de  croire  encore  que  sa 
qualité  est  supérieure. 

Mais  l’auteur  de  l’article  cité  ajoute  ; 


« Quand  les  plantes  ont  pris  quelque  déve- 
loppement, on  les  rame  comme  on  le  ferait 
des  Haricots.  » Il  y a là  une  indication  de 
nature  à induire  en  erreur  les  personnes 
qui  voudraient  tenter  la  culture  à rames  du 
Cornichon. 

Ce  n’est  pas  comme  on  le  ferait  des 
Haricots  qu’il  faut  dire,  mais  comme  on  le 
ferait  des  Pois. 

Les  Haricots  et  les  Pois  (les  variétés  qui 
ne  sont  pas  naines)  sont,  les  uns  et  les  au- 
tres, des  plantes  grimpantes  ; mais  chacun 
sait  qu’elles  le  sont  différemment,  et  que 
les  Haricots  et  les  Pois  ne  se  rament  pas  de 
la  même  manière,  avec  la  même  nature  de 
rames. 

Le  Haricot  est  une  plante  volubile  enrou- 
lante, et  le  Pois  une  plante  volubile  accro- 
chante. 

Ce  qui  convient  surtout  au  premier,  ce 
sont,  plutôt  que  des  rames,  des  bâtons  au- 
tour desquels  s’enroule  sa  tige  volubile;  de 
même  se  bâtonne  aussi,  plutôt  que  se  rame, 
au  moyen  de  hauts  bâtons,  de  longues  per- 
ches, le  Houblon,  avec  cette  différence  pour- 
tant que  la  lige  du  Haricot  s’enroule  de 
gauche  à droite  {dextrorsum),  et  celle  du 
Houblon  de  droite  à gauche  (smistrorsum). 

Dans  le  Pois,  ce  qui  est  volubile,  ce  n’est 
pas  la  tige;  ce  tqnt  le§  vrilles,  transformation 


3G 


STREPTOSOLEN  JAMESONI. 


des  folioles  terminales,  et  à l’aide  desquelles 
la  plante  s’accroche  aux  objets  voisins  ; c’est 
par  ces  vrilles  qu’elle  grimpe.  Un  bâton  tout 
nu  ne  saurait  lui  convenir  comme  au  Ha- 
ricot. Il  lui  faut  une  rame  proprement  dite, 
un  branchage,  une  ramée  avec  toutes  ses 
ramifications  dépouillées  de  leurs  feuilles. 
Un  Haricot  s’emparerait  d’une  ramée  égale- 
ment, mais  un  bâton  lui  plaît  mieux  ; il 
laisse  aussi  plus  de  place  à l’air  et  au  soleil. 

Le  Cornichon  est,  comme  le  Pois,  une 
plante  à vrilles,  et  il  lui  faut  aussi  des  rames 
proprement  dites  ; de  même  se  rament  les 
Melons  qu’on  a appelés  Melons  grimpants  y 
qui  ne  le  sont  pas  plus  que  tous  leurs  con- 
génères, mais  que  la  petitesse  de  leur  fruit 
a permis  de  cultiver  de  la  sorte. 

M.  Carrelet  indique  que  la  culture  a 
rames  du  Cornichon  se  pratique  dans  une 
certaine  partie  de  la  [Bourgogne  ; il  serait 
intéressant  de  connaître  la  localité  et  même 


En  publiant  aujourd’hui  une  bonne 
figure  coloriée  de  cette  jolie  plante,  je  ne 
puis  mieux  faire  que  de  reproduire  la  note 
remise  par  moi  le  27  avril  dernier,  lorsque 
je  présentai  des  échantillons  lïeuris  à la 
Société  nationale  d’horticulture  de  France, 
et  qui  a été  imprimée  dans  le  Bulletin  de 
cette  Société  pour  1882  (pp.  303,  304)  : 

« Le  Streptosolen  Jamesoni,  que  je  pré- 
sente en  fleurs  et  que  j’ai  introduit  des 
Andes  de  l’Équateur,  est  un  arbuste  de  la 
famille  des  Scrophularinées,  qui  croît,  dans 
son  pays  natal,  à une  altitude  de  2,500  à 
3,000  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer.  Il  forme  des  touffes  de  1"^  50  à 2 mè- 
tres, à rameaux  érigés  ou  inclinés,  ligneux 
comme  ceux  d’un  Lantana  ou  d’un  Fuchsia, 
et  couverts  de  corymbes  de  fleurs  qui  pas- 
sent successivement  du  jaune  au  rouge 
capucine  le  plus  brillant. 

(i  Cette  belle  plante,  découverte  d’abord 
par  Hartweg  dans  l’Ecuador,  fut  nommée 
Browallia  Jamesoni  par  M.  Bentham 
(Plantœ  Hartiuegianœ,  p.  146,  n»  818), 
qui  reconnut  plus  tard  qu’elle  ne  pouvait 
entrer  dans  ce  genre,  et  qui  adopta  pour  elle 
(Benth.  et  Hook.,  Gem.  plant. ^ II,  p.  910) 
le  genre  Streptosoleny  créé  par  Miers,  et 
publié  d’abord  dans  ]es  Amials  of  naiural 
Historif  (2^  série,  V,  208), 


le  nom  de  quelqu’un  des  jardiniers  qui  pra- 
tiquent cette  culture. 

J’ai  tenté  de  la  propager  en  Eure-et-Loir 
et  n’ai  pas  réussi,  je  l’avoue,  malgré  les  avan- 
tages sus-énumérés,  sauf  auprès  de  quelques 
jardiniers  de  grandes  propriétés,  qui  ont 
•facilement  des  branchages  à leur  disposition . 

L’horticulteur  maraîcher  ^ d’ailleurs  , 
n’aime  pas  les  plantes  hautes.  Elles  font  de 
l’ombrage  au  milieu  de  sa  culture  générale- 
ment plate  ; aussi  ne  cultive-t-il  guère  que 
des  variétés  naines  de  Haricots  et  de  Pois. 

Une  des  raisons  qui  m’a  fait  vous  adres- 
ser cette  note,  c’est  que  j’avais  commencé 
moi-même  à ramer  au  moyen  d’échâlas,  de 
bâtons  auxquels  j’attachais  les  pousses  avec 
du  jonc. [[.Mon  jardinier  et  moi,  nous  nous 
aperçûmes  bientôt  que  c’étaient  des  bran- 
chages ou  un  treillage  à mailles  serrées  qu’il 
convenait  d’employer.  J.  Courtois, 

Juge  honoraire  à Chartres. 

SN  JAMESONI 

« Introduite  déjà  une  première  fois  en 
Europe  par  M.  W.  Lobb,  qui  en  envoya  des 
graines  à MM.  Veitch,  à Londres,  il  y a 
trente-quatre  ans,  cette  espèce  paraît  s’être 
perdue  dans  les  cultures,  et  nous  ne  nous 
souvenons  pas  de  l’avoir  jamais  rencontrée 
dans  les  jardins  ni  dans  les  serres. 

<(  Les  échantillons  secs  que  je  dépose  sur 
le  bureau,  et  qui  portent  le  n®  4,308  dans 
mon  herbier  de  l’Amérique  du  Sud,  indi- 
quent, aussi  bien  que  les  spécimens  frais 
qui  viennent  de  fleurir  dans  mon  jardin  de 
Cannes,  la  vigueur  et  l’abondance  extrême 
de  floraison  du  Streptosolen  Jamesoni. 
Dans  le  midi  de  la  France,  cette  espèce 
constituera  un  arbuste  rustique  de  premier 
ordre.  Dans  nos  régions  plus  septentrio- 
nales, la  culture  s’en  fera  en  orangeile  ou 
en  serre  froide,  et,  en  lui  appliquant  un 
traitement  rationnel,  on  devra  obtenir  une 
floraison  printanière  équivalente  à celle  du 
Midi.  )) 

A la  notice  qui  précède  il  convient 
d’ajouter  une  description  plus  complète  de 
la  plante  : 

Arbuste  haut  de  4 à 2 mètres,  rameux 
dès  la  base,  pubescent,  à rameaux  plus  ou 
moins  dressés  ou  étalés,  cylindriques,  verts 
d’abord,  gris  en  vieillissant;  feuilles  en- 
tières, brièvement  pétiolées,  ovales, velues- 


* GodaroL.  ded 


ChroTTwlUhy.  GiS'evereyns. 


StrepiosoLeri . Jamesoni 


EVONYMUS  SI  ENSLS  ET  EVONYMUS  MICEOPHYLLUS. 


37 


tomenteuses,  devenant  rugueuses  en  vieil- 
lissant, longues  de  2 à 4 centimètres,  d’un 
beau  vert,  à nervures  enfoncées  ; fleurs  dis- 
posées en  panicules  corymbiformes  au  som- 
met des  rameaux  (souvent  beaucoup  plus 
fortes  que  l’aquarelle  ci-contre  les  a repré- 
sentées, ainsi  qu’en  témoignent  mes  échan- 
tillons d’herbier);  pédicelles  grêles,  égalant 
à peu  près  eii  longueur  le  calice  ovale-tu- 
buleux campaniilé,  brièvement  5-fide;  co- 
rolle d’un  jaune  pâle  constant  en  dessous, 
jaune  d’abord  en  dessus,  puis  passant  au 
beau  rouge  orangé  ou  capucine,  à tube  long 
de  2 centimètres,  un  peu  recourbé,  tordu  à 
sa  partie  inférieure,  à limbe  étalé,  de  10  à 
25  millimètres  de  diamètre,  formé  de  cinq 
lobes  largement  obtus,  un  peu  plissés,  dont 
les  deux  postérieurs  sont  adnés  comme  un 
labelle;  quatre  étamines  normales  didy- 
names,  incluses,  insérées  au-dessus  du 
milieu  du  tube,  la  cinquième  rudimentaire, 
peu  apparente;  ovaire  stipité,  biloculaire; 
style  un  peu  renflé  au  sommet,  rugueux,  à 
stigmate  dilaté,  vert;  ovules  nombreux  ; 
graines  petites,  noires,  fovéolées-réticulées. 

Les  premiers  exemplaires  d’herbier  de 
cette  plante,  recueillis  par  Hartweg,  prove- 

EVONYMUS  SINENSIS  ET  1 

Cette  prétendue  espèce,  Evonymus  si- 
nensis,  que  l’on  trouve  encore  sous  ce 
nom  dans  quelques  établissements,  notam- 
ment aux  pépinières  de  Trianon,  à Ver- 
sailles, n’est  autre  qu’une  des  innombrables 
formes  de  V Evonymus  Japonicus  ou  Fusain 
du  Japon  dont,  au  reste,  elle  a tous  les  ca- 
ractères, ainsi  que  la  rusticité.  Le  plus  fort 
pied  que  nous  connaissions,  à Trianon,  me- 
sure environ  3 mètres  de  hauteur  et  forme 
un  énorme  buisson  compact,  largement 
arrondi  au  sommet.  Il  est  planté  dans  une 
caisse  que  l’on  rentre  chaque  année  dans 
une  orangerie.  Ses  branches  nombreuses, 
dressées,  sont  garnies  de  feuilles  relative- 
ment longues  et  étroites  ; mais  en  pleine 
terre  les  caractères  se  modifient  : les  plan- 
tes, alors,  ont  des  feuilles  un  peu  plus  lar- 
ges, d’un  vert  très-foncé,  luisant,  et  une 
tendance  à donner,  par  dimorphisme,  outre 
une  variété  à bois  et  à feuilles  plus  ou 
moins  jaunes,  des  formes  monstrueuses  qui, 
alors,  revêtent  des  caractères  divers. 

P’un  semis  fait  avec  des  graines  de  ce  pré- 


naient  des  montagnes  de  Paccha,  dans  la 
région  déjà  froide  de  l’Ecuador.  Lobb  l’a 
retrouvée  à Cuenca  (1),  et  c’est  de  là  qu’il 
en  envoya  des  graines.  Elle  existe  aussi  à 
Chuquiribamba,  à Cisné,  et  plus  au  nord, 
d’où  proviennent  mes  échantillons.  Partout 
elle  croît  sur  des  rochers,  où  le  plus  souvent 
elle  ne  donne  pas  l’idée  de  la  beauté  qu’elle 
peut  atteindre  dans  les  endroits  où  une  terre 
fertile  lui  permet  de  développer  de  volumi- 
mineux  bouquets  de  fleurs.  Elle  m’a  beau- 
coup surpris  l’année  dernière  lorsque  je  l’ai 
vue,  dans  mon  jardin,  à Cannes,  plus  belle 
qu’à  l’état  spontané  (2). 

M.  Victor  Lemoine,  horticulteur  à Nancy, 
mettra  le  Streptosolen  Jamesoni  au  com- 
merce, au  premier  printemps.  Nous  recom- 
mandons tout  spécialement  ce  charmant 
arbuste  aux  horticulteurs  et  amateurs  de 
jardins  du  midi  de  la  France;  mais  il  faut 
aussi  insister  sur  sa  valeur  dans  le  nord 
comme  plante  de  serre  froide.  M.  Lemoine 
l’a  déjà  essayé  de  diverses  manières  ; son 
catalogue  contiendra  l’indication  du  traite- 
ment, fort  simple  d’ailleurs,  qu’il  conviendra 
de  lui  donner  pour  assurer  une  brillante 
floraison.  Ed.  André. 

VONYMÜS  MICROPHYLLUS 

tendu  E.  sinensis,  par  M.  Chouvet,  jardi- 
nier en  chef  des  Tuileries,  il  est  sorti  plu- 
sieurs variétés  plus  ou  moins  différentes  de 
la  mère,  mais  notamment  une  très -remar- 
quable, tant  par  son  nanisme  que  par  la 
petitesse  de  ses  feuilles,  à laquelle  nous  don- 
nons le  qualificatif  microphyllus,  et  dont 
voici  les  caractères  : 

Evonymus  microphyllus,  Hort,;  (E".  den- 

(1)  Ne  pas  écrire  Guença,  comme  plusieurs  au- 
teurs l’ont  fait  à tort. 

(2)  Le  genre  Streptosolen,  monotype  jusqu’à  pré- 

sent, et  dont  l’étymologie  vient  de  crpsTîzôç,  tordu, 
et  de  tuyau,  diffère  des  Browallia  par  la 

forme  de  l’inflorescence  en  corymbe,  par  la  cou- 
leur des  fleurs  et  surtout  par  la  singulière  torsion 
du  tube  de  la  corolle,  caractère  qui  a fourni  à Miers 
les  éléments  du  nom  générique. 

Bibliographie.  — Streptosolen  Jamesoni,  Miers, 
Ann.  of  nat.  Jiist.,  sér.  2,  v.  208;  Illustr.,  t.  55.— 
Wolf.,  A nn.,Ul  18 1 , v.  595.  — Benth.  et  Hook.,  Gen . 
pl.,  II,  p.  910.  — Browallia  Jamesoni,  Bentham, 
Plant.  Hartxv.,  p.l46,  n"  818.  — DG.,  Prodr.,  X, 
p.  197.  — Bot.  Mag.,  t.  4605.  — Paxt.,  Mag.  ofbot., 
XVI,  p.  6.  — Harris,  Flor.  Cah.,  49,  t.  III,  p.  1. 
- V.  Bout.,  Fl.  ser.,  V,  436, 


38 


THYMUS  ORIGANOIDES.  — LE  JARDIN  DES  PLANTES  DE  SAUMUR. 


tatiis,  Hort.  aliq).  Plante  buissonneuse.  Ra- 
meaux effilés,  ténus.  Feuilles  opposées-dé- 
cussées,  très  - rapprochées,  régulièremen- 
elliptiques,  atténuées  aux  deux  bouts,  cour- 
tement  dentées,  à dents  relativement  larges, 
mais  peu  profondes,  longues  de  35  milli- 
mètres, larges  d’environ  13. 

Obtenu  par  M.  Ghouvet  vers  1868,  VE. 
microphijUus  n’a  pas  encore  fleuri.  Le  pied 
mère,  qui  formait  un  buisson  court,  com- 


pact, a péri  pendant  l’hiver  de  1879-1880. 
C’est  l’une  des  plus  petites  formes  myr- 
toïdes  de  VE.  Japonicus.  Elle  a quelque 
ressemblance  avec  VE.  pulchellus,  qui  est 
la  plus  petite  espèce  à feuilles  persistantes 
connues.  Celte  dernière,  qui  n’a  pas  encore 
fructifié  non  plus,  ne  serait-elle  pas  aussi 
une  forme  japonaise  de  VE.  Japonicus? 
Le  fait  ne  nous  étonnerait  pas. 

E.-A.  Carrière. 


THYMUS  ORIGANOIDES 


Plante  buissonneuse,  très-vigoureuse, 
dressée,  atteignant  30  centimètres  environ 
de  hauteur.  Tige  robuste,  raide,  un  peu 
velue,  pubérulente.  Ramilles  nombreuses, 
dressées,  opposées-décussées.  Feuilles  éta- 
lées, largement  et  régulièrement  obovales- 
elliptiques,  de  10-15  millimètres  de  lon- 
gueur, larges  de  8,  fortement  nervées,  sur 
un  pétiole  d’environ  3-4.  Inflorescence 
en  large  épi  ovale,  courtement  arrondie, 
composée  de  ramilles  florales  dressées  et 
ramifiées.  Fleurs  blanches,  longuement  tu- 
buleuses, à cinq  divisions  dont  deux  très- 
courtes. 

Cette  espèce,  qui  forme  un  buisson  com- 
pact dressé,  rappelle  assez  exactement  l’O- 
ligan  cultivé  ou  Marjolaine.  Elle  est  très- 
propre  à former  des  bordures  qu’on  peut 
également  soumettre  à la  taille.  Elle  est 


odorante  comme  le  Thym,  un  peu  moins 
pourtant.  On  l’a  obtenue  d’une  graine  de  la 
variété  à feuilles  panachées,  de  laquelle  elle 
est  complètement  dilférente.  En  effet,  tan- 
dis que  cette  dernière  constitue  des  plantes 
basses,  largement  étalées,  gazonnantes,  à 
rameaux  grêles,  diffus,  couchés,  à feuilles 
bordées  de  blanc,  le  Thymus  origanoides 
forme  des  buissons  compacts,  dressés,  vi- 
goureux. 

Scientifiquement  parlant,  le  Thymus  ori- 
ganoides pourrait  donc  être  regardé  comme 
une  bonne  espèce  et  montre  une  fois  de 
plus  comment  se  forment  celles-ci.  Ajou- 
tant que,  par  son  port,  la  beauté  et  la  gran- 
deur de  ses  fleurs,  par  son  extrême  flori- 
bondité,  cette  plante  est  éminemment  orne- 
mentale. E.-A.  Carrière. 


LE  JARDIN  DES  PLANTES  DE  SAUMUR 


A l’occasion  du  Concours  régional  agri- 
cole de  Nantes,  nous  avons  entrepris  de 
parcourir  un  peu  les  rives  de  la  Loire;  la 
végétation  luxuriante  des  prairies  et  des 
cültures  nous  rappelle  les  temps  éloignés 
où  nous  les  parcourions  pour  en  étudier  la 
llore.  Après  avoir  visité  Angers,  son  Jardin 
botanique,  et  constaté  qu’il  est  l’objet  d’im- 
portantes améliorations,  nous  avons  visité 
les  principaux  établissements  d’horticulture, 
puis  nous  sommes  remonté  à Saumur,  lo- 
calité renommée  pour  le  vin  blanc  qu’on 
récolte  aux  environs. 

Le  peu  de  temps  dont  nous  avions  à 
disposer  nous  a pourtant  permis  de  visiter 
les  carrières  de  Nantilly,  où  se  font  des 
cultures  de  Champignons  qui  n’ont  rien  à 
envier  à celles  des  environs  de  Paris.  C’est 


à M.  Yvon,  le  premier  introducteur  de  ce 
genre  de  culture  dans  le  pays,  que  le  mar- 
ché de  Saumur  doit  l’approvisionnement 
journalier  de  ce  légume  si  recherché.  Les 
prairies  sablonneuses  de  la  Loire  en  four- 
nissent bien  aussi,  qui  varient  selon  les  sai- 
sons ; mais  la  quantité  ne  suffit  pas  à la 
consommation,  et  le  produit  n’est  pas  de 
toutes  saisons  comme  le  Champignon  cul- 
tivé [Agaricus  edidis). 

En  sortant  des  carrières  de  M.  Yvon, 
nous  nous  sommes  rendu  au  Jardin  des  plan- 
tes, qui  est  situé  à côté.  Ce  jardin,  peu  connu, 
dont  nous  avions  entendu  parler  depuis  fort 
longtemps,  est  situé  au  sud  de  la  ville,  sur 
une  petite  place  dont  l’abord  est  caché  et 
peu  commode.  Les  terrains  dont  il  fait 
partie  proviennent  d’un  ancien  convent  de 


LE  JARDIN  DES  PLANTES  DE  SAUMUR. 


39 


Récollets,  et  sont  clos  de  murs  élevés  de 
tous  côtés.  Sa  position  en  amphithéâtre,  sur 
une  magnifique  colline  exposée  au  spleil  du 
midi  et  de  l’ouest,  et  couronnée  au  sommet 
d’un  magnifique  massif  d’arbres,  en  font  une 
promenade  aussi  agréable  qu’originale.  Les 
points  de  vue  les  plus  variés  en  même  temps 
que  les  plus  pittoresques  se  déroulent  à 
l’horizon.  Au  sud,  c’est  le  Thouet,  arro- 
sant de  verdoyantes  prairies  plantées  d’ar- 
bres de  toutes  espèces  et  de  toutes  gran- 
deurs ; à l’ouest,  la  Loire  aux  larges 
contours,  qui  coule  tranquillement  vers 
l’Océan  ; puis,  dans  le  lointain,  les  coteaux 
les  plus  divers  dont  les  flancs,  garnis  de 
châteaux  et  de  chaumières  entremêlés  de 
Vignes  et  d’arbres  de  toutes  espèces,  produi- 
sent l’effet  le  plus  grandiose. 

On  arrive  au  jardin  par  une  longue  allée, 
un  peu  en  courbe,  bordée  de  larges  plates- 
bandes  plantées  dans  le  fond  d’arbustes  va- 
riés et  garnies  sur  le  devant  de  plantes  de 
serre  tempérée,  dont  les  pots  sont  enterrés 
pendant  la  belle  saison. 

Notre  première  visite  fut  pour  notre  con- 
frère, le  jardinier  en  chef,  M.  Bidault,  qui 
s’est  empressé  de  nous  faire  visiter  ses  cul- 
tures et  de  nous  donner  tous  les  renseigne- 
ments sur  les  collections  confiées  à ses 
soins. 

L’ensemble  du  jardin  est  divisé  en  plu- 
sieurs terrasses  superposées,  presque  toutes 
affectées  à la  culture  de  la  Vigne,  La  première 
de  ces  terrasses,  qui  est  en  même  temps  la 
première  partie  du  jardin,  renfermeune  serre 
servant  à la  multiplication  et  à la  conserva- 
tion des  végétaux  pendant  l’hiver,  d’un 
bassin  pour  la  culture  des  plantes  aquati- 
ques, et  de  massifs  de  différentes  formes  et 
grandeurs  pour  la  culture  des  plantes 
d’étude,  qui  sont  en  réalité  plutôt  des  plan- 
tes d’amateurs  que  de  véritables  sujets  bota- 
niques. Ces  végétaux,  qui  ne  sont  ni  éti- 
quetés ni  classés  méthodiquement,  sont 
néanmoins  très-variés,  disposés  en  massifs 
comme  ceux  d’un  jardin  anglais  et  plantés 
de  manière  à ce  que  les  plus  élevés  se  trou- 
vent au  centre,  ceux  de  deuxième  taille  au 
second  rang,  et  les  plus  petits,  ainsi  que  les 
plantes  vivaces,  sur  les  bords,  de  sorte  que 
l’amateur  peut  facilement  trouver  les  sujets 
qui  l’intéressent. 

Mais  ce  qui  est  plus  intéressant,  en  même 
temps  que  plus  utile,  est,  sans  contredit, 
une  magnifique  collection  de  Vignes;  elle 


est  due  au  savoir  et  à la  persévérance  d’un 
des  plus  remarquables  viticulteurs  de  Sau- 
mur,  feu  M.  Auguste  Courtillier,  qui  avait 
réuni  et  classé  dans  cet  enclos  si  restreint 
873  espèces  et  variétés  différentes  de  Vignes, 
provenant  non  seulement  de  la  France, 
mais  de  l’Europe  et  du  monde  entier.  Il 
est  donc  très-regrettable  que  l’exiguité  du 
terrain  ne  permette  pas  d’étendre  plus 
largement  une  collection  aussi  importante; 
on  est  obligé  de  cultiver  chaque  cépage 
trop  près  l’un  de  l’autre,  d’où  il  résulte 
que  des  variétés  poussant  plus  vigoureu- 
sement que  d’autres,  ne  peuvent  se  déve- 
lopper convenablement,  ce  qui  gêne  à la 
multiplication  et  nuit  à l’élude,  ainsi  ren- 
due très-difficile. 

Tous  les  murs  entourant  la  première 
partie  du  jardin  et  ceux  qui  limitent  les 
terrasses  supérieures  sont,  selon  leur  posi- 
tion, plantés  de  cépages  des  régions  les  plus 
chaudes  ou  de  différentes  variétés  qui  pro- 
duisent des  Raisins  de  table,  c’est-à-dire 
celles  qui  exigent  la  plus  grande  somme  de 
chaleur  pour  mûrir  leurs  fruits,  tandis  que 
celles  destinées  à la  production  du  vin  sont 
en  plein  air  sur  les  terrasses,  plantées  en 
lignes  droites,  échalassées  et  cultivées  abso- 
lument comme  les  Vignes  des  champs.  Sans 
être  bien  fertile,  le  sol  paraît  convenir  assez 
à la  culture  et  au  développement  de  tous 
ces  cépages,  pourtant  si  différents  d’origine 
et  de  climat.  La  végétation  est  satisfaisante, 
et  la  maturation  des  Raisins  se  fait  dans 
d’assez  bonnes  conditions. 

Le  nombre  des  cépages  cultivés  en  plein 
air  est  bien  plus  considérable  que  celui  des 
variétés  cultivées  en  espalier,  par  la  raison 
qu’il  se  rencontre  quelquefois  des  cépages 
de  même  espèce  sous  des  noms  différents, 
dont  l’élimination  ne  peut  se  faire  qu’après 
de  longues  étudesetsouvent  plusieurs  années 
de  travail.  C’est  au  directeur,  M.  J.  Bury, 
qu’incombe  particulièrement  cette  étude 
laborieuse.  La  vérification  faite  et  l’identité 
reconnue,  chaque  cépage  est  étiqueté,  numé- 
roté et  inscrit  sur  un  catalogue  général  indi- 
quant : 1»  le  numéro  d’ordre  ; 2“  le  nom  de 
l’espèce  ou  de  la  variété  ; 3®  la  couleur  du 
fruit  ; 4»  la  patrie,  et  5^^  le  numéro  corres- 
pondant audit  catalogue  et  à celui  de  la 
plantation.  Un  extrait  de  ce  catalogue,  con- 
tenant les  espèces  et  variétés  parfaitement 
caractérisées,  et  dont  l’identité  est  bien 
reconnue,  est  offert  gratuitement  par  l’admi- 


40 


AMARYLLIS  BIFIDA. 


nistration  aux  personnes  qui  lui  en  font  la 
demande,  soit  pour  l’étudier,  soit  pour  fixer 
leur  choix  sur  celles  qu’elles  désirent  cul- 
tiver et  qui,  sur  leur  demande,  leur  sont 
délivrées  gratuitement. 

Nous  regrettons  vivement  que  notre  visite 
ait  eu  lieu  au  printemps,  car  nous  n’avons 
pu  juger  la  différence  qui  existe  entre  chaque 
cépage  ; aussi  ne  pouvons-nous  donner  que 
des  renseignements  fort  restreints.  Ce  que 
nous  avons  vu  nous  a néanmoins  permis  de 
constater  les  immenses  avantages  que  pro- 
cure cet  établissement,  et  d’engager  ceux  de 
nos  lecteurs  que  la  question  intéresse,  qui 
auraient  l’occasion  de  passer  à Saumur  à 
l’automne,  d’aller  visiter  cette  remarquable 
collection.  Ils  trouveront  chez  M.  Bidault 
l’accueil  le  plus  sympathique  en  même  temps 
que  des  renseignements  pratiques  sur  ce 
genre  de  culture,  qu’il  dirige  [depuis  fort 
longtemps. 

Nous  ne  saurions  non  plus  trop  le  recom- 
mander à nos  vignerons,  si  éprouvés  par 
les  fléaux  qui  ravagent  journellement  leurs 
vignobles  ; ils  pourraient  étudier  là  les  cé- 
pages les  plus  rustiques  en  même  temps  que 


les  plus  productifs,  afin  de  les  approprier, 
selon  les  besoins,  aux  climats  et  aux  terrains 
dévastés  par  les  gelées,  l’oïdium,  le  phyl- 
loxéra et  toutes  les  autres  calamités  qui 
sévissent  si  cruellement  sur  les  vignobles. 
Ils  trouveraient  probablement,  là  encore, 
des  types  européens,  asiatiques  ou  améri- 
cains peu  connus,  dont  il  serait  bon  d’es- 
sayer la  culture,  et  qui,  sans  aucun  doute, 
pourraient  leur  rendre  de  plus  grands  ser- 
vices que  ceux  de  la  Cochinchine  et  du 
Soudan,  dont  la  culture  dans  nos  régions 
tempérées  sera  toujours  très-difficile,  sinon 
complètement  impossible. 

Si  le  Jardin  des  plantes  de  Saumur  ne 
présente  qu’un  intérêt  très-secondaire  au 
point  de  vue  de  la  botanique  ou  à celui  de 
l’horticulture,  il  en  présente  au  contraire  un 
très-grand  au  point  de  vue  de  la  viticulture, 
des  études  qu’on  peut  faire  à ce  sujet  et  du 
bénéfice  qu’on  pourrait  en  tirer,  car,  malgré 
qu’elle  soit  bien  éprouvée,  la  Vigne  est  en- 
core de  nos  jours  une  des  grandes  sources 
de  notre  richesse  nationale. 

J.  Blanchard, 

Jardinier  en  chef  de  la  marine  à Brest. 


AMARYLLIS  BIFIDA 


Cette  espèce,  originaire  de  Buénos-Ayrès, 
a reçu  d’Herbert  le  nom  générique  Hahran- 
thus  ; pour  cet  auteur,  c’est  V Hahrantlms 
hifidus.  Voici  ses  principaux  caractères  : 

Oignon  courtement  arrondi.  Feuilles  pla- 
nes, longuement  linéaires,  d’un  beau  vert 
brillant.  Hampe  dressée,  cylindrique,  raide, 
très-lisse,  atteignant  jusqu’à  40  centimètres 
de  hauteur,  souvent  colorée.  Spathes  florales 
très-étroites,  longuement  acuminées,  mar- 
cescentes.  Pédoncule  raide  terminé  par  des 
fleurs  obliquement  dressées,  longuement  et 
régulièrement  campaniformes  par  le  rap- 
prochement des  pièces,  qui  se  recouvrent 
par  les  bords,  de  sorte  qu’elles  rappellent 
assez  exactement  celles  de  certaines  Als- 
troémères,  à divisions  étroites,  d’un  rouge 
vineux.  Six  étamines,  à filets  inégaux.  An- 
thères très-longuement  ad  nées.  Style  forte- 
ment coloré,  à stigmate  courtement  bilobé, 
dépassant  à peine  les  étamines  et  arrivant  à 
environ  1 centimètre  du  sommet  de  la  fleur. 
Ovaire  trigone,  lisse,  légèrement  coloré. 


L’Amaryllis  bifida,  Spreng.  {Hahran^ 
thus  hifidus,  Herb.),  fleurit  ordinairement 
en  août-septembre,  au  moment  où  ses  feuil- 
les commencent  à pousser.  C’est  une  belle 
plante  qui,  dans  le  nord,  et  peut-être  même 
dans  le  centre  de  la  France,  devra  être 
garantie  l’hiver,  ou  mieux  rentrée  en  serre 
ou  sous  châssis  pendant  cette  saison.  Il  est 
possible  que  plantée  le  long  d’un  mur  à 
bonne  exposition,  en  terre  saine  et  chaude, 
on  puisse,  à l’aide  d’une  légère  couverture, 
la  cultiver  en  pleine  terre.  Dans  le  Midi,  le 
fait  n’est  pas  douteux.  . 

Comme  à peu  près  toutes  les  plantes  de 
la  famille  des  Amaryllidées,  les  fleurs  cou- 
pées se  maintiennent  très-longtemps  dans 
l’eau  ; les  boutons  mêmes  s’y  épanouissent 
parfaitement. 

Les  dimensions  relativement  réduites  des 
fleurs,  leur  forme,  leur  disposition  et  sur- 
tout leur  légèreté  les  rendent  très-propres 
à la  confection  des  bouquets.  ‘ 

E.-A,  Carrière. 


SHOUTIÂ  GALIFORNICA. 


41 


SHORTIA  GALIFORNICA 


Il  est  problable  qu’aucune  des  plantes  in- 
digènes de  l’Amérique  du  Nord  n’a  été  l’ob- 
jet de  tant  de  recherches,  ou  dont  l’existence 
a été  aussi  douteuse  que  celle  du  Shortia. 

En  1839,  le  professeur  Asa  Gray,  en  exa- 
minant l’herbier  de  Michaux  l’aîné,  au  Mu- 
séum d’histoire  naturelle,  y remarqua  un 
exemplaire,  rapporté  de  la  Caroline  du  Nord 
par  cet  -éminent  botaniste  français,  il  y a 
environ  cent  ans. 

Quoique  cet  exemplaire  eût  perdu  ses  pé- 
tales et  ses  étamines,  le  professeur  Asa  Gray 
reconnut  immédiatement  qu’il  avait  devant 
lui  une  plante  ne  ressemblant  à aucune  autre 
plante  américaine,  et  il  la  décrivit  comme 
le  type  d’un  nouveau  genre,  Shortia. 

Ce  nom  fut  donné  en  honneur  du  feu  doc- 
teur C.-W.  Short,  de 
Louisville,  Kentucky,  un 
botaniste  accompli  et  qui 
employait  sa  fortune  en 
faveur  des  sciences. 

En  1841,  le  professeur 
Asa  Gray  et  deux  autres 
botanistes  firent  une  ex- 
cursion dans  les  monta- 
gnes de  la  Caroline  du 
Nord,  principalement  dans 
le  but  de  rechercher  le 
Shortia,  et  depuis  d’au- 
tres botanistes  ont  fait 
en  vain  les  mêmes  recherches. 

Leurs  insuccès  répétés  firent  penser  qu’il 
pouvait  y avoir  quelque  erreur,  et  que 
l’exemplaire  de  Michaux  ne  venait  pas 
d’Amérique. 

Le  genre  fut  retrouvé  en  1868,  non  dans 
la  Caroline  du  Nord,  mais  au  Japon,  où  l’ont 
l’on  trouva  une  plante  correspondant  à la 
description  du  genre  Shortia,  mais  d’une 
espèce  différente. 

Enfin,  en  1877,  M.  G.-W.  Hyams  eut  la 
bonne  fortune  de  découvrir  la  plante  si  long- 
temps cherchée  à Dowell  Gounty  (Caroline 
du  Nord).  En  1879  le  professeur  Asa  Gray 
et  quelques  autres  botanistes  firent  une  ex- 
cursion dans  la  localité  de  M.  Hyams. 

Cet  endrhit  si  intéressant  n’occupait 
qu’un  espace  de  10  pieds  sur  30,  et  l’on  y 
trouva  de  50  à 100  plantes  du  Shortia  tant 
cherché. 


Il  existe  des  exemples  de  plantes  relé- 
guées dans  une  air  erestreinte  ; mais,  autant 
que  nous  sachions,  il  n’en  existe  pas  dont  la 
totalité  soit  confinée  dans  un  espace  aussi 
réduit. 

Il  faut  néanmoins  espérer  qu’on  en  trou- 
vera ailleurs,  quoiqu’il  y ait  à craindre  que, 
dans  la  « lutte  pour  l’existence,  d cette  plante 
ait  trouvé  là  son  dernier  refuge,  d’où  elle 
peut  disparaître  complètement  avant  peu. 

Quelques  exemplaires  ayant  été  apportés 
dans  la  collection  de  MM.  Woolson  et  G‘% 
à Passaïc  (New-Jersey),  cela  a fourni  l’oc- 
casion d’en  faire  faire  le  dessin,  que  nous 
reproduisons  avec  plaisir. 

Nous  avons  déjà  donné  l’origine  du  nom 
générique  Shortia;  le  nom  spécifique  est 
galacifolia,  de  la  res- 
semblance des  feuilles 
avec  celles  des  Galax. 

Elle  appartient  à la 
petite  famille  des  Diapen- 
siacées  et  ressemble  à 
quelques  Bruyères  et  Pri- 
mevères. 

Les  racines  sont  tra- 
çantes, et  les  feuilles  sont 
persistantes  ; les  tiges  flo- 
rales sortent  à l’interstice 
des  feuilles,  et  chacune 
porte  une  fleur  solitaire, 
simple,  d’un  blanc  pur,  de  25  millimètres 
de  diamètre  ; les  pétales  sont  quelquefois 
frangés  ou  festonnés  irrégulièrement. 

Généralement  les  espèces  botaniques 
n’ont  pas  grand  attrait  pour  nos  lecteurs  ; 
mais  le  Shortia  doit  faire  exception,  et  nous 
espérons  que  cette  plante,  si  longtemps 
égarée,  trouvera  bientôt  domicile  dans  les 
collections. 

Jean  Sisley. 

(Traduit  de  V American  AgricuUurist.) 

Depuis  que  cet  article  a été  écrit,  on  a été 
assez  heureux  pour  découvrir  des  exem- 
plaires nouveaux  de  cette  plante  et  la  multi- 
plier, et  aujourd’hui  on  peut  en  obtenir  des 
graines  en  s’adressant  à la  maison  Vilmo- 
rin, 4,  quai  de  la  Mégisserie,  à Paris. 

E.-A.  G. 


42 


SÉCÂTEUR-ÉCHENILLOIR . 


SÉGATEUR-ÉCHENILLOIR 


Cette  phrase  : « Il  n’y  a rien  de  nouveau 
sous  le  soleil,  i>  est  une  de  ces  banalités 
qu’on  répète  souvent,  et  qui,  cependant, 
est  souvent  fausse,  si  on  l’interprète  dans 
le  sens  absolu  du  mot.  En  eflet,  on  pour- 
rait plutôt  dire  qu’il  est  excessivement 
rare  qu’une  chose  tout  à fait  semblable  se 
montre  deux  fois.  De  même  qu’avec  des 


Fig.  8.  — Sécateur-échenilloir. 

Légende. 

A Levier  qui,  par  un  engrenage,  fait  mouvoir  la  lame  B. 
B Lame  ouverte,  au  repos. 

G Petite  vis  placée  sur  la  rondelle  en  cuivre  D. 

D Rondelle  en  cuivre  servant  à maintenir  le  ressort  E. 

E Ressort. 

F Crochet  mobile. 

briques  uniformes,  faites  dans  un  même 
moule,  on  peut  faire  les  bâtiments  les  plus 
différents  et  les  plus  variés,  deux  instru- 
ments peuvent  être  composés  d’un  même 
nombre  de  pièces  semblables  et  constituer, 
néanmoins,  deux  instruments  très-diffé- 
rents. Il  suffit  pour  cela,  soit  de  disposer 
diversement  les  pièces,  soit  d’en  ajouter 
quelques  autres  nouvelles,  en  modifiant 
les  premières.  C’est  ce  qu’a  fait  M.  Aubry, 


coutelier,  rue  Vieille-du-Temple,  131,  en 
fabricant  le  sécateur-échenilloir  représenté 
par  la  figure  8.  Cet  instrument,  dont  l’idée 
première  est  due  à M.  Delaville,  jardinier 
principal  du  parc  des  Buttes- Chaumont,  et 
qui,  à première  vue,  semble  être  identique 
à l’antique  échenilloir  qu’à  peu  près  tout  le 
monde  connaît,  en  diffère  pourtant  sensible- 


Fig.  9.  — Cueille-fruit  ouvert. 

ment  en  ce  que  la  lame  se  trouve  placée  en 
dessus,  au  lieu  de  l’être  en  dessous,  comme 
dans  l’ancien  modèle.  En  tirant  sur  la  fi- 
celle fixée  au  sommet  de  la  branche  de 
l’instrument,  celle-ci  forme  levier  et  fait 
mouvoir  la  lame,  qui  alors  vient  s’appuyer 
sur  la  branche  de  l’arbre  prise  entre  la 
lame  et  le  crochet  placé  à la  base  de  l’ins- 
trument. 

Cette  modification,  en  apparence- peu  im. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  d’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


43 


portante,  détermine  pourtant  une  notable 
amélioration,  par  ce  fait  que  la  lame  étant 
placée  en  dessus,  sa  coupe  est  plus  nette  et  se 
fait  bien  plus  facilement  qu’autrefois,  ce  qui 
s’explique  ; la  branche,  par  son  propre  poids, 
ouvre  la  coupe  et  dégage  la  lame,  dont 
l’action  se  trouve  facilitée  par  l’écartement 
de  la  plaie,  ce  qui  est  précisément  l’inverse 
de  ce  qui  avait  lieu  avec  l’ancien  éche- 
nilloir. 

Aûn  de  rendre  son  instrument  plus  pra- 
tique et  de  l’approprier  à la  taille  des  arbres 
un  peu  élevés,  M.  Aubry  a remplacé  la  corde 
par  un  fil  de  fer  qui,  glissant  le  long  du  man- 
che, vient  se  terminer  à la  base  de  celui-ci 
par  une  pédale  sur  laquelle  il  suffit  d’ap- 
puyer un  peu  pour  déterminer  le  mouve- 
ment de  la  lame,  qui  alors  se  rabat  sur  la 
base  de  l’instrument  et  coupe  la  branche 
prise  entre  ces  deux  parties.-  Il  va  de  soi 


que  le  manche  pourra  être  plus  ou  moins 
long,  suivant  que  les  parties  à couper  seront 
plus  ou  moins  élevées. 

Pour  apporter  cette  nouvelle  amélioration 
à son  sécateur-échenilloir,  M.  Aubry  s’est 
basé  sur  ce  qu’avait  fait  avant  lui  la  maison 
Lenief  et  G‘®,  qui  à son  cueille-fruits  (fig.  9) 
avait  adapté  le  ressort  à pédale.  Du  reste, 
M.  Aubry  fabrique  également  ce  dernier 
instrument  qui,  depuis  l’invention  première, 
a,  nous  assure-t-on,  reçu  quelques  modifi- 
cations. 

Ajoutons  encore  que  le  sécateur-éche- 
nilloir, très-solide  et  très- pratique,  est  d’un 
prix  relativement  très-bas,  qu’il  est  parfai- 
tement conditionné,  et  que,  de  plus,  toutes 
les  pièces  qui  se  fatiguent  et  sont  suscep- 
tibles de  se  détériorer  peuvent  être  rempla- 
cées facilement  par  d’autres,  sans  le  secours 
d’un  ouvrier  spécial.  E. -A. Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1882 


Les  élections  complémentaires  qui  devaient 
se  faire  dans  cette  séance  avaient  sans  doute 
empêché  certains  membres  d’apporter  leurs 
produits  ; aussi  les  apports  étaient-ils  peu 
nombreux. 

Au  comité  de  floricultm'e,  M.  Marron,  jar- 
dinier au  château  d’Herbault,  près  Blois,  avait 
envoyé  un  Billhergia  soi-disant  hybride  du  R. 
Leopoldi  et  d’une  autre  espèce  de  ce  même 
groupe.  C’est  une  plante  compacte,  se  ramifiant 
facilement,  à feuilles  courtes,  larges,  brusque- 
ment arrondies  au  sommet,  bordées  d’épines 
brunes  finement  aiguës,  transversalement  zo- 
nées,  à zones  rapprochées,  farinacées  comme 
celles  du  B.  Leopoldi.  — M.  Nilsson,  fleuriste, 
rue  Auber,  à Paris,  présentait  un  Dendrobium 
sans  nom,  qui  n’avait  guère  de  mérite  que  la 
nouveauté.  Les  fleurs,  que  la  plante  paraît 
donner  abondamment,  disposées  en  grappes 
assez  compactes,  pendantes,  sont  jaunâtres, 
maculées  rougeâtre  à l’intérieur;  les  divi- 
sions externes,  étroites,  sont  longuement  acu- 
minées  en  pointe,  tombantes  et  recouvrant  en 
partie  la  fleur.  — M.  Chapelier  présentait  neuf 
formes  de  Crocus  qui,  d’après  lui,  sont  de 
véritables  types  spécifiques  et  ont  été  décrits 
comme  tels.  Presque  tous  sont  originaires  de 
l’Europe  méridionale  et  de  l’Asie  septentrio- 
nale. Nous  avouons  ne  voir  dans  ces  plantes 
que  des  caractères  légers,  ne  pouvant  guère 
distinguer  que  des  formes  particulières  ana- 
logues aux  Crocus  luteus,  versicolor^  sativus^ 
vernus,  etc.  La  seule  différence  appréciable 


consiste  dans  les  Heurs,  qui  sont  beaucoup  plus 
petites.  Comme  toutes  ces  plantes  sont,  en 
outre,  très-hâtives,  peut-être  pourraient-elles 
constituer  un  groupe  particulier.  — M.  Gode- 
froy-Lebeuf,  horticulteur  à Argenteuil,  pré- 
sentait une  espèce  de  Goodyera  originaire  de 
l’Amérique  septentrionale  ; c’est  le  Goodyera 
pubescens.,  espèce  très-rustique,  qui  a supporté 
sans  abri  27  -degrés  au-dessous  de  zéro  en 
1879-1880.  Cette  espèce,  qui  appartient  au 
groupe  des  Orchidées,  a son  analogue,  en 
France,  dans  le  Goodyera  repens.,  que  l’on 
rencontre  dans  quelques  localités  boisées.  C’est 
une  plante  gazonnante,  â feuilles  ovales,  très- 
rapprochées,  d’un  vert  sombre,  qui  fait  ressor- 
tir encore  davantage  les  nombreuses  nervures 
blanches,  formant  un  lacis  inextricable,  une 
sorte  de  damiei  très-élégant.  Elle  ressemble  un 
peu  aux  Anectochilus. 

Au  comité  des  plantes  potagères.,  M.  Boul- 
lant,  de  Villejuif,  présentait  une  douzaine  de 
belles  et  bonnes  variétés  de  Pommes  de  terre  ; 
elles  étaient  aussi  très-remarquables  par  leurs 
dimensions.  — M.  Vincent  Berthault,  jardinier 
à Rungis,  présentait:  des  Crambe  maritima 
parfaitement  réussis  ; 2»  des  Scorsonères  dont 
les  feuilles,  qui  avaient  poussé  à l’obscurité, 
étaient  blanc  jaunâtre.  Dans  cet  état,  ces  feuilles 
sont  très -tendres,  ont  une  saveur  des  plus 
agréables,  et  remplacent  avec  beaucoup  d’avan- 
tages la  « Barbe  de  capucin  ; » 3o  enfin,  un 
petit  lot  de  Witloof  très-bien  cultivé-;  les  têtes 
étaient  très-fortes  et  relativement  courteSr 


44 


UARlllÈRE  DE  PARC.  — LE  HARICOT  DE  SOISSONS. 


BARRIÈRE  DE  PARC 


La  barrière  dont  nous  donnons  le  dessin 
a été  construite  par  nous  pour  le  parc  de 
M.  le  duc  de  Rivière,  à Lavaux  (Cher).  Elle 
est  en  cœur  de  chêne  et  peinte  en  blanc  lé- 
gèrement saumoné.  Son  ouverture  est  de 
4"^  50,  soit  pour  chaque  battant  ; cette 

largeur  est  celle  de  l’allée  à laquelle  elle 
sert  de  clôture,  et  a dû  être  prévue  pour 
le  libre  passage  de  grosses  charrettes  de  foin. 

Le  plan,  placé  au-dessous  de  la  vue  en 
élévation,  indique  en  projection  le  mode 
d’assemblage  des  bois.  Les  lignes  en  carré 
entourant  les  poteaux  de  tête  figurent  le 


plan  de  la  maçonnerie  de  moellon  et  ciment 
dans  laquelle  sont  scellés  fortement  les 
supports,  renforcés  eux-mêmes  par  des 
arcs-boutants  ou  contre-fiches.  Cette  solidité 
est  indispensable  pour  fixer  les  battants  de 
la  barrière,  qui  tendent  à fléchir  au  milieu, 
à ((  saigner  du  nez,  » suivant  une  expres- 
sion familière.  On  ne  peut  même  obvier 
tout  à fait  à cet  inconvénient  qu’en 
ayant  des  poteaux  de  soutien  plus  élevés, 
avec  des  écharpes  en  fer  sur  les  battants, 
ou  en  scellant  les  battants  dans  un  mur; 
mais  ces  conditions  ne  se  rencontrent  pas 


Fig.  10.  — Barrière  de  parc  (échelle  de  0“  02  p.  m.  ) 


toujours,  surtout  si  l’on  tient  à conserver  à 
ce  modèle  de  barrière  son  aspect  peu  élevé, 
modeste,  approprié  à une  scène  paysagère 
simple  et  tranquille.  Ce  qui  vaut  mieux, 
pour  éviter  des  retouches  fréquentes  causées 
par  cette  déviation  de  la  verticale,  c’est  de 
faire  reposer  les  deux  extrémités  intérieures 
des  parties  ouvrantes  sur  des  galets  qui 
roulent  sur  le  sol  ou  sur  une  lame  de  fer,  et 
qui  assurent  un  jeu  excellent  de  la  bar- 
rière. 

De  pareilles  fermetures  conviennent  par- 
ticulièrement pour  les  entrées  de  service  des 
parcs  forestiers  ou  paysagers.  Trop  peu 

LE  HARICOT 

Si,  au  dire  des  historiens,  les  anciens 
peuples  n’ont  pas  connu  le  Haricot,  personne 
ne  peut  nier  qu’à  notre  époque  il  ne  soit 


élevées  et  médiocrement  ornementales  pour 
des  entrées  principales,  elles  sont  cependant 
d’un  effet  agréable.  On  doit  les  accompa- 
gner, sur  les  côtés,  par  des  massifs  de 
verdure  sombre  et  épaisse  sur  lesquels  leur 
ton  blanc,  rosé  ou  de  bois  clair  et  verni, 
tranche  d’une  manière  heureuse. 

Les  détails  de  notre  dessin,  à l’échelle  de 
2 centimètres  par  mètre,  sont  suffisants 
pour  qu’un  propriétaire  rural  fasse  cons- 
truire lui-même  cette  barrière  dans  des 
proportions  exactes  avec  les  ressources 
locales,  par  un  charpentier  ou  un  menuisier 
intelligent.  Ed.  André. 

DE  SOiSSOiNS 

très-connu  dans  l’ancien  et  le  nouveau 
monde. 

Le  département  de  l’Aisne  est  peut-être, 


LE  HARICOT  DE  SOISSONS. 


45 


en  France,  un  de  ceux  où  le  Haricot  de 
Soissons  est  le  plus  cultivé. 

Dans  tous  les  cas,  aucun  autre  peut-être 
n’est  aussi  avantageux  à cultiver,  ce  que 
nous  allons  essayer  de  démontrer.  C’est 
surtout  dans  les  communes  de  Vailly,  de 
Draine,  de  Ciry-Salsagne,  de  Sermoise, 
de  Vasseny,  de  Chassemy,  de  Luisé,  de 
Courcelles,  d’Augy,  d’Acy,  etc.,  que  le  Ha- 
ricot dit  de  Soissons  est  le  plus  — on  peut 
même  dire  le  mieux  — cultivé,  cela  depuis 
plus  d’un  siècle. 

Nous  croyons  inutile  de  décrire  ce  Ha- 
ricot, qui  est  connu  à peu  près  de  tout  le 
monde  ; mais  nous  insistons  pour  sa  bonne 
culture,  car  elle  entre  pour  une  grande  part 
dans  la  quantité  et  même  dans  la  qualité  des 
produits. 

De  tous  les  Haricots,  celui  de  Soissons. est 
certainement  la  variété  dont  le  grain  est  le 
plus  estimé,  surtout  s’il  a végété  dans  un 
sol  léger  et  fertile,  et  si  la  récolte  a été 
soignée,  parce  qu’alors  sa  peau  est  très- 
mince  et  d’une  finesse  extrême. 

Il  peut  perdre  une  partie  de  ses  qualités 
s’il  a été  mal  cultivé,  ou  s’il  est  venu  sur 
des  terres  froides  ou  compactes.  Les  mar- 
chands, du  reste,  ne  s’y  trompent  pas  et 
savent  en  faire  la  différence. 

Jusqu’à  ces  dernières  années,  même  dans 
les  communes  citées  ci-dessus,  Jce  Haricot 
n’était  guère  cultivé  que  pour  être  récolté 
en  sec;  mais,  depuis  1880,  la  vente  à l’état 
de  grains  à écosser  frais  a pris  des  propor- 
tions considérables.  En  1882  surtout,  la  ma- 
turité, à cause  des  pluies  froides  et  pro- 
longées, s’étant  faite  très-difficilement,  les 
cultivateurs  ont  trouvé  de  réels  avantages  à 
les  vendre  à cet  état. 

Si  ce  Haricot  peut  être  cultivé  dans  toutes 
les  communes  de  notre  département  lors- 
qu’on ne  vise  qu’aux  fruits  pour  écosser 
frais,  il  n’en  est  pas  de  même  quand  on 
veut  en  récolter  les  grains  secs,  arrivés 
parfaitement  à maturité. 

Il  redoute  les  plateaux  élevés  et  battus  par 
les  vents  violents  ; il  vient  mal  sur  les  sols 
froids  et  dans  les  vallées  humides.  Ce  qu’il 
préfère,  ce  sont  les  coteaux  sains  et  éclairés, 
et  les  vallons  parfaitement  abrités. 

Ce  Haricot  redoute  également  les  pluies 
froides  de  mai,  qui  nuisent  à la  germina- 
tion, ainsi  que  les  froids  tardifs  de  juin,  qui 
détruisent  ou  rendent  malades  les  jeunes 
plants. 


Les  grandes  sécheresses  ne  lui  sont  pas 
moins  préjudiciables.  Elles  suspendent  la 
végétation,  font  jaunir  les  feuilles,  empê- 
chent la  fécondation  des  fleurs  et  dessèchent 
les  gousses.  Au  contraire,  il  s’accommode 
d’autant  mieux  de  la  chaleur  que,  pendant 
l’été,  il  trouve  dans  l’intérieur  du  sol  une 
certaine  humidité  unie  à une  bonne  dose 
d’engrais.  Les  pluies  continuelles  qui  sur- 
viennent à la  fm  de  l’été  — comme  en  1882, 
par  exemple  — et  des  froids  prématurés 
lui  sont  aussi  très-défavorables.  Les  pluies 
altèrent  les  gousses  et  tachent  les  grains 
contenus  dans  celles  qui  sont  situées  près 
du  sol,  tandis  que  les  froids,  en  paralysant 
la  végétation,  nuisent  à la  maturité. 

Terrain.  — Le  Haricot  de  Soissons  pré- 
fère les  terres  siliceuses,  meubles,  légères, 
profondes,  substantielles  et  légèrement  hu- 
mides, mais  surtout  une  exposition  chaude 
et  bien  aérée.  Dans  les  terres  gypseuses  ou 
argileuses,  les  grains  sont  de  mauvaise  qua- 
lité, et  la  cuisson  en  est  toujours  difficile. 

Dans  les  localités  citées  plus  haut,  la 
culture  se  fait  surtout  après  un  Blé,  des 
Pommes  de  terre  ou  des  Betteraves.  Les 
cultivateurs  évitent  de  le  planter  sur  un 
défrichement  de  Luzerne  ou  de  Sainfoin, 
parce  que,  dans  ces  conditions,  la  végétation 
est  moins  bonne  et  que  les  plantes,  qui 
restent  plus  longtemps  vertes,  donnent  gé- 
néralement des  grains  qui  mûrissent  irré- 
gulièrement. 

Engrais.  — Comme  tous  ses  congénères, 
le  Haricot  de  Soissons  peut  être  considéré 
comme  une  plante  épuisante  ; aussi  ne  doit- 
on  jamais  en  planter  deux  années  de  suite 
dans  un  même  terrain. 

Sous  le  rapport  des  engrais,  on  a re- 
marqué qu’il  n’est  pas  indifférent  de  pren- 
dre tel  ou  tel;  ainsi  on  a observé  que  le 
fumier  de  cheval  à moitié  décomposé  était 
de  beaucoup  celui  qui  convient  le  mieux. 
La  poudrette,  les  boues  de  ville  qui  ont 
fermenté,  la  cendre  et  la  charrée,  comme 
amendements,  sont  également  très -favo- 
rables. 

Préparation  du  sol.  — Les  terrains  de 
plaine  dans  leur  état  naturel  ne  sont  pas 
toujours  aptes  à recevoir  les  diverses  opé- 
rations d’une  culture  régulière  ; à plus  forte 
raison  lorsqu’il  s’agit  d’une  culture  comme 
celle  des  Haricots,  qui  exige  une  préparation 
aussi  parfaite  que  possible.  Aussi,  dans  la 
, plupart  des  cas,  les  cultivateurs  donnent-ils 


46 


LE  HARICOT  DE  SOISSONS. 


deux  labours  au  champ  destiné  à recevoir 
cette  plante,  et  l’expérience  leur  a prouvé 
qu’on  ne  saurait  trop  ameublir  et  diviser 
les  terres  qui  doivent  la  recevoir.  Le  pre- 
mier labour,  quand  cela  se  peut,  a lieu 
avant  l’hiver;  il  est  donné  par  un  beau 
temps  et  quand  le  sol  est  sain.  On  profite 
de  cette  première  façon  pour  enterrer  le 
fumier. 

L’opération  se  fait  indistinctement  à la 
charrue  ou  à la  bêche  ; mais,  toutes  choses 
égales  d’ailleurs,  le  travail  obtenu  à l’aide 
de  cette  dernière  est  toujours  préférable.  Le 
second  labour  est  donné  vers  la  fin  d’avril 
ou  dans  les  premiers  jours  de  mai,  c’est-à- 
dire  presque  à la  veille  de  l’époque  du  semis. 

Cette  seconde  façon  se  fait  avec  beaucoup 
de  soins  et  en  choisissant  autant  que  pos- 
sible un  beau  temps  pour  l’opérer. 

Semis.  — L’expérience  a fait  recon- 
naître aux  cultivateurs  que  le  semis  du 
Haricot  de  Soissons  devait  être  fait  du  3 au 

10  mai.  Semé  plus  tôt,  et  si  la  température 
se  refroidit,  la  levée  aura  lieu  difficilement 
et  très-irrégulièrement;  semé  plus  tard, 
les  gousses  mûriront  plus  lentement,  et  si 
la  fin  de  l’été  est  humide,  les  grains  seront 
altérés  et  perdront  de  leur  valeur. 

Pour  semer,  on  donne  la  préférence  aux 
graines  de  l’année  précédente  ; onjpeut  éga- 
lement se  servir  de  graines  de  deux  ans,  à 
la  condition  toutefois  qu’elles  aient  été  con- 
servées dans  les  cosses  jusqu’à  l’époque  du 
semis.  Il  importe  en  outre  de  bien  les 
choisir;  les  meilleures  sont  celles  qui  mû- 
rissent les  premières,  qui  se  trouvent  depuis 
la  base  jusqu’au  milieu  des  rames. 

Le  semis  se  fait  dans  des  poquets 
creusés  à la  bêche,  placés  en  quinconce  et 
distancés  l’un  de  l’autre  de  80  centimètres 
en  tous  sens. 

Dans  les  sols  riches,  la  distance  devrait 
être  portée  à 90  centimètres  sur  la  ligne 
et  à 1 mètre  entre  les  lignes. 

A cette  dernière  distance,  les  soins  d’en- 
tretien se  donnent  plus  facilement  et  plus 
rapidement;  la  fécondation  se  fait  dans 
de  meilleures  conditions,  et  les  gousses 
mûrissent  mieux  et  plus  promptement. 

C’est  ainsi  qu’à  Vailly,  où  la  culture  de 
ce  légume  est  répandue  depuis  plus  de 
soixante  années,  les  vignerons  associent 
parfois  la  culture  des  Haricots  à celle  de 
la  Vigne,  en  plaçant  des  touffes  partout  où 

11  se  trouvé  des  vides. 


La  profondeur  à donner  aux  poquets 
varie  selon  que  le  terrain  est  léger  ou  fort  ; 
en  moyenne,  elle  ne  dépasse  pas  5 à 7 
centimètres.  Chaque  poquet  reçoit  8 à 
12  graines  qu’on  a soin  de  bien  espacer 
entre  elles,  pour  ne  conserver,  lors  de  la 
levée  et  entons  Iterrains,  que  8 à 10  pieds 
pour  chaque  touffe. 

En  général,  la  largeur  des  poquets  est 
de  30  à 35  centimètres  ; la  terre  extraite 
est  déposée  à l’entour,  puis,  à l’aide  de  la 
bêche,  et  après  avoir  été  bien  pulvérisée, 
elle  est  remise  sur  les  graines,  qui  ne  doi- 
vent être  recouvertes  que  de  4 à 5 centi- 
mètres. 

Soins  d' entretien.  — Le  premier  binage 
se  donne  dès  que  les  premières  feuilles  des 
Haricots  sont  bien  développées.  Il  faut  sur- 
tout éviter  de  faire  cette  opération  quand  les 
feuilles  sont  mouillées,  non  seulement  par 
la  pluie,  mais  même  par  la  rosée;  en  faisant 
cette  première  façon,  on  a soin  de  chausser 
les  tiges  |en  rapprochant  la  terre  autour  des 
touffes.  Ce  buttage  maintient  plus  de  fraî- 
cheur à la  base  des  plantes,-  de  sorte  que 
celles-ci  végètent  mieux  pendant  les  grandes 
chaleurs. 

Le  second  binage  a lieu  dès  que  les 
herbes  adventices  commencent  à paraître, 
ou  bien  que  le  terrain  a été  battu  par  de 
fortes  pluies.  Enfin,  un  troisième  binage  est 
donné  si  l’année  est  humide  et  si  les  mau- 
vaises herbes  apparaissent  de  nouveau,  en 
un  mot  si  l’état  du  sol  le  réclame.  Ce  troi- 
sième binage  se  pratique  ordinairement 
quand  toutes  les  gousses  sont  bien  formées. 

Plûmes,  échalas. — Comme  le  Haricot  de 
Soissons  ne  peut  se  soutenir  de  lui-même, 
il  est  indispensable  de  lui  donner  des  sup- 
ports. 

Ceux-ci  se  placent  dès  que  les  plantes  se 
développent,  et  le  plus  souvent  même  aus- 
sitôt l’exécution  du  semis  terminée. 

Chaque  poquet  est  muni  de  deux  rames, 
dont  l’une  a environ  2 mètres  de  hauteur; 
l’autre,  moins  élevée,  ne  dépasse  guère  1™ 30. 
En  opérant,  on  s’arrange  de  façon  que  cette 
dernière  vienne  s’appuyer  sous  forme  d’arc- 
boutant  sur  la  première,  de  sorte  que  plus 
tard,  quand  les  tiges  auront  enlacé  et 
réuni  ces  rames,  la  touffe  résistera  mieux 
aux  vents  violents.  De  plus,  cette  disposi- 
tion laissera  passer  l’air  et  surtout  la  lumière 
si  nécessaires  à la  formation  et  à la  matura- 
tion des  gousses. 


LE  HARICOT  DE  SOISSONS. 


47 


Ces  rames,  appelées  plutôt  échalas,  faites 
de  gaulettes  de  Noisetier  ou  d’autres  es- 
sences qu’on  coupe  l’hiver,  qu’on  appointe 
et  met  en  bottes  de  cinquante,  se  vendent 
en  moyenne  80  à 90  centimes. 

Il  va  sans  dire  que  le  fichage  de  ces  tu- 
teurs, qui  doit  être  solide,  a lieu  de  façon 
qu’on  puisse  plus  tard  circuler  dans  le 
champ  aussi  librement  que  possible,  pour 
donner  les  façons  d’été  et  faire  commo- 
dément- la  récolte  des  grains  à écosser 
frais. 

Récolte.  — La  récolte  des  Haricots  à 
écosser  frais  se  fait  quand  les  gousses  sont 
bien  pleines,  que  les  grains  ont  assez  de 
consistance,  et  au  fur  et  à mesure  de  leur 
maturité. 

Ces  fruits  sont  d’autant  meilleurs  et  re- 
cherchés que  la  gousse  a pris,  au  moment 
de  la  cueillette,  une  teinte  légèrement  jau- 
nâtre. Il  faut  surtout  éviter  de  cueillir  des 
gousses  à demi-pleines,  qui  laissent  le  ven- 
deur et  l’acheteur  en  perte.  Commerciale- 
ment, voici  comme  les  choses  se  passent  : la 
récolte  est  mise  dans  des  sacs  fournis  par 
l’acheteur.  Chaque  sac  doit  peser  52  kilo- 
grammes. Dans  la  soirée,  le  tout  est  porté 
par  les  cultivateurs  à la  gare  de  Ciry-Ser- 
moise  et  expédié  dans  la  nuit,  pour  arriver 
à Paris,  aux  Halles  centrales,  le  lendemain 
matin,  où  ils  sont  généralement  vendus  le 
même  jour. 

Si  la  vente  fait  défaut  le  jour  de  leur  ar- 
rivée, ils  sont  remisés  en  cave  pour  le  len- 
demain ; mais  déjà  ils  commencent  à 
s’échauffer,  et  dans  cet  état  ils  perdent  de 
leur  valeur  et  surtout  de  leur  qualité. 

A Ciry,  la  valeur  en  argent  des  Haricots 
de  Boissons  à écosser  frais  s’est  établie 
ainsi  cette  année  : au  début  de  la  récolte,  ils 
se  sont  vendus  25  fr.  les  100  kilogrammes, 
pour  redescendre  à quelque  temps  de  là  à 
20  et  même  16  fr.  ; plus  tard,  le  prix  s’est 
relevé  à 22  fr.  pour  atteindre  25  fr.  vers  le 
15  octobre. 

C’est  vers  cette  époque  que  nous  sommes 
allé  de  nouveau  à Ciry-Salsagne,  prendre 
nos  derniers  renseignements  pour  rédiger 
cette  note,  qui  est  un  résumé  exact  de 
la  culture  du  Haricot  de  Soissons’,  telle 
qu’on  la  pratique  là  où  elle  est  l’objet  de 
soins  tout  particuliers.  C’est  là  aussi,  grâce 
à l’obligeance  de  M.  Boileau,  sous -chef 
de  gare  à Ciry-Sermoise,  que  nous  avons 
appris  que  celte  petite  gare  avait  déjà  ex- 


pédié 3,400  sacs  de  Haricots  à écosser 
frais,  pesant  166,700 kilogrammes  et  repré- 
sentant une  valeur  d’environ  66,100  fr. 

La  récolte  des  Haricots  secs  présente  un 
peu  plus  de  difficulté,  d’abord  parce  que 
les  gousses  mûrissent  plus  inégalement  et 
plus  lentement,  et  qu’on  ne  doit  en  faire  la 
récolte  qu’au  moment  de  leur  parfaite  ma- 
turité. 

Aussi,  pour  hâter  et  uniformiser  cette 
maturation, les  cultivateurs,  dans  le  courant 
de  septembre,  coupent-ils  les  tiges  à quel- 
ques centimètres  au-dessus  du  sol,  puis  les 
relèvent  jusqu’au  point  de  jonction  du  petit 
échalas  avec  le  grand,  où  ils  les  fixent  et 
les  laissent  ainsi  jusqu’à  leur  complète  des- 
siccation. 

A quelque  temps  de  là,  ils  profitent 
d’une  belle  journée  pour  les  lier  en  hottes 
et  les  rentrer  dans  un  local  bien  aéré,  tel 
qu’un  hangar  ou  un  grenier.  Il  va  de  soi 
que  les  quelques  gousses  vertes  qui  exis- 
tent encore  à cette  époque  sont  enlevées 
avant  de  serrer  définitivement  la  récolte. 

Plus  tard,  le  battage  se  fait  au  fur  et  à 
mesure  des  besoins  de  la  vente  ou  de  la 
consommation.  La  valeur  des  grains,  pour 
la  consommation  comme  pour  la  germina- 
tion, est  d’autant  plus  élevée  que  les  soins 
auront  été  mieux  suivis  et  que  les  cosses 
auront  été  tenues  plus  au  sec. 

Le  battage  opéré,  on  procède  au  triage. 
A Ciry,  on  ne  fait  généralement  qu’un 
choix  pour  livrer  les  Haricots  secs  à la 
vente.  Cette  opération  consiste  à séparer  les 
bons  grains  des  grains  cassés,  tachés  ou 
avariés. 

Ces  derniers,  lorsqu’ils  ne  sont  pas  trop 
défectueux,  sont  consommés  sur  place  ou 
vendus  dans  les  environs,  à un  prix  infé- 
rieur. 

Telle  est,  d’une  manière  générale,  la  cul- 
ture pratique  et  raisonnée  du  Haricot  de  Bois- 
sons. Le  commerce  auquel  elle  donne  lieu 
est  relativement  considérable,  et  il  est  même 
difficile  de  s’en  faire  une  idée  exacte.  Nous 
aurions  -désiré  entrer  dans  ces  détails  et  faire 
ressortir  l’important  rôle  que  ce  Haricot  joue 
dans  l’alimentation;  mais,  outre  que  cela 
nous  eût  entraîné  trop  loin,  ces  détails,  qui 
rentrent  plutôt  dans  la  partie  économique  et 
se  rat  tachent  plus  particulièrement  à l’agri- 
culture, eussent  été  un  peu  en  dehors  de 
l’esprit  de  la  Revue  horticole. 

E.  Lambin. 


48 


BEREERIS  THUNEERCtII.  — PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


BERBERIS  THÜNBERGII 


Au  printemps  dernier,  j’ai  reçu  de 
MM.  Croux,  horticulteurs  à Aulnay,  près 
Sceaux  (Seine),  des  rameaux  fleuris  d’un 
Berberis  qu’ils  me  priaient  de  déterminer. 
Ils  en  avaient  reçu  les  graines  directement 
du  Japon,  sans  aucune  détermination.  Je 
reconnus  dans  cette  espèce  le  Berberis 
Thunbergii,  DG.  (1),  dont  voici  la  descrip- 
tion : 

Arbuste  petit,  à rameaux  serrés,  vigou- 
reux, nombreux,  couverts  d’une  écorce 
brun  rouge  et  d’épines  simples,  droites. 
Feuilles  rassemblées  en  touffes  le  long  des 
rameaux,  longues  de  10  à 25  millimètres, 
obovales  ou  spatulées,  très- entières,  par- 
fois apiculées,  à nervures  très-peu  appa- 
rentes. Fleurs  très-nombreuses,  petites,  ne 
dépassant  pas  5 à 6 millimètres  de  dia- 
mètre, solitaires  ou  par  paires  sur  des 
pédicelles  recourbés,  très-grêles,  qui  dépas- 
sent à peine  les  feuilles,  ou  parfois,  mais 
rarement,  en  petites  ombelles  brièvement 
pédonculées.  Sépales  au  nombre  de  trois  à 
quatre,  égaux,  ovales  aigus,  rouges,  moitié 
plus  courts  que  les  pétales,  qui  sont  d’un 
jaune  paille  teinté  de  rouge,  les  extérieurs 
presque  orbiculaires,  les  intérieurs  plus 
obovales.  Ovaire  oblong;  stigmate  large, 
sessile,  orbiculaire.  Fruit  globuleux  ou  lar- 
gement ellipsoïde,  large  de  5 à 6 milli- 
mètres. 

Le  B.  Thunbergii  a été  décrit  dès  1784 


par  Thunberg,  qui  avait  cru  à tort  la  plante 
identique  au  B.  cretica  de  Linné,  auquel 
d’ailleurs  elle  ressemble,  bien  que  celle-ci 
ait  des  épines  tripartites,  des  feuilles  den- 
tées, etc.  Miquel,  à son  tour,  tomba  dans 
une  autre  erreur  en  le  rapportant  au  B.  si- 
nensis,  celle-ci  étant  très -distincte,’  comme 
l’a  justement  fait  observer  Sir  J.  Hooker 
{Bot.  Mag.,  t.  6646),  par  ses  longues  grap- 
pes pendantes. 

Ce  joli  arbuste,  trouvé  au  Japon  par 
divers  collecteurs,  Thunberg,  Dickens, 
Wright,  Savatier,  Maximowicz  et  d’autres, 
a été  envoyé  en  Russie  dans  ces  dernières 
années  et  de  là  en  Angleterre  ; mais  il  pa- 
raît que  c’est  à MM.  Groux  qu’il  appartient 
de  l’avoir  introduit  directement  du  Japon 
dans  les  pépinières  françaises.  Ge  qui  aug- 
mente singulièrement  le  mérite  de  cette 
espèce,  en  dehors  de  la  grande  abondance 
de  sa  floraison  printanière,  c’est  sa  rusti- 
cité. Les  jeunes  plantes  n’ont  nullement 
souffert  de  l’hiver  4879-1880  ; on  peut  donc 
dire  sans  crainte  que  l’épreuve  a été  déci- 
sive et  que  le  B.  Thunbergii  peut  braver 
impunément  nos  plus  grands  froids. 

Cette  jolie  espèce  se  multipliera  sans 
doute  de  graines,  et  sa  culture  ne  sera  pas 
plus  difficile  que  celle  de  ses  congénères  : 
B.  dulcis,  Darwini,  stenophylla,  etc.,  ar- 
bustes déjà  si  précieux  pour  l’ornementa- 
tion des  jardins.  Ed.  André. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Rosa  polyantha  Cécile  Brunner. 
Variété  très-méritante,  remarquable  aussi 
par  se^  caractères,  qui  sont  tout  à fait  diffé- 
rents de  la  plante  dont  elle  sort,  du  Rosa 

(1)  Berberis  Thunbergii,  DG.,  Sgst.  veg.,vo\.  II, 
p.  9;  Prodr.,  I,  p.  106.  — Regel,  Desc.  pl.  nov. 
Turk.,  fasc.  I,  p.  19;  Gartenfl.,  1872,  -p.  238.  — 
Bot.  Mag.,  t.  6646.  — B.  sinensis,  Miquel,  Enum. 
pl.jap.,  p.  1.  — B.  chinensis,  Franch.  et  Savat., 
Enum.  pl.  jap.,  vol.  II,  p.  272.  — B.  cretica, 
Thunb.,  Fl.  jap.,  p.  146  (non  Lin.). 


polyantha  (2).  Sa  végétation,  son  port,  son 
inflorescence,  ses  fleurs,  la  rattachent  au 
groupe  des  Noisettes  remontantes.  G’est  une 
plante  très-vigoureuse,  naine,  pouvant  faire 
des  bordures  ; ses  fleurs,  disposées  en  co- 
rymbe,  sont  d’un  beau  rose  vif  à fond  jaune 
soufre,  rose  clair  à la  circonférence.  Elles 
sont  très-odorantes. 

(2)  Salon  M.  Grépin,  le  R.  polyantha  est  syno- 
nyme de  R.  multiflora. 


üiip.  Georges  Jacob,  — OrJéoua. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Le  temps.  — Loin  de  s’améliorer,  la 
situation  s’aggrave  en  raison  de  la  prolon- 
gation des  intempéries,  et  on  constate  qu’il 
n’est  guère  de  jours  où  il  n’ait  pas  plus  ou 
moins  plu.  Quant  à la  température,  elle  est 
toujours  élevée,  à part  les  8 et  9,  où  il  a 
gelé  de  3 à 8 degrés;  à Paris,  il  y a eu  — 3 
le  8,  et  — 4 à 5 le  9;  à Fontainebleau,  le 
froid  a été  plus  vif  : — 5 le  8,  et  — 8 le  9. 
On  voit  apparaître  de  temps  à autre  une 
véritable  journée  d’été  : pas  de  nuage, 
soleil  chaud  ; aussi  la  végétation  marche-t- 
elle  rapidement.  Dans  les  jardins  où  des 
plantes  de  serre  n’ont  pas  été  enlevées, 
beaucoup  sont  en  très-bon  état,  et  certaines 
même  n’ont  pas  cessé  de  fleurir  : telle  est 
entre  autres  le  Veronica  speciosa  et  ses  va- 
riétés. Dans  notre  jardin,  à Montreuil,  un 
pied  de  Bignonia  jasminoides  a eu  à peine 
ses  jeunes  bourgeons  gelés,  bien  qu’il  n’ait 
pas  été  abrité. 

Les  hivers  sans  froid.  — A cette  épo- 
que de  l’année,  il  est  permis  de  pronosti- 
quer que  l’hiver  de  1882-1883  prendra 
rang  parmi  ceux  qui  se  sont  signalés  par 
une  douceur  exceptionnelle.  Janvier  a com- 
mencé au  milieu  des  floraisons  printanières, 
et  pas  un  instant  les  jardins  ne  sont  restés 
sans  Heurs  et  sans  parfums.  Nous  écrivons, 
en  Touraine,  ayant  sur  notre  table  un  bou- 
quet cueilli  dehors  à l’instant  et  ainsi  com- 
posé : Giroflées  jaunes,  Spirea  Thunhergii 
et  prunifolia,  Calycanthe  précoce  et  G. 
à grandes  fleurs  {Chimonantlms  fragrans 
et  G.  grandiflorus),  Daphné  lauréole,  Jas- 
min nudiflore.  Rose  du  Bengale,  Berheris 
Darioini,  Hellébore  noir,  H.  pied  de  grif- 
fon, H.  vert,  Chrysanthème  couronné  à 
fleurs  doubles.  Violettes  odorantes  et  V.  de 
Parme,  Thlaspi  vivace  {Iberis  sempervi- 
rens),  Aubriétias,  Lonicera  fagrantissima 
et  L.  Standishii,  Pvéséda,  Primula  elatior 
et  acaulis,  etc.,  etc.  Cette  liste  pourrait 
être  allongée  considérablement  ; mais  elle 
donne  l’idée  de  ce  qu’un  seul  jardin  peut 
fournir  au  15  janvier  sous  l’influence  d’une 
température  inusitée.  Ce  serait  le  bonheur 
parfait,  pour  l’amateur  des  jardins,  s’il 
constatait  moins  de  pluie  et  n’avait  pas  à 
gémir  sur  les  inondations,  les  champs  non 

1er  FÉVRIER  1883. 


emblavés,  les  labours  en  retard,  la  récolte 
presque  compromise. 

En  présence  d’un  état  météorologique  si 
singulier,  il  n’est  pas  sans  intérêt  de  citer 
ici  quelques  hivers  qui  se  sont  présentés 
dans  des  conditions  à peu  près  aussi  ex- 
traordinaires. 

En  1172,  dit  une  chronique  ancienne, 

— qui  pourrait  bien  confiner  à la  légende  et 
n’être  pas  article  de  foi  scientifique,  — la 
douceur  de  l’hiver  permit  aux  arbres  de  se 
couvrir  de  feuilles  ; les  oiseaux  couvèrent  et 
eurent  des  petits  en  février. 

L’année  1289,  l’hiver  fit  totalement  défaut. 

En  1421 , on  vit  les  arbres  fruitiers  fleu- 
rir avant  mars  et  les  vignes  en  avril.  Dans 
ces  deux  mois  les  Cerises  mûrirent  et  on 
cueillit  des  Raisins  en  mai. 

En  1538,  on  constata  qu’au  mois  de  jan- 
vier les  jardins  étaient  émaillés  de  fleurs. 

L’année  1572  fut  à peu  près  similaire  à 
celle  de  1172. 

On  cite  également  les  hivers  de  1607, 
1609,  1613  et  1617  comme  remarquables 
par  leur  douceur  exceptionnelle. 

Les  chroniques  allemandes  racontent 
qu’en  1692  on  n’alluma  pas  de  feu  pour  se 
chauffer. 

En  1781,  de  même  qu’en  1807  et  en 
1823,  la  température  citée,  après  des  ob- 
servations qui  déjà  révélaient  un  mode  d’ex- 
périmentation plus  exact,  fut  d’une  douceur 
extraordinaire. 

Enfin,  chacun  se  souvient  de  l’hiver  doux 
de  1866,  l’année  de  la  grande  inondation 
de  la  Seine,  et  de  celui  de  1876-77. 

Nous  n’en  avons  pas  encore  fini  avec 
l’hiver  que  nous  traversons,  et  quelques 
recrudescences  de  froid  peuvent  encore  se 
produire  ; mais  les  périodes  de  longues  ge- 
lées sont  déjà  passées,  et  tout  donne  à pen- 
ser que  le  printemps  sera  précoce  et  que 
cet  hiver  sera  classé  parmi  les  plus  bénins. 

Le  Jardin  d’acclimatation  à Hyères. 

— Nous  venons  de  visiter,  à Hyères,  les 
nouvelles  cultures  que  le  Jardin  d’acclima- 
tation du  bois  de  Boulogne  installe  depuis 
quelques  années  sous  ce  délicieux  climat,  et 
qui  ont  pris  une  importance  digne  d’être 
signalée  aux  amateurs  d’horticulture.  Des 

3 


50 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


serres  ont  été  construites,  des  abris  ins- 
tallés, de  vastes  terrains,  occupant  aujour- 
d’hui une  superficie  de  15  hectares,  ont 
été  plantés  des  espèces  qui  sont  le  plus 
demandées  sur  la  côte  méditerranéenne,  où 
le  goût  des  jardins  prend  de  jour  en  jour 
un  essor  plus  considérable.  Indépendam- 
ment des  collections  d’Eucalyptus  et  d’A- 
gaves,  de  serre  froide  et  de  plein  air  que 
nous  y avions  déjà  constatées,  nous  avons 
vu  avec  plaisir  que  l’actif  et  habile  direc- 
teur du  jardin  d’acclimatation  de  Paris, 
M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  tenait  à faire  de 
la  succursale  d’Hyères  le  digne  complément 
de  l’établissement  central.  C’est  ainsi  que 
la  culture  des  Palmiers  et  autres  belles 
plantes  d’appartement  s’est  beaucoup  déve- 
loppée à Hyères  et  que  des  milliers  de  La- 
taniers,  de  Coryphas,  d’Arecas,  d’ Arauca- 
rias, de  Dracénas,  etc.,  viennent  chaque 
semaine  alimenter  la  vente  de  Paris. 

En  somme,  l’établissement  d’Hyères  s’est 
révélé  comme  un  lieu  de  production  consi- 
dérable. Il  ne  lui  manque  plus  que  de  déve- 
lopper la  culture  d’amateur  des  plantes 
rares  et  nouvelles,  d’importation  et  d’accli- 
matation directe,  pour  compléter  l’intérêt 
qu’il  nous  a déjà  présenté  pour  l’horticul- 
ture française. 

Vignes  tuberculeuses  de  la  Cochin- 
chine.  — Un  fait  intéressant,  dont  nous 
avons  été  récemment  témoin,  nous  oblige 
de  dire  un  mot  à propos  de  ces  Vignes  dont 
naguère  on  a tant  et  si  diversement  parlé. 
Nous  n’avons  à soutenir  ni  à combattre  les 
dires  des  uns  ou  des  autres,  mais  tout  sim- 
plement à faire  connaître  des  faits  : or,  de 
beaux  et  très-gros  Raisins  des  Vignes 
tuberculeuses  de  la  Cochincbine  viennent 
d’arriver  chez  'MM.  Vilmorin,  quai  de  la 
Mégisserie,  à Paris,  où  nous  les  avons  non 
seulement  vus,  mais  admirés. 

En  examinant  ces  Raisins,  qui  par  l’aspect 
rappellent  nos  belles  espèces  européennes, 
et  dont  une  grappe  pèse  près  de  un  kilo- 
gramme, cette  pensée  vient  de  suite  à 
l’esprit  : « Gomment  se  fait-il  que  de  si 
remarquables  produits  n’aient  pas  frappé, 
sinon  les  indigènes,  au  moins  les  Euro- 
péens qui  résident  ou  qui  ont  visité  la 
Cochincbine  il  y a longtemps,  et  que  pas  un 
n’ait  songé  à les  signaler,  ne  fût-ce  que 
comme  un  objet  de  curiosité?  » En  effet,  on 
ne  peut  guère  expliquer  ce  fait  qu’ainsi  : 


ces  Vignes  croissant  dan§  les  forêts,  les 
Raisins  en  sont  mangés  au  fur  et  à mesure 
qu’ils  mûrissent,  ce  qui  indiquerait  qu’ils 
ne  sont  pas,  ainsi  qu’on  l’a  dit,  dépourvus 
de  qualités.  Y aurait-il  là  plusieurs  va- 
riétés ou  formes  de  valeurs  diverses,  et 
n’aurait-on  vu  jusqu’ici  que  les  inférieures? 
C’est  un  point  que  l’avenir  éclaircira.  Pour 
le  moment,  nous  nous  bornons  à signaler 
le  fait,  dont  nos  lecteurs  apprécieront  l’im- 
portance. 

Quant  à la  possibilité  de  tirer  parti  de 
ces  Vignes,  c’est  une  tout  autre  question 
que  nous  nous  proposons  d’examiner  plus 
tard. 

Arrivage  de  Lis  japonais.  — M.  Four- 
nier, horticulteur,  rue  Basse-Saint-Père,  à 
Montreuil,  vient  de  recevoir  du  Japon  un 
stock  de  Lis  comprenant  28  formes  di- 
verses. A cet  envoi  étaient  jointes  des  figures 
coloriées  représentant  ces  Lis.  L’examen 
que  nous  avons  fait  de  ces  dernières  in- 
dique des  plantes  sinon  connues,  du  moins 
rentrant  dans  les  sections  que  l’on  possède 
dans  les  cultures  européennes  : des  aura- 
tiim,  des  speciosum,  des  longiflorum,  des 
croceiim,  des  pumilum  ou  tenui folium,  des 
cordifolium,  etc.  Y a-t-il  là  des  espèces 
nouvelles  ? Nous  ne  pourrions  le  dire;  mais 
ce  que  nous  pouvons  assurer,  c’est  qu’il  y a 
de  très-jolies  choses,  des  coloris  que  nous 
n’avons  jamais  vus  nulle  part. 

Ce  que  nous  avons  constaté  aussi  avec 
plaisir,  c’est  la  force  relative  des  oignons 
et  leur  état  parfait  de  conservation,  ce  qui 
est  dû,  très-probablement,  au  mode  de  pré- 
paration de  ces  oignons  et  aux  soins  avec 
lesquels  ils  ont  été  emballés.  Voici  comment 
s’opère  ce  travail  : une  fois  arrachés,  les 
oignons  sont  étalés  à l’air  et  à l’abri  pen- 
dant quelques  jours,  afin  qu’ils  ressuient  un 
peu,  puis  l’on  prépare  une  bouillie  de  terre 
épaisse  et  consistante,  une  sorte  de  pralin 
dans  lequel  on  enrobe  les  oignons,  puis 
chacun  d’eux  est  recouvert  d’une  feuille  de 
papier  qui  se  colle  sur  la  terre  à laquelle 
elle  adhère  bientôt,  de  sorte  que  chaque 
oignon  forme  une  masse  sphérique.  Ceci 
fait,  on  prend  des  caisses  dans  lesquelles  les 
oignons  sont  disposés  par  lits  et  séparés  avec 
de  la  terre  argileuse  pulvérisée  et  sèche,  de 
façon  à bien  boucher  tous  les  interstices  et 
à remplir  complètement  les  caisses.  L’en- 
robement ou  pralinage  (terre  et  papier) 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


51 


forme  autour  de  chaque  oignon  une  sorte 
de  carapace  consistante  et  résistante  qui 
protège  et  conserve  l’oignon.  Quand  elles 
sont  arrivées  à destination,  on  ouvre  les 
caisses;  on  enlève  la  carapace,  qui  se  sépare 
et  laisse  l’oignon  parfaitement  intact  et  sain. 

Précautions  à prendre  en  prévision 
des  froids,  pour  garantir  les  fleurs  des 
arbres  fruitiers.  — Notre  collaborateur, 
M.  Boisselot,  de  Nantes,  nous  adresse  à la 
date  du  2 décembre  1882  les  quelques 
observations  suivantes,  qui  nous  paraissent 
bonnes  à méditer  : 

Jusqu’à  présent,  nous  n’avons  pas  eu  de 
gelée,  mais  en  revanche  des  pluies  continuelles. 
Cependant  l’hiver  n’est  pas  passé,  et  nous  pour- 
rions bien  au  printemps  prochain  payer  tout  l’ar- 
riéré. C’est  ce  qui  m’engage  à vous  parler 
d’une  expérience  que  j’ai  faite  il  y a déjà  bien 
des  années.  Ayant  à la  campagne  deux  forts 
Pruniers  à haute  tige  couverts  de  fleurs,  et  le 
temps  semblant  annoncer  de  la  gelée,  j’en- 
tourai le  tronc  de  ces  arbres  d’une  torsade  de 
paille  (depuis  les  premières  branches  jusqu’au 
sol),  puis  je  plongeai  l’extrémité  de  la  torsade 
dans  une  terrine  pleine  d’eau. 

Le  lendemain  matin,  je  trouvai  une  petite 
couche  de  glace  dans  ma  terrine  (bien  que 
l’on  pût  à peine  en  voir  de  légères  traces 
dans  les  pas  de  bœufs  sur  les  chemins). 
Bref,  j’eus  cette  année-là  une  abondance  ex- 
traordinaire de  fruits  sur  mes  deux  arbres, 
alors  que  d’autres  placés  dans  des  conditions 
analogues  en  étaient  dépourvus.  Ce  procédé 
n’est  peut-être  pas  nouveau,  mais  il  m’a  paru 
bon  à rappeler. 

Nous  ne  pouvons  rien  dire  des  causes  pré- 
servatrices que  signale  M.  Boisselot  ; nous 
rappellerons  pourtant  que  son  procédé  nous 
paraît  être  analogue  à celui  dont  a parlé 
M.  Rivière-Verninas,  et  qui  est  employé  en 
Hollande  pour  garantir  des  gelées  la  floraison 
des  arbres  fruitiers,  et  que  nous  avons 
décrit  et  figuré  dans  la  Revue  horticole^ 
1878,  p.  115,  procédé  sur  lequel  nous  ap- 
pelons de  nouveau  l’attention. 

Fructification  du  Microcachrys  te- 
tragona.  — C’est  certainement  la  première 
fois  que  la  fructification  de  cette  espèce  a 
lieu  en  Europe.  C’est  en  Angleterre,  dans 
une  des  serres  du  jardin  de  Kew,  que  le  fait 
s’est  montré.  Voici  à ce  sujet  ce  qu’on  lit 
dans  le  Gardeners  Clironicle  : 

Dans  le  jardin  d’hiver  de  Kew,  il  y a actuel- 
lement un  beau  spécimen  en  parfaite  fructi- 


fication de  ce  rare  et  curieux  Conifère,  et 
c’est  une  des  plantes  les  plus  remarqua- 
bles de  la  serre.  Il  est  probable  qu’en  An- 
gleterre il  est  peu  d’endroits  où  cette  plante 
se  trouve  ailleurs  qu’à  Kew  ; elle  est  cepen- 
dant bien  digne  de  culture  pour  la  décoration 
des  serres  froides. 

Une  bonne  figure  en  a été  donnée  dans  le 
Botanical  Magazine  il  y a quelques  années,  et 
voici  ce  qu’il  en  est  dit  : « C’est  assurément  un 
Conifère  des  plus  remarquables,  et,  sous  d’au- 
tres rapports,  un  des  plus  intéressants  ; il  est 
extrêmement  rare,  même  dans  son  pays  natal, 
et  il  présente  le  caractère,  unique  dans  cette 
famille,  de  porter  des  cônes  charnus  brillam- 
ment colorés.  Il  est  vrai  que  nous  avons  dans 
les  Ifs  et  dans  différentes  espèces  de  Podocar- 
pus,  etc.,  des  fruits  charnus  fortement  colorés; 
mais  un  Conifère  dont  les  écailles,  même  celles 
des  jeunes  cônes,  présentent  un  tissu  mou, 
semi-transparent  et  de  couleur  brillante,  est 
unique  dans  cette  famille.  » 

Le  Microcachrys  tetragona  habite  le  sommet 
d’un  très-petit  nombre  de  montagnes  de  la  Tas- 
manie, où  il  forme  des  buissons  nains  et  étiolés. 

La  plante  femelle  est,  comme  de  raison,  la 
plus  jolie  ; quant  au  male,  il  n’est  pas  sans 
avoir  de  ressemblance  avec  quelques-uns  de 
nos  Genévriers. 

Cette  espèce,  dont  nous  avons  vu  des 
échantillons  frais  qui  nous  avaient  été  en- 
voyés de  Kew,  est  en  effet  des  plus  cu- 
rieuses, et  même  des  plus  ornementales 
par  ses  petits  cônes  nombreux,  terminaux, 
à écailles  charnues,  d’un  rouge  brillant.  Elle 
a été  décrite  et  figurée  pour  la  première 
fois  par  M.  Hooker,  dans  sa  Flore  de  Tas- 
manie (vol.  I,  p.  353,  pl.  98),  sous  le 
nom  générique  Diselma,  C’est  aussi  sous 
ce  nom  que  nous  l’avons  décrite  dans  la 
deuxième  édition  de  notre  Traité  général 
des  Conifères,  en  la  considérant  toutefois 
comme  un  genre  mal  connu  et  de  classifi- 
cation douteuse. 

Le  Lierre  à fruits  rouges.  — Nous 
avons  vu  récemment,  à Cannes,  le  Lierre  à 
fruits  rouges  dont  nous  avons  entretenu  nos 
lecteurs.  Nous  avons  constaté  que  le  pied 
mère,  remarquable  par  le  feuillage  parti- 
culier que  nous  avons  décrit,  porte  de  nom- 
breuxYameaux  adultes,  qui  étaient  couverts 
^de  fleurs  au  moment  de  notre  visite.  On  nous 
a de  nouveau  affirmé  que  les  fruits  étaient 
bien  rouges,  et  nous  avons  pris  des  disposi- 
tions pour  que,  si  les  choses  sont  ainsi 
que  nous  l’espérons,  la  Revue  horticole  en 
publie  une  planche  coloriée. 


52 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Populus  alba  Bolleana.  — Cette  nou- 
velle variété  de  Peuplier  blanc,  originaire 
de  Taschkendt,  dans  le  Turkestan,  promet 
d’être  un  arbre  de  grand  mérite  pour  l’orne- 
mentation des  parcs. 

Son  caractère  distinctif  principal  est  la 
forme  fastigiée  et  pour  ainsi  dire  en  co- 
lonne qu’il  prend.  Son  joli  feuillage  dé- 
coupé le  rend,  en  outre,  très-remarquable. 

Le  Peuplier  blanc  de  Boll  possède  un 
aspect  tout  à fait  différent  de  celui  du  Peu- 
plier blanc  de  Hollande.  On  en  avait  fait,  à 
son  introduction  en  Allemagne,  une  espèce 
distincte  ; mais  il  est  plus  rationnel  de  n’y 
voir  qu’une  variété  très -intéressante  du 
Populus  aïba. 

Cercle  pratique  d’arboriculture  et 
de  culture  de  Seine-et-Oise.  — Sous  ce 
titre  il  vient  de  se  former  une  Société  dont 
le  siège  est  à la  mairie  de  Montmorency. 
Son  but  est  de  favoriser  et  d’encourager 
tout  ce  qui  peut  contribuer  au  progrès  de 
l’arboriculture  et  de  la  viticulture  dans  le 
département  de  Seine-et-Oise. 

On  ne  peut  qu’applaudir  à cette  idée; 
aussi  toutes  nos  sympathies  et  même  notre 
concours  sont-ils  acquis  à cette  nouvelle 
institution.  Nous  lui  souhaitons  prospérité  et 
longue  vie. 

Addition  au  matériel  de  l’École 
d’horticulture  de  Versailles.  — Cette 
école,  probablement  la  plus  complète,  qui 
est  un  vrai  modèle  en  son  genre  et  dont 
l’importance  s’accroît  sans  cesse,  vient  en- 
core d’ajouter  à son  matériel  une  serre  mo- 
numentale dont  voici  les  dimensions  : 48"’ 60 
de  longueur  sur  9'"  30  de  largeur  et  8'”  50 
de  hauteur.  Deux  chaudières  pouvant  fonc- 
tionner ensemble  ou  séparément,  cons- 
truites suivant  le  mode  adopté  pour  les  ma- 
chines à vapeur  ordinaire,  sont  destinées  à 
assurer  une  température  suffisante  à l’aide 
de  six  rangées  de  tuyaux  de  10  centimètres 
de  diamètre  et  qui  font  le  tour  de  la  serre. 

Cette  serre  est  destinée  à recevoir  des 
Palmiers,  des  Fougères  et  des  plantes^di- 
verses  de  serre  tempérée  et  de  serre  froide. 
Bien  qu’elle  ait  des  proportions  un  peu  inu- 
sitées, elle  est  comprise  de  telle  sorte  qu’elle 
réunit  toutes  les  meilleures  conditions  pos- 
sibles de  culture.  On  voit  qu’un  maître  a 
présidé  à sa  construction  et  que  rien  n’a 
manqué,  même  l’économie.  C’est  un  vérita- 
ble modèle  qui  pourra  servir  de  guide  aux 


amateurs.  Quant  aux  hôtes  que  cette  serre 
est  destinée  à abriter,  on  n’a  pas  à s’en 
préoccuper,  et  il  va  de  soi  que  les  meilleurs 
soins  leur  seront  donnés.  Sous  ce  rapport, 
on  peut  être  tranquille;  les  précédents 
sont  là. 

Concours  de  trufficulture.  — Les 

nombreux  terrains  laissés  libres  par  la  des- 
truction des  Vignes  qui  les  occupaient,  et 
que  le  phylloxéra  a anéanties,  ont  donné 
l’idée,  dans  certains  départements  méri- 
dionaux, dans  la  Dordogne  notamment,  de 
créer  des  truffières  en  plantant  des  essences 
qui  semblent  très-propres  à favoriser  cette 
((  culture  ? » De  ces  essences,  celles  qui 
paraissent  les  mieux  appropriées  sont  cer- 
tains Chênes  que  pour  cette  raison  on  a 
nommés  « Chênes  truffiers.  » 

A la  suite  de  ce  concours,  pour  lequel 
le  Conseil  général  départemental  a voté 
une  somme  de  1,500  fr.,  seront  décernés 
dix  prix,  dont  le  premier  consiste  en  une 
médaille  d’or  et  300  fr.  La  distribution 
devra  avoir  lieu  en  séance  publique,  à l’oc- 
casion des  concours  de  bouchers  de  la 
((  Foire  des  Bois.  » 

Bégonia  Pictavensis.  — Nous  avons 
reçu  de  M.  J. -B.  Deleuil,  horticulteur  à 
Marseille,  la  lettre  suivante,  que  nous  nous 
empressons  d’insérer,  en  espérant  qu’elle 
sera  la  dernière  sur  un  sujet  dont  l’intérêt 
ne  suffit  pas  pour  occuper  plus  longtemps 
l’attention  des  lecteurs  de  la  Revue  horti- 
cole, bien  que  le  fait  de  la  production  si- 
multanée dont  il  s’agit  reste  toujours  des 
plus  curieux  : 

Marseille,  5 janvier  1883. 

Dans  le  numéro  du  l^i’  janvier  1883  de  votre 
estimable  Revue  que  je  reçois  à l’instant,  je 
trouve  une  communication  de  M.  Bruant,  re- 
vendiquant pour  son  compte,  la  priorité  du 
Bégonia  hybride  du  B.  Schmidti  par  le  B. 
semperjlorens  , que  vous  avez  dénommé  B.  X 
Pictavensis,  nom  auquel  mon  honorable  con- 
frère préférerait,  il  semble,  celui  de  Bruanti. 
Il  est  évident  que  si  M.  Bruant  avait  déjà  lancé 
dans  le  commerce  ce  remarquable  produit  de 
l’hybridation,  sous  l’un  ou  l’autre  de  ces  deux 
noms,  personne,  parmi  les  obtenteurs  de  cette 
belle  plante,  ne  lui  contesterait  la  priorité. 
Mais  voici  un  fait,  ignoré  sans  doute  de 
M.  Bruant,  et  (jui  me  donne,  je  crois,  un  droit 
incontestable  à cette  priorité. 

J’ai  fécondé  le  B.  Schmidti  par  le  semper- 
florens  en  1880,  ainsi  que  j’ai  déjà  eu  l’hon- 


SPINOVITIS  DAVIDI  ET  VITIS  ROMANETT. 


neur  de  vous  le  dire  il  y a quelque  temps, 
tandis  que  M.  llruant  n’a  pratiqué  le  môme 
croisement  qu’en  1881.  De  plus,  j’ai  présenté 
un  sujet  fleuri  de  cet  hybride  à la  séance  du 
13  décembre  1881  de  la  Société  d’horticulture 
de  Marseille,  où  il  a été  récompensé,  ainsi  que 
le  justifie  le  proces-verbal  de  cette  séance,  pu- 
blié dans  le  numéro  de  janvier  1882  de  la  Re- 
vue horticole  des  Bouches-du-Rhône,  organe 
de  ladite  Société,  où  vous  trouverez  ma  plante 
sous  le  nom  de  B.  semperflorens  superha, 
nom  que  je  comptais  lui  donner  alors.  Je  vous 
ferai  observer  qu’à  cette  même  époque  la 
plante  qui  fut  plus  tard  le  B.  Pictavensis  ou 
B y nanti  n’était  encore  qu’à  l’état  de  poussié- 
reuse semence  et  ne  devait  révéler  son  exis- 
tence qu’en  septembre  1882  par  l’excellente 
description  que  vous  lui  avez  consacrée. 

En  octobre  1882,  bien  approvisionné  de  cette 
plante,  je  l’ai  lancée  dans  le  commerce  sous 
le  nom  de  B.  semperflorens  Massiliensis ; c’est 
un  droit  que  personne  ne  me  contestera.  Au- 
rais-je dû  l’annoncer  sous  le  nom  de  B. 
Bruanti  Ÿ Je  n’en  avais  ni  le  droit  ni  le  devoir. 
Le  B.  semperflorens  Massiliensis  est  actuelle- 
ment répandu  un  peu  partout,  tandis  que  le 
B.  Pictavensis  ou  Bruanti  n’est  pas  sorti  en- 
core des  serres  de  son  obtenteur. 

Enfin,  de  tout  ce  qui  a été  dit  de  cet  hybride, 
et  d’après  l’usage  consacré,  à qui  revient  la 
priorité  de  ce  Bégonia  9 Je  m’en  rapporte,  sur 
ce  point,  à votre  haute  loyauté  et  à celle  de 
mon  honorable  collègue,  M.  Bruant. 

J. -B.  Deleuil. 

Notre  opinion  est  que  la  priorité  de  nom 
serait  acquise  à M.  Deleuil  s’il  avait  consi- 
déré sa  plante  comme  une"  production  in- 
termédiaire entre  les  Bégonia  Schmidti  et 
semperflorens.  La  question  est  de  savoir 
s’il  y a eu  hybridation,  ce  qui  ne  paraît  pas 
démontré.  Sans  chercher  à fixer  la  prédo- 
minance de  l’un  des  deux  parents,  on  peut 
considérer  que  leur  action  commune  est  in- 
déniable, puisque  la  forme  nouvelle  ne  s’est 
produite  que  là  où  les  deux  plantes  étaient 
cultivées  côte  à côte.  Il  y a deux  hybrides, 

SPINOVITIS  DAVIDI 

Origine.  — Ces  deux  Vignes  sont  origi- 
naires de  la  province  chinoise  de  Ghen-Si; 
toutes  deux  appartiennent  à la  flore  de  la 
chaîne  du  Tsing-Ling,  ce  vaste  massif  mon- 
tagneux qui  sépare  les  bassins  des  deux 
grands  fleuves  de  la  Chine,  le  Hoango-Ho 
et  l’Yang-Tsé-Kiang. 

Elles  ont  été  découvertes,  la  première  en 
décembre  1872,  la  deuxième  en  mars  1873, 


quelle  que  soit  la  définition  ou  la  valcMir 
qu’on  attribue  à ce  mot.  Dans  ce  cas,  on 
ne  peut  donner  à la  nouvelle  plante  le  nom 
d’une  variété  de  l’un  des  types  ; ce  nom 
doit  les  rappeler  tous  deux  ou  en  être  ab- 
solument distinct.  C’est  pour  cela  que  celui 
de  Pictavensis  avait  été  proposé.  Libre  à 
nos  lecteurs  de  trancher  la  question  selon 
leurs  propres  lumières  ; ils  ont  en  mains 
les  pièces  de  cet  innocent  litige. 

Errata  : Dans  la  dernière  livraison, 
quelques  erreurs  typograpliiques  se  sont 
glissées , que  nous  nous  empressons  de 
réparer  : 

Page  27,  2®  colonne,  ligne  33,  au  lieu  de 
c(  tient  )),  lire  « ton  » ; 

Page  28,  2*  colonne,  ligne  27,  au  lieu  de 
« à Grawford  »,  lire  ((  chez  M.  Craxvford  » ; 

Page  29,  I**®  colonne,  ligne  5,  au  lieu  de 
((  argumentée  »,  lire  « augmentée». 

Enfin  une  similitude  de  nom  des  plus 
regrettables  a fait  confondre,  dans  le 
numéro  du  16  janvier,  deux  plantes  com- 
plètement différentes  ; le  Sliortia  galaci- 
folia,  Torrey,  petite  espèce  voisine  des 
Pyrola,  avec  le  Shortia  Californica, 
Hort.,  angl.,  qui  n’est  autre  que  VHgme- 
noxis  Californica,  DG.,  Gomposée-Séné- 
cioïdée,  voisine  du  Bœria  chrysostoma, 
Fisch. 

L’article  où  il  a été  question  du  Shortia 
est  à peu  près  exact,  sauf  la  note  addition- 
nelle qui  s’applique  à V Hymenoxis  et  que 
représente  aussi  la  figure  7 de  la  Revue 
(1883,  p.  41). 

Le  Shortia  de  Torrey  est  une  -plante 
excessivement  rare  ; c’est  à ce  point  que  le 
pied  cultivé  par  M.  Hamelin,  au  Muséum 
d’histoire  naturelle,  est  peut-être  le  seul 
qu’il  y ait  en  Europe.  On  n’en  connaît  pas 
les  graines. 

E.-A.  Carrière  et  En.  André. 

ET  VlTIS  ROMANETI 

par  M.  l’abbé  Armand  David,  missionnaire 
lazariste,  l’un  des  naturalistes  de  notre 
époque  qui  ont  enrichi  le  Muséum  des  plus 
belles  collections.  D’après  les  indications 
contenues  dans  son  ouvrage,  j’ai  en  1880 
écrit  à Ma^  Chiais,  évêque  missionnaire  du 
Chen-Si,  pour  lui  demander  des  graines  de 
ces  Vignes  ; son  coadjuteur,  M^i*  Pagnucci, 
a bien  voulu  en  faire  récolter,  et  c’est  de 


54 


SPINOVrns  DAViDI  ET  VlTlls  EO.MAAETI. 


son  obligeance  que  je  tiens  celles  que  j’ai 
reçues  l’année  dernière  et  cette  année. 

De  concert  avec  M.  Armand  David,  ces 
deux  espèces  de  Vignes  ont  été  nommées, 
l’une,  qui  est  un  peu  épineuse,  Spinovitis 
Davidî,  l’autre  Vitis  Romaneti. 

La  première  appartient  au  versant  sep- 
tentrional du  Tsing-Ling;  elle  croît  à une 
altitude  de  1,100  à 1,200  mètres  environ  par 
34o  latitude  N.  et  106»  longitude  E.,  aux  en- 
virons du  village  d’Inkiapo,  dans  la  vallée 
du  Lao-Yu,  l’un  des  contreforts  du  Tsing- 
Ling  ; la  pente  rocheuse  qu’elle  couvre  de  ses 
lianes  impénétrables  est  exposée  au  midi. 

Partout,  dans  cette  vallée,  ce  sont  les 
roches  métamorphiques  qui  dominent  : 
gneiss  grisâtre  et  verdâtre,  micaschiste 
très -siliceux,  autres  schistes  divers  et  phyl- 
lades  ardoisières.  On  y rencontre  également 
des  blocs  de  beau  granit  à gros  cristaux  de 
feldspath,  et  un  peu  de  calcaire  mélangé  de 
silice.  C’est  surtout  dans  les  régions  supé- 
rieures que  le  calcaire  doit  exister,  cardans 
la  vallée  on  n’en  rencontre  guère  que  quel- 
ques blocs  roulés  dans  les  torrents. 

En  somme,  le  sol  du  Lao-Yu  est  un 
terrain  primitif,  analogue  à celui  du  Li- 
mousin et  de  la  Bretagne. 

Le  Vitis  Romaneti  croît  également  dans 
un  sol  exclusivement  granitique  ; son  habi- 
tat se  trouve  sur  le  versant  méridional  du 
Tsing-Ling.  M.  Armand  David  l’a  rencon- 
trée près  du  village  de  Ho-Ghen-Miao,  dont 
l’altitude  est  de  1,390  mètres.  La  latitude 
de  ce  point  est  d’environ  33®. 20  N.  et  sa 
longitude  vers  105®  E. 

Dans  la  région  où  croît  le  Spinovitis  Da- 
vidi^  la  neige  a commencé  à paraître  à la  fin 
de  novembre  ; dans  celle  du  Vitis  Romaneti, 
elle  n’était  pas  entièrement  fondue  le  8 mars. 

Fruits.  — Ni  l’une  ni  l’autre  de  ces 
Vignes  n’est  l’objet  d’aucune  culture  de  la 
part  des  Chinois.  Toutes  deux  cependant 
produisent  des  Raisins  comestibles  et  trans- 
formables en  vin. 

Le  Raisin  du  Spinovitis  Davidi  est  noir, 
à grains  petits,  de  la  dimension  d’un  gros 
Cassis  ; les  pépins  sont  assez  volumineux. 

Sur  le  fruit  du  Vitis  Romaneti  je  n’ai 
encore  aucune  donnée  ; mais  ses  pépins 
étant  en  moyenne  moins  gros  que  ceux  du 
Spinovitis  Davidi  il  est  probable  qu’il  est 
un  peu  plus  charnu. 

Les  chrétiens  de  la  montagne  de  Lao-Yu 
fabriquent  avec  le  Raisin  du  Spinovitis 


Davidi  un  vin  rouge,  doux  et  acide  en 
même  temps,  d’un  goût  aromatique  spé- 
cial, rappelant  la  Framboise  ; ce  vin  est 
très-bon,  mais  faible  en  alcool. 

Avec  le  Raisin  du  Vitis  Romaneti,  on 
peut  aussi  faire  du  vin;  toutefois,  M.  Ar- 
mand David  n’en  a pas  goûté. 

En  résumé,  le  vin  produit  par  le  fruit  de 
ces  Vignes  sauvages  étant  de  bon  goût,  la 
culture  européenne  ne  peut  que  l’améliorer 
encore;  et  nous  pouvons  admettre  avec 
M?»’  Pagnucci,  que  si  ces  Vignes  parviennent 
à s’acclimater  en  France,  on  en  tirera  un 
vin  excellent,  aussi  bon  que  le  meilleur 
Bordeaux. 

Acclimatation.  — D’après  les  expé- 
riences de  Humboldt,  il  est  généralement 
reconnu  que  85  mètres  d’élévation  au-des- 
sus du  niveau  de  la  mer  produisent  le  même 
effet  sur  la  température  annuelle  qu’un  dé- 
placement d’un  degré  vers  le  pôle  en  lati- 
tude. Suivant  ce  principe,  on  peut  espérer 
que  les  deux  Vignes  en  question  s’acclima- 
teront parfaitement  dans  toutes  les  régions 
viticoles  (1)  de  la  France,  et  parviendront  à y 
porter  leurs  fruits  jusqu’à  complète  maturité. 

A la  vérité,  dans  ces  contrées  de  la  Chine, 
dont  la  température  moyenne  est  égale  à 
celle  de  la  France,  la  somme  des  chaleurs 
de  l’été  est  de  beaucoup  supérieure.  Or, 
pour  bien  des  plantes,  la  végétation  dépend 
moins  de  la  moyenne  que  de  la  somme  to- 
tale de  chaleur.  Mais  la  culture,  les  en- 
grais, les  pluies  estivales,  plus  communes 
en  France  que  dans  l’extrême  Orient,  pour- 
ront certainement  faire  compensation  à la 
chaleur  plus  considérable  de  l’été  chinois. 

Ainsi  j’ai  observé  sur  le  Spinovitis  Da- 
vidi l’influence  du  terroir;  les  plants  de 
cette  espèce  qui  ont  poussé  en  1881  dans  le 
sol  calcaire  du  Périgord  ont  les  feuilles  du 
double  plus  larges  que  ceux  dont  les  graines 
ont  été  semées  dans  le  sol  granitique  du 
Limousin,  sol  analogue  à celui  de  leur 
pays  d’origine. 

Les  résultats  des  essais  d’acclimatation 
tentés  en  1881  ont  été  moins  satisfaisants 
pour  le  Vitis  Romaneti  que  pour  le  Spino- 
vitis Davidi. 

En  effet,  les  graines  du  Vitis  Romaneti 
reçues  en  1881  étaient  de  moins  bonne 
qualité  que  celles  de  son  congénère  (2). 
Quand  ma  lettre  de  1880  arriva  au  Chen-Si, 

(1)  Voir  la  note  à la  fin  de  l’article. 

(2)  Idem. 


SPlNüVlïlS  DAVIDI  ET  VITIS  KüMANETl. 


55 


la  saison  était  avancée.  Pagnucci  en- 
voya ausssitôt  un  exprès  à Ho-Ghen-Miao; 
mais  ce  messager  ne  trouva  plus  daus  la 
forêt  que  quelques  grappes  tardives  et  mal 
venues.  Ce  sont  ces  fruits  chétifs  qui  ont 
fourni  les  graines  de  1881. 

Les  graines  reçues  en  1882,  ayant  été 
récoltées  à temps,  proviennent  de  grappes 
de  pleine  croissance.  Un  semis  que  j’ai  fait 
en  Périgord  sur  couche,  mais  sans  châssis, 
dans  les  derniers  jours  d’avril' dernier,  a 
donné,  le  22  mai,  quelques  petits  plants 
qui  montraient  déjà  leurs  cotylédons. 

Les  semis  de  Vitis  Romaneti  faits  en 
1881  m’ont  pourtant  donné  quelques  sujets 
assez  vigoureux.  L’un  d’eux  surtout,  venu 
en  Périgord,  a déjà  cette  année  des  pousses 
de  50  centimètres. 

Il  semble  que  le  Vitis  Romaneti  com- 
prenne deux  variétés  : l’une  aurait  le  feuil- 
lage couleur  vert  bouteille  et  glabre,  l’autre 
vert  pomme  clair  et  légèrement  tomenteux. 
La  lige  herbacée,  chez  les  jeunes  plants 
de  la  première  variéié , serait  gris  ver- 
dâtre ; elle  serait  rosée  chez  ceux  de  la  se- 
conde. 

Les  feuilles  du  Vitis  Romaneti  sont  plus 
lancéolées  et  plus  régulières  que  celles  du 
Spmovitis  Davidi.  Le  feuillage  de  ce  der- 
nier est  polymorphe,  et  sur  un  pied  il  n’est 
pas  rare  de  trouver  des  feuilles  à deux, 
trois  ou  quatre  échancrures  très-accentuées 
et  d’autres  en  forme  de  cœur. 

La  végétation  du  Spinovitis  Davidi  est 
encore  plus  vigoureuse  que  celle  du  Vitis 
Romaneti;  semés  le  15  avril  1881,  les 
plants  n’avaient  poussé  qu’en  fin  mai.  Or, 
en  septembre,  à la  fin  de  la  végétation, 
j’avais  plusieurs  tiges  de  75  de  long  (1). 

Les  racines  des  deux  espèces  sont  très- 
vigoureuses;  elles  tracent  à la  surface  du 
sol  ; le  collet  reste  déchaussé,  sans  que  la 
plante  paraisse  en  souffrir. 

Des  plants  de  1881,  que  j’ai  arrachés  en 
mars  1882  pour  les  planter  en  pépinière, 
avaient  un  faisceau  de  20  à 25  racines  lon- 
gues comme  la  main.  La  maison  André 
Leroy,  d’Angers,  qui  a cultivé  ces  Vignes 
en  1881,  les  considère  comme  aussi  vigou- 
reuses que  les  Vignes  américaines,  et  elle 
pense  qu’elles  résisteront,  aussi  bien  que 
ces  dernières,  aux  atteintes  du  phyllo-' 
xéra. 

Conseils  relatifs  aux  semis  des  graines. 

(l)  Voir  la  note  à la  fin  de  l’article. 


— Je  termine  cette  note  par  quelques  con- 
seils relatifs  au  semis  des  graines  de  ces 
Vignes;  ils  sont  basés  sur  l’expérience  ac- 
quise dans  les  semis  faits  l’année  dernière 
et  au  commencement  de  cette  année. 

On  peut  semer  ces  Vignes  dès  le  mois  de 
mai  ; en  semant  en  mai  et  même  jusqu’à  la 
mi-juin,  on  peut  encore  espérer  avoir  des 
plants  l’année  même.  U y a plus  ; de  graines 
semées  au  commencement  de  juillet,  quel- 
ques-unes ont  germé  et  donné  des  plants 
viables. 

L’année  dernière,  mes  semis  ont  été  faits 
le  15  avril  sur  une  couche  de  fumier  de 
cheval  frais  épaisse  de  25  à 30  centimètres, 
recouverte  d’une  épaisseur  de  terreau  de 
15  à 18  centimètres.  Sur  la  couche  était 
un  châssis  vitré  qui  est  resté  presque  tou- 
jours fermé  jusqu’à  la  germination.  Chaque 
soir  le  jardinier  arrosait  en  pluie. 

La  germination  s’est  produite  au  bout  de 
cinq  à six  semaines. 

Les  jeunes  pousses  ont  pour  ennemis 
les  petits  limaçons;  il  faut  leur  faire  la 
cbasse  et  les  éloigner  avec  de  la  cbaux  vive. 
Mais,  autant  que  possible,  il  est  bon  que  la 
cbaux  vive  ne  louche  pas  la  jeune  tige;  elle 
pourrait  la  brûler. 

Quand  la  germination  commence  à se 
produire,  on  doit  pailler  le  châssis  et  le  le- 
ver le  jour,  l’ardeur  du  soleil  pouvant  gril- 
ler les  jeunes  plants.  De  même  il  faut  évi- 
ter d’arroser  avant  le  déclin  du  jour. 

En  été,  quand  le  plant  a 25  centimètres 
de  hauteur  environ,  on  peut  enlever  le 
châssis.  En  automne,  dès  qu’on  craindra  la 
gelée,  on  couvrira  les  jeunes  plants  avec  un 
paillasson,  afin  que  le  froid  gèle  le  moins  de 
bois  possible  et  éj>argne  les  bourgeons.  La 
partie  ligneuse  obtenue  la  première  année 
peut  comprendre  d’un  à quatre  bourgeons. 

La  plupart  des  plants  que  j’ai  obbmus 
en  1881  étaient  bons  à transplanter  en  pé- 
pinière dès  mars  1882.  J’ai  transplanté  ceux 
de  mon  semis  du  Limousin  ; ils  ont  presque 
tous  repris. 

Mais  je  crois  qu’il  est  préférable  de  lais- 
ser en  place  une  seconde  année  les  jeunes 
plants  dans  la  terre  de  leur  châssis. 

1°  Us  y acquièrent  naturellement  plus  de 
force  ; 

2'’  On  peut  mieux  les  abriter  contre  les 
gelées  printanières  ; 

3»  Enfin,  comme  une  partie  des  graines 
semées  ne  germent  que  la  seconde  minée., 


5(5 


BEGONIA  SCHMIDTI. 


il  importe  de  ne  pas  trop  remuer  la  terre 
du  châssis. 

Ainsi,  en  Périgord,  où  je  n’ai  pas  tou- 
ché au  châssis  de  graines  semées  en  1881, 
j’ai  vu  ce  printemps  poindre  une  vingtaine  de 
jeunes  plants  tant  de  Vitis  Romaneti  que  de 
Spinovitis  Davidi  semés  l’année  précédente. 

Tels  sont  les  renseignements  que  je 
crois  pouvoir  donner  sur  la  culture  de  ces 
deux  Vignes  sauvages  de  la  Chine. 

Les  essais  d’acclimatation,  tentés  l’an- 
née dernière  sur  plusieurs  points  de  la 
France,  vont  être  continués  non  seulement 
en  France,  mais  encore  en  Algérie,  en  Au- 
triche, en  Hongrie,  en  Espagne  et  en  Por- 
tugal. Puisse  la  viticulture  européenne  trou- 
ver dans  ces  deux  robustes  espèces,  vierges 
de  toute  culture,  des  sujets  résistant  au 
phylloxéra  ! 

F.  Romanet  du  Gaillaud. 

11  y a,  dans  l’article  qu’on  vient  de  lire, 
certaines  aftirmations  qui  nous  semblent  en 
opposition  avec  ce  que  nous  connaissons  de 
ces  Vignes  chinoises,  et  aussi  quelques  doutes 
émis  sur  des  faits  qui,  au  contraire,  nous  pa- 
raissent certains  : j)ar  exemple  en  ce  qui  con- 
cerne l’acclimatation,  sur  la({uelle  M.  Romanet 
du  Gaillaud  ne  nous  paraît  j)as  l’assuré.  En 
effet,  des  jeunes  sujets  de  ces  Vignes,  plantés  à 


Paris  et  dans  ses  environs,  ont  parfaitement 
résisté  sans  aucun  abri.  Du  reste,  il  faut  bien 
le  reconnaître,  la  végétation  et  la  nature  de 
ces  Vignes  sont  absolument  semblables  à celles 
des  nôtres.  Ce  que  nous  avons  pu  constater 
sous  ce  rapport,  c’est  que  le  Vitis  Romaneti 
est  beaucoup  plus  vigoureux  que  le  Sjnnovitis, 
lequel,  du  moins  chez  les  jeunes  sujets, 
a les  feuilles  i)lus  orbiculaires  que  celles 
du  Vitis  Romaneti.  Les  jeunes  plantes  que 
l’on  possède  du  Spinovitis  Davidi  s’allongent 
peu  ; en  sera-t-il  autrement  quand  les  sujets 
seront  plus  âgés? 

(pliant  au  })assage  où  M.  Romanet  du  Gail- 
laud dit  : « Les  résultats  des  essais  d’acclima- 
tation tentés  en  1881  ont  été  moins  satisfaisants 
pour  le  Vitis  Romaneti  que  pour  \e  Spinovitis 
Davidi,  ))  il  ne  faut  pas  oublier  qu’il  se  rap- 
])orte  à la  (pialité  des  graines,  non  à la  rusti- 
cité des  plants,  qui  nous  paraît  être  absolu- 
ment la  môme,  et  que  la  végétation  du  Vitis 
Romaneti  a toujours  été  plus  vigoureuse  que 
celle  du  Spinovitis  Davidi,  qui  toujours  nous 
a paru  être  beaucoup  plus  faible  partout  où 
nous  avons  pu  voir  ces  deux  espèces  réunies. 

Pour  l’éducation  des  plantes,  on  peut  s’é- 
carter un  peu  des  recommandations  faites 
par  M.  Romanet  du  Gaillaud,-  car  ces  deux 
Vignes  chinoises  étant  tôut  aussi  rustiques  que 
les  nôtres,  auxquelles  elles  se  rattachent  du 
reste,  on  peut  les  soumettre  aux  mêmes  trai- 
tements. E.-A.  Carrière. 


BEGONIA  SCHMIDTE’^ 


Le  bruit  qu’a  fait  et  que  fait  même  encore 
cette  plante,  qui  du  reste  est  d’un  très- 
grand  mérite  orne- 
mental, nous  engage 
à revenir  sur  son 
compte,  d’aliord  à cau- 
se du  rôle  qu’on  lui 
fait  jouer  dans  la  pro- 
duction de  certains  hy- 
brides, ensuite  pour 
rappeler  l’origine  de 
cette  espèce,  origine 
que  beaucoup  de  gens 
paraissent  ignorer. 

Le  Regonia  Schmid- 
ti,  Regel  (lig.  11  et 
12),  a été  mis  au  com- 
merce par  la  maison 
Haage  et  Schmidt , 


d’Erfurth,  qui  a donné 
de  ces  plantes  les 
détails  que  nous  allons  indiquer,  et  qu’elle 


fig.  11.  — Berjonia  Schmidli,  plante  réduite 


(1)  Voir  Revue  horticole,  1880,  p.  431. 


a répétés  à peu  près  textuellement  dans  son 
catalogue  de  1881  (2). 

Espèce  nouvelle  que 
nous  avons  obtenue  de 
graines  reçues  du  sud 
du  Brésil;  elle  n’appar- 
tient ni  aux  Bégonias 
tubéreux,  ni  à ceux  à 
grandes  feuilles,  mais 
bien  plus  à la  classe  des 
Bégonias  semi-ligneux, 
à petites  feuilles  et  à flo- 
raison abondante,  dont, 
par  exemple,  les  R. 

(2)  Sur  le  catalogue  de 
cet  établissement  pour 
1881,  nous  trouvons,  en 
tête  d’une  description  à 
peu  près  identique  à celle 
qu’on  vient  de  lire,  ces 
quelques  mots  sur  l’ori- 
gine du  B.  Schmidti  : « La 
découverte  de  cette  très-belle  espèce  est  due  à 
M.  W.  Sturon,  de  Porto-Allegre,  qui  nous  en  a 
envoyé  les  premières  graines.  » 


BEGONIA  SCHMIDTI. 


57 


Dregei,  mcmmata,  Ingrami,  Weltoniensis  sont 
des  types. 

Elle  est  destinée  à prendi'e  une  place  impor- 
tante entre  ceux-ci,  place  qu’elle  mérite  par  sa 
floraison  extraordinairement  riche.  Les  fleurs 
sont  blanches,  à léger  reflet  rose  ; l’aspect  de 
toute  la  plante  est  nain  et  branchu,  en  forme 
de  boule.  Couverte  de  fleurs  de  mars  à la  fin 
d’octobre,  cette  espèce  fleurit  aussi  pendant 


tout  l’hiver  quand  on  la  place  dans  de  bonnes 
conditions,  de  sorte  qu’on  peut  la  considérer 
comme  appartenant  aux  espèces  à floraison 
continue,  La  culture  est  tout  à fait  celle  des 
autres  Bégonias  semi-ligneux  : l’été  en  plein 
air,  l’hiver  en  serre  tempérée. 

Nous  n’avons  pas  à rappeler  ce  qu’est  le 
Bégonia  Schmidti  comme  plante  ornemen- 


Figure  12.  — Bégonia  Schmidti,  rameau  de  grandeur  naturelle. 


taie;  comme  type,  il  est  bien  connu  au- 
jourd’hui; aussi,  si  nous  sommes  entré  dans 
tous  ces  détails,  c’est,  comme  nous  l’avons 
dit  plus  haut,  à cause  de  l’influence  qu’il 
paraît  avoir  exercée  sur  certaines  espèces  de 
ses  congénères,  à moins  que  ce  ne  soit  lui 
qui  ait  subi  la  leur.  Mais,  quoi  qu’il  en  soit, 
on  constate  que,  dans  beaucoup  de  localités 
où  il  se  trouve,  il  s’est  produit  une  sorte 
d’ébranlement  spécifique  qui  a déterminé 
l’apparition  de  formes  particulières,  notam- 


ment d’une  des  plus  remarquables,  qui  s’est 
montrée  spontanément,  pour  ainsi  dire,  sur 
plusieurs  points  très-différents,  et  qui  à tort 
ou  à raison  a été  considérée  comme  un  hy- 
bride entre  le  B.  Schmidti  et  le  B,  semper- 
florens,  et  qui,  par  suite  de  cette  apparition 
simultanée,  a reçu  différentes  dénominations 
telles  que  : B.  Pictavensis,  Ed.  André;  Bé- 
gonia Bruanti,  G.  Bruant;  B.  Massiliensis, 
Deleuil;  B.  Carrierei,  Crozy,  etc.,  et  dont 
l’origine  hybride  peut  même  être  contestée. 


58 


CULTURE  DES  ARTICHAUTS  AUX  ENVIRONS  D’ANGERS. 


Il  y a là  un  effet  qui,  comme  tel,  ne  peut 
être  nié,  et  dont  une  explication  scientifique 
rigoureuse  pourrait  éclairer  sur  des  ques- 
tions regardées  comme  insolubles  jusqu’à 


ce  jour,  par  ce  fait  que  toutes  les  explica- 
tions qu’on  a essayé  d’en  donner  reposaient 
sur  des  hypothèses  erronées. 

E.-A.  Carrière. 


CULTURE  DES  ARTICHAUTS  AUX  ENVIRONS  D’ANGERS 


De  même  que  les  Choux-fleurs,  dont 
nous  avons  entretenu  nos  lecteurs  dans  le 
numéro  de  la  Revue  du  mois  d’octobre  der- 
nier, les  Artichauts  sont  l’objet  d’une  cul- 
ture très-importante  aux  environs  d’Angers. 

Les  mêmes  terrains  conviennent  à ces 
deux  importants  produits  maraîchers. 

Les  pépiniéristes  de  la  région  en  possè- 
dent cinq  ou  six  variétés  dans  leurs  collec- 
tions; mais  c’est  exclusivement  la  variété 
Camard  d'Angers  ou  Gros  Camus  d’An- 
gers qui  se  cultive  en  grand.  Nous  n’avons 
jamais  trouvé  aucune  autre  variété  chez  nos 
jardiniers  de  Saint- Laud,  et  ils  n’en  con- 
naissent pas  d’autres. 

Voici  de  quelle  manière  ils  la  cultivent  : 

C’est  ordinairement  vers  la  fin  d’avril  ou 
au  commencement  de  mai  que  se  fait  la 
plantation  des  champs  d’Artichauts.  — 
Nous  employons  à dessein  l’expression  de 
champs,  pour  bien  montrer  aux  lecteurs 
qu’il  s’agit  d’une  culture  en  ^/mne?,  absolu- 
ment comme  celle  du  Blé. 

Comme  pour  les  Choux-Fleurs  qui,  du 
reste,  précèdent  souvent  dans  le  même 
terrain  les  Artichauts , plusieurs  labours 
profonds,  à la  charrue,  sont  nécessaires  pour 
la  plantation.  Il  importe  que  la  terre  soit 
irës-meuhle,  c’est-à-dire  bien  divisée. 

Au  dernier  labour,  il  convient  de  fumer 
abondamment  le  terrain  avec  du  fumier  de 
cheval  ou  de  vache  ; lorsqu’il  est  ainsi  bien 
préparé,  on  procède  à la  plantation. 

Les  drageons  ou  œilletons  qu’on  aura  dé- 
tachés des  pieds-mères,  et  dont  on  aura 
coupé  les  jeunes  feuilles,  seront  plantés  en 
lignes  droites,  en  quinconce,  à l’aide  d’un 
piquet,  et  à un  mètre  les  uns  des  autres 
dans  le  rang  ; chaque  rang  sera  séparé  de 
son  voisin  par  un  espace  del"^  50  environ, 
de  manière  que  les  labours  à la  charrue 
puissent  se  faire  facilement  dans  le  courant 
de  l’été. 

Si  le  temps  était  trop  sec  au  moment  de 
la  plantation,  il  faudrait  arroser,  afin  que  la 
reprise  se  fasse  plus  promptement. 

Les  seuls  soins  à donner  jusqu’à  la  fin  de 


l’automne,  consistent  à tenir  la  plantation 
propre  par  des  binages  fréquents  à la  houe. 

Si  l’été  est  pluvieux,  on  pourra,  dès  la 
première  année  de  plantation,  faire  une 
première  récolte  dans  le  courant  de  l’au- 
tomne. 

Vers  le  15  août,  on  coupe  tous  les  mon- 
tants, et  on  dédrageonne  les  Artichauts, 
auxquels  on  laisse  deux  drageons  seulement 
par  pied. 

Puis,  aux  premières  gelées,  on  hutte  ou 
on  chausse  le  carré  à la  charrue.  Celte  opé- 
ration consiste  à relever  une  épaisse  couche 
de  terre  de  chaque  côté  des  rangs  d’Arti- 
chauts, de  manière  à renfermer  ceux-ci 
dans  un  large  billon,  ce  qui  les  préservera 
des  grands  froitls.  Le  plus  souvent,  les  bil- 
lons  sont  eux-mêmes  recouverts  de  fumier 
ou  de  foin,  précaution  qui  devient  indispen- 
sable lorsque  la  température  dépasse  8 à 
10  degrés  au-dessous  de  zéro. 

Au  printemps,  lorsque  toute  crainte  de 
gelée  a disparu,  on  déchausse  les  Artichauts, 
et  l’on  enlève  de  nouveau  les  drageons  qui 
se  sont  développés  pendant  l’hiver,  car  il 
importe  de  n’en  pas  laisser  plus  de  deux 
par  pied. 

Toutefois,  avant  de  procéder  à cette  opé- 
ration du  déchaussement,  on  aura  soin  de 
couvrir  les  autres  rangs  avec  du  fumier  bien 
consommé,  qui  se  trouvera  ainsi  mis  entre 
deux  couclies  de  terre. 

Un  carré  d’Arlichauts  planté  dans  un 
terrain  convenable,  donnera  d’abondantes 
et  productives  récoltes  pendant  environ  six 
années. 

1 l’après  les  distances  indiquées  plus  haut  et 
qui  sont  celles  appliquées  chez  nous  pour  la 
. grande  culture,  on  peut  planter  7,500  pieds 
d’Artichauts  à l’hectare.  Or,  chaque  pied, 
dans  les  années  ordinaires,  peut  donner 
5 têtes,  ce  qui  donne  un  produit  d’environ 
37,500  têtes  à l’hectare. 

La  plus  grande  partie  de  la  récolte  des 
Artichauts  d’Angers  se  vend  à des  commis- 
sionnaires, qui  les  expédient  soit  à Paris, 
soit  en  Normandie  ou  dans  le  nord  de  la 


DU  CHOIX  DES  GHEFEONS. 


59 


France  ; ils  les  achètent  aux  cultivateurs 
au  prix  moyen  de  un  franc  la  douzaine  de 
têtes. 

L’hectare  produisant  environ  3,000  dou- 
zaines de  têtes,  c’est  donc  un  rendement  de 
3,000  fr.  par  hectare  que  donne  la  culture 
des  Artichauts. 

Mais  il  faut  tenir  compte  des  frais  consi- 
dérables de  location  de  terrain,  labours, 
fumures,  etc.,  sans  parler  des  mauvaises 
années,  qui  ne  donnent  aucune  récolte,  et 


pendant  lesquelles  les  frais  de  culture  sont 
les  mêmes  que  dans  les  bonnes  années. 

Lorsque  les  Artichauts  commencent  à 
s’épuiser,  on  les  détruit,  et  l’on  est  assuré 
d’avoir  d’excellentes  récoltes  sur  le  même 
emplacement,  pendant  les  années  qui  sui- 
vront, quelle  que  soit  la  culture  qu’on  y 
entreprenne  ; la  terre  est,  en  effet,  saturée 
de  fumier  et  purgée  de  mauvaises  herbes. 

L.  Angevin. 


DU  CHOIX  DES  GREFFONS 


Le  choix  des  greffons,  en  horticulture, 
est  certainement  une  opération  des  plus 
importantes,  ce  à quoi  peut-être  on  ne  ré- 
fléchit pas  assez.  Pour  s’en  faire  une  juste 
idée,  il  est  certains  principes  qu’il  ne  faut 
pas  perdre  de  vue,  par  exemple  que,  dans 
un  végétal,  la  vie  étant  multiple,  peut-on 
dire,  toutes  les  parties  peuvent  être  déta- 
chées et  constituer  un  tout  analogue  à 
celui  dont  elles  ont  été  séparées.  Mais 
aussi,  et  précisément  en  raison  de  cette 
multiplicité,  chacune  des  parties  peut  re- 
vêtir des  caractères  qui  lui  sont  propres 
et  qu’elle  tend  ensuite  à reproduire,  d’où 
il  résulte  que,  lorsqu’on  veut  multiplier  un 
végétal  ligneux,  il  faut  choisir  les  parties 
(boutures  ou  greffons)  en  raison  du  but 
qu’on  cherche  à atteindre  , qu’il  s’agisse  de 
fleurs,  de  fruits,  de  feuillage,  etc.,  ou  de  la 
direction  (dressée  ou  pendante). 

Afin  de  nous  faire  mieux  comprendre,  nous 
allons  préciser  et  prendre  un  exemple  bien 
connu  et  journellement  mis  à profit  dans  la 
culture  des  Rosiers.  Ainsi,  lorsqu’il  s’agit  de 
variétés  remontantes,  il  faut,  pour  avoir  des 
individus  bien  francs,  choisir  les  greffons 
sur  des  rameaux  de  force  moyenne,  qui 
aient  fleuri  ou  soient  sur  le  point  de  fleu- 
rir ; si  au  contraire  on  prenait  pour  la  mul- 
tiplication des  parties  vigoureuses,  qui 
n’aient  pas  fleuri  ou  qui  ne  soient  pas  dis- 
posées à fleurir,  on  pourrait  obtenir  des 
sujets  très-vigoureux,  mais  qui  pourraient 
ne  pas  fleurir  ou  ne  fleurir  que  très-rare- 
ment, en  sorte  que,  bien  qu’appartenant  à 
des  variétés  très -remontantes,  ces  nouveaux 
venus  ne  fleuriraient  même  plus.  Si,  au  lieu 
de  parties  vigoureuses,  on  prenait  continuel- 
lement des  brindilles  maigres  et  courtes 
pour  greffons,  l’on  pourrait  arriver  à n’avoir 


plus  que  des  sujets  très -chétifs  , poussant 
à peine,  bien  qu’eux  aussi  proviennent  de 
plantes  fortes  et  vigoureuses. 

Le  Rosier  dit  des  quatre  saisons  peut 
nous  fournir  un  bon  exemple  de  l’impor- 
tance du  choix  des  parties  lorsqu’il  s’agit 
de  multiplier  les  végétaux.  Ainsi,  dans  cette 
variété,  on  voit  fréquemment  des  bour- 
geons très-vigoureux  qui  ne  fleurissent 
plus,  quoi  qu^on  fasse.  Ce  sont  les  Rosiers 
qui  proviennent  de  ces  bourgeons  qu’on 
nomme  de  « faux  quatre  saisons  .» 

Ce  que  nous  venons  de  dire  des  Rosiers 
peut  se  dire  des  arbres  fruitiers  et  des 
arbres  d’ornement;  on  ne  saurait  donc 
apporter  trop  d’attention  au  choix  des 
parties  destinées  à la  mullipücalion.  C’est 
souvent  pour  avoir  négligé  ce  choix  que  l’on 
voit  des  arbres  fleurir  peu  et  donner  peu 
de  fruits  ou  des  mauvais,  ou  bien  présenter 
d’autres  caractères  d’infériorité,  si  on  les 
compare  à ceux  dont  ils  proviennent.  Par 
contre,  il  pourrait  arriver  — et  il  arrive 
même  assez  souvent  — que  dans  un  verger, 
un  parc,  une  pépinière,  on  voit  des  sujets  no- 
tablement différents  et  plus  méritants  que 
d’autres  de  la  même  sorte  placés  à côlé 
d’eux,  bien  que  les  uns  et  les  autres  pro- 
viennent en  principe  d’un  même  individu, 
et  cela  sans  qu’il  y ait  eu  semis. 

Ce  fait  se  montre  surtout  dans  les  arbres 
fruitiers  et  les  Vignes.  Pour  ces  dernières 
surtout,  il  n’est  pas  rare  de  voir  au  prin- 
temps des  ceps  pousser  plus  tôt  ou  plus 
tard  que  d’autres,  ou  présenter  des  carac- 
tères particuliers  et,  à l’automne,  des  Rai- 
sins plus  hâtifs  ou  plus  tardifs,  où  des  grains 
présentant  une  forme  ou  une  couleur 
différente,  ou  même  des  qualités  spéciales, 
en  un  mot  constituer  des  variétés  qu’on  n’a- 


60 


LEPIDOPHORUM  REPANDUM.  — FUCHSIA  ABEL  CARRIÈRE. 


vait  pas  plantées  et  qui  se  sont  produites 
spontanément. 

Donc,  puisqu’un  même  arbre  peut  pro- 
duire des  parties  plus  ou  moins  diffé- 
rentes, parfois  même  très- différentes,  non 
seulement  comme  port,  mais  comme  mé- 
rite, il  faut,  avec  une  scrupuleuse  attention, 
choisir  pour  la  multiplication  les  parties  qui 
présentent  le  mieux  les  caractères  que  l’on 


tient  à reproduire,  ce  qui  doit  se  faire  au 
moment  de  la  floraison  quand  il  s’agit  de 
l’ornementation;  et,  s’il  s’agit  de  fruits,  lors- 
que ceux-ci  mûrissent.  Alors  on  marque 
les  rameaux  qui  se  montrent  les  plus  francs, 
c’est-à-dire  qui  réunissent  le  mieux  les  ca- 
ractères qu’on  a intérêt  à conserver,  pour 
s’en  servir  au  moment  du  bouturage  ou  du 
greffage.  E.-A.  Carrière. 


LEPIDOPHORUM  REPANDU! 


Espèce  extrêmement  rare,  bien  qu’elle 
appartienne  à la  flore  européenne.  Nous 
pensons  même  qu’elle  n’a  pas  encore]  été 
cultivée  comme  plante  d’ornement.  Elle 
appartient  à la  famille  des  Composées  et 
peut  se  décrire  sommairement  ainsi  : 

Plante  herbacée,  à tige  simple  ou  peu  ra- 
meuse ; feuilles  alternes,  sessiles,  créne- 
lées-dentées,  les  radicales  spatulées,  les 
caulinaires  oblongues.  Fleurs  d’un  beau 
jaune  d’or,  en  capitules  rappelant  ceux 
du  Chrijsantliemum  segetiim  ou  du  C. 
My  coris. 

Plus  élégant  que  le  Chrysanthème  des 
champs  par  son  joli  feuillage  denté,  le  Lepi- 


dopliorum  repandum  (1),  nommé  ainsi 
par  Neck,  habite  parmi  les  taillis  courts 
des  terrains  sablonneux  du  Portugal,  près 
de  Coimbre,  et  dans  l’Estramadure,  où 
Brotero  l’a  fait  connaître.  Il  forme  un  genre 
jusqu’ici  monotype.  C’est  une  plante  d’une 
culture  facile,  d’un  joli  port,  se  couvrant 
abondamment  de  capitules  radiés,  dorés. 
Nous  l’avons  vue  l’automne  dernier  au 
Muséum  d’histoire  naturelle,  à Paris,  dans 
l’École  de  botanique.  Elle  paraissait  une  ra- 
reté ou  une  nouveauté  digne  d’être  notée,  et 
nous  l’ajoutons  à la  liste,  déjà  considérable, 
mais  jamais  assez  nombreuse,  des  plantes 
rustiques  de  pleine  terre.  Ed.  André. 


FUCHSIA  ABEL  CARRIÈRE 


Cette  variété,  des  plus  remarquables  et 
des  plus  ornementales,  tant  par  l’abondance 
de  ses  fleurs  que  par  la  couleur  rouge  foncé 
de  celles-ci,  a été  obtenue  par  M.  Aubin, 
horticulteur  à Bagnolet  (Seine).  Ses  carac- 
tères généraux  sont  les  suivants  : 

Plante  vigoureuse,  très-floribonde.  Bran- 
ches longues,  ramifiées.  Bourgeons  à écorce 
très -fortement  colorée.  Feuilles  épaisses, 
charnues,  courtement  cordiformes;  les  su- 
périeures, surtout  celles  qui  avoisinent  les 
fleurs,  également  colorées.  Pétiole  rouge 
sang.  Fleurs  pendantes,  nombreuses,  d’un 
rouge  brillant  très-foncé,  bien  ouvertes  ; les 
unes  à 4,  les  autres  à 5 divisions,  rouge  pon- 
ceau à l’intérieur.  Corolle  plus  courte  que 
le  calice,  rouge  sang  foncé,  violacé  à l’ex- 
trémité. Pédoncule  robuste,  rouge  luisant. 

(1)  Lepidophorum  repandum,  Neck,  Elem., 
n.  22;  DG.,  Prod.,  VI,  19.  — Anthémis  repanda, 
L.,  Sp.,  1262;  Brot.,  Fl.  Lus.,  I,  p.  394;  Phyt., 
p.  59,  t.  27.  — Verbesina  rep)anda,  Pers.,  Ench., 
II,  p.  471. — ChrysaŸithemum  lusitanicum  Agerati 
folio,  Tûurn.,  Inst.,  9i;  Bauhin,  Hist.,  III,  p.  105. 


De  tous  les  Fuchsias,  celui  queM.  Aubin 
a nommé  Ahel  Carrière  est  certainement 
la  variété  dont  la  couleur  rouge  est  la  plus 
prononcée;  la  nuance  est  même  unique.  Il  a 
été  trouvé  dans  un  semis  de  graines  prove- 
nant d’une  variété  du  commerce  se  ratta- 
chant au  groupe  des  glohosa,  qui  avait  été 
fécondée  avec  le  Fuchsia  corymhiflora  ; 
par  conséquent  il  est  issu  de  parents  très- 
différents. 

Un  fait  remarquable,  c’est  que  dans  ce 
semis  se  trouvaient  en  grande  quantité  des 
plantes  de  coloris  très-divers,  bien  qu’ayant 
conservé  les  principaux  caractères  de  la 
mère.  Quel  est,  dans  cette  circonstance,  le 
rôle  qu’a  joué  le  père?  Quelle  part  lui  re- 
vient dans  cette  diversité  si  considérable  où, 
pourtant,  aucune  plante  ne  rappelait  ses 
caractères  physiques  ? 

Malgré  tout  ce  qu’on  a dit  et  écrit  sur  le 
rôle  des  deux  parents  dans  l’acte  de  la  fé- 
condation, on  ne  sait  rien  de  certain,  et  tous 
les  jours  les  résultats  viennent  le  démontrer. 


RêviLe.  Norticxil^.. 


Of'LroTrvolxyÛiA  Q-.  s iv&re^ns. 


Gcdarai  deL 


Iiu'ksui  Abel  Ca/'i'iere . 


POIRE  CHINOISE  DE  TIGERY. 


61 


Mais  ce  dont  on  paraît  à peu  près  sûr, 
c’est  que,  lorsqu’un  type  est  arrivé  à sa  plus 
grande  perfection,  le  croisement  des  plantes 
qui  en  sortent  ne  donne  généralement  plus 
que  des  plantes  inférieures.  C’est  le  contraire 
quand,  dans  ce  cas,  l’on  prend  une  plante 
d’un  autre  type,  fût-elle  de  mérite  inférieur. 
En  général,  une  grande  diflerence  entre  les 


deux  générateurs  est  regardée  comme  une 
condition  favorable  pour  obtenir  des  sujets 
méritants. 

Est-ce  pour  cette  raison  que  M.  Aubin,  qui 
prend  toujours  comme  père  le  Fuchsia  co- 
rymhiflora  pour  féconder  des  F.  glohosa 
obtient  presque-  toujours  de  très-bonnes 
plantes  ? May. 


POIKE  CHINOISE  DE  TIGERY 


((  Arbre  excessivement  vigoureux,  à 
bourgeons  verts.  Feuilles  très-grandes, 
d’un  beau  vert  clair.  » (O.  Thomas,  Guide 
de  Vamateur  des  fruits,  p.  114,  n»  1414, 
paragraphe  : « Variétés  introduites  du  nord 
de  la  Chine.  ») 

Voilà  tout  ce  que  nous  avons  trouvé 
de  publié  sur  cette  Poire,  dont  nous  avons 
reçu  des  fruits  de  M.  Chrétien,  récoltés  sur 
un  sujet  reçu  de  MM.  Simon  Louis  frères, 
de  Plantières-lès-Metz,  par  conséquent 
d’origine  certaine.  Ces  fruits  nous  ont  pré- 
senté les  caractères  suivants  : 

Fruit  longuement  pédonculé,  coiirtement 
ventru  arrondi,  rappelant  assez  la  Crassane 
par  sa  forme,  d’environ  55  millimètres  de 
diamètre.  Queue  de  4 centimètres,  ténue, 
légèrement  arquée,  implantée  dans  une  ca- 
vité très-étroite.  Œil  complètement  nu  par 
la  caducité  des  écailles,  petit,  assez  profond, 
évasé  en  entonnoir.  Peau  d’un  jaune  cireux 
luisant,  comme  vernie,  çà  et  là  marquée  de 
grandes  taches  irrégulières  d’un  gris  roux. 
Chair  blanc  jaunâtre,  fondante,  sucrée,  ai- 
grelette, ayant  une  saveur  toute  particulière 
{sui  generis)  qui  rappelle  un  peu  celle  des 
Coings,  mitigée  de  celle  de  certaines  Poires 
juteuses  qui  commencent  à blétir,  sans  être 
désagréable  pourtant  ; eau  extrêmement 
abondante,  de  saveur  sucrée,  singulière- 
ment parfumée,  sans  arrière-goût  cepen- 
dant. Cavité  ovarienne  assez  grande.  Loges 
régulièrement  distantes.  Pépins  noirs,  lui- 
sants, courtement  arrondis,  régulièrement 
atténliés  en  une  pointe  aiguë. 

L’arbre  est  vigoureux  ; les  scions  ont 
l’écorce  vert  olivâtre  finement  lenticellée,  à 
lenticelles  ponctiformes  longtemps  visibles, 
même  sur  de  vieilles  écorces.  Feuilles  large- 


ment ovales,  brusquement  et  courtement 
atténuées  aux  extrémités,  peu  profondément 
dentées,  à dents  fines,  serrées,  pointues. 
Pétiole  ténu,  raide. 

Cette  variété,  dont  les  fruits  mûrissent  en 
septembre-octobre,  ferait  très-probablement 
de  bon  cidre  d’une  nature  particulière,  à en 
juger  par  sa  saveur  singulière,  rappelant 
un  peu  celle  du  Pyrws  Simonii  (1),  qui,  du 
reste,  est  également  originaire  de  la  Chine. 

Faisons  remarquer  que  toutes  les  Poires 
de  la  Chine  que  nous  avons  dégustées  nous 
ont  présenté  cette  saveur  particulière  — à des 
degrés  divers  pourtant  — dont  nous  venons 
de  parler.  Est-elle  particulière,  aux  fruits 
de  ce  pays,  à ceux  des  Poiriers,  bien  en- 
tendu? Ajoutons  que  les  Poiriers  du  Japon, 
qui  ont  une  grande  analogie  avec  ceux  de  la 
Chine  par  leurs  fruits,  exigent  les  uns 
comme  les  autres  d’être  greffés  sur  franc. 

En  terminant,  nous  croyons  devoir  faire 
une  observation  importante  relativement 
au  qualificatif  de  Tigery,  que  nous  avons 
donné  à cette  Poire. 

L’arbre  dont  nous  avons  reçu  des  ra- 
meaux et  des  fruits  qui  nous  ont  permis  de 
faire  la  description  ci-dessus  a été  acheté  à 
MM.  Simon  Louis  frères  par  M.  Chrétien, 
qui  l’a  planté  dans  sa  propriété  de  Tigery, 
près  Corbeil  (Seine-et-Oise).  Cet  arbre, 
vendu  sans  autre  dénomination  que  ((  Poi- 
rier du  nord  de  la  Chine,  n°  1414,  » n’étant 
pas  répandu  et  n’ayant  probablement 
jamais  fructifié  en  Europe  ailleurs  qu’à 
Tigery,  nous  avons  cru,  pour  rappeler  ce 
fait,  donner  ce  qualificatif  à la  variété  en 
question.  E.-A.  Carrière. 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1872,  p.  28. 


62 


TIT.LANDSIÂ  ZAIINI  MAGNIFICA.  — KIOSQUE  A JOUR  EX  FER  RUSTIQUE. 


TILLANDSIA  ZAHNI  MAGNIFICA 


Plante  très -vigoureuse,  d’un  bel  aspect 
et  relativement  naine.  Feuilles  nombreuses, 
rapprochées,  larges,  planes  et  très-gracieu- 
sement arquées,  d’un  vert  luisant,  marquées 
çà  et  là,  surtout  vers  la  base,  de  macules 
ou  stries  plus  ou  moins  sanguines.  Hampe 
centrale  dressée,  forte,  raide,  atteignant  de 
80  centimètres  à 1 mètre  de  hauteur,  por- 
tant dans  sa  longueur  des  feuilles  appliquées 
et  plus  ou  moins  longues,  suivant  la  place 
qu’elles  occupent,  terminée  par  une  inllo- 
rescence  paniculée,  rameuse,  à ramifica- 
tions dressées,  accompagnées  de  nombreuses 
bractées  distiques,  imbriquées  rose  strié. 

Un  pied  de  celte  variété  nouvelle,  obtenue 


par  M.  Constant  Lemoine,  et  qui  figurait 
récemment  à l’exposition  nationale  et  cen- 
trale d’horticulture  de  France,  aux  Champs- 
Élysées,  excitait  vivement  l’attention  des 
visiteurs;  son  inflorescence  était  un  peu 
tronquée,  ce  qui,  peut-être,  était  le  fait  d’un 
arrêt  du  bourgeon  central. 

C’est  une  plante  jolie  et  gracieuse  qui, 
même  en  l’absence  de  fleurs,  c’est-à-dire 
par  son  port  et  son  feuillage,  est  déjà  très- 
méritante  comme  plante  décorative.  D’après 
son  obtenteur,  M.  Constant  Lemoine,  hor- 
ticulteur à Aogers,  elle  est  sortie  d’un 
semis  de  Tillandsia  Zahni. 

E.-A.  Carrière. 


KIOSQUE  A JOUR  EN  FER  RUSTIQUE 


Le  kiosque  représenté  par  la  figure  13 
construit  par  MM. 

Solfier  et  C*® , 
est  construit  au 
moyen  de  ces  fers 
rustiques,  imitant 
le  bois,  dont  nous 
avons  déjà  parlé 
dans  ce  recueil , 
et  qui  rendent  de 
grands  services 
à l’ornementation 
des  parcs  et  jar- 
dins, quand  leur 
gracilité  peut  être 
dissimulée  par 
une  forte  végéta- 
tion grimpante. 

Sous  la  forme 
d’une  élégante 
tonnelle,  bien  en- 
cadi'ée  par  un 
dôme  de  grands 
arbres,  au  som- 
met d’un  monti- 
cule ou  à l’extré- 
mité d’un  point  de 
vue,  un  semblable 
ornement  trouve- 
ra facilement  sa 
place  dans  les 
parcs  paysagers.  Mais  il  sera  mieux  en- 
core en  situation  dans  les  jardins  de 


médiocre  étendue,  où 


Fi-,  13. 


Kiosque  à jour  en  fer  rustique. 

effet  surprenant. 


la  fantaisie  est  plus 
fréquente  que  le 
style.  ' 

Nous  avons  vu 
à Monte-Carlo  , 
sur  le  bord  de  la 
route  abrupte  qui 
va  de  La  Conda- 
rnine  au  Casino, 
un  berceau  ter  • 
miné  par  un  gra- 
cieux kiosque 
comme  celui  dont 
nous  parlons.  Un 
épais  manteau 
(ïlpomœa  Leari 
le  recouvrait  pres- 
que en  entier,  ne 
laissant  passer  la 
vue  que  par  d’é- 
troites fenêtres 
entre  les  colon- 
nettes.  Sur  ce 
beau  feuillag(t 
cordiforrne , des 
milliers  de  co- 
rolles du  plus 
beau  bleu  violet 
s’épanouissaient 
chaque  matin  et 
produisaient  un 

Ed.  André. 


F\\VES  GIGANTESQUES. 


LIELE  AU  POINT  DE  VUE  HODTIQOLE. 


Ba 


RAVES  GIGANTESQUES 


Il  est  bien  entendu  que  le  mot  gigantes- 
que dont  je  me  sers  ici  doit  être  pris  dans 
un  sens  relatif  et  comparatif.  Les  deux  va- 
riétés dont  il  s’agit  sont  la  Rave  blanche  à 
collet  vert  et  la  Rave  des  marais,  dont  l’ana- 
logie avec  la  précédente  semble  indiquer 
que  ces  plantes  proviennent  d’un  même 
type.  Toutes  deux,  aussi,  ont  celte  propriété 
de  pousser  presque  tout  entières  en  dehors 
du  sol,  comme  le  font  certaines  Carottes  et 
certaines  Retteraves. 

En  voici  la  description  : 

Rave  blanche  à collet  vert.  — Racine 
longue,  souvent  contournée,  sortant  du  sol 
parfois  de  15-20  centimètres,  atteignant 
jusque  50  centimètres  de  longueur  sur 
7 centimètres  et  plus  de  largeur  dans  le 
plus  grand  diamètre,  souvent  fusiforme, 
comprimée  et  comme  sillonnée  de  chaque 
côté  dans  la  partie  plate,  ordinairement 
rétrécie  (étranglée)  près  du  sommet,  puis 
brusquement  arrondie,  portant  dans  la  par- 
tie enterrée  dans  le  sillon  une  sorte  de 
rainure,  et  de  très- fines  radicelles  capilli- 
formes,  d’un  violet  rosé,  moins  colorée 
dans  la  partie  supérieure.  Chair  blanche, 
légèrement  piquante,  de  saveur  stiptique 
agréable,  rappelant  absolument  celle  des 
Radis  ; collet  vert,  assez  gros,  d’où  partent 
des  feuilles  longues  de  40  centimètres  et 
même  plus,  profondément  pennatiséquées- 
lyrées. 

Rave  des  marais.  — Variété  qui  peut 
être  considérée  comme  un  diminutif  de  la 
précédente,  dont,  au  reste,  elle  a tous  les 
principaux  caractères;  mais  elle  devient 
moins  forte,  pousse  également  en  dehors  du 
sol  et  toujours  aussi  très-contournée.  Ses 

LILLE  AU  POINT  L 

Dans  cette  courte  esquisse  sur  l’horticul- 
ture lilloise,  nous  n’entrerons  pas  dans  les 
détails,  ni  sur  le  nombre  et  l’importance 
des  cultures  marchandes.  Sur  ce  sujet  nous 
nous  bornerons  à dire  d’une  manière  géné- 
rale que,  bien  qu’elles  confinent  à la  Rel- 
gique,  les  cultures  de  Lille  en  sont  néan- 
moins très-différentes.  Toutefois  cette  diffé- 
rence n’est  pas  absolue,  et  l’on  pourrait  çà  et 


feuilles  deviennent  également  moins  longues 
que  celles  de  la  précédente,  et  sont  plus  di- 
variquées.  Le  collet,  un  peu  moins  gros  que 
celui  de  la  Rave  blanche  à collet  vert,  est 
fréquemment  plus  ou  moins  sanguinolent. 
Quant  à la  chair,  elle  est  à peu  près  la 
même  dans  les  deux  variétés,  tant  pour  la 
couleur  que  pour  les  qualités. 

Ces  deux  Raves  sont  très -vigoureuses  et 
peuvent  être  cultivées  à deux  points  de  vue  : 
comme  plantes  potagères  et  comme  plantes 
fourragères  ; dans  le  premier  cas,  on  mange 
les  racines  comme  on  le  fait  des  Raves  et 
des  Radis,  puis  plus  tard  ces  racines,  de- 
venues grosses,  peuvent  être  données  aux 
bestiaux;  dans  le  deuxième,  le  feuillage, 
qui  est  très-abondant,  constitue  un  excellent 
fourrage.  D’autre  part  encore,  quand  les  ra- 
cines sont  fortes,  on  peut  en  couper  le  collet 
avec  les  feuilles,  qui  constituent  un  fourrage 
vert,  et  l’on  rentre  les  racines,  qui  peuvent 
être  également  consommées  plus  tard  par 
les  animaux. 

Je  dois  aussi  faire  remarquer  que  les  ca- 
ractères que  j’ai  indiqués  sont  ceux  que 
présentent  ces  plantes  quand  elles  sont 
adultes,  c’est-à-dire  caractérisées.  Dans  leur 
jeunesse,  elles  sont  longues,  plus  ou  moins 
effilées  ou  même  napiformes  et  blanches. 
C’est  surtout  dans  cet  état  qu’elles  sont 
bonnes  à manger  comme  hors-d’œuvre. 

On  sème  les  Raves  dont  il  est  question 
de  juillet  à septembre,  suivant  les  conditions 
dans  lesquelles  on  se  trouve,  un  peu  plus 
tard  dans  le  Midi,  plus  tôt  dans  le  Nord, 
surtout  si  les  terres  sont  fortes  et  humides. 

Lebas. 


; VUE  HORTICOLE 

là  trouver  quelques  points  de  contact  ou  des 
analogies.  Du  reste,  ce  qui  va  suivre  ayant 
été  relevé  sur  des  notes  que  nous  avons  re- 
cueillies à la  hâte  lors  de  la  dernière  expo- 
sition de  Lille  où  nous  étions  comme  juré, 
ces  notes  sont  très-incomplètes  et  nous  per- 
mettent seulement  de  donner  quelques  dé- 
tails sur  l’ensemble.  Dans  une  autre  occa- 
sion nous  tâcherons  de  préciser. 


64 


LILLE  AU  POINT  DE  VUE  HORTICOLE. 


Horticulture  marchande.  — Bien  que 
le  nombre  des  horticulteurs  lillois  soit 
considérable,  les  cultures  sont  relativement 
peu  variées  ; la  plupart  consistent  en  plantes 
herbacées,  vivaces  et  autres,  cultivées  soit 
pour  l’ornementation  des  jardins,  l’appro- 
visionnement des  marchés,  soit  afin  d’en 
couper  les  fleurs  pour  la  confection  des 
bouquets,  quelquefois  aussi  d’espèces  de 
serre  pour  les  garnitures  d’appartement. 

Un  fait  assez  curieux  auquel  nous  avons 
fait  allusion  ci-dessus,  en  parlant  des 
cultures  belges,  c’est  l’impossibilité  presque 
absolue  de  cultiver  avantageusement  à Lille 
les  plantes  ligneuses  de  terre  de  bruyère  : 
Azalées,  Rhododendrons,  Camellias,  etc., 
qui  en  Belgique  trouvent  au  contraire  un 
débouché  si  facile.  En  effet , on  nous  a 
affirmé  que  ces  cultures,  tentées  plusieurs 
fois,  ont  toujours  été  suivies  d’insuccès, 
non  au  point  de  vue  de  la  végétation  des 
plantes,  mais  à celui  de  leur  écoulement. 
((  Le  vent  n’y  est  pas,  > nous  disait  un  de 
nos  collègues  lillois.  Mais  pourquoi?  Dès 
l’instant  qu’il  n’y  a pas  d’impossibilité 
culturale,  il  n’y  a donc  que  des  habitudes  à 
changer,  des  résistances  à vaincre,  et  il 
suflit  pour  modifier  cet  état  de  choses  de 
vouloir  et  de  pouvoir,  c’est-à-dire  d’avoir 
une  ferme  volonté  appuyée  par  un  assez 
bon  nombre  d’écus...  ce  qui,  comme  tou- 
jours, est  la  clé  de  la  réussite,  le  « nerf  de 
la  guerre » 

Parmi  les  amateurs  de  plantes,  nous  n’en 
avons  guère  qu’un  à citer  : c’est  M.  Lemon- 
nier,  dont  le  nom,  au  point  de  vue  horticole, 
est  presque  universellement  connu.  En  effet, 
et  bien  que  cet  ami  de  l’horticulture  ait  des 
préférences  pour  certaines  parties  du  jardi- 
nage, presque  toutes  sont  représentées  chez 
lui  : les  plantes  de  serre  chaude,  de  serre 
tempérée,  de  serre  froide,  de  pleine  terre, 
ont  de  nombreux  représentants  et  souvent 
en  très- forts  exemplaires,  cela  toutefois 
sans  préjudice  des  arbres  fruitiers  et  des 
légumes,  qui  sont  également  cultivés  là  sur 
une  grande  échelle.  Il  va  sans  dire  que  les 
nouveautés  sont  bien  accueillies  chez 
M.  Lemonnier,  et  que  le  matériel  et  le 
personnel  sont  en  rapport  avec  l’importance 
de  cet  établissement.  Ajoutons,  ce  qui  se 
comprend  et  explique  la  réunion  de  ces 
nombreuses  collections,  que  M.  Lemonnier 
aime  passionnément  les  plantes  que,  du 
reste,  il  connaît  très-bien. 


Nous  n’en  dirons  pas  plus  aujourd’hui, 
notre  but  étant  surtout  de  parler  de  la 
culture  administrative  municipale  qui  com- 
prend l’ornementation  des  squares,  ainsi 
que  les  plantations  et  l’entretien  des  boule- 
vards, des  promenades,  des  places  publiques, 
des  jardins,  des  écoles  et  des  cimetières. 

Outre  les  dépendances  municipales,  sur 
lesquelles  nous  reviendrons,  la  ville  de  Lille 
possède  une  Faculté  des  sciences  dont  nous 
n’avons  pas  à nous  occuper,  sinon  en  ce  qui 
concerne  le  Jardin  botanique  qui,  au  point 
de  vue  où  nous  nous  plaçons,  se  rattache 
à l’horticulture. 

Par  suite  de  certains  arrangements,  ce 
jardin  se  trouve  en  quelque  sorte  distrait 
de  la  Faculté  et  placé  sous  la  dépendance 
de  la  municipalité,  de  sorte  que,  sans  en 
être  e.xclu,  le  professeur  de  botanique  n’a 
qu’une  autorité  secondaire,  morale,  pour- 
rait-on dire.  De  là  résulte  un  antagonisme 
fâcheux,  funeste  même  pour  la  science, 
souvent  désagréable  pour  la  ville. 

Mais  tout  ceci  étant  étranger  à notre 
sujet,  nous  allons  examiner  ce  jardin  pour 
ce  qu’il  est,  en  exprimant  toutefois  notre 
opinion. 

Disons  d’abord  qu’un  grand  tort  que  l’on 
a eu,  ce  nous  semble,  c’est  d’avoir  isolé  ce 
jardin  dans  la  campagne,  où  il  est  comme 
perdu,  à environ  3 kilomètres  de  la  Fa- 
culté. C’est  à peine  s’il  paraît  s’y  rattacher; 
aussi  ni  professeurs  ni  élèves  n’y  vont,  et 
le  public  encore  moins,  de  sorte  que,  à la 
Faculté  de  Lille,  la  botanique  semble  ne 
tenir  qu’une  place  secondaire.  Pouvait-on 
faire  mieux,  et  lorsqu’on  a acheté  ce  ter- 
rain, il  y a seulement  quelques  années,  était- 
il  possible  de  se  procurer  dans  Lille  même, 
près  de  la  Faculté,  l’emplacement  néces- 
saire à la  création  de  ce  jardin  ? On  nous  a 
affirmé  la  chose.  Mais  eût-on  dû  faire  beau- 
coup de  sacrifices  pour  en  arriver  à ce 
résultat,  il  y aurait  eu  à cela  un  immense 
avantage,  car,  outre  que  les  élèves  eussent 
pu  facilement  étudier  la  botanique,  ce  qui 
est  à peu  près  impossible  aujourd’hui,  le 
public  eût  pu,  lui  aussi,  fréquenter  l’école  et 
acquérir  quelques  notions  scientifiques  sur 
les  plantes,  ce  qui  eût  formé  son  goût  pour 
l’histoire  naturelle  dont  la  botanique  pré- 
pare si  bien  les  voies,  et  à laquelle  elle 
conduit  presque  toujours. 

Si  encore  le  lieu  eût  été  bien  choisi,  que 
la  promenade  fût  belle,  agréable  et  récréa- 


A PllOPOS  DU  SCILLA  CAMPANULATA. 


CORPvESPONDANCE. 


(35 


tive,  il  eut  pu  se  faire  que,  par  la  suite,  on 
se  fût  dirigé  de  ce  côté,  et  qu’alors  le 
dimanche,  au  moins,  le  jardin  fût  visité  par 
le  public  et  devînt  un  lieu  de  récréation  et 
d’études.  Mais  non  ! rien  de  cela,  au  con- 
traire : après  avoir  marché  quelque  temps 
dans  un  faubourg  assez  triste,  traversé  la 
double  et  même  triple  enceinte  qui  fait  de 
Lille  une  sorte  de  grande  prison  industrielle, 
on  arrive  à une  partie  à peu  près  déserte, 
où,  pendant  assez  longtemps,  on  ne  voit  que 
des  établissements  funèbres  dont  les  monu- 
ments, en  général  sont  peu  faits  pour  dis- 
traire, et  se  dressent  partout  comme  des  spec- 


tres, on  arrive,  disons-nous,  à un  immense 
cimetière  d’aspect  sombre,  assez  mal  tenu 
et  qu’il  faut  longer  pendant  près  d’un  kilo- 
mètre. 

Voici  donc,  en  substance,  les  conditions 
dans  lesquelles  on  a établi  le  jardin  bota- 
nique de  Lille.  Il  paraît  difficile  de  faire  un 
plus  mauvais  choix. 

Mais  les  choses  étant  ainsi,  et  le  jardin 
botanique  ne  pouvant  guère  être  déplacé, 
nous  devons  l’étudier  où  il  est;  c’est  ce  que 
nous  essaierons  de  faire  dans  un  prochain 
article. 

E.-A.  Carrière. 


A PROPOS  DU  SCILLÀ  CAMPANULATA 


Plus  on  étudie  la  physiologie  végétale, 
plus  on  constate  qu’elle  est  complexe  ; l’on 
pourrait  presque  dire  que  chaque  espèce 
présente  des  diversités  qui  lui  sont  pro- 
pres. 

Le  Scilla  campanulata  m’en  a fourni 
dernièrement  une  nouvelle  preuve. 

Voulant  me  rendre  compte  du  dévelop- 
pement interne  des  organes  floraux , je 
coupai  transversalement,  un  peu  au-dessous 
du  milieu,  un  oignon  de  cette  espèce,  oi- 
gnon tellement  solide  qu’a  l’œil  nu  il  paraît 
constituer  une  masse  compacte,  homogène, 
sans  aucune  trace  de  division.  Ayant  mis  la 
partie  inférieure  de  l’oignon,  celle  où  se 
trouve  le  plateau,  dans  un  endroit  obscur 
et  légèrement  humide,  j’ai  remarqué,  au 
bout  de  quelques  semaines,  la  particularité 
que  montre  la  figure  4,  qui  représente  six 
petits  corps,  dont  cinqjsubsphériques,  et  le 
sixième  beaucoup  plus  long  et  comme  cou- 
ché, c’est-à-dire  placé  horizontalement. 
Comment  ces  petits  corps,  qui  ne  sont  pro- 
bablement autres  que  des  caïeux  à l’état 


presque  encore  rudimentaire,  détachés  et 
semblant  nager  au  milieu  d’une  masse  cel- 
lulaire à laquelle  ils  paraissaient  étrangers, 
ont-ils  pu  se  former?  Voilà  ce  qui  me 
paraît  difficile  à expliquer  ; et  comme 
ee  fait  m’a  paru  assez  analogue  à cer- 


tains autres  dont  il  a été  plusieurs  lois 
question  dans  le  Revue  horticole,  à propos 
du  bourgeonnement , j’ai  cru  devoir  le 
signaler  à l’attention  des  physiologistes,  en 
les  priant  de  vouloir  bien  en  donner  l’ex- 
plication, si  possible.  May. 


CORRESPONDANCE 


Mr  G.  B.  (Seine-et-Oise).  — Les  renseigne- 
ments que  vous  demandez  sur  les  « Chênes 
truffiers  » et  sur  leur  culture,  au  point  de  vue 
de  la  production  des  Truffes,  exigent  des  détails 
assez  complexes,  et  surtout  un  peu  trop  longs, 
pour  trouver  place  dans  la  Correspondance. 
Mais  comme  cette  question,  très-importante 
du  reste,  peut  intéresser  beaucoup  de  lecteurs 
de  la  Revue  horticole,  nous  y consacrerons 
prochainement  un  article  spécial. 


Ml'  A.  M.  (l^aris).  — Nous  ne  pouvons  rien 
vous  affirmer  quant  à l’efficacité  des  « bassi- 
nages chimiques,  » dont  il  a été  récemment 
question.  En  principe,  on  ne  peut  douter 
de  leur  utilité.  Tout  dépend  de  l’appropriation 
des  substances  au  but  qu’on  cherche  à atteindre. 
Pour  détruire  les  insectes  qui  attaquent  les 
plantes,  M.  Caillaux  a dû  essayer  des  com- 
binaisons spéciales  et  diverses  qui,  projetées 
sur  les  végétaux,  en  font  mourir  les  parasites. 


66 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  d’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


Quelles  sont  ces  combinaisons,  ces  mélanges? 
C’est  l’alîaire  de  M.  Caillaux,  horticulteur  à 
Nice,  à qui  vous  devrez  vous  adresser  pour 
avoir  des  préparations  propres  aux  bassinages 
chimiques,  en  lui  faisant  connaître  les  insectes 
que  vous  voulez  détruire  ou  éloigner. 

Quant  à nous,  nous  trouvons  l’idée  très- 
bonne,  à tel  point  que,  lors  même  que  dans 
certains  cas  les  résultats  ne  seraient  pas  ceux 
qu’on  espérait,  il  ne  faudrait  pas  abandonner 
le  principe  qui,  tôt  ou  tard,  devra  donner  de 
bons  résultats, 

Mr  D.  (Lot-et-Garonne).  — Voici  le  nom  des 
trois  Fougères  dont  vous  nous  avez  envoyé  des 
échantillons  : no  1 , Aspidium  aristatum  ; 
n"  2,  Polypodium  canibricum  ; n»  3,  Nephro- 
dium  exaltatum. 

Quant  aux  ouvrages  de  botanique  analytique, 
voici  le  nom  de  quelques-uns  des  })lus  répan- 
dus, avec  l’indication  des  librairies  où  vous 
pourrez  vous  les  procurer  : 

Etude  des  fleurs,  par  l’abbé  Cariot,  3 vol.  — 
Girard  et  Josserand,  rue  Cassette,  Paris. 

Flore  de  Normandie,  par  Brébisson,  1 vol. 
— Beraebo,  48,  rue  Montmartre,  Paris. 

Flore  d'Alsace,  par  Kirschleger,  3 vol.  — 
Victor  IMasson,  boulevard  Saint-Germain,  Paris. 

Flore  des  environs  de  Parts,  par  Gosson  et 
Germain,  2 vol.  — J.  Baillière,  Paris. 

Clé  analytique  de  la  flore  de  V Auvergne, 
par  le  frère  Gustave,  — Clermont-Ferrand, 
chez  Ferdinand  Thibaut. 

Manuel  de  la  flore  de  Belgique,  par  Crépin, 
3®  édition,  — Bruxelles. 

Flore  de  Montpellier,  par  Loret  et  Baran- 
don,  2 vol.  — Delahaye,  place  de  l’Ecole-de- 
Médecine,  Paris. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRA 

SÉANCE  DU  ii 

Le  mauvais  temps  et  la  saison  avancée  d’une 
part,  de  l’autre  les  élections  annuelles  des  di- 
vers comités  expliquent,  sans  la  justifier  pour- 
tant, l’absence  générale  de  produits  horticoles. 

Deux  comités  seulement,  celui  des  plantes 
potagères  et  celui  de  floricullure,  avaient  reçu 
quelque  chose  : le  premier  un  pied  de  Canna 
edulis  présenté  par  M.  Paillieux,  qui  l’avait 
cultivé  dans  sa  propriété  de  Crosne  (Seine-et- 
Oise).  Les  tubercules,  courtement  arrondis, 
lisses,  relativement  gros,  si  l’on  tient  compte 
de  l’année  si  défavorable  que  nous  venons  de 
traverser,  semblent  montrer  que,  contraire- 
ment à ce  ({u’on  avait  dit,  cette  espèce  pourra 
être  cultivée  ailleurs  que  dans  les  pays  méri- 
dionaux. — M.  Chemin,  maraîcher  à Paris,  pré- 
sentait une  botte  d’Asperges  ; celles-ci,  très- 
belles,  régulières  et  relativement  grosses,  étaient 


Flore  lyonnaise  et  des  départements  du  Sud- 
Est,  par  Michel  Gandoger.  — Paris,  Lecolfre, 
90,  rue  Bonaparte, 

Flore  analytique  de  la  Suisse,  par  Morthier. 
— Chez  Sandoz  et  Fislibaclier,  33,  rue  de  Seine, 
Paris. 

Florale  du  Tarn.  — Paris,  J. -B.  Baillère. 

Flore  des  Deux-Sèvres,  3 vol.,  par  Maillard 
et  Sauze,  — Chez  Clouzot,  à Niort. 

Flore  élémentaire  des  jardins  et  des  champs, 
par  Le  Maout  et  Decaisne,  2 vol.  — Librairie 
agricole  de  la  Maison  rustique,  26,  rue  Jacob. 

Ainsi  que  vous  pouvez  le  voir  par  les  titres, 
ces  divers  ouvrages  sont  spéciaux  ; vous  aurez 
donc  à choisir,  selon  le  but  que  vous,  vous 
proposez  d’atteindre  ; s’il  s’agit  de  plantes  en 
général,  nbus  croyons  que  la  Flore  des  Jardins 
et  des  champs  serait  ce  qu’il  y a de  mieux. 

Mlle  G,  (Aisne).  — L’échantillon  à feuilles 
panachées  que  vous  nous  avez  adressé  appar- 
tient bien,  ainsi  que  vous  l’aviez  supposé,  au 
Sempervivum  æonium,  dont  il  a été  récem- 
ment question  dans  la  Revue  horticole  (1882, 
p.  516).  La  plantule  et  les  caïeux-bulbilles  que 
vous  nous  aviez  également  adressés  appar- 
tiennent à Y Ornithogalum  Eckloni,  plante  de 
serre  froide  dans  le  nord  de  la  France,  Quant 
à la  troisième  plante  dont  vous  nous  parlez, 
elle  manquait  dans  le  paquet  ; il  nous  est  donc 
impossible  de  vous  en  dire  le  nom. 

Les  Philodendron  sont  des  Aroïdées  qui 
exigent  la  serre  chaude;  on  les  cultive  et  on  les 
soigne  comme  les  Anthurium. 

Nous  ne  connaissons,  en  fait  d’ouvrages  sur 
la  mousse,  comme  moyen  de  cultiver  les  plantes 
sans  terre,  qu’un  opuscule  publié  par  M.  Émile 
Chaté,  horticulteur,  l ue  Sibuet,  Paris. 

.E  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

JANVIER  1883 

très-longues  (environ  40  centimètres),  d’un 
blanc  mat  qui,  en  indiquant  qu’elles  avaient 
poussé  vite  et  à une  forte  chaleur,  dénotait 
aussi  qu’elles  étaient  très-tendres. 

Au  comité  de  floriculture,  un  apport  fait 
par  M.  Ed.  André  consistait  en  deux  plan- 
tes tout  à fait  nouvelles,  encore  inédites,  les 
Philodendron  Mamei  et  Caraguata  sangui- 
nea.  La  première  est  une  Aroïdée  dont  l’as- 
pect général  rappelle  un  peu  certains  Dief- 
fenbachia;  la  plante  semble  disposée  à former 
des  touffes,  ce  qui  est  un  grand  avantage  au 
point  de  vue  de  l’ornementation  ; ses  feuilles, 
dressées  sur  de  forts  pétioles,  ont  le  limbe  bien 
développé,  cordiforme  allongé,  le  dessus,  d’un 
beau  vert,  est  élégamment  et  régulièrement  zé- 
bré de  blanc,  comme  le  sont  certains  Maranta; 
le  dessous,  au  contraire,  surtout  dans  les 


CULTURE  DES  CHRYSANTHÈMES. 


67 


jeunes  feuilles,  est  uniformément*  d’un  blanc 
argenté.  La  plante  a été  reçue  tout  dernière- 
ment par  M.  André,  du  voyageur  dont  il  dirige 
l’exploration  dans  les  Andes,  exploration  faite 
à l’instigation  et  aux  frais  d’un  homme  de  Lien, 
grand  amateur  d’horticulture,  M.  Marne,  de 
Tours,  et  d’un  autre  amateur,  qui  s’occupe 
plus  spécialement  de  la  botanique  sud-améri- 
caine, M.  Emm.  Drake  del  Castillo.  Quant  au 
Caraguata  sanguinea,  c’est  une  Broméliacée 
vigoureuse  de  taille  moyenne,  dont  le  port  et 
l’aspect  général  rappellent  les  Nidularium  ; 
les  feuilles  larges,  gracieusement  arquées,  se 
colorent  (surtout  les  internes)  d’un  très-beau 
rouge  sang,  brillant,  d’une  très-longue  durée, 
de  sorte  que,  môme  en  l’absence  de  fleurs,  la 
plante  est  très  - ornementale  ; l’intlorescence, 
très-curieuse,  nidulante,  se  compose  de  fleurs 
qui  sont  d’un  jaune  clair  bordé  de  blanc.  Cette 


espèce  nouvelle  a été  découverte  par  M.  Ed, 
André,  en  mai  1876,  dans  les  Andes  occiden- 
tales de  la  Nouvelle-Grenade,  et  provient  de 
son  introduction  directe  en  P’rance.  Le  comité, 
appréciant  la  valeur  de  ces  deux  plantes,  a ac- 
cordé à l’unanimité  à chacune  une  prime  de 
première  classe.  — M.  Millet,  horticulteur  à 
Bourg-la-Reine,  présentait  deux  beaux  pieds 
en  pots  de  Cyclamen  obtenus  de  semis  ; l’un, 
vigoureux,  très-floribond,  avait  des  fleurs  gran- 
des, d’un  rouge  feu,  sui‘  de  longs  pédoncules; 
l’autre  était  remarquable  par  ses  fleurs  d’un 
blanc  très-pur.  Malheureusement,  jusqu’à  ce 
jour,  on  n’est  parvenu  à fixer  aucune  des 
variétés  de  Cyclamen,  de  sorte  que,  ne  se  mul- 
tipliant que  par  graines,  il  faut  constamment 
recourir  aux  semis,  qui  donnent  de  nombreuses 
variations. 


CULTURE  DES  CHRYSANTHÈMES 


A la  suite  d’une  présentation  de  Chrysan- 
thèmes que  j’avais  faite  à l’ime  des  séances 
delà  Société  nationale  et  centrale  d’horticul- 
ture de  F rance  du  mois  de  décembre  dernier, 
beaucoup  de  personnes,  frappées  de  la  beauté 
et  des  dimensions  extraordinaires  de  ces 
plantes,  me  prièrent  de  faire  connaître  la  cul- 
ture que  j’avais  pratiquée  pour  obtenir  de 
pareils  résultats.  C’est  pour  répondre  à ces 
desiderata  que  je  publie  la  présente  note. 

Je  dois  d’abord  faire  remarquer  que  tou- 
tes les  variétés  ne  se  prêtent  pas  aussi  bien 
les  unes  que  les  autres  à ce  traitement  ; 
il  faut  des  plantes  vigoureuses,  très-flori- 
bondes  et  qui  se  ramifient  facilement.  On 
doit  aussi  choisir  des  variétés  à floraison 
moyenne,  car  celles  qui  sont  excessivement 
tardives,  pour  notre  climat  du  moins,  pour- 
raient ne  former  que  très-difficilement  leurs 
boutons,  fleurir  peu  ou  ne  donner  que  de 
mauvaises  fleurs.  Ces  observations  faites, 
j’arrive  à la  culture. 

Midtiplication.  Dans  les  premiers  jours 
de  juin  je  coupe  des  boutures  sur  les  pieds 
mères  ; je  les  prépare  et  les  plante  trois  par 
trois  dans  des  godets  de  8 centimètres,  qui 
sont  ensuite  placés  dans  des  châssis  sur 
une  couche  tiède,  en  les  privant  complète- 
ment d’air.  Il  va  de  soi  que  les  châssis  doi- 
vent être . couverts  lorsque  le  soleil  les 
frappe,  non  autrement,  car  il  est  néces- 
saire que  les  plantes  reçoivent  le  plus  de  jour 
possible.  Quand  les  boutures  ont  développé 


des  racines,  on  commence  à leur  donner  un 
peu  d’air  ; c’est  alors  qu’on  leur  fait  subir 
un  pincement,  puis  quelques  jours  après  on 
les  sépare  et  on  les  met  en  pleine  terre 
dans  un  sol  bien  préparé,  et  surtout  riche 
en  terreau.  La  distance  à mettre  entre  les 
plantes  doit  être  d’environ  1 mètre.  Dès 
lors,  il  n’y  a plus  que  les  soins  d’entretien 
qui,  du  reste,  se  réduisent  à surveiller  les 
plantes,  les  tuteurer  au  besoin,  mais  en 
laissant  de  l’espace  entre  les  rameaux,  de 
manière  à ne  pas  en  faire  des  « fagots.  » 
Quant  aux  arrosements,  ils  doivent  être 
très-modérés,  afin  de  ne  pas  faire  étioler 
les  plantes,  qui,  au  contraire,  doivent  rester 
trapues. 

Dans  les  premiers  jours  de  septembre, 
lorsque  les  boutons  commencent  à se  déve- 
lopper, on  rempote  les  plantes,  on  les  tu- 
teure  et  on  les  dresse,  de  manière  à avoir 
de  belles  touffes.  Il  faut  alors  les  bien  ar- 
roser et  les  bassiner  de  temps  à autre,  afin 
qu’elles  conservent  leurs  feuilles. 

Si  f on  tient  à obtenir  de  fortes  fleurs,  il 
faut,  à mesure  que  les  boutons  se  forment, 
supprimer  les  plus  petits,  les  plus  mal  ve- 
nants, et  n’en  laisser  à chaque  ramification 
qu’un  certain  nombre  en  rapport  avec  la 
force  des  plantes  et  la  nature  des  variétés. 
Cette  opération  doit  se  faire  graduelle- 
ment, à plusieurs  reprises  et  avec  précau- 
tion. 

Ainsi  traitées,  les  Chrysanthèmes,  en  no- 


68 


CRATÆGUS  LALÂNDEI  ET  CRÂTÆGUS  LALANDEI  MICROCARPA.  — PRUNUS  PISSARDI. 


vembre,  peuvent  former  d’énormes  buissons 
de  50  centimètres  à 1 mètre  de  diamètre, 
disparaissant  sous  une  masse  de  tïeurs. 

li  va  sans  dire  qu’à  cette  époque  avan- 
cée de  l’année,  il  faut  se  mettre  en  garde 
contre  les  intempéries  et  préserver  les  plan- 
tes, non  seulement  de  la  gelée,  mais  encore 
des  pluies,  qui  altéreraient  les  couleurs  et 
feraient  même  pourrir  les  fleurs.  Pour  con- 


server celles-ci  pendant  longtemps,  il  faut 
mettre  les  plantes  dans  une  serre  froide,  et 
leur  donner  le  plus  d’air  et  de  lumière  pos- 
sible, mais  pas  de  soleil  ni  de  chaleur,  ce 
qui  les'ferait  passer  trop  vite. 

Victor  Lesueur, 

Jardinier  en  chef  chez  la  baronne  de 
Rothschild,  à Boulogne  (Seine). 


CRÂTÆGUS  LALANDCl  ET  CRATÆGUS  LALANDEI  MACROCARPA 


Cratœgus  Lalandei.  Arbuste  à port,  vé- 
gétation et  faciès  du  Cratœgus pyracantha, 
dont  il  n’est  certainement  qu’une  variété, 
atteignant  de  1™  50  à 3 mètres  de  hauteur, 
formant  des  buissons  compacts  quand  on 
l’abandonne  à lui-même,  ou  de  belles  pyra- 
mides quand  on  le  taille.  Branches  nom- 
breuses, très-ramifiées,  à ramifications  éta  - 
lées, munies  d’épines  longues  et  raides  qui 
ne  sont  que  des  ramilles  avortées.  Feuilles 
subpersistantes,  luisantes,  lancéolées-ovales 
ou  obovales-ellipticfues,  dentées.  Fleurs  pe- 
tites, d’un  blanc  sale,  réunies  en  bouquets 
rapprochés  et  constituant  des  sortes  de  pom- 
pons qui  couvrent  complètement  les  ra- 
meaux. Fruits  d’un  rouge  orangé  brillant, 
tellement  rapprochés  que  l’arbre  disparaît 
sous  une  masse  des  plus  éclatantes  et  des 
plus  ornementales,  qui  maintient  tout  son 
éclat  pendant  plus  de  cinq  mois.  C’est  cer- 
tainement, de  tous  les  arbustes,  un  des  plus 
méritants. 

Le  Cratœgus  Lalandei  a été  obtenu  par 
M.  Lalande,  horticulteur  à Nantes,  il  y a 
déjà  bien  longtemps;  aussi  peut-on  s’étonner 
de  le  voir  encore  si  rarement  dans  les  cul- 
tures. 

Cratœgus  Lalandei  microcarpa.  Port 
et  végétation  semblables  à ceux  du  C.  La- 
landei, dont  il  ne  se  distingue  que  par  ses 
fruits  qui,  outre  qu’ils  sont  plus  petits,  sont 
d’un  rouge  cerise  beaucoup  plus  brillant 
que  le  type.  L’arbuste  fleurit  et  fructifie  tout 
autant,  et  ses  fruits,  tout  aussi  nombreux, 
conservent  leur  beauté  aussi  longtemps, 
c’est-à-dire  pendant  six  mois,  de  sorte  que. 


mélangés  avec  le  type,  ces  arbustes  forment 
des  contrastes  très-agréables  et  d’une  très- 
longue  durée. 

D’où  vient  celui-ci?  Comment  a-t-il  été 
obtenu?  C’est  ce  que  je  ne  pourrais  dire.  Ce 
que  je  sais,  c’est  que  je  l’ai  remarqué  dans 
un  massif  planté  en  Cratœgus  Lalandei^ 
où  un  pied,  aussi  fort  et  vigoureux  que  les 
autres,  se  faisait  remarquer  par  ses  fruits 
beaucoup  plus  petits,  de  couleur  rouge  gro- 
seille. 

Est-ce  un  fait  de  dichroïsme  spontané 
auquel  on  n’avait  pas  encore  fait  attention  ? 
Le  fait  est  possible. 

Quoi  qu’il  en  soit,  c’est  une  variété  très- 
distincte  et  très-ornementale,  qui,  isolée  ou 
mélangée  avec  le  i^ge{Cratœgus  Lalandei), 
produira  de  beaux  contrastes. 

Les  deux  plantes  dont  il  vient  d’être 
question  se  multiplient  de  boutures  et  par 
graines.  Toutefois,  le  premier  procédé  doit 
être  préféré,  afin  de  conserveries  types  bien 
francs,  ce  qui  très-probablement  n’aurait 
pas  lieu  si  l’on  employait  le  semis,  qui  cer- 
tainement donnerait  des  Cratœgus  pyra^ 
cantha,  du  moins  en  grande  partie. 

Le  Cratœgus  Lalandei  fleurissant  et 
fructifiant  tout  petit,  même  à l’état  de  bou- 
tures, peut  être  cultivé  en  pots  pour  la  dé- 
coration des  appartements.  Si  quelque  chose 
peut  étonner,  c’est  de  ne  le  point  voir  em- 
ployé pour  les  garnitures  d’hiver  et  dans  la 
culture  pour  le  marché  aux  fleurs,  usages 
auxquels  il  est  tout  particulièrement  propre, 
d’autant  plus  même  que  la  plante  pousse 
très-bien  en  pots  ou  en  caisses.  May. 


PRUNUS  PISSARDI 


Cette  espèce,  si  remarquable  et  si  orne- 
mentale par  ses  feuilles  qui  sont  d’un  beau 


rouge  foncé,  est  encore  des  plus  intéres- 
santes par  ses  fruits  qui,  outre  leurs  quâ- 


PÉLARGONIUMS  ZONALES. 


lités,  sont  d’une  couleur  métallique  spé- 
ciale, c’est-à-dire  sans  analogue  dans 
aucune  espèce  d’arbre  fruitier.  En  voici  les 
caractères  : 

Fruits  (fig.  15)  sphériques,  très-légère- 
ment cordiformes,  à surface  unie,  ou  à peine 
sillonnée,  atteignant  3 centimètres  et  même 
plus  de  diamètre,  portant  au  sommet  un 
court  mucronule  d’un  rouge  métallique 
bronzé  luisant  dès  sa  formation.  Pédoncule 
très-ténu,  d’environ  2 centimètres,  inséré  à 
üeur  du  fruit,  presque  filiforme,  mais  soli- 
dement fixé,  de  sorte  que  le  fruit  ne  se 
détache  pas  facilement,  même  par  les  grands 
vents.  Chair  très-fortement  adhérente  au 
noyau,  rouge  clair,  comme  sanguinolente, 
fine,  fondante.  Eau  très-abondante,  sucrée, 
légèrement  acidulée,  de  saveur  faible,  mais 
agréable.  Noyau  un  peu  inéquilatéral,  ellip- 
tique, fortement  aplati,  long  de  15  millimè- 
tres, large  de  10,  à surface  unie;  suture 
dorsale  très-développée.  — Maturité  pre- 
mière quinzaine  d’août. 

Le  Prunus  Pissardi,  mis  au  commerce 
par  M.  Paillet,  horticulteur  à Cliatenay- 
lès-Sceaux,  appartient  au  groupe  des  Miro- 
bolans.  C’est  certainement  l’arbre  fruitier 
le  plus  remarquable,  le  plus  ornemental 
par  son  feuillage  et  le  plus  singulier  par  ses 
fruits.  Il  présente  cet  autre  avantage  de  se 
ramifier  extrêmement  et  de  former  des 
petits  buissons  qui  se  couvrent  de  fleurs  et 
de  fruits  pouvant  ainsi  être  employés  à la 


69 

décoration  des  massifs  ou  même  des  plates- 
bandes,  qu’il  ornera  pendant  presque  toute 
l’année  : par  son  feuillage,  par  ses  fleurs 
qu’il  donne  en  abondance,  finalement  par 
ses  fruits,  dont  la  couleur  ne  peut  être  com- 
parée à celle  d’aucune  autre  espèce.  Ajou- 
tons qu’il  est  d’une  rusticité  complète. 


Fig.  15.  — Fruit  du  Prunus  Pissardi. 

Nous  devon-s  rappeler  que  c’est  M.  Pis- 
sard,  jardinier  du  shah  de  Perse,  qui  a rap- 
porté cet  arbre  de  Téhéran,  où  il  est  cultivé 
dans  les  jardins  de  la  ville. 

C’est  une  espèce  qui  ne  devra  manquer 
dans  aucun  jardin,  où  elle  figurera  dou- 
blement : comme  arbre  fruitier  et  comme 
arbre  d’ornement.  ^E.-A.  Carrière. 


PELARGONIUMS  ZONALES 


Un  grand  nombre  d’amateurs  expriment 
chaque  année  le  désir  d’avoir  un  choix,  fait 
impartialement,  des  meilleurs  Pélargoniums 
zonales  simples  et  doubles.  Pour  remplir  ce 
desideratum,  nous  donnons  ci-après  une 
sélection  des  meilleures  variétés  obtenues 
de  semis  pendant  les  six  dernières  années, 
avec  désignation  de  celles  qui  se  sont  le 
mieux  comportées  en  pleine  terre. 

La  liste  donnée  ci-dessous  est  faite  sans 
la  moindre  prétention  d’avoir  indiqué  tou- 
tes les  variétés  belles  et  recommandables  ; 
le  nombre  toujours  croissant  des  nou- 
veautés offertes  chaque  année  ne  permet 
pas  de  les  réunir  dans  un  même  établisse- 
ment, à moins  d’en  faire  une  culture  exclu- 
sive. Laissant  presque  toujours  aux  obten- 
teurs le  soin  de  choisir  leurs  meilleurs 


gains,  il  arrive  parfois  que  des  variétés  peu 
étudiées  et  reconnues  bonnes  plus  tard  ne 
font  pas  partie  des  lots  recommandés. 
Comme  ces  plantes  ne  me  sont  pas  con- 
nues, je  ne  les  mentionne  pas  ; d’autres  col- 
lectionneurs pourront  les  signaler  s’ils  le 
jugent  utile. 

En  général,  dans  une  serre  bien  éclairée 
et  aérée,  les  Pélargoniums  zonales  prospè- 
rent et  fleurissent  parfaitement  pendant 
tout  l’été,  surtout  si,  pour  les  maintenir  en 
bon  état  de  santé,  on  a la  précaution  d’en- 
tretenir la  végétation  au  moyen  d’arrose- 
ments avec  des  engrais  liquides  : sang  des- 
séché, poudrette,  etc.  Mais  en  pleine  terre 
il  n’en  est  pas  de  même  ; tous  ne  réussissent 
pas  : il  s’en  trouve  de  trop  vigoureux  qui  ne 
produisent  que  des  feuilles  au  détriment 


70 


PÉLARGONIUMS  ZONALES. 


des  fleurs,  surtout  pendant  les  années  hu- 
mides. La  dernière  saison  a bien  démontré 
que  peu  de  variétés  sont  constituées  de  façon 
à conserver  leurs  fleurs  par  les  pluies  per- 
sistantes. 

Près  de  cinq  cents  variétés  à l’essai, 
étaient  placées  en  pleine  terre  chez  moi 
l’été  dernier.  La  végétation  de  ces  plantes 
était  luxuriante;  mais  la  floraison  a laissé  à 
désirer,  à part  les  variétés  que  je  signale, 
qui  se  sont  maintenues  bien  fleuries,  et  qui 
ont  bravé  l’humidité  si  préjudiciable  aux 
cultures. 

Étant  donnée  une  température  normale, 
il  est  plus  que  probable  que  ces  plantes 
conserveront  pour  l’usage  des  corbeilles 
une  grande  supériorité  sur  les  autres.  J’ai 
négligé  d’indiquer  des  variétés  trop  an- 
ciennes, parce  qu’elles  sont  ou  suffisam- 
ment connues  ou  remplacées  par  d’autres 
offrant  plus  d’intérêt. 

Toutes  les  variétés  suivantes  sont  recom- 
mandables ; mais  celles  qui  sont  précédées 
d’un  astérisque  présentent  plus  de  qualités 
réunies  : 

FLEURS  SIMPLES. 

Rose. 

Serve  : Dante  (D»'  Denny).  — Eurydice  (Pear- 
son).  — Jules  Grévy  (Lemoine).  — * Konigin 
von  Wuidemberg  (Pfitzer).  — * Ghues- 
qiiiers  (Aldebert).  — *Gindre  (Boucharlat).  — 
Perle  française  (Grousse). 

Plein  air  : A.  Rozenkrauzer  (Gerbeaux).  — 
‘Gaston  Tissandier  (Lemoine).  — Madouna 
tl)‘‘  Denny).  — * Mlle  de  la  Rue  (Bruant). 

Groseille. 

Serre  : * Celia  (Pearson).  — Lion  des  com- 
bats (Delesalle).  — MH®  M.  Macarez  (Delesalle). 
— ‘Nancy  Lee  (Gatlin).  — ‘Valéry  Gerbeaux 
(Gerbeaux). 

Plem  air  : Golonel  Martin  (Lemoine).  — 
‘ Ilébé  (Postan). 

Blanc. 

Serre:  Bianca  (Pearson).  — ‘ Sarali  Ber- 
nhardt  (Lemoine). 

Plein  air:  ‘Duchesse  des  Cars  (Bruant). 
‘Eve  Got  it  (Windsor). 

Blanc  à centre  saumon. 

Serre  : M^ie  Colson  (Grousse).  — ‘Mérimée 
(Lemoine).  — ‘Trocadéro  (Lemoine). 

Plein  air  : ‘Fanny  Thorpe  (Gatlin).  — Fré- 
déric Sauvage  (Lemoine).  — ‘Jules  Ferry  (Le- 
moine). 

Cramoisi. 

Sei^re  : * Commander  in  chief  (Dr.  Denny).  — 
‘Dr  Orton  (Postan).  — MM.  Miller  (Pearson). 

Plein  air  : Ernest  Bersot  (Lemoine).  — 


‘Henry  Barcet  (Boucharlat).  — ‘Paul-Louis 
Courier  (Lemoine). 

Saumon. 

Serre  : ‘ Edith  Mary  (Gatlin).  — Walter 
(Grousse).  — ‘Rose  (Pearson).  — Virginal 
(Bruant). 

Plem  air  : Ed.  Pynaert  (Bruant).  — Fra- 
telli  Ferrario  (Boucharlat).  — * Jules  Chrétien 
(Bruant).  — ‘L’Élysée  (Lemoine).  — Léo  Dé- 
libes  (Lemoine).  — ‘MH®  Macarez  (Delesalle). 

Jaunâtre,  chamois,  orange. 

Serre  : ‘Alsacien-Lorrain  (Lemoine).  — 
‘ Atala  (Postan).  — ‘Faidherbe  (R.  Bertier). 
‘ Feu  de  Bengale  (Grousse).  — Graf  v.  Schlie- 
ben  (Pfitzer).  — Louis  Ulbach  (Lemoine).  — 
‘New  Guinea  (Parker). 

Amarante  clair. 

Serre  : ‘Dupont  de  l’Eure  (Lemoine).  — 
‘F^i  Kauffer  (Grousse).  — La  France  (Lemoine). 

— ‘Ministre  Varroy  (Lemoine). 

Plein  air  : ‘M.  Chevreul  (Lemoine).  — 
‘Président  Garfield  (Lemoine). 

Écarlate. 

Serre  : Calliope  (Bull).  — Eugène  Labiche 
(Lemoine).  — ‘Gloire  lyonnaise  (Bouch.).  — 
‘Godefroy  Gavaignac  (Lemoine).  — ‘Pélagial 
(Bull).  — ‘Theodor  Lindauer  (Pfitzer). 

Plein  air  : ‘Edgar  Gatlin  (Gatlin).  — ‘H. 
M.  Pollett  (Parker).  — Manfred  (Dr  Denny). 

— * MM.  Gordon  (Pearson).  — ‘ Talma  (Ber- 
tier). — West  Brighton  gem  (Miles). 

FLEURS  DOUBLES. 

Cramoisi. 

Serre  : ‘Ami  Hoste  (Lemoine).  — Duhamel 
du  Monceau  (Grousse). — ‘Gabrielle  Sépulchre 
(Gerbeaux).  — Horace  Vernet  (Boucharlat). 

Plein  air  : ‘ Grand  chancelier  Faidherbe 
(Lemoine).  — M.  de  Joybert  (Gerbeaux). 

Ecarlate. 

Serre:  Dr  Thouvenet  (Bruant).  — ‘Gam- 
betta (Lemoine).  — ‘ Hazel  Birke  (Allock,  Son 
et  Thorpe).  — ‘ M.  Barat  (Délaux).  — M.  Dal- 
lière  (Bertier). — Paul  Charbonnier  (Gerbeaux). 

— Perfection  (Dr  Denny).  — ‘Phidias  (Bou- 
charlat). 

Plein  air  : ‘Boussingault  (Lemoine).  — 
‘M.  Florentin  (Grousse).  — P.-M.  Binot 
(Bruant). 

Saumon. 

Serre  : ‘Elisabeth  Gerbeaux  (Gerbeaux).  — 
‘ Fulton  (Lemoine).  — M^e  Bruant  (Bruant). 

— M.  Machet  (Lem.). 

Plein  air  : Denfert-Rochereau  (Lemoine). 

— Got  (Lemoine).  — ‘J. -P.  Stahl  (Lemoine). 

— ‘Ministre  Gonstans  (Lemoine). 

Cerise. 

Serre  : * L’incomparable  (Boucharlat).  — 
Le  Nôtre  (Lemoine). 


DIPLOTAXIS  ERUCOIDES. 


71 


Plem  air  : Athlète  (Bruant).  — *La  Quin- 
tnie  (Lemoine). 

Rose  carmin. 

Serre:  Constancy  (D''  Donny).  — * p, 
Gerbeaux  (Gerbeaux).  — Germain  (Bou- 

cbarlat).  — Gramljean  (Weick).  — * M. 
Léon  Frené  (Bruant). — * M.  P.  Jaud  (Bruant). 
— Secrétaire  Daurel  (Bruant). 

Ple'üi  air  : Dorine  (Gerbeaux).  — Ilopeful 
(D‘’  Denny). 

Rose  clair. 

Serre  : Boule  rose  (Gei'beaux).  — * Caprice 
des  dames  (üclesalle).  — * M.  Puteaux-Gbaim- 
bault  (Lemoine).  — Perle  des  Bmses  (Bou- 
cbarlat).  — * Ville  de  Nancy  (Lemoine). 

Plein  air  : Léon  Dalloy  (Delesalle).  — 

jM.  Tisserant  (Lemoine). 


Rose  lilacé. 

Serre  : *Ed.  André  (Lemoine).  — * M. 
Hardy  (Lemoine).  — * The  Lord  Mayor  (Miller). 

— Tliunberg-  (Bruant). 

Marron  clair. 

Serre  : * Boule  des  llespérides^(Boucbarlat). 

— *Cb.  Darwin  (Lemoine).  — Colonel  Flat- 
ters  (Lemoine).  — * Etendard  (Lemoine).  — 
L’abbé  Grégoire  (Lemoine).  — * Président  Gar- 
field  (Lemoine). 

Blanc. 

Serre  : La  Jeannette  (Lemoine).  — Blan- 
che de  la  Rue  (Bruant).  — Nymphe  (Lemoine). 

— * Perle  des  blancs  (Boucbarlat). 

Plein  air  Amazone  (Lemoine).  — Fleur  de 
neige  (Délaux).  — * Flocon  de  neige  (Lemoine). 

— * Le  Niagara  (Bruant).  Victor  Lemoine. 


DIPLOTAXIS  ERUCOIDES 


Cette  Crucifère,  qui  forme  actuellement 
d’immenses  tapis  de  fleurs  blanches  dans 
les  champs  de  la  région  du  littoral  médi- 
terranéen et  dans  d’autres  parties  de  la 
Provence  également,  a attiré  l’attention  de 
plusieurs  de  nos  lecteurs,  lorsque  nous  en 
avons  parlé  dans  notre  article  du  l®*"  jan- 
vier dernier  (1).  Ils  nous  ont  demandé  de 
leur  mieux  préciser  cette  plante,  que  nous 
signalions  à leur  attention  comme  pouvant 
éventuellement  donner  naissance  à des  va- 
riétés naines,  ornementales  à la  manière  de 
certains  Arahis  du  premier  printemps. 

Rien  n’est  plus  facile  que  de  satisfaire  à 
ce  désir. 

Le  Diplotaxis  erucoides  (2)  est  une 
plante  annuelle,  à végétation  surtout  au- 
tomnale ou  hivernale.  Elle  forme  des  touf- 
fes dressées,  herbacées,  à tiges  portant  des 
feuilles  sessiles  lyrées  ou  incisées-sinuées. 
Les  fleurs  sont  en  grappes  dressées,  à pé- 
doncules un  peu  plus  longs  que  les  sépales 
velus  et  étalés  ; elles  sont  élégantes,  assez 
grandes,  blanches,  devenant  un  peu  lilas, 
et  leurs  pétales,  amples,  sont  très-obtus, 
blancs  ou  purpurins  à l’onglet.  Les  si- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  21. 

(2)  Diplotaxis  erucoides,  DG.,  Sijst.,  2,  p.  631; 
Prod.,  I,  p.  222.  — Sinapis  erucoides,  Lin., 
Amœn.,  4,  p.  322;  Jacq.,  Hort.  Vind.,  t.  170.  — 
Rrassica  erucoides,  Ardoino,  Fl.  alp.  mar.,  p.  32. 


liques  sont  dressées,  et  les  argines  petites, 
pâles. 

L’espèce  fait  partie  de  la  section  Ano- 
carpurn,  DC.,  du  genre  Diplotaxis,  section 
caractérisée  par  un  ovaire  conique  com- 
primé ou  vide,  portant  1-2  graines,  ter- 
miné par  un  stigmate  bilobé  et  des  siliques 
dressées,  sessiles  ou  plus  rarement  pédi- 
cellées. 

On  trouve  cette  plante,  comme  nous  l’a- 
vons dit,  dans  le  midi  de  la  France.  Elle  est 
très-commune  à Antibes,  Cannes,  Grasse, 
surtout  dans  les  champs  cultivés,  et  plus 
rare  à Nice,  à Monaco  et  à Menton.  On  la 
voit  souvent  prendre  un  énorme  développe- 
ment sur  les  talus  du  chemin  de  fer  expo- 
sés au  soleil  levant,  et  qu’elle  couvre  de  ses 
myriades  d’épis  blancs,  agréables  à regarder 
en  plein  hiver,  comme  le  premier  sourire 
du  printemps  qui  s’approche.  Le  Diplotaxis 
erucoides  se  retrouve,  d’ailleurs,  dans  le 
sud  de  l’Espagne 'et  de  l’Europe  méridio- 
nale, en  Sicile,  aux  îles  Baléares  et  en 
Orient.  Ce  n’est  ni  une  rareté  ni  une  plante 
de  haute  valeur  décorative  ; mais  puis- 
qu’elle a intéressé  quelques  lecteurs  de  la 
Revue  horticole,  nous  devions  leur  indiquer 
ces  particularités  et  les  engager  de  nouveau 
à tenter  d’en  obtenir  des  variétés  naines,  di-  ' 
gnes  d’être  cultivées. 


Ed.  André. 


72 


METHONICA  SUPERBA, 


'METHONICA  SUPERBA 


Il  est  extrêmement  rare  que  dans  les  ca- 
talogues on  mentionne  le  Methonica  su- 
perha,  Lam.,  ce  dont  je  suis  d’autant  plus 
étonné  que  celte  plante  n’est  pas  nouvelle, 
et  qu’elle  est  fréquemment  décrite  ou  au 
moins  citée  dans  les  ouvrages  de  botanique. 
A Haarlem  (Hollande),  on  cultive  plusieurs 
espèces  de  ce  genre,  et  il  est  même  pro- 
bable que  parmi  celles-ci  se  trouve  le  M. 
siiperha^  dont,  à aucun  point  de  vue,  le 
mérite  ne  peut  être  contesté  ; on  peut  sans 
crainte  affirmer  que  parmi  ses  congénères 
cette  espèce  est  même  la  plus  méritante. 
On  pourrait  encore  dire  que  le  Methonica 
superha  n’est  effacé  par  aucune  plante  de 
la  famille  des  Liliacées  dont  elle  fait  par- 
tie. L’éclat  de  ses  couleurs,  la  grâce  de 
ses  formes  sont  certainement  supérieurs  et 
de  premier  mérite;  en  outre,  il  est  très- 
florifère,  et  ce  n’est  pas  rare  de  voir  une 
seule  plante  montrer  une  vingtaine  de 
fleurs  épanouies  à la  fois.  Si  on  le  ren- 
contre dans  la  promenade,  on  s’arrête  in- 
volontairement pour  admirer  sa  beauté.  Ses 
formes  dévient  beaucoup  de  celles  que  les 
Liliacées  ont  en  général.  D’abord,  c’est  le 
tubercule  dont  la  forme  bizarre  nous 
frappe  : il  a la  consistance  d’une  Pomme 
de  terre;  il  est  très-mince  par  rapport  à sa 
longueur  et  surtout  très-irrégulier.  Il  est 
souvent  bifurqué  et  émet  une  tige  florale 
mince  au  point  de  sa  bifurcation.  Gomme 
il  n’a  de  racines  fibreuses  que  seulement 
autour  de  la  naissance  de  sa  tige,  il  n’a 
pas  de  bulbe,  et  c’est  là  que  se  trouve  sa 
plus  grande  différence  des  autres  Liliacées, 
qui  généralement  ont  un  bulbe  ou  une  tige 
bulbeuse. 

Sa  tige  et  ses  feuilles  offrent  aussi  un  as- 
pect assez  singulier.  A l’aide  de  vrilles  dont 
les  extrémités  de  ces  feuilles  sont  pourvues, 
il  se  cramponne  aux  plantes  et  autres  ob- 
jets environnants,  et  quoique  la  faiblesse  de 
sa  tige,  qui  n’a  que  quelques  millimètres 
d’épaisseur,  lui  fasse  faire  bien  des  méan- 
dres, il  finit  souvent  par  atteindre  une  hau- 


teur de  3 à 4 mètres.  Arrivé  presque  à son 
apogée,  il  lui  pousse  des  branches,  et  c’est 
alors  qu’il  montre  ses  brillantes  fleurs.  Sor- 
tant de  l’aisselle  des  feuilles,  elles  se  trou- 
vent tant  sur  la  tige  principale  que  sur  les 
branches  ou  tiges  secondaires.  Si  nous  les 
suivons  dans  leur  développement,  nous 
trouvons  qu’elles  sont  d’abord  vertes  tirant 
sur  le  jaune,  tant  qu’elles  sont  à l’état  de 
bouton.  Suspendues  aux  pédoncules,  et  par 
conséquent  regardant  la  terre,  les  fleurs 
s’épanouissent  peu  à peu  et  deviennent  de 
plus  en  plus  jaunes.  En  jaunissant,  leurs 
sépales  à bord  fortement  tuyauté  se  recour- 
bent, et  on  voit  apparaître  à leurs  extré- 
mités des  points  rouge  carmin;  le  rouge  s’é- 
tend et  finit  par  envahir  la  place  jusqu’alors 
teintée  de  jaune.  Comme  celte  couleur  s’est 
accentuée  et  est  devenue  du  plus  beau  jaune 
serin,  on  comprend  combien  ces  deux  cou- 
leurs, opposées  l’une  à l’autre, 'donnent  de 
l’éclat  à l’ensemble.  A la  fin,  les  sépales 
sont  entièrement  recourbées,  et  la  couleur 
primitive  a disparu  et  est  remplacée  par  le 
rouge  carmin.  C’est  dans  cet  état  que  la 
position  des  sépales  est  remarquable  par  sa 
singularité.  Parmi  les  Liliacées,  il  y en  a 
beaucoup  qui  ont  les  sépales  recourbées, 
mais  aucune  d’elles  n’offre  un  aspect  si  ren- 
versé. Cet  aspect  lui  a valu  son  nom  indi- 
gène de  « Sounsang,  > qui  signifie  ((  sens 
dessus  dessous.  » Les  tubercules  se  trou- 
vent ordinairement  à une  assez  grande  pro- 
fondeur en  terre.  Ils  commencent  leur  vie 
pendant  les  premières  pluies  d’octobre  et 
de  novembre,- et  se  remettent  en  repos  en 
avril  et  mai.  Cette  plante  est  de  serre 
chaude  ou  tempérée  en  Europe. 

Les  tubercules  sont  éminemment  véné- 
neux et  jouent  un  grand  rôle  dans  les  ven- 
geances des  Javanais.  Ils  supposent  que  ce 
poison  ne  laisse  pas  de  traces  dans  les  ca- 
davres de  leurs  victimes. 

Le  Methonica  superha  croît  à l’état  sau- 
vage dans  la  partie  orientale  de  l’île  de  Java. 

F.  DE  Rijk. 


lmp.  Georges  Jjwob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Les  journées  pluvieuses  en  1882.  — 

Chacun  sait  que  l’année  1882,  que  nous 
venons  de  traverser,  a été  très- pluvieuse  ; 
mais  bientôt  il  n’en  restera  qu’une  idée 
vague  qui  elle-même  ne  t;mdera  pas  à dis- 
paraître. Il  est  donc  utile  de  consigner  dans 
un  recueil  horticole  ce  temps  anormal,  qui 
tout  particulièrement  a été  nuisible  aux  in- 
térêts de  l’horticulture. 

Voici  le  nombre  exact  des  jours  de  pluie 
relevé  à l’Observatoire  de  Montsouris,  à 
Paris,  renseignement  que  nous  devons  à 
l’obligeance  de  M.  Marié  Davy,  directeur  de 
cet  établissement. 

On  a recueilli  la  pluie  à Montsouris  pendant 
10  jours  en  décembre  1882. 

La  hauteur  totale  de  pluie  tombée  est  de  71  '«>"6 
pendant  ce  mois,  ce  qui  donne  une  hauteur 
moyenne  de  2'ï‘'“3  par  jour  du  mois  ou  de 
3mni  77  par  jour  de  pluie. 

Quantité  de  pluie  Jours  de  pluie  effective. 


Janvier 

qiiiin  3 

7 

Février 

26, 

7 

il 

Mars 

28, 

6 

il 

Avril 

51, 

2 

13 

Mai 

27, 

3 

10 

Juin 

33, 

0 

18 

Juillet 

45, 

l 

13 

Août 

63, 

4 

16 

Septembre . . 

68, 

4 

15 

Octobre 

55, 

2 

23 

Novembre. . . 

112, 

8 

22 

Décembre . . . 

71, 

6 

19 

592mm  6 178 


Faisons  toutefois  remarquer  que  tous 
ces  chiffres  sont  variables  suivant  les  lieux, 
les  climats  et  même  les  localités  où  les 
observations  sont  faites.  Ainsi  à Bourg-la- 
Reine,  point  Irès-rapproché  de  Montsouris, 
les  jours  de  pluie,  très-exactement  relevés 
par  notre  collègue,  M.  F.  Jamin,  ont  été  : 


Janvier 9 

Février G 

Mars 10 

Avril 10 

Mai 10 

Juin 18 

Juillet 14 

Août 15 

Septembre 18 

Octobre 21 

Novembre 22 

Décembre 16 


169 


Le  6 janvier  1883,  M.  Gatros-Gérand, 
horticulteur-grainier  à Bordeaux,  nous  écri- 
vait : 

Sur  les  365  jours  dont  se  compose  l’an- 
née, on  a compté  210  jours  de  pluie.  — De- 
puis le  mois  d’août  dernier,  le  soleil  a paru  <à 
de  rares  intervalles,  et  l’automne  a été  exces- 
sivement pluvieux  et  humide.  — Jusqu’à  ce 
jour  le  froid  ne  s’est  pas  fait  sentir,  et  nous 
n’avons  relevé  que  2 degrés  au-dessous  de 
zéro  les  11  et  12  décembre  dernier.  — Depuis 
cette  époque,  la  température  s’est  élevée  à 
10  degrés  et  plus. 

Exposition  internationale  d’horticul- 
ture à Saint-Pétersbourg  en  1883.  — 

Cette  exposition  paraît  devoir  être  des  mieux 
remplies.  Les  objets  qui  y figureront  (plan- 
tes et  matériel  horticole)  comprennent  9 sec- 
tions, embrassant  182  concours. 

Elle  s’ouvrira  le  5/17  mai  1883  et  durera 
jusqu’au  16/28  mai. 

Les  personnes  qui  désireront  y prendre 
part  devront  en  informer  le  président  de 
la  commission  de  l’exposition,  M.  Ed.  Ré- 
gel, au  plus  tard  le  1/13  mars,  en  indi- 
quant la  section  du  programme  dans  la- 
quelle ils  désirent  exposer,  ainsi  que  l’em- 
placement qu’ils  jugeront  devoir  leur  être 
nécessaire. 

On  peut  se  procurer  le  programme  en  en 
faisant  la  demande  à la  commission  de  l’ex- 
position, à Saint-Pétersbourg. 

Cours  publics  et  gratuits  d’arboricul- 
ture fruitière  à Lille.  — Des  démonstra- 
tions publiques  et  gratuites  d’arboriculture 
fruitière  ont  été  instituées  dans  la  ville  de 
Lille.  M.  Jadoul,  jardinier-directeur  des 
plantations  municipales,  commencera  ses 
leçons  le  dimanche  28  janvier  1883,  pour 
les  terminer  le  dimanche  12  août.  Elles 
comprendront  deux  séries  : les  opérations 
dliiver  et  les  opérations  d’éié,  de  manière 
à passer  en  revue  toutes  les  parties  de 
l’arboriculture  fruitière. 

Ces  démonstrations  sont  d’autant  plus 
utiles  et  profitables  qu’elles  se  font  dans 
l’école  fruitière,  qui  est  l’une  des  mieux 
tenues  et  des  mieux  conduites  de  la  France. 

Expéditions  de  Lilas  blanc  en  An- 
gleterre. — Ce  n’est  pas  seulement  en 
France  qu’est  vendue  l’immense  quantité  de 


Total. . 
16  Février  1883. 


4 


74 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Lilas  blanc  fabriquée  à Paris  pendant  huit 
à dix  mois  de  l’année.  Plusieurs  nations 
voisines  importent  aujourd’hui  de  chez 
nous  ce  produit  à peu  près  exclusivement 
parisien. 

L’Angleterre  en  fait  une  importante  con- 
sommation. Trois  fois  par  semaine,  les 
dimanche,  mardi  et  jeudi,  il  est  expédié  de 
Paris  pour  Londres  environ  150  hottes  (1) 
de  Lilas  blanc  par  semaine,  au  prix  moyen 
de  6 fr.  la  botte.  Comme  ce  commerce 
se  fait  pendant  liuit  mois  environ,  c’ost 
donc  une  somme  d’à  peu  près  29,000  fr. 
que  rapporte  chaque  année  le  forçage  des 
Lilas  pour  ce  seul  débouché. 

Rappelons  que  ce  magnifique  Lilas,  d’une 
blancheur  éclatante,  est  dû  à la  tranforma- 
tion  de  la  couleur  rose  lilacé,  transformation 
déterminée  par  la  chaleur  et  l’obscurité. 

Une  plante  précieuse  pour  fixer  les 
dunes.  — On  sait  que  les  dunes  sont 
des  amas  de  sable  que  les  vents  accu- 
mulent sur  les  bords  de  la  mer.  Mais,  par 
suite  de  la  violence  du  vent,  ces  sables 
extrêmement  fins  se  déplacent  sans  cesse 
et  tendent  constamment  à envahir  les  ri- 
vages. On  cite  des  villages  qui  ont  été 
engloutis  par  ces  sables.  Il  est  donc  de  la 
plus  grande  importance  de  les  arrêter.  Aussi 
la  fixation  des  dunes  fait-elle  le  sujet  d’une 
préoccupation  incessante  de  la  part  du  gou- 
vernement qui,  dans  ce  but,  a dû  établir 
des  réglements  spéciaux. 

Une  espèce  très-propre  à fixer  les  sables, 
en  les  gazonnant  promptement,  est  VArte- 
misia  maritima,  qui  se  plaît  tout  particu- 
lièrement sim  les  bords  de  la  mer.  C’est 
une  plante  vivace,  très-rustique,  extrême- 
ment traçante,  qui,  par  une  sorte  de  cloi- 
sonnement, enlace  rapidement  les  sables, 
tout  en  s’élevant  au  fur  et  à mesure  que 
ceux-ci  s’amoncellent,  de  façon  que  le  sol 
n’est  jamais  nu.  On  ne  saurait  donc  trop  en- 
gager les  personnes  qui,  voisines  de  la  mer, 
ont  à redouter  l’ensablement,  à semer  sur 
les  terrains  exposés  des  graines  d’Arfe- 
misia  mariiima. 

Maladie  des  Boses  trémières.  — De- 
puis longtemps  déjà,  divers  cryptogames, 

(I)  On  nomme  « botte  de  Lilas  » une  vingtaine 
de  branchettes  d’envirun  4ü  centimètres  de  lon- 
gueur, teruiinées  par  une  grappe  de  Heurs,  et  pi- 
quées ou  attachées  autour  d'un  ((  botillou  » de  pétille 
qui  les  fixe  et  les  raainlient  écartées, 


pour  la  plupart  se  rapportant  au  genre 
Puccinia^  sévissent  avec  intensité  sur 
un  grand  nombre  d’espèces  de  la  fa- 
mille des  Malvacées,  notamment  sur  les 
Roses  trémières  dont  ils  «déterminent  la 
chute  des  feuilles,  arrêtent  la  végétation, 
et  dont  très-souvent  même  ils  occasionnent 
la  mort. 

Loin  de  se  ralentir,  le  mal  va  constam- 
ment en  s’aggravant,  au  point  que  bientôt, 
peut-être,  la  culture  de  ces  plantes  sera 
complètement  abandonnée,  ce  qui  a déjà  été 
fait  par  quelques  cultivateurs. 

Un  praticien,  M.  Portrait,  qui  s’occupe 
particulièrement  de  la  culture  des  Roses 
trémières,  vient,  paraît-il,  de  trouver  un 
remède  au  mal  que  nous  signalons.  Voici, 
à ce  sujet,  ce  qu’il  nous  écrit  : 

Je  ne  sais  s’il  existe  un  moyen  pour  empê- 
cher la  maladie  des  Roses  trémières;  mais 
voici  une  remarque  que  j’ai  faite.  Ce  printemps 
dernier,  la  variété  dite  Papede,  qui  est  à fleurs 
rouge  cinabre,  était  tellement  atteinte  que  je 
voyais  le  moment  où  j’allais  perdre  ces  plantes. 
J’ai  employé  le  soufre  que  l’on'  recommande 
en  pareil  cas  ; mais  je  n’ai  obtenu  aucun  ré- 
sultat. C’est  alors  que  j’ai  eu  l’idée  d’employer 
du  guano  du  Pérou  dans  la  proportion  de 
100  grammes  pour  10  litres  d’eau.  J’ai  arrosé 
•mes  Papales  (Roses  trémières)  pied  à pied  con- 
venablement, puis  j’ai  recommencé  huit  jours 
api-ès  dans  la  même  proportion,  enfin  une 
troisième  et  dernière  fois,  et  la  maladie  a com- 
plètement disparu;  mes  plantes  ont  repris  une 
bonne  vigueur  et  m’ont  donné  une  floraison 
admirable.  Je  n’oserais  affirmer  que  ce  moyen 
est  infaillible;  mais  ce  que  je  puis  assurer,  c’est 
qu’il  m’a  donné  de  bons  résultats,,  ce  qui  m’a 
engagé  à vous  faire  cette  communication. 

Ce  résultat  s’explique  par  cette  raison 
que  le  remède  indiqué,  en  augmentant  la 
vigueur  des  plantes,  produit  le  même  effet 
que  si  l’on  affaiblissait  celle  du  mal.  D’une 
autre  part,  le  guano  possède-t-il  des  pro- 
priétés insecticides  particulières?  Le  fait 
est  possible.  R serait  à désirer  que  des  ex- 
périences sérieuses  soient  faites  pour  le 
constater. 

Chicorée  sauvage  à feuilles  pourpres. 

— Cette  variété,  récemment  envoyée  d’iialie 
à MM.  Léonard  Lille  et  Beney,  de  Lyon,  est 
vigoureuse  et  nullement  délicate,  A une 
certaine  époque  de  sa  végétation,  et  surtout 
à partir  de  la  fm  de  l’été,  ses  feuilles  pren- 
nent une  couleur  rouge  sang  qu’elles  con- 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


7» 


servent  en  partie  quand  la  plante  est  soumise 
à l’étiolage,  de  sorte  qu’amenées  à l’état  de 
« barbe  de  capucin,  » elles  constituent  une 
salade  délicieuse,  agrémentée  de  la  couleur 
rosée  qu’elles  ont  conservée. 

Guérison  de  la  chlorose  des  plantes. 

— Rappelons  qu’on  nomme  chlorose  ou 
état  chlorotique  la  teinte  vert  pâle  ou  plus 
ou  moins  jaunâtre  que,  dans  certains  cas, 
revêlent  les  végétaux.  Bien  que  cet  état 
puisse  être  dû  à des  causes  diverses,  il  suffit 
presque  toujours,  pour  le  faire  disparaître, 
ou  au  moins  pour  l’affaiblir  considérable- 
ment, d’arroser  de  temps  à autre  avec  de 
l’eau  à laquelle  on  a ajouté  un  peu  d’ammo- 
niaque ou  dans  laquelle  on  a fait  dissoudre 
du  sulfate  de  fer.  Il  est  rare  que  les  plantes 
soumises  à ce  traitement  ne  reverdissent 
pas  au  bout  de  quelques  jours. 

Toutefois,  si  la  cause  est  grave,  qu’elle  pro- 
vienne de  la  mauvaise  qualité  du  sol,  de  son 
insuffisance  ou  de  son  épuisement,  il  n’en 
faut  pas  moins  remédier  à cet  état,  modifier 
ce  sol  soit  en  le  remplaçant,  soit  en  y ajou- 
tant les  éléments  qui  manquent,  autrement 
la  guérison  n’étant  que  momentanée,  l’affec- 
tion ne  tarderait  pas  à reparaître. 

Nouveau  type  d’Œillet  Mignardise. 

— Ce  type,  auquel  son  obtenteur,  M.  Alé- 
gatière,  horticulteur  à Montplaisir-Lyon,  a 
donné  le  nom  significatif  de  Mil  huit  cent 
quatre-vingt-un,  afin  de  perpétuer  la  date 
de  son  apparition,  est  le  résultat  d’une  fé- 
condation entre  l’Œillet  remontant  Es- 
poir (1)  avec  un  Œillet  Mignardise  à fleurs 
blanches.  Les  plantes,  relativement  naines, 
très-ramifiées  et  buissonneuses,  se  tiennent 
très-bien  ; outre  cela,  elles  sont  franche- 
ment remontantes  ou  plutôt  elles  sont  tou- 
jours en  fleur.  Un  semis  fait  de  graines  de 
Mil  huit  cent  quatre-vingt-un  semble  dé- 
montrer que  cette  plante  constituera  une 
race  particulière.  En  effet,  bien  que  les 
sujets  soient  encore  jeunes,  il  en  est  beau- 
coup qui  montrent  déjà  des  boutons. 

Exposition  internationale  d’horti- 
culture à Gand.  — Cette  exposition,  qui 
sera  ouverte  du  15  au  22  avril  prochain, 
et  à laquelle  les  horticulteurs  et  amateurs 
de  toutes  les  nationalités  pourront  prendre 
part,  comprend,  outre  l’horticulture  pro- 

(I)  Voir  Hcvue  horlmk,  p,  190, 


prement  dite,  les  principaux  produits  de 
l’art  et  de  l’industrie  qui  s’y  rattachent. 
Près  de  trois  cents  concours  sont  ouverts. 

Les  personnes  qui  désirent  prendre  part 
aux  concours  devront  en  faire  la  demande 
au  secrétariat  général,  rue  Digue-de-Bra- 
bant,  20,  au  plus  tard  le  vendredi  30  mars, 
avant  sept  heures  du  soir,  en  envoyant  la 
liste  exacte  et  détaillée  des  objets  qu’elles  se 
proposent  d’exposer.  Pour  les  serres,  appa- 
reils de  chauffage,  bâches  et  abris,  les  de- 
mandes devront  être  faites  avant  le  mars, 
ces  objets  devant  être  installés  avant  le  30 
du  même  mois. 

Nice  et  Paris  à propos  du  temps.  — 

Plusieurs  fois  déjà  nous  avons  appelé  l’at- 
tention de  nos  lecleiirs  sur  les  différences 
qui  existent  entre  le  climat  de  la  région 
niçoise  et  celui  du  Bassin  parisien.  Par- 
fois aussi  ils  présentent  de  l’analogie.  Ainsi 
à Nice  l’inconstance  du  temps  équivaut  ac- 
tuellement à celle  de  Paris,  ce  qui  ressort 
d’un  passage  que  nous  extrayons  d’une  lettre 
que  le  25  janvier  dernier  nous  adressait 
M.  Thierry,  jardinier  en  chef  à la  villa 
Chambrun,  à Nice  : 

...  Le  temps  est  très-variable  en  ce  moment. 
Du  10  au  15  janvier,  nous  avons  eu  un  temps 
pluvieux  et  une  absence  complète  de  soleil, 
puis  du  15  au  20  un  temps  doux  avec  un  soleil 
d’été;  le  24,  à sept  heures  du  matin,  5 degrés 
de  gelée,  ce  qui  a fait  baisser  le  nez  aux  Roses  et 
aux  Orangers  qui  sont  en  fleurs.  Aujourd’hui 
c’est  autre  chose  : de  la  neige  depuis  le  matin, 
ce  qui  est  tout  à fait  extraordinaire. 

Ainsi  qu’on  le  voit,  la  similitude  est 
presque  parfaite  : le  24,  à Montreuil,  le 
thermomètre  marquait  6 degrés  au-dessous 
de  zéro,  et  le  25  la  neige  couvrait  la  terre 
sur  une  épaisseur  de  10  à 15  centimètres. 

Exposition  d’horticulture  à Mar- 
seille. — Le  19  mai  1883,  la  Société 
d’horticulture  de  Marseille  fera  dans  cette 
ville  une  exposition  internationale  d’horti- 
culture, ainsi  que  des  objets  d’art  et  d’indus- 
trie qui  s’y  rattachent. 

Les  demandes  devront  être  adressées  au 
Sécrétaire  général  de  la  Société  avant  le 
30  avril  prochain,  en  indiquant  avec  le  nom 
du  demandeur  les  produits  qu’il  se  propose 
d’exposer,  ainsi  que  l’emplacement  ap- 
proximatif qu’il  jugera  devoir  liû  être  né- 
cessaire? 


76 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


L’ensemble  du  programme  comprend 
9 sections  dont  8 sont  définies,  la  9®  étant 
pour  les  divers.  Tous  les  concours  imprévus 
ou  non  déterminés  devront  y trouver  leur 
place. 

Le  climat  remarquablement  beau  de 
Marseille,  les  immenses  ressources  horti- 
coles de  cette  ville  et  des  environs  et  les 
dispositions  toutes  particulières  que  prend 
l’administration  sont  une  garantie  de  l’intérêt 
, général  que  présentera  cette  exposition. 

Impatiens  Sultani.  — Cette  espèce, 
encore  toute  nouvelle,  originaire  de  Zan- 
zibar, n’est  pas  annuelle,  comme  on  l’a  dit 
par  erreur  ; elle  est  au  contraire  très-vivace 
et  présente  cette  particularité  que,  très- 
charnue, .succulente  comme  celle  de  la  Bal- 
samine commune,  sa  tige  peut  être  rabattue 
quand  la  plante  paraît  épuisée,  et  qu’alors  il 
en  part  des  bourgeons  qui  très-promptement 
se  mettent  à fleurir,  ce  que  ne  font  jamais 
les  plantes  annuelles.  On  en  possède  au- 
jourd’hui une  variété  ou  forme  à fleurs 
blanches.  Ces  deux  plantes,  qui  sont  cons- 
tamment en  fleurs,  s’enracinent  avec  une 
extrême  facilité,  et  tout  fait  croire  qu’on 
pourra  les  employer  pour  l’ornementation 
des  jardins,  ainsi  qu’on  le  fait  des  Coléus  et 
d’autres  plantes  analogues. 

Le  Niaouli.  — On  a beaucoup  parlé  ré- 
cemment d’une  plante  dont  les  graines  ont 
été  envoyées  de  la  Nouvelle-Calédonie  sous 
ce  nom,  Niaouli.  Dans  une  note  détaillée, 
publiée  dans  le  Bulletin  mensuel  de  la  So- 
ciété d’acclimation,  1882,  p.  529,  M.  Charles 
Rivière,  directeur  du  jardin  du  Hamma,  à 
Alger,  a fait  justice  de  tous  les  prétendus 
avantages  que  l’on  prête  gratuitement  à 
cette  espèce,  en  démontrant  par  des  faits, 
que  la  plante  n’est  autre  que  le  Melaleuca 
leucadendroriy  dont  la  culture,  même  en 
Algérie,  ne  donne  que  de  chétifs  résultats. 

Aux  merveilleuses  propriétés  que  l’on 
prêtait  à cette  espèce  on  ajoutait  celle  de 
l’incombustilité  de  son  bois,  propriété  égale- 
ment mise  à néant  par  les  observations  de 
M.  Charles  Rivière.  De  ses  expériences  il 
résulte  que  le  Niaouli,  qui  pour  l’Algérie 
devait  constituer  des  forêts  vigoureuses 
et  incombustibles  reste  tout  simplement  un 
petit  arbuste  d’ornement. 

Étiquettes  en  zinc.  — Un  de  nos 
abonnés  nous  recommande  un  mode 


d’emploi  des  étiquettes  en  zinc,  que  nous 
signalons  aux  expérimentateurs  : 

« L’emploi  de  l’encre  à écrire  sur  le  zinc, 
dit  notre  correspondant,  est  souvent  diffi- 
cile, lorsque  l’encre  s’épaissit  au  point  de 
devenir  baveuse  et  presque  inemployable. 
Pour  éviter  cet  inconvénient,  je  fais  simple- 
ment mes  inscriptions  avec  une  plume 
et  de  l’encre  ordinaires,  puis  je  laisse 
sécher,  et  je  vernis  ensuite  toute  l’étiquette 
avec  du  vernis  copal  très- clair  (vernis  à 
voiture).  S’il  est  trop  épais,  je  1’  « allonge  » 
avec  de  l’essence  de  lavande.  Tout  le  secret 
est  de  laisser  ensuite  sécher  très-complète- 
ment le  vernis,  à couvert,  pendant  plusieurs 
jours,  avant  d’exposer  les  étiquettes  à l’air.  » 

Tel  est  le  moyen  employé  par  notre 
abonné.  Un  de  nos  amis  nous  en  indique  un 
autre.  Il  consisterait  à vernir  d’abord  les  éti- 
quettes, puis  à écrire  dessus  avec  un  stylet, 
et  à faire  mordre  ensuite  par  un  acide 
l’écriture,  qui  se  trouverait  ainsi  gravée  en 
creux  et  absolument  indélébile.  Nous  citons 
purement  et  simplement,  et  conseillons 
l’essai  et  la  comparaison. 

Association  de  Genève  pour  la  pro- 
tection des  plantes  alpines. — Par  suite 
de  dégrédations  continuelles  commises  non 
seulement  par  les  botanistes,  mais  encore 
par  de  nombreux  collecteurs,  acclimateurs 
et  amateurs,  la  flore  des  montagnes  suisses 
s’est  appauvrie  progressivement  d’une  façon 
alarmante.  Certaines  espèces  ne  comptent 
plus  que  de  rares  spécimens  ; d’autres  ont 
complètement  disparu. 

De  plus,  les  plantes  aquatiques  intéres- 
santes des  bords  du  lac  de  Neuchâtel  ont 
été  presque  détruites. 

Depuis  cette  époque,  on  a constaté  entre 
autres,  dans  ces  régions,  la  disparition  des 
Hydrocharis  Morsus  Rance,  Sayittaria 
sagittœfolia,  Trapa  natans,  Alisma  ra- 
nunculoides,  Leucoium  œstivum,  etc. 

Dans  le  canton  de  Genève,  dont  la  flore  a 
été  très-étudiée,  on  a perdu  un  grand  nom- 
bre de  bonnes  espèces,  même  depuis  la 
mort  de  Reuter.  Si  les  choses  continuaient 
ainsi,  d’autres  espèces  qui  sont  devenues 
très-rares  disparaîtraient  également,  no- 
tamment les  Isopyrum  thalictroides,  Ery- 
thronium  Dens  canis,  Tulipa  sylvestris, 
Atragene  alpina,  Serratula  nudicaulis, 
Cypripedium  Calceolus,  etc. 

Certaines  plantes,  notamment  les  Cy-^ 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


clamen  hederœfolium^  Adonis  vernalis  et 
autres,  sont  déjà  devenues  extrêmement 
rares. 

Ces  dommages  sont  occasionnés  par  les 
collecteurs.  Deux  fois  par  semaine,  et  sur- 
tout au  printemps,  une  énorme  quantité  de 
plantes  récoltées  dans  les  montagnes  sont 
apportées  sur  les  marchés  de  Genève.  C’est 
ainsi  que  l’on  vend  par  centaines  des  Gen- 
tianes, Soldanelles,  Edelweiss,  Rhododen- 
drons, Orchidées  de  toutes  espèces,  ainsi 
que  de  jeunes  Pinus  Cembra. 

Si  ce  pillage  continuait,  la  flore  alpine 
s’appauvrirait  d’une  manière  irrémédiable  ; 
aussi,  pour  y mettre  fin,  un  comité  tempo- 
raire vient  de  se  former  à Genève,  dans  le 
but  de  fonder  une  association  pour  la  pro- 
tection des  plantes  alpines  et,  au  besoin  pour 
obtenir  la  prohibition  de  leur  enlèvement. 

Un  amateur  vient  d’acquérir  dans  ce  but 
une  des  montagnes  les  plus  riches  en 
plantes,  le  Dole.  Le  propriétaire  d’une  autre 
montagne,  le  Reculet,  a promis  de  faire 
respecter  les  plantes  qui  y croissent  ; enfin, 
et  pour  entraver  par  la  concurrence  la 
vente  de  ces  plantes,  qui  a été  la  principale 
cause  de  leur  destruction,  on  va,  par  semis 
et  tous  autres  moyens,  les  multiplier  et  cul- 
tiver sur  une  grande  échelle,  et  les  faire 
vendre  à très-bas  prix  sur  les  marchés.  On 
sait  que  les  plantes  alpines  obtenues  de 
semis  ont  toujours  une  floraison  plus  belle 
que  celles  provenant  directement  de  leurs 
montagnes. 

La  Poire  Etrictiade.  — En  parlant,  il  y 
a quelque  temps  {Rev.  hort.,  1882,  p.  482), 
du  curieux  exemplaire  de  Poire  de  Chine 
présenté  par  M.  A.  Lavallée  à la  Société 
d’horticulture  dont  il  est  le  Président,  nous 
n’avons  pu  donner  le  nom  exact  de  cet 
étrange  fruit,  que  M.  Lavallée  nous  adresse 
aujourd’hui.  Cette  Poire,  variété  du  Pyrus 
Sinensis,  fut  envoyée  en  1868,  de  Munich, 
par  M.  de  Siebold  sous  le  nom  de  Poire 
Etrictiade.  Elle  était  accompagnée  de  plu- 
sieurs autres  variétés,  au  nombre  de  15  en- 
viron, dont  plusieurs  ont  déjà  fructifié  dans 
les  cultures  de  Segrez,  chez  M.  Lavallée, 
qui  les  fera  connaître  successivement  à 
l’horticulture.  Aucune  de  ces  formes  n’a  en- 
core présenté  de  fruits  véritablement  bons, 
et  il  faut  les  considérer  jusqu’à  présent 
comme  de  simples  curiosités  horticoles  et 
botaniques. 


Les  Daïkons  au  point  de  vue  écono- 
mique. — Au  Japon,  le  terme  Daïkon  est 
l’analogue  de  notre  mot  Radis,  et  s’applique 
aussi  à un  nombre  plus  ou  moins  grand  de 
formes  dont  l’ensemble  constitue  une  race 
particulière.  Ce  sont  des  légumes  analogues 
à nos  Navets,  dont  ils  diffèrent  pourtant  sen- 
siblement tant  par  la  forme  que  par  la  sa- 
veur. Par  la  première  ils  rappellent  assez 
exactement  les  Navets  longs  ; quant  à la  sa- 
veur, elle  rappelle  plutôt  celle  des  Radis,  ou 
mieux  elle  est  intermédiaire  entre  ces  deux 
légumes.  On  mange  les  Daïkons  également 
crus  et  cuits;  et  comme  ils  donnent  un 
feuillage  abondant,  on  peut  aussi  les  culti- 
ver comme  fourrage.  R y en  a beaucoup 
de  formes,  mais  toutes  sont  d’une  extrême 
blancheur;  leur  chaires!  cassante,  et  la  sa- 
veur en  est  très-légèrement  stiptique  sucrée. 
On  assure  qu’au  Japon  il  existe  des  Daï- 
kons de  plusieurs  couleurs,  que  certains 
ont  la  chair  très-rouge  et  sont  néanmoins 
d’une  très- bonne  qualité.  R faut  les  semer 
dans  la  première  quinzaine  d’août. 

C’est  encore  à M.  Paillieux,  propriétaire 
à Crosnes  (Seine-et-Oise),  que  nous  sommes 
redevables  de  l’introduction  des  Daïkons 
dans  nos  cultures.  R est  probable  que  sans 
lui  ces  plantes  auraient  disparu  sans  avoir 
été  à peine  remarquées.  Cette  année  en- 
core, à une  séance  de  la  Société  centrale 
d’horticulture  de  France,  il  en  présentait 
d’une  beauté  et  de  dimensions  vraiment 
extraordinaires. 

Rose  Maréchal  Niel.  — Le  Journal 
des  Roses  recommande,  pour  ce  Rosier,  un 
procédé  de  culture  employé  en  Angleterre, 
et  qui  permet  d’obtenir  des  fleurs  d’un  dé- 
veloppement presque  double  de  celui  qu’el- 
les atteignent  ordinairement.  Le  moyen 
consiste  à greffer  cette  variété  sur  une 
pousse  vigoureuse  du  Rosier  Gloire  de 
Dijo7i  planté  en  pleine  terre  dans  une 
serre. 

En  laissant  ces  deux  variétés  se  dévelop- 
per simultanément  sur  le  même  pied,  on 
aura  un  charmant  mélange  de  fleurs. 

R est  probable  que  ce  procédé  réussirait 
également  pour  les  mêmes  variétés  em- 
ployées à l’air  libre  comme  sujets  et  gref- 
fons. D’ailleurs,  on  l’emploie  fréquemment 
et  avec  succès  dans  le  midi  de  la  France. 

E.-A.  Carrière  et  En.  André. 


7S 


CULTURE  DES  DIPLA.DENU. 


CULTURE  DES  DIPLADENIA 


Ces  admirables  plantes  de  serre  chaude 
sont  trop  peu^  connues  en  France.  Elles 
méritent  une  place  de  premier  ordre  dans 
les  collections  d’amateur.  Mais  leur  cul- 
ture est  l éputée  diflicile.  C’est  une  opinion 
erronée.  Nous  croyons  utile,  pour  en  recom- 
mander l’essai,  de  donner  la  traduction  d’un 
bon  article  que  le  Hamburger  Blumen- 
zeitung  vient  de  publier  sur  ce  beau  genre 
de  végétaux  brésiliens  : 

a La  multiplication  des  Dipladenia  se 
fait  par  boutures  pendant  toute  l’année, 
dès  que  l’on  peut  prendre  sur  les  pieds 
rnères  du  bois  dans  de  bonnes  condi- 
tions. 

c(  Les  boutures  se  font,  soit  avec  de  jeunes 
pousses,  soit  avec  les  petites  bnanches  que 
l’on  trouve  sur  le  vieux  bois. 

« On  repique  ces  boutures  dans  des  pots 
contenant  un  mélange  de  terreau  de 
feuilles,  terre  de  bruyère  et  sable.  Ces  pots 
sont  placés  sur  une  couche  chaude,  et  les 
boutures,  qui  développeront  promptement 
une  grande  quantité  de  racines,  seront  em- 
potées isolément  aussitôt  qu’elles  auront 
atteint  une  hauteur  de  12  centimètres. 

« La  bonne  végétation  des  Dipladenia 
déi)end  principalement  de  la  terre  dans 
laquelle  on  les  cultive.  Leur  culture  doit  se 
faire  en  terre  de  bruyère  ; ils  réussissent 
quelquefois  en  terre  franche,  mais  leur  vé- 
gétation y est  moins  belle,  et  ils  y contrac- 
tent souvent  un  aspect  maladif. 

((  Les  Dipladenia  demandent  une  terre 
de  bruyère  fibreuse,  plus  consistante  et  plus 
substantielle  que  celle  employée  pour  les 
Oichidées.  On  doit  y ajouter  du  sable  et 
quelques  morceaux  de  terre  de  bruyère 
grossièrement  concassés. 

((  Les  boutures  enracinées  seront  mises 
dans  des  pots  de  7 à 9 centimètres  de  dia- 
mètre, et  placées  dans  une  serre  ou  châssis 
où  la  température  nocturne  sera  de  4"  15“ 
ou  17“  centigrades. 

(ü  La  saison  la  plus  favorable  pour  le 
bouturage  est  l’automne  ; pendant  l’hiver 
les  plantes  s’enracinent  facilement  ; elles  se 
développent  avec  vigueur  au  printemps,  et 
enfin,  pendant  l’été,  acquièrent  tout  le  dé- 
veloppement désirable. 

« Bien  que  les  Dipladenia  puissent  être 


cultivés  dans  toute  serre  chaude,  ils  préfè- 
rent une  température  plus  élevée  pen- 
dant la  nuit,  et  l’hiver,  20  à 22  degrés 
centigrades  leur  sont  favorables. 

a Cette  température  peut  encore,  pen- 
dant l’été,  être  plus  élevée. 

« Dans  de  semblables  conditions,  les  Di- 
pladénias  fleuriront  abondamment  depuis 
le  commencement  de  mai  jusqu’à  la  fin 
d’octobre,  et  même  plus  longtemps. 

« On  doit  donner  aux  jeunes  plantes  une 
forte  chaleur  au  printemps  et  pendant  l’été. 

<(  Au  moyen  de  fils  de  fer  ou  simplement 
de  ficelles,  on  dirige  les  jeunes  pousses  près 
du  vitrage,  et,  quand  il  en  est  besoin,  on 
rempote  les  plantes  dans  des  pots  plus 
grands. 

c(  A l’automne,  on  abaisse  la  tempéra- 
ture, et,  la  période  de  repos  étant  arrivée, 
on  laisse  les  pots  à la  sécheresse  jusqu’à  ce 
que  les  plantes  rentrent  en  végétation.  Alors 
on  commence  à mouiller  sobrement,  puis 
on  augmente  peu  à peu,  suivant  les  pro- 
grès de  la  végétation. 

((  Dans  la  seconde  année,  les  plantes 
traitées  comme  nous  venons  de  le  dire  fleu- 
riront abondamment  ; la  floraison  augmen- 
tera encore  l’année  suivante. 

((  Un  point  de  la  plus  grande  importance, 
dans  la  culture  des  Dipladenia,  est  d’ob- 
server que,  par  suite  de  la  nature  charnue 
des  racines,  celles-ci  doivent  être  peu 
recouvertes  de  terre. 

a II  faut  empoter  les  plantes  de  manière 
que  leur  collet  soit  juste  au  niveau  de  la 
terre. 

« Ces  principes  de  culture  étant  posés, 
nous  allons  donner  une  liste  des  meilleures 
espèces  et  variétés. 

<L  D.  spleyidens,  DC.  — Espèce  à ra- 
meaux vigoureux  et  raides.  Feuilles  grandes 
et  larges.  Fleurs  très-jolies,  blanches  avec 
une  légère  teinte  rose.  Les  fleurs  viennent 
à l’aisselle  des  rameaux.  La  plante  provient 
des  montagnes  des  Orgues  (Brésil). 

« D.  crassinoda,  A.  DC.  — Espèce  pro- 
venant de  Rio  de  Janeiro.  Le  port  de  la 
plante  est  très-élégant.  Les  feuilles  sont 
d’un  vert  brillant.  Les  fleurs  sont  d’une 
jolie  nuance  rose  délicatement  nuancée. 

((  D.  Boliviensis,  J.  D.  Hook.  — Cette 


DES  LILAS  A PETITES  FEUILLES. 


79 


espèce  n’atteint  pas  de  Gjrandes  dimensions. 
Elle  fleurit  facilement  et  abondamment.  Les 
fleurs  sont  d’un  blanc  presque  pur  et  de 
petites  dimensions,  ce  qui  les  rend  très- 
propres  à la  confection  des  bouquets. 

((  D.  Williamsi.  — Variété  provenant  du 
D.  qu’elle  surpasse  en  qualités. 

Elle  fleurit  abondamment.  Les  fleurs  ont  la 
gorge  teintée  de  rouge  foncé. 

« D.  amahilis.  — Jolie  variété,  très- 
florifère.  Les  fleurs,  rose  pourpre  foncé 
lorsqu’elles  sont  épanouies,  sont  d’un  rose 
plus  pâle  avant  cette  époque.  Les  feuilles 
sont  grandes  et  jolies. 

((  D.  Brearleyana.  — De  tous  les  Dipla- 
denia  ce  dernier  est  celui  qui  possède  la 
coloration  la  plus  foncée;  quand  les  fleurs 
sont  entièrement  développées,  elles  devien- 
nent d’un  rouge  écarlate  intense. 

« D.  insignis.  — Plante  à végétation  arbo- 
rescente, à grandes  fleurs  rose  pourpre. 
Les  feuilles  sont  très-épaisses.  Espèce 
recommandable  sous  tous  les  rapports. 

« D.  hyb^'ida.  — Cette  plante,  très-jolie, 
présente  une  végétation  vigoureuse.  Elle  a 
de  grandes  feuilles  raides,  d’un  vert  clair. 
Les  fleurs,  abondantes,  sont  d’une  jolie 
nuance  rouge  feu,  si  vive,  qu’aucune  autre 
fleur  ne  peut  leur  être  comparée  comme 
intensité  de  couleur. 

((  D.  amœna.  — Ce  Bipladenia  produit 
des  fleurs  rose  carné  pâle,  réunies  par  pe- 
tits paquets. 

« D.  Houtteana.  — Plante  très-distincte, 
à fleurs  pâles,  de  moyenne  grandeur. 

((  D.  magnifîca.  — Variété  provenant  de 
D.  crassmoda  ; cependant  les  fleurs  sont 
souvent  d’un  blanc  de  marbre. 


((  D.  Regïna.  — Fleurs  de  moyenne  gran- 
deur, de  couleur  rouge  lorsqu’elles  s’épa- 
nouissent, et  devenant  ensuite  plus  pâles. 
Floraison  abondante. 

(c  D.  profma.  — Variété  à fleurs  rouge 
carmin.  La  plante  est  très- florifère.  Les. 
fleurs,  très-grandes,  atteignent  un  diamètre 
de  15-18  centimètres.  Les  racines,  char- 
nues, craignent  l’excès  d’humidiié. 

((  Toutes  les  espèces  et  variétés  précé- 
dentes proviennent  du  Brésil,  notamment 
des  montagnes  des  Or-gues.  Ce  sont  des 
arbustes  plus  ou  moins  grimpants,  qui 
atteignent  dans  leur  pays  natal  une  assez 
grande  hauteur. 

((  En  dehors  des  Dipladenia  dont  nous 
venons  de  donner  une  courte  description,  et 
qui  sont  les  plus  recommandables,  il  en 
existe  d’autres  qui  méritent  aussi  de  pren- 
dre place  dans  les  collections  choisies.  Ce 
sont  les  D.  nohilis,  urophylla,  flava,  acu- 
minata^  Harrisii,  atropurpiirea,  vincœ- 
flora,rosa  campestris  et  carissima.  » 

Avec  les  soins  peu  compliqués  qui  vien- 
nent d’être  indiqués,  il  est  permis  de 
croire  que  nos  jardiniers  de  France  obtien- 
draient facilement  des  spécimens  comme  on 
en  voit  si  souvent  paraître  dans  les  exposi- 
tions anglaises.  Palissés  sur  de  légères 
armatures  de  bois  ou  de  fer,  en  boule  ou 
en  pyramide,  on  voit  ces  charmants  ar- 
bustes couverts  de  leurs  admirables  corolles 
roses,  rouges  ou  blanches  ; mais  ce  sont 
surtout  les  espèces  et  variétés  rose-rouges 
qui  attirent  le  plus  les  regards,  en  raison  de 
l’élégance  de  leur  forme  et  de  l’incompa- 
rable délicatesse  de  leur  coloris. 

Ed.  André. 


DES  LILAS  A PETITES  FEUILLES 


Sous  cette  qualification  : « Lilas  à petites 
feuilles,  d nous  plaçons  le  groupe  qui  com- 
prend les  Lilas  de  Perse  et  de  Rouen  {Sy- 
ringa  Persica  et  S.  Rothomagensis)^  ainsi 
que  leurs  formes  ou  variétés  (1). 

Sans  rechercher  leur  origine,  nous  po- 
sons cette  question  : ces  espèces  sont-elles 
différentes  de  l’espèce  commune  (S.  vul- 
garis)  ou  s’y  rattachent-elles,  et  n’en  sont- 

(1)  Voir  sur  ces  Lilas  Revue  horticole,  1877, 
p.  403;  1878,  pp.  6,  217,  451;  1879,  p.  82. 


elles  que  des  formes  ? Nous  penchons  pour 
cette  dernière  hypothèse. 

Déjà,  du  reste,  dans  un  article  spécial 
{Revue  horticole,  1878,  p.217),  nous  avons 
étudié  cette  question  à propos  du  Lilas 
de  Perse,  et  avons  essayé  de  démontrer 
que  cette  prétendue  origine  est  proba- 
blement fausse.  Aujourd’hui,  par  suite 
des  semis  que  nous  avons  faits  des  Sy~ 
ringa  Rothomagensis  (fig.  16,  17)  et  du 
Syringa  Persica  laciniata  (fig.  18,  19), 
nous  pouvons  affirmer  que  ces  deux  plantes 


80 


DES  LILAS  A PETITES  FEUILLES. 


ne  sont  autreFB 
que  des  for  | 
mes  du  Lilasl 
commun  {Sy-^: 
ringa  vulga-  ,, 
ris).  En  ellet,  i 
dans  les  indi-  ] 
vidus  qui  sont  * 
issus  de  ces 
graines  se  trou- 
vent, outre  des 
Lilas  à feuilles 
plus  ou  moins 
laciniées,  des 
formes  les  plus 
diverses,  va- 
riant depuis 
celles  à petites 
feuilles  jus- 
qu’aux formes 
vis^oureuses  à 


bois 


qui  présentent 
toutes  les  di- 
mensions, à 
partir  des  plus 
petites  feuilles 
jusqu’à  celles 
du  Lilas  com- 
mun. Du  reste, 
dans  les  semis 
qu’on  fait  de 
celui-ci,  est-ce 
qu’on  ne  ren- 
contre pas  des 
sujets  à feuilles 
également  pe- 
tites? Il  n’y  a 
pas  de  limite  ! 
Mais,  du  reste, 
qu’est-ce  que 
le  Lilas  de 
Rouen  ? Très- 
probablement 
une  forme  du 
Lilas  commun. 
Il  est  donc 
naturel  qu’il 
retourne  au 
type,  et  que 
dans  les  semis 
de  ses  graines 
on  trouve  des 
intermédiaires 
entre  les  deux 


Fig.  16.  — .leune  plantule  de 
Syrivga  Rothomagensis  (?)  ou 
Lilas  Varin. 


gros,  et 


Fig.  18.  — Plantule  de  Syringa 
Persica  laciniata. 


Fig.  17.  — Ramille  fructifère  du 
Syringa  Rothomagensis  ré- 
duite; à côté,  quelques  fruits  de 
grandeur  naturelle. 


lormes  extrê- 
mes : Syrmga 
Rothomagen  - 
sis  et  S.  vulga- 
ris.  Quant  au 
S.  persica  pré- 
tendu type,  il 
est  probable 
qu’il  en  se- 
rait de  même 
si  l’on  pouvait 
le  multiplier 
par  graines, 
ce  qui  jus- 
qu’ici a été 
impossible, 
puisque  ja- 
mais il  n’a 
fructifié.  C’est 
probablement 
un  de  ces 
extrêmes  qui, 
par  suite  d’une 
excessive  mo- 
dification, ne 
'peuvent  con- 
stituer une 
descendance 
par  leur  cons- 
titution spé- 
ciale ; trop 
éloignés  des 
deux  procréa- 
teurs, ils  sont 
condamnés  à 
s’éteindre  sans 
postérité,  d’où 
résulte  un 
hiatus,  une 
lacune  dans 
la  série  végé- 
tale, cette  af- 
firmation du 
grand  Linné  : 
« Natura  non 
facit  saltum  , » 
encore  si  sou- 
vent, mais  à 
tort  , invo  - 
quée  de  nos 
jours. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  19.  — Rameau  avec  fruits  mûrs  du  Syrmga  Persica  laciniata, 
de  grandeur  naturelle. 


EXPOSITION  d'horticulture  DE  CANNES. 


81 


EXPOSITION  D’HORTICULTURE  DE  CANNFS 


Nous  allons  essayer  de  rendre  compte  de 
l’exposition  florale  qui  a eu  lieu  à Cannes,  les 
8 et  9 janvier,  à l’occasion  de  l’inaug-uration 
des  boulevards  créés  par  la  Société  foncière 
lyonnaise,  et  de  mettre  en  relief  les  efforts  des 
horticulteurs  de  la  localité  pour  arriver  à faire 
de  Cannes  ui:  centre  d’alimentation.  Si  extraor- 
dinaire que  cela  paraisse,  on  achète  encore  des 
Palmiers  à Paris,  à Gand  et  en  Allemagne 
môme,  pour  planter  sur  le  littoral,  alors  que 
c’est  le  contraire  qui  devrait  avoir  lieu.  Il  sei'ait 
en  effet  bien  plus  logique  d’élever  ici,  en  plein 
air,  une  masse  de  plantes  pour  les  garnitures 
d’appartement  ; elles  seraient  bien  plus  résis- 
tantes que  celles  qui  ont  été  poussées  dans  les 
serres  du  Nord  par  la  chaleur  artificielle,  et 
privées  du  grand  soleil  et  du  grand  air.  L’élan 
est  donné,  et  nous  espérons  que  bientôt  les 
horticulteurs  du  Noi'd  pourront  venir  s’appro- 
visionner ici.  En  attendant  que  nos  prévisions 
se  réalisent,  entrons  à l’exposition  où,  par  les 
soins  du  comité  d’organisation,  un  superbe 
local  couvert  avait  été  préparé. 

Nous  trouvons  d’abord  un  cercle  dont  le 
centre  avait  réservé  pour  la  distribution  des 
récompenses,  et  une  galerie  circulaire  de  8 mè- 
tres de  large,  dont  4 mètres  pour  la  circula- 
tion et  4 mètres  pour  l’exposition  des  lots.  A 
droite,  en  entrant,  se  trouvait  une  collection 
de  Pensées  de  Jourdan.  Puis  venait  une 
collection  d’Œillets  de  M.  Boutteau,  de  Nice, 
où  l’on  remarquait  quelques  variétés  fort  dis- 
tinguées. Venait  ensuite  un  superbe  lot  de 
plantes  variées  de  M.  Solignac,  parmi  les 
quelles  nous  remarquons  de  beaux  spécimens 
de  Dracæna  amabilis,  stricta,  Baptisti,  Gol- 
cheana  ; de  superbes  Maranta  exirnia,  Por- 
teana,  vittata,  Makoyana,  Van  den  Eckei,  etc., 
et  un  beau  pied  de  Luculia  yratissima  en 
fleurs,  que  M.  Solignac  assure  résister  en 
plein  air  dans  son  clos  de  la  Californie,  à 
Cannes  ; une  série  de  Bégonias  à feuillage 
élevés  en  plein  air  ; un  lot  d’Œillets  en  fleurs 
de  toufe  beauté. 

La  maison  Paul  Brunei  et  Gie,  du  golfe  Juan, 
avait  fait  une  exposition  de  grande  valeur;  nous 
citerons  en  passant  une  collection  d’Agaves  de 
plus  de  quatre-vingts  espèces  et  variétés.  Ses 
Fougères  en  arbre,  remarquables  par  leur  taille 
gigantesque,  étaient  représentées  par  des  Al- 
sophila  australis,  Balantiujn  antarcticum^ 
Cyathea  dealbata.  Ces  plantes,  à Cannes, 
passent  parfaitement  l’hiver  à l’abri  de  quelques 
arbres  de  haute  futaie.  Quel  riche  parti  on 
pourra  tirer  de  ces  végétaux  ! Que  de  petits 
ravins  pourront  être  transformés  en  fougeraies 
délicieuses  ! 


Une  Fougère  très-rare,  le  Bidymochlæna 
irimcatulata,  attirait  particulièrement  l’atten- 
tion ; cette  espèce  est  rustique  sur  le  littoral. 
Nous  citerons  encore  de  beaux  spécimens  d’A- 
raucaria  excelsa.  Les  Palmiers  étaient  repré- 
sentés par  quelques  beaux  sujets,  tels  que 
Kentia  Balmoreana,  Forsteriana^  et  autres 
espèces  ; les  Phœnix,  par  ciinj  ou  six  es})èces  ; 
les  Cocos^  par  huit  espèces;  les  Cycadées  étaient 
représentées  par  des  Cycas  circinalis^  Neo- 
Caledonica,  revoluta^  Siamensis,  Dion  edule, 
Macrozamiaspiralis^  Zamia  Lehmani,  ylauca 
et  vülosa  en  très-beaux  spécimens.  Cette  expo- 
sition était  complétée  par  une  collection  de 
plantes  rustiques  sur  le  littoral. 

Le  lot  de  Burckel  était  composé  de 

quelques  Cycadées  de  belle  végétation,  des  py- 
ramides de  Camellias  de  2 à 3 mètres  de  hau- 
teur, des  Laui'iers-Cerises  et  des  Magnolias 
de  la  Galissonnière  en  pyramides  de  3 mètres 
environ,  d’une  culture  irréprochable. 

Vers  l’entrée,  à gauche,  le  premier  lot  est 
une  collection  de  Primevères  de  Chine  en  fleurs 
appartenant  à M.  Mercier.  Ces  plantes  sont  cer- 
tainement bien  cultivées;  mais  il  est  regrettable 
que  cet  horticulteur  n’ait  pas  jugé  à propos  d’ex- 
poser sa  collection  complète,  pour  montrer  au 
public  ses  variétés  à riche  coloris  qui  jouent  un 
si  grand  rôle  en  plein  air,  dans  les  jardins  de 
Cannes. 

Ensuite  venait  le  lot  de  M.  Mauraux,  composé 
de  plantes  remarquables,  parmi  lesquelles  nous 
citerons  un  pied  de  Kentia  Lindeni  hors  ligne, 
ainsi  que  les  Kentia  Forsteriana^  Balmoreana, 
Canterburyana  ; les  Cocos  Mikaniana,  Wed- 
delliana,  Maria  Bosa,  australis,  Bonnetti;  les 
Syayrus  majestica,  Areca  sapida,  A.  Bauer i, 
A.  Verschaff'elti;  les  Zamia  CafJ'ra,  Lehmani 
ylauca,  horrida , Macrozamia-,  une  col- 
lection d’Araucarias  des  })lus  com})lètes  qui 
existent  un  pied  de  Tillandsia  tessellata  hors 
ligne;  de  nombreuses  espèces  de  Fougères  en 
arbre  ; un  Raphis  panaché,  plante  fort  rare  ; 
une  collection  de  Dasylirion,  etc.  Ce  lot  a été 
très-remarqué  par  les  amateurs  de  belles  plan- 
tes. 

Venait  ensuite  le  lot  de  M.  Naboimand,  du 
golfe  Juan  ; quoique  moins  important  que  les 
autres,  ce  lot  avait  à nos  yeux  un  grand  mé- 
rite : c’est  que  toutes  ces  i)lantes  avaient  été 
élevées  au  golfe  Juan,  dans  l’établissement  de 
M.  Nnbomiaud.  Les  plus  forts  et  les  plus  re- 
marquables sujets  étaient  des  Chamærops 
excelsa  et  humilis;  des  Livistona  olivœ.formis 
et  australis,  Latania  Borbonica,  Areca  Baueri 
et  sapida,  Seaforthia  eleyans,  Jubea  spccta- 
bilis,  Phoenix  Canariensis  ^ Dasylirion  en 


82 


I5IBLI0GRAPHIE  : PE  l’ACTION  DU  FROID  SUR  LES  VÉGÉTAUX. 


sujets  hors  ligne  ; Encpphalartos  lanata  élevé 
tout  à fait  en  plein  air;  un  pied  (VAralia  dac- 
tylifolia^  bel  arbuste  rustique  sur  le  littoral.  — 
Il  est  regrettable  que  M.  Nabonnand  n’ait  pas 
exposé  sa  collection  de  Roses  thés,  assurément 
l’une  des  plus  riches,  obtenue  par  lui  depuis  une 
dizaine  d’années  dans  ses  nombreux  semis. 

Venait  ensuite  un  lot  de  Gamellias  provenant 
de  l’établissement  nommé  « la  P^oret  de  Camel- 
lias  du  golfe  Juan,  » installé  récemment  pour 
l’expédition  des  fleurs  coupées,  et  pouvant  four- 
nir 2,000  à 3,000  fleurs  par  jour. 

Une  fable  avait  été  disposée  pour  l’exposition 
des  fleurs  et  des  bouquets.  Ici  les  exposants 
n’étaient  pas  nombreux;  mais  ils  s’étaient  dis- 
tingués. Voici  leurs  noms  par  ordre  d’exposi- 
tion : M.  Ducbemann,  un  bouquet  de  Roses, 
Violettes  et  Gamellias,  un  panier  de  Violettes  et 
une  immense  couronne  de  Violettes  parsemées 
de  Roses. 

M.  Mercier,  un  bouquet  de  mariage  très-élé- 
gant et  d’un  goût  supérieur. 

M.  Solignac,  un  bouquet  d’Œillets  qui  atti- 
rait tous  les  regards  ; à côté,  une  brouette  en 
fils  dorés  ornée  de  feuillage  coloré  et  de  fleurs 
variées  arrangées  avec  un  goût  parfait  ; puis  un 
immense  panier  de  Roses  Maréchal  Niel  de 


toute  beauté,  parsemé  de  fleurs  d' Anthurium 
Scherzerianum  se  balançant  gracieusement  au- 
dessus  des  Roses.  G’était  le  vrai  bouquet  de 
l’exposition  ; aussi  a-t-il  été  offert  par  le  comité 
à Jules  Grévy. 

M.  Dughera,  jardinier  chez  M.  le  duc  de 
Vallombrosa,  avait  exposé  un  bouquet  mosaïque. 

Qu’il  nous  soit  permis,  en  terminant,  d’adres- 
ser nos  félicitations  au  comité  chargé  de  l’expo- 
sition, et  en  particulier  à M.  Maire,  car  c’est 
grâce  à son  activité  que  l’on  a pu  en  si 
peu  de  temps  ajouter  aux  fêtes  une  exposition 
florale. 

Nous  avons  entendu  bien  des  personnes 
exprimer  le  regret  qu’il  n’y  ait  pas  à Gannes 
une  exposition  de  fleurs  tous  les  ans  ; sans  doute, 
ce  serait  un  puissant  moyen  de  pousser  au 
progrès  dans  ce  beau  pays  où  l’horticulture  est 
presque  naissante.  Que  faudrait-il  pour  cela? 
Une  société  d’horticulture  bien  organisée,  et  la 
chose  ne  serait  pas  difficile,  car  ce  ne  sont  pas 
les  élémenfs  qui  manquent. 

Esftérons  que  bientôt  quelques  amateurs 
dévoués  en  prendront  l’initiative,  et  que  l’année 
prochaine,  à pareille  époque,  nous  pourrons 
juger  du  progrès  obtenu. 

Léon  Aurange. 


BIBLIOGRAPHIE 

DE  i;action  du  froid  sur  les  végétaux 


Ce  livre,  dont  nous  avons  dit  quelques 
mots  dans  une  précédente  chronique,  est 
un  véritable  memento,  triste  par  les  faits 
qu’il  rappelle,  utile  comme  enseignement, 
indispensable  au  point  de  vue  de  riiistoire 
des  désastres  horticoles,  car  il  constate  mi- 
nutieusement tous  les  principaux  dégâts 
occasionnés  par  le  terrible  hiver  de  1879- 
1880. 

Cet  ouvrage,  publié  par  la  Société  d’agri- 
culture de  France  qui,  de  plus,  l’a  récom- 
pensé d’une  médaille  d’or,-  forme  un 
petit  in-octavo  de  320  pages.  Il  comprend 
treize  parties  ou  chapitres.  Nous  allons 
en  publier  l’énumération,  ce  qui,  nous  le 
croyons,  est  le  meilleur  moyen  de  donner 
un  aperçu  du  contenu  de  ce  livre. 

I.  Causes  principales  de  la  rigueur  du 
froid  de  1819-1880.  — II.  Effets  de  la 
durée  et  de  la  résistance  du  froid  sur  les 
végétaux  et  sur  les  animaux.  — III.  Ri- 
gueur du  froid.,  d'après  V altüude  et  le  sol. 
— IV.  Du  rôle  de  Ict  neige  pendant  la 
gelée.  — V,  De  l’action  du  soleil  sur  les 
végéta'ux  gelés. Situation  anormale 


des  végétaux  lors  de  V arrivée  du  froid. 

— VIL  Détérioration  des  tissus  végétaux 
atteints  par  la  gelée.  — VIII.  Effets  de  la 
gelée  dans  les  pépinières.  — IX.  Effets  de 
la  gelée  dans  les  jardins,  les  parcs  et  les 
plantations  routières.  — X.  Effets  de  la 
gelée  dans  les  hois  et  les  forêts.  — XI.  Effets 
de  la  gelée  dans  les  plantations  fruitières. 

— XII.  Effets  de  la  gelée  sur  la  Vigne.  — 
XIII.  Nomenclature  des  arbres,  arbris- 
seaux détruits,  fatigués  ou  épargnés  par 
la  gelée. 

On  peut  voir  par  cette  brève  énuméra- 
tion que  ces  treize  chapitres,  qui  peuvent 
être  considérés  comme  des  principes  dont, 
à l’aide  de  détails,  de  rapports  et  d’obser- 
vations, l’auteur  a tiré  des  conséquences,  et 
dont  il  a fait  une  heureuse  application,  for- 
ment, sur  cet  important  sujet,  un  tout 
complet  retraçant  avec  fidélité  et  une  exac- 
titude minutieuse  tous  les  désastres  qu’a 
occasionnés  le  rude  et  terrible  hiver  dont 
nous  parlons.  Ce  livre  n’est  pas  seulement  un 
memento,  mais  un  vrai  guide  utile  à tous; 
les  ups  y trouveront  des  rensei§;netnents  et 


BEGONIA  SUAVEOLENS.  — CULTURE  DES  MASDEVALLIA. 


83 


des  conseils  pratiques,  soit  sur  les  faits  eux- 
mêmes,  soit  pour  la  manière  d’en  tirer  parli  ; 
les  autres,  des  détails  historiques  ou  de 
statistique  scientifique  ou  économique  d’un 
grand  intérêt;  mais  tous  y'trouveront  une 
série  d’études,  une  sorte  de  réservoir  dans 


lequel  on  puisera  toujours  de  précieux  do- 
cuments. 

U action  du  froid  sur  les  végétaux  se 
trouve  chez  M.  G.  Masson,  libraire-éditeur, 
120,  boulevard  Saint-Germain. 

E.-A.  Carrière. 


BEGONIA  SUAVEOLENS 


Encore  une  de  ces  vieilles  espèces  dont 
on  ne  parle  plus  guère  et  qu’on  ne  trouve 
presque  plus,  bien  qu’elle  soit  des  plus 
méritantes.  Toutefois,  relativement  à son 
nom,  je  n’oserais  affirmer  qu’il  est  scienti- 
fiquement exact.  En  effet,  d’après  Steudel 
{Nomenclator  botanicus,  p.  193),  le  B.  sua- 
veole7is,  Ilort.,  qui  a de  nombreuses  syno- 
nymies, serait  annuel  ou  bisannuel,  ce  qui 
n’est  pas  le  cas  pour  la  plante  dont  je 
parle,  qui  est  ligneuse  ou  au  moins  sous- 
frutescente.  Ses  caractères  généraux  sont 
les  suivants  : 

Plante  très-vigoureuse,  à rameaux  sar- 
menteux,  subligneuse  à sa  base.  Tiges  vo- 
lubiles,  relativement  grêles,  à écorce  lisse, 
glaucescenle  ou  grisâtre.  Bourgeons  d’un 
vert  clair  luisant,  glabres,  à écorce  luisante 
et  comme  vernie.  Pétiole  gros,  cylinririque, 
vert  herbacé.  Feuilles  épaiss  s,  charnues, 
très-grandes,  subcordiformes  et  presque  ré- 
gulières, entières  ou  à peine  dentées,  d’un 
vert  pomme  ou  herbacé  très-clair,  luisantes 
et  glabres  sur  chaque  face,  très-fortement 
nervées  en  dessous.  Pédoncule  général  d’en- 
viron 20  centimètres,  cylindrique,  non  co- 
loré, terminé  par  une  inflorescence  très- 


courtement  ombelloïde.  Fleurs  courtement 
pédicellées,  petites,  rose  carné  pâle,  fine- 
ment et  agréablement  odorantes. 

Cette  plante  ne  serait-elle  pas  le  Bégonia 
odorata,  Wüld.,  qui  est  indiqué  comme 
ligneux  et  considéré  par  certains  auteurs 
comme  synonyme  du  B.  diptera,  ce  qui 
peut  paraître  d’autant  plus  singulier  que 
ce  dernier  est  regardé  comme  annuel  ou 
bisannuel? 

Quoi  qu’il  en  soit  de  ces  synonymies, 
qu’elles  résultent  de  confusions  ou  d’études 
incomplètes,  un  fait  reste  acquis  : c’est  le 
mérite  ornemental  de  la  plante  dont  je 
parle,  et  qui,  grâce  à la  longueur  et  à la 
raideur  de  ses  pédoncules,  est  très- propre 
à la  confection  des  bouquets,  cela  d’autant 
plus  qu’elle  fleurit  tout  l’hiver. 

La  culture  de  cette  espèce  ne  présente 
aucune  difficulté  ; néanmoins,  à cause  (le  sa 
vigueur  et  de  sa  nature  sarrnenteuse,  il  con- 
vient de  la  mettre  en  pleine  terre  le  long 
d’un  mur  ou  des  colonnes,  dans  une  serre 
chaude  ou  une  bonne  serre  tempérée.  C’est 
dans  ces  conditions  qu’elle  atteint  toute  sa 
beauté. 

Houllet. 


CULTURE  DES  MASDEVALLIA 


Dans  sa  remarquable  publication,  l’Or- 
chid  Album,  M.  B. -S.  Williams,  l’horti- 
culteur anglais  bien  connu,  fait  connaître 
de  quelle  manière  les  Masdevallia  doivent 
être  cultivés  pour  que  l’on  en  obtienne  le 
plus  de  satisfaction. 

« Bien  que  les  Masdevallia  puissent  être 
cultivés  dans  toute  serre  tempérée  ou  froide, 
il  est  préférable  de  leur  réserver  un  com- 
partiment de  serre. 

« Ces  planles  prennent  peu  de  dévelop- 
pement, et  peuvent  être  cultivées  dans  une 
serre  à Odontoglossum.  Presque  toutes  les 
pspèces  et  variétés  sont  vigoureuses  et  de- 


mandent peu  de  travail.  Avec  un  bon  trai- 
tement, elles  croissent  facilement,  et  récom- 
pensent amplement  l’amateur  des  soins 
qu’il  leur  a donnés. 

((  La  floraison  se  fait  attendre  quelque 
temps,  mais  les  fleurs  sont  fort  jolies  et 
très-ornementales . 

« Il  existe  actuellement  un  assez  grand 
nombre  d’espèces  dont  la  floraison  dure 
presque  toute  l’année  ; néanmoins,  c’est 
pendant  les  mois  de  mai,  juin  et  juillet  que 
cette  floraison  est  dans  sa  plus  belle  période. 
La  multiplication  des  Masdevallia  se  fait  fa- 
cilement par  la  division  des  fortes  touffes,  » 


84 


HELLÉBORES  HYBRIDES. 


Chez  M.  Williams,  les  Masdevallia  sont 
cultivés  dans  un  mélange  de  terre  de 
bruyère  compacte  et  de  spliagnum  ; ils 
sont  placés  dans  de  petits  pots,  et  l’on  a 
soin  de  ne  déranger  les  racines  que  le  moins 
souvent  possible.  Quand  les  pots  que  l’on 
a employés  en  premier  lieu  sont  bien  gar- 
nis de  racines,  on  met  les  plantes  dans  des 
pots  plus  grands,  en  employant  encore  le 
même  mélange  de  terre  de  bruyère  com- 
pacte et  de  sphagnum.  Il  est  nécessaire  de 
donner  un  bon  drainage,  afin  que  l’eau  cir- 
cule facilement,  car  sa  stagnation  serait 
très-nuisible  aux  Masdevallia. 

On  doit,  dans  la  serre,  placer  les  plantes 
aussi  près  que  possible  du  verre,  en  évitant 
toutefois  de  les  soumettre  à l’action  directe 
du  soleil.  Une  serre  exposée  au  nord  est 
celle  qui  convient  le  mieux  à ces  Orchidées, 
parce  qu’il  y fait  moins  chaud  en  été  que 
dans  une  serre  exposée  au  sud.  Une  tem- 
pérature trop  élevée  est  nuisible  aux  plantes, 
et  l’on  doit,  pendant  la  belle  saison,  les 
maintenir  à une  température  aussi  fraîche 
que  possible  ; pendant  l’hiver  même,  elles 
exigent  peu  de  chaleur  artilicielle. 

Les  Masdevallia  doivent  recevoir  un  air 
sain  et  renouvelé;  cependant  il  faut  les  pré- 
server, pendant  l’hiver,  des  courants  d’air 
froid  ; une  température  de  + 6®  à 8®  est  celle 
qui  leur  convient  le  mieux. 

D’après  ce  qui  précède,  on  voit  que  la 
culture  de  ces  jolies  Orchidées  est  des  plus 


simples,  et  peut  se  faire  aisément  dans  une 
petite  serre  quelconque. 

La  multiplication  se  tait  par  la  séparation 
des  touffes.  Cette  opération  doit  s’effectuer 
au  moment  où  les  plantes  entrent  en  végé- 
tation. On  place  les  jeunes  divisions  dans 
des  petits  godets,  et  on  les  rempote  dans 
des  pots  plus  grands  aussitôt  qu’elles  sont 
bien  reprises. 

Si  les  jeunes  tiges  étaient  attaquées  par 
certains  insectes,  et  cela  arrive  souvent,  il 
faudrait  les  en  débarrasser  immédiatement. 
Le  plus  grand  ennemi  des  Masdevallia  est 
la  mouche  noire  ; mais  ils  sont  aussi  atta- 
qués, comme  la  plupart  des  Orchidées  de 
serre  froide,  par  des  petites  limaces  qui  à 
cause  de  leur  petitesse  sont  très -difficiles  à 
découvrir.  Le  moyen  le  plus  efficace  de  les 
combattre  est  de  mettre  dans  la  serre,  de 
place  en  place,  des  morceaux  creusés  de 
Navets,  de  Carottes  ou  de  Pommes  de  terre 
dans  lesquels  les  insectes  se  cachent,  et  où 
il  est  aisé  de  les  voir  et  de  les  prendre 
pour  les  détruire. 

Nous  donnons  ci-joint  la  liste  des  espèces 
de  Masdevallia  les  plus  recommandables 
pour  la  culture  : 

Masdevallia  Tovarensis,  ignea,  Veit- 
chi,  Harryana,  Lmdeni,  Trochilus,  po- 
lysticta  , Davisii , Benedicti,  Chimæra, 
nycterina,  amahilis,  hella,  peristeria, 
Shuttlevjorthiij  etc. 

Ch.  Thays. 


HELLÉBORES  HYBRIDES 


Les  plantes  dont  nous  parlons  sont  re- 
marquables à différents  points  de  vue  : 
d’abord  par  leur  origine,  ensuite  par  leur 
mérite.  On  les  doit  à M.  Dugourd,  jardi- 
nier chez  M.  le  comte  de  Circourt,  à Fon- 
tainebleau. Voici  leur  origine  : 

Aimant  les  plantes  avec  passion,  M.  Du- 
gourd n’est  indifférent  à aucune;  toutes 
l’attirent,  même  les  plantes  « sauvages.  » 
Un  jour  qu’il  herborisait  dans  la  forêt 
de  Fontainebleau,  il  remarqua  dans  un 
groupe  d’Hellébore  « pied  de  griffon  » {Hel~ 
leborus  fœtidus)  un  pied  dont  les  fleurs, 
grandes  et  bien  ouvertes,  étaient  égale- 
ment d’un  beau  coloris.  Ce  fut  ce  pied 
qu’il  emporta,  qui  lui  permit  plus  tard 


de  faire  des  fécondations,  d’abord  avec  de 
VHellehorus  purpureus.  « Ce  sont,  nous 
écrit-il,  les  graines  de  cette  première  fé- 
condation qui,  au  bout  de  quatre  ans,  me 
donnèrent,  parmi  de  très- vilaines,  des 
plantes  fort  remarquables  par  la  grandeur 
et  la  beauté  des  fleurs;  il  y en  avait  de 
rouges  plus  ou  moins  foncées,  mais  aussi 
de  presque  blanches.  J’en  choisis  alors 
quelques-unes  que  je  fécondai  avec  la  Rose 
de  Noël  (Hellehorus  niger),  et  au  bout  de 
trois  ans,  j’obtenais  des  plantes  à fleurs  de 
grandeurs  et  de  coloris  très-divers,  parmi 
lesquelles  un  grand  nombre  de  véritable- 
ment belles.  Il  y avait  depuis  le  blanc  pur 
jusqu’au  rouge  vineux  ou  pourpre  plus  ou 


Revue  floHicole. 


ChrorriolUh.  G-.Sez>&i-e,yr, 


'lüLobrdi.  cLeZ. 


\ (U  ictes  d' Ile  II éboms 


j 


DE  LA  CLASSIFICATION  DES  POMMES. 


85 


moins  foncé.  Je  fis  un  second  choix  com- 
prenant* une  très-grande  quantité  de  va- 
riétés que  je  cultive,  et  sur  lesquelles  chaque 
année  je  récolte  des  graines.  » 

Ce  sont  ces  plantes,  dont  nous  avons  pu 
apprécier  le  mérite,  qui  nous  ont  permis 
de  retracer  les  caractères  généraux  sui- 
vants : 

Plantes  de  port,  de  dimension  et  d’aspect 
très-variables,  intermédiaires  entre  ceux 
des  Hellehorus  niger,  purpureus,  viridis 
et  fœtiduSy  très-flori bondes,  à tiges  florales 
plus  ou  moins  ramifiées,  également  varia- 
bles pour  la  hauteur  suivant  les  variétés. 
Ces  fleurs  varient  de  grandeur,  de  formes 
et  de  couleurs  ; on  trouve  depuis  le  blanc 
pur,  et  en  passant  par  le  lose  vineux  et 
même  le  rouge  foncé,  jusqu’au  vert  plus 
ou  moins  intense.  Elles  peuvent  rendre  de 
grands  services  pour  l’ornementation  d’hi- 


ver, et  particulièrement  pour  en  couper 
les  fleurs  et  en  faire  des  bouquets.  Il  faut 
donc,  suivant  le  but  qu’on  recherche, 
choisir  les  variétés  pour  les  approprier  à 
leur  destination. 

M.  Dugourd  multiplie  celles  qu’il  trouve 
les  plus  belles  par  divisions  ou  éclats,  comme 
on  le  fait  des  plantes  vivaces  en  général.  Il 
continue  actuellement  ses  semis  et  choisit 
parmi  les  produits  les  plus  méritants  qu’il 
ajoute  à sa  collection,  déjà  très-nombreuse, 
et  dans  laquelle  il  y a beaucoup  de  plantes 
de  grand  mérite. 

Toutes  ces  plantes  extrêmement  remar- 
quables présentent  encore  des  diversités 
dans  l’époque  de  floraison  qui,  en  général, 
est  beaucoup  plus  longue  que  celle  de  la 
Rose  de  Noël.  11  y a même  des  variétés  qui 
sont  presque  toujours  en  fleurs. 

E.-A.  Carrière. 


DE  LA  CLASSIFICATION  DES  POMMES 


Chacun  connaît  l’importance  de  la  clas- 
sification fondée  sur  le  caractère  de  l’in- 
florescence et  l’habitude  des  plantes.  On 
ne  saurait  contester  non  plus  l’intérêt  que 
présente  la  classification  des  fruits,  don- 
nant la  facilité  de  reconnaître  à première 
vue,  par  exemple  chez  une  Pomme  si  c’est 
une  Reinette,  un  Ramhour  ou  une  Pomme 
dorée.  Le  docteur  Diel  a imaginé  un  sys- 
tème de  classification  pour  les  Pommes, 
avec  division  en  sept  classes.  Mais  ce  sys- 
tème a été  reconnu  impraticable  sous  cer- 
tains rapports,  car  on  a trouvé  dans  cer- 
taines classes  des  Pommes  de  nature  tout 
à fait  différente  des  autres  placées  à côté 
d’elles. 

Ledocteur  Lucas  ayant  reconnu  ce  défaut, 
a créé  un  système  nouveau,  en  divisant  les 
Reinettes  en  cinq  classes,  et  ajoutant  trois 
classes  pour  les  Pommes  ne  pouvant  se  ran- 
ger dans  aucune  des  classes  précédentes.  — 
C’est  là  une  erreur  contre  le  principe  scien- 
tifique, une  bonne  classification  ne  devant 
comprendre  que  des  sections  bien  limitées. 
M.  Lucas  convient  bien  que  ces  trois  der- 
nières classes  peuvent  se  constituer  par  des 
Pommes  rousses,  Pommes  steltines,  etc. 
Mais  jusqu’à  présent  on  n’a  rien  trouvé 
de  mieux  que  le  système  Lucas,  et  l’on  se 
contente  de  l’employer  pour  la  classification 


de  presque  tous  les  fruits.  Nous  croyons 
utile,  pour  contribuer  à élucider  celte 
question  d’une  impoidancepeu  commune,  de 
donner  dans  la  Revue  horticole  la  classifica- 
tion des  Pommes,  en  indiquant  pour  chaque 
classe  quelques  variétés  comme  exemple. 

1.  Calville.  — Forme  généralement 
moyenne,  haute,  atténuée  en  largeur  vers  le 
calice  ; sur  la  surface  plusieurs  élévations  en 
forme  de  côtes.  — Peau  fine,  délicate,  non 
raboteuse,  rarement  un  peu  rouillée,  deve- 
nant presque  toujours  grasse  à l’époque  de 
la  maturité.  — Chair  molle,  friable,  aro- 
matique, ayant  fréquemment  un  goût  de 
Fraises  ou  de  Framboises,  parfois  rougeâtre 
intérieurement.  — Loges  ouvertes  oudemi- 
ouvertes  à,  compartiments  déchirés. 

Exemples  : Calville  blanc  d’hiver.  — 
Calville  rouge  d’hiver.  — Calville  Saint- 
Sauveur.  — Calville  Malingre.  — Calville 
Græfenstein. 

IL  Pommes  sonnettes.  - Forme  moyenne, 
grosse  ou  très-grosse  (certaines  sont  plates, 
d’autres  allongées  pyramidales,  ou  cylin- 
driques vers  la  cavité  calycinale).  — ■ Ca- 
vité pédonculaire  presque  tout  à fait  régu- 
lière, mais  bossuée.  — Peau  lisse,  presque 
toujours  luisante,  jamais  ou  très-peu  grosse, 
raboteuse.  — Chair  grenue,  friable  et  un 
peu  rude,  rarement  aromatique  ; goût  acide. 


86 


DE  LA  CLASSIFICATION  DES  POMMES. 


OU  sucré.  — Loges  grandes,  ouvertes  et 
irrégulières;  pépins  se  détachant  souvent  en 
secouant,  frappant  sur  la  cloison,  ce  qui 
produit  le  bruit  d’où  vient  le  nom  de  ces 
Pommes. 

Exemples  : Belle  fleur  d’hiver.  — Pos- 
tophe  d’hiver.  — Pomme  verte  de  Sulingre. 

III.  Pommes  dorées.  — Forme  petite  ou 
moyenne,  autour  du  calice  plus  ou  moins 
côtelée,  parfois  plate  et  ronde,  pointue  vers 
le  calice,  ressemblant  aux  Calville,  quelque- 
fois allongée,  pyramidale  ou  cylindrique.  — 
Peau  lisse,  souvent  un  peu  rouillée,  le  plus 
souvent  vert  jaunâtre,  rarement  colorée  de 
rouge.  — Chair  fine,  ferme,  ressemblant  à 
celle  des  Reinettes,  douce,  sucrée  et  relevée, 
comme  épicée  ou  vineuse.  — Loges  ouver- 
tes, moyennes,  à compartiments  déchirés; 
pépins  arrondis. 

Exemples:  Pomme  de  Jersey. — Augus- 
tin rouge,  — Pomme  dorée  jaune. 

IV.  Pommes  rosées.  — Forme  petite, 
moyenne  ou  grande,  offrant  vers  la  cavité 
pédonculaire  ou  vers  le  calice  des  éléva- 
tions peu  prononcées,  presque  toujours  ré- 
gulière, haute,  subsphérique.  — Peau  lisse, 
fine,  pruineuse  (étant  frottée,  elle  devient 
luisante),  développant  une  odeur  aroma-  | 
tique,  rarement  rouillée.  — Chair  molle,  | 
friable,  parfois  spongieuse,  obéissant  à la 
pression  du  doigt,  sous  la  peau  souvent 
rougeâti'e,  d’un  goût  fin,  épicé,  anisé  comme 
le  Fenouillet,  mais  n’ayant  jamais  le  goût 
de  Fraise  ou  de  Framboise  comme  les 
Calville.  — Loges  habituellement  fermées; 
cloisons  manquantes. 

Exemples  : Astrakan  rouge  et  blanc.  — 
Pomme  rosée  de  Virginie.  — Pomme  an- 
glaise framboisée.  — Cousinotte  blanc  d’hi- 
ver. — Baldwin. 

V.  Pigeons.  — Forme  petite  ou  mmyenne, 
sans  saillies  ou  à saillies  peu  prononcées 
et  irrégidières,  allongée,  longue  ou  pyra- 
midale. — Peau  lisse,  fine,  luisante,  légère- 
ment pruineuse,  très-rarement  rouillée.  — 
Chair  grenue,  assez  ferme,  assez  moel- 
leuse, savoureuse  et  relevée,  voisine  des 
Reinettes.  — Loges  quadruples  (à  quatre 
divisions),  ouvertes  ou  fermées. 

Exemples  : Pigeon  blanc  d’été.  — Pigeon 
blanc  d’hiver.  — Pomme  rouge  de  Pirelle. 
— Romarin  rouge. 

VI.  PvAMBOURS.  — Forme  grande  ou  très- 
grande,  assez;  irrégulière,  ronde  et  plate 
l^la  pomtfne  coupée  en  éeM%  donne  deux 


moitiés  dissemblables)  avec  des  saillies  très- 
prononcées  autour  du  calice,  en  suivant 
la  longueur  du  fruit.  — Peau  lisse  et  lui- 
sante, épaisse,  souvent  coriace,  rarement 
rouillée.  — Chair  grenue,  grosse,  friable, 
presque  toujours  riche  en  acide  et  très-peu 
aromatique.  — Loges  très-ouvertes  et  très- 
grandes,  parfois  fermées  et  sans  cloisons. 

Exemples  : Rambourg  de  Lorraine.  — 
Rambour  d’hiver.  — Rambour  Grand- 
Alexandre.  — Rambour  d’Angleterre.  — 
Cardinal  rouge. 

Les  cinq  classes  suivantes,  les  Reinettes, 
ne  diffèrent  pas  beaucoup  comme  qualité 
de  chair.  La  chair  des  Reinettes  est  tou- 
jours spécifiquement  plus  lourde  que  chez 
toutes  les  autres  Pommes;  elle  est  ferme,  à 
grain  fin  (excepté  les  Reinettes-Rambour) 
et  souvent  fortement  relevée,  jamais  comme 
les  Calville  ou  Pommes  rosées.  Le  goût  des 
Reinettes  est  caractéristique,  rappelant  un 
vin  doux  ou  un  peu  acide. 

VIL  Reinettes-Rambour.  — Forme 
moyenne  ou  assez  grosse,  régulière,  rappe- 
lant les  Calville,  portant  vers  le  calice  des 
saillies  très-fortes.  — Peau  assez  épaisse, 
coriace,  rarement  tout  à fait  lisse,  souvent 
rouillée,  couleur'  primitive  rougeâtre  du 
côté  du  soleil,  jamais  striée.  — Chair  cro- 
quante, en  partie  à grain  fin,  en  partie  à 
gros  grain,  ayant  le  goûi  du  vin  doux  ou  du 
vin  fermenté.  — Loges  à compartiments 
larges,  fermées  ou  ouvertes. 

Exemples  : Reinette  de  Canada.  — London 
Pippin.  — Reinette  citron.  — Reinette  blan- 
che d’Angleterre.  — Reinette  franche. 

VIII.  Reinettes  cirées  ou  Reinettes  uni- 
golores.  — L'orme  moyenne,  petite  ou  assez 
grosse,  très-régulière,  ronde  ou  ronde  plate, 
rarement  haute,  sans  saillies  remai’quables. 
— Peau  partie  lisse  et  luisante  et  partie 
(surtout  vers  la  cavité  calycinale)  rouillée, 
grasse  dans  certaines  variétés,  sans  être 
rouge,  le  rouge  passant  quelquefois  du,  côté 
du  soleil,  mais  faible  et  non  constant.  — 
Chair  ferme,  à grain  fin  ; goût  relevé  de  vin 
doux  ou  vin  fermenté,  excellent.  — Loges 
pour  la  plupart  régulières  et  fermées. 

Exemples  : Pippin  d’été  doré.  — Nonpnreil 
hâtive.  Reinette  Diel.  — Reinette  Ob.r- 
dieek.  — Reinette  dorée. 

IX.  Reinettes  Borsdorf  ou  Reinettes 
PLATES.  — Forme  petite,  ne  dépassant  pas  la 
moyenne,  très-régulière,  ronde  ou  ronde 

— Pea'if  lisse,  luisante,  portant  queU 


DE  LA  CLASSIFICATION  DES  POMMES. 


87 


ques  verrues,  faiblement  rouülée,  variant 
de  couleur  et  fioement  striée.  — Chair 
ferme,  à grain  très-fin,  avec  le  goût  dis- 
tinctif du  vin  doux.  — Loges  presque  tou- 
jours régulières,  fermées  et  rarement  sans 
cloison. 

Exemples  : Borsdorf  oignon  — Reinette 
luisante.  — Pomme  oignon. 

X.  Reinettes  rouges.  — Forme  petite, 
moyenne  ou  grande,  assez  distincte,  ronde 
ou  ronde  plate,  parfois  haute  ; environs  de 
la  cavité  calycinale  plats , très-rarement 
des  saillies  faibles.  — Peau  luisante,  en 
grande  partie  lisse,  rarement  rouillée,  cou- 
leur uniforme  ou  stiiée  sur  un  fond  jaune 
vert  ou  jaune  clair,  mais  jamais  tout  à fait 
dorée;  le  rouge  tout  à fait  pur,  sans  être 
rouillé.  — Chair  fine,  croquante,  en  partie 
moelleuse  et  relevée,  d’un  goût  doux  vineux, 
partout  rougeâtre  sous  la  peau.  — Loges 
en  parties  ouvertes,  en  partie  fermées. 

Exemples  : Reinette  de  Baumann.  — 
Pearmain  d’été.  — Pearmain  rouge  d’hiver. 
— Belle  fleur  de  Hollande.  — Reinette  de 
New- York.  — Reinette  Limon. 

XI.  Russets  ou  Reinettes  grises.  — 
Forme  petite,  moyenne  ou  grande,  en  boule 
ronde  plate,  rarement  élevée,  en  général 
complètement  régulière.  — Peau  couverte 
de  rouille,  raboteuse,  rarement  colorée; 
la  couleur  primitive  est  vert  gris,  jaune 
jusqu’au  jaune  mat;  le  rouge,  quand  il  pa- 
raît, n’est  pas  clair,  mais  taché  de  rouille. 

Chair  fine,  moelleuse,  douce,  vineuse, 
relevée.  — Loges  régulières  et  fermées. 

Exemples  : Reinette  grise  d’automne.  — 
Reinette  grise  de  Canada.  — Russet  Non- 
pareil.  — Reinette  grise  de  Raves.  — Rei- 
nette Van  Mons. 

XII.  Reinettes  dorées.  — Forme 
moyenne  ou  grande,  ronde  plate  ou  sphé- 
rique, haute,  en  partie  régulière,  en  partie 
côtelée  au  bord  de  la  cavité  calycinale  ; 
saillies  larges,  assez  fréquentes.  — Peau 
assez  lisse,  rarement  tout  à fait  lisse,  plus 
ou  moins  rouillée,  surtout  du  côté  du  soleil 
(le  rouge  devient  alors  clair);  la  teinte  du 
fond  est  jaune  prononcé  et  jaune  d’or;  la 
couleur  primitive  est  mouchetée  ou  striée 
( les  fruits  des  jeunes  arbres  sont  plus  lis.ses 
et  moelleux.)  — Chair  très-fine,  savou- 
leuse,  moelleuse,  souvent  jaunâtre,  très- 
î'elevée,  sucrée  et  vineuse,  — Loges  ouvertes 
ou  fermées. 

Exemples  : Heipette  4’0rléiir)s,  Rei- 


nette de  Caux.  — Ribston  Pippin.  — Pear- 
main d’Adam. 

XIII.  Pommes  striées.  — Forme  moyenne 
ou  un  peu  grande,  assez  variée,  en  gé- 
néral ronde,  haute,  pyramidale  et  côte- 
lée. — Peau  lisse,  luisante,  en  partie  fine 
ou  raboteuse,  souvent  pruineuse  ou  striée, 
mouchetée,  rarement  rouillée.  — Chair  en 
partie  ferme  ou  granuleuse,  spongieuse, 
souvent  rougeâtre  sous  la  peau,  d’un  goût 
précieux,  rarement  aigre-doux  ou  doux 
(l’arôrne  manque  presque  toujours).  — 
Loges  régulières,  en  général  fermées. 

Exemples  : Pomme  Luike.  — Pomme 
striée  d’Amérique.  — Pomme  bleue. 

XIV.  Pommes  pointues.  — Forme  en 
général  moyenne  ou  rarement  très-grosse, 
haute,  allongée,  pyramidale  ou  en  cône 
tronqué,  souvent  irrégulière.  — Peau  lisse, 
luisante,  fine,  rarement  pruineuse;  couleur 
uniforme.  — Chair  friable,  molle,  passant 
du  doux  à l’aigre  ou  du  vineux  jusqu’à 
l’aigre.  — Loges  régulières,  en  général  fer- 
mées, en  partie  sans  cloison. 

Exemples:  Colfette  blanche.  — Harris- 
son’s  (à  cidre). 

XV.  Pommes  plates.  — Forme  petite  ou 
moyenne,  plate  ou  sphérique  déprimée, 
en  général  plus  large  que  haute.  — Peau 
lisse,  luisante,  ferme  ; couleur  uniforme, 
jamais  striée  et  souvent  pruineuse.  — 
Chair  blanche  ou  blanche  et  verte,  en 
général  ferme  et  croquante,  rarement  moel- 
leuse; goût  allant  du  doux  jusqu’à  l’aigre, 
jamais  très-relevé.  — Loges  en  général 
régulières  et  fermées. 

Exemples  : Belle  du  Hâvre.  — Api  petit. 
— Limon  d’hiver.  — Pomme  de  Stettin, 
rouge,  blanche  et  verte. 

Système  artificiel.  — Nous  appelons 
système  artificiel  celui  qui  est  fondé  sur 
l’époque  de  la  maturité  et  sur  la  différence 
entre  les  diamètres  des  fruits,  en  hauteur 
et  en  largeur. 

Le  diamètre  en  hauteur  se  trouve  entre 
le  calice  et  le  pétiole,  tandis  que  le  diamètre 
en  largeur  est  en  travers  du  fruit,  de  sorte 
que  nous  avons  : 

Pommes  plates,  quand  le  diamètre  en 
hauteur  est  presque  moitié  moins  grand 
que  le  diamètre  en  largeur  ; 

Poymaes  rondes,  quand  les  deux  diamè- 
tres ne  diffèrent  pas  d'un  sixième  entre 
eux; 

Pommes  pointues,  pu  les  deux  diamè- 


88 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


très  peuvent  être  de  même  longueur,  où 
celui  en  hauteur  ne  dépassera  pas  d’un 
quart  le  diamètre  en  largeur  (mais  les 
Pommes  étant  toujours,  vers  la  cavité  caly- 
cinale,  sensiblement  atténuées,  la  plus 
grande  largeur  se  trouve  donc  plus  près  de 
la  (cavité  pétiolaire); 

Pommes  allongées,  quand  le  diamètre 
en  hauteur  est  d’un  quart  plus  long  que 
le  diamèti-e  en  largeur. 

En  classant  les  Pommes  selon  l’époque 
de  la  maturité,  nous  aurons 

Pommes  d'été,  mûrissant  avant  la  lin 
du  mois  de  septembre  ; 

Pommes  d'automne,  mûrissant  depuis 
le  commencement  d’octobre  jusqu’au  milieu 
du  mois  de  novembre  ; 

Pommes  d'hiver,  mûrissant  en  général 
deux  mois  après  avoir  été  cueillies. 

.4.  Pommes  plates 

B.  — rondes 

C.  — pointues 

D.  — allongées 

E.  Pommes  plates 

F.  — rondes 

G.  — pointues 

11.  — allongées  / 

7.  Pommes  plates 

J.  — rondes 

K.  — pointues 

L.  — allongées 

Ce  système,  ne  donnant  pas  les  qualités 
et  les  caractères  du  fruit,  comme  le  sys- 
tème précédent,  est  rarement  appliqué.  On 
trouve  plus  généralement  le  système  ar- 
tificiel remplacé  avec  raison  par  l’indication 
du  mois  dans  lequel  le  fruit  parvient  à 
maturité. 

Pour  préciser  plus  exactement  la  forme 
extérieure  d’une  Pomme,  le  système  naturel 
peut  être  continué  par  les  familles,  fondées 
sur  la  dilTérence  du  coloris  de  la  peau  : 

1"  Pommes  à couleur  primitive,  ayant 
toutes  les  nuances  entre  la  couleur  hlan- 
cbâtre,  jaunâtre  et  verdâtre  recouvrant 
plus  de  la  moitié  du  fruit; 

2”  Pommesà  coideur  dommante,  ayant 
au  moins  un  tiers  du  côté  du  soleil  couvert 
de  rouge  ou  à fruits  complètement  rouges  ; 

3»  Pommes  striées,  à couleur  rouge,  ré- 
pandue en  raies  et  non  en  tons  plats. 


Les  sous-familles  sont  basées  sur  la 
forme  du  calice  : 

a.  Pommes  à calice  ouvert; 
h.  Pommes  à calice  demi-ouvert  ; 
c.  Pommes  à calice  fermé. 

M.  Lucas  a basé  la  classification  des 
Pommes  sur  une  description  complète  des 
Pommes  et  des  Pommiers,  en  démontrant, 
dans  les  caractères  extérieurs  et  les  carac- 
tères intérieurs,  toutes  les  variations  ob- 
servées chez  les  Pommes.  Il  divise  toutes 
les  Pommes  en  trois  grandes  sections  : 
Pommes  de  table.  Pommes  de  marché  et 
Pommes  de  cuisine.  Nous  croyons  inutile 
de  traduire  ces  études,  intéressantes  sans 
doute,  mais  ne  contenant  rien  de  nouveau 
pour  nos  lecteurs. 

On  trouve  dans  les  travaux  pomologi- 
ques  allemands  le  nom  du  fruit  suivi  d’un 
certain  nombre  d’abréviations  qu’il  est  bon 
d’indiquer  aux  lecteurs  peu  familiarisés 
avec  elles  • 

Les  chiffres  romains  indiquent  les  clas- 
ses (système  naturel). 

Les  chiffres  arabes  indiquent  les  fa- 
milles. 

Les  lettres  a,  b et  c indiquent  les  sous- 
familles. 

Les  chiffres  ou  lettres  entre  paren- 
thèses ( ) indiquent  que  le  fruit  varie  dans 
ses  rapports  avec  la  classe  ou  la  famille 
indiqués.  Les  abréviations  suivantes  sont 
les  plus  répandues  : 

t.  g.  très-gros;  — g.  gros;  — a.  g.  assez  gros; 
— m.  moyen;  — p.  petit;  — *M  fruit  excel- 
lent; — **  très-bon;  — ‘assez  bon;  — 4-+!  fruit 
qui  convient  pour  la  grande  culture  et  comme 

fruit  du  marché,  arbre  très-fertile; 1-+  très- 

fertile;  — + fruit  pour  la  dessiccation. 

Nous  espérons  que,  grâce  à ces  indica- 
tions, les  pomologues  désireux  de  classer 
leurs  fruits  avec  exactitude,  ou  de  savoir 
dans  quelle  classe  chercher  telle  variété 
qu’ils  étudient,  trouveront  avantage  à con- 
naître la  méthode  ta  plus  généralement  em- 
ployée, avec  succès,  dans  l’Europe  septen- 
trionale et  centrale. 

F.-G.  Thomayer. 


d’été. 


d’automne. 


d’hiver. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  25  JANVIER  1883 


Apports.  — Comité  de  culture  potagère.  | mes  nouveaux,  non  toutefois  comme  espèces, 
INDl.  Paillieux  et  Bois  présentaient  deux  légu-  1 mais  comme  usage.  C’étaient  une  Crucifère,  le 


CORRESPONDANCE. 


89 


Bunias  orientalis,  et  une  Composée-Cliico- 
i-acée,  le  Scolyme  d’Espagne  {Scolymus  His- 
panicus).  Ces  deux  plantes  soumises  à l’étiole- 
ment avaient  de  nombreuses  pousses  d’un  jaune 
pâle,  très-bonnes  à manger  en  salade;  le  Sco- 
lyme surtout  donne  en  abondance  un  feuillage 
succulent,  d’une  saveur  des  plus  agréables.  C’est 
un  légume  à introduire  dans  les  potagers.  A 
cet  état  d’étiolement,  les  feuilles  sont  complè- 
tement inermes. — M.  Vavin  présentait  des  Cer- 
feuils tubéreux  qui,  pour  avoir  été  cultivés 
dans  du  sable  presque  pur,  n’en  étaient  pas 
moins  très-beaux. 

Au  comité  (V arboriculture  fruitière  un  seul 
exposant,  M.  Thibault,  amateur,  qui  présentait 
quelques  Pommes  sans  nom,  que  le  comité  a 
supposé  être  des  « Reinettes,  » ce  qui  ne  veut 
pas  dire  grand  chose  ; une  Pomme  d’Api  étoilé 
et  une  Poire  Olivier  de  Serres,  grosse  et  très- 
belle.  Un  fait  assez  curieux  qu’a  remarqué 
]\r.  Thibault,  c’est  que,  chez  lui  du  moins,  l’Api 
étoilé  ne  prend  sa  forme  anguleuse  que  lors- 
qu’il approche  de  sa  maturité. 

Au  comité  de  floriculture^  M.  Édouard  André 
avait  exposé  une  Amaryllidée  grimpante,  nou- 
velle, le  Bomarea  Kalhreyeri,  découverte  par 
lui  en  1876  dans  la  Nouvelle-Grenade  et  qu’il 
vient  d’introduire  à l’état  vivant.  Les  Bomaréas 
sont  devenus  très  à la  mode  depuis  quelques 
années,  et  on  en  a introduit  plusieurs  belles 
espèces  en  Angleterre.  Le  B.  Kalbreyeri  est  la 
première  espèce  introduite  directement  par 
M.  André  en  France,  où  sa  culture  facile  la 
répandra  bientôt.  C’est  une  plante  de  serre 
froide  dont  les  tiges  grêles,  enroulantes,  qui 
peuvent  atteindre  plusieurs  mètres  de  hauteur, 
se  terminent  par  un  paquet  de  fleurs  régulière- 
ment tubuleuses,  disposées  en  ombelle  ren- 
versée d’un  très-beau  rouge.  En  raison  de  la 
beauté  et  de  la  rareté  de  la  plante,  le  comité 
lui  a accordé  une  prime  de  première  classe.  La 
Bevue  horticole  publiera  une  planche  coloriée 
et  une  description  du  B.  Kalbreyeri.  — M.  Nau- 
din  fds,  horticulteur,  64,  rue  d’Alleray,  à Paris, 
l)résentait  deux  magnifiques  potées  de  Primula 


sinensis  alba  plena.  Ces  plantes,  d’une  culture 
irréjirochable,  formaient  d’énormes  buissons 
nains  couverts  de  fleurs  pleines  d’un  très-beau 
blanc.  Ces  tleurs  sont  très-recherchées  pour  la 
confection  des  bouquets;  elles  sont  fort  belles 
et  se  conservent  très-longtemps.  — M.  Ré- 
gnier, horticulteur,  avenue  de  Marigny,  à 
Fontenay-sous-Bois,  présentait  un  très-heau 
pied  de  Saccolabium  giganteum.  La  plante, 
très-naine,  bien  garnie  de  feuilles,  portait 
tout  près  du  sol  une  grappe  com}»acte  de  gran- 
des fleurs  blanc  lilacé,  très-régulièrement  et 
fortement  maculées  de  violet,  à odeur  suave. 
— M.  Vauvel  présentait  un  pied  en  pot  et  en 
fleurs  de  Rhododendron  dahuricum,  espèce 
des  plus  rustiques,  à feuilles  caduques,  fleuris- 
sant l’hiver;  ses  fleurs,  assez  grandes,  sont  de 
couleur  lilas  violacé  ; puis  deux  pieds  en  fleurs 
de  Narcissus  Tazetta  ou  Narcisse  de  Constan- 
tinople. M.  Vauvel  place  ces  oignons  dans  des 
carafes  sans  fond  qu’il  remplit  ensuite  de 
sphagnum  ou  de  mousse  tenue  humide,  et 
dans  laquelle  se  développent  les  racines. 
La  hampe  et  les  feuilles  passent  par  le  côté 
opposé,  c’est-à-dire  par  le  goulot  de  la 
carafe,  et  s’élèvent  dans  l’air.  Cette  culture,  à 
laquelle  on  pourrait  soumettre  les  Tulipes, 
Jacinthes,  Lis,  etc.,  offre  cet  avantage  que  les 
vases  ayant  une  large  base  ne  se  renversent 
pas  facilement,  contrairement  à ce  qui  arrive 
avec  les  tubes  en  verre  dans  lesquels  on  cultive 
ordinairement  les  Jacinthes.  Si  un  renverse- 
ment avait  lieu,  il  ne  causerait  aucun  dégât; 
tout  se  bornerait  à relever  les  vases. 

Au  comité  cVindustrie,  M.  Landry,  horticul- 
teur, rue  de  la  Glacière,  92,  à Paris,  présentait 
un  vaporisateur  de  son  invention.  Cet  appareil, 
destiné  surtout  à vaporiser  la  nicotine,  est  des 
mieux  appropriés  à cet  usage.  R consiste  en  une 
sphère  creuse  en  cuivre  ayant  à son  sommet 
une  ouverture  par  laquelle  on  introduit  la  ni- 
cotine, et  auprès,  sur  un  des  côtés  de  l’appa- 
reil, un  tube  par  lequel  s’échappe  la  vapeur. 

E.-A.  Carrière. 


CORRESPONDANCE 


Mi*  J.  C.  P.  (îles  Ioniennes).  — La  plante 
dont  vous  parlez  n’est  pas  une  Fève,  bien 
qu’elle  appartienne  à la  môme  famille  des 
Légumineuses;  c’est  un  Soja,  originaire  de  la 
Chine  et  du  Japon.  C’est  Kæmpfer  qui  le  pre- 
mier, dans  ses  Amœnitates  exoticæ,  a parlé  de 
cette  espèce,  et  qui  a fait  connaître  les  diffé- 
rents usages  qu’en  font  les  Japonais,  notam- 
ment la  confection  d’une  sorte  de  fromage. 
Sous  ce  dernier  rapport,  on  sait  aujourd’hui 
que  cet  aliment,  qui  peut  être  très-goùté  par 


les  Japonais,  serait  à peine  supporté  par  les 
peuples  qui  sont  en  possession  des  nombreuses 
sortes  de  fromages  fabriqués  avec  du  lait.  Aussi 
n’est-ce  pas  à ce  point  de  vue  que  vous  devrez 
vous  livrer  à la  culture  de  cette  plante. 

Le  véritable  usage  du  Soja  est  comme  plante 
économique,  soit  légumière,  soit  fourragère,  et 
môme  pour  ces  deux  choses,  et  il  ne  nous 
paraît  pas  douteux  que  sous  votre  climat  la 
plante  puisse  vous  rendre  de  grands  services. 
Il  y a plusieurs  variétés  de  Soja;  vous  en  trou- 


ÜO 


PORTE-FLEURS  POUR  BOUTONNIÈRE. 


verez  des  graines  chez  MM.  Vilnioriii  et  G*®, 
4,  quai  de  la  Mégisserie,  à Paris. 

M*’  B.  (Indre-et-Loire).  — La  greffe  prati- 
quée par  M.  Henry  Misset,  horticulteur  à 
Sedan,  n’est  autre  que  la  greffe  à cheval,  fré- 
quemment usitée  en  culture  pour  multiplier 
certaines  plantes  dites  de  terre  de  bruyère  : 
Azalées,  Camellias,  et  surtout  les  Rhododen- 
drons. Le  fait  remarquable  dans  l’adoption  de 
M.  Misset,  c’est  qu’il  ne  fait  souvent  pas  de 
différence  entre  le  bois  du  sujet  et  celui  du 
greffon,  du  moins  en  ce  qui  concerne  l’âge. 
Nous  avons  vu  du  jeune  bois  d’un  côté,  et  du 
vieux  de  l’autre,  et  vice  versa  ; l’essentiel,  c’est 
que  les  deux  soient  de  même  grosseur,  de  sorte 
qu’une  fois  soudés,  c’est  à peine  si  l’on  voit  le 
point  de  jonction  ; jamais  de  bourrelet  ni 
d’exostoses,  et,  d’autre  part,  comme  les  gref- 
fons sont  de  la  même  grosseur  que  le  sujet  et 
que  très-souvent  ils  sont  ramifiés,  il  en  résulte 
que,  peu  de  temps  après  qu’ils  sont  greffés, 
ces  Rosiers  ont  une  forte  tête  qui  se  couvre 
de  fleurs  absolument  comme  si  c’étaient  des 
vieux  Rosiers,  avec  celte  différence  que  le 
sujet  et  le  greffon  étant  de  même  diamètre, 
c’est  à peine  si  l’on  aperçoit  la  jonction,  vu  la 
grosseur  extraordinaire  du  greffon.  Toutefois, 
cette  greffe  nécessite  quelques  précautions,  par 
exemple  de  soustraire  pendant  quelque  temps 
les  sujets  opérés  au  contact  de  l’air;  aussi  est- 
il  très-avantageux  d’avoir  des  sujets  en  pots, 
afin  de  pouvoir  les  abriter  pendant  le  temps 
que  nécessite  la  reprise  des  greffons.  Si  les  su- 
jets étaient  enracinés,  l’opération  serait  beau- 
coup plus  certaine  et  plus  prompte. 

No  3428  (Loire).  — Vous  pourrez  vous  pro- 
curer des  Fougèi’es  de  serre  chez  M.  Savoye, 
horticulteur  à Bois-de-Colombes  (Seine),  qui 
en  cultive  une  belle  collection.  Si,  au  lieu  de 
plantes  de  serre,  vous  désirez  des  espèces  rus- 
tiques de  pleine  terre,  vous  pourrez  vous 
adresser  à MM.  Thibaut  et  Keteleer,  horticul- 
teurs à Sceaux  (Seine). 

M^  P.  (Cher).  — Tous  les  renseignements 
que  vous  demandez  ont  été  indiqués  dans  un 
article  spécial  de  la  Revue  horticole  (1881, 
p.  IGG),  où  vous  pourrez  les  trouver.  Voici 


néanmoins  quelques  détails  relatifs  à la  ques- 
tion que  vous  nous  adressez,  et  qui  nous  pa- 
raissent devoir  satisfaire  à votre  désir. 

Pour  mille  griffes  d’Asperges,  il  faut  143  kil. 
de  silicate  de  potasse  à 28  degrés  B.  ; y ajouter 
4,857  litres  d’eau  (de  rivière,  si  possible),  ce 
qui  produit  5,000  litres  en  volume.  Quant  à 
l’emploi,  on  prend  5 litres  dans  un  arrosoir  à 
pomme,  et  l’on  mouille  la  butte  vers  les  griffes, 
à l’époque  où  celles-ci  vont  entrer  en  végéta- 
tation.  Dans  les  terrains  où  l’engrais  li({uide 
ne  peut  être  appliqué,  et  loin  des  villes,  où  il 
est  impossible  d’avoir  de  la  gadoue,  on  peut 
remplacer  celle-ci  par  un  engrais  solide  que 
l’on  répand  pour  remplacer  les  éléments  indis- 
pensables enlevés  par  la  végétation,  que  l’on 
maintient  ainsi  quand  il  s’agit  d’une  culture 
intensive. 

Vous  pourrez  vous  procurer  le  silicate  de 
potasse  liquide  et  les  autres  engrais  chimiques 
chez  M.  Gorré,  rue  de  Braque,  Paris. 

N®  3218  (Gôte-d’Or).  — Vous  trouverez  des 
Ghrysanthèmes  : 1»  chez  M.  Margottin  père, 
horticulteur  à Bourg-la-Reine  (Seine)  ; 2»  chez 
MM.  Thibaut  et  Keteleer,  horticulteurs  à Sceaux 
(Seine)  ; et  à Lyon,  chez  M.  Boucharlat  aîné, 
qui  collectionne  tout  particulièrement  ces 
plantes. 

No  33G3  (Indre).  — Il  n’existe  aucun  instru- 
ment du  genre  de  celui  dont  vous  parlez.  Les 
matières  solides  contenues  dans  les  vins  sont 
extrêmement  variables,  et  l’appareil  que  vous 
désirez,  qui  ne  pourrait  être  qu’une  sorte  de 
densimètre,  ne  pourrait  indiquer  la  quantité 
d’alcool  que  contient  le  liquide  moins  dense, 
quand  les  matières  solubles  dissoutes  dans  le 
vin,  et  qui  varient  constamment  en  quantité, 
viendraient  influencer  l’appareil  en  sens  in- 
verse. 

On  connaît  une  grande  quantité  d’appareils 
pour  doser  l’alcool  contenu  dans  le  vin  avec 
plus  ou  moins  d’exactitude  ; mais  tous  exigent 
des  connaissances  spéciales  et  nécessitent  des 
opérations  complexes  assez  longues.  En  ré- 
sumé, nous  pouvons  vous  dire  qu’il  n’existe 
pas  de  pèse-alcool  pour  vin. 


PORTE-FLEURS  POUR  BOUTONNIÈRE 


Le  procédé  employé  à Londres  pour  con- 
server les  fleurs  fraîches  aux  boutonnières 
commence  à se  répandre  sur  le  continent. 
Il  a été  l’objet  d’une  petile  notice  que  nous 
avons  donnée,  il  y a quelques  années,  dans 
une  revue  belge,  et  que  nous  croyons  pou- 
voir reproduire  ici,  en  publiant  un  nouveau 
dessin  de  cet  ingénieux  petit  appareil  : 


Un  de  mes  amis  m’accompagnait  à 
Londres  l’hiver  dernier.  Invité  à un  bal 
privé,  il  examine  à loisir  les  toilettes,  les 
frais  visages,  et  aussi  les  mœurs  et  coutumes 
anglaises,  qui  lui  étaient  encore  peu  fami- 
lières. A une  heure  assez  avancée  de  la  nuit, 
il  s’approcha  de  moi  et  me  dit  : ((  Pour- 
rais-tu m’expliquer  comment  font  tous  ces 


NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  LES  SEXES  DES  PLANTES. 


91 


gentlemen  pour  conserver  aussi  fraîches  les 
fleurs  piquées  à leur  boutonnière?  Je  les 
vois  se  trémousser  depuis  des  heures  sans 
qu’aucune  de  ces  fleurettes  délicates  ait 
baissé  la  tôle.  J’avais  cru  d’abord  à des 
fleurs  en  cire  ou  en  papier  ; mais,  en  y re- 
gardant de  près,  je  les  ai 
trouvées  vivantes  et  très- 
vivantes.  » 

Pour  toute  réponse,  je 
menai  mon  ami  auprès 
d’un  des  danseurs  de  ma 
connaissance  ; je  relevai 
le  revers  de  son  habit,  et 
montrai  un  petit  tube  de 
verre  plein  d’eau  où  étaient 
fixés  les  pédoncules  des 
fleurs  et  les  pétioles  des 
feuilles  du  petit  bouquet. 

Le  secret  — j’allais  dire  le 
pot  aux  roses  — était  dé- 
couvert. 

Depuis  quelques  an- 
nées, à Londres,  il  se  fait 
un  assez  grand  commerce 
de  ces  hutton  hole  bou- 
quet holders.  Les  petits 
tubes  de  verre  blanc,  bleu 
ou  vert,  de  la  grandeur 
de  celui  dont  notre  dessin 
donne  l’image,  sont  cerclés 
vers  leur  sommet  par  un 
anneau  de  cuivre  auquel  est  attachée  une 
petite  feuille  de  fougère  en  métal,  peinte  en 
vert,  et  qui  sert  d’agrafe  pour  fixer  le  tout 
à la  boutonnière.  Le  tube  est  ainsi  solide- 
ment attaché  sous  le  parement  de  l’habit, 
et  rien  ne  s’aperçoit  au  dehors  que  cette 


feuille  artificielle,  recouverte  d’ailleurs  par 
les  frondes  légères  de  V Adiantum  « cheveu 
de  Vénus  » ou  d’autres  fougères  à feuillage 
léger.  Les  élégants  de  Londres,  chaque  ma- 
tin, en  allant  à leurs  aflaires  ou  à leurs  plai- 
sirs, passent  les  uns  à Covent  Garden,  les 
autres  chez  quelque  fleu- 
riste à la  mode,  se  faire 
attacher  à l’habit  la  fleur 
nouvelle.  Certains  maga- 
sins entretiennent  un  es- 
cadron de  jolies  jeunes 
filles  chargées  de  ce  soin, 
et  le  sourire  avec  lequel 
elles  assaisonnent  le  léger 
bouquet  se  paie  en  shil- 
lings de  surplus,  bien 
sonnants,  soyez-en  per- 
suadé. 

Les  plus  fashionnables 
de  ces  boulevardiers  du 
Strand  ou  de  Ragent  Street 
ne  manquent  pas  de  de- 
mand<-r  la  rareté  du  jour, 
et  l’Orchidée  nouvelle, 
Masdevallia  ou  Odonto- 
glossum,  atteint  des  pro- 
portions de  cherté  sur- 
prenantes pour  une  seule 
fleur  coupée. 

Voilà  un  pays  vrai- 
ment ami  des  fleurs. 
Combien  nous  sommes  loin,  sur  le  conti- 
nent, de  cet  empressement  des  classes  aisées 
à porter  les  couleurs  'de  cette  maîtresse 
charmante  et  point  trompeuse,  que  les 
anciens  avaient  décorée  du  doux  nom  de 
Flore  ! Ed.  André. 


Fig. 20.  — Porte-bouqupt  boutonnière, 
2/3  d’exécution. 


NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  LES  SEXES  DES  PLANTES 


Tout  n’est  pas  dit  sur  les  phénomènes  de 
la  sexualité  chez  les  végétaux  et  sur  les 
conditions  qui  règlent  la  fécondation  de 
leurs  fleurs.  Les  grandes  découvertes  de 
Darwin,  tout  en  éclairant  beaucoup  de 
points  restés  jusque-là  obscurs,  ont  soulevé 
de  nouveaux  problèmes  et  en  môme  temps 
éveillé  l’attention  de  naturalistes  qui,  sans 
lui,  n’auraient  peut-être  jamais  .«ongé  à 
revenir  sur  un  sujet  qu’on  pouvait  croire 
épuisé.  L’un  d’eux,  le  professeur  améri^ 
cain  Meehan,  patient  et  perspicace  obser- 
vateur, a communiqué  dernièrement  à 


l’Académie  des  sciences  naturelles  de  Phi- 
ladelphie le  résultat  de  recherches  qui  l’ont 
occupé  pendant  plusieurs  années,  et  dont  il 
tire  des  conclusions  qu’il  peut  être  utile  de 
porter  à la  connaissance  de  ceux  qui  s’in- 
téressent aux  questions  de  biologie  vé- 
gétale. 

• 11  y a quatorze  ans,  M.  Meehan  avait  déjà 
remarqué  que  l’Érable  argenté  {Acer  dasij- 
carpum)  n’est  point  polygame,  comme  ie 
j disent  les  livres  de  botanique  usuels,  mais 
strictement  monoïque  et  plus  souvent  dioï- 
que,  ne  produisant  jamais  de  fleurs  herma- 


92 


NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  LES  SEXES  DES  PLANTES. 


phrodites.  Tous  les  individus  de  i’espèce 
sont  ou  mâles  ou  femelles,  bien  que  parfois 
on  rencontre  sur  les  individus  femelles 
quelques  rameaux  portant  des  fleurs  mâles. 
Quelle  que  soit  leur  origine,  ces  fleurs 
mâles  sont  totalement  dépourvues  d’ovaire; 
dans  les  fleurs  femelles,  au  contraire,  les 
étamines  sont  en  apparence  bien  dévelop- 
pées, mais  elles  ne  contiennent  jamais  de 
pollen.  Le  fait  le  plus  notable  signalé  par 
M.  Meehan,  dès  1868,  est  qu’un  arbre  qui, 
pendant  nombre  d’années,  a été  constam- 
ment femelle  peut  changer  de  sexe  et  re 
plus  donner  que  des  fleurs  mâles,  tandis 
qu’il  n’y  a aucun  exemple  d’arbre  mâle  ar- 
rivant à produire  des  fleurs  femelles.  Main- 
tes fois,  dans  le  cours  de  ces  dernières  qua- 
torze années,  M.  Meehan  a vu  le  fait  se 
renouveler,  et  il  conclut  de  là  les  causes 
qui  amènent  ce  changement  de  sexe. 

Aussi  longtemps,  dit-il,  que  l’Érable  ar- 
genté est  encore  jeune  et  végète  vigoureu- 
sement, il  suit  la  règle  générale  qui  veut 
que  les  arbres,  dans  cette  première  période 
de  vigueur,  ne  tendent  nullement  à fleurir; 
mais  dès  qu’une  cause  quelconque  diminue 
sa  puissance  végétative,  il  com.mence  à pro- 
duire des  fleurs.  C’est  la  seconde  période 
de  la  vie  de  l’arbre,  qui  pourra  se  continuer 
jusqu’à  sa  mort.  Qu’une  nouvelle  cause 
d’allàiblissement  s’ajouleà  la  première,  l’ar- 
bre ne  produit  plus  que  des  fleurs  mâles, 
c’est  à-dire  qu’il  saute  par  dessus  la 
deuxième  période  pour  arriver  d’emblée  à la 
troisième  et  dernière.  Tous  ceux,  ajoute-t- 
il,  qui  ont  pu  observer  les  allures  de  l’É- 
rable argenté  ont  certainement  remarqué 
que  les  arbres  femelles,  quoique  produisant 
une  énorme  quantité  de  fruits,  sont  tout 
aussi  grands  et  aussi  feuillus  que  les  arbres 
mâles,  qui  n’ont  cependant  pas  fait  une 
pareille  dépense  de  force.  Ceci  revient  à 
dire  que  les  arbres  mâles  n’ont  ni  autant 
de  vigueur  ni  autant  de  vitalité  que  les  ar- 
bres femelles. 

Au  moment  de  la  chute  des  feuilles,  en 
automne,  on  peut  à peine  distinguer  un 
bourgeon  à fleurs  d’un  bourgeon  à feuilles; 
mais  le  bourgeon  florifère  ne  tarde  pas  à se 
mettre  en  mouvement.  Il  grossit  insensi- 
blement dans  le  cours  de  l’iiiver,  tantôt  plus 
vite,  tantôt  plus  lentement,  suivant  les  vi- 
cissitudes de  la  température,  et  il  n’est 
même  pas  complètement  arrêté  quand  celte 
dernière  descend  à quelques  degrés  au- 


dessous  de  zéro.  Le  bourgeon  à feuilles,  au 
contraire,  reste  complètement  engourdi, 
pour  ne  s’éveiller  qu’avec  une  température 
plus  élevée  vers  les  premiers  jours  du  prin- 
temps. Quelque  chose  d’analogue  se  fait 
voir  d’ailleurs  sur  le  Pêcher  et  d’autres  ar- 
bres du  même  ordre,  qui,  ainsi  que  chacun 
le  sait,  se  couvrent  de  fleurs  avant  que 
leurs  premières  feuilles  se  soient  déve- 
loppées. 

L’hiver  dernier,  M.  Meehan,  continuant 
ses  observations,  trouva  qu’au  23  février 
les  bourgeons  florifères  de  l’Érable  com- 
mençaient à s’étaler  ; les  bourgeons  à 
feuilles  étaient  encore  dans  le  même  état 
qu’à  la  fin  de  l’automne.  C’est  seulement  à 
partir  du  7 mars  qu’on  vit  les  pointes  des 
premières  feuilles  percer  au  sommet  du 
bourgeon  ; alors  les  fleurs  s’ouvraient,  mais 
toutes  étaient  mâles.  On  est  donc  en  droit 
de  conclure,  qu’au  moins  pour  l’espèce  dont 
il  s’agit  ici  il  faut  moins  de  chaleur  pour 
exciter  la  végétation  d’un  bourgeon  florifère 
que  celle  d’un  bourgeon  à feuilles,  et  moins 
de  chaleur  aussi  pour  faire  ouvrir  des  fleurs 
mâles  que  pour  amener  les  fleurs  femelles 
au  même  point. 

D’autres  différences  de  végétation  entre 
les  arbres  mâles  et  les  arbres  femelles  sont 
encore  signalées  par  M.  Meehan.  Si  l’on 
examine,  sur  chacun  des  deux  sexes,  des 
rameaux  de  l’année  précédente  au  moment 
de  la  floraison,  on  trouve,  à côté  du  bour- 
geon feuillu  en  voie  de  développement,  une 
ou  deux  fleurs,  mâles  si  le  rameau  appar- 
tient à l’arbre  mâle,  femelles  s’il  appartient 
à l’autre  sexe.  Jusqu’ici  donc  il  n’y  a pas 
de  différences  à noter.  Toutefois,  elles  ne 
tardent  pas  à apparaître  : au  bout  de  peu 
de  jours  le  bourgeon  florifère  de  l’arbre  fe- 
melle s’est  développé  en  un  rameau  de  plu- 
sieurs pouces  de  longueur;  celui  de  l’arbre 
mâle,  au  contraire,  s’arrête  à quelques  li- 
gnes, et  se  transforme  en  une  sorte  de  lam- 
bourde, qui,  pendant  plusieurs  années,  res- 
tera stationnaire  et  ne  produira  que  des 
fleurs.  Or,  il  arrive  ceci  qu’elles  seront  tou- 
jours plus  précoces  que  celles,  en  petit 
nombre,  qui  apparaîtront  à la  base  du  bour- 
geon feuillu,  et  qu’elles  répandront  une 
immense  quantité  de  pollen,  absolument 
inutile  pour  la  fécondation  des  fleurs  de 
l’arbre  femelle,  qui  ne  pourront  être  fécon- 
dées que  par  le  pollen  des  fleurs  retarda- 
taires nées  à la  base  du  bourgeon  à feuilles. 


MUSSŒNDA  THEIFERA. 


98 


L’auteur  de  ces  observations  se  demande  à 
quoi  peut  tendre  une  telle  profusion  de 
pollen  qui  reste  forcément  sans  emploi  (1). 

Que  les  faits  observés  par  M.  Meehan 
soient  l’expression  d’une  loi  générale,  c’est 
ce  que  nous  ne  saurions  affirmer  ; toujours 
est-il  qu’ils  peuvent  éclairer  et  diriger  cer- 
tains points  de  la  pratique  culturale.  On  a 
remarqué,  par  exemple,  en  Amérique,  que 
les  Bouleaux  isolés  restent  souvent  tout  à 
fait  stériles,  quoiqu’ils  produisent  une 
grande  quantité  de  chatons  mâles  et  de 
chatons  femelles.  Si,  en  elfet,  ainsi  qu’il  a 
été  dit  plus  haut,  les  fleurs  femelles  de- 
mandent, pour  êtres  aptes  à l’imprégnation 
pollinique,  une  plus  forte  somme  de  cha- 
leur que  les  fleurs  mâles,  il  devient  évident 
que  le  pollen  de  ces  dernières  pourra  être 
dispersé  avant  que  les  fleurs  femelles  ne 
puissent  le  recevoir,  et  ainsi  s’expliquerait 
la  stérilité  des  bouleaux  isolés.  Le  remède 
serait  de  les  cultiver  en  massifs,  parce  que 
les  arbres  de  même  espèce,  surtout  quand 
ils  son.t  dioïques  ou  monoïques,  ne  fleuris- 
sant pas  tous  en  même  temps,  les  retarda- 
taires pourraient  fournir  du  pollen  à leurs 
voisins  moins  précoces.  Le  cas  s’applique- 
rait à la  plupart  des  arbres  amentacés. 


Plante  vigoureuse,  très  - floribonde, 
d’abord  buissonneuse,  très-ramifiée,  bientôt 
défléchie  ou  décombante  par  l’allongement 
des  rameaux,  et  rappelant  assez  alors,  par 
son  port  et  son  aspect  général,  une  Per- 
venche ou  mieux  un  Torenia  asiatica. 
Rameaux  grêles,  axillaires.  Feuilles  oppo- 

(1)  Il  est  certain  que  nous  sommes  encore  loin 
de  saisir  les  raisons  de  beaucoup  de  phénomènes 
qui  actuellement  nous  embarrassent  ; c’est  affaire 
à la  science  de  chercher  et  de  découvrir  En  atten- 
dant, et  a priori,  il  est  bien  difficile  de  supposer 
que  la  nature  ait  fait  des  choses  inutiles,  c’est-à- 
dire  sans  but.  Ces  masses  de  pollen,  qui  ne  servent 
pas  à la  conservation  de  l’espèce,  peuvent  très-bien 
être  destinées  à un  autre  usage  que  nous  ignorons, 
par  exemple  à servir  de  nourriture  à quelque 
insecte  mellifère  ou  autre,  ou  même  tout  simple- 
ment à porter  à la  surface  du  sol,  au  profit  de 
quelque  végétation  minuscule,  un  engrais  très-ani- 
malisé  et  très-puissant  sous  un  très-petit  volume  11 
m’est  souvent  venu  à l’esprit  que  c’est  là  la  des- 
tination de  l’immense  quantité  de  pollen  produite 
chaque  année  par  nos  Conifères,  Pins , Sapins, 
Cèdres,  etc  , dont  la  millionnième  partie  n'est  pas 
utilisée  pour  la  fécondation  de  leurs  cônes.  (Ed.  A.) 


entre  antres  aux  Noisetiers  d’Europe,  qui, 
transportés  en  Pensylvanie,  n’y  produisent 
presque  jamais  de  fruits,  ce  que  M.  Meehan 
attribue  aux  irrégularités  de  la  tempéra- 
ture hivernale.  La  discordance  entre  les 
époques  de  floraison  mâle  et  de  floraison  fe- 
melle est  moins  grande  dans  les  pays  où 
l’hiver  est  tout  d’une  venue,  là  où  un  prin- 
temps tiède  succède  sans  transition  aux 
froids  de  l’hiver.  Les  deux  floraisons  se 
trouvent  alors  à peu  près  contemporaines, 
et  la  fécondation  en  devient  plus  régulière 
et  plus  assurée  ; mais  c’est  là  une  exception, 
sous  nos  latitudes  du  moins,  où  les  alter- 
natives de  chaud  et  de  froid  sont  fréquentes 
en  hiver.  C’est  donc  affaire  au  cultivateur 
de  prendre  les  mesures  qu’il  jugera  les 
plus  propres  pour  remédier  à cet  inconvé- 
nient, et  amener  les  fleurs  mâles  à s’ouvrir 
à peu  près  en  même  temps  que  les  fleurs 
femelles.  Le  moyen  le  plus  sûr  d’y  parvenir 
est  probablement  celui  que  nous  avons  in- 
diqué plus  haut  : la  plantation  en  massifs, 
en  comptant  sur  les  différences  souvent 
très-grandes  des  individus  de  même  espèce 
relativement  à la  précocité  et  à la  tar- 
diveté. 

Ch.  Naudin. 

THEIFERA 

sées,  caduques,  ovales  cordiformes,  sessiles 
ou  subsessiles,  plus  ou  moins  longuement 
atténuées,  vertes  en  dessus,  glaucescentes 
en  dessous.  Fleurs  nombreuses,  d’un  très- 
beau  blanc  pur  très-suavement  odorantes, 
longuement  tubuleuses,  d’environ  4 centi- 
mètres de  diamètre,  à 5 divisions  étalées, 
longuement  elliptiques  obovales,  légèrement 
mucronées. 

Le  Miissœnda  theifera,  Pierre  (M.  uni- 
flora,  Wall.),  est  originaire  de  la  Cochin- 
chine.  C’est  une  espèce  des  plus  méritantes, 
tant  par  la  beauté  de  ses  fleurs  que  par  leur 
■parfum  doux  et  agréable,  qui  rappelle  assez 
exactement  celui  des  Jasmins.  11  est  à peu 
près  hors  de  doute  qu’elle  jouera  un  impor- 
tant rôle  dans  l’horticulture,  soit  comme 
plante  de  marché  en  la  soumettant  à un 
traitement  ad  hoc,  soit  comme  plante  de 
suspension  en  la  plaçant  dans  un  vase  ou 
dans  un  panier,  comme  on  le  fait  des 
Æschynanthus  ou  des  Torenia. 

Une  propriété  particulière  que  possède 


94 


CULTURE  DU  NERINE  SARNIENSIS. 


cette  plante  et  qui  ajoute  encore  à son  mé- 
rite, c’est  la  qualité  fébrifuge  dont,  paraît-il, 
elle  jouit  à un  très-haut  degré.  M.  le  doc- 
teur Pierre,  botaniste,  qui  est  resté  long- 
temps en  Cochinchine  dont  il  fait  la  flore 
en  ce  moment,  nous  a aftirmé  que  bien  des 
fois  il  s’était  guéri  de  la  fièvre  avec  des  in- 
fusions de  cette  plante.  On  prépare  celles- 
ci  absolument  comme  on  le  fait  des  feuilles 
de  Thé,  en  les  faisant  griller  ou  « rissoler,  » 
et  on  fait  des  infusions  que  l’on  prend 
comme  s’il  s’agissait  de  véritable  Thé.  Cette 
infusion,  qui  est  très-bienfaisante,  est  aussi 
très-agréable. 

Voici,  à ce  sujet,  ce  que,  dans  une  ré- 
cente lettre,  nous  écrivait  M.  le  docteur 
Pierre  : 

Vous  savez  que  dans  mon  herbier  cette 

plante  porte  le  nom  de  Muss.œnda  theifera, 
depuis  une  dizaine  d’années.  Elle  est  remar- 
quable et  digne  d’ètre  cultivée  à cause  des  pro- 
priétés antifébriles  que  possèdent  ses  feuilles. 
Préalablement  préparées  comme  on  le  fait  des 
feuilles  de  Thé,  et  prises  en  infusion  par  les 
peuplades  forestières  de  la  Cochinchine,  cette 
plante  les  guérit  de  la  fièvre,  ce  que  plusieurs 
fois  du  reste  j’ai  pu  constater  par  expé- 
rience... 

Quant  aux  fleurs,  elles  sont  jaunes  en  Go- 
chincliine,  tandis  qu’ici  elles  sont  d’un  beau 
blanc,  ce  qui  doit  être  une  question  de  lumière  : 
soit  par  manque  de  lumière,  soit  à cause  d’une 
lumière  insufüsante.... 

CULTURE  DU  NE 

Le  Nerine  sarniensis  {Lis  de  Giier- 
nesey  des  Anglais)  provient  du  Japon, 
d’où  il  a été  introduit  en  Angleterre  en  1650. 
Il  appartient  cà  la  famille  des  Amaryllidées. 
Il  fit  d’abord  partie  du  genre  Amaryllis, 
mais  il  en  fut  séparé  par  Herbert  pour  for- 
mer le  genre  Nerine.  Bien  que  cette  plante 
soit  très-jolie,  on  la  trouve  rarement  dans 
les  collections,  pour  cette  raison  que  très- 
peu  de  jardiniers  connaissent  sa  culture  et 
savent  l’amener  à fleurir. 

Le  Nerine  a été  introduit  à Guernesey 
par  suite  du  naufrage  sur  les  côtes  de  cette 
île  d’un  navire  qui  contenait  une  grande 
quantité  de  bulbes. 

Depuis,  il  s’y  est  complètement  acclimaté,  il 
y est  l’objet  d’une  cultur  e étendue,  et  chaque 
année  on  en  exporte  une  grande  quantité 
pour  l’Angleterre  et  diverges  autres  contrées, 


Nous  n’essaierons  pas  de  rechercher  les 
causes  de  ce  changement  de  couleur  que 
présente  le  Mussœndo.  theifera;  nous  nous 
bornerons  à constater  ce  fait,  qui  très-cer- 
tainement tient  à une  autre  cause,  ou  peut- 
être  même  à plusieurs  qu’il  nous  paraît  dif- 
ficile d’indiquer.  En  effet,  on  ne  trouve  rien 
d’analogue,  non  seulement  pour  les  plantes 
cochinchinoises,  mais  pour  aucune  autre  ; 
on  voit  parfois  les  plantes  varier,  soit  par 
la  vigueur,  les  dimensions,  par  une  florai- 
son plus  ou  moins  abondante,  parfois  même 
nulle,  mais  jamais  par  un  changement  de 
couleur  radical  et  subit. 

Culture  et  multiplication.  — Le  Mus- 
sœnda  theifera  se  cultive  en  serre  chaude 
ou  en  serre  tempérée,  dans  de  la  terre  de 
bruyère  grossièrement  concassée,  que  l’on 
entretient  toujours  humide  pendant  la  végé- 
tation : plus  lard  on  modère  les  arrosements, 
surtout  pendant  l’époque  du  repos  des  plan- 
tes. Quant  à la  multiplication,  on  la  fait  de 
boutures  qui  s’enracinent  facilement  et 
promptement. 

Le  il/,  theifera,  que  nous  ne  connaissons 
à l’état  vivant  que  chez  M.  Régnier,  horti- 
culteur, avenue  Marigny,  à Fontenay-sous- 
Bois  (Seine),  conservera-t-il  sous  notre  cli- 
mat ses  propriétés  fébrifuges  et  serait-il 
possible  de  l’utiliser  pour  cet  usage,  comme 
un  succédané  du  Quinquina?  L’avenir  le 
dira.  E.-A.  Carrière. 

UNE  SARNIENSIS 

Les  fleurs  du  Nerine  sarniensis,  d’une 
couleur  rouge  brillant,  abondantes,  sont 
réunies  en  ombelles  à l’extrémité  d’une 
hampe  florale  assez  courte.  Les  lobes  du 
périanthe  sont  ondulés  de  la  façon  la  plus 
gracieuse. 

Elles  s’épanouissent  habituellement  en 
septembre. 

M.  George  Eyles,  de  Kew,  indiquait  ré- 
cemment dans  le  Florist  and  Pomologist 
les  procédés  de  culture  qu’il  emploie  avec 
succès  pour  obtenir  de  beaux  Nerine  fleu- 
rissant tous  les  ans. 

Nous  reproduisons  ces  précieuses  indica- 
tions, que  l’on  peut  appliquer  aux  autres 
espèces  du  genre  : 

« Lorsque  Ton  s’est  procuré  des  bulbes 
de  Nerine,  on  les  place  vers  le  commence- 
ment du  mok  d’août  dans  des  grands  pots 


LES  GLAÏEULS. 


95 


que  l’on  a remplis  d’un  compost  de  terre 
argilo-sableuse  et  de  terreau  bien  décom- 
posé. Lorsque  les  fleurs  commencent  à se 
former,  on  doit  placer  les  plantes  dans  un 
endroit  abrité,  bien  aéré  ; cette  dernière 
condition  est  essentielle,  car  sans  cela  les 
fleurs  seraient  de  couleur  pâle  et  la  floraison 
de  plus  courte  durée. 

« Dans  de  bonnes  conditions,  cette  florai- 
son doit  durer  plus  d’un  mois. 

<^  Quand  elle  est  terminée,  on  place  les 


Nerine  dans  la  partie  aérée  d’une  serre 
froide  où  les  feuilles  se  maintiendront  vertes 
pendant  tout  l’hiver.  Dès  que  ces  feuilles  se 
dessécheront,  la  période  de  repos  des  bulbes 
sera  arrivée.  A la  fin  de  juin  ou  au  com- 
mencement de  juillet,  on  rempotera  les 
Nerine  dans  une  terre  mélangée,  comme  il 
a été  dit  plus  haut,  et  alors  ils  pourront 
fleurir  pendant  quatre  ou  cinq  années  con- 
sécutives, sans  avoir  besoin  d’être  rempotés 
de  nouveau.  » E.  Bruno. 


LES  GLAÏEULS 


Depuis  quelques  années,  la  culture  des 
Glaïeuls  a fait  tant  de  progrès,  on  en  a ob- 
tenu, par  voie  de  semis,  de  si  belles  et  de 
si  nombreuses  variétés,  qu’ils  sont  devenus 
d’un  grand  usage  pour  la  décoration  des 
parterres  et  des  massifs. 

Leurs  grandes  fleurs,  passant  par  toutes 
les  nuances  du  rose,  du  rouge,  du  blanc, 
du  violet  et  du  jaune,  font  un  très-bel  effet 
soit  sur  plantes , soit  en  bouquets  ; elles 
sont  rarement  unicolores,  mais  le  plus 
souvent  maculées,  striées,  lavées,  pointil- 
lées  ou  panachées  de  nuances  tranchées. 

Leur  culture  est  des  plus  simples. 

Si  l’on  veut  obtenir  une  floraison  qui  se 
prolonge  en  se  succédant  de  juillet  à sep- 
tembre, il  faut  planter,  dès  mars,  une  partie 
des  ognons  dont  on  dispose  ; une  deuxième 
partie  est  mise  en  terre  en  avril,  et  enfin 
une  troisième  et  dernière  en  mai,  en  ayant 
soin,  chaque  fois,  de  prendre  toujours  les 
'plus  petits  et  de  réserver  les  gros  pour  les 
dernières  plantations. 

Ils  ne  sont  pas  difficiles  sur  la  nature 
du  sol;  ils  réussissent  presque  partout  où 
l’on  peut  établir  un  jardin;  néanmoins,  ils 
préfèrent  une  bonne  terre  franche,  bien  fu- 
mée, plutôt  un  peu  humide  que  trop  sèche, 
et,  pendant  l’été,  un  bon  paillis  de  fumier 
gras,  ainsi  que  de  fréquents  arrosages  si  le 
temps  est  sec. 

La  grandeur  des  fleurs  et  la  richesse  des 
coloris  sont  les  caractères  distinctifs  de  leur 
beauté.  Leur  hauteur  est  de  1 mètre  à 1«^50. 

A l’automne,  lorsque  les  tiges  sont  fa- 
nées, on  les  coupe  et  on  relève  les  ognons 
pour  les  placer  sur  des  rayons,  dans  un 
lieu  sec,  à l’abri  des  gelées,  mais  non  chauffé, 
où  ils  se  conservent  parfaitement  jusqu’au 
printemps  suivant. 


Un  massif  qui  n’est  composé  que  de 
Glayeuls  n’est  guère  agréable  à la  vue;  si 
leurs  fleurs  sont  belles,  leur  feuillage  est 
pauvre  ; le  massif,  très-beau  à 1 mètre  du 
sol,  est  complètement  dégarni  à sa  base. 

Pour  remédier  à cet  inconvénient,  il  est 
utile  de  les  planter  dans  des  massifs  déjà 
formés,  tels  que  ceux  de  plantes  vivaces  ou 
d’arbustes  : leurs  grandes  tiges  fleuries, 
émergeant  au-dessus  de  la  verdure,  ou  pa- 
raissant au  travers,  sont  bien  plus  jolies  en- 
core. 

Nous  nous  souviendrons  toujours  de  l’ef- 
fet ravissant  que  produisait  un  massif  de 
Rosiers  tiges  que  nous  vîmes  il  y a quelques 
années.  Au  pied  de  chaque  Rosier,  un  jardi- 
nier intelligent  avait  planté  un  ognon  de 
Glaïeul  et  il  en  avait  palissé  la  tige  contre 
l’Églantier.  Cela  produisait  l’effet  de  jolies 
tètes  de  Rosiers,  bien  fermées,  que  l’on  au- 
rait fixées  sur  un  grand  nombre  de  bâtons 
fleuris,  au  lieu  de  ces  barres  droites,  raides 
et  dénudées  que  l’on  a l’habitude  de  voir  et 
dont  l’aspect  désagréable  a fini  par  faire  re- 
noncer presque  complètement  aux  Rosiers 
à hautes  tiges. 

L’effet  n’aurait  pas  été  moins  agréable, 
non  plus,  dans  une  corbeille  de  Rosiers 
nains  : les  tiges  de  Glaïeuls  seraient  alors 
venues  dominer  le  feuillage  vert  des  Roses, 
et  l’auraient  fleuri  justement  à l’époque  où 
ces  arbustes  admirables  sont  assez  parci- 
monieux de  leurs  fleurs. 

Si  nous  avions  un  massif  à former  en  em- 
ployant des  Glaïeuls,  voici,  croyons-nous, 
comment  nous  procéderions.  Nous  le  garni- 
rions d’abord  d’Amaranthes  mélancoliques 
dont,  chacun  le  sait,  le  feuillage  est  d’un 
rouge  foncé  ; entre  chaque  plante  d’Ama- 
ranthe,  nous  planterions  un  .ognon  d© 


96 


POIRE  DORÉE  DE  MONTGRTFFON. 


Glayeul,  et  nous  entourerions  le  tout  d’une 
bordure  de  Cinéraires  maritimes  dont  le 
feuillage  est  blanc.  Le  blanc  des  Cinéraires 
ferait  parfaitement  ressortir  le  fond  rouge 
du  massif  qui,  à son  tour,  par  sa  couleur 
sombre,  rendrait  bien  plus  éclatants  encore 
les  coloris  déjà  si  vifs  des  Claïeuls,  et  nul 
doute  que  cette  association  produirait  un 
eliet  remarquable. 

Cette  combinaison  peut  d’ailleurs  être  va- 
riée d’un  bien  grand  nombre  de  manières 
en  remplaçant  les  Amaranthes  par  d’autres 
plantes  basses,  telles  que  Réséda,  Achiran- 
tJies,  Coleiis,  etc. 

Une  qualité  fort  remarquable  et  très- 
appréciée  des,  Claïeuls,  c’est  la  facilité  avec 


laquelle  ils  continuent  à fleurir  dans  l’eau 
où  on  a mis  tremper  leurs  tiges  après  les 
avoir  coupées  : la  tloraison  continue  abso- 
lument comme  sur  la  plante  jusqu’à  ce 
que  le  dernier  bouton  se  soit  épanoui  à son 
tour,  ce  qui  dure  souvent  fort  longtemps. 

Ce  précieux  avantage  les  fait  beaucoup 
rechercher  pour  la  confection  des  bouquets 
pour  appartements;  mais,  dans  ce  cas,  on 
aime  à leur  associer  quelques  branchages 
légers,  tels  que  certaines  Graminées  : Stipa, 
Panicum^  Statice,  etc.,  et,  d’une  manière 
bien  plus  commune,  mais  non  moins  jolie, 
tout  simplement  avec  des  branches  d’As- 
perges.  Rivoire  père  et  fils, 

Marchands  grainiers,  16,  rue  d’Algérie,  à Lyon. 


POIRE  DORÉE  DE  MONTGRIFFON 


Arbre  d’une  très-grande  vigueur,  rappe- 
lant un  peu  le  Poirier  William  par  l’en- 
semble de  ses  caractères.  Scions  gros,  à 
écorce  lisse,  rousse,  fortement  pointillée  de 
gris  blanc.  Feuilles  moyennes,  légèrement 
arquées,  très-courtement  denticulées.  Fruit 
gros,  régulièrement  turbiné,  long  de  9-10 
centimètres,  d’environ  8 dans  son  plus 
grand  diamètre,  très-régulièrement  atténué 
vers  la  base  où  le  pédoncule  est  implanté 
verticalement,  sensiblement  élargi  et  comme 
tronqué  vers  le  sommet.  Œil  placé  dans 
une  dépression  bien  évasée,  peu  profonde, 
ouvert,  à divisions  courtes  et  étroites, 
droites.  Peau  d’un  très-beau  jaune  d’or, 
même  longtemps  avant  la  maturité  des 
fruits,  marquée  de  toutes  parts  de  points  ou 
macules  gris  roux  qui,  à certains  endroits, 
notamment  aux  extrémités  du  fruit,  se  réu=* 
nissent  et  forment  des  sortes  de  taches 
(bronzLires).  Pédoncule  d’environ  3 centi- 
mètres, droit,  renflé  et  élargi  à sa  base. 
Chair  blanche,  très-sucrée,  agréablement 
parfumée.  Pépins  peu  nombreux,  brun 
roux,  luisants,  renflés,  courtement  atténués 
à la  base. 


Cette  Poire,  qui  mûrit  en  septembre,  est 
très-bonne  quand  elle  est  prise  à point. 
Malheureusement,  comme  beaucoup  de  va- 
riétés d’été,  son  fruit  devieilt  vite  pâteux. 
Toutefois,  ses  dimensions,  sa  régularité  et  le 
bel  aspect  général  des  fruits  recommandent 
tout  particulièrement  cette  variété,  et  lui 
assurent  une  place  dans  le  jardin  fruitier. 
D’une  autre  part,  grâce  à la  beauté  de  ses 
fruits,  qui  prennent  une  belle  couleur  jaune 
longtemps  avant  la  maturité,  et  à la  richesse 
en  sucre  de  ses  fruits,  on  peut  les  cueillir 
avant  leur  complète  maturité,  ce  qui  en 
prolonge  la  durée  sans  nuire  sensiblement 
à la  qualité. 

Le  Poirier  Doré  de  Montgriffon  provient 
d’un  Pépin  de  la  Poire  de  Tongres,  semé  il 
y a vingt-deux  ans  par  M.  Chaudy,  horticul- 
teur-pépiniériste, qui  mettra  prochainement 
cette  variété  au  commerce.  La  première 
fructification  s’est  montrée  il  y a une  dixaine 
d’années.  La  qualité  des  fruits,  de  même  que 
la  fertilité  de  l’arbre,  ne  se  sont  jamais 
démenties. 

E.-A.  Carrière. 


lmp,  Georges  Jacob,  — OrJéan». 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


L’hiver  1882  en  Russie.  — Si  le  mal 
de  l’un  pouvait  enlever  celui  de  l’autre  ou 
seulement  l’atténuer,  nous  pourrions  trou- 
ver très-belle  la  situation  de  la  France,  re- 
lativement à celle  de  la  Russie.  Voici  ce 
que  nous  écrivait  le  docteur  Philibert,  de 
Moscou,  à la  date  du  14  janvier  : 

....  Nous  avons  beaucoup  de  neige,  excel- 
lent traînage,  et  jusqu’à  27  degrés  de  gelée  ; 
malgré  cela,  nous  nous  estimons  heureux  de  ne 
pas  être  en  Sibérie,  où  il  y a eu  cet  hiver  un 
froid  de  46  degrés  Réaumur. 

L’année  1882  a été  la  plus  extravagante  en 
Russie,  passant  d’un  extrême  à l’autre  : tantôt 
de  grandes  chaleurs  et  des  sécheresses  in- 
tenses, tantôt  de  fortes  averses,  qui  faisaient 
plus  de  mal  que  de  bien.  En  général,  le  midi 
de  la  Russie  a eu  à souffrir  d’une  effroyable 
sécheresse  ; la  récolte  des  foins,  des  céréales 
et  des  fruits  y a été  nulle  ; même  les  pâturages 
ont  fini  par  manquer  aux  alentours  des  villages. 
R y a des  localités,  comme  le  district  de  Théo- 
dorie  (Grimée),  où  les  sources  se  sont  taries, 
de  sorte  que  les  pauvres  bestiaux,  que  l’eau 
soutenait  encore,  ont  fini  par  succomber. 

A ce  fléau  s’en  est  joint  un  autre  : l’épizoo- 
tie bovine  qui  emportait  la  moitié  ou  même  les 
trois  quarts  des  troupeaux,  et,  ce  qui  est  parti- 
culièrement triste,  aucune  mesure  n’est  prise 
par  les  autorités  et  ne  le  sera  probablement 
que  lorsque  nous  en  serons  réduits  à acheter 
viande  et  beurre  chez  vous  ou  en  Amérique  ! . . . . 
Année  moyenne,  les  pertes  causées  par  cette 
maladie  s’élèvent  à la  somme  de  douze  millions 
de  roubles  (plus  de  quarante  millions  de  francs), 
et  cela  dure,  le  croirait-on?  depuis  un  très- 
grand  nombre  d’années  !... 

Exposition  générale  et  régionale  à 
Troyes.  — Du  samedi  19  au  lundi  28  mai 
1883,  et  à l’occasion  du  concours  régional 
agricole,  la  Société  horticole,  vigneronne  et 
forestière  du  département  de  l’Aube  fera,  à 
Troyes,  une  exposition  générale  d’horticul- 
ture à laquelle  sont  particulièrement  appelés 
à prendre  part  les  départements  de  la 
Marne,  de  la  Haute-Marne,  de  Meurthe- 
et-Moselle,  de  la  Meuse  et  des  Vosges.^ 

Tous  les  produits  des  Vignes,  des  jar- 
dins, des  forêts,  et  des  sciences,  arts  ou  in- 
dustries qui  s’y  rapportent,  seront  admis 
et  placés  dans  leurs  sections  respectives. 

Les  personnes  qui  désirent  prendre  part 
aux  concours  devront  en  faire  la  demande 


à M.  le  secrétaire  général  de  la  Société 
avant  le  mai,  en  indiquant  la  nature 
des  objets  qu’elles  se  proposent  d’exposer,  et 
approximativement  l’emplacement  qu’elles 
jugeront  devoir  leur  être  nécessaire. 

Le  jury  entrera  en  fonctions  le  samedi 
19  mai,  à huit  heures  du  matin. 

L’exposition  se  tiendra  dans  le  jardin  pu- 
blic du  mail  de  Belfroy,  devant  la  gare  de 
l’Est. 

Circulaire  ministérielle  relative  aux 
formalités  à remplir  pour  les  expédi- 
tions en  Belgique  des  produits  horti- 
coles. — Nous  nous  empressons  de  publier 
la  circulaire  suivante,  adressée  aux  préfets 
par  le  ministère  de  l’agriculture,  faisant 
connaître  les  conditions  auxquelles  sont  sou- 
mises les  expéditions  des  produits  horticoles 
en  Belgique  : 

Monsieur  le  Préfet , 

Les  plantes,  arbustes  et  tous  végétaux 
autres  que  la  Vigne,  non  dénommés  à l’ar- 
ticle 3,  provenant  de  pépinières,  de  jardins 
ou  de  serres,  continueront  d’être  admis  à 
l’entrée  et  au  transit;  mais  ils  ne  seront  in- 
troduits que  par  les  bureaux  de  douanes 
d’Anvers,  de  Bruxelles,  de  Gand,  de  Liège  et 
d’Ostende  pour  les  importations  par  eau,  et 
par  les  bureaux  placés  sur  une  voie  ferrée 
pour  les  importations  par  les  frontières  de  terre. 

Les  conditions  suivantes  seront  observées  : 

« lo  Ces  colis  seront  présentés  dans  les  con- 
ditions usuelles  d’emballage,  de  manière  à per- 
mettre les  constatations  nécessaires. 

((  2»  Rs  seront  accompagnés  : 

((  A.  — D’une  déclaration  signée  par  L’expé- 
diteur portant  ; 

« a)  L’indication  du  point  de  réception  défi- 
nitive et  l’adresse  du  destinataire  ; 

« b)  La  mention  que  le  contenu  provient  en 
entier  de  l’établissement  de  l’expéditeur  ; 

« c)  L’affirmation  que  l’envoi  ne  renferme 
aucun  pied  de  Vigne  ; 

« d)  La  mention  que  les  végétaux  sont  pré- 
sentés avec  ou  sans  motte  de  terre. 

« B.  — D’une  déclaration  de  fautorité  com- 
pétente, basée  sur  l’attestation  d’un  expert  offi- 
ciel portant  : 

« a)  Que  l’envoi  provient  d’un  terrain  (plan- 
tation ou  enclos)  séparé  de  tout  pied  de  Vigne 
par  espace  de  20  mètres  au  moins  ou  par  un 
autre  obstacle  aux  racines  jugé  suffisant  par 
l’autorité  compétente  ; 


1er  Mars  1883. 


5 


98 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


« h)  Que  ce  terrain  ne  contient  lui-même 
aucun  pied  de  Vigne  ; 

« c)  Qu’il  n’y  est  fait  aucun  dépôt  de  cette 
plante  ; 

« d)  Que,  s’il  y a eu  des  ceps  phylloxérés, 
l’extraction  radicale,  des  opérations  toxiques 
répétées,  et,  pendant  trois  ans,  des  investiga- 
tions ont  eu  pour  effet  d’assurer  la  destruction 
complète  de  l’insecte  et  des  racines.  » 

Vous  remarquerez,  Monsieur  le  Préfet,  que 
que  la  déclaration  de  l’expéditeur  doit  être  cor- 
roborée par  une  déclaration  de  l’autorité  com- 
pétente basée  sur  l’attestation  d’un  expert 
officiel. 

Il  va  sans  dire  que,  dans  l’espèce,  l’autorité 
compétente  est  le  maire  de  la  commune.  Comme 
il  n’existe  pas,  en  France,  d’expert  officiel 
chargé  des  constatations  énumérées  dans  les 
alinéas  a,  h,  c,  d du  paragraphe  B,  cette  fonc- 
tion pourra  être  confiée  au  commissaire  de  po- 
lice ou  au  garde  champêtre  dans  les  communes 
où  il  n’existe  pas  de  commissaire  de  police. 

Je  vous  prie.  Monsieur  le  Préfet,  de  vouloir 
bien  m’accuser  réception  de  la  présente  circu- 
laire, et  de  me  faire  connaître  les  mesures  que 
vous  aurez  cru  devoir  prendre  pour  porter  les 
})rescriptions  ci-dessus  indiquées  à la  connais- 
sance des  intéressés. 

Le  Ministre  de  V agriculture, 

De  Mahy. 

Dictionnaire  de  botanique  de  M.  le 
docteur  Bâillon.  — Le  quinzième  fasci- 
cule de  cet  important  travail  vient  de  pa- 
raître à la  librairie  Hachette  et  Ci®,  79, 
boulevard  Saint-Germain.  Bien  que  cet 
ouvrage  soit  aujourd’hui  généralement 
connu,  nous  devons,  du  moins  en  quelques 
mots,  en  rappeler  les  principaux  traits. 
Si  son  titre  tout  spécial  semble  indiquer 
de  la  botanique  pure;  il  n’en  est  pas 
tout  à fait  ainsi  : la  médecine  usuelle  se 
trouve  fréquemment  citée,  et  l’emploi  des 
simples  est  indiqué.  La  bibliographie  non 
plus  n’est  pas  négligée  : la-  citation  des 
auteurs  et  le  titre  de  leurs  ouvrages  sont 
des  indications  à l’aide  desquelles  le 
lecteur  trouve  des  renseignements  qu’jl  ne 
saurait  souvent  où  chercher. 

Ce  fascicule,  qui  comprend  80  pages  de 
texte,  contient  248  figures  dessinées  par 
M.  Faguet  et  gravées  avec  le  plus  grand 
soin. 

Fruits  conservés  par  le  froid.  — Nos 
lecteurs  se  rappellent  sans  doute  l’article 
publié  par  la  Revue  horticole  sur  un  éta- 
blissement spécial  pour  la  conservation  des 


fruits  (1),  créé  à Thomery  par  M.  Étienne 
Salomon.  La  conservation  est  due  à un  ap- 
pareil réfrigérant  à l’aide  duquel  on  main- 
tient une  température  très-peu  supérieure 
à zéro.  Dans  ces  conditions , tous  les 
fruits  peuvent  se  conserver  plus  ou  moins 
longtemps  au  delà  de  leur  époque  normale 
de  maturité.  Toutefois,  si  tous  conservent 
leur  beauté,  leur  première  fraîcheur,  il  en 
est  qui  perdent  tout  ou  partie  de  leurs 
qualités;  tels  sont  les  fruits  à noyaux,  les 
Pêches  particulièrement  ; les  fruits  à pépins, 
au  contraire,  conservent  à la  fois  beauté  et 
qualité.  On  a vu  et  admiré  de  très-beaux 
exemples  des  uns  et  des  autres  à la  récente 
exposition  du  palais  de  l’Industrie,  à Paris, 
dans  le  lot  si  remarquable  de  M.  Étienne 
Salomon,  de  Thomery  ; ses  Raisins,  ses  Poires 
même  d’été  : Williams,  Amanlis,  Duchesse 
(LAngoulème,  Louise-Bonne  ddAvranches, 
étaient  frais  comme  si  on  venait  de  les 
cueillir.  Il  en  était  de  même  des  Pêches  ; mais 
celles-ci  n’avaient  que  l’apparence,  et,  bien 
que  tout  aussi  fraîches  et  aussi  belles  que 
si  on  venait  de  les  enlever  des  arbres,  elles 
avaient  si  on  perdu  leurs  qualités.  Il  est  vrai 
qu’elles  étaient  cueillies  depuis  cinq  mois. 
M.  Salomon,  qui  ne  fait  pas  les  choses  à 
la  légère  etaime  à se  rendre  compte  des 
expériences,  nous  disait  que  les  Pêches 
conservaient  leurs  qualités  pendant  deux  et 
même  trois  mois,  suivant  les  années. 

Le  jury,  appréciant  à leur  juste  valeur 
les  fruits  exposés  par  M.  Salomon,  a 
accordé  à ce  lot  le  grand  prix  d’honneur 
de  la  section. 

Palissage  au  papier.  — Ce  palissage 
n’est  autre  que  l’opération  connue  sous  la 
rubrique  : 'palissage  à la  loque,  dont  il  ne 
diffère  que  parce  qu’au  lieu  de  loques  on 
se  sert  de  fort  papier.  Ce  papier  peut  durer 
deux  ans  ; mais  ne  durât-il  qu’une  année, 
il  y aurait  encore  avantage  à l’employer, 
non  seulement  par  économie,  mais  à cause 
de  la  facilité  de  son  emploi  qui  permet  de 
faire  le  travail  beaucoup  plus  vite;  le  papier 
étant  plus  ferme  et  plus  résistant,  se  prête 
mieux  aux  manipulations.  Toutefois,  afin 
qu’il  conserve  ses  qualités,  il  faut  avoir  soin 
de  tenir  ce  papier  au  sec;  mais  une  fois  en 
place  il  défie  les  intempéries. 

A qui  est  due  la  première  idée  de  subs- 
tituer le  papier  aux  loques?  Sans  rien  affir- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  p.  252. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


99 


,mer  sous  ce  rapport,  nous  croyons  que  c’est 
à M.  de  Rotrou,  ancien  maire  de  Montreuil, 
qui,  dès  l’année  1858,  en  faisait  usage  pour 
palisser  ses  Pêchers. 

Le  papier  aurait  cet  autre  avantage  que, 
pouvant  se  teindre  à volonté  et  prendre 
toutes  les  couleurs,  il  permettrait  de  faire 
des  dessins  lors  du  palissage  en  sec  et  de 
représenter  les  formes  des  arbres.  Il  suffi- 
rait d’employer  des  loques-papier  de  cou- 
leurs appropriées,  pour  donner  à l’arbre  ou 
à certaines  de  ses  parties  la  forme  jugée 
nécessaire.  Un  autre  avantage  encore  du  pa- 
pier sur  les  loques  en  étoffe,  c’est  de  ne  pas 
donner  asile  aux  nombreux  insectes  qui, 
non  seulement  trouvent  un  abri  dans  les 
chiffons,  mais  qui  y déposent  leurs  œufs. 

Exposition  d’horticulture  au  Hâvre. 

— La  Société  des  sciences  et  arts  agricoles 
et  horticoles  du  Havre  fera  dans  cette  ville, 
du  26  mai  au  3 juin  1883,  une  exposition 
générale  des  produits  de  l’agriculture  et  de 
l’horticulture,  ainsi  que  des  arts  et  industries 
qui  s’y  rattachent. 

Cette  exposition  se  tiendra  à l’aquarium 
et  dans  ses  annexes,  au  jardin  Saint-Roch. 

Les  personnes  qui  désirent  prendre  part 
à cette  exposition  doivent  en  faire  la  de- 
mande au  président  de  la  Société  avant  le 
5 mai  1883,  en  indiquant  la  nature  des  pro- 
duits qu’elles  se  proposent  d’exposer. 

Le  jury  commencera  ses  opérations  le 
26  juin,  à neuf  heures  et  demie  du  matin. 

Album  Bénary . — Le  T fascicule  (1882) 
de  cette  publication  vient  de  paraître.  Il 
comprend  les  principaux  légumes  qui  ont 
paru  en  1882.  L’ouvrage  est  édité  avec  le 
plus  grand  soin,  sur  beau  et  fort  papier, 
format  in-folio.  Les  figures  en  chromo- 
lithographie sont  exécutées  avec  une  fidé- 
lité et  une  netteté  vraiment  remarquables; 
dessins  et  chromo-lithographies  sont  faits 
dans  l’établissement  de  M.  Bénary,  à Erfurt. 

Ce  fascicule  comprend  8 pages  : A de 
texte  et  4 de  figures  ; les  deux  premières 
sont  consacrées  à des  variétés  de  Choux,  la 
troisième  aux  Pois  ; la  quatrième  comprend 
des  Poirées-Cardes.  Le  texte  est  placé  en 
regard  des  chromo-lithographies,  il  est  écrit 
en  allemand,  anglais,  français  et  russe.  On 
souscrit  chez  l’auteur,  M.  Bénary,  à Erfurt 
(Allemagne). 

Nouvel  exemple  spontané  de  Chlo- 


ranthie.  — Cet  exemple  de  chloranthie  ou 
de  dichroïsme,  qui  nous  est  signalé  par 
M.  Brunner  fils,  horticulteur  à Lausanne 
(Suisse),  s’est  produit  dans  ses  cultures  sur 
le  Primnla  rohusta  grandiflora  compacta 
alba  plena  {cinq  qualificatifs,  ce  qui  nous 
ramène  aux  noms-diagnoses  deTournefort), 
forme  à fleurs  très-pleines,  d’un  beau  blanc. 
Le  nouveau  produit,  qui  s’est  développé 
spontanément,  est  absolument  semblable  à 
ses  parents,  tant  par  son  port  et  son  faciès 
général  que  par  son  inflorescence.  La  seule 
différence  consiste  dans  la  couleur  des  fleurs 
qui  sont  d’un  vert  foncé,  absolument 
comme  celui  des  feuilles.  Cette  anomalie 
se  distingue  de  beaucoup  d’autres  en  ce 
que,  au  lieu  d’être  produite  par  graine,  elle 
résulte  d’une  transformation  subite,  spon- 
tanée. A ce  sujet,  et  en  nous  adressant  un 
échantillon  de  cette  anomalie,  M.  Brunner 
nous  écrivait:  « J’ai  acheté  en  Alle- 

magne, il  y a quatre  ans,  cette  belle  variété 
de  Primevère;  je  n’en  possède  aucune  autre, 
et,  bien  que  j’en  cultive  des  quantités  consi- 
dérables que  je  multiplie  par  éclats  (la 
plante  ne  donnant  pas  de  graine),  jamais  il 
ne  s’était  produit  autre  chose  que  des 
fleurs  très  - blanches  et  bien  pleines, 
quand,  au  mois  de  décembre  dernier,  un 
pied  montra  des  hampes  d’un  vert  foncé  et 
des  fleurs  de  la  même  couleur.  Depuis  cette 
époque,  ce  pied,  qui  a continué  à fleurir,  n’a 
plus  que  des  fleurs  vertes.  » 

Le  fait  n’est  d’ailleurs  pas  isolé.  Nous 
avons  reçu  de  M.  le  comte  Paul  Riant,  de 
Monthey  (Valais),  des  fleurs  de  Primevères 
de  la  Chine  qui  présentaient  tous  les  carac- 
tères de  la  chloranthie  dont  M.  Brunner 
vient  de  nous  entretenir. 

Le  commerce  horticole  est-il  une 
industrie?  — Cette  question,  qui  maintes 
fois  a été  soulevée,  a été  résolue  affirma- 
tivement en  Belgique. 

En  effet,  notre  estimable  confrère,  M.  Aug. 
Van  Geert,  qui  est  en  même  temps  un  horti- 
culteur distingué,  a été  nommé,  il  y a quel- 
que temps,  juge  suppléant  près  le  tribunal 
de  commerce  de  Gand.  De  plus  en  plus,  on 
le  voit,  l’horticulture  se  relève,  et  de  l’état 
rudimentaire  où  elle  était  confinée  elle  passe 
successivement  à des  destinées  plus  bril- 
lantes, en  Belgique  comme  en  France,  en 
Angleterre  comme  sur  le  continent.  C’est 
ainsi  que  les  horticulteurs  ont  obtenu  enfin 


100 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


d’être  admis  aux  concours  régionaux  fran- 
çais, après  en  avoir  été  si  longtemps  tenus 
éloignés.  Ces  signes  des  temps  indiquent 
clairement  que  les  hommes  distingués  de 
l’horticulture  prennent  de  plus  en  plus  dans 
la  société  un  rang  qu’ils  ont  justement  mé- 
rité par  des  progrès  intellectuels  qui  s’af- 
firment de  jour  en  jour. 

A propos  d’un  semis  de  graines  d’Ar- 
tichauts.  — Un  abonné  à la  Revue  hor- 
ticole nous  adresse  la  lettre  suivante  : 

J’avais  aclieté,  dans  une  maison  de  confiance, 
des  graines  d’Artichaut  que  j’ai  semées  avec 
le  plus  grand  soin  ; plus  tard  j’ai  porté  la 
même  attention  aux  plants,  ({ui  ont  été  repi- 
([ués  et  mis  en  place  dans  les  meilleures  condi- 
tions. 

Malgré  tous  ces  soins,  j’ai  obtenu,  ce  que  peut- 
être  vous  vous  refuserez  à croire,  de  grands 
(diardons  épineux,  pour  la  plupart  du  moins. 
A quoi  dois-je  attribuer  ce  fait?  Les  graines 
auraient-elles  été  hybridées  par  des  Chardons, 
et  dans  ce  cas  comment  ce  fait  aurait-il  pu  se 
])roduire,  car  je  ne  sache  pas  qu’il  ait  })u  y 
avoir  de  Chardons,  sinon  à })lus  d’un  kilomètre 
de  l’endroit  où  se  sont  i)assés  les  faits  dont  je 
vous  parle?  ou  bien  dois-je  attribuer  ceux-ci 
à un  mélange  bien  certainement  involontaire, 
qui  aurait  étéfait  de  graines  d’Articliauts  et  de 
graines  de  Chardons? 

Voilà  les  faits  dans  toute  leur  exactitude; 
je  serais  très-heureux  si  vous  pouviez  m’en 
donner  une  explication. 

Les  faits  donc  parle  notre  abonné,  et  dont 
il  se  plaint,  n’ont  rien  qui  doive  étonner 
les  personnes  quelque  peu  au  courant  de 
la  botanique.  Pour  en  donner  une  expli- 
cation rationnelle,  il  n’est  pas  nécessaire 
d’établir  d’hypothèses,  de  faire  intervenir 
((  l’hybridation  avec  des  Chardons,  » non 
plus  qu’un  a mélange  de  graines  de  Char- 
dons et  de  graines  d’Artichauts;  » il  suf- 
fit de  rappeler  que  les  Artichauts  et  les 
Chardons  sont  des  genres  assez  voisins  l’un 
de  l’autre,  et  que  dans  les  semis  de 
graines  d’Artichauts  il  sort  souvent  des  in- 
dividus qui,  en  s’écartant  du  type,  se  rap- 
prochent des  Chardons,  avec  lesquels  alors 
il  est  parfois  difficile  à une  personne  étran- 
gère à la  botanique  de  les  distinguer.  C’est 
ce  fait  qui  est  probablement  arrivé  à notre 
abonné.  Toutefois,  en  pareille  circonstance, 
il  faut  être  patient  et  ne  pas  trop  se  presser 
de  jeter  les  plantes  ; il  est  au  contraire  pru- 
dent d’attendre  jusqu’à  la  fructification,  sur- 


tout quand  les  sujets  ne  sont  pas  épineux, 
car  c’est  seulement  alors  qu’on  en  peut 
apprécier  la  valeur,  qui,  comme  chacun  le 
sait,  est  en  raison  de  l’épaisseur  du  récep- 
tacle, » et  aussi  de  la  partie  charnue  qui 
se  trouve  à la  base  des  écailles  bractéales 
constituant  l’ensemble  de  l’inflorescence  ce 
qu’on  nomme  vulgairement  fond  et  feuilles 
d’Artichaut.  » 

Ce  n’est  donc  qu’après  la  floraison  des 
plantes  qu’on  peut  réellement  apprécier  la 
valeur  des  semis  d’Artichaut;  encore  ne 
faut-il  pas  trop  se  presser,  car  l’épaisseur 
charnue  que  l’on  mange  dans  l’Artichaut 
est  en  rapport  avec  le  milieu,  c’est-à-dire 
avec  le  climat  dans  lequel  poussent  les 
plantes.  Sous  ce  rapport  chacun  sait  quelle 
énorme  différence  existe  entre  une  même 
variété  cultivée  dans  le  Midi  ou  dans  le 
Nord  : la  partie  tendre,  très-épaisse  dans 
le  Nord,  existe  à peine  chez  les  plantes  cul- 
tivées dans  le  Midi,  de  sorte  que  dans  les 
pays  très-chauds  l’Artichaut  est  à peine  co- 
mestible; c’est  alors  une  sorte  de  Chardon 
ou,  si  l’on  veut,  une  plante  à 'feuillage  or- 
nemental, l’équivalent  d’un  Cardon. 

Conservation  des  fleurs.  — Il  est  bien 
rare  que  le  plaisir  que  l’on  éprouve  à con- 
templer une  jolie  fleur  ne  soit  accompagné 
du  regret  que  l’on  a de  ne  pouvoir  la  con- 
server longtemps  fraîche,  c’est-à-dire  avec 
sa  forme,  ses  couleurs  et  son  parfum. 

De  nombreux  essais  ont  été  faits  pour 
parvenir  à ce  résultat. 

La  Revue  de  VhorticuUure  belge  a 
consacré  à ce  sujet  un  très  - intéressant 
article,  et  fait  en  même  temps  connaître  un 
procédé  dû  à M.  Cornélis,  de  Diest,  procédé 
que  ses  expériences  réitérées  ont  démontré 
comme  infaillible,  du  moins  en  ce  qui  con- 
cerne la  conservation  de  la  forme. 

Nous  pouvons  nous  porter  garants  du 
bon  résultat  obtenu  par  ce  moyen,  dont 
nous  avons  vu  les  remarquables  résultats 
à la  dernière  grande  exposition  horticole 
de  Bruxelles,  en  1880. 

11  suffit  tout  simplement  d’enfouir  les 
fleurs  dans  du  sable  et  de  les  faire  sécher 
ensuite. 

Voici  la  marche  à suivre  pour  ces  opéra- 
tions : 

Le  récipient  le  plus  convenable  est  un 
cornet  de  papier  dont  on  a refoulé  la  pointe, 
de  façon  à en  faire  un  cône  tronqué. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


101 


La  dessiccation  se  fait  bien  à une  tempé- 
rature de  35  à 40  degrés,  dans  un  lieu  où 
l’air  se  renouvelle  facilement  ; mais  il  est 
préférable  d’opérer  dans  le  vide,  en  pré- 
sence de  l’acide  sulfurique  ou  de  toute 
autre  substance  absorbant  l’eau  avec  avi- 
dité. 

Après  huit  ou  dix  jours  de  séjour  dans  le 
sable,  les  fleurs  sont  sèches  ; il  faut  alors 
les  en  retirer  avec  précaution,  puis,  après 
les  avoir  débarrassées  de  la  poussière  qui 
pourrait  y adhérer,  on  les  enferme  dans  des 
lïacons  hermétiquement  fermés,  et  dans  le 
fond  desquels  on  a déposé  un  peu  de  chaux. 

Par  ce  procédé,  on  réussira  à conserver 
presque  indéfiniment  les  fleurs  avec  leur 
forme,  et  presque  toujours  elles  garderont 
aussi  leurs  couleurs. 

Exposition  internationale  à Amster- 
dam en  1883.  — Dans  cette  exposition,  qui 
comprendra  à peu  près  tous  les  produits 
naturels,  industriels,  artistiques,  etc.,  une 
seule  chose  nous  intéresse  : c’est  l’horti- 
culture, ainsi  que  les  parties  qui  s’y  ratta- 
chent. Considérée  dans  son  ensemble,  on 
peut  la  partager  en  deux  : exposition  per- 
manente et  exposition  temporaire.  La 
première  comprend  les  végétaux  qui  peu- 
vent rester  en  pleine  terre  pendant  toute  la 
durée  de  l’exposition  : Conifères,  Rosiers, 
Houx,  arbres  fruitiers,  arbustes  de  pleine 
terre,  etc.,  Dahlias,  Cannas  et  plantes 
vivaces  de  pleine  terre,  puis  les  serres^  les 
appareils  de  chauffage,  enfin  les  rochers. 

Les  expositions  temporaires  sont  au 
nombre  de  10.  Les  voici  d’après  l’ordre  du 
programme  i 

La  première,  du  Rr  au  27  mai,  comprend 
les  plantes  à feuillage,  les  plantes  fleuries, 
quelques  meubles,  outils  et  ustensiles  de 
jardin. 

La  deuxième,  du  2 au  24  juin,  comprend 
le  même  programme  que  la  première. 

La  troisième,  qui  ne  durera  que  deux 
jours,  27  et  28  juin,  est  tout  à fait  spéciale 
aux  Roses  coupées. 

La  quatrième,  du  au 29  juillet,  est  une 
répétition  des  première  et  deuxième,  mais 
avec  des  plantes  différentes. 

La  cinquième,  qui  aura  lieu  les  et 
2 juillet,  est  spéciale  aux  fruits  et  aux 
légumes. 


La  sixième,  qui  est  spéciale  aux  L ses 
coujiées,  se  tiendra  les  Rr  et  2 août. 

La  septième,  du  5 au  26  août,  comprend 
4 sections  : a,  plantes  de  serre  non  tleu- 
ries  ; h,  plantes  fleuries;  c,  plantes  non 
fleuries  propres  à divers  usages  ; d,  collec- 
tion d’Oignons  à fleurs  propres  au  com- 
merce. 

La  huitième,  qui  est  spéciale  aux  bou- 
quets, milieux  de  table,  couronnes,  fleurs 
caupées,  etc.,  aura  lieu  les  29  et  30  août. 

La  neuvième,  du  2 au  30  septembre, 
comprend,  outre  des  séries  analogues  à celles 
de  la  septième  exposition,  des  plans  de 
jardins  divers,  de  nature,  de  formes  et 
d’étendues  définies  et  déterminées. 

Enfin,  la  dixième,  qui  sera  une  « grande 
exposition  de  fruits,  » sera  ouverte  du 
20  au  30  septembre.  Des  programmes  spé- 
ciaux, sont  dressés  : pour  les  Pays-Ras  ; 
2*5  pour  la  Relgique  et  le  Luxembourg; 
3»  pour  l’Allemagne  du  Nord;  4»  pour  l’Al- 
lemagne du  Sud,  l’Autriche  et  la  Suisse  ; 
5°  pour  îe  midi  de  l’Europe  : Ralie,  Es- 
pagne, Portugal,  Grèce;  6^  Danemark, 
Suède,  Norwège  et  Russie.  Enfin,  un  con- 
cours pour  tous  les  pays,  comprenant  des 
arbres  fruitiers  en  pots  portant  des  fruits, 
savoir  : 6 Poiriers,  6 Pommiers,  G Pêchers, 
6 Prunierj,  plus  une  collection  de  toutes 
sortes  de  graines  potagères,  céréales,  etc. 

Pour  les  expositions  temporaires,  les  de- 
mandes doivent  être  adressées  à M.  P.  Ga- 
lesloot,  premier  secrétaire  de  la  Commission 
de  l’exposition,  à Amsterdam,  en  indiquant 
les  objets  qu’on  se  propose  d’exposer  et  l’em- 
placement qu’on  jugera  devoir  être  néces- 
saire. 

Quant  à l’exposition  permanente,  les  de- 
mandes devaient  être  faites  avant  le  15  jan- 
vier 1882.  Il  est  donc  trop  tard. 

Échenillage  des  arbres.  — L’absence 
à peu  près  complète  d'hiver  et  la  tempéra- 
ture relativement  élevée  dont  nous  jouissons 
ont  fait  que,  malgré  des  pluies  à peu  près 
incessantes,  le  « réveil  de  la  nature  » s’ac- 
centue de  jour  en  jour,  et  que,  de  même  que 
les  plantes,  les  insectes  de  printemps  font 
déjà  leur  apparition.  Il  est  donc  prudent 
de  ne  pas  attendre  la  loi  sur  l’échenillage 
pour  pratiquer  cette  opération. 

E.-A.  C.'^RRiÈRE  et  Ed.  André. 


102 


POMME  DE  TERRE  EXCELLENTE  NAINE. 


LE  BRAHEA  KOEZLII. 


POMME  DE  TERRE  EXCELLENTE  NAINE 


Déjà,  dans  ce  recueil  (i),  nous  avons 
parlé  de  cette  nouvelle  variété  de  Pomme 
de  terre  obtenue  par  notre  collègue, 
M.  Millet,  horticulteur  à Bourg-la- Reine 
(Seine),  et  cultivée  par  lui  sous  le  nom  de 
Pomme  de  terre  Excellente  naine.  Nous 
croyons,  vu  son  grand  mérite,  devoir  y re- 
venir et  la  signaler  de  nouveau  à l’attention, 
d’autant  plus  que  nous  voici  arrivé  à 
l’époque  de  plantation  de  ces  précieux 
légumes. 

La  Pomme  de  terre  Excellente  naine 
provient  d’un  semis  de  la  Pomme  de  terre 
Royale  {Royal  ash  leaved  Kidney  des 
Anglais);  comme  elle,  son  tubercule  .est  en 
forme  d’amande,  très-lisse  et  très- net, 
d’une  jolie  couleur  jaune  doré;  les  yeux, 
qui  sont  peu  nombreux,  sont  également  peu 
marqués,  ce  qui  est  toujours  une  grande 
qualité  dans  les  Pommes  de  terre,  et  une 
qualité  surtout  appréciée  des  ménagères,  qui 
peuvent  peler  plus  facilement  les  tubercules 


lisses  que  ceux  dont  les-yeux  sont  fortement 
enfoncés.  Le  germe  est  violet  et  se  déve- 
loppe à peu  près  comme  celui  de  la  Pomme 
de  terre  Marjolin  hâtive;  la  chair  est  jaune, 
farineuse  et  de  première  qualité. 

Cette  variété  est  hâtive  et  plus  productive 
que  la  Pomme  de  terre  Marjolin.  Comme 
cette  dernière,  elle  a la  particularité  de  ne 
pas  fleurir.  Les  fanes  sont  plus  courtes  que 
celles  de  la  Pomme  de  terre  Royale  et,  sous 
le  rapport  de  la  dimension,  se  rapprochent 
de  celles  de  la  Pomme  de  terre  Marjolin 
hâtive;  mais  les  feuilles  sont  un  peu  gau- 
fi  ées  et  veinées  et  d’un  vert  franc  peu  foncé. 

La  Pomme  de  terre  Excellente  naine 
est  en  somme  une  variété  très-intéressante 
et  recommandable,  et  une  des  plus  avanta- 
geuses pour  les  cultures  de  primeur,  en 
pleine  terre  et  encore  mieux  sous  châssis; 
par  suite  du  peu  de  développement  qu’elle 
prend,  on  peut  la  cultiver  en  touffes  très- 
rapprochées.  E.-A.  Carrière. 


LE  BRAHEA  ROEZLII 


En  citant  dernièrement  les  beaux  exem- 
plaires de  ce  Palmier  nord-américain  qui 
se  trouvent  dans  le  jardin  de  M.  le  comte 
d’Épréniesiiil,  au  golfe  Juan,  nous  avons 
surtout  insisté  sur  la  noblesse  de  sa  forme  et 
la  coloiation  glauque  exti aordinaire  (bleu 
argenté)  de  son  feuillage.  Nous  avons  la 
bonne  fortune  aujourd’hui  de  com[)léter  ces 
indications  par  les  notes  suivantes  sur  l’ha- 
bitat de  l’espèce,  notes  que  nous  tenons  de 
M.  B.  Roezl  lui-même,  qui  l’a  introduite  en 
Europe. 

Le  Brahea  Roezlii  croît  entre  les  33°  et 
34'*  de  latitude  N.  et  à 150  lieues  environ 
de  la  côte  du  Pacifique,  dans  les  Etats  de  la 
Californie  et  de  l’Arizona.  Le  pays  est  mon- 
tagneux et  très-aride.  Il  y pleut  seulement 
pendant  trois  ou  quatre  mois  de  l’année,  de 
décembre  à février  ou  mars,  et  la  quantité 
totale  d’eau  tombée  annuellement  atteint 
rarement  plus  de  20  à 30  centimètres. 
Pendant  l’hiver,  on  constate  aussi  quelques 
forts  brouillards.  Le  reste  de  l’année,  un 
soleil  torriile  dessèche  tout.  Pmezl  a vu, 
dans  cette  région,  des  lieues  carrées  cou- 
(1)  Voir  Revue  horticole^  1881,  p.  83, 


vertes  de  ce  beau  Palmier.  Son  tronc  atteint 
seulement  de  2 à 5 mètres  de  hauteur. 
L’effet  qu’il  produit  est  saisissant  lorsque 
le  vent  incline  son  feuillage  tout  entier 
d’un  côté,  ce  qui  le  fait  paraître  entière- 
ment argenté.  Dans  ce  même  pays  on  ren- 
contre aus>i  le  Pritchardia  fdifera  (dont 
les  Américains  ont  fait  le  genre  Washing- 
tonia).  Le  tronc  de  cette  espèce  est  majes- 
tueux, et  Roezl  affirme  qu’il  peut  atteindre 
jusqu’à  20  mètres  de  hauteur.  Lorsqu’il 
arrive  à cette  haute  stature,  le  P.  filifera 
perd  ses  filaments  blancs,  ou  plutôt  il  n’en 
produit  presque  plus. 

Il  convient  de  ne  plus  laisser  la  lumière 
sous  le  boisseau,  et  le  temps  des  « ca- 
chettes végétales  » est  passé.  Nous  avons 
donc  demandé  à M.  Roezl  comment  on 
arrivait  au  pays  des  Brahea  Roezlii  et  B. 
filamentosa  {Pritchardia  fdifera).  Voici 
l’itinéraire  que  le  célèbre  voyageur  nous  a 
fixé;  il  pourra  servir  aux  explorateurs  de 
l’avenir. 

De  San  Francisco  au  petit  port  de  San 
Pédro,  sur  le  Pacifique,  le  bateau  à vapeur 
ne  met  que  vingt-quatre  heures.  De  là  on 


URÂC/ENA.  CÜNGESTA  DISCOLÜK. 


103 


atteint  en  chemin  de  fer  la  petite  ville  de 
Los  Angélès,  célèbre  par  ses  Vignes  colos- 
sales, ses  Orangers,  ses  cultures  semi-tropi- 
cales. Puis  on  gagne  San  Bernardine,  Dos 
Palmas,  et,  arrivé  à cette  localité,  on  ne 
trouve  plus  de  population  ou  du  moins 
Roezl  n’en  trouva  pas  en  1874,  lorsqu’il 
récolta  les  premières  graines  de  ces  Palmiers 
pour  les  envoyer  en  Europe.  De  là  on  arrive 
rapidement  à la  localité  où  croît  en  abon- 
dance le  B.  Roezlii. 

La  végétation  dominante  de  cette  contrée 
est  représentée  parles  Cactées.  Les  Cereus, 
Opuntia,  Mamillaria,  E cl lino cactus , y 
abondent.  On  y rencontre  aussi  de  nombreux 
Yucca  et  Dasylirîon.  Le  coup  d’œil  est 
d’une  tristesse  morne,  malgré  l’intérêt  qui 
s’attache  à toutes  ces  plantes,  et  il  faut  vrai- 
ment avoir  le  feu  sacré  du  collecteur  pour 


résister  aux  fatigues  des  explorations  bota- 
nico -horticoles  dans  des  régionsj’si  inhospi- 
talières. 

Le  Brahea  Roezlii,  dont  les  fruits  sont 
ovoïles  niucronés  et  d’un  jaune  orangé  à la 
maturité,  a été  ainsi  dédié  par  H.  Wendland, 
en  1876,  à notre  vaillant  collègue,  qui  s’est 
illustré  par  de  si  nombreuses  et  si  intéres- 
santes introductions  de  végétaux. 

Avant  peu  d’années  on  verra  le  beau  Pal- 
mier qui  porte  le  nom  de  Roezl  aussi  ré- 
pandu que  le  Pritchardia  /iii/hm  sur  le  lit- 
toral méditerranéen.  Il  est  bon  que  l’histoire 
de  ce  végétal  soit  dès  aujourd’hui  fixée  et  que 
son  habitat  géographique  soit  divulgué.  Les 
lignes  qui  précèdent  indiquent  combien  sa 
culture  sera  facile  dans  le  midi  de  la  France, 
où  tous  les  jardins  devront  le  posséder. 

Ed.  André. 


DRACÆNA  CONGESTA  DISCOLOR 


On  a fait  tant  de  semis  de  Dracœna  con- 
gesta  pur,  ou  plus  ou  moins  hybridé  avec 
des  espèces  voisines,  et  dont  les  produits 
ont  donné  naissance  à des  variétés  intermé- 
diaires se  rapprochant  plus  ou  moins  des 
parents,  qu’il  est  très-difficile  de  s’entendre 
sur  ces  variétés,  d’autant  plus  que  plusieurs 
à peine  légèrement  distinctes  ont  reçu  des 
noms  diiïérents  : stricta,  rigida,  rex,  ru~ 
hra,  spiralis,  intermedia,  latifolia,  etc. 

Nous  n’insistei'ons  pas  sur  ces  faits,  et, 
sans  pouvoir  indiquer  l’origine  de  la  variété 
en  question,  nous  allons  en  énumérer  les 
caractères  généraux. 

Au  point  de  vue  de  l’ornementation,  le 
Dracœna  congesta  discolor,  dont  nous 
avons  pu  apprécier  le  mérite  chez  M.  Lan- 
dry, horticulteur,  92,  rue  de  la  Glacière,  à 
Paris,  est  de  première  importance  pour  les 
décorations  d’hiver.  C’est  une  plante  vigou- 
reuse, dressée,  simple,  parfois  ramifiée  dès 
la  base,  mais  dans  le  sol  seulement,  très- 
rarement  ou  presque  jamais  en  dehors  de 
celui-ci.  Feuilles  excessivement  rapprochées, 
sessiles,  longuement  atténuées  vers  la  base 
qui  est  engainante,  épaisses,  coriaces,  légè- 
rement canaliculées,  dressées-étalées  un 
peu  arquées  vers  l’extrémité,  longues  d’en- 
viron 25  centimètres,  larges  de  3-4,  d’un 
vert  foncé  luisant  en  dessus,  d’un  rouge  vi- 
neux en  dessous  pour  les  jeunes  feuilles, 
couleur  qui  disparaît  au  fur  et  à mesure  que 


les  feuilles  vieillissent.  Ce  sont  ces  variations 
dans  la  couleur  des  feuilles  et  surtout  cette 
dilférence  de 'coloris  entre  les  faces  supé- 
rieure et  inférieure  qui  ont  valu  à cette 
plante  la  qualification  discolor. 

Le  D.  congesta  discolor  esttrès-rustique  ; 
il  se  conserve  bien  et  beau  pendant  très- 
longtemps  dans  les  appartements,  et  comme 
il  développe  fréquemment  plusieurs  bour- 
geons à la  base,  on  a alors  des  petites  touf- 
fes, des  sortes  de  buissons  compacts  des  plus 
gracieux.  Sa  multiplication  se  fait  par  courts 
tronçons  de  tiges  munis  de  2 à 3 feuilles. 

Quoique  celte  propriété  d’émettre  plu- 
sieurs bourgeons  à la  base  ne  soit  pas  ex- 
clusivement particulière  à la  variété  de 
Dracænas  dont  nous  parlons,  elle  semble 
pourtant  avoir  une  grande  tendance  à se 
produire  sur  cette  variété. 

Cette  propriété  est-elle  plus  propre  à cer- 
tains individus  qu’à  certains  autres?  C’est 
ce  que  nous  n’oserions  affirmer.  Néan- 
moins, en  raison  de  cette  tendance  qu’ont 
tous  les  caractères,  une  fois  apparus,  de  se 
maintenir  et  même  de  s’accroître,  il  est 
bon  de  profiter  de  cette  particularité  et  de 
prendre  pour^  la  multiplication  les  sujets 
sur  lesquels  elle  se  montre.  En  opérant 
ainsi  pendant  longtemps,  peut-être  arrive- 
rait-on à constituer  une  race  vraiment  buis- 
sonneuse, ce  qui,  certainement,  serait  très - 
avantageux.  E.-A.  Carrière. 


104 


PHILODENDRON  MAMEI. 


PHILODENDRON  MAMEI 


L’Aroïdée  qui  fait  le  sujet  de  cet  article 
est  la  première  espèce  nouvelle  publiée, 
d’une  série  d’introductions  de  plantes  ve- 
nant des  Andes  de  l’Ecuador,  à la  suite 
d’une  exploration  faite  en  1882,  sous  ma 
• direction,  aux  frais  de  deux  amateurs  dis- 
tingués de  l’horticulture,  MM.  A.  Marne  et 
Em.  Drake  del  Gastillo.  Nous  publierons 
successivement  les  espèces  intéressantes 
qui  en  proviendront,  et  qui  sont  arrivées  di- 
rectement en  France.  Certains  individus, 
naturellement  portés  à dénigrer  ce  qui  ne  se 
traduit  pas  pour  eux  par  un  intérêt  mercan- 


tile immédiat,  n’admettent  pas,  pour  cause, 
que  l’horticulture  française  affirme  ses  spé- 
cialités et  fasse  valoir  les  mérites  qui  lui  sont 
propres,  comme  les  autres  nations  ne  man- 
quent pas  de  le  faire  à l’occasion.  Sans  s’at- 
tarder à ces  colères  stériles  autant  qu’inté- 
ressées, la  Revue  horticole  continuera  à 
relever  tout  ce  qui  est  à l’honneur  de  notre 
horticulture  nationale. 

Le  Philodendron  Mamei, Ed.  André, que 
nous  sommes  heureux  de  dédier  à M.  Alfred 
Marne,  dont  les  belles  serres  des  Touches, 
près  de  Tours,  contiennent  d’admirables 


collections  de  plantes  supérieurement  cul- 
tivées par  M.  Pacreau,  est  originaire  des 
parties  chaudes  de  la  Cordillère  des  Andes 
méridionales  de  l’Ecuador,  où  il  croît  à 
l’ombre  des  grandes  forêts.  Ses  fleurs  ne  se 
sont  pas  encore  montrées,  et  l’hésitation 
était  permise  sur  ses  affinités  génériques. 
L’espèce  rappellerait  par  son  port  et  la  co- 
loration de  ses  feuilles  certains  Cur-  • 
meria  (1)  ou  Homalomena  (2),  ou  encore 
le  genre  Adelonema  de  Scholt  (3)  ; mais 
ses  pétioles  comprimés  ailés  au  sommet,  et 

(1)  Curmeria,  Ed.  André,  III.  Jiovt.^^STô,  p.  45. 

(2)  Homalomena,  Sehott,  Melet,  I,  20. 

(3)  Adelonema,  Sehott,  Prodr. 


surtout  son  faciès  particulier,  le  rapprochent 
plutôt  des  Philodendroyi,  dans  lesquels 
nous  le  faisons  rentrer  en  attendant  sa 
floraison. 

Description.  Plante  herbacée,  glabre,  à 
rhizome  simple  ou  rameux,  rampant,  cylin- 
dracé-anguleux,  radicant  aux  nœuds,  rou- 
geâtre ; gaines  caul  inaires  (cataphylles) 
oblongues  obtuses,  membranacées,  rou- 
geâtres ; feuilles  toutes  basilaires  dressées, 
luisantes,  à pétiole  vert  teinté  de  rouge,  à 
peu  près  égal  au  limbe  en  longueur, 
semi  - cylindrique  comprimé  et  striolé 
en  dessus  de  lenticelles  blanches,  dilaté 
aplati  ailé  ancipité  émoussé  au  sommet 


LES  FRUITS  ET  LES  LÉGUMES  AUX  CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS,  EN  JANVIER  1883.  105 


teinté  de  rouge,  brièvement  invaginé  à la 
base,  à gaine  ovale  convolutée,  cucullée- 
ligulée  au  sommet;  limbe  horizontal,  ovale 
cordiforme  aigu,  long  de  15-25  centimè- 
tres et  large  de  10-15  (sur  les  exemplaires 
observés),  à lobes  postérieurs  égaux  arrondis, 
séparés  par  un  sinus  étroit  et  profond  ; face 
supérieure  d’un  beau  vert,  abondamment 
ornée  de  macules  irrégulières  argentées  plus 
ou  moins  confluentes;  face  inférieure  d’un 
vert  très-pâle,  uniforme  ; nervures  costales 
subparallèles  arquées,  séparées,  celles  des 
lobes  très-courbées  confluentes  à la  base. 


toutes  enfoncées  en  dessus,  peu  saillantes 
en  dessous,  de  même  que  la  côte  médiane 
plane,  non  canaliculée;  inflorescence  encore 
inconnue  (1). 

Le  Philodendron  Mamei  n’est  pas  au  com- 
merce, et  les  exemplaires  qui  ont  servi  à la 
description  et  à la  figure  ici  publiées  sont 
actuellement  dans  les  serres  des  Touches, 
d’où  ils  ne  sont  encore  sortis  que  pour 
être  présentés  à la  Société  nationale  d’hor- 
ticulture de  France,  où  la  plante  a obtenu  à 
l’unanimité  une  prime  de  première  classe, 
le  11  janvier  1883.  Ed.  André. 


LES  FRUITS  ET  LES  LÉGUMES 

AUX  CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS,  EN  JANVIER  1883 


Le  lauréat  du  prix  d’honneur  des  concours 
généraux  agricoles  de  1883,  c’est  M.  Étienne 
Salomon,  de  Thomery.  L’objet  d’art  en  argent, 
a un  jardinier  portant  une  colée  de  légumes  et 
une  panerée  de  fruits,  » est  digne  de  décorer 
le  charmant  pavillon  vitré  abritant  les  Pêches, 
les  Poires,  les  Pommes  et  les  Raisins,  au 
premier  étage  du  palais  de  l’Industrie,  aux 
Ghamps-Élysées.  Ce  pavillon  était  tout  entier 
consacré  à l’exhibition  de  l’habile  viticulteur 
de  Thomery. 

Jamais  ses  treilles  n’ont  produit  des  Chas- 
selas plus  dorés,  des  Bicanes  plus  nacrés,  des 
Black  Hamburg  plus  pourprés,  des  Bomania 
ou  Gros  Colman  aussi  monstrueux,  toute  une 
collection  magnifique  de  Raisins  ayant  passé 
leurs  quartiers  d’hiver  le  sarment  plongé  dans 
l’eau.  Mais  la'  curiosité  était  surtout  excitée 
par  les  corbeilles  de  Poires  Williams,  Louise 
bonne,  Beurré  d'Amanlis,  Bonne  d’Ezée  et 
les  paniers  de  Pêches  Galande,  Madeleine, 
Mignonne,  Belle-Bausse,  Bonouvrier,  Téton  de 
Vénus,  tout  aussi  beaux  au  27  janvier  qu’au 
mois  de  septembre,  ce  qui  constituait  un  véri- 
table tour  de  force. 

C’est  à l’aide  d’appareils  réfrigérants  spéciaux 

(1)  Philodendron  Mamei,  sp.  nov.  — Planta 
herbacea,  glabra.  Gaudex  simplex  v.  ramosus,  pro- 
repens,  angulato-cylindraceus,  ad  nodos  remotos 
radicans,  rubescens  ; cataphylla  oblonga  obtusa  v. 
acuta,  rubescentia,  decidua;  foliorum  omnium  ba- 
salium  petioli  virides  roseo-suffulti,  15-20  cent, 
longi , laminam  subæquantes  semi-teretes , an- 
tice  deplanati,  ad  apicem  erubescentem  dilatati 
alati  marginibus  acietatis  v.  relusis,  superne  al- 
bido  striolati,  ad  basin  breviter  vaginati,  vagina 
ovata convoluta  apice  soluta  cucullata  ; lamina  ovato- 
cordata  acuta,  15-25  cent,  longa,  10-15  cent,  lata  (in 
speciminibus  observatis),  lobis  posticis  æqualibus 
semi-orbicularibus  lobo  antico  5-plo  brevioribus 
sinu  angustato  profundo  sejunctis,  utrinque  niti- 


que  M.  Salomon  a installés  dans  son  établisse- 
ment, et  qui  conservent  pendant  une  durée  de 
plusieurs  mois  la  chair  des  fruits,  du  gibier,  des 
viandes  et  du  poisson,  que  cet  intelligent  cul- 
tivateur est  arrivé  à montrer  tant  de  beaux  pro- 
duits. Mais  il  est  probable  que  le  parfum  ca- 
ractéristique de  la  Poire  n’étant  pas  développé 
au  moment  de  son  entrée  dans  la  glacière,  ne  se 
manifestera  plus.  A son  tour,  la  Pêche,  après 
quatre  mois  de  cave,  n’aura  plus  la  saveur  dé- 
licate qui  donne  à<  ce  fruit  le  premier  rang; 
mais  la  forme  et  le  coloris  restent  intacts  : pas 
la  moindre  macule  sur  l’épiderme,  pas  la  moin- 
dre tache  à l’intérieur,  même  après  dix  jours 
d’exposition  et  de  manipulations  réitérées,  de 
changements  de  température,  etc. 

M.  Salomon  complétait  son  exposition  par 
une  série  de  plants  de  Vignes  obtenus  par  semis, 
bouture,  marcotte  ou  greffe,-  et  quelques  spéci- 
mens de  taille  de  la  Vigne  en  treille  ou  en  cordon. 

Sur  les  tables  voisines,  grâce  à MM.  Gheva- 
lier  fils,  de  Montreuil;  Bertrand,  de  Sceaux; 
Bertaut,  de  Rosny;  Boucher,  de  l’avenue  d’Ita- 
lie ; Jourdain,  de  Maurecourt  ; Battu,  d’Alfort  ; 
Boulant,  de  Villejuif;  Hamot,  d’Asnières;  Per- 
quier,  de  la  Seine-Inférieure,  etc.,  on  voyait  de 

dula,  supra  saturate  viridis  maculis  geographicis 
argenteis  nitidis  plus  minusve  confluentibus  cons- 
persa,  margine  tenuiter  pergamenea,  subtus  palli- 
dior,  nervis  coslalibus  arcuatis  obliquis  subparal. 
lelis,  posticis  valde  curvatis  basi  confluentibus, 
prirnariis  insculptis,  secundai  iis  tenuioribus  inter- 
positis,  Costa  supra  depressa  subtus  cum  nervis 
paulo  prominente;  inflorescentia  adhuc  ignota.  — 
Habitat  in  silvis  prirnævis  calidioribus  reipublicæ 
Ecuadoris  meridionalis,  altit.  circiter  600  met. — 
Hanc  speciem  novam  dom.  A.  Marne,  celeberr- 
bibliopolæ  Turonensi,  rei  hortensis  generoso 
fautori,  cujus  cura  et  munificentià  in  Europam 
anno  1882  introducta  est,  justissime  dicavi. 

(Ed.  A.) 


106  LES  FRUITS  ET  LES  LÉGUMES  AUX  CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS,  EN  JANVIER  1883. 


jolies  corbeilles  de  fruits,  parmi  lesquels  les 
excellentes  Poires  d’iiiver  Passe-Crassane,  Oli- 
vier de  Serres,  Beurré  Perrault,  Joséphine  de 
Malines,  Doyenné  d'Alençon,  Bergamote  Es- 
péren.  Doyenné  d'hiver.  Beurré  d'Hardenpont, 
Passe-Colmar,  Saint-Germain,  Bon-Chrétien. 

Une  Bergamote  Espéren,  pesant  500  gram- 
mes, était,  d’après  l’exposant,  le  résultat  du 
pincement  de  la  fleur  et  de  l’éclaircissage  du 
fruit  (une  Poire  par  0^^  20  de  branche). 

Au  milieu  des  Pommes  Calville  blanc.  Rei- 
nette du  Canada  et  Api  rose,  les  classiques 
desserts  de  Pommes,  on  remarquait  la  Belle- 
fleur  jaune,  dite  Linneous  pippin,  la  Reine 
des  Reinettes,  la  belle  Calville  Saint-Sau- 
veur, etc. 

Ue  Midi  avait  envoyé  des  branches  chargées 
. Oranges,  de  Mandarines,  de  Citrons,  Berga- 
motes et  Pamplemousses.  La  Provence  exhi- 
bait des  Amandes  qui  s’amassent  par  millions 
de  kilogrammes  dans  la  seule  ville  d’Aix. 
]M.  Leydet  aîné  a fait  connaître  les  meilleurs 
types  à coque  dure  ; Commune,  Tournefort, 
Béraude,  Caillasse,  A flots,  La  Verte  ; à coque 
demi-dure  : Ahérame,  Ay,  Matheronne,  Mo- 
lière, Blanquette;  à coque  tendre  : Princesse, 
A la  Dame. 

L’Algérie  trouvera  certainement  dans  les 
Oranges  et  les  Amandes  une  source  de  richesse. 
M.  Charles  Rivière,  directeur  des  jardins  du 
Hamma,  nous  a signalé  des  plantations  assez 
étendues  de  ces  divers  genres  dans  notre  co- 
lonie algérienne. 

Signalons  un  petit  lot  de  fruits  à cidre  bien 
choisis  de  la  Société  d’horticulture  de  Saint-Lô. 
Cette  branche  intéressante  de  la  Pomone  ru- 
rale n’est  pas  suffisamment  représentée  dans 
les  concours  généraux  agricoles. 

Le  Brésil,  où  l’importation  du  Caféier  re- 
monte à 1773,  et  qui  produisait  lOmillions  de 
kilogrammes  de  café  en  1830,  en  a récolté  de- 
puis 1877  une  moyenne  annuelle  de  350  mil- 
lions de  kilogrammes,  c’est-à-dire  de  quoi 
fournir  à la  consommation  de  la  France,  de 
l’Allemagne,  de  la  Belgique,  de  l’Autriche  et 
des  États-Unis. 

Une  société  s’est  constituée  à Rio-Janeiro, 
le  Centre  da  lavaura  e commercio,  sous  la 
présidence  de  M.  le  vicomte  de  S.-Clemente, 
dans  le  but  de  populariser  cette  production 
considérable  de  l’État  brésilien;  elle  organise 
depuis  deux  ans  des  expositions  spéciales  de 
Café  à New-York,  à Londres,  à Paris,  à Berlin, 
à Vienne,  à Trieste,  à Montréal,  à Buenos-Ayres. 
L’expqsition  de  Paris,  très-bien  préparée  par 
M.  le  consul  général  Juvencio-Machel  da  Ro- 
cha,  secondé  par  M.  le  chevalier  A.  d’Araujo 
‘^t  un  personnel  dévoué,  a pleinement  réussi. 

Les  salles  destmées  aux  légumes  montraient 
la  culture  de  l’Asperge  à Argenteuil,  sous  ses 
phases  diverses,  D’abord  la  série  des  plants, 


racines  et  turions,  depuis  un  an  jusqu’à  douze 
ans,  exposés  par  M.  Louis  Lhérault;  de  su- 
perbes bottes  cueillies  sous  verre,  le  châssis 
étant  placé  sur  les  carrés  d’ Asperges  de  pleine 
terre,  à la  fin  de  novembre  ou  au  commence- 
ment de  décembre;  la  récolte  se 'fait  en  trois 
semaines. 

M.  Leguay  et  M.  Girardin  procèdent  d’une 
autre  façon.  Ils  arrachent  en  automne  des 
touffes  d’Asperges  dans  les  vieqx  carrés  et  les 
placent  sous  châssis;  au  bout  d’un  mois,  la 
cueillette  commence  et  dure  un  mois;  on  peut 
faire  dans  la  saison  trois  chauffes  avec  le  même 
plant. 

Le  jury  a décerné  une  médaille  d’or  à 
M.  Guyot,  de  Montreuil,  pour  sa  grande  pro- 
duction de  Chicorées,  Salsifis  et  Pissenlits,  sou- 
mis à l’étiolement  dans  une  cave  à -f-  Ib®.  La 
Chicorée  dite  Barbe  de  capucin  demande 
dix  jours  de  cave,  VàWitloof  six  jours,  la  Magf- 
debourg  sept  jours,  le  Salsifis  onze  jours.  Le 
plant  est  élevé  préalablement  dans  les  terrains 
secs  et  sablonneux  de  Bobigny  et  de  Rosny.  Le 
territoire  de  Montreuil  comprend  lOO  hectares 
de  cultures  de  Chicorées,  et  le  revenu  est  égal, 
paraît-il,  à celui  des  Pêchers. 

Une  autre  culture  industrielle  de  la  même 
localité  est  celle  du  Raifort,  qui  entre  dans  la 
préparation  de  la  moutarde,  du  sirop  antiscor- 
butique, et  de  quelques  hors-d’œuvre  et  condi- 
ments. La  culture  se  fait  par  lignes  distantes  de 

40,  avec  Qt"  35  entre  les  plants.  M.  Lahaye 
(Eugène)  exploite  plus  d’un  hectare  de  Raifort. 

Les  terrains  fertiles  de  Saint-Gratien  pro- 
duisent, par  la  culture  de  M.  Renard,  des 
Poireaux  énormes  ; exemples  : le  Carentan, 
dont  douze  plants  pesaient  13  kilog.  400,  le 
Gros  court  de  Rouen,  dont  huit  plants  pesaient 
9 kilog.  325. 

Le  temps  nous  manque  pour  examiner  les 
collections  de  Pommes  de  terre  et  autres  plantes 
potagères  de  petite  ou  de  grande  culture.  La 
maison  Vilmorin  s’était  surpassée.  MM.  Dudoüy, 
Forgeot,  Lecaron,  Delahaye,  Mayeux,  Paillet, 
Cordier,  Rigault,  Terrand-Nicole,  Sévin,  Roche- 
Papillon,  etc.,  ont  intéressé  les  nombreux  visi- 
teurs du  concours  par  leurs  lots  très-complets 
et  bien  étiquetés. 

M.  Hédiard,  de  Paris,  avait  fait  hors  concours 
un  apport  remarquable  de  produits  coloniaux 
et  algériens.  Divers  négociants  parisiens  le 
suivent  dans  cette  voie  commerciale. 

L’école  des  pupilles  de  la  Seine,  à Villepreux, 
fondée  en  1882  pour  recueillir  les  enfants  mo- 
ralement abandonnés  et  en  faire  des  jardiniers, 
s’essayait  pour  la  première  fois  aux  Fraises 
forcées.  M.  Dudoüy,  tout  près  de  ses  volumi- 
neuses Betteraves  à l’engrais  chimique,  expo- 
sait des  Pommes  de  terre  élevées  dans  la 
mousse, 

Charles  Baltet. 


CULTURE  FLORALE  DU  XANTROCERAS  SORRIFOLIÂ  ET  DE  L’EXOCHORDA  GRANDIFLORA.  107 


GULTÜRE  FLORALE 

DU  XANTHOCERAS  SORIÎIFOLIA  ET  DE  E’EXOGIIORDA  GRANDIFLORA 


Bien  que  le  terme  « florale  » dont  je  me 
sers  à propos  de  la  culture  puisse  me  dis- 
penser de  parler  de  la  multiplication,  je 
crois  néanmoins  devoir  en  dire  quelques 
mots,  ne  serait-ce  même  que  pour  l’^æo- 
chorda^  que  l’on  considère  comme  difficile 
à multiplier. 

La  valeur  ornementale  de  ces  deux  plantes 
est  assez  connue,  et  tout  le  monde  sait  que, 
sous  ce  rapport,  elles  vont  en  première 
ligne.  Toutes  deux  sont  d’une  rusticité  à 
toute  épreuve.  Je  ne  dirai  rien  de  la  multi- 
plication du  Xanthoeeras  sorbifolia^  sinon 
qu’elle  se  fait  de  tronçons  de  racines  que 
l’on  coupe  un  pi^u  avant  que  la  plante  entre 
en  végétation.  On  prend  donc  les  jeunes 
plantes  quand  elles  sont  enracinées,  pour 
les  mettre  en  pleine  terre.  Pour  cela,  on 
choisit  un  sol  dont  la  superficie  seulement 
— c’est-à-dire  une  épaisseur  d’environ 
20  centimètres  — a été  appropriée  à l’aide 
de  vieille  terre  de  bruyère  et  de  terreau, 
puis  on  plante  en  pleine  terre,  en  lignes 
assez  rapprochées;  ensuite  on  couvre  d’un 
bon  paillis,  et  l’on  arrose.  Pendant  l’été,  on 
tient  le  sol  propre  et  toujours  humide,  de 
manière  à maintenir  les  plantes  en  végéta- 
tion. Vers  la  fin  de  juillet,  on  doit  modérer 
les  arrosements, afin  de  ralentir  la  végétation 
des  plantes  qui  s’aoûtent,  et  dont  les  Heurs 
se  préparent  pour  l’année  suivante  En  sep- 
tembre, alors  que  les  plantes  poussent  encore 
un  peu  et  qu’elles  sont  couvertes  de  feuilles, 
on  les  enlève  de  la  pleine  terre  avec  leurs 
racines,  et  on  les  met  dans  des  pots  les  plus 
petits  possible,  eu  égard  à leurs  racines  ; 
on  arrose  et  bassine  les  plantes,  que  l’on 
ferait  bien  de  mettre  à l’abri,  afin  de  favo- 
riser la  reprise;  puis  on  les  expose  tout  à 
fait  à l’air,  jusqu’au  moment  où  l’on  veut  les 
faire  fleurir.  Il  n’est  pas  nécessaire  de  leur 
donner  beaucoup  de  chaleur  : pour  avoir 
ces  plantes  en  fleurs  dans  le  commencement 
de  février,  par  exemple,  il  suffit  de  les  mettre 
dans  une  serre  dont  la  température  est  main- 
tenue à quelques  degrés  au-dessus  de  zéro. 
Il  va  sans  dire  que,  si  l’on  voulait  en  avancer 
la  floraison,  il  faudrait  leur  donner  une  cha- 
leur un  peu  plus  forte. 


Pourrait-on,  pour  avoir  de  forts  sujets, 
les  cultiver  en  pleine  terre  pendant  deux 
ans,  c’est-à-dire  ne  les  relever  que  la 
deuxième  année?  Je  le  crois,  bien  que  je 
ne  puisse  l’assurer.  Dans  le  cas  où  l’on  vou- 
drait tenter  la  chose,  on  procéderait  ainsi 
que  je  l’ai  dit,  et  peut-être  se  trouverait-on 
bien,  pendant  l’été,  de  cerner  un  peu  les 
plantes,  à l’aide  d’une  bêche,  de  manière  à 
limiter  l’extension  des  racines  et  à faciliter 
la  mise  en  pots.  Peut-êti  e aussi  pourrait-on, 
pendant  la  végétation,  pincer  l’extrémité 
des  bourgeons,  de  manière  à faire  ramifier 
les  plantes  ou  même  leur  faire  subir  une 
taille  avant  le  départ  de  la  végétation  de  la 
deuxième  année  de  mise  à la  pleine  terre. 

Quant  à la  culture  de  V Exochorda  gran- 
diflora,  «lie  est  à peu  près  la  même  que 
celle  des  Xanthoeeras.  J’ajouterai  quelques 
mots  relativement  à la  multiplication  de 
V Exochorda^  qui  est  <(  capricieuse,  » et  qui 
présente  quel(|ues  difficultés.  Voici  comment 
j’opère:  je  fais  les  boutures  avec  du  jeune 
bois  aussitôt  qu’il  est  suffisamment  aoûté, 
ce  qui  a lieu  dès  le  commencement  de  l’été. 
Je  les  plante  sous  cloche  à froid,  dans  des 
pots  remplis  de  terre  de  bruyère  ou  en 
pleine  terre  dans  des  condilions  analogues, 
et  je  les  sépare  aussitôt  qu’elles  ont  déve- 
loppé des  racines.  Un  point  très-important, 
c’est  que  les  boutures  qu’on  empote  puissent 
pousser  avant  l’hiver,  et  qu’elles  aient  formé 
des  racines  avant  la  chute  de  leurs  feuilles. 
Je  suis  même  assez  disposé  à croire  — ce 
que  je  n’affirme  pas  pourtant  — qu’il  serait 
avantageux  de  placer  ces  jeunes  boutures 
sur  une  petite  couche  pour  faciliter  leur  re- 
prise et  activer  la  végétation. 

En  ce  qui  concerne  VExochorda,  je 
crois  que  pour  obtenir  des  plantes  suffisam- 
ment fortes  pour  être  forcées,  il  leur  f u- 
drait  d-^  ux  ans  de  pleine  terre,  pen.  an: 
lesquelles  on  leur  donnerait  des  soins  en 
rapport  avec  le  but  que  l’on  recherche. 
Quant  au  forçage,  il  ne  présente  aucune 
difficulté;  les  plantes  fleurissent  parfaite- 
ment dans  toutes  les  conditions  où  on  les 
place.  Toutefois,  il  va  sans  dire  que  la  flo- 
raison sera  activée  par  la  chaleur,  et  que 


108 


CRATÆGUS  CARRIEREI. 


si  l’on  désire  avoir  les  fleurs  plus  tôt, 
on  devra  placer  les  plantes  à une  tempéra- 
ture plus  élevée  et  soutenue. 

Je  viens  de  dire  ce  que  je  fais  pour  culti- 
ver les  Xanthoceras  et  les  Exochorda 
comme  plantes  à fleurs  pour  l’hiver  ; doit-on 
en  conclure  que  l’on  ne  pourrait  faire  mieux  ? 
Non,  certes,  et  telle  n’est  pas  non  plus  ma 
pensée;  ce  que  j’ai  voulu,  c’est  appeler 


sur  deux  plantes  qui,  à mon  avis,  peuvent 
être  cultivées  avec  avantage  au  point  de 
vue  de  la  décoration  d’hiver,  et  mon  but, 
en  écrivant  cette  note,  était  d’indiquer  les 
moyens  qu’il  me  paraît  convenable  d’em- 
ployer pour  obtenir  ce  résultat. 

Malet, 

Horticulteur  au  Plessis-Piquet  (Seine). 


CRATÆGUS  CARRIEREI 


Arbrisseau  très-vigoureux , fortement 
épineux  dans  sa  jeunesse,  plus  tard  à peu 
près  inerme,  excepté  sur  les  bourgeons 
vigoureux  vulgairement  appelés  <c  gour- 
mands, » à écorce  luisante,  d’un  vert  gris 
ou  blanchâtre.  Feuilles  obovales-elliptiques, 
longuement  atténuées  à la  base,  persistant 
très-longtemps,  surtout  sur  les  jeunes  su- 
jets, grandes,  inégalement  dentées.  Fleurs 
pédonculées,  assez  grandes,  blanches  ou 
très-légèrement  rosées  quand  elles  passent, 
disposées  en  bouquets  corymbiformes  ou 
subombelloïdes.  Boutons  gros,  sphéri- 
ques, d’un  beau  blanc,  partiellement  enve- 
loppés par  les  pièces  calycinales  ; pédoncules 
ténus,  d’environ  15-25  millimètres  de  lon- 
gueur. Fruit  largement  ovale  arrondi,  se 
colorant  de  bonne  heure  en  rouge  orangé, 
couleur  qui  varie  un  peu  d’intensité  et  de 
nuances  suivant  l’état  plus  ou  moins  avancé 
de  la  maturation,  d’environ  2 centimètres 
de  longueur  sur  16-18  millimètres  de  dia- 
mèire;  œil  saillant,  à divisions  calycinales 
linéaires,  assez  longues,  persistantes.  Chair 
jaunâtre,  ferme,  légèrement  sucrée  et  fine- 
ment relevée,  d’une  saveur  agréable  ; nu- 
cules  osseuses,  très-dures,  allongées,  légè- 
rement anguleuses. 

Il  va  sans  dire  que  la  planche  coloriée 
ci-contre  a été  faite  en  deux  fois  : la  première 
paitie  (fleurs)  vers  le  15  mai,  alors  que 
la  plante  était  en  fleurs  ; la  seconde  partie 
(fi  uits)  vers  la  fin  de  l’été,  quand  s’effec- 
tue la  maturité  des  fruits  et  que,  néanmoins, 
la  plante  a encore  toutes  ses  feuilles. 

Issu  d’une  graine  de  Cratœgus  Mexi~ 
cana^  que  nous  avions  semée  lorsque  nous 
étions  chef  des  pépinières  du  Muséum,  le 
Crata^gus  Carrierei  a conservé  de  sa  mère 
la  vigueur,  l’aspect  général  et  la  végétation. 
Comme  sa  rhère  aussi,  ses  feuilles  persistent 
longtemps  à l’automne,  souvent  l’attention 


même  tout  l’hiver,  par  exemple  sur  les 
jeunes  sujets.  Dès  les  premiers  froids,  ses 
feuilles  prennent  une  couleur  métallique 
rougeâtre  cuivrée  ou  bronzée  à reflets  di- 
versement nuancés  qui,  avec  le  brillant 
coloris  des  fruits,  produit  de  charmants 
contrastes.  Ajoutons  que  cet  arbrisseau  est 
d’une  rusticité  à toute  épreuve,  à tel  point 
que  le  rigoureux  hiver  de  1879-1880  l’a 
laissé  complètement  indemme. 

Le  C.  Carrierei  a été  l’objet  de  quelques 
critiques  spécifiques  ; on  a dit  qu’il  est 
identique  au  Cratœgus  Lavallei,  ce  qui  ne 
peut  être,  vu  son  origine  tout  à fait  diffé- 
rente, et  qui  n’est  certainement  pas,  d’après 
la  comparaison  que  nous  avons  pu  faire 
des  échantillons  de  ce  dernier,  que  M.  La- 
vallée avait  apportés  à plusieurs  séances  de 
la  Société  nationale  et  centrale  d’horticul- 
ture de  France. 

Là,  en  effet,  nous  avons  constaté  qu’il  y 
avait  entre  cette  espèce  et  la  nôtre  des 
différences  qui,  sans  être  considérables  (et 
encore  nous  ne  parlons  pas  des  arbres,  que 
nous  n’avons  pu  comparer),  sont  néanmoins 
plus  sensibles  et  plus  importantes  que  celles 
regardées  comme  caractérisant  certains 
Cratœgus  dont  la  spéciéité  n’est  pas  con- 
testée. 

Mais,  de  plus,  une  particularité  du  Cra- 
tœgus Lavallei,  à laquelle  M.  Lavallée 
semble  attacher  une  grande  importance, 
qu’à  l’occasion  il  ne  manque  jamais  de  faire 
ressortir,  et  qui,  outre  d’autres  caractères 
de  détail,  suffirait  à différencier  pratique- 
ment cette  espèce,  c’est  la  répugnance  que 
tous  les  oiseaux  et  même  les  rongeurs  sem- 
blent éprouver  pour  les  fruits  du  Cra- 
tœgus Lavalleij  auxquels,  dit  M.  Lavallée, 
« jamais  ils  ne  touchent,  de  sorte  que  les 
arbres  en  sont  garnis  pendant  tout  l’hiver, 
et  que  le  sol  même  en  reste  pendant  long- 


''vcitxrd  lùi-l  Chro7yu)hth/(Ir.Stver-e,^ns. 


CrdidCijii.s’  Carnvrci 


i 

i 


LES  NOUVEAUX  YUCCAS  DE  M.  DELEUIL. 


109 


temps  couvert,  » caractère  que  n’a  pas  le 
C.  Carrierei  dont,  au  contraire,  les  fruits 
sont  avidement  recherchés,  non  seulement 
par  les  merles,  mais  par  tous  les  autres 
oiseaux  (1). 

Nous  connaissons  une  espèce  cultivée 
depuis  longtemps  au  Muséum,  qui  présente 
assez  bien  ce  singulier  caractère  que  M.  La- 
vallée reconnaît  à son  Cratœgus  : « de  con- 
server ses  fruits  pendant  tout  l’hiver,  et 
auxquels  les  oiseaux  ne  louchent  pas  : » c’est 
le  Cratœgus  spectabilis,  Hort.  D’où  vient  ce 
dernier?  C’est  ce  que  nous  n’avons  jamais 
pu  savoir. 


Quoi  qu'il  en  soit,  il  ne  faut  pas  croire 
que  c’est  par  amour-propre  que  nous  dé- 
fendons l’espèce  à laquelle  M.  Vauvel,  notre 
successeur  aux  pépinières  du  Muséum,  a 
cru  devoir  attacher  notre  nom  parce  qua 
nous  en  sommes  l’obtenteur.  Un  tel  senti- 
ment n’aura  jamais  d’accès  sur  nous.  Ce 
que  nous  avons  voulu,  c’est  faire  connaître 
une  bonne  plante  d’ornement;  si  elle  se 
rapproche  du  C.  Lavallei,  tant  mieux  ; au 
lieu  d’une  bonne  plante,  nous  en  aurons 
deux. 

E.-A.  Carrière. 


LES  NOUVEAUX  YUCCAS  DE  M.  DELEUIL 


Vers  la  fin  de  juillet  dernier,  j’ai  eu  l’oc- 
casion de  visiter  les  cultures  d’un  horticul- 
teur distingué  de  Marseille,  M.  J. -B. 
Deleuil. 

Je  trouvai  chez  lui  ample  matière  à ob- 
servation. 

D’innombrables  semis  de  Bégonias  for- 
maient des  planches  entières  dans  son 
jardin.  Des  plates-bandes  spéciales  nourris- 
saient des  espèces  rares  de  plantes  bul- 
beuses, parmi  lesquelles  de  beaux  exem- 
plaires du  Crinum  humile  épanouissaient 
leurs  charmantes  fleurs  blanches  à styles 
roses  et  à anthères  noires. 

De  vigoureux  Tritomas,  issus  des  semis  de 
M.  Deleuil,  présentaient  des  variétés  amé- 
liorées ; l’une  d’elles,  produit  du  T.  Mac- 
Owani  fécondé  par  le  T.  uvaria,  était 
remarquable  par  l’abondance  extrême  de 
ses  fleurs  du  plus  beau  rouge  orangé. 

Une  très-curieuse  Amaryllidée,  à racine 
bulbeuse,  ouvrait  ses  fleurs  brunâtres  à 
étamines  saillantes,  au  sommet  d’une  hampe 
de  1™  50,  et  étalait  ses  feuilles  caduques^ 
épaisses,  canaliculées,  aiguës,  finement 
dentées  de  blanc.  La  plante  avait  été  envoyée 
de. graines  par  MM.  Haage  et  Schmidt,  d’Er- 
furt,  sous  le  nom  à' Agave  Virgmica.  A la 
floraison,  M.  le  professeur  Marion,  de  Mar- 
seille, crut  y trouver  les  caractères  d’un 
genre  nouveau,  et  la  nomm^  AUihertia  in- 
termedia ; mais  M.  J. -G.  Baker,  de  Kew, 
a récemment  ramené  l’espèce  à la  section 

(1)  Rien  toutefois  ne  prouve  que  cette  répu- 
gnance, dont  parle  M.  Lavallée,  ne  puisse  être 
vaincue,  du  moment  où  les  oiseaux  seraient  pressés 
par  la  faim. 


Manfreda,  du  genre  Agave,  et  l’a  décrite 
sous  le  nom  d' Agave  Allïherti  (2). 

Mais  la  « grande  attraction  » du  jardin 
de  M.  Deleuil,  je  la  trouvai  dans  ses  Yuccas 
de  semis.  Il  y avait  là  environ  trois  mille 
plantes  obtenues  par  lui  de  fécondations 
artificielles  poursuivies  pendant  de  longues 
années.  Elles  offraient  des  formes  distinctes 
de  celles  qui  sont  généralement  cultivées. 

Les  unes  rappelaient  le  type  du  Yucca 
Treculeana,  mais  avec  de  larges  feuilles 
pendantes. 

D’autres,  avec  de  longues  feuilles  étroites 
et  ondulées,  semblaient  autant  de  poignards- 
flammes. 

Certaines,  à feuilles  courtes  et  larges,  se 
rapprochaient  du  Y.  filamentosa. 

Un  très-grand  nombre  étaient  à feuilles 
glauques. 

Quelques-unes  seulement,  à port  rigide, 
à feuilles  bleuâtres,  avaient  un  aspect 
d’ Agaves. 

Plusieurs  montraient  l’extrémité  de  leurs 
feuilles  creusée  en  cuillère  (cucullée). 

Enfin  les  plantes  jonciformes  abondaient, 
avec  des  feuilles  d’un  glauque  blanchâtre, 
fines,  très -rapprochées. 

A mon  interrogation  sur  les  types  qui 
avaient  servi  à ses  hybridations,  M.  Deleuil 
répondit  que  c’étaient  les  Yucca  Treculeana 
et  cornuta,  Y.  gloriosa,  Y.  lœvigata  (3), 
Y.  angustifolia  et  Y.  filamentosa.  Une  flo- 
raison extrêmement  abondante,  simultanée, 

(2)  Gardeners’  Chronicle,  1883,  p.  176. 

(3)  Le  Y.  lœvigata  est  lui-même  un  produit,  dû  à 
M.  Deleuil,  du  Y.  aloefolia  fécondé  par  le  Y.  albo- 
spica. 


110 


LES  NOUVEAUX  YUCCAS  DE  M.  DELEUIL. 


des  Yuccas  qu’il  cultivait,  ayant  eu  lieu  en 
1879,  M.  Deleuil  en  profita  pour  effectuer 
de  très-nombreuses  fécondations,  qui  réus- 
sirent à merveille.  C’est  de  là  que  sortirent 
les  plantes  dont  Je  parle  aujourd’hui. 

Le  lecteur  imaginera  sans  peine  que  j’aie 
cherché  à savoir  de  M.  Deleuil  dans  quelles 
conditions  il  opérait.  Le  sujet  m’intéressait 
particulièrement.  En  1859,  au  Muséum 
d’histoire  naturelle  de  Paris,  j’avais  essayé, 
à l’instigation  de  M.  Car  rière,  qui  s’occupait 
alors  spécialement  des  Yuccas,  de  féconder 
artificiellement  toutes  les  espèces  et  variétés 
que  nous  avions  pu  trouver  en  fleurs.  Vains 
efforts  ! aucune  graine  ne  put  être  obtenue, 
malgré  des  milliers  de  tentatives  faites  à 
toutes  les  heures  de  la  journée,  par  le  soleil, 
par  un  temps  couvert,  à la  main,  au  pin- 
ceau, etc.  Il  est  vrai  que  nous  n’opérions 
qu’avec  les  formes  rusti({ues  sous  le  climat 
de  Paris,  à l’exclusion  du  Y.  aloefoUa,  qui 
graine  assez  souvent  en  serre  froide  et  en 
orangerie. 

J’étais  donc  fort  intrigué  de  savoir  com- 
ment on  réussissait  à Marseille,  tandis  qu’on 
échouait  à Paris. 

M.  Deleuil  ne  fit  aucun  mystère  de  son 
procédé.  Il  m’autorisa  à le  publier,  et  le  voici  : 

Opérer  par  un  temps  sec,  les  Yuccas 
étant  originaires  des  lieux  arides  de  l’Amé- 
rique du  Nord  ; 

2®  Enlever  tous  les  boutons  des  ramifi- 
cations avant  qu’ils  ne  soient  développés  ; 

3»  Ne  garder  et  ne  téconder  que  les 
sujets  cauliflores,  c’est-à-dire  dont  le  pédon- 
cule est  inséré  directement  sur  la  hampe  ; 

4'^  Promener  simplement  sur  les  stig- 
mates, à la  main,  les  anthères  couvertes  de 
pollen. 

J’engage  particulièrement  nos  confrères 
en  horticulture  à essayer  cette  année  ce 
mode  de  fécondation  sur  les  espèces  et  va- 
riétés de  nos  climats.  Nous  verrons  s’il  suffit 
à contrebalancer  le  manque  de  sécheresse 
atmosphérique,  qui  a jusqu’ici  stérilisé  tous 
les  Yuccas  rustiques  dans  le  Nord. 

Parmi  les  formes  les  plus  distinctes  que 
j’ai  remarquées  dans  les  Yuccas  de  semis 
de  M.  Deleuil,  les  suivantes  ont  reçu  de  lui 
des  numéros  et  des  noms  sous  lesquels 
elles  seront  mises  au  commerce  prochaine- 
ment. En  voici  la  description  sommaire  : 

N®  1.  Yucca  X Andreana  (issu  du 
Y.  plicata  fécondé  par  le  Y.  Treculeana).  — 
Plante  de  végétation  vigoureuse,  acaule  ou 


à caudex  très-court  ; feuilles  nombreuses, 
oblongues-lancéolées , gracieusement  ar- 
quées, souples,  longues  de  O'»  70-80,  larges 
de  0™  06-08,  d’une  couleur  vert  sombre 
marginée  de  brun  foncé. 

Cette  plante  rappelle  le  Y.  pendula,  avec 
des  dimensions  plus  grandes  dans  toutes 
ses  parties.  Les  jeunes  feuilles  s’annoncent 
comme  devant  dépasser  la  longueur  et  la 
largeur  des  plus  grandes  que  nous  ayons 
mesurées.  Leur  couleur  est  vert  sombre, 
au  lieu  du  vert  glauque  du  Y.  pendula. 

2.  Yucca  X Carnerei{\sm  du  Y.  lœ- 
vigata  fécondé  par  le  Y angustifolia.  — 
Plante  très-vigoureuse,  acaule  ou  devenant 
caulescente  en  vieilli>sant;  feuilles  très- 
nombreuses  et  serrées,  rigides,  droites, 
puis  étalées,  et  probablement  décombantes 
plus  tard  si  la  plante  s’élève  sur  tige,  de 
0'“  50-60  de  longueur  sur  0'«  03  de  lar-geur, 
longuement  acuminées-aiguës , à pointe 
molle,  glauques  ou  at'gentées  pulvérulentes, 
à bords  amincis  transparents. 

N"  3.  Yucca  X sulcata  (issu  du  Y. plicata 
fécondé  parle  Y.  cornuta).  — Plante  vigou- 
reuse, acaule  ou  légèrement  caulescente  en 
vieillissant;  feuilles  tr’ès-nornbreuses,  oblon- 
gues,  brièvement  acuminées,  rigides,  dres- 
sées, puis  étalées,  plissées  longitudinalement, 
longues  de  0™30-0'“40,  larges  de  0"'06-0™08  ; 
d’un  vert  foncé  glaucescent,  marginées  de 
brun. 

Cette  forme  est  très-distincte  de  toutes 
les  autres.  M.  Deleuil  en  possède  une  autre 
semhlable  au  n^  3,  mais  entièrement 
glauque. 

N®  4.  Yuccaxrigida  (issu du  Y.  gloriosa 
fécondé  par  le  Y.  cornuta).  — Plante  acaule, 
vigoureuse;  feuilles  très-nombreuses  et  dis- 
posées en  rosette  régulière,  profondément 
canaliculées,  longues  de  0'«20-0'“25,  très- 
larges  à l’insertion,  acuminées-aiguës  au 
sommet,  d’un  vert  sombre  lavé  de  rouge 
pourpre,  plus  intense  sur  les  bords  et  vers 
la  pointe. 

N“  5.  Y uccaxstriatida{\iisu  du  Y.lœvi- 
gata  fécondé  par  le  Y.  flaccida).  — Plante 
acaule;  feuilles  nombreuses,  d’abord  dres- 
sées, puis  arquées,  disposées  en  gerbe  ré- 
gulière, longues  de  0‘"30-0t«40,  larges  de 
0"'03-0'"04,  d’un  vert  foncé,  striées  de 
nombreuses  lignes  longitudinales  argentées, 
bordées  d’une  ligne  brun  foncé  tiès-mar- 
quée,  d’où  se  détachent  des  filaments  de 
même  couleur. 


TEINTURE  DES  PANICULES  DE  GYNERIUM. 


111 


Cette  plante  rappelle  le  Y.  ftaccida^  mais 
elle  ne  forme  pas  touffe,  et  les  caractères 
ci-dessus  indiqués  l’en  distinguent  complè- 
tement. 

Dans  ce  type  paraissent  rentrer  deux 
autres  plantes  qui  prennent  une  belle  tour- 
nure, quoique  tiès-jeunes  encore.  L’une 
d’elles  a les  feuilles  non  marginées  et  pour- 
vues de  très-nombreux  filaments  roulés  en 
spirales.  L’autre  est  surtout  caractérisée 
par  ses  dimensions  plus  grandes. 

N*’  G.  Yucca  X ensifera  (issu  du  Y.  glo~ 
riosa  longifolia  fécondé  par  le  Y.  angus- 
tifolia).  — Plante  robuste,  subcaulescente  ; 
feuilles  flexibles,  très-longues  et  très- 
étroites,  de  0'"60  0'"80  de  longueur  sur 
0'^015-0«i0-20  de  largeur,  linéaires-aiguës. 

7.  Yucca  X Massiliensis  (issu  du 
Y.  angustifolia  fécondé  par  le  Y.  flaccida). 
— De  ce  semis  sont  sorties  plusieurs  plantes 
très- belles,  se  rapprocbant  surtout  du  Y.  an- 
gustifolia, mais  présentant  une  particularité 
qui  les  rendront  précieuses  : tandis  que  le 
Y.  angustifolia  pousse  sur  une  racine  unique 
et  pivotante,  ce  qui  rend  impossible  la  culture 
en  pot  et  la  transplantation  des  forts  sujets, 
l’influence  du  Y.  flaccida  a fait  disparaître 
ce  caractère,  et  causé  la  production  de  nom- 
breux œilletons  et  de  racines  abondantes, 
situées  près  du  collet  de  la  plante.  Tous  les 
sujets  issus  de  cette  fécondation  présentent 
cette  importante  modification  de  la  plante- 
mère. 

N^S.  Yucca  x juncea  (semis  du  Y.  an- 
gustifolia fécondé  par }.  — Les  feuilles 

de  cette  plante  sont  linéaires-jonciformes, 
c’est-à-dire  profondément  et  étroitement 
canaliculées,  à bords  convergents  ; leur  ex- 

TUNTCRE  DES  PA  NI 

Dans  le  numéro  du  novembre  dernier 
de  la  Revue  horticole,  sous  la  rubrique 
« Correspondance,  » nous  avons  remarqué 
les  conseils  donnés  par  la  rédaction  en  ré- 
ponse à une  demande  faite  par  une  per- 
sonne (n®  3180)  désirant  connaître  la  ma- 
nière de  sécher,  colorer  et  conserver  les 
panicules  de  Gynérium. 

Ces  conseils  sont  excellents  en  ce  qui 
concerne  la  récolte  et  la  conservation;  mais 
quant  à les  teindre  de  différentes  couleurs, 
la  Revue  horticole  répond  que  c’est  une 
opération  toute  industrielle  sur  laquelle  on 
ne  peut  rien  préciser. 


trémité  desséchée  rappelle  certains  Dasy- 
lirions. 

On  voit  de  quelle  importance  pour  la  dé- 
coration des  jardins  et  des  parcs  sont  les 
nouvelles  obtentions  de  M.  Deleuil.  Aux 
formes  ci-dessus,  les  plus  tranchées,  s’en 
ajoutent  un  grand  nombre  d’autres,  parmi 
lesquelles  beaucoup  mériteront  d’èlre  dé- 
nommées et  décrites,  lorsque  leurs  carac- 
tères se  seront  mieux  accentués.  Je  puis 
cependant  ajouter,  dès  à présent,  que  plu- 
sieurs de  ces  semis  se  sont  déjà  mis  à 
fleurir,  n’ayant  pas  encore  trois  ans  d’âge,  ce 
qui  est  d’un  excellent  augure  pour  la  culture 
en  pots,  en  vue  de  la  vente  au  marché. 

Il  reste  maintenant  à savoir  quel  sera  l’a- 
venir de  ces  pbintes  pour  les  climats  septen- 
trionaux. Il  est  incontestable  que  beaucoup 
d’entre  elles  ont  reçu  l’influence  d’espèces 
non  rustiques  sous  la  latitude  de  Paris,  le 
Yucca  angustifolia,  par  exemple,  et  le 
Y.  lœvigata  surtout.  Mais  les  exemples 
sont  nombreux  d’hybrides  plus  robustes  que 
leurs  parents.  Il  est  donc  possible  que  la 
plupart  de  ces  nouveautés,  sinon  toutes,  tra- 
versent indemnes  les  hivers  au  nord  des 
Cévennes  : c’est  là  un  résultat  très-désirable, 
car  les  Yuccas  jouent  un  j’ôle  considérable 
dans  l’ornementation  horticole  de  plein  air, 
et  nous  étions  réduits,  jusqu’à  présent,  à 
propager  par  division  des  touffes  ou  par 
œilletons  les  plantes  connues  de  ce  beau 
genre,  sans  pouvoir  ajouter  des  formes  nou- 
velles à nos  jouissances  d’amateur. 

On  saura  prochainement  à quoi  s’en  tenir 
à ce  sujet,  si,  comme  on  peut  l’espérer, 
M.  Deleuil  met  prochainement  ses  nouvelles 
plantes  au  commerce.  Ed.  André. 

ULES  DE  GYNERIUM 

Ayant  tenté  cette  opération  et  obtenu  un 
succès  assez  sati.^faisant,  nous  avons  cru 
qu’il  était  bon  de  faire  connaître  notre  pro- 
cédé, d’autant  plus  qu’il  est  peu  dispendieux 
et  que  sa  simplicité  et  sa  facilité  d’exécution 
le  mettent  à la  portée  de  tout  le  monde. 
Mais  comme  il  s’agit  de  produits  chimiques, 
de  couleurs  d’anilide,  nous  pensons  qu’il 
convient  d’entrer  dans  quelques  détails 
sur  cette  substance  et  ses  dérivés. 

L’aniline,  qui  a donné  naissance  à tant  de 
composés  chimiques,  d’un  usage  si  général, 
est  un  liquide  incolore,  d’une  saveur  âcre, 
d’une  odeur  désagréable,  peu  soluble  dans 


112 


TEINTURE  DES  PANICULES  DE  GYNERIUM. 


l’eau,  mais  qui  se  dissout  très-bien  dans  l’al- 
cool. Elle  fut  découverte  en  1826  par  Unver- 
dorben,  puis  par  Runge,  qui  la  relira  des 
goudrons  des  houilles.  Ce  liquide  entra  suc- 
cessivement dans  la  composition  d’un  grand 
nombre  de  matières  colorantes,  parmi  les- 
quelles nous  citerons  : le  rouge  de  rosaniline 
ou  fuchsine,  substance  trop  connue  par 
l’emploi  qu’en  font  certains  falsificateurs;  le 
bleu  de  Lyon,  les  bleus  solubles  de  Nichol- 
son,  peu  solides  en  teinture  ; la  safranine, 
le  noir  d’aniline,  etc.,  etc.,  tous  produits 
qu’on  trouve  facilement  dans  le  commerce. 

Pour  teindre  les  panicules  de  Gynérium, 
nous  avons  opéré  avec  le  rouge  de  rosani- 
line, puis  avec  les  Rleus  solubles  et  inso- 
lubles. 

Le  rouge  de  rosaniline  se  vend  sous  forme 
de  cristaux  très-fins,  à rellets  verts  irisés. 
Nous  en  faisons  dissoudre  environ  50  cen- 
tigrammes dans  un  décilitre  d’alcool,  puis 
cette  dissolution  est  étendue  d’un  à deux 
litres  d’eau,  suivant  la  teinte,  soit  claire, 
soit  foncée,  que  nous  voulons  obtenir  (les 
chiffres  cités  nous  donnent,  dans  un  litre 
d’eau,  une  belle  couleur  rouge  carminée). 
Pour  le  bleu  insoluble,  qui  est  une  poudre 
brunâtre  très-fine,  nous  agissons  de  la  même 
manière,  et  les  quantités  à employer  sont 
aussi  à peu  près  les  mêmes  que  celles  citées 
plus  haut.  Avec  cette  préparation,  nous 
obtenons  un  bleu  de  Prusse  d’une  couleur 
claire  très-agréable. 

■ Quant  au  bleu  soluble,  il  est  directement 
étendu  d’eau  ; il  se  dissout  très-vite  et  donne 
une  très-jolie  teint  bleu  de  ciel  ; mais,  en 
raison  de  sa  solubilité,  il  nous  paraît  être 
moins  bon  teint  que  les  autres  substances 
employées.  En  mélangeant  le  rouge  de  rosa- 
niline et  le  bleu  insoluble,  après  les  avoir 
fait  dissoudre  séparément,  on  obtient  une 
teinte  violet  foncé  également  agréable, 
mais  moins  brillante  pourtant  que  les  trois 
autres. 

Quant  à l’appareil  destiné  à contenir  la 
solution,  il  peut  varier  à l’infini.  Celui  dont 
nous  nous  servons,  aussi  simple  que  com- 
mode, n’est  autre  qu’une  cloche  de  jardi- 
nage, dite  cloche  à maraîcher.  Ses  formes 
arrondies  se  prêtent  parfaitement  à la  cour- 
bure des  fleurs,  sans  les  casser.  Ces  prépa- 
rations ou  sortes  de  bains  sont  plus  ou 
moins  étendues  d’eau,  suivant  la  nuance 
que  l’on  désire. 

Après  avoir  laissé  les  panicules  deux  ou 


trois  minutes  dans  la  teinture,  nous  les 
égouttons  et  laissons  sécher  naturellement, 
en  ayant  soin  de  les  tenir  renversées.  Lors- 
qu’elles sont  bien  sèches,  ce  qui  demande 
plusieurs  jours,  plus  ou  moins,  du  reste, 
suivant  la  température  du  local  et  la  séche- 
resse de  l’air  ambiant,  nous  faisons  tourner 
rapidement  chaque  tige  entre  nos  mains,  de 
manière  à faire  écarter  tous  les  épillets  et 
que  l’ensemble  reprenne  sa  forme  bouffante 
et  légère.  En  prenant  quelques  précautions, 
on  peut  faire  prendre  à chaque  panicule  plu- 
sieurs couleurs  distinctes  ; ainsi,  pour  lui 
donner  les  trois  couleurs  nationales,  voici 
comment  nous  opérons  : nous  enveloppons 
les  deux  tiers  supérieurs  de  chaque  panicule 
à teindre  avec  un  fort  papier  plusieurs  fois 
roulé  et  bien  ligaturé,  de  manière  que  la  tein- 
ture ne  pénètre  pas  dans  cette  partie,  et 
alors,  nous  passons  le  tiers  inférieur  en  teinte 
bleue  ; lorsqu’elle  est  sèche,  nous  plongeons 
alors  le  tiers  supérieur  de  la  panicule  dans 
la  teinture  rouge,  de  sorte  que  la  partie 
intermédiaire,  qui  a été  garantie  par  le 
papier,  conserve  sa  couleur  blanche  natu- 
relle, ce  qui  forme  un  plumet  tricolore. 

A l’aide  de  combinaisons  spéciales,  soit 
dans  la  forme  des  objets,  soit  dans  la  cou- 
leur qu’on  leur  donne,  on  peut  obtenir  des 
décors  trè.s-variés.  Ainsi,  nous  avons  fait 
pour  un  salon  une  grande  gerbe  composée 
d’environ  70  panicules  ; les  couleurs  rouges, 
bleues,  violettes  et  blanches  s’y  mélangent 
sur  une  gamme  de  teintes  qui  va  du  clair 
au  foncé  pour  chacune  des  couleurs,  le  tout 
entremêlé  de  grandes  Graminées  sèches  pour 
donner  à l’ensemble  plus  de  naturel  et  da 
légèreté.  La  disposition  gracieuse  des  fleurs, 
jointe  à la  fraîcheur  du  coloris,  produit  un 
effetdes  plus  remarquables.  Nous  nous  pro- 
mettons de  composer,  dans  le  même  genre, 
une  palme  en  forme  d’éventail  pouvant  servir 
à différents  usages,  par  exemple,  pour  mas- 
quer dans  un  magasin  une  partie  désa- 
gréable à l’œil.  Ce  nouvel  arrangement 
permettant  d’embrasser  toutes  les  fleurs  du 
même  coup,  produit  un  très-bel  effet.  Il 
va  sans  dire  que  cette  ornementation  serait 
susceptible  de  nombreuses  applications. 

Bien  qu’il  n’y  ait,  dans  tout  ce  que  nous 
venons  de  rapporter,  rien  de  très-difficile, 
nous  ne  sommes  pourtant  parvenu  à ces 
quelques  résultats  qu’après  des  tâtonne- 
ments, des  essais  toujours  ennuyeux,  qui, 
outre  la  perte  de  temps  et  les  déceptions. 


POMME  CALVILLE  MADAME  LESANS.  — APPRÉCIATIONS  DE  QUELQUES  LÉGUMES. 


113 


entraînent  parfois  au  découragement.  Dans 
le  Lut  d’éviter  ces  inconvénients  à ceux  qui 
voudraient  se  livrer  à ces  diverses  expé- 
riences, nous  avons  rédigé  la  présente  note, 
qui,  nous  le  reconnaissons,  est  loin  d’être 
parfaite,  mais  pourra  être  cependant  de 
quelque  utilité. 


Ajoutons,  comme  renseignementet  comme 
complément,  que,  dans  certains  endroits, 
notamment  à Angers,  on  peut  se  procurer 
des  panicules  de  Gynérium  depuis  7 fr.  le 
cent. 

J.  Sallier  fils. 


POMME  CALVILLE  MADAME  LESANS 


Arbre  vigoureux,  excessivement  fertile, 
produisant  bien  à haut  vent.  Mérithalles 
courts.  Rameaux  moyens,  à écorce  brune, 
pointillée  de  blanc.  Feuilles  longues,  forte- 
ment dentées, 
lisses,  d’un 
beau  vert  en 
dessous. Fruits 
gros,  souvent 
un  peu  plus 
hauts  que  lar- 
ges, sensible- 
ment côtelés, 
atténués  au 
sommet,  rap- 
pelant assez 
exactement, 
par  leur  aspect 
général,  leCal- 
villeblanc.  Œil 
placé  au  fond 
d’une  cavité 
étroite,  pro- 
fonde, et  qui 
est  un  peu  plis- 
sée  ou  resser- 
rée par -la  sail- 
lie des  côtes. 

Cavité  pédon- 
culaire  pro- 
fonde, relati- 
vement étroite;  queue  moyenne,  renflée  à sa 
base,  dépassant  ordinairement  la  cavité. 
Peau  uniformément  blanc  crémeux  mat,  se 
fonçant  et  prenant  une  très-belle  couleur 
jaune  doux  au  fruitier.  Chair  ferme,  non 
cassante,  blanche  ou  légèrement  jaunâtre. 


fine,  juteuse,  d’une  saveur  sut  generis,  frai 
che,  très-agréable;  loges  grandes;  pépins 
petits,  nombreux,  à testa  luisant,  roux  brun. 
Cette  variété,  obtenue  à Clamecy  (Nièvre), 

d’un  pépin  de 
Calville  rouge, 
par  M.  Eugène 
Sagot,  sera  mi- 
se au  commer- 
ce par  M.  Le- 
sans-Bertrand, 
pépiniériste  à 
Clamecy  (Niè- 
vre). C’est  cer- 
tainement une 
variété  d’ave- 
nir, qui  jouera 
un  important 
rôle  dans  l’ar- 
boriculture 
fruitière  parmi 
les  fruits  à 
couteau.  Elle 
paraît  avoir 
presque  tous 
les  avantages, 
moins  les  in- 
convénients, 
de  notre  Pom- 
mier Calville 
blanc.  Outre 
que  ses  fruits  se  conservent  très-longtemps 
en  gardant  leur  qualité,  ils  ont  encore  le 
mérite  de  ne  point  se  tacher  comme  ceux 
du  Calville  blanc. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  22.  — Pomme  de  Calville  Madame  Lesans,  de  grandeur 
naturelle. 


APPRÉCIATION  DE  QUELQUES  LÉGUMES 


Suivant  un  usage  que  nous  avons  suivi 
depuis  quelques  années,  nous  publions  nos 
appréciations  sur  des  légumes  nouveaux  mis 
au  commerce  au  printemps  de  1882  par 


MM.  Vilmorin,  et  cultivés  au  jardin  de  la 
Société  d’horticulture  de  Soissons. 

Aubergine  monstrueuse  de  New- York, 
— Cette  plante,  d’une  végétation  tardive, 


114 


APPRÉCIATION  DE  QUELQUES  LÉGUMES. 


n’a  pas  donné  de  résultat  dans  nos  cultures 
soissonnaises  ; son  véritable  climat  doit  être 
le  midi  de  la  France.  Il  est  vrai  que  la 
température  froide  et  humide  de  l’été  der- 
nier a dû  contribuer  fortement  à cet  in- 
succès. 

Céleri’Rave  gros  lisse  de  Paris.  — 
Cette  variété  est  bien  supérieure  au  Céleri- 
Rave  ordinaire  ; sa  racine  forme  une 
énorme  boule  arrondie  à la  partie  supé- 
rieure, et,  dans  nos  cultures,  certains  pieds, 
débarrassés  de  leur  chevelu,  pesaient  de 
500  à 600  grammes.  Ce  Céleri  cuit  bien; 
il  est  de  première  qualité.  Il  se  conserve 
admirablement  l’hiver.  Pour  la  cuisine,  c’est 
un  précieux  auxiliaire. 

Laitue  frisée  d’Amérique.  — Cette 
Laitue  est  aussi  vigoureuse  que  les  Laitues 
Batavia,  avec  lesquelles,  du  reste,  elle  a 
beaucoup  de  ressemblance.  Elle  ne  pomme 
pas  et  monte  très-vite  ; ses  feuilles  sont 
croquantes  et  aqueuses. 

En  somme,  c’est  une  variété  inférieure 
et  qui  pour  le  marché  n’a  aucune  valeur. 

Oignon  jaune  de  VilLefranche.  — Cette 
variété  d’Oignon  a beaucoup  de  ressem- 
blance avec  l’Oignon  jaune  des  Vertus, 
et  il  mûrit  comme  lui  ; toutefois,  il  est 
moins  vigoureux,  et  il  pn-duit  moins.  Quant 
à sa  qualité,  elle  ne  lui  est  pas  non  plus 
supérieure.  Il  ne  remplacera  pas  cette 
bonne  et  ancienne  variété,  qui  tient  tou- 
jours la  première  place  dans  les  potagers, 
tant  par  son  extrême  production  que  par 
sa  rusticité. 

Persil  à feuilles  de  Fougère.  — Cette 
variété  présente  la  même  vigueur  et  les 
mêmes  qualités  que  le  Persil  ordinaire, 
mais  avec  la  différence  qu’elle  est  plus  orne- 
mentale. On  pourra  s’en  servir  l’hiver,  non 
seulement  pour  garnir  la  viande,  mais  en- 
core et  surtout  pour  composer  de  fort  jolies 
corbeilles  de  table.  Ses  feuilles,  souvent 
plus  belles  que  celles  de  certaines  Fougères, 
donnent  à l’ensemble  un  aspect  gai,  gra- 
cieux et  léger.  C’est  une  bonne  acquisition 
pour  les  jardins. 

Pois  Shah  de  Perse.  — Cette  variété 
est  peu  vigoureuse  ; ses  tiges  sont  grêles  et 
ne  dépassent  pas  80  centimètres  de  hau- 
teur. Ce  Pois  se  rapproche  un  peu  de  la  va- 
riété Prince  Albert.  Ici  elle  a mûri  la  pre- 
mière dans  notre  collection,  c’est-à-dire 
huit  jours  plus  tôt  que  la  variété  citée  plus 
haut,  et  six  jours  avant  le  Pois  Merveille 


d’ Amérique.  Sa  gousse  contient  de  G à 8 
grains  qui  sont  de  première  qualité.  Mûrs, 
ces  grains  sont  très-ridés  et  d’un  blanc 
pur. 

Placé  à bonne  exposition,  ce  Pois  sera 
très- précieux  à cause  de  son  extrême  pré- 
cocité. Il  faudra  lui  donner  de  petites  rames 
branchues  et  en  rapport  avec  la  hauteur  des 
tiges. 

Pois  Criterion.  — Celui-ci,  au  contraire, 
est  très-vigoureux,  rustique  et  très- fertile. 
Ses  gousses  sont  d’un  vert  foncé,  régulières, 
et  contiennent  de  6 à 8 grains  de  couleur 
verte,  gros,  serrés  les  -uns  contre  les 
autres,  ridés  lors  de  la  maturité  et  de 
première  qualité. 

C’est  une  variété  de  demi-saison  du  plus 
grand  mérite.  Elle  exigera  des  rames 
élevées  et  branchues,  car,  ici,  les  tiges  ont 
atteint  2 mètres  de  hauteur.  — Variété  pré- 
cieuse à cultiver  dans  les  exploitations  où 
il  y a beaucoup  de  monde  à nourrir. 

Pois  Téléphone.  — Cette  variété  est 
très-vigoureuse,  rustique  et  assez  fertile  ; 
ses  gousses  sont  énormes,  droites  et  con- 
tiennent de  8 à 10  grains  verls,  très-gros  et 
un  peu  carrés. 

Quoique  énormes,  ils  sont  de  première 
qualité.  Plus  tardive  de  trois  à quatre  jours 
que  la  variété  Criterion,  elle  est  aussi 
moins  fertile.  Toutefois,  par  son  port,  sa 
vigueur  et  la  beauté  de  ses  gousses,  c’est 
très-certainement  l’un  des  plus  remar- 
quables parmi  les  Pois  cultivés  jusqu’à  ce 
jour. 

Pois  Fillbasket.  — C’est  une  plante  demi- 
naine  et  dont  les  tiges  peuvent  atteindre 
dans  certains  terrains  de  80  centimètres  à 
1 mètre  de  hauteur.  Elle  est  extraordinaire- 
ment fertile.  Les  gousses  renferment  de  8 à 
10  grains  de  couleur  vert  foncé  et  un  peu 
ridés  lors  de  leur  maturité.  C’est  une 
variété  très-méritante,  dont  le  grain  est  de 
première  qualité.  Lors  du  semis,  les  rayons 
devront  être  distancés  d’environ  1 mètre,  et 
après  le  premier  binage  les  tiges  recevront 
des  petites  rames  en  rapport  avec  la  hau- 
teur à laquelle  parviennent  les  plants; 

Le  Pois  Fillbasket  constitue  une  bonne 
et  fertile  variété  nouvelle,  qui  doit  trouver 
place  dans  tous  les  jardins  potagers.  Elle  n’a 
rien  de  commun  avec  une  autre  variété  qui 
portait  le  même  nom  et  que  nous  avions 
autrefois  reçue  de  M.  Laridan,  de  Fonte- 
noy. 


APPRÉCIATION  DE  QUELQUES  LÉGUMES. 


115 


Pois  Merveille  d'Amérique.  — Ainsi 
que  nous  l’avions  fait  pressentir  l’an  der- 
nier, c’est  assurément  la  meilleure  variété  à 
cultiver  ptrmi  les  Pois  naiiis. 

L’expérience  n’a  fait  que  confirmer  nos 
prévisions.  Cette  plante  est  extrêmement 
naine,  puisque  la  hauteur  de  la  ti<^e  ne 
dépasse  pas  30  centimètres.  Cette  dernière 
est  courte,  raide  et  d’une  grande  fertilité. 
Chaque  plante  peut  produire  de  8 à 12 
cosses,  et  celles-ci  contiennent  de  6 à 8 
grains  qui  sont  assez  gros,  légèrement  apla- 
tis, de  couleur  verte,  ridés  lors  de  la  matu- 
rité et  d’une  excellente  qualité.  • 

C’est  peut-être  la  plus  hâ'ive  parmi  les 
variétés  naines.  Semée  de  bonne  heure  et  au 
pied  d’un  mur  bien  exposé,  il  se  pourrait 
que,  sous  le  climat  de  Paris  et  lors  d’un 
printemps  favorable,  les  grains  fussent  bons 
à consommer  dans  la  première  quinzaine 
de  mai. 

C’est  une  excellente  acquisition  pour  les 
grands  et  surtout  pour  les  petits  jardins.  Il 
serait  intéressant  de  l’essayer  sous  châssis 
ou  pour  la  culture  de  primeur.  - 

Pomme  de  terre  Eléphant  hlayic.  — 
Variété  très-vigoureuse,  à tiges  munies  de 
larges  feuilles  et  terminées  par  de  très- 
belles  fleurs  blanches.  Ses  tub-^rcules  sont 
gros  ou  très-gros,  quelquefois  déformés  ou 
boursouflés  et  de  qualité  ordinaire. 

Il  nous  est  assez  difficile  de  prononcer 
définitivement  sur  le  mérite  de  cette  va- 
riété, la  maladie,  l’année  dernière,  ayant 
sévi  sur  elle  d’une  façon  désastreuse, 
ainsi , du  reste,  que  sur  pres(jue  toute 
notre  collection.  Par  conséquent,,  elle  est 
à revoir. 

Pomme  de  terre  de  Malahry.  — Celle-ci 
est  également  vigoureuse  ; ses  fanes  sont 
raides  et  munies  de  feuilles  de  grandeur 
ordinaire.  La  fleur  est  blanche.  La  plante 
est  très-productive  ; ses  tubercules  sont 
ovales,  de  couleur  jaune  pâle,  à chair  jaune 
de  très-bonne  qywlité  ; c’est  une  variété  de 
demi-saison  qui  chez  nous  a un  peu  mieux 
résisté  à la  maladie  que  la  précédente, 
sans  que  pour  cela  on  puisse,  non  plus, 
porter  un  jugement  définitif  sur  sa  valeur 
réelle. 

Soja  d'Êtampes.  — Depuis  quelques 
années  nous  avons  essayé  la  culture  de 
cette  plante  dans  des  conditions  les  plus 
diverses,  et  nous  devons  avouer  que  jusqu’à 
présent  les  résultats  obtenus  — au  moins 


comme  plante  potagère  — laissent  beau- 
coup à désirer. 

Notre  climat,  déjà  froid  et  assez  humide, 
est  évidemment  la  cause  de  nos  insuccès 
répétés. 

Cependant,  la  levée  des  graines  se  fait 
bien  ; les  plantes  croissent  même  avec  une 
grande  vigueur  ; la  fécondation  des  fleurs  a 
lieu  dans  les  meilleures  conditions,  et  les 
gousses  sont  toujours  très-nombreuses  et 
bien  pleines.  Malheureusement,  la  maturité 
des  graines  a lieu  imparfaitement  ; aussi, 
dans  ces  conditions  et  toutes  choses  égales 
d’ailleurs,  il  est  assez  naturel  que,  cuites  et 
préparées  de  diverses  façons,  elles  n’aient 
pas  donné  ce  que  tout  d’abord  on  avait 
espéré  obtenir  de  ce  légume,  qui  dans  son 
pays  — en  Chine  — est  reconnu  comme 
e.xcellent  et  très-nutritif.  Pour  notre  pays, 
comme  légume,  c’est  une  plante  à aban- 
donner. 

Chicorée  Troyenne.  — Cette  variété  de 
Chicorée,  que  nous  avons  reçue  de  M.  Dela- 
ville,  marchand  grainier,  2,  quai  de  la 
Megisserie,  à Paris,  s’est  montrée  dans  nos 
cultures  comme  l’une  des  meilleures  va- 
riétés de  pleine  terre.  Elle  croît  aussi  bien 
en  été  qu’en  automne,  et  elle  résiste  très- 
bien  aux  premiers  froids.  Elle  nous  a semblé 
être  intermédiaire  entre  la  Chicorée  de 
Ruffec  et  la  Chicorée  de  Meaux. 

C’est  une  bonne  acquisition,  aussi  bien 
pour  le  maraîcher  qui  vend  ses  produits  au 
marché  que  pour  le  jardinier  de  maison 
bourgeoise,  car  elle  est  de  première  qualité, 
et  nous  ne  saurions  trop  en  recommander 
la  culture. 

Tomate  Président  Garfîeld.  — Avec  la 
variété  de  Chicorée  dont  nous  venons  de 
parler,  M.  Delaville  nous  avait  envoyé  des 
graines  de  cette  variété  de  Tomate. 

Nous  avons  pu  constater  que  cette  plante 
était  extraoi  dinairement  vigoureuse,  à feuil- 
les larges  et  d’un  vert  foncé,  à tiges  grosses, 
subligneuses  et  pouvant  atteindre  plus  de 
2"'  50  de  hauteur  ! 

Les  fruits  sont  peu  nombreux,  souvent 
soli'aires,  mais  énormes,  très-charnus,  de 
forme  variable  et  pr^^nant  en  mûrissant  un 
coloris  d’un  beau  rouge  éclatant.  Ici,  en 
plein  air,  leur  maturité  s’est  faite  dans  de 
mauvaises  conditions;  mais  à Bucy,  chez 
M.  Wathieaux,  où  le  jardinier  avait  placé 
les  plants  contre  un  mur  regardant  le  sud, 
les  fruits  ont  bien  mûri  et  ont  été  de 


116 


CORYDALIS  SEWERZOWII.  — VRIESEA  TESSELLATA. 


bonne  qualité.  C’est  donc,  pour  la  bonté  et 
la  beauté  de  ses  produits,  une  variété  à 
cultiver  en  espalier,  tout  en  tenant  compte 


de  son  tempérament  tardif,  qui  exige  que 
les  plants  soient  appliqués  contre  des  murs 
chauds  et  bien  exposés.  E.  Lambin. 


CORYDALIS  SEWERZOWII 


(1) 


Cette  espèce,  originaire 
a été  décrite  et  déter- 
minée par  le  profes- 
seur Régel,  de  Saint- 
Pétersbourg. 

C’est  une  plante  vi- 
vace, vigoureuse,  rap- 
pelant assez  par  son 
port  et  son  faciès  géné- 
ral le  Corydalis  nohi- 
lis,  Pers.  {Fiimaria 
nohilis,  Jacq.;  F.  sa- 
tiva,  Scop.;  Capnoi- 
des  7iohilis,}flœnch.); 
elle  a des  tiges  herba- 
cées, succulentes,  gar- 
nies de  feuilles  d’un 
très-beau  vert  et  tel- 
lement découpées  qu’elles 
composées,  atteignant  jusqu 


du  Turkestan, 


Fig.  23.  — Corydalis  Scu'er:ou'ii. 


paraissent  être 
à 50  centimètres 


et  même  plus  de  hauteur.  Les  grappes  de 
fleurs,  d’un  très-beau 
jaune  foncé,  sur  le  vert 
glaucescent  de  feuil- 
les, produisent  un 
charmant  contraste. 

Le  Coyyidalis  Sewer^ 
zowii,  Reg.  (fig.  23), 
est  rustique,  et,  com- 
me à peu  près  tous 
ses  congénères , il 
fleurit  dès  les  pre- 
miers beaux  jours  du 
printemps.  11  a été, 
croyons-nous,  mis  au 
commerce  par  la  mai- 
son Haage  et  Schmidt, 
d’Erfurt,,  où  l’on 
pourra  se  le  procurer. 

E.-A.  Carrière. 


VRIESEA  TESSELLATA 


Cette  espèce,  qui  est  connue  et  répandue 
dans  le  commerce  sous  le  nom  de  Tilla7id- 
sia  iessellata,  a fleuri  l’année  dernière  dans 
plusieurs  endroits,  notamment  en  Belgique  : 
R chez  M.  F. -J.  Spae,  horticulteur  à Gand; 
2»  à Liège,  chez  M.  Jacob-Makoy,  et,  dit-on, 
aussi  à Moscou.  Cette  occasion  était  trop  fa- 
vorable pour  que  l’éminent  broméliographe, 
M.  Edouard  Morren,  professeur  de  botanique 
à l’Université  de  Liège,  n’en  profitât  pas. 
Non  seulement  il  a complété  la  description 
publiée  pour  la  première  fois  en  1874  par 
M.  Ed.  André  qui  n’avait  pas  vu  la  plante  en 
fleurs  lorsqu’il  la  nomma  en  collaboration 
avec  M.  J.  Linden,  mais  il  en  a donné  une 
figure  coloriée  dans  le  dernier  fascicule  de 
la  Belgique  horticole 

Cette  floraison  a permis  aussi  à M.  Mor- 
ren d’étudier  de  plus  près  les  caractères  de 
la  plante,  qui  n’avait  pas  encore  fleuri.  De 
cette  élude  il  résulte  que  cette  espèce  n’ap- 
partient pas  au  genre  Tillandsia,  mais  bien 

(1)  Corydalis  Sewerzowii,  Ed.  Regel,  plant.  Se- 
7yienow,  suppl.  I,  n.  66,  b. 


au  genre  Vriesea,  comme  M.  Ed.  André 
l’avait  prévu  (2).  Voici  donc  comment  s’é- 
tablit la  synonymie  de  cette  espèce  et  l’indi- 
cation des  ouvrages  où  il  en  a été  parlé  : . 

Tillayidsia  tessellata, Lmden,  Cat.,iSl‘3, 
p.  9.  — Illust.  hort.,  1873,  p.  78.  — Vrie- 
sea  tessellata,  Linden  et  André,  Illust. 
hort.,  1874,  XXI,  p.  123,  tab.  179;  1882, 
p.  120.  — Ed.  Morr.,  Belg.  hort.,  1882,. 
p.  381. 

Nous  avons  pensé  que  les  lecteurs  de  la 
Revue  horticole  ne  seraient  pas  fâchés,  non 
seulement  d’apprendre  la  floraison  de  cette 
espèce,  mais  d’en  avoir  une  description,  ce 
qui  nous  a engagé  à reproduire  celle  de  la 
Belgique  horticole  : 

Plante  de  grande  dimension  : celle-ci  mesure 
1^90  de  hauteur.  En  culture  elle  ne  drageonne 
pas. 

La  tige  est  dressée,  courte  (0'»  12-15)  dans 
la  région  proche  de  la  racine,  où  elle  paraît 
être  fort  épaisse  sous  les  induries  qui  la  cou- 
vrent. 

(2)  Voir  Illuitratio7i  horticole,  1874,  p.  123. 


VRIESEA  TESSELLATA. 


117 


Les  feuilles  sont  nombreuses  (ici  une  qua- 
rantaine), disposées  en  une  rosette  assez  ample 
qui  mesure  actuellement  1 mètre  de  diamètre 
et  près  de  0™65  de  hauteur.  Chaque  feuille 
est  coriace,  assez  longue  (jusqu’à  70  centi- 
mètres), dressée,  raide  ; gaine  large  de  O*»  14, 
brun  foncé  ; limbe  en  forme  de  courroie, 
canaliculé,  large  surtout  à sa  base  (0'"10), 
s’atténuant  jusqu’à  l’extrémité,  qui  est  ovale, 
lancéolée  et  cuspidée,  lisse  sur  les  deux  faces, 
qui  sont  marquetées  de  jaune  verdâtre  pâle  et 
quadrillé  de  vert  foncé,  un  peu  glauque  à la 
face  inférieure.  Les  feuilles  centrales  de  la 
rosette  sont  successivement  plus  courtes  et 
plus  claires. 

L’inflorescence  est  droite  au  centre  du  feuil- 
lage, qu’elle  dépasse  considérablement.  La 
hampe  raide  s’élève  jusqu’au  niveau  supérieur 
du  feuillage  ; elle  est  cylindrique,  épaisse  (en- 
viron 0™015),  à nœuds  rapprochés  (0«^  03), 
vêtue  dans  un  ordre  spiral  de  feuilles  courtes 
(0‘“  15  en  moyenne),  larges  à la  base,  lancéo- 
lées, plus  ou  moins  étalées,  et  d’ailleurs  colo- 
rées comme  celles  de  la  rosette. 

Panicule  très-ample  (lfn20  de  haut,  0'^42  de 
diamètre),  ovale,  très-lâche.  Rachis  dressé,  à 
entre-nœuds  assez  courts  (O"^  05),  un  peu  ar- 
qué, lisse  et  vert.  Les  nœuds,  ici  au  nombre 
de  dix-huit,  portent  chacun  une  spathe  et  un 
rameau  axillaire  qui  sont  dans  un  ordre  spiral 
(suivant  la  formule  2-5).  Chaque  spathe  est 
courte  (depuis  0«O0,  et  successivement  moins, 
jusqu’à  0t«02),  à base  large  amplexicaule,  se 
rétrécissant  bientôt  jusqu’au  sommet,  qui  est 
lancéolé.  Ces  spathes  et  celles  de  la  hampe  sont 
profondément  canaliculées,  naviculaires  et  ad- 
mirablement disposées  pour  retenir  l’eau  qui 
les  emplit  jusqu’aux  bords,  qui  sont  horizon- 
taux. 

Les  rameaux  de  la  panicule  sont  beaucoup 
plus  longs  que  leur  spathe;  les  intermédiaires 
ont  0™10,  tandis  que  les  inférieurs,  et  surtout 
les  supérieurs,  mesurent  souvent  près  de 
0‘“  30  ; tous  sont  ascendants,  un  peu  arqués, 
lisses,  verts,  fermes,  assez  forts  (0>n  004-5), 
pédonculés,  c’est-à-dire  stériles  sur  une  grande 
partie  de  leur  longueur  (les  deux  tiers  ont 
Om  10-12), qui  présente  seulement  deux  bractées 
herbacées,  étroitement  condupliquées  et  plus 
courtes  que  le  mérithalle.  La  partie  fertile 
donne  de  dix  à douze  fleurs  assez  rapprochées 
(0m025),  qui  s’ouvrent  successivement.  Les 
boutons  sont  disposés  dans  un  ordre  distique 
de  part  et  d’autre  du  pédoncule  commun,  con- 
tre lequel  ils  sont  appliqués  ; mais  au  moment 
de  s’épanouir  ils  se  dirigent  vers  la  périphérie 
de  l’intïorescence,  et  ainsi  les  fleurs  sont  fé- 
condes sur  chaque  branche  de  la  panicule, 
c’est-à-dire  qu’elles  se  suivent  à la  file  l’une  de 
l’autre. 

Le  rachis,  les  branches,  les  bractées  et  les 


sépales  sont  verts,  lisses  et  luisants;  ils  ne 
sont  pas  glutineux,  bien  qu’on  remarque  sou- 
vent à l’aisselle  des  fleurs,  entre  elles  et  le  pé- 
doncule commun,  des  lames  ou  des  fils  de 
gomme  transparente. 

Pédoncule  court  (0»i  008-9),  épais, obconique, 
vert  et  lisse. 

Bractée  coriace,  ovale-obtuse,  étroitement 
appliquée,  atteignant  les  deux  tiers  environ  du 
calice  (O'i^  025-32),  très-large  (0*"  02),  verte, 
lisse,  luisante,  striée  longitudinalement  de  vert 
foncé. 

Fleur  largement  tubuleuse , campanulée, 
dressée,  assez  longue  (0^032-40),  très-large 
(0'^01-4),  très-épaisse  à la  base,  lisse,  verte,  un 
peu  gluante  à la  face  extérieure.  Pétales  dis- 
posés en  corolle  campanuliforme,  longs  (0'^035- 
47),  dépassant  un  peu  le  calice  (0»‘008),  à 
peine  étalés  au  sommet,  jaune  pâle,  munis  à la 
base  de  deux  écailles  amples,  entières  ou  échan- 
crées.  Étamines  trois  libres,  trois  opposées  et 
adnées  à la  base  des  pétales,  dépassant  un  peu 
la  corolle  (0™  003-4)  ; filet  large  ; anthère 
adnée,  longue  (0«i008),  droite  et  lancéolée  ; 
pollen  couleur  de  soufre.  Pistil  très-long 
(O'ïi  046)  ; style  épais,  dépassant  un  peu  les 
étamines  ; stigmate  à trois  lobes  papilleux  et 
très-rapprochés.  Ovaire  court,  lisse,  pyramidal. 
Ovules  longuement  appendiculés. 

A cette  description  du  Vriesea  tessellata , 
à laquelle  nous  n’avons  voulu  rien  changer, 
nous  ajoutons  — toujours  d’après  M.  Morren 
— que  les  fleurs  sont  éphémères  et  noc- 
turnes. 

Dans  des  considérations  générales  sur 
cette  espèce,  le  savant  professeur  de  Liège 
dit  encore  : « Par  ses  fleurs,  la  plante  a 
montré,  à notre  avis  au  moins,  qu’elle  n’ap- 
partient pas  au  genre  Tillandsia,  mais  bien 
au  genre  Vriesea.  Elle  fait  partie  du  sous- 
genre  que  nous  avons  nommé  Xiphion,  et 
qui  se  distingue  par  la  corolle  large  et  de 
forme  campanulée.  La  Belgique  horticole 
a déjà  figuré  le  Vriesea  Jonghei  (1874, 
p.  291),  et  le  V.  tessellata  est  de  beaucoup 
la  plus  belle  et  la  plus  grande  espèce  de 
cette  série.  » 

Le  V.  tessellata  réclame  impérieusement 
la  serre  chaude.  Il  lui  faut  un  vase  bien 
drainé,  un  sol  léger  composé  de  terre  de 
bruyère  très-grossièrement  concassée,  mé- 
langée de  sphagnum  et  de  brique  pilée,  de 
manière  à ce  que  l’air  pénètre  bien  et 
que  l’humidité  en  excès  puisse  facilement 
s’écouler.  Malgré  toutes  ces  précautions, 
il  arrive  assez  fréquemment  que  certains 
sujets  prennent  un  état  chlorotique;  les 


•118 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


feuilles  perdent  alors  la  couleur  verte  et 
deviennent  jaunâtres.  Dans  cet  état,  un 
peu  d’engrais  liquide  donné  de  temps  à 


autre  les  ramène  généralement  à l’état 
normal. 

E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  8 FÉVRIER  1883 


Apports.  — Comité  de  culture  potagère. 
Un  jardinier  M.  Bertauld,  à Rungis  (Seine), 
présentait  un  lot  de  Witloof  d’une  cul- 
ture admirablement  réussie.  Outre  la  partie 
foliacée  de  ces  plantes,  qui  était  bien  dé- 
veloppée, d’un  beau  jaune  d’or,  les  racines 
étaient  aussi  des  plus  remarquables  tant 
par  la  forme  que  par  les  dimensions;  la 
pi’emière  est  régulièrement  fusiforme,  très- 
rentlée  au  milieu,  et  atteint  jusqu’à  10  centi- 
mètres et  môme  plus  de  diamètre.  — M.  Che- 
min, maraîcher  à Paris,  exposait  un  lot  de 
Laitues  noires  très-grosses  et  de  toute  beauté  ; 
elles  rappelaient  assez  certaines  Laitues  d’hiver, 
notamment  celle  dite  « de  la  Passion  ; » elles 
avaient  été  cultivées  sur  couche.  — M.  Paillieux 
présentait  deux  étiolais^  l’un  produit  avec  le 
. Silaus  Besleri,  plante  de  la  famille  des  Om- 
bellifères.  Les  feuilles,  nombreuses,  mais  assez 
ténues,  peuvent  se  manger  en  salade  ; elles 
ont  une  légère  saveur  aromatique  assez  agréa- 
ble qui  s’accorde  très-bien  avec  d’autres  sala- 
des dont  elle  relève  un  peu  le  goût;  l’autre 
étiolât  était  fourni  par  une  Crucifère  indigène, 
le  Crépis  hiennis ; les  feuilles,  nombreuses, 
longues  et  assez  larges,  produisaient  d’assez 
fortes  toulïes;  leur  saveur  légèrement  stipti- 
que  en  fait  une  salade  très-agréable.  Cette  es- 
pèce pourrait  certainement  trouver  sa  place  au 
potager. 

Au  comité  di  arboriculture  fruitière,  d’abord 
quelques  fruits,  mais  sans  aucun  intérêt  parti- 
culier en  dehors  de  leur  beauté  ; il  y avait  une 
corbeille  de  magnifiques  Poires  Passe-Crassane, 
variété  de  premier  mérite,  tant  par  la  beauté 
et  les  dimensions  que  par  la  qualité.  — 
M.  Étienne  Salomon,  de  Thomery,  avait  en- 
voyé quelques  fruits  conservés  par  le  froid  ; 
c’étaient  des  Louise-Bonne  d’Avranches,  Aman- 
lis,  Williams,  Duchesse  d’Angoulême,  et  qui  non 
seulement  étaient  bien  conservés,  mais  n’é- 
taient môme  pas  mûrs.  Dans  une  discussion  au 
comité,  on  s’est  élevé  contre  ce  procédé,  et  l’on  a 
soutenu  qu’il  n’était  pas  à encourager,  par  cette 
raison  que  ces  fruits  étaient  moins  bons  et 
qu’il  n’était  pas  nécessaire  d’en  conserver,  at- 
tendu qu’on  en  avait  assez  d’autres  de  bonne 
qualité  qui  venaient  successivement  et  naturel- 
lement remplacer  ceux  dont  la  saison  était 
passée.  C’est  un  tort;  sans  rejeter  ce  qui  est 
bon,  il  est  avantageux  de  chercher  à étendre 


et  à multiplier  les  ressources;  et  d’autre 
part  la  Société  d’horticulture  doit  encourager 
toutes  les  découvertes  utiles,  et  celle  de  la  con- 
servation des  fruits  est  certainement  dans  ce 
cas. 

Le  comité  de  floriculture  était  assez  bien 
pourvu.  C’était  d’abord  M.  Millet,  de  Bourg- 
la-Reine , qui  présentait  une  variété  de  la 
Violette  commune,  à feuilles  bien  et  très-régu- 
lièrement panachées  de  blanc  jaunâtre;  elle 
est  très-floribonde,  et  les  fleurs,  grandes, 
d’un  beau  bleu,  sont  très-odorantes.  — Le 
Fleuriste  de  la  Ville  de  Paris  avait  en- 
voyé en  fleurs  : 1»  un  fort  pied  de  Rho~ 
pala  crenata,  dont  les  feuilles  rappelaient 
assez  bien  celles  du  Grevülea  robusta;  quant 
aux  fleurs , elles  sont  blanches , petites  et 
disposées  en  épis  ordinairement  axillaires,  et 
sont  insérées  directement  sur  la  branche  ou  sur 
la  tige,  c’est-à-dire  sur  le  vieux  bois  ; 2»  une 
grosse  touffe  de  Cymbidium  eburneum,  très- 
remarquable  par  la  beauté  de  ses  fleurs,  qui 
sont  d’une  grandeur  vraiment  extraordinaire. 
C’est  certainement  une  variété  d’un  mérite  tout 
à fait  exceptionnel.  — M.  Morin,  jardinier 
chez  M.  Attias,  présentait  deux  pieds  en  pots 
des  Crotons  Bergmani  et  Baron  Frank-Cel- 
lière.  Ces  deux  plantes,  d’une  beauté  et  d’une 
vigueur  incomparables,  avaient  été  obtenues  par 
marcottes,  d’autant  plus  remarquables  qu’elles 
étaient  dans  de  petits  pots-godets  de  10  centi- 
mètres de  diamètre,  ce  qui  indiquait  une  cul- 
ture des  mieux  entendues.  — M.  Malet,  horti- 
culteur au  Plessis-Piquet  (Seine),  présentait  en 
pot  et  en  fleurs  un  pied  de  Xanthoceras  sorbi- 
folia  très-beau;  la  plante,  d’environ  35  centi- 
mètres de  hauteur,  portait  deux  grappes  de 
fleurs  très-bien  développées.  Les  soins  les 
plus  simples  — on  pourrait  même  dire  élé- 
mentaires — que  lui  avait  donnés  M.  Malet 
semblent  indiquer  que  cette  plante  pourrait  être 
cultivée  pour  le  marché  aux  fleurs.  Les  voici  : 
en  septembre,  alors  que  les  plantes  étaient  en- 
core en  pleine  végétation,  M.  Malet  a relevé  de 
pleine,  terre  et  mis  en  pots  quelques  pieds  qu’il 
jugeait  disposés  à fleurir,  puis  à l’automne  il 
les  a mis  dans  une  serre  à Pélargoniums  dont 
la  température,  maintenue  très-basse,  est  par- 
fois tombée  presque  à 0 degré.  Néanmoins, 
dans  ces  conditions,  les  Xanthoceras  se  sont 
très-bien  comportés  et  se  sont  mis  à fleurir 


CULTURE  DES  BRUYÈRES. 


119 


dès  le  commencement  de  février.  — Enfin, 
M.  Godefroy-Lebeuf,  horticulteur  à Argenteuil, 
présentait  les  nouveautés  suivantes  : 1«  Iris 
reticulata,  espèce  naine  et  très-floriboiide,  ori- 
ginaire de  Sibérie  ; ses  tiges,  hautes  d’environ 
12-15  centimètres,  se  terminent  i)ar  des  fleurs 
relativement  très-grandes,  d’un  beau  violet  à re- 
flets rose  nuancé  ; 2®  deux  potées  de  Tecophiæa 
cyanocrocus , plantes  très-naines  (6-10  centi- 
mètres), de  la  famille  des  Narcisses;  l’une 
d’elles,  le  type,  a les  fleurs  de  couleur  bleu 


pâle,  comme  zonées  horizontalement  de  bandes 
plus  claires;  l’autre,  le  T.  cyanocrocus  Leitch- 
lini , était  encore  plus  naine,  et  ses  fleurs 
plus  délicates,  en  forme  de  coupe,  rappelant 
celles  d’un  Crocus  ou  d’un  Colchique  lilli- 
putien, étaient  d’un  très-beau  bleu  foncé.  Ces 
plantes,  bien  que  rustiques,  devront  être  culti- 
vées en  pots  à cause  de  leur  floraison  précoce, 
qui  exposerait  les  fleurs  à être  gelées,.  Du 
reste,  elles  se  forcent  très-bien  et  peuvent  être 
cultivées  comme  les  Crocus. 


CULTURE  DES  BRUYÈRES^') 


Exposition.  — En  général,  on  se  fait  une 
idée  tout  à fait  fausse  sur  l’exposition  qui 
convient  aux  Bruyères  : on  croit  que  ces 
plantes  redoutent  le  soleil  et  qu’un  demi- 
ombrage,  au  moins,  leur  est  nécessaire,  ce 
qui  est  le  contraire  de  la  vérité.  A part  quel- 
ques exceptions,  les  Bruyères  demandent 
une  exposition  aérée  et  fortement  insolée  : 
il  en  est  même  de  vigoureuses,  à végétation 
rapide,  qui  ne  fleurissent  pas  si,  pendant 
l’été,  on  les  place  dans  des  lieux  ombragés, 
où  l’air  n’a  pas  un  libre  accès.  Tels  sont  les 
Erica  hyemalis,  Vilmoreana,  les  perso- 
luta,  etc.  B en  est  à peu  près  de  même  si, 
pendant  l’hiver,  on  ne  les  place  pas  près  des 
vitrages,  dans  une  serre  où  elles  reçoivent 
non  seulement  de  la  lumière,  mais  beaucoup 
de  soleil.  Dans  ce  cas,  c’est  à peine  si  elles 
fleurissent.  B en  est  cependant  certaines 
qui,  au  contraire,  demandent  à être  placées 
pendant  l’été  à mi- ombre.  Toutefois,  même 
pour  celles-ci,  il  faut  éviter  de  les  mettre 
sous  les  arbres,  parce  qu’alors,  l’eau  tom- 
bant en  gouttelettes  très- fortes  sur  la  terre 
des  pots,  fait  sauter  cette  terre  sur  les  plan- 
tes, salit  et  fait  même  tomber  les  feuilles. 
Ce  sont  surtout  les  ventricosa,  les  ampul- 
lacea,  etc.,  qui  sont  dans  ce  cas.  Pour  ces 
plantes,  à cause  de  la  délicatesse  de  leur 
feuillage,  il  serait  même  très-bon  de  les 
placer  dans  des  coffres,  de  manière  à 
pouvoir  les  abriter  en  cas  d’orage.  Pour 
l’hiver,  ces  dernières  espèces  demandent 
également  certaines  précautions  ; ainsi  il  est 
bon  de  les  placer  dans  une  serre  très-éclai- 
rée  ; elles  se  trouvent  même  très-bien  de 
rester  dans  ces  conditions  jusqu’à  la  fin  de 
mai  et  d’être  rentrées  dès  le  mois  de  sep- 
tembre, en  ayant  soin  de  leur  donner  beau- 
coup d’air.  Les  premières  (hyemalis,  per- 
(1)  Voir  Revue  horticole^  1882,  p.  506. 


soluta,  Vilmoreana  y etc.),  au  contraire, 
doivent  être  sorties  aussitôt  que  les  gelées 
ne  sont  plus  à craindre  et  être  rentrées  le 
plus  tard  possible,  de  façon  à les  mettre  à 
l’abri  des  premières  gelées,  car  si  ces  plan- 
tes sont  relativement  rustiques,  il  en  est 
autrement  des  boutons  qui,  comme  ceux  des 
Azalées,  sont  fatigués,  souvent  détruits  même 
par  une  faible  gelée. 

Multiplication.  — La  réputation  qu’on 
a faite  aux  Bruyères  d’être  c(  difficiles  à mul- 
tiplier » est  également  de  beaucoup  exa- 
gérée. A part  quelques  variétés  dont  le  bois, 
d’une  nature  sèche,  ne  s’enracine  pas  faci- 
lement, presque  toutes  les  espèces  repren- 
nent bien  lorsque  les  boutures  sont  faites 
dans  de  bonnes  conditions,  mais  néanmoins 
dans  un  laps  de  temps  variable  suivant  les 
espèces. 

Quand  on  possède  une  serre  à multiplica- 
tion dans  laquelle  il  y a une  couche  de  tan- 
née chauffée  en  dessous  à l’aide  des  tuyaux 
d’un  thermosiphon  pouvant  maintenir  la 
température  de  la  couche  entre  20  et  25  de- 
grés, on  peut  faire  des  boutures  pendant 
tout  l’hiver. 

Si,  au  contraire,  on  n’a  pas  de  serre  à 
multiplication  organisée  ainsi  qu’il  vient 
d’être  dit,  on  y supplée  en  opérant  soit  dans 
une  bâche  de  serre,  soit  même  dans  des 
coffres,  sous  des  châssis  ; mais  alors,  au  lieu 
de  bouturer  tout  l’hiver,  on  bouture  fin 
d’avril  ou  au  commencement  de  mai.  On 
fait  alors  une  petite  couche  dont  la  cha- 
leur peut  s’élever  de  15  à 20  degrés,  pas 
plus. 

Bouturage.  — Quelle  que  soit  l’époque 
où  l’on  pratique  le  bouturage,  celui-ci  se 
fait  en  pots  ou  mieux  dans  des  terrines  ; 
dans  le  cas  où  les  vases  seraient  profonds, 
on  les  remplirait  avec  des  tessons,  de  façon  à 


120 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES. 


ce  qu’il  n’y  ait  pas  plus  de  6 à 10  centimètres 
au  plus  de  terre.  Celle-ci  doit  être  tamisée 
et  légèrement  tassée,  afin  que  les  boutures 
soient  bien  assises  et  que  la  plantation  soit 
plus  facile  à effectuer.  On  doit  prendre  du 
jeune  bois  autant  que  possible,  mais  non  à 
fleurs^  ce  qui,  pour  certaines  espèces,  n’est 
pas  facile  à cause  de  leur  excessive  floribon- 
dité*;  il  arrive  même  souvent  qu’on  est  obligé 
de  rabattre  les  plantes  pour  les  forcer  à pro- 
duire du  bois  propre  au  bouturage. 

Soit  qu’on  bouture  en  hiver  ou,  au  con- 
traire, qu’on  opère  au  printemps,  on  doit 
toujours  prendre  les  parties  les  plus  tendres, 
par  exemple  l’extrémité  des  branches  laté- 
rales, ou  encore  le  sommet  des  parties  verti- 
cales‘quand  il  n’est  pas  trop  gras,  c’est- 
à-dire  trop  aqueux. 

Les  boutures  doivent  être  coupées  avec 
un  outil  bien  tranchant,  afin  de  n’en  pas 
mutiler  la  base  ; on  doit,  pour  faciliter  le 
repiquage,  enlever  une  ou  deux  couronnes 
de  feuilles  ; ces  boutures  doivent  être  très- 
courtes,  environ  2 centimètres  de  longueur. 
Afin  de  faciliter  la  plantation,  on  a dû  bas- 
siner préalablement  la  terre  des  vases  qui, 
outre  cela,  doit  être  légèrement  humide. 
Suivant  la  force  ou  la  nature  des  boutures, 
on  plante  plus  ou  moins  serré  : 1 à 2 centi- 


mètres de  distance  suffit.  Aussitôt  qu’un 
vase  (pot  ou  terrine)  est  planté,  on  le  place 
sur  la  couche,  et  on  le  recouvre  d’une 
feuille  de  verre  qui  doit  être  très-près  des 
boutures.  Quant  aux  soins,  ils  consistent  à 
entretenir  la  terre  humide,  à enlever  toutes 
les  boutures  qui  se  tachent  ou  moisissent, 
afin  que  le  mal  ne  s’étende  pas,  puis,  quand 
elles  sont  enracinées,  à les  habituer  gra- 
duellement à l’air. 

Si  l’on  avait  peu  de  boutures  de  chaque 
sorte  et  qu’on  fût  obligé  d’en  mettre  plu- 
sieurs ^dans  un  même  vase,  il  faudrait  choi- 
sir des  espèces  distinctes,  mais  surtout  de 
même  nature,  afin  que  l’enracinement  s’o- 
père dans  un  même  laps  de  temps  ; autre- 
ment, quand  l’une  serait  reprise  et  qu’on 
devrait  lui  donner  de  l’air,  l’autre  se  fati- 
guerait. Le  temps  nécessaire  à l’enracine- 
ment des  boutures  varie  suivant  les  espèces  : 
tandis  que  certaines  s’enracinent  en  quinze 
jours,  il  en  est  d’autres  qui  mettent  deux 
mois  à s’enraciner. 

Les  boutures  de  Bruyères  doivent,  avec 
soin,  être  préservées  du  soleil,  mais  en 
même  temps  recevoir  le  plus  de  lumière 
possible. 

Gentilhomme  et  Carrière. 


PLANTES  NUUYELLES,  RARES  OU  PAS  ASSEZ  CONNUES 


Odontoglossum  Roezlii  flore  alho.  — 
Cette  espèce,  qui  présente  tous  les  caractères 
du  type  comme  faciès  et  végétation,  s’en  dis- 
tingue nettement  par  la  couleur  de  ses  fleurs 
qui  est  d’un  blanc  de  lait,  sauf  à la  base  du 
labelle  où  il  y a une  petite  tache  d’un  très- 
beau  jaune  d’or  qui,  par  un  heureux  con- 
traste, fait  encore  ressortir  la  blancheur  de 
la  fleur.  Mais  ce  qui  augmente  considérable- 
ment le  mérite  de  cette  plante,  c’est  l’ex- 
quise suavité  que  dégagent  ses  fleurs,  cette 
odeur  est  d’une  incomparable  finesse. 

Armeria  Mauritanica,  Wallr.  ; {A.  Ce- 
phalotes,  Poir.  ; A.  formosa,  Hort.  ; Siatice 
pseudo  armeria,  Desf.)  — Plante  gazon- 
nante,  à souche  compacte.  Feuilles  épaisses, 
charnues,  toutes  radicales,  elliptiques-obo- 
vales,  longuement  atténuées  à la  base.  Tiges 
florales  ou  hampes  nues,  fortes,  dressées, 


raides,  atteignant  environ  30-35  centimètres 
de  hauteur,  terminées  par  une  forte  inflo- 
rescence subsphérique  composée  de  fleurs 
qui,  suivant  les  variétés,  varient  du  rose 
lilacé  au  rose  vif  et  même  au  rouge,  chacune 
enveloppée  d’écailles  calycoïdes  membra- 
neuses, constituant  une  sorte  de  tube  dont 
l’extrémité  papyracée-scarieuse  est  d’un 
blanc  velu  transparent,  qui  forme  un 
agréable  contraste  avec  la  couleur  vive  delà 
fleur  qu’elle  contient. 

Cette  espèce  trop  peu  connue,  qui  fleurit 
presque  toute  l’année  à partir  de  mai,  est 
! certainement  l’une  des  plus  belles  du  genre, 
outre  qu’elle  est  très-rustique  et  s’accom- 
mode de  presque  tous  les  terrains,  surtout 
s’ils  sont  légèrement  humides  ; les  sols 
argilo-siliceux  lui  conviennent  tout  particu- 
lièrement. 


Xmp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Exposition  internationale  d’horticul- 
ture de  Saint-Pétersbourg.  — Une  cir- 
culaire que  nous  venons  de  recevoir  du 
comité  de  l’exposition  nous  informe  que,  à 
leur  arrivée  à la  frontière  russe,  tous  les 
objets  destinés  à l’exposition,  et  qui  devront 
porter  cette  adresse  : Exposition  intep.na- 
tionale  d’horticulture  a Saint-Péters- 
bourg, seront  immédiatement  dirigés  sur 
l’exposition  par  les  lignes  de  chemin  de  fer 
les  plus  directes. 

Toutes  les  dispositions  sont  prises  pour 
que,  aussitôt  leur  arrivée,  les  plantes  puis- 
sent être  amenées  à leur  pleine  floraison 
pour  l’époque  de  l’exposition,  dans  un  local 
construit  à cet  effet. 

Toutefois,  il  est  bon  que  les  mesures  soient 
prises  de  manière  que  les  plantes  n’arrivent 
ni  avant  le  15  (27)  avril,  ni  apres  le  2 (14) 
mai,  le  jury  chargé  d’examiner  les  produits 
et  de  décerner  les  récompenses  devant  se 
réunir  le  4 (16)  mai  (1). 

Tous  les  hôtes,  à leur  arrivée  à Saint- 
Pétersbourg,  seront  reçus  par  une  députation 
de  la  commission  de  réception,  qui  prendra 
à leur  égard  toutes  les  dispositions  néces- 
saires pour  leur  être  utile  et  leur  éviter  les 
ennuis  inhérents  à la  circonstance. 

Vente  de  la  bibliothèque  de  feu 
M,  Decaisne.  — Cette  vente  aura  lieu  du 
30  avril  au  15  mai  1883,  de  sept  heures  et 
demie  du  soir  à dix  heures,  rue  des  Bons- 
Enfants,  28. 

La  bibliothèque  de  M.  Decaisne  était  une 
des  plus  riches  en  ouvrages  de  botanique  et 
d’horticulture.  Elle  est  surtout  abomlam- 
ment  pourvue  d’ouvrages  concernant  Var- 
horiculture  fruitière.  Sous  ce  dernier  rap- 
port, elle  est  des  plus  remarquables,  et 
parmi  les  nombreux  volumes  qu’elle  con- 
tient il  en  est  beaucoup  qu’il  serait  à peu 
près  impossible  de  se  procurer  aujour'd’hui. 
Il  y aura  là,  pour  la  Société  centrale  d’hor- 
ticulture, une  excellente  occasion  de  com- 
pléter sa  bibliothèque. 

Expédition  botanique  au  cap  Horn. 

— Le  gouvernement  français  vient  de  dé- 

(t)  Les  dates  indiquées  les  premières  sont  celles 
du  calendrier  russe  qui,  comme  on  le  sait  est  en 
retard  de  L2  jours  sur  le  calendiier  grégorien; 
c’est-à-dire,  par  exemple,  que  le  15  avril  russe 
correspond  au  *27  avril  français. 

16  Mars  1883. 


cider  qu’une  exploration  scientifique  serait 
faile  au  cap  Horn,  aux  frais  de  l’État. 
M.  P.  Hariot,  préparateur  du  cours  de 
M.  Van  Tieghem  au  Muséum,  est  ciiargé 
des  recherches  botanitjues. 

Nous  avons  reçu  la  visite  de  M.  P.  Hariot 
avant  son  départ  ; nous  avons  trouvé  le  jeune 
explorateur  dans  les  meilleures  dispositions, 
animé  par  la  soif  des  découvertes,  et  nous 
lui  souhaitons  un  vif  succès. 

Les  ravages  du  phylloxéra.  — Le 

dernier  rapport  que  vie  nt  de  présenter 
M.  E.  Tisserand,  directeur  de  l’agriculture,  à 
la  commission  supérieure  du  phylloxéra  est 
absolument  navrant.  En  voici  le  résumé  : 
50  départements  envahis,  764,000  hectares 
de  Vignes  entièrement  détruits,  642,000  hec- 
tares contaminés  plus  ou  moins  gravement. 
Sans  désespérer  de  la  viticulture  fi’ançaise, 

I il  faut  déplorer,  avec  M.  Tisserand,  que 
I l’apathie  ou  le  mauvais  vouloir  de  1 1 plupart 
de  nos  vignerons  empêche  la  luPe  à ou- 
trance qu’il  serait  indispensable  d’organiser 
partout  pour  vaincre  le  terrible  fléau.  Les 
chidVes  que  nous  venons  de  publier  sont 
tristement  éloquents.  Le  pays  où  l’on  pou- 
vait dire  avec  orgueil  : 

Nous  buvons,  dans  le  vin,  le  soleil  de  la  France  ! 

serait- il  destiné  avant  peu  à perdre  son 
antique  et  légitime  réputation  de  «.  premier 
vignoble  du  monde?  » 

La  récolte  des  vins  en  Algérie.  — A 
côté  d*^  ce  sombre  tableau,  en  voici  un  plus 
réjouissant.  Le  développement  viticole  de 
notre  belle  colonie  algérienne  s’accroît  avec 
rapidité.  Les  cliitî'res  suivants  sont  superbes 
pour  le  présent  et  du  meilleur  augure  pour 
l’avenir. 

Le  total  de  la  superficie  plantée  en  Vigne 
s’élève  à 23,724  hectares,  d’  près  les  der- 
niers relevés  otficiels,  sur  lesquels  19,700 
sont  plantés  en  cépages  noirs  et  4,024  en 
cépages  blancs. 

La  province  d’Alger  compte  7,396  hec- 
tares cultivés  par  les  Européens  et  1,857 
cultivés  par  les  indigènes.  Dans  la  province 
d’Oran,  les  Européens  cultivent  10,064  hec- 
tares et  les  indigènes  477.  Dans  la  province 
de  Constantine,  la  culture  européenne  s’é- 


122  CHRONIQUE 

tend  sur  3,688  hectares  et  la  culture  indi- 
gène sur  242* 

On  peut  se  rendre  compte  du  développe- 
ment des  plantations  en  notant  qu’en  1878 
le  total  des  hectares  cultivés  en  Vignes  ne 
s’élevait  qu’à  17,614. 

En  ce  qui  concerne  la  récolte,  la  province 
d’Alger  a produit  sur  les  cultures  euro- 
péennes 197,718  hectolitres  et  3,383  sur 
les  cultures  indigènes. 

Dans  la  province  d’Oran,  la  récolte  s’est 
élevée  à 164,204  hectolitres. 

La  province  de  Gonstantine  a produit 
67,276  hectolitres. 

Dans  ces  deux  dernières  provinces,  la 
production  indigène,  relativement  peu  im- 
portante, n’est  pas  encore  exactement  éva- 
luée. 

En  résumé,  le  total  de  la  production  de.; 
vins  dans  l’ensetuble  de  la  colonie  s’est 
élevée  à 429,197  hectolitres  contre  328,220 
hectolitres,  montant  de  la  précédente  ré- 
colte. 

Que  le  gouvernement  fasse  bonne  garde, 
qu’il  empêche  rigoureusement  l’introduc- 
tion en  Algérie  des  cépages  étrangers,  qu’il 
continue  à punir  les  délinquants  comme  cet 
instituteur  de  Lodi,  justement  condamné  à 
un  mois  de  prison  et  à 50  fr.  d’amende  pour 
avoir  importé  des  sarments  de  Vigne;  qu’il 
veille  aux  importations  clandestines  par 
l’Espagne,  de  Carthagène  et  de  Cadix,  à 
Ceuta  et  à Oran,  et  nous  réussirons  peut-être 
à sauver  du  phylloxéra  ce  beau,  nouveau  et 
déjà  riche  vignoble. 

Association  pour  la  protection  des 
plantes  alpines.  — Nos  lecteurs  se  sou- 
viennent du  cri  d'alarme  poussé  par  quel- 
ques botanistes  à propos  de  la  disparition 
croissante  des  espèces  indigènes  des  plantes 
rares  en  Suisse.  On  saifqu’une  société  s’est 
formée  pour  enrayer  cette  destruction.  Nous 
recevons  de  son  président,  M.  H.  Correvon, 
de  Genève,  la  lettre  suivante,  à laquelle 
nous  donnons  très-volontiers  l’hospilaliié  : 

Je  viens  de  lire  avec  plaisir,  dans  votre  nu- 
méro du  16  courant,  la  traduction  d’une  de 
mes  lettres  publiée  il  y a quelque  temps  dans 
le  Garden.  Je  vous  serais  bien  reconnaissant 
si  vous  vouliez  bien  aider  à notre  jeune  asso- 
ciation en  nous  consacrant  encore  quelques 
lignes  pour  inviter  toutes  les  personnes  qui 
veulent  bien  nous  aidep  et  entrer  dans  l’asso- 
piation  à s’adresser,  soit  au  président,  votre 


HORTICOLE. 

serviteur,  soit  au  secrétaire,  M»*  R.  de  Seigneur- 
Malagnon,  à Genève.  Je  vous  enverrai  notre 
compte-rendu  de  la  séance  de  fondation,  conte- 
nant deux  pièces  qui  pourront  vous  intéresser. 
Nous  comptons  à Paris  quelques  membres 
zélés  ; mais  nous  aimerions  en  avoir  d’autres 
encore:  H.  Gorrevon. 

Recommander  spécialement  à nos  lec- 
teurs, amateurs  des  plantes,  l’œuvre  sym- 
pathique et  désintéressée  à laquelle  s’atta- 
chent M.  Correvon  et  ses  amis,  c’est  servir 
à la  fois  les  véritables  intérêts  de  la  bota- 
nique et  de  l’hoi  liculture. 

Origine  du  lis  blanc.  — Cette  magni- 
fique espèce,  dont  jus(|u’ici  la  patrie  était 
parfois  contestée  (1),  vient  d’être  décou- 
verte en  grande  quantité  dans  des  endioits 
presque  inaccessibles  et  tout  à fait  sauvages 
de  la  Palestine.  Voici,  au  sujet  de  cette 
espèce,  ce  qu’écrivait  le  29  novembre  der- 
nier un  Père  Lazariste  du  collège  d’An- 
toura  (Liban)  : 

A propos  de  Lis,  je  profite  de  l’occasion 

pour  vous  prier  de  corriger,  .S’il  est  possible, 
une  erreur  que  j’ai  remarquée  dans  le  Bon 
Jardinier  ; il  y est  dit,  au  sujet  du  Lis  blanc 
ordinaire  : « origine  inconnue.  » Or,  nos  mon- 
tagnes du  Liban  en  sont  remplies  en  plusieurs 
endr'oits.  Il  est  cerdain  que  personne  ne  les  y a 
plantés,  car  on  les  trouve  dans  les  endroits  les 
plus  sauvages,  où  jamais  personne  que  les  che- 
vriers  n’a  mis  les  pieds.  L’origine  du  Lis  ordi- 
naire est  donc  certainement  connue.  J’en  ai 
fait  apporter  par  les  paysans,  et  ils  sont  aussi 
beaux  que  ceux  que  l’on  cultive  dans  les  jardins 
de  France.  Pour  les  multiplier,  il  suffit  de  les 
écailler  et  de  les  laissera  la  surface  de  la  teri'e, 
dans  un  endr’oit  humide  et  ombi'agé.  Au  bout 
d’un  mois,  chaque  écaille  pr  oduit  un  bulbe  qu’it 
suffit  de  repiquer.  J’ai  obtenu  ainsi  de  deux 
bulbes  une  pépinière  de  plus  de  cinquante 
sujets. 

Pommiers  « à couteau  » croissant  à 
l’état  sauvage.  — D’une  lettre  que  nous 
adres.‘ie  de  la  Havane  notre  collaborateur  et 

(1)  Plusieurs  auteurs,  en  parlant  de  ce'te  espèce, 
ont  dit  que  son  origine  était  in<‘onnue;  d’auttes 
qu’elle  se  trouve  en  Orient,  ce  qui  est  as.sez  vague. 
Dans  le  Nouveau  Jardinier  illustré,  on  va  même 
jusqu’à  dire  que  cette  espèce  est  indufèr\e  (‘l). 

Nous  sei  ions  curieux  de  savoir  où  fauteur  de  l’ar- 
ticle a constaté  cet  indigénat  en  France.  Lavéï  ifé, 
c’est  que  le  Lis  blanc  est  une  pl  inte  d Orient,  qui  a 
été  fréquemment  rencontrée  parles  l)()tanisie',  eu 
l'alestine,  en  Syiie;  dans  la  piovince  de  Lenkoran, 
dans  la  Perse  Caspienne,  dans  la  Morée,  etc.  (*). 

(*)  Kuntb,  Enum.  plant,  IV,  p.  ?66. 


CHRONIQUE 

collègue,  M.  J.  î.acbaume,  nous  extrayons 
le  passage  suivant,  qui  nous  par  aît  présenter 
un  certain  intérêt  pour  les  lecteurs  de  la 
Bevue  horticole^  surtout  pour  ceux  qui 
s’occupent  de  l’arboriculture  fruitière,  et 
aussi  pour  les  personnes  qui  s’intéressent 
particulièr’ernent  à la  question  de  sponta- 
néité. Voici  ce  qu’il  écrit  : 

C’est  en  faisant  des  parties  de  chasse 

dans  l'État  de  Nevv-Yoï-k  que  j’ai  rencontré 
dans  les  bois,  croissant  à l’état  sauvage,  quel- 
ques variétés  de  Pommiers  qui  sont  cultivées 
en  Europe,  entre  autres  la  Calville  rouge  et  la 
Reinette  du  Canada,  d’une  grosseur  énorme, 
ainsi  que  la  Reinette  grise,  dont  je  faisais  pro- 
vision pour  l’hiver  à très-peu  de  frais. 

Comme  ces  arbres  provenaient  certainement 
de  semis,  et  qu’à  l’époque  où  je  les  vis  les  bois 
où  ils  se  trouvaient  étaient  encore  vierges  et 
impénétrables,  il  me  paraît  impossible  que  qiel- 
qu’un  en  eût  apporté  là  les  graines.  Mais  comme, 
d’une  autre  part,  l’État  de  New  York  n’est  pas 
très-éloigné  du  Canada  où  ces  mêmes  variétés  se 
rencontrent  également  à l’état  sauvage,  doit-on 
admettre  qu’elles  viennent  de  cette  dernière 
localité,  ou  que  le  contraire  a eu  lieu,  ou  bien 
encore  que  ces  fruits  gont  spontanés  dans  les 
deux  endroits? 

Quoi  qu’il  en  soit  des  assertions  et  des 
hypothèses  émises  par  M.kachaume,  et  dont 
nous  lui  laissons  la  responsabilité,  un  fait 
intéressant  s’en  dégage  : c’est  la  présence 
au  milieu  des  forêts  de  variétés  fruitières 
de  choix  sans  l’intervention  de  l’homme. 

Procédé  pour  combattre  la  chlorose. 

— P^\i  sujet  de  cetle  maladie,  un  des  abon- 
nés de  la  Revue  horticole  nous  adresse  les 
lignes  suivantes  : 

Un  bon  moyen  de  guérir  les  plantes  chloro- 
tiques, et  notamment  les  Rosiers,  est  de  creuser 
le  sol  légèrement,  de  manière  à faire  une  petite 
cuvette  dans  laquelle  op  met  de  vieux  clous 
ou  du  marc  de  café,  substances  que  l’on  a 
toujours  à sa  disposition.  Le  marc  de  café  agit 
comme  l’ammoniaque  — que  vous  avez  recom- 
mandé pour  des  cas  analogues  — à cause  de 
l’azote  qu’il  contient.  Il  vaut  même  mieux,  car 
l’ammoniaque,  dissous  dans  l’eau,  a l’inconvé- 
nient de  s’évaporer  trop  vite  et  d’être,  dans  la 
pratique,  d’un  emploi  désagréable.  Il  serait 
préférable  d’employer  une  solution  d’alun  am- 
moniacal, c’est-à-dire  du  sqlfate  double  d’alu- 
mine et  d’ammoniaque,  dont  l’action,  comme 
je  m’en  suis  assuré  par  des  expéi'iences  person- 
nelles, est  éminemment  favorable  à la  végéta- 
tion. Ce  sel  est  très-soluble,  et  son  prix  est  loin 
d’être  un  obstacle  à son  emploi. 


HORTICOLE. 

Chou-fleur  monstrueux.  — La  mons- 
truosité dont  il  s’agit,  due  à une  fasciat  on 
analogue  à celle  dont  la  Rev)ie  horticole  a 
donné  une  figure  et  une  description  (1), 
s’est  montrée  à Pézenas,  dans  les  cultures 
de  M.  Louis  Julian.  M.  J.-E.  PI  mchon, 
professeur  de  botanique  à la  Faculté  des 
sciern'es  de  Montpellier,  obtint  une  photo- 
graphie du  Chou  fleur  en  question,  et  en 
envoya  un  exemplaire  à MM.  Vilmorin, 
accompagné  d’une  lettre  dont  voici  un  • 
extrait  : 

J’ai  vainement  cherché  dans  votre  livre  (2) 
la  mention  d’une  fasciation  en  forme  de  crête 
qui  s’e.'.t  produite  récemment  sur  quekjues 
])ieds  de  Chou-fleur  d’un  jardin  potager  de 
Pézenas.  Il  est  vrai  qu’il  s’agit  d’un  simple 
accident  et  non  d’une  race  déjà  fixée.  Je  vou- 
drais cejiendant  savoir  de  vous  si  ce  genre  de 
fasciation  en  crête  comprimée,  rappelant  le 
Celosia  cristata,  est  fréquent  dans  les  Choux- 
fleurs.  J’ai  conseillé  au  propriétaire  de  ce 
phénomène,  d’entourer  d’un  filet  les  fleurs 
des  quatre  ou  cinq  exemplaires  ([u'il  en  pos- 
sède et  de  voir  si,  par  autofécondation  et  sélec- 
tion, il  pourra  plus  ou  moins  fixer  cette  forme 
anomale  dans  une  anomalie  permanente,  le 
Chou-fleur  lui-même,  représentant  une  fascia- 
tion en  boule,  au  lieu  d’être  en  crête. 

M.  Planchon  a raison;  il  faut  lâcher  de 
fixer  celte  cristatiire  qui,  ainsi  qu’il  le  fait 
remarquer,  est  l’équivalent,  ou  mieux  l’ana- 
logue du  Celosia  cristata.  Celte  réalisation 
est  d’autant  plus  probable  que  l’ébranlement 
paraît  produit,  puisque  déjà,  sur  plusieurs 
points  très-différents,  elle  s’est  manifestée 
avec  les  mêmes  caractères.  Cette  fois,  à Pé- 
zenas,  elle  s’est  même  montrée  sur  plusieurs 
individus. 

Musa  Fn'ete  à feuilles  panachées.  — 

Le  Musa  Ensete  qui,  jusqu’ici,  au  point  de 
vue  de  la  couleur  verte,  s’était  maintenu 
dans  une  fixité  absolue,  vient  de  faire  excep- 
tion. Il  a produit  un  sujet  à feuilLs  fran- 
chement panachées  de  blanc  qui,  à première 
vue,  semblent  rappeler  certains  Dieffen- 
bachia. 

Ce  sujet,  très-remarquable,  vigoureux, 
s’est  produit  dans  un  semis  fait  chez  M.  Truf- 
fant, horticulteur  à Versailles.  Maintiendra- 
t-il  c^^s  carac  tères  ? On  peut  le  supposer 
d’après  la  disposition  et  l’intensité  de  sa 
panacliure.  Toute  la  dilficulté  paraît  ré- 

(1)  Voir  hevue  horticole,  1881,  p.  273, 

(2)  Les  plantes  potagères. 


124 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


sider  dans  sa  multiplication.  En  effet,  cette 
espèce  ne  donnant  pas  de  bourgeons  et  étant 
franchement  monocarpique,  cVst-à-dire  ne 
fleurissant  et  ne  fructifiant  qu’une  fois  avant 
de  mourir,  il  n’y  a donc  d’autre  espoir  de 
la  conserver  que  par  le  semis.  Or,  en  ad- 
mettant que  la  plante  donne  de  bonnes 
graines,  celles-ci  reproduiraient-elles  la  pa- 
nachure?  Le  fait  est  possible,  car  des  exem- 
ples analogues  ne  manquent  pas,  même 
à l’état  spontané.  Nous  connaissons  un 
jardin  qui  est  envahi  par  des  plantes  à 
feuilles  panachées  qui  se  propagent  spon- 
tanément, c’est-à-diie  naturellement.  Ce 
sont  particulièrement  des  Fraisiers,  des 
Lierres  terrestres,  des  Ballota  nigra,  etc., 
qui  se  reproduisent  par  graines  avec  la  plus 
grande  fixité.  Même  dans  les  cultures, 
combien  de  plantes  très-panachées  qui  se 
multiplient  par  graines,  le  Maïs  du  Japon 
par  exemple  ! En  sera-t-il  de  même  du 
Musa  Ensete  dont  nous  parlons  ? Nous  le 
souhaitons  pour  les  amateurs  de  pana- 
chures. 

Ribes  Lobbii.  — Cette  espèce,  dont  le 
Gardeners'  Chronicle  (n*’  6,  janvier  1883, 
p.  11)  donne  une  figure  noire,  et  qu’il 
indique  comme  espèce,  ne  nous  paraît  être 
qu’une  variété  du  Ribes  speciosum  qui,  lui 
aussi,  est  originaire  de  la  Californie.  Il  est 
considéré,  d’apr  ès  ce  même  journal,  comme 
un  synonyme  du  R.  suhvestitum,  Hook. 
{Bot.  Mag  , 82,  t.  4931,  mais  non  Hook. 
et  Arn.).  De  même  que  le  Ribes  spe- 
ciosuui,  Pursh,  le  Ribes  Lobbii  fleurit 
en  avril-mai.  Ce  sont  des  arbustes  excessi- 
vement épineux,  plutôt  profires  à former 
des  haies  que  des  plantes  véritablement  or- 
nementales. 

Mahonia  fasoicularis.  — Cette  variété 
très-ornementale  du  Mahonia  Aquifolium 
est  peu  répandue,  dopuis  qudques  années 
surtout.  Elle  est  cependant  belle  et  dis- 
tincte par  son  port  dressé,  conrpact,  et  son 
feuillage  d’un  joli  ton  glauque.  Nous  nous 
souvenons  de  l’avoir  vue,  il  y a quelque 
vingt  ans,  à Angers,  où  elle  entrait  chaque 
automne  dans  la  vente  courante  à bon 
marché  des  arbustes  de  pépinière. 

Elle  ne  se  reproduit  pas  pure  de  semis. 
Chez  M.  André  Leroy,  on  la  multipliait  de 
couchages,  moyen  lent  et  coûteux. 

Il  y a cependant  un  moyen  simple  de 


propager  le  Mahonia  fascicularis  : c’est  le 
bouturage  herbacé  en  juin-juillet,  sbus 
clocbe  et  à froid.  Le  procédé  nous  a été  in- 
diqué par  M.  G.  Croux,  et  nous  avons  cru 
utile  de  le  signaler  à nos  confrères  en 
horticulture.  Nous  serions  heureux  de 
penser  qu’il  pourra  contribuer  à la  diffu- 
sion plus  rapide  de  ce  bon  arbuste  d’orne- 
ment. 

M.  Laforcade,  jardinier  en  chef  de 
la  ville  de  Paris.  — Nous  venons  d’ap- 
prendre avec  grande  satisfaction  que  l’em- 
ploi de  jar'dinier  en  chef  de  la  ville  de  Paris 
est  rétabli.  A la  suite  de  la  nomination 
de  M.  Bartet  au  poste  d’ingénieur  en  chef 
des  promenades,  concessions  et  éclairage,  et 
de  la  mise  à la  retraite  de  MM.  Drouet  et 
Pissot,  M.  Laforcade,  ancien  jardinier  prin- 
cipal du  bois  de  Boulogne,  vient  d’être 
nommé  jardinier  en  chef.  Il  centrali.sera 
entre  ses  mains  les  divers  services  des 
squares  et  parcs  de  Paris,  le  bois  de  Bou- 
logne, le  Fleuriste  de  la  Muette,  et  sous 
cette  unité  de  direction  l’horticulture  muni- 
cipale prendra  un  nouvel  essor. 

Nous  applaudissons  de  tout  cœur  à la 
nomination  de  M.  Laforcade.  Il  y aura 
liientôt  trente  ans  qu’il  consacre  à l’admi- 
nistration horticole  de  loyaux  et  intelligents 
services,  et  il  était  tout  spécialement  destiné 
pour  les  fonctions  qu’il  va  prendre  le 
1er  avril  prochain. 

Flore  de  Madagascar.  — Le  savant  bo- 
taniste de  Kew,  M.  J.- G.  Baker,  poursuit 
activement  ses  études  sur  la  flore  de  Mada- 
gascar. La  plupart  des  espèces  qu’il  a pu- 
bliées jusqu’ici  proviennent  des  collections 
faites  par  des  voyageurs  anglais.  Parmi 
eux  se  distingue  surtout  M.  Baron,  de  la 
London  Missionary  Society. 

Récemment,  M.  Baker  a entretenu  la 
Société  linnéenne  de  Londres  de  quelques- 
unes  de  ces  plantes,  et  comme  il  se  trouve 
parmi  elles  des  genres  nouveaux , nous 
croyons  utile  à la  botanique  et  à l’borti- 
culture  de  les  faire  connaître  dans  ce 
recueil. 

La  plus  intéressante  de  ces  nouveautés 
e^i\m  Schismatoclada^  genre  nouveau  de  la 
famille  des  Rubiacées,  et  voisin  de  la  famille 
des  Cinchona.  Un  autre  genre  fort  curieu.x 
se  nomme  Tetraspidium,  Scrophulariacée 
semi-parasit^e  à l’instar  des  Pedicularis,  et 


CHRONIQUE  HORTICOLE.  125 


qui  noircit  par  la  dessiccation.  Ce  genre  est 
remarquable  par  ses  quatre  anthères  uni- 
cellulées,  en  forme  de  bouclier.  Ajoutons 
encore  le  Forsylhiopsis,  genre  représenté 
par  un  arbrisseau  élancé,  de  la  famille  des 
Acanlhacées,  à fleurs  ressemblant  à celles 
des  Forsythia,  et  dont  les  feuilles  ne  se 
développent  entièrement  qu’après  que  les 
fleurs  sont  fanées;  le  Monachochlamys, 
autre  genre  de  la  famille  des  Acanlhacées, 
voisin  des  Mendoncea  et  Thunhergia,  pro- 
duisant de  nombreuses  petites  fleurs  qui 
portent  chacune  une  bractée  persistante  en 
forme  de  spathe,  ressemblant  au  capuchon 
d’un  moine  franciscain.  Comme  re['résen- 
tanls  des  genres  européens  déjà  connus, 
cette  collection  comprend  : deux  espèces 
Anagallis , voisines  de  VA.  tenella,  deux 
Ajuga,  un  Salvia,  deux  Micromeria,  trois 
espèces  de  Stachys,  cinq  Senecio,  trois 
Cynoglossum,  et  un  Lysimachia.  Les 
genres  les  plus  largement  représentés  sont  : 
les  Danais,  Vernonia,  Helichrysum, 
Gœrtnera,  Clerodendron  eX  Hypœstes.  Il  y 
a aussi  une  espèce  singulière  et  fort  jolie  du 
genre  Strohilanthes  (Acanthacées),  ciue  l’on 
ne  trouve  presque  que  dans  l’Asie  tropicale. 
Puis  un  Vinça  nouveau,  voisin  du  V. 
rosea.  Parmi  les  genres  endémiques,  pré- 
cédemment connus  à Madagascar,  on  dis- 
tingue trois  nouvelles  espèces  d’Aspilia, 
Epallage  et  Oncostemon.  Enfin,  parmi  les 
types  représentés  au  Cap,  les  nouvelles 
introductions  sont  un  Lightfootia,  un  Hal- 
leria,  un  Alectra  et  deux  espèces  du 
genre  Phîlippia. 

Beaucoup  de  ces  espèces  présentent  un 
intérêt  horticole  considérable  par  leur 
beauté.  Mais  l’iniérêt  purement  botanique 
prime  tout  autre  en  ce  moment,  et  nous 
l’indiquons  surtout  parce  qu’il  nous  semble 
que  la  France,  qui  a des  intérêts  importants 
à Madagascar,  n’aurait  pas  dû  se  laisser 
ainsi  distancer  par  l’Angleterre  dans  la 
connaissance  et  la  publication  de  la  flore  de 
ce  beau  pays. 

Journées  de  pluie  en  1882.  — A 

Brest  (Finistère),  d’après  le  relevé  de 
M.  Blanchard,  jardinier  en  chef  à l’hô- 
pital maritime,  il  y a eu  230  jours  de 
pluie,  ainsi  répartis  : janvier  20  jours,  fé- 
vrier 12,  mars  17,  avril  20,  mai  10,  juin  22, 
juillet  18,  août  19,  septembre  20,  octobre  25, 
novembre  28,  décembre  27. 


La  quantité  d’eau  tombée  a été  do 
1,286  millimètres. 

Dans  les  Pays-Bas,  d’après  une  commu- 
nication que  nous  a faite  M.  Krelage,  horti- 
culteur à Haarlem,  il  y a eu,  dans  cette 
même  année,  148  jours  de  pluie  ainsi  ré- 
partis : janvier  8,  février  8,  mars  12, 
avril  11,  mai  6,  juin  16,  juillet  14,  août  20, 
septembre  10,  octobre  13,  novembre  18, 
décembre  12.  Total  148  jours  de  pluie  ayant 
produit  1,005  millimètres. 

Si  l’on  compare  ces  chiffres  à ceux  qui, 
pour  cette  même  observation,  ont  été  rele- 
vés à Paris,  et  qui  ont  été  rapportés 
dans  l’avant-dernier  numéro  de  la  Revue, 
on  trouve  les  résultats  suivants  : 

Paris  (observatoire  de  Montsouris), 
178  jours  de  pluie,  ayant  produit  592  milli- 
mètres 6 cubes  d’eau  par  mètre  superficiel. 

Brest,  230  jours  de  pluie  ayant  fourni 
1,286  millimètres  cubes  d’eau. 

D’où  il  résulte  que  de  ces  trois  points  de 
l’Europe,  Brest  est  celui  où  les  jours  de 
pluie,  en  1882,  ont  été  les  plus  nombreux, 
et  où  aussi  la  quantité  d’eau  tombée  a été 
la  plus  grande. 

Nécrologie  : Af.  Martial  Lamotte.  — 
La  mort  a frappé,  le  23  février,  M.  Martial 
Lamotte,  professeur  de  botanique  à l’École 
de  médecine  de  Clermont-Ferrand.  Il  avait 
soixante-trois  ans.  Ami  particulier  de  M.  Le- 
coq,  le  savant  naturaliste  qui  a tant  fait  pour 
l’avancement  des  sciences  naturelles  en  Au- 
vergne, M.  M.  Lamotte  était  un  des  bota- 
nistes qui  connaissaient  le  mieux  la  végé- 
tation du  plateau  central  de  la  France,  et 
la  flore  d’Auvergne  lui  doit  de  précieuses 
additions  d’espèces  nouvelles. 

Il  dirigeait  également  le  jardin  botanique 
servant  de  promenade  publique,  encore  dû 
à la  munificence  de  M.  Lecoq,  et  dont  M.  Ci- 
terne est  jardinier  chef.  Nous  avons  connu 
personnellement  M.  Lamotte  et  fait  avec  lui 
d’intéressantes  courses  botaniques  en  Au- 
vergne, et  nous  gardons  un  souvenir  ému 
de  cet  homme  de  bien,  de  ce  savant  modeste 
et  affable  autant  qu’instruit,  que  regrettent 
profondément  tous  ceux  qui  l’ont  connu. 

M.  J.-G.  Croux.  — Nous  avons  appris 
aussi  avec  un  vif  regret  la  mort  d’un  hor- 
ticulteur des  plus  réputés  des  environs  de 
Paris.  M.  Croux  père  a succombé  le  28  fé- 
vrier, à l’âge  de  soixante-six  ans,  lorsqu’il 
paraissait  encore  plein  de  vigueur  et  de 


1^26 


CULTURE  DES  CANNAS  POUR  L’ORNEMENTATION  d’HIVER. 


santé.  Après  avoir  exploité  pendant  de 
longues  années  un  établissement  important 
d’arboriculture  à Villejuif,  M.  Groux  avait 
fondé  dans  la  vallée  d’Aulnay,  près  Sceaux 
(Seine),  dévastés  pépinières,  au  milieu  d’un 
site  enchanteur  et  dans  un  sol  d’une  ferti- 
lité exceptionnelle.  Un  jardin  fruitier,  établi 
par  lui  d’après  les  meilleures  règles,  ser- 
vait à la  fois  de  modèle,  de  champ  d’expé- 
rience et  de  conservatoire  de  ses  collections 
d’arbres  à fruits.  Les  pépinières  d’Aulnay, 


renommées  pour  la  beauté  de  leurs  produits, 
avaient  valu  à leur  fondateur,  en  1878,  la 
croix  de  la  Légion-d’Honneur. 

Ces  traditions  ne  seront  pas  perdues. 
L’horticulteur  distingué  qui  vient  de  dispa- 
raître laisse  plusieurs  enfants,  et  son  fils 
aîné,  M.  G Groux,  digne  continuateur  de 
l’œuvre  paternelle,  ne  fera  qu’ajouter  à la 
prospérité  des  pépinières  de  la  vallée 
d’Aulnay. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


CULTURE  DES  CANNAS  POUR  L’ORNEMENTATION  D’HIVER 


Lorsque  l’on  considère  la  beauté  excep- 
tionnelle des  Gannas  et  qu’on  pense  qu’il 
est  possible  d’en  avoir  pendant  toute  l’an  - 
née, on  se  demande  pourquoi  cet  abandon, 
et  comment  il  se  fait  que  cette  plante  ex- 
cessivement vivace,  et  dont  on  peut  jouir 
toujours,  soit  traitée  comme  un  végétal  an- 
nuel. 

Je  sais  bien  que,  pour  jouir  continuelle- 
ment des  Gannas,  il  faut  avoir  une  serre  et 
soumettre  les  plantes  à un  travail  particu- 
lier j mais  il  n’y  a rien  là  de  diflicile  ni  au- 
dessus  des  moyens  dont  beaucoup  de  gens 
disposent.  En  effet,  il  est  un  grand  nombre 
de  personnes  qui  possèdent  une  serre; 
quant  au  traitement  des  plantes,  il  est  à la 
portée  de  tout  le  monde. 

Une  erreur  fort  répandue,  c’est  de  croire 
que  les  Gannas  sont  des  plantes  de  serre 
chaude.  Il  est  vrai  qu’ils  s’accommodent 
très-bien  d’une  température  élevée;  mais  ce 
qu’on  paraît  ignorer,  c’est  qu’ils  peuvent 
supporter  une  température  relativement 
basse,  quelques  degrés  à peine  au-dessus 
de  zéro.  Dans  cette  condition,  les  plantes 
fleurissent  moins,  mais  de  feuillage,  qui  est 
l’ornement  principal,  est  très-beau,  et  les 
plantes  s’élançant  peu,  sont  plus  compactes 
et  plus  trapues. 

Ce  qui  a fait  croire  que  les  Gannas  exi- 
gent beaucoup  de  chaleur  l’hiver,  et  contri- 
bue à perpétuer  cette  idée,  ce  sont  les  quel- 
ques exemplaires  que  Ton  voit  l’hiver  dans 
les  serres,  où,  malgré  la  haute  tempéra- 
ture à laquelle  ils  sont  soumis,  ils  végètent 
toujours  faiblement  et,  quoi  qu’on  fasse, 
perdent  successivement  leurs  tiges.  Cet  état 
s’explique  par  le  fait  du  traitement  auquel 
on  les  a soumis,  ou  plutôt  de  l’absence  à peu 
près  complète  de  traitement.  En  effet,  ces 


tiges,  qui  avaient  poussé  dehors  et  très-sou- 
vent fleuri,  étaient  déjà  épuisées  quand  on 
les  a relevées  de  pleine  terre,  de  sorte  que 
l’aflaiblissement  a encore  augmerdé  par  suite 
de  l’arrachage.  Mais  il  en  est  tout  autre- 
ment quand  les  plantes  ont  été  traitées  en 
vue  d’une  culture  hivernale,  car  dans  ce  cas 
toutes  les  parties  sont  jeunes  et  vigoureuses. 

Le  choix  des  variétés  à cultiver  devra  être 
en  rapport  avec  le  but  qu’on  se  propose 
d’atteindre  ; si  l’on  vise  aux  Heurs,  on  devra 
prendre  des  plantes  trè.s-floribondes,  à fleurs 
grandes  et  variées,  naines,  moyennes  ou 
grandes,  à feuilles  vertes,  pourpres  ou  di- 
versement nuancées. 

Après  ces  quelques  considérations  géné- 
rales, je  vais  indiquer  la  culture  et  les 
principaux  soins  à prendre  en  vue  d’une 
végétation  et  d’une  floraison  d’hiver. 

Culture.  — - Deux  procédés  peuvent  être 
employés  : culture  en  pot,  culture  en  pleine 
terre  d’abord,  puis  les  plantes  relevées  et 
mises  en  pots  fin  d’été.  Dans  l’un  comme 
dans  l’autre  cas,  la  multiplication  se  fait  par 
le  moyen  connu,  c’est-à-dire  par  turions  ou 
rhizomes  que  l’on  détache  des  souches.  La 
terre  doit  être  consistante,  humeuse  autant 
que  possible.  Si  l’on  plante  en  pots,  ceux-ci 
doivent  être  relativement  grands  et  enter^ 
rés  près  à près  dans  un  endroit  chaud  et 
abrité;  puis,  quand  les  Gannas  commen-^ 
cent  à pousser,  il  faut  les  distancer  dans 
un  sol  préparé,  meuble  et  léger,  en  les  en- 
terrant par  dessus  les  pots,  mais  peu  pour- 
tant, afin  qu’ils  ne  forment  pas  ou  qu’ils  ne 
forment  que  très-peu  de  racines  au-des- 
sus des  pots.  On  recouvrira  le  sol  d’un 
bon  paillis,  et  pendant  l’été  on  arrosera 
fréquemment  et  copieusement.  De  temps 
à autre  on  visitera  les  plantes,  et  l’on  fera 


DES  PLANTATIONS  DANS  LES  PARCS  PAYSAGERS. 


127 


un  rempotage  s’il  en  est  besoin.  Chaque 
fois  qu’on  remaniera  les  plantes,  on  les  dis- 
tancera davantage,  et  Ton  tournera  les  pots 
de  manière  à ce  que  la  partie  la  plus  faible 
se  trouve  du  côté  où  frappe  plus  directe- 
ment le  soleil.  Un  point  important,  c’est  que 
les  plantes  soient  bien  aérées^  jamais  dans 
un  lieu  couvert,  et  surtout  pas  à V ombre.  Le 
dernier  rempotage  doit  être  fait  vers  le 
15  août.  Si  l’on  trouvait  que  les  plantes  s’al- 
longent tiop  ou  qu’elle  poussent  trop  en 
feuilles,  et  si  l’on  tenait  particulièrement 
aux  fleurs,  on  modérerait  les  arrosages.  On 
pourrait  même,  afin  de  les  maintenir  naines 
et  trapues,  enlever  les  pots  et  les  laisser  sur 
le  sol. 

Culture  en  pleine  terre.  — Il  faut  que 
le  sol  soit  bien  préparé,  profond,  meuble 
et  surtout  fortement  mélangé  de  terreau 
ou  de  matières  organiques  décomposées, 

— herbes  ou  autres  détritus  végétaux. 

— Le  sol  préparé  et  tracé,  on  plante 
les  turions  par  lignes  à des  distances  assez 
grandes  pour  que  les  plantes  puissent  se 
développer  sans  & étioler.  Le  terrain  est 
ensuite  paillé.  Quant  aux  autres  soins,  ils 
consistent  à arroser  au  besoin,  peu  toute- 
fois, les  plantes  en  pleine  terre.  Pendant 
l’été,  afin  de  limiter  l’extension  des  ra- 
cines et  favoriser  l’enlèvement  futur  des 
plantes,  il  faut  de  temps  à autre  cerner  les 
touffes,  c’est-à-dire  enfoncer  une  bêche  tout 
autour  du  pied,  de  manière  à le  circonscrire 
et  lui  faire  former  une  sorte  de  motte.  Si 
les  plantes  prenaient  un  trop  grand  déve- 
loppement, on  pourrait  les  relever  et  les  re- 
planter de  suite,  leur  faire  subir  une  sorte 


de  relayage.  Dans  le  courant  d’août  ou 
même  de  septembre,  suivant  la  végétation 
des  plantes  et  le  but  qu’on  cherche  à attein- 
dre, on  les  relève  et  on  les  met  en  pots.  Si  le 
temps  est  sec  et  aride,  on  abrite  les  plantes 
de  manière  à activer  et  faciliter  la  reprise; 
il  va  sans  dire  qu’on  devra  les  arroser  et  au 
besoin  les  bassiner. 

Ainsi  traités  et  placés  dans  des  serres 
plus  ou  moins  chauffées,  les  Cannas  pousse- 
ront et  fleuriront  tout  l’hiver  et  même  au 
printemps,  et  l’on  aura  ainsi  pendant  toute 
cette  période  des  plantes  très-propres  à 
orner  les  appartements. 

Pour  activer  ou  maintenir  la  végétation, 
on  pourra,  de  temps  à autre,  arroser  ave^" 
des  engrais  liquides,  c’est-à-dire  avec  e 
l’eau  dans  laquelle  on  aura  mis,  soit  du 
guano,  soit  du  purin,  de  l’engrais  Jean- 
nel,  etc.;  la  chose  sera  surtout  nécessaire 
si,  pour  faciliter  la  transportation  ou  l’em- 
ploi des  plantes,  celles-ci  ont  été  mises  dans 
des  vases  relativement  petits. 

En  terminant,  je  répète  qu’il  est  très-im- 
portant de  bien  choisir  les  variétés  suivant 
le  but  qu’on  recherche,  et  pour  cela  on  fera 
bien  de  s’adresser  à un  spécialiste,  en  l’in- 
formant de  l’usage  qu’on  se  propose  de  faire 
des  plantes  dont  on  lui  tait  la  commande. 

Il  est  également  bien  entendu  que  les  re- 
commandations qui  précèdent  n’ont  rien 
d’absolu  et  que,  suivant  le  climat,  les  con- 
ditions oû  l’on  se  trouve  et  surtout  le  but 
qu’on  recherche,  on  pourra  apporter  quel- 
ques modifications,  soit  pour  les  époques 
des  opérations,  soit  en  ce  qui  concerne 
celles-ci.  Lebas. 


DES  PLANTATIONS  DANS  LES  PARCS  PAYSAGERS 


A plusieurs  reprises  j’ai  publié  des  con- 
sidérations sur  le  groupement  des  massifs 
et  des  isolés  sur  les  pelouses  des  jardins 
paysagers.  Mais  la  question  est  si  complexe 
qu’on  ne  saurait  trop  souvent  y revenir. 

C’est  peu  de  prouver  et  de  convaincre  ; il 
faut  parler  aux  yeux. 

Les  raisonnements  les  mieux  établis 
seront  toujours  dépassés  par  un  croquis 
simple  et  clair.  Si  le  croquis  est  la  repro- 
duction d’un  objet  existant,  facile  à contrô- 
ler ; si  la  théorie  se  complète  par  d’heu- 
reuses applications,  c’est  mieux  encore. 

Le  petit  plan  présenté  aujourd’hui  à nos 


lecteurs  est  un  morceau  de  parc  illustrant 
un  des  détails  les  plus  importants  de  la  plan- 
tation des  parcs  et  jardins  paysagers  : la  dis- 
simulation des  carrefours. 

Suivant  une  règle  — je  dirais  volontiers 
une  loi  — de  l’art  des  jardins  pittoresques, 
les  intersections  des  allées  doivent  être 
enveloppées  par  des  plantations  générale- 
ment compactes  qui  dissimulent  les  carre- 
fours. La  vue  d’une  grande  surface  sablée 
irrégulière  est  toujours  désagréable  : il 
faut  donc  la  masquer,  autant  que  possible. 
D’autre  part,  les  pointes  plus  ou  moins 
aiguës  produites  dans  le  gazon  par  ces 


128 


DES  PLANTATIONS  DANS  LES  PARCS  PAYSAGERS. 


intersections  d’allées  sont  le  plus  souvent 
traversées,  coupées  par  les  piétons,  jardi- 
niers, domestiques,  gens  pressés,  qui  for- 
ment ainsi  des  raccourcis  d’un  vilain 
aspect. 

Pour  obvier  à ces  inconvénients,  on 
enveloppe  donc  les  carrefours  avec  des  plan- 
tations. 

Si  la  plantation  est  compacte,  elle  doit 
masquer  entièrement  la  jonction  des  allées, 
qui  semblent  ainsi  avoir  été  taillées  à la 
hache  dans  un  bosquet  ou  taillis. 

Si  l’on  désire  que  l’air  circule  entre  les 
arbres,  et  que  le  carrefour  soit  seulement 
caché  de  loin,  on  plante  de  grands  arbres 
isolés,  en  évitant  de  les  placer  en  lignes,  et 
l’on  relève  les  bords  des  pelouses  de  manière 
à encaisser  les  allées  et  le  carrefour,  et  à les 
faire  oublier. 

J’ai  indiqué  ailleurs  (i)  divers  exemples 
du  tracé  et  de  la  plantation  appliqués  en 
semblables  circonstances. 

Mais  il  reste  à préciser  les  moyens  de 
planter  ces  massifs  et  leurs  abords.  Ces 
moyens  peuvent  varier  à l’infini,  suivant  le 
caractère  du  paysage,  l’importance  des 
scènes  du  parc  ou  du  jardin,  la  nature  du 
sol,  la  latitude  et  l’altitude,  le  climat  et 
d’autres  conditions  locales  ; nous  retrouve- 
rons à i’occasion  des  applications  de  ces 
principes. 

Il  s’agit,  pour  aujourd’hui,  d’un  coin  du 
parc  du  Trocadéro,  à Paris  (fig.  24),  à l’in- 
tersection de  deux  allées  qui  se  coupent 
presque  à angle  droit.  La  composition  des 
massifs  compacts  peut  différer  de  celle  qui 
s’y  trouve  en  réalité;  je  la  suppose  même 
changée,  de  manière  à l’appliquer  plus  spé- 
cialement à un  parc  privé  qu’à  un  jardin 
public,  où  l’on  plante  plus  serré. 

Si  l’on  désire  unir  la^  végétation  toujours 
verte  à celle  des  feuillages  caducs,  des 
Conifères  A A,  par  exemple  dt^s  Epicéas  ou 
des  Sapins  argentés,  distancés  de  5 à 6 mè- 
tres au  moins,  détacheront  agréablement 
pendant  l’biver  leurs  flèches  un  peu  sombres 
sur  l’ossature  grêle  des  rameaux  dénudés 
des  autres  essences.  Parmi  eux  viendront 
se  placer  les  arbres  de  haute  tige  B B,  es- 
pacés de  manière  à ne  pas  se  nuire  mutuel- 
lement et  à combiner  harmonieusement 
leurs  feuillages.  Par  exemple,  si  l’on  est 
proche  de  l’habitation,  les  Marronniers,  les 

(1)  Traité  général  des  parcs  et  jardins^  pp.  312, 
627,  etc. 


Érables,  les  Tilleuls,  les  Platanes,  aux  feuil- 
les grosses,  aux  formes  un  peu  épaisses, 
fourniront  de  vigoureux  premiers  plans  qui 
pourront  être  allégés  çà  et  là  par  quelques 
arbres  à feuilles  plus  légères  et  pennées  : 
Sorbiers,  Fiênes,  Sophoras. 

Au  contraire,  dans  les  lointains,  les 
feuillages  blonds,  comme  ceux  des  Peu- 
pliers, des  Saules,  des  Bouleaux,  adouciront 
les  formes,  estomperont  les  lignes  et  recu- 
leront les  perspectives. 

Au-dessous  de  ces  grands  arbres  bien 
espacés,  une  population  arborescente  de 
troisième  grandeur  viendra  remplir  les  vides 
et  accentuer  la  masse  en  amphithéâtre  des 
massifs. 

Ce  seront  les  baliveaux  qui  rempliront 
celte  fonction. 

Suivant  les  conditions  plus  ou  moins 
naturelles  ou  décoratives  dans  lesquelles  on 
devra  se  maintenir,  on  choisira  parmi  les 
espèces  suivantes  : 

Pour  un  grand  parc  semi-forestier, 
très- sim  pie  dans  sa  composilipn  : Charmes, 
Cytises  Faux-Ébéniers,  Cerisiers  de  Sainte- 
Lucie  {Mahaleb)^  Merisiers  à grappes  {Pa- 
dus),  Érables  champêtres.  Sorbiers  des 
oiseleurs.  Frênes  à Heurs,  etc.,  etc. 

2°  Pour  des  parcs  de  moindre  étendue, 
des  essences  plus  variées  et  plus  exotiques, 
principalement  dans  le  voisinage  dfe  l’habita- 
tion principale  : Alisiers  et  Azéroliers  va- 
riés, Pommiers  Horibonds,  à Heurs  doubles, 
baccifères.  Oliviers  de  Bohême,  Hippophaés, 
Érables  jaspés  de  Colchide,  Pêchers  à fleurs 
doubles,  Cytises  variés,  Kælreuteria,  Pa- 
viers  de  Californie,  Prunelliers  à Heurs  dou- 
bles, Saules  Marsault  panachés,  Noisetiers 
de  Byzance,  etc.,  etc. 

Vient  ensuite  le  peuplement  en  arbustes- 
touffes.  Ces  végétaux  doivent  former  le 
taillis,  le  sous- bois.  Leur  choix  est  impor- 
tant ; il  peut  varier  extr  êmement,  rnais  tou- 
jours il  doit  être  inspiré  par  une  entente 
parfaite  de  la  végétation  de  chaque  espèce 
et  de  la  taille  qu’elle  doit  acquérir.  Après 
de  nombreuses  observations  sur  cette  ques- 
tion conaplexe,  j’en  suis  arrivé  à formuler 
ainsi  mon  opinion  sur  les  plantations  arbus- 
tives  dans  les  grands  massifs  : 

Planter  assez  épais,  sans  excès  cepen- 
dant, pour  que  le  massif  soit  à peu  près 
garni  la  seconde  année  après  la  reprise  ; 

2"  Réser  ver  les  espèces  les  plus  basses 
I pour  la  bordure  intérieure,  c’est-à-dire 


DES  PLANTATIONS  DANS  LES  PARCS  PAYSAGERS. 


129 


sur  le  bord  de  l’allée,  elles  espèces  les  plus 
fleurissantes  pour  la  bordure  extérieure, 
c’est-à-dire  sur  le  côté  de  la  pelouse; 

3»  Planter  tout  l’intérieur  en  espèces  vul- 
gaires, d’un  prix  peu  élevé,  propres  à 
végéter  à l’ombre  et  à garnir  pendant  quel- 
ques années  le  sous-bois,  pour  disparaître 


ensuite,  étouffées  sous  les  arbres  devenus 
forts,  et  lorsque  l’effet  complet  est  produit. 

Voici  un  exemple  de  ce  mode  de  planta- 
tion : 

Soiis-hois  : Viornes  mansiennes  (Vihur- 
nurn  Lantana),  V.  obier  (V.  Opulus), 
Bourdaines  {Rhamnus  Frangula).  Troène 


O lo  lîo  Mètres 

Fig.  24.  — Plantations  au  parc  du  Trocadéro. 


commun  {Ligustricm  vulgare),  Cornouiller 
mâle  {Cornus  mas),  G.  sanguin  (C.  san- 
guinea),  Xylostéon  (Lonicera  Xylosteon). 

Bordure  intérieure,  à V ombre  : Gro- 
seillier stérile  {Ribes  alpinum  s'erile). 
Laurier  Alexandrin  {Ruscus  racemosus), 
Spirée  lancéolée  à fleurs  doubles  {Spiræa 
Reewesiana  flore  pleno),  Gotonéasters 
{Cotoneaster  buxifoiia  et  microphylla), 


Mahonias  {M.  Aquifolium),  Fusains  du 
Japon  {Evonymus  Japonicus  et  var.), 
Troène  de  Chine  nain  {Ligustrum  Si- 
nense  nanum),  T.  luisant  (L.  spica- 
tum),  etc.,  etc. 

Bordure,  côté  des  pelouses  : Spirées 
variées  {Spiræa  prunifolia,  sorbifolia, 
salicifolia,  Thunbergii,  crenata,  Van 
Houttei,  Reewesiana  flore  pleno),  Forsy- 


430 


DES  PLANTATIONS  DANS  LES  PARfîS  PAYSAGERS. 


thia  viridissima,  Weigela  rosea  et  W. 
hortensis  nivea,  Indigofera  Dosua,  Des- 
modium  penduliflorum^  Cytisus  villo- 
sus,  Amygdalus  nana^  Leycesteria  for- 
mosa,  Berheris  Darwini^  dulcis,  Deutzia 
gracilis,  etc.,  etc. 

Deuxième  rang,  côté  des  pelouses  : 
Troëne  de  Chine  {Ligustrum  sinense), 
Buddleia  Bindley ana,  Gorète  {Kerria  Ja- 
ponica  flore  pleno),  Genêt  blanc  {Genista 
multiflora  alba),  Goronille  des  jardins 
{Coronilla  Emerus),  Seringat  de  Keteleer 
et  autres  {Philadelphus  Keteleeri,  Zeyheri, 
Gordonianus,  etc.),  Deutzias  {Deutzia  cre- 
nata  flore  pleno),  Cognassiers  du  Japon 
(Chœnomeles  Japonica  et  umhilicata), 
Galycanthes  {Calycanthus  occidentalis  et 
floridus,  Cytise  trifolié  {Cytisus  sessi- 
lifolius,  etc.,  etc.). 

Troisième  rang,  intérieur  : Ghaméce- 
risiers  {Lonicera  Tatarica  et  var.),  Amor- 
pha  {AmorpJia  fruticosa),  Spirées  {Spi~ 
ræa  opulifolia,  ariœfolia,  Lindleyana), 
Noisetiers  {(lorylus  avellanae\  var.),  Faux- 
Pistachier  [Staphylea  pinnata),  Ghionan- 
the  {Chionanthus  Virginica),  Troëne  à 
feuilles  ovales  {Ligustrum  ovalifolium), 
Sureaux  {Sambucus  nigra  et  variétés  ia - 
ciniata,  marginata,  argentea,  etc.).  Lilas 
variés  {Syringa  vulgaris  et  var.),  grand 
Seringat  {Philadelphus  grandiflorus),  Gro- 
seillier sanguin  {Ribes  sanguineum)  , 
Boule  de  neige  {Yïburnum  Opulus,  var. 
sterilis),  etc.,  etc. 

On  aura  remarqué  que  le  plus  grand 
nombre  des  espèces  citées,  qui  ne  sont 
d’ailleurs  qu’une  bien  faible  portion  de 
celles  qu’on  peut  planter  dans  les  massifs 
d’oinement,  sont  à feuilles  caduques.  Je 
n’y  ai  intercalé  quelques  essences  à feuilles 
persistantes,  telles  que  Mahonias,  Troënes 
de  Chine  et  à feuilles  ovales,  Lauriers 
alexandrins,  etc.,  que  parce  qu’elles  s’har- 
monisent bien  avec  les  feuillages  caducs  pen- 
dant l’été  et  qu’elles  relèvent  un  peu  la  nu- 
dité des  massifs  pendant  l’hiver.  Plusieurs 
de  ces  espèces  ont  un  autre  caractère,  un 
peu  ambigu,  qu’il  est  bon  de  faire  ressortir. 
Elles  sont  à feuilles  semi-persistantes,  par 
exemple  le  Troëne  à feuilles  ovales  (appelé 
à tort  Troëne  de  Californie,  puisqu’il  est  du 
Japon),  qui  perd  ses  feuilles  anciennes  seu- 
lement lorsque  les  nouvelles  apparaissent. 
Le  mélange  de  ces  diverses  espèces  demande 
du  soin  et  du  goût.  Si  l’on  sait  les  entremêler 


savamment,  de  manière  à ce  que  les  feuil- 
lages légers  et  composés  se  mêlent  aux 
feuillages  lourds  et  simples,  en  prenant  la 
précaution  de  ne  pas  mettre  deux  espèces 
semblables  à côté  l’une  de  l’autre,  on  ob- 
tiendra d’excellents  résultats  d’ornementa- 
tion. 

Les  distances  d’écartement  des  arbustes 
ne  doivent  jamais  être  intérieures  à ln»50  en 
tous  sens,  excepté  pour  lesjardins  de  ville. 
On  peut  planter  le  premier  rang  de  bordure 
de  1^10  à 50  de  distance  de  l’allée,  et 
dans  le  rang  àl"*  20  d’écartement  au  mini- 
mum. 

Je  crois  utile  de  rappeler  par  le  tableau 
suivant,  pour  les  personnes  qui  ne  les  au- 
raient pas  présents  à la  mémoire,  le  nombre 
de  pieds  de  végétaux  ligneux  à planter  à 
l’hectare,  à des  distances  variables  : 


Nombre  d’arbres  ou  d’arbustes  à planter  à l’hectare 
à des  distances  variant  entre  0"  50  et  iO  mètres. 


A 0">50.... 

. 40,000 

A4™  » 

625 

A 1“  » 

. 10,000 

A 4^50 

493 

A 1^50..., 

. . 4,436 

A 5™  » 

400 

A 2™  » 

, . 2,500 

AO™  ».'.... 

276 

A 2”  50. . . . 

1,600 

A 7™  » 

201 

A » 

. 1,090 

A 8™  » 

156 

A 3™  50.... 

812 

A 10™  » 

100 

Je  recommande  de  planter  la  bordure,  du 
côté  de  la  pelouse,  suivant  une  ligne  très- 
sinueuse,  avec  beaucoup  d’angles  rentrants 
et  sortants,  de  manière  à éviter  toute  régula- 
rité, et  à obtenir  ainsi  une  union  parfaite  des 
massifs  et  de  la  pelouse.  De  cette  manière, 
le  gazon  se  mêlera  insensiblement  au  feuil- 
lage des  arbustes  ; pour  accentuer  cette  dis- 
position. On  jette  çà  et  là  quelques  arbustes 
isolés,  tout  à fait  en  dehors  de  la  bordure, 
et  l’on  découpe  des  ronds  dans  le  gazon 
pour  empêcher  l’herbe  d’affamer  les  jeunes 
plants,  au  moins  pendant  deux  ans,  jusqu’à 
ce  qu’ils  aient  pris  assez  de  force. 

Arrivons  maintenant  à la  disposition  à 
donner  aux  isolés,  qui  doivent  être  dispersés 
sur  les  bords  des  massifs,  comme  des  ve- 
dettes destinées  à les  annoncer,  à accuser  la 
transition  entre  la  pelouse  et  le  groupe  li- 
gneux. 

Là  encore  la  diversité  est  infinie. 

Je  ne  citerai  que  l’exemple  fourni  par  le 
croquis  ci-joint.  Get  aspect  pourra  devenir 
extrêmement  polymorphe,  et  il  suffira  de  se 
préoccuper  des  effets  de  contraste  dont  i} 
offre  un  modèle  recommandable. 


NOUVEAU  MODE  DE  SEMIS  DES  FOUGÈRES. 


131 


N®  1.  — Un  Yucca  pendula  (près  de  la 
bordure). 

N®  2.  — Groupe  de  trois  Bambous  {Bam- 
busa  aurea.) 

3. — Groupe  de  trois  Nég:ondos  panachés 
{Negundo  fraxmifolium  foliis  variegatis). 

N"  4.  — Grosse  touffe  de  Laurier  alexan- 
drin {Ruscus  racemosus). 

5.  — Groupe  de  plantes  vivaces  (Pi- 
voines, Delphinium^  Phiox,  etc.). 

N°6.  — Un  Wellingtonia  gigantea  (planté 
sur  butte;. 

N»  7.  — Un  Cotonéaster  du  Népaul  (Goto- 
neaster  nepalenais^  synonyme  du  G.  Si- 
monsii). 

8.  — Plantes  vivaces  variées  grandes. 

N®  9.  — Groupe  de  trois  Géanothes  bleus 
{Ceanothus  azureus  grandiftorus). 

N°  10.  — Un  Gingko  {SaUshuria  adian- 
ti  folia). 


N»  il.  — Un  Cyprès  de  Lawson  {Cha- 
mœcyparis  Doursieri). 

N®  12.  — Un  Tilleul  argenté  {Tilia  ar- 
gentea)  à haute  tige. 

13.  — Un  Érable  à larges  feuilles 
(Acer  macrophyllum),  à haute  tige. 

No  14. — Un  Thuiopsis  (Thuiopsis  borea- 
lis). 

Ce  groupement  donne  de  très-jolis  effets 
décoratifs.  Il  peut  être  facilement  reproduit 
au  moyen  de  l’échelle  de  proportion  placée 
au  bas  du  croquis,  et  qui  permet  de  mesurer 
la  distance  entre  les  divers  végétaux  figurés. 

A nos  lecteurs  maintenant  d’imaginer  les 
variantes  qui  leur  plairont  le  mieux,  en  se 
souvenant  qu’elles  seront  d’autant  plus  agréa- 
bles que  leurs  combinaisons  conserveront 
l’harmonie  dans  le  contraste,  ce  qui  est  le 
but  le  plus  élevé  de  l’art  des  jardins. 

Ed.  André. 


NOUVEAU  MODE  DE  SEMIS  DES  FOUGÈRES 


Jamais,  peut-être,  le  mot  ((  nouveau  » ne 
fut  appliqué  plus  à propos  que  dans  le  cas 
qui  nous  occupe  : c’est  à un  jardinier  de 
Fontainebleau,  M.  Dugourd,  que  revient 
l’honneur  de  la  découverte. 

Pour  cultiver  les  plantes  qu’il  recueille 
dans  ses  herborisations,  M.  Dugourd  a cher- 
ché à reproduire  les  conditions  dans  les- 
quelles elles  croissent  naturellement,  et  à cet 
effet  il  a construit  des  rocailles  à toutes  les 
expositions,  et  les  sous-bois,  le  dessous  des 
arbres,  même  les  « fourrés,  » sont  garnis 
d’espèces  en  rapport  avec  les  milieux  fac- 
tices qu’il  leur  crée.  C’est,  pourrait -on 
dire,  une  vaste  forêt  en,  miniature  ; aussi 
trouve-t-on,  dans  son  jardin,  une  grande 
quantité  de  plantes  qu’on  chercherait  vaine- 
ment dans  la  plupart  des  écoles  de  bota- 
nique. Nous  devons  ajouter  que  M.  Du- 
gourd est  fortement  encouragé  par  son 
patron,  M.  de  Circourt,  qui,  lui  aussi,  s’in- 
téresse beaucoup  à ces  plantes  dont  il  suit 
avec  attention  le  développement.  Tout  lé- 
gume est  prohibé  de  cet  enclos,  et  l’on  n’y 
trouverait  pas  même  un  pied  d’Oseille  ou 
de  Persil,  ces  hôtes  presque  obligés  de  tout 
jardin,  quelque  réduit  soit-il. 

Après  cette  sorte  de  digression  que  nous 
avons  jugée  nécessaire  pour  donner  une 
idée  de  ce  jardin  peu  connu,  quoique  très- 
digne  de  l’être  par  tout  amateur  de  plantes, 


nous  arrivons  au  mode  en  question  de  se- 
mis de  Fougères.  Le  voici  : 

Voici,  tout  garni  de  Scolopendres,  un 
petit  rocher  en  meulière  placé  dms  un 
coin  et  derrière  une  orangerie  sombre,  non 
vitrée.  M.  Dugourd  eut  l’idée  d’en  garnir 
les  anfractuosités  avec  des  Fougères  pou- 
vant s’accommoder  de  cette  situation.  Mais 
comme  certaines  parties  qu’il  voulait  gar- 
nir étaient  dépourvues  de  terre  et  ne 
présentaient  que  les  aspérités  naturelles 
de  la  pierre  meulière,  et  après  s’êire  dit 
que  dans  ces  conditions  spéciales  les  Sco- 
lopendres étaient  particulièrement  propres 
à garnir  ce  rocher , il  eut  l’idée  d’y 
semer  des  sporanges  de  cette  espèce,  mais 
alors  par  un  tout  autre  procédé  que  celui 
qu’on  emploie  généralement.  Il  prit  des 
frondes  de  Scolopendres  garnies  de  fructifi- 
cations et  les  brossa  fortement  dans  l’eau 
du  réservoir  placé  à la  base  du  rocher,  afin 
de  détacher  ces  fructifications  et  d’en  déga- 
ger les  spores,  après  quoi,  de  temps  à au- 
tre, à l’aide  d’une  seringue,  il  prenait,  après 
l’avoir  agitée,  de  Teau  dans  le  bassin,  et 
la  lançait  sur  les  parties  du  rocher  qu’il  dé- 
sirait couvrir  de  Scolopendres. 

C’est  ainsi,  dit  M.  Dugourd  en  nous  mon- 
trant son  rocher,  qu’au  bout  de  quelques 
mois  je  vis  apparaître  des  petites  taches  qui 
ensuite  s’agrandirent  en  se  modifiant,  et  qui 


132 


DENDROBIUM  ERURNEUM. 


me  donnèrent  de  jeunes  Scolopendres  qui  se 
développèrent  en  augmentant  constamment  en 
nombre.  Je  ne  puis  attribuer  la  présence  de 
ces  plantes  à d’autre  cause  qu’à  l’opération 
que  j’avais  faite,  puisque,  outre  qu’il  n’y  avait 
dans  mon  jardin  aucun  pied  de  cette  Fougère, 
mon  rocher,  qui  était  même  à l’abri  de  l’air  et 
des  influences  atmosphériques,  se  trouvait  dans 
le  fond  d’nne  orangerie,  dans  un  coin,  et  que, 
construit  depuis  huit  ans,  je  n'avais  jamais 
observé  sur  ce  rocher  la  moindre  trace  de  Sco- 
lopendre. » 

Ce  résultat,  obtenu  par  M.  Dugourd, 
nous  semble  ouvrir  une  nouvelle  voie  pour 
la  multiplication  non  seulement  des  Scolo- 
pendres, mais  peut-être  même  des  Fou- 
gères en  général,  et  permettre  d’en  garnir 
certains  endroits  dénudés  et  dont  l’accès 
tellement  difficile  semblait  s’opposer  à ce 
qu’on  pût  jamais  les  garnir  de  végétaux. 
Précisons,  et  prenons  pour  exemple,  soit  la 
grande  cascade  du  parc  des  Buties-Chau- 
mont,  soit  certaines  parties  des  rochers  de 
ce  jardin  tellement  élevés  et  à pic,  qu’il  est 
à peu  près  impossible  d’y  arriver  et  com- 


plètement impossible  d’y  planter  des  végé- 
taux, qui  pourtant  y produiraient  un  très- 
bon  effet.  Eh  bien  ! grâce  au  procédé  inventé 
par  M.  Dugourd,  il  nous  paraît  probable 
qu’on  pourrait  les  couvrir  de  verdure.  Pour 
cela,  il  suffirait  de  frotter  dans  des  baquets 
ou  des  réservoirs  remplis  d’eau  des  frondes 
fructifères  de  Fougères  diverses  appropriées 
aux  circonstances,  de  puiser  l’eau  avec  une 
seringue  et  de  la  lancer  sur  les  diverses 
parties  que  l’on  tient  à garnir.  Si  ces  parties 
étaient  trop  élevées  pour  être  atteintes  avec 
une  seringue,  on  pourrait  peut-être  em- 
ployer une  pompe  à bassiner,  permettant 
de  lancer  de  l’eau  jusqu’à  15  mètres  ou 
même  plus.  Il  va  sans  dire  que  l’opération 
devra  être  répétée  plus  ou  moins  souvent, 
en  raison  des  conditions  où  se  trouveraient 
placées  les  parties  à garnir. 

Peut-être  même  qu’à  l’aide  de  ce  procédé 
on  arriverait  à multiplier  certaines  espèces 
de  Fougères  ou  de  plantes  analogues  dont 
jusqu’ici  la  germination  est  difficile  ou 
même  impossible. 

E.-A.  Carrière. 


DENDROBIUM  ERURNEUM 


Au  mois  de  mars  de  l’année  dernière, 
M.  Augustin  Régnier  trouva,  près  de  Plum- 
Bat,  dans  le  Cambodge,  l’Orchidée  qui  fait 
le  sujet  de  cet  article.  Le  mois  suivant,  il 
l’apporta  vivante  en  France.  Les  pieds  im- 
portés se  mirent  peu  de  temps  après  à 
fleurir,  et  nous  permirent  de  déterminer 
l’espèce. 

La  |)lante  se  nomme  Dendrobe  à fleurs 
d’ivoire  {Dendrobium  eburneum)  (1).  Elle 
a été  d’abord  découverte  par  M.  Parish, 
dans  le  Moulmein,  et  expédiée  par  lui,  en 
compagnie  du  D.  fovmosum  et  autres 
espèces,  à MM.  Low  et  C‘®,  à Londres. 
L’espèce  n’est  donc  pas  nouvelle,  et  plu- 
sieurs de  ses  congénères  sont  plus  brillantes  ; 
mais  elle  a une  qualité  rare  qui  la  fera  ac- 
cueillir avec  faveur  : c’est  la  longue  durée 
de  ses  fleurs.  Nous  avons  eu,  sur  notre  bu- 
reau, par  conséquent  dans  des  conditions 
peu  favorables  à la  culture  et  à la  floraison 
des  Orchidées,  deux  touffes  de  Deyidro- 
bium  eburneum  dont  les  fleurs  se  sont 
conservées  fraîches  pendant  sicc  semaines. 

(1)  Dendrobium  eburneum,  Reich,  f.  mss.  — 
Bateman,  Bot.  Mag.,  t.  5459. 


La  description  de  l’espèce  étant  jusqu’à 
présent  assez  incomplète,  et  réduite  à la 
phrase  diagnostique  publiée  par  M.  Bate- 
man, nous  avons  pu  prendre  à loisir  le 
signalement  suivant,  qui  la  fera  plus  com- 
plètement connaître  : 

Plante  épiphyte,  à tiges  nombreuses, 
cylindracées,  un  peu  fusiformes,  sillonnées, 
longues  de  50  centimètres  environ,  d’un 
gris  cendré,  annelées  de  jaune  aux  articu- 
lations, les  jeunes  pourvues,  surtout  au 
sommet,  de  poils  courts,  noirs,  apprimés. 

Feuilles  longuement  persistantes,  dres- 
sées, oblongues,  obtuses,  à base  subcordi- 
forme  embrassant  la  moitié  de  la  tige,  iné- 
quilatéralement  échancrées  au  sommet,  à 
surface  un  peu  ondulée,  longues  de  6-8  cen- 
timètres, larges  de  3 centimètres,  épaisses 
et  d’un  vert  gai. 

Inflorescence  en  grappes  courtes,  de  une 
à quatre  fleurs,  naissant  à l’aisselle  des 
feuilles  supérieures  persistantes  ou  des  an- 
ciennes tombées  ; bractées  petites,  brunes, 
scarieuses,  les  supérieures  aiguës;  pédon- 
cule cylindracé,  long  de  4 centimètres, 
blanc  d’ivoire  ou  carné,  devenant  conique 


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PIN  RUSTIQUE  POUR  PLANTATIONS  URBAINES. 


133 


à sa  jonction  avec  l’ovaire  finement  sillonné. 
Fleurs  charnues,  d’un  blanc  d’ivoire  poli; 
sépales  égaux,  ligulés,  aigus,  carénés,  à 
bords  entiers,  longs  de  35  millimètres, 
larges  de  10  millimètres,  les  latéraux 
connés,  gibbeux  à la  base  et  prolongés 
en  un  éperon  cylindrique,  obtus,  droit, 
dépassant  la  moitié  de  la  longueur  du  pé- 
doncule ; pétales  lancéolés  aigus,  inéquila- 
téraux, égalant  les  sépales,  mais  plus  élar- 
gis au  milieu  (14-15  millimètres),  recourbés 
en  dehors,  à bords  entiers,  incurvés,  un 
peu  sinueux  ; labelle  panluriforme  aigu, 
lo’ng  de  3 cenlimètres,  à base  d’abord  ré- 
trécie, puis  brusquement  dilatée,  à deux 
lobes  latéraux,  obliquement  arrondis,  con- 
vergents, contractés  au  milieu,  parcouru 
dans  sa  partie  supérieure  par  un  faisceau 
de  5 à 6 lignes  saillantes,  longitudinales, 
rouge  sang  comme  les  veines  ou  stries  des 
lobes  latéraux  ; lobe  médian  blanc  pur, 
teinté  de  jaune  au  sommet,  lancéolé  aigu, 
large  de  15  millimètres,  à bords  légèrement 
émoussés,  ondulés,  convolutés  au  sommet, 


à surface  rugueuse,  parcourue  par  le  pro- 
longement des  lignes  saillantes  du  disque  ; 
colonne  dilatée  à la  base,  rouge  sang  foncé 
dans  la  première  moitié  de  sa  hauteur, 
blanche  au-dessus  jusqu’au  sommet,  et 
pourvue  de  deux  petites  auricules  dressées 
triangulaires. 

Le  Dendrobium  eburneum,  dont  les 
tiges  fleurissent  d’autant  plus  facilement 
que  les  pieds  sont  plus  récemment  im- 
portés, se  cultive  avec  la  plus  grande  faci- 
lité. Serre  chaude  humide  dans  la  période 
de  végétation;  transport  dans  une  atmos- 
phère sèche  quand  l’activité  végétative  est 
passée,  afin  de  préparer  les  tiges  à fleurir  ; 
bassinage  sur  les  racines  quand  les  boutons 
sont  formés  et  sortis  des  spalhes,  et  que 
l’épanouissement  approche  ; plantation  dans 
des  paniers  suspendus,  assez  larges  pour 
favoriser  le  développement  rapide  des  ra- 
cines et  des  tiges;  tels  sont  les  soins  élé- 
mentaires qui  permettent  d’obtenir  une 
bonne  culture  de  cette  plante  et  une  abon- 
dante floraison  annuelle.  Ed.  André. 


PIN  RUSTIQUE  POUR  PLANTATIONS  URBAINES 


Au  lieu  de  rustique,  je  pourrais  dire  ro- 
buste ou,  mieux,  je  pourrais  dire  ces  deux 
choses,  l’espèce  dont  je  vais  parler  étant  à la 
fois  robuste  et  rustique,  deux  appellations 
qu’on  prend  souvent  dans  le  même  sens, 
bien  que,  au  point  de  vue  pratique,  elles 
aient  une  signification  bien  différente.  Ro- 
buste signifie  fort,  vigoureux,  quelque  chose 
de  relativement  athlétique,  mais  qui,  néan- 
moins, peut  être  sensible  à l’action  du  froid. 
Au  contraire,  rustique  signifie  résistant, 
c’est-à-dire  « qui  ne  gèle  pas;  » une  plante 
rustique  peut  donc  être  chétive,  délicate, 
avoir  même  un  aspect  souffreteux  ou  « ma- 
lingre, tandis  qu’une  plante  robuste,  qui 
peut  être  très-vigoureuse,  forte,  d’une  crois- 
sance exubérante,  peut  néanmoins  être  très- 
sensible  à l’action  de  la  gelée. 

Eh  bien  ! la  plante  dont  je  vais  parler,  le 
Pinus  austriaca,  présente  ces  deux  qua- 
lités : c’est  une  espèce  à la  fois  rustique  et 
robuste.  En  effet,  elle  supporte  les  plus 
grands  froids  sans  en  éprouver  le  moindre 
mal,  et  il  n’en  est  aucune  qui  résiste  aussi 
bien  aux  mdieux  délétères,  à ceux  regardés 
comme  les  plus  défavorables  à la  végétation 
des  Conifères.  Aussi,  là  où  elle  ne  vient  pas. 


inutile  d’en  essayer  d’autres  : aucune  ne 
pousserait. 

C’est  surtout  dans  les  villes  importantes 
et  commerciales,  où  la  population  est  très- 
nombreuse,  où  les  maisons  sont  tellement 
entassées  que  l’air  semble  manquer,  tant  il 
est  vicié,  que  l’on  peut  apprécier  la  robus- 
ticité  du  Pinus  austriaca  ou  Pin  noir  d’Au- 
triche. Là,  au  milieu  de  la  fumée  et  des 
gaz  de  toute  nature  qui  forment  une  es- 
pèce de  brouillard  perpétuel,  et  qui  contien- 
nent des  particules  charbonneuses  qui,  en 
se  condensant,  se  déposent  en  une  couche 
de  suie  noire,  le  Pinus  austriaca  prend  un 
aspect  plus  sombre,  c’est  vrai,  mais  cepen- 
dant il  pousse  et  vit  encore.  C’est  donc  le 
Pin  qu’il  convient  de  planter  dans  les  grands 
centres  industriels. 

Il  y a bien  longtemps  que  j’avais  fait  cette 
remarque  et  constaté  les  qualités  toutes  par- 
ticulières dont  je  viens  de  parler  ; mais  ce 
n’est  que  récemment,  en  descendant  du 
chemin  de  fer  de  ceinture  à la  station  de 
Belleville-Villette,  après  avoir  traversé  üne 
gorge  profonde  dont  les  talus  sont  plantés 
de  chaque  côté  de  la  voie  ferrée  de 
Pins  très- vigoureux  et  d’un  vert  noir,  sem- 


134 


CHOIX  DE  CHRYSANTHÈMES. 


blant.  braver  l’atmosphère  à peu  près  cons- 
tante d’une  famée  épaisse,  que  me  vint  l’idée 
d’écrire  cet  article  (1).  C’est  moins  pour 
faire  ressortir  le  mérite  de  cette  espèce  que 
pour  la  recommander  pour  la  plantation  des 


villes  manufacturières,  comme  étant  la  plus 
avantageuse,  celle  qui  présente  tous  les 
mérites  : rusticité,  robusticité,  vigueur,  et 
j’ajoute  la  beauté  ! Que  désirer  de  plus  ? 

May. 


CHOIX  DE  CHRYSANTHÈMES 


On  sait  de  quelle  vogue  bien  justifiée  les 
Chrysanthèmes  jouissent  en  A-ngleterre. 

Le  goût  de  ces  plantes,  si  précieuses  à 
l’automne,  se  répandde  nouveau  en  France, 
où  elles  ont  été  longtemps  délaissées. 

Nous  avons  publié  dernièrement  un  inté- 
ressant article  de  M.  V.  Lesueur  sur  leur 
culture. 

De  nombreux  jardiniers  anglais  se  sont 
passionnés  pour  leur  culture  et  leur  hybri- 
dation; aussi  en  est-  il  résulté  qu’aujourd’hui 
il  existe  un  nombre  considérable  de  variétés 
qui  souvent  sont  fort  peu  distinctes  les  unes 
des  autres,  et  même,  dans  bien  des  cas,  la 
même  plante  se  retrouve  sous  plusieurs 
noms  différents. 

Pour  obvier  à cet  inconvénient,  et  afin 
de  guider  les  amateurs  dans  le  choix  des 
variétés  préférables  aux  autres,  surtout  au 
point  de  vue  de  l’ensemble  des  qualités  dé- 
coratives, le  Garden  vient  de  publier  un 
choix,  une  «sélection»  des  bonnes  variétés 
bien  distinctes,  dont  nous  nous  empressons 
de  donner  la  traduction  à nos  lecteurs. 

Variétés  blanches.  — Elaine  et  Fair 
Maid  of  Guernsey^  variétés  anciennes 
bien  connues  ; Lady  Selborne,  charmante 
variété  nouvelle,  d’un  blanc  pur  ; La  Pu- 
reté, à floraison  abondante  ; fleurs  d’un 
blanc  pur,  à pétales  longs  et  étroits,  un  peu 
contournés,  ondulés. 

Variétés  de  couleurs  pales.  — Bou- 
quet fait,  rose  argenté  clair  ; Espérance, 
fleurs  lilas,  rassemblées  par  masses,  pétales 
ondulés  ; Fée  Rageuse,  fleurs  recourbées, 
blanc  teinté  couleur  lavande,  pétales  larges; 
Hiver-Fleur,  couleur  crème,  fleurs  abon- 

(1)  L’auteur  parle  certainement  des  pentes  de  la 
vallée  de  cheTnin  de  fer,  dans  la  partie  du  parc  des 
Buttes-Chaumont  longeant  la  rue  de  Grimée,  et 
que  j ai  plantée  en  1867  presque  entièrement  en 
Pins  noirs  d’Autriche.  Ces  arbres  ont  parfaitement 
résisté,  en  effet,  aux  intempéries,  à la  fumée,  à Tair 
vicié,  et  ajoutons  à l’argile  compacte  dans  laquelle 
ils  ont  été  placés,  ce  qui  indique  combien  cette 
espèce  est  facile  sur  la  composition  du  sol. 

Ed.  André, 


dantes;  James  Salter,  mauve;  La  Frisure, 
rose  brillant,  pétales  ondulés  et  bouclés 
d’une  façon  curieuse,  plante  très-naine , 
bien  fixe;  Laurence;  fleur  très-grande, 
rose  brillant;  Madame  Clémence  Audir 
guier,  variété  très-vigoureuse  et  bien  dis- 
tincte ; fleurs  très-grandes,  lilas  mauve; 
Madame  Émile  Dufour,  centre  mauve 
pâle,  augmentant  progressivement  d’inten- 
sité jusqu’au  bord  ; les  pétales  extérieurs 
retombent,  formant  une  frange  arrondie  ; 
Mademoiselle  Aiina  Delaux,  variété  quel- 
quefois presque  blanche,  quelquefois  nuan- 
cée de  violet , presque  naine  ; Daïmio  , 
variété  bien  connue,  à grandes  fleurs  rose 
pâle. 

Variétés  jaunes.  — Bertier-Rendatler, 
magnifique  variété  à fleurs  grandes,  larges, 
jaune  canari  clair,  tachées  de  rouge  ; végé- 
tation vigoureuse  et  rapide  ; fleurs  orange 
foncé,  nuancé  ambre  ; Docteur  Masters, 
jaune  brillant,  variété  très-caractérisée  par 
la  couleur  rouge  vif  de  la  base  des  pétales  ; 
Fulton,  grande  fleur  jaune  clair;  Infante 
d'Espagne,  fleurs  composées  de  longs  pé- 
tales plumeux,  jaune  pâle  ; Parasol,  jaune 
chamois  ; la  plupart  des  pétales  sont  four- 
chus d’une  curieuse  manière  ; Pierre-le- 
Grand,  jolie  variété  de  couleur  jaune  citron, 
en  foi-me  de  coupe,  que  ses  nombreuses 
qualités  décoratives  font  très-souvent  pré- 
parer pour  les  expositions. 

Variétés  de  couleurs  foncées.  — Cette 
catégorie  comprend  de  fort  jolies  variétés 
variant  entre  le  cramoisi  taché  de  jaune  et 
le  brun  rougeâtre  foncé. 

Docteur  Audiguier , rouge  amarante 
taché  de  blanc,  revers  des  pétales  blanc.  La 
diflerence  de  couleur  entre  le  dessus  et  le 
dessous  des  pétales  rend  cette  variété  tout 
à fait  distincte.  du  Midi,  fleurs  d’une 

jolie  couleur  cramoisie  avec  le  centre  orange; 
pétales  très- larges  et  gracieusement  r ecour- 
bés. Flambeau,  cette  variété  est  à notre  avis 
la  plus  ornementale  parmi  les  nouvelles. 
Elle  se  rapproche  un  peu  de  la  variété  bieq 


CHOIX  DE  CHRYSANTHÈMES. 


135 


connue  Julie  Lagravère,  mais  elle  est  de 
floraison  plus  hâtive  et  plus  élégante  ; les 
pétales,  larges,  ont  de  jolis  reflets  veloutés, 
et  leur  partie  inférieure  est  jaunâtre. 

Marguerite  Monarch,  variété  de  hauteur 
moyenne  ; fleurs  cramoisi  foncé  très-vif, 
à reflets  métalliques.  Moyisieur  Castel^ 
variété  naine  à larges  fleurs  cramoisies, 
centre  jaune.  Monsieur  Crousse,  variété 
très-florifère  et  très-ornementale,  fleurs 
cramoisies  ; le  revers  des  pétales  est  jaune 
d’or  ; les  pétales  se  recourbant  en  dessus 
au  moment  de  Tépanouissement,  l’ensemble 
de  la  plante  prend  alors  un  aspect  doré. 
Monsieur  Delaux^  plante  atteignant  un 
développement  assez  grand  ; fleurs  lar- 
ges, cramoisi  foncé.  M.  Eugène  Pourquie, 
fleurs  cramoisi  tacheté  de  jaune;  pétales 
longs,  étroits  et  fourchus  à leur  extré- 
mité, très- belle  variété.  Monsieur  Juan 
Cruz  d’Eguileor,  variété  provenant  de  celle 
bien  connue  Red  Dragon;  mais  les  fleurs 
sont  d’un  rouge  cramoisi  plus  intense, et  les 
pétales  sont  plus  longs.  Monsieur  Lemoine^ 
pétales  jaune  doré,  bordés  de  cramoisi 
brillant  ; ce  contraste  est  d’un  grand  efTet. 
Père  Delaux,  variété  très-décorative,  naine, 
pouvant  être  cultivée  sans  tuteurs  ni  sou- 
tiens ; fleurs  cramoisi  brunâtre,  veloutées, 
pleines,  larges  et  très-brillantes.  Reine  des 
Beautés^  variété  naine  et  à petites  fleurs. 
Tokio^  variété  très-grande,  de  couleur  cra- 
moisi orangé  brillant  ; fleurs  de  moyenne 
grandeur,  mais  d’une  très-jolie  forme. 

Variétés  violettes  nuancées  de  diffé- 
rentes COULEURS.  — Belle  Gahrielle, 
fleurs  rose  violet,  revers  des  pétales  blanc; 
ces  pétales  ayant  leurs  bords  légèrement 
relevés  et  recourbés,  semblent  avoir  une 
bordure  blanche  à leur  partie  supérieure. 
Duchesse  de  Gerolstein^  variété  se  rappro- 
chant beaucoup  de  Rosa  Bonheur,  mais 
d’une  nuance  plus  pâle,  très-vigoureuse. 
Fulgore  : fleurs  quelquefois  presque  blan- 
ches, quelquefois  lilas  clair  par  places,  qui 
peuvent  même  couvrir  entièrement  quel- 
ques-uns des  pétales.  Rosa  Bonheur,  va- 
riété appelée  à être  très-répandue;  fleurs 
larges,  de  couleur  violet  foncé,  d’un  très- 
riche  effet;  plante  très-distincte. 

Variétés  a fleurs  de  différentes  cou- 
leurs. — Les  variétés  suivantes  sont  toutes 
de  premier  ordre.  Comte  de  Germiny, 
fleur  jaune  nankin  éclatant,  marqué  de 
cramoisi  ; pétales  très-longs  et  en  pstrtie 


recourbés  d’une  façon  curieuse.  La  Char- 
meuse, variété  très-florifère,  naine,  à fleurs 
rouge  amarante  brillant.  Triomphe  de  la 
rue  du  Châtelet:  fleurs  très- larges,  d’un 
coloris  particulier,  saumon  éclatant.  Source 
japonaise,  jolie  variété  très-distincte,  ob- 
tenue par  M.  Delaux.  Les  pétales  sont  très- 
larges,  d’une  couleur  violette  plus  ou  moins 
tachée  de  carmin,  et  sont  recourbés  d’une 
telle  manière  que  la  fleur  a plutôt  la  forme 
d’une  conpe  que  d’une  boule. 

Variétés  a pétales  recourbés.  — Ces 
variétés  étant  pour  la  plupart  connues 
d’assez  longue  date,  nous  allons  seulement 
donner  une  liste  de  celles  qui  se  prêtent  le 
mieux  à la  culture  en  pots. 

Variétés  blanches  ou  de  couleur  pâle  : 
Aimée  Ferrière,  Beverley,  Ève,  Empress 
of  India,  Monsieur  George  Glenny, 
Madame  Rundle,  Madame  Heale,  Ma- 
dame Haliburton,  Princess  of  Teck, 
Queen  of  England,  Vénus,  White  globe. 

Variétés  jaunes  et  bronzées  : Aureum 
multiflorum,  Barbara,  An  g elina.  Golden 
Queen  of  Englayid,  Jardin  des  Plantes, 
Monsieur  Brunlees,  Monsieur  J.  Laing, 
Monsieur  Bunn,  Madame  Dixon. 

Variétés  roses  de  diverses  nuances  ; 
Beauty,  Docteur  Rozas,  Fingal,  Hero  of 
Stoke  Newington,  Lady  Hardinge,  Lady 
Slade,  Lady  Talfourd,  Pink  Perfection. 

Variétés  de  nuances  foncées  : Lord  Derby, 
Monsieur  Cobay,  Mulberry,  Nil  despe- 
randum,  Prince  of  Wales,  Refulgens, 
Révérend  G.  Boys,  Le  Grand,  Madame  W. 
Shipman. 

Variétés  a pétales  défléchis.  — Va- 
riétés très-remarquables  à cause  de  leurs 
brillantes  fleurs  très-abondantes.  Voici  les 
meilleures  : Annie  Salter,  orange  ; Chris- 
tine, jaune  pourpre;  Chevalier  Domage, 
jaune;  Docteur  Sharp,  cramoisi  magenta, 
très-jolie  ; Garibaldi,  rouge  brillant;  Julie 
Lagravère,  cramoisi  foncé;  Progné,  ama- 
rante brillant,  fleurs  ayant  l’odeur  de  la 
Violette;  King  of  the  Crimsons,  qui 
ressemble  à Julie  Lagravère,  mais  en  plus 
grand. 

Chrysanthèmes-Anémones.  — Formes 
très-distinctes,  qui  produisent  un  très-bon 
effet  lorsqu’elles  sont  mélangées  avec  d’au- 
tres : 

Acquisition,  lilas  ; Empress,  bleue  ; 
Fleur  de  Marie,  blanche  ; Gluck,  jaune  ; 
Georges  Sand,,  rouge  et  Jaune  ; King  of 


136 


CHOIX  DE  CHRYSANTHÈMES. 


^Hcwones,  pourpre  carminé;  Madame  Go- 
deraiix,  blanc  de  crème  ; Monsieur  Chaté, 
rose  pêche  ; Madame  Clos,  violet  rose  ; 
Madame  Pethers,  lilas;  Prince  of  Ané- 
mones, bleu  lilas,  pétales  du  centre  très- 
serrés. 

Parmi  ces  dernières  variétés,  les  plus 
jolies,  et  en  même  temps  les  plus  aptes  à 
la  culture  en  pots,  sont  : Fleur  de  Marie, 
Monsieur  Clialé  et  Madame  Clos. 

Chrysanthèmes-Anémones  pompons.  — 
Variétés  exigeant  très- peu  d’espace  : Anto- 
nius,  jaune  ; Caliiope,  rouge  rubis  ; Dick 
Turpin,  magenta  brillant  ; Firefly,  écarlate  ; 
Grâce  Darling,  rougeâtre;  Marie  Stuart, 
rougeâtre;  Monsieur  Wyness,  rose  lilacé 
tach(  té  de  jaune  ; Virgmans,  blanc. 

Chrysan'ihèmes  pompons.  — Adonis, 
rose  et  pourpre  ; Annette,  lilas  pâle  poin- 
tillé de  pourpre;  Bob,  cramoisi  brunâtre  ; 
Champs-Èlysées,  rouge  amarante  ; Crim- 
son  Perfection,  cramoisi;  Fanny,  cra- 
moisi ; Jersey  Gem,  jaune  pointillé  de  brun  ; 
Mademoiselle  Marthe,  blanc  pur  fort  joli, 
très-cultivé  en  Angleterre  pour  le  marché  ; 
Model  of  Perfection,  lilas  régulièrement 
tacheté  de  blanc,  forme  très-distincte  ; Mar- 
guerite Vincent,  cramoisi  noisette  brillant; 
Marie  Crozat,  jolies  fleurs  cramoisi- pour- 
pre, plante  vigoureuse  ; Prince  Victor, 
marron  ; Salamon,  carmin  foncé  ; Sangui- 
neum,  cramoisi  tacheté  de  jaun  dans  le 
centre;  Saint-Michael,  jaune  brillant; 
Snowdrop,  jolies  (leurs  blanches,  petites. 

ChRYSA.NTHÈMES  a floraison  HATIVE.  — 
Dans  les  variétés  japonaises  : Elaine,  blan- 
che ; Lady  Selhoime,  blanc;  Gloire  rayon- 
nante, grande  (leur  lilas  pâle,  à pétales  durs 
et  plissés  sur  toute  leur  longueur.  Madame 
Ruïidle,  Monsieur  George  Glenny  et 
Madame  Dixon  sont  les  plus  hâtives  des 
variétés  de  cette  classe. 

Parmi  les  Pompons,  les  plus  hâtives 
sont:  Adrastus,  rose  pourpre;  Auréole, 
rose  ; Aigle  d’or,  jaune  ; Bolide,  cramoisi 
jaune;  Capitaine  N émo,  goxxrgxe ',  Géné- 
ral Cayirohert,  jaune  pâle  ; Sœur  Mélanie, 
très-jolie  variété  à fleurs  blanc  pur,  en 
boules,  très-utile  pour  les  bouquets. 

Ces  variétés  hâtives  possèdent  le  double 
avantage  de  fleurir  à une  époque  ‘où  la 
garniture  des  appartements  est  la  plus  re- 
cherchée, et  avant  les  froids  qui  souvent 
arrêtent  la  floraison  des  Chrysanthèmes. 

Les  variétés  à pétales  recourbés  présen- 


tent cet  inconvénient  que  les  fleurs  retien- 
nent l’eau  des  rosées  et  de  la  pluie,  et  qu’a- 
lors,  trop  chargées,  elles  retombent  vers  la 
terre  et  nuisent  beaucoup  à l’aspect  général 
de  la  plante. 

Chrysanthèmes  fleurissant  l’été.  — 
Les  variétés  de  cette  catégorie  sont  entrées 
en  faveur  d’une  manière  frappante  depuis 
plusieurs  années.  Elles  sont,  pour  la  plu- 
part, à fleurs  de  petite  dimension,  excepté 
cependant  Madame  C.  Desgrange,  variété 
à grande  fleur  blanche.  Citons  parmi  elles  : 
Cassy,  rouge;  Frédérick  Pelé,  cramoisie; 
//endersonr, jaune,  à grande  fleur  ; La  Petite 
Marie,  blanche;  Lucinda,  rougeâtre;  Le 
Luxembourg , jaune  ambré  ; Nanum,  blanc 
violet  ; Perpétuel  Toulousain,  rouge  ; Pré- 
cocité, jolie  nuance  jaune  ; Scarlet  Gem,  cra- 
moisie; Souvenir  de  Monsieur  Rampont, 
pourpre  rougeâtre  ; Souvenir  d’un  arni, 
blanche. 

Chrysanthèmes  a pétales  frangés.  — 
Cette  catégorie  comprend  les  variétés  ayant 
l’extrémité  des  pétales  profondément  et  fine- 
ment laciniée,  presque  toujours  très-jolies, 
et  employées  surtout  pour  les  fleurs  coupées. 

Laciniatum,  variété  introduite  du  Japon 
par  Fortune,  et  rappelant  assez  la  forme  et 
la  couleur  d’un  Œdlet  ; une  autre  jolie  va- 
riété blanche,  qui  est  certainement  ancienne, 
est  Marabout,  plante  moyenne  de  la  section 
des  Pompons,  dont  les  fleurs  sont  parfois 
délicatement  nuancées  de  rose  ; Lucrèce, 
brun  rouge  et  jaune  ; Adèle  Frisette,  lilas  ; 
Frémy,  saumon  nuancé  de  rouge  ; Ma- 
dame Dieux,  pétales  rose  tendre  en  dessus 
et  blancs  en  dessous  ; ces  pétales,  étant 
frangés  et  partiellement  recourbés,  donnent 
à la  heur,  de  grandeur  moyenne,  un  aspect 
tout  particulier;  Monsieur  Bonamy  aîné 
est  plus  foncé  en  couleur  que  la  variété 
précédente,  et  ses  pétales  frangés  ne  sont 
pas  recourbés  ; Striatum,  variété  à pétales 
rayés  ou  striés,  très-remarquable  quand  ces 
raies  sont  bien  marquées,  mais  assez  varia- 
ble sous  ce  rapport  ; les  raies,  souvent 
d’égale  largeur,  alternent  et  sont  blan- 
ches et  rose  pourpre  ; quelquefois,  l’une 
quelconque  de  ces  deux  couleurs  occupe 
plus  de  surface  que  l’autre  ; Striatum  per- 
fectum,  blanc  rayé  rose  ; lorsque  ces  raies 
sont  bien  marquées,  la  Heur  est  fort  jolie, 
mais  il  arrive  souvent  qu’elles  sont  à peine 
visibles.  Ces  deux  dernières  variétés  pro- 
viennent du  type  japonais  Monsieur  G. 


GREFFE  DE  DAHLIAS  EN  ÉCUSSON.  — TRAITEMENT  SPÉCIAL  DE  LA  VIGNE.  137 


Wolkenstein  ; Hofgartner  Lehl.,  de  la  sé- 
rie des  variétés  japonaises  à petites  fleurs, 
pétales  marqués  de  rose,  de  blanc  et  de 


cramoisi.  Ges  dernières  variétés  sont  l)ien 
distinctes  et  très-jolies. 

Ch.  Thays. 


GREFFE  DE  DAHLIAS  EN  ÉCUSSON 


Bien  qu’il  soit  déjà  considérable,  le  nom- 
bre des  variétés  de  greffes  pourrait  être 
encore  augmenté;  il  pourrait  même  l’être 
presque  indéfiniment.  En  effet,  pour  cons- 
tituer une  greffe,  il  suflit  de  mettre  en 
contact  des  parties  en  voie  de  formation,  à 
la  condition  qu’elles  aient  entre  elles  cer- 
tains caractères  organiques  communs. 

Il  n’y  a donc  l ien  d’étonnant  que  nous  en 
représentions  aujourd’hui  une  qui,  si  elle 
n’est  pas  tout  à fait  inconnue,  n’est  ni 
figurée  ni  décrite.  Elle  a même  un  avantage 
sur  beaucoup  de  celles  qui  sont  recom- 
mandées : elle  est  d’une  exécution  facile  et 
donne  des  résultats  certains.  Voici  en  quoi 
elle  consiste  : 

On  prend,  soit  au  printemps,  soit  dans  le 
courant  de  l’été,  un  tubercule  de  Dahlia 
alors  qu’il  est  en  végétation;  on  fait  sur  une 
partie  unie  deux  incisions  formant  T,  comme 
on  le  ferait  pour  toute  autre  greffe  en  écus- 
son; on  en  soulève  l’écorce,  et  on  introduit 
sous  celle-ci  un  œil  qu’on  a dû  enlever  et 
préparer  de  la  manière  que  l’on  sait,  puis 
on  ligature  comme  cela  se  fait  ordinairement, 
et  l’opération  est  terminée. 

• La  figure  25  montre,  au  15  juillet,  une 
de  ces  greffes  qui  avait  été  faite  le  1®**  de  ce 
même  mois.  On  peut  aussi,  au  lieu  d’un  œil, 
insérer  un  rameau;  l’opération  réussit  très- 
bien,  mieux  même,  car  la  reprise  est  plus 
prompte  et  le  développement  beaucoup  plus 
rapide.  Ainsi  un  bourgeon  greffé  à celte 
même  époque,  qui  avait  6 centimètres  de 
longueur,  mesurait,  quinze  jours  plus  tard, 
22  centimètres.  On  peut  également  opérer 
de  manière  que  le  greffon  puisse  s’affran- 
chir; il  suffit  pour  cela  de  conserver  à sa 
base  un  talon,  c’est-à-dire  des  yeux  qui 


émettront  des  tubercules,  ainsi  du  reste 
qu’on  le  ferait  s’il  s’agissait  d’une  greffe  en 
fente  pratiquée  sur  un  tubercule. 

Quant  aux  soins  ultérieurs,  ils  sont  des 
plus  simples.  Une  fois  greffés,  les  tuber- 
cules sont  mis  dans  des  petits  pots  qu’on 
place  sous  cloche  dans  une  serre  à multi- 
plication. Peut-être  môme,  si  l’on  n’avait 


Fig.  25.  — Greffe  de  Dahlia  en  écusson. 


employé  pour  greffon  que  des  yeux  non 
développés,  suffirait-il  de  les  enterrer  en 
plein  air  en  les  recouvrant  d’un  peu  de  ter- 
reau. Mieux  vaudrait  pourtant,  selon  nous, 
les  recouvrir  d’une  cloche;  outre  que  le 
résultat  serait  plus  assuré,  la  reprise  se 
ferait  plus  promptement. 

E.-A.  Carrière. 


TRAITEMENT  SPÉCIAL  DE  LA  VIGNE 


Depuis  plusieurs  années,  j’applique  aux  treil- 
les de  mon  jardin  un  mode  de  culture  qui 
m’a  toujours  donné  d’excellents  résultats. 
Cette  année  encore,  quoique  la  température  ait 
été  bien  contraire  à la  Vigne,  j’ai  récolté  en 
abondance  de  beaux  et  bons  Raisins,  dont  tous 


les  grains  se  sont  bien  développés,  contraire- 
ment à ce  qui  s’est  passé  partout  ailleurs.  J’ai 
également  constaté  qu’aussitôt  que  j’ai  appli- 
qué cette  culture  à mes  treilles,  l’oïdium  dont 
elles  étaient  infestées  a disparu,  tandis  que 
celles  de  mes  voisins,  traitées  par  le  soufre. 


138 


POMME  SANS  PÉPIN. 


sont  encore  dans  un  état  déplorable.  Est-ce  là 
un  cas  exceptionnel  ? ou  bien  la  disparition 
de  l’oïdium  tient-elle  à ma  culture?  C’est 
probable,  mais  je  ne  puis  pourtant  l’affirmer, 
et  c’est  précisément  pour  être  fixé  sur  ce 
point  que  Je  fais  appel  à la  publicité  de  votre 
journal,  en  vous  priant  d’engager  vos  lecteurs 
à faire  eux-mêmes  des  expériences. 

Mon  système  repose  sur  ce  principe  : que 
c’est  le  manque  de  chaleur  qui  nuit  à l’épa- 
nouissement de  la  fleur  de  la  Vigne  qui,  alors, 
ne  peut  s’accomplir  dans  de  bonnes  conditions. 
Il  consiste  donc  à réchauffer  le  pied  de  la 
Vigne  : 1»  quand  les  bourgeons  commencent 
à paraître,  afin  de  provoquer  une  bonne  végé- 
tation; 2»  au  moment  de  la  fleur,  afin  d’em- 
pêcher la  coulure  ; 3»  quand  les  Raisins  com- 
mencent à tourner  et  pour  en  favoriser  le 
développement. 

L’engrais  qui  m’a  le  mieux  réussi  est  un 
mélange  d’urine  et  d’eau,  dans  la  proportion 
d’un  quart  d’urine  et  trois  quarts  d’eau  pour 


les  premiers  arrosages,  d’un  tiers  d’urine  et  de 
deux  tiers  d’eau  pour  les  deux  autres. 

Environ  un  demi-litre  à un  litre  d’engrais 
est  nécessaire,  suivant  le  plus  ou  moins  de 
perméabilité  du  terrain  et  l’âge  de  la  Vigne  ; il 
doit  être  déposé  le  soir,  après  le  coucher  du  so- 
leil, et  à quelque  distance  des  pieds  de  Vignes, 
afin  que  cet  engrais  se  trouve  à la  portée  des 
racines. 

Les  proportions  d’urine  qui  entrent  dans  la 
composition  de  mon  engrais  peuvent  paraître 
considérables  ; elles  ne  sont  pourtant  pas  trop 
fortes,  parce  que  mon  terrain  est  très-per- 
méable et  que  mes  Vignes  sont  vieilles.  Nul 
doute  donc  que,  si  l’on  opérait  dans  un  sol 
plus  compacte,  sur  des  Vignes  plus  jeunes,  il 
faudrait  diminuer  cette  proportion.  Cependant, 
je  ne  pense  pas  qu’on  puisse  arriver  à de  sé- 
rieux résultats  en  employant  un  mélange  qui 
ne  contiendrait  pas  au  moins  un  cinquième 
d’urine  pour  le  premier  arrosage  et  un  quart 
pour  les  deux  autres.  Desbois. 


POMME  SANS  PÉPIN 


Arbre  vigoureux,  ne  présentant  rien  de 
particulier  quant  à son  aspect  général.  Fruit 
légèrement  et  obcuré ment  côtelé,  de  gros- 
seur moyenne,  parfois  gros,  fortement  dé- 
primé aux  extrémités,  atteignant  5 centi- 
mètres environ  de  hauteur  sur  7 et  plus 
de  largeur.  Cavité  pédonculaire  largement 
évasée  en  entonnoir,  assez  profonde  et  res- 
serrée à l’insertion  du  pédoncule,  qui  est 
petit.  Cavité  ombilicale  très-large  et  peu 
profonde  ; œil  largement  ouvert,  à divisions 
courtes,  irrégulières.  Peau  d’un  vert  her- 
bacé (vert  de  gris),  marquée  çà  et  là  de 
quelques  ponctuations  grises,  légèrement 
lavée  et  rubannée  de  rose  sur  les  parties 
fortement  insolées,  et  surtout  vers  la  base 
du  fruit.  Chair  très-serrée,^  un  peu  verdâtre, 
sucrée,  douce,  manquant  de  saveur.  Loges 
très-étroites,  complètement  dépourvues  de 
pépins. 

Ces  caractères  sont  ceux  que  nous  a 
présentés,  le  24  janvier,  un  fruit  assez 
beau  dû  à l’obligeance  de  nos  collègues, 
MM.  Transon  frères,  d’Orléans,  qui  ont  mis 
cette  variété  au  commerce  il  y a quelques 
années,  et  qui  l’avaient  reçue  directement 
d’Amérique,  d’où  elle  est  originaire. 

Voici  ce  que  depuis  deux  ou  trois  ans 
nos  confrères  écrivaient  dans  le  catalogue 
qu’ils  publient  annuellement  : 

Ponime  sans  pépin.  — Ici,  comme  pour 


toutes  les  nouveautés  que  nous  annonçons  sans 
avoir  vu  le  fruit,  nous  déclinons  toute  respon- 
sabilité. Nous  traduisons  textuellement  un  ar- 
ticle du  Gardener's  Monthly,  février  '1874, 
page  60.  — New  Florence  (Pennsylvania]. 
« Nous  avons  ici,  dans  la  vallée  de  Digomier, 
une  excellente  Pomme  d’hiver,  qui  n’est  cul- 
tivée que  dans  quelques  vergers  du  centre, 
sous  le  nom  de  Sans-trognon  de  Ménocher 
{MenocheFs  no  core).  Nous  ne  connaissons  pas 
de  plus  belle  Pomme  ; elle  est  bien  nommée 
Sans-trognon^  car  elle  n’a  à l’intérieur  rien  qui 
y ressemble  : elle  n’a  ni  graines  ni  loges,  est 
excellente,  de  grosseur  moyenne,  et  cependant 
si  peu  connue,  que  c’est  à peine  si  elle  est  sor- 
tie du  voisinage  de  la  vallée.  » 

On  a pu  voir,  par  ce  que  nous  avons  dit 
plus  haut  de  cette  variété,  que  la  descrip- 
tion américaine  n’est  pas  tout  à fait  exacte, 
et  que  si  cette  Pomme  est  sans  pépin,  elle 
n’est  pas  « sans  trognon  » ni  sans  loges, 
puisque  nous  avons  trouvé  des  loges  bien 
marquées,  mais  étroites,  il  est  vrai,  ce  qui 
résulte  probablement  de  l’absence  des  pé- 
pins. 

La  qualité  nous  a paru  assez  bonne,  bien 
que  la  chair  manquât  de  saveur  et  aussi 
d’eau,  ce  qui  était  peut-être  dû  à l’an- 
née défavorable  que  nous  venons  de  tra- 
verser, et  peut-être  à l’époque  un  peu 
avancée  (10  janvier)  où  nous  avons  tait 
la  dégustation.  MM.  Transon  disent  que 


DEUX  PLANTES  RECOMMANDABLES. 


139 


la  Pomme  sans  pépin  mûrit  en  novembre- 
décembre. 

Cette  variété  se  modifiera-t-elle  dans  nos 
cultures?  viendra-t-il  un  temps  où  elle  pro- 
duira des  pépins  ? Le  fait  ne  nous  surpren- 


drait pas,  car  notre  climat  n’est  pas  celui 
de  l’Amérique,  d’où  elle  est  originaire,  et 
avec  les  principes  les  conséquences  varient. 

Ë.-A.  Carrière. 


DEUX  TUANTES  RECOMMANDABLES 


Ces  deux  plant  s sont  le  Sedum  sem- 
pervivum,  Led.,  et  le  Crassula  rubicunda, 
E.  Mey. 

Il  y a peu  de  familles,  dans  le  règne  vé- 
gétal, qui  fournissent  à l’ornementation  au- 
tant d’espèces  que  celle  des  Crassulacées. 
Pour  le  démontrer,  il  suffirait  de  citer  les 
Echevpria,  Sedum ^ Sempervivum^  Mesem- 
hryanthemum,  etc., qui,  parleurs  feuillages 
diversement  colorés  ou  par  leur  disposition 
particulière,  sont  devenus  indispensables 
pour  la  mosaïculture  naine.  Par  leur  riche 
floraison,  peu  d’espèces  peuvent  rivaliser 
avec  le  Rochea  falcata  et  le  Crassula  coc- 
cinea^  plantes  très-estimées  des  fleuristes, 
qui  les  cultivent  en  pots  pour  la  vente  au 
marché.  On  ne  les  emploie  pas  assez  pour 
la  'décoration  estivale  en  pleine  terre,  aux 
expositions  chaudes  et  fortement  ensoleil- 
lées ; en  effet,  cultivées,  soit  en  bordure 
continue,  soit  alternées  ou  entrecoupées 
d’autres  plantes,  indépendamment  de  l’effet 
éblouissant  qu’elles  produisent  pendant  leur 
floraison,  ces  espèces  font  encore  pendant  le 
reste  de  la  saison  un  très-bon  effet  par  leur 
feuillage,  la  pi  emière  avec  sa  teinte  glauque, 
et  la  seconde  d’un  vert  gai.  En  hiver,  quelle 
ressource  ne  trouvons-nous  pas  dans  les 
abondantes  fleurs  rouge  orangé  de  VEche- 
veria  retusa  et  de  ses  variétés,  ainsi  que 
dans  celles  du  Crassula  lactea  qui,  à la 
même  époque,  se  couvre  de  nombreuses 
grappes  de  fleurs  blanches  ! Et  les  touffes 
du  Crassula  pachijura,  qui  sont  terminées 
par  de  nombreux  épis  de  fleurs  d’un  roux 
lilacé,  quel  effet  splendide  elles  produisent! 

A ce  nombreux  contingent  viennent 
encore  s’ajouter  le  Sedum  sempervivum 
et  le  Crassula  rubicunda. 

La  floraison  du  premier  est  estivale  ; le 
second  épanouit  ses  fleurs  depuis  l’automne 
jusqu’à  une  époque  fort  avancée  de  l’hiver. 
Le  Sedum  sempervivum,  Led.  (Sed.  sem- 
pervivoides,  Fisch.,  Umbilicus  sempervi- 
vum, Hort.),  est  une  charmante  miniature 
origina'ire  du  Caucase  » La  plante  forme  la 


première  année  du  semis  des  rosettes,  à la 
manière  des  Echévérias  ; ses  feuilles  sont 
ovales,  acuminées,  d’un  vert  cendré.  Livrée 
à la  pleine  terre  la  seconde  année  du  semis, 
toute  la  plante  prend  une  teinte  d’un  rouge 
foncé  et  se  couvre  de  nombreuses  fleurs 
rouge  sang,  semblables  à celles  du  Rochea 
falcata,  et  dont  l’ensemble  ne  dépasse  pas 
15  à 20  centimètres  de  hauteur.  La  multi- 
plication se  fait  de  graines  et  de  boutures, 
ces  dernières  même  avec  des  feuilles. 

Une  terre  composée  par  tiers  de  terreau, 
de  terre  de  bruyère  et  de  terre  franche 
lui  convient  parfaitement,  et  l’hivernage 
devra  se  faire  à la  lumière,  près  des 
verres,  dans  un  endroit  sec,  afin  d’éviter 
la  pourriture.  C’est  une  plante  excellente, 
non  seulement  pour  décorer  les  parties 
rocheuses  et  pour  former  des  bordures  au 
grand  soleil,  mais  encore  pour  la  culture  en 
pots. 

On  peut  se  procurer,  soit  des  graines, 
soit  des  plantes,  chez  MM.  Haage  et  Schmidt, 
à Erfurt. 

Le  Crassula  rubicunda,  E.  M.  {Globulea 
stricta,  Haw.),  noms  sous  lesquels  il  est 
décrit  depuis  longtemps,  a été  figuré  et 
rénové  ces  temps  derniers  sous  les  noms 
de  C.  gracilis,  Eberlé,  ou  C.  Desmetiana, 
Hort.  C’est  du  reste  une  ravissante  minia- 
ture cespiteuse,  ne  dépassant  pas  10  à 12 
centimètres  de  hauteur.  Les  feuilles,  qui 
sont  oblongues,  étroites,  charnues  et  poin- 
tues, sont  un  peu  arquées  en  dehors  et  mar- 
quées de  nombreuses  petites  cicatrices  sur 
la  face  supérieure  ; le  dessous  est  souvent 
un  peu  rosé  comme  les  hampes  florales. 
Les  nombreuses  petites  fleurs  qui  terminent 
ces  dernières  sont  d’un  rouge  carmin  et 
s’épanouissent  à partir  d’octobre  jusqu’en 
février,  et  même  au  delà.  La  multiplication 
est  des  plus  faciles  : elle  se  fait,  soit  par  sé- 
paration des  touffes,  soit  par  boutures.  Une 
terre  composée  comme  celle  indiquée  pour 
la  plante  précédente  lui  convient  parfaite- 
ment. Le  plein  air  au  soleil  pendant  la  belle 


140 


CRATÆGUS  OXYACANTHA  SEMPERFLORENS. 


saison,  en  hiver  un  abri  contre  la  gelée  et 
près  de  la  lumière,  lui  sont  nécessaires 
pour  éviter  la  pourriture  et  assurer  sa  flo- 
raison. 

Par  sa  grande  facilité  de  culture,  son  apti- 
tude à se  développer  et  à bien  fleurir  dans 
des  vases  relativement  petits,  sa  douce  odeur 
d’IIéliotrope,  sa  floribondité  extraordinaire, 
même  sur  des  plantes  très-petites  (pendant 


une  saison  où  les  fleurs  font  souvent  défaut), 
le  Crassula  ruhicunda  se  recommandera, 
non  seulement  aux  amateurs  pour  la  déco- 
ration hivernale  des  serres,  mais  encore  aux 
fleuristes  pour  la  garniture  des  appartements 
et  les  bouquets,  car  les  fleurs,  même  cou- 
pées se  conservent  très-longtemps. 

J.  Weber. 


CRATÆGUS  OXYACANTHA  SEMPERFLORENS 


Dans  la  chronique  liorticole  du  16  août 
1882,  nous  avons  signalé  l’apparition  d’une' 
variété  franchement  remontante  d’Aubépine. 

Ce  nouveau 
gain  est  dû  à 
M.  Bruant,  hor- 
ticulteur à Poi- 
tiers. Il  Ta  trouvé 
par  hasard,  il  y a 
quelques  années, 
dans  un  semis 
d’Aubépine  ordi- 
naire , vulgaire- 
ment « Épine 
blanche.  La 
plante,  dès  le  dé- 
but de  sa  végéta- 
tion, s’était  carac- 
térisée sous  la  for- 
me d’un  arbuste 
nain  très-buisson- 
nant,  et  dès  l’àge 
de  deux  ans,  ce 
qui  est  tout  à fait 
inusité  chez  l’Au- 
bépine, elle  se 
mit  à fleurir  de- 
puis le  printemps 
jusqu’à  l’au  - 
tomne. 

M.  Bruant  la 
greffa  alors  sur 
le  type  de  l’espèce 
{Cratœgus  oxya- 
cantha  ).  Son 
mode  de  végéter 
ne  se  modifia  pas, 
et  dès  la  pre- 
mière année  de  greffe  toutes  les  jeunes 
plantes  se  couvrirent  de  fleurs.  Les  ra- 
meaux qui  nous  ont  été  envoyés  au  mois 
d’août  dernier  provenaient  de  ces  sujets 


greffés.  Nous  avons  raconté  que  ces  ra- 
meaux montraient  simultanément  le  ré- 
sultat de  trois  floraisons.  Les  fruits  prove- 
nant des  pre- 
mières inflores- 
cences étaient  ar- 
rivés à leur  entier 
développement  ; 
il  ne  leur  man- 
quait plus  que  la 
coloration  rouge. 

Les'  seconds 
fruits  qui  avaient 
succédé  à la  flo- 
raison de  juillet 
étaient  déjà  bien 
formés;  enfin  de 
nombreux  bou- 
quets ou  corym- 
bes  blancs  et 
parfumés  étaient 
épanouis  aussi 
normalement 
qu’au  mois  de 
mai.  Les  autres 
caractères  sont 
ceux  du  type. 

Nous  avons 

donc  donné  à la 
plante  le  nom  de 
Cratœgus  oxya- 
cantha  semper- 
florens,  et  nulle 
épithète  ne  fut 
mieux  justifiée 
parmi  les  variétés 
hoii-icoles. 

Son  mérite 

principal,  eu  égard  à son  port  nain  et 
buissonneux,  à sa  floraison  abondante  et 
sans  cesse  renouvelée,  sera  de  pouvoir  se 
cultiver  comme  arbuste  en  boule,  greffé  à 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE.  — CORRESPONDANCE.  141 


tige,  et  surtout  comme  plante  de  marché. 
On  sait  quelle  est  la  faveur  dont  jouit  l’Au- 
l)éj)ine  en  mai.  Les  rameaux  Oeuiis,  qui 
sont  vendus  dans  les  rues,  se  fanent  mal- 
heureusement très-vile,  et  les  cultivateurs 
n’essaient  même  pas  de  produire  des  Au- 
bépines en  pots,  qui  fleuriraient  mal  après 


une  culture  de  plusieurs  années.  L’obtention 
de  M.  Bruant  remplit  donc  un  desideratum 
tr’ès-intéressant,  et  nous  apprenons  avec 
plaisir  que  l’Aubépine  toujours  fleurie  est 
dès  à présent  livrée  au  commerce. 

Ed.  André. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  O’IIORTICCLTCRE  OE  FRANCE 

SÉANCE  DU  2‘2  FÉVRIER  1883 


Apports.  — Comité  de  culture  poiagère  : 
]\r.  Bertaud,  jardinier  à Ilniigis,  présentait  en 
pots  et  bien  cultivés  quelques  pieds  de  Frai- 
siei’s  Marguerite  (Lebreton),  dont  les  fruits, 
bien  (jue  beaux,  laissaient  à désirer  pour  la  cou- 
leur, qui  était  pfde,  fait  dû  à l’absence  de  soleil. 

M.  Chemin,  maraîcher,  boulevard  de  la  Gare, 
à Issy  (Seine),  exposait  une  botte  de  très-belles 
Asperges  de  la  variété  ancienne  dite  violette. 
Elles  étaient  grosses,  de  toute  beauté  et  bien 
colorées;  la  botte,  comprenant  quarante-deux 
turions,  pesait  4 kilogr.  500.  — Les  demoiselles 
Chrétien  présentaient  des  Laitues  rouges-vio- 
lettes dites  de  la  Passion.,  qui  étaient  assez  belles. 
— M.  Boullant,  de  Villejuif,  avait  envoyé  des 
Pommes  de  terre  préparées  pour  la  plantation. 
Les  variétés,  au  nombre  de  trois,  appartenaient 
au  groupe  des  Marjolin;  deux  sont  bien  con- 
nues : Marjolin  têtard  et  à feuilles  d'ortie;  la 
troisième  a été  obtenue  il  y a ti'ois  ans  par  le 
présentateur,  qui  la  dit  hybride  entre  les  deux 
précédentes,  ce  qui  n’est  pas  démontré;  le 
tubercule  ressemble  assez  à ceux  de  la  M.  à 
feuilles  d’ortie,  mais  il  en  est  autrement  des 
jeunes  bourgeons  qui,  beaucoup  plus  nombreux 
que  ceux  de  cette  dernière,  sont  fortement  vio- 
lacés. La  plante  naine  est  aussi  hâtive  que  la 
variété  à feuilles  d’ortie,  mais  bien  plus  pi’oduc- 
tive.  On  peut  donc  la  cultiver  également  c mime 
primeur.  Quant  à la  qualité,  elle  ne  laisse  rien 
à désirer,  dit  l’obtenteur. 

Au  comité  d’arboriculture  fruitière,  un  seul 
présentateur  : M.  Poiret-Delan,  jardinier  chez 
M.  Leduc,  à Puteaux,  qui  avait  apporté  une 
corbeille  de  fruits  magnifiques  comprenant  les 
trois  variétés  suivantes  : Passe-Crassane,  Belle 
Angevùie  et  Doyenné  d'hiver.  Ces  dernières, 
très-belles  et  très-saines,  sans  aucune  tavelure, 
avaient  été  récoltées  en  contre-  espalier  et  sans 
aucun  abri,  ce  qui  est  une  exception  proba- 
blement due  à la  jeunesse  des  arbres.  On  re- 
marque en  effet  que,  toutes  circonstances  égales 


d’ailleurs,  les  fruits  sont  d’autant  plus  beaux 
que  les  arbres  sont  plus  jeunes. 

Au  comité  de  floricuMure,  qui  était  de  beau- 
coup le  mieux  pourvu,  M.  Le([uin,  horticulteur  à 
Clamart  (Seine),  présentait  un  pied  en  pot  et  en 
fleurs  d’une  forme  issue  du  Bégonia  Schmidti, 
laquelle  n’était  autr  e que  la  plante  qui,  l’année 
dernière,  s’est  montrée  spontanément  sur  tant 
de  points  dilféi-ents  de  la  France  et  qui,  pour 
cette  raison,  a reçu  les  différentes  dénomina- 
tions : Pictavensis,  Bruanti,  Massiliensis,  etc. 
C’est  une  variété  nouvelle  vi’aiment  méi-itante  et 
qui,  bien  que  dillérente  des  Bégonia  Schmidti 
et  semperflorens,  est  tout  aussi  floribonde.  — 
M.  Godefroy-Lebeuf,  hoi'ticulteur,  26,  route  de 
Sannois,  à Argenteuil,  pi'ésentait  une  Orchidée 
nouvelle,  V Odontoglossum  marginella,  à fleuris 
petites,  distantes  sur  un  ham})e  grêle  ; les  divi- 
sions externes  éti'oites  sont  jaune  verdâtre, 
mar  quées  transversalement  de  taches  rnarr’on  ; 
le  labelle,  lar-ge  et  court,  est  d’un  l’oux  trés- 
foncé,  brunâtr’e.  — L’apport  le  plus  important  et 
le  plus  remarquable  était  fait  par  M.  Landr^y, 
horticulteur,  92,  l’ue  de  la  Glacièr'e,  à Paris. 
Il  se  composait:  1^*  d’un  très-foiff  pied  de 
Vriesea  hrachystachys,  plante  trés-ornernen- 
tale  par  son  port,  par  la  beauté  et  la  durée 
pr'esque  illimitée  dé  ses  fleur’s  ; 2»  d’un  Stanho- 
pea  tigrina  superba,  \a.r\été  magnifique  tant  par 
l’extiéme  grandeur  que  })ar  la  beauté  de  ses 
fleui's,  qui,  sur  un  fond  jaune  bronzé-cuivié 
très-luisant,  sont  mai’quées  de  lai’ges  tigrui’es 
transversales  ; le  pied  présenté  fleurdssait  pour 
la  tr'oisième  fois  depuis  quelques  mois  ; 3*  d’un 
beau  pied  en  fleurs  de  Cypripedium  Harris- 
.siamrm,  charmante  espèce  à fleurs  très-gi’andes, 
de  couleur  r'oux  brmnzé  brillant,  très-luisant  ; 
enfin  d’un  Leptotes  bicolor,  plante  à feuilles 
joncifor’ines , charnues,  â tleurs  de  deux 
couleurs  : les  divisions  exteraies  sont  étroites, 
blanches;  le  labelle,  d’un  beau  violet  rose,  est 
bordé  de  blanc. 


CORRESPONDANCE 


Mr  L.  C.  (Somme).  — Nous  ne  connaissons  j ment  consacrée  â l’ai-boriculture  fruitière  ; 
pas,  en  France,  de  publication  exclusive-  | on  trouve  dans  presque  toutes  des  articles 


142 


ORIGINE  DU  ROSIER  MANETTl. 


relatifs  aux  diverses  parties  du  jardinage. 
Le  recueil  qui  pai-aît  le  mieux  répondre 
à voire  desiderata  est  le  Bulletin  d'arbo- 
riculture, de  floriculture  et  de  culture  po- 
tagère, qui  s’imprime  à Gand  (Belgique). 

Ainsi  que  son  titre  l’indifjue,  ce  journal 
mensuel,  l’organe  du  Cercle  d' urboricu! tare 
de  Belgique,  traite  particulièrement  de  l’ar- 
boriculture fruitière  et  de  la  culture  des 
légumes. 

M»’  A.  P.  (Italie).  — La  maison  Borel,  quai 
du  Louvre,  10,  Paris,  tient  particulièrement 
la  quincaillerie  horticole;  vous  trouverez  là  à 
peu  près  tous  les  outils  et  instruments  de  jar- 
dinage dont  vous  pourriez  avoir  besoin,  ainsi 
que  tout  ce  que  comporte  rornementatiou  des 
jardins. 

Comme  fabricant  spécial,  vous  pourriez  vous 
adresser  à M.  Aubry,  coutelier,  131,  rue  Vieille- 
du-Temple,  Paris. 

B.  B.  (Lozère).  — Le  fragment  de  plante 
que  vous  nous  avez  adressé  apjrartient  à l’As- 
phodelus  ramosus,  plante  de  la  famille  des 
Liliacées.  Cette  espèce,  indigène  dans  certaines 
parties  du  midi  de  la  France,  est  aussi  des 
plus  ornementales. 

Quant  au  conseil  que  vous  demandez  : « si 
l’on  doit  couper  les  radicelles  du  Houx  fragon 
{Buscus  aculeatus),  » c’est  une  (}uestion  d’hon- 
nêteté commerciale.  Ces  radicelles  ne  contenant 
aucun  principe  fébrifuge,  ne  servent  donc  qu’à 
augmenter  le  poids  de  la  marchandise. 


B.  P.  (Gers).  Vous  trouverez  les  rensei- 
gnements que  vous  demandez  dans  le  numéro 
de  la  Revue  horticole  du  le*"  mars.  L’article  de 
M.  Sallierfils,  bien  (jue  particulier  à la  teinture 
des  panicules  de  Gynérium,  peut  vous  servir 
de  guide  pour  teindre  les  auti-es  Graminées, 
quel  qu’en  soit  le  genre.  Suivant  les  couleurs 
que  vous  voudrez  obtenir,  vous  devrez  varier 
les  substances,  soit  comme  quantités,  soit 
comme  nature. 

M'’  O.  (Puy-de-Dôme).  — L'Aponogeton 
distachyus,  bien  que  relativement  rustique,  ne 
suppoide  pas  la  gelée  si  ses  tubercules  sont 
exposés  à l’air;  mais  il  en  est  tout  autrement 
quand  la  plante  est  recouverte  d’eau. 

Vous  pourrez  vous  procurer  des  tubercules 
de  cette  espèce  chez  MM.  Thibaut  et  Keteleer, 
horticulteurs  à Sceaux  (Seine). 

M»'  D.  L.  (Vicence,  Italie).  — Vous  trouverez 
des  graines  des  Baves  des  marais  el blanche 
à collet  vert  chez  MM.  Vilmorin  et  G*0,  4, 
quai  de  la  Mégisserie,  Paris. 

Mr  H.  W.  (Paris).  — Les  Hellébores  dont 
vous  parlez  ne  sont  pas  au  commerce.  Il 
en  est  de  même  des  Pommiers  Pioux  et 
Sabarot,  [)ar  cette  raison  qu’ils  ont  été  telle- 
.ment  demandés  que  les  vendeurs  en  sont  dé- 
pourvus. Aussitôt  que  ces  plantes  seront  mises 
en  vente  la  Revue  horticole  ne  manquera  pas 
d’en  informer  ses  lecteurs. 


ORIGINE  DU  ROSIER  MANETTl 


Bien  que  Forigine  d’une  plante  n’ait  au- 
cun intérêt  (juant  à l’usage  pratiijue  que 
l’on  en  fait  et  n’ajoute  rien  de  plus  à son 
mérite,  il  faut  néanmoins  reconnaître  que, 
à certains  égards,  la  chose  n’est  pas  sans  im- 
portance, surtout  quand  (telle  plante  a un 
mérite  réel,  qu’elle  est  avantageuse  au  point 
de  vue  pratique  ; il  est  alor.S'  équitable  d’en 
rechercher  l’auteur,  afin  de  lui  rendre 
l’honneur  auquel  il  a droit. 

Tel  est  assurément  le  Rosier  Mane'ti,  qui 
aujourd’hui  joue  un  rôle  si  important  dans 
la  multiplication  des  Rosiers. 

Depuis  longtemps  déjà  nous  savions  que 
c’est  à M.  Berlin  père,  horticulteur  à Ver- 
sailles, qu’on  doit  ce  Rosier,  et  plusieurs 
fois  nous  l’avons  prié  de  nous  en  faire 
l’historique.  Il  vient  de  nous  écrire  la  lettre 
suivaole  que  nous  nous  empressons  de  pu- 
blier : 

Mon  cher  collègue, 

Puisque  vous  persistez  dans  votre  désir  de 


faire  connaître  l’origine  du  Rosier  Manetti,  je 
vais  essayer  de  vous  satisfaire,  ce  que,  du  reste, 
je  puis  d’autant  mieux  faire  que  j’en  suis  l’ob- 
tenteur. Voici  exactement  l’histoire  de  ce  Ro- 
sier. 

Je  l’ai  obtenu,  en  1832,  de  graines  d’un  Ro- 
sier Ile-Bourbon,  dont  je  ne  puis  préciser  la 
variété;  voici  pourquoi  : 

J’avais,  je  ne  pourrais  trop  en  dire  la  raison, 
pris  le  parti  de  ne  semer  que  des  graines  d'Ile 
Bourbon.,  ce(|ueje  fis  pendant  huit  à dix  ans, 
cela  sans  rien  obtenir  autre  chose  (jue  des  Ro- 
siers à fleurs  simples  dont  je  ne  faisais  aucun 
cas.  Cependant,  de  mon  premier  semis,  fait  en 
1832,  j’avais  remaï  qué  un  sujet  beaucoup  plus 
vigoureux  que  les  autres;  je  le  plantai  à part 
pour  le  suivre  jusqu’à  ce  qu’il  eût  fleuri,  ce  qui 
n’arriva  qu’au  bout  de  quelques  années  pen- 
dant lesquelles  j’en  fis  f)lusieurs  centaines  de 
sujets.  Voulant  alors  les  utiliser,  j’en  jilantai  une 
haie  d’environ  25  mètres  de  longueur,  pour 
abriter  mes  semis  de  Rhododendrons.  Cette 
haie  atteignit  bientôt  4 mètres  et  même  plus  de 
hauteur  sur  une  épaisseur  proportionnée,  G’es| 


CAMPANUIA  TURBINATA  ET  CARPATHICA. 


143 


dans  cette  haie  que  j’ai  vu  apparaître  les  pre- 
mières fleurs  qui,  comme  vous  le  savez,  sont 
presque  simples. 

Jamais  ye  n'ai  vendu  aucun  sujet  de  ce  Ro- 
sier; mais  bien  des  fois  fen  ai  donné  soit  à des 
clients,  soit  à des  horticulteurs  qui,  en  voyant 
l’extrême  vigueur  de  ce  Rosier,  m’en  deman- 
daient des  boutures.  Ti-ès-souvent  meme  je  leur 
en  donnai  des  sujets,  par  exemple  à MM.  Burdin, 
de  Chambéry  et  de  Turin,  ainsi  qu’à  des  horti- 
culteurs de  Londres,  de  Nantes,  d’Angers,  etc. 

Ne  jugeant  pas  ce  Rosier  méritant,  je  ne  lui 
ai  pas  donné  de  nom,  et  celui  de  Manetti  lui  a 
été  appliqué  par  MM.  Burdin. 

Je  me  rappelle  encore  que,  en  1860,  étant  à An- 
gers avec  M.  Pépin,  du  Jardin-des-Plantes  de 
Paris,  nous  avons  vu,  chezM.  André  Leroy,  des 
quantités  considérables  de  ce  Rosier,  très-bien 
enracinées;  mais,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  la 
maison  Burdin,  de  Chambéry,  en  a jugé  autre- 
ment que  moi,  et  c’est  sous  ce  qualificatif  J/a- 
netti  que,  depuis,  ce  Rosier  a fait  le  tour  du 
monde. 

Voilà,  mon  cher  collègue,  quelle  est  la  véri- 
table origine  du  Rosier  Manetli;  vous  voyez 
que  je  précise,  et  j’ajoute  qu’elle  n’e.->t  contes- 
table sur  aucun  point.  Bertin  père. 

L’intérêt  très-grand  qui  se  raltache  à 


cette  communication  explique  et  justifie 
l’empressement  que  nous  niellons  à la  re- 
produire, et  au  nom  de  tous  nos  lecteurs 
nous  en  remercions  bien  sincèrement  l’au- 
teur. C’est  surtout  au  point  de  vue  scienti- 
fique que  cette  communication  est  pré- 
cieuse; elb"  fournit  un  remarquable  exem- 
ple (les  variations  considérables  de  certains 
végétaux  et  doit  faire  réfiécliir  les  faiseurs 
de  f bonnes  espèces,  ))qui  pour  établir  cel- 
les-ci sont  souvent  obligés  de  s’appuyer 
sur  des  caractères  de  convention  dont  la 
valeur  est  parfois  plus  que  contestable. 

Quant  au  qualificatif  Manetli^  il  s’expli- 
que maintenant:  au  lieu  d’indi([uer,  comme 
tant  (le  gens  le  croyaient,  une  origine  ita- 
lienne, il  indique  tout  simplement  un  dé- 
guisement et  confirme  les  dires  de  M.  Ber- 
tin. Aussi,  au  lieu  de  dédier  ce  Rosier  à un 
des  leurs,  MVl.  Burdin  eussent  mieux  fait 
de  le  dédier  à celui  de  qui  ils  le  tenaient,  à 
M.  Bertin.  C’est  Rosa  Derlini  qu’il  eût  fallu 
dire.  La  science  n’y  eût  rien  perdu,  l’his- 
toire et  l’équité  non  plus. 

E.-A-,  Carrière. 


CAMPANfLA  TURBINATA  ET  CARPATHICA 


M.  Ed.  André  a publié,  dans  la  Revue 
horticole  de  ISS^,  page  509,  un  article  sur 
la  valeur  spécifique  du  Campanula  turhi- 
nata.  A en  propos,  je  crois  utile  de  signa- 
ler un  fait  que  j’ai  observé  et  qui  peut 
faire  naître  quelques  di'utes  sur  l’invaria- 
bililé  de  cette  jolie  plante,  si  Ton  prend 
pour  critérium  de  l’espèce  la  transmission 
exacte  des  caractères  par  voie  héréditaire. 

En  automne  1881,  je  récoltai  une  cer- 
taine quantité  de  graines  des  Campanula 
turhinata  et  carpathica  ; ces  graines  furent 
semées  sépar'ément  dans  «les  terrines  et  éti- 
quetées. Au  pi-intemps,  les  jeunes  plantes 
poussèrent  en  abondance  ; mais  tandis  que  le 
C.  carpathica  s’éiait  identiquement  repro- 
duit, le  C.  turhinata  présentait  au  contraire, 
même  en  naissant,  une  grande  diversité  de 
formes. 

Plus  tard  la  floraison  vint  encore  accen- 
tuer les  variations  de  ce* te  dernière  esf)èce, 
et  je  vis  ma  Cauipanute  tur  binée  se  réunir, 
par  tout  une  série  U’intermédiaiivs,  à la 
plante  des  Carpathes;  hampes  plus  élevées 
(30  à 40  centimètres),  pluriflores-rameuses, 


villosité  décroissante,  couleur,  etc.  Seule- 
ment, dans  cette  évolution  vers  son  con- 
génère, le  Campanula  turhinata  avait, 
lui,  complètement  disparu. 

Je  ne  retrouvai  jilus  les  hampes  simples, 
courtes  et  pauciflores  qui,  dans  cette  jolie 
espèce,  portent,  à quelques  centimètres 
seulement  au-dessus  des  toutfes,  une  à 
trois  jolies  clochettes  élégantes  d'un  bleu 
violet.  Toutes  les  plantes  se  rapportaient  à 
un  type  de  taille  plus  élevée  et  d’aspect 
moins  gracieux. 

Pourtant  aucun  d‘'s  individus  ainsi 
obtenus  ne  pouvait  non  plus  s’identifier 
absolurnimt  au  Campanula  carpqthica. 
Tous,  même  Ls  plus  glabres,  avaient  con- 
servé sur  le  tube  du  calice  quelques  poils 
rares  et  rudes  qui  ne  s’observent  jamais 
dans  cette  espèce. 

C’est  même  grâce  à la  persistance  de  ce 
cara<-lère  que  je  pus  détn»mper  un  de  mes 
collègues  qui  m’accusait  de  lui  avoir  vendu 
des  Carnpanubs  des  Carpathes  pour  des 
Campanules  turbinées.  Je  le  conduisis  vers 
les  plantes  litigieuses,  et  je  pus  éUbljr 


144 


PINUS  PEUCE. 


devant  lui  la  filiation  de  ma  Campanule  et 
démontrer  ma  parfaite  bonne  foi. 

J’attendais  d’avoir  fait,  celte  année,  d’au- 
tres expériences  sur  cette  plante  pour  en 
parler  plus  amplement,  quand  l’article  de 
M André,  signalé  ci-dessus,  est  venu  pro- 
voquer ces  quelques  explications. 

Je  me  garderais  bien  de  développer  toutes 
les  hypothèses  que  peut  suggérer  l’obser- 
vation du  simple  fait  que  je  viens  de  signa- 
ler, suivant  que  l’on  est  autonomiste  absolu 
ou  transformiste  intransigeant  : est-ce 
une  espèce  qui  tend  à se  modifier,  ou  une 
forme  adventice  et  locale  qui  retourne  au 
type  primordial?  On  peut  soutenir  égale- 
ment les  deux  hypothèses. 


La  seule  conclusion  pratique  que  je 
veuille  tirer  de  ces  faits,  c’est  qu’il  est  pru- 
dent, si  l’on  tient  à reproduire  exacte- 
ment le  Campanula  turhinata,  (Vemp\oyer 
la  division  des  touffes  préférablement  au 
semis. 

Du  reste,  le  C.  turbinata  est  une  espèce 
charmante  dont  on  ne  saurait  trop  recom- 
mander la  culture.  On  peut  l’employer  en 
bordure,  dans  la  décoration  des  plates- 
liandes,  mais  surtout  sur  les  rocailles  et 
dans  les  parties  pittoresques  des  jardins,  où 
la  plante  trouvera  le  milieu  le  plus  favo- 
rable à son  tempérament. 

Francisque  Morel. 


’ PINÜS  PEUCE 


Cette  espèce  trop  peu  répandue,  mal-  | 
gré  sa  grande  beauté  et  sa  rusticité  à toute  j 
épreuve,  est  originaire  de  Macédoine.  Nous  j 
l’avons  vue  récemment  chez  MM.  Chan-  j 
trier,  à Mortefontaine,  qui  la  cultivent  en  ! 
grand,  et  nous  avons  été  frappé  de  son  air  | 
de  santé,  au  milieu  des  norjibreux  Conifères  , 
qui  avaient  souflert  de  l’hiver'  1879-1880.  Ce 
Pin,  de  la  tribu  des  Strobus,  est  ti'ès- dis- 
tinct par  son  port  dressé,  un  peu  rigide,  mais 
moins  que  le  P.  Cembra,  et  par  sa  forme 
bien  pyramidale. 

Le  Pinus  Peuce  (l)a  été  considéré  comme 
une  simple  forme  du  / iniis  excelsa,  de 
l’Himalaya,  dont  il  se  distingue  cependant 
par  des  caraclèi’es  assez  saillants,  indépen- 
damment de  son  port  plus  nain,  pyramidal 
et  compact,  et  de  son  habitat  géogra- 
phique (2).  Il  n’avait  été  trouvé  qu’une  fois, 
par  Grisebach,  sur  le  mont  Péri>teri,  au 
dessus  de  Bitolia  (dans  le  sud, des  monts  Scar- 
dus,  Tcïiardagh),  lursqu’en  1865  de  nou- 
velles graines  furent  reçues  par  MM.  Haage 
et  Schmidt,  d’Erfurt,  grâce  à l’entr’ernise 

(1)  On  écrirait  plus  correctement  Peuké,  en 
suivant  l’ortliographe  grecque. 

(2)  Voir  Carrière,  Traité  général  des  Conifères. 


du  professeur  Orpbanidès,  d’Athènes.  Sir 
J.  Hooker,  ayant  reçu  à Kew  quelques-uns 
des  cônes,  les  examina  attentivement  et 
conclut  à l’identité  spécifique  avec  le  P.  ex- 
celsa  (3).  La  question  vient  d’è'tre  reprise 
cette  année  par  le  docteur  M.  Masters,  de 
Londres  (4),  qui  a publié  trne  dissertation 
et  des  analyses  comparatives  sur  les  deux 
espèces,  et  qui  leur  trouve  des  dissem- 
blances importantes,  de  nature  à les  faire 
séparer  spécifiquement,  ou  tout  au  moins  à 
accentuer  les  doutes  sur  leur  identité  spé- 
cifique. 

Quoi  qu’il  en  soit,  le  P.  Peuce  est  beau- 
coup plus  rustique  que  le  P.  excelsa.  Nous 
conseillons  de  le  planter  isolément  sur  les 
pelouses.  On  peut  aussi  l’employer  en 
groupes,  en  espaçant  les  sujets  de  6 mètres 
au  moins  dans  tous  les  sens.  Mais  il  fait 
moins  bien  dans  les  intérieurs  de  massifs, 
et  son  emploi  doit  être  limité  dans  les  plan- 
tations des  parcs.  Il  y formera  un  arbre  de 
moyenne  stature,  très-ornemental  et  défiant 
les  plus  rudes  hivers. 

Ed.  André. 

(3)  Journ.  Linn.  Soc.,  18()5,  p.  146. 

(4)  Gard.  Chron.,  1883,  I,  p.  244. 


fmp.  G-eorg-e^,  Jacob,  — OrJéMUv 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Un  remède  contre  la  toile.  — Nous 
sommes  heureux  de  commencer  cette  chro- 
nique par  une  bonne  nouvelle  que  nous 
fait  connaître  M.  Louis  Jules,  jardinier  chez 
M.  le  comte  de  Clermont-Tonnerre,  à Ancy- 
le-Franc  : 

Je  m’empresse  de  vous  informer  que  je  crois 
avoir  trouvé  un  moyen  de  détruire  la  toile, 
cette  terrible  maladie  si  préjudiciable  à l’hor- 
ticulture par  les  ravages  qu’elle  cause  sur  les 
boutures  et  sur  les  jeunes  plantes  cultivées 
dans  les  serres.  Ce  moyen,  qui  est  des  plus 
simples,  consiste  à arroser  avec  de  beau  chaude 
les  parties  envahies.  Voilà  trois  fois  que  je  le 
mets  en  pratique,  et  toujours  il  m’a  donné  de 
très-bons  résultats  et  m’a  débai’rassé  complè- 
tement de  ce  fléau.  Voici  comment  j’opère  : 

Je  prends  de  l’eau  au  chauffage  de  la  serre  ; 
à cette  eau  chaude  j’en  ajoute  un  peu  de 
froide,  afin  de  ne  pas  brûler  les  plantes,  puis 
j’arrose  avec  un  petit  arrosoir  à pomme,  et 
j’obtiens  un  succès  complet.  Maintenant  je 
ne  sais  si  c’est  seulement  à l’eau  chaude  que 
je  dois  ce  bon  résultat,  ou  si  celui-ci  ne 
serait  pas  dû  à un  sel  de  cuivre  tenu  en 
dissolution  dans  l’eau,  et  qui  se  serait  formé  au 
contact  des  parois  de  la  chaudière,  qui  n’a 
pas  été  vidée  depuis  dix-huit  mois.  Je  ne  puis 
rien  affirmer  à ce  sujet. 

Je  vais  continuer  mes  expériences  et  vous 
tiendrai  au  courant  des  résultats  que  j’aurai 
obtenus.  En  attendant,  j’ai  voulu  faire  con- 
naître ce  que  j’ai  constaté,  afin  que  vos  lec- 
teurs puissent  expérimenter  de  leur  côté 
et  profiter  d’un  procédé  qui  m’a  très-bien 
réussi.  Les  expériences  que  mes  collègues  ne 
manqueront  certainement  pas  de  faire  vien- 
dront probablement  jeter  quelque  lumière 
sur  cette  question  des  plus  intéressantes  [au 
point  de  vue  horticole. 

Inutile  de  faire  remarquer  l’importance 
de  cette  communication,  pour  laquelle  nous 
adressons  de  vifs  remercîments  àson  auteur. 
Nous  ne  doutons  pas  que  beaucoup  de  culti- 
vateurs ne  fassent  des  expériences  analogues 
à celles  de  M.  Louis  Jules,  et  nous  les  prions 
de  vouloir  bien  nous  faire  connaître  les 
résultats  qu’ils  auront  obtenus,  et  qu’alors 
nous  nous  empresserons  de  publier. 

Le  temps.  — Après  quelques  journées 
splendides,  succédant  à des  pluies  ou  à des 
brumes  plus  ou  moins  intenses,  il  s’est 
produit  un  brusque  retour  au  froid  assez 
sensible,  un  véritable  quartier  d’hiver.  A 
1er  Avril  1883. 


partir  du  8 mars  jusqu’au  16,  nous  avons 
éprouvé  une  série  de  gelées  interrompue  par 
de  fortes  bourrasques  de  neige  qui,  suivant 
les  localités,  a plus  ou  moins  recouvert  le 
sol.  Pendant  tout  ce  temps,  dans  le  bassin  de 
Paris,  le  thermomètre  a varié  entre  1 et  10 
degrés  au-dessous  de  zéro.  C’était  un  véri- 
table hiver  qui  a suspendu  les  travaux  et 
complètement  arrêté  les  expéditions  de 
plantes.  D’après  des  lettres  que  nous  avons 
reçues  de  différentes  parties  de  la  France, 
des  contre-temps  analogues  à ce  que  nous 
venons  de  rapporter  se  sont  produits  dans 
beaucoup  de  localités,  même  là  où  jamais 
l’on  n’avait  remarqué  de  faits  semblables. 
Nous  publions  d’ailleurs,  dans  ce  numéro, 
une  étude  spéciale  de  M.  André  sur  les 
récents  effets  du  froid  dans  le  midi  de  la 
France. 

Nous  croyons  devoir  constater  certains 
faits  qui  précisent  les  désastres  et  en  conser- 
veront le  souvenir.  C’est  d’abord  un  abonné 
à la  Revue  horticole  qui,  le  17  mars,  écri- 
vait d’Agen  la  lettre  suivante  : 

La  température  anormale  qu’il  a fait  ces 
jours-ci  mérite,  je  crois,  d’être  signalée.  Nous 
avons  eu  ici  — 10,5,  — 9,5  et  — 9 degrés 
de  fi’oid,  et  pendant  six  autres  jours  une 
moyenne  de  — 4 à — 6 degrés  (pendant  la 
nuit). 

C’est  vous  dire  qu’Agen,  malgré  son  excel- 
lente position  topographique,  garanti  au  nord 
par  la  colline  de  l’Ermitage,  n’a  pas  été  épar- 
gné par  le  froid.  J’ignore  encore  jusqu’à  quel 
point  ces  gelées,  jusqu’ici  inconnues  en  mars, 
auront  occasionné  des  désastres;  mais  le  mal 
pour  les  arbres  fruitiers  sera  grand  ! Les 
Amandiers  finissaient  à peine  de  fleurir;  les 
Cerisiers,  les  Pêchers  et  d’autres  allaient  com- 
mencer. Dubos. 

D’autres  lettres  qui  nous  parviennent 
nous  signalent  des  faits  analogues.  Ainsi 
notre  collaborateur,  M.  Hauguel,  nous  écri- 
vait le  44  mars  de  Montivilliers  (Seine-In- 
férieure) : 

Nous  avons  ici  un  véritable  hiver  ; la  neige 
a fait  son  apparition  le  7 mars,  et  le  8 au 
matin  il  y avait  4 degrés  3/10  au-dessous  de 
zéro,  avec  la  terre  couverte  de  neige;  le  9,  il  y 
en  avait  4;  le  10,  près  de  4;  mais  c’est  le  11 
qui  a été  le  plus  fort:  moins  10,5,  avec  13  cen- 
timètres de  neige,  ce  qui  a perdu  beaucoup  de 

7 


146 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


plantes  et  de  fruits,  toutes  les  fleurs  de  Pêchers 
qui  n’étaient  pas  abritées,  sont  perdues.  Les 
bourgeons  et  les  fleurs  des  Pivoines  en  arbre 
sont  tout  noirs,  ainsi  que  la  plupart  des  arbres 
qui  étaient  poussés. 

De  Plantières-lès-Metz,  M.  Jouin,  dans 
une  lettre  du  14  mars,  nous  dit  : « Depuis 
huit  jours  nous  avons  tous  les  matins  de 
5 à 8 degrés  au-dessous  de  zéro;  aujour- 
d’hui, il  fait  moins  froid  : la  neige  a tombé 
toute  la  journée  et  continue.  Il  y en  a 
20  centimètres  d’épaisseur.  » 

Avis  aux  jeunes  jardiniers  français. 

— Nous  recevons  de  M.  Maurice  Vilmorin  la 
lettre  que  voici  : 

Je  reçois  du  jardinier -chef  d’un  établisse- 
ment anglais  une  lettre  qui  pourrait  intéresser 
quelque  jeunes  jardiniers  désireux  de  s’ins- 
truire à l’étranger.  Voici  le  sens  de  cette 
lettre  : 

« Je  prends  chez  moi  des  jeunes  gens  que 
j’emploie  à l’établissement,  et  que  je  paie  sui- 
vant leur  mérite  ; j’ai  en  ce  moment  une  ou 
deux  places  dont  je  puis  disposer.  » 

J’ajoute,  nous  écrit  M.  Vilmorin,  que  l’éta- 
blissement en  question  est  une  bonne  maison, 
située  près  de  Londres,  et  où  l’on  cultive  de  belles 
et  nombreuses  collections  de  plantes  vivaces, 
de  plantes  d’orangerie,  de  plantes  bulbeuses, 
aquatiques,  d’arbustes,  etc.,  etc.  Je  ne  doule 
pas  que  ce  ne  soit  une  très-bonne  occasion 
pour  un  jeune  homme  studieux  et  rangé.  Pour 
renseignements,  s’adresser  à MM.  Vihnorin- 
Andrieux  et  Ci®,  4,  quai  de  la  Mégisserie, 
Paris. 

Comme  le  dit  M.  Maurice  Vilmorin,  il  y a 
là  une  bonne  occasion,  et  nous  le  remercions 
de  nous  l’avoir  fait  connaître. 

Palais  de  cristal  français.  — Il  est 

fortement  question  de  construire  aux  portes 
de  Paris,  à Saint-Cloud,  un  palais  nalional 
analogue  au  Crystal  Palace  de  Sydenham, 
en  Angleterre,  mais  bien  plus  grand  que 
celui  de  nos  voisins.  Ce  palais  serait  conqrosé 
de  cinq  nefs  à dômes  monumentaux  dans 
lesquelles,  outi’e  l’exposition  de  tous  les 
produits  intéressants  du  globe,  sorte  d’école 
permanente  univer-selle  où,  sans  fatigue,  on 
pourrait  voir  en  un  instant  ce  que  l’existence 
la  })lus  longue  ne  pourrait  permettre  d’étu- 
dier autrement,  contiendrait  différents  éta- 
blissements également  destinés  à l’instruc- 
tion : musées,  collections  diverses  d’histoire 
naturelle,  etc.,  etc.  Espérons  que  ce  projet  se 


réalisera  et  que  bientôt,  comme  l’Angleterre, 
la  France  aura  son  Palais  de  crhtal.  Il 
sera  d’autant  mieux  conçu  que  celui  de  nos 
voisins,  qui  servira  de  modèle,  aura  montré 
les  lacunes  à combler. 

Les  Poses  au  XIX®  siècle.  — M.  Édouard 
Morren,  professeur  de  botanique  à la  Faculté 
des  sciences  de  Liège  (Belgique),  a eu  l’heu- 
reuse idée  de  faire  traduire  de  l’anglais  un 
mémoire  sur  les  Roses,  intitulé:  Catalogue 
annoté  des  Roses  horticoles  mises  en  cul- 
ture pendant  les  cinquayite  dernières 
années,  par  M.  Shirley  Hibbert,  rédacteur 
en  chef  du  Gardeners’  Magazine,  et  publié 
pour  la  première  fois  dans  ce  recueil,  le 
9 juillet  1881 . 

Cette  brochure,  indispensable  à tous  ceux 
qui  s’occupent  de  l’histoire  des  Roses,  com- 
prend 37  pages,  format  de  la  Belgique  hor- 
ticole, dans  laquelle  il  avait  du  reste  paru 
en  1881.  Les  noms  des  variétés,  écrits  en 
français,  en  anglais  ou  en  allemand,  suivant 
leur  provenance,  sont  rangés  par  ordre 
alphabétique,  quelle  que  soit  leur  origine, 
ce  qui  rend  les  recherches  faciles. 

La  nomenclature  est  divisée  en  sept  co- 
lonnes indiquant  : la  première,  le  nom  des 
variétés;  la  deuxième,  la  race  à laquelle  ces 
variétés  appartiennent;  la  troisième, le  nom 
de  l’obtenteur;  la  quatrième,  l’année  de 
l’obtention;  la  cinquième,  la  couleur  des 
fleurs;  la  sixième,  les  dimensions  de  la 
fleur;  enfin  la  septième  est  relative  à la 
‘vigueur  du  sujet. 

On  voit  par  cette  énumération  que  tous 
les  caractères  généraux  des  plantes  ont  été 
marqués.  Toutes  ces  indications  sont  faites 
à l’aide  d’abréviations  dont  la  signification 
concise  est  simple,  claire,  facile  à com- 
prendre et  surtout  facile  à retenir.  On  trouve 
cette  brochure  à Liège,  Boverie,  1. 

Les  premières  fleurs  de  Prunier 
en  1883.  — C’est  sur  le  Prunus  Pis- 
sardi  que,  à Montreuil,  nous  avons  observé 
les  premières  fleurs  de  Prunier  ouvertes. 
Cette  espèce,  qui  appartient  au  groupe  des 
Miroholans,  a épanoui  ses  premières  fleurs 
le  24  lévrier,  alors  qu’aucune  autre  variété 
de  Pruniers  domestiques  ne  montrait  même 
de  boutons.  Ses  fleurs  blanches,  à éta- 
mines roses,  produisent  avec  les  jeunes 
feuilles  diversement  nuancées  et  l’écorce 
des  bourgeons,  qui  est  d’un  noir  brillant, 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


447 


un  contraste  des  plus  agréables.  C’est  donc, 
rien  qu’au  point  de  vue  des  fleurs,  une 
véritable  plante  d’ornement. 

Maladie  des  Poses  trémières.  — Ce 

que  nous  avons  dit  de  cette  maladie  dans 
notre  chronique  du  16  février  dernier, 
p.  74,  nous  a valu  d'un  abonné  de  la  Revue 
horticole  les  observations  suivantes  dont 
nos  lecteurs  feront  leur  profit.  Voici  : 

D’une  étude  faite  sur  ce  sujet  par  M.  Plowright 
etpubliée  dans  le  Gardeners’  Chronicle  du  11  no- 
vembre dernier,  il  résulte  que  cette  maladie  se 
transmet  d’une  année  à l’autre  par  les  groupes 
de  corps  reproducteurs  ou  spores^  qui  se  déta- 
chent à l’automne  de  la  tige  malade  et  gonflée, 
en  laissant  sur  elle  une  cicatrice  ; ils  demeu- 
rent sur  la  terre  pendant  l’hiver,  jusqu’à  ce 
que  les  télentospores  (en  allemand  Dauers- 
poren)  qu’ils  contiennent  soient  aptes  à germer 
et  à reproduire  la  maladie  l’année  suivante. 

La  connaissance  de  ces  faits  porte  à penser 
qu’en  nettoyant  et  en  enlevant  la  partie  super- 
ficielle du  terrain  qui  entoure  les  plantes  affec- 
tées, pendant  le  repos  de  la  végétation,  on  ferait 
beaucoup  de  bien  à ces  plantes.  Il  importerait 
ensuite  de  mettre  à part  les  résidus  enlevés  et 
de  les  asperger  abondamment  de  chlorure  de 
chaux,  afin  de  détruire  les  germes  du  Puccinia 
qu’ils  renferment. 

Le  tigre  du  Poirier  et  le  puceron 
lanigère  du  Pommier.  — Ces  deux  in- 
sectes sont  malheureusement  trop  connus 
des  horticulteurs  par  les  nombreux  dégâts 
qu’ils  occasionnent,  pour  que  nous  ne  nous 
empressions  de  publier  tous  les  moyens 
indiqués  pour  les  combattre.  Signalons 
donc  un  procédé  déclaré  infaillible  par  la 
Société  d’horticulture  de  Soissons,  qui  l’a 
signalé  « avec  les  plus  chaleureuses  recom- 
mandations à M.  le  Mini>tre  de  l’agricul- 
ture, et  à MM.  les  Présidents  de  la  Société 
centrale  d’horticulture  et  de  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  afin  d’arriver  à ob- 
tenir pour  M.  Poiret  (Scylla)  les  récom- 
penses que  justifie  l’importance  de  sa  dé- 
couverte, sans  préjudice,  bien  entendu,  de 
ce  que  la  Société  fera  par  elle-même  pour 
son  dévoué  collaborateur.  » 

Tout  en  admettant  que  le  procédé  en  ques- 
tion soit  bon,  nous  nous  demandons  si  la 
Société  d’horticullure  de  Soissons  ne  va  pas 
un  peu  vite  dans  ses  conclusions.  En  effet, 
pour  être  aussi  affirmatif  que  l’a  été  le  co- 
mité nommé  ad  hoc,  et  sans  élever  même 
le  plus  léger  doute  sur  sa  compétence  non 


plus  que  sur  sa  bonne  foi,  les  résultats  avan- 
tageux obtenus  ne  peuvent-ils  être  un  peu 
dus  à d(‘S  circonstances  except  onnelles,  soit 
atmosphériques,  soit  locales,  et  ne  pourrait- 
il  se  faire  que  les  résultats  fussent  moins  sa- 
tisfaisants dans  une  année  plus  sèche  ou  plus 
humide  que  l’a  été  celle  de  1882,  surtout  si 
l’on  réfléchit  que  les  expériences  ont  été 
faites  dans  le  département  de  l’Aisne? 

D’autre  part,  l’inventeur  faisant  un  secret 
de  sa  découverte  et  l’exploitant,  devient  un 
véritable  industriel  ; l’État  doit-il  l’encoura- 
ger? G' tte  théorie  pourrait  mener  loin.  Sans 
entrer  d’ailleur  dans  l’examen  de  cette  ques- 
tion, nous  nous  bornons  à engager  nos  lec- 
teurs à faire  eux-mêmes  quelques  essais 
avec  l’insecticide,  qui  se  vend  chez  l’inven- 
teur, M.  Poiret  (Scylla),  jardinier  chez 
M.  Goumant,  à Fismes  (Aisne). 

Le  Soja  au  point  de  vue  culinaire.  — 

On  se  plaint  généralement  de  la  difficulté 
de  cuire  le  Soja.  Ce  n’est  pas  sans  raison, 
et  si,  lorsque  ce  légume  est  frais,  la  chose  est 
encore  possible,  elle  est  très-difficile  quand 
il  est  sec,  du  moins  par  les  procédés  ordi- 
naires. Pourtant  il  est  un  moyen  de  le  man- 
ger excellent;  comme  nous  croyons  ce  pro- 
cédé peu  connu  et  qu’il  peut  rendre  de 
grands  services,  nous  l’indiquerons,  car,  s’il 
est  bon  de  faire  pousser  des  légumes,  il  ne 
l’est  guère  moins  de  pouvoir  les  bien  pré- 
parer pour  l’alimentalion.  C’est  M'”®  R.  de 
Thèse,  à Auvillars  (Tarn-et-Garonne),  qui, 
dans  une  lettre  adressée  à MM.  Vilmorin, 
leur  faisait  connaître  le  procédé  en  question. 

Vous  aviez  bien  voulu  me  donner  quel- 
ques explications  pour  faire  cuire  le  Soja  ; j’ai 
donc  essayé,  et,  à mon  tour,  je  viens  vous  dire 
comment  j’ai  obtenu  un  légume  excellent  ; une 
fois  Cuit,  il  tient  le  milieu  entre  le  gros  Haricot 
rouge  marbré  de  blanc  et  le  Haricot  marron. 

Vous  m’aviez  un  peu  effrayée  quand,  dans 
votre  lettre,  je  vis  qu’il  fallait  presque  trois 
jours  pour  le  préparer.  J’ai  été  beaucoup  plus 
heureuse  grâce  au  procédé  particulier  que 
voici  ; j’ai  fait,  ainsi  que  je  le  fais  toujours  pour 
les  Lentilles,  ti-emper  mes  Sojas  pendant  vingt- 
quatre  heures  dans  de  l’eau  de  pluie,  ainsi  du 
reste  que  vous  me  l’aviez  conseillé;  ensuite  j’ai 
mis  ce  légume  sur  le  feu  à l’eau  froide,  mais 
non  de  pluie  cette  fois.  Il  était  trois  heures. 
Quand  l’eau  entra  en  ébullition,  j’y  jetai  de 
l’alcali  volatil  — comme  j’ai  l’habitude  de  le 
faire  pour  les  légumes  secs;  — ensuite  je  mis 
le  beurre  et  le  sel,  et  je  laissai  cuire.  A cinq 
heures  le  Soja  était  très-bien  cuit.  C’est  dans  la 


148 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Maison  rustique  du  XIX^  siècle,  ce  vieux  livre 
dans  lequel  il  y a tant  de  bonnes  choses,  que 
nous  avons  trouvé  cette  recette  de  l’alcali  volatil 
recommandé  pour  les  légumes  qui  ne  peuvent 
cuire;  j’ai  toujours  eu  à m’en  féliciter,  et  je 
vous  dirai  que  j’en  fais  constamment  usage, 
môme  pour  les  légumes  qui  cuisent  bien,  et 
cela  parce  qu’il  y a une  très-grande  économie 
de  combustible,  la  cuisson  étant  beaucoup  plus 
rapide;  puis  les  légumes  sont  bien  plus  doux. 
Pour  le  Soja,  j’ai  doublé  la  dose  : ainsi,  pour  le 
peu  que  j’ai  essayé,  j’ai  mis  une  cuillerée  à bou- 
che d’alcali,  alors  que  cette  même  cuillerée  est 
suffisante  pour  faire  cuire  des  légumes  dans  un 
grand  pot,  pour  les  domestiques.  Je  puis  vous 
assurer  que  malgré  cela  les  légumes  n’en  ont 
pas  conservé  le  moindre  goût,  tà  la  condition 
de  mettre  l’alcali  dès  le  début,  c’est-à-dire  dès 
que  l’eau  entre  en  ébullition.  Mais  il  faut  avoir 
soin  de  couvrir  de  suite  ; sans  cela,  l’alcali 
s’évaporerait.  Je  n’ai  pas  oublié  le  sucre,  qui  s’y 
ajoute  très-bien.  Je  puis  vous  dire  que  je  vais 
en  semer  autant  que  j’ai  de  graines,  car  c’est 
vraiment  un  très-bon  légume,  que  je  vais 
faire  cultiver  pour  l’usage  de  ma  maison. 

Je  désire.  Messieurs,  que  ma  recette  puisse  ser- 
vir; elle  est  bien  simple  et  à la  portée  de  tous. 
J’ajoute  que  le  Sojaestun singulier  légume:  de 
rond  qu’il  est  étant  sec,  il  est  long  sur  pied  et  de- 
vient presque  comme  un  Haricot  en  trempant  à 
l’eau  froide.  C’est  au  point  que,  n’étant  pas  là  l’an 
dernier  quand  il  fut  semé,  je  disais  toujours 
au  jardinier  qu’il  avait  changé  les  graines. 

Maladie  des  Scolopendres.  — Cette 
maladie,  que  nous  n’avions  encore  vue 
nulle  part,  se  manifeste  çà  et  là  par  des 
macules  noires,  d’abord  ponctiformes,  peu 
nombreuses,  augmentant  en  nombre  et 
s’accroissant  de  façon  à envahir  plus  ou 
moins  les  frondes,  et  constituant  ainsi  des 
taches  irrégulières  plus  ou  moins  larges, 
qui  résultent  de  la  décomposition  complète 
des  parties  affectées.  Devenues  plus  nom- 
breuses et  plus  intenses,  ces  plaques  noires 
fatiguent  les  plantes  ; dans  certains  cas,  elles 
vont  jusqu’à  arrêter  complètement  la  végé- 
tation, et  parfois  même  déterminent  la  mort 
des  plantes.  Cette  affection  morbide  est-elle 
connue?  Existe-t-elle  dans  plusieurs  en- 
droits ? Nous  ne  pouvons  le  dire.  Ce  que  nous 
pouvons  affirmer,  c’est  que  nous  ne  l’avons 
remarquée  que  chez  M.  Berlin  père,  à Ver- 
sailles, où,  en  peu  de  temps,  elle  a fait  de 
tels  progrès,  que  sur  des  milliers  de  fortes 
touffes  il  en  est  très-peu  qui  soient  presque 
indemnes;  qu’un  grand  nombre  sont  très- 
attaquées  ; qu’il  en  est  beaucoup  dont  les 


frondes  sont  complètement  noires,  ce  qui 
semble  démontrer  qu’elles  sont  mortes.  Ce 
n’est  pas  le  type  seulement  ou  telle  ou  telle 
variété  qui  est  malade;  toutes  paraissent 
également  attaquées.  A quoi  est  due  cette 
affection?  Très-probablement  à un  parasite 
du  grand  groupe  des  cryptogames  ou  des 
agames.  Peut-on  remédier  au  mal?  Ici  nous 
nous  bornons  à poser  la  question. 

Exposition  de  l’Association  horticole 
marseillaise.  — Nous  venons  de  recevoir 
de  M.  J.  Bonnet,  de  Marseille,  une  lettre 
qui,  en  nous  apprenant  que  l’Association 
horticole  marseillaise  va  faire  en  mai,  à 
Marseille,  une  exposition  d’horticulture, 
s’étonne  que  nous  n’en  ayons  pas  parlé.  La 
raison,  des  plus  simples,  c’est  que  nous  igno- 
rions complètement  cette  exposition,  dont 
nous  n’avons  eu  connaissance  que  par  la 
lettre  en  question. 

Meeting  international  d’horticulture 
à Gand.  — A l’occasion  de  l’exposition  in- 
ternationale d’horticulture  et  de  botanique 
qui  aura  lieu  à Gand  le  15  avril  prochain, 
la  chambre  syndicale  des  horticulteurs  bel- 
ges organise  pour  cette  même  époque  un 
meeting  international  où  seront  discutés 
les  intérêts  généraux  de  l’horticulture. 
Ainsi  qu’elle  le  fait  remarquer  dans  une 
circulaire  qu’elle  vient  d’adresser  à tous  les 
horticulteurs,  c’est  une  bonne  occasion 
pour  examiner  et  discuter  les  mesures  à 
prendre  relativement  à la  convention  de 
Berne  qui,  par  les  conséquences  qu’elle  en- 
traîne, est  devenue  une  entrave  considéra- 
ble au  commerce  général  de  l’horticulture. 
Voici  un  passage  de  cette  circulaire,  qui 
explique  le  but,  définit  la  question,  en  la 
plaçant  sur  son  véritable  terrain  : 

J^e  meeting  a pour  but  d’offrir  aux  horticul- 
teurs de  tous  pays  une  occasion  précieuse  d’étu- 
dier en  commun  quelques-unes  des  multiples 
questions  qui  se  rattachent  au  développement 
de  leur  industrie  et  à l’extension  de  leurs 
relations  commerciales.  Ces  questions  seront 
d’ordre  purement  commercial  et  industriel; 
c’est  la  seule  limite  tracée  aux  orateurs  qui, 
dans  l’exposé  de  leurs  théories  et  dans  l’ex- 
pression de  leurs  vœux,  jouiront  de  la  liberté 
la  plus  large. 

Deux  questions  principales  sont  dès  aujour- 
d’hui inscrites  à l’ordre  du  jour;  elles  se  rap- 
portent, l’une  à la  situation  faite  à Vhorticul- 
ture  par  la  convention  phylloxériquede  Berne; 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


1 


l’autre  à la  nécessité  d'une  action  commune 
des  horticulteurs  dans  tous  les  pays  du  monde 
en  vue  d'obtenir  pour  l'industrie  horticole  la 
protection  et  les  avantayes  auxquels  elle  a 
légitimement  droit. 

Le  comité  invite  toutes  les  personnes  qui 
veulent  prendre  part  au  meeting  à en  in- 
former M.  le  Président  de  la  chambre 
syndicale  des  horticulteurs  belges,  à Gand 
(Belgique)  ; il  les  prévient,  en  outre,  qu’à 
l’occasion  de  ce  meeting  des  fêtes  et  des  ex- 
cursions dans  les  principaux  centres  du  pays 
seront  organisées,  et  qu’une  réduction  de 
prix  de  50  0/q  sur  le  chemin  de  fer  de  l’Etat 
belge  sera  accordée  à toute  personne  munie 
d’une  carte  de  la  chambre  syndicale. 

Le  plus  fort  Keteleeria  Fortuuei  de 
l’Europe.  — Cette  espèce,  l’une  des  plus 
curieuses  du  groupe  des  Abiétinées,  qui 
rappelle  à la  fois  les  Pseudotsuga  et  cer- 
tains Podocarpns,  est  presque  complète- 
ment disparue  des  cultures  ; le  plus  fort 
sujet  qui  existe  aujourd’hui  en  Europe  est 
certainement  le  pied  mère  planté  dans  les 
collections  de  M.  Rovelli,  à Pallanza  (lac 
Majeur,  Italie).  Gel  arbre,  qui  forme  une 
pyramide  conique,  mesure  17  mètres  de 
hauteur  et  7 mètres  de  diamètre  à la  base 
de  sa  ramification.  Bien  qu’originaire  du 
Japon,  de  la  Chine  plutôt,  le  Keteleeria 
Fortunei  gèle  parfois  à Paris.  Néanmoins, 
c’est  une  espèce  des  plus  curieuses,  et  que 
tout  amateur  de  Conifères  devra  se  procu- 
rer. Pour  ceux  qui  habitent  le  centre  et  le 
nord  de  la  France,  ce  sera  une  plante  de 
collection  ; mais  pour  ceux  qui  habitent 
des  pays  plus  cléments,  ce  sera,  suivant  les 
cas,  un  arbre  de  rapport,  mais  toujours  un 
arbre  d’ornement. 

Maturation  des  fruits.  — Peut-on  dé- 
terminer le  point  de  maturation  d’un  fruit, 
c’est-à-dire  le  moment  où  la  maturité  en  est 
parfaite?  Non!  Ce  qu’on  nomme  maturation 
étant  le  résultat  d’un  état  particulier  de 
fermentation,  il  est  impossible  de  prévoir  le 
moment  où  cet  état  est  arrivé  juste  au  point 
où  les  modifications  sont  les  plus  à propos 
pour  déterminer  la  qualité  du  fruit,  chose 
d’autant  plus  difficile  que  ce  point  de  per- 
fection est  variable  suivant  la  nature  des 
fruits,  et  même  suivant  les  variétés  et  le 
terrain.  Il  en  est  ainsi  de  la  Poire  de  Curé, 
par  exemple.  Pour  avoir  le  fruit  bon,  il  faut 


le  prendre  un  peu  avant  sa  complète  muLn- 
rité,  car,  aussitôt  qu’il  commence  à passci-, 
il  perd  complètement  son  goût.  En  généial, 
les  fruits  sont  meilleurs,  ont  plus  de  goût  et 
plus  d’arôm.e  lorsqu’on  les  mange  peu  mûrs, 
à moins  qu’on  ait  affaire  à des  variétés  qui 
doivent  être  consommées  blettes.  D’ordinaire 
on  reconnaît  qu’un  fruit  est  arrivé  à matu- 
rité quand  il  change  de  couleur,  que,  de 
vert  qu’il  était,  le  fond  de  la  peau  prend 
une  couleur  jaune,  et  que  le  fruit  dégage 
un  arôme  particulier  suivant  sa  variété. 
Très-souvent  aussi,  avec  le  pouce,  on  fait 
une  légère  pression  sur  la  base  du  fruit, 
près  du  pédoncule  ; mais  elle  doit  être  faite 
avec  une  précaution  extrême,  de  manière  à 
ne  laisser  aucune  trace;  autrement  le  fruit 
deviendrait  amer  et  se  gâterait  rapidement. 

Nepenthes  Mastersi.  — Celte  haute 
nouveauté,  que  MM.  Veitch  mettront  pro- 
chainement au  commerce,  est  l’une  des 
plus  remarquables  par  sa  taille  très-réduite, 
son  beau  feuillage  et  sa  grande  production 
d’urnes  ou  ascidies.  Le  sujet  que  nous 
avons  vu  récemment  chez  MM.  Thibaut  et 
Keteleer,  horticulteurs  à Sceaux,  haut  d’à 
peine  12  centimètres,  formait  un  magnifi- 
que buisson  de  feuilles  épaisses,  luisantes, 
largement  elliptiques,  se  terminant  toutes 
par  une  longue  et  relativement  large  ascidie 
d’un  rouge  vineux  plus  ou  moins  foncé.  Ces 
ascidies,  fortement  et  courtement  pédon- 
culées,  dépassaient  à peine  le  panier  sus- 
penseur  dans  lequel  se  trouvait  la  plante,  de 
sorte  que  le  tout,  panier  et  plante  compris, 
n’excédait  guère  20  centimètres  de  hauteur. 

Mise  en  vente  de  la  villa  Tourasse,  à 
Pau.  — M.  A.  Fiche,  l’ancien  collaborateur 
et  l’exécuteur  testamentaire  du  regretté 
M.  Tourasse,  nous  adresse  la  lettre  suivante, 
que  nous  nous  empressons  de  publier  : 

Pau,  le  20  mars  1883. 

Messieurs  les  rédacteurs  en  chef, 

La  Bevue  horticole  a publié,  il  y a deux 
ans  (1),  une  notice  de  M.  Baltet  sur  la  villa 
Tourasse,  ses  pépinières  et  ses  champs  d’expé- 
riences. 

Pour  continuer  les  œuvres  philanthropiques 
de  M.  Tourasse,  suivant  les  prescriptions  qu’il 
m’a  tracées  par  son  testament,  je  serai  obligé 
de  vendre  ou  de  louer  ce  beau  domaine;  mais 
avant  de  morceler  les  dix-huit  hectares  qu’il 
renferme  et  d’aliéner  les  collections  de  plantes 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1881,  p.  74  et  94. 


450 


CULTURE  DI 

que  M.  Tourasse  avait  si  patiemment  réunies, 
je  voudrais  m’assurer  qu’il  n’est  pas  de  par  le 
monde  un  horticulteur  qui  voudrait  occuper 
cette  propriété  si  admirablement  aménagée  par 
notre  ami,  en  vue  des  cultures  et  des  expé- 
riences horticoles  et  arboricoles. 

J’aimerais  mieux  céder  en  totalité  la  villa 
Tourasse  à un  spécialiste,  que  de  la  vendre 
plus  cher  en  la  fractionnant;  Je  suis  sûr  qu’en 
agissant  ainsi  je  remplirai  le  vœu  de  celui  que 
nous  avons  perdu. 

Tout  au  moins  faudrait-il  placer  en  bonnes 
mains  son  arboretum^  collection  d’arbustes 
verts  (non  Conifères),  et  ces  plantes  rares  qu’il 
cherchait  à améliorer  par  les  semis. 

Comme  le  but  que  je  poursuis  a trait  à 
l’intérêt  général  et  au  succès  des  œuvres  de 
prévoyance  que  M.  Tourasse  m’a  chargé  de 
continuer,  j’espère  que  vous  voudrez  bien 
porter  mes  instructions  à la  connaissance  de 
vos  nombreux  lecteurs. 

'Veuillez  agréer,  etc. 

A.  Fiche, 

Secrétaire  de  la  Six  iélé  des  sciences  de  Pau, 
8,  rue  Müiilpeusier,  à Paris. 

CULTURE  DEJ 

Séparage.  — Lorsque  les  boutures  de 
Bruyères  sont  reprises  et  qu’on  les  a habi- 
tuées graduellement  à l’air,  il  est  bon, 
avant  de  les  séparer,  de  les  laisser  pendant 
quelque  temps  dans  une  serre  froide,  afin  de 
les  ralTerrnir,  d’en  rendre  les  tissus  plus  con- 
sistants, et  pour  qu’elles  reprennent  une  vé- 
gétation normale,  c’est-à-dire  ♦ n rapport 
avec  le  milieu  où  elles  sont  appelées  à vivre. 
Alors  on  procède  au  séparage^  que  l’on  fait 
dans  de  petits  godets  en  terre  de  bruyère 
neuve.  — Dans  aucun  cas  il  ne  faut  em- 
ployer de  vieille  terre  pour  les  Erica.  — 
On  enlèvechaque  plante  avec  précaution,  de 
manière  à lui  conserver  une  petite  motte. 
Au  fur  et  à mesure  qu’on  les  rempote,  les 
plantes  doivent  être  placées  dans  une  serre 
fermée  ou  sous  des  châssis  bien  clos,  en 
ayant  soin  de  les  préserver  de  l’action  du 
soleil,  qu’elles  redoutent  beaucoup  quand 
elles  sont  à cet  état.  Une  fois  les  boutures 
reprises  et  lorsqu’elles  commencent  à pous- 
ser, on  les  habitue  peu  à peu  au  grand  air 
et  au  soleil,  afin  de  pouvoir  les  y exposer 
tout  à friit  sans  qu’elles  en  soufflent. 

Rempotage.  — Le  rempotage  des  Bruyè- 
res doit  se  faire  au  printemps,  en  général 

(1)  Voir  Revue  horticolcy  1883,  p.  119. 


5 BRUYÈRES. 

Ajournement  de  l’exposition  inter- 
nationale de  ‘^'aint- Pétersbourg.  — La 

Société  impériale  d'horticulture  de  Paissie 
nous  informe  que  l’exposiiion  et  le  congrès 
botanique  qui  devaient  avoir  lieu  le  5/17  mai 
de  celte  année,  à Saint-Pétersbourg,  seront 
ajournés  à l’année  prochaine,  pour  éviter 
les  inconvénients  qui  résulteraient  de  l’ou- 
verture, à Saint-Pétersbourg,  de  l’exposition 
internationale  d’horticulture  et  du  congrès 
botanique  pendant  les  fêtes  du  couronne- 
ment à Moscou. 

L’ouverture  et  la  durée  de  l’exposition, 
en  1884,  restent  telles  qu’elles  avaient  été 
fixées  pour  cette  année,  c’est-à-dire  que 
l’exposition  et  le  congrès  auront  lieu  du  5/17 
au  10/'i8  mai  1884,  et  toutes  les  disposi- 
tions qui  ont  été  aiiêlées  en  vue  de  l’expo- 
sition et  du  congrès  de  1883,  ainsi  que  les 
programmes  des  concours,  restent  en  vigueur 
pour  l’année  1884. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

BÜUYÈRKS^'^ 

au  mois  de  mars.  Cependant,  suivant  les  va- 
riétés et  suivant  l’époque  de  leur  floraison, 
ce  moment  sera  modifié.  Ainsi,  pour  les 
variétés  qui  fleurissent  en  avril,  on  peut  re- 
tarder le  rempotage  jusqu’après  la  floraison; 
au  contraire,  celles  (|ui  fleurissent  en  mai 
doivent  être  rempotées  dès  le  mois  de  fé- 
vrier, afin  qu’elles  soient  bien  enracinées 
dans  la  nouvelle  terre  quand  aura  lieu  la 
floraison. 

Il  va  de  soi  que  l’on  devra  ne  se  servir 
que  de  terre  neuve  et  toujours  récemment 
battue.  La  grandeur  des  pots  doit  être  pro- 
portionnée à la  force  des  plantes.  Voici 
quelles  sont,  en  général,  les  dimensions  des 
pots  que  l’on  emploie  : la  première  année, 
Gà  8 centimètres,  suivant  les  espèces  et  la 
vigueur  ; la  deuxième,  les  plantes  qui 
étaient  dans  des  pots  de  6 centimètres  se- 
ront mises  dans  des  pots  de  10  ou  de  11, 
tandis  que  celles  qui  étaient  dans  des  pots 
de  8 centimètres  seront  placées  dans 
des  pots  de  13  centimètres.  Pour  les 
premiers  rempotages,  on  ne  devra  pas  tou- 
cher aux  racines,  mais  il  en  sera  autre- 
ment pour  les  suivants  : pour  ceux-ci,  on 
devra  enlever  une  cei  laine  quantité  de  terre 
autour  de  la  motte,  afin  de  rafraîchir  un  peu 
les  racines  ; mais  pourtant,  quand  il  s’agit 


CULTURE  RKS  BRUYÈRES. 


151 


de  plantes  qui  doivent  fleurir  dans  un  temps 
assez  rapproché,  on  devra  procéder  avec 
ménagement,  afin  de  ne  pas  fatiguer  les 
sujets,  ce  qui  nuirait  à leur  floraison,  et 
même,  quand  la  floraison  est  proche,  il  est 
préférable  d’ajourner  l’opération. 

Rabattage,  pincement,  taille.  — Il  en 
est  des  Bruyères  comme  des  auti'es  plantes  : 
on  en  rencontre  de  tempérament  et  de 
mode  de  végétation  très -divers,  ce  qui, 
comme  conséquence,  entraîne  l’application 
de  traitements  dissemblables.  D’une  manière 
générale,  au  point  de  vue  de  la  taille  et  du 
pincement,  on  peut  diviser  les  Bruyères  en 
deux  catégories  : l’une  qui  comprendra  les 
espèces  à végétation  vigoureuse  et  à ra- 
meaux allongés;  la  deuxième  les  espèces  à 
rameaux  courts,  et  qui  naturellement  for- 
ment des  plantes  compactes,  relativement 
naines. 

A part  quelques  exceptions,  les  plantes 
de  la  première  catégorie  n’ont  besoin  la  pre- 
mière année  que  de  pincements  partiels 
appropriés  à la  végétation,  afin  de  les  con- 
traindre à se  ramifier.  Il  est  pourtant  cer- 
taines espèces  très-vigoureuses  qui,  malgré 
ces  pincements,  s’allongent  tellement  qu’on 
est  obligé,  de  les  rabattre  complètement. 

Le  premier  rabattage  se  pratique  ordinai- 
rement à 8 ou  10  cetdimèlres  du  sol,  ce  qui 
n’a  pourtant  rien  d’absolu,  car  si  les  plantes 
sont  faibles,  on  peut,  pour  en  renforcer  le 
pied,  faire  l’opération  plus  bas.  Le  rabattage 
de  la  deuxième  année  devra  se  faire  de  5 à 
10  centimètres  au-dessus  du  premier,  sui- 
vant la  vigueur  des  plantes;  quant  aux  au- 
tres, ils  seront  également  subordonnés  à la 
vigueur  et  à la  force  des  sujets,  et  seront 
faits  à quelques  centimètres  au-dessus  du 
précédent  pincement,  de  manière  à donner 
une  bonne  forme,  proportionnée  à la  vi- 
gueur des  plantes. 

Mais,  malgré  les  rabattages  annuels,  il  est 
beaucoup  de  variétés  dont  les  rameaux  ten- 
dent à s’emporter,  et  parfois  même  à se  dé- 
garnir de  la  base,  ce  que  l’on  évite  par  le 
pincement.  Cette  opération  se  fait  soit  par- 
tiellement, soit  complètement,  suivant  l’état 
des  plantes,  qui  dans  ce  cas  est  le  seul 
guide.  Elle  se  pratique  de  8 à 10  centi- 
mètres environ  au-dessus  du  dernier  ra- 
battage. 

L’époque  du  rabattage  annuel  varie  sui- 
vant les  espèces.  En  règle  générale,  on 


peut  dire  qu’on  doit  le  faire  aussitôt  après 
la  floraison  qui,  comme  on  le  sait,  change 
avec  les  espèces. 

Voici  pour  quelques-unes  de  celles-ci  l’é- 
poque où  cette  opération  doit  se  pratiquer  : 


Noms  des  espèces. 

Rabattage. 

Pinçage. 

Erica  hyemalis 

Janvier. 

Fin  avril. 

— Vilmoreana  . . 

Mars. 

Fin  mai. 

— cylindrica . . . . 

Avril. 

Fin  mai. 

— persoluta 

Avril. 

Juin. 

— præstans 

Novembre. 

Mai. 

— Linneana  .... 

Novembre. 

Mai. 

— gracilis 

Janvier. 

Mai. 

— caffra 

Octobre. 

Avril. 

Il  va  de  soi  que  ces  époques  n’ont  rien 
d’absolu;  que,  .«suivant  l’état etle développe- 
ment des  plantes,  l’opération  devra  se  faire 
un  peu  plus  tôt  ou  un  peu  plus  tard;  ce 
que  nous  avons  voulu,  c’est  indiquer  une 
moyenne  qui  pût  servir  de  guide. 

Pour  les  plantes  de  la  deuxième  catégorie, 
qui  en  général  ditfèrent  de  celles  de  la  pre- 
mière par  leur  végétation,  on  ne  pratique 
pas  le  rabattage,  sinon  exceptionnellement, 
par  exemple  lorsque  les  sujets  sont  mal 
faits,  déformés  ou  irréguliers,  et  encore, 
dans  ce  cas,  le  rabattage  ne  doit-il  se  faire 
que  partiellement,  c’est-à-dire  sur  les 
branches  vigoureuses  qui  s’emportent;  mais 
l’on  devra  conserver  les  brindilles  et  les  ra- 
meaux faibles  qui,  du  reste,  tout  en  don- 
nant aux  plantes  de  l’ampleur,  se  couvriront 
de  fleurs. 

Il  y a pourtant  quelques  exceptions  à co 
rabattage,  même  partiel,  par  exemple  pour 
les  Erica  cerinthoides,  qui  fleurissent  tou- 
jours à l’extrémité  des  rameaux  souvent 
très-vigoureux,  simples,  et  qui,  parlant  de 
la  tige  principale,  même  du  collet  et  tout 
près  du  sol,  s’élèvent  souvent  au-dessus  de 
tous  les  autres,  où  ils  étalent  leur  magni- 
fique inflorescence.  Il  en  est  de  même  pour 
V Erica  mirabilis,  qui,  l’année  où  elle  doit 
fleurir,  ne  recevra  ni  rabatiage,  ni  taille, 
ni  même  de  pinçage.  Aussi,  pour  ces  plantes 
et  pour  les  espèces  et  variétés  analogues, 
doit  on,  avant  de  les  amener  à l’état  de  plan- 
tes faites  et  bonnes  à livrer  au  commerce, 
faire  en  sorte  qu’elles  aient  acquis  la  forme 
et  les  dimensions  convenables,  ce  qu’on  ob- 
tient à l’aide  de  pinçages,  de  rabattages  ou 
de  tailles  plus  ou  moins  sévères. 

Gentilhomme  et  E.-A.  Carrière. 


152 


légumes  nouveaux  du  bon  jardinier  pour  1883. 


LÉGUMES  NOUVEAUX  DU  BON  JABDINIER  POUR  1883 


Mon  but,  en  publiant  cette  note,  n’est  pas 
(le  faire  l’éloge  du  Bon  Jardinier  (1),  ce 
vieux  livre  qui  est  toujours  jeune  par  les 
additions  qu’on  y fait  chaque  année,  ce  qui 
est  le  meilleur  moyen  de  rendre  ce  livre  de 
tout  le  monde,  ce  vade  mecummd  ispensa- 
ble  à la  plupart  des  gens,  utileà  tous,  même 
à ceux  qui  savent. 

Chaque  année,  en  effet,  à la  suite  d’une 
revue  sur  les  fruits,  les  légumes  et  les  fleurs 
récemment  parus,  on  insère,  dans  ce  com- 
pendium liorticole,  toutes  les  nouveautés  mé- 
ritantes. La  revue  des  légumes,  faite  depuis 
plusieurs  années  par  un  homme  dont  on  ne 
peut  certainement  contester  la  compétence, 


Fig.  27.  — Cresson  alénois  très-frisé. 


M.  Henry  Vilmorin,  comprend  les  quelques 
variétés  dont  voici  une  description  sommaire  : 

Betterave  rouge  naine  de  Dell.  — Cette 
variété,  d’origine  anglaise,  est  très-voisine 
de  notre  Betterave  rouge  naine  commune, 
et  n’en  diffère  que  par  l’aspect  et  par  son 
port.  Dans  les  deux  variétés,  le  feuillage 
est  rouge  foncé,  presque  noir,  et  les  pé- 
tioles sont  d’un  carmin  foncé.  La  racine 
est  droite,  mince,  pivotante,  et  la  chair  est 
d’un  rouge  extrêmement  intense.  Elle  est 
de  bonne  qualité. 

La  Betterave  rouge  naine  de  Dell  est 

(1)  Volume  in-octavo  de  1600  pages  Prix  : 7 fr. 
— Librairie  agricole  de  la  Maison  rustique,  26,  rue 
Jacob,  Paris. 


parfois  employée  comme  plante  à feuillage 
ornemental. 

Betterave  rouge  plate  de  Trévise.  — 
D’origine  incertaine,  mais  probablement 
d’Italie,  cette  variélé  a la  racine  petite,  très- 
aplaiie  en  dessus,  dépassant  rarement  7 cen- 
timètres de  diamètre  ; la  chair,  ferme,  rouge, 
compacte,  sucrée,  est  d’un  rouge  sang 
foncé;  le  feuillage,  peu  abondant,  ressemble 
beaucoup  à celui  de  la  Betterave  rouge 
naine.  Elle  est  demi-hâtive  et  de  bonne  qua- 
lité. 

Betterave  rouge  de  Gardanne.  — Va- 


Fig.  28.  — Haricot  Bonnemain. 


riélé  méridionale  qui,  sous  le  climat  de 
Paris,  est  inférieure  à plusieurs  de  celles 
qu’on  y cultive.  Comme  les  précédentes, 
c’est  une  race  colorée,  à chair  très -rouge  et 
exclusivement  cultivée  comme  plante  pota- 
gère. C’est  cette  race  que,  il  y a peu  de 
temps  encore,  on  recommandait  comme 
plante  vinifère  devant  remplacer,  sans  avan- 
tage certainement,  les  Vignes  détruites  par 
le  phylloxéra. 

Chou-fleur  nain  hâtif  Alleaume.  — 
Obtenu  par  M.  Alleaume,  ce  Chou  est  dou- 
blement remarquafile  par  sa  qualité  et  la 
finesse  de  son  grain,  et  par  ses  dimensions 
tellement  réduites  que  la  pomme,  relative- 


LÉGUMES  NOUVEAUX  DU  BON  JARDINIER  POUR  1883. 


153 


ment  forte,  semble  reposer  sur  le  sol.  Les 
feuilles,  peu  nombreuses,  assez  amples,  sont 
d’un  vert  pâle.  La  pomme  est  très-blanche, 
ferme,  d’une  dimension  considérable,  ce 
qui  a même  lieu  d’étonner  chez  une  plante 
de  stature  aussi  réduite.  Et  comme  ce  (Jhou- 
lleur  est  précoce  et  très-nain,  il  est  pré- 
cieux pour  les  cultures  forcées  sous  châssis. 

Chou  frisé  vert  demi-nain.  — Venue 
d’Allemagne,  il  y a trois  ans,  sous  le  nom 
de  ((  Chou  frisé  de  Musbach,  » cette  variété 
n’a  rien  de  commun  avec  ce  dernier,  et,  au 
contraire,  se  rapproche  beaucoup  des  Choux 
frisés  verts.  Elle  est  intermédiaire  entre  les 
frisés  vert  grand  et  les  frisés,  vert  à pied 
court,  mais  elle  s’en  distingue  par  ses  feuilles 
beaucoup  plus  courtes,  plus  frisées  et  plus 
arrondies.  La  plante  atteint  80  centimètres 


Fig.  29.  — Laitue  romaine  ballon. 


à 1 mètre  de  hauteur  et  est  très-rustique. 

Concombre  vert  géant  de  Quedlinhourg. 
— Variété  très-vigoùreuse,  belle  et  produc- 
tive, et  dont  le  fruit,  lorsqu’il  est  parvenu  à 
son  maximum  de  développement,  peut  at- 
teindre de  50  à 60  centimètres  de  longueur; 
il  est  vert,  très-légèrement  épineux,  et 
passe  au  jaune  à sa  complète  maturité.  Un 
autre  grand  mérite  de  cette  plante,  c’est 
qu’avec  d’aussi  beaux  fruits  elle  est  suffi- 
samment rustique  pour  être  cultivée  en 
pleine  terre  et  y mûrir  ses  fruits. 

Cresson  alénois  nain  très-frisé.  — Va- 
riété des  plus  curieuses  et  très-ornementale 
par  ses  feuilles,  qui  sont  nombreuses,  rap- 
prochées, et  très-frisées  ou  crépues,  rappe- 
lant celles  de  certains  Choux  verts  frisés. 
Ses  premières  feuilles  diffèrent  à peine  du 


Cresson  alénois  type,  mais  celles  qui  vien- 
nent après,  beaucoup  plus  fines  et  plus  di- 
visées, se  contournent  en  se  multipliant,  de 
manière  à former  une  touffe  compacte. 

Le  Cresson  alénois  frisé  (fig.  27)  a les 
mêmes  qualités  que  l’espèce  type.  C’est  donc 
à la  fois  un  aliment,  un  condiment  et  une 
plante  ornementale  qui  peut  être  employée 
comm.e  accompagnement  pour  la  préparation 


Fig.  30.  — Ognon  blanc  globe. 


des  desserts,  ou  pour  orner  certains  plats  de 
viande. 

Épinard  à feuilles  cloquées.  — Cette 
variété,  d’origine  américaine,  rentre  dans  la 
catégorie  des  grosses  feuilles  dites  k Épi- 
nards-Choux. î»  Ses  feuilles,  d’un  vert  très- 
foncé,  sont  épaisses  et  tendres,  fortement 
cloquées,  comme  celles  de  certains  Choux, 


Fig.  31.  — Pois  sans  parchemin,  très-nain, 
à châssis. 

ce  qui  justifie  le  qualificatif  qu’on  lui  a 
donné. 

Pois  Merveille  d’Étampes.  — C’est  à 
M.  Eonnemain , secrétaire  de  la  Société 
d’horticulture  d’Étampes,  que  l’on  doit  ce 
Pois  qui,  par  sa  couleur  et  son  aspect  gé- 
néral, se  rapproche  assez  du  Pois  serpette. 
C’est  une  variété  à rames,  atteignant  1"'50 
environ  de  hauteur,  et  donnant  tous  ses 
fruits  dans  l’intervalle  de  douze  à quinze 
jours.  Son  rendement  est  considérable  ; les 


154 


LKGÜMES  NOUVEAUX  DU  BON  JARDINIER  POUR  1888, 


cosses,  très -longues,  droites  et  recourbées 
en  serpette  à l’extrénriité,  souvent  réunies 
par  deux,  se  renflent  de  bonne  heure  et  ren- 
ferment de  huit  à douze  grains  sphériques 
vert  clair,  un  peu  verdâtres  à la  maturité. 

Haricot  Bonnemain  (fig.  28).  — Cette 
variété,  de  tout  premier  mérite,  a été  ob- 
tenue également  par  M.  Bonnemain.  Elle 
appartient  au  groupe  des  Flageolets,  est  Irès- 
hàtive  et  très-naine,  plus  même  que  le  Fla- 
geolet bâtit  d’Étampes;  aussi  est-elle  tout 
particulièrement  propre  à la  culture  de 
primeur  sous  châssis.  Elle  forme  des  touffes 
basses,  trapues.  Fleurs  blanches.  Cosses 
droites,  renflées,  relativement  courtes. 
Grains  blancs,  ovoï^les,  allongés,  plus  épais 
et  moins  réniforrnes  que  ceux  du  H.  fla- 
geolet commun.  Quant  à la  qualité,  elle  est 
la  même  que  celle  du  Flageolet. 

Le  H.  Bonnemain  est  également  avan- 
tageux pour  la  culture  en  pleine  terre; 
où,  toutes  circonstances  égales  d’ailleurs,  il 
forme  et  mûrit  son  grain  cinq  ou  six  jours 
avant  le  Haricot  flageolet  d’Étampes  qui, 
pourtant,  est  un  peu  plus  hâtif  que  le  Fla- 
geolet ordinaire,  ce  qui,  au'point  de  vue  du 
commerce,  est  d’une  importance  consi- 
dérable. 

Haricot  blanc  géant  sans  parchemin.  — 
Nouveauté  très-méritante,  tant  par  ses  qua- 
lités que  par  son  excessive  hâliveté  et  sa  vi- 
gueur. On  pourrait,  jusqu’à  un  certain 
point,  l’assimiler  au  Haricot  sabre  noir 
sans  parchemin,  ou  Haricot  d’Alger  Saul- 
nier.  Il  a en  effet  les  cosses  très-grandes  et 
charnues;  mais  son  grain  est  d’un  beau 
blanc,  gros  comme  le  Haricot  de  Liancourt  au 
moins.  Arrivées  à leur  complet  développe- 
ment, les  cosses  atteignent  jusqu’à  20  cen- 
timètres de  longueur.  Ce  Haricot  est  telle- 
ment fertile  que  les  cosses  cachent  parfois 
complètement  les  racines  depuis  la  ba.>e,  à 
ce  point  même  que,  dans  les  années  hu- 
mides, toutes  les  cosses  de  la  base,  qui  traî- 
nent sur  le  sol,  pourrissent. 

Haricot  de  Genève  ou  de  Plainpalais. 
— Port,  aspect  et  végétation  assez  sem- 
blables à ceux  du  Haricot  intestin,  et  éga- 
lement à rames  ; ses  cosses  vertes,  sans  par- 
chemin, charnues,  renferment  un  grain 
blanc,  allongé,  presque  cylindrique  ; toute- 
fois, il  ne  fructifie  pas  si  près  du  sol,  ce  qui 
fait  que  ses  corses  inférieures  ne  pourrissent 
pas  comme  celles  du  H.  intestin.  Pour 
éviter  çe  défaut,  ou  plutôt  pour  le  trans- 


former en  une  qualité,  M.  Vilmorin,  avec 
beaucoup  déraison,  fait  observer  qu’il  suffit 
de  cueillir  les  premières  cosses  pour  les 
consommer  en  vert  et  de  ne  laisser,  pour 
mûrir,  que  celles  qui  sont  placées  à une 
certaine  distance  du  sol. 

Laitue  Lortois.  — Elle  a pour  synonymes 
Laitue  du  Trocadéro  en  Anjou  et  à Paris, 
Laitue  maraîchère  en  Flandre.  C’est,  du 
reste,  une  plante  très-distincte;  son  aspect 
est  celle  d’une  Laitue  à bords  rouges  ; ses 
feuilles,  légèrement  contournées,  sont  un 
peu  cloquées;  sa  pomme,  très-ferme,  très- 
blanche  à l’intérieur,  est  rougeâtre  à l’ex- 
térieur. Cette  Laitue,  qui  est  de  printemps 
et  d’été,  se  forme  promptement.  Sa  graine 
est  blanche. 

Laitue  romaine  ballon  (fig.  29).  — 
Cette  variété  a été  très- bien  décrite  dans  la 
Revue  horticole  (1881,  p.  298).  C’est  une 
Romaine  blonde,'  monstrueuse,  à laquelle 
il  faut  un  bon  sol  consistant,  plutôt  humide 
que  sec.  Elle  monte  difficilement  à graines 
et  en  donne  peu.  Sa  graine  est  noire. 

Melon  Cantaloup  de  Vaucluse.  — Cette 
race,  connue  aussi  sous  le  nom  de  Canta- 
loup de  Cavaillon,  a les  fruits  petits,  très- 
réguliers,  à côtes  nombreuses,  rapprochées, 
à écorce  presque  blanche,  peu  rugueuse, 
rappelant  assez  bien  celle  des  Cantaloup 
Prescot,  à fond  blanc  ; la  chair  ferme,  fon- 
dante, est  rouge  orange.  C’est  une  variété 
rustique  et  très-productive.  Elle  a été  décrite 
dans  la  Revue  horticole  (1881,  p.  368). 

Melon  brodé  Boule  d'or  {Golden  Perfec- 
tion). — Variété  anglaise,  à peu  près  in- 
connue en  France.  Elle  est  précoce,  assez 
productive  et  de  bonne  qualité.  Fruits  sphé- 
riques, non  côtelés,  à -écorce  très-mince. 
Chair  verte,  épaisse,  très-juteuse  et  tiès- 
sucrée,  fortement  et  agréablement  parfumée. 

Melon  d*eau  hâtif  Seikon.  — Variété 
japonaise,  à fruit  oblong,  lisse,  d’un  vert 
foncé,  d’environ  20  centimètres  de  lon- 
gueur sur  12-15  centimètres  de  diamètre. 
Chair  rouge,  très-aqueuse,  fondante.  Cette 
Pastèque  est  hâtive  et  se  cultive  comme  nos 
Melons  d’été  ; elle  mûrit  sous  le  climat 
de  Paris,  contrairement  à tous  les  Melons 
d’eau.  C’est  ce  qui  constitue  son  principal 
mérite  pour  nous. 

Navet  très-hâtif  de  Milan.  — Très- 
voisin  du  Navet  rouge  plat  hâtif  à feuilles 
entières,  et  aussi  un  peu  plus  petit,  ce  Na- 
vet se  cultive  surtout  à Milan  pour  pri- 


VARIÉTÉS  RÉSISTANTES  DE  POMMIERS. 


155 


meiir.  Sa  végétation  est  très-rapi<le  : semé 
à la  sortie  de  l’hiver,  on  peut  récolter  dans 
le  courant  de  mai.  La  chair  est  blanche  et 
ferme,  et  d’une  saveur  particulière  assez 
prononcée.  Toute  la  partie  exposée  à l’air 
est  d’un  rouge  violacé  assez  intense  ; le 
reste  est  blanc  pur. 

Oignon  blanc  globe  (fig.  30).  — Ré- 
cemment arrivée  des  États-Unis,  où  elle  est 
cultivée,  cette  plante,  à bulbe  sphérique,  ne 
dépasse  pas.  7 centimètres  de  diamètre  ; 
sa  peau  très-blanche  rappelle  assez  exacte- 
ment celle  de  l’Oignon  blanc  rond  dur  de 
Hollande;  son  collet  est  très-mince,  et  sa 
partie  ii  férieure  très-étroite.  L’Oignon  blanc 
Globe  convient  mieux  pour  les  semis  de 
printemps  que  pour  ceux  il’hiver;  il  est 
demi-tardif  et  se  conserve  très-bien. 

Oignon  russe  de  conserve.  — Race  très- 
distincte  parmi  toutes  celles  cultivées  en 
France,  très-connue  et  fort  appréciée  dans 
tout  le  Nord  de  l’Kurope.  Elle  n’est  pas  très- 
productive  ni  agréable  à la  vue;  mais  elle 
possède  des  avantages  particuliers,  par 
exemple  une  saveur  très-forte  qui  rend  cette 
variété  très-propre  pour  certains  assaison- 
nements. Mais  ce  qui  fait  surtout  son  mé- 


rite, c’est  sa  conservation,  qui  est  presque 
indéfinie.  A ce  sujet,  M.  Vilmorin  écrit  : 
« Nous  avons  vu  récemment  de  ces  Oignons 
qui,  récoltés  au  mois  d’août  1881,  étaient 
encore  parfaitement  fermes  et  pleins  au 
mois  de  septembre  1882.  » L’aspect  de  l’Oi- 
gnon  russe  de  conserve  se  rapproche  de 
l’Oignon  de  Cambrai,  un  peu  plus  petit 
pourtant,  d’un  jaune  [)lus  foncé.  Cet  Oignon 
se  divise  souvent  en  plusieurs  parties  pen- 
dant le  cours  de  sa  végétation. 

Pois  sans  parchemin  très -nain  à 
châssis  (figure  31).  — C’est  une  sorte  de 
mange-tout,  très-naine,  ne  dépassant  pas 
30  à 40  centimètres,  dont  l’aspect  général 
rappelle  le  Pois  nain  hâtif  à châssis.  Sa  tige 
se  divise  souvent  en  deux  dès  la  base;  les 
cosses,  épaisses  et  charnues,  sont  complète- 
ment dépourvues  de  parchemin,  solitaires 
ou  réunies  par  deux.  Malgi  é ses  petites  di- 
mensions, celte  variété  est  assez  productive. 
C’est  la  seule  du  groupe  des  mange-tout  qui 
convienne  pour  la  culture  sous  châssis. 

J’ai  pu  suivre  et  étudier  tous  ces  légumes 
dans  les  cultures  de  MM.  Vilmorin,  à Ver- 
rières-le-Buisson  (Seine-et-Oise). 

May. 


VARIÉTÉS  RÉSISTANTES  DE  POMMIERS 


Après  le  rigoureux  hiver  de  1871,  si  désas- 
treux pour  les  pépinières  de  Pologne,  nous 
avons  pris  note  des  variétés  de  Pommiers  et 
Poiriers  les  plus  résistantes,  rejetant  du  cata- 
logue celles  qui  avaient  le  plus  souffert  des 
gelées.  Si  nous  n’avons  pas  alors  fait  part  de 
ces  remarques  à nos  confrères  les  pépiniéristes 
français,  c’est  que  nous  pensions  qu’elles  les 
intéresseraient  peu.  Mais  les  hivers  de  1878  à 
1879  et  1880  à 1881  ont  cruellement  éprouvé 
les  jardiniers  des  environs  de  Paris,  et  nous 
ont  donné  à Varsovie,  ici,  l’occasion  de  faire  un 
choix  définitif  des  variétés  fruitières  les  plus 
résistantes  aux  grandes  gelées. 

Pensant  que  ces  observations  intéresseront 
quelques-uns  de  vos  lecteurs,  je  vous  en  envoie 
une  copie  exacte,  d’après  mes  notices  faites  sur 
un  catalogue  de  1871,  avec  annotations  des 
hivers  suivants  : 

1.  — Pommiers. 

Adam's  Pearmain  {Norfolk  pippin),  rejeté 
depuis  1871  comme  incultivable. 

Alexandre  iAport)^  toujours  rustique. 

Alfriston,  souffre  au-delà  de  20  degrés 
Réaumur. 

Antonowka  (Antonoufka),  qui  veut  dire 
éf  Antoine, 


Cette  Pomme,  la  plus  belle  et  la  meilleure  des 
variétés  russes,  ne  se  trouve  pas  dans  le  Dic- 
tionnaire de  pomologie  de  M.  André  Leroy. 
L’arbre  est  vigoureux,  fertile,  et  résiste  aux 
plus  fortes  gelées.  Le  fruit  est  de  grosseur 
^volumineuse  et  souvent  considérable,  de  forme 
conique  allongée  et  légèrement  côtelée  ; la  peau 
est  jaune  paille  clair  mouchetée  de  blanc  ; la 
chair  est  croquante,  acidulée,  sucrée  et  très- 
agréablement  parfumée,  de  toute  première  qua- 
lité, suivant  l’opinion  de  beaucoup  d’amateurs 
de  Pommes  et  la  nôtre.  Ce  fruit  se  consomme 
de  mi-novembre  à janvier  à Varsovie,  mais 
dans  le  Nord,  il  est  de  beaucoup  plus  longue 
garde. 

Api  noir,  A.  rose,  souffrent  en  pépinière 
au  delà  de  20  degrés  Réaumur. 

Arcade,  très-rustique. 

Astrakan  blanc  (Glacée  d’été),  très-rustique. 

Astrakan  rouge  (Vermillon  d’été;,  très-rus- 
tique. 

Baldwin,  gèle  au-delà  de  15  degrés  Réaumur. 

Beautg  of  Kent,  Bedforshire  foundling.  Belle 
de  Suumur,  gèlent  au  delà  de  20  degrés  Réau- 
mur. 

Belle  du  bois,  très-rustique,  variété  très- 
répandue  en  Pologne  et  en  Lithuanie, 


156 


ADENOCARPUS  DECORTICANS. 


Belle  fille  petite,  très-rustique.  M.  André 
Leroy,  dans  son  Dictionnaire  de  pomologie 
(t.  III,  art.  40,  p.  113),  dit  avoir  reçu  des  en- 
virons de  Paris,  sous  le  faux  nom  de  Belle 
fille  normande,  une  Pomme  sphéj-ique,  à peau 
verte,  rugueuse,  réticulée  et  ponctuée  de  brun, 
mûre  en  décembre,  et  de  deuxième  qualité. 
Cette  description  correspond  parfaitement  à la 
variété  que  nous  avons  reçue  des  environs  de 
Paris  aussi,  et  sous  le  même  nom.  Nous 
pouvons  ajouter,  avec  preuves  en  main,  que 
cette  Pomme,  verte  et  de  deuxième  qualité  en 
décendjre,  se  dore  admirablement  en  janvier, 
février  et  mai-s,  et  prend  alors  un  arôme  des 
plus  lins  ; l’arbre  est  à l’épreuve  des  plus  fortes 
gelées,  est  excessivement  fertile  et  vigoureux. 
C’est  une  variété  des  plus  méritantes  pour  nos 
climats. 

Blanche  d'Espagne  (Reinette  d’Espagne), 
gèle  au-delà  de  20  degrés  Réaumur. 

Bohnen  Apfel  Bheinisch,  rustique. 

Borowishi,  à l’épreuve  de  toutes  gelées. 

Borsdorf  dliiver,  rustique,  mais  peu  fertile 
dans  noti'e  pays. 

Boston  Basset,  gèle  au  delà  de  20  degrés 
Réaumur. 

Brabant  belle  fleur,  souffre  souvent  de  la 
gelée. 

Calville  blanc  d'été  (Passe-Pomme),  très- 
rustique. 

Calville  blanc  d'hiver,  gèle  au  delà  de  15  de- 
grés. 

Calville  Boisbimel,  s,ouiïve  au  delà  de  20  de- 
grés Réaumur. 

Calville  des  femmes,  gèle  au  delà  de  15  de- 
grés. 

Calville  rouge  d'hiver  (rouge  d’Anjou), 
souffre  rarement. 

Calville  rose  (de  Boutigny),  souffre  au  delà 
de  15  degrés  Réaumur. 

Castelet  (Coing  d’hiver),  gèle  au  delà  de 
20  degrés  Réaumur. 

Cellini,  rustique. 

Châtaigne  (de  Châtaignier),  variété  très-sus- 
ceptible aux  gelées. 

Canir  de  bœuf,  rustiqué. 

Cornish  Gilliflower,  rustique. 

Court-pendu  rouge,  rustique. 

Court-pendu  royal,  des  plus  rustiques. 

Decui's  Codlin,  souffre  en  pépinière  au  delà 
de  20  degrés  Réaumur. 

De  la  Chapelle,  gèle  au  delà  de  15  degrés 
Réaumui‘. 


De  Jérusglem  (Pigeonnet),  souffre  au-delà 
de  20  degrés  Réaumur. 

Double  rouge  du  Paradis,  très-rustique. 

Dumelow's  seedling  (Wellington),  très-rus- 
tique. 

Du  Firol,  très-rustique. 

De  Lande,  rustique. 

llarbert  (Reinette),  rustique. 

Fardée  d'Amérique,  souffre  en  pépinière 
au  delà  de  20  degrés  Réaumur. 

Favorit  Apfel,  rustique. 

Fenouillet  gris,  rustique. 

Fenouillet  gros,  souffre  par  des  froids  excep- 
tionnels. 

Fenouillet  jaune,  gèle  au  delà  de  20  degrés 
Réaumur. 

Fenouillet  rouge  ou  Bardin,  gèle  nu  delà 
de  20  degrés. 

Framboise  d'Oberland,  rustique. 

Gros  Bohn,  rustique. 

Gravenstein,  gèle  au  delà  de  20  degrés 
Réaumur. 

Greave's  pippin,  gèle  quelquefois  en  scions 
d’un  an. 

Gros  Pigeonnet,  gèle  au  delà  de  20  degrés 
Réaumur. 

Hawthornden,  souffre  en  pépinière  au  delà 
de  20  degrés  Réaumur. 

Impériale  ancienne,  très-rustique. 

Kiorabkoivski,  très-rustique. 

Layiterne,  souffre  fréquemment  en  pépinière. 

Lemon  pipp)in,  souffre  au-delà  de  20  degrés 
Réaumur. 

Linneous  pippin,  souffre  au  delà  de  20  de- 
grés Réaumur. 

Marbrée  (Reinette  drap  d’or),  gèle  au  delà 
de  20  degrés  Réaumur. 

Margelle  (Reinette  musquée),  rustique. 

Ménagère  (de  Livre),  souffre  par  des  froids 
exceptionnels. 

Mignonne  rouge,  très-rustisque. 

Moss’  incomparable,  gèle  au  delà  de  20  de- 
grés Réaumur. 

Nicolaïef,  gèle  au  delà  de  15  degrés  Réaumur. 

Noire  de  Vitry,  gèle  à 12  degrés  Réaumur. 
Sachant  que  l’on  utilise  cette  variété  comme 
porte-greffe  aux  environs  de  Paris,  pour  tiges 
greffées  haut,  nous  l’avons  fait  venir,  croyant 
tirer  les  memes  avantages  de  sa  belle  vigueur  ; 
mais  elle  est  tout  à fait  incultivable  dans  nos 
climats. 

! G.  Rardet, 

1 Horticulteur  à Varso\ie 


ADENOCARPUS  DECORTICANS 


Arbuste  buissonneux,  compacte  par  la 
multiplicité  des  ramilles  foliaires,  qui  si- 
mulent assez  exactement  celles  des  Ajoncs, 
mais  qui  sont  complètement  inermes.  Bran- 


ches et  rameaux  arqués,  réfléchis,  dispa- 
raissant sous  une  masse  de  feuilles.  Ecorce 
d’un  vert  mat  herbacé,  courtement  velue. 
Feuilles  éparses,  persistantes,  e.xcessive- 


l/orlù'-oU. 


vdarôL. 


Adznocat'pas  (kcorticans . 


ORTGIESIA  TILLANDSTOIDES. 


157 


ment  rapprochées,  pétiolées,  à deux,  plus 
rarement  à trois  folioles  épaisses,  linéaires, 
sessiles,  excessivement  étroites,  souvent  Tal- 
quées, molles,  d’un  vert  très-foncé,  por- 
tées sur  un  pétiole  de  1 à 2 centimètres 
de  longueur.  Inflorescence  en  grappes 
courtes,  compactes.  Fleurs  solitaires,  d’un 
beau  jaune  d’or,  sur  un  pédoncule  d’envi- 
ron 1 centimètre  de  longueur,  fortement  et 
courlement  velu.  Calice  tomenteux,  à cinq 
divisions,  les  deux  supérieures  plus  longues 
que  les  trois  autres  qui  sont  étroitement 
linéaires;  étendard  largement  arrondi,  à 
peine  lobé  au  sommet,  où  il  existe  un  très- 
court  mucronule,  tiès-étroitement  caréné, 
renfermant  les  organes  sexuels  qui,  alors,  se 
trouvent  complètement  cachés.  F ruits  (gous- 
ses) d’environ  4-5  centimètres  de  longueur, 
courtement  atténués  aux  deux  bouts,  forte- 
ment hispides-scabres  par  de  nombreux  poils 
gros  et  courts,  comme  tuberculeux,  visqueux. 
Graines  petites,  suborbiculaires,  légèrement 
aplaties,  à testa  coriace,  noir  luisant. 


Adenocarpus  decorh'caus, Boissier, qui 
fleurit  en  mai -juin,  rappelle  assez  exacte- 
ment, par  son  port  et  son  aspect  général,  un 
Ulex  europæus.  C’est  une  espèce  rustique, 
buissonneuse,  originaire  de  la  Sierra-Ne- 
vada d’Espagne,  où  elle  fut  trouvée  par 
M.  Boissier,  croissant  avec  le  Sapin  Pin- 
sapo.  C’est  un  arbuste  de  haut  ornement, 
qui,  dans  les  cultures,  semble  exiger  la 
terre  de  bruyère,  au  moins  dans  sa  jeu- 
nesse. Il  craint  la  transplantation;  aussi 
doit-on  le  cultiver  en  pot,  de  manière  à 
pouvoir,  au  besoin,  le  planter  en  pleine 
terre  avec  chance  de  réussite. 

On  le  multiplie  par  graines  qui  lèvent 
très-bien.  C’est  la  seule  espèce  du  genre 
qui  supporte  bien  l’hiver  des  environs  de 
Paris.  On  la  trouve  chez  MM,  Thibaut  et 
Keteleer,  horticulteurs  à Sceaux  (Seine),  où 
elle  a passé  en  pleine  terre  le  grand  hiver 
1879-1880. 

E.-A  Carrière. 


ORTGIESIA  TILLANDSIOIDES 


La  grande  famille  des  Broméliacées,  à la- 
quelle appartient  la  plante  sus-indiquée, 
est  féconde  en  nouveautés  comme  en  sur- 
prises; aussi  le  nombre  toujours  croissant 
des  amateurs  a-t-il  déterminé  la  création 
d’un  néologisme  ad /me  ; nous  voulons  parler 
des  broméliophiles. 

Une  des  occupations  favorites  des  collec- 
tionneurs de  plantes  en  général  et  des 
broméliophiles  en  particulier  consiste,  tout 
en  surveillant  le  développement  des  plantes 
avec  une  sollicitude  paternelle,  à scruter,  à 
épier,  à deviner  presque  l’apparition  ou 
seulement  les  symptômes  de  l’inflorescence. 
Quel  est,  en  effet,  l’amateur  qui  n’a  pas,  en 
passant  l’inspection  de  ses  richesses  bro- 
mélioïdes,  cherché  à surprendre  la  pre- 
mière coloration  de  tel  Nidularium  favori 
en  voie  de  développement,  ou  la  grappe  en- 
core rudimentaire  de  tel  Æchmea  rare,  ou 
bien  l’épi  de  tel  Vriesea  ou  Encholirion 
nouveau?  C’est  en  effet  une  des  plus  douces 
joies,  pour  celui  qui  cultive  ces  'sortes  de 
plantes,  que  d’étudier  la  formation  et  la  co- 
loration successive  de  leurs  fleurs.  Nous 
avons  pu  le  constater  bien  des  fois  sur 
diverses  espèces,  et  tout  récemment  sur 
VOrtgiesia  tillandsioides,  qui  a fleuri  dans 


les  serres  du  Val,  près  de  Saint- Germain- 
en-Laye,  et  dont  nous  avons  pu,  jour  par 
jour,  suivre  la  coloration  successive. 

Nous  donnerons  ici  la  description  de  cette 
espèce  rare  et  peu  connue. 

Feuilles  luisantes,  vert  clair,  canaliculées, 
serratulées,  gracieusement  arquées,  longues 
d’environ  40-50  centimètres  sur  2 centi- 
mètres et  plus  de  largeur  à l’insertion,  en- 
gainantes, convexes,  se  rétrécissant  d’abord 
brusquement,  puis  insensiblement  jusqu’à 
l’extrémité,  qui  est  spinescente  ; celles  qui 
avoisinent  l’inflorescence  sont  d’abord  dres- 
sées, comme  pour  former  une  tige,  puis 
étalées  horizontalement  ; la  base  est  agréa- 
blement marquée  de  stries  noires,  fines, 
plus  nombreuses  sur  les  bords;  elle  est 
pliée,  tourmentée  comme  dans  les  Æchmea 
Melinoni,  horrida  et  autres. 

A l’époque  de  la  fleuraison,  les  bractées  et 
la  plupart  des  feuilles  prennent  une  teinte 
rouge  orangé  très- vive  et  peu  commune 
même  dans  cette  famille,  où  pourtant  les 
feuilles  se  colorent  souvent  à Tépoque  de  la 
floraison  des  plantes.  Nous  avons  compté 
sur  notre  pied  28  feuilles  colorées 
sur  50  qu’elle  portait , ce  qui  indique  une 
proportion  que  n’atteint  aucune  autre  es- 


158 


SAXIFRAGA  LIGULATA.  — DES  CALCÉOLAIRES  FRUTESCENTES. 


pèce,  même  dans  les  Nidularium.  C’est  en 
cela  qiie  consiste  le  principal  attrait  de  la 
plante;  les  fleurs,  disposées  engra[>pe  courte 
centrale,  sont  peu  saillantes,  presque  in- 
cluses; leur  teinte  rose  tendre  contraste 
avec  les  nombreuses  feuilles,  colorées  d’une 
manière  très-agréable. 

En  résumé,  lOrtgiesia  tillandsioides  est 
une  plante  naine,  d’un  faciès  fin  et  délié. 
Sa  culture  est  simple  et  facile  : un  bon 
compost  de  terre  de  bruyère  fibreuse,  bien 


drainé,  lui  convient  parfailement.  C’est  la 
premièr'e  plante  de  ce  genre,  établi  par 
M.  Regel,  en  1867,  dans  le  Garlenflora. 
Dans  la  même  année,  V Illustration  horti- 
cole (1)  la  signalait  comme  une  bonne  es- 
pèce ; nous  n’hésitons  pas  à faire  cette 
même  recommandation,  car  la  plante  n’a 
rien  perdu  de  son  intérêt,  auquel  s’ajoute 
le  mérite  de  la  rareté,  qui  joue  un  si  grand 
rôle  auprès  des  véritables  amateurs. 

J.  Saluer  fils. 


SAXIFRAGA  LIGCLATA 


Cette  espèce,  originaire  du  Népaul,  est 
certainement  une  des  plus  méritantes;  aussi 
est-il  étonnant  de  voir  cette  plante  si  rare- 
ment cultivée.  En  effet,  on  ne  la  rencontre 
guère  que  dans  les  jar  dins  botaniques  oùy 
chaque  année,  de  la  fin  de  janvier  jusqr<’en 
avril,  elle  excite  l’admiration  parla  quantité 
et  |)ar  la  beauté  de  ses  fieur’s,  qui,  outre  ces 
qualités,  sont  des  plus  agréablement  odo- 
rantes. Ses  caractères  sont  les  suivants  : 

Plante  vivace,  sous- frutescente  et  for- 
mant une  souche  cespiteuse  divariquée. 
Tiges  se  dénudant  au  fur  et  à mesure  de 
leur  élongation,  feuillées  seulement  vers 
Texti'émité.  Feuilles  persistantes,  obovales, 
longuement  atténuées  vers  labase,  aiTondies 
au  sommet,  largement  et  peu  profondément 
dentées,  coriaces,  lisses  et  luisantes  en 
dessus.  Hampe  florale  grosse,  charnue, 
rougeâtre.  Inflorescence  en  fortes  grappes 
ramifiées,  à ramifications  parfois  scorpioïdes. 
Fleurs  pédonculées,  rose  plus  ou  moins  vif, 
selon  l’état  de  flor’aison  et  l’exposition  de  la 
plante,  à divisions  très-rappi’ochées  se  re- 
couvr*ant  par  les  bor*ds,  ce  qui  les  fait 
paraître  tubuleuses  à leur  base,  ouvertes  en 
cloche  au  sommet,  finement  et  très-agréa- 
blement odorantes. 


Bien  que  relativement  rustique,  le  Saxi- 
fraga  ligulata  ne  supporte  par  les  hivers 
rigoureux  à l’air  libre  sous  notre  climat; 
dans  ces  conditions,  si  l’on  veut  jouir  de  ses 
fl^uns,  il  lui  faut  la  serre  froide,  où  il  fleurât 
abondamment  de  janvier  à mars.  L’abri 
d’urie  serre  ne  lui  est  pas  indispensable, 
et  il  fleurit  également  très-bien  dans  un 
appartement,  quelle  que  soit  même  l’expo- 
sition qu’on  lui  donne.  Toutefois, -ses  fleurs 
sont  d’autant  plus  belles  et  plus  colorées 
qu’elles  sont  plus  exposées  à la  lumière. 

La  plante  se  multiplie  facilement  d’éclats 
et  de  boutures  ; celles-ci  se  placent  sous 
cloche,  où  elles  s’enracinent  promptement. 
Ce  dernier  procédé  a l’avantage  de  faire 
ramifier  les  pieds  en  arrêtant  l’élongation 
des  tiges,  et  de  donner  des  plantes  beau- 
coup plus  réi^ulières  et  mieux  faites. 

Le  <S.  ligulata  n’est  pas  le  seul  pi'opre  à 
l’ornemenlation  ; les  quelques  espèces  de  sa 
série  dont  on  a formé  le  sous-genre  â/c^asea 
sont  dans  le  même  cas  ; tels  sont  les  Saxi- 
fraga  sibirica,  cordi folia,  crassifolia^  ma- 
cro/di/y^/a,  qui,  ayant  le  même  tempérament, 
s’accommodent  de  la  même  culture. 

May. 


DES  CALCÉOLAIRES  FRUTESCENTES 


Sous  les  noms,  du  reste  assez  vagues, 
de  Calcéolaii’es  vivaces,  frutescentes  ou  Cal- 
céolaires  ligneuses,  on  cultive  aujourd’hui 
en  très-gr'ande  quantité,  pour  l’ornementa- 
tion des  jai'dins  pendant  l’été,  plusieurs 
formes  dont  l’origine  n’est  pas  très-bien 
éiablie,  mais  qui  très-probablement  pour- 
tant ont  eu  pour  point  de  départ  une  es- 
pèce chilienne,  le  Calceolaria  rugosa,  Ruiz 


et  Pavon,  laquelle,  du  reste,  est  très- fré- 
quemment cultivée  avec  les  précédentes. 
Dans  tous  les  jardins  botaniques  et  même 
dans  beaucoup  de  maisons  particulières, 
c’est  encore  la  seule  espèce  que  l’on  cul- 
tive ; elle  se  distingue  des  autres  par  ses 
tiges,  qui  s'élèvent  assez  et  deviennent  sous- 
frutescentes  quand  les  plantes  sont  vieilles, 
(i)  Voir  18(57,  planche  530, 


SERRE-GALERIE. 


159 


Les  variétés  qui  en  sortent  et  qui  en  ont 
tous  les  caractères  généraux  sont,  en  gé- 
néral, plus  floribondes  et  plus  naines  que  le 
type  ; mais  la  grandeur  et  la  forme  des 
fleurs  sont  à peu  près  les  mêmes.  Quant 
à la  couleur,  elle  présente  quelques  lé- 
gères difTérences  dans  les  nuances.  Une  des 
bonnes  variétés  est  nommée  Triomphe  de 
Versailles  ; quoique  déjà  ancienne,  cette 
variété  n’a  pas  été  dépassée. 

•Culture  et  multiplication.  — Bien 
qu’elles  soient  vivaces  et  même  sous-li- 
gneuses, les  plantes  dont  je  parle  sont  cul" 
tivées  comme  bisannuelles  ; en  effet,  comme 
c’est  en  général  pour  rornemeniatjon  des 
massifs  qu’on  les  cultive  en  pleine  terre 
au  printemps  de  leur  deuxième  année,  il 
est  très-rare  qu’on  les  relève  à l’automne; 
à peu  près  toujours  on  les  laisse  geler,  ainsi 
qu’on  le  fait  des  Pélargoniums,  Verveines, 
Héliotropes,  Pétunias,  etc.  Il  faut  donc 
chaque  année  faire  de  jeunes  plantes  pour 
rem[»lacer  les  vieilles. 

On  peut  multiplier  par  boutures  et  par 
graines  les  Galcéolaires  vivaces  ; mais  c’est 
le  plus  généralement  et  même  presque  tou- 
jours le  premier  de  ces  moyens  que  l’on  em- 
ploie, d’abord  parce  que  les  plantes  ainsi 
obtenues  sont  plus  robustes,  plus  trapues; 
ensuite  parce  qu’elles  ont  presque  perdu 


l’habitude  de  grainer.  Bien  que  les  bou- 
tures puissent  se  faire  au  printemps  à l’aide 
de  bourgeons  qui  ont  poussé  l’hiver  dans 
une  serre  tempérée,  c’est  en  général  vers 
la  tin  de  l’été  qu’on  les  fait;  pour  cela,  on 
prend  l'extrémité  des  bourgeons  qui  ne  sont 
pas  à fleurs;  on  les  prépare  et  on  les  plante 
sous  cloche  avec  une  légère  chaleur  de  fond. 
Lorsqu’elles  sont  reprises,  on  les  empote 
dans  des  godets  qu’on  place  sous  des 
châssis,  pour  hâter  et  favoriser  la  reprise 
des  boutures;  puis  on  donne  de  l’air,  et  on 
les  y laisse  tout  à fait,  jusqu’au  moment  où 
on  devra  les  rentrer  dans  une  serre  ou  sous 
des  châssis  dans  lesquels  ces  plantes  passe^ 
ronl  l’hiver. 

Au  lieu  de  faire  les  boutures  en  pots,  on 
les  fait  presque  toujours  en  pleine  terre, 
dans  du  terreau  auquel  on  peut  ajouter  un 
peu  de  teri'e  de  bruyère.  Pour  l’empotage, 
on  emploie  un  mélange  de  terre  de  bruyère 
et  de  terreau  dans  lequel  la  premièr’e  doit 
dominer  ; quant  à la  terre  des  massifs,  elle 
doit  être  substantielle,  plutôt  légère  que 
forte,  riche  en  détritus  organiques,  recou- 
verte d’un  bon  paillis  ; les  arrosements  de- 
vront être  modérés,  surtout  si  les  plantes 
sont  peu  vigoureuses. 

A.  Foissy, 

Chef  d«  culture  au  palais  du  Sénat. 


SFRRE-GALERIE 


La  mode  charmante  d’annexer  des  jardins 
d’hiver  aux  habitations  prend  une  extension 


croissante.  C’est  avec  raison  que  la  maî- 
tresse de  la  maison  insiste  pour  avoir  son 


i J 


[ l 1 I i 

Fjg.  o2.  — Sen  e-galerie. 


huen  retira  verdoyant  et  fleuri  pendant  les 
longs  et  obscurs  mois  de  l’hiver,  Ce  qui 


était  autrefois  une  luxueuse  exception, 
réservée  aux  demeures  opuleptes,  est  de-. 


-IGO 


CORBEILLE  DE  FLEURS. 


venu  le  complément  obligé  de  toute  rési- 
dence un  peu  confortable. 

Mais  dans  les  villes,  où  cette  heureuse 
addition  aux  appartements  de  réception  et 
d’habitation  est  si  désirable,  la  place  man- 
que bien  souvent.  Faute  de  pouvoir  annexer 
au  salon  ou  à la  salle  à manger  la  serre  si 
justement  désirée,  faut-il  absolument  re- 
noncer à ce  coin  de  verdure  et  de  Heurs  qui 
fait  prendre  en  patience  le  temps  de  la  bise 
hivernale?  Serons-nous  éternellement  ré- 
duits aux  plantes  étiolées  dans  le  demi-jour, 
la  sécheresse  et  la  poussière  des  salons,  a 
l’éternel  Ficus,  aux  Aspidistra,  à VAralia 
Sieholdi,  aux  Palmiers  et  aux  Dracénas  qui 
ce  commencent  à mourir  dès  qu’ils  entrent 
dans  la  demeure  de  l’homme?  » 

Non  certes,  il  ne  faut  pas  renoncer  à créer 
chez  soi,  même  avec  le  moindre  espace,  une 
véritable  serre,  où  les  plantes  vivront  et 
prospéreront.  Il  est  peu  de  maisons  où  l’on 
ne  puisse  ouvrir  largement  un  pan  de  mur 
extérieur,  soit  sur  un  couloir,  soit  sur  une 
pièce  d’habitation,  passer  un  linteau  en  fer 
et  soutenir  en  encorbellement,  sur  des  con- 
soles, une  petite  construction  en  fer  vitrée. 
Et  voilà  une  petite  serre  improvisée,  qui  se 


chauffera  facilement  par  un  poêle  Chou- 
bersky  ou  tout  système  analogue,  auquel 
on  ajoutera  un  récipient  rempli  d’eau  pour 
combattre  la  sécheresse  de  l’atmosphère. 

La  figure  32  représente  la  façade  de  l’un 
de  ces  arrangements  exécutés  à Paris. 

A l’intérieur  de  cette  petite  serre-galerie, 
des  caisses  de  bois,  doublées  de  zinc  et  re- 
vêtues extérietirement  de  faïence,  sont  ins- 
tallées près  du  vitrage  et  peuvent  recevoir 
d’assez  grandes  plantes  à feuillage,  soit  en 
pots,  soit  en  pleine  terre.  Ces  plantes  pros- 
péreront, grâce  à quelques  soins  élémen- 
taires, et  si  des  fleurs  communes,  mais 
agréables  à voir  pendant  l’hiver.  Primevères 
de  Chine,  Cyclamens,  Tulipes  naines.  Cro- 
cus, Jacinthes,  y sont  ajoutées,  avec  quel- 
ques Lilas,  Deutzias,  Spirées  du  Japon  et  à 
feuilles  de  Prunier,  etc.,  nous  pouvons  affir- 
mer que  la  petite  serre  sera  fort  appréciée. 

Il  y aurait  beaucoup  à dire  sur  les  moyens 
d’installer  ces  sortes  de  constructions,  qui 
peuvent  prendre  des  formes  très-diverses, 
et  la  Revue  publiera,  à l’occasion,  les  mo- 
dèles qu’elle  fait  dessiner  à cet  effet'. 

Ed.  André. 


CORBEILLE  DE  FLEURS 


Cette  coi'beille  de  fleurs  (fig.  33)  est  d’un 
effet  d’autant  plus  agréable  que  ses  dimen- 
sions sont  plus  grandes.  Sa  largeur,  sur  le 
dessin  ci-joint,  est 
de  7 mètres  envi- 
ron. Si  l’on  peut 
porter  à 9 ou  10 
mètres  le  grand 
axe  de  l’ellipse, 
avec  une  dimen- 
sion proportion- 
nelle pour  le  petit, 
on  obtiendra  un 
résultat  meilleur 
encore. 

En  voici  la  com- 
position pour  la 
saison  d’été  : 

N'’  1 . — Centre 
occupé  par  un  Dracéna  [Cordyline  indi- 
visa),  haut  de  1™  50  au  moins. 

N®  2.  — Entourage  de  Pélargoniums  à 
feuillage  vert  et  blanc  (variété  Bijou). 


N®  3.  — Masse  principale  en  Héliotropes 
à fleurs  bleu  foncé. 

N®  4.  — Un  rang  d’iresine  acuminata. 

N®  5.  — En- 
cadrement formé 
de  Pyrèthres  à 
feuilles  jaunes 
{Pyrethrumpar- 
thenioides  au- 
reum). 

N®  6.  — Achy- 
ra^ithes  Ver- 
schaffelti. 

7.  — Ronds 
de  Lohelia  Eri- 
nus  compacta. 

8.  — Bor- 
dure très-nette, 
composée  des  ro- 
saces bien  égales  de  V Echeveria  ro- 
sacea. 

Ed.  André. 


PHALÆNOPSIS  STUARTIANA.  — LES  SERRES  AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  CULTURE. 


161 


PHALÆNOPSIS  STUARTIANA 


Port,  aspect  et  végétation  assez  sembla- 
bles à ceux  du  Phalænopsis  Schillerimia. 
Feuilles  longuement  ovales,  marbrées  et 
zonées  de  blanc  en  dessus,  rose  violacé  ou 
ferrugineux  en  dessous.  Tige  florale  et  inflo- 
rescence rappelant  celles  des  Phalænopsis 
amahilis  et  grandiflora.  Fleurs  moyennes, 
étalées,  les  trois  divisions  supérieures  d’un 
blanc  pur,  finement  pointillées  de  violet 
rosé,  les  deux  inférieures  de  deux  couleurs 
tranchées  longitudinalement  : une  moitié 
d’un  blanc  pur  légèrement  et  finement 
pointillé  rosé,  l’autre  moitié,  au  con- 
traire, fond  jaune  ponctué  et  maculé  roux 
fauve  ou  chocolat,  marquée  de  très-nom- 
breuses macules  irrégulières  d’un  rouge 
brunâtre  nuancé,  à reflets  fauves;  labelle 
fond  jaune  maculé  roux  foncé,  marqué 
d’une  large  bande  blanc  pur  à l’extrémité 


inférieure.  Colonne  d’un  beau  blanc,  rap- 
pelant exactement  celle  du  Phalænopsis 
amahilis. 

Introduit  en  1881  des  îles  de  la  Sonde, 
par  M.  Low,  le  P.  Stuartiana,  Rchb.  f., 
se  cultive  absolument  comme  ses  congé- 
nères, c’est-à-dire  qu’il  lui  faut  la  serre 
chaude,  beaucoup  d’humidité  et  un  sol  com- 
posé de  sphagnum  mélangé  de  quelques 
mottes  de  terre  de  bruyère  très -grossière- 
ment concassée. 

C’est  une  espèce  très-curieuse  et  remar- 
quable par  la  beauté  et  la  délicatesse  de  ses 
fleurs.  Nous  l’avons  vue  en  fleurs  chez 
M.  Rougier,  horticulteur,  152,  rue  de  la 
Roquette,  à Paris,  et  chez  M.  Godefroy- 
Lebeuf,  horticulteur  à Argenteuil. 

E.-A.  Carrière. 


LES  SERRES  AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  CULTURE 


Mon  intention,  en  écrivant  cet  article,  n’est 
pas  d’examiner  la  question  au  point  de  vue 
général,  d’entrer  dans  des  détails  précis,  ni 
sur  la  construction,  ni  sur  la  nature  des 
serres,  non  plus  que  sur  leur  appropriation. 
Non  : ce  sont  là  des  choses  d’intérêt  parti- 
culier et  qui  rentrent  dans  un  examen 
d’ensemble  sur  le  sujet.  Le  but  que  je 
me  propose  est  de  combattre  cette  idée  trop 
généralement  répandue,  bien  qu’elle  soit 
fausse  : « que  dans  les  pays  chauds  il  ne 
faut  pas  de  serres.  » Il  est  certain  qu’au 
point  de  vue  des  froids,  c’est-à-dire  de  l’abri 
proprement  dit,  les  serres  ne  sont  pas  né- 
cessaires dans  ces  conditions,  puisqu’il  ne 
gèle  jamais;  mais  au  point  de  vue  horticole, 
où  il  faut  souvent  intervertir  l’ordre  de  la 
végétation  et,  en  dehors  des  époques  nor- 
males, produire  des  plantes  en  fleurs  ou  en 
fruits,  il  faut  être  maître  de  la  position, 
afin  de  pouvoir  arrêter,  modérer,  activer  à 
volonté,  produire  du  froid  ou  du  chaud  re- 
latifs à des  époques  déterminées,  contrai- 
rement à ce  qui  devrait  se  passer  dans  l’état 
ordinaire  des  choses  ; il  faut  un  outillage 
spécial,  et  celui-ci  consiste  dans  des  serres 
appropriées. 

D’un  autre  côté,  comme  il  s’agit  de  pro- 


duire à des  moments  déterminés,  il  faut  se 
mettre  à l’abri  des  extrêmes,  qui  se  mon- 
trent fréquemment  dans  les  pays  chauds, 
par  exemple  des  vents  violents,  arides, 
des  pluies  torrentielles,  etc.  D’autre  part 
encore,  l’horticulteur  marchand  doit  pouvoir 
cultiver  des  végétaux  de  pays  et  de  climats 
très-dilférents,  qui  ne  s’accommoderaient 
pas  des  conditions  normales. 

Mais,  en  dehors  de  toutes  ces  considéra- 
tions, il  est  une  opération  de  première  im- 
portance et  qui  nécessite  la  présence  du 
verre,  l’usage  d’un  matériel  spécial,  tel  que 
cloches,  châssis,  etc.  C’est  la  multiplication 
des  végétaux  qu’il  faut  faire  pendant  presque 
toute  l’année,  à des  époques  qui  varient  sui- 
vant les  espèces  auxquelles  on  a affaire, 
pour  lesquelles  il  faut  des  milieux  tout  par- 
ticuliers. Par  exemple,  la  plupart  des  greffes 
et  des  boutures  ont  besoin  pour  reprendre 
d’être  abritées  de  Tair  et  du  soleil  pendant 
des  temps  plus  ou  moins  longs. 

De  tout  ceci  il  résulte  que,  quel  que  soit 
le  pays  qu’il  habite  ou  les  conditions  dans 
lesquelles  il  se  trouve,  l’horticulteur  devra 
être  muni  d’un  matériel  ad  hoc,  que  tou- 
jours, et  contrairement  aux  idées  générale- 
ment admises,  un  horticulteur  devra  avoir 


162 


LES  EFFETS  DU  FROID  DANS  LE  MIDI  DE  LA  FRANCE. 


des  « verres  : » serrns,  châssis,  cloches,  etc. 
Quant  à l’usage  qu’il  devra  en  faire,  il 
variera  suivant  le  lieu,  le  climat,  l’exposi- 


tion, mais  surtout  suivant  les  cultures  aux- 
quelles il  se  livre  et  le  but  qu’il  cherche  à 
atteindre.  Guillon. 


LES  EFFETS  DU  FROID  DANS  LE  MIDI  DE  LA  FRANCE 


La  dépression  générale  de  la  température 
qui  s’est  étendue  sur  une  grande  partie  de 
l’Europe  au  commencement  de  mars  a eu, 
dans  la  région  méditerranéenne  de  la  France, 
un  contre-coup  fatal. 

Nous  venons  de  visiter  avec  quelque 
détail  la  zone  où  le  froid  et  la  neige  ont 
exercé  leurs  ravages,  principalement  de 
Toulon  à Nice,  et  l’exposé  des  faits  que 
nous  avons  observés  peut  présenter  de 
l’intérêt  pour  l’horticulture  du  littoral,  au 
point  de  vue  des  déductions  pratiques  à en 
tirer. 

L’hiver  dernier  avait  été  exceptionnelle- 
ment doux.  L’abaissement  notable  de  la 
température,  qui  s’était  fait  sentir  à Paris 
dès  les  premiers  jours  de  mars  et  avait  été 
accompagné  d’une  abondante  chule  de 
neige,  surtout  sur  les  montagnes  et  le  pla- 
teau central  de  la  France,  n’avait  pas  encore 
dépassé  la  frontière  de  la  Provence  littorale. 
Tous  les  jardins  étaient  couverts  de  fleurs, 
qui,  chaque  semaine,  s’expédiaient  vers  le 
nord  à pleins  wagons.  La  végétation  était 
singulièrement  avancée.  Dès  le  15  no- 
vembre, les  Roses  avaient  paru  en  abon- 
dance, et  les  variétés  hybildes  — chose 
rare  — avaient  donné  une  véritable  florai- 
son d’hiver.  Les  Orangers  n’avaient  pas  cessé 
de  fleurir.  Seules,  les  Violettes,  les  Giro- 
flées étaient  en  retard  dans  un  grand 
nombre  de  jardins,  par  une  exception 
bizarre.  Les  horticulteurs  se  réjouissaient 
de  voir  leurs  terrains  abondamment  arrosés 
par  un  hiver  pluvieux,  et  les  jeunes  pépi- 
nières de  plantes  délicates  étaient  pleines 
de  promesses. 

Telle  était  la  situation  jusqu’à  la  fin  de 
février. 

Il  avait  plu  dans  la  journée  du  vendredi 
9 mars.  La  température  était  restée  douce. 

Le  samedi  10,  à l’aube,  une  épaisse 
couche  de  neige  couvrait  le  sol,  courbait 
jusqu’à  terre  les  tiges  des  Bambous,  les 
feuilles  des  Palmiers,  brisait  les  Acacias  et 
autres  arbres  fragiles,  et  désolait  toute  la 
conirée  ! Dans  la  plupart  des  jardins,  quand 
on  voulut  secouer  cette  neige,  on  reconnut 


qu’elle  était  glacée  à la  surface,  et  il  fallut 
y renoncer,  sous  peine  de  casser  toutes  les 
plantes. 

Au-dessus  de  la  neige,  dont  l’épaisseur 
variait  entre  10  et  25  centimètres,  suivant 
les  localilés,  le  thermomètre  centigrade 
marquait.  3,  4,  5 et  jusqu’à  7 degrés  sous 
zéro.  Fatale  conjoncture!  Ce  qui  est  un  pré- 
servatif contre  le  grand  froid  dans  les  pays 
septentrionaux  aggravait  ici  le  mal  La  neige 
tombe  assez  souvent  le  long  de  cette  côte 
maritime,  mais  elle  y fond  presque  aussitôt. 
Les  plantes  délicates  y peuvent  supporter 
un  abaissement  momentané  de  tempéra- 
ture; mais  si  le  froid  se  prolonge,  elles  pé- 
rissent ou  souffrent  énormément.  C’est  ce 
qui  est  arrivé  en  cette  occurrence.  Pendant 
plus  d’une  semaine,  on  a vu  le  sol  rester 
couvert  de  neige  dans  tous  les  endroits  non 
exposés  au  plein  midi,  et  si  le  soleil  en  fon- 
dait une  partie,  en  brûlant  les  feuilles  et 
désorganisant  les  tissus  végétaux,  une  re- 
crudescence de  gelée  venait  chaque  nuit 
augmenter  les  pertes.  Enfin,  le  mistral  se 
prit  à souffler  et  mit  le  comble  au  mal  dans 
tous  les  endroits  découverts. 

Sous  de  pareilles  influences,  on  comprend 
que  les  jardins  durent  être  terribhment 
éprouvés.  Ils  l’ont  été  fort  inégalement,  tou- 
tefois. Rien  n’a  mieux  démontré  la  bienfai- 
sante influence  des  abris  Nous  avons  vu  les 
mêmes  espèces  de  plantes  ou  rôties  ou  in- 
demnes, suivant  qu’elles  étaient  exposées 
au  plein  air,  protégées  par  un  simple  treillis 
de  cannes  ou  sous  l’ombrage  de  quelques 
arbres  à feuilles  persistantes.  De  plus,  la 
nature  du  sol  a joué  un  grand  rôle  dans  la 
répartition  des  pertes.  Les  terrains  bas  et 
frais  d’Hyères  ont  beaucoup  souffert.  Cannes, 
dont  la  température  moyenne  annuelle  est 
sensiblement  plus  élevée  que  celle  de  Nice, 
de  Monaco  et  même  de  Menton,  a été  plus 
éprouvé  que  ces  dernières  localités,  parce 
que  ses  terrains  étaient  saturés  par  les 
pluies  d’hiver  et  que  les  sources  coulaient 
partout  sur  le  flanc  de  ses  collines. 

Nous  ne  nommerons  aucune  des  pro- 
priétés que  nous  avons  visitées.  Nous  devons 


LES  EFFETS  DU  FROID  DANS  LE  MIDI  DE  LA  FRANCE. 


163 


celte  réserve  à nos  fulèles  correspondants, 
déjà  éprouvés  par  cette  rude  aventuie,  et 
dont  il  est  inutile  d’augmeider  les  regrets 
en  étalant  la  liste  de  leurs  pertes  ei  en  si- 
gnalant leurs  mécomptes.  Notre  but,  en 
publiant  la  liste  suivante,  tout  incomplète 
qu’elle  soit,  est  de  prémunir  les  amateurs 
contre  des  espérances  exagérées  sur  la  rus- 
ticité de  certaines  espèces  et,  au  contraire, 
d’atfirmer  ta  résistance  de  certaines  autres. 
De  pareils  faits  sont  rares.  Les  vieux  jardi- 
niers du  pays  nous  ont  dit  qu’ils  n’avaient 
pas  observé,  depuis  plus  de  cinquante  ans, 
celte  fatale  simubanéité  d^  la  glace  et  de  la 
neige.  Mais  ces  circonstances  peuvent  se  re- 
produire, et  nous  venons  dire  à nos  lec- 
teurs : « A bon  entendeur,  salut!  » 

ESPÈCES  QUI  ONT  LE  PLUS  SOUFFERT. 

Salvia  princeps,  cardinalis,  splendens, 
involucrata  et  autres;  Solanum  robu^tum, 
marginatum,  galeatum;  Echeveria  retusa 
et  autres;  Héliotropes,  Clivias,  IHeris  tre- 
mula;  Pliœnix  reclinnta,  Ph.  leonensis; 
Sirelitzia  augusla ; Agave  crenata,  A.  my- 
riacantha;  Aralia  Veitchi,  gracillima, 
fdicifoLia,  süJichifolia  et  autres  espèces  de 
la  mer  du  Sud;  Philodendron  ; Zamia  vil- 
losa,  C(>ffra;  Lehmanni^  vernico.'ia^  pin- 
gens  ; Sciadopfiyllum  pulchrum  ; Ficus  re- 
ligiosa,  nymphœfolia,  rubiginosa ; Also- 
pliila  australis  ; iSparmannia,  Agératums, 
Wigandias,  Pélargoniums,  Hoya  .divers; 
Clirysanlhemum  frutescens  et  formes  voi- 
sines; Aloe  ferox,  A.  Dyckiana ; Musa  si- 
nensis.  paradisiaca^  ensete  (toutes  les  feuil- 
les gelées);  Fomcroyas  divers;  Cosmophyl- 
lum  cacaliœ folium  ; Chamœdorea  gra- 
minifolia;  Carolinea  insignis,  Ceroxylon 
andicola,  Cinnamonum  dulce,  Cleroden- 
dron  2'hompsoni ; Cyatdiea  Burkei  el  deal- 
hala,  Ficus  ferruginea,  Livistona  Mau- 
ritiana,  Lomaria  gibba^  Rbopala  aus- 
tralis, Jonghei,  Corcovadensis  et  autres, 
Seafortliia  elegans,  Makoya  bella,  Musa 
Cavendishii,  Stadmannia  divers,  etc.  (1). 

(1)  Une  grande  partie  de  ces  espèces,  qui  ont 
été  si  éprouvées,  et  dont  un  certain  nombre  ont 
péri,  sont  justement  celles  dont  un  journal  donnait 
récemment  la  lisfe  comme  constituant  des  espèces 
rustiques  dans  la  région  dont  nous  parlons.  On  voit 
Combien  ü laut  accu  iilir  avec  réserve  les  affn  ma- 
tions de  cei tains  indusiriels  désireux  d écouler  à 
tout  prix  leur  matcbandi'e,  sans  souci  des  mé- 
comptes qu’ils  i-auseront  aux  amateurs  trop  con- 
fiants. Nous  ne  cesserons  pas  de  dévoiler  de  sem- 
blables manœuvres,  qui  commencent  à être  appré- 
ciées comme  elles  le  méritent.  Ed.  A. 


PLANTES  DONT  LES  FEUILLES  ET  LES  JEUNES 

POUSSES  ONT  GELÉ  PLUS  OU  MOINS  COM- 
PLÈTEMENT. 

Brachychüon  Gregorii,  Areca  sapida, 
A.  monoslachya  et  A.  Baueri  (peu  de  mal), 
Corypha  australis,  Livistona  sinensis 
(peu),  Chamædorea  elatior.  Ficus  elastica 
et  F.  Boxburghii,  Senecio  Ghiesbreghtii, 
Keritia  divers;  Salvia  gesneriæflora.  erio- 
calyx  ; lochroma  divers,  ('.estrum  divers, 
Siphocamp]flus  divers,  Solanum  betaceum 
(feuilles),  Polygonum.  platycladum , Aralia 
Sieboldi,  Abutilon  variés.  Orangers  (jeunes 
pousses),  Artocarpus  imperialis  (feuilles), 
Oreopanax  (toules  les  feuilles),  Cycas  (feuil- 
les) divers,  excepté  le  L’.  revoluta;  Ptychos- 
perma  Alexandræ , Broméliacées  diverses, 
Cyathea  medullaris  (peu  souffert),  Psi- 
dium  Catleyayium,  Kleinias,  Bambusa 
Thouarsii,  Yucca  Guatemalensis  (feuilles), 
Damrnaras,  Araucaria  Rulei  et  variétés; 
Eucalyptus  (les  jeunes  pousses  d’un  giand 
nombre  d’espèces),  les  bourgeons  tendres 
(et  même  une  partie  du  vieux  bois)  des 
Orangers;  Chryso>  hyllum  impériale,  Sa- 
ribus  olivæformis,  Buddleia  Madagas- 
cariensis,  Beschornérias,  Colocasia  escu- 
(feuilles),  jeunes  pousst's  des  Rosiers, 
Orcliidées  tropicales  (nous  en  donnerons 
uliérieurernent  la  liste),  Nérions  (jeunes 
pousses),  Adiantum  (feuilles),  Bignonia 
Capensis,  B.  jasminoides,  Bougainvillea 
(non  abrités).  t'Apura,  Conoctinium,  Se- 
necio deltoideus  et  mikanioides,  Cor- 
dyline  lineata , Dracœna  cannœfolia , 
Eriocephalus,  Eugenia  brésiliens,  Ada- 
tfioda,  Libonia,  Meliamhus,  Myoporum, 
Russelia,  etc. 

ESPÈCES  QUI  n’ont  PAS  OU  QUI  ONT 
PEU  SOUFFERT. 

Pritchardia  fdifera,  Brahea  RoezHi, 
Phœnix  dactytilifera,  Panariensis ; t'ocos 
flexuosa,  botryophora  (?),  Romanzoffiana, 
Brahea  nitida,  Sabal  umbraculifera  et 
Havanemsis,  Gocos  campestris  et  variétés, 
Chamœrops  (tous),  Jubœa  spectabilis,  PsF 
dium  variés,  Balantium  antarcticum, 
Cycas  Siamensis  (avec  abri),  Persea  gra- 
tissima,  Anthurium  Scherzerianum  (à 
peine  abrité)  et  coriaceum.  Agave  et  Opun- 
tia (presque  toutes  les  espèces).  Euphorbes 
cacti formes,  Bucklandia  populnea  (à  mi- 
ombre),  Lepidozamia  Perofskiana,  Zamia 
spiralis,  Dion  edule,  presque  toutes  les 


164 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


plantes  de  l’Australie  et  de  la  Nouvelle-Zé- 
lande, les  Bambous;  Araucaria  excelsa  et 
A.  Bidwilli,  Phormiums,  Senecio  'platani- 
fülius,  Schinus  molle,  Salvia  Grahami, 
Coronilles,  Girollées,  Aristolochia  altissi- 
ma,  Sempervivum  Œonium,  Rosiers  de 
Banks  et  Indica  major;  plusieurs  Bromélia- 
cées, demi-abritées  : Ortgiesia  tülandsioi- 
des,  Puyas  divers,  Quesnelia  Skinneri,  Ana- 
nassa  macrodontes,  Distega7ithus  hasila- 
teralis,  etc.  ; Baccharis  Xalapensis,  Achg- 
ranthes,  Agatliea,  Beaucarnea,  Cassia, 
Cho7'izeyyia,  Cistus,  Cilrus  otailensis,  Cg- 
perus  alternifolius,Cgrlomium  falcatum, 
Cordgline  (Dracœna)  indivisa,  Dracæna 
Draco,  Dyckia,  Ephedra,  Escallonia, 
Egenia  Ugni,  Aralia  irifoliata,  Hahro- 
thamnus,  Hardenhergia,  Kermedya,  La- 
gunea,  Bhynchospermum , Strelitzia  re- 
ginœ,  Yucca  aloefolia,  Treculeanaj  etc.  ; 
Bhapis  flahellifoy'mis,  etc. 

Parmi  les  espèces  mentionnées  dans  cette 
dernière  liste,  plusieurs  ont  été  touchées 
par  le  froid,  sans  avoir  cependant  leur  exis- 
tence compromise;  mais  dans  les  situations 
favorisées,  toutes  se  sont  bien  comportées. 
C’est  ainsi  que  le  Phoenix  Canariensis 
(Ph.  tennis,  Vigieri,  etc.),  si  rustique  pres- 
que partout,  a été  maltraité  seulement  dans 
la  partie  froide  de  la  ville  de  Cannes,  quar- 
tier des  Vallergues,  du  Biou,  etc. 

Nous  ne  parlons  pas,  bien  entendu,  de  la 
très -nombreuse  population  végétale  qui 
forme  le  fonds  commun  de  tous  les  jardins 
du  Midi,  et  dont  les  arbres  et  arbustes 
australiens,  japonais  et  californiens,  etc., 
constituent  la  majorité.  Ceux-là  en  ont  vu 
bien  d’autres,  et  la  secousse  qu’ils  viennent 
de  recevoir  n’est  pas  pour  diminuer  leur 

SOCIÉTÉ  NATIONALÉ  ET  CENTRA 

SÉANCE  DU 

Ai'PORTs.  — Comité  (ï arboriculture  frui- 
tière : iM.  Jansoii,  horticulteur  à Etampes, 
avait  envoyé  deux  variétés  de  Pommes  dont  il 
est  l’obtenteur  et  qui,  pour  leur  mérite,  devi’ont 
faire  partie  du  jardin  fruitier  à différents  titres  ; 
l’une,  à peine  moyenne,  est  blanche,  parfois  un 
peu  grisâtre,  très-légèrement  côtelée,  un  peu 
variable  de  forme,  de  bonne  qualité  et  se  con- 
serve très-bien  Un  mérite  tout  particulier  que 
présente  cette  variété  consiste  dans  sa  fertilité, 
qui  est  excessive.  Le  comité,  autorisé  par  le 
présentateur,  a donné  à ce  gain  le  nom  de 


solide  réputation.  Les  genres  Grevillea, 
Hackea,  Banksia,  Benthamia,  Dasylirion, 
Brachychiton  populneum  et  acerifolium, 
Calolhamnus,  Coryyiocarpus,  Laurus,  Me- 
laleuca,  Mühlenbackia,  Phormium,  Poly- 
gala,  Punica,  Templetonia,  Metrosideros, 
CaUistemon,  Acacia,  Eucalyptus,  Cupres- 
sus , Juniperus,  Callitris,  Casuarina , 
Pittosporum,  Ligustrum,  Photinia,  Stran- 
wesia,  Evonyrnus,  etc.,  sont  d’une  résis- 
tance à toute  épreuve,  sans  parler  des  autres 
genres  cités  dans  la  liste  précédente. 

La  conclusion  à tirer  de  ce  rapide  exposé 
est  que  la  région  méridionale,  malgré  les 
mécomptes  inhérents  à toutes  les  tentatives 
un  peu  trop  osées  d’acclimatation,  en  dépit 
des  regrets  que  les  amateurs  doivent 
éprouver  de  voir  quelques-unes  de  leurs 
espérances  détruites,  offre  un  champ  vaste 
et  fécond  à l’horticulture.  On  fera  donc 
sagement,  en  plantant  les  jardins  sur  le 
littoral  de  Toulon  à Menton  et  à toute  la 
« Riviera,  » de  constituer  le  fonds  principal 
des  massifs  avec  les  végétaux  reconnus 
absolument  rustiques.  Les  groupes  détachés 
et  les  isolés  seront  pris  parmi  les  espèces 
indemnes  portées  sur  les  listes  que  nous 
venons  de  publier.  C’est  alors  seulement 
que,  brochant  sur  le  tout,  on  viendra 
essayer,  dans  des  situations  abritées  contre 
le  froid,  la  neige,  le  mistral  et  le  vent  d’est, 
les  espèces  plus  délicates  qui  ne  sauraient 
se  passer  d’une  protection  intelligente.  C’est 
grâce  à ces  précautions  qu’on  obtiendra 
l’aspect  de  vigueur  et  de  santé  que  doivent 
présenter  les  jardins  de  ces  contrées  pour 
rester  dignes  de  leur  réputation. 

Ed.  André. 


D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

8 MARS  1883 

Reinette  Samson.  L’autre  variété,  qui  appar- 
tient au  groupe  des  Apjis,  est  relativement 
grosse,  plus  lai  ge  que  haute,  fortement  colorée 
de  rouge  vif  sur  les  parties  insolées.  Il  arrive 
parfois  que  les  fruits,  fortement  anguleux, 
simulent  un  peu  VApi  étoilé.  Ce  sera  une 
grande  ressource  pour  la  pré})aration  des  des- 
serts. Le  comité  a donné  à cette  Pomme  le 
nom  de  Ajn  d'Étampes. 

Comité  de  culture  ^wtagére  : M.  Bertaud, 
jardinier  à Rungis,  présentait  des  Carottes 
nouvelles  de  la  variété  dite  grelot,  et  des 


ORIGINE  DES  BETTERAVES. 


165 


Fraises  des  variétés  Docteur  Morère  et  Mar- 
guerite qui  étaient  fort  belles.  — Sous  le  nom 
de  Céleri  turc,  M.  Beurdelait  présentait  deux 
pieds  d’un  Céleri  à tiges  relativement  fines, 
mais  creuses,  ce  qui  démontrait  l’inexactitude 
de  la  dénomination.  C’était  une  sorte  de  Cé- 
leri à couper. 

Comité  de  floricuUure  : M.  Duval,  chef  de 
culture  au  Muséum,  présentait  un  Crinum 
sans  nom  venant  de  Zanzibar,  d’où  il  a été 
envoyé  par  M.  Durand.  Le  pied,  très-beau,  à 
feuilles  longues  de  80  centimètres  et  plus, 
étalées,  arquées,  légèrement  ondulées,  et  qui 
avait  été  cultivé  par  M.  Ilainelin,  chef  des 
serres  froides  au  Muséum,  portait  deux  hampes 
tlorales  déprimées,  droites,  presque  aussi 
longues  que  les  feuilles,  terminées  par  des 
fleurs  régulières,  assez  longuement  pédon- 
culées,  d’un  blanc  très-légèrement  rosé,  lon- 
gues d’environ  10  centimètres,  s’élargissant 
graduellement,  un  peu  réfléchies  au  sommet 
et  dégageant  une  odeur  des  plus  suaves. 
C’est  une  magnifique  espèce  qu’on  paraît 
disposé  à rapporter  au  Crinum  Cajpense, 
et  qui  toutefois  en  serait  une  forme  très-dis- 
tincte et  surtout  très-méritante.  Les  fleurs 
rappellent  celles  de  certaines  Amaryllidées. 
Quant  à l’oignon,  il  est  très-allongé  et  ne 
présente  aucun  caractère  particulier.  — M.  Go- 
defroy-Lebeuf,  horticulteur  à Argenteuil,  avait 
un  apport  très- intéressant  comprenant  : un 
pied  d*Odontoglossu7n  Roezli  portant  six 
fleurs  ; un  beau  pied  de  Phalænopsis  considéré 
comme  un  P.  Stuartiana  dont  il  a les  carac- 
tères généraux,  mais  très-distinct  de  ce  que 
l’on  vend  généralement  sous  ce  nom.  C’est 
très-probablement  un  Phalænopsis  nohilis, 


espèce  très-rare  et  de  grande  valeur.  Quoi  qu’il 
en  soit,  c’est  une  magnifique  plante  appartenant 
au  groupe  des  Schilleriayia.  Comme  le  P.  Schil- 
leriana,  ses  feuilles  brunâtres,  épaisses,  sont 
rougeâtres  en  dessous,  marbrées  de  blanc  en 
dessus;  la  hampe,  gracieusement  ai'quée,  ro- 
buste, se  termine  par  des  fleurs  très-rappro- 
chées,  très-bien  ouvertes,  larges  et  relative- 
ment grandes;  deux  des  divisions  sont  par- 
tagées longitudinalement  en  deux  couleurs, 
l’une  blanche,  tandis  que  l’autre  est  fortement 
marbrée  de  roux  chocolat;  le  labelle  est  éga- 
lement marqué  de  macules  roux  brun  qui, 
élégamment  disposées,  produisent  un  gracieux 
contraste.  M.  Godefroy  présentait  en  outre  : un 
nouveau  Pellionia,  le  P.  Rhodoconakiana, 
dont  le  port,  l’aspect  général  et  la  végétation 
sont  semblables  à ceux  du  P.  Daveauana, 
figuré  dans  ce  recueil  (1)  ; il  n’en  diffère  guère 
que  par  ses  feuilles  plus  courtes,  très-large- 
ment arrondies  et  à peu  près  entières  ; un  pied 
en  fleur  de  Dendrochilon  gliunaceum,  cette 
singulière  Orchidée  cespiteuse  dont  l’inflores- 
cence, disposée  en  long  épi,  rappelle  assez 
exactement  certaines  Graminées.  La  durée  de 
ces  fleurs  est  excessivement  longue.  Placées  çâ 
et  là  dans  des  bouquets,  elles  leur  donnent 
une  élégance  et  une  légèreté  remarquables. 
M.  Godefroy  présentait  encore  une  forte  touffe 
de  Masdevallia  triangula^ns,  espèce  originaire 
de  Caracas,  portant  près  d’une  centaine  de 
fleurs;  celles-ci  sont  petites,  de  couleur  jau- 
nâtre, terne,  à appendices  ténus,  brunâtres  ; 
enfin  un  pied  de  Miltonia  Russelliana  dont  les 
fleurs,  disposées  en  épis,  ont  les  divisions 
étroites,  longues,  un  peu  contournées;  le 
labelle  est  légèrement  maculé  rose. 


ORIGINE  DES  BETTERAVES 


L’opinion  généralement  admise  de  la  filia- 
tion, qu’une  espèce  ne  peut  venir  que  d’une 
espèce  semblable,  implique  forcément  l’idée 
d’une  création  unique,  instantanée,  d’un 
état  de  choses  primitif  qui  n’aurait  eu  qu’à 
se  continuer.  Or,  la  science  géologique,  unie 
à toutes  les  sciences  naturelles,  montre  le 
contraire  de  la  manière  la  plus  formelle. 

En  ce  qui  regarde  l’origine  des  Bette- 
raves, on  paraît  faire  fausse  route  en  cher- 
chant le  type  dans  l’espèce  que  l’on  ren- 
contre sur  différentes  parties  du  littoral, 
particulièrement  de  nos  provinces  de  l’Ouest, 
le  Beta  maritima.  En  effet,  celle-ci  est  vi- 
vace, presque  sous-frutescente,  traçante;  en 
un  mot,  elle  est  complètement  différente  de 
nos  Betteraves,  qui  sont  bisannuelles  et 


même  annuelles^  absolument  comme  nos 
Carottes. 

La  plante  qui  paraissait  indiquée  pour 
tenter  des  expériences  est  la  Bette  com- 
mune qui,  à part  les  renflements  des  ra- 
cines, a tous  les  caractères  généraux  de 
nos  Betteraves,  ce  qui,  du  reste,  semble 
sous-entendu  dans  la  signification  du  mot 
« Betterave,  » c’est“à-dire  une  Bette  et 
une  Rave  réunies,  en  d’autres  termes  une 
Bette  dont  la  racine  a pris  la  forme  d’une 
Rave. 

Du  reste,  l’expérience  vient  de  confirmer 
l’hypothèse  et  de  démontrer  le  fait.  L’année 
dernière,  un  de  nos  collègues  a obtenu 
dans  un  semis  de  Bette  ou  Carde  plusieurs 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1880,  p.  290. 


m 


CULTURE  DE  L’AGATHEA.  CŒLESTIS. 


individus  à racine  principale  diversement 
renflée;  certains  ont  même  une  protubé- 
rance ass^ez  forte,  et  ce  qu’il  y a de  remar- 
quable, c’est  que  le  collet,  au  contraire, 
s’est  amoindri,  ce  qui,  du  reste,  est  con- 
forme à ce  que  nous  connaissons  pour  des 
plantes  analogues. 

Loin  d être  extraordinaire,  ce  fait  est 


conforme  à beaucoup  d’autres  et  s’est  pro- 
duit sur  des  Panais,  Carottes,  Céleris,  etc. 
Néanmoins,  comme  il  sert  la  science  en 
jetant  un  nouveau  jour  sur  l’origine  d’une 
de  nos  plantes  économiques  et  industrielles 
des  plus  importantes,  nous  avons  cru  devoir 
le  citer. 

E.-A.  Carrière. 


CrLTURR  DE  L’AGATHEA  CŒLESTIS 


Une  de  nos  plus  anciennes  connaissances 
parmi  les  plantes  de  serre  froide  est  cer- 
tainement l’Aster  bleu  du  Cap,  VAgalhen 
cœlestis  (ou  A.  amelloides).  Chacun  l’a  vu 
foianer  des  arbustes  uu  peu  gr  êles,  se  sou- 
tenant assez  mal,  et  produisant  de  jolies 
étoiles  du  plus  beau  bleu  faïence  au  sommet 
des  rameaux.  Ainsi  cultivée,  à l’instar 
d’une  Bruyère  ou  d’une  Epncris,  la  plante 
n’a  lien  de  très-séduisant,  et  on  la  relègue 
souvent  dans  un  coin  de  l’orangerie,  sans  lui 
accorder  beaucoup  d’attention. 

C’est  qu’on  ne  la  connaît  pas  bien. 

Il  tant  la  voir  au  grand  air  dans  le  midi 
de  la  France,  sur  la  côte  méditerranéenne, 
pour  se  faire  une  idée  exacte  de  sa  beauté. 
Au  lieu  de  former  un  arbuscule  médiocre, 
cetie  espèce,  placée  en  pleine  terre  au  soleil, 
dans  le  sol  micacé  de  Cannes,  par  exemple, 
prend  en  peu  de  mois  la  forme  trapue,  buis- 
sonneuse, arrondie,  régulière.  Son  joli  feuil- 
lage, ferme  et  bien  tenu,  devient  compacte, 
sans  perdre  son  élégance.  Des  centaines  de 
fleurs  se  dressent  avec  régularité  sur  leurs 
pédoncules  rigides,  et  s’épanouissent  succes- 
sivement pendant  plusieurs  mois,  du  com- 
mencement jusqu’au  milieu  de  l’hiver.  En 
novembre  dernier,  j’ai  fait  relever  de  pleine 
terre,  à Cannes,  et  j’ai  appc  rlé  à Paris  une 
de  ces  touffes,  qui  portait  à la  fois  trois  cents 
fleurs  et  boulons,  et  qui  n’a  cessé  de  fleurir 
pendant  six  semaines.  J’affirme  qu’un  sem- 
blable exemplaire,  tout  couvert  de  ses  jo- 
lies fleurs  de  saphir,  aurait  eu  un  véri- 
table succès  à la  vitrine  d’un  des  grands 
fleuristes  de  Paris,  d’un  Vaillant  ou  d’un 
Labrousse. 

Mais  le  relèvement  brusque  de  la  pleine 
terre,  pour  la  transplantation  en  poi  et  la 
culture  d’appartement,  n’est  pas  à con- 
seiller. Ainsi  traitées,  les  feuilles  jaunissent, 
et  les  fleurs  se  décolorent. 

Voici  le  traitement  que  je  conseillerais 


pour  la  culture  de  marché  et  la  vente  hiver- 
nale à Paris. 

Il  s’agit  toujours  de  la  culture  prépara- 
toire dans  la  région  méditerranéenne. 

En  septembre-octobre,  bouturer  des 
jeunes  pousses,  sous  cloche,  à l’étouffée  ou 
sous  châssis  froid.  Rempoter  les  boutures 
reprises  et  les  hiverner  dehors,  protégées  par 
des  abris  de  cannes  {Arundo  Donax). 

En  mars,  préparer  des  planches  de  terrain 
exposées  au  plein  soleil,  et,  s’il  est  pos- 
sible, sur  un  sol  granitique  ou  gneissique, 
bien  défoncé  et  légèrement  fumé.  Espacer 
les  plantes  de  33  centimètres  en  tout  sens, 
pour  qu’elles  puissent  se  développer  libre- 
ment et  rester  rondes  et  trapues. 

A la  fin  de  septembre,  les  Agathéas  sont 
arrivés  à leur  plein  développement.  Quand 
les  boutons  sont  bien  sortis,  mais  avant  que 
les  pédoncules  soient  trop  allongés,  relever 
les  plantes  en  motte  avec  précautioii,  et  les 
mettre  en  pot,  sur  place,  dans  la  terre 
même  du  jardin.  Les  pots,  suivant  la  gros- 
seur des  exemplaires,  auront  de  15  à 18  cen- 
timètres de  diamètre.  Enterrer  ces  pots 
dans  les  trous  mêines  des  plantes  et  les  re- 
couvrir d’un  centimètre  de  terre.  Mouiller 
abondamment  et  ombrer  la  planche  tout 
entière  par  un  léger  treillis  de  cannes  sup- 
porté par  des  piquets  hauts  de  70  à 80  cen- 
timètres. 

Quand  les  plantes  sont  bien  reprises,  en- 
lever le  treillis  et  laisser  la  végétation  se 
parfaire  au  soleil,  jusqu’au  moment  de 
l’expédition. 

Ainsi  traités,  expédiés  en  boulons  dans 
des  paniers,  par  petite  vitesse,  les  Agathéas 
peuvent  facilement  supporter  les  six  jours 
de  transport  jusqu’à  Paris,  arriver  frais  et 
être  placés  dans  une  serre  froide  ou  tem- 
pérée, pour  y fleurir  avec  profusion  et  être 
mis  en  vente  successivement. 

J’engage  nos  confrères  les  fleuristes  à 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS. 


i67 


essayer  de  cette  méthode  et  à prendre  des 
arrangements  avec  des  horticulteurs  du 
Midi,  pour  réaliser  le  mode  de  cidture  que 
je  viens  d’indiquer.  J’ai  la  conviction  qu’ils 
y trouveront  un  profit  de  bon  aloi. 

On  pourrait  encore  procéder  par  division 
des  touffes  au  printemps,  plantation  en 
pleine  terre  en  planches  et  relèvement, 
comme  je  l’ai  dit  plus  ' aut.  Mais  je  crois 
que  le  premier  mode  donnerait  des  plantes 
mieux  faites  et  de  meilleurs  résultats. 


De  fortes  touffes  d’A^athéas  ainsi  obte- 
nues réaliseraient  sur  le  marché  «le  Paris 
des  prix  rémunérateurs,  car,  si  les  jeunes 
sujets  de  vente  courante  ne  peuvent  attein- 
dre un  taux  élevé,  il  n’en  est  pas  de  même 
dès  qu’on  a affaire  à de  véritables  exem- 
plaires d’amateurs,  que  les  fleuristes  ven- 
dent ce  qu’ils  veulent,  quand  la  forme  et  la 
floraison  des  plantes  sont  irréprochables. 

Ed.  André. 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS 


Reinetle  Ohio.  — Cette  Pomme,  dont 
nous  n’avons  trouvé  nulle  part  de  descrip- 
tion, nous  a été  donnée  par  un  grand 
amateur  d’arbres  fruitiers,  M.  Chrétien; 
elle  rappelle  assez  par  sa  couleur  certains 
Rambours.  C’est,  du  reste,  un  très-beau 
fruit  dont  voici  les  caractères  : 

Fruit  gros,  élargi  à la  base,  atteignant 
jusqu’à  9 centimètres  de  diamètre  et  parfois 
presque  autant  de  hauteur,  largement,  mais 
obscurément  côtelé,  souvent  un  peu  inéqui- 
latéral, brusquement  et  sensiblement  atté- 
nué vers  le  sommet.  Queue  fine,  courte, 
dépassant  à peine  la  cavité,  qui  est  éva- 
sée, relativement  étroite.  Œil  ouvert,  pro- 
fond, placé  au  fond  d’une  dépression  assez 
sensible,  souvent  plissée,  à divisions  très- 
courtes.  Peau  rouge  brillant  sur  un  fond 
jaune,  longitudinalement  rayée  et  marquée 
de  bandes  ou  rubanures  muge  sang.  Chair 
blanc  jaunâtre,  cassante,  bien  que  très- 
tendre,  sucrée,  légèrement  aigrelette,  très- 
agréablement  parfumée  ; loges  moyenn-^s; 
pépins  roux  noir,  assez  renflés,  longue- 
ment atténués  à la  base. 

Ce  fruit,  gros  et  aussi  bon  qu’il  est  beau, 
mûrit  de  décembre  à mars;  mais  il  est  bon 
à manger  même  avant  d’être  bien  mûr.  11 
ne  rougit  pas  à l’air  après  qu’il  a été 
coupé. 

Poire  Barillet- Deschamps.  — Le  seul 
auteur  qui  nous  paraît  avoir  parlé  de  cette 
Poire  est  M.  O.  Thomas  qui,  dans  son 
Guide  pratique  de  l’amateur  des  fruits^ 
la  classe  dans  les  « variétés  à l’étude.  » 
Voici  ce  qu’il  en  dit  : « Fruit  assez  gros, 
jugé  de  premier  mérite  par  le  Comité 
pomologique  de  Rouen,  les  9 février  et 
5 avril  18üG.  — Arbre  très- fertile.  » 

Les  fruits  que  nous  avons  dégustés,  dus  à 


l’obligeance  de  M.  Chrétien,  nous  ont  pré- 
senté les  caractères  suivants  : 

Fruit  allongé,  atténué  presque  dès  sa 
base,  rappelant  un  peu  un  Capiaumont  ou 
une  Figue  d’Alençon,  souvent  légèrement 
iné(|uilatéral,  dépassant  parfois  8 centimè- 
tres de  longueur  sur  un  diamètre  un  peu 
moindre.  Œil  dans  une  large  dépression, 
peu  profonde,  largement  ouvert,  à divisions 
étroites,  étalées  et  dégageant  l’ouverture. 
Queue  forte,  placée  obliquement  sur  le 
côté  du  fruit,  ou  mieux  sur  l’extrémité  de 
celui-ci,  arquée  en  forme  de  bec  de  perro- 
quet. Peau  d’un  gris  roux  foncé  uniforme, 
comme  celle  d’un  Messire-Jean.  Chair  un 
peu  cassanfe,  presque  complètement  dé- 
pourvue de  concrétions,  blanche;  eau  abon- 
dante, sucrée,  finement  et  très-agréable- 
ment parfumée;  pépins  très-longuement 
atténués  en  pointe  à la  base. 

Nous  avons  dégusté  le  fruit  du  Poirier 
Barillet- Deschamps  au  commencement  de 
février  1883;  il  n’était  pas  encore  arrivé  à 
sa  complète  maturité. 

Pomme  Müllers  Spitzapfel.  — « Fruit 
moyen,  conique  obtus,  régulier,  lavé  de 
carmin  sur  fond  jaune  citron  verdâtre;  de 
première  qualité.  Maturité,  courant  et  fin 
d'hiver.  Joli  frtjit.  Arbre  rustique  et  très- 
fei'tile.  » (O.  Thomas,  Guide  pratique  de 
l'amateur  de  fruits,  p.  138.  — Variétés 
à VHude.) 

Des  fruits  d’origine  authentique  nous  ont 
présenté  les  caractères  suivants,  qui  s’accor- 
dent avec  ceux  indiqués  par  M.  O.  Thomas 
et  que  nous  venons  de  rapporter.  Voici  : 
fruit  subconique,  non  côtelé,  atténué  aux 
deux  bouts,  mais  plus  longuement  au  som- 
met, atteignant  8 centimètres  de  longueur 
sur  environ  7 dans  son  plus  grand  diamètre. 


168 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS. 


Queue  ténue,  saillante  dans  une  cavité  en 
entonnoir  régulier  assez  profonde.  Œil  petit, 
fermé,  dans  une  petite  cavité  plissée.  Peau 
lisse,  luisante,  à fond  jaune  beurre  pâle  à 
la  maturité,  fortement  lavée  de  rouge  carmin 
brillant  sur  les  parties  insolées,  surtout 
vers  la  base  du  fruit.  Chair  blanc  crémeux, 
à grain  assez  gros,  sucrée,  finement  relevée, 
manquant  un  peu  de  saveur  quand  elle  est 
très-mûre.  Loges  à peine  moyennes  ; pépins 
nombreux,  petits,  renflés  sur  les  faces,  gris 
roux  foncé  ou  brunâtre. 

Nous  avons  dégusté  ce  fruit  le  2 fé- 
vrier 1883;  il  paraissait  presque  à Tapogée 
de  sa  maturité;  néanmoins,  la  saveur  était 
encore  très-bonne.  La  chair  reste  très-long- 
temps blanche  après  qu’elle  a été  coupée. 

Poire  Léon  Dejardin.  — • « Bon  fruit  de 
mai-juin,  ressemblant  au  Beurré  de  Boll- 
vAller,  mais  dont  l’arbre  est  très -vigoureux 
et  d’une  fertilité  sans  égale.  — Obtenu  à 
Boussoir,  près  Maubeuge.  » (O.  Thomas.) 

Voici  les  caractères  de  celte  variété  lors 
de  sa  dégustation,  le  11  février  1883  : fruit 
assez  régulièrement  pyriforme,  parfois  un 
peu  oblique,  atteignant  jusqu’à  9 centi- 
mètres de  hauteur  sur  8 de  diamètre,  très- 
pesant,  à peine  légèrement  rétréci  à la  base, 
ventru,  très-régulièrement  atténué  vers  le 
sommet.  Œil  très-plat,  fermé,  à divisions 
courtes.  Queue  un  peu  oblique,  droite, 
insérée  un  peu  au-dessous  du  sommet  du 
fruit,  d’égale  grosseur  dans  toute  sa  lon- 
gueur qui  est  d’environ  2 centimètres.  Peau 
d’un  jaune  d’or  uniforme,  rarement  très- 
légèrement  lavée  de  rouge.  Chair  ferme, 
grossière,  cassante,  blanche  ; eau  sucrée, 
faiblement  relevée.  Sans  être  mauvais,  ce 
fruit  est  médiocre  cru,  mais  très-bon  à 
cuire. 

Poire  Gros-Trouvé  {Pow.ologie  tournoi- 
sienne,  n®  65,  p.  181)  : a Fruit  énorme, 
fusiforme,  coloré  du  côté  du  soleil,  à chair 
cassante,  de  toute  première  qualité  pour 


cuire.  Maturité  jusqu’en  automne  de  l’an- 
née suivante.  Arbre  très-vigoureux.  Su- 
perbe Poire.  » (O.  Thomas,  Guide  de  Va- 
mateur  des  fruits,  p.  95.  — Variétés  à 
Vétude.) 

Les  échantillons  que  nous  avons  étudiés, 
et  que  nous  avait  donnés  M.  Chrétien,  con- 
firment en  tous  points  ce  qu’a  dit  M.  Thomas 
et  que  nous  allons  compléter. 

Fruit  atteignant  jusqu’à  11  centimètres 
et  plus  de  hauteur  sur  près  de  9 centi- 
mètres dans  son  plus  grand  diamètre,  fusi- 
forme, un  peu  inéquilatéral,  ressemblant 
assez  exactement  à une  Belle  Angevine.  Œil 
petit  dans  une  dépression  très-peu  profonde, 
à divisions  courtes.  Queue  assez  longue, 
relativement  ténue,  renflée  à sa  base,  in- 
sérée un  peu  sur  le  côté.  Peau  fond  jaune, 
rouge  vermillonné  sur  les  parties  fortement 
insolees.  Chair  cassante,  grossière,  très- 
blanche  et  très-sucrée,  peu  parfumée.  Loges 
longues.  Pépins  renflés,  fortement  ovales, 
assez  brusquement  acuminés. 

Les  fruits  que  nous  avons  dégustés  le 
15  février  d883  étaient  arrivés  à leur 
extrême  maturité  et  légèrement  farineux; 
néanmoins,  ils  étaient  agréables  à manger, 
tendres,  l’on  pourrait  même  dire  relative- 
ment fondants,  ce  qui  laisse  supposer  que, 
pris  à point,  ils  seraient  même  mangeables 
comme  fruits  « à couteau.  » Est-ce  à l’année 
pluvieuse  et  un  peu  froide  que  nous  venons 
de  traverser  qu’il  faut  attribuer  la  conser- 
vation relativement  courte  des  Poires  dont 
nous  venons  de  parler  ? 

Quoi  qu’il  en  soit,  le  Gros- Trouvé  n’en 
est  pas  moins  un  fruit  très-méritant,  aussi 
beau  et  à peu  près  aussi  gros  que  la 
Belle  Angevine,  mais  supérieur  en  qualité. 
Si  l’on  veut  avoir  des  fruits  excessivement 
gros,  il  convient  de  n’en  laisser  qu’une  cer- 
taine quantité,  en  rapport  avec  la  force  des 
arbres. 

POMONA. 


lmp.  d-Aorgei  Jaoob,  — Orléuu. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Avis  important  relatif  à la  circula- 
tion des  végétaux.  — Nous  appelons  par- 
ticulièrement l’attention  sur  les  docu- 
ments suivants  que  vient  de  nous  adresser 
M.  Cornu,  délégué  du  gouvernement  fran- 
çais à Berne,  pour  soutenir  les  intérêts 
agricoles  et  horticoles  français  devant  la 
commission  du  phylloxéra  : 

Paris,  23  mars  1883. 

J’ai  l’honneur  de  vous  adresser  une  copie 
des  deux  premiers  articles  de  l’arrêté  ministé- 
riel du  15  juin  1882,  dont  j’ai  parlé  hier  à la 
Société,  mais  dont  je  n’avais  pas  le  texte. 

Vous  verrez  qu’en  France  la  circulation 
des  plants,  arbustes,  et  tous  végétaux  autres 
que  la  Vigne  est  libre  quand  ces  plants  pro- 
viennent d’arrondissements  non  phylloxérés  ; 
dans  ce  cas  se  trouvent  compris  les  départe- 
ments de  la  Seine,  de  Seine-et-Oise,  de  Seine- 
et-Marne  (moins  le  canton  de  Château-  Landon 
{Seine-et-Marne),  et  tout  le  nord  de  la  France, 
Les  restrictions  n’interviennent  que  quand 
les  plants  proviennent  d’arrondissements  phyl- 
loxérés ; mais,  dans  ce  cas  encore,  la  libre 
circulation  est  permise  pour  les  légumes, 
fruits,  graines,  etc.,  fleurs  en  pot^  que  l’ar- 
rondissement soit  phylloxéré  ou  non  (ceci  inté- 
resse le  commerce  avec  Nice  et  le  Midi). 

Vous  reconnaîtrez,  j’en  suis  sûr,  que*  les 
ennuis  que  vous  subissez,  pour  la  France,  ne 
proviennent  -que  d’une  interprétation  défec- 
tueuse des  arrêtés,  qui  sont  favorables  à 
l’horticulture. 

J’ai  déjà  insisté  bien  des  fois  auprès  de  nos 
collègues,  sans  succès,  avant  la  séance  d’hier, 
sur  Futilité  d’examiner  en  commission  spé- 
ciale les  obligations  de  la  convention,  moins 
sévère  qu’on  ne  le  croit.  Maxime  Cornu, 

Arrêté  du  15  juin  1882,  relatif  à la  circula- 
tion, en  France,  des  produits  de  l'agricul- 
ture et  de  l'horticulture. 

« Article  premier.  — Les  produits  de  l’a- 
griculture et  de  l’horticulture,  tels  que  légu- 
mes, fruits  et  graines  de  toute  sorte,  fleurs 
coupées  ou  en  pots,  etc.,  quelle  que  soit  leur 
provenance,  continueront  à circuler  librement 
dans  toute  l’étendue  du  territoire  de  la  Répu- 
blique française. 

« Art.  2.  — La  même  liberté  de  circulation 
est  maintenue  pour  les  plantes,  arbustes  et 
tous  végétaux  autres  que  la  Vigne,  provenant 
de  pépinières,  de  jardins,  de  serres,  d’orange- 
ries, situés  dans  des  arrondissements  réputés 
préservés , de  l’invasion  phylloxérique  et  figu- 

16  Avril  1883. 


rant  comme  tels  sur  la  carte  la  plus  récente, 
dressée  en  vertu  de  l’article  2 de  la  loi  des 
-15  juillet  1878  et  2 août  1879.  » 

L’article  3 introduit  des  restrictions  pour 
les  plants  qui  proviennent  d’arrondissements 
phylloxérés  ; c’est  alors  seulement  qu’on  exige 
le  certificat  d’origine  et  l’attestation  de  l’auto- 
rité compétente,  etc. 

Ainsi  qu’on  peut  le  voir  d’après  les 
documents  que  nous  venons  de  citer,  rien 
n’est  plus  clair  ni  plus  précis.  Tous  les 
produits,  quels  qu’ils  soient,  provenant 
d’endroits  réputés  non  phylloxérés,  peuvent 
circuler  sans  entrave  dans  toutes  les  parties 
de  la  France;  les  certificats  ne  sont  obliga- 
toires que  lorsqu’il  s’agit  de  plants  prove- 
nant d’arrondissements  phylloxérés.  Mais, 
ainsi  qu’on  peut  également  le  voir,  cet  arrêté 
n’est  pas  nouveau  — il  date  d’un  an  bien- 
tôt. — Comment  donc  se  fait-il  que  depuis 
ce  temps  les  entraves  sont  telles  sur  cer- 
taines lignes  que  plusieurs  horticulteurs  ont 
pris  le  parti  de  ne  plusfaire  d’expéditions  par 
ces  lignes?  C’est  surtout  la  ligne  du  Nord, 
qui  précisément  devrait  être  la  plus  accom- 
modante, eu  égard  à sa  position  géogra- 
phique, qui  est  d’une  rigueur  implacable. 

Toutefois,  nous  ne  l’accusons  pas  d’un 
parti  pris,  et  nous  avons  la  conviction  qu’il 
n’y  a là  qu’un  malentendu  qui  va  dispa- 
raître. 

Que  faudrait-il  pour  faire  cesser  toutes 
ces  entraves  ? Que  le  gouvernement  envoyât 
à toutes  les  compagnies  de  chemins  de  fer 
un  duplicata  de  l’arrêté  que  nous  venons 
de  rapporter,  en  leur  intimant  l’ordre  de 
s’y  conformer. 

Exposition  d’horticulture  à Amiens. 

— Du  10  au  14  mai  1883,  la  Société  d’hor- 
ticulture de  Picardie  fera,  à Amiens,  une 
exposition  des  produits  de  l’horticulture, 
ainsi  que  des  arts  et  industries  qui  s’y  rat- 
tachent. Cette  exposition  coïncidera  avec  le 
concours  agricole  qui  se  tiendra  à la  même 
époque. 

Tous  les  horticulteurs  et  amateurs  fran- 
çais ou  étrangers  pourront  prendre  part  à 
cette  exposition  ; ils  devront  en  faire  la  de- 
mande à M.  Mennéchet,  président  de  la 
Société  d’horticulture,  33,  rue  Remercier, 
à Amiens. 


8 


170 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Outre  les  récompenses  destinées  aux  pro- 
duits de  l’horticulture,  il  en  sera  accordé 
pour  les  bons  services  rendus  par  les  jardi- 
niers et  garçons  jardiniers  qui  en  justifie- 
ront à l’aide  de  certificats  délivrés  par  les 
personnes  autorisées. 

Pour  récompenser  les  instituteurs  com- 
munaux du  département  de  la  Somme,  la 
Société  ouvre  un  concours  spécial  où  seront 
appréciés  les  résultats  pratiques  et  théo- 
riques concernant  l’horticulture  et  obtenus 
par  les  candidats,  auxquels,  après  examen, 
il  sera  attribué  des  récompenses  en  rapport 
avec  les  progrès  réalisés. 

Abaissement  des  tarifs  de  chemins 
de  fer.  — M.  E.  Delaire,  secrétaire  géné- 
ral de  la  Société  d’horticulture  d’Orléans 
et  du  Loiret,  a eu  la  bonne  idée  de  réunir 
les  différents  documents  relatifs  aux  démar- 
ches qui  ont  été  faites  auprès  des  diverses 
compagnies  de  chemins  de  fer,  afin  d’obte- 
nir des  réductions  de  prix  sur  le  transport 
des  végétaux.  Par  suite  de  ces  négociations 
quelques  résultats  favorables  ont  été  obte- 
nus. On  trouvera  tous  ces  documents,  que 
les  horticulteurs  ont  intérêt  à connaître, 
dans  une  brochure  vendue  chez  MM.  Puget 
et  O®,  rue  Vieille-Poterie,  à Orléans. 

M.  E.  Delaire  ne  s’en  est  pas  tenu  à ce 
premier  succès,  et  ses  instances  près  de  la 
Compagnie  Paris-Lyon-Méditerranée  ont 
reçu  bon  accueil.  Le  20  février  dernier,  la 
lettre  suivante  lui  était  adressée  : 

Monsieur, 

J’ai  l’honneur  de  vous  informer  que  nous 
venons  de  soumettre  à l’homologation  de  l’ad- 
ministration supérieure  la  proposition  d’intro- 
duire les  arbres  et  arbustes  vivants,  avec  la 
taxe  de  la  l^e  série  du  tarif  général,  sans  ma- 
joration, dans  notre  tarif  spécial  P.  V.,  n®  40 
(plantes  vivantes). 

Dès  que  cette  disposition  aura  reçu  l’appro- 
bation ministérielle,  je  m’empresserai  de  vous 
faire  connaître  la  date  qui  sera  fixée  pour  sa 
mise  en  vigueur. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Des  démarches  analogues  ont  été  faites 
par  M.  Louis-Anatole  Leroy,  et  la  Revue 
horticole,  dans  son  numéro  du  1®**  décem- 
bre 1882,  a publié  les  résultats  favorables 
obtenus  par  cet  utile  concours.  Un  autre 
horticulteur,  M.  Henry  Chatenay,  à Doué- 
la-Fontaine  (Maine-et-Loire),  ayant,  lui 
qussi,  fait  des  tentatives  auprès  de  la  Com- 


pagnie de  l’Ouest,  a reçu  la  lettre  suivante, 
qui  intéressera  nos  lecteurs  : 

Paris,  -12  mars  1883. 

Monsieur  Chatenay,  pépiniériste  à Doué- 
la-Fontaine, 

Gomme  suite  à ma  lettre,  du  13  décembre 
dernier,  j’ai  l’honneur  de  vous  informer  que 
l’administration  supérieure  vient  d’honiolo- 
guer  : 

1®  L’abaissement  de  la  2®  à la  3®  série  de 
notre  tarif  général  des  arbres  et  arbustes  vi- 
vants, par  chargement  complet  de  wagon  d’au 
moins  4,000  kilogrammes  ; 

2®  Les  additions  dans  nos  tarifs  spéciaux  P. 
V.,  n®s  24  et  24  quater,  pour  le  transport  des 
memes  marchandises,  qui  ont  été  portées  à 
votre  connaissance. 

En  conséquence,  nous  avons  donné  toutes 
instructions  utiles  à nos  gares  intéressées  pour 
l’application,  à partir  du  15  mars  courant,  des 
nouveaux  prix  dont  il  s’agit. 

Agréez,  etc. 

Le  chef  du  service  commercial. 

Malgré  cette  réduction,  les  produits  hor- 
ticoles sont  encore  beaucoup  trop  imposés 
comparativement  à d’autres  marçhandises, 
et  il  est  possible  que  de  nouvelles  sollicita- 
tions, faites  par  les  ayants  droit,  seraient 
suivies  de  succès  et  auraient  pour  résultat  un 
nouvel  abaissement  des  tarifs  en  vigueur. 
Pour  cela,  il  faudrait  qu’une  commission 
analogue  à celle  qui  s’est  formée  pour  la 
révision  de  la  convention  de  Berne  se  cons- 
tituât afin  d’exposer  et  de  défendre  les  droits 
de  l’horticulture  auprès  des  Compagnies, 
qui,  du  reste,  paraissent  assez  disposées  à 
faire  des  concessions. 

Floraison  très-précoce  d’un  Poirier. 

— Le  Poirier  dont  il  s’agit  appartient  à la 
variété  Boyine  d’Ezée,  et  la  personne  qui 
nous  informe  du  fait,  un  amateur  passionné 
d’arboriculture  fruitière.  M.  Lockroy  père 
nous  écrivait  le  7 mars  : 

<t  La  saison  est-elle  aussi  dangereuse- 
ment précoce  à Montreuil  qu’elle  l’est  à 
Saint-Mandé  ? 

a.  Voici  à quel  sujet  je  vous  adresse  cette 
question  : 

<£  J’ai  dans  cette  localité,  et  dans  un  ter- 
rain qui  n’est  nullement  abrité,  un  Poirier 
Bonne  d’Ezée  qui  est  en  fleurs  depuis  le 
2 mars.  » 

Une  telle  précocité,  en  effet,  est  un  fait 
bien  rare,  à ce  point  même  qu’on  n’en  pour- 
rait certainement  citer  aucun  autre  exemple 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


171 


SOUS  le  climat  de  Paris.  C’est  du  reste  un  cas 
tout  exceptionnel  et  dû,  sans  aucun  doute, 
à des  conditions  particulières  et  individuelles 
qu’on  ne  pourrait  probablement  pas  dé- 
finir. Le  fait  est  d’autant  plus  remarquable 
que  cette  variété  n’est  pas  une  des  plus 
précoces  à fleurir  et  que,  dans  tout  le 
groupe  Poirier,  aucune  n’était  prête  à fleu- 
rir au  moment  où  se  passait  le  fait  dont 
nous  parlons,  car,  malgré  une  absence  à 
peu  près  complète  de  froid,  on  remarqua 
que  la  floraison  des  arbres  fruitiers  n’est 
pas  exceptionnellement  avancée. 

Le  fait  que  signale  M.  Lockroy  serait- 
il  dû  au  tempérament  spécial  de  l’individu 
qui  l’a  présenté,  et,  les  années  précédentes, 
cet  arbre  a-t-il  montré  une  précocité  ana- 
logue ? 

Fructification  en  Europe  de  l’Arau- 
caria Cunninghami.  — Cette  fructifica- 
tion, qui  s’est  montrée  à Lisbonne,  est  pro- 
bablement la  première  de  ce  genre  en 
Europe,  d’après  ce  que  nous  écrit  notre 
collègue  et  collaborateur,  M.  Daveau,  jardi- 
nier en  chef  au  Musée  national  de  Lisbonne  : 

Je  m’empresse  de  vous  signaler  la  produc- 
tion de  graines  fertiles  de  V Araucaria  Cunnin- 
ghami à Lisbonne.  C’est  dans  les  cultures  de 
M.  Jacob  Weiss,  jardinier  en  chef  du  duc  de 
Palmella,  que  le  fait  s’est  produit.  Le  sujet 
avait  donné  des  cônes  en  grande  quantité,  et 
M.  Jacob  ramassa  et  mit  en  terre,  au  fur  et 
à mesure  qu’elles  tombaient,  les  écailles  et 
les  graines.  Ces  dernières  ne  tardèrent  pas  à 
germer;  aujourd’hui  les  radicules  ont  déjà 
plusieurs  centimètres  de  longueur , et  les 
jeunes  tigelles  ne  tarderont  pas  à se  montrer. 
Comme  la  fructification  de  cette  belle  espèce 
est  un  fait  rare,  j’ai  cru  devoir  vous  la  faire 
connaître,  pensant  que  les  lecteurs  de  l^iRevue 
horticole  pourraient  en  faire  leur  profit. 

M.  Daveau  a raison,  et  nous  le  remercions 
de  son  intéressante  communication.  Deux 
faits  s’en  dégagent;  en  Portugal  V Arau- 
caria Cunninghami  peut  fructifier,  et 
bientôt  les  horticulteurs  pourront  s’appro- 
visionner de  graines  de  cette  belle  espèce, 
toujours  rare  parce  qu’il  est  difficile  de 
s’en  procurer  des  semences  fraîches. 

Encore  des  charlatans  horticoles  ! — 

M.  le  docteur  Miran,  de  Lectoure  (Gers), 
nous  informe  du  séjour  à Lectoure  de  mar- 
chands (?)  de  plantes  « impossibles,  » ac- 
compagnées de  gravures  qui  ne  le  sont  pas 


moins;  par  exemple  des  Boules-de-Neige 
de  quatre  couleurs  : bleu,  rouge,  jaune, 
blanc  ; des  Marronniers  dont  le  fruit,  res- 
semblant à une  Citrouille,  contient  des 
quantités  considérables  de  Marrons  ; des 
Asphodèles  à fleurs  bleues,  rouges,  etc.  » 
Les  faits  que  nous  signale  M.  le  docteur 
Miran  sont  assurément  regrettables,  mais 
ils  ne  sont  pas  nouveaux,  et  chaque  année  ils 
se  renouvellent  sur  plusieurs  points  de  la 
France.  Malheureusement,  nous  n’y  pou- 
vons rien,  sinon  de  les  enregistrer  et  d’en 
flétrir  les  auteurs  qui,  du  reste,  ne  s’en  por- 
teront pas  plus  mal  et  n’en  continueront 
pas  moins  leur  commerce  ? C’est  donc  aux 
connaisseurs,  témoins  de  ces  faits,  d’inter- 
venir et  d’éclairer  les  personnes  qui  se 
laissent  prendre  à ces  grossiers  appâts, 
ou,  mieux  encore,  de  donner  publiquement 
à ces  individus  une  leçon  telle  qu’elle  leur 
ôte  l’envie  de  recommencer. 

Sur  une  facture  imprimée  de  ces  indus- 
triels, on  lit  : ((  Arnol  et  Qî®,  horticulteurs, 
Paris,  barrière  Fontainebleau.  » Inutile  de 
dire  que  l’adresse  est  mensongère  comme 
tout  le  reste. 

L’exemple  paraît,  du  reste,  contagieux. 
Nous  venons  de  voir  à Nice  un  déballage  de 
prétendues  plantes  d’Angers  qui  rentre  dans 
la  môme  catégorie,  et  dont  les  titulaires  sont 
absolument  inconnus  en  Maine-et-Loire. 

Mais,  ce  qui^est  plus  fort,  c’est  la  circu- 
laire que  nous  venons  de  recevoir,  signée 
Delpech  frères  et  Qî®,  indiquant  une  mysti- 
fication du  même  genre  en  plein  Paris, 
4,  rue  Notre-Dame-des- Victoires.  Cette  élu- 
cubration fantastique  commence  ainsi  : 

((  GRANDE  RÉVOLUTION  DANS  LES  FLEURS  ! 
c(  Cinq  variétés  d’Oignons  à fleurs  trouvées 
par  la  Compagnie  horticole  des  voyageurs 
de  l’Afrique  centrale  {nous  garantissons 
le  contenu  de  notre  prospectus).  )) 

Suit  l’énumération  des  espèces.  Au-des- 
sous de  cinq  mauvaises  gravures  représen- 
tant des  fleurs  qui  semblent  copiées  sur  les 
ornements  en  zinc  des  girouettes  ou  des 
poinçons  de  tourelles,  on  voit  : 

« L’Amarlys  (sic)  n®  1,  à hampe  remplie 
de  fleurs  blanches  ; ne  ressemblant  ni  au  Lys 
ni  à la  Jacinthe,  mais  réunissant  ces  deux 
beautés  ; 

((  L’Amarlys  (sic)  n®  2,  dont  la  hampe  se 
divise  en  quatre  branches  d’où  se  détache 
une  fleur  rapprbchayite  du  Lys,  mais  quatre 
fois  plus  volumineuse  ; 


172 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


« L’Oignon  Le  Bananier,  à fleur  rouge 
sang,  blanche  ou  rouge  et  blanche,  se  rap- 
prochant de  la  Rose;  ses  pistils  au  soleil 
forment  des  brillants. 

« La  Tulipe  de  l’Afrique  centrale,  deux 
fois  grosse  comme  nos  Tulipes,  odeur  suave, 
calice  de  la  plus  bizarre  construction. 

<i  La  Jacinthe  de  l’Afrique  a dû  rapport 
à celle  que  l’on  cultive  à Angers,  Anvers  et 
au  Gan  (?),  ornée  de  30  clochettes  à pistil 
rouge  et  blanc,  etc.,  etc.  » 

Et  dire  que  de  pareils  charlatans  peuvent 
exercer  une  telle  industrie  en  plein  jour, 
au  centre  de  Paris,  sans  que  justice  soit  faite 
de  leurs  jongleries  éhontées  ! 

Anthurium  Andreanum.  — Nous  re- 
cevons de  l’un  de  nos  abonnés,  employé 
chez  un  horticulteur  de  Gand,  la  lettre  sui- 
vante, qui  pourra  intéresser  les  amateurs 
de  l’Aroïdée  dont  il  s’agit,  et  donnant  de 
nouveaux  détails  sur  sa  culture  : 

Gand,  18  mars  1883. 

J’ai  lu  avec  plaisir  les  articles  sur  V Anthu- 
rium Andreanum  que  vous  mettez  parfois 
sous  les  yeux  des  lecteurs  de  la  Revue  Jiorti- 
cole,  et  je  me  permets  de  vous  adresser  quel- 
ques observations  pratiques  que  j’ai  eu  l’occa- 
sion de  faire  sur  cette  belle  plante. 

J’étais  enthousiasmé,  l’année  dernière,  de 
voir  dans  les  serres  d’un  grand  établissement 
d’horticulture  de  Gand  cette  magnifique  Aroï- 
(lée  toujours  recouverte  de  fleurs  d’un  éclat 
éblouissant,  entre  autres  un  spécimen  qui  por- 
tait (les  spathes  de  18  centimètres  de  longueur 
sur  13  centimètres  de  largeur.  Je  tiens  surtout 
à attirer  votre  attention  sur  une  plante  rami- 
fiée dès  son  jeune  âge,  qui  portait  sept  ramifi- 
cations, et  chaque  ramification  deux  fleurs, 
c’est-à-dire  quatorze  fleurs  sur  une  même 
plante.  Pour  ma  pai't,  je  ne  pouvais  me  rassa- 
sier d’admirer  ce  gigantesque  bouquet. 

On  traite  les  plantes  de  la  manière  sui- 
vante : elles  sont  placées  dans  une  serre 
chaude  maintenue  entre  18»  et  20»  centigra- 
des. Le  compost  est  fait  d’un  tiers  de  terre 
de  bruyère  fibreuse,  d’un  tiers  de  terreau  de 
fumier  criblé  deux  fois  pour  en  extraire  le  plus 
gros  et  le  plus  fin,  et  d’un  tiers  de  sphagnum, 
de  charbon  de  bois  et  de  tessons  de  briques.  Le 
tout  repose  sur  un  fort  drainage.  S’il  s’agit  de 
forts  spécimens,  on  forme  un  cône  bien  pro- 
noncé au  pied  de  la  plante  avec  des  mottes  de 
terre  de  bruyère  de  la  grosseur  d’un  œuf  de 
pigeon  environ,  de  morceaux  de  charbon  de 
bois,  de  tessons  de  briques  de  même  grosseur  ; 
chaque  morceau  est  séparé  de  lautre  par  une 
pincée  de  têtes  de  sphagnum  vivant.  Peu  de 


temps  après,  on  voit  les  racines  se  développer 
dans  ce  mélange,  ce  qui  donne  à la  plante  un 
aspect  pittoresque  et  très-ornemental. 

P.  Grève. 

Les  fleurs  coupées  à Paris  et  à Lon- 
dres. — Depuis  plusieurs  années  la  quan- 
tité de  fleurs  coupées,  venant  du  midi  de  la 
France  et  vendues  dans  les  rues  de  Paris 
pendant  l’hiver  et  au  premier  printemps, 
augmente  progressivement  et  dans  de  larges 
proportions.  Les  Mimosas  (Acacias),  Jacin- 
thes, Tulipes,  Narcisses,  Jonquilles,  Vio- 
lettes, etc.,  sont  envoyés  chaque  jour  par  le 
train  rapide  du  littoral  méditerranéen  à Mar- 
seille et  à Paris,  où  les  fleurs  arrivent  toutes 
fraîches.  On  les  expédie  dans  des  paniers 
peu  profonds,  sans  emballage  spécial.  Pour 
les  Roses  et  les  fleurs  d’un  prix  un  peu  plus 
élevé  que  les  a bottes  de  Mimosas,  » on  se 
sert  de  petites  caisses  faites  de  hâtons  fen- 
dus de  cannes  {Arundo  Donax),  et  qui  sont 
livrées  à très-bon  marché  aux  expéditeurs. 
C’est  plaisir  de  voir  tous  les  jours  de  l’hi- 
ver, au  train  rapide  du  milieu  du  jour,  à 
Nice  et  à Cannes,  les  centaine.^  de  petites 
caisses-paniers  de  ce  genre  qui  s’empilent 
dans  le  fourgon  des  bagages  et  qui  vont  être 
rendues  à Paris  dans  21  ou  22  heures.  Les 
Anglais  et  les  Russes  surtout  usent  de  ce 
mode  d’expédition,  et  il  y a de  nombreux 
« abonnés  » qui  tous  les  jours,  sans  excep- 
tion, envoient  de  ces  gracieux  souvenirs 
aux  chers  absents  privés  du  beau  soleil 
méridional.  C’est  une  industrie  presque  en- 
tièrement nouvelle,  née  de  -la  création  des 
trains  de  grande  vitesse. 

Mais  il  n’y  a pas  que  la  côte  de  la  Médi- 
terranée qui  soit  la  pourvoyeuse  de  la  capi- 
tale de  la  France.  Le  Sud-Ouest  fournit 
aussi  un  important  contingent.  Nous  venons 
de  voir  dans  la  région  de  Pau,  et  à Riarritz 
surtout,  des  charretées  d’ Anémones  écar- 
lates {Anemone  fulgens),  de  petits  Nar- 
cisses {Narcissus  hulbocodium)  et  autres, 
qui  s’expédiaient  vers  Paris  et  Londres.  Un 
de  nos  confrères  d’Angleterre  nous  disait 
dernièrement  que  la  plus  grande  partie  des 
fleurs  coupées  qui  se  vendent  l’hiver  et  ac» 
tuellement,  soit  à Govent-Garden,  soit  dans 
les  rues  de  Londres,  étaient  de  provenance 
française,  du  Midi  particulièrement.  Expé- 
diées, presque  sans  emballage,  dans  les  pe- 
tites caisses  de  roseau  dont  nous  parlions 
tout  à l’heure,  elles  arrivent  aussi  fraîches 
que  si  elles  venaient  d’être  cueillies,  pour 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


173 


se  disperser  entre  les  mains  des  marchands- 
fleuristes  en  boutique  ou  des  colporteurs, 
qui  en  tirent  un  large  profit. 

Nous  sommes  heureux  de  voir  les  pro- 
duits de  notre  beau  pays  ainsi  recherchés  à 
l’étranger.  Gela  contribuera  plus  encore  à 
faire  apprécier  la  richesse  horticole  et  les 
avantages  sanitaires  de  nos  stations  hiver- 
nales du  Midi. 

Le  Nuttalia  cerasiformis.  — Ce  joli 
arbuste  rustique,  à floraison  printanière, 
dioïque,  commence  à se  répandre  dans  les 
jardins  sous  la  forme  d’un  buisson  aux 
branches  élancées  et  à fleurs  blanches  qui 
s’épanouissent  avant  l’apparition  des  feuilles. 
Nous  en  possédons  en  Touraine  de  jolis 
exemplaires  qui  commencent  à fleurir.  Les 
fleurs  dégagent  un  parfum  d’amande.  Le 
port  ressemble  à celui  de  certains  Rihes  ; 
mais  la  conformation  des  fleurs  et  du  fruit 
rappelle  de  près  les  Pruniers.  Le  Nut- 
talia  appartient  à la  famille  des  Rosacées, 
tribu  des  Spiréacées.  Il  est  tout  à fait 
robuste  et  très -ornemental  au  premier 
printemps.  Ses  qualités  sont  tellement  ac- 
centuées, qu’il  est  surprenant  qu’il  soit 
aussi  peu  répandu.  Nous  pensons  que  ce 
délaissement  provient  uniquement  de  ce 
qu’à  l’époque  de  la  floraison  du  Nuttalia 
les  jardins  botaniques  et  les  pépinières  sont 
peu  visités  par  le  public. 

L’ Arboretum  Segrezianum,  ce  recueil 
scientifique  auquel  M.  Lavallée,  président 
de  la  Société  d’horticulture  de  France,  con- 
sacre ses  soins,  a donné  une  description  du 
Nuttalia  cerasiformis,  accompagnée  d’une 
gravure  représentant  un  rameau  florifère  et 
des  fruits.  Les  exemplaires  qui  sont  culti- 
vés à Segrez,  et  que  nous  avons  vus  couverts 
de  fleurs,  sont  véritablement  des  arbustes 
du  pluB  gracieux  aspect  et  nous  en  conseil- 
lons fortement  la  culture. 

Passiflores  de  la  Nouvelle-Grenade. 

— Le  Gardeners'  Chronicle,  dans  son 
numéro  du  10  mars,  contient  la  note  sui- 
vante : < Le  dernier  numéro  du  journal  de 
la  Linnean  Society  donne  la  description 
et  la  détermination  faites  par  le  docteur 
Th.  Masters  des  espèces  de  Passiflora  et 
Tacsonia  découvertes  par  M.  Ed.  André 
dans  la  Nouvelle-Grenade  et  l’Équateur. 
La  plupart  de  ces  plantes  présentent  un 
grand  intérêt  horticole.  Il  serait  particu- 


lièrement désirable  que  les  Tacsonia  ftori- 
hunda  et  Jamesoni  fussent  introduits  à 
l’état  vivant.  » 

Rosa  berberifolia.  — Cette  ancienne 
et  si  curieuse  espèce,  à feuilles  entières, 
à fleurs  simples,  jaunes,  a disparu  de 
presque  toutes  les  collections  de  l’Europe. 
Plusieurs  de  nos  confrères  de  la  presse  hor- 
ticole la  réclament  à tous  les  jardins  botani- 
ques et  à tous  les  amateurs.  Nous  nous  as- 
socions bien  volontiers  à celte  enquête,  en 
souhaitant  qu’elle  obtienne  le  même  succès 
que  nous  avons  atteint  pour  une  autre  es- 
pèce qui  paraissait  perdue,  le  Canna  lilii- 
flora,  et  que  nous  avons  pu  retrouver  et 
mettre  entre  les  mains  d’un  certain  nombre 
d’amateurs.  . 

Floraison  du  Canna  liliiflora.  — Nous 
venons  de  prononcer  le  nom  de  cette  rareté. 
Il  nous  est  agréable  d’apprendre  à nos  lec- 
teurs que  la  plante  est  en  pleine  floraison, 
actuellement,  dans  une  de  nos  serres,  à 
Lacroix-Bléré  (Indre-et-Loire).  Elle  porte 
trois  tiges  hautes  de  plus  de  3 mètres,  ro- 
bustes, ornées  de  leurs  larges  feuilles  ver- 
tes et  de  très-grandes  et  belles  fleurs  du 
plus  beau  blanc,  à odeur  de  Chèvrefeuille 
très-suave  et  très -prononcée. 

Nous  l’avons  fait  peindre  pour  la  Revue 
horticole. 

Neviusia  Alabamensis.  — Cette  jolie 
Rosacée,  dont  la  Revue  horticole  a signalé 
l’apparition  (1),  était  représentée  à l’expo- 
sition dernière  de  la  Société  nationale  d’hor- 
ticulture par  de  beaux  échantillons  cou- 
verts de  fleurs.  Ces  arbustes,  qui  avaient  été 
forcés  pour  la  circonstance,  étaient  en  pots, 
ornés  de  jeunes  feuilles  d’un  vert  blond 
rappelant  certaines  Spirées  ou  des  Rhodo- 
typos  (ce  dernier  genre  en  est  très-voisin), 
et  abondamment  fournis  de  leurs  houppes 
légères  de  fleurs  sans  pétales,  à nombreuses 
étamines.  Ces  fleurs  étaient  non  d’un  blanc 
de  neige,  comme  on  l’a  dit  par  erreur,  mais 
d’un  blanc  jaunâtre.  L’arbuste  est  inté- 
ressant, bien  que  d’un  mérite  modeste. 
Il  sera  rustique,  très-probablement,  sous 
le  climat  de  Paris,  étant  originaire  de  l’Ala- 
bama.  Le  genre  Neviusia,  A sa  Gray,  est 
jusqu’à  présent  monotype. 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1881,  p.  198. 


174 


CULTURE  DU  PERISTERIA  ELÂT. 

Nécrologie.  — M.  A. -F.  Barré,  jardi- 
nier-chef chez  M.  Worth,  à Suresnes,  est 
mort  le  29  mars,  à l’âge  de  quarante -huit 
ans.  Sa  perte  sera  vivement  ressentie  par 
tous  les  amis  de  l’horticulture  parisienne. 
Aussi  laborieux  qu’intelligent,  M.  Barré 
avait  créé  un  jardin  charmant,  mélange 
de  plusieurs  styles  habilement  combinés, 
dont  le  spectacle  était  décoratif  au  premier 
chef. 

CULTURE  DU  PI 

Un  de  nos  abonnés  du  Havre  nous  écrit 
la  lettre  suivante  : 

J’ai  reçu  l’année  dernière,  d’un  ami  habitant 
l’isthme  de  Panama,  un  envoi  de  la  belle 
Orchidée  nommée  là-bas  Flor  del  Espiritu 
scmto.  J’ai  mis  ces  plantes  dans  ma  serre 
chaude  ; mais  comme  elles  paraissent  se  main- 
tenir assez  mal , je  vous  serais  reconnaissant 
de  m’indiquer  le  mode  de  culture  qui  leur 
convient. 

La  plante  dont  il  s’agit  est  une  espèce 
bien  connue,  le  Peristeria  elata,  nommée 
Flor  del  Espiritii  santo  parce  que  les  or- 
ganes intérieurs  de  la  fleur,  gynostème  et  la- 
belle,  figurent  assez  bien  une  colombe,  (d’où 
le  nom  de  Dove  plant  que  lui  ont  donné  les 
Anglais).  Cette  espèce  à larges  feuilles,  rap- 
pelant celles  des  Phajus,  porte  des  hampes 
dressées  sur  lesquelles  s’épanouissent  les 
belles  fleurs  blanches  dont  il  s’agit.  Nous 
l’avons  rencontrée  avec  grand  plaisir  à l’état 
sauvage  dans  l’isthme  de  Panama. 


. — CULTURE  DES  BRUYÈRES. 

Non  seulement  l’habitation  et  le  jardin 
étaient  des  plus  remarquables,  mais  des 
serres,  relativement  nombreuses,  témoi- 
gnaient, par  leur  contenu  végétal  et  leur 
aménagement,  du  goût  et  du  savoir  qui 
présidaient  à leur  installation  et  à leur  cul- 
ture. Nous  ne  saurions  exprimer  le  vif  re- 
gret que  nous  fait  ressentir  la  perte  d’un 
habile  praticien  comme  M.  Barré. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

IISTERIA  ELATA 

Sa  culture  n’est  pas  difficile  ; elle  peut  se 
résumer  ainsi  : pendant  toute  la  période  de 
la  végétation  active,  la  température  ne  doit 
jamais  être  inférieure  à IS'»,  et  elle  peut  at- 
teindre sans  danger  22»  et  plus,  avec  une 
saturation  presque  complète  de  l’atmos- 
phère, la  région  où  elle  croît  étant  très-hu- 
mide. Pour  activer  encore  cette  végétation, 
un  peu  d’engrais  liquide  très-dilué  pourra 
être  appliqué  de  temps  en  temps. 

Lorsque  la  végétation  se  ralentit,  on  di- 
minue graduellement,  puis  on  supprime  les 
arrosages  pour  tout  le  reste  de  la  saison. 
La  floraison  commence  bientôt  après. 

Si  la  plante  produit  des  rejetons,  on  peut 
les  laisser  pour  former  de  fortes  touffes,  à 
moins  qu’on  ne  désire  obtenir  des  tiges  plus 
fortes  et  des  hampes  couvertes  de  nom- 
breuses fleurs. 

Ainsi  traité,  le  Peristeria  elata  fleurit 
facilement  chaque  année. 

Ed.  André. 


CULTURE  DES  BRUYÈRES 


Taille.  — Dans  la  pratique  on  confond 
presque  toujours  la  taille  avec  le  rabat- 
tage ; aussi  les  horticulteurs  emploient-ils 
indistinctement  l’iine  ou  l’autre  de  ces  ex- 
pressions, qui  pourtant  s’appliquent  à des 
choses  différentes,  ce  que  nous  allons 
essayer  de  démontrer. 

Le  rabattage,  ainsi  qu’on  a pu  le  re- 
marquer, consiste  à couper  complètement 
toutes  les  parties  d’une  plante,  afin  de  la 
faire  prendre  de  la  force  à la  base  par  la 
ramification  des  parties  inférieures.  Cette 
opération  se  pratique  souvent  uniformé- 
ment : c’est  donc  une  sorte  d’ étêteme^it 
général. 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  pages  119  et  150. 


La  taille,  au  contraire,  se  pratique  avec 
méthode,  avec  calcul,  sur  telle  ou  telle 
partie  d’une  plante,  afin  de  lui  donner  une 
forme  ou  de  régulariser  celle-ci  lorsqu’elle 
a été  détruite.  Dans  ce  cas,  on  j taille  les 
branches  les  plus  vigoureuses  ou  celles  qui 
s’écartent  de  la  forme  qu’on  veut  donner  à 
la  plante.  L’opération  doit  donc  se  faire  à 
des  hauteurs  diverses,  subordonnées  au  but 
qu’on  se  propose  d’atteindre.  La  taille, 
toujours  partielle,  peut  donc  se  pratiquer  à 
toutes  les  époques  de  l’année;  c’est  une 
sorte  de  toilette  qu’on  fait  subir  à une 
plante,  afin  de  la  rendre  plus  agréable  à 
l’œil.  Le  rabattage^  au  contraire,  est  une 
opération  brutale  par  laquelle  on  trans- 


PHYLLANTIIUS  SALVIÆFOLIUS. 


175 


forme  les  plantes  en  leur  enlevant  même, 
momentanément,  l’aspect  agréable  qu’elles 
pouvaient  avoir. 

Arrosage.  — On  a exagéré  de  beaucoup 
la  délicatesse  des  Bruyères.  Quant  à ce  qui 
concerne  les  arrosages,  bien  que  sous  ce 
rapport  pourtant  les  excès  peuvent  leur 
être  nuisibles,  elles  les  supportent  néan- 
moins assez  bien,  et  il  est  certainement 
beaucoup  de  plantes  qui,  à ce  point  de  vue, 
sont  plus  susceptibles  que  le  sont  les 
Bruyères.  Quoi  qu’il  en  soit,  voici  d’une 
manière  générale  comment  nous  prati- 
quons les  arrosages  : 

Dans  l’été,  alors  que  toutes  les  plantes 
sont  sorties  en  plein  air,  on  passe  tous  les 
matins  les  planches  en  revue  ; avec  un  ar- 
rosoir à bec  on  mouille  toutes  celles  qui  ont 
soif,  et  le  soir  on  arrose  à la  pomme  les 
jeunes  plantes  et  même  les  grosses,  lorsque 
la  plupart  sont  sèches.  Pour  les  personnes 
qui  n’ont  qu’une  petite  quantité  de  plantes, 
il  est  préférable  d’arroser  le  soir,  parce  que 
l’eau  pénètre  mieux  dans  le  sol  alors  qu’elle 
n’est  pas  en  partie  évaporée  par  le  soleil, 
ainsi  que  cela  arrive  quand  on  arrose  le 
matin.  Si  les  plantes  sont  fortes  et  qu’elles 
aient  bien  soif,  et  même  si  elles  sont  faibles, 
mais  que  la  terre  soit  très-sèche,  il  est  né- 
cessaire d’arroser  deux  fois  de  suite,  parce 
que  l’eau  ne  pénètre  que  très-difficilement 
dans  la  terre  de  bruyère  arrivée  à un  degré 
extrême  de  siccité,  de  sorte  que  la  surface 
peut  être  humide  quand,  à l’intérieur,  les 
racines  sont  placées  dans  de  la  terre  très- 
sèche  qui  fait  souffrir  les  plantes  de  la  soif, 
bien  qu’en  apparence  elles  semblent  être 
suffisamment  mouillées.  Un  bon  moyen  de 
s’assurer  de  l’état  des  plantes,  c’est  d’en 
dépoter  quelques-unes,  afin  de  se  rendre 
un  compte  exact  de  l’état  dans  lequel  se 
trouve  la  terre. 


Le  moment  où  les  Bruyères  doivent  sur- 
tout être  attentivement  surveillées  quant 
aux  arrosages,  c’est  lors  de  la  formation 
des  boutons.  A cette  époque,  si  les  plantes 
souffrent  de  la  soif,  la  floraison  est  compro- 
mise ; il  en  est  même  qui  ne  fleurissent 
pas,  ou  bien  leurs  boutons  avortent,  ou  ils 
s’épanouissent  mal. 

Une  excellente  chose  que  nous  ne  man- 
quons jamais  de  faire  lorsque  nous  sortons 
nos  Bruyères,  c’est  de  les  enterrer  par 
planches  dans  le  jardin  jusqu’à  environ 
3 ou  4 centimètres  du  bord  des  pots.  Si  la 
terre  du  sol  est  forte,  il  est  bon  de  la  recou- 
vrir dans  tous  les  intervalles  des  pots  d’une 
couche  de  paillis  court  ou  de  tannée  usée, 
ou  mieux  encore  de  vieille  terre  de  bruyère. 
Cette  précaution,  très-utile,  a surtout  pour 
résultat,  lors  des  pluies  d’orage,  d’atténuer 
les  effets  des  jaillissements  de  la  terre  sur 
toutes  les  parties  inférieures  des  plantes, 
ce  qui  en  fait  tomber  les  feuilles  et  peut 
même  en  déterminer  la  mort. 

Les  plantes,  même  quand  elles  sont  de- 
hors, doivent  être  placées  à une  distance 
assez  grande  les  unes  des  autres  pour 
que  l’air  circule  bien  entre  elles,  et  qu’on 
ne  soit  pas  obligé  de  les  écarter  pen- 
dant tout  le  temps  où  elles  restent  en  plein 
air. 

Les  arrosages  d’hiver  exigent  une  cer- 
taine précaution  : on  doit  verser  l’eau  au 
pied  des  sujets  de  manière  à ne  pas  mouil- 
ler ceux-ci,  car  à cette  époque,  et  dans  les 
conditions  où  sont  placées  les  plantes,  elles 
ne  ressuient  pas  facilement,  et  il  est  certai- 
nes variétés  qui  pourraient  en  souffrir,  par 
exemple  celles  dont  le  feuillage,  très-dense, 
ne  permet  pas  facilement  à l’humidité  de 
s’échapper. 

Gentilhomme  et  Carrière. 


PHYLLANTHUS  SALVIÆFOLIUS 


Arbuste  ou  arbrisseau  de  plusieurs  mètres 
de  hauteur,  à tiges  et  feuilles  tomenteuses, 
à port  dressé,  peu  rameux,  ayant,  dans  sa 
jeunesse,  le  port  d’un  Allante.  Rameaux 
sillonnés,  ressemblant  à de  larges  pétioles 
de  feuilles  pennées.  Feuilles  distiques, 
ovales-lancéolées,  brièvement  pétiolées,  à 
limbe  entier,  long  de  7-10  centimètres  et 
plus,  large  de  2 à 4,  acuminées  au  sommet. 


obtuses-subcordiformes  à la  base,  pubé- 
rulentes  et  vert  foncé. dessus,  blanchâtres  et 
tomenteuses  dessous.  Stipules  linéaires  lan- 
céolées, foliacées,  velues,  égalant  les  pétioles 
longs  de  5 à6  millimètres.  Fascicules  multi- 
flores,  insérés  à l’aisselle  des  feuilles,  sessiles 
ou  brièvement  pédonculés,  les  uns  mâles,  les 
autres  femelles,  parfois  androgynes,  portés 
soit  sur  le  même  pied,  soit  sur  des  individus 


176 


PHYLLÂNTIIUS  SALVIÆFOLIUS. 


difTérents.  Fleurs  mâles,  petites  et  d’un  vert 
pâle,  à pédoncules  filiformes  atteignant  de 
3 à 10  millimètres 
de  longueur,  grê- 
les; fleurs  femel- 
les plus  grosses, 
à sépales  teintées 
de  rouge  à l’exté- 
rieur, supportées 
par  des  pédon- 
cules plus  courts 
et  plus  robustes; 
styles  saillants,  à 
stigmates  dilatés, 
d’un  beau  rouge. 

Le  Phyllan- 
thus  salviæfo- 
lius,  (1),  qui  ap- 
partient à la 
famille  des  Eu- 
phorbiacées,  est 
originaire  de  la 
Nouvelle -Grena- 
de, de  l’Ecuador, 
du  Vénézuéla,  où 
il  a été  rencontré 
par  de  nombreux  voyageurs.  Il  a été  nommé 
et  décrit  par  Kunth,  dans  les  plantes  de 


Humboldt  et  Bonpland,  qui  l’avaient  décou- 
vert dans  les  montagnes  de  la  terre  tempé- 
rée, entre  Po- 
payan  et  Pasto, 
à la  Véga  de  San 
Lorenzo.  C’est 
de  la  même  ré- 
gion que  nous 
sont  venues  les 
graines  qui  ont 
permis  d’intro- 
duire cette  plante 
vivante  pour  la 
première  fois  en 
Europe,  à notre 
connaissance  du 
moins.  Ces  grai- 
nes nous  ont  été 
apportées  par  le 
voyageur  que 
nous  avons  envoyé 
dans  la  Nouvelle- 
Grenade,  une  so- 
ciété d’amateurs 
d’horticulture  et 
moi,  en  1880. 

Les  jeunes  plantes  se  sont  développées 
avec  une  vigueur  peu  commune  dans  mon 


Fig.  35.  — Phyllanthus  salviœfolius,  fleurs  mâles  Fig.  36.  — Phyllanthus  salviæfolius,  fleurs  femelles 
de  grandeur  naturelle.  de  grandeur  naturelle,  feuille  entière  réduite. 


(1)  Phyllanthus  salviœfolius,  Kunth,  in  th.  et 
B.,  Nov.  Gen  et  sp.  pl.  v,  2,  p.  86,  t.  107,  108. 


jardin  de  Lacroix,  en  Touraine.  L’une  d’elles, 
placée  en  pleine  terre  l’an  dernier,  y a rapi- 


RAISIN  DE  SAINT-PIERRE  OU  DU  SAINT-PÈRE. 


177 


dement  atteint  1 mètre  30  de  hauteur,  avec 
des  tiges  étalées,  vigoureuses,  que  notre 
figure,  prise  d’après  une  bonne  photographie 
de  M.  E.  Ghaumier,  reproduit  exactement 
(fig.  34).  Ceux  qui  n’auraient  pas  su  que  ces 
rameaux  à feuilles  distiques  étaient  ceux 
d’une  Euphorbiacée,  auraient  affirmé  qu’ils 
avaient  affaire  à des  feuilles  pennées  comme 
celles  d’un  Vernis  du  Japon.  Rentrée  en 
serre  en  octobre , cette  plante  produisit 
abondamment  les  petites  fleurs  mâles,  insi- 
gnifiantes, décrites  ci-dessus  (fig.  35). 

D’autres  exemplaires  de  la  même  espèce 
furent  plantés,  également  en  plein  air,  dans 
mon  jardin  de  Cannes.  Presque  tous  se 
montrèrent  femelles,  quelques-uns  cepen- 
dant monoïques,  et  permirent  de  compléter 
nos  dessins  en  reproduisant  des  inflores- 
cences de  l’autre  sexe  (fig.  36).  Ces  divers 
échantillons  se  développèrent  également 
avec  vigueur;  mais  j’ai  le  regret  de  dire 
qu’ils  ont  tous  péri  dans  les  derniers  froids 
qui  ont  si  cruellement  éprouvé  les  jardins 
de  la  côte  méditerranéenne. 

11  faudra  donc  considérer,  sous  notre  cli- 
mat, le  Phyllanthus  salviœfolius  comme 


une  plante  de  serre  tempérée,  propre  à être 
utilisée  comme  espèce  à feuillage  ornemen- 
tal sur  les  pelouses  pendant  l’été. 

M.  J.  Millier,  d’Argovie  (1),  indique  trois 
variétés  de  cette  espèce  : la  première,  P.  s. 
genuinus,  celle  que  nous  avons  introduite  ; 
la  seconde,  glabrescens,  à feuilles  glabres  en 
dessus  ; la  troisième,  florihundus,  feuilles 
tout  à fait  glabres,  où  Kunth  avait  cru  voir 
une  espèce  distincte.  La  synonymie  donne 
les  noms  suivants  : Kirganelia  salvifolia, 
Spreng.,  Syst.,  V,  3,  p.  48.  — Phyllayithus 
Kunthianus,  Baill.,  ou  Oxalistylis  Kun- 
thiana,  Baill.,  Et.  gen.  Euphorh.,  p.  629, 
t.  24,  fig.  15-19.  — M.  Müller  {loc.  cit.), 
en  parlant  de  cette  section  Oxalistylis,  dit 
qu’elle  fut  fondée  sur  le  P.  Kunthianus  de 
M.  Bâillon,  qui  n’est  pas  autre  chose  qu’une 
forme  accidentelle  triandre  de  l’ancien  P. 
salviœfolius  de  Kunth.  B a donc  fallu  mo- 
difier les  caractères  de  cette  section,  qui 
ne  pouvait  être  basée  sur  ce  cas  anormal. 

Le  Phyllanthus  salviœfolius  n’est  pas 
encore  au  commerce  ; mais  dès  qu’il  sera 
multiplié,  il  ^pourra  être  répandu  dans  les 
cultures.  Ed.  André. 


RAISIN  DE  SAINT-PIERRE  OU  DU  SAINT-PÈRE 


Ce  beau  et  très -bon  Raisin  a été  signalé 
pour  la  première  fois  (sous  ce  nom  du 
moins)  par  M.  Charles  Rouget,  de  Salins, 
le  savant  ampélographe  jurassien. 

<(  Le  Raisin  de  Saint-Pierre,  dit  M.  Rou- 
get, a été  introduit  dans  le  Jura  il  y a cin- 
quante ans  environ  ; il  y est  encore  peu  ré- 
pandu. Ce  cépage  s’accommode  assez  bien  de 
nos  marnes  basiques,  surtout  lorsqu’elles 
sont  ameublies  ou  triturées  par  les  éboule- 
ments.  Comme  le  Lignan,  il  est  saison- 
nier et  assez  avare  de  ses  grappes;  sa 
maturité  est  à peu  près  contemporaine  de 
celle  du  Poulsard.  » 

La  description  que  donne  de  ce  Raisin 
M.  C.  Rouget  diffère  un  peu  de  celle  que 
j’ai  relevée  sur  une  souche  que  je  dois  à 
son  obligeance  : cette  différence  tient  sans 
doute  à ce  que  M.  Rouget  a étudié  d’a- 
près un  sujet  en  espalier,  tandis  que  je 
me  suis  servi  d’un  pied  planté  en  pleine 
vigne.  Cette  culture  différente  ^ peut  modi- 
fier un  peu  l’allure  du  cépage,  son  faciès 
général,  sans  faire  varier  toutefois  les  ca- 


ractères descriptifs  qui  sont  toujours  per- 
sistants. 

Voici  les  caractères  de  ma  Vigne  de  Saint- 
Pierre  : 

Bourgeonnement  hâtif,  presque  glabre, 
d’un  vert  clair.  Souche  forte,  vigoureuse, 
mais  paraissant  craindre  les  climats  hu- 
mides et  froids.  Sarments  forts,  renflés  aux 
articulations,  noués  assez  long,  de  couleur 
acajou,  émettant  de  nombreux  faux-bour- 
geons et  sujets  à s’aplatir  encorne  de  bélier, 
s’aoûtant  assez  mal  dans  les  années  froides. 
Vrilles  peu  fortes,  le  plus  souvent  cadu- 
ques. Feuille  grande,  un  peu  plus  longue 
que  large,  glabre,  lisse,  un  peu  brillante  en 
dessus,  à peu  près  glabre  en  dessous;  sinus 
supérieurs  peu  profonds,  les  secondaires 
peu  marqués,  celui  du  pétiole  bien  ouvert; 
denture  assez  profonde,  un  peu  aiguë,  de 
moyenne  longueur  ; pétiole  assez  fort,  n’at- 
teignant pas  la  longueur  de  la  nervure  mé- 
diane. Grappe  au-dessus  de  la  moyenne  ou 
grosse,  cylindrico-conique,  le  plus  souvent 

(1)  In  DC.  Prodr.,  XV,  2,p.330. 


178 


LES  SOLDANELLES, 


ailée,  portée  par  un  pédoncule  long  et  fort. 
Grains  gros,  ellipsoïdes  ou  plutôt  olivoïdes, 
légèrement  incurvés  (27  millimètres  sur  20), 
portés  par  des  pédicelles  assez  longs,  un 
peu  forts.  Chair  ferme,  juteuse,  bien  sucrée, 
à saveur  simple,  mais  agréable.  Peau  assez 
épaisse,  résistante,  d’un  beau  jaune  doré  à 
la  maturité,  qui  est  de  deuxième  époque. 

Le  plant  de  Saint-Pierre  n’est  pas  du 
tout  synonyme  du  Bicane  ou  Chasselas 
Napoléon  des  pépiniéristes  (par  erreur), 
comme  semble  le  croire  M.  Rouget  ; il  en 
diffère  complètement.  Malgré  toutes  les  con- 
frontations faites  avec  les  nombreuses  va- 
riétés qui  paraissent  avoir  de  l’affinité  avec 


ce  cépage,  je  n’ai  pu  lui  découvrir  aucun 
synonyme.  Il  est  plus  que  probable  que  ce 
cépage  est  cultivé  ailleurs  que  dans  le  Jura 
(à  Salins),  sans  doute  en  Italie,  d’où  peut- 
être  on  pourra  le  signaler  sous  un  autre 
nom.  C’est  dans  cet  espoir  que  j’en  ai 
donné  une  description  aussi  complète  que 
possible. 

Dans  les  régions  viticoles  du  centre  de  la 
France,  le  plant  de  Saint-Pierre  devra 
être  conduit  de  préférence  en  espalier  ; il  y 
aoûtera  mieux  son  bois  et  donnera  de  plus 
beaux  fruits  qu’en  pleine  terre,  où  il-  s’ac- 
commode d’ailleurs  assez  mal  de  la  taille 
courte  sur  souche  basse.  V.  Pulliat. 


LES  SOLDANELLES 


Nous  avons  eu  souvent  l’occasion,  en 
parlant  des  plantes  alpines,  de  citer  le  nom 
de  M.  Correvon. 

Le  savant  cultivateur  du  Jardin  botanique 
de  Genève  s’occupe  particulièrement  de  la 
culture  et  de  l’étude  de  ces  plantes  si  char- 
mantes, et  on  peut  affirmer  que  personne 
ne  les  aime  plus  que  lui  et  ne  les  connaît 
mieux. 

M.  Correvon  publie  en  ce  moment,  dans 
le  Gardeners^  Chronicle,  des  études  suc- 
cessives sur  chacune  des  espèces  de  ce 
groupe,  et  nous  nous  empressons  de  les 
traduire  pour  nos  lecteurs,  persuadé  que 
nous  sommes  que,  si  elles  étaient  plus  et 
mieux  connues,  les  plantes  alpines  joue- 
raient bientôt  un  rôle  important  dans  l’or- 
nementation des  jardins.  Ed.  A. 

Nous  cvdtivons,  dans  nos  jardins  de  ro- 
cailles,  quatre  espèces  de  Soldanelles  qui 
proviennent  des  Alpes  et  des  Pyrénées,  et 
qui  se  rapprochent  les  unes  des  autres  par 
la  forme  et  la  couleur.  Ce  sont  : les  Solda- 
nella  montana,  Willd.,  et  S.  alpina, 
L.,  qui  croissent  dans  les  Pyrénées  et  dans 
les  Alpes , et  les  <S.  pusilla,  Baumgarten, 
et  S.  yninima,  Hoode,  que  l’on  ne  rencon- 
tre que  dans  les  Alpes.  Parmi  les  plantes 
alpines,  les  Soldanelles  sont  bien  connues 
et  des  plus  appréciées.  Leur  port  gracieux 
et  particulier  a toujours  attiré  l’attention 
des  touristes  et  des  botanistes. 

Le  S.  montana  est  l’espèce  la  plus  ré- 
pandue du  genre,  et,  par  suite  aussi  de  ses 
qualités  décoratives,  elle  est  la  plus  appré- 


ciée par  les  amateurs.  Ses  feuilles  sont  quel- 
quefois assez  larges  et  ressemblent  par  leur 
forme  à celles  de  certains  Cyclamens. 

Les  autres  espèces,  surtout  les  S.  mi- 
nima  et  pusilla,  sont  moins  remarquables 
par  leurs  feuilles  et  par  leurs  fleurs. 

Le  iS.  montana  a produit  plusieurs  va- 
riétés dont  les  fleurs  sont  ou  blanches 
ou  lilas,  en  passant  aussi  par  les  nuances 
intermédiaires. 

Pendant  fort  longtemps  on  était  persuadé 
que  les  Soldanelles  ne  pouvaient  croître  ab-- 
solument  que  dans  leur  pays  natal,  et  qu’il 
était  tout  à fait  impossible  de  les  conserver 
ailleurs. 

Des  essais  infructueux  avaient  amené  les 
cultivateurs  à cette  conclusion  : que  les  plan- 
tes en  question  ne  pourraient  jamais  être 
cultivées  dans  nos  jardins,  ce  qui,  dans 
presque  tous  les  cas,  est  une  erreur.  Il  est 
vrai  que  les  méthodes  de  culture  générale- 
ment employées  produisaient  d’assez  mai- 
gres résultats. 

Les  Soldanelles  exigent  un  traitement 
tout  à fait  spécial,  et  l’on  doit  réunir  au- 
tour de  ces  plantes  les  conditions  dans  les- 
quelles elles  croissent  à l’état  spontané. 

Si  nous  considérons  les  conditions  physi- 
ques et  climatériques  au  milieu  desquelles 
ces  charmants  végétaux  se  propagent  et 
fleurissent  abondamment,  nous  remarquons 
du  premier  coup  d’œil  qu’ils  aiment  un  ter- 
rain léger,  poreux,  mais  nutritif  et  suscep- 
tible de  conserver  une  bonne  proportion 
d’humidité,  sans  toutefois  lui  permettre  de 
devenir  stagnante. 


LES  SOLDANELLES. 


179 


La  Soldanelle  est  la  première  fleur  qui 
apparaît  après  la  fonte  des  neiges,  quelque- 
fois même  avant  leur  complète  disparition. 
Le  docteur  Christ,  de  Bâle,  dans  son  excel- 
lent ouvrage  sur  la  flore  suisse,  affirme 
avoir  souvent  trouvé  sous  la  neige  des  Sol- 
danelles  en  fleurs. 

Nous-même  avons  quelquefois  constaté 
le  fait,  et  nous  pensons  qu’il  provient  de  ce 
que  sous  la  neige  il  se  produit  une  faible 
chaleur  qui,  avec  l’humidité  provenant  de 
la  fonte  continuelle  et  la  vive  lumière  qui 
existe  à ces  altitudes  élevées,  détermine  la 
végétation  de  ces  plantes. 

Les  boutons  à fleurs  se  sont  formés  dès 
la  saison  précédente,  et  lorsque  la  neige 
tombe  et  les  recouvre  pendant  huit  ou  neuf 
mois,  les  Soldanelles  n’en  continuent  pas 
moins  à croître  lentement. 

Aussitôt  que  la  neige  commence  à fondre, 
c’est-à-dire  d’avril  à juin , la  stagnation 
glaciale  du  sol  fait  place  à un  état  tempéré 
et  humide;  la  végétation  des  Soldanelles 
prend  alors  une  grande  activité  concentrée, 
principalement  sur  la  fleur,  qui  se  développe 
très-rapidement. 

Sous  l’influence  de  la  chaleur  particulière 
qui  accompagne  le  printemps  dans  les  ré- 
gions alpestres,  de  la  vive  lumière  qui  y 
règne  et  de  la  longue  durée  du  jour,  les 
plantes  se  couvrent  avec  une  rapidité  sur- 
prenante de  fleurs  nombreuses  et  fort  jolies. 
L’bumidité  de  l’atmosphère,  continuelle- 
ment entretenue  par  la  fonte  des  neiges  des 
régions  supérieures  et  par  l’évaporation  qui 
se  produit  constamment  à la  surface  du  sol 
saturé  d’eau,  fait  que  les  Soldanelles,  pen- 
dant leur  période  de  végétation,  se  trouvent 
continuellement  dans  un  bain  de  vapeur, 
ce  qui  explique  leur  rapide  croissance. 
C’est  aussi  à ce  milieu  tout  à fait  spécial  que 
ces  charmantes  plantes  doivent  leur  grâce 
et  leur  beauté. 

Lorsque  les  jours  secs  de  l’été  arrivent  et 
que  le  sol  n’offre  plus  aux  Soldanelles  les 
conditions  de  moiteur  favorables  à leur  vé- 
gétation, on  remarque  facilement  que  ces 
gracieuses  et  délicates  plantes  cherchent  à 
s’abriter  sous  leurs  voisines,  afin  de  trouver 
de  l’ombre. 

Elles  parviennent  presque  toujours  à si 
bien  se  cacher,  que  rien  alors  ne  révèle  leur 
présence,  si  ce  ne  sont  cependant  les  tiges  qui 
ont  porté  les  fleurs  et  qui,  pour  mûrir  leurs 
graines,  restent  exposées  â un  soleil  ardent. 


Aussitôt  que  les  graines  ont  été  disper- 
sées par  le  vent,  les  Soldanelles  restent  en 
repos  pendant  la  période  aride  d’août  et 
septembre;  et  quand  les  pluies  commencent 
et  que  l’atmosphère  se  charge  de  nouveau 
d’humidité,  leurs  feuilles  reverdissent,  et 
les  boutons  à fleurs  se  forment  dans  le  mi- 
lieu des  touffes,  pour  se  développer  à leur 
tour  comme  nous  l’avons  vu  plus  haut. 

Telle  est  l’existence  des  Soldanelles  dans 
leur  pays  natal. 

Maintenant,  quels  seraient  les  moyens  à 
employer  pour  imiter  autant  que  possible 
les  conditions  diverses  indispensables  à la 
bonne  végétation  de  ces  plantes? 

La  méthode  que  nous  avons  adoptée  après 
de  nombreux  essais  est  la  suivante  : 

Ayant  remarqué  que  les  plantes  que  nous 
cultivions  produisaient  abondamment  des 
boutons  à fleurs  qui  se  desséchaient  avant 
de  s’épanouir,  nous  en  conclûmes  que  la 
sécheresse  relative  de  l’atmosphère  était 
seule  cause  de  ce  résultat.  Aussi  arrosâ- 
mes-nous nos  Soldanelles  fréquemment  et 
abondamment,  en  leur  donnant  plusieurs 
fois  par  jour  un  bassinage  en  fine  rosée, 
suffisant  pour  les  placer  dans  un  milieu 
continuellement  humide. 

Il  est  bien  entendu  que  ces  arrosages  ne 
doivent  avoir  lieu  que  lorsque  le  soleil  brille 
et  que  l’évaporation  peut  se  produire  par 
suite  de  la  chaleur  élevée. 

En  outre,  et  afin  d’empêcher  la  forma- 
tion de  mousses  à la  surface  du  sol,  il  est 
nécessaire  de  placer  au  fond  des  poches 
dans  lesquelles  sont  plantées  les  Soldanelles 
une  couche  de  cailloux  ou  de  morceaux  de 
coke,  pour  permettre  à l’eau  de  circuler  fa- 
cilement. 

On  dépose , par  dessus  ce  drainage,  la 
terre,  qui  consiste  principalement  en  terreau 
de  feuilles,  avec  une  bonne  proportion  de 
sable,  afin  de  rendre  générale  et  facile  la 
circulation  de  l’eau. 

C’est  grâce  à ce  procédé  de  culture  que 
l’on  évite  le  dessèchement  des  boutons  à 
fleurs  et  que,  par  suite,  on  obtient  une  flo- 
raison qui  égale  et  surpasse  même  celle  des 
Soldanelles  dans  leurs  montagnes  natales. 

Il  est  nécessaire  de  ne  donner  l’eau  en 
abondance  que  lorsque  les  boutons  à fleurs 
sont  formés,  c’est-à-dire  de  mars  à mai. 

La  multiplication  des  Soldanelles  se  fait 
aisément  par  la  voie  du  semis. 

Nous  espérons  que  des  indications  aussi 


180 


SYNONYMIE  DE  TROIS  POMMES. 


ONOSERIS  DRAKEANA. 


faciles  à suivre  engageront  les  véritables 
amateurs  de  jolies  plantes  à se  livrer  à la 
culture  des  Soldanelles,  et  la  réussite  qu’ils 
obtiendront  certainement  leur  donnera  le 


désir  d’avoir  d’autres  représentants  de  la 
flore  alpine,  si  jolie,  si  nombreuse  et  variée, 
et  cependant  si  peu  répandue. 

H.  CORREYON. 


SYNONYMIE  DE 

Rien  n^est^  souvent  plus  difficile  que  de 
déterminer  les  synonymies,  soit  d’une 
plante,  soit  d’un  fruit,  parce  que  presque 
toujours  l’amour-propre  s’en  mêle,  et  que 
souvent  même  interviennent  des'  person- 
nalités ; alors,  plus  on  avance,  plus  l’éche- 
veau s’embrouille,  et  il  devient  presque 
impossible  de  découvrir  la  vérité,  si  l’on  n’a 
recours  à l’expérience.  En  voici  un  exemple 
récent. 

En  janvier  1881,  nous  avons  présenté  à 
la  séance  de  la  Société  d’horticulture  de 
Rouen  trois  fruits  provenant  de  trois  ar- 
bres différents,  savoir  : 1»  une  Pomme  Locy; 
2»  une  Pomme  Duchâtel,  et  3°  enfin  une 
Pomme  Quetier.  Après  examen  et  dégus- 
tation en  séance,  ces  fruits  ont  paru  appar- 
tenir à une  seule  et  même  variété.  Depuis 
cette  époque,  en  septembre  1882,  le  Congrès 
pomologique  réuni  à Rordeaux  a été  appelé  ’ 
à juger  deux  de  ces  variétés,  la  Pomme 
Duchâtel  et  la  P.  Quetier  : ces  deux  fruits 
ont  été  reconnus  identiques.  M.  André  Le- 
roy, dans  son  Dictionnaire  de  Pomologie , 
est  le  seul  auteur,  en  France,  qui  ait  parlé 
de  ces  fruits  ; mais  il  n’en  détermine  pas 
l’origine  exacte  ; il  suppose  avoir  reçu  la 
Pomme  Duchâtel  des  environs  de  Paris,  en 
1851.  La  Pomme  Locy  lui  aurait  été  en- 
voyée des  États-Unis  un  peu  plus  tard,  en 
1858.  Cet  auteur  reconnaît  qu’il  existe  une 
grande  affinité  dans  Ifis  arbres  et  les  fruits 
de  ces  deux,  variétés  : cependant  il  assure 
que  ce  sont  deux  variétés  distinctes,  ce  qui 
ne  nous  semble  pas  avoir  été  démontré 
jusqu’à  présent.  Quant  à la  Pomme  Quetier, 
elle  est  plus  récente;  son  apparition  date 

ONOSERIS 

Cette  jolie  Composée-Mutisiée  croît  dans 
la  Nouvelle-Grenade,  sur  les  rochers  de 
Dorotès,  et  sur  les  bords  escarpés  du  Rio- 
Mayo,  par  79^  30’  de  longitude  ouest  de 
Paris,  et  1"  47’  ou  40’  de  latitude  nord, 
à une  altitude  de  1050*1170  mètres.  La 
région  est  aride  et  couverte  d’une  maigre 


TROIS  POMMES 

seulement  de  1868;  elle  a été  décrite  et  figu- 
rée danslaReuwe  horticole  (1868,  p.  253); 
elle  paraît  fort  peu  répandue.  M.  André 
Leroy  et  M.  A.  Mas  ne  la  mentionnent  même 
pas.  Faute  de  documents  certains  sur  l’ori- 
gine des  variétés  qui  nous  occupent,  on  en 
est  réduit  aux  conjectures,  au  moins  pour 
deux  d’entre  elles,  les  Pommes  Duchâtel  et 
Locy.  Aussi,  quand  nous  parlons  de  ces  trois 
variétés,  nous  n’entendons  parler  que  de 
celles  qui  sont  dans  le  commerce. 

A ce  point  de  vue,  doit-on  considérer 
l’analogie  qui  existe  entre  ces  trois  variétés 
comme  le  résultat  d’une  erreur,  comme  on 
l’a  prétendu,  ou  bien  la  ressemblance  est- 
elle  due  à la  reproduction  plus  ou  moins 
exacte  d’une  variété  déjà  connue  ? Le  fait 
n’a  rien  d’impossible,  bien  que  beaucoup 
d’auteurs  aient  prétendu  le  contraire  en  affir- 
mant que  jamais  deux  fruits  de  source  dif- 
férente ne  sont  exactement  semblables.  Ce 
raisonnement  nous  semble  trop  absolu;  des 
observations  ont  été  faites  qui  infirment 
cette  opinion.  La  preuve  du  contraire  serait 
facile  à démontrer  quant  aux  fruits,  car 
pour  les  arbres  ils  peuvent  différer  d’une 
manière  sensible.  Les  pomologistes  de- 
vront donc  surveiller  attentivement  les  trois 
variétés  ci-dessus  annoncées,  afin  de  tâcher 
de  découvrir  la  vérité  à leur  égard.  La 
preuve  de  leur  identité  n’est  pas  encore 
faite.  Disons  en  terminant  que  ces  variétés. 
Pommes  Locy,  Quetier,  Duchâtel,  sont  de 
beaux  et  bons  fruits  d’hiver  d’un  aspect 
jaune  brillant.  L’arbre  qui  les  produit  est 
assez  vigoureux  et  très-fertile. 

Boisbunel. 

DRAKEANA 

végétation  de  Composées  frutescentes,  et 
surtout  de  Graminées  appartenant  au  genre 
Deyeuxia.  J’en  ai  parlé  en  ces  termes  dans 
le  Tour  du  Monde,  en  relatant  cette  partie 
de  mon  voyage  (1)  : 

(1)  Ed.  André,  UAmér.  équinox.,  t.  XXXVIIl, 

315. 


ükromoLUà/.  G-.S^z/ersyns. 


R.cvuj''  florùr.ol.e. 


'^dcarL,  Kitdy. 


Ojimcris  Drakmiia . 


ONOSERIS  DRAKEÂNA. 


181 


« La  table  (mesa)  inclinée  de  Mercadérès 
est  bien  Tune  des  plus  tristes  régions  qu’il 
soit  donné  à un  voyageur  de  parcourir. 
Aussi  loin  que  la  vue  peut  s’étendre,  elle  ne 
perçoit  que  des  surfaces  dénudées,  sans 
autre  végétation  que  de  rares  Graminées. 
Le  sol,  légèrement  incliné  vers  le  nord- 
ouest,  est  çà  et  là  raviné  par  les  eaux  plu- 
viales qui  se  sont  glissées  entre  les  petites 
failles  de  la  roche  tendre  et  blanche  qui 
vient  partout  affleurer  le  sol.  Dans  les  temps 
préhistoriques,  la  inésa  de  Mercadérès  for- 
mait le  fond  d’un  lac  subandin  ; et  cette 
surface  polie  est  due  au  glissement  des 
terrains  des  cerros  de  Mayo  et  de  Som- 
brérillos. 

((  A Vaîto  de  Dorotès,  on  voit  clairement 
les  cailloux  roulés  du  fond  de  l’ancien 
lac,  épargnés  par  les  eaux  peu  puissantes  à 
ce  niveau,  tandis  que  les  parties  inférieures 
ont  été  profondément  érodées  par  les  suites 
de  la  rupture,  dans  la  direction  de  l’ouest. 
De  cette  hauteur,  le  paysage  est  d’un  pitto- 
resque sublime.  La  haute  Cordillère  se 
détache  dans  le  lointain  ; dans  la  vallée,  les 
schistes  dessinent  avec  vigueur  leurs  strates 
horizontales  ou  inclinées  ; l’alto  boisé  de 
Dolorès,  la  mer  de  collines  du  Patia,  offrent 
des  oppositions  violentes  de  tons  vert  et 
rouge  brique,  et  un  beau  soleil  couchant 
illumine,  à notre  arrivée,  ce  spectacle 
grandiose.  » 

C’est  entre  les  fissures  de  ces  rochers  que 
je  recueillis  les  échantillons  secs  de  l’Ouo- 
seris  qui  porte  le  n^’  2917  de  mon  herbier. 
Quelques  graines,  semées  récemment,  ont 
germé,  et  j’ai  pu  étudier  de  près  les 
plantes  qui  en  sont  sorties.  L’une  d’elles  a 
fleuri  et  fourni  les  éléments  de  la  jolie 
planche  coloriée  que  nous  publions  aujour- 
d’hui. 

A première  vue,  j’avais  cru  que  ma 
plante  était  l’O.  speciosa,  H.  B.  K.,  jolie 
espèce  qui  n’a  pas  encore  été  introduite 
vivante  ; mais  en  comparant  attentivement 
mon  herbier  avec  les  excellents  échantillons 
conservés  au  Muséum  et  recueillis,  les  pre- 
miers par  Bonpland,  à Alausi  (Ecuador), 
les  autres  par  Grisar,  dans  l’Ecuador  et  au 
Pérou,  il  ne  me  fut  pas  possible  de  conclure 
à l’identité  des  deux  plantes.  L’Onoseris 
speciosa  se  distingue  à première  vue  comme 
une  plante  acaule,  à feuilles  radicales  lyrées, 
dont  les  lobes  inférieurs  sont  toujours  ap- 
parents, et  ses  capitules  de  fleurs  sont 


roses,  tandis  que  l’espèce  que  je  publie  au- 
jourd’hui est  sous-frutescente,  rameuse,  à 
feuilles  caulinaires  ovales-lancéolées  ou  has- 
tées,  entières,  et  porte  des  capitules  plus 
petits,  d’un  joli  violet. 

Ne  pouvant  rapporter  cette  espèce  à aucune 
autre  déjà  décrite,  je  dois  donc  la  considérer 
comme  nouvelle,  et  j’ai  grand  plaisir  à la 
dédier,  sous  le  nom  {VOnoseris  Drakeana, 
à M.  Emmanuel  Drake  del  Castillo,  bota- 
niste distingué  qui  s’intéresse  particulière- 
ment à la  flore  sud-américaine. 

Description.  — Plante  sous-frutescente, 
à tiges  dressées,  parfois  débiles,  arrondies, 
vêtues  d’un  épais  tégument  laineux,  feutré, 
blanc.  Feuilles  alternes,  ovales-lancéolées 
ou  un  peu  hastées,  entières  ou  présentant 
quelques  rudiments  de  dents  lâches,  à pé- 
tiole cylindrique,  nu  ou  légèrement  ailé  vers 
le  bas,  couvertes  en  dessus  d’une  laine  ap- 
primée,  blanche  ou  d’un  ton  cannelle  léger. 
Hampes  portant  de  une  à trois  fleurs  à longs 
pédoncules  érigés,  grêles,  unicapitulés, 
pourvus  de  bractées  subulées,  rares  à la 
base,  puis  se  rapprochant  vers  l’involucre. 
Involucres  turbinés  oblongs  , couverts 
d’écailles  imbriquées,  dressées-apprimées, 
linéaires  très-aiguës,  à bords  scarieux.  Fleu- 
rons ou  corolles  centrales  hermaphrodites, 
jaune  pâle,  tubuleu.\,  à limbe  étalé  5-fide  ; 
demi  - fleurons  ou  corolles  extérieures 
(rayons)  bilabiés,  à ligules  étalées-tridentées 
au  sommet,  d’un  joli  violet  clair,  soyeuses 
en  dessous,  accompagnées  de  pappes  formés 
de  nombreuses  soies  rigides  et  barbelées  ; 
achaines  claviformes,  sillonnés,  soyeux  (1). 

Le  genre  Onoseris  est  peu  répandu  dans 
les  cultures,  bien  que  les  espèces  qui  le 
composent  puissent  être  généralement  cul- 
tivées en  serre  froide.  En  1830,  une  espèce 

(1)  Onoseris  Drakeana,  Ed.  André,  nov.  spec. 
— Caulis  fruticosus,  pauciramosus,  sæpè  debilis, 
teres,  candido-lanatus  ; foira  alterna,  caulina,  ovato- 
lanceolata  v.  hastata  petiolis  teretibus  v.  leviter 
ad  basin  alatis,  lamina  integra  v.  laxe  dentata  in- 
dumento  canescente  subtus  instructa;  involucri 
oblongo- turbinati  squamæ  imbricato- adpressæ 
erectæ  lineares,  acutissimæ,  marginibus  scariosis  ; 
corollarum  centralium  tlosculi  hermaphroditi,  tu- 
bulosi,  llavidi,  limbo  quinquefido;  corollarum  exte- 
riorum  bilabiatarum  ligulæplanæ  apice  tridentatæ, 
violaceæ,  dorso  lanatæ  ; papporum  setæ  nume- 
rosæ  erectæ  apice  barbellatæ,  tlosculis  æquilongæ; 
achænia  oblonga,  sulcata,  sericea. 

In  Nova-Granata,  ad  Dorotes  (Cauca)  legi  lloren- 
tem,  aprili  1876,  et  plantam  vivam  e seminibus 
obtinui,  anno  1880.  E.  A. 


182 


V 


LES  VIGNES  TUBERCULEUSES  A.  SÀÏGON. 


du  Chili,  rO.  odorata,  Hook.  et  Arn.,  les 
O.  reflexa,  Less.  et  O.  adpressa,  Less.  (1), 
ces  deux  derniers  apportés  du  Pérou  par 
M.  Gruckshanks,  firent  leur  apparition  et 
fleurirent  en  Angleterre.  Nous  ignorons  si 
ces  plantes  ont  été  conservées.  Une  espèce 
beaucoup  plus  anciennement  connue,  l’O. 
piirpurata,  de  Willdenov  (2),  fut  rapportée 
de  la  Nouvelle-Grenade  par  M.  J.  Triana,  et 
publiée  par  lui  sous  le  nom  d'Isotypus  rosi- 
florus.  M.  Triana  avait  cru  à tort  y voir  une 
espèce  nouvelle  ; mais  aucun  doute  n’est  per- 
mis sur  son  ancienne  dénomination,  ainsi 
qu’on  peut  le  constater  dans  l’herbier  du 
Muséum  et  ailleurs.  La  plante  fut  mise  au 
commerce  en  1860  par  M.  Linden,  sous 
ce  nom  inexact. 

On  compte  une  douzaine  d’espèces  aujour- 
d’hui connues  du  genre  Onoseris,  parmi 
lesquelles  quatre  seulement  semblent  avoir 
été  introduites  vivantes,  y compris  l’O.  Dra- 
keana.  L’une  de  celles  que  l’on  rencontre 
le  plus  communément  dans  l’Ecuador  est 
rO.  hyssopifolia^  H.  B.  K.,  que  j’ai  vu  épa- 
nouir ses  capitules  lilas  accompagnés  de 
feuilles  linéaires,  sur  les  flancs  de  la  vallée 
la  plus  profonde  du  globe,  suivant  les 
paroles  mêmes  de  Ilumboldt,  et  au  fond  de 
laquelle  coule  le  rio  Chota  (3).  J’ai  trouvé 
également,  dans  la  région  de  Giiaillabamba, 
sur  les  grès,  l’O.  liieracioides,  DG.  à feuilles 
radicales  et  à gros  capitules  d’un  blanc 
rosé  (4).  Bonpland  avait  le  premier  récolté 
cette  espèce  à Alausi,  en  juin  1802.  Elle 
a été  l’objet  d’un  dessin  à la  plume,  dû  à 
Humboldt,  qui  a écrit  en  marge  : perdici- 
mur.  Ge  dessin  est  conservé  au  Muséum  de 
Paris.  Je  ne  pense  pas  qu’on  ait  encore  in- 
troduit rO.  liieracioides  vivant. 


Enfin,  j’ai  rencontré  sur  la  rive  gauche 
du  rio  Magdalena,  à Houda  (Nouvelle - 
Grenade),  l’O.  purpurata  (syn.  Isotypus 
rosiflorus),  en  jolis  exemplaires  sous-fru- 
tescents ornés  de  leurs  élégantes  feuilles  ly- 
rées  et  de  nombreux  capitules  rouge  vif  (5). 

On  a encore  indiqué  : O.  integrifolia, 
Less.,  au  Pérou|(Dombey)  ; O.  salicifolia, 
H.  B.  K.,  près  de  Quito  (Bonpland)  ; O.  ace- 
rifolia,  H.  B,  K.,  à Llamora  (Ecuador)  ; 
O.  Castelnæana,  Wedd.,  au  Pérou  (Wed- 
dell);  O.  hastata,  Wedd.,  en  Bolivie 
(Weddell),  et  quelques  autres  formes  dont 
les  noms  paraissent  synonymes  des  précé- 
dents. 

Ges  espèces  ont  été  diversement  classées 
par  les  auteurs,  et  n’ont  pas  été  rapportées 
à moins  de  neuf  genres  prétendus  distincts, 
que  MM.  Bentham  et  Hooker  ont  tous  im- 
mergés dans  le  genre  Onoseris  (6).  Il  faut 
les  en  féliciter,  car  ce  genre  est  facile  à 
définir,  et  l’on  | évitera  ainsi  de  grandes 
confusions  dans  la  nomenclature  de  ces 
plantes. 

J’ai  dit  que  l’O.  Drakeana  serait  une 
plante  de  serre  froide.  Elle  se  cultive  ainsi 
avec  la  plus  grande  facilité.  La  multiplica- 
tion se  fera  par  boutures  à l’étouffée,  qui 
reprendront  probablement  avec  difficulté  ; 
on  peut  conseiller  de  pratiquer  le  mode  du 
((  demi -éclatement  » et  de  1’  « enterrage  » 
de  la  base  des  tiges  à bouturer,  pour  faire 
développer  des  racines  avant  de  les  séparer 
de  la  plante  mère. 

L’édition  de  cette  jolie  Gomposée  est  à 
vendre.  On  pourra  s’adresser  pour  l’acqué- 
rir à M.  Bréauté,  à Bléré  (Indre-et-Loire). 

Ed.  André. 


LES  VIGNES  TUBERCULEUSES  A SAÏGON 


Malgré  tout  ce  qui  a été  dit  sur  ces  Vignes, 
ou  est  loin  de  se  faire  une  idée  de  ce  qu’elles 
sont  en  Gochincbine,  surtout  au  point  de  vue 

(1)  O.  odorata,  Hook.  et  Arn.,  Cornp.,  I,  p.  103. 
— Chœtachlœna  odorata,  Don,  Trans.  Lin.  soc., 
16,  p.  256.  — Leysera  odorata,  Ruiz  elPsiV.,  Herh. 

O.  reftexa,  Less.,  Syn.,  119.  — Centroclinium 
refiexum,  Hook.,  Bot.  May.,  t.  3J14. 

O.  adpressa,  Less.,  Syn.,  120.  — Centroclinium 
adpressum,  Hook.,  Bot.  May.,  t.  3115. 

(2)  O.  purpurata,  Willd.,  Spec.,  3,  p.  1702.  — 
Less.  in  Linnœa,  1830,  p.  339.. — O.  purpurea, 
Less.,  Syn.,  119.  — A tracty lis  purpurata,  Lin. 


de  la  végétation.  L’extrait  suivant  d’une  lettre 
relative  à ces  Vignes,  adressée  à MM.  Vilmorin, 
et  à l’obligeance  desquels  nous  le  devons, 

fil.,  Suppl.,  349.  — Smith,  le.  ined.,  3,  t.  65.  — 
— Benth.  et  Hook.,  Gen.  plant.,  II,  p.  487.  — 
Isotypus  rosiflorus,  Triana,  Hort.  franc.,  1864, 
p.  137,  cum  icône. 

(3) Ed.  André,  Herh.,  n"  3519  bis. 

(4)  Ed.  André,  Herh.,  n®  3947. 

(5)  Ed.  André,  Herh.,  n®  562. 

(6)  Ce  sent  ies  genres  Bhodoseris,  Schœtzellia, 
Seris,'  Willd.  (non  Less.),  Isotypus,  Hipposeris, 
Centroclinium,  Chcetachlœna^  Cursonia, 


TAILLE  DU  PÊCHER. 


jetant  un  nouveau  jour  sur  cette  question,  nous 
croyons  devoir  le  reproduire.  Le  voici  : 

Saigon  (Cocliinchine),  le  Ier  février  i883. 

....  Voici  quelques  détails  sur  la  Vigne 
de  Cochinchine  qui,  je  l’espère,  pourront 
vous  intéresser.  Les  semis  que  j’ai  faits 
dans  le  commencement  d’octobre,  et  qui 
commencèrent  à lever  vers  le  15  novembre, 
continuent  à se  montrer.  Déjà,  dans  les  pre- 
miers jours  de  janvier,  des  plants  levés 
le  15  novembre  commençaient  à avoir  des 
tubercules  de  la  grosseur  d’un  fort  porte- 
plume  ; vers  la  fm  de  janvier,  ces  tuber- 
cules étaient  de  la  grosseur  d’un  doigt,  et 
présentaient  des  ramifications  ; beaucoup 
en  avaient  7 à 8 partant  de  la  tige.  A cette 
époque,  les  plants  mesuraient  environ 
30  centimètres  de  hauteur  et  commen- 
çaient à former  leurs  vrilles. 

Parmi  les  plantes  que  j’ai  observées,  j’ai 
remarqué  diverses  formes  bien  distinctes  ; 
trois  surtout  sont  particulièrement  remar- 
quables : l’une  porte  des  Raisins  blancs  ; 
l’autre  a des  Raisins  noirs, à grain  allongé; 
la  troisième  a des  Raisins  noirs,  à grain 
rond.... 

A mon  arrivée  à Saïgon,  l’époque  de  la 
récolte  des  Raisins  était  passée,  de  sorte 
que  je  n’ai  pu  étudier  que  très-imparfaite- 
ment les  diverses  qualités  de  ces  Raisins 
qui,  du  reste,  étaient  tellement  mutilés  que 
je  n’ai  pu  me  rendre  un  compte  exact  du 
nombre  et  de  la  différence  des  variétés.  J’ai 
cependant  pu  distinguer  des  grains  rou- 
geâtres, d’autres  gris  roux,  enfin  d’autres 
d’un  jaune  doré.  Malgré  la  différence  de  cou- 
leur, tous  ces  grains  étaient  également  mûrs. 

En  ce, moment,  je  porte  particulièrement 
mon  attention  sur  de  jeunes  semis,  afin  de 
les  bien  examiner  et  d’en  suivre  toutes  les 
phases,  à partir  de  la  germination  des  grains 
jusqu’à  la  fructification  des  plantes.  Alors, 
en  séparant  les  différentes  espèces  de  Vi- 
gnes, de  manière  à en  remarquer  les  carac- 
tères, je  pourrai  vous  donner  les  plus 
grands  détails  sur  chacune  d’elles  et  sur  le 
laps  de  temps  plus  ou  moins  long  de  leur 
complet  développement,  et  c’est  alors  que 
les  graines  de  chaque  forme  pourront  vous 


188 

être  adressées  séparément,  ce  qui  n’a  pu 
être  fait  jusqu’à  présent. 

Dans  le  commencement  de  janvier,  j’ai 
couché  un  jeune  pied  de  Vigne  ; il  com- 
mence déjà  à porter  de  petits  tubercules» 
à l’aisselle  de  chaque  feuille.  Il  me  sera 
donc  facile,  par  ce  mode  de  multiplication, 
de  vous  fournir  autant  de  jeunes  plants  que 
vous  le  voudrez.  Vous  pouvez  donc,  dès  à 
présent,  annoncer  de  bons  tubercules  pour 
mai,  juin,  juillet,  etc.  ; mais  vous  n’en  au- 
rez réellement  de  beaux  que  sur  la  fin  de 
l’année....  Je  vous  envoie  un  dessin  de  mar- 
cotte que  j’ai  fait,  afin  de  vous  donner  une 
idée  de  la  formation  et  du  développement  de 
la  plante  ; plus  tard  je  vous  en  adresserai 
un  autre  d’un  pied  de  semis  commençant  à 
former  son  tubercule,  puis,  dans  la  saison 
convenable,  je  dessinerai  un  pied  avec  toute 
sa  liane,  de  manière  que  vous  puissiez  vous 
rendre  un  compte  exact  des  caractères  que 
présente  cette  Vigne  à divers  états.... 

J.-B.  Martin, 

Jardinier  en  chef  du  gouvernement,  à Saïgon. 

Cette  communication  est  très-importante  à 
plusieurs  titres  ; d’abord  elle  démontre  l’in- 
fluence du  climat  sur  la  germination  des 
graines  et  le  développement  des  plantes,  puis 
la  formation  d’organes  reproducteurs  à fais- 
selle des  feuilles,  organes  tubéreux  analogues 
à ceux  que  produisent  les  souches,  et  à faide 
desquels  on  pourra  multiplier  ces  Vignes. 

D’autre  part,  l’arrivée  prochaine  dans  de 
bonnes  conditions  de  jeunes  plantes  bien 
constituées  permettra  de  se  faire  une  idée,  au 
moins  relativement  exacte,  du  parti  que  l’on 
pourra  tirer  de  ces  Vignes.  Il  y a aussi  cet 
autre  fait,  aujourd’hui  incontestable,  de  la 
présence  en  Cochinchine,  non  pas  d’une,  mais 
de  plusieurs  sortes  de  Vignes,  à fruits  de  gros- 
seur et  de  formes  diverses  ; on  est  donc  auto- 
risé à croire  qu’il  y en  aura  de  qualités  et  peut- 
être  de  tempéraments  différents.  Et  puis  n’y 
a-t-il  pas  les  semis,  les  croisements,  qui  pour- 
ront intervenir  et  produire  une  déviation  du 
type  comme  végétation,  en  même  temps 
qu’une  modification  dans  la  nature  des  fruits  ? 
Il  n’y  a donc  pas  lieu  de  désespérer  ; au  con- 
traire, nous  croyons  qu’il  convient  d’essayer 
sur  plusieurs  points,  et  par  des  procédés  diffé- 
rents, soit  par  des  semis  variés,  soit  à faide  de 
jeunes  plantes  importées.  E.-A.  C. 


TAILLE  DU  PÊCHER 


Mon  but,  en  parlant  de  la  taille  du  Pê- 
cher, n’est  pas  d’examiner  pette  opération 


dans  tout  ce  qu’elle  comporte  ; assez  de  pra- 
ticiens émérites  se  sont  occupés  de  ce  sujet, 


184 


CASSEMENT  DE  LA  BRANCHE  CHARPENTIÉRE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


et  mon  opinion  ajoutée  à la  leur  n’apporte- 
rait rien  de  bien  nécessaire.  Ce  que  je  veux 
surtout,  c’est  appeler  l’attention  sur  une  de 
ces  questions  qui,  quoiqu’ayant  été  agitées 
bien  des  fois,  ne  sont  pas  encore  résolues, 
tant  s’en  faut.  Le  point  que  je  vais  essayer 
d’élucider  est  celui-ci  : à quelle  époque 
doit-on  tailler  les  Pêchers?  Constatons 
d’abord  que  sur  ce  chef,  comme  sur  beau- 
coup d’autres,  on  n’est  pas  d’accord  : les 
uns  ont  dit  qu’il  faut  tailler  de  bonne  heure, 
d’autres  qu’il  vaut  mieux  tailler  tard . 
Ceux-là,  comme  ceux-ci,  ont  donné  des 
raisons  pour  appuyer  leur  manière  de  voir. 
Comme  ces  deux  opinions  peuvent  être  sou- 
tenues et  qu’il  n’est  guère  possible  d’en 
formuler  d’autres  sur  ce  sujet,  je  me  rallie 
à la  dernière.  Voici  pourquoi  : 

Il  arrive  très-fréquemment  qu’en  mars, 
alors  que  les  Pêchers  sont  en  Leurs,  il  sur- 
vient des  contre-temps  ; froids,  pluies  et 
surtout  des  gelées  qui  font  périr,  sinon  tou- 
tes, du  moins  un  très-grand  nombre  de 
fleurs,  de  sorte  que  si  l’on  a taillé  court, 
il  est  bien  rare  qu’il  en  échappe  à la  des- 
truction, et  par  conséquent  la  récolte  est 
nulle;  si  au  contraire  on  taille  tard,  c’est- 
à-dire  après  que  ces  contre-temps  prin- 
taniers sont  passés,  on  a la  chance  que, 
parmi  la  grande  quantité  de  fleurs  qu’en 
général  portent  les  Pêchers,  il  y en  ait 
quelques-unes  qui  aient  été  épargnées,  de 
sorte  qu’on  peut  les  conserver  en  taillant 
au-dessus  de  celles-ci;  et  si  dans  ce  cas  ces 
fleurs  échappées  à la  destruction  donnaient 
leurs  fruits,  on  pourrait  enlever  tous  les 
bourgeons  situés  au-dessous  des  fruils, 
excepté  ceux  qui,  placés  tout  à fait  à la  base 


des  rameaux,  devront  constituer  les  bran- 
ches de  remplacement.  C’est  surtout  pour 
les  arbres  plantés  au  midi,  où  la  floraison 
se  fait  toujours  de  bonne  heure,  qu’il  est 
bon  de  tailler  tardivement. 

Du  reste,  ce  que  je  recommande  n’est  pas 
nouveau  ; les  anciens  en  avaient  même  fait 
une  règle  générale,  et  jamais,  disaient-ils, 
il  ne  faut  tailler  les  Pêchers  avant  qu’ils  ne 
soient  en  fleurs  (I).  Je  crois  qu’ils  avaient 
raison,  du  moins  pour  tous  les  pays  où  les 
gelées  tardives  sont  à craindre. 

Quant  à cette  raison  qu’on  allègue  parfois  : 
que  la  taille  faite  de  très-bonne  heure  ex- 
pose les  parties  taillées  à la  gelée,  c’est  une 
erreur  ; les  plaies  ne  rendent  pas  plus  sen- 
sibles les  parties  où  elles  sont  faites,  et  si 
elles  gelaient,  celles  qui  n’ont  pas  é'é  taillées 
seraient  également  détruites.  Il  m’est  arrivé 
bien  des  fois  de  tailler  avant  l’hiver  certains 
individus,  et  jamais  je  n’ai  vu  un  de  ces 
arbres  souflVir  plus  que  ceux  qui  n’avaient 
pas  été  taillés.  Je  dis  plus  : c’est  un  moyen 
de  leur  donner  de  la  force,  parce  que,  à l’ap- 
proche de  l’hiver,  l’arbre  étant  dans  un  repos 
absolu  n’éprouve  pas  de  réaction  comme  cela 
a lieu  quand  on  taille  au  printemps,  alors 
qu’il  est  en  pleine  végétation,  ce  qui,  cette 
fois  encore,  confirme  cette  théorie  antique  : 
que  les  arbres  souffrants,  ou  peu  vigoureux, 
doivent  être  taillés  avant  l’hiver,  tandis  que 
les  arbres  très -vigoureux  ne  doivent  l’être 
qu’au  printemps,  même  lorsqu’ils  sont  en 
fleurs  et  complètement  feuillés.  J’ai  même 
remarqué  que  c’est  un  moyen  qui  réussit 
assez  bien  pour  mettre  à fruit  les  arbres 
rebelles,  soit  à pépins,  soit  à noyaux. 

Carrelet. 


CASSEMENT  DE  LA  BRANCHE  CHARPENTIÉRE 

DES  ARBRES  FRUITIERS 


Dans  la  pratique  actuelle  de  l’arboricul- 
ture fruitière,  l’opération  que  je  désigne 
ici  sous  le  nom  de  cassement  consiste  à 
rompre  à moitié  hois  seulement  les  jeu- 
nes organes  semi-ligneux  (scions,  bour- 
geons, etc.)  qui  prennent  naissance  sur  les 
diverses  parties  des  arbres  fruitiers,  en 
conservant  intacte  l’autre  moitié.  C’est  ce 
qu’on  est  convenu  d’appeler  le  cassement 
partiel  ou  demi -cassement  et  qui  a pour 
but  de  transformer  en  boutons  à fruits  les 


yeux  qui  sont  naturellement  disposés  à se 
développer  à bois. 

Recommandée  par  certains  auteurs,  ab- 
solument proscrite  par  d’autres,  cette  opé- 
ration, que  l’on  ne  peut  guère,  sans  de 
sérieux  inconvénients,  pratiquer  sur  les  ar- 
bres à fruits  à noyaux,  n’a  été,  en  général, 

(1)  Il  y avait  jadis  un  proverbe  à ce  sujet  : 

Taille  tôt,  taille  tard, 

Rien  ne  vaut  taille  de  mars. 

E.  A. 


CASSEMENT  DE  LA  BRANCHE  CIIARPENTIÈRE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


185 


appliquée  jusqu’à  présent  par  les  arboricul- 
teurs qui  l’ont  adoptée  qu’aux  bourgeons, 
aux  rameaux  et  aux  brindilles  des  Poiriers 
et  Pommiers  ; aucun  auteur,  que  je  sache, 
n’enseigne  de  la  pratiquer  directement  sur 
les  branches  charpentières,  que  l’on  consi- 
dère comme  réservées  exclusivement  à pro- 
duire les  bourgeons  destinés  à se  transfor- 
mer en  branches  à fruits. 

Mais  un  modeste  praticien,  dont  l’expé- 
rience s’est  formée  à l’observation  des 
pliénomènes  de  la  végétation,  s’est  fait  ce 
raisonnement  : 

((  Il  faut  une  année  pour  convertir  en 
bourgeon  l’œil  ou  bouton  qui  a pris  nais- 
sance sur  la  branche  de  charpente,  une 
autre  année  pour  convertir  ce  bourgeon  en 
rameau,  une  troisième  année  pour  faire 
passer  ce  rameau  à l’état  de  branche.  Or, 
dit  M.  P.  de  Mortillet,  le  fruit  n’apparaît 
jamais  sur  le  bourgeon,  et  si  rarement  sur 
le  rameau  que  l’on  peut  établir  en  règle 
générale  qu’il  n’est  produit  que  par  la  bran- 
che ; donc,  pour  obtenir  le  bouton  à fruit  de 
la  branche,  il  faut  encore  attendre  une  qua- 
trième année,  et,  le  plus  ordinairement, 
bien  d’autres  encore.  Si  donc  il  était  possi- 
ble d’obtenir  directement  des  boutons  issus 
de  la  branche  charpentière,  ce  que  l’on 
n’obtient  qu’au  bout  de  quatre  années  au 
moins  des  petites  branches  que  la  branche 
de  charpente  a mis  trois  ans  à former,  on 
réaliserait  sur  la  durée  ordinaire  de  la  mise 
à fruit  une  avance  de  trois  ou  quatre 
années  au  moins.  Et,  puisque  le  cassement 
partiel  a pour  résultat  de  transformer  la 
branche  latérale  en  production  fruitière, 
essayons  si,  par  ce  cassement  appliqué  di- 
rectement à la  branche  de  charpente,  il 
n’est  pas  possible  d’obtenir,  au  bout  d’une 
seule  année,  le  bouton  à fruit  que  nous  ne 
pouvons  attendre  de  la  petite  branche  qu’a- 
près  quatre  années  au  moins  de  transforma- 
tions et  d'opérations  multipliées...  » 

Et  il  a essayé,  et  le  résultat  a complète- 
ment justifié  ses  prévisions  et  ses  espéran- 
ces. Dans  le  courant  de  mars,  il  casse  à 
moitié  bois  la  branche  de  charpente,  ainsi 
que  l’on  recommande  de  casser  les  rameaux 
des  petites  branches  et  les  petites  branches 
elles-mêmes  ; puis,  pour  retarder  le  plus 
possible  le  rapprochement  et  la  suture  des 
lèvres  de  la  plaie,  il  y introduit  une  goutte 
d’huile  qui  obstrue  les  issues  à travers 
lesquelles  la  sève  tendrait  à s’extravaser. 


Quelques  semaines  après  l’opération,  on 
voit  surgir  à quelques  centimètres,  tant  au- 
dessous  qu’au -dessus  de  la  cassure,  une 
série  de  boutons  à fruit  dont  la  production 
se  manifeste  dès  l’année  suivante. 

Si  l’opération  n’a  pas  été  faite  au  mois  de 
mars,  on  peut  y procéder  au  mois  d’août. 
Pour  les  gourmands,  c’est  le  mois  de  mai 
qui  est  l’époque  la  plus  favorable. 

Ce  praticien,  j’oubliais  de  le  nommer,  est 
M.  Delhomme,  le  jardinier  en  chef  du 
grand  séminaire  d’Autun. 

La  presse  a,  plusieurs  fois  déjà,  signalé 
la  vigueur  et  la  merveilleuse  et  précoce 
fécondité  des  arbres  dirigés  par  notre  habile 
compatriote.  Ce  cont  les  résultats  du  casse- 
ment partiel  de  la  branche  de  charpente 
qu’il  applique  méthodiquement  à tous  ses 
arbres.  Constatés  par  de  nombreux  visiteurs, 
et  dans  le  cours  de  cette  année  encore  par 
des  hommes  dont  la  compétence  est  hors 
de  discussion,  ces  résultats  sont  consignés 
dans  un  rapport  de  l’im  des  rédacteurs  de 
la  Revue  horticole,  publié  dans  le  dernier 
Bulletin  de  la  Société  centrale  d’horticul- 
ture de  France  de  l’année  1883,  p.  150, 
et  qu’on  ne  lira  pas  sans  intérêt. 

Comment  expliquer  physiologiquement  le 
phénomène  de  la  transformation  en  bou- 
tons à fruits  des  yeux  ou  boutons  à bois 
par  le  cassement  partiel  de  la  branche  char- 
pentière ? 

Le  demi-cassement,  disent  les  auteurs,  a 
pour  effet  d’intercepter  la  circulation  d’une 
partie  de  la  sève,  et  conséquemment  d’en 
retenir  une  certaine  quantité  dans  la  région 
de  la  partie  cassée.  Ainsi  retenue,  la  sève 
s’agglomère,  s’élabore,  se  condense  et  com- 
munique aux  boutons  placés  dans  la  partie 
où  elle  a été  concentrée  un  surcroît  d’ali- 
mentation généreuse  et  fécondante  qui  les 
met  en  état  de  remplir  le  rôle  auquel  ils 
sont  destinés. 

Étant  donnée  la  vérité  de  ce  point  de  doc- 
trine horticole,  examinons  les  ditférents 
cas  dans  lesquels  on  peut  en  faire  l’appli- 
cation. 

Le  cassement  partiel  de  la  branche  de 
charpente  se  fait  quelquefois  au  point 
même  où  cette  branche  a pris  naissance  sur 
la  tige  ; mais  il  se  fait  le  plus  souvent  sur 
un  point  plus  ou  moins  éloigné  de  la  nais- 
sance de  la  branche.  Voyons  d’abord  com- 
ment, dans  ce  dernier  cas,  le  cassement 
peut  agir  sur  les  boutons  placés  soit  au-des- 


186 


CASSEMENT  DE  LA  BRANCHE  CHARPENTIÈRE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


süus,  soit  au-dessus  du  point  où  il  a été 
opéré. 

A l’égard  des  boutons  placés  au-dessous 
de  la  cassure,  il  est  facile  de  s’expliquer 
leur  transformation  par  l’effet  direct  des 
phénomènes  physiologiques  que  j’ai  précé- 
demment énumérés.  La  partie  de  la  sève 
interceptée  par  la  cassure  s’arrête  devant 
l’obstacle  que  cette  blessure  oppose  à sa  cir- 
culation ; elle  s’agglomère  entre  ce  point  et 
la  naissance  de  la  branche,  s’élabore,  se 
condense  et  féconde  les  boutons  placés  dans 
l’intervalle  de  ces  deux  points. 

Mais  les  choses  ne  se  passent  pas  aussi 
simplement  pour  les  yeux  ou  boutons  qui 
se  trouvent  au-dessus,  au  delà  de  la  cas- 


A 


B 


Fig.  37. 

A,  Cassoir  Loriant.  — B,  Cassoir  Dolivot. 

sure.  Quant  à ceux-ci,  ce  n’est  pas  la  sève 
interceptée  et  refoulée  par  le  cassement  qui 
a pu  les  atteindre,  et  conséquemment  les 
alimenter.  Il  faut  donc  attribuer  leur  modi- 
fication à l’influence  d’un  autre  agent,  ou 
plutôt  d’une  sève  autre  que  celle  qui  n’a  pu 
rester  en  communication  avec  eux. 

Ne  perdons  pas  de  vue  que  le  cassement 
n’ayant  rompu  que  la  moitié  du  bois  de  la 
branche  sans  offenser  l’autre  moitié,  l’in- 
terception de  la  sève  n’a  été  que  partielle  et 
ne  s’est  produite  que  dans  la  partie  de  la 
branche  entamée  par  l’opération.  La  sève 
n’a  donc  pas  cessé  de  circuler  dans  les  ca- 
naux qui  parcourent  la  partie  de  la  branche 
que  le  cassement  a laissée  intacte.  On  peut 


même  admettre  qu’une  certaine  quantité  de 
la  sève  interceptée,  et  qui  s’est  accumulée 
au-dessous  de  la  cassure,  a pu  être  refoulée 
dans  la  partie  de  la  branche  qui  n’a  pas  été 
entamée  et  est  venue  accroître  le  fluide  des- 
tiné à l’alimenter.  Or,  on  sait  que  la  sève, 
après  avoir,  dans  son  évolution  ascension- 
nelle, parcouru  les  organes  foliacés,  les  tra- 
verse de  nouveau  en  sens  inverse,  c’est-à- 
dire  en  descendant  à travers  les  couches  du 
liber  jusqu’aux  racines.  La  sève,  non  inter- 
ceptée, est  donc  montée  jusqu’à  l’extrémité 
de  la  branche,  puis,  de  cette  extrémité,  a 
pris  une  direction  descendante.  Mais  au  mo- 
ment où  elle  a atteint  le  point  où  a eu  lieu 
la  cassure,  elle  a été  forcée  de  s’arrêter  de- 
vant l’obstacle  qui  's’opposait  à sa  circula- 
tion ; elle  s’est  agglomérée  de  nouveau, 
élaborée,  condensée  ainsi  qu’elle  l’avait  déjà 
fait  au-dessous  de  la  blessure,  et,  pendant  la 
période  qu’a  duré  sa  stagnation,  elle  a opéré 
sur  les  boutons  placés  sur  son  passage  la 
même  action  fécondante  qu’elle  avait,  dans 
son  mouvement  d’ascension,  exercée  sur 
les  boutons  placés  dans  la  région  inférieure 
de  la  branche. 

C’est  ainsi,  ce  me  semble,  que  peut  s’ex- 
pliquer le  phénomène  de  la  mise  à fruit  des 
boutons  à bois  par  le  demi-cassement  de  la 
branche  de  charpente. 

Dans  le  cas  où  le  cassement  a été  fait  à 
la  naissance  même  de  la  branche,  c’est  donc 
uniquement  par  l’action  de  la  sève  descen- 
dante que  s’opère  la  mise  à fruit  des  bou- 
tons situés  au-dessus  du  point  opéré. 

Ce  phénomène  de  la  transformation  si- 
multanée des  boutons  de  deux  parties  de  la 
branche  de  charpente  à moitié  séparées  par 
le  cassement  me  paraît  pouvoir  être  con- 
sidéré comme  une  nouvelle  justification  de 
la  doctrine  de  la  double  circulation  de  la 
sève,  et  comme  une  confirmation  des  expé- 
riences diverses  au  moyen  desquelles  la 
science  a voulu  démontrer  l’existence  de  ce 
double  courant. 

On  ne  manquera  pas  d’objecter  que 
l’opération  du  cassement  ne  peut  avoir 
qu’une  influence  funeste  sur  la  vigueur,  la 
santé,  la  longévité  des  arbres  qui  y sont 
soumis.  J’ai  déjà  répondu  à cette  objection 
en  signalant  l’état  de  vigueur  et  de  santé 
parfaite  des  arbres  du  grand  séminaire 
d’Autun,  qui  donnent  une  preuve  irréfra- 
gable de  l’innocuité  complète  de  cette  opéra- 
tion. Il  n’en  est  pas  un  qui  ait  un  seul  ins- 


CASSEMENT  DE  LA  BRANCHE  CHARPENTIÈRE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


187 


tant  montré  le  moindre  symptôme  d’affai- 
blissement ou  de  souffrance.  La  mutilation 
à laquelle  on  les  soumet  se  cicatrise  au 
bout  de  quelques  semaines  et  laisse  à peine 
la  trace  d’une  légère  suture  ; les  canaux, 
momentanément  interceptés,  se  ressoudent 
et  se  remettent  en  communication  ; la  cir- 
culation de  la  sève  reprend  son  cours  nor- 
mal ; enfin,  on  ne  voit  d’autre  différence 
entre  l’état  des  arbres  antérieur  à l’opéra- 
tion et  leur  état  actuel,  qu’une  riche  et 
abondante  fertilité  remplaçant  une  infécon- 
dité dont  on  ne  serait  parvenu  à triompher 
par  les  moyens  ordinaires  qu’après  de  lon- 
gues années  d’attente  et  d’opérations  mul- 
tipliées. 

Pourquoi,  d’ailleurs,  le  cassement  de  la 
branche  de  charpente'  serait-il  plus  préjudi- 
ciable à l’arbre  que  le  cassement  de  chacune 
des  productions  diverses  et  plus  ou  moins 
nombreuses  auxquelles  cette  jbranche  a 
donné  naissance  sur  toute  son  étendue  ? 
Certes,  s’il  doit  y avoir  une  différence  dans 
l’influence  que  peut  exercer  chacune  de  ces 
opérations,  cette  différence  ne  peut . être 
qu’en  faveur  de  la  première  qui,  à l’avan- 
tage d’un  résultat  beaucoup  plus  prompt, 
réunit  celui  d’une  notable  économie  de 
temps  et  de  travail. 

Au  résumé,  le  cassement  de  la  branche 
de  charpente  ne  fait  pas  autre  chose  que 
d’obliger  la  sève  à accomplir  dans  l’inter- 
valle d’une  seule  année  l’œuvre  de  trans- 
formation que,  suivant  les  autres  procédés, 
elle  ne  parviendrait  à compléter  que  dans 
trois,  quatre  ou  cinq  années,  et  souvent 
davantage. 

Le  meilleur  cassement,  écrivait  M.  P.  de 
Mortillet  à l’époque  où  il  pratiquait  encore 
cètte  opération  sur  les  petites  branches  (ce  à 
quoi  il  a renoncé),  est  celui  qui  rompt  la  moi- 
tié du  bois  et  conserve  l’autre.  On  acquiert 
bien  vite,  disait-il  encore,  l’habitude  d’opérer 
ce  cassement  d’une  manière  prompte  et  uni- 
forme. On  pourra,  dans  le  principe,  employer 
les  deux  mains  ; l’une  soutiendra  le  rameau  au- 
dessous  du  point  où  il  doit  être  cassé,  pendant 
que  l’autre  opérera  le  cassement;  mais  bientôt 
on  pratiquera  cette  opération  d’une  seule 
main  en  soutenant  le  scion  par  dessous  avec 
l’index,  pendant  que  le  pouce  pèsera  sur  le 
dessus  et  le  cassera  à demi  en  renversant  la 
main. 

L’opération  ne  me  paraît  pas  toujours 
aussi  simple  et  aussi  facile  qu’on  pourrait 
le  croire  d’après  le  savant  pomologue,  au 


moins  pour  l’amateur  dont  la  main  n’a  pas 
fréquemment  l’occasion  de  s’exercer.  Mais, 
en  tout  cas,  si  elle  offre  moins  de  difficulté 
quand  elle  est  pratiquée  sur  un  rameau  ou 
une  jeune  branche,  elle  en  présente  davan- 
tage quand  il  s’agit  de  la  faire  sur  une 
branche  de  charpente,  naturellement  plus 
forte  et  plus  résistante  que  les  rameaux  et 
les  branches  d’une  année.  Le  cassement  de 
la  branche  charpentière  exigeant  un  eflbrt 
plus  considérable,  l’opérateur  est  moins 
maître  de  ses  mouvements  ; non  seulement 
le  pouce  et  l’index  d’une  seule  main  ne 
suffiront  pas,  mais  encore  l’action  des  deux 
mains  n’obtiendra  pas  toujours  un  résultat 
satisfaisant,  surtout  lorsque  le  point  où  l'on 
voudra  faire  la  cassure  n’est  pas  facile  à 
atteindre.  Il  arrivera  souvent,  alors,  que  la 
cassure  sera  plus  profonde  qu’il  ne  le  fau- 
drait et  que  ne  le  voudrait  l’opérateur. 
Dans  ce  cas,  le  but  de  l’opération  se  trou- 
vera complètement  manqué  ; la  branche  se 
détachera  ; l’équilibre  de  la  végétation  se 
trouvera  compromis,  la  régularité  de  la 
charpente  détruite,  la  forme  de  l’arbre  pour 
longtemps  défectueuse  et  souvent  difficile 
à reconstituer. 

Frappé  de  ces  inconvénients,  et  convaincu 
par  sa  propre  expérience  des  heureux  effets 
du  demi-cassement  appliqué  aux  branches 
çharpentières,  un  autre  praticien,  M.  Lo- 
riant,  jardinier  des  Dames  dominicaines  de 
Nancy,  a imaginé  un  instrument  destiné  à 
faciliter  cette  opération,  tout  en  lui  donnant 
la  précision  nécessaire.  Cet  instrument, 
auquel  il  a donné  le  nom  de  cassoir,  est 
en  bois  et  consiste  simplement  en  une 
fourche  à deux  dents  entre  lesquelles 
on  introduit  la  branche  à casser.  L’une 
des  dents  se  place  au-dessus,  l’autre 
au-dessous  de  la  branche  ; la  main  qui 
tient  le  manche  de  l’instrument  et  qui,  au 
besoin,  peut  appeler  l’autre  main  à son 
aide,  opère  sur  la  branche,  d’arrière  en 
avant,  un  mouvement  de  bascule  qui,  par 
la  pression  en  sens  inverse  de  chacune  des 
deux  dents  sur  cette  branche,  en  détermine 
la  rupture  à moitié  bois. 

J’ai  fait  l’essai  de  cet  instrument  qui, 
entre  des  mains  solides,  expérimentées  et* 
sûres  de  leurs  mouvements,  m’a  paru  devoir 
réaliser  très-heureusement  les  vues  de  l’in- 
venteur ; mais  je  dois  avouer  que  je  n’ai 
pas  pu  obtenir  une  réussite  aussi  parfaite 
que  celle  sur  laquelle  je  comptais  : ma 


188 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


main,  qui  n’est  plus  jeune,  trop  faible  sans 
doute  et  manquant  de  l’habileté  et  de 
l’expérience  nécessaires,  n’est  pas  toujours 
parvenue  à un  résultat  irréprochable.  L’ef- 
fort de  la  main,  qui  se  porte  sur  l’extrémité 
du  manche,  à plus  de  20  centimètres  du 
point  de  l’opération,  perd  une  grande  partie 
de  son  intensité  et  de  son  efficacité  sur  la 
branche  ; il  faut  souvent  l’exagérer  ; alors 
l’opérateur  ne  reste  plus  maître  de  le  mo- 
dérer à son  gré,  de  l’arrêter  au  moment 
nécessaire,  et  quelquefois,  au  lieu  d’un  cas- 
sement à moitié  bois  seulement,  il  se  trouve 
avoir  fait  à la  branche  une  fracture  assez 
profonde  pour  arrêter  complètement  et  dé- 
finitivement la  circulation  de  la  sève,  au 
lieu  de  ne  l’intercepter  que  partiellement  et 
momentanément,  et  même  quelquefois  dé- 
terminer immédiatement  la  séparation  com- 
plète de  la  partie  supérieure  de  la  branche. 

J’ai  cherché  à remédier  à l’insuffisance 
du  cassoir  de  M.  Loriant  entre  des  mains 
inhabiles  comme  les  miennes,  et  je  crois  y 
avoir  réussi  en  modifiant  cet  instrument  de 
la  manière  suivante  : 

J’ai  remplacé  la  fourche  A (fig.  38)  par 
une  sorte  de  clé  à deux  dents  (B,  même 
figure).  La  seule  différence,  entre  cet  ap- 
pareil et  celui  de  M.  Loriant,  consiste  en  ce 
que  l’ouverture  par  laquelle  on  introduit 
entre  les  dents  la  branche  à opérer,  au  lieu 
d’être  placée  sur  l’axe  du  manche,  comme 
dans  le  cassoir  Loriant,  se  trouve  placée 
sur  le  côté  de  ce  manche,  en  sorte  que, 
pour  faire  l’opération,  l’instrument  et  la 
main  de  l’opérateur  se  placent,  non  pas 
latéralement  et  perpendiculairement  à la 
branche,  mais  dans  la  direction  longitudi- 
nale de  celle- ci. 

Avec  le  cassoir  modifié,  l’opération  peut 
se  faire  de  deux  manières  : 

Ou  bien  en  plaçant  le  crochet  supérieur 


de  la  clé  au-dessous  de  la  branche,  et 
conséquemment  le  crochet  inférieur  et  le 
manche  au-dessus.  Dans  ce  cas,  le  casse- 
ment se  fait  en  abaissant  sur  la  branche  le 
manche,  qui  fait  l’office  de  levier  ; 

Ou  bien  en  plaçant,  au  contraire,  le  cro- 
chet supérieur  de  la  clé  au-dessus  de  la 
branche  à opérer,  et  le  crochet  inférieur 
ainsi  que  le  manche  au-dessous.  Dans  ce 
second  cas,  l’opérateur  place  les  quatre 
doigts  inférieurs  de  la  main  sous  le  manche 
de  l’instrument,  et,  en  appuyant  le  pouce  sur 
la  branche,  la  fait  ployer  et  l’abaisse  sur  le 
manche  jusqu’à  ce  que  le  cassement  se  soit 
produit  dans  la  mesure  voulue. 

Les  deux  instruments  pouvant  être  em- 
ployés avec  utilité  selon  les  commodités, 
l’habileté,  les  préférences  de  l’opérateur,  il 
a semblé  tout  à la  fois  naturel  et  éco- 
nomique de  les  réunir  en  un  seul  en  les 
adaptant  à un  même  manche  dont  chacun 
d’eux  occupe  une  extrémité.  C’est  ce  qui  a 
été  fait. 

Je  terminerai  cette  notice  en  faisant  ob- 
server que  le  cassoir,  modifié  ainsi  que  je 
viens  de  l’expliquer,  peut  être  très-avanta- 
geusement utilisé  pour  la  formation  régu- 
lière des]  arbres  à branches  renversées. 
Dans  certaines  variétés,  le  bois  manque  de 
souplesse  et  de  flexibilité,  et  il  est  quelque- 
fois difficile,  avec  la  main  seule,  de  faire 
ployer,  sans  accident,  la  branche  que  l’on 
veut  renverser,  tandis  qu’avec  le  cassoir 
l’opération  devient  plus  aisément  praticable 
et  tout  à fait  exempte  d’inconvénients.  En 
le  faisant  agir,  au  besoin,  sur  plusieurs 
points  plus  ou  moins  rapprochés,  on  réussit 
sans  peine,  et  presque  toujours  sans  la  moin- 
dre cassure,  à faire  fléchir  la  branche  la 
plus  rebelle  et  à lui  donner  exactement  la 
courbure  qu’exige  la  plus  scrupuleuse  régu- 
larité. E.  Dolivot. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  23  MARS  1883 


Apports.  — Comité  (V arboriculture.  Deux 
Poires  locales  seulement,  sans  détermination, 
et  qui,  du  reste,  n’offraient  qu’un  intérêt  se- 
condaire. 

Comité  de  culture  potagère.  M.  Bonnel, 
de  Palaiseau,  présentait  des  Choux  Crambé 
{Crambe  maritima)  très-beaux,  excellent  lé- 
gume trop  peu  cultivé,  qui  vient  presque  seul 


et  ne  redoute  aucune  intempérie.  M.  Bonnel 
fait  observer  que  depuis  dix-huit  ans  il  fait 
chaque  année  une  abondante  récolte  sur  les 
mômes  plantes.  — M.  Chemin,  maraîcher  à 
Paris,  présentait  de  beaux  et  gros  Champi- 
gnons de  couche.  — M.  Cottereau,  maraîcher, 
rue  de  Javel,  à Paris , présentait  quelques 
pieds  de  Céleri-rave  très-gros  et  très-beaux.  — 


189 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’IIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


Un  autre  maraîcher,  M.  Ozouf,  rue  Lecourbe, 
présentait  une  touffe  de  magnifiques  Navets 
hâtifs.  — M.  Ponce,  maraîcher  à Clichy-la- 
Garenne,  présentait  une  botte  d’Asperges  cul- 
tivées à froid,  c’est-à-dire  sur  lesquelles  il 
place,  à l’approche  de  l’hiver,  des  coffres  re- 
couverts de  leurs  châssis.  Ces  Asperges,  du 
reste,  ne  présentaient  rien  de  particulier. 

Le  comité  de  floriculture  était  relativement 
bien  fourni.  C’était  d’abord  un  horticulteur  an- 
glais, M.  Cannel,  qui  présentait  ; 1»  un  Fuchsia 
de  semis  à grandes  fleurs  rose  vif  réunies  en 
fortes  grappes  pendantes  qui,  par  la  grandeur 
et  la  disposition,  rappelaient  assez  celles  du 
Fuchsia  fulgens.  Le  feuillage  aussi,  quoique 
rappelant  celui  du  type  ordinaire  glohosa, 
surtout,  mais  considérablement  agrandi,  indi- 
quait, par  sa  contexture  et  sa  couleur  rouge  à 
la  face  inférieure,  que  le  Fuchsia  fulgeyis  est 
entré  pour  une  certaine  part  dans  la  produc- 
tion de  cette  variété,  qui  a reçu  le  nom  de 
Mistress  Rimdell  ; des  fleurs  de  nombreuses 
variétés^  de  Primevères  de  la  Chine,  remarqua- 
bles tant  par  la  forme  et  le  coloris  que  par  les 
dimensions  des  fleurs  ; 3»  des  fleurs  de  Ciné- 
raires qui  n’avaient  rien  de  remarquable  ; 
4°  des  fleurs  de  variétés  de  Cyclamen  dont  les 
dimensions  étaient  extraordinairement  grandes. 
Enfin,  ce  même  présentateur  exposait  un  pied 
en  fleurs  d’une  Primevère  de  la  Chine  à 
fleurs  blanches  doubles,  formant  un  véritable 
buisson  sphérique  disparaissant  sous  la  masse 
de  fleurs  qui,  très-nombreuses,  laissaient  pour- 
tant à désirer  pour  les  dimensions.  — M.  Ver- 
lot,  chef  de  l’école  de  botanique  au  Muséum, 
avait  apporté  de  cet  établissement  un  pied 
fleuri  (ïErythronium  grandiflorum , plante 
très-rustique,  originaire  de  l’Amérique  septen- 
trionale, à fleurs  assez  grandes,  d’un  blanc 
jaunâtre,  à pétales  roulés  en  dehors;  ses 
feuilles  ovales  elliptiques  sont  fortement  ma- 
culées de  brun.  — M.  Vauvel,  chef  des  pépi- 
nières au  Muséum,  avait  apporté  en  fleurs  les 
espèces  suivantes  : Spiræa  Van  Houttei,  Wei- 
gela  eæcelsa,  et  deux  pieds  de  Prunus  sinensis 
flore  pleno  albo.  — M.  Lequin,  horticulteur  à 
Clamart,  avait  apporté  des  rameaux  fleuris  du 
bégonia  Sermaise  (1),  plante  très-floribonde, 
qui  non  seulement  est  très-propre  à former  des 
massifs  en  pleine  terre  l’été,  mais  qui,  rentrée 
en  serre,  y fleurit  tout  l’hiver.  — M.  Jolibois, 
jardinier  en  chef  au  palais  du  Luxembourg, 
présentait  un  très-beau  pied  du  Cypripedium 
hirsutissimum,  qui  est  toujours  une  des  belles 
espèces  du  genre;  ses  fleurs  très-grandes, à di- 
visions latérales  longuement  étalées  presque 
â angle  droit,  sont  gracieusement  contournées. 


d’un  rose  doux  tranchant  agréablement  sur 
les  autres  parties  de  la  fleur,  qui  sont  d’un 
roux  marron  verdâtre;  ses  hampes,  qui  sortent 
d’un  feuillage  abondant,  sont  dressées,  d’un  noir 
d’ébène,  recouvertes  de  toutes  parts  de  poils 
couchés  de  meme  couleur,  qui  justifient  le 
significatif  hirsutissimum.  — M.  Régnier, 
horticulteur  à Fontenay-sous-Bois  (Seine),  pré- 
sentait un  Eranthemum  originaire  de  Cochin- 
chine.  C’est  une  très-belle  plante,  voisine  de 
VE.  Hendersoni.  Ses  fleurs  très-nombreuses, 
d’un  lilas  rosé,  sont  très-rapprochées  et  for- 
ment un  énorme  pompon  qui  atteint  -15  centi- 
mètres et  môme  plus  de  hauteur  sur  environ 
7-8  de  diamètre.  C’est  une  intéressante  nou- 
veauté qui,  très-probablement,  sera  cultivée 
pour  l’ornementation.  — Enfin  M.  Godefroy- 
Lebeuf,  horticulteur  à Argenteuil,  présentait 
des  fleurs  de  plusieurs  espèces  ou  variétés  de 
Phalænopsis  {amahüis,  Schilleriana^  Cornu 
cervi,  etc.),  et  notamment  une  plante  soi-disant 
hybride  entre  les  Phalænopsis  Schilleriana  et 
P.  amahüis;  puis  un  Zygopetalum  maxil- 
lare,  plante  brésilienne  assez  voisine  du  Zygop). 
Gautieri,  mais  à fleurs  un  peu  plus  foncées, 
mieux  « masquées,  » comme  l’on  dit.  Enfin  ce 
même  horticulteur  avait  apporté  des  fleurs  cou- 
pées de  Tecophylea  cyanocrocus.,  charmante 
miniature  qui,  par  la  forme  de  ses  fleurs, 
rappelle  assez  les  Crocus , d’un  bleu  foncé 
nuancé  diversement  suivant  l’état  plus  ou  moins 
avancé  de  la  floraison.  Cette  espèce  est  d’au- 
tant plus  précieuse  que  sa  floiAison  se  succède 
sans  interruption  depuis  presque  deux  mois; 
aussi  est-il  à peu  près  certain  qu’elle  entrera 
bientôt  dans  l’ornementation  courante.  — 
M.  Lesueur,  jardinier  chez  M'^^e  la  baronne  de 
Rothschild,  à Boulogne,  présentait  un  très- 
fort  et  beau  pied  de  Nidularium  princeps 
dont  toutes  les  feuilles  supérieures  formaient 
un  très-grand  cercle  d’un  beau  rouge  autour 
de  la  cavité  florale,  ainsi  qu'un  magnifique  pied 
de  Lycaste  Skinneri  portant  sept  hampes  fleu- 
ries. Rappelons  non  seulement  aux  amateurs 
d’Orchidées,  mais  à tous  ceux  qui  possèdent 
une  serre  un  peu  chaude,  qu’ils  doivent  cul- 
tiver les  Lycastes,  dont  la  plupart  sont  des  plus 
ornementales  par  la  beauté  et  la  très-longue 
durée  des  fleurs. 

Au  comité  des  arts  et  de  Vindustrie.,  M.  Éon, 
constructeur  d’instruments  de  physique  et  de 
précision,  11,  rue  des  Boulangers,  à Paris, 
présentait  deux  appareils  à vaporiser  la  nico- 
tine. Inventé  par  M.  Landry,  horticulteur,  92, 
rue  de  la  Glacière,  cet  appareil  est  très-bien 
approprié  à l’usage  auquel  il  est  destiné;  il 
vient  encore  d’être  légèrement  modifié  par 
M.  Éon,  qui  a réussi  à le  rendre  plus  pra- 
tique, tout  en  en  diminuant  le  prix. 


(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  p.  363. 


190  EXPOSITION  VERNALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  d’hORTICULTURE  DE  FRANCE. 


EXPOSITION  VERNALE 

DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


La  Société  nationale  et  centrale  d’horticul- 
ture de  France  a tenu  la  première  de  ses  ex- 
positions de  1883,  du  28  mars  au  1er  avril, 
dans  le  pavillon  de  la  Ville,  aux  Champs-Ély- 
sées,  à Paris.  La  partie  centrale  de  ce  pavillon 
avait  été  transformée  en  un  jardin  anglais,  sur 
les  pelouses  duquel  avaient  pris  place,  soit 
réunies  en  groupes  ou  en  massifs,  soit  placées 
isolément  pour  mieux  en  montrer  l’effet  déco- 
ratif, les  plantes  fleuries  telles  que  : Azalées 
de  Vlnàe^Azalea  mollis  et  ses  variétés,  A;:a?ea 
amœna,  Cinéraires,  Galcéolaires,  Primiila 
prœnitens,  etc.  Le  pourtour  était  réservé  aux 
arbrisseaux  à feuillage  persistant,  et  aux  Coni- 
fères. Deux  lots  de  plantes  de  serre  tempérée 
à feuillage  d’ornement  et  deux  groupes  de 
(iamellias  fleuris  contrastaient  avec  la  teinte 
sombre  du  feuillage  des  plantes  précitées.  Enfin, 
à droite  et  à gauche  de  l’entrée,  on  admirait 
une  magnifique  réunion  d’Orchidées,  de  nom- 
breuses Jacinthes,  etc.  En  résumé,  la  disposi- 
tion des  plantes  produisait,  de  l’avis  général,  le 
meilleur  effet. 

Signalons  d’abord  parmi  les  plantes  nouvelles 
un  Aucuba  Japonica  à fruits  blanc  jaunâtre, 
que  présentait  M.  Moser;  puis  un  Bhocloclen- 
dnim  de  semis  sous  le  nom  de  Comte  de 
Clermont-Tomierre ; enfin,  sous  le  nom  d' Aines 
Canendasis  var.  peiidula,  un  arbrisseau  d’en- 
viron G mètres  de  hauteur  et  ne  différant  du 
type  que  par  ses  rameaux  pleureurs  du  sommet 
de  la  tige. 

JM.  Christen  a eu  la  bonne  idée  de  soumettre 
à la  culture  forcée  une  plante  arbustive  d’in- 
troduction relativement  récente  et  rustique 
sous  le  climat  de  Paris,  le  Neviusia  Alaha- 
mensis. 

Le  premier  concours  était  affecté  aux  Camel- 
lias.  Ceux  qui  composaient  la  série  de  l’unique 
exposant,  JM.  IVIoser,  étaient  suffisamment  fleuris 
et  très-variés.  M.  Lévéque  fils  exposait  hors 
concours  deux  collections  de  Camellias  que  le 
jury  a accueilli  de  ses  plus  vives  félicitations  : 
l’une  était  formée  de  jeunes  plantes  bien  fleu- 
ries et  feuillées  dès  la  base;  l’autre,  de  qua- 
rante variétés  représentées  chacune  par  un  indi- 
vidu dont  les  dimensions  variaient  entre  l«i50 
et  2 mètres  de  hauteur. 

Il  faut  citer  en  première  ligne  les  Azalées  de 
l’Inde  de  JVI.  A.  Truffant,  dont  les  spécimens 
étaient  irréprochables  sous  le  rapport  de  la 
vigueur,  de  la  forme  des  plantes  et  de  leur 
lloraison  : conséquence  d’une  bonne  et  savante 
culture.  Venaient  ensuite  dans  ce  même  con- 
cours celles  de  JM.  Royer  fds. 


Dans  le  concours  affecté  aux  collections 
d’ Azalées  formées  de  trente  variétés,  on  comp- 
tait deux  exposants  ; JM.  Royer  fds,  horticul- 
teur, et  JM.  Laugier,  amateur.  Le  groupe  du 
premier  était  formé  de  variétés  de  choix  re- 
présentées par  de  beaux  individus  ; même  re- 
marque pour  l’exposition  de  JM.  Laugier,  qui 
nous  a d’autant  plus  intéressé  qu’il  est  trop 
rare  en  France  de  voir  des  amateurs  présenter 
des  collections  aussi  nombreuses  et  d’aussi 
bonne  culture. 

JM.  JMoser  nous  a montré  à une  époque  peut- 
être  un  peu  trop  hâtive  ce  que  peut  produire 
une  culture  intelligente  de  Rhodendrons.  Sa 
collection  représentait  bien  la  série  aussi  com- 
plète que  possible  des  plus  belles  variétés  cul- 
tivées. 

Les  Orchidées  n’étaient  représentées  que  par 
une  seule  collection,  celle  de  JM.  Bleu,  mais 
aussi  avec  quelle  magnificence!  On  remarquait 
dans  ce  lot  une  nombreuse  série  de  Phalæ- 
nopsis  Schilleriana  admirablemeqt  fleuris  et 
ne  différant  entre  eux  que  par  une  coloration 
plus  ou  moins  claire  ou  plus  ou  moins  foncée; 
puis  des  Phalænopsis  grandiflora  variés  aussi 
de  coloris.  Parmi  les  autres  Orchidées  on  re- 
marquait dans  leur  parfait  état  de  floraison  les 
Cattleya  Skinneri  et  calummata  si  élégants  ; 
les  Mütoîiia  eimeata  aux  divisions  brunes,  on- 
dulées, crispées,  jaunâtres  à fextrémité  qui  est 
acuminée  et  dont  le  large  labelle  est  blanc,  etc.  ; 
enfin  un  Dendrobium  chrysotoxum  portant 
sept  inflorescences  formées  chacune  d’un  grand 
nombre  de  fleurs  jaune  doré,  à labelle  très- 
large,  délicatement  frangé  et  d’un  jaune  très- 
intense  dans  sa  partie  centrale. 

La  France  est  encore  tributaire  de  la  Hollande 
et  de  la  Belgique  pour  la  culture  et  la  produc- 
tion des  plantes  bulbeuses  en  général  (les 
Glayeuls  exceptés).’  Les  échantillons  de  Jacin- 
thes présentés^  cultivés  en  pots,  témoignaient 
des  connaissances  précises  du  temps  nécessaire 
au  forçage.  Sous  ce  rapport,  les  Jacinthes  de 
JMJM.  Vilmorin-Andrieux  et  G>®  ont  été  classées 
au  premier  rang.  Leurs  spécimens  étaient  bien 
fleuris,  rigoureusement  étiquetés  et  parfaite- 
ment développés.  Venaient  ensuite  les  collec- 
tions de  JMJM.  Forgeot  et  Cie  et  de  JMJM.  Dupanloup 
et  Cie.  Ces  dernières  étaient  fort  intéressantes, 
sans  doute,  mais  leur  développement  n’était  pas 
aussi  parfait  que  dans  les  précédentes. 

La  Revue  horticole  a appelé  plusieurs  fois 
l’attention  de  ses  lecteurs  sur  la  culture  et  la 
multiplication  des  Cyclamens  de  Perse,  dont  il 
n’était  présenté  qu’un  lot  de  peu  de  valeur.  Par 


EXPOSITION  VERNÂLE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE 

contre,  M.  Truffant  fils,  de  Versailles,  avait 
apporté  quelques  échantillons  remarquables 
par  la  grandeur  des  fleurs. 

S’il  est  une  plante  qui  a beaucoup  varié  dans 
sa  descendance,  c’est  évidemment  la  Cinéraire 
{Senecio  cruentus,  DG.  ; Cineraria  cruenta, 
L’Ilérit.).  La  plante  typique,  originaire  des  Cana- 
ries, présente  des  capitules  petits,  formés  d’une 
seule  rangée  de  ligules  entourant  un  disque  peu 
développé  portant  des  fleurons  jaunâtres  ou 
purpurins.  Par  suite  d’une  culture  intelligente, 
toutes  les  parties  de  cette  Composée  ont  subi 
de  profondes  modifications.  Les  feuilles,  les 
tiges,  les  capitules  se  sont  amplifiés  par  le  dé- 
veloppement des  ligules  qui  ont  pris  les  coloris 
les  plus  variés  de  la  série  cyanique  ; enfin,  on 
cultive  depuis  quelques  années  une  race  de  Ci- 
néraires à fleurs  doubles.  MM.  Vilmorin-An- 
drieux  et  Gîe  en  présentaient  plusieurs  dont  les 
individus  témoignaient  d’une  culture  irrépro- 
cliable. 

Les  Primevères  de  la  Chine  {Primula  præ- 
nitens)  formaient  le  sujet  du  SS®  concours.  Cette 
plante  produit  non  seulement  des  variétés  de 
coloration,  des  variétés  grandiflores  et  à limbe 
plus  ou  moins  entier  et  fimbrié,  mais  encore 
une  race  particulière  se  distinguant  du  type 
par  la  forme  du  feuillage  et  à laquelle  on  a 
donné  l’épithète  de  filicifolia.  Outre  la  plante 
typique  et  ses  variétés,  on  trouvait  là,  réunis 
par  MM.  Vilmorin,  de  nombreuses  variétés  de 
cette  nouvelle  race  qui  montraient  bien  le  parti 
qu’on  peut  en  tirer  pour  l’ornement  des  serres 
tempérées  et  orangeries.  M.  Schwartz  en  pré- 
sentait une  variété  différente  du  type  par  ses 
feuilles  plus  ou  moins  maculées  ou  picturées  de 
blanc  jaunâtre;  elle  n’est  élégante  que  par  ses 
fleurs  nombreuses,  grandes,  en  bouquet  au 
sommet  de  hampes  robustes. 

Le  genre  Primula^  a toujours  vivement  pas- 
sionné les  amateurs.  Un  concours  était  ouvert 
pour  les  Auricules  {Primula  auricula).  Au- 
jourd’hui les  Auricules  ont  â peu  près  disparu 
de  nos  cultures.  Cela  est  d’autant  plus  regret- 
table que  nous  avons  affaire  à une  plante  fran- 
çaise dont  le  type  supposé  est  à fleurs  jaunes 
et  dont  on  a obtenu  un  grand  nombre  de  va- 
riétés. Les  plantes  exposées  par  M.  Launay  ne 
donnaient  qu’une  faible  idée  de  la  beauté  et  de 
l’élégance  des  Auricules  telles  que  nos  ancêtres 
les  ont  connues  et  décrites,  et  telles  qu’on  les 
trouve  encore  aujourd’hui  en  Belgique  et  en 
Angleterre. 

L’une  des  plantes  d’ornement  les  plus  popu- 
laires et  dont  l’origine  est  peu  connue,  quoiqu’on 
ait  beaucoup  discouru  sur  son  sujet,  c’est  la 
Pensée.  A-t-on  affaire  ici  à une  transformation 
du  Viola  tricolor^  si  caractérisé  par  la  petitesse 
de  ses  fleurs  blanc  jaunâtre,  lignées  ou  striées 
de  teinte  plus  foncée,  ou  bien  dérive-t-elle  de  la 
Violette  de  l’Altaï  (Violoy  Altaica)^  Quoi  qu’il 


ET  CENTRALE  d’HORTICULTURE  DE  FRANCE.  191 

en  soit,  les  Pensées  grandiflores  de  M.  Falaise 
aîné  attestaient  une  fois  de  plus  leur  supério- 
rité. Les  Pensées  de  M.  Asset  étaient  moins 
fleuries,  mais  témoignaient  d’une  bonne  cul- 
ture. 

Le  44®  concours,  réservé  à la  plus  belle  col- 
lection de  Rosiers  nains  fleuris,  a été  bien 
rempli  ; les  nombreuses  plantes  présentées  sous 
ce  chef  et  hors  concours  par  M.  Léveque  ont 
été  très-remarquées. 

Les  Conifères,  arbustes  ou  arbrisseaux  â feuil- 
lage persistant,  occupaient  une  vaste  place,  et 
on  trouvait  à l’entrée  de  l’exposition  deux  mas- 
sifs formés  de  remarquables  espèces  résineuses 
présentées  par  M.  Defresne  en  grands  et  beaux 
exemplaires.  M.  Moser  montrait,  sous  des  di- 
mensions moins  grandes,  du  moins  pour  cer- 
taines espèces,  une  collection  de  Conifères, 
dans  laquelle  on  trouvait  des  espèces  d’ancienne 
introduction,  et  des  formes  introduites  assez 
récemment,  qui  montraient  bien  leur  effet  dé- 
coratif. 

Les  Conifères  à feuillage  panaché  de  M.  Mo- 
ser présentaient  les  formes  les  mieux  caracté- 
risées de  cette  section  appartenant  aux  genres 
Thuiopsis,  Jiiniperus,  Cupressus,  Retinos- 
pora,  Biota,  Thuia  et  Taxus.  Les  panachures 
dans  les  Conifères  sont  généralement  jaunâtres 
sur  fond  vert  et  peu  élégantes;  dans  quelques 
cas  cependant  la  décoloration  est  blanche, 
comme  dans  les  Juniperus  Virginiana. 

Les  arbustes  à feuillage  persistant  formaient 
le  sujet  du  55^  concours.  M.  H.  Defresne  en 
présentait  un  grand  nombre,  et  parmi  eux  des 
sortes  un  peu  frileuses  sous  notre  climat,  telles 
que  Cistus  formosus  (?)  (ou  C.  salvifolius  (?), 
Osmanthus  ilicifolius,  VEurybia  undulata, 
Composée  néo-hollandaise  répandue  bien  à tort 
sous  le  nom  VElæagnus  crispa^  puis  les  Ar- 
butus  Unedo,  Eriobotrya  Japonica,  Berberis 
stenophylla,  etc.  Dans  la  collection  présentée 
par  M.  Moser,  on  a remarqué  entre  autres  le 
curieux  Mahonia  Sieboldi  et  un  bel  individu 
fleuri  de  Skiynmia  oblata. 

Signalons  le  lot  de  légumes  forcés  de  M.  Ch. 
Dagneau,  dans  lequel  on  trouvait  réunies  les 
principales  plantes  légumières  pouvant  être 
présentées  à cette  époque.  On  remarquait  même 
de  beaux  échantillons  du  Chou-Marin  {Crambe 
maritima)  dont  il  se  fait  une  grande  consom- 
mation en  Angleterre. 

Il  faut  aussi  rappeler  les  magnifiques  Ana- 
nas de  M.  Crémont  appartenant  aux  variétés 
Charlotte  de  Rothschild  et  Cayenne;  notons 
aussi  ses  Fraisiers  Marguerite-Lebreton  et 
Princesse-Royale,  qui  appartiennent  depuis 
longtemps  déjà  aux  meilleures  variétés  pour 
culture  forcée;  enfin  les  magnifiques  Fraises 
Docteur  Morère,  dont  M.  Dubois  avait  présenté 
de  beaux  spécimens. 

Le  Çhoisya  ternata  est  une  charmante 


192  EXPOSITION  VERNALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


Rutacée  mexicaine  qui  fut  envoyée  au  Muséum 
par  l’excellent  et  regretté  Bourgeau  ; elle  n’est 
pas  rustique  sous  le  climat  de  Paris,  mais  elle 
l’est  définitivement  depuis  Avignon  jusqu’à  la 
Méditerranée,  où  elle  forme  d’él-égants  buis- 
sons. MM.  Vyeaux-Duvau  et  sont  passés 
maîtres  en  cette  culture. 

M.  Moser  avait  formé  un  groupe  d’arbustes 
fleurissant  de  plein  air  : Azalea  mollis,  si  cu- 
rieux par  ses  grandes  fleurs  jaunâtres  ou  rouges 
selon  les  variétés;  A.  amœna  toujours  char- 
mant, A.  amœna  var.  grandiflora,  etc. 

A M.  Moser,  l’Exposition  était  redevable,  en 
outre,  de  plusieurs  Érlcacées  remai’quables 
par  un  beau  développement  et  une  brillante 
floi’aison  : Andromeda  Japonica,  supei'be  et 
ti'ès-rustique  ai'bi’isseau  que  la  Revue  horticole 
a depuis  longtemps  signalé  à ses  lecteurs;  An- 
dromeda  florihunda,  dont  on  a pu  voir  un  bel 
individu.  Rappelons  aussi,  puisqu’il  faisait  par- 
tie de  la  même  collection,  un  pied  de  Xa^itho- 
ceras  sorhifolia,  fleuri  et  cultivé  en  pot,  Sapin- 
dacée  l’emai’quable  qui  devrait  avoir  pris  droit 
de  cité  dans  tous  les  jardins. 

La  collection  d’ai'bustes  rustiques  fleuris, 
(jire  M.  Cr’oux  fils  exposait  flores  concoui’s,  était 
composée,  en  grande  parlie,  û' Azalea  mollis 
variés,  et  dans  un  brillant  état  de  floraison,  de 
dix  resplendissants  A.  amœna,  d’un  magnifique 
exemplaire  de  Rhodora  Canadensis^  les  Skim- 
mia  fragrans  et  oblata  bien  fleuris,  d’une 
variété  intéressante  de  Magnolia  ohovata  et  de 
deux  loris  individus  de  l’élégant  Magnolia  stel- 
lata.  Cette  collection  formait  un  tout  qui  a été 
extrêmement  rernar’qué. 

Les  Galcéolairrs  de  MM.  Vilmorin-Andrleux 
et  G‘6  ont  été  bien  r'ernar'quées  aussi,  et  il  en 
a été  de  môme  de  leur-s  Giroflées  doubles 
{Cheiranthus  Cheiri,  var*.  grandiflora),  r’ace 
j)arliculièr'e,  caractérisée  par  des  tiges  robustes 
et  des  fleurs  très-grandes. 


M.  Simon  exhibait  une  collection  d'Aloe  dont 
les  repr'ésentants  témoignaient  d’une  excel- 
lente cultur’e.  Plusieurs  espèces  étaient  fleuries, 
entr-e  autres  les  Aloe  humilis,  xglinacantha, 
spinosa,  serrulata  et  variegata,  toutes  à inflo- 
l'escences  spiciforanes,  et  l’A.  albo-cincta  à fleuris 
jaunâtres,  nombreuses  et  disposées  en  panicule. 

Enfin,  M.  Savoye  présentait  trois  belles  Bro- 
méliacées fleuries,  les  Rillbergia  roseo-mar- 
ginata,  Pitcairnia  corallina  et  Caraguata 
Zahni. 

Aujourd’hui  que  le  sexe  mâle  est  introduit  en 
Eur'ope,  l’Aucuba  du  Japon  n’est  plus,  comme 
autrefois,  une  plante  stérile  ; grâce  à la  facilité 
de  sa  fécondation,  les  anciennes  plantes  de  nos 
jardins  se  couvr’ent  au  printemps  d’une  multi- 
tude de  fruits,  d’un  rouge  le  plus  souvent  écla- 
tant, qui  leur  font  une  nouvelle  parur’e.  G’est 
ce  qu’on  a pu  r'ernarquer  une  fois  de  plus  à 
l’Exposition,  en  pxarninant  les  lots  de  MM.  De- 
fresne  et  Moser. 

Trois  horticulteurs,  MM.  Landry,  Saison- 
Lierval  et  Savoye,  avaient  présenté,  sans  con- 
courir, des  plantes  de  seru’e  tempérée  à feuil- 
lage décor’atif,  telles  que  Palmiers,  Fougèr^es, 
Phormium,  Cycas,  etc.  Ges  apports  étaient 
composés  de  beaux  spécimens  qui  montraient 
bien  l’importance  du  réle  que  ces  plantes  jouent 
dans  l’ormernentation  des  appartements  et  des 
jar’dins  vitrés  peu  chauffés  l’hiver.  Enfin,  le 
Muséum  exposait  trois  variétés  à fleuris  semi- 
doubles  du  Pæonia  Moutan,  dont  une  à fleurs 
blanches  extrêmement  odorantes,  les  autres 
inodores,  et  de  teinte  r’ose  cerise  dans  l’une, 
l'ose  foncé  légèr’ernent  ardoisé  dans  l’autr'e. 

Telle  est  l’énumération  succincte  despi'oduits 
qui  ont  figuré  à cette  Exposition,  visitée  par 
plus  de  20,000  personnes.  G’est  là  un  beau  suc- 
cès qui  en  fait  présager  un  non  moins  brillant 
pour  l’Exposition  génér’ale  qui  aur^a  lieu  fin  mai, 
dans  le  même  palais.  B.  Verlot. 


lmp.  Gtmwg^s  Jacob,  ^ Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Les  effets  du  froid  dans  le  Midi  de  la 
France.  — Nous  avons  raconté,  de  visu 
{Revue  horticole,  1883,  p.  162),  les  tristes 
résultats  des  froids  et  de  la  neige  du  mois 
dernier  sur  le  littoral  méditerranéen.  Des 
faits,  malheureusement  trop  certains  et  fa- 
ciles à vérifier,  ont  été  précisés,  tout  en 
constatant  l’atténuation  du  désastre,  dans 
quelques  situations  plus  favorisées  que 
d’autres. 

Libre  de  nos  actions  et  de  nos  dires, 
dans  un  journal  qui  n’est  inféodé  à aucune 
exploitation  industrielle  horticole,  notre  de- 
voir était  de  faire  connaître  la  vérité.  Nous 
n’avons  rien  à retirer  de  ce  que  nous  avons 
écrit  précédemment  sur  cette  question  dans 
la  Revue  ou  ailleurs,  mais  l’enseignement  à 
tirer  de  cette  cruelle  expérience  était  de 
conseiller  une  grande  prudence  dans  le 
choix  des  plantes  exotiques  à cultiver  dans 
le  Midi,  afin  d’éviter  pour  l’avenir  de  grandes 
déceptions. 

En  même  temps,  nous  avons  cru  devoir 
mettre  nos  lecteurs  en  garde  contre  certains 
industriels,  qui  induisaient  en  erreur  les 
amateurs  trop  confiants,  en  leur  vendant 
des  plantes  délicates,  dont  un  grand  nombre 
étaient  destinées  à périr  plus  ou  moins 
rapidement. 

Le  coup  a porté.  Ces  industriels  se  sont 
reconnus.  Ils  nous  répondent  dans  leur 
journal  par  des  injures , à défaut  de 
raisons.  Or,  les  injures,  on  l’a  dit,  sont 
comme  les  corps  pesants  : elles  n’acquiè- 
rent de  poids  qu’autant  qu’elles  tombent 
de  haut. 

L’écrivain  qui  a l’honneur  de  partager 
avec  M.  Carrière  la  rédaction  en  chef  de 
la  Revue  horticole  méprise  ces  lâches  at- 
taques et  ne  s’abaissera  pas  à les  relever. 

Ceci  dit,  reprenons  notre  tâche  et  reve- 
nons aux  choses  de  l’horticulture. 

Ed.  André. 

Exposition  estivale  de  la  Société  na- 
tionale et  centrale  d’horticulture  de 
France.  — Cette  exposition,  à laquelle  tous 
les  horticulteurs  et  amateurs  français  et 
étrangers  sont  invités  à prendre  part,  aura 
lieu,  du  22  au  28  mai,  dans  le  pavillon 
lei*  Mai  1883. 


de  la  ville  de  Paris,  aux  Champs-Elysées. 
Outre  les  produits  horticoles  de  toute  na- 
ture, elle  comprendra  le  matériel  et  l’ou- 
tillage horticoles,  ainsi  que  les  arts  et 
industries  se  rattachant  directement  à l’hor- 
ticulture. 

D’après  les  dispositions  qui  sont  déjà 
prises,  il  n’est  pas  douteux  que  cette  ex- 
position soit  brillante.  Dans  sa  dernière 
séance  le  conseil  d’administration  de  la 
Société  a voté  une  somme  de  30,000  fr. 
pour  les  travaux  d’installation  et  dépenses 
diverses. 

Les  personnes  qui  désirent  prendre  part 
à cette  exposition  devront,  le  plus  tôt 
possible,  adresser  une  demande  à M.  le 
secrétaire  général  de  la  Société,  84,  rue 
de  Grenelle,  Paris,  en  indiquant  les  objets 
qu’elles  se  proposent  d’exposer  et,  ap- 
proximativement , l’emplacement  qu’elles 
jugeront  devoir  leur  être  nécessaire.  Ces 
renseignements  sont  de  rigueur  pour  gui- 
der la  commission  de  l’exposition  dans  la 
distribution  et  le  placement  des  objets. 

Semis  d’arbres  fruitiers  de  la  villa 
Tourasse,  à Pau.  — Dans  la  précédente 
chronique  de  la  Revue  horticole,  nous 
avons  annoncé  la  mise  en  vente  de  cette 
magnifique  propriété.  Outre  les  collections 
qu’y  avait  réunies  M.  Tourasse,  elle  com- 
prend un  nombre  considérable  de  jeunes 
semis  d’arbres  fruitiers  dont,  par  suite  de 
cette  vente,  la  vie  était  gravement  com- 
promise. Nous  venons  d’apprendre  que 
M.  Piche,  le  savant  collaborateur  de  feu 
Tourasse,  qui  est  chargé  d’exécuter  les 
dernières  volontés  du  testateur  a eu  la 
bonne  idée,  afin  de  sauver  les  semis  de 
Poiriers,  de  les  envoyer  à nos  collègues, 
MM.  Baltet  frères,  de  Troyes,  qui  vont  les 
planter  et  les  soigner  avec  tout  le  soin 
dont  ils  sont  capables.  Parmi  ces  égrins  de 
Poiriers,  trois  cents  proviennent  de  fécon- 
dations combinées,  et  cent  autres,  qui  ont 
déjà  fructifié,  promettent  de  donner  des 
gains  méritants.  On  est  donc  en  droit  d*es- 
pérer  qu’il  s’en  trouvera  un  grand  nombre 
dignes  de  prendre  place  dans  nos  jardins 
fruitiers,  où  ils  perpétueront  la  mémoire 

9 


194  CHRONIQUE 

d’un  homme  dont  toute  la  vie  a été  consa- 
crée au  bien  général,  et  à qui  l’horticulture 
doit  d’importantes  découvertes. 

La  chasse  aux  chenilles.  — Un  voya- 
geur qui,  la  nuit,  subitement,  serait  trans- 
porté sur  les  collines  placées  en  face  du 
village  de  Thomery,  serait  certainement 
bien  surpris  du  spectacle  étrange  qu’il 
aurait  devant  lui  en  voyant,  sur  une  sur- 
face considérable , dans  laquelle  le  vil- 
lage est  compris,  entre  un  dédale  de  murs 
blancs,  scintiller  des  milliers  de  lumières 
qui  s’agitent  et  se  déplacent  continuelle- 
ment. 

Ce  spectacle  singulier  qui  se  renou- 
velle chaque  nuit,  depuis  quelque  temps 
déjà,  est  occasionné  par  les  habitants  de 
Thomery,  qui  font  une  guerre  acharnée 
à des  ennemis  qui  ne  le  sont  guère 
moins.  Ces  ennemis,  qui  pullulent  cette 
année,  sont  des  chenilles  nocturnes,  qui 
perforent  les  bourgeons  prêts  à se  déve- 
lopper. A la  nuit  tombante,  ces  dépréda- 
teurs, attirés  par  les  rayons  lumineux  des 
lampes,  quittent  la  retraite  qu’ils  occupent 
pendant  le  jour,  et  c’est  alors  qu’on  les 
prend. 

Le  Généra  plantarum.  — La  dernière 
partie  du  troisième  et  dernier  volume  du 
Généra  plantarum,  de  MM.  Bentham  et 
Ilooker,  vient  de  paraître,  et  nous  nous 
empressons  de  communiquer  à nos  lecteurs, 
d’après  le  Gardeners’  Chronicle,  quelques 
renseignements  intéressants  au  sujet  de  cet 
ouvrage  colossal,  sorte  de  code  de  la  bota- 
nique contemporaine  qui,  en  évitant  aux 
botanistes  des  recherches  toujours  fort  lon- 
gues et  souvent  impossibles  ou  infructueu- 
ses, rend  de  si  grands  services  à la  bota- 
nique descriptive. 

La  première  partie  du  Généra  planta- 
rum fut  publiée  en  1862.  -Actuellement, 
ce  recueil  se  compose  de  trois  volumes 
contenant  ensemble  3,500  pages  de  matière 
imprimée  en  caractères  très-fins.  Les  genres 
seulement  'des  plantes  y sont  décrits.  Le 
nombre  des  ordres  naturels  admis  par  les 
auteurs  est  de  200;  celui  des  genres  est 
approximativement  de  8,000,  et  celui  des 
espèces  mentionnées  d’environ  100,000. 

Depuis  la  publication  du  premier  volume, 
quelques  centaines  de  genres  nouveaux  ont 
été  proposés  par  différents  auteurs,  et  il  est 
à peu  près  certain  que,  pour  les  Polypétales, 


HORTICOLE. 

une  révision  de  ces  nouveaux  genres,  d’après 
les  bases  adoptées  par  les  auteurs,  amène- 
rait l’élimination  d’à  peu  près  les  trois 
quarts  ; mais,  d’un  autre  côté,  une  révision 
de  cette  première  partie  provoquerait  la 
suppression  d’un  certain  nombre  de  genres, 
dans  les  Conifères  notamment.  D’où  l’on 
peut  conclure  que  le  chiffre  de  8,000  genres 
serait  conservé,  même  après  un  remanie- 
ment, par  les  auteurs  du  premier  volume 
du  Généra  plantarum. 

Quant  au  nombre  des  espèces,  le  chiffre 
de  100,000  n’est  qu’approximatif,  et,  étant 
donné  le  système  de  synthèse  adopté  par 
MM.  Bentham  et  Hooker,  nous  pensons 
qu’il  est  très-bas  et  bien  au-dessous  du  nom- 
bre d’espèces  reconnues  par  plusieurs  bota- 
nistes contemporains. 

Corylopsis  spîcata.  — Nous  avons  reçu 
de  M.  Jouin,  chef  de  culture  chez  MM.  Si- 
mon Louis  frères,  à Metz,  des  rameaux  fleu- 
ris de  ce  joli  arbuste  japonais.  Quelques 
pieds  forcés  en  serre  tempérée  avaient 
amené  la  floraison  à perfection,  ce  qu’on 
n’obtient  pas  toujours  avec  les  exemplaires 
cultivés  dehors,  lorsqu’ils  fleurissent  un  peu 
trop  tôt  au  premier  printemps  et  que  les 
dernières  gelées  ne  sont  pas  passées.  Le 
genre  Corylopsis,  ainsi  nommé  de  ce  que 
les  arbustes  qui  le  composent  ressemblent 
assez  par  leur  port  à des  Noisetiers  {Cory- 
lus),  comprend  3 ou  4 espèces  originaires 
du  Japon,  de  la  Chine,  des  monts  Kasia  et 
de  l’Himalaya.  L’espèce  qui  nous  occupe, 
le  Corylopsis  spicata,  forme  un  arbuste  à 
jeunes  rameaux  pubescents.  Les  feuilles,  ac- 
compagnées de  grandes  stipules  caduques, 
sont  pétiolées,  largement  ovales  et  orbicu- 
laires,  cordiformes,  inéquilatérales  dentées 
en  scie,  à nervures  convergentes.  Les 
grappes  axillaires,  pauciflores,  pendantes, 
sont  pourvues  de  bractées  amples,  surtout 
les  inférieures,  concaves,  membranacéés, 
et  portant  des  fleurs  d’un  jaune  paille  dont 
le  calyce  forme  un  tube  adné  à l’ovaire,  avec 
le  limbe  à cinq  lobes  valvaires.  Les  pétales, 
de  même  nombre,  sont  périgynes,  obovales 
spatulés,  et  les  étamines,  périgynes,  à filets 
subulés,  alternent  avec  de  petites  écailles 
tronquées.  Nous  n’avons  pas  encore  vu  les 
fruits,  mais  on  voit  déjà  l’ovaire  semi- 
supère,  biloculaire,  surmonté  par  les  styles 
filifoi’mes  à stigmate  capité,  et  un  seul 
ovule  dans  chaque  loge. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Le  Corylopsis  spicata  doit  prendre  rang 
parmi  les  arbustes  rustiques  dont  le 
nombre,  si  grand  qu’il  soit  aujourd’hui 
dans  les  jardins,  s’accroît  bien  lentement 
depuis  une  vingtaine  d’années. 

Exposition  internationale  de  Pommes 
de  terre.  — Le  programme  de  l’exposition 
de  Pommes  de  terre  qui  aura  lieu  en  An- 
gleterre, au  Palais-de-Cristal  de  Syden- 
ham, les  13  et  14  septembre  prochain,  vient 
d’être  publié. 

Il  contient  21  classes  semblables  à celles 
des  précédentes  années,  mais  avec  quel- 
ques additions. 

L’examen  des  nouvelles  variétés  se  fera 
avec  l’aide  de  la  Société  royale  d’horticul- 
ture de  Londres. 

Les  concurrents  pour  les  différentes 
classes  relatives  aux  semis  devront  envoyer 
leurs  spécimens  à Chiswick  aussitôt  que 
possible,  en  se  conformant  au  réglement, 
qu’il  est  d’ailleurs  facile  de  se  procurer. 

Nous  ne  saurions  trop  insister  auprès  de 
nos  lecteurs  pour  les  inviter  à assister  à 
l’une  de  ces  expositions  spéciales,  qui  n’ont 
pas  peu  contribué  à porter  la  production  et 
la  culture  des  Pommes  de  terre  de  choix, 
en  Angleterre,  au  point  de  supériorité 
qu’elles  atteignent  aujourd’hui. 

Destruction  des  limaces. — M.  Alexis, 
jardinier  chez  M.  Bargoin,  au  château  de 
Bellevue,  près  Royat  (Puy-de-Dôme),  nous 
adresse  la  lettre  suivante  au  sujet  de  la  des- 
truction des  limaces  : 

...  J’avais,  depuis  peu  de  temps,  sulfaté  des 
étiquettes,  quand  je  m’aperçus  que  trois  grosses 
limaces  qui  s’étaient  traînées  dessus  étaient 
restées  raides  (mortes,  bien  entendu)  ; toutes 
les  parties  de  leur  corps  qui  avaient  été  en 
contact  avec  les  étiquettes  étaient  d’un  bleu 
verdâtre,  ce  qui  me  fit  supposer  que  la  mort 
avait  été  occasionnée  par  l’action  du  sulfate  de 
cuivre. 

Voulant  vérifier  ce  fait,  je  pris  du  gros  son 
de  blé  auquel  je  mélangeai  du  sulfate  de  cuivre 
que  j’avais  préalablement  pulvérisé;  je  plaçai 
cette  préparation  auprès  des  plantes  que  je 
tenais  à conserver,  et  au  bout  de  très-peu  de 
temps  je  vis  des  limaces  et  des  colimaçons  qui, 
attirés  par  l’odeur  du  son,  s’étaient  traînés 
dans  le  mélange,  s’y  débattre  contre  la  mort 
qui  ne  tarda  pas  à arriver. 

Répétée  dans  des  conditions  diverses,  cette 
expérience  m’a  toujours  réussi  et  a donné  des 


195 

résultats  analogues  à ceux  que  je  viens  d’in- 
diquer. 

Ce  qui  précède  s’applique  surtout  aux  serres, 
bâches,  châssis,  etc.  Si  l’on  désirait  appliquer 
le  même  procédé  en  plein  air,  je  crois  qu’il 
serait  prudent  de  prendre  quelques  précau- 
tions, afin  que  les  volailles  ne  puissent  manger 
le  son  empoisonné,  qui  pourrait  également  leur 
doner  la  mort. 

Le  moyen  indiqué  étant  efficace,  peu 
dispendieux  et  d’une  application  facile, 
nous  ne  doutons  pas  que  nos  lecteurs  le 
mettent  à profit.  En  leur  nom,  nous  re- 
mercions M.  Alexis  d’avoir  bien  voulu  nous 
le  faire  connaître. 

Streptocalyx  Vallerandi.  — M.  Car- 
rière ne  s’était  pas  trompé  sur  l’identité  de 
la  Broméliacée  de  M.  Chantin  avec  celle 
dont,  en  1881,  la  Revue  horticole  donnait 
une  description  et  une  figure  sous  le  nom 
de  Lamprococcus  Vallerandi  (1).  M.  Ed. 
Morren,  vient  de  le  constater  récemment 
dans  la  Belgique  horticole,  janvier  1883, 
p.  13.  Cette  plante  est  identique  avec  celle 
de  M.  Chantin,  et  elle  appartient  au  genre 
Streptocalyx,  proposé  en  1854  par  le  bo- 
taniste Beer,  genre  qu’il  avait  établi  d'après 
un  échantillon  récolté  par  Pœppig  sur  l’A- 
mazone, et  conservé  au  Musée  impérial  de 
Vienne. 

Mais,  quoi  qu’il  en  soit,  cette  identité 
n’enlève  ni  même  n’affaiblit  en  rien  le  mé- 
rite de  la  plante  en  question,  qui  n’en  reste 
pas  moins  l’une  des  plus  belles  du  groupe 
des  Broméliacées,  ce  qui  suffit  amplement 
pour  la  recommander.  La  seule  différence, 
c’est  qu’au  lieu  de  Lamprococcus,  c’est 
Streptocalyx  Vallerandi  qu’il  faudra  dire. 

Exposition  d’horticulture  de  Brie- 
Comte-Robert  et  Grisy-Suisnes.  — 
Cette  exposition,  qui  aura  lieu  les  dimanche 
8 et  lundi  9 juillet  1883,  comprendra,  outre 
les  plantes,  fruits  et  légumes,  tous  les  ob- 
jets d’art  ou  d’industrie  se  rattachant  à 
l’horticulture,  ainsi  que  le  matériel  du  jar- 
dinage, et  tout  ce  qui  contribue  à son  or- 
nementation. Il  va  sans  dire  que  là,  dans 
le  pays  des  Pioses,  la  reine  des  fleurs  aura 
la  plus  large  part. 

Les  personnes  qui  voudront  prendre  part 
à cette  exposition  devront  en  faire  la  de- 
mande à M.  Camille  Bernardin,  président 


(1)  Voir  Jlevue  liorticole,  1881,  p.  423, 


196 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


de  la  Société,  à Brie-Gomte-Robert,  au 
moins  huit  jours  avant  l’ouverture  de 
l’exposition. 

Le  jury  se  réunira  au  local  de  l’exposi- 
tion, le  samedi  7 juillet,  à deux  heures 
très -précises. 

Un  intéressant  hybride  de  Pavonia. 

— La  plante  dont  il  s’agit,  le  Pavonia  in- 
termedia, a été  obtenue  par  M.  Lemoine, 
horticulteur  à Nancy,  en  fécondant  le  Pa- 
vonia Wioti  par  le  P.  Makoyana.  Celui-ci 
a un  très-beau  feuillage,  mais  il  fleurit  peu, 
tandis  qu’au  contraire  le  Pavonia  Wioti, 
qui  fleurit  abondamment,  n’a  qu’un  feuil- 
lage peu  foncé  et  grêle.  M.  Lemoine,  se 
fondant  sur  beaucoup  d’expériences,  s’est 
demandé  si,  en  croisant  ces  plantes,  il  n’y 
aurait  pas  interversion  ou  échange  de  leurs 
caractères.  C’est  ce  qui  est  arrivé  : il  a ob- 
tenu des  plantes  très-floribondes  et  portant 
un  très-beau  et  ample  feuillage. 

Un  fait  qu’on  ignore  généralement,  c’est 
que  le  Pavonia  Wioti,  planté  en  pleine 
terre  dehors,  fleurit  continuellement,  comme 
les  Hibiscus  de  la  Chine  ; aussi  le  nouvel 
hybride,  qui  est  tout  aussi  floribond,  sera- 
t-il  précieux  pour  la  décoration  estivale  des 
jardins. 

Un  singulier  dimorphisme.  — Il  s’est 
produit  au  Muséum,  dans  une  des  serres 
dont  la  direction  est  confiée  aux  soins  de 
M.  Hamelin,  le  fait  suivant  : 

Une  plante  grimpante-tapissante,  à feuilles 
épaisses,  orbiculaires,  envoyée  en  1881  par 
M.  Van  Houtte  sous  le  nom  générique  de 
Marcgravia,  ayant  été  mise  en  pleine  terre, 
s’éleva  lentement  jusqu’à  une  certaine  hau- 
teur absolument  comme  le  font  les  Marc- 
gravia, c’est-à-dire  en  appliquant  complète- 
ment ses  feuilles  contre  le  support  de  mousse 
qu’on  lui  avait  préparé,  puis  ses  feuilles 
augmentèrent  en  dimension,  tout  en  conser- 
vant leur  forme  et  en  s’écartant  les  unes  des 
autres.  Alors  la  végétation  devint  beaucoup 
plus  grande,  et  après  un  parcours  d’environ 
2 mètres,  une  transformation  complète  eut 
heu  : la  tige  grossit  sensiblement,  devint 
charnue  ; les  feuilles  s’allongèrent  en  se  di- 
visant et,  se  fenestrant,  devinrent  très- 
grandes  et  absolument  semblables  à celles 
du  Philodendrum  pertusum.  Que  de- 
viendra cette  plante?  A quel  genre  appar- 
tient-elle ? On  le  saura  probablement  bien- 


tôt. En  attendant,  nous  avons  tenu  à 
signaler  cette  remarquable  transformation. 

Araucaria  imbricata.  — Depuis  son 
introduction  en  Europe,  en  1796,  ce  roi 
des  Conifères  du  Sud-Amérique  a été 
planté  dans  de  nombreuses  localités  euro- 
péennes. Nulle  part  l’arbre  n’a  mieux  pros- 
péré que  dans  les  régions  de  l’Ouest  tem- 
pérées par  les  effluves  du  Gulf  stream,  en 
Angleterre,  en  Irlande,  en  Bretagne,  etc. 
On  connaît  les  beaux  exemplaires  existant 
chez  M.  de  Kersauzon,  dans  le  Finistère, 
et  ceux  de  Dropmore,  près  de  Londres. 
Nous  trouvons  aujourd’hui  dans  le  Garden 
la  description  d’un  autre  superbe  Arauca- 
ria, qui  mérite  d’être  cité. 

L’arbre  dont  il  s’agit  se  trouve  à Ballyne- 
tray,  Comté  de  Waterford  (Irlande).  Il  a été 
planté  il  y a cinquante  ans,  et  mesure  ac- 
tuellement 22  mètres  de  hauteur,  25  mètres 
de  circonférence  ; les  branches  de  la  base 
ont  G mètres  de  longueur,  et  le  tronc,  à 
60  centimètres  du  sol,  mesure  2 mètres  de 
circonférence. 

La  forme  de  cet  Araucaria,  qui  a déjà 
produit  des  cônes  porteurs  de  bonnes  grai- 
nes, est  très-régulière,  et  il  est  abondam- 
ment garni  de  branches  d’un  port  gracieux 
qui  descendent  jusqu’au  sol. 

Les  cônes,  qui  apparaissent  en  novembre, 
ont  une  forme  singulière  et  sont  réunis  par 
grappes  de  deux  ou  trois  à l’extrémité  des 
branches  et  des  bourgeons.  Leur  nombre 
s’élève  à plusieurs  centaines,  et  ils  aug- 
mentent encore  l’aspect  curieux  de  l’arbre 
qui  les  porte. 

V Araucaria  de  Ballynetray  fera  pen- 
dant de  longues  années  l’admiration  de 
tous  les  visiteurs  par  la  beauté  de  sa 
forme,  l’ampleur  de  ses  dimensions  et  la 
noblesse  de  son  port. 

L’arbre  à la  vache.  — Nous  venons  de 
voir  un  arrivage  de  jeunes  exemplaires  bien 
portants  de  cet  arbre  célèbre,  qui  a donné 
lieu  à tant  de  fables,  mais  qui  offre  un 
grand  intérêt  scientifique  et  économique. 

Pour  empêcher  l’opinion  de  s’égarer  sur 
ce  qui  concerne  ce  végétal  de  la  famille  des 
Artocarpées,  et  dont  le  nom  véritable  est 
Galactodendron  utile  (ou  Brosimum  Ga- 
lactodendron),  nous  renvoyons  nos  lec- 
teurs à l’article  publié  par  M.  Carrière  dans 
la  Revue  horticole,  il  y a neuf  ans  (1874, 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


'197 


p.  312),  et  nous  rappelons  ici  quelques-unes 
des  particularités  qui  s’y  rapportent.  • 

Le  Brosimum  Galactodendron  (arbre  à 
la  vache  en  français,  'palo  de  vaca  en  espa- 
gnol, cow-tree  en  anglais)  croît  dans 
l’Amérique  du  Sud,  au  milieu  des  grandes 
forêts  qui  garnissent  les  montagnes  près  de 
Cumana,  et  sur  certaines  parties  du  littoral 
dans  le  Vénézuéla. 

Cet  arbre  atteint  de  30  à 35  mètres  de 
hauteur,  et  souvent  aussi,  lorsqu’il  a acquis 
de  grandes  dimensions,  ses  branches  com- 
mencent seulement  à 20  ou  25  mètres  de 
hauteur.  Le  lait  qu’il  produit,  et  que  l’on 
obtient  en  faisant  des  incisions  sur  le  tronc, 
possède  un  agréable  goût  de  crème  sucrée, 
avec  un  léger  arôme  balsamique.  Il  est  un 
peu  glutineux  et  forme  une  boisson  nutri- 
tive et  saine. 

Boussingault  a reconnu  que  la  composi- 
tion du  lait  produit  par  l’arbre  à la  vache 
se  rapproche  de  très-près  de  celle  du  véri- 
table lait  de  vache. 

Le  Jardin  botanique  de  Kew,  qui  avait 
reçu  de  Caracas  des  graines  de  cet  arbre 
alimentaire,  en  expédia  en  octobre  1880 
des  graines  germées  au  directeur  du  « Vic- 
toria Garden,  d de  Bombay.  Celui-ci  dis- 
tribua des  jeunes  plantes  à plusieurs  jardins 
botaniques  de  l’Inde  où,  jusqu’ici,  l’arbre  à 
lait  paraît  s’acclimater  facilement. 

Cependant,  l’habitat  de  l’arbre  à la  vache, 
au  Vénézuéla,  étant  à 10  degrés  de  latitude 
nord,  dans  des  régions  très-humides,  il 
y a peu  d’espoir  de  réussite  complète  pour 
cet  arbre  dans  un  pays  situé  à 11  degrés 
plus  au  nord,  et  où  il  tombe  annuellement 
un  mètre  d’eau.  Il  faudra  donc  conserver 
en  serre  ou  envoyer  dans' notre  colonie  de 
la  Guyane  les  nouveaux  sujets  dont  nous 
parlions  précédemment. 

Le  Spiræa  Lindleyana.  Les  ama- 
teurs de  jardins  se  plaignent  quelquefois  de 
la  raideur  et  de  l’aspect  trop  compacte  que 
présentent  les  arbustes  à feuilles  persis- 
tantes, lorsqu’ils  sont  réunis  en  massifs.  Ce 
reproche  est  souvent  mérité,  surtout  lors- 
qu’un choix  judicieux  n’a  pas  présidé  au 
groupement  des  espèces  employées. 

Nous  avons  récemment  publié  une  inté- 
ressante note  de  M.  F.  Morel,  de  Lyon, 
conseillant  de  disperser,  parmi  les  arbustes 
toujours  verts,  quelques  Rosiers  francs  de 
pieds,  dont  les  rameaux  sarmenteux  émer- 


gent au  hasard,  couverts  de  feuilles  et  de 
fleurs,  et  viennent  apporter  à ces  massifs  la 
note  gaie  qui  leur  manquait. 

Une  plante  qui,  pour  obtenir  ce  résultat, 
sera  également  employée  avec  succès,  est  le 
Spiræa  Lindleyana^  arbuste  du  Népaul, 
bien  connu,  mais  assurément  trop  peu  em- 
ployé. En  entremêlant,  dans  une  faible 
proportion,  à des  arbustes  verts , le  -S. 
Lindleyana,  on  obtient  de  fort  jolis  effets. 

Son  élégant  feuillage  penné,  qui  rappelle 
certaines  Fougères  exotiques,  rompt,  par 
sa  légèreté  et  sa  couleur  vert  pâle,  l’aspect 
un  peu  lourd  et  la  teinte  foncée  des  plantes 
à feuillage  persistant. 

Cet  arbuste  peut  aussi  former  des  cor- 
beilles très-ornementales,  mais  à condition 
d’être  planté  sans  mélange  et  d’être  recépé 
tous  les  ans.  Nous  l’avons  souvent  employé 
ainsi,  et  nous  pouvons  aftirmer  que  l’effet 
en  était  remarquable. 

Lavage  des  pots.  — Beaucoup  de  gens 
oublient  que,  sous  certains  rapports,  les 
végétaux  peuvent  être  comparés  aux  ani- 
maux et  que,  en  dehors  des  aliments  néces- 
saires, il  existe  beaucoup  de  soins  nécessaires 
formant  ce  qu’on  pourrait  appeler  Yhygiène 
végétale.  Parmi  ces  soins  , il  en  est  un 
auquel  on  fait  rarement  attention , bien 
qu’il  soit  un  des  plus  importants  : c’est  le 
lavage  des  pots.  Les  pots  sont  aux  plantes 
ce  que  le  logement  est  à l’homme.  Or,  on 
sait  qu’une  des  premières  conditions  de 
l’hygiène  est  d’avoir  un  logement  propre  et 
salubre,  d’où  il  résulte  qu’on  doit  prendre 
soin  de  tenir  les  pots  bien  propres,  à l’inté- 
rieur et  à l’extérieur,  afin  de  les  débarrasser, 
soit  des  parasites,  soit  de  certains  corps  qui 
seraient  nuisibles  aux  racines  des  plantes. 
Il  faut  donc,  chaque  fois  que  l’on  se  sert  de 
pots,  les  mettre  tremper  pendant  quelque 
temps  dans  de  l’eau  où  on  doit  les  laisser 
d’autant  plus  longtemps  qu’ils  ont  séjourné 
davantage  à l’action  de  l’air.  Dans  certains 
cas,  on  se  trouvera  même  très -bien  de 
brosser  les  pots.  Cette  précaution  est  bonne 
non  seulement  pour  les  vieux  pots,  mais 
même  pour  les  neufs.  S’ils  sont  exempts  de 
parasites,  leurs  parois  très-sèches  peuvent 
être  défavorables  aux  racines  des  plantes  par 
l’aridité  résultant  de  la  cuisson,  c’est-à-dire 
de  Faction  du  feu.  On  se  trouvera  bien 
d’ajouter  à l’eau  quelques  cristaux  de  car- 
bonate de  potasse. 


198 


CULTURES  POTAGÈRES  AUX  ENVIRONS  DE  MENTON. 


Nécrologie  : M.  Duvivier.  — Au  mo- 
ment de  mettre  sous  presse,  nous  appre- 
nons la  mort  de  M.  Duvivier,  secrétaire 
général  de  la  Société  nationale  et  centrale 
d’horticulture  de  France,  décédé  le  25  avril, 
à l’âge  de  cinquante-trois  ans. 


La  perte  de  M.  Duvivier  sera  vivement 
ressentie  par  l’horticulture  française,  et 
particulièrement  par  ses  collègues  de  la 
Société  à laquelle  il  consacrait  ses  soins  et 
son  dévoûment  depuis  de  longues  années. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


GüLTÜflES  POTAGÈRES  AUX  ENVIRONS  DE  MENTON 


Depuis  plusieurs  années,  les  jardiniers  pri- 
meuristes  des  environs  de  Paris  ont  à lutter 
contre  des  printemps  très-défavorables.  Le 
soleil,  l’agent  le  plus  indispensable  pour 
leurs  produits,  fait  presque  constamment 
défaut,  et  est  remplacé  le  plus  souvent  par 
des  temps  couverts  et  brumeux,  ou  par  des 
pluies  continuelles.  Aussi,  avec  ces  saisons 
anormales,  malgré  leur  expérience  et  la  vi- 
gilance assidue  qu’ils  ne  cessent  de  pro- 
diguer à leurs  cultures,  éprouvent-ils  fré- 
quemment les  plus  grandes  déceptions  ; 
tant  d’efforts  ne  les  conduisent  qu’à  une 
réussite  imparfaite. 

D’un  autre  côté,  malgré  les  intempéries 
contre  lesquelles  ils  luttent,  si  par  des  soins 
y-ncessants  ils  obtiennent  des  résultats  as- 
sez satisfaisants  « ils  arrivent  presque  tou- 
jours après  la  bataille,  y>  comme  on  dit 
vulgairement.  Leurs  produits,  qui  étaient 
autrefois  si  recherchés,  et  qui  atteignaient 
des  prix  fort  élevés,  sont  aujourd’hui  à peine 
rémunérateurs.  Pourquoi  ? La  raison  en  est 
bien  simple  : ces  mêmes  légumes  qu’ils  ob- 
tiennent avec  tant  de  peines  arrivent  en 
grande  quantité  du  Midi  et  sont  vendus 
depuis  longtemps  déjà  chez  les  marchands 
de  comestibles,  ou  même  sont  criés  à la 
« petite  voiture,  » dans  les  rues  de  Paris,  à 
des  prix  relativement  inférieurs.  Il  est  vrai 
que  le  voyage,  leur  fait  perdre  une  partie  de 
leurs  qualités  ; mais  leur  présence  sur  nos 
marchés  n’en  fait  pas  moins  baisser  le  prix 
des  produits  forcés  de  notre  région,  qui 
pourtant  leur  sont  bien  supérieurs. 

Il  faut  donc  conclure  de  là  que  la  cul- 
ture des  primeuristes  parisiens  est  devenue 
des  plus  ingrates  et  peu  rémunératrice  ; les 
produits  du  Midi,  qui  arrivent  tous  les  jours 
par  le  chemin  de  fer,  leur  font  une  concur- 
rence contre  laquelle  ils  ne  peuvent  lutter. 
La  rapidité  avec  laquelle  les  plus  grandes 
distances  peuvent  être  parcourues  dans 
toutes  les  directions  de  la  France  permet 
d’approvisionner  avec  avantage  les  mar- 


chés de  la  capitale  de  légumes  frais  et  nou- 
veaux, ce  qui,  il  faut  bien  le  reconnaître, 
offre  les  plus  grandes  ressources  pour  la 
population. 

Beaucoup  de  personnes  se  demandent 
d’où  nous  viennent  ces  superbes  Choux- 
fleurs,  si  fins  et  si  blancs,  qu’on  voit  sur 
nos  marchés  pendant  une  partie  de  l’hiver  ; 
ces  beaux  Artichauts  si  frais  et  si  tendres, 
qui  en  ce  moment  ornent  l’étalage  de  pres- 
que toutes  les  boutiques  de  fruitiers;  ces 
jolis  petits  Pois  verts  si  appétissants,  ces 
superbes  Haricots  verts  qui  tous  les  ans 
font  leur  apparition  aux  halles  vers  le  mois 
de  mars,  etc.,  etc.  Assurément, -notre  colo- 
nie africaine  contribue  pour  une  certaine 
part  à leur  production;  mais  j’ai  pu  me 
convaincre,  par  ce  que  j’ai  vu  lors  de  mon 
récent  voyage  dans  le  Midi,  que  cette  riche 
contrée,  favorisée  l’hiver  par  une  tempéra- 
ture des  plus  clémentes,  devait  également  y 
apporter  son  contingent. 

Voici,  d’après  les  quelques  études  que 
j’ai  faites  surplace,  les  renseignements  que 
j’ai  pu  tirer  de  diverses  localités,  et  que 
m’a  donnés  principalement  avec  beaucoup 
de  détails  et  d’empressement  mon  collègue 
et  ami,  M.  Thierry,  jardinier  à la  villa  Gham- 
brun,  à Nice.  Cet  habile  praticien  a étu- 
dié, depuis  plusieurs  années  qu’il  est  dans 
ce  pays,  le  travail  des  cultures  maraîchères, 
les  espèces  de  légumes  les  plus  cultivées, 
leurs  avantages  et  l’époque  de  leur  récolte, 
de  sorte  qu’on  peut  regarder  comme  exacts 
les  détails  que  je  vais  donner. 

En  général,  toutes  ces  cultures  pourraient 
être  beaucoup  mieux  faites;  mais  telles 
qu’elles  sont,  grâce  à la  chaleur  et  à un 
soleil  à peu  près  continuel,  elles  donnent  de 
beaux  résultats.  Quant  aux  cultures,  outre 
qu’elles  sont  peu  variées,  elles  sont  mal 
faites  et  surtout  mal  soignées  ; presque  tou- 
jours les  légumes  sont  étouffés  par  l’herbe 
et  élevés  sous  les  Oliviers,  les  Citronniers 
ou  les  Orangers.  Cependant  l’on  ne  peut 


199 


CULTURES  POTAGÈRES  AUX  ENVIRONS  DE  MENTON. 


douter,  en  remarquant  leur  bonne  végéta- 
tion, qu’une  culture  maraîchère  bien  en- 
tendue offrirait  là  de  très-beaux  résultats. 

Dès  le  courant  de  février,  le  marché  de 
Menton,  que  je  visitais  tous  les  jours,  était 
abondamment  approvisionné  de  Pommes  de 
terre  nouvelles,  de  Ghoux-ffeurs,  de  petits 
Pois,  d’ Artichauts,  de  Choux-pommes,  de 
Cardons,  de  Céleris,  de  Romaines,  de  Lai- 
tues, de  Chicorées,  de  Navets,  de  Carottes, 
de  Radis,  etc.,  tous  aussi  tendres  et  aussi 
frais  que  s’ils  étaient  sortis  de  nos  marais 
parisiens  au  mois  de  juin.  Comme  j’en  man- 
geais journellement,  j’ai  constaté  que  tous 
ces  légumes  étaient  aussi  succulents  que  les 
nôtres  dans  leur  saison,  et  pour  ne  citer  que 
les  Pois  que  l’on  mange  rarement  bons  à 
Paris,  ils  étaient  aussi  sucrés  et  aussi  ten- 
dres que  ceux  de  nos  meilleures  espèces. 
J’ai  remarqué  aussi  que  ce  marché  était 
très-fréquenté  par  les  maraîchers  italiens, 
qui  viennent  de  très-loin  y apporter  leurs 
produits,  et  qui  passent  sans  difficulté  à la 
douane  française. 

Voici  à peu  près,  avec  l’époque  de  leur 
récolte,  les  légumes  que  l’on  cultive  dans 
cette  région. 

Les  Choux-fleurs,  qui  deviennent  très- 
gros,  commencent  à donner  leur  pomme 
vers  le  15  novembre  et  continuent  jusqu’à 
la  lin  de  l’hiver. 

Les  Artichauts,  qui  poussent  avec  une  vi- 
gueur extraordinaire,  forment  des  buissons 
énormes  et  sont  plantés  à de  grandes  dis- 
tances; les  premiers  fruits  apparaissent  vers 
le  15  décembre;  leur  récolte  est|très-abon- 
dante  et  se  prolonge  pendant  très-long- 
temps; ils  sont  excessivement  tendres,  et 
ceux  que  l’on  mange  dans  la  localité  sont 
cueillis  très-petits. 

La  plantation  des  Pommes  de  terre  se 
fait,  sans  interruption,  depuis  le  mois  d’oc- 
tobre jusqu’au  mois  d’avril,  de  manière  à 
en  récolter  des  nouvelles  pendant  une  par- 
tie de  l’année.  On  n’en  cultive  guère  que 
deux  variétés  ; une  ronde  nommée  la  Saint- 
Jean  (nom  local,  je  crois)  et  une  longue 
qui  y est  appelée  la  Hollande.  On  paraît 
n’y  connaître  nulle  part  la  Pomme  de  terre 
quarantaine.  Ces  cultures  se  font  le  plus 
souvent  dans  les  montagnes,  sous  les  Oli- 
viers ou  les  Citronniers. 

Il  en  est  de  même  pour  les  Fèves  de 
marais,  qui  sont  semées  jusque  sur  les  par- 
ties les  plus  élevées  et  presque  toujours 


sous  les  grands  arbres  ; la  récolte,  qui  est 
très-abondante,  commence  vers  le  mois  de 
février. 

Les  premiers  Pois  se  sèment  en  octobre  ; 
ils  se  développent  très-rapidement  et  sont 
généralement  très-élevés.  La  cueillette  se 
fait  pendant  très-longtemps.  Il  est  assez 
difficile  de  reconnaître  les  variétés  qui  y 
sont  cultivées;  leur  port  vigoureux  et  la 
dimension  de  leurs  cosses  n’ont  aucun 
rapport  avec  les  nôtres.  Cependant,  je 
crois  qu’ils  appartiennent  à la  section  des 
Pois  à gros  grains  dits  à rames.  Pourtant, 
dans  le  vaste  potager  de  Monte-Carlo, 
j’ai  vu  des  Pois  Michaux  dont  les  graines 
ont  été  tirées  d’une  de  nos  meilleures 
maisons  de  Paris.  Ces  Pois  étaient  élevés 
à près  de  2 mètres  de  hauteur  et  portaient 
des  cosses  qui  ressemblaient  plutôt  aux 
gros  Pois  sucrés  de  nos  cultures.  Le  milieu 
me  paraît  donc  changer  totalement  la  nature 
de  ces  produits,  sans  toutefois  en  altérer  la 
qualité. 

Les  Haricots  les  plus  avancés  à cette 
époque  (15  février)  étaient  à peine  fleuris  ; 
j’appris  par  les  cultivateurs,  que  j’aimais  à 
aller  voir  dans  les  montagnes,  que  les  pre- 
mières récoltes  ne  se  faisaient  guère  avant 
la  dernière  quinzaine  de  mars. 

Toutes  les  salades,  telles  que  Romaines, 
Laitues,  Chicorées,  donnent  sans  interrup- 
tion une  partie  de  l’année  ; le  Céleri  même 
est  planté  tout  l’hiver,  et  on  le  fait  blanchir 
au  fur  et  à mesure  des  besoins.  Contraire- 
ment, les  Mâches  sont  très-rares  et  peu 
estimées. 

La  culture  des  Cardons  diffère  essen- 
tiellement de  celle  pratiquée  aux  environs 
de  Paris  : on  les  multiplie,  comme  les  Ar- 
tichauts, au  moyen  d’œilletons,  puis,  lors- 
que les  plantes  sont  assez  fortes,  on  les  fait 
blanchir.  Quand  elles  sont  arrivées  à point, 
on  les  coupe  rez  terre  sur  les  racines, 
de  manière  à faire  sortir  des  œilletons  qui 
servent  à la'multiplication. 

Les  Choux  de  Milan  et  les  Choux 
nantais  sont  les  plus  cultivés  ; on  les 
plante  en  toutes  saisons.  Les  Choux  de 
Bruxelles  sont  excessivement  rares  et  peu 
appréciés. 

Quant  aux  racines  potagères,  telles  que 
Navets,  Carottes,  Panais,  Ptadis,  etc.,  on 
renouvelle  leurs  semis  très-souvent,  afin  de 
les  récolter  toujours  fraîches  et  tendres. 

J’ai  été  fort  surpris  d’apprendre  que  les 


200 


GIRAUMON  PETIT  DE  CHINE. 


premières  récoltes  d’ Asperges  ne  commen- 
çaient qu’en  mars,  par  conséquent  devan- 
çant à peine  d’un  mois  celles  que  nous 
cultivons  ici.  Les  Fraisiers,  qui  m’ont  paru 
n’avoir  qu’une  maigre  végétation,  mûrissent 
leurs  premiers  fruits  vers  la  mi-mars. 

Les  premières  récoltes  de  Tomates  n’ar- 
rivent guère  qu’en  juin;  pourtant  j’ai  re- 
marqué au  15  février,  dans  les  jardins  de 
M.  Hanbury,  à la  Mortola,  des  Tomates  en 
espalier,  à quelques  mètres  de  la  Méditer- 
ranée, qui  portaient  des  fruits  dont  quel- 
ques-uns commençaient  à rougir;  mais  je 
dois  dire  que  la  situation  est  exceptionnel- 
lement favorable. 

J’ai  vu  encore  certains  autres  légumes. 


mais  qui  me  paraissent  n’avoir  ici  aucun 
intérêt;  tels  sont  les  Oignons,  les  Aulx,  les 
Epinards,  etc.,  et  plusieurs  autres  qui  sont 
employés  comme  fournitures. 

Pour  terminer  cette  esquisse  rapide  des 
cultures  maraîchères  des  environs  de  Men- 
ton, je  dirai  qu’au  15  février  1882,  dans 
les  jardins  de  la  Mortola,  quelques  variétés 
de  Gucurbitacées,  telles  que  Potirons,  Con- 
combres, etc.,  étaient  déjà  développées  en 
pleine  terre  avec  plusieurs  feuilles.  Le  jardi- 
nier, M.  Villa,  me  faisait  même  remarquer 
un  terrain  préparé  et  disposé  pour  y semer 
des  Melons  les  jours  suivants. 

Eug.  Vallerand. 


GIRAUMON  PETIT  DE  CHINE 


Sous  le  nom  de  Houy  INan  Koua,  on  a 
introduit  de  la  Chine  une  espèce  de  Courge 
à petits  fruits  charmants  qui,  outre  leurs 
qualités  culinaires,  ont  encore  celle  de  se 
conserver  longtemps  et  de  pouvoir  constituer 
une  ornementation  spéciale  d’un  très-bel 
effet  en  les  plaçant  sur  une  étagère. 

C’est  cette  variété,  que  représente  la 


Fig.  38.  — Giraumoii  de  CJiinCj  au  1/6  de 
grandeur  naturelle. 


figure  38,  que  MM.  Vilmorin  ont  mise  au 
commerce  sous  le  nom  de  Giraumon  petit 
de  Chine,  et  dont  nous  empruntons  la  fi- 
gure et  la  description  aux  Plantes  de  pleine 
terre. 

« Ce  joli  petit  Giraumon  a été  tout  ré- 
cemment introduit  de  la  Chine  par  l’inter-  | 


médiaire  du  Muséum  d’histoire  naturelle  de 
Paris.  C’est  une  plante  tout  à fait  distincte, 
qui  paraît  avoir  un  véritable  mérite.  Elle  dif- 
fère des  Giraumons  jusqu’ici  connus  en  Eu- 
rope par  le  petit  volume  de  ses  fruits,  dont 
le  poids  ne  dépasse  pas  ordinairement  800  à 
1,200  grammes.  Ces  fruits  sont  habituelle- 
ment d’un  rouge  vif  panaché  longitudina- 
lement de  jaune  et  de  vert  foncé  ; la  cou- 
ronne y est  bien  marquée,  mais  ne  forme  pas 
saillie;  sa  chair  est  jaune,  ferme,  farineuse 
et  assez  sucrée.  Chaque  pied  peut  porter  dix 
fruits  et  même  davantage.  La  maturité  en 
est  assez  précoce  et  la  conservation  parfaite. 
C’est  une  des  races  potagères  que  nous 
avon  reçues  toutes  faites  de  la  Chine.  » 

L’étude  que  nous  avons  faite  de  cette  es- 
pèce dans  les  cultures  de  ^tM.  Vilmorin,  à 
Verrières,  nous  permet  d’ajouter  quelques 
détails  à la  description  qu’on  vient  de  lire, 
et  qui,  du  reste,  est  exacte  de  tous  points. 

Plante  vigoureuse,  à tige  longuement  traî- 
nantes, à feuilles  suhpeltées.  Fleurs  à peu 
près  semblables  à celles  de  notre  espèce  de 
Giraumon.  Fruits  très -réguliers,  à écorce 
très-dure,  sèche.  Chair  très-ferme,  d’un 
beau  jaune  d’or,  sucrée,  de  saveur  agréable. 
Cavité  moyenne,  graines  assez  fortes,  ré- 
gulièrement obovales. 

La  cuisson  de  ces  fruits  est  assez  longue  ; 
la  chair  ahsorbe^beaucoup  d’eau  ; elle  a un 
aspect  féculent  qui  fait  que,  lorsqu’elle  est 
bien  réduite,  elle  est  légèrement  grumeleuse 
et  rappelle  un  peu  la  semoule. 


PASSIFLORA  ATOMARIA. 


Les  faibles  dimensions  des  fruits  leur 
donnent  cet  avantage  de  pouvoir  être  em- 
ployés en  une  fois,  ce  qui  ne  peut  se  faire 


201 

pour  les  gros  Potirons  qui,  une  fois  en- 
tamés, se  gâtent  assez  promptement. 

E.-A.  Carrière. 


PASSIFLORA  ATOMARIA 


La  plante  qui  fait  le  sujet  de  cet  article  a 
été  obtenue  de  graines  qui  m’ont  été  en- 
voyées de  la  Nouvelle-Grenade.  Elle  a été 
semée,  elle  a grandi  dans  mes  serres  de 
Lacroix  (Indre-et-Loire).  Plantée  en  pleine 
terre, 

dernier,  le 
long  d’un 
mur  au  mi- 
di, elle  a 
tapissé  un 
pan  de  treil- 
lage, de  10 
mètres  car- 
rés, avec  ses 
pousses  vi- 
goureuses 
et  son  joli 
feuillage 
glauque,sur 
lequel  de 
nombreuses 
fleurs,  du 
plus  beau 
blanc,  n’ont 
cessé  de 
s’épanouir. 

Enfin  elle 
y a pleine- 
ment déve- 
loppé ses 
fruits  ovoï- 
des, longue- 
ment pé- 
donculés,  et 
a mûri  ses 
graines. 

M.  le  doc- 
teur Max- 
well T.  Mas- 
ters, le  sa- 
vant rédac- 
teur en  chef  du  Gardeners'  Chronicle,  qui 
a bien  voulu  étudier,  pour  le  Linnean 
Societi/s  Journal  (1),  la  collection  des  Pas- 

(1)  Lin.  Soc.  Journal  {Botany),  vol.  XX,  p.  44.  — 
Brochure  tirée  à part  de  vingt  . pages  et,  deu-s 
planches  lithographiées. 


siflorées  que  j’ai  recueillies  dans  la  Nou- 
velle-Grenade et  l’Ecuador,  s’est  égale- 
ment chargé  de  déterminer  cette  espèce 
dans  laquelle  il  a reconnu  le  Passiflora 
atomaria  de  Planchon  (1)  ou  P.  alba,  de 

Link  et  Ot- 
to (2).  En 
voici  la  des- 
cription : 

Plante  à 
végétation 
très-vigou- 
reuse, à ra- 
meaux et 
feuilles  vert 
gai,  tendre, 
glacé,  glau- 
que. Feuil- 
les plus  lon- 
gues que 
larges,  tri- 
lobées, un 
peu  subpel- 
tées  et  sub- 
cordiformes 
à la  base, 
à lobe  mé- 
dian plus 
long  que 
les  laté- 
raux, tous 
oblongs,  ob- 
tus ou  un 
peu  aigus 
mucronu-' 
lés,  pourvus 
dans  leur 
sinus  de 
serratures 
glanduleu- 
.ses,  à pé- 
tioles pour- 
vus ou  dépourvus  de  glandes.  Stipules 
grandes,  foliacées,  obliquement  oblonguesy 
lancéolées  entières.  Pédoncules  égalant  ou 

(1)  Ann.  scienc}  nat.,  5®  série,  t.  X-VII,  pp.  152 

153.  ...i  'i.-.:  , - ' ■- 

(2)  Ic.iAant.  rar.,  t.  XXXIII, 


202 


LES  BRUYÈRES  FRANÇAISES  AU  POINT  DE  VUE  DE  L’ORNEMENTATION, 


dépassant  le  pétiole.  Bractées  grandes,  folia- 
cées, recouvrant  le  tube  de  la  fleur,  qui  est 
de  moyenne  grandeur,  d’un  très-beau  blanc 
pur  à l’intérieur.  Sépales  foliacés  obtus  pour- 
vus de  longues  cornes  dorsales.  Pétales  plus 
courts  que  les  sépales,  ovales  lancéolés; 
couronne  fauciale  à filaments  externes  d’un 
tiers  plus  courts  que  les  pétales. Ovaire  ovoïd-e 
et  stigmates  claviformes  verts.  Fruitlongue- 
ment  pédonculé,  gros  comme  un  œuf,  ovoïde, 
un  peu  bossué,  vert  d’abord,  pâlissant  ou 
jaunissant  à la  maturité.  Graines  moyennes, 
subtriangulaires,  à surface  chagrinée. 


Cette  espèce  s’est  montrée  si  vigoureuse, 
si  ornementale  par  son  joli  feuillage;  ses 
nombreuses  fleurs  blanches,  qui  s’épanouis- 
sent presque  instantanément,  chaque  matin, 
lorsque  les  boutons  sont  gonflés,  se  sont 
succédé  avec  tant  d’abondance  tout  l’été 
dernier,  que  je  n’hésite  pas  à recommander 
sa  culture  aux  amateurs  de  ces  charmantes 
lianes. 

On  trouvera  le  P.  atomaria  chez  M.  Go- 
defroy-Lebeuf,  horticulteur  à Argenteui! 
(Seine-et-Oise).  Ed.  André. 


LES  BRLYÈRES  FRANÇAISES  AU  POINT  DE  VUE  DE  L’ORNEMENTATION 


Le  genre  Bruyères  comprend  une  grande 
quantité  d’espèces,  arbustes  et  arbris- 
seaux toujours  verts  dont  les  uns,  origi- 
naires du  cap  de  Bonne-Espérance,  ont  fait 
les  délices  des  collectionneurs  de  plantes  de 
la  première  moitié  de  notre  siècle;  les  autres 
espèces,  originaires  de  l’Europe,  ne  sont 
guère  connues  que  pour  les  services  qu’elles 
rendent  aux  malheureux  habitants  des  con- 
trées dans  lesquelles  ces  plantes  se  rencon- 
trent. Mais,  sans  exception,  toutes  sont  re- 
marquables par  l’élégance  et  la  légèreté  de 
leur  feuillage,  les  formes  et  les  couleurs  va- 
riées de  leurs  fleurs,  et  le  port  gracieux  de 
leurs  tiges.  Tant  de  mérites  divers  les  signa- 
laient à l’attention  des  amateurs. 

Ge  fut  vers  1850  que  la  culture  des 
Bruyères  africaines  commença  à décliner, 
lorsqu’on  s’aperçut,  après  des  essais  in- 
fructueux, que  l’atmosphère  trop  sèche  de 
la  France  leur  était  nuisible,  et  que  pour 
s’en  procurer  on  était  obligé  de  les  faire 
venir  de  l’Angleterre.  A la  suite  de  l’Expo- 
sition universelle  de  1855,  les  goûts  de 
l’horticulture  s’étant  portés  préférablement 
vers  les  plantes  exotiques  à grand  feuillage 
et  vers  celles  à feuilles  panachées,  qui  font 
l’ornement  des  squares  et  des  grands  jar- 
dins paysagers,  la  culture  des  Bruyères  fut 
à peu  près  complètement  abandonnée. 
Quelques  horticulteurs  seulement  se  livrè- 
rent à cette  culture,  et  pour  cette  raison 
furent  désignés  sous  le  nom  de  spécialistes. 
Mais  alors  on  fit  un  grand  choix,  et  l’on 
abandonna  la  collection.  On  commença 
par  supprimer  d’abord  les  espèces  délicates, 
pour  ne  conserver  que  les  plus  rustiques  et 
les  plus  robustes  qui,  à leur  tour,  devinrent 


tous  les  jours  de  plus  en  plus  rares,  et  ce 
n’est  plus  guère  que  dans  quelques  centres 
horticoles  qu’on  en  rencontre  aujourd’hui, 
notamment  à Paris,  pour  l’approvisionne- 
ment des  marchés,  surtout  en  hiver  et  au 
printemps. 

Si  la  culture  des  Bruyères  africaines  est 
abandonnée,  on  peut  dire  que  celle  de  nos 
espèces  européennes  n’a  presque  jamais  été 
connue  ; cependant  elle  exige  moins  de 
soins  et  moins  de  frais  que  la  culture  des 
Bruyères  du  Gap,  et  les  plantes  sont  toutes 
très-jolies.  Est-ce  que  les  fleurs  des  Erica 
tetralix  et  clliaris  ne  peuvent  pas  rivaliser 
par  l’élégance  et  la  vivacité  de  leurs  cou- 
leurs avec  celles  des  plus  belles  espèces 
africaines?  Est-ce  que  leur  culture  en  est 
plus  difficile?  Evidemment  non.  La  cause 
principale  qui  fait  que  nos  Bruyères  indi- 
gènes ne  sont  pas  cultivées  paraît  être  leur 
trop  grande  abondance  dans  nos  landes,  qui 
les  fait  ^considérer  comme  des  plantes  trop 
vulgaires.  Et  cependant,  pour  peu  qu’on  les 
examine,  on  est  frappé  de  leur  beauté,  et  l’on 
ne  peut  s’empêcher  d’admirer  ces  milliers 
de  petites  fleurs  aux  brillantes  couleurs  qui 
font  les  parures  des  collines  arides  ou  des 
lieux  marécageux  que  la  nature  semble  avoir 
privés  de  cette  végétation  verdoyante  qui  se 
rencontre  dans  les  plaines  fertiles.  Est-ce 
que  les  fleurs  de  V Erica  cinerea  et  de  ses 
variétés  blanche  et  rose  ne  sont  pas  aussi 
jolies  que  celle  de  VErica  persohita  qui  est 
originaire  du  Cap  ? Il  ne  manque  à notre 
Bruyère  que  la  culture  pour  la  rendre  aussi 
belle  que  sa  parente  africaine.  Puisque, 
aujourd’hui,  les  amateurs  de  belles  plantes 
recherchent  bien  nos  Fougères  champêtres 


CULTURE  DES  CALCÉOLMRES  HYBRIDES. 


203 


— et  ils  ont  certainement  raison  — pour- 
quoi ne  rechercherait-on  pas  aussi  les 
Bruyères,  qui  remplaceraient  avantageuse- 
ment celles  du  Cap,  dont  la  culture  est  sou- 
vent difficile  et  presque  impossible  même  pour 
certaines  ? Est-ce  que  l’une  comme  l’autre 
ne  sont  pas  des  plantes  des  champs  ? Sans 
aucun  doute  ; la  seule  différence,  c’est  que 
les  unes  sont  à nos  portes. 

La  culture  des  Bruyères  indigènes  peut 
contribuer  avantageusement  à l’ornementa- 
tion des  jardins  paysagers,  soit  en  en  for- 
mant des  groupes  ou  massifs  où  toutes  les 
espèces  et  variétés  seraient  réunies,  soit  en 
les  disposant  en  bordure  sur  le  devant  des 
massifs  de  Rhododendrons  ou  de  Camélias, 
où,  mélangées  aux  Andromèdes,  elles  pro- 
duiront le  plus  charmant  effet  ; mais  pour 
cet  usage  on  ne  peut  cultiver  que  les 
espèces  de  petite  taille. 

Le  mieux  est  encore  de  les  réunir  en 
massif,  en  plaçant  les  plus  grandes  espèces 
sur  le  milieu,  si  on  cultive  en  plein  air.  Les 
espèces  et  variétés  de  taille  moyenne,  ainsi 
que  les  Andromèdes,  se  placent  au  second 
rang,  et  les  espèces  les  plus  basses  sur  le 
devant  du  massif.  On  a par  ce  moyen  des 
groupes  d’une  grande  beauté,  donnant  de 
la  verdure  et  des  fleurs  toute  l’année,  car 
les  premières  fleurs  qui  apparaissent  sont 
celles  de  VErica  herhacea,  qui  se  montrent 
dès  les  premiers  jours  de  février  et  mars, 
pour  finir  par  celles  de  VErica  vulgaris  en 
août  et  septembre.  C’est  une  floraison 
presque  continuelle. 

Dans  nos  départements  humides  de 
l’Ouest,  on  peut  placer  indistinctement  les 
espèces  et  variétés  de  Bruyères  à toutes  les 
expositions  mais  le  grand  air  et  un  peu 
d’ombrage  sont  préférables  pour  la  culture 
en  massif,  et,  malgré  que  l’atmosphère  soit 
assez  humide  pour  les  empêcher  de  souf- 
frir des  grandes  chaleurs,  on  fera  cependant 

CULTURE  DES  GA.LG 

En  horticulture,  lorsqu’il  s’agit  de  Cal- 
céolaires,  on  donne  le  qualificatif  «r  hybride  » 
à une  race  particulière  dont  il  serait  diffi- 
cile ou  plutôt  impossible  de  préciser  l’ori- 
gine. Donc,  ce  que  l’on  a écrit  à ce  sujet 
ne  repose  que  sur  des  hypothèses.  Ainsi, 
par  exemple,  on  a dit  que  cette  race  pro- 
vient du  croisement  des  Calceoelaria 


bien  de  les  arroser  un  peu  pendant  les 
grandes  sécheresses  de  l’été,  et  de  leur 
donner  une  terre  légère  et  sablonneuse 
qu’elles  préfèrent  à la  terre  de  bruyère  pure. 
Je  parle  ici  de  l’Ouest  de  la  France,  de  la 
Bretagne  particulièrement. 

On  cultive  également  quelques  espèces 
méridionales  qui  viennent  aussi  belles  que 
dans  leur  patrie,  mais  qui  pourtant  sont 
loin  de  produire  l’effet  d’un  massif  où  se- 
raient réunies  toutes  les  espèces  et  variétés 
appartenant  à l’Europe  moyenne. 

Dans  les  promenades  botaniques  que 
nous  faisons  de  temps  à autre  dans  les 
campagnes,  nous  avons  eu  maintes  fois 
l’occasion  de  rencontrer  des  variétés  à 
fleurs  blanches  de  toutes  nos  espèces  com- 
munes. Plusieurs  oiit  été  arrachées  et 
plantées  au  Jardin  botanique  de  Brest,  où 
elles  ont  reproduit  des  fleurs  exactement 
pareilles  et  aussi  blanches  que  dans  les 
localités  où  elles  se  sont  produites.  Ce  sont 
surtout  ces  variétés  que  nous  conseillons  de 
cultiver  en  les  mêlant  aux  types  ordinaires, 
et  qui  alors  formeront  des  massifs  aussi 
jolis  que  gracieux  et  peu  coûteux  à culti- 
ver. Les  belles  choses  ne  sont  pas  toujours 
les  plus  rares.  Ci-après  une  liste  des  espèces 
et  [variétés  pouvant  se  cultiver  en  pleine 
terre  à l’air  libre  : 

Première  grandeur.  — Erica  arhorea, 
E.  'polytrichifolia. 

Deuxième  grandeur.  — Erica  mediter- 
ranea^E.  scoparia,  E.  stricta. 

Troisième  grandeur.  — Erica  multi- 
flora^  E.  ciliaris,  E.  ciliaris  alha,  E. 
cinerea,  E.  cinerea  alha,  E.  cinerea 
rosea^  E.  poliifolia,  E.  poliifolia  alha,E. 
herhacea,  E.  vagans,  E.  tetralix,  E.  te- 
tralix  alha,  E.  vulgaris,  E.  vulgaris 
alha,  E.  vulgaris  flore  pleno. 

Blanchard, 

Jardinier  en  chef  à l’hôpital  de  la  marine,  à Brest. 

lOLAIRES  HYBRIDES 

corymhosa,  Ruiz  et  Pavon,  C.  crinati- 
flora,  Cav.,  et  du  C.  arachnoidea, 
Graham.  Aucun  de  ces  dires  n’est  ni  ne 
peut  êtrelprouvé,  et  tout  ce  que  je  pourrais 
tenter  à cet  égard  ne  servirait  pas  à éclairer 
la  question,  au  contraire  ; aussi  j’y  re- 
nonce, pour  ne  m’occuper  que  de  la 
culture  de  ces  admirables  plantes  qui,  du 


204 


ÆSCHYNANTHUS  PULCHER. 


reste,  sont  bien  connues  et  justement 
appréciées  comme  très-méritantes  au  point 
de  vue  de  l’ornementation.  Ces  plantes  sont 
bisannuelles. 

On  sème  les  graines  de  juin  à septembre, 
en  pots  ou  en  terrines  remplis  de  terre  de 
bruyère  grossièrement  concassée,  recou- 
verte d’un  centimètre  environ  de  cette 
même  terre,  mais  alors  très-fine,  sur  la- 
quelle on  sème.  Vu  l’extrême  ténuité  des 
graines,  celles-ci  ne  doivent  pas  être  recou- 
vertes, mais  seulement  appuyées  sur  la 
terre,  rendue  légèrement  humide,  de  ma- 
nière qu’elles  adhèrent  au  sol.  Il  va  sans  dire 
que  les  arrosages  devront  être  faits  à l’aide 
d’une  pomme  dont  les  trous  seront  très- 
petits.  Les  vases  devront  être  placés  à 
mi-ombre  jusqu’à  la  levée  complète  des 
graines. 

On  peut  également  semer  en  pleine  terre 
dans  le  sol  siliceux  d’une  plate-bande  au 
nord,  ou  que  l’on  abrite  au  besoin  à l’aide  de 
paillassons.  Quand  les  plants  ont  de  3 à 
4 feuilles,  on  les  repique  soit  en  pots  ou  en 
terrines  qu’on  abrite  du  soleil,  soit  même  en 
pépinière  en  pleine  terre,  à une  exposition 
ombragée  et  surtout  abritée  du  vent.  La 
terre  de  bruyère  additionnée  d’un  peu  de 
terre  franche  convient  à ces  plantes.  A 


l’automne,  les  plantes  seront  relevées  de 
pleine  terre  et  mises  en  pots  ; celles  qui 
avaient  été  repiquées  dans  des  vases  seront 
séparées  et  également  mises  dans  des  pots 
de  même  dimension,  puis  on  les  hivernera 
sous  châssis  ou  sur  les  tablettes  d’une  serre 
tempérée,  près  des  vitres.  Dans  un  cas 
comme  dans  l’autre,  les  soins,  pendant 
l’hiver,  se  bornent  à des  arrosages  qui,  du 
reste,  doivent  être  donnés  très-modéré- 
ment. Il  faut  également  veiller  à ce  que  la 
pourriture  ne  gagne  pas  les  plantes,  et  enle- 
ver avec  soin  les  feuilles  qui  seraient  plus 
ou  moins  altérées. 

Les  Galcéolaires  sont  très-fréquemment 
attaquées  par  les  pucerons,  qui  leur  causent 
un  tort  considérable  et  pourraient  même 
les  faire  périr  si  l’on  n’intervenait  pas.  Il 
faut  donc  veiller  avec  soin,  et  aussitôt  qu’on 
aperçoit  des  pucerons,  les  détruire  à l’aide 
des  fumigations  de  tabac.  Il  serait  même  pré- 
férable d’agir  préventivement  et,  toutes  les 
semaines,  d’enfumer  la  serre  ou  les  coffres 
où  sont  placées  les  Cinéraires.  Au  lieu  de 
fumigation,  on  peut  employer  avec  avantage 
la  vapeur  de  nicotine  ; le  résultat  est  même 
plus  assuré  et  au  moins  aussi  bon.  Ce 
moyen  est  préférable.  Guillon. 


ÆSCHYNANTHUS  PULCHER 


Les  Æscliynanthus,  jadis  très-cultivés, 
le  sont  aujourd’hui  beaucoup  moins  et  ten- 
dent même  à disparaître  des  cultures.  C’est 
regrettable,  car,  pour  mettre  dans  des 
suspensions,  ce  sont  d’excellentes  plantes 
Outre  leur  port,  qui  se  prête  parfaitement 
à ce  genre  de  décoration,  leurs  fleurs  nom- 
breuses et  brillantes,  réunies  en  forts  bou- 
quets à l’extrémité  des  rameaux,  suffiraient 
pour  les  faire  admettre  dans  les  serres 
chaudes,  qu’elles  ornent  admirablement. 

L' Æschynanthus  pulcher  {Æ.  Boscia- 
nus,  Mort,  aliq.)  présente  les  caractères 
généraux  suivants  : 

Plante  vigoureuse,  très-floribonde,  à ra- 
meaux décombants,  pleureurs,  quand  les 
pieds  sont  élevés.  Feuilles  persistantes, 
épaisses,  coriaces,  luisantes,  très-entières, 
courtement  ovales,  sur  un  court  pétiole  de 
3 à 5 millimètres.  Fleurs  très-longues,  réu- 
nies par  petitsgroupes  sur  de  courtes  ramilles 


axillaires,  parfois  à l’extrémité  de  rameaux 
vigoureux,  et  alors  en  groupes  plus  forts  ; 
pédoncule  court.  Calice  tubuleux,  courte- 
ment denté,  vert  brunâtre.  Corolle  tubu- 
leuse, ouverte,  bilabiée  au  sommet,  à divi- 
sions très-inégales.  Étamines  incluses  ou 
à peine  légèrement  saillantes;  style  dépas- 
sant longuement  la  corolle. 

Culture.  — Comme  à peu  près  toutes  les 
espèces  du  genre,  celle-ci  réclame  la  serre 
chaude  ou  au  moins  une  bonne  serre  tem- 
pérée. Elle  s’accommode  tout  particulière- 
ment d’une  culture  en  panier,  comme  plante 
de  suspension,  avec  de  la  terre  grossière- 
ment concassée;  elle  réussit  également 
comme  plante  épiphyte  placée  sur  des  bû- 
ches ou  le  long  du  mur,  dans  de  la  mousse 
ou  du  sphagnum.  De  fréquents  bassinages 
sont  nécessaires,  surtout  si  la  température 
de  la  serre  est  élevée  et  si  les  plantes  sont 
dans  de  la  mousse  ou  dans  du  sphagnum. 


Rroue  //o/RroR. 


God/JbrcL.  deiy 


Æ’scliifian (h us  pulclier. 


EXPOSITION  INTERNATIONALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ROYALE  D’AGRICULTURE  ET  DE  BOTANIQUE  DE  GAND.  205 


En  général,  du  reste,  les  Æschynanthus 
aiment  l’humidité. 

Quant  à la  multiplication,  on  la  fait  par 


boutures  qui  s’enracinent  promptement  et 
facilement. 

E.-A.  Carrière. 


EXPOSITION  INTERNATIONALE 

DE  LA  SOCIÉTÉ  ROYALE  D’AGRICULTURE  ET  DE  BOTANIQUE  DE  GAND 


La  Société  royale  d’agriculture  et  de  bota- 
nique de  G and  vient  de  convier,  pour  la  on- 
zième fois,  l’horticulture  européenne  à l’ime 
de  ses  admirables  fêtes  quinquennales. 

C’est  un  grand  succès  à ajouter  aux  précé- 
dents. 

Les  vastes  salles  du  Casino,  les  nombreuses 
serres  élevées  dans  le  jardin,  les  massifs,  les 
pelouses,  regorgeaient  de  produits  horticoles, 
dont  l’agencement  attestait  le  goût,  l’activité, 
l’esprit  d’ordre  et  de  classement  des  organisa- 
teurs. 

Un  temps  superbe,  un  beau  soleil  a favorisé 
l’ouverture  de  l’exposition. 

Le  samedi  14  avril,  à dix  heures  du  matin, 
ont  commencé  les  opérations  du  jury,  assem- 
blé dans  l’ime  des  salles  du  Casino.  Après 
quelques  mots  de  bienvenue  adressés  aux  cent 
vingt-huit  jurés  venus  de  toutes  les  parties  de 
l’Europe,  M.  Rolin,  président  de  la  Société,  an- 
nonça, aux  applaudissements  .de  l’assemblée, 
que  le  président  général  du  jury,  désigné  par 
le  conseil  d’administration,  était  M.  A.  La- 
vallée, président  de  la  Société  nationale  d’hor- 
ticulture de  France,  et  le  secrétaire  général 
M.  le  docteur  Maxwell  T.  Masters,  rédacteur  en 
chef  du  Gardeners'  Chronicle.  L’appel  nominal 
des  jurés  et  leur  répartition  dans  les  vingt  et 
une  sections  organisées  ayant  eu  lieu,  l’examen 
des  lots  exposés  et  l’attribution  des  récom- 
penses commencèrent.  Grâce  à une  entente 
parfaite  dans  la  distribution  du  travail,  ce  for- 
midable amas  de  richesses  végétales  fut  étudié 
et  jugé,  comme  dans  les  expositions  précé- 
dentes de  la  Société,  avec  une  rapidité  que 
nous  ne  saurions  trop  admirer.  A deux  heures 
de  l’après-midi,  tout  était  examiné,  un  lunch 
réunissait  les  juges  et  se  terminait  par  de  cha- 
leureux toasts  empreints  d’une  franche  cor- 
dialité. 

Dimanche  15  avril,  l’inauguration  officielle 
de  l’exposition  eut  lieu  à une  heure  et  demie, 
et  S.  M.  la  reine  des  Belges,  accompagnée  de 
S.  A.  R.  la  comtesse  de  Flandre,  en  l’absence 
du  roi  retenu  à Bruxelles  par  une  indisposi- 
tion, tint  à honneur  de  montrer,  en  visitant 
le  Casino,  l’intérêt  que  les  souverains  de  la 
Belgique  portent  à l’horticulture,  principale 
branche  de  l’industrie  gantoise. 

Fidèle  au  programme  que  nous  avons  déjà 


tracé  ici  à plusieurs  reprises,  nous  n’entre- 
prendrons point  ce  qu’on  appelle  un  « compte- 
rendu » de  l’exposition  de  Gand.Un  semblable 
travail  n’intéresse  guère  que  l’industrie  locale 
des  horticulleurs.  Il  nous  semble  plus  pra- 
tique, plus  utile  de  signaler  simplement  les 
traits  saillants,  de  nous  efforcer  de  préciser  les 
progrès  réalisés,  les  changements  survenus 
dans  les  cultures,  d’indiquer  les  préférences  du 
jour  et  les  enseignements  qui  en  découlent. 

Tout  d’abord,  nous  devons  déclarer  que 
l’exposition  était  surtout  remarquable  par  son 
éclat,  par  la  quantité  et  la  belle  culture  des 
plantes  fleuries.  Nous  y avons  constaté  une 
décroissance  marquée  dans  les  collections  de 
plantes  uniquement  à feuillage  ornemental.  On 
dirait  que  les  grands  jours  sont  passés,  où  la 
beauté  du  port  d’une  plante  et  de  ses  feuilles 
l’emportait  sur  la  grâce,  la  couleur  et  le  par- 
fum des  fleurs.  Les  Palmiers,  les  Gycadées  et 
d’autres  familles  restent  cependant  très  en 
honneur,  et  notre  observation  générale  n’em- 
pêche pas  que  de  nombreux  horticulteurs  et 
amateurs  aient  contribué  au  succès  des  con- 
cours par  de  magnifiques  exemplaires  dans 
tous  les  genres. 

Un  autre  point  à noter,  c’est  la  pénurie  re- 
lative d’espèces  nouvelles  d’introduction  di- 
recte. Malgré  le  grand  nombre  de  collecteurs 
de  plantes  qui  parcourent  les  contrées  encore 
peu  connues  de  la  terre,  on  dirait  qu’un  ralen- 
tissement notable  se  produit  dans  l’importa- 
tion des  nouveautés.  Presque  toutes  ces  plantes 
appartiennent  d’ailleurs  aux  régions  intertro- 
picales, et  sont  par  conséquent  de  serre  tem- 
pérée ou  chaude.  Absence  presque  totale  d’ai-- 
bres  et  d’arbustes  de  jilein  air.  Il  semblerait 
que  l’exploration  do  la  Californie,  de  la  Chine 
et  du  Japon,  poursuivie  avec  tant  d’ardeur 
pendant  un  demi-siècle,  ait  épuisé  pour  long- 
temps la  riche  veine  si  fructueusement  ex- 
ploitée par  la  génération  qui  nous  a précédés. 
C’est  seulement  vers  l’Asie  centrale  que  se  di- 
rigent actuellement  nos  espérances  ; mais,  au 
lieu  de  riches  moissons,  il  faudra  se  contenter 
de  récoltes  comme  celles  que  MM.  A.  Regel, 
Korolkow,  etc.,  ont  recueillies  dans  les  der- 
nières années. 

Ah  jove  'principiiim.  Il  convient  de  commen- 
cer par  la  première  section;  les  plantes  nou- 


206  EXPOSITION  INTERNATIONALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ROYALE  D’aGRICULTURE  ET  DE  BOTANIQUE  DE  GAND 


velles,  que  nous  avons  eu  l’honneur  de  juger, 
en  compagnie  de  MM.  Planchon , Masters, 
Veitch,  Morren  et  Van  Volxem.  C’est  là,  en 
effet,  autour  de  ces  tables  où  les  espèces,  iné- 
dites ou  rares,  ont  été  groupées  pour  que  l’œil 
de  l’observateur  saisisse  mieux  leurs  carac- 
tères, que  se  concentre  l’intérêt  principal  d’une 
exposition  horticole,  je  veux  dire  au  moins 
pour  les  véritables  amateurs.  Avant  de  songer 
à bien  cultiver,  il  faut  posséder  la  plante.  Hier, 
elle  était  inconnue  de  tous,  vivant  dans  quelque 
coin  perdu  des  forets  vierges  de  l’Ecuador  ou  de 
.lava  ; la  voici  aujourd’hui  importée  après  mille 
péripéties,  souvent  au  prix  de  la  vie  de  l’explo- 
rateur. Bientôt  les  horticulteurs,  les  propaga- 
teurs vont  se  la  disputer  à prix  d’or.  Elle  sera 
répandue  à profusion,  ornera  nos  jardins  ou 
nos  serres  et  fera  les  délices  d’un  immense 
public  qui  ignorera  quelles  peines  son  intro- 
duction a coûtées. 

Le  concours  n°  1,  comprenant  six  plantes 
nouvellement  introduites  en  Europe  par  l’ex- 
posant, a été  le  triomphe  de  la  maison  Van 
Houtte,  qui  reste  bien,  en  première  ligne,  à la 
tête  de  l’horticulture  gantoise.  Ses  plantes  nou- 
velles se  composaient  : de  Y Amorphophallus 
imperialis,  des  Philippines,  à large  pétiole  zébré 
comme  une  peau  de  serpent;  le  Washingtonia 
vohusta^  delà  Californie,  dont  on  dit  merveille, 
pour  sa  rusticité  dans  le  Midi  de  la  France  ; les 
Delabecheia  macropJnjUa  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie (port  d'un  BracJiychiton)  un  Anthurium 
innommé,  de  l’Amérique  centrale  ; un  Attacia 
nouveau,  des  îles  de  la  Sonde  ; Y Anthurium 
Smidtcheni,  de  la  Nouvelle-Grenade. 

La  maison  Jacob-Makoy  et  Cie,  célèbre  éta- 
blissement horticole  de  Liège,  a obtenu  le 
meme  succès  pour  six  plantes  nouvelles  non 
au  commerce.  C’étaient  les  espèces  suivantes  : 
Ap)helandra  Margaritæ,  charmante  Acanthacée 
à feuilles  lignées  de  blanc,  à bractées  pectinées 
et  à dents  brunes,  à Heurs  du  })lus  bel  orangé; 
Bertolonia  Closoni,  espèce  brésilienne  comme 
la  pi’écédente  ; Crgptanthus  Glasii,  Bromé- 
liacée de  même  drigine,  étrange  par  ses  feuilles 
ressemblant  à du  cuir  et  couvertes  de  poils 
blancs  ou  bruns  apprimés  ; Croton  Bennetti, 
des  Nouvelles-Hébrides;  Philolendron  Sodiroi, 
de  l’Écuador,  jolie  Aroïdée  à feuilles  pétiolées 
de  rouge,  dont  le  limbe  est  marbré-argyré  en 
dessus;  Tillandsia  variegata , du  Mexique, 
Broméliacée  à feuilles  réunies  en  bulbe  à la 
base,  et  tordues  comme  les  tentacules  d’un 
poulpe. 

M.  Van  Houtte,  dans  les  concours  4 à 6, 
pour  les  plantes  nouvelles  ou  nouvellement  au 
commerce,  s’est  présenté  avec  de  remarquables 
plantes,  parmi  lesquelles  on  distinguait  Y Ara- 
lia  Kerchovei^  aux  feuilles  palmatilobées,  à 
folioles  bordées  de  larges  dents,  les  Anthu- 
rium Wallisii  et  Brownii^  tous  deux  portant 


de  belles  feuilles  cordiformes;  YAralia  nobilis, 
de  la  Nouvelle-Calédonie,  qui  nous  semble  un 
Meryta  ; le  délicat,  nuageux  Asparagus  te- 
nuisissimus^  du  Cap  ; YAlocasia  VanHouttei, 
de  l’Amérique  centrale,  rappelant  Y A.  commu- 
tata,  Brongt.  ; la  toute  nouvelle  Aroïdée  de 
M.  W.  Bull  : Anthurium  splendidum^  aux 
feuilles  bullées,  étranges  autant  que  belles,  bien 
que*les  exemplaires  soient  fort  jeunes,  etc.  Une 
curieuse  et  jolie  forme  cristée  du  Cyrtomium 
falcatum,  rustique  comme  le  type,  le  char- 
mant Bertolonia  Eeckhautei,  sablé  de  blanc 
sur  fond  vert  tendre  ; une  belle  Gesnériacée 
(Bosanovia)  de  semis,  à Heurs  jaunes,  prenaient 
place  dans  des  concours  séparés. 

M.  IMoens  exposait  un  superbe  exemplaire  du 
Bavenea  Hildebrandti^  beau  Palmier  des  îles 
de  la  côte  orientale  africaine;  le  Pritchardia 
Moensii^  de  Pomotou. 

Nous  avons  trouvé  M.  A.  Van  Geert  à la  tête 
d’une  très-remarquable  collection  de  plantes 
nouvelles.  Il  s’est  rendu  acquéreur  d’une 
superbe  Aroïdée,  Y Anthurium  G-ustavi,  Regel, 
la  dernière  plante  que  Wallis  mourant  'expé- 
diait de  la  Nouvelle-Grenade,  en  1878.  L’his- 
toire^ de  cette  plante  a été  publiée  avec  de  très- 
intéressants  détails,  dans  le  dernier  numéro  de 
la  Bevue  de  l’horticulture  belge  et  étrangère^ 
que  nos  amis  de  la  rédaction  de ‘ce  journal  ont 
fait  paraître,  par  un  tour  de  force  d’activité,  le 
jour  même  de  l’Exposition.  A côté  des  magni- 
fiques limbes  suborbiculaires  de  cette  plante, 
originaire  des  environs  de  Buénaventura,  sur 
la  côte  néo-grenadine  du  Pacifique,  on  remar- 
quait le  Pritchardia  grandis  vera,  de  Bornéo, 
à limbes  plus  courts  que  le  Licuala  grandis^ 
le  Wormia  Burbidgeana,  de  la  même  île;  le 
Vriesea  eumorpha,  du  Brésil,  queM.  Ed.  Morren 
vient  de  publier  sous  le  nom  de  V.  Barilleti-, 
le  Selaginella  grandis^  de  Bornéo,  à feuilles 
très-élargies  ; le  joli  Dieffenbachia  reginœ, 
dont  la  patrie  sud-américaine  n’est  pas  pré- 
cisée ; le  délicieux  Leea  amabilis,  de  BoÂéo, 
aux  feuilles  pennées,  d’un  vert  sombre  velouté, 
à bande  centrale  d’un  beau  blanc,  une  des 
plus  gracieuses  plantes  à feuillage  récemment 
introduites  ; le  Dracæna  Massangeana,  variété 
de  YAletris  fragrans  à bandes  alternative- 
ment jaunes  et  vertes,  et  beaucoup  d’autres 
espèces. 

Les  plantes  nouvelles  comprenaient  encore, 
dans  la  salle  du  haut  où  ces  trésors  étaient 
rassemblés,  les  Palmiers  de  M.  Vuylsteke,  de 
Loochristy,  près  Gand.  Nous  avons  trouvé, 
dans  ces  lots,  les  Pritchardia  pe7Hcularum  et 
P.  Vuylstekeana^  qui  se  ressemblent  beau- 
coup ; tous  deux  sont  des  îles  Pomotou.  Les 
Kentia  Fipan,Sagus  amicarum,  Calamus  Pa- 
taneïisis,  se  ti'ouvaient  encore  dans  cette  collec- 
tion; mais  ces  jeunes  exemplaires  sont  encore 
trop  faibles  pour  qu’on  juge  de  leur  mérite. 


EXPOSITION  INTERNATIONALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ROYALE  d’AGRICULTURE  ET  DE  BOTANIQUE  DE  GAND.  207 


Les  lots  de  M.  James  Bray  contenaient  de 
fort  bonnes  choses,  dont  la  provenance  n’était 
pas  ignorée  des  membres  du  jury.  Nous  y 
avons  remarqué  VAlocasia  Johnstoni,  intro- 
duit par  M.  W.  Bull  ; le  Caraguata  cardinalis, 
que  nous  avons  importé  de  l’Amérique  du  Sud  ; 
le  bel  Alocasia  Thihautiana,  Vlieliconia 
triumphans,  etc. 

Notre  collaborateur  et  ami,  M.  de  la  Devan- 
saye,  avait  apporté,  de  ses  belles  serres  du 
Fresne,  ses  nouveaux  Anthurium,  variétés 
yVA.  Scherzerianum  à spathes  panachées,  qui 
ont  conquis  tous  les  suffrages. 

Mais  le  grand  succès  des  Aroïdées  nouvelles 
a été  pour  la  magnifique  plante  issue  de  la 
fécondation  de  notre  Anthurium  Andreanum, 
par  VA.  ornatum,  gain  de  M.  Bergman,  de 
Ferrières.  Dans  ce  superbe  exemplaire,  cou- 
vert de  grandes  et  belles  feuilles  et  de  quatre 
fleurs,  dont  l’une,  à spathe  de  io  centimètres 
de  diamètre,  offrait  le  ton  rose  le  plus  délicat 
et  le  plus  inattendu,  il  était  difficile  de  recon- 
naître la  petite  plante  exposée,  pour  la  pre- 
mière fois,  })ar  M.  Bergman,  à l’exposition 
automnale  de  1882,  à Paris.  Nous  avons  eu  la 
satisfaction  d’apprendre  que  l’édition  de  cette 
haute  nouveauté  a été  acquise  par  MM.  Veitch, 
de  Londres. 

Une  très-belle  Fougère,  variété  plus  vigou- 
reuse du  Gijmno (J ranime  schizophylla,  a valu 
à son  obtenteur,  M.  Maron,  du  château  d’IIer- 
bault  (Loir-et-Cher),  une  distinction  bien  mé- 
ritée, la  plante  étant  énorme  et  très-bien  cul- 
tivée. 

Pour  épuiser  la  liste  des  nouveautés  sail- 
lantes soumises  au  concours,  il  nous  faudrait 
({uitter  cette  salle  et  aller  chercher,  dans  la 
grande  salle  du  palais,  les  Rhododendrons 
hybrides  nouveaux  de  MM.  Veitch.  Nous  les 
retrouverons  un  peu  plus  tard. 

Passons  aux  Orchidées,  qui  ont  hrillé,  cette 
fois,  du  plus  vif  éclat.  De  nombreuses  collec- 
tions, bien  cultivées,  admirablement  fleuries, 
arrachaient  littéralement  des  cris  d’admiration 
aux  visiteurs  charmés. 

Au  premier  rang,  le  lot  exposé  par  M'^e  Bod- 
daert  Van  Cutsem,  de  Gand,  la  femme  du 
célèbre  chirurgien  et  orchidophile.  Cent  vingt 
espèces  en  fteui's,  tel  était  le  total  de  cet  admi- 
rable apport.  Parmi  les  spécimens  les  mieux 
fleuris,  nous  avons  noté;  de  nombreux  Vanda, 
les  Lycaste  Skinneri,  avec  quarante  fleurs, 
Lœliaharpophylla,  le  magnifique  Cymbidium 
Lowii  orné  de  ses  longues  guirlandes,  le  bril- 
lant Odontoylossum  triumphans  et  ses  va- 
riétés, les  labelles  bleus  hérissés  du  Zyyope- 
talum  crinitum,  les  fleurs  blanches  tachetées 
de  V Odontoylossum  Rossi,  un  très-bel  exem- 
plaire iV Odontoylossum  vexillarium  aux  larges 
périanthes  roses,  une  touffe  de  Cypripedium 
niveum  très-bien  cultivé,  VAda  aurantiaca 


couvert  d’épis  écarlates,  les  Masdevallia  Veit- 
chi,  Cypripedium  lœviyatum  et  vülosum, 
le  Cattleya  Trianœ  album,  la  jolie  variété 

Odontoylossum  crispum  que  nous  avons 
rapportée  des  Andes  de  Pasca  et  que  nous 
avons  nommée  Mariæ,  les  beaux  thyrses  du 
Dendrobium  Grifflthi,  le  Saccolabium  ampuU 
laceum,  etc. 

Les  serres  du  docteur  Boddaert  sont  une  des 
curiosités  de  Gand.  Pilles  sont  au  nombre  do 
cinq,  divisées  suivant  le  temjiérarnent  spécial 
do  chaque  tribu  géographique  de  ces  char- 
mantes plantes.  Le  jardinier  en  chef,  M.  Wilke, 
est  un  fort  habile  cultivateur,  dont  nous  avons 
eu  grand  plaisir  à visiter  les  cultures.  Le  bel 
Odontoylossum  Wilkeanum  lui  a été  très- 
justement  dédié. 

Depuis  qu’il  a quitté  les  affaires,  supérieure- 
ment conduites  aujourd’hui  par  son  fils, 
M.  A.  Van  Geert  père  s’est  fait  amateur  d’Ür- 
cliidées,  et  il  vient  de  s’affirmei’,  à l’exposition, 
par  une  collection  choisie,  couverte  de  fleurs. 
Nous  avons  remarqué  les  Odontoylossum 
Roezlii  album,  aux  larges  fleurs  d’un  blanc 
de  neige  ; les  quatre  délicates  guirlandes  blan- 
ches de  V Anyrecum  citratum,  les  nombreuses 
fleurs  blanches  à labelle  lilas  d’une  vieille  et 
toujours  jolie  espèce  brésilienne,  le  Leptoles 
bicolor,  les  grappes  rouges  du  Dendrobium 
sanyuineum,  la  belle  variété  maculatum  de 
V Oncidium  cucullatum,  etc. 

Dans  un  lot  charmant  d’Orchidées  de  M.  Ver- 
vaet  se  voyaient  des  spécimens  bien  fleuris  de 
Phalænopsis  Schilleriana,  Dendrobium  cras- 
s inode  Barberianum,  Cypripedium  læviya^ 
tum,  Odontoylossum  Peseatorei,  Dendrobium 
superbum  yiyanteum,  Oncidium  pubes,  Odon- 
toylossum membranaceum,  Dendrobium  crys- 
tallinum,  Oncidium  primulinum,  Oncidium 
luridum,  etc. 

Les  Masdevallias  avaient  été  l’objet  de  con- 
cours spéciaux,  bien  remplis  par  MM.  Van 
Iloutte,  Vervaet,  etc.  Ces  bizarres  et  gracieuses 
petites  plantes  sont  en  faveur  croissante,  et 
parmi  les  espèces  moins  brillantes,  mais  assez 
recherchées,  il  faut  citer  les  M.  Shutleworthii 
et  trianyularis,  sans  parler  de  simples  variétés 
issues  de  Veitchi  et  de  Lindeni,  et  qui  ont  reçu, 
à tort,  selon  nous,  des  noms  d’espèces. 

M.  Ch.  Vuylsteke,  de  Loochristy,  près  Gand, 
vient  de  se  révéler  comme  un  cultivateur  de 
grand  mérite,  par  ses  nombreux  apports,  ses 
Palmiers  nouveaux,  son  arbre  couvert  d’Orchi- 
dées de  manière  à rappeler  la  disposition 
naturelle  de  ces  pseudo-parasites,  et  d’autres 
envois  que  nous  retrouverons  tout  à l’heure. 
Mais  rien  ne  saurait  peindre  l’effet  de  la  masse 
de  fleurs  d' Odontoylossum  crispum  qu’il  avait 
exposée  en  un  seul  lot.  Ses  variétés  Alexandræ 
et  formes  voisines  dominaient,  et  plusieurs  des 
plus  pouvelles  étaient  placées  à part,  formant 


208  EXPOSITION  INTERNATIONALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ROYALE  d’aGRICULTURE  ET  DE  BOTANIQUE  DE  GAND. 


un  lot  choisi,  parmi  lesquelles  celle  nommée 
Président  Zaldua,  à fleurs  jaune  paille,  ta- 
chées de  brun  rouge,  était  une  plante  hors 
ligne. 

Depuis  quelques  années,  les  amateurs  de 
V Anthurium  Scherzerianum  suivent  avec  in- 
térêt le  développement  d’une  variété  à spathes 
blanches,  grandes,  lignées  de  rose  au  centre, 
et  à spadice  doré,  très-supérieure  à l’ancienne 
forme  nommée  Williamsi.  Son  obtenteur, 
M.  D.  Vervaene  père,  exposait  un  beau  pied 
de  ce  gain,  portant  sept  fleurs.  La  plante,  nom- 
mée A.  S.  Vervaeneanum.  sera  bientôt  au  com- 
merce ; on  se  la  disputera'à  de  très-hauts  prix. 

Jetons  un  regard  admiratif  au  Massangea 
tigrina  de  M.  F.  Massange  de  Louvrex,  aux 
spécimens  variés  d’arbres  à caoutchouc  de 
M.  Christy,  au  Ruhiis  panaché  de  Mandchourie 
de  M.  G.  Gyselinck,  aux  Anæctochilus  de 
MM.  A.  Van  Geert  et  Dallière,  miniatures  de 
coloration  délicieuse,  aux  Sonerila  et  Berto- 
lonia  de  M.  Van  Houtte,  et  quittons  la  salle 
des  nouveautés,  sans  avoir  cité  tout  ni  épuisé 
l’intérêt  qu’elles  présentent. 

Descendons  au  rez-de-chaussée,  après  avoir 
contemplé  un  instant,  du  haut  du  grand  esca- 
lier, l’aspect  féérique  de  cet  ainoncellement  de 
trésors  horticoles. 

V oici  les  énormes  gerbes  fleuries  d’ Azalées 
de  l’Inde  d’un  amateur  classique  en  ce  genre, 
M.  de  Ghellinck  de  Walle,  resté  fidèle  aux 
traditions  paternelles,  et  qui  n’est  surpassé 
par  personne  dans  cette  brillante  spécialité. 
Ses  plantes  sont  irréprochables  de  culture,  de 
floraison  et  d’éclat.  C’est  le  non  'plus  ultra 
des  beaux  spécimens. 

Les  lots  d’ensemble  d’Azalées,  de  MM.  le 
comte  de  Kerchove,  Beaucarne,  Rosseel,  Ch. 
Vuylsteke,  d’IIaene,  D.  Vervaene,  D.  Putte; 
les  variétés  nouvelles  de  MM.  Van  Houtte, 
Vervaene  et  Van  Eeckhaute  présentent  de  si 
rares  mérites,  sont  si  éblouissants  de  floraison, 
que  la  tâche  du  jury  de  cette  section  a été 
des  plus  difficiles  à remplir. 

Au  pied  du  grand  escalier,  nous  sommes  en 
présence  de  deux  lots  de  tout  premier  ordre,  li- 
bellés Miscellanées.  Nous  voici  revenus  aux  plus 
grands  jours  de  la  belle  culture.  Spécimens 
énormes  de  jilantes  fleuries  ou  à feuilles  d’or- 
nement, de  serre  froide  et  tempérée,  on  ne  sait 
ce  qu’on  doit  le  plus  admirer  de  la  perfection 
du  choix  des  espèces  ou  de  la  perfection  de 
leur  formes.  M.  Dallière  a remporté  la  palme 
de  haute  lutte.  Voici,  parmi  ses  plus  belles 
plantes,  celles  qui  nous  ont  surtout  frappé  : 
Dieffenbachia  Leopoldi^  Croton  magnoUæfo- 
lium,  Anthurium  Laucheanum , Maranta 
Kegeljaniana^  Gleichenia  spelimcæ , Aralia 
{Meryta)  sonchifolia,  Anthurium  crystallinum^ 
A.  Veitchi^A.  Warocqueanum,  Croton  Queen 
Victoria,  Dracæna  Robinsoniana,  Vriesea 


tessellata,  Æchmea  Lalindei,  Pandanus  Pan- 
cheri,  et  enfin  deux  des  plantes  que  nous  avons 
découvertes  et  rapportées  de  notre  voyage  dans 
la  Nouvelle-Grenade,  le  Philodendron  glorio- 
sum,  avec  vingt-cinq  feuilles,  et  V Anthurium 
Andreanum  à grandes  fleurs , la  véritable 
forme  datant  de  notre  première  introduction, 
et  que  M.  Dallière  a surnommée  giganteum, 
en  raison  du  développement  inusité  de  ses 
spathes  régulières. 

Dans  le  lot  rival,  appartenant  à M.  A.  Van 
Geert,  les  exemplaires  suivants  ne  le  cédaient 
guère  en  beauté  au  lot  précédent.  C’étaient: 
Chorizema  varians,  Diosma  ericoides,  Clero- 
dendron  Balfourii,  Hydrangea  Otaksa,  Dra- 
cophyllum  gracile,  Genista  elegans,  Choisya 
ternata,  Pitcairnia  (non  Puya)  Altensteini, 
Eriostemon  myoporoides,  Metrosideros  flori- 
bunda,  Deutzia  gracilis  d’un  mètre  de  dia- 
mètre, Calla  Æthiopica  nain,  etc.,  etc. 

Mais  M.  A.  Van  Geert  trônait  également 
dans  un  autre  apport,  situé  au  milieu  même  de 
l’exposition,  et  où  se  dressait  un  superbe  exem- 
plaire V Anthurium  Gustavi,  à feuilles  ded™  20 
de  diamètre,  entouré  d’une  brillante  popula- 
tion de  : Dracæna  Baptisti,  Pteris  Ouvrardi, 
Pandanus  ornatus  [Van  Houtteij,  Sarracenia 
Drummondi,  Maranta  Bachemiana,  Dieffen- 
bachia amœna,  Nepenthes  bicalcarata  portant 
dix  ascidies,  Delarbrea  [Aralia]  spectabüis, 
Anthurium  Dechardi,  Colea  undulata,  etc. 

Poursuivons  notre  course  à travers  les 
grands  spécimens  de  plantes  variées  et  fleuries. 
M.  Van  Houtte  nous  arrête  avec  son  magni- 
fique lot  comprenant,  parmi  tant  d’autres 
splendeurs,  les  : Genetyllis  tulipifera,  Fran- 
ciscea,  Polygala  buxifolia,  Dracophyllum 
gracile,  Anthurium  Scherzerianum,  Pimelea 
spectabilis,  Helichrysum  macranthuyn,  Erios- 
temon intermedium  , Mitraria  coccinea  , 
Diosma  qmrpurea,  Anthurium  Andreanum, 
Cochliostema  Jacobianum,  Prostanthera  ni- 
vea.  Rhododendron  Veitchi,  etc.  On  le  voit, 
un  grand  nombre  de  ces  plantes  font  partie 
de  ces  espèces  australiennes  autrefois  en  hon- 
neur dans  les  collections  et  devenues  si  rares 
de  nos  jours.  H faut  complimenter  M.  Van 
Houtte  de  s’en  être  fait  le  conservateur  pas- 
sionné. 

Le  même  exposant  nous  a cliarmés  par  ses 
beaux  exemplaires  de  Clivia  miniata  nou- 
veaux. On  ne  sait  ce  qu’on  doit  le  plus  admi- 
rer des  variétés  nommées  Marie  Van  Houtte, 
Madame  Donner,  Léonie  Van  Houtte,  Glu 
Van  Eeckhaute,  Madame  Peeters,  Madame 
Van  Houtte.  Ce  sont  des  plantes  magnifiques 
et  l’on  comprend  très-bien  les  hauts  prix 
qu’elles  atteignent,  en  même  temps  que  les 
passions  rivales  que  leur  possession  a fait 
naître  et  dont  nous  raconterons  quelque  jour 
riiistoire. 


EXPOSITION  INTERNATIONALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ROYALE  D’AGRICULTURE  ET  DE  BOTANIQUE  DE  GAND.  209 


C’est  encore  à M.  Van  Houtte  que  nous 
devons  ces  superbes  touffes  d’Aroïdées,  au 
milieu  desquelles  nous  notons  les  noms  sui- 
vants, en  admirant  la  culture  : Philodendron 
Melinoni  Paranaense,  Spathiijhyllum  Ort- 
giesii,  Anthurium  Dechardi^  A.  Laucheanum, 
A.  ornatum,  Alocasia  PJdbautii,  etc.,  etc.. 

Arrivons  maintenant  aux  Palmiers.  Quel 
groupe  imposant  envoyé  par  M.  de  Gliellinck 
de  WalJe,  et  installé,  au  fond  de  la  grande 
salle,  en  face  de  l’escalier  ! Au  centre,  do- 
minant fièrement  ses  congénères,  le  Ceroxylon 
Andicola^  l’arbre  à cire  des  hautes  Cordillères, 
développe  des  frondes  de  sept  mètres  de  lon- 
gueur, exubérantes  de  santé,  comme  celles  que 
nous  avons  cueillies  en  1876,  à Las  Crucès, 
dans  la  région  froide  du  Quindio.  Autour  de 
lui  se  dressent  de  superbes  exemplaires  de 
Pritchardia  macrocarpa,  Livistona  Hoogen- 
dorpii,  Sabal  Blackburniana,  Cocos  Bonneti, 
Areca  Baueri,  Kentia  divers,  Phoenix  rupi- 
cola^  Areca  sapida,  Livistona  australis, 
Acanthorhiza  stauracantha. 

Chez  M.  Van  Houte,  qui  expose  aussi  de 
très-beaux  spécimens  de  Palmiers,  nous  trou- 
vons, outre  un  certain  nombre  des  espèces  pré- 
cédentes, les  Wallichia  oblongifolia^  Areca 
furfuracea,  A.  aurea,  Acanthophœnix crinita, 
Verschaffeltia  melanochœtes , Kentia  Wend- 
landiana,  etc. 

M.  Moens,  MM.  Vervaet  et  C^,  M.  Spae, 
M.  d’Haene,  sont  égalernents  concurrents  dans 
la  section  des  Palmiers,  et  leurs  collections 
contiennent  des  plantes  du  plus  grand  intérêt. 

Non  loin  de  là,  adossés  à un  groupe  de 
plantes  à feuillage  décoratif,  voici  les  fameux 
Rhododendrons  nouveaux  de  MM.  Veitch,  de 
Londres.  C’est  une  révélation.  Ces  habiles  hor- 
ticulteurs ont  hybridé,  depuis  plusieurs  années, 
plusieurs  espèces  appartenant  à l’extrême 
Orient  : Bh.  Javanicum,  de  Java,  Bh.  jasmi- 
niflorum,  du  Moulmein,  Bh.  Lobbianum.,  de 
l’Inde.  Il  en  est  résulté  des  croisements  extra- 
ordinaires, où  se  mélangent  les  caractères  des 
parents.  Feuillage  généralement  verticillé;  tiges 
articulées  par  étages,  fleurs  en  beaux  bou- 
quets radiés;  corolles  tubuleuses,  à limbe  bien 
ouvert,  ■ coloris  rose  tendre,  rose  saumoné, 
orangé,  doré,  rouge  écarlate,  magenta,  ponceau, 
jaune  paille,  tout  cela  avec  des  reflets  métal- 
liques étranges,  et  des  étamines  qui  exagèrent 
le  ton  général  de  la  corolle,  voilà  de  quoi  tour- 
ner la  tête  des  amateurs,  quand  ces  trésors 
seront  mis  au  commerce,  ce  qui  ne  tardera  pas. 

Auprès  des  Palmiers,  se  groupent  les  Cyca- 
dées.  Ces  plantes  singulières,  qui  rappellent 
les  âges  préhistoriques,  rares  survivantes  des 
types  ensevelis  dans  les  couches  profondes  du 
globe  terrestre,  ont  toujours  eu  en  Belgique 
de  fervents  amateurs.  M.  de  Gliellinck  de 
Walle  est  encore  vainqueur  dans  cette  lutte,  et 


nous  relevons  dans  ses  apports  les  Le^ndoza- 
mia  Perofskiana,  Macrozamia  Mac-Leayi, 
Zamia  Hildebrandti.,  Katzeriana,  Vroomi^ 
Van  Geertii,  etc.  MM.  Van  der  Wouwer,  de 
Smet,  Wartel,  d’Haene,  sont  aussi  de  rudes 
concurrents  dans  cette  intéressante  spécialité. 

Voici  les  Fougères  en  arbre.  Lauréats  : 
MM.  Wartel  frères,  deGand;  d’IIaene,  de  Ghel- 
linck,  Vervaet  et  Gî^ , etc.  Nous  remarquons  les 
Alsophila  Paraguayensis.,  Ilemitelia  Smithii, 
Cyathea  Burkei  et  C.  Dregei  ; le  grand  Cya- 
thea  medullaris  deM.  de  Gliellinck,  le  Cyathea 
dealbata  de  MM.  Vervaet  et  Ci®,  etc. 

Une  salle  annexe  de  la  grande  rue  du  Casino 
abrite  des  raretés,  de  charmants  bouquets  et 
ornements  en  fleurs  de  MM.  Lippens,  Van  den 
Heede  et  Van  Driessche-Leys  ; les  Jacinthes 
admirablement  fleuries,  apportées  de  Haarlem 
(Hollande)  par  MM.  Byvoet  frères  ; les  beaux 
Lis  en  fleurs,  surtout  les  variétés  de  Tliun- 
bergianum.,  les  L.  Ilansoni  et  L.  Brownii  de 
M.  Van  Houtte  ; les  Amaryllis,  variétés  de  sur- 
choix de  M.  Ch.  Vuylsteke  et  de  M.  Van  Houtte  ; 
toute  la  série  des  nouvelles  variétés  d’Azalées 
quhl  faudra  voir  en  forts  exemplaires  avant  de 
prononcer  sur  leur  mérite  ; les  étonnantes 
Cinéraires  bleues  doubles,  grosses  comme  des 
Roses  pompon,  de  MM.  Cannell  et  fils,  de 
Londres,  et  enfin  les  200  Cyclamens  de  M.  B. 
S.  Williams,  devant  lesquels  il  faut  s’incliner. 
C’est  qu’en  effet  il  est  impossible  d’arriver  à 
une  plus  belle  culture,  à une  floraison  plus 
riche,  à de  plus  brillantes  corolles.  Cette  race 
{strain) , divisée  en  variétés  nommées  par 
M.  Williams  Cyclamen  persicum  giganteum, 
avec  les  sous-variétés  album,  roseum,  bril- 
liant  et  improved,  est  tout  à fait  superbe  et 
digne  des  plus  grands  éloges. 

Il  faut  se  hâter.  Cette  captivante  exposition 
nous  absorbe  et  le  choix  devient  de  plus 
en  plus  difficile  entre  toutes  ces  richesses 
végétales.  Nous  ne  pouvons  que  signaler,  au 
cours  de  la  promenade  à travers  les  salles 
diverses,  les  annexes  et  le  jardin,  les  apports 
suivants  : 

Magnifique  Crotons  de  MM.  Chantrier  fi'ères, 
de  Mortefontaine  (Oise)  ; 

Azalea  mollis  variés  de  M.  Van  Houtte  et 
de  M.  Vuylsteke,  charmants  coloris,  plantes 
couvertes  de  corolles  aux  teintes  délicates  ; 

Enormes  touffes  fleuries  de  Deutzia  gracilis 
dues  à M.  Devriesere-Remens,  résultats  de  cul- 
ture surprenants  pour  une  plante  si  commune  ; 

Grands  Rhododendrons  à tige  de  M.  L.  de 
Smet,  abondamment  fleuris; 

Collections  choisies  de  Broméliacées  de 
M.  Dallière,  à Gand,  et  de  la  Société  Sainte- 
Dorothée,  à Uccle.  Dans  cette  dernière  se  trou- 
vaient en  fleurs  : Ortgiesia  tillandsioides, 
Nidularium  Meyendorffii,  N.  ptrinceps,  N. 
fulgens,  Billbergia  rhodocyanea,  Tillandsia 


210 


SOLANUM  PLATENSE. 


psittacma  aureo-variegata,  Encholirion  Saun- 
dersi,  BiUbergia  Skinneri,  etc.; 

Fougères  translucides  (filmy  ferns),  de 
M.  L.  de  Smet  et  de  MM.  Wallem  et  Legrand  ; 

Dracénas  très-bien  cultivés  et  en  excellente 
collection  de  M.  Ed.  Pynaert.  Nous  avons  le 
plaisir  de  rappeler  à cette  occasion  que  M.  Py- 
naert avait  également  exposé  de  superbes  Gli- 
vias  de  semis,  et  qu’il  s’est  fait  une  brillante 
spécialité  de  ce  beau  genre.  Notre  ami  avait 
d’ailleurs  pris  part  à quatorze  concours,  Coleus, 
Bégonias,  Gycadées,  Pandanées,  Pélargoniums, 
Aucubas,  plantes  de  serre  ou  d’appartement, 
et  prouvait  ainsi  qu’à  ses  autres  mérites  de 
professeur  d’horticulture  à l’école  de  l’État  et 
d’architecte-paysagiste  distingué,  il  sait  allier 
ceux  d’un  cultivateur  de  haut  goût  ; 

Rhododendron  Gibsoni,  magnifique  exem- 
plaire fleuri  de  M'^e  la  comtesse  de  Kerchove 
de  Denterghem  ; 

Gollection  très-nombreuse  et  supérieure- 
ment cultivée  de  Galadiums  à feuilles  colorées, 
exposée  par  M.  et  M»ie  Lemoinier,  de  Lille  ; 

Plantes  grasses,  Gactées,Euphorbiacées,  etc., 
de  MM.  Eggermont,  Snoeck,  et  Agaves  de 
M.  de  Smet  ; 

Gamellias  de  M.  Eeckhaute,  encore  bien 
lleuris  pour  la  saison; 

Azalées  nudiflores  de  M.  Yan  Houtte  ; 

Gharmants  Gitronniers  de  Ghine,  couverts  de 
fruits  bien  mûrs,  de  M.  A.  Van  Geert  et  autres 
concurrents  ; 

Gollections  très-nombreuses  et  bien  nom- 


mées de  Gonifères  du  même  M.  A.  Yan 
Geert,  etc.,  etc. 

Tels  sont  les  traits  saillants  de  ces  grandes 
floralies,  oû  la  lutte  très-vive  entre  les  concur- 
rents n’a  pas  empêché  l’expansion  presque  gé- 
nérale d’une  vive  cordialité. 

Les  horticulteurs  gantois  ont  rivalisé  de  bonne 
grâce  et  d’hospitalité  dans  l’accueil  qu’ils  ont 
fait  aux  membres  du  jury  venus  de  toutes  les 
parties  de  l’Europe  pour  proclamer  les  vain- 
queurs dans  ce  vaste  tournoi  floral.  Des  réu- 
nions organisées,  soit  par  la  chambre  syndicale 
d’horticulture,  dans  la  grande  salle  du  Spie- 
gelhove,  soit  dans  le  cercle  plus  intime  des  fa- 
milles, ont  resserré  les  liens  des  anciennes 
amitiés  et  en  ont  créé  de  nouvelles.  Ghaque 
établissement,  devant  être  visité  par  un  grand 
nombre  de  commerçants  et  d’amateurs,  s’était 
hiit  beau,  et  l’affluence  n’a  pas  cessé,  pendant 
plusieurs  jours,  de  se  porter  aux  immenses 
champs  de  Jacinthes  et  aux  serres  de  la  maison 
Van  Houtte,  et  aux  établissements  Van  Geert, 
Pynaert,  d’Haene,  Dallière,  de  Smet,  de  la 
Gompagnie  dite  Gontinentale  d’horticulture,  etc. 

Personnellement,  nous  rapportons  de  cette 
visite  une  impression  profonde  d’admiration 
pour  l’antique  et  si  vivante  horticulture  gan- 
toise, sans  cesse  renouvelée  par  le  souffle  vivi- 
fiant de  l’amour  des  plantes  et  d’une  concur- 
rence féconde,  et  nous  avons  été  heureux  de 
retrouver  à Gand  des  témoignages  de  vieilles 
et  fidèles  amitiés  qui  ne  se  sont  jamais  dé- 
menties. Ed.  xVndré. 


SOLANUM  PLATENSE 


Le  genre  Solanum  comprend  une  sorte 
de  dédale  de  neuf  cents  espèces  décrites 
par  les  auteurs  ; aussi  serait-il  difficile, 
même  au  botaniste  le  plus  exercé,  d’iden- 
tifier avec  certitude  les  espèces  à lui  incon- 
nues qu’il  rencontre,  dans  ce  vaste  continent 
sud-américain,  quartier-général  des  Sola- 
nées  du  globe  entier.  En  effet,  si  l’on 
trouve  ce  seul  genre  représenté  abondam- 
ment dans  les  deux  hémisphères,  c’est  en 
Amérique  qu’on  le  voit  dominer,  particu- 
lièrement dans  les  régions  intertropicales. 

L’intérêt  que  présentent  les  plantes  de 
ce  genre  est  considérable,  tant  au  point  de 
vue  de  l’alimentation  qu’à  celui  de  la  thé- 
rapeutique, et  je  ne  veux  pas  refaire  ici 
l’historique  d’une  famille  qui  a exercé  de 
tant  de  manières  l’esprit  des  savants  et  des 
économistes. 

Je  veux  parler  simplement  du  Solanum 
platense. 


Cette  espèce  est  une  jolie  plante  tra- 
çante de  30  centimètres  de  hauteur  et  indi- 
gène sur  les  deux  rives  du  majestueux  Puo 
de  la  Plata.  Ses  feuilles  duveteuses  sont 
assez  épaisses,  molles  et  d’un  vert  gris. 
Les  fleurs  sont  en  clochettes  blanches,  et 
les  fruits,  de  la  même  couleur,  sont  très- 
sucrés  et  ont  une  agréable  odeur  de 
Fraise.  Ils  sont  très-recherchés  par  les 
enfants  et  par  les  oiseaux. 

Cette  plante,  qui  résiste  aux  sécheresses 
les  plus  prolongées,  vient  dans  les  plus 
mauvaises  terres,  où  elle  plonge  ses  nom- 
breux rhizomes  dans  toutes  les  directions. 

C’est  une  bonne  acquisition  pour  la  gar- 
niture des  rocailles,  qu’elle  couvre  bien  vite 
de  sa  luxuriante  verdure.  J’ignore  si  la 
plante  est  vénéneuse  ; mais,  ce  qui  me  le 
ferait  croire,  c’est  que  le  bétail  n’y  touche 
pas  ; les  fruits,  par  contre,  peuvent  être 
mangés  sans  aucune  crainte. 


LILIUM  HARRISII. 


211 


Les  rhizomes  charnus  offrent  dans  leur 
tranche  deux  zones  alternativement  brune 
et  blanche,  avec  un  losange  au  centre. 


J’ai  expédié  des  graines  du  S.  Platense 
en  Europe,  où  il  serait  intéressant  de  le  voir 
vivant.  Docteur  Sagc. 


LILIUM  HARRISII 


Cette  très-intéressante  nouveauté  nous 
vient  des  États-Unis,  où  elle  a été  introduite 
des  îles  Bermudes.  Les  journaux  américains 
ont  longuement  discuté  l’origine  de  ce  Lis, 
attendu  que  les  différents  botanistes  qui  ont 
exploré  les  Bermudes  n’ont  jamais  signalé 
son  existence. 

Enfin  on  paraît 
être  tombé  à 
peu  près  d’ac- 
cord pour  ad- 
mettre que 
cette  plante  est 
le  produit  de 
quelque  Li- 
liumeximium 
ou  longiflo- 
ruyn^  égaré 
d’un  jardin 
dans  un  en- 
droit où  il  aura 
trouvé  à se  ti- 
rer d’affaire 
tout  seul,  et 
non  seulement 
à prospérer 
sous  un  climat 
doux  et  dans 
un  terrain  à 
sa  convenance, 
mais  encore  à 
se  modifier 
sous  les  in- 
fluences lo- 
cales. 

Nous  n’a- 
vons donc  au- 
cune raison 
pour  repousser 
l’explication  de 
nos  confrères 
américains,  et 
il  ne  nous  reste  donc  plus  qu’à  dire  en  quoi 
l’enfant  diffère  de  ses  parents  présumés. 

Le  nouvel  arrivant,  comparé  à ces  der- 
niers, est  d’une  stature  plus  naine,  à fleurs 
plus  grandes,  à tube  plus  allongé,  d’un 
blanc  pur  et  très-odorantes;  mais  sa  qualité 


la  plus  grande,  qui  en  ferait  véritablement 
une  plante  des  plus  méritantes,  paraît  être 
la  facilité  avec  laquelle  on  peut  le  soumettre 
à la  culture  forcée,  et  aussi  le  nombre  de 
fleurs  qu’il  peut  produire  quand  on  le  sou- 
met à ce  traitement  ; car,  pendant  que  la 

tige  principale 
fleurit,  le  bulbe 
adulte  émet 
de  nouvelles 
pousses  qui 
se  mettent  suc- 
cessivement à 
fleurir,  et  qui 
par  consé- 
quent fournis- 
sent une  série 
non  interrom- 
pue de  florai- 
sons. Les  bul- 
billes  de  pre- 
mière année, 
quoique  de  la 
grosseur  d’un 
petit  Pois,  pro- 
duisent déjà 
des  fleurs. 

Quant  à la 
culture,  voici 
ce  que  les  hor- 
ticulteurs amé- 
ricains en  di- 
sent : 

Pour  culti- 
ver ce  Lis  avec 
succès,  on  doit 
placer  le  bulbe 
dans  un  pot  de 
12  centimè- 
tres, bien  drai- 
né, dans  une 
terre  compo- 
sée de  moitié  terreau,  un  quart  de  fumier 
de  vache  bien  consommé  et  un  quart  de 
sable,  et  donner  peu  d’eau  jusqu’à  ce 
que  le  pot  soit  rempli  de  racines.  Quand 
le  bulbe  sera  bien  en  végétation,  on  devra 
rempoter  dans  un  pot  de  18  centimètres, 


Fig.  40.  — Lilium  llarrisii. 


212 


LE  MEETING  INTERNATIONAL  DES  HORTICULTEURS  A GAND. 


dans  une  terre  un  peu  plus  forte,  et  alors 
donner  beaucoup  d’eau.  En  même  temps 
il  sera  bon  d’élever  la  température  à -j-20 
ou  25®  centigr.  pour  le  faire  fleurir  en  hiver, 
puis  au  printemps  dépoter  la  plante  et  la 
placer  en  mottes  en  pleine  terre,  où  elle 
continuera  à fleurir  jusqu’en  été. 

Ce  Lis  supporte  une  température  très- 
élevée  ; il  est,  à cause  de  cela,  très-facile  à 
forcer,  ce  qui  le  rend  très- avantageux  pour 
les  horticulteurs  qui  s’occupent  de  la  fleur 
coupée.  Sa  période  naturelle  de  repos  est 
d’août  à novembre. 

En  ce  qui  concerne  sa  rusticité,  nous 
n’avons  rien  trouvé  dans  les  diflerentes 
notes  que  nous  avons  sous  les  yeux  ; mais 
nous  croyons  néanmoins  ne  pas  trop  nous 
avancer  en  le  considérant  comme  aussi  rus- 
tique que  les  Lilium  eximium  et  loyigiflo- 
rum. 

Dans  la  figure  40,  qui  représente  une 

LE  MEETING  INTERNATIONAL 

Ainsi  que  nous  l'avions  annoncé,  cette  im- 
portante réunion  a eu  lieu  à Gand,  pendant  le 
cours  de  l’Exposition  d’horticulture.  Elle  s’est 
faite  à l’Ilôtel-de-YiHe,  en  présence  de  M.  le 
Bourgmestre,  et  elle  était  composée  d’un  grand 
nombre  de  botanistes  et  d’horticulteurs  de 
toutes  les  nationalités.  La  question  à l’ordre  du 
jour  était  la  situation  déplorable  faite  au  com- 
merce horticole  par  la  convention  de  Berne,  et 
surtout  par  la  mauvaise  interprétation  des 
articles  de  cette  dernière. 

M.  Auguste  Van  Geert,  président  de  la 
Chambre  syndicale  des  horticulteurs  belges,  a 
le  premier  pris  la  parole  pour  présenter  les 
adhérents  du  meeting  au  collège  des  bourg- 
mestre et  échevins. 

Puis,  avec  une  grande  clarté,  il  a expliqué  le 
but  du  meeting  qui  était  et  qui  sera,  dans  ses  fu- 
tures réunions,  de  discuter  les  questions  d’ordre 
matériel  intéressant  l’hoiTiculture,  non  plus 
comme  art  d’agrément,  mais  comme  industrie. 

M.  le  comte  O.  de  Kerchove  de  Denter- 
ghem,  président  du  meeting,  a ouvert  les  dé- 
bats en  développant  avec  un  grand  talent  la 
question  à l’ordre  du  jour. 

M.  Louis  Leroy,  d’Angers,  qui,  avec  M.  Ed. 
André,  a assisté  à Berne,  en  1881,  M.  Cornu,  le 
délégué  du  gouvernement  français,  a ensuite 
prononcé  un  discours  plein  de  justesse  que  l’on 
peut  l’ésumer  ainsi  : Étant  donnée  la  situation 
actuelle  laite  au  commerce  horticole  par  la  con- 
vention, dont  les  mesures  di’aconiennes  et  vexa- 
toires  sont,  on  le  sait,  absolument  inefficaces 


jeune  plante,  on  voit  que  la  tige  principale 
est  déjà  en  pleine  floraison,  et  néanmoins  à 
sa  base  se  montrent  déjà  de  jeunes  bourgeons 
qui  bientôt,  à leur  tour,  produiront  les 
floraisons  suivantes. 

Le  L.  Harrisii  (fig.  40)  a été  importé 
des  Bermudes  par  une  dame  amateur,  qui 
en  remit  des  oignons  à M.  W.  K.  Harris, 
horticulteur  à Philadelphie.  Les  pieds  que 
nous  avons  vus  en  fleurs  dans  les  cultures 
de  MM.  Vilmorin,  à Verrières,  nous  ont 
paru  justifier  de  tous  points  l’opinion  que 
c’est  une  forme  du  L.  eximium,  mais 
possédant  des  propriétés  particulières  qui, 
pour  l’ornementation,  en  font  l’ime  des 
formes  les  plus  méritantes  du  genre  Lis. 
C’est  donc  une  très-bonne  importation,  qui 
a non  seulement  sa  place  dans  toutes  les 
collections,  mais  qui  semble  devoir  entrer 
dans  tous  les  établissements  travaillant  pour 
le  marché.  E.-A.  Carrière. 

DES  HORTICULTEURS  A GAND 

contre  les  progrès  du  phylloxéra,  la  meilleure 
marche  à suivre  est  la  résignation  raisonnée. 

L’exécution  loyale  et  judicieuse  de  la  con- 
vention, surtout  avec  la  révision  qui  en  a été 
faite  en  1881,  nuit  à l’horticulture  beaucoup 
moins  qu’on  le  pense . 

Les  difficultés  que  l’on  rencontre  aujourd’hui 
proviennent  principalement  de  l’indifférence 
des  gouvernements  non  contractants. 

C’est  donc  à cela  qu’il  faut  remédier,  et  le 
moyen  d’y  parvenir  serait,  suivant  M.  L.  Leroy, 
d’obtenir  d’abord  de  ces  gouvernements  leur 
adhésion  à la  convention  ; ensuite  on  s’occupe- 
rait de  démontrer  l’inutilité  complète  de  cet  acte 
international,  et  grâce  à une  majorité  nouvelle, 
on  arriverait  sans  aucun  doute  à son  abolition. 

D’autres  orateurs,  MM.  Planchon,  Truffant, 
Krelage,  Mercier,  Burvenich  fils,  etc.,  ont 
successivement  pris  la  parole  et  étudié  la  ques- 
tion à divers  points  de  vue. 

Dans  l’impossibilité  de  citer  tout  ou  partie 
de  ces  discours,  nous  nous  contenterons  de 
donner  les  conclusions  qui  ont  été  présentées 
au  meeting  ainsi  que  les  résolutions  qui  ont 
été  prises  par  lui  : 

Conclusions  de  M.  Mercier,  de  Marseille. 

Considérant  que  les  mesures  de  prohibi- 
tion prises  dans  divers  pays  à l’apparition 
du  phylloxéra  en  Europe,  entraînent  la 
ruine  de  l’horticulture  en  général  et  de 
certaines  branches  de  l’agriculture  ; 


ARROSOIR  VALLERÂND. 


213 


Considérant  qu’il  est  reconnu  que  le  phyl- 
loxéra ne  peut  vivre  que  sur  la  Vigne  ; 

Considérant  les  pertes  énormes  que  ces 
entraves  multipliées  ont  déjà  fait  subir  à 
l’horticulture  et  qu’il  est  désirable  d’y  voir 
apporter  un  remède  énergique  ; 

Les  horticulteurs  de  toutes  nationalités, 
réunis  en  meeting  international,  émettent  le 
vœu  : 

1»  De  voir  les  gouvernements  abroger  à 
bref  délai  les  mesures  prohibitives  et  excep- 
tionnelles prises  relativement  au  transport 
et  à l’exportation  des  végétaux,  graines, 
tubercules,  etc.,  en  exceptant  toutefois 
celles  relatives  aux  Vignes; 

2o  De  voir  les  transactions  de  l’horticul- 
ture redevenir  libres  comme  avant  la  con- 
vention de  Berne, 

Et  subsidiairement,  dans  le  cas  où  ces 
premières  conclusions  ne  seraient  pas  prises 
en  considération  par  les  gouvernements  si- 
gnataires de  la  convention  : 

Conclusions  de  M.  Louis  Leroy,  d’Angers, 

Considérant  qu’aucun  modèle  de  certificat 
d’origine  n’a  été  formulé  dans  la  convention 
de  Berne  du  3 novembre  1881  pour  les  ex- 
péditions de  plantes,  arbustes  et  tous  végé- 
taux autres  que  la  Vigne  ; que  par  suite  les 
horticulteurs  et  pépiniéristes  font  accompa- 
gner souvent  leurs  expéditions  destinées  à 
l’exportation,  de  certificats  d’origine  dont  la 
teneur  n’est  pas  conforme  aux  termes  de  la 
convention  de  Berne,  et  qu’il  en  résulte  des 
retards,  erreurs  et  inconvénients  de  toute 
nature,  tant  pour  les  expéditeurs  que  pour 
les  destinataires  ; 


Considérant  qu’il  importe  de  remédier  au 
plus  vite  à cet  état  de  choses; 

Par  ces  motifs  : 

Les  membres  du  meeting  international 
émettent  à l’unanimité  le  vœu  : Qu’un  mo- 
dèle de  certificat  d’origine  uniforme  soit 
accepté  par  toutes  les  puissances  signataires 
de  la  convention  de  Berne  ; et  en  outre  : 

Considérant  qu’aux  termes  de  l’article  10 
de  la  convention  de  Berne  il  est  de  l’in- 
térêt des  pays  non  signataires  de  la  dite  con- 
vention d’y  adhérer,  sous  peine  de  la  voir 
appliquer  d’office  à ses  produits  dont  l’en- 
trée ou  la  libre  circulation  dans  les  pays 
signataires  peuvent  de  plus  être  absolument 
interdites; 

Considérant  qu’il  résulte  des  renseigne- 
ments dont  le  congrès  a pris  connaissance 
que  les  horticulteurs  et  pépiniéristes,  ainsi 
que  les  sociétés  d’horticulture  des  pays  non 
encore  adhérents,  désirent  cette  adhé- 
sion ; 

Émettent  le  vœu  que  les  puissances  signa- 
taires de  la  convention  invitent  de  nouveau 
les  puissances  non  signataires  à adhérer  à 
la  dite  convention. 

Le  meeting  décide  en  outre  : Que  les 
horticulteurs,  les  sociétés  d’horticulture  des 
pays  adhérents  inviteront  par  une  lettre, 
chacun  pour  le  compte  de  leur  pays,  les  hor- 
ticulteurs et  pépiniéristes  des  pays  non  si- 
gnataires à se  former  en  syndicat,  et  à de- 
mander dans  le  plus  liref  délai  l’adhésion 
de  leur  gouvernement  à la  convention  de 
Berne. 

Ch.  Thays. 


ARROSOIR  VALLERAND 


Cet  arrosoir,  de  forme  nouvelle,  ainsi 
que  le  démontre  la  figure  41,  a été  cons- 
truit spécialement  pour  arroser  sur  les  ta- 
blettes des  serres,  où  il  est  toujours  diffi- 
cile d’atteindre  avec  les  arrosoirs  ordinaires, 
même  de  très-petits.  C’est  M.  E.  Vallerand, 
jardinier  en  chef  de  M.  Carcenac,  à Bougival, 
qui  en  est  l’inventeur  et  c’est  chez  lui  aussi 
que  nous  l’avons  rencontré  pour  la  première 
fois. 

Comme  on  le  sait,  il  arrive  toujours  qu’à 
l’automne,  lorsque  les  premières  gelées  me- 
nacent, on  arrache  à la  hâte,  de  sorte  que 
les  serres  se  trouvent  tout  à coup  remplies 
d’une  grande  quantité  de  plantes.  On  ne  sait 


souvent  comment  les  loger;  alors  tous  les 
endroits  sont  utilisés.  Les  tablettes  sont 


Fig.  41.  — Arrosoir  Vallerand. 


tellement  bondées  que  les  plantes  touchent 
au  vitrage;  mais  alors  il  devient  très-diffi- 
cile de  les  arroser. 

Aussi,  combien  de  fois  avons-nous  été  aux 


214 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’IIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


prises  avec  la  difficulté  d’arroser  ces  tablet- 
tes, soit  avec  un  arrosoir  lilliputien  de 
forme  ordinaire,  soit  avec  un  autre  plus 
grand  que  nous  étions  obligé  de  tenir  pen- 
ché, de  façon  que  la  plus  grande  quan- 
tité d’eau  tombait  à terre?  Des  condi- 
tions analogues  ne  sont  pas  rares  ; on  en 
rencontre  même  tous  les  jours  dans  la  plu- 
part des  serres.  Dans  ce  cas  le  petit  arrosoir 
dont  nous  parlons  pourra  rendre  de  grands 


services.  Nous  n’essaierons  pas  de  le  dé- 
crire. L’examen  de  la  figure  en  dira  plus  que 
toutes  les  descriptions.  Sa  capacité  relative- 
ment grande  est  due  à sa  forme  ovoïde  très- 
déprimée.  Quant  à sa  supériorité,  elle  est 
surtout  due  à la  disposition  de  l’anse,  qui 
permet  de  passer  partout  et  d’approcher 
même  du  vitrage.  La  construction  en  est 
tellement  simple  que  le  premier  ferblantier 
venu  peut  s’en  charger.  J.  Sallier  fils. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  12  AVRIL  -1883 


Apports.  — Comité  de  culture  potagère. 
]\r.  Bertaud,  jardinier  à Ruugis,  présentait  : 

des  Tomates  mûres,  de  deux  variétés  hâti- 
ves, à petits  fruits  unis  et  ])aiTaitement  sphé- 
riques chez  Tune;  chez  l’autre,  ils  étaient  côte- 
lés ; 2»  cinq  variétés  de  Haricots  nains  à châssis, 
portant  des  fleurs  et  des  fi'uits  « couteaux, 
filets,  aiguilles,  » bons  à manger';  c’étaient  le 
Haricot  vert  d'Etampes,  et  les  suivants  :LYaiu 
quarantain,  Emile  Perrier,  à feuilles  gaufrées, 
enfin  le  Haricot  Bonnemai)i\  ces  cinq  va- 
riétés, qui  appartiennent  au  groupe  Elageolet, 
sont  naines,  hâtives  et  très-pro{)res  au  forçage  ; 
la  dernière  })araît  cependant  l’emporter  sur 
les  autres  })ar  son  port  plus  raide  et  plus 
dressé,  et  par  ses  fruits  (jui,  longs,  larges  et 
bien  droits,  sont  très-agréables  à l’œil  ; 3«  des 
Choux  brocolis  blancs,  très-beaux  et  bien  pom- 
més. Ces  choux,  qui  avaient  été  cultivés  en 
plein  air  et  en  plein  carré,  sans  autre  abi’i 
qu’un  ])eu  de  litière  sur  leS’  pieds  et  formant 
un  épais  paillis,  avaient  supporté,  en  mars 
dernier,  plusieurs  jours  de  gelée  où  le  ther- 
momètre était  descendu  jusqu’à  9 degrés  au- 
dessous  de  zéro.  — M.  Chemin,  maraîcher 
à Paris,  présentait  des  Laitues  dites  « de  la 
Passion,  » qui  étaient  très-belles  et  d’un  aspect 
tellement  fra[s  et  tendre  qu’on  eût  pu  croire 
qu’elles  avaient  .été  cultivées  sous  châssis  froid. 
Ce  même  présentateur  avait  apporté  une  forte 
liotte  de  Carottes  dites  Grelot,  belles,  grosses 
et  très  « franches.  » — M.  Dibowsky,  rép(?ti- 
teur  d’horticulture  générale  à l’Institut  agri- 
cole de  Grignon,  secrétaire  du  comité  de  cul- 
ture potagère  de  la  Société  nationale  d’horti- 
culture, présentait  en  pots  deux  sortes  de 
confitures  de  Cucurbitacées  faites,  l’une  avec 
la  Courge  à graines  noires  (Cucumis  mela- 
nosperma),  l’autre  avec  le  Cucurhita  meloni- 
formis  ; celle-là  formait  une  sorte  de  gelée 
semi-transparente,  d’un  aspect  très-agréable, 
qui  rappelait  certains  miels  épurés  d’un  goût 
fin  ; l’autre,  au  contraire,  d’un  beau  jaune,  rap- 
pelait à s’y  tromper  les  confitures  d’ Abricots, 


dont  elles  avaient  le  goût.  Des  préparations 
analogues  pourraient  donc  rendre  de  grands 
services,  en  permettant  de  remplacer  les  con- 
fitures d’Abricots  qui,  malheureusement,  par 
suite  des  gelées  printanières,  feront  à peu  près 
complètement  défaut  cette  année. 

Au  comité  de  floriculture,  M.  Le  Guay,  con- 
seil ler^d’Etat,  avait  envoyé,  de  sa  propriété  de 
la  [Goujonnaye  (Maine-et-Loire)  un  énorme 
cône  de  Zamia  Caffra  qui,  bien  qu’âgé  seule- 
ment de  six  mois,  mesurait  environ  40  cen- 
timètres de  hauteur  sur  presque  autant  de  lar- 
geur^ dans  son  plus  grand  diamètre;  il  pesait 
12  kilogrammes.  La  plante  qui  a produit  ce 
fruit  a une  tige  de  50  centimètres  de  hauteur 
sur  B»  25  de  circonférence.  Elle  est  cultivée  en 
serre'froide  l’hiver  et  mise  tout  l’été  en  plein 
air.  — M.  Gannell,  horticulteur  anglais,  avait 
envoyé  des  tleurs  coupées  de  Cinéraires  à fleurs 
douldes,  d’une  grosseur  extraordinaire  et  d’une 
beauté  remarquable.  Par  leur  réunion,  ces 
fleurs  formaient  des  masses  sphériques  mesu- 
rant 3-4  centimètres  de  diamètre,  de  coloris 
magnifiques,  dont  quelques-uns  tout  à fait  nou- 
veaux. Il  y avait  des  Heurs  à larges  ligules, 
d’un  beau  violet  foncé,  strié  rubanné  de  blanc. 
Ces  plantes  nous  paraissent  devoir  jouer  un 
important  rôle  dans  l’ornementation,  cela  d’au- 
tant plus  ({u’elles  sont  vigoureuses  etti'ès-llori- 
bondes.—M.  Ed.  André  présentait  des  fleurs  du 
Streptosolen  Jamesoni,  Miers  (i),  provenant 
de  son  jardin  de  Cannes,  oû  la  plante  est  cul- 
tivée en  plein  air.  Les  Heurs  présentées  avaient 
été  coupées  sur  un  pied  abrité.  Un  autre  pied, 
placé  à découvert,  a l)eaucoup  souffert  des 
froids  rigoureux  du  commencement  de  mars 
dernier.  Ces  deux  pieds,  les  seuls  que  M.  Ed. 
André  possède,  ont  été  réservés  par  lui  lors- 
qu’il a cédé  l’édition  de  la  plante  à M.  Le- 
moine, de  Nancy,  et  cela  pour  en  étudier 
la  culture  dans  le  Midi.  Le  Streptosolen 
Jamesoni,  dont  de  fort  belles  inllorescences 

(1)  yoir  Revue  horticole,  1883,  p.  36, 


RUBUS  ROSÆFOLIUS  CORONARIUS. 


215 


ont  été  présentées  l’année  dernière  au  comité 
de  tloriculture,  est  décidément  un  arbuste  de 
^rand  mérite.  Il  sera  prudent  de  le  planter, 
dans  le  Midi,  dans  les  i)arties  abritées  des  jar- 
dins, comme  on  le  fait  })our  les  llougainvilléas 
sur  le  littoral  méditerranéen,  de  Cannes  à 
Menton.  Il  ne  faut  })as  oul)lier  que  le  Strep- 
tosolen  Jamesoni  croît  dans  la  meme  région 
({Lie  le  Cantua  dependens,  autre  admirable 
arbuste  é({uatorien,  ce  qui  permet  de  penser 
({ue  les  mêmes  conditions  de  culture  convien- 
draient à tous  deux.  M.  V.  Lenioine  a dû, 
d’ailleurs,  faire  à ce  sujet  des  observations  qu’il 
serait  utile  de  {)ublier.  Il  serait  également  in- 
téressant d’essayer  l’hybridation  du  Streptoso- 
len  avec  quelque  genre  voisin,  les  Broivallia^ 
par  exem{)lc,  les  Brunfelsia  {Franciscea)^ 
ScJnzantJius,  SalpiglossU,  et  meme  les  Nie- 
remhergia  et  les  Pétunia.,  si  l’on  adopte  les 
vues  de  MM.  Bentham  et  Hooker,  qui  classent 
tous  ces  genres  dans  les  Solanées. 

En  outre,  M.  André  présentait  deux  pieds 
fleuris  de  Tillandsia  appartenant  à la  variété 


du  T.  Lindeni.,  Morr.,  nommée  vera  par  les 
liorticulteui's,  et  dont  ils  sont  une  forme  à 
couleur  violette  plus  intense,  et  ne  présentant 
pas  ce  changement  de  ton  que  l’on  constate 
généralement  dans  cette  variété  vers  la  gorge 
de  la  corolle.  Ces  deux  spécimens,  arrivés 
ti  o})  tard  pour  (3tre  appréciés  par  le  comité  de 
tloriculture,  ont  obtenu  en  séance  générale  un 
vif  succès  dont  la  plante  est  bien  digne.  En 
effet,  le  contraste  formé  par  ses  larges  brac- 
tées roses  disposées  en  épi  distique,  avec  ses 
larges  corolles  du  {)lus  beau  violet,  produit 
un  fort  joli  effet.  Ces  deux  exemplaires  pro- 
viennent d’une  importation  toute  récente  du 
sud  de  l’Ecuador,  faite  par  un  voyageur  envoyé 
par  MM.  A.  Marne,  Em.  Drake  et  Ed.  André, 
Enfin  M.  André  avait  exposé  un  Gesneria 
ulmifolia,  II.  B.  K.,  ancienne  espèce  trouvée 
d’abord  près  de  Quito  par  Bonpland,  et  intro- 
duite en  Angleterre  vers  1820.  De  ce  type  à 
petites  fleurs  les  semeurs  ont  obtenu  de  ma- 
gnifiques variétés  et  hybrides  horticoles. 


RUBUS  ROSÆFOLIUS  CORONARIUS 


Le  type  de  cette  très  vieille  espèce,  pen- 
dant si  longtemps  oubliée  et  qui  est  peut- 
être  même  aujourd’hui  disparue  des  cul- 
tures, est  originaire  de  l’île  Maurice,  d’où, 
assure-t-on,  il  aurait  été  introduit  en  1811. 
Feu  Jacques,  jardinier  en  chef  du  domaine 
royal  de  Neuilly,  en  a fait  la  description 
suivante  que  nous  croyons  devoir  repro- 
duire ; 

« Ruhus  rosœfolius,  Smith.  — Tiges  de 
1 mètre,  cylindriques,  poilues,  armées  d’ai- 
guillons un  peu  recourbés  ; feuilles  pen- 
nées, poilues,  à folioles  lancéolées,  double- 
ment dentées,  glanduleuses,  ponctuées  ; sti- 
pules linéaires,  sétacées.  D’avril  en  octobre. 
Heurs  blanches  au  sommet  des  pédoncules, 
ordinairement  solitaires;  divisions  du  calice 
lancéolées,  longuement  acuminées,  à peine 
plus  longues  que  la  corolle  ; fruits  très- 
nombreux,  petits,  glabres,  presque  secs, 
rugueux.  » 

Cette  description  s’applique  au  type  ; 
quant  à la  variété  coronarius,  qui  est  éga- 
lement une  très-vieille  plante,  — nous  la 
connaissons  depuis  plus  de  cinquante  ans  — 
peut-être  même  aussi  vieille  que  le  type, 
elle  est  très-envahissante,  cespiteuse  ou  ga- 
zonnante  ; ses  tiges,  qui  atteignent  de  20  à 
35  centimètres,  à écorce  lisse  et  rougeâtre, 
luisante  sur  les  jeunes  bourgeons,  portent 


parfois  sur  les  vieilles  tiges  quelques  courts 
et  relativement  forts  aiguillons.  Feuilles 
persistantes,  composées-imparipennées,  à 
5-7  folioles  étroitement  elliptiques,  réguliè- 
rement acuminées  en  une  pointe  aiguë, 
molles  et  fortement  nervées  en  dessus,  à 
rachis  quelquefois  muni  de  rares  aiguil- 
lons courts.  Fleurs  renonculiformes,  géné- 
ralement solitaires,  plus  rarement  réunies, 
mais  toujours  peu  nombreuses,  dressées  à 
l’extrémité  des  liges,  très-pleines,  à pétales 
nombreux,  irréguliers,  souvent  un  peu 
chiffonnés,  les  extérieurs  blancs,  les  inté- 
rieurs un  peu  plus  petits,  verdâtres  et  for- 
mant au  centre  une  sorte  de  couronne 
simulant  assez  une  prolification. 

Bien  que  relativement  rustique,  le  Ruhus 
rosæfoUus  coronarius,  Sims  {R.  sinensis, 
Llort.  ; R.  Commersoni^  Poir.),  ne  sup- 
porte pas  les  hivers  du  nord  ni  même  du 
centre  de  la  France.  Il  pousse  bien  en 
serre  froide,  mais  n’y  est  pas  très-beau  ; 
dans  ces  conditions,  la  plante  n’est  pas  vi- 
goureuse, et  ses  fleurs  sont  verdâtres.  Au 
contraire,  placées  dans  une  bonne  serre 
tempérée,  les  plantes  sont  vigoureuses,  ont 
un  bel  aspect,  et  leurs  fleurs,  qui  se  dé- 
veloppent mieux,  sont  aussi  plus  jolies  et 
d’un  beau  blanc.  On  remarque  que  la  blan- 
cheur est  d’autant  plus  éclatante  que  lef^ 


216 


CHRYSANTHEMUM  CORONARIUM  PLENISSIMUM. 


fleurs  se  sont  développées  plus  prompte- 
ment et  à une  plus  forte  chaleur. 

Le  R.  rosæfolius  coronarius  fleurit  à 
peu  près  toute  l’année,  mais  tout  particu- 
lièrement pendant  l’hiver  ; aussi  pourrait- 
on  le  cultiver  principalement  pour  cette 
saison.  Dans  ce  cas,  il  serait  convenable 
d’élever  de  belles  et  fortes  plantes  qu’on 
maintiendrait  à froid  pour  ne  pas  les  épui- 
ser, et  d’où  on  les  tirerait  au  fur  et  à me- 
sure du  besoin  pour  les  soumettre  au 
forçage. 

Serait-il  possible,  à l’aide  d’une  culture 
spéciale,  et  en  soumettant  les  plantes  au 
pinçage,  de  les  faire  ramifier  de  manière  à 
avoir  des  sortes  de  buissons  fleuris  ? Le 
fait  nous  paraît  très-probable.  C’est  un 


essai  à faire,  et  nous  appelons  sur  ce  sujet 
l’attention  des  horticulteurs  spécialistes  qui 
(T  travaillent  » les  plantes  pour  l’approvi- 
sionnement des  marchés. 

Quant  à la  multiplication,  on  la  fait  par 
éclats  et  par  boutures.  Dans  le  premier 
cas,  pour  aller  plus  vite,  et  si  l’on  voulait 
beaucoup  de  plantes,  on  pourrait  mettre 
quelques  pieds  en  pleine  terre,  où  ils  don- 
neraient de  nombreux  drageons  qu’on 
détacherait  et  mettrait  en  pots.  Peut-êire  que 
des  boutures  vaudraient  mieux,  fleuriraient 
plus,  produiraient  moins  de  bourgeons  de 
la  base,  et  que  leurs  fleurs  en  seraient  plus 
belles.  Ici  encore  c’est  à l’expérience  de 
prononcer.  E.-A.  Carrière. 


CHRYSANTHEMUM  CORONARIUM  PLENISSIMUM 


Ce  n’est  pas  sans  de  bonnes  raisons  que 
la  plante  dont  je  vais  parler  a fait  tant  de 
bruit  l’an  dernier,  car  c’est  certainement 
une  des  plus  méritantes  au  point  de  vue  de 
l’ornementation  générale.  Je  dis  « générale,  » 
parce  que,  outre  que  cette  plante  n’est  pas 
délicate,  qu’elle  est  très-floribonde  et  qu’on 
peut  la  cultiver  comme  plante  annuelle 
vivace,  on  peut  également  l’employer  comme 
plante  ligneuse  ou  au  moins  sous-frutes- 
cente de  serre  ; dans  un  cas  comme  dans 
l’autre,  elle  est  toujours  en  fleurs.  Ses  ca- 
ractères sont  les  suivants  : 

Plante  ligneuse  ou  sous-frutescente,  à 
branches  nombreuses,  dressées.  Feuilles 
trés-rapprochées,  bipinnatiséquées,  à seg- 
ments plus  ou  moins  dentés,  glabres  de 
toutes  parts.  Capitules  sur  un  pédoncule 
dréssé,  sortant  bien  du  feuillage,  subémis- 
pbériques  ou' renonculi formes,  composés 
de  nombreux  fleurons  ligulés,  d’un  beau 
jaune,  très-fortement  imbriqués,  de  plus  en 
plus  petits  à mesure  qu’on  se  rapproche  du 
centre,  où  par  leur  réduction  les  fleurs  pa- 
raissent tubulées. 

Le  Chrgsayithemum  coronarinm  ple- 
nüsimiim,  Hort.,  est  une  des  nombreuses 
variétés  qu’a  produites  le  type,  très- fré- 
quemment cultivé  comme  plante  annuelle. 

Il  donne  peu  de  graines  et  est  même  sou- 
vent stérile  ; mais  en  donnât-il  qu’il  ne 
faudrait  pas  le  multiplier  par  le  moyen  de 
celles-ci,  qui  pourraient  ne  pas  reproduire 
la  variété.  On  doit  le  multiplier  par  bou-  | 


tures,  qui  du  reste  reprennent  très-bien, 
faites  avec  de  jeunes  bourgeons  qu’on  place 
sous  cloche;  une  fois  reprises,  ces  bou- 
tures sont  empotées  et  traitées  absolument 
comme  on  le  fait  des  Chrijsanthemum  fru- 
tescens,  type  ou  variétés.  On  peut,  comme 
ceux-ci,  les  cultiver  en  pleine  terre  pendant 
l’été, les  plantes  fleurissent  continuellement. 
On  peut  les  relever  et  les  mettre  en  serre  ; 
mais  le  plus  souvent  on  en  coupe  des  bou- 
tures, puis  on  laisse  geler  les  pieds. 

Ces  plantes  réussissent  parfaitement 
aussi  en  pots  ; ceux-ci  doivent  être  assez 
grands  et  les  arrosements  abondants  ; quant 
à la  terre,  elle  doit  être  consistante. 

Pourrait -on,  avec  cette  plante,  en  la 
soumettant  à une  culture  analogue  à celle 
qu’on  accorde  à la  variété  C.  frutescens 
Comtesse  de  Chambord,  faire  de  fortes 
plantes,  ainsi  qu’on  en  obtient  de  cette  der- 
nière? Le  fait  paraît  douteux  ; mais  ce  qui 
est  certain,  c’est  qu’on  pourrait  en  conser- 
ver plusieurs  années  qui  acquerraient  des 
dimensions  relativement  fortes,  pourraient 
être  employées  à la  décoration  des  ap- 
partements, et  devenir  même  de  bonnes 
plantes  de  marché.  Dans  ce  cas,  on  devrait 
rempoter  les  plantes  de  temps  à autre,  les 
tailler  ou  les  pincer  à propos,  en  enlever 
les  fleurs  au  fur  et  à mesure  qu’elles  se  pro- 
duiraient jusqu’à  ce  que,  les  plantes  étant 
devenues  assez  fortes,  on  en  laisse  pousser 
les  fleurs.  May. 


lmp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Aversion  des  oiseaux  pour  les  Wel- 
lingtonias.  — Le  Garden  a signalé  un  fait 
assez  bizarre,  et  dans  tous  les  cas  facile  à 
constater.  Il  paraît  que  les  oiseaux  ne  s’ap- 
prochent pas  volontiers  des  Wellingtonias, 
et  surtout  n’y  font  pas  leurs  nids.  Gela  pro- 
vient probablement  de  la  forte  odeur  que 
dégagent  ces  arbres,  et  aussi  des  écailles 
dures  et  pointues  dont  les  jeunes  branches 
sont  garnies,  et  qui  empêchent  les  oiseaux 
de  s’y  poser  impunément.  Ce  fait  est-il 
exact  ? Nos  lecteurs  ont-ils  constaté  quelque 
exemple  d’oiseaux  nichant  dans  les  Wel- 
lingtonias de  leurs  jardins  ou  de  leurs 
parcs?  Nous  avouons  n’avoir  fait  aucune 
observation  à ce  sujet,  et  nous  recevrons 
avec  intérêt  les  communications  que  l’on 
pourrait  nous  faire. 

Nous  avons  déjà  écrit  à plusieurs  de  nos 
collègues  qui  ont  pu  faire  des  observations 
à ce  sujet.  Tous  ont  été  unanimes  à déclarer 
que,  non  seulement  ils  n’avaient  jamais  vu 
aucun  oiseau  nicher  sur  les  Wellingtonias, 
mais  même  se  reposer  sur  ces  arbres. 

Parmi  ces  lettres,  en  voici  une  qui  nous 
est  adressée  des  environs  de  Hambourg 
(Allemagne),  et  qui  confirme  ce  qu’on  nous 
avait  appris  de  diverses  parties  de  la  France.  . 

Un  grand  spécimen  de  WelUngtonia  gigan- 
tea  de  notre  parc  souffrait  déjà  depuis  plusieurs 
années,  quand  Thiver  1880  est  arrivé  et  l’a 
presque  achevé. 

Mais  pendant  vingt  années  que  j’ai  toujours 
vu  la  plante,  jamais  un  oiseau  n’y  a niché,' 
tandis  que  sur  des  Taxus  qui  se  trouvaient  à 
côté,  tous  les  ans  il  y avait  plusieurs  nids 
d’oiseaux  d’espèces  diverses.  Il  y a,  dans  les 
environs  de  Hambourg,  encore  d’autres  beaux 
et  forts  sujets  de  Wellingtonias  et,  d’après  des 
informations  que  j’ai  prises,  jamais  non  plus 
on  n’y  a vu  de  nids  d’oiseaux.  Je  prendrai 
encore  de  plus  amples  informations  et  je 
m’empresserai  de  vous  signaler  ce  que  j’aurai 
appris  sur  ce  sujet.  W.  Vietense, 

Jardinier-chef  chez  M.  le  consul  Reimers, 
près  Hambourg. 

Le  Phylloxéra  en  Australie.  — Loin  de 
s’arrêter  ou  même  de  restreindre  son  exten- 
sion, le  phylloxéra  développe  continuelle- 
ment son  aire  de  destruction.  Après  avoir 
ravagé  la  plupart  des  régions  européennes, 
il  gagne  successivement  les  autres  parties 
du  monde,  qu’il  pourra  envahir,  autant  du 

16  Mai  1883. 


moins  que  les  conditions  de  milieu  le  per- 
mettront. Depuis  longtemps  déjà,  sa  pré- 
sence est  signalée  dans  l’Amérique  du  Sud, 
ainsi  que  dans  certaines  parties  de  l’Asie. 
Aujourd’hui,  il  a fait  son  apparition  dans  le 
continent  le  plus  éloigné  de  nous  : l’Aus- 
tralie. C’est  surtout  dans  certains  vignobles 
de  Geelong  que  sa  présence  a été  bien  cons- 
tatée. Des  études  sur  ce  sujet  semblent 
avoir  établi  que  le  phylloxéra  a été  importé 
là  par  des  cépages  phylloxérés  provenant 
de  Montpellier,  principalement  de  la  variété 
Aramon. 

Des  mesures  très -sévères  ont  été  prises 
par  les  autorités  des  provinces  de  Victoria, 
de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  et  d’Adélaïde, 
pour  combattre  le  redoutable  puceron.  Le 
remède  adopté  est  l’arrachage,  qui  doit 
être  pratiqué  jusqu’à  un  mille  au  moins  des 
ceps  phylloxérés. 

Ces  trois  provinces,  constituées  en  asso- 
ciation défensive,  devaient  fournir  chacune 
4,000  livres,  soit  100,000  francs,  pour  sub- 
venir aux  frais  d’arrachage,  tandis  que  tous 
les  viticulteurs  des  districts  envahis  étaient 
tenus  de  fournir  5 shillings,  c’est-à-dire 
6 fr.  25  par  acre  de  terre  planté  en  Vigne . 
Nous  extrayons  ces  détails  du  Bulletin 
mensuel  de  la  Société  nationale  d’acclima- 
tation, 1883,  p.  35. 

Flore  des  serres  et  des  jardins  de 
l’Europe.  — Un  nouveau  fascicule  de  ce 
remarquable  ouvrage  vient  de  paraître  ; il 
comprend  les  10®,  11®  et  12®  livraisons  qui 
terminent  le  XXIII®  volume.  Les  planches 
coloriées  de  ce  fascicule  sont  au  nombre  de 
20,  dont  7 doubles,  plus  2 gravures  noires. 
L’exécution  de  ces  figures,  la  rédaction,  le 
choix  des  sujets,  sont  de  tous  points  dignes 
des  précédents,  et  conformes  à l’ensemble 
de  l’ouvrage. 

Une  note  placée  en  tête  du  fascicule 
informe  les  abonnés  qu’un  accident,  sur- 
venu pendant  le  tirage  à une  planche  qui 
devait  paraître  dans  ce  fascicule,  a retardé 
le  travail  et,  par  conséquent,  qu’ils  doivent 
attendre,  pour  faire  relier  ce  volume,  l’envoi 
qui  leur  sera  fait  de  cette  planche  qui 
représente  le  monument  érigé  à la  mémoire 
du  fondateur  de  la  Flores  l’éminent  horti- 
culteur Louis  Van  Houtte^ 


10 


218 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Emploi  des  Azalea  mollis  sous  le 
climat  de  Paris.  — Le  jardin  d’hiver 
de  la  Société  zoologique  d’acclimatation 
du  bois  de  Boulogne,  à Paris  - Neuilly, 
nous  fournit  un  exemple  de  ce  que  doit 
être  rornementalion  de  ces  sortes  de  serres. 
Toute  l’année,  suivant  la  saison,  le  jar- 
dinier en  chef  de  ce  remarquable  établisse- 
ment, M.  Patry,  plante  çà  et  là,  dans  les 
gazons  de  Sélaginelles  qui  garnissent  cet 
immense  jardin,  des  plantes  fleuries,  dis- 
posée de  manière  à augmenter  l’effet  dé- 
coratif de  l’ensemble,  tout  en  l’émaillant 
constamment  de  fleurs.  Cette  année,  outre 
les  espèces  habituelles,  il  a eu  l’heureuse 
idée  de  planter,  çà  et  là,  Azalea  mollis, 
dont  la  beauté  et  la  grandeur  des  fleurs 
sont  bien  connues.  Pendant  plus  de  deux 
mois,  l’effet  décoratif  de  ces  plantes  était  au- 
dessus  de  tout  ce  que  nous  pourrions  dire. 
Elles  sont  très-rustiques,  résistent  et  fleu- 
rissent parfaitement  en  pleine  terre  ; mais, 
en  raison  de  leur  précocité,  leurs  fleurs 
sont  presque  toujours  détruites  par  les 
gelées,  tandis  que,  dans  les  conditions  que 
nous  venons  d’indiquer,  cette  floraison,  qui 
est  toujours  admirable,  se  prolonge  pen- 
dant deux  mois  et  même  plus. 

Exposition  d’horticulture  à Épernay. 

— Cette  exposition,  qui  non  seulement  est 
tout  à fait  locale,  mais  à laquelle  les  Mem- 
bres de  la  Société  seuls  ont  le  droit  de 
prendre  part,  se  tiendra  à Épernay,  sur  la 
promenade  du  Jard,  du  23  au  25  juin  1883. 
Elle  est  exclusivement  réservée  aux  plantes 
fleuries,  plantes  entières  ou  fleurs  coupées, 
de  serre  ou  de  pleine  terre. 

Les  personnes  qui  voudront  exposer  de- 
vront en  faire  la  demande  à M.  le  Président 
de  la  Société  d’horticulture,  rue  de  Châlons, 
à Épernay,  avant  le  22  juin,  en  indiquant 
les  objets  qu’ils  se  proposent  d’exposer  et, 
approximativement,  l’emplacement  qu’ils 
supposeront  devoir  leur  être  nécessaire. 

Les  membres  du  jury  se  réuniront  le 
samedi  23  juin,  à dix  heures  du  malin,  au 
siège  de  l’exposition. 

Mouches  phytophages.  — Y a-t-il  des 

mouches  phytophages,  c’est-à-dire  qui  se 
nourrissent  de  végétaux?  Les  avis  sont 
partagés.  Un  abonné  de  la  Revue  horticole, 
M.  A.  Bertin,  jardinier  en  chef  de  la  ville 
de  Saint-Quentin,  penche  pour  l’affirma- 


tive. Voici  ce  qu’il  nous  écrivait  le  25  mars 
dernier  : 

...  J’étais  appelé  dernièrement  par  un  pro- 
priétaire, afin  de  constater  les  dégâts  commis 
par  une  petite  mouche,  sur  les  boutons  à fruits 
d un  espalier  de  Poirier,  et  voici  ce  que  nous 
avons  constaté  ; 

Ces  mouches  se  réunissent  en  assez  grand 
nombre  autour  des  fleurs  qui,  sans  être  ouver- 
tes, ne  sont  déjà  plus  protégées  par  l’enveloppe 
cotonneuse  qui  les  entoure  au  début,  et  alors 
chaque  petit  bouton,  dont  les  parties  repliées  sont 
encore  très-tendres,  devient  leur  proie,  de  sorte 
que  le  bouton  entier  noircit  et  que  le  piédon- 
cule  reste  bientôt  seul  par  suite  de  la  chute 
des  autres  pièces  qui  constituent  l’ensemble  des 
heurs. 

C’est  la  seconde  année  que  nous  observons 
ces  faits  aux  mômes  endroits;  mais  cette  fois 
nous  avons  eu  la  patience  d’attendre,  afin  de 
bien  suivre  toutes  les  phases  du  mal  et  de  bien 
constater  les  altérations. 

D’après  l’étude  que  j’ai  faite  de  ces  insectes, 
j’ai  cru  reconnaître  la  « mouche  de  Saint-Marc  » 
ou  ((  Bibion  des  jardins  » dont  le  docteur  Bois- 
duval  a parlé  dans  son  Traité  d' Entomologie, 
p.  018,  et  qui,  bien  qu’il  la  dise  inotfensive,me 
paraît  être  la  seule  cause  du  mal  que  je  si- 
gnale. En  écrasant  cette  mouche,  on  sent  sous 
les  doigts  une  matière  visqueuse  qui  me  paraît 
légèrement  caustique. 

Presque  aussitôt  que  la  trompe  de  l’insecte 
a touché  les  parties  tendres  de  la  fleur  on 
s’aperçoit  que  ces  parties  noircissent  et  tom- 
bent. A.  Bertin. 

Les  faits  que  nous  venons  de  rapporter, 
et  qui  nous  paraissent  trop  bien  établis  pour 
être  contestés,  ne  sont  pas  d’une  gravité 
telle  qu’ils  puissent  alarmer  ; néanmoins,  il 
est  bon  de  les  signaler;  aussi  remercions- 
nous  notre  collègue,  M.  Bertin,  de  son  in- 
téressante communication. 

Mais,  d’autre  part,  en  nous  signalant  le 
mal,  il  indique  que  nous  devons  nous  en 
garantir  ; ce  qui  nous  paraît  facile,  en  pro- 
jetant avec  force,  à l’aide  d’un  instrument 
pulvérisateur,  des  insecticides  liquides.  Fi- 
che! ou  autres,  sur  les  endroits  où  s’accu- 
mulent les  mouches  en  question , pour  percer 
l’enveloppe  tendre  des  fleurs  et  se  nourrir 
de  leurs  tissus. 

Rusticité  des  Camellias.  — Tout  le 
monde  sait  que  le  Gamellia,  originaire  du 
Japon,  est  relativement  très-rustique,  plus 
même  que  beaucoup  d’arbustes  considérés 
comme  étant  de  a pleine  terre.  » A Nantes, 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


219 


à Angers,  dans  toute  la  Bretagne,  on  en 
voit  communément  des  massifs  dans  les  jar- 
dins. Ce  que  l’on  sait  moins,  c’est  qu’à  Paris 
même,  on  pourrait  voir  des  exemples  de 
cette  végétation  exotique,  par  exemple,  dans 
le  jardin  de  M.  Crépeaux,  horticulteur,  rue 
Lacordaire.  Là,  des  Camellias  plantés  en 
pleine  terre,  à l’air  libre,  depuis  huit  ans, 
sans  être  jamais  abrités,  qui  ont  très-bien 
repoussé,  après  avoir  été  rabattus  par  suite 
de  la  gelée  de  1879*1880,  qui  en  avait  détruit 
les  tiges,  viennent  de  supporter  les  9 de- 
grés de  gelée  du  printemps  dernier.  Malgré 
ce  froid  relativement  considérable,  arrivé 
dans  un  moment  où  ces  arbres  commen- 
çaient à entrer  en  végétation,  ils  n’ont 
nullement  souffert  et  ils  ont  même  continué 
à fleurir,  malgré  que  des  températures 
basses  se  soient  succédées  pendant  un  cer- 
tain nombre  de  jours. 

De  ce  fait  on  peut  conclure  que,  même  à 
Paris,  on  pourrait  avoir  des  Camellias  en 
pleine  terre,  en  les  plantant  dans  des  en- 
droits abrités  et  en  les  garantissant  un  peu 
pendant  l’époque  de  leur  floraison.  Il  va 
sans  dire  que,  à Paris  surtout,  la  terre  de 
bruyère  est  indispensable. 

Le  prix  de  300,000  francs.  — Dans 
une  de  ses  dernières  réunions,  le  Conseil 
supérieur  de  l’Agriculture  a décidé  que  le 
prix  de  300,000  francs,  proposé  pour  la  dé- 
couverte d’un  procédé  certain  de  destruction 
du  phylloxéra,  serait  maintenu.  Tout  en 
reconnaissant  que,  malgré  cet  allèchement, 
aucun  moyen  rationnel  n’avait  été  proposé, 
le  Conseil  a néanmoins  jugé  nécessaire  de 
conserver  cette  sorte  d’enjeu,  afin  d’exciter 
les  convoitises  et  d’engager  à faire  des  es- 
sais. On  a bien  fait,  et  l’on  eût  pu,  proba- 
blement, sans  s’exposer  ni  se  compro- 
mettre, doubler  la  somme,  sans  avoir  beau- 
coup d’espoir  de  voir  jamais  décerner  cette 
récompense. 

Le  phylloxéra  disparaîtra,  assurément, 
mais  quand  et  comment  ? 

École  d’horticulture  en  Italie.  — 

Nous  apprenons  qu’une  École  d’horticulture, 
à l’instar  de  celle  de  Versailles,  vient  de  se 
fonder  à Florence. 

Le  directeur  et  le  jardinier  en  chef  de  cet 
établissement  sont  deux  élèves  de  l’École 
d’horticulture  de  Versailles  qui  ont  acquis 
chez  nous  les  connaissances  théoriques  et 


pratiques  nécessaires  pour  fonder  et  diri- 
ger un  établissement  de  cette  nature.  Le 
succès  est  à peu  près  certain,  à en  juger 
par  les  résultats  que  l’on  peut  déjà  cons- 
tater. En  effet,  bien  que  cette  École  soit 
récemment  formée,  un  très-grand  nombre 
d’élèves  se  sont  présentés  aux  examens 
d’entrée,  et,  d’une  autre  part,  les  divers 
cours  qui  constituent  l’enseignement  gé- 
néral sont  assidûment  suivis. 

L’ensemble  du  programme  comprend 
l’horticulture  générale,  théorique  et  prati- 
que, la  culture  des  primeurs  et  des  légu- 
mes de  pleine  terre,  l’arboriculture  frui- 
tière, etc.,  etc.  Il  va  sans  dire  que  les 
méthodes  reconnues  les  meilleures,  ainsi 
que  les  divers  systèmes  de  culture,  seront 
démontrés. 

C’est  donc  une  très-bonne  pensée  qu’ont 
eu  nos  confrères,  et  nous  ne  doutons  pas 
qu’ils  soient  récompensés  de  leur  initia- 
tive par  le  succès. 

Vinaigre  de  Tomates.  — Il  arrive 
presque  toujours,  dans  les  potagers  plus  ou 
moins  importants,  que  lorsque  l’on  a mis 
de  côté  la  provision  nécessaire  de  Tomates, 
soit  desséchées,  soit  en  conserves  liquides, 
il  en  reste  une  grande  quantité  que  l’on  ne 
sait  comment  employer. 

VObstgarten  nous  indique  les  moyens 
de  les  utiliser  avantageusement,  en  les  fai- 
sant servir  à la  composition  d’un  vinaigre 
qui  est,  paraît-il,  de  très-bonne  qualité. 

Voici  la  manière  de  préparer  ce  Vinaigre. 

En  premier  lieu,  broyer  avec  soin  les 
Tomates  dont  on  dispose.  En  extraire  tout 
le  jus  que  l’on  étendra  avec  de  l’eau  chaude, 
dans  la  proportion  de  1 litre  de  jus  pour  un 
demi-litre  d’eau. 

Mettre  le  liquide  obtenu  dans  un  tonneau 
ou  dans  des  pots  de  grès.  Après  que  la  fer- 
mentation aura  commencé  à s’opérer,  on 
tamisera  ce  liquide  à l’aide  d’une  toile,  et, 
après  une  demi-journée  de  repos,  on  le  ren- 
fermera dans  des  bouteilles  ou  tonneaux,  en 
ayant  soin  de  l’exposer  au  soleil  ou  dans  un 
endroit  chaud  après  cette  dernière  opéra- 
tion. 

Peu  de  temps  après,  le  Vinaigre  est, 
paraît-il,  devenu  très-bon,  et  peut  être  con- 
sommé à n’importe  quel  moment. 

Hygromètre  végétal.  — On  nous  si- 
gnale de  Hongrie  une  remarque  fort  inté 


220 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


rossante  au  sujet  des  propriétés  hygromé- 
triques du  Pinus  Strohus  (Pin  du  Lord 
Weymouth)^  dont  nous  ne  connaissions 
encore  que  les  qualités  ornementales  et  la 
rusticité. 

Il  paraît,  nous  assure-t-on,  que,  suivant 
la  saison,  à l’approche  de  la  pluie  ou  de  la 
neige,  les  feuilles  de  ce  Pin  qui  garnissent 
les  pousses  des  deux  dernières  années  se  ra- 
battent sur  la  tige  qui  les  porte,  et  semblent 
vouloir  s’y  appliquer. 

Ces  pronostics  se  montrent,  paraît-jl  assez 
tôt  pour  permettre  d’abriter  à temps  les 
plantes  délicates. 

Aussitôt  le  beau  temps  revenu,  les  feuilles 
reprennent  leur  position  normale. 

La  Couveuse  d’enfants  ou  Mère  arti- 
ficielle. — Bien  qu’il  ne  s’agisse  ni  d’hor- 
ticulture ni  d’agriculture,  le  sujet  sur  lequel 
nous  allons  dire  quelques  mots  est  assez 
important  pour  nous  autoriser  à faire  une 
exception.  Voici  le  fait  : 

On  voit  en  ce  moment  au  Jardin  d’accli- 
matation du  Lois  de  Boulogne,  dans  l’éta- 
blissement spécial  d’engraissage  de  volailles, 
créé  et  exploité  par  M.  Odile  Martin,  une 
invention  toute  spéciale  due  à ce  dernier 
et  qu’à  première  vue,  si  l’on  n’en  connaît 
l’application,  on  n’hésite  pas  à rapporter  à 
une  des  couveuses  dont  cet  établissement 
est  abondamment  pourvu.  C’est,  du  reste, 
d’après  ce  modèle  que  la  « Mère  artificielle  » 
ou  ((  Couveuse  d’enfants  » a été  construite. 
Si  ces  appellations  ne  sont  pas  d’une  rigou- 
reuse exactitude  quant  à la  signification, 
elles  le  sont  pourtant  au  point  de  vue  des 
résultats,  ainsi  qu’on  va  en  juger.  L’appareil 
en  question,  sauf  quelques  détails  intérieurs, 
est  absolument  semblable  à une  couveuse 
artificielle  ou  incubateur,  mais,  au  lieu  d’un 
tiroir  à œufs,  c’est  un  petit  lit  sur  lequel  on 
place  un  bébé  né  avant  terme,  dont  la  for- 
mation devra  s’achever  dans  un  milieu 
identique  à celui  qu’il  trouvait  dans  le  sein 
de  sa  mère.  Dans  ces  conditions,  l’enfant 
achève  son  accroissement  et  est  sauvé  d’une 
mort  qui  était  imminente.  En  effet,  aujour- 
d’hui, l’expérience  est  faite,  et  l’on  peut 
dire  que  le  succès  a dépassé  les  espérances. 
Les  essais  qui  ont  été  faits  à l’école  d’ac- 
couchement de  la  Maternité  de  Paris,  sous 
la  direction  du  médecin  en  chef  de  cet  éta- 
blissement, M.  le  docteur  Tarnier,  ont 
donné  les  résultats  suivants  qui  dispensent 


de  tout  commentaire.  Sur  33  enfants  nés 
bien  longtemps  avant  terme,  soit  naturelle- 
ment, soit  par  suite  d’opérations  chirurgi- 
cales pratiquées  parfois  même  après  la  mort 
de  la  mère,  et  qui  n’auraient  certainement 
pas  vécu  s’ils  eussent  été  placés  dans  les 
conditions  ordinaires,  30  ont  été  sauvés. 

Application  abusive  de  la  Conven- 
tion de  Berne.  — Nous  recevons  de 
MM.Transon  frères,  pépiniéristes  à Orléans, 
et  de  M.  Duval,  horticulteur  à Versailles, 
les  lettres  suivantes,  que  nous  nous  empres- 
sons de  publier  : 

Dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue  hor- 
ticole se  trouve  une  lettre  de  M.  Maxime 
Cornu,  relative  à la  circulation  des  produits 
horticoles  suivant  les  conditions  de  la  Conven- 
tion de  Berne. 

La  ligne  du  Nord  s’est  montrée  d’une  ri- 
gueur qui  dépasse  certainement  les  termes  de 
la  Convention,  et  il  est  urgent  que  dus  ordres 
précis  soient  donnés  pour  faire  cesser  toutes 
ces  entraves  ; ainsi  les  douanes  belges,  sans 
avertissement  préalable  et  sans  autre  forme 
de  procès,  retournent  aux  frais  des  expédi- 
teurs les  envois  non  accompagnés  du  certificat 
d’origine.  N’y  a-t-il  pas  là  une  injustice  et  un 
abus  de  pouvoir  ? La  Convention  de  Berne,  à 
mon  avis,  n’avait  pas  légalement  le  droit  de 
dire  que  les  marchandises  peuvent  être  refou- 
lées à leur  point  d’origine,  au  moins  sans  que 
l’expéditeur  soit  mis  en  demeure  de  fournir 
les  pièces  nécessaires  et  après  un  délai  raison- 
nable pour  qu’il  puisse  le  faire. 

Les  douanes  françaises,  pour  les  plantes 
provenant  de  l’Irlande  et  d’Angleterre  (pays 
non  pbylloxérés  et  où  la  Vigne  n’est  cultivée 
qu’en  serre),  exigent  un  certificat  signé  d’un 
consul  français  et  dont  le  coût  est  de  12  fr., 
quand  bien  même  il  ne  s’agirait  que  d’un 
Géranium  nouveau  du  prix  de  2 fr. 

Nous  espérons  qu’il  suffira  de  signaler  ces 
mesures  vexatoires  pour  qu’il  y soit  apporté 
remède. 

Transon  frères. 

— Seriez-vous  assez  bon  de  me  dire  pour- 
quoi, depuis  un  mois,  la  Compagnie  de  l’Ouest 
nous  force,  à Versailles,  de  nous  munir  de  certi- 
ficats d’origine  concernant  le  phylloxéra,  et  cela 
pour  expédier  des  plantes  même  à Meudon, 
Suresnes,  ou  Paris?  Quelle  est  cette  nou- 
velle entrave  apportée  au  commerce?  A qui  en 
faire  remonter  la  responsabilité  ? D’autre  part, 
ayant  à expédier  des  plantes  en  Belgique,  il  y 
a huit  jours,  j’ai  dû  y renoncer  ; la  Compagnie 
du  Nord  exigeait  que  le  certificat  fût,  en  outre, 
signé  et  confirmé  par  l’expert  chargé  par  le 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


221 


gouvernement,  etc.,  etc.  J’ai  fait  des  démar- 
ches à Versailles  ; il  n’y  a pas  d’expert,  il  n’y  a 
pas  de  fonctionnaire  chargé  d’attester  quoi  que 
ce  soit,  autre  que  le  maire.  Eh  bien  ! la  Com- 
pagnie du  Nord  m’a  répondu  que  cela  ne  la 
regardait  pas  ; mais  que  les  instructions  étaient 
formelles.  Les  horticulteurs  belges  peuvent 
impunément  envahir  nos  marchés  de  leurs 
produits  par  wagons  entiers  pour  nous,  et  à 
chaque  instant,  nous  sommes  entravés  par  une 
série  de  mesures  vexatoires. 

Soyez  donc  assez  bon  de  m’éclairer  à ce 
sujet,  car  j’avoue  n’y  plus  rien  comprendre. 

L.  Du  VAL. 

Nous  nous  associons  avec  empressement 
aux  justes  plaintes  formulées  dans  ces  deux 
lettres.  Il  est  vraiment  grand  temps  que 
l’État  s’occupe  d’une  façon  sérieuse  de  la 
défense  des  intérêts  du  commerce  horti- 
cole, si  gravement  compromis  en  France, 
par  suite  des  fausses  applications  des  arti- 
cles de  la  Convention  de  Berne. 

Le  Meeting  de  Gand.  — Au  compte- 
rendu que  nous  avons  publié  dans  notre 
dernier  numéro,  du  Meeting  international 
de  Gand,  ajoutons  la  résolution  suivante  qui 
a été  prise  dans  cette  réunion. 

Les  membres  du  Meeting  international 
chargent  les  sociétés  ou  personnes  dont  les 
noms  suivent  de  présenter,  à leurs  gouver- 
nements respectifs,  en  les  appuyant,  les 
vœux  émis  et  les  conclusions  adoptées  par 
les  adhérents  au  Meeting  : 

Pour  la  France  : la  Société  nationale  et 
centrale  d’horticulture  de  France. 

Pour  la  Belgique  : la  Chambre  syndicale 
des  horticulteurs  de  Gand. 

Pour  la  Suisse  : M.  Otto  Frœbel,  de 
Zurich. 

Pour  V Allemagne  : la  Société  d’horticul- 
ture de  Berlin. 

Pour  V Italie  : la  Société  d’horticulture  de 
Florence. 

Pour  V Espagne  : M.  Aldrufère,  de  Bar- 
celone, et  M.  V.  Fernandez  Zileidas,  de 
Madrid. 

Pour  la  Russie:  M.  Wagner,  de  Riga. 

Pour  r Angleterre  : MM.  J.  Veitch,  Bull, 
Williams,  de  Londres. 

Pour  le  Portugal  : MM.  Duarte  de 
Olivera  et  José  Marquez  Loureiro,  de  Porto. 

La  dix-neuvième  Session  de  la  So- 
ciété pomologique  américaine. 

A l’occasion  de  la  54®  exposition  annuelle 


de  la  Société  d’horticulture  de  Pennsylva- 
nie (États-Unis)  VAmerican  Pomological 
Society  tiendra,  le  12  septembre  prochain 
et  jours  suivants,  à Philadelphie,  sa  dix- 
neuvième  session. 

On  sait  quel  développement  prodigieux 
ont  pris  depuis  quelques  années  en  Amé- 
rique, et  surtout  aux  États-Unis,  la  culture 
des  arbres  fruitiers  et  le  commerce  de  leurs 
produits. 

Il  est  donc  bien  certain  que  les  travaux 
de  ce  congrès  présenteront  un  haut  intérêt. 

D’après  la  circulaire  que  nous  avons  en 
main,  et  qui  annonce  la  réunion  de  ce  con- 
grès, il  nous  semble  que  les  États-Unis  et 
les  provinces  britanniques  sont  seuls  invités 
à y prendre  part. 

Nous  nous  renseignerons  d’une  manière 
précise  à ce  sujet. 

Nos  lecteurs  pourraient  d’ailleurs  s’adres- 
ser directement,  pour  cela,  soit  à M.  P.  Barry, 
Esq.  Rochester,  N.  Y.  (États-Unis),  qui  est 
le  Président  du  Comité  général  des  fruits  ; 
soit  à M.  J.  G.  Mitchell,  310,  York  Avenue, 
Philadelphia  (États-Unis) , Président  du 
Comité  de  réception  ; soit  enfin  et  plutôt  à 
M.  le  Professeur  W.  J.  Real,  Secretary  of 
the  American  pomological  Society,  à Lan- 
sing,  Michigan  (États-Unis). 

Les  Orchidées  dans  le  Midi  de  la 
France.  — Un  de  nos  correspondants  de 
Cannes,  habile  cultivateur,  nous  envoie  la 
liste  suivante  des  Orchidées  qui,  dans  cette 
localité,  ont  résisté,  en  pleine  terre,  aux 
froids  rigoureux  de  mars  dernier. 

Il  convient  d’ajouter  que  ces  plantes  gar- 
nissent les  flancs  d’un  ravin  abrité  sous  des 
Quercus  Ilex  et  des  Arbousiers. 

Masdevallia  Lindeni , M.  Benedicti  , 
M.  Bruchmülleriy  Cœlogyne  cristata,  Læ- 
lia  alhida,  L.  anceps,  Gongora  sp.  (?), 
Stanhopea  cirrhata,  Cymbidium  aloefo- 
lium,  Odontoglossum  cordatum,  O.  con- 
color,  O.  Madrense,  O.  Rossii  majus,  O. 
maculatum  superbutn,  O.  cristatum,  O. 
nehulosum,  Oncidium  alpo -violaceum, 
O.  Farbesi,  O.  pidviatum,  O.  incurvum, 
O.  tigrinum,  O.  species  nova  (?),  Phajus 
maculatus,  Lycaste  Skinneri,  Cypripe- 
dium  venustum. 

Un  certain  nombre  d’autres  Orchidées 
sont  encore  dans  un  état  douteux  ; mais  d’ici 
peu  de  temps  on  sera  fixé  sur  leur  rusticité, 
et  nous  renseignerons  nos  lecteurs  à ce  sujet. 


222 


CULTURE  DES  BRUYÈRES. 


Les  Clivias  de  M.  Duval.  — Par 

suite  d’un  oubli  involontaire,  notre  col- 
laborateur, M.  B.  Verlot,  dans  son  compte- 
rendu de  l’exposition  faite,  en  mars  dernier, 
par  la  Société  centrale  d’horticulture  de 
France,  n’a  pas  parlé  de  la  belle  collection 
de  présentée  par  M.  Duval,  horticul- 

teur à Versailles. 

Ces  plantes  méritent  d’être  signalées,  non 
seulement  à cause  de  la  culture  entendue 
qui  leur  avait  donné  la  riche  floraison  et  la 
verdure  intense  du  feuillage,  si  admirées  par 
le  public  et  surtout  par  les  vrais  amateurs, 
mais  encore  pour  le  choix  des  variétés  qui 
composaient  ce  lot. 


Rectification  relative  à l’Exposition 
des  Roses  de  Brie- Comte  - Robert  et 
Grisy-Suisnes.  — Nous  avons  fait  ressortir 
l’importance  de.cette  Exposition  qui  va  s’ou- 
vrir à Brie-Gomte-Roberl,  le  8 juillet  pro- 
chain.- On  se  rappelle  que  les  deux  sociétés 
de  Brie-Gomte-Robert  et  Grisy-Suisnes  sont 
aujourd’hui  fusionnées.  G’est  par  erreur 
que  nous  avions  annoncé  que  les  demandes 
d’admission  à cette  Exposition  devaient  être 
adressées  à M.  Camille  Bernardin.  Toutes 
les  demandes  et  communications  relatives  à 
l’Exposition  doivent  être  remises  au  secré- 
taire général  de  l’Exposition, M.  Louis  Petit, 
à Brie-Gomte-Robert  (Seine-et-Marne). 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


CULTURE  DES  BRUYÈRES 


La  rusticité  relative  des  Bruyères  fait 
que  ces  plantes  n’ont  pas  besoin  de  chaleur 
pendant  l’hiver  ; quand  il  s’agit  de  leur  con- 
servation, une  serre  froide  suffit,  et,  pourvu 
que  le  thermomètre  ne  descende  pas  au- 
dessous  de  zéro,  les  Bruyères  ne  souffrent 
pas.  Une  température  élevée,  dans  cette  sai- 
son où  il  est  souvent  impossible  de  donner 
de  l’air,  pourrait  même  leur  être  nuisible 
en  faisant  pousser  les  plantes  qui,  alors,  s’al- 
longeraient trop  et  pourraient  s’étioler. 

L’essentiel  est  que  les  serres  soient  ap- 
propriées de  manière  que  les  plantes  re- 
çoivent le  plus  possible,  de  lumière  et  que 
l’air  puisse  en  être  facilement  renouvelé. 
Toutefois,  les  Bruyères  s’accommodent  aussi 
bien  d’une  température  plus  élevée,  à la 
condition  que  l’aération  et  la  ventilation 
soient  faciles  et  que  les  plantes  soient  pla- 
cées à la  lumière  et  aussi  près  du  verre  que  ^ 
possible.  Autant  qu’on  le  peut,  on  doit  aussi 
ne  pas  mélanger  les  Bruyères  avec  d’autres 
espèces  de  plantes  et  leur  consacrer  des 
serres  spéciales.  Les  personnes  qui  seraient 
obligées  de  faire  autrement,  devront  réunir 
leurs  Bruyères  et  les  placer  dans  la  partie  la 
plus  claire  de  la  serre,  où  elles  peuvent  re- 
cevoir le  plus  de  lumière  possible,  et  aussi, 
autant  que  faire  se  peut,  on  doit  réunir  les 
plantes  à fleurs  et  les  placer  à la  partie  su- 
périeure des  gradins,  de  manière  qu’elles 
reçoivent  la  lumière  de  tous  les  cotés. 

Forçage.  — Toutes  les  Bruyères  peuvent 
être  facilement  forcées  en  prenant  quelques 
(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  119, 150  et  174. 


précautions  en  rapport  avec  la  nature  des 
espèces  dont  il  s’agit  d’avancer  la  floraison. 
Une  condition  essentielle  de  réussite,  c’est 
de  ne  pas  soumettre  brusquement  les 
plantes  à une  très-forte  chaleur.  En  gé- 
néral, la  température  première  ne  doit  pas 
dépasser  8 à 12  degrés. 

Un  petit  nombre  de  variétés  se  prêtent 
au  forçage,  rapide,  et  encore,  même  pour 
celles-ci,  doit-on  attendre  pour  les  forcer 
que  les  boutons  soient  bien  formés.  Voici, 
d’ailleurs,  comment  il  faut  procéder.  On 
commence  par  réunir  toutes  les  plantes  des- 
tinées à être  forcées,  dans  une  serre  où  la 
température  est  d’environ  8 à 10  degrés,  de 
manière  à bien  préparer  les  boutons.  Au 
bout  de  quelques  jours,  ces  plantes  sont  pla- 
cées dans  une  autre  serre  dont  la  tempéra- 
ture varie  de  15  à 20  degrés.  Toutefois,  il 
faut,  suivant  les  espèces,  prendre  certaines 
précautions  particulières.  Ainsi,  pour  les 
Bruyères  à fleurs  colorées,  dont  un  des  prin- 
cipaux mérites  consiste  dans  l’intensité  du 
coloris,  dès  que  les  premières  fleurs  com- 
mencent à s’ouvrir,  on  doit  mettre  les  plan- 
tes dans  une  serre  froide,  afin  que  les  tissus, 
en  se  condensant,  donnent  plus  de  consis- 
tance aux  fleurs.  R est  même  des  variétés 
qu’il  convient  d’exposer  complètement  à 
l’air,  afin  d’en  faire  colorer  les  fleurs  ; telle 
est  une  plante  d’hiver  : Campanulata  gra~ 
cilis  vernalis  qui,  quand  on  la  force  et 
pour  que  ses  fleurs  se  colorent,  doit  être 
mise  tout  à fait  à l’air,  toutes  les  fois,  bien 
entendu,  que  le  temps  le  permet.  Dans  le 


ANTHURIUM  ANDUEANUM. 


223 


cas  contraire,  on  doit  la  placer  dans  une  serre 
froide  en  l’exposant  le  plus  possible  au  grand 
air,  et  surtout  à une  lumière  très-vive. 

Parmi  les  espèces  qui  se  prêtent  le  mieux 
au  forçage,  on  peut  citer  : VE.  persoluta  alha 
qui,  mis  en  chauffage  fin  de  décembre, 
fleurit  vers  le  15  janvier,  et  qui  peut  ainsi 
se  succéder  jusqu’en  mai  ; les  Erica  cylin- 
drica,  translucens , inter  media,  qui,  mis 
en  forçage  au  commencement  de  février, 
fleurissent  en  mars,  et  que  l’on  peut  égale- 
ment faire  succéder  jusqu’en  mai. 

Le  temps  nécessaire  à la  floraison  et  la 
durée  de  celle-ci  sont  en  rapport  avec  la 
nature  des  plantes,  l’état  plus  ou  moins 
avancé  dans  lequel  elles  sont  quand  on  com- 
mence le  forçage,  ainsi  qu’avec  les  conditions 
dans  lesquelles  on  les  place,  lorsqu’elles 
sont  en  fleurs. 

Une  des  conditions  des  plus  importantes 
aussi,  quand  on  force  les  Bruyères,  c’est 
d’avoir  bien  soin  que  la  terre  soit  constam- 
ment humide,  et  ici  l’excès  en  trop  est  moins 
à redouter  que  l’excès  en  moins.  Si  l’excès 
d’humidité  peut  tuer  les  plantes,  il  en  pro- 

ANTHURIUM 

L’année  dernière,  à l’Exposition  ouverte 
en  mai  par  la  Société  nationale  et  centrale 
d’horticulture  de  France,  on  a beaucoup 
remarqué  un  exemplaire  à' Anthurium 
Andreanum  exposé  par  MM.  Ghantrier 
frères,  horticulteurs  à Mortefontaine,  et 
supérieurement  cultivé.  La  plante  portait 
six  fleurs  à la  fois.  Son  port  était  élégant  ; 
ses  feuilles,  lustrées,  d’un  vert  clair, 
ohlongue,  cordiformes,  se  dressaient  abon- 
dantes et  bien  étagées,  et  les  spathes, 
portées  par  des  pédoncules  rigides,  se  déta- 
chaient nettement  du  feuillage  qui  les  ac- 
compagnait. 

Une  photographie  de  la  plante  fut  prise 
avec  soin,  et  permit  de  reproduire  son  por- 
trait avec  exactitude,  comme  en  témoigne 
le  dessin  ci-après  (fig.  42). 

Cette  Aroïdée  a fait  du  chemin  depuis  le 
jour  où  je  l’ai  rencontrée  pour  la  pre- 
mière fois  dans  la  Nouvelle-Grenade,  le 
22  mai  1876.  J’ai  indiqué,  dans  la  Revue 
horticole  (1881,  p.  170),  l’histoire  exacte 
de  son  introduction. 

Tous  les  faits  de  la  découverte  de  la 
plante,  de  sa  détermination,  de  sa  première 


longe  néanmoins  la  floraison  ou  la  conserva- 
tion, apparente  du  moins.  Ne  serait-ce  que 
par  une  imbibition,  par  le  fait  de  la  ca- 
pillarité qui,  faisant  monter  l’eau  dans 
toutes  ses  parties,  la  plante  maintient  celles- 
ci  renflées  et  avec  une  apparence  très-pro- 
noncée de  vie,  bien  que  pourtant  elles 
puissent  être  réellement  mortes. 

Au  contraire,  si  les  plantes  ne  sont  pas 
tenues  humides,  elles  fatiguent,  les  boutons 
ne  s’épanouissent  pas,  les  feuilles  tombent, 
et,  finalement,  les  plantes  meurent  égale- 
ment, mais  sans  qu’on  en  ait  joui;  c’est  une 
mort  en  pure  perte,  c’est-à-dire,  sans  com- 
pensation. 

Gomme  les  plantes  que  l’on  soumet  au 
forçage  sont  souvent  déjà  d’un  certain  dé- 
veloppement et  dans  des  pots  assez  grands, 
il  est  bon  de  s’assurer  si  la  terre  est  mouillée 
« à fond  »,  parce  que,  ainsique  nous  l’avons 
déjà  dit,  il  peut  arriver  que  le  dessus  soit 
humide,  alors  que  le  dessous  est  sec  et  que 
la  plante  souffre  de  la  sécheresse,  quand  l’ap- 
parence peut  faire  croire  le  contraire. 

Gentilhomme  et  Carrière. 

ANDREANUM 

publication,  de  son  introduction  en  Europe 
et  de  sa  vente,  ont  été  l’objet  de  discussions 
plus  ardentes  que  ne  comporte  l’introduc- 
tion d’une  simple  plante  d’ornement,  pas- 
sant de  sa  forêt  natale  dans  les  mains  des 
amateurs  d’horticulture. 

Abandonnant  le  petit  côté  de  la  question 
et  rendant  hommage  au  talent  hors  ligne  de 
MM.  Chantrier  comme  cultivateurs,  appe- 
lons l’attention  sur  les  variétés  d' Anthurium 
Andreanum  que  l’on  rencontre  dans  les 
cultures. 

Je  dois  dire  d’abord  que  la  plante  varie, 
au  total,  assez  peu  à l’état  spontané,  malgré 
la  facilité  qu’elle  montre  à se  fertiliser  et  à 
s’hybrider  avec  d’autres  espèces.  Mais, 
parmi  les  exemplaires  qui  se  trouvent  ac- 
tuellement au  commerce,  on  trouve  trois 
formes  assez  distinctes  : 

1°  La  plante  type,  celle  que  j’ai  d’abord 
rencontrée,  à port  bien  dressé,  à grand  et 
beau  feuillage,  à spathes  cordiformes,  régu- 
lières, profondément  creusées  en  sillons 
cloisonnés,  à spadice  d’abord  incliné,  puis 
érigé  après  l’anthèse.  C’est  la  plante  que 
l’on  a pu  voir  chez  M.  le  baron  Nathaniel 


224 


ANTHURIUM  ANDIIEANUM. 


de  Rothschild,  à Vienne  ; chez  M.  le  comte 
de  Germiny,  à Gouville;  dernièrement,  à 
l’exposition  de  Gand,  dans  le  magnifique 
lot  de  M.  A.  Dallière,  etc.  C’est  elle  qui  a 
donné  les  plus  belles  fleurs  ; on  a mesuré 
une  spathe  de  huit  'pouces  et  demi  de 
longueur  (plus  de  21  centimètres),  à Tring- 
Park,  en  Angleterre. 


2“  Une  variété  assez  médiocre,  à pétioles 
et  pédoncules  grêles,  très-longs,  se  tenant 
mal,  et  portant  de  petites  spathes  ovales, 
cordiformes,  bien  faites,  d’un  ton  minium 
clair,  très-brillant.  C’est  une  forme  à aban- 
donner. 

3®  Une  troisième  variété,  fort  belle,  d’un 
beau  port,  robuste  dans  ses  hampes  et  dans 


Fig.  42.  — Anthurium  Andreanum,  au  1/8  de  grandeur  naturelle. 


ses  pétioles,  à spathes  grandes  et  fermes, 
mais  de  forme  irrégulière,  à oreillettes  re- 
levées en  surface  gauche  comme  les  ailes 
à demi-ouvertes  d’un  papillon.  Cette  variété 
est  celle  que  MM.  Ghantrier  avait  exposée 
et  qui  montrait  combien  elle  fleurit  géné- 
reusement. Elle  n’est  pas  aussi  parfaite  que 
la  première,  mais  toutes  deux  méritent 
d’être  cultivées  côte  à côte. 

Telles  sont  les  trois  formes  de  l’Ani/m- 


rium  Andrea'num  que  l’on  a pu  observer 
jusqu’à  présent.  Je  ne  parle  pas  d’un  acci- 
dent signalé,  d’une  spathe  qui  se  serait 
montrée  entièrement  verte.  Il  n’y  a là  qu’un 
accident  tératologique,  ce  qu’on  appelle  en 
botanique  une  chloranthie,  et  qui  n’ofire 
aucun  intérêt  horticole. 

J’ai  pensé  que  la  connaissance  de  ces 
faits  intéresserait  à la  fois  les  amateurs  et 
le  commerce  horticole,  en  fixant  les  idées 


PJ':CIIE  EA.RLY  BEATRIX  AU  POINT  DE  VUE  DE  L’EXPLOITATION.  — DEUX  PLANTES  A RECOMMANDER.  225 


sur  les  variétés  d’une  plante  qui  commence 
à être  bien  connue. 

Si  quelques-uns  de  nos  lecteurs  avaient 
à nous  communiquer  des  réflexions  sur 


d’autres  formes  d’ Anthurium  Andreanum 
observées  par  eux,  la  Revue  horticole  ac- 
cueillerait avec  faveur  leurs  communica- 
tions. ■ Ed.  André. 


PECIIi;  EARLY  BEATRIX  AU  POINT  DE  VUE  DE  L’EXPLOITATION 


Jusqu’à  ce  jour,  du  moins  sous  le  climat 
de  Paris,  la  culture  des  Pêchers  n’a  guère 
été  considérée  que  comme  une  culture  de 
luxe.  En  effet,  à l’exception  de  Montreuil, 
on  ne  voit  guère  les  Pêchers  cultivés  que 
comme  une  sorte  de  hors-d’œuvre.  A Mon- 
treuil même,  cette  culture  se  fait  dans  des 
conditions  spéciales,  le  long  de  murs  cons- 
truits ad  hoc,  de  sorte  que,  là  aussi,  c’est 
une  culture  un  peu  exceptionnelle.  Y aurait- 
il  moyen  de  faire  plus  et  autrement,  sinon 
mieux?  La  chose  me  paraît  certaine.  J’ap- 
puie mon  opinion  sur  quelques  faits  qui, 
pour  être  rares,  n’en  sont  pas  moins  con- 
cluants. En  voici  un  des  plus  remarquables  : 

Un  cultivateur  de  mes  voisins  a planté, 
il  y a déjà  longtemps,  en  plein  champ  et 
sans  aucun  abri,  des  Pêchers  Earhj  Bea- 
trix, et  ces  arbres,  aujourd’hui  en  plein 
rapport,  lui  donnent  chaque  année  et  de 
très-bonne  heure  des  quantités  considé- 
rables de  belles  et  bonnes  Pêches,  supé- 
rieures à celles  de  cette  même  variété  qui 
ont  été  récoltées  en  espalier. 

En  serait-il  de  même  de  toutes  les  va- 
riétés? Je  ne  puis  l’affirmer.  Mais  ce  qui  ne 
peut  être  douteux,  c’est  qu’il  y en  a un  bon 
nombre  d’autres  qui  sont  dans  le  cas  de 
celles  dont  je  parle.  Et  puis,  pourquoi  ne 
pas  faire  des  semis  qui  pourraient  produire 
des  variétés  peut-être  supérieures  à celles 
que  l’on  possède  ? La  chose  est  d’autant  plus 

DEUX  PLANTES 

Il  a été  présenté  à la  Société  d’horticul- 
ture, dans  une  de  ses  séances  de  février 
dernier,  deux  plantes  fleuries  qui  intéres- 
saient également  l’horticulteur  et  le  bota- 
niste, et  dont  la  Revue  horticole  a déjà 
entretenu  ses  lecteurs.  L’une  d’elles  était  un 
charmant  Iris  de  la  section  Xiphium, 
VL  reticulata,  Bieb.,  dont  l’introduction 
en  Europe  remonte  à 1850  environ.  Cette 
plante  aurait  disparu  des  cultures,  puis  se- 
rait apparue  de  nouveau,  dix  ans  après. 


engageante  qu’on  n’a  guère  de  déception  à 
craindre,  puisque  les  résultats  ne  se  font 
pas  longtemps  attendre,  les  Pêchers  de  semis 
fructifiant  la  troisième  année.  On  pourrait, 
très-probablement  aussi,  obtenir  des  variétés 
tardives  dans  leur  floraison,  et,  au  contraire, 
hâtives  dans  la  maturité  des  fruits.  Mais, 
sous  ce  rapport  encore,  les  arbres  en  plein 
vent  sont  favorisés  ; ils  fleurissent  plus  tard 
que  ceux  en  espalier,  bien  qu’ils  mûrissent 
leurs  fruits  tout  aussitôt. 

Mais,  me  dira-t-on  peut-être,  les  Pêchers 
en  plein  vent  ne  vivent  pas  longtemps. 
C’est  vrai  ; mais,  en  revanche,  ils  produisent 
beaucoup  chaque  année.  Du  reste,  il  serait 
facile  d’en  prolonger  un  peu  la  durée  en 
leur  donnant  quelques  soins  : une  sorte  de 
taille  appropriée  qui  aurait  cet  autre  avan- 
tage de  régulariser  la  production  des  fruits, 
tout  en  augmentant  la  durée  des  arbres. 
D’autre  part,  il  existe  sans  doufe  des 
variétés  plus  robustes  les  unes  que  les 
autres,  ce  que  seule  l’expérience  peut  dé- 
montrer. Mais,  même  en  ne  comptant  que 
sur  un  nombre  d’années  d’existence  relati-  . 
vement  court,  ces  Pêchers  en  plein  vent 
auraient  largement  payé  leur  place.  Il  serait 
donc  bon,  je  crois,  de  soumettre  à cette 
culture  toutes  les  variétés  nouvellement 
introduites  ; Amsdeyi,  Earhj  Rivers,  etc. 

Un  Montreuillois. 


L RECOMMANDER 

grâce  à son  importation  faite  en  Angleterre 
par  un  employé  du  télégraphe  de  Perse,  le 
capitaine  Smith.  Elle  se  répandit  dans  quel- 
ques jardins  botaniques  ; mais  là  se  borne, 
pour  ainsi  dire,  son  extension.  Cet  Iris  mé- 
riterait cependant  de  ne  point  tomber  dans 
l’oubli.  Son  aire  est  assez  étendue,  car  on  le 
signale  en  Géorgie,  en  Perse,  Asie-Mineure, 
Syrie,  etc.  Comme  la  plupart  des  plantes 
de  ces  régions,  celle-ci  peut  supporter 
une  température  élevée  sans  souffrir  des 


226 


DEUX  PLANTES  A RECOMMANDER. 


hivers  moyens  de  nos  pays.  Dès  le  prin- 
temps, deux  ou  trois  feuilles  dressées  li- 
•néaires  précèdent  une  hampe  portant  une, 
rarement  deux  fleurs  par  bourgeon,  et  dont' 
le  périanthe  a des  teintes  les  plus  parfaites 
et  les  plus  variées  de  violet,  de  pourpre, 
avec  des  macules  jaunes  qui  en  rehaussent 
l’éclat.  Une  douce  odeur  de  Violette  ajoute 
encore  au  mérite  de  cette  plante,  dont  la 
taille  ne  dépasse  pas  25  à 30  centimètres. 

L’i.  reticulata  peut  se  cultiver  en  pleine 
terre  sous  notre  latitude;  mais  on  pourrait 
en  faire  une  excellente  recrue  comme  plante 
forcée,  puisque  ses  fleurs  restent  plu- 
sieurs jours  épanouies  en  appartement,  et 
que  les  fleurs  de  cette  teinte  font  ordi- 
nairement défaut  parmi  les  plantes  qu’on 
soumet  au  forçage.  La  floraison  de  cet  Iris 
étant  très-printanière , c’est  encore  une 
raison  qui  plaide  en  sa  faveur. 

La  multiplication  se  fait,  comme  pour  les 
autres  Iris  de  cette  section,  par  leurs  rhi- 
zomes hulhiformes. 

La  seconde  plante  est  d’un  intérêt  plus 
attachant  pour  le  botaniste  et  l’amateur  que 
pour  l’horticulteur  proprement  dit.  C’est 
la  suivante. 

Le  Tecophüœa  cyaneo-crocea,  Leyb.,  qui 
est  une  sorte  de  Crocus  pour  l’apparence  des 
feuilles  et  de  la  fleur,  mais  dont  les  divi- 
sions du  périanthe  se  recourbent  gracieuse- 
ment en  dehors,  comme  le  ferait  une  co- 
rolle de  Volubilis.  Ce  périanthe  dégage  une 
faible,  mais  agréable  odeur  de  Muguet,  qui 
n’est  pas  sans  attrait  ; sa  couleur  est  d’un 
beau  bleu  de  France,  ou  bleu  pâle,  suivant 
qu’on  a affaire  au  type  ou  à sa  variété 
Leichtlini. 

Plante  bulbeuse  également,  elle  exige 
une  température  plus  douce  que  la  précé- 
dente, comme  semble  le  faire  pressentir  son 
habitat,  le  34°  ou  35®  de  latitude  australe,  le 
Chili. 

Le  genre  Tecophüœa  fut  créé  tout 
d’abord  pour  une  plante  recueillie  par  Ber- 
tero,  au  Chili,  et  publiée  dans  les  Mémoires 
de  V Académie  de  Turin,  par  Colla  (1883), 
le  T.  violceflora,  dont  la  fleur  est  inodore. 
Ce  n’est  que  vers  1867  que  la  seconde  es- 
pèce, bien  supérieure  à la  première,  fut 
connue  et  publiée  par  Leybold,  dans  le 
Journal  de  Seemann  (I,  10),  puis  reprise 


par  Miers,  par  le  Gardeners' Chronicle, 
en  1872,  et  par  le  Garden,  en  1881. 

M.  Godefroy- Lebeuf,  qui  soumettait  ces 
plantes  intéressantes  à l’appréciation  des 
membres  de  la  Société  d’horticulture,  dé- 
clarait qu’il  tenait  le  Tecophüœa  d’un 
amateur  et  importateur  distingué,  M.  Leicb- 
tlin,  de  Baden-Baden.  Il  affirmait,  en  outre, 
que  la  culture  en  était  facile,  mais  qu’elle 
ne  pouvait  se  faire  en  pleine  terre,  au  moins 
durant  l’hiver.  Il  fallait  traiter  cette  plante, 
selon  lui,  comme  les  plantes  bulbeuses  du 
Cap,  sous  châssis  froids,  pendant  la  mauvaise 
saison. 

La  patrie  déclarée  de  la  plante  présentée, 
serait  les  îles  de  Juan  Fernandez,  situées  à 
160  lieues  du  littoral  américain.  Si  le  fait 
est  exact,  il  constituerait  un  exemple  assez 
curieux  de  géographie  botanique,  car  jus- 
qu’ici ce  Tecophüœa  n’était  connu  dans  les 
herbiers  que  par  les  spécimens  recueillis 
dans  la  Cordillère  de  Santiago,  par  Phîlippi, 
en  1867.  Best  fort  probable  que  du  conti- 
nent cette  jolie  Monocotylédonée  aura  été 
introduite  dans  les  îles  chiliennes  précitées, 
car  la  dissémination  naturelle  d’une  sem- 
blable plante  à plus  de  600  kilomètres  sem- 
ble, à priori,  problématique. 

La  place  que  le  genre  Tecophüœa  doit 
occuper  n’est  pas  bien  déterminée  jusqu’à 
présent;  cette  incertitude  est  maintenue 
même  par  des  botanistes  d’une  grande  au- 
torité, comme  M.  Baker,  qui  a donné  asile  à 
ce  genre  dans  ses  Aberrant  Trihes  of  Li- 
liaceœ.  Par  le  nombre  des  étamines  de  la 
fleur,  ce  serait  une  Liliacée.  Cependant,  trois 
de  ces  étamines  sont  stériles,  ce  qui  sem- 
blerait alors  ramener  les  Tecophüœa  vers 
les  Iridées  dont  ils  ont  le  port.  D’autre  part, 
leur  ovaire  n’est  pas  réellement  infère,  ce 
qui  devrait  les  faire  exclure  de  cette  dernière 
famille  et  les  rapprocher  des  Liliacées. 
Somme  toute,  cet  exemple  prouve  bien  que 
quelle  que  soit  une  famille  de  plantes,  c’est- 
à-dire  quelque  constance  qu’on  observe 
dans  les  caractères  de  ses  représentants, 
il  arrive  toujours  que,  par  des  découvertes 
ultérieures,  d’autres  types  viennent  relier 
entre  eux  des  groupes  d’êtres,  animaux  ou 
végétaux,  qui  jusqu’alors  avaient  été  dis- 
joints, Jules  Poisson, 

Aide-naturaliste  au  Muséum. 


CONCOURS  DE  VISITES  DE  JARDINS.  — CINÉRAIRES  A FLEURS  DOUBLES. 


227 


CONCOURS  DE  VISITES  DE  JARDINS 


La  Société  régionale  d’horticulture  du 
Nord  de  la  France,  qui  affirme  de  plus  en 
plus  sa  vitalité  par  de  bons  et  solides  tra- 
vaux, vient  d’instituer  des  concours  spé- 
ciaux pour  la  bonne  tenue  des  jardins.  Au 
lieu  de  visiter  les  propriétés  des  amateurs 
sur  leur  demande,  comme  le  font  d’autres 
sociétés,  elle  les  provoque,  en  les  mainte- 
nsint  dans  un  programme  dûment  élaboré, 
de  manière  à exciter  l’émulation  et  à diri- 
ger les  efforts  des  concurrents  vers  un  but 
déterminé.  Ce  programme  nous  a paru  si 
judicieusement  rédigé,  que  nous  ne  résis- 
tons pas  au  plaisir  de  le  reproduire  in  ex- 
tenso : 

Article  I.  — Il  sera  fait  annuellement  des 
Visites  de  Jardins.  Ges  visites  auront  lieu  dans 
le  courant  du  mois  de  septembre,  à une  date 
déterminée  par  le  Conseil  d’administration  de 
la  Société.  Tous  les  amateurs  et  jardiniers 
d’amateurs  qui  en  feront  la  demande  avant  le 
1er  août  pourront  concourir. 

Art.  il  — Les  jardiniers  d’amateurs,  pour 
prendre  part  à ce  concours,  devront  être  dans 
leur  place  depuis  un  an  au  moins,  au  moment 
de  la  visite,  et  seront  tenus  de  produire  une 
autorisation  écrite  de  leur  patron. 

Art.  III.  — Il  est  créé  quatre  catégories  de 
concours,  savoir  : 

lo  Pour  la  grande  propriété,  c’est-à-dire  un 
parc  avec  jardin  d’agrément,  massifs,  corbeilles, 
serres  (ou  non),  etc.,  etc.; 

2o  Pour  la  petite  propriété,  c’est-à-dire  un 
jardin  d’agrément,  massifs,  corbeilles  et  serres 
(ou  non); 

3»  Pour  l’arboriculture  et  la  culture  frui- 
tière ; 

4»  Pour  la  bonne  tenue  des  jardins  chez  les 
instituteurs. 

Art.  IV.  — Les  concurrents  des  première  ou 
deuxième  catégories,  en  produisant  leur  de- 
mande, devront  indiquer  dans  quelle  catégorie 
ils  se  trouvent.  Ils  pourront  toujours  concourir 
pour  l’arboriculture,  s’ils  le  désirent,  et  seule- 


ment lors({u’ils  l’auront  annoncé  dans  leur  de- 
mande. 

Art.  V.  — Deux  médailles  par  catégorie 
seront  aüéctées  à ces  visites  de  jardins,  savoir: 
une  médaille  de  vermeil  et  une  médaille  d’ar- 
gent de  première  classe. 

Ces  médailles  ne  seront  décernées  ({ue  si  le 
mérite  est  bien  constaté. 

Art.  VI.  — Le  jardinier  qui  aura  obtenu  la 
médaille  de  vermeil  dans  l’une  ou  l’autre  des 
catégories  ne  pourra  que  recevoir  un  rappel  de 
médaille,  s’il  concourt  encore  l’année  sui- 
vante. Au  bout  de  deux  rappels  continus, 
d’année  en  année,  il  lui  sera  décerné  une  mé- 
daille d’or. 

Art.  vu.  — Les  délégués-jurés,  chargés  des 
visites  des  jardins,  seront  au  nombre  de  trois. 
Il  seront  choisis  parmi  les  membres  amateurs 
compétents,  étrangers,  ou  parmi  les  membres 
correspondants,  ou  parmi  les  membres  pro- 
tecteurs de  l’arrondissement. 

Les  visites  en  dehors  de  l’arrondissement  de 
Lille  pourront  être  faites  par  des  délégués  de 
Lille,  réunissant  les  conditions  indiquées  plus 
haut. 

Conformément  aux  statuts  de  la  Société,  les 
délégués  pourront  être  indemnisés  de  leurs 
frais  de  déplacement.' 

Art.  VIII.  — Un  membre  du  Conseil,  ama- 
teur, ou  un  membre  protecteur  dévoué,  guidera 
les  opérations  de  ce  jury.  Il  ne  jouira  pas  do 
voix  délibérative. 

Art.  IX.  — Un  rapport  général  sera  fait 
chaque  année  sur  les  visites  de  jardins. 

Art,  X.  — Le  Conseil  d’administration  déci- 
dera des  cas  non  prévus  au  présent  régle- 
ment. 

Il  est  à désirer,  pour  le  véritable  progrès 
de  l’horticulture  française,  réalisable  surtout 
au  moyen  du  plus  puissant  des  mlibiles 
humains,  l’émulation,  que  l’exemple  donné 
par  la  Société  régionale  du  Nord  de  la 
France  soit  l’objet  de  nombreuses  imita- 
tions. Wanderer. 


CINÉRAIRES  A FLEURS  DOUBLES 


C’est  en  1878,  à l’Exposition  universelle, 
au  Champ-de-Mars,  que  nous  avons  vu  pour 
la  première  fois  des  Cinéraires  à fleurs 
doubles.  Ces  plantes  avaient  été  envoyées  par 
MM.  Haage  et  Schmidt,  d’Erfurt.  Déjà  l’on 
voyait  des  variétés  très- remarquables  qui 


faisaient  augurer  qu’il  y avait  là  des  plantes 
ornementales  de  premier  ordre,  et  dès  l’an- 
née suivante  nous  faisions  peindre,  dans  les 
cultures  de  MM.  Vilmorin,  une  série  de 
variétés  qui  ont  paru  en  couleur  dans  la 
Revue  horticole^  1879,  p.  150,  Depuis  cette 


228 


CALADIUM  L’aUTOMME. 


époque,  par  suite  de  semis  successifs,  on 
a obtenu  beaucoup  d’autres  variétés,  et 
quelques-unes  sont  remarquables,  tant  par 
la  grosseur  des  fleurs  que  par  la  diversité 
des  coloris.  Non  seulement  le  nombre  des 
variétés  a considérablement  augmenté  en 
même  temps  que  celles-ci  se  sont  sensible- 
ment améliorées,  mais  la  race  s’est  à peu 
près  fixée.  En  effet,  cette  année,  dans  un 
semis  de  plusieurs  centaines  d’individus 
fait  chez  MM.  Vilmorin,  il  ne  s’en  est 
pas  trouvé  un  seul  dont  les  fleurs  fus- 
sent complètement  simples.  Il  n’y  a donc 
plus  guère  qu’à  semer  et  à choisir  les 
meilleures  variétés.  Un  fait  à remarquer 
aussi,  c’est  l’uniformité  des  plantes.  Toutes 
se  tiennent  bien,  constituent  des  touffes  com- 
pactes, naines  ou  demi-naines,  très-floribon- 
des,  à tiges  raides,  très-ramifiées,  et  «portant 
bien  » leurs  fleurs  au-dessus  du  feuillage. 

Un  autre  avantage  très -grand  que  pré- 
sentent également  les  Cinéraires  à fleurs 
doubles,  c’est  la  durée  considérable  de  leurs 
fleurs,  qui  dépasse  trois  et  même  quatre  mois 
si  les  plantes  sont  placées  dans  un  milieu 
approprié.  Du  reste,  ces  plantes  ne  sont  pas 
exigeantes,  et  pourvu  qu’on  les  arrose  suffi- 
samment, elles  se  portent  très-bien  et  conti- 
nuent à épanouir  leurs  fleurs  pendant  long- 
temps, même  dans  un  appartement,  pourvu 
qu’elles  reçoivent  de  la  lumière. 

CALADIUM 

M.  Bleu  poursuit  le  cours  de  ses  exploits. 
Ses  gains  de  Caladiums  sont  inépuisables. 
Après  nous  avoir  montré  la  série  des  colo- 
ris rouges,  roses,  ponceau,  écarlates,  verts, 
blancs,  entremêlés  de  mille  manières,  il 
est  arrivé  à la  tribu  des  limbes  translucides  ; 
il  a supprimé  le  parenchyme  des  feuilles, 
qui  sont  passées  à l’état  de  gaze  légère, 
comme  impalpable,  d’une  adorable  fraî- 
cheur. 

Ce  n’était  pas  assez.  A l’exposition  de 
mai  1882,  nous  avons  constaté  la  présence 
de  nouvelles  nuances.  Le  jaune  pâle,  on 
pourrait  dire  jaune  paille,  avait  envahi  la 
totalité  du  feuillage,  dans  une  variété  qui 
s’offrait  toute  charmante  sous  son  aspect 
modeste.  Nous  l’avons  fait  peindre  pour  la 
Revue  horticole,  et  nous  en  donnons  au- 
jourd’hui le  portrait. 

Cette  nouveauté  se  nommera  L’Automne. 


La  culture  des  Cinéraires  à fleurs  doubles 
ne  présente  aucune  difficulté  ; elle  est  entiè- 
rement semblable  à celle  des  variétés  du 
même  genre  à fleurs  simples.  Toutefois, 
comme  parmi  les  variétés  obtenues  il  en  est 
de  très-jolies  qui  pourraient  ne  pas  se  repro- 
duire par  semis , on  les  multiplie  par 
éclats,  ce  qui  ne  présente  non  plus  aucune 
difficulté.  Pour  cela,  aussitôt  que  les  fleurs 
sont  passées,  on  coupe  toutes  les  tiges  flo- 
rales et  on  met  les  plantes  en  pleine  terreau 
nord,  dans  un  sol  composé  de  terre  de  dépo- 
tage et  de  terreau  ; on  arrose  copieusement, 
et  pendant  l’été  on  bassine,  si  cela  est  néces- 
saire. Dans  le  courant  de  l’automne,  on 
arrache  les  touffes,  on  les  divise,  et  l’on 
empote  les  éclats  qu’on  place  ensuite  dans 
des  coffres,  sous  des  châssis,  pour  les  faire 
reprendre,  puis  on  leur  donne  de  l’air. 
Enfin,  ici  encore  le  traitement  est  absolument 
identique  à celui  auquel  on  soumet  les  Ciné- 
raires à fleurs  simples. 

Nous  recommandons  tout  particuhère- 
ment  ces  plantes,  et  ne  doutons  nullement 
que  toutes  les  personnes  qui  se  livreront  à 
leur  culture  n’auront  qu’à  s’en  féliciter.  On 
trouve  aujourd’hui  des  graines  de  Ciné- 
raires à fleurs  doubles  chez  tous  les  mar- 
chands-grainiers. 

E.-A.  Carrière. 


L’AUTOMNE 

Elle  rappellera,  par  sa  nuance,  ces  feuilles 
de  Peuplier,  d’un  or  pâle,  qui  tombent  dans 
les  vallées  aux  premières  approches  de 
l’hiver.  Sa  forme  est  parfaite,  son  maintien 
irréprochable.  Sur  le  limbe  de  la  feuille, 
d’un  blanc  jaunâtre  et  d’un  jaune  cendré, 
se  détachent  des  nervures  blanches  ornées 
d’un  filet  bleu  turquin  foncé.  Sur  toute  la 
surface  s’étendent  de  nombreuses  et  larges 
macules  transparentes,  d’un  ton  bleuâtre, 
parfois  légèrement  rosé. 

Cet  ensemble  est  délicat  et  gracieux,  et 
sans  nul  doute  le  Caladium  L Automne 
obtiendra  le  succès  de  ses  devanciers. 

Objet  des  travaux  constants  de  M.  A. 
Bleu,  qui  a obtenu  de  si  remarquables  ré- 
sultats, l’hybridation  lui  a livré  de  précieux 
secrets.  Nous  avons  entendu  cet  habile  ob- 
servateur affirmer,  récemment,  les  proposi- 
tions suivantes,  qui  prêtent  à réflexion  : 


Revu.e  /forùcole. 


Ch  lacUiuiv  L'Aiitx)mTie- 


229 


LES  PRODUITS  DU  JARDINAGE  EN  HIVER,  A MOSCOU. 


1°  Bien  que  la  nature  ne  se  répète  jamais 
exactement,  les  parents  ont  toujours  ten- 
dance à reproduire  leurs  caractères  dans 
leur  descendance  ; 

2»  Le  rôle  du  père  et  celui  de  la  mère, 
quoi  qu’on  ait  pu  dire,  est  identique.  En 
d’autres  termes,  de  deux  plantes,  dont  l’une 
sera  prise  pour  père  et  l’autre  pour  mère, 
naîtront  des  sujets  analogues  à ceux  qui  ré- 
sulteraient de  la  même  opération  renversée. 

M.  Bleu  déclare  qu’il  a toujours  vu,  dans 
sa  longue  pratique,  les  choses  se  passer 
ainsi.  Cependant,  d’autres  expérimentateurs 
obtiennent  des  résultats  ,difïerents.  Ainsi 
M.  H.  Veitch  nous  disait  dernièrement,  à 


Gand,  que  M.  Seden  n’avait  obtenu  qu’une 
seule  fois  la  même  forme  par  fécondation 
inverse  du  père  et  de  la  mère,  et  cela  pour 
le  Cypripedium  Sedeni  seulement.  Dans 
tous  les  autres  cas,  on  trouvait  dos  diffé- 
rences très-notables,  suivant  qu’on  employait 
l’un  ou  l’autre  des  types  pour  plante  anthé- 
rifère  ou  plante  pistillée. 

La  conclusion  à tirer  de  ce  qui  précède 
est  que  le  champ  des  investigations  reste 
toujours  ouvert,  qu’il  faut  se  garder  des  gé- 
néralisations prématurées,  et  que  la  parole 
est  aux  faits  plutôt  qu’aux  théories. 

Ed.  André. 


LES  PRODUITS  DU  JARDINAOE  EN  HIVER,  A MOSCOU 

(SAISON  DE  -1882  A '1883.)  — ORNEMENTATION 


•B  va  sans  dire  que  je  ne  veux  parler  que 
dos  articles  produits  par  les  horticulteurs 
moscovites  ; autrement  il  faudrait  énumérer 
tout  ce  qui  nous  arrive  de  l’étranger,  depuis 
les  Truffes  et  les  Choux-Fleurs  jusqu’aux 
fleurs  de  Lilas  blanc,  ainsi  que  les  bouquets 
de  Violettes,  Béséda,  etc.  En  effet,  les  che- 
mins de  fer  nous  fournissent  de  tout  en  abon- 
dance, en  payant  le  prix,  bien  entendu.-» 
Nous  ne  sommes  pas  plus  privés  de  lé- 
gumes frais,  de  fleurs,  de  fruits,  etc.,  que 
les  Parisiens,  bien  qu’au  moment  où  j’écris 
ces  lignes,  le  12/24  mars,  le  thermomètre, 
chaque  matin,  soit  à plus  de  20  degrés 
Béaumur  au-dessous  de  zéro,  ce  qui  a peu 
varié  depuis  plus  de  trois  mois  (en  moyenne 
de  15  à 25  degrés),  avec  la  terre  couverte 
d’un  manteau  de  neige  de  plus  de  1™  30 
d’épaisseur.  En  revanche,  le  soleil  est 
magnifique;  néanmoins,  ses  rayons  ne  par- 
viennent pas  à chauffer  l’atmosphère  dans  la 
journée  à plus  de  10  degrés  au-dessous  de 
zéro,  le  tout  agrémenté  d’un  vent  du  nord 
des  plus  pénétrants.  Les  jardiniers  parisiens 
recommandent  de  donner  de  l’air  le  plus 
possible  à leurs  plantes,  même  en  hiver, 
tandis  que  les  jardiniers  moscovites  en 
donnent  le  moins  possible,  et  pour  cause. 

Les  cultivateurs  de  légumes,  à Moscou, 
})euvent  être  rangés  en  trois  catégories  : la 
première , qui  comprend  le  plus  grand 
nombre,  est  composée  des  maraîchers,  qui 
cultivent  les  gros  légumes,  tels  que  : Choux 
de  toutes  espèces.  Betteraves,  Carottes, 
Oignons,  Navets,  Céleris-Piaves,  Persil,  Chi- 


corée sauvage , petit  Concombre  russe  , 
Haricots,  Pois,  Laitues,  Artichauts,  etc.  La 
seconde  catégorie  comprend  les  primeuristes, 
qui  cultivent  et  forcent  les  Asperges,  Épi- 
nards, Badis,  Laitues  non  pommées.  Oseille, 
Champignons,  Cresson  alénois  semé  sur 
feutre,  Barbe-de-Capucin,  Oignon  vert.  Bet- 
terave en  feuilles,  etc.  Enfin,  la  troisième 
série  se  compose  également  de  primeuristes, 
mais  qui  habitent  généralement  dans  les 
campagnes,  très-rarement  en  ville,  à cause 
de  la  cherté  du  bois.  B y a même  certains 
villages  où  l’on  ne  s’occupe  en  hiver  exclu- 
sivement que  des  primeurs  ; seulement  les 
cultures,  plus  circonscrites,  ne  comprennent 
que  quelques  légumes  particuliers  : Haricots 
verts,  Concombres,  Pois,  Badis  roses;  le  tout 
est  cultivé  en  serres  très-basses.  Mais,  outre 
ces  cultivateurs  proprement  dits,  les  jardi- 
niers des  maisons  seigneuriales,  dans  les 
campagnes,  vendent  aussi  divers  produits, 
tels  que  : Ananas,  Salades,  Fraises,  Radis, 
Concombres,  etc. 

Je  crois  utile  de  donner  un  aperçu  des 
prix  de  tous  ces  légumes  pris  chez  les 
marchands  de  Moscou,  chose  peu  connue  ou 
même  totalement  ignorée  en  France.  Ces 
prix,  très-exacts,  sont  ceux  que  j’ai  relevés 
dans  le  courant  du  mois  de  février  et  jusqu’à 
ce  jour  (1). 

(1)  Les  prix  sont  en  monnaie  courante  de  Russie, 
en  kopecks  et  en  roubles.  La  valeur  nominale  du 
rouble  est  de  4 fr.  La  valeur  réelle  est  sensible- 
ment moindre  et  le  kopeck  est  la  centième  partie 
du  rouble. 


230 


LES  PRODUITS  DU  JARDINAGE  EN  HIVER,  A MOSCOU. 


Légumes  frais. 

Asperges,  suivant  la  grosseur , depuis 
30  kopecks  jusqu’à  1 rouble  50  kopecks  la 
livre. 

Concombres , de  2 à 5 roubles  les 
10  pièces. 

Laitue  non  pommée,  1 rouble  la  livre. 

Radis  roses,  1 rouble  le  paquet  de 
25  pièces. 

Barbe  de  capucin,  26  kopecks  la  livre. 

Champignons,  20  kopecks  les  10  pièces. 

Oseille,  15  kopecks  la  livre. 

Cresson  alénois  sur  feutre  de  40  centi- 
mètres carrés,  10  kopecks. 

Persil  vert,  10  kopecks  la  livre. 

Oignons  verts,  10  kopecks  la  livre. 

Haricots  verts,  de  1 à 2 roubles  la  livre. 

Légumes  conservés  dans  les  caves  et  silos. 

Pommes  de  terre,  40  kopecks  la  mesure 
de  16  litres. 

Carottes,  50  à 60  kopecks  la  mesure  de 
16  litres. 

Oignons,  60  à 70  kopecks  la  mesure  de 
16  litres. 

Topinambours,  1 rouble  la  mesure  de 
16  litres. 

Salsifis,  15  kopecks  la  livre. 

Choux  pommés,  la  pièce,  de  15  à 20  ko- 
pecks . 

Choux  de  Bruxelles,  25  kopecks  la  livre. 

Betteraves  pour  salade,  70  kopecks  la 
mesure. 

Navets  jaunes,  ronds,  1 rouble  la  mesure. 

Céleri-rave,  la  pièce,  de  2 à 5 kopecks. 

Céleri  à salade,  la  pièce,  de  10  à 15  ko- 
pecks. 

Légumes  veyiant  de  V étranger. 

Choux-fleurs,  la  pièce,  50  à 60  kopecks, 
très-blancs. 

Chicorée  frisée  d’Italie,  la  pièce,  1 rouble. 

Bien  que  j’aie  dit  plus  haut  que  je  ne  par- 
lerais que  des  produits  des  jardiniers  de 
Moscou,  je  me  vois  forcé  de  manquer  à 
cet  engagement  et  de  donner  place  aux  pro- 
duits fruitiers,  dont  la  plupart  nous  viennent, 
soit  des  divers  gouvernements  de  la  Russie 
méridionale,  soit  de  l’étranger.  Ce  n’est 
pourtant  pas  que  les  espèces  nous  manquent, 
car  chez  M.  Schereder,  jardinier  en  chef  à 
l’Académie  de  Pétrowski,  à Moscou,  ainsi 
que  chez  M.  de  Regel,  à Saint-Pétersbourg, 
l’on  peut  se  procurer,  rien  qu’en  Pommiers, 
plus  de  300  .variétés,  toutes  d’origine 


russe.  Malheureusement,  sous  le  climat 
de  Moscou,  peu  de  variétés  résistent  à nos 
hivers  rigoureux,  surtout  quand  le  thermo- 
mètre descend  au-dessous  de  30  degrés 
Réaumur,  ce  qui  arrive  généralement  dans 
chaque  période  d’environ  dix  à quinze  ans. 
Alors  nos  arbres  fruitiers,  ainsi  qu’un  cer- 
tain nombre  d’arbres  décoratifs,  tels  que  les 
Fraxinus  excelsior,  Acer  platanoides, 
les  Lilas,  Philadelphus,  JJlmus  campes- 
tris , etc.,  sont  détruits  ; néanmoins,  et 
malgré  ce  contre-temps,  les  fruits  ne  nous 
manquent  pas. 

Voici  les  noms  et  le  prix  des  variétés  que 
l’on  trouve  en  ce  moment  chez  les  marchands 
de  comestibles  de  Moscou  : 

Pommes  de  provenance  russe.  (Prix  des 

10  pièces,  depuis  50  kopecks  jusqu’à 

3 roubles,  suivant  la  grosseur.) 

Reinette  dorée,  de  Canada,  d’Angleterre, 
panachée,  Royale  d’Angleterre. 

Calville  blanche,  rouge,  de  Kourski,  de 
Crimée. 

Sablisky  (nom  russe).  ■ — Stalovoi,  ou  de 
table.  — Apaurte  blanche.  — Anis  blanc, 
gris , rouge.  — Antonowka  ou  Saint- 
Antoine.  — Zolarowka  (nom  russp).  — 
Skrigeapell  (nom  russe).  — Babouchekin 
(nom  russe).  — Boravineka  (nom  russe). 

— Aralsky  ou  Arabe.  — Grouchowka.  — 
Korichenieff  ou  Châtaignier.  — Ananas 
rouge.  — Boumagenoi  à coton.  — Fenouil- 
let  doré. 

Poires  de  provenance  russe.  Prix  des 

10  pièces,  depuis  1 rouble  jusqu’à  3 rou- 
bles 50  kopecks. 

Bergamote  d’hiver.  — Beurré  gris  d’hi- 
ver. — Colmar  d’hiver.  — Saint-Germain. 

— Joséphine  (?).  — Marquise  (?).  — Vir- 
gouleuse.  — Koutarmouka  (nom  russe). — 
Doubouka  ou  à feuilles  de  Chêne,  de  Crimée, 
odorante. 

Duchesse  d' Angoulême  de  Crimée.  Prix 
des  10  pièces,  de  3 à 4 roubles. 

Duchesse  d’ Angoulême  de  France.  Prix 
des  10  pièces,  de  3 à 12  roubles. 

Ananas  pesant  depuis  2 livres.  Prix  de  la 
pièce,  de  10  à 15  roubles. 

Oranges  (de  l’étranger).  Prix  des 
10  pièces,  de  40  kopecks  à 1 rouble  50  ko- 
pecks. 

Raisins  de  Crimée.  Prix  de  la  livre,  de 
35  à 40  kopecks, 


231 


LES  PRODUITS  DU  JARDINAGE  EN  HIVER,  A MOSCOU. 


Raisin  d'Almirsky,  à grains  allongés. 
Prix  de  la  livre,  de  50  à 60  kopecks. 

Tous  ces  fruits,  dont  je  pourrais  de  beau- 
coup prolonger  la  liste,  surtout  pour  les 
Pommes  et  les  Poires,  sont  fournis  dans  de 
très-bonnes  conditions.  J’ai  cru  qu’il  valait 
mieux  parler  d’autres  produits  également 
horticoles,  et,  après  'avoir  satisfait  le  palais, 
penser  à la  satisfaction  de  la  vue  et  de  l’odo- 
rat. Aussi  vais-je  parler  des  fleurs,  cet  élé- 
ment aimé  de  tous. 

Malgré  la  rigueur  du  climat  et  son  inter- 
minable hiver,  les  magasins  de  fleurs  de 
Moscou  sont  toujours  pourvus  de  fleurs. 
Elles  se  succèdent  sans  interruption;  les 
fleurs  d’automne  ont  à peine  disparu  que 
celles  de  printemps  apparaissent  : ce  sont 
d’abord  les  Camellias,  Jacinthes  blanches, 
dites  romaines  ; Primevères  de  la  Chine  ; 
Roses  Bengale  ordinaires,  R.  Bengale  Her- 
7nosa,  R.  Mistriss  Bosanquet  et  autres. 
Actuellement,  c’est  le  Muguet.  Cette  char- 
mante messagère  du  printemps  a même 
presque  disparu,  ou  du  moins,  si  l’on  en 
rencontre  encore  quelques-unes,  elles  font 
triste  figure,  écrasées  qu’elles  sont  par  ces 
opulents  et  aristocratiques  Azalea  indica, 
aux  couleurs  si  éclatantes  et  si  variées.  Ar- 
rive aussi  le  nombreux  cortège  de  Rosiers 
de  tous  genres,  et  les  Oignons  à fleurs  qui 
encombrent  les  magasins  convertis  en  sortes 
de  boudoirs  fleuris. 

Voici  les  noms  et  les  prix  des  plantes  en 
fleurs  qui  se  vendent  en  ce  moment  à 
Moscou. 

Camellias  de  60  centimètres  à 1 mètre  de 
hauteur,  suivant  le  nombre  des  fleurs  : la 
pièce,  de  3 à 5 roubles. 

Azalea  indica,  couronne  de  30  à 40  cen- 
timètres de  largeur,  suivant  la  floraison  : la 
pièce,  de  7 à 10  roubles. 

Rosiers  en  basses  tiges,  portant  de  3 à 
6 fleurs,  suivant  la  beauté  : la  pièce  de  2 
à 3 roubles.  ^ 

Jacinthes,  Tulipes,  Narcisses,  Muguets, 
Crocus,  etc.  : le  pot,  de  35  à 50  kopecks. 

Giroflée  savoyarde  : le  pot,  de  70  kopecks 
à 1 rouble. 

Primula  sinensis  : le  pot,  de  30  à 40  ko- 
pecks. 

Cineraria  hybrida  : le  pot  de  50  à 75  ko- 
pecks. 

Réséda  odorat  a : le  pot,  de  50  à 80  ko- 
pecks, 


Plantes  décoratives  à fleurs  ou  à feuillage, 
telles  que  Laurus  divers  et  variétés,  Eu- 
genia,  Aucuha,  Ilex,  Myrtus,  Melaleuca, 
Vïburnum,  Clethra, EvonymusJaponicus, 
Cupressus,  de  70  centimètres*à  1 mètre  de 
hauteur.  Prix  : la  pièce,  suivant  la  force,  de 
50  kopecks  à un  rouble. 

Plantes  dites  de  serre  chaude,  telles  que 
Dracœna,  Ficus,  Curculigo,  Plectogyne, 
Hedychium,  Anthurium,  Maranta,  etc., 
des  mêmes  dimensions  que  les  précédentes. 
Prix  : la  pièce,  de  75  kopecks  à 1 rouble 
50  kopecks. 

Palmiers  de  tous  genres,  de  4 à 6 feuilles, 
suivant  les  espèces,  tels  que  Latania, 
Areca,  Corypha,  Phoenix,  Cocos,  Cha- 
mœrops,  Livistona,  Seaforthia,  etc.  : la 
pièce,  de  2 à 5 roubles.  Il  va  de  soi  que  ces 
prix  ne  sont  applicables  qu’aux  plantes  cou- 
rantes très- répandues. 

Plantes  pour  garnitures  : Fougères,  Ly- 
copodes,  Acorus,  Isolepis,  Yinca,  Ficus 
stipularis,  Carex,  Tradescantia,  Saxi- 
fraga,  etc.  : la  pièce,  de  20  à 30  kopecks. 
Je  dois  faire  observer  que  je  ne  parle  ici  que 
des  plantes  vendues  l’hiver  à Moscou.  Pour 
terminer  cette  série,  je  vais  dire  quelques 
mots  des  bouquets. 

Les  bouquets  à la  main,  garniture  de  ta- 
ble, couronnes  pour  les  théâtres  et  les 
fêtes  de  famille,  pour  les  enterrements, 
pour  la  coiffure  des  dames,  etc.,  sont  l’ob- 
jet d’un  commerce  des  plus  importants  et 
des  plus  lucratifs  pour  les  fleuristes. 

Un  petit  bouquet  à la  main  ou  de  bal, 
de  cinq  à six  fleurs,  soit  Camellias  ou  Roses, 
avec  garniture  en  fleurs  de  Primevères  de 
Chine,  Jacinthes  ou  autres  fleurs,  avec  son 
porte-bouquet,  ne  se  vend  pas  moins  de  3 
à 5 roubles  ; et  pour  un  bouquet  passa- 
ble, il  faut  payer  de  10  à 15  roubles.  Au- 
dessus  de  cette  somme,  ce  sont  des  bou- 
quets de  fantaisie,  avec  des  proportions 
diverses  dépassant  même  1 mètre  de  diamè- 
tre, alors  il  n’y  a plus  de  limites  et  il  n’est 
pas  rare  qu’un  de  ces  bouquets  se  vende 
100  roubles  et  même  plus.  Mais,  chose  sin- 
gulière, ce  qui  manque  très-souvent  pour  la 
confection  de  ces  bouquets  ce  ne  sont  pas 
les  fleurs,  mais  la  verdure,  car,  en  général,  il 
entre  peu  de  feuillage,  ce  qui  est  un  peu  une 
affaire  de  goût  : les  dames  moscovites  ado- 
rent les  fleurs  en  masse,  même  sans  verdure. 
Il  est  bien  entendu  que  les  fleurs  et  les  feuil- 
lages qui  entrent  dans  la  composition  des 


232 


LES  PRODUITS  DU  JARDINAGE  EN  HIVER,  A MOSCOU. 


bouquets  sont  montés  sur  des  fils  de  fer,  des 
joncs  ou  des  petites  baguettes  de  Buis. 
Quant  aux  formes,  elles  varient  peu  : en  gé- 
néral, presque  toujours  même,  ce  sont  des 
bouquets  plats  ou  à peine  bombés  dans  le 
milieu;  les  fleurs,  placées  par  rangs,  entas- 
sées les  unes  contre  les  autres,  sont  rehaus- 
sées par  quelques  branches  de  Muguet  ou 
par  des  pointes  de  feuillage  soit  diErica 
Malaharica,  Myrtes  ou  Fougères,  etc.  Ces 
bouquets,  en  déshabillé,  c’est-à-dire  sans  la 
robe  ou  porte-bouquet  en  carton  ou  en 
mousseline,  n’ont  rien  de  gracieux,  au  con- 
traire. On  peut  les  comparera  des  bottes  de 
paille  sur  lesquelles  on  aurait  fixé  des 
fleurs. 

Pour  faire  les  garnitures  de  table,  les 
fleurs  sont  généralement  montées  de  la 
même  manière  que  pour  les  bouquets  à la 
main  ; dans  les  cas  les  plus  ordinaires, 
lorsqu’on  ne  possède  pas  de  vases  artisti- 
que en  bronze  ou  en  porcelaine  munis  de 
leur  socle,  l’on  se  sert  généralement  de 
vases  en  terre  cuite  de  formes  diverses,  ap- 
propriés aux  circonstances,  plats  et  peu 
profonds,  que  l’on  remplit  de  sable  ou  de 
terre  légère  recouverte  de  feuillage  dans 
lequel  on  place  les  fleurs  qu’on  a montées 
à l’avance  sur  des  fils  de  fer.  Il  faut  avoir 
soin  de  bien  garnir  les  contours  des  vases 
en  feuillage,  de  manière  que  les  bords  soient 
cachés.  Dans  les  grandes  maisons,  pour 
les  dîners  de  gala,  pour  des  tables  de  qua- 
rante à cinquante  couverts  et  plus,  où  alors 
on  sort  des  habitudes  ordinaires,  les  tables 
sont  littéralement  couvertes  de  verdure  et 
de  fleurs,  c’est-à-dire  qu’il  ne  reste  de 
libre  que  la  place  pour  les  couverts.  Pour 
effectuer  cette  décoration,  l’on  prépare  à l’a- 
vance des  plateaux  en  planches  minces,  de 
l'“  50  à 2 mètres  de  longueur,  sur  une 
largeur  de  40  à 50  centimètres,  suivant  les 
circonstances,  et  pouvant  s’adapter  les  uns 
au  bout  des  autres,  de  façon  à garnir  toute 
la  table.  Ensuite  toutes  ces  planches  sont 
couvertes  d’un  lit  de  Selaginella  denticu- 
lata^ou  de  S.  apoda^  sans  pots  bien  entendu, 
mais  seulement  avec  leurs  racines  et  un  peu 
de  leur  motte,  de  manière  à former  un  gazon 
touflu  et  continu.  Ces  plateaux  ainsi  garnis 
se  placent  sur  la  nappe  au  milieu  de  la  table, 
de  façon  que  les  officiers  de  service  puissent 
poser  les  vases  à fruits  et  les  candélabres 
directement  dans  le  milieu  de  ce  gazon  im- 
provisé. Ensuite  le  jardinier  décorateur  dis- 


tribue les  fleurs  à travers  cette  verdure. 
Dans  cette  circonstance,  les  fleurs  et  le  feuil- 
lage n’ont  pas  besoin  d’être  montés  ; mais 
alors  l’essentiel  est  de  se  procurer  des  jeunes 
plantes  à feuillage  ornemental  et  des  plantes 
fleuries  de  petite  dimension,  et  en  pots, 
si  cela  est  possible.  Les  fleurs  coupées  se 
placent  tout  simplement  sur  les  Lycopodes; 
mais  si  les  pots  des  plantes  ne  peuvent  être 
cachés  par  la  verdure,  on  les  retire,  et  l’on 
enfonce  les  mottes  dans  la  mousse  en  dimi- 
nuant un  peu  celles-là  s’il  est  nécessaire. 
Toutes  ces  miniatures  de  fleurs  et  de  feuil- 
lage doivent  être  distribuées  de  façon  qu’elles 
aient  l’air  d’avoir  poussé  naturellement  dans 
le  gazon  et  pas  trop  serrées,  afin  de  conser- 
ver l’élégance  et  la  légèreté.  En  un  mot, 
toute  la  table  doit  ressembler  à un  tapis  de 
verdure  émaillé  de  fleurs.  Pour  ce  genre 
de  décoration  l’on  emploie  autant  que  possi- 
ble des  plantes  à feuillage  bien  accusé,  de 
couleur  appropriée,  de  manière  à' produire 
avec  la  lumière  d’harmonieux  contraste,  les 
Maranta.,  Dracœna,  Croton^  Géranium 
panachés,  Bertolonia^  Bégonia,  Aucuha, 
Dichorisandra,  Hydrangea  Japonica  fo- 
liis  variegatis,  Fougères  diverses,  des  Gra- 
minées à feuilles  panachées,  etc.  Pour  garnir 
les  contours,  on  emploie  des  plantes  grim- 
pantes ou  rampantes,  à feuillage  coloré  ; on 
fait  monter  les  unes  au  bras  des  candélabres 
et  des  vases  à fruits,  tandis  que  les  autres 
rampent  sur  les  Lycopodes.  Pour  cet  usage 
on  emploie  les  Ficus  discolor,  Tradescan- 
tia,  Géranium  hederœfolium  variegatum, 
Hedera  Hélix  fol.  var.,  Lonicera  reticu- 
lata,  des  Cohœa  panachés,  etc.  Pour  achever 
la  toilette  de  ce  parterre  improvisé,  on  pique 
çà  et  là,  entre  les  planches  et  les  Lycopodes, 
des  pointes  de  Fougère  ou  autres  feuillages 
très-légers  et  dont  l’extrémité  s’incline  gra- 
cieusement sur  la  nappe,  qui  doit  dispa- 
raître en  grande  partie  sous  une  masse  de 
verdure  et  de  fleurs. 

J’ai  oublié  de  dire  que,  avant  de  dresser 
la  table,  on  a dû  placer  des  arbrisseaux  dont 
la  tige,  traversant  le  milieu  de  la  table,  est 
surmontée  par  une  tête  dont  les  branches 
lïarnies  de  feuilles  s’étalent  au-dessus  des 
convives.  Des  Palmiers  à frondes  élancées 
et  légères  sont  surtout  très-propres  à cet 
usage. 

F.  Desmur, 

Directeur  des  parcs  et  jardins  publics  de  la  ville 
de  Moscou,  rue  Palika,  maison  Kapoitine. 


BIIOMUS  PATULUS  NANUS.  — LES  VARIÉTÉS  DE  l’EVONYMUS  JAPOMCUS. 


233 


BROMUS  PATULUS  NANUS 


Cette  vaiiété,  dont  à première  vue  les 
inflorescences  rappellent  quelque  peu  celles 
des  Briza,  est  naine  et  peut,  comme  un 
très -grand  nombre 
d’autres  Graminées, 
être  employée  à la 
confection  des  bou- 
quets d’hiver.  De 
plus,  ses  dimensions 
réduites  permettent 
de  la  semer  en  lignes 
pour  constituer  de 
charmantes  bordu- 
res. Outre  ses  dimen- 
sions réduites  qui  la 
distinguent  très-bien 
du  type,  elle  s’en  sé- 
pare nettement  par 
ses  inflorescences 
plus  courtes  et  plus 
compactes,  plus  fines 
et  par  conséquent 
plus  gracieuses  et 
qui  lui  donnent  une 
légèreté  que  n’ont  pas  ses  congénères,  ce 
qui  la  rend  particulièrement  précieuse  pour 
la  confection  des  bouquets. 


Le  Bromus  ^^atulus  nanus  (fig.  43)  n’est 
nullement  délicat;  comme  pour  le  type,  on 
en  sème  les  graines  dès  les  premiers  beaux 
jours  du  printemps, 
et  même  avant,  si  la 
saison  et  le  climat  le 
permettent. 

Comme  à peu  près 
toutes  les  Grami- 
nées, il  s’accommode 
très-bien  des  ter- 
rains calcaires,  lé- 
gers et  surtout 
chauds.  Si  le  temps 
est  très-sec,  on  peut 
arroser  pour  faciliter 
et  activer  la  végéta- 
tion ; mais  une  fois 
levées,  il  n’y  a plus 
à s’occuper  des  plan- 
tes, qui  se  défendent 
parfaitement  con- 
tre la  sécheresse, 
quelle  qu’elle  soit,  à 
moins  que  le  sol  ne  soit  excessivement  léger 
et  aride. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  43.  — Bromus  pafulus  nanus.  Intlüiescence 
détachée,  de  grandeur  naturelle. 


LES  VARIÉTÉS  DE  L’EVONYMUS  JAPONIGUS 


Cet  arbuste  à feuilles  persistantes  des 
plus  répandus  dans  les  jardins,  le  Fusain  du 
Japon  (Evonymus  Japonicus,  Thunberg) 
a produit  un  assez  grand  nombre  de  va- 
riétés plus  ou  •moins  ornementales,  mais 
dont  la  nomenclature  est  assez  embrouillée. 
Nous  avions  souvent  pensé  à donner  une 
monographie  des  formes  les  plus  usitées 
dans  les  pépinières  françaises,  lorsque  nous 
avons  eu  la  bonne  fortune  d’apprendre  qu’un 
amateur  d’Introschin,  M.  Scholtz,  avait  pu- 
blié un  très-intéressant  travail  sur  ce  sujet 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  horticole 
de  Breslau. 

Pendant  quinze  années,  M.  Scbollz  prit  le 
soin  de  rassembler  toutes  les  variétés  qu’il 
put  rencontrer  du  Fusain  du  Japon.  Il  en 
réunit  une  nombreuse  collection,  compre- 
nant jusqu’à  ce  jour  seize  variétés  ; il  en 
étudia  la  synonymie,  rectifia  les  mauvaises 


dénominations,  et  trouva  dans  cette  étude 
patiente  l.es  éléments  de  l’article  dont  nous 
parlons  et  qu’il  nous  a paru  intéressant  de 
traduire  pour  nos  lecteurs. 

Voici  en  quels  termes  M.  Scholtz  donne 
la  description  et  le  groupement  des  varié! és 
de  VE.  Japonicus  : 

Les  différentes  variétés  de  V Evonymus 
Japonicus  se  divisent  en  deux  classes  : les 
variétés  à feuilles  étroites  et  celles  à feuilles 
larges.  En  dehors  de  cette  différence,  il  n’en 
existe  aucune  autre. 

Nous  examinerons  en  premier  lieu  les 
formes!à  feuilles  étroites,  qui  sont  : 

1"  Evonymus  Japonicus  (Tlibg.).  Type 
trop  connu  pour  que  nous  ayons  à le  dé- 
crire. 

2o  Evonyynus  Japonicus  foliis  elcyanter 
punctatis.  Variété  à feuilles  très-étroites, 
d’un  joli  vert  foncé,  avec  une  macule  jaune 


234 


LES  VARIÉTÉS  DE  l’EVONYMUS  JÂPONICUS. 


pâle,  grande  et  large.  Ces  feuilles  possèdent 
le  reflet  brillant  de  la  plante-mère. 

Dans  le  commerce  horticole,  cette  va- 
riété à'Evonymus  est  souvent  désignée 
sous  des  noms  très-différents  ; c’est  ainsi 
que  nous  avons  reçu  cette  seule  variété  re- 
présentée par  des  individus  portant  les 
noms  de  Ev.  Japonicus  maculatus,  Ev. 
Jap.  foliis  aureo-maculatis,  Ev.  Jap.  me- 
dio-punctatus. 

Cette  jolie  plante  est,  comme  nous  avons 
pu  nous  en  convaincre  à la  suite  de  longues 
expériences,  très-sensible,  en  hiver,  à l’ab- 
sence d’air  et  de  lumière,  surtout  dans  sa 
jeunesse.  Plus  tard,  elle  devient  plus  dure, 
mais  elle  a alors  une  tendance  à]  perdre  ses 
caractères  distinctifs,  les  feuilles  redevien- 
nent vertes  et  semblables  à la  plante-mère, 
VEvonymus  Japonicus.  Jusqu’ici,  nous  ne 
connaissons  aucun  moyen  de  combattre  cet 
inconvénient. 

Passons  maintenant  à la  seconde  variété 
de  notre  plante-type,  variété  que  nous 
nommons  : 

. 3»  Ev.  Japonicus  latifoUus.  Feuilles  plus 

grandes  et  plus  larges  que  celles  du  n»  1 . 
Cette  plante  a produit  plusieurs  sous-variétés 
dont  voici  la  désignation  : 

4»  Ev.  Jap.  latifoUus  aur eo -macula - 
tus.  Feuilles  de  la  même  grandeur  que 
celles  de  la  plante-mère,  vert  foncé, 
avec  une  ou  deux  macules  jaune  d’or  au 
centre. 

Cette  variété  se  rapproclie  du  n®  2,  mais 
elle  en  diffère  par  ses  feuilles  plus  larges, 
plus  arrondies  à l’extrémité. 

Elle  est  moins  délicate  que  celle-ci  dans 
sa  jeunesse;  mais  elle  a également  plus  tard 
une  tendance  à dégénérer.  Dans  les  cata- 
logues marchands , la  plante  est  souvent 
désignée  sous  le  nom  de  E.  Jap.  rotundi- 
folius  medio-pictus,  dénomination  qui  est 
fausse,  puisqu’elle  n’a  pas  les  feuilles 
rondes,  mais  bien  larges  et  longues. 

Cet  Evonijmus  est  connu  depuis  long- 
temps, mais  on  le  rencontre  rarement  dans 
les  collections. 

5»  Ev.  Jap.  latifoUus  foliis  alho-varie- 
gatis.  Variété  très-ancienne  et  bien  connue, 
mais  des  moins  jolies.  Feuilles  épaisses, 
ayant  à la  base  une  panachure  blanche  et 
grise  et  bordée  d’une  bande  étroite  de  cou- 
leur blanche. 

Cette  plante  retourne  rarement  au  type, 
et  elle  est  insensible,  pendant  l’hiver,  au 


manque  d’air  et  de  lumière,  aussi  bien  lors 
qu’elle  est  jeune  que  plus  tard. 

6®  Ev.  Jap.  latifoUus  foliis  alho-margi- 
natis.  Variété,  à notre  avis,  la  plus  jolie  de 
toute  la  série.  Feuilles  plus  ou  moins  acu- 
minées,  d’un  vert  mat,  à panachure  gris 
cendré  et  bordées,  surtout  à leur  extrémité, 
de  blanc  et  de  jaune  pâle.  La  largeur  frap- 
pante de  ces  panachures  a été  la  cause  de 
la  dénomination  : fol.  alho-marginatis,  et 
distingue  le  n»  6 du  n®  5.  Dans  sa  jeunesse, 
cette  variété  est  aussi  délicate  que  le  n»  2 ; 
mais  quand  elle  est  développée,  elle  est 
aussi  robuste  que  le  n»  5. 

7®  Ev.  Jap.  latifol.  foliis  aureo-margi- 
natis.  Feuilles  vertes,  lavées  de  jaune  avec 
quelquefois  une  bordure  jaune  et  verte. 
Jolie  plante  demandant  à être  exposée  au 
soleil.  Elle  est  assez  répandue,  et  possède 
les  qualités  du  n®  5. 

8°  Ev.  Jap.  fastigiatus.  Jusqu’ici  [nous 
n’avions  pas  encore  classé  cette  variété, 
parce  que  nous  ignorions  si  elle  provenait 
de  YE.  Japonicus  ou  bien  de  VE.  radicans, 
avec  lequel  elle  a beaucoup  de  ressem- 
blance. Mais,  par  suite  de  l’heureuse  chance 
que  nous  avons  eue  de  trouver  un  rameau 
ayant  tous  ses  caractères  sur  un  spécimen  du 
no  5,  nous  pouvons,  en  connaisssance  de 
cause,  affirmer  son  origine. 

EEv.  Jap.  fastigiatus  a les  feuilles  plus 
petites  que  la  plante-mère,  plus  petites  que 
toutes  les  variétés  soeurs.  Ces  feuilles  sont 
allongées,  vertes,  avec  des  panachures  blan- 
ches et  grisâtres,  et  bordées  d’une  bande 
blanc  pur.  Elles  ressemblent  à celles  de 
VEv.  radicanSj  ce  qui  explique  que  dans 
beaucoup  de  collections  elle  en  porte  le 
nom. 

On  distingue  aisément  les  deux  variétés 
l’une  de  l’autre,  pour  cette  raison  que  VEv. 
Jap.  fastigiatus  a les  rameaux  élancés  et 
presque  verticaux,  tandis  qu’au  contraire 
VEv.  radicans  pousse  horizontalement  et 
a les  branches  presque  rampantes. 

De  plus,  et  cela  est  très-caractéristique, 
VEv.  radicans  a les  feuilles  peu  luisantes, 
tandis  qu’au  contraire  cette  propriété  est 
très-développée  chez  VEv.  fastigiatus  ; ce 
dernier  a d’ailleurs  les  feuilles  obtuses  pen- 
dant qu’elles  sont  acuminées  dans  VEv. 
radicans.  L’E.  fastigiatus  possède  aussi 
une  végétation  beaucoup  moins  vigoureuse 
que  celui-ci. 

Il  est  probable  que  les  fleurs  de  ces  deux 


LES  VARIÉTÉS  RE  L’EVONYMUS  JAPONICUS. 


235 


plantes  donneraient  des  caractères  distinc- 
tifs encore  plus  marqués  ; mais  il  nous  a été 
jusqu’ici  impossible  de  faire  cette  compa- 
raison par  suite  du  manque  de  fleur.  Nous 
avons  remarqué  que  dans  la  culture  en 
pots  les  Evonymus  exotiques  fleurissent 
difflcilement. 

Cette  variété  n’a  pas  de  type  à feuille 
verte  sans  panachure.  Elle  est  plus  vigou- 
reuse et  plus  rustique  que  le  n^  2 et  très- 
constante  dans  sa  forme. 

Nous  devons  signaler  ici  une  variété 
connue  dans  le  commerce  sous  le  nom 
à'Ev.  Jap.  pulchellus.  D’après  les  dimen- 
sions exiguës  de  ses  feuilles,  nous  ne  pen- 
sons pas  qu’elle  provienne  de  VEv.  Japo- 
nicus.  Nous  l’avons  trouvée  dans  bien  des 
collections  sous  le  nom  à'Eurya  Japonica. 

Nous  n’avons  pas  encore  pu  examiner  les 
fleurs  de  cette  plante  ; aussi  ne  pourrons- 
nous  définitivement  la  classer  que  lorsque 
nous  aurons  été  à même  de  l’étudier  sous 
ce  rapport. 

En  attendant,  nous  ne  pouvons  la  placer 
parmi  les  variétés  de  VEv.  Japomcws,  parce 
que  toutes  les  plantes  à petites  feuilles  issues 
de  ce  type  donnent  parfois  des  feuiles  plus 
grandes,  tandis  que  VEv.  Jap.  pulchellus 
est  toujours  constant  dans  la  forme  de  ses 
feuilles. 

00  Ev.  Jap.  macropliyllus.  Jolie  variété 
bien  distincte,  à grandes  feuilles  vert  foncé, 
arrondies,  très-brillantes,  et  qui  provient 
de  VEv.  Jap.  latifolius. 

La  plante  est  très-décorative,  croît  vigou- 
reusement, et  est  peu  sensible  au  manque 
d’air  et  de  lumière. 

IQo  Ev.  Jap.  latifolius  pijramidalis. 
Cette  variété  a de  grandes  feuilles  vertes 
avec  une  tache  jaune  plus  ou  moins  visible. 
La  plante  est  jolie  et  de  forme  pyramidalè 
bien  caractérisée.  Même  rusticité  que  le  n®  9. 

Il®  Ev.  Jap.  latifolius  foliis  viridi- 
variegatis.  Cette  variété  est  connue  dans  le 
commerce  sous  le  nom  à'Ev.  Duc  d'Anjou. 
Nous  ne  la  considérons  pas  comme  cons- 
tante, et  c’est  pour  cela  que  nous  préférons 
lui  laisser  le  nom  ci-dessus.  Ses  feuilles 
sont  plus  grandes  que  celles  de  la  plante- 
mère,  très-brillantes,  d’un  joli  vert,  et 
portant  dans  leur  partie  médiane,  d’élé- 
gantes panachures  jaunes  et  vertes. 

La  plante  pousse  vigoureusement  et 
possède  toutes  les  qualités  du  n®  9.  Elle  est 
très-recommandable* 


12»  Ev.  Jap.  latifolius  tricolor.  Variété 
ancienne,  mais  peu  connue.  Elle  est  carac- 
térisée par  ses  feuilles,  qui,  de  la  même 
grandeur  que  celles  de  la  plante-mère, 
portent,  sur  un  fond  vert,  des  lavures 
irrégulières  blanches  ou  jaunes.  Elles  sont 
striées  et  ponctuées  de  blanc.  Souvent  elles 
présentent  des  points  et  de  grandes  taches 
jaunes;  souvent  aussi  elles  sont  moitié 
blanches,  moitié  jaunes,  ou  entièrement 
blanc  jaunâtre.  Le  port  de  la  plante  est 
normal,  mais  peu  joli,  par  suite  de  la  ten- 
dance qu’elle  a de  pousser  de  côté,  au  lieu 
de  s’élancer. 

Les  jeunes  plantes  sont  sensibles  au 
manque  d’air  et  de  lumière;  mais  elles 
perdent  cet  inconvénient  en  prenant  de 
l’âge.  On  peut  remédier  à leur  végétation 
défectueuse  et  en  faire  de  jolis  individus 
bien  formés,  en  les  pinçant,  en  les  tuteu- 
rant,  en  un  mot,  en  les  conduisant  avec  soin. 

13®  Ev.  Jap.  latifolius  aureus  foliis 
luteis.  Cette  plante  a tous  les  caractères  du 
n°  7,  à cela  près  que  les  feuilles  sont  jaune 
verdâtre,  et  souvent  entièrement  jaunes. 

Les  pousses  nouvelles  sont  surtout  très- 
jolies. 

14o  Ev.  Japon,  latifol.  fasciatus  foliis 
aureo-maculatis . Cette  variété  provient  du 
no  4,  auquel  elle  ressemble  sous  tous  les 
rapports  ; elle  s’en  distingue  pourtant  en  ce 
que  quelques-uns  de  ses  rameaux  prennent 
parfois,  par  monstruosité,  une  forme  de 
crête  de  coq. 

15”  Ev.  Jap.  crispus.  Cette  curieuse 
variété  a les  feuilles  petites,  vertes,  avec 
des  panachures  blanches  et  grises. 

Ces  feuilles  ressemblent  à celles  de  VEv. 
Jap.  fastigiatus  ; mais  elles  sont  recour- 
bées, et  paraissent  pour  ainsi  dire  frisées. 
Cette  variété  est  délicate  ; elle  reprend 
difficilement  de  boutures,  et  produit  volon- 
tiers une  grande  quantité  de  rameaux  qui 
ne  ressemblent  aucunement  à ceux  de  VEv. 
Jap.  fastigiatus. 

A cause  de  différents  points  de  ressem- 
blance, on  pourrait  croire  que  cette  variété 
provient  de  VEv.  Jap.  fastigiatus  ; mais 
nous  avons  vu,  sur  un  Ev.  Jap.  latif.  foliis 
albo-variegatis,  un  rameau  ayant  tous  les 
caractères  de  VEv.  Jap.  crispus,  ce  qui 
nous  autorise  à affirmer  que  cette  dernière 
plante  en  provient. 

h'Ev.  Jap.  crispus  est  aussi  sensible^ 
quand  il  est  jeune,  que  le  n°  2. 


236 


LES  VARIÉTÉS  DE  L’EVONYMUS  JAPONIGUS. 


16'^  Ev.  Jap.  macro phy Uns  foliis  alho~ 
rnarginatis.  Dans  l’ensemble  de  ses  qua- 
lités, cette  jolie  variété  ressemble  au  n»  6; 
mais  ses  feuilles  sont  plus  grandes,  et 
possèdent  une  panachure  blanche  plus  nette 
et  beaucoup  plus  riche.  On  devrait,  pour  ces 
raisons,  la  considérer  comme  la  plus  jolie 
de  toutes  les  variétés  d'Evonymus.  A tout 
âge,  elle  résiste  bien  au  manque  d’air  et  de 
lumière,  et  paraît  très- constante  dans  sa 
forme.  Les  exemplaires  que  nous  étudions  de- 
puis cinq  ans  n’ont  encore  aucunement  varié. 

Cette  plante  provient  de  VEv.  Jap.  ma- 
cropliyllus  ; mais  elle  ne  possède  pas  le 
vernis  brillant  sur  les  feuilles,  qui  distingue 
cette  variété. 

Nous  allons  maintenant  ajouter  quelques 
observations  provenant  des  longues  études 
que  nous  avons  faites  sur  ces  plantes,  et 
l'elatives  à leurs  panacbures.  Nos  cultures 
expérimentales  ayant  duré  quinze  années 
consécutives,  nous  croyons  pouvoir  aftirmer 
ce  que  nous  avançons. 

Voici  d’abord  la  liste  des  variétés  à feuilles 
panachées,  qui  n’ont  jamais  produit  de 
feuilles  ou  rameaux  verts.  Ce  sont  : Ev. 
Japon,  latifol.  fol.  albo- rnarginatis,  Ev. 
Jap.  latifol.  fol.  viridi-variegatis,  Ev. 
Jap.  fastigiatus,  Ev.  Jap.  crispus  et 
Ev.  Jap.  macroph.  fol.  albo -rnarginatis. 

Ensuite  viennent  les  variétés  plus  ou 
moins  constantes  dans  la  couleur  de  leurs 
feuilles,  c’est-à-dire  celles  qui,  quelquefois, 
mais  rarement,  émettent  des  rameaux  et  des 
feuilles  d’une  couleur  verte.  Ce  sont  : VEv. 
Jap.  latifol.  fol.  albo  variegatis  et  VEv. 
Jap.  latif.  fol.  luteis. 

Voici  maintenant  la  liste  des  variétés  qui 
sont  franchement  panachées  quand  elles 
sont  jeunes,  mais  qui  perdent  peu  à peu 
cette  propriété  en  vieillissant,  et  finissent 
par  devenir  presque  absolument  vertes.  Ce 
sont  : Ev.  Jap.  latifol.  fol.  aureo-macu- 
latis,  Ev.  Jap.  fol.eleganterpunctatis,Ev. 
Jap.  latif.  tricolor  et  Ev.  Jap.  latifol. 
fasciatus  foliis  aureo-maculatis. 

Ce  serait  un  point  intéressant  à étudier 
et  à connaître  que  celui  qui  a rapport  aux 
causes  qui  provoquent  ces  dégénérescences 
ou  plutôt  ce  retour  au  type  non  panaché 
dont  les  variétés  panachées  proviennent. 

On  rendrait  un  grand  service  aux  ama- 
teurs de  ces  jolies  plante's  en  leur  faisant 
connaître  ces  causes  et  en  même  temps  le 
moyen  d’en  combattre  les  eflets. 


Telle  est  la  substance  du  travail  de 
M.  Scholtz,  sur  le  Fusain  du  Japon  et  ses 
variétés.  Cette  étude  intéressante  ne  serait 
pas  complète,  si  nous  n’y  ajoutions  quelques 
autres  documents  que  l’auteur  semble 
n’avoir  pas  connus  et  quelques  réflexions 
sur  les  variétés  par  lui  décrites. 

Il  convient  d’abord  de  signaler  : 

Ev.  Japon,  calamistratus.  Variété  à 
feuilles  tordues,  comme  frisées,  ainsi  que 
l’indique  le  qualificatif,  un  peu  dans  le 
genre  de  Vllex  A.  calamistrata.  Il  ne  faut 
pas  confondre  cette  variété  avec  VEv.  Jap. 
crispas,  qui  ne  serait  pas  autre  chose,  au 
dire  de  M.  A.  Lavallée,  que  VEv.  radicans 
véritable,  de  Siebold  et  Zuccarini,  tandis 
que  VEv.  radicans  du  commerce  est  VEv. 
gracilis  de  Siebold. 

Nous  signalerons  ensuite  : 

Ev.  Jap.  pallens,  connu  aussi  sous  le 
nom  de  fîavescens,  et  que  M.  Carrière  a 
obtenu  et  décrit  (1).  Cette  variété  esf  remar- 
quable par  le  ton  jaune  soufre  ou  jaune 
« beurre  frais  » de  ses  feuilles,  qui  sont 
beaucoup  plus  pâles  au  printemps  que  la 
variété  n»  13,  plus  connue  en  France  sous 
le  nom  d’aurea. 

Ev.  Jap.  pyramidatus . Variété  mise  au 
commerce  par  M.  Moser,  de  Versailles, 
décrite  par  M.  Carrière  (2),  remarquable 
par  son  port  conique  ou  pyramidal,  et  sa 
vigueur  beaucoup  plus  grande  que  celle  de 
VEv.  Jap.  fastigiatus. 

Ev.  Jap.  sulphureus.  Variété  rustique, 
vigoureuse,  érigée,  supérieure  au  type,  et 
d’un  ton  plus  pâle  au  printemps  que  la 
variété  aurea.  Nous  ne  savons  si  elle  est 
distincte  de  là  variété  flavescens  ou  flavida, 
mais  on  peut  le  croire,  à juger  d’après  une 
note  de  M.  Vauvel  (3)  qui  cite  les  deux 
variétés  comme  différentes. 

Ev.  Jap.  elegans.  Variété  signalée  par 
M.  N.  Doûmet-Adanson,  caractérisée  par 
un  feuillage  plus  ample  que  le  type,  subcor- 
diforme,  moins  fortement  dentelé,  d’un  vert 
particulier,  et  surtout  par  une  propension  à 
se  couvrir  de  fruits  pendant  l’hiver,  ce  qui 
donne  à l’arbuste  un  aspect  très-ornemental. 
Nous  ferons  simplement  observer  que  la 
plante  distinguée  par  M.  Doûmet-Adanson 
paraît  une  forme  méridionale,  obtenue  de 

(t)  Voir  Revue  horiicole,  1877,  p.  153. 

(2)  Voir  Revue  liorlicole,  1878,  p.  300;  188'2, 
p.  52Ü.. 

(3)  Voir  Revue  horticole,  1860,  p.  148. 


ALAMBICS  PORTATIFS  VALYN. 


237 


semis,  et  assez  fréquemment  plantée  dans 
les  jardins  du  littoral  méditerranéen.  Elle 
n’en  est  pas  moins  remarquable. 

Il  serait  possible  qu’on  trouvât  encore, 
dans  les  collections  de  France  ou  d’Angle- 
terre, d’autres  variétés  qui  ont  passé  ina- 
perçues des  collectionneurs.  Le  nombre  des 
variations  « sportives  »,  suivant  l’expression 
anglaise,  a été  assez  grand  dans  ÏEvonymus 
Japonicus,  et  nous  pensons  que  la  plupart 
des  panachures  ont  été  plutôt  des  accidents 
fixés  que  des  formes  dues  aux  semis.  Nous 
sommes  loin  du  temps  où  les  premiers 
Fusains  du  Japon  étaient  plantés  en  espa- 
lieç,  le  long  d’un  mur,  dans  les  jardins  de 
la  Société  d’horticulture  de  Londres,  et  où 
l’on  constatait  que  l’hiver  de  1837-38  les 
avait  laissés  presque  indemnes  ; la  variété 
panachée  avait  même  été  trouvée  plus  rus- 
tique que  le  type. 

Parmi  les  variétés  que  nous  venons  de 
voir  signalées  par  M.  Scholtz,  plusieurs 
donnent  matière  à réflexion.  Ainsi,  VEv. 
Japon,  macrophyllus  (n°9)  est,  en  France, 
synonyme  de  rohustus.  C’est  une  forme 
très-robuste,  très-décorative,  pouvant  très- 
bien  se  former  en  arbre. 

Le  no  2 est  la  variété  connue  dans  le 
commerce  sous  le  nom  de  punctata  (1). 


Le  no  5 est  la  variété  varier) ata. 

Au  n»  8,  il  faut  ajouter  cette  observation 
que  l’on  nomme  aussi  cette  variété  Ev.  Jap. 
mirrophyllus  (ou  Eurya  microphylla  par 
quelques  horticulteurs). 

Le  n»  10,  Ev.  Jap.  latifolius  pyramida- 
lis,  s’appelle  aussi  pyramidalis  tout  court 
ou  pyramidatus. 

Le  no  11,  nommé  par  M.  Scholtz  du  nom 
interminable  de  Ev.  Jap.  latifolius  foliis 
viridi-variegatis  n’est  pas  autre  chose,  en 
effet,  que  notre  variété  Duc  d’Anjou.  Il  est 
bon  de  rappeler,  à celte  occasion,  que  la 
plante  provient  de  M.  Gégu,  chef  de  culture 
chez  M . André  Leroy,  à Angers,  et  qu’elle 
est  née  d’un  dimorphisme  du  sulphureus. 

Le  no  13,  Ev.  Jagj.  latifolius  foliis  luteis 
est  synonyme  de  la  variété  aurea. 

Le  no  15  est  le  vrai  Ev.  radicans  de 
Siebold  et  Zuccarini. 

Si  ces  renseignements  peuvent  aider  les 
amateurs  de  ces  beaux  arbustes  à les  recon- 
naître et  à les  nommer  avec  exactitude,  cet 
essai  de  monographie  des  variétés  horti- 
coles d’une  plante  si  répandue  sera  justifié, 
et  nous  serions  heureux  qu’il  fût  complété, 
s’il  y a lieu,  par  les  documents  que  nos  lec- 
teurs pourraient  avoir  recueillis  sur  ce 
sujet.  Ed.  André. 


ALAMBICS  PORTATIFS  VALYN 


Par  le  temps  de  falsification  et  de  sophis- 
tication dans  lequel  nous  vivons  et  où 
bientôt  il  ne  sera  plus  possible  de  se  pro- 
curer aucun  produit  naturel,  mettre  chacun 
à même  de  fabriquer  ses  essences,  ses  par- 
fums, les  différents  extraits  dont  il  a be- 
soin, de  distiller  ses  marcs  de  Raisins  ou  de 
Pommes,  de  préparer  différents  produits 
pharmaceutiques,  etc.,  c’est  rendre  un  im- 
mense service  à la  société,  réaliser  un  véri- 
table progrès  en  complétant  l’éducation 
générale  par  l’addition  de  la  science  écono- 
mique. 

C’est  là  la  tâche  que  s’est  donnée  M.  Va- 
lyn,  en  inventant  les  petits  alambics  re- 
présentés* par  la  figure  44,  qui  réalisent 

(1)  Nous  devons  faire  observer  que  nous  em- 
ployons la  terminaison  us  quand  nous  faisons 
accorder  le  qualificatif  avec  le  nom  à'Evonymus, 
qui  est  masculin.  Quand  nous  terminons  en  a, 
forme  féminine,  c’est  que  nous  entendons  le  mot 
varietas.  C’est  comme  si  l’on  disait  : Evonymus 
japonicus^  varietas  aurea. 


tous  les  avantages  que  l’on  peut  désirer  : 
solidité,  par  conséquent  sécurité,  simpli- 
cité, fonctionnement  parfait  et  même  co- 
quetterie ; tout  cela  à des  prix  relative- 
ment peu  élevés.  Aussi  ces  alambics 
devront-ils  se  trouver  dans  toutes  les  mai- 
sons ; chaque  ménagère  voudra  avoir  le 
sien  ; pour  les  fermes  et  les  usines,  quelles 
qu’elles  soient,  ces  appareils  sont  indispen- 
sables. Nous  ajoutons  même  que,  en  raison 
de  leur  élégance,  ils  pourront  trouver  place, 
près  du  cabinet  de  travail  des  dames  qui, 
tout  en  se  livrant  à leurs  occupations  habi- 
tuelles, pourront  fabriquer  elles-mêmes  leurs 
parfums,  extraire  les  essences  dont  elles  ont 
besoin,  composer  leurs  eaux  de  toilette, 
leurs  liqueurs  de  ménage  et  obtenir  ainsi, 
au  lieu  de  produits  falsifiés,  parfois  insa- 
lubres, des  substances  que,  sans  forcer  les 
mots,  on  pourra  qualifier  « d’hygiéniques.  » 
Pour  le  fermier  ou  l’industriel,  les  alam- 
bics Valyn  ne  seront  pas  moins  utiles,  au 


238 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’hORTICULTURE  DE  FRANCE. 


contraire.  Ainsi,  il  pourra  se  rendre  un 
compte  exact  de  la  valeur  de  certaines 
denrées,  et  éviter  bien  des  déceptions,  en 
ne  se  lançant  qu’à  bon  escient  dans  une 
exploitation  sur  laquelle  il  n’a  que  des 
connaissances  insuffisantes  ; il  pourra,  par 
exemple,  distiller  ses  marcs 
de  Raisins  ou  de  Pommes, 
et  se  rendre  compte  de  leur 
richesse  en  alcool,  faire  de 
même  des  différents  fruils 
(Prunes,  Pêches,  Figues, 
etc.),  dont  il  voudrait  con- 
naître le  contenu  et  voir  s’il 
y aurait  avantage  à les  ex- 
ploiter; analyser  ses  Bet-- 
teraves,  ses  Pommes  de 
terre,  etc.,  de  manière  à 
agir  avec  certitude,  au  lieu 
de  le  faire  au  hasard,  ou 
d’après  des  dires  inexacts 
ou  mal  fondés. 

Ce  sont  tous  ces  avan- 
tages qui  nous  ont  engagé  à 
publier  cette  note,  afin  d’ap- 
peler sur  les  appareils  Valyn, 
non  seulement  l’attention 
des  abonnés,  mais  tout  par- 
ticulièrement des  nombreu- 
ses abonnées  de  la  Revue 
horticole,  qui  trouveront  là 
un  moyen  d’exercer  et  d’aug- 
menter leurs  jouissances, 
tout  en  ajoutant  à celles-ci  celles  qui  ré- 
sultent d’applications  scientifiques;  de  sorte 
que,  après  avoir  cultivé  les  plantes  et  ad- 
miré leurs  fleurs,  elles  pourront  cueillir 
celles-ci  et  en  extraire  les  parfums  qui,  au 


jardin,  ont  si  agréablement  satisfait  leur 
odorat. 

Quant  à l’usage,  c’est-à-dire  à l’emploi  des 
appareils  dont  nous  parlons,  qui,  du  reste, 
n’exigent  aucune  connaissance  spéciale, 
ni  ne  peuvent  exposer,  même  les  personnes 
les  plus  étrangères  aux 
sciences,  nous  n’avons  pas 
cru  devoir  entrer  dans  des 
explications , parce  que  , 
toujours  insuffisantes  dans 
l’application,  elles  ont  l’in- 
convénient de  rendre  les 
choses  ardues , et  sou- 
vent même  d’empêcherjd’en 
essayer,  en  laissant  croire 
à des  difficultés  qui  n’exis- 
tent pas. 

Une  autre  raison , la 
plus  importante,  nous  a 
empêché  d’entrer  d^ns  les 
détails  d’application,  c’est 
que  M.  Broquet,  construc- 
teur et  seul  concession- 
naire pour  la  fabrication 
et  la  vente  des  alambics 
Valyn,  livre,  avec  chaque 
appareil,  une  notice  simple, 
concise  et  très  - explicite 
qui,  beaucoup  mieux  que 
nous  ne  pourrions  le  faire, 
donne  tous  les  détails  pour 
bien  gouverner  ces  appareils 
et  même  l’indication  précise  de  certaines 
applications  qu’on  peut  en  faire  en  diverses 
circonstances,  tout  cela  en  termes  clairs  et 
très -bien  définis. 

E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  26  AVRIL  -1883 


A l’ouverture  de  la  séance,  M.  Lavallée  pré- 
sident de  la  Société  nationale  et  centrale  d’horti- 
culture de  France,  annoncet  la  perte  cruelle 
que  la  Société  vient  de  faire  dans  la  personne 
de  son  secrétaire  général,  M.  Duvivier,  enlevé 
brusquement,  après  trois  jours  de  maladie,  le 
25  avril,  à fâge  de  cinquante-trois  ans. 

Après  quelques  paroles  empreintes  d’une 
émotion  que  partageaient  tous  les  membres 
présents,  M.  Lavallée  dit  que  la  séance  du  Con- 
seil qui  devait  avoir  lieu  est  ajournée,  que  dans 


la  réunion  générale  on  se  bornera  à citer  les 
apports  faits,  mais  sans  aucune  discussion  ni 
observation,  et  que  la  séance  sera  levée  en 
signe  de  deuil.  Les  apports  faits  en  cette  séance, 
étaient  les  suivants  : 

Aü  comité  de  culture  ^ootag ère,  M.  Berthault, 
jardinier  à Rungis,  présentait,  en  beaux  échan- 
tillons arrivés  à maturité,  trois  sortes  de  Con- 
combres : 1»  Jaune  hatif  de  Hollande  ; 2»  Blanc 
hatif\  30  Brodé  de  Russie  ; puis  de  magnifiques 
bourgeons  de  Crambe  maritima,  provenant  de 


BrBLIOGRAPHIE. 


289 


plantes  sur  lesquelles  il  cueille  depuis  cinq  mois. 
— M.  Aubert,  jardinier  chez  M.  Pereire,  au 
domaine  d’Armainvilliers,  présentait,  sous  le 
nom, de  Noir  des  Carmes^  un  Melon  Cantaloup, 
qui  n’était  qu’une  sorte  d’hybride;  ses  côtes 
larges,  profondes,  très-galeuses,  sillonnées, 
étaient  vert  foncé  brunâtre,  fortement  rimeuses, 
çà  et  là  lavées  de  jaune  orange,  ce  qui  indique 
sa  maturité.  — M.  Bouland,  cultivateur  à Ville- 
juif,  présentait  une  corbeille  de  Laitues  blondes 
de  la  Passion,  venues  en  plein  air,  et  qui 
étaient  assez  belles.  — M.  Duchemin,  maraîcher 
à Paris,  présentait,  avec  une  botte  d’Oignons 
blancs,  une  corbeille  de  Choux  hâtifs  d’York 
qui,  sans  être  gros,  étaient  relativement  bien 
pommés. 

Le  comité  de  floriculture  était  beaucoup 
mieux  représenté  ; c’était  d’abord  M.  Aubert, 
déjà  nommé,  qui  présentait  un  beau  et  fort 
pied  de  Co?ens,  qu’il  a obtenu  de  semis;  ses 
nombreuses  et  larges  feuilles  ovales,  d’un  blanc 
jaunâtre,  formaient  un  contraste  remarquable- 
ment singulier,  avec  une  bande  d’un  beau  vert 
qui  les  circonscrivait.  — M.  Deschamps,  grand 
amateur  d’horticulture  à Boulogne  (Seine),  avait 
eu  l’heureuse  idée  d’apporter  un  fort  bouquet 
composé  de  rameaux  fleuris  de  Malus  sj^ecta- 
bilis  et  de  M.  cerasiformis,  charmants  mes- 
sagers du  printemps  qu’on  cultive  encore  si 
rarement,  malgré  leur  très-grand  mérite  orne- 
mental. A ces  plantes  étaient  jointes  quelques 
Roses  bien  développées  de  Thé  Souvenir  d’un 
ami,  variété  magnifique.  — M.  Castié,  horti-  | 
culteur,  17,  rue  du  Mont-Valérien,  à Suresnes, 
présentait  en  fleurs  coupées  de  magnifiques  j 
Auricules.  — M.  Régnier,  horticulteur  à Fon-  î 
tenay-sous-Bois  (Seine),  présentait  également  I 
en  fleurs  coupées  des  Pensées  très-belles  et  bien 
variées,  à très-grandes  fleurs.  — M.  Lévêque, 
l’éminent  rosiériste  bien  connu,  présentait  deux 
pieds  fleuris  de  la  Rose  Merveille  de  Lyon. 
Cette  variété,  qui  appartient  aux  hybrides  re-  * 
montants  et  qui  est  issue  de  la  Rose  Madame  » 
la  baronne  de  Rothschild,  a la  fleur  forte  et  , 


bien  faite,  d’un  blanc  légèrement  carné  qui 
rappelle  assez  exactement  le  coloris  de  la  Rose 
Cuisse  de  Nymphe  ou  du  Souvenir  de  la  Mal- 
maison. — M.  Michel,  chef  des  cultures  de  la 
Maison  Vilmorin,  rue  de  Reuilly,  115,  à Paris, 
présentait  une  boite  de  fleurs  coupées  de  Ci- 
néraires à fleurs  doubles  qui,  à tous  les  points 
de  vue,  pouvaient  lutter  avec  celles  qu’avait 
récemment  exposées  M.  Canne  1,  horticulteur 
anglais.  La  forme  de  ces  fleurs,  leurs  dimen- 
sions vraiment  extraordinaires,  jointes  à labeauté 
et  à la  richesse  des  coloris,  font  de  ces  plantes 
de  vrais  types  décoratifs,  surtout  si  l’on  réflé- 
chit que,  robustes  et  très-floribondes,  elles 
restent  parfaitement  fleuries  pendant  plus  de 
trois  mois.  — M.  Godefroy-Lebeuf,  horticul- 
teur à Argenteuil,  avait  envoyé  en  pieds  fleuris 
les  espèces  suivantes  : Masdevallia  Wagene- 
riana,  espèce  des  plus  curieuses,  à extérieur 
rose  cuivré  luisant,  à intérieur  jaunâtre,  ter- 
minée à chaque  extrémité  par  un  appendice 
assez  long,  ténu  ; Cypripediuyn  marmorophyl- 
lum,  forme  très-voisine  du  C.  barbatum  ; les 
C.  Boxalli  et  C.  Boxalli  superbum,  deux 
plantes  très-vigoureuses,  à hampe  florale  forte, 
portant  de  nombreux  poils  laineux;  les  fleure 
grandes,  à ailes  largement  étendues,  un  peu 
contournées,  luisantes  et  commes  vernies,  assez 
semblables  quant  à la  forme  à celles  de  la 
variété  superbuyn,  sont  un  peu  plus  foncées 
cependant.  — M.  Chenu,  de  Passy,  présentait  un 
énorme  et  magnifique  pied  de  Cypripyedium 
Loiüii,  portant  2 hampes  florales  d’un  beau 
noir,  dressées,  hautes  d’environ  65  centimètres, 
supportant  chacune  4 fleurs,  dont  3 très-bien 
épanouies,  la  4®  en  bouton;  les  fleurs,  très- 
grandes,  à ailes  extrêmement  développées,  con- 
tournées, jaunâtres,  maculées  brun  marron 
dans  la  partie  supérieure,  ont  l’extrémité  élargie 
d’un  beau  rose  violacé  foncé.  Cette  plante, 
unique  peut-être  par  les  dimensions  et  la 
beauté,  appartient  à une  des  plus  jolies  variétés 
du  Cypyûpedium  Lowii. 


BIBLIOGKÂPHIE 


Palmiers  brésiliens.  — Le  86®  fas- 
cicule du  Flora  hrasiliensis  est  consacré 
aux  Palmiers,  qui  sont  si  largement  repré- 
sentés dans  la  flore  du  Brésil. 

L’étude  en  a été  faite  par  le  docteur 
Drude,  directeur  du  Jardin  botanique  de 
Dresde. 

Le  nombre  des  genres  de  Palmiers  admis 
par  Bentham  et  Hooker,  dans  le  Généra 
Playitarum,  est  de  132,  sans  compter  un 
petit  nombre  de  genres  douteux,  et  les 


espèces  mentionnées  n’y  dépassent  pas  le 
chiffre  de  1,100,  dont  un  grand  nombre 
étaient  alors  très-imparfaitement  connues. 

M.  Drude,  pour  la  flore  brésilienne, 
énumère  251  espèces  appartenant  à 35  gen- 
res différents,  ou,  en  d’autres  termes,  le 
quart  à peu  près  des  espèces  connues,  re- 
présentant également  le  quart  des  genres 
décrits.  11  semble  étrange  de  dire  que,  bien 
qu’une  grande  proportion  de  ces  espèces 
soient  tout  à fait  locales,  deux  seulement, 


240 


BIBLIOGRAPHIE. 


des  genres  Glaziova  et  Barcella  sont  réelle- 
ment endémiques,  et  il  est  probable  que 
l’une  et  l’autre  de  ces  espèces  sont  repré- 
sentées dans  d’autres  parties  de  l’Amérique 
du  Sud. 

Les  genres  les  plus  nombreux  au  Brésil 
sont  les  Bactris,  54  espèces  ; Geonoma, 
37  espèces  ; Cocos,  29  espèces  ; Astroca- 
ryum,  28  espèces  ; Desmoncus,  17  espèces, 
et  Attalea,  13  espèces.  Les  autres  genres 
sont  représentés  par  un  très-petit  nombre 
d’espèces  : Œnocarpus,  8 ; Mauritia,  6 ; 
Lepidoçaryum,  5;  DiplotJiemium,  Maxi- 
miliana,  Euterpe,  Leopoldinia,  4 cha- 
cun ; Acrocomia,  Orhignya,  Hyospatlie, 
Iriartea,  Trithrinax,  3 chacun;  Oro- 
phoma,  Glaziova,  Elaœs,  Jessenia,  More- 
nia,  Chamædorea,  Catohlastus,  2 chacun  ; 
Baphia,  Gulielma,  Martinezia,  Barcella, 
Calyptronema,  Manicaria,  Kimthia,  Co~ 
pernicia  et  Acantliorhiza,  1 chacun. 

La  plus  grande  concentration  d’espèces 
existe  dans  le  nord-ouest  des  régions  de 
l’Amazone  supérieur,  où  l’on  en  trouve  110. 

En  considérant  les  Palmiers  répandus 
dans  la  culture,  nous  observons  que  le 
Cocos  Weddelliana  est  reporté  dans  le 
genre  Glaziova,  qui  est  un  des  deux  classés 
comme  endémiques.  Le  joli  genre  Chamœ- 
dorea,  si  nombreux  dans  LAmérique  cen- 
trale et  au  Mexique,  est  représenté  au 
Brésil  par  5 espèces  seulement. 

A ce  propos,  il  est  bon  de  constater  que 
M.  Drude,  non  plus  que  Bentham  et  Hooker, 
n’a  jugé  utile  de  remplacer  le  nom  de  ce 
Palmier  par  celui,  plus  ancien,  de  Nunne- 
zharia,  qu’avaient  adopté  Spruce,  Œrsted 
et  d’autres  botanistes.  La  raison  péremp- 
toire, à ce  sujet,  est  que  Buiz  et  Pavon,  les 
auteurs  de  ce  dernier  nom,  avaient  con- 
fondu sous  cette  dénomination  générique 
des  Palmiers  appartenant  à plusieurs  genres 
différents. 

Le  nom  de  Chamædorea,  plus  euphoni- 
que, est  d’ailleurs  répandu  partout  aujour- 
d’hui. 

Le  très-intéressant  travail  de  M.  Drude 
donne,  au  sujet  des  Palmiers  brésiliens, 
d’autres  renseignements  très-complets  que 
nous  espérons  faire  connaître  plus  tard  à 
nos  lecteurs. 

Ed.  André. 


Les  Produits  naturels  du  Tong-King 
et  des  pays  limitrophes.  — Au  moment 
où  il  est  question  d’annexer  à notre  colonie 
de  Gochinchine  cette  partie  de  l’Annam 
appelée  Tong-King,  nous  avons  pensé  qu’il 
ne  serait  pas  hors  de  propos  de  donner 
quelques  renseignements  sur  les  produits 
de  cette  contrée.  Nous  les  puisons  dans  une 
brochure  publiée  par  M.  Fr.  Romanet  du 
Caillaud.  Cette  brochure,  qui  se  termine  par 
une  carte  du  Tong-King,  comprend  les  para- 
ragrapbes  suivants  : Aperçu  géogra- 

phique; 2o  Métaux;  3®  Autres  minéraux 
divers  ; 4®  Produits  du  règne  végétal  ; 
5»  Produits  du  règne  animal  ; 6°  Voies  de 
communication  ; 7®  Voies  à créer;  8®  Né- 
cessité d’une  exploitation  commerciale. 

Dans  la  section  : ((  Produits  du  règne  vé- 
gétal, » la  seule  qui  nous  intéresse,  M.  Ro- 
manet du  Caillaud  indique  d’une  manière 
générale  les  suivants  : Riz,  Maïs,  Racines  et 
Tubercules  divers  ; Sucre,  Fruits,  Thé, 
Tabac,  Plantes  médicinales,  etc. 

Dans  les  essences  forestières,  qui  ne  pa- 
raissent ni  nombreuses  ni  variées,  les  Bam- 
bous occupent  une  des  premières  places.  B 
parle  aussi  d’un  arbre  dont  le  nom  annamite 
est  Cay  Cho.  11  est,  dit  cet  auteur,  (c  droit, 
très-élevé,  et  n’a  de  branches  qu’à  son  som- 
met, lequel  est  arrondi  en  forme  de  globe  ; 
son  bois  sert  à la  construction  des  barques, 
on  en  fait  aussi  des  madriers  de  20  à 30  mè- 
tres de  long.  )î 

Quant  aux  Plantes  d’ornement , que 
pourraient-elles  être?  Nous  croyons  que, 
quelles  qu’elles  soient,  il  n’y  faut  guère 
songer  pour  la  pleine  terre,  en  France, 
sinon  très  - exceptionnellement,  puisque, 
d’après  M.  Romanet  du  Caillaud,  le  Bana- 
nier, la  Canne  à sucre,  le  Jacquier,  la 
Cannelle,  l’Ananas,  les  Papayers,  les  Man- 
guiers, les  Li-tchi,  etc.,  sont  cultivés  dans 
presque  tous  les  jardins. 

Le  climat  du  Tong-King  paraît  être  au 
moins  aussi  chaud  que  celui  de  la  Cochin- 
chine.  Toutefois,  sous  ce  rapport,  nous  ne 
pouvons  rien  affirmer,  car  certaines  parties 
sont  très-accidentées  et  fortement  monta- 
gneuses, conditions  qui,  comme  on  le  sait, 
déterminent  de  grandes  diversités  dans  la 
température  et  peuvent  former  des  climats 
locaux.  E.-A.  Carrière. 


Xmp,  Qeorges  Jncob,  Oriénm, 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Exposition  de  la  Société  nationale 
et  centrale  d’horticulture  de  France. 

— Comme  l’année  dernière,  cette  exposition 
a été  installée  dans  le  pavillon  de  la  Ville  de 
Paris  et  scs  abords,  derrière  le  palais  de 
l’Industrie.  C’est  un  grand  succès  pour  la 
Société.  L’opinion  est  unanime  pour  cons- 
tater que  le  nombre  et  la  beauté  des  apports 
ont  dépassé  ce  qu’on  avait  vu  jusqu’ici  à 
Paris.  Rien  ne  saurait  peindre  l’éclat  des 
massifs  de  Rhododendrons  et  d’ Azalées,  le 
charme  et  le  parfum  des  Rosiers  qui  ont 
été  apportés  à profusion,  la  grâce  des  col- 
lections de  plantes  de  pleine  terre,  l’étrange 
beauté  des  Orchidées,  qui  cette  fois  trô- 
naient en  nombre,  etc.  Pour  la  première 
fois,  à une  exposition  de  la  Société,  les 
plantes  de  nouvelle  introduction  étaient 
représentées  par  des  apports  sérieux,  d’eS- 
pèces  importées  directement  des  pays  d’ori- 
gine et  non  encore  exposées  en  Europe. 
Les  lots  de  belle  culture  indiquaient  un 
progrès  constant  dans  la  sélection  des 
plantes  de  serre  et  la  beauté  des  spécimens. 
Les  spécialités  françaises,  Caladiums,  Gloxi- 
nias,  Crotons,  etc.,  ont  triomphé,  comme 
toujours. 

L’accueil  fait  par  le  public  à ce  magni- 
fique ensemble  de  plantes  a été  enthou- 
siaste, et  le  22  mai,  jour  de  l’inauguration, 
a été  favorisé  heureusement  par  un  temps 
superbe. 

Nous  sommes  heureux  d’avoir  à enre- 
gistrer ce  nouveau  succès  de  notre  horti- 
culture nationale.  La  Revue  horticole 
publiera,  dans  son  prochain  numéro,  le 
compte-rendu  de  l’exposition. 

Amélioration  apportée  aux  expédi- 
tions de  plantes.  — La  Compagnie  des 
chemins  de  fer  de  l’Ouest  vient  d’apporter 
à ses  réglements  sur  le  transport  des 
végétaux,  une  amélioration  que  nous  nous 
empressons  de  signaler.  Voici,  à ce  sujet, 
une  réponse  qu’a  reçue  notre  collègue 
M.  Raptiste  Desportes,  le  représentant  de 
l’établissement  d’horticulture  André-Leroy, 
et  qu’il  a bien  voulu  nous  communiquer. 

((  Monsieur,  par  votre  lettre  du  7 mai  cou- 
rant, vous  avez  bien  voulu  appeler  notre  atten- 
tion sur  les  difficultés  que  vous  éprouviez  pour 
vos  transports  de  végétaux  depuis  la  mise  en 

1er  Juix  1883. 


application  de  certaines  mesures  prises  à la 
suite  de  la  convention  de  Berne,  dans  le  but  de 
combattre  l’invasion  du  phylloxéra. 

« J’ai  l’honneur  de  vous  informer  que,  dési- 
reux de  parer,  dans  la  mesure  du  possible,  aux 
inconvénients  résultant  de  cette  situation,  nous 
avons,  après  examen,  réglementé  la  circulation 
intérieure  par  les  nouvelles  dispositions  sui- 
vantes ; 

Les  expéditions  de  végétaux,  autres  que  la 
Vigne,  pourront  être  acceptées  pour  rbitérieMr, 
sans  les  certificats  précédemment  prescrits,  à 
la  condition  que  les  expéditeurs  justifieront,  par 
la  production  de  la  carte  officielle  de  la  date 
la  plus  récente,  que  le  lieu  de  provenance  n’est 
pas  situé  dans  un  arrondissement  phylloxéré, 
où,  à défaut  de  cette  production,  déclareront 
sur  leurs  notes  d’expédition  qu’ils  garantissent 
la  Compagnie  de  toutes  les  conséquences, 
quelles  qu’elles  soient,  du  manque  de  certificats 
et  des  contraventions  qui  peuvent  être  relevées 
par  suite  de  leur  absence. 

Nous  croyons,  en  outre,  devoir  porter  à votre 
connaissance  qu’en  ce  qui  concerne  Vexporta- 
tion  des  mômes  végétaux  sur  la  Belgique,  les 
envois  peuvent  être  acceptés  mainténant  accom- 
pagnés seulement  du  certificat  délivré  par  l’au- 
torité française  compétente,  et  sans  l’attestation 
d’un  expert  officiel,  le  Gouvernement  belge 
n’exigeant  pas  cette  dernière  condition. 

Celte  concession  est  certainement  quel- 
que chose,  mais  ce  n’est  pas  assez;  puis- 
qu’il est  hors  de  doute  que  le  phylloxéra  ne 
s’attaque  qu’à  la  Vigne,  celle-ci  seule 
devrait  être  le  sujet  de  mesures  exception- 
nelles. 

Nomination  de  M.  Nanot  comme 
professeur  d’arboriculture  de  la  Ville 
de  Paris.  — Par  arrêté  du  préfet  de  la 
Seine,  M.  Du  Breuil,  professeur,  vient 
d’être  admis  à faire  valoir  ses  droits  à la 
retraite.  M.  J.  Nanot,  diplômé  de  l’ensei- 
gnement supérieur  de  l’agriculture,  répéti- 
teur d’arboriculture  et  de  viticulture  à 
l’Institut  national  agronomique,  après  avoir 
suppléé  depuis  deux  ans  M.  Du  Breuil  dans 
son  enseignement,  a été,  par  le  même 
arrêté  préfectoral,  nommé  pour  occuper  la 
chaire  de  la  Ville  de  Paris. 

Vente  de  la  bibliothèque  de  M.*De- 
caisne.  — Cette  vente,  qui  devait  avoir 
lieu  en  mai,  aura  lieu  du  4 au  23  juin  pro- 

M 


242 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Chain,  à sept  heures  et  demie  du  soir,  mai- 
son Sylvestre  (salle  n°  1),  28,  rue  des  Bons- 
Enfants,  Paris. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  la  haute  im- 
portance de  la  belle  collection  d’ouvrages 
relatifs  à la  botanique,  à l’horticulture  et  à 
l’arboriculture,  qu’avait  réunie  feu  M.  De- 
caisne. 

Ajoutons  aujourd’hui  que  le  Catalogue  de 
la  vente  a été  classé  scientifiquement  par 
M.  Vesque,  aide -naturaliste  au  Muséum. 
Ce  catalogue,  qui  contient  3,264  numéros, 
sans  compter  un  très-grand  nombre  de 
brochures,  est  précédé  d’une  biographie  par 
M.  le  Dï*  E.  Bornet.  Il  se  trouve  en  distri- 
bution gratuite  chez  veuve  Labitte, 

libraire,  4,  rue  de  Lille,  à Paris,  qui  est 
chargée  de  la  vente. 

Primes  d’honneur  en  faveur  de  l’hor- 
ticulture et  de  la  petite  culture.  — 

Nous  apprenons  avec  plaisir  que,  dans  le 
budget  pour  1884  que  le  gouvernement 
vient  de  présenter  à la  Chambre,  il  est  ajouté 
une  somme  de  50,000  francs  au  chapitre 
des  primes  d’honneur  et  des  prix  culturaux. 

Cette  somme  est  destinée  à créer  des 
récompenses  auxquelles  concourront  l’hor- 
ticulture et  la  petite  culture  agricole. 

Il  y a tout  lieu  d’espérer  que  le  Parle- 
ment ratifiera  cette  proposition,  et  que  ce 
crédit  spécial,  modeste  dans  la  somme 
allouée,  sera  augmenté  dans  le  budget  des 
futures  années. 

Exposition  internationale  d’horti- 
culture à Boston.  — Une  lettre  de  Bos- 
ton, adressée  à la  Société  nationale  et 
centrale  d’horticulture  de  France,  informe 
celle-ci  qu’en  mémoire  du  100®  anniversaire 
du  Traité  de  paix  des  États-Unis,  une  Expo- 
sition internationale  d’horticulture  aura  lieu 
à Boston  (Amérique),  en  septembre,  octobre 
et  novembre  1 883. 

Cette  lettre  engage  non  seulement  les 
membres  de  la  Société,  soit  collectivement, 
soit  individuellement,  à prendre  part  à ce 
tournoi  trans- océanien,  mais  tous  les  ama- 
teurs et  horticulteurs,  quels  qu’ils  soient. 
C’est  donc  une  occasion  pour  l’horticulture 
française  de  montrer  à sa  sœur  d’Amérique 
ses  remarquables  productions  fruitières  : 
Pommes,  Poires,  Raisins,  et  de  resserrer 
encore  les  liens  d’amitié  qui  unissent  les 
deux  peuples. 


Souvenir  hygrométrique  de  l’Expo- 
sition d’horticulture.  — Sous  cette  ru- 
brique, on  voyait  à l’exposition  d’horticulture 
de  Versailles,  du  12  mai  dernier  et  dont  on 
trouvera  plus  loin  un  compte-rendu,  une 
carte-adresse  sur  laquelle  on  lisait  : ((  Ob- 
servez-moi,  si  je  suis  bleu  il  fera  beau;  je 
deviens  rose  s’il  doit  pleuvoir.  » Le  temps 
s’était  chargé  de  confirmer  ces  pronostics, 
car  il  pleuvait  à chaque  instant  et  l’atmos- 
phère était  très- chargée  d’humidité;  aussi 
la  partie  préparée  était-elle  d’un  rose  foncé. 
Suivant  les  changements  atmosphériques, 
la  couleur  varie  de  nuance.  Cette  sensibilité 
est  due  à une  préparation  chimique  sur 
laquelle  l’humidité  de  l’air  agit  d’une  ma- 
nière analogue  à celle  qui  s’exerce  soit  sur 
les  substances  qui  composent  le  légendaire 
« capucin  » qui  se  couvre  ou  rentre  dans 
sa  cabane  s’il  doit  pleuvoir,  soit  sur  la  graine 
&'Erodium  gruinum  qui  s’enroule  ou  s’é- 
tend suivant  le  degré  d’humidité  de  l’at- 
mosphère. M.  L.  Couturier,  39,  rue  de  la 
Paroisse,  à Versailles,  est  l’inventeur  de  ce 
nouvel  hygromètre. 

Utilisation  des  fruits  passés.  — 

Quand,  par  suite  d’une  maturité  trop  avan- 
cée, les  Pommes  et  les  Poires  ont  perdu  leurs 
qualités,  il  est  encore  possible  de  les  utili- 
ser ; le  moyen  est  de  les  faire  cuire  et  d’en 
préparer  des  compotes.  Dans  cet  état,  ces 
fruits  reprennent  sinon  toutes  leurs  quali- 
tés, du  moins  une  grande  partie.  On  ajoute 
un  peu  de  sucre  et  une  petite  quantité  d’eau, 
et  lorsque  la  cuisson  est  presque  complète, 
on  verse  dans  le  vase  quelques  gouttes 
d’eau-de-vie  ou  de  rhum  ; ou  bien  encore, 
un  peu  avant  que  la  cuisson  soit  parfaite, 
on  jette  dans  le  vase  quelques  fragments 
d’écorce  d’orange,  l’on  couvre  et  on  laisse 
pendant  quelques  minutes,  sur  un  feu  doux, 
afin  que  la  compote  s’imprègne  bien  du 
parfum  de  la  substance  ajoutée. 

Exposition  d’horticulture  à Saint- 
Germain-en-Laye. — Du  19  au  22  août  1883, 
la  Société  d’horticulture  de  Saint- Germain- 
en-Laye  fera  dans  cette  ville  une  Exposition 
d’horticulture,  ainsi  que  des  arts  et  indus- 
tries qui  s’y  rattachent.  Elle  se  tiendra  dans 
le  Manège  militaire,  place  Royale. 

Les  personnes  qui  voudront  prendre  part 
à cette  Exposition  devront,  avant  le  12  août, 
en  faire  la  demande  à M.  Goupy  père,  se- 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


243 


crétaire  général  de  la  Société,  rue  des 
Kroumirs,  en  indiquant  les  objets  qu’elles 
se  proposent  d’exposer  et  l’emplacement 
qu’elles  supposeront  leur  être  nécessaire. 

Le  jury  se  réunira  le  samedi,  18  août,  à 
midi  précis,  au  local  de  l’Exposition. 

Achyranthes  et  Gnaphalium  lana- 
tum  en  arbres . — Afin  de  varier  les 
aspects  des  plantes  cultivées  en  caisse 
pour  la  décoration  et  de  produire  des  con- 
trastes, M.  Armand  Guingand  a eu  l’heu- 
reuse idée  d’élever  en  arbre  des  plantes 
à feuillage  coloré.  Pour  obtenir  ce  résultat, 
il  a choisi  deux  plantes  de  couleur  tout 
à fait  différente  : V Achyranthes  Verscha- 
ffelti,  qui  est  d’un  rouge  noir,  et  le  Gna- 
phalium lanatum,  qui  est  blanc  grisâtre, 
avec  un  abondant  tomentum.  A l’aide  de 
tuteurs,  du  pinçage  et  de  la  taille,  il  est 
arrivé  à obtenir  ces  plantes  avec  des  tiges 
de  1 mètre  et  plus  de  hauteur,  sur- 
montées d’une  énorme  tête  sphérique.  Pla- 
cées çà  et  là  entre  des  Orangers,  des  Gre- 
nadiers, des  Lauriers  roses,  les  espèces 
en  question  produisent  un  effet  charmant. 
Faisons  observer  que  ces  plantes  ne  sont 
pas  les  seules  ; il  en  est  beaucoup  d’autres 
que  l’on  pourrait  soumettre  à ce  traitement. 
Toutefois,  pour  réussir,  outre  la  diversité 
des  couleurs,  il  faut  choisir  des  variétés 
très-vigoureuses , de  manière  à obtenir 
promptement  les  dimensions  nécessaires 
pour  remplir  le  but  que  l’on  recherche. 

A la  dernière  exposition  quinquennale  de 
Gand,  des  Gnaphalium  élevés  de  cette 
manière,  à haute  tige,  ont  été  remarqués. 

Exochorda  grandiflora.  — Plusieurs 
de  nos  abonnés,  désirant  se  procurer  cette 
magnifique  espèce,  nous  informent  que,  non 
seulement  ils  ne  savent  où  la  trouver,  mais 
qu’ils  n’en  ont  même  pas  vu  le  nom  dans 
les  quelques  ouvrages  qu’ils  possèdent.  Ce 
bel  arbuste,  originaire  du  Nord  de  la  Chine, 
a été  décrit  et  nommé  ainsi  par  le  bota- 
niste anglais,  Lindley,  dans  le  Garde- 
ners’  Chronicle  (1858,  p.  925).  Avant  cette 
époque,  M.  R.  Fortune,  qui  l’avait  décou- 
vert en  1845  et  introduit,  avait  cru  y voir 
un  Amelanchier,  et  Lindley  l’avait  nommé 
A.  racemosa  (1).  En  1854,  Sir  Hooker  ra- 
mena la  plante  dans  le  genre  Spirœa  (2). 

(1)  Bot.  Reg.,  1847,  t.  38. 

(2)  Bot.  mag.,  t.  4795. 


Ce  ne  fut  qu’en  1858  que  Lindley,  lorsque 
l’espèce  eût  fructifié  chez  M.  Standish,  à 
Bagshot,  lui  trouva  des  caractères  suffisants 
pour  fonder  le  nouveau  genre  Exochorda. 
Ce  genre,  monotype  jusqu’ici,  a été  conservé 
par  MM.  Bentham  et  Hooker  dans  leur  Gé- 
néra plantarum,  I,  p.  612.  M.  le  pro- 
fesseur Bâillon,  dans  son  Histoire  des 
plantes.,  place  V Exochorda  près  des  Lind- 
leya.  C’est  aussi  le  Spirœa  vera  de  quel- 
ques horticulteurs. 

11  est  facile  de  se  procurer  V Exochorda 
grandiflora,  à Orléans,  notamment  chez 
MM.  Transon  frères,  chez  M.  Desfossés- 
Thuillier,  et  d’autres  horticulteurs. 

Destruction  des  Fourmis.  — Les 

Annales  de  la  Société  horticole,  vigne- 
ronne et  forestière  de  VAube  publient 
le  procédé  suivant,  dont  nous  recomman- 
dons l’essai  à nos  lecteurs. 

Après  que  l’on  aura  reconnu  l’emplace- 
ment de  la  fourmilière  d’où  proviennent 
les  insectes  envahissants,  on  l’arrosera  avec 
un  mélange  d’une  partie  de  poudre  chlo- 
rurée pour  6 à 8 parties  d’eau. 

Une  seule  opération  suffit,  et  les  fourmis 
qu’elle  n’atteindrait  pas  émigreront  aussitôt, 
paraît-il,  à une  grande  distance. 

Production  spontanée  d’un  Prunier 
à fleur  double.  — Nous  avons  à signaler 
l’apparition  spontanée,  dans  un  semis  de 
noyaux  de  Prunier,  d’un  sujet  à fleurs 
doubles,  très-vigoureux  et  qui  sera  très- 
précieux  pour  l’ornementation.  Ce  fait  s’est 
produit  dans  les  pépinières  de  MM.  Simon- 
Louis  frères,  à Plantières-lès-Metz.  Des 
échantillons  qui  nous  avaient  été  envoyés 
par  notre  collègue,  M.  Jouin,  chef  de  culture 
dans  cet  établissement,  nous  ont  permis 
d’apprécier  la  beauté  du  nouveau  venu,  qui 
certainement  jouera  un  rôle  important  dans 
l’ornementation  des  jardins  paysagers,  peut- 
être  même  formera-t-il  une  nouvelle  va- 
riété fruitière. 

Deux  Poires  monstrueuses.  — Les 

deux  variétés  dont  il  s’agit,  et  qui  figurent 
sur  des  tableaux  placés  dans  la  salle  du 
Comité  d’arboriculture  de  la  Société  natio- 
nale et  centrale  d’horticulture  de  France, 
sont  : Souvenir  de  i847  et  Grosse- Ange- 
vine. Ces  véritables  monstres  dépassent  de 
beaucoup  la  Belle-Angevine  ; leur  surface 


# 


244  CHRONIQUE 

est  fortement  et  irrégulièrement  bosselée, 
et  la.  peau  est  d’un  vert  sombre  plus  ou 
moins  taché  de  gris.  Jamais  nous  n’avons 
rien  vu  de  semblable,  et  nous  ne  nous  souve- 
nons pas  d’avoir  vu  ces  Poiriers  annoncés 
sur  aucun  catalogue. 

Ces  deux  variétés,  qui,  par  les  dimen- 
sions extraordinaires  des  fruits,  sont  si 
remarquables,  où  pourrait-on  se  les  pro- 
curer ? Nous  croyons  qu’il  y aurait  intérêt 
à les  cultiver;  aussi  serions-nous  heureux 
que  quelqu’un  voulût  bien  répondre  à cette 
question.  Si  la  réponse  était  affirmative, 
nous  nous  ferions  un  devoir  de  la  faire  con- 
naître. 

Dichroïsme  d’une  Betterave.  — Ce 

nouveau  fait  de  production  de  couleur  ins- 
tantanée s’est  manifesté  l’année  dernière  à 
Verrières,  dans  les  cultures  de  MM.  Vilmo- 
rin. Sur  une  racine  de  Betterave,  il  s’est 
développé  deux  bourgeons,  l’un  vert  brun 
foncé,  ce  qui  est  la  couleur  normale;  l’autre 
d’un  rouge  vif  à reflets  orangés  des  plus 
brillants,  complètement  différent  du  pre- 
mier, ce  qui  produit  un  contraste  d’autant 
plus  sensible,  que  les  deux  bourgeons  sont 
placés  l’un  près  de  l’autre  et  paraissent  sor- 
tir du  même  point.  En  supprimant  le  bour- 
geon normal  et  ne  conservant  que  le  rouge 
pour  la  graine,  on  aurait  chance  d’obtenir 
une  race  particulière,  complètement  diffé- 
rente quant  à la  couleur  des  feuilles. 

Exposition  d’horticulture  à Dieppe. 

— Cette  exposition  se  tiendra  tîh  mercredi 
11  au  lundi  16  juillet,  dans  la  cour  de 
l’Hôtel -de- Ville. 

Toutes  les  personnes,  de  quelque  natio- 
nalité qu’elles  soient,  sont  invitées  à prendre 
part  à cette  exposition. 

Les  demandes  doivent  être  adressées  à 
M.  le  président  de  la  Société  d’horticulture, 
à l’Hôtel-de-Ville  de  Dieppe,  an  moins  dix 
jours  avant  Vouverture  de  Vexposition, 
en  indiquant  la  nature  des  objets  qu’on  se 
propose  d’exposer,  et  approximativement 
l’emplacement  nécessaire. 

Le  jury  se  réunira  au  local  de  l’exposi- 
tion, le  mercredi  11  juillet,  à onze  heures 
du  matin. 

Conservation  des  mastics  à greffer  à 
froid.  — Plusieurs  fois  déjà,  des  lecteurs 
de  la  Revue  horticole  nous  ont  écrit  pour  se 


HORTICOLE. 

plaindre  d’une  altération  assez  prompte  que 
subissent  les  mastics  à greffer  à froid.  Cette 
altération  consiste  dans  le  durcissement  qui, 
en  déterminant  la  solidificationdu mastic,  le 
rend  impropre  à l’emploi  pour  les  greffes  un 
peu  délicates.  En  nous  faisant  part  du  fait, 
on  nous  priait  d’indiquer  un  moyen  d’éviter 
cet  inconvénient  ou  de  le  faire  disparaître 
lorsqu’il  s’est  produit.  Le  seul  moyen  est 
d’empêcher  l’évaporation  de  l’alcool  employé 
pour  la  liquéfaction  des  corps  gras  et  rési- 
neux qui  entrent  dans  les  mastics  à greffer. 
Pour  cela  il  faut,  autant  que  possible,  tenir 
les  vases  bien  bouchés  et  les  placer  dans 
un  lieu  frais  et  même  relativement  froid, 
excepté  lorsqu’on  va  les  employer.  Il  est 
bon  aussi  d’avoir  des  vases  de  petites  dimen- 
sions, afin  qu’ils  soient  moins  longtemps  en 
vidange. 

Certaines  personnes  croient  remédier  au 
mal  en  faisant  chauffer  ces  mastics  durcis 
sur  un  réchaud  ou  à la  chaleur  d’une  lampe, 
mais  cette  prétendue  amélioration  aggrave 
la  situation,  car,  en  se  liquéfiant,  le  mastic 
a perdu  tout  l’alcool  qu’il  contenait  ; de  sorte 
qu’on  ne  peut  plus  l’employer  qu’à  chaud, 
c’est-à-dire  en  le  maintenant  constamment 
au-dessus  d’une  lampe  ou  d’un  fourneau. 

Encore  les  bassinages  chimiques.  — 

Dans  une  lettre  qu’il  vient  de  nous  adres- 
ser, notre  collaborateur,  M.  Boucharlal 
aîné,  horticulteur  à Cuire-Lyon  (Bhône), 
nous  informe  qu’ayant  fait  usage  du  liquide 
inventé  par  M.  Ant.  Caillaud,  horticulteur 
à Nice,  pour  détruire,  soit  les  insectes,  soit 
les  maladies  qui  attaquent  l’épiderme  des 
plantes,  il  s’en  est  très-bien  trouvé,  et  que, 
notamment  contre  la  rouille  des  Pélargo- 
niums,  il  a obtenu  un  succès  complet. 

« ^près  avoir  vainement  essayé  contre  ce 
terrible  fléau  toutes  les  substances  liquides 
ou  pulvérulentes  préconisées,  j’ai  eu  recours 
à celle  de  M.  Caillaud,  qui  est  liquide. 
L’ayant  additionnée  d’eau  dans  la  propor- 
tion d’un  vingtième  (20  litres  d’eau  avec 
un  litre  de  liquide),  j’en  bassinai  tous  mes 
Pélargoniums  atteints  de  la  rouille,  et  la 
maladie  disparut  comme  par  enchantement/, 
même  sur  les  feuilles  attaquées  qui  tom- 
bent graduellemeut.  Aucune  de  celles  qui 
se  développèrent  ensuite  ne  présenta  la 
moindre  trace  d’affection.  Voulant  savoir  si 
je  n’avais  pas  été  servi  par  une  cause  étran- 
gère, je  renouvelai  à différentes  époques  ce 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


245 


bassinage  qui,  toujours,  fut  suivi  d’un  plein 
succès.  Voilà  ce  que  je  puis  assurer  et  que 
je  crois  devoir  faire  connaître  dans  l’intérêt 
de  l’horticulture,  qui  trouve  dans  le  liquide 
de  M.  Caillaud  un  remède  à une  atrection 
jusqu’ici  considérée  comme  incurable. 

Visites  de  marchés  aux  fleurs.  — La 

Société  régionale  d’horticulture  du  Nord  de 
la  France,  toujours  à la  recherche  des  inno- 
vations qui  peuvent  être  utiles  au  progrès 
de  l’horticulture  sous  toutes  ses  formes, 
a pris  une  décision  dont  l’application  ren- 
dra, croyons-nous,  de  nombreux  services. 

Elle  a organisé  des  visites  de  marchés, 
qui  auront  lieu  une  fois  par  mois,  à jours 
fixes  et  publiés  à l’avance,  depuis  le  mois 
d’avril  jusqu’à  la  fin  de  septembre. 

Les  lots  ou  étalages  examinés  sont  divisés 
en  trois  catégories  : 

1"  Marchands  de  plantes  fleuries  ou  plantes 
ornementales  ; 

2'>  Marchands  de  plantes  vivaces,  de  pleine 
terre  et  d’arbustes  ; 

Bouquetières. 

Des  médailles  de  diverses  classes  seront 
accordées  aux  lots  ou  aux  plantes  remar- 
quables sous  un  rapport  quelconque. 

L’intérêt  commercial  engage  d’ordinaire 
les  horticulteurs  qui  vendent  sur  les  mar- 
chés, à présenter  leurs  plantes  et  leurs  fleurs 
dans  les  conditions  qui  leur  sont  le  plus 
favorables  (et  l’on  sait  quel  joli  coup  d’œil 
présentent  pendant  presque  toute  l’année 
nos  marchés  de  la  Madeleine,  du  Château- 
d’Eau  et  du  Quai  aux  Fleurs).  Nous  som- 
mes cependant  persuadés  que  l’émulation 
entre  confrères,  aiguillonnée  par  des  primes 
accordées,  soit  pour  la  belle  culture,  soit 
pour  le  choix  le  plus  judicieux  des  espèces 
et  variétés  cultivées,  soit  entin  pour  la  vul- 
garisation de  plantes  peu  connues  et  re- 
commandables, apporterait  une  améliora- 
tion sensible  dans  l’ensemble  des  plantes  et 
fleurs  présentées  sur  les  marchés. 

Une  plante  a rageuse  ».  — Nous  avons 
été  souvent  à même  d’entendre  ou  de  lire 
la  description  fantaisiste  de  plantes  imagi- 
naires. Récemment  nous  signalions,  à ce 
propos,  certaines  réclames  peu  honnêtes, 
quoique  pittoresques.  Mais  nous  n’avons 
encore  rien  rencontré  d’aussi  original  que 
l’article  suivant,  publié  récemment  par  le 
Times  : 


Une  singulière  espèce  d’ Acacia  croît  actuel- 
lement dans  la  Virginie,  et  présente  tous  les 
phénomènes  qui  caractérisent  la  Sensitive.  Le 
spécimen  dont  nous  parlons  a environ  2m  50 
de  hauteur,  et  pousse  avec  vigueur.  Lorsque 
les  bourgeons  développent  des  feuilles  repliées 
sur  elles-mêmes  et  que  l’extrémité  des  rameaux 
se  contourne  en  tire-bouchon  {j/ig' s-taiï) , si 
l’on  y touche,  la  plante  paraît  mal  à l’aise. 
Son  état  le  plus  accentué  de  surexcitation  est 
atteint  lorsque  l’on  change  cet  arbre  de  place. 
Les  jardiniers  américains  prétendent  qu’à  ce 
ce  moment  il  « perd  la  tête.  » Il  est  à peine 
placé  dans  sa  nouvelle  position  que  les  feuilles 
se  redressent  et  se  hérissent  comme  les  poils 
sur  un  chat  en  colère,  et  bientôt  l’arbre  entier 
est  pris  de  hissonnement  ; il  dégage  alors  une 
odeur  écœurante  et  pénétrante  se  rapprochant 
de  celle  du  serpent  à sonnettes. 

Cette  odeur  envahit  tellement  les  habitations 
ou  serres  dans  lesquelles  cet  Acacia  se  trouve 
au  moment  de  ses  « crises  »,  qu’il  est  absolu- 
ment nécessaire  d’ouvrir  alors  les  portes  et 
fenêtres  ; il  faut  au  moins  une  heure  pour  que 
la  plante  soit  calmée,  et  que  ses  rameaux  et 
ses  feuilles  reprennent  leur  position  normale. 

Culture  desPins  en  Sologne.  —Encore 
une  bonne  mesure  d’intérêt  général  due  à 
l’initiative  privée. 

Le  Comice  central  agricole  de  la  Sologne 
offre  une  médaille  d’or  grand  module  à l’au- 
teur du  meilleur  mémoire  sur  la  culture 
des  Pins  en  Sologne. 

Les  conditions  à remplir  sont  les  sui- 
vantes ; 

Résumer  sous  une  forme  très-simple  les 
meilleurs  conseils  donnés  par  l’expérience 
et  se  rapportant  au  choix  du  terrain  et  à 
celui  des  espèces  de  Pins  à employer  dans 
telles  ou  telles  conditions  ; les  modes  de 
culture,  semis,  plantation,  aération,  éclair- 
cies, élagages,  seront  indiqués,  ainsi  que  les 
moyens  de  défense  contre  les  maladies,  les 
gelées,  les  insectes  ; les  modes  d’aménage- 
ment et  d’exploitation,  d’utilisation  des 
menus  bois  et  écorces,  etc. 

Le  Comité  se  réserve  le  droit  d’éditer 
sous  forme  de  petit  livre  et  sous  le  titre  de  : 
Manuel  du  planteur  de  Pins  en  Soloçjne, 
le  mémoire  couronné  et  de  le  distribuer 
gratuitement  ; sa  propriété  et  le  droit  de  l’édi- 
ter étant  réservés  ultérieurement  à l’auteur. 

Les  manuscrits  devront  être  adressés  le 
Ier  septembre  1883,  deymier  délai,  à 
M.  Ernest  Gaugiran,  secrétaire-archiviste 
du  comité,  à La  Motte-Beuvron  fLoir-et- 
Cher). 


246 


ÉTUDE  SUR  LES  ABUTILONS, 


Traité  élémentaire  d’Ai;‘boriculture 
fruitière.  — Le  Cercle  d’Arboriculture  de 
Belgique  avait  ouvert  un  concours  pour  le 
meilleur  Traité  élémentaire  T arboriculture 
fruitière  destiné  aux  écoles  primaires. 

Nous  avons  appris  avec  satisfaction  que 
le  premier  prix,  consistant  en  une  médaille 
d’or,  a été  gagné  par  un  de  nos  compa- 
triotes, M.  Henry,  professeur  d’horticulture 
à l’École  Mathieu-de-Dombasle,  près  Nancy. 

M.  Henry  est  un  ancien  élève  de  l’École 
nationale  d’horticulture  de  Versailles,  d’où 
il  est  allé  passer  quelque  temps  chez 
MM.  Baltet  frères,  pépiniéristes  à Troyes. 

Un  nouveau  Nénuphar.  — Une  nou- 
velle variété  provenant  du  Nymphéa  Devo- 
niensis  vient  d’être  obtenue  en  Angleterre 
par  M.  E.  Sturtevant.  Bien  que  ce  ne  soit 
pas  une  espèce,  le  docteur  Asa  Gray  pense 
qu’elle  doit  être  nommée  N.  Sturtevanti,  à 
condition,  toutefois,  qu’en  écrivant  ce  nom 
on  le  fasse  précéder  d’une  croix  (x)  indi- 
quant que  la  plante  est  un  hybride.  D’après 
la  description,  les  fleurs  du  N.  X Sturte- 
vanti  sont  plus  pâles  que  celles  du  type, 
qui  sont  rouge  foncé. 

Le  N.  Devoniensis  provient  du  N.  den- 
tata,  espèce  à fleurs  blanches. 


Exposition  de  la  Société  d’horticul- 
ture d’Orléans  et  du  Loiret.  — - La  So- 
ciété d’horticulture  d’Orléans  et  du  Loiret 
fera  sa  cinquantième  Exposition  du  13  au 
17  juin  prochain. 

La  Société  a décidé  de  ne  pas  faire  de 
programme  de  concours,  afin  d’être  très- 
large  dans  la  réception  des  plantes.  Le  jury 
aura  à décerner,  en  nombre  illimité,  des 
médailles  d’or,  de  vermeil,  di  argent  et  de 
bronze  et  des  diplômes  d'honneur. 

Cette  exposition  comprendra  spéciale- 
ment toutes  les  nouveautés  de  plantes  ou 
arbustes  fleuris  ou  non  ; les  légumes  nou- 
veaux ou  nouvellement  introduits,  et  les 
collections  de  Roses  hybrides  remontantes, 
de  Roses  Thé,  hybrides  de  Thé  et  Noi- 
settes ; de  Roses  mousseuses  ; de  Roses  lie- 
Bourbon  ; collection  de  Roses  réunissant  le 
plus  grand  nombre  de  variétés. 

Les  personnes  qui  désirent  prendre  part 
à cette  exposition  devront  en  faire  la  décla- 
ration par  écrit,  du  au  10  juin  au  plus 
tard,  au  secrétaire-général,  M.Eug.  Delaire, 
en  indiquant  le  genre  de  plantes  qu’elles 
désirent  exposer. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


ÉTUDE  SUR  LES  ABUTILONS 


M.  Gumbleton  est  un  amateur  des  plus  dis- 
tingués, qui,  depuis  de  longues  années,  réunit 
et  augmente  sans  cesse  une  précieuse  collection 
de  plantes  rares  et  nouvelles  dans  sa  propriété 
de  Belgrove,  près  de  Cork  (Irlande). 

Les  Abutilons  sont  fobjet  de  ses  soins.  Il 
vient  de  publier,  dans  le  Gcirden,  une  étude 
sur  ces  plantes  dont  il  nous  a paru  intéressant 
de  traduire  la  substance  pour  nos  lecteurs. 

E;  A. 

Abutilon  vitifolium.  — Espèce  des  plus 
jolies.  Bien  que  cette  plante,  originaire 
du  Chili,  soit  introduite  en  Europe  depuis 
environ  quarante  ans  , elle  est  encore  peu 
répandue.  On  la  désigne  quelquefois  sous 
le  nom  de  Sida  vitifolia , et  elle  a fait  ses 
preuves  comme  arbuste  de  haut  ornement 
pour  les  serres  froides  et  orangeries,  par  sa 
floribondité  et  la  jolie  nuance  lilas  de  ses 
grandes  fleurs  qui  rendent  de  grands  ser- 
vices en  automne  et  en  hiver. 

A.  Darivini.  — Élégant  arbuste  qui 


produit  en  abondance  de  grandes  fleurs 
en  forme  de  clochettes,  rouge  orangé  gra- 
cieusement veiné  de  rouge  sang,  se  dévelop- 
pant à l’aisselle  des  feuilles,  qui  ressemblent 
à celles  du  Sycomore. 

Outre  sa  belle  floraison  hivernale,  cette 
plante  est  recommandable  par  la  végétation 
vigoureuse  qu’elle  fournit  Tété  en  plein  air. 

Cette  espèce  a produit  une  variété  à 
feuilles  panachées,  V Abutilon  Darwini  tes- 
sellatum,  qui  rend  de  grands  services,  pour 
la  décoration  estivale  des  jardins,  par  son 
emploi  en  compagnie  d’autres  plantes  à 
feuillage  ornemental. 

A.  insigne.  — Bonne  plante  de  jar- 
din à grandes  feuilles  cordiformes,  à fleurs 
blanc  et  marron  foncé,  réunies  en  grappes 
axillaires  et  tombantes.  Cette  espèce  est 
très-florifère,  et  de  jeunes  pieds  n’ayant 
que  50  centimètres  de  hauteur  fleurissent 
abondamment.  Elle  fleurit  en  hiver. 

A.  pœoniœflorum.  — Plante  à grandes 


GLOXINIA  DIVERSIFLORA, 


247 


feuilles  ovales  et  à fleurs  rouges.  Bien 
que  ces  fleurs  soient  moins  grandes  que 
celles  des  espèces  précédentes,  leur  belle 
couleur  rend  la  plante  ornementale  et 
bien  distincte. 

A.  striatum.  — Espèce  souvent  em- 
ployée pour  palisser  contre  les  murs  ou  pour 
garnir  les  piliers  de  serres  froides  ou  d’oran- 
geries. Grandes  feuilles  lobées,  à pétioles 
longs  et  minces,  formant  un  fond  de  ver- 
dure sur  lequel  se  détachent  de  jolies  fleurs 
jaune  orange  veinées  de  rouge  sang,  élégam- 
ment supportées  par  des  pédoncules  longs 
et  recourbés.  La  floraison  de  cetle  espèce 
a lieu  à l’automne,  et,  avec  des  soins  conve- 
nables, on  peut  l’obtenir  pendant  presque 
toute  l’année. 

A.  venosum.  — Cette  espèce  est  tout  à 
fait  remarquable  par  ses  feuilles,  qui  res- 
semblent à celles  du  Ricin,  et  par  les  gran- 
des dimensions  de  ses  fleurs,  jaune  et  rouge, 
qui  ont  7 centimètres  1/2  de  long  et  sont 
en  forme  de  clochettes. 

A.  megapotamicum.  — Cette  espèce 
(nommée  aussi  A.  vexïllarium)  et  sa 
variété  panachée  sont  fréquemment  em- 
ployées. Les  fleurs,  très-jolies,  ont  le  calice 
jaune  et  la  corolle  pourpre  foncé.  Elles 
rendent  de  grands  services  pour  la  confec- 
tion des  bouquets  et  autres  emplois  simi- 
laires. Les  feuilles  panachées  de  VA.  vexil- 
larium  variegatum  augmentent  encore  ces 
qualités  décoratives. 

On  greffe  à hauteur  sur  une  espèce 
très-vigoureuse,  déjà  élevée  à tige,  et  alors 
on  emploie  très-avantageusement  ces  deux 
Abutilons  dans  les  serres  pour  garnir  des 
murs,  des  treillages,  des  piliers  ou  une  char- 
pente quelconque.  Au  printemps,  il  est  bon 
de  pincer  les  bourgeons,  qui  s’allongeraient 
trop  et  se  dégarniraient.  Les  fleurs  abondent 
à l’automne  et  en  hiver. 

A.  Sellowianummarmoratum.  — Feuil- 


lage très-ornemental,  marbré  de  vert  et 
de  jaune,  employé  principalement  pour  la 
décoration  estivale  des  jardins.  Végétation 
vigoureuse,  multiplication  facile. 

A.  Boule-de-Neige.  — Variété  très-dis- 
tincte et  fort  jolie,  à Heurs  blanc  pur,  très- 
recherchée  par  les  fleuristes  et  bien  supé- 
rieure à toutes  les  autres  variétés  blanches 
qui  sont  cultivées. 

Il  existe,  en  outre,  un  assez  grand  nom- 
bre de  variétés  de  nuances  variées,  depuis 
le  blanc  jusqu’au  violet,  en  passant  par  le 
jaune,  le  rose,  le  rouge,  le  brun,  etc.  Nous 
citerons  seulement  les  plus  distinctes  : 

Fleurs  roses  : Cleopatra,  Venosum 
roseum,  Rosma,  Richesse,  Rosœflorum, 
Louis  Marignac. 

Fleurs  rouges  : La  Lorraine,  Louis 
Van  Houlte,  Firefly,  I^a  Grande. 

Fleurs  jaunes  : Reine  d'Or,  Rlandi, 
Phyllis,  Lemoinei,  Couronne  d’Or,  Zara. 

Fleurs  panachées  : Mignon,  Roi-Soleil, 
Trïbute. 

L’hybridation  se  fait  aisément  entre  ces 
espèces  et  variétés.  Les  étamines  des  porte - 
graines  doivent  être  soigneusement  suppri- 
mées, puis  le  pollen  des  plantes  choisies 
comme  mâles  sera,  avec  les  précautions 
habituelles,  placé  sur  le  stigmate.  Cette 
opération  doit  être  faite  dans  la  matinée 
d’une  belle  journée  de  soleil. 

Lorsque  les  graines  sont  mûres,  on  les 
sème  dans  un  mélange  de  terre  argileuse, 
terreau  de  feuilles  et  sable,  et  on  les  place 
dans  une  serre  chaude,  où  elles  germeront 
rapidement. 

Si  le  semis  a eu  lieu  au  printemps,  les 
plantes  obtenues  pourront  fleurir  à l’au- 
tomne suivant.  Les  Abutilons  se  multi- 
plient aisément  de  bouture  et  demandent, 
pour  bien  végéter,  un  riche  compost. 

W.-E.  CUMBLETON. 


GLOXINIA  DIVERSIFLORA 


Les  nombreux  faits,  soit  de  dimorphisme, 
soit  de  dichroïsme,  qui  se  produisent  cons- 
tamment sous  nos  yeux,  nous  paraissent  de 
nature  à modifier  profondément  les  opinions 
qu’on  s’était  faites  jusqu’à  présent  sur  la 
nature  et  la  valeur  des  caractères,  et  par 
conséquent  celles  de  l’origine  des  espèces. 
En  effet,  si  sur  une  même  plante  il  peut  se 


développer  des  parties  de  forme,  de  couleur 
et  même  de  nature  très-différentes  les  unes 
des  autres,  et  si  ces  diversités  peuvent  se 
fixer,  il  s’ensuit  que  chaque  plante  est  une 
sorte  de  Protée  d’où  peuvent  sortir  des 
formes  qui  n’ont  plus  de  commun  que  les 
caractères  généraux  du  groupe  auquel  elles 
appartiennent.  Mais  si  de  plus,  comme  cela 


24S 


GLOXINIÂ  DIYERSIFLORA. 


a lieu  dans  certains  cas,  — et  ce  qui  du 
reste  est  très-naturel,  — ces  diversités  peu- 
vent se  multiplier  par  graines,  cornaient 
alors  reconnaître  les  origines,  établir  la 
généalogie  spécifique  et  distinguer  ce  qu’on 
nomme  espèces,  races,  variétés,  etc.?  Ce 
qu’on  nomme  des  « monstruosités  » n’é- 
chappe même  pas  à la  règle.  Ainsi,  pour  pré- 
ciser, prenons  une  Fougère,  soit  une  Scolo- 
pendre, un  Lastrœa,  etc.,  sur  lesquels,  à 
côté  départies  ce  normales,  » on  en  rencontre 
fréquemment  de  crispées,  ou  plus  ou  moins 
chitfonnées,  etc.  Si,  après  avoir  récolté  des 
graines  sur  ces  parties,  on  les  sème  séparé- 
ment, il  arrive  fréquemment  que  l’on  obtient 


j -de  chaque  côté  des  plantes  différentes  for- 
I mant  deux  séries  — deux  types  par  consé- 
i quent  — complètement  distinctes,  de  sorte 
j que,  si  ces  plantes  se  fixent,  ainsi,  du  reste, 

I que  cela  arrive  généralement,  on  a alors 
; deux  catégories  particulières  auxquelles  on 
va  donner  des  qualificatifs.  Si  ceux-ci  ne 
sortent  pas  des  catalogues  marchands,  on 
n’y  fera  pas  attention  ; mais  si  au  contraire 
j un  botaniste  s’en  empare  et  leur  donne  des 
I noms,  les  choses  se  passent  tout  autrement: 
ce  sont  alors  de  « bonnes  espèces.  » 

Je  m’arrête  à ces  considérations  générales 
qui,  de  ma  part,  n’ont  d’autre  but  que 
d’appeler  l’attention  des  savants  sur  des 


Fig.  45.  — Gloxinia  diversiflora,  Hort.,  au  1/4  de  grandeur  naturelle. 


faits  qui  leurs  sont  presque  inconnus,  bien  | 
que  leur  étude  puisse  faire  faire  un  grand  pas 
dans  la  science  physiologique,  qui,  reposant 
sur  l’organisme,  est  par  ce  fait  l’une  des 
plus  importantes  des  sciences  naturelles. 

Le  fait  sur  lequel  je  vais  dire  quelques 
mots,  et  que  représente  la  figure  45,  s’est 
produit  sur  un  Gloxinia  chez  M.  Jules  Val-  j 
lerand,  horticulteur,  rue  de  la  Procession,  | 
à Bois-Colombes  (Seine).  Déjà,  en  1878,  un  | 
fait  analogue  s’était  montré  chez  ce  même 
horticulteur,  qui  l’avait  exposé  au  Champ-  i 
de-Mars.  Dans  le  cas  qui  nous  occupe,  le  ■ 
port,  le  feuillage  et  l’aspect  général  des  par- 
ties sont  absolument  les  mêmes;  la  diffé- 


rence consiste  dans  la  couleur  des  fleurs  que 
portent  les  deux  bourgeons  qui  sortent  d’un 
même  tubercule.  L’un,  celui  de  gauche,  a 
des  fleurs  damasquinées  rouge  losangé-rayé 
et  très-largement  bordé  de  blanc  pur,  tandis 
que  l’autre,  celui  de  droite,  a des  fleurs 
dont  la  gorge,  qui  est  d’un  rouge  sombre 
losangé  blanc,  présente  une  première  bande 
ou  sorte  d’anneau  rouge  violacé,  puis  une 
autre  très-large  d’un  rouge  cerise  qui  borde 
les  fleurs.  Quant  aux  organes  sexuels,  ils 
ne  présentent  aucune  différence  et  ne  sont 
nullement  affectés  de  ces  modifications.  Ce 
phénomène  persistera-t-il  ? et  si  oui,  la 
plante  en  question  passera-t-elle  au  rang 


LE  GENRE  DIEFFENBACHIÂ. 


249 


d’espèce?  Dans  l’affirmative,  il  y aurait 
cependant  une  distinction  importante  à faire, 
une  caractéristique  originelle  à établir,  de 
manière  à éviter  les  confusions.  C’est  que 


la  qualification  générique  devrait  être  suivie 
de  cette  abréviation  latine:  Hort.^  qui  veut 
dire  que  le  parrain  est  un  horticulteur. 

May. 


LE  GENRE  DIEFFENBACHIA 


A l’occasion  d’une  étude  publiée  dans  le 
journal  hambourgeois  und  Garten 

Zeitung,  sur  les  Dieffenhachia  cultivés  dans 
les  serres  de  l’Europe,  nous  croyons  utile  de 
donner  à nos  lecteurs,  avec  la  substance  de 
cette  étude,  des  additions  et  des  réflexions 
critiques  sur  un  genre  de  plantes  dont  la 
faveur  est  devenue  considérable  depuis 
quinze  ou  vingt  ans.  Cette  faveur  semble 
avoir  atteint  son  apogée  de  1870  à 1880; 
elle  décroît  sensiblement  aujourd’hui,  bien 
que  les  Dieffenbachia  jouent  encore  un 
rôle  important  dans  la  tribu  des  plantes  à 
beau  feuillage  de  serre  chaude.  Leur  cul- 
ture, relativement  facile,  leur  propension  à 
fournir  un  grand  développement  foliaire  en 
peu  de  mois,  sous  l’influence  d’une  culture 
appropriée,  font  de  ces  belles  Aroïdées  un 
groupe  de  plantes  du  plus  haut  mérite  pour 
l’ornementation  des  serres. 

Il  y a vingt  ans,  on  ne  connaissait  dans 
les  serres,  comme  représentant  de  ce  beau 
genre,  que  le  D.  Seguine,  Schott.  Nous 
pensons  qu’à  cette  époque,  les  D.  humilis^ 
Poepp.,i).  macrojphylla,  Poepp.,  et  D.  obli- 
qua étaient  également  cultivés;  mais  ils 
étaient  excessivement  rares,  tandis  que  le 
D.  Seguine  se  trouvait  dans  toutes  les 
bonnes  collections.  Depuis  peu,  c’est-à-dire 
depuis  dix  ou  quinze  ans,  trente  espèces  ou 
variétés  de  ce  genre  ont  été  introduites  ou 
obtenues;  mais  certaines  se  rencontrent 
peu  dans  les  serres,  à cause  des  propriétés 
toxiques  qu’elles  possèdent,  de  même, 
d’ailleurs,  que  l’ancien  D.  Seguine. 

Nous  ne  nous  occuperons  pas  de  recher- 
cher, au  point  de  vue  purement  botanique, 
lesquelles  de  ces  formes  nouvelles  repré- 
sentent des  espèces  ou  des  variétés  pour 
la  plupart  distinctes.  L’inflorescence  est  la 
même  pour  presque  toutes;  mais  on  observe 
des  différences  très-sensibles  dans  leur  port, 
dans  leur  mode  de  végétation,  dans  la  dis- 
position de  leur  feuillage,  ainsi  que  dans  la 
forme  de  leurs  feuilles. 

Les  Dieffenbachia,  qui  proviennent  pres- 
que tous  des  régions  chaudes  du  Brésil,  de 


l’Équateur,  du  Vénézuéla,  du  Pérou  et 
de  la  Nouvelle  -Grrenade,  demandent  la  cul- 
ture en  serre  chaude.  Ils  croissent  avec 
d’autant  plus  de  vigueur  qu’ils  se  trouvent 
dans  une  atmosphère  cliaude  plus  chargée 
d’humidité.  Leur  végétation  commence  en 
avril  et  s’arrête  à la  fin  de  l’été. 

Pour  avoir  de  beaux  exemplaires,  il  faut 
maintenir  les  Dieffenbachia  à une  tempé- 
rature de  20“  à 25“  centigrades,  dans  une 
atmosphère  humide,  et  pendant  la  belle  sai- 
son, leur  donner  de  l’ombre,  les  bassiner 
et  les  arroser  avec  de  l’eau  dans  laquelle  on 
aura  délayé  de  la  bouse  de  vache. 

En  18G3,  à l’ancien  D.  Seguine  est  venu 
s’ajouter  le  D.  Verschaffelti,  qui  depuis  a 
disparu  de  la  plupart  des  collections.  Cette 
plante  avait  les  feuilles  longues  et  ovales, 
vertes,  tachetées  de  blanc,  à pétioles  érigés. 

En  1864,  le  D.  Baraquiniana  fut  décou- 
vert par  Baraquin,  dans  la  province  de  Para, 
au  Brésil,  et  introduit  par  lui.  La  même 
année  fut  également  signalé  le  D.  grandis 
(Verschaflelt),  très-belle  plante  à grandes 
feuilles  tachées  de  blanc  d’argent. 

En  1866,  le  D.  gigantea,  introduit  du 
Brésil  par  Baraquin,  fut  mis  au  commerce 
par  M.  Ambroise  Verschaffelt.  Ses  jolies 
feuilles  vertes  sont  marquées  de  points 
blancs  et  sa  tige,  vert  foncé,  est  tachée  de 
jaune. 

Le  D.  Weirii  est  encore  une  découverte 
du  malheureux  Weir  ; il  a été  mis  au  com- 
merce en  1866.  On  en  a obtenu  récemment 
une  variété  connue  dans  les  collections 
sous  le  nom  de  D.  Weirii  superba. 

En  1869,  on  vit  à l’exposition  internatio- 
nale de  Hambourg,  le  D.  picta,  plante  delà 
plus  grande  beauté.  Vint  ensuite  une  remar- 
quable forme,  le  D.  Wallisii  qui,  dans  les 
expositions  de  Londres  et  de  Paris,  excita 
l’admiration  des  visiteurs.  Ce  Dieffenbachia 
a été  découvert  par  G.  Wallis,  dans  la  ré- 
gion du  Rio  Négro  (Brésil);  ses  grandes 
feuilles,  d’un  vert  tendre,  sont  tachées  de 
blanc. 

Trois  nouveaux  Dieffenbachia  furent  mis 


250 


LE  GENRE  DIEFFENBACHIÂ. 


au  commerce  en  1871  : le  D.  alliodora, 
le  D.  ehurnea,  à longues  feuilles  vertes  ta- 
chetées de  points  blancs,  et  le  D.  Dowmani, 
plante  de  mérite,  découverte  au  Brésil  par 
Bowinan. 

Les  Dieffenhacliia  amazonica,  imperia- 
lis  et  Bausei  furent  découverts  en  1872. 
Le  D.  amazonica  est  une  des  plus  jolies 
formes  connues  : il  est  trapu,  ses  feuilles 
sont  ovales  allongées,  acuminées,  de  gran- 
deur moyenne,  vert  tendre,  à nervure  mé- 
diane tachée  de  blanc. 

Le  D.  imperialis,  Linden  et  André 
(1872),  a été  découvert  par  Baraquin  en 
1868,  dans  le  Pérou  occidental.  C’est  une 
très-jolie  espèce. 

Le  D.  Bausei  est  un  hybride  entre  le 
D.  picta  et  le  D.  Weirii. 

Le  D.  latimacxdata,  Linden  et  André, 
provenant  du  Brésil,  est  remarquablement 
joli.  Il  a été  mis  en  vente  en  1873  ; mais 
son  introduction,  due  à Baraquin,  date  de 
1867.  Cette  plante  a fourni  une  variété  con- 
nue sous  le  nom  de  D,  latim  illiistris. 

En  1873  également,  M.  Bull  mit  au  com- 
merce une  jolie  plante,  le  D.  nobilis. 

L’an  1875  furent  publiés  le  D.  Antio- 
quiensis  et  le  D.  Parlatorei.  Le  premier, 
qui  rentre  dans  la  section  du  D.  imperialis, 
provient  de  la  province  d’Antioquia  (Nou- 
velle-Grenade) ; c’est  une  plante  d’une 
beauté  exceptionnelle.  Le  B.  Parlatorei, 
Linden  et  André,  est  un  des  plus  curieux 
du  genre  ; il  est  remarquable  surtout  par 
l’étrangeté  de  ses  feuilles. 

Le  D.  velutina  date  de  1877.  M.  W.  Bull 
le  mit  au  commerce.  C’est  une  jolie  plante 
découverte  par  "Wallis;  aucune  autre  du 
genre  ne  possède  des  feuilles  aussi  délicate- 
ment veloutées  en  dessous. 

Dans  cette  période  apparaissent  plusieurs 
nouvelles  plantes  : le  D.  Parlatorei  var. 
marmorea,  qui  a été  introduit  de  Colombie, 
et  dont  le  type  avait  été  d’abord  connu 
sous  le  nom  de  D.  Pothiformis ; le  D.  Leo- 
poldi,  qui  est  une  des  plus  jolies  formes  à 
feuilles  d’un  beau  vert  parcourues  par  une 
bande  blanc  d’ivoire  au  milieu;  le  D.  re- 
ginœ,  l’un  des  plus  remarquables  Dieftén- 
bachias,  dont  la  partie  supérieure  des  feuilles 
est  marquée  de  taches  blanches  et  jaune 
pâle;  le  D.  Shuttleworthi,  qui  est  égale- 
ment de  Colombie  et  présente  des  feuilles 
vertes  tachées  de  blanc. 

Parmi  les  plus  récentes  nouveautés,  citons 


encore  le  Dieffenhachia  amœna,  dont  les 
feuilles  vert  foncé  sont  fortement  tachées  de 
jaune  et  de  blanc;  le  D.  splendens  est  égale- 
ment une  plante  de  grande  beauté,  de  la 
Nouvelle-Grenade;  il  oflre  un  grand  feuillage 
à bande  centrale  et  à macules  blanches 
très-élégantes. 

Le  D.  lanci folia,  Linden  et  André,  rap- 
porté en  1871  de  la  Nouvelle- Grenade  par 
M.  Uoezl,  fut  publié  en  1874.  C’est  une 
jolie  plante  à port  élancé,  à feuilles  étroites 
et  élégantes. 

Le  D.  memoria  Corsi  est  un  joli  hybride 
obtenu  à Florence  par  un  grand  amateur 
d’horticulture,  le  marquis  Corsi-Salviati. 

Le  D.  Carderi,  mis  en  vente  par  M.  Bull, 
est  une  plante  dont  on  n’indique  pas  la 
provenance  exacte,  mais  le  nom  de  M.  Car- 
der, collecteur  qui  l’a  introduite,  fait  croire 
à une  origine  néo-grenadienne.  C’est  une 
belle  plante  à larges  feuilles  vei:t  foncé, 
largement  maculées. 

Le  D.  triumphans,  également  de  M.  Bull, 
qui  le  reçut  de  la  Nouvelle- Grenade,  est  à 
feuillage  moyen,  d’un  vert  foncé  constellé 
de  taches  irrégulières  et  anguleuses  d’un 
vert  jaunâtre.  C’est  une  fort  belle  variété. 

Le  D.  Chelsoni  a des  feuilles  d’un  vert 
noir  satiné,  la  nervure  médiane  marquée 
d’une  bande  grise,  qui  se  partage  en  divi- 
sions plumeuses  sur  la  surface  verte,  ma- 
culée de  jaune  verdâtre  et  très-brillant. 

Le  D.  costata  est  une  belle  forme  à 
feuilles  ovales,  moyennes,  émoussées  à la 
base,  ondulées  sur  les  bords,  acuminées  au 
sommet,  d’un  vert  velouté  à nervure  mé- 
diane blanc  d’ivoire,  avec  des  séries  de 
taches  oblongues,  anguleuses,  blanches. 

Le  D.  delecta  montre  des  tiges  ponctuées 
de  gris,  des  feuilles  elliptiques  lancéolées, 
peu  grandes,  à surface  lustrée,  panachées 
et  blanchâtres. 

Le  D.  insignis  est  de  forte  végétation,  à 
tiges  et  pétioles  verts,  à feuilles  grandes, 
obliquement  ovales,  vert  foncé,  aux  macules 
anguleuses,  vert  jaunâtre,  marquées  en 
blanc  par  dessous. 

Ces  six  plantes  sont  originaires  des  Etats- 
Unis,  de  Colombie  (Nouvelle-Grenade). 

Du  Yénézuéla  on  a introduit  dernière- 
ment le  D.  magnifica,  à feuilles  larges, 
vert  clair  maculé  de  blanc  et  de  jaune. 

On  pourrait  encore  citer  les  D.  vittata, 
Bex,  Princeps,  nebulosa,  majestica,  ma- 
culosa,  Lucinda,  eburnea,  flavo-virens, 


LE  GENRE  DIEFFENBACIIIA. 


251 


Pearcei,  sur  lesquels  nous  ne  pouvons  nous 
prononcer  avant  plus  ample  informé. 

Au  point  de  vue  scientifique,  la  question 
des  Dieffenhachia  est  épineuse,  contro- 
versée. La  plupart  des  botanistes,  jusqu’à 
ces  dernières  années,  acceptaient  volontiers 
la  nomenclature  adoptée  par  Schott  dans 
ses  divers  ouvrages  sur  les  Aroïdées. 

D’après  lui,  les  Dieffenhachia  Seguine, 
picta,  Œrstedtii,  liturata,  costata^  ro- 
husta,  étaient  les  seules  plantes  auxquelles 
il  reconnaissait  la  valeur  spécifique.  Encore 
les  D.  costata  et  liturata  étaient  des  formes 
cultivées  qu’il  eût  peut-être  fallu  en  retran- 
cher. Poeppig  y ajouta  les  D.  humilis  et 
macrophylla.  D’autres  botanistes,  sans  con- 
sidérer comme  espèces  toutes  les  formes 
apportées  de  l’Amérique  du  Sud  dans  nos 
serres,  admettaient  cependant  un  plus  grand 
nombre  de  types. 

Lorsque  M.  Engler  fit  paraître  ses  Ara- 
ceœ,  dans  les  Suites  du  Prodrome  (Mono- 
graphiœ  Phanerogamarum)  de  De  Can- 
dolle,  en  1879,  on  pouvait  croire  que  cette 
confusion  allait  disparaître  et  que  la  ques- 
tion serait  définitivement  jugée.  Il  n’en  fut 
rien,  cependant.  M.  Engler  a rangé  les 
diverses  variétés  connues  de  Dieffenhachia 
dans  quelques  types  spécifiques  dont  il  dis- 
tingue seulement  les  six  que  voici  : 

1.  D.  Seguine,  Schott,  comprenant  les 
variétés  : viridis,  Baraguiniana,  nohilis, 
décora,  liturata,  lineata,  lingulata  (l.  ir- 
rorata  et  l.  conspurcata) . 

2.  D.  picta,  Schott,  comprenant  les  va- 
riétés Weirii,  Antioquiensis,  hrasiliensis, 
Bausei,  lancifolia,  mirabilis,  Shuttle- 
worthiana. 

3.  D.  humilis,  Poeppig.  (Syn.  allio- 
dora.) 

4.  D.  Œrstedtii,  Schott. 

5.  D.  macrophylla,  Poeppig,  compre- 
nant la  variété  obliqua . 

6.  D.  imperialis,  Linden  et  André. 

Or,  si  la  plupart  des  variétés  aujourd’hui 
cultivées  peuvent  rester,  en  effet,  dans  les 
types  des  D.  Seguine  et  picta,  nous  ne 
pensons  pas  que  leur  distribution  naturelle 
suive  exactement  celle  que  M.  Engler  a 
adoptée,  car  il  est  difficile  de  fixer  des 
limites  précises  entre  ces  deux  espèces. 
Ainsi,  le  D.  Antioquiensis  ne  se  rapproche 
pas  de  ces  deux  types,  mais  de  notre  D. 
imperialis,  que  l’auteur  adopte  comme  es- 
pèce distincte.  Où  classe-t-il  d’ailleurs  le  D. 


Leopoldi,  si  différent  de  tous  les  autres, 
qu’on  le  prendrait  à peine  pour  un  vrai 
Dieffenhachia? 

De  plus,  M.  Engler  a commis  une  erreur 
en  disant  dans  une  note,  à la  suite  de 
sa  monographie,  que  le  D.  Parlatorei 
n’est  pas  un  Dieffenhachia,  mais  un  Philo- 
dendron  (1).  Nous  avons  eu,  heureusement, 
la  bonne  fortune  de  rencontrer  le  D.  Par- 
latorei type  à l’état  sauvage,  sur  les  bords 
du  Piio  Magdaléna,  près  de  l’Angostura  de 
Naré  (Nouvelle-Grenade),  et  nous  affirmons 
que  la  plante  est  bien  un  Dieffenhachia,  à 
n’en  pas  douter.  Sous  un  ombrage  impéné- 
trable aux  rayons  du  soleil,  cette  Aroïdée 
formait  un  véritable  fourré  de  feuilles  d’un 
vert  noir,  dont  la  cassure  exhalait  une  forte 
odeur  d’acide  prussique  qui  eût  suffi  seule 
pour  faire  reconnaître  le  genre.  La  plante 
qui  s’en  rapprocherait  le  plus  est  le  D.  ro- 
husta,  G.  Koch,  rapporté  de  Caracas  par 
M.  Karsten.  Mais  nous  avons  vu  également 
cette  plante  spontanée  au  Vénézuéla,  près 
de  Maiquétia,  et  nous  l’avons  trouvée  très- 
distincte  de  la  première. 

On  voit  que  l’erreur  est  facile  dans  un 
genre  où  les  différences  spécifiques  s’accu- 
sent si  peu  par  les  caractères  des  fleurs,  et 
où  les  variations  sont  si  fréquentes,  même 
dans  les  forêts  vierges  de  l’Amérique  du 
Sud.  Il  faudrait  donc  reprendre  en  entier 
le  travail  de  M.  Engler,  et  cette  fois,  non  plus 
d’après  les  échantillons  d’herbier.  Seules 
des  plantes  cultivées,  adultes,  fleuries,  per- 
mettraient d’apporter  la  lumière  dans  ce 
chaos,  qui  s’est  encore  augmenté  depuis  les 
récentes  introductions  de  formes  nouvelles. 

En  terminant,  nous  ajouterons  aux  quel- 
ques indications  qui  précèdent  sur  la  cul- 
ture des  Dieffenhachia,  les  préceptes  sui- 
vants, obtenus  d’un  très-habile  jardinier 
anglais,  M.  Daines,  de  Southgate.  Avec  ce 
procédé,  on  obtiendra,  à coup  sûr,  une 
superbe  végétation. 

Le  meilleur  compost  pour  les  Dieffenha- 
chia est  un  mélange  de  terre  de  bruyère, 
de  terre  franche  fibreuse  formée  de  gazons 
décomposés,  avec  addition  de  sable  blanc, 
et  un  peu  de  bouse  de  vache  bien  con- 
sommée. Le  drainage  doit  être  copieux,  et 
formé  d’un  épais  lit  de  tessons  de  pots.  On 

(l)  D.  Parlatorei  certe  hujus  generis  non  est, 
sed  verisimiliter  generis  Philodendron  atqiie  af- 
finis  Philodendro  Wendlandi.  (Engl.,  Ai'aceœ, 
p.  451.) 


252 


POMMIER  CHÂTAIGNIER  D’HIVER. 

emploie  des  pots  de  15  à 30  centimètres  de 
diamètre,  suivant  la  force  de  la  plante.  La 
température  sera  celle  d’une  serre  chaude 
ordinaire,  sans  aucun  abaissement  exagéré, 
même  pendant  le  repos  de  l’hiver;  jamais  le 
thermomètre  ne  devra  descendre  au-dessous 
de  12»  à -j-  15»  centigrades  pendant  la 
nuit.  Lorsque  la  végétation  est  dans  toute  sa 
vigueur,  on  doit  donner  des  arrosements 
d’engrais  liquide  assez  abondants,  mais  peu 
fréquents,  de  peur  de  rendre  les  sujets 


NOUVEAUX  BÉGONIAS  TUBÉREUX. 

trop  verts  et  d’en  enlever  la  panachure. 
Des  seringages  sur  les  feuilles  abattent  les 
insectes  qui,  d’ailleurs,  attaquent  rarement 
ces  plantes.  La  multiplication  des  Dieffen- 
hachia  se  fait  par  les  tiges  couchées  ou 
coupées  en  courts  tronçons,  piqués  dans  le 
sable  et  étouffés  jusqu’à  la  reprise.  Pour 
empêcher  le  soleil  de  brûler  les  feuilles,  il 
faut  ombrer  légèrement  pendant  la  force  de 
la  végétation.  Ed.  André. 


POMMIER  CHÂTAIGNIER  D’HIVER 


Arbre  vigoureux  et  productif,  très-rusti- 
que. Scions  à écorce  noire,  luisante,  peu 
lenticellée.  Feuilles  largement  ovales-ellip- 
tiques,  courtement  atténuées  au  sommet,  à 
dents  courtes,  assez  rapprochées  ; pétiole 
gros,  souvent  légèrement  velu  ainsi  que 
le  limbe,  parfois  coloré,  dont  les  nervures 
principales  sont  assez  fortement  saillantes. 
Fruit  gros,  déprimé,  parfois  plus  large  que 
haut,  atteignant  8 centimètres  et  plus  de 
diamètre  sur  6-7  centimètres  de  hauteur  ; 
queue  grosse,  très-courte,  atteignant  rare- 
ment le  bord  de  la  dépression  ; œil  placé 
dans  une  large  cavité  peu  profonde,  ordi- 
nairement légèrement  plissé.  Peau  luisante, 
rouge  brique  sur  les  parties  fortement  in- 
solées,  marquée  longitudalement  de  bandes 
plus  foncées  presque  noires,  portant  vers  la 
base  — dans  la  cavité  pédonculaire  — une 
tache  grise,  rugueuse,  fendillée,  qui,  en 


s’étendant,  occupe  toute  la  cavité  en  for- 
mant une  sorte  de  cercle.  Chair  blanche, 
un  peu  verdâtre,  cassante,  assez  serrée, 
eau  aigrelette,  très  - agréable,  rougissant 
promptement  quand  elle  est  exposée  à l’air. 
Pépins  nombreux,  aplatis,  obovales  ou  ré- 
gulièrement elliptiques.  Maturité  : décem- 
bre à mai. 

Cette  variété,  qui  est  très-fertile  et  loca- 
lisée dans  quelques  parties  du  département 
de  l’Oise,  outre  la  beauté  et  la  qualité  des 
fruits,  a cet  autre  mérite  d’être  extrême- 
ment rustique.  C’est  à peu  près  la  seule  qui, 
dans  le  terrible  hiver  1879-1880,  a complé- 
ment résisté,  dans  toutes  les  conditions  où 
les  arbres  se  sont  trouvés  placés. 

On  peut  se  procurer  le  Pommier  Châtai- 
gnier d’hiver  en  s’adressant  à M.  Cousin, 
pépiniériste  à Villers-Saint-Paul,  près  Creil 
(Oise).  E.-A.  Carrière. 


NOUVEAUX  BÉGONIAS  TUBÉREUX 


MM.  Coulurier  et  Pmbert,  horticulteurs 
à Chatou,  ont  exposé,  en  mai  de  l’année 
dernière,  dans  le  Pavillon  de  la  Ville  de 
Paris,  à l’Exposition  tenue  par  la  Société 
nationale  et  centrale  d’horticulture  de 
France,  un  lot  de  Bégonias  tubéreux  d’une 
beauté  saisissante  et  d’une  grandeur  de 
fleurs  inusitée. 

Deux  de  ces  plantes  surtout  attiraient 
tous  les  regards,  dans  la  corbeille  placée  en 
face  de  l’entrée  principale.  L’une  d’elles  por- 
tait des  fleurs  du  rouge  écarlate  le  plus 
brillant,  dont  le  diamètre  atteignait  treize 
centimètres.  Une  autre,  à nuance  du  plus 
beau  rose  tendre,  à fleurs  un  peu  moins 
grandes,  mais  très-bien  faites,  produisait 


avec  la  première  le  plus  agréable  contraste. 
Nous  avons  fait  peindre  ces  deux  magni- 
fiques variétés,  auxquelles  MM.  Couturier 
et  Robert  ont  donné  les  noms  de  M.  Hardy 
et  M.  Ed.  André. 

La  variété  qui  porte  le  n®  1,  M.  Ed. 
André,  est  une  plante  vigoureuse,  à tiges 
fortes,  bien  dressées,  très-charnues,  vertes, 
avec  un  feuillage  ample,  très-oblique  et  pro- 
fondément denté,  vert  gai,  luisant,  qui  fait 
ressortir  l’éclat  des  grandes  fleurs,  du  plus 
beau  vermillon.  Ces  fleurs,  largement 
ouvertes,  sont  d’une  très- bonne  tenue  et  la 
plante  est  de  premier  ordre.  Elles  ont  me- 
suré jusqu’à  14  centimètres  de  diamètre. 

La  variété  n®  2,  M.  A.  Hardy,  est  égale- 


evuj'-  J/of  lKXile.. 


Godard,  deL-. 


Chj'om.ohûh-.G-.Sev&r&yro'.  j 


Nouveaiuc  Bcgoaias  iabereiuw 

■1 . M . Ed . André . 2 . M.  A . Hard y 


ACACIA  DEALBATA. 


253 


ment  vigoureuse,  de  port  trapu,  buisson- 
nant  et  à feuillage  vert  clair,  abondant, 
aussi  profondémentdentéoblique.  Leslleurs, 
régulières,  à larges  pétales  obtus,  sont  d’un 
rose  tendre  charmant.  La  plante  égale  le 
mérite  de  la  précédente,  dans  un  autre 
ordre  de  coloris. 

Quels  progrès  n’a-t-on  pas  réalisés  en 
dix  ans  dans  la  production  des  variétés  de 
Bégonias  tubéreux?  Depuis  l’introduction,  si 
remarquable,  des  Bégonia  Pearcei,  Boli- 
viensis^  cinnabarina^  octopetala^  dont  les 
mélanges  ont  donné  tant  et  de  si  belles 
plantes,  nos  jardins  et  nos  serres  ont 
trouvé,  dans  les  hybridations  qui  en  pro- 
viennent, une  décoration  florale  qui  rivalise 
avec  celle  des  Pélargoniums.  On  en  est 


arrivé  au  point  qu’il  ne  sera  plus  possible 
de  donner  de  noms  aux  nouveaux  gains,  car 
on  est  parvenu  à cette  période  où,  comme 
pour  les  Coleus,  presque  tous  les  semis 
sont  beaux  lorsque  les  graines  sont  choisies 
sur  des  sujets  d’élite.  Nous  devons  seule- 
ment faire  observer  que  c’est  le  choix  de  ces 
porte-graines  qui  a maintenant  la  plus 
grande  importance.  C’est  pour  cela  qu’il 
sera  toujours  bon  de  distinguer  nominati- 
vement les  variétés  hors  ligne  par  leur  bonne 
tenue,  la  perfection  de  forme  et  la  belle 
couleur  de  leurs  fleurs.  MM.  Couturier  et 
Robert  ont  montré  ce  qu’ils  savaient  faire 
en  ce  sens,  et  leurs  semis  nouveaux  sont 
pleins  de  promesses  séduisantes  pour  l’ave- 
nir. Ed.  André. 


ACACIA  DEALBATA 


Il  est  peu  d’horticulteurs  qui  ne  connais- 
sent V Acacia  dealbata  ; son  port  majes- 
tueux, son  élégant  feuillage,  l’abondance  et 
la  bonne  odeur  que  répandent  ses  fleurs, 
l’époque  de  sa  floraison,  sont  des  qualités 
qui  le  font  rechercher  des  amateurs  et  qui 
lui  valent  le  premier  rang  parmi  les  végé- 
taux appelés  à décorer  les  grandes  serres 
tempérées  et  les  jardins  d’hiver.  Dans  ces 
serres  pourtant  cette. espèce  devient  souvent 
grêle,  tortueuse  et  « s’emporte,  » comme  on 
dit  vulgairement.  Mais  lorsqu’elle  est  placée 
dans  de  bonnes  conditions,  la  plante  prend 
de  grandes  proportions  et  est  alors  d’une 
beauté  indicible.  C’est  ce  que  nous  venons 
de  voir  dans  la  propriété  de  Kerotéars,  près 
Brest.  Là  ce  végétal,  cultivé  en  pleine  terre 
et  en  plein  air,  forme  un  grand  arbre  qui, 
pour  la  taille  et  la  vigueur,  rivalise  avec  les 
arbres  de  nos  promenades. 

La  propriété  dont  nous  parlons  est  située 
à un  kilomètre  de  la  ville  de  Brest,  sur  une 
petite  montagne  placée  entre  le  chemin  de 
fer  et  la  rade  ; le  sommet  est  planté  en 
Pins  sylvestres  et  maritimes,  entremêlés 
d’Ormes,  de  Frênes  et  de  Hêtres  formant 
un  petit  paie  peu  étendu,  très-fourré  et 
garni  en  dessous  de  Fusains  du  Japon, 
de  Lauriers-tin,  d’Aucubas  et  de  beaucoup 
d’autres  espèces  d’arbustes  résistant  par- 
faitement aux  vents  de  mer,  qui  pour- 
tant'sont  très-violents  dans  cet  endroit. 
Au  milieu  de  tout  ce  massif  existe  une  pe- 
tite pelouse  sur  laquelle  sont  cultivées  quel- 


ques corbeilles  de  fleurs  et  quelques  plantes 
isolées,  telles  que  Yuccas,  Dracénas,  etc.  ; 
mais  la  perle  de  cet  ensemble  est  formée 
par  trois  Acacia  dealbata  comme  nous 
n’en  avons  jamais  vu  nulle  part.  Deux  sur- 
tout méritent  une  mention  particulière  : ils 
sont  âgés  de  vingt -cinq  ans  environ  et 
le  plus  élevé,  qui  n’est  pas  le  plus  gros, 
atteint  au  moins  15  mètres  de  hauteur  ; il 
est  droit  comme  un  Peuplier  et  garni  de 
branches  très-fournies  dans  ses  deux  tiers 
supérieurs.  Le  plus  gros,  un  peu  moins 
élevé,  est  également  très-ramifié  et  fut 
malheureusement  fendu  en  deux  par  le  poids 
de  la  neige  tombée  pendant  l’hiver  1879-80, 
ce  qui  le  rend  un  peu  défectueux  et  irrégu- 
lier d’un  côté.  Nous  avons  mesuré  la  plaie 
faite  par  la  moitié  qui  a été  suprimée  : elle 
était  large  de  25  centimètres,  ce  qui  donne 
au  tronc  50  centimètres  de  diamètre.  Le 
troisième  n’qffre  rien  de  remarquable  ; ayant 
été  planté  trop  près  des  autres,  ces  derniers 
ont  arrêté  son  développement.  A l’époque 
où  nous  les  avons  visités,  quelques  branches 
assez  fortes  avaient  été  cassées  par  la  neige 
tombée  dans  la  première  quinzaine  de  mars 
dernier,  et  la  quantité  de  fleurs  dont  ils 
étaient  couverts  avait  disparu,  ce  qui  pour 
nous  n’en  affaiblissait  pas  le  mérite,  qui 
dans  ce  cas  consiste  dans  les  dimensions 
extraordinaires  qu’avaient  acquises  ces  ar- 
bres sous  notre  climat  brestôis.  Comme 
arbres  exotiques,  ils  peuvent  être  considérés 
comme  les  plus  remarquables  du  Finistère. 


254 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


Quelques  auteurs  donnent  la  Nouvelle- 
Hollande  comme  patrie  à V Acacia  dealhata; 
d’autres  disent  que  sa  patrie  est  ignorée, 
que  partout  où  il  a été  rencontré  il  y est 
cultivé.  Quoi  qu’il  en  soit,  cette  espèce  est 
très -intéressante,  et  il  est  étonnant  de  la 
voir  si  rarement  dans  une  contrée  où  pour- 
tant elle  pourrait  rendre  de  grands  services 
pour  l’ornementation.  Sa  multiplication  est 
très-facile,  soit  par  graines,  soit  par  les 
nombreux  drageons  qu’elle  donne.  Quant 
au  sol,  cette  espèce  préfère  la  terre  légère, 
pierreuse,  perméable  à l’eau,  aux  terres 
fortes,  humides,  et  même  à la  terre  de 


bruyère,  qui  est  trop  légère.  Son  bois, 
qui  est  très-cassant,  a besoin  d’être  abrité 
du  vent;  VA.  dealhata  paraît  surtout  pré- 
férer l’air  salin  des  régions  maritimes  à 
celui  de  l’intérieur  des  terres,  ce  qui  pro- 
bablement explique  sa  rareté  dans  les  jar- 
dins paysagers.  On  fera  donc  bien  de  le  ré- 
pandre davantage,  surtout  dans  les  jardins 
du  voisinage  de  la  mer,  isolément  ou  réu- 
nis deux  ou  trois  ensemble  sur  les  grandes 
pelouses,  à l’abri  de  massifs  d’autres  arbres, 
où  son  feuillage  glauque  et  ses  fleurs  jaunes 
produiront  avec  ceux-ci  un  contraste  des 
plus  agréables.  J.  Blanchard. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  10  MAI  1883 


Apports.  — Au  comité  de  culture  potagère, 
M.  Bertliault,  jardinier  à Rungis  (Seine), 
présentait  : 1»  Une  corbeille  de  Clioux-tleurs 
du  type  Lenormand  à pied  court,  très-remar- 
quables tant  par  la  beauté  et  les  dimensions  de 
la  pomme  que  par  la  réduction  de  la  tige.  En 
effet,  bien  qu’ils  fussent  cultivés  sous  châssis  et 
sur  couche,  la  tige  était  presque  nulle  (10  à 
12  centimètres);  semés  à l’automne,  ces  Choux 
avaient  été  repiqués  en  février.  2»  Une  botte 
de  Betteraves  de  la  variété  dite  plate  d’Égypte, 
qui  étaient  relativement  très-belles;  elles 
avaient  été  cultivées  comme  les  Choux-fleurs, 
mais  il  leur  faut  plus  d’air.  — Sous  le  nom  de 
((  Courge  de  Boston,  » M.  Delaville,  marchand 
grainier,  quai  de  la  Mégisserie,  2,  à Paris,  pré- 
sentait une  Courge  de  Iluhard,  belle  et  très- 
l)ien  conservée.  Cette  variété,  dont  le  fruit 
rappel  le.  assez  exactement  une  toupie  renversée, 
est  l’une  des  plus  méritantes,  tant  pour  sa 
(qualité  que  par  sa  longue  conservation.  — 
M.  Chemin,  maraîcher  à Paris,  présentait  de 
très-beaux  fruifs  de  Concombre  Télégraphie 
de  Rollisson  (Bollisson’s  Telegraph),  et  de 
magnifiques  Radis  noirs,  qui  avaient  été  cultivés 
comme  des  Navets  de  primeur.  — Deux  pré- 
sentateurs, MM.  Girardin,  d’Argenteuil,  et 
Auguste  Renard,  de  Suresnes,  présentaient 
chacun  une  très-forte  botte  d’ Asperges  qui 
étaient  très-belles  et  régulières,  mais  non  d’une 
grosseur  exceptionnelle. 

Comité  de  floriculture  : M.  Poitevin,  à 
Sannois,  présentait  des  Auricules  remarquables 
tant  par  la  beauté’ et  la  belle  forme  des  fleurs, 
que  jiar  l’aspect  des  plantes,  qui  étaient  com- 
pactes et  très-naines  (10  à 12  centimètres, 
y compris  les  inflorescences).  Ces  plantes 
sont  très-propres  à faire  des  bordures.  — 
M.  Ed.  André  avait  envoyé  un  pied  fleuri  de 


Saccolahium,  qui  lui  avait  été  communiqué  par 
le  jardin  d’Acclimatation  d’Hyères  et  qui  nous 
a paru  voisin  du  S.  curvifolium,  ou  du  minia- 
tum.  La  plante  était  gracieuse  dans  toutes  ses 
parties  : ses  fleurs  nombreuses,  disposées  en 
grappes  dressées,  étaient  d’un  très-beau  jaune 
orangé.  — M.  Loizeau,  jardinier  à Nogent-sur- 
Marne,  . présentait  un  beau  pied  fleuri  d’une 
Violette  excessivement  ftoribonde,  à fleurs  bleu 
foncé,  striées  de  blanc;  plante  très-rustique 
et  très -propre  à faire  des  bordures;  puis 
quatre  variétés  de  Pélargoniums  zonales  de 
semis,  dont  une  seule,  nommée  Auguste  Loi- 
zeau, a été  jugée  méritante.  C’est  une  plante 
très-naine  et  excessivement  ftoribonde,  s’éle- 
vant à peine  à 15  centimètres;  ses  feuilles,  pe- 
tites, sont  très-fortement  zonées;  les  fleurs 
très  - nombreuses,  d’un  beau  rouge  foncé, 
portées  sur  des  pédoncules  raides,  sortent  très- 
bien  du  feuillage  qui  est  compact.  — M.  Cannell, 
horticulteur  anglais  avait  envoyé  des  fleurs 
détachées  de  Cinéraires  hybrides,  ainsi  que 
des  Pétunias  qui  n’offrent  rien  de  remar- 
quable. — M.  Duval,  chef  de  culture  au 
Muséum,  présentait  plusieurs  pieds  fleuris 
dTxyoUrion  tataricum,  Kunth.  Cette  espèce, 
très-rusti(iue  et  très-voisine  de  1’/.  Pallasii, 
qui  atteint  jusqu’à  50  centimètres  de  hauteur,  a 
des  fleurs  d’un  très-beau  bleu  foncé,  sur  de 
longs  pédoncules  dressés,  glabres.  — M.  Ré- 
gnier, horticulteur  à Fontenay  - sous  - Bois, 
présentait  : une  jeune  bouture  fleurie  de 

Mussænda  tlieifera,  plante  très-jolie,  à fleurs 
d’un  blanc  pur,  et  très -agréablement  odo- 
rantes, dont  la  Revue  horticole  a donné 
récemment  une  description  (1);  2»  un  Saccola- 
hium nouveau,  espèce  naine  à fleurs'  fond 


(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  93. 


ARROSAGE  DES  PLANTES. 


255 


blanc  lavé  et  relevé  çà  et  là  d’un  très-beau 
bleu  violacé;  3o  un  petit  pied  de  Cirrhopeta- 
lum  non  nommé,  plante  très-naine  et  dont 
la  fleur  unique,  de  forme  très-singulière, 
était  rouge  marron  foncé.  Toutes  ces  plantes 
sont  originaires  de  la  Gocliinchine,  — M.  Duval, 
horticulteur  à Versailles, présentait  un  nouveau 
Vriesea  originaire  du  Brésil,  qui  paraît  in- 
termédiaire entre  les  V.  hraclnjstachys  et 
Truf[autianal(V.  incurvata),  mais  cependant 
distinct  des  deux,;  ses  feuilles,  légèrement 
violacées-rosées,  sont  courtes,  gracieusement 
arquées  ; sa  hampe  florale,  robuste,  courte 
et  dressée,  rouge,  se  termine  par  une  large 
inflorescence  régulière,  serrée,  plane,  d’un 
beau  rouge  vers  le  centre,  jaune  vers  l’extré- 
mité. — M.  Pecquet  présentait  deux  pieds  en 
pots  et  très-bien  fleuris  de  Galcéolaires 
hybrides,  ainsi  qu’une  boîte  de  fleurs  coupées, 

ARROSAGE  ; 

Quand  faut-il  arroser  les  plantes?  Con- 
vient-il d’arroser  beaucoup,  peu,  par  le  so- 
leil, le  matin,  le  soir,  etc.  ? 

A ces  quelques  mots  seulement  on  doit 
comprendre  combien  la  question  est  com- 
plexe. Pour  cela  il  suffit,  par  une  simple 
comparaison,  de  jeter  un  coup  d’œil  sur 
l’ensemble  de  la  végétation  et  de  considérer 
que  tous  ces  végétaux,  qui  croissent  dans 
des  conditions  si  différentes,  de  natures  si 
diverses,  ont  aussi  des  tempéraments  parti- 
culiers, réclament  des  soins  très-divers, 
qu’une  grande  pratique  et  une  observation 
attentive  et  soutenue  peuvent  seules  indi- 
quer. D’autre  part,  Tétat  de  développement 
dans  lequel  se  trouvent  les  végétaux,  les 
conditions  dans  lesquelles  ils  sont  placés, 
peuvent  aussi  déterminer  de  très-grandes 
différences  dans  le  traitement  qu’il  con- 
vient de  leur  donner.  Il  est  évident,  en 
effet,  que  des  individus  arrivés  à leur 
dernière  période  de  développement,  qui 
n’assimilent  presque  plus,  ont  des  besoins 
variés,  bien  qu’ils  appartiennent  à une  même 
espèce.  En  un  mot,  ce  qu’il  faut  surtout, 
c’est  donner  à boire  en  raison  de  la  soif, 
c’est-à-dire  réparer,  dans  l’économie  du 
végétal,  les  pertes  occasionnées  par  son 
accroissement,  de  manière  que  l’absorption 
fasse  équilibre  à la  consommation. 

Nous  allons  brièvement  résumer  la  ques- 
tion et,  sans  la  résoudre  d’une  manière 
absolue,  tâcher  d’établir  quelques  données 
générales  qui  pourront  servir  de  guide, 


dont  les  formes  et  les  coloris  ne  laissaient  rien 
à désirer.  — M.  Godefroy-Lebeuf,  d’Argenteuil, 
présentait  : 1»  un  Odontoglossiim  nœvium, 

magnifique  espèce  dont  les  fleurs  nombreuses, 
très-délicates  et  légères,  disposées  en  lon- 
gues grappes  spiciformes,  forment  par  leurs 
ponctuations  nombreuses  d’un  roux  marron 
foncé,  disposées  sur  un  fond  blanc,  un  char- 
mant effet  ; 2»  un  beau  pied  fleuri  de  Vriesea 
hellula^  remarquable  par  les  deux  couleurs 
bien  tranchées  de  son  inflorescence,  qui  est 
robuste,  dressée,  rouge  foncé  ; l’inflorescence 
qui'  la  surmonte  est  composée  de  bractées 
distiques,  distantes,  épaisses,  charnues,  pro- 
fondément concaves,  rouge  foncé  à la  base, 
tandis  que  la  partie  supérieure  est  d’un  blanc 
mat  cireux.  Ses  feuilles,  courtes  et  relative- 
ment larges,  gracieusement  arquées,  sont  lé- 
gèrement brunes. 

ES  PLANTES 

et  reposeront  particulièrement  sur  la  phy- 
sionomie des  plantes  et  sur  l’aspect  de  la 
terre  dans  laquelle  elles  vivent. 

Nous  devons  aussi  faire  remarquer  que 
cette  étude  est  surtout  propre  aux  végétaux 
cultivés  en  vases.  Pour  ceux  plantés  en 
pleine  terre,  les  soins  sont  de  moindre  im- 
portance, les  excès,  soit  de  sécheresse,  soit 
d’humidité,  étant  moins  à craindre,  et  les 
facines  n’étant  pas  limitées  comme  elles  le 
sont  par  les  parois  des  vases. 

Si  la  terre  est  forte  et  consistante,  ce  qui 
est  rarement  le  cas  des  plantes  cultivées 
en  pots,  il  est  clair  que,  toutes  circons- 
tances égales  d’ailleurs,  on  devra  arroser 
moins  fréquemment  que  si  elle  est  légère, 
soit  siliceuse,  soit  humeuse  ; dans  ces  cas, 
et  surtout  si  les  vases  sont  bien  drainés, 
il  est  bien  rare  que  l’humidité  puisse  être 
nuisible.  La  surface  du  sol,  c’est-à-dire  son 
aspect  sec  ou  humide,  n’est  pas  non  plus 
un  indice  bien  certain  que  les  plantes  ont 
ou  n’ont  pas  besoin  d’être  arrosées.  En 
effet,  le  dessus  peut  être  hàlé  et  paraître  sec 
alors  que  l’intérieur  est  suffisamment  hu- 
mide ; l’inverse  peut  se  manifester,  c’est-à- 
dire  que  l’intérieur  peut  être  très-sec,  tandis 
que  la  surface  est  humide.  Ces  diversités 
se  manifestent  surtout  lorsque,  à l’exemple 
de  certaines  gens,  on  met  tous  les  jours 
quelque  peu  d’eau,  ce  qui  suffit  pour  hu- 
midifier la  surface.  Pour  s’assurer  de  Tétat 
de  la  terre,  on  renverse  le  vase  en  mainte- 
nant la  motte  d’une  main,  de  manière  à en 


256 


LE  LAWN-TENNIS. 


bien  constater  l'état.  Un  moyen  d’éviter  ces 
inconvénients,  c’est  de  temps  à autre  de  don- 
ner un  arrosage  de  fond,  c’est-à-dire  d’arro- 
ser jusqu’à  ce  que  l’eau  ressorte  à la  partie 
inférieure.  Ce  procédé  est  surtout  néces- 
saire quand  l’on  a alTaire  à des  vases  d’une 
grande  capacité. 

L’abattement  des  feuilles,  l’enroulement 
du  limbe,  le  fanement  sont  aussi  des  indices 
du  besoin  qu’ont  les  plantes  d’être  arro- 
sées, quoique  ces  signes  puissent  se  m,a- 
nifester  alors  que  les  plantes  ont  leurs  ra- 
cines suftisamrnent  humides.  Dans  ce  cas,  ce 
besoin  apparent  est  dû  à des  causes  phy- 
siques de  l’air,  et  il  suffît  généralement,  pour 
le  faire  cesser,  de  bassiner  les  plantes,  ce 
qui,  en  humidifiant  le  milieu  ambiant,  réta- 
blit l’équilibre  entre  la  plante  et  l’atmos- 
phère dans  laquelle  elle  est  comme  plongée. 
Quant  à l’époque  de  la  journée  où  il  con- 
vient d’arroser,  on  ne  peut  non  plus  indi- 
quer que  des  règles  générales  : si  les  plantes 
ont  très- soit,  il  faut  les  arroser  quelles  que 
soient  l’heure  et  l’époque  de  la  journée.  Mais 
quand  on  a le  choix,  on  doit  tenir  compte  de 
ce  moment  et  surtout  de  la  saison,  et  agir 
de  manière  à ce  que  l’arrosage  profite.  Dans 
ce  cas,  si  c’est  l’été,  c’est  le  soir  qu’il  faut 
opérer;  dans  l’hiver  c’est  le  contraire, 
arroser  le  matin  afin  que  l’humidité  soit 
en  partie  résorbée  quand  se  produit  le 
froid  de  la  nuit.  Cette  précaution  est 
d’autant  plus  importante  que  l’on  a affaire 

LE  LAWN 

Point  n’est  besoin  d’être  très-observateur 
pour  constater  le  développement  progressif  en 
France  du  goût  pour  le  bien-être  sous  toutes 
ses  formes. 

En  première  ligne,  à notre  avis,  se  place  le 
besoin  du  grand  air  et  d’exercice.  La  création 
(le  nos  beaux  parcs  et  promenades  a certaine- 
ment contribué  pour  la  plus  large  part  à la 
prise  en  habitude,  par  toutes  les  classes  de  la 
société,  des  exercices  corporels,  des  sports, 
suivant  l’expression  anglaise,  si  favorables  à 
la  santé. 

Pour  la  classe  laborieuse  et  peu  fortunée,  la 
promenade  pure  et  simple,  loin  des  rues  en- 
combrées et  poudreuses,  l’exercice  salutaire 
qu’otfrent  aux  jeunes  gens  les  nombreuses  so- 
ciétés de  gymnastique,  produisent  de  jour  en 
jour  des  avantages  plus  marqués  et  qui,  bien 

(1)  De  l’anglais  laivn,  pelouse,  et  tenyirs,  jeu  de 
paume. 


à des  plantes  plus  délicates  et  plus  sensibles 
à l’action  des  refroidissements.  En  général 
aussi  les  plantes  à racines  charnues  et  dé- 
pourvues de  chevelu  absorbant  beaucoup 
moins  d’eau  que  celles  munies  d’abondan- 
tes radicelles,  ont  moins  besoin  d’eau  que 
ces  dernières. 

Pour  bien  juger,  il  faut  s’assurer  si  le 
malaise  indiqué  par  le  faciès  des  plantes 
ne  serait  pas  une  conséquence  de  la  mau- 
vaise qualité  du  sol,  ce  qui  dans  l’affir- 
mative, nécessiterait  une  modification  ou 
même  un  changement  complet  de  celui-ci. 

En  résumé,  toutes  circonstances  égales 
d’ailleurs,  les  plantes  devront  être  d’autant 
plus  arrosées  qu’elles  seront  dans  une  pé- 
riode d’activité  plus  grande,  plus  vigou- 
reuse, et  que  la  couleur  verte  sera  plus 
foncée,  en  tenant  compte  toutefois  de  la  na- 
ture particulière  propre  à l’espèce.  En  effet, 
une  plante  à feuillage  panaché  ou  blan- 
châtre et  même  blanc,  pourra  être  très-bien 
portante,  bien  que  ses  parties  herbacées 
soient  d’une  autre  couleur  que  la  verte.  Ce 
qui  est  essentiel  et  qui  indique  assez  bien 
l’état  de  la  plante,  c’est  un  aspect  général 
luxuriant,  lorsque  toutes  ses  parties,  bien 
équilibrées,  n’annoncent  aucun  signe  de 
souffrance.  Dans  ce  cas,  de  l’eau,  même  un 
peu  en  excès,  ne  peut  être  nuisible  ; c’est 
souvent  le  contraire  qui  est  vrai. 

E.-A.  Carrière. 


■TENNIS 

certainement,  augmentent  proportionellement 
la  moyenne  de  la  vie  humaine. 

Les  classes  riches  n’ont,  il  est  vrai,  que 
l’embarras  du  choix.  L’équitation,  la  chasse, 
l’escrime,  le  canotage,  etc.,  sont  là,  offrant 
toutes  leurs  ressources  de  distractions  et  d’exer- 
cices. 

Ceci  étant  posé,  nous  allons  parler  du  Laim- 
Tennis,  jeu  tout  à fait  en  honneur  chez  nos 
voisins  les  Anglais,  chez  qui  les  habitudes 
sportives  sont  en  si  grande  faveur.  Ce  jeu 
présente  l’avantage  d’occasionner  très-peu  de 
frais  d’installation,  aussi  s’est-il  rapidement 
répandu  chez  nous,  et  existe-t-il  peu  de  pro- 
priétés n’ayant  dans  une  partie  quelconque 
de  leur  parc  ou  de  leur  jardin,  un  emplace- 
ment réservé  au  Laivn- Tennis. 

Une  installation  éphémère  suffit  même,  à la 
rigueur,  et  il  nous  est  arrivé  souvent,  soit  à 
Paris,  dans  un  coin  de  pelouse  des  Bois  de 


LE  LAWN-TENNIS. 


Boulogne  et  de  Vincennes,  soit  en  province, 
sur  une  promenade  publique,  ou  un  pré,  de 
rencontrer  des  joueurs  très  occupés  de  la  partie 
engagée  et  toujours  entourés  d’une  haie  de 
curieux. 

Pour  ceux  de  nos  lecteurs  qui  ne  connaî- 
traient })as  encore  le  jeu  du  Lawn-Tennis, 
voici,  en  peu  de  mots,  comment  on  l’installe  et 
en  quoi  il  consiste  : 

Une  surface  plane  quelconque,  mais,  de  pré- 
férence, une  pelouse  bien  tondue,  est  néces- 
saire. Elle  doit  former  un  rectangle  de  24  mè- 
tres de  long,  sur  8 mètres  de  large. 

11  est  bon,  mais  non  indispensable,  de 
l’entourer  de  talus  dont  l’effet  utile  se  com- 
prendra tout  à l’heure. 

Cette  surface,  appelée  cours,  et  dont  les  di- 
mensions peuvent  varier  suivant  le  goût  et  la 
force  des  joueurs  ou  les  exigences  de  l’emplace- 


257 

ment,  est  divisée  en  deux  parties,  ou  camps, 
par  un  tHet  (voir  fig.  46). 

La  hauteur  du  fdet  est  de  P^i  20  aux  poteaux 
et  de  90  centimères  au  centre  ; les  poteaux 
sont  plantés  en  dehors  du  cours,  et  à 1 mètre 
environ  de  chaque  côté. 

Le  cours,  dont  les  limites  son  tracées  sur 
le  sol,  soit  avec  du  sable,  de  la  sciure  de  bois, 
des  rubans  blancs  ou  du  blanc  d’Espagne  mé- 
langé d’eau,  ou  mieux  encore,  des  planches  en- 
foncées dans  le  sol  sur  champ,  sera  de  plus 
pai'tagé  en  deux,  dans  le  sens  de  la  longueur, 
par  une  ligne  tracée  de  la  meme  manière  et 
aussi  par  deux  lignes,  dites  de  service,  perpen- 
diculaires à cette  dernière  et  placées  chacune  à 
7 mètres  du  filet. 

La  partie  se  joue  avec  des  balles  de  caout- 
chouc que  l’on  envoie  par  dessus  le  filet,  à 
l’aide  de  raquettes.  Plusieurs  personnes  peu- 


Fig.  46.  — Jeu  de  Lawn-Tennis. 


vent  jouer  ensemble,  mais  le  mieux  est  d’être 
deux  ou  quatre  seulement  à la  fois. 

On  emploie  quelques  fois  des  talus,  comme 
nous  l’avons  dit,  ou  bien  des  filets  de  côté 
pour  empêcher  les  balles  de  rouler  au  loin  et 
de  s’égarer. 

Il  est  nécessaire  d’avoir  à portée  des  balles 
de  rechange,  pour  ne  pas  avoir  à courir  après 
les  balles  perdues. 

Ces  balles,  dont  le  diamètre  doit  être  de 
G cà  7 centimètres,  pèsent  de  55  à 60  grammes. 

Les  raquettes  ont  à peu  près  la  même  forme 
que  celles  employées  pour  le  jeu  de  paume. 

Les  règles  du  jeu,  peu  compliquées,  ne 
peuvent  cependant  être  énumérées  ici:  On  peut 
d’ailleurs  se  les  procurer  facilement,  et  la  Re- 
vue Jtorlicole  donnera  au  besoin  à ses  lecteurs 
les  renseignements  qu’ils  désireraient  à ce 
sujet. 


Il  nous  reste  maintenant  à indiquer  aux  pro- 
priétaires le  moyen  d’installer  chez  eux  un  jeu 
de  Lawn,  sans  modifier  d’une  façon  désa- 
gréable l’aspect  paysager  de  leur  jardin  ou  de 
leur  parc. 

Prenons  par  exemple,  le  Lawn-Tennis  placé 
à côté  d’un  gymnase,  comme  celui  que  nous 
avons  établi  dans  la  propriété  des  Roches,  près 
Briare  (Loiret). 

Entre  les  massifs  A A (fig.  47),  qui  se  re- 
joignaient et  ne  formaient  qu’un  tout,  l’espace 
nécessaire  a été  défriché  et  nivelé. 

Le  sol  du  cours  B,  a été  établi  en  contre- 
bas des  allées  G G qui  l’entourent,  de  manière 
à créer  des  talus  G,  empêchant  les  balles  de 
s’égarer. 

En  D,  se  trouve  le  filet,  puis  de  chaque 
côté  les  lignes  G G dont  nous  avons  indiqué 
plus  haut  la  disposition. 


258 


NOUVEAU  MODE  DE  GREFFAGE  DE  LA  VIGNE. 


En  E,  se  trouvent  des  marches  pour  des- 
cendre facilement  dans  chaque  camp.  F F sont 
deux  bancs,  permettant  aux  joueurs  de  se  re- 
poser et  à des  spectateurs  d’assister  sans  fa- 
tigue à la  partie  engagée.  D’autres  bancs  pour- 
raient être  placés  dans  l’allée  G’,  mais  nous  ne 


les  avons  pas  indiqués,  parce  qu’ils  gêneraient 
la  vue  qui,  de  l’allée  de  ceinture  L,  et  du 
kiosque  K,  doit  passer  librement  par  dessus 
le  Lawn-Tennis,  et  s’étendre  sans  entraves 
sur  la  pelouse  N.  En  HH,  sont  représentés  les 
portiques  du  gymnase,  en  I I,  les  barres  fixes  ; 


et  enfin  une  plantation  de  Marronniers  ou 
autres  arbres  J J,  donnant  de  l’ombre  et  de  la 
fraîcheur  aux  amateurs  de  gymnastique. 

Deux  groupes  d’arbres  isolés  M M encadrent 
le  Laiün-Tennis  du  côté  de  la  pelouse. 

Nous  pourrions  citer  d’autres  dispositions, 
mais,  plusieurs  années  après  la  création  du 
Lawn-Tennis  que  nous  venons  de  décrire, 
nous  avons  pu  nous  rendre  compte  de  l’effet 


d’ensemble  qu’il  produit,  et  nous  croyons  pou- 
voir en  recommander  le  dessin. 

Il  va  de  soi  que  rien  n’oblige  à lui  juxtaposer 
un  gymnase,  et  qu’alors  on  pourrait  le  rappro- 
cher un  peu  de  l’allée  qui  y donne  accès.  L’es- 
sentiel est  que  l’emplacement  du  jeu  soit  choisi 
de  manière  à ce  qu’il  ne  gêne  pas  la  circulation, 
et  que  les  joueurs  eux-mêmes  soient  libres  de 
leurs  mouvements.  Ed.  André. 


NOUVEAU  MODE  DE  GREFFAGE  DE  LA  VIGNE 


C’est  avec  intention  que  je  dis  nouveau 
mode  de  greffage  et  non  nouvelle  greffe. 
En  effet,  dans  la  circonstance,  il  s’agit  d’ap- 
pliquer une  vieille  greïïe  dans  des  conditions 
tout  à fait  spéciales  et  tellement  exception- 
nelles, qu’on  pourrait  regarder  le  procédé 
comme  nouveau. 

Constatons  d’abord  que,  malgré  tout  ce 
qu’on  a dit  et  écrit  sur  le  greffage  de  la  Vigne 
dans  le  but  de  faciliter  le  travail  et  d’en  as- 
surer le  succès,  c’est  une  opération  qui,  dans 
le  centre  et  à plus  forte  raison  dans  le  Nord 
de  la  France,  ne  réussit  jamais  que  très- 
imparfaitement,  surtout  si  l’on  greffe  à une 


certaine  hauteur  au-dessus  du  sol.  Dans  ces 
conditions,  c’est  même  une  opération  à peu 
près  impossible,  ce  qui,  assurément,  est 
très-regrettable,  car  il  y aurait  un  très-grand 
avantage  à opérer  ainsi,  par  exemple,  si  l’on 
voulait  changer  l’essence  d’une  treille  établie 
et  en  transformer  les  branches  coursonnes 
en  une  ou  en  plusieurs  variétés.  Il  y a pour- 
tant un  moyen  d’obtenir  ce  résultat.  C’est  ce 
que  je  vais  essayer  de  démontrer. 

Je  ferai  d’abord  remarquer  que  si  les 
greffes  de  Vigne  ne  réussissent  pas  quand 
on  les  pratique  à hauteur,  c’est-à-dire  dans 
l’air,  il  en  est  autrement  quand  on  opère  en 


LÇS  nORTENSIÀS  DU  PARC  DES  BUTTES-CÎIAUMONT. 


259 


dehors  du  contact  de  celui-ci,  par  consé- 
quent dans  le  sol . Il  èst  bien  entendu  que 
je  fais  abstraction  de  la  greffe  en  approche, 
qui  réussit  partout  quand  on  observe  les 
lois  de  la  physiologie  végétale  en  ce  qui 
concerne  l’art  de  greffer. 

Ce  premier  point  établi,  qu’y  a-t-il  à faire 
pour  que  les  greffes  de  Vigne  réussissent  ? 
Détacher  la  treille  et  la  coucher  sur  le  sol 
dans  une  tranchée  préparée  ad  hoc,  c’est-à- 
dire  correspondant  à la  charpente  générale, 
puis  greffer  chacune  des  parties  à trans- 
former, en  ayant  soin  de  mettre  un  tuteur 
à chaque  greffon  indiquant  la  place  de 
celui-ci,  et  qui,  plus  tard,  servira  à attacher 
les  bourgeons  au  fur  et  à mesure  qu’ils  se 
développeront.  Le  mode  de  greffe  le  plus 
simple,  et  qui  en  même  temps  est  l’un  des 
meilleurs,  est  la  greffe  en  fente  pratiquée 
avec  des  greffons  conservés,  et  assez  tard  en 
saison  pour  que  la  sève  soit  « montée  » et 
que  la  Vigne  ne  ((  pleure  » plus.  Quant  aux 
greffons,  il  faut  choisir  du  bois  bien  mûr  et 
ayant  le  moins  possible  de  moelle  : celui  de 
la  base  des  sarments,  près  de  leur  empâte- 
ment, est  toujours  le  meilleur  ; toutefois,  il 
ne  faut  pas  prendre  les  choses  à la  lettre  et 
s’arrêter  quand  même  à cette  condition  ; on 
doit  tenir  compte  des  parties  à greffer  et  pro- 
portionner les  greffons  avec  ces  parties. 

Dans  le  cas  où  il  serait  impossible  de  faire 
une  tranchée,  par  exemple  si  le  cep  à trans- 
former était  planté  dans  une  cour  pavée, 

LES  HORTENSIAS  DU  PA] 

La  Revue  horticole,  dans  un  intéressant 
article  (1),  a parlé  des  Hortensias  qui  gar- 
nissent, à des  hauteurs  considérables  et 
sans  aucun  abri,  les  parois  escarpées  des 
rochers  qui  rendent  notre  beau  parc  si 
pittoresque. 

Ces  Hortensias,  admirables  à l’époque  de 
leur  floraison,  présentent  un  exemple  sur- 
prenant de  culture  simplifiée  à l’extrême, 
et  bien  différente  de  celle  que  l’on  a cou- 
tume d’employer. 

On  m’a  bien  souvent  demandé  quelles 
conditions  j’avais  pu  réunir  autour  de  ces 
plantes  pour  leur  assurer  une  floraison 
aussi  abondante  et  aussi  régulière  que  celle 
que  l’on  constate  chaque  année.  Aussi, 
vais-je  faire  connaître  par  suite  de  quelles 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  p.  402. 


on  abaisserait  la  Vigne,  et  on  la  maintiendrait 
étendue  sur  le  sol,  puis  on  apporterait  de 
la  terre  qu’on  amoncellerait,  autour  des 
greffes,  de  manière  à les  préserver  du  con- 
tact de  l’air  et  à en  accélérer  la  reprise. 
Ensuite  on  étendrait  sur  le  tout  un  bon 
paillis.  Pendant  l’été  on  arroserait,  si  cela 
était  nécessaire. 

Quant  aux  autres  soins,  ils  consistent  à 
attacher  les  bourgeons  au  fur  et  à mesure 
de  leur  élongation,  et  à enlever  ou  à pincer 
tous  ceux  qui  sont  inutiles . Si  l’opération  a 
bien  réussi,  que  les  greffons  aient  poussé 
vigoureusement,  on  pourrait,  à l’automne, 
relever  les  treilles  et  les  attacher  où  elles 
doivent  être;  mais,  toutes  les  fois  que  la 
chose  sera  possible,  il  vaudra  mieux  ne  faire 
cette  opération  qu’au  printemps  suivant. 

Si  parfois  quelques  greffes  ne  reprenaient 
pas,  on  pourrait  encore  les  refaire  à l’aide 
de  quelques  bourgeons  qu’on  prendrait  sur 
celles  qui  auraient  réussi  et  qu’on  grefferait 
en  approche  dans  les  vides,  de  manière  à les 
combler. 

Le  procédé  que  je  viens  d’indiquer  n’est 
pas  dépourvu  de  difficultés,  je  le  sais  ; mais 
l’on  est  encore  heureux  de  pouvoir  l’appliquer 
quand  aucun  autre  n’est  possible,  du  moins 
avec  succès,  et  j’ai  pu,  grâce  à lui,  restaurer 
et  transformer  en  'de  bonnes  variétés  des 
treilles  de  mauvaise  nature  et  dont  on  ne 
pouvait  tirer  aucun  parti. 

Lebas. 

î DES  BDTTES-GHAÜMONT 

circonstances  j’ai  été  amené  à essayer  un 
genre  de  culture  qui  a réussi  au  delà  de  mes 
désirs  : 

En  1878,  il  existait  aux  Buttes-Chau- 
mont, sur  les  flancs  de  certains  rochers,  des 
cavités  ou  poches  qui,  lors  de  la  création  du 
parc,  avaient  été  remplies  de  terre  de 
Bruyère,  et  dans  lesquelles  des  arbustes  de 
différentes  espèces  avaient  été  plantés.  Par 
suite,  soit  de  la  rigueur  des  hivers,  soit  du 
manque  d’humidité,  soit  enfin  de  l’usure  de 
la  terre,  bon  nombre  de  ces  arbustes  étaient 
morts,  et  je  me  voyais  dans  l’impossibilité 
de  les  remplacer.  C’est  alors  que,  ayant  à 
ma  disposition  un  assez  grand  nombre 
d’Hortensias,  l’idée  me  vint  de  les  utiliser 
en  les  plaçant  isolément  ou  par  groupes 
dans  ces  poches  dégarnies  de  plantes. 


260 


LA  VIGNE  ET  SES  ENNEMIS  AU  KASIIMIG. 


Depuis  cette  époque,  et  malgré  l’abandon 
calculé  dans  lequel  je  les  laisse,  ces  Hor- 
tensias n’ont  pas  souffert  un  moment, 
même  pendant  le  terrible  hiver  de  1879- 
1880. 

Cette  rusticité  étonnera  certainement 
beaucoup  de  personnes  ; aussi  vais-je 
dire  comment  je  crois  pouvoir  l’expliquer. 

La  situation  très- élevée,  très-aérée,  expo- 
sée au  vent,  au  soleil,  à la  sécheresse,  que 
j’ai  donnée  à ces  Hortensias  a produit  les 
résultats  suivants  : 

Bien  que  la  végétation  soit  assez  puissante 
et  le  feuillage  abondant  et  bien  vert,  les 
pouses  de  chaque  année  se  développent  peu; 
elles  sont  courtes,  ramassées,  vigoureuses, 
ce  qui  les  rend  capables  de  résister  à des 
froids  intenses.  Pour  les  mêmes  raisons. 


la  végétation  en  est  très-tardive,  ce  qui  fait 
que  ces  jeunes  pousses  ne  sont  pas  encore 
développées  lorsque  les  rigueurs  du  premier 
printemps  sont  encore  à craindre. 

Enfin  la  sécheresse  relative  des  poches 
pendant  l’hiver,  rend  les  Hortensias  ainsi 
cultivés  l)ien  moins  sensibles  à la  gelée. 

Les  seuls  soins  que  ces  belles  plantes 
demandent  sont  quelques  arrosages  pendant 
leur  période  de  végétation. 

Tel  est,  dans  toute  sa  simplicité,  mon 
procédé  de  culture.  J’ajouterai  qu’en  ce 
moment  la  floraison  de  mes  Hortensias  est 
en  bonne  voie  de  préparation  ; et  le  succès 
de  ces  belles  plantes  sera  sans  aucun  doute 
aussi  grand  cette  année  que  les  années  pré- 
cédentes. 

Ch.  Delaville. 


UTILISATION  DES  POIRIERS  JAPONAIS  COMME  PORTE-FRUITS 


De  tous  les  Poiriers  japonais  dont  j’ai  été 
à même  d’apprécier  les  caractères,  il  n’en 
est  aucun  dont  les  fruits  soient  quelque  peu 
méritants,  si  on  les  compare  à ceux  des 
variétés  qui  peuplent  nos  jardins.  Il  faut 
donc,  pour  en  tirer  parti,  les  faire  servir 
comme  sujets,  ou  comme  intermédiaires, 
pour  être  greffés  à leur  Jour  par  certaines 
de  nos  variétés  connues.  Dans  ce  cas,  j’ai 
cru  reconnaître  qu’il  serait  bon  de  s’en 
servir  sur  les  francs,  car  j’ai  remarqué 
que,  placés  sur  le  Cognassier,  ils  paraissent 
ne  pas  bien  s’accorder  avec  celui-ci,  et  qu’ils 
forment  un  très -gros  bourrelet  au  point 
de  contact  avec  le  sujet. 

Un  autre  moyen  d’utiliser  ces  arbres, 
c’est  de  s’en  servir  comme  porte -fruits, 
c’est-à-dire  uniquement  pour  recevoir  des 
parties  fruitières  disposées  à fleurir  (lam- 
bourdes, dards  couronnés,  etc.),  ainsi  que 
cela  se  pratique  à l’aide  de  la  greffe  Luizet. 
Ces  arbres  sont  d’autant  plus  propres  à cet 
usage  que,  en  général,  tous  sont  vigoureux 
et  qu’ils  se  ramifient  peu,  de  sorte  que  les 
fleurs  et  les  fruits  qu’on  leur  fait  porter 
sont  bien  nourris  et  surtout  bien  aérés,  ce 
qui  en  favorise  le  développement  et  en  aug- 
mente la  beauté. 


Des  expériences  faites  dans  le  sens  que 
je  viens  d’indiquer  m’ont  démontré  qu’il  y 
aurait  avantage  d’agir  ainsi  qu’il  vient  d’être 
dit.  J’ai,  dans  celles-ci,  fait  porter  à des 
Poiriers  japonais  des  parties  à Heurs  de 
plusieurs  de  nos  variétés  : Passe-Crassane, 
Doyenné  d'hiver,  Olivier  de  Serre,  Ber- 
gamote Esperen,  etc.,  et  j’ai  obtenu  de 
très-beaux  et  bons  fruits. 

Une  remarque  que  j’ai  aussi  faite  sur  ces 
Poiriers,  c’est  que  : presque  tous  fleuris- 
sent de  très-bonne  heure  au  printemps, 
ce  qui  les  expose  aux  gelées  tardives  ; 
2°  qu’ils  nouent  difficilement  leurs  fruits  et 
qu’ils  sont  peu  fertiles.  J’ajoute  que  leurs 
feuilles,  en  général  très-  grandes  et  forte- 
ment dentées  en  scie,  leur  donnent  un  ca- 
ractère particulier  qui  ne  permet  pas  de 
les  confondre  avec  nos  types  européens.  Je 
n’ai  remarqué  de  feuillage  analogue  à ceux- 
ci  que  dans  les  quelques  variétés  de  Poiriers 
chinois  que  j’ai  pu  observer,  et  qui,  eux- 
aussi,  m’ont  paru  présenter  des  fruits  de 
qualité  très-intérieure  aux  nôtres,  et  tout  à 
fait  analogue  à celle  des  Poiriers  japonais, 
avec  lesquels,  du  reste,  ils  ont  beaucoup  de 
caractères  communs. 

Guillon. 


LA  VIGNE  ET  SES  ENNEMIS  AU  KASHMIR 


Quelle  que  soit  la  contrée  du  globe  qu’on  i remarque  que  celle-  ci  a des  ennemis  en 
observe  et  aussi  l’espèce  qu’on  étudie,  on  | général  d’autant  plus  redoutables  qu’ils  sont 


LA  VIGNE  ET  SES  ENNEMIS  AU  KASHMIR. 


261 


plus  petits.  Ici,  et  en  ce  qui  concerne  la  Vigne, 
dont  je  vais  particulièrement  m’occuper,  si 
jusqu’à  présent  il  n’y  a pas  de  phylloxéra,  en 
revanche  nous  devons  compter  avec  diffé- 
rents érisyphés,  notamment  avec  VOidium 
Tuckeri  qui  sévit  avec  une  opiniâtreté  in- 
croyable; l’année  dernière  j’ai  soufré  mes 
Vignes  jusqu’à  quatre  fois,  et  c’est  grâce  à 
cette  persévérance  dans  l’eLnploi  du  soufre 
que  je  suis  arrivé  à les  préserver  du  ter- 
rible fléau.  D’une  autre  part  VOidium  est 
beaucoup  plus  difficile  à combattre  au  Kash- 
mir  qu’en  France,  probablement  par  cette 
raison  que  les  Vignes  indigènes,  qui  crois- 
sent pour  ainsi  dire  partout  dans  la  vallée, 
sont  envahies  par  le  maudit  cryptogame  ; et 
comme  ces  Vignes  sauvages  sont  abandon- 
nées à elles-mêmes  et*  sans  aucun  soin, 
la  maladie  est  endémique,  de  sorte  que 
VOidium  trouve  dans  les  cépages  français 
transportés  au  Kashmir  un  aliment  à sa 
convenance,  sur  lequel  il  exerce  ses  ra- 
vages. 

Les  personnes  qui  sont  tentées  de  croire 
que  les  plantes  soumises  à la  culture  sont 
plus  maltraitées  par  les  maladies  cryptoga- 
miques  ou  par  les  insectes  que  celles  qui 
croissent  à l’état  sauvage  sont  dans  une 
grande  erreur  et  pourraient  ici  se  convaincre 
du  contraire  ; ainsi,  il  n’est  pas  rare  de  voir 
à Kashmir  des  pieds  de  Vignes  àeKawaurij, 
Opiman,  Katchehourié  (1)  et  autres  dont  les 
énormes  troncs  atteignent  presque  la  gros- 
seur du  corps  d’un  homme  et  dont  les  longs 
sarments  forment  de  gigantesques  guirlandes 
qui  couvrent  les  plus  hauts  Peupliers  et 
Mûriers,  créant  ainsi,  avec  ces  derniers, 
de  véritables  berceaux  naturels  d’un  effet 
des  mieux  pittoresques.  Tous  ces  berceaux 
sont  ornés  à l’intérieur  par  les  grosses 
branches  de  ces  Vignes  qui  prennent  les 
formes  les  plus  capricieuses. 

Eh  bien,  toutes  ces  Vignes  qui  sont  ici  dans 
leur  pays  natal  et  qui  croissent  tout  à leur 
aise  sans  jamais  être  tourmentées  par  la  ser- 
pette ni  le  sécateur,  ces  mêmes  Vignes,  dis- 
je,  sont  infestées  d'Oidium,  mais  à un  tel 
point  qu’il  n’y  a qu’un  très-petit  nombre  de 
pieds  dont  les  fruits  arrivent  à maturité. 

De  plus  il  existe  au  Kashmir  un  Coléoptère 
de  couleur  noire  qui  dévore  les  Vignes  in- 
digènes. Cet  insecte  broute  tout  le  paren- 
chyme des  feuilles,  et  cela  si  bien  que 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  p.  484. 


quand  il  quitte  un  pied  de  Vigne,  il  n’y 
a plus  une  seule  feuille  qui  ait  trace  de 
verdure;  les  pétioles  ne  conservent  ab- 
solument que  les  squelettes  des  feuilles, 
c’est-à-dire  les  nervures. 

Lorsque  les  Piaisins  approchent  de  la  ma- 
turité, ces  mêmes  insectes  perforent  la  pelli- 
cule des  grains,  pour  se  nourrir  de  leur 
jus. 

Il  est  bien  entendu  qu’ils  attaquent  les 
Vignes  françaises  aussi  bien  que  les  Vignes 
kashmiriennes  ; néanmoins,  l’année  der- 
nière Je  n’ai  pas  eu  à me  plaindre;  c’est 
à peine  si  j’ai  constaté  leur  présence  dans 
mon  vignoble.  Voici  à quoi  j’attribue  ce 
résultat.  D’après  les  observations  que  j’ai  pu 
faire,  j’ai  toujours  constaté  la  présence  de 
ces  Coléoptères  sur  les  pieds  de  Vignes  les 
plus  voisins  des  Graminées,  tels  que  : Blé, 
Orge,  Chiendent,  etc.,  dont  ils  mangent  les 
jeunes  feuilles  absolument  comme  ils  le  font 
pour  la  Vigne  ; c’est  ce  qui  m’a  fait 
croire  — peut-être  à tort  — que  la  présence 
des  Graminées  était  indispensable  au  déve- 
loppement des  jeunes  individus. 

Mais  ces  insectes  ne  sont  pas  seulement  les 
ennemis  des  Vignes  et  des  Graminées.  Non, 
et  quand  les  feuilles  de  ces  dernières  sont 
toutes  dévorées,  ils  se  jettent  sur  les  Rosiers, 
sur  les  Pruniers,  etc.,  qu’ils  n’abandonnent 
qu’après  leur  avoir  fait  subir  le  même  sort 
qu’aux  Vignes  ; et,  chose  curieuse  ils  atta- 
quent le  Houblon  avec  le  même  acharne- 
ment ; seulement  sur  cette  dernière  victime, 
ce  sont  les  fleurs  qu’ils  dévorent  de  préfé- 
rence. 

Ils  ne  meurent  pas  l’hiver,  et  bien  que 
toute  la  vallée  du  Kashmir  ait  été  couverte 
pendant  dix-huit  jours  consécutifs  d’une 
couche  de  neige  de  15  centimètres  d’épais- 
seur, cela  ne  les  a pas  fait  périr,  et  les 
quelques  individus  que  je  vous  envoie  ci- 
joints,  je  les  ai  trouvés  parfaitement  vivants, 
il  y a huit,  jours,  au  pied  d’une  Vigne, 
presque  à la  surface  du  sol. 

De  tous  ces  faits  on  peut,  ce  me  semble, 
conclure  avec  assurance  que  les  Vignes 
kashmiriennes  ne  peuvent  rendre  aucun 
service  à la  viticulture  française,  car,  de 
même  que  tous  les  cépages  cultivés  en 
France,  elles  appartiennent  au  groupe  uinz- 
fera,  et  présentent  du  reste  absolument  le 
même  mode  de  végétation. 

Au  Kashmir,  les  mêmes  ennemis  leur  sont 
communs  ; ce  qui  autorise  à croire  que  ces 


262 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  d’HORTICULTURE  DE  SEINE-ET-OISE,  A VERSAILLES. 


Vignes  cultivées  en  France  ne  résisteront  pas 
plus  au  phylloxéra  que  les  cépages  borde- 
lais, bourguignons  et  autres. 

Les  Vignes  du  Kashmir  cultivées  en 
France  pour  leurs  produits  directs,  c’est-à- 
dire  sans  être  greffées,  ne  sont  donc  recom- 
mandables à aucun  point  de  vue;  leurs 
fruits  sont  énormes,  il  est  vrai,  mais  ils 
n’ont  aucune  saveur  agréable  et  ne  con- 
tiennent que  très -peu  de  sucre,  par  consé- 
quent d’alcool.  De  plus  ces  fruits  n’attein- 
dront probablement  leur  maturité  en  France 
qu’avec  beaucoup  de  peine,  même  en  ayant 

UN  SUCCÉDANÉ 

Sous  ce  nom  : « Épinard  de  Tunisie,  d j’ai 
vu  récemment,  dans  une  propriété,  à Mes- 
nil-le-Roi  (Seine-et-Oise),  et  cultivé  par 
M.  Bertrand,  jardinier-chef  de  cette  pro- 
priété, une  énorme  planche  d’une  sorte  de 
Riünex  qu’on  nomme  vulgairement  « Oseille- 
Épinard  )).  C’est  une  plante  peu  connue, 
qui  pourrait  rendre  de  très-grands  services 
aux  jardiniers  de  maison  bourgeoise. 

D’après  les  botanistes,  cette  plante  ne 
seraiLautre  que  le  Rumex  Patientia,  L., 
c’est-à-dire  la  « Patience  » des  champs, 
dépuratif  par  excellence  que  l’on  rencontre 
à peu  près  partout,  le  long  des  chemins, 
dans  les  prés,  dans  les  décombres.  Eh  bien, 
je  connais  l’une  et  l’autre,  et  je  n’hésite  pas 
à dire  que  ces  deux  plantes  sont  complète- 
ment différentes  par  l’aspect,  et  surtout  par 
les  qualités. 

L’Oseille-Épinard  a les  feuilles  stricte- 
ment dressées  sur  im  fort  pétiole,  à limbe 
entier,  non  auriculé,  ovale-elliptique,  atté- 
nué longuement  à la  base,  glabres,  épaisses, 
charnues,  d’un  vert  gai  et  comme  légère- 
ment giaucescentes,  à nervures  petites, 
d’un  vert  pâle  ou  blanchâtre. 

Ces  caractères,  je  le  répète,  ne  sont  pas 
ceux  qui  sont  propres  à la  vieille  Patience 
des  herboristes,  dont  les  feuilles,  très- 


soin  de  les  placer  à une  exposition  privilé- 
giée, car,  ce  qu’il  ne  faut  pas  oublier,  c’est 
qu’il  y a loin  du  climat  du  Kashmir  à celui 
de  la  France. 

Pour  donner  une  idée  exacte  de  la  valeur 
des  Raisins  du  Kashmir,  on  peut  établir  la 
proportion  suivante  : 

Les  Raisins  du  Kashmir  sont  aux  Raisins 
français,  ce  que  les  Poires  sauvages  sont  à 
nos  meilleures  variétés  de  Poires  cultivées. 

L.  Bouley, 

Ancien  élève  de  l’École  d’horticulture  de  Versailles, 
chef  des  cultures  de  S.  H.  le  Maharadjah  de 
Kashmir  (Inde). 

DE  L’ÉPINARD 

minces,  étalées,^ tombantes,  ont  des  ner- 
vures rougeâtres.  Mais  la  différence  essen- 
tielle réside  surtout  dans  les  propriétés  qui 
sont  toutes  différentes.  Ainsi,  tandis  que  la 
Patience  est  sèche,  dure,  insapide  ou  her- 
bacée vireuse,  l’Oseille-Épinard  est  douce, 
savoureuse,  comme  onctueuse,  cuit  très- 
bien  et  très-vite,  et  a une  saveur  agréable. 

Quant  à la  végétation,  elle  est  également 
différente  ; l’Oseille-Épinard  est  presque 
toujours  en  végétation,  et,  comme,  d’autre 
part,  elle  est  très-rustique,  on  peut  en 
cueillir  pendant  presque  tout  l’hiver.  Un 
autre  avantage  qu’elle  possède,  c’est  que 
sa  végétation  n’est  même  pas  arrêtée  par  la 
chaleur,  et  qu’elle  ne  monte  que  très-dif- 
ficilement à graines,  de  sorte  qu’on  peut  en 
cueillir  pendant  tout  l’été. 

L’Oseille-Épinard  est  certainement  le 
meilleur  de  tous  les  succédanés  qu’on  a in- 
diqués pour  remplacer  l’Épinard,  ce  qui 
m’engage  à en  recommander  la  culture. 

On  peut  en  semer  les  graines  pendant 
presque  toute  l’année  ; celles-ci  lèvent  bien 
et  promptement  ; si  les  plantes  sont  trop 
serrées,  les  feuilles  sont  moins  belles  et 
moins  bien  constituées,  et  les  plantes  sup- 
portent moins  bien  la  chaleur.  May. 


EXPOSITION 


DE  LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE 

La  Société  d’horticulture  de  Seine-et-Oise 
est  certainement  l’une  des  plus  florissantes, 
parmi  les  Sociétés  d’horticulture  des  environs 
de  Paris,  et  ses  expositions  peuvent  servir  de 
modèle  aux  Sociétés  voisines. 


DE  SEINE-ET-OISE,  A VERSAILLES. 

Plantes  d’introduction  et  de  semis.  — 
Les  plantes  nouvelles  de  semis  ou  d’introduc- 
tion étaient  peu  nombreuses  à l’Exposition; 
cependant,  en  raison  de  l’attrait  que  présente 
toujours  la  nouveauté,  nous  citerons  le  Vriesea 


263 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE  DE  SEINE-ET-OISE,  A VERSAILLES. 


d’introduction  non  encore  nommé  et  présenté 
par  M.  Duval,  horticulteur  à Versailles. 
Cette  Broméliacée  nouvelle  est  une  charmante 
petite  plante  provenant  de  l’Amérique  méri- 
dionale, son  port  et  son  mode  d’inflorescence 
paraissent  la  rapprocher  des  formes  du  Vriesea 
brachystachys  o\ipsittacina\  toutefois,  elle  en 
diffère  par  son  feuillage  teinté  de  rose  et  l’a- 
gréable coloration  de  son  épi. 

Pai'mi  les  plantes  de  semis,  les  Bégonias  à 
feuillage,  de  M.  Lionnet,  jardinier  au  Grand- 
Château,  à Jouy  - en  - Josas  , étaient  assez 
curieux  ; nous  remarquons  de  même  un  Bégo- 
nia tubéreux  exposé  par  M.  Thomas,  horti- 
culteur à Versailles,  dont  la  fleur,  composée  de 
six  pétales  ronds  et  parfaitement  disposés, 
indique  une  plante  à travailler  pour  les 
semeurs . 

Belle  culture.  — Les  plantes  exposées  pour 
leur  belle  culture^  suivant  l’expression  du 
programme,  étaient  très -nombreuses.  Nous 
noterons  d’abord  la  collection  de  plantes  à 
feuillage  ornemental  de  M.  Truffant,  horticul- 
teur à Versailles  ; VAreca  Verschaffelti  et  le 
Phœnix  rupicola  y étaient  magnifiques;  VAra- 
lia  Fabrieri  et  VAcalypha  marginata  très- 
élégants  ; puis  la  collection  présentée  par 
Lesueur,  jardinier  en  chef  chez  la 

baronne  de  Rothschild,  à Boulogne  ; un  grand 
Phœnix  dactylifera  s’y  faisait  surtout  remar- 
quer par  son  développement,  et  le  groupe 
d’Aroïdées  contenait  des  échantillons  aussi  rares 
que  bien  portants,  les  Philodendron  crinitum 
et  Schottianum,  VAlocasia  Thibautiana,  les 
Anthurium  Andreanum,  trilobum,  Hookerii, 
hybridum,  regale. 

Les  plantes  de  serre  du  meme  ordre,  expo- 
sées par  M.  Lionnet,  étaient  aussi  très-bien 
cultivées  ; son  groupe,  dominé  par  de  grands 
Chamærops  contenait,  de  nombreuses  plantes, 
parmi  lesquelles  il  faut  signaler  un  grand 
Phœnix  Canariensis,  le  curieux  Ficus  Parcelli, 
un  beau  Caraguata  lingulata,  et  un  beau  lot  de 
Caladium. 

La  collection  de  M.  Doré,  jardinier  chez 
Hunebelle,  à Fleury-Meudon,  et  celle  de 
M.  Pigies,  horticulteur  à Versailles,  concou- 
raient dans  le  môme  ordre  ; chez  ce  dernier 
nous  avons  noté  un  Sabal  Palmetto  excellent. 
Les  Chrysanthemum  var.  Comtesse  de  Cham- 
bord., de  M.  Gillard,  horticulteur,  et  le  beau 
Blechnum  Brasiliense,  de  M.  Fletcher,  jardi- 
nier au  château  des  Bruyères,  à Sèvres, 
rentraient  également  dans  la  même  section. 

M.  Moser,  horticulteur  à Versailles,  exposait 
une  splendide  collection  de  Rhododendrons  et 
d’Azalées  de  plein  air  ; les  meilleures  variétés 
comme  les  plus  charmantes  couleurs  se  ren- 
contraient dans  ce  lot. 

M.  Duval,  horticulteur  à Versailles,  présen- 
ait  un  lot  de  plantes  marchandes  supérieure- 


ment cultivées.  Nous  y rencontrons  le  célèbre 
Anthurium  Andreanum",  un  beau  Cypripe- 
dium  Boxalli,  le  Tillandsia  Zahni,  le  Thun- 
bergia  lauri folia,  plante  peu  cultivée  et  très- 
recommandable  ; la  fleur  est  large,  tubulée,  à 
divisions  arrondies  et  étalées,  teintées  de  violet 
clair,  la  gorge  blanche  est  striée  do  noir. 

Serre  chaude.  — Dans  la  section  des 
plantes  de  serre  chaude,,  nous  trouvons 
M.  Truffant,  dont  les  nombreux  concours  furent 
récompensés  du  grand  prix  d’honneur.  Les 
plantes  de  cet  exposant  étaient  très-remar- 
quables ; le  rare  Alocasia  Thibautiana  était 
splendide.  Parmi  ses  Palmiers,  nous  avons  noté 
un  fort  exemplaire  de  Cocos  Weddelliana  et  un 
Areca  sapida  d’excellente  culture.  Malgré  la 
saison  peu  avancée  pour  les  Dracæna,  la  collec- 
tion du  même  exposant  était  remarquable. 
Une  rare  collection  de  Broméliacées  comptait 
plus  de  trente  plantes  en  fleurs  ; nous  y avons 
noté  un  fort  Encholirion  Saundersii  avec  un 
Encholirion  roseum  â feuilles  variées,  plante 
unique,  très-belle;  un  vigoureux  Tillandsia 
tessellata  et  le  Vriesea  splendens  major,  lan- 
çant un  épi  très-coloré  et  très-grand. 

M.  David,  horticulteur  à Versailles,  présentait 
aussi  une  belle  collection  de  Broméliacées. 
Nous  y trouvons  une  magnifique  touffe  du 
Tillandsia  Lindeni,  VAnanassa  Pinangensis 
à fruit,  le  V^Hesea  Malzinei  en  fleurs,  le  Bill- 
bet^gia  granulosa. 

La  collection  d’Orchidées  de  M.  Truffant 
constituait  certainement  un  des  plus  beaux  lots 
de  l’Exposition,  aussi  était-il  très-admi ré;  nous 
y avons  compté  plus  de  70  plantes  en  fleurs. 

M.  David  avait  apporté  un  lot  de  plantes 
variées  de  serre  chaude,  parmi  lesquelles  nous 
avons  remarqué  le  Pellionia  Daveauana,Ae 
Maranta  Massangeana,  le  Bertolonia  Van 
Houttei,  un  bel  exemplaire  du  Kentia  Luciani 
et  du  Pritchardia  filifera. 

Les  Gloxinias  étaient  représentés  par  deux 
collections,  celle  de  M.  Duval  et  celle  de 
M.  Vallerand,  le  spécialiste  bien  connu  de 
Bois-Colombes.  La  collection  de  M.  Duval, 
bien  que  peu  nombreuse,  contenait  d’excel- 
lents coloris,  particulièrement  dans  les  variétés 
Victor  Hugo,  Célestial,  Madame  Ty'uffaut, 
Monsieur  Batta.  Celle  de  M.  Vallerand,  bien 
plus  nombreuse,  n’appartenait  pas  au  même 
genre.  Les  fleurs  droites  et  larges,  à fond  blanc 
finement  pointillé  ou  tacheté  de  couleur,  indi- 
quaient le  type  variabilis,  très-recherché  des 
amateurs.  En  somme,  c’était  une  admirable 
collection  qui  fut  récompensée  d’une  médaille 
d’or  bien  méritée. 

Terminons  la  revue  des  plantes  de  serre 
chaude  par  l’inspection  du  magnifique  lot  de 
Croton  provenant  des  cultures  de  M.  Lesueur. 
De  chaque  côté  de  ce  groupe  se  dressaient 
deux  spécimens  hors  ligne  de  la  variété  C. 


264 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE  DE  SEINE-ET-OISE,  A VERSAILLES, 


Baronne  de  Rothschild,  plantes  admirables, 
autant  par  leurs  dimensions  que  par  leurs 
coloris. 

Serre  tempérée.  — La  catégorie  des  plantes 
de  serre  tempérée  comprenait  moins  d’apports. 
Nous  y retrouvons  les  belles  collections  d’Aza- 
lées  de  l’Inde  de  M.  David,  et  de  M.  Truffant. 

M,  Royer  fils,  horticulteur  à Versailles, 
membre  du  jury,  exposait,  hors  concours  ; sa 
collection  d’ Azalées  de  l’Inde,  fort  bien  culti- 
vée, était  splendide.  Le  choix  des  variétés  et  la 
régularité  des  sujets  en  faisaient  un  lot  très- 
méritant. 

Les  collections  de  Pélargonium  de  M.  Poi- 
rier, horticulteur  à Versailles,  égayaient  l’ex- 
position par  leurs  coloris  clairs.  Ces  lots,  par- 
faitement fleuris,  contenaient  des  variétés 
d’élite,  entre  autres  les  variétés  Pourpre  de 
Tijr,  Monsieur  d’ Astis,  Madame  Binot,  Chal- 
lemel-Lacour.  Dans  la  collection  de  variétés  à 
fleurs  doubles,  également  bien  fleuries,  nous 
avons  noté  Monsieur  Glorieux,  belle  teinte 
rose  ; Charles  Howey,  blanc  lavé  de  rose  ; 
Alha  perfecta,  blanc  ; Madame  Lecharpen- 
tier,  iDçlle  teinte  rouge  ; Hétéranthe,  grande 
fleur  rouge.  N’oublions  pas  de  citer  encore  un 
lot  du  même  genre  composé  seulement  de 
trois  variétés  de  choix  et  bien  disposées  pour 
flatter  l’œil  : P.  Louis  Courrier,  Duchesse  Des 
Cars  et  Monsieur  Grévy. 

Pleine  terre.  — Dans  cette  section  M.  Poi- 
rier présentait  une  collection  de  Rosiers 
hautes  tiges  et  basses  tiges,  composée  d’une 
centaine  de  variétés.  Les  meilleures  Roses  con- 
nues y luttaient  de  fraîcheur  et  de  délicatesse. 

La  collection  du  même  genre,  présentée  par 
M.  Ghristen,  horticulteur  à Versailles,  nous  a 
paru  supérieure.  Les  variétés  Jean  Ducher, 
Persian  Yellow,  Baronne  de  Rothschild,  Sou- 
venir de  la  Malmaison,  sont  toujours  des 
plus  charmantes.  M.  Ghristen  exposait  encore 
une  grande  collection  Y Evonymus  du  Japon, 
greffés  sur  notre  Evonymus  Europeus  com- 
mun. 

Les  Pensées  étaient  nombreuses.  Nous  en 
avons  remarqué  cinq  collections,  parmi  les- 
quelles nous  citerons  celle  de  M.  Falaise  aîné, 
horticulteur  à Billancourt,  et  celle  de  M.  Mou- 
dain,  horticulteur  à Versailles. 

Légumes.  — Gette  section  était  peu  nom- 
breuse ; cependant  la  qualilé  semblait  com- 
penser la  quantité.  La  meilleure  collection, 
celle  de  M.  Rothberg,  jardinier  chez  M.  Marco 
del  Pont,  à Saint -Gloud,  se  composait  de 
primeurs  et  de  légumes  de  saison.  Les  As- 


perges et  les  Ghoux-Fleurs  y dénotaient  une 
excellente  culture.  Des  Ananas  Cayenne  lisse 
et  Charlotte  de  Fiothschüd  accompagnaient  ce 
lot.  Notons  pour  mémoire  les  superbes  Asperges 
en  botte  de  M.  Girardin-Gollas,  à Argenteuil, 
et  les  Poireaux  monstrueux  de  M.  Rabourdin, 
agriculteur  à Vélizy.  L’École  nationale  d’horti- 
culture de  Versailles,  dirigée  par  M.  Hardy, 
avait  exposé,  hors  concours,  un  magnifique 
groupe  de  Gerisiers  et  de  Fraisiers  qui  atti- 
raient bien  des  regards  de  convoitise,  et  d’é- 
normes grappes  de  fruits  qui  couvraient  les 
arbustes  dénotaient  une  culture  intensive  per- 
fectionnée. 

Industrie  horticole.  — Quant  à l’industrie 
horticole,  elle  était,  cette  année,  très-peu  nom- 
breuse ; à quoi  attribuer  cette  abstention  de  la 
part  des  industriels  ? Est-ce  à cause  de  l’é- 
poque ou  de  l’endroit  non  couvert  qui  avait 
été  réservé  à l’industrie  ? Est-ce  au  petit 
nombre  des  récompenses  attribuées  à cette 
section?  La  chose  est  regrettable  à tous  les 
points  de  vue.  Nous  avons  remarqué,  dans 
cette  classe,  la  serre  à double  vitraux,  fort  bien 
montée,  avec  un  système  d’aération  perfec- 
tionné, exposée  par  M.  Michaux,  constructeur 
à Asnières,  et  les  appareils  de  chauffage  de  la 
maison  Mathian,  de  Lyon. 

Le  Jury  a décerné  les  principales  récom- 
penses suivantes  ; 

Grand  prix  dTionnenr.  — M.  A.  Truffaut, 
horticulteur  à Versailles. 

Méd.villes  d’or.  — M.  Lesueur,  jardinier  chez 
M™®  la  baronne  de  Rothschild,  à Boulogne-sur- 
Seine;  MM.  David,  Poirier,  Duval,  Ghristen, 
Moser,  horticulteurs  à Versailles;  M.  Lionnet, 
jardinier  au  grand  château  de  Jouy-en-Josas; 
M.  Doré,  jardinier  chez  M.  Hunebelle,  à Fleury- 
Meudon;  M.  Rothberg,  jardinier  chez  M.  Marco 
del  Pont,  à Saint-Cloud;  M.  Fletcher,  jardinier 
chez  M.  Girod,  au  château  des  Bruyères,  à Sèvres. 

Petites  ynédailles  d’or.  — M.  Vallerand  jeune, 
horticulteur  à Bois-Colombes  (Seine);  et  M.  Gi- 
RARDIN-COLLAS,  horticulteur  à Argenteuil. 

Médailles  de  vermeil.  — M.  Dubois,  jardinier 
chez  M.  Denevers,  à Versailles. 

Grande  médaille  d’argent.  — M.  Thomas,  hor- 
ticulteur à Versailles. 

Médaille  d’argent.  — M.  Pigier,  horticulteur  à 
Versailles. 

En  résumé,  l’exposition  de  Versailles,  mal- 
gré le  temps  défavorable  qui  l’a  précédée,  a 
pu  affirmer  une  fois  de  plus  la  vitalité  de  la 
Société  d’horticulture  de  Seine-et-Oise. 

J.  Sallier,  fils. 


Xxap.  Ge<wgo8  Jacob , — Orléaua. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Les  Wellingtonias  et  les  oiseaux.  — 

Dans  une  précédente  chronique,  nous  fai- 
sions remarquer  combien  il  est  rare  que  des 
oiseaux  nichent  ou  même  se  reposent  sur 
les  Wellingtonias;  en  même  temps  que 
nous  faisions  des  réserves,  nous  priions 
nos  lecteurs  de  vouloir  bien  nous  faire 
connaître  leurs  observations  à ce  sujet. 
Quatre  déjà  ont  répondu  à notre  appel.  C’est 
d’abord  M.  Hauguel,  de  Montivilliers,  qui 
nous  écrit  : 

Je  connais,  à Montivilliers,  chez  M.  Murrets, 
des  Wellingtonias,  hauts  de  12  à 15  mètres, 
sur  lesquels  chaque  année  des  moineaux  éta- 
blissent leurs  nids,  ce  qui  n’est  pas  beau,  car 
ceux-ci,  qui  sont  très-gros,  se  composent  de 
paille  et  de  foin.  ]\[oi-même  j’ai  été  obligé  de 
retirer  de  ces  arbres,  après  le  départ  des  jeunes, 
un  nid  de  mésanges  à longue  queue,  fixé  au 
bout  d’une  branche. 

D’autre  part,  il  y a déjà  de  cela  longtemps, 
j’ai  enlevé  d’un  Wellingtonia  un  nid  de  troglo- 
dyte, appelé  ici  berrichon  ou  riboudin.  Ce  nid, 
placé  contrejle  tronc  de  l’arbre,  était  construit 
avec  des  feuilles  de  Fougères. 

Ici  le  roitelet  huppé  et  le  roitelet  à bandeau 
visitent  fréquemment  l’hiver  les  Conifères,  les 
Wellingtonias  compris,  pour  y chercher  leur 
nourriture  et  un  refuge  contre  le  froid. 

M.  Daujar,  jardinier  chez  M.  Chevrier, 
à Rosey  (Saône-et-Loire),  écrit  : 

Dans  la  propriété  où  je  suis  se  trouve  un 
exemplaire  de  Wellingtonia  d’environ  4 mètres 
de  hauteur,  sur  lequel  existe  un  nid  de 
pinsons.  Ce  (jui  me  le  fit  découvrir,  ce  fut  la 
mère  qui  venait  sans  cesse  voltiger  autour  de 
l’arbre,  sans  se  poser,  et  comme  si  elle  cher- 
chait une  entrée  facile  ; un  peu  plus  tard,  je 
vis  le  mâle  faire  les  mômes  mouvements  et 
comme  si,  lui  aussi,  il  hésitait  à se  poser,  pro- 
bablement à cause  de  la  présence,  sur  les 
branches , d’écailles  qui  leur  piquaient  les 
pattes. 

M.  Baumann,  de  Bolhviller,  écrit  : 

Dans  votre  numéro  du  16  mai  je  vois,  dans 
la  chronique,  un  passage  intitulé  : « Aversion 
des  oiseaux  pour  les  Wellingtonias,  » duquel  il 
résulte  que  les  oiseaux  ne  fréquentent  pas 
volontiers  ces  arbres.  Cette  aversion  n’est  pas 
absolue;  en  voici  une  preuve  : 

Avant  le  rigoureux  hiver  de  1879-1880,  qui 
a fait  périr  la  plupart  de  nos  beaux  Welling- 
tonias, j’ai  vu^  pendant  quelques  années,  un  nid 
de  moineaux  s.ur  mon  plus  grand  exemplaire, 

10  Jto  1883, 


Dans  un  autre  jardin,  j’ai  également  vu  sur  un 
Wellingtonia  un  nid  de  fauvettes,  un  de  rossi- 
gnols ; mais,  au  lieu  d’etre  placé  vers  le  som- 
met de  l’arbre  comme  l’était  celui  du  moineau, 
ils  se  trouvaient  sur  les  branches  inférieures. 

Enfin,  M.  Louis  Bazille  écrit  de  Mont- 
pellier : 

Vous  désirez  avoir  des  renseignements  sur 
les  Wellingtonias,  au  point  de  vue  des  oi- 
seaux. 

Ce  que  je  vois  chez  moi  ne  confirmerait  pas 
l’opinion  exprimée  par  quelques  personnes  dans 
votre  dernier  numéro. 

J’ai  un  Wellingtonia  devant  ma  maison  qui, 
l’année  dernière,  portait  deux  nids,  l’un  de 
rossignols,  l’autre  de  chardonnerets. 

Les  quelques  faits  qui  précèdent  démon- 
trent que  si  les  oiseaux  ne  fréquentent  pas 
volontiers  les  Wellingtonias,  il  y a pourtant 
de  remarquables  exceptions.  Celles  que 
nous  venons  de  citer  ne  sont  pas  probable- 
ment les  seules. 

Circulation  des  plantes  sur  les  che- 
mins de  fer.  — Les  entraves  apportées  à 
la  circulation  des  plantes  tendent  à dispa- 
raître ; plusieurs  fois  déjà,  dans  ce  journal, 
nous  en  avons  cité  des  exemples.  En 
voici  encore  un  que  nous  fait  connaître 
M.  Desportes,  directeur  - gérant  de  l’éta- 
blissement André  Leroy,  à Angers. 

Nous  donnons  copie  d’une  lettre  que  le 
chef  de  gare  du  chemin  de  fer  d’Orléans,  à 
Angers,  lui  écrivait  le  17  mai  dernier  : 

Monsieur, 

En  réponse  à votre  lettre  du  16  courant,  j’ai 
l’honneur  de  vous  retourner,  sous  ce  pli,  la 
letti’e  de  la  Compagnie  de  l’Ouest,  relative  au 
phylloxéra,  que  vous  nous  avez  adressée  en 
communication. 

Ayant  reçu  les  memes  instructions  de  la 
Compagnie  d’Orléans,  nous  nous  empressons 
de  vous  informer  que  nous  acceptons,  par 
n'importe  quelle  voie,  vos  expéditions  de 
plantes,  arbres  et  arbustes  pour  l’intérieur, 
sans  les  certificats  précédemment  prescrits. 

En  résumé,  nous  nous  conformerons  aux 
indications  contenues  dans  la  lettre  ci-jointe, 
dont  nous  possédons  un  exemplaire. 

Recevez,  etc. 

Voilà  donc  encore  un  anneau  de  rompu  à 
la  chaîne  de  la  prohibition.  A quand  le§ 
autres  ? 


n 


266 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Expositions  annoncées.  — La  Société 
horticole  du  Loiret  tiendra  son  exposition 
du  23  au  26  juin.  Les  exposants  devront 
envoyer  leurs  déclarations  au  Président, 
M.  P.  Transon,  16,  route  d’Olivet,  à Or- 
léans. 

— La  Société  centrale  d’horticulture  de  la 
Seine-Inférieure  tiendra  cette  année  deux 
expositions  : la  première,  spéciale  aux 
Roses,  aura  lieu  du  30  juin  au  2 juillet,  à 
Rouen.  Les  exposants  s’adresseront  au  Pré- 
sident de  la  Société,  rue  Saint- Lô,  40,  à 
Rouen.  La  seconde  aura  lieu  à Dieppe,  du 
12  au  15  juillet.  Les  exposants  devront 
s’adresser  au  Président  de  la  succursale- 
section  de  la  Société,  à l’hôtel-de-ville,  à 
Dieppe  (Seine-Inférieure). 

Exposition  internationale  d’horti- 
culture à Paris,  en  1885.  — Dans  une 
récente  réunion  du  conseil  delà  Société  na- 
tionale et  centrale  d’horticulture  de  France, 
sur  la  proposition  de  M.  Lavallée,  président 
de  ladite  Société,  il  a été  décidé,  à l’unani- 
mité, qu’une  exposition  internationale 
d’horticulture  aurait  lieu  à Paris  en  1885. 
Cette  exposition,  qui,  en  principe,  devait 
avoir  lieu  en  1884,  a été  ajournée  par 
suite  de  la  remise  à l’année  prochaine  de 
l’exposition  internationale  de  Saint-Pé- 
tersbourg. * 

Culture  expérimentale  de  plantes 
chinoises.  — Sous  ce  titre,  M.  Paillieux 
vient  de  publier  une  intéressante  notice  sur 
les  récentes  expériences  qu’il  a faites  de 
plantes  provenant  de  graines  qu’il  avait  re- 
çues de  la  Chine.  Parmi  le  grand  nombre 
d’essais  auxquels  il  s’est  livré,  il  en  est  deux 
surtout  que  nous  devons  signaler  tout  de 
suite.  Ils  portent  sur  deux  Crucifères  : le 
Pé-lsài  dé  Mongolie  et  la  Moutarde  tubé- 
reuse. La  première  espèce,  vigoureuse,  pro- 
ductive et  d’une  croissance  très-prompte, 
sera  sans  doute  précieuse  comme  plante 
fourragère;  quant  à la  Moutarde  tubéreuse, 
elle  est  doublement  intéressante  par  toutes 
ses  parties  herbacées  et  surtout  par  les  tu- 
bercules qu’elle  donne  en  même  temps. 
C’est  une  bonne  acquisition  pour  l’économie 
domestique  en  général,  pour  la  ferme  et 
pour  le  potager  en  particulier. 

Un  nouveau  prix  fondé  parle  Jardin 
d’accli  tion.  — Parmi  les  prix  ré- 


cemment créés  par  le  Jardin  d’acclimata- 
tion, il  en  est  un  qui  concerne  l’horticul- 
ture ; il  se  rapporte  à une  sorte  de  Haricot 
tubéreux , au  Pueraria  Thunbergiana 
(Pachyrhizus  Thunhergianus.,  Spreng., 
Dolichos  tuherosus,  Lam.,  Stizolohiumtu- 
berosum,  Spreng.),  plante  grimpante,  li- 
gneuse, dont  les  nombreuses  tiges  très- 
fibreuses  peuvent  être  employées  à faire 
des  tissus,  notamment  de  très-belles  toiles. 
Ce  concours,  pour  lequel  est  accordé  un 
prix  de  300  fr.,  est  ouvert  jusqu’en  1890. 
Les  concurrents  devront  cultiver  un  demi- 
hectare  au  moins  de  ce  Haricot. 

Duplicature  spontanée  d’un  Lilas.  — 

Par  quoi  est  déterminée  la  duplicature  des 
fleurs  ? Ne  pouvant  en  indiquer  la  cause, 
bornons-nous  à signaler  les  effets  quand  il 
s’en  présente.  En  voici  un  des  plus  singu-* 
liers,  dont  nous  devons  la  connaissance  à 
M.  Rougier,  horticulteur,  rue  de  la  Ro- 
quette, à Paris.  Il  s’est  produit  â Ars-sur- 
Moselle,  sur  un  très-vieux  Lilas.  Voici  à ce 
sujet  ce  que  lui  écrivait  M.  le  vicomte  de 
Resseguières,  le  12  mai  1883  : 

Un  fait  singulier  s’est  produit  dans  mon 
jardin  ; un  Lilas,  planté  il  y a au  moins  soixante 
ans,  avait  seul  fleuri  Tannée  dernière  ; tous  les 
autres  avaient  été  gelés  ; celui-ci  s’était  égale- 
ment ressenti  du  froid,  mais,  plus  abrité,  il  don- 
nait, plusieurs  jours  après,  quelques  thyrses, 
mais  alors  à fleurs  doubles,  ce  qui  me  surprit, 
l’ayant  toujours  vu  à fleurs  simples.  Je  n’ai 
pas  mis  en  doute  que  ce  fait  ne  serait 
que  passager,  et  qu’à  l’avenir  les  fleurs  re- 
prendraient leur  état  normal,  c’est-à-dire 
deviendraient  simples  comme  elles  avaient 
toujours  été.  C’est  le  contraire  qui  arriva,  et 
cette  année  toutes  ces  fleurs  sont  complète- 
ment doubles.  Le  coloris  des  Heurs  est  lilas 
bleuâtre. 

Floraison  précoce  d’un  Poirier.  — 

Dans  une  lettre  qu’il  vient  de  nous  adres- 
ser, M.  Rlavet,  président  de  la  Société 
d’horticulture  d’Étampes,  nous  informe 
d’un  fait  analogue  à celui  dont  nous  avons 
parlé,  d’un  Poirier  Bonne-d’Ézée,  qui,  dès 
le  2 mars,  était  en  fleur  à Saint-Mandé, 
mais  beaucoup  plus  précoce  toutefois.  C’est 
un  Poirier  Doyenné  d'Alençon,  qui,  à 
Étampes,  entrait  en  fleur  dès  le  15  décem- 
bre 1882. 

<(  Cet  arbre,  dit  M.  Rlavet,  situé  à 3 mè- 
tres d’un  mur  regardant  le  nord,  est  d’une 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


267 


bonne  vigueur  ; il  porte  aujourd’hui  des 
fruits  parfaitement  conformés  et  dont,  à 
moins  d’accidents,  l’avenir  est  assuré.  » 

Pourquoi  cette  hâtiveté  d’un  seul  indi- 
vidu, quand  tant  d’autres  de  la  même  va- 
riété, placés  dans  des  conditions  aussi  avan- 
tageuses, et  même  plus,  ne  fleurissaient 
qu’à  l’époque  où  ce  fait  a lieu  normalement, 
c’est-à-dire  trois  mois  plus  tard? 

Moyen  de  prolonger  la  durée  des 
fleurs.  — Ce  procédé,  des  plus  simples  et 
auquel  oti  fait  à peine  attention,  est  cepen- 
dant indiqué  depuis  longtemps,  et  même 
d’une  manière  poétique  par  certains  bota- 
nistes, qui,  en  parlant  de  l’état  des  fleurs, 
de  ces  riches  corolles,  qui  pour  tant  de 
gens  sont  les  seules  parties  qui  constituent 
la  fleur,  ont  dit  : « Cette  parure  n’est 
pourtant  qu’accessoire...  elle  représente  la 
couche  ou  le  lit  nuptial...  mais  une  fois  la 
fécondation  accomplie...  l’acte  de  la  géné- 
ration est  terminé....  alors  le  but  étant 
atteint,  la  beauté  disparaît...  » 

Eh  bien  î c’est  absolument  vrai,  ces 
fleurs  si  belles  se  fanent,  en  général,  lorsque 
la  fécondation  est  opérée.  Qu’y  a-t-il  donc 
'à  faire  pour  en  prolonger  la  durée?  S’op- 
poser à l’accomplissement  de  l’acte  généra- 
teur. Voici  un  exemple  de  l’elfet  produit 
par  cet  empêchement  et  dont  nous  devons 
la  connaissance  à un  abonné  de  la  Revue 
horticole,  M.  E.  de  Confevron,  de  Langres  : 

Les  fleurs  de  Bégonias  tubéreux  durent 
normalement  liiiit  jours,  la  corolle  se  dévelop- 
pant chaque  matin  et  se  refermant  chaque 
soir,  pour  mettre  à l’abri  les  étamines  pendant 
la  nuit. 

Mais  la  durée  de  la  fleur  ne  se  prolonge  pas 
après  la  fécondation,  et  le  soir  même  qui  suit 
ce  phénomène,  la  corolle  se  ferme  pour  ne 
plus  se  rouvrir,  la  fleur  ne  fût-elle  qu’au 
deuxième  ou  au  troisième  jour  de  son  épa- 
nouissement. 

Si  donc,  le  lendemain  du  jour  où  elle  s’est 
épanouie,  on  féconde  artificiellement  une  fleur 
femelle  de  Bégonia,  ce  soir-là  même  elle  se 
ferme  pour  ne  plus  se  rouvrir.  Au  lieu  de 
durer  huit  jours,  elle  se  fane  immédiatement; 
son  rôle  est  fini,  l’œuvre  de  reproduction  étant 
terminée. 

C’est  un  avis,  un  conseil  donné  à nos' 
abonnés,  et  dont  ils  profiteront  certaine- 
ment. 

Poire  Directeur  Alphand.  — D’après 


certains  bruits  qui  circulent,  la  Poire  Di- 
recteur Alphand  serait  tout  au  plus  de 
((  troisième  ordre.  » C’est  là  une  apprécia- 
tion qui  peut  avoir  un  but  intéressé,  et, 
dans  tous  les  cas,  la  Revue  horticole  n’a  rien 
à y voir;  aussi  n’en  parlerions-nous  pas,  si 
précisément  la  Revue  ne  se  trouvait,  indi- 
rectement du  moins,  quelque  peu  en  cause. 
En  effet,  dans  l’article  qui  accompagnait  la 
figure  coloriée  de  la  Poire  Directeur  Al- 
phand (i),  il  était  dit  que  cette  Poire  « n’est 
pas  seulement  très -belle,  mais  que  c’est 
l’une  des  meilleures  dans  la  saison  où  elle 
mûrit.  Bonne  à manger  dès  le  mois  de  fé- 
vrier, elle  se  conserve  jusqu’en  avril.  » Eh 
bien,  il  n’y  a dans  ces  dires  aucune  exagé- 
ration; au  contraire,  et  nous  avons  pu  le 
constater  le  20  mai  dernier.  Ce  jour-là,  nous 
avons  dégusté  une  Poire  Directeur  Alphand, 
qui  était  très-bonne;  sa  chair,  blanche,  fine, 
onctueuse  même,  était  très-agréablement 
parfumée. 

Repiquage  des  Choux.  — Tous  les 
cultivateurs  expérimentés  savent  que  les 
débris  de  laine  favorisent  considérablement 
la  végétation  des  Crucifères  en  général,  et 
particulièrement  des  Choux. 

Cependant,  nous  devons  communiquer  à 
nos  lecteurs  les  indications  précises  sui- 
vantes que  M.  Ch.  Wendelen  vient  de  pu- 
blier dans  le  Bulletin  d'arboriculture,  flo- 
riculture  et  culture  potagère  de  Gand. 

Le  carré  destiné  à recevoir  les  plants  de 
Choux  doit  être  labouré,  sans  fumure  ; 
puis  on  ouvre  à la  bêche  des  trous  de  30  à 
35  centimètres  en  tous  sens  et  distants  entre 
eux  de  50  à 80  centimètres,  suivant  la  va- 
riété de  Chou  que  l’on  cultive.  On  emplit  à 
moitié  les  trous  de  bon  fumier  court,  au- 
quel on  a mélangé  de  la  chaux  vive,  dans  la 
proportion  d’un  vingtième. 

La  chaux,  outre  qu’elle  est  un  engrais 
pour  la  plante,  hâte  la  décomposition  du 
fumier  et  le  rend  presque  immédiatement 
assimilable. 

On  met  ensuite  dans  le  trou,  en  la  mé- 
langeant au  fumier,  une  quantité  de  vieux 
chiffons  de  laine  représentant  au  total  une 
surface  d’environ  10  centimètres  carrés,  sur 
une  épaisseur  ordinaire  ; puis,  après  avoir 
comblé  les  trous,  on  repique,  à l’aide  d’un 
plantoir,  et  dans  le  milieu  de  ces  trous,  le 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1880,  p.  350. 


268 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


jeune  plant,  dont  il  faut  avoir  soin  de  ne  pas 
recourber  la  racine  pivotante. 

A l’aide  de  ce  procédé,  on  obtient  com- 
munément des  Choux  cabus  et  des  Choux 
de  Milan  des  Vertus,  pesant  de  4 à 5 kil. 
et  plus. 

Un  Cyclamen  monstrueux.  — Cette 
nouveauté,  qui  s’est  montrée  dans  un  semis, 
chez  un  amateur  bien  connu,  M.  Schlum- 
berger,  à Rouen,  présente,  outre  des 
dimensions  extraordinaires,  une  sorte  de 
monstruosité  particulière  qu’on  n’a  encore 
vue  chez  aucune  plante  de  ce  genre.  C’est 
la  produel  ion,  à l’extrémité  d’un  gros  et 
long  pédoncule,  de  plusieurs  fleurs  réunies, 
plus  ou  moins  fortes,  constituant  une  masse 
non  diflbrme.  Cet  ensemble,  qui  atteint 
jusqu’à  8 centimètres  et  plus  de  diamètre, 
comprend  plusieurs  fleurs  (jusqu’à  5)  acco- 
lées l’une  à l’autre  dans  un  même  calice 
assez  régulier  ; les  cinq  pièces  qui  le  com- 
posent sont  larges,  bien  faites  et  bien  dis- 
posées. Le  tout  rappelle  une  sorte  de  dupli- 
cature  ; la  couleur  est  d’un  blanc  carné 
largement  maculé  de  rouge  violacé  à la  base. 
Les  pédoncules,  qui  sont  énormément  gros, 
atteignent  jusqu’à  35  centimètres  de  lon- 
gueur. 

En  somme,  c’est  une  fasciation  nouvelle 
et  des  plus  extraordinaires. 

Veronica  prostrata.  — On  voit  en  ce 
moment,  dans  le  jardin  de  M.  Godefroy- 
Lebeuf,  horticulteur  à Argenteuil  (Seine- 
et-Oise),  de  longues  bordures  de  cette 
plante,  couvertes  d’une  étonnante  profusion 
de  délicieuses  grappes  bleues.  L’effet  en  est 
ravissant.  M.  Godefroy  cultive  cette  plante 
sous  le  nom  de  Yeronica  rupestris.  Nous 
ne  trouvons  point  ce  nom  dans  les  auteurs, 
et  nous  inclinerions  à croire  qu’il  n’y  a là 
que  la  charmante  variété  prostrata  du  V. 
Teucrium  de  Linné  (1),  caractérisée  par 
des  tiges  ascendantes  ou  couchées,  des 
feuilles  oblongues  presque  entières,  den- 
tées ou  incisées,  parfois  presque  pinnati- 
fides. 

Quoi  qu’il  en  soit,  dans  les  terrains  un  peu 
sablonneux,  même  arides,  cette  Véronique 
constitue  de  ravissantes  bordures.  On  pour- 
rait même  en  former  des  tapis  entiers,  de 

(1)  F.  prostata,  L.,  Sp.  pl.  17;  Bill.  Exsicc., 
RO  1731  et  his  ; F.  Teucrivm,  var.  prostata,  lll, 
^lor-  Par.,  t.  17,  f,  13, 


véritables  pelouses  azurées,  et  nous  croyons 
savoir  que  M.  Godefroy-Lebeuf  se  propose 
de  l’essayer  sous  cet  aspect  l’année  pro- 
chaine. 

Selaginella  grandis.  — Parmi  les 
plantes  les  plus  intéressantes  que  nous  avons 
vues  à l’exposition  de  Gand,  nous  avons 
remarqué  une  fort  belle  Lycopodiacée,  le 
Selaginella  grandis,  qui  a été  introduite 
de  Bornéo  par  MM.  J.  Veitch  et  fils,  de 
Ghelsea  (Londres). 

Les  feuilles  (frondes)  en  sont  larges  ; les 
folioles  sont  également  étalées  et  fixées  avec 
élégance  et  régularité  sur  leur  support. 

Ces  feuilles  sont  très-arquées,  ce  qui  les 
fait  complètement  ressembler  à des  plumes 
d’oiseau. 

Les  frondes  fertiles  ont  leur  extrémité  en 
forme  de  glands  très-allongés.  La  couleur  de 
la  plante  est  d’un  vert  brillant,  très-riche. 

Le  Selaginella  grandis,  qui  est  heureu- 
sement d’une  taille  moyenne,  est  vigoureux, 
d’une  culture  facile,  d’un  accroissement 
rapide  ; et  possède,  au  résumé,  toutes  les 
qualités  recherchées  par  les  horticulteurs  et 
les  amateurs.  La  plante  exige  la  même 
température  que  les  Fougères  tropicales. 

Expositions  d’Orchidées.  — Le  monde 
horticole  s’occupe  beaucoup  de  quelques 
remarquables  expositions  faites  à Londres, 
en  ce  moment,  par  MM.  Veitch,  W.  Bull, 
Williams,  etc.,  et  consacrées  entièrement 
aux  Orchidées. 

Nous  espérons  d’ici  peu  parler  longue- 
ment des  principales  plantes,  si  intéres- 
santes par  la  beauté  de  leurs  fleurs,  par 
leur  développement  ou  par  leur  rareté,  qui 
composent  ces  exhibitions. 

Contentons-nous,  pour  aujourd’hui,  de  les 
signaler,  en  engageant  ceux  de  nos  lecteurs 
que  leurs  occupations  laissent  actuellement 
libres,  à faire  une  visite  aux  belles  serres 
des  grands  horticulteurs  de  Londres. 

Plus  près  de  nous,  à Argenteuil,  M.  Go- 
defroy-Lebeuf a fait  dernièrement,  dans  sa 
nouvelle  serre,  une  exposition  de  ce  genre 
où  nous  avons  remarqué  une  grande  quan- 
tité de  belles  Orchidées  fleuries.  Cette  ex- 
hibition a eu  beaucoup  de  succès  et  a 
démontré  que  le  nombre  des  orchidophiles 
augmente  dans  notre  pays, 

Æsoulus  initermedüa.  — Sous  ce  pom. 


CHRONIQUE 

M.  Ed.  André  a décrit  (1)  -une  forme  de 
Marronnier  croissant  dans  les  pépinières  de 
M.  Scipion  Cochet,  à Suisnes,  et  remarqua- 
ble par  les  caractères  intermédiaires  qu’il 
présentait  entre  le  Marronnier  blanc  {Æscii- 
lus  Ilippocastanura)  et  le  Marronnier 
rouge  {Æ.  rnèzcunda).  Un  sujet  analogue 
existe  en  ce  moment  au  parc  Monceau,  où 
il  vient  de  se  couvrir  d’une  abondante  flo- 
raison. Est-il  absolument  semblable  au 
Marronnier  de  Suisnes,  ou  provient-il  d’un 
semis  qui  aurait  reproduit  les  caractères 
déjà  observés?  Il  est  difficile  de  se  pronon- 
cer. Toujours  est-il  que  l’arbre  que  nous 
avons  remarqué  au  Parc  Monceau,  à l’inter- 
section de  deux  allées,  près  de  l’entrée  don- 
nant sur  l’avenue  de  Messine,  est  un  bel 
exemplaire  queM.  Martineau,  cbef-jardinier 
du  parc,  nous  a dit  venir  de  chez  M.  Châ- 
teau, à Beaugé  (Maine-et-Loire).  Il  paraît  âgé 
d’une  vingtaine  d’années,  et  forme  une 
belle  tête  arrondie,  vigoureuse,  plus  élancée 
que  celle  du  Marronnier  rubicond,  dont  il 
se  rapproche  d’ailleurs  par  le  feuillage.  Ses 
pétioles  sont  verts,  rouges  seulement  à la 
base  et  au  sommet.  Les  tbyrses,  dressés,  ont 
les  ramifications  écartées,  vertes  et  roses 
comme  la  râfle.  Les  jeunes  fleurs  sont 
blanches  à l’intérieur,  bordées  de  rose  sau- 
moné avec  une  large  tache  jaune  d’or  vif  au 
centre  des  pétales  supérieurs;  l'extérieur  est 
striolé  et  maculé  de  points  roses  glanduleux. 
La  teinte  blanche  passe  au  rose  tendre  (non 
au  rouge)  en  vieillissant,  et  quelques 
fleurs  présentent  une  macule  centrale  rouge 
cramoisi.  Les  pétales  sont  connivents  et  non 
étalés  renversés  comme  dans  le  Marronnier 
blanc.  Le  calyce  est  d’un  blanc  rosé  ou  rose 
saumoné  et  verdâtre,  et  non  rouge  comme 
dans  le  Marronnier  rubicond,  et  le  style 
n’est  pas  non  plus  rouge,  mais  blanc 
rosé,  tandis  que  les  filets  des  étamines  sont 
identiques  à ceux  du  type. 

Au  total,  cette  intéressante  forme,  à la- 
quelle les  macules  dorées  des  pétales  don- 
nent la  note  jaune  des  Pavias,  se  distingue 
nettement  de  ses  voisins  à fleurs  blanches 
et  à fleurs  rouges,  bien  qu’elle  se  rapproche 
davantage  du  Marronnier  rubicond. 

Y a-t-il  dans  ce  fait  un  nouvel  argument 
à l’appui  de  ceux  qui  prétendent,  avec  assez 
de  vraisemblance,  que  le  Marronnier  rubi- 
cond, qu’on  n’a  jamais  trouvé  sauvage,  serait 
une  forme  du  Marronnier  blanc  obtenu  par 

(1)  Voir  Revue  horticole^  1867,  p.  8i6. 


HOHÏIGOLE.  ^469 

la  culture?  C’est  un  problème  dont  la  lu- 
tion  n’a  pas  encore  été  trouvée. 

Le  Gymnogramme  schizophylla . — 

On  a beaucoup  admiré,  à la  récente  exposi- 
tion de  notre  Société  centrale  d’horticulture, 
quelques  spécimens  hors  ligne  de  Gijmiio- 
gramme  J calomelanos,  Nephrolefis  eraR 
tata,  Anthurium  crystallinum,  et  Paya 
Gigas. 

Ces  belles  plantes,  qui,  sous  le  rapport 
de  la  culture,  réalisaient  la  perfection, 
avaient  été  exposées  par  M.  Maron,  jardi- 
nier-chef au  château  d’LIerhault  (Loir-et- 
Cher). 

C’est  également  cet  habile  cultivateur  qui 
avait  envoyé  à l’exposition  de  Gand  un  re- 
marquable exemplaire  de  Gymnogramme 
schizophylla,  fort  belle  espèce  introduite 
par  MM.  Veitch.  Cet  exemplaire,  supé- 
rieurement cultivé,  a été  acquis  par  la 
Société  continentale  d’horticulture. 

.On  ne  saurait  trop  applaudir  aux  progrès 
que  nos  horticulteurs  français  réalisent  de 
jour  en  jour,  et  la  dernière  exposition  nous 
prouve  que,  si  nous  le  voulons  bien,  nous 
n’aurons  bientôt  lâen  à envier  sous  ce  rap- 
port à l’étranger. 

Cours  d’arboriculture  de  la  Ville  de 
Paris.  — Le  4 juin  1883  a eu  lieu,  à la 
Société  nationale  et  centrale  d’horticullure 
de  France,  l’examen  des  élèves  aspirant  au 
diplôme  de  capacité,  délivré  à la  suite  des 
leçons  professées  par  M.  Nanot,  soit  au 
Jardin  fruitier  de  la  Ville  à Saint-Mandé, 
soit  à la  Société  d’horticulture. 

Les  huit  élèves,  dont  les  noms  suivent,  ont 
obtenu  le  brevet  de  capacité  : MM.  Vuillet, 
Dagavarian,  Joly,  Lecœur,  Auboyer,  Al- 
longé, Delille  et  Coste. 

Nécrologie.  — • La  mort  vient  d’enlever 
subitement  à sa  famille  et  à ses  amis,  à la 
fleur  de  l’âge,  un  praticien  éclairé,  et  dont 
le  nom  est  connu  de  la  plupart  des  lecteurs 
de  la  Revue  horticole  par  les  intéressantes 
communications  que,  de  temps  à autre,  il 
faisait  à ce  journal.  C’est  M.  Henri  Thierry, 
jardinier  en  chef  à la  villa  Chamhrun,  à 
Nice. 

Praticien  émérite  et  connaisseur  dans 
toutes  les  parties  du  jardinage,  il  avait  fait 
de  la  villa  Chamhrun  la  résidence  la  plus 


270 


SYNOPSIS  DES  GENRES  DE  BROMÉLIACÉES. 


agréable  par  la  manière  intelligente  avec 
laquelle  il  en  avait  orné  toutes  les  par- 
ties. 

Comme  homme,  il  était  accompli  ; sa 
bienveillance,  son  affabilité  et  les  bons  con- 
seils qu’il  prodiguait  volontiers  lui  avaient 


acquis  l’estime  et  l’afTection  de  tous  ses 
collègues  et  de  ses  maîtres,  qui  le  regrettent 
sincèrement. 

M.  H.  Thierry  est  décédé  à Nice,  le 
15  mai  1883,  à l’âge  de  quarante-deu.x  ans. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


SYNOPSIS  DES  GENRES  DE  RROMÉLIAGÉES 


Depuis  longtemps  les  amateurs  de  Bro- 
méliacées — et  ils  commencent  à s’appeler 
légion  — réclament  une  clé  analytique  des 
genres,  à défaut  d’une  monographie  com- 
plète de  la  famille,  œuvre  extrêmement 
désirée.  C’est  un  travail  considérable,  au- 
quel notre  savant  confrère,  Ed.  Morren,  est 
attaché,  nous  le  savons,  depuis  longtemps, 
mais  qui  se  fait  bien  attendre,  au  gré  de 
tous  les  broméliophiles.  Cela  est  d’autant 
plus  regrettable  que  pendant  ce  temps-là 
de  nouvelles  espèces  apparaissent  chaque 
jour  dans  les  collections  vivantes,  que  ces 
curieuses  et  belles  plantes  sont  en  faveur 
croissante,  et  que  la  confusion  de  leur  no- 
menclature augmente  sans  cesse. 

Ce  serait  donc  une  bonne  fortune  d’avoir 
un  Synopsis,  un  guide,  qui  devienne  le 
phare  sauveur  dans  cette  obscurité.  Fût-il 
contesté  dans  quelques-unes  de  ses  parties, 
on  pourrait  au  moins  s’appuyer  provisoire- 
ment sur  lui,  en  attendant  le  grand  travail 
d’ensemble  promis. 

Ce  guide,  nous  l’avons  aujourd’hui.  Il 
vient  de  paraître  dans  le  troisième  et  dernier 
volume  du  Généra  plantarum  de  MM.  Ben- 
tham et  Ilooker  (1). 

Le  livre  n’est  pas  à la  portée  de  tout  le 
monde.  Son  prix  est  élevé,  et  il  est  rédigé, 
naturellement,  tout  en  latin.  Nous  croyons 
faire  œuvré  utile  à nos  lecteurs  en  tradui- 
sant pour  eux  le  résumé  de  ce  qui  con- 
cerne cette  famille  dans  l’ouvrage  des  deux 
illustres  botanistes  anglais.  Si  nous  réussis- 
sons ainsi  à mettre  les  amateurs  à même 
de  déterminer  avec  exactitude  les  genres 
dans  lesquels  rentrent  les  espèces  qu’ils 
cultivent,  en  attendant  qu’ils  déterminent 
ces  espèces  elles-mêmes,  nous  nous  estime- 
rons heureux.  Ce  sera  une  raison  pour  eux 
de  s’attacher  davantage  à une  famille  qui 
passionne  aujourd’hui  un  si  grand  nombre 
de  cultivateurs  de  plantes  de  serre. 

(t)  Gen.  plant.  (Brnmeliaceœ),  III,  pp.  657-070. 


Nous  nous  contenterons  de  donner  très- 
succinctement  les  caractères  distinctifs,  les 
courtes  diagnoses  des  genres.  On  en  trou- 
vera les  caractères  descriptifs  et  les  diver- 
ses particularités  dans  le  livre  ([ue  nous  ve- 
nons de  citer. 

fi’c  Tribu.  — Broméliacées. 

Ovaire  infère,  ovules  horizontaux  ou  pendants. 
Fruit  charnu,  indéhiscent  ou  s’ouvrant  latéra- 
lement. Graines  inappendiculées.  Feuilles  le 
plus  souvent  dentées  en  scie  {Ronnhergia 
excepté). 

Première  Section.  — Sépales  au  sommet  de  Povaire, 
libres  entre  eux.  Pétales  connés  en  tube  dès  la  base  ou 
plus  haut. 

Genre  1.  Streptocalyx,  Beer.  Panicule  ter- 
minale. Sépales  larges,  fortement  imbriqués. 
Tube  de  la  corolle  long.  — Brésil  tropical, 
Guiang. 

Genre  2.  Bromelia,  Linn.  {joro parte).  Pani- 
cule terminale.  Sépales  ovales-ohlongs  ou  li- 
néaires, peu  imbriqués.  Pétales  connés  à la 
base  en  tube  court.  — Antilles,  Amérique  tro- 
picale. — (Syn.  Agallostachys,  Beer.)  MM.  Ben- 
tham et  Hooker  comprennent  dans  ce  genre 
les  B.  chrysantha,  Jacq.  ; B.  Pinguin,  Linn. 
{Ananas,  Gœrtn.);  B.  fastuosa,  Lindl.  ; B.sil- 
vestris,  Willd.  et  B.  .antriacantha,  Bertol.  Les 
cinq  Bromelia  de  Linné  étant  distribués  par 
divers  auteurs  dans  plusieurs  genres,  il  con- 
vient de  prendre  pour  espèce  type  du  genre 
Bromelia  le  B.  Pinguin.  Le  B.  Ananas,  Linn., 
devient  le  genre  Ananas,  d’Adanson,  et  le  B. 
Karatas  de  Linné  rentre  dans  le  genre  Kara- 
tas,  également  d’Adanson. 

Genres.  Karatas,  Adanson.  Gapitule  termi- 
nal, dense,  sessile  entre  les  feuilles  supérieures 
involucrantes.  Sépales  oblongs  ou  étroits.  — 
Amérique  tropicale.  — {Nidularium,  Lem., 
Regelia,Lem.)  Pour  distinguer  les  Nidularium 
des  Karatas,  Wawra  dit  que  les  anthères  sont 
dorsitixes  dans  le  premier  genre,  et  basihxes 
dans  le  second,  caractère  assez  incertain,  qui 
demande  à être  étudié  de  plus  près. 

Genre  4.  Grerja,  Regel.  Gapitule  épaiSj 
sessile  au  milieu  des  feuilles  inférieures,  brac- 
tées aiguës,  imbri({uées,  épineuses^  dentées  en 


SYNOPSIS  DES  GENRES  DE  RROMÉLIACÉES. 


271 


scie.  Sépales  étroits.  Tal)e  de  la  coi'olle 
allongé.  — Chili. 

Deuxième  Section.  — Calyce  ou  tube  du  périanthe 
cyathiforme  au-dessus  de  l’ovaire  ou  brièvement  cylin- 
dracé,  sépales  libres  au  sommet  du  tube  ou  de  la  coupe. 
Pétales  libres  ou  brièvement  coimés  à la  base. 

Genre  5.  Cryptantiius,  Otto  et  Dietrich. 
Capitule  dense,  snbsessile  entre  les  feuilles, 
bractées  extérieures  foliacées,  les  intérieures  et 
les  bractéoles  petites.  — Brésil.  — {Pholido- 
phylimn.,  Yiv.,  Madviyia,  Lieb.)  M.  Baker  ne 
reconnaît  dans  ce  genre  qu’une  seule  espèce  à 
formes  diverses. 

Genre  G.  Distegantiius,  Lemaire.  Épis  stro- 
biliformes,  sessiles  sur  le  rhizome.  Bractées 
imbriquées.  Pétales  libres,  convolutés  à la  base 
autour  des  étamines  intérieures  — Cayenne. 

Genre  7.  Ronnbergia,  Ed.  André.  Tliyrse 
terminal  en  épi  dense.  Pétales  et  étamines 
libres.  — Nouvelle-Grenade.  — Ce  genre  se 
distingue  des  Rhodostachys  par  son  inflores- 
cence et  ses  feuilles  très-entières. 

Genre  8.  Ogiiagavia,  Philippi.  Épi  terminal, 
pétales  et  étamines  libres.  — Ile  de  Juan- 
Fernandez.  — Genre  voisin  des  Rhodos- 
tachys. 

Genre  9.  Portea,  C.  Koch.  Épi  terminal, 
Trois  étamines  libres,  et  trois  attachées  sur  le 
haut  des  pétales.  — Brésil.  — (Le  genre  Orl- 
giesia.,  Regel,  ne  paraît  différer  que  par  l’intlo- 
rescence  courte  et  sessile.) 

Genre  10.  Rhodostachys,  Philippi.  Capi- 
tule terminal,  dense,  sessile  entre  les  feuilles 
serrées.  Ovaire  ou  bas  du  périanthe  court. 
Pétales  et  étamines  libres.  — Chili,  Colombie, 
Guiane.  (Syn.  Ruckia,  Regel.)  — De  ce  genre, 
6 ou  7 espèces  ont  été  publiées  sous  le  nom  de 
Bromelia  bicolor,  Ruiz  et  Pav.,  B.  Join- 
villei,  Morr.,  peut-être  B.  longi folia,  Rudge,  et 
Hechtia  pitcairniœ folia,  Verlot.) 

Troisième  section.  — Sépales  et  pétales  au  sommet  de 
l’ovaire,  libres. 

Genre  11.  Ananas.  Inflorescence  dense  stro- 
biliforme.  Ovaire  et  fruit  attachés  à la  base  sur 
un  réceptacle  charnu,  ou  complètement  en- 
tourés par  lui.  Bractées  peu  proéminentes  sur 
le  strobile  mûr.  — Amérique  tropicale.  — 
(Syn.  Ananassa,  Lindl.,  et  Acanthostachyum, 
Link,  ce  dernier  formant  une  section  à strobile 
plus  petit,  à peine  couronné.  Le  Chevalieria, 
Gaudichaud,  paraît  rentrer  avec  plus  de  raison 
dans  le  genre  Ananas  que  dans  les  Æchmea). 

Genre  12.  Æchmea,  Ruiz  et  Pavon.  Épi 
simple,  ou  rameux,  ou  paniculé,  le  plus  souvent 
terminal  ; heurs  distiques  ou  diversement  tour- 
nées, bractées  généralement  minuscules,  plus 
rarement  épi  contracté  en  capitule  et  à brac- 
tées imbriquées.  Ovules  en  nombre  indéter- 
miné. Stigmates  le  plus  souvent  contournés  en 
spirale.  — Amérique  tropicale. 


Quelques  genres  considérés  comme  distincts 
par  plusieurs  auteurs  sont  réunis  dans  le  genre 
Æchmea  par  MM.  Bentham  et  Hooker,  qui  le 
divisent,  avec  M.  J. -G.  Baker,  en  9 sections 
ainsi  dénommées  : 

Amphilepis  ; 

2o  Platyœchmea; 

3'>  Pironneava  (syn.  genre  Pironneava, 
Gaudichaud)  ; 

4o  Euœchmea  (dont  le  type  est  Æ.  panicu- 
lata,  R.  et  P.)  ; 

of  Lamprococcus  (syn.  genres  Lamprococ- 
cus,  Beer,  et  Androlepis.  Brongt.); 

Go  llohenbergia  (syn.  genre  Hohenbergia, 
Schult.)  ; 

7o  Pothuava  (syn.  genres  Pothiiava,  Gaud., 
Hoplophytum,  Morr.,  Macrochordium , de 
Vriese,  Echinostachys,  Brongt.,  et  Androlepis, 
Brongt.)  ; 

8°  Pectinaria; 

9o  Canistrum  (syn.  genre  Canistrum, Morr.). 

Genre  13.  Aræocogcus,  Brongniart.  Fleurs 
très-petites  en  paniculé  lâche.  Bractées  minus- 
cules. 1-2  ovules  dans  chaque  loge.  — Brésil 
boréal  et  Guiane. 

Genre  14.  Billrergia,  Thunberg.  Grappe  ou 
paniculé  étroite,  terminale.  Sépales  plus  étroits 
que  dans  les  Æchmea,  dressés.  Pétales  plus 
longs  ,que  les  sépales.  Stigmates  linéaires,  à 
peine  contournés.  — Amérique  tropicale. 

(Les  genres  Helicodea,  Libonia,  Jonghea, 
de  Lemaire,  sont  synonymes  de  Bülbergia). 

Genre  15.  Quesnelia,  Gaudichaud.  Inflo- 
rescence strobiliforme,  bractées  membraneuses 
lâchement  imbriquées,  plissées  transversale- 
ment de  chaque  côté.  Pétales  étroits.  — Bré- 
sil. (Syn.  Lievena,  Regel.) 

2c  Tribu.  — Pitgairniées. 

Ovaire  supère  fixé  à la  base  élargie,  ou  semi- 
supère  plus  ou  moins  immergé  dans  le  récep- 
tacle, mais  toujours  libre  en  dessus  ; ovules 
ascendants.  Fruit  capsulaire,  à 3 valves.  Testa 
de  la  graine  prolongé  à la  base  et  au  sommet 
en  un  appendice  linéaire  entier,  ou  parfois 
entouré  par  une  aile  membraneuse  ; plus  rare- 
ment graines  inappendiculées.  Feuilles  le  plus 
souvent  épineuses  et  dentées  en  scie. 

Genre  IG.  Brocghinia,  Schultes.  Paniculé 
pyramidale,  ample,  heurs  petites.  Filets  courts, 
connés  à la  base.  Ovaire  libre,  au  sommet 
seulement.  Gapsule  claviforme,  septicide,  à 
3 valves.  Graines  étroitement  appendiculées  de 
chaque  côté.  — Brésil. 

Genre  17.  Pitcairnia,  L’Héritier.  Grappe 
terminale,  simple  ou  })eu  rameuse,  à heurs 
étroites,  souvent  fort  belles.  Filets  libres. 
Ovaire  libre  pour  la  plus  grande  partie;  style 
filiforme.  Gapsule  septicide  à 3 valves,  graines 
étroitement  appendiculées  de  ebaejue  côté,  ou 


272 


SYNOPSIS  DES  GENRES  DE  BROMÉLIACÉES. 


(dans  les  Pepinia)  entourées  d’une  aile  petite, 
plus  rarement  tout  à fait  nues.  — Amérique 
tropicale.  — (Syn.  Hepetis.,  Sw.)  M.  Baker  a 
réuni  plusieurs  genres  aux  Pitcairnia,  qu’il 
divise  en  4 sections  ; 

lo  Cephalopitcairnia  (comprenant  les  P.  he- 
terophylla,]ieer.,  P.  tiihiilœforynis,  Mon-.,  etc.)  ; 

'2o  Eupitcairnia  (syn.  genre  Ortliopetalum., 
Beer,  et  Cochliopelalum.,  Beer); 

3«  Neumannia  (syn.  genres  Neumannia, 
Brongt.,  Lamprococcus.,  Lem.,  et  Phlomosta- 
cJiys,  Beer)  ; 

4»  Pepinia  (syn.  genres  Peqnnia,  Brongt., 
et  Melinonia.,  Brongt.). 

Genre  i8.  Puya,  Molina.  Grapjje  terminale, 
simple  ou  rameuse-pyramidale.  Périantlie  plus 
ouvert  que  dans  les  Pitcairnia.  Style  liliforme, 
capsule  loculicide  à 3 valves.  Graines  entou- 
rées d’une  aile  saillante.  — Andes  de  l'Amé- 
rique méridionale . — (Syn.  Pourretia,  Ruiz 
et  Pav.) 

Genre  19.  Enciioliiuon,  Martius.  Grappe 
simple,  à fleurs  nombreuses,  serrées,  pétli- 
celles  diversement  tournés,  souvent  fasciculés. 
Style  court.  Gapsule  étroite,  septicide,  à valves 
intérieurement  closes  renfermant  les  graines 
brièvement  stipitées  et  inappemliculées  au 
sommet.  — Brésil.  — (Syn.  PrionopJujllum,  G. 
Koch.)  Les  prétendus  EncJiolirion  du  com- 
merce sont  des  Tillandsia  ou  des  Cara- 
guata. 

Genre  20.  Dyckta,  Schultes.  Epi  sur  une 
hampe  axillaire,  simple  ou  rameux,  allongé,  à 
Heurs  éparses.  Pétales  très-dilatés  d’un  côté. 
Style  presque  réduit  au  stigmate.  Gapsule 
septicide  à 3 valves  bifides.  Graines  })lanes, 
inégalement  mai'ginées.  — Brésil.  — (Syn.  Gar- 
rielia.,  Gaud.,  Cottendorfia,  Schult.,  et  Navia, 
Schult.) 

Genre  21.  Heciitia,  Klotzsch.  Fleurs  dioïques, 
en  glomérules  épars  le  long  du  pédoncule  très- 
long,  simple  ou  rameux.  Style  court.  Gapsule 
profondément  trisulquée,  à 3 valves  septicides. 
Graines  courtement  appendiculées.  — Mexique. 

3e  Tribu.  — Ttllandsiées. 

Ovaire  inséré  sur  une  large  base,  supère  ou 
plus  rarement  immergé  légèrement  dans  le 
réceptacle  à sa  base.  Fruit  capsulaire,  septicide 
trivalve,  à valves  presque  closes  intérieure- 
ment, enfermant  complètement  les  graines. 
Testa  des  graines  stipité  à la  base  et  le  })lus 
souvent  allongé  au  sommet  en  ajipendice 
(funicule)  divisé  en  fils  nombreux  finissant 
par  s’étaler  et  simulant  une  aigrette  {Pappus). 
Feuilles  très-entières. 

Genre  22.  Sodiroa,  Ed.  André.  Sépales 
connés  en  tube  vers  leur  milieu,  largement 
ouverts  au  sommet.  Onglets  des  pétales  très- 
étroits  à l’intérieur  du  tube.  Tiges  sarmen- 


teuses,  retombantes,  à inflorescence  apicale, 
})auciflore.  — Colombie,  Ecuador. 

Genre  23.  Gauaguata,  Bindley.  Sériales 
dressés,  très-fortement  imbriqués.  Pétales 
connés  en  tube,  portant  les  filets  des  étamines 
adnés  très-haut  à l’intérieur.  Intlorescence 
terminale,  tantôt  en  capitule  très-dense,  tantôt 
plus  ou  moins  allongée,  étroite  ou  paiiiculée.  • — 
Antilles,  Aynérique  tropicale.  — (Syn.  Mas- 
sangea,  Morr.)  Le  type  du  genre  est  le  C.  Im- 
gulata,  Liiidl.;  le  C.  Augustæ  est  VEn- 
cholirioyi  Augustœ,  Schomb.,  et  le  Massangea 
musaica,  kiorr.  est  le  C.musaica,  Ed.  André. 

Genre  24  (?).  Sciilümbeugeuia,  Morren. 
Tous  les  caractères  des  Caraguata,  saul 
rintlorescence  plus  lâche  et  rameuse.  — Amé- 
rique australe.  — MM. 'Bentham  et  llooker 
pensent  que  ce  genre  doit  être  réuni  au  pré- 
cédent. 

Genre  25.  Guzmania,  Ruiz  et  Pavon.  Sépales 
dressés.  Pétales  convolutés  en  tube  à la  base, 
connés  supérieuremênt  en  un  limbe  trifide 
ciqiulé.  Anthères  connées  en  anneau  autour 
du  style.  É})i  simple.  — Ayitilles,  ^Amérique 
irojricale. 

Genre  20.  Tillandsia,  Linné.  Sépales  dres- 
sés. Pétales  et  étamines  libres.  Funicule  des 
graines  allongé  avec  les  lilaments  du  testa  au- 
dessous  du  nucelle,  appendice  court  au  delà 
du  nucelle.  Intlorescence  variable,  simple  ou 
rameuse.  — Amérique  tropicale  et  sepieyilydo- 
nale  — (Syn.  Lin.)  Ce  genre  a été 

divisé  par  MM.  Bentham  et  llooker  en  six  sous- 
genres  ou  sections  où  se  trouvent  immergés  un 
certain  nombre  de  genres  non  admis,  et  mis  au 
rang  de  synonymes  ; 

R Strepsia  (syn.  genres  Strepsia,  Nutt.,  et 
Biaphorayithey^ma,  Beer)  ; 

2»  Wallisia,  Regel.  (Syn.  genres  Phytar- 
ydiiza,  Viv.,  et  Aynalia,  Hort.  bisp.); 

3«  Platystachya  (syn.  genres  Platystachya, 
G.  Koch,  Allardtia,  Dietr.,  et  Bonapaydea, 
Ruiz  et  Pav.  ; 

4o  Vriesia.  (Syn.  genre  Vriesia,  Lmdl.)-, 

5»  Anoplophytum.  (Syn.  genres  Anoplophy- 
tum,  Beer.,  et  Pityrophyllum,  Beer.); 

Conostachya,  Griseb. 

Genre  27.  Gatopsis,  Grisebach.  Sépales 
dressés.  Pétales  et  étamines  libres.  Funicule 
(les  graines  court  avec  les  lilaments  du  testa, 
appendice  flexueux,  très-long  au  delà  du  nu- 
celle, ainsi  que  les  fils  du  testa.  Inflorescence 
simple  ou  rameuse,  fleurs  plus  jietites  que  dans 
les  Tillandsia.  — Mexique,  Antilles,  Andes.  — 
(Syn.  genres  Pogospermuyn,  Brongt.,  et  Tus- 
saccia,  Klotzsch.) 

D’après  MM.  Bentham  et  llooker,  le 
nombre  total  des  espèces  de  Broméliacées, 
aujourd’hui  bien  décrites,  ne  dépasserait  pas 


EPIPIIYLLUM  GUEDENEYI 

350,  Lien  que  ces  savants  botanistes  ajou- 
tent que  certains  types  ont  manqué  à leurs 
études  et  seront  distingués  ultérieurement. 
Pour  qui  connaît  le  système  de  synthèse  qui 
a prévalu  dans  la  rédaction  du  Généra  plan- 
tarurn^  il  n’y  a rien  d’étonnant  à cette  ré- 
duction du  nombre  des  espèces  admises  par 
d’autres  auteurs.  La  même  méthode  a été 
appliquée  aussi  à la  division  générique,  et 
l’on  trouvera,  en  jetant  un  coup  d’œil  sur 
le  Synopsis  qui  précède,  que  la  forme  com- 
préhensive, dans  laquelle  certains  genres 
ont  été  limités,  est  faite  pour  troubler  quel- 


— BURSAFUA  SPINOSA.  273 

ques  broméliograpbes  partisans  d’une  divi- 
sion plus  étendue. 

Quoi  qu’il  en  soit,  nous  sommes  au  moins 
en  possession  d’une  méthode  de  classifica- 
tion, et  les  collectionneurs  pourront,  désor- 
mais, mettre  un  peu  d’ordre  dans  leur 
nomenclature.  Ils  attendront  ainsi  plus  pa- 
tiemment une  monographie  complète  et 
illustrée  des  genres  et  des  espèces  de  cette 
famille  si  attrayante,  dont  les  plantes  ont 
une  qualité  des  plus  rares,  celle  d’étre  gé- 
néralement d’une  culture  facile. 

Juin  1883.  En.  André. 


EPiPHYLLÜM  GUEDENEYI 


La  plante  à laquelle  je  donne  ce  nom,  et 
dont  l’origine  n’est  pas  bien  connue,  ce  qui 
toutefois  n’enlève  rien  à son  mérite  orne- 
mental qui  est  des  plus  grands,  est  rare, 
inédite;  je  ne  l’ai  jamais  vue  que  chez 
M.  Guédeney,  grand  amateur  de  plantes 
grasses,  au  Vésinet.  Dans  le  groupe  auquel 
elle  appartient,  c’est  certainement  une  des 
plus  jolies,  ce  qui  n’est  pas  peu  dire.  Ses 
caractères  sont  les  suivants  : 

Plante  vigoureuse,  très-robuste,  glabre  et 
complètement  inerme  dans  toutes  ses  par- 
ties. Tiges  très-larges,  minces,  aplaties, 
raides,  se  tenant  bien,  d’un  très-beau  vert, 
à échancrures  arrondies,  peu  profondes. 
Fleurs  grandes,  d’environ  8 centimètres  de 
diamètre,  sur  un  pédoncule  gros,  charnu, 
écailleux,  d’environ  15  centimètres  de  lon- 
gueur, à écailles  couchées,  rouge  rubigi- 
neux ; les  supérieures,  celles  qui  accom- 
pagnent la  fleur  dont  elles  paraissent  faire 
partie,  sont  plus  étroites  et  beaucoup  plus 
longues  que  les  autres,  se  confondant  avec 
les  pièces  florales.  Pétales  très-rapprochés, 
les  externes  d’un  blanc  légèrement  soufré 


en  dehors,  les  autres  blanc  pur  crémeux, 
longuement  obovales,  courtement  arrondis 
mucronulés.  Etamines  nombreuses  beau- 
coup plus  courtes  que  la  fleur  et  cou- 
chées au  centre  de  celle-ci  ; anthères  très- 
légèrement  jaunâtres.  Style  de  même  lon- 
gueur que  la  fleur,  à divisions  stigmatifères 
horizontalement  étalées,  simples  ou  rami- 
fiées, d’un  blanc  mat  dans  toutes  ses  parties. 

Cette  remarquable  plante,  que  l’on  peut 
se  procurer  chez  M.  Cappe,  horticulteur  au 
Vésinet,  est  très-floribonde  ; ses  fleurs,  qui 
sont  diurnes  et  d’une  durée  relativement 
longue,  dégagent  une  odeur  fine  des  plus 
suaves  ; elles  se  succèdent  pendant  une  par- 
tie de  l’été. 

Quant  à la  culture  et  à la  multiplication, 
elles  sont  des  plus  faciles  et  ne  présentent 
rien  de  particulier  : serre  froide  l’hiver;  arro- 
sements modérés  pendant  l’époque  de  repos; 
l’été,  au  contraire,  arroser  la  terre  quand 
elle  est  sèche;  les  boutures  reprennent 
presque  seules  : il  suffit  de  les  piquer  en 
terre.  Quant  au  sol,  un  peu  de  terre  de 
bruyère  et  de  terreau  suffit.  Houllet. 


BURSARIA  SPINOSA 


Ce  joli  arbrisseau  australien  est  fort  peu 
connu,  bien  qu’il  ait  été  introduit  en  Europe 
vers  la  fin  du  siècle  dernier.  Il  croît  dans  la 
région  orientale  de  la  Nouvelle-Hollande, 
jusqu’au  delà  du  Tropique.  Lorsqu’il  est  en 
fleur,  c’est  un  véritable  buisson  de  neige,  et 
dans  certaines  régions,  comme  sur  les  bords 
de  la  rivière  Derwent,  il  est  populaire  sous 
le  nom  d’ Arbre  de  Noël  {Christmas  tree), 


en  raison  de  l’époque  de  sa  floraison  et  des 
longues  épines  pointues  qui  terminent  sou- 
vent ses  rameaux  latéraux. 

De  serre  froide  sous  le  climat  de  Paris, 
le  Bursaria  spinosa  est  rustique  sur  le 
littoral  méditerranéen,  de  Toulon  à Gênes. 
Dans  les  rares  jardins  où  on  le  rencontre,  il 
forme  un  assez  grand  arbuste  rameux,  à 
rameaux  divariqués,  ayant  un  peu  le  port 


271 


BURSARIA  SPINOSA. 


d’un  buisson  ardent  et  se  parant  au  prin- 
temps d’une  profusion  de  panicules  pyrami- 
dales, dressées,  couvertes  de  fleurs  d’un 
blanc  pur,  fines,  du  plus  délicat  aspect  et 
d’une  agréable  odeur  (fig.  48).  A ces  fleurs 
succèdent  bientôt  des  capsules  comprimées, 
bilobées,  rappelant  tout  à fait  (fig.  49)  la 
forme  des  silicules  de  la  Bourse-à-Pasteur 
(Capsella  Btirsa  pastoris).  L’échantillon 
dont  nous  publions  aujourd’hui  le  dessin 


nous  a été  obligeamment  communiqué  par 
M.  Dognin,  de  Cannes. 

Le  Dursaria  spinosa  constitue  un  petit 
genre,  jusqu’ici  monotype,  de  la  famille  des 
Pittosporées  (1).  On  en  avait  distingué  une 

(1)  Bursaria  spinosa,  Cavan.,  le.  et  desc.  pL, 
IV,  30,  t.  350.  — DG.,  Prod  , I,  3i7.  Pot.  Maij., 
t.  1767.  — Putterl.,  Synop.  Pitlosp.,  p,  10.  — 
Walp.,  Rep.,  1,  255.  — Klatt,  Linnœa,  XXVlll, 
56H,  benthM-  Pf-  anstr.^  T,  HL  — f^pirma^ 


seconde  espèce  de  la  région  tropicale  aus- 
tralienne, sous  le  nom  de  D.  incana, 
Lindl.  ; mais  M.  Bentham  a prouvé  que 
cette  prétendue  nouveauté  devait  être  ratta- 
chée à la  précédente  espèce  typique.  Toute- 
fois, on  doit  distinguer  deux  formes  bien 
caractérisées  : 

B.  s.  inermis,  Putterl.  (2),  à rameaux 
sans  épines,  à feuilles  plus  grandes,  oblon- 
gues,  lancéolées,  à fleurs  et  à fruits  trois 
fois  au  moins  plus  grands  que  dans  le  type  ; 

B.  s.  macrophylla  (3),  rameaux  épineux, 
feuilles  beaucoup  plus  grandes  que  dans  le 
type. 

Nous  pensons  que  la  plante  cultivée  dans 


Fig.  40.  — Bursaria  spinosa,  rameau  fructifère 
de  grandeur  naturelle.  — Fruit  grossi.§g|j^_J 


le  Midi  de  la  France  est  la  forme  à petites 
feuilles.  B serait  désirable  d’y  voir  ajouter 
la  variété  macrophylle,  dont  le  port  serait 
plus  ornemental. 

Voici,  pour  ceux  de  nos  lecteurs  qui 
désireraient  étudier  cet  arbuste  de  plus 
près,  une  description  exacte  de  l’espèce  : 

Arl)risseau  haut  de  plusieurs  mètres,  en 
buisson  rameux,  d’un  port  raide,  irrégulier; 
rameaux  grêles,  de  couleur  foncée,  souvent 
armés  d’épines  dures,  formées  par  des 
rameaux  abortifs.  Feuilles  persistantes, 

Audi’.,  Bot.  Bep.,  t.  3U.  — Cyrilla  spinosa, 
Spreng,,  No^.  Pt'od,  llort.  Hall.,  15, 

(2)  Futteij  , Syn,  Piliosp,,  p,  10. 

'3)  ]ipo\s,jQW')h  of  Jlot,,  l,23o, 


CMÆNOMELES  JAPON! CA  STMONII. 


275 


petites,  sessiles  ou  brièvement  pétiolées, 
obovales  ou  ol)longues  lancéolées,  très- 
entières,  coriaces  luisantes,  souvent  fasci- 
culées.  Panicules  terminales  pyrartaidales, 
dressées,  nombreuses,  multillores.  Calyce 
à 5 sépales  petits,  5*  pétales  étroits,  obo- 
vales, obtus,  étalés  presque  dès  la  base. 
Etamines  à fdets  subulés,  anthères  dressées, 
ovoïdes,  déhiscentes  par  deux  fentes. 
Capsule  brièvement  stipitée,  plano-com- 
priniée,  largement  orbiculaire  bilobée,  à 
2 loges  déhiscentes  par  les  bords  ; dans 
chaque  loge  une  ou  deux  graines  réni- 
formes,  comprimées,  non  ailées,  sèches. 


Cultivé  en  serre  froide,  le  Bursaria 
spmosa  se  plaît  surtout  en  terre  de  bruyère, 
et  léclame  le  traitement  de  la  plupart  des 
arbustes  australiens.  On  l’obtient  beau, 
surtout  en  le  plantant  en  pleine  terre,  sa 
forme  étant  disgracieuse  en  pots.  Il  se 
multiplie  par  boutures,  qui  reprennent 
assez  difficilement,  sous  cloche,  à l’étouffée. 

C’est  pour  le  Midi  qu’il  convient  surtout 
de  le  recommander.  Là,  il  prospère  comme 
dans  son  sol  natal,  et  puisqu’il  y fleurit 
abondamment,  il  faut  espérer  que  la  multi- 
plication normale,  par  graines,  contribuera 
à le  répandre  rapidement.  Ed.  André. 


CHÆNOMBLES  JAPONIGA  SIMOMI 


Arbuste  nain,  dont  la  taille  ne  dépassera 
pas  i mètre  de  hauteur.  Rameaux  sem- 
blables à ceux  du  type,  mais  plus  petits, 
plus  grêles,  de  même  que  le  feuillage. 
Feuilles  brièvement  pétiolées,  lancéolées, 
atténuées  également  aux  deux  extrémités, 
finement  serratulées,  à dents  bordées  de 
brun  roux,  accompagnées  de  deux  larges  sti- 
pules réniformes  obliques,  dentées,  vertes. 
Fleurs  semi-doubles,  bien  ouvertes,  naissant 
par  petits  bouquets  sur  le  vieux  bois,  au  mi- 
lieu d’une  collerette  de  bractées  imbriquées, 
ovales,  denticulées,  scarieuses.  Pédoncules 
d’environ  1 centimètre  de  longueur.  Ca- 
lyce déformé,  à 5-8  sépales  courts,  étalés 
ou  dressés,  obtus  spatulés,  inégaux,  vert 
bordé  de  rouge.  Pétales  larges,  orbiculaires 
onguiculés,  entiers,  un  peu  ondulés,  d’un 
beau  rouge  cramoisi  foncé,  parfois  par- 
courus longitudinalement  par  une  ligne 
blanche  centrale,  ou  tachés  de  vert  quand 
ils  proviennent  de  la  transformation  des 
sépales.  Ovaire  un  peu  déformé,  oblong, 
étranglé  au-dessus  du  milieu,  glabre,  con- 
tenant de  3 à 6 loges  plus  ou  moins  atro- 
phiées. Etamines  à fdets  rouges,  de  la 
même  longueur  que  les  stigmates,  qui  sont 
en  nombre  variable,  généralement  de  4 
à 6. 

Cette  nouvelle  variété  a été  obtenue  de 
semis  dans  l’établissement  de  MM.  Simon- 
Louis  frères,  à Plantières,  près  Metz,  qui  la 
mettront  au  commerce  l’automne  prochain. 
Nous  avons  cru  devoir  lui  donner  leur  nom, 


si  renommé,  à juste  titre,  dans  l’horticul- 
ture européenne.  La  plante  provient  d’un 
semis  de  l’ancien  Cognassier  du  Japon  atro- 
sanguin  (Chœn.  Jap.  atrosanguinea), 
variété  très-délicate,  à fleurs  petites,  qui 
n’existe  que  dans  de  rares  collections  et 
qu’on  ne  trouve  plus  guère  en  multiplica- 
tion. Le  Chœn.  Jap.  Simonii,  au  contraire, 
malgré  sa  taille  modeste,  se  forme  bien, 
pousse  régulièrement,  et  se  couvre  abon- 
damment de  ses  grandes  Heurs  semi- 
doubles. 

On  cultivait,  il  y a quarante  ans,  en 
Angleterre,  une  autre  forme  à fleurs  semi- 
doubles,  que  Lindley  a décrite  sous  le  nom 
de  Cydoyiia  Japonica  flore  semi-pleno  (1), 
et  qui  se  trouvait  en  culture,  parait-il,  dans 
les  jardins  de  Kensington.  Nous  ne  savons 
si  cette  plante  existe  encore  dans  les  collec- 
tions d’outre-Manche. 

Toutes  les  variétés  de  ce  beau  genre,  à 
floraison  hâtive,  sont  précieuses  pour  les 
jardins  au  premier  printemps.  On  en 
connaît  environ  une  vingtaine,  parmi  les- 
quelles une  demi-douzaine  au  moins  sont 
tout  à fait  charmantes.  Nous  ne  pouvons 
que  renvoyer  les  amateurs  aux  articles 
publiés  à plusieurs  reprises  par  la  Revue 
horticole  sur  ce  sujet.  Pour  aujourd’hui,  il 
nous  suffira  de  constater  l’apparition  d’une 
bonne  nouveauté  de  plus  parmi  celles  que 
nous  possédions  déjà.  Ed.  André. 

(1)  Encycl.  of  trees  and  shrubs,  p.  452, 


276  SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  d’IIORTICULTURE  DE  FRANCE.  — PÈCHE  PRÉCOCE  CHEVALLIER 


SÜCiÊTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  24  MAT  f883 


Ai'PORTs.  — L’exposition  d’horticulture  qui 
avait  lieu  à cette  époque  aux  Ghamps-Élysées 
enhivait  tout  l’intérêt  de  cette  séance;  aussi  les 
assistants  étaient-ils  peu  nombreux,  et  il  en 
était  de  même  des  apports. 

Au  comité  de  floricuUure,  M."  Lavallée, 
présiilent  de  la  Société,  présentait  : deux 

rameaux  fleuris  d'Æsculus  sinensis,  espèce 
rare  et  qui  se  rapproche  de  notre  Mar- 
ron nicn*  commun,  dont  elle  diffère  pourtant, 
surt(  lit  par  son  feuillage,  qui  nous  a paru 
intermédiaire  entre  ce  dernier  et  les  Pavias. 
Ses  feuilles , peu  nervées , lisses  et  lui- 
sante. en  dessus,  sont  glauques  et  courte- 
ment  velues  - feutrées  en  dessous.  Quant 
aux  fleurs,  elles  ont  beaucoup  de  ra])port 
avec  celles  de  notre  Alarronnier  commun. 
2o  Un  très-beau  pied  de  Vigne  du  Soudan, 
vigoureux  et  très-ramifié,  haut  d’environ 
2 mètres;  il  provient  d’un  semis  fait  en 
mars  1882,  et  est  par  conséquent  âgé  de  qua- 
torze mois.  Ses  tiges  et  ses  ramifications  grêles, 
pourvues  de  nombreuses  vrilles  rosées,  très- 
longues  et  filiformes,  ramifiées  et  pendantes, 
donnent  à la  plante  l’aspect  et  le  port  de  cer- 
tains CissKS  ou  Ampélopsis.  L’année  der- 
nière, dit  M.  Lavallée,  cette  plante,  ainsi  que 
quebiLies  autres  du  même  semis,  se  sont  assez 
bien  comportées  ; la  maturation  des  bourgeons 
semble  s’étre  parfaitement  opérée,  de  sorte  que 
les  tubercules  ont  bien  passé  l’biver,  grâce 
tout  fois  aux  soins  particuliers  qui  leur  ont 
été  donnés.  I.es  pots  contenant  ces  tuber- 
cub's  avaient  été  jilacés  })rès  du  cbauft'age, 
dans  une  serre  chaude.  Ces  renflements  qui, 
pai  ait-il,  étaient  bien  formés  et  bien  constitués, 

PÈCHE  PRÉC0( 

(\<  lie  Pêche  provient  d’un  noyau  « de 
hasard  »,  comme  l’on  dit,  c’est-à-dire  qui 
a levé  naturellement,  dans  la  plaine  de  Gen- 
nevilliers,  au  milieu  des  cultures  fruitières 
(le  M.  Chevallier  aîné,  arboriculteur  à Mon- 
treuil. 

D^ux  raisons  nous  ont  engagé  à décrire 
celte  variété  et  à en  donner  une  figure  colo- 
riée ; l’une,  pour  montrer  qu’un  même 
arbre  peut  donner  des  fruits  complètement 
différents  ; l’autre,  qui  découle  de  la  précé- 
dente, et  qui  montre  l’importance  considé- 
rable que,  dans  certains  cas,  peut  avoir  le 
choix  des  greffons,  et  combien  il  est  néces- 


auraient-ils  passé  l’biver  s’ils  eussent  été  mis 
dans  une  serre  froide  et  tenus  simplement  au 
sec  ? C’est  à essayer.  Mais,  ce  qui  paraît  à peu 
près  certain,  c’est  que  ces  plantes  n’appartien- 
nent pas  au  groupe  vinifera.  Ce  sont  des 
l)lantes  qui  confinent  au  groupe  des  Ampé- 
lopsis chinois  cultivés  pendant  longtemps  au 
IMuséum,  notamment  des  ximpelopsis  roiun- 
(lata  et  nopiformis,  plantes  qui  sont  fortement 
tubéreuses  et  qui,  chaque  année,  perdent  plus 
ou  moins  leurs  tiges. 

Au  comité  de  culture  jmtaçjère,  M.  Vavin 
présentait  des  Fèves  de  la  variété  Windsor, 
récoltées  en  pleine  terre  dans  son  jardin,  à 
Neuilly;  quelques  gousses  étaient  presque 
arrivées  à grosseur.  Avec  cela,  M.  Vavin  pré- 
sentait des  })ots  à repiquage  dont  il  est  l’inven- 
teur, consistant  en  coquilles  d’œufs  remplies 
de  terreau  dans  lesquelles  on  place  des  plants, 
de  sorte  que  lorsqu’on  met  en  pleine  terre,  on 
n’a  pas  à dépoter;  on  se  borne,  à l’aide  d’un 
serrement  de  main,  à briser  la  coquille,  qui 
reste  néanmoins  en  maintenant  la  terre,  et  qui 
donne  à la  plante  un  aliment  très-favorable  à 
son  dévelo})pement.  — M.  Bertbauld,  jardinier 
à Rungis,  i)résentait  un  ensemble  de  légumes 
de  saison,  comprenant  un  Cantaloup  fond 
blanc,  2 Cantaloups  Noir  des  Carmes,  7 va- 
riétés de  Pommes  de  terre,  du  Fenouil,  des 
fjaitues  et  des  Romaines  variées,  des  Carottes, 
des  Choux  d’York,  Cœur  - de  - Bœuf,  Baca- 
lan,  etc.,  ainsi  que  des  Trêves  à longues  cosses. 
Tous  ces  légumes,  relativement  beaux,  ap})ar- 
tenaient  aux  bonnes  variétés  de  chacun  de  ces 
groui)es. 


il  CHEVALLIER 

saire,  quand  les  "arbres  sont  en  fruits,  de 
marquer  les  parties  où  ces  fruits  sont  les 
plus  beaux  et  les  plus  francs,  de  manière, 
plus  tard,  à pouvoir  prendre  les  greffons  sur 
ces  parties  favorisées. 

Si  l’on  ne  prend  pas  ces  précautions,  il 
peut  se  produire  des  confusions  très-regret- 
tables qui  peuvent  faire  suspecter  la  bonne 
foi  du  vendeur,  bien  que  ces  confusions 
soient  tout  à fait  involontaires. 

C’est  précisément  un  fait  de  ce  genre  qui 
s’est  produit  pour  la  variété  dont  nous  par- 
lons. Voici  ce  fait  : 

M.  Chevallier  aîné,  arboriculteur  à Mon- 


evcie.  lIo7  '/ LCol.ey. 


\9dard-  de-L 


’"0m^dtAy.dr.SëZPii7''ei 


Pe'i'hc  précoce  Chemlker 


CORRESPONDANCE. 


277 


treuil,  ayant  trouvé  dans  ses  cultures  de 
Gennevilliers  un  noyau  de  Pêche  en  ger- 
mination, le  planta  pour  en  suivre  le  déve- 
loppement ; au  bout  de  quelques  années, 
lorsque  le  fruit  apparut,  il  constata  que 
cetle  variété,  par  suite  de  sa  hâtiveté,  pou- 
vait rendre  de  grands  services,  bien  que 
son  fruit  soit  relativement  petit.  En  effet,  il 
mûrit  en  juin.  L’ayant  fait  remarquer  à des 
personnes  compétentes,  cette  variété  fut 
jugée  méritante,  et  c’est  alors  que  M.  Che- 
vallier la  répandit.  Mais,  ne  doutant  nulle- 
ment de  l’homogénéité  des  diverses  parties 
de  l’arbre,  il  prit  des  greffons  indistincte- 
ment sur  celles  qui  lui  paraissaient  les 
mieux  conformées.  Un  peu  plus  tard, 
quand  les  sujets  qu’il  avait  livrés  fructi- 
fièrent, i)  reçut  des  plaintes,  bien  motivées 
du  reste,  des  personnes  à qui  il  les  avait 
vendus.  Au  lieu  de  fruits  hâtifs,  mûrissant 
en  juin  ou  au  commencement  de  juillet,  on 
se  plaignait  que  ces  fruits  ne  mûrissaient 
qu’en  août-septembre,  ce  que  M.  Chevalier 
ne  pouvait  croire,  car,  n’ayant  pris  des  gref- 
fons que  sur  l’unique  sujet  qu’il  possédait, 
il  ne  pouvait  comprendre  les  différences  con- 
sidérables qu’on  lui  signalait.  Un  peu  plus 
tard,  le  fait  fut  éclairci,  lorsqu’il  vit  sur  ce 
même  pied-mère  des  rameaux  portant  des 
fruits  mûrs  bien  colorés,  à côté  d’autres  qui 
en  portaient  de  plus  petits,  verts,  et  parais- 
sant bien  loin  de  leur  maturité.  C’est  cette 
singularité  que  représente  notre  chromo- 
lithographie et  que  nous  tenions  surtout  à 
montrer,  parce  qu’elle  peut  expliquer  les 
contradictions  qui  se  rencontrent  parfois 
sur  l’identité  ou  sur  la  valeur  de  certaines 
variétés,  et  qu’elle  démontre  l’importance 
considérable  que  peut  avoir  le  choix  des 
greffons. 

Après  ces  détails,  qui  expliquent  l’obten- 
tion de  deux  variétés  sur  un  même  arbre, 
nous  allons  décrire  la  Précoce  Chevallier 
et  la  Tardive  Chevallier.  A part  la  diffé- 


]\b’ J.D.  (Saône-et-Loire.)  — La  maladie  des 
Fraisiers  est  connue;  malheureusement,  il  n’en 
est  pas  de  même  ])our  le  remède.  L’année 
dernière,  un  de  nos  voisins  a presque  i)erdu 
tous  les  siens;  seuls  des  arrosages  fréquents, 
dans  lesquels  il  ajoutait  à l’eau  de  l’engrais 
liquide,  lui  ont  donné  d’assez  bons  résultats. 
Ainsi  qu’il  est  arrivé  chez  vous,  cette  maladie 


rence  dan.s  l’époque  de  maturité  des  fruits, 
elles  ont,  du  reste,  des  caractères  à peu 
près  semblables. 

Précoce  Chevallier.  — Arbre  un  peu 
plus  vigoureux  que  le  Pêcher  Early  Bea- 
trix, avec  lequel  il  a de  grands  rapports. 
Feuilles  à glandes  réniformes.  Fleurs  rosa- 
cées, de  grandeur  moyenne,  à pétales  lar- 
gement ovales,  concaves,  non  crispés,  très- 
courtement  onguiculés.  Fruits  moyens,  va- 
riant un  peu  de  forme,  rappelant  assez 
ceux  de  la  variété  Early  Beatrix^  plus  ré- 
guliers pourtant  et  un  peu  moins  allongés, 
plus  sphériques,  marqués  aussi  sur  un 
côté  d’un  sillon  peu  profond.  Peau  courte- 
ment duveteuse,  douce  au  toucher,  rouge 
foncé,  parfois  comme  marbrée  sur  les  par- 
ties fortement  insolées,  se  détachant  bien. 
Chair  d’un  très-beau  blanc,  fondante,  fine, 
légèrement  sucrée,  se  détachant  assez  bien 
du  noyau  lorsque  le  fruit  est  bien  mûr. 
Noyau  régulièrement  elliptique,  blanc, 
courtement  atténué  au  sommet  qui  est 
légèrement  mucronulé. 

Cette  variété  qui,  nous  le  répétons,  a 
beaucoup  de  rapport  avec  la  Pêche  Early 
Beatrix,  mûrit,  comme  cette  dernière, 
à partir  ‘de  la  fin  de  juin  ou  du  com- 
mencement de  juillet.  Ses  fruits,  un 
peu  plus  réguliers,  sont  cependant  préfé- 
rables. 

Tardive  Chevallier.  — Sœur  de  la  pré- 
cédente, elle  en  a tous  les  caractères;  le 
port  de  l’arbre  est  aussi  le  même  ; la  seule 
différence,  c’est  que  ses  fruits  mûrissent 
beaucoup  plus  tard  (un  mois  au  moins)  ; 
mais,  comme  qualité,  forme  et  dimension, 
ils  sont  à peu  près  i s mêmes.  Pourtant, 
dans  l’étude  que  nous  en  avons  faite,  nous 
avons  toujours  remarqué  que  les  fleurs,  en 
général  un  peu  plus  grandes,  ont  les  pé- 
tales profondément  concaves,  ondulés,  et 
comme  crispés,  surtout  à la  base. 

F. -A.  Carrière. 


s’est  montrée  avec  les  chaleurs.  Biais([aement 
des  plantes  fortes,  vigoureuses,  commençant  à 
fleurir,  se  fanaient  comme  si  le  })ie(l  était  rongé 
par  un  ver  blanc  (pourtant  l’examen  le  plus 
minutieux  n’a  jamais  pu  faire  découvrir  môme 
la  plus  légère  trace  d’insectes),  moui’aient, 
pourries  au  centre,  de  même  (jue  si  elles 
avaient  été  coupées  par  un  charançon;  le  mal 


278 


EXPOSITION  ESTIVALE  d’HORTICULTURE,  A PARIS. 


ne  s’est  vraiment  arrêté  qu’avec  la  cessation 
des  fortes  chaleurs.  Cette  année,  aucun  des 
pieds  qui  ont  échappé  n’est  malade  ; tous  sont 
couverts  de  fleurs  et  de  fruits. 

Une  autre  personne,  dont  les  Fraisiers 
avaient  une  maladie  analogue,  s’est  bien  trouvée 
de  couper  les  plantes  un  peu  au-dessus  du  sol, 
puis  de  biner  et  de  pailler  celui-ci,  en  ayant 
soin  d’arroser.  Ce  remède  a un  grave  inconvé- 
nient, sans  doute  : celui  d’enlever  la  récolte  ; il 
n’est  donc  praticable  que  sur  les  Fraisiers  des 
Quatre-Saisons  qui  peuvent  donner  une  nou- 
velle récolte  automnale. 

Ml’  E.  N.  B.  (Alsace).  — Il  existe  déjà,  et 


même  depuis  longtemps,  des  Rhododendrons 
à Heurs  doubles;  mais  ils  ne  sont  pas  iden- 
tiques; tous  diffèrent  par  quelques  carac- 
tères particuliers  en  rapport  avec  les  formes  ; 
réchantillon  que  vous  nous  avez  adressé,  sur 
lequel  vous  nous  demandez  noti'e  opinion, 
nous  paraît  avoir  son  caractère  s})écial,  fleur 
i relativement  courte  et  largement  évasée  qui 
j lui  donne  rap})arence  canqianulée.  Toutefois, 
j il  est  bien  entendu  que  ceci  n’est  pas  afürmatif, 
j car  vous  devez  comprendre  que  ce  n’est  pas 
i d’après  un  simple  échantillon  de  fleur  que 
j l’on  peut  se  pi’ononcer  sur  le  nunâte  d’une 
i plante. 


EXPOSITION  ESTIVALE  D’HORTICULTURE,  A PARIS 


Le  22  mai  1883,  la  Société  nationale  et  cen- 
trale d’horticultui'e  de  France  ouvrait,  pour  la 
troisième  fois,  une  exposition  aux  Champs-Ély- 
'sées,  dans  le  Pavillon  de  la  ville  de  Paris, 
transformé  en  un  jardin  où  s’étalaient  des 
richesses  horticoles  de  tous  genres.  De  l’aveu 
de  tous,  jamais  l’on  n’avait  vu,  à Paris,  d’ex- 
position aussi  brillante. 

Toutes  les  })arties  de  l’horticulture  étaient 
représentées,  la  plupart  même  splendidement. 
Les  apports  de  i)lantes  de  sei're  étaient  par- 
ticulièrement remarquables,  par  le  nombre, 
le  bon  choix,  et  surtout  par  la  force  extraor- 
dinaire des  exemplaires  qui,  à l’intérieur,  en- 
touraient entièrement  le  Pavillon  dont  ils  ca- 
chaient en  grande  })artie  les  murs,  formant 
ainsi  une  sorte  de  cadre  autour  des  collections 
fleuries  d’Azalées,  Rhododendrons,  Rosiers, 
Kalmias,  Üi-chidécs,  Gloxinias,  etc.,  dont  ils 
faisaient  encore  ressortir  la  splendeur. 

Ajoutons,  à l’honneur  de  la  commission  d’or- 
ganisation, que  la  disposition  des  plantes,  des 
mieux  comprise,  permettait  de  circuler  tout 
autour  des  massifs,  d’approcher  des  plantes  et 
de  les  étudier  sans  aucun  encombrement.  Gà  et 
là,  à côté  des  lleui's,  des  groupes  de  plantes  à 
feuillage  : Dracénas,  Grotons,  Broméliacées, 
Aroïdées,  etc.,  produisaient  des  contrastes  d’une 
grande  beauté. 

Des  tentes-annexes,  en  communication  avec 
le  Pavillon,  avaient  été  établies  pour  recevoir  les 
nombreuses  collections  de  plantes  fleuries,  qui 
n’avaient  pu  trouver  place  dans  le  Pavillon  cen- 
tral. La  principale,  en  forme  de  T,  renfermait  les 
magnifiques  collections  de  Rosiers,  Clématites, 
Azalées,  Kalmias,  Pivoines  en  arbres  et  autres; 
les  Azalées  de  l’Inde,  d’Amérique,  du  Japon 
(A.  mollis)^  les  collections  remarquables  si 
déplantés  annuelles  et  bisannuelles  de  MM.  Vil- 
morin, Lecaron;  les  groupes  de  Cinéraires  à 
fleurs  doubles,  les  Galcéolaires  hybrides,  les 
fleurs  coupées,  etc,  Au  centre  de  cette  annexe 


se  trouvait  le  groupe  si  remarquable  et  si 
remanjué  de  Vignes  en  pots  de  M.  Margot- 
tin  fils,  qui,  cliargées  de  magnifiques  Raisins 
mûrs,  excitaient  les  convoitises  de  tous  les  visi- 
teurs. 

Dans  une  autre  annexe,  parallèle  au  Pavillon, 
étaient  placées,  à coté  de  la  superbe  collection 
de  Rosiers  de  M.  Lévêque,  de  Rhododendrons 
et  d’autres  groupes  fleuris,  les  collections  de 
légumes  de  la  Société  des  maraîchers  de  la 
Seine,  de  MM.  Vilmorin,  Chomet,  Forgeot,  etc.; 
les  riches  collections  de  Fraisiers  de  MM.  Louis 
Lhérault  (d’Argenteuil),  La[)ierre  (de  Mont- 
rouge). Là  aussi  étaiefit  placés  les  légumes  de 
la  plaine  de  Gennevilliers,  obtenus  à l’aide  des 
eaux  d’égouts  de  la  ville  de  Paris  ; les  Asperges 
étaient  représentées  par  les  apports  de  M.  Louis 
Lhérault  et  M.  Girardin-Golas  (d’Argenteuil). 

A l’extérieur,  sur  les  terrains  qui  avoisinent 
le  Pavillon  de  la.ville  de  Paris  et  qui  avaient  été 
transformés  en  un  jardin  pittoresque  où  se  trou- 
vait aussi  un  rocher  et  un  pont  rustique, 
étaient  placés  cà  et  là  des  massifs  de  plantes 
diverses  qui  n’avaient  pu  trouver  place  à l’in- 
térieur : Pensées,  Résédas,  Yuccas,  Pélargo- 
niums.  Agaves,  Chrysanthèmes,  etc.  Dans  des 
massifs  isolés,  et  aux  angles  du  Pavillon,  se 
trouvaient  de  magnifiques  groupes  de  Conifères, 
d’arbustes  à feuilles  persistantes  ou  à feuillage 
coloré,  exposés  par  MM.  Paillet,  Groux  et 
Honoré  Defresne.  , 

Une  partie  très-importante  de  l’Exposition 
était  celle  des  plantes  nouvelles.  Malheureuse- 
ment, à cause  de  la  mauvaise  disposition  qu’on 
leur  donne  presque  toujours,  ces  très-intéres- 
santes exhibitions  passent  inaperçues  et  n’exis- 
tent guère  que  pour  les  initiés,  Hj’est-à-dire  pour 
les  personnes  qui  les  exposent  ; le  jury  même, 
chargé  de  les  apprécier,  doit  souvent,  pour  les 
trouver,  parcourir  toute  l’exposition  et  cher- 
cher, dans  les  lots,  les  quelques  nouveautés 
signalées  par  le  programme,  Mais,  pour  le 


279 


EXPOSITION  ESTIVALE  D’IIORTICULTURE,  A PAPJS. 


public,  on  peut  dire  que  ces  plantes  n’existent 
pas.  Comment,  en  effet,  dans  un  groupe  qui  con- 
tient parfois  une  centaine  de  plantes  et  même 
plus,  découvrir  une  nouveauté,  surtout  lors- 
([u’aucun  signe  particulier  ne  la  désigne?  Cela 
est  absolument  impossible.  Dans  l’intérêt  gé- 
néral et  même  dans  celui  des  exposants,  les 
choses  devraient  se  passer  tout  autrement  ; 
toutes  les  nouveautés: semis, introductions, etc., 
devraient  être  réunies  dans  un  lieu  particulier 
avec  une  indication  spéciale,  très-visible,  de 
manière  à frapper  l’attention  des  visiteurs,  et 
rester  là  pendant  tout  le  temps  de  l’exposition. 
Ce  serait  une  sorte  d’école  permanente  qui, 
assurément,  serait  des  plus  instructives. 

M.  Lavallée,  président  de  la  Société  centrale 
d’horticulture  de  Fi'ance  et  M.  Ed.  André  fai- 
saient seuls  exception;  encore  les  plantes  de 
ce  dernier  pouvaient  difficilement  être  remar- 
quées : elles  étaient  au  centre  d’un  grand  lot 
dont  elles  semblaient  faire  partie,  ce  (jui  était 
assurément  regrettable  à cause  de  l’intérêt 
qu’elles  présentaient.  En  effet,  l’apport  deM.  An- 
dré se  composait  uniquement  de  plantes  nou- 
velles introduites  par  lui  de  l’Amérique  du 
Sud  et  de  la  Nouvelle-Calédonie.  Plusieurs  es- 
pèces étaient  inédites,  quelques-unes,  même, 
n’étaient  pas  encore  nommées;  de  ce  nombre 
était  un  Puyct,  un  Artanthe  et  un  Neumannia. 
Citons,  parmi  les  autres,  les  suivantes  : plu- 
sieurs Tillandsia  du  groupe  Lindeni^  notam- 
ment un  T.  L.  tricoloy,  Carayuata  sanguinea, 
Rliopala  Poortmani^  Paya  gigas,  le  très-cu- 
rieux Salix  Ilumboldtiana,  espèce  très-rare 
({U.’on  dit  avoir  été  introduite  une  fois  en 
Europe,  vers  1823,  mais  que  nous  ne  nous 
souvenons  pas  d’avoir  jamais  vue  dans  les 
cultures  et  qui,  dans  diverses  parties  de  l’Amé- 
rique-Sud,  représente  notre  Peuplier  d’Italie. 
Enfin,  le  Washingtonia  robusta,  espèce  de 
l->almier  des  plus  remarquables,  dont  le  port  et 
le  faciès  général  rappellent  assez  bien  ceux  du 
Prilchardia  filifera,  bien  qu’il  en  diffère  nota- 
blement pourtant.  Sa  culture  est  aussi  plus 
facile  et  présente  cet  autre  avantage,  de  s’accom- 
moder des  pots,  avantage  que  ne  présente  pas 
le  Prilchardia. 

M.  Lavallée  présentait  hors  concours  trois 
beaux  pieds  en  pots  de  Vigne  du  Soudan, 
dont  les  tiges,  contournées  et  ramifiées, 
n’avaient  guère  moins  de  2 mètres  de  hauteur. 
L’aspect  de  ces  Vignes  rappelle  exactement 
celui  de  certains  Cissus  ou  encore  d' Am^^elopsis 
asiatiques;  leurs  tiges  grêles  portent,  en 
grande  quantité,  des  vrilles  ténues  et  très- 
longues,  de  couleur  rose.  Quant  à leurs 
feuilles,  elles  sont  plus  ou  moins  lobées  non 
digitées,  du  moins  quant  à présent.  Impossible 
de  rien  pi'éjuger  de  ces  Vignes,  sinon  qu’elles 
seront  probablement  très-vigoureuses. 

Voici,  en  substance,  un  aperçu  général  et 


très-succinct  de  ce  qu’était  cette  exposition, 
que  nous  résumerons,  en  citant,  en  dehors 
des  })lantes  nouvelles,  les  lots  les  plus  remar- 
quables, ceux  du  moins  qui  frappaient  plus 
particulièrement  l’atlention  et  ont  le  plus  con- 
tilbué  à la  splendeur  de  l’exposition.  C’étaient, 
dans  les  plantes  de  serre,  les  collections  de 
MM.  Ghantin,  Saison-Lierval,  Savoye,  Dela- 
vier,  Mathieu,  Chantrier,  Constant  Lemoine, 
Bleu,  Truffaut,  Landry,  Dallé.  — Pour  les 
Rosiers,  MM.  Charles  Verdier,  Margottin  fils, 
Lévêque.  — Pour  les  Azalées,  Rhododendrons, 
Kalmias,  MM.  Groux,  Moser,  Paillet,  Constant 
Lemoine,  Poirier,  Royer  fils.  — Pour  les  plantes 
annuelles  et  bisannuelles  d’ornement  fleuries, 
MM.  Vilmorin  et  Lecaron.  — Pour  les  Cléma- 
tites, MM.  Ghristen  et  Boucher,  — Pour  les 
Orchidées,  MM.  Ghantin,  Truffaut,  Thibaut  et 
Keteleer,  Bleu,  Jolibois.  — Pour  les  Bromé- 
liacées, M.  Jolibois  et  M.  Ed.  André.  — Pour 
les  Gloxinias,  M.  Vallerand.  — Pour  les  Pi- 
voines en  arbre,  M.  Paillet;  et  M.  Ch.  Verdier, 
pour  les  Pivoines  officinales  et  paradoxales. 

— Pour  les  Pensées,  MM.  Falaise,  Jacqueau, 
Trimardeau.  — Quant  aux  Conifères  et  aux 
arbustes  à feuilles  persistantes  et  à feuillage 
coloré,  ils  étaient  représentés  par  les  collec- 
tions de  MM.  Groux,  Paillet  et  Honoré  Defresne. 

— Les  légumes  étaient  particulièrement  repré- 
sentés par  les  collections  de  la  Société  des 
maraîchers  de  la  Seine , de  MMi  Vilmorin, 
Ghomet,  Forgeot,  etc.  — Les  collections  de  fruits 
forcés  étaient  représentées  par  M.  Margottin  fils, 
pour  les  Raisins;  par  M.  Louis  Lhérault  et  par 
M.  Lapierre,  pour  les  Fraises,  et  par  M.  Girar- 
din-Colas,  pour  les  Figuiers.  — Deux  cultiva- 
teurs d’Argenteuil,  MM.  Louis  Lhérault  et 
Girardin-Colas,  exposaient  des  Asperges  d’une 
beauté  et  d’une  grosseur  tout  à fait  e.xception- 
nelles. 

Quant  à l’industrie,  elle  était  également  bien 
représentée,  et  surtout  parfaitement  appropriée 
à sa  destination.  Un  de  nos  collègues,  très- 
compétent  en  la  matière,  a bien  voulu  se  char- 
ger d’en  faire,  pour  la  Revue,  un  compte-rendu 
qui  paraîtra  dans  le  plus  prochain  numéro. 

Malgré  la  longueur  de  ce  compte-rendu,  qui 
est  pourtant  loin  de  donner  une  idée  exacte  de 
la  richesse  de  cette  exposition,  nous  croyons 
devoir,  comme  complément,  y ajouter  une 
liste  abrégée  des  récompenses  qui  ont  été 
décernées  par  les  jurys  des  diverses  sections 
chargés  d’examiner  les  apports. 

E.-A.  Carrière. 

DÉCISIONS  DU  JURY. 

Prix  d’honneur. 

1.  Vase  en  porcelaine  de  la  Manufacture  de 
Sèvres,  offert  par  le  Ministre  de  l’Instruction  pu- 
blique et  des  Beaux-Arts,  à M.  A.  Ghantin.  Plantes 
variées  de  serre.  — 2.  Médaille  d’or  du  Ministre 


280 


EXPOSITION  ESTIVALE  D’IIORTICULTURE,  A PARIS. 


de  l’Agriculture,  à M.  Charles  Verdier.  Collection 
de  Rosiers.  — 3.  Médaille  d’or  du  Ministre  de 
l’Agriculture,  à M.  J.  Margottin  fils.  Vignes  forcées. 

— 4.  Médaille  d’or  du  Département  de  la  Seine,  à 
M.  Saison-Lierval.  Plantes  variées  de  serre.  — 

5.  Médaille  d’or  de  la  Ville  de  Paris,  à la  Société 
de  secours  mutuels  des  jardiniers  maraîchers  de 
la  Seine.  — 6.  INIédallle  d’or  des  Dames  patron - 
nesses,  à ]\I.  Croux  fils.  Rhododendrons  et  Azalées. 

— 7.  Médaille  d’or  fondée  par  le  Maréchal  Vaillant, 
ancien  Président  de  la  Société,  à M.  Alf.  Bleu. 
Caladium  variés.  — 8.  Médaille  d’or  fondée  par  le 
Df  Anclry,  ancien  secrétaire  général  de  la  Société, 
à MM.  Vilmorin-Andrieux  et  C'®.  Plantes  herba- 
cées d’ornement.  — 9.  Médaille  d’or  de  la  Société, 

à M.  Constant  Lemoine.  Collections  de  Dracama  ! 
et  autres  plantes  de  serre.  — 10.  Médaille  d’or  de 
la  Société,  à M.  Delavier.  Plantes  de  serre.  — 
11.  Médaille  d’or  de  la  Société,  à M.  Paillet.  Plantes 
diverses.  Conifères,  etc. 

§ Dr  _ FLORICULTURE. 

A . — Plantes  nouvelles  on  iionveîlcaaacnt 
ânlt'oilniles. 

Concours.  — Une  ou  plusieurs  plantes  lleui  ies 
introduites  le  plus  récemment  en  France  : 1®''  prix, 
médaille  d’or,  M.  E.  André.  — 2®  prix,  grande  mé- 
daille de  vermeil,  M.  Dallé.  — 3®  prix.  Grande 
médaille  d’argent,  M.  A.  Chantin. 

2e  Concours.  — Une  ou  plusieurs  plantes  à feuil- 
lage ornemental  introduites  le  plus  récemment  en 
France  : Rf  prix,  médaille  d’or,  M.  E.  André.  — 
2®  pi  ix,  grande  médaille  de  vermeil,  M.  A.  Chantin. 

— 3®  prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  Chantrier. 

B.  — Semis. 

5®  Concours,  — Une  ou  plusieurs  plantes  d’orne- 
ment, ligneuses  ou  herbacées,  de  serre  ou  de  plein 
air,  obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le  com- 
merce : 1®''  prix,  grande  médaille  d’or,  M.  Bleu.  — 

2®  prix,  médaille  de  vermeil,  M.  Piigaut.  — 2®  prix, 
médaille  de  vermeil,  M.  Margottin.  — 3®  prix, 
grande  médaille  d’argent,  M.  Gâche. 

C.  — ISeïïc  CBïîlïïrc. 

5®  Concours.  — Le  plus  beau  lot  de  plantes  à 
feuillage  ornemental,  de  serre,  remar([uables  par 
leur  développement,  autres  que  les  Palmiers,  Cy- 
cadées  et  Fougères  : l®*"  prix,  médaille  d’or, 
M.  Chantrier. 

7e  Concours.  — La,  plus  belle  collection  de  plantes 
fleuries  remarquables  par  leur  développement  et 
leur  floraison,  :V  quelque  catégorie  qu’elles  appar- 
tiennent : 1®*’  prix,  médaille  d'or,  M.  Cbristen.  — 
3®  prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  Boucher. 

.9®  Concours  — Le  plus  beau  lot  de  plantes  mar- 
chandes fleuries  : 1®''  prix,  médaille  de  vermeil, 
M.  Royer.  — 3®  prix,  médaille  d’argent,  M.  Royer. 

D.  — f^erre  chaesde. 

iO^  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
quarante  à cinquante  plantes  variées  de  serre 
chaude  : Isr  prix,  médaille  d’or,  M.  Trulfaut.  — 

2®  prix,  grande  médaille  de  vermeil,  M.  Constant 
Lemoine.  — 3®  p'ix,  grande  miédaille  d’argent, 
M.  Landry. 

Concours.  — La  plus  hidle  c.ollection  de 
vingt-cinq  plantes  de  scue  chaude  à feuillage 
coloré,  panaché,  maculé,  eten , autres  (pie  bégonias, 
Caladium,  Crolons , Üracœnu.  et  Marayita  : 

2®  prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  Landry. 


/4®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
vingt  espèces  ou  variétés  de  Palmiers  de  seire 
chaude  ; 1®>'  prix,  médaille  d’or,  M.  Chantin.  — 
2®  prix,  grande  médaille  de  vermeil,  M.  Dallé. 

75®  Concours.  — Collection  de  dix  à douze  Pal- 
miers variés  de  serre  chaude  : 2®  prix,  grande  mé- 
daille de  vermeil,  M.  Chantin. 

75®  Concours.  — Trois  Palmiers  de  serre  chaude 
remarquables  parleur  développement  : grande  mé- 
daille (le  vermeil,  M.  Chantin.  — Giande  médaille 
de  vermeil,  M.  Dallé. 

77e  Concours.  — La  plus  belle  collection  de  Cy- 
cadées  variées  : 1®®  prix,  médaille  d’or,  M.  Chantin. 

75®  Coïicours.  — La  plus  belle  collection  de 
Pandanées  variées  . 2®  pi  ix,  grande  médaille  d’ar- 
I gent,  IM,  Dallé. 

19*  Concours.  — La  plus  belle  collection  d’Aro'i- 
dées,  à l’exception  des  Caladium  : 1®*’  prix,  mé- 
daille de  vermeil,  M.  Chantin. 

21*  Concours.  — Trois  plantes  de  serre  chaude 
remarquables  par  leur  développement  ; l®r  prix, 
médaille  de  vermeil,  M.  Maron. 

23*  Concours.  — Une  plante  de  serre  chaude 
remarquable  par  son  développement  ; 1®''  prix, 
grande  médaille  d’argent,  M.  Chantin.  — 2®  prix, 
médaille  d’argent,  M.  Maron. 

24®  Concours.  — La  plus  belle  collection  d'Or- 
chidées  exotiques  en  fleurs  ; l®*"  prix,  médaille  d’or, 
M,  Chantin.  — 2®  prix,  grande  médaille^  de  ver- 
meil, M.  Truffaut.  — 3®  prix,  médaille  de  vermeil, 
MM.  Thibaut  et  Keteleer. 

20*  Concours.  — Trois  Orchidées  remarquables 
par  leur  développement  et  leur  floraison  : 1®''  prix, 
médaille  de  vermeil,  M.  Bleu. 

30*  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Cactées  fleuries  ou  non  fleuries,  en  cinquante  es- 
pèces ou  variétés  au  moins  : 1®'’  prix,  médaille  de 
vermeil,  M.  Simon. 

57®  Concours.  — La  plus  belle  collection  d'Eu- 
phoi  bia  cactiforrnes  en  vingt-cinq  espèces  ou  va- 
riétés : l®®  prix,  médaille  de  vermeil,  M.  Simon. 

55®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Bégonias  tubéreux  de  semis  non  encore  présentés: 
2®  prix,  médaille  d’argent,  M.  Glimpier. 

55®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Broméliacées  fleuries  ou  non  fleuries  : 1®®  prix, 
médaille  de  vermeil,  M.  Chantin. 

45®  Concours  — Vingt-cinq  Bioméliacées  va- 
riées, fleuries  ou  non  fleuries  : 1®*’  prix,  gi’ande 
médaille  d’argent,  M.  Ed.  André. 

45®  Conanirs.  — La  plus  belle  collection  de 
Caladium  .-1®*’  prix,  médaille  d’or,  M.  Bleu. 

47®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Fougères  de  serre  chaude  ou  tempérée  : l®®  prix, 
médaille  d’or,  M.  Chantin. 

45®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Fougères  arborescentes  : 1®®  prix,  médaille  d’or, 
M.  Chantin. 

45®  Concours.  — Dix  à quinze  Fougères  de  ser  re 
chaude  ou  tempérée  : 1®>'  prix,  grande  médaille 
d’ai’gent,  M.  Landry. 

57®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Dracœna  de  ser  re  chaude  ou  tem|)érée  : 1®’’  prix, 
médaille  d’oc,  M.  Constant  Lemoine. 

54®  Coticotirs.  — La  plus  belle  collection  de 
Coleus  en  variétés  ne  se  répétant  pas  : U®  prix, 
grande  médaille  de  vermeil,  M.  .Naudin.  — 3®  prix, 
médaille  d argent,  M.  l*ab(piiei'. 

E.  — actBîiiéréc. 

5/®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
quai’ante  à cinquante  PeUmjonium  zonatc  et  in- 


281 


EXPOSITION  ESTIVALE  D'] 

quinans  fleuris,  en  variétés  distinctes  et  ne  se  | 
répétant  pas  : prix,  grande  médaille  de  ver- 

meil, M.  Poirier.  — 2«  prix,  médaille  de  vermeil, 
M.  L.  Keteleer.  — 3®  prix,  grande  médaille  d’ar- 
gent, M.  Foucard. 

04®  Concours.  — Le  plus  beau  lot  de  Pelar- 
(jonimn  à grandes  fleurs,  en  variétés  distinctes  et 
ne  se  répétant  pas  : l®*"  prix,  grande  médaille  de 
vermeil,  M.  Foucard  (d’Orléans). 

00®  Concours.  — La  plus  belle  collection  d’Ara- 
liacées  variées  : 1*'’  prix,  médaille  de  vermeil, 
M.  Chantin. 

05®  Concours.  — Le  plus  beau  lot  de  trente 
Verveines  fleuries,  en  quinze  variétés  nommées  : 

2®  prix,  médaille  d’argent,  M.  Lecaron. 

00®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
cinquante  à soixante  variétés  de  Pétunias  fleuris  : 
1®’’  prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  Naudin. 

70®  Concours.  — La  plus  belle  collection  d’Aga- 
ves  : 1®*’  prix,  médaille  de  vermeil,  M.  Ébeiié.  — 

2®  prix,  grande  médaille  d’argent,  M Chantin. 

7 i®  Concours.  — La  plus  belle  collection  d’A  loc  : 
1®®  prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  Simon. 

72®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Yucca  : 1®®  prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  Pain- 
tèche.  — 2®  prix,  médaille  d’argent,  M™®  Comesse. 

75®  Concours.  — Le  plus  beau  lot  de  Calcéolaires 
herbacées  : l®®prix,  médaille  de  vermeil,  MM.  Vil- 
morin et  C‘®.  — 3®  prix,  médaille  d’argent,  M.  Jac- 
queau. 

70’’  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Cinéraires  : 3®  prix,  médaille  d’argent,  M.  Vilmorin. 

F.  — E®îeis9c  Serre. 

77®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Rhododendrons  en  cinquante  variétés  : 1®®  prix, 
médaille  d’or,  M.  Croux.  — 2®  prix,  grande  mé- 
daille de  vermeil,  M.  H.  Defresne.  — 3®  prix, 
grande  médaille  d’argent,  M.  Lemoine  (C.). 

50®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Rosiers  haute  tige,  en  fleurs,  représentés  par 
deux  exemplaires  au  plus  de  chaque  variété  : 
1®®  prix,  médaille  d’or,  M.  Ch.  Verdier.  — 2®  prix, 
grande  médaille  de  vermeil,  M.  J.  Margottin. 

5i®  Concours.  — Collection  de  cent  Rosiers 
haute  tige,  en  fleurs,  représentés  par  deux  exem- 
plaires au  plus  de  chaque  variété  : 1®®  prix,  grande 
médaille  de  vermeil,  M.  Ch.  Verdier. 

52®  Concours.  — Collection  de  cinquante  Ro- 
siers haute  tige,  en  fleurs,  représentés  par  deux 
exemplaires  au  plus  de  chaque  variété  : 1«®  prix, 
médaille  de  vermeil,  M.  Ch.  Verdier. 

55®  Concours.  — Collection  de  vingt-cinq  Ro- 
siers haute  tige,  en  fleurs,  représentés  par  deux 
exemplaires,  au  plus,  de  chaque  variété  : 2®  prix, 
médaille  d’argent,  M.  Ch.  Verdier. 

54*  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Rosiers  basse  tige,  greffés  ou  francs  de  pied,  en 
fleurs,  représentés  par  un  seul  exemplaire  de 
chaque  variété  : 1®®  prix,  médaille  d’or,  M.  Ch. 
Verdier.  — 2e  prix,  grande  médaille  de  vermeil, 
M.  J.  Margottin. 

55e  Concours.  — Collection  de  cent  Rosiers 
basse  tige,  greftés  ou  francs  de  pied,  en  fleurs, 
représentés  par  un  seul  exemplaire  de  chaque 
variété  : 1e®  prix,  grande  médaille  de  vermeil, 
iM.  Ch.  Verdier. 

50®  Concours.  — Collection  de  cinquante  Rosiers 
basse  tige,  greffés  ou  francs  de  pied,  en  fleurs,  re- 
présentés par  un  seul  exemplaire  de  chaque  variété  : 
le®  prix,  médaille  de  vermeil,  VL  Ch.  Verdier. 

57e  Concours.  — Collection  de  vingt-cinq  Rosiers 


HORTICULTURE,  A PARIS, 

I basse  tige,  greffés  ou  francs  de  pied,  en  fleurs,  re- 
présentés par  un  seul  exemplaire  de  chaque  va- 
riété : 2e  prix,  médaille  d’argent,  VI.  Ch.  Verdier. 

50e  Coïicours.  — La  plus  belle  collection  de 
vingt  Rosiers  basse  tige  variés,  remarquables  par 
leur  développement  et  leur  floraison  : 1®®  prix,  mé- 
daille d’or,  VL  J.  Vlargottin. 

02e  Concours.  — La  plus  belle  collection  d’Aza- 
lées  politiques  fleuries  : 1®®  prix,  grande  médaille 
de  vermeil,  VL  Croux. 

.05®  Concoion-.  — La  plus  belle  collection  de 
Kalmias  fleuris  : 1®®  prix,  grande  médaille  d’argent, 
VL  Croux. 

00®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
plantes  vivaces  fleuries  ; 2e  prix,  médaille  d’argent, 
M.  llavard. 

Oé!®  Concours.  — La  plus,  belle  collection  de 
plantes  annuelles  fleuries  : le®  prix,  médaille  d’or, 
VIM.  Vilmorin  et  C*®. — 2e  prix,  grande  médaille  de 
vermeil,  VL  Lecaron. 

00®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
Pivûine<=  herbacées  et  ligneuses  (en  plantes  vi- 
vantes) ; .e®  prix,  médaille  d’or,  VI.  Paillet. 

702®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
plantes  aquatiques  : 1®®  prix,  grande  médaille  d’ar- 
gent, VL  A.  Gontier. 

i()3e  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
plantes  vivaces  pour  rocailles,  à l’exception  des 
Fougères  : 2®  prix,  médaille  d'argent,  VL  Yvon. 

i05e  Concours.  — Le  filus  beau  lot  de  Résédas 
(vingt-cinq  pots)  : 1®®  prix,  méd.jüle  d’argent  de 
Vl"'®  Lasson,  VI.  Thuillier.  — i®prix,  médaille  d’ar- 
gent, VlVl.  Dupanloup  et  C‘®. 

JOGc  Concours.  — La  plus  belle  disposition  d’un 
massif  ou  d’une  coibville  de  plantes  fleuries  ; 
le®  prix,  gi-ande  médaille  d’argent,  VLVL  Vilmorin  et 
C*®.  — 2*  prix,  iiiédaille  d’argent,  VL  Lecaron. 

107®  Concours.  — Les  plus  beaux  motifs  de 
rnosa'iculture  : 1®®  prix,  grande  médaille  d’argent, 
VI®’®  Comesse. 

105®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
plantes  spécialement  employées  pour  la  mosaïcul- 
ture  : i®®  prix,  grande  médaille  d’argent,  Vl™®  Co- 
messe. 

.§  IL  - ARBORICULTURE. 

114®  Concours.  — Le  plus  beau  lot  d’arbres 
fruitiers  forcés,  en  pots,  portant  leurs  fruits  à 
maturité  : 1®®  prix,  médaille  d’or,  VL  Vlargottin. 

1 15®  Concours.  — La  plus  belle  collection  de 
fruits  exotiques  : 1®®  prix,  grande  médaille  d’argent, 
VI.  Ilédiard.  — 2®  prix,  médaille  d’argent,  VI.  Place. 

§ III.  - CULTURE  VIARAICHÉRE. 

110®  Concours.  — La  plante  légumière  le  plus 
récemment  introduite  en  France  ; 2®  prix,  médaille 
de  bronze,  VI.  Hamelin, 

120®  Concours.  — Une  ou  plusieurs  plantes  lé- 
gumières  obtenues  de  semis,  non  encore  dans  le 
commerce  : 3®  prix,  médaille  de  bronze,  VL  Boul- 
land. 

121®  Concours.  — Le  plus  beau  lot  d’ensemble 
de  légumes  forcés  et  de  la  saison  : 1®®  prix,  mé- 
daille d’or,  VI.  Chomet.  — 3e  prix,  grande  mé- 
daille d’argent  (les  cultures  de  Gennevilliers), 
VI.  Locquet.. 

122®  Concours.  — Les  quatre  plus  beaux  VIelons 
arrivés  à maturité  : 2e  prix,  médaille  de  bronze, 
VL  Cerneau. 

125e  Concours.  — Les  quatre  plus  belles  bottes 
d’Asperges  : P®  prix,  grande  médaille  de  vermeil, 


282 


RÉFLEXIONS  AU  SUJET  DE  LA  NATURALISATION  DES  PLANTES. 


M.  Girardin  Collas.  — 2e  prix,  grande  médaille 
d’argent,  M.  Girardin. 

Concours.  — Le  plus  beau  lot  de  légumes 
d’un  même  genre,  représentés  par  deux  individus 
de  chaque  variété  : le''  prix,  grande  médaille  de 
vermeil,  MM.  Vilmorin  et  G*®.  — d®  prix,  médaille 
de  vermeil,  M.  Forgeot  et  Ci®. 

Serre.  — Concours  imprévus. 

(^Première  section.) 

Grandes  plantes  variées  de  serre,  médaille  d’or, 
M.  Savoye.  — Grandes  plantes  variées  de  serre, 
grande  médaille  de  vermeil,  M.  Mathieu.  — Aza- 
lées de  l’Inde,  grande  médaille  de  vermeil,  M.  Le- 
moine. — Orangers  variés,  médaille  d’argent, 
M.  Royer  fils.  — Chrysanthèmes,  belle  culture, 
médaille  d’argent,  M.  Gilkird. 

Lots  présentés  hors  concours. 

Très-vives  félicitations  du  Jury  à M.  Vallerand, 
pour  Gloxinias  ; à M.  Jolibois,  pour  Broméliacées 
et  Orchidées. 

Plein  air.  — Concours  imprévus. 

(Deuxième  section.) 

Houx  variés,  médaille  d’or,  M.  Paillet.  — Coni- 
fères, collection,  médaille  d'or,  M.  Paillet.  — 
Magnolia  grandiflora.,  grande  médaille  de  ver- 


meil, M.  Paillet.  — Fusains,  médaille  de  vermeil’ 
M.  Christen.  — - Rhododendrons  nouveaux,  médaille 
de  vermeil,  M.  Croux.  — Pensées,  médaille  de 
vermeil,  M.  Trimardeau;  grande  médaille  d’argent, 
M.  Falaise;  médaille  d’argent,  M.  Jacqueau;  mé- 
daille de  bronze,  M.  Asset.  — Conifères  et  Houx 
variés,  médaille  de  vermeil,  M.  Croux.  — Azalea 
mollis,  collection,  grande  médaille  d’argent, 
M.  Paillet.  — Funkias  variés,  grande  médaille 
d’argent,  M.  R.  l,avallée.  — Plantes  à feuillage, 
grande  médaille  d’argent,  M.  Defresne.  — Érables 
japonais,  médaille  d’argent,  M.  Croux.  — Œillets, 
médaille  d’argent,  M.  Brot-Delahaye.  — Bambous 
variés,  médaille  d’argent,  M,  Paillet.  — Houx  forts 
exemplaires,  médaille  d’argent,  M.  G.  Boucher.  — 
A croclinium  rosewn,  médaille  d’argent,  M.  Vyéaux- 
Duvaux. 

Lots  présentés  hors  concours. 

Vives  félicitations  du  jury  à M.  Levêque,  apports 
de  Rosiers  ; à M.Moser,  pour  ses  apports  de  plantes 
fleuries. 

Culture  maraîchère  et  fruitière. 

(Troisième  section.) 

LOTS  PRÉSENTÉS  HORS  CONCOURS. 

Très-vives  félicitations  du  Jury  à M.  Louis  Lhé- 
rault,  pour  Fraisiers  en  pots  et  particulièrement 
son  apport  d’Asperges. 


RÉFLEXIONS  AU  SUJET  DE  LA  NATURALISATION  DES  PLANTES 


C’est  une  question  à Tordre  du  jour,  et 
dont  chacun  comprend  l’importance.  Beau- 
coup en  parlent,  et  peu  savent  en  quoi  elle 
consiste.  Suivant  les  uns,  il  suffit  qu’une 
plante  étrangère  au  lieu  où  on  la  cultive  y 
réussisse  à peu  près  pour  qu’on  la  dise  na- 
turalisée ; suivant  les  autres,  la  naturalisa- 
tion est  impossible,  chaque  espèce  ne  pou- 
vant vivre  et  se  propager,  sans  le  secours 
de  Thomme,  hors  des  lieux  où  le  Créateur 
Ta  fait  naître  et  auxquels  son  existence  est 
fatalement  attachée. 

Ces  divergences  d’opinion,  et  les  disputes 
qui  s’en  suivent,  tiennent  surtout  à une' 
mauvaise  définition  du  mot.  L’idée  qu’on  y 
attache  n’est  pas  la  même  pour  tout  le 
monde,  et  il  est  nécessaire  de  la  préciser  si 
on  veut  s’entendre.  La  première  condition 
pour  se  mettre  d’accord  est  d’observer  les 
faits  et  de  les  voir  tels  qu’ils  sont. 

Il  en  est  un  qui  s’impose  dès  l’abord  et 
que  confirme  une  longue  expérience  : c’est 
que,  pour  les  plantes  d’une  contrée  quel- 
conque, bien  déterminée  par  une  certaine 
uniformité  de  climat  et  de  composition  du 
sol,  l’aptitude  à changer  de  lieu  et  de  con- 
ditions d’existence  est  fort  inégale.  De  deux 
plantes  récoltées  au  même  endroit,  dans 


leur  pays  natal,  Tune  n’éprouvera  aucune 
difficulté  à croître  sous  un  ciel  nouveau  et 
dans  un  sol  différent  ; l’autre,  au  contraire, 
y répugnera  d’une  manière  presque  absolue, 
et  ne  cédera  que  par  les  soins  assidus  du 
cultivateur.  Il  y a donc  des  plantes  pour 
ainsi  dire  indifférentes  à la  diversité  des 
conditions  d’existence,  qui  s’accommodent 
de  tous  les  lieux  et  de  tous  les  climats,  et 
qui,  d’elles-mêmes,  se  sont  dispersées  sur 
de  vastes  étendues  de  la  terre  ; de  là  le 
nom  di*uhiquistes  qu’on  leur  a donné.  Nous 
avons  un  exemple  frappant  de  cette  ubi- 
quité dans  TOxalide  corniculée  {Oxalis  cor- 
niculata)  qui  se  montre  sous  toutes  les  lati- 
tudes où  des  plantes  peuvent  vivre,  au 
voisinage  du  cercle  polaire  et  sous  l’Equa- 
teur, dans  l’ancien  et  le  nouveau  monde,  en 
Australie  et  jusque  dans  les  îles  perdues  de 
l’océan  Pacifique.  Beaucoup  d’autres  plantes 
sont  ubiquistes,  mais  à divers  degrés,  sui- 
vant l’extension  de  Tair  qu’elles  embras- 
sent. Toutes,  d’ailleurs,  sont  spontanées 
dans  les  lieux  où  on  les  rencontre. 

Mais  de  ce  qu’elles  croissent  aujourd’hui 
sur  tel  ou  tel  point  du  globe,  on  n’est  pas 
en  droit  d’en  conclure  qu’elles  y ont  tou- 
jours vécu.  Notre  planète  a été  si  profondé- 


RÉFLEXIONS  AU  SUJET  DE  LA  NATURALISATION  DES  PLANTES. 


283 


ment  bouleversée  dans  la  série  des  périodes 
géologiques,  les  continents  et  les  mers  ont 
si  souvent  changé  de  place  qu’il  est  plus 
que  douteux  qu’une  seule  espèce  occupe 
encore  le  point  où  elle  est  apparue  pour  la 
première  fois.  Ce  qui  est  définitivement 
acquis,  c’est  que  presque  toutes,  sinon 
même  toutes  les  formes  végétales  et  ani- 
males, se  sont  promenées  à la  surface  de  la 
terre,  cheminant  tantôt  dans  un  sens,  tan- 
tôt dans  un  autre,  suivant  les  hasards  des 
accidents  qui  les  contraignaient  d’émigrer. 

Un  grand  nombre  ont  certainement  péri 
dans  ces  migrations  ; mais  la  nature,  qui 
tend  toujours  à combler  les  vides,  en  a fait 
naître  de  nouvelles  par  de  simples  modifi- 
cations de  celles  qui  survivaient.  Toutes  ces 
formes,  anciennes  ou  nouvelles,  espèces  ou 
variétés,  car  le  nom  dont  on  les  qualifie 
n’importe  guère,  se  sont  mises  en  harmonie 
avec  les  milieux  par  lesquels  elles  ont  suc- 
cessivement passé.  Cette  adaptation  aux 
changements  du  monde  extérieur,  dont  le 
critérium  est  la  conservation  et  la  repro- 
duction des  individus  dans  un  nombre  in- 
défini de  générations,  est  ce  qu’on  peut  ap- 
peler la  naturalisation  parfaite,  expression 
qui  implique  que,  là  comme  ailleurs,  il  y a 
des  degrés,  etl’expérience  confirme  cette  vue. 

Nous  connaissons  en  effet  des  plantes 
naturalisées  à tous  les  degrés,  depuis  celles 
qui  infestent  nos  moissons,  et  qui  suivent 
l’homme  partout  où  il  va  s’établir,  jusqu’à 
nos  plantes  de  serre  chaude  les  plus  re- 
belles, mais  qui  viennent  cependant  à l’aide 
de  nos  artifices  de  culture.  La  plupart  de 
nos  mauvaises  herbes,  dont  plusieurs  ont 
eu  leur  berceau  dans  l’Asie  centrale,  se 
sont  répandues  dans  les  colonies  de  l’A- 
mérique du  Sud,  en  Tasmanie  et  à la  Nou- 
velle-Zélande. Un  Cactus  épineux  {Opuntia 
vulgaris),  originaire  de  l’Amérique  du 
Nord,  et  notre  Lampourde  commune  {Xan- 
thium  spinosum)  sont  devenus  le  fléau  de 
l’agriculture  en  Australie.  On  pourrait  citer 
plus  de  cent  exemples  de  naturalisations 
semblables,  presque  toujours  accomplies 
dans  le  sens  péjoratif,  c’est-à-dire  au  détri- 
ment de  nos  intérêts.  Le  mal,  cependant, 
ne  l’emporte  pas  toujours  sur  le  bien,  et  au 
cosmopolitanisme  des  mauvaises  herbes  on 
peut  opposer  la  naturalisation  spontanée  de 
l’Oranger  à la  Floride,  et  celle  du  Manguier 
{Mangifera  indica)  à la  Jamaïque,  où  cet 
arbre  utile,  introduit  depuis  moins  d’un 


siècle,  forme  déjà  de  véritables  forêts.  C’est 
peut-être  dans  cette  catégorie  de  naturali- 
sations avantageuses  qu’il  faut  ranger  celle 
d’une  élégante  Oxalide  du  Cap  de  Bonne- 
Espérance  {Oxalis  cernua),  commune  au- 
jourd’hui dans  les  alentours  d’Alger,  qu’elle 
émaillé  en  hiver  de  ses  fleurs  d’un  jaune 
vif,  souvent  doubles  ou  même  très-pleines. 
On  la  trouve  de  même  naturalisée  sur  divers 
points  de  la  Provence  maritime  où  le  climat 
a beaucoup  d’analogie  avec  celui  d’Alger. 

En  résumé,  j’appelle  naturalisation  ou 
acclimatation,  si  on  préfère  ce  terme, 
toute  introduction  d’une  plante  dans  un 
pays  où  elle  n’existait  pas  auparavant,  et 
où,  soit  par  elle-même,  soit  par  le  fait  de 
notre  industrie,  elle  se  conserve  indéfini- 
ment en  se  multipliant  de  graines,  de  tuber- 
cules ou  de  drageons,  suivant  son  espèce. 
Je  répète,  d’ailleurs,  que  la  naturalisation 
ainsi  définie  comporte  un  grand  nombre  de 
degrés.  Suivant  les  cas,  elle  est  spoutanée 
ou  artificielle,  facile  ou  difficile,  nuisible  ou 
favorable  à nos  intérêts  ; et  quant  à la  dé- 
termination du  degré  auquel  elle  arrive, 
c’est  notre  succès  seul  qui  en  décide. 

Nos  champs  et  nos  jardins  sont  aujour- 
d’hui peuplés  de  végétaux  exotiques,  les 
uns  naturalisés  d’ancienne  date,  les  autres 
d’introduction  récente,  mais  en  bonne  voie 
de  naturalisation.  Parmi  ces  derniers,  je 
citerais  volontiers  les  Eucalyptus,  dont  plu- 
sieurs espèces  sont  florissantes  sous  le  climat 
de  l’Oranger  et  s’y  reproduisent  aisément 
de  leurs  graines.  Je  n’ai  pas  besoin  d’in- 
.sister  pour  faire  comprendre  au  lecteur  que 
ces  arbres  sont  appelés  à rendre  d’impor- 
tants services  à l’agriculture  et  à la  sylvi- 
culture du  Midi  de  l’Europe  et  surtout  de 
l’Algérie.  Je  ne  connais  guère  que  par  oui- 
dire  les  Vignes  exotiques  dont  on  s’occupe 
tant  aujourd’hui  et  surtout  les  Vignes,  à 
souche  tuberculeuse  et  à sarments  annuels; 
mais  je  n’en  suis  pas  moins  convaincu  que 
toutes  sont  dignes  d’exercer  la  sagacité  des 
acclimateurs.  En  ce  qui  concerne  plus  par- 
ticulièrement les  Vignes  tuberculeuses, 
peut-être  y a-t-il  là  le  germe  d’un  grand 
avenir  agricole,  non  pas  sans  doute  pour  la 
France  continentale,  mais  pour  celles  de 
nos  colonies  qui  sont  entre  les  tropiques,  et 
qui  sait?  peut-être  même  pour  la  région 
saharienne  de  notre  grande  possession  afri- 
caine. Il  est  écrit  : Quœrite  et  invcnietis. 

Ch.  Nàudin. 


m 


MIMULUS  GUPREUS.  ~ VARIÉTÉS  DE  L’EVONYMUS  JâPONICUS, 


MIMÜLUS  CUPKEUS 


De  toutes  les  espèces  que  renferme  le 
genre  Mimuliis,  l’une  des  meilleures, 
au  point  de  vue  ornemen- 
tal, est  certainement  le 
Mimiilus  ciipreus,  Hook. 

Originaire  des  Andes  du 
Chili,  il  peut  être  cultivé  en 
serre  froide,  et  persister 
pendant  plusieurs  années. 

Mais  ce  qui  vaut  infiniment 
mieux,  c’est  de  le  cultiver 
comme  une  plante  annuelle 
d’automne.  Dans  ce  cas,  on  cultive  et  traite 
les  plantes  comme  on  le  fait  des  Scliizan- 
tlius,  des  Immortelles,  ou  de  toutes  les 
autres  es- 
pèces qui, 
semées  d’é- 
té et  repi- 
quées sous 
châssis  pour 
passer  l’hi- 
ver, se  trou- 
vent ((  à che- 
val sur  deux 
ans,  » com- 
me l’on  dit. 

LeMlmii- 
lus  cuivré, 
i)J.  cupreus 
(lig.  50) 
constitue 
des  petites 
tou  fies  qui, 
au  lieu  de 
monter,  s’étalent  sur  le  sol  et  forment  des 
tapis  rouge  orangé  du  plus  brillant  effet. 

Les  tleurs  sont  tellement  abondantes,  que 
le  sol  disparaît  complètement  pendant  envi- 


ron deux  mois  que  dure  la  floraison.  On 
peut  en  faire  des  bordures  ou  en  garnir  des 
massifs  qui,  par  l’uniformité 
des  plantes,  font  des  con- 
trastes magnifiques,  si  ces 
fleurs  sont  en  opposition 
avec  des  plantes  à fleurs 
blanches  ou  même  avec  des 
gazons. 

Un  autre  avantage  que 
présente  cette  espèce,  c’est 
de  pouvoir  croître  parfaite- 
ment dans  les  parties  peu  éclairées,  à mi- 
ombre.  Dan*  ces  conditions,  la  floraison  des 

lus  cuivré 
a produit 
bea'ocoup 
de  variétés, 
soit  à fleurs 
simples, 
."oit  <à  fleuîs 
doubles, 
qui  actuel- 
lement sont 
tout  à fait 
fixées.  Ain- 
si, dans  la 
race  dite 
hybride,  on 
trouve  le 
M.  cupreus 
hyhridus, 
le  M,  c.  ti~ 
grinus  (fig.  51),  le  U.c.  variegaius  (fig.52), 
le  M.  tigrinus  flore  pleno^  qui  tous  se 
reproduisent  parfaitement  par  graines. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  50.  — MimuUiÿ  cupreus. 


Fig.  51.  — Fleur  du  Mimulus 
ciipreus  iUjrinus. 


plantes  est  encore  prolongée. 


Fig.  52.  — Fleur  du  Mhmdus 
cupreus  variegatus. 


VARIÉTÉS  DE  L'EVONYMÜS  JAPONICUS 


.Fai  lu  avec  grande  attention  l’article  de  M. 
André,  sur  les  variétés  de  VEuonymus  Jciponi- 
cus.  Ce  sujet  m’intéresse  d’autant  plus  que  moi- 
méine  je  me  suis  livré  à des  recherches  pour 
véilfier  la  nomenclature  des  plantes  de  ce  genre 
cultivées  dans  notre  établissement,  et  ramener 
à une  dénomination  unique  les  variétés  sem- 
blables atlublées  de  noms  ditlérents.  J’avais 
renoncé  à cette  entreprise  en  présence  de  la 


multiplicité  et  de  la  divergence  de  notation  que 
je  rencontrais  partout  : il  semble  que  chacun 
n’ait  consulté  que  son  caprice  pour  nommer 
et  étiqueter  les  variétés  de  F'usains  assez 
nombreuses,  répandues  dans  les  cultures. 

Je  suis  heureux  de  m’appuyer  sur  un  docu- 
ment bien  établi  pour  poursuivre  cette  étude, 
et  je  viens  vous  faire  part  des  remanjues 
que  j’ai  faites  et  aussi  des  doutes  (jui  me 


VARIÉTÉS  DE  L’EVONYMUS  JAPONICUS. 


285 


restent  encore  après  la  lecture  de  cet  utile 
travail. 

Pour  la  clarté  de  ces  explications,  je  prends 
les  variétés  dans  le  même  ordre  qu’elles  occu- 
pent dans  la  Revue. 

Le  n»  1 ne  prête  à aucune  confusion,  si  tou- 
tefois l’on  n’est  pas  trop  méticuleux  sur  l’iden- 
tité de  la  plante  type  de  Thunberg. 

Le  n»  2 n’est-il  pas  une  variété  à port  com- 
pact, à ramifications  étroitement  dressées,  por- 
tant des  feuilles  non  seulement  « très-étroites,  » 
mais  encore  très-étroitement  pliées  en  gout- 
tière, dressées  contre  les  tiges  et  à limbe  irré- 
gulièrement contourné  ? 

La  précision  des  descriptions  est  absolument 
indispensable  pour  se  reconnaître  au  milieu  de 
variétés  assez  voisines  entre  elles  et  dépourvues 
de  ces  caractères  immuables  qui  permettent,  le 
plus  souvent,  de  différencier  en  quelques  mots 
les  espèces  d’un  même  genre. 

A côté  de  ce  n»  2,  je  demanderai  une  place 
pour  une  variété  que  je  cultive  et  qui  en  diffère 
surtout  par  sa  macule  « jaune  d’or  » et  non 
« jaune  pâle;  » ses  feuilles  seraient  aussi  plus 
allongées  et  plus  étroites  encore. 

Je  passe  len»  3 que  je  ne  suis  même  pas  sûr 
de  bien  connaître. 

Le  no  4 se  rapproche  du  n»  2,  si  la  plante  à 
laquelle  j’applique  la  description  de  la  Revue 
est  bien  celle  que  son  auteur  a en  vue,  j’ajou- 
terai les  caractères  suivants  à ceux  qui  lui  ont 
servi  à la  distinguer  : les  rameaux  sont  plus 
étalés  et  forment  une  plante  d’aspect  moins 
compact  et  moins  dressé,  plus  largement  pyra- 
midale à la  base  ; les  feuilles,  beaucoup  moins 
étroitement  en  gouttière,  et  moins  dressées 
contre  les  rameaux,  ont  leur  limbe  régulier  et 
nullement  contourné  ; cette  variété  est  la  moins 
constante  dans  sa  panacbure  de  toutes  celles 
que  nous  cultivons. 

No  5.  Nulle  observation. 

No  6.  La  plante,  à laquelle  j’applique  la  des- 
cription de  la  Revue,  présente  un  caractère 
qui  la  sépare  nettement  des  autres  variétés  que 
je  connais.  C’est  sa  végétation,  tout  aux  extré- 
mités et  qui  ne  lui  laisse  pas  le  temps  d’émet- 
tre des  ramifications.  Dans  nos  cultures,  nous 
pinçons  fréquemment  les  sujets  de  cette  jolie 
vai-iété,  pour  leur  donner  une  forme  correcte  ; 
les  racines  sont  aussi  très-traçantes,  la  plante 
s’élève  mal;  cependant  elle  réussit  bien  à la 
transplantation,  tout  en  perdant  presque  tou- 
jours ses  feuilles. 

No  7.  Il  m’est  impossible  de  distinguer  le 
n»  7 du  no  13.  Peut-être  n’ai-je  qu’une  seule 
de  ces  variétés. 

No  8.  Je  n’ai  pas  cette  plante  et  je  serais 
très-désireux  de  l’acquérir. 

No  9.  Nulle  observation. 

No  10.  Inconnu, 

^0  ii,  INuUe  observation, 


No  12.  J’ai  vu  à Grenoble  une  belle  et  large 
bordure  de  ce  Fusain  autour  d’un  massif  de 
plantes  vertes;  c’est  un  mode  d’emploi  recom- 
mandable et  auquel  la  végétation  déprimée  et 
divariquée  de  cette  variété  se  prête  tout  à fait 
bien,  sans  direction  et  sans  soin. 

No  13.  Voir  no  7. 

No  14.  Peut-on  vraiment  donner  le  rang  de 
variété  à un  simple  phénomène  tératologique 
accidentel. 

No  15.  Inconnu. 

No  16.  Ce  Fusain  est  la  plus  jolie  des 
variétés  panachées  ; sa  résistance  au  manque 
d’air  et  de  lumière  en  ferait  une  bonne  plante 
d’appartement.  Son  feuillage  résiste  également 
bien  à la  transplantation.  Une  remarque  utile 
à faire,  c’est  qu’il  vaut  mieux  greffer  que  bou- 
turer cette  variété  ; on  obtiendra  des  plantes 
bien  plus  vigoureuses  et  plus  faciles  à former. 

Nos  horticulteurs  lyonnais  donnent  encore, 
à ce  Fusain  le  nom  d'elegantissima,  recon- 
naissant ainsi  sa  suprématie  ornementale. 

Quant  à la  constance  de  la  panacbure,  j’ai 
en  ce  moment,  dans  mes  cultures,  des  exemples 
de  toutes  ces  variétés  ayant  produit  des  feuilles 
et  des  tiges  vertes,  en  proportions  bien  diffé- 
rentes, toutefois  ; les  panachures  marginées 
paraissent  beaucoup  plus  solides  que  les  pana- 
chures à macules  centrales  ou  à rayures  sim- 
ples. 

J’ajouterai  deux  variétés  à la  liste  publiée 
par  la  Revue  : 

loE.  J.  longifolius  fol.  var.  Plante  à végé- 
tation faible  et  dont  la  panacbure  reproduit 
exactement  le  n»  5 sur  des  feuilles  plus  petites. 

2o  E.  J.  prunifolius  (Siebold),  annoncé  dans 
ces  formes  pour  la  première  fois,  l’année  der- 
nière, dans  le  catalogue  de  la  maison  Simon- 
Louis  frères,  de  Metz  (1),  Cette  plante,  peu 
vigoureuse,  paraît  tenir  le  milieu  entre  les 
E.  Japonicus  et  E./ pulchellus,  quant  à la 
dimension  des  feuilles  du  moins,  car  sa  végé- 
tation la  rapproche  beaucoup  du  Japonicus. 

Je  suis  bien  persuadé  qu’il  existe  encore 
d’autres  formes  de  Fusains  du  Japon,  éparses 
dans  les  cultures.  Il  serait  à désirer  que 
chacun  comprît,  comme  l’a  fait  M.  André, 
l’utilité  de  grouper,  autour  du  travail  de 
M.  Scholtz,  pris  comme  base,  les  renseigne- 
ments qu’il  peut  fournir  et  les  observations  et 
remarques  qu’il  a pu  faire. 

Le  commerce  et  la  science  horticoles  y 
gagneraient.  . F.  Morel. 

(1)  Celte  année  encore,  le  même  établissement 
annonce,  sous  le  nom  dEvonymus  Miqueli  aii- 
rea  variegata  (Siebold),  une  plante  nouvelle  attri- 
buée à Siebold.  Qu’est-ce  que  cette  plante  et  à 
quel  groupe  faut-il  la  rattacher?  L’absence  de 
l’épithète  Japonicus  à la  suite  du  nom  de  genre 
semble  indiquér  une  espèce  nouvelle,...  ou  üp 
oubli, 


286 


DU  CLIMAT  ET  DE  LA  VÉGÉTATION. 


DU  CLIMAT  ET  DE  LA  VÉGÉTATION 


Une  opinion  généralement  admise  est  que, 
dans  un  pays  donné,  les  plantes  — on  pour- 
rait aussi  dire  les  animaux  et  même  les  miné- 
raux, c’est-à-dire  tous  les  corps  — sont  en 
rapport  avec  le  climat  de  ce  pays,  absolument 
comme  les  effets  le  sont  avec  leurs  causes. 
Gela  est  vrai  d’une  manière  générale.  Cepen- 
dant, chez  les  uns  comme  chez  les  autres,  il 
n’est  pas  rare  de  voir  des  exceptions.  Les  diffé- 
rences résultent  de  tempéraments  particuliers, 
conséquence  d’organisations  spéciales.  Ces  dif- 
férences, parfois  considérables,  viennent  donc 
détruire  cette  affirmation  : « que  toute  plante 
provenant  d’un  pays  chaud  exige  une  tempé- 
rature élevée  correspondant  à celle  qu’elle 
recevait  dans  son  pays,  » et  par  conséquent 
qu’une  plante  introduite  du  Maroc,  de  l’Éthio- 
pie, du  Soudan,  etc.,  transportée  dans  notre 
pays,  devra  être  cultivée  en  serre  chaude. 

Si  le  fait  est,  en  général,  relativement  vrai, 
on  voit  cependant,  on  ne  saurait  trop  le  répé- 
ter, par  des  exceptions  remarquables,  des 
exem})les  d’espèces  qui,  bien  qu’originaires  de 
pays  chauds,  semblent  s’accommoder  de  tem- 
pératures beaucoup  moins  élevées  que  celles 
qu’elles  trouvaient  dans  leur  pays  d’origine. 
C’est  une  question  d’organisation. 

A l’appui  de  nos  dires,  nous  allons  citer 
({uelques  exemples  qui  se  montrent  à Brest, 
climat  maritime,  c’est  .vrai,  mais  où  le  ther- 
jiiomètre,  l’hiver,  s’abaisse  néanmoins  jusqu’à- 
6 degrés  au-dessous  de  zéro.  Nous  devons  ces 
observations  à un  de  nos  collaborateurs  aussi 
observateur  que  compétent,  à M.  Blanchard, 
jardinier  en  chef  à l’hôpital  maritime  de  Brest. 
Voici,  relativement  à divers  renseignements  que 
nous  lui  avions  (l.miandés  sur  la  rusticité  de 
quelques  végétaux  exotiques,  ce  qu’il  nous  écri- 
vait le  7 avril  dernier  : 

Le  Richardia  Æthiopica,  originaire  de 
l’Afrique  centrale,  est  une  de  nos  belles 
plantes  vivaces  de  pleine  terre,  cultivée 
dans  tous  les  jardins  de  la  Basse-Bretagne  ; 
on  le  cultive  aussi  comme  plante  aquatique 
partout  où  il  existe  des  cours  d’eau  ; il 
marche  de  front  avec  V Aponogeton  dis- 
tachyus  et  le  Ngmphæa  alba.  Chez  M.  Le 
Bihari,  à l’Ermitage,-  près  Brest,  dans  une 
pièce  d’eau,  il  en  existe  des  touffes  qui  ont 
plus  de  2 mètres  de  diamètre.  D’après 
M.  Gentilhomme,  médecin  de  la  marine, 
c’est  une  des  plantes  les  plus  communes  à 
l’île  Sainte-Hélène,  où  on  la  rencontre  dans 
tous  les  marécages  de  cette  localité  mari- 


time, qui  n’est  pas  très-chaude.  B n’est  donc 
pas  étonnant  qu’elle  réussisse  bien  à Brest, 
dont  le  climat  a beaucoup  d’anologie  avec 
celui  de  cette  île. 

Le  Musa  Ensete,  ©riginaire  d’Abyssinie, 
a passé  l’biver  de  1879-80  en  pleine  terre, 
sans  couverture,  au  Jardin  botanique  et 
dans  plusieurs  jardins  d’amateurs  des  envi- 
rons de  Brest.  Il  va  sans  dire  que  toutes 
les  feuilles  ont  été  gelées  ; mais  il  a re- 
poussé vigoureusement  l’été  suivant  et  a 
succombé  depuis.  L’année  dernière  (1882), 
nous  en  avons  placé  un  dans  notre  école  de 
botanique,  et  il  a passé  l’hiver  sans  geler  ; 
il  commençait  à pousser  au  mois  de  mars 
dernier,  mais  il  a gelé  presque  jusqu’à  la 
souche  et  paraît  vouloir  repousser  : il  aura 
supporté  3 degrés  au-dessous  de  zéro.  Dans 
notre  pays,  si  on  prenait  le  soin  de  leur 
faire  une  ruche  en  paillassons,  on  pourrait 
les  sauver  presque  tous  les  ans.  Je  crois  que 
l’humidité  est  plus  nuisible  à cette  plante 
que  le  froid. 

Les  Hedychium  Gardnerianum  et  fla~ 
vescens,  des  Indes  orientales,  sont  aussi  des 
plantes  de  pleine  terre  chez  nous  : la  pre- 
mière espèce  y fleurit  très-bien  et  est 
même  plus  belle  qu’en  serre  ; la  deuxième 
montre  ses  boutons  et  gèle  toujours  avant 
l’épanouissement  de  ses  fleurs.  M.  Piriou 
nous  dit  aussi  qu’elle  est  très-commune  sur 
différents  points  élevés  de  l’île  Bourbon,  où 
elle  supporte  3 à 4 degrés  de  froid,  et  se 
trouve  pour  cette  raison  à Brest  dans  les 
mêmes  conditions  que  le  Richardia. 

Le  Cyperus  alternifolius,  originaire  de 
Madagascar,  est  aussi  une  assez  jolie  plante 
de  pleine  terre  à Brest,  et  ne  craint  point 
la  rigueur  de  nos  hivers  ; il  en  est  de 
même  de  V Aspidistra  lurida,  des  A'ga- 
panthes,  des  Tritoyna  et  d’autres  Liliacées 
et  Iridées  du  Gap,  qui  sont  de  serre  tem- 
pérée à Paris. 

Le  Bromelia  clandestina,  A.  Brgt. 
(Greigia  sphacelata),  est  la  seule  Bromé- 
liacée passant  l’hiver  à la  pleine  terre  que 
nous  ayons  rencontrée  jusqu’à  présent;  elle 
a parfaitement  traversé  l’hiver  1879-80  sans 
couverture,  et  a même  fleuri  après  les 
plus  grands  froids.  On  dit  aussi  que  quel- 
ques Puya  résistent  bien  aux  gelées  ; mais 


LES  VIGNES  ARABES. 


287 


n’en  ayant  jamais  vu,  je  ne  puis  rien  affir- 
mer à ce  sujet. 

Enfin,  les  plus  curieux  exemples  de  rus- 
ticité chez  les  végétaux  exotiques  de  con- 
trées chaudes  que  nous  avons  remarqués 
cette  année  nous  sont  fournis,  l’un  par  le 
Latania  borhonica,  que  nous  avons  arraché 
au  mois  d’octobre  dernier  ; son  tronc,  qui 
mesurait  8 mètres  de  hauteur  et  1"^  30  de 
circonférence  à 1 mètre  au-dessus  du  sol, 
a été  déposé  sur  deux  chantiers  de  bois  le 
long  d’un  mur  où  il  a supporté  toutes  les 
intempéries  de  l’hiver  ; il  est  aujourd’hui 
bien  portant  et  s’est  allongé  de  40  centi- 
mètres en  six  mois. 

Le  deuxième  exemple  nous  est  fourni 
par  une  branche  de  Scindapsus  fragrans 
(Amérique  méridionale),  de  1 mètre  de 
long,  qui  fut  coupée  au  mois  de  mai  1882 
pour  être  jetée.  M.  Pondaven  eut  l’idée  de 
la  placer  dans  un  bassin  situé  au  pied 
d’un  mur  exposé  au  midi,  où  coule  conti- 
nuellement de  l’eau  très-fraîche  ; non  seu- 
lement elle  conserva  ses  feuilles  en  très-bon 


état  pendant  toute  la  belle  saison,  mais  elle 
s’enracina  dans  la  vase  déposée  au  fond  du 
bassin.  Les  feuilles  gelèrent  à l’automne  ; 
mais  la  tige  se  conserva  intacte.  Le  bour- 
geon terminal  et  un  bouton  commençaient 
à paraître,  lorsque  les  gelées  du  mois  de 
mars  dernier  détruisirent  ces  derniers, 
sans  toutefois  endommager  le  reste  de  la 
tige,  de  sorte  qu’aujourd’bui  le  bourgeon 
terminal  recommence  à se  développer  et 
promet  une  assez  belle  pousse. 

J.  Blanchard. 

Ces  divers  exemples,  et  beaucoup  d’autres 
analogues  que  nous  pourrions  citer,  monti’ent 
nettement,  ainsi  que  nous  l’avons  dit  plus  haut, 
({lie,  dans  un  pays  très-chaud,  il  peut  naître 
des  plantes  avec  un  tempérament  robuste  qui 
leur  permet  de  croître  sous  un  climat  relative- 
ment froid,  d’où  il  résulte  que  le  lieu  d’origine 
n’indique  pas  d’une  manière  absolue  que  telle 
{liante  qui  en  provient  ne  pourrait  croître  dans 
des  conditions  plus  défavorables;  le  seul  cri- 
térium sérieux  est  l’expérience. 

E.-A.  Carrière. 


LES  VIGNES  ARABES 


La  question  des  Vignes  est  tellement  impor- 
tante, que  nous  considérons  comme  un  devoir 
de  publier  la  lettre  suivante,  d’après  la  Gazette 
du  village. 

Nous  recevons  de  M.  Chabas,  colon  à Roua- 
ched,  par  Milah  (Algérie)  l’intéressante  com- 
munication suivante  : 

Au  moment  où  le  phylloxéra  menace  de 
faire  disparaître  jusqu’aux  dernières  sou- 
ches de  nos  Vignes  de  France,  n’y  a-t-il  pas 
lieu  de  s’étonner  qu’avant  d’aller  chercher 
en  Amérique  des  plants  résistants,  il  ne 
soit  venu  à personne  l’idée  d’essayer  l’in- 
troduction des  Vignes  indigènes  de  notre 
colonie  africaine  ? 

La  Vigne  arabe  est  d’une  vigueur  incom- 
parable ; elle  vit  généralement  ici  à l’état 
sauvage  sur  le  bord  des  ravins  humides  et 
incubes,  elle  affectionne  les  fissures  des 
rochers  et  les  terrains  calcaires.  On  la  voit 
s’élancer  sur  les  arbres  qu’elle  rencontre, 
sur  les  ronces,  et  couronner  de  ses  beaux 
pampres  toutes  les  broussailles  qu’elle 
trouve  et  qui  couvrent  généralement  ces 
sortes  de  terres.  Dans  ces  conditions,  la 
Vigne  se  couvre  de  fruits  que  les  Arabes 
ramassent  et  vendent  aux  colons  qui  en 


font  un  vin  très-foncé,  assez  alcoolique  et 
de  bon  goût.  Une  de  ces  espèces,  appelée 
par  les  Arabes  Hasseroum,  a beaucoup 
d’analogie  avec  le  Temtwrier;  comme  celui- 
ci,  son  vin  est  noir  et  foncé,  et  il  pourrait  par 
conséquent  servir  à rehausser  la  couleur 
des  petits  vins  ; il  est  alcoolique,  d’un  goût 
franc  et  pourrait  rivaliser  dans  le  commerce 
avec  nos  meilleurs  vins  du  Midi. 

Ce  cépage  est  en  outre  d’une  prodigieuse 
fertilité,  car  il  n’est  pas  rare  de  voir  de 
ces  pieds  de  Vignes  produire  150  kilos  de  Rai- 
sins. J’ai  vu  un  propriétaire  peser  320  kilogr. 
de  Raisins  récoltés  sur  un  pied  qui  lui  a 
donné  2 hectolitres  d’excellent  vin  ; il  est 
vrai  de  dire  que  le  pied  mesurait  50  centi- 
mètres de  circonférence  et  que  l’Arabe  le 
plus  ancien  du  pays  l’avait  toujours  vu  de 
la  même  grosseur. 

Enfin,  comme  résistance,  ce  que  je  puis 
affirmer,  c’est  que  j’ai  porté  en  1875,  dans 
la  propriété  de  mon  père,  au  hameau  des 
Vignères,  à Gavaillon  (Vaucluse),  j’ai  porté, 
dis-je,  10  pieds  de  Hasseroum.  Je  les  ai  mis 
en  remplacement  des  manquants  dans  une 
Vigne  déjà  décimée  par  la  maladie.  Il  y a 
deux  ans,  c’était  en  1881,  ces  plants  étaient 


288 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS. 


splendides  de  vigueur  et  de  santé,  ils  éten- 
daient leurs  beaux  rameaux  sur  les  pieds 
morts  qui  leur  servaient  de  soutien  et  sous 
lesquels  ces  derniers  disparaissaient. 

A mon  avis,  le  succès  d’une  pareille 
Vigne  n’est  pas  douteux  ; et  je  ne  saurais 
trop  engager  les  viticulteurs  de  la  mère 
patrie  à essayer  leurs  nouvelles  plantations 
avec  les  Vignes  arabes.  Dans  tous  les 
cas,  on  sera  toujours  sûr  d’avoir  des 
plants  absolument  exempts  d’infection. 

Chabas. 

Plusieurs  faits  importants,  scientifiques  et 
pratiques,  se  dégagent  de  la  lettre  qui  précédé  : 
d’abord,  qu’il  existe  en  Afrique,  à l’état  sau- 
vage, des  Vignes  appartenant  au  groupe  des 
viiiifera,  et  qui,  abandonnées  à elles-inemes, 
s’élèvent  sur  les  arbres  et  se  chargent  de  Rai- 
sins, absolument  comme  cela  a lieu  en  France, 
en  Italie  et  partout  enfin  où  la  Vigne  se  ren- 
contre. Quant  à être  réfractaire  aux  maladies, 
à l’oïdium  ou  différentes  sortes  d’Erisiphé, 
ainsi  qu’au  phylloxéra,  le  fait  est  loin  d’être 
prouvé,  car  une  culture  de  six  années  sans 
qu’on  ait  observé  ces  affections  ne  démontre 
pas  que  cette  Vigne  doive  toujours  jouir  de  cette 


immunité.  N’oublions  pas  que  pendant  des 
siècles  nos  Vignes  aussi  étaient  indemmes,  et 
même  que,  aujourd’hui  encore,  il  existe  de 
nombreuses  localités  où  ces  divers  fléaux  sont 
inconnus. 

Toutefois,  et  en  attendant  que  le  temps  ait 
prononcé,  soumettons  à l’expérience  ces  Vignes 
africaines,  ce  que  nous  avons  d’autant  plus  de 
raison  de  faire  que,  même  à l’état  où  on  les 
prendra,  elles  donneront  déjà  de  beaux  pro- 
duits. 

Les  Vignes  sauvages  Hasseroum  sont  les 
analogues  de  celles  qu’on  rencontre  dans 
presque  tous  les  pays  où  le  climat  est  favo- 
rable à la  Vigne,  des  Embninches  par  exemple. 

Quant  à la  récolte  abondante  qu’on  peut  faire 
de  ces  Hasseroum,  elle  n’a  rien  qui  nous 
surprenne,  nous  en  avons  vu  souvent  d’ana- 
logues dans  une  région  qui,  pourtant  n’est 
pas  des  plus  favorable  à la  culture  de  la  Vigne; 
des  pieds  de  Gamay  croissent  librement  sur 
des  Pruniers  et  produisent  annuellement  une 
ou  même  deux  barriques  de  vin.  Il  est  vrai 
que  ce  vin  était  loin  d’être  d’une  qualité  extra, 
mais  cela  n’a  rien  d’étonnant,  étant  donnés  la 
nature  du  cépage  employé  ainsi  que  le  climat 
et  les  conditions  dans  lesquels  il  était  placé. 

E.-A.  Carrière. 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS 


Poire  Victoria  Williams.  — Nouveauté 
anglaise  vivement  recommandée  par  la 
presse  horticole  et  décrite  ainsi  par  le 
savant  docteur  Hogg  : « Fruit  assez  gros 
ou  gros,  turbiné,  à pédoncule  charnu,  jaune 
citron  taché  de  roux  cannelle;  chair  fine, 
très-tendre,  fondante,  beurrée,  très-ju- 
teuse, d’une  saveur  riche  et  finement  par- 
fumée ; de  toute  première  qualité.  Maturité 
fin  octobre.  » (O.  Thomas,  Guide  de 
Vamateur  de  fruits,  p.  112,  section  des 
nouveautés).  ' 

Cette  description  est  exacte  detous  points, 
ainsi  qu’on  va  le  voir  d’après  l’étude  que 
nous  avons  faite  de  fruits  authentiques. 

Fruit  conique,  très-régulièrement  atténué 
de  la  base  au  sommet,  où  est  placé  le 
pédoncule,  très-court,  relativement  gros, 
élargi  à la  -base,  brusquement  arrondie. 


d’au  moins  6 centimètres  dans  son  plus 
grand  diamètre  sur  environ  7 de  hau- 
teur. Cavité  ombilicale  régulièrement  et 
assez  profondément  évasée,  largement  ar- 
rondie ; œil  ouvert,  à divisions  étalées,  per- 
sistantes. Peau  jaune  citron,  non  colorée, 
rappelant  assez  celle  du  Beurré  aurore, 
marquée  de  taches  gris  roux  qui  en  s’éten- 
dant forment  des  plaques  plus  ou  moins 
larges,  surtout  vers  la  base  du  fruit.  Chair 
blanche,  légèrement  jaunâtre,  dense,  fine, 
fondante  et  presque  dépourvue  de  gra- 
nules; eau  très- abondante,  très-sucrée,  de 
saveur  fine  et  agréablement  parfumée. 
Loges  petites,  solidement  enfermées  dans 
le  tissu  de  l’axe  du  fruit  ; pépins  allongés, 
à testa  noir  luisant.  — Maturité  deuxième 
quinzaine  d’octobre. 

E.-A.  Carrière. 


X»Ê.  Georges  JftColî}-*  Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Ouragan  à Angers.  Un  violent  orage, 
accompagné  d’une  pluie  torrentielle,  s’est 
abattu  sur  Angers,  le  4 juin  au  soir. 

A quelques  kilomètres  d’Angers,  une 
trombe  de  grêle  s’est  formée  au-dessus  de 
la  Loire,  sur  la  commune  de  Trélazé.  Pous- 
sée par  le  vent  du  sud-est,  elle  a parcouru 
sur  une  largeur  d’environ  1,500  mètres 
les  communes  de  Saint-Barthélemy,  Saint- 
Sylvain,  Ecouflant,  Soulaire  et  Boury,  ra- 
vageant tout  sur  son  passage.  Les  récoltes 
sont  absolument  anéanties,  partout  où  le 
terrible  fléau  s’est  fait  sentir. 

Les  grêlons  avaient  la  grosseur  d’un  œuf 
de  pigeon  et  couvraient  la  terre,  dans  cer- 
tains endroits,  sur  une  épaisseur  de  20  cen- 
timètres. 

Le  6 juin,  c’est-à-dire  après  deux  jours 
de  séjour  sur  la  terre,  ils  encombraient 
encore  les  ruisseaux  dans  les  vallées  et  les 
bas-fonds,  où  le  vent  et  la  pluie  les  avaient 
entraînés.  Les  pépinières,  heureusement 
n’ont  pas  souffert. 

Les  fruits  à Montreuil  en  1883.  — 

Cette  qualification  : « Montreuil  aux  Pê- 
ches, T>  sera  pleinement  justifiée  cette  année. 
En  effet,  quelle  que  soit  leur  exposition, 
levant,  couchant,  midi,  les  Pêchers  sont 
tellement  chargés  de  fruits  qu’il  faut  faire 
fréquemment  la  visite  afin  de  pratiquer 
l’éclaircissage  au  fur  et  à mesure  du  besoin. 
Cette  opération  doit  être  faite  avec  quelques 
soins  qui  sont  consignés  dans  une  note  qu’on 
trouvera  plus  loin.  Mais  il  en  est  tout  autre- 
ment des  autres  sortes  de  fruits.  Poires, 
et  Prunes,  qui  font  à peu  près  complète- 
ment défaut,  et  qui,  après  de  belles  appa- 
rences, sont  rares,  et  cela  pour  presque 
toutes  les  variétés.  Les  Cerises  communes 
(de  Montmorency),  sans  être  abondantes, 
seront  moins  rares  que  les  Cerises  dites 
((  anglaises.  » Quant  aux  Pommes,  il  en 
tombe  beaucoup,  de  sorte  qu’il  est  égale- 
ment à craindre  que  la  récolte  soit  à 
peinemoyenne.  Sur  les  Vignes,  les  grappes* 
sont  généralement  peu  nombreuses;  il  en 
est  même  une  variété,  la  Madeleine,  par 
exemple,  sur  laquelle  il  n’y  a presque  pas  de 
grappes  ; les  Melliers  sont  dans  le  même  cas. 
Les  Chasselas  sont  aussi  très-peu  fournis.  En 

1er  Juillet  1883. 


est-il  de  même  ailleurs?  Oui,  aux  environs 
de  Paris,  pour  certaines  variétés  du  moins. 

Exposition  d’horticulture  à Lyon.  — 

Une  grande  exposition  d’horticulture  et  de 
viticulture  s’ouvrira  à Lyon,  .sur  le  Cours 
du  Midi,  le  20  septembre  prochain. 

La  société  d’horticulture  du  Rhône,  qui 
l’inaugure,  s’inspire  du  désir  de  montrer  au 
public  toutes  les  richesses  de  la  production 
lyonnaise,  de  favoriser  le  commerce  et  de 
contribuer  ainsi  au  progrès  de  la  culture  de 
la  région. 

C’est  la  seule  exposition  qu’il  y aura  cette 
année  dans  cette  ville;  aussi  la  Société 
invite-t-elle  tous  les  producteurs  à y prendre 
la  plus  large  part  possible. 

La  même  invitation  est  faite  à tous  les 
horticulteurs  et  viticulteurs  des  autres  ré- 
gions, et  leurs  produits  seront  très-bien 
reçus  et  admis  à concourir. 

Des  exemplaires  du  programme  sont  dé- 
posés à Lyon,  chez  le  concierge  du  Palais 
des  Arts. 

Les  demandes  d’emplacements  devront 
être  adressées  au  secrétaire  de  la  Société 
d’horticulture  du  Rhône,  au  Palais  des 
Arts,  avant  le  10  septembre  prochain. 

Le  jury,  qui  se  composera  de  quinze 
membres,  se  réunira  au  local  de  l'exposi- 
tion le  19  septembre,  à onze  heures  du 
matin. 

Société  nationale  et  centrale  d’hor-. 
ticulture  de  France.  — Dans  sa  séance 
du  14  juin,  notre  grande  société  a élu 
comme  secrétaire  général,  et  en  remplace- 
ment de  M.  Duvivier,  décédé,  M.  A.  Bleu, 
l’horliculteur-amateur  connu  de  tous,  qui 
a poussé  si  loin,  en  lui  conservant  un  carac- 
tère tout  français,  la  production  de  certaines 
plantes,  notamment  des  Caladium.  M.  Bleu 
ne  compte  que  des  sympathies  dans  le 
monde  horticole  ; aussi  sa  nomination  a-t- 
elle  été  chaleureusement  accueillie. 

Dans  la  même  réunion,  il  a été  décidé 
que,  dès  à présent,  la  Société  prendrait  le 
nom  de  Société  nationale  d’horticulture 
de  France,  tout  en  faisant  des  réserves  au 
sujet  du  qualificatif  centrale,  pour  le  cas 
où  elle  jugerait  à propos  de  le  reprendre. 

13 


290 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Conférences  agricoles.  — M.  Georges 
Ville,  professeur-administrateur  au  Muséum 
d’histoire  naturelle,  fera,  sur  le  champ 
d’expériences  de  Vincennes,  six  confé- 
rences consacrées  à l’exposition  des  appli- 
cations les  plus  récentes  de  la  science  aux 
intérêts  agricoles.  Ges  expériences  ont 
également  leurs  applications  tout  indiquées 
dans  la  pratique  de  l’horticulture,  et  nous 
conseillons  à nos  lecteurs  d’y  assister. 

Les  conférences  auront  lieu  les  diman- 
ches 17  et  24  juin,  l®»",  8,  15  et  22  juillet, 
à 2 heures. 

Exposition  internationale  d’horti- 
culture de  Lille.  — Du  samedi  1er  au 
9 septembre  1883,  le  Cercle  horticole  du 
Nord,  avec  le  concours  de  la  ville  de  Lille, 
fera  dans  cette  ville,  au  palais  Rameau,  une 
exposition  internationale  d’horticulture  à 
laquelle  sont  conviés  tous  les  horticulteurs 
et  amateurs  français  et  étrangers.  Outre  les 
produits  horticoles  proprement  dits,  on  ad- 
mettra tous  ceux  qui  se  rattachent  à l’hor- 
ticulture : arts  et  industries  divers,  matériel 
et  outillage  horticoles,  etc.,  en  un  mot  tout 
ce  qui  sert  soit  au  travail  soit  à la  décoration. 

Les  concours  prévus,  au  nombre  de  185, 
se  répartissent  dans  les  cinq  sections  sui- 
vantes : Première  section,  Plantes  de  serre 
et  de  plein  air.  — Deuxième  section. 
Fleurs  coupées  et  bouquets.  — Troisième 
section.  Fruits.  — Quatrième  section,  Lé- 
guynes.  — Cinquième  section.  Arts  et  in- 
dustries horticoles. 

Les  personnes  qui  désirent  exposer  de- 
vront en  faire  la  demande  au  secrétaire  de 
,1a  commission  organisatrice,  M.  A.  Gavelier, 
Grande-Place,  10,  avant  le  15  août,  en  in- 
diquant les  objets  qu’elles  se  proposent 
d’exposer  et  approximativement  l’emplace- 
ment qu’elles  jugeront  devoir  leur  être  né- 
cessaire. 

Le  jury  se  réunira  le  vendredi  31  août,  à 
11  heures  précises  du  matin,  au  local  du 
Cercle  horticole  du  Nord,  10,  Grande- 
Place,  à Lille. 

Expositions  prochaines.  — Dans  les 
premiers  jours  de  juillet  prochain  s’ouvrira 
à Erfurt,  une  exposition  spéciale  de  Pvoses, 
pendant  le  cours  de  laquelle  se  tiendra, 
dans  la  même  ville,  un  concours  de  rosié- 
ristes. 

A.  Dresde,  une  grande  exposition  horticole 
aura  lieu  du  11  au  19  août. 


Le  Prix  des  Orchidées  en  Angleterre. 

— A une  vente  qui  a eu  lieu  récemment  à 
Londres,  certains  exemplaires  d’Orchidées 
ont  atteint  des  prix  qu’il  est  bon  de  mettre 
sous  les  yeux  des  amateurs  de  ces  plantes  : 

Cattleya  Trianœ  Dodgsoni,  4,902  f.  50. 

Lœlia  anceps  Daiosoni,  2,835  fr.  50. 

Cattleya  exoniensis,  1,484  fr.  ; une  pe- 
tite plante,  meme  espèce,  1,325  fr. 

Cattleya  Trianœ  Osmani,  5,697  fr.  50. 

Dendrohiuyn  Answorthi,  1,749  fr. 

Ces  chiffres,  qui  paraissent  excessifs, 
s’expliquent  facilement  quand  on  connaît 
le  goût  que  les  riches  propriétaires  anglais 
ont  pour  les  plantes  rares  ou  nouvelles. 

Aucun  luxe  n’est  plus  louable  ; et  l’on 
comprend  qu’avec  de  tels  enthousiasmes, 
l’horticulture  ait  fait  en  Angleterre  des  pro- 
grès rapides  et  considérables. 

Impatiens  Sultani.  — Nous  ayons  der- 
nièrement parlé  (1)  de  cette  jolie  plante, 
originaire  de  Zanzibar. 

On  admirait  récemment,  à l’Expositionde 
South  Kensington,  à Londres,  un  remar- 
quable exemplaire  qui  avait  été  envoyé  par 
MM.  Jackson,  de  Kingston. 

Il  mesurait  1 mètre  environ  de  dia- 
mètre, avait  une  forme  arrondie  parfaite  et 
était  littéralement  couvert  de  fleurs  d’un 
rouge  magenta  brillant,  rivalisant  en  richesse 
de  ton  avec  le  Masdevallia  Harryana. 

Cette  plante  n’était  âgée  que  de  huit  mois, 
et  sa  belle  culture  faisait  honneur  à M.  Put- 
tick,qui,  en  aussi  peu  de  temps,  avait  réussi 
à l’amener  à cet  état  de  développement, 
tout  en  lui  faisant  acquérir  une  complète 
perfection  de  forme. 

Vexations  exercées  au  nom  de  la 
Convention  de  Berne.  — Il  serait  inté- 
ressant de  réunir  et  de  publier  les  abus  de 
toute  nature  qui  ont  été  commis  sans 
aucune  raison,  les  dommages  souvent  con- 
sidérables qui  ont  été  causés,  enfin  les 
mesures  vexatoires  et  ridicules  qui  ont  été 
prises  de  tous  côtés,  pour  résister  au  Phyl- 
loxéra, qui  n’en  a pas  retardé  d’une  minute 
sa  marche  envahissante.  La  Revue  de 
Vhorticulture  belge  raconte  à ce  sujet  une 
histoire  assez  intéressante  : 

A son  récent  voyage  en  Italie,  la  prin- 
cesse impériale  d’Allemagne  avait  reçu  une 
certaine  quantité  de  bouquets  et  de  guir- 

(1)  Voir  Eeinœ  horticole,  p.  70. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


291 


landes.  Entre  Trente  et  Venise, notamment, 
la  princesse  avait  presque  empli  sa  voiture 
de  fleurs  ; mais  à la  frontière  italienne,  les 
douaniers,  après  les  avoir  confisquées,  les 
déchirèrent  et  les  lancèrent  à tous  les  vents 
en  .présence  même  de  la  princesse. 

Ce  journal  ajoute  plaisamment  qu’il  est 
aussi  absurde,  pour  empêcherl  introduction 
du  Phylloxéra,  de  prohiber  la  circulation 
des  fleurs,  qu’il  le  serait  de  défendre  l’im- 
portation de  la  glace,  dans  la  crainte  d’accli- 
mater les  ours  blancs. 

Nous  avons  été  témoin,  à Vintimille, 
frontière  italienne  sur  da  Méditerranée,  de 
prohibitions  aussi  grotesques.  Des  doua- 
niers trop  zélés  jetaient  brutalement  de- 
hors des  bouquets  portés  à la  main  par 
des  dames;  plusieurs  gentlemens  anglais  se 
virent  arracher  une  fleur  qu’ils  avaient  à la 
boutonnière  ; on  pria  impoliment  un  mon- 
sieur de  jeter  une  Orange  qu’il  portait  à la 
main  ou  de  la  manger  immédiatement  sur 
le  territoire  français;  enfin,  une  canne 
de  Bambou  noir,  que  nous  portions  à la 
main,  fut  examinée  longuement,  et  il  fut  sé- 
rieusement question  de  l’empêcher  de  fran- 
chir la  ligne  fatidique. 

Pendant  ce  temps-là,  le  Phylloxéra  conti- 
nuait à s’étendre  sur  le  territoire  italien 
aussi  tranquillement  qu’en  France  ! 

Affinités  des  genres  Garrya  et  Au- 
cuba.  — On  sait  que,  dans  le  Généra  plan- 
tarum,  MM.  Bentham  et  Hooker  ont  classé 
les  Garrya  auprès  des  Aucuha.  Cette  déter- 
mination vient  de  recevoir  accidentellement 
sa  consécration. 

Un  jardinier-multiplicateur  de  MM.  Veitch 
ayant  essayé,  sur  un  sujet  à'Aucuha,  la 
greffe  d’un  Garrya  elliptica,  l’opération  a 
parfaitement  réus.si,  et  la  jeune  plante  se 
développe  dans  les  meilleures  conditions. 
Mais  ce  que  les  journaux  anglais  ne  disent 
pas,  en  relatant  ce  fait,  c’est  que  la  même 
expérience  a été  faite,  avec  plein  succès,  il 
y a plus  de  vingt  ans^  par  M.  E.-A.  Car- 
rière, alors  chef  des  Pépinières  du  Muséum. 
La  Revue  horticole  en  a rapporté  les  résul- 
tats en  1859,  p.  202  et  1865,  p.  238,  avec 
des  détails  circonstanciés  sur  la  manière 
dont  se  comportaient  les  plantes  ainsi 
greffées. 

Rétablissement  de  la  turgescence 
des  fleurs  fanées.  — Lorsque,  pour  une 


raison  quelconque,  on  reçoit  des  fleurs  dans 
un  mauvais  état  de  conservation,  fatiguées, 
fanées,  on  peut  bien  souvent  leur  rendre 
leur  fraîcheur.  B suffit  de  tremper  dans  1 eau 
bouillante  l’extrémité  inférieure  du  pédon- 
cule. Les  fleurs  se  redressent  bientôt.  Il  ne 
reste  plus  ensuite  qu’à  couper  la  partie  du 
pédoncule  qui  a trempé  dans  l’eau; bouil- 
lante et  à mettre  les  fleurs,  ainsi  rafraî- 
chies, dans  de  l’ean  tiède. 

I 

Aphyllantkjes  Monspeliensis.  — Un 

^ collaborateuv  de  la  Revue  horticole , 

5 M.  de  Cor/ievron,  de  Langres,  nous  écrit: 

Je  Crois  rendre  service  aux  horticulteurs  en 
leur  signalant  une  très-jolie  petite  j)lante  qui 
n’est  pas  cultivée,  que  je  sache,  et  qui  pourrait 
être  avantageusement  utilisée,  soit  en  contre- 
bordures,  soit  pour  rornerhentation  des  petits 
massifs. 

Je  veux  parler  de  YAphijllanthes  ^Monspe- 
’iliensis^  charmante  Liliacée  aux  fleurs  rni- 
i gnonnes,  d’un  bleu  délicieux  et  qu’on  trouve 
i en  abondance  sur  les  pelouses  sèches  du  Midi- 

Dans  cette  région  de  la  France,  cette  fleur 
paraîtrait  trop  commune  pour  être  introduite 
dans  les  jardins,  puisqu’il  est  admis  qu’on  aime 
"surtout  ce  qu’on  n’a  pas  ou  ce  qu’on  ne  peut 
posséder  sans  difficulté.  Mais  dans  le  Nord  et 
(dans  l’Est  où  on  ne  la  trouve  pas  à l’état  spon- 
tané et  où  .elle  n’est  pas  connue,  je  suis  per- 
suade (qu’éle  serait  très -appréciée  surtout  par 
les  amateurs  de  fleurs' bleues, 

Les  bulbes  dont  elle  est  pourvue  étant  re- 
couverts de  terre,  je  cî'oîs  qu’elle  résisterait 
Iden  au  froid  de  nos  hivers  et  qu’on  pourrait  Iq 
; cultiver  comme  plante  vivace  de  plejpe  terre. 

Nous  appuyons  fortement 'l’opinion  de 
M.  de  Confevron,  et  nul  doute  pour  nous 
que  cette  espèce,  qui  n’est  décrite  dans 
aucun  ouvrage  de  jardinage,  ne  puisse,  par 
ses  jolies  fleurs  bleues,  trouver  son  emploi 
dans  l’ornementation. 

Conservation  des  tuteurs  et  poteaux. 

— U Obstgarten  indique  pour  la  conserva- 
tion des  bois  dont  une  partie  doit-être 
enterrée,  la  composition  suivante  : 

Faire  bouillir  dans  un  chaudron  15  kilo- 
grammes de  goudron  de  gaz,  10  kilo- 
grammes de  résine  d’Amérique,  3 kilo- 
grammes 1/2  de  graisse  ordinairé,  jusqu’à 
ce  que  le  mélangé  soit  bien  liquide.  On 
ajoute  alors  2 kilogrammes  dé.  plâtre,  brûlé 
et  2 kilogrammes,  de  craie. 

Quand  cette  composition  ’es^^  bien  mé-. 


202 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


langée,  on  y trempe  la  partie  des  tuteurs, 
piquets,  etc.,  qui  doit  être  enterrée,  et  on 
roule  ces  piquets,  avant  que  la  préparation 
ne  soit  devenue  sèche,  dans  du  sable,  qui 
forme  corps  avec  elle  et  en  augmente  la 
résistance.  Avec  les  quantités  que  nous 
venons  d’indiquer,  on  peut  enduire  environ 
1,000  tuteurs.  Le  prix  de  revient  est  de  6 fr. 
Il  est  bien  entendu  que  l’on  peut  modifier 
ces  quantités  en  plus  oa  en  moins,  mais  en 
conservant  leurs  proportions  relatives. 

Emploi  du  Lamium  ma.culatum  au- 
reum.  — On  sait  quelle  immense  quantité 
de  Pyrethrum  Parthenium  aiireum  est 
utilisée  chaque  année  pour  la  Confection  des 
corbeilles,  plates-bandes  et  bordures  di- 
verses en  mosaïculture. 

On  emploie  aussi  en  Angleterre,  pour  le 
même  usage,  le  Lamium  maculatum 
aureumj  qui  se  multiplie  très-facilement, 
soit  par  boutures,  à l’automne,  soit  par 
divisions  de  touffes,  au  printemps,  soit 
enfin  par  la  voie  du  semis. 

Ce  Lamium  présente  tous  les  avantages 
du  Pyrethrum  et  peut,  au  besoin,  le  rem- 
placer. De  plus,  il  a l’avantage  d’être  beau- 
coup plus  rustique. 

Exposition  d’horticulture  à Nic,e.  — 

La  ville  de  Nice  ouvrira  celte  année,  à l’oc- 
casion du  concours  agricole,  une  exposition 
d’horticulture  qui  durera  du  19  au  23  no- 
vembre. 

Le  premier  jour,  19,  concourront  les 
arbustes,  plantes  fleuries  et  fleurs  coupées  ; 
le  21,  les  bouquets  divers  en  fleurs  natu- 
relles ; le  23,  les  corbeilles  de  table,  jardi- 
nières, guirlandes,  couronnes,  coiffures  de 
bal,  bouquets  de  boutonnières,  etc. 

Les  demandes  doivent  être  adressées  au 
secrétariat  de  la  Société,  avenue  de  la  Gare, 
no  32,  avant  le  5 octobre. 

Anthurium  splendidum.  — Le  monde 
horticole  s’occupe  beaucoup,  et  à juste 
titre,  de  cette  belle  plante,  introduite  et 
mise  tout  récemment  au  commerce,  par 
M.  W.  Bull,  qui  la  décrit  ainsi  : « V Anthu- 
rium splendidum,  originaire  de  l’Amé- 
rique du  Sud,  est  une  plante  de  serre 
chaude.  Il  est  tout  à fait  distinct  de  tous  les 
autres  Anthurium  actuellement  cultivés. 
La  surface  de  ses  feuilles  surtout  est  très- 
remarquable.  Sa  tige  est  courte  et  grosse. 


ses  feuilles  sont  cordiformes,  à sinus 
ouvert,  au-dessus  duquel  les  deux  lobes  se 
rejoignent.  Le  long  des  nervures  se  voit 
une  large  bande  d’un  vert  velouté  foncé, 
brillant;  les  espaces  intermédiaires  sont, 
au  contraire,  d’un  vert  pâle,  légèrement 
nuancé  de  jaune,  ce  qui  produit  un  élégant 
contraste.  La  surface  des  feuilles  est  ru- 
gueuse et  les  parties  comprises  entre  les 
nervures  sont  fortement  bullées  ou  gau- 
frées, formant  ainsi  une  multitude  d’((  am- 
poules » de  formes  irrégulières.  Les  veines, 
à la  surface  inférieure  des  feuilles,  sont 
angulaires  et  portent,  de  place  en  place, 
des  aspérités  en  forme  de  dents  ; toute  cette 
face  des  feuilles  est  marquée  de  points 
blanchâtres.  » 

Cette  courte  description,  que  l’on  peut 
considérer  comme  très-exacte,  promet  un 
brillant  avemrkV Anthurium  splendidum, 
et  les  grandes  dimensions  qu’acquièrent  ses 
feuilles  en  feront  une  plante  très-'ornemen- 
tale.  D’ailleurs,  la  plante  a été  admirée 
à l’exposition  de  Gand  et  même  à Paris, 
tout  dernièrement  ; avant  peu,  des  exem- 
plaires de  bonne  force  permettront  d’en 
apprécier  toute  la  beauté. 

Patrie  des  Cattleyas.  — Dans  une  rela- 
tion très-intéressante  qu’il  vient  de  publier 
dans  V Orchidophüe,  M.  J.  B.  Roezl  établit 
que,  dans  l’Amérique  du  Sud,  les  Cattleyas 
se  sont  partagé  le  territoire,  qu’ils  s’y  sont 
localisés,  et  que,  si  dans  une  région  quel- 
conque, on  rencontre  une  espèce,  on  est  sûr 
qu’il  faudra  franchir  une  assez  grande  dis- 
tance avant  de  rencontrer  une  autre  espèce 
ou  variété. 

A ce  propos,  le  Gard.en  fait  remarquer 
qu’il  serait  très-intéressant  de  savoir  si, 
dans  les  mêmes  contrées,  les  insectes  sont 
répartis  et  divisés  par  espèces,  dans  des 
conditions  analogues  ; et  de  plus,  pourquoi 
les  Cattleyas  sont  ainsi  séparés  les  uns  des 
autres,  tandis  que,  dans  ces  régions,  et  sur 
des  territoires  relativement  peu  étendus, 
plus  de  cent  espèces  d’Orchidées  croissent 
les  unes  au  milieu  des  autres. 

Congrès  de  Pomologie.  — La  Société 
pomologique  de  France  tiendra,  cette  année, 
un  congrès  à Genève.  Nous  en  indiquerons 
ultérieurement  la  date. 

La  Société  des  pomologues  allemands  se 
réunira  à Hambourg  pour  sa  session  de  1883. 


CHRONIQUE 

Les  Gardénias  en  Angleterre.  — Le 

Journal  of  Horticulture  donne  les  ren- 
seignements suivants  sur  la  culture  des 
Gardénia  chez  d’habiles  spécialistes  an- 
glais, MM.  Roberts  frères  et  Arnold,  à East 
Grinstead. 

Une  des  serres  où  ces  jolies  plantes  aux 
fleurs  si  recherchées  en  hiver  sont  culti- 
vées, mesure  environ  35  mètres  de  lon- 
gueur sur  12  de  largeur.  Elle  est  partagée 
en  deux  divisions,  dont  la  première  contient 
vingt-huit  plantes  seulement,  qui  mesurent 
en  moyenne  7"^  50  de  circonférence  et  ont 
près  de  2 mètres  de  hauteur. 

Ces  plantes  sont  livrées  à la  pleine  terre 
depuis  octobre  1881 . 

Dans  la  seconde  division,  on  voit  vingt- 
cinq  plantes,  un  peu  moins  fortes,  mais 
tout  aussi  vigoureuses  et  florifères. 

On  se  fera  facilement  une  idée  de  la 
beauté  de  ces  cinquante-quatre  plantes,  qui 
disparaissent  à certaines  époques  sous  leur 
magnifique  parure  blanche,  quand  on  aura 
appris  que  du  24  mars  au  3 mai  dernier, 
c’est-à-dire  en  quarante-un  jours,  elles 
ont  produit,  pour  la  vente,  16,284  fleurs  ! 

Plantes  égyptiennes  de  l’antiquité. 

— Dans  une  des  dernières  réunions  de  la 
Société  Royale  de  Londres,  sir  Joseph 
Hooker  a présenté  des  spécimens  remar- 
quablement intéressants  de  plantes  trouvées 
à côté  de  momies  dans  des  sarcophages 
datant  du  règne  de  Rhamsès  Rr. 

Ces  plantes,  envoyées  par  le  docteur 
Schweinfurth,  ont  été  recueillies  dans  des 
fouilles  récemment  faites  à Thèbes. 

Les  guirlandes  sont  principalement  com- 
posées avec  des  feuilles  de  Mimusops 
Schimperi,  des  pétales  de  Nymphœa  cœru- 
lea  et  de  Lotus,  assemblés  avec  des  fibres 
de  Phoenix.  On  a paitaitement  reconnu 
aussi  des  feuilles  de  Salix  Safraf ; des 
gousses  et  des  fleurs  à’ Acacia  Nilotica  ; les 
Seshania  œgyptiaca,  Carthamus  tincto- 
rius,  et  des  pétales  d’Alcea  filicifolia. 

Il  est  curieux  de  constater  que  ces 
espèces  appartiennent  encore  à la  flore  ac- 
tuelle de  l’Égypte,  où  elles  se  sont  mainte- 
nues, dans  leur  pureté  spécifique,  depuis 
des  milliers  d’années. 

Destruction  de  l’herbe  dans  les  al- 
lées. — Plusieurs  de  nos  lecteurs  nous 
ayant  consulté  à ce  sujet,  nous  leur  trans- 


HORTICOLE.  293 

mettons  une  indication,  qui  nous  est  recom- 
mandée, et  qui  nous  semble  pratique  : 

Un  arrosage  fait  avec  de  l’eau  de  lessive 
provenant  d’une  fabrique  de  savon.  Si  l’on 
ne  pouvait  se  procurer  ce  produit,  rappe- 
lons l’usage,  usité  en  Allemagne,  de  l’acide 
sulfurique  très-étendu  d’eau. 

Nécrologie  : M.  Bocquillon.  — M.  le 
docteur  Henri  Rocquillon,  professeur  agrégé 
d’histoire  naturelle  à la  Faculté  de  médecine 
de  Paris,  vient  de  mourir,  frappé  d’une 
attaque  d’apoplexie  foudroyante.  Il  était 
âgé  de  quarante-huit  ans  seulement.  Il 
laisse  des  travaux  importants,  notamment 
des  études  sur  les  genres  Oftia^  Oxera, 
Amethystea  et  surtout  un  Manuel  d'his- 
toire naturelle  médicale. 

M.  Charpeyitier . — Le  doyen  des  jardi-  ' 
niers  français,  M.  Charpentier,  jardinier  en 
chef  du  palais  de  Trianon,  à Versailles,  est 
décédé  le  10  juin  1883,  dans  sa  quatre- 
vingt-septième  année. 

D’une  force  et  d’une  énergie  rares,  il  ne 
s’était  jamais  arrêté,  et  il  est  mort  sur  la 
brèche.  C’était  un  praticien  éclairé,  et  l’état 
dans  lequel  il  laisse  l’immense  domaine 
confié  à ses  soins  pendant  un  nombre  con- 
sidérable d’années  est  la  meilleure  preuve 
que  l’on  puisse  donner  de  ses  connaissances 
jardiniques. 

M.  Charpentier  était  chevalier  de  la 
Légion-d’Honneur  et  décoré  de  la  médaille 
de  Sainte- Hélène  qui,  à celte  heure,  ne 
compte  plus  qu’un  nombre  très-petit  de 
titulaires. 

Erratum  couceruant  les  bassinages 
chimiques.  — Dans  la  note  que  nous 
avons  publiée  récemment  (Ur  juin,  p.  244), 
relative  aux  bassinages  chimiques  de 
M.  Ant.  Caillaud,  horticulteur  à Nice,  on 
a,  par  erreur,  indiqué  que  la  préparation 
devait  être  employée  dans  la  proportion  de 
un  vingtième,  c’est-à-dire  un  litre  de  subs- 
tance préparée  pour  20  litres  d’eau.  Notre 
collègue,  M.  Boucharlat  aîné,  de  Lyon,  qui 
nous  avait  envoyé  une  note  sur  l’emploi  de 
cette  substance  en  nous  faisant  connaître 
les  bons  résultats  qu’il  en  avait  obtenus, 
nous  prie  de  rectifier  les  chiffres  que  nous 
avons  indiqués,  ce  que  nous  nous  em- 
pressons de  faire.  Au  lieu  de  20  litres  d’eau 
pour  1 litre  de  préparation  ainsi  que  cela  a 
été  écrit,  c’est  lûe  litres  d’eau  qu’il  faut 


294 


GREFFAGE  TREYVE  DU  NOYER. 


mettre,  ce  qui  est  bien  différent.  Cette  rec- 
tification faite,  M.  Boucharlat  maintient  en- 
tièrement ses  dires  relativement  aux  résul- 


tats qu’il  a obtenus  et  qu’il  a précédemment 
indiqués. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


GREFFAGE  TREYVE  DU  NOYER 


La  culture  du  Noyer  est  tellement  impor- 
tante, que  de  tout  temps  elle  a particulière- 
ment attiré  rattention.  En  effet,  c’est  une  ces 
questions  économiques  d’intérêt  général  qui  se 
rattachent  à la  fois  à l’horticulture,  à l’agri- 
culture et  à l’industrie  ; à la  première  et  à la 
seconde,  par  ses  fruits,  qui  entrent  directe- 
ment dans  l’alimentation;  à l’industrie,  par  les 
produits  oléagineux  qu’ils  produisent. 

Jusqu’à  ce  jour,  cependant,  et  malgré  toutes 
les  tentatives  qui  avaient  été  faites,  le  greffage 
des  Noyers  était  rarement  suivi  de  succès; 
chose  d’autant  plus  regrettable  ([u’on  était 
obligé  de  recourir  aux  semis  qui,  s’ils  })euvcnt 
produire  des  variétés  méritantes,  en  donnent 
aussi  très-fréquemment  de  valeur  très-mé- 
diocre. 

Cette  difficulté  avait  surtout  l’inconvénient 
de  ne  pouvoir  multiplier  ou  de  ne  multiplier  que 
difhcilement  un  très-petit  nombre  des  variétés 
méritantes  à des  titres  divers,  soit  pour  leurs 
fruits,  soit  aussi  pour  leur  tardiveté  à fleurir. 
Sous  ce  dernier  ra])})ort,  on  connaît  des  parti- 
cularités très-remarquables;  par  exemple,  cer- 
taines variétés  qui  ne  feuillent  et  ne  lleu- 
rissent  ([u’en  juin  et  qui,  jiar  ce  fait,  sont 
toujours  à l’abri  des  gelées  tardives,  qui  atta- 
quent et  détruisent  si  souvent  la  récolte  des 
Noyers. 

Au  nombre  de  ces  variétés  qui,  tardives  par 
leur  floraison,  n’en  sont  pas  moins  hâtives  à 
mûrir  leurs  fruits,  se  trouvent  toutes  celles  que, 
d’une  manière  générale,  on  nomme  a Noyers 
de  la  Saint-Jean,  » dénomination  due  à leur 
tloraison  tardive.  Notons,  toutefois,  que  toutes 
les  variétés  qui  possèdent  cette  double  pro- 
jiriété,  d’être,  tardives  et  hâtives,  ne  sont  pour- 
tant pas  toutes  également  méritantes  ; on  devra 
donc  choisir  celles  qui  réunissent  le  plus  d’a- 
vantages. 

Ainsi  qu’on  peut  le  voir  d’après  ces  quel- 
ques observations,  il  existait  donc,  dans  la 
multiplication  des  Noyers,  une  profonde  et 
regrettable  lacune.  Eh  bien  ! nous  sommes 
heureux  d’annoncer  que  cette  lacune  vient 
d’être  comblée  par  l’un  de  nos  éminents  collè- 
gues, NI.  Treyve  père,  horticulteur  à Trévoux 
C\in).  Cette  bonne  nouvelle  vient  de  nous  être 
annoncée  par  notre  collaborateur,  M.  Gusin, 
secrétaire  général  de  la  commission  nationale 
et  centrale  de  Pomologie  de  la  France,  et  qui, 
le  8 juin  dernier,  nous  faisait  parvenir  le  docu- 
ment suivant  : 


Extrait  d’un  rapport  fait  le  2 juin  1883, 
à la  suite  d’une  visite  de  commission 
dans  V établissement  de  M.  Treyve,  à 
Trévoux. 

Depuis  longtemps,  M.  Treyve  cherchait, 
pour  les  Noyers,  un  mode  de  greffage  facile 
et  dont  la  réussite  assurée  permît  de 
répandre  partout  les  Noyers  greffés  et  à 
végétation  tardive.  Déjà  son  ami,  M.  Marie^ 
de  Moulins,  avait  bien  obtenu  quelque 
succès  en  ce  genre  de  multiplication  ; mais 
M.  Treyve  ne  trouvait  pas  ce  résultat  suffi- 
sant pour  un  but  aussi  important  à attein- 
dre, que  celui  de  concourir  puissamment  à 
étendre  cette  branche  de  l’alimentation 
publique.  Le  succès  complet  a couronné  la 
patience  et  la  sagacité  de  ce  chercheur  et, 
dès  , l’année  dernière,  sa  conviction  était 
formée. 

Voici  comment  l’examen  s’est  opéré  : 
M.  Treyve  a d’abord  montré  à la  commis- 
sion une  centaine  de  Noyers,  greffés  en 
1882  ; ils  étaient  en  pleine  terre  et  d’un 
aspect  vigoureux.  Ensuite,  il  l’a  conduite 
dans  sa  serre  à multiplication;  là  elle  s’est 
trouvée  en  présence  d’un  millier  de  jeunes 
Noyers  greffés  cette  année  et  qui,  tous, 
attestaient  une  reprise  évidente.  On  peut  se 
figurer  notre  agréable  surprise  qui  s’est 
immédiatement  traduite  en  de  chauds 
remercîments  au  nom  de  l’horticulture, 
lorsque  NI.  Treyve  a déclaré  à la  commis- 
sion qu’il  n’entendait  pas  faire  secret  de 
son  procédé  et,  avec  un  désintéressement 
qui  l’honore,  il  a ajouté  : 

« Ce  mode  de  greffage  sera  un  avantage 
pour  la  production  des  Noix  ; je  ne  veux  pas 
en  faire  une  affaire  commerciale  qui  retar- 
derait ses  heureux  effets  pour  la  produc- 
tion, et  je  prie  la  commission  d’employer 
tons  les  moyens  possibles  pour  vulgariser  le 
procédé.  » 

Ce  procédé,  le  voici  : 

Il  faut  se  procurer  des  plants  de  Noyers 
âgés  d’un  an,  et  vers  la  fin  de  mars,  on 
opère  comme  suit  : 

Les  sujets  sont  tranchés  au  collet  ; sur  ce 


LILIUM  HÂNSONI. 


295 


collet,  on  insère  des  greffons  vigoureux  et  à 
bois  d’un  an,  par  greffage  en  fente,  à la 
pontoise  ou  à l’anglaise. 

Le  sujet  est  ensuite  rabattu  en  son  pivot, 
assez  courtement  pour  qu’il  puisse  être  mis 
dans  un  pot  de  trois  pouces. 

La  partie  greffée  est  tenue  à quelques 
centimètres  au-dessus  de  terre,  et  les  pots 
sont  placés  sous  cloche  dans  une  serre  à 
multiplication. 

Si  nous  prenons  chacun  des  détails  de 
l’opération,  nous  ne  voyons  en  ceci  rien  de 
nouveau.  En  effet,  on  a publié  et  recom- 
mandé, pour  le  Noyer,  le  greffage  en  fente  ; 
on  a prescrit  d’enterrer  le  greffon  jusqu’à 
son  oeil  supérieur  ; tous  les  jardiniers 
savent  utiliser  l’étouffement  pour  la  reprise 


des  multiplications.  Mais  ce  qui  révèle  la 
sagacité  de  M.  Treyve,  c’est  la  combinaison 
de  ces  divers  procédés  pour  les  faire  con- 
courir à une  réussite  infaillible,  ce  qu’on 
était  loin  d’avoir  obtenu  jusqu’à  ce  jour. 

Pour  répondre  au  désintéressement  de 
M.  Treyve,  la  commission  a proposé  de 
divulguer  le  procédé  qui  vient  d’être  décrit, 
sous  le  nom  de  Greffage  Treyve,  pour  le 
Noyer.  Gusin. 

Après  cette  intéressante  communication  dont 
nous  remercions  sincèrement  Fauteur,  M.  Gusin, 
nous  joignons  nos  félicitations  à celles  de  la 
commission  et  au  noin,  de  l’horticulture,  nous 
félicitons  M.  Treyve  de  son  heureuse  décou- 
verte et  le  remercions,  tout  particulièrement, 
de  son  désintéressement.  E.-A.  Carrière. 


LILIUM  HANSONF*^ 

d 


Ce  beau  Lis,  qui  est  tout  à fait  distinct, 
est  d’introduction  toute  récente  ; il  a été 
nommé  par  M.  Baker,  d’après  une  plante 
cultivée  par  M.  Leichtlin  (en  1874).  Comme 
son  histoire  est  assez  embrouillée,  nous 
allons  la  donner  en  détail. 

La  plante  a été  découverte  pour  la  pre-‘ 
mière  fois,  vers  1860,  par  le  professeur 
Maximowicz,  célèbre  par  ses  voyages  en 
Sibérie  et  au  Japon.  Il  l’a  trouvée  au  Vic- 
toria Gulf,  dans  la  Mandschourie  orientale, 
à la  limite  sud  des  possessions  russes  dans 
cette  région.  Il  ne  remarqua  pas  toutefois 
les  caractères,  légers  du  reste,  qui  distin- 
guent ce  Lis  du  L.  avenaceum,  de  sorte 
qu’il  en  fit  mention  en  1865,  dans  le  Gar- 
tenflora.,  comme  une  variété  à fleur  jaune 
de  cette  plante.  En  1868  ou  1869,  deux  ou 

(1)  Extrait  de  l’article  Lilium  llamoui^  dans  la 
Monographie  de  M.  Elwes,  par  M.  H.  Vilmorin  ; 

L.  Hayisoni,  Baker,  in  Journ.  Linn.  Soc.  Bot., 
XIV,  p.  245,  1874  (ex  Ilort.  Leichtlin).  — L.  ma- 
culatum  et  avenaceum,  Moore,  Florist,  1874, 
p.  193;  Gard.  Chron.,  1874,  p.  231,  t.  49.—  L. 
maculatum,  Bot.  Majy.,  pl.6126. — L.  avenaceum, 
Maxim.,  in  Gartenflora,  1865,  p.  290,  pro  parte. 

Habite  le  Japon  d’après  MM.  Leichtlin  et  Wil- 
son; Victoria  Gulf,  dans  la  Mandschourie  du  N.-E., 
d’après  Maximowicz  ; la  Mandschourie  maritime, 
par  44-45°  de  latitude  d’après  Wilfort  ; le  Japon 
septentrional,  d’après  Hogg. 

Bulbe  gros,  arrondi,  massif,  formé  de  nom- 
breuses écailles  blanches  serrées  les  unes  sur  les 
autres,  ressemblant  à celui  du  Lilium  tigrmum. 
Tige  haute  de  3 à 4 pieds,  raide,  dressée,  portant 
3 ou  4 verticilles  de  feuilles  assez  espacés , 1 infé- 
rieur à une  certaine  distance  au-dessus  du  sol. 


trois  bulbes  de  cette  espèce  furent  envoyés 
au  jardin  de  feu  M.  le  baron  de  Siebold,  à 
Leyde,  et  furent  achetés  un  an  plus  tard 
par  M.  Leichtlin,  qui  reconnut  aussitôt  que 
c’était  une  espèce  très-distincte.  Il  cultiva 
la  plante  et  lui  donna  le  nom  de  M.  Han- 
son, de  New-York,  qui  possède  une  des 
plus  belles  collections  de  Lis  qui  soient  au 
monde. 

Mais  avant  que  ces  faits  fussent  devenus 
publics,  M.  Wilson  avait  acheté  un  ou  deux 
bulbes  dans  un  lot  en  mélange  chez  Ste- 
vens,  où  se  vendent  chaque  année  des 
milliers  de  Lis,  et  cela  sans  savoir  au  juste 
ce  qu’il  achetait.  Au  printemps  suivant,  il 
fut  agréablement  surpris  de  voir  une  tige 
commencer  à se  développer  avant  qu’aucun 
autre  Lis  n’entrât  en  végétation  ; la  plante 

Feuilles  étroites  quand  elles  sont  en  grand  nombre 
dans  un  verticille,  larges  quand  elles  sont  peu 
nombreuses,  sessiles,  longues  de  8 à 15  centimè- 
tres, larges  de  1 à 4 centimètres,  lancéolées  ou 
elliptiques,  pointues,  à 3 ou  5 nervures,  d’un  vert 
foncé  luisant  en  dessus,  plus  pâle  en  dessous  ; 
feuilles  supérieures  éparses,  beaucoup  plus  petites. 
Fleurs  au  nombre  de  4 à 10  ou  davantage^  en 
grappe  irrégulière  ; pédoncules  de  5 à 7 centimè- 
tres ; bractées  larges,  vertes,  foliacées;  segments 
du  périanthe  longs  de  3 à 4 centimètres,  d’un 
jaune  orangé,  étalés  et  recourbés,  mais  moins  que 
dans  les  Lis  Martagon,  pointillés  de  noir  vers  le 
milieu.  Filets  des  étamines  plus  courts,  de  20  à 
25  millimètres  de  long  ; anthères  étroites,  de  8 à 
10  centimètres  de  longueur  ; pollen  jaune.  Ovaire 
en  massue,  profondément  sillonné,  de  10  à 12  cen- 
timètres de  long  ; style  sensiblement  plus  court. 
Capsule  inconnue. 


296 


LILIUM  HANSONI. 


fleurit  en  son  temps,  et  il  la  présenta  à 
une  réunion  de  la  Société  royale  d’hor- 
ticulture au  mois  de  juin  ; peu  de  temps 
après,  la  plante  fut  figurée  dans  le  Garde- 
ners'  Chronicle  sous  le  nom  de  L.  avena- 
ceum,  dans  le  Florist  and  Pomologist  sous 
celui  de  L.  maculatum,  et  dans  le  Botani- 
cal  Magazine,  pl.  6126,  sous  le  nom  de 
L.  maculalum  (de  Thunberg),  avec  le  sy- 
nonyme avena- 
ceum. 

M.  Leichtlin 
eut  connaissance 
de  ces  figures  ; il 
y reconnut  sa 
plante  et  écrivit 
une  note  pour 
faire  remarquer 
que  si  les  tiges  et 
les  fleurs  ressem- 
blaient à celles  du 
L.  avenaceum, 
le  bulbe  était  tout 
à fait  diflérent. 

J’ai  pu  me  con- 
vaincre de  l’exac- 
titude de  ce  fait, 
car  il  m’a  été 
donné  de  voir 
dans  plusieurs 
herbiers  de  bons 
échantillons  du 
bulbe  L.  avena- 
ceiim.  Bien  qu’il 
n’existe  pas  ac- 
tuellement dans 
les  cultures,  il  ne 
me  paraît  pas 
douteux  que  M. 

Leichtlin  ne  soit 
dans  le  vrai. 

J’ai  vu  dans  un 
album  de  Lis  ja-  • 


Fig  53. 


ponais,  fidèle- 


ment dessinés 

d’après  nature  par  un  artiste  indigène,  des 
figures  du  L.  Ilansoni  et  du  L.  avena- 
ceum, auxquelles  il  n’est  pas  possible  de 
se  méprendre.  Il  faut  en  conclure  que  les 
Japonais  y reconnaissent  deux  plantes  dis- 
tinctes, qui  toutes  deux  pourraient  bien  se 
trouver  sauvages  dans  la  partie  septentrio- 
nale de  l’archipel  japonais. 

La  culture  de  ce  Lis  est  si  facile,  que  je 
ne  doute  pas  de  le  voir  bientôt  plus  répandu 


dans  les  jardins.  Un  jeune  bulbe  a passé 
chez  moi  l’hiver  en  pleine  terre  sans  aucune 
protection.  La  graine  ne  mûrit  pas  en  An- 
gleterre; mais  la  plante  se  multiplie  par 
division  des  bulbes  et  par  rejetons.  C’est 
le  premier  de  tous  les  Lis  à entrer  en  vé- 
gétation. Il  réussit  bien  dans  une  terre 
tourbeuse,  pourvu  qu’elle  ne  devienne  pas 
chaude  et  sèche  en  été.  La  seule  graine  qui 
a été  obtenue  par 
M.  Leichtlin  a 
germé  immédia- 
tement, ce  qui 
n’est  pas  le  cas 
pour  les  graines 
de  L.  Martagon. 
De  nombreux  ca- 
ractères tirés  du 
bulbe,  du  port, 
de  la  forme  des 
fleurs,  distinguent 
le  L.  Ilansoni 
des  Martagons. 

PIenry  Vilmorin. 

Le  Lilium 
Hansoni  (fig.  53), 
qui  appartient  à 
la  section  des 
Martagons , a 
fleuri  en  France 
pour  la  première 
fois  chez  M.  Henry 
Vilmorin,  à Ver- 
rières, qui  l’a 
présenté  en  fleurs 
à la  séance  de  la 
Société  nationale 
et  centrale  d’hor- 
ticulture, dans  la 
séance  du  22  juin 
1882. 

Voici  l’indica- 
tion des  princi- 
paux caractères 

que  celte  espèce  nous  a présentés  : 

Oignon  écailleux  ressemblant  beaucoup 
à celui  du  L.  tigrinum.  Tige  pouvant  at- 
teindre de  80  centimètres  à 1 mètre  50  de 
hauteur,  lisse,  d’un  vert  brunâtre.  Feuilles 
nombreuses,  glabres,  disposées  en  verti- 
cilles  distants  assez  compactes,  longuement 
atténuées  à la  base,  de  8-15  centimètres, 
parfois  plus,  de  longueur.  Inflorescence  ter- 
minale en  panicule  assez  dense,  large  d’en- 


- Lilium  Ilansoni,  port  au  1/11. 
Fleur  détachée  aux  3/5. 


TRICYRTIS  IIIRTA. 


viron  20  centimètres  à la  base,  atténuée- 
arrondie  au  sommet.  Fleurs  penchées, 
comme  largement  campaniformes,  à bords 
relevés,  plus  ou  moins  longuement  pédon- 
culées  suivant  la  position  qu’elles  occupent. 
Boutons  ovales  ou  oviformes.  Corolle  bien 
ouverte,  à pétales  étalés,  légèrement  ren- 
versés, d’un  beau  jaune,  portant  vers  la 


297 

base  des  macules  ou  larges  ponctuations 
noirâtres. 

Cette  espèce  très-rustique,  d’une  culture 
facile  et  nullement  délicate,  fleurit  en  juin- 
juillet.  On  la  multiplie  par  la  séparation 
des  caïeux  et  aussi  à l’aide  des  écailles,  qui 
émettent  facilement  des  bulbilles. 

E.-A.  Carrière. 


TRICYRTIS  HiRTA 


Cette  espèce,  que  j’ai  reçue  dir^'ctement 
du  Japon,  où  elle  est  appelée  cc  Hototoguis- 
sou,  » sous  le  nom  de  T.  Japonica,  et  qui 
m’a  paru  n’être  autre  que  le  T.  hirta,  m’a 
présenté  les  caractères  suivants  : 

Plante  vivace,  rustique,  très-floribonde,  à 
racine  lubéreuse  subconique.  Tiges  rami- 
fiées, nombreuses,  droites,  raides;  les  flo- 
rales atteignant  jusqu’à  1 mètre  et  plus  de 
hauteur,  villeuses.  Feuilles  alternes,  en- 
tières, très-rapprochées,  surtout  vers  le 
sommet,  très-largement  amplexicaules,  ré- 
gulièrement acuminées,  fortement  nervées, 
molles,  douces  au  toucher,  velues  sur  les 
deux  faces.  Fleurs  pédonculées  naissant  par 
trois  dans  l’aisselle  des  feuilles,  mais  ordi- 
nairement réduites  à deux  ou  même  à une 
seule  par  avortement.  Pédoncule  fortement 
velu,  raide,  d’environ  2 centimètres,  ter- 
miné par  une  fleur  dressée,  campanuloïde, 
à six  divisions  ouvertes,  linéaires  acuminées, 
légèrement  réfléchies  au  sommet,  portant 
dans  toute  leur  étendue  des  points  très- 
rapprochés  d’un  violet  rosé,  qui,  sur  un 
fond  blanc,  forment  une  sorte  de  damier 
tigré  ou  de  marbrure  d’un  très-bel  effet. 
Au  centre  de  la  fleur  s’élève  une  colonne 
stylaire  formée  par  les  filets  des  anthères, 
qui  se  dressent  sur  le  style  qu’elles 
cachent.  Anthères  adnées,  longuement 
ovales.  Style  de  la  même  longueur  que 
les  étamines,  à 3 divisions  bifides.  Ovaire 
allongé,  fortement  trigone;  les  filets  des 
étamines  et  même  les  anthères  sont  égale- 
ment  marmorées. 

Le  Tricyrtis  hirta  fleurit  à partir  de 
la  deuxième  quinzaine  de  septembre,  et  sa 
floraison  se  prolonge  assez  longtemps.  C’est 
une  plante  ornementale  par  l’abondance,  la 
couleur  et  la  grandeur  de  ses  fleurs,  qui 
atteignent  5 centimètres  de  largeur  sur  en- 
viron 3 de  hauteur.  Pour  donner  une  idée 
de  la  floribondité,  de  la  vigueur  et  de  la 


rusticité  de  cette  espèce,  il  me  suffira  de 
dire  que  le  très-petit  pied  que  j’avais  reçu 
du  Japon  en  1876  a parfaitement  résisté 
sans  aucun  abri  au  terrible  hiver  de  1879- 
1880,  qu’il  forme  aujourd’hui  une  très-forte 
touffe  et  que  les  tiges  florales  portent  une 
centaine  de  fleurs  épanouies,  sans  compter 
les  innombrables  boutons.  C’est  le  plus  élé- 
gant buisson  qu’il  soit  possible  d’imaginer. 
Lorsque  les  plantes  sont  fortes  et  vigou- 
reuses, elles  se  ramifient,  et  de  l’ais- 
selle des  feuilles  part  une  ramification  qui, 
à son  tour,  porte  des  fleurs,  de  sorte  que 
l’ensemble  constitue  un  énorme  buisson  qui 
disparaît  sous  une  masse  de  fleurs.  J’ajoute 
que,  coupées  et  mises  dans  l’eau,  les  tiges 
continuent  à fleurir,  et  que  même  les  bou- 
tons s’épanouissent. 

Cette  espèce  présente  encore  l’avantage 
de  pouvoir  être  facilement  relevée  de  la 
pleine  terre,  ce  qui  permet  de  pouvoir  mettre 
les  plantes  en  pots,  soit  pour  jouir  de  leur 
floraison  à l’intérieur,  soit  pour  les  mettre  à 
l’abri  des  premiers  froids,  soit  enfin  pour 
mettre  les  pieds  en  serre  et  tâcher  d’en  ob- 
tenir des  graines.  Comme  cette  espèce  ap- 
partient au  grand  groupe  des  Liliacées,  on 
pourrait  peut-être  l’employer  pour  prati- 
quer des  fécondations  soit  avec  les  Lis,  soit 
avec  des  genres  voisins. 

Je  dois  toutefois  faire  observer  que  le 
Tricyrtis  hirta,  comme  plusieurs  autres 
plantes  japonaises,  redoute  le  grand  soleil, 
et  que  dans  ces  conditions  il  arrive  fré- 
quemment que  ses  feuilles  sont  brûlées.  On 
peut  remédier  à cet  inconvénient  en  le  plan- 
tant dans  un  sol  consistant  bien  drainé  et 
souvent  arrosé. 

Je  possède  deux  autres  espèces  que  j’ai 
reçues  directement  du  Japon,  et  que  je  cul- 
tive dans  ma  propriété,  à Fontenay-aux- 
Pvoses;  l’une  est  le  Tricyrtis  macropoda 
qui,  dans  la  flore  d’Yokoussai,  est  appelé 


298 


RICIIARDIA  ÆTHIOPICA. 


Tama-gawa  Hototoguissoii.  La  fleur,  plus 
petite  que  celle  du  Tr.  hirta^  est  aussi 
plus  renflée  à sa  base,  moins  jolie  et  moins 
floribonde.  La  plante  me  paraît  un  peu  plus 
délicate  et  surtout  plus  sensible  à l’humi- 
dité; ses  feuilles  sont  presque  lisses. 

L’autre  espèce,  qui  n’est  même  pas  men- 
tionnée par  Yokoussai/m’a  été  envoyée  sous 
le  nom  de  Ki-Hotoguissou.  Ki,  signifiant 
jaune,  cette  espèce  serait  donc  à fleurs 
jaunes,  ce  que  je  ne  puis  dire,  n’ayant 


jamais  vu  la  fleur,  ce  qui  est  probablement 
dû  à la  voracité  des  limaces  et  des  colima- 
çons pour  cette  plante.  Je  ne  sais  vraiment 
comment  faire  : si  je  la  cultive  à une  expo- 
sition sèche  et  chaude,  elle  brûle;  si  je  la 
plante  à l’ombre,  les  limaces  la  mangent. 
En  pot  elle  vient  mal.  C’est  pourtant  à ce 
dernier  mode  que  je  m’arrête. 

Le  feuillage  de  cette  troisième  espèce  est 
lisse  et  luisant. 

WlESENER. 


RIGHARDIA  ÆTHIOPICA 


L’espèce  dont  je  vais  parler,  le  Richardia 
Æthiopica  vient,  avec  beaucoup  d’autres, 
donner  un  démenti  à ceux  qui  soutiennent 
que  toujours  les  plantes  ont  un  tempéra- 
ment en  rapport  avec  le  climat  où  elles 
croissent  et  que  jamais  aucune  espèce 
ayant  poussé  dans  des  pays  chauds,  ne 
s’accommodera  des  pays  froids.  En  effet, 
bien  qu’originaire  de  l’Afrique  australe,  le 
Richardia  Æthiopica  est  relativement  rus- 
tique ; on  en  a vu  qui,  plantés  dans  des 
ruisseaux,  aux  environs  de  Cherbourg, 
avaient  envahi  presque  tou?  ces  ruisseaux 
et  étaient  presque  constamment  en  fleurs. 
Et  pourtant  il  n’est  pas  rare  de  voir 
là,  l’hiver,  le  thermomètre  descendre  à 
plusieurs  degrés  au-dessous  de  zéro.  D’une 
autre  part,  la  vigueur  et  la  robusticité  de 
cette  espèce  lui  permettent  de  vivre  dans  les 
conditions  les  plus  diverses,  soit  dans  l’eau, 
soit  dans  des  lieux  très-humides  et  même 
submergés  ; aussi  la  rencontre-t-on  presque 
partout,  souvent  même  à peu  près  aban- 
donnée et  sans  aucun  soin  : sur  les  fenêtres, 
depuis  le  rez-de-chaussée  jusque  dans  les 
mansardes,  dans  les  bassins  qu’elle  orne 
admirablement  pendant  presque  toute  l’an- 
née, en  pleine  terre  pendant  l’été,  ce  qui  ne 
l’empêche  pas  de  figurer  en  pots  sur  les  mar- 
chés aux  fleurs.  D’autre  part  encore,  son 
joli  et  grand  feuillage  d’un  vert  foncé,  à 
travers  lequel  s’élèvent,  pour  s’épanouir 
au-dessus,  de  grandes  fleurs  en  cornet  d’un 
blanc  mat  des  plus  purs,  en  font  une  plante 
d’un  rare  mérite,  qui  n’a  peut-être  qu’un 
défaut  : celui  d’être  commune  et  pas  du 
tout  délicate.  Néanmoins,  elle  n’est  pas  in- 
différente aux  bons  traitements  et,  pour 
l’avoir  belle,  il  lui  faut  certains  soins  que 


je  vais  indiquer.  Il  est  bien  entendu  qu’il 
s’agit  ici  de  la  culture  en  pots. 

Terre,  — Elle  doit  être  consistante  et 
riche,  en  rapport  du  reste  avec  la  force  des 
plantes.  Ainsi,  tandis  que  pour  les  jeunes 
multiplications  il  faut  un  sol  léger  composé 
de  terre  de  Bruyère  et  de  terre  franche,  ces 
mêmes  plantes,  lorsqu’elles  sont  fortes, 
pourront  se  passer  de  terre  de  bruyère,  et 
un  mélange  de  terre  franche  et  de  terreau 
bien  consommé  suffit  ; néanmoins, si  l’on 
pouvait  y ajouter  un  peu  de  terre  dite  de 
dépotage,  cela  n’en  vaudrait  que  mieux. 

Multiplication.  — Pour  faire  cette  opé- 
ration, qu’on  pratique  de  juillet  à la  fin 
d’août,  on  cesse  farrosage  quelques  jours 
auparavant,  afin  que  les  plantes  entrent 
dans  un  repos  relatif  ; puis  on  divise  les 
touffes  en  enlevant  avec  précaution  tous 
les  petits  drageons  qu’on  empote  dans  une 
terre  un  peu  plus  légère,  et  qu’on  place 
sous  des  châssis  au  soleil  et  qu’on  ombre 
au  besoin  ; les  arrosages  doivent  être  copieux 
et  répétés,  car  ces  plantes  sont  très -avides 
d’eau,  surtout  pendant  le  fort  de  la  végéta- 
tion. 

Si  les  touffes  n’étaient  pas  trop  fortes  ou 
qu’on  ne  veuille  pas  les  diviser,  on  les  rem- 
poterait en  enlevant  les  bourgeons  superflus 
qu’on  traite  ainsi  que  je  viens  de  le  dire. 
Toutefois,  je  dois  faire  remarquer  que  si 
les  touffes  sont  très-fortes,  les  fleurs  sont 
un  peu  moins  grandes.  Dans  le  cas  où  l’on 
désire  obtenir  de  belles  fleurs  avec  un  feuil- 
lage très-développé,  on  coupe  entre  deux 
terres  tous  les  petits  drageons,  en  ne  con- 
servant qu’un  ou  deux  forts  bourgeons  qui, 
alors,  prennent  de  grandes  proportions. 

Les  Richardia  se  forcent  parfaitement  et 


CULTURE  DES  CORREÂ. 


299 


les  soins  à prendre  pour  ce  travail  sont  à 
peu  près  les  mêmes  que  s’il  s’agissait  de 
Cinéraires.  Les  plantes  doivent  être  placées 
sur  couche,  sous  des  châssis  et  le  plus  rap- 
proché possible  des  vitres  ; une  température 
de  fond  d’environ  12  à 15  degrés  suffit.  Il 
faut  donner  le  plus  d’air  possible,  en  tenant 
compte  toutefois  de  la  température  exté- 
rieure. Il  va  de  soi  que  dans  ces  conditions 
les  plantes  devront  être  fréquemment  et 
copieusement  arrosées,  car,  si  en  général 
elles  sont  avides  d’eau,  dans  ces  conditions 
de  végétation  exceptionnelle  elles  en  absor- 
bent autant  qu’on  peut  leur  en  donner. 

Une  précaution  importante  aussi,  dans  ce 
cas,  c’est,  lors  de  la  formation  des  fleurs,  de 
les  préserver  du  très-grand  soleil  qui  pour- 
rait fatiguer  les  plantes  et  affaiblir  la  belle 
couleur  verte  du  feuillage  qui  contribue 
pour  une  grande  part  à la  beauté  de  l’en- 
semble et  qui  produit  le  plus  charmant 
contraste  avec  la  belle  couleur  blanche  des 
fleurs. 

Il  existe,  sous  le  qualificatif  minima,  une 

CULTURE  I 

Nous  avons  bien  souvent  entendu  des 
horticulteurs  s’étonner  à juste  titre  de  la 
rareté,  dans  nos  serres  froides,  de  ces  jolies 
plantes,  originaires  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, et  qui,  à une  grande  rusticité,  à une 
floraison  magnifique,  commençant  en  sep- 
tembre pour  durer  tout  l’hiver,  joignent  le 
grand  avantage  de  se  prêter  à la  taille 
sous  toutes  formes,  tiges  avec  têtes,  globes, 
pyramides,  etc.,  etc. 

Ce  fait  très-regrettable  provient,  bien 
certainement,  du  manque  de  renseigne- 
ments précis,  relatifs  à la  culture  des  Cor- 
rea  ; aussi,  espérant  les  remettre  en  vogue, 
publions-nous  les  renseignements  suivants 
que  vient  de  donner  V Illustrierte  Monats- 
hefte  de  Stuttgart. 

Pour  certains  Correa,  les  C.  alha,  ferrie- 
ginea  et  Grevillei,  notamment,  la  multi- 
plication se  fait  aisément,  soit  par  le  semis, 
au  mois  de  février,  soit  par  le  boutu- 
rage en  février,  avec  du  bois  dur,  soit  en 
août,  en  châssis  tiède,  avec  du  nouveau 
bois. 

Les  espèces  moins  vigoureuses,  que  l’on 
ne  peut  multiplier  par  les  deux  procédés 


variété  de  Richardia  Æthiopica  plus  naine 
et  à fleurs  plus  petites.  D’où  vient-elle? 
comment  a-t-elle  été  produite?  C’est  ce  que 
je  ne  pourrais  dire.  Sa  culture  et  sa  multi- 
plication, du  reste,  sont  absolument  sem- 
blables à celles  du  type. 

Ces  plantes  peuvent  être  tenues  en  végé- 
tation continuelle  ; pour  cela,  il  suffit  de 
les  placer  à la  lumière,  dans  une  serre  ou 
sous  des  châssis  chauds,  et  de  les  entretenir 
à l’eau  ; si,  au  contraire,  on  veut  les  laisser 
reposer  l’hiver,  il  suffit  de  les  placer  à l’abri 
de  la  gelée,  sans  chaleur,  et  de  ne  pas  les 
arroser  autrement  que  pour  entretenir  la 
vie.  Quand  vient  le  printemps,  on  les  traite 
ainsi  qu’il  a été  dit  plus  haut  ; et  en  les 
plaçant  à la  lumière  et  à la  chaleur,  on 
obtient  de  très -belles  plantes. 

Si  l’on  voulait  obtenir  de  volumineuses 
touffes  de  Richardia,  on  planterait  dans 
des  bacs,  en  bonne  terre,  et  pour  favoriser 
la  végétation  on  pourrait,  de  temps  à autre, 
arroser  avec  de  l’engrais  liquide. 

A.  Foissy. 


ÜS  CORREA 

que  nous  venons  d’indiquer,  devront  être 
greffées.  Le  sujet  à prendre  de  préférence 
est  le  Correa  alha,  espèce  peu  ornemen- 
tale, mais  très-vigoureuse,  et  qui  a surtout 
l’avantage  de  reprendre  très-facilement  de 
bouture  et  de  pouvoir  servir  de  sujet,  pour 
la  greffe,  un  an  après  le  bouturage. 

La  greffe  doit  être  faite  en  février  ou  en 
août,  dans  une  serre  à multiplication,  au 
milieu  d’une  atmosphère  humide.  On  devra, 
pour  favoriser  la  reprise,  bassiner  les 
greffes  chaque  jour  avec  de  l’eau  tiède.  Au 
bout  d’un  mois  environ,  les  greffes  seront 
soudées,  et  il  conviendra  alors  de  donner 
un  peu  d’air  aux  jeunes  plantes. 

Le  sol  qui  convient  le  mieux  aux  Correa 
est  un  mélange  de  terre  de  bruyère,  ter- 
reau de  feuille  décomposé,  un  peu  de  terre 
glaise  écrasée  et  de  sable  de  rivière.  Les 
rempotages  doivent  se  faire  au  printemps, 
aussitôt  que  les  plantes  sont  défleuries.  Les 
espèces  et  variétés  que  l’on  greffe  sur  le 
C.  alha,  sont  les  C.  cardinalis  magnifica, 
sidphurea,  turgida  et  Lindleyana. 

Ch.  Thays. 


300 


BILLBERGIÂ  THYRSOIDEA  SPLENDIDA. 


BILLBER6IA  THYRSOIDEA  SPLENDIDA 


Beer  a dit  de  cette  plante  qu’elle  était 
incontestablement  la  plus  belle  de  toutes  les 
Broméliacées  connues  (1).  Cette  assertion, 
qui  date  de  1857,  époque  de  l’apparition  du 
livre  du  botaniste  viennois,  serait  encore 
vraie  aujourd’hui,  même  après  l’introduction 
des  nombreuses  espèces  qu’il  ne  connaissait 
pas  alors. 

Déjà  M.  de  la  Devansaye  a parlé  du 
Billbergia  splendida  (2),  après  l’avoir  vu 
en  fleur  chez  un  de  noB  amis,  M.  le  doc- 
teur Ghaumier,  à qui  nous  devons  le  bel 
échantillon  qui  a fleuri  à Lacroix  et  a servi 
de  modèle  à la  planche  ci-jointe.  B a dit, 
avec  raison,  que,  de  toutes  les  formes  du 
B.  thyrsoidea,  « celle  qui  a reçu  le  qualifi- 
catif splendida,  et  qui  est  introuvable  dans 
les  cultures,  est  la  plus  belle,  celle  qui  fleu- 
rit le  plus  facilement  et  le  plus  régulière- 
ment. » 

Une  grande  confusion  régnait  dans  la 
détermination  des  diverses  formes  sorties 
des  Billbergia  pgramidalis  et  thgrsoidea. 
On  a même  souvent  confondu  ces  deux 
types,  et  il  n’a  pas  fallu  moins  qu’une  bonne 
étude  critique  de  M.  Ed.  Morren  (3)  pour 
mettre  un  peu  de  lumière  dans  ce  chaos. 
Voici,  selon  lui,  comment  on  doit  distinguer 
d’abord  les  deux  espèces  : 


B.  pgramidaliSj 
Bindley. 

Bosaces  peu  ou- 
vertes ; gaines  larges; 
feuilles  étroites,  dou- 
cement acuminées, 
à dents  fortes,  espa- 
cées, brune's,  vert 
sombre,  blanchâtres 
et  plus  ou  moins 
zonées  à la  face  infé- 
rieure. Hampe  fari- 
neuse ; spathes  infé- 
rieures denticulées, 
rouges  ; épi  peu  régu- 
lier, corymbiforme  ; 
fleurs  assez  nom- 
breuses, un  peu 
courbes,  corolle  sub- 
irrégulière. 


B.  thgrsoidea, 
Martius. 

Rosaces  étalées  ; 
gaines  ventrues  , 
feuilles  larges,  brus- 
quement tronquées- 
acuminées,  à dents 
faibles  et  rappro- 
chées , vert  clair , 
peu  ou  point  furfu- 
racées-zonées  à l’en- 
vers. Hampe  très- 
farineuse  ; spathes 
très-entières,  roses  ; 
épi  régulier  ovale  ; 
fleurs  très-nombreu- 
ses, droites,  corolle 
régulière. 


(1)  Beer,  Die  fam.  der  Bromel.,  p.  111. 

(2)  Revue  horticole,  1881,  p.  371. 

(3)  Belgique  horticole,  1873,  p.  295. 


Les  variétés  du  B.  pyramidalis  sont  : 

B.  p.  bicolor,  à pétales  violacés  cocci- 
nés.  (Syn.  B.  bicolor,  de  quelques  horti- 
culteurs , B.  Loddigesii,  Steudel). 

B.  p.  zonata,  feuilles  zébrées  ou  zonées 
de  blanc  en  dessous.  (Syn.  B.  thgrsoidea 
zonata,  de  Vriese,  et  peut-être  B.  Croyana, 
du  même. 

B.  p.  Croyana,  feuilles  fasciées  de  blanc 
en  dehors,  hampe  allongée,  fleurs  très- 
nombreuses,  pétales  marginés  de  bleu. 
(Syn.  B.  Croyana,  Lem.;  B.  thgrsoidea, 
deVriese;  B,  setosa,  Jacob-Makoy; /on- 
ghea  Croyana,  Lem.  ; Æchmea  setigera, 
de  quelques  horticulteurs.) 

B.  p.  farinosa,  feuilles  furfuracées  ou 
farineuses,  épi  recourbé  pauciflore.  (Syn. 
B.  farinosa  de  quelques  horticulteurs.) 

Nota.  — Le  B.  pyramidalis  minor, 
Antoine  et  Beer,  se  rapporte  au  B.  speciosa, 
Thunberg. 

Les  variétés  du  B.  thgrsoidea,  parmi 
lesquelles  se  trouve  celle  dont  nous  parlons 
aujourd’hui,  sont  : 

B.  t.  fastuosa,  feuilles  vertes  des  deux 
côtés,  hampe  allongée,  pétales  lilacés  au 
sommet  (syn.  B.  thyrsoides,  de  Jonghe;  B. 
Paxtoni,  Beer;  B.  Schultesiana,  Lem.). 

B.  t.  splendida,  feuilles  glabres,  très- 
larges,  recourbées  au  sommet,  hampe  ne 
dépassant  pas  les  feuilles,  fleurs  très-nom- 
breuses, pétales  violets  au  sommet  qui  est 
révoluté(syn.B.  splendida, hem.  ; Jonghea 
splendida,  Lem.). 

B.  t.  miniato-rosea,  feuilles  légèrement 
furfuracées  sur  les  deux  faces,  hampe  à 
peine  pubérulente  furfuracée  ; fleurs  très- 
nombreuses,  pétales  révolutés  au  sommet 
(syn.  B.  miniato-rosea,  Lem.). 

B faut  avouer  que  les  caractères  différen- 
tiels de  ces  trois  dernières  variétés  sont 
assez  légers,  et  si  l’on  ajoute  que  des  formes 
intermédiaires  ont  pu  se  produire  dans  les 
cultures,  indépendamment  de  celles  qui 
avaient  été  apportées  de  la  province  de  Rio 
Janeiro,  au  Brésil,  patrie  de  ces  plantes,  on 
conviendra  qu’il  est  difficile  de  s’y  recon- 
naître, à moins  d’une  observaBon  très- 
attentive,  nous  ajouterons  même  à moins 
de  comparer  les  plantes  en  fleur  entre 
elles.  C’est  ce  que  nous  avons  pu  faire  chez 


BiUber^ia  thijrsoidea  Jastiiosœ. 


Rjivue.  /I(y‘iicoIe. 


Gh'orr'x'hjJ-u.  G-.SevâJ-eyr. 


Godard , tiei 


DE  l’Éclaircissage  des  fruits. 


M.  de  la  Devansaye,  qui  possède  une  ma- 
gnifique collection  de  Broméliacées  dans 
ses  serres  du  Fresne.  Nous  avons  trouvé 
d’abord  que  notre  plante  se  référait  plutôt 
au  B.  t.  fastuosa  qu’au  B.  t.  splendida. 
Mais  une  traduction  que  nous  venons  de 
faire  des  descriptions  détaillées  de  Beer  sur 
ces  deux  plantes,  indique  que  le  premier 
se  distingue  par  des  feuilles  zonées,  blan- 
châtres en  dessous  avec  des  bandes  étroites 
vertes,  que  le  bout  du  calyce  est  d’un  rouge 
vif  et  ta  hampe  verte.  Le  B.  t.  splendida 
se  caractérise  par  l’i^^lor^scence  d’un  beau 
rouge  écarlate  à bouts  bleu-violacé,  les 
bractées  mères  dressées,  larges  et  toutes 
de  la  même  longueur.  Enfin,  la  description 


301 

complète  de  celte  dernière  plante  paraît 
mieux  agréer  avec  la  notre. 

On  voit  cependant  que  ces  distinctions 
sont  assez  précaires  et  que  la  variabilité  des 
plantes  les  réduit  souvent  à fort  peu  de 
chose. 

Quoi  qu’il  en  soit,  la  plante  que  nous 
figurons  aujourd’hui  est  incontestablement 
la  plus  belle  de  cette  tribu.  Elle  ne  doit 
être  confondue  avec  aucune  autre,  et  nous 
avons  la  satisfaction  d’apprendre  que  les 
amateurs  pourront  se  la  procurer  chez 
M.  Godefroy  Lebeuf,  horticulteur  à Argen- 
teuil,  sans  craindre  de  recevoir  une  autre 
variété  inférieure  à sa  place. 

Ed.  André. 


DE  L’ÉCLAIRCISSAGE  DES  FRUITS 


IVune  manière  générale,  on  peut  dire  que 
toutes  les  espèces  de  fruits  ne  pourraient 
que  gagner  à l’éclaircissage  ; d’abord  les 
arbres  s’en  trouveraient  mieux,  et,  toutes 
circonstances  égales  d’ailleurs,  les  fruits 
seraient  plus  beaux.  Cependant,  dans  beau- 
coup de  circonstances,  la  chose  est  im- 
possible, et  dans  d’autres  elle  deviendrait 
très-onéreuse,  outre  que  son  application 
pourrait  également  présenter  de  grandes 
ditticultés,  par  exemple  pour  les  arbres  en 
plein  vent,  en  général,  notamment  pour  les 
Noyers,  Cerisiers,  Pruniers,  Groseil- 
liers, etc.  Dans  les  cultures  de  primeurs  ou 
dans  celles,  très-restreintes  où  l’on  veut 
surtout  avoir  du  beau,  ou  bien  encore  chez 
les  véritables  amateurs  qui  ne  mettent  pas 
en  comparaison  la  dépense  et  la  recette, 
on  pourra,  avec  avantage,  pratiquer  l’éclair- 
cissage de  presque  tous  les  fruits,  sauf  ceux 
des  Noyers,  Noisetiers,  etc.  Dans  les  cul- 
tures à l’air  libre  et  à grand  rapport,  les 
Pêchers  et  les  Abricotiers,  les  Vignes,  sont 
à peu  près  les  seuls  dont  on  soumet  les 
fruits  à l’éclaircissage.  Toutefois,  et  nous 
ne  saurions  trop  le  répéter,  il  est  bien 
entendu  que,  lorsqu’on  tiendra  plutôt  à la 
beauté  qu’à  la  quantité,  on  se  trouvera 
bien  de  pratiquer  l’éclaircissage.  Presque 
toujours  même  il  y aurait  avantage. 

L’éclaircissage  devra  être  fait  très-pru- 
demment, en  tenant  compte  de  la  nature 
des  fruits  et  surtout  des  variétés,  car,  outre 
les  contre-temps  généraux  qui  peuvent  dé- 
terminer la  chute  des  fruits,  il  y a des  va- 


riétés qui,  généralement  « tiennent  mal  les 
fruits  ; » telles  sont,  dans  les  Pêchers, 
Sourdine  et  surtout  Téton  de  Vénus. 

En  général,  et  toutes  circonstances  égales 
d’ailleurs,  on  devra  éclaircir  à plusieurs 
fois,  deux  au  moins  ; la  première,  quand 
les  fruits  sont  bien  noués  ; la  deuxième, 
quand  ils  ont  déjà  une  certaine  grosseur  et 
que  l’intérieur  est  déjà  bien  organisé.  Pour 
beaucoup  d’arbres  fruitiers,  il  se  produit, 
lors  de  la  formation  des  graines,  une  sorte 
de  réaction  interne  ou  de  malaise  organique 
analogue  à ce  qui  se  passe  chez  certains 
animaux  à l’époque  de  la  puberté,  et  qu’on 
désigne  par  cette  expression  : « Epoque 
critique.  » Gette  période  passée,  on  peut 
opérer  le  dernier  éclaircissage.  Quant  au 
moment  de  pratiquer  les  éclaircissages,  on 
ne  peut  rien  préciser,  ces  choses  variant 
suivant  la  nature  des  variétés,  le  climat  où 
l’on  est  placé  et  suivant  aussi  le  but  que  l’on 
se  propose.  Si  l’on  aime  mieux  avoir  moins 
de  fruits,  mais  qu’ils  soient  plus  beaux,  on 
opère  plus  ((  sévèrement.  » 

Quelques  précautions  à prendre  lors  de 
V éclaircissage.  — Autant  qu’on  le  pourra, 
on  devra  éviter  de  faire  des  plaies.  S’il 
s’agit  de  fruits  pédonculés,  on  devra,  avec 
un  ciseau  à branches  effilées,  bien  tran- 
chantes, couper  net  les  pédoncules  des 
fruits;  si  au  contraire  il  s’agit  de  fruits 
sessiles,  tels  que  Pèches,  Abricots,  etc.,  on 
devra  les  saisir  fortement  et  les  tourner  sur 
eux-mêmes,  de  manière  à rompre  le  point 
d’attache  sans  occasionner  de  déchirure. 


302 


EXPOSITION  ESTIVALE  D’HORTICULTURE  A PARIS.  — INDUSTRIE. 


Quant  à la  manière  d’opérer  les  éclair- 
cissages, elle  n’a  non  plus  rien  d’absolu. 
En  général,  pourtant,  il  faudra,  lorsqu’on 
aura  le  choix,  « soulager  » plutôt  les  bran- 
ches faibles  en  enlevant  à celles-ci  le  plus 
de  fruits  possible,  et  au  contraire  « char- 
ger ))  les  parties  vigoureuses.  C’est  même 
parfois  un  moyen  de  rétablir  l’équilibre, 
sinon  complet,  du  moins 'partiel,  des  ar- 
bres. 

Quant  aux  fruits  provenant  de  l’éclair- 
(iissage,  on  est  dans  l’habitude  de  les  jeter, 


ce  qui  est  un  tort,  puisque  tous  ou  presque 
tous  peuvent  être  confits,  soit  pour  former 
des  condiments,  soit  pour  servir  de  base  à 
des  liqueurs  spéciales.  Dans  le  premier 
cas,  on  les  met  dans  un  bocal  contenant  du 
vinaigre  ; dans  le  deuxième,  au  lieu  de 
vinaigre,  on  se  sert  d’alcool.  Si  ce  sont  des 
fruits  à noyau,  ils  doivent  être  pris  avant 
que  ceux-ci  soient  formés  et  alors  qu’ils  ne 
présentent  encore  aucune  partie  ligneuse. 

E.-A.  Carrière. 


EXPOSITION  ESTIVALE  D’HORTICULTURE  A PARIS.  — INDUSTRIE 


Si  l’exposition  d’horticulture  dont  nous  avons 
essayé  de  donner  une  idée  dans  notre  précé- 
dent numéro  était  des  plus  remarquables,  celle 
concernant  les  arts  et  industries  qui  se  ratta- 
chent à l’horticulture  ne  l’était  guère  moins 
dans  son  genre.  Le  matériel  horticole  surtout 
se  trouvait  largement  et  très-bien  représenté. 
Constructeurs  de  serre  et  d’appareils  de  chauf- 
fage s’étaient  particulièrement  signalés,  et 
leurs  produits,  tous  de  très-bon  goût  et  sur- 
tout de  bonne  qualité,  ne  laissaient  rien  à dé- 
sirer; aussi  étaient-ils  fort  visités. 

Nous  n’entrerons  pas  dans  de  longs  détails 
quant  à ce  qui  concerne  les  innovations,  in- 
ventions ou  perfectionnements  ; un  de  nos 
collègues,  très-compétent  en  la  circonstance, 
ayant  bien  voulu  nous  promettre  un  article 
sur  l’exposition  dont  nous  parlons.  Nous  allons 
donc,  pour  aujourd’hui,  nous  borner  à la 
citation  des  récompenses  : 

!«>■  Concours.  — Serres  : premier  prix,  médaille 
d’or,  M.  Ferry.  — Deuxième  prix,  médaille  de  ver- 
meil, M.  Boissin.  — Deuxième  prix,  médaille  de 
vermeil,  M.  Leblond.  — Troisième  prix,  médaille 
d’argent,  M.  Ozanne.  — Troisième  prix,  M.  Stoeckel. 

— Quatrième  prix,  médaille  de  bronze,  M.  Laquas. 

2e  Concours.  Châssis  : Premier  prix,  médaille 

de  vermeil,  grand  module,  M.  Ozanne.  — Deuxième 
prix,  médaille  d’argent,  grand  module,  M.  Carpen- 
tier. — Troisième  prix,  médaille  de  bronze, 
M.  Leblond. 

3e  Concours.  — Vitrerie  : Premier  prix,  non 
décerné.  — Deuxième  prix,  médaille  de  bronze, 
M.  Cadola. 

Qe  Concours.  — Claies  : Premier  prix,  médaille 
d'argent,  grand  module,  M.  Marchai.  — Deuxième 
prix,  médaille  de  bronze,  M.  Anfroy. 

12*  Concours.  — Grilles,  ponts,  kiosques  : Prix 
supplémentaire,  médaille  d’or,  M.  Izambert.  — 
Premier  prix,  médaille  de  vermeil,  M.  Sohier.  — 
Deuxième  prix,  médaille  de  vermeil,  M.  Michelin. 

— Deuxième  prix,  médaille  d’argent,  MM.  Louet 
frères.  — Troisième  prix,  médaille  de  bronze, 
M.  Lavaud. 

13®  Concours.  — Rochers  : Premier  prix,  mé- 
daille de  vermeil,  grand  module,  M.  Chassin,  avec 


félicitations  unanimes  du  Jury  pour  ses  troncs 
d’arbres  en  imitation  — Deuxième  prix,  médaille 
d’argent,  grand  module,  M.  Combaz. 

19e  Concours.  — Poterie  artistique  et  d’orne- 
mentation : Premier  prix,  médaille  de  vermeil, 
M.  Paris.  — Deuxième  prix,  médaille  d'argent, 
M.  Sergent. 

5e  Concours.  — Poînpes,  appareils  d’arrosage  : 
Rappel  d’une  médaille  d’or,  M.  Debray,  ensemble 
de  l’exposition.  — Premier  prix,  médaille  d’or, 
M.  Baume,  ensemble  de  l’exposition.  — Deuxième 
prix,  médaille  de  vermeil,  M.  Plasse,  bonne  fabri- 
cation, — Troisième  prix,  médaille  d’argent, 
M.  Dubuc,  fabrication  à bon  marché.  — Quatrième 
prix,  médaille  de  bronze,  M.  Malanrant  et  C'e,  en- 
semble de  l’exposition. 

(je  Concours.  — Coutellerie  horticole  : Premier 
prix,  grande  médaille  de  vermeil,  M.  Hardivillé.  — 
Deuxième  prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  Aubry. 

— Troisième  prix,  médaille  de  bronze,  M.  Borel, 

— Mention  honorable,  M.  Péan.  — Mention  hono- 
rable. M,  Delaunay.  — Rappel  d’une  médaille  de 
vermeil,  M.  Larivière. 

7e  Concours.  — Instruments  de  jardinage  : 
Deuxième  prix,  médaille  d’argent,  MM.  Lavaud  et 
C'e,  échelles.  — Troisième  prix,  médaille  de  bronze, 
M.  Martin,  faucheuses  et  râtissoires. 

8e  Concours.  — Tondeuses  de  gazon  : Premier 
prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  Baume.  — 
Deuxième  prix,  médaille  de  bronze,  MM.  Louet 
Irères. 

10e  Concours.  — Tuteurs,  raidisseurs,  palis- 
sage: Premier  prix,  médaille  de  vermeil,  MM.  Louet 
frères.  — Deuxième  prix,  médaille  d’argent, 
MM.  Cari  et  C'*,  tuteurs  et  raidisseurs  à guides 
mobiles.  — Rappel  d’une  médaille  d’argent. 
M.  Pescheux.  — Troisième  prix,  médaille  de  bronze, 
M.  Ozanne,  raidisseur  tiges  fixes. 

Ile  Concours.  — Treillages,  grillages,  clôtures  : 
Premier  prix,  grande  médaille  d’argent,  MM.  La- 
vaud et  C'e,  clôtures  et  portes  mobiles. 

15e  Concours.  — Poterie  usuelle  : Deuxième 
prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  Monnier. 

16e  Concours.  — Caisses  et  bacs  : Premier  prix, 
médaille  de  vermeil,  M''e  Loyre.  — Deuxième  prix, 
médaille  d’argent,  M.  Delaluisant. 

17e  Concours.  — Ameublement,  tentes  : Premier 
prix,  grande  médaille  de  vermeil,  M.  Couette, 
tente  et  chaises.  — Deuxième  prix,  grande  mé- 
daille d’argent,  M.  Borel,  ameublement.  — Troi- 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  — DÉVELOPPEMENT  ANORMAL  D’UNE  POMME. 


303 


sième  prix,  médaille  de  bronze,  MM.  Lavaud  et 
bancs  couverts. 

18®  Concours.  — Jardinières^  aquariums  : Pre- 
mier prix,  médaille  d’argept,  M*^®  Germain.  — 
Deuxième  prix,  médaille  de  bronze,  M.  Sanglier. 


CONCOURS  IMPRÉVUS  : 

Médaille  de  bronze,  M.  Abriou,  feuillages  natu- 
rels entre  verre.  — Médaille  d’argent,  M.  Dorel, 
fruitier  mobile.  — Médaille  d’argent,  M.  Jolivet, 
fruitier  mobile. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE 

DÉVELOPPEMENT  ANORMAL  R’UNE  POMME 


Une  théorie,  quelle  qu’elle  soit,  n’a  de 
valeur  que  par  les  résultats  qu’elle  donne 
dans  l’application,  et  il  suffit  du  plus  petit 
fait  qui  lui  soit  contraire  pour  enlever  son- 
caractère  absolu. 

La  théorie  à laquelle  nous  faisons  allu- 
sion est  celle-ci  : qu’il  faut  toujours  plu- 
sieurs années  pour  transformer  un  œil  en 
bouton.  Déjà,  elle  a reçu  de  sérieuses  infir- 
mations par  suite  d’yeux  qui,  Farinée  de 
leur  formation,  se 
sont  transformés  et 
ont  même  fleuri.  Ce 
sont  surtout  les 
Pommiers,  et  parti- 
culièrement les  Poi- 
riers qui  présentent 
ces  exceptions.  Une 
des  plus  remarqua- 
bles est  certaine- 
ment celle  dont  nous 
allons  parler,  et  que 
représente  la  figure 
54.  Voici  comment 
et  dans  quelle  cir- 
constance la  chose 
s’est  produite  : 

A Bougival,  en 
1882,  M.  Couturier- 
Mention,  pépinié- 
riste, remarqua  dans 
un  carré  de  Pom- 
miers Paradis  greffés 
en  écusson  l’année 
précédente  avec  la 
variété  Calville  blanc,  un  sujet  dont  la 
vigueur  excessive  dépassait  celle  de  ses 
voisins.  Quel  ne  fut  pas  son  étonnement, 
quand,  en  attachant  ce  scion,  il  remarqua 
à 10  centimètres  environ  du  départ  du 
bourgeon,  une  belle  Pomme  parfaitement 
conformée  et  bien  développée.  Nombre  de 
personnes  à qui  il  fit  remarquer  ce  fait  n’en 
furent  pas  moins  surprises  que  lui.  Parmi 
ces  observateurs  se  trouvait  M.  Pavard, 
sous-chef  des  Pépinières  de  l’État,  à Tria- 


non,  qui  s’empressa  de  nous  en  informer 
et  qui,  à quelques  observations  que  nous 
lui  fîmes,  répondit  le  18  novembre  1882  : 

...  Le  fait  dont  je  vous  ai  parlé,  et  qui  s’est 
produit  chez  M.  Couturier-Mention,  pépinié- 
riste à Bougival,  d’une  Pomme  développée  sur 
un  bourgeon  provenant  d’un  écusson  fait  à 
l’automne  précédent,  à 10  centimètres  environ 
de  son  point  de  départ,  formée  par  conséquent 
sur  un  bourgeon  âgé  seulement  de  quelques 
semaines  est  parfai- 
tement exact  et  je  n’ai 
rien  exagéré  dans  le 
récit  que  je  vous  en 
ai  fait.  C’était  une 
belle  Pomme  de  Cal- 
ville blanc  qui,  au 
mois  d’août,  avait  déjà 
25  centimètres  de  cir- 
conférence. Quant  au 
scion,  il  se  distinguait 
des  autres  par  sa  vi- 
gueur beaucoup  plus 
grande  et  à cette 
époque  il  mesurait 
plus  de  lni50  de  hau- 
teur, bien  que  la  sève 
ne  fût  pas  encore 
arrêtée.  Le  bourgeon 
était  très-droit  et  ne 
présentait  aucun  in- 
dice indiquant  même 
le  moindre  arrêt  dans 
sa  végétation,  de  sorte 
qu’on  ne  peut  rien 
arguer,  ni  invoquer 
aucune  raison  pour 
expliquer  ce  fait,  qui  est  des  plus  singuliers  et 
qui  ne  s’est  peut-être  jamais  vu. 

J’avais  fait  un  croquis  de  ce  phénomène 
aussi  exact  qu’il  m’avait  été  possible  de  le  faire 
et  à votre  intention,  et  je  l’avais  remis  à un 
collègue  qui  l’aura  probablement  égaré,  mais 
il  vous  serait  probablement  facile  de  vous  en 
procurer  un  autre,  en  vous  adressant  au  pro- 
priétaire, M.  Couturier-Mention,  pépiniériste, 
maire  de  Bougival... 

En  nous  envoyant  le  dessin  que  nous 
reproduisons  (fig.  54),  M.  Couturier-Men- 


Fig.  54.  — Pomme  de  Calville  poussée  sur  un  scion 
de  l’année  provenant  d’un  écusson,  au  1/3  de 
grandeur  naturelle. 


304 


RÉGIONS  PEU  CONNUES  DU  SUD-EST  A JAVA. 


tion  confirmait  tout  ce  que  nous  avait  dit 
M.  Pavard,  et  il  ajoutait  : 

...  Il  est  ti'ès-vrai  que  dans  une  de  mes 
pépinières  il  s’est  développé,  sur  un  Calville 
Ijlanc  et  sur  un  scion  de  l’année,  une  Pomme 
parfaitement  conformée,  qui  a atteint  toute  sa 
grosseur  et  mesurait  alors  30  centimètres  de 
circonférence.  L’œil  qui  a produit  ce  phéno- 
mène n’avait  pas  bougé  Vannée  où  il  a été 
posé^  d’où  il  résulte  que  ce  fruit  s’est  formé 
lors  de  la  pousse,  à environ  8 centimètres  de 
la  hase  du  scion  qui,  à ce  moment,  était  donc 
tout  à fait  herbacé,  ce  qui  n’a  pas  ralenti  sa 
végétation,  qui  a dépassé  l'«65  de  hauteur. 

J’ai  vu  quelquefois  des  écussons  qui  avaient 
poussé  un  peu  l’année  où  ils  avaient  été  posés, 


fleurir  l’année  suivante;  mais  dans  ce  cas  il 
ÿ avait  un  petit  conde,  une  sorte  de  bifur- 
cation; et  encore  ces  fleurs  nouent  rare- 
ment et,  si  le  fait'  a lieu,  les  fruits  restent 
imparfaits,  sont  raccornis,  etc.  Le  phénomène 
dont  je  vous  parle  me  paraît  donc  être  nou- 
veau ; c’est  du  reste  l’opinion  de  tous  mes 
collègues  auxquels  je  l’ai  fait  voir.  Je  vous 
envoie  un  croquis  de  cette  bizarrerie,  désirant 
qu’il  puisse  vous  servir  à quelque  chose. 

Le  fait  en  question  est  des  plus  singu- 
liers ; s’il  n’est  pas  unique,  il  n’a  jamais 
élé  signalé.  A quoi  est-il  dû?  qui  l’a  occa- 
sionné? C’est  ce  que  nous  n’essaierons  pas 
de  dire.  E.-A.  Carrière. 


RÉGIONS  PEU  CONNUES  DU  SUD-EST  A JAVA 


Ayant  eu  récemment  l’occasion  de  visiter 
les  régions  javanaises  du  sud-est  qui,  en 
général,  sont  peu  ou  mal  connues,  surtout 
celles  qui  se  trouvent  sur  le  versant 
méridional  du  volcan  Seméroe  et  sur  les 
monts  adjacents,  je  puis  donner  un  aperçu 
de  leur  végétation,  ce  qui  est  d’autant  plus 
important  que  ces  parages  n’onl  jamais 
été  visités  par  des  Européens,  si  ce  n’est,  il 
y a trois  ou  quatre  ans,  par  les  officiers  du 
service  topographique. 

En  partant  de  Soerabaia,  on  prend  le 
chemin  de  fer  jusqu’à  Pasjoeroean  ; ensuite 
on  monte  en  voiture,  et  l’on  passe  par  Pro- 
bolingo,  chef-lieu  de  la  résidence , pour 
arriver  à Loemadjang.  C’est  là,  à Loemad- 
jang,  qui  signifie  « pays  des  réfugiés,  » que 
la  région  moins  bien  cultivée  commence. 
On  trouve  la  dernière  fabrique  de  sucre, 
c’est-à-dire  la  plus  éloignée,  et  l’on  entre 
dans  la  contrée  essentiellement  consacrée  à 
la  culture  'du  Tabac,  qui  s’étend  jusqu’au 
village  de  Pasjirian,  situé  à une  douzaine 
de  kilomètres  de  l’océan  Pacifique. 

Les  environs  de  Pasjirian  possèdent  un 
grand  nombre  d’établissements  de  colons 
européens.  Par  suite  du  prix  excessivement 
bas  du  Tabac,  ces  établissements  sont  en 
grande  partie  abandonnés,  et  les  jardins 
seuls,  par  la  variété  de  leurs  fleurs,  indi- 
quent qu’il  y a quelques  années  seulement  on 
y gagnait  assez  d’argent  pour  s’occuper  des 
beaux  présents  de  Flore.  En  effet,  je  vis  là, 
croissant  à l’état  sauvage,  les  Bougamvil- 
lea,  les  Rosiers  thés,  des  Datura  arbores- 
cents, couverts  de  jolies  fleurs  de  couleurs 


diverses,  suivant  les  variétés,  et  tant  d’autres 
plantes  ultra -marines,  qui  luttaient  éner- 
giquement avec  les  plantes  sauv'ages  indi- 
gènes : les  Convolvulacées,  les  Cucurbita- 
cées,  et  surtout  les  iSaccharum  spontaneum 
(L.)  et  les  Imperata  arundinacea  (CyrilL), 
ces  ennemis  nés  de  toute  culture  exotique. 

La  fin  de  la  lutte  ne  peut  être  douteuse. 
Bientôt  ces  beaux  enfants  de  l’horticulture 
européenne,  transportés  ici  avec  tant  de 
peine  et  de  sacrifices,  céderont  leur  place 
aux  anciens  habitants  de  cette  île,  de  sorte 
que  là  où  jadis  une  main  habile  taillait  et 
protégeait  les  Ptosiers  Madame  Moreau  et 
le  Géant  des  Batailles,  on  ne  verra  bientôt 
qu’un  fouillis  de  plantes  indigènes  si  épais, 
que  l’œil  distinguera  difficilement  à quelle 
plante  il  a affaire. 

Alors  les  Loranthacées  couvriront  les  ar- 
bres exotiques  d’ornement  ; les  Ficus  reli- 
giosa  et  autres  prendront  la  place  des  Zin- 
nia et  des  Verveines,  etc.,  jusqu’à  ce  que, 
dominés  à leur  tour  par  des  Aristolochia 
gigantesques  et  par  d’autres  lianes  non  moins 
envahissantes,  ces  brillants  étrangers  dispa- 
raîtront, laissant  la  place  aux  Orchidées  et 
aux  Mousses,  qui  s’engraisseront  de  leurs 
débris  ! Partout  la  lutte  pour  l’existence  : 
le  faible  tombera  sous  le  fort. 

Les  personnes  qui  n’ont  jamais  vu  la 
végétation  tropicale  ne  peuvent  s’en  faire 
une  idée.  On  a beau  nettoyer  un  jardin  ; à 
peine  si  le  jardinier  a terminé  son  travail, 
que  les  mauvaises  herbes  renaissent  de  plus 
belle  et  semblent  se  moquer  de  ses  ef- 
forts. 


RÉGIONS  PEU  CONNUES  DU  SUD-EST  A JAVA. 


305 


Dans  un  des  jardins  de  Pasjirian,  j’ai  vu 
un  Saule  pleureur,  probablement  le  seul 
exemplaire  qui  se  trouve  dans  ces  contrées 
(du  moins  je  n’en  ai  jamais  rencontré  d’au- 
tres, même  à Java).  Il  est  vigoureux  et 
semble  se  plaire  sous  ce  climat. 

C’est  en  vain  que  j’ai  cherché  à voir 
dans  les  environs  les  Arenga  obtusifolia, 
Mart.,  et  les  Licuala  peltata^  Pmxb.,  Pal- 
miers qui  se  trouvent  en  grande  quantité 
sur  le  littoral  de  la  côte  sud-est,  et  qu’on 
n’a  jamais  rencontrés  sur  la  côte  septentrio- 
nale. Il  esta  désirer  qu’on  les  y introduise, 
parce  qu’ils  rendraient  là  de  grands  ser- 
vices par  les  nombreux  usages  qu’on  peut 
en  faire.  Ainsi,  avec  les  Bambous,  les  Impe- 
rata  arundinacea  et  la  corde  noire  confec- 
tionnée avec  les  fibres  qvd  protègent  les 
jeunes  feuilles  de  V Arenga  saccharifera,  on 
constitue  tous  les  matériaux  à l’aide  desquels 
on  établit  les  grands  hangars  qui  servent 
de  séchoirs  pour  le  Tabac.  Ces  hangars 
mesurent  parfois  250  mètres  de  longueur 
et  plus,  sur  une  trentaine  de  mètres  de  lar- 
geur, et  reposent  sur  des  piliers  d’Arej'iga 
et  de  Licuala.  Ces  Palmiers  ont  l’avantage 
d’être  très-droits  et  assez  durs  pour  ne 
pas  craindre  l’attaque  des  insectes  et  des 
rongeurs,  très-nombreux  sous  ce  climat. 
Quoique  le  Licuala  peltata  soit  le  plus 
droit  et  le  plus  long  des  deux,  V Arenga 
obtusifolia  lui  est  préféré,  à cause  de  sa 
plus  grande  durée. 

C’est  à Pasjirian  que,  pour  la  première 
fois,  je  vis  manger  les  feuilles  du  Cycas 
circinalisy  Linn.  Apprêtées  comme  les  Sal- 
sifis, elles  forment  un  très-bon  plat. 

Jusqu’au  vil  âge  que  je  viens  de  nommer, 
nous  avons  pu  faire  le  voyage  en  voiture  ; 
mais  pour  aller  plus  loin,  vers  l’ouest,  il 
nous  fallut  monter  à cheval.  Traversant  les 
jardins  de  Caféiers  du  gouvernement,  nous 
atteignîmes  après  quelques  heures  démar- 
ché le  village  de  Tjan^lie,  où  l’on  trouve  un 
antique  temple  hindou  tombé  en  ruine,  et 
tellement  couvert  de  toute  espèce  de  plantes 
qu’on  ne  le  voit  presque  pas. 

De  Tjandie,  le  chemin  nous  conduisit  au 
hameau  de  Kebou-Agooug  (littéralement 
Grand  jardin),  dernier  lieu  habité,  si  on 
ne  compte  pas  les  quelques  huttes  dissémi- 
nées à de  grandes  distances  l’une  de  l’autre 
dans  le  désert,  formé  de  splendides  forêts. 
Quoique  le  sentier  qui  conduit  de  Tjandie 
à Kebou-Agooug  eût  été  dégagé  exprès  pour  [ 


nous  et  rendu  à peu  près  praticable,  nous 
rencontrâmes  beaucoup  de  difficultés  avant 
d’arriver  au  hameau.  Ici  c’étaient  les  Bam- 
bous inclinés  sur  le  chemin  qui  nous  dispu- 
taient le  passage  ; là  les  feuilles  des  Dæmoyio- 
rops  Draco  accrochaient  nos  vêtements  au 
moyen  de  leurs  épines  recourbées,  tandis 
qu’un  peu  plus  loin  le  passage  était  barré 
par  de  gros  arbres  couchés  par  le  vent.  Les 
voyageurs  qui  pour  la  première  fois  se  trou- 
vent dans  une  forêt  vierge  de  Java  sont 
constamment  surpris  de  voir  la  luxuriante 
végétation  de  ces  localités  et  de  la  grande 
quantité  d’arbres  déracinés  que  l’on  y voit. 
En  effet,  les  sentiers,  étroits  et  serpentant 
en  innombrables  méandres,  qui  servent  de 
communication  entre  les  deux  hameaux 
semblent  se  représenter  constamment  aux 
yeux  du  voyageur,  comme  pour  le  harceler 
et  lui  faire  payer  sa  témérité.  J’attribue  ces 
fréquents  déracinements  d’arbres  à la  grande 
quantité  d’humus  dont  se  compose  le  sol, 
dans  lequel  les  racines  ne  peuvent  trouver 
la  résistance  dont  elles  ont  besoin.  Sur 
la  lisière  des  défrichements,  ces  grandes 
scènes  de  désolation  sont  encore  plus 
fréquentes,  car  là  les  arbres  manquent 
de  l’abri  qu’ils  trouvent  au  milieu  de  la 
forêt. 

De  Kebou-Agooug,  situé  à 250  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer,  nous  conti- 
nuâmes à pied  le  voyage  vers  le  nord.  Le 
sentier  avait  une  pente  rapide,  et  nous  arri- 
vâmes bientôt,  à travers  la  forêt,  à un  des 
sommets  du  mont  Foengangaid. 

Accablés  par  la  chaleur,  fatigués  et  sans 
boisson,  nous  tâchions  de  calmer  notre  soif 
à l’aide  de  plantes  qui  se  trouvaient  sur 
notre  passage,  telles  que  rhizomes  de  diver- 
ses espèces  de  Zingibéracées,  centre  ou  cœur 
des  Bananiers  sauvages  {Musa  simiarum, 
Bumphius).  C’était  en  vain:  ni  les  uns  ni 
les  autres  ne  pouvaient  apaiser  notre  soif. 
Bientôt  cependant  nous  trouvâmes  de 
grandes  quantités  de  Costus  speciosus, 
Smitli , qui  nous  rafraîchissaient  mieux. 
Cette  jolie  plante  au  port  excentrique,  dont 
la  lige  s’élève  en  spirale,  est  très-fréquem- 
ment usitée  dans  la  médecine  domestique. 
Si  nous  avions  eu  à notre  disposition  des 
Bambusa  Apus,  Schlr.,  nous  n’aurions  pas 
été  si  altérés,  car  ce  Bambou  contient  pres- 
(jue  toujours  entre  ses  nœuds  une  eau 
très -bonne  à boire,  qui  n’est  autre  qu’une 
accumulation  de  sève.  Malheureusement, 


306 


VAPORISATEUR  LANDRY. 


cette  espèce,  de  même  que  les  autres  de  ce 
genre,  faisait  complètement  défaut. 

Au  sommet  du  Tœgaugaw,  qui  s’élève  à 
environ  600  mètres,  on  jouit  de  la  plus  belle 
vue  que  l’on  puisse  imaginer  ; un  panorama 
aussi  grandiose  qu’étendu  se  développe,  et 
la  vue  ne  s’arrête  que  sur  un  horizon  illi- 
mité, qui  semble  confondre  le  ciel  et  la 
terre.  A nos  pieds  nous  avions,  dans  le  loin- 
tain, l’océan  Pacifique,  marquant  d’un  ruban 
argenté  ses  nombreux  brisants.  La  côte 
escarpée  n’offre,  dans  ces  parages,  aucun 
abri  aux  navires  surpris  par  la  tempête. 
Après  avoir  à notre  aise  contemplé  ce  spec- 
tacle imposant  nous  continuâmes  notre 
marche,  tantôt  en  gravissant  les  difl’érents 
sommets,  tantôt  descendant  dans  de  pro- 
fondes vallées,  en  suivant  toujours  le  sen- 
tier, qui  était  à peine  visible  et  obstrué  par 
toutes  sortes  d’obstacles.  Enfin  nous  attei- 
gnîmes le  but,  et  nos  efibrts  furent  cou- 
ronnés de  succès  : devant  nous,  la  hutte 
la  plus  avancée  dans  la  forêt,  liabitée  par 
une  famille  de  Tiang-Dérèsje.  Les  Tiang- 
Dérèsje  sont  gens  c(  sans  peur,  » et  leur 
métier  est  l’exploitation  des  Arenga  sac- 
char  i fera  ; matin  et  soir  ils  recueillent  la 
sève  de  ce  Palmier  et  ensuite  la  transfor- 
ment en  sucre. 

La  végétation  de  ces  parages  est  d’une 
puissance  et  d’une  beauté  inimaginables. 
Les  eaux  limpides  des  ruisseaux  sans  nom- 
bre entretiennent  la  vie  de  milliers  de 
Fougères  toutes  plus  belles  et  plus  gra- 
cieuses les  unes  que  les  autres,  et  parmi 
lesquelles  les  espèces  arborescentes  sem- 
blent trôner  par  leur  stipe  élancé  et  droit, 
couronné  par  un  dôme  de  feuilles  d’une 
majestueuse  élégance.  L’atmosphère  hu- 


mide fait  qu’un  grand  nombre  d’Orchi- 
dées,  de  Mousses  et  de  plantes  terrestres 
ou  épiphytes  diverses  vivent  très -bien. 
D’autre  part,  la  terre,  éminemment  fertile, 
donne  naissance  à une  foule  de  plantes  de 
différentes  familles , dont  l’énumération 
seule  remplirait  plusieurs  pages.  Ici  les 
Pleciocomia  elongata^  les  Dcmnonorops 
DracOy  et  beaucoup  d’autres  rotins  formaient 
une  barrière  infi’anchissable,  et  élevaient 
leurs  têtes  à des  centaines  de  pieds  de  hau- 
teur en  s’accrochant  aux  Artocarpus  incisa. 
Là  c’étaient  différentes  espèces  d’Areca, 
dont  les  spadices  de  couleur  corail  capti- 
vaient nos  regards.  Je  remarquai  aussi  des 
quantités  considérables  de  Bégoniacées,  de 
Draccena  et  de  Zingibéracées,  et  parmi 
ces  dernières  le  joli  Hedychium  corona- 
riuMj  Kœnig,  à fleurs  blanches  et  jaunes. 
Dans  quelques  endroits,  le  tronc  de  presque 
tous  les  arbres  était  couvert  d’une  Pandanée 
grimpante  dont  les  feuilles  n’avaient  , pas 
plus  de  25  centimètres  de  longueur.  A l’aide 
de  racines  adventices,  cette  espèce  s’élevait 
jusqu’à  25  mètres  et  plus  de  hauteur.  Je 
n’ai  vu  ce  Pandanus  sur  aucune  autre 
montagne  de  notre  belle  île,  et  je  regrette 
beaucoup  que,  parmi  la  quantité  innom- 
brable qui  se  trouvait  là,  il  n’y  eût  aucun 
individu  en  fleurs. 

A côté  de  la  hutte  des  indigènes  dont  j’ai 
parlé,  il  y avait  plusieurs  pieds  de  Cannes 
à sucre  qui  prospéraient  à merveille  ; sur 
quelques  touffes,  je  comptai  plus  de  vingt- 
cinq  tiges.  Jusque-là  je  n’avais  encore  vu 
nulle  part  la  Canne  à sucre  croître  à une 
si  grande  hauteur  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer. 

F.  DE  Rijk. 


VAPORISATEUR  LANDRY 


Commençons  par  dire  qu’il  s’agit  de  la 
destruction  des  insectes  au  moyen  de  la 
vapeur  de  nicotine,  que  l’instrument  dont 
il  s’agit,  le  vaporisateur  Landry,  est  destiné 
à produire. 

C’est  à M.  Boizard,  jardinier  de  la 
baronne  de  Rothschild,  à Paris,  que  revient 
l’idée  première  de  l’emploi  de  cette  subs- 
tance insecticide,  dont  l’efficacité  est  incon- 
testable. Le  procédé  est  des  plus  simples, 
puisqu’il  suffit  de  chauffer  fortement  de  la 
nicotine  pour  l’amener  à l’état  de  vapeur. 


Un  simple  réchaud  avec  un  vase  quel- 
conque, en  fer,  en  terre,  en  cuivre,  etc., 
dans  lequel  on  met  de  la  nicotine,  suffisent. 
Néanmoins,  ces  choses  ne  sont  pas  telle- 
ment indifférentes,  qu’il  n’y  ait  pas  lieu 
d’employer  plutôt  l’un  que  l’autre. 

M.  Landry,  horticulteur,  92,  rue  de  la 
Glacière,  qui,  depuis  l’invention  de  M.  Boi- 
zard, s’est  occupé  de  cette  question  et  qui 
a constamment  fait  des  essais  pour  arriver 
à la  résoudre  pratiquement  et  le  plus  éco- 
nomiquement possible,  est  arrivé  à un  très- 


VAPORTSA-TEUR  LANDRY. 


307 


Lon  résultat  et,  après  bien  des  tâtonne- 
ments, il  s’est  arrêté  à un  très-bon  instru- 
ment, approprié  à l’usage  auquel  il  est 
destiné  et  dont  voici  une  description  très- 
exacte,  faite  par  M.  Landry  lui-même  : 

((  Get  appareil  (fig.  55)  se  compose  de 
trois  pièces  principales  qui  sont  : 1»  le  four- 
neau ; 2®  la  lampe  ou  réchaud  ; 3»  le  réci- 
pient ou  bouilleur.  Le  fourneau,  qui  a 1 8 cen- 
timètres de  large  sur  30  centimètres  de  haut, 
est  en  tôle  douce  et  de  forme  cylindrique  ; 
une  plaque  de  même  métal  en  forme  la 
base  et  sert  d’assise  à la  lampe.  Dans  le 
corps  du  cylindre  et  sur  l’un  des  côtés  est 
ménagée  une  ouverture  pour  introduire  la 
lampe  et  faciliter  la  manœuvre  du  modéra- 
teur. Sur  les  côtés  sont  fixées  deux  petites 
poignées  pour  trans- 
porter l’appareil  ; 
elles  sont  recou- 
vertes d’une  sorte 
d’étui  en  bois,  afin 
que  l’on  ne  puisse  se 
brûler  quand  l’ap- 
pareil fonctionne  et 
qu’il  faut  le  changer 
de  place.  La  lampe 
est  en  métal  blanc 
et  à modérateur,  on 
l’alimente  à l’esprit 
de  bois. 

((  Le  récipient  ou 
bouilleur  destiné  à 
contenir  la  nicotine 
est  en  cuivre  rouge  ; 
il  est  de  forme  sphé- 
rique, composé  de 
deux  pièces  agrafées 
et  soudées  ensemble  ; un  petit  rebord  fai- 
sant une  saillie  de  5 millimètres  est.mé-  , 
nagé  à l’endroit  de  l’assemblage,  de  sorte  j 
que,  posé  sur  le  haut  du  fourneau,  la 
moitié  du  bouilleur  entre  dedans  et  se 
trouve,  par  sa  base,  à la  hauteur  néces- 
saire pour  être  en  rapport  avec  la  flamme 
de  la  lampe.  A la  partie  supérieure  existe 
un  orifice  pour  l’introduction  du  liquide, 
lequel  orifice  peut  se  fermer  au  moyen 
d’une  vis-bouchon  en  cuivre  jaune  ou  tout 
simplement  par  un  bouchon  de  liège,  ce 
qui  est  tout  aussi  bon  et  plus  économique. 
Tout  auprès  se  trouve  le  tube  d’échap- 
pement pour  la  vapeur,  auquel,  au  be- 
soin, on  adapte  un  tuyau  en  caoutchouc 
variant  de  80  centimètres  à 1 mèlre  de 


longueur  et  même  plus,  suivant  la  distance 
que  doit  parcourir  la  vapeur.  A l’autre 
extrémité  du  caoutchouc,  on  peut  fixer  une 
douille  en  cuivre  de  quelques  centimètres 
de  long  pour  en  faciliter  l’introduction,  soit 
dans  les  coffres,  soit  dans  les  vitrines  dont 
on  dispose,  et  où  sont  placées  les  plantes 
à traiter. 

« La  capacité  réelle  du  bouilleur  est  de 
2 litres  75  centilitres  ; mais,  pour  qu’il 
fonctionne  bien,  il  ne  faut  guère  mettre 
plus  d’un  litre  de  nicotine  ; vingt  minutes 
suffisent  pour  mettre  celle-ci  en  vapeur,  et 
la  dépense  par  heure  est  d’environ  30  cen- 
tilitres de  liquide.  La  lampe,  d’une  conte- 
nance de  50  centilitres,  dépense  à l’heure 
12  centilitres  environ  d’esprit  de  bois  ; il 
suffit,  quand  le 
tout  fonctionne  bien, 
d’un  quart  d’heure 
pour  remplir  de  va- 
peur une  vitrine 
cubant  un  mètre.  » 
Il  va  sans  dire 
que  cet  appareil  n’a 
rien  d’absolu  dans 
sa  forme  ni  dans  ses 
dimensions,  puis- 
que, tout  réchaud, 
de  même  que  tout 
vase  qui  va  sur  le 
feu,  peuvent  être 
employés.  Mais  f ins- 
trument que  nous 
venons  de  décrire, 
remplit  les  condi- 
tions les  plus  avan- 
tageuses pour  opérer 
la  vaporisation  de  la  nicotine.  » 

Il  nous  reste  à parler  de  son  usage,  c’est- 
à-dire  à indiquer  la  manière  de  procéder 
pour  arriver  à de  bons  résultats. 

Notons  d’abord,  bien  que  la  vapeur  de 
nicotine  ne  puisse  altérer  en  aucune  façon 
les  tissus,  même  ceux  des  fleurs  les  plus 
délicates,  qu’il  est  bon  de  couper  la  nicotine 
par  moitié  au  moins  avec  de  Teau.  D’abord 
il  y a économie  ; puis  les  vapeurs  de  nico- 
tine et  d’eau,  en  se  combinant,  agissent 
presque  aussi  énergiquement  sur  les  in- 
sectes et  ne  peuvent  nuire  en  quoi  que  ce 
soit  à la  végétation.  D’autre  part,  comme  en 
s’échauffant  l’eau  a toujours  plus  de  ten- 
dance à s’évaporer  que  la  nicotine  qui  est 
plus  dense,  il  s’ensuit  que  le  liquide  tend 


Fig.  55.  — Vaporisateur  Landry,  au  1/8  d’exécution. 


308 


LES  COLUMNEA. 


toujours  à épaissir;  il  faut  donc,  avec  une 
baguette,  agiter  de  temps  en  temps  le 
liquide  du  récipient  et  y ajouter  un  peu 
d’eau,  s’il  en  est  besoin.  Faute  de  prendre 
ces  pr-écautions,  au  lieu  d’une  vapeur 
aqueuse,  on  obtient  de  la  vapeur  charbon- 
neuse, surchauflée,  qui,  alors,  pourrait  fati- 
guer les  plantes. 

Les  fumigations  ou  plutôt  les  vaporisa- 
tions sont  de  deux  sortes  : préventives  ou 
hygiéniques,  c’est-à-rlire  faites  de  temps  à 
autre  (tous  les  huit  jours  ou  tous  les  quinze 
jours,  suivant  le  besoin),  et  curatives, 
lorsqu’il  y a beaucoup  d’insectes  à détruire 
et,  dans  ce  cas,  il  est  bon  de  répéter  fré- 
quemment l’opération,  soit  de  douze  à 
vingt-quatre  heures  d’iut»^rvalle.  En  géné- 
ral, il  vaut  mieux  répéter  plus  souvent 
l’opération  et  que  celle-ci  soit  plus  légère. 

Chaque  fois  qu’on  a ((  vaporisé  » une 
serre,  il  faut,  quelques  heures  après  que 
l’effet  est  produit,  bassiner  les  plantes  avec 
de  l’eau  froide,  en  ménageant  toutefois  les 
fleurs  qui  pourraient  en  souffrir. 

Ce  qui  vient  d’être  dit  s’entend  des  opé- 
rations générales,  c’est-à-dire  pour  les  cas 
où  l’on  veut  vaporiser  toute  une  serre. 
Mais,  comme  il  arrive  fréquemment  que 
certaines  plantes  seulement  sont  attaquées 

LES  CC 

Ces  belles  Gesnériacées  ont  reçu  leur  nom 
générique  en  l’honneur  de  Fabio  Colonna 
{Fabius  Columna),  savant  botaniste  né  à 
Naples,  15G7. 

On  connaissait  depuis  longtemps  quelques 
Columnea;  mais  les  plus  belles  espèces  sont 
d’importation  plus  récente. 

Le  calyce  des  (jolumnea,  dit  M.  J.  Peters 
dans  l’arlicle  de  \ lllustrierte  Monatshefte, 
dont  nous  donnons  ci-joint  la  tiaduction  (1), 
est  monopétale,  à cinq  divisions  profondé- 
ment entaillées.  La  corolle  est  tubulaire,  et 
à double  limbe.  Le  limbe  extérieur  est  al- 
longé et  recoui’bé,  le  limbe  intérieur  [)lus 
court  et  à trois  divisions.  Le  fruit,  en  forme 
de  baie,  est  divisé  en  deux  loges  qui  con- 
tiennent une  grande  quantité  de  graines. 

De  même  que  les  Atloplectus,  les  Æschy- 
nanthus  et  la  plupart  des  Gesnériacées,  les 
Columnea,  dans  leur  pays  natal,  c’e-^t-à- 
dire  dans  l’Atnérique  ineridionale  et  cen- 

(l)  lllust.  mouatscli.,  18^3,  p.  '1^29. 


par  des  insectes,  il  va  de  soi  que  celles-ci 
seules  ont  besoin  d’être  traitées. 

Il  convient  donc  d’avoir  une  vitrine,  fer- 
mant ^ hermétiquement,  plus  ou  moins 
grande  en  raison  des  végétaux  à traiter, 
dans  laquelle  on  apporte  les  individus  ma- 
lades, et  où  on  les  soumet  à un  régime  par- 
ticulier en  rapport  avec  leur  affection,  abso- 
lument comme  dans  une  clinique  ou  un 
hôpital  il  y a une  pièce  réservée  pour  les 
opérations  des  maladies  spéciales. 

C’est  dans  ces  cas  particuliers,  ou  bien 
quand  il  s’agit  d’opérer  dans  des  coffres, 
que  le  tube  en  caoutchouc  du  vaporisateur 
est  nécessaire  ; on  l’introduit  alors  par  une 
petite  ouverture  placée  au  bas  de  la  vitrine 
ou  sur  l’un  des  côtés  des  coffres,  ouverture 
que  l’on  ouvre  et  ferme  au  besoin  avec  un 
tampon  de  mousse,  un  bouchon  de  liège, etc. 
Dans  toute  autre  occasion,  c’est  -à-dire  quand 
il  s’agit  d’une  opération  générale,  le  tube 
en  caoutchouc  n’est  pas  nécessaire  ;'il  suffit 
de  placer  le  vaporisateur  dans  une  partie 
quelconque  de  la  serre,  et,  si  celle-ci  est 
grande,  de  le  changer  de  temps  à autre, 
de  manière  à régulariser  l’opération  et  que 
toutes  les  parties  soient  également  satu- 
l'ées. 

E.-A.  Carrière. 


traie,  croissent  de  préférence  au  milieu  des 
forêts,  dans  les  endroits  humides  et  peu 
exposés  au  soleil,  se  développant  au  pied 
des  arbres  et  s’enlaçant  autour  de  leurs 
branches,  sur  lesquelles  ils  développent  des 
racines. 

Sous  nos  climats,  ce  sont  des  plantes  de 
serre  chaude  ou  tempérée. 

Leur  culture  est  facile,  soit  en  pot,  soit 
en  pleine  terre.  Certaines  espèces,  à tiges 
vigoureuses  et  flexibles,  peuvent  être  palis- 
sées et  prendre  diverses  formes  ; d’autres, 
au  contraire,  se  développant  peu,  peuvent, 
à l’aide  de  qutdques  pincements,  rester  en 
fortne  de  boules.  Les  Columnea  doivent 
toujours  être  soutenus  par  de  petites 
baguettes. 

■ Le  sol  qui  leur  convient  le  mieux  est  une 
terre  sablonneuse,  avec  du  terreau  de  feuilles, 
de  la  terre  tourbeuse,  et  aussi  quelques 
morceaux  de  bois  décomposé  et  de  chaibon 
de  bois.  Les  pots  doivent  toujours  être  rela--* 


I.ES  COLUMNEA. 


309 


tivement  de  petite  dimension,  et  bien  drai- 
nés. 

Les  Columnea,  pendant  leur  période  de 
végétation,  demandent  de  la  chaleur  humide 
et  de  l’ombre.  Alors  que  les  nouvelles 
pousses  ont  fini  leur  développement,  on  laisse 
les  plantes  se’  reposer  et  on  leur  donne 
moins  d’humidité.  La  multiplication  se  fait 
aisément  par  boutures,  mais  toujours  à 
l’aide  de  la  chaleur  humide. 

Voici  la  courte  description  de  quelques- 
unes  des  meilleures  espèces  : 

C.  aurantiaca,  Dcsne.  Introduit  en  1843 
de  la  Nouvelle  Grenade.  Feuilles  opposées, 
à pétioles  courts,  allongées-lancéolées-poin- 
tues.  Fleurs  à longs  pédoncules  recourbés, 
se  développant  à l’aisselle  des  feuilles.  Ces 
fleurs,  grandes,  tubuleuses,  sont  d’un  jaune 
orangé  vif  uniforme. 

C.  erythrophœa,  Dcsne.  Plante  mexi- 
caine, introduite  en  1858.  Espèce  des  plus 
jolies  et  très-florifère.  Feuilles  ovales,  d’un 
vert  foncé.  Fleurs  rouge  vif,  apparaissant 
surtout  en  hiver.  Pour  obtenir  de  forts  spé- 
cimens bien  fleuris,  il  est  nécessaire,  aussi- 
tôt que  les  plantes  montrent  de  nouvelles 
pousses  suffisamment  développées,  de  les 
mettre  dans  un  endroit  frais,  afin  d’arrêter 
la  végétation,  sans  quoi  ces  plantes  pousse- 
raient trop  vigoureusement,  et  ne  donne- 
raient que  des  fleurs  petites  et  peu  nom- 
breuses. Vers  le  15  septembre,  on  rentre 
les  pieds  en  serre  chaude  et  on  les  laisse 
pendant  quelque  temps  exposés  au  soleil. 
La  floraison  commence  bientôt,  et,  quand 
elle  est  terminée,  en  mars,  on  rempote  ces 
Columnea,  on  les  taille  et  on  les  met  en 
serre  chaude,  pour  que  le  développement 
des  nouvelles  pousses  ait  lieu. 

C.  hirsuta,  Sw.  (Antilles).  Arbuste  de 
1 mètre  à 50,  grimpant,  à tige  faible. 
Feuilles  ovales,  pointues  et  velues.  Fleurs 
rouge  pâle  et  rouge  écarlate,  couvertes  de 
poils. 

C.  rutilans,  Sw.  (Antilles.)  Introduit  en 
1823.  Tiges  ligneuses,  peu  grimpantes. 
Feuilles  velues,  longues,  ovales-lancéolées, 
à pétioles  assez  longs,  leur  face  inférieure 
est  colorée  de  rouge.  Fleurs  velues,  de  cou- 
leur orange,  se  développant  isolément  ou 
par  trois  à l’aisselle  des  feuilles. 

C.  scandens,  L.  (C.  rotundifolia,  Salisb.) 


(Guyane,  Antilles).  Tiges  faibles,  ram- 
pantes. Feuilles  nombreuses,  ovales-acu- 
minées.  Fleurs  d’un  rouge  écarlate,  très 
velues,  se  développant  isolément  à l’aisselle 
des  feuilles.  Cette  espèce,  lorsqu’elle  est 
bien  cultivée,  se  prête  facilement  à la  gar- 
niture de  grands  vases  et  suspensions. 

C.  ScJiiedeana,  Schlecht.  (Mexique). 
Espèce  presque  abandonnée,  quoiqu’elle 
soit  une  des  plus  jolies.  Hauteur  50 
à 2 mètres.  Feuilles  allongées,  rouges  en 
dessous.  Fleurs  jaunes,  longuement  pédon- 
culées,  couvertes  de  taches  brun  rouge. 
Plante  de  serre  tempérée,  d’une  vigueur 
moyenne. 

C.  crassi folia,  Bron^xï.  (Caracas).  Fleurs 
luisantes,  d’un  rouge  écarlate. 

C.  ovata,  Gav.  (Vénézuéla).  Fleurs  rouge 
écarlate,  couvertes  de  poils  blancs. 

C.  pilosa,  Lem.  (C.  aureo-nitens , 
Hook).  (Colombie).  Très-belle  espèce  à fleurs 
jaunes,  couverte  de  poils. 

Ajoutons  à la  liste  donnée  ci-dessus  par 
M.  Peters,  le  C.  Kalbreyeri,  Hook.  f., 
belle  espèce  récemment  introduite  de  la  pro- 
vince d’Antioquia  (Colombie),  par  M.  Kal- 
breyer,  qui  l’a  envoyée  à MM.  Veitch,  et 
figurée  dans  le  Botanical  Majazine  (1). 

Très-belle  espèce,  à tiges  courtes,  q.uel- 
quefois  ligneuses,  cylindriques.  Feuilles  ses- 
siles,  longues,  d’un  vert  foncé,  éclairées  par 
places  de  taches  d’un  vert  gai.  Ces  feuil- 
les, à leur  face  inférieure,  sont  rouge  vio- 
lacé. Fleurs  velues,  d’un  jaune  vif,  mar- 
quées longitudinalement  par  des  lignes 
orange.  Plante  très-ornementale. 

Les  Columnea  sont  des  Gesnériacées 
aussi  étranges  que  belles.  Nous  avons  eu 
bien  souvent  la  bonne  fortune  de  les  admi- 
rer dans  les  forêts  vierges  de  la  zone  équa- 
toriale. Un  petit  nombre  d’espèces  seulement 
sont  connues  des  botanistes,  et  c’est  par 
douzaines  qq’il  faudrait  introduire  celles  qui 
pourraient  jouer  un  rôle  ornemental  dans 
nos  serres.  Nous  aurons  occasion  de  parler 
prochainement  de  cet  admirable  genre  en 
traitant  de  la  collection  des  espèces  que 
nous  avons  récoltées  dans  la  Nouvelle  Gre- 
nade et  dans  l’Ecuador. 

Ed.  André. 

(1)  V.  Botanical  Magazine,  1882,  tab.  6633. 


310 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’IIORTIGULTURE  DE  FRANCE. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’IIORTICULTÜRE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  14  JUIN  1883 


Réunion  très-intéressante , nombreux  ap- 
ports, tant  au  Comité  de  culture  potagère 
qu’à  celui  de  tloriculture. 

Au  comité  de  culture  ]iotagère^  présenta- 
tions : Par  MM.  Gliantrier  frères,  horticulteurs 
à Mortefontaine,  quelques  pieds  de  Fraisiers 
des  Quatre-Saisons,  de  semis,  réunissant  toutes 
les  qualités  désirables.  — Par  M.  Bertaud,  de 
Piungis:  plusieurs  tètes  d’Artichaut  de  Laon, 

très-bonne  variété  à tôles  larges,  bien  faites, 
bien  développées,  de  production  abondante  ; 
2»  des  Fraises  de  la  variété  Docteur  Morère, 
d’un  remarquable  développement  ; 3^  des 

fi'uits  presque  mûrs  de  l’Aubergine  violette  à 
'petit  fruit  ; 4»  un  pied  de  Tomate  rouge  hâ- 
tive, qui,  cultivé  en  pleine  terre,  portait  déjà, 
avec  plusieurs  fruits  encore  verts,  un  autre 
fruit  arrivé  à maturité.  — Par  M.  Forgeot, 
marchand-grainier,  quai  de  la  Mégisserie  : 
1“  Des  Pois,  bons  à manger,  des  variétés 
Express,  Orgueil  du  Marché  et  Stratagème  ; 
ces  échantillons  démonti-aient  la  liâtiveté  de 
ces  variétés,  ainsi  que  leur  gi'ande  production. 
2*^  Deux  pieds  de  Romaine  Ballon,  variété  peu 
liàtive,  mais  très-vigoureuse.  3»  Des  pieds  de 
llarkot  Flageolet  beurre,  couveids  de  gousses 
])resque  mûres.  Ces  gousses  atteignaient  jus- 
({u’à  i8  et  20  centimètres  de  longueur.  4»  Des 
])ieds  de  Haricot  nain  du  Mont-Dore,  variété 
très-recommandable  pour  la  culture  sous  châs- 
sis. 5®  Enfin,  des  Haricots  Bonnemain.  — 
Par  M.  Dybowski,  répétiteur  d’horticulture  gé- 
nérale à l’Institut  agronomique  de  Grignon  : 
1®  Un  paquet  de  racines  de  Bardayie  du  Japon, 
])rovenant  de  semis  faits  fin  mars  dernier,  sur 
vieille  couche.  Ges  racines,  de  la  grosseur  de 
Salsifis  très-développés,  sont,  on  le  sait,  comes- 
tibles, et  M.  Dybowski  espère  que  la  production 
en  sera  possible  toute  l’année.  2»  Un  paquet 
de  racines  de  Smyrnium  Olusatrum,  ombelli- 
fère  indigène  à racines  charnues,  qui  a été 
(‘ultivée  anciennement,  puis  abandonnée,  bien 
({u’elle  offre,  suivant  M.  Dybowski,  de  sérieux 
avantages.  Les  racines  présentées  proviennent 
de  semis  faits  fin  mars  sur  couche  froide,  à 
l’aide  de  graines  reçues  de  Turquie.  Le  présen- 
tateur, qui  a dégusté  ces  racines,  affirme  que, 
blanchies  et  cuites  ensuite  avec  de  la  viande, 
ou  • simplement  frites,  elles  sont  farineuses, 
et  ont  un  goût  très-agréable,  ressemblant  à 
celui  d’une  Pomme  de  terre  bien  cuite.  — Par 
M.  Boulant  : 1»  Un  Pois  nain,  innommé,  et 
réunissant  des  qualités  qui,  croyons-nous,  le 
rendront  recommandable.  2®  Des  Pommes  de 
terre  Quarantaine  (jui,  plantées  le  27  mars 


dernier,  étaient  déjà  bien  développées,  mesu- 
rant 7 centimètres  de  longueur  sur  3 centi- 
mètres de  largeur.  3®  Une  Fraise  des  Quatre- 
Saisons  obtenue  de  semis,  très-grosse  et  très- 
bonne.  4®  Des  Navets  Tetlau  de  Berlin,  variété 
qui  a été  l’objet,  l’année  dernière,  d’une  com- 
munication faite  par  M.  A.  Lavallée.  Ges  Na- 
vets sont  de  bonne  qualité;  mais  ils  doivent  être 
mangés  lorsqu’ils  sont  jeunes;  en  grossissant, 
ils  sont  fortement  attaqués  par  les  vers.  — 
Par  M.  Yavin,  des  Fèves  du  Portugal.  — Par 
]M.  Garnichon,  des  Fraisiers  de  semis. 

Au  comité  de  floriculture  : Par  M.  Forgeot, 
marchand-grainier,  quai  de  la  Mégisserie,  Paris  : 
1®  Une  belle  collection  de  Pieds-d’ Alouette 
nains,  à fleurs  doubles,  en  pots  ; coloris  très- 
vifs  et  très-variés,  passant  du  blanc  pur  au 
violet,  au  rouge  foncé  et  au  bleu,  pàr  toutes 
les  nuances  intermédiaires.  2®  Des  fleurs  cou- 
})ées  de  Dahlias  simples,  jaune  canari,  rouge 
pourpre,  grenat,  etc.,  d’une  richesse  de  tons 
admirable.  — Par  M.  Naudin,  horticulteur, 
rue  d’Alleray,  Paris  : 1®  Un  beau  choix  de  Pé- 
tunias doubles  et  simples,  en  Heurs  coupées. 
Ges  Pétunias,  à grandes  fleurs,  quelques-uns 
frangés,  étaient  fort  jolis,  et  de  couleurs  bien 
variées.  Ils  dénotaient  une  culture  entendue. 
2®  Deux  Pétunias  en  pots.  L’un  (n®  41),  à 
fleur  très-double,  Rangée,  rose  légèrement 
violacée;  l’autre  (n®  30),  à fleur  double,  de 
gi’andeur  moyenne,  blanc  légèi’ement  nuancé 
de  l'ose.  — Par  M.  Dupanloup,  marchand- 
grainier,  à Paris,  une  collection  de  Pensées 
anglaises  en  fleurs  coupées.  Bonne  cultui’e, 
jolis  coloris.  — Par  M.  Précy,  amateur  ; un 
pied  de  Phyllocactus  Hookeyû,  poiiant  une 
belle  Heur  blanche, légèrement  teintéedejaune. 
Plante  à floraison  magnifique.  — Par  M.  Bleu, 
horticulteur-amateur,  avenue  d’Italie,  Paris  : 
des  pieds  fleuris  de  deux  belles  Orchidées  : 
1®  du  Cattleya  Sanderiana,  à grandes  fleurs 
roses  marquées  de  blanc,  haute  nouveauté  an- 
glaise, qui  fleurit  pour  la  première  fois  en 
France;  2®  de  ïOncidium  pulvinatum,  espèce 
bien  connue,  mais  représentée  par  un  bel  exem- 
plaire, portant  une  hampe  haute  de  l‘«  50,  et 
couverte  de  fleurs  jaunes  tachées  de  brun.  — 
Par  M.  Duval,  h rticulteur  à Versailles  : un 
Vyûesea  psittacina  Mory^eniana,  jolie  variété 
récemment  décrite.  Le  pied  présenté  portait 
deux  inflorescences,  dont  une  axillaire.  — Par 
M.  Brot-Delahaye,  marchand-grainier,  à Paris  : 
très-belle  collection  d’Œillets  MigyiayMise  à 
fleurs  doubles  et  très-doubles,  coloris  variés. — 
Par  M.  Rigault:  un  bouquet  d’Alstrœmèi-es,  dé- 


BÉGONIA  HYBRIDE  VICTOR  LEMOINE. 


311 


notant  une  bonne  culture»  — Par  la  Compa- 
gnie continentale  d’horticulture  de  G and  : Le 
DieffenbacJda  magnifica,  déjà  exposé  à Gand 
et  à Paris,  Aroïdée  à feuilles  vertes  tachées 
de  blanc,  et  le  Cattleya  nobüior,  Orchidée  à 
(leur  rose  violacé,  récemment  décrite.  — Par 


M.  Godefroy-Lebœuf,  horticulteur  à Argen- 
teuil  : un  pied  fleuri  de  Pingnicula  caudatcd 
à feuilles  charnues,  rosulantes,  à fleurs  rose 
vif  violacé,  tachées  de  blanc  et  garnies  d’un 
éperon  verdâtre  ; jolie  espèce  mexicaine  de  serre 
froide. 


BÉGONIA  HYBRIDE  VICTOR  LEMOINE 


Aujourd’hui  que  la  belle  famille  des  Bé- 
gouiacées  prête.,  à la  décoration  de  nos  ser- 
res et  de  nos  jardins,  un  si  grand  nombre 
de  ses  intéressants  sujets,  il  ne  sera  peut- 
être  pas  sans  intérêt,  pour  les  lecteurs  de  la 
Revue,  de  connaître  un  des  meilleurs 
moyens  de  conservation  et  de  culture  de  la 
jolie  recrue  que  nous  devons,  m’a-t-on  as- 
suré, à rétablissement  Schmidt,  de  Lyon.  (1) 
Le  Bégonia  Victor  Lemoine,  dont  je  veux 
parler,  est  un  vrai  bijou  horticole  pour  for- 
mer les  bordures  de  corbeilles  de  fleurs  ou 
des  massifs  entiers  bordés  de  blanc  ou  de 
bleu  pâle.  Il  ne  s’élève  pas  à plus  de  25 
à 30  centimètres  de  hauteur;  son  feuil- 
lage est  d’un  vert  gai  et  très-dense;  quant 
à ses  jolies  fleurs,  très-nomlireuses  et 
formant  boule,  elles  se  succèdent  de  juin 
en  octobre  et  sont  d’un  coloris  rouge  gro- 
seille très-vif.  Ce  précieux  auxiliaire  de 
la  décoration  de  nos  parterres,  une  fois 
livré  à la  pleine  terre  de  nos  massifs,  est 
très-rustique  et  résiste  très-bien  aux  ar- 
deurs du  soleil,  quoiqu’il  soit  préférable  de 
le  placer  à mi-ombre  ; et  je  ne  connais 
aucune  plante  d’ornement  qui  puisse  le 
surpasser  comme  durée  et  comme  abon- 
dance de  floraison.  Pourquoi  donc  est-il  si 
rare  dans  nos  jardins?  Parce  qu’il  est  né 
mulet,  issu  de  deux  types  distincts  ; qu’il  ne 
peut  se  reproduire  de  semence,  et  que  ces 
anomalies  sont  toujours  difficiles  à conser- 
ver. Malgré  cet  inconvénient,  voici  les 
moyens  de  culture  et  de  conservation  que 
j’ai  employés  jusqu’à  ce  jour  et  qui  m’ont 
toujours  donné  satisfaction. 

Admettant  que  nous  ayons  réussi  à hiver- 
ner, en  bonne  serre  tempérée,  près  du 
verre,  quelques  potées  de  B.  hybrida  Victor 
Lemoine,  au  mois  de  mars,  je  rabats  les 
plantes,  les  change  de  terre  et  les  passe 
dans  la  serre  à multiplication,  près  du  verre, 
où  elles  ne  tardent  pas  à pousser  vigoureu- 

(1)  Voir,  pour  la  description  et  l’origine  de  cette 
espèce.  Revue  horticole,  1881,  p.  445. 


sement  de  nouvelles  tiges  que  l’on  bouture 
lorsqu’elles  ont  de  quatre  à six  feuilles.  Le 
bouturage  se  fait  en  terrines,  que  Ton  choi- 
sit carrées  pour  perdre  moins  de  place  sur 
les  tablettes  où  sont  les  châssis  à boutu- 
rages; la  terre  employée  est  du  terreau  de 
bruyère  ou  de  feuilles,  additionné  de  sable 
siliceux»  Au  bout  de  douze  à quinze  jours, 
les  boutures  sont  suffisamment  enracinées 
pour  être  mises  en  godets  de  8 centi- 
mètres, que  l'on  devra  replacer  quelques 
jours  encore  à la  chaleur,  en  ayant  bien  soin 
de  surveiller  l’ennemi,  qui  est  le  puceron, 
et  de  s’en  débarrasser  par  des  fumigations 
lorsque  les  plantes  sont  sous  châssis , ou 
par  l’évaporation  du  jus  de  tabac  dans  le 
milieu  ambiant  des  serres 'ou  bâches,  ce 
qui  est  moins  nuisible  aux  plantes  et  plus 
désastreux  pour  les  insectes.  Lorsque  ces 
jeunes  plantes  seront  bien  reprises,  on  de- 
vra les  placer  sur  les  tablettes  de  la  serre 
tempérée,  près  du  verre,  en  les  isolant  au- 
tant que  possible  des  sujets  susceptibles  de 
prendre  les  insectes.  Aussitôt  l’arrivée  des 
beaux  jours  on  préparera  des  couches  sur 
lesquelles  on  enterrera  toutes  ces  plantes,  en 
leur  donnant  de  l’air  petit  à petit;  alors  elles 
commencent  à fleurir,  deviennent  robustes 
et  ne  craignent  plus  rien.  Vers  la  fin  de 
mai,  on  pourra  les  livrer  à la  pleine  terre 
des  corbeilles  où  elles  continueront  à don- 
ner des  profusions  de  fleurs  jusqu’aux 
gelées. 

Au  lieu  de  livrer  toutes  les  plantes  à la 
pleine  terre,  j’en  réserve  un  certain  nombre 
en  pots  de  15  à 20  centimètres,  que  je  place 
dehors  à mi-ombre,  enterrées  dans  du 
sablon.  Dans  les  premiers  jours  de  juillet, 
je  « rabats  » ces  plantes  en  leur  enlevant 
tous  les  rameaux  fleuris,  et  je  les  mets  à 
la  chaleur,  en  ayant  soin  de  renouveler  leur 
terre,  si  cela  est  nécessaire.  Au  bout  de 
quinze  jours  à trois  semaines,  les  plantes, 
ainsi  traitées , peuvent  donner  de  belles 
boutures  que  je  fais  comme  je  l’ai  indiqué 


312 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS. 


ci-dessus,  et  lors'qu’elles  sont  bien  enraci- 
nées, je  les  mets  en  godets  de  9 centimè- 
tres que  je  place  quelque  temps  sous  châs- 
sis, près  du  verre.  Ce  sont  ces  sujets  qui 
devront  être  conservés  en  serre  tempérée 
placés  près  du  jour  et  isolés  des  plantes 
qui  prennent  facilement  le  puceron. 

L’année  dernière,  à l’entrée  de  l’hiver, 
en  arrachant  les  milliers  de  pieds  que  j’a- 
vais livrés  à la  pleine  terre  des  massifs  du 


palais  de  Fontainebleau,  j’ai  remarqué 
que  bon  nombre  d’entre  eux  avaient  des 
renflements  très-accentués  analogues  à des 
tubercules  ; ce  qui  ne  peut  surprendre,  puis- 
qu’un des  parents  de  ce  Bégonia  est  tubé- 
reux.  Je  me  promets  d’en  essayer  la  con- 
servation, et  d’en  rendre  compte  en  temps 
utile. 

Louis  Neumann, 

Jardinier  en  chef  au  Palais  de  Compiègne. 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS 


Prune  Quetsche  de  Létricourt.  — Fruit 
très-gros,  en  forme  de  Quetsche,  jaunâtre, 
à chair  jaunâtre,  bien  sucrée,  de  toute 
première  qualité.  Arbre  très-fertile.  — 
Trouvée  par  M.  Alix,  arboriculteur  à 
Nancy,  dans  une  localité  du  département 
de  Meurthe-et-Moselle  (France).  (O.  Thomas, 
l.  c.,  p.  165.) 

Les  échantillons  de  cette  espèce,  d’ori- 
gine authentique,  que  nous  avons  étudiés 
nous  ont  présenté  les  caractères  suivants  : 

Fruit  éti'oitement  elliptique,  d’environ 
55  millimètres’ de  loogueur  sur  38  de  lar- 
geur dans  le  plus  grand  diamètre,  atténué 
aux  deux  bouts,  mais  ordinairement  plus 
au  sommet,  qui  est  pat  fois  presque  pointu, 
souvent  profondément  sillonné  d’un  côté 
seulement.  Queue  ténue,  d’environ  2 centi- 
mètres, inséi’ée  à fleur  du  fruit.  Peau  jaune 
herbacé,  parfois  lavée  ou  maculée  rougeâtre, 
très-légèrement  pruineuse  à la  maturité  du 
fruit.  Chair  très-légèrement  adhérente, 
dense,  consistante,  jaunâtre  pâle,  très-ju- 
teuse, sucrée,  d’une  saveur  assez  agréable. 
Noyau  osseux,  lonjuement  atténué  en  pointe 
au  sommetj  tronqué  à la  base,  roux  pâle, 
présentant  ordinairement  des  saillies  lon- 
gitudinales assez  marquées.  — Maturité, 
deuxième  quinzaine  de  septembre. 

La  Questche  de  Létricourt  nous  paraît 
très-propre  à la  préparation  des  Pruneaux. 

Prune  d'automne  de  Schamal  (?).  — 


Fruit  énorme,  atteignant  jusqu’à  6 centi- 
mètres de  long  sur  5 centimètres  et  plus  de 
largeur,  obovale,  très-sensiblement  atténué 
vers  la  queue  et  rappelant  assez  la  Prune 
Pond' s Seedling  par  sa  forme  et  sa  couleur, 
souvent  un  peu  inéquilatéral,  comme  tron- 
qué au  sommet.  Peau  rouge  foncé  vio- 
lacé, légèrement  pruineuse  à la  maturité 
du  fruit  Queue  forte,  relativement  courte, 
très-solidement  attachée  dans  une  très- 
petite  cavité  qu’elle  remplit,  entraînant  avec 
elle,  quand  on  l’arrache,  une  partie  cir- 
culaire qui  semble  être  une  dilatation  ou 
expansion  du  pédoncule  (queue).  Chair 
non  adhérente,  bientôt  molle,  bien  que 
consistante,  d’un  jaune  pâle  tendre,  d’une 
saveur  toute  particulière  rappelant  un  peu 
celle  d’Abricot,  laissant  au  palais  une  im- 
pression légèrement  aigrelette.  Noyau  roux 
cendré,  sensiblement  obovale,  très  longue- 
ment atténué  en  pointe  à la  base,  renflé 
sur  les  faces,  qui  sont  unies,  largement  et 
courtement  arrondi  au  sommet.  Très-gros, 
beau  et  assez  bon  fruit,  mûrissant  deuxième 
quinzaine  de  septembre. 

c(  Fruit  gros  ou  très-gros,  en  forme  de 
Poire,  rouge  violacé,  à chair  jaunâtre.  — 
Maturité  fin  de  septembre.  Arbre  vigou- 
reux dans  sa  jeunesse,  ensuite  de  bonne 
fertilité.  Beau  fruit.  » (O.  Thomas,  Guide, 
etc.,  p.  161.) 

POMONA. 


lmp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CMONIQUE  HORTICOLE 


Le  temps.  — Après  une  période  de 
sécheresse  et  de  chaleur  tout  à fait  excep- 
tionnelle — presque  caniculaire  — pendant 
une  grande  partie  du  mois  de  mai  et  le 
commencement  de  juin,  tout  à coup  le 
8 juin  une  forte  pluie  est  survenue  et  la  tem- 
pérature s’est  abaissée  considérablement. 
Depuis,  les  jours  souvent  sombres  et  froids 
accompagnés,  de  temps  à autre,  par  des 
pluies,  nuisaient  considérablement  à la  végé- 
tation; la  Vigne  surtout  qui  n’était  déjà  pas 
en  avance  fleurissait  difficilement,  de  sorte 
que  la  coulure  est  fort  à craindre.  Les  temps 
paraissent  changés  et  au  lieu  du  proverbe 
« frais  mai,  chaud  juin,  amènent  pain  et 
vin  D qu’invoquaient  nos  pères  en  général, 
nous  avons  l’inverse,  c’est-à-dire  de  la  séche- 
resse en  mai  et  des  pluies  relativement 
froides  en  juin,  ce  qui  produit  des  résultats 
bien  différents. 

Cependant  à partir  du  24  juin,  le  beau 
temps  et  la  chaleur  sont  revenus  et  font 
renaître  l’espoir.  L’apparence  des  récoltes 
est  bonne  presque  partout  et  donne  les 
meilleures  espérances. 

Encore  les  Wellingtonias  et  les 
oiseaux.  — Malgré  que  l’on  ait  trouvé 
quelques  exemples  d’oiseaux  nichant  dans 
ces  arbres,  ces  exemples  n’en  sont  pas  moins 
de  rares  exceptions,  ainsi  qu’il  est  facile  de 
s’en  convaincre,  si  on  les  compare  aux  faits 
contraires.  Ce  que  nous  allons  rapporter  le 
prouve  surabondamment.  Voici  ce  que  nous 
écrit  M.  Philips-Thiollière,  l’un  des  amateurs 
qui  sans  aucun  doute,  en  France,  possède 
la  plus  grande  quantité  de  Wellingtonias  : 

....Il  y a longtemps  que  je  m’étais  aperçu  de 
l’éloignement  de  lagenl  volatile  pour  les  Wel- 
lingtonias, cela  d’autant  mieux,  ainsi  que  vous 
le  savez,  que  personne  peut-être  en  France,  ne 
possède  de  plus  grandes  quantités  que  moi  de 
ces  arbres,  et  surtout  d’aussi  forts.  J’en  ai 
mesuré  dernièrement  qui  dépassent  22  mètres 
de  hauteur  et  dont  la  tige,  près  du  sol,  a plus 
de  4 mètres  de  tour  ; j’en  possède  des 
groupes  de  20  à 50  et  plus,  qui  ont  de  12  à 
18  mètres.  Eh  bien!  ni  mes  jardiniers,  ni  moi 
n’avons  jamais  trouvé  sur  ces  arbres  aucun  nid 
d’oiseau  ni  même  vu  aucun  oiseau  s’y  poser. 
Et  cependant  les  oiseaux  de  toutes  sortes  sont 
nombreux  chez  moi  où  ils  sont  parfaitement 
respectés.  A quoi  est  dû  cette  répulsion?  Est- 

16  Juillet  1883. 


ce  à l’odeur  si  forte  et  si  pénétrante  que  déga- 
gent ces  arbres,  ou  bien  aux  pointes  si  nom- 
breuses et  si  acérées  dont  sont  recouvertes 
toutes  les  branches,  même  là  où  elles  sont 
dépourvues  de  feuilles?  Je  ne  pourrais  le  dire. 
Mais  quelle  que  soit  cette  cause,  il  y a bien 
longtemps  que  je  l’avais  remarquée,  et  aujour- 
d’hui que  l’attention  est  attirée  sur  ce  fait  sin- 
gulier, j’ai  cru  devoir  ajouter  mon  témoignage 
à ceux  que  vous  avez  déjà  enregistrés. 

Nous  remercions  M.  Philips-Thiollière  de 
son  intéressante  communication  qui,  en  rai- 
son des  conditions  si  favorables  où  il  se 
trouve  pour  le  nombre  et  la  diversité  des 
oiseaux,  apporte  une  preuve  éclatante  à 
notre  démonstration,  en  faisant  encore 
mieux  ressortir  l’aversion  que  les  oiseaux 
éprouvent  pour  les  Wellingtonias. 

Le  Phylloxéra  en  Sardaigne.  — Nous 
lisons  sur  ce  sujet,  dans  le  numéro  de  juin 
1883,  de  la  Vigne  américaine,  que  le 
10  juin  M.  le  chevalier  de  Rosavenda  écri- 
vait de  Turin  à M.  Pulliat:  « On  vient  de 
découvrir  le  phylloxéra  dans  l’île  de  Sar- 
daigne... » Par  une  autre  lettre  du  14, 
M.  Selleti  confirme  cette  nouvelle,  et  il  dit: 
((  Le  phylloxéra  a été  découvert  par  M.  le 
professeur  Lubbi,  sur  vingttachesdifférentes. 
On  évalue  l’étendue  envahie  à 15  ou  20  hec- 
tares. » 

On  le  voit,  aucune  des  mesures  prises  — 
et  sous  ce  rapport  l’Italie  surtout  s’est  mon- 
trée d’une  sévérité  cruelle  — n’arrête  la 
marche  du  terrible  puceron  ; la  retarde-t- 
elle  ? Il  serait  difficile  de  rien  affirmer  à ce 
sujet.  Quoi  qu’il  en  soit,  ces  mesures  rigou- 
reuses font  un  tort  considérable  aux  com- 
munes. Ainsi  il  n’existe  certainement  pas 
un  pays  où  ces  mesures  aient  été  aussi 
sévères  qu’en  Italie,  et  nous  avons  dit  à 
quoi  cela  a servi? 

Bientôt,  par  suite  de  l’envahissement 
universel  des  Vignes  par  le  phylloxéra,  les 
mesures  prohibitives  tomberont  d’elles- 
mêmes.  Déjà  en  France,  beaucoup  de  loca- 
lités, par  suite  de  cet  envahissement,  jouis- 
sent d’une  liberté  absolue,  et  tout  récem- 
ment certaines  parties  du  département 
de  l’Aude,  qui  étaient  fermées,  ont  été 
ouvertes  librement.  Par  un  arrêté  en  date 
du  23  juin  1883,  l’introduction  des  plants 


14 


314 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


de  Vigne  étrangère  et  des  plants  de  Vigne 
provenant  d’arrondissements  phylloxérés, 
a été  autorisée  dans  les  arrondissements  de 
Limoux  et  de  Castelnaudary. 

A.  quand  les  autres  arrondissements?  Les 
arrondissements  rendus  à la  liberté  s’en 
trouveront-ils  plus  mal  ? On  pourrait  affir- 
mer le  contraire. 

Concours  d’horticulture  à Saint- 
Étienne.  — Du  30  août  au  2 septembre  4883, 
la  Société  d’agriculture,  industrie,  sciences, 
arts  et  belles-lettres  du  département  de  la 
Loire,  fera  à Saint-Étienne  une  Exposition 
d’horticulture  générale,  ainsi  que  des  arts 
et  industries  qui  s’y  rattachent. 

Les  demandes  d’admission  devront  être 
adressées  à M.  Maurice,  secrétaire  général, 
rue  de  la  Croix,  9,  à Saint-Étienne, 
avant  le  15  août,  et  indiquer*  la  nature 
des  objets  devant  figurer  à l’Exposition,  et, 
approximativement,  l’emplacement  qui  sera 
jugé  nécessaire.  Cette  dernière  disposi- 
tion est  importante,  afin  de  permettre  aux 
organisateurs  d’effectuer  le  placement  des 
objets. 

Le  jury  se  réunira  le  30  août  au  matin. 

Variations  du  Marronnier  à fleurs 
rouges.  — Au  sujet  de  la  variété  de  Mar- 
ronnier dont  il  a été  parlé  dans  la  chronique 
du  16  juin  de  la  Revue  horticole,  M.  Bau- 
mann,  de  Bolwiller  (Alsace),  nous  adresse 
les  quelques  observations  suivantes  : 

« J’ai  fait  plusieurs  semis  de  Marronniers 
rouges  et  dans  chacun  j’ai  obtenu  des  sujets 
complètement  differents  du  type  de  cette 
espèce;  et  se  rapprochant  toujours  des  va- 
riétés de  Pavias  ; presque  tous  avaient  les 
racines  plus  spongieuses  que  celles  du  Mar- 
ronnier blanc.  C’est  pourquoi  je  crois  que 
le  Marronnier  rouge  est  une  variété  de  Pa- 
via,  avec  lequel,  du  reste,  il  a de  nombreuses 
ressemblances.  » 

Cette  communication,  bien  qu’intéres- 
sante, ne  démontre  qu’une  chose  : la 
grande  variation  du  Marronnier  rouge;  mais 
rien  quant  à son  origine  qui,  comme  par  le 
passé,  reste  complètement  inconnue.  C’est 
une  lacune  à combler. 

Floraison  d’un  Agave  Celsiana.  — 

Voici,  au  sujet  de  cette  remarquable  espèce, 
ce  que,  à la  date  du  5 juin  dernier,  nous 
écrivait  M.  Aubinaud  fils,  horticulteur  à 
Angoulême  : 


On  peut  voir  en  ce  moment,  chez  un  ama- 
teur de  notre  ville,  M.  Dupuy,  un  admirable 
sujet  de  V Agave  Celsiana;  la  plante  qui  mesure 
3^50  de  circonférence,  porte  50  feuilles,  et  sa 
tige,  qui,  avec  la  hampe  florale,  haute  de 
70  centimètres,  est  entourée  de  COO  boutons, 
atteint,  dans  son  ensemble,  1^80  de  hauteur. 
Croyant  que  cette  floraison  est  assez  rare,  j’ai 
supposé  être  agréable  aux  lecteurs  de  la  Revue 
horticole,  en  la  faisant  connaître. 

M.  Aubinaud  a raison,  et  nous  le  remer- 
cions de  son  intéressante  communication. 

Exposition  générale  des  produits  de 
l’horticulture  à Ostende.—  Du  12  au  16 

août  1883,^  la  Société  royale  de  Flore,  de 
Bruxelles,  fera  à Ostende,  dans  les  salles  et 
jardins  du  Skating-Bing,  une  exposition 
générale  à laquelle  (c  tous  les  amateurs  et 
horticulteurs,  les  industriels,  les  sociétés 
d’horticulture,  les  établissements  publics  de 
botanique  et  d’horticulture,  tant  regnicoles 
qu’étrangers,  sont  invités  à prendre  part  et 
à concourir.  )) 

Les  listes  exactes  des  objets,  et  la  mention 
des  concours  auxquels  ils  sont  destinés, 
doivent  être  remises  au  secrétariat  général 
ava7it  le  l®**  août. 

Le  jury  se  réunira  le  11  août,  à onze 
heures  du  matin. 

L’article  2 du  règlement  pouvant  intéres- 
ser les  personnes  qui  se  proposent  d’expo- 
ser, nous  croyons  devoir  le  reproduire  : 

« Les  frais  de  transport,  par  chemins  de 
fer  de  l’État,  de  tous  les  envois  de  plantes, 
sont  remboursés  aux  exposants  sur  la  pro- 
duction de  pièces  établissant  que  le  trans- 
port a été  opéré  conformément  aux  condi- 
tions spéciales  du  tarif  n»  10,  » 

Ceci  est  très-bien.  Mais  quel  est  ce  tarif 
spécial  ? S’accorde-t-il  avec  les  conditions 
de  célérité  et  de  simplicité  qu’exigent  des 
objets  destinés  à un  concours  rigoureuse- 
ment déterminé  ? 

Pêches  hâtives  américaines.  — Déjà 
l’année  dernière,  nous  avons  prié  nos  lec- 
teurs et  collaborateurs,  qui  le  pourraient, 
de  vouloir  bien  nous  faire  connaître  les  ca- 
ractères (glandes,  fleurs,  fruits),  des  quel- 
ques variétés  de  Pêches  hâtives  A^nsden, 
Wilder,  Précoce  argentée.  Précoce  Louise, 
Downmg,  Waterloo,  etc.,  sur  lesquelles 
il  y a des  dissidences,  et  afin  de  bien  s’en- 
tendre sur  les  caractères  et  la  qualité  de 
ces  variétés.  Le  moment  étant  arrivé  de 


CHRONI(?UE  HORTICOLE. 


faire  ces  vérifications,  nous  adressons  de 
nouveau  la  même  prière,  remerciant  à l’a- 
vance tous  ceux  qui  voudront  bien  répondre 
à notre  appel.  C’est  une  question  d’intérêt 
général  horticole. 

Magnolias  Campbelliæ  et  Lenné.  — 

Nous  annoncions,  il  y a quelque  temps 
d’après  des  nouvelles  d’Outre-Manche,  que 
le  Magnolia  Camphelliœ,  cette  splendide 
espèce  himalayenne,  montrait  ses  boutons 
à fleurs  dans  un  jardin  du  Comté  de  Cork 
(Irlande).  Or,  la  floraison  attendue  n’a  pu 
avoir  lieu.  Les  froids  du  commencement  de 
mars,  qui  ont  fait  tant  de  ravages  dans  le 
Midi,  se  sont  étendus  jusqu’en  Irlande  et 
tous  les  boutons,  qui  étaient  pleins  de  pro- 
messes, ont  été  détruits. 

A cette  occasion,  nous  devons  faire 
remarquer,  grâce  à des  renseignements  plus 
précis,  que  la  floraison  de  cette  espèce, 
qui  nous  avait  été  signalée  de  Pallanza  et 
d’Intra,  ne  s’applique  pas  au  M.  Camp- 
helliœ  qui,  en  réalité,  n’a  pas  encore  fleuri 
en  Europe,  mais  simplement  au  M.  Lenné, 
très-belle  variété,  sans  doute,  mais  dont 
les  fleurs  sont  bien  connues.  Il  faut  donc 
attendre  encore  pour  pouvoir  se  prononcer 
de  visu  sur  le  mérite  de  la  fleur  du  M. 
Campbelliæ. 

Développement  remarquable  d’un 
Frêne  pleureur.  — Le  Bulletin  d'arbori- 
culture, etc.,  de  Gand,  donne  la  figure  et 
les  dimensions  exactes  d’un  Frêne  pleureur 
qui  se  trouve  dans  la  propriété  de  M.  De- 
bove,  à Élouges  (Belgique). 

Ce  bel  arbre,  d’une  régularité  parfaite, 
forme  un  berceau  de  19  mètres  de  dia- 
mètre. 

Le  tronc,  au  niveau  du  sol,  mesure  2™  70 
de  circonférence. 

Les  branches  retombantes  de  ce  Frêne 
sont  tellement  rapprochées  les  unes  des 
autres,  qu’elles  forment  une  sorte  de  toi- 
ture parfaite,  et  l’intervalle  compris  entre 
ces  branches  et  le  sol  sert  de  hangar  pour 
abriter  des  instruments  et  objets  de  toutes 
sortes. 

Le  Crinum  Kirkii.  Cette  belle 
plante,  introduite  en  Europe  en  1879,  est 
originaire  de  l’Afrique  occidentale,  d’où  elle 
a été  transplantée  à Zanzibar. 

Récemment  présentée  par  M.  B. -S,  WiL 


315 

liams  à l’exposition  printanière  de  la  Société 
royale  de  botanique,  à Londres,  elle  obtint 
un  certificat  de  mérite  de  l**®  classe. 

Ses  fleurs,  d’une  grandeur  moyenne,  for- 
ment de  belles  têtes.  Le  bel  effet  qu’elles 
produisent  provient  surtout  d’une  large 
bande  rose  cramoisi  qui  occupe,  en  lon- 
gueur, le  centre  de  chaque  pétale,  et  se 
détache  élégamment  sur  le  reste,  qui  est 
blanc.  Le  C.  Kirkii  se  cultive  aussi  facile- 
ment que  les  autres  espèces  de  ce  genre.  Il 
demande  une  température  chaude  et  sur- 
tout d’abondants  arrosages  au  moment  de 
sa  végétation  et  de  sa  floraison. 

Essais  d’acclimatation.  — La  société 
nationale  d’acclimatation  distribue,  on  le 
sait,  à ses  membres,  des  graines  de  plantes 
exotiques,  alimentaires  ou  industrielles,  afin 
d’en  essayer  en  France  la  culture  et  la  mul- 
tiplication. 

Récemment,  M.  de  Muratel,  qui  habite 
le  Tarn,  rendait  compte  des  études  faites 
par  lui  à l’aide  des  graines  qui  lui  avaient 
été  confiées. 

Ces  résultats  sont  très-intéressants  ; les 
voici  : 

Le  Soja  d’Étampes  a bien  mûri  et  a pro- 
duit beaucoup,  mais  n’a  pas  été  trouvé  de 
bon  goût  pour  la  cuisine.  Essayé  dans  la 
montagne  à 630  mètres  d’altitude,  il  n’a 
pas  mûri. 

Le  Physalis  Peruviana  a parfaitement 
réussi  et  a produit  beaucoup  ; la  maturité 
a été  arrêtée  par  un  refroidissement  con- 
sidérable de  la  température  arrivé  le 
12  septembre  dernier.  Les  fruits  ont  été 
essayés  en  confiture  qui  a été  trouvée  as- 
sez bonne,  mais  désagréable  à manger  à 
cause  des  nombreuses  graines  qu’elle  con- 
tient. 

Le  Soja  vert  du  Japon,  que  l’on  dit  hâtif, 
s’est  montré,  au  contraire,  plus  tardif  de 
huit  à dix  jours.  Il  n’a  pas  été  dégusté. 

La  Courge  de  Siam  a mal  réussi  ôt  n’a 
pas  mûri  ; quant  à la  Courge  meloniforme 
(Cucurbita  meloniformis,  Carr.)  du  Japon, 
elle  se  fend  avant  la  maturité,  qui  s’effec- 
tue mal,  du  reste;  la  chair  en  est  très- 
sèche. 

La  Courge  de  Boston,  très-coureuse  (cer- 
taines branches  ont  atteint  huit  mètres  de 
long),  a une  chair  peu  abondante,  très-dure 
et  très-sèche  ; elle  ne  paraît  pas  propre  au 
climat  du  midi  en  France. 


316 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Le  Concombre  du  Sikkim  a bien  réussi  ; 
les  fruits  sont  abondants  et  de  bonne  qua- 
lité : il  ne  paraît  en  rien  supérieur  au  Con- 
combre ordinaire. 

Le  Melon  blanc  du  Japon,  (Shiro-iiri)  et 
le  Haricot  cerise  à rames  du  Japon  n’ont 
pas  prospéré. 

La  Chufa  d’Espagne  a passablement  vé- 
gété, malgré  la  sécheresse  qui  a duré  jus- 
qu’en septembre. 

L’Aubergine  de  New-York  réussit  très- 
bien  et  est  très-belle. 

La  Laitue  frisée  de  Californie  monte  lente- 
ment à graine,  c’est  là  son  mérite  ; elle  a 
résisté  complètement  aux  deux  derniers 
hivers,  mais  ces  hivers  ayant  été  exception- 
nellement doux,  l’expérience  n’est  pas  con- 
cluante. 

Le  Yage-Nari  {Phaseohis  radiatus)  a 
donné  de  bons  résultats.  Le  produit  en 
graines  a été  gardé  pour  être  semé  cette 
année. 

M.  de  Muratel  a présenté  ensuite  des  con- 
fitures de  Pastèques  à graines  rouges.  Ces 
confitures  ont  été  trouvées  très-bonnes, 
bien  que  le  fruit  crû  soit  de  médiocre  qua- 
lité. 

Ces  constatations  éviteront  aux  lecteurs 
de  la  Revue  des  recherches  longues  et  sou- 
vent infructueuses,  et  les  guideront  dans 
le  choix  des  espèces  qu’il  faut  cultiver, 
pour  augmenter  le  nombre  des  plantes 
utiles  dans  le  Midi. 

Nous  continuerons  à enregistrer  les  ob- 
servations de  ce  genre  qui  nous  parvien- 
dront. 

Destruction  des  insectes.  — On  si- 
gnale d’Amérique  un  procédé  qui,  essayé 
pendant  plusieurs  années,  a donné  des 
résultats  concluants,  quant  à son  efficacité, 
pour  la  destruction  et  l’éloignement  des 
insectes  de  toutes  espèces  qui  attaquent  les 
arbres. 

Badigeonner  les  arbres,  avec  la  compo- 
sition suivante  : 9 kilogrammes  d’eau  de 
pluie  chaude,  2 kilogrammes  de  savon  noir 
ordinaire  et  un  demi-litre  d’acide  phénique. 

Il  paraît  qu’en  employant  cette  prépara- 
tion, on  préserve  les  arbres  pour  plusieurs 
années,  de  l’attaque  des  insectes.  A essayer. 

Le  Rosa  Ecæ.  — Cette  jolie  espèce,  à 
fleurs  jaunes,  vient  d’être  introduite  de 
l’Afghanistan,  par  le  docteur  Aitchison. 


MM.  W.  Paul  et  Sons,  de  Waltham  Cross, 
qui  éditent  le  R.  Ecæ,  le  décrivent  ainsi  : 
L’espèce  se  rapproche  un  peu  du  Rosier 
Pimprenelle,  mais  ses  fleurs  sont  jaunes 
et  ses  aiguillons  sont  uniformes. 

Le  docteur  Aitchison  dit  que,  dans  les 
régions  où  il  croît  naturellement,  ce  Rosier 
est  très-abondant  et  vigoureux  ; ses  fleurs, 
très-nombreuses,  ont  à peu  près  2 centi- 
mètres et  demi  de  diamètre  et  se  dévelop- 
pent, sur  des  bourgeons  courts,  de  chaque 
côté  des  branches. 

Influence  des  milieux  sur  les  végé- 
taux et  les  animaux.  — Un  des  derniers 
bulletins  de  la  Société  d’acclimatation  citait 
le  fait  d’une  tendance  singulièreà  l’albinisme 
dans  les  animaux,  et  au  retour  à la  couleur 
verte  pour  les  végétaux  à feuillage  coloré  ; 
ces  faits  ont  été  observés  dans  la  Limagne 
d’Auvergne. 

M.  le  Marquis  d’Apchier  de  Pruns  écrivait 
récemment  à ce  sujet  de  Brassac-les-Mines, 
que,  dans  cette  région,  après  deux  ou  trois 
générations,  les  vaches  de  la  race  de  Salers 
ont  les  teintes  beaucoup  plus  pâles;  les 
Faisans  dorés,  les  Pigeons  noirs,  les  Canards 
de  Labrador,  prennent  des  plumes  blanches. 
Enfin,  le  règne  végétal  participe  à ces  par- 
ticularités, et  les  Hêtres,  les  Noisetiers 
pourpres  et  autres  arbres  à feuilles  colo- 
rées, redeviennent  presque  verts  peu  après 
leur  plantation.  M.  de  Pruns  attribue  ces 
effets  au  manque  de  sels  calcaires  et  de 
fer  dans  le  sol.  C’est  une  constatation  qui 
mérite  d’être  corroborée  par  de  nouvelles 
observations. 

Inauguration  du  monument  élevé  à 
la  mémoire  de  M.  Alexis  Lepère.  — 

Le  dimanche  22  juillet,  à midi  et  demi, 
sera  inauguré  à Montreuil,  à l’Hôtel-de- 
Ville,  sous  la  présidence  de  M.  Chéreau, 
maire  de  Montreuil,  le  monument  consacré 
à la  mémoire  de  M.  Alexis  Lepère,  arbori- 
culteur distingué  qui,  par  ses  connaissances 
spéciales,  a si  largement  contribué  à la 
réputation  de  la  culture  du  Pêcher,  à Mon- 
treuil. 

Le  Murucuja.  — On  peut  voir  actuelle- 
ment, chez  certains  marchands  fruitiers  de 
Londres,  des  fruits  du  Passiflora  laurifolia, 
plante  qui  croît  dans  l’Amérique  du  Sud 
et  aux  Antilles,  où  elle  est  connue  sous  le 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


1317 


nom  de  Murucuja.  Le  fruit,  désigné  sous  le  j 
nom  de  « Pomme  de  Liane,  » a environ  la 
grosseur  et  la  forme  d’un  œuf  de  poule  ; 
mais  il  est  plus  allongé,  et  de  la  même 
dimension  aux  deux  extrémités.  Au  moment 
de  sa  maturité,  ce  fruit  est  jaune,  tacheté 
de  points  blancs.  Il  contient  une  pulpe 
aqueuse,  blanchâtre,  que  l’on  absorbe,  aux 
Antilles,  à travers  une  petite  ouverture  pra- 
tiquée dans  l’écorce,  qui  est  souple,  mince 
et  tendre.  Le  jus,  abondant,  possède  une 
saveur  aromatique  particulière  et  délicate- 
ment acide.  Les  Européens  apprécient  beau- 
coup ce  fruit,  qui  a la  réputation  d’apaiser 
la  soif,  de  produire  une  grande  sensation 
de  fraîcheur,  de  donner  de  l’appétit  et  de  la 
gaîté. 

Conserves  d’ Abricots.  — On  sait  que, 
dans  l’Orient,  les  Abricotiers  sont  l’objet 
d’une  culture  importante,  qui  provient 
uniquement  de  leur  belle  végétation  et  de 
leur  grande  production  sous  ces  climats 
chauds. 

Il  est  évident  que  dans  ces  conditions,  l’in- 
duslrie  locale  s’est  préoccupée  de  rechercher 
les  manières  les  plus  agréables  et  les  plus 
nombreuses  de  consommer  les  Abricots. 

A ce  propos,  YObstgarten  publie  une 
préparation  toute  spéciale,  connue  depuis 
fort  longtemps  en  Égypte,  dans  l’île  de 
Chypre,  en  Syrie  et  en  Grèce. 

On  ajoute  à la  chair  des  Abricots  une 
petite  quantité  de  sirop  ou  de  sucre  de 
Caroube,  puis  on  fait  dessécher  le  mélange 
jusqu’à  ce  qu’il  prenne  la  consistance  d’une 
pâte  épaisse.  On  le  divise  en  petites 
plaques  que  l’on  cylindre,  et  que  l’on  expose 
ensuite  au  soleil  jusqu’à  ce  qu’elles  soient 
complètement  desséchées.  Enfin  on  répand 
sur  ces  petites  plaques  une  légère  couche 
de  farine,  qui  assure  leur  conservation. 

Les  pastilles  ainsi  conservées  peuvent 
être  consommées  de  différentes  manières. 
On  peut,  par  exemple,  longtemps  après 
leur  préparation,  les  délayer  dans  un  peu 
d’eau.  On  obtiendra  de  suite  une  confiture 
excellente. 

Pendant  les  grandes  chaleurs,  on  formera, 
en  faisant  fondre  une  petite  quantité  de 
pâte  dans  de  l’eau,  une  confiture  qui  sem- 
blera récemment  faite.  Enfin,  les  pastilles 
croquées  sans  aucune  autre  préparation, 
sont  des  bonbons  délicieux. 

Peu  de  personnes  savent,  croyons- nous. 


qu’il  arrive  chaque  année  à Marseille  plu- 
sieurs navires  chargés  uniquement  -le 
noyaux  d’Abricots,  qui,  par  les  amari'ies 
qu’ils  renferment,  servent  à faire  de  l’iiuile 
de  table. 

Un  nouveau  sujet  pour  la  greffe  des 
Rosiers.  — C’est  notre  confrère,  M.  Ca- 
mille Bernardin,  rédacteur  en  chef  du 
Journal  des  Roses,  qui,  dans  son  numéro 
de  juin  dernier,  nous  fait  connaître  ce 
nouveau  sujet;  il  s’agit  des  racines  du 
Rosa  polyantha  que  l’on  coupe  par  tron- 
çons et  que  l’on  greffe,  ainsi  du  reste  qu’on 
le  fait  pour  les  autres  espèces  qu’on  multi- 
plie par  ce  procédé.  Une  fois  greffées  — en 
fente,  bien  entendu  — les  plantes  « sont 
placées  dans  une  serre,  à une  douce  tempé- 
rature. ))  M.  Bernardin  ajoute  que  par  ce 
procédé  on  obtient  très-promptement  des 
sujets  d’une  force  et  d’une  vigueur  extraor- 
dinaires. Ainsi,  il  a vu,  à Lyon,  le  15  avril 
dernier,  une  greffe  d’un  an,  de  la  variété 
Étoile  de  Lyon,  qui  « portait  20  tiges  à 
fleurs  )î.  A nos  lecteurs  de  faire  leur  profit 
de  cette  découverte  due  à M.  Alégatière, 
qui,  du  reste,  n’en  fait  pas  un  secret. 

Transformation  des  vrilles  de  Vigne 
en  grappes.  — L’opération  à l’aide  de  la- 
quelle on  détermine  cette  transtormalion 
consiste  à pratiquer  d’une  certaine  manière, 
et  à des  époques  déterminées,  des  pinçages 
sur  les  vrilles.  Nous  avons  vu  cette  opération 
pratiquée  avec  un  certain  succès  à Autun 
en  1882,  et  M.  l’abbé  Laborier,  curé  de 
Saint-Gengoux-le- Royal,  a fait  cette  dé- 
monstration, il  a même  publié  un  petit 
opuscule  dans  lequel  il  a indiqué  les  prin- 
cipes de  ce  traitement.  Aujourd’hui  nous 
apprenons  par  le  Rulletin  de  la  Société 
d’horticulture  de  Reims  que,  depuis  plu- 
sieurs années  déjà,  M.  le  docteur  Brébant 
pratique  cette  opération.  Les  résultats  in- 
diqués par  M.  Alfred  Mahuc,  et  qui  sont 
analogues  à ceux  que  nous  avons  rapportés 
dans  notre  compte-rendu  de  l’exposition 
d’ Autun,  en  confirmant  la  tranformation, 
montrent  aussi  que  cette  opération,  assuré- 
ment très-intéressante  au  point  de  vue  de 
la  physiologie  végétale,  est  de  nulle  valeur 
au  point  de  vue  pratique,  c’est-à-dire  du 
rapport.  Les  faits  consignés  dans  le  Rulletin 
de  la  Société  d’horticulture  de  Reims  éta- 
blissent que  le  résultat  est  d’autant  meilleur 


318 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


qu’on  opère  de  la  fin  de  mai  au  10  juin, 
époque  qui  nous  paraît  devoir  varier  sui- 
vant le  climat  et  aussi  suivant  les  varié- 
tés soumises  à l’expérience. 

Exposition  d’horticulture  à Armen- 
tières.  — Un  des  centres  horticoles  des 
plus  importants  du  Nord,  Armentières,  si- 
tué à seize  kilomètres  de  Lille  (Nord),  va 
faire,  du  12  au  15  août,  dans  cette  ville,  une 
exposition  d’horticulture  et  des  arts  et 


industries  qui  s’y  rattachent.  Cette  expo- 
sition, à en  juger  par  les  mesures  déjà 
prises,  promet  d’ètre  splendide. 

Les  personnes  qui  désirent  exposer 
doivent  adresser  leur  demande  avant 
le  5 août,  à M.  le  secrétaire  général,  rue 
Sèche,  à Armentières,  ou  à M.  Ryckwaert- 
Dejardins,  84,  à Lille. 

Le  jury  se  réunira  au  local  de  l’exposi- 
tion le  samedi  11  août,  à midi. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES 


Considérations  générales.  — Partout  on 
remarque  le  peu  de  place  que  les  plantes 
grimpantes  occupent  dans  les  cultures  et 
l’espèce  d’ou- 
bli dans  lequel 
la  plupart  sont 
tombées. 

Autrefois,  les 
constructions 
en  treillage, 
berceaux,  ton- 
nelles, palis- 
sades, etc., 
étaient  fré  - 
quemmentem- 
ployées  par 
l’architecte  de 
jardins  ; au- 
jourd’hui, ces 
ornements  ont 
disparu  pres- 
que totale- 
ment, et  l’on 
en  voit  fort 
peu  qui  aient 
survécu  après 
les  change- 
ment subis  par 
nos  jardins 
modernes. 

Nous  par- 
lons de  la  ré- 
gion dont  Paris 
peut  être  pris 
comme  centre. 

Le  Midi , 
grâce  au  cli- 
mat, qui  fait  de  ces  ornements  presque  une 
nécessité,  a conservé  ses  berceaux,  ses  per- 
goles,  où  la  Vigne,  au  reste,  est  presque  le 


seul  végétal  employé.  Et  cependant,  il  n’est 
pas  jusqu’aux  villes  des  bords  de  la  Médi- 
terranée, où  l’ombrage  est  si  nécessaire  et 

si  recherché, 
qui,  tout  en 
employant 
quelques  plan- 
tes grimpan- 
tes, ne  parais- 
sent entrer 
qu’en  hésitant 
dans  cette  voie. 
Là  même,  tan- 
dis que  le  vil- 
lage montre 
ses  berceaux, 
la  ville  somp- 
tueuse attend 
presque  tou- 
jours les  siens. 

Cet  aban- 
don, ou  si  l’on 
veut  cette  in- 
différence, a 
eu  pour  effet 
de  laisser  à peu 
près  complète- 
ment dispa- 
raître des  cul- 
tures des  plan- 
tes qu’on  ne 
rencontre  plus, 
même  dans  de 
bons  établisse- 
ments. 

A Paris,  les 
fenêtres  et  les 
balcons  se  garnissent  encore  de  Capucines, 
de  Cobéas,  de  Volubilis  ; mais  les  jardins  pa- 
raissent dédaigner  ces  vieilleries.  Le  Lierre, 


Fig.  5G.  — Ampélopsis  dissecta. 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


3i9 


la  Vigne  vierge,  la  Glycine  trouvent  encore 
à se  glisser  pour  masquer  un  pan  de  mur, 
un  tronc  dénudé,  un  kiosque  en  ruines, 
une  vérandah  ; mais  jamais  de  dispositions 
spéciales  en  vue  de  ces  plantes  elles- 
mêmes. 

Les  magnifiques  Clématites  obtenues 
dans  ces  derniers  temps  n’ont  même  pu 
rétablir  le  courant  du  goût  dans  cette  direc- 
tion. On  trouverait  volontiers  qu’elles 
seraient  bien 
mieux,  si  elles 
n’étaient  pas 
sarmenteuses. 

Dans  les  ser- 
res, même  ab- 
sence : les  co- 
lonnettes,  les 
fermes  restent 
nues;  et  si  l’on 
voit  dans  quel- 
que serre  ados- 
sée des  murs 
garnis  de  Fi- 
cus repens, 
c’estsans  doute 
une  vieille  ser- 
re, où  il  y a 
encore  un 
vieux  jardinier 
au  service  d’un 
ancien  pro- 
priétaire qui 
n’aime  pas  le 
changement. 

Et  puis , ce 
Ficus  repens 
est  comme  une 
sorte  de  pro- 
vidence pour 
ces  positions- 
là.  Ne  deman- 
dant aucun 
soin,  ne  crai- 
gnant guère  le 
soleil  ni  l’ombre,  peu  sensible  à la  chaleur, 
et  supportant  même  des  températures  assez 
basses,  il  semble  ne  demander  que  de  la 
tranquillité  ; moins  on  s’en  occupe,  plus  il 
est  beau.  Quand  il  devient  vieux,  il  donne 
des  figues,  en  changeant  alors  son  feuillage, 
qui  devient  beaucoup  plus  grand. 

Dans  ces  situations,  on  trouve  plus  sou- 
vent des  palissages  d’Hibiscus,  d’Héliotro- 
pes,  de  Camélias  ; nous  y avons  même  vu 


des  Ficus  elastica,  des  Justicia  variés,  et 
jusqu’à  des  Opuntia  (O.  Ficus  indica).  On 
arrange  aussi  les  murs  en  rocailles  pour 
des  Fougères,  des  Broméliacées,  etc.;  mais 
de  plantes  grimpantes,  point  ! 

On  les  repousse  en  prétendant  qu’elles 
sont  délicates,  difficiles  à cultiver,  en  tous 
cas  impropres  aux  garnitures  d’apparte- 
ment. C’est  là  une  condamnation  sans 
appel,  ne  comportant  aucune  circonstance 

atténuante.  A- 
lors  le  com- 
merce ne  les 
fait  plus,  par 
cette  raison 
sans  réplique 
qu’on  ne  les 
vend  plus,  et 
bientôt  même 
leur  souvenir 
disparaît. 

La  mode  est 
malheureuse- 
ment trop  ex- 
clusive : lors- 
qu’elle change, 
c’est  l’oubli 
pour  ce  qu’elle 
abandonne. 

Il  en  est  un 
peu  de  même 
des  plantes  de 
la  Nouvelle- 
Hollande  qui, 
il  y a quarante 
ou  cinquante 
ans,  étaient  en 
pleine  faveur, 
et  qui,  si  elles 
n’avaient  trou- 
vé un  asile 
dans  les  jar- 
dins de  Nice 
et  du  voisi- 
nage, ne  se 
trouveraient  plus  guère  que  dans  les  her- 
biers. 

Comme  plantes  grimpantes,  nous  com- 
prenons toutes  celles  à tiges  annuelles  ou 
ligneuses,  propres  à grimper  ou  pouvant 
être  palissées,  quel  que  soit  leur  mode  de 
végétation  : sarmenteux,  volubile,  etc.  Il  ne 
s’agit  donc  pas  ici  de  nouveautés,  mais  bien 
de  rappeler  à la  mémoire  une  foule  de  vé- 
gétaux admirables,  généralement  vigoureux 


Fig.  57.  — Capucine  de  Lobb. 


320 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


et  robustes,  et  pouvant  soutenir,  comme 
effet  ornemental,  toutes  les  comparaisons 
possibles.  Leur  défaut  capital  est  de  ne  pou- 
voir être  admirés  que  sur  place,  grave  in- 
convénient qui  leur  a été  fatal  et  leur  sera 
longtemps  nuisible. 

En  commençant  par  les  espèces  les  plus 
rustiques,  nous  ne  les  considérons  que 
comme  plantes  recherchées  pour  leurs  fleurs 
ou  seulement 
pour  leur  feuil- 
lage. 

Parmi  ces 
dernières,  la 
Vigne  vierge 
peut  être  con- 
sidérée comme 
le  type  des 
plantes  à pa- 
lisser. Peu  dif- 
ficile sur  le  sol 
et  l’exposition, 
sa  vigueur  n’a 
pas  de  bornes  ; 
on  la  voit  es- 
calader les  ar- 
bres et  les 
constructions, 
les  recouvrant 
avec  rapidité 
de  ses  masses 
de  feuillage 
d’un  si  beau 
pourpre  à l’au- 
tomne. Nous 
♦ivons  toujours 
vu  cette  teinte 
plus  belle  au 
levant  et  au 
couchantqu’en 
plein  midi  ou 
à l’ombre.  Vf 
Dans  le  voi- 
sinage, d’au- 
tres Ampéli- 
dées  sont  éga- 
lement propres  à être  employées  comme  or- 
nement : les  Vignes  américaines;  le  curieux 
Vitis  vinifera  laciniosa  ; une  petite  espèce 
d' Ampélopsis,  VA.  dissecta  (fig.  56),  qui 
gagnera  à être  connu,  et  d’autres  encore,  sans 
parler  de  nos  Vignes  à Raisins,  qui,  quoique 
excellentes  au  point  de  vue  ornemental,  sont 
en  somme  des  plantes  fruitières,  ce  qui 
n’est  pas  une  raison  pour  les  exclure. 


L’Aristoloche  {Aristolochia  Sipho),  bien 
connue  aussi,  est  cependant  moins  em- 
ployée ; aussi  belle  à l’ombre  qu’en  pleine 
lumière,  elle  se  prête  moins  à l’emploi  le 
long  d’un  mur,  où  du  reste  sa  végétation  est 
trop  inégale.  Pour  couvrir  un  arbre  mort, 
un  vieux  tronc  branchu,  rien  ne  lui  est  pré- 
férable. Cette  plante  aime  les  terrains  frais. 

Le  Lierre  peut  se  passer  de  description  : 

tout  le  monde 
le  connaît.  In- 
dépendam- 
ment de  son 
mode  de  végé- 
tation natu- 
relle, on  en 
fait  des  déco- 
rations variées 
sur  des  grilles 
de  clôtures,  en 
forme  de  guir- 
landes^ ou  de 
festons  de  dif- 
férentes mani- 
ères, toutes 
dispositions 
auxquelles  il 
se  prête  très- 
bien.  Dans 
l’intérieur  des 
villes,  où  tant 
de  plantes  sont 
maladives,  il 
résiste  parfai- 
tement, si  l’on 
a soin  de  le 
bassiner  sou- 
vent. 

Le  Periploca 
græca,  beau- 
coup moins 
connu  et  ré- 
pandu, joint  a 
un  beau  feuil- 
lage une  vi- 
gueur remar- 
quable, mais  parait  demander  de  la  lumière. 
Nous  avons  vu  un  puits  abandonné  dont 
les  montants  en  fer,  servant  de  supports 
aux  tiges  de  cette  plante,  lui  avaient  permis 
de  le  cacher  complètement  sous  une  couche 
de  verdure  impénétrable  et  magnifique. 

Le  Boussingaultia  haselloides  est  une 
vieille  plante  à tiges  annuelles,  bien  oubliée 
maintenant  ; sa  vigueur  est  très-grande,  et 


OBTENTION  DE  NOUVELLES  VARIÉTÉS  DE  POIRIERS. 


321 


la  beauté  de  son  feuillage  luisant  lui  assure 
une  place  parmi  les  plantes  grimpantes  or- 
nementales. De  culture  facile,  mais  aimant 
les  terrains  sains,  sa  souche,  ou  plutôt  ses 
tubercules  produisent  au  printemps  de 
nombreux  rameaux  pouvant  couvrir  de 
grandes  surfaces  en  peu  de  temps.  Il  se 
couvre  de  petites  grappes  de  fleurs  blan- 
châtres en  épis,  qui  ajoutent  encore  à sa 
beauté.  Une  couverture  de  feuilles  pen- 
dant l’hiver  est  nécessaire  pour  le  garan- 
tir des  gelées,  à moins  que  l’on  n’ar- 
rache la  souche,  ce  qui  diminue  sa  force  de 
végétation,  pour  la  replanter  au  printemps 
suivant. 

Nous  pourrions  aussi,  comme  plantes  à 
feuillage,  indiquer  quelques  végétaux  indi- 
gènes qui  ne  seraient  pas  sans  valeur,  étant 
soumis  à une  culture  appropriée  ; telles  sont, 
par  exemple,  les  espèces  suivantes  : Bryone, 
Houblon,  Tamus  communis,  etc.  Malheu- 
reusement, l’on  ne  pense  guère  à elles,  et  si 
l’on  n’emploie  pas  les  plantes  d’ornement 
étrangères  ayant  de  la  valeur,  à plus  forte 
raison  celles  qui  sont  indigènes  et  qu’on 
voit  tous  les  jours,  croissant  abandonnées 
çà  et  là,  où  pourtant  on  les  admire. 

Parmi  les  espèces  qu’on  cultive  pour 
leurs  fleurs,  le  Volubilis  (Convolvulus 
purpureus)  est  une  des  plus  populaires. 
Mais  pour  être  jolie,  cette  plante  exige 
qu’on  s’en  occupe  un  peu  plus  qu’on  ne  fait 
en  général  dans  les  jardins  ; aussi  est-elle 
souvent  plus  belle  aux  fenêtres  des  villes, 
où  l’on  a pour  elle  des  soins  et  des  atten- 
tions de  tous  les  jours.  Le  mieux  est  de  lui 
donner  une  ou  deux  baguettes,  ou  des  fils 
de  fer  sur  lesquels  elle  s’enroule  verticale- 
ment. Sans  cette  précaution,  elle  forme  une 
masse  compacte  et  peu  élégante.  Deux  mè- 
tres de  hauteur  peuvent  lui  suffire,  et  une 
palissade  de  cette  sorte  est  admirable  en 

OBTENTION  DE  NOÜVELLl 

Les  personnes  qui  sèment  des  pépins 
de  Poirier  dans  le  but  d’obtenir  de  nou- 
velles variétés  se  plaignent,  non  sans  raison, 
de  la  longueur  du  temps  nécessaire  aux 
plantes  qui  en  proviennent,  pour  arri- 
ver à produire  des  fruits  parfaits.  En 
effet,  outre  qu’il  faut  attendre  de  six  à dix 
ans  avant  d’en  voir  les  fruits,  ce  n’est  parfois 
qu’au  bout  de  plusieurs  récoltes  que  ces 


peu  de  temps.  Si  ses  fleurs  manquent  de 
durée,  en  revanche  elles  ont  l’avantage  de 
se  renouveler  continuellement. 

Les  Capucines  sont  un  peu  dans  le  même 
cas  ; mais  cependant,  pour  elles,  la  direction 
verticale  est  moins  absolue.  Nous  avons  vu 
à Paris  de  grands  vases  (1  mètre  de  diamè- 
tre) garnis  de  Capucines  de  Lobb  (fig.  57), 
dont  les  rameaux,  couverts  de  fleurs  et  re- 
tombant de  toutes  parts,  formaient  comme 
un  voile  jusque  sur  les  piédestaux.  Les 
Volubilis  ne  se  prêtent  aucunement  à cette 
position  renversée. 

Sans  parler  de  beaucoup  de  Convolvula- 
cées et  de  Tropéolées,  qu’on  peut  employer 
comme  plantes  grimpantes,  nous  citerons 
cependant  parmi  les  premières  une  des 
plus  jolies  de  ce  groupe  : le  Calystegia  pu- 
hescens.  Comme  les  Liserons  communs, 
dont  elle  est  voisine,  cette  plante  demande 
un  support  pour  monter  toujours  et  se  cou- 
vrir de  ses  délicates  fleurs  doubles  du  plus 
gracieux  lilas  carné  ; elle  peut  aussi  être  diri- 
gée horizontalement.  Très-vieille,  on  la  trou- 
ve dans  les  villages,  dans  des  cours  pavées, 
au  pied  d’une  Vigne,  ou  simplement  adossée 
aux  bâtiments,  avec  un  fil  de  fer  pour  sou- 
tien, et  nous  ne  l’avons  jamais  vue  plus  belle 
que  dans  ces  conditions.  Dans  les  jardins 
bourgeois  elle  est  à peu  près  inconnue.  Se 
reproduisant  par  ses  racines  comme  le  Li- 
seron des  haies,  sa  culture  se  réduit  à la 
plantation.  Une  autre  plante,  ancienne  éga- 
lement, mais  toujours  assez  rare,  est  VAke- 
hia  qumata  (fig.  58),  dont  la  floraison 
étonne  toujours  ceux  auxquels  elle  n’est  pas 
familière.  Les  terres  fraîches  et  légères  pa- 
raissent lui  convenir  beaucoup  mieux  que 
les  argiles.  A Versailles  elle  est  splendide, 
avec  son  feuillage  bizarre  et  ses  nombreuses 
fleurs  d’un  rouge  vineux.  Elle  est  rustique. 

Jules  Batise. 

5 VARIÉTÉS  DE  POIRIERS 

fruits  ont  revêtu  leurs  caractères  définitifs 
et  acquis  les  qualités  qui  permettent  d’en 
faire  une  juste  appréciation.  C’est  donc  un 
capital  immobilisé  pendant  longtemps,  et 
parfois  même  en  pure  perte,  si  l’on  n’obtient 
pas  de  variétés  méritantes.  Toutes  ces  raisons 
éloignent  les  semeurs,  et  font  que  ceux  qui 
se  livrent  à ces  tentatives  ne  le  font  que  sur 
des  surfaces  très-restreintes,  et  qu’ils  plan- 


322 


UNE  COLLECTION  DE  PLANTES  EN  TERRINES, 


tent  les  arbres  très-rapprochés  les  uns  des 
autres,  afin  d’éviter  les  frais.  Mais,  d’autre 
part,  les  chances  favorables  s’en  trouvent 
considérablement  diminuées,  ce  qui  est  très 
regrettable. 

Il  y a pourtant  un  moyen,  non  seulement 
de  remédier  à ces  inconvénients,  mais  même 
de  les  faire  disparaître. 

C’est,  après  avoir  fait  un  bon  choix  de 
pépins  en  rapport  avec  le  but  qu’on 
recherche,  d’opérer  sur  une  grande  échelle, 
et  de  distancer  suffisamment  les  plants,  d’en- 
lever à ceux-ci  toutes  les  parties  buisson- 
neuses qui,  outre  qu’elles  n’ont  pas  chance 
de  produire  de  fruits,  nuisent  au  déve- 
loppement des  sujets  en  entravant  la  circu- 
lation de  l’air,  et  aussi  de  bien  entretenir 
le  sol,  de  manière  à faciliter  la  végétation 
des  arbres. 

Ainsi  traités,  ces  sauvagons  pourraient 
recevoir  chaque  année  une  grande  quantité 
de  greffes  de  boutons  de  bonnes  variétés 
connues,  et  devenir  ainsi  de  véritables 
magasins  fruitiers,  ce  qui  ne  les  empêche- 
rait pas  de  croître  et  de  donner,  dans  un 
temps  plus  ou  moins  rapproché,  des  fruits 
nouveaux  qui  permettraient  de  juger  ceux- 
ci,  et  d’en  constater  les  avantages  ; au 
contraire,  ces  greffes,  en  favorisant  les 
combinaisons  organiques,  hâteraient  la  fruc- 
tification, qu’alors  on  pourrait  juger  beau- 
coup plus  tôt. 

De  cette  façon,  on  n’aurait  aucune  perte 
de  temps,  et  l’on  pourrait  attendre  pa- 
tiemment la  fructification  des  aigrins  qui, 
alors,  au  lieu  d’être  une  charge,  devien- 
draient une  source  de  produits,  ce  qui 
permettrait  d’opérer  sur  une  grande  échelle, 
par  conséquent  d’augmenter  les  chances 
de  productions  de  variétés  nouvelles. 

Une  chose 'importante , dans  ce  cas, 
serait  d’éviter  les  confusions  de  fruits  entre 


ceux  qu’on  imposerait  aux  aigrins  et  ceux 
qu’ils  seraient  appelés  à produire  naturel- 
lement. Pour  cela,  il  faudrait  ne  greffer  que 
des  variétés  connues  et  bien  caractérisées, 
ou  ne  mettre-  sur  chacun  des  arbres  qu’une 
seule  variété,  ce  qui  présenterait  un  avan- 
tage pour  faire  la  récolte  des  fruits,  ou 
bien  encore,  il  faudrait,  à chaque  greffe, 
mettre  un  plomb  dont  le  chiffre  correspon- 
drait à un  catalogue  auquel,  au  besoin,  l’on 
pourrait  recourir  pour  constater  l’identité 
des  variétés. 

Ainsi  compris,  on  aurait  là;  une  école 
permanente  dejnouveautés  ; 2'’  un  réservoir 
fruitier,  par  conséquent,  une  pépinière  à la 
fois  pratique  et  scientifique,  qui  permet- 
trait de  comparer  les  variétés,  d’observer 
les  modifications  qui  pourraient  se  produire 
d’année  en  année,  d’assister  aux  transfor- 
mations successives,  et  alors,  par  des  com- 
paraisons faciles  à faire,  de  juger  les 
parents  et  les  enfants,  et  de  voir  les  diffé- 
rences qui  existeraient  entre  ceux-ci  et 
ceux-là,  toutes  choses  avantageuses  à la 
pratique  et  à la  science. 

Mais  pour  obtenir  ces  résultats,  il  serait 
indispensable  de  mettre  à part,  et  de  tenir 
compte  des  variétés  semées,  et  de  bien 
en  enregister  l’origine,  de  manière  à pou- 
voir comparer  la  mère  et  l’enfant,  seul 
moyen  de  s’éclairer. 

En  procédant  ainsi,  et  en  tenant  compte 
de  toutes  ces  particularités,  il  pourrait 
même  se  faire  que  l’on  reconnaisse  que 
certains  sujets  (aigrins),  bien  qu’ils  ne 
donnent  que  des  fruits  inférieurs,  fussent 
par  leur  vigueur  et  leur  aptitude  favorables 
à la  réception  de  parties  à fleurs  et  dussent 
être  conservés  comme  porte-fruits.  C’est 
encore  une  chose  que  seule  l’expérience 
pourrait  démontrer. 

E.-A.  Carrière. 


UNE  COLLECTION  DE  PLANTES  EN  TERRINES 


Nous  avons  remarqué  que,  généralement 
pour  les  plantes  tropicales,  plus  les  propor- 
tions diminuent,  plus  l’aspect  décoratif 
augmente,  c’est-à-dire  que  la  richesse  du 
coloris  semble  s’accentuer  en  raison  in- 
verse de  la  taille.  Dans  le  règne  minéral,  la 
nature  n’a-t-elle  pas  donné  aux  pierres 
précieuses  les  couleurs  les  plus  vives  en 
même  temps  que  les  dimensions  les  plus 


réduites?  Dans  le  règne  végétal  on  observe 
une  marche  analogue  : ainsi  les  Goodyera, 
les  Anæctochilus,  les  Bertolonia,  les  So- 
nerila,  les  Erantliemum,  etc.,  peuvent 
être  considérés  comme  des  diamants  en 
ce  genre.  Aussi  la  culture  de  ces  char- 
mantes miniatures  a-t-elle  toujours  été 
et  est-elle  encore  l’objet  de  soins  particu- 
liers de  la  part  des  amateurs.  Ici  des 


UNE  COLLECTION  DE  PLANTES  EN  TERRINES. 


323 


cloches,  là  des  vitrines  sont  comme  autant 
d’écrins  à plantes  précieuses. 

Sans  nous  arrêter  à divers  genres  déli- 
cats entre  tous  et  que  nous  ne  pouvions  cul- 
tiver, vu  remplacement  restreint  dont  nous 
disposons,  nous  avons  réuni  une  collection 
de  ces  miniatures  en  recherchant  les  espèces 
les  plus  vigoureuses;  nous  eûmes  alors 
l’idée,  afin  d’obtenir  de  larges  exemplaires, 
des  «c  plantes  d’exposition,  d comme  l’on  dit, 
de  cultiver  nos  sujets  en  terrines. 

Les  variétés  gazonnantes  s’arrangèrent 
surtout  très-bien  de  cette  disposition  : les 
Fittonia  (Gymnostachyum)  Verschaffelti 
et  argyroneura  firent  merveille  ; les  Cyr- 
todeira  metallica  et  fulgida  épanouirent 
leurs  nombreuses  fleurs  rouges  ; le  Ste- 
nandrium  [Eranthemum]  igneum  devint 
très- vigoureux.  Les  espèces  élevées  et  ra- 
meuses, comme  le  sont  certains  Eranthe- 
mum,  Peperomia,  Soiierila,  etc.,  étaient 
plus  difficiles.  Pour  les  maintenir  dans  de 
justes  proportions,  il  fallait  toujours  bouturer 
et  réunir,  de  manière  à obtenir  des  plantes 
plus  compactes.  Pour  obvier  à cet  incon- 
vénient, nous  prîmes  le  parti  de  coucher 
les  pieds,  de  les  « épingler  »,  en  terme  de 
pratique. 

Ainsi,  dans  une  terrine  de  30  à 40  centi- 
mètres de  diamètre,  nous  plantons  une 
demi-douzaine  au  moins  de  boutures  bien 
enracinées,  suivant  l’espèce  et  la  force,  dans 
une  bonne  terre  de  bruyère  grossièrement 
concassée  ; presque  toujours  nous  ajoutons 
quelques  petites  mottes  en  dessus  pour  affer- 
mir les  plantes  et  faciliter  la  sortie  des 
racines,  le  tout  sur  un  épais  drainage.  Lors- 
qu’elles ont  poussé  de  quelques  centimètres, 
ces  jeunes  plantes  sont  pincées  ou  coupées 
pour  faire  des  boutures.  Les  ramifications 
qui  alors  ne  tardent  pas  à se  développer,  sont 
couchées  et  fixées  au  fur  et  à mesure  à l’aide 
de  petits  crochets  en  fil  de  fer  galvanisé. 
De  cette  manière,  le  Brunelia  speciosa  se 
ramifie  à l’infini  et  devient  tellement  com- 
pact qu’il  est  impossible  de  rien  apercevoir 
des  tiges  ; ses  délicates  fleurs  violettes  ne 
tardent  pas  à apparaître  et  à égayer  de  leur 
teinte  claire  la  masse  compacte  de  son  feuil- 
lage. Par  ce  même  traitement,  le  Dicho- 
risandra  undata  devient  très-fort,  et  ses 
pousses  doivent  être  souvent  couchées,  si 
l’on  tient  à conserver  la  forme  naine.  Quant 
au  Peperomia  argentea,  il  se  prête  moins 
bien  à ce  mode  de  couchage  ; cependant  ses 


belles  feuilles  orbiculaires  n’en  forment 
pas  moins  en  se  redressant  une  touffe  très- 
agréable  (Taspect.  Le  Peperomia  velutina, 
si  délicat  et  si  gracieux,  et  qui  a toujours  le 
défaut  de  s’élever  trop  vite  sur  tige,  s’ac- 
commode au  contraire  très-bien  de  cette 
culture  ; ses  feuilles  succulentes  et  veloutées 
acquièrent  des  reflets  métalliques  et  bril- 
lants. Quant  à l’espèce  lilliputienne  Pepe- 
romia prostrata,  son  qualificatif  indique 
que  la  position  couchée  lui  est  naturelle  ; 
aussi  sa  culture  est-elle  facile.  C’est  un 
pygmée  végétal  relativement  curieux. 

Les  Eranthemum  se  prêtent  également 
bien  à ce  genre  de  culture  : VE.  verbe- 
naceum  ne  tarde  pas  à relever  ses  tiges 
après  couchage,  sans  toutefois  garnir  son 
compartiment  d’une  manière  complète,  tan- 
dis que  VE.  zeylanicum,  par  son  mode  de 
végétation,  forme  une  belle  terrine.  Quant 
à VE.  marmoratum,  il  fait  merveille  : ses 
réseaux  d’or  sur  un  fond  vert  paraissent  se 
mettre  en  relief  et  cette  agglomération  pro- 
duit le  plus  charmant  coup  d’œil. 

Mentionnons  encore  le  Pellionia  Da^ 
veauana  dont  le  feuillage  présente  une  infi- 
nité de  couleurs, et  dont  les  ombelles  de  fleu- 
rettes blanches  ont  un  aspect  si  délicat: 
Une  autre  plante  d’origine  anglaise,  Vlmpa- 
tiens  Marianæ,  est  une  charmante  nou- 
veauté à laquelle  le  couchage  convient  tout 
particulièrement  ; la  teinte  fraîche  et  claire 
de  l’ensemble,  jointe  à ses  feuilles  ovales, 
au  fond  vert  bronzé  d’argent,  produisent  un 
contraste  des  plus  harmonieux. 

Les  Sonerila  Hendersoni,  S.  Hend.  ar- 
gentea  et  les  autres  variétés  nous  ont  paru 
capricieuses  ; il  leur  faut  le  voisinage  des 
vitres,  et  souvent  même,  malgré  une  bonne 
reprise,  les  plantes  laissent  à désirer.  Quant 
à la  nombreuse  série  des  Bertolonia,  qui 
presque  tous  présentent  par  leurs  couleurs 
des  elfets  indicibles  de  beauté,  ils  sont  mal- 
heureusement d’une  culture  difficile.  Quel- 
ques Marantacées,  telles  que  les  Maranta 
Massangeana,  Kerchovei,  micans,  appli- 
cata,  etc. , peuvent  aussi  être  ajoutées  à la  col- 
lection ; leur  mélange  et  la  diversité  de  leur 
feuillage  viennent,  par  les  teintes  les  plus 
nuancées,  augmenter  encore  la  beauté  de 
l’ensemble  en  faisant  ressortir  certains  co- 
loris des  espèces  auxquelles  on  les  associe. 

Citons  enfin  le  Cyanotis  villosa,  curieuse 
petite  Commélynée,  essentiellement  ram- 
pante, dont  toutes  les  parties  sont  couvertes 


324 


LIATRIS  PYCNOSTACHYA. 


d’un  duvet  abondant;  la  teinte  générale, 
un  peu  sombre,  est  relevée  par  de  pe- 
tites fleurs  violettes  malheureusement  très- 
éphémères.  C’est  une  plante  peu  répan- 
due. 

Comme  ornementation  d’ensemble  et  afin 
de  faire  ressortir  les  couleurs,  nous  sépa- 
rons chaque  terrine  avec  quelques  potées 
di' Oplismenus  imhecillis,  cette  petite  Gra- 
minée qui  pousse  à profusion  et  dont  l’aspect 
est  si  léger,  puis  nous  bordons'  le  tout  de 
Tradescantia  Lequesne,  aux  coloris 
multiples  et  qui,  par  ses  nuances  d’une 
grande  beauté  varie  continuellement  avec 
l’état  de  la  végétation.  Toutefois,  il  arrive 
parfois  que  la  plante  perd  ses  teintes  et 
retourne  au  type  T,  zehrina;  il  faut  donc 


toujours  avoir  soin  de  prendre  pour  bou- 
tures les  pousses  les  plus  colorées. 

Ainsi  cultivées,  les  quelques  plantes  dont 
il  vient  d’être  question  forment  par  leur 
ensemble  des  contrastes  des  plus  agréables. 
Il  va  sans  dire  que  ces  espèces  ne  sont 
pas  les  seules  qui  puissent  être  soumises  à 
cette  culture.  Nous  avons  voulu  surtout 
appeler  l’attention  sur  un  mode  particulier 
de  culture  permettant  de  tirer  un  bon  parti 
de  plantes  qui,  isolées,  sont  regardées  comme 
délicates  et  d’un  effet  médiocre,  tandis  qu’à 
l’aide  de  ce  traitement  on  obtient  une  orne- 
mentation aussi  jolie  que  singulièrement 
harmonique. 

J.  Saluer  fils. 


LIATRIS  PYCNOSTACHYA 


Le  botaniste  européen,  qui  parcourt  à la 
fin  de  l’été  ou  en  automne,  les  grandes 
prairies  de  l’Amérique  du  Nord,  à travers 
les  états  de  l’Ohio,  de  l’Indiana  et  de  l’Illi- 
nois, marche  de  surprise  en  surprise. 
Malgré  la  similitude  du  climat,  la  flore  est 
toute  différente  des  régions  analogues  du 
vieux  monde.  Très-peu  d’espèces  ligneuses 
rappellent  les  nôtres.  On  se  croirait  plutôt 
dans  un  parc  planté  de  main  d’homme  qu’au 
milieu  de  la  nature  sauvage.  Les  bouquets  de 
bois  qui  coupent  çà  et  là  l’immense  savane 
sont  composés  de  ces  beaux  Chênes  à feuilles 
colorées  {Quercus  ruhra,  coccinea,  palus- 
tris,  etc.),  de  Liquidambars,  de  Tulipiers, 
de  Sassafras,  de  Robiniers,  de  Sumacs,  de 
Caryas,  de  Peupliers  variés,  deTupélos,  de 
Magnolias,  etc.  Le  taillis  se  peuple  de  Rho- 
dodendrons, de  Kalmias,  de  la  nombreuse 
tribu  des  Spîrées,  du  Framboisier  du  Ca- 
nada, des  Itéas,  Cléthras,  Andromèdes, 
Shepherdias,  Chionanthes,  Géanothes,  Fon- 
tanésias,  Halésias,  Seringats,  Staphyliers  et 
de  bien  d’autres  espèces.  Dans  les  endroits 
humides,  prospèrent  les  Céphalanthes, 
l’Arbre  au  cuir  {Dirca  palustris)  et  un 
charmant  arbuste  à feuilles  dentées,  le 
Comptonia  asplenifolia.  Une  course  dans 
ces  bois  est  un  vrai  régal  pour  l’amateur 
de  plantes. 

Mais  combien  l’impression  est  plus  vive 
encore  s’il  descend  dans  le  détail  de  la  vé- 
gétation herbacée  et  fleurie  ! L’aspect  d’en- 
semble, le  fond  de  la  prairie  est  bien  pro- 


duit, comme  chez  nous,  par  les  Graminées, 
les  Cypéracées,  parmi  lesquelles  nous  re- 
trouvons les  formes  européennes.  Mais 
quelle  dissemblance  dans  les  espèces  fleu- 
rissantes ! 

Ainsi,  les  fleurs  dominantes  de  nos  prés 
d’Europe,  si  gracieuses  et  si  agréablement 
nuancées,  se  recrutent  principalement  parmi 
les  Campanules  bleues,  les  Achillées  blan- 
ches, les  grandes  Marguerites  {Leucanthe- 
mum),  les  Centaurées  aux  capitules  lilas  ou 
roses,  les  calathides  azurés  de  la  Chicorée 
sauvage,  les  panicules  blanches  ou  jaunes  des 
Galium,  les  épis  violets  des  Rrunelles,  les 
houppes  soyeuses  et  argentées  des  Linai- 
grettes,  les  rayons  jaunes  des  Pulicaires,  les 
blancs  parasols  des  Ombellifères,  auxquels 
s’ajoutent  les  Rhinanthes,  les  Girses,  les 
Euphraises,  les  Renouées,  les  Renoncules, 
les  Myosotis,  les  Épilobes,  les  Mauves,  de 
nombreuses  Papilionacées,  etc.,  etc. 

Dans  la  prairie  américaine,  cette  popula- 
tion végétale  est  totalement  modifiée.  Pour 
quelques  espèces  ubiquistes,  communes  aux 
deux  Continents,  une  quantité  de  genres 
locaux,  d’espèces  inconnues  à notre  flore, 
attirent  les  regards.  Ce  sont  les  Vernonias 
aux  corymbes  violets,  les  capitules  or  et 
pourpre  de  Y Echinacea  purpurea,  les 
Gérardias,  ces  Scrofularinées  semi-parasites 
et  à fleurs  tubuleuses,  si  belles,  presque 
incultivblesa,  les  Coréopsis  aux  fleurs  d’or  ; 
le  gracieux  Euphorhia  corollata,  dont  les 
bractées  blanches  ressemblent  à des  pétales  ; 


ha  l/'i  1)  IJ  e J i os  ta  du f eu . 


LIATRIS  PYCNOSTACHYA. 


325 


le  grand  Eupatoire  pourpre,  les  Silphiums 
géants  (S.  laciniatum  et  pmnatifidum), 
le  Physostegia  Yirginiana^  aux  charmants 
épis  roses  tétragones  ; les  Soleils  {Helian- 
thus  mollis,  giganteus,  etc.),  les  Monardes 
{Monarda  didyma  et  fistidosa),  les  nom- 
breuses espèces  d’ Asters,  bien  connues  de 
nos  horticulteurs  ; la  ravissante  Reine  des 
prés  à fleurs  roses  variéés  {Spirœa  lohata), 
les  Verges  d’or  (Solidago),  les  glorieux  épis 
des  Lohelia  cardinalis  et  enfin  les  Liatris, 
dont  je  viens  parler  aujourd’hui  à l’occasion 
de  l’espèce  figurée  par  la  Revue  horti- 
cole. 

Le  genre  Liatris  est  confiné  en  entier 
dans  l’Amérique  septentrionale  (1),  où  il 
est  très-répandu  dans  la  région  des  prairies. 
Plusieurs  espèces  ont  été  successivement 
introduites  en  Europe,  bien  que  depuis 
longtemps  l’on  ne  connaisse  guère,  dans  nos 
jardins,  que  les  Liatris  spicata  et  squar- 
rosa.  Toutes  sont  des  herbes  vivaces,  sou- 
vent résineuses,  ayant  des  tiges  dressées 
couvertes  de  feuilles  linéaires  entières.  Les 
inflorescences  sont  allongées,  en  épis  ou  en 
panicules  serrées  ; elles  portent  des  capitules 
d’un  beau  rose  plus  ou  moins  pourpré  ou 
lilacé,  rarement  blanches,  et  offrent  cette 
particularité  de  s’épanouir  du  sommet  à la 
base  de  l’épi. 

Les  espèces  connues  sont  les  sui- 
vantes (2)  : 

1.  Liatris  elegans,  Willd.  — Virginie 
et  plus  au  Sud. 

2.  L.  squarrosa,  Willd.  — De'  la 
Pennsylvanie  à l’Illinois  et  plus  au  Sud. 

3.  L.  cylindracea,  Michaux.  — Du  Nia- 
gara au  Wisconsin,  et  vers  le  Sud-Ouest. 

4.  L.  scariosa,  Willd.  — De  la  Nouvelle- 
Angleterre  au  Minnesota,  et  plus  au  sud. 

5.  L.  pilosa,  Willd.  — Montagnes  de  la 
Virginie  et  plus  au  sud. 

6.  L.  spicata,  Willd.  — De  l’État  de 
New-York  au  Wisconsin  et  plus  au  sud. 

7.  L.  graminifolia,  Pursh.  — Virginie 
et  plus  au  sud;  et  L.  graminifolia,  var. 
duhia.  New-Jersey. 

8.  L.pycnostachya,  Michaux. — Indiana, 

(1)  On  indique  une  seule  espèce  (L.  trichotoma) 
dans  la  province  de  Goyaz  au  Brésil.  Le  fait  mé- 
riterait confirmation. 

(2)  Cf.  Benth.  et  Hook.,  Gen.  pL,  II,  p,  248.  — 
DG.,  Prod.,  V,  p.  128.  — Walp.,  Bep.,  II,  549, 
949;  Ann.,  I,  396;  II,  815.  — Gray,  Man.  of  bot., 
1875,  p.  223.  — Chapman,  Flora  of  south.  St., 
1872,  p.  190.  — Mich.,  Flor.  bor.  am.,  II,  91. 


vers  le  sud  et  l’ouest,  Illinois,  Virginie, 
Caroline. 

9.  L.  odoratissima,  Willd.  — Virginie 
et  plus  au|sud.  Les  feuilles  froissées  exha- 
lent une  odeur  de  Vanille,  d’où  son  nom 
local  de  Vanilla  plant. 

10.  L.  paniculata,  Willd.  — Virginie  et 
plus  au  sud. 

11.  L.  Boykinii,  Torr.  et  Gray.  — 
Géorgie. 

12.  L.  tenuifolia.  Nuit.  — De  la  Floride 
à la  Caroline  du  Nord. 

13.  L.  pauciflora,  Pursh.  — De  l’Ala- 
bama  à la  Caroline  du  Nord. 

14.  L.  Chapmani,  Torr.  et  Gray.  — 
Floride. 

15.  L.  gracilis,  Pursh.  — Alabama,  Flo- 
ride et  Géorgie. 

16.  L.  heterophylla,  Brown.  — De  la 
Géorgie  à la  Caroline  du  Nord. 

17.  L.  fruticosa,  Nutt.  — Est  de  la  Flo- 
ride. 

18.  L.acidata,  Engelm.  — Rivière  rouge, 
Louisiane. 

19.  L.  mucronata,  DC.  — Texas. 

20.  L.  punctata,  Hook.  — Amérique 
boréale  (L.  cylindraœa,  Michaux.)  — Illi- 
nois. 

21.  L.  aspera,  Michaux.  — Illinois. 

22.  L.  secunda,  EH.  — Caroline. 

23.  L.  oppositi folia,  Nutt.  — Nouvelle- 
Orléans. 

24.  L.  corymhosa,  Nutt.  — Caroline  et 
Géorgie. 

25.  L.  Walterii,  EH.  — Caroline. 

26.  L.  hellidifolia,  Nutt.  — Caroline  du 
Nord. 

27.  L.  radians,  Bertoloni.  — Alabama. 

28.  L.  sessiliflora,  Bert.  — Alabama. 

29.  L.  lanceolata,  Bert.  — Alabama. 

30.  L.  umhellata,  Bert.  — Alabama. 

Peut-être  conviendrait-il  de  réduire  no- 
tablement le  total  d0  ces  espèces,  ainsi  que 
le  pensent  MM.  Bentham  et  Hooker.  Je 
n’en  donne  aujourd’hui  la  liste  complète 
que  pour  recommander  l’introduction  de 
celles  qui  nous  manquent,  sans  examiner 
leur  valeur  scientifique. 

J’ai  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer 
l’une  des  plus  belles  espèces  de  Liatris,  le 
L.  pycnostachya  (1),  à l’état  sauvage  dans 
les  prairies  de  l’Etat  d’Indiana,  en  allant  de 
Cincinnati  à Saint-Louis  sur  le  Missouri, 
non  loin  de  la  rivière  Wabash.  A cette 

(1)  Pycnostachya  veut  dire  épi  velu. 


326 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


époque  (1876),  elle  n’était  pas,  à ma  con- 
naissance, dans  les  jardins  de  l’Europe, 
mais  on  la  cultivait  déjà  dans  les  environs 
de  New-York  et  j’eus  grand  plaisir  à la  trou- 
ver chez  un  jeune  horticulteur  de  New- 
Jersey,  M.  Woolson,  à Passaïc. 

L’échantillon  qui  a servi  à faire  l’aqua- 
relle  ci-contre  a fleuri  dans  mon  jardin  de 
Lacroix,  en  Touraine.  Depuis  plusieurs 
années  la  plante  a été  introduite  en  Angle- 
terre et  en  France,  où  il  est  facile  de  se  la 
procurer  aujourd’hui. 

Le  L.pycnostachya  estuneplante vivace 
à racines  tubéreuses,  formant  des  touffes 
composées  de  quelques  tiges  seulement, 
fortes,  dressées,  hautes  de  un  mètre  et  plus. 
Les  feuilles  sont  serrées  contre  la  tige, 
étroites-linéaires,  surtout  au  sommet,  pu- 
hescentes  ou  glabres,  suivant  la  variété. 
L’inflorescence,  disposée  en  épi  très-allongé 
porte  des  capitules  serrés,  sessiles,  d’un 
beau  rose  violacé  ; les  écailles  de  l’involucre 


sont  apprimées,  rudes  au  toucher  vers  le 
sommet.  La  floraison  successive  des  capi- 
tules, du  haut  en  bas  de  l’inflorescence, 
dure  plusieurs  semaines. 

Cette  plante  est  rustique,  et  se  cultive 
comme  ses  congénères,  en  plein  air,  dans 
une  terre  de  jardin  sableuse  et  fraîche. 
Quelques  espèces  du  sud  des  Etats-Unis 
feront  sans  doute  exception  et  réclameront 
les  châssis  pendant  l’hiver.  Il  sera  bon,  tou- 
tefois, de  couvrir  les  souches  du  L.  'pyc- 
nostachya,  par  précaution,  avec  de  la  litière 
pendant  les  grands  froids.  Nous  conseillons 
de  ne  pas  lui  donner  un  terrain  trop  subs- 
tantiel, si  l’on  veut  empêcher  les  tiges  de 
s’allonger  démesurément  et  d’avoir  une 
mauvaise  tenue.  Dans  tous  les  cas,  il  sera 
utile  de  les  tuteurer  pendant  l’été,  un  peu 
avant  l’apparition  des  premières  fleurs.  La 
multiplication  se  fait  facilement  par  éclats 
des  touffes  au  printemps. 

Ed.  André. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  28  JUIN  1883 


Les  apports,  en  tous  genres,  étaient  rares  et 
peu  variés. 

Au  comité  d'arboriculture,  un  seul  présen- 
tateur : Mlle  Guilbert,  qui  avait  envoyé  des 
Cerises  Anglaise,  Reine  Hortense  et  Impéra- 
trice Eugénie  qui  étaient  fort  belles,  surtout 
les  anglaises,  qualité  qu’elle  attribuait  à l’in- 
fluence de  l’insecticide  Guilbert  dont  elle  est 
l’inventeur. 

Au  comité  de  culture  potagère,  présentations 
par  M.  Boullant,  de  Yillejuif:  des  Artichauts 
provenant  de  pieds  plantés  en  octobre  1882, 
âgés  par  conséquent  de  sept  mois,  qui  étaient 
très-beaux;  2«  des  Pommes  de  terre  de  la 
variété  à feuilles  c! Ortie,  également  fort  belles; 
elles  provenaient  de  pieds  plantés  le  15  mars 
entre  les  rangées  d’Articliauts  dont  il  vient 
d’être  parlé.  — Par  M.  Lecolley,  Jacques,  de 
Valognes  (Manche),  une  corbeille  de  Fraises  de 
semis.  Ces  fruits  énormes  étaient  surtout 
remarquables  par  leur  forme  allongée  (5-6  cen- 
timètres), aplatie,  largement  et  profondément 
sillonnés  longitudinalement , brusquement 
tronqués,  ils  étaient  à peu  près  tous  cunéi- 
formes, quelques  uns  cristés.  La  chair,  assez 
pleine,  juteuse,  rose  foncé  vineux,  était  acide 
et  manquait  de  sucre,  ce  qui  pouvait  être  dû 
au  climat  un  peu  maritime  de  Valognes  ou  à un 
état  trop  avancé  des  fruits. 


Au  comité  de  floriculture,  présentations  : 
par  M.  Tabar,  de  Sarcelles  : lo  des  fleurs  cou- 
pées de  Pétunias  de  semis.  Ces  fleurs  très- 
grandes  et  très-pleines  étaient  énormes,  bien 
faites  et  très-variées,  la  plupart  rubanées, 
roses  ou  rouges  plus  ou  moins  foncé  ; 
2»  quatre  Pélargoniums  de  semis  dont  deux  à 
fleurs  semi-doubles.  Ces  plantes,  bien  que 
relativement  belles,  présentaient  peu  d’intérêt, 
aujourd’hui  que  l’horticulture  est  si  riche  dans 
ce  genre.  — Par  M.  Landry,  horticulteur  rue 
de  la  Glacière,  92,  à Paris.  Oncidium  Har- 
rissonianum  assez  fort  et  portant  deux  inflores- 
cences; ses  fleurs  très-nombreuses  sont  petites, 
jaunes,  piquetées  ou  maculées  à l’intérieur  de 
roux  foncé,  cuivré;  2®  Colax  viridis,  dont  les 
fleurs  ont  les  divisions  externes  vertes,  les  deux 
internes  étroites,  un  peu  colorées,  le  labelle  très- 
réduit  et  sensiblement  lilacé  ; quant  au  feuillage 
il  est  ample  et  assez  élégant  ; les  pseudo-bulbes, 
nus,  assez  longs,  sont  cylindrico-coniques. — Par 
M.  Mallet,  horticulteur  au  Plessis-Piquet,  des 
fleurs  de  Bégonias  tubéreux,  montrant  que  ce 
genre,  qui  a déjà  fourni  tant  de  magnifiques 
choses,  est  loin  d’être  arrivé  a ses  dernières 
limites  de  production.  Ces  fleurs  qui  étaient 
fortes,  bien  pleines,  de  très-beaux  coloris, 
offraient  une  gamme  commençant  au  blanc  pur 
pour  se  terminer  au  rouge  foncé. 


LES  FRUITS,  LA  VIGNE  ET  LE  PHYLLOXÉRA  DANS  LE  SUD-EST. 


327 


DESTRUCTION  DU  PUCERON  LANIGÈRE 


Vers  le  mois  de  janvier  dernier,  dans 
une  séance  de  la  Société  nationale  et  cen- 
trale d’horticulture  de  France,  il  fut  de 
nouveau  question  de  l’un  des  plus  grands 
fléaux  de  l’horticulture,  l’ennemi  acharné 
des  Pommiers,  en  un  mot,  du  puceron  lani- 
gère. 

Parmi  les  remèdes  nombreux  qui  furent 
proposés,  indépendamment  de  ceux  que 
l’on  connaît  déjà,  et  qui  laissent  tous  plus 
ou  moins  à désirer,  se  trouva  le  procédé 
dit  ((  à l’eau  bouillante  »,  qui  consiste  à 
verser  pendant  l’hiver  sur  les  parties  ma- 
lades de  l’eau  arrivée  au  point  d’ébullition. 

Je  n’ai  point  fait  usage  de  ce  moyen,  et 
ne  puis  par  conséquent  parler  de  son  effi- 
cacité ; mais-  son  emploi  sera  toujours  diffi- 
cile, ne  fût-ce  que  par  la  quantité  d’eau 
nécessaire  et  son  transport  à travers  les 
jardins,  au  point  d’ébullition. 

Mais  je  viens  vous  faire  part  d’un  autre 
remède,  qui  m’a  parfaitement  réussi,  et 
que  je  trouve  très-pratique. 

Au  moment  où  la  végétation  se  met  en 
mouvement,  mais  avant  l’épanouissement 
des  boutons  à fleurs,  je  fais  un  mélange  de 
deux  tiers  d’eau,  un  tiers  de  nicotine  ou  jus 
de  tabac  fourni  par  les  manufactures,  et 
une  faible  addition  d’alcool.  Avec  ce  mé- 
lange je  seringue  en  entier  les  Pommiers 
malades,  en  appuyant  plus  fortement,  en 
lançant  le  jet  avec  plus  de  vigueur  sur  les 

LES  FRUITS,  LA  VIGNE  ET  LE 

Nous  recevons  de  Tun  de  nos  collaborateurs, 
M.  V.  Pulliat,  la  lettre  suivante  qui,  à plu- 
sieurs égards,  nous  paraît  devoir  intéresser  nos 
lecteurs. 

Ghiroubles  (Rhône),  le  23  juin  1883. 

C’est  avec  le  plus  grand  plaisir  que  je  vous 
adresse  les  renseignements  que  vous  me 
demandez  sur  la  production  fruitière  de  la 
région  que  j’habite. 

Autant  nous  étions  pauvres  en  Pommes 
l’an  passé  autant  la  récolte  de  ce  fruit  s’an- 
nonce bien  cette  année,  soit  en  plein  vent, 
soit  sur  cordons  ou  même  sur  souches 
basses. 

Par  contre,  les  Poires  qui  étaient  très- 


endroits  les  plus  gravement  atteints,  dans 
les  plaies  et  partout  où  l’insecte  paraît  se 
multiplier  le  plus.  Les  arbres  paraissent 
changer  de  couleur  dans  ce  bain  nicotiné. 
Au  moyen  de  l’addition  de  l’alcool,  qui 
divise  les  matières  grasses  qui  recouvrent 
le  corps  des  pucerons,  ceux-ci  périssent 
infailliblement. 

La  première  opération  avait  paru  suffi- 
sante ; mais,  par  excès  de  précaution,  je  la 
recommençai  au  bout  de  quinze  jours.  Le 
lendemain,  toute  trace  de  cette  maladie 
avait  disparu,  et  l’écorce,  qui  était  devenue 
comme  glaucescente,  ne  montrait  nulle 
part  que  la  santé  des  arbres  eût  été  le 
moins  du  monde  altérée.  Aujourd’hui  les 
Pommiers  dont  il  s’agit  sont  en  pleine 
vigueur,  et  entièrement  débarrassés  du 
redoutable  puceron. 

Si  l’on  ne  peut  employer  la  seringue 
d’arrosage,  on  peut  laver  l’écorce  à la 
brosse,  avec  le  mélange  que  je  viens  d’in- 
diquer, ce  qui  serait  encore  moins  coûteux. 

Le  procédé  que  j’indique  est-il  nou- 
veau? Je  l’ignore;  d’autres  l’ont  peut-être 
essayé  comme  moi.  Mon  but  est  tout  sim- 
plement de  le  faire  connaître  et  de  rendre 
ainsi  service  aux  cultivateurs  de  Pommiers 
en  butte  aux  ravages  du  puceron  lanigère. 

Bach, 

Jardinier-chef  de  M.  le  baron  G.  de  Rothschild, 
à Chantilly. 

PHYLLOXÉRA  DANS  LE  SUD-EST 

abondantes  en  1882,  seront  rares  cette 
année-ci. 

Les  fruits  à noyau,  quoique  les  arbres 
aient  été  contrariés  dans  leur  floraison  par 
un  temps  froid  et  pluvieux,  sont  assez  abon- 
■ dants.  La  récolte  des  Cerises  est  bonne, 
sans  être  copieuse  ; les  Pruniers  sont  gé- 
néralement chargés  de  fruits  ; les  Pêchers 
de  plein  vent  ont  bien  conservé  les  leurs 
jusqu’ici  et  les  espaliers  sont  plus  beaux 
que  l’an  passé. 

La  récolte  des  Amandiers  sera  assez 
belle. 

Sur  quelques  points,  (terrains  calcaires) 
les  Abricotiers  ont  bien  noué  leurs  fruits  ; 


328 


LES  FRUITS,  LA.  VIGNE  ET  LE  PHYLLOXÉRA  DANS  LE  SUD-EST. 


dans  les  terrains  siliceux  ou  argileux  la  pro- 
duction sera  défectueuse. 

Malgré  un  temps  toujours  couvert  et  des 
petites  pluies  fines  qui  viennent  à peu  près 
régulièrement  chaque  jour  contrarier  les 
floraisons,  nous  souffrons  déjà  de  la  séche- 
resse ; les  pièces  d’eau  baissent,  beaucoup 
de  sources  tarissent.  Depuis  plus  de  trois  ‘ 
mois  nous  n’avons  pas  eu  de  pluies  qui 
aient  pénétré  le  sol. 

La  Vigne  ne  craint  pas  cette  température 
sèche  en  temps  ordinaire,  mais  elle  se  trouve 
mal  des  alternatives  de  froid  et  de  chaud, 
des  bourrasques  froides  et  des  coups  de 
soleil  que  nous  subissons  depuis  la  fin  de 
mai.  Dès  le  commencement  de  juin  elle 
avait  commencé  à fleurir  et  nous  sommes 
encore  à attendre  au  23,  la  fin  de  cette 
floraison  dans  nos  Vignes  au  nord  et  au 
couchant.  Une  floraison  aussi  prolongée  ne 
présage  ordinairement  rien  de  bon  surtout 
pour  la  qualité  ; les  apparences  actuelles  ne 
font  espérer  comme  quantité  qu’une  récolte 
moyenne. 

Tous  ces  contre  temps  ne  seraient  rien  si 
le  phylloxéra  ne  continuait  impitoyablement 
ses  ravages  malgré  tous  les  moyens  employés 
pour  le  détruire.  Dans  la  commune  que  j’ha- 
bite, on  avait  eu  jusqu’à  ce  jour  beaucoup 
d’espoir  dans  le  sulfure  de  carbone  et  nous 
étions  cités  pour  les  beaux  résultats  que 
nous  avions  obtenus  au  moyen  de  cet  insec- 
ticide. Il  n’en  est  plus  de  même  cette  année. 
Sur  tous  les  points  rapprochés  des  premiers 
centres  d’infection,  il  y a un  affaissement  gé- 
néral de  la  végétation;  beaucoup  de  Vignes 
qui  avaient  donné  l’an  passé  une  assez  jolie 
récolte  sont  perdues  à tout  jamais  et 
devront  être  arrachées  à l’automne.  Ce 
n’est  pas  exagérer  que  d’évaluer  les  parties 
a arracher  au  tiers  des  Vignes  existantes. 

Beaucoup  de  communes  du  Beaujolais 
sont  dans  le  même  cas  ; nos  bons  crus  de 
Morgon,  de  Brouilly,  n’existent  plus  ; ceux 
de  Fleury,  des  Tborins,  sont  gravement 
endommagés  et  l’espoir  de  conserver  les 
Vignes  qui  nous  restent  tend  de  plus  en 
plus  à disparaître.  C’est  aujourd’hui  l’avis 
non  seulement  des  personnes  qui  avaient 
accepté  le  sulfure  ou  ses  dérivés  comme 
un  palliatif,  mais  encore  celui  des  plus 


chauds  et  des  plus  convaincus  partisans  de 
ces  insecticides  comme  moyen  de  conser- 
vation. 

Permettez  moi  de  vous  citer  à ce  sujet  un 
passage  du  remarquable  rapport  adressé  au 
Ministère  de  l’Agriculture,  par  M.  Henri 
Marès,  président  de  la  commission  dépar- 
tementale de  l’Héraultetdirecteur  du  Champ 
d’expérience  de  Las  Sorrès,  un  des  plus 
grands  prôneurs  des  insecticides,  il  y a 
peu  d’années.  « Dans  Vétat  actuel  de 
la  question  phylloxérique,  dit  l’éminent 
viticulteur  de  l’Hérault,  aucun  moyen 
connu  ne  parait  susceptible  de  détruire 
économiquement  le  phylloxéra,  ou  d'em- 
pêcher sa  propagation,  sauf  l'emploi  des 
cépages  naturellement  indemnes  de  phyl- 
loxéra, végétant  vigoureusement  dans  tous 
les  sols  et  susceptibles  d'être  greffés  avec 
les  admirables  cépages  [de  nos  vignobles 
français,  d ' v 

Tel  est  aussi  l’avis  de  toutes  les  personnes 
qui  ont  mené  de  front  l’essai  des  insecticides 
et  des  Vignes  américaines. 

Je  possède  en  ce  moment-ci  vingt-cinq  à 
trente  ares  de  Vignes  indigènes  greffées 
depuis  quatre  et  cinq  ans  sur  des  Vignes 
américaines  résistantes  ; elles  sont  d’une 
végétation  et  d’une  fertilité  qui  dépassent 
tout  ce  que  nous  avions  vu  lors  de  la  pros- 
périté de  nos  anciens  vignobles.  Je  ne  dis- 
cute plus  avec  les  détracteurs  des  cépages 
américains,  je  leur  dis  : Venez  voir. 

Veuillez,  etc.  V.  Pulliat. 

Malgré  les  affirmations  qu’on  vient  de  lire, 
émanant  de  fun  de  nos  viticulteurs  les  plus 
compétents,  nous  croyons  qu’il  y a lieu  de  ne 
pas  se  fourvoyer  et  de  ne  pas  agir  légèrement, 
car  nous  nous  rappelons  avoir  lu  des  affir- 
mations contraires  à celles  qui  viennent  d’être 
citées  et  tout  récemment  dans  le  Journal 
d' Agriculture  praticiue  (i) . Un  homme,  dont  la 
compétence  est  également  indiscutable,  sans 
nier  formellement  les  qualités  résistantes  des 
cépages  américains , démontràit  qu’on  avait 
souvent  exagéré  ces  qualités.  Il  faut  donc  être 
prudent  et  non  exclusif,  employer  simultané- 
ment les  deux  systèmes,  et  suivant  les  condi- 
tions donner  la  préférence  à celui  qui  produit 
les  meilleurs  résultats.  E.-A.  G. 

(1)  Voir  numéro  du  28  juin,  p.  913. 


PRITCHARDIA  VUYLSTEKEANA. 


329 


PRITCHARDIA  VUYLSTEKEANA 


Nous  avons  signalé,  dans  notre  compte- 
rendu de  l’Exposition  quinquennale  de 
Gand,  qui  a eu  lieu  en  avril  dernier  (1),  la 
présence  de  plusieurs  Palmiers  remar- 
quables, exhibés  par  M.  Ch.  Vuylsteke, 
de  Loochristi,  près  Gand.  L’un  d’eux, 
qui  portait  le  nom  de  l’introducteur,  se 
distinguait  par  sa  vigueur  et  sa  belle 
venue.  C’était  le  Pritchardia  Vuylstekea7ia 
(fig.  59),  espèce  nouvelle  de  l’Océanie,  tout 
récemment  déterminée  par  M.  Wendland, 
de  Herrenhausen.  Voici  ce  qu’écrivait  ce 


savant  palmographe,  à la  date  du  30  mars 
dernier  : 

« Les  matériaux  nécessaires  à la  des- 
cription scientifique  de  ces  deux  nouveaux 
Palmiers  (l’autre  espèce  est  également  un 
Palmier  nouveau),  à feuilles  flabelliformes, 
ne  nous  sont  fournis  que  par  les  fruits.  Il 
est  hors  de  doute  qu’ils  appartiennent  tous 
les  deux  au  genre  Pritchardia.  Cependant, 
il  est  à remarquer  que,  pour  ces  deux  es- 
pèces, les  pointes  du  fruit  ne  se  trouvent 
pas  en  ligne  droite  avec  la  base,  mais  quelque 


Fig.  59.  — Pritchardia  Vurjlstekcana. 


peu  de  côté.  C’est  par  là  que  ces  espèces 
s’écartent  de  toutes  celles  déjà  connues, 
tandis  que  tous  les  autres  caractères  du 
fruit  et  des  jeunes  plantes  sont  exactement 
ceux  du  genre  Pritchardia. 

« Le  P.  Vuylstekeana , Wendl.,  a le 
fruit  oblong,  un  peu  oblique,  d’une  lar- 
geur de  24  millimètres  sur  une  largeur  de 
20  millimètres;  les  graines,  nues,  ont 
15  millimètres  de  longueur  sur  14  milli- 
mètres de  largeur.  Les  jeunes  plantes  sont 
richement  garnies  de  feuilles,  dont  la  cou- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  206. 


leur  est  vert  foncé,  avec  le  pétiole  plus 
clair.  » 

Ajoutons  à ces  notes  que  les  jeunes 
sujets  que  nous  avons  vus  à Gand,  pré- 
sentaient des  feuilles  larges,  nombreuses, 
bien  placées  les  unes  près  des  autres  et 
d’une  texture  solide.  Les  quelques  exem- 
plaires exposés  étaient  tous  d’une  remar- 
quable vigueur. 

Cette  espèce  nouvelle  est  originaire  des 
îles  Basses  ou  îles  Pomotou,  dans  l’Archipel 
Dangereux.  On  sait  que  ces  îles  sont 
presque  inaccessibles,  à cause  de  leurs 


330 


GREFFE  DES  FUSAINS  A HAUTE  TIGE. 


côtes  formées  de  rochers  escarpés,  sur 
lesquels  se  brisent  les  embarcations.  C’est 
donc  une  heureuse  fortune  que  d’avoir  pu 
aborder  l’île  déserte,  où  jamais  peut-être 
aucun  Européen  n’avait  pénétré,  et  sur 
laquelle  de  récents  explorateurs  ont  décou- 
vert ce  magnifique  Palmier.  Ils  ont  été  assez 
heureux  pour  _ en  recueillir  des  graines,  qui 
ont  heureusement  conservé  leurs  facultés 
germinatives  durant  sept  mois  de  traversée. 

La  plante  est  mise  en  vente  par  M.  Vuyls- 
teke,  dès  à présent,  et  sans  aucun  doute 


elle  est  appelée  à un  grand  avenir,  car  sa 
vigueur  permettra  aux  amateurs  d’obtenir 
rapidement  de  beaux  exemplaires  pour 
l’ornementation  des  serres  et  jardins 
d’hiver.  Si  l’on  rapproche  de  ces  qualités 
particulières  ce  fait  qu’il  est  difficile  de 
retourner  dans  la  patrie  de  ce  beau  Pal- 
mier et  d’en  importer  de  nouvelles  graines, 
on  comprendra  aisément  la  faveur  dont  il  a 
été  entouré  dès  le  jour  de  son  apparition 
sur  la  scène  horticole. 

Ed.  André. 


GREFFE  DES  FUSAINS  A HAUTE  TIGE 


Lors  de  la  dernière  exposition  de  Ver- 
sailles, au  mois  de  mai  1883,  M.  Christen, 
horticulteur,  avait  exposé  un  lot  d’arbustes 
qui  attirait  vivement  l’attention.  C’étaient 
des  variétés  de  Fusains  du  Japon,  greffés 
sur  des  sujets-tiges  de  50  centimètres  à 
30  de  hauteur.  Rien  de  plus  joli  et  de 
plus  singulièrement  original  que  de  voir  de 
charmantes  boules  variant  par  la  couleur, 
les  dimensions  et  les  formes  des  feuilles. 
C’est  un  mode  d’ornementation  trop  peu 
connu  et  qui  nous  paraît  susceptible  de 
rendre  de  grands  services  à l’horticulture 
décorative,  non  seulement  des  jardins, 
mais  même  et  surtout  des  appartements. 
Ce  qui  nous  engage  à recommander  ce  sys- 
tème, et  même  à faire  connaître  le  procédé 
employé  par  M.  Christen,  pour  arriver  à de 
bons  résultats.  C’est  d’après  les  données 
de  cet  horticulteur  que  nous  écrivons  le 
présent  article  : 

On  se  procure  des  sujets  de  Fusains  com- 
muns, élevés  sur  une  tige  bien  droite,  de 
hauteurs  variables  et  appropriées  au  but 
qu’on  se  propose  d’atteindre  ; on  les  met  en 
pots,  soit  cà  l’automne,  soit  au  printemps,  de 
manière  qu’ils  soient  bien  repris  quand  on 
devra  les  greffer  au  mois  d’août  suivant.  A 
cette  époque,  ces  sujets  sont  greffés  en  tête, 
en  demi-fente  ou  à la  Pontoise.  Au  fur  et  à 
mesure  que  les  greffes  sont  terminées  (po- 
sées, ligaturées,  cirées),  on  couche  les 
sujets  près  à près  dans  une  bâche  ou  dans 
des  coffres,  sous  des  châssis,  et  on  les  prive 
d’air  jusqu’à  ce  que  la  reprise  soit  com- 
plète, ce  qui  a lieu  très-promptement  ; 
ensuite  on  les  habitue  successivement  à 
l’air,  de  manière  à pouvoir  les  y livrer  bien- 


tôt tout  à fait,  jusqu’aux  premières  gelées. 
Si,  lorsqu’on  les  place  au  grand  air,  on  peut 
les  enterrer  à mi-ombre,  cela  n’en  vaudra 
que  mieux. 

Bien  que  ces  plantes  soient  relativement 
rustiques  et  tout  aussi  robustes  que  les 
mêmes  sortes  non  greffées,  il  est  prudent, 
au  moins  pendant  quelques  années,  de  ren- 
trer les  plantes  l’hiver  dans  un  local  non 
chauffé  où  la  gelée  même  pourrait  pénétrer 
un  peu,  mais  en  ayant  soin  de  leur  donner 
de  l’air  afin  d’éviter  la  moisissure  et  la 
chute  partielle  des  feuilles.  Un  abri  cons- 
truit avec  des  planches  ou  avec  des  paillas- 
sons peut  également  très-bien  convenir. 
Ainsi  traitées  les  panachures  se  conservent 
beaucoup  mieux  que  si  les  plantes  étaient 
franches  de  pied. 

Lorsque  les  plantes  sont  bien  établies,  on 
peut  les  livrer  à la  pleine  terre,  soit  isolé- 
ment, soit  groupées  dans  des  plates-bandes 
ou  des  massifs.  On  peut  aussi  les  conserver 
en  pots  ou  en  bacs  que  l’on  remplace  au 
fur  et  à mesure  du  besoin. 

Ainsi  traitées,  ces  plantes  peuvent  servir 
à de  nombreux  usages,  soit  pour  la  décora- 
tion des  appartements,  soit  qu’on  les  em- 
ploie pendant  l’été  pour  garnir  des  massifs 
ou  faire  des  oppositions,  ou  encore,  quand 
les  plantes  sont  fortes,  en  les  plaçant  çà  et 
là  sur  le  bord  des  allées  ainsi  qu’on  le  fait 
des  Orangers,  Grenadiers,  Myrtes,  etc. 

Les  personnes  qui  désireraient  se  pro- 
curer de  ces  Fusains  greffés  de  hauteurs  et 
de  forces  diverses,  pourront  s’adresser  à 
M.  Christen,  horticulteur  à Versailles. 

F. -A.  Carrière. 


COMMERCE  DES  FRUITS  DANS  L’aNJOU. 


331 


COMMERCE  DES  FRUITS  DANS  L’ANJOU 


Un  de  nos  correspondants  d’Angers  nous 
envoie  les  notes  suivantes  sur  le  commerce 
des  fruits  dans  cette  ville  et  les  environs. 
On  pourra  y puiser  d’utiles  indications  sur 
les  meilleurs  fruits  à cultiver  et  sur  la 
faveur  comparée  dont  ils  sont  l’objet,  sur- 
tout pour  la  consommation  parisienne. 

Par  les  temps  chauds,  les  Fraises,  dans  notre 
région,  pourrissent  sur  pied  avant  de  mûrir  ; 
celles  qui  mûrissent  sont  aqueuses  et  ne  con- 
viennent pas  pour  l’expédition  ; elles  sont  très- 
promptement  avariées  dans  les  wagons,  mal- 
gré l’emballage  soigné  qui  leur  est  fait. 

La  variété  Marguerite  Lehreton,  cultivée  en  . 
grande  quantité  autour  d’Angers  à cause  de  sa 
précocité,  de  sa  qualité  et  de  l’abondance  tou- 
jours constante  de  ses  fruits,  se  vend  surtout 
pour  la  consommation  locale  ; elle  supporte 
mal  le  voyage,,  paraît-il,  et  les  acheteurs  en 
gros  n’en  veulent  plus  ; nous  ne  conseillons 
.donc  pas  de  la  cultiver  pour  l’expédition  au 
loin.  Elle  est  cependant  fort  appréciée  des  con- 
sommateurs qui  la  préfèrent  à Surprise  Myatt 
{Maillasse,  en  Anjou)  et  à la  Princesse  Royale 
{la  Ronde). 

Ces  deux  dernières  variétés  sont  au  contraire 
fort  appréciées  des  expéditeurs,  parce  qu’elles 
voyagent  bien  et  se  conservent  plus  longtemps 
que  la  Marguerite. 

On  cultive  encore  aux  environs  d’Angers  plu- 
sieurs autres  variétés  de  Fraises,  mais  en  petite 
quantité  seulement  ; tels  sont  : Sir  Harry,  la 
Reine,  Comte  de  Paris,  Docteur  Morère,  etc. 

Le  prix  moyen  des  Fraises  est  d’environ 
1 fr.  25  le  kilog.  ; c’est  une  culture  assez  ré- 
munératrice dans  les  terrains  convenables.  Il 
est  bon  de  signaler  ces  chiffres  pour  les  com- 
parer à ceux  de  Paris. 

Jusqu’à  ces  années  dernières,  les  commis- 
sionnaires qui  achètent  pour  l’exportation  se 
faisaient  livrer  à Angers,  dans  leurs  magasins, 
les  fruits  qu’ils  achetaient  aux  environs.  Mais 
aujourd’hui  ils  envoient  des  paniers  à embal- 
lage chez  les  cultivateurs,  et  ce  sont  ces  der- 
niers qui  font  directement  les  livraisons  à la 
gare  la  plus  voisine.  En  ce  moment  on  cueille 
les  Guignes  et  les  Bigarreaux  précoces  qui  se 
vendent  40  fr.  les  100  kilog. 

Plusieurs  distillateurs  de  notre  ville  achètent 
les  Guignes  pour  la  fabrication  du  « Guignolet  » 
d’Angers,  liqueur  fort  agréable  et  dont  la 
renommée  est  assez  grande. 

Ces  maisons  achètent  également  des  quan- 
tités importantes  de  Gassis,  dont  la  culture 
s’est  beaucoup  étendue  dans  notre  pays  depuis 


une  vingtaine  d’années.  C’est  surtout  dans  les 
terrains  secs  et  pierreux  que  le  Gassis  est  cul- 
tivé. Le  prix  varie  entre  35  et  50  fr.  les  100  kil., 
suivant  que  la  récolte  est  plus  ou  moins  abon- 
dante. 

Deux  variétés  de  Prunes  seulement  sont 
cultivées  ici  en  grandes  quantités  : la  Reine- 
Claude  verte  ou  Abricot  vert  et  la  Sainte- 
Catherine. 

On  trouve  bien,  dans  une  certaine  partie  du 
département,  la  Prune  de  Damas  noir,  mais 
elle  n’est  guère  cultivée  que  pour  les  pépinié- 
ristes qui  achètent  les  fruits  afin  d’en  semer  les 
noyaux. 

Quant  à la  Prune  Mirabelle,  si  recherchée 
dans  l’Est  de  la  France,  elle  est  cultivée  ici 
pour  la  fabrication  des  confitures  ou  des  tartes  ; 
mais  il  ne  se  fait  pas  de  culture  en  grand  de 
cette  variété.  Au  point  de  vue  de  la  spécula- 
tion, la  principale  culture  fruitière  de  l’Anjou 
est  celle  du  Poirier.  Dès  le  mois  de  juillet,  les 
variétés  précoces  apparaissent  sur  le  marché. 
Le  Citron  des  Carmes  arrive  le  premier  et  se 
vend  pour  la  consommation  locale  au  prix 
moyen  de  2 fr.  le  cent  de  Poires.  Depuis  quel- 
ques années,  la  variété  André  Desportes,  plus 
belle,  plus  vigoureuse,  aussi  productive  et  de 
meilleure  qualité  que  la  précédente,  se  voit  sur 
le  marché  et  devient  très -appréciée  des  ache- 
teurs. Le  Reurré  Giffard  arrive  ensuite  et  est 
acheté  par  les  commissionnaires  à 6 et  8 fr.  le 
cent,  en  belle  qualité,  pour  l’exportation.  Puis 
vient  le  R.Clairgeau,  très-beau  et  bon  fruit, 
mais  peu  recherché  par  les  acheteurs  en  gros 
(j’ignore  pour  quelle  raison),  et  qui  atteint  fa- 
cilement le  prix  de  6 à 8 fr.  les  cent  Poires  de 
première  qualité.  Mais  les  véritables  Poires 
d’exportation  sont  surtout  le  Reurré  cV Aman- 
lis,  très-cultivé  à cause  de  sa  grande  fertilité  et 
qui  se  vend  de  4 à 5 fr.  le  cent  ; la  Williams, 
également  très-fertile  et  très-appréciée,  la 
Ronne-Louise  d’Avranches,  qui  trouve  tou- 
jours acheteur  à 5 et  6 fr.  le  cent,  et  enfin  la 
Duchesse  d’ Angoulême  et  le  Doyenné  d’hiver. 
La  Duchesse  acquiert,  sous  le  climat  et  dans  le 
sol  de  l’Anjou,  une  saveur  qu’elle  n’atteint,  je 
crois,  nulle  part  ailleurs.  Aussi  y est-elle  cul- 
tivée en  très-grande  quantité  ; l’arbre  est  vi- 
goureux et  fertile,  le  fruit  très-gros  est  de  toute 
première  qualité  et  supporte  mieux  qu’aucun 
autre  les  plus  longs  voyages.  Ges  fruits  se  ven- 
dent aisément  8,  10  et  15  fr.  le  cent  pour  l’An- 
gleterre et  surtout  pour  la  Russie.  Dans  ce 
dernier  pays,  il  ont  une  renommée  extraordi- 
naire; ils  atteignent  facilement  un  rouble  la 
pièce  (environ  2 fr.  50.) 


332 


PASSIFLORES  HYBRIDES. 


FRUITIER  NATUREL. 


En  Angleterre,  au  contraire,  les  Poires  de 
Duchesse  ne  valent  absolument  rien,  ce  qui 
démontre  combien  le  sol  et  le  climat  influent 
sur  la  qualité  des  fruits. 

Le  Doyenné  cVhiver  se  vend  ici  20  et  25  fr. 
le  cent.  Cette  variété  est  très-peu  productive  ; 
ses  fruits  sont  galeux  et  souvent  invendables, 
et  ce  n’est  guère  qu’en  espalier  qu’on  peut  en 
obtenir  de  beaux.  De  plus,  l’arbre  est  assez 
délicat  et  ne  pousse  pas  dans  tous  les  ter- 
rains. 

J’oubliais  le  Beurré  Royal  {B.  Diel)  et  le 
Beurré  d' Aremberg , deux  excellents  fruits  ; 
le  premier,  assez  fertile  et  tardif,  est  aussi  ap- 


précié que  la  Duchesse  et  se  vend  bien.  Quant 
au  Beurré  d' Aremherg , depuis  plusieurs  an- 
nées il  donne  très-peu  de  fruits,  et  nos  culti- 
vateurs l’abandonnent  peu  à peu. 

Notre  but,  en  publiant  les  notes  succinctes 
qui  précèdent,  est  d’indiquer  l’intérêt  qui  s’at- 
tache à la  culture  en  grand  de  certains  fruits, 
de  préférence  à d’autres.  Des  conditions  locales 
qui  pourraient  se  reproduire  ailleurs  sont 
bonnes  à signaler,  car  l’industrie  fruitière  prend 
en  France  une  importance  croissante,  que  les 
facilités  du  transport  par  voies  rapides  aug- 
mentent chaque  jour  au  profit  de  tous. 

L.  Angevin. 


PASSIFLORES  HYBRIDES 


Le  Gardeners’  Chronicle  a récemment 
publié  la  courte  description  suivante  de 
quelques  belles  variétés  nouvelles  de  Passi- 
flores qui  sont  mises  au  commerce  par 
MM,  Haage  et  Schmidt,  d’Erfurt. 

1°  P.  Professeur  Fichier.  Se  rapprochant 
beaucoup  du  P.  racemosa  quant  à la  forme, 
et  tenant  à la  fois  de  celui-ci  et  du  P.  Rad- 
diana,  pour  la  couleur.  Le  tube  de  la  fleur 
est  cylindrique  et  rainé  dans  le  sens  de  la 
longeur.  Les  sépales  sont  pourpre  à l’inté- 
rieur et  lie  de  vin  à l’extérieur;  les  pétales 
sont  rose-lilacé.  A l’extérieur  de  la  cou- 
ronne ces  pétales  sont  tachés  de  blanc  ; les 
inférieurs  sont  plus  courts  et  pourpres.  Le 
pistil  est  cylindrique.  La  fleur  est  plus 
grande  que  celle  des  P.  racemosa  et  Rad- 
diana. 

2o  P.  odro-purpurea.  Variété  la  plus 
foncée  en  couleur  parmi  celles  obtenues 
jusqu’à  ce  jour.  Fleur  rouge  intérieurement, 
large  de  10  centimètres  environ. 

Plante  très-florifère  et  de  grand  mé- 
rite. 

3»  P.  Madame  Bruckhaus.  Se  rappro- 
chant beaucoup  du  P.  princeps  coccinea, 
surtout  lorsque  les  fleurs  ne  sont  pas  tout 
à fait  ouvertes.  Fleurs  en  grappes,  rose 
saumon  carminé;  pétales  inférieurs  légère- 
ment violet  cramoisi. 

4»  P.  Docteur  Wittmack.  Variété  se 
rapprochant  du  P.  Loudoni,  mais  avec  les 
pétales  une  fois  plus  grands,  et  d’un  coloris 

FRUITIER 

Le  qualificatif  « naturel,  » par  lequel 
nous  désignons  le  fruitier  dont  il  va  être 


plus  pâle.  Feuilles  ressemblant  à celles  du 
P.  racemosa,  munies  à la  base  de  sortes  de 
boursouflures.  Tube  de  la  fleur  long  de 
4 centimètre  4/2  à 2,  cylindrique,  un  peu 
renflé,  d’un  joli  rouge  pourpre.  Très-belle 
variété  provenant  sans  doute  d’un  croise- 
ment entre  le  P.  Raddiana  et  le  P.  race- 
mosa. 

Une  autre  très -belle  Passiflore  hybride,» 
cultivée  depuis  quelques  années  en  Alle- 
magne, vient  de  nous  fleurir  à Cannes. 
C’est  le  P.  cœruleo-racemosa,  obtenu  d’un 
croisement  entre  les  deux  espèces  que  son 
nom  rappelle.  Le  feuillage  se  rapproche 
plus  du  racemosa  que  du  cœrulea,  mais 
les  fleurs  à sépales  et  pétales  renversés  ne 
rappellent  ni  l’un  ni  l’autre  des  parents. 
Elles  sont  d’un  beau  rouge  violacé  avec 
couronne  de  même  nuance,  et  leur  forme 
est  des  plus  élégantes.  C’est  une  plante 
dont  la  culture  doit  être  fortement  recom- 
mandée, dans  le  Midi  surtout,  où  sa  florai- 
son est  d’une  grande  abondance.  On  croi- 
rait voir  ces  admirables  plantes  dans  leurs 
stations  naturelles  de  l’Amérique  intertro- 
picale. Mais  c’est  surtout  la  tribu  des  Tac- 
sonia  qu’il  faudrait  propager  sur  la  côte 
méditerranéenne,  et  nous  appelons  de  tous 
nos  vœux  le  jour  où  nous  pourrons  revoir 
vivant  ce  merveilleux  Tacsonia  Mandoni, 
que  nous  avons  admiré  dans  toute  sa  gloire 
sur  le  versant  occidental  du  volcan  Corazon, 
dans  l’Ecuador.  Ed.  André. 

NATUREL 

question,  est  rigoureusement  exact  et  pré- 
sente cet  avantage  de  sous-entendre  cet 


FRUITIER  NATUREL. 


333 


autre  qualificatif  ((  économique,  » qui  en 
devient  ainsi  le  complément.  Il  est  de  la 
plus  grande  simplicité  et  n’exige  ni  dé- 
pense ni  soins  d’aucune  sorte.  Si  une  chose 
pouvait  étonner,  ce  serait  qu’on  n’ait  pas 
encore  pensé  à en  faire  l’application.  En 
effet,  il  n’est  aucun  cultivateur,  aucun 
paysan  qui  n’ait  remarqué,  soit  dans  un 
verger,  dans  de  l’herbe,  et  à peine  cachés 
par  quelques  feuilles,  parfois  même  dans 
une  bordure  de  Buis,  et  cela  après  un  hiver 
long  et  rigoureux,  des  fruits.  Pommes  ou 
Poires,  parfaitement  conservés  et  tout  aussi 
frais  que  si  l’on  venait  de  les  cueillir. 
A quoi  est  due  cette  conservation?  Comment, 
après  de  tels  exemples,  soutenir  encore  la 
théorie  que  pour  conserver  les  fruits  il  faut 
une  température  aussi  régulière  que  pos- 
sible ; que  le  thermomètre  ne  descende 
jamais  à zéro  et  qu’il  ne  s’élève  guère  que 
de  quelques  degrés  au-dessus  de  ce  point  ? 
Il  est  bien  évident,  en  effet,  qu’aucune  de 
ces  mesures  n’a  été  gardée  dans  le  cas  où 
les  fruits  sont  restés  pendant  quatre  et 
même  cinq  mois  sur  le  sol,  dans  les  con- 
ditions que  nous  avons  dites,  c’est-à-dire 
exposés  à toutes  les  variations  et  même  à 
toutes  les  intempéries  : pluie,  neige,  par- 
fois même  à de  très- fortes  gelées  ou  à des 
chaleurs  relativement  élevées.  De  tels  faits 
ne  démontrent-ils  pas  d’une  manière  in- 
contestable que  les  conditions  de  conserva- 
tion des  fruits  ne  sont  pas  bien  connues, 
et,  dans  tous  les  cas,  qu’elles  ne  sont  pas 
précisément  celles  que  l’on  recommande 
toujours  pour  l’établissement  d’un  bon  frui- 
tier? Faut-il  de  ceci  conclure  que  nos  frui- 
tiers sont  mauvais  et  que  les  soins  que  nous 
donnons  aux  fruits,  sont  sinon  nuisibles, 
du  moins  inutiles?  Ce  serait  à tort  cer- 
tainement ; mais  cela  engage  à faire  des 
expériences  et  à chercher  autre  chose 
que  ce  qu’on  a fait  jusqu’ici,  puisqu’il  est 
démontré  qu’il  y a mieux  que  ce  que  nous 
avons. 

Mais  pourquoi,  même  sans  chercher  la 
raison  de  la  conservation  naturelle  dont 
nous  parlons,  n’essaierait-on  pas  d’imiter 
ce  qui  la  détermine,  en  y apportant  quelques 
modifications  , suivant  les  lieux  et  à l’aide 
de  différents  moyens  dont  nous  allons  citer 
quelques  exemples?  Pourquoi,  lors  delà 
maturité  des  fruits,  ne  pas  les  étendre  sur 
un  gazon  et  les  recouvrir  simplement  d’une 
petite  épaisseur  de  foin,  d’herbe  ou  même 


de  paille  ? Pourquoi  encore  ne  pas  en  éten- 
dre simplement  sur  le  sol,  de  manière  avoir 
si  l’influence  directe  de  celui-ci  serait  favo- 
rable ou  défavorable  ? Ne  pourrait-on  aussi, 
pour  varier  les  expériences,  mettre  plu- 
sieurs couches  de  fruits  l’une  sur  l’autre, 
ou  même  les  mettre  en  tas,  en  recouvrant 
celui-ci  de  paillassons,  d’herbes,  de  foin  ou 
de  paille,  de  manière  à pouvoir  apprécier 
les  différents  résultats?  Il  serait  bon  aussi 
d’essayer  de  recouvrir  les  fruits  avec  des 
corps  mauvais  conducteurs  du  calorique  : 
feutre,  lainages,  paillassons,  mousse,  du 
sphagnum  surtout  qui,  comme  on  le  sait, 
jouit  de  la  propriété  de  ne  jamais  s’échauf- 
fer, par  conséquent  de  ne  pas  fermenter.  Il 
serait  bon  aussi,  pour  que  les  expériences 
fussent  plus  concluantes,  en  même  temps 
que  l’on  met  des  fruits  dans  les  diverses 
conditions  que  nous  venons  de  rapporter, 
d’en  placer  dans  les  conditions  où  on  les 
place  ordinairement  pour  les  conserver  : 
fruitier,  cave,  cellier,  etc. 

Mais  ce  n’est  pas  seulement  tel  ou  tel 
fruit  qu’il  faudrait  expérimenter;  ce  sont 
tous  et  à toutes  les  époques,  de  manière  à 
pouvoir  être  renseigné  d’une  façon  générale, 
tant  sur  la  conservation  physique  des  fruits 
que  sur  leurs  qualités. 

Ces  expériences  pourraient  être  multi- 
pliées à l’infini,  et  sans  frais,  pour  ainsi  dire, 
puisque,  outre  que  les  matières  employées 
sont  communes  et  presque  sans  valeur,  on 
pourrait  n’opérer  que  sur  des  quantités  mi- 
nimes. Les  expériences  seraient  tout  aussi 
concluantes,  puisqu’elles  seraient  faites  dans 
les  mêmes  conditions,  le  lot  placé  dans 
les  conditions  ordinaires  normales  (fruitier, 
cave,  etc.),  devant  être  de  la  même  impor- 
tance que  le  lot  mis  en  expérimentation,  de 
sorte  que  les  résultats  de  l’expérience  se- 
raient toujours  comparatifs. 

Ce  principe  admis,  — le  contact  des  fruits 
avec  le  sol,  — on  pourrait  disposer  les  ex- 
périences de  manière  que  ce  fruitier  fût 
accessible  en  tout  temps  et  en  toutes  sai- 
sons, par  exemple  sous  un  hangar,  ou 
même  sous  une  sorte  d’abri  construit  ad 
hoc.  Nous  engageons  même  à essayer  en 
même  temps  ces  expériences  dans  une  cave 
ou  un  cellier,  et  à mettre  là  une  certaine 
quantité  de  fruits  sur  le  sol,  et  une  quan- 
tité égale  des  mêmes  fruits  sur  des  ta- 
blettes. 

E.-A.  Carrière. 


334 


L ARROSAGE  EN  PLEIN  SOLEIL. 


. KARROSAGE  EN  PLEIN  SOLEIL 


Dans  une  de  ces  charmantes  boutades 
que  M.  F.  Sarcey  distribue,  de  temps  à 
autre,  aux  lecteurs  du  X/Z®  Siècle,  le 
spirituel  critique,  prenant  à partie  les 
((  phrases  toutes  faites  » qui  servent  trop 
souvent  de  passeport  à de  grossière  errreurs, 
en  relève  une  qui  est  du  domaine  de  l'hor- 
ticulture (1). 

Après  avoir  rappelé  l’insanité  du  vieux 
dicton  : « Les  vues  de  myopes  sont  les  meil- 
leures, ))  il  range  dans  la  même  catégorie  la 
maxime  populaire  des  horticulteurs  : « On 
ne  doit  pas  arroser  à l’heure  du  plein  so- 
leil. » L’article  est  plein  de  sel  gaulois  ; il 
faut  lire  l’amusant  dialogue  de  M.  Sarcey 
avec  son  jardinier,  qui  regarde  avec  dédain 
son  maître  arrosant  en  plein  midi  par  un 
soleil  ardent  ses  plantes  fanées  : 

— Mais  ça  ne  s’est  jamais  vu!  répond  le 
jardinier  à M.  Sarcey,  qui,  tout  fier  de  son 
ouvrage  et  quelque  peu  ruisselant  de  sueur, 
attendait  des  compliments  et  des  éloges  ! 
Et  le  jardinier  d’ajouter  sentencieusement  : 
Il  ne  faut  pas  arroser  à l’heure  du  plein 
soleil  ! 

— J’entends  bien,  dit  M.  Sarcey  un  peu 
décontenancé  ; mais  pourquoi  ne  faut-il  pas 
arroser  à l’heure  du  plein  soleil  ? 

Le  jardinier  qui  n’avait  sans  doute  jamais 
cherché  l’explication  de  cette  maxime,  el  à 
qui  la  tradition  avait  suffi,  se  contenta  de 
grommeler  entre  ses  dents  : 

« Tout  ça,  c’est  des  idées  de  bourgeois!  » 

M.  Sarcey  n’insista  pas,  mais  il  en  conclut 
tout  de  suite  que  les  inconvénients  de  l’ar- 
rosage au  soleil  sont  imaginaires,  et  qu’il 
faut  les  ranger  dans  le  fatras  des  préjugés 
dont  le  profane  vulgaire  se  nourrit  trop 
souvent. 

Nous  avions  pris  un  vif  plaisir  à l’article 
de  M.  Sarcey;  mais  peut-être  n’aurions- 
nous  pas  songé  à y répondre  ici,  car  cer- 
tainement nos  abonnés  n’arrosent  guère  à 
l’heure  du  plein  soleil.  Si  M.  Sarcey,  ne 
sachant  plus  que  croire  au  milieu  des  lettres 
qu’il  avait  reçues  à ce  sujet,  n’avait  fait,  il  y 
a quatre  ou  cinq  jours,  à la  Revue  horti- 
cole, l’honneur  de  lui  demander  son  avis. 

Nous  sommes  ennemis  des  préjugés  au- 
tant qu’homme  du  monde,  et  nous  leur 

(1)  Numéro  du  18  juin  dernier. 


faisons  quelquefois  la  guerre  dans  la  Revue 
horticole.  Si  nous  ne  pouvons  toujours 
convaincre  nos  lecteurs,  d’illustres  exemples 
nous  encouragent  à persévérer  : Arago  n’a- 
t-il  pas  combattu  pendant  quarante  ans 
toutes  les  fables  débitées  sur  la  lune,  sans 
pouvoir  éclairer  de  ses  lumineuses  démons- 
trations l’armée  innombrable  des  aveugles 
volontaires  ? 

Cette  fois,  pourtant,  le  jardinier  de  M.  Sar- 
cey avait  raison  contre  son  maître,  et  la 
phrase  toute  faite  avait  du  bon  ; nous  allons 
essayer  de  dire  pourquoi. 

L’arrosage  pendant  la  grande  chaleur  du 
jour,  et  surtout  sous  les  rayons  d’un  soleil 
ardent,  n’est  pas  bon,  par  les  raisons  sui- 
vantes : 

1“  L’eau  répandue  n’est  pas  tôute  ab- 
sorbée par  les  plantes  ; une  partie  s’éva- 
pore avec  rapidité.  Les  tissus  des  plantes 
flétries  reprennent  d’abord  leur  turgescence 
sous  l’influence  de  ce  bain  superficiel  ; mais 
c’est  tout  : l’eau  glisse  sur  le  feuillage  et 
les  tiges,  humecte  le  sol  et  s’évapore  en 
grande  partie  avant  d’arriver  aux  racines. 
Reconnaissons  tout  de  suite  que  cette  raison 
d’économie  n’aura  pas  grande  valeur  aux 
yeux  de  M.  Sarcey  ; son  article  nous  a fait 
voir  qu’il  ne  regardait  pas  à sa  peine  ; il 
aura  simplement  arrosé  en  pure  perte,  voilà 
tout,  et  il  en  aura  été  ensuite  délicieuse- 
ment récompensé  par  la  fraîcheur  qu’il 
aura  créée  autour  de  lui.  Mais  il  recon- 
naîtra comme  nous  que,  pour  le  jardinier  de 
profession,  cette  question  de  bonne  utilisa- 
tion du  travail  vaut  déjà  la  peine  qu’on  s’y 
arrête. 

2®  Il  est  rare  que  l’on  emploie,  pour  ar- 
roser, de  l’eau  à la  température  de  l’air 
ambiant.  L’eau  de  puits,  de  fontaine,  est 
froide,  si  elle  n’a  pas  été  préalablement 
exposée  au  soleil  dans  des  bassins  ouverts. 
Or,  le  contact  qui  resserre  brusquement  les 
pores  des  plantes  herbacées  est  préjudi- 
ciable à beaucoup  de  végétaux  au  moment 
de  la  grande  végétation.  Les  maraîchers  le 
savent  bien  : les  Melons,  les  Cornichons, 
les  Romaines  « près  de  se  coiffer,  » les  Sca- 
roles, la  Chicorée  bonne  à lier,  souffrent  des 
aspersions  brusques  à f eau  froide  ; elles  se 
tachent  de  jaune  et  sont  dites  mouchetées. 


CORRESPONDANCE. 


335 


Il  en  est  de  même  pour  beaucoup  d’autres 
plantes  d’utilité  ou  d’ornement. 

30  L’arrosage  en- piem,  au  grand  soleil, 
sur  des  semis  ou  de  très-jeunes  plants,  bat 
la  terre,  qui  se  couvre  d’une  croûte  sur 
laquelle  l’eau  glisse  sans  pénétrer.  L’aéra- 
tion du  sol  ne.  peut  plus  s’effectuer  alors 
sans  de  fréquents  binages  destinés  à lui 
rendre  sa  perméabilité. 

4®  Si  l’on  arrose  au  milieu  du  jour,  au 
soleil,  les  plantes  d’une  serre  sans  les  om- 
brer préalablement,  les  gouttes  d’eau  restées 
sur  les  feuilles  font  lentille  et  brûlent  les 
tissus  comme  on  le  ferait  avec  une  loupe. 
Il  en  est  de  même,  avec  moins  de  force,  en 
plein  air. 

Il  va  sans  dire  que  certaines  plantes  ro- 
bustes souffrent  peu  ou  point  de  l’arrosage 
en  plein  soleil,  et  qu’il  vaut  encore  mieux 
arroser  à midi  que  pas  du  tout;  mais  l’ex- 
ception n’est  pas  la  règle. 

Voyons  maintenant  quels  sont  les  procé- 
dés usités  et  le  temps  le  plus  propice  pour 
l’arrosage. 

Le  meilleur  arrosage  est,  sans  contredit, 
l’irrigation.  On  'l’emploie  principalement 
dans  le  Midi.  Il  consiste  à taire  courir  l’eau 
sur  le  sol,  qui  se  trouve  ainsi  saturé  profon- 
dément. On  a remarqué  que  les  arrosages 
copieux  et  rares  sont  préférables  aux  arro- 
sages superticiels  et  fréquents.  Si  la  terre 
est  bien  imbibée,  les  plantes,  puisant  par 
l’extrémité  de  leurs  racines  une  fraîcheur 
constante,  peuvent  se  passer  de  la  pluie  na- 
turelle ou  artificielle.  Lindley  cite  un  jardin 
à Tonbridge  (Angleterre),  situé  sur  le  sol 
profond  provenant  d’un  ancien  étang,  et  où 
les  plantes  restèrent  d’une  fraîcheur  luxu- 
riante pendant  tout  l’été  de  1842  sans  rece- 
voir une  goutte  d’eau . 

Mais  l’eau  courante  ne  peut  guère  être 
appliquée  à nos  cultures  de  la  France 
moyenne  et  septentrionale.  Il  faut  donc  re- 
courir à l’arrosoir,  ou  à ((  la  lance,  » au 
moyen  de  l’eau  amenée  soit  à l’air  libre,  soit 
souterrainement. 

A quelle  heure  de  jour  faut-il  arroser? 

Le  meilleur  arrosage  est  celui  du  soir 
'pendant  la  saison  chaude,  et  celui  du  ma- 
tin pendayit  le  reste  de  Vannée. 


Vers  la  fin  du  jour,  la  température  du 
sol  et  des  plantes  s’abaisse,  et  celle  de  l’eau 
s’en  rapproche  notablement.  Les  conditions 
sont  alors  presque  celles  d’un  temps  plu- 
vieux, c’est-à-dire  que  l’abaissement  de  la 
température,  joint  à l’obscurité  nocturne, 
ralentit  la  transpiration  du  végétal  et  l’éva- 
poration à la  surface  du  sol.  L’équilibre 
entre  la  chaleur  de  l’air  et  celle  de  la  terre 
pendant  la  nuit  ne  sera  donc  pas  rompu,  et 
une  bonne  végétation  en  sera  la  consé- 
quence. D’ailleurs,  on  sait  qu’une  dépres- 
sion légère  de  f atmosphère  pendant  la  nuit 
est  un  phénomène  naturel. 

L’arrosage  du  matin  est  recommandé  par 
quelques  praticiens.  Pour  eux,  les  plantes, 
stimulées  par  la  chaleur  du  jour,  trouvent 
dans  la  quantité  d’eau  absorbée  le  matin 
par  leurs  tissus,  une  provision  de  fraîcheur 
et  de  vigueur  qui  leur  permet  de  résister 
aux  ardeurs  du  soleil.  On  objecte  avec  raison 
qu’une  grande  partie  de  cette  eau  s’évapore 
et  par  conséquent  reste  sans  effet  utile,  et 
en  outre  qu’il  y a inconvénient  à abaisser  la 
température  du  sol  au  moment  où  la  tige, 
le  feuillage  et  les  fleurs  sont  exposés  à la 
plus  grande  chaleur. 

L’arrosage  du  matin  ne  doit  donc  être 
préféré  à celui  du  soir,  qu’au  printemps  et 
à l’automne,  lorsque  les  nuits  sont  longues 
et  froides  et  lorsqu’il  y a nécessité  de  ne  pas 
accentuer  ces  conditions  déjà  défavorables  à 
la  végétation. 

Avons-nous  réussi  à démontrer  à M.  Sar 
cey  les  inconvénients  de  l’arrosage  en  plein 
soleil,  et  les  avantages  que  les  plantes  retire- 
ront du  traitement  ci-dessus  indiqué?  Nous 
le  désirons  vivement. 

Ajoutons  que  si  les  cultures  du  célèbre 
critique  en  profitent,  sa  santé  personnelle 
ne  s’en  trouvera  pas  plus  mal.  En  arrosant 
aux  heures  propices,  il  évitera  des  insola- 
tions fâcheuses,  il  rentrera  dans  les  bonnes 
grâces  de  son  jardinier  qu’il  n’accusera  plus 
d’avoir  inventé  pour  son  usage  personnel 
cette  règle,  quil  ne  faut  pas  arroser  en 
plein  soleil,  et  la  Revue  horticole  sera  fière 
d’avoir  retiré  une  maxime  raisonnée  du 
panier  des  <i  phrases  toutes  faites.  » 

£d.  André. 


CORRESPONDANCE 


Mme  P.  (Doubs).  — Le  Citrus  triplera  est 
très-rustique  et  passe  très-bien  l’hiver  en  pleine 


terre  dans  le  centre  et  même  dans  beaucoup 
de  localités  du  nord  de  la  France.  Vous  pourre? 


336 


TRAITEMENT  d’ÉTÉ  ET  d’aUTOMNE 

trouver  cette  espèce  chez  la  plupart  des  horti- 
culteurs d’Orléans,  notamment  chez  MM.  Dau- 
vesse,  Desfossé-Thuillier,  Transon  frères. 

M*’  B.  (Seine).  — Les  Abricots  dont  vous 
désirez  savoir  le  nom  viennent  du  midi  de  la 
France  et  même  de  l’Algérie,  par  l’entremise 
des  commissionnaires  en  fruits,  mais  alors 
sans  aucune  désignation.  Il  nous  est  donc  tout 
à fait  impossible  de  satisfaire  à votre  désir,  ce 
que  nous  regrettons. 

Mr  A.  (Charente).  — L’anomalie  dont  vous 
nous  parlez,  et  qui  s’est  développée  sur  un, 
Pommier,  est  assurément  très-intéressante, 
mais  nous  ne  pouvons  en  donner  d’explication, 
surtout  ne  voyant  pas  l’objet.  Peut-être  plus 


POUR  LE  RICII.XRDIA  ÆTHIOPICA. 

tard,  lorsque  le  phénomène  sera  caractérisé, 
pourrons-nous  faire  davantage.  Pour  le  moment, 
nous  vous  engageons  cà  suivre  le  développement 
de  cette  anomalie,  à en  noter  toutes  les  phases 
et  à nous  faire  connaître  tous  ces  détails  à 
l’aide  desquels  nous  pourrions  peut-être  tenter 
une  explication  rationnelle. 

A « Un  abonne  de  la  Revue  horticole  ». 
— Votre  communication  relative  au  mastic  à 
greffer  à froid  est  intéressante,  et  nous  l’insé- 
rerons aussitôt  que  vous  aurez  bien  voulu  nous 
faire  connaître  votre  nom,  ce  qui  nous  est  né- 
cessaire pour  vous  laisser  la  responsabilité  de 
vos  assertions. 


TRAITEMENT  D’ÉTÉ  ET  D’AUTOMNE  POUR  LE  RICHARDIA  ÆTHIOPICA 


h' Arum  d’Éthiopie  {Calla  ou  Richardia 
Æthiopica)^  cette  belle  plante,  si  connue, 
sur  laquelle  la  Revue  a publié  récemment 
un  intéressant  article  de  M.  Foissy,  offre  un 
si  grand  intérêt  aux  cultivateurs  des  plus 
beaux  comme  des  plus  modestes  jardins, 
que  nous  croyons  faire  œuvre  utile  en  indi- 
quant, d’après  le  Journal  of  horticulture, 
un  autre  mode  de  traitement  que  l’on  pourra 
comparer  avec  le  premier. 

Nous  prenons  les  plantes  au  moment  où 
l’on  va  commencer  leur  multiplication. 

Les  pieds-mères,  que  depuis  la  veille  on  a 
dû  immerger  entièrement  dans  l’eau,  seront 
divisés  autant  que  possible,  et  réduits  à 
l’état  de  simples  bourgeons,  surtout  si  l’on 
veut  les  multiplier  abondamment. 

Ces  jeunes  plantes  seront  placées  en 
lignes  diagonales,  à environ  soixante  centi- 
mètres les  unes  des  autres,  dans  un  sol 
composé  de  fumier  décomposé  et  de  terre 
argileuse.  On  tasse  légèrement  autour  de 
chaque  pjed,  et  lorsque  la  plantation  est 
achevée,  on  fait  autour  de  chacun  d’eux,  en 
relevant  la  terre,  un  bassin  destiné  à con- 
server l’eau  des  arrosages,  qui  devront  être 
copieux  et  fréquents,  surtout  lorsque  les 
pluies  seront  rares. 

Un  tuteur  sera  placé  auprès  de  chaque 
plante,  et  ses  feuilles  y seront  attachées  au 
fur  et  à mesure  de  leur  développement  afin 
qu’elles  ne  soient  pas  brisées  par  le  vent  ou 
toute  autre  cause. 

Toutefois,  les  feuilles  se  dessécheront  peu 


à peu,  mais  seulement  lorsque  des  racines 
se  seront  développées,  et  que  des  couronnes 
nouvelles  seront  bien  formées.  A partir  de 
cette  époque,  les  Richardia  croissent  vi- 
goureusement jusqu’à  la  fin  de  l’été. 

A la  fin  d’août,  on  arrêtera  la  végétation, 
en  cernant  les  plantes  à l’aide  d’une  bêche, 
opération  qui  doit  se  faire-en  proportionnant 
la  longueur  des  racines  que  Ton  conserve 
à la  grandeur  des  pots  que  Ton  se  propose 
d’employer. 

Vers  le  milieu  ou  la  fin  de  septembre,  on 
enlève  les  Richardia  et  on  les  empote  dans 
un  mélange  de  deux  quarts  de  terre  argi- 
leuse, un  quart  de  terreau  de  feuilles,  et  un 
quart  de  sable  grossier  ; puis  on  arrose 
abondamment,  de  manière  à faire  adhérer 
la  terre  aux  racines.  Les  pots  sont  placés 
à Tombre  jusqu’à  ce  que  de  nouvelles  racines 
se  soient  formées,  et  alors  on  peut  les  trans- 
porter à une  situation  ensoleillée,  où  ils  se- 
ront bientôt  remplis  de  grosses  racines  affa- 
mées. 

Les  Richardia,  qui  ont  besoin  de  beau- 
coup de  nourriture,  doivent  être  fréquem- 
ment arrosés,  pendant  la  période  de  florai- 
son, c’est-à-dire,  depuis  la  seconde  moitié 
de  décembre  jusqu’au  mois  de  juillet,  avec 
des  engrais  liquides. 

De  temps  en  temps,  des  fumigations  au 
tabac  et  de  bassinages  fréquents  pi  évien- 
dront  les  attaques  de  pucerons,  qui  sont 
très-friands  du  tissu  des  Richardia. 

Ch.  Tiiays. 


lmp.  Georges  Jacob , — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Exposition  des  Rosiéristes  de  la  So- 
ciété de  Brie-Comte-Robert  et  de 
Grisy-Suisnes.  — Le  8 juillet,  les  rosié- 
ristes de  la  Société  de  Brie- Comte-Robert 
et  de  Grisy-Suisnes  ont  fait  une  très-belle 
exposition.  Aux  massifs  de  Roses  on  avait 
réuni  des  lots  de  plantes  de  serre  chaude, 
dont  quelques-uns  d’une  culture  irrépro- 
chable. 

M.  Gautreau  père,  rosiériste  à Brie- 
Comte-Robert,  a obtenu  le  grand  prix 
d’honneur,  un  objet  d’art  de  Sèvres  offert 
par  le  Président  de  la  République,  pour 
374  variétés  de  Roses. 

M.  William  Fleetches,  jardinier-chef  au 
château  de  Presles,  médaille  d’or  grand 
module  du  ministre,  pour  ses  plantes  de 
serres:  Caladiums,  Broméliacées  et  Fou- 
gères. 

M.  Scipion  Cochet,  de  Grisy-Suisnes,  a 
eu  le  troisième  grand  prix  pour  son  lot  de 
600  variétés  de  Roses,  ses  Broméliacées  et 
autres  plantes. 

M.  Céchet,  rosiériste  à Brie,  médaille 
d’or  du  ministre  pour  259  variétés  de  roses. 
B a présenté  un  semis  très-remarquable. 

Sept  autres  rosiéristes  ont  obtenu  des  ré- 
compenses, et  parmi  les  autres  exposants 
nous  devons  citer  M.  Pernel,  de  LaVarenne, 
qui  a présenté  des  Coléus  de  semis  de 
toute  beauté,  et  MM.  Gautier  et  Hochard, 
de  Pierrefitte,  dont  les  Œillets  méritaient 
la  bonne  réputation  dont  ils  jouissent. 

Avant  la  distribution  des  récompenses, 
qui  a eu  lieu  sous  la  présidence  du  préfet 
de  Seine-et-Marne,  ayant  près  de  lui  M.  le 
comte  Horace  de  Choiseul,  président  de  la 
Société,  et  M.  le  maire  de  Brie,  on  a en- 
tendu une  conférence  très-intéressante  de 
M.  Lévêque,  d’Ivry-sur-Seine.  L’habile  ro- 
siériste a mis  à la  portée  des  amateurs 
nombreux  qui  l’écoutaient  les  principes 
nécessaires  à la  bonne  culture  du  Rosier. 
On  l’a  vivement  applaudi. 

M.  Thibaut,  vice-président  de  la  Société 
de  Paris,  était  le  président  du  jury  de  Brie- 
Gomte-Robert. 

Parmi  les  visiteurs  nous  avons  remarqué 
MM.  Eugène  et  Charles  Verdier,  M.  Kete- 
leer,  M.  Lacharme,  de  Lyon,  M.  Croux,  de 
la  vallée  d’Aulnay,  et  plusieurs  horticulteurs 

Ier  Août  1883. 


distingués  qui  avaient  tenu  à marquer  leur 
intérêt  aux  efforts  des  rosiéristes  de  la 
Brie. 

Décorations  à l’horticulture.  — Sur 

la  proposition  de  M.  le  Ministre  de  l’agri- 
culture, ont  été  nommés  dans  l’ordre  de  la 
Légion-d’Honneur  : 

Officier  : M.  Prillieux  (Édouard 
Ernest),  professeur  à l’Institut  national  agro- 
nomique, auteur  de  nombreuses  publications 
sur  les  maladies  des  plantes  ; a rempli  avec 
distinction  la  mission  dont  il  a été  chargé 
en  France  et  en  Algérie  sur  les  parasites 
végétaux  de  la  Vigne.  Chevalier  depuis 
1867. 

Chevalier  : M.  Margottin  fils  (Jules 
Auguste),  horticulteur-pépiniériste  à Bourg- 
la- Reine.  Dirige  un  important  établisse- 
ment et  a obtenu  de  nombreuses  ré- 
compenses dans  les  diverses  expositions 
horticoles,  entre  autres  une  grande  mé- 
daille à l’Exposition  universelle  de  1878; 
vingt-trois  ans  de  services. 

Par  arrêté  du  Ministre  de  l’agriculture, 
en  date  du  17  juillet,  la  décoration  du  Mérite 
agricole  a été  conférée  à : 

M.  Bertin  père,  avec  la  mention  sui- 
vante : vice-président  de  la  Société  d’horti- 
culture de  Seine-et-Oise,  un  des  doyens  de 
l’horticulture  française;  a fondé  à Versailles 
un  très-important  établissement  de  pépinié- 
riste. 

M.  Bertin  père  est  connu  de  toute  l’hor- 
ticulture européenne  par  ses  connaissances 
générales  pratiques  et  théoriques,  et  sur- 
tout par  la  science  des  végétaux.  Agé  de 
quatre-vingt-quatre  ans,  il  en  a consacré 
soixante-dix,  au  moins,  à l’horticultuie, 
qu’il  a très-largement  servie.  M.  Bertin 
appartient  à cette  génération  qui  s’éteint, 
comprenant  les  Bréon,  les  Noisette,  les 
Poiteau,  les  Hardy,  les  Jacques,  les  Chau- 
vière,  les  Briot,  qui,  tous,  au  point  de 
vue  horticole , ont  si  bien  mérité  du 
XIX®  siècle.  Aussi,  tous  ceux  qui  connais- 
sent M.  Bertin  ne  pourront-ils  s’empêcher 
de  penser  que  la  distinction  qu’il  a reçue, 
si  honorable  qu’elle  soit,  est  au-dessous  de 
son  mérite  et  des  services  qu’il  a rendus 
au  pays. 


15 


338 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Effeuillage  et  ciselage  des  fruits.  — 

Ces  deux  opérations  particulièrement  esti- 
vales se  font  à partir  du  nouage  bien  arrêté 
des  fruits,  jusqu’à  une  époque  qui  varie 
suivant  les  variétés  soumises  à l’opération 
et  pour  des  motifs  différents.  Ainsi  V effeuil- 
lage se  pratique  exclusivement  pour  faire 
colorer  les  fruits,  ce  qui  n’a  lieu  qu’en 
les  exposant  au  soleil.  Il  faut  opérer  avec 
prudence  et,  en  général,  quand  les  fruits 
ont  déjà  atteint  toutes  leurs  dimensions, 
et  qu’ils  entrent  dans  la  période  voisine  de 
celle  de  leur  maturation.  On  effeuille  suc- 
cessivement et  graduellement,  c’est-à-dire 
au  fur  et  à mesure  que  les  fruits,  ayant 
atteint  leur  grosseur,  ont  besoin  d’une 
lumière  plus  vive  pour  se  colorer.  Suivant 
la  nature  des  fruits,  le  climat  et  l’ex- 
position, on  devra  agir  avec  plus  ou 
moins  de  réserve.  C’est  surtout  pour  les 
Pêches  que  l’effeuillage  est  important,  car 
ces  fruits  sont  d'autant  plus  recherchés 
qu’ils  sont  plus  colorés* 

Ciselage.  — On  ne  le  pratique  guère 
que  sur  les  Pvaisins,  Cette  opération  doit  se 
faire  en  plusieurs  fois,  deux  au  moins;  la 
première  quand  les  Raisins  sont  bien  for- 
més, qu’ils  sont  en  « verjus  ; » alors,  à l’aide 
de  ciseaux  à lames  très-effilées,  on  coupe 
net  le  pédoncule.  Ce  travail  doit  se  faire 
avec  d’autant  plus  de  soin  que  l’on  tient 
à avoir  de  plus  beaux  fruits.  La  seconde 
opération  se  fait  lorsque  les  grains  ont 
atteint  environ  les  trois  quarts  de  leur 
grosseur. 

Rappelons  que  toujours  les  petits  grains 
— ceux  qui  n’ont  pas  été  fécondés  — les 
((  coulards  »,  doivent  être  enlevés,  car, 
bien  qu’ils  ne  grossissent  pas,  ils  absorbent 
néanmoins  la  sève  au  détriment  des  autres 
grains.  Faisons  aussi  remarquer  que  les 
grains  provenant  du  second  ciselage,  étant 
déjà  gros,  peuvent  être  utilisés  soit  pour 
confire  dans  de  l’alcool  ou  du  vinaigre,  soit 
même  pour  être  écrasés  et  faire  des  sauces 
vertes,  ou  pour  servir  comme  condiments. 

Pommier  Paradis  jaune  (1).  — Ce 

Pommier,  qu’on  ne  saurait  trop  recom- 
mander comme  sujet,  offre  l’avantage  d’être 
plus  vigoureux  que  le  Paradis  ordinaire 
bien  que  ses’racines  soient  également  courtes 
et  filiformes,  et  par  conséquent  de  se  main- 

(1)  Voir,  pour  l’historique  et  la  description, 
lievue  horticole,  1879,  p.  43G;  1882,  p.  138. 


tenir  en  sève  très-longtemps,  ce  qui  permet 
de  le  greffer  en  écusson,  même  à une  époque 
très-avancée  de  l’automne.  Cette  année,  par 
exemple,  par  suite  d’une  sécheresse  et  d’une 
chaleur  printanière  excessives,  le  Pommier 
Paradis  ordinaire  a poussé  à peine,  de  sorte 
que  dans  beaucoup  de  localités  on  n’a  pas 
pu  le  greffer,  tandis,  que  dans  ces  mêmes 
conditions,  le  Paradis  jaune  s’est  déve- 
loppé vigoureusement  et  on  pourra  le  gref- 
er  en  écusson  en  septembre,  peut-être 
même  plus  tard.  A tous  les  points  de  vue 
il  y a donc  un  grand  avantage  à cultiver 
comme  sujet  le  Paradis  jaune. 

Congrès  d’horticulture  de  Marseille. 

— Venant  à son  tour  apporter  sa  voix  au 
concert  des  réclamations  qui  s’élèvent  de 
toutes  parts  pour  la  révision  des  prohibitions 
qui  pèsent  sur  les  échanges  horticoles,  le 
Congrès  régional  d’horticulture,  qui  s’est 
réuni  dernièrement  à Marseille,  a adopté  à 
l’unanimité,  sur  la  proposition  de  M.  F. 
Sahut,  horticulteur  à Montpellier,  la  réso- 
lution suivante  : 

Considérant  qu’il  est  universellement  cons- 
taté aujourd’hui  et  absolument  démontré  que 
le  Phylloxéra  vastatrix  ne  peut  vivre  sur 
aucun  autre  végétal  que  la  Vigne  ; 

Que,  dès  lors,  s’il  est  nécessaire  d’interdire 
ou  de  réglementer  la  circulation  des  plants  en- 
racinés de  Vigne,  ainsi  que  des  boutures  et 
autres  parties  de  cette  plante,  il  n’y  a,  par 
contre,  aucun  inconvénient  à laisser  absolu- 
ment libre  le  transport  des  autres  végétaux 
produits  par  les  pépinières,  c’est-à-dire  les 
arbres,  arbrisseaux  et  arbustes  fruitiers  et 
d’ornement  de  plein  air  ou  de  serre,  tant  en 
mottes  qu’à  racines  nues  ; 

Attendu  d’ailleurs,  que  l’administration  est 
suffisamment  armée  par  les  articles  13  et  14 
de  la  loi  du  15  juillet  1878,  qui  lui  permettent 
de  punir  sévèrement  les  infractions  à la  défense 
rigoureuse  d’introduire,  tant  en  Algérie  que 
dans  les  arrondissements  encore  indemnes  de 
la  France,  les  plants  de  Vigne  qui  pourraient 
y apporter  le  Phylloxéra  ; 

Considérant  que  les  entraves  ou  prohibitions 
à la  libre  circulation  des  végétaux  autres  que 
la  Vigne,  constituent  inutilement  une  atteinte 
à la  liberté  du  commerce  horticole  et  portent 
un  très-grave  préjudice  à une  branche  impor- 
tante de  l’industrie  nationale  ; 

Le  Congrès  émet  le  vœu  : 

lo  Que  la  liberté  de  circulation  la  plus  com- 
plète soit  restituée,  tant  en  France  qu’en  Algé- 
rie, aux  végétaux  autres  que  la  Vigne,  c’est-à- 
dire  aux  arbres,  arbrisseaux  et  arbustes  frui- 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


339 


tiers,  forestiers  et  d’ornement,  de  plein  air  ou 
de  serre,  tant  en  mottes  qu’à  racines  nues, 
ainsi  qu’aux  fruits  et  aux  fleurs  coupées. 

2°  Que  le  gouvernement  français  agisse  par 
voie  diplomatique  auprès  des  autres  gouverne- 
ments signataires  de  la  convention  internatio- 
nale de  Berne,  afin  que  cette  convention  soit 
modifiée  dans  le  sens  de  la  liberté  absolue  de 
circulation  des  mômes  végétaux  ou  produits 
horticoles,  autres  que  la  Vigne. 

30  Et  enfin  que  la  diplomatie  française  agisse 
également  auprès  des  gouvernements  qui  n’ont 
pas  adhéré  a la  convention  de  Berne,  pour  ob- 
tenir celte  même  liberté  dans  les  échanges  in- 
ternationaux des  produits  de  l’horticulture. 

Nous  ne  pouvons  que  nous  associer  chau- 
dement à de  pareils  vœux  et  demander  au 
gouvernement  qu’il  les  fasse  suivre  d’une 
prompte  réalisation. 

Encore  les  mastics  à greffer  à froid. 

— Un  de  nos  abonnés  nous  adresse  la 
lettre  suivante  que  nous  nous  empressons 
d’insérer. 

Épinal,  3 juillet  1883. 

J’apprends  par  la  chronique  de  la  Pieviie 
horticole  du  lcr  juin,  que  des  plaintes  se  sont 
élevées  au  sujet  du  durcissement  des  mastics 
à greffer  à froid. 

Vos  lecteurs  ne  seront  peut-être  pas  fâchés 
de  connaître  le  procédé  si  simple  que  j’emploie 
pour  remédier  à cet  état  de  choses. 

Je  verse  de  l’alcool  dans  le  mastic  et  en 
remuant  avec  une  petite  spatule,  je  l’obtiens 
aussi  liquide  qu'c  je  le  désire. 

Le  procédé  dont  il  vient  d’être  question 
est  connu  ; il  est  bien  simple  en  effet,  puisque 
l’alcool  jouit  au  plus  haut  degré  de  la  pro- 
priété de  dissoudre  les  corps  résineux, 
qui  font  la  base  de  tous  les  mastics  à gref- 
fer. Mais  ce  qui  est  aussi  bien  certain,  c’est 
que  les  mastics  liquéfiés  et  surtout  reliqué- 
fiés par  l’alcool,  perdent  de  plus  en  plus  le 
caractère  d’onctuosité  que  doivent  avoir  tous 
les  bons  mastics,  ils  deviennent  de  plus  en 
plus  secs  et  cassants  et  pourraient  même 
être  rendus  corrosifs  par  un  excès  d’alcool. 
Cependant  le  moyen  dont  nous  venons  de 
parler  pour  ramollir  les  mastics  un  peu 
secs,  est  bon  et  peut  être  employé  dans 
une  sage  mesure. 

Nomination  de  M.  Briot,  comme  jar- 
dinier en  chef  des  Petit  et  Grand-Tria- 

non.  — La  mort  de  M.  Charpentier,  dont 
nous  avons  parlé  récemment  (1),  a amené 

(1)  Voir  Revue  horticole^  1883,  p.  293.  1 


dans  le  service  administratif  de  Trianon  la 
suppression  d’un  emploi.  Au  lieu  de  deux 
places  de  jardinier  en  chef,  il  n’y  en  a 
actuellement  plus  qu’une,  dont  M.  Briot  est 
chargé.  Il  devient  par  conséquent  l’unique 
chef,  ayant  sous  ses  ordres  deux  sous-chefs, 
placés  à la  tête  de  chacune  des  deux  divi- 
sions : celle  du  Petit  et  celle  du  Grand- 
Trianon.  Pépinières,  cultures  décoratives 
et  entretiens  des  parcs  sont  donc  réunis. 
C’est  certainement  une  simplification  comme 
service  administratif,  mais  c’est  une  nou- 
velle tâche  qui  incombe  à M.  Briot. 

Exposition  d’horticulture  à Saint- 
Maur-les-Fossiés.  — Cette  exposition  à 
laquelle  tous  les  horticulteurs  amateurs, 
jardiniers  bourgeois,  ainsi  que  tous  les  in- 
dustriels dont  les  travaux  se  lient  à l’horti- 
culture, sont  invités  à prendre  part,  aura 
lieu  à Saint-Maur-les-Fossés  du  2 au  9 sep- 
tembre 1883. 

Toutes  les  demandes  d’admission  devront 
être  adressées  à M.  Piettre,  président  de  la 
Société,  au  moins  huit  jours  avant  l’ou- 
verture, et  indiquer  la  nature  des  objets  à 
exposer. 

Le  jury  se  réunira  au  local  de  l’exposi- 
tion le  samedi  1^^*  septembre. 

Soufrage  des  Vignes.  — Nous  voici 
arrivés  au  moment  où  d’ordinaire  — mal- 
heureusement — l’oïdium  fait  son  appa- 
rition dans  nos  cultures.  A ce  sujet  nous 
rappelons  qu’il  vaut  mieux  agir  préven- 
tivement, c’est-à-dire  soufrer  même  avant 
qu’il  y ait  trace  d’oïdium. 

On  a d’autant  moins  à redouter  cette 
opération  que,  quoi  qu’il  arrive,  ce  soufre 
ne  peut  nuire  à la  vigne,  au  contraire  ; il 
lui  donne  une  vigueur  plus  grande  et  une 
couleur  plus  verte,  caractères  qui  annon- 
cent les  meilleures  conditions  possibles  de 
prospérité. 

Jasminum  affine.  — Quand  une  plante 
est  méritante  on  ne  saurait  trop  la  recom- 
mander. Tel  est,  sans  contredit,  le  Jasmi- 
num affine,  espèce  très-voisine  du  J.  offi- 
cinale, mais  plus  floribonde,  à fleurs  un 
peu  plus  grandes,  et  d’un  ton  légèrement 
soufré. 

Quant  aux  autres  caractères  : port, 
feuillage,  forme  et  disposition  des  fleurs, 
ils  sont  absolument  les  mêmes  que  ceux 


340 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


du  Jasmin  officinal.  Mais  ce  qui  donne  à 
cette  espèce  une  grande  valeur  ornemen- 
tale, c"est  son  extrême  vigueur,  qui  en 
fait  une  plante  de  premier  mérite,  pour 
couvrir  des  tonnelles,  des  berceaux,  etc. 
Ses  tiges,  fortes  et  robustes,  s’enroulent 
et  se  tordent  même  par  le  rapprochement 
des  spires,  dans  le  genre  du  Celastrus 
scandens. 

Rosiers  greffés  sur  semis  d’Églan- 
tiers.  — Quel  est  l’inventeur,  c’est-à-dire 
celui  qui,  le  premier,  a eu  l’idée  de  greffer 
les  Rosiers  sur  des  semis  d’Églantiers,  en 
vue  d’obtenir  des  sujets  nains?  Peut-être 
serait-il  difficile  de  rien  affirmer  à ce  sujet. 
On  est  pourtant  à peu  près  d’accord  sur  ce 
point,  que  c’est  à Lyon  que  l’opération  s’est 
faite  pour  la  première  fois. 

L’opinion  générale  s’accorde  assez  pour 
attribuer  à M.  Guillot  fils,  de  Lyon,  l’in- 
vention de  celle  greffe,  qu’il  aurait  pra- 
tiquée dès  1850.  Mais  ce  qui  ne  fait  plus 
de  doute  pour  les  rosiéristes,  c’est  que  la 
greffe  sur  collet  d’Églantiers  de  semis,  est 
ce  qu’il  y a de  meilleur  pour  obtenir  des 
Rosiers  nains. 

Exposition  d’horticulture  àÉtampes. 

— Les  1,  2 et  3 septembre  1883,  la  Société 
d’horticulture  de  l’arrondissement  d’Étam- 
pes  fera,  dans  cette  ville,  une  exposition  à 
laquelle  tous  les  horticulteurs  et  amateurs 
d’horticulture  sont  invités  à prendre  part. 

Les  personnes  qui  désireraient  exposer 
devront  en  faire  la  demande  à M.  le  secré- 
taire général,  huit  jours  au  moins  avant 
l’ouverture  de  l’exposition. 

Les  jurés  se  réuniront  le  samedi,  à 
deux  heures,  au  local  de  l’exposition  : pro- 
menade des  Prés,  jardin  de  la  Société. 

Modification  spontanée  du  Navet  de 
Teltau.  — Ce  Navet,  si  remarquable  par 
sa  saveur  toute  particulière  qui  rappelle 
un  peu  celle  des  Ombellifères  (Carotte, 
Panais,  etc.),  et  par  ses  dimensions  très- 
réduites  (2  à 4 centimètres  de  diamètre),  a 
montré  simultanément,  dans  deux  localités 
différentes,  une  transformation  des  plus 
sensibles,  par  le  seul  fait  de  l’influence  des 
milieux.  Ainsi,  des  graines  bien  franches, 
semées  dans  des  jardins  maraîchers,  c’est- 
à-dire  dans  du  terreau  presque  pur,  ont 
produit  des  plantes  très-vigoureuses  et  dont 
les  racines  étaient  au  moins  trois  fois  plus 


volumineuses  que  celles  que  cette  plante 
présente  ordinairement.  R y a donc  eu  là, 
tout  à coup,  et  sans  l’influence  d’aucune 
fécondation,  une  transformation  des  plus 
remarquables. 

Nous  avons  entendu  des  gens  regret- 
ter cette  modification,  parce  que,  disaient- 
ils,  ((  elle  enlève  à la  plante  son  véritable 
caractère.  » Ce  raisonnement  est  au  moins 
singulier,  car  n’est-ce  pas  en  se  modifiant 
continuellement  que  certaines  de  nos  plantes 
indigènes  sont  arrivées  à constituer  ces 
races  améliorées  qui  sont  si  recherchées 
aujourd’hui?  Regretter  cette  transforma- 
tion du  Navet  de  Teltau  est  comme  si  l’on 
regrettait  que  nos  Panais,  nos  Carottes, 
nos  Céleris,  aient  « perdu  leur  caractère 
et  ne  soient  plus  ce  que  sont  d les  types 
sauvages  que  l’on  rencontre  encore  dans 
les  champs  où  ils  croissent  spontanément. 
A la  rigueur,  on  pourrait  peut-être  regret- 
ter cette  modification  du  Navet  de  Teltau 
si  elle  lui  avait  enlevé  sa  saveur  toute  par- 
ticulière ; mais  non,  cette  propriété  s'est  à 
peine  modifiée,  et,  au  contraire,  ces  Navets 
ont  gagné  en  grosseur  et  en  qualité,  puisque 
la  partie  charnue,  tout  aussi  savoureuse, 
est  beaucoup  plus  tendre,  et  que  la  partie 
centrale,  au  lieu  d’être  fibro-ligneuse  comme 
elle  l’est  dans  le  Navet  de  Teltau,  est  rem- 
placée par  du  tissu  cellulaire  tendre,  par 
conséquent  bon  à manger.  A tous  les  points 
de  vue,  cette  transformation  est  donc  un 
progrès. 

Protection  des  arbres  contre  les 
ravages  des  lapins.  — Dans  les  parcs 
forestiers  et  même  dans  des  propriétés 
moins  importantes,  certaines  espèces  d’ar- 
bres ont  toujours  leur  écorce  mangée  par 
les  lapins,  lièvres,  etc. 

Différents  procédés  sont  employés  pour 
remédier  à ce  mal.  Les  grillages  sont  désa- 
gréables à la  vue,  les  enduits  ont  le  même 
inconvénient  ; de  plus,  ils  sont  souvent 
inefficaces  et  quelquefois  nuisibles  aux 
arbres. 

La  Ligue  de  V Agriculture  indique  le 
mélange  suivant,  qui  nous  semble  réunir 
les  meilleures  conditions  désirables. 

Dans  dix  litres  d’eau,  faire  fuser  deux 
kilogrammes  de  chaux  vive,  y ajouter 
quelques  poignées  de  suie,  mélanger  avec 
soin  et,  par  un  temps  sec,  badigeonner  les 
arbres  que  l’on  veut  protéger. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


341 


Il  faut  recouvrir  l’écorce  des  arbres  au 
moins  jusqu’à  1 mèlre  du  sol,  car  c’est  au 
moment  des  neiges  que  les  ravages  se  pro- 
duisent principalement. 

En  graduant  judicieusement  la  quantité 
de  chaux  et  de  suie,  on  obtient  une  couleur 
grise  qui  s’harmonise  parfaitement  avec  la 
tige  des  arbres. 

A ce  propos,  nous  pouvons  faire  remar- 
quer que  la  Revue  horticole,  se  préoc- 
cupant des  dommages  continuels  que  cau- 
sent aux  propriétaires  de  parcs  forestiers 
et  même  de  jardins  plus  modestes,  les 
lapins,  les  lièvres  et  autres  rongeurs,  a déjà 
donné  des  renseignements  précis,  permet- 
tant dans  bien  des  cas  d’éviter  cet  inconvé- 
nient (1).  Le  Journal  of  Horticulture  vient 
de  publier,  à son  tour,  une  liste  de  végétaux 
très-intéressante,  que  nous  nous  empres- 
sons d’ajouter  à nos  propres  observations. 

Parmi  les  arbustes  complètement  res- 
pectés, il  convient  de  citer  les  Rhododen- 
dron, et  surtout  le  R.  ponticum,  qui  est 
employé  en  Angleterre,  pour  former  des 
« couverts  » où  les  faisans  se  tiennent  de 
préférence,  et  où  les  lapins  se  multiplient 
prodigieusement  sans  endommager  les 
plantes. 

Les  Andromèdes,  Katmias,  Azalées  poli- 
tiques, Sureaux,  Fusains  d’Europe,  Meri- 
siers à grajipes.  Bouleaux,  Saules,  sont 
généralement  exempts  des  attaques  de  ces 
rongeurs.  De  tous  les  ai'bres  résineux,  le 
Pin  de  Cor.se  e^t  le  seul  qui  ne  soit  pas  en- 
dommagé. Les  Ils  cl  les  Lauriers  de  Por- 
tugal sont  attaqués  dans  les  liivei's  rigou- 
reux, mais  ils  se  rétablissent  rapidement. 

Ces  renseignements  complètent  ceux  que 
nous  avions  déjà  publiés  sur  cette  question, 
dans  l’article  précité.  Nous  espérons  que  de 
nouvelles  communications  aideront  à faire 
la  lumière  complète  sur  une  question  qui 
intéresse  si  vivement  les  chasseurs  et  les 
propriétaires. 

Couleur  de  l’Acer  Schweidleri.  — On 

sait  que  les  feuilles  de  Y Acer  Schweidleri 
sont,  au  printemps,  d’un  rouge  foncé  et 
deviennent  vertes  en  vieillissant;  la  feuille 
de  VAcer  Reichenhachii,  au  contraire,  est 
verte  à sa  naissance  et  devient  rouge  en 
durcissant.  Si  par  hasard  on  plante  les 
deux  espèces  l’une  à côté  de  l’autre  sur  le 
bord  d’une  allée  ou  d’un  carrefour,  on 
(l)  Voir  Rivua  horticole,  I8S2,  p.  G2. 


pourra  très  facilement  tromper  une  per- 
sonne peu  expérimentée,  qui,  en  voyant  le 
nom  des  deux  plantes,  sera  persuadée 
qu’une  erreur  a été  commise. 

Le  Carbolineiim.  — On  a beaucoup 
parlé  récemment  du  Carholineum,  et  on  a 
exalté  les  grands  avantages  qu’il  présente 
pour  la  conservation  des  bois.  N’ayant  pas 
fait  d’essais  comparatifs,  il  ne  nous  appar- 
tient pas  de  nous  prononcer  à ce  sujet; 
mais  il  est  de  notre  devoir  de  signaler  le 
fait  suivant  aux  personnes  qui  auraient  l’in- 
tention de  se  servir  de  cette  préparation 
pour  injecter  des  bois  devant  servir  à la 
construction  de  serres,  châssis,  etc.,  ou  à 
la  préparation  de  tuteurs,  treillages,  per- 
golas, etc. 

Dans  un  jardin  des  environs  de  Munich, 
un  propriétaire  ayant  fait  donner  une 
couche  de  Carholineum  aux  planches  .et 
étagères  qui  garnissaient  une  serre  chaude 
et  une  serre  froide,  les  résultats  suivants 
furent  constatés  : 

Dans  la  serre  chaude,  toutes  les  plantes 
perdirent  leurs  feuilles,  quelques-unes 
même  moururent. 

Dans  la  serre  froide,  presque  toutes  les 
plantes  perdirent  leurs  feuilles,  notamment 
tous  les  Délargoniums,  qui  pourtant  sont 
robustes.  Les  dégâts  furent  un  peu  moindres 
que  dans  la  serre  chaude,  à cause  de  l’aéra- 
tion que  l’on  donnait  de  temps  à autre. 

Riustrierte  Monatshefte,  qui  signale  ce 
fait,  pense  que  l’on  pourrait  se  servir  du 
Carholineum,  mais  à condition  de  ne  pas, 
pendant  au  moins  une  année,  approcher  les 
plantes  des  bois  qui  en  auraient  été  enduits. 

Le  Crinodendroa  Hookerianum.  — 

Le  C.  Hookerianum  est  un  des  plus  jolis  ar- 
bustes de  serre  froide  récemment  introduits. 

C’est  une  espèce  naine,  toujours  verte, 
originaire  du  Chili  méridional,  où  elle  est 
très-rare.  Son  port  est  bien  buissonneux,  et 
elle  produit  des  feuilles  étroites,  pointues, 
d’un  vert  brillant,  brièvement  dentées.  L’ar- 
buste est  remarquablement  florifère.  Les 
Heurs,  naissant  isolées  ou  par  paires,  se 
développent  à l’aisselle  de  presque  toutes 
les  feuilles  de  la  partie  supérieure  des 
rameaux.  Ces  fleurs  sont  à peu  près  de  la 
grosseur  d’une  noix,  suspendues  par  des 
pédoncules  minces,  longs  de  5 à 8 centi- 
mètres. Les  pétales  épais,  charnus,  ressem- 


342 


PARTICULARITÉS  VÉGÉTALES. 


blent  à ceux  du  Lapageria  rosea,  et  sont 
éofalement  d’un  cramoisi  écarlate  et  brillant. 

On  trouve  le  Crinodendron  Hooke- 
rianum,  chez  MM.  Veitch,  horticulteurs, 
à Chelsea  (Londres). 

Bibliographie.  — Traité  de  botanique 
médicale  (1).  — Tel  est  le  titre  du  premier 
volume”  d’un  nouveau  livre  que  vient  de 
publier  M.  le  docteur  Bâillon.  Nous  ne  pou- 
vons guère,  dans  cette  chronique,  qu’indi- 
quer sommairement  l’ouvrage,  car  pour  en 
énumérer  seulement  les  principaux  sujets, 
un  grand  nombre  de  pages  serait  à peine 
suffisant.  Du  reste  nous  y reviendrons  quand 
le  second  volume  aura  paru;  la  première 
partie  seule  est  en  vente,  et  pourtant  elle 
peut  être  considérée  comme  relativement 
complète,  ce  que  d’ailleurs,  l’auteur  Semble 
indiquer  dans  son  préambule  : 

Cet  ouvrage,  dit-il  est  divisé  en  deux  parties. 

La  première  contient  un  précis  de  l’or- 
ganographie,  de  l’histologie  et  de  la  physiologie 
végétales  : notions  élémentaires,  bien  entendu, 
mais  sans  lesquelles  ne  pourraient  être  faci- 
lement compris  la  plupart  des  faits  particu- 
liers exposés  dans  la  deuxième  partie. 

Celle-ci  renferme  une  caractéristique  som- 
maire des  plantes  employées  en  médecine  et 
des  plantes  vénéneuses  que  le  médecin  doit 


connaître.  Celles  qui  n’ont  qu’une  utilité  secon- 
daire dans  notre  pays  et  à notre  époque,  sont 
l’objet  d’une  indication  souvent  très-rapide. 
Celles  qui  n’ont  qu’un  intérêt  historique  ne 
sont  guère  que  nommées.  Quelques-unes 
d’entre  elles  encore  inconnues  ou  peu  appréciées 
en  France,  mais  qui,  à juste  titre,  font  aujour- 
d’hui partie  des  pharmacopées  étrangères,  no- 
tamment de  celle  de  l’Inde  anglaise,  de  l’Alle- 
magne ou  des  États-Unis,  sont  ordinairement 
l’objet  d’une  description  un  peu  détaillée. 

Les  notions  purement  botaniques  sont  géné- 
ralement bornées  à ce  qu’il  y a de  plus  élé- 
mentaire et  de  moins  compliqué.  On  peut  dire 
qu’elles  sont‘  réduites  au  strict  nécessaire  et 
qu’elles  empiètent  le  moins  possible  sur  le  ter- 
rain spécial  de  la  pratique  médicale. 

L’ouvrage  dont  nous  parlons  n’est  pas 
seulement  utile  à ceux  qui  s’occupent  par- 
ticulièrement de  médecine  ; il  sera  précieux 
pour  tous,  en  indiquant  non  seulement  les 
plantes  qui  possèdent  des  propriétés  mé- 
dicales, mais  le  moment  où  celles-ci  sont 
les  plus  actives  et  les  plus  développées. 
2,301  figures  dessinées  par  M.  Faguet,  gra- 
vées avec  le  plus  grand  soin,  et  disséminées 
dans  le  texte,  font  comprendre  ce  que  ne 
pourrait  faire  une  descripfon.  Ce  livre  est 
un  véritable  guide  qui  doit  trouver  place 
dans  toutes  les  bibliothèques. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


PARTICULAIUÏÉS  VÉGÉTALES 


Un  collaborateur  de  la  Revue  horticole, 
M.  Marcel  Poulin,  de  Coulanges-sur-Yonne, 
grand  amateur  de  plantes  et  tout  particulière- 
ment de  plantes  bulbeuses,  vient  de  nous  faire 
part  de  diverses  observations  qu’il  a faites 
et  qui  nous  paraissent  devoir  intéresser  nos 
lecteurs. 

Une  transformation  qui  me  préoccupe 
beaucoup  vient  de  s’opérer  sur  la  totalité 
de  ma  collection  de  Narcisses,  dans  des  cir- 
constances qui  lui  donnent  peut-être  un 
certain  intérêt. 

Ces  Narcisses,  depuis  longtemps  négligés, 
ne  m’avaient  donné  que  des  fleurs  absolu- 
ment simples.  Après  avoir  été  mis  en  bonne 
terre  il  y a deux  ans,  ils  furent  transplantés 
l’année  dernière,  à la  fin  de  mars,  en  pleine 
végétation  ; aussi  leur  floraison  fut-elle  des 
plus  médiocres.  C’est  alors  que  me  vint 

(1)  Hachette  et  G'®,  79,  boulevard  Saint-Ger- 
main, Paris. 


l’idée  de  les  traiter  chimiquement,  et  que 
je  leur  administrai  copieusement,  à diverses 
reprises,  les  agents  que  j’expérimente 
quelquefois  sur  mes  Tulipes.  Mieux  que 
ces  dernières,  les  oignons  de  Narcisse  en 
ont  d’abord  supporté  les  effets,  ce  qui  m’en- 
gagea à redonner  à plusieurs  d’entre  eux 
des  doses  nouvelles  et  plus  considérables. 

Quelque  temps  après  ce  traitement  éner- 
gique, les  feuilles  prirent  peu  à peu  une  mau- 
vaise couleur  ; une  mortalité  effrayante  et 
prématurée  se  produisit  rapidement  sur 
toute  la  collection.  Tulipes  et  Jacinthes, 
soumises  au  même  régime,  mouraient  de  la 
même  façon.  Feuilles,  hampe,  fruit,  rien  ne 
fut  respecté.  C’était  navrant. 

A l’arrachage,  les  oignons  de  ces  Nar- 
cisses, contrairement  à ceux  des  Tulipes, 
avaient  si  mauvaise  physionomie,  que  je 
pensais  les  voir  à bref  délai  se  décomposer. 
J’en  traitai  néanmoins  de  nouveau  quelques- 


PARTICULARITÉS  VÉGÉTALES. 


343 


uns  pendant  le  repos  ; et,  sans  grand  espoir 
de  succès,  je  les  plantai  tous  à l’automne 
en  terrain  convenablement  préparé. 

Grande  fut  ma  suprise,  au  départ  de  la 
végétation,  de  les  voir  pousser  avec  vi- 
gueur; cette  vigueur  fut  plus  grande  encore 
à la  floraison,  et  je  constatai  que  tous 
avaient  formé,  dans  l’intérieur  de  leur 
fleur,  un  nombre  plus  ou  moins  considé- 
rable de  pétales  et  de  sépales  supplémen- 
taires. 

Je  dis  pétales  et  sépales,  sans  savoir  tou- 
tefois quel  nom  il  convient  de  donner  à ces 
appendices  anormaux,  qui  ne  ressemblent 
à aucun  autre,  dont  la  forme  et  la  couleur 
sont  bien  tranchées,  et  qui  donnent  à la 
fleur  une  physionomie  particulière  et  chif- 
fonnée d’une  certaine  étrangeté. 

En  résumé,  de  simples  qu’ils  étaient  au- 
paravant, ces  Narcisses  sont  tous  devenus, 
d’un  seul  coup,  doubles  ou  semi-doubles 
cette  année.  Je  ne  sais  s’ils  ont  subi  un 
retard  général  dans  leur  végétation  ; je  suis 
disposé  à le  croire  ; mais,  n’ayant  pas  con- 
servé de  terme  de  comparaison,  il  m’est 
impossible  de  l’affirmer. 

Quant  aux  Tulipes — pour  quelques-unes 
du  moins  — mêmes  observations. 

Parmi  les  simples,  une  seule  a fleuri. 
Elle  offre,  outre  neuf  sépales  ordinaires,  un 
autre  qui  est  coloré,  soudé  avec  une  éta- 
mine, ce  qui  semble  commencer  une  dupli- 
cature  de  la  fleur. 

Désireux  d’en  vérifier  d’autres  exem- 
plaires, je  viens  d’entrouvrir  violemment 
les  calices  de  trois  ou  quatre  oignons  parmi 
les  plus  avancés. 

L’un  d’eux  avait  huit  folioles  et  un  stig- 
mate en  croix  ; le  second  un  stigmate 
énorme,  triangulaire  et  ondulé.  Dans  le 
troisième  les  anthères  étaient  très-déve- 
loppées  ; et  il  y avait,  en  outre,  quelques  sé- 
pales supplémentaires  soudés,  je  le  crois, 
aux  étamines. 

Des  faits  morphologiques  analogues  sont 
depuis  longtemps  connus  ; et  je  ne  vous 
aurais  pas  importuné  de  l’exposé  de  ceux- 
ci,  sans  le  vif  désir  que  j’ai  de  savoir,  s’il 
est  à votre  connaissance  que  les  horticul- 
teurs qui  s'occupent  de  faire  doubler  des 
fleurs,  produisent  A volonté  cette  modifi- 
tion,  ou  si  ce  doublement  est  en  général  dû 
à ce  que  l’on  appelle  volontiers  les  caprices 
de  la  nature. 

La  cause  est-elle  dans  la  douceur  excep- 


tionnelle de  l’hiver,  l’abondance  des  pluies 
de  l’automne,  une  manifestation  spéciale 
d’électricité,  ou  une  autre  circonstance  na- 
turelle ? 

Est-ce  la  culture  de  ces  sujets  dans  lin 
terrain  plus  richement  amendé  ? 

Est-ce  le  traitement  chimique  qu’ils  ont 
subi,  qui  a produit  ces  modifications  ? 

Je  vous  demande  quelques  éclaircisse- 
ments sur  ce  point  ? 

J’ai  fini  pour  les  plantes  bulbeuses  ; main- 
tenant quelques  mots  sur  le  champignon 
du  Noyer  dont  je  vous  avais  précédemment 
parlé. 

Lorsque  je  vous  ai  écrit  cet  hiver  que,  si 
rien  ne  me  faisait  croire  à la  nécessité  de 
l’acclimatation  sur  couche  de  ce  champi- 
gnon du  Noyer,  rien  non  plus  ne  m’empê- 
chait de  l’espérer.  Je  venais  d’observer  sur 
des  fragments  plantés  depuis  un  mois,  de 
nombreux  poils  blancs,  qui  semblaient  vou- 
loir se  transformer  en  racines  ou  peut-être 
émettre  des  organes  qui  se  transformeraient 
en  Champignons.  N’ayant  aucune  notion  de 
mycologie,  je  ne  sais  pas  comment  s’opère 
cette  reproduction.  Toujours  est-il  que  ces 
poils  ont  disparu  plus  tard,  après  avoir  ac- 
quis quelques  millimètresde  développement. 

J’ai  continué  néanmoins  d’autres  planta- 
tions de  différentes  manières,  et  je  remar- 
que aujourd’hui  des  filaments  de  quelques 
centimètres  de  longueur,  assez  vigoureuse- 
ment organisés  et  paraissant  adhérer  au 
Champignon  et  au  fumier,  par  conséquent 
disposés  à pousser. 

Aurai-je  encore  une  déception  ? 

Pour  terminer,  je  reviens  aux  Tulipes 
pluriflores  dont  plusieurs  fois  déjà  je  vous 
ai  parlé. 

Je  ne  vois  que  neuf  oignons  pluriflores. 
J’en  avais  six  l’année  dernière  ; donc  50 
p.  100  de  plus  cette  année. 

Ce  résultat  ne  me  satisfait  guère.  Les 
Tulipes  pluriflores  sont  dispersées  au  hasard 
dans  la  collection  ; et  rien  n’indique  qu’elles 
soient  dues  à un  traitement  particulier. 

Il  est  probable  que  de  nombreuses  ano- 
malies seront  observées  cette  année  ; si 
cela  était,  je  ne  manquerais  pas  de  vous  en 
prévenir.  Marcel  Poulin. 

P.  S.  Je  vous  adresse,  par  la  poste, 
quatre  spécimens  de  Narcisses  et  deux  de 
Tulipes  se  doublant.  J’y  joins  un  exem- 
plaire de  Tulipe  semi-pluriflore,  une  de 


344 


VEITCIIIA  JOANNIS. 


celles  qui  m’ont  fait  vous  écrire  autrefois  : 
qu’outre  la  fleur  principale,  elles  avaient 
entre  la  hampe  et  les  feuilles,  de  petites 
fleurs  à demi-développées, 

Quelques  mots  de  réponse  sur  ces  diffé- 
rents sujets  me  feront  un  vif  plaisir.  J’ose 
les  espérer  de  votre  obligeance.  M.  P. 

Nous  avons  examiné  atlentivemont  les  faits 
de  duplicature  en  question  ; ils  sont  de  plu- 
sieurs sortes,  mais  tous  très-curieux.  Quant  à 
la  cause,  nous  ne  j)ouvons  rien  affirmer,  bien 
qu’elle  soit  certainement  une  conséquence  de 
perturbation  physiologique.  Nous  sommes 
néanmoins  disi)Osés  à atti’ibuer,pour  une  très- 
grande  part,  ces  métamorphoses  à rintluence 


des  agents  chimiques  employés  par  M.  ]\Iarcel 
Poulin,  d’autant  plus,  que  des  expériences 
antérieures  qu’il  avait  faites,  avaient  déjà  pro- 
duit des  résultats  analogues  à ceux  qu’il  nous 
signale  aujourd’hui.  Aussi,  tout  en  le  remer- 
ciant de  son  intéressante  communication,  l’en- 
gageons-nous  vivement  à continuer  ses  essais. 

Quant  à ses  expériences  de  culture  sur 
couche  d’un  champignon  parasite  du  Noyer, 
elles  sont  des  plus  intéressantes,  et  })ersonne, 
peut-être  jusqu’ici,  n’avait  pensé  à en  faire  de 
semblables.  C’est  donc  une  nouvelle  voie  ou- 
verte aux  ap})ro})riations  de  végétaux  et  un 
commencement  de  transformation  dans  les  ha- 
bitudes de  vivre  d’un  végétal  qui,  au  point  de 
vue  scientifique,  pourra  avoir  d’heureux  résul- 
tats. E.-A.  G. 


YEITCHIA  JOANNIS 


Le  beau  Palmier  connu  sous  ce  nom  a été 
introduit  une  première  lois,  il  y a quelques 
années,  des 
îlesdeLord- 
Ilowe.  Les 
quatre  es- 
pèces de  ce 
genre  jus- 
qu’ici con- 
nues sont 
d’ailleurs 
originaires 
des  Nouvel- 
les - Ilébri  - 
des  et  des 
îles  Fidji  et 
Santa  Gruz. 

Ce  sont  les 
Veilcliia 
spiralis, 

Slorckii, 
subglohosà 
et  Joannis. 

Le  genre 
Veitchia  a 
été  dédié  au 
nom  des 
Veitch,  que 
trois  géné- 
rations _ 

d’horticul- 
teurs émé- 
rites ont  il- 
lustré, et  qui  dirigent  encore,  à Londres,  le 
premier  établissement  horticole  du  monde. 
L’espèce  dont  nous  donnons  aujourd’hui 


Fii;-  CO.  - Vcllchia  Joannis 


le  portrait  (fig.  60)  a pour  qualificatif  el 
nom  de  notre  ami  John  Gould  Veitch,  mort 

à fa  fleur  de 
l’âge,  après 
avoiraccom- 
pli  de  fruc- 
tueux voya- 
ges d’explo- 
ration au  Ja- 
pon, en  0- 
céanie,etc., 
et  dont  la 
science  hor- 
ticole gar- 
dera tou- 
jours le  sou- 
venir. Le 
port  de  la 
plante,  à 
l’état  jeune, 
rappelle  ce- 
lui du  Ken- 
tia  Wend- 
landi;  mais 
l’espèce  en 
diffère  sur- 
tout par  sa 
tige  et  ses 
pétioles  gar- 
nis d’un  du- 
vet pourpre 


violet. 


sa  nuance 

glauque,  foncée.  On  la  connaît  aussi  sous 
le  nom  de  Kentia  Fipan,  Comme  les  autres 
espèces  du  genre,  c’est  un  Palmier  inerme. 


A PROPOS  DU  CANNA  LILIIFLORA. 


345 


à tige  dressée,  élevée,  annelée  ; ses  feuilles 
sont  terminales,  également  pennatiséquées, 
à divisions  linéaires  ou  acuminées,  oblique- 
ment tronquées,  à bords  épaissis,  à côte 
médiane  prononcée. 

Le  genre  Veitcliia^  créé  par  H.  Wendland 
dans  la  Flora  Vitiensis  (1),  est  voisin  des 
Kentia,  et  ses  caractères  m.èrnes  sont  im- 
parfaitement connus.  Toutes  les  espèces 
qui  le  composent  sont  belles  et  d’un  port 
élégant  ; mais  parmi  les  plus  gracieux,  celui- 
ci  tient  un  rang  distingué. 

La  première  introduction  du  V.  Joannis 


est  due  à l’établissement  Veitch,  de  Lon- 
dres, mais  les  plantes  qui  en  sont  issues 
ont  disparu  en  grande  partie  des  cultures. 
Aussi  avons  nous  constaté  avec  une  grande 
satisfaction  la  nouvelle  importation  qui 
vient  d’en  être  faite  par  M.  Ch.  Vuylsteke, 
horticulteur  à Loocbristi,  près  Gand  (Bel- 
gique). Nous  en  avons  vu  un  certain  nom- 
bre de  jeunes  sujets  à la  dernière  exposition 
quinquennale,  et  le  dessin  ci-contre  donne 
bien  l’idée  du  port  de  ce  gracieux  Palmier, 
qui  ne  devra  manquer  à aucune  collection. 

Ed,  André. 


A PROPOS  DU  GAÎs’NA  LILIIFLORA 


Le  Canna  liliifïoraf  qui  paraissait  perdu 
pour  la  culture,  existe  encore  dans  quelques 
jardins.  Nous  le  possédons  au  jardin  de 
l’Hôpital  maritime  de  Brest,  bii  l’on  a pu 
voir,  ce  printemps,  un  remarquable  exem- 
plaire ayant  de  20  à 25  tiges  de  3 mètres 
de  hauteur,  terminées  chacune  par  un  ma- 
gnitique  épi  de  fleurs  blanches. 

Ce  Canna,  qui  est  à racines  fibreuses  et 
à tige  bisannuelle,  ne  peut  se  cultiver 
comme  les  autres  espèces  du  même  genre, 
et  si  l’on  a l’intention  de  le  cultiver  pour  en 
faire  des  massifs  comme  ceux  qu’on  fait 
avec  les  autres  espèces  de  ce  beau  genre,  il 
est  inutile  d’essayer  de  le  relever  à l’au- 
tomne pour  le  rentrer  en  serre  tempérée 
ou  en  orangerie,  comme  on  le  fait  habituel- 
lement avec  les  autres  espèces;  ses  tiges, 
qui  mettent  généralement  douze  à quinze 
mois  pour  accomplir  leur  entier  développe- 
ment et  ses  racines  qui  ne  sont  encore  qu’à 
l’état  de  spongioles  à l’automne,  se  flétris- 
sent très-vite  et  pourrissent  facilement,  et 
une  fois  pourries,  la  plante  est  complète- 
ment perdue. 

Tant  que  nous  avons  cultivé  le  C.  lilii- 
flora  en  pleine  terre,  à l’air  libre,  il  a 
toujours  été  malingre  et  chétif;  au  con- 
traire, en  pleine  terre,  en  serre  tempérée, 
dans  une  bonne  terre  franche  et  substan- 
tielle, avec  beaucoup  d’arrosements  en  été, 
peu  en  hiver,  il  produit  des  tiges  de  3 mètres 
à 3’"  50  de  hauteur,  des  feuilles  de  1 mètre 

(1)  H.  Wendl.  in  Seem.  FL  Vit.,  271,  t.  LXXXI, 


de  long  sur  50  centimètres  de  large,  d’un 
beau  vert  ; ses  fleurs  paraissent  générale- 
ment à la  fin  d’avril  ou  au  commencement 
de  mai,  et  durent  jusqu’au  mois  de  juin  ; 
dans  les  années  chaudes , elles  donnent 
mêmes  des  graines. 

La  rareté  de  cette  plante  tient  beaucoup 
à la  vieille  routine  que  suivent  toujours  cer- 
tains horticulteurs,  qui  se  figurent  que 
parce  qu’une  plante  porte  un  nom  généri- 
que commun,  elle  doit  se  cultiver  comme 
ses  congénères.  C’est  probablement  ce  fait 
qui  explique  la  diminution  et  même  la  dis- 
parition d’un  grand  nombre  d’espèces  qui 
étaient  anciennement  cultivées  dans  les 
jardins  botaniques  ou  d’amateurs. 

Le  Canna  lüiiflora  a été  introduit  de 
l’Amérique  centrale  en  Belgique  où  il  fut 
cultivé  pendant  un  certain  nombre  d’années  ; 
de  là,  il  passa  en  France  au  Fleuriste  de  la 
Muette.  De  cet  établissement  il  fût  envoyé 
chez  M.  le  comte  L.  de  Lambertye,  au 
château  de  Chaltrait  (Marne),  où  cet  ama- 
teur le  conserva  et  le  propagea  le  plus  qu’il 
put  jusqu’à  sa  mort.  C’est  lui  qui,  en  1874, 
nous  adressa  l’exemplaire  qui  fait  le  sujet 
de  cette  notice.  Malgré  que  ce  ne  soit  pas 
précisément  une  bonne  plante  de  pleine 
terre  sous  notre  climat  brestois,  ce  sera 
toujours  une  belle  plante  de  serre  tempé- 
rée, et  peut-être  même  de  pleine  terre  dans 
le  midi  de  la  France  ou  en  Algérie,  mais 
à la  condition,  toutefois,  qu’elle  ne  soit  pas 
dérangée  pendant  sa  période  de  végétation. 

J.  Blanchard. 


346 


CULTURE  EN  CHAMBRE  DES  ORCHIDÉES  TROPICALES. 


CULTURE  EN  CHAMBRE  DES  ORCHIDÉES  TROPICALES 


Comme  la  Revue  horticole  Fa  déjà  fait 
remarquer,  la  culture  de  certaines  Orchi- 
dées est  beaucoup  plus  simple  et  plus  facile 
qu’on  ne  le  pense  généralement.  Malheu- 
reusement, la  réputation  d’èlre  d’une  cul- 
ture tout  à fait  particulière  leur  est  faite,  et, 
cela  étant  acquis,  peu  de  personnes  se  ha- 
sardent à faire  des  essais. 

Une  communication  très-intéressante 
vient  d’être  faite  à ce  sujet,  à la  Société 
d’horticulture  de  Graz,  par  M.  J.  Birnba- 
cher,  et  nous  en  extrayons,  d’après  le 
Hamburger  Gartenzeüimg,  les  passages 
suivants,  qui  présentent  un  véritable  intérêt 
pour  les  amateurs  d’Orchidées,  si  nom- 
breux aujourd’hui. 

Comme  Humboldt  l’a  fait  observer,  sans 
que  pendant  de  longues  années  on  en  ait 
tenu  compte,  un  grand  nombre  d’Orchidées 
végètent,  dans  leur  pays  natal,  sur  des  mon- 
tagnes élevées  à une  altitude  dépassant 
souvent  4,0ü0  mètres,  où  les  conditions 
atmosphériques  sont  très-variables,  et  où 
le  thermomètre  descend  presque  à zéro. 
C’est  de  cette  constatation  qu’est  venue 
l’idée  de  cultiver  dans  les  appartements  les 
plus  robustes  de  ces  ravissantes  plantes,  et 
ces  essais  ont  pleinement  réussi. 

Afin  de  réunir  autour  des  Orchidées  les 
conditions  qui  leur  sont  nécessaires,  il  con- 
vient de  les  placer  dans  des  sortes  de  caisses 
vitrées,  dont  la  forme  est  bien  connue, 
quoique  variant  un  peu  dans  les  détails  et 
que  l’on  place,  à l’intérieur,  devant  l’ouver- 
ture des  fenêtres.  Rappelons  seulement  que 
l’une  des  deux  parties  vitrées  qui  ferment 
la  caisse  par  en  haut  doit  être  inclinée,  tan- 
dis que  l’autre  est  horizontale.  Ces  deux 
parties  se  rabattent  sur  des  charnières,  de 
manière  à pouvoir  donner  de  l’air  aux 
plantes  enfermées,  le  matin  et  le  soir,  pen- 
dant environ  une  demi-heure,  en  temps 
ordinaire,  et  pendant  une  heure  si  le  temps 
est  humide.  De  plus,  la  caisse  doit  être 
garnie  en  haut  et  en  bas  de  ventilateurs,  que 
l’on  fait  à volonté  fonctionner  dans  le  jour, 
pour  aérer  les  Orchidées,  surtout  pendant 
leur  période  de  végétation  et  de  floraison. 

La  partie  inclinée  de  la  toiture  de  la  caisse 
doit  être  naturellement  tournée  du  côté  de 
la  fenêtre. 


Il  est  démontré  que  dans  une  caisse 
semblable,  l’humidité  est  toujours  plus  in- 
tense dans  la  partie  inférieure,  que  dans  le 
haut.  Partant  de  ce  principe,  il  sera  tou- 
jours facile  de  placer  à l’intérieur  une 
Orchidée  quelconque  dans  les  conditions 
hygrométriques  qui  lui  conviennent  parti- 
culièrement. 

Toutes  les  Orchidées  demandent  de  la 
lumière  ; mais  presque  toutes  craignent  les 
rayons  directs  du  soleil. 

L’abaissement  ou  la  fermeture  de  per- 
siennes  ou  de  volets  donnent,  en  ce  dernier 
cas,  trop  d’ombre. 

Il  est  préférable,  lorsque  le  soleil  donne, 
de  couvrir  les  vitres  à l’aide  de  tissus  dont 
l’épaisseur  variera  avec  l’intensité  des  rayons 
lumineux. 

En  hiver,  aucune  ombre  ne  sera^donnée, 
car  le  peu  de  soleil  qui  parvient  aux  plantes 
pendant  cette  saison  leur  est  Irès-utile. 

La  plantation  varie  suivant  que  l’on  cul- 
tive des  Orchidées  terrestres  ou  épiphytes. 
Pour  les  premières,  Gypripediums,  Séléni- 
pediums,  on  mettra,  dans  le  fond  des  pots 
employés,  une  couche  de  tessons  représen- 
tant presque  le  tiers  de  la  hauteur  de  ces 
pots.  Par  dessus,  on  étendra  une  couche  de 
sphagnum,  dans  lequel  les  racines  aiment 
à se  plonger. 

En  premier  lieu,  à cause  de  leur  riche 
floraison,  viennent  les  Vanda,  Aerides, 
Phalœnopsis.  Ces  plantes,  quoique  de  serre 
chaude  ou  tempérée,  peuvent,  pendant  au 
moins  plusieurs  mois,  être  cultivées  dans 
les  serres  portatives.  On  emploie  pour  ces 
plantes  des  sortes  de  cages,  paniers  ou 
boîtes  faites  de  morceaux  de  bois  écartés 
plus  ou  moins  les  uns  des  autres,  et  dont 
on  bouche  les  intervalles  avec  du  sphag- 
num. 

L’intérieur  est  rempli  d’un  compost  de 
terre  de  bruyère,  de  morceaux  de  tourbe, 
de  liège  et  de  charbon  de  bois,  morceaux  de 
pots  cassés,  terreau  humique  de  Saules  ou 
Chênes,  racines  de  Fougères  et  gros  sable 
de  rivière  ; on  plante  de  la  même  manière 
que  pour  les  Orchidées  terrestres,  en  recou- 
vrant les  racines  de  sphagnum  seulement, 
ce  qui  empêche  la  terre  de  glisser  entre 
les  tessons.  On  élève  par  dessus  une  petite 


NOTE  COMPLÉMENTAIRE  SUR  LA  GREFFE  DU  NOYER. 


347 


butte  de  terre  composée  ainsi  : terreau  de 
feuilles,  un  peu  de  terre  glaise,  terreau  de 
fumier  d’étable,  un  peu  de  gros  sable  de 
rivière  non  calcaire  et  du  sphagnum  haché, 
mélangé  de  quelques  tessons  de  pots,  et  de 
morceaux  de  charbon  de  bois.  Les  Orchi- 
dées seront  ensuite  placées  sur  cetle  butte, 
on  écartera  tout  autour,  en  les  élaiant,  les 
racines,  et  on  les  recouvrira  de  sphagnum 
bien  frais.  Rappelons  que  ces  plantes  aiment 
beaucoup  l’humidité,  et  que  c’est  seuleme  nt 
pendant  une  période  de  quinze  jours  après 
leur  floraison,  qu’on  devra  les  tenir  un  peu 
au  sec. 

Les  Orchidées  épiphytes  se  divisent,  sous 
le  rapport  de  la  culture,  en  deux  classes 
principales. 

Les  rameaux  des  espèces  grimpantes  se- 
ront palissés  sur  des  tuteurs  enveloppés  de 
sphagnum.  Pendant  l’hiver,  les  Orchidées 
seront  placées  à la  partie  supérieure  de  la 
caisse,  et  tenues  plus  au  sec. 

La  seconde  catégorie  comprend  les  Or- 
chidées pseudo-bulbeuses,  celles  à qui  la 
culture  en  chambre  convient  le  mieux.  On 
doit,  pour  celles-ci,  employer  des  pots  an- 
glais, c’est-à-dire  plats,  avec  des  ouvertures 
de  drainage  sur  le  côté,  ou  bien  encore  les 
placer  dans  ces  sortes  de  paniers  que  nous 
venons  de  décrire  et  que  l’on  attache  sur 
des  morceaux  d’écorce,  surtout  pour  les 

NOTE  COMPLÉMENTAIRE  ^ 

Nous  recevons  sur  ce  sujet,  de  M.  L.  de  la 
Bastie,  l’intéressante  communication  suivante: 

Je  viens  de  lire  dans  la  Revue  horticole 
l’article  intitulé  : Greffage  Treyve,  du 
Noyer. 

Permettez-moi  de  compléter  la  note  de 
M.  Cusin,  qui,  vu,  l’importance  du  sujet 
me  paraît  être  insuffisante,  en  me  servant 
d’une  lettre  que  M.  Treyve  a bien  voulu 
m’adresser  le  12  mars  de  cette  année.  Les 
détails  qui  y sont  contenus  et  qui  ont  été 
communiqués  à la  Société  d’horticulture  de 
l’Ain,  me  semblent  absolument  indispen- 
sables pour  que  les  horticulteurs  n’éprou- 
vent pas  des  déceptions  quand  ils  voudront 
faire  usage  de  cette  greffe. 

Voici  ce  que  m’écrit  M.  Treyve  : 

a Avoir  des  Noyers  d’un  an  de  semis, 
les  arracher  du  15  au  30  janvier,  les  mettre 
en  jauge  dans  du  sable,  en  les  isolant  de 
façon  que  les  racines  ne  se  touchent  pas 


espèces  dont  la  fleur  se  développe  sous  la 
surfjice  du  sol.  La  terre  sera  composée  de  la 
même  manière  que  pour  les  Vanda,  Pha- 
lœnopsis^  Aerides. 

La  transplantation  s’opère,  lorsque  les 
plantes  sont  trop  petitement  logées,  en  les 
plaçant  simplement,  sans  les  démotter, 
dans  des  pots  ou  paniers  plus  grands. 

On  ne  saurait  trop  recommander  de  ne 
pas  froisser  ni  briser  les  racines.  Si  cela 
cependant  arrivait,  il  faudrait,  à l’aide  d’un 
greffoir,  régulariser  les  parties  meurtries, 
et  les  recouvrir  de  charbon  de  bois. 

Les  pseudo-bulbes  sont  toujours  entourés 
de  gaines  feuillues.  Il  faut  bien  se  garder 
d’introduire  dans  ces  gaines  de  l’eau  qui 
les  ferait  pourrir. 

Lorsque  la  végétation  commence,  et  que 
les  premières  feuilles  se  développent,  on 
emploie,  pour  les  arrosages,  de  l’eau  à la- 
quelle on  aura  mélangé  de  l’engrais  liquide, 
jusqu’à  ce  que  les  bulbes  florifères  soient 
bien  formés  ; on  arrête  alors  les  arrosages, 
et  on  ne  les  reprend  faiblement  que  pendant 
la  floraison. 

Trop  d’humidité  serait  alors  nuisible. 
Aussitôt  la  floraison  terminée,  on  remet  les 
Orchidées  dans  la  partie  sèche  de  la  caisse 
vitrée  et  on  les  arrose  très-rarement,  en 
attendant  que  la  végétation  recommence  de 
nouveau.  Ed.  André. 

JR  LA  GREFFE  DU  NOYER 

afin  d’éviter  la  fermentation;  couper  les 
greffons  vers  le  commencement  de  mars, 
les  piquer  dans  du  sable  à l’ombre.  C’est 
du  15  au  30  mars  que  je  retire  du  sable 
les  sujets  destinés  à la  greffe.  Alors  je  les 
coupe  un  peu  au-dessous  du  collet  des 
racines  et  c’est  sur  la  racine  qu’il  faut 
greffer.  Lier  et  enduire  de  mastic  à greffer, 
puis  empoter  dans  des  godets  de  8 à 10  cen- 
timètres remplisde  ferreau  et  de  sable  mé- 
langés par  moitié.  Les  mettre  sous  cloches 
ou  sous  châssis  fermés  hermétiquement,  et 
chauffer  à 15  degrés  si  la  température  exté- 
rieure est  plus  basse.  » 

M.  Treyve  ajoute  quelques  considérations 
au  sujet  de  sa  méthode,  dont  le  plus  im- 
portant est  que  les  sujets  de  deux  ans  de 
semis  ne  donnent  que  10  à 12  p.  0/q  de 
réussite  ; il  faut  donc  des  sujets  d’un  an 
qui  donnent  de  90  à 95  p.  0/0  de  réussite. 

J’ajoute  que  tous  ceux  qui  ont  visité 


348 


TROIS  VARIÉTÉS  DE  HARICOTS  POUR  CHASSIS.  — POIRE  MARGUERITE  MARILLAT. 


l’Exposition  de  mai,  de  la  Société  d’horti- 
culture de  l’Ain,  ont  pu  voir  des  spécimens 
de  la  dite  greffe  : les  sujets  en  pots  étaient 
greffés  à 6 et  8 centimètres  au-dessus,  de 
terre.  L.  de  la  Bastie, 

Vice-Président  de  la  Société  d’horticulture  de  l’Ain, 
et  de  la  Société  pornologique  de  France. 

Betvey,  le  3 juillet  1883. 


Ces  renseignements  clairs  et  précis,  dont 
nous  remercions  l’auteur,  ajoutés  à l’intéres- 
sante communication  de  M.  Cusin  (1)  qu’ils 
complètent,  assurent  la  possibilité  de  greffer 
avec  succès  le  Noyer  qui  jusqu’à  ce  jour  était, 
non  sans  raison,  considéré  comme  rebelle  à 
cette  opération. 


TROIS  VARIÉTÉS  DE  HARICOTS  POUR  CHÂSSIS 


En  dehors  des  Flageolets  et  H.  noirs  de 
Belgique,  il  est  bien  rare  que,  comme  tlari- 
cots  de  primeurs,  on  plante  d’autres  variétés 
pour  cueillir  en  vert,  c’est-à-dire  en  « cou- 
teaux ».  Est-ce  à dire  que  ce  sont  les  seuls 
propres  à cet  usage  ? Non,  et  tout  en  cons- 
tatant qu’ils  sont  certainement  de  premier 
mérite,  il  faut  pourtant  aussi  reconnaître 
qu’il  en  est  d’autres  qui  pourraient  égale- 
ment servir  à cet  usage.  De  ce  nombre  sont 
les  trois  variétés  suivantes  : Haricot  Sau- 
mon du  Mexique;  IL  chocolat  ; IL  nain 
hâtif  de  Chalindreg,  sur  lesquels  nous 
allons  dire  quelques  mots  d’après  des 
expériences  faites  par  nous,  à Mon- 
treuil. 

Haricot  saumon  du  Mexique.  Plante 
vigoureuse  et  robuste,  à feuillage  bien 
nourri  d’un  vert  foncé.  Couteaux  (jeunes 
fruits)  droits,  larges,  d’un  beau  vert.  Très- 
bâtif,  la  plante  atteint  environ  30  centi- 
mètres de  hauteur.  Fleurs  blanches  ou  à 
peine  très-légèrement  rosées.  Laisse  peut- 
être  un  peu  à désirer  pour  la  fertilité. 

Haricot  chocolat  nain.  Plante  très-naine, 
hâtive  et  surtout  très-fertile.  Feuilles  plutôt 
petites  que  grandes,  légèrement  cloquées, 
d’un  vert  foncé.  Fleurs  lilas.  Couteaux  longs 
et  relativement  étroits,  arqués,  de  couleur 


un  peu  sombre  ou  comme  bronzé,  légère- 
ment villeux. 

Haricot  nain  hâtif  de  Chcdhidrey. 
Plante  excessivement  hâtive  et  naine,  attei- 
gnant 20-25  centimètres,  rarement  plus  de 
hauteur,  très-compacte  et  très-productive, 
à feuillage  un  peu  maigre.  Couteaux  vert 
foncé,  assez  larges,  relativement  courts, 
très-fortement  arqués. 

Cette  variété  est  remarquable  par  son 
excessive  hâtiveté  et  par  ses  dimensions 
très-réduites.  Sous  ce  dernier  rapport, 
aucune  autre  variété  ne  lui  est  comparable; 
aussi  la  recommandons-nous  aux  primeu- 
ristes.  Les  fleurs,  chez  nous,  étaient  blan- 
ches ou  à peine  très-légèrement  rosées, 
tandis  que  dans  les  Plantes  potagères,  de 
MM.  Vilmorin,  elles  sont  dites  de  couleur 
lilas  pâle. 

Ces  trois  variétés  que  nous  recomman- 
dons pour  le  forçage,  ne  sont  certaine- 
ment pas  les  seules  propres  à cet  usage  ; 
aussi  conseillons-nous  d’en  essayer  d’autres 
en  choisissant,  cela  va  sans  dire,  dans 
la  catégorie  des  très-nains  et  ne  ((  filant  » 
pas,  avantages  que  possèdent,  au  plus 
haut  degré,  celles  dont  nous  venons  de 
parler. 

E.-A.  Carrière. 


POIRE  MARGUERITE  MARILLAT 


La  Poire  Marguerite  Marülat  a été  obte- 
nue par  un  horticulteur  des  environs  de 
Lyon  (M.  Marillat,  de  Craponne),  qui  ne  lui 
a pas  donné  toute  la  publicité  qu’elle  mérite. 
C’est  l’une  des  meilleures  et  des  plus  grosses 
Poires  connues. 

Le  fruit  figuré  par  la  Revue  horticole  a 
été  choisi  à Lyon  par  M.  Ed.  André,  parmi 
les  spécimens  de  force  moyenne,  les  autres 
dépassant  le  format  de  cette  publication. 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  294. 


M.  Viviand-Morel  l’a  décrite  ainsi  dans  le 
journal  Lyon  horticole  : 

« Fruit  gros  ou  très-gros,  oblong,  pyri- 
forme,  largement  renflé  vers  la  moitié  in- 
férieure ; peau  lisse,  assez  épaisse,  verte, 
passant  au  jaune  fauve  à la  maturité  ; œil 
petit,  ouvert,  placé  dans  une  cavité  peu 
profonde  ; pédoncule  petit,  s’insérant  dans 
la  partie  charnue,  placé  obliquement;  chair 
d’un  blanc  jaunâtre,  fine,  fondante  ; eau 
abondante  à la  maturité,  sucrée,  très- 


Rri)U£-  flo/‘hj^ole. 

f 


Ck‘'d^xr<L,  lie 


Poire  Margaente  Manllat . 


LE  COMMERCE  DES  FLEURS  A NEW-YORK. 


349 


agréable;  maturité  : octobre  et  novem- 
bre. 

((  L’arbre  est  de  vigueur  moyenne,  pyra- 
midal, très-fertile;  ses  rameaux  sont  de 
moyenne  grosseur,  relativement  courts, 
érigés,  d’un  brun  rougeâtrej  parsemés  de 
lenticelles  blanchâtres.  Les  feuilles  sont  de 
moyenne  grandeur,  ovales,  finement  den- 
tées. Les  boutons  à fruits  se  présentent  fié- 
quemment  sur  des  sujets  d’un  an  de  greffe, 
et  toujours  sur  ceux  de  deux  ans. 

CL  Cette  belle  variété  a été  dégustée  en 
1872,  1874  et  1875  par  la  commission  des 
études  de  la  Société  pomologique  de  France, 
qui  l’a  jugée  digne  d’être  propagée  et  vul- 
garisée. Elle  a obtenu  une  médaille  de  ver- 
meil à l’exposition  de  l’Association  horticole 
lyonnaise  en  1872.  » 


A cette  description,  j’ajoute  que  la  Poire 
Marguerite  Marillat  présente  une  particu- 
larité précieuse  : elle  ne  blettit  pas.  La 
décomposition  qui  suit  la  maturité  ne 
se  fait  pas  du  centre  à la  circonférence, 
comme  dans  la  presque  totalité  des  Poires 
— et  surtout  les  Poires  d’été  et  d’automne, 
mais  bien  dans  le  sens  opposé,  et  j’ai  vu 
des  fruits  dont  toute  la  surface  était  gâtée 
présenter  encore  au  milieu  une  masse  saine 
et  juteuse. 

C’est  une  qualité  bien  rare  dans  la  grande 
famille  des  Poires,  et  je  ne  doute  pas  qu’avec 
tous  les  autres  avantages  qu’il  présente,  ce 
beau  fruit  arrive  très-vite  à se  répandre 
dans  les  cultures. 

Francisque  Morel, 

Horticulteur  à Lyon-Valse. 


LE  COMMERCE  DES  FLEURS  A NEW-YORK 


Le  19  juin,  M.  Lacliaume,  directeur  du 
Jardin  d’acclimatation  de  la  Havane,  nous 
adressait  la  lettre  suivante  qui  nous  paraît 
devoir  intéresser  les  lecteurs  de  la  Revue  hor- 
ticole : 

J’arrive  de  New-York  et  je  crois  devoir 
faire  connaître  aux  lecteurs  de  la  Revue 
horticole,  mes  impressions  à propos  des 
fleurs  travaillées  sous  différentes  formes,  en 
Am.érique  et  surtout  à New-York. 

Parmi  les  progrès  qui  se  sont  accomplis 
depuis  vingt  ans  à New-Yoïk,  l’un  des 
plus  curieux  par  les  proportions  qu’il  a 
prises  est  certainement  celui  des  fleurs. 

C'est  presque  une  profanation  de  parler 
de  commerce  à propos  de  fleurs,  car  au 
point  de  vue  poétique,  il  semble  que  des 
choses  aussi  délicates  ne  peuvent  se  payer 
à prix  d’argent.  New-York  est  devenu 
la  métropole  d’une  foule  de  belles  choses  ; 
les  fleurs  y sont  entrées  comme  un  élément 
civilisateur,  on  pourrait  même  dire  mora- 
liSvafeur  ; elles  sont  devenues  une  néces- 
sité dans  la  vie  de  la  grande  cité. 
Mais  si  le  Newyorkais  aime  passionément 
les  fleurs,  il  les  aime  sous  toutes  les  formes, 
dans  toutes  les  circonstances,  pour  toutes 
les  cérémonies  et  même  sans  cérémonie. 

Ce  qui  surtout  dépasse  toute  croyance, 
on  pourrait  même  dire  toute  mesure,  c’est 
ce  qui  se  passe  au  théâtre,  où  spectateurs  ou 
plutôt  spectatrices  rivalisent  en  ce  qui  con- 
cerne les  fleurs.  A l’Opéra  il  y a des  dames,  ' 


et  même  beaucoup,  qui  ne  mettraient  pas  à 
leurs  corsages  un  bouquet  coûtant  moins 
de  125  fr. 

Un  jour,  c’était  au  théâtre  de  l’Opéra, 
une  compagnie  de  trente- six  personnes 
avait  loué  toutes  les  loges.  Le  devant  de 
celles-ci  disparaissait  complètement  sous 
une  mosaïque  de  fleurs,  et  dix-huit  dames 
formant  la  moitié  des  couples,  avaient  sur 
la  poitrine  de  véritables  cuirasses  de  roses 
blanches  {Mademoiselle  Cook),  roses  rouges 
{Général  /acgweminof), roses  jaunes  {Maré- 
chal Niel).  Un  fleuriste  nous  a assuré  qu’il 
y en  avait  pour  plus  de  5,000  fr.  Un  autre 
fleuriste  nous  a dit  qu’il  avait  fourni  pour 
une  représentation  de  M^'^  Nilsson  un  fau- 
teuil en  fleurs  qui  avait  coûté  2,500  fr.  ainsi 
que  des  bouquets  qui  avaient  fait  monter  la 
note  à 3,000  fr. 

Parmi  les  étoiles  dramatiques  de  passage, 
celle  qui  a le  plus  consommé  de  fleurs  est 
certainement  M^e  Théo,  artiste  française. 
Quand  j’ai  assisté  à la  conduite  de  cette 
dame  à bord  du  vapeur  la  Normandie, 
le  25  mai,  j’ai  admiré  quatre  tables  de  la 
salle  à manger  du  bord  couvertes  de  fleurs; 
elle  a emporté  un  chargement  de  bouquets, 
de  corbeilles,  de  gerbes,  de  couronnes,  de 
lyres,  d’étoiles,  de  croix,  de  colonnes  tron- 
quées, etc.,  ainsi  qu’une  petite  frégate 
admirablement  gréée  et  équipée  de  fleurs. 
C’était  une  galanterie  du  président  Arthur. 
Rien  de  plus  charmant  que  cet  encourage- 


350 


LES  CYPRIPEDIUM. 


ment  aux  arts  par  le  premier  magistrat  de 
la  république  américaine. 

Toutes  ces  fleurs,  offertes  à la  gracieuse 
artiste,  avaient  coûté  des  sommes  considé- 
rables. 

En  somme,  on  peut  dire  qu’à  New-York 
comme  à Paris  les  fleurs  sont  de  toutes  les 
fêtes.  Toutefois  ici  elles  sont  montées  sous 
des  formes  beaucoup  plus  variées  qu’à  Paris 
et  les  fleuristes  surpassent  ceux  de  Paris 
qui  pourtant  excellent  dans  la  confection  des 
bouquets,  ce  que  j’ai  pu  voir  en  1878.  Le 
forçage  des  Roses  se  fait  à New-York  sur 
une  grande  échelle  ; un  seul  jardinier  a forcé 
30  mille  Rosiers  Général  Jacqneminot, 
Thiver  passé,  sans  compter  des  centaines 
d’autres  jardiniers  qui  en  ont  chauffé  des 
quantités  un  peu  moindres. 

A l’enterrement  de  M.  Gambetta  à Paris, 
on  a prétendu  qu’il  s’était  vendu  pour  près 
de  400,000  fr.  de  fleurs  et  de  couronnes  ; il 
y en  avait  ici  au  moins  autant  le  30  mai 
dernier,  jour  où  l’on  a décrété  la  décora- 
tion des  tombeaux  des  soldats  morts  pen- 
dant la  guerre  de  Sécession.  Ce  jour-là, 
les  quatre-vingts  voitures  de  fleurs  des 
quatre-vingts  sections  ont  défilé  devant 
l’estrade  où  se  trouvait  le  gouvernement 
présidé  par  le  général  Arthur.  Ces  fleurs 
étaient  accompagnées  de  30,000  soldats  et 
vétérans. 

Sur  les  statues  de  Washington,  de  Lin- 
coln, de  Lafayette  et  de  Worth,  sur  les 
porches  et  les  tabernacles  des  églises,  sur 
les  tombeaux  des  cimetières,  des  fleurs  et 
des  fleurs  partout  ! Toutes  les  fleurs  traînées 
en  grande  pompe  à la  suite  du  cortège 
de  gala  sont  allées  orner  les  champs  de 
repos  qui  entourent  la  ville. 

Tout  ceci  peut  donner  une  idée  du  rôle 
que  jouent  les  fleurs  ici  et  comment  les 

LES  CYPB 

Parmi  les  334  genres  qui  composent  la 
famille  des  Orchidées,  il  n’en  est  aucun  qui 
présente  des  caractères  di>tinctifs  aussi 
marqués  que  le  joli  groupe  des  Cypripe- 
dium  et  Selenipedium. 

Les  curieuses  plantes  qui  en  font  partie 
se  distinguent  surtout,  on  le  sait,  par  un 

(1)  Traduit  de  l’anglais,  d’après  une  étude  lue 
par  M.  Goldring  à la  Société  royale  d’horticulture 
de  Londres  et  publiée  par  le  Garden. 


Américains  savent  faire  les  choses.  Mais, 
d’autre  part,  j’ai  appris  de  bonne  source 
que  quelques  fleuristes  américains  vont 
bientôt  aller  s’établir  à Paris  pour  pratiquer 
en  grand  le  commerce  des  fleurs  montées, 
art  dans  lequel  iis  excellent. 

Tout  en  restant  français  de  cœur  et  d’opi- 
nion et  en  rendant  à César  ce  qui  appar- 
tient à César,  je  suis  bien  obligé  de  con- 
fesser la  vérité,  qu’il  y a longtemps  que  le 
travail  des  fleurs  naturelles  en  Amérique  a 
dépassé  celui  des  fleuristes  de  Paris  dans 
l’art  du  montage;  sous  ce  rapport  c’est  par 
centaines  de  diflérents  modèles  que  les  fleurs 
ici  sont  disposées.  C’est  à l’aide  de  fils  de 
fer  remplis  de  mousse  et  dans  laquelle  on 
pique  les  fleurs,  qu’on  arrive  à donner  ces 
formes  gracieuses  et  légères  et  aussi  nom- 
breuses que  variées. 

L’accroissement  de  cette  industrie  s’est 
fait  avec  une  rapidité  extraordinaire.  Ainsi 
en  1852,  quand  je  débarquai  en  Amérique, 
c’est  à peine  si  les  trois  fleuristes  quk étaient 
établis  à cette  époque  dans  la  ville  de  New- 
York  faisaient  quatre  bouquets  par  semaine, 
et  encore  fallait-il  commander  ces  bouquets 
plusieurs  jours  à l’avance. 

Aujourd’hui  il  y a cinquante -deux  fleu- 
ristes à New-York  et  tous  font  de  bonnes 
affaires.  Je  puis,  sans  vanité,  revendiquer 
une  part  de  ce  mouvement.  Ainsi  c’est 
moi  qui,  en  1857,  ai  introduit  la  pre- 
mière forme  des  bouquets  français,  de 
monture  légère  et  naturelle.  Depuis  cette 
époque,  cette  forme  est  restée  comme  style, 
mais  les  fleuristes  américains  ont  créé  une 
quantité  de  genres  de  montages  dont  un 
grand  nombre  sont  vraiment  remarquables 
tant  par  les  dessins  que  par  la  disposition 
des  fleurs. 

Jules  Lachaume. 

PEDIUM 

sinofulier  labelle  en  forme  de  sabot  ou  de 
bourse  gonflée.  Seul,  V Uropedium  Lindeni 
fait  exception,  et  produit  un  labelle  allongé. 

Un  autre  caractère  particulier  aux 
Cypripedium,  est  qu’ils  possèdent  deux 
étamines  parfaites,  tandis  que  les  autres 
Orchidées  n’en  ont  qu’une.  V Uropedium 
fait  encore  exception  et  porte  trois  étamines 
bien  développées. 

Toutes  les  espèces  de  ce  genre  sont  her- 


LES  CYPRIPEDIUM. 


351 


bacées  et  vivaces  et  presque  toutes  terres- 
tres. 

La  distribution  géographique  des  Cypri- 
pedium  est  très-intéressante. 

On  les  rencontre  presque  partout,  aussi 
bien  dans  les  régions  glaciales  de  la  Sibérie 
et  de  l’Amérique  du  Nord,  que  dans  les 
régions  montagneuses  de  l’Amérique  du 
Sud.  Mais  ils  croissent  surtout  dans  les 
contrées  les  plus 
chaudes  de  l’A- 
sie et  principa- 
lement aux  In- 
des, et  dans 
l’Archipel  envi- 
ronnant. On 
n’en  rencontre- 
ni  en  Australie, 
ni  en  Afrique, 
ni  même  dans 
les  parties  mé- 
ridionales de 
l’Amérique  du 
Sud. 

D’après  le 
Généra  Plan- 
tarum  de  MM. 

Bentham  et 
Hooker,  le  genre 
Cypripedium 
compte  40  es- 
pèces, et  les 
Selenipedium, 
qui  en  sont  voi- 
sins, 10  espèces 
seulement. 

Dans  les  cul- 
tures, beaucoup 
de  plantes  sont 

considérées 
comme  espèces 
et  ont  cependant 
été  regardées 
comme  variétés, 
par  MM.  Ben- 
tham et  Hooker.  Presque  toutes  les  espèces 
connues  sont  aujourd’hui  cultivées. 

Les  Cypripedium  et  Selenipedium 
peuvent  être  divisés  en  trois  groupes  prin- 
cipaux de  la  manière  suivante  : 

Espèces  habitant  les  régions  froides  et 
tempérées  de  l’ancien  et  du  nouveau 
monde  ; 

Les  Selenipedium,  qui  sont  confinés  dans 
l’Amérique  méridionale  ; 


Les  Cypripedium,  qui  croissent  dans 
les  régions  tropicales  de  l’ancien  monde. 

Les  Cypripedium  des  régions  tempé- 
rées et  froides,  sont  représentés  par  12  es- 
pèces, qui  possèdent  toutes  un  mode  de 
végétation  bien  distinct  de  celui  des  espèces 
composant  les  deux  autres  groupes.  Toutes 
sont  vivaces,  herbacées  et,  à quatre  excep- 
tions près,  portent  des  tiges  feuillues,  hautes 

de  25  centimè- 
tres à 1 mètre. 
Ces  tiges  sont 
annuelles,  elles 
se  dessèchent  à 
l’automne,  en 
laissant  des  bul- 
bes charnus 
d’où  partiront 
les  tiges  de  l’an- 
née suivante. 
Ces  espèces  pro- 
duisent des 
fleurs  plus  ou 
moins  jolies, 
quelquefois  plus 
abondantes  que 
celles  des  espè- 
ces tropicales. 

Ce  groupe  est 
très-répandu.  Il 
occupe  l’hémis- 
phère septen- 
trional. 

L’espèce  la 
plus  cosmopolite 
est  le  C.  Cal- 
ceolus,  qui  vé- 
gété dans  toute 
l’Europe  cen- 
trale, dans  le 
nord  de  la  Scan- 
dinavie, puis  en 
Sibérie,  où  les 
C.  macran- 
thum,  ventri- 
cosum  et  guttatum  l’accompagnent,  et  enfin 
au  Japon,  où,  légèrement  modifié  dans  son 
faciès,  il  a produit  une  nouvelle  forme,  le 
C.  Atsmoy'ii. 

Quelques  espèces  se  trouvent  jusqu’à 
l’Himalaya.  Au  Japon,  on  rencontre,  avec 
le  C.  macranthum,  trois  espèces  locales, 
C.  Japonicum,  fort  joli,  C.  cardiophyllurn 
et  C.  dehile.  Cette  dernière  espèce  est  la 
plus  petite  du  genre. 


Fig.  61.  — Selenipedium  caudatum. 


352 


LES  CYPRIPEDIUM. 


Dans  l’Amérique  du  Nord,  huit  espèces 
sont  représentées,  toutes  cultivées  main- 
tenant. A rOuest,  les  C.  californiciim, 
montamim,  occidentale.  En  revenant  vers 
l’Est,  les  C.  candidum^  arielinum,  puhes- 
cens  et  parviflorum.  A l’Est  des  États- 
Unis,  les  C.  acaule  et  spectahile.  Celui-ci 
est  le  plus  joli  de  tous  les  Cypripedium. 
Puis,  dans  les  savanes  du  Mexique,  le 
magnifique  C.  Irapeanum. 

La  connaissance  des  conditions  que 
recherchent  les  Cypripedium  dans  leur 
pays  natal,  intéresse  naturellement  les 
cultivateurs  de  ces  plantes  charmantes  et 
singulières.  En  général,  elles  croissent  dans 
des  endroits  marécageux,  surtout  les  espèces 


de  l’Amérique  du  Nord,  qui  recherchent  les 
tourbières,  le  sphagnum,  les  matières  végé- 
tales décomposées,  mais  qui  n’aiment  pas 
la  terre  proprement  dite.  Par  rapport  à la 
lumière,  leurs  préférences  sont  variables. 
Ainsi,  le  C.  spectahile  semble  ne  pas  pou- 
voir supporter  les  rayons  du  soleil,  et 
réussit  très-bien  à mi-ombre.  Le  C.  acaide, 
au  contraire,  ne  craint  pas  le  soleil.  Les 
C.  candidum  et  arietinum  aiment  à avoir 
leurs  racines  dans  les  endroits  marécageux, 
mais  leurs  tiges  recherchent  les  rayons 
directs  du  soleil. 

Les  deux  espèces  à fleurs  jaunes, 
C.  puhescens  et  parviflorum,  sont  moins 
sensibles,  soit  au  soleil,  soit  à l’ombre,  et 


Fig.  02.  — C;ipripedii(m  Lowü. 


réussissent  aussi  bien  dans  les  terrains  secs 
que  dans  les  marécages,  tout  en  recher- 
chant surtout  les  sols  argileux. 

Le  C.  Calceolus  demande  un  sol  cal- 
caire. Cultivé,  il  ne  réussit  bien  que  dans 
un  mélange  compact  de  terre  glaise  et  de 
pierre  calcaire  brisée.  Le  C.  ynacranthum 
(Sibérie)  et  son  voisin,  le  ventricosum, 
sont  les  plus  difficiles  à cultiver.  Mais  ce 
fait  provient,  croyons -nous,  de  ce  qu’on  les 
met  généralement  dans  de  la  terre  tour- 
beuse, humide,  tandis  qu’il  est  nécessaire 
de  leur  donner  le  sol  que  nous  avons  indi- 
qué pour  le  C.  Calceolus.  Le  C.  Japonicum 
réussit  bien  dans  la  terre  glaise.  Le  C.  gut- 
tatum  (Sibérie),  qui  est  peut-être  le  plus 


joli  comme  couleurs,  provient  des  pentes 
orientales  de  l’Oural.  Il  pousse  naturelle- 
ment au  milieu  de  l’herbe  et  des  mousses, 
sous  l’ombrage  des  Bouleaux,  des  Pins  et  des 
Peupliers.  Le  C.  Irapeanum,  du  Mexique; 
croît  à une  altitude  de  1,000  à 1,300  mè- 
tres, dans  des  conditions  telles,  que  lorsqu’il 
est  en  végétation,  ses  racines  se  trouvent 
dans  un  sol  humide  et,  qu’au  contraire, 
lorsque  les  tiges  sont  desséchées,  le  climat 
rend  le  sol  sec  et  aride. 

L’insuccès  fréquent  dans  la  culture  des 
Cypripedium  de  pleine  terre,  provient 
presque  toujours  de  ce  qu’on  leur  applique 
à tous  le  miême  traitement,  c’est-à-dire,  la 
culture  à l’ombre  dans  une  terre  tourbeuse 


LES  CYPRIPEDIUM. 


353 


Imniide,  qui  convient  à quelques  -uns,  mais 
non  pas  à tous. 

2®  Selenipedinm.  — Ce  groupe  contient 
une  douzaine  d’espèces,  presque  toutes 
introduites  dans  les  cultures.  Ces  espèces 
sont  bien  caractérisées.  Elles  ont  toutes  les 
feuilles  épaisses,  lancéolées,  complètement 
vertes.  Leur  hauteur  est  relativement 
grande,  elles  produisent  plusieurs  hampes 
florales  garnies  de  bractées  très-apparentes. 

Les  Selenipedium,  dont  l’ovaire  est  à 
*rois  cellu'es 
lorsqu’il  n’en 
a qu’une  dans 
les  Cypripe- 
diiim  , sont 
originaires, 
comme  nous 
l’avons  dit,  de 
l’Amérique  du 
Sud,  où  leur 
distribution  est 
relativement 
limitée.  Leur 
quartier  géné- 
ral se  trouve 
dans  les  par- 
ties monta- 
gneuses du 
Nord  - Ouest  ; 
mais  quelques 
espèces  habi- 
tent le  centre, 
et  une  espèce, 
le  S.  villalum, 
est  établi  sur 
les  côtes  du 
Brésil.  Quel- 
ques espèces, 
non  encore  in- 
troduites, se 
trouvent  au 
Brésil  ; le  S. 
longi folium  provient  des  régions  élevées 
de  Costa  - Rica  et,  descendant  vers  le 
Sud,  se  rapproche  de  ses  voisins,  les 
S.  Roezlii , Harlwegii , Ilinksianum  et 
Lindleyaniim,  qui  diffèrent  tous  les  uns 
des  autres.  Le  S.  Schlimi,  qui  a joué  un 
rôle  si  important  dans  les  hybridations, 
est  une  plante  très  - distincte  , originaire 
des  environs  d’Ocana  (Nouvelle-Grenade), 
mais  sa  plus  belle  variété,  ainsi  que  sa 
forme  blanche,  proviennent  d’Antioquia. 
Il  croît  uniquement  dans  les  crevasses  de 


l’ocliers,  auprès  de  sources,  dont  il  reçoit 
les  éclaboussures.  Ce  fait  indique  aux  culti- 
vateurs qu’ils  doivent  cultiver  cette  plante 
dans  une  atmosphère  humide,  mais  peu 
chaude. 

Le  singulier  Uropedium  provient  de  la 
Nouvelle- Grenade,  où  il  croît  aux  abords 
du  lac  Maracaïbo.  Au  Pérou,  dans  la  Gor- 
dillère  des  Andes,  se  trouve  le  S.  cauda- 
ium  (fig.  61),  que  l’on  trouve  aussi  plus  au 
nord,  ainsi  que  sa  variété,  le  S.  c.  roseum. 

Le  joli  S.  ca- 
ricinum  a été 
découvert  par 
Pearce,  dans 
la  Bolivie,  et 
est  souvent  dé- 
signé sous  le 
nom  de  Pear~ 
cei. 

Tous  les  Se~ 
lenipedium 
demandent  à 
être  cultivés  au 
milieu  d’une 
température 
moyenne,  dans 
une  serre  hu- 
mide et  bien 
aérée. 

3»  Ce  troi- 
sième groupe 
est  le  plus  im- 
portant à tous 
les  points  de 
vue.  Il  ren- 
ferme 30  es- 
pèces, presque 
toutes  intro- 
duites. Ou 
pourrait  le  di- 
viser en  deux 
séries,  l’une  à 
fleurs  isolées,  l’autre  portant  plusieurs  ^ 
fleurs  sur  la  meme  tige.  Les  pluriflores 
ont  tous  les  feuilles  longues,  vert  foncé,  de 
texture  coriace.  On  cultive  5 espèces  de 
cette  série  : les  C.  Stonei,  lœvigatum,  Pa~ 
rishi,  Loivii  (fig.  62),  et  Haynaldianum, 
Une  autre  belle  espèce  de  cette  section  est 
le  C.  glanduliflorum,  originaire  de  la  Nou- 
velle-Guinée ; mais  on  n’a  pas  encore 
réussi  à l’introduire  à l’état  vivant.  Les 
uniflores  comptent  24  espèces  divisées  en 
deux|catégories  : 1°  Les  C.  à feuilles  plates, 


I 


354 


LES  CYPRIPEDIUM. 


tels  que  le  C.  insigne  ; 2»  les  C.  à feuilles 
tachetées  semblables,  sous  ce  rapport,  au 
C.  barbatum.  Celle  dernière  catégorie 
contient  les  espèces  suivantes  ; C.  barba- 
tum ^ biflorum,  Lavorencianum,  super - 
biens  ou  Veitchianum,  nigritum,  Argus, 
cüiolare,  Hookeræ,  Bullenianum,  Daya- 
num,  Petri^  Javanicum,  vireyis,  Bur- 
bidgei,  Maslersianum,  Curtisii,  purpura- 
tum,niveum  et  concolor.  L’autre  catégorie 
comprend  les  C.  xnllosum,  hirsutissunum, 
Boxatli,  insigne  y Fairieanum,  Druryi  et 
Spicerianum. 

Ce  troisième  groupe  principal  est  confiné 
surtout  pour  les  Cypripédiums  de  la  série  à 
feuilles  tachées,  dans  les  îles  de  Bornéo, 
Sumatra,  Java,  et  dans  la  presqu’île  de 
Malacca. 

Les  espèces  qui  s’éloignent  le  plus  de  ces 
régions  sont  le  C.  venustum,  qui  croît  dans 
le  nord  du  Népaul  et  le  C.  purpuratum 
(fig.  63),  que  l’on  trouve  à Hong-Kong.  Les 
Cypripedium  à feuilles  plaies,  avec  une  tige 
unifiore,  ne  s’éloignent  pas  du  continent. 
L’espèce  la  plus  reculée  au  nord  est  le 
C.  insigne,  à floraison  hivernale,  qui 
habite  le  Népaul.  Plus  au  sud,  on  trouve 
successivement  les  autres  espèces,  y com- 
pris le  délicat  C.  Fairieanum.  Le  C.  Spi- 
cerianum,  d’introduction  récente,  provient 
des  Nouvelles-Indes  et  croît  dans  des  cre- 
vasses de  rochers  calcaires,  dans  des 
situations  telles  qu’il  se  trouve  toujours 
dans  l’humidité.  Le  joli  C.  concolor,  dont 
la  lleur  est  si  distincte  de  celles  des  autres 
espèces,  provient  du  Moulmein,  et  le  char- 
mant C.  xtiveum,  d’un  blanc  pur,  croît 
aussi  dans  ces  régions,  mais  il  a été  primi- 
tivement découvert  dans  les  îles  Tambelan. 
Ces  deux  espèces  croissent  naturellement 
sur  des  rochers  calcaires.  Le  C.  t^arishi 
est  originaire  du  Moulmein  ; le  C.  Iceviga- 
^tum,  des  Philippines;  le  C.  Lowü, 
épiphyte,  de  Bornéo,  ainsi  que  le  C.  Stonei. 
Les  différentes  formes  désignées  sous  le  nom 
de  C.  Haynaldianum,  proviennent  toutes 
des  Philippines. 

Cypripedium  hybrides.  — Le  nombre 
des  formes  de  Cypripedium  obtenues  par 
le  semis,  s’élève  à cinquante  environ,  tant 
ils  se  sont  facilement  prêtés  à l’hybridation. 
Les  semeurs  avaient  pour  but,  non  seule- 
ment d’obtenir  de  nouvelles  variétés,  mais 
encore  de  donner  aux  espèces  délicates  la 
force  de  constitution  que  possèdent  quelques 


espèces  vigoureuses.  Ils  ont  réussi  à ces 
deux  points  de  vue. 

Un  fait  important  est  que  la  presque 
totalité  des  hybrides  obtenus,  ont  une 
constitution  plus  robuste  que  leurs  parents  ; 
ils  se  développent  plus  vigoureusement  et 
ils  sont  beaucoup  plus  florifères.  On  peut 
citer  comme  exemple,  à ce  propos,  le 
C.  Sedeni,  une  des  plus  jolies  variétés 
aujourd'hui  obtenues.  La  vigueur  et  la 
lloribondité  de  cette  plante  sont  telles  qu’on 
en  a vu  des  spécimens,  portant  jusqu’à 
50  fleurs  développées  en  même  temps.  Le 
C.  Sedeni  est' le  type  de  la  race  des 
hybrides  à vif  coloris,  tous  vigoureux,  à 
floraison  abondante,  durable  et  successive. 
Il  provient  du  croisement  des  C.  longi- 
folium  et  Schlimi.  Ce  dernier  est  la  clef, 
pour  ainsi  dire,  de  toutes  les  variétés  à vif 
coloris,  de  la  race  des  Selenipedium.  Le 
C.  cardinale,  de  couleur  si  brillante,  pro- 
vient du  croisement  des  C.  Schiimi  et 
Sedeni. 

Il  y a aujourd’hui  cinquante  ans,  que  le 
premier  hybride,  le  C.  Harrisianum,  a été 
obtenu  par  M.  Dominy,  à. l’aide  des  C.  bar- 
batum et  villosum.  Les  plus  jolis  hybrides 
ont  été  obtenus  avec  les  espèces  des  Indes 
orientales,  surtout  avec  les  uniflores  et  les 
pluriflores. 

On  connaît  les  beaux  résultats  qu’ont  ob- 
tenus, dans  l’hybridation  des  Cypripédiums, 
MM.  Dominy,  Seden,  chez  MM.  Veitch,  et 
aussi  d’autres  habiles  semeurs.  Non  seule- 
ment de  nombreuses  variétés  du  plus  haut 
intérêt  ont  enrichi  les  collections,  mais  une 
grande  quantité  de  plantes  hybrides,  qui 
n’ont  pas  encore  fleuri,  promettent  de 
fournir  des  variétés  de  premier  ordre. 

La  Bevue  horticole  a donné  (1)  la  liste 
des  Cypripédiums  hybrides  obtenus  par 
M.  Seden.  Complétons  ce  document,  par  la 
liste  suivante,  des  autres  hybrides  connus 
à ce  jour,  avec  l’indication  de  leurs  pa- 
rents (2)  : 


Ainsioorlhi 

Arthurianum 

Ashburtoniœ 


Sedeni, 

Boezli. 

insigne, 

Fairieanum. 

insigne, 

barbatum. 


(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  p.  394. 

(2)  Pour  chaque  hybride  le  premier  des  noms 
des  parents  e^t  celui  de  la  plante  mère,  le  second, 
le  nom  de  la  plante  qui  a fourni  le  pollen. 


355 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  d’IIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


cardinale 

conchiferum 

Crossianum 

discolor 

Fraseri 

gemmiferum 

Harrisianum 

macropterum 


Se  déni, 

Schlimi, 

Pearcei, 

Roezlii. 

venusturn, 

harbatum. 

barhatum, 

hirsutissimum. 

Hookeræ, 

Daganum. 

barbatum, 

villosum. 

Lowii, 

Yeitchianum. 


Meirax 

melanopthalmvAn 
Sedens  Variety 
politum 
Schrœderœ 

stenophylliim 

Swanianum 

exillarium 

Williamsiamim 


Harrisianum, 
insigne  Maulei. 

caudatum, 

Sedeni. 

Schlimi, 

Pearcei. 

barbatum, 

Dayanum, 

barbatum, 

Fairieanum. 

Goldring. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICLLTÜHE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  12  JUILLET  1883 


Apports.  — Au  comité  de  culture  pota- 
gère, ont  été  présentés  par  M.  Bertaud,  de 
Rosny-sous-Bois,  des  Cerfeuils  tubéreux,  très- 
beaux,  et  de  jeunes  pieds  de  Fenouil,  déjà 
bien  développés,  eu  égard  à la  saison.  — Par 
M.  Chemin,  maraîcher  à Paris  : 1»  des  Chi- 
corées qui  n’avaient  rien  de  particulier  ; 
2®  trois  beaux  Melons  Cantaloups,  fond  blanc, 
remarquables  par  leurs  dimensions  ' considé- 
rables et  par  leur  forme.  — Par  M.  Berthaud, 
jardinier  cà  Ptungis  (Seine),  un  assortiment  de 
légumes  de  saison  : Choux,  Navets,  Ail,  Écha- 
lottes,  Pommes  de  terre  Early  rose,  tous 
d’un  très-ben  choix.  Les  Chicorées  et  Scaroles, 
surtout,  étaient  d’une  beauté  et  d’une  grosseur 
extraordinaires,  très-pleines  et  compactes  ; 
chaque  pied  mesurait  de  50  à 60  centimètres 
de  diamètre. 

Au  comité  d* arboriculture  ont  été  pré- 
sentés, par  M.  Jamin,  pépiniériste  à Bourg-la- 
Reine,  un  magnifique  choix  de  Groseilles  à 
maquereau,  comprenant  une  vingtaine  de 
variétés  des  plus  méritantes;  plus,  deux  va- 
riétés à grappes  également  très-belles.  — Par 
M.  Boucher,  horticulteur,  avenue  d’Ralie,  156, 
de  très-belles  Pêches  de  la  variété  Amsden. 
Les  fruits  légère. nent  déprimés,  d’une  bonne 
grosseur  moyenne  et  très-beaux,  étaient 
légèrement  et  très-courtement  velus,  d’une 
couleur  rouge  sang,  qui  rappelait  celle  de  la 
Galande  ou  « Noire  de  Montreuil.  » — Par 
M.  Nardy,  horticulteur  à Ilyères  (Var),  un 
petit  lot  de  cette  même  variété,  Amsden,  dont 
les  fruits  ne  présentaient  guèi’e  de  différence 
que  dans  les  dimensions  un  peu  plus  consi- 
dérabUs  ; le  coloris,  pourtant,  était  moins 
intense.  — Par  M.  Gustave  Chevallier,  de 
Monti-euil  : 1»  six  variétés  de  Groseilles  à 
maquereau,  grosses  et  belles  ; 2»  deux  lots  de 


Pêches,  l’un  de  la  variété  Early  Beatrix, 
l’autre  de  la  Précoce  Chevalier  (1).  Toutes 
deux,  sans  être  très-grosses,  sont  belles,  très- 
colorées  et,  ainsi  que  nous  l’avons  dit,  i.  c., 
assez  semblables  pour  la  forme  et  l’aspect. 
Dégustée  par  le  comité,  la  Pêche  Précoce 
Chevallier  a été  trouvée  de  bonne  qualité. 

Le  comité  a remarqué  que  cette  année, 
toutes  ces  Pêches  sont  en  retard  d’environ 
quinze  jours,  et  ce  fait  est  exact  et  général 
même  pour  le  Midi.  — Enfin,  Mii°  Guilbert 
présentait  un  lot  de  Groseilles  à grappes  qui 
étaient  fort  belles. 

Au  comité  de  floriculture,  M.  Descus,  de 
Nanterre,  présentait  un  Vanda  cœrulea,  très- 
beau,  dont  la  hampe  portait  de  grandes  et 
belles  fleurs,  d’un  beau  bleu  lilas  violacé.  — 
M.  Loiseau,  à Nogent-sur-Marne,  présentait 
des  fleurs  coupées  d’Œillets  de  la  Chine  qui 
n’avaient  rien  de  remarquable  ; mais,  par 
contre,  il  avait  apporté  un  Pélargonium  de 
semis,  qu’il  nomme  Madame  Loiseau,  et  qui 
était  réellement  méritant.  Vigoureux  et  très- 
tloribond,  ses  pédoncules  floraux,  gros  et 
raides,  sont  longs,  fortement  dressés  et  ter- 
minés par  une  forte  inflorescence  en  large 
capitule  ombelloïde.  Quant  aux  fleurs  qui  sont 
doubles,  larges  et  bien  faites,  elles  rappellent 
assez  celles  de  la  variété  Madame  Thibaut, 
quoique  un  peu  plus  claires.  — M.  Duval, 
chef  de  culture  au  Muséum,  avait  apporté  des 
branches  de  Xanthoceras  sorhifolia,  portant 
de  nombreux  et  gros  fruits.  Elles  provenaient 
du  premier  pied  envoyé  de  la  Chine  en 
France,  par  M.  l’abbé  Armand  David.  Chaque 
année,  ce  pied  produit  des  fruits  par  centaines 
et  dont  les  graines  sont  de  très-bonne  qualité. 


(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  p.  276. 


35G 


VÉGÉTATION  PRINTANIÈRE  DU  KASIIMIR. 


— Enfin,  M.  Goclefroy-Lebeuf,  horticulteur  à 
Argenteuil,  faisait  un  magnifique  apport,  com- 
prenant les  espèces  suivantes,  inédites  ou  très- 
rares  en  fleurs  : Lœlia  purpurata  Aurora  et 
L.  purpurata  ScJilumhergeri,  portant  de  ma- 
gnifiques Heurs  ; Dendrohium  Jamesianum, 
espèce  à fleurs  d’un  blanc  un  peu  terne,  un 
Epidendrum  non  déterminé,  portant  deux 


hampes  robustes,  dressées,  d’environ  GO  cen- 
timètres, couvertes  de  fleurs  jaune-roux  cui- 
vré; enfin,  deux  petits  pieds  de  Cypripedium 
niveum,  le  type  et  une  variété  majus,  qui  ne 
présente  guère  de  différence  avec  le  type 
que  dans  les  dimensions  de  la  fleur,  un  peu 
plus  grande  et  très-légèrement  colorée. 


VEGETATION  PRINTANIÈRE  DU  KASHMIR 


Dans  cet  article,  je  me  propose  de  donner 
le  plus  brièvement  possible  un  aperçu  de 
la  belle  végétation  que  le  Kashmir  présente 
au  printemps.  C’est  en  avril  que  cette  fer- 
tile vallée  est  vraiment  admirable  ; on  di- 
rait qu’une  main  magique  a jeté  à profusion 
les  plantes  fleuries  et  les  arbres  fruitiers. 
A partir  du  mois  de  février,  nous  avons  des 
fleurs  toute  l’année.  Les  premières  que  l’on 
rencontre  en  plein  champ,  mélangées  au 
Blé  et  à rOrge,  sont  les  Crocus,  ensuite  les 
Narcisses,  les  Scilles,  les  Frilillaires  dont 
les  brillantes  couleurs  ressortent  admira- 
blement sur  le  fond  vert  des  jeunes  céréales, 
ensuite  apparaissent  les  Tulipes  dont  il  y a 
ici  deux  espèces  bien  distinctes.  Tune  à 
très-petites  fleurs  jaunâtres,  très-élégantes  ; 


l’autre,  au  contraire,  à très-grandes  fleurs 
d’un  beau  rouge.  Ces  plantes  sont  tellement 
répandues  qu’on  les  rencontre  partout. 

Une  chose  très-remarquable,  c’est  qu’il 
n’est  pas  rare  de  voir  des  maisons  dont  les 
toits  sont  entièrement  garnis  de  Tulipes  qui 
y vivent  et  fleurissent  à merveille.  Ces  toits 
de  maisons  qui,  au  printemps,  sont  de  vé- 
ritables jardins,  se  voient  principalement 
sur  les  temples  mahométans.  Tous  ces 
temples  sont  couverts  en  planches,  les- 
quelles sont  à leur  tour  couvertes  avec  de 
l’écorce  de  Bouleau  qui  supporte  une 
couche  de  terre  d’environ  '15  centimètres 
d’épaisseur,  ce  qui  explique  comment  au 
printemps  ces  toits  ont  l’aspect  de  véri- 
tables parterres. 


Fig.  G4.  — Charrue  cachemirieniie. 


C’est  en  aviil  que  l’aspect  du  Kashmir 
est  vraiment  beau  ; partout  des  arbres  frui- 
tiers en  fleurs  ; autant  que  la  vue  peut  s’é- 
tendre, on  voit  des  groupes  de  Poiriers,  de 
Pommiers,  d’Amandiers  et  d’Abricotiers 
parés  de  leurs  belles  robes  blanches.  Comme 
contraste,  on  voit,  disséminés  çà  et  là , 
des  Pêchers  aux  belles  fleurs  roses  dont  la 
couleur  tranche  admirablement,  sur  celle 
des  autres  arbres.  De  plus  il  existe  au 
Kashmir  une  variété  de  Pommier  dont  les 
Heurs  sont  d’un  rouge  intense  imitant  cer- 
taines roses  et  qui,  par  leur  mélange  avec  les 
autres  au  moment  de  la  floraison,  produisent 
un  contraste  des  plus  heureux. 

Les  Lilas  de  Perse  sont  également  en 
pleine  fleur  et  embaument  l’atmosphère. 


Les  Cotoneaster  variés,  les  Berheris,  les 
Cratœyus  et  les  Pruniers  émaillent  la  mon- 
tagne. Les  Jujubiers  et  les  Grenadiers  sunt 
également  en  végétation. 

Dans  la  plaine,  on  rencontre  à chaque  pas 
de  magnifiques  touffes  d’iris  qui  étalent 
leurs  belles  fleurs  ; il  y en  a à fleurs  blan- 
ches, à fleurs  jaunes  et  aussi  à fleurs  bleues, 
ce  sont  les  plantes  privilégiées  des  Musul- 
mans pour  la  décoration  de  leurs  cime- 
tières. 

Avec  cela  des  Platanes,  des  Noyers,  des 
Mûriers,  des  Ormes  et  des  Micocouliers, 
d’une  taille  telle  qu’on  n’en  rencontre  au- 
cun de  semblable  en  Europe. 

Actuellement  les  Bosiers  indigènes  sont 
couverts  de  jolies  fleurs  d’une  odeur  des 


VÉGÉTATION  PRINTANIÈRE  DU  KASHMIR.  357 


plus  suaves.  J’ai  vu  certaines  montagnes 
entièrement  couvertes  de  Rosiers,  les  uns  à 
fleurs  jaunes,  les  autres  à fleurs  rouges  ; 
chose  remarquable,  tous  ces  Rosiers  qui 
croissent  ici  à l’état  sauvage,  ont  des  fleurs 
aussi  pleines  que  celles  de  beaucoup  de 
variétés  que  l’on  cultive  en  France. 

Les  Cachemiriens  ont  une  grande  véné- 
ration pour  les  fleurs.  A l’époque  de  la  flo- 
raison des  arbres  fruitiers,  on  voit  tous  les 
jours  des  bandes  de  flâneurs  qui  s’installent 
sous  ces  arbres  où  ils  restent  toute  la  jour- 
née a dire  leurs  prières  tout  en  buvant 
force  thé. 

Les  indigènes  de  la  vallée  du  Kasbmir, 
comme  tous  les  Orientaux,  sont  des  gens 
paresseux  dans  toute  la*  force  de  l’expres- 
sion ; en  été,  ils  vivent  presque  uniquement 
de  fruits.  Dès  que  les  Mûres  ont  atteint 
leur  maturité,  hommes,  femmes,  enfants, 
personne  ne  travaille  plus,  à part  quelques 
sarclages  qu’ils  donnent  à leurs  rizières  ; 
c’est  tout  ce  qu’ils  font  et  encore,  parce 
qu’ils  savent  que  le  Riz  est  indispensable 
pour  se  nourrir  l’hiver. 

Aussi,  près  de  chaque  habitation,  plan- 
tent-ils des  arbres  fruitiers  de  toutes  sortes  : 
Mûriers,  Poiriers,  Pommiers,  Cerisiers, 
Abricotiers,  Amandiers,  Pêchers,  Grena- 
diers, Vignes,  etc,  par  cette  raison  que  les 
fruits  de  ces  arbres  forment  les  trois  quarts 
de  leur  nourriture,  cela  sans  exiger  d’autre 
soin  que  celui  de  la  plantation.  Ces  arbres 
même  ne  leur  coûtent  d’autre  peine  que 
d’aller  les  chercher  sur  la  montagne  la 
plus  voisine,  où  existent  en  grandes  quantités 
toutes  les  espèces  d’arbres  fruitiers.  Là 
ils  choisissent  ceux  qui  leur  plaisent  et  les 
rapportent  dans  leur  jardin.  Pour  les  plan- 
ter, le  paysan  fait  simplement  un  trou 
juste  de  la  grandeur  nécessaire  pour  pou- 
voir loger  les  racines,  puis  il  y dresse 
l’arbre.  La  première  année  les  soins  se 
bornent  à quelques  arrosages  et  c’est  fini. 
L’année  suivante  il  le  fait  greffer  par  un 
mâli  (jardinier).  R y a cependant  plusieurs 
espèces  de  fruits  à pépins  qu’ils  ne  greffent 
pas,  et  qui  malgré  cela  donnent  des  fruits 
assez  mangeables,  pour  les  indigènes  du 
moins. 

Quant  aux  Mûriers,  il  n’est  pas  néces- 
saire d’en  planter,  il  en  pousse  partout. 
Inutile  de  dire  que  les  Cachemiriens  ne  sui- 
vent aucune  symétrie  dans  leurs  planta- 
tions ; aucun  des  arbres  n’est  soumis  à la 


taille  ; ils  n’enlèvent  même  pas  le  bois 
mort. 

Néanmoins,  et  malgré  le  peu  de  soins 
qu’ils  prennent,  tous  ces  arbres  deviennent 
énormes  et  donnent  d’abondants  produits, 
ce  qui  me  paraît  résulter  de  ce  que  tous  ces 
végétaux  sont  dans  leur  pays  même,  c'est- 
à-dire  dans  les  conditions  où  ils  croissent 
spontanément,  et  de  plus,  parce  que  le  sol 
de  la  vallée  du  Kasbmir  est  un  terrain  d’allu- 
vions  de  toute  première  qualité,  et  que  la 
couche  végétale  atteint  une  profondeur  de 
plusieurs  mètres. 

La  formation  de  ce  terrain  si  fertile  s’ex- 
plique facilement  par  cette  raison  que  jadis 
toute  la  vallée  du  Kasbmir  était  un  immense 
lac  que  des  bouleversements  ont  en  grande 
partie  assaini,  par  suite  de  l’effet  de  l’ou- 
verture de  deux  montagnes,  ce  qui  a permis 
l’écoulement  des  eaux. 

Quant  à la  qualité  des  fruits,  elle  est  mé- 
diocre; les  meilleurs,  c’est-à-dire  ceux 
qu’ils  multiplient  par  la  greffe,  sont  tous  de 
qualité  tout  à fait  inférieure.  Les  Poires 
sont  assez  grosses,  mais  très-aqueuses,  sans 
saveur.  Les  Pommes  sont  meilleures  et  de 
bonne  conservation,  mais  sont  cependant 
loin  d’égaler  nos  variétés  françaises. 

J’ai  rencontré  dans  les  montagnes  une 
variété  particulière  dont  les  fruits  petits 
ressemblent  assez  à nos  Pommets  d’api  ; 
ces  Pommes  sont  très-bonnes  à manger, 
mais  ne  se  conservent  pas.  Il  y en  a de  deux 
sortes,  l’une  à fruits  rouges  et  l’autre  à 
fruits  jaunes.  A l’époque  de  la  maturité,  ces 
arbres  sont  saccagés  par  les  ours  qui  mon- 
tent dessus  pour  en  manger  les  fruits  dont 
ils  sont  très-friands. 

L’agriculture,  ici,  comme  tous  les  autres 
arts,  est  tout  à fait  à l’état  embryonnaire, 
mais  comme  les  cultivateurs  ont  affaire  à 
un  sol  des  plus  fertiles,  leurs  récoltes  sont 
néanmoins  relativement  abondantes.  Une 
preuve  que  le  terrain  est  des  plus  riches, 
c’est  que  tous  les  ans  les  mêmes  plantes 
sont  semées  à la  même  place  et  jamais 
on  n’y  ajoute  le  moindre  engrais. 

Les  plantes  le  plus  cultivées  sont  : le 
Blé,  l’Orge,  le  Maïs,  le  Lin  et  le  Coton. 

La  plus  grande  partie  des  engrais  dont 
on  pourrait  disposer,  est  employée  comme 
combustible,  après  avoir  été  préalablement 
séchée  au  soleil  ; le  peu  que  l’on  garde 
est  pour  les  rizières. 

Pour  tout  outillage  agricole,  les  Cache- 


358  SÉANCE  DE  DISTRIBUTION  DES  RÉCOMPENSES  DE  LA 


miriens  n’ont  qu’une  mauvaise  charrue  toute 
en  bois  (fig.  64)  et  dont  le  soc,  en  forme  de 
triangle,  a l’angle  d’avant  garni  d’un  mor- 
ceau de  fer  pointu  de  la  grandeur  de  la  main. 

Cette  charrue  ou  araire  est  un  simple 
morceau  de  bois  courbé  à l’une  de  ses 
extrémités  et  s’adaptant  au  soc  au  moyen 
d’une  simple  mortaise;  l’autre  extrémité 
qui  est  droite  se  fixe  au  joug  au  moyen 
d’une  cheville  mobile.  Derrière  le  soc,  il 


SOCIÉTÉ» NATIONALE  D’AGRICULTURE. 

y a un  mancheron  simple  qui  sert  au 
laboureur  à guider  la  charrue,  ce  qu’il  fait 
avec  une  seule  main.  On  peut,  par  ces 
détails,  se  faire  une  idée  exacte  de  ces 
charrues  primitives,  étant  donné  qu’un 
enfant  de  douze  à quinze  ans  en  porte  très- 
facilement  deux  sur  son  épaule. 

L.  Boulet, 

Ancien  élève  de  l’École  d’horticulture  de  Versailles, 
directeur  des  cultures  de  S.  H.  le  Maharadjah  de 
Kashmir. 


SÉANCE  DE  DISTRIBUTION  DES  RÉCOMPENSES 

DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’AGRICULTURE  DE  FRANCE 


La  Société  nationale  d’agriculture  de 
France  a tenu  sa  séance  solennelle  de  dis- 
tribution des  récompenses  le  mercredi 
27  juin,  sous  la  présidence  de  M.  le  Ministre 
de  l’agriculture. 

Après  M;  Méline,  ministre  de  l’agricul- 
ture, M.  Dumas,  président  de  la  Société, 
apris  la  parole,  et  dans  un  discours 
aussi  remarquable  dans  le  fond  que  dans 
la  forme,  a retracé  l’histoire  des  princi- 
pales applications  de  la  science  à l’agri- 
culture. 

Nous  regrettons  que  le  cadre  de  la 
Revue  horticole  ne  nous  permette  pas  de 
donner  en  entier  l’admirable  discours  de 
M.  Dumas.  Parlant  de  la  crise  que  subit 
actuellement  l’agriculture  en  France  : 

Des  crises  ! dit  M.  Dumas,  il  y en  a pour 
tous  les  temps  et  pour  tous  les  peuples.  Tel  se 
croit  invulnérable  aujourd’hui  qui  sera  frappé 
demain.  Des  contrées  maintenant  en  ruines, 
l’histoire  nous  les  montre  florissantes  autre- 
fois, et  des  régions  jadis  désertes  se  couvrent 
sous  nos  yeux  d’une  population  nombreuse 
et  prospère. 

C’est  la  loi  de  la’  nature.  Tout  se  meut  et 
tout  change.  La  routine  seule  prétend  à l’im- 
mobilité. La  routine  ! cette  ennemie  de  la 
science,  qu’elle  nie,  et  de  la  pratique,  qu’elle 
ne  veut  pas  regarder,  ignorera  toujours  que 
supprimer  le  mouvement  pour  les  êtres  orga- 
nisés, c’est  la  mort;  pour  la  matière  brute, 
c’est  le  chaos.  Elle  ne  veut  pas  savoir  que  tout 
change  : besoins  des  consommateurs,  relations 
de  peuple  à peuple,  sources  de  profits,  moyens 
de  production;  qu’arrêter  le  mouvement  serait 
folie,  et  que  manier  le  gouvernail  quand  le  vent 
change,  de  manière  à en  tirer  avantage,  c’est  la 
sagesse  du  nautonier... 

J’ai  toujours  aimé  à rappeler  un  apologue 
chinois  toujours  de  circonstance.  Certain  voya- 


geur rencontre  près  d’un  puits  un  enfant  tout 
en  larmes  et  criant  la  soif;  surpris  de  voir 
entre  ses  mains  une  cruche  vide  munie  de  sa 
corde  : « Pourquoi  ne  cherches-tu  pas  à rem- 
plir ta  cruche,  lui  dit-il  Le  puits  serait-il  à 
sec  ? — Il  y a de  l’eau  dans  le  puits,  dit  l’enfant, 
mais  il  est  trop  profond.  — C’est  ta  corde  qui 
est  trop  courte,  nigaud,  cherches-en  une  plus 
longue  et  tu  boiras  à ton  gré.  » 

Au  temps  de  ma  jeunesse,  le  puits  de  la 
science  agricole  semblait  aussi  trop  profond, 
et  plus  d’un  pleurait  auprès  de  sa  cruche  vide. 
Dès  qu’on  se  fut  avisé  que  c’était  la  corde  qui 
était  trop  courte,  on  s’employa  de  toutes  parts 
pour  f allonger;  tous  les  jours,  on  l’allonge 
encore,  et  ces  cruches  qui  demeuraient  vides 
autrefois  se  remplissent  maintenant  d’une  eau 
limpide  et  saine,  puisée  aux  sources  mê^nes  de 
la  vérité. 

Quand  on  se  demandait  : Quelle  est  la 
structure  intime  du  tissu  des  plantes?  Com- 
ment se  forment  les  premiers  rudiments  de 
leurs  organes  ? l’œil  de  l’homme  restait  im- 
puissant devant  ces  mystères.  J’obéis  au  senti- 
ment de  la  justice  en  rappelant  que  nous 
devons  à deux  savants  français,  MM.  de  Mirbel 
et  Payen,  les  notions  exactes  que  nous  possé- 
dons à ce  sujet.  Pendant  leurs  longues  études, 
on  ne  les  entendait  jamais  se  plaindre  des 
difficultés  du  problème,  non  ! mais  de  l’insuffi- 
sance de  leurs  microscopes. 

Ils  en  changeaient  sans  cesse,  gardant  le 
meilleur  du  jour,  mettant  au  rebut  le  meilleur 
de  la  veille.  Ils  ne  disaient  jamais  avec  décou- 
ragement ; « Le  puits  est  trop  profond  ; » mais  ils 
répétaient  à chaque  nouvel  obstacle  : « La  corde 
est  trop  courte;  » et  ils  faisaient  appel  au  génie 
de  l’optique.  C’est  ainsi  qu’ils  ont  établi  sur 
une  base  certaine  la  science  de  l’anatomie 
intime  des  plantes  et  la  connaissance  de  la 
constitution  primordiale  de  leurs  tissus. 

Après  avoir  montré  les  progrès  dus  aux 


DU  CALORIQUE  CHEZ  LES  PLANTES.  359 


efforts  persévérants  de  MM.  Ghevreul,  Pas- 
teur et  Boussingault,  M.  Dumas  a terminé 
son  discours  par  cette  éloquente  péroraison  : 

Bons  laboureurs,  bonnes  ménagères,  vous 
que  nos  prix  et  nos  médailles  vont  signaler  à 
l’estime  publique,  puisse  notre  pays  vous  con- 
server longtemps  et  revoir  toujours  des  enfants 
faits  à votre  image!  Pendant  la  paix,  c’est 
vous  qui  lui  assurez  l’ordre  et  Tabondance  ; 
quand  vient  la  guerre,  vos  économies,  lente- 
ment amassées,  vont  remplir  le  trésor  des 
armées,  et  vos  fds  robustes  vont  grossir  les 
rangs  de  leurs  soldats.  Honneur,  respect  et 
protection  à l’agriculture  : elle  nourrit,  enri- 
chit, embellit  et  défend  la  patrie  ! 

Cette  lecture  terminée,  l’assemblée,  jus- 
qu’alors tenue  sous  le  charme  par  M.  Dumas, 
a fait  à l’illustre  président  de  la  Société  une 
véritable  ovation. 

M.  Barrai,  secrétaire  perpétuel,  a pré- 
senté ensuite  le  compte-rendu  des  travaux 
de  la  Société  depuis  la  dernière  séance 
publique,  et  il  a exposé  les  principales 
recherches  qui  ont  vu  le  jour  dans  ses 
séances. 

Après  ces  lectures,  les  récompenses 
décernées  par  la  Société  ont  été  procla- 
mées ; presque  toutes  sont  relatives  à des 
travaux  purement  agricoles  ; celles  qui  se 
rattachent  le  plus  particulièrement  aux  cul- 


tures spéciales  et  à l’horticulture  sont  les 
suivantes  : 

Objet  d'art  décerné  à M.  Aug.  Goffart, 
propriétaire-agriculteur  àBurtin  (Loir-et-Cher), 
pour  l’invention  de  l’ensilage  du  maïs  et  des 
autres  fourrages  verts. 

Grandes  médailles  d’or:  M.  Gayon,  profes- 
seur à la  Faculté  des  sciences  de  Bordeaux, 
pour  l’ensemble  de  ses  travaux  d’histoire  natu- 
relle agricole  ; — M.  Bayle,  pour  la  création 
de  vignobles  dans  les  sables  d’ Aigues-Mortes  ; 
— M.  E.-Abel  Carrière,  rédacteur  en  chef  de  la 
Revue  horticole^  pour  l’ensemble  de  ses  tra- 
vaux d’horticulture. 

Médailles  d’or  : M.  le  docteur  Frédéric 
Gazalis  et  M.  Gust.  Foex,  pour  la  traduction 
de  V Ampédographie  universelle  du  comte  José 
de  Rovasenda;  — M.  Morot,  vétérinaire. 

Médailles  d’argent  : M.  le  docteur  Plonquet, 
pour  ses  travaux  de  viticulture;  — M.  Fréchou, 
pour  ses  recherches  sur  le  mildeiv. 

C’est  avec  la  plus  vive  satisfaction  que 
nous  trouvons  dans  cette  liste  le  nom  de 
M.  Carrière.  Notre  excellent  co-rédacteur 
en  chef  de  la  Revue  horticole  a reçu  une 
grande  médaille  d’or  pour  l’ensemble  de 
ses  travaux  sur  l’horticulture  ; tous  ceux 
qui  ont  lu  ses  ouvrages  ratifieront  le  verdict 
de  la  Société  d’ Agriculture  de  France. 

Ed.  André. 


DU  CALORIQUE  CHEZ  LES  PLANTES 


On  peut  affirmer  que  les  plantes  jouissent 
d’un  calorique  qui  leur  est  propre  et  qui  se 
développe  plus  particulièrement  à certaines 
époques  de  leur  existence,  au  moment  de 
la  végétation  ou  de  la  fécondation. 

Expérience.  — Coupez  pendant  le  jour 
quelques  plantes  et  laissez-les  le  soir  fanées 
sur  le  sol.  S’il  gèle  faiblement  pendant  la 
nuit,  les  plantes  coupées  seules  gèleront  et 
seront  recouvertes  d’une  légère  couche  de 
glace,  tandis  que  celles  environnantes  ne 
souffriront  pas. 

Ceci  tient  à ce  que  les  unes  sont,  par  la 
mort,  privées  du  calorique  que  conservent 
celles  qui  sont  vivantes. 

Exemple.  — Les  plantes  chétives  sont 
toujours  les  premières  gelées,  jouissant  de 
moins  de  calorique  que  les  vigoureuses. 
Ainsi,  les  vieillards,  les  enfants,  les  malades 
sont  plus  sensibles  au  froid  que  les  jeunes 
gens  forts  et  robustes. 


Dans  une  serre  froide,  certaines  espèces 
de  plantes  gèlent,  tandis  que  d’autres  sont 
indemnes.  Cela  tient  à ce  que  les  premières 
ont  un  calorique  propre,  moins  élevé  que 
les  autres. 

Enfin,  parmi  un  carré  de  plantes  de  même 
nature,  haricots  ou  pommes  de  terre,  les 
unes  gèlent  tandis  que  d’autres  résistent, 
fait  dû  à ce  qu’elles  ne  sont  pas  toutes  dans 
les  mêmes  conditions  de  végétation.  Les 
unes,  plus  fortes,  ont  des  racines  plus 
profondes  et  puisent  en  terre  un  calo- 
rique plus  élevé,  qui,  par  la  conductibi- 
lité, se  transmet  jusqu’aux  extrémités  des 
tiges. 

Le  Tussilage  fragrans,  au  moment  de 
sa  végétation,  développe  un  calorique  assez 
fort  pour  faire  fondre  la  glace  et  la  neige 
autour  de  lui. 

La  fleur  de  certains  Arums  au  moment 
de  sa  fécondation  développe  une  assez  grande 


360 


EFFETS  DES  INONDATIONS  SUR  LES  PLANTES. 


chaleur  comme,  par  exemple,  VArum  Dra- 
cunculus. 

Les  plantes  ayant  la  vie  et  le  calorique. 


pourquoi  n’auraient- elles  pas  une  certaine 
sensibilité  ? 

CONFEVRON. 


EFFETS  DES  INONDATIOxNS  SUR  LES  PLANTES 


Bien  qu’une  longue  suite  d’observations 
ait  établi  la  périodicité  presque  régulière 
des  grandes  inondations,  il  est  facile  de 
remarquer  que  depuis  quelques  années  ces 
terribles  phénomènes  deviennent  de  plus  en 
plus  fréquents. 

Leurs  effets  atteignent  et  ruinent  un  grand 
nombre  de  personnes,  et  les  pépiniéristes 
qui,  en  recherchant  la  bonne  qualité  du 
sol,  s’établissent  toujours  de  préférence 
dans  les  vallées,  aux  bords  des  fleuves  ou 
rivières,  sont,  à chaque  inondation,  les  pre- 
miers atteints. 

Les  indications  pouvant  leur  faire  savoir 
quelles  sont  les  essences  les  plus  sensibles  à la 
submersion,  et  qu’ils  n’auraient  pas  encore, 
à leurs  propres  dépens,  appris  à connaître, 
leur  seront  toujours  utiles,  ainsi  qu’aux 
propriétaires  dont  les  parcs  et  jardins  sont, 
dans  certaines  de  leurs  parties,  exposés  aux 
inondations. 

Nous  traduisons  donc,  pour  nos  lecteurs, 
les  observations  suivantes  publiées  par  le 
Garten  Zeitung  : 

Les  inondations  d’hiver  sont  les  moins 
dangereuses,  pourvu,  bien  entendu,  qu’elles 
ne  durent  pas  trop  longtemps  et  qu’elles  ne 
déracinent  pas  les  plantes. 

Les  mêmes  arbustes  supporteront  plus 
facilement  un  mois  d’immersion  pendant 
l’hiver  qu’une  seule  journée  pendant  la  pé- 
riode de  végétation. 

La  résistance  est  très-différente  suivant 
les  espèces  ; ainsi  la  Vigne,  les  Pommiers, 
Pêchers,  Pruniers,  et  même  les  Asperges, 
peuvent  supporter  impunément  plusieurs 
semaines  de  submersion. 

Les  Cerisiers  sont  moins  robustes  ; les 
Groseilliers  à grappes  sont  très-sensibles, 
et  les  Groseilliers  épineux  encore  davan- 
tage. 

Parmi  les  arbres  et  arbustes  d’ornement, 
les  Lilas,  Amorphas,  sont  les  plus  sensibles; 
quinze  jours  de  submersion  même  l’hiver, 
et  seulement  à 50  centimètres  au-dessus  du 


sol,  suffisent  pour  les  tuer  complètement. 
Ensuite  viennent  les  Rihes,  qui  sont  dé- 
truits si,  au  printemps,  au  moment  où  les 
bourgeons  commencent  à se  développer, 
l’eau  les  recouvre  même  pendant  très-peu 
de  jours.  Les  Spirées  et  Seringats  sont  dans 
les  mêmes  conditions,  tandis  que  les  Chèvre- 
feuilles, Caraganas,  Symphorines,  Troènes, 
Aliziers,  Ormes,  Chênes  et  Frênes  peuvent 
supporter  une  inondation  de  longue  durée. 

La  robusticité  des  plantes  bulbeuses  et 
herbacées  sous  ce  rapport,  est  également 
variable.  Ainsi,  les  Jacinthes  périssent  immé- 
diatement; les  Tulipes  et  Crocus  résistent 
un  peu  plus  ; les  Asphodèles  et  les  Perce- 
Neige  ne  souffrent  aucunement. 

Ces  renseignements  sont  certes  très- 
intéressants  ; mais  il  est  nécessaire  de  les 
contrôler  et  de  les  compléter.  Nous  accueil- 
lerions avec  plaisir  ceux  que  nos  lecteurs 
voudraient  bien  nous  adresser  sur  ce  sujet, 
et  nous  les  publierons  après  les  avoir  ras- 
semblés et  classés. 

Telles  sont  les  principales  observations 
faites  sur  ce  sujet  en  Allemagne.  Nous 
avons  personnellement  constaté  en  France 
des  résultats  identiques,  auxquels  nous 
pouvons  faire  quelques  additions  et  modifi- 
cations. Ainsi,  nous  avons  remarqué  qu’un 
certain  nombre  de  Spirées  résistaient  à 
une  immersion  assez  prolongée,  tandis  que 
la  plupart  des  Papilionacées  arbustives  pé- 
rissent. Les  Baguenaudiers  succombent  tous 
rapidement.  Les  Sureaux,  si  rustiques  d’or- 
dinaire dans  toutes  les  situations,  se  décor- 
tiquent après  l’inondation  et  meurent  en 
quelques  jours. 

Nous  avons  aussi  remarqué  que  l’immer- 
sion ou  la  submersion  plus  ou  moins  com- 
plète produit  des  effets  fort  différents. 
De  nombreuses  espèces  souffrent  moins 
d’avoir  été  longtemps  sous  l’eau  en  totalité 
que  d’avoir  eu  seulement  une  partie  de  leur 
tige  immergée. 

Ed.  André. 


lmp.  Georgea  Jacob , — Orléani. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Le  temps.  — Pendant  tout  le  mois  de 
juillet  le  temps  a été  détestable  pour  la  cul- 
ture. En  effet,  peu  ou  pas  de  soleil,  pluies 
à peu  près  journalières  et  fréquemment 
répétées;  vents  parfois  très-grands  et  froids, 
température  basse  (jusqu’à  + 6 degrés  le 
matin).  En  un  mot,  un  temps  d’automne  et 
même  pas  très-beau.  Aussi  se  plaint-on  de 
toutes  parts;  l’agriculture  et  l’horticulture 
n’ont  pas  lieu  d’être  satisfaites  : la  Vigne, 
surtout,  qui  déjà  n’est  pas  très-bien  partagée 
sous  le  rapport  de  la  quantité,  laissera  pro- 
bablement beaucoup  à désirer  au  point  de 
vue  de  laqualité,  à moins  que  par  un  brusque 
revirement  l’état  général  ne  vienne  tout  à 
coup  changer  les  choses.  Ce  qu’il  y a de 
grave,  c’est  que  le  mal  paraît  s’étendre  sur 
une  grande  partie  de  la  France.  On  nous  a 
même  affirmé  que,  dans  le  département 
des  Vosges,  il  a neigé  abondamment  vers  le 
20  juillet,  ce  qui,  paraît-il,  n’était  jamais 
arrivé. 

Pêches  hâtives.  — Déjà,  l’année  der- 
nière, nous  avons  fait  ressortir  le  désaccord 
qui  existe  entre  les  opinions  des  horticul- 
teurs relativement  aux  caractères  généraux 
que  présentent  ces  Pêches,  et  combien, 
dans  l’intérêt  de  tous,  il  serait  urgent  de 
s’entendre.  C’est  surtout  au  sujet  de  l’adhé- 
rence de  la  chair  que  le  désaccord  nous 
paraît  exister  tout  particulièrement.  Qu’il 
s’agisse  à'Amsden^  d'Early  Beatrix^  de 
Précoce  Alexander , etc.,on  entend  soutenir 
et  affirmer  les  opinions  les  plus  contradic- 
toires. D’après  les  uns,  la  chair  est  libre, 
tandis  que  d’autres  soutiennent  qu’elle 
est  tout  à fait  adhérente.  Qui  a raison  ? 
Ainsi,  nous  avons  dégusté  des  Pèches 
Amsden  dont  la  chair  se  détachait  assez 
bien  du  noyau,  tandis  qu’un  de  nos  collè- 
gues nous  affirmait  que,  chez  lui,  cette 
variété  est  presque  immangeable,  tant  elle 
est  adhérente-tibreuse.  Mais  ne  pourrait-il 
se  faire  que  tous  aient  raison,  et  que  l’adhé- 
rence ou  la  non-adhérence  soit  un  peu  le 
fait  du  milieu  dans  lequel  les  Pêches  ont 
été  produites  ou  du  degré  plus  ou  moins 
grand  de  leur  maturité?  La  chose  nous 
parait  assez  probable.  Néanmoins,  comme 
ces  diversités  pourraient  aussi  provenir  de 

15  Août  1883. 


la  confusion  de  variétés  différentes,  nous 
engageons  vivement  tous  ceux  de  nos  lec- 
teurs qui  le  pourraient  à nous  faire  part 
de  leurs  observations  et,  afin  de  donner 
plus  de  valeur  à celles-ci,  de  bien  pré- 
ciser et  de  nous  indiquer  quelles  sont  pour 
chaque  variété  : la  forme  des  glandes 

{globuleuses,  réniformes  ou  nulles)  ; 2®  la 
forme  et  la  dimension  des  fleurs  {petites, 
grandes,  en  cuiller ons,  c’est-à-dire  campa- 
NULAGÉES  ou  ROSACi^Es).  C’est,  ci’oyons- 
nous,  le  seul  moyen  de  se  mettre  d’accord. 
Il  est  bien  entendu  que,  pour  arriver  à ce 
résultat,  nous  publierions  les  communica- 
tions qu’on  voudrait  bien  nous  faire. 

Translation  du  «Fleuriste  de  la 
Muette.  — Décidée  depuis  longtemps,  en 
principe,  la  translation  du  Fleuriste  de  la 
Muette  est  actuellement  résolue.  Le  Fleu- 
riste de  la  Muette  va  être  réorganisé  sur 
une  vaste  échelle,  dans  la  partie  du  bois  de 
Boulogne  appelée  ce  Parc-aux-Princes  » ou 
« Fonds-des-Princes  ».  Dans  sa  séance 
du  20  juillet,  un  conseiller  municipal, 
M.  Cernesson,  au  nom  de  la  cinquième 
commission,  a présenté  le  projet  de  délibé- 
ration suivant  : 

Art.  Ici’.  — Est  approuvé,  en  principe,  l’éta- 
blissement, au  Fonds-des-Princes,  du  Fleuriste 
de  la  ville  de  Paris. 

Cet  amendement  a été  adopté,  et  une 
proposition  contraire,  faite  par  MM.  Curé 
et  Marsoulan,  a été  rejeté.  Ajoutons,  que 
depuis  plusieurs  années,  on  fait  de  nom- 
breuses plantations  dans  la  nouvelle  créa- 
tion qui,  aujourd’hui,  après  la  délibéra- 
tion du  conseil  municipal,  va  entrer  dans 
une  période  d’activité  qu’elle  n’avait  pas 
connue  jusqu’ici. 

Le  Prunus  Jacquemonti.  — On  con- 
naît les  intéressantes  explorations  bota- 
niques accomplies  par  le  docteur  Aitchinson , 
dans  l’Afghanistan,  par  ordre  du  gouverne- 
ment anglais. 

Parmi  les  nombreuses  plantes  qu’il  a 
découvertes  ou  retrouvées,  on  remarque  le 
Prunus  Jacquemonti,  espèce  dédiée  à 
notre  infortuné  compatriote,  le  géologue 

16 


362 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Victor  Jacquemont,  et  qui  va  se  répandre 
bientôt  dans  les  jardins. 

Le  docteur  Aitchinson  ayant  envoyé  des 
graines  de  ce  Prunier  au  jardin  botanique 
de  Kew,  elles  ont  été  semées  et  les  jeunes 
plantes  en  provenant  sont  en  bonne  voie  de 
développement. 

Elles  forment  des  arbustes  compacts  à 
rameaux  minces,  branchus,  garnis  de  petites 
feuilles  dentées. 

Les  fleurs,  qui  sont  d’un  joli  rose,  appa- 
raissent en  même  temps  que  les  feuilles.  Le 
P.  Jacquemonti  se  couvre  ensuite  littérale- 
ment de  fruits  et  présente  alors  un  aspect 
particulier  très-ornemental,  qui  rendra  de 
véritables  services  pour  la  décoration  des 
jardins. 

Quantité  de  Pêches  annuellement 
récoltées  à Montreuil.  — D’une  manière 
générale  on  sait  que  la  culture  des  Pêchers, 
à Montreuil,  se  fait  depuis  longtemps  sur 
une  grande  échelle,  bien  que,  sur  ce  point 
encore,  on  n’ait  que  des  données  assez 
vagues.  Mais  ce  qu’on  ignore  et  ce  qui  n’a 
probablement  jamais  été  publié,  c’est  le 
nombre  considérable  de  Pêches  que  l’on  y 
récolte  chaque  année,  et  nous  étonnerons 
certainement  nos  lecteurs  en  disant  que  ce 
nombre  dépasse  quatorze  millions,  chiffre 
énorme,  qui  explique  le  surnom  de  ce  Mon- 
treuil-aux-Pêches,  5)  depuis  longtemps  porté 
par  cette  commune  suburbaine  de  l’est  de 
Paris. 

Table  générale  du  Botanical  Maga- 
zine. — Une  bonne  mesure  vient  d’être 
prise  par  les  éditeurs  du  Botanical  Maga- 
zine. 

Il  s’agit  de  la  création  d’une  Table  géné- 
rale, comprenant  l’indication  des  matières 
depuis  la  fondation  de  ce  recueil. 

On  sait  que  le  Botanical  Magazine,  fondé 
en  1787,  forme  aujourd’hui  107  volumes 
qui  sont  de  la  plus  haute  valeur  scientifique 
pour  les  botanistes  et  pour  les  horticulteurs 
soucieux  de  la  description  exacte  et  de  l’his- 
toire d’un  grand  nombre  de  plantes  cultivées. 

Bien  que  des  tables  partielles  de  cet  ou- 
vrage, embrassant  plusieurs  années,  aient 
un  peu  facilité  les  recherches,  on  se  figure 
aisément  le  temps  que  l’on  perdait  jusqu’ici 
à chercher  une  plante  d’une  table  à l’autre. 
Maintenant  cet  inconvénient  n’existe  plus, 
et  il  est  fort  à désirer  que  d’autres  re- 


cueils botaniques  et  horticoles  spéciaux 
entrent  dans  la  même  voie. 

Une  pluie  de  pollen.  — Chaque  jour, 
on  le  sait,  des  faits  surprenants  de  féconda- 
tion et  d’hybridation  se  produisent  entre 
plantes  séparées  les  unes  des  autres  par  des 
distances  considérables.  Le  pollen  de  cer- 
taines espèces  est  tellement  léger  qu’il  peut 
être  transporté  par  les  vents  à des  distances 
immenses. 

U American  Naturalist  vient  de  citer  à 
ce  sujet  un  exemple  curieux. 

En  avril  dernier,  un  botaniste  américain, 
en  récoltant  des  plantes  aquatiques  dans  un 
étang  de  l’Iowa  central,  constata  que  toute 
la  surface  de  cet  étang  était  recouverte  d’une 
couche  de  pollen  de  Pin. 

Aucun  doute  n’était  possible,  et,  cepen- 
dant, les  forêts  de  Pins  les  plus  rapprochées, 
et  qui  seules  avaient  pu  produire  une  quan- 
tité de  pollen  aussi  grande,  étaient  éloi- 
gnées d’environ  600  kilomètres  du  point  où 
l’observation  était  faite. 

Le  vent  avait  donc  fait  franchir  cette 
énorme  distance  aux  masses  de  pollen 
s’échappant  des  fleurs  des  Pins. 

Le  Phylloxéra  en  Angleterre. — L’An- 
gleterre est  aussi  envahie  sur  plusieurs 
points  par  le  Phylloxéra,  et  cela  malgré  la 
protection  d’abris  vitrés.  On  signale  que 
la  « Vinerie  » de  M.  Lightfort,  d’Acring- 
ton,  est  attaquée,  et  que  d’ici  peu  de  temps 
les  Vignes  qui  la  peuplent  seront  bien  cer- 
tainement détruites. 

Le  Plagioliron  Horsmani.  — M.  Baker, 
de  Kew,  vient  de  fonder  un  nouveau  genre 
dans  les  plantes  bulbeuses. 

Il  s’agit  du  genre  Plagioliron,  apparte- 
nant à la  famille  des  Amaryllidées,  voisin 
des  Eucharis,  et  qui  a été  introduit  des 
États-Unis  de  Colombie  par  M.  Horsman, 
de  Golchester.  Les  feuilles  du  P.  Horsmani 
sont  larges,  ressemblent  à celles  de  VEu~ 
charis  candida  et  se  développent  par  deux 
ou  trois  seulement  sur  chaque  bulbe.  Les 
tiges  florales  sont  érigées  et  se  terminent 
par  une  ombelle  de  fleurs  d’un  blanc  pur, 
larges  de  3 à 4 centimètres. 

D’après  les  dessins  et  renseignements 
publiés  à propos  de  cette  plante  nouvelle, 
que  nous  n’avons  pas  encore  été  à même 
d’examiner,  on  peut  dès  aujourd’hui  affir- 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


3G3 


mer  que  le  P.  Eorsmani  tiendra  une  bonne 
place  parmi  les  plantes  bulbeuses  sud-amé- 
ricaines. 

Phalænopsis  Sanderiana.  — Cette 
belle  Orchidée  nouvelle  vient  de  fleurir  à 
Tring-Park,  chez  M.  le  baron  N.  de  Roths- 
child, et  le  Gardeners'  Chronicle  en 
donne  ainsi  la  description  ; les  sépales, 
très-élégants,  et  les  pétales,  larges  et  d’une 
forme  admirable,  sont  lilas  clair,  tandis  que 
toutes  les  nervures  sont  lilas  foncé  et  produi- 
sent ainsi  un  réseau  charmant.  De  même,  le 
labelle  est,  en  dessous,  d’une  jolie  couleur 
lilas,  et  orange  vif  à sa  partie  supérieure. 
L’éperon  se  recourbe  d’une  façon  gracieuse. 

L’ensemble  de  la  fleur  est  ornemental  au 
suprême  degré,  et  le  P.  Sanderiana  tiendra 
une  des  premières  places  dans  les  collections 
d’Orchidées. 

Crème  de  Groseilles  à maquereaux. 

— La  production  des  Groseilliers  épineux  a 
été  cette  année  abondante  en  quelques  loca- 
lités, et  plusieurs  de  nos  lecteurs  noi»s  ont 
demandé  un  moyen  pour  varier  ou  prolonger 
la  consommation  des  Groseilles. 

Voici,  d’après  VObstgarten,  de  quelle 
manière  on  obtient,  en  Autriche,  une  crème 
délicieuse. 

Faire  bouillir  doucement  un  kilogramme 
de  Groseilles  à moitié  mûres,  bien  nettoyées, 
auxquelles  on  aura  ajouté  la  moitié  d’une 
petite  cuillerée  de  carbonate  de  soude,  un 
tiers  de  litre  d’eau,  une  pincée  de  sel, 
750  grammes  de  sucre  dans  lequel  on  aura 
mis  un  peu  d’écorce  d’orange,  trois  quarts 
de  litre  de  crème  sûre  et  trois  ou  quatre 
blancs  d’œufs. 

Lorsque  le  mélange  s’est  bien  accompli, 
on  le  verse  dans  des  récipients  plats,  et  si 
possible,  on  l’entoure  de  glace  avant  de  le 
consommer. 

A Vienne,  cette  crème  est  mangée  de 
préférence  avec  de  la  pâtisserie  aux  aman- 
des. 

Pudding  de  Roses.  — Encore  une  bonne 
recette  autrichienne  signalée  par  VObst- 
garten,  devienne,  et  permettant  d’employer 
utilement  ces  brillants  pétales  que  l’on  voit 
toujours  à regret  s’effeuiller  et  tomber  à 
terre. 

Prenons,  par  exemple,  225  grammes  de 
fleurs  à employer.  Il  faut  y mélanger 


125  grammes  de  farine  de  biscuit,  25  gram- 
mes d’amandes  douces,  12  jaunes  d’œufs 
battus  avec  250  grammes  de  sucre  en 
poudre;  remuer  en  tournant  pendant  quinze 
minutes,  et  en  même  temps  ajouter  trois 
huitièmes  de  litre  de  crème  douce,  une 
cuillerée  de  cannelle  et  une  pincée  de  sel. 

On  verse  alors  le  blanc  de  douze  œufs, 
battu  en  neige,  et  l’on  met  le  tout  dans  des 
moules  ou  plats  que  l’on  a préalablement 
enduits  de  beurre  à l’intérieur  et  saupou- 
drés de  farine  de  biscuit. 

On  fait  bouillir  au  bain-marie  pendant 
environ  une  heure  et  demie.  Le  pudding 
ainsi  obtenu  est  très-bon,  surtout  s’il  est 
accompagné  d’une  sauce  à la  crème. 

Le  Rosier  nouveau  : William  Francis 
Bennett.  — On  se  ferait  difficilement  une 
idée,  en  France,  du  chitîre  élevé  que  peut 
atteindre  Védition  d’une  seule  Rose  dans 
l’Amérique  du  Nord.  En  voici  un  exemple 
tout  récent  à propos  du  Rosier  W.  F.  Ben- 
nett. Ce  Rosier  thé  est  encore  peu  connu 
en  France.  Ses  fleurs,  qui,  par  leur  forme, 
ressemblent  à celles  du  Thé  Niphétos,  sont 
d’un  joli  cramoisi  brillant. 

Son  obtenteur,  M.  Bennett,  vient  d’en 
céder  l’édition  moyennant  la  somme  de 
20,000  fr.  à un  pépiniériste  de  Philadel- 
phie. Ce  chilfre  paraît  considérable,  mais  il 
s’explique  quand  on  connaît  la  vogue  si 
justifiée  dont  jouissent  les  fleurs  et  surtout 
les  Roses,  dans  les  grandes  villes  de  l’Amé- 
rique du  Nord. 

Le  commerce  des  fleurs  coupées,  pen- 
dant la  saison  d’hiver,  y prend,  nous  l’avons 
vü  (1),  des  proportions  surprenantes. 

Intoxication  par  les  graines  du  Kal- 
mia  latifolia.  — Nous  appelons  tout  par- 
ticulièrement l’attention  de  nos  lecteurs  sur 
la  lettre  suivante  que  nous  adresse  M.  Victor 
Guy  on,  jardinier  au  château  de  Brain,  par 
Decize  (Nièvre): 

En  qualité  d’abonné  de  la  Revue  horticole, 
je  viens  vous  signaler  un  fait  qui  peut  intéres- 
ser soit  l’horticulture,  soit  même  l’agriculture, 
et  que  je  n’ai  encore  vu  signalé  nulle  part; 

Un  massif  de  Kalmia  latifolia  ayant  été 
émondé  de  ses  corymbes  de  graines,  ses  débris 
furent  jetés  sur  un  tas  d’herbe  fauchée,  destinée 
à des  chèvres,  et  presque  toutes  en  mangèrent. 
Presque  toutes  aussi  furent  malades,  éprou- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  319. 


364 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


vèrent  de  violentes  contractions  d’estomac  et 
des  vomissements,  et  même  l’une  d’elles  en 
mourut  le  lendemain. 

Les  autres,  après  être  restées  deux  jours 
sans  vouloir  prendre  de  nourriture,  bavant  et 
faisant  des  efforts  d’estomac,  finirent  par  s’en 
tirer.  Une  seule,  sur  six,  qui  n’en  avait  proba- 
blement pas  mangé,  ne  fut  pas  incommodée. 

Le  Kalmia  contient  donc  un  principe  toxique 
qui  me  paraît  ignoré  jusqu’ici.  Je  vous  livre  le 
fait,  vous  autorisant  à en  faire  tel  usage  qui 
vous  conviendra. 

Victor  Guyon. 

Le  fait  dont  parle  M.  Guyon,  et  qui  peut 
être  de  la  plus  grande  importance  par  ses 
conséquences,  n’est  pas  le  seul  exemple 
d’intoxication  produit  par  la  famille  des  Eri- 
cacées,  et  principalement  par  le  groupe  des 
Rhododendrées.  Nous  rappellerons  que  le 
Rhododendron  ponticum  possède  des  pro- 
priétés vénéneuses  qui,  plusieurs  fois  déjà, 
ont  donné  lieu  à de  graves  accidents.  Mais 
personne,  jusqu’ici,  ne  paraît  avoir  signalé 
un  fait  analogue  dans  les  Kalmia.  Nous 
remercions  donc  tout  particulièrement 
M.  Guyon  de  son  intéressante  communi- 
cation, et  en  même  temps  nous  engageons 
les  hommes  spéciaux  à renouveler  ces  expé- 
riences, non  seulement  sur  les  Kalmia, 
mais  sur  plusieurs  autres  genres  d’Erica- 
cées. 

Encore  les  Wellingtonias  et  les 
oiseaux.  — A ce  sujet,  M.  de  Lavau  nous 
écrit  du  Château  de  Moncé  (Loir-et-Cher), 
la  lettre  suivante  : 

Je  ne  sais  si  les  moineaux  de  Loir-et-Cher 
sont  moins  douillets  ou  plus  braves  que 
d’autres;  mais  ce  que  je  puis  affirmer,  de  visu, 
c’est  qu’ils  n’ont  pas  peur  des  Wellingtonias. 
Je  possède  quatre  de  ces  arbres,  qui  me  vien- 
nent de  chez  MM.  Thibaut  et  Keteleer,  et  qui 
ont  maintenant  8 à 10  mètres  de  haut;  ils 
sont  plantés  juste  en  face  de  la  porte  de  mon 
jardinier,  qui  aftirme  y voir  sans  cesse  des 
oiseaux  divers,  tels  que  geais,  pies,  ramiers, 
rouges-gorges,  moineaux,  etc.  Toute  une  peitte 
bande  de  ces  derniers  y chantait  tout  à l’heure 
allègrement,  devant  moi,  autour  d’un  vieux 
nid  qui  n’est  pas  le  seul  dans  les  branches. 

Au  reste,  pourquoi  les  oiseaux  auraient-ils 
si  grand  peur  du  Wellingtonia  ? Le  feuillage 
de  ces  arbres  n’a  rien  de  bien  redoutable  ; et  si 
les  jeunes  rameaux  sont  garnis  de  feuilles 
aciculaires  assez  piquantes,  le  vieux  bois  est  à 
peu  près  inerme.  Quant  à l’odeur  résineuse, 
elle  est  beaucoup  moins  prononcée  que  chez 
beaucoup  d’autres  Conifères. 


Je  ne  sais  s’il  existe  des  arbres  sans  oiseaux  ; 
en  ce  qui  me  concerne,  j’en  doute  fort. 
VAhies  Pinsapo,  bien  autrement  hérissé  que  le 
Wellingtonia,  même  sur  le  vieux  bois,  est 
certainement  moins  fréquenté  que  celui-ci  par 
les  oiseaux,  du  moins  chez  moi  ; mais  je  trouve 
pourtant  dans  ses  branches  des  traces  irré- 
cusables de  leur  passage.  Les  Genévriers, 
malgré  leur  odeur  et  malgré  leurs  })iquants, 
ne  sont-ils  pas  recherchés  par  les  merles?  Il 
faudrait  voir  si  V Araucaria  imbricata  est  inha- 
bité. Malheureusement,  je  ne  le  possède  pas. 

Je  rappelle  à ce  propos,  en  abandonnant  les 
Conifères,  que  les  végétaux  les  plus  épineux, 
les  fouillis  de  Ronces  les  plus  épais,  les  Pru- 
nelliers, les  Robinias,  les  Gleditschias  les  plus 
féroces,  etc.,  n’effraient  pas  les  oiseaux. 

Mais  les  futaies  déplaisent  à plusieurs  de 
leurs  espèces  ; et  c’est  peut-être  à cause  de  la 
hauteur  même  de  ses  beaux  arbres  que  M.  Phi- 
lips-Thiollière  a pu  récemment  signaler  la  soli- 
tude silencieuse  qui  les  caractérise. 

Floraison  remarquable  d’iine  Orchi- 
dée. — On  admirait  récemment  en  Angle- 
terre, dans  les  serres  de  M.  Broome,  à 
Didsbury,  un  magnifique  exemplaire  fleuri 
de  Vanda  teres  Andersoni.  Celte  plante, 
de  forme  arrondie,  mesurait  environ  30 
de  diamètre  en  tous  sens.  Elle  portait  à la 
fois  250  épis  dont  la  plupart  étaient  composés 
de  6 fleurs.  On  peut  facilement  se  rendre 
compte  du  bel  effet  produit  par  cette  plante 
dont  la  floribondité  est  aujourd’hui  bien 
établie.  Le  Vanda  teres  type  est,  comme 
l’on  sait,  une  de  nos  plus  jolies  Orchidées  ; 
mais  elle  fleurit  trop  rarement.  Feu  M.  A. 
Rivière,  l’habile  jardinier  du  Luxembourg, 
à Paris,  avait  réussi  à le  cultiver  dans  des 
caisses  où  les  plantes  se  couvraient  de  fleurs 
chaque  année.  Voici  le  traitement  qu’il  em- 
ployait et  que  nous  résumons  d’après  l’ex- 
cellent traité  de  M.  le  comte  du  Buysson. 

((  Cette  belle  Orchidée,  aussi  régulière- 
ment florifère  que  n’importe  quelle  espèce, 
ne  consent  à montrer  ses  fleurs  que  si  elle 
a été  presque  complètement  épuisée  par 
une  longue  privation  d’humidité  et  par  son 
exposition  aux  premières  ardeurs  du  prin- 
temps. 

« On  l’empote  dans  un  panier  ou  un  pot 
rempli  de  grosses  mottes  de  terre  de 
bruyère  entremêlées  de  sphagnum,  et  on  la 
soutient  avec  des  tuteurs  de  bois  dur.  De 
novembre  à avril,  on  la  place  sur  une  ban- 
quette au  midi,  dans  le  coin  le  plus  sec  de  la 
serre,  sans  arrosements.  En  mars,  les 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


365 


feuilles  sont  ridées,  et  les  hampes  commen- 
cent à se  montrer.  Quand  elles  ont  atteint 
3 ou  4 centimètres  et  que  quelques  racines 
percent,  on  donne  les  premiers  bassinages, 
et  on  soustrait  la  plante  au  soleil  dès  que 
les  boutons  approchent  de  l’épanouissement. 
Alors,  on  remet  la  plante  dans  la  serre 
chaude  humide,  pour  qu’elle  puisse  consti- 
tuer des  pousses  vigoureuses,  condition 
essentielle  pour  la  floraison.  En  octobre,  on 
cesse  les  arrosements  pour  ne  les  reprendre 
qu’en  mars.  ï 

École  d’horticulture  de  Versailles. 

— L’École  nationale  d’horticulture  de  Ver- 
sailles fera  sa  rentrée  le  octobre  pro- 
chain. 

Les  jeunes  gens  qui  désirent  y entrer 
doivent  adresser  leur  demande  sur  papier 
timbré,  avant  le  septembre,  au  Préfet 
du  département  qu’ils  habitent.  Toutefois, 
pour  les  départements  de  la  Seine  et  de 
Seine-et-Oise,  ces  demandes  sont  adressées 
directement  au  Ministre  de  l’agriculture. 
L’examen  d’admission,  qui  porte  sur  les 
matières  de  l’enseignement  primaire,  a lieu 
le  15  septembre,  à la  Préfecture,  ou  au 
siège  même  de  l’École.  Les  candidats  qui 
ont  obtenu  le  certificat  d’études  primaires 
ou  le  certificat  d’apprentissage  d’une  École 
pratique  d’agriculture  ou  d’une  Ferme- 
École,  sont  dispensés  de  l’examen  d’admis- 
sion. 

Au  1er  octobre  prochain,  il  y aura  un 
certain  nombre  de  bourses  vacantes,  cha- 
cune d’une  valeur  de  mille  francs,  parmi 
lesquelles  : six  de  l’État  données  au  con- 
cours, quatre  du  département  de  la  Seine, 
deux  du  département  de  Seine-et-Oise,  etc. 
Les  candidats  qui  prétendraient  aux  bourses 
de  l’État  devront  adresser  leur  demande, 
avant  le  l^r  septembre,  au  Ministre  de 
l’agriculture.  Pour  les  autres  bourses,  il 
conviendra  de  s’adresser  aux  autorités  com- 
pétentes. 

déclamation  adressée  à la  Compa- 
gnie du  chemin  de  fer  du  Nord.  — En 

son  nom  et  en  celui  de  beaucoup  de  ses 
collègues,  M.  Henry  Châtenay,  pépiniériste 
à Doué-la-Fontaine,  vient  d’adresser  une 
réclamation  à la  Compagnie  du  chemin  de 
fer  du  Nord,  afin  d’obtenir  l’abaissement  de 
certains  tarifs  appliqués  par  elle  aux  pro- 
duits horticoles.  Notre  collègue,  à l’aide  de 


détails  dans  lesquels  nous  ne  pouvons 
entrer  ici,  et  qui  tous  sont  justement  fondés, 
démontre  à la  Compagnie  qu’en  accordant 
les  allègements  qu’il  demande,  elle  y trou- 
verait des  bénéfices,  en  même  temps  qu’elle 
favoriserait  l’horticulture. 

Nous  engageons  donc  tous  les  horticul- 
teurs et  les  pépiniéristes  à s’entendre  et  à 
agir  dans  le  même  sens  que  M.  Chatenay. 
Qu’ils  n’oublient  pas  ce  vieux  proverbe  : 
((  L’union  fait  la  force.  » Il  est  toujours 
vrai. 

Un  Rosier  à forcer  et  bon  pour  tous. 

— Ce  Rosier,  c’est  Gloire  de  Dijon. 
Aussi  est-ce  avec  raison  que,  dans  son 
numéro  du  1er  juillet  dernier,  le  Journal 
des  Roses  le  recommande  comme  oc  le 
meilleur  pour  palisser  sur  les  murs  ».  Et  si 
ce  Rosier,  qui  pousse  beaucoup,  devient  vo- 
lubile  et  peut  alors  être  palissé  pour  garnir 
les  murs,  rien  n’est  plus  facile  non  plus 
que  d’en  faire  des  plantes  naines  ou  demi- 
naines,  de  véritables  buissons  à l’aide  de  cer- 
tains traitements.  Nous  le  disons  : hon  pour 
tous,  parce  que  tout  le  monde  aime  les  Roses 
et  surtout  les  belles  Roses,  et  que  la  Gloire 
de  Dijon  est  une  des  plus  jolies  du  genre. 
En  effet,  sa  forme,  son  coloris  et  son  parfum 
la  placent  en  première  ligne.  Ajoutons  que, 
quelle  que  soit  la  forme  sous  laquelle  on 
dirige  le  Rosier  Gloire  de  Dijon,  il  est 
toujours  très-floribond. 

Remède  contre  les  punaises,  vulgai- 
rement « tigres  du  bois.  » - L’insecte 
dont  il  s’agit  est  connu  de  tous  les  arbori- 
culteurs ; son  nom  lui  vient  de  ce  qu’il 
s’applique  toujours  sur  les  écorces  ou  sur 
le  jeune  bois,  qu’il  suce  et  altère  et  où  il 
est  bientôt  recouvert  par  une  sorte  de 
carapace  qui  abrite  sa  progéniture.  On  a 
conseillé,  contre  cet  insecte,  le  badigeon 
des  écorces  avec  une  sorte  de  bouillie 
composée  d’un  épais  lait  de  chaux,  addi- 
tionné de  fleur  de  soufre.  Eh  bien!  cet 
amalgame  est  inefficace  ; même  il  semble 
protéger  les  acares.  En  effet,  il  nous  arrive 
journellement,  sous  les  plaques  de  cet 
enduit  qui  bientôt  forment  des  cavités  par 
suite  du  soulèvement,  de  trouver  de  nom- 
breuses générations  de  tigres  du  bois,  qui 
alors  se  développent  parfaitement.  Frappé 
de  ce  fait,  un  horticulteur  bien  connu  de 
Montreuil,  M.  François,  dit  « la  Verveine,  » 


366 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


eut  l’idée  de  substituer  au  soufre  la  nicotine, 
et  aussitôt  après  la  taille,  d’en  recouvrir 
le  bois  comme  on  le  fait  habituellement 
avec  un  lait  de  chaux.  Lorsque  la  chaux  est 
réduite  en  pâte,  il  y ajoute  un  peu  de  nico- 
tine, afin  de  liquéfier  le  mélange  qu’alors 
il  étend  à l’aide  d’un  pinceau  ou  qu’il 
lance  sur  toutes  les  parties  à l’aide  d’une 
seringue  ou  de  tout  autre  instrument  pro- 
pulseur ; pour  ce  dernier  cas,  il  va  sans  dire 
que  la  préparation  doit  être  plus  étendue 
d’eau. 

Depuis  qu’il  emploie  cette  substance, 
M.  François  ne  remarque  plus  aucun 
insecte  sur  ses  arbres. 

Conserves  de  Houblon.  — On  sait 
qu’en  Belgique,  en  Allemagne,  dans  l’Amé- 
rique du  Nord  et  dans  bien  d’autres  pays, 
on  consomme,  pour  remplacer  les  Asperges, 
les  jeunes  pousses  de  Houblon  qui  ont  une 
saveur  délicate,  un  peu  amère  peut-être, 
mais  qui  plaît  à beaucoup  de  personnes. 
Ces  jeunes  pousses  étant  d’ordinaire  bonnes 
à manger  au  moment  où  les  Asperges  se  dé- 
veloppent, on  a dû,  pour  en  profiter  plus 
longtemps,  chercher  les  moyens  d’en  faire 
des  conserves. 

UOhstgarten  signale  à ce  sujet  trois 
procédés  que  nous  recommandons  à ceux 
de  nos  lecteurs  qui,  ayant  dans  leurs  jar- 
dins des  tonnelles,  des  haies,  des  palissades 
garnies  par  du  Houblon,  désireraient  utiliser 
cette  plante  pour  l’alimentation. 

Le  moyen  le  moins  coûteux  consiste  sim- 
plement à placer  dans  du  sel  les  jeunes 
pousses  coupées  en  morceaux. 

La  dessiccation,  par  un  procédé  quel- 
conque, est  souvent  employée,  mais  il  ne 
faut  pas  soumettre  les  tiges  à une  trop  forte 
chaleur  qui  les  brûlerait,  étant  donnée  leur 
faible  consistance. 

La  conservation  dans  le  vinaigre  comme 
pour  les  Cornichons  est  aussi  très-usitée. 

On  consomme  de  différentes  manières 
les  jeunes  pousses  de  Houblon,  soit  fraîches, 
soit  conservées  : en  salade,  à la  sauce 
blanche,  frites  dans  le  beurre,  etc. 

La  lutte  contre  le  Phylloxéra.  — 

Pour  combattre  un  ennemi  aussi  redou- 
table, tout  doit  être  mis  en  œuvre  ; tous  les 
essais  ayant  donné  une  réussite  relative 
doivent  être  publiés,  afin  qu’ils  puissent  ser- 
vir de  bases  à de  nouvelles  recherches. 


A ce  propos,  signalons  les  intéressantes 
études  qui  viennent  d’être  faites  par  M.  le 
docteur  Fischer,  de  l’Université  de  Stras- 
bourg. 

M.  Fischer  a constaté  qu’à  l’aide  d’une 
méthode  qui  lui  est  personnelle,  l’emploi 
de  la  naphtaline  détruit  complètement  les 
insectes  sans  nuire  aux  plantes  auprès  des- 
quelles ce  traitement  est  employé. 

Au  cours  des  études  qu’il  a faites  l’année 
dernière  à Bordeaux,  ayant  soumis  à la 
naphtaline  quinze  pieds  de  Vigne  envahis 
par  le  phylloxéra,  M.  Fischer  put  constater 
publiquement,  en  arrachant  ces  Vignes  au 
mois  de  septembre,  qu’elles  étaient  débar- 
rassées des  insectes,  et  que,  depuis  l’opéra- 
tion qu’elles  avaient  subie,  de  nombreuses 
racines  s’étaient  développées.  La  naphtaline 
a encore  été  employée  avec  succès  contre 
les  altises  dans  les  Vignes. 

Ajoutons  qu’il  est  facile  de  se  procurer 
la  naphtaline;  elle  se  vend  à Paris  100  fr. 
les  mille  kilos.  Un  kilog.  suffit  pour  le  traite- 
ment d’un  pied  de  Vigne. 

Marrubium  Vaillantii.  — Au  sujet  de 
cette  espèce,  notre  collègue,  M.  B.  Verlot, 
nous  fait  l’intéressante  communication  que 
voici  : 

((  On  sait  que  le  Marrubium  Vaillantii, 
malgré  son  origine  parisienne,  est  une  des 
plantes  les  plus  rares  qui  existent,  et  peu 
d’herbiers  même  la  possèdent.  Recueillie 
une  première  fois  par  Vaillant,  l’illustre 
auteur  du  Botanicon  Parisiense,  ce  n’est 
qu’un  siècle  plus  tard  que  MM.  Cosson  et 
Germain  de  Saint-Pierre  en  retrouvaient 
quelques  pieds  qui  leur  permettaient  d’en 
faire  une  étude  complète  et  de  l’introduire 
dans  la  science,  en  la  dédiant  à leur  émi- 
nent précurseur  comme  auteur  de  la  Flore 
parisienne.  Depuis  elle  avait  échappé  à 
toutes  les  recherches,  et  c’était  toujours 
inutilement  qu’elle  était  demandée  par  les 
botanistes  français  et  étrangers  à leurs 
correspondants  parisiens.  C’est  donc  avec 
plaisir  que  nos  lecteurs  apprendront  que 
cette  lacune  va  être  comblée.  MM.  le  doc- 
teur Ed.  Bounet  et  Th.  Delacour,  ayant  eu 
la  bonne  fortune  de  rencontrer  le  Marru- 
hium  Vaillantii  à Fontainebleau,  M.  J.- 
B.  Yvon,  horticulteur,  44,  route  de  Châtil- 
lon,  à Malakoff,  en  a fait  des  multiplications, 
et  il  est  en  mesure  de  fournir  des  pieds  de 
cette  rarissime  Labiée  aux  amateurs  et  aux 


367 


FRUCTIFICATION  DU  PRUNUS  TRILOBA  (PRUNOPSIS  LINDLEYI). 


jardins  botaniques.  M.  Yvon  croit  même 
que,  grâce  à son  feuillage  découpé  et  son 
indumentum  blanc,  le  M.  Vaillantii  pour- 
rait être  introduit  dans  les  cultures  d’orne- 
ment. » 

Prochaines  Expositions  d’horticul- 
ture. — Du  samedi  8 au  mardi  il  sep- 
tembre* 1883,  la  Société  d’horticulture  et 
de  viticulture  des  Vosges  fera,  à Mirecourt, 
une  exposition  d’horticulture,  de  viticulture, 
ainsi  que  des  arts  et  industries  qui  s’y 
rattachent.  Les  personnes  qui  désireraient 
exposer  devront  en  faire  la  demande  au 
Président  de  la  Société,  ou  à M.  Vaudrey- 
Evrard,  horticulteur,  avant  le  25  août.  Le 
jury  se  réunira  le  samedi  8 septembre,  à dix 
heures  du  matin.  — Le  conseil  de  la  Société 
nationale  d’horticulture  de  France,  dans  sa 
séance  du  12  juillet  1883,  a décidé  que  I 


l’exposition  estivale  d’horticulture  aurait  lieu 
dans  la  deuxième  quinzaine  de  mai  1884. 
Nous  reviendrons  sur  cette  exposition 
aussitôt  que  le  programme  sera  paru.  — Une 
exposition  spéciale  de  Chrysanthèmes  d’au- 
tomne et  d’hiver  aura  lieu  à Birmingham 
les  21  et  22  novembre  prochain.  — Le 
16  septembre  1883,  la  Société  régionale 
d’horticulture  de  Vincennes  fera  à Saint- 
Mandé,  sur  la  place  de  la  Mairie,  une  Expo- 
sition d’horticulture.  Placée  devant  la  gare 
du  chemin  de  fer,  près  du  lac  de  Saint- 
Mandé,  par  conséquent  dans  la  plus  jolie 
partie  du  bois  de  Vincennes,  l’emplacement 
ne  pouvait  être  mieux  choisi  ; aussi  le  succès 
est-il  à peu  près  assuré.  Les  personnes 
qui  désirent  exposer  doivent  s’adresser  à 
M.  Chapuis,  secrétaire  général  de  la  Société, 
101,  rue  de  Fontenay,  à Vincennes. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


FRUCTIFICATION  DU  PRUNUS  TRILOBA  (PRUNOPSIS  LINDLEYI) 


Ce  bel  arbuste,  aujourd’hui  cultivé  avec 
prédilection  dans  tous  les  jardins,  vient  de 
mûrir  ses  fruits 'pour  la  première  fois  en 
Europe,  à ma  connaissance  du  moins.  Le 
fait  a eu  lieu  chez  un  de  mes  amis  et 
voisins  de  campagne,  grand  amateur  d’hor- 
ticulture, M.  le  docteur  Chaumier,  à Bléré 
(Indre-et-Loire). 

Cette  fructification  permet  d’élucider  un 
point  resté  jusqu’ici  obscur,  celui  de  la 
véritable  position  du  genre  auquel  appar- 
tient cette  espèce  dans  la  famille  des  Bo- 
sacées. 

La  question  était,  en  effet,  fort  contro- 
versée. 

Voici  comment  elle  se  résumait  jusqu’ici  : 

■ En  1856,  M.  R.  Fortune  introduisait 
l’arbuste  de  Chine  en  Angleterre.  L’année 
suivante,  le  docteur  Lindley  en  publiait  la 
description  dans  le  Gardeners  Chronicle  (1) 
et  le  nommait  Prunus  triloha.  Le  qualifi- 
catif était  inspiré  par  la  forme  des  feuilles, 
que  l’on  voit  parfois  porter  trois  lobes  plus 
ou  moins  distincts. 

Puis  la  plante  se  répandit  dans  les  jar- 
dins, où  elle  obtint  un  très  légitime  succès, 
d’autant  mieux  justifié  qu’elle  constituait 
une  charmante  espèce  de  plus  à floraison 
printanière,  et  qu’elle  était  parfaitement 
rustique. 

(1)  Gard.  Chron.,  1857,  pp.  2 J 6-218. 


Dès  1859,  le  P.  triloha  fut  importé  en 
France  et  en  Belgique.  M.  Ch.  Lemaire  le 
fit  connaître  en  1861,  dans  V Illustration 
horticole  (1).  En  Allemagne,  le  docteur  C. 
Kock  en  parla  dans  le  Wochenschrift  (2). 

En  1862,  M.  Carrière,  qui  cultivait  la 
plante  au  Muséum,  la  décrivit  à son  tour 
dans  la  Revue  horticole  (3),  dans  un  article 
intitulé  Amygdalopsis  Lindleyi,  tandis 
que  la  planche  qui  l’accompagnait  était 
libellée  : Prunus  triloha.  La  raison  de  cette 
différence  de  nom  venait  de  ce  que  M.  Car- 
rière, après  avoir  vu  les  jeunes  fruits, 
jusque-là  inconnus,  avait  pensé  pouvoir 
changer  le  nom  inscrit  sur  la  planche  déjà 
tirée,  et  créer  pour  cette  espèce  le  nouveau 
genre  Amygdalopsis.  D’autres  publications 
s’occupèrent  à leur  tour  de  cette  belle  in- 
troduction (4). 

Les  raisons  de  M.  Carrière  pour  justifier 
son  nouveau  genre,  étaient  celles-ci  : l’ar- 
buste possède  un  faciès  particulier  (port, 
bois,  feuilles  et  fleurs),  des  fruits  à car- 
pelles multiples,  hispides,  rappelant  ceux 
des  Amygdalus,  et  il  s’éloignerait  du  genre 
Prunier  pour  se  rapprocher  des  Amygda- 

(1)  ni.  hort.,  1861,  p.  308. 

(2)  Wochensch..,  1862,  p,  396. 

(3)  Rev.  hort.,  1862,  p.  91,  cwn  tab. 

(4)  Flor.  Serr.,  XV,  t.  1532,  p.  63.  — Gartenfî.^ 
1863,  pp.  53-54.  — Hort.  franç.,  1865,  1. 10. 


3G8 


FRUCTIFICATION  DU  PRUNUS  TRILOBA  (PRUNOPSIS  LINDLEYl). 


LÉES  VRAIES.  Sa  description  des  jeunes 
fruits  était  ainsi  conçue  : « Fruits  agrégés, 
réunis  jusqu’à  7 ou  8 au  sommet  d’un 
pédoncule  gros,  long  d’environ  un  centi- 
mètre, ovales,  parfois  ventrus,  d’un  roux 
foncé,  couverts  de  poils  gris  cendré  et  ter- 
minés par  le  style  qui  persiste  plus  ou 
moins  longtemps,  soit  en  totalité,  soit  en 
partie.  » 

Dans  le  même  journal,  plusieurs  années 
après  (3),  M.  Carrière  revint  sur  ce  sujet 
pour  ajouter  quelques  détails  complémen- 
taires à sa  première  description.  Il  établis- 
sait, tout  en  maintenant  son  genre  Amyg- 
dalopsis,  que  des 
fruits  agrégés  il  n’en 
subsistait  souvent 
qu’un  seul  par  l’avor- 
tement des  autres; 
que  , toutefois  , le 
plus  généralement,  il 
en  restait  plusieurs 
(il  compte  36  fruits 
pour  le  produit  de 
8 fleurs;  que  tous 
ces  fruits  jeunes  res- 
semblaient à des 
amandes,  à s’y  trom- 
per, et  qu’ils  tom- 
baient toujours  avant 
d’avoir  atteint  leur 
grosseur  totale.  A 
l’observation  qui  lui 
était  faite  que  le  bo- 
taniste Rœmer  avait 
déjà  établi  un  genre 
Amygdalopsis  (1), 

M.  Carrière  répondait  que  ledit  genre  s’ap- 
pliquait à des  Rosacées  d'Orient,  différant  à 
peine  du  genre  Amygdalus  et  très  dis- 
tinctes de  la  plante  de  Fortune,  et  il  n’ac- 
ceptait pas  davantage  l’opinion  de  MM.  Ben- 
tham et  Hooker  qui  ne  voyaient  dans  le 
genre  Amygdalopsis,  Carr.,  qu’une  forme 
monstrueuse  de  Prunus  (2). 

Les  choses  en  étaient  là  lorsque  survint 
la  fructification  dont  je  viens  de  parler,  et 
qui  permet  de  trancher  définitivement  le 
différend. 

Il  n’y  a plus  de  doute  à conserver  après 
l’examen  des  fruits  mûrs  : c’est  bien  à un 
Prunier  que  nous  avons  affaire.  Mais  ce 

(3)  Rev.  hort.,  1870-71,  p.  388,  et  1872,  p.  34. 

(1)  Rœm.,  Synops.  monngr.  Rosifl.,  p.  4. 

(2)  Benth.  et  Hook.,  Gen.  pl  , I,  p.  610. 


Prunier  est  extrêmement  curieux.  Il  forme 
une  sorte  de  chaînon  reliant  les  Abricotiers 
aux  Pruniers.  On  peut  s’en  rendre  compte, 
en  lisant  la  description  qui  va  suivre,  et 
que  j’ai  prise  sur  les  échantillons  envoyés 
par  M.  Chaumier,  dessinés  en  noir  en  at- 
tendant mieux  (fig.  65)  : 

Fruits  solitaires-  (par  l’avortement  des 
carpelles  dans  la  forme  monstrueuse  ou 
syncarpée),  pendants,  supportés  par  un  pé- 
doncule cylindrique,  un  peu  renflé  à la 
base,  long  de  5 millimètres;  drupe  glo- 
buleuse légèrement  oblongue,  longue  de 
15  millimètres,  large  de  12,  marquée  d’un 
léger  sillon,  à cavité 
pédonculaire  assez 
profonde,  à mucron 
apical  à peine  sen- 
sible ; peau  d’aspect 
glabre,  mais  en  réa- 
lité un  peu  rugueuse, 
parsemée  ^ de  poils 
courts  , argentés  , 
soyeux , plus  nom- 
breux au  sommet, 
ayant  à sa  maturité 
l’apparence  d’un  pe- 
titabricot  jaune  doré, 
coloré  de  rouge  foncé 
au  soleil  ; chair  peu 
épaisse,  de  la  con- 
sistance et  de  la  sa- 
veur de  l’abricot  mé- 
langé de  prune,  se 
détachant  tout  en- 
tière et  facilement  du 
noyau  resté  libre 
dans  la  cavité  centrale  ; noyau  très-gros  pour 
le  fruit  (O^^Oll  X 010),  globuleux  ou  à 
peine  oblong,  non  comprimé,  à base  un  peu 
saillante,  à sommet  surmonté  d’un  mucron 
court  et  aigu,  à surface  lisse  ou  très-peu 
rugueuse,  d’un  jaune  pâle  ocracé,  légère- 
ment sillonné  sur  la  surface  ventrale,  non 
caréné,  mais  pourvu  de  quelques  dépres- 
sions ponctiformes  de  chaque  côté  de  la  su- 
ture dorsale;  amande.... 

On  comprendra  que  cette  description, 
faite  le  15  juillet  dernier,  s’arrête  ex- 
clusivement  à l’amande  des  fruits,  qu’il 
semble  utile  de  semer,  pour  savoir  si  les 
les  plantes  qui  en  sortiront  ramèneront 
l’espèce  à son  type,  probablement  à fleurs 
simples. 

Pour  donner  au  lecteur  un  moyen  de 


Fig.  65.  — Fruits  mûrs  et  noyau  du  Prunus  triloba 
(Prunopsis  Lindleyi),  grandeur  naturelle. 


LES  ANÆCTOCIIILUS  ET  LEUR  CULTURE. 


369 


contrôle  sur  les  caractères  distinctifs  des 
genres  Prunier  (Prunus),  Abricotier  (Ar- 
meyiiaca)  et  Amandier  (Amygdalus),  ce 
dernier  sous  sa  forme  la  plus  compréhen- 


sive, c’est-à-dire  en  y rattachant  les 
Pêchers,  je  proposerai  le  tableau  synop- 
tique suivant  qui  rendra  facile  cette  petite 
étude  : 


CALYCE 

DRUPE 

NOYAU 

PRÉFEUILLAISON 

FLEURS 

; Prunus. 

Court,  obeonique 
ou  hémisphé- 
rique. 

Très  - glabre , sou- 
vent glauque. 

Comprimé,  oblong 
ou  ovoide,  lisse 
ou  rugueux. 

Convolutée,  feuil- 
les pubescen- 
tes. 

Pédicellées,  solitaires 
ou  géminées,  nais- 
sant avant  ou  avec 
les  feuilles. 

Arnieniaca. 

Court  ou  campa- 
nulé. 

Grosse,  veloutée, 
chair  pulpeuse. 

Lisse,  sillonné  au 
bord,  de  chaque 
côté. 

Convolutée,  feuil- 
les très  - gla- 
bres. 

Sessiles  ou  pédicellées, 
sortant,  avant  les 
feuilles,  de  boutons 
écailleux.  Ovaire  pu- 
bescent,  atténué  en 
style  court. 

\ Amygdalus  ou 
• Per  s ica. 

Court  ou  allongé. 

Souvent  grosse,  ve- 
lue, à chair  dure 
dans  les  espèces 
indigènes.  1 

Rugueux,  sillonné 
et  troué. 

Condupliquée. 

Subsessiles , naissant 
avant  les  fleurs,  de 
boutons  écailleux. 

Un  examen  attentif  de  la  description  de 
ces  fruits  montrera  combien  il  est  étrange 
de  constater  dans  un  Prunier,  indépendam- 
ment des  jeunes  fruits  hispides  précé- 
demment indiqués,  cet  aspect  et  cette 
demi-saveur  d’Abricot,  ce  noyau  globuleux 
si  gros,  proportionnellement,  sans  parler  du 
faciès  général  de  l’arbuste  (bois,  feuilles  et 
fleurs),  que  tous  les  horticulteurs  connais- 
sent (1). 

Je  crois  donc  que,  s’il  y avait  lieu  de 
faire  une  coupure  spéciale  dans  le  genre 
Prunus  pour  cette  singulière  espèce,  on 


serait  fondé  à créer  le  sous-genre  Prw- 
nopsis,  et  que,  le  qualificatif  triloha  ne 
s’appliquant  guère  qu’à  une  forme  acciden- 
telle des  feuilles,  il  conviendrait'de  proposer 
le  nom  plus  exact  de  Prunopsis  Lindleyi. 

Quoi  qu’il  en  soit,  le  fait  de  la  fructifica- 
tion normale  d’un  de  nos  plus  beaux  ar- 
bustes d’ornement  offre  un  vif  intérêt,  et  il 
est  permis  d’espérer  qu’il  sera  observé  pro- 
chainement dans  d’autres  localités,  suivant 
cette  sorte  de  loi  de  synchronisme  dont  les 
botanistes  et  les  horticulteurs  ont  constaté 
de  si  fréquents  exemples.  Ed.  André. 


LES  ANÆGTOGHILUS  ET  LEUR  CULTURE® 


Bien  que  ces  charmantes  plantes  restent 
toujours  basses,  presque  rampantes,  quels 
jolis  effets  elles  produisent,  par  leurs  feuilles 
si  brillamment,  si  diversement  colorées,  par- 
courues en  tous  sens  par  un  délicat  réseau 
de  veines  entrelacées  ! Leur  culture  est  peu 
facile,  et  il  arrive  quelquefois  que  les  Anœc- 
tochilus  souffrent  et  meurent,  sans  causes 
apparentes,  même  entre  les  mains  de  cul- 
tivateurs connaissnt  bien  les  soins  qu’ils 
réclament.  Les  fleurs  qu’ils  produisent  sont 

(1)  Ce  mélange  de  caractères  rapprochant  les 
Abricotiers  des  Pruniers  n’est  pas  un  fait  absolu- 
ment isolé.  Déjà  le  Prunus  pseudo-anneniaca, 
Ileild.  et  Sart.  (Boiss.,  Diagn.,  IL  p.  96),  qui  croit 
dans  l’Attique,  au  milieu  de  la  région  des  Sapins 
du  Mont  Parriès,  indique  une  espèce  qui  présente 
cette  particularité.  Le  Prunus  Munie,  Sieb.  et 
Zucc.,  de  la  Chine  ou  du  Japon,  est  encore  une 
singulière  forme  à examiner  de  plus  près,  et  il  est 
probable  qu’une  étude  approfondie  des  espèces  de 
l’extrême  Orient  révélerait  d’autres  surprises. 

Ed.  A. 

(2)  Traduit  du  Garden,  p.  53,  21  juillet  1883. 


insignifiantes.  C’est  pourquoi,  au  lieu  de  les 
soumettre  à des  alternatives  de  végétation 
et  de  repos,  ainsi  qu’on  le  fait  pour  provo- 
quer la  floraison  des  autres  Orchidées,  on 
les  maintient  continuellement  en  végétation, 
ce  qui  permet  de  les  multiplier  facilement. 
Depuis  plusieurs  années,  nous  cultivons  les 
plus  jolies  variétés  d' Anœctochilus  dans 
une  serre  où  la  température  ne  s’élève  jamais 
au-dessus  de  15»  5 pendant  les  nuits  d’hi- 
ver, et  dans  ces  conditions,  au  moyen  de 
quelques  petites  plantes,  nous  avons  eu 
rapidement  de  belles  terrines  de  40  centi- 
mètres de  diamètre  abondamment  garnies 
d’A.  setaceus , Lowi , xanthophyllus  et 
autres,  si  bien  portants  qu’ils  semblaient 
être  d’une  vigueur  et  d’une  robusticité  ex- 
ceptionnelles. Mais  aussitôt  que  nous  leur 
donnons  plus  de  chaleur  pendant  l’hiver,  et, 
par  suite,  moins  de  repos,  leur  vigueur  et 
leur  beauté  diminuent. 

Multiplication.  — Les  Anœctochilus  se 


370 


LES  ANÆCTOCHILUS  ET  LEUR  CULTURE. 


multiplient  au  moyen  de  boutures  faites  avec 
leurs  tiges  charnues,  que  l’on  coupe  par 
fragments  de  un  ou  deux  nœuds  chacun. 
La  section  doit  toujours  être  faite  au  milieu 
de  la  partie  de  tige  séparant  deux  nœuds,  et 
non  pas  près  d’un  nœud,  comme  on  le  fait 
pour  la  plupart  des  autres  plantes.  La  mul- 
tiplication peut  se  faire  à toute  époque  du 
printemps  et  de  l’été  ; mais  le  meilleur 
moment  est  celui  où  la  végétation  com- 
mence, c’est-à-dire  la  fin  de  février.  La 
terre  qui  leur  convient  se  compose  de  trois 
quarts  de  sphagnum  finement  haché  et 
d’un  quart  de  portions  fibreuses  de  bonne 
terre  de  bruyère,  avec  un  peu  de  sable  et 
quelques  petits  morceaux  de  charbon  de 
bois.  On  emploie  des  pots  de  trois  pouces, 
bien  drainés,  que  l’on  emplit  de  ce  com- 
post ; chaque  pot  reçoit  deux  ou  trois  bou- 
tures enracinées,  que  l’on  place  horizonta- 
lement, en  les  chevillant,  à la  surface  du 
compost,  dans  lequel,  bien  entendu,  les 
racines  seront  disposées  avec  soin.  On  presse 
légèrement  et  on  mouille  avec  modération. 

Les  potées  ainsi  préparées  sont  ensuite 
placées,  en  les  réunissant,  dans  de  grands 
pots  ou  plutôt  dans  des  terrines,  au  milieu 
d’un  mélange  de  sphagnum  et  de  sable,  et 
le  tout  est  mis  sous  cloches  ombrées,  aux- 
quelles on  donnera  un  peu  d’air,  dans  la 
partie  la  plus  abondamment  éclairée  de  la 
serre,  mais  à l’abri  des  rayons  directs  du 
soleil.  Une  température  de  18  degrés  pour 
la  nuit  et  23  degrés  pour  le  jour  suffira  en 
attendant  que  le  soleil  ait  plus  de  force. 

Quelques  semaines  après  l’empotage,  les 
bourgeons  se  développent  et  produisent  de 
petites  feuilles.  On  donne  alors  de  l’eau  de 
manière  à entretenir  toujours  le  sol  dans 
une  légère  humidité,  et  en  mai,  on  élève  la 
température  à 21  degrés  pendant  la  nuit,  et 
à 26  ou  30  degrés  pendant  le  jour.  Cette 
chaleur  diurne  est  facilement  obtenue  à cette 
époque,  au  moyen  du  soleil. 

Il  est  nécessaire  d’essuyer  la  buée  qui  se 
dépose  sur  les  verres,  afin  de  laisser  parve- 
nir aux  jeunes  plantes  le  plus  de  lumière 
possible,  condition  essentielle  pour  leur  as- 
surer de  la  vigueur.  C’est  de  préférence  près 
d’un  vitrage  perpendiculaire  au  sol,  à l’une 
des  deux  extrémités  de  la  serre  qu’il  con- 
vient de  cultiver  ces  ravissantes  Orchidées  ; 
mais  il  faut  éviter  avant  tout  qu’elles  puis- 
sent recevoir  un  courant  d’air  froid.  Le 
temps  nécessaire  pour  que  les  jeunes 


plantes  forment  une  touffe  abondante  avec 
les  jeunes  boutures  que  nous  avons  dé- 
crites, dépend  de  la  vigueur  des  pieds-mères 
sur  lesquels  ces  boutures  ont  été  prises.  Si 
les  tiges  en  étaient  épaisses,  trapues,  les 
boutures  développeraient  4 ou  5 feuilles 
avant  l’automne. 

Traitement  dfété.  — Ce  traitement  est 
simplement  la  continuation  de  celui  que 
nous  venons  d’indiquer  pour  le  printemps. 
Cependant,  lorsque  la  végétation  est  vigou- 
reuse, on  peut  arroser  un  peu  plus  ; mais  il 
faut  toujours  éviter  que  le  compost  se 
trouve  dans  des  conditions  trop  fortes,  soit 
d’humidité,  soit  de  sécheresse.  En  donnant 
de  l’eau,  si  quelques  gouttelettes  tombent 
et  restent  sur  les  jeunes  feuilles  incomplè- 
tement développées,  il  est  utile  de  les  épon- 
ger. 

Vers  le  milieu  de  septembre,  on  abaisse 
la  température  à 18  degrés  pendant  la  nuit, 
et  proportionnellement  pendant  le  jour;  à 
partir  de  cette  époque,  on  ombre  seulement 
lorsque  le  soleil  est  ardent.  De  novembre  à 
fin  février,  la  chaleur  doit  être  maintenue  à 
15  degrés  la  nuit,  et  à 18  ou  20  degrés  le 
jour. 

Lorsque  l’on  possède  un  bon  stock  de 
plantes  bien  portantes,  il  est  préférable, 
pour  les  multiplier,  au  lieu  de  faire  des 
boutures  comme  nous  l’avons  indiqué  plus 
haut,  de  les  séparer  à un  ou  deux  nœuds 
de  la  base,  au  printemps,  juste  avant  que 
la  végétation  commence,  en  ayant  soin  de 
renouveler  le  compost  dans  lequel  elles  se 
trouvent.  De  cette  manière,  on  obtiendra 
bien  plus  rapidement  de  belles  terrinées. 

Toutes  les  fois  que  les  Anœctochilus 
montrent  des  signes  de  floraison,  il  faut, 
aussitôt  que  possible,  supprimer  les  épis 
floraux  qui,  en  se  développant,  diminueraient 
la  vigueur  des  plantés  qui  les  portent.  Les 
Anœctochilus  sont  quelquefois  attaqués  par 
des  pucerons  verts  qui  envahissent  la  face 
inférieure  des  feuilles.  Il  faut  immédiate- 
ment donner  des  fumigations  de  tabac,  que 
l’on  répétera  jusqu’à  ce  que  les  plantes 
soient  débarrassées  complètement  de  ces 
insectes. 

Voici  une  description  sommaire  des 
espèces  ou  variétés  les  plus  jolies  et  les  plus 
distinctes  : 

A.  setaceus.  Espèce  croissant  vigoureu- 
sement. Feuilles  veloutées,  d’un  brun  rouge 
foncé,  sillonnées  en  tous  sens  par  un  réseau 


TULIPES 

de  veines  dorées  transparentes.  Plante 
originaire  de  Ceylan. 

A.  setaceus  cordatus.  Forme  provenant 
de  l’espèce  précédente,  mais  les  veines  sont 
d’une  couleur  plus  foncée.  (Java.) 

A.  xanthophyllus . Plante  très-jolie . et 
surtout  bien  distincte,  qui,  outre  un  réseau 
de  veines  des  plus  élégants,  porte  sur  la 
partie  médiane  de  ses  feuilles  une  large 
bande  brillante.  (Ceylan.) 

A.  mtermedius.  Jolie  variété  vigoureuse, 
à feuillage  élégamment  marqué,,  mais  les 
veines  sont  moins  brillantes  que  celles  de 
VA.  setaceus.  (Java.) 

A.  Lowi.  Espèce  distincte  et  vigoureuse. 
Feuilles  grandes,  larges,  veloutées,  d’un 
vert  presque  noir,  élégamment  sillonnées 
par  des  veines  d’un  vert  brillant.  Végéta- 
tion tardive.  (Bornéo.) 

A.  L.  virescens.  Forme  bien  caractérisée. 

TULIPES 

Si,  par  suite  des  nombreuses  déceptions 
qu’ils  éprouvent,  les  amateurs-collection- 
neurs de  Tulipes  diminuent  tous  les  jours, 
ce  qui  est  certainement  regrettable,  il  est 
un  fait  non  moins  fâcheux  pour  l’horticul- 
ture : c’est  l’abandon  de  plus  en  plus  grand 
que  l’on  fait  de  ces  plantes,  qui  pourtant 
sont  des  plus  jolies  et  auxquelles  on  ne 
pourrait  guère  faire  qu’un  seul  reproche  : 
de  ne  pas  durer  assez  longtemps  en  fleur. 
Cependant , même  sans  aucun  soin , les 
fleurs,  tant  à l’état  de  boutons  que  bien 
épanouies,  conservent  leur  beauté  pendant 
une  quinzaine  de  jours;  coupées  et  mises 
dans  l’eau,  elles  s’y  m'aintiennent  longtemps. 
Ajoutons  que  ces  plantes  ne  sont  pas  exi- 
geantes et  ne  demandent  presque  aucun 
soin,  et  qu’il  suffit  de  les  planter  dans  une 
bonne  terre  de  jardin  pour  que,  à partir  du 
15  avril,  elles  produisent  une  abondante  flo- 
raison. D’autre  part  encore,  leur  taille  naine, 
trapue,  uniforme,  permet  d’en  faire  des 
dessins  mosaïques  ou  des  bordures  du  plus 
bel  effet,  surtout  si  l’on  choisit  des  variétés 
à coloris  pur  et  bien  tranché.  Les  quatre 
suivantes  que  j’ai  récemment  admirées  chez 
MM.  Vilmorin,  rue  de  Reuilly,  m’ont  paru 
très-propres  à cet  usage.  Voici  les  noms 
et  l’indication  de  leurs  caractères  géné- 
raux : 

Prince  d' Orange.  — Plante  très-naine, 


ATIVES.  371 

Feuilles  d’un  coloris  pâle.  Jolie  plante. 
(Bornéo.) 

A.  Lobhi.  Plante  rare.  Grandes  feuilles 
d’une  belle  couleur  générale  foncée,  relevée 
d’une  façon  charmante  par  des  veines  plus 
pâles.  (Java.) 

A.  imperialis.  Très-jolie  espèce,  à feuilles 
d’un  vert  olive,  parcourues  de  veines  bril- 
lantes. 

A.  Daivsonianus.  Plante  érigée,  à végé- 
tation vigoureuse.  Feuilles  de  nuance  très- 
sombre.  Port  tout  à fait  distinct.  (Malacca.) 

A.  argenteus.  Espèce  bien  différente  de 
celles  à veines  dorées.  Feuilles  d’un  vert 
pâle,  sillonnées  de  veines  argentées.  (Brésil.) 

A.  a.  pictus.  Variété  ressemblant  à VA. 
argenteus  ; mais  les  feuilles  sont  parcou- 
rues, dans  leur  partie  médiane,  par  une 
bande  argentée  pâle. 

Ch.  Thays. 

HATIVES 

d’environ  12  à 15  centimètres,  à feuillage 
abondant  et  bien  développé,  au  centre  du- 
quel part  une  hampe  robuste  qui  se  termine 
par  une  fleur  un  peu  allongée,  d’un  très- 
beau  jaune  clair,  uniforme,  contrastant 
agréablement  avec  le  feuillage  qui,  bien 
((  étoffé,  » est  d’un  vert  glauque,  sensible- 
ment ondulé.  Outre  la  beauté  de  ses  fleurs, 
cette  variété  dégage  une  odeur  assez  forte, 
mais  d’une  excessive  suavité,  qui  rappelle 
celle  de  la  Giroflée. 

Archiduc  d'Autriche.  — Plante  robuste, 
à feuilles  dressées,  ovales -acuminées. 
Hampe  grosse,  ferme,  bien  droite,  attei- 
gnant 25  centimètres  de  hauteur,  terminée 
par  un  bouton  régulièrement  ovale,  à pétales 
d’un  rouge  foncé  vif  brillant,  bordés  d’une 
ligne  d’un  très-beau  jaune  d’or  qui  produit 
un  admirable  contraste. 

Duchesse  de  Parme.  — Hampe  d’environ 
20  centimètres  de  hauteur,  s’élevant  bien 
au-dessus  du  feuillage.  Fleurs  relativement 
petites,  à pétales  courtement  ovales,  légè- 
rement repliés  sur  les  bords,  d’un  rouge 
brique  vineux,  flammé  çà  et  là  de  rouge 
clair  orangé. 

Fottebacker.  — Vigoureuse  et  robuste, 
cette  variété,  dont  la  hampe  dressée,  raide, 
se  dégage  bien  du  feuillage,  atteint  de  20 
à 25  centimètres  de  hauteur.  Boutons  très- 
gros,  sphériques.  Pétales  courtement  et 


372 


BEGONIA.  MÂRTIANA  GRACILIS. 


largement  ovales,  d’un  blanc  pur.  Fleurit, 
comme  les  précédentes,  vers  la  fin  d’avril. 

Ces  variétés  ne  sont  pas  les  seules  méri- 
tantes, tant  s’en  faut  ; si  je  les  ai  choisies 
dans  un  grand  nombre  d’autres,  c’est  que, 
non  seulement  elles  fleurissent  à la  même 
époque,  mais  que  leurs  dimensions,  relati- 
vement naines,  présentent  une  petite  diffé- 


rence qui  permet  de  les  harmoniser  en  les 
plantant  ensemble,  et  en  les  plaçant  par 
opposition  de  couleur.  Celle  que  je  recom- 
mande surtout  aux  personnes  qui  aiment 
les  odeurs  fines  et  suaves,  c’est  la  variété 
Prince  d' Orange  qui,  sous  ce  rapport,  est 
ce  qu’on  peut  trouver  de  mieux. 

Guillon. 


BEGONIA  MARTIANA  GRACILIS 


Cette  plante,  qui  fut  découverte  au 
Mexique,  près  San  Luis  de  Potosi,  appar- 
tient au  groupe  des  Bégonias  tubéreux  et 
se  place  près  du  Bégonia  diversifolia, 
dont  elle  ne  paraît  être  qu’une  forme  plus 
compacte  et  dont  elle  a tous  les  carac- 
tères. Toutefois , au 
point  de  vue  ornemen- 
tal, elle  a le  grand 
avantage  sur  ce  der- 
nier d’être  beaucoup 
plus  compacte,  et,  par 
ses  nombreuses  rami- 
fications, de  former  un 
fort  buisson  dressé, 
ainsi  que  le  démontre 
la  figure  66.  Ses  prin- 
cipaux caractères  sont 
les  suivants  : 

Port  et  aspect  du 
Bégonia  diversifolia , 
mais  à ramifications 
beaucoup  plus  nom- 
breuses partant  dès  la 
base  de  la  plante  et 
strictement  dressées. 

Tiges  et  rameaux  suc- 
culents, glabres,  lui- 
sants, à écorce  d’un  vert 
herbacé  pâle.  Ramilles 
axillaires  naissant  ordi- 
nairement par  groupes. 

Feuilles  épaisses,  char- 
nues, fortement  iné- 
quilatérales, vertes,  lui- 
santes et  comme  ver- 
nies sur  les  deux  faces.  Fleurs  grandes, 
d’environ  5 centimètres  de  diamètre,  d’un 
rose  foncé  sombre  ou  même  vineux  ; les 
mâles  à 4 divisions  épaisses,  très-inégales; 
les  deux  externes  plus  grandes,  largement 
arrondies,  courtement  dentées;  les  deux  in- 


ternes très-petites,  elliptiques,  obovales. 
Etamines  nombreuses,  réunies  au  centre 
de  la  fleur  en  une  masse  subsphérique. 
Fleurs  femelles  suborbiculaires,  à 4 divi- 
sions étalées,  les  deux  extérieures  très- 
grandes,  les  trois  internes  largement  obo- 
vales, arrondies,  sou- 
vent inégales,  entières 
ou  à peine  très-cour- 
tement  dentées  ; stig- 
mates irréguliers,  con- 
tournés , d’un  jaune 
verdâtre;  ovaire  iné- 
galement triangulaire. 

Le  B.  Martiana  gra- 
cilis  se  cultive  en  serre 
tempérée  près  du  ver- 
re. Sa  culture  et  sa 
multiplication  se  font 
comme  celles  du  Be~ 
g onia  diversifolia. 
Comme  celui-ci  aussi, 
on  le  multiplie  par 
ses  tubercules  , qui 
sont  très-gros,  et  par 
les.  bulbilles  aériennes 
qu’il  donne  en  très- 
grande  quantité,  ca- 
ractère qui,  encore,  le 
rapproche  du  B.  di- 
versifolia. 

Isolé  et  planté  dans 
de  bonnes  conditions 
bien  aérées  et  en  plein 
soleil,  ce  Bégonia  cons- 
titue un  énorme  buis- 
son compact,  qui  atteint  1 mètre  et  plus 
de  hauteur  et  dont  la  floraison  n’est  inter- 
rompue que  par  les  gelées.  De  copieux 
arrosages  lui  sont  très-favorables. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  66.  — Bégonia  Martiana  gracilis, 
au  1/12  de  grandeur  naturelle. 


Reoue  lIo/‘ticoi.e 


Becjoii  la  Mali  ta  JL  a y/r/  ci  l is . 


(-■haltxra-,  ciel 


Ch'orrwuuÂy.  G-.S^oen^T-is. 


LA  MEILLEURE  DES  PÊCHES  A MONTREUIL. 


CULTURE  DU  GUNNERA  SCABRA. 


373 


LA  MEILLEURE  DES  PÊCHES  A MONTREUIL 


Au  lieu  de  <(  à Montreuil  » » nous  pour- 
rions, sans  nous  écarter  beaucoup  de  la 
vérité,  dire  oc  la  meilleure  des  Pêches  de 
France,  » si  on  excepte  toutefois  les  parties 
chaudes  du  Midi.  La  variété  dont  il  s’agit 
est  la  Grosse-Mignonne  hâtive  qui  paraît 
réunir  toutes  les  qualités  : l’arbre  est  d’une 
bonne  vigueur  et  excessivement  fertile  ; 
quant  aux  fruits,  ils  sont  gros,  beaux  et 
bons,  et  prennent  sur  presque  toutes  leurs 
parties  une  très- belle  couleur  d’un  rouge 
plus  ou  moins  intense  en  raison  de  la  puis- 
sance de  l’ensoleillement. 

Une  particularité  ajoute  encore  au  mérite 
de  la  Grosse-Mignonne  hâtive,  c’est  la 
succession  de  maturité  qui  se  montre  : sur 
un  même  arbre  on  peut  récolter  des  fruits 


à point  de  maturité  pendant  une  quinzaine 
de  jours,  et  si  l’on  possède  plusieurs  arbres 
un  peu  forts  qui  soient  placés  à toutes  les 
expositions  où  peuvent  croître  des  Pêchers, 
on  peut,  pendant  un  mois,  récolter  de  beaux 
et  bons  fruits. 

A part  les  variétés  hâtives  récemment 
introduites  à Montreuil,  telles  que  Amsden, 
Early  Beatrix,  Précoce  Alexander,  etc., 
dont  les  fruits  ne  sont  comparables  ni  par 
les  dimensions  ni  par  les  qualités  à ceux 
de  la  Grosse-Migyionne  hâtive,  celle-ci  est 
la  première  qui  mûrit  à Montreuil. 

Tout  cela  justifie  bien  le  titre  de  cet  ar- 
ticle, la  renommée  de  cette  variété  et  le 
grand  nombre  de  sujets  qu’on  en  plante 
chaque  année.  E.-A.  Carrière. 


CULTURE  DU  GUNNERA  SCABRA 


Parmi  les  plantes  vivaces  qui  font  l’orne- 
ment de  nos  jardins  paysagers  de  la  Basse- 
Bretagne,  le  Gunnera  scahra  est  certaine- 
ment l’une  des  plus  digues  d’attention. 
Cette  belle  plante  au  port  majestueux,  à 
l’ample  et  vert  feuillage,  aux  inflores- 
cences singulières,  n’est  cependant  pas  cul- 
tivée autant  qu’elle  mérite  de  l’être,  car  on 
ne  la  trouve  guère  qu’aux  environs  de  Brest 
ou  de  Cherbourg,  et  elle  n’atteint  des  pro- 
portions gigantesques  que  lorsqu’elle  est 
cultivée  sur  le  littoral.  Les  quelques  exem- 
plaires qu’on  remarque  dans  les  jardins  de 
l’intérieur  ne  réussissent  souvent  qu’à 
grand’ peine  et  la  cause  en  est  certainement 
due  à une  mauvaire  préparation  du  sol.  Par 
une  culture  bien  entendue,  on  pourrait  ar- 
river, dans  les  jardins  du  centre,  de  l’ouest 
et  même  du  midi  de  la  France,  à produire 
de  beaux  exemplaires.  Si  la  région  mari- 
time en  possède  quelques  forts  exemplaires, 
il  ne  faut  pas  croire  qu’il  n’y  a qu’à  les 
planter  et  ne  plus  s’en  occuper  ensuite  : la 
plante  est  assez  rustique  pour  supporter 
le  froid  de  nos  hivers  ; mais  elle  ne  tarderait 
pas  à disparaître  si  on  la  négligeait. 

Le  genre  Gunnera  est  connu  depuis  fort 
longtemps.  Molina  en  parle  dans  son  His- 
toire naturelle  du  Chili,  où  il  lui  donne  le 


nom  générique  de  Panke.  Linné  dédia  le 
genre  au  professeur  J.-Ern.  Gunner,  auteur 
de  la  Flora  norvegica  (1766-1772).  Ce 
genre  comprend  douze  ou  quinze  .espèces 
appartenant  presque  toutes  aux  côtes  occi- 
dentales de  l’Amérique  méridionale  et  aux 
îles  de  r.Océan  Pacifique  ; deux  seulement 
sont  originaires  de  l’Afrique  australe.  La 
majeure  partie  de  ces  espèces  ne  présentent 
que  peu  d’intérêt,  aussi  ne  les  trouve- 1- 
on  que  dans  les  herbiers  et  les  collections 
d’histoire  naturelle. 

Le  Gunnera  scahra,  R.  et  P.  (G.  Chïlen- 
sis,  Lamk.,  Panke  tinctoria,  Mol.),  qui  est 
l’espèce  la  plus  intéressante  du  genre,  croît 
généralement  dans  les  terrains  d’alluvion 
formant  les  estuaires  des  rivières  marines 
de  la  côte  occidentale  de  l’Amérique  méri- 
dionale, depuis  Caracas  jusqu’à  l’archipel 
de  Chiloé,  où  elle  couvre  parfois  des  sur- 
faces de  terrain  d’une  grande  étendue  (1). 

(1)  L’indication  de  M.  Blanchard  sur  la  patrie  du 
Gunnera  scabra  a besoin  d’être  complétée.  La 
plante  est  originaire  des  régions  tempérées-froides 
de  l’Amérique  du  Sud.  Au  Chili,  elle  peut  croître 
dans  les  terres  basses.  Mais  il  n’en  est  plus  de  même 
quand  on  s’approche  du  tropique  et  de  l’équateur. 
Là,  elle  doit  chercher,  par  l’altitude,  la  température 
que  la  latitude  lui  refuse.  C’est  ainsi  que  je  l’ai 
rencontrée,  dans  les  Républiques  de  l’Ecuador  et 


374 


CULTURE  DU  GUNNERA  SCÂBRA. 


Les  indigènes  exploitent  souvent  ses  souches 
pour  le  tannage  des  cuirs  et  pour  en  extraire 
une  couleur  noire  qu’ils  emploient  en  tein- 
ture. Un  de  nos  amis,  feu  M.  Sanzé,  qui  a 
habité  la  Polynésie  pendant  fort  longtemps, 
nous  disait  aussi  que  cette  espèce  est  très- 
recherchée  des  grands  propriétaires  du  Chili, 
du  Pérou  et  des  îles  de  l’Océan  Pacifique 
pour  l’ornement  de  leurs  jardins,  où  elle  est 
toujours  cultivée  au  premier  rang. 

Les  tiges,  très-grosses,  courtes,  un  peu 
rampantes,  se  terminent  par  un  gros  bour- 
geon entouré  de  larges  bractées  laciniées 
d’où  sortent  sept  à huit  gros  pétioles,  cou- 
verts d’aspérités,  de  près  de  2 mètres  de 
hauteur,  terminés  par  un  énorme  limbe 
arrondi,  palmatilobé,  très-nervé  et  très- 
rude,  qui  atteint  près  de  2 mètres  de  dia- 
mètre. A l’aisselle  de  chacune  des.  feuilles 
se  trouve  l’inflorescence  consistant  en  un 
colossal  épi  qui  arrive  à peser  jusqu’à  8 
ou  10  kilos,  et  garni  d’une  grande  quantité 
d’épillets  de  5 à 8 centimètres  de  long,  très- 
rapprochés,  portant  les  fleurs  qui  sont  insi- 
gnifiantes ; à l’automne,  ces  épillets  se 
couvrent  de  fruits  petits,  sessiles,  arrondis, 
bacciformes,  d’un  jaune  orange,  produisant 
un  effet  assez  original. 

Connu  depuis  fort  longtemps  des  bota- 
nistes, le  Gunnera  scuhra  ne  fut  introduit 
que  très-tard  en  Europe;  ce  n’est  que  vers 
1845  à 1850  qu’il  fit  son  apparition  à Paris 
et  se  répandit  de  là  dans  l’ouest  de  la  France 
par  Cherbourg,  où  l’on  commença  à le 
cultiver  en  pleine  terre.  Il  fut  transporté 
de  cette  localité  à Brest,  en  1859,  par 
M.  Besnou,  pharmacien  de  la  marine. 
Quoique  originaire  de  régions  plus  chaudes 
que  la  nôtre,  cette  espèce  est  assez  rustique 
pour  supporter,  sans  autre  couverture  que 
ses  feuilles,  le  froid  de  nos  hivers,  qui 
arrive  quelquefois  à 6 degrés  au-dessous 
de  zéro;  aussi  je  suis  persuadé  qu’avec  de 
bons  abris  elle  supporterait  bien  ceux  du 
climat  de  Paris. 

Dans  les  jardins  de  l’intérieur  de  la 

de  la  Nouvelle  Grenade,  croissant  en  abondance 
sur  les  hautes  montagnes,  dans  la  région  brumeuse 
qui  avoisine  les  Paramos , depuis  2,000  jusqu’à 
3,000  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Dans 
le  Quindio,  le  G.  scabra  forme  un  tapis  de  larges 
feuilles  sous  l’ombrage  des  grands  Palmiers  à cire 
{Ceroxylon  Anclicola)^  et  il  abonde  sur  tous  les 
contreforts  des  grands  volcans  de  l’Ecuador,  Chim- 
borazo,  Pichincha,  Gorazon,  où  je  l’ai  bien  souvent 
admiré  dans  la  plus  luxuriante  végétation. 

Ed.  André. 


France,  le  Gunnera  est  presque  partout 
cultivé  en  orangerie,  où  il  donne  une  ou 
deux  feuilles  de  la  largeur  d’une  feuille  de 
Chou,  ce  qui  se  comprend,  car  dans  ces 
conditions  la  plante  souffre  et  meurt  pour 
ainsi  dire  de  faim.  Quelques  personnes,  pen- 
dant la  belle  saison,  plongent  le  pot  dans  un 
bassin  ou  sur  le  bord  d’une  rivière  ; cette 
précaution  est  très-bonne,  la  plante  se  main- 
tient dans  cette  situation  tant  qu’elle  est  dans 
sa  période  végétative,  mais  lorsqu’elle  arrive 
à la  période  du  repos,  elle  pourrit  aussitôt, 
car  c’est  bien  une  plante  palustre,  mais  non 
une  plante  aquatique  ; elle  aime  le  bord 
des  eaux  courantes,  mais  ne  peut  s’accom- 
moder des  eaux  stagnantes.  D’autres  la 
mettent  en  pleine  terre  au  milieu  des  mas- 
sifs de  fleurs  qu’elle  décore  admirablement  ; 
cette  culture  est  celle  qui  paraît  le  mieux 
réussir  ; mais  lorsque  vient  l’automne,  on 
est  obligé  de  l’arracher  pour  la  rentrer  dans 
l’orangerie,  et  par  conséquent  de  couper  ses 
racines  pour  la  rempoter,  ce  qui  occasionne 
la  pourriture  et  entraîne  souvent  la  perte 
de  la  plante. 

Dans  notre  région,  les  pieds  qu’on  cul- 
tive dans  les  jardins  des  bords  de  la  mer 
n’exigent  pas  de  grands  préparatifs  pour 
être  mis  en  place.  Après  avoir  défoncé 
le  terrain  jusqu’à  1 mètre  de  profondeur, 
l’avoir  amendé  s’il  est  trop  léger  ou  trop 
compact  et  l’avoir  bien  engraissé  avec  du 
fumier  à demi-consommé,  il  n’y  a qu’à 
mettre  la  plante  en  place  et  la  laisser  pous- 
ser. Cependant,  si  la  sécheresse  devenait 
trop  longue  pendant  la  végétation,  on  ferait 
bien  d’arroser  copieusement  de  temps  à 
autre,  et  même  de  mêler  quelquefois  à 
l’eau  du  purin  ou  autres  engrais  liquides, 
surtout  au  printemps.  Le  froid  n’étant  pas 
très-rigoureux,  la  meilleure  manière  de 
garantir  ses  bourgeons  est  de  relever  les 
feuilles  par  dessus  sans  les  couper;  tout 
autre  moyen  de  préservation  serait  plutôt 
nuisible  qu’utile. 

Dans  les  jardins  de  l’intérieur  de  la 
France,  où  l’air  salin  n’existe  pas  et  où  le 
calcaire  fait  quelquefois  défaut,  il  faut  pro- 
céder d’une  toute  autre  façon.  Voici  la  mé- 
thode de  culture  que  nous  employons  et 
qui,  jusqu’à  présent,  nous  a parfaitement 
réussi.  A l’automne,  nous  préparons  un 
compost  égal  à la  moitié  du  volume  de  la 
terre  qui  doit  être  extraite  du  trou  que 
doit  occuper  la  plante.  Ce  compost  est  formé 


CULTURE  DU  GUNNERA  SCABRA. 


de  vieille  terre  de  dépotage,  de  bonne  terre 
de  potager,  si  celle  du  sol  n’est  pas  franche, 
de  sable  fin  de  rivière  ou  de  sable  coquil- 
lier  et  de  terreau  de  couches  bien  con- 
sommé, le  tout  par  parties  égales,  bien  mêlé 
ensemble  et  mis  en  tas.  Ensuite,  nous 
creusons  un  trou  de  2 mètres  carrés,  en 
profondeur  comme  en  largeur,  et  nous 
mettons  d’abord  dans  le  fond  de  ce  trou 
une  couche  de  10  centimètres  d’épaisseur 
de  ce  compost,  puis  une  couche  de  gazon 
de  la  même  épaisseur,  et  nous  continuons 
ainsi  jusqu’à  la  moitié  de  la  hauteur  du 
trou.  Arrivé  à ce  point,  nous  submergeons 
avec  du  purin  ou  de  la  matière  fécale  dé- 
layée dans  de  l’eau,  et  nous  attendons  que 
le  tout  soit  bien  imbibé,  ce  qui  demande 
sept  à huit  jours  ; passé  ce  temps,  nous  re- 
commençons à remettre  un  lit  de  compost 
et  un  lit  de  gazon  jusqu’à  20  centimètres 
du  bord  du  trou,  et  nous  arrosons  de  nou- 
veau. Au  bout  d’une  quinzaine  de  jours, 
lorsque  la  terre  a repris  son  aplomb,  nous 
fermons  le  trou  avec  la  terre  du  compost 
en  ayant  soin  de  l’élever  de  20  centimètres 
de  plus  pour  parer  à l’affaissement  qui  doit 
se  produire,  et  au  mois  de  mars  ou  d’avril, 
lorsque  les  gelées  ne  sont  plus  à craindre, 
nous  mettons  la  plante  en  place.  Il  va  sans 
dire  que  si  la  saison  était  sèche,  on  devrait 
arroser  convenablement  pour  faciliter  la  re- 
prise, et  dans  le  cas  où  les  gelées  tardives 
seraient  à redouter,  on  ferait  bien  de  cou- 
vrir la  plante  pendant  la  nuit,  soit  avec 
une  cloche,  soit  avec  un  pot  à fleurs  ren- 
versé. 

Cette  plante  aime  le  grand  air  et  l'humi- 
dité, mais  non  l’eau  salée  ; si  l’on  possède 
dans  son  parc  un  cours  d’eau,  on  choisit  de 
préférence  les  pelouses  bordant  ses  rivages 
pour  la  planter  ; comme  il  n’est  pas  néces- 
saire de  la  placer  directement  sur  les  bords, 
on  peut  très-bien  l’en  éloigner  à 10  ou 
15  mètres  et  la  placer  le  plus  possible  à mi- 
ombre,  mais  loin  des  arbres. 

L’exposition  qui  paraît  la  plus  convenable 
pour  le  Gunnera  est  le  Sud-Ouest  ; à dé- 
faut de  celte  exposition  on  le  placerait  au 
Sud-Est,  plutôt  qu’au  Midi,  afin  que  le  soleil 
ne  brûle  pas  les  feuilles,  ce  qui  en  enlè- 
verait‘la  beauté.  Si  l’on  manque  d’endroits 
frais  et  ombragés,  le  nord  d’un  mur  ou 
d’un  bâtiment  est  encore  préférable  au 
plein  vent.  Dans  ces  conditions,  les  arro- 
sements doivent  se  faire  souvent  et  copieu- 


875 

sement  et  l’on  se  trouverait  bien  de  recou- 
vrir le  sol  d’un  bon  paillis. 

Lorsqu’arrive  l’automne,  les  fruits  com- 
mencent à mûrir  et  les  feuilles  à jaunir  ; 
au  lieu  de  couper  ces  dernières  comme  on 
le  fait  assez  souvent,  il  est  préférable  de  les 
laisser  sur  la  plante,  et,  lorsqu’elles  sont 
sèches,  de  les  rabattre  sur  le  pied.  Si  le 
froid  n’est  pas  rigoureux,  cela  suffit  pour 
abriter  les  bourgeons  ; si,  au  contraire,  la 
gelée  est  intense,  M n’y  a qu’à  mettre 
par-dessus  le  tout  un  châssis  formé  de 
quatre  planches  et  recouvert  d’un  panneau 
vitré,  sur  lequel  on  entasse  soit  de  la  paille, 
soit  des  feuilles  sèches  ou  des  paillassons 
qu’on  retire  au  premier  dégel  et  lorsque  le 
temps  le  permet.  Si  on  laissait  la  plante 
couverte  pendant  tout  l’hiver,  ses  feuilles 
qui  se  développent  de  très-bonne  heure 
et  très-rapidement,  seraient  détruites  par 
les  gelées  printanières  quand  on  enlèverait 
l’abri.  Dans  les  pays  où  le  thermomètre  ne 
descend  pas  à 4 degrés  au-dessous  de  zéro, 
des  feuilles  ou  un  simple  paillasson  suffisent 
pour  la  garantir  du  froid. 

En  traitant  ainsi  le  Gunnera  scahra,  on 
peut  obtenir  dans  certaines  localités  de  l’inté- 
rieur de  l’ouest  ou  du  midi  de  la  France, 
des  exemplaires  presque  aussi  beaux  que 
sur  les  côtes  de  Normandie  ou  de  Bretagne. 

Le  Gunnera  se  multiplie  ordinairement 
par  la  division  des  touffes  ou  par  boutures 
qui  se  font  en  coupant  les  ramuscules  qui 
poussent  le  long  de  ses  tiges,  et  qu’on  plante 
dans  de  petits  godets  placés  ensuite 
sous  cloche  en  serre  tempérée,  ou  sous 
châssis  pour  faciliter  la  reprise  ; l’hiver,  on 
les  tient  enserre  tempérée,  jusqu’à  l’époque 
où  on  doit  les  mettre  à la  pleine  terre  pour 
être  traitées  ensuite  comme  les  plantes- 
mères. 

En  Bretagne,  lorsque  les  froids  sont  tar- 
difs, cette  espèce  mûrit  souvent  ses  graines 
et  se  ressème  d’elle-même  parmi  le  gazon  ; si 
l’hiver  est  doux,  les  jeunes  plants  le  pas- 
sent facilement  sans  abri  et  deviennent 
plus  beaux  que  ceux  qu’on  est  obligé  de 
rentrer  en  serre.  Par  ce  moyen,  on  obtient 
des  plantes  beaucoup  plus  vigoureuses  que 
celles  provenant  de  bouture  ou  de  division 
des  touffes.  Lorsqu’on  fait  un  semis,  il  est 
toujours  préférable  de  le  faire  en  plein  air, 
en  bonne  terre  franche  de  potager  et  le 
long  d’un  mur  exposé  au  midi.  On  laboure, 
puis  on  sème  les  graines  comme  on  le  ferait 


376 


UN  HÉLIOTROPE  GÉANT. 


de  toute  autre  plante;  ensuite  on  foule 
la  terre  sans  les  enterrer  et  on  les  recouvre 
d’un  léger  paillis  de  fumier  sec  ou  de 
mousse  ; on  bassine  légèrement  et  souvent 
si  la  chaleur  est  forte.  Lorsque  les  plan- 
tules  commencent  à lever,  si  le  soleil  est 
trop  vif,  on  aura  soin  d’ombrer,  soit  avec  une 
claie  un  peu  claire,  soit  avec  des  branches 
garnies  de  feuilles  qu’on  retire  sitôt  que  la 
chaleur  est  passée,  et  lorsque  la  fin  d’août 
arrive,  on  laisse  les  jeunes  plants  en  liberté. 
A l’approche  des  froids,  on  couvre  les  semis 
d’un  châssis  vitré  qu’on  appuie  sur  le  mur 
en  forme  de  serre,  et  au  printemps  suivant, 
lorsque  les  gelées  ne  sont  plus  à craindre, 
on  les  repique  soit  en  pots,  soit  en  pépi- 
nière, en  attendant  leur  mise  en  place. 

Sous  le  nom  de  G.  manicata,  M.  Linden 
a introduit  dans  les  cultures,  en  1867,  une 

UN  héliot; 

Les  faibles  dimensions  sous  lesquelles, 
dans  les  cultures,  on  voit  ordinairement  les 
Héliotropes,  sont  loin  de  donner  une  idée 
de  celles  que  ces  plantes  peuvent  acquérir, 
ainsi  que  des  services  considérables  qu’on 
pourrait  en  retirer,  au  point  de  vue  de  la 
décoration  permanente  des  serres,  ainsi  que 
de  la  confection  des  bouquets,  pendant  à 
peu  près  toute  l’année.  Mais  ce  qu’on  ignore 
aussi,  c’est  que,  même  chez  nous,  on  peut 
obtenir  des  sujets  d’une  force  relativement 
considérable  et  dont  on  n’a  probablement 
pas  d’idée.  En  voici  un  exemple  dont  nous 
devons  la  connaissance  à M.  Constant  Jollet, 
horticulteur  à Saint-Jean-d’Angély  (Cha- 
rente-Inférieure), qui  nous  écrivait  le  24  mai 
dernier  : 

Voici  les  détails  que  vous  m’avez  demandés 
au  sujet  de  mon  Héliotrope  en  arbre. 

Il  est  planté  en  pleine  terre,  dans  une  serre 
dont  la  température  varie  entre  8 et  10  degrés 
centigrades.  La  plate-bande  dans  laquelle  il  se 
trouve  est  remplie  de  terre  de  jardin  sur  une 
épaisseur  de  50  centimètres,  la  surface  est 
garnie  de  charbon  de  forge  passé  à la  claie. 
Le  pied  est  à une  distance  de  35  centimètres 
d’un  bassin,  et  il  couvre  une  surface  de 
8 mètres  carrés,  c’est-à-dire,  2 mètres  de  lon- 
gueur sur  4 mètres  de  largeur  ; son  tronc  est 
élevé  de  90  centimètres  au-dessus  du  niveau  du 
sol  ; sa  circonférence  est  de  28  centimètres.  Il 
est  âgé  de  vingt-huit  ans,  a été  planté  il  y a 
seize  ans  dans  la  place  qu’il  occupe  aujour- 


autre  espèce  originaire  du  Brésil  méridiona- 
qui  a beaucoup  de  rapport  avec  le  G.  scahra, 
mais  qui  en  diffère  cependant  au  point  de 
vue  botanique.  Nous  avons  fait  tous  nos 
efforts  pour  la  cultiver  à la  pleine  terre  ; 
elle  ns  nous  a jamais  donné  que  de  mauvais 
résultats,  d’où  nous  concluons  que  cette  es- 
pèce est  plutôt  propre  à orner  les  endroits 
humides  des  serres  tempérées  ou  des  jardins 
d’hiver,  que  nos  jardins  paysagers. 

Enfin  en  1880,  nous  avions  reçu  de  M.  Gué- 
rard  de  la  Quesnerie,  médecin  de  la  marine, 
le  G.  magellanica,  Lamarck,  petite  espèce 
qui  paraît  s’accommoder  assez  bien  de 
notre  climat  breton,  mais  qui  sera  plutôt 
une  plante  pour  orner  les  rocailles  humides 
qu’une  espèce  de  haut  ornement. 

Blanchard. 


OPE  GÉANT 

d’hui;  il  est  resté  en  pot  jusqu’à  l’àge  de 
douze  ans. 

Quant  à sa  variété,  je  ne  puis  rien  affirmer; 
tout  ce  que  je  puis  dire,  c’est  que  les  fleurs 
sont  pâles  (ce  qui  est  probablement  dû  à 
l’exposition  où  elle  est  placée)  ; ce  qui  le 
démontre,  c’est  que  les  fleurs  qui  sortent 
quelquefois  par  un  vasistas  qui  se  trouve 
au-dessus  de  la  plante,  sont  d’une  teinte 
violacée.  L’inflorescence  ombelloïde  est  très 
forte.  C’est  probablement  une  variété  qui, 
aujourd’hui,  ne  doit  se  trouver  que  très-rare- 
ment dans  les  cultures.  Quant  à la  floraison, 
elle  est  très-abondante  et  incessante  ; d’une 
année  à l’autre,  nous  pouvons  fournir  de 
l’Héliotrope  en  fleur  et,  malgré  que  nous 
fassions  beaucoup  de  bouquets,  il  y a tou- 
jours des  fleurs  qui  se  perdent.  Sur  la  plate- 
bande,  au-dessous  de  la  plante,  je  place  des 
Broméliacées  qui  se  plaisent  très-bien  : mais 
l’ennui  est  que  les  feuilles  de  l’Héliotrope  qui 
se  détachent,  nécessitent  de  fréquents  net- 
toyages. 

On  a pu  voir,  par  ce  qui  précède,  que  la 
plante  dont  il  s’agit  mérite  bien,  en  effet, 
le  qualificatif  que  nous  lui  avons  donné. 
Mais  ce  n’est  pas  tout,  et  de  ceci,  nous 
pouvons  tirer  cet  enseignement  que.  dans 
toutes  les  localités  où  la  vente  des  fleurs 
coupées  présente  quelque  avantage,  il 
pourrait  être  lucratif  de  planter  quelques 
pieds  d’Héliotrope,  dans  une  serre  sinon 
très- chaude,  au  moins  tempérée,  et  de 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’iIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


377 


leur  laisser  acquérir  de  grandes  propor- 
tions, parce  qu’alors  on  pourrait  en  obtenir 
des  fleurs  pendant  tout  l’iiiver.  Dans  ce 
cas,  pour  augmenter  les  chances  de  pro- 
duction hivernale,  on  devrait  éviter  de 
fatiguer  les  plantes  pendant  l’été.  Pour 
cela,  on  arroserait  peu  pendant  cette  sai- 
son, afin  de  ne  pas  surrexciter  la  végé- 
tation, et  l’on  pourrait  même  enlever  les 
boutons  au  fur  et  à mesure  qu’ils  se  mon- 
treraient. Il  va  sans  dire  que  pendant  toute 
cette  saison,  on  donnerait  beaucoup  d’air  et 


même,  si  possible,  qu’on  enlèverait  les 
châssis  de  manière  à ce  que  les  plantes 
soient  tout  à fait  à l’air  pendant  l’été. 
Quant  à la  taille,  elle  se  bornerait  à la  sup- 
pression des  parties  mortes,  épuisées  ou 
difformes  ; pourtant  il  conviendrait,  vers  la 
fin  de  l’été,  de  faire  une  taille  raisonnée,  de 
manière  à obtenir  du  jeune  bois  pour 
l’hiver,  saison  où  la  production  des  fleurs 
doit  être  aussi  abondante  et  aussi  soutenue 
que  possible. 

E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  i2G  JUILLET  1883 


Apports.  — Au  comité  de  culture  pota- 
gère, un  seul  présentateur  ; M.  Berthaud, 
jardinier  cà  Rungis,  qui  avait  envoyé  une  cor- 
beille de  Haricots  dits  de  Bagnolet,  remar- 
quables par  les  dimensions  considérables  des 
gousses,  ainsi  que  des  Choux-fleurs  Leïior- 
mand,  à pied  court,  qui,  pour  la  saison, 
étaient  remarquablement  beaux. 

Au  comité  d' arhoricidture  fruitière,  M.  Re- 
père, de  Montreuil,  présentait  hors  concours 
une  corbeille  de  Pèches  très-belles.  Deux  autres 
membres  du  comité  : M.  Gharolais,  rue  de  Ja- 
vel, 296,  et  M.  Chevallier  (Gustave),  de  Mon- 
treuil, présentaient  : le  premier,  une  douzaine 
de  Pèches  Early  Rivers,  variété  qui,  de  toutes 
les  hâtives  connues,  est  la  plus  grosse.  Elle  ne 
manque  pas  non  plus  de  qualité.  Malheureu- 
sement elle  est  peu  colorée,  ce  qui  pour  la 
vente  est  un  grand  défaut.  — M.  Chevallier  (G.), 
outre  de  très-beaux  Iruits  de  cette  même  va- 
riété de  Pêche,  présentait  : R quelques  fruits 
des  variétés  suivantes  : Précoce  Alexander, 
Précoce  argentée,  deux  variétés  nouvelles,  plus 
un  beau  fruit  de  Grosse  Mignonne  hâtive,  pro- 
duit exceptionnel  venu  sur  un  vieil  arbre 
malade  ; 2«  une  corbeille  de  Cerises  Morelto 
de  Charmeux,  de  toute  beauté  et  de  première 
grosseur.  C’est  une  variété  tout  aussi  tardive 
que  la  Belle  Magnifique  dont,  au  reste,  elle  a 
un  peu  les  caractères  généraux.  — Mesde- 
moiselles Chrétien  présentaient  des  Cerises  de 
la  variété  Belle  de  Sceaux  et  d’une  autre 
vai'iété  qu’elles  désignaient  sous  le  nom  de 
« Mei'ises  tranches  » et  qui,  grosses  et  d’un 
noir  très-foncé,  servent,  dans  certains  pays,  à 
faille  du  kirsch. 

Au  comité  de  foriculture,  présentation  par 
j\l.  Godefroy,  d’Argenteuil,  de  l’ameaux  fleu- 
ris d’un  Glaïeul  nouveau  nommé  Gladiolus 
Kewensis,  dont  les  tleui's  assez  grandes  sont 
d’un  rouge  cocciné  exti'èmement  vif  qui  pi'oduit 


un  ti’ès-bel  effet.  Malheureusement,  ces  fleurs 
sont  mal  faites.  Toutefois,  cette  espèce  pourrait 
pr'obablement  être  utilisée  avec  avantage  pour 
faire  des  hybridations.  — D’auti'es  pi’ésenta- 
tions  étaient  faites  : par  M.  Decus,  de  Nanterre, 
un  beau  pied  en  fleurs  de  Cattleya  Mossiæ.  — 
Par  AR  Ghantrder,  de  Bayonne,  deux  variétés 
de  Coleus  qu’il  a obtenus  de  semis,  plantes 
naines  et  ti'ès-robustes,  par-aît-il,  qui,  malgrù 
leur  aspect  jaune  foncé,  ne  souffrent  nullement 
même  des  plus  gr’andes  clialeur-s.  — Par 
M.  Tabar,  horticulteur  à Sar'celles,  des  fleurs 
coupées,  bien  pleines,  de  Pétunias,  i*emar’- 
quables  par  les  foranes  et  les  coloras  variés.  — 
Par  M.  Régnier,  horiiculteur  à Fontenay-sous- 
Bois,  un  pied  en  fleurs  d’un  nouveau  Dendro- 
bium de  la  Gochinchine,  qui  a été  nommé 
D.  draconis.  Res  fleui’s  blanches  ont  les  divi- 
sions inférieures  marquées  de  rouge  foncé.  — 
Par  M.  Bleu,  horticulteur,  avenue  d’Italie,  48  : 
1»  un  pied  iVÆchmea  Glaziovi,  espèce  bi’ési- 
lienne,  robuste,  qui,  malgré  le  fr^oid  exception- 
nel de  cette  année,  a fleura  en  plein  air;  2»  une 
cor’beille  d’ür'chidées  l’emai’quables  par  la  for'ce 
et  la  bonne  culture  des  plantes.  Pai’mi  elles  se 
trouvait  une  nouveauté  qui,  par  sa  beauté  et  ses 
car'actères  intermédiaires,  attir’ait  vivement  l’at- 
tention ; c’est  le  Cattleya  calumnata,  Ed.  An- 
(h’é,  hybride  des  G.  amethystoglossa  et  Acklan- 
diæ  dont  il  a pris  les  car’actèi’es  généi'aux.  Ra 
plante  est  naine,  compacte  et  paraaît  devoir  être 
très-floribonde.  Enfin,  M.  Ravallée  avait  appordé 
de  son  radie  Arboretum  de  Segr^ez,  des  échan- 
tillons en  tleui's  des  espèces  suivantes  : !<>  Ve- 
ronica  linearifotia,  plante  l’ustique  et  très-flo- 
rabonde  qui  supporde  parfaitement  l’hiver  à 
Segi’ez  ; ses  feuilles  longues  sont  extrêmement 
étroites,  on  pouiaaait  même  dir'e  ténues  ; quant 
à ses  fleurs  elles  sont  blanches,  disposées  en 
nombreux  épis  dans  le  genre  des  espèces  de  la 
Nouvelle-Zélande  auxquelles  elle  se  l’attache. 


378 


CORRESPONDANCE.  — VIGNES  TÜRERCULEUSES  A TIGES  ANNUELLES. 


Il  présentait  en  outre  des  échantillons  de 
Clématites  dont  voici  les  noms  : Yiorna^  Fre- 
monti,  Davidiana  (1),  coccinea  et  Sargenti. 
Au  sujet  de  ces  plantes  et  invité  par  la  Société, 
M.  Lavallée  youlut  bien  donner  des  explica- 
tions pleines  d'intérêt  sur  leurs  caractères  gé- 
néraux, faire  ressortir  les  avantages  qu’elles 
peuvent  présenter  pour  l’horticulture , leur 
synonymie,  etc.  Sur  ce  dernier  point  il  fit  re- 
marquer que  la  Clematis  coccinea  est  la  même 
que  celle  qui  a été  décrite  et  figurée  dans 
la  Revue  horticole,  sous  le  qualificatif  Pit- 
cheri  (12).  Or,  il  ne  paraît  pas  bien  démontré  à 
M.  Carrière  que  cette  synonymie  soit  juste  ; 


il  est  porté  à croire  qu’il  y a là  deux  formes 
d’un  même  type,  et  que  celle  présentée  par 
M.  Lavallée,  à fleurs  beaucoup  plus  fortes  et 
tout  aussi  belles  que  celle  figurée  par  la  Revue, 
est  préférable  au  point  de  vue  ornemental. 
M.  Lavallée  avait  aussi  apporté  des  rameaux 
fleuris  du  Rohinia  setnperflorens , variété 
qu’avec  raison  il  recommande  et  dont  il  fait 
ressortir  le  mérite.  C’est  encore  M.  Carrière 
qui,  dans  la  Revue  horticole,  a décrit  cette 
plante,  dont  il  a fait  connaître  l’origine  et  à 
laquelle  il  a donné  le  qualificatif  semperflo- 
rens.  {Revue  horticole,  1875,  p.  191.) 


CORRESPONDANCE 


M''A.  G.  (Seine-et-Oise).  — Le  genre  Bégonia 
est  si  nombreux  aujourd’hui,  qu’il  est  tout  à 
fait  impossible,  sur  quelques  mots  de  descrip- 
tion d’une  espèce  ou  variété  quelconque,  d’en 
dire  le  nom. 

Quant  à votre  Agératum,  ce  n’est  autre  chose 
que  la  variété  à feuilles  panachées  de  l’espèce 
mexicaine  A.  cœruleum,  Desf.  Cette  variété, 
dont  vous  désirez  savoir  le  nom,  est  VAger. 
cœruleum  ou  cœlestinum  foliis  variegatis. 

àB  F.  G.  (3,615).  — La  plante  dont  vous 
nous  avez  envoyé  un  échantillon  est  le  Metro- 
sideros  tomentosa,  l’une  des  belles  espèces  du 
genre.  Elle  n’est  pas  délicate,  est  très-flori- 
bonde  et  s’accommode  d’une  serre  tempérée. 

Mr  J.  L.  (Cuba).  — Nous  n’avons  pas  vu 
l’article  dont  vous  nous  parlez,  de  sorte  qu’il 
nous  est  impossible  de  répondre  à la  question 
que  vous  nous  adressez. 

Mr  A.  S.  (Rhône).  — Il  n’est  pas  indispensable 
({ue  les  boutures  soient  munies  d’un  œil  à leur 
base  ; le  plus  souvent  même  les  racines  se  déve- 
loppent en  dehors  de  l’œil  ou  talon.  Pendant 


i longtemps  l’on  avait  cru  qu’il  y avait  à la  base 
de  l’œil  une  sorte  de  plexus  qu’on  avait  com- 
paré à une  réunion  de  fdets  nerveux,  lesquels, 
par  une  transformation,  devaient  donner  nais- 
sance à des  racines;  aujourd’hui  on  sait  le  con- 
traire, c’est-à-dire  que  beaucoup  de  boutures 
s’enracinent  aussi  bien  et  même  mieux  lors- 
qu’elles n’ont  par  de  talon.  Pourquoi?  La  pra- 
tique démontre  le  fait,  mais  la  science  ne  l’ex- 
plique pas. 

NB  J.  C.  (Landes).  — Voici  les  adresses  de- 
mandées : M.  Armand  Gonthier,  horticulteur  à 
f’ontenay-aux-Roses  (Seine);  — M.  Yvon,  hor- 
ticulteur, 20,  route  de  Châtillon,  Paris-Mont- 
rouge. 

Mr  A.  G.  (Seino-et-Oise.)  — La  plante. que 
l’on  trouve  dans  les  cultures  sous  le  nom  de 
Gnaphalium  lanatum  n’appartient  même  pas 
à ce  genre;  c’est  VRelichrysum  petiolatum, 
PC.  Elle  est  originaire  du  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance. G’éstune  plante  sous-frutescente  qui  ré- 
clame l’orangerie  pendant  l’hiver,  sous  notre 
climat,  du  moins. 


VIGNES  TUBERCULEUSES  A TIGES  ANNUELLES 


Où  est  la  vérité  sur  les  Vignes  tubercu- 
leuses à tiges  annuelles  ? 

Lorsque,  pour  la  première  fois,  il  a été 
question  de  ces  Vignes,  on  a d’abord  nié, 
sinon  leur  existence,  du  moins  quelques- 
uns  de  leurs  caractères. 

On  a dit,  par  exemple,  que  ces  plantes 
n’avaient  pas  des  tiges  annuelles.  Plus  tard, 
et  après  avoir  reconnu  le  contraire,  on 
s’est  rejeté  sur  les  Raisins,  en  soutenant 
qu’ils  ne  pouvaient  produire  du  vin.  Au- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1867,  p.  99. 

(2)  Id.,  1878,  p.  10. 


jourd’hui  on  a reconnu  que  cette  objection 
n’est  pas  fondée,  et  qu’on  peut,  des  Vignes 
tuberculeuses,  obtenir  du  vin,  sinon  très- 
bon,  du  moins  potable  et  que  l’on  peut 
transformer  en  excellent  vinaigre.  Quant 
à produire  beaucoup  de  Raisin,  le  fait  est 
également  hors  de  doute;  et  tout  récem- 
ment on  en  avait  encore  une  preuve  par  un 
envoi  fait  de  Saïgon  à MM.  Vilmorin,  de 
grappes  énormes  et  de  toute  beauté,  tout  à 
fait  comparables  à celles  de  nos  belles 
variétés  européennes  : l’une  d’elles  mesurait 
près  de  30  centimètres  de  longueur  sur  un 


VIGNES  TUBERCULEUSES  A TIGES  ANNUELLES. 


379 


diamètre  de  dimension  presque  semblable, 
et  pesait  près  d’un  kilogramme. 

Les  Vignes  tuberculeuses  de  la  Cochin- 
chine  sont-elles  identiques  à celles  qu’on  a 
découvertes  au  Soudan  ainsi  que  dans  quel- 
ques autres  parties  de  l’Afrique  centrale  ? 

Bien  que  toutes  les  apparences  soient 
pour  l’affirmative,  on  ne  peut  pourtant  l’as- 
surer d’une  manière  absolue.  Mais  ce  qui 
paraît  à peu  près  certain,  c’est  que  toutes 
ces  Vignes,  dans  lesquelles  il  se  trouve  assu- 
rément des  variétés,  se  rattachent  à un 
même  groupe  dont  les  caractères  généraux 
sont  analogues,  sinon  identiques,  ce  que 
démontrent  les  nombreux  échantillons  ve- 
nant de  diverses  contrées  et  que  nous  avons 
eu  occasion  d’examiner.  C’est  aussi  l’opinion 
d’un  homme  compétent  en  cette  matière,  de 
M.  René  de  Saint-Foix,  Président  de  la  So- 
ciété d’horticulture  de  Marseille,  qui,  à la 
date  du  31  août  1882,  en  réponse  à une  lettre 
que  nous  lui  avions  adressée,  nous  écrivait  : 

...  J’ai  reçu  les  graines  de  Vignes  du  Sou- 
dan, directement  d’un  de  mes  parents  qui  est 
à la  tête  d’un  comptoir,  })rès  du  Niger. 

J’ai  fait  en  mars  un  premier  semis,  qui  a 
manqué,  puis  un  second  en  mai  qui  a parfaite- 
ment réussi.  C’est  ce  dernier  qui  a été  photo- 
graphié par  mon  fils,  au  commencement  de  ce 
mois,  et  dont  je  vous  envoie  une  épreuve.  De 
la  base  du  pot  jusqu’à  la  cime  des  plantes 
la  hauteur  varie  entre  30  et  40  centimètres. 

Je  n’ai  jamais  vu  de  Raisin  de  cette  espèce  ; 
on  m’avait  expédié  une  bouteille  de  vin  fait 
avec  ce  Raisin;  malheureusement,  elle  ne  m’est 
pas  parvenue.  On  m’avait,  du  reste,  prévenu 
que  c’était  une  sorte  de  vinaigre  qu’on  buvait 
étendu  dans  beaucoup  d’eau. 

J’ai  sous  les  yeux  des  graines  de  la  Vigne  de 
Gochinchine,  de  la  Vigne  de  Lécard,  et  de 
celles  d’une  Vigne  de  Madagascar,  que  j’ai 
reçues  directement. 

En  comparant  ces  quatre  espèces  on  remar- 
que une  analogie  bien  évidente,  qui  tend  à 
prouver  que  partout,  dans  la  zone  tropicale,  on 
retrouve  cette  Vigne  tuberculeuse  qui  pousse  à 
l’ombre,  ou  sous  bois;  si  elles  avaient  un  mé- 
rite réel,  il  y a longtemps  qu’il  eût  été  signalé. 
Ceci  n’est  qu’une  opinion  toute  personnelle. 

àles  Vignes  ont  déjà  des  commencements  de 
tubercules.  J’en  ai  plus  de  30  pieds...  Je  viens 
de  semer  les  graines  de  Adgnes  venues  de  Ma- 
dagascar; elles  sont  plus  belles  que  toutes  les 
autres.  11  est  vrai  qu’elles  me  sont  arrivées 
dans  leur  pulpe. 

Pourtant,  et  malgré  ce  que  dit  M.  René 
de  Saint-Foix,  il  n’est  guère  permis  de 


douter  qu’il  n’y  ait  dans  ces  différents  pays 
soit  des  variétés,  soit  des  formes  apparte- 
nant à ce  même  groupe  des  Vignes  tuber- 
culeuses, formes  intermédiaires,  qui  ten- 
dent à relier  ces  Vignes  entre  elles  ; et 
peut-être  même  se  relient-elles  aussi  au  vrai 
groupe  Vitis  (F.  Vinifera)  auquel  toutes 
nos  Vignes  indigènes  dites  « asiatiques  » et 
le  plus  grand  nombre  des  Vignes  améri- 
caines — pour  ne  pas  dire  toutes  — se  rat- 
tachent d’une  manière  certaine. 

Ce  qui  semble  appuyer  l’hypothèse  que 
nous  venons  d’émettre,  ce  sont  des  lettres 
du  docteur  Livingstone,  écrites  de  diverses 
parties  de  l’Afrique,  centrale,  et  dans  les- 
quelles il  est  question  de  différentes  Vignes 
dont  il  a mangé  des  fruits. 

Dans  le  Kalari,  pays  dépourvu  d’eau  et 
où  il  règne  une  sécheresse  excessive,  il 
paraît  qu’il  existe  une  grande  quantité  de 
plantes  tuberculeuses,  ce  qui,  d’après 
Livingstone,  semblerait  être  une  consé- 
quence de  cette  sécheresse.  Voici  ce  qu’il 
dit  (1). 

...  La  plupart  d’entre  elles  ont  des  racines 
tuberculeuses  et  sont  conformées  de  manière 
à fournir  à la  fois  un  aliment  et  un  liquide 
pendant  les  longues  sécheresses...  L’une  des 
l)lantes  que  l’on  rencontre  dans  ces  pays  offre 
meme  ce  caractère  singulier  que,  pourvue  de 
racines  fibreuses  dans  son  état  normal,  elle 
acquiert  des  tubercules  toutes  les  fois  qu’un 
réservoir  lui  devient  indispensable  ; elle  appar- 
tient à la  famille  des  Cucurbitacées  et  donne 
un  petit  Concombre  écarlate  qui  peut  servir 
d’aliment.  La  meme  particularité  se  re- 
marque, dans  la  province  d’Angola,  chez  une 
espèce  de  Vigne  portant  du  Raisin  et  qui,  à 
Voccasion,  devient  tuberculeuse  pour  résister 
à la  sécheresse. 

D’après  ce  qu’a  écrit  Livingstone,  on  est 
autorisé  à conclure  que,  dans  d’autres  con- 
ditions, il  a vu  la  même  Aligne,  mais  sans 
racines  tuberculeuses.  Ceci  est  à noter  et 
pourrait  peut-être  expliquer  bien  des  dissi- 
dences des  botanistes  au  sujet  des  caractères 
des  plantes  et  expliquer  également  des  con- 
tradictions spécifiques. 

Ailleurs  {l.  c.,  p.  104),  Livingstone 
écrit  : 

...  On  trouve  en  abondance,  au  nord  dul8®  de- 
gré de  latitude  méridionale,  trois  variétés  de 

(1)  Exploration  dans  Vintérieur  de  V Afrique 
australe  de  1840  à 1856  (p.  51).  — Traduit  de  l’an- 
glais, par  M"’e  H.  Loreau.  — Librairie  Hachette, 
79,  boulevard  Saint-Germain,  Paris. 


380 


VIGNES  TUBERCULEUSES  A TIGES  ANNUELLES. 


Vignes  fructifères  dont  l’une  porte  des  tuber- 
cules oblongs,  espacés  de  3 à 4 pouces  le  long 
de  sa  racine  horizontale  et  qui  ont  beaucoup 
de  ressemblance  avec  les  griffes  de  l’Asperge. 
Ces  appendices  tuberculeux,  qui  permettent  à 
la  plante  de  résister  aux  effets  d’un  climat  dé- 
vorant, })Ourraient  être  d’une  grande  valeur 
dans  les  parties  arides  de  la  colonie  et  fournir 
le  moyen  d’y  propager  une  espèce  de  Vigne 
beaucoup  plus  en  rapport  avec  la  nature  du 
sol  que  toutes  les  variétés  étrangères  que  l’on 
y cultive  aujourd’hui. 

Malgré  l’insuffisance  des  détails  et  le  vague 
des  descriptions,  on  semble  autorisé  à voir, 
dans  les  Vignes  dont  parle 
Livingstone , les  plantes 
mêmes  dont  a parlé  Lé- 
card.  Mais,  de  plus,  l’il- 
lustre voyageur  nous  ap- 
prend qu’il  y a là  plusieurs 
variétés,  ce  que  Lécard  a 
éofalement  constaté. 

Ainsi,  plus  loin,  p.  174 
de  ce  même  recueil,  Li- 
vingstone dit  : 

...Afin  d’éviter  la  mouche 
tsetsé,  que  nous  avions  ren- 
contrée à notre  précédent 
voyage,  nous  prîmes,  en  ({lut- 
tant Lourihijiépé,  la  direction 
du  méridien  magnétique  ; et 
la  nécessité  d’ouvrir  un  nou- 
veau sentier  nous  donna  un 
surcroît  de  travail;  mais  vers 
le  18®  degré  de  latitude  nous 
fûmes  dédommagés  de  la 
{leine  que  nous  avions  pris(‘,, 
par  des  nombreux  ceps  de 
Vigne  chargés  de  Raisins, 

({ue  nous  n’avions  jias  i-en- 
contrés  l’année  jirécédente. 

Ils  étaient  sous  mes  yeux,  je 
b'.s  voyais,  et  cette  vue  était 
tellement  im^spérée  que  je 
regardais  ces  gi'ajijies  abondantes  comme  un 
rêve  et  sans  avoir  la  pensée  de  les  cueillir. 

Les  Bushmen  connaissent  le  Raisin  et  le  man- 
gent avec  plaisir;  mais  celui-ci  n’est  pas  d’un 
goût  agréable;  il  doit  à ses  pépins,  qui  ont  la 
forme  et  la  dimension  d’im  pois  fendu  par  la 
moitié,  une  saveur  beaucoup  trop  astringente. 
L’éléphant  recherche  non  seulement  le  fruit, 
mais  encore  le  cep  et  sa  racine... 

Cette  fois,  plus  de  doute,  et  malgré  l’in- 
suffisance des  détails,  il  est  facile  de  recon- 
naître que  les  Vignes  dont  parle  le  voyageur 
anglais  sont  bien  celles  que  nous  connaissons 
et  dont  nous  nous  occupons,  ou  du  moins 


qu’elles  en  sont  très-voisines  et  appartien- 
nent au  même  groupe  ; car,  outre  les  graines 
((  qui  sont  comme  des  pois  coupés  par  la 
moitié,  » qui  correspondent  à celles  des 
Vignes  tuberculeuses  à tiges  annuelles,  il  y 
a ce  passage  « nous  ne  les  avions  pas  remar- 
quées l’année  dernière  y>  qui  semble  indi- 
quer que,  l’époque  étant  différente,  ces  tiges 
avaient  disparu. 

A la  page  418,  Livingstone,  sans  préciser 
suffisamment,  parle  de  « Vignes  fructifères 
qu’on  rencontre  à chaque  pas.  » Puis,  en 
décrivant  le  Pungo  Andongo,  il  écrit  encore  : 


(ï  La  présence  de  la  Vigne  sauvage,  qui  croît 
partout  spontanément,  prouve  qu’il  serait 
facile  de  l’y  cultiver  avec  succès.  » 

Mais,  il  y a plus,  ce  qu’il  dit  des  produc- 
tions du  sol  est  de  nature  à faire  croire  que 
ce  climat  dans  lequel  ((  croissent  partout  des 
Vignes  sauvages  » présente  une  certaine 
analogie  avec  un  grand  nombre  de  ceux  de 
l’Europe.  En  effet,  « le  blé  se  développe  à 
merveille  sans  avoir  besoin  d’irrigation, 
et  le  beurre  et  le  fromage,  que  l’on  trouve 
sur  la  table  du  colonel  Manuel-Antonio  Pirès 
sont  bien  préférables  aux  produits  de  même 
nature  qui  viennent  d’Irlande  et  que  1 on 


»/ 


PK 


Fig.  68  — Tubercule 
de  Vilifi  Lecardi. 
— Jeune  plante 
d’un  an  de  semis. 


VIGNES  TUBERCULEUSES  A TIGES  ANNUELLES. 


381 


consomme  à l’état  de  fromage  rance  et  de 
beurre  fort  dans  tout  le  reste  du  pays.  » 

Dans  ce  même  recueil,  pages  610-611,  on 
lit  : 

Nous  venons’ de  franchir  le  Kapopo  et  l’Oné 
qui  ont  de  l’eau  dans  ce  moment  (mi-février), 
mais  ils  sont  presque  toujours  à sec.  La  Vigne 
est  très-commune  dans  toute  cette  région  ; elle 
abonde  partout  sur  les  rives  du  Zambèze;  on 
en  trouve  dans  le  pays  des  Batokas  une  variété 
dont  les  feuilles  sont  larges  et  dures  pour  ré- 
sister à l’action  du  soleil  et  qui  donne  un  Rai- 
sin noir  excessivement  doux  ; mais  les  espèces 
([lie  l’on  rencontre  le  plus  fréquemment,  l’une 
à feuilles  rondes  et  à fruits  verdâtres,  l’autre  à 


feuilles  palmées,  ressemblant  beaucoup  à celles 
de  l’espèce  cultivée  et  à grappes  violettes  ou 
brunes,  ont  de  gros  pépins  qui  produisent  un 
sentiment  d’astriction  des  plus  désagréables. 
Les  Portugais  font  du  vinaigre  avec  les  Raisins 
de  cette  espèce  ; quant  aux  indigènes,  ils  man- 
gent indifféremment  celui  de  toutes  les  variétés. 
Il  est  probable  qu’un  pays  où  la  Vigne  croît 
spontanément  avec  autant  d’abondance  et  de 
vigueur,  conviendrait  à merveille  à la  produc- 
tion du  vin  ; notre  sentier  en  est  tellement 
obstrué,  qu’il  faut  faire  grande  attention  pour 
ne  pas  tomber  en  se  prenant  les  pieds  dans  le 
réseau  de  sarments  qui  le  tapisse. 

S’agit-il  ici  de  Vignes  tuberculeuses  ou 
bien  d’autres  analogues  à celles  du  groupe 


vinifera"!  Livingstone  ne  le  dit  pas.  Mais 
ce  qui  ressort  clairement  de  ses  observations, 
c’est  que  dans  ces  localités  il  existe,  à l’état 
sauvage,  plusieurs  sortes  de  Vignes  de  qua- 
lités différentes,  dont  certaines  « rappellent 
la  Vigne  cultivée.  » 

Les  quelques  extraits  que  nous  venons 
de  rapporter  montrent,  de  la  manière  la 
plus  formelle,  qu’il  y a en  Afrique  et  dans 
diverses  localités  beaucoup  de  Vignes  à Rai- 
sins comestibles,  par  conséquent  propres  à 
la  fabrication  du  vin,  et  si  l’on  ne  peut 
affirmer  que  nos  Vignes  françaises  y aient 
des  représentants,  ce  qui  est  certain  c’est 
que  les  Vignes  tuberculeuses  à tiges  an- 
nuelles y abondent.  Et, 
comme  d’autre  part,  on  ne 
peut  guère  douter  que  dans 
toutes  ces  Vignes  il  y ait 
des  sortes  de  tempéra- 
ments très  - différents  , il 
serait  au  moins  imprudent 
d’affirmer  qu’aucune  de 
ces  Vignes  ne  pourrait 
être  cultivée  en  Europe. 

Ce  sont  toutes  ces  rai- 
sons qui  nous  ont  fait  re- 
jeter le  qualificatif  de  Vi- 
gnes du  Soudan,  de  Gui- 
née, de  Madagascar  ou 
de  Cochinchine , pour 
adopter  le  qualificatif  de  Vi- 
gnes tuberculeuses  qu’el- 
les nous  paraissent  parti- 
culièrement mériter  par 
l’ensemble  de  leurs  carac- 
tères. 

Tout  en  réunissant  dans 
un  même  groupe  toutes  les 
Vignes  tuberculeuses,  nous  ne  les  considé- 
rons pas  comme  identiques  ; si  nous  re- 
connaissons qu’elles  semblent  avoir  entre 
elles  de  très-grands  rapports  de  parenté, 
nous  laissons  au  temps  à décider  cette  ques- 
tion : les  connaissances  actuelles  sur  ce  su- 
jet ne  permettent  pas  de  la  trancher. 

Toutefois  encore,  relativement  au  carac- 
tère commun  de  \3i  tuberculosité,  considéré 
comme  un  distinctif  spécifique  général, 
nous  croyons  aussi  devoir  appeler  l’atten- 
tion sur  un  fait  important,  dont,  plusieurs 
fois,  nous  avons  été  témoin  : c’est  que,  dans 
certains  cas,  celte  particularité  s’affaiblit  et 
peut  même  disparaître  ; il  semblerait  alors 
que  l’on  a affaire  à des  plantes  annuelles 


Fig.  69.  — Tubercule 

de  Vitis  Durandi.  Fig.  70.  — Feuille  de  Vilis  Durandi.  — Jeune 
— Jeune  plante  plante  d’un  an  de  semis, 

d’un  an  de  semis. 


382  EFFET  DES  INONDATIONS  SUR  LES  ARBRES  FRUITIERS  ET  SUR  LES  PLANTES  POTAGÈRES. 


dont  les  tiges  sont  grêles,  filiformes,  à 
radicelles  excessivement  tenues  (fig.  67)  et 
dont  la  vie  ne  se  prolonge  guère  au  delà 
de  la  première  végétation. 

Ce  fait  est-il  dû  à notre  climat,  à une 
nsuffisance  de  température,  ou  bien  est  -il 
particulier  à cette  sorte  de  Vigne  qui,  par 
suite  d’une  organisation  spéciale,  produirait, 
sans  qu’on  en  puisse  déterminer  la  cause, 
des  individus  tuberculeux,  tandis  qu’il  en 
serait  autrement  de  certains  autres,  qui 
n’auraient  qu’une  durée  très- courte  ; ou 
bien  encore,  ainsi  que  semblait  le  croire 
Livingstone,  l’absence  de  tubercule  est-elle 
une  conséquence  du  milieu  ou  sont  placés 
les  sujets  ? C’est  ce  que  nous  ne  pouvons 
dire. 

Mais,  après  tout,  et  en  admettant  l’hypo- 
thèse de  la  variabilité  des  tubercules,  le  fait 
ne  serait  pas  unique  ; il  serait  analogue  à 
celui  que  fournit  le  Haricot  d’Espagne,  chez 
lequel  certains  sujets,  complètement  an- 
nuels, n’ont  que  des  radicelles  filiformes,  de 
sorte  qu’ils  meurent  aussitôt  qu’ils  ont  fruc- 
tifié, tandis  que  d’autres,  issus  du  même 
semis,  produisent  une  souche  tuberculeuse, 
ligneuse,  pouvant  atteindre  des  dimensions 
parfois  énormes,  de  laquelle  partent  chaque 
année  des  tiges  annuelles  qui  fleurissent, 
fructifient  et  meurent. 

Aurions-nous  dans  les  Vignes  tubercu- 
leuses dont  nous  parlons  des  faits  analogues 
à ceux  que  nous  venons  de  citer  à propos  du 
Haricot  d’Espagne,  et  chez  ces  plantes  trou- 
verait-on, dans  un  même  semis,  des  pieds 


annuels  et  d’autres  tuberculeux-  vivaces 
et  même  sous-ligneux? 

C’est  là  une  question  des  plus  impor- 
tantes sur  laquelle  nous  appelons  l’attention. 

Nous  donnons  une  figure  de  deux  sortes 
du  Soudan,  provenant  de  graines  rappor- 
tées par  MM.  Lécard  et  Durand  et  ache- 
tées par  M.  le  docteur  Lentilhac,  qui  avait 
semé  ces  graines  à son  château  de  Mon 
Souhait,  par  Sommières  (Gard),  où  les  figu- 
res 67  à 70  {Vitis  Leeardi  et  V.  Durandi) 
ont  été  faites  d’après  des  jeunes  plantes 
d’un  an  de  végétation.  En  communiquant 
ces  dessins,  M.  le  docteur  Lentilhac  écrivait  : 

« Les  pépins  ont  été  semés  le  30  mars 
1881,  en  pots,  à l’air  libre,  le  premier  pépin 
appartenant  au  Vitis  Leeardi  a levé  le 
26  juin  et  celui  du  Vitis  Durandi  a levé  le 
30  du  même  mois. 

« La  végétation  a duré  jusqu’au  20  octo- 
bre donnant  une  tige  herbacée  de  15  centi- 
mètres en  hauteur.  » 

Tout  ce  qui  précède  montre  avec  quelle 
prudence  il  faut  agir,  et  combien  il  faut  être 
réservé  lorsqu’on  parle  de  ces  Vignes  tuber- 
culeuses soit  de  Cochinchine,  soit  du  centre 
de  l’Afrique  (Soudan,  Niger,  Guinée,  etc.,) 
qui  paraissent  avoir  des  caractères  géné- 
raux à peu  près  semblables. 

Dans  un  prochain  article,  nous  nous  occu- 
perons des  Vignes  de  notre  colonie  cochin- 
chinoise,  qui  sont  un  peu  mieux  connues, 
bien  que,  pourtant,  il  nous  reste  encore 
beaucoup  à apprendre  à leur  sujet. 

E.-A.  Carrière. 


EFFET  DES  INONDATIONS  SUR  LES  ARBRES  FRUITIERS 

ET  SUR  LES  PLANTES  POTAGÈRES 


Les  périodes  pluvieuses  qui  se  sont  pro- 
duites dans  le  nord  de  la  France,  depuis 
une  dizaine  d’années,  ont  causé  de  nom- 
breuses inondations,  dont  les  conséquences 
ont  été  des  plus  désastreuses  pour  nos  jar- 
dins fruitiers  et  potagers.  Aux  environs  de 
Paris,  ces  inondations  ont  été  fréquentes, 
et  à Bougival,  de  1872  à 1883,  la  Seine  est 
sortie  sept  fois  de  son  lit,  d’abord  en  1872, 
deux  fois  en  1876,  puis  en  1878,  en 
1880,  et  enfin  deux  fois  pendant  l’hiver  qui 
vient  de  s’écouler. 

Les  dégâts  que  les  inondations  ont  fait 
subir  à nos  cultures,  chaque  fois  qu’elles 


se  sont  produites,  ont  été  plus  ou  moins 
graves , suivant  la  saison  , l’influence 
de  la  température  ou  le  séjour  des  eaux 
sur  le  sol.  Je  peux  d’autant  mieux  par- 
ler de  ces  sinistres  que,  chaque  fois  qu’ils 
se  sont  montrés,  mes  cultures  ont  été  frap- 
pées. Comme  il  est  certaines  particularités 
qui  m’ont  paru  intéressantes  : j’ai  cru 
devoir  les  faire  connaître. 

Je  ferai  d’abord  remarquer  que  plus  les 
inondations  sont  tardives,  plus  elles  font 
de  mal,  ce  qui,  du  reste,  s’explique  parfai- 
tement; lorsque  la  sève  est  en  mouvement, 
que  les  plantes  sont  en  végétation,  ces  inon- 


EFFET  DES  INONDATIONS  SUR  LES  ARBRES  FRUITIERS  ET  SUR  LES  PLANTES  POTAGÈRES. 


dations  sont  naturellement  bien  plus  nui- 
sibles, que  si  elles  se  produisent  lorsque 
les  plantes  sont  en  repos. 

Comme  exemple,  je  citerai  l’hiver  de 
1876  ; la  première  crue  s’était  retirée  sans 
avoir  pour  ainsi  dire  laissé  de  traces 
fâcheuses,  tandis  que  la  seconde  qui  ne 
se  retirait  que  vers  le  mois  de  mars,  et 
même  dans  le  commencement  d’avril,  ne 
laissait  après  elle  aucune  plante  potagère 
indemne  ; seuls  certains  arbres  fruitiers 
avaient  résisté. 

Le  séjour  prolongé  des  eaux  sur  les 
plantes,  est  certainement  une  des  choses 
les  plus  à redouter,  et  j’ai  pu  constater 
chaque  fois  que,  dans  la  partie  la  plus  éle- 
vée de  notre  potager  où  l’eau  ne  reste  gé- 
néralement pas  plus  de  huit  à dix  jours, 
certaines  plantes  sont  toujours  intactes, 
tandis  que  les  mêmes  espèces,  placées  dans 
la  partie  basse  où  l’eau  séjourne  quelque- 
fois vingt-cinq  à trente  jours,  sont  toutes 
perdues. 

Quand,  à la  suite  des  inondations,  c’est-à- 
dire  aussitôt  que  l’eau  est  retirée,  la  tempé- 
rature devient  basse  et  sèche,  et  qu’il  sur- 
vient des  vents  arides,  j’ai  remarqué  que  ces 
circonstances  sont  généralement  funestes  à 
tous  les  végétaux  submergés.  Au  contraire, 
le  mal  est  moindre,  si  la  température  est 
chaude  et  humide,  pendant  les  jours  qui 
suivent  le  retrait  des  eaux. 

Lorsque  les  eaux  dépassent  la  hauteur  de 
certains  arbres,  les  cordons  fruitiers  par 
exemple,  il  est  fort  à craindre  qu’elles  ne  se 
glacent,  comme  cela  est  arrivé  en  1878,  où 
la  glace  avait  acquis  une  épaisseur  de  20  cen- 
timètres. Comme  ces  eaux  se  retirèrent 
promptement,  cette  lourde  masse,  en  s’affais- 
sant, écrasait  tout  ce  qui  se  trouvait  sous 
elle,  et  venait  encore  ajouter  au  mal  causé 
par  le  séjour  des  eaux;  les  cordons  s’a- 
baissèrent jusqu’au  ras  du  sol.  Il  est  donc 
bon,  dans  ce  cas,  de  prendre  un  petit  bateau 
et  de  casser  la  glace  deux  fois  par  jour, 
mais  seulement  dans  le  moment  ouïes  eaux 
baissent,  ainsique  nous  l’avons  fait  en  1878. 
Par  ce  moyen  nous  avons  pu  sauver  presque 
tous  nos  cordons,  qui,  sans  cette  précaution, 
eussent  assurément  été  perdus. 

De  tous  les  arbres  fruitiers,  le  Pêcher  est 
celui  qui  souffre  le  plus  de  la  submersion  ; 
tout  le  jeune  bois  peut  être  considéré 
comme  perdu  après  cinq  à six  jours  de 
séjour  dans  l’eau  ; quelquefois  les  branches 


383 

charpentières  semblent  résister,  et  alors  on 
croit  pouvoir  fonder  quelques  espérances 
sur  les  bourgeons  adventifs  qui  se  déve- 
loppent au  printemps  suivant.  Malheureu- 
sement on  ne  tarde  pas  à reconnaître  que 
les  branches  formées  par  ces  bourgeons, 
étant  nées  sur  des  parties  que  l’eau  a ren- 
dues gommeuses  et  maladives,  sont  appe- 
lées à périr  dans  un  délai  très  rapproché. 
L’Abricotier  est  tout  aussi  sensible  que  le 
Pêcher.  Le  Groseillier  à maquereau  est  éga- 
lement perdu,  après  huit  à dix  jours  de  sub- 
mersion. Il  en  est  de  même  des  Framboi- 
siers, bien  que  quelques-uns  paraissent 
vouloir  repousser;  mais  alors  les  rares 
rejetons  qui  partent  sont  tellement  jaunes 
et  chétifs,  qu’il  n’y  a rien  de  bon  à en  tirer. 
Mieux  vaut  alors  faire  une  nouvelle  plan- 
tation. 

Les  Poiriers  sont  plus  durs  et  peuvent 
résister  à une  première  inondation  ; mais 
lorsqu’ils  en  supportent  plusieurs  à des  in- 
tervalles trop  rapprochés,  ils  languissent 
pendant  quelques  années  et  finissent  par 
périr.  Il  en  est  de  même  des  Cognassiers  et 
des  Cerisiers. 

Les  Pruniers,  les  Figuiers,  les  Pommiers, 
les  Groseilliers  à grappes  et  surtout  la 
Vigne  sont  très-rustiques  ; ils  résistent  par- 
faitement, et  ne  subissent  aucune  altération, 
quand  bien  même  ils  resteraient,  comme 
cela  est  arrivé  cette  année,  cinquante  jours 
sous  l’eau. 

Pour  les  plantes  potagères,  quoique  cer- 
taines soient  des  plus  rustiques,  aucune 
ne  fut  épargnée  en  1876;  toutes  succom- 
bèrent, tandis  que  cette  année,  malgré  que 
l’eau  soit  restée  pour  le  moins  aussi  long- 
temps, les  désastres  ont  été  bien  moins 
grands,  et  beaucoup  d’espèces  ont  résisté. 
D’où  je  conclus  que  la  saison  avancée,  ainsi 
que  la  température  sèche  et  aride  que  nous 
avons  eue  en  mars  et  avril  1876,  lorsque  la 
Seine  se  retirait,  était  bien  plus  funeste  aux 
plantes  maraîchères  que  l’hiver  dernier, 
pendant  lequel  les  eaux  se  retirèrent  en  jan- 
vier par  une  température  douce  et  hu- 
mide. 

Toutefois,  la  durée  de  la  submersion  est 
assurément  aussi  très-redoutable,  et  comme 
preuve  à l’appui  de  mon  dire,  je  vais  don- 
ner le  résumé  des  observations  que  j’ai 
faites,  en  établissant  une  liste  des  plantes 
qui  ont  succombé  et  de  celles  qui  ont  résisté 
chez  nous  cette  année,  à Bougival  où,  en 


384 


LAYIA  ÉLÉGANT. 


deux  fois  différentes,  les  eaux  ont  séjourné 
pendant  cinquante  jours  dans  les  parties  les 
plus  basses  de  mon  potager.  J’ai  réparti 
cette  liste  en  quatre  groupes  ainsi  éta- 
blis : 

Premier  groupe.  — Ont  succombé  après 
quinze  jours  de  submersion  : les  Artichauts, 
toutes  les  variétés  de  Choux  pommés,  les 
Choux  de  Bruxelles,  les  Épinards,  les 
Carottes,  le  Thym,  l’Estragon  et  le  Cresson 
aléno  s. 

Deuxième  groupe.  — Ont  succombé 
après  trente  jours  ; le  Céleri,  les  Scorso- 
nères, les  Navets,  les  Oignons  blancs, 
quelques  Fraisiers  des  quatre  saisons,  des 
jeunes  Laitues  et  Romaines  d’hiver,  les 
Chicorées  et  les  Scaroles,  le  Cerfeuil  et  les 
Poireaux. 

Troisième  groupe.  — Ont  succombé 
aprè^  cinquante  jours  : les  Fraisiers  des 
quatre  saisons,  quelques  Fraisiers  à gros 


fruits,  toutes  les  Laitues  et  Romaines  d’hi- 
ver, les  Mâches  et  les  Panais. 

Quatrième  groupe.  — Ont  assez  bien 
résisté  : les  deux  tiers  des  Fraisiers  à gros 
fruits,  quelques  Fraisiers  des  quatre  saisons, 
l’Oseille,  la  Raiponce,  les  Asperges  dont 
cependant  quelques-unes  ont  souffert. 

D’aprèfi  ce  qui  précède,  il  est  inutile 
d’insister  sur  les  ennuis  et  les  dommages 
que  peuvent  causer  les  inondations  dans 
les  cultures.  Je  me  bornerai  donc  à enga- 
ger ceux  qui  sont  obligés  d’établir  des  jar- 
dins maraîchers  sur  des  terrains  exposés  à 
être  submergés,  à commencer  par  remblayer 
ces  terrains,  ainsi  qu’on  le  fait  presque  tou- 
jours maintenant  à Bougival.  Ces  remblais 
peuvent  très-souvent  se  faire  à l’aide  de 
décharges  publiques,  ce  qui  est  peu  dis- 
pendieux, et  évite  pour  l’avenir  bien  des 
déceptions. 

Eug.  Vallerand. 


LAYIA  ÉLÉGANT 


Composée  annuelle,  couchée,  très-fiori- 
bonde,  fleurissant  de  mai  à août.  Tiges 
nombreuses  et  très-ramifiées , cylindri- 
ques, rougeâtres,  légèrement  velues,  pu- 
bérulentes.  Feuilles  sessiles,  les  inférieures 
profondément  dentées  et  comme  pennées, 
les  caulinaires  sessiles,  étroitement  lancéo- 
lées, légèrement  amplexicaules,  à nervure 
médiane  fortement  saillante  en  dessous. 
Fleurs  très-nombreuses,  en  capitules  un 
peu  allongés  atteignant  4 centimètres  et  plus 
de  diamètre.  Les  ligules  qui  entourent 
l’inflorescence  sont  cunéiformes,  largement 
tridentées  au  sommet,  d’un  très-beau  jaune 
dans  toute  la  partie  inférieure,  blanc  dans 
la  partie  supérieure,  ce  qui  produit  un 
charmant  contraste.  Le  centre  de  l’inflores- 
cence est  composé  de  fleurons  tuhulés 
très-courts,  d’un  jaune  un  peu  plus  foncé, 
qui  tranche  encore  avec  le  rang  de  ligules 
qui  borde  l’inflorescence. 

Le  Layia  elegans,  nouveauté  que  j’ai 
admirée  dans  les  cultures  de  MM.  Vilmorin, 
me  paraît  appelé  à jouer  un  important 
rôle  dans  l’ornementation  estivale,  soit  en 
massifs,  soit  en  bordures  ; la  plante  s’étale 
sur  le  sol  qu’elle  couvre  bientôt,  et  alors 


elle  constitue  des  masses  qui  produisent  un 
très-bel  effet. 

A côté  de  cette  espèce  s’en  trouvait  une 
autre,  de  ce  même  genre,  le  L.  hetero- 
tricha,  qui,  un  peu  plus  faible  dans  ses 
dimensions  que  l’espèce  précédente,  s’en 
distingue  particulièrement  par  ses  fleurs 
plus  petites,  d’un  beau  blanc. 

Les  Layia  se  cultivent  comme  les 
Oxyura,  dont  ils  paraissent  assez  voisins 
par  leurs  caractères  généraux.  On  doit  les 
placer  dans  des  lieux  découverts,  aérés 
et  bien  ensoleillés.  On  sème  les  graines 
dans  la  deuxième  quinzaine  de  septembre 
et  l’on  repique  le  plant  dans  des  petits  pots 
qui,  pendant  l’hiver,  doivent  être  placés 
sous  des  châssis  froids  qu’on  aère  le  plus 
possible  ; au  printemps,  les  plantes  sont 
mises  en  pleine  terre.  On  peut  également 
semer  au  printemps,  en  mars-avril,  mais 
alors  en  place,  car  les  repiquages,  à cette 
époque,  donnent  des  plantes  grêles,  dont 
la  reprise  est  même  diflicile,  à moins  qu’on 
ne  leur  donne  des  soins  particuliers  qui, 
le  plus  souvent,  ne  sont  pas  compensés  par 
les  résultats. 

May. 


lmp.  Georges  Jacob,  — Orléana, 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Approvisionnement  des  Halles  de 
Paris.  — Par  suite  de  la  facilité  et  de  la 
rapidité  avec  lesquelles  se  font  les  com- 
munications, les  distances  n’existent  plus 
guère  et  les  produits  de  toutes  sortes  que 
l’on  voyait  à peine  autrefois,  arrivent  au- 
jourd’hui journellement  à Paris.  Ce  ne  sont 
pas  seulement  les  choses  résistantes,  mais 
des  produits  très-fragiles  même  sont  régu- 
lièrement expédiés.  Ainsi  comme  exemple 
se  rapportant  au  commerce  horticole,  nous 
pouvons  citer  venant  de  la  Lorraine, 
les  Fraises  et  les  Framboises.  A Woippy, 
Devant -les  - Ponts,  Plappeville  et  Larry- 
lès-Metz,  ces  fruits  sont  cultivés  sur  une 
très-grande  échelle,  uniquement  pour  être 
expédiés  à Paris  où  ils  arrivent  dans  un 
état  de  fraîcheur  remarquable.  Ce  sont 
particulièrement  les  espèces  suivantes  : 
Fraises  : Ancmas  blanc  (pour  les  confi- 
seurs), Marguerite  Lehreton^  hâtive,  et 
Elton,  tardive.  Framboises  : hâtive,  la  rouge 
de  Hollande,  et  la  variété  Hornet,  pour 
succéder  à celle-ci. 

Si  des  fruits  aussi  fragiles  et  délicats 
que  le  sont  les  Fraises  et  les  Framboises 
peuvent  être  envoyés  de  très-loin,  à plus 
forte  raison  ceux  qui  sont  plus  fermes  : 
Pommes,  Prunes,  Poires,  etc.  On  n’a  donc 
pas  à craindre  la  disette  à Paris,  et  quoi 
qu’il  arrive,  ces  fruits  ne  manqueront  pas. 
Mais  aussi  c’est  une  rude  concurrence  pour 
nos  producteurs.  Est-ce  un  mal?  Oui  et 
non.  Oui  pour  l’intérêt  privé  ; non  pour 
l’intérêt  général. 

Nouvelles  variétés  de  Goignassiers 

à fruits.  — Ces  deux  variétés,  d’origine 
américaine,  sont  : 

Champion.  — « Originaire  du  Connec- 
ticut, plus  gros  que  le  Coing  de  Portugal, 
très -beau,  brillant  et  de  bonne  qualité;  se 
conserve  plus  longtemps  que  les  autres.  » 

Rea's  Mammouth.  — « Très-grosse  et 
très-belle  variété  à fruits  ronds  comme  une 
orange.  Arbre  vigoureux  et  productif  ». 
MM.  Elhvanger  et  Barry  regardent  cette 
variété  comme  la  meilleure  de  toutes  les 
variétés  de  Coings. 

Nous  avons  extrait  ces  courtes  descrip- 
tions du  catalogue  de  MM.  Iran  son  frères, 
Ier  Septembre  1883. 


pépiniéristes  à Orléans,  qui,  n’ayant  pas 
encore  vu  les  fruits  de  ces  deux  variétés,  ont 
du  s’en  rapporter  au  dire  de  leurs  collègues 
américains.  Néanmoins,  comme  ces  variétés 
peuvent  présenter  un  certain  intérêt,  même 
scientifique,  nous  avons  cru  devoir  les 
signaler  à nos  lecteurs. 

Observations  sur  la  Pêche  Âmsden. 

— Fvépondant  à la  question  que  nous 
posions  récemment  au  sujet  des  Pêches 
hâtives,  M.  Catros  - Gérand,  horticulteur, 
25,  Allées  de  Tourny,  à Bordeaux,  a eu 
l’obligeance  de  nous  informer  que  les 
Pêchers  de  la  variété  Amsden,  qu’il  a reçus 
de  M.  Nardy,  horticulteur  à Hyères,  lui 
ont  donné  des  fruits  qui  lui  paraissent 
devoir  recommander  cette  variété  et  dont 
il  nous  donne  les  caractères  suivants  : 

((  Les  fruits  sont  réguliers  et  d’une  gros- 
seur moyenne. 

<^  La  peau  est  fine,  très-colorée  et  se  dé- 
tache facilement  de  la  chair. 

((  La  chair  est  blanche,  fine,  très-fon- 
dante, juteuse,  très-fortement  adhérence  au 
noyau.  L’eau  qu’elle  contient,  est  très-par- 
fumée. 

((  Le  noyau  est  petit,  ovale. 

Après  avoir  remercié  M.  Gatros,  nous 
nous  permeltrons  de  lui  faire  observer  qu’il 
a oublié  de  paider  de  deux  caractères  essen- 
tiels : ceux  des  feuilles  et  ceux  des  fieurs. 
Les  premières  sont-elles  munies  de  glan- 
des, et  si  oui,  de  quelle  forme  sont  ces 
glandes?  Quant  aux  fleurs,  sont-elles 
grandes  {rosacées),  petites  {campamda- 
cées).  G’estce  qu’il  est  important  de  savoir, 
et  nous  signalons  cette  lacune  à notre  col- 
lègue. 

Greffe  « sur  genoux  » des  Pommiers. 

— Cette  greffe,  appelée  aussi  ((  greffe  au  coin 
du  feu  » parce  qu’on  la  pratique  assis,  à 
l’abri,  n’estautre  que  la  greffe  en  fente  ordi- 
naire appliquée  à des  espèces  diverses  dont 
les  sujets  arrachés  et  enjaugés,  sont  pris  au 
fur  et  à mesure  du  besoin.  Ainsi,  par 
exemple,  les  Bosiers  sur  racines,  les  Pi- 
voines, les  Clématites, les  Hibiscus,  etc.,  etc., 
sont  greftés  sur  genoux.  Ce  procédé,  qui 
pendant  longtemps  n’était  qu’une  exceptionj 


386 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


tend  à se  généraliser,  et  aujourd’hui  on 
l’applique  même  à certains  arbres  fruitiers  : 
Pommiers,  Poiriers,  etc.  On  pourrait  l’é- 
tendre non  seulement  aux  arbres  fruitiers 
et  aux  diverses  espèces  citées  plus  haut, 
mais  presque  à tous  les  végétaux  à feuilles 
caduques  qui  se  greffent  pendant  la  saison 
de  repos,  c’est-à-dire  de  décembre  à mars. 
Il  suffît  de  préparer  des  sujets  et  des  greffons 
et  de  les  placer  là  où  on  peut  les  prendre  à 
volonté  pendant  tout  l’hiver.  Une  fois  greffés, 
ligaturés  et  englués,  ces  plants  sont  en- 
jaugés  jusqu’à  ce  qu’on  les  plante,  ce  qui, 
suivant  leur  force  et  leur  nature,  se  fait  à la 
bêche,  à la  houe,  au  plantoir.  Certains  pépi- 
niéristes, aujourd’hui,  greffent  ainsi, même 
une  partie  des  Pommiers, Poiriers,  etc.  Dans 
les  serres  ce  mode  de  greffe  est  le  seul  em- 
ployé; et  alors  presque  tous  les  sujets,  qui 
sont  en  pots,  sont  placés,  une  fois  greffés, 
sous  des  cloches  pour  en  favoriser  la  reprise. 

Une  nouvelle  plante  pour  bouquets 
d’hiver.  — On  sait  l’important  rôle  que 
les  bouquets  jouent  et  par  suite  combien 
on  en  est  privé  pendant  l’hiver,  lorsque  les 
fleurs  font  presque  complètement  défaut. 
Aussi  la  découverte  d’une  nouvelle  res- 
source, surtout  lorsqu’elle  est  à la  portée 
de  tous,  est-elle  un  bien.  Telle  est  certaine- 
ment la  plante  dont  nous  allons  parler. 

Cette  espèce  est  une  vieille  connais- 
sance qui  se  trouve  dans  presque  tous 
les  jardins  qu’elle  orne  admirablement  dès 
les  premiers  beaux  jours  : c’est  la  Lunaire 
liisanuelle  (Lunaria  hiennis,  Mœnch.) 
dont  les  fruits,  plats  et  très-larges  et  qu’on 
a comparés  à une  pièce  de  monnaie,  ont 
reçu  la  qualification  de  ce  Monnaie  du  pape.  » 
Ce  sont  ces  fruits  qui,  fortement  attachés, 
persistant  indéfiniment  sur  la  tige,  lorsqu’elle 
est  sèche,  sont  employés  en  guise  de  fleurs. 
Leur  nombre  et  leur  disposition  en  larges 
panicules  ou  en  grappes  spiciformes  dres- 
sées, produisent  un  effet  ornemental  des 
plus  singuliers  et  des  plus  jolis.  On  enlève 
de  ces  fruits  les  deux  enveloppes  externes 
et  il  reste  la  partie  interne  qui  est  brillante 
et  d’un  éclat  tout  métallique,  comme  papy- 
racée-scarieuse.  Placées  dans  des  vases, 
mélangées  avec  des  branchages  feuillus, 
elles  produisent  par  leur  aspect  brillant 
nacré,  leur  légéreté  et  leur  disposition,  un 
effet  très-décoratif. 

Mais  cet  effet  est  beaucoup'plus  saisissant 


si,  au  lieu  de  branches,  on  prend  des  plantes 
en  pots,  à feuillage  approprié  au  milieu 
duquel  on  pique  çà  et  là  des  tiges  de  Lunaire. 
Il  y a donc  là,  presque  sans  aucun  frais,  une 
ornementation  à la  portée  de  tout  le  monde, 
peut  être  même  l’objet  d’une  industrie 
spéciale. 

Destruction  du  Puceron  lanigère.  — 

Le  mal  occasionné  par  cet  insecte  est  telle- 
ment grand  que,  malgré  le  nombre  considé- 
rable de  remèdes  déjà  indiqués  pour  com- 
battre ce  fléau,  nous  croyons  devoir  rapporter 
le  suivant,  que  nous  trouvons  indiqué  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  d’horticulture  de 
Boissons,  pour  1883,  page  491.  L’inven- 
teur est  M.  Lemaire-Mutéaux,  horticul- 
teur-pépiniériste à Suzy. 

J’ai  à Suzy  une  pépinière  de  12,000  Pommiers 
en  trois  parcelles.  L’une  des  trois  contenait 
8,000  sujets  greffés  en  écusson,  pendant  les 
années  1880,  1881  et  1882. 

Au  mois  de  novembre  dernier,  je  me  suis 
aperçu  que  le  redoutable  Puceron  lanigère 
faisait  de  grands  ravages  dans  cette  plantation  ; 
il  fallait  combattre  au  plus  vite  l’invasion  ou 
arracher  le  plant. 

J’ai  essayé  plusieurs  procédés.  Un  seul  a 
réussi  complètement  et  aujourd’hui  il  serait 
difficile,  sinon  impossible,  de  trouver  dans  cette 
pépinière  un  puceron  lanigère,  alors  qu’il  y en 
avait  plus  d’un  million  il  y a deux  mois. 

Ce  procédé  dont  j’affirme  la  complète  effica- 
cité est  très-peu  coûteux;  voici  la  composition 
à employer  : 

Eau  ordinaire ....  1 .000  gr. 

Huile  de  pétrole.  . . 100  gr. 

Sel  de  cuisine.  . . . 25  gr. 

Bien  que,  à première  vue,  le  mélange  in- 
diqué paraisse  impossible  en  ce  sens  que 
l’eau  ne  peut  se  combiner  avec  l’huile,  il 
faut  néanmoins  reconnaître  qu’il  y a ici  une 
affirmation  précise  émanant  d’un  praticien. 
Il  y a donc  là  un  fait  dont  il  reste  à 
chercher  la  cause.  Ne  pourrait-on  admettre 
que  la  combinaison  de  ces  deux  corps  (huile 
et  eau),  est  due  à l’influence  du  sel  de  cui- 
sine qui  agit  ici  comme  décomposant,  en 
agissant  sur  le  corps  gras,  dont  il  modifie  la 
nature  en  l’émultionnant,  c'est-à-dire  en  le 
saponnifiant.  Nous  serions  reconnaissants 
à ceux  de  nos  lecteurs  qui  voudraient 
bien  nous  donner  une  explication  scienti- 
fique du  fait.  En  attendant,  nous  les  prions 
de  vérifier  la  chose,  et  si  elle  est  exacte 
et  conforme  à ce  qu’à  dit  M.  Lemaire- 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Muteaux,  de  la  mettre  en  pratique.  Mieux 
vaut  un  procédé  qui  réussit,  même  sans 
explication,  qu’une  belle  théorie  que  ne  jus- 
tifient pas  les  résultats. 

Observation  à propos  de  la  Poire 
Marguerite  Marillat.  — Au  sujet  de  cette 
variété  dont  la  Revue  a publié  une  planche 
coloriée,  accompagnée  d’un  article  de  M.  F. 
Morel,  M.  L.  de  la  Bastie,  vice-président  de 
la  Société  d’horticulture  de  la  Haute-Savoie, 
nous  adresse  l’observation  suivante  : 

Il  y a certainement  eu  erreur  clans  l’article 
récemment  publié  dans  la  Revue  horticole  et 
consacré  à la  Poire  Marguerite  Marillat^  quant 
à répocpie  de  sa  maturité.  Les  fruits  c{ui  ont  été 
présentés  à la  commission  des  Études  de  la 
Société  pomolog'ic{ue  de  France,  ont  été  dégustés* 
à la  fin  d’août  et  au  commencement  de  sep- 
tembre. Chez  moi,  où  la  maturité  des  fruits  est 
en  retard  de  huit  à douze  jours  sur  le  Lyonnais, 
je  n’ai  jamais  pu  conserver  cette  Poire  au  delà 
du  25  septembre.  Cette  année,  peut-être,  vu  le 
retard  sur  les  années  normales,  je  pourrai  sans 
doute  en  conserver  plus  longtemps.  La  P.  Mar- 
guerite Maiùllat,  est  un  fruit  d’août-septembre 
et  non  d’octobre-novembre,  ainsi  c{u’il  a été  dit. 

Nous  laissons  la  parole  à M.  F.  Morel 
pour  expliquer  la  différence  constatée  entre 
l’époque  de  maturité  indiquée  par  lui  et 
celle  qu’a  observée  M.  L.  de  la  Bastie. 

Variations  dans  l’époque  de  florai- 
son de  l’Acacia  dealbata.  — Ce  bel 

arbre,  si  répandu  dans  la  région  méditerra- 
néenne où  il  fleurit  l’hiver,  opère  sa  florai- 
son en  juin  en  Australie,  son  pays  natal. 
Or  M.  de  Brandis,  directeur  des  forêts  de 
l’Inde,  a constaté  de  curieux  changements 
dans  l’époque  normale  de  sa  floraison  dans 
les  monts  Neilgherries  (Hindoustan)  où  il  a 
été  importé  en  1845.  Jusqu’en  1860  il  a 
fleuri  au  mois  d’octobre.  Cette  année  là,  la 
floraison  eut  lieu  en  septembre  ; dix  ans 
plus  tard,  en  août;  en  1878,  elle  se  pro- 
duisit en  juillet,  et  enfin  en  1882,  elle 
se  fit  au  mois  de  juin,  comme  dans  la 
patrie  de  l’espèce.  Il  y a là  un  fait  singulier 
pour  un  arbre  d’adaptation  à un  climat 
nouveau.  Nous  n’avons  jamais  entendu  dire 
que  l’époque  hivernale  de  la  floraison  de 
V Acacia  dealbata  ait  varié  dans  le  midi  de 
la  France,  en  Algérie,  au  lac  Majeur,  dans 
tous  les  endroits  enfin  où  le  climat  est  assez 
doux  pour  qu’il  prospère  et  fleurisse  en 


587 

plein  air.  Il  serait  curieux  de  constater  des 
faits  analogues  dans  d’autres  stations  où  cet 
arbre  est  cultivé. 

Odontoglossum  Eugenes.  — On  parle 
beaucoup  actuellement  en  Angleterre  de  la 
belle  Orchidée  hybride  qui  vient  d’être 
obtenue  dans  les  serres  du  duc  de  Suther- 
land, à Trentham. 

Cette  plante,  d’une  beauté  remarquable 
provient  d’un  croisement  naturel  entre  F O. 
Pescatorei  et  F O.  triitmplians.  Son  mode 
de  végétation  est  semblalfle  à celui  de  FO. 
crispum.  Ses  fleurs,  qui  ont  10  centimètres 
de  diamètre,  ont  les  pétales  et  sépales 
blancs,  larges,  amplement  bordés  de  jaune 
et  marqués  de  brun  marron. 

Le  labelle  est  le  même  que  celui  du  joli 
O.  Pescatorei,  avec  ses  belles  nuances  et 
sa  forme  si  gracieuse. 

Cette  remarquable  nouveauté  porte  en 
moyenne  huit  fleurs  sur  le  même  épi.  Elle 
sera  bientôt  dans  les  collections  de  choix. 

Boutons  de  Rose  PaulNeyron. — Une 

nouvelle  spécialité  s’est  créée  pour  le  com- 
merce des  roses  à Paris.  Les  rosiéristes  se 
sont  mis  à cultiver  en  grande  quantité  la  Rose 
Paul  Neyron  pour  la  vente  des  boutons  à 
demi-épanouis.  Cette  belle  Pmse,  dont  la 
forme  est  d’ailleurs  défectueuse  et  l’odeur 
presque  nulle,  est  admirable  de  grâce  et  de 
fraîcheur  lorsque  son  bouton  n’est  pas  en- 
core épanoui  et  qu’elle  se  tient,  avec  son 
beau  feuillage,  sur  une  tige  droite  et  robuste. 
Ainsi  préparée,  elle  est  vendue  fort  cher 
en  grosses  bottes  (nous  avons  demandé  ré- 
cemment le  prix  d’une  botte  de  20  Roses  : 
on  nous  a répondu  : 15  fr.).  Elle  joue,  pen- 
dant l’été,  le  rôle  des  boutons  de  la  Rose 
La  Reine  lorsqu’ils  sortent  des  serres  à 
forcer,  pendant  l’hiver  et  au  printemps.  Il  y 
a donc  là  une  nouvelle  source  de  produc- 
tion commerciale  pour  l’horticulture  de 
luxe  à Paris,  et  nous  devions  la  signaler.  On 
commence  à vendre  aussi  beaucoup  de 
Roses  thé,  surtout  parmi  les  variétés  rouges 
récemment  obtenues,  et  qui  vont  devenir 
rapidement  à la  mode.  Cette  faveur  sera 
d’ailleurs  amplement  justifiée  par  leurs 
formes,  leurs  nuances  et  leur  parfum. 

Les  mastics  à froid.  — Nous  recevons 
de  M.  V.  Adam,  Président  de  la  Société 
d’horticulture  des  Vosges,  la  lettre  suivante, 
que  nous  insérons  volontiers,  puisqu’elle 


388 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


ajoute  un  témoignage  de  plus  à ce  que  nous 
avons  dit  sur  la  question  dont  il  s’agit  : 

Je  me  sers  du  mastic  Lhomme-Lefort.  Lors- 
qu’il devient  trop  dur,  je  verse  un  peu  d’alcool 
dans  la  boîte,  et  je  remue  avec  un  morceau  de 
bois  ou  de  fer.  Le  mélange  s’opère  très-vite,  et 
au  bout  d’un  instant,  le  mastic  est  redevenu 
mou. 

J’emploie  l’alcool  du  commerce  qui  me  sert 
aussi  à détruire  les  pucerons  lanigères. 

Nous  avons  reçu  plusieurs  lettres  sur  le 
meme  sujet,  mais  dont  le  contenu  est  à peu 
près  identique  à ce  qui  précède.  On  sait  donc 
maintenant  le  moyen  très -simple  de  traiter 
les  mastics  à froid  lorsqu’ils  sont  durcis. 

Le  genre  du  mot  Evonymus.  — Un 

de  nos  abonnés  d’Orléans  nous  écrit  la 
lettre  suivante,  sans  se  nommer  : 

Permettez-moi  de  vous  adresser  une  question 
à l’égard  de  la  note  donnée  dans  votre  traité 
« les  variétés  de  VEvonymus  Japonicus  » 
{Revue  horticole,  no  10,  1883),  concernant  le 
genre  du  nom  « Evonymus  ». 

Vous  dites  là  que  ce  mot  est  masculin, 
tandis  que  j’ai  toujours  trouvé  dans  tous  les 
livres  botaniques  à ma  portée  (par  exemple  : 
dans  la  Dendrologie  par  K.  Koch,  Berlin)  le 
mot  Evonymus,  traité  en  genre  féminin. 

Y a-t-il,  peut-être  d’après  la  dérivation  — 
comme  par  exemple  avec  le  nom  Cytisus  — 
deux  genres,  masculin  et  féminin  qui  s’em- 
ploient également  bien  ? 

Je  vous  remercierais  beaucoup  si  vous  aviez 
la  bonté  de  m’éclairer  à ce  sujet. 

Agréez,  etc. 

Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  donner 
satisfaction  à la  demande  de  notre  corres- 
pondant anonyme  : 

Il  faut  écrire  au  masculin  les  qualificatifs 
du  genre  Evonymus  parce  que  Linné  a 
fondé  le  genre  sur  un  arbuste,  E.  Euro^ 
pœus,  et  qu’en  latin  l’arbuste  (frutex)  est 
d’ordinaire  masculin.  L’arbre  (arhor)  est  fé- 
minin, et  certains  genres  qui  contiennent  à 
la  fois  des  arbres,  des  arbustes  et  même  des 
plantes  vivaces  ou  annuelles  peuvent  être 
féminins  si  le  premier  type  générique  a été 
un  arbre  et  si  le  nom  n’est  pas  neutre.  Linné 
a fait  avec  raison  le  genre  Evonymus  mascu- 
lin, et  il  n’est  pas  exact  de  dire  que  les  bota- 
nistes n’ont  pas  suivi  son  exemple.  Thun- 
berg  a nommé  les  E.  Japonicus,  alatus, 
Jacquin  VE.  atropurpureus,  Pursh  VE. 
angustifolius,  Scop  VE.  verrucQSUS^  Wal- 
lich  VE.  fimhriatx{$3  etc,,  etc, 


Ce  serait  donc  une  erreur  de  féminiser  les 
adjectifs  qui  qualifient  les  espèces  et  variétés 
du  genre  Evonymus,  quelle  que  paraisse 
l’autorité  de  ceux  qui  écriraient  autrement 
que  les  bons  auteurs. 

Polygonum  Sachalinense.  — On 

observe  bien  souvent  que  certaines  plantes, 
que  leurs  qualités  décoratives  devraient 
faire  rechercher,  restent  dans  un  quasi - 
abandon  que  rien  ne  justifie. 

De  ce  nombre  est  le  Polygonum  Sacha- 
linense, originaire  de  l’île  de  Sachalin, 
Polygonée  vivace  à grand  développement, 
comme  le  P.  cuspidatum,  et  dont  la  Revue 
horticole  a donné  une  description  et  une 
figure  (1).  Ses  tiges,  vigoureuses  et  élé- 
gantes, atteignent  plusieurs  mètres  de 
hauteur;  les  feuilles,  à nervures  rouges, 
sont  oblongues  gracieusement  acuminées  et 
mesurent  30  centimètres  environ  de  lon- 
gueur sur  20  de  largeur,  et  ses  grappes  blan- 
ches, à l’automne,  ne  sont  pas  sans  mérite. 

La  plante  possède  une  végétation  des  plus 
puissantes  et  les  touffes  qu’elle  forme  attei- 
gnent rapidement  4 ou  5 mètres  de  hauteur. 

Son  emploi  judicieux  dans  les  squares  et 
jardins  produirait  de  jolis  effets,  le  P.  Sa- 
chalinense différant  considérablement  du 
beau  P.  cuspidatum  (P.  Sieholdi),  si  ré- 
pandu aujourd’hui. 

Monument  élevé  à Alexis  Lepère.  — 

On  vient  d’inaugurer,  au  cimetière  de 
Montreuil,  le  monument  élevé  à la  mémoire 
de  l’habile  arboriculteur  Montreuillois  dont 
le  nom  est  inséparable  des  progrès  de  la 
taille  du  Pêcher.  Une  nombreuse  popula- 
tion assistait  à cette  cérémonie.  M.  Chéreau, 
maire  de  Montreuil,  et  M.  Zéry,  délégué  de 
la  Société  des  agriculteurs  de  France  et  re- 
présentant le  ministre  de  l’Agriculture,  ont 
successivement  pris  la  parole  pour  rendre 
hommage  aux  talents  d’Alexis  Lepère. 

Conserves  de  Rhubarbe.  — La  con- 
sommation des  pétioles  de  Rhubarbe,  qui, 
il  y a quelques  années,  n’était  guère  répan- 
due qu’en  Angleterre,  s’est  introduite  peu 
à peu  en  France,  et  leur  emploi,  de  diffé- 
rentes manières,  mais  surtout  en  tartes,  est 
fréquent  sur  les  tables  bien  servies. 

La  préparation  des  pétioles  à conserver 
demande  certains  soins  peu  connus  et  que 
voici  : 

(1)  Votir  Revue  horticole,  187(3,  p,  36, 


CHRONIQUE 

Couper  les  pétioles  en  tranches  de  6 cen- 
timètres de  long,  y ajouter  quelques  gouttes 
de  jus  de  citron  et  un  peu  de  sucre.  Faire 
bouillir.  Le  jour  suivant,  on  met  le  jus  dans 
une  casserole,  on  y jette  un  peu  d’écorce 
de  citron  et  on  le  fait  bouillir  jusqu’à  ce 
qu’il  soit  devenu  épais.  On  y jette  alors 
les  tranches  de  Rhubarbe,  et  on  fait  de 
nouveau  bouillir  pendant  douze  ou  quinze 
minutes.  On  introduit  ensuite  ces  pétioles 
dans  des  bouteilles  de  verre  et  on  enveloppe 
le  tout  avec  du  papier  trempé  dans  du  rhum. 

Table  générale  du  Botanical  Maga- 
zine. — Dans  notre  dernier  numéro,  nous 
avons  annoncé  que  la  table  générale  de  ce 
grand  et  utile  ouvrage  était  publiée  par  les 
éditeurs.  C’est  unè  erreur.  Ce  travail  a été 
fait  par  un  particulier,  amateur,  M.  Edmond 
Tonks,  qui  l’a  publié  à ses  frais  sans  le 
secours  des  éditeurs.  On  doit  une  vive  recon- 
naissance à M.  Tonks  pour  avoir  rendu  un  pa- 
reil service  à la  littérature  botanico-horticole. 

Prix  Laisné  à l’établissement  des 
Pupilles  de  la  Seine,  à Villepreux.  — 

Mû  par  des  sentiments  aussi  nobles  qu’éle- 
vés, voulant  contribuer  au  succès  de  l’œuvre 
si  éminemment  moralisatrice  de  l’insti- 
tution des  Pupilles  de  la  Seine,  fondée 
par  le  Conseil  général  de  la  Seine,  M.  O. 
Laisné,  dont  on  retrouve  presque  toujours 
le  nom  lorsqu’il  s’agit  d’une  bonne  action, 
a donné  à cette  œuvre,  comme  un  encou- 
ragement annuel,  un  livret  de  cent  francs 
à la  caisse  d’épargne  pour  être  remis  à 
l’élève  qui  en  aura  été  jugé  digne.  La  com- 
mission, chargée  de  l’examen  et  du  choix  du 
lauréat,  s’est  réunie  le  13  courant.  En  ou- 
vrant la  séance,  M.  Laisné  a prononcé  le 
remarquable  discours  que  voici  : 

Jeunes  élèves.  Pupilles  de  la  Seine, 

La  pensée  qui  a créé  votre  institution  a été 
une  pensée  généreuse  ; vous  devez  vous  en 
montrer  dignes  par  votre  travail  régulier,  assidu, 
votre  docilité  à la  voix  de  vos  maîtres. 

Laissez  également  s’ouvrir  vos  esprits  à l’ins- 
truction, cette  régularisatrice  puissante  de  toute 
œuvre  humaine  ; mais,  en  même  temps,  élevez 
vos  cœurs  aux  saines  idées  de  devoir,  de  tra- 
vail. 

Moralement  abandonnés,  une  famille  nou- 
velle vous  a ouvert  les  bras,  celle  dont  nous 
sommes  tous  ; « la  Patrie  ! » a vous,  de  lui 
être  reconnaissants  par  votre  conduite.  Ainsi, 
vous  servirez  votre  propre  intérêt,  votre  bon- 


HORTICOLE.  389 

heur  que  vous  trouverez  seulement  dans  la 
persévérance  pratique  du  travail  honnête  ! 

Jeunes  élèves!  apprenez  à élever  votre  cœui-. 
Le  genre  de  vos  travaux  vous  met  en  contact 
avec  la  nature.  Par  l’étude  de  la  science  vous  ap- 
prendrez plus  tard  à en  admirer  avec  fruit  toute 
l’harmonie,  et  alors,  devenus  hommes,  vous 
saurez  porter  vos  pensées  vers  le  Créateur  de 
tant  de  « merveilles  grandioses  » qui  ne  sau- 
raient frapper  vos  yeux  sans  impressionner  vos 
cœurs . 

Vous  y puiserez  le  courage  et  la  consolation, 
s’il  était  besoin.  « Le  Prix  Laisné  et  de  la 
Société  nationale  et  centrale  d’horticulture  de 
Fy'ance  » n’est  qu’un  stimulant  à l’excitation 
de  ces  sentiments,  et  chacun  de  vous,  à son 
tour,  saura  mériter  ce  prix  d’émulation  au 
devoir,  au  travail,  au  respect  à vos  maîtres 
comme  à l’aptitude  professionnelle  I 

Chers  jeunes  élèves,  espérons  que  le  moment 
est  proche  où  la  France  sera  couverte  d’ins- 
titutions semblables  à votre  école,  et  que  les 
jeunes  enfants  moralement  abandonnés,  recueil- 
lis « tous  » par  la  Patrie,  deviendront  des 
hommes  vaillants  pour  l’honorer  par  leur 
vertu  ! 

Après  ce  discours  a commencé  l’examen 
des  élèves,  et  le  jeune  Edmond  Humbert 
a été  proclamé  lauréat  du  prix  O.  Laisné. 

Mais  la  commission  ne  s’est  pas  bornée 
à ce  prix,  et  sur  l’affirmation  de  M.  Guil- 
laume que  deux  élèves,  MM.  Lucien  Lin- 
dimer  et  Arthur  Roussin,  sont  également 
très  méritants,  elle  leur  a accordé,  au  nom 
de  la  Société,  les  ouvrages  suivants  : U Art 
de  greffer,  par  M.  Ch.  Baltet,  et  Les  Plantes 
potagères,  de  MM.  Vilmorin  et  G‘%  récom- 
penses auxquelles  M.  Laisné , comme 
membre  de  la  Société  nationale  d’horticul- 
ture de  France,  a ajouté,  pour  chacun  de 
ces  deux  élèves,  une  somme  de  50  fr.,  qui 
leur  sera  remise  lors  de  leur  entrée  en 
place. 

Nous  ne  pouvons  terminer  sans  féliciter 
le  directeur  de  cet  établissement,  M.  Guil- 
laume, qui,  avec  un  dévoûment  qui  n’a 
d’égale  que  sa  sollicitude  pour  les  enfants.,,  ai 
su,  avec  des  ressources  très-minimes,  oréer- 
un  établissement  appelé  à rendre  très- 
grands  services  au  pays,  et  cela  à»  l’aide- 
d’éléments  considérés  comme  mauvais.  Ib 
a donc  démontré  cette  grande  vérité  ■:  qpe  • 
l’homme  est  ce  qu’on  le  fait,  et  que  par 
l’éducation  on  peut  même  ramener  au  bien 
ceux  qui  étaient  entrés  dans  la  voie  con- 
traire, celle  du  mal. 

La  générosité  de  M.  O.  Laisné  est  d’un 


390 


INFLUENCE  DU  SUJET  DANS  L’OPÉRATION  DE  LA  GREFFE. 


grand  cœur  ; nous  souhaitons  naturellement 
que  le  bon  exemple  qu’il  donne  soit  suivi 
et  trouve  des  imitateurs. 

Rectification.  — Un  de  nos  confrères, 
M.  Viviand-Morel,  rédacteur  en  chef  du 
journal  Lyon-horticole,  sachant  par  expé- 
rience combien  la  vérité  importe  à la 
science,  a eu  l’extrême  obligeance  de  nous 
éclairer  à propos  des  doutes  que  nous 
avions  émis  au  ^ujet  de  l’invention  pre- 
mière de  la  greffe  en  fente  des  rosiers  prati- 
quée sur  semis  d’églantiers.  A ce  sujet  il 
nous  adresse  la  lettre  suivante,  que  nous 
nous  empressons  de  publier  : 

Lyon  le  9 Août  1883. 

Dans  le  paragraphe  intitulé  Rosiers  greffés 
sur  semis  d'églantiers^  {Revue  hort.,  août  1883, 
pag.  340)  vous  posez  une  question  à laquelle 
je  désire  répondre,  et  cela  pour  plusieurs  rai- 
sons : d’abord  pour  rendre  à César  ce  qui  est 
à César,  c’est-à-dire  à M.  J. -B.  Guillot  fils, 
rosiériste,  à Lyon  ; ensuite  parce  qu’il  est  im- 
portant de  ne  pas  laisser  — dans  l’intérêt  de 
l’histoire  de  l’horticulture  — planer  un  doute 
sur  une  invention  qui  a permis  aux  rosiéristes 
de  décupler  leur  commerce,  et  aux  amateurs, 
d’avoir,  autrement  qu’en  individus  malingres 
et  souffreteux,  toute  la  collection  de  ces  admi- 
rables variétés  de  Roses  de  l’Inde,  que  le 
commerce  vend  sous  le  nom  passablement 
chinois  et  très-peu  harmonieux  de  Roses 
Thé. 

Voici  la  question  que  vous  posez  : « Quel 
est  l’inventeur,  c’est-à-dire  celui  qui  le  pre- 
mier a eu  l’idée  de  greffer  les  Rosiers  sur 
semis  d’Églantiers,  en  vue  d’obtenir  des  sujets 
nains  ».  Vous  ne  répondez  à la  question  sus- 

INFLUENCE  DU  SUJET  DANS 

Malgré  tout  ce  que  l’on  a dit  et  écrit  sur 
cette  question,  elle  est  loin  d’être  résolue. 
Néanmoins,  ce  qu’on  ne  pourrait  nier  sans 
aller  contre  la  vérité,  c’est  que  cette  influence 
du  sujet  sur  la  greffe  existe.  _ 

Deux  causes,  ici,  occasionnent  et  semblent 
même  justifier  les  contradictions  : c’est, 
d’une  part,  d’abord  nos  connaissances  bor- 
nées et  nos  moyens  insuffisants  pour  cons- 
tater les  faits  fondamentaux  qui  souvent 
nous  échappent;  d’autre  part,  les  différences 
parfois  considérables  qu’exercent  le  milieu 
ou  les  sujets  qui,  presque  toujours,  sont 
dissemblables.  En  effet,  rappelons  qu’il  n’y 


dite  que  d’une  manière  tout-à-fait  dubitative, 
en  disant  qu’il  serait  difficile  de  rien  affirmer 
à ce  sujet,  tout  en  ajoutant  que  Vopinio7i  géné- 
rale s’accorde  assez  pour  attribuer  à M.  Guillot, 
fils,  de  Lyon,  l’invention  de  cette  greffe  qu’il 
aurait  pratiquée  dès  1850.  Permettez-moi  de 
vous  rappeler  que  les  deux  Sociétés  d’hor- 
ticulture du  Rhône  ont  décerné  chacune 
une  médaille  d’or  à M.  Guillot,  pour  le  récom- 
penser de  son  invention  si  utile.  Si  M.  Guillot 
n’eût  pas  été  l’inventeur  de  cette  greffe,  il 
est  fort  peu  probable  qu’il  eût  accepté  une  ré- 
compense qu’il  ne  méritait  pas  ; ensuite  l’in- 
venteur lui-même  — à moins  qu’il  soit 
mort  jeune  — aurait  pu,  en  se  nommant,  ré- 
clamer contre  l’attribution  de  ces  médailles. 
Ce  qu’il  y a de  certain,  c’est  qu’aucun  ancien 
traité  d’horticulture  ne  parle  de  cette  greffe, 
qu’elle  a été  employée  à Lyon,  dès  1850,  et 
que  personne  n’est  venu  réclamer  à M.  Guillot 
la  priorité  de  sa  découverte. 

Viviand-Morel. 

On  voit  par  cette  lettre  que,  sauf  l’affir- 
mation de  notre  part,  nous  sommes  en 
conformité  d’opinion  avec  notre  collègue, 
ce  dont  nous  nous  félicitons. 

Nécrologie  : M.  Buchetet.  — La  Société 
nationale  d’horticulture  de  France  vient  de 
perdre  l’un  de  ses  membres,  M.  Buchetet, 
mouleur  de  fruits,  décédé  le  11  août,  dans 
sa  cinquante  neuvième  année.  C’était  à la 
fois  un  artiste  habile,  un  écrivain  distingué 
et  des  plus  spirituels.  Outre  leur  valeur  in- 
trinsèque, tous  ses  articles  étaient  empreints 
d’une  critique  fine,  enjouée,  parfois  un  peu 
piquante  et  rabelaisienne  , mais  toujours 
honnête. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

.'OPÉRATION  DE  LA  GREFFE 

a ni  ne  peut  y avoir  deux  milieux  identi- 
ques, et  qu’il  en  est  de  même  des  sujets, 
provinssent- ils  d’une  même  plante;  à 
plus  forte  raison  quand  ils  proviennent  de 
semis.  Rien  donc  d’étonnant  dans  cette  cir- 
constance, que  sur  une  question  en  appa- 
rence identique,  on  soit  en  contradiction  sur 
les  résultats.  Les  principes  étant  différents, 
les  conséquences  ne  peuvent  être  sembla- 
bles. 

Mais  lors  même  que  les  faits  différentiels 
ne  nous  sont  pas  appréciables,  ils  n’en  exis- 
tent pas  moins,  et  alors,  en  dehors  de  l’ex- 
périence, la  science  répondrait  affirmative- 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


ment.  En  effet,  un  mélange  provenant  de 
deux  substances  différentes,  ne  peut-être 
semblable  à aucune  des  deux. 

Bien  que  nous  croyions  inutile  de  citer 
des  exemples  de  modifications  apportées  au 
greffon  par  l’influence  du  sujet,  par  cette 
raison  qu’ils  fourmillent  dans  la  pratique,  et 
qu’il  n’est  pas  un  seul  horticulteur-pépinié- 
riste qui  n’en  connaisse,  nous  croyons  devoir 
en  citer  particulièrement  un  parce  que, 
outre  son  importance  dans  l’application,  il 
peut  encore  servir  la  science  en  poussant  à 
l’explication  de  certains  faits  dont  la  cause 
est  complètement  ignorée.  Nous  faisons 
allusion  à la  surgreffe  si  fréquemment  em- 
ployée de  nos  jours  pour  certaines  variétés 
de  Poiriers  sur  lesquelles  cette  opération 
produit  de  si  remarquables  effets.  C’est  un 
fait  bien  connu  aujourd’hui,  dans  beaucoup 
de  localités,  que  les  Doyennés  d’hiver  greffés 
sur  Coignassier  (sur  franc,  ils  ne  donnent 
rien  ou  à peu  près),  même  quand  on  les 
plante  le  long  des  murs,  rapportent  peu  et 
presque  toujours  de  mauvais  fruits,  Jlandis 
que  lorsqu’on  surgreffe,  c’est-à-dire  qu’on 
interpose  entre  le  sujet  et  le  Doyenné  une 
autre  variété  améliorée,  les  choses  se  pas- 
sent tout  autrement. 

Bien  que  ce  fait  soit  constaté,  nous  croyons 
devoir  l’appuyer  d’un  nom  qui,  en  la  cir- 
constance, fait  autorité,  de  celui  de  M.  Hardy, 
directeur  de  l’École  d’horticulture  de  Ver- 
sailles qui,  à ce  sujet  et  en  réponse  à une 
lettre  que  nous  lui  avions  adressée,  nous 
écrivait  le  22  juin  dernier  : 

La  surgreffe  du  Doyenné  d’hiver  sur  Curé, 
produit  un  arbre  plus  vigoureux  et  plus  fer- 
tile, à fruits  plus  beaux,  plus  gros  et  plus 
sains.  La  maturité  n’est  pas  avancée,  maisHe 
fruit  se  conserve  bien  ; quant  à la  qualité,  elle 
ne  diffère  pas  de  celle  des  Doyennés  d’hiver  non 
surgreffés  sur  Curé,  mais  directement  greffés 
sur  Coignassier.  Il  y a donc  avantage  à plan- 
ter des  Doyennés  d’hiver  surgreffés  au  lieu 


391 

de  les  planter  directement  greffés  sur  Goignas- 
sier. 

J’ai  surgreffé  sur  Beurré  d'Amanlis  et  J5.  Diel 
— deux  variétés  vigoureuses  ; — j’ai  obtenu  les 
mêmes  résultats  qu’avec  le  Curé.  Je  crois  que 
toute  variété  très-vigoureuse  peut  être  employée 
pour  le  surgreffage. 

A ces  détails  si  précis  et  si  concluants, 
M.  Hardy  ajoute  : 

oc  Je  ne  cultive  plus  le  Doyenné  d’hiver  sans 
qu’il  soit  surgreffé  ; c’est  le  seul  moyen  que 
j’ai  d’obtenir  des  arbres  vigoureux,  fertiles,  à 
fruits  généralemeyit  sains.  » 

Comment  donc  expliquer  ces  faits  si  bien 
établis  et  certainement  dûs  à l’influence  du 
sujet  qui,  dans  cette  circonstance,  est  pour- 
tant bien  réduit  puisqu’il  consiste  parfois 
en  une  sorte  de  disque  de  l’épaisseur  de  2 
à 4 centimètres?  Quel  rôle  joue  ce  frag- 
ment? Nous  n’essayerons  pas  d’en  donner 
une  explication  ; nous  nous  bornons  à si- 
gnaler le  fait  aux  gens  compétents. 

Mais,  en  attendant  l’explication  du  fait, 
profitons-en,  et,  par  une  application  rai- 
sonnée, étendons-le  à d’autres  variétés  qui, 
aujourd’hui,  viennent  mal  et  ne  présentent 
plus  les  avantages  d’autrefois,  tels  sont 
les  suivantes  : Crassane,  Saint- Germain, 
beurré  d’Hardempont  et  même  le  beurré 
d’Angleterre,  qui,  dans  certaines  localités, 
ne  peut  même  plus  vivre. 

On  pourrait  aussi,  en  étendant  un  peu 
l’expérience,  chercher  à s’assurer  si,  outre 
la  vigueur  de  la  variété  employée  comme 
surgreffe,  sa  nature  ne  jouerait  pas  un  cer- 
tain rôle  et  si,  par  exemple,  au  lieu  d’une 
variété  améliorée,  l’on  obtiendrait  d’aussi 
bons  résultats  en  se  servant  d’une  espèce 
sauvage  dont  la  mauvaise  qualité  des  fruits 
est  bien  connue.  Ce  fait  nous  paraît  assez 
intéressant  pour  mériter  l’attention  des 
personnes  qui  s’occupent  de  science  dans  un 
but  d’utilité  générale.  E.-A.  Carrière. 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES 


Tout  le  monde  connaît  le  Cobœa  scan- 
dens.  Quand  on  désire  une  végétation  rapide 
et  cc  étoffée,  » rien  ne  peut  remplacer  cette 
plante.  Dans  des  conditions  de  sol  à peine 
passables  même,  sa  végétation  tient  du  pro- 
dige; mais  elle  a besoin  pour  cette  raison 
d’être  surveillée,  car  elle  fait  rapidement  un 
(1)  Voir  R«vut  hoi'HcoU,  1883,  p.  318. 


fouillis.  Sa  variété  panachée,  bien  plus  dé- 
licate, est  loin  de  la  valoir,  si  ce  n’est  en 
serre.  Pourtant  elle  peut  êtreemployée  l’été . 
A Paris,  ces  plantes  sont  traitées  comme 
annuelles  ; en  serre,  elles  deviennent  li- 
gneuses et  ne  tardent  pas  à devenir  vérita- 
blement encombrantes. 

Les  Pois  de  senteur,  et  en  somme  tous 


392 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


les  Lathyrus  annuels  ou  vivaces,  les  Haricots 
d’Espagne  {Phaaeolus  multiflorus),  sont 
aussi  d’anciennes  plantes  oubliées  et  même 
dédaignées  dans  les  jardins  bourgeois. 

Parmi  les  plantes  plus  faibles  de  végéta- 
tion, et  cultivées  ici  comme  annuelles,  nous 
trouvons  quelques  jolies  espèces  : Thun- 
hergia  alata  et  ses  variétés,  les  Mauran- 
dia  variés,  le  Lophospermum  scandens,  à 
fleurs  rappelant  celles  des  Digitales  ou  des 
Gloxinias.  Ces  plantes  forment  de  jolies 
palissades,  soit  sur  des  treillages  peu 
élevés,  soit  pour  masquer  des  liges  de  Ro- 
siers, soit  aussi  pour  faire  des  guirlandes, 
surtout  les  Maurandia.  Chose  singulière, 
moins  anciennes  et  aussi 
moins  populaires,  elles 
sont  bien  plus  cultivées 
dans  les  jardins  que  les 
Pois  de  senteur  et  les 
Haricots  d’Espagne,  qui, 
incontestablement  plus 
beaux,  en  sont  bannis,  de 
même  que  la  plupart  des 
Cucurbitacées  ornemen- 
tales grimpantes.  Il  n’y  a 
que  dans  les  jardinets  de 
campagne  qu’on  retrouve 
les  Coloquintes  et  les 
Courdes  aux  fruits  si  bi- 
zarres de  forme  et  de  cou- 
leur. Un  jardin  d’amateur 
qui  se  respecte  un  peu  ne 
se  compromet  pas  avec  ces 
plantes-là  ! 

Dans  les  plantes  grim- 
pantes ligneuses  nous 
trouvons  le  Jasmin  blanc 
{Jasminum  officinale) 

(fig.  71),  bien  connu,  mais  maintenant 
devenu  rare.  L’élégance  et  la  délicatesse 
de  son  feuillage,  l’odeur  si  suave  de  ses 
fleurs  d’un  très-beau  blanc  le  protègent 
encore;  mais  en  réalité  on  n’en  plante  plus 
guère. 

On  en  peut  dire  autant  des  Bignonia 
[Tecoma  grandifiora  et  radicans).  On 
plante  souvent  ceux-ci  le  long  des  murs.  Il 
nous  semble  que  ce  n’est  pas  la  place  de 
ces  espèces  dont  la  végétation,  un  peu  éche- 
velée, ne  se  prête  pas  plus  que  celle  de 
l’Aristoloche  à ces  positions.  Couvrir  une 
ruine,  de  vieux  troncs  d’arbres,  des  ton- 
nelles même,  nous  semble  plutôt  leur  des- 
tination. 


Au  point  de  vue  de  la  recherche  et 
de  l’emploi,  les  Chèvrefeuilles  {Lonicera) 
nous  paraissent  dans  le  même  cas  que 
les  précédents;  très-connus,  ils  sont  peu 
employés.  Nous  citerons  particulièrement 
une  charmante  petite  espèce,  le  Lonicera 
hrachypoda  aureo-reticulata,  aux  petites 
feuilles  veinées  de  jaune  et  de  rose.  Peu  de 
plantes  sont  aussi  gracieuses  par  leur  feuil- 
lage que  celle-ci.  Nous  avons  remarqué 
une  porte  de  laiterie,  au  Lieu  tel,  près  de 
Montfort-l’Amaury,  garnie  de  cette  plante, 
qui  produisait  un  effet  admirable.  Elle  est 
un  peu  buissonneuse  et  demande  par  consé- 
quent de  la  largeur.  Il  lui  faut  des  sols  très- 
sains  ou  même  sablon- 
neux, pour  être  vue  dans 
toute  sa  beauté. 

11  n’y  a rien  à dire  de 
la  Clycine  de  la  Chine 
{Wistaria  sinensis).  C’est 
désormais  ' unè  espèce 
classique  généralement 
connue  et  qu’on  plante  à 
peu  près  partout.  Il  n’en 
est  pas  de  même  de  quel- 
ques autres  espèces  de  ce 
genre,  qui,  sans  valoir 
celle-ci,  seraient,  si  elles 
étaient  nouvelles,  très- 
recherchées,  par  exemple 
les  Wistaria  frutescens  et 
Backhousiana  qui  don- 
nent également  des  fleurs 
magnifiques  ; la  variété  à 
fleurs  doubles  nous  paraît 
plus  curieuse  que  belle. 
Ces  plantes  exigent  un  sol 
profond,  riche,  et  se  com- 
portent mal  dans  les  terrains  compacts. 
Elles  y jaunissent  et  finissent  par  mourir; 
cependant,  on  ne  saurait  les  classer  dans 
les  plantes  délicates  ou  exigeantes  pour  le 
sol. 

Passons  maintenant  aux  Rosiers. 

Pour  les  espèces  grimpantes,  il  faut  de 
l’espace  et  presque  toujours  des  murs  sur 
lesquels  on  peut  les  palisser,  afin  de  mettre 
en  lumière  et  en  vue  les  splendides  bou- 
quets de  la  plupart  d’entre  elles.  Quelques- 
unes  sont  assez  frileuses  et  ont  besoin 
de  positions  abritées  ; il  faut  un  sol  chaud 
pour  les  Banks,  les  Thés  (si  on  les  consi- 
dère comme  arbustes  sarmenteux);  il  en 
est  de  même  pour  les  Noisettes,  si  répandus 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 

dans  le  Midi.  C’est  là  qu’il  faut  les  voir  pour 


bien  les  juger,  car  à Paris  il  est  très-rare 
de  les  avoir  absolument  beaux.  Mais  que 
dire  de  ces  magnifiques  Rosiers  multiflores, 
à fleurs  pourpres,  dont  la  floraison  n’a  d’é- 
quivalent que  celles  des  Bougainvillea 
(fig.  72)  garnissant  les  villas  des  bords  de 
la  Méditerranée,  de  Cannes  à Monaco?  Vues 
à distance,  il  n’est  rien  d’aussi  riche  dans 
ce  genre,  et  cependant  ces  plantes  sont  re- 
lativement peu 
employées,  ce 
qui  est  d’au- 
tant plus  sur- 
prenant qu’el- 
les sont  con- 
nues et  juste- 
ment appré- 
ciées. 

Au  jardin  du 
Luxembourg, 
on  a fait  de- 
vant l’orange- 
rie une  école 
de  Rosiers  où 
les  espèces  et 
variétés  grim- 
pantes sont  pa- 
lissées sur  une 
armure  en  py- 
ramide assez 
élevée.  Ce  sys- 
tème, parfait 
pour  le  but 
cherché,  n’est 
guère  conve- 
nabledans  l’or- 
nementation 
des  jardins. 

L’œil  n’est  pas 
satisfait,  et 
cette  forme  ne 
vaut  pas  ce  que 
nous  pouvons 
appeler  l’espa- 
lier. 

Les  Ronces  à fleurs  doubles  sont  aussi 
des  plantes  intéressantes  par  leur  abon- 
dante floraison,  mais  seulement  autour 
d’un  arbre  au  feuillage  maigre,  et  dont  le 
tronc  a besoin  d’être  masqué.  Nous  avons 
vu  au  château  de  Verneuil  un  vieux  Pin 
d’Écosse  à demi-mort,  qui  était  garni  de 
Ronces  à fleurs  roses  doubles.  Rien  n’était 
plus  joli. 


393 

Nous  arrivons  aux  Clématites.  C’est  le 
genre  le  plus  riche  en  variétés,  et  assuré- 
ment l’un  des  plus  beaux  du  groupe  des 
plantes  grimpantes.  Parmi  celles-ci,  il  en 
est  de  rustiques,  à feuilles  persistantes,  telle 
est  le  C.  Cirrhosa  (lig.  73). 

La  beauté  et  les  dimensions  des  fleurs, 
le  nombre  considérable  des  variétés  et  leur 
rusticité  les  rendent  inappréciables  au  point 
de  vue  ornemental.  Relativement  nouvelles, 

ces  variétés? 
pour  la  plupart 
si  méritantes, 
les  unes  hâti- 
ves, les  autres 
tardives,  sont, 
dans  leur  en- 
semble, pre- 
que  conti- 
nuellement en 
fleurs  pendant 
tout  l’été. 
Leurs  couleurs 
varient  du 
blanc  pur  au 
plus  riche  vio- 
let pourpre,  en 
passant  par 
toutes  les 
nuances  in- 
termédiaires ; 
leur  floribon- 
dité  est  ex- 
trême, à ce 
point  que  les 
feuilles  dispa- 
raissent sous 
la  masse  de 
leurs  fleurs. 

Un  berceau 
couvert  de  la 
variété  Jack- 
manni,  restée 
une  des  plus 
belles,  est  tou- 
jours une  merveille. 

Si  un  genre  de  plantes  ramène  le  goût  et 
la  mode  aux  plantes  grimpantes,  ce  sera 
certainement  celui  des  Clématites. 

Nous  trouvons  encore  pour  le  plein  air 
le  Passiflora  cœrulea,  qui  n’est  pas  à dé- 
daigner, quoiqu’on  ne  puisse  le  placer  in- 
différemment partout.  Cette  Passiflore  aime 
les  positions  chaudes  ; ses  fleurs  sont  très- 
curieuses,  mais  ses  congénères  de  serre 


394 


VRIESEA.  BARILLETI. 


lui  font  tort.  Nous  en  parlerons  plus  loin. 
Disons  toutefois  que  cette  espèce  n’est  pas 
très-rustique  et  qu’il  est  prudent  de  l’abri- 
ter l’hiver. 

Mais  combien  d’autres  espèces  encore, 
outre  celles  dont  nous  venons  de  parler, 
pourraient  être  employées  pour  la  pleine 
terre  ! 

Si  l’on  étudie  les  plantes  de  serre,  on 
constate  que  le  nombre  des  plantes  grim- 
pantes est  encore  bien 
plus  considérable. 

Mais  comme  en  gé- 
néral ces  plantes  sont 
très-vigoureuses  et 
s’accommodent  mal 
de  la  culture  en  pots, 
on  les  délaisse,  plutôt 
que  de  chercher  à 
orner  les  parties  où 
elles  pourraient  être 
utilisées. 

Dans  les  serres,  il 
est  urgent  de  placer 
des  supports  disposés 
de  façon  que  les  fils 
de  fer  destinés  aux 
plantes  soient  à envi- 
ron 20  centimètres  du 
vitrage.  Plus  rapprochés,  les  fleurs  et 
même  le  feuillage  s’abîment  et  sont  souvent 
brûlés,  surtout  s’ils  touchent  aux  carreaux. 
Nous  avons  vu  perdre  des  floraisons  entières 
de  Kennedya  par  une  mauvaise  disposition 
des  supports. 

Un  cordon  aux  fermes,  et  deux  ou  trois 
en  travers,  permettent  déjà  de  cultiver 
quelques  plantes,  sans  nuire  à la  disposition 


générale,  ni  même  à la  végétation  des 
autres  plantes  placées  à l’intérieur. 

Des  cordons  de  Kennedya  ovata,  Fred- 
woodi  et  surtout  Maryaitæ^  fleurissent 
parfaitement  dans  ces  conditions,  mais  en 
pleine  terre.  Nous  en  avons  vu,  plantés 
dans  une  bâche  à fond  de  tuiles,  comme  on 
les  fait  maintenant,  n’ayant  pas  plus  de 
8 centimètres  d’épaisseur  de  terre,  et  dont 
la  végétation  ne  laissait  rien  à désirer;  ceci 
dit  en  vue  des  objec- 
tions qu’on  pourrait 
élever  contre  les  diffi- 
cultés de  la  plantation . 
Il  n’est  pas'  jusqu’à 
des  Fuchsias,  qui, 
plantés  et  disposés  de 
la  même  façon,  n’y 
deviennent  magnifi- 
ques. Pour  ceux-ci, 
leurs  fleurs  pendantes 
doivent  faire  préférer 
cette  disposition,  qui 
les  présente  bien 
mieux  à l’œil. 

C’est  également 
dans  ces  conditions 
que  l’on  peut  jouir 
des  fleurs  des  Lapa- 
geria,  plantes  des  plus  jolies,  mais  en- 
core rares  chez  nous.  Ces  plantes  ne  nous 
paraissent  délicates  que  par  suite  de  leur 
culture  en  vases  trop  étroits.  La  pleine 
terre  dans  une  serre  à Camellias,  et  assez 
près  de  la  lumière,  nous  semble  plus  ra- 
tionnelle, en  y employant  des  plantes  bien 
établies,  c’est-à-dire  déjà  faites. 

Jules  Batise. 


VRIESEA  BARILLETI 


Cette  espèce,  connue  en  Belgique  sous  le 
nom  de  V.  Eumorpha,  et  qui,  à la  dernière 
exposition  d’horticulture,  aux  Champs- 
Elysées,  était  encore  nouvelle,  figurait  dans 
un  lot  de  M.  Chantin.  Elle  est  originaire  de 
la  République  de  l’Équateur,  a été  décrite 
et  figurée  par  M.  Ed.  Morren,  dans  la  Bel- 
gique horticole,  1883,  p.  33.  Elle  a fleuri 
pour  la  première  fois  dans  les  serres  du 
savant  professeur  de  botanique  de  Liège,  en 
mai  1882.  Voici  sa  description,  l.  c.  : 

« Plante  de  dimensions  moyennes  pour 
le  genre,  à drageons  très-rapprochés  et  peu 


nombreux.  Rosace  ample  (50  centimètres 
de  haut  sur  70-80  centimètres  de  large) 
gracieuse,  en  entonnoir  lâche,  et  formée  de 
20  à 25  feuilles  : 

(c  Feuilles  coriaces,  minces,  ascendantes, 
arquées,  longues  (jusqu’à  55  centimètres), 
très-lisses,  luisantes,  vert  très-clair  sur  les 
deux  faces , très -légèrement  marbrées  et 
marquées  de  stries  minces,  vermiculaires, 
courtes,  transversales  et  de  couleur  verte  un 
peu  plus  foncée.  La  gaine  est  largement 
ovale, assez  longue  (12-15  centimètres), large 
(8  centimètres^  convexe,  parfois  un  peu 


POMME  REINETTE  VERTE  D’ AUTRICHE. 


395 


blanchâtre,  se  rétrécissant  dans  la  lame  en 
forme  de  courroie,  large  (045-055  millimè- 
tres), canaliculée,  les  bords  parfois  finement 
lisérés  de  rouge  et  s’atténuant  brusquement 
à l’extrémité,  qui  peut  être  marbrée  de  rouge 
brun  et  pointue;  parfois  aussi  légèrement 
nuancée  de  rouge  à la  face  inférieure. 

((  L’inflorescence  est  dressée  au-dessus 
du  feuillage  (jusqu’à  60-70  centimètres). 
Hampe  droite,  raide,  cylindrique,  épaisse 
(007  millimètres),  ferme,  à nœuds  rappro- 
chés (environ  02  centimètres),  portant  cha- 
cun, dans  un  ordre  spiral,  une  bractée 
dressée,  involutée,  plus  longue  que  l’entre- 
nœud,  ovale,  bientôt  acuminée,  lisse,  rouge 
brun  pendant  la  floraison  et  verte  plus  tard. 

« Épi  simple,  s’allongeant  beaucoup 
(25  centimètres  et  plus),  multiflore,  anci- 
pité,  large  (07  centimètres)  et  relativement 
épais  (015-018  millimètres).  11  comporte  un 
grand  nombre  de  bractées  (ici  jusqu’à 
46  centimètres),  distiques,  très-rapprochées, 
équitantes,  presque  horizontales,  longues 
(04  centimètres),  très-large  (05  centimètres), 
condupliquées,  naviculaires,  terminées  par 
une  carène  étroite  et  un  bec  aigu.  Elles 
sont  enfin  un  peu  cartilagineuses,  minces, 
lisses,  vert  jaunâtre,  un  peu  rouges  près  de 
leur  insertion  et  pointillées  par  des  milliers 
de  ponctuations  rouge  foncé  sur  toute  leur 
surface  extérieure,  saut  une  bandelette 
marginale  (002  millimètres)  qui  est  lisse  et 
jaune. 

((  Fleur  solitaire  à l’aisselle  de  chaque 
bractée  qu’elle  dépasse  un  peu,  assez  longue 
(06  centimètres),  sessile  et  légèrement  ar- 
quée. Sépales  un  peu  cartilagineux,  ligulés, 
lancéolés,  longs  (035  millimètres),  larges 
(01  centimètre),  atteignant  les  deux  tiers  de 
la  corolle,  lisses,  jaune  citron.  Pétales  plus 
longs  (045  millimètres),  disposés  en  tube  un 
peu  arqué  avec  le  limbe  à peine  étalé  et 
quelque  peu  irrégulier,  en  forme  de  ban- 
delette, à sommet  obtus,  un  peu  échancré, 
de  couleur  jaune  et  pourvus  à leur  base  de 
deux  écailles  semi-adhérentes,  ovoïdes,  en- 
tières ou  un  peu  crénelées.  Étamines  adhé- 
rentes à la  base  des  pétales  (par  1,  2 et 
3 centimètres),  que  les  filets  dépassent  un 


peu  (002  millimètres)  ; anthères  sub-basi- 
fixes,  droites,  allongées  (008  millimètres). 
Style  un  peu  plus  long  et  terminé  par  un 
large  stigmate  à 3 lobes  étalés  et  papilleux. 
Ovaire  lisse.  Ovules  nombreux  brièvement 
appendiculés  à la  chalaze.  Capsule  de  la 
longueur  des  sépales  (035  millimètres),  voi- 
lée dans  la  bractée  persistante. 

« Graines  nombreuses,  ascendantes,  sur- 
montées d’un  minuscule  appendice  chala- 
zien  et  supportées  par  un  long  funicule  qui, 
à la  dissémination,  s’étale  comme  un  pappe 
en  parachute,  d 

Dans  un  alinéa  précédant  la  description 
que  nous  venons  de  rapporter,  M.  Morren 
fait  de  , cette  plante  le  portrait  imagé  que 
voici  : 

« Le  Vriesea  Barilleti  atteint  environ 
70  centimètres  de  haut.  Ses  feuilles,  très- 
luisantes,  et  d’une  charmante  nuance,  sont 
disposées  en  une  élégante  corbeille  d’où 
sort  l’inflorescence.  L’épi,  d’abord  très- 
court,  ressemble  à la  crécelle  d’un  crotale  ; 
il  s’allonge  successivement,  et  de  nouvelles 
bractées  semblent  sortir  des  premières  ve- 
nues ; il  atteint  ainsi  jusque  30  centimètres, 
et,  dans  cet  état,  il  rappelle  par  sa  confor- 
mation certains  animaux  du  groupe  des 
Annélides  connus  sous  le  nom  d’Eumolpe  et 
de  Polynac.  Les  bractées  de  l’épi,  bouffies 
et  en  forme  de  proue  de  navire,  ont  les 
bords  étroitement  serrés  les  uns  contre  les 
autres.  Chacune  d’elles  constitue  ainsi  un 
réservoir,  relativement  très-vaste,  que  nous 
avons  toujours  trouvé  rempli  d’eau  pendant 
le  développement  des  boutons.  Les  fleurs 
baignent  dans  cette  eau  comme  des  naïades. 
L’épi  présente  assez  bien  la  forme  d’une 
rame.  Les  bractées  sont  pointillées  d’une 
infinité  de  ponctuation  brunes.  Les  fleurs 
sont  jaunes.  » 

L’aspect  général  herbacé  de  cette  espèce 
rappelle  assez  VÆchmea  Weilbachi  bien 
qu’elle  soit  un  peu  plus  dressée  dans  toutes 
ses  parties  ; mais  la  plante  en  diffère  com- 
plètement par  son  inflorescence  qui,  portée 
sur  une  hampe  raide,  est  étroite,  stricte- 
ment dressée,  d’un  roux  bronzé  fortement 
ferrugineux.  E.-A.  Carrière. 


POMME  REINETTE  VERTE  D’AUTRICHE 


Sous  ce  nom,  nous  avons  reçu,  il  y a une 
vingtaine  d’années  environ,  de  M.  le  docteur 


Alex.  Lucas,  pomologue,  directeur  de  l’éta- 
blissement agronomique  de  Reutlingen, 


396 


STENOMESSON  HARTWEGII. 


près  Stuttgart  (Wurtemberg),  une  variété 
de  Pomme  dont  je  ne  puis  affirmer  la  va- 
leur nominale,  car  malgré  toute  la  confiance 
que  nous  avons  dans  l’envoyeur,  une  erreur 
de  nom  e>t  bientôt  faite;  quoique  M.  Lucas 
ait  pris  la  précaution  de  nous  envoyer, 
écrite  de  sa  main,  la  liste  des  variétés  que 
nous  lui  avions  demandées.  Depuis  cette 
époque,  le  temps  a marché,  et  à l’heure 
présente  nous  ne  saurions  trouver  au- 
cune trace  de  ce  fruit  ou  du  moins  du  nom 
qu’il  porte  dans  les  ouvrages  pomologiques 
les  plus  complets  que  nous  avons  pu  con- 
sulter, bien  différent  en  cela  de  certains 
fruits  dont  on  constate  le  passage  avec  ac- 
compagnement de  beaucoup  de  synonymes, 
sous  des  noms  divers,  soit  en  Allemagne, 
soit  en  Angleterre  ou  même  en  Amérique. 
Celui-ci  ne  s’est  pas  encore  révélé,  pour 
nous  du  moins,  sous  le  nom  qu’il  porte, 
ou  même  sous  quelque  autre  auquel 
on  puisse  rapporter  ce  fruit.  Cependant  il 
nous  paraît  improbable  qu’un  fruit  aussi 
remarquable  par  sa  qualité  et  sa  longue  con- 
servation puisse  être  resté  inaperçu.  C’est 
dans  le  but  de  le  faire  connaître  que  nous 
en  donnons  aujourd’hui  une  description 
sommaire. 

Arbre  vigoureux,  rustique  et  assez  fertile 
en  plein  vent.  Branches  grosses  et  longues, 
bien  espacées,  gris  brunâtre  ; rameaux  forts 
et  longs,  coudés  et  fïexueux  dans  leur  jeu- 
nesse, à écorce  brun  verdâtre,  ponctuée  de 
lenticelles  grises  rares  et  proéminentes. 
Yeux  moyens,  coniques,  arrondis,  appliqués 


sur  les  rameaux,  feuilles  grandes  et  larges, 
presque  rondes  sur  le  jeune  bois,  planes  re- 
pliées en  dessous,  brusquement  acuminées, 
d’un  vert  foncé,  profondément  dentées  et 
surdentées  ; pétiole  court,  duveteux,  vert 
jaunâtre  ; stipules  courtes  et  spatulées. 
Fruit  gros  ou  assez  gros,  atteignant  parfois 
de  8 à 10  centimètres  de  hauteur  sur  autant 
de  diamètre,  largement  tronqué  à .ses  extré- 
mités, ayant  presque  toujours  un  côté  plus 
gros  que  l’autre,  relevé  à sa  surface,  légère- 
ment côtelé,  inégalement  bossué.  Peau 
fine  et  lisse,  d’abord  d’un  vert  clair,  parse- 
mée de  taches  ou  points  gris  très-espacés  à 
la  maturité  qui  a lieu  fin  de  Vhiver  et  courant 
du  printemps  et  même  plus  tard.  La  peau 
se  lave  de  jaune  mais  partiellement  et  sur- 
tout entre  les  côtes,  ce  qui  donne  à ce  fruit 
comme  un  aspect  de  Canada  panaché. 
Œil  grand,  entr’ouvert,  à sépales  larges  et 
courts,  placé  dans  une  cavité  assez  large  et 
profonde,  sillonnée  de  rides.  Quejie  assez 
forte,  ligneuse,  courte,  presque  à fleur  du 
fruit,  entourée  d’une  large  tache  grise.  Chair 
fine,  serrée  tendre,  blanc  verdâtre,  assez 
sucrée,  relevée  d’un  aigrelet  agréable  par- 
ticulier aux  Reinettes.  Malgré  que  nous 
n’ayons  cultivé  cette  variété  qu’en  plein  air, 
nous  conseillons  de  la  greffer  sur  paradis, 
sujet  sur  lequel  la  vigueur  et  la  grosseur  de 
son  fruit  ne  peuvent  que  gagner. 

A l’époque  ‘où  nous  faisons  cette  descrip- 
tion (22  juin),  nous  constatons  que  la 
Pomme  Reinette  verte  d'Autriche  n’a  rien 
perdu  de  ses  qualités.  Boisbunel. 


STENOMESSON  HARTWEGII 


Cette  jolie  petite  Amaryllidée  est  origi- 
naire des  hautes  Cordillères  des  Andes.  Je 
l’ai  rencontrée  pour  la  première  fois  en 
mai  1876,  auprès  du  hameau  d’Alché  (Nou- 
velle-Grenade) par  1®  de  latitude  Nord. 
L’altitude  était  de  3,000  mètres  environ  et 
la  température  oscillait  entre  -j-  10  et  12  de- 
grés. La  plante  croissait  en  abondance  dans 
cette  région  demi-froide,  voisine  des  pa- 
ramos  brumeux,  sur  les  lomas  ou  pentes 
couvertes  des  graminées  sèches  apparte- 
nant principalement  au  genre  Deyeuxia 
qui  tapissent  les  contreforts  du  volcan  de 
Gumbal  (1). 

(1)  "Voir  ma  relation  de  voyage  dans  le  Tour  du 


Je  retrouvai  plus  tard  la  même  espèce 
dans  l’Écuador,  sur  les  volcans  du  Pichin- 
cha  et  du  Chimborazo. 

Le  St.  Hartwegii  (2)  que  j’ai  pu  intro- 
duire vivant  en  Europe  et  qui  m’a  fleuri 
pour  la  première  fois  en  serre  froide  à La- 
croix (Indre-et-Loire),  il  y a deux  ans,  avait 
été  primitivement  introduit  par  Hartweg, 
qui  le  découvrit  sur  les  pentes  de  l’Antisana 
(Ecuador)  près  delà  hacienda  dellxo,  à une 
altitude  de  3,600  mètres.  La  plante  fleurit 
d’abord  en  1844  dans  le  jardin  de  la  Société 

Monde,  987*  livr.,  pp.  356  et  suiv.,  et  1169e  Hvr., 
p.  349. 

(2)  Stenomesson  Hartwegii,  Lindley,  Bot.  Reg., 
1844,  t.  42. 


Hnni  e /7o/‘lieole  . 


' G-odarcL,  det 
\ 


Ckf'orrwlxlhy.  G-  Severeyr^ 


I 


397 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


royale  d’horticulture  de  Londres,  où  le 
docteur  Lindley  la  fit  peindre  pour  la  publier 
dans  le  Botanical  Register.  Depuis  cette 
époque,  elle  paraît  s’être  perdue  dans  les 
collections,  du  moins  toutes  mes  recherches 
pour  la  retrouver  ont  été  vaines. 

C’est  donc  d’une  réintroduction  plutôt  que 
d’une  introduction  qu’il  s’agit  actuellement. 

Description.  — La  plante  est  pourvue 
d’un  bulbe  ovoïde,  oblong  et  roux,  d’où  sor- 
tent des  feuilles  ligulées,  atténuées  aux  deux 
extrémités,  à sommet  obtus,  .glauques  en 
dessous  et  à côte  médiane  très-saillante,  à 
bords  fortement  révolutés.  Les  fleurs,  que 
nous  avons  toujours  vu  précéder  les  feuilles 
malgré  l’assertion  contraire  de  Lindley  (1), 
sont  supportées  par  des  hampes  cylin- 
driques hautes  de  15  à 25  centimètres,  glau- 
ques ; les  ombelles  sont  bi  (ou  pluri)  flores, 
et  les  spathes  plus  courtes  que  les  pédicelles, 
accompagnent  les  périanthes  d’un  beau 
rouge  orangé  vif,  à lobes  ovales  dressés,  à 
étamines  incluses  aux  anthères  dorées,  à 
style  saillant  ; la  couronne  interne  dé- 
pourvue de  dents,  porteles  filets  des  an- 
thèresbi  ou  tridentés,  à sinus  entiers  aigus. 

Une  autre  espèce  voisine  de  celle-ci,  le 
St.  aurantiacum  (2),  découverte  par  Hum- 
boldt  et  Bonpland,  à Chillo,  près  de  Quito, 


a été  retrouvée  par  Hartweg  sur  l’Antisana, 
et  croît  aussi  dans  la  province  de  Loja,  à 
2,700  mètres  d’altitude.  Elle  se  distingue 
par  quelques  caractères,  notamment  par 
les  fleurs  plus  nombreuses  sur  la  même 
hampe  et  les  spathes  beaucoup  plus  longues 
que  les  pédoncules,  mais  la  végétation  et  la 
couleur  des  fleurs  sont  les  mêmes. 

Le  St.  Hartwegii  est  une  plante  d’ama- 
teur, d’un  effet  modeste  qui  peut  être  accen- 
tué facilement  en  réunissant  un  certain 
nombre  de  bulbes  florifères  dans  une  seule 
potée.  La  culture  en  est  facile.  On  le  plante 
dans  un  mélange  de  terre  de  bruyère  et  de 
sable  siliceux  en  proportions  égales.  Il 
fleurit  généralement  en  mars,  et  les  feuilles 
paraissent  ensuite,  souvent  à la  fin  de  la 
floraison  ou  pendant  qu’elle  s’effectue.  Il 
lui  faut,  pendant  la  végétation,  des  arrose- 
ments assez  copieux  qui  devront  cesser 
quand  les  feuilles  se  flétrissent  et  meurent. 
On  tient  les  oignons  au  sec,  dans  les  pots, 
pendant  quelques  semaines  d’hiver,  en  bonne 
serre  froide  ou  en  serre  tempérée  froide. 

Les  exemplaires  de  Stenomesson  Hart- 
wegii que  j’ai  importés  ont  été  cédés  à 
M.  Godefroy- Lebeuf,  horticulteur  à Argen- 
teuil  près  Paris,  chez  qui  on  pourra  se  pro- 
curer l’espèce.  Ed.  André. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCK 

SÉANCE  DU  9 AOUT  1883 


Apports.  — Au  comité  de  culture  potagère 
ont  été  présentés  les  objets  suivants  : Par 
M.  Berthaud,  jardinier  à Rungis  (Seine),  1»  des 
Poireaux  Carentan,  très -beaux,  énormes 
même  pour  la  saison  ; 2o  des  Aubergines  vio- 
lettes dont  les  fruits  excessivement  gros  sont 
luisants,  d’un  noir  très-foncé.  — Par  M.  Gau- 
tereau , des  Bardanes  améliorées  du  Japon 
(Lappa  edulis),  provenant  de  graines  semées 
dans  la  première  quinzaine  d’avril  et  qui  avarient 
déjà  acquis  40  centimètres  de  longueur  sur  3 
à 4 centimètres  de  diamètre.  Ges  racines, 
simples,  nues  ou  portant  seulement  quelques 
radicelles,  sont  homogènes,  cassantes,  non 
fibreuses.  G’est,  paraît-il,  un  légume  à intro- 
duire dans  le  potager  ; ajoutons  huit  variétés  de 
Pommes  de  terre  à peu  près  dépourvues  d’in- 
térêt. — Par  M.  Laurent,  maraîcher,  rue  de 

(1)  FoUis  synanthiis,  Lindley,  l.  c. 

(2)  Stenomesson  aurantiacum , Herb . Bot. 
Reg.,  1843,  Mise,  n®  90,  p.  62;  1844,  Mise.,  p.  25. 
— Pancratium  aurantiacum,  H.  B.  K. 


Lourmel,  à Paris,  deux  magnifiques  Choux- 
fleurs  remarquables  par  leur  grosseur  et  sur- 
tout par  la  blancheur  et  la  finesse  de  leur 
grain.  — Par  M.  Chemin,  maraîcher,  quai 
de  la  gare  à Issy  (Seine),  1»  des  Pommes  de 
terre  de  la  variété  Trophy,  variété  allongée, 
rouge  et  aplatie  rappelant  aSsez  exactement  la 
Pomme  de  terre  Saucisse.  Le  lot  présenté, 
pesant  3 kilog.  500,  provenait  d’un  seul  tuber- 
cule, ce  qui  démontre  l’abondante  production 
de  cette  variété  ; 2^  de  très-beaux  pieds  d’une 
variété  de  Céleri  qu’il  cultive  depuis  6 ans 
sous  le  nom  de  Céleri  blanc.  Cette  sorte,  dont 
il  est  l’obtenteur,  très-remarquable  par  une 
couleur  blanc  jaunâtre  dans  toutes  ses  parties, 
à l’exception  de  l’extrémité  de  ses  feuilles  qui 
est  verte,  présente  le  très-grand  avantage  de 
n’avoir  pas  besoin  d’être  blanchie,  c’est-à-dire 
soumise  à l’étiolement  ; il  suffit  de  la  planter 
en  pleine  terre  ainsi  qu’on  le  fait  de  toutes  les 
autres  variétés  de  Céleris.  Bien  que  très-tendres 
et  d’un  très-bon  goût,  les  pétioles  sont  très- 


398 


GREFFE  EN  ÉCUSSON  DE  PIVOINES  LIGNEUSES. 


pleins  et  excessivement  fermes.  C’est  donc  une 
variété  qui  mérite  d’être  propagée. 

Au  comité  d'arboriculture,  les  objets  sui- 
vants ont  été  présentés  : Par  M.  Eugène  Girar- 
din,  cultivateur  à Argenteuil,  trois  corbeilles 
de  Figues  magnifiques  des  variétés  Dauphine, 
Blanche  hâtive  et  Barbillonne.  Celle-ci,  rela- 
tivement petite,  est  d’un  violet  foncé.  On  la  dit 
très-bonne.  — Par  M.  Gustave  Chevallier, 
arboriculteur  à Montreuil,  des  Pêches  Belle  de 
Vitry,  Grosse  Mignonne  hâtive,  Early  Rivers 
qui  étaient  grosses  et  très-colorées;  enfin  des 
fruits  de  la  variété  Early,  qui,  très-colorées, 
rappelaient  assez  exactement  par  la  forme,  la 
couleur  et  l’aspect  général,  ceux  de  la  Pêche 
Amsden,  avec  moins  de  qualité  toutefois.  Ces 
fruits  sont  à chair  adhérente  au  noyau.  — 
Par  M.  Aubrée,  à Chatenay,  des  Pêches  Early 
Rivers,  peu  colorées  et  relativement  petites.  — 
Par  M.  Bonniceau-Gesmon,  juge  d’instruction 
au  tribunal  de  la  Seine,  des  fruits  très-beaux  et 
excessivement  colorés  des  variétés  Mignonne 
hâtive  et  Belle  de  Vitry.  Enfin  une  collection 
de  Pommes  hâtives  qui  avaient  été  envoyées  de 
Troyes,  par  MM.  Baltet  frères,  comprenant  les 
variétés  suivantes  : Transparente  blanche,  de 
Moisson,  Sops  of  Wine,  Astrakan,  Sophie 
Petot,  Saint-Germain,  Rose  de  Bohême,  Iris 
Peach,  Baroivitsky  et  Rouge  de  lait,  cette 
dernière  plus  grosse  que  les  autres.  A l’excep- 
tion de  la  Transparente  blanche,  toutes  les 
autres  variétés  étaient  plus  ou  moins  striées  de 
rouge. 

Au  comité  de  floriculture  ont  été  présentés 
par  M.  Tabar,  de  Sarcelles,  des  fleurs  coupées 
de  Pétunias  à grandes  fleurs  simples  et  doubles. 
— Par  M.  Lequien,  horticulteur  à Glamart, 
des  fleurs  coupées  de  Bégonias  à fleurs  doubles, 
très-belles  mais  peu  variées.  — Par  M.  Delahaye, 
marchand  grainier,  horticulteur,  quai  de  la 
Mégisserie,  à Paris,  de  belles  potées  du  Godetia 
Bijou  dont  il  est  l’obtenteur.  G’est  une  plante 
très-naine,  dressée,  gazonnante,  compacte, 
très-floribonde,  à fleurs  blanches  légèrement 
maculées  de  rose  vers  la  base  de  chaque  pétale. 
Elle  est  très-propré'  à former  des  bordures.  — 
Par  M.  Fournier,  horticulteur  à Montreuil,  trois 
nouvelles  variétés  de  Lis  du  Japon,  paraissant 
rentrer  dans  le  groupe  du  Lilium  auratum. 
Elles  étaient  remarquables  par  les  énormes 
dimensions  des  fleurs;  ce  sont  de  très-belles  et 
vigoureuses  plantes.  — Enfin  par  M.  Godefroy- 
Lebeuf,  horticulteur  à Argenteuil,  un  apport 


remarquable  tant  par  le  nombre  que  par  l’im- 
portance des  sujets.  C’était  d’abord  un  fort 
bouquet  de  Rosa  Pissarti,  espèce  très-recom- 
mandable pour  la  confection  des  bouquets  bien 
que  ses  fleurs  soient  à peu  près  simples  ; elles 
sont  odorantes,  d’un  jaune  soufre,  disposées  en 
fortes  panicules  compactes  ; les  boutons,  fort 
bien  faits,  très-nombreux,  sont  subdressés, 
d’un  très-bel  aspect  et  très-élégants,  même 
longtemps  avant  leur  épanouissement  ; ce  qui 
ajoute  encore  au  mérite  de  cette  plante,  c’est 
qu’elle  fleurit  continuellement.  Gomme  elle 
provient  de  graines  envoyées  de  Téhéran  par 
M.  Pissart,  on  est  autorisé  à se  demander 
si  ce  ne  serait  pas  une  variété  du  Rosa 
Pissarti  dont  la  Revue  horticole  a donné 
une  description  et  une  figure  (1).  Quoi  qu’il  en 
soit,  c’est  une  forme  d’un  grand  mérite  pour 
la  confection  des  bouquets.  — M.  Godefroy 
présentait  aussi  un  lot  de  Glaïeuls  hybrides,  des 
Gladiolus  Sundersi  et  Gandavensis  (variétés). 
Les  fleurs  de  ces  plantes,  très-grandes  et  de 
coloris  variés,  font  espérer  que  bientôt  il  y aura 
là  un  nouveau  type  qui  viendra  se  placer  à côté 
des  Glaïeuls  perfectionnés,  actuellement  si 
recherchés,  et  même  peut-être  lutter  avec  eux. 
Dans  tous  les  cas,  ces  nouvelles  formes  ne 
sont  pas  à dédaigner.  En  plantes  diverses, 
rares  ou  nouvelles,  M.  Godefroy  présentait  les 
suivantes  : Cypripedium  selligerum  majus, 
l’une  des  plus  remarquables  du  groupe  bar- 
batum  auquel  elle  appartient;  Selenipedium 
calurum,  hybride  des  S.  Sedeni  et  longi- 
folium,  magnifique  plante  à grandes  et  longues 
feuilles  distiques,  à fleurs  rappelant  celles  des 
S.  Sedeni  pour  la  couleur,  mais  plus  grandes; 
les  Statice  helbrosa,  à fleurs  rouges,  S.  incana 
à fleurs  blanc  rose  f ces  deux  espèces  sont  naines, 
rustiques,  à inflorescences  plates,  très-larges; 
enfin  le  Statice  Japonica,  plante  vivace,  rus- 
tique, à tiges  florales  dressées  atteignant  50  cen- 
timètres et  plus  de  hauteur,  à fleurs  nom- 
breuses, d’un  beau  jaune  clair.  Gomme  spé- 
cimens, cet  horticulteur  présentait  : 1»  une 
forte  touffe  (véritable  buisson)  de  Veronica 
subsessilis,  plante  vivace  et  rustique  de  pre- 
mier mérite  dont  la  Revue  horticole  a donné 
une  description  et  une  figure  (2)  ; 2»  une  très- 
forte  touffe  dTmpatiens  Sultani,  plante  très- 
floribonde  appelée  à jouer  un  important  rôle 
dans  l’ornementation  des  serres  chaudes  ou 
tempérées  pendant  la  saison  d’hiver,  et  des 
massifs  dehors  pendant  l’été. 


GREFFE  EN  ÉCUSSON  DE  PIVOINES  LIGNEUSES 


D’après  cette  règle  générale  que  l’on  a 
posée  concernant  l’opération  du  greffage  : 
« lorsqu’on  met  en  contact  des  parties  végé- 


tales en  voie  de  formation  et  qui  ont  entre 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1880,  p.  314. 

(2)  Voir  Revue  horticole,  1881,  p.  270. 


GREFFE  EN  ÉCUSSON  DE  PIVOINES  LIGNEUSES. 


399 


elles  certaines  analogies  organiques,  elles 
doivent  s’unir  d,  il  résulte  qu’il  n’y  a pas  de 
limite  absolue  à établir  et  que  la  possibilité 
ou  l’impossibilité,  qui  du  reste  sont  toujours 
relatives,  ne  peuvent  être  démontrées  que 
par  l’expérience.  Aussi  voit-on  constam- 
ment modifier  les  limites  qu’on  avait  déter- 
minées, et  établir  de  nouveaux  modes  de 
greffes.  Celui  dont  nous  allons  parler  et  que 
représente  la  figure  74,  est  dans  ce  cas,  et 
comme  il  nous  paraît  inédit  et  qu’il  peut 
rendre  quelques  services,  nous  avons  jugé 
utile  de  le  faire  connaître. 

Du  reste  ce  mode  de  greffage  ne  présente 
rien  de  particulier  en  ce  qui  touche  son  exé- 
cution ; c’est  tout  simplement  une  greffe  en 
écusson  qui,  au  lieu  d’être  faite  sur  une 
partie  aérienne  (branche  ou  tige),  est  placée 
sur  une  partie  souterraine.  L’opération  ne 
présente  non  plus  aucune  difficulté.  Une 
seule  condition  paraît  nécessaire  : à savoir 
que  l’écorce  de  la  partie  qui  sert  de  sujet 
puisse  se  détacher,  absolument  comme 
pour  toutes  les  greffes  en  écusson.  Quant  à 
l’époque,  elle  peut  varier  entre  juillet  et 
septembre.  Nous  croyons  pourtant  qu’il 
vaut  mieux  tôt  que  tard.  Gomme  l’écorce 
des  bourgeons  de  Pivoine  est  très-mince  et 
que  les  yeux  sont  au  contraire  excessive- 
ment gros,  il  faut  détacher  ceux-ci  avec  un 
peu  de  hois  de  manière  à ne  pas  trop  les 
((  vider  )>. 

Les  racines-sujets  qu’il  convient  de  pren- 
dre sont  celles  de  Pivoine  de  la  Chine  dites 
albiflores  ou  comestibles  {Pœonia  albiftora, 
sinensis  ou  edulis).  Ce  sont  des  racines  de 
ces  sortes  que  nous  employons.  Celles  des 
autres  espèces  herbacées,  notamment  les 
Pivoines  officinales  pourraient -elles  être 
employées  avec  les  mêmes  avantages?  Le 
fait  nous  paraît  douteux. 

Voici,  du  reste,  comment  nous  opérons  : 

En  juillet,  quand  la  pousse  des  Pivoines 
en  arbre  est  terminée,  nous  arrachons  des 
racines  des  Pivoines  énoncées  ci-dessus, 
que  nous  coupons  par  tronçons  de  12  à 
15  centimètres  de  longueur  ; nous  en  in- 
cisons l’écorce,  et  après  avoir  inséré  dans 
celle-ci  un  œil  de  Pivoine  ligneuse,  nous 
ligaturons  et  l’opération  est  terminée. 

Ainsi  qu’on  le  voit,  cette  opération  est 
tout  à fait  la  même  que  l’écusson  ordinaire; 
ensuite  nous  empotons  la  partie  greffée  et 
plaçons  le  tout  sous  cloche  pour  faciliter 
la  reprise.  Est-il  indispensable  de  mettre 


sous  cloche,  de  placer  les  parties  greffées 
verticalement,  de  les  enterrer  complète- 
ment ou  vaut-il  mieux  laisser  l’œil  à dé- 
couvert? Sur  ces  différentes  questions  nous 
ne  pouvons  rien  préciser.  Nous  croyons 
cependant  que  les  placer  debout  et  plantées 
près  à près,  à froid  sous  une  cloche,  en 
enterrant  légèrement  la  partie  greffée,  serait 
le  procédé  le  plus  convenable.  C’est,  du 
reste,  celui  qui  nous  a le  mieux  réussi,  bien 
que  nous  ayons  aussi  obtenu  un  résultat 
passable  en  enterrant  seulement  la  base 
des  tubercules  de  manière  que  fœil  greffé 
se  trouve  à l’air.  Nous  ne  pouvons  non  plus 


Fig.  74.  — Greffe  en  écusson  de  Pivoine  en  arbre 
sur  une  racine  de  Pivoine  herbacée,  de  gran- 
deur naturelle. 

rien  affirmer  quant  au  masticage  du  greffon  ; 
est-il  nécessaire?  Ce  que  nous  pouvons 
dire,  c’est  que  nous  l’avons  pratiqué.  Nous 
sommes  pourtant  • disposé  à croire  qu’en 
raison  du  temps  nécessaire  au  développe- 
ment du  greffon  et  des  conditions  dans  les- 
quelles la  greffe  est  opérée  le  masticage  ne 
peut  qu’être  avantageux. 

Cependant  nous  n’affirmons  pas  et  nous 
croyons  que  l’expérience  seule  peut  indi- 
quer ce  qu’il  y aura  de  plus  avantageux  à 
faire.  Ce  que  nous  avons  voulu,  c’est  faire 
connaître  une  nouvelle  application  d’une 
vieille  greffe,  et  les  résultats  qu’elle  nous  a 
donnés.  E.-A  Carrière. 


400 


LEUCÂNTHEMUM  LACUSTRE.  — LE  JARDIN  D’ACCLIMATATION  D’HYÈRES. 


LEUCANTHEMUM  LACUSTRE 


Encore  une  de  ces  vieilles  plantes  qui 
après  avoir  été  pendant  longtemps  mécon- 
nue et  reléguée  dans  les  écoles  de  bo- 
tanique, vient  d’être  admise  comme  plante 
d’ornement.  Et  c’est  avec  raison,  car  son 
port  et  surtout  la  beauté  de  ses  fleurs, 
qui  sont  très-grandes  et 
d’un  blanc  pur,  la  rendent 
très-propre  à la  décoration 
des  plates-bandes  où  elle 
fleurit  pendant  une  partie 
de  l’été.  Son  port  et  son 
aspect  général  rappellent 
assez  le  Chrysanthemum 
frutescens,  bien*  que  la 
plante  s’en  distingue  très- 
nettement  par  ses  feuilles 
plus  entières  et  plus  épais- 
ses, et  surtout  par  ses 
fleurs  qui  sont  considé- 
rablement plus  grandes. 

En  voici  une  courte  description  : 

Tige  robuste,  dressée,  ramifiée.  Feuilles 
sessiles,  glabres,  épaisses,  charnues,  d’un 
vert  gai  ; les  caulinaires  subamplexicaules, 
longuement  ovales,  irrégulièrement  den- 
telées. Inflorescence  (capitule,  vulgaire- 


ment fleur)  terminale,  un  peu  concave, 
rappelant  celle  du  Chrysanthème  des  prés 
( Chrysanthemum  Leucanthemum  , L . 
Leucanthemum  vulyare,  Lam.)  Pédon- 
cules longs,  dressés,  raides.  Involucre  évasé, 
à écailles  fortes,  imbriquées,  comme  sca- 
rieuses.  Les  demi-fleurons 
qui  entourent  l’inflores- 
cence sont  longs,  bi  ou 
tridentés,  d’un  blanc  très- 
pur  qui  contraste  très- 
agréablement  avec  les 
fleurons  centraux  qui,  par 
les  anthères,  sont  d’un 
beau  jaune. 

Au  L.  lacustre  (fig.  75), 
dont  on  ne  saurait  trop 
recommander  la  culture, 
j’engage  à joindre  le  Chry- 
santhème des  prés  (L. 
vulgare),  plante  vivace, 
très-floribonde,  qui,  sans  aucun  soin,  forme 
d’énormes  touffes  qui  se  couvrent  de  fleurs 
chaque  année.  Coupées  et  mises  dans  l’eau, 
les  fleurs  se  conservent  longtemps. 

May. 


Fig.  75.  — Leucanthemum  lacustre. 


LE  JARDIN  D’ACCLIMATATION  D’HYBRES 


De  nouveaux  jardins  se  créent  chaque 
jour  sur  notre  littoral  méditerranéen.  Le 
mouvement  horticole  s’accentue,  les  ama- 
teurs augmentent,  la  fabrication  et  l’appro- 
visionnement ordinaires  ne  suffisent  plus; 
il  y a pénurie  chez  les  fournisseurs  pour 
les  plantations  nouvelles  ou  la  transforma- 
tion des  .anciennes.  La  flore  ornementale 
d’il  y a trente  ans  s’est  augmentée  d’une 
profusion  d’espèces  qui  meublent  aujour- 
d’hui les  résidences  de  luxe  édifiées  sur  la 
côte,  par  centaines,  de  Toulon  à Hyères, 
Cannes,  Golfe  Juan,  Antibes,  Nice,  Menton 
et  Gênes,  en  passant  par  toutes  les  stations 
hivernales  intermédiaires.  Pour  subvenir 
aux  besoins  d’une  si  grande  consommation, 
on  a vu  des  établissements  d’horticulture  se 
fonder  et  se  comporter  avec  des  fortunes 
fort  diverses,  les  uns  prospérant,  les  autres 
comptant  une  durée  plus  ou  moins  pro- 


longée, suivant  l’intelligence,  l’habileté, 
l’esprit  d’ordre  et  les  ressources  pécuniaires 
des  cultivateurs.  A leur  tour,  quelques 
amateurs  n’ont  pas  dédaigné  de  se  faire 
producteurs  et  marchands.  Il  est  devenu  de 
mode,  parmi  les  gens  du  monde,  de  se 
connaître  en  plantes  comme  on  se  connaît 
en  tableaux  ou  en  faïences  anciennes.  L’art 
du  « bibelot  >»'a  englobé  l’horticulture  de 
luxe,  et  il  est  du  dernier  goût,  depuis 
quelques  années,  d’être  au  courant  des 
nouveautés,  de  les  guetter  dès  leur  arrivée, 
de  les  acheter  à haut  prix  et,  s’il  est  pos  - 
sible, de  les  revendre  plus  cher.  Tel  pro- 
priétaire, qui  a besoin  de  trois  Cocotiers 
pour  faire  un  groupe,  en  plantera  trente, 
avec  l’intention  d’en  revendre  vingt-sept  au 
bout  de  quelques  années,  avec  un  beau 
bénéfice,  en  laissant  en  place  les  trois  plus 
beaux.  Il  n’y  a rien  là  que  de  légitime,  et 


LE  JARDIN  d’acclimatation  D’hYÈRES. 


401 


si  quelques-uns  des  nouveaux  venus  ont 
laissé  des  illusions  dans  ce  mirage  décevant 
de  fortune  horticole,  ils  ne  peuvent  s’en 
prendre  qu’à  eux-mêmes  s’ils  n’ont  pu 
atteindre  le  succès  durable  qui  est  le  privi- 
lège des  exploitations  professionnelles  et 
d’une  longue  expérience. 

Malgré  ces  nombreuses  sources  de  pro- 
duction, les  plantes  manquent  le  plus  sou- 
vent pour  les  plantations  nouvelles,  quand 
il  s’agit  de  créer  un  jardin  sur  le  littoral. 
Nous  en  avons  fait  la  cruelle  épreuve. 
Faute  des  arbres  et  arbustes  qu’on  désirerait 
acquérir,  et  dont  les  pépinières  sont  géné 
râlement  dépourvues  dès  les  premiers  mois 
de  la  saison  d’hiver,  on  en  est  réduit  à 
planter  des  sujets  trop  faibles,  mal  venus, 
incapables  de  fournir  une  bonne  végé- 
tation et  de  résister  aux  grands  vents,  aux 
alternatives  brusques  du  froid  et  de  la  cha- 
leur dans  ces  contrées.  Tous  ceux  qui  ont 
eu  à diriger  des  travaux  de  ce  genre  dans 
le  Midi,  savent  quels  regrets  cette  pénurie 
fait  naître,  et  quels  fâcheux  résultats  on 
obtient  généralement  dans  les  premières 
plantations,  faute  de  ressources  végétales 
suffisantes.  Les  pépinières  marchandes 
étant  rapidement  vidées,  il  faut  se  rabattre 
sur  les  jeunes  semis  ou  des  plantes  de  qua- 
lité inférieure,  sans  qu’il  soit  possible 
d’étendre  bien  loin  les  recherches,  puisque 
la  flore  de  plein  air  se  recrute  parmi  des 
espèces  qui  seraient  incultivables  dans  le 
Nord. 

Il  était  donc  désirable  de  voir  un  ou  plu- 
sieurs grands  établissements  ' se  former, 
dans  le  but  de  produire  beaucoup  et  à bon 
marché,  de  centraliser,  en  quelque  sorte, 
les  végétaux  cultivables  sur  le  littoral,  et 
d’offrir  un  grand  choix  aux  planteurs  de 
jardins. 

Un  de  ces  établissements  existe  aujour- 
d’hui à Hyères.  Nous  l’avons  visité  au  prin- 
temps dernier  avec  le  plus  vif  intérêt,  et 
nous  venons  le  signaler  à nos  lecteurs,  dont 
un  grand  nombre  d’ailleurs  le  connaissent 
déjà. 

Nous  voulons  parler  du  Jardin  d’acclima- 
tion  de  Hyères  (Var). 

Avant  de  le  décrire  et  d’en  énumérer  les 
principales  cultures,  il  convient  d’en  esquis- 
ser rapidement  l’historique  et  d’indiquer  le 
but  que  se  sont  proposé  ses  fondateurs  et 
ses  continuateurs. 

Un  riche  propriétaire,  M.  Riquier,  avait 


légué  par  testament,  à la  ville  d’Hyères,  un 
terrain  de  six  hectares,  à la  charge  d’y 
établir  une  promenade  publique,  et,  autant 
que  possible,  un  Jardin  d’acclimatation.  La 
municipalité,  mise  en  possession  du  legs  en 
janvier  1869,  fit  dessiner  un  beau  parc  qui 
fut  terminé  en  1871.  A la  place  des  cultures 
maraîchères,  se  dessinèrent  de  gracieux 
mouvements  de  terrain,  des  eaux  serpen- 
tantes, des  massifs  d’arbres  et  d’arbustes 
exotiques. 

L’année  suivante,  en  1872,  un  arrange- 
ment intervint  entre  la  ville  et  la  Société  du 
Jardin  zoologique  d’acclimatation  de  Paris, 
qui  se  chargea  de  l’entretien  du  parc 
d’Hyères,  à charge  de  le  laisser  ouvert  au 
public  et  de  le  peupler  d’animaux  d’orne- 
ment et  de  plantes  de  choix,  tout  en  l’exploi- 
tant commercialement.  La  Société  tint  libé- 
ralement ses  promesses.  Les  plantations  à 
feuilles  caduques  furent  remplacées  par  des 
essences  à feuilles  persistantes  qui  firent 
du  jardin-succursale  d’Hyères  un  lieu  de 
promenade  vert  en  toute  saison,  et  fort 
apprécié  des  nombreux  étrangers  hivernant 
dans  ces  parages. 

Tous  les  visiteurs  du  Midi  connaissent 
cet  endroit  charmant,  situé  à quelques  mi- 
nutes du  centre  de  la  ville,  et  qui  se  trouve 
limité  au  sud  par  la  rivière  le  Roubaud,  au 
sud-est  par  le  chemin  des  Peschiers,  et  sur 
les  autres  côtés,  par  les  cultures  maraî- 
chères de  la  plaine.  On  y accède  par  trois 
portes,  dont  la  principale,  dite  des  Pal- 
miers, donne  sur  un  hémicycle,  le  long  du 
boulevard  de  la  gare  à la  ville  ; la  seconde 
s’ouvre  sur  une  avenue  curviligne  de  beaux 
Eucalyptus^  et  la  troisième,  dite  des  Bam- 
bous, sur  le  chemin  des  Peschiers.  Depuis 
dix  ans,  les  végétaux  y ont  rapidement  pro- 
gressé, sous  l’influence  de  ce  beau  climat, 
d’un  riche  sol  d’alluvion  et  des  eaux  souter- 
raines. Sans  parler  des  grands  Eucalyptus 
que  nous  citions  tout  à l’heure,  nous  avons 
constaté  que  les  groupes  et  les  massifs,  tous 
bien  étiquetés,  contiennent  un  choix  de 
beaux  exemplaires  parmi  lesquels  les  es- 
pèces rares  ne  manquent  pas.  La  collection 
des  Bambous  y est  fort  riche,  bien  déter- 
minée, et  les  caractères  distinctifs,  si  diffi- 
ciles à saisir  d’ordinaire  sur  ces  Graminées 
ornementales,  peuvent  y être  étudiés  à 
loisir  par  les  spécialistes.  Sur  un  monticule 
formé  par  les  terres  extraites  du  lac  ou 
s’ébattent  de  jolis  Palmipèdes  étrangers,  de 


402 


LE  JARDIN  d’acclimatation  D’HYÈRES. 


nombreuses  espèces  d’ Agaves  prospèrent  et 
fleurissent.  Le  long  des  allées  sont  rangés 
de  précieux  spécimens  de  plantes  rares, 
parmi  lesquelles  nous  avons  constaté  la  pré- 
sence de  beaux  Xanthorrhœa  hastilis,  du 
Brahea  Roezlii,  d’une  collection  de  Cha- 
mœrops,  du  Yucca  haccata  en  fleurs,  des 
Kakis  variés  de  la  collection  de  M.  Du- 
pont (1878),  et  surtout  d’une  nouveauté 
hors  ligne.  Il  s’agit  d’un  nouveau  Yucca  à 
fleurs  d’un  beau  violet,  variété  inédite  du 
y.  Whipplei,  que  nous  avons  décrite  et 
fait  peindre  pour  la  Revue  horticole. 

Des  cultures  commerciales  remplissent 
les  carrés  réguliers  du  jardin  ; des  abris, 
des  serres,  dont  nous  parlerons  tout  à 
l’heure,  sont  abondamment  remplis  de  plan- 
tes bien  traitées. 

Mais  le  Jardin  d’acclimatation  d’Hyères, 
dont  le  public  horticole  marchand  et  ama- 
teur commençait  à prendre  le  chemin  en  y 
trouvant  des  cultures  bien  soignées,  était 
trop  à l’étroit  dans  la  ceinture  élégante  qu’il 
s’était  faite.  Les  débouchés  croissants  appe- 
laient une  plus  grande  production.  Aussi, 
dès  l’année  dernière,  l’établissement  entra 
dans  une  voie  nouvelle.  De  vastes  terrains 
furent  acquis  dans  d’excellentes  conditions, 
et  bientôt  les  champs  affectés  à l’exploita- 
tion s’étendirent  sur  une  surface  de  vingt 
hectares  et  demi. 

Tout  auprès  de  la  gare,  dans  le  terrain 
dit  le  Gros-Pin,  sept  hectares  furent  plantés 
de  Palmiers  et  de  plantes  diverses,  pourvus 
de  540  châssis  et  d’abris^en  roseaux  qui  ne 
couvrent  pas  moins  de  treize  mille  mètres 
superficiels.  Sur  le  sol  même  du  Jardin 
d’acclimatation,  13  serres  occupent  une 
surface  de  mille  mètres.  Nous  y avons  vu 
de  grandes  quantités  de  Palmiers,  de  nom- 
breuses Cactées  bien  nommées,  des  FoU”- 
gères  en  arbre  d’Australie,  1,500  Cycas 
Siamensis,  de  longues  rangées  de  Kentia, 
Cocos,  Phœnix,  Areca,  Chamœrops,  etc., 
destinés  à la  pleine  terre  ou  préparés  pour 
l’expédition  et  la  vente  à Paris.  De  Gochin- 
chine  avait  été  reçue  une  riche  collection 
d’Orchidées  où  nous  avons  noté  le  rare  et 
beau  Aerides  Houlletianum,  le  nouveau 
Calanthe  Regnieri,  des  Phalænopsis  Es- 
meralda,  ‘Saccolabium  et  Dendrobium 
variés,  sans  compter  quelques  nouveautés 
intéressantes.  Huits  cents  espèces  de  graines 
récemment  arrivées  d’Australie  étaient  en 
germination. 


Le  département  des  semis  était  à lui  seul 
d’une  importance  capitale.  Nous  y avons 
remarqué  60,000  Corypha  Australie, 
50,000  Phœnix  Canariensis,  d’innom- 
brables Kentia,  Areca,  Seaforthia,  Cha- 
mœrops,  Latania,  Phoenix  rupicola,  re- 
clinata,  sylvestris,  Araliacées,  Dasylirions, 
Agaves,  etc.,  etc. 

Dans  la  première  annexe  en  face  du 
jardin  principal,  des  champs  s’étalent,  cou- 
verts de  Pritchardias,  de  Dracénas  {D. 
indivisa  et  lineata),  Phormiums,  Fusains 
verts.  Yuccas,  Bambous,  Dasylirions,  etc. 

Sous  les  abris  clayonnés  de  l’annexe  du 
Gros-Pin,  qui  couvrent  près  d’un  hectare 
et  demi,  d’interminables  groupes  se  des- 
sinent, sains,  verts,  bien  portants,  et  se 
recrutent  principalement  parmi  les  Chamce- 
dorea  elegans,  C.  excelsa,  Corypha  aus- 
tralis,  Phœnix  reclinata,  Arèca  Baueri, 
A.  monostachya,  A.  sapida,  Chamœrops 
excelsa,  Rhapis,  etc.,  de  la  famille  des 
Palmiers.  Dans  les  autres  genres,  les  plus 
grandes  quantités  sont  représentées  par  les 
espèces  suivantes  : Olivia  miniata,  Arau- 
caria excelsa,  Aspidistra  elatior,  Pteris 
tremula.  Asplénium  variés,  Cyrtomium 
falcatum,  Phormium  variés,  Camellia, 
Strelitzia  divers,  etc. 

Les  terrains  que  nous  venons  de  voir 
sont  frais  et  bien  arrosés.  Pour  les  cultures 
qui  ne  craignent  point  les  sécheresses  de  la 
Provence,  par  exemple  certains  Palmiers, 
les  Rosiers,  les  plantes  à tiges  succulentes, 
on  a installé  des  pépinières  spéciales  de 
trois  hectares,  sur  un  lieu  élevé  dit  la 
Colline,  où  elles  sont  traitées  sans  aucun 
arrosement. 

L’annexe  nommée  le  Ceinturon  (trois 
hectares)  a été  établie  dans  une  tout  autre 
situation,  sur  les  dunes  mêmes  de  la  plage. 
Des  plantations  expérimentales  de  la  Flore 
australienne  y ont  été  faites  et  les  Eucalyptus, 
Casuarina,  Acacia,  etc.,  installés  depuis 
six  ans  au  prix  de  persévérants  efforts, 
sont  déjà  en  bonne  voie.  Le  jardin  d’Hyères 
aura  bientôt  créé  ainsi  un  groupe  forestier 
du  plus  sérieux  intérêt,  sur  des  sables  jadis 
dénudés  et  absolument  impropres  à la 
culture. 

Pour  obtenir  la  correction  dans  les  déter- 
minations, trouver  des  éléments  de  compa* 
raison  et  étudier  sous  tous  leurs  aspects  les 
plantes  rares  ou  nouvelles  introductions  qui 
formeront  une  des  spécialités  du  jardin 


CORRESPONDANCE. 


403 


d’Hyères,  des  écoles  ont  été  plantées  en 
bordure  des  grandes  allées  de  tout  l’éta- 
blissement, surtout  dans  l’annexe  du  Gros- 
Pin.  Nous  y avons  trouvé  avec  grand  intérêt, 
en  plein  air,  des  espèces  peu  communes 
que  nous  nous  proposons  de  revoir  à l’occa- 
sion, telles  que  : Fagus  Kuhi,  Daphni- 
phyllum  glaucescens,  Brachyglottis  de- 
candra , Othera  Japonica , Coprosma 
Stoki,  Myrsine  undulata,  Castanosper- 
mum  australe  J etc.,  etc. 

Enfin,  pour  compléter'  le  cercle  de  ses 
opérations  par  une  action  qui  relève  de  la 
science  horticole  et  de  la  philanthropie  à la 
fois,  la  Société  a pris  à sa  charge  l’entretien 
d’un  enclos,  autrefois  propriété  particulière 
aimée  des-Hyérois  et  des  promeneurs  étran- 
gers, le  célèbre  jardin  Denys,  situé  au  mi- 
lieu de  la  ville  et  qui  devient  un  square 
public  très-apprécié. 

Un  tel  établissement  situé  dans  un  des 
plus  beaux  sites  du  Midi,  aü  sein  d’un  déli- 
cieux climat,  par  des  Français,  avec  des  capi- 


taux français,  est  destiné  à un  grand  avenir. 

Il  fournira  aux  horticulteurs,  amateurs,  aux 
dessinateurs  de  jardins  de  la  région  médi- 
terranéenne, au  commerce  parisien,  d’abon- 
dants approvisionnements  de  végétaux,  sans 
perdre  de  vue  l’intérêt  scientifique  et  le 
maintien  des  collections  de  types,-  que  des 
écoles  bien  installées  et  sans  cesse  aug- 
mentées, accentueront  encore. 

Ces  résultats  sont  dus  à l’initiative,  à 
l’expérience  et  au  talent  d’organisateur  de 
M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  directeur  du 
Jardin  d’aclimatation  de  Paris,  qui  a con-  ' 
sacré  les  soins  les  plus  persévérants  à la 
création  et  au  développement  de  l’établisse- 
ment d’Hyères.  Il  est  secondé  avec  dévoû- 
ment  par  le  chef  de  service,  M.  Davrillon, 
que  nous  avons  vu  à l’œuvre.  Nous  pou- 
vons donc  prédire  à celte  œuvre  des  succès 
bien  mérités,  que  la  Revue  enregistrera 
avec  sympathie  et  auquel  elle  sera  heu- 
reuse d’applaudir.  Ed.  André. 


COMESPONDANGB 


M>*  E.  R.,  à Dordogne.  — Le  Crinodendron 
Hookerianum  décrit  dans  le  numéro  du 
Ier  août  de  la  Revue  horticole,  p.  341,  est  en 
vente  chez  MM.  Veitch,  horticulteurs  à Ghelsea, 
Londres  : il  appartient  à la  famille  des  Éléo- 
carpées 

Mr  B.,  à Rennes.  — Le  Lamium  mcicu- 
latum  aureum,  assez  répandu  en  Angleterre, 
est,  en  effet,  peu  connu  en  France.  Mais  nous 
pensons  que  vous  le  trouveriez  facilement  en 
vous  adressant  à M.  Yvon,  horticulteur,  44, 
route  de  Ghâtillon,  à Vanves-Paris,  qui  vous 
le  procurera  s’il  ne  le  possède  pas  lui-même. 

Mr  le  comte  de  G.  (Haute-Garonne).  — 
Quelques  renseignements  demandés,  et  non 
encore  reçus,  nous  obligent  à différer  encore 
notre  réponse  sur  la  question  des  Bambous 
jusqu’à  un  prochain  numéro  de  la  Revue  hor- 
ticole. 

Mr  S.  M.  M.  (Haute-Marne).  — La  destruc- 
tion de  riierbe  à l’aide  de  l’acide  sulfurique 
exige  quelques  précautions  particulières.  Voici 
les  principales  : 

lo  Mettre  un  gramme  d’acide  sulfurique  par 
litre  d’eau,  puis  arroser  les  herbes  à détruire 
avec  ce  mélange. 

2»  La  préparation  de  ce  mélange  exige  cer- 
taines précautions.  D’abord  : ne  verser  l’acide 
sulfurique  que  goutte  à goutte  dans  l’eau  et 
remuer  avec  un  bâton  pour  opérer  le  mélange  ; 
mais  ne  pas  faire  Vinverse,  c’est-à-dire  verser 


l’eau  dans  l’acide  sulfurique  parce  qu’alors  il 
se  produirait  une  vive  effervescence,  et  l’opéra- 
teur pourrait  se  trouver  plus  ou  moins  brûlé  ; 
ses  vêtements  même  en  seraient  également 
plus  ou  moins  altérés. 

3°  Quant  au  mélange,  il  devra  être  fait  dans 
des  vases  en  terre,  en  verre,  en  cuivre  ou  en 
bois. 

4o  Toute  autre  substance  que  l’acide  sulfu- 
rique susceptible  d’attaquer  les  matières  végé- 
tales pourrait  être  employée  ; mais  l’acide  en 
question  paraît  devoir  être  le  plus  écono- 
mique. 

Il  est  bien  entendu  que  l’emploi  de  la  prépa- 
ration sus-indiquée  ne  devra  se  faire  que  sur 
des  sols  non  cultivés,  soit  dans  des  cours, 
pavées  ou  non,  soit  dans  tout  autre  endroit  où 
il  ne  se  trouverait  pas  de  plantes  à ménager. 

Ml’  L.  L.  (Gers).  — Nous  ne  savons  pas 
s’il  existe  aucun  moyen  spécial  de  détruire  les 
lézards  qui  attaquent  les  fruits,  autrement  que 
de  leur  faire  une  chasse  directe  par  un  moyen 
quelconque.  Ge  que  nous  avons  très-fréquem- 
ment vu,  c’est  de  trouver  de  ces  reptiles  dans 
les  vases  placés,  cà  et  là,  le  long  des  murs 
d’espaliers,  dans  lesquels  on  a mis  des  liquides 
sucrés  pour  prendre  les  mouches.  Sont-ils 
attirés  par  ces  liquides  ou  par  la  fermentation 
qu’ils  développent,  ou  bien  est-ce  pour  aller 
manger  les  mouches  entrées  dans  ces  vases 
pour  butiner,  que  ces  lézards  ont  trouvé  la 


404  TAILLE  A FRUIT  DES  VIGNES  REBELLES. 

mort  ? Cette  dernière  hypothèse  nous  parait  être 
la  plus  probable. 

Quoi  qu’il  en  soit,  on  pourrait  essayer  ce 
dernier  moyen,  et  pour  cela  mettre  dans  des 
bouteilles  quelques  mouches  vivantes  qui, 
retenues  par  des  matières  sucrées,  reste- 
raient, et  alors  serviraient  d’appâts.  Ce  se- 


“ CULTURÉ  DES  ORCHIDÉES  AU  SOLEIL. 

raient  des  sortes  « d’appelants  ».  Il  va  de 
soi  que  les  vases  employés  dans  ces  circons- 
tances doivent  être  relativement  longs  et  avoir 
l’ouverture  étroite,  de  manière  qu’une  fois 
entrés  les  animaux  ne  puissent  en  sortir  : des 
bouteilles  ou  des  flacons  en  verre  sont  ce 
qu’il  y a de  mieux. 


TAILLE  A FRUIT  DES  VIGNES  REBELLES 


Parmi  les  très-nombreuses  variétés  de 
Vignes  que  l’on  possède,  si  toutes  ont  à peu 
près  la  même  rusticité,  il  en  est  autrement 
de  la  végétation  ; outre  la  vigueur  et  les 
caractères  physiques,  feuilles,  fruits,  etc., 
qui  présentent  souvent  des  différences  con- 
sidérables, il  y a l’organisation,  pour- 
rait-on dire,  qui  fait  que  les  unes  sont 
très-fertiles  tandis  que  les  autres  donnent 
très-peu  de  fruits  (je  ne  parle  ni  de  la 
nature  ni  des  caractères  de  ceux-ci).  Une 
particularité  importante  et  dont  il  faut 
tenir  un  très-^grand  compte  dans  la  cul- 
ture, est  la  hauteur  où  se  développent  les 
raisins  sur  les  sarments,  laquelle  est  souvent 
différente.  En  effet,  tandis  que  dans  cer- 
taines variétés  les  « bourres  »,  sont  infé- 
rieures, tout  à fait  à la  base  des  sarments, 
des  grappes,  il  en  est  d’autres  chez  les- 
quelles il  n’y  a de  grappes  que  dans  les 
bourres  qui  avoisinent  le  sommet  des  sar- 
ments; il  faut  donc  traiter  ces  Vignes  d’une 
manière  différente  si  l’on  veut  récolter  du 
Raisin  des  unes  et  des  autres. 

Les  différents  ouvrages  d’arboriculture 
indiquent  bien  quelques  différences  à faire 
dans  la  taille  de  la  Vigne  suivant  la  nature 
des  cépages  ; mais  ces  indications,  toujours 
vagues,  sont  insuffisantes  ; on  dit,  par 
exemple,  de  .tailler  les  coursonnes  de  telle 
variété  à 2,  3,  4,  5 ou  6 ce  bourres  »;  mais 
cela,  je  le  répète,  n’est  pas  suffisant,  puisque 
il  n’.y  a parfois  de  grappes  que  vers  l’ex- 
trémité des  sarments,  et  qu’à  4 ou  même 


à 6 « bourres  > elles  ne  produisent  pas  de 
grappes.  Un  moyen  des  plus  simples  et  des 
plus  faciles  d’éviter  ce  grave  inconvénient, 
consiste  à tailler  très-long  et  même  à ne 
tailler  que  lorsqu’on  distingue  les  grappes, 
de  manière  à s’assurer  du  nombre  dont  on 
a besoin.  Dans  ce  cas,  il  faudrait  surveiller 
avec  soin  le  développement  des  bourgeons, 
pincer  sévèrement  ceux  qui  surmontent  les 
grappes  et  en  faire  autant  pour  ceux  qui  sont 
au-dessous,  de  manière  à faire  développer 
fortement  le  ou  les  bourgeons  inférieurs 
qui  serviront  de  branches  de  remplacement 
et  sur  lesquels  on  effectuera  la  taille  sui- 
vante. 

Ce  procédé  est  non  seulement  certain  et 
avantageux  quant  aux  résultats,  mais  il  a 
cet  autre  avantage  d’être  d’une  application 
à la  portée  de  tous.  Du  reste,  il  est  l’analogue 
de  celui  qu’on  applique  au  Pêcher.  Pour 
celui-ci,  en  effet,  que  fait-on  lors  de  la  taille? 
On  va,  comme  l’on  dit  dans  la  pratique, 
((  chercher  le  fruit  là  où  il  est  »,  sauf  à ra- 
battre si  le  fruit  ne  noue  pas,  et,  dans  le 
cas  où  celui-ci  est  assuré,  on  pince,  ou  on 
enlève  tous  les  bourgeons  placés  au-dessous 
des  fruits  afin  de  protéger  et  de  favoriser  la 
branche  de  remplacement.  » 

Le  mode  de  taille  dont  je  parle,  je  l’ai 
pratiqué  pendant  longtemps  sur  des  Vignes 
peu  fertiles  et  toujours  j’en  ai  obtenu  de 
bons  résultats,  ce  qui  m’engage  à le  recom- 
mander. May. 


CULTURE  DES  ORCHIDÉES  AU  SOLEIL 


La  culture  des  Orchidées  prend  une  telle 
faveur,  non  seulement  en  Angleterre  et  en 
Belgique,  mais  aussi  en  France  depuis 
quelque  temps,  que  l’on  ne  saurait  trop  se 
préoccuper  des  procédés  de  simplification 
qui  la  rendront  accessible  à tout  le  monde. 


C’est  pour  cette  raison  que  nous  donnons 
ici  les  préceptes  qui  suivent,  extraits  d’un 
travail  récemment  publié  par  le  Gardeners’ 
Chronicle  et  indiquant  comment  on  a pu 
transformer  facilement  une  serre  ordinaire, 
à Vignes,  en  serre  à Orchidées,  où  ces  plantes 


CULTURE  DES  ORCHIDÉES  AU  SOLEIL. 


405 


sont  cultivées  excellemment  en  pleine  lu- 
mière, contrairement  à ce  que  l’on  pratique 
le  plus  souvent. 

Une  grande  serre,  anciennement  garnie 
de  Vignes  en  pots,  est  aujourd’hui  consacrée 
à la  culture  des  Orchidées,  qui  y sont  réunies 
au  nombre  d’un  mille  environ,  et  qui  toutes 
sont  dans  des  conditions  surprenantes  de 
bonne  végétation.  A chaque  saison,  de  nou- 
velles espèces  y sont  placées,  pour  subir 
Tessai  de  la  culture  sans  ombre. 

V Epidendriim  vitellinum  est  actuelle- 
ment à l’essai,  et  semble  supporter  l’exposi- 
tion complète  au  soleil  sans  qu’il  en  résulte 
pour  lui  aucun  mauvais  effet. 

Les  nombreuses  espèces  du  genre  Bar- 
keria  qui  sont  cultivées  dans  cette  serre 
présentent  une  vigueur  et  une  beauté  qu’on 
ne. leur  a peut-être  jamais  vues,  si  ce  n’est 
dans  leur  pays  natal.  Ces  plantes  sont  là 
depuis  trois  et  quatre  années. 

Plusieurs  Barkeria  Skinneri,  importés 
seulement  l’année  dernière,  ont  produit  cette 
saison  une  végétation  double  de  celle  que 
nous  avions  pu  remarquer  jusque  là.  Ces 
plantes  si  jolies,  mais  habituellement  d’une 
culture  si  difficile,  ne  présentent  aucun  des 
signes  d’affaiblissement  que  l’on  remarque 
habituellement  après  qu’elles  ont  été  culti- 
vées pendant  un  certain  temps. 

VOncidium  Lanceanum,  autre  espèce 
délicate,  souvent  aussi  affectée  du  blanc, 
mais  qui  est  des  plus  jolies  et  des  plus  dis- 
tinctes quand  elle  se  trouve  dans  de  bonnes 
conditions,  est  ici  tout  à fait  acclimatée,  et 
produit  des  feuilles  d’une  épaisseur  et  d’une 
largeur  inaccoutumées. 

Tous  les  Dendrobium  aux  feuilles  les 
pluscharnues,  réussissent  en  pleine  lumière, 
tout  particulièrement  le  D.  formosum.  Par- 
mi les  Epidendrum,  le  charmant  E.nemo- 
rale  y croît  dans  la  perfection.  Une  quantité 
assez  considérable  de  plantes  sont  disposées 
sur  une  étagère  latérale  de  la  serre  et  pro- 
duisent des  tiges  florales  aussi  serrées  les 
unes  contre  les  autres  que  les  scions  d’un 
Saule  que  l’on  rabat  chaque  année. 

Les  Vanda  teres,  Y.  cœrulea^  Saccola- 
hium  Blumei,  S.  giganteum,  s’accom- 
modent fort  bien  de  la  culture  au  soleil  ; 
mais  c’est  parmi  la  grande  et  belle  famille 
des  Cattleya  et  des  Lœlia  leurs  alliés,  que 
ce  traitement  produit  les  effets  les  plus  sur- 
prenants. Les  C.  Skinneri,  Leopoldi,  Men- 
deli,  Mo$siçe,  Warneri,  Gigas,  et  Gigas 


Sanderiana,  Gaskelliana  et  Trianæ,  sont 
nombreux  et  la  végétation  qu’ils  acquièrent 
établit  avec  certitude  que  non  seulement  ils 
sont  en  vigoureuse  santé,  mais,  ce  qui  est 
aussi  important,  qu’ils  se  préparent  pour 
l’avenir  une  grande  robusticité. 

Un  des  résultats  les  plus  remarquables  de 
cette  vigueur,  est  la  longue  durée  des  fleurs. 
Ainsi,  les  fleurs  du  Cattleya  Trianœ  res- 
tent sans  faner  le  double  du  temps  ordi- 
naire. C’est  l’observation  de  ce  fait  qui  a 
motivé  les  premiers  essais  sérieux  de  ce 
genre  de  culture. 

Il  est  bien  entendu  que  toutes  les  Orchi- 
dées ne  peuvent  être  soumises  indistincte- 
ment à ce  traitement. 

Celles-là  même  à qui  il  convient  le  mieux 
devront  y être  amenées  graduellement,  et 
l’on  conçoit  sans  peine  que  des  plantes  éle- 
vées dans  une  serre  sans  air  et  obscure, 
aient  acquis  un  tissu  spongieux  qui  ne  sup- 
porterait pas  sans  inconvénient  la  brusque 
exposition  en  plein  soleil. 

La  réduction  graduelle  de  l’ombrage, 
ainsi^que  l’augmentation  successive  de  l’air 
pendant’^un  été ^ ou  même  deux,  sont  néces- 
saires pour  amener  les  plantes  au  degré 
voulu  de  résistance. 

Certaines  espèces  demandent  à être  légè- 
rement ombrées  en  plein  midi,  lorsque  le 
soleil  est  très-ardent,  et  surtout  dans  les 
serres  qui,  dans  le  sens  de  leur  longueur, 
sont  orientées  de  l’est  à l’ouest.  Ces  espèces 
devront  être  placées  de  préférence,  s’il  est 
possible,  dans  des  serres  orientées  du  nord 
au  midi,  et  on  les  placera  de  manière  qu’au 
moment  de  la  plus  forte  chaleur,  elles  soient 
momentanément  abritées  par  l’ombre  pro- 
duite par  les  chevrons,  galeries,  barres,  etc., 
faisant  partie  de  la  charpente  de  la  serre. 

Aux  espèces  que  nous  avons  citées  plus 
haut  comme  réussissant  le  mieux,  il  con- 
vient d’ ajouter  leSof^miia  macranthanana, 
Lœlia  ancepSy  L.  autumnalis,  L.  maialis, 
Dendrobium  infundibulum , Cœlogyne 
cristata,  et  bien  d’autres. 

Les  feuilles  des  Orchidées  cultivées  sans 
ombrage  sont  un  peu  plus  pâles  que  celles 
des  plantes  non  soumises  à ce  traitement; 
mais  leurs  bulbes  et  leurs  feuilles  ont  une 
solidité,  une  consistance  qui  témoigne  de 
leur  robuste  constitution. 

Une  conséquence  qui  dérive  naturelle- 
ment de  la  non  obstruction  des  rayons  du 
soleil  est  (|ue  les  plantes  demandent  plus 


406 


NÉCESSITÉ  DES  CARACTÈRES  POUR  DISTINGUER  LES  PÊCHERS. 


d’eau,  non  seulement  par  suite  de  l’influence 
desséchante  du  milieu  dans  lequel  leurs 
racines  sont  placées,  mais  également  parce 
qu’une  plus  grande  vigueur  fournie  aux  Or- 
chidées produit  chez  elles  une  dépense 
beaucoup  plus  grande,  et  cette  vigueur 
amène  ce  résultat,  que  les  jeunes  pousses 
et  les  racines  ne  craignent  aucunement  le 
contact  de  l’eau. 

Ce  point  a une  grande  importance,  car 
chacun  sait  que  lorsque  l’on  peut  arro- 
ser les  végétaux  abondamment , a:  à 
la  pomme,  » suivant^  l’expression  usitée, 
c’est  le  meilleur  moyen  de  les  tenir  à 
l’abri  de  l’invasion  des  insectes,  particuliè- 
rement des  thrips  ; et  de  plus,  quand  il  est 
possible  de  donner  de  beau  à un  moment 
qui  n’est  pas  précisément  celui  où  les  Orchi- 
dées en  ont  positivement  besoin,  celà  dis- 
pense de  les  surveiller  aussi  attentivement 
qu’il  faut  le  faire  avec  les  procédés  habituels 
de  culture. 

Les  personnes  qui  ont  beaucoup  pratiqué 
la  culture  des  Orchidées,  savent  que  ces 


plantes,  lorsque  leurs  feuilles  et  leurs  bul- 
bes sont  tendres,  ne  peuvent  être  arrosées 
qu’avec  beaucoup  de  précaution  et  qu’il  est 
nécessaire  d’avoir  une  longue  pratique  pour 
bien  effectuer  cette  opération. 

Avec  le  système  de  culture  au  soleil  et  au 
grand  air,  ces  subtiles  distinctions  sont  inu- 
tiles, et  on  peut  arroser  des  rangées  de 
Cattleya  ou  d’autres  Orchidées  de  la  même 
manière  qu’on  le  ferait  pour  un  champ  de 
Choux,  au  lieu  d’étudier  chaque  plante  pot 
à pot  pour  savoir  quelle  ((uantité  d’eau  il 
convient  de  donner  à chacune. 

Afin  de  mettre  les  plantes  ainsi  cultivées 
à même  de  conserver  plus  longtemps  l’hu- 
midité qui  leur  est  donnée,  il  convient  de 
les  loger  un  peu  plus  grandement  qu’on  ne 
le  fait  lorsqu’on  emploie  la  méthode  an- 
cienne. 

En^résumé,  ce  traitement  simplifie  beau- 
coup la  culture  des  Orchidées,  les  rend  plus 
robustes  et  augmente  leur  floraison  qui  est 
aussi  beaucoup  plus  durable. 

Ch.  Thays. 


NÉCESSITÉ  DES  CARACTÈRES  POUR  DISTINGUER  LES  PÊCHERS 


Rien,  peut-être,  mieux  que  la  série  des 
variétés  nouvelles  de  Pêches  hâtives  récem- 
ment introduites,  ne  démontre  l’urgence  de 
bien  préciser  les  caractères  généraux  des 
Pêchers  et  des  Brugnonniers,  qui  sont,  pour 
les  feuilles,  la  forme  des  glandes  ou  leur 
absence  ; pour  les  fleurs,  leurs  dimensions 
ou  mieux  leur  forme  {campanulacées  ou 
rosacées)  ; enfin,  pour  leurs  fruits,  Vadhé- 
rence  ou  la  non  adhérence  de  la  chair 
au  noyau.  Négliger  ces  indications,  c’est 
rendre  impossible  la  distinction  des  variétés, 
quelque  bien  faite  que  soit  leur  descrip- 
tion. L’étude  que  nous  avons  faite  cette 
année  d’une  douzaine  de  variétés  de  ces 
Pêches:  Amsden,  Cumberland,  Précoce 
Alexander,  Musser,  Wilder,  Waterloo, 
Downing,  Royal  May  (de  Bridge)  etc., 
nous  a démontré  que  les  fruits  de  toutes 
ces  Pêches  ont  une  grande  analogie,  tant 
par  la  forme,  les  dimensions  et  le  co- 
loris que  par  la  grosseur,  la  forme  et  la 
nature  du  noyau,  et  qu’il  en  est  absolument 
de  même  en  ce  qui  concerne  la  nature  et 
l’aspect  de  la  chair,  de  sorte  que  si  on  néglige 
d’indiquer  rigoureusement  ces  caractères,  il 


devient  tout  à fait  impossible  de  distinguer 
ces  variétés  l’une  de  l’autre. 

D’autre  part,  ce  n’est  pas  seulement  pour 
ces  quelques  variétés  qu’il  faut  indiquer 
les  caractères  sus-mentionnés,  mais  pour 
toutes;  car,  de  tous  les  fruits,  ceux  des 
Pêchers  sont  certainement  les  plus  diffi- 
ciles à distinguer  ; et  si  l’on  y parvient,  ce 
n’est  guère  que  lorsqu’ils  sont  encore  sur 
l’arbre,  parce  qu’alors  on  peut  en  voir  les 
caractères,  d’autant  mieux  que  l’on  con- 
naîtra ceux  qui  ont  disparu,  par  exemple 
ceux  des  fleurs.  Si  l’on  n’a  pas  tenu 
compte  de  ces  derniers,  cette  seule  omission 
peut  déterminer  les  plus  grandes  confusions, 
ce  qui,  du  reste,  arrive  très- fréquemment. 
Aussi  ne  peut-on  jamais  trop  recommander 
à tous  les  descripteurs  de  Pêches  d’apporter 
à leur  travail  la  plus  grande  attention,  en  ce 
qui  concerne  l’énumération  des  caractères 
que  nous  venons  d’indiquer.  Nous  pouvons, 
sans  aucune  critique,  affirmer  que  la 
plupart  des  descriptions  de  Pêches  et  de 
Brugnons  qu’on  a faites  sont  insuffisantes, 
et  qu’aucune  d’elles  ne  permet  de  distin- 
guer les  variétés  auxquelles  chaque  descrip- 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS. 


407 


tion  se  rapporte  ; aussi  les  travaux  des  co- 
mités pomologiques,  ceux  même  du  congrès 
pomolûgique  de  France,  sont-ils  à peu  près 
de  nulle  valeur,  en  ce  qui  concerne  les 
descriptions  des  Pêches  et  des  Brugnons. 

Décrire  ces  fruits  ainsi  que  le  font  la  plu- 
part des  auteurs  est  comme  si,  voulant  don- 
ner le  signalement  d’un  homme,  on  disait 
qu’il  a deux  jambes,  le  nez  au  milieu  du 
visage,  deux  mains  se  terminant  chacune  par 
cinq  doigts,  etc.  Un  pareil  portrait,  bien 
qu’étant  tout  à fait  exact,  n’en  serait 
pas  moins  insuffisant  et  n’aurait  aucune 
valeur  individuelle,  puisqu’il  se  rapporterait 
à tous  les  hommes,  absolument  comme  la 
plupart  des  descriptions  de  Pêches  dans 

FRUITS  nouveau: 

Prune  Yellow  Damask.  — Nous  n’avons 
trouvé  nulle  part  la  description  de  cette 
Prune,  autre  que  la  citation  du  nom  par 
M.  O.  Thomas,  qui  dans  son  Guide  de 
V amateur  des  fruits,  p.  168,  la  classe 
dans  les  « variétés  douteuses  et  peu  méri- 
tantes. » 

Des  échantillons  que  nous  a donnés 
M.  Chrétien,  qui  avait  reçu  l’arbre  de 
MM.  Simon-Louis,  de  Plantières-lès-Metz, 
nous  ont  présenté  les  caractères  suivants  : 

Fruit  à peu  près  sphérique,  à peine  légè- 
rement sillonné  d’un  côté,  de  35  millimètres 
de  diamètre.  Queue  d’environ  15  milli- 
mètres, solidement  attachée,  ce  qui  permet 
au  fruit  de  bien  résister  au  vent.  Peau  fond 
jaune  roux,  agréablement  lavée  de  rose 
violacé,  sur  laquelle  s’étend  une  pruine 
qui  forme  des  reflets  irisés  d’un  très- 
bel  effet,  même  ornemental.  Chair  adhé- 
rente, pulpeuse,  jaunâtre;  eau  abondante, 
sucrée,  acidulée,  assez  agréable,  bien  que  de 
saveur  particulière.  Noyau  aplati,  large- 
ment ovale-elliptique,  courternent  arrondi 
aux  extrémités.  — Maturité  fin  d’octobre. 

Cette  variété,  sans  être  de  qualité  supé- 
rieure, a le  mérite  de  mûrir  à une  époque 
où  les  Prunes  sont  rares,  et  d’avoir  des 
fruits  agréables  à l’œil  et  relativement  bons, 
qui  tiennent  bien  sur  l’arbre,  qu’ils  ornent 
encore  même  quand  la  plupart  des  feuilles 
sont  tombées. 

Bergamote  d’hiver  de  Furstenzell.  — 

((  Fruit  gros,  conique-racourci,  jaune  légè- 
rement lavé  de  rouge,  à chair  très-ju- 


lesquelles  on  n’a  pas  indiqué  les  caractères 
essentiels  dont  nous  avons  parlé  se  rappor- 
teraient à presque  toutes  les  Pêches. 

Il  est  bien  entendu  que  dans  tout  ceci 
nous  n’avons  aucunement  l’intention  de 
critiquer  qui  ni  quoique  ce  soit. 

Notre  but  est  de  démontrer  que  la 
marche  suivie  par  la  plupart  des  descrip- 
teurs de  Pêches  et  de  Brugnons , est  vi- 
cieuse, toujours  insuffisante,  et  d’engager 
tous  ceux  qui  auront  à décrire  ces  fruits 
à le  faire  ainsi  que  nous  le  disons,  ce  qui  est 
le  seul  moyen  de  servir  la  science  et  la  pra- 
tique, but  que  tout  auteur  doit  chercher  à 
atteindre. 

E.-A.  Carrière. 

: ou  PEU  CONNUS 

teuse  ; maturité  octobre  à décembre.  — 
Arbre  très-fertile.  » O.  Thomas,  Guide  de 
V amateur  [des  fruits,  p.  84.  — Variété  à 
l’étude. 

Voici  les  caractères  que  nous  ont  pré- 
sentés des  fruits  authentiques,  c’est-à-dire 
récoltés  sur  des  arbres  provenant  de 
MM.  Simon  Louis,  de  Plantières-lès-Metz 
où  la  diagnose  ci-dessus  avait  été  faite  : 

Fruit  gros,  relativement  court,  brusque- 
ment tronqué  aux  deux  bouts  (forme  de 
tonneau),  d’environ  8 centimètres  de  hau- 
teur et  presque  autant  de  diamètre.  Peau 
épaisse,  jaune,  marquée  de  nombreux  points 
gris  qui,  gros  et  très-rapprochés,  rendent 
souvent  la  peau  un  peu  galeuse.  Œil  dans 
une  cavité  profonde,  largement  conique, 
à divisions  fines,  à peu  près  droites.  Queue 
assez  longue,  arquée,  implantée  dans  une 
cavité  régulière,  conique,  profondément 
évasée.  Chair  blanc  un  peu  jaunâtre,  assez 
fine,  de  saveur  agréable.  Eau  excessive- 
ment abondante,  sucrée,  finement  rele- 
vée. 

Les  fruits  que  nous  avons  dégustés 
en  1882,  mûrs  dès  le  commencement 
de  novembre,  ont  promptement  bletti, 
en  conservant  une  partie  de  leur  qua- 
lité, et  sans  perdre  leur  eau.  Ils  nous 
ont  présenté  cette  particularité  d’être  com- 
plètement dépourvus  de  pépins  et  même  de 
loges.  Ce  caractère  est-il  général  et  fixe,  ou 
est-il  le  fait  d’un  accident  ou  d’une  végéta- 
tion anormale?  Quoi  qu’il  en  soit,  la 
Bergamote  d’hiver  de  Furstenzell  peut 


408 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS. 


être  regardée  comme  une  variété  méritante, 
bonne  à cultiver. 

Shohden  Court.  — Dans  son  Guide  de 
Vamateur  des  fruits,  M.  O.  Thomas  parle 
ainsi  de  cette  Poire  : ((  Fruit  moyen,  obo- 
vale,  jaune  taché  de  fauve,  à chair  beurrée, 
d’une  riche  saveur  sucrée  ; de  première 
qualité;  maturité  janvier-février.  — Variété 
anglaise  considérée  à tort  par  quelques 
personnes  comme  synonyme  de  Droom 
Park,  » (Ouvrage  cité,  p.  106,  série 
des  variétés  à l’étude.) 

Les  fruits,  que  nous  avons  examinés  le 
15  novembre,  nous  ont  présenté  les  carac- 
tères suivants  : 

Fruit  très-courtement  et  fortement  ven- 
tru, brusquement  acuminé  vers  chaque 
extrémité,  d’environ  7 centimètres  de  dia- 
mètre, souvent  un  peu  moins  de  hauteur, 
parfois  un  peu  inéquilatéral,  légèrement 
bosselé  ou  obscurément  côtelé  arrondi.  Œil 
peu  profond,  ouvert,  à divisions  courtes. 
Pédoncule  arqué,  assez  long  (environ  4 mil- 
limètres), renflé  aux  deux  bouts,  inséré 
dans  une  cavité  irrégulièrement  et  inégale- 
ment plissée.  Peau  jaune  clair,  marquée  de 
toutes  parts  de  macules  gris  roux  parfois 
légèrement  rougeâtres,  isolées,  rarement 
réunies  en  taches  élargies.  Chair  très- 
blanche,  sucrée,  peu  serrée,  plutôt  cas- 
sante que  fondante,  à grains  assez  gros  ; 
eau  peu  abondante,  très-sucrée,  de  saveur 
peu  relevée.  — Maturité  deuxième  quin- 
zaine de  novembre. 

Les  fruits  que  nous  avons  étudiés  avaient 
les  loges  assez  bien  prononcées,  quoi- 
qu’inégales,  mais  à peu  près  toutes  vides,  ou 
parfois  occupées  par  des  pépins  imparfaits. 

Poire  Belle  des  Ahrés.  « Fruit  très-gros, 
pesant  300  à 400  grammes,  de  belle  forme, 
légèrement  l'avé  de  rose,  à chair  fine,  suave. 


de  première  qualité  pour  cuire.  Maturité, 
mars  à juin.  Arbre  vigoureux,  très-rusti- 
que, d’un  très-beau  port  pyramidal.  Variété 
mise  au  commerce  par  M.  Hoiulin,  proprié- 
taire à Châteaudun  (Eure-et-l.oh).  » (O. 
Thomas,':  GMide  de  Vamateur  des  fruits, 
p.  108.  — Variétés  et  Vétude.) 

L’examen  des  fruits  authentiques  dégus- 
tés le  8 mars  1883,  nous  a donné  les  carac- 
tères suivants  : 

Fruit  bosselé,  rappelant  un  peu  par  la 
forme  le  Triomphe  de  Jodoicjne,  ou  cer- 
taines Duchesses  d’ AngouUme  un  peu  iné- 
quilatéral, atténué  aux  deux  bouts,  attei- 
gnant jusqu’à  11  centimètres  de  long  sur 
9 centimètres  dans  le  plus  grand  diamètre. 
Peau  vert  herbacé,  jaunissant  à la  maturité, 
se  colorant  rarement,  même  légèrement, 
sur  les  parties  fortement  insoléés.  Œil  très- 
régulier,?  large,  peu  profond,  à divisions 
étroites.  Queue  arquée,  de  4-5  centimètres 
de  longueur,  forte,  presque  uniforme  en 
grosseur.  Chair  cassante,  blanche,  très- 
juteuse,  relativement  fondante.  Pépins  peu 
nombreux,  luisants,  noir  roux,  longs,  brus- 
quement rétrécis,  puis  prolongés  en  une 
sorte  de  cuspide. 

Ce  gros,  beau  et  relativement  bon  fruit 
nous  a paru  manquer  un  peu  de  sucre  et 
aussi  de  saveur,  ce  qui  était  probablement 
dû  à la  température  froide  et  humide  de 
1882,  et  probablement  aussi  à son  in- 
complète maturité,  cette  Poii'e  pouvant  se 
conserver  jusqu’en  juin. 

Quoi  qu’il  en  soit,  et  à part  cette  imper- 
fection, la  variété  Belle  des  Ahrés  est  très- 
méritante,  surtout  si  l’on  réfléchit  qu’elle 
mûrit  à une  époque  où  la  rareté  des  fruits 
ne  permet  guère  d’être  diflicile.  Pour  cuire, 
on  ne  peut  guère  trouver  mieux. 

POMONA. 


fnig.  (Jeoryes  JacoT) , — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Les  fruits  tombés.  — A la  suite  du 
terrible  ouragan  du  2 septembre  dernier,  la 
plupart  des  arbres  de  plein  vent,  Poiriers 
et  Pommiers,  ont  perdu  leurs  fruits  qui,  en 
quelques  heures  jonchaient  le  sol.  Que  peut- 
on,  que  doit-on  faire  de  ces  fruits?  nous 
demande  un  de  nos  abonnés.  Voici  notre 
réponse  : 

D’abord  trier  ces  fruits  en  mettant  à part 
ceux  qui  sont  mûrs  ou  à peu  près.  Des 
autres,  on  fera  deux  lots,  contenant,  l’un 
les  fruits  plus  ou  moins  froissés,  l’autre, 
ceux  qui  sont  à peu  près  sains.  Les  premiers 
pourront  être  écrasés  pour  en  faire  de  la 
boisson,  ou  cuits  et  transformés  en  marme- 
lade pour  l’alimentation,  ou  bien  encore 
broyés  ou  cuits  pour  donner  aux  bestiaux. 

Voilà  pour  les  fruits  avariés.  Quant  à 
ceux  qui  sont  sains,  on  en  fera  également 
deux  parts  : l’une,  comprenant  les  fruits 
à peu  près  mûrs,  que  Ton  pourra  placer 
au  fruitier  pour  la  consommation  plus  ou 
moins  prochaine  ; l’autre  sera  placée  sur 
le  sol,  dans  un  lieu  sombre,  et  les  fruits 
seront  étalés  en  une  couche  assez  mince,  de 
manière  que  tous  ou  presque  tous  soient  plus 
ou  moins  en  contact  avec  le  sol.  De  cette 
manière  la  maturation  s’achèvera  lentement 
et  les  fruits,  sans  se  rider,  acquerront  une 
qualité  relative  qui  permettra  de  les  con- 
sommer. Ce  que  l’on  pourrait  faire  aussi 
afin  d’augmenter  la  qualité,  dans  le  cas  où 
cela  serait  nécessaire,  ce  serait,  quelques 
jours  avant  de  les  consommer,  de  soumettre 
les  fruits  à une  température  un  peu  plus 
élevée,  de  manière  à déterminer  des  combi- 
naisons chimiques,  à développer  les  prin- 
cipes sucrés  et  la  saveur  propre  à chaque 
espèce.  S’il  s’agissait  de  fruits  à cidre,  on 
les  rentrerait  dans  un  cellier  ou  bien  on 
les  mettrait  en  tas,  en  les  recouvrant  de 
paille  ou  de  foin,  jusqu’au  moment  où  on 
les  écraserait  pour  en  extraire  le  jus. 

Orchidée  gigantesque.  — Aucune  fa- 
mille végétale  peut-être  n’est  aussi  étrange 
dans  la  diversité  de  ses  représentants,  que 
celle  si  intéressante  des  Orchidées.  Les 
brillants  coloris,  les  formes  surprenantes, 
les  odeurs  fines  et  pénétrantes  de  leurs 
fleurs,  leurs  modes  bizarres  de  végétation, 

16  Septembre  1883. 


étonnent  et  charment  ceux  qui  les  obser- 
vent, surtout  dans  leurs  pays  d’origine. 

Récemment  M.  Hemsley  a consacré  une 
étude  descriptive  au  Galeola  altissima, 
Orchidée  originaire  de  l’Himalaya  et  dont 
la  tige,  en  s’enroulant  autour  du  tronc  des 
arbres  sur  lesquels  elle  s’appuie,  atteint  un 
développement  de  30  à 35  mètres  de  lon- 
gueur. Cette  plante,  qui  sous  plusieurs  rap- 
ports se  rapproche  de  la  Vanille,  paraît  se 
nourrir  en  grande  partie  de  matières  orga- 
niques. 

Ses  racines  épaisses  et  charnues  sont, 
dans  presque  toutes  leurs  parties,  de  la 
grosseur  du  doigt  ; elles  émettent  des  tiges 
élancées,  rouge  pâle,  qui  s’enroulent  autour 
des  arbres,  sur  lesquels  elles  s’attachent 
au  moyen  de  racines  adventives  qui  rem- 
placent les  feuilles.  Ces  tiges,  qui  sont 
charnues,  sont  recouvertes  dans  toute  leur 
longueur  d’un  épais  duvet,  et  se  terminent 
par  des  panicules  de  fleurs  jaune  verdâtre. 
Le  grand  intérêt  de  cette  curieuse  épiphyte 
réside  surtout  dans  ses  prodigieuses  di- 
mensions caulinaires. 

Le  Phyllocalyx  edulis.  — Depuis  quel- 
ques années  M.  A.  Lavallée  nous  montrait, 
dans  ses  serres  de  Segrez,  un  petit  arbuste 
fort  curieux  dont  on  avait  en  vain  cherché 
le  nom  exact.  Chaque  année,  plusieurs 
exemplaires  se  couvraient  de  fruits  gros 
comme  une  noix,  oblongs,  côtelés,  d’un 
beau  jaune  d’or,  surmontés  par  les  folioles 
du  calyce  persistant,  exhalant  une  odeur 
des  plus  suaves  et  possédant  une  agréable 
saveur  d’Ananas.  Après  quelques  recher- 
ches et  une  analyse  détaillée,  nous  avons 
trouvé  qu’il  s’agissait  d’une  Myrtacée  brési- 
lienne à fruits  comestibles,  le  Phyllocalyx 
edulis.  C’est  une  espèce  très-rare,  et  bonne 
à cultiver,  ne  fut-ce  que  pour  l’ornement. 
Nous  l’avons  fait  peindre  en  fruit  mûrs, 
pour  la  Revue  horticole,  et  nous  en  publie- 
rons l’histoire  et  la  description  en  même 
temps  qu’une  planche  coloriée. 

Impatiens  platypetala.  — Les  qua- 
lités de  végétation  très-vigoureuse  et  de 
floraison  abondante  de  V Impatiens  Sidtani 
sont  aujourd’hui  bien  connues. 


18 


410 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Une  autre  espèce,  1’/.  platypetala,  pro- 
venant également  de  Zanzibar,  promet  de 
réunir  les  mêmes  avantages. 

Cette  dernière  ressemble  quelque  peu  à 
sa  congénère,  mais  elle  est  moins  compacte 
en  végétation.  Ses  fleurs  sont  aussi  et 
même  quelquefois  plus  larges  que  celles 
de  VI.  Sultani.  Elles  ont  la  même  forme, 
mais  elles  sont  d’un  blanc  pur. 

Cette  nouveauté  est  destinée  à être  très- 
employée,  et  produira  un  grand  effet  dans 
les  serres,  surtout  si  on  la  met  [en  compa- 
gnie de  V Impatiens  Sultani. 

Lilium  Canadense  rubrum.  — Jolie 
variété  à fleurs  rouges  du  L.  Canadense. 
Ce  Lis,  de  pleine  terre,  possède  au  milieu 
de  toutes  les  espèces  et  variétés|connues, 
une  beauté  tout  à fait  particulière,  à cause 
de  ses  fleurs  retombantes,  en  forme  de  clo- 
chettes, et  d’une  jolie  nuance  rouge.  Il  est, 
de  la  catégorie  des  Lis  les  plus  faciles  à 
cultiver,  pourvu  qu’il  soit  placé,  dès  le 
début,  dans  un  terrain  profond,  humide, 
tourbeux,  à une  exposition  partiellement 
ombragée. 

Cette  plante  est  certainement  la  plus 
belle  variété  du  L.  Canadense  qui  ait  été 
obtenue  jusqu’ici. 

Extension  du  Mildiou.  — Ignorée  ou 
à peine  connue,  il  y a encore  peu  d’années, 
cette  Urédinée  s’étend  avec  une  rapidité 
telle,  que  dans  beaucoup  de  localités  elle 
compromet  même  l’existence  des  Vignes, 
outre  qu’elle  en  détruit  souvent  les  récoltes. 
Voici  à ce  sujet  ce  que , à la  date  du 
23  août,  nous  écrivait  de  Chiroubles  (Rhône), 
notre  collaborateur,  M.  Pulliat  : 

« Dans  le  bassin  de  la  Saône,  de  Châion  à 
Lyon,  les  vig;iobles  ont  été  gravement  atteints, 
depuis  quinze  jours  ou  trois  semaines,  par  une 
invasion  du  Mildiou  fPeronospora  VitisJ  qui, 
ordinairement,  ne  fait  son  apparition  dans 
nos  régions  que  dans  la  première  quinzaine  de 
septembre. 

a Dans  la  plaine  et  les  endroits  bas  et  frais, 
surtout  dans  les  terrains  siliceux  frais  ou  hu- 
mides, beaucoup  de  Vignes  ont  perdu  complè- 
tement ou  presque  complètement  leurs  feuilles, 
desséchées  par  le  Mildiou.  Le  Raisin,  alors, 
entièrement  découvert,  a été  grillé  en  partie 
par  le  soleil,  et  ce  qui  est  resté  frais  mûrira 
mal,  ou  ne  mûrira  pas  du  tout.  C’est  une  perte 
énorme  pour  le  pays,  surtout  dans  une  année 
où  nos  vignerons  avaient  si  grand  besoin  de 
faire  une  bonne  récolte. 


« Les  Vignes  des  coteaux,  où  les  terrains 
siliceux  ou  sableux  s’égouttent  bien,  n’ont  pas 
été  trop  atteints  par  le  Peronospora.  Là,  on 
compte  cette  année  sur  urie  belle  et  bonne 
récolte,  si  le  soleil  dont  nous  jouissons  conti- 
nue jusqu’aux  vendanges. 

« De  son  côté  le  phylloxéra  continue  plus  que 
jamais  sa  marche  envahissante  partout  où  on 
ne  l’arrête  pas  par  le  sulfurage,  là  où  cet  in- 
secticide donne  de  bons  résultats,  ce  qui  n’est 
pas  général,  malheureusement.  » 

L’invasion  du  Mildiou , constatée  par 
M.  Pulliat  dans  le  Rhône,  ne  fait  qu’ajouter 
un  fait  de  plus  à ceux  que  nous  connaissions 
déjà  sur  de  nombreux  points  de  la  France. 
Nous  venons  de  le  voir  dans  le  midi,  dans 
l’ouest,  en  Touraine,  où  les  vignerons  se 
désespèrent  de  le  voir  exercer  ses  ravages, 
sans  pouvoir  arrêter  sa  marche  envahissante. 

Le  Dendrobium  Dearei.  — Cette  belle 
Orchidée  nouvelle,  originaire  de  l’Indo- 
Chine,  est  bien  certainement  une  des  plus 
jolies  que  l’on  connaisse  aujourd’hui,  et 
le  colonel  Deare,  qui  l’a  découverte,  a lieu 
d’être  fier  de  l’avoir  ajoutée  aux  espèces 
déjà  connues. 

Ses  fleurs,  aussi  grandes  que  celles  du 
Dendrobium  infundihulum,  sont  blanches 
et  vertes.  Les  ovaires,  labelles,  sépales, 
larges  pétales  et  colonne,  sont  d’un  blanc 
absolument  pur.  Cependant,  le  labelle  porte 
une  tache  transversale  verte  et  est  marqué  à 
l’intérieur,  sur  certaines  nervures,  de  lignes 
rouges.  Les  pollinies  sont  blanches  et  vertes. 
On  remarque  une  légère  teinte  verte  sur  la 
partie  frontale  de  la  colonne,  au-dessus 
du  stigmate,  et  le  dessous  est  parsemé  de 
quelques  taches  brunes. 

Le  D.  Dearei  est  d’une  floribondité 
extrême.  Il  possède  la  qualité  précieuse  de 
conserver  ses  fleurs  très-longtemps  sans 
qu’elles  se  flétrissent.  De  plus,  sa  culture 
est,  dit-on,  des  plus  faciles,  ce  qui  permet 
d’espérer  que  d’ici  quelques  années,  il  sera 
représenté  dans  toutes  les  bonnes  collec- 
tions d’Orchidées. 

Complément  au  sujet  de  la  Pêche 
Amsden.  — Aux  quelques  caractères  qu’il 
avait  récemment  indiqués  sur  cette  variété, 
notre  collaborateur  et  collègue.  M.  Catros- 
Gérand,  horticulteur,  allées  de  Tourny,  à 
Rordeaux,  ajoute  les  suivants  : 

Par  suite  des  mauvais  temps,  il  est  resté  peu 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


411 


de  fleurs,  mais  assez  cependant  pour  pouvoir 
les  juger. 

Les  Pêchers  Amsden  sont  vigoureux  et  por- 
tent des  fleurs  campanulées. 

Les  fruits,  cette  année,  étaient  d’une  gros- 
seur moyenne  et  ti'ès-réguliers. 

La  peau,  très-colorée,  se  détachait  facile- 
ment de  la  chair. 

La  chair  blanche,  fine,  très-fondante,  juteuse, 
est  adhérente  au  noyau.  — L’eau  est  parfumée. 

Le  noyau  est  petit,  ovale. 

La  maturité  des  fruits  n’a  été  complète  que 
le  8 juillet,  mais  elle  a été  retardée  par  les 
temps  froids  du  printemps,  car  les  premières 
chaleurs  n’ont  commencé  à se  faire  sentir  à 
Bordeaux,  que  du  16  au  20  mai.  Mais  nous  ne 
doutons  pas  qu’avec  un  printemps  ordinaire 
nous  puissions  récolter  des  fruits  mûrs  de  la 
Pêche  Amsden  vers  le  25  juin. 

Si  ces  renseignements  complètent  ce  que 
nous  avait  dit  précédemment  notre  col- 
lègue sur  la  Pêche  Amsden,  ils  démontrent 
aussi,  que  ce  qu’il  cultive  sous  ce  nom,  n’est 
par  la  variété  que  nous  cultivons  et  que 
nous  avons  vue  chez  beaucoup  de  personnes, 
aux  environs  de  Paris.  Faisons  aussi  re- 
marquer que  M.  Catros  ayant  oublié  de 
nous  parler  des  feuilles,  cette  omission  suf- 
firait pour  empêcher  de  rien  affirmer  sur 
l’identité  de  la  Pêche  en  question..  Les 
feuilles  sont-elles  munies  de  glandes,  et 
dans  l’affirmative,  quelle  est  leur  forme? 

Le  Phylloxéra  en  Italie.  — La  chose 
est  aujourd’hui  certaine,  le  phylloxéra  étend 
de  plus  en  plus  ses  ravages  en  Italie,  mal- 
gré toutes  les  mesures  prohibitives  et  res- 
trictives qui  ont  été  prises.  Ainsi  nous 
lisons  dans  le  dernier  numéro  de  la  Vigne 
américaine  de  MM.  Planchon  et  Pulliat, 
recueil  des  mieux  renseignés  sur  ce  sujet, 
que  dans  file  de  Sardaigne  plus  de  200  hec- 
tares sont  envahis.  Après  cette  constata- 
tion, ce  journal,  par  l’organe  du  docteur 
Selletti,  ajoute  : 

....  Mais  ce  n’est  pas  tout.  On  vient  de  si- 
gnaler le  puceron  à Reggio  de  Calabre,  qui 
est  en  face  de  Messine,  de  l’autre  côté  du  dé- 
troit et  aussi  à Bâti  (Italie  méridionale),  sur  le 
versant  de  la  mer  Adriatique,  et  d’une  nou- 
velle et  toute  petite  tache  à Saint-Maurice 
(Piémont) 

On  le  voit,  malgré  toutes  les  mesures 
prises,  le  phylloxéra  continue  sa  marche  des- 
tructive. Rien  ne  semble  l’arrêter.  N’est- 
on  pas  en  droit  de  se  demander  s’il  est 


nécessaire  de  lutter,  et  s’il  ne  vaudrait 
pas  mieux  laisser  aller  les  choses  et  arra- 
cher les  vignes?  Il  semble  que,  à priori, 
c’était  l’opinion  de  la  commission  qui, 
paraît-il,  est  revenue  à d’autres  senti- 
ments, ce  dont  on  peut  la  féliciter.  Aban- 
donner la  lutte  ou  détruire  les  vignes  eut 
été  une  grande  faute.  Ce  qu’il  convient  de 
faire,  c’est,  tout  en  luttant  pied  à pied,  et 
par  tous  les  moyens,  avec  le  phylloxéra,  de 
rendre  la  liberté  à toutes  les  cultures,  et  si 
l’on  persiste  à interdire  la  circulation, 
que  ce  soit  seulement  celle  de  la  Vigne. 

Glematis  Jackmanni  alba.  — Cette 
charmante  plante  nouvelle,  qui  vient  d’être 
présentée  à la  Société  royale  d’horticulture 
de  Londres,  est,  comme  son  nom  l’indique, 
une  forme  à fleurs  blanches  de  C.  Jack- 
manni, variété  si  jolie  et  heureusement  si 
répandue  aujourd’hui,  et  dont  la  florai- 
son en  plein  air  est  d’une  abondance  ex- 
trême. 

Le  C.  J.  alba  produit  également  une 
profusion  d’élégantes  fleurs  blanches  très- 
légèrement  teintées  de  mauve. 

Spiræa  palmata  alba.  — Aucun  ama- 
teur de  plantes  n’ignore  le  rôle  important 
que  l’on  peut  produire  dans  la  décoration 
des  jardins  à l’aide  du  Spiræa  palmata. 
Cette  jolie  plante  à fleurs  roses,  d’une  rus- 
ticité à toute  épreuve,  et  d’une  élégance 
complète,  vient  de  produire,  une  variété  à 
fleurs  blanches  que  MM.  Veitch,  de  Chelsea 
(Angleterre),  vont  éditer. 

Le  S.  p.  alba  produit  des  panicules 
de  fleurs  d’un  blanc  absolument  pur. 

Fructification  en  France  du  Scia- 
dopitys  verticillata.  — Cette  intéres- 
sante et  remarquable  espèce  est  actuel- 
lement en  fructification,  en  France,  chez 
un  de  nos  horticulteurs.  Les  cônes  sont 
parfaitement  développés,  et  la  production 
simultanée  de  chatons  mâles  et  de  chatons 
l'emelles  sur  le  même  pied  fait  espérer  que 
les  graines  seront  fertiles,  ce  que  nous 
saurons  bientôt  et  ferons  connaître  à nos 
lecteurs,  en  même  temps  que,  avec  d’autres 
détails  complémentaires,  nous  donnerons 
de  cette  plante  une  description  accom- 
pagnée d’une  gravure.  Pour  aujourd’hui 
notre  but  est  de  constater  le  fait  et  de 
prendre  date, 


412 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Vignes  chinoises..  — Après  les  Vignes 
du  Soudan,  de  la  Gochinchine,  voici  des 
Vignes  de  la  Chine.  Celles-ci,  très  distinctes 
de  toutes  les  autres,  diffèrent  également 
de  nos  cépages,  bien  qu’elles  s’y  rattachent 
d’assez  près.  En  effet,  malgré  leurs  carac- 
tères tout  particuliers,  ces  Vignes  paraissent 
appartenir  au  groupe  vinifera^  dans  lequel 
elle  formeront,  au  moins  une,  si  ce  n’est 
même  deux  sections.  Nous  ne  pouvons 
encore  rien  affirmer  quant  à leurs  qualités 
vinaires  : les  renseignements  font  défaut. 
Il  paraît  hors  de  doute  que,  dans  le  Céleste- 
Empire,  leurs  fruits  servent  à la  fabrication 
du  vin.  Ce  que  déjà  nous  pouvons  assurer, 
c’est  que  chez  nous  ces  Vignes  auront  plu- 
sieurs avantages  : d’abord,  au  point  de  vue 
de  l’ornementation,  par  leur  feuillage  tout 
particulier  et  par  leur  mode  de  végétation. 
Il  en  est  au  moins  deux  variétés  qui  sont 
remarquables  par  la  singularité  et  la  longue 
conservation  de  leurs  feuilles. 

Il  pourrait  se  faire  aussi  que  ces  Vignes, 
d’une  nature  si  particulière,  fussent  résis- 
tantes au  phylloxéra  et,  par  conséquent  uti- 
lisables comme  porte-greffes  pour  recevoir 
nos  bons  cépages  que  le  terrible  puceron 
menace  de  faire  disparaître. 

Faits  horticoles  en  Anjou.  — Un  de 

nos  correspondants  habituels  des  envi- 
rons d’Angers,  nous  adresse  la  lettre  sui- 
vante, qui  contient  d’utiles  renseignements 
sur  des  questions  du  ressort  de  la  Revue  : 

Les  petits  oiseaux  et  les  Wellingtonias  font 
chez  nous  très-bon  ménage.  Ainsi,  un  violent 
orage  a fait  tomber,  cette  année,  d’un  de 
ces  arbres  planté  à quinze  mètres  de  ma  mai- 
son, un  superbe  nid  de  moineaux^  contenant 
six  petits  nouvellement  éclos. 

En  outre,  chaque  matin  avant  quatre  heures, 
une  quantité  innombrable  de  ces  joyeux  oiseaux 
perchés  dans  mon  Wellingtonia,  à qui 

mieux  mieux,  et  troublent  mon  sommeil,  ce 
dont  je  me  passerais  bien. 

Donc  les  oiseaux  n’ont  pas  plus  horreur  des 
Wellingtonias  que  la  nature  n’a  horreur  du 
vide,  comme  le  prétendaient  les  physiciens  du 
bon  vieux  temps . 

On  parle  beaucoup  du  phylloxéra,  depuis 
quelques  jours  dans  notre  région. 

L’arrondissement  de  Saumur  est  officielle- 
ment signalé  comme  contaminé  et  le  fait  ayant 
été  publié  dans  tous  les  journaux,  je  ne  com- 
mets aucune  indiscrétion  à l’endroit  de  nos 
pépiniéristes,  en  le  répétant  dans  cette  chro- 
nique. 


Va-t-on  se  défendre  en  employant  tout  de  suite 
les  moyens  radicaux  usités  en  Suisse,  c’est-à- 
dire  l’arrachage  des  Vignes  malades  et  le  trai- 
tement au  sulfure  de  carbone?  Je  l’espére. 
Réussira-t-on  à enrayer  le  mal  ? Je  le  sou- 
haite. 

L’arrondissement  d'Angers  est  encore  in- 
demne, et  les  grandes  pépinières  de  l’Anjou 
sont,  par  conséquent,  libres  des  entraves  aussi 
inutiles  qu’arbitraires  apportées  aux  expédi- 
tions des  végétaux  par  les  gouvernements  affo- 
lés, signataires  de  la  célèbre  convention  do 
Berne. 

Nos  vignobles  sont  assez  mal  préparés  pour 
la  récolte.  Les  cépages  blancs  n’ont  point  de 
grappes  et  le  peu  qui  se  trouvaient  dans  les 
rouges  ont  fleuri  dans  de  mauvaises  conditions, 
car  les  pluies  d’orage  ont  été  fréquentes  pen- 
dant la  floraison. 

A propos  de  floraison,  celle  des  Roses  n’a 
pas  été  très-brillante  au  printemps.  Nous  avons 
pu  néanmoins  observer  quelques  nouvelles 
variétés  assez  recommandables.  Citons  entre 
autres  : Merveille  de  Lyon,  à laquelle  nous 
reprocherons  toutefois  son  peu  de  vigueur 
chez  nous  et  Beauté  de  l’Europe,  qui  res- 
semble un  peu  à Madame  Bérard. 

Nous  attendons  avec  impatience  l’épanouisse- 
ment de  Lady  Mary  Fitz  William,  que 
nous  avons  vue  admirable  dans  son  pays  natal, 
en  Angleterre,  il  y a un  jm. 

Il  est  incontestable  qufe,  depuis  cinq  ou  six 
ans,  d’excellents  gains  ont  été  obtenus  dans  les 
Noisettes  et  dans  les  Thés,  surtout  en  variétés 
à fleurs  blanches,  pour  le  marché,  la  culture 
forcée  et  la  confection  des  bouquets  : Bouquet 
d’Or,  Perle  des  blanches.  Boule  de  neige, 
Perle  de  Lyon,  Marie  Van  Houtte,  Belle  Lyon- 
naise, Coquette  de  Lyon,  sont  des  roses  de 
premier  choix.  Une  grande  partie  en  a été  mise 
au  commerce  par  nos  habiles  semeurs  d(i 
Lyon.  Mais  elles  ne  surpassent  point,  en  beauté 
tout  au  moins,  nos  anciennes  connaissances  : 
Sombreuil,  Rubens,  Maréchal  Niel,  et  plu- 
sieurs variétés  de  meme  valeur. 

Il  nous  semble  même  que  sous,  le  rapport  de 
la  vigueur,  les  dernières  citées  l’emportent  sur 
les  nouvelles  venues. 

Puisqu’il  est  question  de  Pmses  nouvelles, 
nous  nous  permettrons  humblement  d’expri- 
mer un  vœu  à l’adresse  de  MM.  les  semeurs. 

Chaque  année  on  voit  apparaître  plusieurs 
centaines  de  nouvelles  variétés  cotées  à des 
prix  assez  élevés.  Il  semble  que  les  rosié- 
rites  se  croiraient  déshonorés  s’ils  ne  met- 
taient tous  les  ans  à peu  près  le  môme 
nombre  de  nouvelles  Roses  au  commerce.  Pu 
un  mot,  ils  paraissent  viser  à la  quantité^  bien 
plus  qu’à  la  qualité. 

Il  en  résulte  que  la  plupart  de  ces  nouveau- 
tés, après  avoir  encombré  les  collections  et 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


413 


les  catalogues,  disparaissent  au  bout  de  deux 
ou  trois  ans  de  culture. 

Ceux  qui  les  ont  achetées  pour  les  multiplier 
ne  trouvent  plus  à les  vendre  et  en  sont  pour 
leur  frais. 

Les  amateurs  eux-mêmes,  déçus  dans  leurs 
espérances,  se  tiennent  sur  leurs  gardes  ; bref, 
tout  le  monde  y perd,  et  pour  peu  que  cela 
continue,  les  semeurs  trop  prompts  à admirer 
leurs  produits,  finiront  par  ne  plus  trouver  le 
placement  des  bonnes  variétés  qu’ils  pourront 
obtenir. 

Nous  émettons  donc  ici  le  vœu,  qu’on  nous 
offre  moins  de  nouveautés  de  roses  et  qu’on  les 
choisisse  mieux. 

Nous  ne  saurions  mieux  faire,  dans  l’in- 
térêt général  de  l’horticulture,  que  de  nous 
associer  au  vœu  qui  termine  la  lettre  de 
notre  judicieux  correspondant  angevin. 

Durée  du  bois.  — Des  expériences  ré- 
cemment terminées  en  Autriche , dé- 
montrent à nouveau  que  les-  bois  abattus 
hors  sève,  c’est-à-dire  de  novembre  en 
janvier,  sont  d’une  conservation  beaucoup 
plus  durable  et  résistent  mieux  à tous  les 
parasites,  que  ceux  abattus  en  sève. 

Deux  pins  abattus,  l’un  en  décembre  et 
l’autre  en  février,  avaient  été  enterrés  dans 
un  sol  frais.  Le  premier  était  encore  intact 
après  seize  années  d’enfouissement,  tandis 
que  le  second  était  pourri  au  bout  de  huit 
années  seulement. 

Des  planches  soumises  aux  mêmes  essais, 
et  provenant  d’arbres  abattus  hors  sève 
étaient  très-bien  conservées  au  bout  de 
six  années,  alors  que  d’autres  provenant 
d’arbres  abattus  en  mars,  étaient  pourries 
après  deux  ans  de  séjour  en  terre. 

Nons  touchons  là,  nous  le  savons,  à une 
question  assez  controversée,  sur  laquelle 
de  nouvelles  expériences  pourraient  être 
faites  et  que  nous  recommandons  encore 
à nos  lecteurs. 

Conserves  de  fruits  dans  le  miel.  — 

Encore  une  bonne  recette  que  nous  rele- 
vons dans  V Ohstgarten  ; cela  n’a  rien  d’éton- 
nant,  car  l’on  sait  que  Vienne  est,  après 
Paris,  la  ville  où  la  préparation  des  desserts 
et  des  confiseries  se  fait  dans  les  conditions 
les  plus  minutieuses  et  les  plus  étendues. 

Il  s’agit  cette  fois  de  la  conservation  des 
fruits  dans  le  miel. 

Pour  les  Pêches  et  les  Abricots,  on  doit 
employer  ces  fruits  en  bon  état  de  maturité  ; 


les  éplucher,  les  couper  en  tranches  et  les 
plonger  quelque  temps  dans  l’eau  bouil- 
lante. On  les  fait  ensuite  refroidir  dans  d(3 
l’eau  et  on  les  place,  pour  qu’ils  sèchent,  sur 
une  toile. 

On  fait  alors  bouillir  le  miel  dans  la 
proportion  de  750  grammes  pour  un  ki- 
logramme de  fruits,  et  on  y plonge  les 
tranches  qui  doivent  rester  entières  et 
ne  pas  se  convertir  en  purée.  On  écume  le 
mélange,  et  on  le  verse  encore  bouillant 
dans  des  bocaux  ou  vases  de  verre,  en 
ayant  soin  que  la  partie  supérieure  soit 
recouverte  entièrement  de  miel,  puis  on 
bouche  hermétiquement. 

Les  noix  doivent  être  récoltées  avant  que 
la  coque  soit  dure  : on  les  traverse  de  part 
en  part  à l’aide  d’une  aiguille,  et  on  les 
fait  tremper  pendant  une  semaine  dans 
l’eau,  qui  doit  être  changée  tous  les  jours. 
On  les  met  ensuite  bouillir  dans  de  l’eau 
salée,  où  elles  deviennent  blanches  et  après 
les  avoir  replongées  pendant  deux  jours 
dans  l’eau  froide,  on  les  fait  égoutter. 

Ensuite,  on  fait  bouillir  ensemble  un 
kilogramme  de  noix  ainsi  préparées,  un 
kilogramme  de  miel , une  légère  quantité 
de  cannelle,  quelques  clous  de  girofle. 
On  laisse  refroidir,  et  on  recommence  la 
cuisson  le  lendemain. 

Si  par  hasard  le  miel  devenait  trop  liquide, 
il  suffirait  d’y  ajouter  du  sucre. 

On  met  alors  la  préparation  dans  des 
bocaux,  que  l’on  bouche  hermétiquement. 

Les  prunes  de  Reine-Claude  se  conser- 
vent de  la  manière  suivante  : 

Prendre  les  fruits  mûrs,  mais  cependant 
encore  fermes  ; les  débarrasser  de  leurs 
queues,  puis  les  mettre  dans  l’eau  bouil- 
lante à laquelle  on  a ajouté,  pour  2 litres, 
une  cuillerée  de  sel  et  de  vinaigre.  On  en  re- 
tire les  fruits  avec  une  cuiller  d’argent  et  on 
les  met  dans  l’eau  froide  ; on  les  place  ensuite 
sur  une  toile,  pour  qu’ils  s’égouttent,  sans 
les  presser  les  uns  contre  les  autres. 

On  fait  alors  bouillir  un  demi-kilogramme 
de  miel  dans  un  pot  de  terre,  on  le  retire  du 
feu,  et  on  y jette  les  fruits  préparés,  quand 
le  miel  est  un  peu  refroidi,  de  manière  à 
ne  pas  faire  éclater  ces  fruits.  Le  jour  sui- 
vant, on  enlève  ces  fruits  avec  une  cuiller 
d’argent,  puis  on  fait  de  nouveau  bouillir 
le  miel,  en  y ajoutant  un  demi-kilogramme 
de  sucre  ; on  attend,  en  l’écumant,  qu’il 
devienne  épais  et  on  le  verse  avec  les 


414 


LES  EUCALYPTUS  EN  ANGLETERRE  ET  DANS  L’OUEST. 


prunes  dans  des  vases  de  verre  qued’on  re- 
couvrira de  papier  trempé  dans  l’eau-de-vie. 

Le  Marché  aux  fleurs  du  Chàteau- 
d’Eau.  — Nous  avons  signalé  l’embarras 
dans  lequel  se  sont  trouvées  les  marchandes 
de  fleurs  lorsqu’elles  ont  été  dépossédées  de 
l’emplacement  où  pendant  si  longtemps  s’est 
tenu  le  marché  aux  fleurs  du  Château-d’Eau. 
On  leur  avait  assigné  le  boulevard  Richard- 
Lenoir,  situation  déplorable  s’il  en  fut.  La 
clientèle  désertait;  c’était  la  ruine  à brève 
échéance.  Une  pétition,  dont  les  deux  cents 
signataires  représentaient  un  chiffre  de 
mille  à douze  cents  travailleurs  et  travail- 
leuses, a été  déposée  devant  le  Conseil 
municipal  de  Paris,  qui  l’a  renvoyée  à sa 
septième  commission.  On  nous  affirme  que 
les  marchandes,  désolées  à juste  titre,  ont 
déclaré  qu’elles  se  contenteraient,  à défaut 
de  mieux,  d’une  installation  provisoire, 
même  en  plein  air,  sur  l’ancien  emplace- 
ment, aujourd’hui  place  de  la  République, 
où  elles  retrouveront  sûrement  leur  an- 
cienne et  fidèle  clientèle.  Nous  espérons 
qu’on  fera  mieux  en  leur  faveur,  et  nous 
apprendrions  avec  grand  plaisir  que  la 
question  a reçu  de  nos  édiles  une  solution 
favorable  aux  intérêts’ de  l’horticulture  dans 
ce  quartier  de  Paris. 


Exposition  d’horticulture  de  Saint- 
Étienne.  — Cette  exposition,  sur  laquelle 
nous  reviendrons  prochainement  avec  dé- 
tails, s’est  tenue  au  Palais-des-Arts,  du 
30  août  au  3 septembre,  conformément 
au  programme  qui  avait  été  établi.  Elle 
a parfaitement  réussi,  et  grâce  à la  bonne 
entente  et  au  concours  des  horticulteurs  et 
des  amateurs  des  environs,  de  Lyon  notam- 
ment, toutes  les  parties  de  l’horticulture  et 
même  de  l’agriculture  étaient  représentées  ; 
les  Roses,  les  Glaïeuls,  les  Œillets  par  des 
horticulteurs  lyonnais  ; les  fruits,  les  légu- 
mes, les  décorations  et  les  bouquets  de 
table,  les  plantes  diverses  de  serre  par  des 
horticulteurs  de  Saint-Étienne  et  de  ses 
environs.  Quant  aux  Conifères  et  aux 
arbustes,  citons  les  expositions  de  MM.  Otin 
père  et  fils,  et  Perrier,  de  Bourg -Argentai. 
L’industrie  horticole  ne  manquait  pas  non 
plus  : pompes,  poterie  et  objets  divers  d’or- 
nementation rustique  de  jardins  ^et  les 
serres  surtout  étaient  largement  représen- 
tés. Quant  à la  décoration  et  au  placement 
des  divers  objets,  tout  était  parfait,  grâce  au 
zèle  et  à l’activité  de  MM.  Otin  père  et  fils, 
dont  la  réputation  et  le  talent  sont  bien 
connus. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


LES  EUCALYPTUS  EN  ANGLETERRE  ET  DANS  L'OUEST 


On  connaît  généralement  les  Eucalyptus 
au  point  de  vue  de  leur  effet  ornemental 
dans  nos  provinces  méditerranéennes,  ou 
pour  leur  utilité  comme  essences  de  reboi- 
sement et  d’assainissement  ; mais  on  ignore 
trop  qu’un  certain  nombre  d’espèces  peu- 
vent être  considérées  comme  acquises  à nos 
climats  de  l’ouest,  dans  toute  la  partie  du 
littoral  océanique  soumise  à l’influence  du 
Gulf  sircam.  Nous  croyons  donc  utile  de 
mettre  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  la  tra- 
duction libre  d’un  article  récemm.ent  paru 
dans  le  Journal  of  horticulture.  Ce  travail 
engagera  sans  doute  quelques  amateurs  à 
faire  des  essais  du  même  genre  sur  les 
côtes  françaises. 

Les  Wellingtonias  et  les  Eucalyptus, 
ces  géants  de  la  végétation,  atteignent,  on 
le  sait,  dans  leurs  patries  respectives, 
l’Amérique  du  Nord  pour  ceux-là,  l’Aus- 
tralie pour  ceux-ci,  des  dimensions  sur- 


prenantes. Les  uns  et  les  autres,  s’élevant 
au-dessus  des  autres  espèces  voisines,  ont 
parfois  jusqu’à  120  mètres  de  hauteur. 

Importés  tous  les  deux  en  Europe,  ils  ont 
plus  ou  moins  prospéré,  suivant  les  climats 
sous  lesquels  ils  ont  été  plantés. 

En  Angleterre,  les  Wellingtonias  ont 
réussi  presque  partout.  Le  climat  brumeux, 
exempt  de  fortes  chaleurs,  a facilité  leur 
végétation,  et  l’on  peut  dès  aujourd’hui 
admirer  de  magnifiques  exemplaires  très- 
nombreux,  qui  ont  déjà  atteint  plus  de 
30  mètres  de  hauteur. 

11  n’en  est  pas  tout  à fait  de  même  pour 
les  Eucalyptus,  qui  sont  moins  robustes, 
et  qui  souffrent  parfois  dans  les  hivers  très- 
froids. 

Dans  les  régions  anglaises  les  plus  tem^ 
pérées,  cependant,  comme  les  comtés  de 
Devonshire  et  de  Cornouailles,  les  Euca- 
lyptes  ont  une  végétation  vigoureuse  et 


LES  EUCALYPTUS  EN  ANGLETERRE  ET  DANS  L’OUEST. 


415 


sont  très-rarement  endommagés  par  les 
gelées. 

Le  plus  bel  exemplaire  du  Royaume-Uni 
se  trouve,  croyons -nous,  dans  les  jardins  de 
Powderharn  Castle,  à Kenton,  Devonshire. 
Il  mesure  environ  20  mètres  de  hauteur, 
et  son  tronc  à 3 mètres  de  circonférence 
à la  base.  C’est  l’J^.  coccifera,  fort  belle 
espèce,  qui  a récemment  fleuri.  Ses  fleurs 
sont  surtout  remarquables  par  leurs  éta- 
mines très-nombreuses,  blanches,  exces- 
sivement serrées  les  unes  contre  les  autres, 
et  formant  de  jolis  petits  bouquets  en  forme 
de  houppes.  Les  fleurs  sont  réunies  par 
paquets  compactes  et  produisent  un  char- 
mant effet. 

Gomme  dans  d’autres  espèces  du  genre, 
la  corolle  est  combinée  avec  le  calyce 
ligneux,  dont  la  partie  supérieure  supporte 
ta  corolle,  de  sorte  que,  comme  dans  les 
Mimosa  et  Acacia,  les  étamines  constituent 
la  partie  la  plus  importante  de  la  fleur. 

UE.  coccifera  est  originaire  des  monta- 
gnes de  la  Tasmanie,  où  il  croît  à une  alti- 
tude de  1,000  à 1,200  mètres. 

Dans  la  serre  tempérée  de  Kew,  plusieurs 
grands  et  beaux  spécimens  d' Eucalyptus 
sont  cultivés,  notamment  des  E.  coryyio- 
calyx,  glohulus,  citriodora,  amygdalina, 
eudesmioides,  cordata  ; ils  atteignent  jus- 
qu’à 10  mètres  de  hauteur,  bien  qu’ils  aient 
été  déjà  plusieurs  fois  recépés. 

UE.  glohulus  est  celui  qui  se  développe 
le  plus  rapidement  sous  verre,  à ce  point 
qu’il  produit  en  une  seule  année  des  pousses 
de  5 à 6 mètres,  après  avoir  été  rabattu. 
Ce  sont  ces  qualités  d’accroissement  rapide, 
ainsi  que  leurs  propriétés  [anti- septiques  et 
fébrifuges,  qui  ont  fait  planter  les  Euca- 
lyptus dans  tous  les  endroits  marécageux 
■ et  malsains,  où  le  climat  le  permettait,  no- 
tamment dans  certains  districts  des  Indes. 

Sous  le  climat  de  l’Angleterre,  V Euca- 
lyptus glohulus  est  fréquemment  employé 
pour  la  création  de  scènes  tropicales,  dans 
les  parcs  et  jardins  ; il  de)nande  à être 
abrité  dans  les  hivers  très-rigoureux,  mais 
il  supporte  bien  les  froids  modérés. 

Une  autre  espèce,  1’.^.  Gunnii,  arbre 
très-ornemental,  est  également,  depuis  plu- 
sieurs années,  livré  à la  pleine  terre,  à Kew, 
et,  bien  que  plusieurs  fois  il  ait  été  légère- 
ment atteint  par  le  froid,  il  s’est  toujours 
promptement  rétabli,  et  il  est  actuellement 
en  très-belle  végétation. 


Cette  espèce  était  connue,  depuis  long- 
temps, sous  le  nom  d’E.  polyanthemos  ; 
mais  elle  est  à présent  bien  définie  et  se 
distingue  de  la  plupart  des  autres  Euca- 
lyptus par  ses  feuilles  rondes  et  glauques. 

Il  règne  actuellement  une  grande  confu- 
sion dans  la  dénomination  des  diverses  es- 
pèces d' Eucalyptus.  Gela  résulte  principa- 
lement de  ce  que  les  graines,  provenant  des 
pays  d’origine,  sont  expédiées,  sciemment 
ou  non,  sous  des  noms  faux,  soit  que  plu- 
sieurs espèces  prétendues  différentes  portent 
des  noms  spécifiques  variés,  bien  que  la 
totalité  des  graines  expédiées  aient  été  ré- 
coltées sur  le  même  arbre;  soit  au  contraire 
que  des  graines  de  provenances  différentes 
aient  été  réunies  au  hasard,  sous  un  nom 
quelconque. 

Pour  distinguer  sûrement  toutes  les  es- 
pèces les  unes  des  autres,  il  est  presque 
toujours  nécessaire  d’attendre  qu’elles  fleu- 
rissent, et  dans  la  plupart  des  cas,  cette 
floraison  est  lente  à se  produire. 

UE.  glohulus  est  un  de  ceux  qui  fleu- 
rissent et  fructifient  le  plus  tôt  ; et  l’on  pos- 
sède, à Kew,  de  jeunes  plantes  provenant 
de  graines  récoltées  au  Jardin  botanique 
même. 

UE.  eudesmioides,  que  nous  avons  cité 
plus  haut,  est  représenté  à Kew  par  un 
spécimen  âgé  d’environ  30  ans,  et  qui  a 
déjà  atteint  un  développement  remarquable. 

Cette  espèce  est  bien  distincte,  avec  ses 
longues  feuilles  étroites,  insérées  sur  des 
rameaux  retombants,  et  l’écorce  de  ses 
tiges,  qui  se  détache  comme  celle  du  Pla- 
tane. 

UE.  cordata  est  une  autre  espèce  qui 
mérite  d’être  signalée  : ses  feuilles  sont 
petites,  cordiformes  et  très-glauques. 

UE.  Risdoni  est  un  des  mieux  caracté- 
risés. Ses  feuilles  sont  largement  incisées, 
et  ressemblent  énormément  à celles  du 
Lonicera  sempervirens. 

UE.  citriodora  a les  feuilles  coriaces 
acuminées,  peu  remarquables  par  leur 
forme,  mais  possédant  une  odeur  très- 
accentuée  qui  rappelle  celle  de  VAloysia 
citriodora,  ou  Verveine-Gitronelle. 

L’jE*.  amygdalina  est  très-répandu, 
aussi  ne  le  décrivons-nous  pas.  Il  est  dési- 
gné, dans  les  colonies  anglaises,  sous  le 
nom  de  <a  Peppermint  tree.  » 

UE.  Gunnii,  que  l’on  connaît  aussi  sous 
le  nom  de  c Gider  tree  (Arbre  à cidre),  à 


416 


SENECIO  DELTOIDEUS. 


cause  du  liquide  que  son  écorce  laisse 
écouler,  si  on  l’entaille  au  printemps,  est 
une  bonne  espèce,  dont  la  culture  est  à re- 
commander. 

Si  les  espèces  qui  viennent  d’être  citées 
prospèrent  dans  les  comtés  du  sud  de 
l’Angleterre,  il  faut  en  conseiller  l’essai 
dans  les  situations  abritées  des  environs  de 


Cherbourg,  de  Brest,  de  Quimper,  de 
Roscoff,  etc.,  où  les  hivers  sont  doux  et 
épargneront  le  plus  souvent  le  beau  feuil- 
lage de  ces  arbres  étrangers.  Quand  on  ne 
devrait  les  traiter  que  comme  sujets  à 
rabattre  tous  les  deux  ou  trois  ans,  l’effet 
décoratif  qu’ils  produiraient  suffirait  encore 
à les  faire  admirer.  Ch.  Thays. 


SENECIO  DELTOIDEUS 


Dans  le  carré  consacré  aux  pépinières 
de  la  villa  Thuret,  à Antibes,  où  le  direc- 
teur, M.  Ch.  Naudin,  poursuit  avec  per- 
sévérance de  nombreux  essais  sur  des 
plantes  rares  ou  nouvelles,  on  voit,  au  pre- 
mier printemps,  un  bâtiment  de  service 
entièrement  recouvert  par  le  feuillage  gai  et 
les  innombrables  fleurs  jaunes  d’une  liane 
charmante  et  peu  connue. 

C’est  le  Seneçon  à feuilles  deltoïdes  {Se- 
necio  deltoideus)  (1). 


Originaire  du  Cap  de  Bonne-Espérance, 
où  Burchell  la  recueillit  dans  le  district 
d’Uitenhagen,  la  plante  fut  introduite  en 
Europe  il  y a bien  longtemps.  On  la  trouve 
rarement  dans  les  jardins  botaniques,  et 
nous  ne  nous  souvenons  pas  de  l’avoir  vue 
dans  aucune  collection  d’amateur  ou  d’hor- 
ticulteur. Elle  aurait  cependant  droit  de 
cité  comme  son  congénère  le  Senecio  mi- 
kanioides,  si  répandu  sous  le  nom  de  Lierre 
d'été.  Les  feuilles  du  S.  deltoideus  sont 


Fig.  76.  — Senecio  deltoideus  (grandeur  naturelle). 


plus  petites,  mais  elles  sont  si  nombreuses, 
si  élégantes,  d’un  vert  si  brillant  rehaussé 
par  d’innombrables  fleurs  d’or,  que  nous 
ne  savons  si  la  palme  ne  lui  reviendrait  pas 
après  examen  comparatif. 


Description.  — Plante  sous-frutescente 
à la  base,  flexueuse- grimpante , très- 
glabre;  feuilles  alternes  pétiolées,  trian- 
gulaires deltoïdes,  auriculées,  acuminées, 
sinuées- dentées,  pourvues  de  stipules; 


(1)  Senecio  deltoideus.!  Less.,  Syn..,  892;  DC. 
Prod.,  VI,  p.  404.  — Eupatoriimi  auriculatum, 
Lamk.  — Dict.2,  p.411  (nonVahl.).  -Mikaniaau- 
riculata,  Willd.  Sp.  3,  p.  1745.  — Eupatorium 
scandens,  Link,  Enum.  h.  herol.,  % p.  307  (non 


Lin.  nec  Thunb.).  — Cacalia  fimbrillifera,  Cav. 
— Dict.  48,  p.  460.  — C.  scandens,  Thunb.,  Fl. 
cap.  625,  ex  Less.  — {Mikania  auriculata,  Eupat. 
scandens  et  Cac.  scandens,  Spreng.  Syst.  Senecio 
patulus,  Burin.  Herh.) 


POMMIERS  GREFFÉS  SUR  POIRIERS. 


417 


grappes  de  fleurs  axillaires,  plus  courtes  que 
les  feuilles,  lâchement  dichotomes,  corym- 
hiformes  polycéphales;  involucre cylindrique 
à 5 folioles,  légèrement  calyculé  à la  base  ; 
corolle  plus  longue  que  l’involucre  ; récep- 
tacle fimbrillifère  (finement  frangé).  Notre 
gravure  (fig.  76)  représente  un  rameau 
fleuri  de  grandeur  naturelle. 

La  rapidité  de  végétation  du  S.  deltoi- 
deus  est  extraordinaire.  Dans  le  Midi,  un 
jeune  pied  mis  en  place  au  printemps  peut 
garnir  un  mur  dans  une  année.  Déjà,  à An- 
tibes, on  voit,  dans  les  jardins  de  quelques 
résidences,  des  tonnelles  ou  berceaux  garnis 
de  cette  jolie  Composée,  due  probablement 
à quelque  don  gracieux  de  la  villa  Tburet. 

La  multiplication  se  fait  par  boutures,  qui 
s’enracinent  avec  une  grande  facilité.  Si  les 
gelées  quelquefois  intenses  du  Midi  gâtent 
momentanément  le  feuillage,  la  plante  re- 
pousse déplus  belle  et  répare  rapidement 
le  dommage  qu’elle  a éprouvé. 

POMMIERS  GREFI 

Jusqu’à  ce  jour,  que  nous  sachions  du 
moins,  on  n’a  guère  essayé  de  greffer  les 
Pommiers  sur  les  Poiriers  ; quelques  faits 
inverses  ont  été  tentés  çà  et  là  ; bien  des 
fois,  nous  l’avons  fait  aussi.  Sans  être 
précisément  bon,  le  résultat  semble  indi- 
quer qu’en  choisissant  les  sujets  et  les 
espèces  à mettre  dessus,  l’on  pourrait  peut- 
être  arriver  à trouver  des  sortes  qui,  en 
s’harmonisant,  pourraient  vivre  et  fructi- 
fier. Ainsi,  un  Beurré  Spence  ou  Fondante 
des  bois,  que  nous  avions  greffé  sur  Pom- 
mier doucin,  a vécu  plus  de  quinze  ans 
en  produisant  chaque  année  de  beaux  fruits 
mais  qui,  presque  tous,  étaient  véreux.  Ce 
résultat  était-il  dû  au  sujet  ? Nous  ne  pour- 
rions le  dire. 

Mais,  en  général,  la  greffe  des  Pommiers 
sur  Poiriers  est  regardée  comme  impossible, 
ce  qui  pourtant  n’est  pas,  ainsi  qu’on  va  le 
voir.  Le  premier  fait  porté  à notre  connais- 
sance nous  a été  révélé  par  notre  collabo- 
rateur, M.  Fouché  fils,  horticulteur  à la 
Flotte,  île  de  Ré  (Charente).  Voici  ce  qu’il 
nous  écrivait  le  8 mai  1883  : 

Au  mois  de  février  dernier  je  fus  appelé  par 
un  propriétaire  du  village  de  la  Noue,  commune 
de  Sainte-Marie,  pour  tailler  ses  arbres.  Là  je 
fus  très-surpris  de  rencontrer  de  fort  beaux 


Dans  le  nord,  ce  sera  une  plante  de 
serre  ou  d’orangerie  qui  devra  être  hiver- 
née  presque  sans  soins,  et  qu’on  pourra 
livrer  à la  pleine  terre  pendant  l’été,  sans 
prendre  le  souci  de  la  relever  avant  l’hiver. 
Quelques  boutures  enracinées,  conservées 
sous  verre  jusqu’au  printemps,  serviront 
de  pieds  mères  sur  lesquels  on  pourra 
couper  abondamment  les  multiplications 
désirables.  Nous  pensons  aussi  que  le  S. 
deltoideus  serait  utilement  employé  en  bor- 
dure, à la  décoration  estivale  des  jardins 
de  la  région  parisienne. 

Dans  le  Midi,  on  peut  l’utiliser  non  seu- 
lement comme  garniture  de  berceaux  et  de 
tonnelles,  mais  on  en  obtiendra  d’excel- 
lents effets  pittoresques  en  le  faisant  courir 
et  retomber  sur  les  rochers  et  en  le  plan- 
tant au  pied  des  grands  arbres,  des  Oliviers 
surtout,  avec  le  feuillage  desquels  sa  ver- 
dure claire  et  lustrée  tranchera  très-avan- 
tageusement. Ed.  André. 

ÉS  SUR  POIRIERS 

Pommiers  greffés  sur  Poiriers.  Les  sujets  sont 
des  Beurrés  d'Aremherg  qui,  d’après  le  pro- 
priétaire, ne  donnaient  plus  de  fruits.  La 
variété  de  Pommier  est  la  Reinette  franche.  Ces 
greffes,  âgées  de  un  et  deux  ans,  m’ont  paru  par- 
faitement soudées.  Je  demandai  alors  au  pro- 
priétaire s’il  en  avait  déjà  greffé,  et  s’il  avait 
de  plus  forts  sujets  que  ceux-ci.  Il  me  répondit 
affirmativement,  et  que,  dans  un  autre  jardin, 
il  avait  des  arbres  plus  âgés  et  qui  tous  les 
ans  lui  donnaient  des  fruits  magnifiques,  ce 
que  je  pus  constater.  Là,  en  effet,  je  vis  des 
Pommiers  beaux  et  très-vigoureux  qui,  greffés 
sur  Beurré  d' Amanlis,  n’avaient  pas  moins  de 
5 mètres  de  hauteur,  bien  qu’âgés  seulement  de 
quatre  ans.  La  vigueur  de  tous  ces  Pommiers  est 
extrême,  qu’ils  soient  greffés  sur  Beurré  d’A- 
manlis  ou  sur  Beurré  d’Aremberg.  Un  des 
sujets  avait  même  reçu  deux  greffes,  l’une  de 
Pommier  Reinette  franche \ l’autre  de  Poirier 
Triomphe  de  Jodoigne,  et  les  deux  variétés 
étaient  aussi  vigoureuses  l’ime  que  l’autre. 

Ainsi  donc,  plus  de  doute  qu’on  puisse 
greffer  le  Pommier  sur  le  Poirier  ! Jusqu’à 
quelles  limites  la  chose  est-elle  possible  ? 
Y a-t-il  des  sujets  spéciaux,  c’est-à-dire  des 
variétés  de  Poiriers  qui  conviendraient  mieux 
les  unes  que  les  autres  ? En  est-il  de  même 
pour  les  variétés  devant  servir  de  greffons  ? 
Ces  questions,  ne  peuvent  être  résolues  que 
par  l’expérience,  Et,  d’autre  part,  qui  sait  si 


418  CULTURE  DE  LA  YIGNE 

cette  greffe,  ce  contact  de  divers  sucs  séveux 
qui  doivent  produire  des  combinaisons  spé- 
ciales, ne  détermineraient  pas  des  modifica- 
tions particulières  qui  changeraient  le  tem- 
pérament du  Pommier  et  le  rendraient 
rebelle  à l’influence  du  puceron  lanigère  ? 
En  attendant,  comme  cette  question  très- 
importante  intéresse  à la  fois  la  pratique  et 
la  théorie,  c’est-à-dire  la  science  pure  et  la 
science  appliquée,  nous  engageons  tous 
ceux  de  nos  lecteurs  qui  le  pourraient,  à 
faire  des  expériences  en  les  multipliant  et 
en  les  variant,  et  à vouloir  bien  nous  faire 
connaître  les  résultats  qu’ils  auraient  ob- 
tenus ; nous  nous  empresserons  de  les 
publier. 

En  attendant,  nous  croyons  devoir  rap- 
porter ce  que  sur  cette  même  question, 
nous  a répondu  M.  Fouché,  à qui  nous 
avions  demandé  quelques  nouveaux  rensei- 
gnements : 


A SRJNAGAR  (KASHMIR). 

Avant  de  vous  répondre,  dit-il,  j’ai  voulu 
m’assurer  de  l’état  dans  lequel,  actuellement,  se 
trouvent  les  Pommiers  greffés  sur  Poiriers.  Non. 
seulement  aucun  d’eux  n’est  attaqué  du  puceron 
lanigère,  bien  que  plusieurs  soient  rapprochés 
de  Pommiers  envahis  par  cet  insecte,  mais  les 
arbres  sont  chargés  de  fruits  magnifiques  et 
sont  d’une  vigueur  exceptionnelle  ; il  paraît 
même  que  ce  Puceron  n’a  jamais,  jusqu’à  ce 
jour  du  moins,  attaqué  les  Pommiers  greffés 
sur  Poiriers.  Cela  continuera-t-il  ? 

Oui,  cette  immunité  persistera-t-elle  ? 
Toute  la  question  est  là.  Quoi  qu’il  en 
soit,  ce  premier  point  est  acquis  : Les 
Pommiers  peuvent  vivre  et  fructifier  sur 
les  Poiriers.  ))  A nos  lecteurs  de  faire 
leur  profit  de  cette  découverte  et  de  se 
livrer  à des  expériences  pour  tâcher  de 
découvrir  jusqu’à  quel  point  il  y aurait 
avantage  à employer  ce  sujet,  et  quel  en 
serait  le  résultat.  E.-A.  Carrière. 


CULTURE  DE  LA  VIGNE  A SEINAGAR  (KASHMIR) 


En  présence  du  terrible  fléau  qui  menace 
d’anéantir  les  vignobles  français,  j’ai  cru 
utile  de  parler  de  la  culture  de  la  Vigne 
dans  l’Inde. 

Le  lecteur  a sans  doute  déjà  deviné  que 
je  veux  parler  duKashmir,  de  cette  belle  et 
fertile  vallée  de  l’Orient. 

La  Vigne  y pousse  avec  une  vigueur 
incroyable,  et  il  n’est  pas  rare,  dans  une 
année,  de  voir  des  sarments  de  nos  espèces 
françaises  atteindre  9 à 10  mètres  de  lon- 
gueur et  se  charger  de  grappes  de  pre- 
mière grosseur  et  de  première  qualité. 

D’après  le  succès  que  j’ai  obtenu  depuis 
deux  ans  que  je  suis  au  Kashmir,  je  n’hésite 
pas  à affirmer  que,  si  on  établissait  de 
grandes  plantations  dans  des  terrains  choi- 
sis et  irrigables,  le  Kashmir  pourrait,  dans 
quelques  années,  fournir  une  quantité  con- 
sidérable de  vin,  suffisante  pour  la  consom* 
mation  des  Indes  anglaises. 

Le  climat  du  Kashmir,  tout  en  se  prêtant 
à merveille  à la  culture  de  la  Vigne,  exige 
cependant  qu’on  prenne  pour  celle-ci  cer- 
taines précautions  qui,  en  France,  sont  inu- 
tiles. 

Une  des  plus  grandes  difficultés  à vaincre 
pour  faire  réussir  les  jeunes  plantations, 
c’est  d’assurer  leur  reprise.  Cette  difficulté 
est  une  conséquence  de  l’extrême  sécheresse 


qui  se  fait  sentir  sous  ce  climat.  Ainsi,  au 
Kashmir, 'il  ne  pleut  pour  ainsi  dire  jamais  ; 
à partir  du  mois  de  mars  il  fait  une  chaleur 
excessive,  et  jamais  alors  il  ne  tombe  même 
une  goutte  d’eau.  Aussi,  sans  irrigation, 
pas  de  culture. 

Les  eaux  que  l’on  emploie  pour  irriguer 
les  cultures  proviennent  des  neiges  qui, 
pendant  l’hiver,  couvrent  les  hautes  et 
nombreuses  montagnes  qui  sillonnent  ce 
pays. 

Au  printemps,  au  moment  de  la  fonte  de 
ces  neiges,  qui,  du  reste,  se  prolonge  toute  la 
belle  saison,  les  cultivateurs,  à l’aide  de 
rigoles,  conduisent  ces  eaux  dans  leurs  dif- 
férentes cultures,  principalement  dans  les 
rizières,  auxquelles  ils  prodiguent  des  soins 
tout  particuliers,  ce  qui  se  comprend,  car, 
au  Kashmir,  comme  dans  toutes  les  Indes, 
c’est  le  Riz  qui  est  la  base  de  la  nourriture 
de  l’homme. 

Ces  quelques  observations  suffisent  pour 
démontrer  que  si  l’on  plantait  des  jeunes 
Vignes  dans  les  mêmes  conditions  que  celles 
dans  lesquelles  on  les  place  en  France,  ces 
jeunes  Vignes  ne  pourraient  pousser. 

Au  Kashmir,  la  maturité  du  Raisin  étant 
assurée,  on  n’a  pas  à redouter  l’action  des 
plaines,  au  contraire^;  il  faut  de  préférence 
les  rechercher  afin  de  permettre  les  irriga- 


CULTURE  DE  LA  VIGNE  A SRTNAGAR  (KASHMIR). 


m) 


lions,  sans  lesquelles  toute  culture,  môme 
celle  de  la  Vigne,  est  impossible. 

Les  terrains  en  pente  et  placés  à l’exposi- 
tion du  sud  sont  ceux  que  l’on  recherche  en 
France  pour  la  production  des  grands  vins; 
à preuve  les  riches  coteaux  de  la  Bourgogne. 
Eh  bien  ! au  Kashmir,  il  en  est  tout  autre- 
ment, et  dans  les  terrains  à pente  rapide  et 
exposés  au  midi,  quelle  que  soit  la  nature 
du  sol,  il  ne  faut  pas  songer  à cultiver  la 
Vigne,  parce  que,  dans  ces  conditions,  les 
irrigations  sont  impossibles,  et  que  pendant 
l’été  les  Raisins  seraient  brûlés. 

Une  pente  très  douce  pourrait  encore 
être  utilisée  avec  un  certain  succès  ; car, 
dans  ce  cas,  l’on  n’aurait  que  très  peu  de 
terrassements  à faire  pour  établir  des  ter- 
rasses horizontales  qui  permettraient  les 
irrigations. 

La  manière  dont  j’ai  procédé  pour  établir 
les  nouvelles  plantations  et  qui  a parfaite- 
ment réussi,  est  la  suivante  : 

J’ai  fait  creuser  des  rigoles  de  50  centi- 
mètres de  largeur  sur  15  centimètres  de 
profondeur  ; toutes  ces  rigoles  sont  paral- 
lèles et  espacées  entre  elles  de  2 mètres  de 
distance,  et  c’est  dans  ces  rigoles  que  j’ai 
fait  faire  les  trous  destinés  à recevoir  les 
jeunes  plants  de  Vignes.  Ces  trous  sont 
espacés  de  50  sur  la  ligne.  Pour  la  plan- 
tation j’ai  opéré  comme  cela  se  fait  ordinai- 
rement en  ayant  soin  de  conserveries  rigoles 
parfaitement  régulières  dans  toute  leur  lon- 
gueur. 

En  tête  de  tous  les  champs  de  Vigne,  j’ai 
fait  passer  un  canal  collecteur  qui,  à volonté, 
amène  les  eaux  de  la  montagne,  de  sorte 
que  toutes  les  rigoles  aboutissant  dans  ce 
canal,  on  peut,  quand  le  besoin  s’en  fait 
sentir,  facilement  et  sans  aucune  fatigue, 
arroser  les  Vignes  ; l’eau  coulant  droit  dans 
toutes  les  rigoles,  tous  mes  plants  reçoivent 
la  ration  d’eau  qui  leur  est  nécessaire. 

Une  des  conditions  indispensables  ici  à 
la  bonne  réussite  de  la  Vigne,  c’est  que 
pendant  toute  la  saison,  le  terrain  soit  tenu 
propre  par  des  binages  donnés  opportuné- 
ment, que  les  rigoles  soient  toujours  dans 
un  parfait  état  de  propreté,  même  dans  les 
vieilles  Vignes  en  rapport,  car  il  arrive 
presque  toujours  qu’au  moment  de  lavérai- 


son,  les  chaleurs  sont  tellement  fortes,  que 
le  Raisin  pourrait  ne  pas  tourner  et  les 
grappes  se  dessécheraient  sur  pied,  tandis 
que  si  les  rigoles  sont  bien  entretenues, 
il  est  très-facile  d’y  remédier  par  une  bonne 
irrigation  donnée  au  moment  ou  le  Raisin 
va  tourner.  Si  les  chaleurs  sèches  conti- 
nuent, on  peut  même,  au  bout  de  huit  à dix 
jours,  pratiquer  une  seconde  irrigation,  et 
tout  peut  se  borner  là;  car  à cette  époque  il 
n’y  a plus  rien  à redouter  : la  maturation  et 
la  récolte  sont  assurées. 

On  pourrait  craindre  que  ces  irrigations 
tardives  ne  nuisent  à la  qualité  du  vin,  ce 
qui,  en  France,  arriverait  inévitablement  ; 
au  Kashmir,  il  n’en  est  rien  ; au  contraire, 
par  ces  irrigations,  on  obtient  qualité  et 
quantité. 

Quels  que  soient  les  procédés  oU  les  appa- 
reils dont  on  dispose  pour  amener  l’eau 
nécessaire  aux  irrigations  : pompes,  chaînes 
à godets,  roues  persanes,  etc.,  le  mode  de 
plantation  que  j’indique  est,  je  crois,  l’un  des 
meilleurs,  ce  qui  m’a  engagé  à le  décrire 
avec  certains  détails  qui  en  permettent  l’ap- 
plication partout  où  le  pays  est  chaud  et 
très-sec  ; peut-  être  même  pourrait-il  être 
appliqué  avec  succès  dans  certaines  de  nos 
colonies,  en  Algérie  par  exemple. 

Je  vais  terminer  par  un  exemple  du  pro- 
duit que  peuvent  donner  les  Vignes  au 
Kashmir  ; il  est  récent  et  date  de  1882. 
Ainsi,  sur  environ  cinq  hectares  de  Vigne  en 
état  de  production,  nous  avons  récolté 
quatre-vingt-dix  hectolitres  de  vin,  dont 
cinquante  hectolitres  de  vin  blanc  et  qua- 
rante hectolitres  de  vin  rouge,  le  tout  de 
très-bonne  qualité. 

La  vendange  a été  terminée  le  8 sep- 
tembre. Le  vin  blanc  imite  beaucoup  le 
Barsac.  Quant  au  vin  rouge,  il  a exactement 
le  bouquet  d’un  bon  Médoc,  et  il  est  d’une 
couleur  et  d’une  limpidité  qui  ne  laissent 
rien  à désirer. 

Les  variétés  de  Vignes  que  nous  cultivons 
sont  : 

Pour  les  vins  blancs  : Sémillon,  Sau- 
vignon  et  Saiiterne. 

Pour  les  vins  rouges  : Cahernet  sauvi- 
gno7i,  Cabemet  franc,  Verdot,  Merlot  et 
Malbec.  L.  Bouley. 


420 


NOUVELLES  RHUBARBES  HYBRIDES. 


TRITOMA  PUMILA 


Plante  vivace , rustique,  rappelant  par 
son  port,  son  faciès  et  sa  végétation,  le 
Tritoma  uvaria.  Feuilles  nombreuses, 
naissant  d’une  souche  renflée , robuste , 
d’un  vert  glaucescent.  Hampe  robuste  à 
écorce  rubigineuse  glaucescente.  Fleurs 
pendantes  et  disposées  en  cône,  d’un  rouge 
brique  vineux,  jaunâtres  à l’extrémité. 

Cette  plante,  que  j’ai  vue  récemment  en 
fleurs  chez  MM.  Thibault  et  Keteleer,  hor- 
ticulteurs à Sceaux,  se  distingue  des  autres 
formes  d’abord  par  ses  feuilles  un  peu  plus 


courtes  et  par  l’ensemble  de  la  plante  qui 
est  plus  petite  dans  toutes  ses  parties,  puis 
par  la  couleur  des  fleurs,  qui  est  d’un  rouge 
cerise  violacé,  difficile  à définir,  bien  qu’il 
soit  différent  de  celui  de  doutes  les  autres 
espèces  et  variétés. 

Le  Tritoma  pumila  {Link;  Aletris  pu- 
mila,  Dit.  ; Veltheima  ahyssinica,  Red.; 
Veltheimia  pumila^  Willd.)  est  originaire 
d’Abyssinie.  Il  est  tout  aussi  rustique  que 
les  autres  ; sa  culture  et  sa  multiplication 
sont  aussi  les  mêmes.  Houllet. 


BEGONIA  DAVISII  SUPERBA 


Cette  plante,  aussi  modeste  que  méri- 
tante, est  l’une  des  plus  propres  à mettre 
en  première  ligne  autour  des  massifs  ou  à 
faire  des  bordures.  Ces  qualités,  elle  les  doit, 
d’une  part  à sa  taille  très-réduite,  de  l’autre 
à la  beauté  de  ses  fleurs,  qui  sont  très- 
grandes  et  d’un  coloris  rouge  foncé  des 
plus  chauds.  Ses  caractères  sont  les  sui- 
vants : 

Plante  acaule,  gazonnante,  atteignant  12  à 
15  centimètres  de  hauteur,  à feuilles  de 
grandeur  moyenne,  presque  subcordiformes, 
très-courtement  pétiolées.  Fleurs  sur  un 
pédoncule  dressé,  raide,  très-coloré,  por- 
tant de  grandes  fleurs  bien  ouvertes  d’un 
rouge  extrêmement  foncé  brillant. 

Le  B.  Davisii  superha  fut  obtenu  par 
MM.  Thibaut  ©t  Keteleer,  horticulteurs  à 


Sceaux,  du  Bégonia  Davisii^  dont  il  a 
tous  les  caractères  généraux  ; il  est  des  plus 
floribonds  et  des  plus  robustes,  et  s’acco- 
mode  très-bien  de  la  pleine  terre,  où  la 
plante  forme  de  larges  touffes  qui  fleu- 
rissent continuellement  jusqu’aux  gelées. 
Aucune  variété  n’est  plus  propre,  soit  à l’or- 
nementation des  plates-bandes,  soit  pour 
entrer  dans  les  massifs  de  mosaïculture 
ou  autres,  où  elle  produit  un  très-bel  effet . 
Elle  a cet  autre  avantage  de  se  reproduire 
à peu  près  identiquement  par  semis,  ce 
qui  permet  de  la  multiplier  promptement 
et  en  grande  quantité. 

La  culture  du  B.  Davisii  superha  ne 
présente  rien  de  particulier  et  est  en  tout 
semblable  à celle  du  type.  Il  en  est  «de 
même  pour  sa  multiplication.  May. 


NOUVELLES  RHUBARBES  HYBRIDES 


En  1877,  le  jardin  de  la  Faculté  de  mé- 
decine de  Paris  avait  reçu  de  M.  Collin, 
pharmacien  à Verdun,  bien  connu  par  ses 
recherches  sur  les  Rhubarbes,  un  pied  du 
Bheum  envoyé  par  Chauveau,  comme 
produisant  la  véritable  Rhubarbe  de  Chine. 
J’ai  décrit  cette  plante  sous  le  nom  de  R. 
Collinianum,  dans  le  n*^  19  du  Bulletin 
de  la  Société  Linnéenne  de  Paris  (p.  146), 
où  je  crus  devoir  la  considérer  provisoire- 
ment comme  une  forme  ou  variété  du  R. 
hyhridum.  Je  ne  reviendrai  pas  sur  les 
caractères  de  cette  curieuse  plante,  ren- 
voyant pour  les  détails  à ce  que  je  publiai 


à cette  époque  sur  son  organisation.  Je  rap- 
pellerai seulement  que  ses  fleurs  m’avaient 
été  indiquées  comme  blanchâtres  et  que, 
souvent  dépourvues  d’organes  femelles, 
elles  ressemblaient  beaucoup  à celles  du 
R.  hyhridum  type. 

En  1879,  le  pied  reçu  de  M.  Collin  fleurit 
dans  le  jardin  de  la  Faculté.  Il  avait  pris  de 
la  vigueur,  s’était  élevé  à la  taille  de 
1 mètre  50  environ,  et  sa  floraison  fut 
abondante.  Seulement,  la  teinte  de  ses 
fleurs  fut  d’un  rouge  sombre,  et  ses  feuilles, 
très-analogues  à celles  du  R.  hyhridum 
type,  mais  plus  allongées,  plus  aigües  à 


_R.ei)ue  / fo/  ‘ù(  'o  / 1' . 


, tiet  . 


R h n ha  rhc  h i/  bride  Flo/ 'en  lui . 


NOUVELLES  RHUBARBES  HYBRIDES. 


leur  sommet  et  plus  inégalement  incisées 
sur  les  côtés,  présentèrent,  surtout  pendant 
leur  jeunesse,  un  reflet  rouge  très-  accen- 
tué qui  disparut  graduellement  avec  l’âge. 

A 4 mètres  environ  de  la  plate-bande  où 
était  planté  ce  R.  Collinianiim,  fleurit  en 
même  temps  que  lui  un  pied  de  R.  offici- 
nale type,  c’est-à-dire  de  cette  grande  et 
belle  espèce,  aujourd’hui  partout  cultivée, 
dont  les  Chinois  ont  comparé  la  feuille,  d’un 
beau  vert  clair,  à celle  du  Ricin  ou  à un 
éventail  ouvert,  et  dont  les  fleurs  sont 
d’un  blanc  laiteux  ou  légèrement  teinté  de 
jaune. 

Pendant  la  floraison,  les  insectes  abon- 
dèrent sur  les  inflorescences  des  deux 
plantes  ; si  bien  qu’elles  se  fécondèrent 
réciproquement  et  qu’elles  se  couvrirent 
l’une  et  l’autre  de  fruits  fertiles.  Aban- 
donnés à eux-mêmes,  ces  fruits  germèrent 
presque  immédiatement  au  pied  des  plantes 
mères  et  donnèrent  plusieurs  centaines  de 
jeunes  pieds  dont  le  développement  fut 
rapide  et  qui  présentèrent  un  certain 
nombre  de  variations,  d’autant  plus  dignes 
d’intérêt,  qu’elles  furent  sensiblement  les 
mêmes  avec  l’une  quelconque  des  deux 
plantes  pour  porte-graines.  Les  feuilles 
étaient  plus  ou  moins  profondément  décou- 
pées et  plus  ou  moins  rigides  ; leur  pétiole 
et  leur  courte  tige  étaient  tantôt  verts  et 
tantôt  rougeâtres,  et  les  racines  surtout 
différaient  par  leur  coloration,  étant  rouges 
dans  certains  pieds,  et  jaunes  dans  les 
autres.  Mais,  nous  le  répétons,  parmi  les 
plantes  venues  de  graines  récoltées  sur  le 
R.  Collinianum,  par  exemple,  il  y avait  à 
peu  près  autant  d’individus  à racine  jaune 
que  de  pieds  à racine  rouge. 

En  1882,  un  grand  nombre  de  ces 
hybrides  produisirent  des  fleurs.  Elles  pré- 
sentaient de  très-grandes  variations  dans 
leur  coloration,  depuis  le  blanc  rosé  terne, 
jusqu’au  rouge  carminé  très-vif.  Un  des 
pieds  se  distingua  surtout  par  la  teinte 
foncée  de  ses  fleurs;  c’est  cette  variété  que 
représente  la  figure  coloriée  ci-contre  et  à 
laquelle  nous  avons  donné  le  nom  de  Flo- 
rentin, c’est-à-dire  le  nom  du  jardinier  de 
la  Faculté  de  médecine  qui  a donné  ses 
soins  à nos  plantes.  Dans  cette  variété,  les 
feuilles  ressemblent  à celles  du  R.  offici- 
nale, mais  elles  sont  plus  longues  que  les 
siennes,  relativement  à leur  largeur,  et  la 
jlisposition  pennée  de  leurs  nervures  est 


m 

plus  manifeste  dans  la  portion  qui  surmonte 
les  digiti-nervations  de  la  base  du  limbe; 
celui-ci  est  de  consistance  un  peu  molle, 
comme  dans  le  R.  officinale,  et  les  divi- 
sions de  ses  bords  sont  plus  inégales.  Quand 
les  feuilles  ont  pris  tout  leur  développe- 
ment, ces  bords  étalés  se  réfléchissent 
même  souvent  en  dehors,  en  vertu  de  leur 
peu  de  rigidité.  Le  pétiole  est  tantôt  d’un 
vert  uni,  comme  celui  du  R.  officinale,  et 
tantôt  finement  strié  de  pourpre  foncé, 
comme  il  peut  arriver  dans  le  R.  Collinia- 
nuyn  et  aussi  dans  le  R.  tanguticum.  Les 
feuilles  de  la  base  avaient  dans  cette  plante 
plus  d’un  mètre  de  long.  Quand  la  floraison 
commença  à se  produire,  les  axes  à fleurs 
avaient  plus  de  2 mètres  50  de  long,  et  ils 
atteignirent  ultérieurement  près  de  3 mètres. 
Ils  portaient  jusqu’au  milieu  des  groupes 
floraux,  de  petites  feuilles  de  même  forme 
que  celles  de  la  base,  mais  qui  n’avaient 
plus  qu’un  ou  deux  décimètres  de  largeur. 
Quant  aux  fleurs,  elles  étaient  d’un  beau 
rouge,  comme  nous  l’avons  dit,  mais  leur 
nuance  était  surtout  très-foncée  avant  l’épa- 
nouissement, alors  que  les  boutons  se 
dégagaient  du  milieu  des  bractées.  Leur 
ensemble'ressemblait  beaucoup  alors  à une 
tête  de  Celosia.  La  forme  générale  de  l’in- 
florescence était  à peu  près  la  même  que 
dans  le  R.  officinale,  un  peu  plus  élancée 
pourtant  ; les  derniers  axes  florifères  s’in- 
clinaient et  retombaient  gracieusement  en 
dehors  sous  forme  d’arcs  flexibles.  Cette 
plante  est  féconde,  c’est  donc  un  hybride 
fertile  ; elle  a donné  des  milliers  de  fruits 
qui  ressemblent  beaucoup  à ceux  du  R. 
officinale,  et  dont  les  graines,  aussitôt 
semées,  ont  déjà  produit  une  nouvelle  géné- 
ration de  pieds  qui  ont  actuellement  passé 
l’hiver,  développent  cet  été  des  feuilles 
entières  ou  peu  découpées,  et  se  distinguent 
déjà  en  sujets  [à  racine  et  à pétioles  rou- 
geâtres et  en  individus  à racine  jaune. 

Il  serait  difficile  de  trouver  un  plus  beau 
Rheum  ornemental  que  la  plante  dont  nous 
venons  de  parler,  surtout  à cause  de  la 
coloration  des  inflorescences.  Les  feuilles 
laissent  peut-être  quelque  chose  à désirer 
au  point  de  vue  de  la  rigidité  ; mais  ce 
défaut,  si  c’en  est  un,  disparaît  comme 
nous  le  verrons  dans  une  autre  des  variétés 
que  nous  avons  obtenues. 

La  même  année  a fleuri,  dans  des  condi- 
tions analogues,  un  autre  pied  de  Rhubarbe 


422 


NOUVELLES  RHUBARBES  HYBRIDES. 


hybride,  représentant  la  variété  que  je 
nommerai  Faguet,  et  qui  rappelle  beaucoup 
par  les  caractères  de  ses  feuilles  la  plante 
dont  je  viens  de  parler,  avec  toutefois  un 
peu  plus  de  rigidité  dans  le  limbe  et  des 
découpures  plus  fines  sur  les  bords.  Les  ner- 
vures, très-saillantes  en  dessus,  sont  d’un 
vert  très-clair,  comme  celles  du  R.  Collinia- 
num  type  ; et  le  pétiole,  à peu  près  cylin- 
drique, est  finement  ponctué  de  pourpre, 
mais  moins  abondamment  que  celui  du  R. 
Collinianum.  Ces  feuilles  arrivent  à de 
grandes  dimensions.  Dans  nos  cultures, 
l’année  dernière,  leur  pétiole  atteignit  de 
50  à 80  centimètres,  et  le  limbe,  1|  mètre 
de  long  sur  4 mètre  40  de  large.  La  hampe 
florifère  était  plus  développée  encore,  puis- 
qu’elle mesurait  2 mètres  80,  et  qu’à 
l’époque  de  la  maturité  des  fruits,  elle  avait 
atteint  3 mètres  20.  Sa  base  dénudée  était 
de  la  grosseur  du  bras  ; dans  sa  portion 
supérieure,  elle  portait  de  nombreux  axes 
secondaires,  relativement  courts,  dressés, 
de  façon  que  leur  ensemble  avait  une  forme 
pyramidale.  Les  fleurs  étaient  d’un  rose 
clair,  un  peu  terne.  Les  fruits  étaient  exté- 
rieurement semblables  à ceux  du  R.  Colli- 
nianum qui  avait  été  le  porte-graines,  de 
même  que  celui  de  la  forme  précédemment 
décrite.  On  se  ferait  difficilement  une  idée 
de  la  beauté  de  la  variété  qui  nous  occupe 
maintenant,  et  il  est  probable  que  dans  un 
meilleur  sol  elle  atteindrait  des  proportions 
bien  plus  considérables.  J’en  juge  par  un 
renseignement  que  je  tiens  d’un  horticul- 
teur anglais  digne  de  foi,  et  qui  m’a  assuré 
avoir  vu,  aux  environs  de  Londres,  des 
feuilles  de  R.  officinale  de  6 pieds  de  long 
et  des  inflorescences  de  20  pieds  de  haut. 

C’est  cette  année  seulement  qu’a  fleuri 
et  fructifié  une  troisième  forme  dont  je 
vais  maintenant  dire  quelques  mots  et 
que  j’appellerai  Carrière.  Elle  est  aussi 
sortie  de  graines  récoltées  sur  le  R.  Colli- 
nianum. Avec  les  inflorescences  rela- 
tivement étroites  et  vergées  de  la  plante 
précédente,  surtout  à l’époque  de  la  matu- 
rité des  fruits,  elle  présente  des  feuilles 
bien  plus  rigides,  d’une  belle  tenue,  d’un 
beau  vert  franc,  à sommet  très-aigu,  à 
nervures  secondaires  très  - saillantes  et 
comme  carénées,  deux  fois  plus  épaisses 
que  larges.  C’est  là  probablement  ce  qui 
fait  que  le  limbe  se  tient  si  bien.  Le  sinus 
de  la  base  a les  bords  rapprochés,  comme 


ceux  d’un  cornet,  et  les  divisions  des  bords 
sonttrès-aigües.  Le  pétiole  est  aussi  tacheté 
de  pourpre.  Certaines  de  ces  feuilles  avaient 
50  centimètres  de  pétiole  et  un  limbe  de 
4 mètre  20  de  long  sur  4 mètre  40  de  large. 
Les  fleurs  sont  d’un  rose  de  chair  un  peu 
vif,  et  les  fruits  sont,  avant  leur  complète 
maturité,  d’une  belle  couleur  pourprée. 
Aussi  cette  plante  sera-t-elle  une  des  plus 
ornementales  que  puisse  présenter  le  groupe, 
et  je  crois  que  dans  de  bonnes  conditions, 
elle  atteindra  des  dimensions  considérables. 

Il  y a cependant  des  formes  plus  belles 
encore  et  de  plus  grande  taille  quant  aux 
feuilles;  mais  je  ne  les  signale  qu’en  pas- 
sant, car  elles  n’ont  pas  encore  fleuri  à 
l’heure  qu’il  est.  Avec  de  plus  vastes  di- 
mensions, leur  feuillage  est  à peu  près  celui 
du  R.  Collinianum,  et  cependant  les 
plantes  sont  sorties  du  R.  officinale  pris 
pour  porte-graine.  Leur  racine  n’en  est 
pas  moins  rougeâtre  dans  le  jeune  âge, 
de  même  que  la  base  de  leurs  pétioles. 

Quant  aux  deux  premières  formes  que 
j’ai  décrites  comme  ayant  fleuri  et  fructifié 
et  à côté  desquelles  il  y en  a un  grand 
nombre  d’autres  un  peu  moins  belles  et 
qui  ne  seront  pas  conservées,  elles  ont  donné 
d’excellentes  graines  qui,  semées  un  peu 
après  leur  maturation,  ont  produit  des  pieds 
déjà  hauts  de  75  à 90  centimètres,  quoiqu’ils 
n’aient  que  dix  mois  environ , avec  des 
feuilles  de  forme  variable  et  des  racines,  les 
unes  rouges  et  les  autres  jaunes,  absolu- 
ment comme  les  plantes  dont  ils  sont 
sortis. 

D’après  ce  que  je  viens  de  dire,  toutes 
ces  plantes  sont  des  hybrides  extrê- 
mement fertiles,  et  cependant  certaines 
d’entre  elles  sont  tellement  différentes  de 
leurs  parents  de  l’un  et  de  l’autre  sexe, 
que  bien  des  botanistes  à qui  je  les  ai  mon- 
trées n’ont  pas  hésité  à les  considérer  comme 
de  bonnes  espèces,  dans  le  sens  qu’on 
attache  généralement  à cette  expression 
dans  le  langage  ordinaire.  Pour  moi,  qui 
vois  naître  ces  prétendues  bonnes  espèces 
et  qui  les  produis,  pour  ainsi  dire,  à 
volonté,  je  ne  souris  pas,  en  présence 
de  cette  appréciation,  attendu  que  les  R.  Flo- 
rentin et  Carrière,  par  exemple,  sont  plus 
différents  de  leurs  parents  que  ne  le  sont 
l’un  de  l’autre  bien  des  Rheum  que  nos 
classiques  considèrent  comme  des  espèces 
de  valeur.  Si  je  rencontrais  dans  les  déserts 


NOUVELLES  RHUBARBES  HYBRIDES. 


dn  Thibet  ou  de  la  Chine,  un  Rheum  à fleurs 
carminées,  tel  que  le  premier  de  ceux  dont 
je  viens  de  rapporter  le  nom,  sans  connaître 
sa  filiation,  je  le  considérerais  certainement' 
comme  bien  plus  distinct  du  R.  officinale, 
son  père,  que  ne  le  sont  les  uns  des  autres 
un  R.  compactiim,  Rhaponticum,  etc.  Et, 
conséquence  sur  laquelle  je  ne  puis  ici  in- 
sister, je  ne  serais  point  étonné  que  nos 
R,  hyhridum,  Collinianum  et  même  of- 
ficinale et  palmatum  fussent , à une 
époque  relativement  peu  éloignée,  sortis, 
comme  l’on  dit,  d’un  seul  et  même  type 
primitif. 

Je  sais  bien  qu’une  semblable  déclaration 
ressemble  beaucoup  à une  profession  de 
foi  transformiste  et  « sent  le  roussi  »,  par 
conséquent.  Mais  qui  serait  transformiste, 
sinon  les  botanistes  qui  observent  les  plantes 
et  qui  enregistrent,  en  dehors  de  toute  idée 
préconçue,  les  mille  variations  de  formes 
du  monde  végétal  ? Bien  souvent  les  espèces 
que  nous  croyons  d’origine  excessivement 
ancienne,  sont  formées  depuis  quelques 
siècles  et  même  moins.  Ce  n’est  pas  moi 
qui  l’ai  dit  ; c’est  celui  que  les  botanistes 
considèrent  comme  l’apôtre  et  le  père  des 
espèces  et  le  plus  ferme  partisan  de  leur 
fixité  et  de  leur  éternité,  c’est-à-dire  l’au- 
teur du  Species  plantarum,  l’orthodoxe 
Linné  lui-même,  qui  considère  le  Prunella 
laciniata  {Species  plantarum,  ed.  2 [1763], 
p.  837)  comme  issu  du  P.  vulgaris'i)  aqua, 
dit-il,  olim  orta,  structura  hodie  persis- 
tens,  adeoque  tantillum  distincta  ».  C’est 
Linné  qui,  dans  un  passage  du  même  ou- 
vrage (p.  1050),  passage  qu’on  n’a  pas  lu  ou 
qu’on  a passé  à dessein  sous  silence,  décrit 
comme  espèces  distinctes  les  quatre  Scor- 
piurus  vermiculata,  muricata,  sulcata, 
suhvillosa,  et  ajoute  cependant  (p.  1051)  : 
Species  Jiasce  omnes  olim  ex  una  specie 
ortas  esse  duhium  non  est  ; nec  sufficit 
locus  harum  generationi,  qui  tum  mutatus 
easdem  redderet  ; quæ  itaque  mixtura 
harum  produxerit  constantes  plantas? 
Qui  lias  omnes  aut  conjungat  aut  distin- 
guât videtur  argumentis  inniti.  » On  pour- 
rait bien  appliquer  ces  paroles,  que  l’on  me 
pardonnera  de  citer  dans  le  texte  latin 
même,  afin  que  rien  n’eh  soit  atténué, 
on  pourrait  les  appliquer , dis-je , aux 
Rheum  palmatum,  tanguticum,  hyhri- 
dum,  Collinianum . et  aux  trois  plantes 


423 

dont  je  viens  de  donner  la  description  som- 
maire (1). 

Un  missionnaire  distingué  écrit  un  jour  : 
€ Vous  ne  connaissez  pas  en  Europe  la 
plante  qui  donne  la  véritable  Rhubarbe  de 
Chine,  la  voici  ; et  il  envoie  le  Rheum  Col- 
linianum dont  les  descendants  hybrides 
peuvent  avoir  les  mêmes  feuilles  que  le  R. 
tanguticum,  c’est-à-dire  une  simple  variété, 
pour  la  plupart  des  auteurs  du  moins,  du 
R.  palmatum  qui  passait  jadis  pour  pro- 
duire la  véritable  Rhubarbe  de  Chine  et  de 
Moscovie.  Certains  de  nos  hybrides,  nés  du 
R.  Collinianum  et  du  R.  officinale  tien- 
nent, bien  entendu,  de  leurs  deux  parents 
par  tous  les  caractères  ; ils  rattachent  donc 
le  R.  officinale  au  R.  palmatum  qui  a 
aussi  les  fleurs  blanches,  par  les  R.  Collinia- 
num et  tanguticum  qui  ont  les  fleurs,  l’un 
d’un  rouge  sombre  et  l’autre  d’un  blanc 
jaunâtre.  Mais  les  Rhubarbes  Florentin, 
Faguet  et  Carrière  servent  d’intermédiaires 
par  la  teinte  carminée  ou  rosée  ou  couleur 
de  chair  de  leur  périanthe. 

Pour  assurer  la  conservation  de  toutes 
ces  formes,  nous  n’emploierons  que  la  divi- 
sion des  pieds.  L’opération  doit  se  pratiquer 
au  printemps,  au  moment  même  où  la  vé- 
gétation entre  en  activité.  L’expérience  a 
démontré  que,  pour  la  plupart  des  Rheum, 
le  moment  le  plus  favorable  à la  multi- 
plication est  celui  où  le  développement  de 
racines  adventives  est  le  plus  facile  à obte- 
nir. La  reproduction  par  semences  est  facile, 
mais  elle  ne  donne  presque  jamais  exacte- 
ment les  types,  et  les  variations  sont,  on 
peut  dire,  infinies. 

Tous  ces  Rheum  sont  extrêmement  rus- 
tiques. Je  n’ai  pas  à revenir  sur  leur  mérite 
ornemental  ; ce  .sont,  à ce  point  de  vue,  de 
précieuses  acquisitions  pour  les  jardins,  les 
squares  et  les  parcs.  Rs  ont  une  autre  uti- 
lité. La  saveur  de  leur  pétiole  est  moins 
aigre,  plus  douce  que  celle  de  la  plupart 
des  autres  Rheum  connus.  Aussi  peut-on 
en  préparer  des  compotes  et  des  confitures 
que  l’on  s’accorde  à trouver  excellentes. 

H.  Bâillon. 

(1)  Nous  laissons  à notre  éminent  collaborateur 
toute  la  responsabilité  de  ses  théories  transfor- 
mistes. Ceci  d’ailleurs  est  une  observation  générale  : 
la  Revue  horticole  étant  une  tribune  où  toutes  les 
opinions  peuvent  être  librement  émises  et  discu- 
tées, ces  opinions  ne  sauraient  engager  que  les 
auteurs  mêmes  des  articles.  (Ed.  A.) 


424 


LACHENALIA  AUREA.  — SUR  QUELQUES  PÊCHES  HATIVES. 


LAGHENALIÂ  AUREA 


Établi  par  le  botaniste  Jacquin,  en  mé- 
moire de  Lacbenal,  professeur  de  botanique 
à Bâle,  le  genre  Lachenalia  comprend  une 
dizaine  environ  d’espèces  originaires  du  cap 
de  Bonne- Espérance.  Ce  sont  des  plantes 
bulbeuses,  acaules,  à feuilles  radicales, 
longuement  allongées,  rotembantes.  Du 
centre  part  une  hampe  nue,  glabre,  verte  ou 
colorée,  parfois  plus  ou  moins  glaucescente 
et  comme  farinacée.  Les  üeurs,  éparses, 
disposées  en  épis,  ordinairement  pen- 
dantes, sont  longuement  tubuleuses  par  le 
rapprochement  des  pièces  florales  qui  se 
recouvrent  par  leurs  bords  en  se  contour- 
nant, et  sont  légèrement  ouvertes  au  sommet 
par  le  renversement  des  pétales. 

Les  quelques  espèces  anciennes  que  l’on 
rencontre  le  plus  fréquemment  dans  les 
cultures  sont  les  Lachenalia  luteola,  3 Sicq., 
tricolor,  Thunb.,  L.  pendula^  Ait.,  L.  qua- 
dricolor,  Jacq.  On  s’occupait  si  peu  de  ces 
plantes  que  depuis  longtemps  (un  siècle 
bientôt)  on  n’avait  introduit  aucune  nou- 
veauté, quand,  il  y a environ  deux  ans, 
apparut  l’espèce  dont  le  nom  est  inscrit  en 
tête  de  cet  article,  \e  Lachenalia  aurea 
Hort.,  dont  voici  les  caractères  généraux  : 

Port,  aspect  et  végétation  des  autres 
espèces  du  genre.  Feuilles  très-longuement 
elliptiques,  vertes.  Hampe  nue,  dressée, 
d’environ  20  centimètres,  rouge  vineux, 
légèrement  pruineuse.  Fleurs  pendantes 
sur  un  pédoncule  jaunâtre,  dressé  d’environ 
8 millimètres,  d’un  très-beau  jaune  orangé 
dans  toutes  les  parties  externes  ou  internes, 
à six  divisions  ; les  trois  externes  de  moitié 
plus  courtes  que  les  internes,  appliquées 
sur  celles-ci  ; les  internes  élargies,  arron- 
dies au  sommet  qui  est  légèrement  révo- 


luté.  Étamines  à filets  un  peu  inégaux, 
également  d’un  beau  jaune,  les  plus  longs 
légèrement  saillants,  insérés  sur  l’onglet 
des  pétales.  Ovaire  petit,  trigone,  jaune 
orangé  pâle,  terminé  par  un  style  légère- 
ment aplati,  ordinairement  dépassé  par  les 
étamines. 

Culture.  — Tous  les  Lachenalia  s’ac- 
commodent parfaitement  de  la  serre  froide 
ou  des  châssis  non  chauffés,  pourvu  qu’il 
ne  gèle  pas  trop  l’hiver.  A part  cette  cir- 
constance le  traitement  est  à peu  près  celui 
des  Jacinthes.  On  doit  les  cultiver  en  pots 
de  manière  à pouvoir  les  transporter  là  où 
l’on  en  a besoin  au  moment  de  la  floraison, 
qui  s’effectue  à partir  de  la  fin  de  mars. 

Il  va  de  soi  que  ces  plantes  peuvent 
être  facilement  forcées  ; il  suffit  de  les 
mettre  sur  les  tablettes  d’une  serre  chaude 
ou  sur  une  couche,  absolument  comme 
pour  toutes  les  autres  espèces  analogues 
dont  on  veut  avancer  la  floraison.  Quand 
celle-ci  est  passée,  on  cesse  les  arrosages, 
alors  les  feuilles  disparaissent  vers  les  mois 
de  septembre-octobre  ; on  dépote  les 
plantes,  on  rempote  les  oignons  dans  une 
terre  neuve  composée  de  terre  franche,  de 
terreau  et  de  vieille  terre  de  bruyère  par 
parties  à peu  près  égales  ; les  caïeux  sont 
séparés  et  plantés  à parts  ; quant  aux  oi- 
gnons à fleurs  on  en  met  plusieurs,  3 à 6, 
dans  chaque  pot  suivant  la  grandeur  de 
celui-ci. 

Le  L.  aurea  est  une  charmante  Liliacée 
que  tout  amateur  devra  se  procurer.  A l’ex- 
position d’horticulture  du  mois  de  mai 
dernier,  cette  plante  faisait  partie  d’un  lot 
appartenant  à la  maison  Vilmorin  et  C‘°. 

Guillon. 


SÜR  QUELQUES  PÈCHES  HATIVES 


. Nous  avons  reçu  do  M.  L.  de  la  Bastie  l’inté- 
ressante lettre  suivante  que  nous  nous  em- 
pressons de  publier  : 

Dans  l’intérêt  général  de  la  science  et  de 
la  pratique,  vous  avez  demandé  qu’on  vous 
envoyât  des  renseignements  sur  les  fleurs 
et  les  glandes  de  quelques  variétés  hâtives 
de  Pêchers.  Je  suis  tout  à votre  disposition 
et  je  vais  essayer  de  répondre  à votre  désir 
pour  les  variétés  que  vpus  3ignalez.  Il  y 


aura  pourtant  une  lacune  cette  année,  car 
les  gelées  de  mars  ont  détruit  toutes  les 
fleurs  d’une  partie  de  mes  Pêchers. 

Toutefois,  j’éprouve  quelque  embarras  au 
sujet  de  Amsden  et  de  Early  Alexander. 
L’année  passée,  j’affirmais  que  leurs  glandes 
étaient  réniformes  ; je  les  avais  examinées 
plusieurs  fois  et  pour  plus  de  certitude 
j’avais  pris  l’avis  d’autres  personnes.  Cette 
année,  j’ai  examiné  plus  de  cent  feuilles 


CONSTRUCTIONS  RUSTIQUES. 


425 


par  arbre  et  je  constate  que  si  les  glandes 
manquent  sur  quelques-unes,  sur  les 
autres  elles  sont  globuleuses.  Ai-je  mal 
vu  en  1882,  me  suis-je  trompé  sur  ce  ca- 
ractère? C’est  probable,  car  je  ne  puis 
croire  que  ce  caractère  varie  comme  celui 
de  l’adhérence  de  la  chair  au  noyau,  ou 
avec  lui.  Ainsi,  en  1881,  Amsden  et  Early 
Alexander  étaient  à çhdàT ^adhérente,  tan- 
dis qu’en  1882  elles  étaient  à chair  tout  à 
fait  libre. 

Quoi  qu’il  en  soit,  voici  le  résultat  de 
mes  observations  de  1883. 

Amsden.  Fleurs  grandes  (rosacées),  rose 
pâle.  Glandes  globuleuses,  très-petites. 

Early  Alexander.  Fleurs  grandes  (rosa- 
cées), roses.  Glandes  globuleuses,  petites. 

Ciimherland,.  Fleurs  rosacées,  moyennes, 
rose  pâle.  Glandes  nulles. 

Doiuning.  Fleurs  moyennes,  roses.  Glan- 
des nulles. 

Wüder.  Fleurs....  Glandes  globuleuses, 
très-petites,  manquent  sur  quelques  feuilles. 

Conklind.  Fleurs. . . . Glandes  globuleuses, 
petites,  manquent  sur  beaucoup  de  feuilles. 

Waterloo.  Fleurs...,  Glandes  réniformes 
par  4 et  5,  2 sur  le  pétiole,  les  autres  sur 
le  limbe. 

Musser.  Fleurs....  Glandes  globuleuses, 
ti  ès-petites,  manquent  parfois. 

Précoce  argentée.  Fleurs  grandes  (rosa- 
cées), rose  pâle.  Glandes  réniformes. 

Précoce  River  s.  Fleurs  grandes  (rosa- 
cées), rose  pâle.  Glandes  réniformes. 


L’origine  des  constructions  rustiques  re- 
monte à la  plus  haute  antiquité.  Les  habi- 
tations des  peuples  primitifs  furent  cons- 
truites avec  des  matériaux  se  trouvant  à la 
surface  du  sol,  et  surtout  avec  le  bois  qui 
était  le  plus  facile  à employer.  Quand  la 
réunion  des  masses  populeuses  donna  lieu 
à la  fondation  de  villes,  decités,  les  premiers 
monuments  furent  construits  en  bois. 

Pendant  fort  longtemps,  pendant  des  siè- 
cles même,  la  décoration  rustique  resta  à 
l’état  secondaire,  car  les  hommes  ayant 
trouvé  d’autres  matériaux  dans  le  sol,  les 
goûts,  les  besoins,  les  idées  changèrent  et 
modifièrent  totalement  le  genre  des  cons- 
tructions primitives. 

Mais  quand,  après  les  grandes  construc- 
tions du  siècle  de  Louis  XIV,  après  les 


Je  n’ai  malheureusement  point  de  fruits 
de  Précoce  Rivers,  cette  année.  Elle  res- 
semble si  bien  à Précoce  argentée  que  je 
suis  tenté  de  croire  que  c’est  la  même 
variété.  L.  de  la  Bastie, 

Vice-président  de  la  Société  pomologique  de  France. 

Belvey,  le  12  août  1883. 

Après  avoir  remercié  M.  L.  de  la  Bastie  de 
son  intéressante  communication,  nous  allons 
d’abord  compléter  quelques-unes  de  ses  dia- 
gnoses en  ce  qui  concerne  les  fleurs,  ensuite 
exposer  quelques  observations  qui  sont  en 
désaccord  avec  les  siennes.  Ce  complément  et 
ces  observations  sont  pris  sur  nos  notes  parti- 
culières relatives  à ces  mêmes  variétés  que 
nous  cultivons  à Montreuil. 

En  ce  qui  concerne  les  fleurs,  nous  dirons 
que  Wüder  a les  fleurs  rosacées,  Conklind  les 
a canipanulacées,  Waterloo,  relativement  rosa- . 
cées;  Musser,  rosacées. 

En  ce  qui  concerne  les  glandes  : d’après  M.  de 
la  Bastie,  Conklind  a les  glandes  globuleuses, 
notre  sujet  les  a réniformes.  Est-ce  à dire  que 
nous  soyons  seul  dans  le  vrai?  Nous  n’avons 
pas  cette  prétention.  Nous  croyons  devoir  citer 
le  fait  afin  de  montrer  combien  il  faut  y re- 
garder de  près  et  se  mettre  en  garde  contre  les 
erreurs  involontaires. 

Si  nous  ajoutons  que  l’on  peut,  de  deux 
pépiniéristes  également  sérieux  et  recomman- 
dables, recevoir  des  choses  différentes,  on 
comprendra  combien  il  est  difficile  d’arriver  à 
la  vérité.  Le  fait  nous  est  arrivé  à propos  de 
la  variété^ May;  un  pied  avait  des 
feuilles  dépourvues  de  glandes,  tandis  que 
fautre  était  à glandes  réniformes. 

E.-A.  Carrière. 

IS  RUSTIQUES 

grandes  lignes,  la  mode  et  l’idée  amenèrent 
à copier  la  nature,  à créer  des  jardins,  dits 
anglais,  il  convint  alors  de  modifier  aussi 
les  constructions  à y élever  et  à revenir 
au  genre  rustique,  avec  la  décoration  qu’on 
était  susceptible  d’y  ajouter. 

Pour  des  habitations  de  gardes  ou  de  jar- 
diniers, des  kiosques  ouverts  ou  fermés,  des 
ponts,  des  belvédères,  des  cabanes  de  vola- 
tiles ou  de  quadrupèdes,  etc.,  non-seule- 
ment la  construction  rustique  est  très- 
agréable,  très -pittoresque  par  elle-même, 
mais  encore  elle  contribue  véritablement  à 
l’embellissement  d’un  grand  parc  ou  d’un 
jardin  anglais  de  moindre  dimension. 

Et  si  ces  parcs  ou  jardins  présentent  à 
l’œil  des  surprises  comme  points  de  vue, 
comme  sites,  les  constructions  elles-mêmes 


426 


CONSTRUCTIONS  RUSTIQUES. 


les  ornent  d’une  manière  agréable  ; car  si 
l’extérieur,  tout  en  étant  élégant,  est  très- 
simple  et  sobre  de  décoration,  l’intérieur 
permet,  tout  en  maintenant  un  style  parti- 
culier, d’y  apporter  toute  la  décoration  pos- 
sible. 

Pour  que  ces  constructions  soient  bien 
comprises,  et  agréables  à l’œil,  il  faut  une 
recherche  et  une  étude  spéciales  dans  leur 
construction.  Les  matériaux  doivent  être 
choisis,  car  tous  ne  pourraient  pas  convenir. 
Il  faut  aussi,  en  distribuant  le  plan  de 
façon  à le  rendre  commode  pour  les  servi- 
ces, le  rendre  accidenté,  de  manière  que 
l’élévation  présente  sur  chacune  de  ses  faces 
des  décrochements,  des  saillies,  des  jeux  de 
combles,  qui  donnent  à l’ensemble  de  la 
construction  un  aspectdes  plus  pittoresques. 


Ces  chalets  rustiques,  tout  en  étant 
très-élégants,  doivent  présenter  une  certaine 
force,  une  certaine  ampleur;  c’est  pourquoi, 
ainsi  qu’il  est  dit  plus  haut,  tous  les  maté- 
riaux ne  pourraient  pas  convenir,  et  il  faut 
rejeter  ceux  qui  sont  maigres  d’aspect  ou 
de  tons  incolores  ; car  les  constructions  de 
ce  genre  se  trouvant  dans  la  verdure,  au 
milieu  de  paysages  colorés,  il  importe  que 
les  matériaux,  à l’aide  desquels  elles  sont 
édifiées,  soient  eux-mêmes  chauds  de  ton 
et  puissent  subir  sans  crainte  le  contact  de 
couleurs  variées. 

Le  bois  est  la  base  de  la  construction 
rustique.  Il  est  préférable  de  l’écorcer,  car, 
tout  en  conservant  ses  nodosités,  il  est 
moins  sujet  à la  piqûre  des  insectes  et  se 
conserve  beaucoup  mieux,  surtout  s’il  est 


Fig.  77.  — Chalet  rustique. 


imprégné  et  pénétré  par  certains  agents 
chimiques,  et  verni  par  dessus,  après  l’édi- 
fication achevée.  Le  remplissage  des  pans  de 
bois  se  fait,  soit  avec  du  plâtre  coloré  à 
l’oxyde  -de  fer,  soit  avec  de  la  rocaille,  soit 
avec  de  la  chaux  ou  du  ciment  teintés  vigou- 
reusement. 

La  couverture  doit  être  principalement 
faite  en  chaume,  soit  de  paille,  soit  de  ro- 
seaux, car,  en  raison  de  son  épaisseur  et 
de  sa  nature  même,  elle  se  relie  mieux  à 
la  forme  extérieure.  On  peut  au  besoin  se 
servir  de  tuiles  en  terre  cuite  ; mais  on  doit 
rejeter  l’ardoise  et  le  zinc,  qui  ne  convien- 
nent aucunement.  Les  cheminées  hors  com- 
ble font  très-bien  en  terre  cuite,  mariées 
surtout  avec  quelque  poinçon  ou  épi  placé  sur 
le  comble,  et  formé  de  terre  cuite  également. 


Les  menuiseries  seront  en  chêne  et  sapin 
apparents  et  vernis,  ce  qui  permettra,  ainsi 
que  pour  le  pan  de  bois,  de  voir  les  veines 
et  les  fibres  du  bois.  Les  vitrages  seront 
faits  de  panneaux  de  verre,  mis  au  plomb, 
avec  des  bandes  de  couleurs. 

On  peut  aussi  ajouter  quelques  frises, 
quelques  panneaux  de  faïence  émaillée, 
mais  dans  une  proportion  modeste,  afin  de 
faire  paraître  seulement  quelques  points 
brillants. 

Ces  constructions  ne  doivent  pas  être 
mises  sur  le  sol  même  ; il  faut,  non  seule- 
ment pour  leur  conservation,  mais  encore 
pour  leur  élégance,  les  élever  d’une  cer- 
taine hauteur  sur  un  soubassement,  soit  en 
briques  apparentes,  soit  en  meulière  ou  ro- 
caille, qui  se  marie  très-bien  avec  l’ensemble. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  d’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


427 


Les  constructions  ainsi  achevées  sont  par- 
faites de  forme,  mais  elles  sentent  encore 
un  peu  trop  la  main  de  l’ouvrier.  Il  faut  les 
mettre  enharmonie  avec  les  massifs  qui  les 
environnent  ; c’est  pourquoi  l’on  doit  placer 


au  pied  de  ces  édicules  certaines  plantes 
grimpantes  qui,  par  leur  feuillage  et  leurs 
fleurs,  complètent  l’ensemble  élégant  et 
pittoresque  que  l’on  a voulu  obtenir. 

Tricotel. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICÜLTÜRB  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  22  AOUT  1883 


Apports  : — Au  Comité  à’ Arboriculture, 
ont  été  présentés  : Par  MM.  Baltet  frères, 
horticulteurs  à Troyes,  les  variétés  suivantes 
de  Pommes  : Transparente  de  Zurich,  de 
Lait,  Lord  Suffiels,  Sophie  Petot,  Cellini; 
plus  6 variétés  de  Pommiers  microcarpes,  très- 
bien  nommés,  parmi  lesquels  nous  avons 
remarqué  les  suivants  : ampla,  fastigiata, 
ornata,  striata  translucens.  — Par  M.  Ber- 
nard, un  fruit  de  Brugnon  Cerise,  variété 
aujourd’hui  très-rare,  et  presque  abandonnée, 
bien  qu’elle  soit  de  toute  première  qualité. 
Son  seul  défaut,  au  point  de  vue  commercial, 
consiste  dans  la  petitesse  des  fruits  ; défaut 
compensé,  pourtant,  par  leur  qualité  et  leur 
beauté.  — Par  M.  Berthaut  (Vincent),  des  Beurré 
d’ Amanlis,  et  une  corbeille  Raisin  Frankenthal 
et  Chasselas,  le  tout  très-beau.  — Par  M.  Gus- 
tave Chevalier,  de  Montreuil,  un  très-bel  apport 
coriiprenant  8 variétés  de  Pêches  et  autant  de 
Brugnons,  dans  les  variétés  les  plus  méritantes. 
~ Enfin  par  M.  Bouniceau  Gesmon,  une  cor- 
beille de  Pêches  Gh^osse  Mignonne  hâtive  dont 
un  fruit,  remarquablement  beau,  énorme,  pe- 
sait 300  gr.  Ce  qui  ajoutait  à l’intérêt  de  cette 
présentation  c’est  que  ce  développement,  inusité 
on  peut  dire,  était  le  résultat  d’un  éclaircissage 
judicieux  et  sévère,  démontrant  l’avantage  de 
cette  opération  lorsqu’elle  est  bien  faite.  Cet 
apport  était  doublement  intéressant  par  la 
beauté  et  par  l’exemple. 

Au  comité  de  Culture  potagère  on  remar- 
quait les  apports  suivants  : Par  M.  Boulland, 
en  beaux  échantillons,  3 variétés  de  Pommes 
de  terre  : Blanchard,  Early  rose,  Flocon  de 
neige;  des  Oignons  Jaune  pâle  des  Vertus,  et 
des  Pois  nains  dits  à bordure.  — Par  M.  Ber- 
thaut, jardinier  à Rungis  (Seine).  Des  Arti- 
chauts {têtes  et  ailes)  beaux  et  relativement 
gros,  provenant  d’œilletons  plantés  dans  la 
première  quinzaine  d’avril  ; 2»  des  Choux-fleurs 
Géant  d’aulomne  qui,  semés  fin  de  mars 
avaient  des  pommes  mesurant  plus  de  35  centi- 
mètres de  diamètre.  C’étaient  de  véritables 
monstres,  non  des  géants  toutefois,  car  les 
plantes  étaient  relativement  naines;  — Par 
M.  Bonnemain,  d’Étampes,  2 variétés  de 
Haricots  nains  : H,  Bonnemain,  et  une  nou- 


veauté : Merveille  de  France  qui,  à la  préco- 
cité, joint  le  mérite  d’avoir  les  grains  verts.  Ce 
dernier,  qui,  paraît-il,  est  très-constant,  a aussi 
un  très-beau  feuillage.  En  somme,  ce  sont 
deux  variétés  très-méritantes,  appartenant  au 
groupe  des  H,  Flageolets.  — Par  M.  Vavin,  des 
Betteraves  plate  d’Égypte,  variété  à chair  très- 
colorée,  presque  noire,  de  bonne  qualité. 

Au  comité  des  Plantes  d’ornement,  il  a été 
présenté  : Par  M.  Forgeot,  marchand  grainier, 
Quai  de  la  Mégisserie,  à Paris,  une  nombreuse 
et  très-belle  collection  de  Dahlias  à fleurs  sim- 
ples, comprenant  ce  qu’il  y a de  mieux  en  ce 
genre.  Outre  la  variation  et  le  brillant  du  coloris, 
la  régularité  des  fleurs,  on  remarquait  les  di- 
mensions de  celles-ci  ; la  variété  la  plus  réduite 
est  le  glabratum,  dont  les  fleurs,  rose  lilacé 
tendre,  rappellent  assez  de  petites  anémones. 
Dans  ce  lot  se  trouvait  aussi  un  autre  type  dit 
Dahlia  Cactus,  représenté  par  trois  variétés  : 
Juarezi,  appelé  aussi  « Étoile  du  Diable  »,  Cons- 
tance, qui  est  blanc  légèrement  carné,  et  Éclat 
des  jardins,  dont  la  couleur  rouge  cocciné  pro- 
duit un  effet  ornemental  des  plus  jolis.  Ces 
trois  plantes  sont  à fleurs  pleines.  — Par 
MM.  Dupanloup  et  Cîe,  successeurs  de  M.Loise- 
Chauvière,  Quai  de  la  Mégisserie,  des  Glaïeuls 
dits  « Souchet  »,  remarquables  par  le  choix  des 
variétés  et  leur  fort  développement.  — Par 
M.  Alexandre,  jardinier  à Bourg-la-Reine,  des 
Bégonias  tubéreux  provenant  de  ses  semis, 
remarquables  par  l’éclat,  la  duplicature  et  les 
dimensions  des  fleurs.  Tous  étaient  beaux; 
quelques-uns  magnifiques.  — Enfin,  par  M.  Go- 
defroy-Lebeuf,  d’Argenteuil,  des  fleurs  coupées 
de  Glaïeuls  rustiques  (hybride  du  G.  cruentus 
et  du  Gandavensis),  Nerine  venusta,  Amaryl- 
lidée  à fleurs  rouge  sang  ; Cypripedium  selli- 
gerum  majus,  l’un  des  plus  jolis  du  groupe 
des  barbatum;  Dendrobium  formosum  gran- 
diflorum,  à fleurs  blanc  pur,  très-grandes, 
munies  d’un  long  éperon;  Cattleya  Leopoldi 
et  C.  Gaskelliana.  Enfin  un  fort  pied  de 
Masdevallia  Trochiliis,  plante  très-vigoureuse^ 
rare,  à fleurs  roux-marron  brunâtre,  à divisions 
inégales,  terminées  chacune  par  un  long  éperon 
jaune. 


428 


CORRESPONDANCE. 


CULTURE  DES  FRAISIERS  QUATRE-SAISONS. 


CORRESPONDANCE 


Mr  H.  B.  (Vendée.)  — Vous  trouverez  la 
collection  la  plus  complète  de  plantes  grasses 
en  tous  genres  (Cactées  et  autres),  et  meme  de 
toutes  les  Eupliorbiacées  cactiformes,  chez 
M.  Eberlé,  horticulteur,  successeur  de  M. 
Pfersdorir,  Avenue  de  Saint-Ouen,  près  de  la 
barrière,  Paris. 

M.  L.  de  la  Bastie,  à Belvey.  — Réponse 
de  M.  F.  Morel,  au  sujet  de  la  Poire  Margue- 
rite Marillat  : 

Voici  quelques  renseignements  destinés  à 
compléter  l’article  que  la  Revue  horticole  a 
publié  sur  la  Poire  Marguerite  Marillat  et  à 
préciser  son  époque  de  maturité  : 

La  description  de  ce  fruit  aété  faite  parM.  Vi- 
viand-Morel,  dans  le Lyon-horticole,  numéro  de 
novembre  1879,  et  je  me  suis  borné  à la  repro- 
duire dans  la  Fievue,  en  indiquant  son  origine. 
Les  éléments  de  cette  description  ont  été  four- 
nis par  M.  Marillat  lui-même,  qui  avait  pré- 
senté sa  Poire  pendant  plusieurs  années,  soit 
aux  séances,  soit  aux  expositions  de  l’Associa- 
tion horticole  lyonnaise; 

Le  fruit  qui  a été  choisi  par  M.  Ed.  André, 
pour  la  Revue,  figurait  à l’exposition  du  15  sep- 
tembre 1882,  et,  à cette  époque,  était  tellement 
vert  que  je  dus,  sur  la  recommandation  de 
M.  André,  attendre  encore  une  quinzaine  de 
jours  avant  de  l’envoyer  à l’artiste  chargé  de  le 
peindre.  A peu  près  à la  môme  date,  j’en  adres- 
sai un  autre  fruit  àM.  Hortolès,  de  Montpellier, 
pomologue  bien  connu. 

Entin,  dans  une  propriété  que  je  possède  sur 
les  limites  des  communes  de  Tassin  et  de  Cra- 
ponne,  à quelques  centaines  de  mètres  du  jar- 
din de  M.  Marillat,  je  ne  récolte  jamais  les 


fruits  de  cette  variété  avant  le  mois  d’octobre, 
et  j’en  conserve  jusqu’après  la  Toussaint;  je 
dois  dire  que  dans  ce  terrain  {gore  siliceux 
recouvrant  des  roches  marneuses  imperméables) 
les  fruits  se  conservent  très-tard,  et  qu’il 
n’est  pas  rare  de  manger  encore  à la  Noël  des 
Poires  de  Duchesse  d'Angouleme. 

En  raison  de  ces  faits,  et  bien  que  je  con- 
nusse les  exemples  de  maturité  plus  précoce 
dont  parle  M.  de  la  Bastie,  je  ne  me  suis  pas 
cru  autorisé  à contredire  l’assertion  de  mon 
collègue  et  ami,  M.  Viviand-Morel,  dont  je  con- 
nais la  scrupuleuse  exactitude  en  matière  de 
description . 

M.  de  la  Bastie,  qui  est  vice-président  de  la 
Société  pomologique  de  France  et  qui  continue 
avec  autant  de  savoir  que  de  dévoûment  l’œuvre 
si  regrettablement  interrompue  de  M.  Mas, 
sait  mieux  que  personne  quelle  circonspection 
il  faut  a})porter  à l’appréciation  des  propriétés 
des  fruits,  propriétés  si  largement  soumises 
aux  influences  des  milieux,  — qu’il  s’agisse  de 
l’exposition  ou  de  la  nature  du  sol.  — Et  ma- 
réserve  en  cette  occurrence  lui  paraîtra  d’autant 
plus  excusable  qu’il  était  question  dans  l’espèce, 
non  pas  seulement  d’une  appréciation  à émettre, 
mais  bien  d’une  rectification  à faire. 

Tels  sont  les  motifs  qui  m’ont  fait  maintenir 
intégralement  la  description  du  Lyon-horti- 
cole. Les  observations  présentées  par  mon 
savant  contradicteur  sont  - elles  de  nature  à 
modifier  ce  jugement?  C’est  bien  possible,  et 
pour  ma  part  je  recueillerai  avec  soin  les  infor- 
mations qui  me  parviendront  sur  ce  sujet,  et  les 
ferai  connaître  avec  l’abnégation  que  je  mettrai 
toujours  au  service  de  la  vérité.  F.  Morel. 


CULTURE  DES  FRAISIERS  QUATRE-SAISONS 


M’étant  particulièrement  occupé  de  la  cul- 
ture des  Fraisiers  Quatre-Saisons  et  ayant 
obtenu  de  très-bons  résultats,  je  crois,  dans 
l’intérêt  général,  devoir  faire  connaître  les 
procédés  que  j’ai  employés.  Récolter  beau- 
coup et  de  beaux  fruits,  tel  était  le  problème 
que  je  m’étais  posé  et  que  je  crois  avoir 
résolu: 

Plus  que  tout  autre,  le  F raisier  des  Quatre- 
Saisons  aime  les  terres  franches,  neuves  et 
profondes;  aussi  tout  endroit  que  je  destine 
à être  planté  en  Fraisiers  est  d’abord 
défoncé  à deux  fers  de  bêche  ; puis,  en  fai- 
sant ce  travail,  j’ai  soin  de  mettre  beaucoup 
et  de  bon  fumier,  de  vache  autant  que  pos- 


sible, surtout  si  le  terrain  est  chaud  et  sec. 
Sur  le  terrain  ainsi  préparé  je  fais  une 
récolte  de  salade  ou  d’autre  légume  qui, 
sans  épuiser  le  sol,  permet  de  le  façonner. 

Je  choisis  les  plus  belles  Fraises  pour 
faire  des  semis  ; je  repique  en  pépinière, 
six  semaines  environ  après  la  levée  des 
plants.  xV  l’automne,  ces  Fraisiers  sont 
bons  à mettre  en  place.  Quelquefois  vers 
la  fin  d’août  je  choisis  des  filets  sur  les 
pieds  provenant  de  semis,  que  je  repique 
en  place  à environ  33  centimètres  en  tout 
sens.  Au  printemps  suivant  je  fais  quel- 
ques binages,  et  ensuite  j’étale  surtoutle  sol 
une  bonne  couche  de  terreau,  et  au  commen- 


NOUVELLE  CLÉMATITE.  — RICIIARDIA  ÆTHIOPICA  MAXIMA.  429 


cernent  de  mai  un  paillis.  Afin  de  ne  pas 
affaiblir  les  plants  et  au  contraire  pour  leur 
donner  de  la  force,  j’ai  soin  d’enlever  les 
filets  tous  les  quinze  jours  environ  et  de 
temps  en  temps  je  donne  de  copieux  arro- 
sages. Par  ce  procédé  j’obtiens  en  grande 
quantité  des  Fraises  grosses  et  belles  pen- 
dant tout  l’été  et  même  à d’automne.  A 
l’approche  de  l’biver  j’épluche  les  Fraisiers 
et  leur  donne  un  binage  et  un  terreautage, 
car  les  pieds  de  Fraisiers  tendant  toujours 
à s’élever,  il  est  nécessaire  de  les  re- 

NOUVELLE 

Malgré  le  nombre  déjà  si  considérable 
de  variétés  de  Clématites  que  l’on  pos- 
sède, la  « mine  n’est  pas  épuisée  ))  et  il 
y a encore  moyen  d’y  ajouter.  M.  Auguste 
Boisselot,  de  Nantes,  vient  d’en  fournir  une 
nouvelle  preuve. 

De  divers  semis  qu’il  a faits  et  dont  il 
nous  a envoyé  des  échantillons,  nous  avons 
remarqué  dans  ceux-ci,  six  variétés  qui 
nous  ont  paru  très -méritantes.  Elles  pro- 
viennent de  graines  du  Clematis  lanugi- 
nosa  fécondé  par  le  Clematis  Jackmanni. 
Bien  que  les  enfants  aient  pris  un  peu  le 
caractère  général  des  parents,  c’est  la  mère 
qui  semble  l’emporter,  du  moins  en  ce  qui 
concerne  la  forme  des  fleurs.  Quant  aux 
couleurs,  elles  sont  variées  et  vont  du  bleu 
mauve  au  violet  foncé,  en  passant  par  un 
beau  rose  nuancé,  à reflets  chatoyants. 

L’une  d’elles  a les  fleurs  d’un  violet 


chausser  de  temps  à autre.  Au  printemps 
de  la  deuxième  année  je  fais  un  travail 
analogue  à celui  de  l’année  précédente  et 
de  nouveau  j’obtiens  en  quantité  de  belles 
et  bonnes  Fraises  jusqu’en  juillet.  Après 
cette  saison,  la  récolte  est  si  minime  que 
j’arrache  les  vieux  pieds  de  deux  ans,  et 
alors  ceux  que  j’ai  plantés  à l’automne  suc- 
cèdent à ces  vieux  pieds  et  fournissent  des 
Fraises  jusqu’aux  gelées  (1). 

M.  Leducq, 

Jardinier  au  château  de  Tigery,  par  Corbeil 
iSeine-ei-Oise). 

CLÉMATITE 

intense  ou  d’un  bleu  très-foncé;  elle  a 
reçu  le  nom  de  Reine  des  bleues.  Une  autre 
d’un  très-beau  rose  lilacé,  vineux,  a été 
nommée  Docteur  Blanchet.  Parmi  les 
autres,  qui  sont  également  remarquablement 
belles,  à fleurs  bien  ouvertes,  il  en  est  une 
dont  la  fleur  très-bien  faite,  mais  plus 
petite,  d’un  lilas  violacé,  rappelle  un  peu  le 
Clematis  viticella  venosa  par  ses  pana- 
chures  ; mais  la  fleur  est  un  peu  plus  rose  et 
ses  pétales,  qui  sont  souvent  au  nombre 
de  4,  sont  obovales,  plus  larges  et  plus 
arrondis  au  sommet  que  le  sont  ceux  du 
Clematis  viticella  venosa. 

A l’exception  de  la  variété  Docteur 
Blanchet,  qui  sera  vendue  l’automme  pro- 
chain par  M.  Boucher,  horticulteur,  avenue 
d’Italie,  156,  toutes  les  autres  sont  inédites; 
plusieurs  même  ne  sont  pas  encore  nom- 
mées. E.-A.  Carrière, 


fiIGHARDIA  ÆTHIOPICA  MAXIMA 


La  Revue  horticole  (1883,  p.  298) 
publiait  dernièrement  un  excellent  article 
sur  le  R.  Æthiopica.  L’auteur  y citait  une 
variété  naine  connue|sous  le  qualificatif  mi- 
nima  ; nous  saisissons  cette  occasion  pour 
dire  qu’il  existe  également  une  variété  plus 
grande  que  le  type,  encore  peu  répandue, 
bien  qu’elle  lui  soit  de  beaucoup  supé- 
rieure. 

Cette  variété  fut  introduite  de  file  de 
Madère,  en  1878,  par  M.  Leber,  alors 
directeur  des  propriétés  de  M.  le  comte  de 
Carvalhal  à Palheiro  do  Ferreiro.  M.  Leber, 
duquel  nous  tenons  obligeamment  ces 
détails,  fut  frappé  de  la  beauté  de  cette 
plante,  et  résolut  d’en  introduire  un  stock 
considérable,  car  elle  croissait  dans  les 


propriétés  du  comte  de  Carvalhal  en  si 
grand  nombre  et  si  vigoureusement  que 
parfois  on  la  donnait  comme  pâture  aux 
nombreux  porcs  d’élevage.  Malgré  les 
bonnes  conditions  dans  lesquelles  se  trou- 
vaient les  rhizomes  importés,  cette  belle 

(1)  Nous  devons  faire  observer  à nos  lecteurs  que 
le  procédé  préconisé  par  Leducq  est  celui  qui  a été 
maintes  fois  recommandé  par  M.  le  comte  L.  de 
Lambertye,  qui  a eu  soin  de  dire  qu’il  l’avait  lui- 
même  emprunté  à M.  le  comte  Le  Lieur.  Mais 
comme  le  moyen  est  excellent  et  trop  peu  employé, 
on  ne  saurait  trop  le  répandre.  Ajoutons  que,  pour 
obtenir  un  résultat  encore  meilleur,  on  doit  con- 
seiller de  semer  les  graines  sous  châssis  en  mars, 
après  les  avoir  pris  sur  des  Fraises  de  l’année  pré- 
cédente et  de  faire  subir  aux  jeunes  plantes  plu- 
sieurs repiquages  avant  la  mise  en  place  à l’au- 
tomne. {Rédaction.) 


430  ECCREMOCARPUS  SCABER. 


variété  se  répandit  peu.  Mais  il  n’est  pas 
douteux  qu’elle  se  répandra,  et  quand  elle 
sera  plus  connue,  elle  prendra  probable- 
ment la  place  du  type.  Du  reste  nous 
l’avons  déjà  rencontrée  dans  quelques 
bonnes  collections  où  elle  est  très-appré- 
ciée,  entre  autres  à Gouville,  chez  M.  le 
comte  Adrien  de  Germiny.  Là,  soumise  aux 
procédés  de  culture  qui  distinguent  ce 
remarquable  établissement , cette  plante 
était  de  toute  beauté;  nous  avons  mesuré 
des  spathes  de  25  centimètres  de  longueur 
sur  18  de  largeur,  avec  un  feuillage  pro- 
portionné, cela  dans  des  pots  relativement 
petits,  et  l’on  nous  a assuré  que  dans  le 
lieu  où  cette  plante  croît  spontanément,  les 
fleurs  et  les  feuilles  sont  encore  bien  plus 
développées. 

Cette  variété  est  aussi  rustique  que  le 
type,  et,  de  même  que  celui-ci,  est  très-pro- 
pre au  forçage.  En  lui  donnant  pendant  la 
belle  saison  beaucoup  d’eau  et  de  nourri- 


ture, elle  pourrait  prendre  une  large  part  à 
la  décoration  des  pièces  d’eau,  si  générale- 
ment délaissées  sous  le  rapport  de  la  cul- 
ture. Dans  de  bonnes  conditions,  nous  ne 
doutons  pas  que  cette  plante,  très-floribonde, 
ne  donne  des  fleurs  encore  plus  grandes  que 
celles  que  nous  avons  admirées  à Gouville, 
où  l’effet  produit  par  ces  larges  cornets 
du  blanc  le  plus  pur  était  très-remar- 
quable. 

Les  pieds  que  nous  possédons  de  cette 
plante  portent  quelques  graines  que  nous 
espérons  semer  et  dont  nous  suivrons  les 
produits  avec  une  grande  attention.  En 
attendant,  nous  appelons  l’attention  sur 
le  R.  Æthiopica  maxima  qui,  sans  aucun 
doute,  est  de  tout  premier  mérite.  Le  qua- 
lificatif maxima  que  porte  cette  plante  est 
très-juste,  vu  les  dimensions  exceptionnelles 
de  ses  fleurs,  bien  supérieures  à celles  du 
type  dont  elles  ont  la  forme  et  l’éclat. 

J.  Saluer  fils. 


ECCREMOCARPUS  SCABER 


Malgré  sa  grande  beauté  et  bien  qu’elle 
soit  introduite  depuis  longtemps , cette 
espèce  est  encore  très- rare  dans  les  cul- 
tures, où  elle  est  même  peu  connue. 
Rien,  pourtant,  ne  justifie  cet  oubli.  En 
effet,  la  plante  est  vigoureuse,  très-flori- 
bonde et  relativement  rustique.  De  plus,  sa 
floraison  se  succède  depuis  le  courant  de 
l’été  jusqu’aux  gelées,  qui  seules  vien- 
nent l’arrêter.  J’ajoute  encore,  en  faveur 
de  l’Eccrémocarpe  scabre,  que  ses  nom- 
breuses fleurs,  d’un  rouge  orangé  très- 
brillant,  forment  un  charmant  ornement. 

Une  autre  considération  qui  milite  en 
faveur  de  celte  espèce,  c’est  qu’elle  appar- 
tient à la  série  des  <l  plantes  grimpantes,  » 
en  général  si  recherchées  pour  la  décora- 
tion. Elle  est  très-propre  à garnir  les  ton- 
nelles et  s’élève  facilement  de  3 à 6 mètres 
de  hauteur  à l’aide  des  nombreuses  vrilles 
dont  ses  tiges  sont  munies.  Gomment  donc 
se  fait-il  qu’une  plante  aussi  méritante  soit 
encore  si  rarement  cultivée?  Probablement 
parce  qu’elle  n’est  pas  suffisamment  con- 
nue, ce  qui  m’engage  à écrire  cet  article. 

h’Eccremocarpus  scaher,  R.  et  Pav. 
{Calampelis  scaher,  Don),  qui  appartient  à 
la  famille  des  Rignoniacées,  est  originaire 
du  Chili  et  aussi  du  Pérou.  C’est  une 


plante  vivace,  qui,  suivant  les  climats  et 
le  traitement,  peut  être  cultivée  comme 
annuelle,  bisannuelle  et  même  sous-frutes- 
cente. Racines  charnues,  fusiformes,  très- 
consistantes.  Tiges  nombreuses  ettrès-rami- 
fiées,  pouvant  dans  les  pays  chauds  devenir 
sous-frutescentes.  Feuilles  opposées,  bipin- 
natiséquées,  à folioles  cordiformes,  échan- 
crées,  dentées,  à pétiole  commun  ou  rachis 
dénudé  à son  extrémité,  qui  se  prolonge  en 
vrille  rameuse,  très-prenante.  Fleurs  nom- 
breuses, en  grappes,  d’un  rouge  orangé 
très-brillant,  tubuleuses,  penchées,  longues 
d’environ  2 centimètres,  rétrécies  à la  base, 
légèrement  lobées  au  sommet. 

Culture  et  multiplication.  — On  mul- 
tiplie VEccremocarpus  par  graines  que 
l’on  sème,  en  pleine  terre  et  en  place 
le  long  d’un  mur  ou  d’un  treillage  contre 
lequel  la  plante  devra  s’élever.  Si  la  plante 
est  employée  comme  annuelle,  on  sème 
dès  avril-mai.  On  peut  aussi  semer  en  pots 
et  repiquer  les  plants,  puis  les  garder 
l’hiver  en  serre  tempérée,  de  manière  à 
les  livrer  à la  pleine  terre  au  printemps 
suivant.  Dans  les  pays  où  l’hiver  est  doux,  où 
le  thermomètre  ne  descend  pas  au-dessous 
de  quelques  degrés,  les  plantes  peuvent 
rester  en  pleine  terre.  Toutefois,  on  devra, 


CULTURE  DES  PÊCHES  A MONTREUIL. 


431 


par  précaution,  couvrir  le  pied  avec  un  peu 
de  feuilles  ou  de  litière,  de  manière  à le 
garantir  contre  les  grands  froids.  Mais, 
dans  tous  les  cas,  il  sera  bon  de  planter 
dans  un  sol  sain,  et  toujours  dans  une  par- 
tie aérée  et  fortement  insolée. 

Au  lieu  de  semer  des  graines  de  l’Ec- 
cremocarpe,  on  peut  bouturer  cette  espèce  ; 
il  y a même  à ce  procédé  un  avantage  qui 
n’est  pas  à dédaigner  : les  plantes  viennent 
moins  grandes  et  fleurissent  davantage.  Mises 
en  pleine  terre  aussitôt  que  les  gelées  ne 
sont  plus  à craindre,  elles  commencent  à 
montrer  leurs  jolies  grappes  de  fleurs 


rouge  orangé  dès  le  commencement  de 
l’été  ou  même  à la  fin  du  printemps,  pour 
ne  s’arrêter  qu’à  l’approche  de  l’hiver.  Si 
pendant  le  cours,  de  l’été  la  plante  se 
couvrait  trop  de  graines,  il  conviendrait 
de  les  supprimer  en  rabattant  un  peu  les 
plantes  qui,  repousseraient  et  ne  tarderaient 
pas  à se  couvrir  de  nouveau  de  fleurs.  On 
fait  les  boutures  pendant  tout  l’hiver,  sous 
cloches,  dans  une  serre  à multiplication  où 
elles  s’enracinent  facilement  et  promptement. 
Obtenu  par  ce  procédé,  V Eccremocarpus 
scaber  peut  même  être  conservé  en  pots, 
où  il  fleurit  abondamment.  May. 


CULTURE  DES  PÊCHERS  A MONTREUIL 


C’est  une  opinion  généralement  répandue 
que,  à Montreuil , la  culture  des  Pêchers 
est  de  première  importance,  ce  qui,  du 
reste,  est  complètement  vrai.  Sous  ce  rap- 
port on  peut  affirmer  que  nulle  part,  pro- 
bablement, il  n’existe  rien  de  comparable, 
comme  culture  spéciale  s’entend.  Par  cul- 
ture spéciale  nous  comprenons  celle  qui  se 
fait  à l’abri  des  murs,  la  seule  peut-être, 
qui  dans  le  bassin  de  Paris,  puisse  être  faite 
commercialement  et  donner  des  résultats 
rénumérateurs,  parce  que  les  travaux  bien 
exécutés  sont  en  rapport  avec  le  tempé- 
ram.ent  des  Pêchers. 

Toutefois,  faisons  remarquer  que  dans 
cette  circonstance  ce  n’est  pas  au  point  de 
vue  de  la  culture  des  Pêchers,  proprement 
dite,  que  nous  nous  pla  , ons,  mais  à celui 
des  produits  qu’ils  fournissent,  de  manière 
à faire  apprécier  l’importance  de  cette  cul- 
ture. 

C’est  là,  assurément,  une  grande  lacune 
et  c’est  celle-ci  que  nous  avons  essayé  de 
combler,  travail  difficile  et  qui,  à première 
vue,  peut  être  considéré  comme  impossible. 
Pour  y parvenir,  nous  avons  dû  puiser  à de 
bonnes  sources,  faire  appel  à l’obligeance 
de  cultivateurs  sérieux  qui,  outre  leurs 
connaissances  du  sujet,  se  livrent  eux-mêmes 
à la  culture  des  Pêchers  sur  une  grande 
échelle.  Il  en  est  un  que  nous  devons  citer 
tout  particulièrement.  C’est  M.  Chevallier 
(Prudent),  trésorier  de  la  Société  d’horti- 
culture de  Montreuil,  dont  les  cultures,  des 
mieux  entendues,  du  reste,  peuvent  être  ci- 
tées en  première  ligne.  D’autre  part,  enfant 
de  Montreuil,  M.  Chevalier  en  connaît  tout 


le  territoire,  les  jardins,  leur  importance  et 
leur  étendue];  nous  ne  pouvions  donc  puiser 
à meilleure  source,  et  c’est  d’après  les 
notes  qu’il  a eu  l’obligeance  de  nous  fournir 
que  nous  avons  rédigé  cet  article. 

On  doit  comprendre  que  dans  un  travail 
de  cette  nature  il  n’est  pas  possible  d’avoir 
des  données  précises  ni  de  chiffres  d’une 
exactitude  rigoureuse.  Il  faut  faire  la  part 
des  difficultés  et  se  contenter  d’à  peu  près  ; 
seulement  nos  approximations  résultent  de 
déductions  et  de  calculs  qu’on  peut  consi- 
dérer comme  très-rapprochés  de  la  vérité. 

A une  lettre  que  nous  avions  écrite  à 
M.  Chevalier  pour  lui  demander  quelle  était 
approximativement  la  quantité  de  Pêches 
récoltées  annuellement  à Montreuil,  voici 
ce  qu’il  nous  répondit  : 

ce  Pour  arriver  à connaître  aussi  exacte- 
ment que  possible  le  nombre  de  Pêches  ré- 
coltées annuellement  à Montreuil,  j’ai  dû 
chercher  un  moyen  d’évaluer  reposant  sur 
des  bases  solides,  susceptibles  même  d’être 
contrôlées.  Après  mures  réflexions  et  bien 
des  tâtonnements,  je  n’ai  rien  trouvé  de 
mieux  que  d’étudier  l’étendue  consacrée  à 
la  culture  des  jardins.  Je  suis  donc  parti 
de  ce  principe  général  : 

((  La  commune  de  Montreuil  possédait,  il 
y a environ  vingt  cinq  ans,  300  hectares  de 
jardin  en  culture  de  Pêchers.  Mais  depuis, 
grâce  à diverses  causes  et  surtout  à l’a- 
grandissement continuel  du  pays,  à la  cons- 
truction d’usines  et  à la  démolition,  en  1870, 
d’un  certain  nombre  de  jardins  pour  favo- 
riser la  défense  nationale,  soit  pour  isoler 
les  forts,  soit  pour  toute  autre  cause,  on  a 


432 


PINUS  AUSTRIACA.  FOLIIS  VARIEGATIS. 


détruit  environ  33  hectarôs,  ce  qui  réduit 
les  jardins  actuels  de  Montreuil  à 267  hec- 
tares, rapportant  chacun  54,000  Pêches, 
soit  pour  une  année  ordinaire,  un  total  de 
14,418,000  Pêches. 

<(  Voici  sur  quoi  je  me  base  pour  établir 
ce  calcul.  Admettons  que  chaque  jardin  com- 
prenne 800  mètres  d’espalier  par  hectare, 
garnis  de  Pêchers  de  forme  irrégulière,  ce 
qui  est  à peu  près  exact.  Pour  arriver  à un 
résultat  plus  certain  et  a des  données  plus 
rigoureuses,  je  transforme  les  espaliers  et 
je  suppose  la  forme  irrégulière  des  arbres, 
en  palmettes  à 5 étages,  ce  qui  donnerait 
5 mètres  de  longueur  de  branches  par 
mètre  de  mur.  D’autre  part,  afin  d’éviter  les 
écarts  en  plus,  je  déduis  de  ces  chiffres  deux 
cinquièmes  : l’un  pour  la  mortalité  et  l’éle- 
vage annuel  de  jeunes  arbres,  l’autre  pour 
la  perte  que  nous  a fait  subir  la  grande  gelée 
du  mois  de  décembre  1879.  Ces  déductions 
faites,  il  reste  1,800  mètres  de  mur  par  hec- 
tare, produisant  chacun  30  Pêches  par  mètre 
de  mur,  et  donnant  54,000  Pêches  par 
hectare,  ce  qui,  multiplié  par  267  hectares. 


produit  un  total  général  de  14,418,000  Pê- 
ches. » 

Ces  chiffres,  qui  pourront  paraître  exa- 
gérés, mais  qui  sont  au  moins  vraisemblables, 
ne  sont  pourtant  pas  tout  ce  que  l’on  peut 
espérer  ; M.  Chevalier,  au  contraire,  ne 
craint  pas  d’affirmer  qu’il  seront  dépassés 
d’ici  deux  ans  par  le  produit  des  nouvelles 
et  nombreuses  plantations  qui  ont  été  faites, 
après  le  rigoureux  hiver  de  1879.  Il  estime 
même,  d’après  ces  plantations,  que  s’il  ne 
survient  pas  de  nouveaux  désastres,  le 
nombre  de  Pêches,  en  1885,  pourra  être 
augmenté  d’un  tiers,  et  atteindre  18  mil- 
lions. Ce  qui,  on  le  voit,  explique  la  réputa- 
tion de  Montreuil  et  montre  la  justesse  de 
cette  appellation:  « Montreuil-aux-Pêches  ». 

A une  époque  antérieure,  lorsque  les 
cultures  étaient  moins  morcelées,  on  a vu 
des  cultivateurs  qui  récoltaient  dans  une 
seule  journée  jusqu’à  4,000  Pêches.  C’est 
ce  qui  est  arrivé,  par  exemple,  en  1865 
à M.  Chevalier,  le  père  de  celui  à qui  nous 
devons  les  détails  contenus  dans  cet  article. 

E.-A.  Carrière. 


PINUS  AUSTRIACA  FOLIIS  VARIEGATIS 


Sous  ce  nom,  nous  avons  remarqué  dans 
les  pépinières  de  MM.  Simon  Louis,  à 
Plantières-lès-Metz  (Alsace-Lorraine),  une 
plante  véritablement  ornementale.  C’est  une 
variété  du  Pin  noir  d’Autriche,  à feuilles  et 
même  à bourgeons  très  panachés  qui,  avec 
quelques  parties  vertes  existant  çà  et  là, 
produisent  un  effet  des  plus  jolis. 

Au  lieu  d’avoir  l’air  malade  et  souffre- 
teux comme  l’ont  assez  généralement  beau- 
coup d’arbres  panachés,  celui-ci  est  très- 
vigoureux,  d’un  aspect  brillant.  Cette  variété 
présente  cet  autile  avantage,  également  rare 
chez  les  plantes  à feuilles  panachées,  que 
les  parties  décolorées  résistent  très-bien  au 
soleil,  loin  de  s’affaiblir  ou  de  brûler.  Ces 
couleurs,  d’un  jaune  d’ivoire  luisant,  sont 
ici  encore  plus  intenses. 

Voici  l’historique  de  cette  plante  et  les 
dimensions  que,  actuellement,  présente  le 
pied  mère. 

Obtenu  dans  un  semis,  vers  4864,  le  sujet 
type,  qui  mesure  près  de  4 mètres  de 
hauteur,  forme  un  beau  buisson,  malgré 
les  nombreuses  mutilations  qu’on  lui  a fait 
subir,  afin  de  le  multiplier  ; l’arbre  est 


très-constant  dans  sa  panachure,  et  si  par 
hasard  il  produit  quelques  parties  vertes, 
outre  que  le  fait  est  exceptionnel,  ces 
parties  renferment  toujours  assez  de  jaune 
pour  faire  un  frappant  contraste.  Du  reste 
tout  fait  supposer  que  cette  tendance,  déjà 
très-exceptionnelle,  disparaîtra  complète- 
ment par  suite  du  choix  des  parties  que  l’on 
fait  lors  de  la  multiplication.  En  effet  les 
premières  plantes,  qui  sont  déjà  fortes,  sont 
beaucoup  plus  panachées  que  le  pied  mère, 
et  cette  particularité  s’accroît  sans  cesse  chez 
les  jeunes  individus  qui,  alors,  sont  presque 
complètement  jaunes,  tout  en  ayant  con- 
servé leur  vigueur  et  leur  rusticité. 

Ainsi  qu’on  peut  en  juger  par  cequi  pré- 
cède, le  Pinus  austriaca  foliis  variegatis^ 
trouvera  place  dans  les  jardins  paysagers 
comme  arbre  d’ornement  et  satisfera  les 
amateurs  de  plantes  à feuilles  panachées, 
en  même  temps  qu’il  devra  faire  partie  de 
toutes  les  collections  de  Conifères  où  il 
produira  un  bef  effet  par  l’élégant  contraste 
de  sa  couleur  jaune  d’ivoire  sur  le  fond 
vert  foncé  E.-A.  Carrière. 


lmp.  Georges  Jacob , — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Irrégularité  des  saisons.  — Depuis 
quelques  années  on  remarque  que  les  irré- 
gularités des  saisons  tendent  à s’accroître. 
Le  fait  est  devenu  tellement  sensible  qu’il 
frappe  même  les  plus  indifférents,  les  gens 
qui  « prennent  le  temps  comme  il  vient.  » 
Beaucoup  de  personnes  un  peu  âgées  et  sa- 
chant observer  peuvent  constater  ces  diffé- 
rences, soit  dans  la  température,  soit  dans 
les  pluies  et  les  sécheresses,  surtout  en  ce 
qui  concerne  l’irrégularité  des  saisons.  « Le 
climat  change,  le  climat  est  changé  y>,  tel 
est  le  dire  général  auquel  les  faits  semblent 
donner  raison. 

Mais  ce  n’est  pas  seulement  en  France 
que  des  perturbations  atmosphériques,  des 
inversions  de  saison  ont  lieu  ; toutes  les  au- 
tres parties  du  globe  semblent  en  subir  d’ana- 
logues. C’est  ce  qui  s’est  manifesté  dans 
rinde,  au  Kashmyr,  cette  année,  ainsi  que  le 
démontre  la  lettre  suivante  que  notre  colla- 
borateur, M.  Louis  Bouley, "directeur  des 
cultures  du  Maharadjah,  nous  adresse  de 
Srinagar,  en  date  du  4 août  dernier  ; 

J’ai  l’honneur  de  vous  informer  qu’il  règne 
au  Kashmir  une  chaleur  considérable,  dont  les 
conséquences  sont  inquiétantes.  Tous  les  jours, 
le  thermomètre,  placé  au  nord  et  à l’ombre, 
accuse,  à midi,  de  33  à 37  degrés  centigrades  ; et 
avec  cela  nous  n’avons  pas  eu  de  pluie  depuis 
cinq  mois,  aussi  l’agriculture  cachemirienne  va- 
t-elle  subir  des  pertes  considérables.  Les  Lins 
ont  séché  avant  de  fleurir  ; les  Maïs  sont  en 
fleurs,  mais  ils  sont  complètement  desséchés 
sur  pied. 

La  récolte  du  Coton  est  aussi  gravement 
compromise  ; tous  les  champs  de  cette  pré- 
cieuse Malvacée,  situés  en  côte,  sont  brûlés 
comme  si  le  feu  y avait  passé. 

Beaucoup  de  rizières  sont  complètement 
desséchées  et  par  conséquent  la  récolte  de  Riz, 
si  abondante  d’habitude,  sera  considérablement 
diminuée  cette  année  ; aussi,  l’inquiétude  est- 
elle  à son  comble. 

L’herbe  étant  desséchée  partout,  les  pâtu- 
rages ne  présentent  plus  trace  de  végétation  ; 
c’est  à peine  si  les  bestiaux  peuvent  trouver 
leur  nourriture. 

Que  faire  à cet  état  de  choses  ? Rien,  si- 
non l’étudier,  pour  tâcher  d’approprier, 
autant  que  possible,  les  cultures  aux  nou- 
velles conditions  vitales. 


Rusticité  et  robusticité  du  Canna 
Annei.  — Cette  variété,  l’une  des  plus 
belles  par  ses  grandes  dimensions , la 
beauté  de  son  feuillage  et  sa  floraison 
abondante,  paraît  être  aussi  Tune  des  plus 
rustiques,  ainsi  que  l’indique  le  passage 
suivant  d’une  lettre  que  vient  de  nous 
adresser  notre  collaborateur,  M.  Dolivot, 
à Mercey  (Saône-et-Loire)  : 

...  J’ai  dans  mon  jardin  quelque  chose 
que  des  amateurs  ont  vu  avec  étonnement  et 
trouvé  assez  remarquable.  C’est  un  massif  de 
Canna  Annei,  qui  pour  la  troisième  fois  a 
passé  le  dernier  hiver  en  pleine  terre  dans  le 
môme  emplacement.  Le  terrain  qu’il  occupe 
est  de  forme  ovale  : 6 mètres  de  long,  2 mètres 
de  large.  Dans  ce  petit  espace  j’ai  compté  près 
de  400  tiges  de  Cannas,  et  je  m’attendais  à 
n’avoir  qu’une  végétation  basse  et  rabougrie. 
Or  jamais  les  tiges  n’ont  été  plus  drues  et 
plus  hautes.  Avant-hier  j’ai  mesuré  celles  du 
milieu  qui  m’ont  donné  2"i  27.  Elles  vont  en 
diminuant  vers  chaque  extrémité,  ce  qui  donne 
au  massif  une  régularité  parfaite  et  une  grande 
élégance.  L’épaisseur  du  massif  est  telle  que  la 
lumière  ne  le  traverse  pas. 

C’est  du  reste  la  seule  variété  que  j’ai  pu 
conserver  en  pleine  terre.  Le  même  essai, 
fait  par  moi  sur  une  quinzaine  d’autres,  ne 
m’a  jamais  réussi. 

Me  conseillez-vous  de  le  conserver  encore 
cette  année? 

Oui,  certainement;  non  seulement  cette 
année,  mais  aussi  longtemps  qu’il  sera 
possible  ; de  plus  nous  conseillons  de  tenter 
des  expériences  analogues  sur  différents 
points,  afin  de  voir  si  parmi  les  nombreuses 
variétés  de  Cannas,  aujourd’hui  connues,  il 
ne  s’en  trouverait  pas  de  relativement 
rustiques  qu’alors  on  devrait  préférer. 

Nouveau  remède  contre  l’oïdium. 

— Ce  remède,  qui  est  employé  avec  un 
grand  succès  dans  la  Dordogne  est,  paraît- 
il,  d’une  efficacité  certaine.  Voici  à ce  sujet 
ce  qu’écrit  un  homme  dont  la  compétence, 
la  bonne  foi,  ne  peuvent  être  mises  en 
doute  : 

M.  de  Chasseloup-Laubat,  propriétaire  aux 
environs  de  Périgueux,  a présenté  à la  Société 
d’Horticulture  de  la  Dordogne  et  expérimenté 
chez  divers  propriétaires  un  liquide  de  son 

19 


l*^»’  Octobre  1883, 


434 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


invention,  qui  remplace  avantageusement  le 
soufre  pour  la  destruction  de  Toïdium. 

Sur  ma  demande,  M.  de  Ghasseloup-Laubat 
a bien  voulu  venir  chez  moi,  il  y a six  semaines, 
faire  Fessai  de  son  remède. 

Chaque  année,  malgré  des  soufrages  répétés, 
mes  treilles  étaient  fort  malades:  l’une  d’elles 
ne  donnait,  pour  ainsi  dire,  jamais  de  raisins. 

Cette  année,  elles  étaient  déjà  fortement  at- 
taquées par  l’oïdium.  A l’aide  d’un  pulvérisateur 
très-simple,  M.  de  Chasseloup-Laubat  a ré- 
pandu sur  les  grappes  un  liquide  dont  il  est 
l’inventeur.  Il  a désiré  en  laisser  de  côté  quel- 
ques-unes ; d’autres,  cachées  sous  les  feuilles, 
n’ont  pu  être  que  partiellement  atteintes. 

Aujourd’hui,  les  raisins  étant  à peu  près 
mûrs,  on  peut  apprécier  complètement  l’effet 
du  remède.  Il  est  excellent.  Les  grains  déjà 
attaqués  au  moment  de  l’expérience  mûrissent, 
tout  en  gardant  la  trace  du  champignon  dé- 
truit, sous  forme  d’une  légère  tache  noirâtre; 
ils  ont  atteint,  quelques-uns  même  dépassent  la 
grosseur  normale.  Les  autres  grains  ont  été 
totalement  préservés.  L’état  des  grappes  trai- 
tées contraste  d’une  manière  frappante  avec 
celui  des  raisins  abandonnés  à eux-mêmes  ; ces 
derniers  ont  complètement  avorté,  et  sont  cou- 
verts d’oïdium. 

En  somme,  le  résultat  obtenu  par  M.  de  Chasse- 
loup-Laubat est  remarquable  et  son  remède 
est  bien  plus  efficace  que  des  soufrages  répétés. 
Il  sera  en  même  temps  très-économique,  si  les 
prévisions  de  l’inventeur  se  réalisent  et  s’il 
peut  livrer  le  liquide  préservateur  à 0 fr.  50 
le  litre,  ainsi  qu’il  l’espère. 

Il  paraît  qu’un  traitement  préventif,  appliqué 
immédiatement  après  la  floraison,  suffit  pour 
détruire  le  mal  dans  son  germe.  C’est  évidem- 
ment ainsi  qu’il  faudra  agir  à l’avenir  ; mais 
une  expérience  faite  sur  des  vignes  déjà  ma- 
lades est  bien  plus  probante,  et  je  comprends 
que  M.  de  Chasseloup-Laubat  y ait  eu  recours 
de  préférence  pour  faire  connaître  et  apprécier 
à sa  juste  valeur  son  procédé. 

E.  Romans, 

Ingénieur  en  chef, 
Membre  de  la  Société  d’horticulture 
de  Dordogne. 

Concours  horticoles  à Montreuil  et 
à Vincennes.  — Les  9 et  10  septembre  a 
eu  lieu  à Montreuil  une  petite  exposition  à 
laquelle  seuls  les  membres  de  la  Société 
d’horticulture  locale  pouvaient  prendre  part. 

Si  les  produits  floraux  étaient  relative- 
ment rares,  en  revanche  il  en  était  autre- 
ment des  fruits  qui  étaient  abondants 
et  beaux.  C’est  par  milliers  que  l’on 
voyait  les  Pêches,  et  sous  ce  rapport,  la 
commune  de  Montreuil  a,  une  fois  de  plus. 


affirmé  sa  supériorité  et  prouvé  qu’elle 
mérite  toujours  le  qualificatif  « Montreuil- 
aux-Pêches  » . 

Malgré  le  terrible  ouragan  du  2 août,  les 
Poires,  aussi,  étaient  nombreuses  et  belles. 

Quant  à l’industrie,  elle  ne  figurait 
guère  que  pour  mémoire.  Cependant  une 
pompe  mue  par  un  nouveau  moteur,  le 
déplacement  de  l’eau,  ce  qui  explique  le 
nom  de  Propulseur  que  lui  donnent  les  in- 
venteurs, MM.  Saulé  et  Durozoi,  construc- 
teurs, 94,  rue  de  Montreuil,  et  4,  rue 
de  Tunis,  à Paris,  présentait  un  grand 
intérêt. 

On  remarquait  aussi  un  procédé  qui  con- 
sistait dans  la  conservation  en  grand  des 
œufs  frais  ; l’auteur  en  est  M.  Kaneus,  rue 
de  Montreuil,  92,  et  rue  de  Tunis,  3,  près 
la  placede  la  Nation,  à Paris.  Nous  avons 
vu  là  beaucoup  d’œufs  âgés  de  sept  mois  et 
demi  et  qui  nous  ont  paru  aussi  frais  que 
s’ils  venaient  d’être  pondus. 

Huit  jours  après,  c’était  le  tour  de  la  So- 
ciété régionale  d’horticulture  de  Vincennes 
qui,  cette  fois,  exposait  à Saint-Mandé. 
Cette  exposition,  qui  s’est  tenue  du  9 au 
16  septembre,  était  non  seulement  belle, 
mais  gracieuse  et  relativement  complète. 
Toutes  les  parties  de  l’horticulture  y étaient 
bien  représentées.  Les  principaux  lauréats, 
pour  les  fleurs  et  les  légumes,  étaient 
MM.  Vilmorin  et  G*®,  Forgeot  et  C^®,  Du- 
panloup  et  C^®.  L’industrie  très-nombreuse 
comprenait  des  serres  en  fer,  des  chauffages, 
des  pompes,  poteries  usuelles  et  artistiques, 
bacs,  etc. 

Dix  exposants  de  fruits  avaient  apporté 
de  belles  collections,  parmi  lesquelles  il  faut 
citer  celle  de  M.  Sornin,  de  Montreuil,  qui 
a obtenu  un  prix  d’honneur.  Citons  encore, 
comme  se  rattachant  à l’horticulture,  un 
magnifique  herbier  appartenant  à M.  Le- 
conte,  jardinier  en  chef  de  M.  Forgeot, 
comprenant  une  belle  collection  de  plantes 
parfaitement  préparées,  classées  et  soigneu- 
sement étiquetées,  ainsi  qu’un  autre  her- 
bier appartenant  à M.  Constant,  formé  du 
seul  genre  Géranium  et  qui  comprenait  plus 
de  100  espèces  et  variétés  très-bien  nom- 
mées et  parfaitement  apprêtées.  Ces  deux 
herbiers  occupaient  toute  une  salle  des 
écoles  de  Saint-Mandé. 

En  somme,  c’est  un  succès  complet  qu’a 
obtenu  la  Société  régionale  d’horticulture 
de  Vincennes. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


435 


Les  arbres  fruitiers  et  les  Conifères  étaient 
représentés  par  deux  lots  ; quant  à Tin- 
dustrie  horticole,  elle  était  nombreuse  et 
bien  choisie,  bien  que  parfois  étrangère  à 
l’horticulture,  mais  pourtant  les  serres, 
chauffages,  pompes,  châssis,  coutellerie, 
poteries  artistiques  et  horticoles  étaient 
en  nombre. 

Citons  encore,  comme  spécimens  de  cul- 
ture spéciale,  les  plantes  dans  la  mousse 
de  M.  Emile  Chaté,  culture  qui  pourrait 
rendre  des  services  et  qui  est  presque 
abandonnée.  Sur  un  arc-de-triomphe  cons- 
truit en  liège,  et  sur  une  des  arcades  de 
même  nature,  M.  Chaté  avait  placé  artis- 
tement  des  plantes  diverses  et  très-variées, 
ainsi  qu’une  ornementation  spéciale  consis- 
tant en  : couronnes,  croix,  garnitures  de 
table  ou  de  salon,  de  formes  originales, 
s’harmonisant  avec  l’ensemble  de  son  ex- 
position, qui,  du  reste,  excitait  vivement 
l’attention  du  public. 

Alcool  de  Topinambours.  — Dans  un 
numéro  de  mai  dernier  du  journal  Lyon 
horticole,  notre  confrère,  M.  Viviand- Mo- 
rel, rédacteur  en  chef  de  ce  journal,  ap- 
pelait l’attention  sur  l’alcool  de  Topinam- 
bours, et  citait,  pour  appuyer  ses  dires, 
un  extrait  d’un  journal  de  Nancy  où  ce 
produit  est  recommandé  comme  de  très- 
bonne  qualité,  et  pouvant  remplacer  l’al- 
cool de  raisin,  qui  tend  de  plus  en  plus  à 
disparaître  par  suite  des  maladies  qui  as- 
saillent la  Vigne. 

Nous  avions  constaté  ce  fait  depuis  long- 
temps, et  nous  avons  connu  particulière- 
ment un  fermier  champenois  qui  cultivait 
les  Topinambours  sur  une  grande  échelle  ; 
une  partie  du  produit  était  consommée  di- 
rectement par  les  animaux,  comme  four- 
rage-racine; l’autre  était  transformée  en 
alcool,  qui  était  droit  de  goût  et  relevé  d’une 
petite  saveur  agréable.  On  sait  que,  pré- 
parés de  diverses  manières,  les  Topinam- 
bours peuvent  entrer  dans  l’alimentation. 
Leurs  propriétés  alimentaires  et  qui  pro- 
duisent l’alcool,  sont  dues  à Vhmline,  prin- 
cipe qui  peut  être  comparé  à la  fécule  dont 
il  est  l’équivalent. 

Un  fait,  qui  nous  a bien  surpris  et  dont 
deux  années  de  suite  nous  avons  été  témoin, 
c’est  de  voir,  dans  deux  champs  de  Topi- 
nambours avoisinant  une  ferme,  le  sol  litté- 
rallement  couvert  de  Morilles  énormes. 


Etaient-elles  dues  à la  présence  des  Topi- 
nambours ou  à du  Mycélium  ayant  germé 
sur  les  déjections  des  vaches  qui,  pendant 
plusieurs  années,  avaient  pâturé  dans  ces 
champs,  à cette  époque  cultivés  en  prairies 
permanentes  ? 

Culture  des  Pommes  de  terre  dans 
de  la  mousse.  — M.  Alfred  Dudoüy  est, 
comme  on  le  sait,  un  des  plus  grands 
expérimentateurs  en  ce  qui  concerne  l’hor- 
ticulture et  l’agriculture  ; son  vaste  champ 
d’expériences,  situé  à Saint-Ouen-l’ Aumône, 
est  une  des  plus  intéressantes  écoles  que 
l’on  puisse  visiter.  Nous  y reviendrons  un 
jour  avec  plus  de  détails.  Pour  aujour- 
d’hui nous  nous  bornons  à citer  un  essai 
qu’il  a fait  cette  année  de  Pommes  de 
terre  cultivées  exclusivement  dans  de  la 
mousse.  Des  paniers- grill  âges  en  fil  de  fer, 
à mailles  larges,  ont  été  remplis  de  mousse 
ordinaire,  à laquelle  il  a ajouté  un  peu 
d’engrais  chimique,  de  manière  à repré- 
senter à peu  près  le  fumier  que  l’on  met 
dans  la  terre  lors  des  cultures  ordinaires. 
Ensuite  il  a mis  au  centre  du  panier  des 
tubercules  en  5 variétés  ; puis  les  paniers 
ont  été  placés  au  soleil  et  à l’air  sans  aucun 
abri  et  sans  autre  soin  que  de  les  arroser 
de  temps  à autre,  quand  cela  était  néces- 
saire. Sans  être  absolument  bons,  les 
résultats  ont  été  satisfaisants,  tant  pour  la 
beauté  que  pour  la  quantité.  Quant  à la 
qualité,  nous  ne  pouvons  rien  dire. 

Ces  résultats,  ajoutés  à ceux  qui  ont 
été  obtenus  par  MM.  A.  Dumesnil  et 
E.  Chaté,  doivent  encourager  les  personnes 
à multiplier  les  expériences  de  celle  nature 
et  à les  appliquer  aux  légumes,  ce  à quoi 
on  ne  parait  pas  avoir  beaucoup  pensé 
jusqu’ici. 

Raisin  Glady.  — Ainsi  nommé  par  son 
obtenteur,  M.  Besson,  de  Marseille,  ce 
cépage  est,  paraît-il,  appelé  à jouer  un 
important  rôle  dans  la  production  des 
grands  vins  du  Bordelais  dans  le  genre  de 
celui  que  joue  le  Cahernet-Sauvignon,  le 
roi  des  cépages  de  la  Gironde.  Outre  que 
le  Raisin  Glady  paraît  robuste  et  productif, 
il  possède,  dit  M.  Besson,  (c  un  parfum 
des  plus  agréables  et  qu’on  ne  saurait  dé- 
finir ». 

f 

Bouturage  d’arbres  fruitiers.  — Tout 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


436 

récemment,  au  comité  d’arboriculture  de  la 
Société  nationale  et  centrale  d’horticulture 
de  France,  M.  Ponthieux,  de  Liouville, 
faisait  connaître  un  mode  de  bouturage  des 
arbres  fruitiers  qui,  dit-il,  donne  de  très- 
bons  résultats.  Il  consiste  à prendre  à 
l’automne  du  bois  aoûté  et  à en  préparer 
des  boutures,  à les  coucher  pendant 
l’hiver  dans  des  rigoles  en  les  recouvrant 
d’un  peu  de  terre  ; puis,  au  printemps,  à 
les  planter  très-inclinées,  pailler  le  sol  et 
arroser  au  besoin. 

Malgré  les  affirmations  de  l’inventeur, 
nous  nous  tenons  sur  une  grande  réserve 
en  ce  qui  concerne  ces  résultats.  Nous 
appuyons  notre  doute  sur  les  innombrables 
tentatives  en  ce  genre  faites  jusqu’ici  sans 
succès,  bien  qu’elles  l’aient  été  par  des 
praticiens  très-compétents.  Aussi  tout  en 
engageant  les  personnes  qui  le  pourraient  à 
essayer  le  procédé  de  M.  Ponthieux,  leur 
conseillons-nous  d’être  prudentes,  d’essayer 
en  petit  et  en  y apportant  tous  les  soins  que 
comporte  une  expérience  sérieusement  con- 
duite. 

Sur  les  cépages  américains  porte- 
greffes.  — Un  de  nos  abonnés,  qui  possède 
des  vignobles  dans  la  Charente,  nous  a 
adressé  une  lettre  dont  nous  extrayons  les 
passages  suivants.  La  question  qu’il  traite 
intéresse  tous  les  viticulteurs  ; aussi  tout  en 
nous  réservant  d’exprimer  prochainement 
notre  opinion,  prions-nous  ceux  de  nos  lec- 
teurs qui  auraient  des  observations  à nous 
communiquer,  de  le  faire  d’une  manière 
aussi  complète  que  possible. 

Il  serait,  pour  nous  autres  cultivateurs,  du 
plus  haut  intérêt  d’être  éclairés  sur  ces  deux 
questions  ; 

lo  Le  sujet  américain  peut-il  faire  plus  ou 
moins  rapidement  perdre  au  greffage  français, 
greffé  sur  lui,  une  partie  de  ses  propriétés  na- 
tives, de  telle  sorte  que  la  qualité  et  la  quan- 
tité de  l’eau-de-vie  extraite  du  vin  obtenu  ne 
donnent  plus  qu’un  produit  absolument  nul? 

A ce  sujet,  on  lit  dans  V Année  scientifique, 
(1881,  p.  380)  : « Il  importe  de  dire,  concernant 
les  Vignes  américaines,  que,  dans  le  Bordelais, 
le  greffage  sur  les  cépages  américains  n’a  pas 
donné  de  résultats  aussi  satisfaisants  que  dans 
les  départements  du  Midi.  On  craint  que  la 
qualité  du  vin  de  Médoc  et  de  Saint-Émilion  ne 
soit  fortement  altérée  si  l’on  a recours  à une 
souche  américaine  greffée  avec  les  cépages  du 
pays.  » 


2»  Le  greffon  français  uni  au  sujet  améri- 
cain, peut-il,  plus  ou  moins  tôt,  et  aidé  d’ail- 
leurs par  le  sol  français,  suffisamment  assimiler 
la  sève  de  son  sujet  à la  sienne  pour  que  la 
constitution  de  ce  sujet  soit  rapidement  et  telle- 
ment modifiée  qu’elle  perde  sa  faculté  de  vivre 
malgré  les  succions  du  Phylloxéra? 

N’est-ce  pas  pour  cela  que,  dans  le  Midi,  on 
a abandonné  le  Clinton,  qui  y avait  précédem- 
ment été  en  si  grande  faveur? 

M.  Dangibeaud. 

A Beaumaine  (Charente-Inférieure). 

Le  doute  qui  motive  ces  questions  a cer- 
tainement une  importance  considérable,  et 
nous  espérons  qu’à  l’aide  des  études  et  des 
entreprises  qui  ont  été  faites  sur  plusieurs 
points  de  la  France,  plusieurs  de  nos  abon- 
nés pourront  dès  aujourd’hui  y répondre 
d’une  manière  satisfaisante. 

Dahlia  « Corne-du-Diable.  » — Au 

sujet  de  cette  variété  des  plus  remarquables 
par  son  coloris,  M.  Vallon,  vice-président 
de  la  Société  d’horticulture  de  la  Seine- 
Inférieure,  nous  adresse  la  lettre  suivante  : 

....  Ce  soir  je  vous  ai  adressé,  une  caissette 
contenant  quelques  fleurs  de  Dahlias  et  des 
feuilles  de  Scolopendre.  Comme  Dahlia  je  vous 
montre  le  D.  variabilis,  qui  me  paraît  un  des 
plus  beaux  types  du  Dahlia  à fleurs  simples, 
aujourd’hui  si  recherché  pour  la  fleur  coupée. 
Le  D.  coccinea  a des  fleurs  d’un  coloris  plus 
vif,  mais  moins  chatoyant  et  surtout  d’une  di- 
mension moindre.  Quand  au  Dahlia  coccinea, 
il  est  tellement  connu,  que  j’ai  trouvé  inutile  de 
vous  le  rappeler  et  si  j’ai  joint  le  Da/iZia  varia- 
bilis à mon  envoi,  c’est  que  je  désirais  le  signaler 
ou  du  moins  vous  prier  de  le  signaler.  Les  deux 
autres  à fleurs  semi-doubles  appartiennent  à 
un  Dahlia  bien  ancien,  mais  si  peu  connu  et 
si  beau  qu’il  m’a  paru  intéressant  de  le  rap- 
peler. M.  E.  Pinel,  botaniste  rouennais  dis- 
tingué, qui  fut  longtemps  secrétaire  de  la 
Société  centrale  d’horticulture  de  la  Seine-In- 
férieure cultivait  avec  amour  ce  Dahlia,  qu’il 
appelait  « Corne-du-Diable.  » 

La  Fougère  dont  je  vous  adresse  des  feuilles 
est  une  monstruosité  de  Scolopendriurn  offi- 
cinale dont  je  vous  donnerai  demain  l’histo- 
rique, l’heure  du  courrier  me  pressant  de  ter- 
miner cette  lettre. 

Félix  Vallon. 

M.  Vallon  a raison  d’appeler  l’attention 
sur  le  Dahlia  c(  Corne-du-Diable  t>,  que  l’on 
nomme  aussi  « Etoile-du-Diable  ».  C’est 
une  variété  qui,  par  son  coloris  d’un  rouge 
cocciné  des  plus  intense,  produit  le  plus 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


437 


bel  effet  qu’on  puisse  imaginer.  Quant  à la 
Scolopendre,  contenue  dans  la  boîte  avec  le 
Dahlia,  c’est  une  des  nombreuses  formes 
dont  les  frondes,  divisées  et  crispées,  sont 
des  plus  originales. 

Le  Dahlia  en  question,  d’origine  mexi- 
caine, a été  nommé  botaniquement  D.  Juar- 
rezi.  C’est  une  espèce  remarquable  par  la 
belle  couleur  rouge  de  ses  fleurs  et  par  la 
forme  ébourriffée,  qui  explique  le  nom  vul- 
gaire de  c(  Corne-du-Diable.  » 

Les  expositions  horticoles  en  Angle- 
terre. — On  cite  bien  souvent  l’impor- 
tance qu’a  prise  l’horticulture  en  Angleterre 
et  le  goût, «quelquefois  la  passion,  de  nos 
voisins  d’Outre-Manche  pour  les  plantes.  Si 
ces  résultats  sont  considérables,  il  convient 
de  reconnaître  que,  de  toutes  parts,  des 
mesures  sont  prises  pour  favoriser,  pour 
augmenter  encore  cet  engouement.  Ainsi, 
lors  d’une  exposition  florale  qui  se  tenait 
récemment  dans  le  parc  de  [Sandringham, 
les  compagnies  voisines  de  chemins  |de  fer 
avaient,  à cette  occasion,  organisé  des  trains 
spéciaux  à prix  réduits,  ce  qui  augmenta 
dans  des  proportions  surprenantes  le  nom- 
bre des  visiteurs.  Cela  n’est  qu’un  exemple 
entre  mille.  Nous  espérons  que  le  jour  n’est 
pas  éloigné  où  en  France  de  semblables  ini- 
tiatives seront  prises,  et  produiront  des  ré- 
sultats également  profitables  à tous. 

Deux  nouvelles  séries  de  Glaïeuls.  — 

L’une  de  ces  séries  comprend  les  plantes 
issues  du  Gladiolus  Lemoinei,  qui  vont 
tellement  en  s’améliorant  par  la  forme,  la 
grandeur  et  le  coloris  des  fleurs,  que  bientôt 
elles  pourront  rivaliser  avec  les  Glaïeuls 
((  Souchet,  ))  sur  lesquels  elles  ont  l’avan- 
tage de  la  rusticité  et  de  la  robusticité. 

L'autre  série,  de  date  beaucoup  plus 
récente,  a été  importée  par  M.  Godefroy- 
Lebeuf,  horticulteur  à Argenteuil.  Ce  sont, 
dit-on,  des  hybrides  des  G.  Saimdersi, 
Kewensis  et  Gandavensis,  Si  nous  ne  pou- 
vons rien  affirmer  quant  à leur  origine,  il 
en  est  autrement  sous  le  rapport  du  mé- 
rite, et  les  échantillons  que  nous  avons  vus 
sont  très-remarquables  par  la  beauté,  la 
grandeur  et  le  coloris  des  fleurs. 

Encore  le  Gunnera  scabra.  — L’ar- 
ticle récemment  publié  sur  cette  espèce 
nous  a valu  l’intéressante  lettre  que  voici  : 


Je  viens  de  lire  dans  la  Revue  horticole  du 
15  courant  au  sujet  du  Gunnera  scabra 
« qu’on  ne  le  trouve  guère  qu’aux  environs  de 
Brest  ou  de  Cherbourg,  et  que  dans  le  centre 
de  la  France  il  est  cultivé  comme  plante 
d’Orangerie.  » 

Je  crois  que  M.  Blanchard,  l’auteur  de  l’ar- 
ticle en  question,  n’est  pas  bien  renseigné  sur 
la  rusticité  de  cette  belle  plante,  car  depuis 
dix  ans,  j’en  cultive  en  plein  air  et  toujours 
avec  succès.  J’ai  un  pied  de  Gunnera  scabra^ 
planté  depuis  huit  ans  dans  mon  jardin,  sur 
une  pelouse,  en  terre  franche,  et  qui  a des 
dimensions  au  moins  égales,  si  ce  n’est  plus, 
à celles  que  l’on  rencontre  dans  les  environs 
de  Brest,  car  cette  plante  a huit  feuilles  et  les 
deux  plus  grandes  ont,  l’une  2»^  10  de  dia- 
mètre et  l’autre  2 mètres  ; la  plante  entière 
couvre  environ  10  mètres  superficiels.  L’épi 
floral  a 70  centimètres  de  long.  Cet  échan- 
tillon n’est  pas  le  seul  qui  ait  ces  dimensions  ; 
j’en  connais  plusieurs  chez  mes  clients  qui 
sont  presque  aussi  forts. 

Quant  à la  culture,  je  plante  en  bonne  terre 
frailche  ou  d’alluvion,  sans  aucun  engrais. 
Pendant  la  période  de  végétation,  je  fais  arro- 
ser beaucoup  (pour  les  fortes  plantes,  deux 
arrosoirs  par  jour)  ; l’hiver,  au  contraire,  elles 
demandent  à être  protégées  contre  l’humidité. 
Pour  cela,  je  me  sers  de  leurs  propres  feuilles 
que  je  coupe  aussitôt  après  les  premières 
gelées.  Du  reste  cette  espèce  est  très-rustique 
et  ne  craint  nullement  le  froid,  car  pendant 
le  terrible  hiver  de  1879,  mes  plantes  n’ont 
pas  souffert,  malgré  les  25  degrés  centigrades 
au-dessous  de  zéro  que  nous  avons  eus  à Ne- 
vers.  Par  contre,  j’ai  perdu  un  très-beau  Gun- 
nera manicata  qui  était  presque  aussi  fort 
que  le  G.  scabra  dont  je  parle  plus  haut. 

J. -B.  Martin, 

Horticulteur  à Nevers. 

Nous  pouvons  ajouter,  à la  lettre  de 
M.  J. -B.  Martin,  quQ  nous-mêmes  avons  vu 
plusieurs  fois  de  beaux  exemplaires  de  Gun- 
nera scabra,  cultivés  en  plein  air  dans  le 
centre  de  la  France  et  même  à Paris,  où 
nous  en  avons  conservé  longtemps  un  très- 
fort  pied  sur  une  petite  pelouse  au  fleuriste 
de  la  Muette.  Il  suffit  de  protéger  la  plante 
pendant  l’hiver  contre  l’humidité  stagnante 
qui  est  sa  principale  cause  de  destruction. 

Congrès  pomologique  de  Montmo- 
rency. — Le  Cercle  pratique  d’arboricul- 
ture et  de  viticulture  de  Seine- et-Oise  tien- 
dra à l’Hôtel  - de  - ville  de  Montmorency, 
les  21  et  22  octobre  1883,  un  congrès  de 
pomologie  en  même  temps  qu’un  concours 
de  fruits. 


438 


VIGNE  TUEERCULEUSE  DE  LA  COCHINCHINE  A TIGES  ANNUELLES. 


Les  personnes  qui  désireraient  exposer, 
devront  en  faire  la  demande  au  secrétaire 
du  cercle  au  moins  cinq  jours  à l’avance. 

Le  Jury  se  réunira  le  dimanche  21  octo- 
bre, à dix  heures  précises,  à l’hotel-de-ville 
de  Montmorency. 

Floraison  gigantesque  d’un  Vanda 
Lowii.  — La  plante  dont  il  s’agit,  qui  a 
fleuri  chez  M.  le  baron  de  Rothschild,  à 
Ferrières-en-Brie,  avait  11  tiges  florales, 
mesurant  ensemble  33  mètres  de  longueur 
et  portaient  280  fleurs.  Jamais  un  pareil 
fait  ne  s’était  produit  ! Quant  à l’effet,  il 
était  indescriptible  ; ceux-là  seuls  qui  con- 
naissent la  beauté  de  cette  espèce  pourront 
s’en  faire  une  idée. 

Nous  avons  reçu  de  M.  Bergman,  jardi- 
nier en  chef  des  cultures  de  Ferrières,  une 
belle  photographie  réprésentant  cette  prodi- 
gieuse floraison. 

Rectification.  — Dans  le  numéro  du 
1er  septembre  (p.  390),  en  parlant  de  la 
greffe  sur  semis  d’églantiers,  il  s’est  glissé 
une  erreur  que  deux  de  nos  collaborateurs, 
MM.  Eugène  Verdier  et  Jean  Sisley,  vien- 
nent de  nous  signaler.  Ainsi,  on  a écrit, 
dit  M.  Sisley,  greffe  en  fente,  c’est  greffe 
en  ÉCUSSON  qu’il  faut  lire.  Nous  engageons 
nos  abonnés  à rectifier  cette  erreur  qui  a 
bien  son  importance. 

Profitant  de  cette  circonstance,  nos  collé- 

VIGNE  TUBERCULEUSE  DE  LA  G 

Cette  Vigne  est-elle  la  même  que  celle 
qui  croît  dans  diverses  parties  de  l’Afrique 
centrale  et  dont  il  a été  plus  particuliè- 
rement question  dans  nos  articles  précé- 
dents (1)  ? Nous  ne  pouvons  rien  affirmer  à 
ce  sujet,  bien  qu’elle  s’en  rapproche,  et 
qu’elle  semble  en  avoir  tous  les  caractères 
généraux.  Quoi  qu’il  en  soit,  comme  cette 
forme  de  Vigne  croît  en  abondance  dans 
une  des  colonies  françaises  et,  par  consé- 
quent, que  son  étude  nous  est  plus  facile, 
nous  allons  y consacrer  un  article  spécial. 
Grâce  à un  envoi  de  Raisin  frais,  fait  à 
MM.  Vilmorin,  par  M.  Martin,  jardinier 
du  gouvernement  à Saigon,  nous  avons  pu 
étudier  ces  fruits  et  en  faire  exécuter  des 

(1)  Voir  Journal  d’agriculture  pratique,  1881, 
t.  II,  pp.  12L  264,  335;  1883,  t.  I,  pp.  308,  415. 


gués  ont  eu  l’obligeance  d’ajouter  quelques 
détails  intéressants  et  que  nous  croyons 
devoir  reproduire.  Ainsi,  M.  Jean  Sisley 
nous  écrit: 

....  Les  semis  d’Églantiers  d’un  an  sont  gref- 
fés ici  par  tous  les  rosiéristes,  l’année  après 
leur  plantation,  en  écusson  à œil  dormant» 
C’est  ce  qu’a  pratiqué  le  premier  J. -B.  Guillot 
fils,  et  non  en  fente.  Ces  greffes  poussent  l’an- 
née suivante  et  sont  vendues  à l’automne  ; elles 
font  des  sujets  très-vigoureux. 

La  greffe  en  fente  sur  Piosiers  ne  se  fait  que 
pour  les  nouveautés,  et  cette  greffe  se  fait  en 
serre,  par  les  Parisiens  et  les  Anglais. 

De  son  côté  M.  E.  Verdier  nous  dit  : 

« 

....  C’est  chez  mon  estimable  ami,  M.  Guil- 
lot fils,  que  pour  la  première  fois  j’ai  vu  pra- 
tiquer cette  greffe....  Depuis,  ce  procédé  s’est 
généralisé....  Une  autre  observation  que  je 
crois  très-importante  est  celle-ci  : 

Ce  n’est  pas  la  greffe  en  fente  (presque  tou- 
jours mauvaise)  qu’emploie  mon  ami,  non  plus 
que  ceux  qui  l’ont  imité,  mais  la  greffe  en 
écusson  faite  sur  le  côté  du  sujet,  au-dessous 
des  cotylédons.  Ainsi  écussonnés  ces  sujets 
ont  l’avantage  de  ne  donner  que  fort  peu  de 
drageons  ou  gourmands,  puis  celui  de  s’affran- 
chir immédiatement. 

Grâce  à ces  informations,  nos  lecteurs 
sont  actuellement  bien  renseignés,  tant  sur 
l’origine  de  cette  opération  que  sur  son 
mode  d’exécution. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

CHINCHINE  A TIGES  ANNUELLES 

figures.  Donnons  d’abord  quelques  détails 
sur  certains  caractères  de  ces  Vignes  tu- 
berculeuses. 

Ce  sont  des  végétaux  vivaces  à tiges  vo- 
lubiles  annuelles,  dont  les  souches  très- 
volumineuses,  ligno- tubéreuses,  rappellent 
un  peu  celles  du  houblon,  mais  avec  des  pro- 
portions beaucoup  plus  considérables.  En 
effet,  la  souche  que  représente  la  figure  78  pe- 
sait 7 kilogrammes,  bien  qu’elle  fût  mutilée 
et  qu’on  en  eût  supprimé  une  très-grande 
partie  lors  de  son  arrachage  à l’état  sauvage. 
Les  racines  ou  sortes  de  rhizômes  ont  par- 
fois plusieurs  mètres  de  longueur.  Les  tiges 
qui,  en  quelques  semaines,  atteignent  jus- 
que 10  mètres  et  plus  de  longueur,  sont 
munies  de  longues  et  fortes  vrilles.  Quant 
aux  feuilles,  elles  rappellent  d’une  manière 


VIGNE  TUBERCULEUSE  DE  LA  COCHINCHINE  A TIGES  ANNUELLES. 


439 


générale  celles  de  nos  Vignes,  et,  comme 
elles,  varient  de  formes  suivant  l’état  et  la 
vigueur  des  plantes,  les  conditions  dans 
lesquelles  poussent  celles-ci,  et  très-sou- 
vent aussi,  suivant  l’emplacement  que  ces 
feuilles  occupent  sur  les  plantes.  Les 
grappes  de  Raisin,  du  moins  dans  la  varié- 
té que  nous  avons  particulièrement  étudiée, 
qui  avait  été  envoyée  de  Saigon,  et  dont  la 
figure  79  peut  donner  une  idée,  atteignent 
jusqu’à  40  centimètres  de  longueur  sur  une 
grosseur  proportionnée;  leur  forme,  de 
même  que  celle  des  grains,  rappelait  exacte- 
ment celles  de  nos  belles  variétés  cultivées. 

Voici,  du  reste,  les  caractères  que  ces 
raisins  nous  ont  présentés  : Grappes  (figu- 
res 79  et  80)  compactes  ramifiées,  à ramifi- 
cations (ailerons)  robustes.  Grains  (fig.  80) 
sphériques  atteignant  12  à 13  millimètres  de 
diamètre.  Peau  épaisse,  lisse,  unie,  glabre, 
d’un  noir  bronzé  ou  roux  métallique,  prui- 
neuse  à la  maturité.  Chair  très-ferme,  résis- 
tante, adhérant  à la  peau  avec  laquelle  elle 
semble  se  confondre.  Graines  (pépins)  va- 
riant par  la  forme  et  par  le  nombre  ainsi 
que  le  montrent  les  figures  81  à 90,  tou- 
jours aplaties  et  plus  ou  moins  ovales,  pré- 
sentant à la  base  une  sorte  de’ bec  ou  de 
mucron  très-court,  à surface  légèrement  con- 
vexe, ordinairement  un  peu  rimeuse  exté- 
rieurement par  de  petites  saillies  transver- 
sales, portant  en  dessus,  sur  le  milieu  et  dans 
toute  la  longueur,  un  sillon  bien  marqué, 
concaves  et  carénées  sur  l’autre  face.  Quant 
aux  jeunes  plantes,  qui  nous  ont  paru  très- 
voisines  ou  plutôt  presque  semblables  à 
celles  des  Vignes  du  Soudan  {Yitis  Lecardi 
et  V.  Durandi)  ; en  voici  les  caractères  : 

Plantule  (fig.  91)  robuste , dressée , 
blanche  ou  légèrement  colorée.  Cotylédons 
ovales,  cordiformes,  épais,  sinués,  forte- 
ment nervés,  étalés,  parfois  un  peu  tom- 
bants, glabres  ou  légèrement  velus.  Feuilles 
lobées  plus  ou  moins  profondément,  velues 
hispides  surtout  sur  les  bords,  à poils  gros, 
laineux. 

Ces  caractères,  nous  le  répétons,  sont  à 
peu  près  ceux  que  présentent  toutes  les 
autres  jeunes  Vignes  tubéreuses  que  nous 
avons  eu  l’occasion  d’examiner  ; ce  qui 
semble  démontrer,  ainsi  que  nous  l’avons 
dit,  que  toutes  ces  Vignes  tuberculeuses 
constituent  un  groupe  particulier  dont  les 
caractères  sont  à peu  près  les  mêmes,  ce 
qui  résulte  aussi  de  l’examen  des  graines. 


Voilà  ce  que  l’on  sait  d’à  peu  près  cer- 
tain sur  les  Vignes  tuberculeuses  de  la 
Gochinchine  à tiges  annuelles.  Afin  de  com- 
pléter cette  note,  nous  allons  donner  sur  ces 
plantes  quelques  extraits  de  lettres  adressées 
de  Saïgon,  à MM.  Vilmorin.  A la  date  du 
3 février  1882,  M.  Martin  écrivait  : 

, . . J’ai  trouvé  cette  Vigne  pour  la  première 
fois  en  septembre  1872  dans  les  forets  de  Mois. 
Elle  était  couverte  d’énormes  raisins...  J’ai 
pris  les  mesures  nécessaires  pour  vous  en  ex- 
pédier des  tubercules  et  de  la  graine.  Le  vin 
que  produit  cette  espèce  n’est  pas  très-fort  ; il 
ne  contient  guère  que  5 degrés  d’alcool  pour 
100,  ce  qui  n’est  pas  beaucoup,  mais  en  culti- 
vant cette  Vigne,  il  est  probable  que  ses  pro- 
duits deviendaient  meilleurs.  Je  crois  néanmoins 
que  l’on  pourrait  en  tirer  un  bon  parti  en  Eu- 
rope. La  culture  en  serait  facile.  Il  faudrait  la 
cultiver  comme  on  le  fait  du  houblon,  sur  des 
perches,  pour  la  faire  grimper.  Mais  je  ne  crois 
pas  qu’elle  vienne  aussi  grande  en  France 
qu’en  Gochinchine,  car  il  y a ici  des  pieds  qui 
atteignent  plus  de  50  pieds  de  longueur,  et  qui 
se  couvrent  de  raisins  depuis  le  bas  jusqu’au 
haut  de  la  liane.  Le  vin  est  d’une  belle  couleur, 
mais  il  est  vert;  celui  que  j’ai  fait  avec  des 
raisins  cultivés  pèse  1 degré  de  plus  qu’à  l’état 
sauvage. 

Dans  une  autre  lettre,  M.  Martin  écrivait  : 

...  Je  vous  recommande  surtout  cette  Vigne 
sauvage  ; la  plante  est  tuberculeuse,  ses  tiges 
meurent  tous  les  ans,  mais  chaque  année 
aussi,  il  en  repousse  d’autres  des  tubercules. 
Un  pied  de  Vigne  peut  produire  100  kilos  de 
Raisin,  pas  en  général,  bien  entendu,  mais 
j’en  ai  trouvé  qui  portaient  cette  quantité.  J’ai 
remarqué  des  grappes  qui  pesaient  4 kilo- 
grammes. 

On  rencontre  cette  plante  dans  toute  la  Co- 
chinchine,  et  sa  culture  pourrait  se  faire  en 
France  comme  on  la  fait  dans  certaines  con- 
trées pour  la  Vigne  ordinaire,  sur  des  treillages 
ou  sur  des  piquets. 

Il  paraît  douteux,  bien  que  rien  ne 
prouve  encore  le  contraire  — que  les 
Vignes  tuberculeuses  à tiges  annuelles 
puissent  se  cultiver  en  France,  sinon  peut- 
être  dans  quelques  localités  privilégiées. 
Cependant  on  ne  peut  rien  affirmer  à ce 
sujet,  ainsi  que  le  prouvent  les  extraits 
suivants  de  lettres  adressées  à MM.  Vilmorin, 
par  un  homme  que  l’on  peut  considérer 
comme  compétent  en  la  matière,  M.  le 
comte  Henri  d’Arpoaré,  agronome  du  gou- 
vernement portugais  à Bolama  (Guinée  por- 
tugaise) au  Soudan,  où  il  résidait  et  où,  par 


440 


VIGNE  TUBERCULEUSE  DE  LA  COCHINCHINE  A TIGES  ANNUELLES. 


conséquent,  voyant  journellement  ces 
Vignes  tuberculeuses,  il  était  à même  de 


Fig.  78,  — Souche  de  Vigne  de  Cochinchine,  pesant  7 kilogrammes,  pré- 
sentant sur  différents  points  quelques  bourgeons  ; envoyée  de  Saigon 
par  M.  Martin;  au  1/7  de  grandeur  naturelle. 


Vignes  cultivées  dans  ce  pays,  ce  qui  lui  per- 
mettait de  faire  des  comparaisons.  Voici  ce 
qu’il  écrivait  en  avril- 
mai  1882  : 


...  C’est  exactement  la 
même  Vigne  tuberculeuse 
que  celle  de  la  Gochin- 
cliine  ; c’est  bien  un 
Cissus  vinifera  : l’étude 
comparative  de  ces  deux 
variétés  sera  très-inté- 
ressante. 

Cette  Vigne  sauvage  se 
couvre  ici  (dans  la  Guinée 
portugaise)  d’une  quan- 
tité de  grandes  et  pesantes 


Fig.  79.  — Grappe  d’une  Vigne  tuberculeuse  de  la  Cochinchine,  au  1/3  de 
grandeur  naturelle. 


les  bien  juger  et  cela  d’autant  mieux  que, 
en  Portugal,  il  s’était  occupé  de  l’étude  des 


américains 
assuré 


grappes  ; le  Raisin  est 
d’un  goût  agréable.  Cette 
Vigne  est  assez  abon- 
dante pour  que  je  puisse 
vous  en  envoyer  tant  que 
vous  voudrez.  J’ai  vu 
tant  de  plantes  tropicales 
s’acclimater  dans  le  nord, 
supporter  la  neige  et  la 
glace  que  je  ne  doute 
pas  que  les  tubercules  de 
cette  Vigne  recouverts  de 
terre  pendant  l’hiver,  ne 
puissent  être  plantés  dans 
tous  les  vignobles  de 
l’Europe. 

La  Cochinchine  pré- 
sente le  même  terrain  et 
le  même  climat  que  la 
Guinée.  Mais  cette  Vigne 
ne  sera  pas,  à mon  avis, 
de  grande  utilité  pour 
les  pays  tropicaux  qui  ont 
plus  d’intérêt  à cultiver 
des  denrées  coloniales. 
Nos  célèbres  vignobles  ; 
Porto,  Douro,  Madère, 
Minho,  etc.,  sont  sérieu- 
sement menacés,  envahis 
qu’ils  sont  par  le  phyl- 
loxéra... 

La  Vigne  de  Guinée 
sera  d’une  bien  grande 
utilité  pour  nos  vigno- 
bles, et  c’est  précisément 
là  qu’elle  s’acclimatera  le 
mieux  surtout  dans  les 
contrées  chaudes,  par 
exemple,  le  Douro,  Ma- 
dère, etc.  A Madère,  on 
a essayé  depuis  long- 
temps tous  les  cépages 
les  propriétaires  de  Madère  m’ont 
le  vin  de  ces  cépages,  soit  qu’il 


VIGNE  TUBERCULEUSE  DE  LA  COCHINCHINE  A TIGE  ANNUELLE.  44i 


vienne  des  États-Unis,  soit  qu’il  ait  été  récolté 
à Madère,  est  détestable. 

Dans  le  nord  de  la  Guinée  portugaise,  la 
Vigne  tubéreuse  couvre  des  étendues  immenses 
et  forme  des  fourrés  impénétrables  ; on  y 
trouve  du  Raisin  rouge  et  du  Raisin  blanc  ; le 
blanc  est  beaucoup  plus  doux  que  le  rouge  et 
nos  soldats,  en  garnison,  font  du  bon  vin  avec 
ce  Raisin,  de  la  façon  suivante  : ils  cueillent 
les  grappes,  les  pressent  et  mettent  immé- 
diatement le  moût  dans  une  bouteille  forte. 


' Fig.  80.  — Grappillon  de  Raisin  d’une  Vigne  tuber- 
culeuse delà  Cochinchine,  de  grandeur  naturelle. 
A côté,  deux  grains  coupés,  l’un  verticalement, 
l’autre  horizontalement. 


Fig.  81.  — Graine  vue 
extérieurement,  au 
double  de  grandeur 
naturelle. 


Fig.  83.  — Coupe  trans- 
versale d’une  graine 
au  double  de  grandeur 
naturelle. 


Fig.  82.  — Graine  vue 
intérieurement,  au 
double  de  grandeur 
naturelle. 


Fig.  84.  — Graine  vue 
en  dessous,  au  double 
de  grandeur  natu- 
relle. 


morin  qui  les  ont  reçues  le  12  mars  1882, 
Voici  un  aperçu  de  leurs  caractères  : 

D’une  souche,  qui  peut  atteindre  d’é- 
normes proportions,  partent  de  nombreu- 
ses racines  grosses,  longues,  tubéroso-li- 
gneuses,  très-diffuses  et  s’enchevêtrant  pour 
constituer  un  ensemble  très-irrégulier,  telle- 
ment même,  qu’on  peut  affirmer  qu’il  existe 
pas  deux  souches  identiques. 

Ces  racines  ont  l’épiderme  noir  ou  bru- 


Fig.  85.  — Graine  vue 
en  dessus,  au  double 
de  grandeur  natu- 
relle. 


Fig.  80.  — Coupe  trans- 
versale d’une  graine, 
au  double  de  gran- 
deur naturelle. 


Fig.  87.  — Graine  vue 
extérieurement,  de 
grandeur  naturelle. 


Fig.  88.  — Graine  vue 
intérieurement,  de 
grandeur  naturelle. 


Fig.  89.  — Graine  vue 
en  dessus,  de  gran- 
deur naturelle. 


Fig.  90.  — Graine  vue 
en  dessous,  de  gran- 
deur naturelle. 


Fig.  91.  — Jeune  plantule  de  Vigne  de  Cochinchine, 
de  grandeur  naturelle. 


soigneusement  ficelée  et  bouchée  avec  de  la 
cire , quelques  bouteilles  éclatent,  mais  celles, 
qui  restent  donnent  un  bon  vin.  Le  Raisin 
blanc  est  doux,  le  rouge  est  âpre. 

En  faisant  la  part  de  l’enthousiasme, 
peut-être  même  de  l’exagération,  on  est 
autorisé  à conclure  que  ces  Vignes  pour- 
ront être  cultivées  en  Europe,  contrairement 
aux  prévisions  de  beaucoup  de  personnes,  et 
peut-être  même  y rendre  quelques  services. 

Les  premières  souches  de  la  Vigne  de  la 
Cochinchine  ont  été  expédiées  à MM.  Vil- 


nâtre,  plus  ou  moins  rimeux,  à tissu  spon- 
gieux, rougeâtre;  la  partie  centrale  plus 
solide,  mais  à tissu  plus  lâche,  est  parcourue 
de  nombreux  et  larges  vaisseaux  qui  sem- 
blent annoncer  que  ces  plantes  doivent  avoir 
une  végétation  très-vigoureuse.  L’une  de 
ces  souches  (fig.  78)  qui,  sans  les  nom- 
breuses racines  qui  en  faisaient  partie, 
pesait  plus  de  7 kilogr.,  mesurait  50  centi- 
mètres de  longueur  sur  25  de  largeur  et  20 
environ  d’épaisseur.  Chez  presque  toutes 
les  souches,  le  centre  tend  à se  détruire  et  à 


442 


FLORAISON  SIMULTANÉE  DE  DEUX  DASYLIRION. 


former  une  cavité;  la  vie,  chez  elles,  semble 
s’étendre  du  centre  à la  conférence. 

Peut-il,  sur  une  souche,  se  développer 
plusieurs  centres  de  bourgeonnement?  Le 
fait  est  hors  de  doute  ; le  nombre  de  ceux-ci 
doit  être  en  rapport  avec  l’âge  et  les  dimen- 
sions de  la  souche.  Ainsi  sur  la  souche  en 
question  (fig.  78)  nous  en  avons  vu  trois 
bien  caractérisés,  qui,  du  reste,  sur  le 
dessin,  sont  indiqués  par  des  petites  lignes 
blanches. 

Multiplication.  — Elle  se  fait  par  grai- 
nes et  par  boutures.  On  sème  les  premières 
aussitôt  qu’elles  sont  mûres  ; mais,  ainsi 
que  cela  a lieu  pour  la  plupart  des  Viticées, 
notamment  des  Yitis  vmifera,  la  germi- 
nation est  variable  et  capricieuse.  Sous  notre 
climat,  les  graines  doivent  être  semées  en 
pots  ou  en  terrines,  afin  de  pouvoir  être  abri- 
tées, et,  au  besoin,  placées  sur  une  couche 
ou  sous  des  châssis,  et  rentrées  l’hiver. 
Quant  aux  plants,  on  peut  les  repiquer  ou 
les  séparer  au  fur  et  à mesure  de  la  germi- 
nation. Il  va  sans  dire  que  l’hiver,  on  devra 
les  tenir  à la  chaleur  et  au  sec  à moins  que, 
jeunes  et  herbacés,  ces  plants  n’aient  pas 
encore  développé  de  tubercule,  auquel  cas 
il  convient  de  les  arroser  et  de  les  maintenir 
à une  température  élevée,  afin  que  la  végé- 
tation se  continue.  On  devra  aussi,  pendant 
la  végétation,  les  abriter  du  soleil  qu’ils 
semblent  redouter. 

Quant  aux  boutures,  on  devra  les  pren- 


dre à l’état  herbacé  et  les  faire  enraciner 
sous  cloche,  ainsi,  du  reste,  qu’on  le  fait 
pour  la  plupart  des  plantes  de  serre.  Une 
chose  importante,  c’est  que  la  bouture,  de 
même  que  les  jeunes  plantes  de  semis, 
puissent  pousser  et  former  un  tubercule 
avant  l’hiver. 

Culture.  — Dans  l’état  actuel  des  choses, 
il  nous  paraît  impossible  de  rien  préciser  à 
ce  sujet  ; cependant  il  paraît  à peu  près  cer- 
tain que  ce  n’est  guère  que  dans  les  parties 
les  plus  chaudes  de  la  France  qu’on 
pourrait  essayer  la  culture  de  ces  vignes 
avec  quelque  chance  de  succès.  Sous  ce 
rapport,  l’on  ne  peut  rien  assurer,  car  les 
essais  qui  ont  été  tentés  sont  peu  nombreux 
et  ont  été  faits  souvent  avec  de  mauvaises 
graines  et  toujours* dans  des  conditions  dé- 
fectueuses. 

En  admettant  les  hypothèses  les  plus 
favorables,  en  supposant  que  ces  Vignes 
puissent  prospérer  dans  certaines  parties  de 
la  France,  il  parait  au  moins  douteux 
qu’elles  s’y  conduisent  comme  en  Gochin- 
chine  ou  au  Soudan,  qu’elles  acquièrent  les 
mêmes  propriétés  et  présentent  les  mêmes 
avantages  que  dans  des  climats  mieux  favo- 
risés. 

Ce  n’est  pas  une  raison  cependant  pour 
ne  pas  en  essayer  la  culture.  Qui  sait  si  par 
l’hybridation  on  ne  parviendrait  pas  à en 
obtenir  des  variétés  recommandables  pour 
notre  pays?  E.  A,  Carrière. 


FLORAISON  SIMULTANÉE  DE  DEUX  DASILIRION 


Le  château  du  Val  et  le  parc  qui  l’en- 
cadre, sont  situés  sur  le  versant  d’une  col- 
line à l’extrémité  de  la  célèbre  terrasse 
de  Saint- Germain-en-Laye , de  sorte  que, 
par  sa  position,  et  comme  son  nom  l’in- 
dique, il  domine  une  charmante  vallée,  où 
les  accidents  de  terrain,  traités  par  un  ha- 
bile paysagiste,  furent  mis  au  goût  mo- 
derne, selon  les  bonnes  règles  de  l’art 
des  jardins,  cela  sans  rien  perdre  de  leur 
caractère  pittoresque. 

Les  pentes  abruptes,  les  enrochements, 
les  déclivités  y ont  nécessité  l’emploi  de 
nombreuses  plantes  décoratives,  et  à ce 
point  de  vue  et  dans  ces  conditions,  les 
Cactus  et  les  Agaves  sont  certainement 
celles  qui  jouent  le  rôle  le  plus  important. 

La  collection  que  nous  avons  réunie  là, 


dans  ce  but,  est  assez  nombreuse  et  con- 
tient quelques  sujets  remarquables  tant  par 
la  force  que  par  la  rareté.  De  plus  cette 
année  l’attrait  que  présente  cette  collection 
est  encore  augmenté  par  la  floraison  de  deux 
formes  de  Dasylirion,  dont  nous  avons  suivi 
les  diverses  phases  avec  attention,  et  aussi, 
de  deux  formes  Y Agave  filifera  dont  nous 
parlerons  prochainement.  Nous  fûmes  d’au- 
tant plus  surpris  de  cette  floraison  qu’elle 
avait  lieu  simultanément  sur  les  variétés 
d’un  même  genre,  auxquelles  pourtant, 
nous  n’avions  fait  subir  aucun  traitement 
particulier.  Voici  comment  les  choses  se 
sont  passées  : 

Vers  le  15  mai  dernier,  le  plus  fort  de 
nos  Dasylirions,  le  Dasylirion  gracile^ 
placé  sur  une  pyramide,  au  centre  d’un 


NOUVEAUX  GLAÏEULS  EN  1883. 


443 


petit  jardin  à la  française,  montra  sa  tige 
florale  garnie  dans  toute  sa  partie  inférieure 
de  nombreuses  feuilles  bractéales.  Cette 
plante,  placée  dans  un  bac  de  65  centimètres 
de  diamètre,  a un  stipe  (tige)  de  85  centi- 
mètres de  hauteur  sur  22  centimètres  de 
diamètre.  Sa  tige  porte  dans  toute  sa  lon- 
gueur des  écailles  provenant  de  sa  base  des 
anciennes  feuilles,  qui  lui  donnent  l’aspect 
d’un  vieux  tronc  de  Cycas;  les  nombreuses 
feuilles  de  la  tête,  gracieusement  arquées, 
développent  environ  90  d’envergure.  La 
hampe  mesure  3™  85  de  hauteur,  ce  qui 
donne  au  tout  une  hauteur  totale  de  5 mètres 
environ. 

La  hampe  monta  très-rapidement  jusque 
vers  la  mi-juin,  puis  l’élongation  se  ralentit, 
et  les  fleurs  s’épanouirent.  Nous  recon- 
nûmes alors  que  la  plante  était  monoïque  et 
que  les  fleurs  femelles  étaient  de  beaucoup 
les  plus  nombreuses,  ce  qui  donnait  à l’en- 
semble une  teinte  jaune  verdâtre  tirant  sur 
le  brun. 

La  fructification  a parfaitement  réussi,  et 
c’est  par  milliers  qu’on  peut  compter  les 
fruits.  Les  ramifications  florales,  qui  com- 
posent ce  gigantesque  épi,  sont  presque 
fastigiées,  ce  qui  donne  à l’inflorescence,  un 
aspect  dense  et  étroitement  effilé. 

Ajoutons  que  cette  belle  plante,  que  l’on 
suppose  âgée  de  soixante  à quatre-vingts  ans, 
montra  également  une  inflorescence  il  y a 
environ  dix  ans;  mais  alors  un  accident 
l’empêcha  de  se  développer,  ce  qui  produisit 
une  légère  déviation  dans  l’axe  du  stipe, 
car  l’inflorescence  étant  terminale,  la  pousse 
qui  terminait  la  tige  se  développa  sur  le  côté. 

NOUVEAUX  GL 

MM.  Souillard  et  Brunelet,  les  dignes  suc- 
cesseurs de  feu  M.  Souchet,  viennent  de 
mettre  au  commerce  quelques  variétés  nou- 
velles très-méritantes  de  Glaïeuls  ; et  d’autre 
part,  M.  Berger,  horticulteur  à Verrières - 
le-Buisson  (Seine-et-Oise),  suivant  la  même 
voie,  nous  présente  déjà  des  résultats  remar- 
quables. Nous  devons  signaler  les  nouveautés 
suivantes,  dues  à ces  deux  établissements  : 
elles  nous  paraissent  absolument  recom- 
mandables. 

Colorado  (Souchet).  Bel  épi  de  fleurs,  de 
couleur  très-écarlate  et  orangée  très- vive,  re- 


cette plante  nous  fut  vendue, /il  y a une 
vingtaine  d’années,' par  M.  Ghantin,  horti- 
culteur, route  de  Ghatillon,  à Paris. 

La  deuxième  plante  dont  .noufe  avons  à 
parler,  le  Basxjlirion  gracile  glaùcum,  est 
complètement  mâle  et  ses  dimensions  sont 
beaucoup  plus  restreintes,  surtout  dans  la 
hauteur.  Ses  feuilles  sont  couvertes  d’une 
matière  blanchâtre  pulvérulente,  ce  qui 
justifie  l’emploi  du  deuxième  qualificatif. 
Leur  ensemble,  y compris  la  souche,  forme 
une  sorte  de  boule  qui  n’a  pas  moins  de 
50  de  diamètre,  et  la  hauteur  totale  est 
de  2™  25,  dont  20  environ  pour  la  hampe. 

Gelle-ci  se  développa  à la  même  époque 
que  celle  de  la  précédente  et  dans  des  cir- 
constances anlogues  ; elle  portait  des  milliers 
de  fleurs  ayant  chacune  6 étamines  qui,  au 
moment  de  l’anthèse,  laissaient  échapper 
des  nuages  de  pollen  qui  donnait  à l’en- 
semble une  belle  couleur  jaune  d’or. 

Les  ramifications  florales,  au  lieu  d’être 
fastigiées  comme  sur  la  plante  précédente, 
étaient  irrégulièrement  divergentes  ; les 
unes  presque  pendantes  et  recourbées, 
d’autres  raides  et  horizontales,  d’autres 
enfin  dressées  et  arquées.  Cet  enchevêtre- 
ment, des  plus  curieux,  montre  combien 
ces  plantes  peuvent  varier  dans  leur  mode 
de  floraison. 

Faisons  observer,  en  terminant,  que  les 
Dasylirion  ne  sont  pas  exclusivement  dioï- 
ques  comme  l’ont  écrit  quelques  auteurs; 
si  certains  pieds  présentent  ce  caractère,  il 
en  est  d’autres  chez  qui  la  monoécie  est 
bien  nettement  démontrée. 

J.  Saluer  fils. 

.ÎEULS  EN  1883 

levée  par  une  large  macule  blanche  ; très-jolie 
plante  complètement  distincte. 

Conquérant  (Souchet) . Superbe  épi  de 
grandes  fleurs  rouge-carmin  uni,  avec  une 
large  macule  blanc  pur  et  une  ligne  blanche 
très-tranchée  au  centre  de  chaque  division. 
Plante  splendide. 

Constance  (Souchet).  Plante  demi -naine 
très-vigoureuse,  donnant  très -régulièrement 
des  épis  serrés  et  bien  garnis  de  fleurs  rouge 
amarante,  à petite  macule  blanc  crème  faisant 
beaucoup  d’effet.  Coloris  très-distinct. 

Crépuscule  (Souchet).  Magnifique  épi  de  très- 
grandes  fleurs  bien  ouvertes,  rose  lilacé  légère- 
ment flammé  de  rouge  carmin  et  de  violet  au 
bord  des  divisions. Coloris  charmant  et  très-frais. 


444 


MONNINA  OBTUSIFOLIA. 


Fleur  de  lys  (Berger).  Bel  épi  compacte  de 
très-grandes  et  belles  fleurs  d’un  blanc  pur 
éclatant,  à peine  maculé  de  violet  au  fond  de 
la  gorge.  Le  plus  beau  des  blancs. 

Gallia  (Souchet).  Très-long  épi  de  grandes 
et  belles  fleurs  blanc  rosé,  flammé  de  rouge 
carmin  vif  sur  le  bord  des  divisions.  Grande 
plante  de  premier  mérite. 

Lorédan  (Berger).  Épi  serré,  bien  garni  de 
fleurs  rose  cerise  vif,  sablé  de  blanc  crème  et 
légèrement  flammé  ardoisé  sur  le  bord  des 
divisions;  jolie  plante  bien  distincte. 

Médicis  (Souchet).  Très-bel  et  long  épi  de 
grandes  fleurs  d’un  coloris  rose  cerise  des 
plus  frais  ; divisions  très-amples,  arrondies, 
lignées  de  blanc  et  flammées  de  carmin  sur  le 
bord  des  divisions.  Magnifique  plante. 

Papillon  (Souchet).  Charmante  plante  demi- 
naine,  d’un  coloris  très-original;  épi  serré  et 
bien  fait;  fleurs  à fond  jaune  très-largement 
flammées  et  bordées  de  rouge  carmin,  coloris 
rappelant  celui  des  œillets  avranchins. 


Pyramide  (Souchet).  Splendide  et  parfait 
épi,  plus  large  à la  base  qu’au  sommet,  grandes 
fleurs  bien  ouvertes,  du  rose  orangé  le  plus 
frais  et  le  plus  délicat.  Plante  de  taille 
moyenne,  exceptionnellement  belle. 

Quinola  (Berger).  Épi  compacte  et  bien  fait 
de  fleurs  écarlates,  maculées  de  blanc  rosé,  à 
divisions  un  peu  ondulées  sur  les  bords  et 
flammées  de  rouge  plus  foncé. 

Tamerlan  (Souchet).  Bel  épi  de  fleurs 
moyennes,  du  coloris  le  plus  remarquable. 
Divisions  supérieures  rouge  grenat  flammé, 
ardoisé  sur  les  bords;  les  inférieures  mi- 
parties  rouge  carmin  foncé  et  jaune  crème. 
Superbe  variété. 

Ces  Glaïeuls  nouveaux  sont  vendus  pa  r 
MM.  Vilmorin  et  0^%  quai  de  la  Mégis- 
serie, 4,  à Paris;  Eugène  Verdier,  horticul- 
teur , rue  Glisson,  à Paris,  et  Charles 
Verdier,  route  de  Ghoisy,  à Ivry  (Seine). 

E.-A.  Carrière. 


MONNINA  OBTUSIFOLIA 


lie  genre  Monnina,  dédié  par  les  auteurs 
de  la  Flore  du  Pérou,  Ruiz  et  Pavon,  à 
Monnino,  comte  de  Flor  Blanca,  seigneur 
espagnol,  grand  promoteur  delà  botanique, 
appartient  à la  petite  famille  des  Polygalées. 
Il  se  compose  d’une  cinquantaine  d’espèces, 
toutes  originaires  de  l’Amérique  méridio- 
nale. On  les  trouve  dans  la  Nouvelle-Gre- 
nade, TÉcuador  et  le  Pérou,  à des  altitudes 
variant  entre  2,000  et  3,000  mètres, 
région  tempérée-froide,  où  ils  for  ment  de 
jolis  arbustes  rameux  à feuilles  entières, 
oblongues,  qui  se  couvrent  d’une  profusion 
de  jolies  grappes  spiciformes  terminales  et 
dressées,  dont  la  couleur  varie  du  bleu 
foncé  au  violet  taché  de  jaune. 

Que  de  fois  n’ai-je  pas  trouvé  sur  mon 
chemin,  pendant  ma  longue  course  à travers 
la  Cordillère  des  Andes,  depuis  les  flancs  du 
Puracé  jusqu’à  la  région  des  hauts  volcans 
de  TÉcuador,  les  Monnina  ligustrifoUa  et 
ohtusifolia,  dont  les  épis  de  fleurs  bleues 
étaient  accompagnés  par  les  jolis  fruits 
rouges  qui  commençaient  à leur  succéder  î 
C’est  auprès  de  Pasto,  en  avril  1876,  que 
j’ai  récolté  les  graines  de  l’espèce  figurée 
aujourd’hui  par  la  Revue  horticole.  Ces 
graines  n’avaient  pas  germé  ; mais  j’ai  été 
assez  heureux  pour  réintroduire  la  plante 
vivante,  et  l’aquarelle  qui  en  a reproduit 
les  traits  a été  prise  sur  un  pied  planté  en 


plein  air  dans  mon  jardin  de  Cannes  (Alpes- 
Maritimes).  C’est  sur  le  littoral  méditerra- 
néen que  cette  espèce  retrouvera  une 
seconde  patrie  ; elle  y contribuera  à aug- 
menter le  nombre  des  arbustes  destinés  à 
orner  les  massifs  ; elle  y développera  tout 
l’hiver  son  abondant  feuillage  persistant, 
relevé  au  printemps  par  des  inflorescences 
plus  nombreuses  et  plus  brillantes  que 
lorsqu’elle  est  cultivée  en  serre. 

Description.  — Arbuste  glabrescent,  à 
rameaux  dressés  ou  un  peu  étalés,  fins, 
cylindracés,  pourvus  de  saillies  géniculées 
à l’emplacement  des  feuilles  tombées. 
Feuilles  alternes,  glabres,  entières,  subsessi- 
les,  étalées,  oblongues  obtuses  cunéiformes 
à la  base,  épaisses,  à bords  amincis  mem- 
branacés  émoussés,  à veines  peu  apparentes, 
d’un  vert  foncé  brillant  en  dessus,  plus  pâles 
en  dessous,  articulées  à l’insertion.  Inflores- 
cences en  grappes  spiciformes  terminales, 
dressées,  composées  de  fleurs  subsessiles  à 
cinq  sépales  dont  trois  minuscules,  concaves, 
hispides,  et  deux  intérieurs  très  grands  orbi- 
culaires,  en  forme  d’ailes,  d’un  beau  bleu 
foncé  ; trois  pétales  dont  un  médian  creusé 
en  nacelle,  trilobé,  jaune  et  violet,  les  deux 
latéraux  violet  et  blanc,  convergents,  creu- 
sés irrégulièrement  en  cuiller  avec  prolon- 
gement linguiforme,  velus  à l’intérieur 
Étamines  incluses  à filets  soyeux,  blancs,  à 


Gzfiard,  ù^i'. 


‘ht'ly.  <.^S'u>U':i  U'.,  : 


Monnuui  ohtu^ij'oli a 


CULTURE  DES  ARTICHAUTS  EN  RUSSIE. 


anthères  jaunes.  Style  inclus,  courbé  ; stig- 
mate bilobé.  Fruits  drupacés,  ovoïdes,  pen- 
dants, glabres,  rouge  vif  à la  maturité  (1). 

Le  Moyinina  ohtusifolia  a été  découvert 
d’abord  par  Humboldt  et  Bonpland,  dans  la 
Nouvelle-Grenade,  près  d’Almaguer,  dans 
la  même  contrée  où  je  l’ai  retrouvé  environ 
trois  quarts  de  siècle  plus  tard.  Il  y fleurissait 
en  décembre,  à une  altitude  de  2,300  mètres. 
Bonpland  publia  d’abord  l’espèce  sous  le 
nom  de  Hebeandra  phyllireoides  (2),  mais 
Kunth,  en  étudiant  avec  soin  la  plante 
pour  la  rédaction  du  grand  ouvrage  illustré 
qu’il  publia  en  collaboration  avec  les  deux 
célèbres  voyageurs,  la  ramena  avec  raison 
au  genre  Monnina  de  Buiz  et  Pavon  (3). 

Vers  1830,  la  plante  fut  introduite  vivante 
en  Angleterre,  venant  du  Pérou  (4),  mais 
elle  paraît  avoir  peu  duré  dans  les  collec- 
tions, car  nous  n’avons  jamais  pu  en  retrou- 


445 

ver  la  trace  dans  les  serres  froides  où  elle 
aurait  pu  conserver  une  place. 

Gomme  pour  le  Streptosolen  Jamesoni, 
le  Monnina  ohtusifolia  est  donc  une 
réintroduction  offerte  aux  amateurs.  Il  se 
recommande  à la  fois  comme  plante  de 
serre  tempérée-froide  sous  le  climat  de 
Paris,  et  comme  arbuste  de  plein  air  dans 
la  région  méditerranéenne.  A Cannes,  il  a 
souffert  du  froid  exceptionnel  de  cette 
année  ; mais,  comme  le  Phyllanthus  sal- 
viœfolius  et  d’autres  espèces  touchées  par 
les  fortes  gelées  de  mars  1883,  il  a repoussé 
vigoureusement. 

Les  horticulteurs  et  amateurs  qui  désire- 
ront se  procurer  le  Monnina  ohtusifolia, 
peuvent  s’adresser  à M.  Georges  Bruant, 
horticulteur  à Poitiers,  qui  le  mettra  au 
commerce  au  printemps  de  1884. 

Ed.  André. 


CULTURE  DES  ARTICHAUTS  EN  RUSSIE 


Dans  un  article  paru  dans  la  Revue  horti- 
cole (numéro  du  16  septembre  1882),  et  inti- 
tulé: Culture  exceptionnelle  d’artichauts,  se 
trouvent  quelques  passages  inexacts  qui  dé- 
naturent cet  article  et  lui  enlèvent  sa  valeur, 
ce  qui  m’engage  à appeler  de  nouveau  l’at- 
tention sur  cette  singulière  culture. 

Le  terme  « exceptionnelle,  » qui  est  de 
toute  exactitude  pour  l’Europe  chaude  et 
même  tempérée,  ne  l’est  pas  pour  l’Europe 
septentrionale  où  nous  nous  trouvons,  de 
sorte  que  sa  culture  peut  être  complète- 
ment différente.  Ainsi,  je  cultive  des  Arti- 

i\)  Monnina  ohtusifolia,  H.  B.  K.  — Frutex  gla- 
ber;  rami  graciles  suberecti,  cylindracei,  juniores 
foliis  delapsis  nodosi;  folia  alterna,  sessilia,  paten- 
tia,  oblongo-obtusa  basi  cuneata,  subcoriacea,  mar- 
gine  acietato  albido  retuso,  obsolète  venosa  ; racerai 
ad  summos  ramulos  erecti,  spiciformes;  flores  mi- 
nores subsessiles,  sepalis  3 exterioribus  minus- 
culis  concavis,  hispidis,  2 interioribus  maximis 
alatis  orbicularibus,  atrocœruleis,  petalis  tribus 
minutis  violaceo-aureis,  medio  galeato  trilobo, 
2 lateralibus  subconniventibus  cochleato-linguæfor- 
mibus  intus  hispidis,  antheris  biglobosis,  fila- 
mentis  sericeis;  fructus  drupacei,ovoidei,  notantes, 
maturi  læte  rubri.  — Grescit  in  regione  Pastensi 
Novo-Granatensium,  ait.  cire.  2300  metr.  Ed.  A. 

(2)  Mag.  d.  Gesellch.  nat.  Fr.  zu  Berl.  2 Jahrg. 
1808,  p.  41. 

(3)  Nov.  gen.  et  spec.  pl.  am.  5,  p.  411.  — 
Sxjn.  plant,  œquin.  II,  p.  319.  — DG.  Prodr.  I, 
p.  338. 

(4)  Bot.  Mag.,  t.  3122. 


chauts,  en  Russie,  depuis  huit  ans,  et  en 
assez  grande  quantité  pour  avoir  eu  l’oc- 
casion de  faire  différentes  remarques  sur 
cette  culture.  Voici  à ce  sujet  ce  que  j’ai 
observé  : 

Dans^les  contrées  méridionales,  les  semis 
de  printemps  végètent  avec  beaucoup  de 
vigueur,  mais  ne  donnent  pas  de  fleurs  la 
première  année,  tandis  que  les  plantes  bi- 
sannuelles conservées  en  cave  l’hiver  don- 
nent de  très-beaux  produits. 

Dans  les  contrées  russes  du  midi  et  du 
centre  même,  nous  semons  au  commence- 
ment du  mois  de  mars.  Aussitôt  que  la  pre- 
mière feuille,  après  les  cotylédons,  a paru, 
nous  rempotons  les  plants  dans  de  tout  petits 
godets,  et  nous  recommençons  plusieurs  fois 
pendant  le  temps  qui  sépare  la  levée  de  la 
mise  en  place, qui  a lieu  depuis  le  9 jusqu’au 
15  mai.  Les  plants,  à cette  époque,  n’ont  pas 
plus  de  quatre  à cinq  feuilles,  et  certainement 
ne  représenteraient  pas  des  touffes  à pouvoir 
produire  de  fortes  têtes  d’ Artichauts.  Pour- 
tant il  en  est  tout  autrement,  et  au  bout 
d’un  mois  environ,  la  tige  florale  commence 
à s’allonger  progressivement,  et  porte  bien- 
tôt un  fort  capitule  tendre  et  très-présen- 
table, c’est-à-dire  une  belle  tête  d’ Artichaut. 

Cette  année  j’ai  fait,  le  5/17  mars,  le 
semis  des  variétés  suivantes  : 

Artichauts  Gros  vert  de  Provence,  Gros 


446 


EXPOSITION  d’horticulture  DE  TOURS. 


violet  de  Provence,  Gros  violet  d'* Athènes, 
Vert  de  Laon,  Vert  des  Anglais  (variété 
très-épineuse),  Gros  Camus  de  Bre- 
tagne. 

Le  18/30  juin,  sur  toutes  les  variétés 
indistinctement,  je  récoltais  les  premiers 
Artichauts,  et  aujourd’hui  4/16  août,  sur 
les  branches  secondaires,  se  cueillent  des 
Artichauts  de  30  centimètres  de  circonfé- 
rence et  de  toute  première  qualité  ; mais 
je  dois  dire  que  les  plantes  n’ont  jamais 
manqué  d’eau. 

L’Artichaut  est  un  légume  rare  et  tou- 
jours d’un  grand  prix  dans  nos  contrées, 
parce  qu’on  le  conserve  beaucoup  pour 
l’hiver. 

Quant  au  mode  de  traitement,  il  ne  pa- 
raît pas  nécessaire  de  faire  geler  la  racine 
pour  obtenir  des  fruits  la  première  année 
du  semis.  Cette  opération  n’a  jamais,  à mon 
avis,  eu  d’autre  résultat  que  de  produire 
une  sorte  de  pinçage  du  pivot  et  de  con- 
centrer la  force  vers  le  collet  de  la  jeune 
plante  en  lui  faisant  développer  un  plus 


grand  nombre  de  radicelles.  Cette  année, 
j’ai  tenu  à m’assurer  du  fait,  et  la  moitié  de 
mes  plants  a été  pincée  au  moment  du  pre- 
mier rempotage,  tandis  que  l’autre  moitié  a 
été  soumise  au  gelage  des  racines  qui  ne 
doit  pas  se  prolonger  au-delà  de  vingt  à 
quarante  minutes  pour  que  l’opération  soit 
terminée,  et  non  pas  de  six  à huit  jours, 
comme  on  vous  l’a  écrit. 

Toutes  mes  variétés,  quoique  traitées  dif- 
féremment, sont  arrivées  ensemble  à donner 
leur  pomme.  Donc  il  n’y  a,  à mon  avis, 
que  le  climat  qui  influe  sur  la  production 
anticipée  des  Artichauts,  et  non  un  mode  de 
culture  particulière.  J’ajouterai  aussi  que 
toutes  ces  variétés,  excepté  le  Gros  Camus 
de  Bretagne,  ont  conservé  leurs  caractères 
particuliers  ; mais,  en  général,  ils  sont  plus 
ou  moins  épineux,  surtout  les  verts  ; les 
violets  ne  le  sont  pas  autant,  et  produisent 
beaucoup  moins  que  tous  les  autres. 

G.  Dubois, 

Jardinier  chez  M.  S.  A.  Therestchentko, 
^gouvernement  de  Koursk  (Russie.) 


EXPOSITION  D’HORTICULTURE  DE  TOURS 


La  Société  tourangelle  d’horticulture  a 
ouvert  sa  dernière  Exposition  le  16  sep- 
tembre, dans  le  jardin  de  la  Préfecture  de 
Tours.  Les  envois  étaient  relativement  peu 
nombreux,  mais  les  plantes  témoignaient 
d’une  bonne  culture  et  un  certain  nombre 
de  lots  étaient  vraiment  remarquables. 

Deux  faits  saillants  caractérisaient  cette 
exposition  : le  dessin  du  jardin  et  les  apports 
de  plantes  nouvelles. 

Au  lieu  de  présenter  les  contours  obligés 
du  jardin  dit  paysager  qui  se  reproduit  dans 
presque  toutes  les  expositions  horticoles, 
avec  ses  allées  sinueuses,  ses  pelouses 
fraîchement  semées  et  le  filet  d’eau  inévi- 
table, on  a pu  constater  que  l’artiste  chargé 
de  ce  soin  à Tours  avait  cherché  des  formes 
symétriques,  dites  « à la  française  » ; c’est 
une  tendance  à encourager.  Cette  disposi- 
tion était  très- favorable  au  groupement  des 
lots,  M.  Chevallier  ayant  eu  le  soin  de  varier 
avec  à propos  les  espaces  fleuris  de  ses  par- 
terres et  de  leur  cadre.  Nous  en  avons  fait 
relever  le  plan,  que  la  Bevue  horticole 
publiera  prochainement  avec  une  légende 
explicative. 

Les  plantes  nouvelles,  sur  le  compte  des- 


quelles il  est  bon  d’insister,  constituaient 
pour  Tours  un  intérêt  horticole  inusité. 
Nous  avons  vu  sans  doute,  dans  les  grandes 
expositions  précédentes  de  cette  ville,  des 
apports  d’une  grande  beauté,  les  pépinié- 
ristes prouvant  aisément  que  toutes  les  nou- 
veautés de  plein  air  leur  étaient  familières, 
les  horticulteurs-fleuristes,  à la  tête  desquels 
se  trouvent  incontestablement  MM.  Delahaye 
et  Dallière,  sachant  arriver  bons  premiers  à 
l’occasion  avec  les  nouvelles  introductions 
de  l’Angleterre  et  de  la  Belgique.  Cette  fois 
encore,  ces  habiles  cultivateurs,  qui  avaient 
exposé  hors  concours  pour  ne  pas  enlever 
la  plus  grande  partie  des  récompenses  à 
leurs  concurrents,  ont  affirmé  leur  supério- 
rité par  de  riches  collections  dont  nous 
citerons  tout  à l’heure  les  principales. 

Un  fait  digne  d’être  noté  se  dégageait  de 
l’exposition  de  MM.  Delahaye  et  Dallière  : 
la  première  floraison  en  Europe,  à notre 
connaissance  du  moins,  du  Vriesea  sangui- 
nolenta  (1),  que  nous  avons  jadis  publié 
sans  pouvoir  en  compléter  la  description, 
faute  de  fleurs.  La  plante  était  représentée 

(l)  Vriesea  sanguinolenta,  Ed.  André,  in  Lind. 
Illustr.  hortic.,  XXII,  pp.  43-44  et  68. 


447 


EXPOSITION  d’horticulture  DE  TOURS. 


à Tours  par  un  superbe  exemplaire  à 
feuilles  longues  de  près  d’un  mètre,  d’un 
très-beau  vert,  ornées  à la  base  de  taches 
couleur  de  sang  noir  ocellées  de  vert. 

Mais  arrivons  aux  plantes  de  nouvelle 
introduction.  Un  beau  lot,  envoyé  par  notre 
dévoué  collaborateur,  M.  A.  delaDevansaye, 
de  ses  riches  collections  duFresne,  compre- 
nait les  espèces  suivantes  : Vriesea  War- 
mingii,  nouvelle  espèce  brésilienne  à 
grande  et  belle  végétation,  portant  un  épi 
distique,  haut  de  1 mètre,  garni  de  fleurs 
jaunes;  Gmmania  Melinoni,  aux  jolies 
feuilles  lignées  aurore,  inflorescence  ovoïde 
d’un  beau  ton  orangé,  fleurs  jaunes  ; Guzma- 
nia  Devansayana,  à l’épi  écarlate  et  doré, 
s’élevant  au  milieu  d’élégantes  feuilles  lon- 
gitudinalement rayées  de  violet  et  de  vert, 
charmante  nouveauté  ; Tillandsia  Lindeni 
vera,  type  recherché  en  Angleterre  et 
provenant  de  l’horticulteur  Williams  ; Cryp~ 
tanthus  Beuckeri,  aux  curieuses  feuilles 
en  aviron,  dentées,  lavées  de  vert,  de  gris, 
de  rose  et  de  blanc  ; Yriesea  glaucophylla 
ou  espèce  voisine,  à feuilles  cendrées,  à 
grands  panicules  composées  d’épillets  disti- 
ques portant  des  fleurs  bleu  violet,  à 
anthères  jaunes;  Hoplophytum  giganteum 
(vrai),  énorme  et  beau  feuillage. 

Voilà  pour  les  Broméliacées,  toutes 
plantes  de  premier  ordre. 

Dans  les  Aroïdées,  le  Philodendron  aspe- 
raturuy  rare  et  curieux,  unique  jeune  plante 
issue  de  l’exemplaire  du  Jardin  botanique 
de  Bruxelles;  Philodendron  species  (?), 
belle  espèce  sortie  des  serres  de  MM.  Veitch, 
de  Londres,  non  encore  déterminée  et 
remarquable  par  son  grand  feuillage  cordi- 
forme  à nervures  creusées  et  vert  noir. 

L’ensemble  du  lot  de  M.  de  la  Devansaye 
a été  fort  admiré,  pour  sa  belle  culture 
autant  que  pour  la  grande  rareté  des  espèces 
qui  le  composaient. 

Le  second  amateur  étant  M.  Ed.  André, 
qui  avait  envoyé  de  ses  serres  de  Lacroix 
une  collection  de  plantes  nouvelles  intro- 
duites par  lui  de  l’Amérique  du  Sud,  on 
comprendra  que  nous  n’en  parlions  ici  que 
pour  donner  l’énumération  des  principales 
espèces  exposées  dans  ce  lot  : 

Philodendron  Mamei  (Ecuador.).  — 
Caraguata  sanguinea  (Los  Astrojos , 
Nouvelle-Grenade.)  — Puya  Gigas  (La- 
guna  Cocha,  Nouvelle-Grenade.)  — Til- 
landsia lineata  (Nouvelle -Grenade).  — 


Epidendrum  arachnoglossum  (Puracé, 
Nouvelle-Grenade).  — Tillandsia  Lindeni 
tricolor  (Rio  del  cristal,  Ecuador.)  — An- 
thurium Andreanum  (Armada,  Nouvelle- 
Grenade).  — Tillandsia  Armadce  (Ar- 
mada, Nouvelle-Grenade),  etc.,  etc. 

L’accueil  fait  à cette  tentative  de  décen- 
tralisation a prouvé  que  le  public  touran- 
geau était  très-sympathique  aux  introduc- 
tions nouvelles  dont  on  lui  donnait  la 
primeur,  et  il  a salué  avec  joie,  sur  l’éti- 
quette d’une  de  ces  plantes,  le  nom  de 
M.  A.  Marne,  qui  s’est  fait  le  zélé  promoteur 
de  nouvelles  importations. 

Si  nous  revenons  aux  nombreux  apports 
de  MM.  Delahaye  et  Dallière,  nous  les 
trouverons  représentés  par  d’importantes 
collections  de  serre  chaude  parmi  lesquelles 
nous  avons  noté,  comme  spécimens  de  belle 
culture  : Tillandsia  tessellata,  Dracœna 
■ Baptisti,  Grotons  en  collection,  Aralia 
gracilUma,  Ananassa  sativa  variegata, 
Ixora  Fraseri,  Bouvardia  variés,  Dieffen- 
hachia  Parlatorei,  Bertolonia  Mirandeiy 
Anthurium  Andreanum,  Impatiens  Sul- 
tani,  etc. 

Des  mêmes  exposants,  une  collection  de 
Coleus  bien  cultivés  faisait  distinguer  spé- 
cialement les  variétés  suivantes,  choisies 
parmi  un  grand  nombre  : Triomphe  de 
Saint- André,  Charles  de  Franciosi,  Juste 
Delesalle , Charles  Somers , Vandame 
Grandel,  Madame  Somers,  Madame  Yan 
den  Heede. 

C’est  encore  à MM.  Delahaye  et  Dallières 
que  l’Exposition  devait  un  lot  de  beaux 
Dahlias  à fleurs  simples,  plantes  recherchées 
aujourd’hui,  et  sur  lesquelles  nous  avons  à 
dire  un  mot.  En  dehors  de  toute  fantaisie 
passagère,  de  tout  caprice  éphémère  de  cette 
roue  de  fortune  sous  laquelle  la  mode  doit 
se  courber,  les  Dahlias  à fleurs  simples  ont 
une  valeur  décorative  indiscutable.  Il  n’y  a 
rien  de  plus  brillant  qu’un  groupe  des  va- 
riétés à fleurs  éclatantes  appartenant  au 
Dahlia  gracilis,  c’est-à-dire  à ces  formes 
diverses  à ligules  écarlates  et  à centre  jaune 
d’or.  La  variété  gracilis  superha,  au  feuil- 
lage finement  lobé,  nous  paraît  l’une  des 
plus  belles  et  des  plus  élégantes,  si  elle  ne 
dépasse  pas  toutes  les  autres.  Un  massif  de 
cette  variété  seule  produirait  l’effet  le  plus 
ornemental  et  le  plus  gracieux  qu’on  puisse 
imaginer.  D’ailleurs,  nous  sommes  d’avis 
que  pour  obtenir  des  effets  de  ce  genre 


448 


PÊCHE  ALEXIS  LEPÈRE. 


dans  les  grands  jardins  et  les  parcs,  on  ne 
doit  employer  que  les  nuances  vives  comme  : 
gracilis  elegans,  g,  perfecta,  g.  superha 
(écarlate),  Painted  lady  (violet),  Warrior 
(écarlate  foncé),  le  Baron  (noir),  Morning 
star  (pourpre  foncé),  etc.  Au  contraire,  nous 
croyons  qu’il  serait  bon*  d’exclure  les  va- 
riété entièrement  jaunes,  qui  ressemblent 
trop  à des  Soleils  (Helianthus),  les  blan- 
ches, qui  rappellent  des  grandes  Margue- 
rites (Leucanthemum),  et  les  variétés  à 
fleurs  pâles,  lilacées,  violacées,  rosées,  car- 
nées, qui  se  rapprochent  trop  des  anciens 
Dahlias  doubles  en  train  de  dégénérer. 

Deux  exposants  associés  de  Tours , 
MM.  Travouillon  et  Robert,  se  sont  révélés 
par  d’importants  envois,  et  des  plantes  de 
très-bonne  culture.  Dans  leurs  lots,  nous 
avons  noté  de  beaux  exemplaires  de  Cya- 
nophyllum  magnificum,  Bégonia  Gum- 
hleton,  B,  Madame  Ménoreau,  Anthu- 
rium crystallinum,  de  jolis  Bouvardia 
Humholdti,  Alfred  Neuner  et  elegans, 
des  Gloxiniàs  variés,  Vlmpatiens  Sultani 
cultivé  en  plein  air,  une  Ipomée  trop 
rare  (Calonyction  macrantholeucum)  aux 
grandes  corolles  parfumées  et  fugaces,  des 
Chrysanthèmes  précoces  et  des  collections 
de  Cannas  et  de  Fuchsias  bien  amenées. 
Mais  nous  tenons  surtout  à louer  leurs  Bé- 
gonias arbustifs,  que  les  variétés  tubéreuses 
font  trop  délaisser  aujourd’hui,  et  nous 
sommes  heureux  de  citer  la  bonne  culture 
des  variétés  suivantes,  toutes  connues, 
mais  toutes  précieuses  pour  la  décoration 
estivale  des  jardins  : Bégonia  lucida  et  ses 
variétés  vernicosa,  suaveolens,  Albatros, 
albida,  B.  semperflorens,  B.  s.  Madame 
Phil.  Lemoine  (rose  vif)  ; B.  Ascottiensis, 
castaneœfolia  et  C.  alba,  Ingrami,  dis- 
color,  metallica,  Louis  Van  Houtte. 

M.  Chatenay,  pépiniériste  à Tours,  avait 
exposé,  hors  concours,  de  magnifiques 
Roses  en  fleurs  coupées,  que  malheureu- 
sement un  soleil  trop  vif  a rapidement  flé- 
tries, mais  qui  n’en  étaient  pas  moins  dignes 
d’éloges. 


Du  Jardin  botanique  de  Tours,  l’habile 
jardinier-chef,  M.  Madelain,  avait  apporté 
un  beau  lot  de  plantes  de  serre  à feuillage  : 
Pandanées,  Palmiers,  Clavija  ornata, 
grandes  Broméliacées,  Agaves,  etc.  Plus 
remarquable  et  plus  utile  encore  était  la 
collection  de  plantes  officinales  des  tropi- 
ques, due  au  même  établissement.  C’est 
un  excellent  moyen,  cette  exhibition,  pour 
répandre  dans  le  public  la  connaissance  de 
ces  végétaux  bienfaiteurs  de  l’humanité  : le 
Quinquina  {Cinchona  succirubra,  lanci- 
folia  et  Calisaya),  le  Café  {Coffea  arabica), 
le  Goyavier  {Psidium),  l’écorce  de  Winter 
{Drymis  Winteri),  le  Croton  (Croton  sebi- 
ferum),  le  bois  de  fer  {Guaiacum  offici- 
nale), etc.  Il  ne  manquait  à cet  envoi  si 
intéressant  que  des  étiquettes  détaillées 
faisant  connaître  les  usages  de  chaque 
plante. 

Les  beaux  fruits  de  M.  Méchin,  de  Ghe- 
nonceaux.  Raisins  et  Poires,  indiquaient  la 
richesse  des  collections  de  cet  amateur  dis- 
tingué. Celles  de  MM.  Ronflard,  Gibert, 
Debreuil,  Gerberon-Neau,  Jamain,  Fou- 
queray.  Doublet,  Vigneau  (Poires  de  semis) 
étaient  les  principales  collections  pomolo- 
giques  de  l’exposition. 

Une  jolie  petite  plante  exposée  par  M.  Au- 
bert-Gauthier, le  Chœnostoyna  hispidum, 
aux  feuilles  menues,  dentées,  aux  fleurs 
blanches  petites,  mais  nombreuses,  disait 
quelles  jolies  bordures  on  pourrait  faire  de 
cette  gracieuse  Scrophularinée. 

On  ne  peut  citer,  dans  cet  exposé  succinct, 
toutes  les  belles  plantes  de  M.  Queneau- 
Poirier  (Bégonias),  Delanoue,  Aubert-Gau- 
thier, Savary,  Houdaye-Deniau  (Dahlias), 
Barillet  (Dahlias),  Fournier,  jardinier-chef 
à Villandry  (Caladium),  Reverdy-Durand 
(Bruyères),  etc.  Mais  il  suffît  d’avoir  signalé 
rapidement  les  spécialités  et  les  traits  sail- 
lants de  la  dernière  exposition  tourangelle 
pour  montrer  que  la  Société  qui  l’a  orga- 
nisée n’a  pas  démérité  de  sa  vieille  et  légi- 
time réputation. 

Ed.  André. 


PÈCHE  ALEXIS  LEPÈRE 


Cette  Pêche  est  digne  du  nom  qu’elle 
porte,  celui  d’un  homme  qui,  pendant  sa 
longue  carrière,  a su  donner  une  impulsion 
immense  à la  culture  du  Pêcher. 


Cette  variété,  rapportée  par  M.  Lepère  fils, 
qui  l’a  obtenue  de  semis  dans  les  cultures 
qu’il  dirige  depuis  de  longues  années,  dans 
le  nord  de  l’Europe,  rentre  dans  le  groupe 


FRUCTIFICATION  DE  L’EVONYMUS  JAPONICUS  FASTIGIATUS.  — IMPATIENS  SULTANI.  449 


désigné  par  le  nom  collectif  de  Made-‘ 
leines. 

Elle  est  à la  fois  remarquable  par  sa 
grosseur,  sa  forme,  sa  beauté  et  son  aspect 
général,  et,  tout  parliculièrement,  par  sa 
qualité,  qui  est  exquise.  En  voici  les  carac- 
tères : 

Arbre  très-productif,  de  vigueur  moyenne, 
à rameaux  relativement  faibles  et  grêles. 
Feuilles  dépourvues  de  glandes,  moyennes 
ou  même  petites,  d’un  vert  brillant,  sensi- 
blement dentées  sur  les  bords.  Fleurs 
campanulacées,  assez  grandes.  Fruit  gros 
ou  très-gros,  subsphérique,  parfois  un  peu 
inéquilatéral,  marqué  d’un  côté  seulement 
d’un  sillon  large,  peu  profond.  Cavité  pé- 
donculaire  moyenne,  assez  évasée.  Point 
pistillaire  nul  ou  à peine  marqué.  Peau  fine. 


courtement  velue  ou  presque  glabre,  très- 
dure  au  toucher  et  comme  onctueuse,  d’un 
rouge  vineux  très -foncé  dans  toutes  ses 
parties,  ordinairement  flagellée  et  rubanée 
de  brun  noirâtre  comme  l’est  souvent  la 
Madeleine  de  Courson.  Chair  non  adhé- 
rente au  noyau,  blanc  jaunâtre,  rouge 
autour  du  noyau,  très-fondante,  contenant 
en  très -grande  abondance  une  eau  sucrée, 
finement  et  très-agréablement  parfumée. 
Noyau  régulièrement  ovale,  roux  foncé, 
très-largement  sillonné.  Maturité  août-sep- 
tembre. 

Cette  excellente  variété,  qui  ne  doit  man- 
quer dans  aucune  collection,  a été  mise  au 
commerce  par  M.  Coulombier,  pépiniériste 
à Vitry  (Seine).  * 

E.-A.  Carrière. 


FRUCTIFICATION  DE  L’BYONYMUS  JAPONICUS  FASTIGIATUS 


Ayant  déjàdécrit(l)  cette  forme  si  remar- 
quable de  VEvonymusJaponicus,  nous  ren- 
voyons, pour  les  caractères  généraux  de  la 
plante,  à la  description  que  nous  en  avons 
faite,  et  nous  nous 
bornerons  ici  à parler 
de  sa  fructification,  et 
surtout  à décrire  les 
fruits  qui  sont  peu 
connus,  ce  qui  nous  a 
engagé  à en  donner 
une  figure. 

Fruits  sphériques, 
dressés,  atteignant 
6 à 7 millimètres  de 
diamètre,  lisses,  unis 
et  comme  vernis,  por- 
tant au  sommet  un 
mucron  raide  ou  sorte 
d’apicule  d’environ 
4 millimètres  de  lon- 
gueur, à quatre  valves 
régulières,  à peu  près  égales.  Pédoncule 
principal,  d’environ  3 centimètres  de  lon- 
gueur, courbé  et  ramifié  vers  le  sommet 
d’où  partent  des  pédicelles  fructifères. 


Particularités.  Le  pédoncule  général 
prend  souvent  une  teinte  rouge  assez  pro- 
noncée; les  fruits  très-luisants  se  colorent 
également,  et  alors  ils  sont  comme  trans- 
parents et  simulent 
des  Groseilles  à grap- 
pes. Quant  aux  grai- 
nes, leur  testa  est 
rouge  orangé  comme 
celui  de  toutes  les  va- 
riétés diEvonymm 
Japonicus. 

Les  fruits  de  VEv. 
Japonicus  fastigiatus 
mûrissent  très-tardi- 
vement, souvent  même 
assez  avant  dans  l’hi- 
ver. D’autre  part,  il 
arrive  fréquemment 
que  ces  fruits  avor- 
tent en  grande  par- 
tie et  tombent  avant 
d’avoir  atteint  leur  complet  développement, 
ce  qui  est  probablement  dû  à une  féconda- 
tion imparfaite  ou  même  nulle. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  92.  — Ramille  fructifère  de  VEvonymus 
Japonicus  fastigiatus,  de  grandeur  naturelle. 


IMPATIENS  SULTANI 


En  décembre  dernier,  M.  Godefroy-Le- 
beuf,  horticulteur  à Argenteuil,  annonçait 
(1)  Voir  Revue  horticole,  1882,  p.  529. 


dans  son  journal  V Orchidophile  une  nou- 
velle Balsamine  récemment  introduite  de 
l’Afrique  centrale.  La  description  qu’il  fai- 


450 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


sait  de  cette  espèce  était  des  plus  allé- 
chantes, et  promettait  aux  amateurs  de 
plantes  à ornementation  estivale  une  nou- 
velle conquête. 

On  peut,  dès  à présent,  dire  que  l’essai 
qui  en  a été  fait  cet  été  a pleinement 
confirmé  l’espérance  que  l’on  avait  fondé 
sur  le  mérite  de  cette  jolie  plante.  Du  reste 
les  sujets  qui  étaient  en  multiplication 
l’hiver  dernier,  dans  les  serres  de  M.  Gode- 
froy-Lebeuf,  et  qui  n’ont  pas  cessé  de  se 
couvrir  de  fleurs  aux  gracieux  coloris  rouge 
vineux  brillant  à reflets  de  teinte  groseille, 
ne  laissait  aucun  doute  sur  la  valeur  de 
cette  nouvelle  recrue  pour  la  décoration  des 
corbeilles  de  jardins.  Quant  à moi  je  tentai 
l’expérience  avec  une  grande  confiance,  me 
rappelant  V Impatiens  platypetala. 

Vers  1855,  M.  Rossiaud,  jardinier  chez 
M.  le  comte  de  Talleyrand,  un  des  plus 
grands  amateurs  de  cette  époque,  avait 
réuni  dans  ses  cultures  environ  2,000  es- 
pèces et  variétés  de  plantes.  L’élément  qui 
alors  dominait  dans  les  serres  des  amateurs, 
était  surtout  les  plantes  dites  à fleurs;  aussi 
l’attrait  qu’offraient  ces  collections  était-il 
ravissant,  chaque  saison  ayant  sa  floraison 
distincte,  et  présentant  un  nouvel  attrait  qui 
ravivait  les  jouissances. 

Combien  il  est  regrettable  que  l’on  ait 
aujourd’hui,  presque  partout,  exclu  de  nos 
collections  toutes  ces  plantes  intéressantes 
par  leurs  fleurs  et  leur  aspect  si  variés! 
Quel  charmant  contraste,  par  exemple,  for- 
maient toutes  ces  ravissantes  Acanthacées 
lors  de  leur  floraison  ! Que  de  richesses 
dans  la  famille  des  Rubiacées!  Et  qui  n’a 
pas  admiré  les  Rondeletia,  les  Rogiera, 
les  Luculia,  les  Ixora,  les  Gardénia,  les 
Sipanea,  les  Adamia,  etc.,  etc.?  Quels 
éloges  faire  de  quelques  autres  genres  que 
je  citerai  au  hasard,  comme  les  Medinilla, 


les  Melastoma,  les  Centradenia,  les  Bruns- 
felsia,  les  Siphocampylus,  quelques  Ole- 
rodendron,  les  Allamanda,  les  Moussa- 
nia,  etc.,  etc.! 

Mais  je  m’aperçois  que  le  désir  de  citer 
toutes  ces  merveilles  m’a  éloigné  de  mon 
sujet,  VImpatiens  Sultani,  et  j’y  reviens. 

L’expérience  que  M.  Page  et  moi  avons 
faite  l’été  dernier  de  cette  espèce,  nous  laisse 
croire  qu’il  faut  la  tenir  à mi-ombre.  Au 
soleil,  elle  ne  fleurit  presque  pas.  Ainsi 
M.  Page,  jardinier  chez  M.  Lebaudy,  à 
Bougival,  en  a planté  au  printemps  dernier 
un  petit  groupe  au  pied  d’un  fort  Musa,  de 
manière  qu’une  moitié  de  ce  petit  groupe 
se  trouvât  directement  exposée  aux  rayons 
du  soleil  ; de  ce  côté  il  y a eu  peu  de  fleurs, 
végétation  courte  et  rabougrie  jusqu’à  la 
mi- août,  et  ce  n’est  qu’à  ce  moment  que 
les  plantes  se  développèrent  et  fleurirent; 
tandis  que  sur  le  côté  opposé,  qui  se  trouvait 
à mi-ombre  mais  bien  aéré,  les  ^ plantes 
n’ont  cessé  depuis  le  mois  de  juin  de  se 
couvrir  de  fleurs  dont  l’éclatante  vivacité 
s’harmonisait  agréablement  avec  la  fraîcheur 
de  leur  abondant  feuillage. 

R résulte  de  ce  qui  précède  que  VImpa- 
tiens Sultani  doit  être  cultivé  à mi-ombre, 
ce  qui  explique  les  déceptions  qu’ont  éprou- 
vées beaucoup  de  personnes  en  le  plantant 
en  plein  soleil.  Dans  cette  condition  la  plante 
paraît  souffrante,  son  feuillage  est  maigre 
et  ses  fleurs  petites  et  chétives  sont  d’une 
courte  durée.  Au  contraire,  lorsqu’on  la 
place  à mi-ombre  dans  un  bon  sol  rendu 
léger  et  poreux  à l’aide  de  terreau  et  de 
vieille  terre  de  bruyère,  cette  espèce  est 
vigoureuse , développe  un  feuillage  bien 
nourri,  avec  lequel  les  fleurs,  excessivement 
abondantes  et  qui  se  renouvellent  sans  cesse, 
produisent  un  effet  ornemental  des  plus  at- 
trayants. Eug.  Vallerand. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D^HORTICÜLTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  13  SEPTEMBRE  1883 


Apports.  Comité  de  culture  potagère. 
Ont  été  présentés  lés  objets  suivants  : Par 
M.  Paillieux,  de  Crosnes,  de  magnifiques  Baikon 
dont  la  racine  blanche,  ressemblant  au  navets 
avait  environ  50  centimètres  de  longueur  sur 
9 ou  10  de  diamètre.  — Par  M.  Berthault 
de  Rungis,  de  très-beaux  Gardons  des  variétés 
Puvis,  plein  inerme.  Afin  de  concentrer  la 
» 


sève  dans  le  bourgeon  principal.  M.  Berthault 
avait  eu  lé  soin  d’enlever  tous  les  petits  dra- 
geons au  fur  et  à mesure  qu’ils  se  dé- 
veloppaient. — Par  M.  Billarand,  à Ablon, 
une  bourriche  de  Fraises  des  quatre  saisons, 
très-grosses,  égales,  et  de  toute  beauté.  — Par 
M.  Vavin,  des  Tomates  dites  de  New-York,  à 
fruit  moyen,  subsphérique,  à peine  côtelé.  — 


451 


DE  LA  LIMITE  DES  CARACTÈRES  EN  BOTANIQUE. 


Par  M.  Chemin  (Georges),  maraîcher  : Céleri 
rave,  Choux-fleurs  demi-durs,  et  des  Piments 
doux  des  variétés  dites  carrés^  longs  et  courts. 

— Par  M.  Beurdeley,  des  Pommes  de  terre 
Reine  des  Pommes  de  terre,  à tubercules 
jaunes,  allongés,  un  peu  aplatis.  Cette  variété, 
parait-il,  est  d’une  fertilité  extraordinaire.  — 
Enfin  par  M.  Dudoüy  des  tiges  garnies  de  fruits 
du  Cucumis  Anguria,  et  quatre  variétés  de 
Pommes  de  terre  cultivées  dans  des  paniers 
remplis  de  mousse  légèrement  amendée  par 
des  engrais  chimiques,  de  manière  à leur  four- 
nir l’équivalent  de  ce  qu’on  eût  pu  mettre  de 
fumier  si  elles  eussent  été  dans  de  la  terre. 
Ces  Pommes  de  terre,  plantées  dans  des  pa- 
niers en  fil  de  fer,  ne  recevaient  aucun  soin 
particulier.  Placées  en  plein  air,  au  soleil,"  on 
se  bornait  à les  arroser  lorsqu’elles  en  avaient 
besoin.  Le  produit  était  assez  abondant  et  rela- 
tivement beau. 

Au  comité  de  florienlture,  ont  été  présen- 
tés : Par  M.  Balu,  une  collection  de  Dahlias 
en  fleurs  coupées,  doubles,  appartenant  aux 
Lilliputs  et  à la  section  des  grosses  fleurs. 

— Par  M.  Lequien,  horticulteur  à Clamart,  des 
Bégonias  tubéreux  à fleurs  pleines  énormes,  de 
forme  sphéroïdale,  et  une  variété  à fleurs  sim- 
ples de  16  centimètres  de  diamètre,  régulières 
et  presque  orbiculaires. — Par  MM.  Dupanloup 
et  Ci®,  successeurs  de  M.  Loise-Chauvière,  un 
lot  de  Dahlias  à fleurs  pleines.  — Par 
M.  Eberlé,  successeur  de  M.  Pfersdorff,  de  for- 
tes potées  de  Crassula  gracilis  et  d’autres 
non  moins  belles  d’une  variété  qu’il  dit  être 
hybride  entre  les  G.  gracilis  et  le  G.  stachyura. 
De  même  taille  et  de  même  aspect  que  le 
G.  gracilis,  ce  gain,  qui  ne  diffère  du  C. 
gracilis  que  par  ses  fleurs  carnées,  ressemble 
beaucoup  au  G.  Bolusii.  — Enfin  M.  Lavallée 
présentait  des  arbustes  comprenant  les  espèces 
suivantes  : Viburnum  dentatum,  à fruits  d’un 


noir  bleu  ; V.  edule,  espèce  qui,  par  son  aspect 
et  sa  végétation,  a quelque  rapport  avec  la 
Viorne  mansienne  de  nos  bois,  mais  remarqua- 
ble et  très-ornementale  par  la  quantité  consi- 
dérable de  ses  fruits  sphériques,  gros  comme 
de  très-gros  pois,  d’un  rouge  brillant,  et 
comme  vernis  ; V.  Opulus  nana  avec  fruits  ; 
V,  acuminatum  à fruits  noirs  ; Rosa  rugosa, 
coruscans,  Kamtschatica,  en  fruits  ; Glematis 
apiifolia  dont  les  fleurs  blanches,  nombreuses, 
rappellent  un  peu  celles  du  G.  Flammula, 
mais  sans  odeur;  G.  Pitcheri  à grosses  fleurs 
d’un  violet  cendré,  rappelant  un  peu  celles  du 
G.  Viorna]  enfin  les  Gratœgus  succulenta  et 
G.  glandulosa,  à fruits  d’un  très-beau  rouge. 
Ces  deux  plantes  épineuses  se  rattachent  au 
groupe  des  G.  Grus  galli. 

Au  comité  d'arboriculture  on  remarquait 
les  apports  suivants  : Par  M.  Chevallier  (Gus- 
tave), de  Montreuil,  les  Pêches  Belle  Bausse, 
Belle  de  Vitry,  Belle  impériale,  Alexis  Le~ 
père,  du  Prado,  Bonouvrier,  Princesse  de 
Galles,  Madeleine  rouge.  Brugnon  violet  mus- 
gué.  — Par  M.  Bertaut,  de  Rosny-sous-Bois, 
une  magnifique  corbeille  de  Pêches  Blondeau, 
ainsi  qu’une  variété  de  semis  dont  il  est  l’ob- 
tenteur. — Par  M.  Aubrée,  à Ghatenay,  une 
corbeille  de  Grosse  mignonne.  — Par  M.  Ber- 
thault,  de  Rungis  (Seine),  vingt  fruits  de 
Beurré  Spence  ou  Fondante  des  bois  remarqua- 
bles par  leur  grosseur  et  surtout  par  leur  colo- 
ris d’un  très-beau  rouge  vermillon,  brillant  et 
comme  verni.  C’est  par  un  effeuillage  continu 
et  gradué  que  M.  Berthault  obtient  ce  très- 
remarquable  coloris.  Ce  mode  d’opérer  n’a 
pas  l’inconvénient  de  saisir  les  fruits  comme 
celui  qu’on  pratique  d’une  seule  fois  lorque  les 
fruits  commencent  à mûrir,  ce  qui  en  arrête 
plus  ou  moins  le  développement.  Au  contraire 
par  ce  moyen  les  fruits  s’habituent  à l’air  et  à 
la  lumière,  grossissent  et  se  colorent  fortement* 


DE  LA  LIMITE  DES  CARACTÈRES  EN  BOTANIQUE 


Au  lieu  de  en  bdtanique,  » nous  pour- 
rions dire  en  histoire  naturelle,  celle-ci 
comprenant  la  science  générale,  dont  la 
botanique  fait  partie. 

Mais  comme  l’histoire  naturelle  est  très- 
étendue  et  surtout  complexe,  ndus  devdns 
préciser  et  asseoir  nos  démonstrations  sur 
un  fait  tangible  et  sur  des  caractères  bien 
accentués,  qui  ne  prêtent  ni  à la  confusion, 
ni  à l’ambiguité.  Tels  sont  ceux  que  nous 
allons  citer  ; non  seulement  ils  sont  clairs, 
précis  et  concluants,  mais  ils  ont  l’im- 
mense avantage  de  porter  sur  une  plante 
des  plus  vulgaires  et  qu’à  peu  près  tout  le 


monde  connaît  : sur  le  Phaseolus  multi- 
ftorus  ou  coccineus,  vulgairement  c Haricot 
d’Espagne.  3>  Les  caractères  invoqués  pour 
la  démonstration  varient  entre  V annualité 
et  la  pérennité,  les  racines  filiformes  et  les 
souches  ligneuses  ; en  d’autres  termes,  nous 
allons  démontrer  comment  dans  une  même 
espèce  on  passe  d’une  plante  tout  à fait 
annuelle,  à racines  filiformes,  à une  plante 
sous-frutescente  par  ses  tiges  et  à souche 
ligneuse  très-volumineuse,  cela  brusque- 
ment, dans  l’intervalle  d’une  seule  année, 
ou  plutôt  de  quelques  mois. 

Après  ces  quelques  considérations  géné- 


452 


DE  LA  LIMITE  DES  CARACTÈRES  EN  BOTANIQUE. 


raies  abordons  la  démonstration,  qui  est 
d’autant  plus  facile  qu'elle  se  réduit  à l’ob- 
servation et  à l’exposition  de  faits  dont 
beaucoup  de  cultivateurs  ont  pu  être 
témoins  ; il  nous  suffira  donc  de  les  leur 
rappeler  ; ils  pourront  alors  .se  convaincre 
et  même  vérifier  le  fait  par  l’expérience, 
qui  est  des  plus  simples,  puisqu’il  suffit  de 
semer  et  d’observer. 

On  sème  en  mai,  à une  bonne  exposition, 
fortement  insolée,  les  Haricots  d’Espagne, 
aussitôt  que  les  gelées  ne  sont  plus  à crain- 
dre et  que  la  terre  est  déjà  échauffée  ; on 
laisse  croître  les  plantes  en  les  ramant  ou 
en  les  faisant  grimper  sur  des  supports 
quelconques.  Elles  ne  tardent  pas  à fleurir 
et  à fructifier,  et  aucunes  ne  montrent 
extérieurement  de  différences  ; mais  il  en 
est  autrement  si  on  visite  le  pied  : on  voit 
alors  que  certains  sont  légèrement  renflés, 
que  d’autres  le  sont  même  beaucoup  et  que 
ce  renflement,  de  plus  en  plus  consistant, 
devient  même  sous-frutescent  ou  ligneux-tu- 
béreux.  Si  l’on  arrache  ces  renflements  avec 
précaution,  qu’on  rabatte  les  tiges  en  leur 
conservant  une  certaine  longueur,  qu’on 
empote  les  plantes  et  qu’on  les  mette  dans 
une  serre  en  leur  donnant  les  soins  néces- 
saires, elles  se  conservent,  et  au  printemps 
suivant  elles  produisent  des  bourgeons  qui,  à 
leur  tour,  s’élèvent,  fleurissent  et  fructifient. 
Si  ces  pieds  sont  suffisamment  abrités,  ils 
peuvent  même  rester  en  place  l’hiver,  gros- 
sir, repousser,  fleurir  et  fructifier  chaque 
printemps.  Nous  avons  constaté  ce  fait  chez 
un  maraîcher,  route  de  Créteil , près  de 
Charenton-Alfort  (Seine)  (1). 

Ces  faits,  que  tout  le  monde  peut  vérifier, 
démontrent  de  la  manière  la  plus  évidente 
la  formation  de  caractères  nouveaux  par  la 
transformation  des  anciens.  Mais  alors,  que 
devient  le  caractère  annuel  indiqué  par  de 
nombreux  auteurs,  comme  propre  au  Ha- 
ricot d’Espagne? 

Cette  espèce  est  d’autant  plus  singulière, 
d’autant  mieux  choisie  pour  faire  réfléchir 
sur  la  valeur  des  caractères  et  sur  la  manière 
dont  ils  se  forment,  qu’elle  réunit  à la  fois, 
dans  un  même  semis  et  brusquement,  toute 
la  série  des  caractères  que  l’on  considère 
comme  distinctifs  des  grands  groupes  de 

(1)  Cette  année,  grâce  à la  douceur  de  l’hiver, 
plusieurs  pieds  placés  en  pleine  terre  ont  conservé 
la  base  de  leur  tige  qui  a elle-même  produit  des 
bourgeons. 


végétaux.  C’est  une  sorte  de  trait  d’union 
qui  relie,  en  les  confondant,  les  caractères 
de  DURÉE  : annuel,  bisannuel,  vivace,  et 
ceux  de  nature  : filiforme-annuel,  tube- 
reux-ligneux. 

C’est  donc  tout  à fait  à tort  qu’on 
a dit  en  parlant  du  Haricot  d’Espagne, 
((  qu’il  est  vivace,  mais  cultivé  comme  an- 
nuel. » La  vérité,  c’est  qu’il  est  à la  fois 
annuel  et  vivace,  et  même  plus,  démonstra- 
tion d’autant  plus  facile  à faire,  d’autant 
plus  nette  et  plus  caractéristique,  qu’il  n’est 
pas  besoin  d’un  long  intervalJe  de  temps,  ni 
de  multiplier  les  expériences  en  ajoutant  les 
uns  aux  autres  les  résultats  obtenus,  pour 
constater  ces  changements.  Non  I c’est  brus- 
quement, dans  une  même  année  et  dans 
un  même  semis,  qu’on  remarque  toutes  ces 
diversités  (1).  En  effet,  étant  semées  en 
mai,  toutes  les  plantes  fleurissent  et  fruc- 
tifient à partir  de  juillet,  et  à l’automne, 
quand  on  les  arrache,  on  voit  queda  plus 
grande  partie  ont  des  radicelles  ténues, 
nombreuses , et  déjà  mortes,  que  chez 
d’autres  individus  le  pivot  est  légèrement 
renflé,  charnu,  consistant  ; et  qu’enfin  pour 
d’autres  le  pivot  est  fortement  épaissi, 
fusiforme,  parfois  arrondi,  résistant,  su- 
béreux-ligneux.  Si  l’on  arrache  toutes 
ces  plantes,  qu’on  les  empote  et  les  mette 
dans  une  serre  en  leur  donnant  à toutes 
les  mêmes  soins,  on  remarque  que  le 
plus  grand  nombre  sèchent  (annuelles); 
que  certaines  se  conservent  et  repoussent 
un  peu  l’année  suivante,  mais  qu’elles  ne 
vont  pas  au  delà  (bisannuelles)  ; que  d’au- 
tres vivent  plusieurs  années  en  conservant 
même  une  partie  de  leurs  tiges  (vivaces); 
enfin  qu’il  en  est  quelques  autres  dont  la 
souche  prend  un  fort  développement,  devient 
solide  et  produit  même  des  racines  d’une 
nature  analogue,  et  que  les  tiges  tendent 
également  à prendre  la  consistance  du  bois 
{ligneuses),  et  qu’on  a alors  une  plante  fru- 
tescente ou  sous- frutescente,  une  sorte 
d’arbrisseau  volubile  à souche  ligneuse 
comme  celle  des  Erythrina. 

Faisons  toutefois  remarquer  que  ces  di- 
versités sont  d’autant  plus  fréquentes  et 

(1)  L’année  dernière  encore,  nous  avons  re- 
marqué dans  une  touffe  comportant  cinq  pieds  : 
deux  à racines  fibreuses,  tout  à fait  annuels;  deux 
autres  fortement  tubéreux,  subligneux;  enfin  le 
cinquième  légèrement  renflé,  mais  qui,  n’étant  pas 
suffissamment  développé,  a pourri  dans  le  courant 
de  l’hiver. 


BILLBERGIA  RIIODOCYANEA  PURPUREA.  — PRUNIER  MYROBOLAN  A FLEURS  ROSES  DOUBLES.  453 


plus  prononcées  que  le  climat  est  plus 
chaud,  et  que  les  plantes  sont  plus  fortement 
insolées. 

Si,  en  se  pénétrant  bien  de  ce  que 
nous  venons  de  dire  et  qui  est  abso- 
lument exact,  on  veut  bien  réfléchir  que 
pour  tout  ce  qui  concerne  les  autres  ca- 
ractères il  en  est  de  même,  peut-être  arri- 


verait-on à être  moins  absolu  sur  la  valeur 
de  ceux-ci  et  à attacher  moins  d’impor- 
tance qu’on  ne  le  fait  en  général  aux  théo- 
ries. La  science  n’y  perdrait  rien,  au  con- 
traire, et  la  pratique,  alors  moins  entravée, 
serait  plus  féconde  en  résultats,  ce  qui  doit 
être  le  but  de  tout  chercheur. 

E.-A.  Carrière. 


BILLBERGIA  RHODOCYANEA  PURPUREA 


Obtenu,  dit-on  par  un  horticulteur  de 
Cherbourg,  le  Billhergia  rhodocyanea  pur- 
purea  produit  le  contraste  le  plus  singulier 
avec  le  type.  En  effet,  tandis  que  celui-ci 
est  d’un  vert  blond,  la  variété  est  d’un 
rouge  un  peu  sanguin  dans  toutes  ses  par- 
ties. Ses  caractères  généraux  sont  les  sui- 
vants : 

Plante  vigoureuse,  à faciès  rappelant  assez 
celui  du Billbergia  Leopoldi.  F euïWes  larges, 
fortement  appliquées  dans  leur  partie  infé- 
rieure, arquées  et  réfléchies  au  sommet, 
largement  et  sensiblement  canaliculées,  d’un 
rouge  foncé  sanguinolent,  couleur  sur  la- 
quelle tranchent  très-agréablement  des  zones 
farinacées  transversalement  disposées,  très- 
courtement  denticulées,  brusquement  rétré- 

PRUNIER  MYROBOLAN  A 

Cette  variété,  mise  au  commerce  par 
MM.  Baltet  frères,  de  Troyes,  qui  l’ont  reçue 
directement  du  Japon,  est  une  des  plus  in- 
téressantes introductions  qui  aient  été  faites 
récemment.  Elle  sera  bien  venue  parmi  les 
arbustes  printaniers,  et  ira  prendre  place 
dans  nos  massifs  à côté  du  Prunopsis  Lin- 
dleyi  {Prunus  triloha,  Lindl.),dont  elle  a la 
rusticité.  Voici  ce  qu’en  disentMM.  Baltet  : 

Cet  arbrisseau,  très-rustique  et  vigoureux,  se 
couvre  au  commencement  du  printemps  de 
fleurs  nombreuses,  larges,  doubles^  odorantes, 
d’un  frais  coloris  rose  Hortensia,  disposées  en 
bouquets  bien  fournis. 

L’arbuste  a une  bonne  tenue  ; les  feuilles, 
assez  grandes,  sont  d’un  vert  gai,  bordées  de 
carmin  clair  à la  denture  du  limbe  et  au  pétiole  ; 
les  yeux  et  les  stipules  sont  également  teintés 
de  rouge. 

Le  Prunier  myroholan  à fleur  rose  double, 
donné  à MM.  Baltet  frères,  par  la  Commission 
japonaise  de  l’Exposition  universelle  de  1878, 
sera  un  joli  décor  pour  nos  jardins  et  robuste 


cies,  arrondies  au  sommet,  qui  se  termine 
par  un  mucronule  court. 

Cette  plante  se  distingue  nettement  du 
type  par  sa  couleur  et  par  son  aspect  général. 
On  la  multiplie  à l’aide  des  bourgeons  ou 
œilletons  qui  partent  parfois  de  la  souche, 
qu’on  sépare  et  fait  enraciner  comme  pour 
les  autres  espèces  du  même  genre.  On  la 
cultive  en  serre  tempérée,  bien  qu’elle  se 
trouve  parfaitement  dans  la  serre  chaude. 
Une  terre  de  bruyère  tourbeuse,  fortement 
drainée  et  des  arrosements  assez  copieux 
pendant  la  végétation  lui  conviennent  tout 
particulièrement.  Si  de  temps  à autre  on 
donne  un  peu  d’engrais  liquide,  la  plante 
poussera  plus  vigoureusement  et  sera  aussi 
beaucoup  plus  belle.  Guillon. 

FLEURS  ROSES  DOUBLES 

en  tout  terrain.  Il  fleurit  en  première  saison, 
plusieurs  semaines  avant  le  Prunus  triloba. 

Cette  note  est  insuffisante  pour  donner 
une  idée  exacte  de  la  beauté  et  du  mérite 
de  l’arbuste  auquel  elle  se  rapporte;  heu- 
reusement que,  ayant  vu  des  échantillons 
fleuris,  nous  pouvons  la  compléter  ainsi  : 

Le  Prunier  Myrobolan  à fleurs  roses  dou- 
bles est  très-vigoureux,  très-floribond  et 
se  couvre  dès  les  premiers  beaux  jours  de 
très-nombreuses  fleurs  roses.  Sa  rusticité 
est  complète.  Sa  végétation  est  à peu  près 
la  même  que  celle  du  Myrobolan  ordinaire; 
l’écorce  de  ses  rameaux  est  lisse,  luisante, 
très-colorée  ; ses  feuilles  caduques,  pétio- 
lées,  à pétiole  et  nervures  roses  plus  ou 
moins  foncé,  sont  courtement  dentées, 
brusquement  rétrécies  vers  le  sommet,  puis 
longuement  acuminées,  cuspidées,  rappe- 
lant un  peu,  sous  ce  rapport,  celles  du 
Prunopsis  Lindleyi. 

La  beauté,  la  grandeur  et  la  belle  couleur 


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rose  des  fleurs  font  du  Prunier  myrobolan  à 
fleurs  doubles  roses,  une  plante  ornemen- 
tale de  premier  ordre.  Gomme  d’autre  part 
l’arbuste  est  vigoureux  et  extrêmement  flo- 
ribond,  on  pourra  certainement  le  cultiver 
en  pot  pour  le  forçage,  ainsi  qu’on  le  fait  des 
Prunus  sinensis  alha  plena,  triloha,  etc. 
Pour  l’approprier  à cet  usage  on  devra, 
pendant  l’été,  lui  faire  subir  un  ou  deux 
pinçages  de  manière  à obtenir  des  plantes 
trapues  et  ramifiées. 

Un  autre  avantage  de  cette  plante,  c’est  sa 
précocité  à fleurir;  sous  ce  rapport,  elle  de- 
vance même  de  beaucoup  toutes  les  espèces 


connues,  ce  qui  lui  assure  une  place  impor- 
tante parmi  les  arbustes  à forcer. 

Cette  nouveauté  donnera-t-elle  des  fruits 
dans  nos  cultures  ? Nous  le  croyons,  bien 
que  nous  ne  puissions  l’affirmer.  Ce  qui 
nous  donne  cet  espoir,  c’est  l’examen  que 
nous  avons  fait  de  ses  fleurs  qui,  de  même 
que  celles  du  Prunus  triloha^  présentent 
toujours  quelques  organes  sexuels  épars 
parmi  les  pétales,  ce  qui  augmente  l’attrait 
des  fleurs  en  leur  donnant  une  légèreté  plus 
grande  et  en  produisant  un  élégant  con- 
traste. 

E.  A.  Carrière.* 


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Doryanthes  Palmeri,W.  Hill. — Amaryllidées 
{Bot.  Mag.y  tab.  66G5).  — Racines  fibreuses; 
feuilles  nombreuses,  recourbées,  longues  de  2 
à 3 mètres,  larges  de  10  à 15  centimètres, 
garnies  d’ondulations  ou  côtes  longitudinales 
et  se  terminant  par  une  pointe  brune  coriace, 
tubuleuse;  tige  florale  haute  de  2™  50  à 3m  25, 
garnie  de  bractées  lancéolées,  érigées.  Inflo- 
rescence thyrsoïde,  compacte,  de  1 mètre  de 
longueur;  fleurs  écarlates  entourées  de  brac- 
tées d’un  rouge  brun.  Étamines  plus  courtes 
que  les  segments  du  périantlie,  d’abord  jaunes, 
puis  pourpres.  Cette  espèce  n’est  pas  très- 
nouvelle,  on  la  cultive  en  plein  air  dans  le 
Midi  de  la  France,  mais  le  Botanical  Maga- 
zine, à l’occasion  de  sa  floraison,  a pu  en  pu- 
blier une  bonne  figure  coloriée.  — Serre  froide. 

Nemastylis  acuta,  Herbert.  — Iridées  {Bot. 
Mag.,  tab.  6666).  — Jolie  petite  plante  bul- 
beuse, native  du  sud-ouest  des  États-Unis, 
portant  sur  des  tiges  hautes  de  30  à 40  centi- 
mètres des  fleurs  lilas  pâle,  toujours  réunies 
par  deux,  et  contenant  trois  étamines  d’un 
jaune  brillant.  Feuilles  au  nombre  de  deux  ou 
trois,  linéaires,  pliées,  longues  de  15  à 35  cen- 
timètres, glabres.  Bulbes  ovoïdes  de  2 centi- 
mètres 1/2  de  diamètre,  entourés  de  plusieurs 
membranes  brun  foncé.  — Serre  froide. 

Bahiana  ringens,  Ker.  — Iridées  {Bot.  Mag., 
tab.  6667).  — Plante  à floraison  singulière, 
originaire  du  Gap  de  Bonne-Espérance  et  intro- 
duite depuis  longtemps.  Bulbe  globuleux,  de 
2 à 3 centimètres  de  diamètre.  Feuilles  li- 
néaires pliées,  au  nombre  de  six  à huit.  Tige 
florale  haute  de  30  à 45  centimètres  ; spathe 
tubuleuse  de  25  à 40  millimètres  de  long,  en- 
tourant le  pédicelle.  Périanthe  accompagné 
d’un  tube  vert  en  forme  d’entonnoir,  presque 
de  la  même  longueur  que  la  spathe.  Limbe 
cramoisi  brillant,  bilabié.  La  lèvre  supérieure 
est  oblongue  acuminée  avec  un  long  onglet  à 


bords  recourbés.  La  lèvre  inférieure  est  plus 
courte,  à cinq  segments  dont  les  trois  centraux 
sont  allongés  en  forme  d’étendard,  et  les  deux 
latéraux  plus  petits,  lancéolés,  recoui'bés.  — 
Serre  froide. 

Microstylis  metallica.  Reich,  f.  — Orchidées 
{Bot.Mag.,iah.QQ68).  — Gharmantepetiteplante 
à feuillage  pourpre,  originaire  de  Bornéo,  et 
n’atteignant  guère  que  15  à 18  centimètres  de 
hauteur.  Feuilles  au  nombre  de  quatre  à six, 
pourpre  noirâtre,  longues  de  5 à 8 centimètres, 
larges,  elliptiques,  acuminées,  pliées  ; hampe 
élancée,  haute  de  5 à 8 centimètres.  Grappe  â 
peu  près  aussi  longue,  portant  de  dix  â douze 
fleurs  écartées,  â bractées  pourpres,  pédicelle 
long  de  2 à 2 centimètres  1/2,  horizontal;  sé- 
pales et  labelle  pourpres,  pétales  rose  tendre. 
— Serre  chaude. 

Cereus  cespitosus,  Engelm.  — Gactées  {Bol. 
Mag.,  tab.  6669).  — Gette  espèce  que  l’on  con- 
fond quelquefois  avec  VEchino cereus  pectina- 
tus,  est  originaire  du  nouveau  Mexique  et  du 
Texas  (États-Unis).  Sa  tige  est  haute  de  10  à 
15  centimètres  sur  7 â 10  de  diamètre,  quel- 
quefois isolée,  quelquefois  formant  groupe  avec 
d’autres,  cylindrique  ovoïde,  gris  pâle  ou  blan- 
châtre, avec  des  taches  laineuses  d’un  brun 
clair.  Gütes  au  nombre  de  12  â 18,  larges  de  12 
à 25  millimètres  à la  base.  Épines  blanches  ou 
roses.  Sépales  intérieurs  au  nombre  de  18  à 35 
oblancéolés,  entiers  ou  dentés.  Pétales  au 
nombre  de  30  â 40,  oblongs,  acuminés,  obtus, 
longs  de  3 à 4 centimètres,  rose  foncé.  — 
Serre  tempérée. 

BillhergiaPorteana,  Brongt.  — Broméliacées 
{Bot.  Mag.,  tab.  6670).  Plante  déjà  ancienne, 
très-ornementale,  originaire  du  Brésil,  acaule, 
produisant  5 à 6 feuilles  en  rosette,  érigées, 
en  lanières,  longues  de  1>«  à 1™  50,  larges  de 
5 à 8 centimètres  dans  leur  milieu,  d’un  vert 
foncé.  Pédoncule  long  de  65  centimètres,  blan- 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES. 


455 


châtre  farineux,  garni  de  bractées  rouges,  lon- 
gues de  10  à 15  centimètres  sur  3 à 5 de  lar- 
geur. Fleurs  sans  autres  bractées  spéciales, 
disposées  en  épi  retombant,  ovaire  oblong  avec 
plusieurs  nervures  ou  côtes  verticales.  Pétales 
verts  lancéolés,  longs  de  5 centimètres.  Filets 
des  étamines  violet  pourpre,  anthères  linéaires, 
longues  de  2 à 3 centimètres.  — Serre  tempérée. 

Pogonia  Gammieana,  J .-D.  Hooker.  — Orchi- 
dées {Bot.  Mag.j  tab.  6671). --Indes  septen- 
trionales. Tubercule  subglobuleux,  de  la  gros- 
seur d’une  petite  noix.  Feuilles  solitaires, 
glabres,  longues  et  larges  de  10  à 15  centi- 
mètres, cordiformes  arrondies,  à nervures  très- 
nombreuses,  radiées,  divisant  la  feuille  en 
bandes  alternativement  vert  foncé  et  vert  pâle. 
Ces  bandes  sont  aussi  marquées  de  taches  plus 
foncées,  régulièrement  placées.  Hampe  haute 
de  15  à 20  centimètres.  Grappe  portant  de  6 à 
8 fleurs  retombantes.  Pétales  et  sépales  longs 
de  2 à 2 centimètres  1/2,  elliptiques,  lancéolés, 
acuminés,  d’un  rose  pâle.  — Serre  chaude. 

Microglossa  albescens^  Clarke.  — Composées 
{Bot.  Mag.,  tab.  6672).  Himalaya.  — Sous- 
arbrisseau  atteignant  70  centimètres  à 1>^  40 
de  hauteur.  Face  inférieure  des  feuilles  et  in- 
florescence pubescentes.  Feuilles  longues  de  8 
à 11  centimètres,  courtement  pétiolées,  lan- 
^ cédées,  acuminées,  entières,  d’un  vert  clair. 
Capitules  très-nombreux  portant  un  grand 
nombre  de  pédoncules  disposés  en  corymbe. 
Involucre  campanulé,  à bractées  lancéolées, 
acuminées.  Ligules  bleu  pâle,  tout  à fait  hori- 
zontales, longues  de  4 millimètres  environ, 
disque  jaune  proéminent,  de  3 millimètres  de 
diamètre.  — Serre  froide. 

Pseudodracontium  Lacourü,  N.  E.  Br.  — 
Aroïdées  {Bot.  Mag.,  tab.  6673).  — Plante 
singulière,  originaire  de  File  de  Phû-Quocq 
(Gochinchine),  d’où  elle  fut  envoyée  par 
M.  Gontest-Lacour  à M.  Ed.  André  qui  la  céda 
à l’horticulteur  belge  par  qui  elle  fût  mise  au 
commerce  sous  le  nom  d’Amorphophallus 
Lacourii.  Pétiole  et  pédoncule  élancés,  d’un 
rouge  grisâtre  pâle  avec  des  anneaux  de  cou- 
leur olive,  striés  ; l’un  et  l’autre  entourés 
à la  base  de  membranes  d’un  jaune  brun. 
Limbe  de  la  feuille  triséqué,  à pétiolules  longs 
de  2 à 3 centimètres,  colorés  comme  le  pétiole. 
Division  centrale  sessile  et  simple;  divisions 
latérales  bifides  ou  pennées,  trifides  ou  multi- 
fides  ; segments  sessiles,  elliptiques  ou  ovales, 
ou  oblongs  lancéolés,  longs  de  10  à 14  centi- 
mètres, d’un  vert  jaune  pâle  clair,  marqué  de 
taches  rondes  blanches.  Spathe  érigée,  vert 
pâle,  longue  de  7 à8  centimètres;  spadice  de  la 
même  longueur,  sessile,  vert  blanchâtre.  — 
Serre  chaude. 

Pleuropetalum  costaricense,  H.  Wendl.  — 
Amarantacées  {Bot.  Mag.,  tab.  6674).  — 
Joli  sous-arbrisseau  de  l’Amérique  centrale, 


recommandable  pour  la  culture  en  pot.  Plante 
glabre,  à feuilles  alternes,  pétiolées,  longues  de 
10  à 13  centimètres,  elliptiques,  lancéolées  acu- 
minées, d’un  vert  foncé,  entièrement  bordées 
d’une  bande  vert  clair.  Pétiole  long  de  2 centi- 
mètres environ.  Fleurs  petites,  très-nom- 
breuses, en  corymbes  terminaux  et  axillaires. 
Périanthe  de  7 centimètres  de  diamètre,  d’abord 
vert,  puis  écarlate,  elliptique  oblong.  Fruits 
globuleux  de  la  grosseur  d’un  pois,  d’un  rouge 
sang;  graines  très -nombreuses,  noires.  ] 
Serre  tempérée. 

Caraguata  musaica,  Ed.  André.  — Bromélia- 
cées {Bot.  Mag.,  tab.  6675).  — Superbe  espèce 
colombienne  connue  aussi  sous  les  synonymes 
de  Tillandsia  et  Massangea  mwsaica.  Feuilles 
loriformes  au  nombre  de  12  à 20,  en  rosette,  à 
tissu  cartilagineux,  obtuses,  longues  de  50  à 
70  centimètres,  larges  de  5 à 8 centimètres 
dans  leur  milieu,  d’un  vert  pâle,  marquées  de 
lignes  transversales  très-nombreuses  vermi- 
formes  minces  et  ondulées,  de  longueur  irré- 
gulière, d’un  vert  foncé  sur  la  face  supérieure, 
d’un  pourpre  foncé  sur  la  face  inférieure. 
Hampe  centrale  longue  d’environ  35  centi- 
mètres, écarlate  brillant,  garnie  de  nombreuses 
bractées  deltoïdes  de  la  même  couleur.  Fleurs 
au  nombre  de  30  environ,  réunies  en  capitule 
globuleux,  accompagnées  chacune  d’une  bractée 
deltoïde,  rouge  écarlate.  Galice  à 3 sépales 
lancéolés,  jaunes,  de  25  millimètres  de  long  ; 
corolle  blanche  plus  courte  que  le  calice,  com- 
posée d’un  long  tube  et  de  trois  segments 
oblongs.  Gette  admirable  Broméliacée  est  au- 
jourd’hui répandue  dans  toutes  les  collections 
de  choix.  — Serre  chaude. 

Eucharis  Sanderii,  J.  G.  Baker,  — Amaryl- 
lidées  {Bot.  Mag.,  tab.  6676).  — Jolie  plante 
originaire  de  la  Nouvelle-Grenade,  et  destinée 
à devenir  populaire.  Bulbes  ovoïdes  de  3 à 
5 centimètres  de  diamètre,  à tunique  brune. 
Feuilles  réunies  par  deux  sur  chaque  hampe, 
à pétioles  longs  de  10  à 15  centimètres,  aplatis 
sur  une  face,  cordiformes  ovales  cuspidées, 
longues  de  20  à 25  centimètres,  de  tissu  mem- 
branacé,  vert  brillant  à la  face  supérieure,  vert 
pâle  sur  l’autre,  glabres  avec  6 ou  10  paires  de 
veines  très-accentuées.  Spathes  vertes,  lan- 
céolées, acuminées.  Fleurs  d’un  blanc  pur 
réunies  par  deux  ou  trois  en  ombelles,  larges 
de  4 à 5 centimètres  et  portant  une  couronne 
adnée,  jaune  pâle,  qui  soutient  les  6 étamines 
jaune  foncé.  Style  grêle,  vert  pâle;  stigmate 
trilobé,  jaune  pâle.  — Serre  tempérée. 

Thunbergia  Kirkii,  J.  G.  Baker,  — Acan- 
thacées  {Bot.  Mag.,  tab.  6677).  — Petit  ar- 
brisseau de  la  partie  orientale  de  l’Afrique 
tropicale  et  voisine  du  T.  erecta.  Feuilles 
longues  de  4à8  centimètres,  larges  de  2 centi- 
mètres 1/2,  très-courtement  pétiolées,  lancéolées 
entières  ou  ayant  de  chaque  côté  une  dilatation 


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obtuse  qui  leur  donne  la  forme  rhomboïdale, 
trinervées,  vert  foncé  en  dessus,  vert  pâle  en 
dessous.  Fleurs  axillaires  réunies  par  deux  ; 
pédoncule  etpédicelle  courts,  raides,  bractéoles 
vertes.  Calice  très-court,  irrégulier,  obtus  ; co- 
rolle longue  de  3 centimètres,  à tube  court,  à 
limbe  campanulé,  à lobes  étalés,  mais  non  hori- 
zontaux, d’un  joli  bleu  violet.  — Serre  chaude. 

Fraxinus  Mariesii,  J.  G.  Baker.  — Oléacées 
(Bot.  Mag.  tab.  6678).  — Arbre  de  petites 
dimensions,  originaire  de  la  Chine  septen- 
trionale, destiné  à l’ornementation  des  parcs 
et  jardins.  Le  F.  MariesU  est  glabre  dans 
toutes  ses  parties,  sauf  les  pétioles,  le  rachis 
des  feuilles  et  divisions  des  panicules  qui  sont 
couverts  d’une  fine  pubescence;  les  rameaux 
sont  courts  et  minces.  Feuilles  longues  de  10 
à 15  centimètres  ; folioles  au  nombre  de  5, 
obovales-lancéolées,  d’un  vert  pâle.  Panicules 
très-nombreuses,  érigées,  peu  compactes,  de 
jolies  fleurs  d’un  blanc  pur.  — Plein  air. 

FRUITS  NOUVEAU 

Poire  tardive  d'Anvers.  — Cette  va- 
riété, dont  nous  n’avons  pu  trouver  aucune 
citation,  a été  achetée  en  Belgique  par 
M.  Chrétien  qui  a bien  voulu  nous  com- 
muniquer des  fruits  à étudier.  Ceux-ci,  qui 
par  leur  forme  rappellent  assez  la  Crassane 
ou  encore  un  très-gros  Carrisi^  un  peu 
écrasé,  nous  ont  présenté  les  caractères 
suivants:  Fruits  surbaissés  élargis,  d’envi- 
ron 65  millimètres  de  largeur  sur  5 centi- 
mètres de  hauteur.  Œil  peu  profond  dans 
une  large  cavité,  à divisions  larges,  étalées. 
Queue  légèrement  oblique,  droite,  raide, 
assez  forte,  de  20  à 25  centimètres  de  lon- 
gueur. Peau  épaisse,  passant  au  jaune  d’or 
à la  maturité,  présentant  ordinairement  des 
taches  grises  qui,  légèrement  saillantes, 
rendent  le  fruit  rugueux.  Chair  dense, 
blanche,  fondante,  à granules  fins,  dissi- 
mulés dans  la  chair  et  alors  peu  visibles, 
sucrée,  d’une  saveur  très-fine  et  agréable- 
ment parfumée.  Loges  spacieuses,  courtes; 
pépins  assez  gros,  d’un  noir  roux,  luisants. 

Dégustée  le  6 avril  4883,  cette  variété 
était  un  peu  ridée  mais  non  passée  ; le  fruit 
avait  à peine  perdu  de  sa  saveur,  qui  rap- 
pelle un  peu  celle  d’un  Passe-Colmar. 

Pomme  Wagener.  — « Fruit  moyen, 
sphérique-aplati,  jaune  citron  lavé  de  rouge, 
à chair  fine,  bien  sucrée,  de  toute  première 
qualité.  Maturité  fin  d’automne  et  courant 
d’hiver.  — Arbre  sain,  vigoureux,  de  pro- 
duit, précoce  et  très-fertile.  — D’origine 


Comparettia  macroplectron^  Reichb.  f.  et 
Triana.  — • Orchidées  {Bot.  Mag.  tab.  6679). — 
Plante  très-élégante,  originaire  de  la  Nouvelle- 
Grenade.  Épiphyte,  pas  de  pseudo -bulbes. 
Tige  très-courte,  garnie  à sa  base  par  les  an- 
ciennes racines  distiques.  Feuilles  au  nombre 
de  2 â 3,  longues  de  10  â 14  centimètres  sur  2 â 
3 centimètres  de  largeur,  épaisses,  coriaces, 
linéaires -oblongues,  vert  éclairé  en  dessus, 
vert  strié  de  jaune  brun  en  dessous.  Grappe 
retombante,  portant  de  4 â 6 fleurs  distiques, 
de  grandeur  moyenne,  sépale  dorsal  oblong, 
acuminé,  blanc;  sépales  latéraux  plus  arrondis, 
rose  pâle  tacheté  de  points  rouges  ; pétales 
oblongs  acuminés,  rose  pâle,  brillamment 
ponctués  de  rouge  ; labelle  très-large,  faible- 
ment divisé  en  deux  lobes  égaux,  rose  ponctué 
de  rouge  vif.  Éperon  allongé,  recourbé  en 
haut,  rose  à la  base,  puis  devenant  blanc.  — 
Serre  tempérée.  Ed.  André. 

{La  suite  prochainement.) 

: OU  PEU  CONNUS 

américaine.  ))  (O.  Thomas,  Guide  prati- 
que de  V amateur  des  fruits.  — Première 
série  de  mérite.  — Pommes  tardives.) 

Des  échantillons,  dégustés  le  48  avril  4883, 
nous  ont  présenté  les  caractères  suivants  : 

Fruits  aplatis  aux  deux  extrémités,  d’or- 
dinaire sensiblement,  inégalement  et  lar- 
gement côtelés,  d’environ  75  millimètres 
de  diamètre  sur  65  de  hauteur.  Cavité 
pédonculaire  profondément  évasée  en  en- 
tonnoir. Queue  ténue  d’environ  2 centi- 
mètres de  longueur.  Œil  presque  fermé, 
dans  une  cavité  assez  profonde  et  relative- 
ment étroite,  à divisions  resserrées,  longue- 
ment sétacées.  Peau  épaisse,  luisante,  pres- 
que uniformément  d’un  rouge  un  peu 
fauve,  contrastant  agréablement  avec  le 
reste,  qui  est  d’un  très -beau  jaune  foncé. 
Chair  d’un  blanc  un  peu  jaunâtre,  fine, 
relativement  fondante,  sucrée,  légèrement 
mais  très-agréablement  parfumée.  Loges 
petites,  à cartilages  peu  développés.  Pépins^ 
nuis  ou  très-rudimentaires  dans  les  échan- 
tillons que  nous  avons  étudiés. 

Très-beau  et  bon  fruit  précieux  pour  la 
vente.  C’est  certainement  une  variété  méri- 
tante que  l’on  peut  recommander  au  point 
de  vue  de  l’exploitation.  Au  46  avril,  et 
bien  que  la  qualité  de  ce  fruit  fût  arrivée  à 
sa  dernière  limite,  il  n’était  nullement  ridé 
et  avait  conservé  toute  sa  fraîcheur. 

POMONA. 

lmp.  Georges  Jacob , — Orléans. 


CMONIQUE  HORTICOLE 


Maladie  des  Aubergines.  — CesSola- 
iiées,  qui  jusqu’à  présent  avaient  été  à peu 
près  exemptes  de  maladie,  ont  été  cette 
année  attaquées  à leur  tour  par  une  sorte 
d’Urédinée,  analogue  à celles  qui  sévissent 
sur  la  Vigne,  les  Tomates,  etc.,  mais  plus 
terrible  encore.  En  peu  de  temps  et  brusque- 
ment la  plante  est  envahie  à ce  point  qu’elle 
tombe  en  pourriture. 

Cette  affection  est-elle  due  aux  perturba- 
tions atmosphériques  si  fortes  cette  année, 
et  peut-on  espérer  que,  passagère  et  ex- 
ceptionnelle, elle  ne  se  renouvellera  pas  ? 
Nous  n’osons  trop  l’espérer,  ce  qui  nous 
engage  à conseiller  de  surveiller  ces  plantes 
et,  à la  moindre  apparition  du  mal,  d’agir 
énergiquement  contre  lui.  Nous  croyons 
même  que  là  où  le  mal  s’est  montré 
dernièrement,  il  serait  bon  d’agir  préven- 
tivement l’année  prochaine,  ainsi  qu’on 
devrait  le  faire  contre  les  cryptogames 
qui,  une  fois  apparus,  se  multiplient  si 
rapidement  qu’il  est  souvent  impossible 
d’en  arrêter  l’extension.  Quel  remède  con- 
viendrait-il d’employer?  Sans  pouvoir  rien 
affirmer,  nous  croyons  que  des  insecticides, 
tels  que  le  polysulfure  Grison,  la  nicotine 
et  surtout  l’insecticide  Fichet,  pourraient 
exercer  une  action  bienfaisante,  si  on  les 
employait  à propos. 

Massifs  de  Rhododendrons.  — Plu- 
sieurs fois  déjà  nous  avons  signalé  à nos 
lecteurs  une  manière  très-simple  d’égayer 
les  massifs  de  Rhododendrons,  Azalées,  etc., 
qui,  après  la  floraison,  restent  sombres  et 
uniformes  pendant  toute  la  belle  saison.  Ce 
moyen  consiste,  on  le  sait,  à placer  entre 
les  touffes  de  Rhododendrons  certaines 
plantes  à floraison  brillante  et  successive, 
qui,  tout  en  épuisant  peu  la  terre  de  bruyère 
où  elles  sont  plantées,  donneront  de  la 
gaîté  à ces  massifs,  placés  le  plus  souvent 
aux  abords  même  des  habitations. 

Nos  voisins  les  Anglais,  si  amateurs  de 
plantes  et  si  connaisseurs,  réussissent  com- 
plètement dans  ce  genre  de  décoration  ou 
garniture.  Nous  extrayons  les  indications 
suivantes  d’une  note  que  le  Garden  vient  de 
consacrer  à ce  sujet. 

Les  plantes  vivaces  ou  bulbeuses  qui 
16  Octobre  1883. 


remplissent  le  mieux  les  conditions  dési- 
rables, et  parmi  lesquelles  le  choix  se  fera 
suivant  les  préférences  personnelles,  sont 
les  suivantes  : Digitales  blanches  et  tachetées. 
Delphinium^  Campanules  : les  jolis  épis  de 
ces  deux  plantes  produisent  un  effet  char- 
mant, en  s’élançant  entre  le  feuillage  sombre 
des  Rhododendrons  ; Spirœa  (Hoteia)  Japo- 
nica,  S.  palmata , S.  Aruncus,  Phlox, 
Lis  variés,  Anchusa  italica , Mufliers, 
Pentstemon,  Pivoines  herbacées , Pavot 
d’Orient,  Ancolies.  On  peut  y ajouter  la  série 
des  plantes  décoratives  aussi  bien  par  leur 
beau  feuillage  que  par  leur  floraison  ; Tha~ 
lictrum,  Funkia,  Canna,  Eryngium  (no- 
tamment VE.  amethystinum),  Acanthus, 
Ferula,  Bocconia  cordata,  etc.  En  bordure 
des  massifs,  où  il  y a toujours  un  peu  plus 
d’espace,  on  forme  des  groupes  d’Œillets 
variés,  de  Mignardises,  Fuchsias  (F.  Riccar- 
toni  et  gracilis),  Rosiers  japonais.  Glaïeuls, 
Tritoma,  Dahlia,  etc. 

Gomme  on  le  voit,  le  choix  est  grand,  et 
il  permet  de  varier,  suivant  les  conditions 
où  l’on  se  trouve,  ce  genre  d’ornementa- 
tion qui,  nous  le  répétons,  produit  toujours 
un  fort  joli  effet. 

Fructification  de  l’Olivier  à Brest.  — 

Un  fait  rare  et  tout  à fait  exceptionnel  vient 
d’être  constaté  dans  le  chef-lieu  du  départe- 
ment du  Finistère:  c’est  la  fructification 
de  l’Olivier  en  plein  air.  A ce  sujet,  notre 
collaborateur,  M.  Blanchard,  nous  écrivait, 
le  21  juillet  dernier,  les  lignes  suivantes  : 

Le  climat  de  Brest  n’est  guère  fait  pour  cul- 
tiver rOlivier  et  le  terrain  ne  s’y  prête  guère 
non  plus.  Depuis  que  le  Jardin  de  la  Marine 
existe,  cet  arbre  est  cependant  cultivé  comme 
plante  d’étude,  mais  jamais  il  n’y  avait  montré 
de  fleurs,  et  nous  sommes  porté  à croire  qu’il 
en  est  de  même  dans  tous  les  jardins  éloignés 
de  la  région  méditerranéenne.  Cette  année,  par 
exception,  un  jeune  pied  issu  de  bouture  et 
âgé  de  cinq  ans,  très-vert  et  très-bien  portant, 
s’est  couvert  d’une  floraison  abondante,  tandis 
que  ses  frères,  cultivés  comme  lui  et  à côté 
de  lui,  en  pots,  sont  restés  stériles.  A quoi 
doit-on  attribuer  cette  floraison  prématurée? 
Est-ce  à l’humidité  continuelle  dont  nous 
soutirons  depuis  plusieurs  années?  Évidem- 
ment non,  cai'  les  vieux  pieds  auraient  fleuri 

20 


458 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


aussi.  Est-ce  un  signe  d’affaiblissement  comme 
il  s’en  présente  souvent  chez  nos  arbres  frui- 
tiers ? C’est  ce  que  nous  ne  saurions  affirmer, 
attendu  qu’aucune  partie  du  sujet  ne  se  trouve 
altérée.  Dans  ce  cas  il  y aurait  peut-être  chance 
de  fixer  cette  anomalie,  en  multipliant  le  sujet 
qui  l’a  produite. 

Les  Dahlias  à fleurs  simples  et  les 
Dahlias  à fleurs  doubles.  — Quel  que 
soit  le  sujet  dont  il  s’occupe,  il  est  rare 
que  l’homme  s’arrête  à de  justes  propor- 
tions ; en  général  on  exagère  et  l’on  se  porte 
aux  extrêmes.  Après  avoir  proscrit  toutes 
les  variétés  de  Dahlias  à fleurs  simples,  on 
les  recherche  aujourd’hui.  Certaines  per- 
sonnes vont  même  jusqu’à  affirmer  que  les 
Dahlias  doubles  seront  à jamais  rejetés.  La 
chose  est  au  moins  douteuse,  et,  quoiqu’on 
en  dise,  on  ne  répudiera  pas  ces  variétés  si 
jolies  qui  ont  la  beauté  des  fleurs,  la  richesse 
de  coloris  et  la  perfection  des  formes.  Si 
les  capitules  sont  trop  gros  pour  la  confec- 
tion des  bouquets,  cela  n’a  pas  lieu  pour 
la  section  des  Lilliputs,  dent  les*  fleurs 
petites,  érigées,  bien  pleines,  extrêmement 
variées  et  longuement  pédonculées,  se  tien- 
nent très-bien. 

Pourquoi  faire  de  l’exclusivisme,  quand  il 
s’agit  de  fleurs  et  surtout  quand  elles  sont 
toutes  belles  ? 

Figue  San-Pietro  ou  Mecklingea.  — 

Cette  variété,  introduite  de  la  Dalmatie 
à Bordeaux  par  M.  Faubert,  est  probable- 
ment des  plus  méritantes.  Voici  ce  qu’en 
dit  M.  E.  Glady  : 

Ce  Figuier  est  bifère.  La  première  récolte, 
qui  se  fait  ici  au  commencement,  de  juillet, 
paraît  supérieure  à la  seconde. 

Le  fruit  est  noir  violacé  avec  une  teinte  un 
peu  verdâtre  à la  partie  venue  à l’ombre  ; il 
est  très-gros,  de  forme  allongée,  fortement 
renflé  à la  base,  affectant  un  peu  la  forme 
d’une  poire  Beurré  Glairgeau.  La  chair  abon- 
dante est  d’un  rouge  sanguinolent,  très-ju- 
teuse, bien  sucrée,  savoureuse.  Les  grains 
sont  très-petits,  la  peau  peu  épaisse,  le  pédon- 
cule très-court.  C’est,  sans  contredit,  une  des 
plus  belles  et  des  meilleures  Figues,  qu’on 
peut  qualifier  d’excellente.  Précieuse  acquisi- 
tion pour  notre  pays,  méritant  d’être  multi- 
pliée sur  une  grande  échelle,  aussi  intéres- 
sante pour  la  Belgique  que  pour  le  nord  de  la 
France,  puisqu’elle  mûrit  ici  dans  les  premiers 
jours  de  juillet. 

L’Ononis  Natrix.  — Sur  la  route  de  la 


vallée  du  Cher  qui  va  de  Saint-Martin-le- 
Beau  à Chenonceau,  en  Touraine,  nous 
avons  retrouvé,  toujours  avec  une  surprise 
agréable,  cette  charmante  plante  qui  croît 
là,  en  abondance  et  à l’état  spontané,  sur 
les  talus  des  routes,  dans  les  endroits  non 
cultivés.  La  plante  n’est  pas  très-rare  dans 
la  région  du  centre  de  la  France. 

On  sait  que  F O.  Natrix,  ainsi  que  plu- 
sieurs autres  espèces  du  même  genre, 
sont  aujourd’hui  cultivés  en  Angleterre 
pour  la  décoration  des  jardins,  et  particu- 
lièrement pour  la  garniture  des  endroit^ 
pittoresques , des  rochers , des  pentes 
abruptes,  etc.,  où  la  nature  de  leurs  racines 
leur  permet  de  résister  longtemps  à la  sé- 
cheresse. L’O.  Natrix  est  assez  ornementale 
pour  justifier  cette  adoption  par  les  ama- 
teurs d’Outre- Manche,  et  certes  nous  pour- 
rions bien  en  faire  autant,  car  la  plante  est 
rustique,  s’accommode  des  terrains  cal- 
caires les  plus  brûlants,  et  orne  très-bien 
les  rochers  en  plein  soleil. 

Ses  fleurs  jaunes  portent  un  étendard 
très-développé,  marqué  longitudinalement 
à l’extérieur  de  veines  rouges,  fourchues. 

Dernièrement,  le  Gardeners’  Chronicle 
consacrait  une  note  à [’Ononis  Natrix,  et, 
en  rappelant  les  qualités  décoratives  de  cette 
plante,  qui  de  France  a été  introduite  en 
Angleterre  il  y a deux  cents  ans,  ce  journal 
reconnaissait  qu’après  une  longue  période 
d’oubli  inexplicable,  elle  rentre  actuelle- 
ment en  faveur.  On  en  voit  de  jolis  spéci- 
mens dans  la  « New-Rockery  » de  Kew. 

L’O.  Natrix  a été  décrit  et  figuré  dans  le 
Botanical  Magazine,  t.  329. 

Suspension  nouvelle  pour  les  Orchi- 
dées. — On  sait  que  la  plupart  des  Orchi- 
dées doivent  être  cultivées  suspendues  en 
l’air,  non  seulement  pour  que  leurs  belles 
fleurs,  souvent  retombantes,  soient  plus  en 
vue,  mais  encore  et  surtout  parce  que  c’est 
là  seulement  que  ces  jolies  plantes,  aux 
habitudes  quelquefois  singulières,  trouvent 
les  conditions  d’air,  d’humidité  et  de  chaleur 
qui  leur  conviennent  le  mieux. 

Depuis  fort  longtemps  on  suspend  simple- 
ment les  cages  ou  paniers  préparés  à cet 
effet  au  moyen  de  trois  ou  quatre  fils  de  fer 
plus  ou  moins  longs  ; mais  tous  les  culti- 
vateurs d’Orchidées  ont  reconnu  que  ce  pro- 
cédé présentait  quelques  inconvénients  ; les 
feuilles,  en  touchant  à ces  fils  métalliques. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


459 


sont  endommagées,  et,  pendant  la  période 
de  végétation,  malgré  de  fréquents  arro- 
sages, les  touffes  se  dessèchent  rapidement. 

Pour  remédier  à cela,  M.  Sander,  hor- 
ticulteur anglais  qui  s’adonne  à l’impor- 
tation et  à la  culture  des  Orchidées,  a 
inventé  un  nouveau  genre  de  pots  sus- 
pendus, qu’il  emploie  maintenant  en  grand 
dans  ses  serres  de  Saint-Albans,  et  dont 
voici  la  description  : . 

Une  tige  de  fer,  formant  crochet  à sa 
partie  supérieure,  est  introduite  au  milieu 
de  la  touffe  d’Orchidée,  qu’elle  traverse 
verticalement.  Cette  tige,  qui  remplace  les 
fils  métalliques  anciennement  employés,  se 
visse  exactement  à sa  partie  inférieure,  dans 
un  disque  horizontal  de  zinc,  dont  le  dia- 
mètre égale  ou  dépasse  un  peu  la  plus  grande 
largeur  du  panier  dans  lequel  la  plante 
végète. 

Le  disque,  qui  est  placé  en  dessous  du 
panier  et  qui  le  supporte,  est  concave  à sa 
face  supérieure,  et  par  suite,  en  retenant 
l’eau  des  arrosages,  donne  une  humidité 
constante  aux  racines  et  empêche  cette  eau 
de  tomber  en  gouttelettes,  soit  sur  les  plantes 
placées  en  dessous,  soit  sur  les  visiteurs. 

Une  enveloppe  conique  de  même  métal, 
mais  sans  fond,  naturellement,  peut  com- 
pléter au  besoin  l’appareil  et  empêcher  la 
trop  forte  évaporation  latérale. 

^ On  se  rend  compte  aisément  de  la  forme 
de  cette  suspension  fort  simple,  ainsi  que 
des  grands  avantages  qu’elle  présente.  - 

Le  phylloxéra  vaincu.  — Tel  est  le 
titre  d’un  article  qu’a  publié  VÉcho  uni- 
versel, du  1er  septembre  dernier,  sous  la 
signature  de  J. -F.  Audibert. 

Après  avoir  tonné  contre  toutes  les  Vi- 
gnes américaines  et  dit  que  c’était  une  mys- 
tification, la  ruine  des  vignobles,  etc.,  l’au- 
teur en  arrive  à préconiser  un  remède. 
Devinez  lequel  ? on  pourrait  le  donner  non 
pas  en  cent,  mais  en  plusieurs  millions. 
C’est...  le  Myrtillier(  Vaccmium  Myrtilliis). 
Gomme  sujet,  la  ronce  est  dépassée  ! jugez- 
en  : 

Pour  vaincre  le  phylloxéra  et  non  pas  com- 
mettre la  lourde  faute  de  le  subir  comme  l’ont 
fait  nos  savants...,  il  fallait  tout  d’abord  s’atta- 
cher à greffer  la  Vigne  sur  un  arbuste  dont 
les  racines  fussent  elles-mêmes  anti-phylloxé- 
riques...  Au  nombre  de  ces  arbustes  est  en 
première  ligne  l’Airelle  ou  Myrtille. 


Grâce  à la  précieuse  collaboration  d’un 
homme  aussi  modeste  que  dévoué  à l’agricul- 
ture, i\I.  Bonneval,  d’Abrigeon,  j’ai  pu  réunir 
des  données  certaines  et  les  offrir,  tout  heu- 
reux, à mes  chers  lecteurs  ([ui  peuvent  consi- 
dérer le  phylloxéra  comme  vaincu,  en  suivant 
bien  les  données  suivantes  : 

Mariage  de  la  Vigne  avec  V Airelle.  — Lors- 
que l’Airelle  a pris  racine  (et  on  la  plante  tou- 
jours avec  racines),  elle  croît  et  se  développe 
sans  culture.  On  enlève  la  première  écorce 
d’un  plant  de  Vigne  sans  racine  et  colle  de 
l’Airelle.  On  présente  ensuite  simplement  le 
plant  (le  Vigne  contre  la  tige  d’Airelle,  en  les 
maintenant  fortement  dans  cette  position, 
comme  collés  l’un  à l’autre,  au  moyen  d’une 
forte  ligature  soit  de  Lin,  de  Chanvre  ou  de 
Jonc.  La  soudure  s’opère  facilement.  La  Vigne 
est  alors  nourrie  par  l’Airelle,  et  le  phyl- 
loxéra ne  jjeut  d.vns..\ucun  cas,  l’atta- 
quer. C’est  le  plant  d’ Airelle  qui  devient  nour- 
ricier. 

Tout  commentaire  serait  inutile,  n’est-ce 
pas  ? Aussi  nous  bornerons-nous  à ce  pas- 
sage, que  nous  avons  copié  textuellement  et 
qui  nous  paraît  suffisant  pour  faire  apprécier 
la  valeur  du  remède. 

Particularités  de  la  Pêche  Amsden. 

— A propos  de  l’adhérence  ou  de  la  non 
adhérence  de  la  chair  au  noyau,  notre 
collaborateur  M.  Auguste  Boisselot,  de 
Nantes,  nous  écrit  : 

J’ai  remarqué  sur  le  même  arbre  des  Pêches 
Amsden  à chair  adhérente  et  d’autres  qui 
étaient  à chair  complètement  libre.  C’est  du 
reste  ce  que  j’ai  aussi  remarqué  sur  certaines 
Prunes,  notamment  sur  des  Reines-Claude. 

A propos  de  la  Pêche  Amsden,  j’ai  remarqué 
que  sûr  plus  de  trente  fruits  que  j’ai  examinés 
cette  année,  aucun  ne  possédait  d’amande.  En 
est-il  de  même  aux  environs  de  Paris  ? 

Nous  n’avons  rien  observé  de  semblable, 
et  ce  fait  dont  parle  M.  Boisselot  nous 
paraît  d’autant  plus  singulier  que,  à Nantes 
du  moins,  il  paraît  avoir  été  presque  général. 
A quoi  est-il  dû?  Est-ce  par  suite  de  la 
non  fécondation  des  fleurs,  ou  est-ce  le  fait 
de  combinaisons  organiques  spéciales  qui 
auraient  déterminé  l’avortement  de  l’em- 
bryon? 

Quant  à trouver  sur  un  même  arbre  "des 
Pêches  à chair  adhérente  et  d’autres  com- 
plètement libres,  ce  fait,  lorsqu’il  se  pré- 
sente, ne  peut  être  que  très- exceptionnel 
et  ne  peut  jamais  entraîner  de  confusion 


460 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


dans  les  caractères,  si  l’on  observe  avec 
quelque  attention  ce  qu’on  juge  d’après 
l’examen  de  fruits  mûrs  normalement 
développés. 

Rose  Queen  of  Queens.  — MM.  W. 

Paul  et  fils,  les  célèbres  rosiéristes  anglais, 
ont  introduit  cette  année  dans  le  commerce 
une  très-jolie  et  distincte  Rose  nouvelle, 
qui  a été  fort  remarquée  dans  diverses 
expositions  d’Outre- Manche,  et  que  la 
Société  d’horticulture  de  Londres  a récom- 
pensée d’un  certificat  ou  diplôme  dé  pre- 
mière classe. 

La  Rose  Queen  of  Queens  (Reine  des 
Reines)  provient  d’un  croisement  entre  la 
vieille  Rose  blanche  ou  Rose  belge,  connue 
sous  le  nom  de*  Maiden  Blush  et  un 
Hybride  perpétuel.  Les  fleurs  en  sont 
grandes,  pleines,  d’un  rose  élégamment 
bordé  de  rose  lilacé  ; les  pétales  sont  larges, 
amples,  arrondis,  placés  avec  une  régula- 
rité parfaite,  sans  être  trop  serrés  les  uns 
contre  les  autres,  du  centré  à la  circonfé- 
rence. 

Cette  variété  est  vigoureuse,  très-flori- 
fère et  remonte  franchement  à l’automne, 
qualité  qui  manque  à la  majeure  partie  des 
Hybrides  perpétuels.  Nous  espérons  la  voir 
prochainement  se  répandre  dans  toutes  les 
collections.  Mais  est-elle  le  produit  d’un 
semis  anglais  ou  une  variété  d’origine  fran- 
çaise dont  l’édition  aurait  été  vendue  à l’éta- 
blissement W.  Paul  et  fils?  C’est  ce  que 
nous  n’avons  pu  savoir. 

Exposition  de  Pommes  de  terre  au 
Palais  de  Cristal.  — Cette  exposition 
vient  d’avoir  lieu  et  a obtenu  un  grand 
succès.  On  sait  quel  rôle  immense  la  Pomme 
de  terre  joue  dans  l’alimentation  en  Angle- 
terre, et  on  conçoit  l’importance  qu’on  y 
donne  à la  culture  et  au  choix  des  meil- 
leures variétés. 

Nous  n’avons  pas  à publier  un  compte- 
rendu de  cette  exposition,  ni  à citer  toutes 
les  variétés  qui  ont  été  primées.  Nous  nous 
bornerons  à donner  la  liste  des  variétés  de 
choix  qui  ont  valu  le  premier  prix  à leur 
exposant  : 

Blanches  rondes.  — Schoolmaster, 
Early  Regent,  Porteras  Excelsior,  King 
of  Potaioes,  Reading  Hero,  Bedfont 
Prolific,  FUÏbasket. 

Colorées  rondes,  — Matchlessj  Vicar 


of  Laleham,  Beauty  of  Kent,  Heather  Bell, 
Reading  Russet,  Improved  Peach  Blow. 

Kidneys  blancIhes.  — Cosmôpolitan, 
Voodstock,  Magnum  Bonum,  Covent  Car- 
den  Perfection,  International. 

Kidneys  colorées.  — Prizetaker,  Ame- 
rican Purple,  M.  Bresee,  Extra  Early 
Yermont  et  Beauty  of  Hébron. 

Floraison  du  Cattleya  Sanderiana.  — 

Cette  splendide  Orchidée  vient  de  fleurir 
pour  la  première  fois  dans  les  serres  de 
M.  Lee,  à Downside  (Angleterre).  Il  paraît, 
dit  le  Gardeners'  Chronicle,  que  toute  des- 
cription serait  impuissante  à rendre  la  ri- 
chesse et  la  délicatesse  des  couleurs  de  ce 
Cattleya  dont  les  fleurs  atteignent  un  déve- 
loppement énorme.  La  plante  de  Downside 
se  compose  de  sept  ou  huit  grosses  tiges, 
réunies  en  une  masse,  et  d’où  s’élèvent  trois 
épis  floraux.  Ces  épis  supportent  chacun  de 
8 à 11  grandes  fleurs  qui  se  trouvent  pla- 
cées] les  unes  près  des  autres,  sans  cepen- 
dant se  toucher. 

Le  contour  de  la  fleur  est  ovale,  et  sa 
forme  générale  d’une  grande  élégance.  Les 
trois  segments  supérieurs  sont  d’une  nuance 
rose-lilas  pâle,  très-délicate  ; les  deux  laté- 
raux sont  teintés  de  jaune  sur  leurs  bords 
et  pointillés  de  cramoisi  près  de  la  colonne. 
Les  deux  segments  inférieurs  ont  une  cou- 
leur de  fond  jaune  chamois,  uniformément* 
rayée  d’un  réseau  cramoisi  marron,  dont  les 
lignes  deviennent  de  plus  en  plus  fines 
à mesure  qu’elles  s’approchent  des  bords, 
pour  laisser  une  bande  marginale  jaune 
chamois  pur,  qui  est  elle -même  bordée 
par  une  étroite  ligne  blanche.  La  colonne 
et  la  base  du  labelle  sont  d’un  jaune  ver- 
dâtre; la  partie  inférieure  de  la  lèvre  est 
cramoisi  lourd,  d’une  nuance  particulière 
et  très-jolie,  qui  s’harmonise  admirablement 
avec  le  reste  de  la  fleur. 

On  peut  aisément,  d’après  cette  courte 
description,  se  figurer  le  magnifique  effet 
queproduit  le  Cattleya  Sanderiana. 

Cactus  gigantesque.  — Le  Garde- 
neré  Chronicle  donne  la  description  d’un 
exemplaire  de  Cereus  giganteus  qui  a été 
observé  dans  l’Arizona  (Amérique  du  Nord) 
en  compagnie  de  beaucoup  d’autres  repré- 
sentants de  la  même  espèce,  et  dont  les 
dimensions  ont  tout  lieu  d’étonner  les 
personnes  qui  n’ont  jamais  vu  les  plantes 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


grasses  que  représentées  par  des  spécimens 
de  petites  dimensions. 

Cet  arbre,  dont  la  forme  est  absolument 
régulière,  s’élève  à environ  20  mètres  de 
hauteur  ; il  est  cylindrique  et  sa  circonfé- 
rence, qui  mesure  2 mètres  à moitié  hau- 
teur, diminue  progressivement  de  la  base 
au  sommet  où  elle  n’a  plus  que  1 mètre 
environ,  et  où  la  plante  se  termine  brusque- 
ment en  un  mamelon  arrondi.  Des  côtes 
assez  proéminentes,  au  nombre  de  12  à 22, 
et  toutes  garnies  d’épines,  parcourent  régu- 
lièrement ce  Cereus  depuis  le  bas  jusqu’au 
sommet. 

Protection  artistique  des  chutes  du 
Niagara.  — Les  voyageurs  qui,  attirés  soit 
par  la  passion  du  beau  et  du  grandiose, 
soit  par  la  simple  curiosité,  ont,  depuis 
quelques  années,  visité  les  imposantes 
chutes  du  Niagara,  ont  pu  constater  à quelle 
dévastation  barbare  leurs  abords  étaient 
abandonnés. 

Les  arbres  et  arbustes  indigènes  qui 
autrefois  garnissaient  d’une  manière  si  pit- 
toresque les  bords  accidentés  des  eaux, 
du  côté  des  grandes  chutes,  ont  été  en 
grande  partie  arrachés  et  détruits. 

De  plus,  un  certain  nombre  de  moulins 
et  d’usines,  constructions  désagréables  à 
la  vue,  et  dont  la  présence  détruit  tout  pay- 
sage, ont  été  construits  dans  le  voisinage 
immédiat  des  cataractes. 

Là  où  anciennement  les  arbustes  et  les 
herbages  descendaient  jusque  dans  le  lit  du 
fleuve,  la  roche  uniforme  et  laide  étale 
aujourd’hui  au  soleil  ses  surfaces  dénu- 
dées. 

En  présence  de  ces  faits,  et  pour  rendre 
aux  chutes  l’ensemble  et  la  grandeur  qui  en 
faisaient  le  paysage  le  plus  émouvant  du 
monde  entier,  il  vient  de  se  former,  dans 
l’Éiat  de  New-York,  une  commission  dont 
le  but  est  de  réparer  toutes  les  détériorations 
qui  ont  été  commises. 

Une  certaine  surface  de  terrain,  de  di- 
mensions suffisantes,  sera  dès  m.aintenant 
réservée  autour  des  chutes.  Les  arbres  et 
plantes  actuellement  existants  seront  soi- 
gneusement conservés  ; de  nouvelles  plan- 
tations et  des  semis  seront  faits,  en  se  rap- 
prochant , autant  que  possible , de  l’état 
primitif  des  choses.  Les  constructions  désa- 
gréables à la  vue  seront  expropriées  et  éloi- 
gnées considérablement,  et  malgré  cela. 


461 

l’accès  des  visiteurs  auprès  des  chutes  res- 
tera absolument  libre. 

On  ne  peut  qu’applaudir  à des  mesures 
qui,  bien  qu’un  peu  tardives,  rendront  avec 
le  temps  aux  chutes  du  Niagara  le  cadre 
pittoresque  qui  leur  est  indipensable. 

Expositions  prochaines.  — Une  note 
émanant  du  commissariat  général  de  l’expo- 
sition internationale  de  Nice,  informe  le 
public  qu’en  raison  des  nombreuses  deman- 
des faites  à l’administration,  il  a été  décidé 
que  le  délai  accordé  pour  l’admission  à ex- 
poser serait  prorogé  jusqu’au  20  octo- 
bre 1883. 

Par  une  circulaire  spéciale,  ce  même 
Comité  informe  également  le  public  que, 
par  suite  de  nouvelles  mesures  adminis- 
tratives, des  récompenses  spéciales  ont  été 
ajoutées  à celles  prévues  au  programme  gé- 
néral. Voici  cette  circulaire  : 

Comme  suite  aux  communications  que  j’ai 
eu  l’honneur  de  vous  adresser  relativement 
à l’Exposition  d’horticulture  qui  aura  lieu  à 
Nice  du  1er  décembre  1883  au  1er  juin  1884, 
j’ai  l’honneur  de  vous  informer  que,  en  outre 
des  récompenses  indiquées  dans  le  programme 
général,  il  sera  mis  à la  disposition  du  Jury  les 
prix  suivants  : 

le  Prix  d’honneur,  médaille  du  Ministre  de 
l’agriculture  avec  prime  de  mille  francs  ; sera 
décerné  à l’exposant  qui  aura  le  plus  contribué 
à la  splendeur  de  l’exposition  par  ses  apports  de 
plantes. 

2»  Prix  d’honneur,  médaille  de  la  ville  de 
Nice  avec  prime  de  cinq  cents  francs  ; sera  dé- 
cerné à l’exposant  qui  aura  le  plus  contribué 
au  succès  de  l’exposition  par  ses  apports  de 
fleurs  coupées. 

3»  Prix  d’honneur,  médaille  de  la  princi- 
pauté de  Monaco  avec  prime  de  cinq  cents 
francs  ; sera  décerné  à l’exposant  qui  aura  ap- 
porté les  plus  beaux  lots  de  fruits  et  légumes. 

4°  Prix  d’honneur,  médaille  de  l’administra- 
tion de  l’Exposition  avec  prime  de  cinq  cents 
francs;  sera  décerné  à l’exposant  déclaré  le 
plus  méritant  pour  les  serres  ou  accessoires  de 
l’horticulture. 

— Une  exposition  internationale  d’horti- 
culture est  annoncée  pour  1885  à South- 
Kensington,  Londres. 

Nécrologie:  M.  Alfred  Cottin.  — Une 
mort  imprévue  vient  d’enlever  à la  Société 
nationale  d’horticulture  de  F rance  l’un  de  ses 
membres  les  plus  actifs  les  plus  dévoués. 


462 


EXPOSITION  AUTOMNALE 

M.  Alfred  Cottin,  pépiniériste,  à Sannois 
(Seine-et-Oise).  Il  était  âgé  de  quarante-deux 
ans,  et  rien  ne  pouvait  faire  présager  ce  triste 
dénoûment.  Le  23  septembre  au  soir,  il  étàit 
encore  au  Pavillon  de  la  ville  de  Paris,  oc- 
cupé à arranger  quelques  fruits  pour  l’ex- 
position à laquelle  il  devait  prendre  part 
comme  juré,  lorsque  le  lendemain  matin, 
jour  de  l’ouverture,  un  télégramme  annon- 
çait à ses  collègues  réunis  à l’exposition  la 
mort  de  M.  Cottin. 

M.  D.  Granger.  — Nous  apprenons  avec 
grand  regret  la  mort  de  M.  D.  Granger, 
l’habile  cultivateur  bien  connu  qui  avait 
fondé  à Suisnes,  près  Brie-Gomte-Robert, 
des  cultures  très-importantes  de  Rosiers. 

Il  était  un  des  créateurs  de  la  culture  du 
Rosier  dans  cette  région,  où  elle-  a pris  ra- 
pidement un  développement  considérable. 

Par  le  semis,  il  a obtenu  un  grand 

EXPOSITION  AUTOMNALE 

Constatons  d’abord  que,  malgré  l’été  peu  fa- 
vorable que  nous  avons  eu,  cette  exposition, 
très-variée  dans  les  produits  qui  y ont  con- 
couru, a parfaitement  réussi  et  a prouvé  que 
nos  cultivateurs,  qu’ils  concentrent  leurs  soins 
sur  riiorticulture  ou  sur  l’arboriculture  frui- 
tière et  d’ornement,  perfectionnent  de  plus  en 
plus  leurs  cultures  spéciales,  et  que  les  bons 
résultats  en  sont  de  jour  en  joui;  plus  marqués. 

L’attention  du  public  était  attirée  en  premier 
lieu  par  de  beaux  lots  de  plantes  à feuillage 
ornemental  et  nous  retrouvons  dans  cette  série 
• les  horticulteurs  habituels. 

M.  Saison- Lierval , entre  autres  belles 
plantes,  avait  envoyé  de  remarquables  spéci- 
mens de  Corypha  Gebanga  (i),  Pteris  Ou- 
vrardi,  Araucaria  glauca,  Croton  Disraeli,  C. 
W eismanni,  Dracæna  lineata,  Kentia  rupi- 
cola,  Areca  lutescens,  etc. 

I\L  Landry,  dont  la  bonne  culture  est  bien 
connue,  exposait  notamment  un  bel  exem- 
plaire (V Adiantum  décorum,  puis  V Areca 
sapida,  A.  Baueri,  Anthurium  Laucheanum 
et  de  nombreux  Palmiers  de  choix. 

M.  Delavier  présentait  une  collection  de 
Palmiers,  parmi  lesquels  nous  citerons  de 
beaux  Cocos,  Kentia,  Thrinax,  Areca,  Phæ- 
nix,  Sabal,  choisis  dans  les  espèces  les  plus 
décoratives. 

(1)  Nous  avons  des  raisons  de  croire  que  les 
Palmiers  généralement  cultivés  sous  ce  nom  ne 
sont  autre  chose  que  le  Saribus  olivœformis. 

{Rédaction.) 


i’horticulture  a paris. 

nombre  de  variétés  nouvelles,  parmi  les 
plus  jolies  desquelles  on  peut  citer  les  Roses 
Louis  Van  Houtte,  Baronne  de  Noir- 
mont,  Édouard  Morren,  Maurice  Ber- 
nardin, Général  Washington,  etc. 

M.  H.  Harpur-Crewe.  — Nous  appre- 
nons la  mort  du  Rev.  H.  Harpur-Crewe, 
membre  de  la  Société  royale  d’horticulture 
de  Londres.  Grand  amateur  de  plantes, 
botaniste  distingué,  il  avait  réuni  dans  sa 
propriété  de  Drayton-Beauchamp  (Angle- 
terre), une  des  plus  belles  collections  con- 
nues de  plantes  de  pleine  terre.  Il  s’est 
occupé  spécialement  des  plantes  bulbeuses, 
et  les  nombreux  voyages  qu’il  a faits  dans  le 
midi  de  l’Europe  pour  collectionner  des 
espèces  nouvelles  lui  avaient  permis  de 
rassembler  une  série  hors  ligne.  Sa  mort 
est  une  perte  pour  l’horticulture  anglaise. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

D’HORTICULTURE  A PARIS 

Les  Bégonia  bulbeux  étaient  bien  repré- 
sentés. MM.  Couturier  et  Robert,  en  tête, 
avaient  de  fort  jolies  nouveautés,  à coloris 
écarlate  et  cramoisi,  puis  un  Bégonia  à fleurs 
d’un  rose  saumoné  très-délicat;  M.  Lequin 
avait  également  un  lot  de  bonnes  plantes 
nouvelles,  à grandes  fleurs  couleur  vermillon, 
minium,  carmin  foncé  et  pâle,  etc. 

Dans  le  lot  de  M.  Arnould,  nous  avons 
remarqué  un  joli  Bégonia  à fleurs  blanc  sau- 
moné à la  face  supérieure  des  pétales,  et 
saumoné  carmin  au  revers. 

M.  G.  Groux  présentait  un  choix  remar- 
quable d’arbres  fruitiers  formés.  Sa  culture 
irréprochable  est  trop  connue  pour  que  nous 
parlions  plus  longuement  de  son  apport. 

MM.  Defresne  et  Boucher  avaient  aussi  des 
arbres  fruitiers  dont  la  forme  dénotait  des 
soins  constants  et  entendus. 

Les  plantes  annuelles  étaient  représentées 
par  un  lot  important  de  MM.  Vilmorin,  qui  en 
ont  fait  une  de  leurs  plus  brillantes  spéciali- 
tés. Ces  exposants  avaient  de  plus  envoyé  une 
belle  collection  de  Glaïeuls  provenant  de  leurs 
semis.  M.  Tollard  avait  un  lot  remarquable  de 
Celosia  (Crêtes  de  coq)  ; quelques  inflores- 
cences mesuraient  plus  de  30  centimètres  de 
largeur. 

On  remarquait  aussi  les  spécimens  irrépro- 
chables Klxora  amabilis,  à floraison  très- 
abondante,  de  M.  Wood;  les  Coleus  de  semis 
de  M.  Pacotto,  de  couleurs  et  de  formes  nou- 
velles ; une  très-belle  collection  de  Zinnia, 


EXPOSITION  AUTOMNALE  D’IIORTICULTURE  A PARIS. 


463 


envoyée  par  MM.  Baltet  et  comprenant  des 
plantes  aux  coloris  les  plus  variés  ; les  Dahlia 
à fleurs  simples  et  doubles  de  MM.  T'orgeot, 
Paillet,  Delahaye  et  Dubois  ; les  arbustes  d’or- 
nement de  M.  Moser,  notamment  un  choix  des 
plus  jolis  Ceanothus  cultivés,  des  Cratægus 
Lalandei,  Ggneriu^m  juhatum,  etc. 

Les  légumes  formaient  une  large  part  de 
l’exposition.  En  tête  venaient  MM.  Vilmorin, 
les  établissements  de  Gennevilliers  et  de  Saint- 
Nicolas,  à Igny.  MM.  Paillet,  Jacqueau,  puis 
MM.  Forgeot,  Dagneau,  présentaient  de  bonnes 
et  nombreuses  collections  de  Pommes  de  terre. 
De  beaux  Ananas  avaient  été  envoyés  par 
M.  Crémont. 

Pour  les  fruits,  M.  Croux  avait,  suivant 
son  habitude , une  collection  hors  ligne  ; 
MM.  Baltet,  une  sélection  de  toutes  les  bonnes 
variétés  de  Pommes  auxquelles  étaient  joints 
quelques  beaux  fruits  inédits;  puis,  MM.  Le- 
roux, Rabier,  Arthur,  Jamet,  Jourdain,  ex- 
posaient tous  des  apports  excitant  un  vif  in- 
térêt. M.  Leroux,  notamment,  avait  des  fruits 
splendides. 

MM.  Baltet  exhibaient  en  outre  une  collection 
intéressante  de  fruits  des  Malus  microcar'pa. 

M.  Salomon  avait  de  beaux  Raisins,  très-bien 
classés  ; M.  Lhérault,  un  choix  des  meilleures 
espèces  de  Raisins  de  cuve. 

Enfin,  M.  Chaté,  qui  s’est  fait  le  zélé  pro- 
moteur de  la  culture  des  plantes  dans  la 
mousse,  exposait  une  construction  rustique  en 
liège,  supportant,  arrangées  de  manières  di- 
verses et  très-ingénieuses,  des  plantes  variées 
qui  semblent  très-bien  s’accommoder  de  ce 
mode  de  traitement.  X. 

DÉCISIONS  DU  JURY. 

A.  — FriHÎts. 

Concours.  Pour  un  ou  plusieurs  fruits  non 
encore  au  commerce  obtenus  de  semis  par  l’expo- 
sant. — Fruits  de  MM.  Baltet  frères.  — Les  prix 
seront  décernés,  s’il  y a heu,  après  l’examen  du 
Comité  d’ Arboriculture  de  la  Société. 

Concours.  Pour  la  collection  de  fruits  la  plus 
complète  et  la  plus  remarquable  par  la  beauté  et 
la  qualité  des  échantillons  (trois  fruits  au  moins  de 
chaque  variété  et  cinq  au  plus).  — Ier  prix,  mé- 
daille d’or,  M.  Croux.  — 2*  prix,  médaille  de  ver- 
meil, M.  Boucher,  et  l’Établissement  Saint-Nicolas, 
Igny.  — 3®  prix,  médaille  d’argent,  M.  Havard. 

4®  Concours.  Pour  la  plus  belle  collection  de 
Poires,  composée  de  trente  variétés  nommées  (il 
ne  sera  reçu  que  cinq  échantillons  de  chacune 
d’elles).  — 1®*’  prix,  médaille  de  vermeil,  M.  Rabier. 

— 2®  prix,  médaille  d’argent,  M.  Th.  Denis. 

7®  Concours.  Pour  la  plus  belle  et  la  plus  nom- 
breuse collection  de  Pommes  (trois  échantillons  de 
chaque  variété)  à fruits  volumineux.  — l«r  prix, 
médaille  d’or,  MM.  Baltet  frères. 

i /®  Concours.  Pour  le  plus  beau  lot  de  Pêches. 

— Grande  médaille  de  vermeil,  M.  G.  Chevalier. 

Concours.  Pour  la  plus  belle  collection  de 
Raisins  de  table,  composée  de  vingt-cinq  variétés 


nommées.  — 1®*"  prix,  médaille  d’or,  M.  Salomon. 

— 2®  prix,  médaille  de  vermeil,  M.  L.  Lhérault. 

J4®  Concours.  Pour  le  plus  bel  apport  de  Chas- 
selas de  Fontainebleau  qui  ne  sera  pas  moindre  de 
cinq  kilogrammes.  — 1er  prix,  grande  médaille 
d’argent,  M.  Salomon  et  M.  Crapotte. 

Jfio  Concours.  Pour  la  plus  belle  et  la  plus  nom- 
breuse collection  de  Raisins  de  cuve.  — l®r  prix, 
médaille  de  vermeil,  M.  Lhérault.  — 2®  prix,  mé- 
daille d’argent,  M.  Salomon. 

i6^  Concours.  Pour  le  plus  beau  lot  d’ Ananas  à 
maturité.  — 1er  prix,  grande  médaille  de  vermeil, 
M.  Crémont. 

^7®  Concours.  Pour  la  collection  la  plus  belle, 
la  plus  nombreuse  et  la  plus  correctement  éti- 
quetée de  fruits  à cidre.  — 2®  prix,  médaille  d’ar- 
gent, MM.  Baltet  frères. 

i8*  Concours.  Pour  les  arbres  fruitiers  dressés 
(deux  exemplaires  de  chaque  genre  et  formés). 

— 1®*-  prix,  médaille  d’or,  M.  Croux.  — 2®  prix, 
médaille  de  vermeil,  M.  G.  Boucher.  — 3°  prix, 
médaille  d’argent,  M.  H.  Defresne. 

Concours.  Pour  les  arbres  fruitiers  de  pépi- 
nière (deux  individus).  — «lci‘  prix,  grande  médaille 
d’argent,  M.  G.  Boucher  et  M.  H.  Defresne.  — 
2c  prix,  médaille  d’argent,  M.  Chatenay. 

20°  Concours.  Pour  les  plus  belles  corbeilles  de 
fruits.  — 1er  prix,  médaille  de  vermeil,  M.  Jamet 
et  M.  Jourdain.  — 2°  prix,  grande  médaille  d’ar- 
gent, M.  Arthus.  — 3o  prix,  médaille  d’argent, 
M.  Crapotte  et  l’Établissement  Saint-Nicolas,  Igny. 

22°  Concours.  Pour  les  fruits  cultivés  en  Algérie 
et  dans  le  midi  de  la  France.  — 2°  prix,  médaille  de 
vermeil,  M.  Place.  — 3c  prix,  médaille  d’argent, 
M,  Hédiard. 

CONCOURS  IMPRÉVUS. 

Raisins  et  fruits.  — Grande  médaille  d’argent, 
M.  Gommeaux. 

Fruits  de  Pommiers  baccifères.  — Grande  mé- 
daille d’argent,  MM.  Baltet  frères. 

Arbres  fruitiers  en  pots.  — Médaille  d’argent, 
M.  Salomon. 

Collections  de  fruits.  — Grande  médaille  de  ver- 
meil, M.  Leroux. 

HORS  CONCOURS. 

FÉLICITATIONS  DU  JURY. 

M.  F.  Jamin,  lot  de  Fruits.  — M.  Cottin,  cor- 
beilles de  Fruits.  — M.  Millet,  Vignes  en  pots  (cul- 
ture anglaise).  — M.  A.  Hamelin,  Pêches. 

B.  — Légumes. 

23°  Concours.  Pour  un  ou  plusieurs  légumes 
nouveaux,  obtenus  de  semis  par  Fexposant  et  jugés 
méritants.  — M.  Jacqueau,  Pommes  de  terre  nou- 
velles. — M.  Mayeux,  Pommes  de  terre  nouvelles, 
renvoyées  à l’examen  du  Comité  de  culture  pota- 
gère. — Prix  à la  disposition  du  Jury. 

25°  Concours.  Pour  la  plus  belle  et  la  plus  nom- 
breuse collection  de  légumes.  — Ici'  prix,  médaille 
d’or,  MM.  Vilmorin-Andrieux  et  C'c.  — 2c  prix,  mé- 
daille de  vermeib  MM.  les  Cultivateurs  de  Genne- 
villiers. — 3c  prix,  médaille  d’argent,  Établissement 
de  Saint-Nicolas,  à Igny. 

30°  Concours.  Pour  la  plus  belle  et  la  plus  nom- 
breuse collection  de  Choux  alimentaires  (quatre 
individus  de  chaque  sorte).  — 2c  prix,  médaille 
d’argent.  Établissement  de  Saint-Nicolas,  à Igny. 


4G4 


ABRIS  ÉCONOMIQUES  POUR  LES  PAYS  CHAUDS. 


31^  Concours.  Pour  le  plus  beau  lot  de  Choux- 
fleurs  composé  d’au  moins  quatre  individus  de  cha- 
que variété.  — 1^“  prix,  médaille  d’argent,  M.  H. 
Jamet, 

33^  Concours.  Pour  la  collection  la  plus  com- 
plète de  Pommes  de  terre.  — Ici'  prix,  médaille  de 
vermeil,  M.  Paillet  et  M.  Jacqueau.  — 2°  prix,  mé- 
daille d’argent,  M.  Dagneau  et  MM.  Forgeot  etC'c. 

54°  Concours.  Pour  le  plus  beau  lot  de  Fraises. 
— 1er  prix,  médaille  d’argent,  M.  Picquenot 

Concours  imprévus.  Potirons  et  Tomates.  — Mé- 
daille d’argent,  M.  Falaise. 

Hors  concours.  Gurcurbitacées.  — L’école  d’agri- 
culture de  Grignon.  Remercîments  du  Jury. 

C.  — Plasites  fiSeurics. 

37°  Concours.  Pour  une  ou  plusieurs  plantes  de 
serre,  d’orangerie  ou  de  plein  air  obtenues  de  se- 
mis par  l’exposant  et  n’ayant  pas  encore  été  livrées 
au  commerce.  — Médaille  de  vermeil  pour  Coléus, 
M.  Pacotto.  — Médaille  d’argent  pour  Bégonias  tu- 
béreux,  M.  Lequin. 

38°  Concours.  Pour  six  plantes  au  moins  remar- 
quables par  leur  bonne  .,culture  et  leur  belle  flo- 
raison. — 2c  prix,  médaille  d’argent,  M.  Armand- 
Gontier  jeune. 

42°  Concours.  Pour  une  collection  de  Bégonia 
en  fleurs  (tuberculeux,  acaules  ou  caulescents).  — 
Ici'  prix.  Grande  médaille  de  vermeil,  MM.  Coutu- 
rier et  Robert.  — 2c  prix,  médaille  de  vermeil, 
M.  Lequin,  — 3c  prix,  médaille  d’argent,  M.  Ar- 
nould. 

48°  Concours.  Pour  la  plus  belle  collection  de 
Pélargonium  zonale  et  inquinans  à fleurs  simples 
(40  variétés  fleuries  au  moins,  représentées  cha- 
cune par  un  exemplaire).  — 2c  prix,  médaille  d’ar- 
gent, M.  Ch.  Dagneau. 

40°  Concours.  Pour  la  plus  belle  collection  de 
Pélargonium  inciuinans  et  zonale  à fleurs  doubles 
(30  variétés  au  nmins  représentées  chacune  par  un 
spécimen).  — 2c  prix,  médaille  d’argent,  M.  Ch. 
Dagneau. 

53°  Concours.  Pour  la  plus  belle  collection,  en 
trente  variétés  au  plus,  de  Reines-Marguerites 
fleuries,  représentées  chacune  par  un  spécimen.  — 
2c  prix,  médaille  d’argent,  MM.  Vilmorin-Andrieux 
et  CJc. 

5G°  Concours.  Pour  la  plus  belle  et  la  plus  nom- 
breuse collection  de  Dahlias  grandiflores  en  fleurs 
coupées  (50  variétés  au  moins,  nommées).  — Ici' prix, 
médaille  de  vermeil,  M.  A,  Dubois.  — 2°  prix,  mé- 
daille d’argent,  M.  Paillet.  — 3°  prix,  médaille  d’ar- 
gent, M.  Delahaye. 

5b°  Conco'urs.  Pour  la  collection  la  plus  méri- 
tante de  Dahlias  lilliputiens  (30  variétés  au  moins). 

— ici'  prix,  grande  médaille  d’argent,  M.  A.  Dubois. 

— 2c  prix,  médaille  d’argent,  M.  Delahaye. 


59°  Concours.  Pour  une  collection  de  Dahlias 
fleuris  cultivés  en  pots  (30  variétés  au  moins).  — 
2°  prix,  médaille  d’argent,  M.  Paillet. 

00°  Concours.  Pour  la  plus  belle  collection  de 
Dahlias  simples.  — Ici'  Prix,  médaille  d’argent, 
MM.  Forgeot  et  Gîc. 

62°  Concours.  Pour  le  plus  beau  lot  de  Cy- 
clamens. — 2°  prix,  grande  médaille  d’argent, 
M.  Ch.  Wood. 

05°  Concours.  Pour  la  plus  belle  collection  en 
pots  ou  en  fleurs  coupées  de  Zinnias  à fleurs  doubles. 
— ici' prix,  médaille  d’argent,  MM.  Baltet  frères. 

66°  Concours.  Pour  la  plus  belle  collection  de 
Roses  nommées,  présentées  en  fleurs  coupées.  — 
Ici'  prix,  médaille  de  vermeil.  Les  Cultivateurs  de 
Gennevilliers.  — 2c  prix,  médaille  d’argent,  M.  Ro- 
beaux. 

07°  Concours.  Pour  la  plus  belle  collection  de 
Rosiers  fleuris  nommés,  cultivés  en  pots.  — 3°  prix, 
médaille  d’argent,  M.  Robeaux. 

CONCOURS  IMPRÉVBS. 

Arbustes  d’ornement.  — Grande  médaille  d’ar- 
gent, M.  Moser. 

Ornementation,  plantes  dans  la  mousse.  — Mé- 
daille d’or,  M.  E.  Chaté. 

Tapisserie-culture.  — Grande  médaille  d’argent, 
M.  L.  Chaté. 

Glaïeuls  de  semis.  — Médaille  de  vermeil, 
MM.  Vilmorin-Andrieux  et  C‘c. 

. Glaïeuls  de  semis.  — Médaille  d’argent,  M.  Pic- 
quenot. 

Plantes  annuelles  fleuries.-  — Médaille  de  vermeil, 
MM.  Vilmorin-Andrieux  et  Cic. 

Bégonia  Rex.  — Grande  médaille  d’argent, 
M.  Delaluque. 

Célosies.  — Médaille  d’or,  M.  A.  Lecaron. 

Ixoras.  — Grande  médaille  d’agent,  M.  Ch. 
Wood. 

Clématites.  — Grande  médaille  d’argent,  M.  G. 
Boucher. 

Objets  d’histoire  naturelle.  — Médaille  d’or, 
M.  Sosson. 

Musée  scolaire.  — Grande  médaille  d’argent, 
M.  Guibourg. 

Herbier.  — Médaille  d’argent,  M.  H,  Rousseau. 

HORS  COxNCOURS. 

FÉLICITATIONS  DU  JURY. 

Pour  plantes  de  serre  variées.  — MM.  Landry, 
Saison-Lierval,  Delavier  et  Dalé. 

Pour  Violettes  panachées  {Armandine  Millet). 
- M.  Millet. 

Pour  plantes  à feuilles  persistantes.  — Cultures 
de  Gennevilliers. 


ABRIS  ÉCONOMIQUES  POUR  LES  PAYS  CHAUDS 


Les  pays  plus  favorisés  que  le  nôtre 
SOUS  le  rapport  de  la  température  ne  sont 
pourtant  pas  exempts  d’inconvénients  ; il 
y a plus,  cet  avantage  peut  même  devenir 
un  mal.  Il  faut  donc,  dans  la  pratique, 
cliercher  à harmoniser  les  choses  et  faire 
en  sorte  de  profiter  de  tout. 


Quelles  que  soient  la  douceur  et  la  clé- 
mence d’un  climat,  il  y a des  moments  où,  par 
suite  d’intempéries,  il  faut  intervenir,  afin 
d’éviter,  corriger  ou  combattre  celles-ci. 
C’est  surtout  quand  il  s’agit  d’arbres  frui- 
tiers que  cette  intervention  est  nécessaire  ; le 
moment,  c’est  le  printemps,  lorsqu’à  lieu  la 


NAVET  PETIT  DE  BERLIN  ET  NAVET  DE  TELTAU  AMÉLIORÉ. 


floraison.  A cette  époque,  il  est  rare  que, 
même  dans  le  Midi,  l’on  n’ait  pas  à redouter 
soit  des  froids,  soit  des  pluies,  contre  les- 
quels on  doit  se  mettre  en  garde.  Ce 
sont  des  moments  critiques,  pendants  les- 
quels des  murs  deviennent  nécessaires, 
sinon  indispensables.  Mais,  comme  dans 
ces  conditions  les  chaleurs  seront  bientôt 
très-fortes,  qu’alors  les  arbres  auront  be- 
soin de  beaucoup  d’air,  et  par  conséquent 
que  les  murs  seraient  nuisibles,  il  faut 
prévoir  cet  inconvénient,  ce  à quoi  l’on 
parvient  aisément  en  établissant  des  abris 
mobiles,  peu  dispendieux,  que  l’on  met 
et  retire  à volonté.  On  emploie  des  paillas- 
sons en  paille,  roseau,  genêt,  bruyère,  etc., 
suivant  les  conditions  dans  lesquelles  on  se 
trouve.  C’est  donc  une  question  d’appro- 
priation locale  ou  économique,  soit  par  le 
choix  des  matériaux,  soit  pour  la  forme  et 
les  dimensions  à donner  aux  abris.  On  peut 
les  construire  à l’aide  de  gaulettes  mainte- 
nues par  des  fils  de  fer  ou  des  lattes  ; on  con- 
fectionne ainsi  des  sortes  de  cadres  que  l’on 
remplit  ensuite  avec  l’une  ou  l’autre  des 
matières  qu’on  a à sa  disposition.  On  pour- 
rait aussi,  au  lieu  de  paillassons,  faire  des 
abris  légers,  ou  sortes  de  panneaux  en 
planches.  Voilà  pour  les  abris,  voyons  pour 
les  plantations. 

Plantation  et  dressage  des  arbres.  Bien 
que  devant  être  fait  économiquement,  ce 
travail  nécessite  certaines  dépenses  inaccou- 
tumées ; aussi  ne  doit-on  l’appliquer  que 
pour  les  arbres  dont  la  culture  est  rémuné- 
ratrice ou  bien  pour  ceux  auxquels  on  tient 
tout  particulièrement.  Admettons  ici  qu’il 
s’agisse  de  Pêchers. 

Les  arbres  devront  être  plantés  en  contre- 
espaliers,  dans  de  bonnes  conditions  d’o- 
rientation et  d’exposition.  Les  soins  après 
la  plantation,  qui  devra  toujours  être  bien 
faite,  consisteront,  outre  la  culture  du  sol, 

NAVET  PETIT  DE  BERLIN  ET 

L’influence  du  milieu  cultural,  au  point 
de  vue  de  l’horticulture,  est  telle  que  des 
démonstrations  sérieuses  et  bien  faites, 
dans  ce  sens,  pourraient  expliquer  la  for- 
mation et  la  répartition  des  espèces  beau- 
coup mieux  que  toutes  les  théories  qu’on  a 
faites  jusqu’ici.  Voici  encore  un  exemple 
tout  récent  qui  ne  laisse  aucun  doute  à cet 


465 

à tailler,  pincer,  ébourgeonner  les  arbres 
afin  de  les  disposer  à la  fructification.  C’est 
seulement  à partir  de  ce  moment  que  l’on 
pense  aux  abris.  Ceux-ci  devront  être  pla- 
cés avant  la  floraison  des  arbres  , derrière 
et  près  de  ces  derniers,  comme  le  seraient 
des  murs  dont  ils  tiendront  lieu.  L’époque, 
en  rapport  avec  le  climat  et  les  localités, 
sera  subordonnée  à celle  où  se  produisent 
les  intempéries.  II. en  est  de  même  pour 
l’enlèvement  de  ces  abris  ; on  le  pratique 
quand  tout  danger  est  passé,  lorsque  les 
fruits,  plus  ou  moins  gros,  sont  assurés, 
dans  le  courant  de  mai,  par  exemple.  Alors 
ces  fruits,  exposés  à l’air  et  au  soleil,  grossis- 
sent et  acquièrent  leurs  qualités  sans  brûler 
ni  recevoir  de  coups  de  soleil,  ainsi  que 
cela  ne  manquerait  pas  de  se  produire  pen- 
dant les  fortes  chaleurs,  si  les  arbres  étaient 
placés  le  long  des  murs. 

A l’aide  des  précautions  que  nous  ve- 
nons d’indiquer  il  sera  possible,  même  dans 
le  Midi  de  la  France,  de  cultiver  les  Pê- 
chers en  espalier,  et  de  récolter  chaque 
année  de  beaux  et  bons  fruits;  en  un  mot, 
d’obtenir  tous  les  avantages  que  procurent 
les  murs  sans  en  avoir  les  inconvénients. 

Il  va  de  soi  que  les  abris  dont  il  vient 
d’être  question,  ne  dispenseront  pas  de 
donner  aux  Pêchers  les  soins  généraux  qui 
leur  sont  nécessaires  : arrosage,  bassinage, 
pinçage,  ébourgeonnage,  éclaircissage  des 
fruits,  etc.,  etc. 

Rien,  non  plus,  ne  s’opposerait  à ce  que, 
au  besoin,  on  laissât  les  abris  plus  long- 
temps ; il  suffirait,  par  exemple,  pour  pré- 
server les  fruits  du  grand  soleil,  de  les  ga- 
rantir avec  des  toiles  pendant  les  quelques 
heures  où  le  soleil  brille  de  tout  son  éclat. 
Ici,  comme  toujours,  il  y a la  question 
pratique,  le  ((  tour  de  main  » que  l’on  ne 
peut  décrire,  mais  que  le  praticien  sait  re- 
connaître et  appliquer.  Carrelet. 

IA  VET  DE  TELTAU  AMÉLIORÉ 

égard;  nous  le  devons  à M.  Hébrard,  ma- 
raîcher, 55,  rue  de  Reuilly,  à Paris. 

Mais , avant  d’arriver  au  fait  et  pour 
mieux  faire  apprécier  l’importance  de  la 
modification  dont  il  s’agit,  nous  allons,  en 
quelques  mots,  rappeler  les  caractères  du 
Navet  de  Teltau,  souvent  appelé  ((  Navet 
petit  de  Berlin.  )) 


4G6 


NAVET  PETIT  DE  BERLIN  ET  NAVET  DE  TELTAU  AMÉLIORÉ. 


Racine  complètement  enterrée,  conique  ou 
pyriforme,  courte  et  petite,  mesurant  de  G à 
8 centimètres  de  long  sur  4 centimètres  de 
diamètre  au  collet,  d’un  blanc  grisâtre.  Chair 
très-sèche  sans  être  dure,  sucrée  et  presque 
farineuse.  Feuilles  très-petites,  à lobes  arron- 
dis, ne  dépassant  pas  12  a 15  centimètres  de 
longueur,  tombant  sur  la  terre  et  se  desséchant 
lorsque  la  racine  est  bien  formée.  ^ 

Le  Navet  petit  de  Berlin  (tig.  93)  est  précoce 
et  réussit  très-bien  dans  les  terres  légères  et 
sablonneuses.  C’est  un  légume  tout  particulier, 
dont  la  saveur  diffère  de  celle  des  autres  Navets  ; 
elle  est  plus  douce  et  plus  sucrée,  et  la  consis- 
tance de  la  chair  est  presque  farineuse  au  lieu 
d’être  aqueuse  et  fondante.  Les  racines  arra- 
chées et  enterrées  dans  du  sable  demi-sec, 
peuvent  se  conserver  tout  l’hiver  et  même  très- 
avant  dans  l’année  suivante,  si  on  les  ])lace  dans 
un  lieu  légèrement  humide. 


Fig.  93.  — Navet  petit  de  Berlin. 

Cette  description,  qne  nous  emprun- 
tons aux  Plantes  potagères,  est  par- 
faitement exacte  et  concorde  avec  ce 
que  nous  avons  observé  dans  les  expé- 
riences que  nous  avons  faites  'de  cette 
même  espèce  cultivée  à Montreuil,  dans 
un  sol  très-sableux  et  sec.  Mais,  ainsi  qu’on 
va  le  voir,  elle  diffère  complètement  de 
celle  faite  de  visu  dans  les  cultures  de 
M.  Hébrard,  et  que  voici  : 

Plante  très-vigoureuse  (fîg.  94),  à feuilles 
d’un  vert  intense,  glabres  et  luisantes,  s’éle- 
vant jusqu’à  40  centimètres  et  plus  de  hau- 
teur, persistantes,  et  tellement  nombreuses, 
qu’elles  constituent  de  très-forts  collets. 
Racine  fusiforme,  courtement  renflée,  lisse, 
blanche  comme  celle  du  Navet  Marteau, 
atteignant  jusqu’à  11  centimètres  de  dia- 
mètre. Chair  blanche,  cassante,  plutôt  sèche 
que  aqueuse,  de  saveur  sui  generis,  difficile 
à définir  (celle  du  Radis  noir  alliée  à celle 


du  Navet,  rehaussée  d’une  légère  saveur 
de  Panais),  un  peu  styptique.  Ajoutons  que 
ces  Navets  cuisent  bien  et  sont  dépourvus 
du  corps  central  fibro-ligneux  qui  se  ren- 
contre très-fréquemment  dans  le  Navet  de 
Teltau. 

Après  avoir  décrit  ces  nouveaux  produits 
et  montré  qu’ils  n’ont  plus  rien  de  com- 
mun avec  le  type  dont  ils  sortent,  nous 
devons  faire  connaître  comment  et  en  com- 
bien de  temps  M.  Hébrard  est  arrivé  à une 


si  complète  transformation,  à laquelle,  du 
reste,  il  était  loin  de  s’attendre.  Voici 
d’abord  pour  l’origine  : 

Dans  une  séance  de  février  1883,  de  la 
Société  nationale  et  centrale  d’horticulture 
de  France,  M.  Lavallée  avait  apporté  quel- 
ques petits  Navets  de  Berlin,  sur  les- 
quels il  appelait  tout  particulièrement  l’at- 
tention, en  faisant  ressortir  leurs  carac- 
tères de  végétation  et  surtout  leur  bonne 
qualité  ainsi  que  leur  nature  tout  à fait 
spéciale.  Ici,  nous  laissons  la  parole  à 
M.  Hébrard  : 


CÉLERI  BLANC  OU  CÉLERI  CHEMIN. 


467 


....  Gomme  M.  Lavallée  avait  mis  ces  Navets 
à la  disposition  des  sociétaires,  j’en  pris  trois 
que  je  plantai  sur  couche  froide  et  sous  cloche 
et  dont  je  récoltai  bientôt  des  graines  que  je 
semai  dès  le  commencement  de  juillet.  J’ai 
pu  présenter  en  septembre,  à une  séance  de 
la  Société,  une  botte  de  ces  Navets,  qui  déjà 
étaient  plus  du  double  plus  gros  que  ceux  sur 
lesquels  j’avais  récolté  les  graines.  Depuis,  j’ai 
fait  de  nouveaux  semis  dans  des  conditions 
diverses,  sous  châssis  sur  couche  froide,  et  en 
pleine  terre  sur  côtière , et  j’ai  obtenu  des 
résultats  étonnants,  des  racines  d’un  très-beau 
blanc,  renflées,  énormes. 

Contrairement  à ce  qui  a lieu  d’ordinaire 
pour  ces  Navets  types,  les  feuilles,  au  lieu 
d’ôtre  maigres  et  de  disparaître , sont  nom- 
breuses et  persistent.  Le  terrain  où  j’avais 
semé  les  graines  était  ou  du  terreau  ou  un 
sol  sabloneux,  très-humeux,  comme  le  sont 
tous  les  terrains  maraîchers.  Quant  à la  nature 
de  ces  nouveaux  produits,  elle  était  aussi  sen- 
siblement modifiée,  la  saveur  rappelant  tou- 
jours un  peu  celle  des  Panais,  mais  moins 
accentuée  ; la  chair  blanche  est  beaucoup  plus 
tendre  et  moins  filandreuse  que  celle  du  type 
et,  par  conséquent,  plus  agréable.  Toutefois, 
elle  a le  défaut  d’être  attaquée  par  les  vers... 

Les  faits  dont  il  vient  d’être  question 
démontrent,  de  la  manière  la  plus  nette, 
l’influence  du  milieu  sur  la  nature  des 

CÉLERI  BLANC  01 

Cette  variété,  des  plus  remarquables,  qui 
a été  obtenue  par  M.  Chemin,  maraîcher, 
8,  quai  de  la  Gare,  à Issy  (Seine),  est  ap- 
pelée à un  brillant  succès  dans  la  cul- 
ture potagère,  et,  probablement,  elle  rem- 
placera bientôt  toutes  les  autres  variétés 
de  Céleris,  moins  les  tubéreux,  bien  en- 
tendu. 

Une  chose  qui  suffirait  pour  démontrer 
la  valeur  de  cette  variété,  c’est  l’empres- 
sement avec  lequel  elle  a été  accueillie  par 
le  public  ; aujourd’hui,  aux  halles  de  Paris, 
on  n’en  voit  presque  plus  d’autre,  et  cet 
approvisionnement  est  uniquement  dû  aux 
maraîchers  parisiens  On  sait  que  les  ma- 
raîchers n’admettent  jamais  dans  leur 
culture  que  ce  qui  est  véritablement  mé- 
ritant. 

Ce  qui  constitue  le  mérite  particulier  de 
ce  Céleri,  c’est,  outre  ses  qualités  culinaires, 
la  couleur  blanc  jaunâtre  qu’il  prend  na- 
turellement, ce  qui  dispense  de  le  soumettre 


végétaux.  Nous  avons  tenu  à les  rappeler, 
parce  que,  mieux  que  tous  les  raisonne- 
ments, ils  peuvent  expliquer  la  formation 
de  races  locales  et  l’apparition  de  variétés 
ou  de  formes  très-diverses,  bien  que  pro- 
venant de  graines  récoltées  sur  une  même 
plante,  lorsqu’elles  sont  semées  dans  des 
conditions  très-différentes. 

Quant  à ce  que  dit  M.  Hébrard,  que 
ces  Navets  sont  souvent  attaqués  par  les 
vers,  rappelons  que  ce  fait  n’est  pas  dû  à 
la  nature  des  produits,  mais  qu’il  est  une 
conséquence  du  sol  et  surtout  du  milieu 
ambiant.  Eii  effet,  il  y a beaucoup  de  ter- 
rains et  même  de  natures  très  - diverses, 
dans  lesquels  les  Navets  viennent  mal  et 
sont  toujours  remplis  de  vers,  excepté  à 
l’automne,  tandis  qu’il  en  est  d’autres  où 
ces  plantes  viennent  admirablement  bien 
pendant  toute  l’année  et  ne  sont  jamais  atta- 
quées par  les  vers.  Pourquoi  ? 

Les  faits  que  nous  venons  de  rapporter 
peuvent  aussi  donner  une  idée  de  ce  qu’on 
nomme  « dégénérescence,  » expression 
très-vague,  du  reste,  qui  donne  lieu  à des 
interprétations  très-diverses  et,  par  suite, 
à des  conclusions  souvent  contradictoires, 
toujours  nuisibles  à la  vérité. 

E.-A.  Carrière. 

CÉLERI  CHEMIN 

à l’étiolage,  opération  laborieuse  qui  a le 
grand  inconvénient  de  déterminer  la  pour- 
riture d’une  partie  des  plantes.  Il  n’en  est 
pas  ainsi  du  Céleri  Chemin  naturellement 
blanc,  il  suffit  de  le  planter,  de  l’arroser 
ainsi  qu’on  le  fait  pour  tous  les  autres  Cé- 
leris, et  de  l’arracher  pour  le  porter  au 
marché  lorsqu’il  a atteint  tout  son  déve- 
loppement. Dans  ces  conditions  ordinaires 
et  qui  n’exigent  aucun  travail  spécial,  non 
seulement  ce  Céleri  est  très-beau  d’aspect, 
mais  il  est  aussi  très-bon,  bien  plein,  très- 
tendre,  savoureux  et  très-agréable  à man- 
ger. C’est  donc  une  véritable  révolulion,  bien 
pacifique  toutefois,  que  va  produire  le  Cé- 
leri Chemin,  dit  « Céleri  blanc  ».  Ajoutons 
qu’il  est  vigoureux  et  relativement  hâtif. 
Quant  à sa  culture,  elle  est  absolument 
la  même,  moins  l’étioîage,  que  celle  qu’on 
applique  à tous  les  autres  Céleris. 

Ce  Céleri  a été  obtenu  en  1875,  et  c’est 
en  1877  que  son  obtenteur,  M.  Chemin,  en 


468 


CARÂGUATA  SANGUINEA. 


portait  les  premiers  pieds  aux  halles  cen- 
trales de  Paris. 

A tous  les  points  de  vue,  le  Céleri  Che- 


min est  une  plante  précieuse,  une  heureuse 
addition  aux  plantes  économiques  alimen- 
taires. E.-A.  Carrière. 


CARAGUATA  SANGUINEA 


J’ai  récolté  les  premiers  échantillons  de 
cette  Broméliacée  nouvelle  en  mai  1876, 
dans  la  Cordillère  occidentale  des  Andes 
de  la  Nouvelle-Grenade,  entre  Tuquerrès  et 
Barbacoas,  au  lieu  dit  (^  Los  Astrojos  ».  Elle 
croissait  çà  et  là,  en  épiphyte , sur  les 
grands  arbres  qu’elle  ornait  de  son  beau 
feuillage  d’un  rouge  de  sang.  Les  couleurs 
en  étaient  si  vives  que  les  Indiens  cargueros 
qui  parcourent 
cette  voie,  dite  le 
((  chemin  terri- 
ble »,  en  récol- 
taient souvent  des 
pieds  vivants  pour 
les  planter,  en 
guise  à’ex-voto, 
sur  une  croix 
formée  de  deux 
tronçons  de  Fou- 
gère en  arbre 
(Alsophila)ei  qui 
avait  reçu  pour 
cette  raison  le 
nom  de  (c  Cruz  de 
los  hicundos (i)y). 

J’en  recueillis  un 
assez  grand  nom- 
bre d’échantil- 
lons, qui  furent 
expédiés  en  même 
temps  que  les 
premiers  Anthu- 
rivm  Andrea- 
niim,  lorsque  je 
découvris  cette 
belle  Aroïdée  ; 
mais  la  Bromé- 
liacée périt  dans  l’emballage  avant  d’at- 
teindre l’Europe. 

En  1880,  dans  une  nouvelle  exploration, 
organisée  avec  le  concours  de  quelques  ama- 
teurs du  midi  de  la  France,  je  réussis  à 
introduire  de  bonnes  graines  du  Caraguata 

(1)  Bicundo  ou  Vicimdo  est  le  nom  des  Bromé- 
liacées dans  cette  partie  de  la  Nouvelle-Grenade 
et  le  Caraguata  sanguinea,  de  couleur  rouge,  est 
nommé  Bicundo  Colorado. 


sanguinea.  De  ces  graines  sont  sorties  les 
plantes  sur  lesquelles  ont  été  prises  la  des- 
cription et  les  figures  aujourd’hui  pu- 
bliées pour  la  première  fois  par  la  Revue 
horticole. 

Description.  --  Plante  de  dimensions 
moyennes  (fig.  95  et  96),  ne  dépassant  guère 
40  à 50  centimètres  de  diamètre  sur  30  à 
40  centimètres  de  hauteur,  en  rosace  serrée 
un  peu  aplatie. 
Feuilles  nom- 
breuses, dressées, 
puis  fortement 
étalées,  décurves, 
longues,  de  20  à 
30  centimètres, 
larges  de  4 à 
6 centimètres, 
aplaties,  à bords 
incurvés,  longue- 
ment engainan- 
tes, peu  dilatées 
à la  base,  à bords 
subparallèles,  à 
sommet  acuminé 
révoluté  ondulé, 
à pointe  canali- 
culée  aiguë,  à 
surface  finement 
sillonnée,  d’une 
couleur  vert  ten- 
dre, teintées  de 
rouge  dans  leur 
jeune  âge,  se  ta- 
chant graduelle- 
ment de  macules 
couleur  rouge  vio- 
let d’abord,  pas- 
sant au  rouge  sang  et  devenant  de  plus  en 
plus  colorées  en  approchant  du  moment  de 
la  floraison,  variant  de  coloration  suivant 
les  individus,  au  point  que  certains  sont 
entièrement  pourpres,  tandis  que  d’autres 
sont  plus  ou  moins  maculés.  Inflorescence 
terminale,  nidulante  (caractère  jusqu’ici 
unique  dans  le  genre  Caraguata),  formant 
un  épi  serré,  subsessile,  entouré  de  brac- 
tées ovales,  imbriquées  aiguës,  entre  les- 


Fig.  95.  — Caraguata  sanguinea,  au  1/7  de  grandeur 
naturelle. 


CÂRAGUATA.  SANGUINEA. 


469 


quelles  se  développent  les  fleurs  brièvement 
pédicellées,  d’un  jaune  paille  bordé  de 
blanc  ; calyce  gamosépale  à la  base  sur  un 
quart  de  sa  hauteur,  à trois  lobes  épais,  cu- 
cullés  obtus,  longs  d’un  centimètre,  d’un 
blanc  hyalin  ; corolle  gamopétale,  longue  de 
5 à 6 centimètres,  à tube  cylindrique  un 
peu  renflé  au  sommet,  à lobes  étalés,  ovales 
obtus,  un  peu  concaves;  étamines  adnées 
au  tube  de  la  corolle  jusqu’à  l’orifice  de 
la  gorge,  subconnées  en  un  glomérule 
conique,  anthères  subbasifixes , sagittées 
jaunes;  style  filiforme  saillant,  blanc,  stig- 


mate vert,  à trois  branches  droites  papil- 
leuses  ; ovaire  à trois  angles  arrondis,  à 
trois  loges  portant  de  nombreux  ovules  ; 
capsule  cartilagineuse  brune,  cylindracée 
aiguë,  graines  soyeuses  comme  dans  toutes 
les  Tillandsiées  (1). 

Le  Caraguata  sanguinea,  exposé  pour 
la  première  fois  à la  séance  du  11  janvier 
1883  de  la  Société  nationale  d’horticulture 
de  France,  y a reçu  une  prime  de  pre- 
mière classe.  Il  a été  une  des  dix  plantes 
nouvelles  à beau  feuillage  qui  ont  obtenu 
le  premier  prix  (médaille  d’or)  à l’exposi- 


1.  Une  fleur  entière,  de  grandeur  naturelle. 

2.  La  même  fleur,  coupe  longitudinale. 

3.  Un  lobe  de  la  fleur  avec  une  partie  du  tube,  pour 

montrer  l’insertion  des  étamines,  coupe  longitudi- 
nale. 

4.  Une  étamine  vue  de  face  et  de  profil  (grossie  3 fois). 


5.  Pistil,  ovaire  et  un  fragment  du  calyce  (grandeur  na- 

turelle). 

6.  Le  stigmate  (grossi  5 fois). 

7.  Un  des  lobes  du  calyce  (grossi  2 fois). 

8.  Coupe  longitudinale  de  l’ovaire  (grossi  3 fois). 

9.  Coupe  transversale  de  l’ovaire  (grossi  3 fois). 


tion  générale  de  mai  1883  de  la  même  so- 
ciété. 

La  plante  sera  mise  au  commerce  par 
M.  Bruant,  horticulteur  à Poitiers  (Vienne), 
à partir  du  15  octobre  de  cette  année. 

Ed.  André. 

(1)  Caraguata  sanguinea,  Ed.  André,  spec.  nov. 
— Folia  plurima  rosulantia,  30-40  centim.  longa, 
3-4  cent,  lata,  erecto-patentia  decurva  plana  mar- 
ginibus  subparallelis  erectis,  basi  parum  dilatata, 
longe  vaginantia,  apice  acuminato  acuto  revoluto, 
supra  leviter  sulcata,  plus  minus  viridi-violacea 
dein  sanguineo  colore  maculata  et  tincta  ; inllo- 
rescentia  terminalis  nidulans,  basi  foliorum  im- 


mersa,  scapo  subsessili  bracteis  imbricatis  ovato- 
acutis,  floribus  stramineis  albo-marginatis  ; calyx 
basi  gamophyllus  sepalis  3 cucullatis  obtusis  hya- 
linis,  1 cent,  longis  ; corolla  erecta  gamopetala 
5-6  cent,  longa,  tubo  cylindraceo  apice  inflato, 
lobis  patentibus  ovato-obtusis  concavis  ; stamina 
fauci  corollæ  adnata  subconnata,  antheris  subba- 
sifixis  sagittatis,  stylo  filiformi  brevioribus  ; stigma 
trifidum  lobis  erectis  papillosis  ; ovarium  obsolète 
trigonum,  3 loculare,  ovulis  permultis;  capsula 
cartilaginea  oblongo  acuta  ; semina  ut  in  Tilland- 
siæis  sericea-papposa.  — In  Cordillera  occidentalî 
Columbiæ  meridionalis  prope  Los  Astrojos  legi, 
maio  1876,  et  in  Europarn  e seminibus  vivam  in- 
troduxi  anno  1880.  — Ed.  A. 

Syn.  Tillandsia  sanguinea^  Ed.  André,  in  Tour 
du  Monde,  liv.  987,  p.  367. 


470 


ENCIIOLIRION  ROSEUM  VARIEGATUM.  — EXPOSITION  D’IIORTIGULTURE  A LYON, 


ENGHOLIRION  ROSEUM  VARIEGATUM 


Cette  plante,  encore  inédite,  a été  obtenue 
de  semis,  par  M.  Truffant,  horticulteur  à 
Versailles,  et  n’est  probablement  repré- 
sentée que  par  le  bel  exemplaire  qui  figurait 
aux  expositions  estivales  d’horticulture  de 
Versailles  et  de  Paris,  dans  un  lot  appar- 
tenant à l’obtenteur. 

Quant  aux  fleurs,  je  n’en  puis  rien  dire, 
la  plante,  bien  que  forte  et  vigoureuse, 
n’ayant  pas  encore  fleuri.  Voici  une  des- 
cription sommaire  de  cette  nouveauté  : 

Plante  vigoureuse,  compacte,  à port  et 
faciès  rappelant  le  type.  Feuilles  rappro- 
chées, largement  canaliculées , glauces- 


centes,  gracieusement  arquées,  brusque- 
ment et  régulièrement  rétrécies  au  sommet 
en  une  pointe  courte,  longitudinalement 
parcourues  de  bandes  jaunâtres,  régulières, 
mais  variant  en  largeur  et  contrastant 
agréablement  avec  celles  qui  les  avoisinent 
et  qui  sont  d’un  beau  vert  clair. 

Sa  culture  ne  présente  rien  de  particulier  ; 
la  terre  de  bruyère  très-spongieuse  gros- 
sièrement concassée  lui  convient.  Les  pots 
doivent  être  bien  drainés.  La  plante  s’ac- 
commode très-bien  de  la  serre  chaude,  bien 
qu’elle  puisse  vivre  dans  une  serre  tempérée. 

Guillon. 


EXPOSITION  D’HORTICULTURE  A LYON 


Tandis  que  s’éteignaient  les  échos  des  gran- 
des manœuvres  d’automne,  s’ouvrait  à Lyon, 
sur  le  Cours  du  Midi,  une  lutte  moins  bruyante 
dans  ses  moyens  d’action.  Deux  Sociétés,  qui 
furent  souvent  d’ardentes  rivales,  unissaient 
leurs  forces  dans  une  alliance  étroite,  sous  la 
haute  direction  de  M.  Senélar,  président  de  la 
Société  d’horticulture  pratique  du  Rhône. 

Cette  fois  encore  c’est  M.  Schwartz  qui  est 
arrivé  premier  pour  les  Roses.  Quand  il  s’agit 
des  Roses  lyonnaises,  il  faut  renoncer  à citer 
des  noms  et  se  borner  à signaler  quelques  nou- 
veautés recommandables.  De  ce  chef  notons 
deux  Rosa  polijantha  remontants.  Perle  cfor, 
à Heurs  d’un  beau  jaune,  obtenu  par  M.  Fran- 
cis Duhreuil,  et  Jeanne  Drivon,  blanc  bordé  et 
nuancé  de  rose,  à M.  Schawrtz. 

Ce  que  M.  Schwartz  est  pour  les  Roses, 
MM.  Liabaud,  Schmitt,  Comte,  le  sont  pour  les 
plantes  de  serre,  M.  Boucharlat  ainé  pour  les 
Fuchsia  et  les  Pélargonium,  M.  Iloste  pour 
les  Dahlia,  M.  Crozy  fils  pour  les  Canna, 
M.  Alégatière  pour  les  Œillets,  MM.  Luizet 
pour  les  fruits.  Une  courte  promenade  au  milieu 
de  leurs  apports  respectifs  embrassera  ce  que 
l’exposition  lyonnaise  de  cette  année  offrait  de 
plus  remarquable. 

M.  Liabaud  est  un  collectionneur  passionné, 
qui  ne  sacrifie  pas  volontiers  à la  mode.  Dans 
son  lot,  les  vieilles  plantes  coudoient  les 
nouvelles.  Notons  en  passant  un  beau  pied 
de  Cgano2)hgllum  magnificum,  superbe  es- 
pèce qui  s’éloigne  de  plus  en  plus  de  nos  ex- 
positions, où  elle  trônait  autrefois  sans  conteste, 
les  bizarres  Dorstenia  maculata,  argentea  et 
caulescens,  le  Cypripedium  Sedeni,  aux  belles 
fleurs  roses,  les  Anthurium  Warocqueanum 


et  Andreanum,  ce  dernier,  de  plus  en  plus 
apprécié  à Lyon  où  d’habiles  praticiens  ont 
réussi  à le  multiplier  et  à le  répandre,  le  Ficus 
subpandurifomis,  portant  ses  fruits  sessiles 
appliqués  contre  le  tronc. 

M.  Comte  n’avait  envoyé  qu’une  faible  por- 
tion de  ses  plus  belles  plantes,  mais  il  les 
avait  bien  choisies.  Nous  avons  vu  surtout  quel- 
ques nouveautés  recommandables:  Croton  mag- 
noliæfolium,  à grand  feuillage  bien  maculé, 
fermes  et  vigoureux,  G.  Chantrieri  et  Sinit- 
zini  à feuilles  étroites,  mais  allongées  et  ri- 
chement colorées,  deux  Palmiers  nouveaux  : 
Yeitchia  Joannis  etPritchardia  Vuylstekiana, 
une  magnifique  touffe  du  nouvel  Impatiens 
Sultani,  couverte  de  ses  fleurs  rouge-écarlate 
qui  rappellent  un  peu  les  bractées  du  Poinsettia 
p)  nicher  rima , V Anthurium  Dechardi,  autre 
introduction  due  à M.  Ed.  André,  Aroidée  dont 
les  larges  spathes  nacrées  surmontent  un  feuil- 
lage vigoureux  ; et  enfin  un  lot  fort  nombreux  de 
Coleus  très-variés  et  admirablement  cultivés. 

Les  Coléiis  ont  fait  cette  année  une  irrup- 
tion inquiétante  dans  le  domaine  déjà  restreint 
des  plantes  de  serres.  Je  n’ai  pas  compté 
moins  de  sept  exposants  pour  ce  seul  genre.  R 
y a,  à propos  de  cette  plante,  une  tendance 
curieuse  à signaler  : le  semis  donne  dès  à pré- 
sent de  tels  résultats,  que  la  culture  des  Goléus 
pourrait  bien, ‘sauf  quelques  variétés  dites  « de 
massifs  »,  en  être  profondément  modifiée; 
déjà  on  conseille  de  les  traiter  comme  plantes 
annuelles,  de  leur  faire  passer  l’hiver  dans  un 
sac  de  graines.  Si  cette  pratique  vient  à se  gé- 
néraliser, ce  sera  encore  un  genre  enlevé  aux 
collectionneurs. 

Un  Anthurium  Scherzericmum  de  dimen- 


EXPOSITION  d’horticulture  A LYON. 


471 


sions  inusitées,  à feuillage  plus  abondant  que 
clans  le  type  généralement  cultivé,  à floraison 
encore  plus  généreuse,  et  à spatlies  plus  larges, 
nous  annonce  (jue  nous  entrons  dans  la  zone 
occupée  par  M.  Schmitt.  Autour  de  cette  plante 
très-remarquable,  se  presse  une  flore  choisie  : 
le  Pavetta  horhonica,  aux  feuilles  élégamment 
bigarrées,  les  Tillandsia  tessellata  et  musaica 
en  larges  rosaces  transparentes  illustrées  d’hié- 
roglyphes, le  léger  Asparagus  plumosus,  véri- 
table nuée  végétale  ; quelques  Dracæna  parmi 
lesquels  le  beau  D.  umbracu  lifera,  au  feuillage 
ondulé  comme  la  lame  d’un  kriss  malais;  D.  Gol- 
dieana,  transversalement  rayé  de  marbrures 
blanches  et  vertes  ; puis  les  D.  Taylori,  ama- 
hilis,  Elisabeth,  Comtesse  de  Germiny,  belles 
variétés  vigoureuses  aux  coloris  bien  tran- 
chés, etc. 

Nous  arrivons  devant  deux  lots  des  plus  re- 
marquables de  l’Exposition:  je  veux  parler  des 
Balisiers  de  M.  Grozy  fils,  et  des  Œillets  de 
M.  Alégatière.  M.  Grozy  poursuit  depuis  de 
longues  années  sans  interruption  l’améliora- 
tion du  genre  Canna.  Nombre  de  bonnes 
plantes  sont  sorties  de  ses  semis,  et  cette  année 
encore  il  présentait  une  série  tout  à fait  remar- 
quable par  l’ampleur  et  la  couleur  du  feuil- 
lage, la  bonne  tenue  des  plantes,  et  surtout 
par  la  grandeur  des  fleurs  striées  de  couleurs, 
éclatantes.  Nous  pouvons  citer  : Commandant 
Rivière,  feuilles  vertes,  fleurs  flammées  de 
rouge  sur  fond  jaune  ; Jean  Liabaud,  feuillage 
pourpre  ; Abel  Carrière,  fleurs  finement  striées 
de  rouge  et  de  jaune;  Sénateur-Millaud,  plante 
gigantescjue,  etc. 

Les  Œillets  Mignardises  remonton^s  de  M.  Alé- 
gatière marquent  une  nouvelle  étape  dans  la 
voie  de  transformation  que  ce  semeur  fait  par- 
courir à la  ((  fleur  des  Dieux  ».  Le  gros  public  a 
passé,  distrait  et  indifférent,  devant  ce  petit 
groupe  de  fleurs  modestes,  sans  savoir  quelle 
somme  de  travail,  quels  soins  persévérants  elles 
représentent  et  ce  qu’elles  contiennent  en 
germe  pour  l’avenir. 

Les  Fuchsia  et  les  Pélargonium  de  M.  Bou- 
charlat  ainé,  étaient  « amenés  «dans  la  perfec- 
tion accoutumée;  toujours  quelques  nouveautés 
sollicitent  les  regards  ; parmi  les  Pélargoniums  : 
Belle  France,  carmin  pourpre  avec  des  onglets 
blancs.  Orange  perfection,  un  vermillon  pres- 
que jaune;  Amiral  Seymour,  double,  rouge 
foncé,  très-beau;  puis  deux  gains  de  M.  Bou- 
charlat  : Aurore  boréale,  saumoné  lumineux 
et  Roi  des  Roses,  beau  rose  de  Ghine  à onglets 
blanc;  le  Fuchsia  Abel  Carrière  à fleurs  très- 
rouges  dont  la  Revue  a donné  une  description 
et  une  figure  (1). 

Gitons  encore  les  nouveaux  Dahlia  à fleurs 
simples  dont  les  noms  trahissent  l’origine,  ex- 
il) Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  60. 


posés  par  MM.  Gusin  et  Guichard  : White 
Queen,  blanc  pur  à centre  jaune;  Yelloiv 
Divarf,  entièrement  jaune;  glabrata,  dont 
le  feuillage  délicat  et  les  fleurs  mauves, 
moyennes  et  bien  arrondies  le  font  ressem- 
bler à une  Anémone;  les  Zinnia  si  bizarre- 
ment striés  de  MM.  Rivoire  père  et  fils,  les 
Œillets  remontants  de  MM.  Garle,  Boucharlat 
jeune,  etc. 

Parmi  les  Gonifères  nous  avons  remarqué  : 
Abies  concolor  violacea,  arbre  vigoureux  et 
rustique,  d’une  belle  teinte  glauque  violacée, 
moins  difficile  sur  le  choix  du  terrain  que  les 
Abies  lasiocarpa,  nobilis,  amabüis  et  leurs 
variétés,  qui  ne  réussissent  bien  que  dans 
les  sols  frais  à base  granitique;  Abies  com- 
mutata,  ou  du  moins  la  plante  dont  M.  Ortgies, 
de  Zurich,  avait  d’abord  vendu  les  graines 
sous  ce  nom  ; Picea  nigra  Doumeti,  excellente 
variété  glauque  de  V Epicéa  noir;  Tsuga  Dou- 
glasii  glauca,  forme  glaucescente  qui  paraît 
aussi  vigoureuse  que  son  type  spécifique  ; Abies 
Engelmanni,  espèce  très-variable  pour  la  cou- 
leur et  dans  laquelle  se  trouvent  des  individus 
d’un  glauque  argenté  très-brillant  ; enfin  un 
exemplaire  bien  étiqueté  et  que  nous  citons 
pour  la  rareté  du  fait,  du  Cephalotaxuspedun- 
culata'fastigiata.  Gette  variété,  dont  M.  Gar- 
rière  a parfaitement  établi  la  filiation,  se  trouve 
dans  le  commerce  sous  plusieurs  noms  diffé- 
rents. Le  remarquable  apport  dans  lequel  nous 
avons  noté  ces  belles  plantes,  appartenait 
à M.  Treyve,  de  Trévoux,  qui  a obtenu  le  grand 
prix  d’honneur  de  l’Exposition. 

Il  resterait  à passer  en  revue  les  collections 
fruitières  si  intéressantes  à Lyon  où  le  Gongrès 
pomologique  a eu  son  berceau,  mais  ce  travail 
a été  fait  l’an  dernier  par  M.  Ed.  André,  d’une 
façon  complète,  et  cette  année,  en  l’absence 
d’éléments  nouveaux,  il  n’y  a rien  à y ajouter. 
D’ailleurs  la  saison  a été  peu  favorable  aux 
fruits  et  ils  se  présentaient  en  nombre  et  en 
qualité  notoirement  inférieurs  à ceux  de  1882. 
Toutefois  un  lot  exposé  par  MM.  Luizet  était 
absolument  irréprochable,  n’admettant  que  des 
variétés  de  bonne  qualité,  représentées  avec 
exactitude  par  des  spécimens  bien  venus  et 
bien  caractérisés  ; la  collection  de  MM.  Guis- 
sard  et  Barret  était  également  bien  composée 
et  dénommée. 

Quelques  fruits  nouveaux  : Joyau  de  Sep- 
tembre, Poire  dorée  de  Montgriffon,  dont  la 
Revue  horticole  a parlé  récemment  et  qui  a été 
obtenue  par  M.  Ghaudy,  de  Ghaponost  (Rhône)  ; 
les  Pèches  Tardive  Gros  et  de  Syrie  tardive, 
variétés  nouvelles  obtenues  dans  nos  envi- 
rons et  mûrissant  du  milieu  à la  fin  d’oc- 
tobre. 

Ge  compte-rendu  pourrait  s’augmenter  en- 
core de  remarques  nombreuses  sur  les  lots  de 
fleurs  coupées,  les  légumes,  les  Raisins  français 


472 


LE  REBOISEMENT  DE  L’ALGÉRIE. 


et  américains  exposés  avec  et  sur  les  ceps 
nourriciers,  producteurs  directs  ou  indirects, 
mais  ce  serait  sortir  de  notre  cadre  sans  profit 


appréciable  pour  les  lecteurs  habituels  de  la 
Revue. 

Francisque  Morel. 


LE  REBOISEMENT  DE  L’ALGÉRIE 


On  sait  que  M.  Ch.  Naudin,  l’éminent 
botaniste  dont  les  travaux  scientifiques 
sont  si  importants  et  si  nombreux,  vient  de 
faire  en  Algérie  un  voyage  d’études  dont  le 
but  principal  était  de  rechercher  les  moyens 
de  reconstituer  les  forêts  dans  notre  colonie 
africaine. 

Le  Journal  d'hygiène  a publié  tout 
récemment  l’exposé  des  remarques  et  les 
conclusions  du  savant  académicien.  Tout 
en  regrettant  de  ne  pouvoir  reproduire  in 
extenso  ces  lignes  si  intéressantes,  nous 
allons  en  analyser  les  données  principales. 

On  se  préoccupe  beaucoup  en  France,  et 
cela  à bien  juste  titre,  de  la  reconstitution 
des  forêts,  et  surtout  du  reboisement  des 
montagnes.  Personne  n’ignore  quels  sont 
les  résultats  souvent  désastreux  qui  résul- 
tent aujourd’hui  du  déboisement  progressif 
qui  s’est  opéré  aveuglement  depuis  des 
siècles. 

En  dehors  de  la  perte  sèche  que  notre 
commerce  éprouve,  puisque  la  France  est 
aujourd’hui  obligée  d’importer  annuelle- 
ment pour  plus  de  200  millions  de  francs 
de  bois  d’œuvre,  l’effet  beaucoup  plus 
grave,  plus  terrible,  pourrait-on  dire,  de 
ces  défrichements  irraisonnés  est  la  détério- 
ration toujours  croissante  du  climat,  dété- 
rioration qui  se  manifeste  journellement  et 
qui  entraîne  souvent  les  conséquences  les 
plus  graves. 

A ce  fléau  vient  s’en  ajouter  un  autre, 
qui  produit  à la  longue  des  effets  analogues  : 
il  s’agit  de  la  vaine  pâture  dans  les  terrains 
abandonnés  ou  non  exploités  par  la  cul- 
ture, sur  lesquels  les  troupeaux  viennent 
détruire  toute  végétation  arbustive. 

« Si  la  cause  du  mal  est  connue,  dit 
M.  Naudin,  le  remède  ne  l’est  pas  moins  : il 
faut  rel)oiser,  soit  directement  par  des  semis 
et  des  plantations  d’arbres,  soit,  indirecte- 
ment et  d’une  manière  plus  lente,  mais  tout 
aussi  sûre,  en  laissant  la  nature  refaire  toute 
seule  ce  que  les  siècles  ont  détruit. 

((  Cette  entreprise,  quelque  vaste  et 
laborieuse  qu’elle  apparaisse,  n’est  pas  au- 
dessus  des  ressources  d’une  nation  civilisée  ; 


elle  s’impose  d’ailleurs  si  impérieusemen 
qu’il  n’est  plus  possible  de  la  différer,  si  on 
tient  à sauvegarder  l’avenir.  » 

En  Algérie,  le  mal,  quoique  plus  récent, 
a produit  des  résultats  encore  plus  désas- 
treux, à cause  de  l’irrégularité  plus  grande 
du  climat. 

Les  besoins  immédiats  des  colons,  l’in- 
suffisance ou  l’absence  de  réglementation 
et  de  surveillance,  ont  depuis  un  demi- 
siècle  appauvri  considérablement  les  forêts 
algériennes,  et  cela  fatalement,  là  où  elles 
étaient  le  plus  utiles. 

L’immense  plaine  du  Chéliff,  notam- 
ment, est  tout  à fait  dépourvue  d’arbres  ; 
l’hiver,  les  troupeaux  y trouvent  une 
maigre  pâture  ; l’été,  ce  vaste  territoire 
possédant  une  terre  de  première  qualité, 
qui  produirait  des  grains  en  abondance  si 
elle  était  arrosée  par  des  pluies,  est  brûlée, 
calcinée  par  le  soleil. 

« Mais,  pour  que  la  pluie  y tombe,  il  faut 
que  les  montagnes  environnantes  soient 
couvertes  de  bois,  et  que  la  plaine  elle- 
même  entretienne  de  nombreux  massifs 
forestiers.  » 

Avant  tout,  pour  arriver  à ce  résultat, 
qui,  non  seulement  rétablirait  les  condi- 
tions normales  du  climat,  en  assurant  pour 
l’avenir  une  production  régulière  de  bois 
de  toutes  natures,  mais  encore  assainiraits 
les  lieux  insalubres  et  créerait  de  nom- 
breuses oasis  indispensables  à la  coloni- 
sation, ((  il  faut  modérer  et  régler  les 
défrichements,  faits  jusqu’ici  au  hasard  et 
suivant  les  caprices  du  colon,  et  fixer  les 
points  qui  devront  être  réservés  à la  végéta- 
tion arborescente,  et  au  besoin  y con- 
traindre les  occupants  du  sol  par  des 
réglements  spéciaux.  Il  y a là,  pour  le  gou- 
vernement, de  graves  devoirs  à remplir, 
car  en  définitive,  c’est  l’avenir  du  pays  qui 
est  en  jeu.  )) 

Étant  donnée  la  nécessité  de  reboiser  au 
plus  vite,  quelle  essence  d’arbre  convient- 
il  d’employer  ? 

Les  Eucalyptus,  qui  réussissent  parfaite- 
ment en  Algérie,  et  cela  dans  des  condi- 


LE  REBOISEMENT  RE  L’ ALGÉRIE. 


lions  les  plus  diverses,  ont,  sur  tous  les 
autres  arbres  étudiés  jusqu’à  ce  jour,  le 
grand  avantage  d’y  développer  une  végéta- 
tion des  plus  vigoureuses.  11  est  reconnu 
aujourd’hui  que  VE.  Globulus,  notamment, 
produit  en  vingt-cinq  ans  autant  ou  plus  de 
matières  ligneuses  qu’un  Chêne  de  nos  cli- 
mats en  cent  ans,  et  l’on  sait  qu’en  Australie, 
où  le  climat  se  rapproche  beaucoup  de  celui 
de  l’Algérie, certains  Eucalyptes  atteignent 
140  mètres  de  hauteur. 

Certes,  des  plantations  de  ces  arbres 
précieux  sont  déjà  faites  en  maints  endroits  ; 
mais  il  en  faudrait  dix  fois  plus,  surtout 
dans  la  province  d’Oran,  la  plus  maltraitée 
par  la  sécheresse. 

Ce  serait  pour  notre  colonie,  et  en  de- 
hors des  avantages  principaux  de  tempéra- 
tion  et  d’assainissement  du  climat,  une 
source  de  produits  très-prochaine,  car 
personne  n’ignore  que  le  bois  d’Eucalypte 
est  recherché  pour  les  usages  les  plus 
variés  : chauffage,  charpente,  ébénisterie, 
construction  de  wagons,  poteaux  télégra- 
phiques, traverses  de  lignes  ferrées,  etc. 

Les  différentes  espèces  d’Eucalyptes, 
qui  sont  au  nombre  de  200  environ,  ont 
chacune  des  qualités  diverses  : hautes 
dimensions,  végétation  rapide,  solidité  et 
longue  durée  du  bois,  beauté  et  abondance 
du  feuillage,  production  d’huiles  essen- 
tielles, préférence  pour  les  terrains  maré- 
cageux ou  arides,  etc.,  telles  sont  les 
propriétés  précieuses  réparties  entre  les 
nombreuses  espèces  aujourd’hui  connues. 

Mais  il  est  actuellement  assez  difficile  de 
se  reconnaître  au  milieu  de  la  nomenclature 
souvent  erronée  et  confuse  que  l’on 
remarque  dans  les  cultures  et  dans  les 
collections  (1).  Des  efforts  sont  entrepris 
sous  ce  rapport,  et  l’on  ne  saurait  trop  en- 
courager les  expérimentateurs  qui,  comme 
M.  Cordier,  à la  Maison-Carrée,  et  M.  Trot- 
tier,  à Hussein-Dey,  ont  créé  en  Algérie, 
avec  leurs  ressources  personnelles,  de 
riches  collections-écoles  à' Eucalyptus. 

Ces  arbres,  inappréciables  au  point  de 
vue  des  immenses  services  qu’ils  rendront 

(!)  M.  Ch.  Naudin,  pour  remédier  à cet  incon- 
vénient si  grave,  a créé  depuis  plusieurs  années, 
dans  le  Jardin  botanique  de  la  villa  Thuret,  à 
Antibes,  dont  il  est  le  directeur,  une  pépinière- 
école  Eucalyptus , qui  comprend  plus  de  quatre- 
vingts  espèces,  et  qui  rendra  prochainement  de 
grands  services  pour  la  culture  étendue  de  ces 
arbres. 


473 

un  jour  à notre  colonie,  ne  suffiraient  pas 
on  le  conçoit,  à son  reboisement.  Ils  con- 
viennent surtout  à la  plantation  dans  les 
plaines,  et  près  des  centres  d’habitation. 
Pour  la  reconstruction  des  massifs  fores- 
tiers sur  les  flancs  et  les  parties  les  plus 
élevées  des  montagnes  (et  ce  point,  peut- 
être  le  plus  important,  peut  seul  tempérer, 
régulariser  le  climat  de  ces  régions),  il  est 
nécessaire  d’employer  les  essences  indi- 
gènes, qui  heureusement  ne  font  pas  défaut. 
Les  arbres  robustes,  réussissant  bien,  même 
dans  les  situations  les  plus  arides,  sont 
nombreux. 

Les  Chênes  {Quercus  Mirhecki,  Q. 
castaneœ folia,  Q.  Ilex,  Q.  Ballota,  Q. 
Suher)  ; les  arbres  résineux  (Cedrus  atlan- 
tica,  Pinus  pinaster,  P.  halepensis,  Ahies 
numidica , Juniperus  thurifera)  ; les 
Erables  {Acer  obtusifolium,  A.  Monspes- 
sulanum)  ; les  Frênes  {Fraxinus  australis, 
F . dhnorpha)  et  tant  d’autres  arbres  et 
arbustes,  arriveront  lentement,  mais  sûre- 
ment, à réparer  les  ravages  déjà  opérés 
sur  le  territoire  algérien. 

Mais  l’arbre  qui,  pour  les  régions  élevées, 
rendra  les  plus  grands  services  pour  le 
repeuplement,  est  le  Térébinthe  de  l’Atlas 
(Pistacia  atlantica)  qui  devra  précéder, 
pour  les  protéger,  toutes  plantations  impor- 
tantes. 

La  nécessité  du  reboisement  des  mon- 
tagnes, et  surtout  du  massif  montagneux 
qui,  de  l’est  à l’ouest,  sépare  l’Algérie  du 
Sahara,  est  on  ne  peut  plus  évidente. 
L’absence  de  rideau  végétal  entre  notre 
colonie  et  le  désert  torride  est  la  cause 
principale  de  son  extrême  sécheresse,  des 
ravages  du  sirocco,  des  tempêtes  de  sable 
et  de  poussière  et  de  l’irrégularité  des 
pluies,  qui  sont  abondantes  quand  elles 
devraient  faire  défaut,  et  vice  versa. 

« Avec  l’aide  du  reboisement,  la  chaleur 
du  soleil,  dès  lors  employée  à fabriquer  du 
bois,  y deviendrait  par  celà  même  plus 
supportable;  le  sol,  abrité  sous  le  tapis 
végétal,  ne  réfléchirait  plus  autant  de  cha- 
leur vers  l’espace  céleste,  et  cet  abaissement 
de  température  amènerait  la  condensation 
de  la  vapeur  d’eau  dissoute  dans  l’atmo- 
sphère; des  nuages  se  formeraient  et  les 
pluies  deviendraient  plus  fréquentes  et 
mieux  réglées.  Les  vents,  principalement 
ceux  du  sud,  useraient  une  grande  partie 
de  leur  violence  en  traversant  les  massifs 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’iIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


474 

boisés  et  dessécheraient  moins  le  sol  livré  à 
la  culture.  Enfin,  et  ce  serait  peut-être  là 
encore  un  résultat  du  reboisement,  les 
nuées  de  sauterelles,  si  redoutables  par 
moments,  trouveraient  dans  l’épais  rideau 
de  la  végétation  arborescente  une  barrière 
difficile  à franchir.  C’est  que  tout  se  tient 
dans  la  nature  ; les  agents  physiques  et  les 
êtres  vivants  sont  dans  un  intime  rapport 
et  réagissent  perpétuellement  les  uns  sur 
les  autres.  Sans  pluie,  il  n’y  a pas  de  vie 
possible,  sans  végétation,  la  pluie  est  rare, 
souvent  nulle,  et,  dans  tous  les  cas,  mal 
distribuée  quand  elle  arrive.  C’est  comme 
un  cercle  vicieux,  dont  il  semble  au  premier 
abord  qu’on  ne  peut  sortir,  mais  qui,  heu- 


reusement, a quelques  ruptures  par  les- 
quelles on  peut  tourner  et  vaincre  les 
difficultés  apparentes.  Il  n’y  faut  que  des 
efforts  persévérants  et  intelligemment  con- 
duits. )) 

Il  ne  reste  rien  à ajouter  à de  si  sages 
paroles,  si  ce  n’est  que  la  question  soulevée 
par  M.  Naudin  est  utilitaire  et  patriotique 
au  premier  chef,  que  les  efforts  du  gouver- 
nement doivent  s’appliquer  à la  résoudre  et 
enfin  que  nous  ne  saurions  trop  provoquer, 
en  ce  sens,  les  tentatives  privées,  qui  peu- 
vent, elles  aussi,  contribuer  puissamment 
à la  prospérité  future  de  notre  belle  colonie 
algérienne. 

Ed.  André. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICLWRE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  27  SEPTEMBRE  1883 


Apports.  — Comité  de  culture  'potagère. 
Ont  été  présentés  : par  M.  Yavin  deux  fruits  de 
Zapallito^  Gucurbitacée  américaine  très-pro- 
ductive , non  coureuse  quand  elle  est  bien 
franche  ;■  ses  fruits,  qui  sont  petits,  meloni- 
fornies  côtelés,  de  bonne  qualité,  ont  surtout 
l’avantage  de  se  conserver  longtemps,  jusqu’en 
avril.  — Par  M.  Billarand,  à Ablon-sur-Seine, 
une  corbeille  de  Fraises  des  quatre  saisons 
qu’il  nomme  Généreuse  cVAhlon.  C’est  une 
race  créée  par  le  présentateur,  très-productive, 
et  qui.  assure-t-il,  se  reproduit  exactement  de 
graines.  — Par  M.  Berthault,  de  Rungis,  un 
assortiment  de  légumes  de  saison,  remar- 
quables par  leur  beauté  et  leurs  fortes  dimen- 
sions et  dont  voici  rénumération  : les  quatre 
Radis  d’hiver  suivants  ; gros  de  Laon.,  noir 
long,  rose  de  Chine,  de  Russie  ; les  Tomates 
Poire,  Cerise  et  Président  Garfield  ; Patate 
rose,  cultivée  en  plein  air.  Céleri  rave.  Pissen- 
lit très-blanc  ; enfin  les  Épinards  à feuille  de 
laitue  et  de  Viroflag,  sortes  voisines,  à feuilles 
énormes,  fortement  cloquées.  — Par  M.  Jac- 
queau,  marchand  grainier,  2,  rue  Saint- 
Nlartin,  des  Pommes  de  terre  d’une  variété 
nouvelle,  nommée  Joseph  Rigault,  et  qu’il 
va  mettre  procliainement  au  commerce.  Issue 
des  variétés  Quarantaine  à feuilles  d'ortie  et 
de  Marjolin  Têtard,  cette  variété  participe  des 
deux  pour  la  qualité;  ses  tubercules  jaunes 
oblongs  un  peu  aplatis  sont  réguliers,  d’as- 
pect gris  un  peu  rugueux,  caractères  qui  dé- 
notent une  qualité  supérieure;  elle  est  très - 
hâtive  et  très-productive. 

Au  comité  de  floriculture  : par  M.  Yéniat, 
jardinier  de  M.  Paillieux,  deux  pieds  cVOxalis 
lobata,  espèce  du  Chili,  très-petite,  à feuilles 


ténues,  à fleurs  d’un  très-beau  jaune  d’or.  — 
Par  M.  Yincent,  de  Bougival,  des  Bégonias 
tubéreux  appartenant  au  type  erecta.  Ces 
plantes,  à feuillage  et  à tige  florale  robustes, 
étaient  très-variées  et  avaient  des  fleurs  très- 
larges  et  régulières,  bien  ouvertes  et  parfaite- 
ment dressées.  — Par  M.  Jules  Yallerand, 
horticulteur  à Bois-de-Colombes,  un  très-fort 
})ied  d’une  Gesnériacée  hybride  entre  Nœge- 
lia  et  Achimenes.  Cette  plante,  remarquable- 
ment belle  et  d’une  excessive  floribondité,  est 
intermédiaire  entre  les  deux  genres  dont  elle 
pi'ovient,  dans  sa  partie  souterraine  et  dans  sa 
})artie  aérienne  ; la  tige  dressée,  raide,  rami- 
fiée et  se  tenant  bien,  rappelle  les  caractères 
des  Nœgelia  dont  elle  a le  faciès  et  la  végé- 
tation. Ses  fleurs,  extrêmement  nombreuses, 
d’un  rouge  foncé,  feu  ou  magenta,  sont  rela- 
tivement grandes  et  se  rapprochent  de  celles 
des  Achimenes. 

Au  comité  ch  arboriculture  : M.  Bertaut,  de 
Rosny-sous-Bois,  présentait  des  Pêches  Ronou- 
vrier  et  des  fruits  d’une  nouvelle  variété 
dont  il  est  l’obtenteur.  Ces  fruits  très-gros, 
sphériques,  se  colorent  d’un  rouge  chaud,  très- 
foncé  ; leur  aspect  est  admirable  ; malheureuse- 
•ment,  la  qualité  ne  répond  pas  à l’aspect  ; la 
chair,  bien  qu’ayant  un  goût  agréable,  est  ex- 
cessivement adhérente  au  noyau.  — M.  Bonnel, 
d’Arpajon,  président  du  Comité  d’arboricul- 
ture, avait  apporté  quelques  fruits  encore 
rares,  récoltés  chez  lui.  C’est  le  meilleur  moyen 
de  les  faire  connaître  et  l’on  ne  saurait  trop 
féliciter  M.  Bonnel.  — MM.  Baltet,  frères,  de 
Troyes,  avaient  fait  un  apport  très-intéressant. 
C’était  une  certaine  quantité  des  fruits  inédits 
dont  ils  sont  les  obtenteurs  et  qui  faisaient  par- 


CORRESPONDANCE.  — LE  PÊCHER  A BERGERAC. 


475 


tie  de  la  remarquable  collection  qu’ils  avaient 
exposée  aux  Champs-Elysées.  D’après  un 
article  du  programme  de  cette  exposition,  les 
fruits  inédits  devaient  être  renvoyés  au  Co- 
mité d’arboriculture  de  la  Société  nationale 
d’horticulture  de  France  qui,  seul,  avait  le 


droit  de  statuer.  En  attendant  la  décision  du 
Comité,  constatons  que  parmi  ces  fruits.  Poires 
et  Pommes,  au  nombre  d’une  trentaine,  au 
moins,  il  s’en  trouvait  plusieurs  dont  l’as- 
pect faisait  augurer  favorablement  de  leur 
valeur. 


CORRESPONDANCE 


AP  C.  (Nord).  — La  conservation  des  pail- 
lassons, ficelles,  toiles,  tuteurs,  voliges,  au- 
vents, etc.,  se  fait  à l’aide  du  sulfate  de  cuivre, 
vulgairement  couperose  verte.  Yoici  comment 
on  opère,  dans  quelles  proportions  doit  entrer 
le  sulfate  et  le  mode  de  préparation. 

Dans  un  récipient  en  pierre  ou  en  ciment 
plus  ou  moins  'grand  en  raison  des  objets  qui 
doivent  y entrer,  on  met  une  quantité  connue 
d’eau,  puis  on  ajoute  le  sulfate  de  cuivre  à 
raison  de  2 kilos  pour  ICO  litres  d’eau.  Afin 
de  faciliter  le  mélange  et  d’activer  la  prépara- 
tion, on  peut  écraser  le  sulfate  et  le  faire  dis- 
soudre à l'avance,  puis  le  verser  dans  l’eau  en 
brassant  de  manière  à bien  opérer  le  mélange. 

Le  bain  préparé,  on  y plonge  les  objets  à 
injecter  et  que  l’on  tient  complètement  im- 
mergés pendant  un  temps  qui  varie  en  raison 
de  leur  nature,  soit  : 

Paillassons,  24  heures  ; ficelles,  cordes, 
12  heures  ; raphia  ou  nattes  pour  liens, 
G heures  environ.  Les  objets  en  bois,  tels  que 
piquets,  tuteurs,  échalas,  voliges,  auvents,  etc., 
de  8 à 15  jours  suivant  leur  nature,  leur  épais- 
seur et  surtout  suivant  leur  état  de  siccité. 

Les  objets  sont  maintenus  dans  le  bain  à 
l’aide  de  planches  que  l’on  charge  de  pierres 
ou  de  tout  autre  corps  pesant.  Lorsqu’on  les 
retire,  il  est  bon  de  les  placer  debout  sur  le 
bord  du  bassin  ou  sur  un  égout  qui  y conduit, 
de  manière  que  l’eau  qui  les  recouvre  ne 
soit  pas  perdue  et  qu’elle  s’écoule  dans  le 
bassin. 

Comme  l’eau  tend  constamment  à s’affaiblir 
par  l’enlèvement  du  sulfate  qui  entre  dans  les 


objets  immergés  ou  par  suite  de  pluies  abon- 
dantes qui  lavent  le  bain,  on  ajoute  de  temps 
à autre  du  sulfate,  de  façon  à lui  conserver 
une  densité  à peu  près  uniforme. 

AP  AI.  (Ille-et-Vilaine).  — Le  Parasite  qui 
attaque  les  feuilles  des  Poiriers,  sur  lesquelles 
il  détermine  des  altérations  importantes  sous 
forme  de  plaques  jaunes,  qui,  en  s’élargissant, 
produisent  comme  une  galle  convexe  faite  aux 
dépens  du  tissu  qui  alors  se  décompose,  est 
dû  à un  Champignon  qui,  d’abord  gélatineux, 
jaune  ou  rouge  orange,  devient  pulvérulent  et 
alors  répand  ses  sporules  qui  vont  se  déposer 
sur  les  feuilles  de  Poiriers  où  ils  produisent 
des  phénomènes  de  décomposition.  C’est  VÆci- 
cliiim  cancellatum  {Gymnos2)orangiiini  fus- 
cum  Podisoma  fuscum).  11  est  endémique  sur 
le  genre  Genévrier  ; nous  ne  l’avons  jamais 
observé  sur  d’autres.  Ce  champignon  est  peu 
apparent  ; appliqué  sur  le  corps  des  branches, 
il  y produit  des  sortes  de  chancres,  les  altère 
et  peut  même  les  faire  périr.  Sa  présence 
n’est  souvent  révélée  que  par  les  taches  jaunes 
en  question;  donc,  aussitôt  que  l’on  aperçoit 
quelques-unes  de  celles-ci,  il  faut  visiter  avec 
soin  les  Genévriers  qui  sont  dans  le  voisinage 
de  l’endroit  où  se  produisent  ces  taches,  et  en- 
lever complètement  le  parasite,  en  ayant  soin 
de  bien  nettoyer  la  place.  On  a conseillé  d’en- 
lever les  feuilles  attaquées  par  le  parasite  et  de 
les  brûler.  La  précaution  n’est  pas  mauvaise, 
assurément  ; mais  elle  ne  nous  paraît  que  secon- 
daire, car  jamais,  que  nous  sachions,  ces  sortes 
de  chancres  ou  névroses  ne  reproduisent  la 
maladie.  Ge  sont  des  effets  et  non  une  cause. 


LE  PÊCHER  A'  BERGERAC 


Tandis  que  dans  les  numéros  des  juil- 
et  16  août  de  la  Revue  horticole,  on  si- 
gnalait une  grande  abondance  de  Pêches  à 
Montreuil,  jamais,  de  mémoire  d’homme,  il 
n’y  avait  eu  ici  une  pareille  disette  de  ce 
fruit.  Ni  les  Pêchers  à chair  non  adhérente 
dits  <(  femelles  »,  ni  les  gros  Mirlicotons  ou 
Pavies  à chair  adhérente,  que  nous  dési- 
gnons ici  sous  le  nom  de  « Pêchers  mâles  », 
ni  le  groupe  des  Brugnons,  ordinairement 


si  fécond,  ne  présentent,  chez  nous,  le 
moindre  fruit,  et  cela  dans  la  plaine  comme 
sur  les  coteaux  qui  encadrent  notre  vallée. 

A quoi  faut-il  attribuer  cette  pé- 
nurie de  Pêches  qui  semble  vouloir  se  géné- 
raliser chaque  année,  sinon  à la  décrépitude 
dans  laquelle  sont  tombés  et  tombent  de 
plus  en  plus  les  arbres  en  plein  vent  de  ce 
beau  genre,  autrefois  si  prospère  et  fertile 
dans  nos  contrées.  Si  l’on  traverse  nos  cam- 


476 


MULTIPLICATION  DU  ROBINIA  PSEUDO-ACACIA  DESSONIANA. 


pagnes  jadis  si  belles,  aujourd’hui  si  tristes, 
on  entend  le  paysan  dire  dans  son  lan- 
gage rustique  et  imagé  : ((  lou i^réciguié  s'en 
vàij  fai  coumo  la  vigno,  le  Pêcher  sien 
va,  il  fait  comme  la  Vigne.  » 

Et  notez  que  ce  ne  sont  pas  seulement 
les  gros  Pêchers  en  plein  vent  qui  tendent 
à disparaître.  Nous  éprouvons  à chaque  prin- 
temps, dans  nos  pépinières,  des  difficultés 
de  plus  en  plus  grandes,  pour  le  succès  de 
nos  greffes  en  écusson,  qui  restent  belles 
cependant  jusqu’aux  premiers  jours  de 
mars.  Mais  viennent  les  giboulées,  les  alter- 
natives de  température,  le  passage  d’une 
journée  chaude  à une  journée  froide,  les 
brouillards,  le  vent  du  nord,  etc.,  alors 
l’œil  de  nos  écussons,  déjà  gonflé  par  une 
sève  que  provoquent  les  journées  chaudes, 
s’écaille,  devient  gommeux  et  tombe  en  ne 
laissant  d’autre  trace  que  la  parcelle  de 
liber  qui  lui  servait  d’appui. 

Le  mal  est  tel,  que  nous  en  sommes  ré- 
duits à encapuchonner  nos  greffes  de  Pê- 
chers, au  printemps,  avec  des  feuilles  de 
papier,  que  nous  fixons  à l’aide  d’un  brin 
de  Raphia,  au-dessous  et  au-dessus  de  l’é- 
cûsson,  pour  arriver  à conserver  soixante  à 
soixante-dix  pour  cent  environ  de  nos 
greffes. 

Voilà,  en  ce  qui  concerne  le  genre  Pêcher, 
où  nous  en  sommes  ici  de  sa  culture.  Il 
y a seulement  dix  ans,  un  écusson  posé  au 
mois  d’août,  non  lié,  à la  rigueur,  poussait 
et  prospérait  au  printemps  comme  un  chien- 
dent en  bonne  terre.  N’y  a-t-il  pas,  en  pré- 
sence de  ces  faits,  l’indication  d’un  affaiblis- 


sement marqué  dans  l’organisme  de  cet 
arbre,  occasionné  par  le  changement  et 
l’instabilité  des  saisons  ? 

Non  seulement  cette  année  nous  n’avons 
pas  de  Pêches,  mais  les  Poires  sont  à peu 
près  dans  le  même  cas.  Seules,  les  variétés 
précoces  que  l’on  cultive  ici  pour  la  vente, 
telles  que  la  Saint- Jean,  \di  Saint-Pierre, 
le  Passe-Friayid , la  Bien- Aimée,  une 
ancienne  variété  décrite  par  Duhamel, 
à laquelle  la  popularité  a donné  ce  nom,  le 
Bon-Chrétien  d’été,  plus  connu  ici  sous  le 
nom  de  Poire.  Canelle,  le  Doyenné  de 
Juillet,  la  vieille  Sanguinole  toujours 
bonne  et  abondante,  etc.,  seules,  je  le  ré- 
pète, ces  variétés  dont  les  arbres  prennent 
avec  le  temps  les  proportions  d’un  Chêne, 
ont  donné  cette  année  une  bonne  récolte 
moyenne;  q’iant  aux  Poires  d’automne, 
de  même  que  celles  d’hiver,  elles  font  com- 
plètement défaut. 

J’attribue  les  causes  de  ces  revers  aux 
faits  suivants:  généralement  les  variétés  de 
Poiriers  à fruits  tardifs,  fleurissent  plus  tôt 
que  les  variétés  de  Poiriers  à fruits  précoces. 
Or,  cette  année,  un  abaissement  de  tempé- 
rature étant  survenu  brusquement  en 
avril,  au  moment  où  la  plupart  des  Poiriers 
tardifs  étaient  en  ffeurs,  il  en  est  résulté 
la  chute  complète  de  ces  fleurs.  Au  con- 
traire, la  floraison  des  Poiriers  à fruits 
précoces  étant  bien  moins  avancée  à cette 
époque,  la  fécondation  des  ffeurs  a pu  s’o- 
pérer dans  des  conditions  satisfaisantes  : 
de  là  l’abondance  que  je  signale  de  ces 
Poiriers  précoces.  Gagnaire. 


MULTIPLICATION  DU  ROBINIA  PSEUDO-ACACIA  BESSONIANA 


Avant  de  parler  de  la  multiplication  de 
cette  remarquable  variété,  nous  croyons 
devoir  dire  quelques  mots  sur  ses  caractères. 
D’abord  d’où  vient-elle?  A cette  question 
nous  ne  pouvons  répondre.  Tout  ce  que 
nous  savons,  c’est  qu’elle  a été  introduite 
pour  la  première  fois  aux  pépinières  du 
Fleuriste  de  Paris,  à Longchamps,  vers 
1868,  et  que,  jusque  là,  on  n’en  avait 
jamais  entendu  parler.  Il  existe  deux  ver- 
sions sur  l’origine  du  Bohinia  Bessoniana  : 
la  première,  c’est  qu’il  viendrait  de  chez 
M.  Besson,  horticulteur  à Marseille;  la 
deuxième,  qui  paraît  la  plus  probable,  est 
que  cette  pante  viendrait  de  chez  M.  Lau- 


rentius,  horticulteur-pépiniériste  à Leipsig, 
où,  dans  un  de  ses  voyages,  feu  Barillet- 
Deschamps  l’aurait  remarquée.  Quelle  est 
de  ces  deux  versions  la  véritable?  Nous  ne 
pouvons  le  dire.  Quoi  qu’il  en  soit  sous  ce 
rapport,  la  plante  étant  intéressante  et  en- 
core peu  connue,  nous  allons  la  décrire 
brièvement.  Voici  d’abord  ce  que,  à son 
sujet,  nous  écrivions  en  1878  dans  la  Revue 
horticole  : 

Rohinia  pseiido- Acacia  Bessoniana.  — Cette 
variété  du  Rohinia  commun,  (|ue  les  })épinié- 
ristes  appellent  tout  simplement  Rohinia  Res- 
soniana,  quoique  déjà  ancienne,  commence 
seulement  à se  répandre  ; la  Ville  de  Paris 


477 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES. 


surtout  semble  l’avoir  adoptée,  car  sur  plusieurs 
points  des  boulevards  on  la  trouve  plantée. 
Ses  branches  courtes,  grosses  et  très -ro- 
bustes, peu  ramifiées,  subdressées,  sont  gar- 
nies d’un  joli  feuillage  abondant,  de  sorte 
que  la  plante  forme  une  tête  arrondie,  com- 
pacte, qui  rappelle  un  peu  celle  du  Robinia 
umbraculifera^  vulgairement  appelé  « Acacia 
boule.  » La  plante  fleurit  peu,  et  ses  fleurs,  qui 
sont  blanches,  comme  celles  du  Robinier  com- 
mun, ne  se  montrent  que  sur  les  arbres  déjà 
forts. 

A cette  description,  qui  est  exacte,  ajou- 
tons que  le  Robinia  Bessoniana  est  ro- 
buste et  vigoureux,  et  que,  en  vieillissant, 
il  perd  ce  caractère  sphérique  si  on  ne  le 
maintient  un  peu  en  le  taillant.  Ses  bran- 
ches grosses  et  relativement  courtes  portent 
des  épines  peu  développées  qui  disparais- 
sent promptement,  de  sorte  que  les  arbres 
un  peu  forts  sont  complètement  inermes. 
La  floraison  a lieu  si  rarement  que  nous 
ne  la  trouvons  indiquée  nulle  part.  Seul, 
peut-être,  nous  l’avons  constatée  au  Mu- 
séum sur  un  individu  assez  fort  que  nous 
avait  donné  notre  collègue  et  ami  M.  Ra- 
farin,  et  que  nous  avions  planté  dans  les 
pépinières,  le  long  de  la  Bièvre,  où,  du 
reste,  nous  avions  réuni  beaucoup  d’autres 
espèces  rares,  comme  pieds  mères.  Les 
grappès  sont  lâches,  et  les  fleurs,  plutôt 


petites  que  grandes,  sont  d’un  très-beau 
blanc. 

Quelques  mots  maintenant  sur  la  multi- 
plication du  Robinia  Besaoniana.  Afin 
d’aller  plus  vite  et  de  former  plus  prompte- 
ment des  4 boules  »,  certains  pépiniéristes 
greffent  en  tête  ainsi  qu’on  le  fait  du  JRohi- 
nia  umbraculifera  ; nous  croyons  qu’il 
vaut  mieux  procéder  par  boutures  qui,  du 
reste,  reprennent  très-bien  et  sans  aucun 
soin  particulier.  Il  suffit,  avant  le  départ  de 
la  végétation,  de  prendre  des  jeunes  bran- 
ches, d’en  faire  des  sortes  de  plançons 
comme  s’il  s’agissait  d’osier  ou  de  tout 
autre  espèce  que  l’on  multiplie  par  bou- 
tures, et  de  les  planter  en  pleine  terre.  Il  va 
sans  dire  que  des  soins  particuliers,  tels 
qu’arrosage,  paillage  etc...,  ne  peuvent  que 
faciliter  la  reprise. 

Si  l’on  veut  obtenir  des  tiges,  on  tuteure 
ou  dresse  un  des  plus  beaux  bourgeons  et 
l’on’ supprime  les  autres.  Mais  le  mieux, 
pour  arriver  à ce  résultat,  est,  quand  les  bou- 
tures sont  bien  établies,  de  recéper  près  du 
sol,  et,  alors,  parmi  les  bourgeons  qui  se 
développent,  de  choisir  le  plus  vigoureux  et 
le  mieux  placé  et,  au  besoin,  de  le  tuteurer 
de  manière  à avoir  un  beau  jet,  et  ensuite 
de  l’arrêter  pour  former  la  tête  quand  la  tige, 
suffisamment  constituée,  a atteint  la  hauteur 
que  l’on  désire.  E.-A.  Carrière. 


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Saxifraga  cortusifolia,  Sieb.  et  Zucc.  — 
Saxifragacées  {Bot.  Mag.  tab.  6680).  — Es- 
pèce voisine  du  Saxifraga  sa?^ynentosa,  her- 
bacée vivace,  acaule,  à racines  stolonifères. 
Feuilles  fortement  pétiolées,  orbiculaires,  à 
base  subréniforme,  de  5 à 8 centimètres  de 
diamètre,  faiblement  et  irrégulièrement  lobées, 
serrées,  velues,  d’un  vert  pâle,  avec  une  large 
zone  noire,  et  bordées  de  rouge  brun.  Hampe 
supportant  une  panicule  longue  de  16  à 20  cen- 
timètres, large  de  10  à 12.  Fleurs  peu  com- 
pactes à pédicelles  élancés;  sépales  oblongs 
obtus,  verts,  de  moitié  moins  longs  que  les  pé- 
tales les  plus  courts  ; pétales  linéaires  subaigus, 
blancs,  variant  de  6 à 20  millimètres  de  long  ; 
anthères  d’un  rouge  brun  brillant.  — Serre 
froide. 

Medinilla  a^nabilisj  Dyer.  — Mélastoma- 
cées  {Bot.  Mag.,  tab.  6681).  — Plante  magni- 
fique, originaire  de  Java,  aussi  ornementale  que 
le  M.  magnifica,  entièrement  glabre,  arbustive. 
Tige  et  branches  carrées  ; feuilles  très-larges, 


longues  de  .35  centimètres,  larges  de  20,  obo- 
vales  ou  elliptiques  oblongues,  à cinq  nervures, 
d’un  vert  très-brillant.  Panicules  terminales,  py- 
ramidales, très-ramifiées,  hautes  de  30  à 35  cen- 
timètres, larges  de  15  à 20.  Fleurs' courtement 
pédonculées,  d’un  joli  rose,  de  4 à 5 centimètres 
de  diamètre.  Tube  du  calyce  hémisphérique. 
Pétales  obovales  oblongs  ; anthère  formant  une 
sorte  d’étendard  violet  pâle.  — Serre  chaude. 

Hoya  linearis,  Wall.  — Asclépiadées  {Bot. 
Mag.  tab.  6682).  — Jolie  plante,  native  de 
l’Himalaya,  plus  ou  moins  hérissée,  à rameaux 
sarmenteux  allongés,  longs  de  35  centimètres 
et  plus.  Feuilles  longues  de  3 à 5 centimètres, 
sur  3 à 4 millimètres  de  largeur,  cylindriques 
subaiguës,  vert  foncé.  Fleurs  en  ombelle  ter- 
minale sessile;  calyce  à lobes  petits,  hérissés, 
ovales  lancéolés;  corolle  de  13  millimètres  de 
diamètre,  blanche,  recourbée,  à lobes  courts, 
larges,  obtus  ; appendices  de  la  couronne 
étoilés,  obtus,  subcylindriques,  d’un  rose  très- 
pâle.  — Serre  chaude. 


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Lælia  monophylla,  N.  E.  Brown.  — Orchi- 
dées {Bot.  Mag.  iSih.QQ83).  — Espèce  terrestre 
provenant  de  la  Jamaïque,  sans  pseudo-bulbes. 
Rhizomes  formant  une  sorte  de  réseau,  d’où 
émergent  les  tiges  de  la  plante.  Tiges  florifères 
hautes  de  15  à 25  centimètres,  vert  pâle,  en- 
tourées sur  la  moitié  de  leur  longueur,  et  alter- 
nativement, de  bractées  gris  clair  pointillé  de 
carmin  ; feuilles  solitaires,  subérigées,  sessiles, 
longues  de  5 à 8 centimètres,  larges  de  15  mil- 
limètres, presque  linéaires,  oblongues  obtuses, 
vert  foncé  en  dessus,  vert  pâle  en  dessous. 
Fleurs  subérigées,  de  25  â 50  millimètres  de 
diamètre,  orange  écarlate  vif  ; étamines  violet 
pourpre  ; pétales  et  sépales  semblables,  étalés 
oblongs,  subaigus  ; labelle  très-petit,  entou- 
rant la  colonne.  — Serre  tempérée. 

Haynamelis  Virginiana,  Linné.  — Hamamé- 
lidées  {Bot.  Mag.  tab.  6684).  — Ce  vieil 
arbuste  est  assez  commun  aux  États-Unis,  où 
il  forme  de  forts  arbrisseaux  ou  de  petits 
arbres,  atteignant  10  mètres  de  hauteur.  On 
le  connaît  assez  peu  en  Europe.  Feuilles  de 
forme  très-irrégulière,  ressemblant  un  peu  â 
celles  du  Noisetier,  longues  de  8 â 15  centi- 
mètres, quelquefois  presque  aussi  larges,  vert 
clair  nuancé  de  brun  auprès  des  bords.  Fleurs 
en  involucres  axillaires , polygames  ; calyce 
brun,  de  6 millimètres  de  diamètre,  â lobes 
ovales  obtus  ; pétales  en  forme  de  lanières, 
jaunes  d’or,  de  15  à 20  millimètres  de  long. 
— Plein  air. 

Cadia  Ellisiaua,  Baker.  — Légumineuses 
{Bot.  Mag.  tab.  6685).  — Cette  plante,  native 
de  Madagascar,  appartient  â un  genre  très-re- 
marquable parmi  les  Légumineuses,  â cause 
de  la  régularité  de  ses  fleurs.  C’est,  paraît-il,  un 
})etit  arbuste  glabre , à rameaux  ligneux. 
Feuilles  alternes,  longues  de  10  à 15  centi- 
mètres, â pétiole  très-court,  pennées  ; folioles 
alternes , très  courtement  pédonculées,  au 
nombre  de  8 â 9 par  feuille,  elliptiques-oblon- 
gues  ou  lancéolées  acuminées  obtuses.  Fleurs 
longues  de  35  â 38  millimètres  en  grappes  axil- 
laires, retombantes.  Calyce  campanulé,  vert 
pâle,  à 5 lobes  *peu  accentués,  érigés.  Pétales 
longs  de  35  millimètres,  obovales  spatulés, 
formant  une  corolle  campaniforme , rose 
lavé  de  rouge.  Serre  tempérée. 

Üædalacanthus  inacy'ophyllus,  T.  Anders.  — 
Acanthacées  {Bot.  Mag.  tab.  6686).  — Plante 
herbacée,  originaire  de  la  Péninsule  malaise, 
â port  érigé,  haute  de  70 centimètres  âl  mètre, 
peu  ramifiée.  Feuilles  pétiolées,  de  18  à 20  cen- 
timètres de  long,  elliptiques-lancéolées,  acumi- 
nées. Épis  floraux  longuement  pédonculés, 
érigés, longs  de8à20  centimètres,  â bractées  pe- 
tites, vertes,  imbriquées  ; calyce  petit,  à 5 lobes 
glandulaires  lancéolés  érigés;  corolle  longue 
de  25  â 30  millimètres,  érigée,  d’un  violet  bleu 
pâle;  tube  très-élancé  recourbé,  blanc  violacé, 


limbe  recourbé,  de  20  à 25  millimètres  de  dia- 
mètre à lobes  oblongs  obtus,  veinés  de  violet 
foncé.  — Serre  chaude. 

Gy'evülea  ayiyiulifeya,  F.  Muell.  — Protéacées 
{Bot.  Mag.  tab.  6687).  — Arbrisseau  austra- 
lien, atteignant  2 â 3 mètres  de  hauteur,  à 
rameaux  raides  ; feuilles  étalées,  recourbées, 
longues  de  8âl  2 centimètres,  pennées,  segments 
longs  de  2 â 3 centimètres,  distants,  rigides,  li- 
néaires subulés,  vert  foncé.  Grappe  longue  de 
8 â 10  centimètres  , courtement  pédonculée. 
Fleurs  jaune  soufre,  disposées  en  rond  autour 
du  rachis  â périanthe  très-court,  long  de  10  à 
25  millimètres,  â lobes  linéaires  avec  une 
pointe  anthérifère  ovale  obtuse.  — Serre  froide. 

Saxify'aga  lingulata,  var.  cochleayHs , 
Engler.  — Saxifragacées  {Bot.  Mag.  tab.  6688). 

— Charmante  petite  plante  de  la  région  médi- 
terranéene,  se  développant  en  touffe  compacte, 
haute  de  4 â 5 centimètres.  Feuilles  linéaires, 
spatulées,  arrondies,  coriaces,  d’un  joli  vert 
glauque.  Tige  florale  rouge  brun,  s’élançant 
du  centre  de  la  rosette  des  feuilles,  de  15  â 20  cen- 
timètres de  long,  formant  une  panicule  al- 
longée de  fleurs  â pétales  arrondis,  d’un  blanc 
pur.  Calyce,  pédoncules  et  pétioles  rouge  brun. 

— Plein  air. 

Utriculayda  hifida.,  Linn.  — Lentibulariées 
{Bot.  Mag.  tab.  6689).  — Plante  singulière, 
originaire  de  l’Inde  et  de  la  Chine,  dont  les 
fleurs  rappellent,  en  plus  petit,  celles  de  la 
Linaire.  Elle  forme  des  petites  touffes  acaules, 
compactes,  de  feuilles  érigées,  filiformes,  lon- 
gues de  3 à 5 centimètres,  d’un  vert  brillant. 
Hampes  très-nombreuses  , de  10  â 20  centi- 
mètres de  longueur,  érigées,  portant,  assez  dis- 
tantes les  unes  des  autres,  8 à 10  fleurs,  qui  par 
leur  forme  et  leurs  couleurs  se  rapprochent 
beaucoup  de  la  Linaire  (jaune  soufre  et  orange), 
mais  qui  ont  à’peine  un  centimètre  de  longueur. 

— Serre  tempérée. 

Spiranthes  euphlehia.,  Reich,  f.  — Orchidées 
{Bot.  Mag.  tab.  6690).  — Plante  originaire  du 
Brésil,  terrestre,  haute  de  25  â 40  centimètres. 
Feuilles  radicales,  longues  de  12  â 15  centi- 
mètres, larges  de  3 à 4 centimètres,  linéaires  ou 
ovales  oblongues,  ondulées,  vert  pâle,  avec  des 
taches  blanches  ; hampe  brun  verdâtre,  garnie 
de  place  en  place  par  des  bractées  amplexi- 
caules  brun  foncé;  grappes  longues  et  larges  de 
5 â 8 centimètres.  Fleurs  peu  nombreuses,  mais 
assez  rapprochées,  horizontales , très-courte- 
ment  pédonculées  ; bractées  érigées,  lancéolées, 
brun  foncé.  Périanthe  pubescent  blanc,  veiné 
de  rouge  brun;  sépales  rassemblés  en  un  tube 
long  de  25  millimètres,  portant  une  gibbosité  à 
la  base,  sur  la  face  antérieure.  Pétales  érigés, 
semblables  à peu  près  pour  la  forme  et  la 
couleur  aux  sépales;  labelle  très-petit,  inséré 
à la  base  des  pétales;  limbe  très-petit,  recourbé, 
lancéolé,  ondulé  sur  les  bords,  de  même  cou- 


VARIÉTÉS  RÉSISTANTES  DE  POMMIERS. 


470 


leur  que  les  pétales  et  sépales.  — Serre 
tempérée. 

Rodgersia  podojjJiylla,  A.  Gi’ay.  — Saxifra- 
gacées  {Dot.  May.  tab.  6G91).  — Plante  japo- 
naise, herbacée  vivace,  à feuilles  radicales  , 
peu  nombreuses,  peltées,  quinquelobées,  de 
15  à 20  centimètres  de  diamètre  ; folioles  ses- 
siles,  de  15  à 25  centimètres,  obovales,  à bords 
irrégulièrement  lobés,  rugueuses.  Tiges  florales 
hautes  de  70  centimètres  à 1 mètre,  se  ter- 
minant par  une  élégante  panicule  longue  de 
15  centimètres,  large  à la  base  de  8 à 10,  à cime 
scorpioïde.  Fleurs  de  8 millimètres  de  dia- 
mètre, courtement  pédicellées,  d'un  blanc  jau- 
nâtre ; tube  calycinal  très-court,  à lobes  ovales 
aigus  ; pas  de  pétales.  Plein  air. 

Licuala  grcmdis^  II.  Wendl.  — Palmiers 
{Dot.  Mag.  tab.  6704).  — Très  belle  espèce 
originaire  de  la  Nouvelle-Bretagne,  introduite 
par  M.  W.  Bull,  de  Londres.  Elle  ne  dépasse 
pas  deux  mètres  de  hauteur  au-dessus  de  l’in- 
sertion des  pétioles  sur  le  tronc,  qui  atteint 
environ  20  de  hauteur,  et  sur  lequel  la  base 
des  pétioles  des  anciennes  feuilles  forme  des 
écailles  ; feuilles  réunies  en  couronne,  au 
nombre  de  30  environ,  d’un  vert  brillant  foncé, 
à pétioles  longs  de  75  à 90  centimètres,  con- 
cavo-convexes,  armés  sur  les  cotés  de  fortes  et 
courtes  épines,  subérigées,  de  1 mètre  de 
diamètre  ; limbes  d’environ  70  centimètres 
de  longueur,  orbiculaires  ou  semi-orbicu- 
laires,  concaves,  étroitement  plissés,  et  légè- 
rement ondulés,  à base  cunéiforme  ou  tron- 
quée, à dents  marginales  bifides,  longues  de 
2 à 3 centimètres  ; plusieurs  spadices  subérigés, 
émergeant  à peine  des  feuilles  par  leur  extré- 
mité ; spathes  brunes  à la  base  des  panicules  ; 
fleurs  jaunes,  longues  de  8 centimètres,  réu- 
nies en  panicules  peu  compactes.  — Serre 
chaude. 

Aloe  pratensis.)  Baker.  — Liliacées  {Bot. 
Mag.  tab.  6705).  — Plante  très-remarquable, 
originaire  du  Gap  de  Bonne-Espérance,  acaule, 
à feuilles  réunies  au  nombre  de  60  à 80  en  ro- 
sette compacte,  longues  de  15  à 18  centimètres, 
larges  de  37  millimètres  à la  base,  vertes,  de 
texture  solide,  finement  rayées  de  vert  sombre 
sur  les  deux  bords,  non  tachetées,  concaves  ; 
pédoncule  court,  épais,  simple,  long  de  30  cen- 


timètres au  moins , garni  de  nombreuses 
bractées,  scarieuses,  ovales  acuminées.  Grappe 
dense,  simple,  atteignant  de  20  à 35  centi- 
mètres de  longueur  ; bractées  semblables  à 
celles  du  pédoncule.  Périantlie  cylindrique, 
long  de  3 centimètres,  rouge  brillant  lavé  de 
vert  à l’extrémité,  à segments  lancéolés,  jaunes. 
— Serre  tempérée. 

Dendrobium  revolutum,  Lindl.  — Orchidées 
{Bot.  Mag.  tab.  6706).  — Espèce  voisine  du  D. 
unillorum,  originaire  de  la  Péninsule  malaise. 
Pas  de  pseudo-bulbes  ; tiges  longues  de 
30  à 35  centimètres.  P'euilles  nombreuses,  dis- 
tiques, longues  de  25  à 50  millimètres,  oblon- 
gues-ovales  obtuses,  semi-amplexicaules,  caré- 
nées dans  leur  milieu,  d’un  vert  brillant.  Fleurs 
solitaires,  axillaires,  longues  de  20  à 25  mil- 
limètres ; bractées  caduques.  Pétales  et  sé- 
pales blancs,  réfléchis,  lancéolés  acuminés  ; 
labelle  presque  carré , convexe  , d’un  jaune 
verdâtre  brillant  ; éperon  tronqué,  blanc.  — 
Serre  chaude. 

Allium  Macleani,  J. -G.  Baker.  — Liliacées 
{Bot.  Mag.  tab.  6707).  — Charmante  nou- 
veauté très-floritère,  native  de  Caboul.  Bulbes 
symétriques,  solitaires,  globuleux;  feuilles  au 
nombre  de  4 ou  5,  se  développant  avec  les 
fleurs,  lancéolées,  vertes,  longues  de  30  à 
35  centimètres,  larges  de  25  à 35  millimètres, 
glabres  sur  les  deux  faces  ; pédoncule  flexueux, 
haut  de  65  centimètres  à 1 mètre  ; ombelle 
dense,  globuleuse,  de  10  à 12  centimètres  de 
diamètre,  formée  d’un  grand  nombre  de  fleurs 
pourpre  mauve,  de  12  à 15  millimètres  de  dia- 
mètre. — Serre  froide. 

Nymp)hoea  odorata^  var.  minor  floribus 
roseis,  J.  D.  Hook.  — ^ Nymphéacées  {Bot. 
Mag.  tab.  6708).  — Jolie  plante  originaire  des 
États-Unis  ; feuilles  arrondies  ,’  cordiformes , 
vert  clair  marqué  de  vert  foncé,  au  passage 
des  nervures,  larges  de  8 à 10  centimètres  en 
moyenne  ; fleurs  bien  faites,  larges  de  7 à 8 cen- 
timètres, pétales  blancs,  légèrement  nuancés  de 
rose  saumon  à leur  face  supérieure,  rose  vif 
à leur  face  inférieure  ; sépales  rose  vif  en  des- 
sus, vert  clair  largement  bordé  de  rose  en 
dessous  ; organes  générateurs  d’un  jaune  vif.  — 
Plein  air. 

, Ed.  André. 


VAKIÉTÉS  RÉSISTANTES  DE  POMMIERS 


La  Revue  horticole  a récemment  insé- 
ré (1)  une  partie  des  observations  faites  par 
nous  au  sujet  de  la  rusticité,  sous  notre 
climat,  des  différentes  variétés  de  Pom- 
miers. 

Gomme  nous  le  prévoyions,  cette  étude  a 

(I)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  155. 


intéressé  bon  nombre  de  pépiniéristes  et 
d’amateurs,  et  c’est  avec  grand  plaisir  que 
nous  avons  répondu  aux  demandes  de  ren- 
seignements complémentaires  qui  nous  sont 
parvenues. 

Nous  terminons  aujourd’hui  la  liste  anno- 
tée que  nous  avons  commencée,  en  y ajou- 


480 


VARIÉTÉS  RÉSISTANTES  DE  POMMIERS. 


tant  la  nomenclature  des  variétés  de  Pom- 
miers résistant  aux  froids  de  nos  contrées. 
Notre  grand  désir  est  que  ces  documents 
soient  utiles,  tant  aux  propriétaires  qui 
désirent  faire  une  plantation  de  longue 
existence,  ne  craignant  aucunement  les 
hivers  rigoureux,  qu’aux  pépiniéristes  qui, 
pour  la  vente,  ont  des  relations  avec  les 
régions  du  Nord  et  de  l’Est  de  l’Europe. 

Impériale  ancienne.  Variété  des  plus 
rustiques  et  d’une  fertilité  extraordinaire. 

Juneating  Red  (Pomme  Fraise).  Variété 
rustique. 

Linneous  Pippin.  Cette  variété,  récem- 
ment importée  chez  nous,  est  fort  deman- 
dée; elle  souffre  en  pépinière,  non  en  ver- 
ger, où,  ayant  atteint  une  certaine  force, 
l’arbre  se  montre  vigoureux,  fertile  et  rus- 
tique. 

Margil  (Reinette  musquée).  Rustique. 

Ostogate  ou  Doux  d'argent.  Très-fertile, 
très-rustique,  variété  en  grand  renom  dans 
la  contrée. 

Passe- Pomme  (Calville  blanche  d’été). 
Très-rustique  et  très-fertile. 

Princesse  nohle  de  Knoop  (Pomme  d’Au- 
née).  Très-rustique  et  très-fertile. 

Reinette  de  Gaux.  Gèle  souvent  en  scions 
d’un  et  de  deux  ans,  l’arbre  ayant  atteint 
une  certaine  force  est  rustique  et  fertile. 

Reinette  d'Orléans.  — Reine  des  Rei- 
nettes. — Reinette  rouge  étoilée.  — Rei- 
nette de  Rïbston. 

Ces  quatre  variétés  de  Reinettes  sont 
également  estimables  pour  leur  rusticité  et 
l’abondance  de  leurs  produits  ; nous  les 
cultivons  en  pépinière  sur  une  vaste 
échelle. 

Framboise  d' Oherland.  Très-rustique  et 
fertile. 

Sans  pareille  écarlate.  Très-rustique  et 
fertile. 

De  Stettin  d' hiver,  rouge.  Cette  variété 
est  cultivée  dans  le  pays  depuis  nombre 
d’années  ; on  en  trouve  de  forts  arbres  dans 
les  anciens  vergers,  elle  est  très-estimée  sur 
les  marchés  de  Varsovie. 

Sam  Rawlings  {Hoary  Morning,  Mor- 
genduft).  Très-rustique  et  fertile. 

Simnœ  polosatœ.  Nous  avons  reçu' cette 
variété  de  M.  le  docteur  Regel,  de  Saint- 


Pétersbourg,  où  elle  est  en  grand  renom  pour 
sa  fertilité  et  pour  son  extrême  rusticité. 

Transparente  de  Moscovie.  Variété  des 
plus  rustiques,  arbre  vigoureux  et  fertile. 

Le  nombre  des  Poiriers  existant  et  fruc- 
tifiant convenablement  sous  notre  climat 
est  plus  restreint  encore  que  celui  des  Pom- 
miers, car,  parmi  les  500  variétés  importées 
de  France  depuis] 4 845,  plus  de  la  moitié 
ont  été  rejetées  par  nous  comme  inculti- 
vables. Des^deux  cents  environ  qui  figurent 
encore  dans  notre  catalogue,  voici  celles  qui 
nous  ont  semblé  préférables  à toutes,  sous 
le  rapport  de  la  rusticité  et  de  la  produc- 
tion. 

Ananas  français.  — Beurré  Hardy.  — 
Beurré  blanc.  — Beurré  d'Amanlis.  — 
Beurré  Napoléon.  — Beurré  superfi^i.  — 
Beurré  Davy  ou  Fondante  des  Bois.  — 
Beurré  Bachelier.  — Beurré  de  Spoel- 
berg.  — Beurré  de  Grumkiost.  — Berga- 
mote grosse  d'automne.  — Bergamote 
Sylvange.  — Bergamote  Laffay.  — Ber- 
gamote Espéren.  — Bergamote  Poiteau. 

— Bergamote  Crassane.  — Catillac.  — 
Doyenné  d'hiver.  — Doyenné  du  Comice 
d'Angers.  — Doyenné  de  Juillet.  • — Doc- 
teur Andry.  — Docteur  Pigeaux.  — 
Epargne.  — Épine  de  Tolède.  — Franc- 
réal  d'hiver.  — Fondante  du  Comice.  — 
Henkel.  — Le  Berriays.  — Louise-Bonne 
d' Avr anches.  — Monseigneur  des  Hons. 

— Marie-Louise  Delcourt.  — Monseigneur 
Affre.  — Marie  Guise.  — Pater  noster.  — 
Suzette  de  Bavay.  — Seigneur  d' Espéren. 

— Fruitée  ou  Forelle.  — Urbaniste  ou 
Beurré  Piquer  y.  — Vineuse  d'été  de 
Windsor.  — Virgouleuse. 

Outre  ces  variétés  de  provenance  étran- 
gère, la  Pologne  compte  bon  nombre  de 
variétés  rustiques  venues  de  semis  dans  le 
pays  ; ces  Poires,  toutes  d’été  et  de  qualité 
peu  recommandable,  baptisées  à l’envi  dans 
chaque  localité,  sont  malheureusement  les 
seules  que  l’on  rencontre  en  abondance  sur 
les  marchés  ; cependant,  l’on  peut  compter 
d’année  en  année  une  plus  forte  proportion 
de  bons  fruits  d’automne  et  d’hiver,  pro- 
duits des  vergers  de  plantation  récente. 

G.  Bardet, 

Horticulteur  à Varsovie. 


Imy,  Gtaorgea  J^oob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Fraisiers  cultivés  dans  de  la  Mousse. 

— Après  avoir  été  prônée,  outre  mesure, 
peut-être,  puis  dénigrée  dans  des  propor- 
tions non  moins  grandes,  la  culture  des 
plantes  dans  la  mousse  semble  entrer  dans 
une  nouvelle  phase,  celle  de  l’expérience, 
la  seule,  du  reste,  susceptible  de  donner 
une  solution  rationnelle.  Ainsi,  nous  avons 
récemment  relaté  une  culture  de  Pommes 
de  terre  faite  exclusivement  dans  de  la 
mousse  (1)  ; aujourd’hui  c’est  un  autre 
exemple  que  nous  fait  connaître  M.  Millet 
père,  horticulteur  à Montagny-lès-Buxy 
(Saône-et-Loire)  et  qui  se  rapporte  à la  cul- 
ture des  Fraisiers.  Voici  ce  qu’il  nous  écrit  : 

Dans  les  premiers  jours  d’août  je  me  pro- 
cure de  la  mousse  ; je  la  débarrasse  très-soi- 
gneusement de  tous  les  débris,  surtout  des 
mauvaises  herbes,  qu’elle  contient.  J’en  fais  une 
plate-bande  de  0,25  centimètres  d’épaisseur  et 
l’y  place  les  jeunes  plants  que  j’ai  repiqués 
au  printemps  ; ils  sont  bien  plus  précoces  que 
ceux  placés  dans  les  conditions  ordinaires. 

Cette  méthode  offre  des  avantages  surtout 
pour  les  fraisiers  à gros  fruits,  qui,  plantés  en 
terre,  n’atteignent  jamais  une  maturité  par- 
faite, tandis  que,  dans  la  mousse,  qui  conserve 
très-bien  la  chaleur,  ils  mûrissent  également, 
dessus  et  dessous,  en  acquérant  même  une 
qualité  supérieure. 

Voilà  trois  ans  que  je  m’occupe  de  cette  cul- 
ture dans  la  mousse,  et  j’en  obtiens  des  ré- 
sultats très-satisfaisants. 

Je  crois  aussi  que  cette  culture  serait  agréa- 
blement mise  à profit  par  des  personnes  qui 
n’ont  que  des  balcons  ou  des  cours  pavées, 
bien  exposés  au  soleil. 

Nous  appelons  tout  particulièrement  l’at- 
tention sur  cette  lettre  dont  nous  remercions 
l’auteur,  M.  Millet,  et  nous  engageons  forte- 
ment nos  lecteurs,  non  seulement  à répéter 
l’expérience  ci-dessus,  mais  à appliquer  un 
traitement  analogue  à beaucoup  d’autres 
espèces  potagères  ou  ornementales,  les  diffé- 
rents résultats  déjà  connus  étant  de  nature 
à encourager  les  essais. 

Transplantation  des  Lapageria.  — 

Ces  délicieuses  lianes  du  Chili,  le  Lapa- 
geria rosea  et  sa  variété  alha  ainsi  que  les 
autres  à grandes  fleurs,  sont  souvent  diffi- 
ciles à transplanter  avec  succès.  Le  jour- 

(1)  Voir  Revue  horticole^  1883,  p.  435. 

1er  Novembre  1883. 


nal  The  Garden  a donné  à^ce  sujet  des 
indications  qu’il  nous  paraît  intéressant  de 
reproduire  : 

((  Après  de  nombreux  essais  plus  ou 
moins  fructueux,  nous  avons  remarqué 
que  la  transplantation  des  Lapageria  ne 
pouvait  s’effectuer  dans  de  bonnes  con- 
ditions, qu’en  employant  des  spécimens 
forts,  ou  tout  au  moins  de  grandeur 
moyenne.  La  meilleure  époque  est  le  mo- 
ment où  la  végétation  est  sur  le  point  de  se 
mettre  en  mouvement,  lorsque  les  racines 
et  la  tige  vont  rentrer  en  végétation. 

^ « Les  racines  seront  déroulées  de  manière 
à défaire  les  nœuds  ou  paquets  qu’elles 
forment  fréquemment.  Il  faut  avoir  soin  de 
de  ne  pas  briser  ces  racines,  car  cela  retar- 
derait considérablement  le  développement 
des  feuilles  et  des  fleurs. 

((  Si  les  Lapageria  sont  placés  en  pleine 
terre,  on  devra  tasser  la  terre  autour  des 
racines,  de  manière  que  les  arrosages  ne 
les  mettent  pas  à nu,  ce  qui  compromet- 
trait l’avenir  des  plantes. 

((  Ces  jolies  lianes  demandent  de  l’ombre 
et  ne  doivent  pas,  autant  que  possible,  être 
placées  dans  la  partie  au  midi  d’une  serre. 
Si  l’on  ne  pouvait  faire  autrement,  il  serait 
nécessaire  d’ombrer  les  jeunes  pousses, 
car  les  feuilles  encore  tendres  ne  peuvent 
supporter  les  rayons  du  soleil. 

((  Pendant  leur  période  de  végétation,  les 
plantes  doivent  être  tenues  constamment 
dans  un  sol  très-humide,  et  quand  le  repos 
est  arrivé,  il  faut  arroser  encore,  mais 
très-modérément,  de  manière  que  la  terre 
ne  soit  jamais  desséchée. 

« Les  Lapageria,  malgré  la  réputation 
qu’on  leur  a faite,  doivent  être  rangés  dans  la 
catégorie  des  plantes  de  culture  très-facile, 
pourvu,  bien  entendu,  que  leurs  habitudes 
ou  préférences  soient  connues  et  respectées. 
. <ü  Le  point  essentiel  est,  comme  nous 
l’avons  dit  plus  haut,  de  ne  pas  mettre  les 
Lapageria  en  pleine  terre  dans  une  bâche 
de  serre,  avant  qu’ils  aient  atteint  une  force 
moyenne.  » 

Serre-École,  à Versailles.  — Aux 

nombreux  sujets  d’étude  que  comporte 
l’École  nationale  d’horticulture  de  Versailles, 
aujourd’hui  la  plus  complète  qui  existe, 

21 


482 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


011  vient  d’en  ajouter  un  autre  qui,  bien  que 
spécial,  n’en  est  pas  moins  très-utile.  C’est 
une  serre  monumentale  dans  laquelle  les 
plantes,  mises  en  pleine  terre,  peuvent  ac- 
quérir un  grand  développement  qui  permet 
de  se  rendre  compte  de  leur  mérite  et  d’ap- 
précier l’effet  ornemental  qu’elles  sont  sus- 
ceptibles de  produire. 

Dans  cette  serre,  dont  on  pourrait  peut- 
être  regretter  l’étroitesse,  chaque  sujet  est 
accompagné  d’une  étiquette  sur  laquelle, 
en  caractères  très-lisibles,  est  inscrit  le 
nom  de  la  plante.  C’est  un  heureux  com- 
plément dont  on  ne  peut  trop  féliciter  le 
directeur,  M.  Hardy,  qui  a consacré  sa  vie 
au  succès  de  l’École  d’horticulture  de  Ver- 
sailles, si  éminemment  utile. 

La  serre  en  question  mesure  48"‘  60  de 
long,  extérieurement,  sur  9“^  30  de  large, 
et  8"'  60  de  hauteur,  à l’intérieur.  A l’une 
des  extrémités  on  a construit  un  rocher 
en  meulière,  dans  lequel  sont  placées  des 
plantes  exotiques  particulièrement  propres 
à ce  mode  d’ornementation,  ce  qui  ajoute 
encore  à l’intérêt  de  l’ensemble. 

Prunus  Pissardi.  — Plusieurs  fois 
déjà,  en  parlant  de  cette  variété  si  remar- 
quable de  Prunier,  nous  avons  émis  l’opi- 
nion qu’elle  fait  partie  du  goupe  des  Myro- 
bolans.  Nous  en  avons  aujourd’hui  la 
certitude  ; quelques  semis  que  nous  avons 
faits  ne  laissent  plus  aucun  doute  à cet 
égard.  L’expérience  est  d’autant  plus  con- 
cluante qu'elle  est  comparative.  En  même 
temps  que  nous  semions  des  noyaux  de 
Prunus  Pissardi,  nous  faisions  de  même 
et  dans  des  conditions  identiques  avec  des 
noyaux  de  Prunier  Myrobolan.  Les  résul- 
tats ont  été  les  mêmes  des  deux  côtés. 
Voici  pour  le  P.  Pissardi.  Tigelle  ro- 
buste, dressée,  blanchâtre  ; cotylédons  lon- 
2:uement  obovales,  très-entiers.  Les  feuil- 
les,  les  stipules  et  le  mode  de  végétation  des 
jeunes  plantes  étaient  aussi  exactement  sem- 
blables à ceux  du  Prunier  Myrobolan  et  il 
en  était  absolument  de  même  pour  la  cou- 
leur, qui  était  verte.  Quant  aux  noyaux, 
ils  ne  présentaient  aucune  différence. 

Est-ce  à dire  qu’il  en  sera  toujours  ainsi, 
que  la  couleur  rouge  du  Prunus  Pissardi 
ne  se  reproduira  jamais?  Non,  évidemment, 
mais  cela  démontre  que  ce  caractère,  si 
constant  pendant  la  végétation,  est  incons- 
tant lorsqu’il  s’agit  du  semis. 


Un  nouvel  Aerides.  — MM.  Sander,  de 
Saint-Albans  (Angleterre),  ont  introduit  un 
Aerides  nouveau,  et  l’unique  exemplaire 
qu’ils  possédaient,  vendu  tout  récemment 
aux  enchères,  à Londres,  a atteint  le  chiffre 
respectable  de  6127  fr.  50. 

Il  a été  acquis  par  Sir  Trevor  Lawrence, 
le  riche  amateur  Ijien  connu. 

La  plante  se,  compose  de  six  vigoureuses 
tiges,  bien  garnies  de  feuilles  d’un  vert 
foncé,  larges  de  5 centimètres.  La  grappe 
de  fleurs,  retombante,  mesurait  environ 
60  centimètres  de  longueur,  au  moment  de 
la  vente.  Elle  portait  32 fleurs,  presque  toutes 
épanouies  à la  fois.  Ces  heurs  présentent 
quelques-uns  des  caractères  de  celles  du 
rare  A.  Leonii,  et  aussi  de  VA.  odoratum 
très-répandu  aujourd’hui.  Elles  exhalent 
notamment  le  même  délicieux  parfum  que 
ce  dernier. 

Ces  fleurs,  longues  de  5 centimètres,  et 
larges  d’à  peu  près  4,  offrent,  dans  toutes 
leurs  parties,  une  apparence  cireuse.  Les  pé- 
tales et  sépales  sont  blancs,  les  derniers 
pointillés  de  petites  taches  bien  apparentes, 
pourpre-améthyste.  Le  labelle  large,  trilobé, 
a les  ailes  enroulées,  blanc  pur,  avec  le  lobe 
médian  d’une  riche  couleur  d’améthyste. 
Chacun  des  lobes  est  terminé  par  des  franges 
délicates.  L’apparence  de  la  grappe  entière, 
avec  toutes  ses  belles  fleurs  bien  épanouies, 
est  d’un  effet . remarquablement  beau,  et 
V Aerides  acquis  par  Sir  Trevor  Lawrence 
dépasse  de  beaucoup  sous  tous  les  rapports 
les  autres  Aerides  connus  jusqu’ici. 

Ajoutons  que  la  plante  vient  d’ètre  nom- 
mée, en  l’honneur  de  lady  Lawrence,  Aeri- 
des Laivrenciœ. 

Plantes  bulbeuses  de  l’Asie  centrale. 

Le  docteur  Albert  Regel,  fds  du  docteur 
E.  Regel,  directeur  du  Jardin  botanique 
de  Saint-Pétersbourg,  poursuit  le  cours  de 
ses  explorations  scientifiques  dans  le  Turkes- 
tan.  Il  a déjà  découvert  un  grand  nombre 
de  plantes  fort  intéressantes.  Aux  environs 
de  Darwas,  il  a notamment  collecté  quatre 
espèces  nouvelles  de  Gagea,  une  espèce  de 
Corydalis,  un  genre  intermédiaire  entre  les 
Ornithogalum  et  les  Rliinopetalwm,  le  Col- 
chicum  rubrum,  le  C.  crociflorum,  le  Cro- 
cus Korolkowi.  Le  docteur  A.  Pvegel  a 
dû  parcourir  ensuite  la  région  qui  s’étend  à 
l’est  de  Rokhara,  région  élevée  et  riche  en 
plantes  nouvelles,  et  le  résultat  de  cette 


CHRONIQUE  HORTICOEE. 


exploration  nous  promet  d’intéressantes  nou- 
veautés. 

Rentrée  des  élèves  à l’École  natio- 
nale d’Horticulture  de  Versailles.  -- 

Cette  rentrée  a eu  lieu  le  le**  octobre.  Les 
élèves  admis  en  première  année  ont  subi,  à 
à leur  arrivée,  un  examen  de  classement 
dont  voici  le  résultat  : 

1,  Martinet,  d’Azay-le-Ridoan  (Indro-ot- 
Loire)  ; — 2,  Duclobior,  de  Renac  (1  Ile-et-Vi- 
laine) ; — 3,  Lacroix,  de  Montélimart  (Drôme)  ; 

— 4,  Courtois,  de  Montbard  (Côte-D’Or)  ; — 
5,  Velker,  de  Paris  ; — 6,  Hodier,  de  Cou- 
tençon  (Seine-et-Marne)  ; — 7,  Allary,  de  Jar- 
nac  (Gliarente)  ; — 8,  Tiger,  de  Paris  ; — 

9,  Tiorcelin,  de  Versailles  (Seine-et-Oiso)  ; — 

10,  Clarac,  de  Foix,  (Ariège)  ; — 11,  Gnille- 
ininot,  de  Dijon  (Côte-d’Or)  ; — 12,  Ramousse, 
de  Ferrolles-Attilly  (Seine-et-Marne);  — 13,  Tri- 
horeau,  de  Nogent-le-Rotrou  (Eure-et-Loir); 

— 14,  Jullien,  de  Clerval  (Donbs)  ; — 15,  Gliâ- 
tel,  d’Anflargis  (Seine-et-Oise)  ; — IG,  Goyon, 
de  Courson-l’Annay  (Seine-et-Oise); — 17,  Bercy, 
de  Montaillé  (Sarthe);  — 18,  Foisnean,  de 
Géaucé  (Orne)  ; — 19,  Kauffer,  dé  Nancy 
(Menrthe-et-Moselle)  ; — 20,  Thiault,  de  Ville- 
neuve-siir-Yonne  (Yonne);  — 21,  Routier,  de 
Troyes  (Aube)  ; — 22,  Bellefaye,  d’Angoulême 
(Charente)  ; — 23,  Simon-Louis,  de  Metz  ; — 
24,  Gasnier,  de  Montrenil-sur-Maine  (Maine-et- 
Loire). 

Hors  classement:  Péluffo,  de  Buenos-Ayies 
(République-Argentine)  ; — Maciaszek,  d’üscie- 
Solne  (Pologne-Autrichienne)  ; — Allard,  de 
Paris  ; — Michel,  de  Paris. 

L’École,  depuis  dix  ans  qu’elle  est  ouverte, 
a reçu  234  élèves  appartenant  à 54  dépar- 
tements et  à 7 pays  étrangers.  Le  nombre 
des  élèves  présents  au  l®'"  octobre  1883, 
époque  de  la  rentrée,  était  de  53. 

Rappelons  que  cette  École,  l’une  des  plus 
utiles  créations  de  nos  jours,  a déjà  rendu 
d’importants  services,  car,  par  suite  de  sa 
bonne  direction  et  surtout  de  l’ensemble  de 
ses  études,  les  élèves  qui  en  sortent  sont, 
non-seulement  capables  de  former  d’ex- 
cellents jardiniers,  rrnais  des  régisseurs  de 
domaines,  des  comptables  même  pour  des 
exploitations  horticoles  et  agricoles. 

Une  seule  chose  nous  paraît  manquer  à 
cet  établissement  ; c’est  un  internat  qui 
assurerait  aux  parents  une  sécurité  plus 
complète,  une  surveillance,  sinon  pater- 
nelle, au  moins  familiale,  nécessaire  à des 
jeunes  gens  qui,  jusque-là,  n’ont  guère 


483 

quitté  leurs  parents  que  pour  aller  au  col- 
lège. 

Espérons  que  bientôt  cette  lacune  sera 
comblée,  et  alors  bien  des  familles  qui  hési- 
tent aujourd’hui  s’empresseront  d’envoyer 
leurs  enfants  à l’école  de  Versailles,  où  ils 
compléteront  leurs  études  horticoles. 

Le  Vanda  Lowii.  — Nous  avons  récem- 
ment décrit  la  superbe  Orchidée,  dont  la 
floraison  vient  de  se  produire  à Ferrières, 
grâce  aux  soins  de  M.  Bergman,  dans  des  con- 
ditions de  développement  extraordinaires. 

Ce  fait  n’est  pas  isolé,  et  cette  plante, 
qu’il  serait  plus  correct  de  nommer  Renan- 
thera  Lowii,  est  en  fleurs  actuellement, 
avec  une  profusion  encore  plus  surprenante, 
dans  les  serres  de  M.  le  baron  Hruby,  à 
Peckau,  en  Bohême. 

M.  B.  Roezl,  le  célèbre  voyageur  collec- 
teur de  plantes,  vient  de  nous  écrire  de 
Prague,  à ce  sujet,  et  il  nous  donne  de  la 
plante  en  question  la  description  suivante  : 

Le  Vanda  Lowii  de  Peckau  mesure 
1«‘70  de  hauteur  sur  2 mètres  de  largeur  ; 
sa  tige  principale  se  partage  en  haut  en 
10  branches  florales;  11  autres  tiges  florales, 
partant  de  la  base,  complètent  un  ensemble 
de  20  hampes  garnies  de  fleurs,  et  ces 
hampes,  au  moment  de  leur  complet  épa- 
nouissement, à la  fin  d’octobre,  mesureront 
une  longueur  totale  de  40  à 50  mètres.  Cette 
plante  est  confiée  aux  soins  éclairés  de 
M.  Skopec,  jardinier  en  chef  du  domaine 
de  Peckau,  qui  a su  l’amener  à cet  état  par- 
fait de  développement,  en  vingt  années  de 
culture  judicieuse. 

Le  Renamthera  Lowii  est  certainement, 
dans  ces  conditions,  une  des  plus  belles 
Orchidées  connues  ; ses  gigantesques  hampes 
llexueuses,  si  étranges  avec  leurs  fleurs 
jaunes  tachées  de  rouge  foncé,  et  dont  les 
deux  premières  diffèrent  toujours  des  autres 
par  la  forme  et  la  couleur,  présentent  un 
spectacle  unique  dans  le  règne  végétal. 

Multiplication  des  Diospyros.  — La 

greffe  est  à peu  près  le  seul  moyen  qu’il 
convient  d’employer  pour  multiplier  les 
Diospyros  ; celle  en  fente  sur  D.  Yirgi- 
niana  est  la  seule  qui  nous  ait  donné 
d’assez  bons  résultats.  Il  y a pourtant,  pa- 
rait-il, un  autre  sujet  qui  peut  également 
être  employé,  c’est  le  Lotier  d’Italie  {Bios- 
jnjros  Lotus,  L.)  C’est,  du  moins,  ce  qu’in- 


484 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


dique  la  note  suivante,  que  nous  devons  à 
M.  le  comte  de  Castillon.  Voici  ce  qu’il  nous 
écrit  : 

J'ai  vu  chez  MM.  Bonnamy,  les  horti- 
culteurs bien  connus  de  Toulouse,  de  jolies 
greffes  de  Kakis  japonais  sur  Diospyros  Lotus. 
Elles  avaient  été  faites  le  printemps  dernier  à 
œil  poussant  et  sur  vieux  bois.,  le  rameau  cà 
écussonner  étant  détaché  du  pied  mère  au  mo- 
ment même  de  l’opération. 

Les  Kakis  étant  des  arbres  dont  les  greffes 
sont  d’une  reprise  des  plus  fantasques  à l’air 
libre  et  sous  les  climats  tempérés  j’ai 
cru  devoir  signaler  cet  heureux  essai.  Si  j’ai 
souligné  les  mots  « vieux  bois  »,  ce  n’est  pas 
sans  intention.  Voici  ce  qui  m’est  arrivé.  De 
tous  les  Diospyros  et  Kakis  comestibles,  le 
plus  docile  au  greffage  (et  j’ajouterai  le  meil- 
leur à manger)  est  bien  certainement  le  D. 
coronaria.  Or,  le  mois  de  mars  dernier,  j’ai 
greffé,  le  môme  jour,  en  fente,  avec  des  scions 
de  cette  variété,  trois  jeunes  sujets  de  D.  Vir- 
giniana  avec  rabattage  du  greffon,  et  trois  au- 
tres forts  sujets  de  la  même  espèce,  en  fente 
double  et  à demi-tige . Ceux-ci  avaient  de 
8 à 10  centimètres  de  diamètre.  Pas  une  des 
premières  greffes  n’a  réussi,  tandis  que  pas 
une  des  secondes  n’a  manqué.  Cependant,  en 
faisant  - l’opération,  j’avais  plus  d’espoir  dans 
les  premières.  Expliquez  donc  cela? 

Il  y aurait  peut-être  lieu  d’essayer  cet  écus- 
sonnage à œil  poussant  et  sur  vieille  écorce, 
pour  le  Noyer,  dont  la  sève,  comme  celle  du 
Diospyros,  contient  beaucoup  de  suos  tan- 
niques. 

Veuillez,  etc. 

Cte  de  Castillon. 

Il  y a dans  cette  intéressante  communi- 
cation, dont  nous  remercions  sincèrement 
l’auteur,  plusieurs  faits  sur  lesquels  nous 
croyons  devoir  appeler  l’attention.  Le  pre- 
mier porte  sur  le  D.  Lotus  recommandé 
comme  sujet.  A Paris,  nous  avons  toujours 
très-mal  réussi  en  le  prenant  comme  tel  et 
même  les  quelques  individus  qui  repre- 
naient ne  vivaient  pas  longtemps.  Il  en  est 
donc  autrement  ailleurs.  D’une  autre  part, 
toutes  les  graines  que  nous  avons  reçues  du 
Japon,  sous  le  nom  de  D.  coronaria,  nous 
ont  toujours  donné  des  sujets  analogues  ou 
plutôt  identiques  au  Diospyros  Virginiana, 
type  ou  variétés.  Faisons  toutefois  remar- 
quer que  ces  quelques  observations  n’en- 
lèvent en  rien  la  valeur  des  dires  de  M.  de 
Castillon,  dont  on  devra,  au  contraire,  tenir 
un  très-grand  compte. 


Helichrysum  rosmarinifolium  (1).  — 

Ce  joli  arbuste,  originaire  de  la  Tasmanie  et 
de  l’Australie,  où  il  croît  à une  altitude 
très-élevée  (1300-2000"'),  rendra  de  grands 
services  dans  le  midi  de  la  France.  Il  forme 
des]  touffes  qui  Jat teignent  2 et  3 mètres 
de  hauteur.  Son  feuillage,  qui  ressemble 
beaucoup  comme  forme  et  grandeur  à celui 
du  Romarin  commun,  est  vert  foncé.  Ses 
rameaux  se  couvrent  littéralement  de  pa- 
quets de  jolies  petites  fleurs  blanches,  en 
étoiles.  L’ensemble  est  des  plus  élégants. 
Le  Gardeners’  Chronicle  nous  apprend  que 
des  essais  d’acclimatation  de  VH.  rosmari- 
nifolium  ont  parfaitement  réussi  dans  les 
parties  méridionales  de  l’Angleterre,  ce  qui 
nous  engagera  à le  cultiver  dans  l’ouest  et  le 
midi  de  la  France. 

Phalangium  lineare  foliis  varie- 
gatis.  — Dans  une  lettre  qu’il  vient  de 
nous  adresser  M.  Adolphe  de  Kunkler , 
d’Este  (Italie),  appelle  l’attention  sur  une 
((  excellente  plante  d’appartement  qui  sert 
admirablement  à orner  les  corbeilles  ou 
vases:  c’est  la  charmante  Asphodelée  du 
Cap,  indiquée  dans  les  catalogues  sous  le 
nom  de  Phalangium  lineare  foliis  argen- 
teo  marginatis,  ou  tout  simplement  P.  li~ 
neare  foliis  variegatis.  » 

Après  cette  entrée  en  matière,  notre 
correspondant  donne,  sur  cette  plante,  les 
intéressants  détails  que  voici  : 

FeuM.  Van  Houtte,  dans  le  21®  volume 

de  la  Flore  des  serres,  donne  une  planche  co- 
loriée de  cette  Asphodélée  du  Gap,  la  désignant 
sous  le  nom  de  Chlorophytum  elatum,  Brown, 
tout  court.  En  outre,  il  lui  porte  comme  syno- 
nymes les  noms  suivants  : 

Chlorophytum  elatum,  Brown.  (Kunth, 
Enurn.  IV,  C04.) 

Chlorophytum  elatum,  Kunth.  IV,  Gé- 
néra, 602. 

Anthericum  elatum  Aiton,  Kew,  I,  448. 
(Mill.  le.,  tome  56.  Willd.,  Spec.,  II,  138.) 

Phalangium  elatum.  Red.  LU.  t.  191. 
(Poir.  Encycl.  V,  248.) 

Phalangium  fastigiatum,  Poir.,  Encycl. 
V,  246.  Eide  Redouté.) 

Asphodelus  Capensis,  Linn.,  Syst.  et  10, 
982.  Gap.  b.  Spei  4 (An  hue  Brège,  Herh.  cap. 
no  8719,  b.) 

Phalangium  lineare,  f.  25,  Jean  Verschaf- 
felt. 

(1)  Ozothamnus  rosmarinifolius,  D.  G.  Ptxd. 
vol.  VI,  p.  165;  Hook.  Flora  of  Tasm.  vol.  I,  p.  205. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


485 


Plialangiiim  fastigiatiim,  Poir. 

Antlicricum  variegatam,  Floral  Magazine^ 
1179. 

Dans  des  ouvrages  allemands,  je  trouve  d’au- 
tres synonymes  encore;  le  Choroi^hgtum  elatum 
argoit.  marg.  — Anthericum  variegatiirn.  — 
Anthericum  Williamsii.  — Plialangium  ele- 
gans  pictmn.  — Chlorophytum  Sternbcrgia- 
uum  et  d’autres  encore. 

J’ai  remarqué  que  chaque  feuille  du  Chloro- 
phytum elatum  figuré  dans  la  Flore  des  serres, 
porte  invariablement  deux  lignes  blanches,  bien 
distinctes,  tandis  que  mes  P.  lineare  ont 
tous  une  seule,  mais  large  bordure  blanche. 
Seraient-ce  deux  plantes  voisines,  mais  pour- 
tant différentes  ? 

Je  vous  serais  bien  reconnaissant,  si  vous 
vouliez  avoir  l’extrême  obligeance  de  dé- 
brouiller ce  chaos,  et  de  vouloir  me  faire  con- 
naître le  vrai  nom  que  doit  porter  cette  belle 
plante,  qui,  de  loin,  à l’aspect  d’un  Pandanus 
Veitchi,  et  si,  par  hasard,  les  Chlorophytum  et 
les  Phalangium  sont  deux  plantes  voisines 
mais  distinctes. 

Agréez,  etc.  Adolphe  de  Kunkler. 

A ces  synonymies,  déjà  très-nombreuses, 
nous  aurions  pu  en  ajouter  encore,  ce  qui 
n’eût  pas  éclairé  la  question,  au  contraire. 
Quant  au  nom  générique  à adopter,  nous 
croyons  qu’il  vaudrait  mieux  admettre  celui 
de  Chlorophytum  proposé  par  Ker  (1)  et 
adopté  par  la  plupart  des  botanistes.  D’une 
autre  part,  la  plante  en  question  ne  doit 
être  considérée  que  comme  une  variété,  ce 
qui  pourrait  bien  infirmer  la  plupart  des 
synonymies  qu’on  lui  a attribuées. 

Mais  quoi  qu’il  en  soit,  c’est  une  plante 
des  plus  ornementales,  et  M.  de  Kunkler  a 
grandement  raison  de  la  recommander. 

Rhododendron  hybride  nouveau.  — 
M.  A.  Waterer,  l’habile  cultivateur  de  Knap 
Hill,  édite  un  Pdiododendron  nouveau,  dont 
l’un  des  parents  est  le  R.  Aiicklandi,  du 
Sikkim  Himalaya,  auquel  il  ressemble  par 
la  forme  et  la  couleur  de  ses  fleurs,  qui 
sont  cependant  un  peu  plus  petites,  et 
marquées  de  légères  taches  rose  tendre 
sur  leur  segment  supérieur. 

Ce  Pvhododendron  forme  un  arbuste  haut 
d’environ  30,  et  est,  paraît-il,  très-rus- 
tique. Il  n’est  pas  encore  nommé. 

(1)  Ker,  Bot.  Mag.,  t.  1535.  - R.  Br  , Prodr., 
277.  — Lindl.,  Bot.  Reg.,  t.  8l3.  — Phalan- 
gii  sp..  Redouté,  UJ.iacées,  t.  191.  — Asphodeli 
sp.,  Linn.  Mil!.,  le.,  t.  5G.  — Hartwegia,  Nees, 
in  N.  A.  K.  C.,  XVII,  392. 


Le  commerce  horticole  et  le  phyl- 
loxéra. — Nous  sommes  en  mesure  de 
donner  une  bonne  nouvelle,  toute  récente, 
aux  horticulteurs  : 

Le  modèle  uniforme  de  certificat  d’ori- 
gine qui  devra  accompagner  les  envois  de 
plantes  à destination  de  l’étranger  va  être 
adressé  par  le  Ministre  de  l’agriculture, 
d’ici  huit  jours,  à tous  les  préfets  et  à tous 
les  maires  de  France.  On  n’aura  donc  plus 
à craindre  désormais,  dans  les  bureaux  de 
douane,  les  difficultés  de  toute  nature  qui 
résultaient  de  la  fausse  interprétation  des 
dispositions  essentielles  de  la  Convention  de 
Berne. 

Ainsi  se  trouve  réalisé  — nous  le  consta- 
tons avec  empressement  — le  vœu  formé 
par  M.  Louis  Leroy  au  Congrès  interna- 
tional de  Gand,  en  avril  dernier. 

Marché  aux  fleurs  permanent.  — 
C’est  à Saint-Étienne,  sur  une  grande  place 
publique,  près  du  square  Marengo,  que  se 
tient  ce  marché,  unique,  peut-être,  dans 
son  genre.  Comme  marché,  il  n’a  pour- 
tant rien  d’extraordinaire  ; les  plantes  sont 
exposées  en  plein  air,  de  même  que  les  mar- 
chands, qui  cependant  ont  la  liberté  de 
s’abriter  à leur  gré  soit  dans  une  guérite  ou 
de  toute  autre  manière.  Ce  qui  particularise 
ce  marché  c’est  sa  permanence  ; une  fois  le 
beau  temps  arrivé,  les  fleuristes  s’installent, 
apportent  leurs  plantes,  qui  ne  s’en  vont 
guère  que  pour  aller  chez  le  client.  Les 
personnes  qui  y ont  une  place  viennent 
tous  les  matins,  arrangent  leur  marchandise 
c’est-à-dire  la  disposent  sur  le  sol  en  gra- 
dins, de  manière  à en  faciliter  le  choix, 
puis  attendent  la  clientèle.  Le  soir  arrivé, 
les  marchands  s’en  vont  chez  eux,  sans 
aucun  souci  pour  la  nuit;  le  matin  ils  re- 
trouvent les  choses  en  l’état  où  ils  les  ont 
laissées,  si  ce  n’est  parfois  quelques  pots 
renversés  par  les  chiens  et  les  chats.  Mais 
jamais,  nous  ont  dit  les  fleuristes  que  nous 
avons  questionnés,  on  ne  leur  dérobe  rien. 
Il  va  sans  dire  que  ceux  qui  le  veulent  ont 
la  liberté  de  remporter  leur  marchandise  le 
soir,  en  totalité  ou  en  partie,  mais  en  géné- 
ral, paraît-il,  cela  ne  se  fait  guère  que  pour 
les  plantes  délicates  qui  pourraient  souffrir 
pendant  la  nuit.  Pas  d’autres  constructions 
(du  moins  lorsque  nous  l’avons  visité  le 

septembre  1883)  que  deux  petits  kios- 
ques ou  chalets,  fermés  et  vitrés,  loués  par 


486 


CULTURE  DES  CENTRADÉNIAS. 


des  fleuristes  qui  s’y  tiennent  le  jour  et  où 
ils  vendent  des  bouquets,  des  graines,  des 
oignons  à fleurs,  du  terreau,  etc.  C’est  vrai- 
ment là  un  marché  patriarcal  ! 

Panorama  pour  l’histoire  naturelle. 

— Parmi  les  nombreuses  améliorations  qui 
doivent  être  apportées  au  Jardin  d’Accli- 
matation  du  Bois  de  Boulogne  et  dont  le 
projet  est  arrêté  depuis  longtemps,  il  en 
est  une  dont  nous  pouvons  parler  parce 
qu’elle  a reçu  un  commencement  d’exécu- 
tion. 

C’est  un  panorama  gigantesque  (42  mètres 
de  diamètre),  paléontologique  et  zoologique, 
où  le  public  pourra  voir  se  dérouler  toutes 
les  grandes  époques  de  la  création,  et  où, 
sans  aucune  fatigue,  il  verra  défiler  les  ani- 
maux et  les  végétaux  d’un  monde  qui  n’est 
plus,  assister  à ces  grandes  scènes  dont 
aucune  description  ne  peut  donner  une  idée, 
et  voir  revivre  ces  êtres  si  étranges  dont 
il  a entendu  parler  et  qui  semblent  des 
ébauches  de  ceux  qui  existent  aujourd’hui. 
Ce  sera  un  heureux  complément  de  cet  éta- 
blissement déjà  si  remarquable  à tant  de 
points  de  vue,  une  sorte  de  trait  d’union  re- 
liant le  passé  au  présent. 

Ce  panorama  sera  achevé  et  livré  au  pu- 
blic vers  le  mois  de  mars  1884.  Il  est  placé 
vers  l’extrémité  du  jardin  où  autrefois  se 
trouvaient  les  Vignes,  qui  ont  été  transpor- 

CULTURE  DES 

Ces  charmantes  petites  Mélastomacées 
conviennent  surtout  aux  cultures  des  ama- 
teurs qui  n’ont  quelquefois  que  des  serres 
assez  restreintes.  Leurs  fleurs  sont  indivi- 
duellement de  courte  durée,  mais  elles  sont 
nombreuses  et  se  succèdent  sans  interrup- 
tion pendant  plusieurs  semaines.  Leurs 
feuilles  sont  longues  et  étroites,  bien  pro- 
portionnées aux  dimensions  des  plantes, 
vert  foncé  en  dessus,  rouge  foncé  bu  violet 
en  dessous.  On  emploie  fréquemment  pour 
les  garnitures  leurs  rameaux  coupés,  et  bien 
que  les  plantes  demandent  une  certaine  cha- 
leur, ces  rameaux,  aux  feuilles  si  brillam- 
ment colorées,  conservent  toute  leur  beauté 
dans  l’eau,  pendant  un  mois  au  moins,  dans 
une  pièce  peu  ou  point  chauffée. 

Soi.  — Les  Centradénias  demandent  soit 
une  terre  tourbeuse,  soit  une  terre  franche, 


tées  sur  un  autre  terrain  dans  de  meilleures 
conditions  culturales. 

Nécrologie.  — Notre  collaborateur, 
M.  Jean  Sisley,  nous  adresse  la  triste  com- 
munication suivante  : 

L’horticulture  américaine  vient  de  perdre  un 
de  ses  plus  fervents  adeptes.  H.-B.  Ellwanger, 
de  Rochester  (États-Unis),  y est  décédé  à l’âge 
de  32  ans. 

C’était  un  horticulteur  éclairé,  zélé  et  loyal, 
qui  avait  la  passion  de  son  art,  et  qui,  par  ses 
écrits  et  par  sa  parole,  cherchait  à répandre  le 
goût  des  fleurs,  et  pi’incipalement  celui  des 
Roses,  non  seulement  dans  un  but  commercial, 
mais  dans  un  but  social;  il  était  de  ceux  qui 
pensent  et  croient  que  le  culte  de  Flore  a sur 
tous  les  autres  l’avantage  d’unir  les  hommes 
de  toutes  les  conditions  et  de  toutes  les  natio- 
nalités, d’adoucir  les  mœurs  et  d’enseigner  le 
goût  du  bien,  du  beau  et  du  vrai. 

Aussi  est-il  vivement  regretté  par  ceux  qui 
l’ont  connu  ou  qui  ont  eu  quelques  rapports 
avec  lui. 

M.  Ellwanger  a publié  l’an  dernier  un  très- 
remarquable  ouvrage  sur  le  genre  Rosier,  qui 
du  reste  était  l’objet  de  sa  prédilection. 

Il  s’occupait  depuis  quelque  temps  de  la 
fécondation  artificielle  des  Roses,  mais  mal- 
heureusement il  a été  enlevé  trop  tôt,  car  avec 
sa  rare  intelligence,  il  serait  probablement 
arrivé  à doter  l’horticulture  de  gains  très- 
remarquables. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

CENTRADÉNIAS 

OU  enfin  un  mélange  des  deux  ; mais  nous 
avons  remarqué  que  les  plantes  sujettes  à 
perdre  leurs  boutons  à fleurs  sont  plus 
exposées  à cet  inconvénient  lorsqu’elles 
se  trouvent  dans  une  terre  tourbeuse,  que 
lorsqu’on  emploie  la  terre  argileuse  et 
poreuse. 

Ils  s’enracinent  facilement  par  boutures 
faites  au  printemps  ou  en  été,  lorsque  le 
bois  est  à moitié  dur  ; cependant,  il  est  pré- 
férable d’opérer  de  bonne  heure.  Si  les  bou- 
tures sont  faites  au  mois  de  mars,  et  repi- 
quées dans  des  godets  que  l’on  aura  bien 
drainés,  puis  que  l’on  aura  emplis,  jusqu’à 
3 centimètres  du  bord  supérieur,  avec  un 
tiers  de  terre  franche  tamisée  et  deux  tiers 
de  sablon  blanc,  le  tout  recouvert,  jusqu’au 
bord  du  godet,  par  une  couche  de  3 centi- 
mètres de  sable,  ces  boutures,  placées  à une 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


487 


chaleur  de  15  degrés,  seront  enracinées  en 
quinze  jours  ou  trois  semaines. 

Les  boutures  ne  seront  pas  complètement 
privées  d’air,  car  cela  exposerait  leurs 
feuilles  à pourrir.  Quand  les  racines  sont 
développées,  on  habitue  graduellement  les 
jeunes  plantes  au  grand  air  de  la  serre,  et 
aussitôt  que  les  godets  sont  bien  garnis  de 
racines,  on  rempote  les  Centradenia  dans 
des  pots  de  12  centimètres  de  diamètre,  en 
employant  une  terre  argilo-tourbeuse,  bri- 
sée en  fragments  de  la  grosseur  d’une  forte 
noisette,  et  additionnée  d’un  cinquième  de 
sable. 

On  les  place  sur  une  tablette  où  ils 
pourront  recevoir  la  plus  grande  quantité 
possible  de  lumière  ; mais  on  ombre  légère- 
ment lorsque  le  soleil  est  ardent.  La  tempéra- 
ture sera  réglée  à 12»  pendant  la  nuit  et  17^ 
au  plus  pendant  le  jour.  Un  seul  petit  tuteur 
soutiendra  la  tige  principale;  on  pincera 
l’extrémité  des  rameaux  les  plus  allongés 
pour  rendre  les  touffes  plus  compactes,  et 
cela  à deux  ou  trois  reprises,  pendant  l’été. 
L’air  doit  être  donné  abondamment.  Toutes 
les  après-midi,  pendant  leur  période  de  vé- 
gétation, les  Centradénias  seront  bassinés 
copieusement,  tout  en  arrosant  de  même  les 
racines.  Vers  le  commencement  de  juillet, 
on  rempote  dans  des  pots  de  15  à 18  centi- 
mètres, car  il  nécessaire  que  ces  pots  soient 
complètement  garnis  par  les  racines  avant 
la  fin  de  l’automne,  sans  quoi,  par  suite 
d’une  végétation  trop  tardive,  le  bois  mûri- 
rait insuffisamment,  et  la  floraison  serait 
plus  ou  moins  compromise.  ' 

On  emploie  le  même  sol  que  pour  le  rem- 
potage précédent  ; on  continue  le  même 
traitement,  tout  en  diminuant  naturelle- 
ment les  bassinages  et  l’ombrage. 

Lorsque  la  durée  des  jours  diminue,  on 
réduit  peu  à peu  la  chaleur  : 10  à 12"  pen- 
dant la  nuit  avec  une  légère  augmentation 
dans  le  jour,  devront  être  maintenus. 
Lorsque  les  boutons  à fleurs  commencent 

ESSAI  SUR  LES  m 

Le  Mandevïllea  suaveolens,  'vigoureux 
autant  que  rare  maintenant,  s’accommode 
très-bien  d’un  jardin  d’hiver,  où  il  y a de 
l’espace.  Nous  l’avons  vu,  non  pas  couvert 
de  ses  fleurs  blanches  dont  il  n’est  pas  pro- 
(J)  Voir  Bevue  horticole^  1883,  pp.  318  et  391. 


à se  gonfler,  on  place  les  plantes  aussi  près 
que  possible  du  verre,  sans  que  toutefois 
elles  y touchent  ; entre  autres  avantages, 
cette  disposition  présentera  celui  d’assurer 
aux  fleurs  un  coloris  plus  brillant.  A ce 
moment,  un  arrosage  par  semaine  avec  un 
engrais  liquide  de  force  moyenne  produira 
un  très-bon  effet.  On  met  pendant  quelque 
temps  une  partie  des  Centradénias  dans  un 
endroit  plus  froid,  de  manière  à obtenir  plus 
tard  une  floraison  successive. 

Il  est  bon  chaque  année  d’élever  un  nou- 
veau stock  de  jeunes  plantes,  afin  de  n’être 
pas  obligé  de  conserver  les  vieilles;  toute- 
fois, on  gardera  quelques-unes  de  ces  der- 
nières, pour  les  décorations  en  rameaux  ou 
fleurs  coupées,  de  même  que  pour  servir 
de  mères  au  moment  de  la  multiplication  par 
boutures. 

Les  ennemis  des  Centradénias  sont  nom- 
breux. On  les  débarrassera  facilement  des 
araignées  rouges,  desthrips  et  des  pucerons, 
au  moyen  des  bassinages,  et  au  besoin  en  les 
plongeant  dans  une  faible  dissolution  d’in- 
secticide. Quant  aux  punaises  farineuses  et 
aux  cochenilles,  on  détruira  les  premières 
en  mettant  les  plantes  sur  le  côté  et  en  les 
seringuant  abondamment  avec  de  l’eau  tiède  ; 
on  emploiera  pour  les  secondes  une  petite 
brosse  douce. 

Le  C.  rosea  est  originaire  du  Mexique, 
d’où  il  a été  introduit  il  y a environ  30  ans. 
C’est  une  fort  jolie  espèce  d’ailleurs  bien 
connue  et  très-cultivée  pour  la  production 
des  fleurs  coupées. 

Le  C.  florihunda^'  du  Guatémala,  a les 
fleurs  plus  grandes,  plus  abondantes,  d’une 
belle  couleur  pourpre-violet.  Les  feuilles  de 
cette  espèce  sont  aussi  lavées  de  pourpre  à 
leur  face  inférieure. 

Le  C.  grandifiora  est  une  jolie  plante, 
mais  cependant  moins  recommandable  que 
les  deux  espèces  précédentes. 

Baines. 

{Traduit  du  Garden.) 

NTES  GRIMPANTES 

digue,  mais  assez  fleuri,  pour  regretter  qu’il 
ne  soit  pas  plus  répandu.  Outre  la  grandeur 
et  la  blancheur  éclatante  de  ces  fleurs, 
elles  dégagent  une  odeur  dont  la  suavité 
justifie  le  qualificatif  donné  à cette  espèce. 

Les  xirauja  {Physianthus  albens,  fig.  97) , 


488 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


misérables  en  pots,  sont  beaux  en  pleine 
terre,  où  ils  prennent  moins  d’insectes,  et 
ouvrent  leurs  curieuses  fleurs  d’un  blanc 
légèrement  carné. 

Il  en  est  de  même  du  Dillenia  ou  Hih- 
hertia  volubilis  aux  belles  fleurs  jaunes. 

Ajoutons  ici  qu’une  des  causes  de  la 
mauvaise  végétation  de  toutes  ces  plantes 
réside  aussi  dans  l’emploi  presque  exclusif 
de  la  terre  de  bruyère.  La  plupart  sont 
douées  d’une  vigueur  qui  s’accommode  assez 
mal  d’un  sol  aussi  maigre.  Chacune  peut 
avoir  des  préférences,  mais  un  petit  nombre 
exigent  réellement  la  terre  de  bruyère,  et 
la  coutume  de  soumettre  toutes  les  plantes 
de  serre  à 
ce  traite- 
ment est 
assez  géné- 
rale chez 
nous.  Voici, 
entre  au- 
tres, un 
genre  dont 
la  vigueur 
demande  un 
sol  riche  : 
les  Tacso- 
nia.  Ce  sont 
de  belles 
plantes,  flo- 

ribondes 
lorsqu’elles 
sont  dans 
une  serre 
tempérée  fa- 
cile à aérer  ; 
en  serre 

chaude, 

elles  poussent  grêles  et  sont  attaquées  par 
une  foule  d’insectes,  sans  donner  de  fleurs  ; 
celles-ci,  d’une  teinte  rose  rougeâtre  ou  rouge 
vif,  selon  les  espèces,  sont  curieuses  par 
leur  forme  de  Passiflores,  à part  la  longueur 
du  tube  de  la  corolle. 

Dans  les  plantes  de  même  tempérament, 
nous  trouvons  aussi  le  Solanum  jasmi- 
noides,  très-répandu  dans  le  Midi,  où  il 
forme  des  guirlandes  magnifiques.  Ses 
fleurs  blanches  sont  petites,  il  est  vrai,  mais 
leur  nombre  et  surtout  leur  continuité,  qui 
est  presque  indéfinie,  rachètent  un  peu  ce 
défaut. 

On  pourrait  également  classer  ici  le 
Plumbago  cœrulea,  aux  jolies  fleurs  bleu 


clair  ; mais  pour  le  voir  beau,  il  faudrait 
pouvoir  enlever  les  châssis  des  serres  pen- 
dant Tété,  son  tempérament  ayant  beaucoup 
d’analogie  avec  celui  du  Fuchsia.  Cepen- 
dant nous  nous  rappelons  avoir  vu  de 
magnifiques  floraisons  sur  de  très-vieilles 
plantes  palissées  le  long  d’un  mur  ou  atta- 
chées autour  des  colonnes  d’une  serre  tem- 
pérée froide. 

Grâce  à un  tempérament  exceptionnel, 
VHoya  carnosa  est  du  reste  un  peu  plus 
répandu.  Sa  floraison  curieuse,  composée 
d’ombelles  de  fleurs  en  étoile  d'une  nature 
cireuse  et  charnue,  blanches  et  odorantes, 
le  fait  même  rechercher,  ce  qui  est  rare  pour 

les  plantes 
grimpantes. 
Ne  deman- 
dant qu’une 
chaleur  re- 
lativement 
très  - modé- 
rée, peu 
difficile  sur 
le  sol,  il 
se  prête  à 
tout,  même 
à la  culture 
en  pots, 
et  c’est, 
croyons- 
nous,  cette 
facilité  de 
culture  qui 
l’a  empê- 
ché de  dis- 
paraître 
comme  tant 
d’autres. 

Dans  les  serres  tempérées  chaudes  on 
regrette  la  disparition  des  Methonica,  dont 
les  grandes  et  très-curieuses  fleurs  jaune 
clair,  sont  si  intéressantes.  Ces  plantes, 
assez  connues  aujourd’hui,  n’ont  jamais, 
du  reste,  été  répandues,  on  ne  sait  trop 
pourquoi,  car  leur  culture  ne  nous  a jamais 
paru  difficile. 

Un  peu  plus  délicats  sont  les  Bomarea, 
dont  nous  n’avons  rarement  vu  de  beaux 
exemplaires.  Ces  curieuses  et  belles  Amaryl- 
lidées  ont  du  reste  toujours  été  rares. 

Ici,  la  plupart  des  Passiflores  fourniraient 
au  jardin  d’hiver  leur  ]dus  belle  parure. 
Les  Passi/lora  ISeumanni,  (fig.  98), 

palmata,  PrincepSj  kermesina  surtout, 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


489 


sont  de  magnifiques  Lianes  qui  s’accommo- 
dent de  toutes  les  positions,  lorsqu’elles  peu- 
vent atteindre  la  lumière.  On  les  prétend 
encombrantes  ! Mais  on  les  taille,  on  les  ra- 
bat même  à volonté,  et  elles  s’accommodent 
de  tout  cela.  Parmi  celles  qui  exigent  un 
peu  de  chaleur,  on  trouve  autant  de  vigueur 
et  plus  de  richesse  dans  la  Heur.  Les  P. 
alata  et  les  variétés  qui  s’y  rattachent  : 
amabiliSj  Decaisneana,  etc.,  sont  admi- 
rables par  la  grandeur  de  leurs  fleurs  et  la 
brillante  parure  de  leur  collerette.  Ici  en- 
core on  constate 
que  l’abandon  des 
plantes  grimpan- 
tes que  nous  dé- 
plorons a eu  pour 
résultat  la  dispa- 
rition d’une  cu- 
rieuse petite  Pas- 
siflorée,  le  Mu- 
rucuja  ocellata, 
charmante  petite 
plante  aux  feuilles 
bizarrement  tail- 
lées, et  aux  jolies 
fleurs  rouges. 

Nous  l’avons  cher- 
chée en  vain, 
même  en  An- 
gleterre. 

Nous  ne  par- 
lons pas  des 
Bougainvillea 
comme  plantes 
grimpantes,  chez 
nous.  Il  n’y  a rien 
à en  attendre 
dans  le  Nord. 

Quand  on  a vu  la 
splendeur  de  flo- 
raison de  ces  vé- 
gétaux dans  le  Midi,  on  reste  ébloui,  mais 
découragé.  Question  de  climat,  d’atmos- 
phère, de  lumière  peut-être. 

La  tribu  des  Ipomées,  qui  offre  de  si 
belles  plantes  dans  le  Midi,  donnerait  aussi 
dans  nos  serres  des  résultats  curieux  ; mais 
ces  plantes  sont  à peu  près  inconnues,  et  il 
en  est  de  même  de  leurs  fleurs,  excepté 
pour  les  quelques  rares  amateurs  qui  en 
possèdent  de  forts  sujets,  quand  par  hasard 
un  automne  chaud  et  long  succède  à un 
véritable  été. 

Nous  retrouvons  encore  les  Aristoloches, 


mais  cette  fois  avec  des  fleurs  énormes  ou 
de  formes  extraordinaires.  Les  A.  Duchar- 
treiy  grandis,  ornithocephala,  etc.,  se 
plaisent  mieux  en  serre  tempérée  qu’en 
serre  chaude,  où  l’araignée  rouge  les  fatigue 
et  arrête  leur  végétation,  ainsi  du  reste  que 
cela  arrive  pour  les  Convolvulacées  citées 
plus  haut. 

Ces  fleurs  d’Aristoloches  sont  vraiment 
des  plus  singulières.  Celles  de  VA.  orni- 
thocephala,  présentent  une  sorte  de  bec 
d’oiseau,  surmontant  un  sac  veiné  de  brun 
sur  fond  jaunâ- 
tre ; VA.  grandis 
rappelle  un  cas- 
que brun;  mal- 
heureusement les 
fleurs  de  toutes 
les  espèces  déga- 
gent une  odeur 
peu  agréable. 

Les  Cleroden- 
dron  Thompso- 
nœ,  Balfouri  et 
speciosum  sont 
de  véritables  mer- 
veilles pour  les 
jardins  d’hiver  et 
les  serres  où  l’on 
peut  les  faire 
courir  près  des 
vitres.  Leurs  in- 
nombrables et 
magnifiques  inflo- 
rescences, com- 
posées de  fleurs 
rouge  vif,  à calice 
blanc  pur  pour 
les  premiers,  et  à 
calice  rose  pour 
les  seconds,  pla- 
cent ces  plantes 
au  premier  rang  pour  l’ornementation.  Elles 
sont  connues,  mais  trop  peu  répandues  en- 
core, ce  qui  peut  surprendre,  car  elles 
devraient  servir  aux  décorations  florales 
comme  fleurs  coupées. 

Par  exception  aussi,  les  Clérodendrons  se 
prêtent  assez  volontiers  à la  culture  en  pots, 
sur  des  ballons  en  fil  de  fer  ; mais,  en 
somme,  leur  vigueur  réclame  la  pleine  terre. 

On  trouve  aussi  les  Hexacentris,  cu- 
rieuses Acanthacées  presque  toujours  culti- 
vées en  pots,  où  elles  ne  fleurissent  que 
très-rarement,  mais  où,  en  revanche,  elles 


‘ VARIÉTÉS  DE 

prennent  foutes  sortes  d’insectes.  En  pleine 
terre,  au  contraire,  nous  voyons  VH.  Mijso- 
rensis  produire  en  quantité  ses  curieuses 
grappes  pendantes  de  grandes  fleurs,  de 
forme  bizarre,  et  d’une  couleur  mordorée 
sur  fond  jaune,  qui  rappelle  certaines  Pén- 
sées  ; parfois  elles  sont  entièrement  jaunes. 
Cette  plante  est  aussi  ancienne  que  peu 
connue. 

Et  les  Cactées  ? Où  trouve-t-on  mainte- 
nant ces  splendides  Cereus  Mac-Donaldiæ , 
triangularis,  nycticalus,  avec  leurs  im- 
menses corolles  extraordinairement  grandes, 
formées  de  sépales  blond  maïs,  de  pétales 
blanc  pur,  avec  un  faisceau  d’étamines 
d’une  finesse  et  d’un  brillant  inouis.  Ces 

VARIÉTÉS  D: 

Chaque  année,  les  marchands  grainiers 
annoncent  sur  leurs  catalogues,  des  va- 
riétés de  Pois,  naines  et  hâtives,  qu’on 
recommande  comme  étant  propres  à être 
cultivées  sous  châssis.  D’après  les  descrip- 
tions qu’on  a faites  de  ces  variétés  il  est 
souvent  difficile,  — ou  plutôt  impossible  — 
de  les  distinguer;  le  seul  moyen  pour  arriver 
à cette  constatation,  c’est  l’expérience,  ce 
qui  nous  engage  à faire  connaître  les  prin- 
cipaux caractères  que  nous  ont  présentés 
les  quelques  variétés  suivantes. 

Pois  ridé  très-nain,  à bordures.  — 
Plante  naine,  un  peu  irrégulière  dans  sa 
végétation,  de  15  à 20  centimètres  de  hau- 
teur, d’un  vert  foncé.  Hâtive.  Gousses  de 
force  moyenne. 

Merveille  d' Amérique.  — Plante  trapue, 
atteignant  de  12  à 15  centimètres  de  hauteur, 
de  croissance  très-régulière.  Cosses  souvent 
solitaires,  droites,  renflées,  très-pleines. 
Tige  et  feuillage  robustes,  d’un  vert  foncé. 
Vrilles  peu  développées  ou  nulles. 

Cette  variété,  l’une  des  plus  naines  et  des 
plus  hâtives,  ne  remonte  pas,  de  sorte  qu’on 
peut  ne  faire  qu’une  cueillette;  elle  est  donc 
très-avantageuse  pour  le  forçage. 

Très-nain  à châssis.  — Cette  variété, 
de  croissance  un  peu  irrégulière,  est  un 
peu  plus  tardive  que  les  précédentes  ; sa 
floraison  se  prolonge  aussi  plus  longtemps  ; 
la  plante  est  plus  maigre  et  plus  vrilleuse. 
Les  fleurs,  généralement  solitaires,  produi- 
sent des  cosses  belles,  moyennes,  bien 
pleines. 


POIS  NAINS. 

fleurs  sont  éphémères,  et,  en  outre,  ne 
s’ouvrent  que  la  nuit.  Grave  défaut,  sans, 
doute.  Mais  combien  il  est  agréable  d’ad- 
mirer une  guirlande  de  Cereus  grandi flo- 
rus,  ouvrant  10  ou  15  fleurs  à la  fois,  qui 
répandent  une  odeur  de  vanille  d’une  sua- 
vité exceptionnelle. 

Que  faut-il  à ces  malheureuses  délais- 
sées ? Les  planter  et  s’en  occuper  le  moins 
possible.  La  sécheresse,  l’humidité,  les  al- 
ternatives de  chaleur  plus  ou  moins  accu- 
sées, elles  supportent  tout  cela  ; parfois 
même  elles  n’ont  plus  le  pied  en  terre  et 
se  nourrissent  à l’aide  de  leurs  racines  aé- 
riennes. 

J.  Batise. 

! POIS  NAINS 

Minimum.  — Assez  semblable  à la  pré- 
cédente, cette  variété  est  très-naine  (environ 
15  centim.).  Feuilles  ovales-elliptiques,  les 
supérieures  sensiblement  vriltées.  Cosses 
assez  belles.  Nous  a paru  peu  produc- 
tive. 

Early  Erlinger.  — Variété  hâtive  à fleu- 
rir, mais  à cosse  très-petite.  Plante  extrême- 
ment grêle,  d’environ  35-45  centimètres  de 
hauteur.  De  nulle  valeur. 

Très-nain  de  Bretagne.  — Plante  rela- 
tivement naine,  bien  qu’inégale  en  dévelop- 
pement. 'figes  en  zigzag,  couchées,  d’envi- 
ron 35  centimètres  de  hauteur.  Fleurs 
réunies  par  deux,  se  succédant  pendant 
assez  longtemps.  Cosses  très-petites. 

Celte  variété  est  très-tardive.  Plantée  en 
même  temps  que  les  précédentes,  elle  donne 
ses  produits  au  moins  quinze  jours  plus 
tard.  Plante  de  second  ordre. 

Nam  vert  gros.  — Plante  demi-naine 
s’élevant  de  40  à 50  centimètres,  à feuilles 
assez  grandes,  d’un  vert  glauque  bien  pro- 
noncé. Fleurs  généralement  réunies  par 
deux,  très-rarement  solitaires.  Cosses  rela- 
tivement fortes,  d’environ  6-7  centimètres, 
assez  larges. 

Cette  variété,  robuste  et  très-productive, 
est  au  moins  plus  tardive  de  huit  jours  que 
la  variété  Merveille  d'Amérique. 

Les  variétés  Très-nam  à châssis  et  Mi- 
nimum, qui  mûrissent  à peu  près  ensemble 
et  diffèrent  peu  comme  dimensions,  sont 
très-productives  et  peuvent  donner  pendant 
plus  d’une  semaine  si  les  plantes  sont  pla- 


LES  DAHLIAS  SIMPLES. 


cées  dans  un  terrain  un  peu  fort  ou  si  on 
les  maintient  un  peu  à l’eau. 

En  plantant  en  pleine  terre  le  même 
jour  l’une  ou  l’autre  des  trois  variétés 


491 

naines  mention  nées  ci-dessus  ou  bien  toute 
•les  trois,  et  le  Nam  vert  gros,  on  peut  pen- 
dant plus  d’un  mois  cueillir  continuellement 
des  Pois  verts.  E.-A.  Garpjère. 


LES  DAHLIAS  SIMPLES 


Le  besoin  de  changement  dans  les  objets 
de  luxe,  qu’on  l’appelle  mode  ou  engoû- 
ment,  fait  commettre  de  grandes  erreurs, 
mais  le  bon  sens,  d’une  manière  plus  ou 
moins  rapide,  sape  les  réputations  éphé- 
mères, et  fait  retomber  dans  l’oubli  ce  qui 
aurait  dû  ne  jamais  en  sortir. 

Les  plantes  sont  sujettes  à ces  fortunes 
. variables,  et  telles  d’entre  elles  qu’il  y a 
dix  ans  on  aurait  arrachées  sans  pitié  de 
tout  endroit  où  elles  auraient  osé  se  mon- 
trer, sont  aujourd’hui  très-recherchées,  et 
bien  souvent  à juste  titre.  • 

Au  nombre  de  ces  dernières  sont  les 
Dahlias  simples,  dont  les  fleurs  si  élégam- 
ment portées,  si  bien  faites,  possèdent  les 
coloris  les  plus  variés  et  les  plus  brillants. 

En  France,  ces  belles  plantes  commen- 
cent un  peu  à se  répandre,  mais  nous  de- 
vons reconnaître  que  les  amateurs  et  culti- 
vateurs anglais  sont  entrés  les  premiers  dans 
cette  voie;  aussi  nous  semble-t-il  intéres- 
sant de  publier  des  extraits  d’un  article  que 
vient  de  publier  sur  ce  sujet  le  Gardeners' 
Chronicle. 

Pendant  de  longues  années,  les  semeurs 
éliminaient  de  leurs  produits  et  détruisaient 
tous  les  Dahlias  à fleurs  demi-doubles  ou 
simples.  L’élégance  et  la  variété  du  port,  la 
diversité  et  la  puissance  du  coloris  n’y  fai- 
saient rien  : la  fleur  était  simple  ou  à peu 
près,  et  par  suite  indigne  de  vivre.  Cette 
rigueur  a certainement  produit  de  bons 
effets.  C’est  à elle  que  l’on  doit  ces  beaux 
Dahlias  doubles,  à fleurs  si  pleines,  si  com- 
pactes, si  grandes,  de  couleur  quelquefois 
vives,  mais  plus  souvent  fondues,  mélan- 
gées, amollies,  pour  ainsi  dire. 

Le  reproche  principal  que  l’on  peut 
adresser  aux  Dahlias  doubles,  c’est  que  leurs 
fleurs,  trop  régulières , semblent  artifi- 
cielles. 

Rien  de  semblable  pour  ceux  à fleurs 
simples,  et  il  est  facile  de  prévoir  que  d’ici 
à deux  ou  trois  armées  au  plus,  ils  occupe- 
. ront  une  très- large  place  dans  la  décoration 
automnale  des  jardins. 


En  effet,  à l’époque  où  le  Dahlia  brille 
dans  tout  son  éclat,  et  où  les  Chrysanthèmes 
commencent  à peine  à fleurir,  la  plupart  des 
plantes  à belles  fleurs  sont  presque  passées. 
Malgré  les  pincements,  la  floraison  est 
maigre,  et  la  verdure,  irrégulière  et  abon- 
dante, prend  le  dessus. 

Les  plantes  à feuillage  ornemental  pro- 
duisent seules  leur  maximum  d’effet,  et  les 
Dahlias  à fleurs  simples  apportent  une  note 
gaie  au  milieu  de  la  tristesse  croissante  qui 
s’empare  de  la  nature. 

Leur  utilité  est  très-grande  également 
pour  la  confection  de  bouquets,  garnitures 
de  vases,  surtouts  de  tables,  etc.,  et  les  cou- 
leurs chaudes  de  leurs  fleurs  produisent  un 
fort  bel  effet  dans  les  appartements. 

La  forme,  ainsi  que  la  grandeur  des 
fleurs  de  ces  Dahlias,  sont  très-variables  ; 
suivant  le  but  recherché,  le  choix  sera 
facile  entre  les  nombreuses  variétés  con- 
nues aujourd’hui. 

Une  des  plus  jolies  formes,  qui  est  en 
même  temps  bien  distincte,  est  le  D,  hego- 
nioides,  dont  les  fleurs,  vues  à une  cer- 
taine distance,  ressemblent  à celles  du  Be~ 
gonia  Boliviensis.  Les  ligules  sont  étroites 
et  pointues,  d’une  forme  particulière,  et  leur 
couleur  est  généralement  orange  ou  cha- 
mois. 

Les  Dahlias  Poppy  sont  aussi  bril- 
lants que  les  Pavots  les  plus  vifs  de  tons. 
Les  variétés  qui  composent  ce  groupe  sont 
naines,  très  - florifères,  à fleurs  grandes, 
d’une  jolie  forme,  un  peu  retombantes.  Elles 
seront  très-employées  pour  la  confection  des 
bordures,  ainsi  que  pour  la  culture  en  pots. 

Le  D.  Lucy  Goldworth  Fish  est  une  va- 
riété fort  jolie  et  bien  distincte  à pétales 
blancs  bordés  de  rouge  écarlate. 

Les  Dahlia  Cactus,  aux  pétales  irrégu- 
liers, aux  brillantes  couleurs,  sont  précieux 
pour  la  confection  de  bouquets  de  même 
que  pour  tout  autre  emploi  décoratif.  Leurs 
fleurs  se  rapprochent  beaucoup  de  ces  beaux 
Chrysanthèmes  chinois  bizarres,  si  appré- 
ciés aujourd’hui. 


492 


PHILODENDRON  MAMEI. 


Dans  une  exposition  spéciale,  qui  vient 
d’avoir  lieu  dans  les  jardins  de  la  Société 
royale  d’horticulture  de  Londres,  les  va- 
riétés suivantes  de  Dahlias  simples  ont  été 
surtout  remarquées. 

Parmi  les  rouges  écarlates  ou  cramoisis  : 
Beautij  of  Cambridge,  Roh-Roy,  Fire- 
ball , gracilis  perfecta,  Morning  Star, 
Hxmtsman , Dash , Sunrise , Pimicea  , ’ 
Countess  Doneraile  ; cette  dernière  variété, 
très-jolie,  rouge  cramoisi  marqué  de  rouge 
magenta. 

Dans  les  rouges  orangés  ou  saumonés  : 
gracilis  elegans  et  Firefly. 

Magenta  et  mauve  : Reatrice,  Nord, 
Duke  of  Teck,  Mauve  Queen. 

Jaune  : Royal  Angus,  Yellow  Queexi, 
Yellow  Gem,  aurata,  lutea  et  Gonziola. 

Oranges  jaunes  légèrement  pointillés  de 
rouge  : Pink  Helen,  Mac  Gregor. 

Blancs  : Marchioness  of  Westminster, 
White  Gem,  Merckii. 

Mauves  : Little  Nymjjh,  Little  Lily. 

Les  variétés  suivantes,  bien  distinctes. 


attiraient  grandement  l’attention  : Juarezi, 
variété  ancienne,  coloris  ardent  rouge  in- 
tense; Zinnia,  cramoisi  brillant;  M,  Rur- 
hidge,  pourpre  foncé  ; Pantaloon,  rayé 
de  blanc  et  de  cramoisi;  Cypria,  cramoisi 
orangé  ; ütility,  rouge  orangé  foncé  ; 
Union  Jack,  blanc  et  cramoisi  ; Ruffalo, 
orange  saumoné  brillant;  Christine,  mauve; 
Cetewayo , brun  marron  très  - brillant , 
et  Rarkway , cramoisi  orangé,  marginé 
d’orange  chamois  foncé. 

Dans  un  article  précédent,  en  parlant  de 
l’Exposition  de  Tours,  nous  avons  conseillé 
de  choisir,  surtout  parmi  les  Dahlias  sim.- 
ples,  les  variétés  à coloris  éclatants,  au 
point  de  vue  décoratif  pour  les  jardins. 
Nous  réitérons  ce  conseil,  et  recomman- 
dons principalement  la  section  dite  des  gra- 
cilis, à beaux  capitules  écarlates.  Pour  les 
collections  d’amateurs,  on  pourra  étendre 
davantage  la  liste , et  l’énumération  qui 
précède  rendra,  sous  ce  rapport,  quelque 
service  aux  collectionneurs. 

Ed.  André. 


PHILODENDRON  MAMEI 


Cette  superbe  Aroïdée  nouvelle,  que  M. 
Ed.  André  vient  d’introduire  directement 
de  l’Ecuador,  et  qu’il  a publiée  pour  la  pre- 
mière fois  dans  ce  journal  (1),  est  une  des 
plus  distinctes,  des  plus  vigoureuses  et  des 
plus  faciles  à cultiver  qui  se  puissent  ren- 
contrer dans  le  genre  Philodendron.  Elle  a 
été  justement  dédiée,  par  l’auteur,  au  célèbre 
imprimeur  de  Tours,  M.  A.  Marne,  grand 
promoteur  de  l’horticulture  française. 

La  Revue  horticole,  en  donnant  aujour- 
d’hui le  portrait  chromo-lithographique  du 
Philodendron  Mamei,  Ed.  André,  doit  faire 
une  remarque  sur  les  dimensions  de  la 
plante.  En  etïet,  l’aquarelle  faite  l’an  dernier 
par  M.  Godard,  d’après  un  jeune  exemplaire, 
ne  saurait  donner  une  idée  de  la  beauté  du 
feuillage  cordiforme,  lustré  et  marbré  de 
celte  Aroïdée,  et  surtout  de  ses  propor- 
tions, quatre  fois  plus  grandes  que  celles  de 
la  feuille  représentée  ci-contre. 

La  plante  a d’ailleurs  été  exposée  cette 
année  en  France,  à plusieurs  reprises  : en 
janvier,  au  Comité  de  floricullure  de  la 
Société  nationale  d’horticulture  de  France, 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  104,  descrip- 
tion et  port  de  la  plante. 


à Paris,  où  elle  a obtenu  une  prime  de 
première  classe;  à l’Exposition  générale 
de  la  même  Société,  en  mai  dernier,  aux 
Champs-Élysées,  où  elle  faisait  partie  du  lot 
de  six  plantes  de  nouvelle  introduction  qui 
a remporté  le  premier  prix  (médaille  d’or); 
à Tours,  à l’Exposition  de  Septembre  de  la 
Société  tourangelle  d’horticulture,  où  le 
premier  prix  des  plantes  nouvelles  (médaille 
de  vermeil)  lui  a été  attribué. 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  re- 
produire ici  la  description  de  cette  espèce, 
rédigée  par  son  introducteur  dans  l’article 
précité  de  la  Revue,  en  ajoutant  cependant 
que  le  pied-mère,  depuis  cette  époque 
(pr  mars  1883),  a atteint  des  dimensions 
beaucoup  plus  considérables,  et  est  devenu 
un  véritable  exemplaire  d’Expositioii  par 
sa  vigueur  et  la  beauté  de  sa  coloration. 

Le  Philodendron  Mamei  est  une  plante 
herbacée,  glabre,  à rhizome  simple  ou  ra- 
meux,  rampant,  cylindracé,  anguleux,  rou- 
geâtre, radicant  aux  nœuds,  à gaines  cau- 
linaires  (cataphylles)  oblongues  - obtuses, 
membranacées,  rouge  fauve.  Les  feuilles, 
toutes  basilaires,  dressées,  luisantes,  ont  un 
pétiole  vert,  teinté  de  rouge,  égalant*  envi- 


«P-J, 


nrDCU'  / /o/‘ucou 


CHRYSANTHÈME  PETITE-MARIE.  — PLANTES  UTILES  CULTIVÉES  AU  PARAGUAY. 


493 


ron  la  longueur  du  limbe,  semi-cylindrique, 
comprimé  et  striolé  en  dessus  de  lenlicelles 
blanches,  dilaté,  aplati,  ailé  ou  ancipité,  au 
sommet  teinté  de  rouge,  brièvement  inva- 
giné à la  base,  à gaine  ovale,  convolutée, 
cucullée,  ligulée  au  sommet  ; leur  limbe  est 
étalé  ou  horizontal,  ovale  cordiforme  aigu, 
long  de  15  à 25  centimètres  et  large  de  10  à 
15  centimètres,  sur  les  exemplaires  obser- 
vés jusqu’ici  (1),  à lobes  postérieurs  égaux, 
arrondis,  séparés  par  un  sinus  étroit  et  pro- 
fond ; la  face  ou  page  supérieure  est  d’un 
beau  vert,  abondamment  ornée  de  macules 
irrégulières,  argentées,  plus  ou  moins  con- 
fluentes, et  la  face  inférieure  est  d’un  vert 
très  'pâle,  uniforme  ; les  nervures  costales 


sont  subparallèles,  arquées,  bien  séparées; 
celles  des  lobes  très-courbées,  confluentes  à 
la  base,  toutes  enfoncées  en  dessus,  peu 
saillantes  en  dessous  de  même  que  la  côte 
médiane  plane,  non  canaliculée.  Les  fleurs 
sont  encore  inconnues. 

Gomme  nous  l’avons  dit,  la  culture  de 
cette  plante  est  des  plus  simples  et  sa 
vigueur  est  extrême  en  bonne  serre  tem- 
pérée. 

Kous  avons  la  satisfaction  d’annoncer  que 
le  Philodendron  Mamei  sera  mis  au  com- 
merce par  la  maison  Godefroy-Lebeuf,  à 
Argenteuil  (Seine-et-Oise),  à partir  d’au- 
jourd’hui. 

Godefroy  -Lebeuf. 


CHRYSANTHÈME  PETITE-MARIE 


Les  différents  qualificatifs  : MaHe  , 
Vierge-Marie,  enfin  Petite-Marie,  sem- 
blent indiquer  les  principaux  caractères  de 
cette  plante,  c’est-à-dire  qu’elle  est  blanche 
et  naine,  ce  qui  est  vrai. 

D’où  vient  cette  variété  ? Je  ne  puis  le 
dire;  par  contre,  je  n’hésite  pas  à affirmer 
que  c’est  une  des  plus  jolies  du  genre  et 
probablement  aussi  l’une  des  plus  naines, 
bien  que  ses  fleurs  soient  relativement  très- 
fortes.  Mises  en  planche  dans  un  lieu  aéré 
et  bien  ensoleillé  et  sans  aucun  travail, 
les  plantes  dépassent  à peine  10  à 12  centi- 
mètres de  hauteur  et  forment  des  touffes 
dressées , compactes  et  subsphériques , 
se  couvrant  littéralement  de  fleurs  bombées 
et  très-pleines  qui,  d’abord  d’un  blanc 
légèrement  soufré  ou  jaunâtre,  ne  tardent 
pas  à passer  au  blanc  pur  ; les  tiges  se  ra- 
mifient naturellement,  de  sorte  que,  sans 
même  pratiquer  de  pinçage,  on  obtient  des 
sujets  parfaits  de  forme.  Si  au  contraire 
on  la  soumet  au  pinçage,  la  plante,  qui 
alors  n’atteint  que  quelques  centimètres, 
ne  s’en  couvre  pas  moins  de  fleurs  et  cons- 


titue de  magnifiques  tapis  d’un  effet  splen- 
dide. 

Le  Chrysanthème  Petite-Marie,  dont  la 
présence  dans  les  collections  ne  date  que 
de  quelques  années,  a encore  cet  avantage 
de  se  prêter  facilement  au  pinçage  et  de 
pouvoir  arriver  à fleurir  à une  époque  où 
aucun  autre  n’est  en  fleur.  Cette  variété  est 
naturellement  hâtive,  et,  si  on  l’abandonne  à 
elle-même,  elle  fleurit  dès  le  mois  d’août  ; 
ses  fleurs  sont  d’une  longue  durée.  On  peut 
à l’aide  de  traitements  particuliers  faire 
varier  l’époque  de  sa  floraison  et  la  di- 
mension des  plantes,  qui  s’accommodent 
très-bien  de  la  culture  en  pots  ; on  peut 
aussi  en  faire  des  bordures,  ce  à quoi  elles 
sont  très-propres,  par  la  régularité  de  leur  vé- 
gétation, leur  bonne  tenue  et  leur  floribon- 
dité.  Quant  à la  rusticité,  elle  laisse  un  peu 
à désirer,  et  il  arrive  parfois  que  les  plantes 
souffrent  dans  les  hivers  rigoureux.  Mais 
c’est  là  un  mal  facile  à éviter,  et  qui  est  lar- 
gement compensé  par  les  nombreux  avan- 
tages que  présente  le  Chrysanthème  Petite- 
Marie.  May. 


PLANTES  UTILES  CULTIVÉES  AU  PARAGUAY 


Les  cultures  du  midi  de  la  France  et  de 
l’Algérie  préoccupent  au  plus  haut  point 
tous  ceux  qui  ont  des  intérêts  agricoles  et 
horticoles  dans  ces  régions. 

(1)  Nous  avons  dit  que  ces  dimensions  s’étaient 
beaucoup  augmentées  depuis  l’époque  de  cette 
description. 


Aussi  croyons-nous  utile  de  résumer, 
pour  l’utilité  de  nos  lecteurs,  une  étude  sur 
les  cultures  paraguayennes,  récemment 
publiée  par  le  Gardeners'  Chronicle,  et 
dont  les  applications  peuvent  être  profi- 
tables pour  nos  cultures  coloniales. 

En  première  ligne  vient  le  Tabac,  objet 


494 


PLANTES  UTILES  CULTIVÉES  AU  PARAGUAY. 


d’une  culture  très-importante,  donnant 
chaque  année  une  production  de  5 millions 

500,000  kilog.,  et  qui  certainement  s’accroî- 
tra encore,  étant  donné  qu’actuellement  les 
débouchés  pour  l’exportation  n’existent  que 
dans  la  République  Argentine,  l’Uruguayet 
le  Chili,  tandis  que,  d’ici  quelques  années, 
par  suite  d’une  culture  plus  entendue,  et 
surtout  d’une  meilleure  préparation,  le 
Tabac  du  Paraguay  trouvera  facilement  des 
acquéreurs  sur  les  marchés  européens. 

Au  Paraguay  deux  variétés  seulement  de 
Tabac  sont  cultivées  : le  Tabac  jaune,  dési- 
gné dans  le  pays  sous  le  nom  de  peti-parà, 
dont  les  graines  ont  été,  dans  le  principe, 
tirées  de  la  Havane,  et  qui  donne  les  pro- 
duits destinés  à l’exportation,  et  le  Tabac 
bleu,  dit  peti-hohy,  qui  est  consommé  sur 
place  et  dans  des  proportions  considé- 
rables, car  au  Paraguay  tout  le  monde  fume, 
hommes,  femmes  et  enfants. 

Le  Maté  ou  Yerha  {Ilex  paraguayensis) 
vient  ensuite,  et  est  également  cultivé  sur 
une  grande  échelle.  Le  Paraguay  en  exporte 
annuellement  5,000,000  de  kilog.  Le  Maté, 
nommé  aussi  Thé  du  Paraguay,  possède, 
on  le  sait,  des  propriétés  nutritives  et  stimu- 
lantes développées  à un  très-haut  degré. 
Il  est  facile  de  prévoir  que  d’ici  à peu 
'd’années,  sa  consommation  entrera  dans 
nos  habitudes,  comme  cela  eu  lieu  pour  la 
Coca  du  Pérou,  et  ce  résultat  est  dési- 
rable. 

Le  plus  grand  nombre  d’arbres  fruitiers 
des  climats  tempérés,  tels  que  Poiriers, 
Pommiers,  Figuiers,  ainsi  que  ceux  des 
régions  chaudes.  Orangers,  Bananiers, 
sont  cultivés  au  Paraguay. 

La  production  des  Oranges  y est  tellement 
abondante  que  leur  prix  est  souvent  très- 
bas.  Ainsi,  à certaines  époques,  5000  Oran- 
ges chargées  dans  des  bateaux,  sur  la 
rivière  du  Paraguay,  coûtent  29  fr. 

L’exportation  annuelle  s’élève  quelque- 
fois à environ  50,000,000  d’Oranges  re- 
présentant une  valeur  de  250,000  fr. 
Ces  Oranges  ont  une  saveur  délicieuse  et 
sont  très-recherchées  des  populations  voi- 
sines. 

On  cultive  trois  variétés  de  Canne  à 
sucre  (Saccharum  officinarum)  : deux  de 
couleur  blanche,  l’autre  plus  foncée.  Cette 
dernière  est  plus  robuste  et  supporte 
mieux  le  froid.  La  Canne  réussit  très-bien 
sous  ce  climat,  mais  il  est  nécessaire  d’irri- 


guer les  plantations,  qui  ont  une  durée 
moyenne  de  8 à 9 ans. 

L’industrie  sucrière  y est  cependant 
encore  à l’état  primitif,  par  suite  de  l’ab- 
sence d’entreprises  importantes  et  de  capi- 
taux, ce  qui  explique  que  le  Paraguay  est 
actuellement  obligé  d’importer  chaque  année 

200.000  à 250,000  kilos  de  sucre  étranger. 

La  consommation  de  Cana,  ou  rhum,  est 

énorme  dans  toute  la  contrée,  et  la  produc- 
tion moyenne  de  sucre  est  évaluée  à 

185.000  kilos. 

Le  Café  est  de  bonne  qualité,  avec  un 
peu  trop  d’amertume.  Sa  culture  est  peu 
répandue,  toujours  par  suite  du  manque  de 
capitaux,  et  du  temps  relativement  long  que 
le  cultivateur  doit  supporter,  avant  de  tirer 
profit  des  plantations  qu’il  a faites,  car  ce 
n’est  en  moyenne  qu’à  la  cinquième  année, 
que  Fon  peut  faire  la  première  récolte. 

L’Indigo  y est  de  qualité  ordinaire  et  l’ex- 
traction de  la  teinture  se  fait  aisément.  Un 
Français,  M.  Balansa,  botaniste  distingué 
qui  a fixé  sa  résidence  au  Paraguay,  y 
a fait  des  plantations  d’indigo  qui  sont 
actuellement  en  pleine  voie  de  prospérité. 

Une  plante  très-abondante  là-bas,  et  que 
ses  qualités  fibreuses  rendraient  d’un  pla- 
cement facile  sur  les  marchés,  est  le  Cara- 
guata  (1)  {Eryngium  Lasseauxii);  mais  il 
serait  utile  d’avoir  sur  place  des  machines 
permettant  de  séparer  la  matière  fibreuse 
du  tissu  végétal  qui  l’enveloppe. 

On  sait  que  depuis  fort  longtemps  les  in- 
digènes fabriquent  des  cordes  d’une  force  et 
d’une  légèreté  remarquables  à l’aide  de  fibres 
du  Caraguata  et  d’une  autre  plante  également 
native  du  Paraguay,  VElvira.  Des  spécimens 
de  ces  cordages  envoyés  sur  les  marchés 
d’Angleterre,  y ont  trouvé  acquéreurs  au 
prix  de  650  francs  environ  les  1000  kilog. 
ce  qui  prouve  une  bonne  qualité. 

Des  fabriques  spéciales  seront,  croyons- 
nous,  bientôt  installées  sur  place,  et  nous 
croyons  que  l’exploitation  et  la  culture  de 
ces  plantes  textiles  deviendront  une  source 
de  larges  profits  pour  ce  pays  encore  si  en 
retard. 

Un  Palmier  (?)  indigène  produit  des  fila- 
ments textiles  encore  supérieurs  à ceux  du 
Caraguata,  mais  la  plante  qui  réunit  au  plus 

(1)  Ne  pas  confondre  cette  appellation  locale 
d’une  Ombellifère  avec  le  nom  botanique  de  Cara- 
cjuata,  qui  s’applique  à un  genre  de  Broméliacées 
de  la  tribu  des  Tillandsiées  (Rédaction). 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTIGULTURE  DE  FRANCE. 


495 


haut  degré  ces  qualités  si  précieuses  est  le 
Pino  Giiazii  {Urtica  utilis)  ou  Ramie.  On 
a tant  parlé  de  cette  Urticée  depuis  quelques 
années  qu’elle  est  connue  de  beaucoup  de 
cultivateurs. 

Une  écorce,  nommée  dans  le  pays  Guru- 
guay^  contient  une  grande  proportion  de 
tannin  ; mais  ce  produit  naturel  reste 
encore  inutilisé  par  suite  de  l’absence  com- 
plète de  tanneries. 

Le  Paraguay  compte  aussi  une  grande 
quantité  d’arbres  forestiers  dont  le  bois  pré- 
sente une  grande  valeur  pour  la  construction 
ou  pour  l’ornementation. 

Citons  notamment  le  Quehracho  dont 
le  bois  est  d’une  telle  densité  qu’il  pèse 
38  kil.  par  pied  cube,  et  est  envoyé  par 
grandes  quantités  en  France.  Il  sert  à faire 
des  traverses  de  chemins  de  fer,  et  pos-. 
sède  des  principes  accentués  pour  le  tan- 


nage et  la  coloration.  Cet  arbre  semble  être 
le  red  quehracho  {Loxopterijgium  Lo- 
renziï). 

Outre  les  plantes  si  importantes  que  nous 
venons  d’énumérer,  le  Paraguay  fournit  un 
grand  nombre  de  plantes  médicinales,  ou 
produisant  des  gommes,  des  essences,  dont 
la  recherche  et  l’expérimentation  rendraient 
certainement  de  grands  services. 

Si  nous  avons  insisté  sur  ce  sujet  dans 
dans  les  colonnes  de  la  Revue  horticole, 
c’est  que  l’avenir  de  nos  colonies  se  lie  de 
très-près  à celui  de  la  mère -patrie,  et  que 
nous  désirions  appeler  l’attention  de  nos 
compatriotes  sur  les  produits  des  régions 
favorisées  de  cultures  encore  peu  répan- 
dues chez  nous,  malgré  les  résultats  qu’elles 
laissent  entrevoir  à ceux  qui  les  tenteront 
avec  de  l’intelligence,  de  la  persévérance  et 
des  capitaux  suffisants.  Ch.  Thays. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICÜLTURE  DE  FRANGE 

SÉANCE  DU  11  OCTOBRE  1883 


Apports.  — Au  cofuité  à' arboriculture  ont 
été  présentés  : par  M.  Aubrée,  propriétaire  à 
Ghâtenay  (Seine),  une  corbeille  de  Pêches  pro- 
venant d’un  de  ses  semis,  et  dont  l’année  pré- 
cédente il  avait  déjcà  montré  des  échantillons. 
Le  fruit  est  d’une  bonne  grosseur,  légèrement 
conique,  bien  sillonné  d’un  côté,  et  fortement 
coloré  dans  toutes  ses  parties  d’un  rouge  brique 
foncé  et  comme  granuleux  pointillé.  — Par 
M.  Chevalier  (Gustave),  de  Montreuil,  les  va- 
riétés suivantes  de  Pêches  : Lady  Palmerston, 
Admirable  jaune,  Chevreuse  tardive,  Belle  de 
Palaiseau,  Salway,  et  enfin  le  Brugnon  Vic- 
toria. — Par  M.  Jamin,  de  Bourg-la-Reine, 
6 magnifiques  variétés  de  Raisins  dont  voici  les 
noms  : Black  Alicante,  Noir  d'Espagne,  et 
parmi  les  blancs  Foster's  seedling.  Muscat 
Docteur  llogg.  Parc  de  Versailles,  et  enfin  le 
Chasselas  Duc  de  Malakoff.  Les  cinq  premiers 
sont  des  raisins  qui  chez  nous  réclament  l’abri 
d’une,  serre  pour  mûrir  leurs  fruits,  tandis  que 
le  sixième.  Duc  de  Malakoff,  est  un  Raisin  hâtif, 
ce  qui,  du  reste,  n’est  pas  sa  seule  qualité. 
C’est  comme  une  sorte  de  Chasselas  Gros  Cou- 
lard  qui  a,  sur  celui-ci,  le  grand  avantage 
de  ne  pas  couler. 

Au  comité  de  culture  potagère  ont  été  pré- 
sentés : par  M.  Billarand,  à Ablon-sur-Seine, 
une  corbeille  de  Fraises  des  Quatre-Saisons  : la 
Généreuse  tVAblon,  très-belle,  mais  qui  nous  a 
paru  peu  savoureuse  et  manquant  de  sucre,  ce 
qui  pouvait  être  un  peu  le  fait  de  la  saison.  — 


Par  M.  Forgeot,  marchand  grainier,  quai  de  la 
Mégisserie,  à Paris,  des  rameaux  avec  fleurs 
et  fruits  d’une  fraise  Quatre  saisons  nommée 
jlfme  Béraud,  obtenue  par  M.  Béraud,  horticul- 
teur à Montceau-les-Mines.  A en  juger  par  les 
échantillons  présentés,  c’est  une  variété  extrê- 
mement fertile,  à gros  fruits,  et  excessivement 
remontante.  — Par  M.  Duvillard,  deux  pieds  de 
Céleri  commun,  qui,  bien  que  très-beaux,  ne 
présentaient  aucune  particularité  digne  d’être 
citée. 

Au  comité  de  floriculture  ont  été  présentés; 
par  M.  Régnier,  horticulteur  à Fontenay-sous- 
Bois,  un  pied  en  fleurs  de  Phalænopsis  Esme- 
ralda.  Orchidée  de  Cochinchine,  rare  dans  les 
cultures,  et,  à ce  qu’on  assure,  peu  commune, 
même  dans  son  pays  natal.  Nous  en  avons 
donné  une  figure  et  une  description  dans 
la  Revue  horticole  (1877,  p.  106).  — Par 
M.  Ed.  André,  un  magnifique  pied  de  Tilland- 
sia Lindeni  trieolor.  Cette  Broméliacée,  que  le 
présentateur  a rapportée  de  son  voyage  dans 
l’Amérique  du  Sud,  a une  inflorescence  très- 
largement  ovale  qui,  par  sa  forme  et  sa  belle 
couleur  rose,  rappelle  le  T.  Lindeni  vera,  mais 
avec  des  dimensions  beaucoup  plus  grandes. 
Quant  à ses  fleurs,  elles  sont  d’un  beau  bleu  lilas 
nuancé,  à centre  blanc.  La  plante  est  vigou- 
reuse, compacte  et  d’un  beau  port;  ses  feuilles, 
d’un  vert  strié  longitudinalement  de  violet,  sont 
longuement  et  gracieusement  arquées,  de  sorte 
que,  même  sans  fleur,  la  plante  est  ornemen- 


496 


CORRESPONDANCE.  — NOUVELLE  ESPÈCE 


laie.  — Par  M.  Vincent,  horticulteur  à Bougival, 
une  collection  en  fleurs  coupées  de  Bégonias 
tubéreux  du  groupe  erecta  cjrandiflora  : plantes 
vigoureuses,  robustes,  à grandes  fleurs  de  colo-* 
ris  divers,  très-remarquables,  et  une  variété  qu’il 
a nommée  Be.sut'iits,  issue  du  Bégonia  Davisii, 
très-remarquable  par  sa  floribondité  et  la  belle 
couleur  rouge  cocciné  orange  de  ses  fleurs  qui 


DE  POMME  DE  TERRE. 

se  tiennent  bien,  dressées  sur  des  pédoncules 
robustes.  — Enfin  un  exposant,  M.  Gannel, 
croyons-nous,  présentait  un  semis  de  Bégonia 
Marliana  gracüis  à fleurs  plus  grandes  et 
plus  foncées  que  celles  de  ce  dernier  ; ses  tiges, 
au  lieu  d’étre  vertes,  étaient  colorées  rou- 
geâtres. 


CORRESPONDANCE 


Mï"  B.  (Cher.)  — Vous  pourrez  vous  procurer 
le  BUlhergia  rhodocijanea  purpurea  chez 
M.  Truffault,  horticulteur,  40,  rue  des  Chan- 
tiers, à Versailles,  qui  probablement  aussi 
pourra  vous  faire  connaître  l’origine  exacte  de 
cette  plante  remarquable.  Si  ce  qu’on  nous 
a affirmé  est  vrai,  elle  aurait  été  obtenue  par 
M.  Gavron,  horticulteur  à Cherbourg. 

NB’  A.  11.  (Gers.)  — La  culture  et  les  soins 
({ue  vous  donnez  à vos  Bégonias  sont  des  plus 
rationnels.  Rien  donc  ne  seml)le  pouvoir 
expliquer  comment  il  se  fait  que  leurs  feuilles 
se  tachent  et  pourrissent.  Deux  circonstances 
nous  paraissent  déterminer  ces  affections  : une 
chaleur  insuffisante,  ou  bien  la  buée  qui  se 
condense  sur  les  fers  de  la  serre  et  qui  ensuite 
retombe  en  gouttelettes  chargées  d’oxyde  de  fer 
sur  les  feuilles  de  vos  Bégonias  où  elles 
déterminent  des  taches,  puis  la  pourriture.  Si 
le  mal  n’est  occasionné  par  aucune  de  ces 
deux  causes,  le  seul  moyen  qui  nous  paraisse 
devoir  donner  un  bon  résultat,  serait  un  chan- 
gement de  serre,  en  donnant,  bien  entendu, 
tous  les  autres  soins  ([ue,  normalement,  ces 
plantes  réclament. 

M>'  P.  L.  (Calvados.)  — Le  Canna  Annei 
n’est  pas  le  seul  qui  puisse  passer  l’hiver  en 
pleine  terre  : à peu  près  toutes  les  variétés  qui 
ont  de  forts  rhizomes  pourraient  être  soumis 
à cette  culture,  pourvu  qu’on  ne  laisse  pas 
geler  le  sol  où  elles  sont  plantées  et  que  celui- 


ci  ne  soit  pas  trop  humide.  Il  suffit  donc,  lors- 
que les  tiges  sont  détruites  par  les  premiers 
froids,  de  les  couper  et  de  recouvrir  le  sol 
d’une  couche  de  feuilles,  de  fumier,  ou  même 
de  terre  que  l’on  prend  autour  des  massifs. 
Ce  dernier  moyen,  lorsqu’il  est  possible  de  l’ap- 
pliquer, à cet  avantage  d’assainir  le  sol  du 
massif  qui,  alors,  se  trouve  entouré  d’une  sorte 
de  fossé  d’écoulement  dans  lequel  vient  se  dé- 
verser l’eau  du  monticule  où -sont  plantés  les 
Cannas,  qui  par  conséquent  se  trouvent  dans 
de  bonnes  conditions  de  conservation. 

Quant  au  Dahlia  « Corne  du  Diable  » ou 
Juarezi,  ce  n’est  autre  qu’une  forme  locale  du 
DaJiUa  variabilis^  qui,  comme  chacun  le  sait, 
donne  des  variétés  à l’infini. 

Le  type  du  Haricot  domestique  n’est  ni 
déterminé  ni  déterminable,  sinon  très-relative- 
ment. Quant  au  fait  dont  vous  parlez,  de  la 
production  d’un  Haricot  grimpant  par  un  non 
grimpant^  il  est  très-commun  et  cette  année 
nous  l’avons  remarqué  sur  un  H.  Flageolet. 

Nous  vous  remercions  des  autres  communi- 
cations contenues  dans  votre  lettre  et  dont, 
à l’occasion,  nous  ferons  profiter  les  lecteurs 
de  la  Bevue  horticole. 

Erratum.  — A propos  de  notre  réponse  in- 
sérée dans  le  dernier  article  correspondance 
{Rev.  hort.,  p.  479),  il  faut  lire  « sulfate  de 
cuivre  ou  couperose  bleue,  » au  lieu  de  coupe- 
rose verte  qui  a été  écrit  par  eiTeur. 


NOUVELLE  ESPÈCE  DE  POMME  DE  TERRE 


Quoique  nous  soyons  passablement  riches 
en  légumes,  l’arrivée  d’une  nouvelle  es- 
pèce est  toujours  bien  accueillie,  surtout 
quand  elle  fait  partie  d’un  genre  univer- 
sellement connu  et  dont  la  réputation  est 
au-dessus  de  tout  éloge.  Telle  est  la  tribu 
des  Pommes  de  terre.  Est-ce  à dire  que 
l’espèce  dont  il  est  question  dans  cette  note 
va  supplanter  toutes  ses  congénères?  Non, 
sans  aucun  doute.  Nous  n’avons  même 
pas  la  prétention  de  croire  qu’elle  les  éga- 
lera en  mérite.  Ce  que  nous  voulons,  c’est 


appeler  l’attention  sur  une  espèce  nouvelle 
dont  les  caractères  particuliers  semblent 
pouvoir  rendre  quelques  services,  soit  par 
suite  de  mo  üfications  directes,  c’est-à-dire 
par  elle-même,  soit  indirectement  en  la 
faisant  agir  comme  agent  de  fécondation 
avec  nos  bonnes  variétés  cultivées.  Dans  ce 
cas,  il  pourrait  se  faire  que  cette  nouvelle 
venue,  qui  jusqu’à  présent  paraît  rustique 
et  exempte  de  maladie,  communiquât  ces 
qualités  à nos  bonnes  races  qui  paraissent 
s’affaiblir.  La  chose  ne  semble  pas  impos- 


NOUVELLE  ESPÈCE  DE  POMME  DE  TERRE. 


497 


sible  ; dans  tous  les  cas  il  serait  bon  d’en 
faire  l’expérience. 

I,a  Pomme  de  terre  Ohrond  {Solayium 
Ohrondii)  a été  découverte  et  introduite  par 
un  médecin  de  la  marine  française,  M.  Oh- 
rond, qui  l’a  trouvée  dansl’île  Goritti.  C’est 
à notre  collègue,  M.  Blanchard,  jardinier  en 
chef  à l’hôpital  maritime  de  Brest,  que  nous 
devons  celte  variété,  ainsi  que  la  note  sui- 
vante de  M.  Ohrond,  qui  donne  des  détails 
intéressants  sur  l’origine  et  sur  l’histoire  de 
cette  Pomme  de  terre.  Voici  cette  note: 

llecueillie  dans  l’île  Goritti,  à rembouchure 
(lu  Rio  de  la  Plata,  en  face  de  la  ville  de  Mal- 
donado,  par  35»  de  latitude  Sud,  et  58»  de  lon- 
gitude Ouest. 

Climat  tempéré  — saisons  marquées  — tem- 
pérature estivale  relativement  peu  élevée. 

L’île  Goritti  est  inhabitée,  sablonneuse,  à 
sables  très-meubles  et  fins,  contenant  une 
quantité  de  débris  de  coquilles.  Les  plantes  ([ui 
y poussent  sont  en  majeure  partie  des  Gheno- 
podées,  parmi  lesquelles  le  genre  Salsola  et  le 
Clienopodium  ambrasioides  ; celui-ci  couvrant 
presque  littéralement  l’île.  La  chair  des  lapins 
très-nombreux  qui  vivent  sur  cet  îlot  de  2 ki- 
lomètres environ  de  circuit,  a le  goût  très-pro- 
noncé de  cette  plante. 

Une  espèce  de  Solanée  {Solanum  sisymhrii- 
folium)  se  montre  également  en  assez  grande 
abondance;  elle  est  d’une  végétation  très-luxu- 
riante. 

Le  soubassement  de  l’île  n’est  évidemment 
pas  aride  puisqu’il  s’en  échappe  deux  petites 
sources. 

Les  tubercules  ou  les  racines  en  question 
ont  été  trouvées  à la  surface  du  sable,  au  nombre 
de  six,  de  la  grosseur  d’une  aveline,  environ. 

Les  recherches  faites  dans  les  sables  du  lieu 
meme  et  du  voisinage,  dans  le  but  d’en  décou- 
vrir d’autres,  sont  restées  vaines. 

Le  plateau  de  l’île  présente  un  terrain  plus 
solide  sur  lequel  des  Graminées  et  des  Carex 
ont  trouvé  prise. 

Voici  les  caractères  que,  à Montreuil, 
dans  un  terrain  siliceux,  nous  a présentés 
la  Pomme  de  terre  Ohrond. 

Plante  très-naine  (20  à 30  centimètres), 
vigoureuse  et  excessivement  buissonneuse. 
Tiges  dressées,  légèrement  anguleuses  à la 
base  des  pétioles,  violacées,  rougeâtres,  un 
peu  luisantes,  hispides,  à poils  étalés.  Feuil- 
les irrégulièrement  pinnées,  à pinnules  très- 
inégales,  crispées  et  comme  roncinées,  ve- 
lues de  toutes  parts.  Inflorescence  (fig.  99), 
en  corymbe  lâche,  paucillore.  Pédoncule  ex- 
tra-axiliaire,  violacé,  grêle,  légèrement  velu, 


muni  au  tiers  environ  de  sa  longueur  d’une 
feuille  semblable  à celle  de  la  plante,  mais 
plus  petite  ; pédicelles  articulés,  munis  à la 
base  d’une  bractée  caduque.  Galice  velu,  à 
sépales  linéaires  lancéolés.  Corolle  rotacée, 
d’un  blanc  légèrement  lilacé  à l’intérieur, 
bleu  violacé  à l’extérieur,  deux  fois  plus 
longue  que  le  calice,  à divisions  étroites, 
acuminées,  redressées,  velues  à l’extrémité 
qui  est  un  peu  verdâtre  violacé.  Anthères 
; d’un  beau  jaune  d’or,  fortement  appliquées 
I sur  le  style  qui  les  dépasse  de  5 à.  6 milli- 
mètres. Tiges  souterraines  nombreuses,  fili- 
formes, longuement  étalées;  les  plus  rap- 
prochées de  la  surface  développant  ça  et  là 
des  faisceaux  de  tiges  aériennes  qui,  à peine 
I sorties  du  sol,  se  mettent  à fleurir  (fig.  100). 
Tubercules  généralement  épars,  oblongs  ou 
irrégulièrement  subsphériques,  atteignant 
jusqu’à  8 centimètres  de  longueur  sur  5 à 
6 de  diamètre  ; yeux  petits,  peu  saillants. 
Peau  unie , légèrement  rugueuse , jaune 
clair.  Chair  jaunâtre,  pâle,  de  saveur  ex- 
trêmement douce. 

La  pomme  de  terre  Ohrond  (tig.  99  et 
100)  présente  plusieurs  particularités  que 
nous  devons  faire  connaître.  D’abord  sa 
végétation  est  presque  continue.  G’est  au 
point  que  l’on  pourrait  faire  deux  récoltes 
là  où  le  climat  est  chaud,  et  même,  dans 
ces  conditions,  ce  serait  presque  une  ré- 
colte permanente.  Ainsi  à Montreuil  nous 
en  avons  planté  en  avril  qui  étaient  mûres 
en  juin  et  replanté  une  deuxième  saison 
en  septembre  qui  fleurirent  environ  cinq 
semaines  après  la  plantation.  Elle  présente 
aussi  dans  sa  végétation  cette  particularité 
que  les  drageons  (tiges  souterraines),  qui 
donnent  des  bourgeons,  fleurissent  pres- 
que aussitôt  qu’ils  sont  sortis  du  sol.  G’est 
aussi  ce  qui  est  arrivé  pour  celles  que  nous 
avons  plantées  en  deuxième  saison.  Il  est 
donc  difficile  de  préciser  la  culture  à la- 
quelle on  devra  soumettre  cette  Pomme  de 
terre.  Voici  à ce  sujet  ce  que  nous  écrivait 
M.  Blanchard  : 

Depuis  son  arrivée  j’ai  cultivé  cette  plante 
ou  plutôt  je  l’ai  laissée  au  môme  endroit,  et 
cela  pour  cette  raison  qu’il  est  à peu  près  im- 
possible de  la  détruire.  Tous  les  ans,  à la 
fin  de  juin  ou  au  commencement  de  juillet, 
j’en  fais  la  récolte.  Malgré  tous  les  soins  que 
j’ajiporte  à cette  opération,  il  en  reste  assez 
en  terre  pour  que  l’année  suivante  le  champ 
s’en  trouve  garni,  tant  elle  est  traçante. 


498 


NOUVELLE  ESPÈCE  DE  POMME  DE  TERRE. 


Je  crois  qu’on  pourra  facilement  améliorer 
cette  espèce,  et  que  cela  se  pourrait  môme  par 
le  fait  seul  de  la  culture  en  la  plaçant  dans  des 
conditions  convenables.  Ainsi  déjà  je  constate 
une  grande  amélioration  sur  les  produits  que 
je  récolte  comparativement  à ceux  que  j’ai  reçus 
de  M.  Olirond  : tandis  que  ces  derniers  étaient 
à peine  gros  comme  de  petites  noisettes,  ceux 
que  j’obtiens  actuellement  sont  de  moyenne 
grosseur,  il  en  est  même  qui  obtiennent  les  di- 
mensions d’un  petit  œuf  de  poule.  J’ajoute  que 
ces  tubercules  sont  bons,  ont  un  goût  de  châ- 
taigne, seulement  ils  laissent  dans  la  bouche 
un  petit  goût  d’âcreté  qui  rappelle  assez  ce- 
lui des  Pommes  de  terre  qui  ont  verdi  à la  lu- 
mière ; celles  que  nous  avons  mangées,  mes 
ouvriers  et  moi,  avaient  été  cuites  à l’eau  ou 
au  four  : ces  dernières 
sont  préférables... 

Quant  à la  rusticité, 
elle  est  complète,  du 
moins  ici,  à Brest;  pen- 
dant l’hiver  de  1881  j’en 
ai  placé  dehors  sur  la 
terre  ; un  thermomètre 
([ue  j’avais  mis  à côté  a 
marqué  — 2o,  malgré 
cela  elles  n’ont  pas  gelé. 

J’ajoute  aussi  que 
jus(ju’à  présent  les 
l)lantes  n’ont  pas  mon- 
tré la  moindre  trace  de 
maladie... 

Cé  qui  précède, 
joint  à ce  que  nous 
avons  pu  constater, 
semble  démontrer  que 
le  Solanum  Olirondii 
est  susceptible  d’amé- 
lioration et  que,  soit 
directement,  soit  par  fécondation,  on  pourra 
probablement  le.  faire  entrer  dans  la  cul- 
ture. 

Nous  croyons  toutefois  que,  en  ce  qui  con- 
cerne sa  rusticité,  il  est  bon  de  faire  des 
réserves,  car  il  ne  faut  pas  oublier  que  le 
climat  de  Brest  est  relativement  très-doux; 
que  beaucoup  de  végétaux  qui,  à Paris, 
exigent  l’abri  d’une  serre,  passent  là  très- 
bien  l’hiver  en  pleine  terre;  qu’un  froid 
égal  accusé  par  le  thermomètre  n’agit  pas 
de  la  même  manière  quand  il  se  produit 
loin  de  la  mer,  où  l’air  est  sec  : à Brest, 
au  contraire,  outre  que  l’air  est  constam- 
ment chargé  d’humidité,  il  est  saturé  d’élé- 
ments salins  qui  modifient  l’action  du  froid. 

Pour  ce  qui  est  de  la  qualité,  nos  expé- 


riences s’accordent  avec  celles  de  M.  Blan- 
chard. Ainsi  nous  avons  fait  cuire  les  tu- 
bercules dans  l’eau,  dans  le  feu  ou  sur  un 
fourneau  dans  de  la  cendre,  et  toujours  ils 
se  sont  montrés  d’assez  bonne  qualité. 

La  chair  est  d’une  extrême  densité, 
quelles  que  soient  les  conditions  dans  les- 
quelles nous  avons  placé  les  tubercules, 
l’intensité  de  la  chaleur  et  même  le  temps 
pendant  lequel  ils  ont  été  soumis  à celle-ci, 
jamais  la  chair  ne  se  ce  défait  »;  toujours  ils 
sont  restés  entiers  et  même  très- fermes,  et 
qu’ils  soient  chauds  ou  froids,  on  peut  les 
couper  comme  on  le  ferait  d’un  morceau 
d’argile  fraîche  (terre  glaise). 

Ces  particularités  sont- elles  la  consé- 
quence d’une  nature 
spéciale  qui  détermi- 
nent la  rusticité  de 
cette  plante  et  sa  ré- 
sistance aux  diverses 
affections  qui  frap- 
pent nos  Pommes  de 
têrre  améliorées  ? 
C’est  ce  que  nous  ne 
pourrions  dire. 

Nous  avons  prié 
M.  Laugier,  répéti- 
teur de  chimie  au 
laboratoire  des  Hautes 
Études,  au  Muséum 
d’histoire  naturelle, 
de  vouloir  bien  ana- 
lyser ces  Pommes  de 
terre,  ce  qu’il  a fait  ; 
il  n’a  découvert  aucun 
principe  autre  que  la 
fécule  propre  à toutes 
celles  du  genre,  d’où  l’on  est  en  droit  de 
conclure  que  le  poids  considérable  des  tu- 
bercules de  la  Pomme  de  terre  Ohrond, 
ainsi  que  l’extrême  densité  de  sa  chair,  sont 
dus  à la  quantité  extraordinaire  de  fécule 
qu’ils  contiennent. 

A ce  qui  précède  nous  ajoutons  les  ob- 
servations suivantes,  extraites  d’une  lettre 
adressée  à MM.  Vilmorin,  par  M.  Blanchard, 
qui  nous  a communiqué  la  Pomme  de  terre 
Ohrond,  observations  qui,  non  seulement 
complètent  ce  que  nous  avons  écrit  sur  cette 
nouveauté,  mais  montrent  une  modification 
déterminée  par  l’influence  du  milieu,  ce 
qui  fait  espérer  que  par  une  culture  bien 
appropriée  on  arrivera  à tirer  un  bon  parti 
de  cette  nouvelle  Solanée. 


Fig.  99.  — Solanum  Ohrondii,  de  grandeur 
naturelle. 


NOUVELLE  ESPÈCE  DE  POMME  DE  TERRE. 


499 


« N’ayant  ni  potager,  ni  jardin  spécial 
pour  laii-e  des  expériences  sur  les  végétaux  qui 
nous  arrivent  des  colonies  qui  nous  intéres- 
sent, tant  au  point  de  vue  économique  qu’au 
point  de  vue  horticole,  nous  devons  nous 
borner  à les  cultiver  sur  les  plates-bandes 
d’ornement,  ou  dans  les  endroits  vagues  des 
quelques  massifs  que  nous  possédons  ; nos  ex- 
périences ne  peuvent  guère  que  guider  sur  les 
cultures  qu’on  peut  faire  en  plein  champ. 

A l’arrivée  du  Solanum  Ohrondii,  nous 
l’avons  d’abord  cultivé  en  serre  tempérée; 
mais  voyant  qu’il  dépérissait,  nous  l’avons  mis 
en  pleine  terre  dans  la  clairière  d’un  massif, 
où,  à l’automne,  il  produisit  6 tubercules,  dont 
le  plus  gros  était  de  la  grosseur  d’une  prune  de 
Mirabelle  ; ces  tubercules  ayant  été  récoltés  et 
mis  au  sec  pendant  l’hiver,  au  printemps  sui- 
vant (188i)  nous  remarquâmes  que  l’emplace- 
ment, qui  était  d’environ  1 mètre  carré,  oc- 
cupé l’année 
précédente 
par  les  deux 
ou  trois  pieds 
que  nous 
avions  livrés 
à la  pleine 
terre,  se 
couvrait  de 
jeunes  plants 
de  Pommes 
de  terre, 
ayant  passé 
l’hiver  sans 
aucun  abri  ; 
parmi  eux 
se  trouvaient 
les  6 tuber- 
cules que 
nous  avions 
récoltés,  et  on  ne  s’en  occupa  plus.  En  juillet 
suivant,  la  récolte  donna  environ  2 litres  de  tu- 
bercules. En  septembre  l’emplacement  se  re- 
couvrait encore  de  nombreuses  tiges  nouvelles, 
sur  une  surface  de  2 mètres  carrés;  alors  on  ne 
replanta  plus  rien  et  en  juillet  1882,  on  récolta 
près  de  8 litres  de  Pommes  de  terre,  dont  la 
plus  grosse  pesait  72  grammes.  Les  belles  furent 
mangées  et  les  petites  distribuées  à divers  ama- 
teurs. Cette  même  année,  on  tenta  d’arracher 
définitivement  la  Pomme  de  terre  de  l’emplace- 
ment qu’elle  occupait  et  toutes  les  précautions 
furent  prises  pour  qu’il  ne  restât  aucun  tuber- 
cule en  terre  ; malgré  cela,  au  mois  de  sep- 
tembre suivant,  la  terre  était  encore  couverte 
de  jeunes  plants  sur  une  surface  de  6 mètres 
carrés,  sans  qu’on  eût  planté  même  un  seul 
tubercule.  Le  8 août  dernier  nous  en  avons  fait 
la  récolte  et  ces  6 mètres  de  terrain  nous  ont 
fourni  10  kil.  890  gr.  de  tubercules  dont  la 
majeure  partie  pèse  de  15  à 18  grammes. 


Quelques  tubercules,  ayant  échappé  à l’avant- 
dernière  récolte,  en  ont  naturellement  repro- 
■ duit  d’autres  qui  pèsent  en  moyenne  70  à 
• 72  grammes  (un  seul  est  arrivé  à 85  grammes). 
Ce  qui  prouve  que  si  l’on  plantait  de  gros  tu- 
bercules, dans  un  bon  terrain,  on  obtiendrait 
un  rendement  beaucoup  plus  avantageux  que 
celui  que  nous  avons  obtenu. 

La  majeure  partie  des  tubercules  récoltés 
pèsent  en  moyenne  15  â 18  grammes  ; cette 
uniformité  démontre  qu’ils  sortent  tous  d’une 
même  source,  qui  est  celle-ci  ; Cette  plante 
donne  trois  sortes  de  tiges  souterraines  : 
1®  les  supérieures,  qui  donnent  des  tiges  her- 
bacées fleurissant  presque  en  sortant  de  terre  ; 
2°  les  inférieures,  qui  produisent  les  tuber- 
cules; 3»  les  intermédiaires,  qui  ne  donnent 
ni  tubercules,  ni  rameaux,  mais  des  turions  se 
garnissant  d’une  quantité  énorme  de  biilbilles 
microscopiques  qui  se  détachent  quand  le  sto- 
lon })ourrit  ; 
ce  sont  ces 
bulbilles  qui 
repoussent 
après  la  ré- 
colte et  don- 
nent l’année 
suivante  les 
tubercules 
de  moyenne 
grosseur 
dont  nous 
venons  de 
parler. 

Nous  avons 
encore  re- 
marqué que 
certaines  ti- 
ges qui  é- 
taient  abri- 
tées par  des  arbres,  un  mur,  etc.,  périssent 
jusqu’au  collet,  et  repoussent  de  nouvelles 
tiges  â partir  de  ce  point,  comme  toutes  les 
plantes  vivaces.  Ces  rameaux  produisent  aussi 
de  petits  stolons  de  la  grosseur  d’un  fil,  se 
terminant  généralement  par  une  petite  bulbille, 
qui  s’enfonce  en  terre  comme  le  font  les  fruits 
d’ Avachis  hypogœa  et  forme  par  la  suite  d’autre 
pieds-mères. 

On  voit  par  ce  qui  précède  que  cette  plante 
est  si  prolifique  qu’il  est  impossible  de  la  dé- 
truire, et  qu’une  fois  cultivée  dans  un  champ, 
elle  s’y  multiplie  d’une  manière  prodigieuse, 
de  sorte  qu’il  n’y  a guère  qu’à  récolter  son 
produit.  L’espace  que  nous  lui  consacrons  est 
malheureusement  fort  restreint,  et  il  nous  est 
impossible  de  donner  des  renseignements  exacts 
et  précis  sur  sa  culture,  sur  son  rendement, 
non  plus  que  sur  le  terrain  qu’elle  préfère  ; 
nous  croyons,  toutefois,  qu’elle  préfère  les 
terres  légères  et  sablonneuses  aux  terres  fortes 


500 


EXPOSITION  GÉNÉRALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’iIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


et  compactes,  que  le  fumier  et  les  sarclages  lui 
conviendraient  très-bien,  mais  que  le  buttage 
que  nous  pratiquons  avec  nos  races  ordinaires 
de  pommes  de  terre  lui  serait  plutôt  nuisible 
qu’utile,  puisque  ce  sont  les  tiges  souterraines 
inférieures  qui  produisent  les  tubercules. 

Cette  année,  le  mauvais  temps  nous  a em- 
pêché de  faire  la  récolte  en  juillet;  nous  l’avons 
faite  le  8 août,  mais  déjà  les  tubercules  avaient 
poussé  des  stolons  de  10  ou  15  centimètres 
de  long,  ce  qui  donne  à penser  que  la  meil- 
leure époque  serait  du  1^’ au  15  juillet.  On  fera 
donc  bien  de  commencer  la  récolte  lorsque  les 
tiges  seront  à moitié  flétries;  c’est  le  seul  moyen 
que  nous  puissions  indiquer  pour  avoir  des  tu- 
bercules sains  et  de  conservation  facile. 

Depuis  quatre  ans  que  nous  cultivons  cette 
plante,  nous  n’avons  encore  mangé  que  des 


tubercules  récoltés  chez  nous,  qui  ne  nous 
ont  pas  paru  de  première  qualité,  mais  qui  ne 
nous  ont  causé  aucun  accident,  ce  qui  nous 
engage  à en  essayer  la  culture  ; nous  pensons 
que,  cultivée  dans  un  climat  moins  humide  et 
plus  chaud  et  en  plein  champ,  comme  nos 
Pommes  de  terre,  les  produits  de  la  plante 
seraient  plus  abondants  et  de  qualité  supé- 
rieure à ce  que  nous  avons  obtenu  à Bi-est.  Ce 
que  nous  désirons,  c’est  appeler  l’attention  des 
agriculteurs  sur  ce  nouveau  tubercule,  qui  })eut 
rendre  de  grands  services,  non  seulement  pour 
pour  la  nourriture  de  l’homme,  mais  encore 
pour  celle  des  animaux,  et  qui  exigera  peu  de 
frais  pour  sa  culture;  elle  pourra  être  em- 
ployée pour  la  culture  des  terrains  arides  où 
d’autres  variétés  ne  pourraient  réussir.  » 

E.-A.  Carrière. 


LES  PLANTES  DTNTRODÜGTION  NOUVELLE 

A L’EXPOSITION  GÉNÉRALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

(22-28  mai  1883) 


Les  deux  concours  ouverts,  à notre 
grande  exposition  des  Champs -Élysées, 
pour  les  plantes,  soit  fleuries  (premier 
concours),  soit  recommandables  pour  leur 
feuillage  ornemental  (deuxième  concours), 
ont  donné  des  résultats  exceptionnellement 
importants,  surtout  grâce  à M.  Ed.  André, 
à qui  chacun  d’eux  a valu  un  premier  prix 
consistant  en  une  médaille  d’or.  Pendant 
son  voyage  dans  l’Amérique  du  Sud,  qui  a 
été  des  plus  fructueux  pour  la  botanique  et 
pour  l’horticulture,  notre  actif  et  savant 
collègue  a su  acquérir  une  parfaite  connais- 
sance des  richesses  végétales  que  possèdent 
ces  belles  contrées. 

iLclairé  par  son  expérience  personnelle, 
il  a dirigé  à coup  sûr,  depuis  son  retour  en 
Europe,  des  explorations  qui  ont  été  comme 
la  continuation  de  la  sienne.  H a pu  ainsi, 
soit  par  lui-même,  soit  par  ses  continua- 
teurs, doter  l’horticulture  européenne  de 
nombreuses  espèces  de  haut  ornement  qui 
ont  été  les  éléments  de  deux  lots  exposés  et 
d’une  haute  valeur.  Celui  qu’il  avait  formé 
pour  le  premier  concours  se  composait  de 
six  plantes  fleuries,  toutes  importées  par 
lui  de  la  Nouvelle-Grenade  ou  de  l’Ecuador. 
C’étaient  les  deux  variétés  tricolor  et  vlola- 
cea  d’une  belle  Bi  oméliacée,  le  Tillandsia 
Lindeni  ; une  Orchidée,  VEpidendrum 
araclinoglossum,  Pieichb.;  une  très-belle 
Amaryliidée , le  Bomarea  Kalbregeri , 


Baker,  qui  supporte  la  pleine  terre  sur  les 
côtes  de  la  Provence;  enfin  le  Passifïora 
atomaria^  Planch.,  et  une  Composée  décou- 
verte par  lui,  VOnoseris  Drakeana,  Ed. 
André.  Quant  au  lot  que  M.  Ed.  André 
avait  présenté  au  deuxième  concours  qui 
n’exigeait  pas  des  plantes  en  fleurs,  il  ne 
comprenait  pas  moins  de  19  espèces  toutes 
introduites  par  lui,  à l’exception  d’un  beau 
Palmier  tout  récemment  importé  de  Cali- 
fornie. Parmi  ces  plantes  se  trouvaient 
des  Pipéracées  entièrement  nouvelles  et 
encore  sans  nom  ; une  dizaine  de  Bromélia- 
cées, dont  quatre  sont  encore  indéterminées 
spécifiquement,  et  dont  les  autres  ont  pour 
la  plupart  figuré  à notre  Exposition  du  mois 
d’octobre  1882;  le  curieux  Salix  Humhold- 
tiana,  Willd.,  à port  fastigié;  enfin  une 
Protéacée,  le  Rhopala  Poortmani,  Ed. 
André,  et  une  remarquable  Aroïdée,  le 
Philodendron  Mamei,  Ed.  André,  l’une  et 
l’autre  importées  de  TÉcuador,  en  1882. 
Jusqu’à  ce  jour,  nos  horticulteurs  avaient  si 
rarement  enrichi  les  jardins  de  plantes 
introduites  par  eux  directement  du  pays 
natal,  qu’on  ne  saurait  trop  féliciter  M.  Ed. 
André  d’avoir  résolument  rompu  avec  leurs 
habitudes  d’emprunt  aux  Belges  et  aux 
Anglais. 

Un  aulre  exposant  a pris  également  part 
à ces  deux  concours:  c’est  M.  Chantin, 
horticulteur  à Paris,  qui  a obtenu  une 


FLORAISON  DE  DEUX  AGAVE  FILIFERA, 


501 


grande  médaille  d’argent  dans  le  premier, 
et  une  grande  médaille  de  vermeil  dans  le 
second.  Pour  le  premier  concours,  cet  expo- 
sant avait  présenté  deux  remarquables 
Broméliacées,  le  Vriesea  Barilleti,  Ed. 
Morr.,  qui  paraissait  pour  la  première  fois 
à une  exposition  française  et  le  Streptoca- 
lyx  Vallerandi,  Ed.  Morr.,  récemment 
introduit  par  lui,  qui  vient  d’être  décrit  et 
figuré  pour  la  première  fois  dans  le  cahier 
pour  janvier  dernier  de  la  Belgique  horti- 
cole. Le  lot  présenté  par  le  même  horticul- 
teur pour  le  deuxième  concours  était 
notablement  plus  nombreux  et  comprenait 
une  Fougère  nouvelle,  VAngiopteris  Moorei, 
une  Cycadée  nouvelle,  le  Cycas  Terkesi, 
de  remarquables  Broméliacées  et  Aroïdées. 

FLORAISON  DE  DEl 

En  exceptant  la  région  méditerranéenne, 
si  privilégiée  au  point  de  vue  des  plantes, 
on  peut  dire  que  la  floraison  d’une  Agave 
est  un  fait  rare  dans  nos  contrées,  ce  qui 
s’explique  par  cette  raison  que,  pour  fleurir, 
ces  plantes  doivent  être  fortes,  et,  par  consé- 
quent, vieilles.  De  plus,  la  culture  des  va- 
riétés d’élite  de  ce  genre  est  à peu  près  dé- 
laissée ; aussi  est-il  rare  d’entendre  signaler 
la  floraison  de  ces  plantes,  fait  regrettable 
assurément,  car  il  y en  a de  fort  jolies, 
déjà  très-ornementales  par  leurs  feuilles 
auxquelles  s’ajoutent  souvent  de  belles 
fleurs.  De  ce  nombre  sont  certainement  les 
deux  plantes  dont  nous  allons  parler, 
VAgave  filifera,  et  une  forme  à feuilles 
plus  larges,  VAgave  filifera  latifolia.  Celle- 
ci  a montré  son  inflorescence  la  première, 
vers  le  commencement  du  mois  de  juin 
dernier.  Le  sujet,  complètement  acaule, 
portait  environ  125  feuilles,  ayant  cha- 
cune en  moyenne  25  centimètres  de  lon- 
gueur sur  35  millimètres  de  largeur  ; elles 
étaient  légèrement  arquées  en  dedans,  à 
peine  canaliculées.  sillonnées  de  lignes 
blanches,  acuminées  et  terminées  par  une 
pointe  dure,  brune,  aiguë,  très-raide  ; les 
bords  étaient  très-amincis,  presque  tran- 
chants, finement  marginés  de  brun  et 
ornés  de  fils  blancs,  ténus,  enroulés. 

La  hampe  mesurait  2"^  85  de  hauteur  dont 
1*“  90  pour  l’inflorescence;  elle  était  termi- 
nale et  garnie  dans  toute  sa  partie  inférieure 
de  feuilles  bractéales,  qui  se  changaient 


MM.  Dallé,  horticulteur  à Paris,  et 
Chantrier  frères,  horticulteurs  à Mortefon- 
taine,  ont  fait  encore  figurer  à l’Exposition 
des  plantes  nouvelles  qui  ont  été  jugées 
favorablement  par  le  jury.  Le  premier  a 
reçu  une  grande  médaille  de  vermeil  (pre- 
mier concours)  pour  deux  belles  Bromélia- 
cées fleuries,  le  Yriesea  hellula  (1)  et  le 
Caraguata  cardinalis,  Ed.  André;  le 
second  a eu  une  grande  médaille  d’argent 
(deuxième  concours)  pour  une  charmante 
plante  sarmenteuse,  à feuillage  élégant,  le 
Leea  amahilis  (Ampélidée). 

P.  Duchartre. 

{Journal  de  la  Société  centrale  d’horticulture 

de  France.) 

N AGAVE  FILIFERA 

insensiblement  en  écailles,  en  arrivant  vers 
la  partie  florale.  Ces  écailles,  d’une  couleur 
verdâtre,  avaient  une  longueur  moyenne  de 
10  centimètres;  très-élargies  à leur  base, 
puis  brusquement  rétrécies,'  elles  étaient 
longuement  acuminées,  flexibles,  terminées 
par  un  appendice  brunâtre  non  spinescent. 

Les  fleurs,  géminées  à la  base  de  chaque 
écaille,  sont  hermaphrodites,  isostémones, 
le  tube  du  périanthe  adhère  à l’ovaire, 
le  limbe  comprend  six  divisions  égales, 
renversées,  vertes  au  centre,  rouge  vineux 
sur  les  bords  ; la  préfloraison  est  imbri- 
quée ; les  étamines  ont  les  filets  d’une 
teinte  indécise,  tirant  sur  le  rouge.  Les  an- 
thères, très-rouges,  sont  biloculaires,  oblon- 
gués,  oscillantes,  introrses  ; le  pollen  est 
d’un  jaune  vif,  ce  qui  produit  un  charmant 
contraste  avec  la  teinte  sombre  de  la  fleur. 
Les  carpelles,  au  nombre  de  trois,  sont  cohé- 
rents et  ne  dépassent  pas  les  étamines  ; 
l’ovaire  est  infère  et  à trois  loges.  La  lon- 
gueur des  fleurs,  en  moyenne,  est  de  8 à 
9 centimètres  à partir  de  leur  point  d’in- 
sertion; elles  secrétent  pendant  l’anthèse 
une  liqueur  miellée,  visqueuse,  très-abon- 
dante, qui  attire  une  grande  quantité  de 
mouches  de  toutes  espèces. 

Quant  à notre  autre  plante,  VAgave 
filifera,  elle  est  également  acaule,  de  forme 
plus  trapue  et  plus  régulière  que  la  précé- 
dente ; ses  feuilles  sont  aussi  plus  nom- 

(1)  Ce  Vriesea  hellula  n’est  autre  chose  que  le 
V.  heliconioides,  Lindley  (Bot.  Reg.,  t.  29.)  (Réd.), 


IA  PAGE  ET  SON  TPÂITEMENT. 


5Ü‘2 

breuses,  moins  longues,  lancéolées,  termi- 
nées par  une  forte  épine  ; les  filaments 
blancs,  plus  serrés,  et  fortement  enroulés, 
s’échappent  d’une  marge  très-fine,  -les 
feuilles  portent  également  des  bandes  blan- 
ches, mais  plus  accentuées. 

La  hampe  avait  2“  40  de  hauteur,  y 
compris  l"™  60  pour  l’inflorescence  qui  était 
garnie  d’écailles  bractéales  rougeâtres,  fari- 
nacées,  plus  nombreuses  mais  moins  fortes 
que  dans  la  précédente  variété,  ces  bractées 
étaient  contournées  et  recouvraient  presque 
entièrement  la  hampe  ; leur  nombre  semble 
en  rapport  avec  celui  des  feuilles.  Les  fleurs 
avaient  les  divisions  pétaloïdes  plus  foncées 
et  surtout  plus  nombreuses,  ce  qui  donnait 


à l’inflorescence  un  aspect  très-dense.  Le 
tube  calycinal  était  aussi  moins  long.  Enfin 
l’ensemble  de  la  fleur  était  plus  réduit; 
mais  à part  ces  différences  les  caractères 
de  la  fleur  étaient  absolument  semblables, 
quant  à l’organisation. 

L’élongation  rapide  de  la  hampe  est  une 
des  particularités  qui,  au  point  de  vue  jar- 
dinique,  caractérisent  ce  genre  de  plantes. 
Ainsi,  pendant  les  chaudes  journées  de  la  fin 
de  juin,  la  pousse  s’allongeait  quelquefois  de 
7 millimètres  par  heure,  ce  que  nous  cons- 
tations au  moyen  d’une  longue  planchette 
fichée  latéralement  et  sur  laquelle  nous  po- 
sions des  points  de  repère. 

J.  Saluer,  fils. 


LA  RAGE  ET  SON  TRAITEMENT 


Nous  trouvons  dans  le  journal  V Agriculture 
pratique  un  article  très-intéressant  et  très^ 
utile,  nous  n’hésitons  pas  à le  dire,  sur  la 
rage,  cette  maladie  si  terrible  qui,  chaque 
année,  fait  un  si  grand  nombre  de  victimes  et 
contre  laquelle  jusqu’ici  la  science  est  à peu 
près  impuissante.  Aussi,  tout  ce  qui  a trait  à 
cette  cruelle  affection,  surtout  pour  la  com- 
battre, doit-il  être  connu  partout  et  de  tous  et 
surtout  encore  lorsque  les  remèdes  indiqués 
sont  simples,  peu  dispendieux  et  d’une  appli- 
cation facile,  ce  qui  est  le  cas  pour  le  traite- 
ment en  question,  ce  nous  engage  à reproduire 
l’article  suivant. 

En  se  plaçant  à un  point  de  vue  général, 
populaire  si  l’on  veut,  il  n’y  a sûrement  plus 
à parler  de  la  rage  que  pour  dire  où  peut 
être  le  moyen  d’en  empêcher  l’invasion  ou 
de  la  guérir  lorsqu’elle  est  venue  : mal  hor- 
rible, on  ne  la  connaît  que  trop  ; mal  viru- 
lent et  transmissible,  loin  de  s’user  ou  de 
s’éteindre,  il  se  conserve  à travers  les  ans 
et  reparaît  à distance  toujours  la  même, 
aussi  redoutable  toujours.  « Un  mal  qui  ré- 
pand la  terreur  »,  c’est  bien  celui-là,  puis- 
que toujours  il  menace  et  jamais  ne  passe. 
En  effet,  sans  règle  ni  périodicité  voulue  ou 
prévue,  il  frappe  ici,  là,  ailleurs,  partout  en 
réalité,  au  hasard  et  de  la  façon  la  plus  inat- 
tendue : au  logis,  l’enfant  simplement  léché 
par  le  petit  chien  qu’il  caresse  ou  chiffonne, 
son  camarade  de  jeu  et  son  commensal  ; 
dans  la  rue,  le  passant  affairé,  le  promeneur 
distrait,  l’écolier  au  sortir  de  la  classe  ; aux 
champs,  l’animal  paisible  qui  broute  ; der- 
rière la  charrue,  le  laboureur  au  travail  ; 


sur  les  routes,  bêtes  et  gens  allant  au  mar- 
ché, et  toujours,  toujours  sans  crier  gare  ! 

Beaucoup  prétendent  que  la  rage  est  tou- 
jours communiquée  ; on  n’a  jamais  supposé 
qu’elle  pût  naître  spontanément  chez  d’au- 
tres que  le  chien  et  le  loup  dont  les  mor- 
sures alors  la  transmettent  souvent  aux 
autres,  à tous  les  autres. 

Spontanée  ou  communiquée  cependant 

— question  à vider  entre  savants  — elle  est, 
et  devant  elle  tous  sont  égaux.  Ce  n’est  pas 
assez  que  le  plus  fréquemment  elle  éclate 
au  milieu  de  la  plus  complète  sérénité  ou 
du  plus  profond  oubli  ; la  voilà  qui  se  révèle 
transmissible  aussi  par  voie  d’hérédité  ma- 
ternelle, et  M.  Pasteur  déclare  qu’elle  est 
de  nature  microbienne. 

En  somme  — scientifiquement  parlant 

— elle  ne  laisse  rien  à désirer  et  se  pré- 
sente encore  aux  chercheurs,  après  tant  et 
tant  d’années  d’attente,  sous  la  forme  d’un 
problème  dont  les  termes,  loin  de  se  sim- 
plifier, vont,  semble-t-il,  en  se  compli- 
quant. 

Laissant  aux  hommes  de  science  le  soin 
de  débrouiller  les  hautes  et  difficiles  ques- 
tions du  sujet,  le  commun  des  martyrs  se 
contenterait  d’apprendre  que , touché , 
c’est-à-dire  mordu  par  un  animal  enragé, 
il  trouverait,  dans  la  médecine,  non  plus 
l’impuissance  ou  l’abandon,  mais  la  certi- 
tude d’un  prompt  soulagement,  mieux  en- 
core, l’espoir  fondé  d’une  guérison  facile.  Or, 
s’il  en  était  ainsi  pour  la  rage  communiquée 
à l’homme,  il  est  à présumer  qu’il  en  serait 


LA  RAGE  ET  SON  TRAITEMENT. 


503- 


de  même  pour  la  rage  observée  chez  les 
animaux,  à commencer  par  celle  du  chien, 
triste  privilégié  d’un  mal  réputé  indomptable 
parce  qu’on  ne  sait  ni  comment  l’empê- 
cher d’éclater,  ni  comment  le  vaincre  quand 
il  est  venu. 

Bien  des  remèdes  ont  été  proposés  ou 
préconisés  : on  les  a essayés  tous  et  bien 
d’autres  avec  ; mais  tous  ont  également 
échoué.  Si  la  rage  est  due  à l’existence,  à la 
pénétration  et  à la  pullulation  plus  ou  moins 
rapide  d’un  microbe,  celui-ci  n’a  encore  été 
ni  isolé  ni  cultivé,  et  les  espérances  d’ino- 
culation préventive  aux  jeunes  chiens, 
exempts  par  elle  de  toute  atteinte  ultérieure, 
ne  seraient  encore  qu’une  demi-garantie. 
Quoi  qu’on  fasse,  en  effet,  beaucoup  de 
chiens  échapperaient  certainement  à l’ino- 
culation, et  l’homme  — on  ne  l’inoculera 
pas,  lui  — restera  quand  même  exposé  au 
danger,  si  éloigné  soit-il,  de  contracter  la 
rage.  Est-ce  que,  malgré  la  vaccination, 
beaucoup  encore  ne  meurent  pas  de  la  pe- 
tite vérole  ? 

Que  l’inoculation  rabique  du  chien  de- 
vienne ou  non  pratique,  réalisable,  efficace, 
il  n’en  sera  pas  moins  utile  toujours  de  voir 
la  médecine,  sinon  le  malade  lui-même,  en 
possession  assurée  d’une  médication  souve- 
raine contre  la  cruelle  maladie. 

Y a-t-il  lieu  d’espérer  qu’après  avoir  vai- 
nement cherché  au  loin  cette  médication,  on 
finira  par  la  trouver  tout  près  de  soi?  Pour- 
quoi non?  Comme  tant  d’autres  découvertes 
dues  uniquement  au  hasard,  celle-ci  ne  se 
peut-elle  trouver  sous  la  main? 

En  parlant  de  la  possibilité  de  découvrir 
le  vaccin  de  la  rage,  M.  H.  Bouley  disait 
excellemment,  et  très-judicieusement  aussi  : 
((  Il  faut  se  garder  d’espérances  qu’on  est 
d’autant  plus  prompt  à concevoir  que  le  ré- 
sultat espéré  apparaît  plus  beau.  > C’est 
très -sagement  dit  ; mais  la  sagesse  ne  con- 
sisterait pas  à négliger  les  faits  dont  l’obser- 
vation et  la  sage  interprétation  peuvent 
conduire  à un  résultat  d’autant  plus  en- 
viable et  satisfaisant  qu’il  est  depuis  long- 
temps attendu  ou  inespéré. 

Il  y a deux  ou  trois  ans  déjà,  le  Recueil  de 
médecine  vétérinaire  empruntait  à une 
autre  publication  la  relation  d’un  fait 
étrange  mais  très-important,  qui  n’a  mené, 
ni  dans  la  presse  scientifique  ni  dans  l’autre, 
le  bruit  qui  se  fait  chaque  jour  autour  du 
moindre  assassinat.  Il  s’agissait  pourtant 


d’un  homme  cruellement  atteint  de  la  rage, 
désespérément  abandonné  à sa  malheureuse 
destinée,  et  fort  inopinément  guéri  — guéri 
de  la  rage  ! cela  valait  bien  qu’on  s’y  arrêtât. 

La  chose  a passé  inaperçue La  voilà 

pourtant  qui  semble  remonter  du  fond  des 
oubliettes  où  elle  était  tombée  comme  un 
simple  fait-divers. 

C’est  une  bonne  occasion  de  la  rappeler, 
de  la  reprendre  brièvement  ah  ovo  et  de 
dire  en  quoi  elle  peut  faire  espérer  la  dé- 
couverte du  traitement  fort  simple  de  la 
rage  et  l’affirmation  dé  son  efficacité. 

Un  jeune  paysan,  mordu  par  un  chien 
errant,  devint  — comme  on  dit  — enragé. 
Pour  se  soustraire  à l’affreux  spectacle  des 
accès  qui  secouaient  ce  malheureux  et  à ses 
violentes  atteintes,  on  se  décida  à l’enfermer 
dans  une  petite  chambre  dont  les  murs 
étaient  garnis  de  bottillons  de  gousses  d’ail 
fraîchement  récoltées. 

On  voit  d’ici  ce  pauvre  abandonné  dans 
cette  étroite  prison,  aux  prises  avec  ses 
souffrances,  avec  son  désespoir  aussi  peut- 
être,  se  jetant  en  furieux  sur  la  seule  chose 
qui  fût  à sa  portée,  sur  ces  bottillons  accro- 
chés aux  murs,  mâchant  avec  rage  les 
gousses  et  les  ingérant  à la  façon  du  chien 
malade  qui  avale  du  foin,  de  la  paille,  ffe  la 
terre,  des  débris  de  bois,  au  plus  fort  des 
accès  du  mal  qui  l’étreint  et  l’affole. 

Eh  bien,  là  était  le  salut  î L’ail  ainsi  in- 
géré en  quantité  n’est  point  un  corps  inerte, 
loin  s’en  faut,  mais  une  substance  médica- 
menteuse énergique. 

Doué  de  propriétés  excitantes  très-ac- 
tives, l’ail  paraît  agir  tout  à la  fois  sur  les 
organes  digestifs,  rénaux  et  pulmonaires,  à 
petite  dose.  Pris  comme  assaisonnement,  il 
n’a  qu’une  action  passagère;  administré  plus 
largement,  et,  comme  dans  ce  cas  particulier, 
très-incomplètement  étudié  sans  doute,  jus- 
qu’à production  d’effet  utile,  ainsi  que  le 
veut  pour  tous  les  alcaloïdes  la  méthode 
thérapeutique  des  médecins  dosimètres,  on 
ne  sait  encore  rien  des  effets  ou  physiolo- 
giques ou  curatifs  qui  peuvent  lui  être  ra- 
tionellement  attribués.  Appliqué  à l’exté- 
rieur, haché  menu,  fortement  écrasé,  il  agit 
comme  rubéfiant  énergique,  voire  comme 
vésicant,  et  on  n’en  supporte  pas  longue- 
ment l’application. 

Quoi  qu’il  en  soit,  absorbé  inconsciem- 
ment, pris  à haute  dose,  furieusement  — 
croyons-nous  pouvoir  dire  — par  cet  homme 


504 


I.A  RAGE  ET  SON  TRAITEMENT. 


malade  de  la  rage,  il  l’a  ;forlement  assoupi, 
puis  guéri,  bien  guéri. 

L’ail  a vraiment  fait  ce  miracle.  On  n’en 
a pas  beaucoup  parlé  et  on  pouvait  le  ciDire 
tout  à fait  oublié,  mais  il  nous  est  revenu 
d’un  peu  loin  peut-être,  qu’importe  ! 

C’est  encore  par  la  voie  du  Recueil  de 
médecine  vétérinaire  qu’il  se  représente 
revu,  augmenté,  consolidé,  sous  forme  de 
découverte  à retenir  et  à cultiver  pour  le 
plus  grand  bien  de  l’humanité.  C’est  dans 
cette  feuille  que  nous  prenons  la  substance 
des  constatations  suivantes  : 

Un  vieux  médecin  de  Porto,  M.  le  doc- 
teur Victorina  Pereira  Dias,  a eu  l’heureuse 
idée  de  traiter  la  rage  préventivement  et 
effectivement  par  l’ail.  Ses  premières  expé- 
riences, les  seules  que  l’on  connaisse  au 
surplus,  ont  porté  sur  neuf  individus  mordus 
par  des  chiens  enragés  dans  le  cours  de 
l’année  1882. 

((  Aucun  de  ceux  qui  ont  été  traités  par 
l’ail,  dit  le  compte  rendu,  n’a  présenté  de 
symptômes  rabiques.  Tous  ceux  qui  ont  été 
cautérisés  au  fer  rouge  sont  morts. 

(T  Voici  comment  on  procède  : 

((  La  morsure  doit  d’abord  être  lavée  à l’eau 
froide,  puis  frottée  avec  de  l’ail  pilé,  ({u’on 
laissera  sur  la  plaie  pendant  un  certain  temps. 

« Le  malade  prendra  pendant  huit  jours 
üO  grammes  de  la  décoction  suivante  : 

« Eau  pure 720  grammes. 

« Ail 1 tête. 

« On  fait  bouillir  jusqu’à  réduction  de 
500  grammes. 

« Le  malade  mangera  en  outre  tous  les 
matins  deux  gousses  d’ail  avec  du  pain. 

« Pendant  l’accès  de  rage  confirmée,  on  lui 
fera  constamment  mâchonner  des  gousses  d’ail 
jusqu’à  ce  qu’il  s’assoupisse. 

((  Cet  antidote  de  la  rage  est  infaillible.  » 

Nous  ne  demandons  pas  qu’on  croie  aveu- 
glément à l’infaillibilité,  ni  même  à l’effica- 
cité constante  de  ce  traitement,  qui  nous 
paraît  d’ailleurs  susceptible  d’être  modifié, 
simplifié,  perfectionné.  Nous  émettons  seu- 
lement le  vœu  qu’il  soit  essayé,  sérieuse- 


ment étudié  dans  nos  écoles  vétérinaires, 
où  les  sujets  d’expérimentation  ne  font  pas 
défaut,  mais  abondent. 

La  règle  qui  semble  se  dégager  de  ce  qui 
précède,  c’est  de  saturer  le  malade  du  prin- 
cipe actif  de  l’ail,  de  lui  en  faire  absorber 
jusqu’à  production  d’effet  utile  dont  la  me- 
sure est  donnée  par  un  assoupissement  assez 
profond. 

Il  nous  semble  qu’il  y aurait  un  mode 
d’administration  plus  sûr  que  la  décoction 
plus  haut  formulée  et  qu’ici  la  chimie  et  la 
pharmacie,  s’entr’aidant,  auraient  un  mot 
à dire  et  quelque  préparation  commode 
à proposer  aux  praticiens  des  deux  méde- 
cinesc 

Tout  dernièrement  aussi  on  a parlé  d’une 
plante  exotique,  une  liane  du  genre  Strych- 
nos,  dont  le  nom,  Hoàng-Nàn,  suffirait 
peut-être  à assurer  la  fortune.  Ail,  c’est 
bien  vulgaire,  cela  monte  peu  l’imagination  : 
Hoàng-Nàn,  au  contraire,  vous  a un  air  pé- 
dant et  vous  pose.  Et  puis  l’ail,  tout  le 
monde  le  connaît,  on  le  voit,  on  le  touche, 
on  le  sent,  on  en  use  à son  gré,  tandis  que 
l’autre,  cueillie  au  Tonkin  ! est  une  in- 
connue, une  nouveauté  qu’on  peut  mettre 
à la  mode.  Aussi  lui  promet-on  les  honneurs 
de  l’expérimentation. 

Quoi  qu’il  en  soit,  cette  expérimentation 
ne  peut  qu’être  la  bien  venue,  mais  qu’elle 
s’applique  avec  une  égale  attention,  avec  le 
même  intérêt,  aux  deux  plantes,  à l’étran- 
gère venue  de  si  loin  et  à l’autre  que  chacun 
de  nous  a sous  la  main.  Que  celle-ci  et  celle- 
là  se  montrent  également  dignes  de  pro- 
messes faites  en  leur  nom  et  nos  vœux  se- 
ront comblés.  Deux  remèdes  pour  un,  ce 
serait  un  double  bienfait  (1).  Eug.  Gayot. 

(1)  Ne  serait-ce  pas  le  moment  de  rappeler  un 
autre  alcaloïde  végétal,  la  Pilocarpine,  dont  ré- 
cemment on  vantait  les  propriétés  antirabiques 
constatées  sur  un  nommé  Gillet,  qui,  après  avoir 
été  mordu  par  un  chien  enragé,  avait  été  parfaite- 
ment et  radicalement  guéri  à l’Hôtel-Dieu  de  Caen? 
On  le  sait,  la  Pilocarpine  est  un  extrait  d’une  plante 
brésilienne,  le  Püocarpns  Jahorandi. 

( Rédaction. } 


Im]».  daorgw  Jneob , — Orléaiu. 


GHROMQUE  HORTICOLE 


Nouveau  mode  de  multiplication  des 
Lis.  — Nous  devons  la  connaissance  de  ce 
nouveau  procédé  à notre  collaborateur 
M.  Boisselot,  de  Nantes.  Voici  ce  qu’il  nous 
écrit  à ce  sujet  : c:  J’avais,  à l’automne, 
planté  deux  variétés  de  Lilium  lancifo- 
Hum;  placés  sur  le  côté,  ces  Oignons  fu- 
rent recouverts  d’un  morceau  d’ardoise,  de 
sorte  que,  pour  sortir,  les  tiges  ont  du  dé- 
vier sous  le  sol.  Dans  ces  conditions,  sur  la 
partie  oblique  et  cachée,  elles  ont  développé 
plusieurs  çaïeux  magnifiques  à l’aide  des- 
quels je  pourrai  multiplier  la  plante.  Ne 
pourrait-on  appliquer  un  traitement  ana- 
logue à d’autres  espèces  de  Lis,  dont  la 
multiplication  est  parfois  difficile  ? 

M.  Boisselot  a raison  ; il  nous  paraît  plus 
que  probable  que,  généralisé,  ce  traitement 
,donnerait  de  bons  résultats  ; nous  fondons 
cette  conviction  sur  des  analogies  ou  plutôt 
sur  des  faits  qui  se  produisent  naturelle- 
ment sur  la  tige  de  certains  Lis,  par  exem- 
ple sur  le  Lis  blanc,  si  avant  la  complète 
floraison  on  coupe  les  tiges  et  qu’on  les 
suspende  la  tête  en  bas  dans  un  lieu  hu- 
mide et  sombre,  soit  dans  une  cave,  soit 
dans  un  cellier.  Dans  ce  cas,  il  arrive  fré- 
quemment qu’à  l’aisselle  de  chaque  feuille, 
là  où  il  y en  avait  une,  il  se  développe 
un  caïeu  ou  une  bulbille,  suivant  l’espèce 
soumise  à l’expérience. 

Série  d’Œillets  Mignardises  remon- 
tants. — En  nommant  son  premier  gain 
d’Œillets  Mignardises  remontants  Mil  huit 
CENT  QUATRE-VINGT-UN,  M.  Alégatière , 
horticulteur,  chemin  Croix-Narlon-Saint- 
Alban,  à .Montplaisir-Lyon,  semblait  pres- 
sentir toute  une  phalange  de  plantes  ayant 
pour  caractère  exceptionnel  de  « remonter  » 
et  vouloir  prendre  date,  ce  qui  est  arrivé. 
En  effet,  le  20  septembre  dernier,  à l’expo- 
sition de  Lyon,  cet  horticulteur  exhibait 
dix -sept  variétés  qui  lui  ont  valu  une  mé- 
daille d’argent.  Nous  avons  vu  des  échan- 
tillons de  ces  plantes  qui  sont  vraiment 
très-remarquables,  tant  pour  la  grosseur 
des  fleurs  que  pour  leurs  couleurs,  qui  va- 
rient du  rose  uniforme  ou  à peu  près,  au 
fond  blanc  fortement  maculé  brun  ou 
pourpre  ; parfois  ce  sont  des  stries  excessi- 
vement colorées  qui  s’étalent  sur  un  fond 
plus  clair,  ce  qui,  par  contraste,  en  fait 

16  Novembre  1888. 


ressortir  la  beauté.  Ces  plantes,  mises  en 
serre,  y fleurissent  tout  l’hiver  et  ont  des 
fleurs  très-agréablement  odorantes. 

Ces  Mignardises  qui  proviennent  en  prin- 
cipe d’un  Œillet  Mignardise  croisé  avec 
l’Œillet  Espoir,  ont  conservé  les  caractères 
de  végétation  de  celui-ci  ; leurs  tiges  persis- 
tantes se  lignifient  presque,  et,  comme  elles 
se  ramifient  considérablement,  ces  plantes 
constituent  de  fortes  touffes  buissonneuses 
dressées,  absolument  comme  des  Œillets 
remontants. 

Conservation  des  Raisins.  — Pres- 
que tous  ceux  qui  s’occupent  des  choses 
horticoles  savent  que  pour  conserver  les 
Baisins,  on  coupe  les  sarments  qui  portent 
les  grappes,  et  qu’on  les  met  dans  des  bou- 
teilles remplies  d’eau,  placées  ensuite  dans 
un  endroit  très- sombre  et  où  la  tempéra- 
ture, aussi  uniforme  que  possible,  ne  s’élève 
guère  au-delà  de  3 ou  4 degrés  au-dessus  de 
zéro.  Dans  cette  eau,  qui  n’a  pas  besoin 
d’être  changée  tant  que  dure  la  « saison  », 
l’on  ajoute  quelques  morceaux  de  charbon 
et  un  peu  de  sel  gris,  afin  d’en  empêcher  la 
corruption.  Malgré  ces  précautions  et  tous 
les  soins,  il  arrive  fréquemment  que  des 
Champignons  apparaissent,  ce  qui  se  recon- 
naît à l’odeur  de  moisi  qui  ne  tarde  pas  à se 
manifester.  Aussitôt  qu’on  s’aperçoit  de  cette 
affection,  il  faut  s’empresser  de  la  com- 
battre, ce  à quoi  l’on  parvient  facilement  en 
allumant  une  mèche  soufrée,  dont  la  com- 
bustion produit  de  l’acide  sulfureux  qui  dé- 
truit les  miasmes  répandus  dans  l’air  et  le 
purifie.  Quant  à l’humidité  qui  tend  à se 
former  continuellemenl  par  l’évaporation  de 
l’eau,  on  l’enlève  avec  de  la  chaux  vive  qu’on 
place  çà  et  là  dans  les  c(  chambres  à Raisin  » 
et  qu’on  renouvelle  lorsqu’elle  est  tombée 
en  poussière  par  suite  de  l’eau  qu’elle  a 
absorbée. 

Tous  ces  soins  ne  doivent  pas  empêcher, 
ni  même  faire  négliger  ceux  de  propreté 
hygiénique,  qui  consistent  à passer  de  temps 
à autre  dans  les  chambres,  afin  de  couper 
avec  des  ciseaux  les  grains  gâtés,  qu’il  ne 
faut  jamais  laisser  séjourner  dans  les  pièces 
à cause  des  principes  destructeurs  qu’ils 
dégagent. 

Ce  que  nous  disons  des  Raisins  peut, 
comme  soins  généraux,  s’appliquer  aux 

22 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


r)Ou 

autres  fruiis,  de  sorte  que  ce  qui  vient 
d’être  dit  pour  les  « chambres  à Raisin  » est 
également  applicable  à tous  les  fruitiers. 

Culture  des  Ananas  dans  la  mousse. 

— Ce  n’est  pas  seulement  les  plantes  d’or- 
nement qu’on  cultive  ainsi,  mais  des  légu- 
mes et  même  des  plantes  fruitières.  Ainsi,, 
dans  le  précédent  numéro  de  la  Revue  hor- 
ticole j p.  481,  nous  faisions  connaître  des 
expériences  de  ce  genre  faites  sur  des  Pom- 
mes de  terre  et  sur  des  Fraisiers,  et  dont  le 
résultat  avait  été  satisfaisant.  Aujourd’hui 
nous  avons  mieux  à faire  connaître,  une 
culture  en  grand  d’ Ananas,  faite  à l’École 
d’horticulture  de  Versailles,  ce  que  nous 
avons  constaté  récemment,  en  parcourant 
ce  remarquable  élablissement. 

En  eftet,  des  bâches  tout  entières  d’ Ana- 
nas sont  cultivées  dans  la  mousse  depuis 
deux  ans  et  ils  donnent  de  magnifiques 
produits.  L’expérience  est  comparative.  Dans 
une  même  serre  partagée  en  deux  parties 
pour  la  circonstance,  une  de  ces  parties  a 
été  occupée  par  des  Ananas  cultivés  par 
l’ancien  système,  c’est-à-dire  en  pleine  terre, 
tandis  que  l’autre  partie  contenait  des  plantes 
du  même  âge,  mais  cultivées  en  plein  dans 
la  mousse,  à l’exception  d’un  peu  de  terre 
de  bruyère  que  l’on  avait  ajoutée  autour  de 
la  motte  pour  cc  amorcer  » les  racines.  11 
va  sans  dire  que  ces  plantes  recevaient  des 
soins  identiques.  Eh  bien  î dans  ces  condi- 
tions, l’avantage  est  resté  aux  plantes  cul- 
tivées dans  la  mousse;  elles  étaient  plus 
trapues,  moins  élancées,  d’un  vert  plus  bril- 
lant et  en  même  temps  plus  foncés.  Les 
fruits  même  étaient  plus  réguliers,  souvent 
plus  gros.  Bref,  les  résultats  étaient  meil- 
leurs dans  la  mousse  qu’en  pleine  terre. 
L’expérience  paraît  donc  concluante. 

Une  bonne  plante  indigène.  — Cette 
plante  nouvelle,  des  plus  méritantes,  est 
une  Fougère  du  genre  Scolopendre, 
genre  beaucoup  trop  négligé,  assurément.  ' 
Il  est,  en  effet,  peu  de  genres,  même 
parmi  les  plantes  exotiques,  qui  lui  soient 
supérieurs,  même  com.parables  en  mérite. 
Toutes  les  formes  qu’il  renferme  ont  les 
frondes  persistantes,  largement  rubanées 
et  d’un  beau  vert  brillant,  ondulées,  ou  cris- 
pées, ou  diversement  contournées.  De  plus, 
toutes  sont  l ustiques,  d’une  culture  facile 
même  en  pots,  de  sorte  qu’on  peut  les  em- 


ployer avec  avantage  pour  la  décoration  des 
appartements. 

Le  Scolopendrium  officinale  Valloisi, 
(c’est  le  nom  de  cette  nouveauté)  est  de 
beaucoup  supérieur  à tout  ce  qui  est  connu 
dans  ce  genre. 

Cette  plante  a été  découverte  à l’état  sau- 
vage par  un  amateur  passionné  d’horticul- 
ture, M.  Vallois,  vice-président  de  la  So- 
ciété centrale  d’horticulture  de  la  Seine- 
Inférieure,  dans  un  fourré  du  bois  dit  « des 
Tilleuls  3),  mélangée  à un  nombre  considé- 
rable de  Scolopendrium  officinale. 

La  Revue  horticole  en  donnera  prochai- 
nement une  description  et  une  figure. 

Conservation  des  fruits  par  le  froid. 

— M.  E.  Salomon,  le  célèbre  viticulteur 
de  Thomery,  qui  a fait  de  la  production  et 
surtout  de  la  conservation  des  Raisins  une 
véritable  industrie,  continue  ses  expériences 
sur  une  échelle  dont  on  n’avait  pas  eu 
d’exemples  jusqu’ici.  Au  moyen  de  conser- 
vation connu  et  employé  à Thomery  depuis 
longtemps,  M.  Salomon  en  a ajouté  un  au- 
tre dont  il  est  l’inventeur:  le  « Froid  », 
qu’il  maintient  constamment  et  uniformé- 
ment à l’aide  du  procédé  réfrigérant  et 
dont  nous  avons  déjà  parlé  dans  la  Revue 
horticole.  Par  ce  moyen  le  résultat  est  des 
plus  avantageux,  car,  outre  que  la  conserva- 
tion est  prolongée,  la  perte  est  beaucoup 
moins  grande.  Ainsi,  tandis  que  cette  perte 
est  d’environ  50  «/o  par  l’ancien  système,  elle 
n’atteint  pas  5 par  le  nouveau  procédé. 

D’autre  part,  M.  Salomon  ne  s’est  pas 
borné  aux  Raisins,  il  a étendu  son  système 
à presque  tous  les  autres  fruits  charnus.  On 
pourra  s’en  faire  une  idée  par  les  chiffres 
suivants  se  rapportant  à quelques  sortes 
qu’il  a soumises,  cette  année,  à la  conser- 
vation : 

Prunes  de  Reine-Claude,  1,500  kilos; 

Abricots,  Pêches,  Brugnons,  26,000  en- 
viron ; 

Poires  Duchesse  d'Angoulême,  Louise- 
Bonne  d’Avranches,  Beurré-Diel,  30,000. 

Ces  fruits  ne  sont  pas  les  seuls;  lors 
d’une  récente  visite,  nous  en  avons  vu  de 
variétés  très-différentes,  par  exemple  des 
Melons  Cantaloups,  qui  restaient  magni- 
fiques, bien  qu’ils  eussent  déjà  plus  de  deux 
mois  de  conservation. 

Nouveau  procédé  pour  détruire  le 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


507 


Puceron  lanigère.  — Un  abonné  de  la 
Revue  horticole,  M.  Ganeutte,  vice-prési- 
dent de  la  Société  d’agriculture  et  d’horti- 
culture, 58,  quai  des  Tanneurs,  à Saint- 
Omer,  nous  assure  qu’il  emploie  avec  un 
complet  succès,  contre  le  Puceron  lanigère, 
de  Veau  sédative  avec  laquelle  il  badigeonne 
les  arbres  attaqués  par  cet  insecte.  « Loin 
de  fatiguer  les  arbres,  dit-il,  cette  substance 
leur  donne  une  nouvelle  vigueur.  » 

Le  remède  est  d’une  application  facile 
et  nous  engageons  nos  lecteurs  à l’es- 
sayer. 

Rappelons  à ce  sujet  que  toutes  les  subs- 
tances susceptibles  de  décomposer  les  corps 
gras,  tels  que  alcool,  pétrole,  nicotine, 
huile  lourde  et  insecticide  Fichet,  etc., 
etc.,  peuvent  être  employées  pour  détruire 
le  Puceron  lanigère,  en  prenant  toutefois 
certaines  précautions  suivant  l’état  de  la 
végétation  et  la  nature  des  substances  qui 
devront  être  plus  ou  moins  additionnées 
d’eau,  en  raison  de  leur  nature,  c’est-à- 
dire  leur  force  de  corrosivité,  pourrait- on 
dire. 

Les  dernières  Vignes  dans  l’intérieur 
de  Paris.  — On  ne  se  doute  guère  que 
dans  l’enceinte  même  de  Paris,  il  existe  en- 
core des  champs  de  Vignes,  et  il  est  bien 
certain  qne  bon  nombre  de  Parisiens  même 
l’ignorent  complètement.  Le  fait  est  pour- 
tant exact.  Ces  Vignes  ne  sont  certainement 
pas  dans  le  « vieux  » Paris,  mais  dans  le 
Paxis  nouveau,  dans  le  Paris  « annexé  »,  à 
Ménilmontant,  rue  de  la  Justice.  Et  comme 
probablement  elles  n’y  resteront  pas  long- 
temps, nous  avons  pensé  qu’il  était  bon  de 
les  signaler,  comme  étant  les  dernières  qui 
auront  existé  dans  le  Paris  de  1883. 

Orchidées  en  fleurs  chez  M.  Bleu.  — 

L’éminent  cultivateur  de  Caladium  bulbeux 
ne  se  borne  pas  à la  culture  de  ces  plantes, 
dans  laquelle  il  est  passé  maître  ; il  se  livre 
avec  non  moins  de  talent  et  de  succès  à 
d’aulres  spécialités,  notamment  à l’hybri- 
dation des  Orchidées,  dans  laquelle  il  a déjà 
obtenu  de  remarquables  résultats.  Lors 
d’une  récente  visite  que  nous  lui  avons  faite, 
nous  avons  remarqué,  en  Heurs,  plusieurs 
espèces  intéressantes  et  rares,  notamment 
plusieurs  belles  variétés  de  Cattleya  Pineli, 
un  Epidendrum  speciosum,  plante  extra- 
belle et  rarissime  qui  n’a  jamais  fleuri  en 


France,  peut-être  même  en  Europe.  Enfin, 
un  très  fort  pied  de  Catasetum  Gnomus, 
plante  des  plus  singulières  par  la  couleur 
brune  de  ses  grandes  fleurs,  mais  surtout 
par  leur  forme  qui  rappelle  deux  insectes 
différents,  suivant  qu’on  la  regarde  en  des- 
sus ou  en  dessous. 

Essieu  propulseur.  — Tout  ce  qui, 
dans  l’économie  domestique,  se  rattache  à la 
traction,  intéresse  non  seulement  l’agricul- 
ture, mais  se  relie  étroitement  à l’horticul- 
ture, ce  qui  nous  engage  à publier  la  note 
suivante  que  nous  adresse  M.  le  comte  de 
Gastillon  : 

La  masse  de  transports  que  nécessite  soit  la 
création,  soit  l’entretien  et  l’exploitation  des 
jardins,  fera,  nous  en  sommes  certains,  bien 
accueillir  par  les  lecteurs  de  la  Revue  horti- 
cole, l’annonce  de  la  découverte  que  vient  de 
faire  un  honorable  ecclésiastique  de  la  Haute- 
Garonne,  M.  l’abbé  Mathieu,  curé  de  Saint- 
Julien.  Il  a trouvé  le  moyen  de  supprimer, 
presque  complètement,  le  frottement  de  l’es- 
sieu, qui,  comme  on  le  sait,  est  la  cause  prin- 
cipale de  la  résistance  à la  traction  : car  il  le 
réduit  de  94  p.  100  ; et  cela,  par  la  disposition 
la  plus  simple  qu’il  soit  possible  d’imaginer. 

Le  nouvel  essieu,  auquel  son  inventeur  a 
donné  le  nom,  parfaitement  approprié,  éCEs- 
sieii  propidseur,  est  aussi  peu  compliqué  en 
lui-même  et  dans  son  agencement  que  l’antique 
essieu  encore  en  usage  de  nos  jours.  En  tenant 
compte  des  autres  résistances  à la  traction, 
cette  amélioration  permettra  de  supprimer  trois 
sur  quatre  des  chevaux  attelés  à une  cliarrette, 
ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  leur  faire 
traîner  un  poids  quatre  fois  plus  considérable. 
Inutile,  croyons-nous,  d’insister  davantage  sur 
l’immense  portée  de  cette  belle  découverte  ; 
nous  avons  voulu  seulement  l’annoncer,  nous 
réservant  d’entrer  plus  tard  dans  les  détails 
nécessaires.  Disons  seulement  que  l’expérience 
a pleinement  justifié  les  prévisions  du  modeste 
et  savant  inventeur. 

Orme  du  Nord.  — Cette  espèce  remar- 
quée aux  environs  de  Lille,  par  M.  Goulom- 
bier,  pépiniériste  à Vitry,  qui  l’a  introduite 
dans  les  environs  de  Paris,  est  très-pré- 
cieuse et  même  ornementale.  Elle  est  vi- 
goureuse, pousse  très -droit  et  a l’écorce 
très-lisse,  ce  qui  en  fait  un  bel  arbre  d’ali- 
gnement. Nul  doute  que  comme  arbre  fo- 
restier on  pouriait  en  retirer  de  grands 
avantages.  Gomme  arbre  d’alignement,  c’est 
la  meilleure  variété  qu’il  conviefit  de  planter, 


508 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Campanula  turbinata.  — M.  Frœbel, 
de  Zurich,  ayant  semé  des  graines  de 
C.  carpatica  et  de  C.  turbinata  pelvi- 
formis,  les  plantes  obtenues  de  l’une  et  de 
l’autre  espèce  sont  absolument  semblables 
sous  le  rapport  de  la  couleur  et  de  la  forme 
des  fleurs,  ainsi  que  pour  la  disposition  des 
tiges  ramifiées.  On  doit  conclure  de  là  que 
le  C.  turbinata  pelviformis  est  une  forme 
du  C.  carpatica  et  non  pas  du  C.  turbi- 
nata. 

Un  amateur  passionné  des  plantes  al- 
pines, M.  Brockbank,  de  Brockhurst  (An- 
gleterre), cite  également  que  parmi  les 
plantes  qu’il  a obtenues  en  semant  des 
graines  de  C.  carpatica^  une  grande  partie 
ressemblent  au  C.  turbinata  pelviformis. 

Le  C.  turbinata  pelviformis  de  M.  Frœ- 
bel a les  fleurs  d’une  couleur  mauve  pâle. 

Voici  maintenant  la  description  des  deux 
plantes  types  : 

C.  turbinata  {C.  carpatica  transylva- 
nica  des  auteurs,  pro  parte).  Plante  pu- 
bescente,  à feuilles  ternes,  à dents  recti- 
lignes. Tube  calycinal  campanulé  turbiné, 
à segments  étalés,  réfléchis,  graduellement 
cuspidés  ; coupe  trois  fois  plus  courte  que 
le  reste  des  segments  ; corolle  largement 
turbinée,  graduellement  ouverte,  non  ven- 
true ; lobes  érigés  à leur  extrémité.  Corolle 
violet  foncé. 

C.  carpatica,  Jacq.  Plante  glabre,  ex- 
cepté le  calyce  ; feuilles  brillantes,  à dents 
recourbées  ; tube  calycinal  hémisphérique 
turbiné  (en  forme  de  toupie),  à segments 
réfléchis,  brusquement  cuspidés  ; coupe 
deux  fois  plus  courte  que  lé  reste  des  seg- 
ments ; corolle  légèrement  pelviforme  (res- 
semblant à une  coupe)  immédiatement  au- 
dessus  de  la  base  ventrue  ; lobes  recourbés, 
s’étalant  à l’extrémité. 

Floraison  plus  tardive  que  pour  le  C.  tur- 
binata ; corolle  bleue. 

Nyman  {Conspectus  Florœ  Europeœ, 
p.  482)  réunit  ces  deux  espèces,  qu’au- 
trefois  il  considérait  comme  distinctes. 

Nous  renvoyons  d’ailleurs  nos  lecteurs 
aux  articles  publiés  à ce  sujet  dans  la  Revue 
horticole,  1882,  p.  188. 

Les  Philodendron  Mamei  et  P.  So- 
diroi. — Une  circulaire  de  la  maison  Jacob- 
Makoy,  de  Liège,  vient  de  paraître,  annon- 
çant la  mise  en  vente  du  Philodendron 
Mamei,  et  ajoutantque  cette  plante  est  syno- 


nyme de  celle  que  cet  établissement  avait 
exposée  à Gand,  en  avril  dernier,  sous  le 
nom  de  Ph.  Sodiroi. 

C’est  là  une  erreur  que  nous  devons  si- 
gnaler et  contre  laquelle  la  publication  de 
la  plante  coloriée  et  delà  description  duP/i. 
Mamei  aurait  dû  les  mettre  en  garde  (1). 

MM.  Jacob-Makoy  n’ont  probablement 
pas  vu  les  deux  plantes  ; mieux  informés, 
ils  n’hésiteront  pas,  nous  en  sommes  cer- 
tains, à reconnaître  leur  erreur,  en  indi- 
quant loyalement  les  sources.  Plus  heu- 
reux , nous  avons  vu  à Gand  le  Ph. 
Sodiroi,  et  nous  en  avons  même  pris  une 
description  détaillée  que  voici  : 

Ph.  Sodiroi,  H.  Makoy.  Tige  dressée  ou 
subrampante,  arrondie;  gaines  courtes, 
ovales,  aiguës,  couleur  feuille  morte,  pétiole 
dressé,  déprimé  en  dessus,  violacé  et  ponc- 
tué de  blanc,  à gaîne  longue  sur  les  jeunes 
feuilles,  courte  sur  les  adultes;  limbe  ovale 
cordiforme  allongé,  sinus  très-obtus , à 
oreillettes  peu  développées,  à pointe  longue, 
molle  et  tordue,  à nervures  saillantes  et  vio- 
lacées dessous,  non  proéminentes  en  des- 
sus ; couleur  de  fond  vert  gai  avec  couches 
argyrées,  interrompues,  larges. 

Le  Ph.  Sodiroi  est  une  plante  intéres- 
sante, qui  fera  une  nouveauté  de  plus  à 
ajouter  aux  collections,  sans  rien  enlever 
du  mérite  du  Ph.  Mamei. 

Ouverture  du  cours  municipal  d’ar- 
boriculture de  la  Ville  de  Paris.  — 

M.  J.  Nanot,  professeur  d’arboriculture  de 
la  Ville  de  Paris,  commencera  ce  cours,  qui 
sera  public  et  gratuit,  le  mardi  20  no- 
vembre 1883,  à 8 heures  du  soir,  au  siège 
de  la  Société  nationale  d’horticulture  de 
France,  84,  rue  de  Grenelle.  ‘Les  leçons 
théoriques  seront  continuées  tous  les  mardis 
et  vendredis,  à la  même  heure. 

Les  leçons  pratiques  commenceront  le 
dimanche  27  janvier  1884,  à 1 heure  1/2,  à 
l’École  pratique  d’arboriculture , avenue 
Daumesnil,  au  bois  de  Vincennes. 

Les  fleurs  dans  les  rues,  à Paris.  — 

Grâce  à l’absence  de  gelées  et  à une  tempéra- 
ture relativement  élevée,  on  voit  les  petites 
voitures  de  fleurs  circuler  dans  les  rues  char- 
gées de  Violettes,  de  Giroflées,  de  Dahlias, 
de  boutons  de  Roses,  de  Réséda,  de  Roses 
de  Noël,  etc.,  et  même  de  plantes  de  serre, 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  492. 


LES  FRÂNCISCÉAS  ET  LEUR  CULTURE. 


telles  que  Héliotropes,  Chrysanthèmes,  etc., 
qui,  plantées  en  pleine  terre  au  printemps, 
continueront  à y épanouir  leurs  fleurs.  Sans 
l’almanach  qui  nous  ramène  à la  réalité,  on 
pourrait  se  croire  en  septembre,  bien  que 
nous  touchions  au  mois  de  décembre. 

Sibthorpia  europæa  variegata.  — 

Celte  charmante  plante  rampante,  de  minus- 
cules dimensions,  peut  tapisser  très  agréa- 
blement les  rochers  des  serres  froides,  et 
même  les  endroits  ombragés  des  terrains 
granitiques,  en  plein  air,  puisque  le  type 
est  indigène. 

Un  pan  de  muraille  peut  être  garni 
d’une  manière  très-complète  par  les  l'a- 
meaux  filiformes  elles  innombrables  feuilles 
bordées  de  blanc  de  cette  Scrophularinée, 
que  nous  avons  quelquefois  rencontrée  en 
mauvaises  conditions,  parce  qu’elle  n’était 
pas  soumise  au  traitement  qui  lui  convient. 
Il  lui  faut  la  culture  en  terre  de  bruyère 
pure,  à l’ombre,  avec  beaucoup  d’humidité, 
et,  s’il  se  peut,  de  l’eau  de  source  tombant 
goutte  à goutte  autour  d’elle. 

Décoration  de  M.  Â.  Lavallée. — 

Nous  avons  la  satisfaction  d’annoncer  que 
le  Président  de  la  Société  nationale  d’horticul- 
ture, M.  A.  Lavallée,  vient  d’être  nommé, 
par  S.  M.  le  Pmi  des  Belges,  officier  de'l’Or- 
dre  de  Léopold.  C’est  un  hommage  légitime- 
ment rendu  au  Président  général  du  jury 
de  la  dernière  Exposition  quinquennale  de 
Gand,  qui  a eu  lieu  au  mois  d’avril  dernier. 

Marseille  horticole.  — Tel  est  le  litre 
d’un  nouveau  journal  qui  vient  de  se  fonder 
à Marseille  et  dont  le  premier  numéro  a 
paru  le  octobre.  Ce  journal,  publié  avec 
la  collaboration  de  V Association  horticole 
marseillaise,  a pour  rédacteur  en  chef 
M.  Frise  Numa,  ingénieur  civil.  Il  paraîtra 
le  15  de  chaque  mois. 

LES  FRANGISGÊÂS 

Les  plantes  à fleurs  charmantes  qui  com- 
posent ce  genre  sont  toutes  ornementales. 
On  les  cultive  encore  trop  peu  dans  les 
collections. 

C’est  pour  cette  raison  que  nous  avons 
traduit  l’article  suivant,  publié  récemment 
par  M.  Baines,  dans  le  Garden. 

Les  Franciscéas  prennent  rang  parmi  les 


L’horticulture  ne  pouvant  que  gagner  à 
l’extension  et  à la  vulgarisation  des  con- 
naissances horticoles,  on  doit  se  réjouir  de 
voir  paraître  un  nouvel  organe  consacjé 
particulièrement  à son  service  ; aussi,  avec 
la  bienvenue,  nous  souhaitons  au  Mar- 
seille horticole  succès  et  longue  vie. 

Nécrologie.  — Nous  avons  le  regret 
d’annoncer  la  mort  de  trois  botanistes  de 
grand  mérite,  dont  la  perte  nous  intéresse 
vivement,  puisque  la  botanique  et  l’horti- 
culture se  prêtent  un  mutuel  appui,  et 
qu’on  peut  dire  même  que  chacune  d’elles 
ne  saurait  progresser  sans  le  secours  de 
l’autre. 

M.  J.  Duvcd-Jouve.  — Ce  savant  bota- 
niste, décédé  à Montpellier  dans  sa  soixante- 
quatorzième  année,  était  surtout  connu 
par  ses  travaux  sur  les  Graminées,  les 
Cypéracées,  la  structure  des  Cryptogames 
vasculaires,  etc.  Il  avait  fait  entrer  les  ca- 
ractères histologiques  dans  la  diagnose  de 
l’espèce. 

M.  Pedicino.  — Directeur  du  Jardin  bo- 
tanique de  l’Université,  à Borne,  M.  Pedi- 
cino, est  mort  dans  cette  ville,  à un  âge 
avancé. 

M.  Gaillardot.  — Médecin,  directeur  de 
l’École  de  Médecine  du  Caire , M.  le 
Ch.  Gaillardot,  apprécié  par  les  impor- 
tantes collections  botaniques  qu’il  avait 
faites  en  Égypte  et  en  Syrie,  est  mort  à 
Baudoun,  près  Beyrouth,  à l’âge  de  soixan- 
te-dix-neuf ans. 

Rectification.  — Dans  le  précédent  nu- 
méro de  la  Revue  horticole,  page  484,  une 
erreur  typographique,  dans  la  lettre  de 
M.  le  comte  de  Castillon,  a dénaturé  une 
phrase  principale  et  lui  a enlevé  sa  significa- 
tion. Ainsi,  en  parlant  du  greffon,  on  a écrit 
mèattaiye  ; c’est  BUTTAGE  qu’il  faut  écrire. 

ET  LEUR  GULTÜRE 

plantes  à fleurs  de  serre,  les  plus  distinctes 
et  les  plus  jolies.  Leurs  dimensions  sont 
variables,  certaines  espèces  se  développant 
très -peu,  tandis  que  d’autres,  le  F.  con- 
fertiflora,  par  exemple,  forment  des  touffes 
de  1"^75  de  hauteur  sur  de  dia- 

mètre. Leur  feuillage  vert  foncé  est  ample 
et  fait  admirablement  ressortir  leurs  fleurs 


510 


LES  FIIANCISCÉAS  ET  LEUR  CULTURE. 


pourpre-violet  lorsqu’elles  sont  nouvelle-  I 
ment  épanouies,  et  devenant  progressive- 
ment plus  pâles  en  vieillissant. 

Le  F.  confertiftora  est  assurément  le 
plus  joli  représentant  du  genre;  cependant 
ses  fleurs  sont  dépassées  en  grandeur  par 
celles  du  F.  calycina  major. 

La  beauté  des  fleurs  de  la  plupart  de  ces 
espèces  est  principalement  produite  par 
l’anneau  blanc  qui  orne  l’oriflce  du  tube, 
et  qui  forme  un  éclatant  contraste  avec  la 
vive  couleur  des  fleurs  nouvellement  ou- 
vertes. De  plus,  leur  floraison  fournie  et 
successive  dure  depuis  le  premier  prin- 
temps jusqu’à  une  époque  très-avancée  de 
l’été.  Ces  avantages  rendent  ces  plantes  pré- 
cieuses pour  les  expositions  et  pour  la 
décoration  en  général. 

Les  Franciscéas  demandent  peu  de  cha- 
leur et  ils  produiront  une  floraison  abon- 
dante et  un  coloris  d'une  grande  délicatesse 
en  les  tenant  dans  une  serre  froide  bien 
ombrée. 

Dans  leur  culture,  deux  points  impor- 
tants doivent  être  observés.  Lorsque  leur 
végétation  est  en  mouvement,  ou  bien  lors- 
qu’elle est  terminée  et  que  leur  bois  et. 
leurs  feuilles  sont  bien  endurcis,  les  Fran- 
ciscéas peuvent  recevoir  directement  la 
lumière  du  soleil,  sans  quoi  les  feuilles,  au 
lieu  de  conserver  leur  jolie  couleur  lustrée, 
vert  foncé,  deviendraient  d’un  brun  sombre 
et  d’apparence  maladive.  Si  au  contraire 
cette  exposition  en  plein  soleil  leur  était 
donnée  au  moment  de  la  floraison,  les  fleurs 
blanchiraient  en  un  jour  ou  deux. 

Un  autre  point  également  très-important 
est  qu’il  faut  toujours  tenir  les  Franciscéas 
exempts  d’insectes,  surtout  delà  cochenille, 
dont  la  présence  les  rend  tout  de  suite 
souffrants. 

Multiplication  et  culture.  — Tous  les 
Franciscéas  reprennent  facilement  à l’aide 
de  boutures  faites  avec  le  bois  à moitié  dur, 
que  l’on  a vers  la  fin  de  mars,  lorsque  les 
plantes  ont  fait  une  bonne  végétation  hâtive 
en  serre. 

Les  rameaux  principaux  doivent  être 
coupés  en  fragments  de  10  à 12  centimètres 
de  longueur  et  piqués  dans  des  godets 
remplis  de  sable,  qui  seront  placés  sous 
verre,  à une  température  de  15  degrés,  et 
ombrés. 

En  quelques  semaines,  les  racines  seront 
développées  et  les  verres  (cloches,  châs- 


I sis,  etc.)  seront  enlevés.  Les  Franciscéas 
pourront  alors  recevoir  une  lumière  abon- 
dante, tout  en  étant  garantis  des  rayons 
directs  du  soleil.  Aussitôt  que  les  godets 
seront  emplis  de  racines,  on  rempote  les 
jeunes  plantes  dans  des  pots  de  10  à 12  cen- 
timètres de  diamètre;  elles  s’accommoden 
soit  de  la  terre  de  bruyère  tourbeuse, 
soit  de  terre  argileuse  fine,  soit  d’un 
mélange  des  deux.  Mais  c’est  dans  la  terre 
de  bruyère  tourbeuse  qu’elles  développent 
le  plus  ample  feuillage,  et  surtout  que  leur 
floraison  est  plus  abondante.  Pour  le  pre- 
mier rempotage,  la  terre  sera  brisée  en  frag- 
ments de  la  grosseur  d’une  noisette,  et  on. 
lui  adjoindra  un  sixième  à peu  près  de  sable 
blanc  ; on  donnera  un  bon  drainage,  et  on 
tassera  légèrement. 

On  écarte,  en  les  maintenant,  les  jeunes 
rameaux,  de  manière  que  les  parties  cen- 
trales de  la  plante  prennent  dès  le  principe 
une  bonne  disposition.  Une  température 
moyenne  leur  suffit,  mais  la  végétation  sera 
plus  vigoureuse  si  on  leur  donne  en  été 
une  température  de  15  degrés  pendant  la 
nuit,  et  plus  élevée  de  6 à 8 degrés  pendant 
le  jour.  Dans  la  matinée,  il  convient  de 
donner  de  l’air,  mais  on  ferme  ensuite,  et 
l’on  peut,  pendant  une  heure  ou  deux, 
laisser  la  température  atteindre  28  degrés; 
mais  il  faut  à ce  moment  bassiner  en  pluie. 

Les  racines  se  développent  rapidement; 
vers  le  15  juillet  il  faut  donner  un  nou- 
veau rempotage  dans  des  pots  de  10  centi- 
mètres de  diamètre,  et  en  même  temps 
opérer  un  pincement  à l’extrémité  des 
bourgeons  que  l’on  recourbera  en  les 
piquant  sur  terre , de  manière  à faire 
élargir  les  touffes.  Le  traitement  indiqué  plus 
haut  continue,  toutefois  en  arrosant  plus 
abondamment.  Au  commencement  de  sep- 
tembre, l’air  doit  être  distribué  plus  large- 
ment; on  ombre  beaucoup  moins,  mais 
toujours  cependant  quand  le  soleil  est  fort. 

En  hiver,  on  maintient  la  température 
entre  8 et  10  degrés,  et  en  février,  on 
l’élève  à 12  ou  13  degrés. 

En  mars,  on  donne  un  nouveau  rempo- 
tage. Les  espèces  les  moins  vigoureuses 
telles  que  les  F.  Hopeana^  eximia,  etc., 
seront  placées  dans  des  pots  de  12  à 14  cen- 
timètres de  diamètre;  les  autres,  notam- 
ment les  F.  conf ertiflor a ^ calycina,  deman- 
dent des  pots  de  18  à 20  centimètres.  Pour 
obtenir  des  spécimens  d’élite,  il  est  bon  de 


TROIS  PLANTES  NOUVELLES  MÉRITANTES. 


511 


mettre  quelques  plantes  dans  des  pots 
beaucoup  plus  grands,  pouvant  avoir,  sui- 
vant les  espèces,  jusqu’à  50  centimètres  de 
diamètre. 

Dès  le  printemps  qui  suit  leur  première 
année,  les  Franciscéas  produiront  déjà  un 
assez  joli  effet.  On  devra  encore  pincer 
l’extrémité  des  rameaux  et  les  écarter  en 
les  fixant  sur  terre.  Le  traitement  est  le 
même  que  celui  indiqué  pour  la  première 
année.  En  septembre,  au  moment  où  la 
végétation  s’arrêtera,  une  partie  des  plantes 
seront  placées  dans  une  serre  froide,  où 
elles  recevront  une  quantité  modérée  d’air; 
et  quand  le  soleil  brillera,  on  ne  donnera 
également  qu’un  très- léger  ombrage.  Les 
plantes  non  changées  de  place  resteront  à 
la  chaleur  jusqu’à  ce  que  les  boutons  à 
fleurs  soient  bien  visibles,  et  alors  on  les 
transportera  à leur  tour  dans  un  endroit 
frais,  puis  on  les  arrosera  moins  abondam- 
ment; mais  il  ne  faut  jamais  les  laisser 
souffrir  de  la  sécheresse,  sans  quoi  leur 
beau  feuillage  serait  endommagé. 

Pendant  l’hiver,  la  température  sera 
tenue  à 6 ou  8 degrés  ; une  moindre  chaleur 
leur  serait  préjudiciable,  et  une  plus  forte 
les  amènerait  à fleurir  trop  tôt. 

Les  plantes  ainsi  préparées  seront,  vèrs 
la  fin  d’avril,  placées  dans  la  partie  d’une 
serre  exposée  au  nord  et  que  l’on  ombrera, 
si  le  soleil  est  brillant.  La  floraison  com- 
mence en  juillet.  Lorsqu’elle  est  terminée, 
les  rameaux  doivent  être  rabattus,  pour 
régulariser  la  forme  des  buissons. 

Ensuite,  on  place  de  nouveau  les  Fran- 
ciscéas à la  chaleur  et  les  soins  sont  les 
mêmes  que  ceux  indiqués  précédemment, 
en  ayant  soin  de  rempoter  quand  besoin 
est,  et  de  donner  un  peu  d’engrais  liquide 
pendant  la  période  de  végétation. 


Les  Franciscéas  sont  quelquefois  attaqués 
par  les  thrips,  les  araignées  rouges  et  les 
pucerons.  On  les  en  débarrasse  facilement 
au  moyen  de  bassinages  copieux  et  de 
fumigations.  De  même  les  punaises  et  les 
kermès  sont  à craindre,  mais  on  peut  les 
détruire  soit  par  des  insecticides,  soit  en 
nettoyant  les  plantes  avec  une  éponge  ou 
une  brosse  douce. 

Voici  la  liste  des  meilleures  espèces. 

F.  confertiflora.  Espèce  à végétation 
vigoureuse,  compacte.  Une  plante  des  plus 
jolies,  que  l’on  peut  préparer  pour  les  ex- 
positions, et  qui  rend  de  grands  services 
pour  la  décoration  en  général,  car  ses  belles 
fleurs  violet-pourpre  foncé  s’harmonisent 
avec  la  plupart  des  autres  fleurs.  Originaire 
du  Brésil. 

F.  c.  variegata.  Variété  de  l’espèce 
précédente,  à feuilles  élégamment  pana- 
chées. 

F.  calycina  major.  Très-jolie  plante 
brésilienne,  à larges  feuilles,  à grandes 
fleurs  rouge  foncé,  moins  nombreuses  que 
celles  du  F.  confertiflora. 

F.  eximia.  Espèce  également  brésilienne, 
à port  érigé,  produisant  de  larges  têtes  de 
fleurs  violet-pourpre.  Végétation  moyenne. 

F.  Lindeni.  Brésil.  Espèce  ne  se  déve- 
loppant pas  beaucoup,  à feuilles  d’un  vert 
foncé,  à fleurs  d’un  violet -pourpre  très- 
brillant.  Plante  très-ornementale. 

F.  Hopeana  (uniflora)  Brésil.  Petite 
espèce  fleurissant  abondamment  aussi  bien 
à l’extrémité  des  rameaux  qu’à  faisselle 
des  feuilles.  Fleurs  violet-pourpre  pâle  ou 
lilas,  devenant  blanches. 

F.  acurninata.  Espèce  ancienne,  mais 
très-élégante  et  bien  distincte,  à fleurs 
violet-pourpre,  originaire  de  Rio  de  Janeiro. 

(Traduit  du  Garden.)  Ch.  Thays. 


TROIS  PLANTES  NOUVELLES  MÉRITANTES 


Les  plantes  dont  il  s’agit  et  que  viennent 
de  mettre  au  commerce  MM.  Haage  et 
Schmidt,  horticulteurs  à Erfurt,  sont  les 
suivantes  : Bégonia  florida  incompara- 
hilisy  Exacum  affine  et  Statice  Suivorowi. 
Ce  sont  trois  plantes  ornementales  de  mé- 
rite. En  voici  une  description  ; 

Bégonia  florida  incomparahilis{lig.  101). 
— Issu  par  croisement  des  Bégonia  sem- 


perftorens  rosea  et  du  B.  Sclimidti,  l’enfant 
a hérité  des  qualités  de  ses  parents.  C’est 
une  plante  naine  très-ramifiée  et  excessive- 
ment floribonde,  rappelant  assez  exacte- 
ment par  son  faciès  et  sa  végétation  le 
B,  Schmidti.  Quant  à ses  fleurs,  elles  sont 
d’un  très-beau  rose  et  tellement  nom- 
breuses, que  pendant  tout  l’été  et  jusqu’à 
ce  qu’il  gèle,  la  plante  disparaît  sous  une 


512 


TROIS  PLANTES  NOUVELLES  MÉRITANTES. 


masse  de  fleurs.  La  culture  et  la  multipli- 
cation sont  identiques  à celles  des  parents  : 
B.  semperfîorens  et  Scliynidti. 


Fig.  loi.  — Bégonia  florida  incomparabilis. 


Exaclun  affine,  Balfour  (fig.  102).  — 
Plante  vivace  ou  bisannuelle,  suivant  la 
culture  à la- 
quelle on  la 
soumet,  très- 
naine  et  très- 
ramifiée,  for- 
mant de  petits 
buissons  com- 
pacts qui  se 
couvrent  de 
Ifeurs  et  se 
succèdent  pen- 
dant une  partie 
de  l’année.  Ti- 
g'es  glabres, 
luisantes,  rou- 
geâtres, légè- 
rement angu- 
leuses, arron- 
dies. Feuilles 
très  - entières, 
régulièrement 
ovales,  cordi- 
formes,  atté- 
nuées à la  base 
en  un  large 
pétiole,  épais- 
ses, coriaces, 
charnues,  lui- 
santes. Fleurs 
très-nombreu- 
ses, subdres- 
sées sur  un  pédoncule  luisant,  rougeâtre, 
très-régulières,  larges  de  2 centimètres,  à 


cinq  pétales  étalés  en  roue,  brièvement  ova- 
les, d’un  beau  rose  magenta  lilacé , d’abord 
plus  ou  moins  maculées,  ensuite  de  couleur 


Fig.  102.  — Exacum  affine. 


uniforme  lilas  violacé.  Étamines  réunies 
au  centre,  d’un  très-beau  jaune  d’or  qui 

produit  un  ma- 
gnifique con- 
traste. Style 
longuement 
saillant,  s’écar- 
tant du  centre 
de  la  fleur  et 
couché  sur  la 
partie  basse  de 
celle-ci. 

VExacum 
affine  pourra 
se  cultiver  soit 
comme  bi- 
sannuel, soit 
comme  plante 
vivace  de  serre 
tempérée. Con- 
venablement 
traité,  il  con- 
stituera des 
plantes  char- 
mantes, qui, 
pendant  très- 
longtemps,  se 
couvriront  de 
fleurs.  Nul 
doute  pour 
nous  que  l’on 
pourra  en  faire 
une  bonne 
plante  de  marché,  cela  d’autant  plus  que 
ses  fleurs,  nombreuses  et  d’une  longue 


Fig.  lOJ.  — SicUice  .'Suivoy^owi, 


FLEURS  d’arrière-saison. 


513 


durée,  sont  aussi  très- robustes  et  très-so- 
lidement attachées.  Ajoutons  que  ces  fleurs 
dégagent  une  odeur  fine  et  agréable  ; cou- 
pées et  mises  dans  de  l’eau,  elles  s’y  con- 
servent également  très^bien.  La  floraison  s’y 
continue  même  pendant  quelque  temps. 

Cette  charmante  espèce  a été  découverte 
en  1881,  dans  l’île  de  Socotora,  par  le 
D*"  Scbweinfurth,  qui  en  envoya  des  graines 
à MM.  Haage  et  Schmidt,  à Erfurt. 

Htatice  Suiüoroivi,  Regel. — Cette  espèce, 
qui  par  son  aspect  a quelque  rapport  avec 
le  Statice  spicata,  est  une  des  plus  jolies 
du  genre,  ce  qui  n’est  pas  peu  dire,  et  sans 
aucun  doute  une  des  plus  remarquables 
introductions  faites  ces  temps  derniers.  La 
plante  est  annuelle,  vigoureuse  et  d’une  flo- 
ribondité  extrême,  et  ses  fleurs  d’un  rose 
vif  brillant,  disposées  en  épis  dressés,  pro- 
duisent le  plus  bel  effet  qu’on  puisse  ima- 
giner, dont  la  figure  103  peut  à peine  donner 
une  idée.  En  voici  une  description  som- 
maire : 

Feuilles  nombreuses,  radicales,  étalées 
en  rosette,  d’un  vert  glauque,  gracieu- 


sement ondulées.  Tige  florale  raide,  dressée. 
Inflorescence  spiciforme,  ramifiée,  à rami- 
fications obliques,  longuement  assurgentes, 
beaucoup  moins  longues  que  l’axe  central 
qui  s’élève  et  domine  le  tout.  Fleurs  d’un 
beau  rose  vif  tellement  rapprochées  et  nom- 
breuses qu’elles  cachent  complètetement  les 
branches  qui  disparaissent  sous  une  masse 
de  fleurs. 

Culture,  — Le  Statice  Suworoivi  se 
multiplie  par  graines  que  l’on  sème  de 
février  en  mai.  Les  premiers  semis  se  font 
sous  châssis,  les  autres  successivement  en 
pleine  terre,  de  manière  à avoir  continuel- 
lement des  plantes  en  fleurs.  Si  nous 
jugeons  par  analogie,  nous  croyons  que  l’on 
devra  éviter  le  repiquage  qui,  en  général, 
ne  convient  pas  aux  Statice,  dont  la  reprise 
est  toujours  difficile.  Ce  qu’il  y a de  mieux, 
c’est  de  faire  les  premiers  semis  en  pots, 
que  l’on  mettra  en  pleine  terre  quand 
les  plantes  seront  assez  fortes  et  que  le 
temps  le  permettra,  puis  plus  tard  en  pleine 
terre,  soit  en  massif,  soit  çà  et  là  pour  former 
des  touffes.  E.-A.  Carrière. 


FLEURS  D’ARRIÈRE-SAISON 


Les  fleurs  qui  produisent  en  plein  air 
leur  plus  bel  effet  dans  le  mois  de  septem  - 
bre et  au  commencement  d’octobre  sont 
aussi  recherchées  au  moins  que  celles  du 
printemps  et  de  l’été.  En  effet,  aux  approches 
de  l’automne,  les  belles  journées  ensoleil- 
lées ne  sont  pas  rares,  et,  alors  que  la  fraî- 
cheur des  nuits  a depuis  longtemps  terni 
l’éclat  de  la  plupart  des  plantes  décoratives, 
on  éprouve  une  sensation  agréable  à rencon- 
trer de  jolies  fleurs,  aux  fins  coloris,  encore 
dans  toute  leur  fraîcheur. 

C’est  pourquoi  nous  extrayons  aujour- 
d’hui d’une  correspondance  anglaise  une 
liste  de  plantes  recommandables  pour  leur 
floraison  tardive  et  durable. 

A^iemone  Japoyiica.  — Très-jolie  plante, 
bien  connue  et  qui  produit  de  nombreux 
bouquets  de  jolies  fleurs  rouges.  Cette  Ané- 
mone préfère  une  terre  humide  et  ne  craint 
pas  l’eau  stagnante  du  sous-sol. 

A.  Japoyiica  hyhrida.  — Variété  à fleurs 
plus  grandes,  de  couleur  rose,  très-délicate 
(nommée  aussi  A.  elegayis). 

A.  Japoyiica  alha  (syn.  A,  Honorine 
Jobert).  Jolies  fleurs  blanc  pur,  avec  le  centre 


jaune.  Tous  les  terrains  et  toutes  les  expo- 
sitions conviennent  à cette  plante  précieuse 
à tous  les  égards. 

Fuchsia  gracilis.  — A fleurs  pourpres 
ou  écarlates  ; et  F.  microphylla,  couleur 
magenta  ; l’un  et  l’autre  sont  très-décoratifs, 
se  plaisent  à mi-ombre  et  se  couvrent  de 
jolies  fleurs  qui  durent  jusqu’aux  gelées. 

Hyacinthus  candicans.  — Longues 
feuilles  lancéolées.  Tiges  florales  s’élevant  à 
1'"  30,  et  supportant  de  grandes  fleurs  blanc 
pur,  en  forme  de  cloches,  qui  rendent  de 
grands  services  pour  la  confection  des  bou- 
quets. 

Veroyiica  longifolia  var.  suhsessilis.  — 
La  plus  jolie  de  toutes  les  Véroniques  de 
pleine  terre,  feuillage  ample,  vert  foncé,  for- 
mant des  touffes  de  70  centimètres  de  hau- 
teur, d’où  s’élancent  des  épis  de  fleurs  bleu 
foncé;  ces  épis  ont  jusqu’à  35  cenlimètres  de 
longueur. 

Acoyiituyn  variegatum  ( A.  hicolor  ). 
Fleurs  nombreuses,  blanches  et  bleues,  sur 
un  épi  érigé  qui  a jusqu’à  un  mètre  de  lon- 
gueur. 

Eryjngiuni  pandani folium.  — Plante 


514 


FLEURS  d’arrière-saison. 


très-ornementale,  dont  les  feuilles  rappellent 
l’aspect  d’un  Pandanus.  Feuilles  longues 
d-un  mètre,  de  forme  très-élégante.  Tiges 
llorales  s’élevant  à 50,  portant  des  capi- 
tules blancs  ou  rougeâtres. 

CJirysanthemiim  maximum.  — Espèce 
très-vigoureuse,  produisant  en  abondance 
des  fleurs  blanc  pur  de  8 centimètres  de 
diamètre  avec  le  centre  jaune. 

Cheloyie  obliqua.  — Hauteur  75  centi- 
mètres à 1 mètre.  Fleurs  rose  pourpre 
réunies  en  têtes  ou  épis  terminaux.  Très- 
jolie  plante. 

Solidago  virga  aurea  nana.  — Variété 
très -décorative.  Fleurs  d’un  jaune  d’or 
brillant,  réunies  en  larges  têtes  hautes  de 
45  centimètres. 

Senecio  ptdcher. — Végétation  vigoureuse 
et  érigée  ; feuilles  épaisses,  vert  foncé,  lon- 
gues de  30  centimètres.  Tiges  florales  hau- 
tes de  1 mètre,  se  terminant  par  une  cime 
ramitiée  qui  porte  de  nombreuses  fleurs 
pourpre  cramoisi,  larges  de  6 à 8 centi- 
mètres, à disque  jaune,  fort  jolies.  Culture 
assez  difficile. 

RudheckiaNewmauni.^P\3inies'3LCCom- 
modant  de  toutes  les  situations,  àjolies  fleurs 
jaune  d’or,  avec  un  disque  noir.  Très-utile 
pour  Heurs  coupées. 

Salvia  païens.  — Sauge  bien  connue, 
mais  toujours  recommandable,  à cause  de 
ses  jolies  Heurs  bleues,  qui  se  succèdent 
fort  longtemps  en  grande  abondance.  Cul- 
ture assez  difficile. 

Lohelia  fulgens.  — Hauteur  : un  mètre 
environ  ; Heurs  très-ornementales,  vermil- 
lon écarlate.  Plante  de  premier  ordre. 

■ Spigelia  marglandica.  — Tiges  érigées, 
hautes  de  50  centimètres  et  se  terminant  par 
5 ou  G Heurs  tubuleuses  longues  de  5 cen- 
timètres, cramoisies  à l’extérieur,  jaune 
pâle  à l’intérieur. 

Pityrospermum  acerinum.  — Feuilles 
vert  foncé  ressemblant  à celles  de  l’Érable. 
Tiges  érigées,  hautes  de  1 mètre  environ, 
produisant  des  épis  de  fleurs  blanches  plu- 
meuses qui  rappellent  celles  de  certains 
Spirœa. 

Pentstemon  barbatus  Torreyi.  - Hau- 
teur, 1"^  30  ; fleurs  écarlate  brillant  en  lon- 
gues panicules. 

A cette  liste  de  plantes,  il  convient  d’a- 
jouter pour  mémoire  celles  plus  répandues 
qui  sont  tout  aussi  précieuses  à cette  époque 
de  l’année  : Dahlia,  Aster,  certains  Phlox, 


Glaïeuls,  Scabieuses,  Bégonias  bulbeux. 
Pois  de  senteur,  etc.,  espèces  dont  les  mé- 
rites sont  connus  de  tout  le  monde. 

Faisons  suivre  ces  indications  par  la  des- 
cription suivante  d’un  jardin  remarquable 
par  sa  décoration  florale  d’automne,  celui 
de  Miss  Jekyll,  en  Angleterre.  On  verra 
que  le  système  de  plantes  mélangées  que 
nos  voisins  préconisent  sous  le  nom  de 
mixed  border,  est  la  source  d’heureuses 
combinaisons,  souvent  plus  agréables,  plus 
artistiques,  et  surtout  plus  dignes  d’un  vé- 
ritable amateur  que  l’emploi  uniforme  de 
nos  corbeilles  et  bordures  régulières  de 
fleurs  et  de  feuillage. 

On  remarque  surtout  dans  le  jardin  en 
question  les  Tritomas,  qui  étaient  ré- 
cemment en  pleine  floraison.  Ces  jolies 
plantes  aux  couleurs  éclatantes  sont  dispo- 
sées judicieusement  par  groupes  un  peu 
compacts. 

Les  touffes,  principalement  composées  de 
Tritoma  uvaria,  contiennent  aussi  quel- 
ques pieds  du  T.  nobilis,  qui  est  de  beau- 
coup le  plus  joli  de  tous  ; ses  beaux  épis, 
longs  de  30  centimètres,  sont  supportés  par 
des  tiges  longues  et  robustes.  Quelques  T. 
Saundersi  varient  encore  cette  riche  flo- 
raison. 

Après  les  Tritomas,  vient  un  choix  des 
plus  jolies  Composées  : Aster  Amellus,  es- 
pèce naine  à larges  fleurs;  A.  longifolius 
formosus-,  A.  Novœ  Angliœ,  A.  pidchellus 
et  A.  Novœ  Belgii,  puis  V Harpalium  rigi- 
dum,  aux  nombreux  fleurons  jaune  foncé  ; 
le  Rudbeckia  purpurea  aux  capitules 
rouges,  VHelianthus  giganteus  aux  jo- 
lies fleurs  jaunes,  et  le  remarquable  Ve- 
nidium  calendulaceum , dont  le  mérite 
comme  plante  ornementale  est  trop  peu 
connu.  En  effet,  son  feuillage  compact, 
d’un  vert  gris  argenté,  fait  admirablement 
ressortir  ses  fleurs  jaune  orange  qui  se  suc- 
cèdent de  juin  jusqu’à  octobre.  Çà  et  là 
apparaissent,  en  pleine  floraison,  les  Li- 
lium  auratum  et  splendens,  perlant  d’é- 
normes couronnes  de  magnifiques  fleurs. 
Puis  vient  le  Lobelia  cardinalis  au  feuil- 
lage foncé,  aux  fleurs  brillamment  colorées. 

Protégées  par  l’ombrage  d’un  mur  élevé, 
voici  les  Anémones  japonaises  à fleurs  roses 
ou  blanches  ; auprès  d’elles  un  choix  des 
plus  belles  variétés  de  Glaïeuls  élèvent  leurs 
beaux  épis  de  fleurs  si  variées  de  tons  au 
milieu  des  autres  plantes  entre  lesquelles 


CANNAS  NOUVKâUX. 


ils  sont  placés.  Ces  plantes  se  composent 
à'Aconîtum  autiiynnale,  aux  fleurs  bleu 
pâle  lilacé  ; Chrysanthemum  maximum, 
aux  belles  ombellées  de  fleurs  blanches  s’é- 
levant jusqu’à  32  de  hauteur,  et  Sene- 
cio  'pulcher,  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut.  Phygelius  capensis,  aux  fleurs  rouge 
brique  ; Ourisia  coccinea,  d’un  si  beau 
rouge;  Sedum  faharium,  aux  grandes 
ombelles  d’un  rose  tendre  ; Œnothera  Mis- 
souriensis,  aux  rameaux  aplatis  donnant  de 
jolies  fleurs  rose  pâle;  Celsia  cretica  qui 
élève  jusqu’à  près  de  2 mètres  ses  jolies 
fleurs  jaunes. 

Dans  un  endroit  propice  à leur  culture, 
c’est  à dire  en  terre  de  bruyère  tourbeuse, 
sont  artisternent  groupées  quelques  char- 
mantes plantes  alpines  : le  Potentilla  duhia 
aux  fleurs  jaune  brillant  ; le  Pyrola  ro- 
tundifolia,  dont  les  épis  floraux  ressem- 
blent au  Muguet,  et  le  Parnassia  pahis- 
tris,  si  charmant  avec  ses  fleurs  blanches 


.51  ij 

à cils  glanduleux  jaunes  ; le  Vallota  pur- 
pmrea,  planté  au  pied  d’un  mur  exposé  au 
midi,  montre  ses  délicieuses  fleurs  rouges  ; 
ses  bulbes  ont  été  mis  en  place  au  mois 
d’avril.  Près  de  lui,  le  Crinum  capense 
est  également  en  pleine  floraison,  ainsi  que 
le  charmant  Sparaxis  pulcherrima,  au- 
près duquel  on  admire  les  grands  périan- 
thès  roses  de  V Amaryllis  Belladona  et  les 
fleurs  blanches  tigrées  de  violet  du  Tricyr- 
lis  hirta. 

La  courte  description  qui  précède  suffit 
à donner  une  idée  de  l’effet  charmant  pro- 
duit par  la  plate-bande  en  question.  Des 
fleurs  aux  formes  et  aux  coloris  les  plus 
divers,  mais  toutes  choisies  parmi  les  plus 
élégantes,  sont  ainsi  rassemblées,  et  leur 
floraison  tardive,  au  moment  où  les  pre- 
miers froids  ont  déjà  surpris  ou  vont  sur- 
prendre toutes  les  autres  corbeilles,  offre  un 
charme  tout  particulier. 

Wanderer. 


CANNAS  NOUVEAUX 


De  même  que  lorsqu’il  est  question  de 
Glaïeuls,  le  nom  de  Souchet  se  présente 
de  suite  à l’esprit,  celui  de  M.  Crozy  aîné, 
de  Lyon,  se  révèle  chaque  fois  qu’il  s’agit 
de  Cannas.  En  effet,  les  progrès  accomplis 
par  cet  horticulteur  dans  ce  genre  de 
plantes,  à la  culture  duquel  il  s’adonne 
particulièrement,  sont  des  plus  remar- 
quables. 

Ce  n’est  pas  seulement  sur  telle  ou  telle 
autre  partie  des  plantes  que  portent 
les  modifications,  mais  à peu  près  sur 
toutes  : couleurs , dimensions  et  formes 
des  fleurs  ont  subi  de  notables  trans- 
formations, et  il  en  est  absolument  de  même 
de  l’ensemble  des  plantes.  Aujourd’hui, 
grâce  à cet  horticulteur,  on  possède  des 
races  très-naines,  à fleurs  excessivement 
grandes  et  qui  fleurissent  abondamment 
depuis  juin  jusqu’aux  gelées. 

A la  beauté  des  fleurs  et  à la  floribondité 
des  plantes  s’ajoute  encore  le  mérite  du 
feuillage,  qui,  très-large,  et  robuste  sui- 
vant les  variétés,  varie  du  vert  gai  au 
rouge  noir,  à reflets  chatoyants.  Et  comme 
chaque  année  de  nouvelles  variétés  s’ajou- 
tent aux  anciennes,  on  est  aujourd’hui  à la 
tête  de  nombreuses  collections  ornemen- 
tales, par  leurs  fleurs  ou  par  leur  feuil- 


lage, ou  mieux,  par  ces  deux  choses  à la 
fois. 

Voici  une  liste  des  principales  nouveautés 
de  Cannas,  obtenues  par  M.  Crozy  aîné,  qui 
viennent  d’être  mises  au  commerce. 

Feuilles  pourpre  noir.  — Sénateur  Mil- 
laud. — Plante  vigoureuse.  Feuilles  stric- 
tement dressées,  noir  roux.  Fleurs  grandes, 
rouge  orange  nuancé,  chaud. 

Jean  Liabaud.  — Robuste  et  vigoureux. 
Feuilles  largement  ovales,  acuminées  au 
sommet,  d’un  rouge  sombre,  brunâtre,  for- 
tement nervées.  Fleurs  très-grandes,  nom- 
lireuses,  en  épis  compacts,  d’un  rouge 
orange  brillant.  Plante  extra,  à tige  et 
spathe  d’un  noir  foncé  recouvert  d’une  prui- 
nosité  glauque. 

Abel  Carrière.  — Feuillage  bien  nourri 
(étoffé),  largement  ovale,  d’un  rouge  noir. 
Tige  et  spathes  brun  roux  foncé.  Fleur 
excessivement  grandes,  rouge  brique  vi- 
neux, et  brillant. 

Feuilles  vertes.  — B.  Cousançat.  — 
Plante  robuste,  feuillage  large,  d’un  beau 
vert.  Fleurs  grandes,  nombreuses,  en  épâs 
compacts,  d’un  rouge  aurore  foncé,  bril- 
lant. 

Claude  Bernard.,  — Plante  vigoureuse, 
à feuilles  très-larges,  fortement  veinées, 


51G 


BOMAREA  KALBREYERI. 


d’un  beau  vert.  Fleurs  grandes,  fond  jaune 
d’or  rouillé,  flammé  et  parfois  maculé 
rouge  foncé,  surtout  sur  l’onglet. 

Rosœflora.  — Feuilles  vertes.  Fleurs 
très-nombreuses  en  épis  dressés,  serrés, 
d’un  rouge  cerise  vineux. 

Émile  Guichard.  — Plante  très-robuste, 
vigoureuse.  Feuilles  excessivement  grandes, 
vertes,  très-fortement  nervées,  à nervures 
rapprochées.  Fleurs  nombreuses  en  gros 
épis  compacts,  très-grandes,  dressées,  d’un 
rouge  ponceau  clair. 

Commandant  Rivière.  — Variété  vigou- 
reuse à tige  robuste.  Feuilles  sensiblement 
nervées,  à nervures  assez  écartées,  très-régu- 


lières, vertes.  Fleurs  très-grandes,  d’un 
beau  jaune  d’or,  fortement  maculées,  striées 
à l’intérieur  de  rouge  marron.  . 

Crozy  père.  — Plante  robuste,  à feuilles 
vertes.  Fleurs  très -grandes,  rouge  cho- 
colat, finement  striées  à l’intérieur,  forte- 
ment flammées  à l’extérieur  de  rouge 
foncé,  surtout  vers  le  centre  des  pétales. 

Toutes  ces  plantes  sont  de  premier  mé- 
rite, et  quelques-unes  sont  tout  à fait  hors 
ligne  : d’ailleurs  l’appréciation  des  carac- 
tères spéciaux  qui  forment  le  mérite  de 
chacune  de  ce&  plantes  est  un  peu  une 
affaire  de  goût. 

E.-A.  Carrière. 


BOMaREA  KALBREYERI 


La  tribu  des  Alstrœmères,  de  la  famille 
des  Amaryllidées , est  formée  de  quatre 
genres,  dont  un  seul  asiatique  (Ixiolirion) 
et  les  trois  autres  (Alstrooneria,  Bomarea 
(comprenant  les  CoUania  (Wichurœa)  et 
Sphœrine),  Leontochir,  sont  américains. 

Les  Alstrœmères,  plantes  vivaces  péru- 
viennes et  chiliennes,  depuis  longtemps 
cultivées  dans  nos  jardins , sont  assez 
connues,  et  les  semeurs  ont  obtenu  de 
nombreuses  variétés  sur  les  types  intro- 
duits. La  culture  de  ces  plantes  est  facile,  et 
leur  rusticité  parfaite,  pour  peu  qu’on  les 
cultive  dans  une  terre  saine,  sableuse  de  pré- 
férence, où  leurs  racines  fasciculées-char- 
nues  s’enfoncent  profondément  et  résistent 
ainsi  à la  rigueur  de  nos  hivers. 

Les  Bomaréas  (1),  également  originaires 
de  l’Amérique  méridionale,  à l’exception  de 
quelques  espèces  mexicaines,  étaient  fort 
peu  répandus  jusqu’à  ces  dernières  années, 
où  ils  sont  devenus  tout  à fait  à la  mode. 
Aux  anciennes  espèces  cultivées  dans  les 
jardins  botaniques  ou  dans  quelques  collec- 
tions d’amateurs,  sont  venues  s’ajouter  de 
jrillantes  nouveautés,  importées  directe- 
ment des  Cordillères  en  Angleterre.  Le 
nombre  des  espèces  aujourd’hui  connues 
est  de  plus  de  cinquante,  et  sur  ce  chiffre, 
un  petit  nombre  seulement  ont  été  intro- 
duites. 

Les  botanistes  collecteurs  qui  ont  par- 
couru les  Andes,  paraissent  d’ailleurs  avoir 
assez  négligé  les  Bomaréas,  puisque,  sur 

(1)  Genre  dédié  à Valmont  de  Bomare,  natura- 
liste français. 


les  vingt  espèces  que  j’ai  recueillies  en 
1875-1876,  dans  mon  exploration  do  la 
Nouvelle-Grenade  et  de  l’Ecuador,  onze  se 
sont  trouvées  nouvelles  })Our  la  science  et 
ont  été  décrites  par  M.  J. -G.  Baker  (2). 

C’est  une  de  ces  nouveautés  que  j’ai  la 
satisfaction  de  présenter  aujourd’hui  aux  lec- 
teurs de  la  Revue  horticole.  Je  l’ai  rencon- 
trée pour  la  première  fois  en  décembre  1875, 
dans  les  Andes  bogotaines,  à 2,900  mètres 
d’altitude  (n<>  1251  de  mon  herbier),  et  six 
mois  plus  tard  (mai  1876)  dans  la  Cor- 
dillère de  Pasto,  non  loin  de  Tuquerrès,  à 
3,200  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer . Qu  elques  années  après , M . Kalbreyer  re- 
trouvait la  même  espèce  à Chico,  également 
dans  la  Nouvelle-Grenade,  et  M.  Baker,  en 
publiant  les  plantes  de  ma  collection,  donna 
à la  nouvelle  espèce  le  nom  de  ce  voya- 
geur. 

Le  Bomarea  Kalhreyeri,  que  j’ai  pu  in- 
troduire vivant  en  Europe,  il  y a trois  ans, 
a fleuri  l’année  dernière  et  cette  année 
dans  mes-serres  de  Lacroix  ; c’est  sur  l’un 

(2)  Journ.  of  Botamj,  1882,  liv.  de  juillet.  — 
Ces  espèces  nouvelles  sont  les  suivantes  : Boma- 
rea podopetala,  Baker;  B.  polygonatoides^  Bak.; 
B.  lancifolia,  Bak.;  B.  Ilartivegii,  Bak.;  B.  dis- 
siiifolia,  Bak.;  B.  pachyphlebia,  Bak.;  B.  lon- 
gipes,  Bak.;  B.  goniocaulon,  Bak.;  B.  Kalhreyeri, 
Bak.;  B.  Andreana.,  Bak.;  B.  diffracta,  Bak.  — Les 
espèces,  antérieurement  décrites,  que  j’ai  retrou- 
vées, sont  les  B.  glaucescens  (Wichurœa  glau- 
cescens,  Rœm.);  B.  linifolia  (Sphoxine  Unifolia, 
Kunth);  B.  platipetala^  Benth.;  B.  oligantha, 
Bak.;  B.  Caldasiana,  Herb.;  B.  conferla,  Benth. 
[B.  Patacocensis^  Herb.);  B.  hitea^  Herb.;  B.  par- 
dina,  Herb.;  B.  edulis,  Herb. 


R.4u>u,e  //o/‘licole. 


BOMAREA  KÂLBREYERI. 


517 


de  ces  échantillons  que  l’aquarelle  ci-jointe 
a été  faite.  Voici  la  description  de  la  plante  : 

Tiges  grêles,  fortement  grimpantes,  pu- 
bescentes  vers  leur  sommet.  Feuilles  briève- 
ment pétiolées,  oblongues-aiguës,  arrondies 
à la  base,  de  5 à 8 centimètres  de  longueur 
sur  2 à 3 de  largeur,  à texiure  ferme, 
vertes  et  glabres  à la  surface  supérieure, 
pubescentes  dessous,  portant  quinze  à 
vingt  veines  de  chaque  côté  de  la  nervure 
médiane.  Fleurs  rassemblées  par  douze  ou 
quinze  (et  même  davantage)  en  ombelle 
simple,  plus  ou  moins  dense,  accompagnées 
à la  base  de  plusieurs  bractées  petites,  lan- 
céolées ; pédicelles  sans  bractéoles,  très- 
pubescents,  longs  de  2 à 3 centimètres  ; sé- 
pales rouge  brique,  oblongs  spatulés,  de 
d5  à 20  millimètres  de  longueur;  pétales  de 
2 à 3 centimètres  plus  longs  que  les  sépales, 
obovales-cunéifornies,  longuement  ongui- 
culés, larges  de  1 centimètre  au  sommet, 
de  couleur  jaune  orange.  Etamines  de  même, 
longueur  que  les  pétales  (1). 

Les  échantillons  de  U.  Kalbreiferi  qui 
ont  fleuri  à Lacroix,  ont  épanoui  leurs  om- 
belles à diverses  époques  de  l’année,  soit  en 
serre,  soit  en  plein  air.  Celte  espèce,  con- 
trairement à d’autres  du  genre  Bomarea, 
paraît  disposée  très-jeune  à montrer  ses 
fleurs. 

En  Angleterre,  comme  sur  le  continent, 
les  Bomaréas  cultivés  pendant  Jde  longues 
années,  jusqu’à  ces  derniers  temps,  se  rédui- 
saient à peu  près  aux  espèces  suivantes  : 

Bomarea  edulis,  Herb.,  des  Antilles  et 
même  du  Brésil,  introduit  en  1801  ou  1806; 
jolie  espèce  à fleurs  roses. 

B,  hirtella,  Herb.,  du  Chili,  importé  en 
1824  ; fleurs  rouges. 

B.  acutifolia,  du  Mexique,  d’où  on 
l’a  importé  en  1829;  fleurs  jaune  d’or; 
elles  sont  lâchées  de  pourpre  à l’intérieur 
dans  la  variété  macidata^  venue  de  Caracas 
en  1839. 

B.  Salsilla,L.,  espèce  décrite  par  Linné, 

(I)  Bomarea  Kalbreyeri^  sp.  nov.  — Gaules  te- 
retes  valde  volubiles  ad  apicern  pubescentes;  folia 
breviter  petiolata,  oblongo  acuta  basi  rotundata,  co- 
riacea,  superne  glabra,  subtus  pubescentia,  venislô 
iu  utroque  coslæ  latere;  flores  t2-15  et  ultra  in 
umbellàtn  plus  minus  densain  basi  bracteis  minutis 
lanceolatis  conferti,  pedicellis  pubescentibus  ebrac- 
teatis  latis,  2-3  centim,  longis,  sepalis  oblongo- 
spathulatis,  lateritiis,  15-20  mill,  longis,  petalis 
quarn  sepala  2-3  centim.  longioribus,  obovato- 
cuneatis  longe  unguiculatis,aurantiacis,  staminibus 
æquilongis. 


introduite  du  Chili  en  1831,  et  remarquable 
par  ses  fleurs  pourpres. 

B.  simplex,  Herb.,  espèce  originaire  de 
Cuzco,  au  Pérou,  introduite  en  1838  ; fleurs 
rouge  et  jaune  verdâtre  ponctuées. 

Il  faut  convenir  que  si  ces  Lianes  étaient 
de  facile  culture  en  serre  froide,  leurs  fleurs 
étaient  généralement  peu  brillantes,  et  que 
la  plupart  des  espèces  étaient  bien  longues 
à produire  leurs  ombelles. 

Mais  lorsque,  dans  ces  dernières  années, 
on  vit  arriver  \e  Bomarea  co7iferta,  Benth., 
aux  grands  bouquets  d’innombrables  fleurs 
pourpres  (2)  ; le  B.  Carderi,  Bull,  aux 
longs  périanthes  ressemblant  à des  fleurs 
de  Lapagéria,  rose  tendre  ponctué  de 
pourpre;  le  B.  Caldasiana,  Herb.,  aux 
fleurs  jaune  d’or,  élégamment  tigrées;  le 
B.  oligantha,  Baker,  jaune  ponctué  de 
brun  ; B.  Shutlevorthii,  Mast.,  jaune  et 
orange,  etc,,  les  amateurs  s’empressèrent 
autour  des  nouvelles  venues,  qui  prirent 
rapidement  faveur. 

Le  B.  Kalbreijeri  continuera  cette  bril- 
lante série  de  nouveautés.  Non  seulement 
il  sera  apprécié  en  Angleterre,  où  la  des- 
cription de  M.  Baker  l’avait  d’abord  fait 
connaître,  mais  également  sur  le  conti- 
nent, où  l’on  commence  à collectionner 
activement  ces  belles  plantes  grimpantes,  si 
précieuses  par  leur  belle  floraison  pour  la 
garniture  des  serres  froides  et  des  jardins 
d’hiver  (3). 

La  culture  des  Bomaréas  est  très-simple. 
Comme  les  Lapagérias,  dont  nous  parlions 
dans  notre  dernière  chronique  (4),  il  est  bon 
de  les  planter  en  pleine  terre  ou  dans  une 
caisse  spacieuse,  sous  l’une  des  tablettes  de 
la  serre  ; mais  il  ne  faut  pas  les  mettre  en 
place  trop  jeunes.  Mieux  vaut  conserver  les 
jeunes  plantes  en  pots  pendant  un  ou  deux 
ans  de  plus  ; nous  avons  vu  d’ailleurs  qu’elles 
y fleurissent  très-bien,  au  moins  en  ce  qui 
concerne  le  B.  Kalbreyeri.  Une  terre  fran- 
che, bien  drainée,  mélangée  de  terre  de 

(2)  Sir  J.  Hooker  a reconnu  que  la  plante  décrite 
autrefois  sur  ce  nom  par  M.  Bentham,  était  la  même 
*que  le  B.  Patacocensis,  Herb.  découvert  précé- 
demment dans  l’Ecuador,  à Patacocha,  par  le  co- 
lonel Hall.  H faut  aussi  rapporter  à la  plante,  d’après 
M.  Baker,  le  B.  frondea  de  Masters  [Bot.  Mag., 
1882,  V.  T,  p.  668). 

(3)  Le  Bomarea  Kalbreyeri  est  mis  au  commerce 
par  M.  Godefroy-Lebeuf,  horticulteur  à Argentcui| 
(Seine-et-üise). 

(4)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  481. 


518  POMME  DE  TEP.UE  JOSEPH  RIGAULT.  — FLORAISON  d’UN  AGAVE  AMERIGANA  EN  PLEINE  TERRE. 


bruyère,  leur  convient.  Leurs  racines  fibro- 
charnues  se  terminent,  en  partie  du 
moins,  par  des  bulbes  ou  réservoirs  fécu- 
lents qui  atteignent  ou  dépassent  la  grés- 
seur  d’une  noix.  Les  jeunes  pousses  partent 
du  collet,  comme  des  turions  d’Asperges.  Il 
faut  les  laisser  se  développer  en  liberté, 
sans  les  couper,  pour  essayer  de  les  bou- 
turer, car  ces  tiges  ne  produisent  jamais 
d’yeux  latéraux,  et  les  décapiter  serait  les 
faire  périr  sans  aucun  prolit.  On  doit  donc 
les  laisser  s’allonger  jusqu’à  ce  qu’elles  aient 
fleuri,  et  pratiquer  la  multiplication  des 
sujets,  soit  par  graines,  soit  par  détachement 
des  turions,  quant  ils  sortent  de  terre,  en 
enlevant  avec  eux  une  portion  des  racines. 

On  n’oubliera  pas  que  les  Bomaréas  croi.s- 
sent  en  général,  au  Chili,  dans  la  région  déjà 
froide  des  Araucarias,  ou  encore,  plus  près  de 
l’Equateur,  à des  altitudes  absolues  variant 
entre  "2,000  et  3,500  mètres.  Ce  sont  donc 
tout  à fait  des  plantes  de  serre  froide,  qui 
prospéreront  de  concert  avec  la  llore  austra- 


lienne. Pour  mon  compte,  je  les  ai  vus 
abonder  surtout  entre  la  terre  tempérée 
{tierra  templada)  et  la  terre  froide  {tierra 
/Ha),  où  leur  curieux  feuillage  lustré  et 
leur  magnifiques  ombelles  de  Heurs  m’ont 
accompagné  pendant  des  centaines  de  lieues. 
Une  espèce  de  tout  point  admirable,  nouvelle 
et  non  introduite,  le  B.  diffracta,  Baker,  que 
je  rencontrai  dans  le  Quindio,  à La  Céjà 
(3,200  mètres),  était  extraordinaire  par  ses 
gigantesques  ombelles.  Le  B.  Anâreana, 
Baker,  du  Rio  Piendamo  (1,900  mètres), 
présentait  des  fleurs  très-grandes  du  plus 
beau  jaune  d’or.  Mais  je  n’ai  rien  vu  qui 
égalât  les  ombelles  de  fleurs  blanches 
ponctuées  de  carmin  du  B.  pardina 
Herb.,  quand  je  le  découvris  à Canzacoto, 
sur  le  chemin  de  Manabi,  dans  les  immenses 
forêts  vierges  qui  couvrent  les  flancs  occi- 
dentaux du  volcan  Corazon  (Ecuador).  Bien 
ne  serait  plus  désirable  que  l’introduction 
,de  cette  espèce  à l’état  vivant,  et  je  la  signale 
aux  collecteurs  de  l’avenir.  Ed.  André. 


POMME  DE  TERRE  JOSEPH  RIGAULT 


Cette  variété  qui,  assure-t-on,  est  issue 
des  Pommes  de  terre  Marjolin  Têtard  et 
Quarantaine  à feuilles  d'ortie,  a été  ob- 
tenue par  un  cultivateur  de  Groslay,  M.  Jo- 
seph Bigault,  à qui  elle  a été  dédiée. 

La  plante,  qui  appartient  aux  « Quaran- 
taines hâtives,  » est  de  première  qualité  et 
produit  relativement  beaucoup, ce  qui  la  place 
à la  fois  dans  deux  catégories  : pour  le  po- 
tager et  pour  la  grande  culture  bourgeoise, 
c’est-à-dire  pour  l’approvisionnement  des 
halles  et  marchés. 

Elle  est,  assure-t-on, une  des  plus  hâti- 
ves, et  mûrit  en  même  temps  que  la  Boy  al 
Ash  leaved  Kidney  (Marjolin  royale  à 
feuilles  de  Frêne).  Déplus  l’obtenteur,  dont 
la  compétence  et  la  bonne  foi  ne  peuvent  être 
mises  en  doute,  assure  que  depuis  plusieurs 
années  qu’il  cultive  cette  nouveauté,  elle 
s’est  montrée  rebelle  à la  maladie.  Si  donc, 
ainsi  qu’on  l’assure,  son  produit  moyen  est 


de  25,000  kilogrammes  à l’hectare,  ce  serait 
une  des  meilleures  variétés  obtenues  jus- 
qu’à ce  jour. 

Quant  à ses  tubercules,  qui  sont  très- 
rapprochés  au  pied  des  plantes,  ils  sont 
gros,  d’un  beau  jaune,  oblongs,  légère- 
ment aplatis  ; les  yeux,  peu  nombreux  et 
peu  profonds,  sont  déprimés,  c’est-à-dire 
aplatis  ; les  germes  sont  rouges  ; la  chair 
est  d’un  beau  jaune;  les  tiges,  bien  nourries, 
ne  s’élèvent  guère  au-delà  de  50  centimè- 
tres. .Les  fleurs  sont  grandes,  d’un  bleu 
lilacé. 

Vu  la  rareté  des  yeux,  il  sera  bon  de  s’as- 
surer du  développement  de  ceux-ci,  et, 
ainsi  qu’on  le  fait  de  la  Marjolin,  de  faire 
((  germer  > les  tubercules  quelque  temps 
avant  de  les  planter. 

On  pourra  se  procurer  la  pomme  de  terre  • 
Joseph  Bigaidt,  chez  M.  Jacqueau,  2,  rue 
Saint-Martin,  à Paris.  E.-A.  Carrière. 


FLORAISON  D'UN  AGAVE  AMERIGANA  EN  PLEINE  TERRE 


Le  27  septembre,  M.  Bouclet  d’Halewyn, 
propriétaire  au  cliàteau  de  Ledquent,  près 
Marquise,  m’écrivait  pour  me  prier  d’aller 


voir  chez  lui  un  Agave  americana  en 
fleurs. 

Cette  plante,  disait-il,  âgée  de  près  de 


CONSTRUCTION  DES  JARDINS  d’hIVER. 


519 


cent  ans,  avait  pris  un  développement  telle- 
ment considérable,  les  feuilles  avaient  tant 
d’ampleur,  qu’il  était  devenu  impossible  de 
la  faire  passer  par  la  porte  des  caveaux  de 
son  château,  où  on  la  rentrait  à l’automne. 
Aussi,  en  octobre  1882,  se  décida-t-il,  en 
désespoir  de  cause,  à ia  mettre  en  pleine 
terre.  Pour  la  préserver  des  rigueurs  de 
l’hiver,  il  eut  toutefois  soin  de  l’entourer  de 
paille  qu’il  enleva  au  mois  de  mai  1883. 
Grand  fut  son  étonnement  de  constater,  lors 
de  cette  opération,  l’existence  d’une  petite 
tige  s’élançant  du  milieu  de  son  Agave  ! 
Cette  tige  s’accrut  rapidement,  donnant 
naissance  à quatre  autres  branches  latérales 
qui,  comme  leur  mère,  se  couvrirent  de 
fleurs,  et  atteignit  enfin  les  dimensions  sui- 
vantes, dont  j’ai  constaté  l’exactitude  sur  les 
lieux,  le  3 octobre  dernier  : 

Hauteur  de  la  hampe  florale . . 4”'  32 

Circonférence  à la  base 0™26 

A la  hauteur  de  l‘"30  part  une  première 
branche  latérale,  longue  de  1‘"  50  sur  9 cen- 
timètres de  grosseur.  De  cette  branche,  à 
une  distance  de  85  centimètres,  sort  un 
premier  bouquet  de  fleurs  d’un  jaune  ver- 
dâtre ; puis  d’autres  se  succèdent  à 8 centi- 
mètres d’intervalle,  dans  quatre  directions 
différentes,  au  nombre  de  neuf,  et  enfin 
trois  autres  qui  forment  la  panicule  ter- 
minale. 

A 1'"  45  vient  une  seconde  branche  ayant 
les  dimensions  de  la  première.  Sur  cette 
tige,  à 80  centimètres,  dix  bouquets  se  sui- 
vent de  5 centimètres  en  5 centimètres. 


tandis  que  trois  autres  se  réunissent  en 
haut. 

A 1"^50  partent  deux  autres  tiges  flo- 
rales, l’une  à droite,  l’autre  à gauche,  de  la 
longueur  et  de  la  grosseur  des  autres. 

Celle  de  droite  a treize  bouquets  espacés 
de  8 centimètres,  plus  les  trois  terminaux. 

Celle  de  gauche  en  compte  douze,  â 
10  centimètres  de  distance  l’une  de  l’autre, 
et  quatre  qui  en  ornent  l’extrémité. 

La  hampe  ou  tige  principale  se  continue 
alors  seule,  décroissant  de  volume.  Sa  cir- 
conférence qui  à la  base  était,  comme  je  l’ai 
déjà  dit,  de  26  centimètres,  n’atteint  plus 
que  16  centimètres  au  point  d’où  s’échappe 
la  première  branche  latérale,  et  se  réduit  à 

9 centimètres  au  sommet.  A 2»i60  sort  son 
premier  bouquet,  que  seize  autres  suivent  à 

10  centimètres  de  distance,  et  trois  autres  à 
l’extrémité. 

Le  nombre  total  de  bouquets  est  donc  de 
soixante-seize  ; chacun  d’eux  se  compose 
en  moyenne  de  quinze  à vingt  fleurs,  sauf 
le  premier  de  chaque  branche,  qui  n’en  con- 
tient que  huit  ou  dix  ; soit  quatorze  cent 
cinquante  fleurs  environ. 

Cette  floraison  d’une  Agave  americana, 
en  pleine  terre,  dans  nos  régions,  m’a  paru 
d’autant  plus  curieuse  à relater,  qu’elle  ne 
s’est  pas  encore  produite  dans  mes  serres 
où  j’en  possède  de  forts  exemplaires.  J’ajou- 
terai en  terminant  que  cette  plante  va  s’af- 
faiblissant chaque  jour  et  ne  résistera  sans 
doute  pas  à cette  végétation  anormale  (1). 

C^®  F.  DE  COUPIGNY. 


CONSTRUCTION  DES  JARDINS  D’HIVER 


L’emploi  judicieux  du  fer  a fait  de  tels* 
progrès  dans  ces  dernières  années  que  la 
construction  des  serres  en  a largement  pro- 
fité. On  est  arrivé  à calculer  avec  tant 
d’exactitude  la  force  et  la  résistance  des 
fers  de  divers  calibres  qui  se  trouvent  dans 
le  commerce,  qu’un  ingénieur  tant  soit  peu 
habile  peut  dire  à quel  point  minimum  on 
peut  s’arrêter  pour  la  forme  et  les  poids  des 
fers  à employer  dans  la  construction  des 
serres. 

C’est  là  un  puissant  moyen  de  vulgariser 
ces  sortes  de  constructions,  non  pas  seule- 
ment au  point  de  vue  de  la  culture  et  de  la 
multiplication,  pour  lesquelles  des  serres 
basses  et  économiques  suffisent,  mais  en- 


core, en  ce  qui  concerne  les  grandes  serres 
chaudes  ou  froides,  destinés  à la  culture  des 
Palmiers  et  des  grandes  plantes  tropicales. 
Avec  des  ressources  très-modérées  on  peut 
maintenant  faire  construire  des  jardins 
d’hiver  et  les  orner  de  superbes  plantes, 
alors  que  jadis  les  architectes  dépensaient 
de  telles  sommes  sur  les  structures  en  fer 
qu’il  ne  restait  parfois  plus  d’argent  pour 
l’ameublement  végétal.  Que  de  fois  n’avons- 

(l)  On  sait  que  dans  les  Agaves,  la  plante  est 
monocarpique,  et  par  conséquent  périt  après  la 
Iloraison,  mais  elle  se  perpétue,  sans  parler  des 
graines,  par  les  rejetons  qui  apparaissent  abon- 
damment à la  base  de  la  plante  qui  se  prépare  à 
fleurir  et  à fructifier.  (Rédaction.) 


520 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’iIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


nous  pas  vu  dépenser  de  grosses  sommes, 
pour  ériger  des  serres  monumentales,  dont 
quelques  douzaines  de  Pélargonium^  de 
Coleus  et  de  Bégonia  faisaient  ensuite  le 
piètre  ornement  intérieur  ! 

On  peut  donc,  à peu  de  frais,  créer  de 
vastes  récipients  de  plantes,  sans  pour  cela 


tomber  dans  des  dessins  de  mauvais  goût, 
comme  nous  l’avons  souvent  constaté.  Nous 
avons  même  remarqué  à Gand  (Belgique) 
dans  ce  genre  de  structures  à bon  compte, 
l’application  d’une  ingénieuse  idée  due  à 
notre  habile  et  laborieux  compatriote, 
M.  A.  Dallière.  Il  s’est  créé  économique- 


Fig.  104.  — Jarilin  d’hiver  construit  en  fer.^ — Elévation. 


ment  un  grand  jardin  d’hiver  en  rassem- 
blant une  série  de  serres  moyennes,  toutes 
reliées  par  des  colonnettes  à l’intérieur. 
L’ensemble  est  excellent,  du  plus  agréable 
effet,  et  nous  nous  proposons  de  l’indiquer 
bientôt  avec  détail  à nos  lecteurs. 

Pour  le  moment,  nous  voulons  simple- 
ment leur  signaler,  parmi  les  exemples  de 


serres  jardins-d’hiver  légers,  de  bon  goût, 
la  structure  représentée  par  les  figures  104 
et  105,  et  qui  est  due  à MM.  Solder  et  G*®. 
Ils  trouveront  là  un  bon  modèle  à exécuter, 
à la  fois  agréable  au  point  de  vue  archi- 
tectural et  éminemment  propre  à la  culture 
des  grandes  plantes  des  pays  chauds. 

Ed.  André. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  24  OCTOBRE  1883 


Apports.  — Au  comité  arboriculture^  ont  i savoir  le  nom,  deux  magnifi([ues  et  très-gros- 
été  présentés  par  M.  Émile  Thibault,  de  Lou-  ses  Pommes  d’un  semis  dont  il  est  l’obtenteur, 
veciennes,  outre  plusieurs  fruits  dont  il  désire  | Ces  fruits,  cjui  rappellent  assez  exactement  le 


LES  CLÉMATITES. 


521 


Calville  blanc,  sont  jaunâtres,  côtelés;  leur  om- 
bilic, très-enfoncé,  est  entouré  de  saillies  ou 
côtes  (il  est  plissé,  comme  l’on  dit).  La  peau, 
d’un  aspect  gras  ou  onctueux,  comme  dans 
la  variété  Calville  blanc,  ne  se  colore  pas  ; 
parfois,  elle  se  lave  un  peu  de  rouge  ou  seu- 
lement à peine  rose  sur  les  parties  fortement 
insolées.  Au  nombre  des  autres  fruits  pré- 
sentés se  trouvaient  notamment  une  assiettée 
d’Api  étoilé,  et  quelques  fruits  inédits  provenant 
des  cultures  de  MM.  Baltet  frères,  de  Troyes. 

Au  comité  de  floricnlture,  M.  Jules  Valle- 
rand,  horticulteur  à Bois-de-Colombes,  pré- 
sentait un  fort  pied  fleuri  de  Nœyelia  à fleur 
double,  qu’il  a dédié  à Heine;  c’est  une 
plante  robuste  et  vigoureuse,  très-floribonde,  à 
Heurs  penchées,  disposées  en  forts  épis  dressés 
et  ramifiés  comme  ceux  des  autres  espèces  du 
genre,  mais  beaucoup  plus  forts.  La  couleur 
des  fleurs  est  d’un  rouge  vineux  nuancé  rose 
et  comme  vergeté  de  blanc  par  des  parties 
plus  claires.  Quant  à la  duplicature,  elle  est 
formée  par  l’addition  de  pièces  étroites  placées 
en  dehors  de  la  fleur,  d’une  manière  analogue 
à ce  qui  se  passe  chez  un  autre  genre  de  Ges- 
nériacées,  les  Gloxinias,  par  exemple,  lors- 
qu’ils commencent  à doubler.  C’est,  croyons- 
nous,  le  premier  fait  de  ce  genre  qui  se  montre 
dans  le  genre  Nœgelia.  — M.  A.  Lavallée 
avait  envoyé  de  son  Arboretum  de  Segrez,  di- 
vers échantillons  de  plantes  en  fruits,  notam- 


ment trois  espèces  de  Cratægus  : C.  Loddi- 
gesiana,  à gros  fruits  jaunes,  qui  nous  a paru 
analogue  au  Cratægus  lob  ata  ; C.  Olive- 
riana,  plante  qui  est  cultivée  au  Muséum 
sous  le  nom  de  C.  nigra;  C.  Tournefortii,  à 
fruit  assez  gros,  subsphériques  d’un  rouge 
noir,  luisants  et  comme  vernis.  Enfin,  deux 
espèces  de  Pliellodendron  : P.  Amurense,  et 
P.  Japonicum,  dont  les  nombreux  fruits  sphé- 
riques sont  rassemblés  en  masse  comme  ceux 
de  certains  Viburmim,  mais  en  paquets  plus 
compacts.  Les  feuilles,  composées,  à nom- 
breuses folioles  très-longues,  donnent  à ces 
arbres  un  certain  aspect  ornemental.  Les 
Phellodendron  appartiennent  à la  famille  des 
Zanthoxylées  et  sont  placés  près  du  genre 
Ptelea  avec  lesquels,  du  reste,  ils  ont  un  cer- 
tain rapport. 

Au  comité  de  Culture  potagère,  M.  Chemin, 
maraîcher,  avait  -apporté  deux  très-beaux 
pieds  de  Céleri  jaune  Chemin,  dont  il  est  l’ob- 
tenteur. Examinés  avec  attention  par  le  Co- 
mité, ces  Céleris  ont  été  trouvés  beaucoup  plus 
beaux  et  plus  régulièrement  décolorés  que  ceux 
de  l’espèce  ordinaire  et  au  moins  aussi  tendres 
bien  qu’ils  n’aient  subi  aucun  travail  et  qu’ils 
n’aient  pas  été  soumis  à l’étiolage.  C’est  une 
précieuse  acquisition.  Au  lieu  d’une  couleur 
jaune,  verdâtre  terne  comme  les  Céleris  étiolés, 
le  céleri  Chemin  est  d’un  jaune  brillant  ou 
jaune  d’ivoire. 


LES  CLEMATITES 


Je  ferai  d’abord  remarquer  que  certaines 
variétés  de  Clématites  fleurissent  au  prin- 
temps , tandis  que  d’autres  ne  montrent 
leurs  fleurs  que  dans  le  courant  de  l’été. 
Celles  qui  fleurissent  au  printemps,  c’est-à- 
dire  sur  le  bois  de  l’année  précédente, 
doivent  êlre  taillées  aussitôt  que  la  fleur  est 
passée,  afin  d’obtenir  des  pousses  nouvelles 
qui  fleuriront  au  printemps  suivant. 

Au  contraire,  les  variétés,  qui  fleurissent 
dans  le  courant  de  l’été,  peuvent  être  cou- 
pées, dès  la  fin  de  l’hiver,  à une  hauteur 
du  sol  plus  ou  moins  élevée,  selon  l’usage 
qu’on  en  veut  faire. 

Dans  la  première  catégorie,  je  citerai  le 
Clematis  montana,  comme  des  plus  vi- 
goureux, et  qui  peut  être  conduit  en 
guirlandes,  en  cordons  comme  la  Vigne,  et 
qui,  taillé  comme  cette  dernière,  après  la 
floraison  toutefois,  forme  des  sortes  de  dra- 
peries émaillées  d’une  multitude  de  fleurs 
blanches  d’un  effet  maggnifique. 

Dans  la  seconde  catégorie,  l’espèce  la  plus 


vigoureuse  est  bien  la  C.  Jackmanni.  Elle 
peut  s’étendre  à de  grandes  distances  ; une 
fois  qu’elle  a atteint  les  limites  qu’on  lui  a 
assignées,  on  taille  (à  la  fin  de  l’hiver)  les 
tiges  de  l’année  précédente. 

Dans  certains  cas,  on  peut  ne  pas  tailler 
pendant  deux  ou  trois  ans  certaines  varié- 
tés, lorsqu’on  veut  qu’elles  produisent  de 
l’eflet  d’un  peu  loin;  elles  forment  alors,  à la 
longue,  une  masse  compacte  dont  la  surface 
se  couvre  de  fleurs.  Mais,  bientôt,  ce  fouillis 
devient  trop  épais,  les  fleurs  diminuent  de 
grandeur  et  il  faut  alors  tout  couper,  pour 
recommencer  le  même  mode  de  traitement 
pendant  une  autre  période  de  temps. 

Lorsqu’on  désire  avoir  de  fortes  gerbes, 
composées  d’un  grand  nombre  de  tiges,  il  faut 
rabattre,  tous  les  ans,  les  plantes  au  rez  de 
terre,  et  cela  peut  se  faire  quel  que  soit  leur 
âge  et  quelle  que  soit  la  force  du  pied;  il  re- 
pousse alors  un  grand  nombre  de  tiges,  soit 
sur  le  pied  même,  soit  sur  le  collet  des 
racines. 


522 


EXAMEN  DE  DEUX  VARIÉTÉS  DE  POMMES. 


On  peut  même  prolonger  la  floraison  de 
certains  pieds  lorsqu’on  en  a plusieurs; 
pour  cela  il  faut  attendre  que  les  nouvelles 
pousses  du  printemps  aient  atteint  un  Inè- 
tre  ou  plus  ; on  recèpe  alors  le  tout,  sans 
aucune  crainte,  et  peu  après  on  voit  appa- 
raître de  nouvelles  tiges  qui,  retardées, 
fleuriront  un  mois  après  les  premières. 

Un  grand  défaut  qu’on  reproche  généra- 
lement aux  Clématites,  c’est  d’avoir  un  feuil- 
lage un  peu  grêle. 

Pour  compenser  et  atténuer  cet  incon- 
vénient, il  faut  planter  ces  Clématites  de- 
vant un  mur  couvert  de  Lierre.  Mais  dans 
ce  cas,  et  pour  empêcher  les  racines  du 
Lierre  de  dévorer  les  Clématites,  on  peut 
planter  ces  dernières  dans  de  grands  pots 
défoncés  et  enterrés;  oü  bien  encore,  ce 
qui  même  est  préférable,  couper  chaque 
année  les  racines  envahissantes  du  Lierre 

EXAMEN  DE  DEUX  \ 

Dans  un  précédent  article  paru  dans  la 
Revue  horticole  (1883,  p.  180),  à propos 
de  la  synonymie  des  Pommes  Locy,  Quetier 
et  Diichâtel,  nous  avons  essayé  de  faire  res- 
sortir l’analogie  singulière  de  certains  fruits 
répandus  dans  les  cultures  sous  des  noms 
différents,  et  cela  au  détriment  de  la  science 
pomologique.  Cet  exemple,  qui  n’est  malheu- 
reusement pas  isolé  et  qui  a eu  des  précé- 
dents nombreux,  pourra  même  se  renou- 
veler pour  peu  que  l’on  y fasse  attention, 
chose  d’autant  plus  fâcheuse  que  le  plus 
souvent  l’on  a affaire  à des  variétés  méri- 
tantes et  répandues  à juste  titre,  comme  par 
exemple  celles  dont  il  va  être  question.  Ces 
variétés  sont  les  Pommes  Drap  d’or  ou 
vrai  Drap  d’or  et  Golden  noble  ou  Or 
noble;  elles  ne  sont  pas  nouvelles,  tant 
s’en  faut,  puisque  la  plus  jeune,  Gol- 
den noble,  remonterait  presque  au  com- 
mencement de  ce  siècle,  tandis  que  l’autre, 
le  vrai  Drap  d’or,  serait  bientôt,  d’après 
les  auteurs,  trois  fois  séculaire.  Plus  de 
vingt  auteurs,  soit  français,  soit  étrangers, 
ont  cité  ou  décrit  dans  leurs  ouvrages  et 
toujours  avec  éloges  cette  dernière  variété. 
Elle  semble  cependant,  malgré  son  ancien- 
neté, plus  répandue  en  Allemagne, par  exem- 
ple, qu’en  France  sa  patrie  présumée,  car 
on  n’est  pas  bien  fixé  sur  son  origine  ; on 
suppose  seulement  qu’elle  a dû  être  obtenue 


ce  qui  du  reste  est  très-facile  à l’aide  d’un 
instrument  que  j’ai  inventé,  il  y a bien  des 
années,  et  dont  voici  la  description  : c’est 
une  simple  barre  de  fer,  pointue  d’un  bout 
et  aplatie  de  l’autre  en  forme  de  spatule,  de 
la  largeur  de  la  main.  Si  la  terre  est  dure, 
on  fait  des  trous  préalablement  avec  le  bout 
pointu,  tout  le  long  de  la  bordure  de  Lierre, 
puis  ensuite  avec  le  bout  plat  et  bien  cou- 
pant, on  tranche  toutes  les  racines  envahis- 
santes, cela  sans  aucun  déplacement  de 
terre. 

Ce  qui  serait  préférable,  lorsque  la  chose 
peut  se  faire,  ce  serait,  à Venvers  du  mur, 
de  planter  du  Lierre  et  de  le  laisser  dépas- 
ser la  hauteur  de  celui-ci  jusqu’à  ce  qu’il  re- 
tombe de  l’autre  côté  et  forme  un  fond 
sur  lequel  ressortent  parfaitement  les  Clé- 
matites. 

A.  Boisselot. 

tRIÉTÉS  DE  POMMES 

en  Bretagne  vers  le  commencement  du 
XVII®  siècle,  du  moins  d’après  le  témoi- 
gnage des  anciens  auteurs  qui  l’ont  d’abord 
appelée  cc  Pomme  de  Bretagne  ou  Drap 
d’or  de  Bretagne.  » Quelques  auteurs  de  la 
fin  du  XVIII®  siècle,  tels  que  Duhamel, 
Bastien,  Et.  Calvel,  La  Bretonnerie,  etc., 
ont  quelque  peu  hésité  et  ont  confondu 
cette  espèce  soit  avec  le  Fenouillet  jaune 
appelé  aussi  Drap  d’or,  soit  avec  le  Pépin 
d’or  ou  Pomme  d’Angleterre,  comme 
l’on  disait  dans  ce  temps-là.  D’après 
M.  André  Leroy,  le  dernier  auteur  descrip- 
teur de  cette  variété.  « c’est,  dit-il,  une 
grosse  Pomme,  globuleuse,  à peau  unie, 
d’un  jaune  pâle  du  côté  de  l’ombre,  jaune 
plus  foncé  et  brillant  de  l’autre  côté,  légère- 
ment marbrée  de  brun  clair  ponctué  de 
roux  et  portant  quelques  petites  taches  noi- 
râtres. Maturité:  décembre  à mars.  Qualité: 
première.  La  haute  tige  convient  avant  tout 
à ce  Pommier,  comme  plein  vent  il  rapporte 
beaucoup  et  fait  de  jolis  arbres.  Sous  forme 
naine,  sa  végétation  est  tellement  rapide, 
même  sur  paradis,  qu’alors  on  l’amène 
difficilement  à donner  quelque  produit.  » 
{Dictionnaire  de  Pomologie,  t.  III,  p.  272.) 

Nous  ne  nous  attarderons  pas  à donner 
sur  cette  espèce,  si  ancienne , d’autre 
description.  Nous  nous  en  tenons  à celle  si 
claire  de  M.  André  Leroy  et  nous  passons 


LA  SOCIÉTÉ  u’iIOriTICULTURE  DE  l'aIN. 


523 


à la  variété  Golden  noble  que  nous  croyons 
identique,  ou  offrant  de  grands  rapports 
avec  la  précédente. 

D’après  M.  André  Leroy,  la  variété  Gol- 
den noble,  décrite  en  1831  par  Lindley,  a 
été  également  citée  et  décrite  par  différents 
auteurs  anglais,  américains  et  allemands  ; 
elle  est,  quant  au  fruit,  ainsi  définie 
par  M.  André  Leroy:  « grosseur  considé- 
rable ; forme  globuleuse  ; peau  unicolore 
jaune  d’or  brillant,  finement  ponctuée  de 
blanc  vers  l’œil  et  de  brun  à l’autre  extré- 
mité, amplement  maculée  de  fauve  autour 
du  pédoncule.  — Maturité  : octobre-janvier. 
Qualité,  première.  ». 

Quant  à la  portée  historique,  M.  André 
Leroy,  ordinairement  si  complet  sous  ce 
rapport,  ne  donne  à cet  égard  que  des 
renseignements  insuffisants  : nous  préférons 
donc  emprunter  à la  Pomologie  générale  de 
M.  Alphonse  Mas  les  renseignements  sui- 
vants qui  ont  paru  cette  année  même  dans 
le  tome  IX  de  cet  ouvrage,  qui  traite  des 
Pommes  à couteau  : cc  Golden  noble. 
Observations  : Lindley  dit  qif  il  existe  un 
arbre  âgé  de  cette  variété  dans  les  environs 
de  Downham  Morkel  dans  le  Comté  de 
Norfolk.  D’après  K.  Hogg,  elle  fut  publiée 
ou  connue  pour  la  première  fois,  par 
M.  Thomas  Harr,  de  Stowettall,  et  comme 
provenant  d’un  arbre  supposé  le  pied-mère 
qui  s’élevait  dans  un  ancien  jardin,  à 
Downham.  Elle  fut  communiquée  à la  So- 
ciété d’horticulture  de  Londres  en  1826.  » 
{Pomologie  générale  t.  IX,  p.  173.) 

Point  n’est  besoin  de  multiplier  les 
exemples  pour  arriver  à prouver  que  les 
deux  variétés  de  Pommes  en  question,  les- 
quelles pour  nous  n’en  font  qu’une,  sont 
répandues  dans  la  culture.  Disons  seule- 
ment que  les  noms  Pomme  vrai  Drap  d'or 
et  Golden  noble  figurent  dans  quelques 


catalogues  marchands  tels  que  ceux  de 
MM.  Simon  Louis  frères  et  André  Leroy,  et 
cela  presque  côte  à côte,  ainsi  que  dans 
certains  jardins  de  notre  connaissance,  no- 
tamment dans  la  collection  fruitière  de  la 
ville  de  Pvouen.  La  Pomme  vrai  Drap  d’or 
est  une  des  rares  espèces  qui,  malgré  leur 
mérite  et  leur  ancienneté,  n’ont  pas  été  sou- 
mises à l’appréciation  du  Congrès  pomolo- 
gique  de  France;  la  Pomme  Golden  noble 
l’a  été  une  seule  fois  et  a été  ainsi  définie 
par  la  commission:  « Golden  noble,  gros  ei 
joli  fruit  à-  robe  jaune  d’or  uniforme,  à 
chair  tendre,  juteuse,  très-acide.  » A pro- 
pos de  cette  description,  nous  croyons  devoir 
reproduire  un  extrait  de  celle  donnée  sur  la 
Pomme  Drap  d'or  il  y a plus  de  cent  ans 
dans  le  Jardinier  solitaire. 

(c  La  Pomme  du  Drap  dor  est  grosse; 
la  peau  est  semblable  à du  drap  d’or,  ce 
qui  lui  en  a fait  donner  le  nom  ; son 
eau,  quoique  en  petite  quantité,  est  agréa- 
ble, etc.  » On  pourra  peut-être  tirer  profit 
de  ce  renseignement  lorsque  l’on  s’occupera 
de  cette  espèce  alors  qu’on  semble  vouloir 
substituer  le  nom  de  Pomme  d'or,  tout 
court,  à celui  de  Drap  d’or;  d’ailleurs  le 
nom  de  Goldyeng  des  Allemands  semble 
donner  raison  aux  anciens  pour  le  nom  qu’ils 
avaient  adopté  et  justifié  par  la  citation  que 
nous  avons  faite  plus  haut. 

Une  particularité  bien  tranchée  de  la 
variété  ou  des  variétés  qui  nous  occupent 
réside  dans  le  bois.  La  base  du  pétiole  de 
la  plupart  des  feuilles  est  tellement  déve- 
loppée qu’elle  couvre  entièrement  l’œil  qui 
en  est  par  suite  annihilé,  ce  qui  a fait  dire 
à un  auteur  que  ((  les  yeux  sont  petits, 
noyés  sous  l'écorce  »,  d’où  résulte  l’annula- 
tion partielle  de  quelques  yeux,  ce  qui  déter- 
mine çà  et  là  des  solutions  de  continuité. 

Boisbunel. 


LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE  DE  L’AIN 


On  sait  quels  larges  services  les  Sociétés 
d’horticulture  ont  rendus  jusqu’ici  et  rendent 
chaque  jour.  Par  leurs  expositions,  par  leurs 
réunions  intéressantes,  leurs  publications, 
les  récompenses  diverses  qu’elles  accordent 
judicieusement,  elles  ont  grandement  con- 
tribué à répandre  partout  le  goût  des 
plantes  et  des  fleurs,  à apporter  dans  les 
jardins  et  les  serres  le  choix  des  bonnes 


espèces  et  variétés  et  le  luxe  que  l’on  y 
remarque  aujourd’hui. 

Certes,  les  résultats  acquis  sont  considé- 
rables et  faciles  à constater  ; mais  il  reste 
encore  beaucoup  à faire,  et,  étant  donnée 
la  marche  régulièrement  progressive  de 
l’horticulture,  il  est  aisé  de  prévoir  que  d’ici 
à quelques  années,  d’importantes  amélio- 
rations seront  encore  réalisées. 


524 


LA.  SOCIÉTÉ  d’horticulture  DE  L’AIN. 


Pour  parvenir  rapidement  à ce  but,  il  faut 
que  les  Sociétés  redoublent  leurs  efforts,  et 
au  besoin,  qu’elles  remanient  et  modifient 
leurs  règlements,  qui  les  lient  quelquefois  et 
les  empêchent  d’agir  comme  il  conviendrait 
de  le  faire. 

Parmi  les  progrès  désirables,  il  faut  mettre 
en  premier  lieu  la  création,  au  siège  de  toute 
Société  d’horticulture,  d’un  jardin  d’expé- 
riences qui,  outre  les  nombreux  avantages 
que  nous  citerons  plus  loin,  permettrait  de 
mieux  juger,  par  suite  d’une  culture  com- 
parative, les  nouvelles  obtentions  de  fleurs 
et  de  légumes. 

Quelques  exemples  de  cette  utile  adjonc- 
tion existent  déjà  : en  France,  citons  entre 
autres  Chartres,  et  Chiswick  en  Angleterre, 
dont  les  Sociétés  horticoles  possèdent  des 
jardins  d’essais,  qui,  par  leur  bon  fonction- 
nement, rendent  chaque  jour  des  services 
croissants. 

La  principale  objection  que  l’on  peut  faire 
à ce  sujet,  est  la  difficulté  qu’éprouveraient 
au  point  de  vue  financier,  la  plupart  des  So- 
ciétés, dont  le  modeste  budget  s’équilibre 
difficilement.  Cette  observation  est  aisément 
réfutable,  et,  en  prenant  pour  exemple  l’or- 
ganisation d’une  Société  horticole  française, 
nous  espérons  convaincre  nos  lecteurs  de  ce 
fait,  que  la  création  d’un  jardin  d’essai,  loin 
de  grever  les  finances  d’une  Société  d’hor- 
ticulture, favorise  son  accroissement  et  lui 
permet  d’augmenter  futilité  de  ses  tra- 
vaux, tout  en  consacrant  à ce  chapitre  de 
son  budget  une  somme  relativement  très- 
faible. 

En  1858,  la  Société  d’horticulture  de  l’Ain 
acheta,  pour  la  somme  de  18,000  francs, 
un  terrain  de  près  d’un  hectare  qu’elle  tenait 
à bail  depuis  quelques  années,  et  où  elle 
avait  installé  ses  écoles  et  ses  cultures 
expérimentales 

Pour  payer  le  pi  ix  de  l’acquisition,  la  So- 
ciété émit  des  actions  de  100  francs,  rap- 
portant un  intérêt  annuel  de  4 francs.  De- 
puis lors,  et  suivant  ses  ressources,  elle 
remboursa  chaque  année  un  certain  nombre 
d’actions  ; depuis  longtemps  déjà  sa  dette 
est  complètement  amortie. 

Les  frais  d’entretien  du  jardin  sont  peu 
considérables,  la  dépense  la  plus  forte  est  le 
traitement  du  jardinier  (1,200  francs);  mais 
ces  frais  sont  compensés  de  la  manière  sui- 
vante ; 

En  dehors  des  cultures -écoles  conservées 


avec  soin  et  qui  forment  les  collections  de 
la  Société,  tous  les  produits  du  jardin  sont 
partagés  entre  les  membres  présents  aux 
réunions:  on  fait  autant  de  lois  qu’il  y a 
d’assistants  et  ces  lots  sont  tirés  au  sort. 

Tout  membre  de  la  Société  reçoit  chaque 
année,  en  faible  nombre,  quelques  Poiriers, 
Rosiers,  etc.,  qui  sont  élevés  et  greffés  par 
le  jardinier.  Celui-ci  sème  en  outre  au  prin- 
temps et  cultive  sous  châssis  une  grande 
quantité  de  plantes  annuelles  ; Pétunias, 
Zinnias,  Reines-Marguerites,  Verveines,  etc., 
qui  sont  partagées  entre  tous  les  sociétaires. 

Les  collections  de  la  Société  renferment 
aujourd’hui  : 400  variétés  de  Roses,  300  va- 
riétés de  Poires,  75  variétés  de  Pommes, 
30  variétés  de  Pèches,  80  variétés  de  Rai- 
sins, etc.,  etc, 

Des  greftês^de  tous  ces  arbres  sont  dis- 
tribuées gratuitement  aux  sociétaires  qui 
désirent  en  recevoir. 

Cette  répartition  de  plantes  et  de  greffes 
ne  porte  aucun  préjudice  au  commerce  hor- 
ticole local,  au  contraire.  Ainsi  qu’on  l’a 
constaté,  ce  commencement  de  collections  a 
éveillé  le  goût  des  sociétaires  qui  sont  de- 
venus peu  à peu  amateurs,  et  qui,  ne  s’en 
tenant  plus  aux  distributions  forcément  res- 
treintes du  jardin  de  la  Société,  achètent 
journellement  des  arbres,  des  plantes  et 
des  graines  pour  augmenter  leurs  cultures 
d’une  façon  plus  sérieuse. 

L’entrée  du  jardin  est  libre  tous  les  jours 
pour  les  membres  de  la  Société,  et  le  public 
y est  admis  le  jeudi  et  le  dimanche. 

Ces  jours-là,  beaucoup  de  sociétaires  à 
qui  leur  situation  de  fortune  ne  permet  pas 
de  posséder  un  jardin,  sont  enchantés 
de  faire  à leurs  amis,  les  honneurs  du 
jardin  de  la  Société,  dont  ils  sont  un  peu 
propriétaires,  et  il  leur  est  toujours  facile 
de  recruter  ainsi  de  nouveaux  adhérents. 

Voilà  donc  une  Société  de  province,  dont 
les  ressources  au  début  étaient  des  plus  res- 
treintes, et  qui,  par  une  administration 
sage,  par  des  mesures  éclairées,  et,  pour- 
rait-on dire,  presque  palriarcales,  ést  arri- 
vée rapidement  à une  situation  des  plus 
prospères.  Pourquoi?  Parce  qu’elle  a su 
donner  à ses  membres  un  intérêt  constant, 
multiple  dans  ses  éléments  et  très-varié. 

Son  exemple  devrait  être  suivi  par  toutes 
les  Sociétés.  R est  évident  que  certains  arti- 
cles de  ses  règlements  ne  seraient  pas 
applicables  partout,  dans  les  grands  centres 


SUR  QUELQUES  TRITOMAS.  — SALPIGHROMA  RHOMBOIDEUM. 


525 


notamment,  où  un  emploi  plus  philantro- 
pique pourrait  être  fait  des  apports,  surtout 
en  ce  qui  concerne  les  légumes.  Mais  ce 
n’est  qu’une  légère  exception,  et  l’ensemble 
des  mesures  prises  par  la  Société  d’horti- 


culture de  l’Ain  devrait  servir  de  base  au 
remaniement  de  la  plupart  des  règlements 
de  nos  Sociétés,  au  grand  profit  de  l’horti- 
culture française. 

Ed.  André. 


SUR  QUEUQT 

A part  quelques  espèces  caulescentes,  le 
T.  comosa,  par  exemple,  tous  les  Tritomas 
ont  un  aspect  général  identique  ainsi  qu’une 
même  organisation,  ce  qui  suppose  un 
tempérament  analogue;  aussi  les  confond-on 
presque  toujours.  Il  y a cependant  chez  la 
plupart  d’entre  eux  des  caractères  qui  per- 
mettent de  les  distinguer,  ce  que  je  vais 
essayer  de  démontrer  pour  trois  espèces 
appartenant  au  groupe  des  acaules,  groupe 
qui,  du  reste,  comprend  le  plus  grand  nom- 
bre des  espèces.  Commençons  par  une  des 
formes  appartenant  à l’espèce  uvaria  : 

Tritoma  uvaria  grandiflora.  — Plante 
vigoureuse,  à feuilles  glauques,  très-lon- 
gues et  relativement  étroites,  tombantes. 
Hampe  ou  tige  florale  glabre,  luisante,  roux 
foncé  dans  toute  sa  longueur,  portant  vers 
son  sommet  quelques  écailles  bractéales 
courtes,  élargies  à la  base,  caduques.  Inflo- 
rescence longuement  et  régulièrement  atté- 
nuée en  pointe  au  sommet,  atteignant 
45  millitimètres  dans  son  plus  grand  diamè- 
tre. Boutons  rouge  cinabre,  un  peu  glau- 
cescents;  fleurs  tombantes,  d’abord  rouge 
foncé,  s’éclaircissant  au  fur  et  à mesure  de 
l’anthèse,  finalement  d’un  rouge  orangé  jau- 
nâtre. 

Cette  forme,  très-floribonde  et  très-jolie, 
fleurit  continuellement  à partir  du  mois 
d’août  jusqu’aux  gelées;  à mesure  qu’elle 
fleurit,  les  fleurs  de  la  partie  inférieure  s’ap- 
pliquent sur  l’axe  et  l’inflorescence  forme 
ainsi  une  sorte  de  fuseau. 

Tritoma  Saunder  si.  Si  je  reviens  sur  cette 
espèce  dont  la  Revue  horticole  a donné  une 
description  et  une  figure  (1882,  p.  504), 
c’est  afin  de  la  différencier  d’une  autre,  du 

SALPIGHROMA 

Nos  lecteurs  se  souviennent  sans  doute 
de  l’article  publié  par  notre  collaborateur, 
M.  le  Di"  Sacc,  sur  une  curieuse  Solanée  pa- 
raguayenne qu’il  avait  nommée  provisoire- 


ES  TRITOMAS 

T.  nohüis,  avec  laquelle  on  persiste  à la 
confondre.  Le  T.  Saundersi  a les  feuilles 
plus  étalées  et  un  peu  plus  larges  ; la  hampe, 
beaucoup  plus  haute  (jusque  2 mètres),  porte 
vers  l’inflorescence  des  écailles  bractéales 
blanchâtres,  scarieuses,  très -élargies  à la 
base,  brusquement  atténuées  au  sommet. 
L’inflorescence  forte,  tronquée  au  sommet 
qui  se  termine  par  une  partie  dénudée  de 
l’axe,  est  très-forte,  d’un  rouge  clair  bril- 
lant; la  base  se  dénude  aussi  au  fur  et  à 
mesure  de  l’anthèse,  de  sorte  que  l’inflores- 
cence est  comme  tronquée  aux  deux  bouts, 
et  d’autant  plus  courte  que  la  floraison  est 
plus  avancée. 

Tritoma  nohilis.  — Plante  d’aspect  et  de 
végétation  assez  semblables  à ceux  du  T. 
Saundersi.  Feuilles  d’un  vert  très-clair 
comme  celles  de  ce  dernier,  mais  un  peu 
plus  dressées  et  aussi  un  peu  plus  étroites, 
et  également  triquètres.  Hampe  très-forte, 
atteignant  60  à 80  centimètres  de  hauteur, 
portant  un  peu  au-dessous  de  l’inflorescence 
des  écailles  bractéales  blanches,  cartilagi- 
neuses-papyracées,  irrégulières.  Inflores- 
cences régulièrement  fusiformes,  atténuées 
aux  deux  bouts,  atteignant  12  centimètres 
et  plus  de  diamètre  dans  la  partie  la  plus 
élargie,  souvent  dénudées  au  sommet  par 
l’avortement  des  fleurs  supérieures.  Les 
boutons  sont  d’un  rouge  foncé  cocciné  bril- 
lant et  comme  verni,  les  fleurs,  très-ser- 
rées, jaunissent  à peine  à l’extrémité  lors 
de  l’anthèse  ; elles  retombent  sur  la  tige 
où  elles  persistent  en  formant  un  fuseau 
régulier.  La  floraison  est  de  longue  durée. 
— C’est  une  plante  d’un  grand  mérite  or- 
nemental. May. 

RHOMBOIDEUM 

ment  Solanum  platense  {i).  Entre  autres 
particularités,  M.  Sacc  ajoutait  que  les  oi- 
seaux, et  même  les  enfants,  à La  Plata, 
(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  210, 


526 


HARICOT  ZÉBRÉ. 


étaient  friands  des  fruits  blancs  de  cette 
espèce,  qui  avaient  l’odeur  et  le  goût  de 
la  Fraise,  et  qui  étaient  parfaitement  co- 
mestibles et  inoffensifs,  tandis  que  le  redite 
de  la  plante  était  vénéneux,  comme  la  plu- 
part des  Solanées. 

Quelques  graines  nous  avaient  été  en- 
voyées par  l’auteur  de  l’article.  î^ous  les 
avons  semées  au  printemps  dernier;  elles 
ont  développé  des  plantes  à feuillage  rhom- 
boïdal,  vert  clair,  très-abondant,  à tiges 
couchées,  charnues,  et  à racines  rampantes. 
De  petites  fleurs  blanches,  ressemblant  à des 
grelots  d’Andromèdes,  se  sont  succédé  en- 
suite et  ont  donné  naissance,  un  peu  tardi- 
vement, à des  baies  oblongues,  d’un  blanc 
pur  et  transparent,  d’un  joli  aspect. 

Ces  fruits,  longs  de  2 centimètres  en- 
viron, sur  6 millimètres  dans  leur  petit 
diamètre,  viennent  de  mûrir  dans  notre 
jardin  de  Lacroix,  et  nous  les  avons  dé- 
gustés. Leur  pulpe,  blanche  et  transpa- 
rente, aqueuse,  nous  a présenté  une  saveur 
assez  développée  d’Ananas  (ou  mieux  de 
Phyllocalyx,  moins  le  goût  de  théréhen- 
tine),  et  non  de  Fraise  comme  M.  Sacc  l’a- 
vait observé.  Au  total,  ce  fruit  peut  être 
considéré  comme  comestible.  Il  faudrait 
voir  ce  qu’il  deviendrait  si  la  plante  était 
cultivée  dans  le  midi  de  la  France,  en  plein 
air,  et  si  cette  espèce,  qui  est  vivace,  ou 
mieux  suffrutescente,  résiste  bien  à l’hiver. 

Aussitôt  après  avoir  vu  les  fleurs,  nous 
remarquâmes  que,  si  la  plante  était  bien 
une  Solanée,  elle  ne  rentrait  certainement 
pas  dans  le  genre  Solarium  ; sa  corolle 
étant  urcéolée  et  non  rotacée.  Les  fruits 
étant  arrivés  à leur  entier  développement, 


nous  en  envoyâmes  des  échantillons  à notre 
collaborateur,  M.  J.  Poisson,  aide-natura- 
liste au  Muséum,  qui  ne  tarda  pas  à déter- 
miner la  plante  et  y reconnut  le  Salpi- 
chroma  rhomhoideum  de  Miers  (1).  C’est 
une  plante  anciennement  découverte  au  dé- 
troit de  Majellan  par  Commerson,  rencon- 
trée .par  de  nombreux  voyageurs  dans  la 
Plata,  commune  dans  les  Pampas,  à Mon- 
tévidéo  et  au  Brésil  austral.  On  en  connaît 
deux  ou  trois  variétés,  parmi  lesquelles  : 
le  S.  rh.  divaricatum,  commune  dans  la 
province  de  Cordova,  au  Paraguay,  et  dans 
la  province  de  Rio-Grande,  au  Brésil,  et  le 
S.  rh.  puhescens^  répandu  dans  les  Pampas 
de  la  République  Argentine. 

C’est  au  Salpichroma  rhomhoideum  (2) 
puhescens  que  paraît  appartenir  notre 
plante  (section  Perizoma  de  Miers). 

Nous  avons  laissé  en  pleine  terre  une 
certaine  quantité  des  plants  de  Salpichroma 
cultivés  à Lacroix.  Les  uns  seront  découverts, 
les  autres  couverts  de  feuilles,  afin  d’étudier 
leur  degré  de  résistance  à la  gelée.  Quel- 
ques pieds  ont  été  rentrés  en  serre.  Nous 
serons  donc  en  mesure  de  les  essayer  l’an- 
née prochaine  sur  plusieurs  points.  Pour 
faciliter  les  expériences,  nous  offrons  à ceux 
de  nos  lecteurs,  qui  le  désireraient,  de  leur 
envoyer,  au  printemps,  soit  des  graines, 
soit  de  jeunes  boutures  enracinées  en  go- 
dets. Ils  pourront  les  planter  en  plein  midi, 
dans  une  situation  où  leur  racines  traçantes 
pourront  s’étaler  en  liberté,  et  où  leurs 
fruits  'mûriront  en  bonne  saison.  Nous 
serons  ainsi  fixés  sur  la  valeur  comestible 
de  la  Solanée  sud-américaine  recommandée 
par  le  D*’  Sacc.  En.  André. 


HARICOT  ZÉBRÉ 


Ce  Haricot,  dont  plusieurs  fois  déjà  il  a 
été  question  dans  la  Revue  horticole  (3), 
est  certainement  l’une  des  plus  précieuses 

(1)  Salpichroma  rhomboideu7n,  Miers,  in  Hook. 
Jourîi.  of  bot.,  1845,  vol.  4,  p.  326.  — Id.  III. 
of  Amer.  pl.  t.  I,  p.  7.  — Sendtn.  in  Endl.  et 
Mart.  Fl.  bras.,  fasc.  6,  Sol.,  p.  150.  — Dun.  in 
DC.  Prod.  13,  I,  p.  374.  — Busbeckia  radicans, 
Mart.  Cat.  hort.  reg.  mon.  p.  69.  — Planchonia 
nrbuti folia,  Ban.  le.  pict.  in  Vel.  fac.  sc.  Monsp. 
t.  9,  p.  836.  — Atropa  rhomboidea,  Hook.  Bot. 
mise.  I,  p.  135,  t.  37.  — Walp.  Bepert.  3,  p.  103. 
— Physalis  origanifolia,  Lam.  III.  2398.  — Atropa 
organifolia,  Desf.  Catal,  éd.  3,  p.  396, 


variétés.  C’est  le  plus  productif  de  tous  ceux 
que  nous  avons  cultivés  jusqu’à  ce  jour,  et 
il  se  fait  remarquer  autant  par  sa  vigueur 
que  par  sa  productivité,  qui  est  extrême. 

(2)  Le  nom  du  genre  est  formé  de 
trompette,  et  y^püiia,  couleur,  d’après  la  couleur 
jaune  de  la  corolle  de  certaines  espèces,  nom  mal 
appliqué  d’ailleurs,  puisque  les  Heurs  de  plusieurs 
autres  espèces  sont  blanches.  D’ailleurs,  ce  nom 
est  neutre  ; Miers  a donc  fait  erreur,  et  Dunal  aussi 
(DG.  Prod.  XIII,  I,  p.  474)  en  écrivant  Salpi- 
ehroma  rho^nboidea. 

(3)  Voir  Bevue  hortieole,  1877,  p.  469;  1878, 
p.  54. 


. LE  MATÉ. 


527 


Chaque  rame,  si  haute  qu’elle  soit,  se 
garnit  depuis  la  base  jusqu’au  sommet  de 
nombreuses  cosses  sous  lesquelles  la  plante 
disparaît.  Quant  à sa  qualité,  nous  pouvons 
sans  aucune  exagération  affirmer  qu’elle 
surpasse  de  beaucoup  tous  les  Haricots 
Mange-Tout  que  nous  connaissons.  Fin, 
moelleux,  non  filandreux,  * tendre  à la 
cuisson,  ce  Haricot  est  estimé  et  recherché 
des  cuisinières,  qui  lui  donnent  la  préfé- 
rence sur  toutes  les  autres  variétés. 

Sur  la  table  il  est  fort  apprécié  et  fait  les 
délices  des  gourmets  ; c’est  surtout  un  lé- 
gume qui  doit  trouver  sa  place  dans  les  plus 
modestes  jardins  potagers  d’ouvriers,  et  deve- 
nir la  providence  des  ménages,  que  peu  de 
ressources,  car,  sans  tomber  en  purée,  il  est 
tellement  savoureux,  qu’on  pourrait  le  man- 
ger chaud,  sans  autre  assaisonnement  que 
du  sel. 

Outre  ses  qualités  comestibles , ce 
Haricot  réunit  presque  tous  les  mérites  : 

O ■ LE  ] 

On  sait  que  le  Maté  est  un  produit  fourni 
par  une  plante  très-commune  dans  diverses 
parties  de  l’Amérique  du  Sud,  notamment 
dans  le  Paraguay;  elle  appartient  aux  Ilici- 
nées,  et  on  lui  a donné,  pour  cette  raison, 
le  nom  à'Ilex  Paragudyensis.  Ce  sont  les 
feuilles  de  cette  espèce  qui  sont  employées 
soit  directement  comme  masticatoire,  soit 
en  infusion,  parfois  réduites  en  poudre,  ce 
qui  permet  d’en  diversifier  l’usage. 

C’est  à la  fois  un  excitant  et  un  fortifiant 
au  plus  haut  degré,  et,  d’après  le  dire  des 
personnes  qui  ont  habité  certaines  partie 
chaudes  du  Nouveau  - Monde , une  sorte 
d’alimentation  indispensable  et  qui  peut  en 
remplacer  beaucoup  d’autres. 

Jusqu’à  ce  jour,  ce  produit  n’était  guère 
connu  en  France  que  par  ce  qu’en  avaient  dit 
les  voyageurs.  Aujourd’hui  il  en  est  autre- 
ment, grâce  aux  efforts  et  à la  persévérance 
de  M.  Charles  Barbier  qui,  en  1873  et  1874, 
ayant  été  chargé  d’une  mission  officielle 
d’études  économiques  dans  l’Amérique  du 
Sud,  a pu  apprécier  les  immenses  bien- 
faits que  procure  le  Maté  (vulgairement 
Yerha  Maté),  et  résolut  de  l’introduire  en 
France. 

D’après  des  études  sérieuses  faites  par 
des  personnes  compétentes,  chimistes  et 


vigueur,  rusticité,  robusticité.  Le  seul  re- 
proche qu’on  pourrait  lui  faire,  c’est  d’être 
un  peu  tardif,  quoique  sous  ce  rapport, 
il  ne  s’écarte  guère  de  quelques  autres 
variétés  de  Haricots  Mange-Tout,  tels  que 
Haricots  Beurre  ivoire.  Haricots  Beurre  du 
Mont-Bore,  etc.  Ainsi,  cette  année  à Bou- 
gival,  quoique  semé  sur  un  sol  froid  et 
tardif,  il  a donné  depuis  la  première  quin- 
zaine du  mois  d’août,  et  continué  jusqu’aux 
premières  gelées. 

On  peut  hâter  la  production,  en  semant 
en  pot  sous  châssis,  pour  le  livrer  au  plein 
air  vers  le  15  mai.  Trois  ou  quatre  graines  à 
chaque  touffe  sont  suffisantes,  touffes  que 
nous  plaçons  à de  grandes  distances.  On 
ne  met  que  deux  rangées  par  planche,  ce 
Haricot  exigeant  beaucoup  d’air. 

Pour  la  description  de  cette  variété,  voir 
la  Bevue  horticole,  1877,  p.  409. 

Eug.  Yallerand. 


médecins,  on  peut  ainsi  résumer  les  pro- 
priétés du  Maté  : 

« Par  sa  composition  chimique  le  Maté 
se  rapproche  du  Café  et  du  Thé,  mais  il 
est  de  beaucoup  plus  riche  en  matières  ré- 
sinoïdes,  mucilagineuses  et  gommeuses.  Son 
alcaloïde  (Matéine),  chimiquement  identique 
à la  caféïne  et  à la  théïne,  existe  dans  une 
proportion  au  moins  égale  à celui  du  Thé 
noir  et- double  de  celui  du  meilleur  Café.  » 

Dans  la  Bevue  scientifique  du  9 juil- 
let 1881,  le  docteur  Couty  écrit  : 

((  J’ai  fait  des  expérienees  sur  moi-même 
et  j’ai  constaté  que  le  Maté  peut  remplacer 
parfaitement  le  café  pour  une  personne 
habituée  à ce  dernier,  et  j’ai  remarqué,  en 
même  temps,  que  le  Maté  n’a  pas  l’incon- 
vénient du  café.  Buveur  habituel  de  café,  j’ai 
besoin  de  cet  excitant  pour  pouvoir  travailler; 
si  je  n’en  prends  pas,  je  suis  las  et  m’endors  ; 
mais  il  me  suffit  de  dépasser  un  peu  ma  ration 
pour  avoir  de  l’insommie  ou  des  palpitations. 
J’ai  remplacé  le  café  par  le  Maté  à diverses 
reprises,  notamment  pendant  les  fatigues 
de  mon  voyage  à Montévideo  ; j’ai  pu  tra- 
vailler à l’aise,  sans  être  pris  de  fatigues 
ni  de  sommeil.  En  exagérant,  je  n’ai  point 
eu  d’insommie.  » 

M.  le  docteur  Gubler,  en  rendant  compte 


528 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CQNNUS. 


à l’Académie  de  médecine  (séance  du 
7 août  1877)  des  analyses  du  chimiste 
Byasson,  dit  : « Quelle  est  la  valeur  dyna- 
mique du  Maté?  On  doit  la  croire  très- 
grande,  si  l’on  considère  qu’il  permet  aux 
soldats  paraguayaniens  et  argentins,  de 
même  qu’aux  gauchos  des  Pampas,  de  se 
passer  de  nourriture  solide  pendant  un  ou 
même  plusieurs  jours,  malgré  les  fatigues  si 
puissantes  de  la  guerre  ou  de  la  chasse  à 
courre,  dans  les  vastes  solitudes  de  l’Amé- 
rique méridionale. 

((  ...  Le  Maté  forme  une  partie  essentielle 
de  la  ration  réglementaire  des  troupes.  Avec 
lui  il  n’est  pas  de  fatigues,  de  privations  qui 
ne  soient  gaillardement  supportées  ; mais 
sa  nostalgie  est  un  supplice  mortel.  On  peut 
dire  : « Pas  de  Maté,  pas  de  soldats  » et 
quelque  part  qu’il  aille,  un  Sud- Américain 
emporte  sa  provision  de  Yerha  pour  toute 
la  durée  de  son  voyage.  » 

Pour  terminer,  cilons  le  passage  suivant 
du  chimiste  italien  Parodi  : 

((  Chacun  sait  que  le  Maté  est  le  vin,  la 
bière,  le  café,  le  thé,  le  chocolat,  non  seu- 
lement de  nos  populations  rurales,  mais  de 
toutes  les  familles  indigènes  de  nos  villes. 
Son  usage  exerce  sur  les  fonctions  orga- 
niques une  influence  puissante,  soit  en  les 
excitant,  soit  en  les  modérant,  suivant  la 
quantité  absorbée,  le  dosage  de  l’infusion  et 
le  mode  d’administjation.  Les  gauchos  dans 
le  campo^  les  pauvres  dans  les  villages 
vivent  souvent  un  ou  plusieurs  jours  con- 


sécutifs en  prenant  du  Maté  comme  unique 
aliment.  » 

Toutes  ces  propriétés,  que  possède  le 
Maté  provenant  de  plantes  récoltées  dans 
l’Amérique  du  Sud,  se  retrouveraient-elles 
dans  celles  cultivées  dans  nos  serres  ? C’est 
à essayer,  ce  qui  est  d’autant  plus  facile 
que  Vllex  Paraguayensis  pousse  parfaite- 
ment sous  notre  climat  parisien  où,  cepen- 
dant, il  a besoin  d’être  rentré  dans  une 
orangerie  pendant  l’hiver.  Dans  le  midi  de 
la  France,  en  Algérie  surtout,  il  pourrait 
être  cultivé  en  plein  air.  C’est  un  arbris- 
seau ou  petit  arbre  compact  à feuilles  per- 
sistantes, rappelant  quelque  peu  notre  houx 
commun,  et  qui  ne  serait  pas  déplacé  dans 
nos  jardins  comme  plante  d’ornement.  Sa 
culture  est  très- facile;  il  s’accommode  de 
presque  tous  les  terrains,  surtout  de  ceux 
qui  sont  chauds.  On  le  multiplie  par  graines 
et  par  boutons,  quelquefois  aussi  on  le  greffe 
sur  le  houx  commun,  sur  lequel  il  reprend 
assez  bien,  mais  ne  vit  pas  longtemps. 

Par  ce  qui  précède,  on  a pu  se  faire  une 
idée  du  rôle  que  le  Maté  peut  jouer  dans 
l’économie  domestique,  et  combien  il  serait 
important  d’essayer  la  culture  de  la  plante 
qui  le  produit,  c’est-à-dire  de  Vllex  Para- 
guayensis. Aussi  félicitons-hous  M.  Thomas, 
28,  boulevard  Poissonnière,  à Paris,  d’avoir 
eu  l’idée  d’établir  un  dépôt  de  Maté,  et,  par 
tous  les  moyens  possibles,  de  chercher  à en 
vulgariser  et  généraliser  l’usage  en  France. 

E.-A.  Carrière 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS 


Pomme  Reinette  Von  Gomond.  — Très- 
beau,  bon  et  gros  fruit,  mûrissant  de  jan- 
vier à mars-avril,  atteignant  jusqu’à  7 cen- 
timètres de  hauteur  sur  environ  8 et  même 
plus  de  diamètre,  à peine  côtelé.  Queue  té- 
nue, d’environ  18  millimètres  de  longueur, 
dans  une  cavité  largement  évasée.  Œil  très- 
largement  ouvert,  à divisions  étroites  et 
grêles,  renversées  et  dégageant  bien  l’ou- 
verture. Peau  d’un  rouge  foncé  brillant 
presque  partout,  mais  tout  particulière- 
ment vers  la  base  du  fruit,  jaune  d’or,  la- 


vée de  roux  sur  les  autres  parties.  Chair 
fine,  jaune  verdâtre,  tendre,  de  saveur 
agréable.  Loges  étroites,  allongées.  Pépins 
peu  nombreux,  petits,  ordinairement  mal 
conformés,  plats,  souvent  vides. 

Malgré  les  recherches  que  nous  avons 
faites,  nous  n’avons  rien  trouvé  de  publié 
sur  ce  fruit.  Son  nom  autorise  à croire  qu’il 
est  d’origine  allemande.  Nous  devons  à 
M.  Chrétien  les  échantillons  à l’aide  des- 
quels nous  avons  fait  la  description  qu’on 
vient  de  lire.  Pomona. 


Zmr.  Oaorget  Jaoob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Doit-on  relever  les  Oignons  de 
Glaïeuls?  — L’expérience  semble  répondre 
affirmativement.  En  effet,  outre  que  ces 
Oignons  peuvent  geler  l’hiver  ou  fondre  par 
suite  d’une  trop  grande  humidité,  il  arrive 
fréquemment  qu’ils  dégénèrent  ou  s’affai- 
blissent, et  qu’alors,  au  lieu  de  produire 
une  hampe  forte  et  de  grandes  et  belles 
fleurs,  ils  ne  produisent  que  des  tiges 
grêles  qui,  parfois  même,  ne  fleurissent 
pas.  Pour  avoir  une  bonne  réussite,  il  faut 
planter  les  Oignons  un  peu  avant  qu’ils 
n’entrent  en  végétation,  de  manière  qu’ils 
n’aient  rien  perdu  de  leur  vitalité,  et, 
d’autre  part,  comme  il  y a des  variétés  plus 
précoces  les  unes  que  les  autres,  il  est 
bon  de  les  mettre  à part,  afin  de  les  planter 
un  peu  avant  celles  qui  ne  poussent  que 
beaucoup  plus  tard.  En  général,  à part  de 
rares  exceptions,  toutes  les  plantes  bul- 
beuses gagnent  à être  relevées  et  replantées 
chaque  année.  Quant  au  moment  opportun, 
il  varie  suivant  la  nature  des  espèces  et  est 
subordonné  au  climat  sous  lequel  on  est 
placé. 

Céleri  Chemin.  — Cette  variété,  dont 
il  a été  récemment  question  dans  la  Revue 
horticole  (1),  n’est  pas  seulement  remar- 
quable par  sa  belle  couleur  jaune  d’ivoire, 
qui  s’obtient  naturellement,  c’est-à-dire 
sans  soumettre  les  plantes  à l’étiolage,  elle 
l’est  aussi  par  sa  qualité  très-fine  et  délicate. 
D’autre  part,  et  contrairement  à ce  qu’on 
aurait  pu  craindre,  elle  est  très-tendre, 
absolument  comme  si  elle  eût  été  étiolée. 
Mais  c’est  une  variété  estivale,  c’est-à-dire 
qui  doit  être  semée  une  des  premières,  par 
conséquent  sur  couche,  dès  le  mois  de  mars. 
On  doit  la  consommer  assez  vite  ; sans  cette 
précaution,  les  feuilles  se  creusent  un  peu. 
Elle  est  au  Céleri  Turc  ce  que  les  Choux- 
Fleurs  tendres  sont  aux  Choux-Fleurs 
durs.  C’est  une  variété  hâtive’ : semée  en 
même  temps  que  le  Céleri  Turc,  elle  est 
bonne  à consommer  un  mois  plus  tôt]  que 
les  autres. 

Bégonia  Martiana  gracilis.  — Un  de 

nos  abonnés,  M.  Lamare,  horticulteur  à 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p,  467. 
lei’  Décembre  1883. 


Bayeux  (Calvados),  qui  fait  une  culture 
étendue  des  Bégonias  tubéreux,  notamment 
du  B.  Martiana  gracilis,  nous  informe 
que,  chez  lui,  cette  plante  ne  donne  pas  de 
graines  : « Malgré  les  soins  les  plus  assidus 
et  les  fécondations  soigneusement  faites, 
tant  en  serre  qu’en  pleine  terre,  je  n’ai 
pu  l’an  dernier,  ni  cette  année,  récolter  une 
seule  graine  sur  plus  de  cent  fécondations 
que  j’ai  faites.  Les  pétales  tombent,  il  est 
vrai,  mais  il  en  est  bientôt  de  même  des 
ovaires  qui,  du  reste,  ne  contiennent  jamais 
de  graines.  » Le  fait  dont  parle  M.  Lamare 
peut  paraître  d’autant  plus  singulier,  que  le 
Bégonia  diversifolia,  qui  en  est  excessive- 
ment rapproché,  produit  abondamment  des 
graines.  Cette  stérilité  du  B.  Martiana 
gracilis,  chez  M.  Lamare,  est-elle  une  ex- 
ception, un  fait  résultant  de  conditions  par- 
ticulières? 

Poire  Charles  Cognée.  — Cette  variété 
est  l’une  des  plus  méritantes  de  celles  qui 
ont  été  obtenues  depuis  quelques  années. 
Elle  est  encore  nouvelle  et  peu  connue,  ce 
quij^à  l’époque  où  se  font  les  plantations 
d’arbresj  fruitiers,  nous  engage  à appeler 
sur  elle  l’attention  des  pomologues . Le 
fruit,  très-gros  et  de  toute  première  qualité, 
ordinairement  bossué,  a parfois  un  peu  de 
rapport  avec  celui  de  la  Duchesse  d'An- 
goulôme.  Il  mûrit  de  février  à avril. 

C’est  une  variété  très-fertile  ; l’arbre  s’ac- 
commode de  toutes  les  formes,  même 
du  plein  vent.  Ce  gain  a été  obtenu  par 
M.  Charles  Cognée,  de  Troyes,  qui  en  a 
vendu  l’édition  à MM.  Baltet  frères,  chez 
qui  on  pourra  se  le  procurer. 

Deux  bonnes  Pêches  très-tardives. 

— Pêche  Quétier.  — Cette  variété,  dont  il 
a déjà  été  question  dans  la  Revue  horticole 
et  sur  laquelle  nous  croyons  devoir  revenir, 
est  la  Pêche  Quétier,  obtenue  à Meaux  par 
l’habile  horticulteur  de  ce  nom.  Elle  se 
recommande  tout  particulièrement  par  les 
qualités  suivantes  : grosseur,  beauté,  qualité 
de  premier  ordre,  et  surtout  par  sa  tardivelé. 
En  effet,  cette  année  encore,  nous  en  avons 
mangé  le  1®’’  novembre,  jour  de  la  Toussaint, 
qui  étaient  excellentes.  L’arbre,  qui  est  vi- 

23 


530 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


^oiireux  et  productif,  est  à glandes  réni- 
formes  ; ses  fleurs  sont  campanulacées  ; 
quant  à ses  fruits,  qui  atteignent  jusqu’à 
9 centimètres  et  même  plus  de  diamètre,  ils 
sont  sphériques,  colorés,  à chair  non  adhé- 
rente, jaune,  très-ferme,  bien  que  succu- 
fente,  d’un  parfum  très-agréable,  et  sont 
intermédiaires  entre  ceux  des  Pêches  à chair 
tendre  et  les  Pavies.  C’est,  en  un  mot,  un 
fruit  délicieux  pour  la  saison  où  il  arrive. 

Si  on  le  cueille  un  peu  avant  la  maturité 
complète,  on  peut  facilement  en  conserver 
jusqu’au  15  novembre  et  même  au-delà. 

Belle  de  Saint-Geslin.  — La  Revue 
horticole  a fait  connaître  en  1874,  dans  un 
article  de  M.  Ed.  André,  une  belle  et  ex- 
cellente Pêche  obtenue  en  Touraine,  et  qui 
peut  passer  pour  une  des  plus  tardives. 
Elle  se  nomme  Belle  de  Saint-Geslin. 
Nous  en  avons  plusieurs  fois  dégusté  de 
beaux  et  bons  spécimens  après  la  Toussaint.  | 
Cette  variété  est  peu  connue,  malgré  les 
efforts  de  M.  Defains,  pépiniériste  à Am- 
boise,  qui  l’a  mise  au  commerce.  Nous 
l’avons  revue  avec  plaisir  cette  année,  mais 
sous  une  forme  inusitée,  c’est-à-dire  com- 
plètement blanche,  absolument  décolorée, 
même  sur  la  face  insolée.  Cette  variation 
constitue  ainsi  une  forme  nouvelle  et  inté-  | 
ressante  sur  laquelle  nous  aurons  occasion 
de  revenir. 

Les  Raphanodes.  — Ces  produits  si  re- 
marquables, tant  par  leur  nature  que  par 
leur  origine,  et  dont  toute  la  presse  horticole  i 
a parlé  lors  de  leur  apparition,  sont  aujour- 
d’hui à peu  près  oubliés,  ce  qui  assurément 
est  très  - regrettable,  à cause  des  services 
qu’ils  sont  susceptibles  de  rendre.  Ce  sont  des 
sortes  de  Radis  issus  du  Bayhanistrum  ar- 
vense,  remarquables  par  la  forme,  les  dimen- 
sions, la  couleur,  et  même  la  saveur.  Sous 
ces  rapports,  ils  présentent  les  variations  les 
plus  diverses  et  les  plus  étonnantes  : depuis 
la  forme  et  les  dimensions  des  petits  Radis, 
jusqu’à  celle  des  gros  Navets.  Quant  aux 
couleurs,  les  variations  ne  sont  guère 
moindres  : on  passe,  par  des  nuances  gra- 
duées, du  blanc  au  gris  noir,  et  leur  saveur 
varie  de  celle  des  Radis  à celle  des  Navets. 
En  raison  de  ces  variations,  et  surtout  des 
dimensions  qu’ils  atteignent,  ces  produits 
avaient  été  désignés  par  M.  Carrière  sous  le 
nom  de  « Radis  de  famille  » et  par  M.  Ed. 
André  sous  celui  de  Raphanodes. 


Floraison  anormale  de  Lilas.  — Un 

de  nos  abonnés,  M.  G.  Davillon,  de  San- 
cerre,  nous  informe  que  « dans  la  propriété 
de  de  Grussol  d’Uzès,  les  Lilas  sont  en 
pleine  floraison.  » R ajoute  : « J’ai  re- 
marqué que  les  arbustes  qui  ont  le  plus 
souffert  de  l’ouragan  du  2 septembre,  et  qui 
ont  été  complètement  privés  de  leurs  feuilles, 
ont  presque  tous  refleuri,  surtout  ceux  qui 
se  trouvent  le  moins  abrités,  c’est-à-dire  sur 
le  point  culminant  de  la  montagne.  y> 

Nous  pouvons  ajouter  aux  renseigne- 
ments fournis  par  M.  Davillon,  que  la  situa- 
tion de  Sancerre  est  particulièrement  favo- 
rable aux  faits  de  végétation  qu’il  signale. 
Le  parc  de  d’Uzès  est  situé  au  sommet 
d’un  promontoire  élevé  au-dessus  de  la 
rive  gauche  de  la  Loire,  qui  coule  en  cet 
endroit  entre  les  départements  du  Cher  et 
de  la  Nièvre,  et  les  situations  variées  du 
parc  donnent  des  expositions  au  plein  soleil, 
le  long  de  rochers  en  espalier,  qui  rappel- 
lent certaines  cultures  méridionales.  Rien 
d’étonnant  à ce  que  les  boutons  de  ces  Lilas 
aient  leur  végétation  excitée  par  la  tempé- 
rature exceptionnelle  de  la  saison. 

Nuilure  des  rafles  de  Raisin.  — D’une 
I manière  générale,  dans  la  pratique,  on 
nomme  nuilure,  ou  tout  simplement  nulle, 
une  affection  dont  la  cause,  mal  connue,  et 
probablement  complexe,  est  déterminée  par 
la  présence  de  parasites  végétaux.  Cette 
affection,  qui  se  manifeste  très-fréquem- 
i ment  sur  les  Gucurbitacées,  et  notamment 
sur  les  Melons,  ainsi  que  sur  beaucoup 
d’autres  plantes  légumières,  se  montre  aussi 
parfois  sur  la  râfle  des  Raisins.  Dans  ce 
cas,  la  râfle  sèche  et  les  grains  ne  prennent 
plus  d’a’ccroissement  ; ils  se  rident,  res- 
tent acides  et  n’acquièrent  aucune  qualité. 
Jusqu’ici  cette  altération  était  toujours 
très-rare  ; aussi  n’y  faisait-on  guère  atten- 
tion. 

Mais,  il  paraît  aujourd’hui  en  être  autre- 
ment, et  dans  certains  endroits,  à Versailles 
notamment,  nous  avons  vu  que,  soit  à l’air 
libre,  soit  dans  les  serres  à Raisin,  le 
fait  est  désastreux,  et  les  remèdes  tentés 
donnent  lieu  à des  dépenses  relativement 
grandes. 

A quoi  est  due  cette  affection?  Pro- 
bablement à des  parasites  végétaux  peu 
connus  et  dont  la  présence  ne  se  manifeste 
guère  que  par  l’intensité  du  mal,  qui  est 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


telle,  alors,  qu’il  est  à peu  près  impossible 
d’y  porter  remède. 

Pourrait-on  prévenir  ce  mal,  et  com- 
ment ? Sur  ces  deux  points,  nous  ne 
pouvons  qu’émettre  des  hypothèses,  ce 
qui  n’est  pas  une  solution,  assurément, 
mais  pourrait  en  amener  une,  et  nous 
engage  à émettre  une  opinion.  Ce  serait, 
lorsqu’il  s’agit  de  Vignes  cultivées  en  serre, 
de  brûler  de  temps  à autre  un  peu  de 
soufre  ; cette  combustion  formerait  de  l’acide 
sulfureux  qui  purifierait  l’air  en  détrui- 
sant les  corpuscules  délétères.  Pour  cela, 
il  suffirait  de  suspendre  çà  et  là  une  mèche 
soufrée  qu’on  allumerait  le  soir,  mais  dont 
les  dimensions  déterminées  ne  pourraient 
produire  aucun  inconvénient  sur  la  végéta- 
tion. Dans  ce  cas,  nous  ferons  observer 
qu’on  ne  saurait  être  trop  prudent,  et  qu’il 
vaut  toujours  mieux  pécher  par  un  excès  en 
moins,  que  par  l’excès  contraire. 

Pour  les  Vignes  placées  au  dehors,  c’est- 
à-dire  en  plein  air,  il  faudrait  de  temps 
en  temps,  mais  toujours  préventivement, 
bassiner  les  Vignes  avec  un  insecticide 
énergique,  mais  dont  l’action,  pourtant, 
ne  pourrait  altérer  en  rien  les  tissus,  ce 
qu’on  pourrait  du  reste  éviter  en  diluant 
plus  ou  moins  la  substance  employée.  La 
nicotine , l’insecticide  Fichet,  surtout,  pour- 
raient probablement  donner  de  bons  résul- 
tats. 

Conservation  des  Champignons.  — 
M.  Launay,  secrétaire  de  la  Société  botani- 
que de  Meaux,  indique  le  procédé  suivant 
pour  la  conservation  des  Champignons  pen- 
dant plusieurs  années  : laver  les  Champi- 
gnons à grande  eau,  puis  les  introduire  dans 
un  bocal  contenant  de  l’eau  filtrée,  addi- 
tionnée d’un  seizième  d’acide  sulfurique 
pur,  puis  boucher  hermétiquement. 

Le  Champignon  de  couche  se  conserve 
ainsi,  paraît-il,  sans  contracter  aucune  sa- 
veur désagréable  ou  nuisible,  et  parle  même 
procédé,  les  Champignons  de  couleurs  va- 
riées, rouges,  roses,  bleus,  verts,  etc.,  con- 
servent leur  nuance  sans  aucune  altération. 

La  « Germeuse  ».  — L’incubation  des 
œufs  est  tellement  analogue,  comme  fait  et 
même  comme  résultat,  à la  germination  des 
graines,  que  les  moyens  employés  pour 
obtenir  la  première,  peuvent  également 
l’être  pour  déterminer  la  seconde.  Des  deux 


531 

côtés  il  s’agit  de  transformer  un  corps 
inerte  en  un  être  vivant,  végétal  ou 
animal.  D’où  cette  conclusion,  que  la  cou- 
veuse d’œufs  et  la  couveuse  d’enfants  (1) 
peuvent  être  transformées  en  une  Couveuse 
de  graines,  que,  pour  la  circonstance,  nous 
nommons  Germeuse.  Des  expériences  faites 
au  Jardin  d’acclimatation,  par  MM.  Martin 
et  Patrie,  ont  démontré  que  la  couveuse 
artificielle  qui  fonctionne  là,  toute  l’année, 
pour  l’incubation  des  œufs,  peut  être  trans- 
formée en  une  petite  serre -éleveuse.  Des 
graines  d’espèces  diverses  et  de  natures  va- 
riées y ont  parfaitement  germé  dans  un  temps 
relativement  court.  L’expérience  scienti- 
fique est  faite,  reste  l’application  pratique. 

On  pourrait  utiliser  la  Couveuse- Ger- 
meuse, même  telle  qu’elle  est,  c’est-à-dire 
comme  une  sorte  de  laboratoire  d’essai. 
Grâce  à son  faible  volume  et  à son  aspect 
de  petit  meuble,  elle  pourrait  être  placée 
dans  l’appartement . Avec  15  centimes 
d’huile  par  jour,  on  aurait  là,  sous  la 
main,  un  moyen  permanent  de  s’assurer 
de  la  qualité  des  graines  ou  du  temps 
nécessaire  à leur  germination.  Pour  rendre 
cet  appareil  plus  pratique,  et  propre  à 
faire  partie  du  matériel  horticole,  il  suffi- 
rait d’en  augmenter  les  dimensions  et  d’y 
apporter  quelques  modifications  en  rapport 
avec  le  but  qu’on  se  propose  d’obtenir. 
Dans  ce  cas,  M.  Odile  Martin  pourrait  don- 
ner des  avis  fort  utiles. 

Alcool  de  Melon.  --  A une  récente 
séance  de  l’Académie  des  sciences  de  Paris, 
M.  Levât  a fait  connaître  le  résultat  d’essais 
qu’il  a opérés,  pour  extraire  l’alcool  qui  se 
trouve  dans  la  pulpe  du  Melon. 

Ces  résultat  sont  vraiment  surprenants  : 
30  kilogrammes  de  pulpe  ont  produit  cinq 
litres  d’alcool  normal  et  utilisable. 

Force  de  la  végétation.  — La  puis- 
sance mécanique  et  statique  des  végétaux  a 
été  l’objet  de  nombreuses  expériences  , 
parmi  lesquelles  celles  de  Haies  sont  bien 
connues  de  tous  les  botanistes.  Mais  le  sujet 
est  si  étendu  et  les  faits  qui  s’y  rapportent 
sont  parfois  si  surprenants,  qu’on  nous  per- 
mettra d’appeler  l’attention  de  nos  lecteurs 
sur  de  nouvelles  observations. 

D’expériences  récemment  faites  en  An- 
gleterre à ce  sujet,  il  résulte  que  la  Ci- 

(1)  Voh  Revue  horticole.  18S3,  p.  220. 


532 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


trouille  peut,  en  se  développant,  soulever 
un  poids  de  2,050  kilos,  et  supporter,  sans 
souffrir,  un  poids  de  2,500  kilos  pendant  dix 
jours. 

Le  déplacement  et  le  soulèvement  de 
pavés  et  de  roches,  qui  s’accomplissent  fré- 
quemment sous  l’effort  de  certaines  racines, 
prouvent  qu’elles  possèdent  une  puissance 
mécanique  considérable. 

Les  racines  annuelles  peuvent  de  même 
produire  une  force  surprenante;  ainsi,  une 
Betterave  rouge,  introduite  dans  un  drain  en 
terre  cuite  de  2 centimètres  1/2  de  dia- 
mètre, l’a  facilement  fendu  dans  le  sens  de 
la  longueur,  pour  continuer  son  développe- 
ment. 

Les  Champignons,  dont  le  tissu  est  cepen- 
dant bien  spongieux,  ont  aussi  cette  pro- 
priété développée  à un  très -haut  degré.  On 
a récemment  constaté  en  Angleterre,  à 
Braintree  (Essex),  qu’un  Agaricus  arven- 
sis  avait,  pour  se  développer,  soulevé  une 
pierre  mesurant  75  centimètres  de  lon- 
gueur, sur  55  de  hauteur,  ce  qui  représente 
un  poids  considérable. 

Plantations  nouvelles  au  Mexique. 

— Le  Bulletin  dC arhoriculture  de  Gand 
nous  apprend , sous  réserves , que  le 
gouvernement  mexicain  entreprend  des 
plantations  très-importantes.  Un  entrepre- 
neur se  serait  engagé,  par  contrat,  à livrer 
au  Gouvernement,  moyennant  la  somme  de 
un  million  de  francs,  et  dans  un  espace  de 
quatre  années,  à partir  du  15  mars  1884, 
environ  quatre  millions  d’arbres,  dans  les 
essences  suivantes  : 

Saules,  Peupliers,  Tilleuls,  Cèdres,  Aca- 
cias, Frênes  et  autres  essences  diverses. 

Un  certain  nombre  de  jeunes  gens,  char- 
gés de  soigner  ces  pépinières,  recevront  en 
même  temps  une  instruction  spéciale.  Des 
cours  leur  seront  faits  et  de  nombreux  ou- 
vrages horticoles  et  sylvicoles  seront  mis  à 
leur  di.sposition. 

Café  « Maragogipé  ».  — Notre  excel- 
lent confrère  de  la  presse  horticole  belge, 
M.  A.  Van  Geert  consacre,  dans  la  Revue 
de  Vhorticulture  helge^  une  note  intéres- 
sante à cette  nouvelle  espèce  de  Café  qui, 
paraît-il,  doit  peu  à peu  remplacer  le  Coffea 
arabiea.  Le  Café  <(  Maragogipé  d réussit  à 
merveille  dans  les  terrains  élevés.  Voici 
quelques  détails  donnés  sur  cette  plante  par 


un  voyageur  européen  qui  a pu  récemment 
l’étudier  sur  place  : 

« La  feuille  du  Caféier  Maragogipé  est  beau- 
coup plus  grande  que  celle  de  l’espèce  ordi- 
naire ; elle  atteint  25  centimètres  de  lon- 
gueur sur  ^0  centimètres  de  largeur,  tandis 
que  celle  du  Caféier  d’Arabie,  ne  mesure  que 
15  centimètres  de  longueur  sur  6 de  largeur, 
chez  des  arbres  placés  dans  les  mêmes  condi- 
tions. Sa  croissance  est  d’une  vigueur  telle 
que  des  arbres  de  trois  à quatre  ans  ont  atteint 
8 cà  10  pieds  de  hauteur  et  sont  chargés  de  fruits. 
L’arbre  paraît  d’ailleurs  fructifier  plus  tôt 
que  le  Caféier  d’Arabie  et  ses  fruits  sont 
de  dimensions  beaucoup  plus  grandes;  en 
somme,  le  rendement  en  poids  d’un  terrain 
planté  en  Café  Maragogipé  doit  être  beaucoup 
plus  considérable  que  celui  d’un  terrain  planté 
en  Café  ordinaire,  et  cela  nous  paraît  tout 
dire.  » 

Acclimatation  du  Quinquina  dans 
l’Assam.  — On  sait  que  des  études  ont  été 
entreprises  afin  d’arriver  à introduire  la 
culture  du  Quinquina  dans  notre  colonie 
algérienne  ; mais  il  faut  probablement  re- 
noncer à l’y  établir,  le  climat  n’étant  pas 
favorable. 

C’est  dans  d’autres  de  nos  colonies,  plus 
chaudes  et  en  même  temps  plus  semblables 
à la  région  des  Andes  où  croit  le  Quinquina, 
qu’il  faut  chercher  la  solution  du  problème. 

Nos  voisins  les  Anglais,  plus  colonisateurs 
que  nous,  sont  aussi  plus  expéditifs.  Aus- 
sitôt que,  dans  l’une  quelconque  de  leurs  co- 
lonies, la  possibilité  d’une  culture  est  recon- 
nue, et  cela  est  fait  sans  perdre  de  temps, 
les  plantations  sont  exécutées  sur  une  grande 
échelle,  sous  la  protection  et  avec  l’assis- 
tance du  gouvernement.  A ce  propos, 
nous  lisons  dans  la  Revue  d’horticulture 
belge  que  le  gouvernement  anglais  a rapi- 
dement introduit  la  culture  du  Quinquina 
dans  sa  colonie  de  l’Assam  et  ailleurs.  Dans 
la  région  des  Nilgherries  et  à Djardeeling 
(Sikkim),  on  compte  actuellement. plus  de 
5,000,000  de  pieds  de  cet  arbre  précieux. 

Il  n’est  pas  étonnant  qu’avec  une  activité 
semblable,  répartie  sur  toutes  choses,  les 
colonies  britanniques  deviennent  pour  la 
plupart  rapidement  florissantes. 

Histoire  de  la  pomologie.  — On  sait 
que  la  côte  américaine  occidentale  a vu  se 
créer  depuis  un  demi-siècle  des  plantations 
immenses  de  Pommiers,  qui  dépassent 


SOCIÉTÉ  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


533 


même  en  importance  les  grands  vergers  de 
Normandie  et  d’Angleterre. 

Mais  on  ne  sait  pas  assez  comljien  leur 
histoire,  toute  moderne,  offre  d’intérêt. 

Ainsi  le  premier  Pommier  qui  a été 
transporté  d’Europe  en  ces  régions  existe 
encore,  et  il  est  conservé  dans  une  pro- 
priété du  gouvernement  des  États-Unis, 
près  de  Vancouver. 

C’est  en  1826  que  la  Compagnie  de  la 
Baie  d’Hudson  fit  transporter  par  un  de  ses 
navires  ce  pionnier  végétal,  si  l’on  peut 
ainsi  parler,  ancêtre  vénérable  autour  du- 
quel s’est  développée  une  postérité  aujour- 
d’hui innombrable. 


Exposition  d’horticulture  à Orléans. 
— Du  29  avril  au  8 mai  1884,  à l’occasion  du 
Concours  régional  qui  se  tiendra  à cette 
même  époque,  la  Société  horticole  du  Loiret 
fera  à Orléans  une  exposition  d’horticulture 
et  de  tous  les  objets  industriels  économiques 
qui  s’y  rattachent. 

Les  personnes  qui  désireraient  prendre 
part  au  concours  devront  en  informer 
M.  P.  Transon,  route  d’Olivet,  à Orléans, 
et  envoyer  la  liste  des  objets  qu’ils  se  pro- 
posent d’exposer,  au  plus  tard,  le  l®i’  avril 
1884. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


SOCIÉTÉ  POMOLOGIQUE  DE  FRANGE 


La  Société  pomologique  de  France  a tenu 
sa  vingt-cinquième  session,  du  26  au  28  sep- 
tembre, à Genève  (Suisse),  sous  les  aus- 
pices de  la  Société  d’horticulture  de  Ge- 
nève. Les  magnifiques  salles  de  l’Athénée 
avaient  été  gracieusement  mises  à sa  dispo- 
sition par  la  Société  des  Arts. 

La  Société  avait  à s’occuper  : 1°  de  l’ap- 
préciation des  fruits  qu’elle  avait  admis  à 
l’étude  dans  ses  séances  précédentes  ; 2^*  des 
fruits  étudiés  et  présentés,  soit  par  sa  com- 
mission permanente  de  Lyon,  soit  par  les 
commissions  pomologiques  locales;  3°  de 
l’étude  et  de  la  dégustation  des  fruits  dé- 
posés sur  son  bureau;  ¥ de  sa  situation  fi- 
nancière, de  la  médaille  à décerner  à la 
personne  qui  a rendu  le  plus  de  services  à 
la  pomologie  française,  et,  enfin,  du  lieu  où 
se  tiendra  sa  session  prochaine. 

M.  Gardinaux,  président  de  la  Société 
d’horticulture  de  Genève,  après  avoir  sou- 
haité la  bienvenue  aux  membres  de  la  So- 
ciété et  aux  délégués  des  Sociétés  d’horti- 
culture , déclare  ouverte , à Genève , la 
vingt-cinquième  session. 

M.  delà  Bastie,  vice-président  du  Conseil 
d’administration  de  la  Société  pomologique, 
son  président,  M.  Réveil,  étant  absent,  re- 
mercie d’abord  la  Société  suisse  de  son 
bienveillant  accueil,  engage  les  personnes 
présentes  à être,  pendant  le  courant  de  la 
session,  très-sévères  pour  l’admission  des 
fruits,  ((  car,  dit-il,  il  faudrait  mieux  n’en 
admettre  aucun  que  de  s’exposer  à voir  figu- 
rer sur  le  catalogue  de  la  Société  des  fruits 
non  méritants  ))  ; puis  il  invite  la  Société 


à nommer  son  bureau,  qui  sera  chargé  de  la 
direction  des  travaux  pendant  la  session. 

M.  Cusin,  secrétaire  général,  donne  lec- 
ture de  la  liste  des  membres  et  des  délé- 
gués présents,  puis  l’on  passe  à l’élection 
du  bureau. 

Sont  nommés  : 

Présidents  hpnor aires  : MM.  Cardinaux, 
de  la  Bastie. 

Président  titidaire  : M.  Jamin. 

Vice-présidents  : MM.  Hortolès,  Jacque- 
met-Bonnefond,  Welter,  Gunthert. 

Secrétaire  général  : M.  Cusin. 

Secrétaires  : MM.  Michelin,  Nanot,  Alli- 
bert  de  Berthier,  Vaucher. 

Trésorier  : M.  Reverchon. 

Trésorier-adjoint  : M.  Varenne. 

Après  avoir  pris  possession  du  fauteuil  de 
la  présidence,  M.  Jamin  remercie  la  Société 
de  l’honneur  qu’elle  lui  fait  en  le  nommant 
son  président  pour  la  sixième  fois. 

On  décide  ensuite  que  le  Congrès  tiendra 
deux  séances  générales  par  jour  et  qu’une 
commission  de  dégustation  sera  nommée 
pour  apprécier  les  fruits  déposés  sur  le 
bureau. 

M.  Gardinaux  invite,  au  nom  de  la  So- 
ciété d’horticulture  de  Genève,  les  personnes 
présentes  à un  banquet  et  leur  fait  distri- 
buer des  cartes  d’entrées  pour  l’Exposition 
de  fruits  qui  se  tient  au  Monument  électoral. 

Le  président  fait  part  à la  Société  de  la 
perte  de  plusieurs  membres,  décédés  pen- 
dant le  courant  de  l’année  (MîM.  Buchetet, 
Pingeon,  Techeney,  Claude  Blanchet  et 
Croux  père). 


534 


SOCIETE  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


Cette  séance  préparatoire  se  termine  par 
la  nomination  d’une  commission  de  trois 
membres  chargés  de  vérifier  les  comptes  du 
trésorier. 

Séances  de  dégustation. 

Le  lendemain,  à sept  heures  et  demie  du 
matin,  la  Commission  de  dégustation  com- 
mence ses  travaux,  après  avoir  nommé  : 

Président  : M.  Luizet. 

Vice-président  : M.  Treyve. 

Secrétaire  : M.  Michelin. 

Secrétaire-adjoint  : M.  Francillon. 

Elle  déguste  dans  ses  diverses  séances  : 

POMMES. 

Béants  Codlin,  d’origine  anglaise,  aci- 
dulée, juteuse,  bonne  ; maintenue  à l’étude  ; 

— Archiduc  Louis,  à chair  fine,  sucrée, 
parfumée,  manquant  un  peu  de  jus  ; admise 
à l’étude;  — Sans -pareille  de  Peasgood, 
à chair  blanchâtre,  fine,  tendre,  juteuse, 
parfumée,  à recommander  parmi  les  fruits 
précoces  ; maintenue  à l’étude  ; — Frooz, 
à chair  jaunâtre,  mi-fine,  peu  juteuse,  su- 
crée et  parfumée  ; n’est  pas  admise  à l’étude. 

POIRES. 

Joyau  de  septembre,  de  M.  Hérault, 
d’Angers,  à chair  fine,  parfumée,  d’une 
très-grande  délicatesse , très-bonne , est 
admise  à l’étude  ; — Vice-Président  Dele- 
haye,  qui  a déjà  été  présentée,  est  repoussée 
de  nouveau  à cause  de  sa  trop  grande 
âpreté  ; — Souvenir  Deschamps,  est  main- 
tenue à l’étude  ; — une  Poire  obtenue  de 
semis,  envoyée  par  M.  Bruant,  de  Poitiers, 
â chair  très-dure,  non  comestible,  n’est  pas 
admise  ; elle  est  seulement  remarquable  par 
sa  longue  conservation,  car  elle  a été  ré- 
coltée en  1882  ; — Poire  de  semis  n®  23, 
présentée  parM.  Treyve,  n’est  pas  admise  à 
cause  de  sa  trop  grande  âpreté  ; — Poire 
de  semis  739  (Sannier),  à chair  un  peu 
granuleuse,  très-sucrée,  juteuse,  légère- 
ment acidulée;  — Poire  de  semis  n®  364 
(Sannier),  est  envoyée  à la  commission  des 
études  à cause  du  doute  sur  son  identité; — 
Trésorier  Lesac/ier  (Sannier),  à chair  assez 
line,  juteuse,  sucrée,  très-parfumée,  agréa- 
blement acidulée,  est  maintenue  à l’étude  ; 

— Président  Maslon  (Sannier),  est  trop 
mûre  pour  pouvoir  être  dégustée  ; — Ma- 
dame Sannier,  à chair  sucrée,  moyenne- 
ment juteuse  et  à arôme  peu  agréable. 


n’est  pas  admise  â l’étude  ; — Président 
Delacour  (Sannier),  à chair  pas  assez  su- 
crée, peu  volumineuse  pour  la  saison,  n’est 
pas  admise;  — Souvenir  de  Sannier  père, 
à chair  délicate,  juteuse,  sucrée,  agréable- 
ment parfumée,  est  maintenue  à l’étude  ; — 
William-Duchesse  (Luizet),  n’est  pas  assez 
mûre  pour  pouvoir  être  dégustée  ; ^ Sa- 
bine Vermorel,  à chair  blanche,  juteuse, 
parfumée,  un  peu  âpre,  un  peu  musquée, 
n’est  pas  admise  à l’étude  ; — Thérèse, 
n’est  pas  assez  mûre  pour  être  dégustée; 

— Semis  28  (Cuissard  et  Barret),  à 
chair  blanchâtre,  sucrée,  juteuse,  quoique 
bonne,  n’est  pas  admise,  parce  qu’elle  est 
peu  connue  ; — Edmond’s,  à chair  très- 
blanche,  pâteuse,  granuleuse  au  centre, 
trop  mûre,  n’est  pas  acceptée. 

PÈCHE  (Nectarine). 

Nectarine  Albert,  quoique  jugée  de  qua- 
lité inférieure,  est  maintenue  à l’étude,  car 
l’échantillon  dégusté  est  en  mauvais  état. 

PÈCHES  (proprement  dites). 

Pêche  Michelin  : l’exemplaire  présenté  a 
été  récolté  sur  un  arbre  à haute  tige  et  est 
défectueux;  — Princesse  de  Galles,  qui 
est  déclarée  bonne,  mais  ne  répondant  pas 
à la  description  qui  en  a déjà  été  faite,  ne 
peut  être  jugée  à cause  de  cette  incertitude; 

— Sea  Eagle,  quoique  peu  sucrée  et  filan- 
dreuse, est  maintenue  â l’étude  ; — Merlin 
(Barret),  est  très-juteuse,  âpre  et  de  qualité 
médiocre;  — Pêche  de  semis  (M.  Treyve), 
juteuse,  amère,  est  déclarée  sans  valeur. 

PRÊCHE  (Pavie). 

Pavie  Saint-Michel  (Besson),  à chair 
jaune,  modérément  ferme,  sucrée,  est  dé- 
clarée bonne. 

RAISINS. 

Duc  de  Malakoff,  présenté  par  M.  Ja- 
min  (obtenteur  Moreau -Robert),  est  un 
très-beau  Raisin,  doux,  agréable  au  goût, 
précoce,  très-fertile.  Est  adopté  pour  être 
inséré  au  catalogue;  — Buchetet  (Besson), 
peu  sucré;  — Michelin  (Besson),  bon  fruit, 
maintenu  à l’étude  ; — Chasselas  Besson 
(Besson),  a beaucoup  de  ressemblance  avec 
le  Chasselas  de  Fontainebleau,  mais,  dit 
M.  Besson,  lui  est  préférable  à cause  de  sa 
plus  grande  précocité;  — Grosse  Clairette 
(Besson),  à grains  sucrés,  bon,  est  main- 
tenu à l’étude;  — Noir  Glady  (Besson), 


SOCIÉTÉ  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


535 


bon  Piaisin  ; — Valencia^  de  qualité  infé- 
rieure et  mûrissant  difficilement,  sous  notre 
climat,  n’est  pas  maintenu  à l’étude  ; — 
Sultanieh  rose  sans  pépins,  de  bonne  qua- 
lité, est  maintenu  à l’étude  ; exige  la  taille 
longue;  — Président  Cardinaux  (semis 
n»  410,  de  M.  Besson),  à grains  noirs,  est 
plutôt  un  Raisin  de  cuve  que  de  table;  — 
Président  Doûmet,  à grains  rose  foncé,  ju- 
teux, modérément  sucré,  n’est  pas  très-bon 
comme  Raisin  de  table;  — Boisselot,  à 
grains  très-fermes,  ce  qui  lui  permet  de 
supporter  les  voyages,  et  qui  est  de  bonne 
qualité,  est  admis  à l’étude;  — Muscat 
Reynier,  à grains  blancs  et  mûrissant  avant 
le  Chasselas  de  Fontainebleau,  est  proposé 
pour  l’étude  ; — Koocki  (Vigne  du  Japon), 
est  un  Raisin  à grains  blancs,  acerbes,  de 
mauvaise  qualité;  — Saint-Louis  (semis  de 
M.  Besson),  à grappe  ailée  et  à grains 
oblongs,  juteux,  très-sucrés,  à peau  tendre, 
précoce,  bon. 

PRUNE . 

Tardive  de  Corny , présentée  par 
M.  Luizet,  est  de  bonne  qualité  ; l’arbre  qui 
la  porte  est  ornemental. 

FIGUES. 

Saint-Dominique  (Besson),  fruit  moyen 
à chair  blanche  ; ne  paraît  pas  être  authen- 
tique, car,  d’après  M.  Jamin,  il  devrait  être 
blanc,  plus  allongé  et  plus  gros;  maintenu 
à l’étude  ; — Coucourelle,  fruit  très-petit, 
strié  de  violet,  à chair  rouge-violet  ; n’est 
pas  maintenu  à l’étude  ; — Figue  d’A- 
thhies,  à chair  de  lait  et  d’une  qualité  tout 
au  plus  passable  ; n’est  pas  admise  à l’étude  ; 
— Fortunée  (Besson),  à chair  rouge  et  d’un 
goût  particulier  peu  agréable,  n’est  pas 
admise  à l’étude. 


SÉANCES  GÉNÉRALES. 

Pendant  ses  séances,  la  Société  pomolo- 
gique  révise  la  liste  des  fruits  qui  sont  à 
l’étude  depuis  plusieurs  années.  Pour  main- 
tenir à l’étude  ou  pour  rayer  de  sa  liste  les 
fruits  qui  y sont  déjà  inscrits,  et  qui  n’ont 
pas  été  présentés  à la  Commission  de  dé- 
gustation, elle  se  base  sur  l’avis  des  pomo- 
logues présents, qui  cultivent  ces  fruits  chez 
eux. 

Deux  fruits  : la  Prune  Turner's  Pippin 
(Dillistone)  et  le  Raisin  Duc  de  Malalioff, 
qui  depuis  plusieurs  années  sont  à l’étude, 
sont  déclarés  présenter  des  qualités  suffi- 


santes pour  pouvoir  figurer  sur  le  cata- 
logue. 

Dans  une  de  ses  séances,  la  Société  dé- 
cerne, à l’unanimité,  sa  grande  médaille 
d’or  à M.  Treyve,  de  Trévoux,  qui,  depuis 
plusieurs  années,  rend  de  grands  services 
à la  pomologie,  et  qui  vient,  cette  année,  de 
se  distinguer  tout  particulièrement  en  indi- 
quant les  règles  qui  doivent  être  suivies 
pour  greffer  les  Noyers  avec  succès. 

M.  de  la  Bastie  propose  ensuite  à la  So- 
ciété d’accorder,  cette  année,  par  exception, 
une  2e  médaille.  Après  avoir  approuvé  cette 
proposition,  la  Société  décerne  cette  mé- 
daille à M.  Cusin,  son  dévoué  secrétaire 
général,  qui,  depuis  longtemps,  lui  rend  de 
grands  services. 

Avant  de  se  séparer,  la  Société  renou- 
velle cinq  de  ses  conseillers  sortants  (mem- 
bres du  Conseil  d’administration)  ; puis  elle 
entend  le  rapport  de  la  commission  chargée 
de  vérifier  les  comptes  du  trésorier,  et, 
enfin,  décide  la  réimpression  de  son  cata- 
logue. (Chaque  description  sera  accompagnée 
d’une  coupe  longitudinale  du  fruit  décrit.) 

La  vingt-sixième  session  se  tiendra  à 
Rouen  en  1884. 


LISTE. 

DES  FRUITS  ÉTUDIÉS  PAR  LA  SOCIÉTÉ  POMOLOGIQUE. 


Fruits  maintenus  à l’étude. 


Années 
de  la 

Noms  des  fruits. 

Époque 

de 

présentation. 

maturité. 

1878. 

Abricot. 

Chancelier  (Luizet). 

Fin  juillet. 

1882. 

l'erise. 

Bigarreau  noir  d’Ecullg 

Mi-juin,  coin. 

(Luizet).  juillet. 


Figue. 

1882.  S oint- Dominique. 

Frauiboise. 

1879.  Fillhasket.  Non  bifère. 

1882.  DeBohüiller. 

1882.  Impériale  de  Tréhizonde. 

Xoïx, 

1882.  Princesse  (Martin). 

Pècîies  (proprement  dites) 

1881.  Alexis  Lepère  (Lepère 

fils).  Mi-septemb. 

1882.  Albatros  (Tihers).  id. 

18/9.  Baltet  (Ballet).  Fin  septemb. 

1882.  Baro)ine  de  Brivazac.  Mi-septemb. 
1882.  Comtesse  de  Montijo 

(Gauthier).  id. 


536 


SOCIÉTÉ  PO.AIOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


Années 

Époque 

de  la  Noms  des  fruits. 

de 

présentation. 

maturité. 

1880.  TJaxvn. 

Corn.  août. 

1879.  Earhj  Alexander. 

Fin  juin. 

1881,  Lady  Pabnerston  (Ri- 

. 

vets). 

Fin  septernb. 

1882.  Lafdte. 

Septembre. 

1881.  Michelin  (Lvâzci). 

Mi-septemb. 

1880.  Précoce  Tilt  oison. 

Fin  juillet. 

1881.  Sea  Eagle  {VdveYs). 

Fin  septernb. 

1882.  Walburlon  admirable. 

id. 

Fèeiscs  (Nectarines). 

1878.  Albert  (JX'wQYS,). 

Mi-septemb, 

1880.  Bowdexi. 

Fin  août. 

1882.  Incomparable  {ÏY.  belge). 

id. 

1882.  Prince  de  Galles  (Hi- 

vers). 

Mi-septemb. 

1881.  Stamcick  Elruge  (El- 

ruge). 

Fin  août. 

PèelBC  (Pavie). 

1882.  Comme  (Comme). 

Fin  septernb. 

Polrc-s. 

1881.  Abbé  Lefebvre  (Saunier). 

Novembre. 

1880.  Alexandre  Delaherche 

(Sannien. 

Octobre. 

1881.  Alexandrine  Mas  (Mus), 

Fin  hiver. 

1881.  Beurré  amande  (Sau- 

nier). 

Oct.-Nov. 

1881.  Beurré  de  Naghin  (Da- 

ras). 

Hiver. 

1881.  Beurré  Dubuisson. 

Nov.-Janv. 

1881.  Beurré  Henri  Courcelle 

(Saunier). 

Fin  hiver. 

1881.  Bon  Chrétien  Erédéric 

Baudry  (Saunier  ) . 

Hiver. 

1881 . Délicieusede  Graynmont. 

Fin  août. 

1880.  Edouard  Collette  (Col- 

lette). 

Octobre. 

1880.  Ciram. 

Cora.  août. 

1875.  Henri  de  Bourbon  (de 

Roussineau). 

Hiver . 

1882.  La  France  (Blanchet). 

Octobre. 

1881.  Louise-Bonne  Saunier 

(Sannier). 

Hiver. 

1881.  Madame  Chaudu  (Chau- 

dyl- 

Novembre. 

1882.  Notaire  Lepin  (Rollet). 

• Nov. -Février, 

1881.  Président  B arnabé  (San- 

nier). 

Hiver. 

1878.  Président  Drouard  (Oli- 

vier). 

Nov. -Mars. 

1 882 . Sa  in  t-A  ndré . 

Fin  septernb, 

1880.  Sannier  père  (Sannier). 

Octobre.  • 

1882.  Souvenir  Deschamps 

(Deschamps). 

Com.  sept. 

1878.  Sucrée  Troyenne  (Baltet). 

Fin  septernb. 

1881.  Trésorier  Lesacher  (Sau- 

nier). 

Fin  septernb, 

1880.  Vice -président  Decaye 

(Sannier). 

Octobre. 

Pojîames. 

1877.  Belle  d’Angers. 

Hiver. 

1880.  Bonne  Virginie. 

Décembre. 

1882.  Cox’s  orange  Pippin 

(Cox). 

Hiver 

1882.  Dean’ s Codiin. 

Oct.-Nov. 

1882.  Djerbi  grijfe. 

Octobre. 

1882.  D.  T.  Fisc  h. 

Sept. -Nov. 

1881.  Ch  'OS se  ca  i sse . 

Oct.-Nov. 

1882.  Napoléon. 

Hiver. 

1880.  Beinelle  Lamberct . 

Déceinln’c. 

1882.  Sans -pareille  de  Peas- 

good. 

Oct.-Nov. 

1882.  Yodishire  Beaiily. 

.Mi-septemb. 

Années 

Epoque 

de  la 

Noms  des  fruits. 

de 

présentation. 

E®i’SÎ5Bes. 

maturité. 

1882. 

Monsieur  à fruits  verls. 

Fin  juillet. 

1882. 

Napolilana. 

Fin  juillet. 

18S2. 

Tardive  de  Corny. 

EaâsÎBîs. 

Fin  août. 

1882. 

Allen’ s hybride. 

Fin  scptoml). 

1878. 

Buchelet  (Besson). 

Fin  septeinb. 

1881. 

Chasselas  Jalaberl. 

Mi-septemb. 

1882. 

C h asselas  Marvaud. 

Fin  septeml». 

1882. 

Eniily. 

Fin  septernb. 

1882. 

Crosse  clairette  (Bes- 

1882. 

son). 

Mi-septemb. 

Noir  Cladij  (Besson). 

id. 

1882. 

Sultanie/i  rose  saxis  pc- 

pins. 

Mi-septemb. 

Fruits  non  maintenus  à l’étude. 

Cerise. 

Guigne  blanche  Winhlcr.  Mi-juin . 


FâejMc. 


1882.  Coucourelle. 

PE’îimSsoz.se. 

1879.  Surpasse  merveille. 

Bil'ère. 

Cîa'oseîSlcs  à grappes 

1879.  Blanche  transparente. 
1879.  Prince  Albert. 

Gro.sciiScs  à maquereau. 

1879.  Duch  Wing. 

1879.  Ereedom. 

1879.  CoLden  Gourd. 

Pèche.*?;  (proprement  dites). 

1881.  Clémence  Isaure  (Bai- 

thère  ) . 

1880.  Précoce  de  Sainlc-Ais- 

Mi-septemb. 

sile. 

Mi-juillet. 

1879.  Princesse  de  Galles . 

Poires. 

Mi-septemb. 

1880.  Antoine  Delfosse  (Gré- 

goire). 

Novembre. 

1880.  Baltet  père  (Ballet). 

1881.  Hippolgte  Collette  (Col- 

Nov.-Déc. 

lette). 

Octobre. 

1880.  Varenne  de  Fenille. 

Hiver. 

PottKme. 

1880.  Saint-Germain. 

Fin  juillet. 

Pr5»nc. 

1882.  Marange. 

Fin  juillet. 

Raisins. 

1882.  Black  défiance. 

1882.  Chasselas  Besson  (Bes- 

Fin septernb 

son  1. 

Août . 

1882.  Delaware. 

Mi-septemb. 

1881.  Golden  Hamburg. 

Fin  septernb 

1882.  Othello. 

Fm  septernb 

1882.  Senasijun. 

Mi-septcml>. 

1882.  Triumph. 

Fin  septernb 

1882.  Valancia. 

Octübi-e. 

,1.  Nanot. 

r 10  fcs  SC  U r d’ a 1 1 lor  i c iil  1 1 1 ro . 


PHYLLANTflUS  CHANTIllERI. 


537 


PHYLLANTHUS  CHÂNTRTBRI 


C’est  avec  une  vive  satisfaction  que  nous 
constatons  l’accroissement  des  introductions 
directes  de 
plantes  nou- 
velles en 
France. 

En  voici 
un  exemple 
tout  récent  : 

MM.  Glian- 
trier  frères, 
horticuF 
teurs  àMor- 
tefontaine, 
viennent  de 
recevoir  de 
Gochinchine 
une  très- 
belle  Eu- 
phorbiacée 
nouvelle, 
importée  vi- 
vanteparles  ^ 
soins  d un 
des  vaillants  offi- 
ciers supérieurs 
de  notre  marine, 
l’amiral  Diiperré. 

Nous  donnons 
avec  plaisir  à cette 
nouveauté  le  nom 
des  habiles  horti- 
culteurs qui  nous 
l’ont  fait  connaître, 

MM.  Ghantrier. 

Le  Phyllanthus 
Chantrieri  (lig. 

106)  est  un  arbuste 
à tige  dressée  et  à 
rameaux  couverts 
d’une  pubescence 
glanduleuse  blan- 
che passant  ensuite 
au  ton  roux.  Les 
rameaux  forment 
un  angle  droit  avec 
la  tige  et  ils  ont 


triangulaires  aiguës..  Les  feuilles  sont  gla- 
bres, d’un  beau  vert  brillant,  obliquement 

distiques, 
subsessiles , 
trapézoïda  - 
les,  très- 
inéquilaié  - 
raies , ar- 
rondies à la 
base  et  au 
milieu,  acu- 
minées  au 


compagnees 
de  deux  sti- 
pules té- 
nues, trian- 
gulaires ai- 
guës, la  su- 
périeure 
dressée.  Le.s 
fleurs  males 
naissent  par 
1 à ^ ' 


l’aspect  de  feuilles 
pennées;  ils  sont  ^ 
herbacés,  un  peu 
sinueux  cylindracés, 
méfiée  portant  deux 


— Phyllanthus  Chantrieri^  port  de  la  planée,  réduit  au  sixième. 

1 a O a 
l’aisselle  et  en 
dessous  des  feuil- 
les, depuis  la  base 
jusqu’aux  2/3  des 
rameaux; elles  sont 
pendantes  à l’ex- 
trémité d’un  pé- 
doncule solitaire 
capillaire,  long  de 
10  millimètres  ; 
leur  caîyce,  d’un 
rouge  brique  (fig. 
107,  n°  1),  se  com- 
pose de  4 lobes 
étalés , libres , 
ob longs,  bordés  de 
franges  laciniées 
jaune  pâle,  à gorge 
calleuse,  à côte  mé- 
diane décurrente. 
Les  anthères,  au 
nombre  de  deux 
(à  première  vue 
quatre)  sont  fau- 


Fio-.  -107. 


Phyllanthus  Chantrieri. 

Fleur  mrUe,  çrofspîe  4 fois,  — 2.  Fleur  femelle,  grossie  4 fois  (de  face).  0iat0s  SOSSiloS  bi- 
3.  Fleur  femelle,  grossie  4 fois  (de  profil).  \ 

loculaires,  latera- 


géniculée 


à base 
petites  écailles 


tu- 
noires 


lernent  déhiscentes.  Les  fleurs  femelles 
(tig.  107,  n^s  2 et  3)  sont  plus  grosses  que 


538 


CONSERVATION  RES  GRAINES. 


les  mâles,  de  même  couleur,  solitaires  vers 
l’extrémité  des  rameaux,  à pédoncules  longs 
de  2 centimètres,  filiformes,  renflés  en  mas- 
sue au  sommet  sillonné,  insérés  dans  l’ais- 
selle et  en  dessus  des  feuilles  ; leur  calyce  est 
infondibuliforme,  à 6 lobes  libres,  décurves, 
triangulaires  oblongs  frangés-laciniés.  Le 
réceptacle  claviforme  supporte  l’ovaire  gla- 
bre, globuleux,  à 3 divisions  biloculaires  et 
entouré  d’un  disque  en  collerette  festonnée, 
appliquée;  le  stigmate  est  sessile,  trifurqué. 
Le  fruit,  représenté  par  une  seule  capsule 
(sur  l’échantillon  observé)  est  oblong,  de 
2 centimètres  de  long  sur  1 de  large  (1). 

Le  P.  Chantrieri  se  place  entre  les  P.  ele- 
gans  et  P.  Roxburghii. 

Ce  qu’une  description  botanique  ne  peut 


indiquer,  c’est  le  mérite  particulier  du  Ph. 
Chantrieri  comme  plante  de  serre  à feuil- 
lage ornemental.  Son  port  régulier,  l’élé- 
gance de  ses  rameaux  horizontalement 
étalés,  le  vert  brillant,  lustré,  de  son 
étrange  feuillage  trapézoïdal,  sont  des  carac- 
tères décoratifs  qui  en  feront  une  fort  jolie 
plante  d’appartement.  Il  n’est  pas  jusqu’aux 
nombreuses  petites  fleurs  mâles  et  femelles 
dont  les  calyces  rouge  brique  pendent  gra- 
cieusement sur  les  rameaux,  qui  n’ap- 
portent un  attrait  de  plus  à cette  nouveauté. 

Nous  prédisons  donc  une  faveur  marquée 
au  Phyllanthus  de  MM.  Chantrier,  et 
nous  attendons  l’heure  où  nous  apprendrons 
qu’ils  le  livrent  au  commerce  horticole. 

Ed.  André. 


CONSERVATION  DES  GRAINES 


La  culture  offre  aux  initiés  une  infinité 
de  problèmes  à la  recherche  desquels  les 
savants  ont  toujours  été  occupés.  Souvent, 
après  de  longues  et  patientes  études  et  de 
nombreuses  observations,  ils  ont  trouvé  la 
solution  cherchée  avec  tant  d’ardeur  ; quel- 
quefois ces  découvertes  ont  immortalisé 
leurs  noms  ; mais  combien  de  fois  n’ont-ils 
abouti  qu’à  une  simple  hypothèse,  qu’ils  ont 
bien  essayé  de  défendre  avec  le  plus  de 
chaleur  possible,  mais,  quoi  qu’on  en  dise, 
les  hypothèses  n’ont  jamais  un  fonds 
bien  solide  et  la  question  revient  natu- 
rellement en  évidence,  parfois  sur  la 

(1)  Phyllanthus  Chantrieri,  Ed.  André,  nov. 
spec.  — ((  Arbuscula  ramis  puberulo-glandulosis 
cum  caule  erecto  rectangulis  foliaceis,  basi  geni- 
culato-tumescentibus  scalas  2 triangulo-acutas  ni- 
grescentes  gerentibus.  Folia  coriacea,  glabra, 
nitida,  oblique  disticha,  subsessilia,^  trapezoidea, 
inæquilateralia  apice  acuminata,  basi  medioque 
rotundata,  stipulis  2 tenuibus  triangulo-acutis.  Flo- 
res maso,  e basi  ad  2/3  ramorum  in  axilla  folio- 
rum  inferne  orientes  ; pedunculi  solitarii  capillares, 
0^.010  longi  ; calycis  lateritii  lobi  4 patentes'Jiberi, 
oblongi,  margine  laciniato-fimbriati,  ad  faucem  cal- 
losi,  Costa  decurrente  ; antheræ  2 (primo  visu  4)  fau- 
ciales,  sessiles,  biloculares,  lateraliter  déhiscentes. 
Flores  fœm.  masculis  majores,  lateritii  ; pedun- 
culi 0“.  02  longi,  filiformes  apice  clavato-sulcati,  in 
axilla  foliorum  superiorum  superne  inserti;  calyx 
infundibularis  lobis  6 liberis  decurvis  triangulis 
oblongis  laciniato-fimbriatis  ; receptaculum  clavi- 
forme; ovarium  globoso-sulcatum  ; discus  mani- 
cato-fissus  adpressus;  stigma  sessile,  trifurcatum; 

capsula  oblonga — E.  Cochinchina  gallica  in 

Europam  introduxit  illust.  classis  prœfectus  Du- 
perré,  anno  1882.  d E.  A. 


simple  observation  d’un  disciple  peu  con- 
vaincu. 

Au  nombre  de  ces  problèmes,  il  en  est 
un  surtout  qui  me  préoccupe  depuis  le 
temps  où  j’ai  entendu  raconter,  pour  la  pre- 
mière fois,  la  légende  de  ces  grains  de  Blé 
que  des  chercheurs  avides,  cachés  sous  le 
voile  de  la  science,  avaient  découverts  dans 
des  tombeaux  égyptiens  où  ces  grains 
étaient  enfermés  depuis  plusieurs , milliers 
d’années,  et  qui,  semés  en  bonne  terre, 
avaient  parfaitement  germé  : ce  problème 
est  celui  de  la  conservation  des  graines. 

Aujourd’hui,  cette  histoire  est  générale- 
ment reléguée  dans  le  domaine  de  la  fable  ; 
mais  d’autres  faits,  qui  paraissent  plus  cer- 
tains, prouvent  que  la  question  est  loin 
d’être  vidée.  C’est  ainsi  que  les  Annales 
de  la  Société  linnéenne  de  Bordeaux 
renferment  un  mémoire  de  M.  Desmoulins, 
dans  lequel  celui-ci  atteste  que  des  graines 
trouvées  dans  des  tombeaux  gallo-romains, 
découverts  en  Périgord,  ont  germé,  malgré 
leurs  quinze  siècles  d’existence. 

Bindley,  l’illustre  botaniste  anglais,  pré- 
tend également  avoir  obtenu  des  Fram- 
boisiers de  graines  trouvées  dans  la  cavité 
ventrale  d’un  squelette  humain,  que  ren- 
fermait un  tiimutiis  découvert  dans  les  en- 
virons de  Maiden. 

J’admettrai  volontiers  encore,  si  on  le 
veut,  que  ces  deux  derniers  faits  puissent 
être  classés,  pour  leur  véracité,  dans  la 
même  catégorie  que  le  premier;  mais  alors 


POIRIERS  DE  LA.  CHINE  ET  DU  JAPON. 


539 


je  passerai  à une  autre  série  qui  sera  moins 
contestée. 

Qui  n’a  entendu  dire  que  des  Haricots 
pris  dans  l’herbier  de  Tournefort,  plus  d’un 
siècle  après  que  ce  grand  botaniste  les  y 
avait  placés,  avaient  été  semés  au  Muséum 
de  Paris  et  y avaient  très-bien  germé  ? 

Qui  n’a  remarqué  aussi  ce  fait  que  lors- 
qu’on creusait  la  terre  à une  certaine  pro- 
fondeur, pour  un  puits,  par  exemple,  le  tas 
que  l’on  formait  avec  la  terre  extraite  se 
couvrait,  quelque  temps  après  son  exposi- 
tion à l’air,  de  plantes  dont  quelques-unes 
ne  se  retrouvent  souvent  pas  dans  les  en- 
virons et  dont  les  semences  ont,  par  consé- 
quent, été  conservées,  pendant  un  temps  plus 
ou  moins  long,  à une  grande  profondeur? 

Faut-il  attribuer  cette  conservation  extra- 
ordinaire de  la  qualité  germinative  à la  sup- 
pression absolue  des  influences  atmosphé- 
riques? Cependant,  ne  dit-on  pas  toujours 
que  les  graines  doivent  être  mises  dans  un 
endroit  sec  et  aéré  et  renfermées,  non  dans 
des  bouteilles,  ni  dans  des  tiroirs,  où  l’air 
ne  pénètre  pas  assez  facilement,  mais  dans 
des  sacs  de  toile?  Ou  bien  le  vide  complet, 
absolu,  est-il  le  meilleur  conservateur  de 
cette  qualité  ? 

Question  assez  complexe,  vraiment,  et 
que  j’aimerais  bien  à voir  traitée  et  déve- 
loppée. 

La  physiologie  végétale  nous  explique 
très-bien,  par  la  composition  des  graines, 
pourquoi  il  y en  a qui  se  conservent  plu- 
sieurs années,  tandis  que  d’autres  perdent 
si  vite  leurs  qualités  germinatives;  mais, 
lorsque  cette  conservation  dépasse  les  li- 
mites qu’elle  a tracées,  elle  devient  tout  à 
fait  insuffisante. 

Une  autre  face  de  la  question  est  celle  de 

POIRIERS  DE  LÀ  ( 

Si  jusqu’ici  ces  deux  pays,  situés  aux 
confins  de  l’Asie,  nous  ont  donné  un 
nombre  considérable  de  plantes  d’orne- 
ment, par  contre,  et  bien  que  tous  nos 
arbres  fruitiers  y aient  des  représentants, 
souvent  même  très -nombreux,  aucun,  jus- 
qu’à ce  jour,  ne  nous  a fourni  une  seule 
espèce  qui  puisse  aller  prendre  place  dans 
nos  collections  fruitières,  cela  quelle  que 
soit  l’espèce  dont  il  s’agisse.  Les  Poires, 
Prunes,  Pèches,  Raisins,  etc.,  qui  jusqu’à 


la  suspension  de  la  qualité  germinative 
d’une  graine  pendant  un  temps  donné. 

Je  ne  connais  pas  d’auteur  qui  ait  parlé 
d’une  observation  semblable. 

J’ai  déjà  cité  dans  ce  journal  (1),  il  y a 
quelques  années,  ce  fait  d’une  variété  de 
Laitue  dont  la  graine  ne  germait  pas  du 
tout  avec  deux  ans  d’âge  et  parfaitement 
bien,  au  contraire,  l’année  svdvante. 

Je  suis  persuadé  que  la  plupart  de  ceux 
qui  ont  lu  cette  histoire,  ont  dû  immédiate- 
ment la  classer  au  nombre  de  ces  inventions 
fabuleuses  à la  tête  desquelles  se  trouve 
celle  des  grains  de  Blé  égyptiens,  dont  j’ai 
parlé  au  commencement  de  cet  article. 

Cependant,  j’affirme  avoir  observé  le 
fait  ; mais  n’est-il  pas  véritablement  sin- 
gulier? 

Une  autre  particularité  qu’il  serait  impor- 
tant d’approfondir  est  celle  de  la  reprise, 
par  des  graines  qui  les  ont  perdus,  de  leurs 
principes  germinatifs,  sous  l’influence  de 
moyens  artificiels. 

J’ai  lu,  je  ne  sais  plus  où,  que  des  graines 
vieilles,  ne  germant  plus  du  tout,  avaient 
tini  cependant  par  produire  des  plantes  sous 
l’action  du  camphre.  On  prétend  aussi  avoir 
observé  le  même  fait  en  se  servant  du  chlore, 
et  enfin,  en  mai  1850,  la  Société  d’horticul- 
ture de  Lyon  constata  que  M.  Beckensteiner, 
le  savant  électricien  de  notre  ville,  avait 
réussi,  avec  le  secours  de  l’électricité  sta- 
tique, à faire  germer  des  graines  ayant 
vingt-huit  ans  d’existence. 

En  vérité,  la  question  que  je  pose  dans 
cet  article,  n’est-elle  pas  une  des  plus  inté- 
ressantes delà  culture  et  n’est-elle  pas  très- 
attrayante  pour  tout  physiologiste  ? 

Qui  la  résoudra?  A.  Rivoire  fils. 

Marcliand-gràinier,  IG,  rue  d’Algérie,  à Lyon, 

UNE  ET  DU  JAPON 

ce  jour  nous  sont  parvenus  de  l’une  ou  de 
l’autre  de  ces  contrées,  n’ont  qu’une  valeur 
à peine  médiocre.  Les  Poiriers,  qui  par  leur 
aspect  et  leur  végétation,  semblaient  devoir 
donner  des  produits  de  bonne  qualité, 
n’ont  pas  justifié  cette  apparence;  tous 
leurs  fruits  ont  un  aspect  analogue,  sont 
peu  colorés  ou  même  pas,  restent  jaunâtres, 
et  leur  peau  rappelle  assez  bien  celle  de 
notre  vieux  Beurré  gris  ou  encore  du 

(l)  Voir  Revue  horticole,  1881,  p,  9t. 


540 


ANTHURIUM  FERRTERENSE. 


Beurré  Aurore.  Une  pariicularité  tout  à fait 
remarquable  et  que  ne  présente  aucune  de 
nos  variétés,  c’est  une  saveur  fine  et  bien 
prononcée  de  Coing,  qui,  sans  être  désa- 
gréable, ne  convient  pas  à nos  palais,  un 
peu  gâtés  peut-être  par  nos  excellents  fruits. 

Il  est  pourtant  un  procédé  de  préparation 
qui  permet  d’utiliser  ces  fruits,  c’est  de  les 
faire  cuire  ou  d’en  faire  des  conserves.  Dans 
ce  cas,  ces  préparations  sont  délicieuses  ; ce 
n’est  ni  du  Coing  ni  de  la  Poire,  mais 
quelque  chose  d’intermédiaire  et  de  très- 
agréable,  qu’alors  on  mange  avec  plaisir. 
On  peut  aussi  en  faire  des  boissons  fer- 
mentées, notamment  un  cidre  d’une  nature 
particulière  et  d’une  saveur  spéciale,  sui 
generis,  qui  laisse  un  arrière-goût  d’une 
finesse  exquise.  J’ajoute  que  plusieurs  de  ces 
Poiriers  chinois  ont  des  fruits  excessive- 


ment juteux,  notamment  le  Pgrus  Simonii, 
dont  la  Revue  horticole  a donné  une  figure 
et  une  description  (1).  D’autre  part,  il 
serait  possible  que  le  cidre-poiré,  obtenu  de 
fruits  japonais,  n’ait  pas  l’inconvénient  de 
celui  provenant  de  nos  Poiriers  qui,  comme 
on  le  sait,  a le  grave  inconvénient  d’at- 
taquer tellement  le  système  nerveux,  que 
son  usage  est  à peu  près  abandonné,  ce 
qui  est  regrettable,  surtout  aujourd’hui  que 
la  production  du  vin  tend  constamment  à 
diminuer  par  l’extension  continuelle  du 
phylloxéra.  C’est  à essayer,  la  chose  en 
vaut  certainement  la  peine  ; c’est  pourquoi 
je  la  signale  en  informant  les  personnes 
qui  voudraient  la  tenter,  qu’elles  pour- 
raient se  procurer  le  Fhjrus  Simonii  chez 
MM.  Simon-Louis  frères,  à Plantières-lès- 
Metz  (Alsace-Lorraine).  May. 


ANTHURIUM  FERRIERENSE 


Au  commencement  d’avril  1880,  quand 
apparurent  les 
premières 
fleurs  de  V An- 
thurium An- 
pro- 
venant des 
pieds  que  j’a- 
vais introduits 
vivants  en  Eu- 
rope, les  hor- 
ticulteurs ne 
tardèrent  pas 
à envisager  la 
possibilité  de 
fructueuses  hy- 
bridations fu- 
tures, au 
moyen  de  ce 
type  si  étrange 
dans  ses  for- 
mes et  si  bril- 
lant de  cou- 
leur. 

Plusieurs 
amateurs  me 
questionnèrent 
sur  les  affinités 
de  l’espèce.  Je  Fig- 108. — Anthurium  Février > 

répondis  qu’à 

mon  avis  elle  s’éloignait  de  la  tribu  où  était 
placé  l’A.  Scherzerianum,  qu’elle  ne  s’en 


rapprochait  que  par  le  ton  de  la  spathe,  et 

qu’il  fallait 
chercher  dans 
la  section  des 
A . ornatum, 
Lindigii,  leu- 
coneurum, 
crystallinum , 
ynetallicumy 
etc.,  des  for- 
mes capables 
de  s’hybrider 
avantageuse- 
ment avec  VA. 
Andreanum, 
sans  cepen- 
dant négliger 
d’autres  es- 
pèces. 

M.  a.  Van 
G eert , de 
Gand,  exprima 
une  opinion 
semblable 
dans  la  Revoie 
de  VhorticuR 
ture  belge  et 
étrangère  (2), 
ense,  au  1/7  de  grandeur  naturelle,  d’après  les  ren- 
seignements 

que  je  lui  avais  communiqués. 

(1)  Bcv.  horl.,  '1872,  p.  128.  - (2)  7J.,  1880,  p.  188. 


P R4n>U£  /lorlicole. 


Aiitluu'iiinb  X Ferrurejuse . 


AÎ^TIIURIUM  FERRIERENSE. 


541 


La  voie  indiquée  fut  donc  suivie,  et  nous  i 
savons,  de  diverses  sources,  que  de  nom-  i 
breuses  fécondations  artificielles  furent  ten-  i 
tées  avec  succès. 

On  apprit  bientôt  qu’un  de  ces  semis  nou- 
veaux venait  de  fleurir  en  France,  et  qu’il 
était  exposé  à Paris. 

Parmi  les  plantes  nouvelles  qui  figuraient 
à l’Exposition  tenue  par  la  Société  nationale 
d’horticulture  de  France  en  octobre  1882, 
cette  nouvelle  Aroïdée  fit  sensation.  Elle 
était  présentée  par  M.  Bergman,  jardinier- 
chef  chez  M.  le  baron  A.  de  Rothschild,  à 
Ferrières-en-Brie  (Seine-et-Marne),  au  mi- 
lieu d’un  lot  d’autres  plantes  admirable- 
ment cultivées. 

Les  spathes,  du  plus  beau  rose,  formant 
un  élégant  contraste,  avec  un  large  feuil- 
lage vert  foncé,  attiraient  d’autant  plus  vive- 
ment l’attention  du  public  horticole,  qu’on 
savait  que  la  plante  était  issue  du  premier 
croisement  heureux  entre  V Anthurium  An- 
dreanum  et  VA.  ornatum. 

Voici  ce  qu’en  disait  M.  Duchartre,  le  sa- 
vant botaniste  rédacteur  de  la  Société,  dans 
son  compte-rendu  de  cette  Exposition  (1)  : 

« M.  F.  Bergman  avait  apporté  à l’exposition 
un  beau  pied  fleuri  de  son  bel  Anthurium 
Ferrieri  |(2),  hybride  des  A.  Andreanum  et 
ornatum^  qui,  d’après  la  loi  de  nomenclature 
établie  par  Schiede  et  observée  par  tous  les  bo- 
tanistes, devait  être  appelé  Anthurium  ornato- 
Andreanum,  si  la  seule  loi  qui  soit  observée 
aujourd’hui  })Our  la  création  des  noms  de 
plantes  en  horticulture  n’était  de  n’en  recon- 
naître aucune.  Une  médaille  lui  a été  décernée 
pour  ce  gain  de  tous  points  remarquable. 

« Ce  nouvel  Anthurium^  à côté  duquel  se 
trouvaient  des  pieds  fleuids  de  ses  deux  parents, 
est  intermédiaire  à ceux-ci  par  la  couleur  de 
sa  spathe  colorée  en  rose  vif,  c’est-à-dire  dans 
laquelle  le  rouge  ardent  de  VA.  Andreanum  a 
été  adouci  par  le  blanc  légèrement  verdâtre  de 
VA.  ornatum.  Il  semble  inaugurer  une  nou- 
velle catégorie  d’Aroïdées  ornementales,  grâce 
â cette  coloration  de  sa  spathe.  Il  constitue 
donc  une  acquisition  d’un  haut  intérêt.  » 

Aux  renseignements  qui  précèdent,  et 
qui  indiquent  sommairemontpa  présentation 
faite  à l’Exposition  de  Paris,  il  convient d’a- 

(1)  Bulletin  de  la  Société  nationale  et  centrale 
d' horticulture  de  France,  1882,  pp.  788-89. 

(2)  Nous  avons  cru  qu’il  serait  plus  correct  de 
changer  ce  nom  en  celui  de  Ferrierense,  qui  depuis 
a été  adopté  généralement  pour  cette  belle  plante, 
par  les  liorticulleurs 


i jouter  ceux  qui  précisent  l’histoire  de  la 
i plante  et  dont  les  éléments  m’ont  été  four- 
I nis  par  M.  Bergman  lui-même. 

Laissons  parler  l’obtenteur  : 

« IV Anthurium  Andreanum  qui  a servi  de 
porte-graines  pour  la  plante  nouvelle  dont  il 
s’agit , a été  acheté  â l’état  de  rhizome  le 
5 mai  1880,  et  a été  exposé  à Paris  le  23  dé- 
cembre de  la  même  année,  comme  le  premier 
fleurissant  en  PVance.  Les  visiteurs  de  l’expo- 
sition du  21  mai  1881,  de  la  Société  d’horticul- 
ture de  France,  aux  Champs-Élysées,  ont  pu 
remarquer  encore  cette  meme  plante,  dont  les 
fleurs  avaient  alors  acquis  un  développement 
remarquable  et  dont  l’une  d’elles  portait  des 
graines  presque  mûres  que  nous  avons  semées 
au  retour  de  l’exposition.  Elles  ont  donné  nais- 
sance à V Anthurium  Ferrierense.  Cette  nou- 
veauté a fleuri  pour  la  première  fois  au  mois 
de  mai  1882  ; les  fleurs  n’avaient  alors  que 
3 centimètres  environ  de  long  et  étaient  d’un 
coloris  rose  magenta  ; elles  atteignent  aujour- 
d’hui 16  centimètres  de  long  sur  14  de  large. 

« Chose  remarquable,  un  Anthurium  orna- 
tum fécondé  par  V Andreanum,  a donné  exac- 
tement les  mêmes  résultats,  les  semis  étant 
absolument  identiques  dans  les  deux  cas  ; il 
n’y  a aucune  différence  entre  les  semis  dont 
l’A.  Andreanum  a été  le  porte-graines  ou  ceux 
dont  VA.  ornatum  a été  le  porte-graines  (1). 

«Notre  A.  Ferrierense  a été  exposé  en  pre- 
mier lieu  â Lagny,  le  16  septembre  1882, 
â Paris  le  10  octobre  1882  (dans  ces  deux 
expositions  il  a obtenu  des  premiers  pri.x),  et  â 
Londres  à la  Société  botanique,  le  25  mars  1883, 
où  il  a reçu  une  prime  de  première  classe  ; 
â Londres  à la  Société  d’horticulture,  le 
27  mars  1883  (prime  de  première  classe),  et 
enfin  à Gand,  le  15  avril  1883,  où  il  a reçu  une 
médaille  de  vermeil. 

« Nous  avons  donné  plus  haut  tous  les  détails 
généalogiques  et  les  dimensions  de  l’A.  Fer- 
rierense, })our  montrer  la  rapidité  avec  laquelle 
ce  semis  a été  obtenu  et  aussi  pour  faire  voir 
aux  semeurs  que  la  première  floraison  des 
Aroïdées  est  toujours  au-dessous  de  celle  des 
plantes  adultes  et  qu’il  ne  faut  pas  se  laisser 
aller  au  découragement  en  la  voyant. 

« Voici  en  quelques  mots  comment  nous 
avons  procédé  pour  l’obtention  ou  plutôt  pour 
la  culture  de  nos  graines.  Ces  graines,  recueillies 
sur  l’A.  Andreanum  ont  été  de  suite  semées, 
après  avoir  été  retirées  de  leurs  enveloppes, 

(1)  Ce  fait  remarquable  d’identité  dans  les  pro- 
duits d’une  fécondation  intervertie  a déjà  été  ob- 
servé par  M.  A.  Bleu,  dans  ses  expériences  sur  la 
fécondation  artificielle  des  Caladium,  et  cet  habile 
semeur  nous  a affirmé  qu’il  était  disposé  â trouver 
là  une  loi  naturele.  E.  A. 


542 


ONCIDIUM  ORNITHORYNCHUM  SUPERRUM. 


dans  de  petites  terrines  remplies  de  sphagnum 
et  de  terre  de  bruyère,  et  couvertes  d’une 
cloche.  Au  bout  de  six  semaines,  les  semis 
avaient  déjà  une  feuille  et  de  belles  racines  ; 
on  les  repiqua  alors  en  terrines  dans  le  môme 
compost,  puis  dans  des  godets  quand  elles 
eurent  trois  feuilles.  Quand  les  godets  devin- 
rent trop  petits  pour  ces  plantes,  on  les  mit 
dans  des  terrines  plates  de  15  centimètres  de 
profondeur  et  de  20  à 25  centimètres  de  large, 
avec  un  bon  drainage  et  toujours  la  même 
composition  de  terre,  c’est-à-dire  sphagnum  et 
teri’e  de  bruyère,  mais  en  ajoutant  un  peu  de 
cJiarbon  de  bois.  C’est  alors  que  nous  avons 
obtenu  des  fleurs  d’une  grandeur  inusitée.  Au 
fur  et  à mesure  que  la  plante  pousse  en  hau- 
teur, il  est  bon  d’entourer  la  tige  de 
sphagnum^  pour  aider  au  développement  des 
jeunes  racines  d’où  la  plante  tire  une  partie  de 
sa  vigueur. 

«Tout  ce  travail  se  fait  dans  une  serre  chauffée 
à 20  à 25»  centigrades,  et  les  terrines,  pots, 
godets,  etc.,  sont  plongés  dans  de  la  mousse 
avec  une  chaleur  de  fond  de  25  à 30^.  Natu- 
rellement il  faut  que  la  serre  soit  toujours 
tenue  humide  et  que  les  semis,  jeunes  plantes 
et  specimens,  soient  arrosés  et  seringués  fré- 
([uemment. 

« L’Anthurium  Ferrierense^  de  même  que 
la  plante-mère,  VA.  Andreanum,  n’est  pas  dé- 
licat ; il  est  au  contraire  très-robuste,  vigou- 
reux, et  pousse  avec  rapidité;  il  est  lïorifère  et 
porte  constamment  des  fleurs  qui  durent  fort 
longtemps,  plusieurs  mois  môme.  Pour  obtenir 
des  plantes  bien  ramifiées  et  par  conséquent 
d’une  floraison  très-abondante,  il  suflit  de  leur 
couper  la  tête.  » 

A ces  intéressants  détails,  je  puis  ajouter 
les  quelques  notes  suivantes,  prises  devant 
la  plante  exposée  à Gand  au  mois  d’avril 
dernier. 

Le  pied-mère,  présenté  par  M.  Bergman, 


est  devenu  d’une  vigueur  extrême.  Comme 
beaucoup  d’hybrides , ses  dimensions  dé- 
passent de  beaucoup  celles  des  parents. Son 
beau  feuillage  cordiforme,  épais,  luisant, 
supporté  par  de  robustes  pétioles  cylindri- 
ques, est  plus  étoffé  que  celui  de  VA.  or- 
natum,  dont  la  plante  a le  port  ferme  et 
bien  dressé.  Ces  pétioles  peuvent  atteindre 
jusqu’à  1 mètre  de  hauteur,  et  le  limbe 
40  centimètres  dans  son  plus  grand  dia- 
mètre. Les  fleurs,  à pédoncule  égalant  ou 
dépassant  les  feuilles,  à spathe  dressée, 
ovale,  aiguë,  concave,  ont  la  texture  épaisse 
des  deux  types,  mais  elles  ont  perdu  les 
•dépressions  caractéristiques  de  VA.  An- 
dreanum,  pour  lui  emprunter  la  couleur 
rose  vif,  atténuation  du  rouge  écarlate  de 
ma  plante.  Le  spadice,  qui  reste  dressé, 
n’est  pas  jaune,  mais  blanc  d’ivoire. 

La  gravure  noire  ci-jointe  (fig.  108),  faite 
d’après  l’exemplaire  encore  jeune  de  VA. 
Ferrierense  exposé  à Paris  l’année  dernière, 
deAnême  que  la  spathe  rose  de  notre  plan- 
che coloriée,  doivent  donc  être  de  beaucoup 
amplifiées  par  l’imagination  de  nos  lecteurs, 
s’ils  veulent  se  faire  une  idée  exacte  des  di- 
mensions de  cette  belle  plante. 

J’ai  dit,  en  commençant,  que  d’autres  fé- 
condations de  VA.  Andreanum,  avec  di- 
verses espèces  du  genre,  avaient  été  tentées 
par  plusieurs  horticulteurs  et  amateurs.  Des 
résultats  très-intéressants  se  sont  déjà  pro- 
duits, et  nos  lecteurs  en  seront  prochaine- 
ment instruits. 

En  attendant , nous  sommes  heureux 
d’annoncer  que  VA.  Ferrierense  vient 
d’être  mis  au  commerce  par  MM.  Veitch 
et  fds,  horticulteurs  à Ghelsea,  Londres. 

Ed.  André. 


ONCIDIÜM  ORNITHORYNCHUM  SUPERRUM 


Plante  très-vigoureuse,  cespiteuse,  à 
pseudobulbes  comprimés,  ovales,  tronqués 
au  sommet.  Feuilles  nombreuses,  subdres- 
sées, longuement  iridiformes,  régulière- 
ment acuminées  en  pointe  aiguë,  d’un  vert 
très-foncé  ou  vert  noir.  Hampe  robuste,  re- 
lativement grosse,  atteignant  40  à 50  cen- 
timètres de  hauteur,  terminée  par  une  forte 
et  légère  inflorescence,  très- ramifiée,  à ra- 
mifications filiformes.  Fleurs  crispées,  rap- 
pelant assez  exactement  celles  de  VOnci- 
dinm  ornithorgnchum,  un  peu  plus  fortes 


cependant,  d’un  rose  légèrement  violacé 
ou  vineux,  dégageant  une  odeur  fine,  très- 
agréablement  vanillée;  colonne  très-pe- 
tite, blanc  carné  ; masses  polliniques  d’un 
beau  jaune  d’or  qui  contraste  très-agréable- 
ment avec  l’intérieur  du  labelle  qui  est  rose 
piqueté. 

IL  Oncidium  ornitliorgnclium  siiper- 
bwm,  Hort.,  est  originaire  du  Giiatémala. 
M.  Pmugier  l’a  reçu  de  ce  pays,  en  mélange 
avec  d’autres  espèces  d’Orchidées.  C’est 
une  plante  ornementale  de  premier  ordre. 


LES  GYMNOGRAMME. 


543 


d’une  extrême  fïoribondité  et  d’une  vigueur 
tout  à fait  exceptionnelle,  qui  seule  suffirait, 
pour  la  distinguer  de  VOncidium  ornitho- 
rynchuyn  type,  qui  dégage  une  odeur  désa- 
gréable de  punaise,  ainsi  que  de  sa  variété 
suavis,  qui  sent  la  vanille.  Ces  deux  plan- 
tes, relativement  naines  et  délicates,  ont  des 
hampes  grêles  qui  s’élèvent  peu,  et  leur  feuil- 
lage toujours  maigre  n’est  jamais  abondant. 


L’O.  orn.  que  nous  décrivons, 

est  au  contraire  une  espèce  précieuse,  à 
feuilles  nombreuses  et  formant  des  touffes 
qui,  même  sans  fleurs,  peuvent  être  con- 
sidérées comme  ornementales.  On  peut 
se  la  procurer  chez  M.  Rougier-Chauvière, 
horticulteur,  152,  rue  de  la  Roquette, 
Paris. 

E.-A.  Carrière. 


LES  GYMNOGRAMME  (’> 


Dans  la  grande  famille  des  Fougères,  le 
genre  Gy myio gramme  est  un  des  plus  culti- 
vés et  des  plus  appréciés.  Cela  s’explique 
par  la  beauté  de  presque  toutes  les  espèces, 
et  aussi  par  leur  culture  facile. 

Quoi  de  plus  joli,  de  plus  élégant,  que 
ces  ravissantes  feuilles  si  légères,  merveil- 
leusement argentées  ou  dorées  en  dessous? 
La  plupart  des  espèces  ou  variétés  sont  bien 
distinctes  entre  elles,  et  nous  établirons 
plus  loin  leurs  principaux  caractères  diffé- 
rentiels. 

Aussi  bien  pour  les  plantes  à développe- 
ment moyen,  que  pour  celles  de  proportions 
plus  modestes,  la  culture  en  paniers  sus- 
pendus est  toujours  employée  avec  avan- 
tage. C’est  dans  ces  conditions  que  les 
nogramme  se  développent  le  mieux,  et 
conservent  cette  élégance  suprême,  qui  est 
une  de  leurs  principales  qualités.  Les  gran- 
des espèces  seules  doivent  être  cultivées  en 
pots. 

La  terre  qui  leur  convient  le  mieux  est 
un  mélange  de  terre  de  bruyère  fibro-tour- 
beuse.pour  deux  tiers,  et  de  terreau  de 
feuilles  pour  le  reste.  On  peut  au  besoin 
remplacer  ce  terreau  par  du  sphagnum 
finement  haché. 

Les  Gymnogramme  ne  doivent  pas  être 
cultivés  au  milieu  d’autres  Fougères  pour 
cette  raison  que  les  bassinages  leur  sont 
absolument  nuisibles,  et  que  la  moindre 
pluie  artificielle,  aussi  légère  qu’elle  soit, 
enlèverait  les  colorations  blanches  ou  jaunes 
du  feuillage.  Ils  se  développent  très-bien  et 
se  colorent  parfaitement  sans  recevoir  au- 
cune ombre,  même  lorsque  la  lumière  est 
ardente,  pourvu  qu’ils  y aient  été  habitués 
de  bonne  heure,  et  qu’ils  soient  soumis  à 
une  bonne  aération.  Quoique  leurs  feuilles 

(1)  C’est  par  erreur  qu’on  écrit  généralement 
Gymnogramma.  Il  faut  dire  Gymnograynme. 


demandent  une  atmosphère  sèche,  il  est 
nécessaire  d’arroser  fréquemment  et  abon- 
damment les  racines  ; et  par  ce  traitement 
on  obtient  toujours  une  bonne  végétation. 

Les  Gymnogramme  se  multiplient  faci- 
lement de  semis,  et  la  rapidité  de  leur  crois- 
sance permet  de  former  de  jolies  plantes 
en  très-peu  de  temps. 

Passons  maintenant  à un  examen  rapide 
des  diverses  espèces. 

Gymnogramme  calomelanos  (Indes  oc- 
cidentales).— Frondes  longues  de  1 mètre. 
Les  nervures  sont  noires  dans  toute  leur 
longueur,  à l’exception  de  la  base  qui  est 
marquée  de  raies  brunes.  La  partie  supé- 
rieure des  feuilles  est  vert  foncé  luisant  ; le 
dessous^est  couvert  d’une  poudre  farineuse 
blanche.  Serre  chaude. 

G.  chærophylla  (Amérique  tropicale). — 
Petites  dimensions;  frondes  triangulaires, 
vert  brillant,  transparentes.  Leur  face  in- 
férieure est  complètement  couverte  par  les 
sores,  qui  sont  disposées  en  lignes  étroites. 
Serre  chaude. 

G.  chrysophy lia  (Indes  occidentales).  — 
Jolie  espèce  très-répandue.  Frondes  longues 
de  40  à 50  centimètres,  vert  clair  en  des- 
sus, couvertes  en  dessous  d’une  poussière 
jaune  doré,  sur  laquelle  les  sores  noires 
produisent  un  élégant  contraste.  Serre 
chaude. 

G.  Laucheana.  — Variété  de  l’espèce 
précédente.  Port  compact.  Frondes  triangu- 
laires gracieusement  arquées  ; leur  face  in- 
férieure est  uniformément  colorée  de  jaune 
d’or  brillant.  Serre  chaude. 

G.  Alstoni.  — Sous-variété  du  chryso- 
phylla.  Port  compact.  Frondes  irrégulière- 
ment triangulaires,  recouvertes  en  dessous 
d’une  poussière  dorée,  à nervures  très-al- 
longées. Serre  chaude. 

G.  Laucheana  gigantea.  — Frondes 


544 


LES  COULISSES-ÂBRTS. 


plus  longues  que  celles  du  G.  Lauclieana, 
})lus  lancéolées,  lobes  plus  profondément  in- 
cisés. Les  autres  caractères  sont  à peu  près 
les  mêmes.  Serre  chaude. 

G.  Laucheana  grandiceps,  — Frondes 
robustes,  érigées;  leur  partie  inférieure  est 
peu  garnie;  leur  partie  supérieure  au  con- 
traire se  termine  par  une  touffe  corymbi- 
forme  d’un  beau  jaune  d’or.  Jolie  plante. 
Serre  chaude. 

G.  chrysophylla  Massoni.  — Frondes 
très-longues,  lancéolées,  dorées  en  dessous, 
élégamment  retombantes.  Serre  chaude. 

G.  decomposita.  — Espèce  bien  distincte, 
se  couvrant,  dans  son  jeune  âge,  d’une 
poussière  qui  plus  tard  devient  d’un  jaune 
brillant.  Frondes  longues  de  70  centimètres 
à 4 mètre,  gracieusement  arquées.  Serre 
chaude. 

G.  flexiiosa  {Amérique  tropicale).  — Jolie 
espèce,  ne  se  couvrant  d’aucune  poussière 
farineuse.  Frondes  à divisions  très-nom- 
breuses. Serre  cbaude. 

G.  ochracea.  — Espèce  robuste,  de  serre 
chaude  et  de  serre  froide.  Frondes  nom- 
breuses, lancéolées,  vert  foncé  sombre  en 
dessus,  jaune  pâle  en  dessous.  (Amérique 
tropicale).  Serre  chaude. 

G.  Pearcei.  — Espèce  péruvienne,  exces- 
sivement élégante  et  très-rare.  Jolies  fron- 
des quadripennées,  vert  brillant  au-dessus, 
couvertes  d’une  poussière  farineuse  blanche 
en  dessous,  à nervures  brunes.  Très -belle 
plante.  Serre  cbaude. 

G.  Peruviana  argyropliiylla.  — Cette 
forme  réalise  par  excellence  le  type  de  la 
Fougère  argentée.  Frondes  splendides  et 
nombreuses,  longues  de  75  centimètres, 
larges  et  bien  fournies  à la  base,  argentées 
aussi  bien  en  dessus  qu’en  dessous.  Serre 
chaude. 

G.  pulchella.  — Espèce  très-élégante,  de 
l’Amérique  tropicale.  Frondes  longues  Ale 
70  centimètres,  larges  de  35,  vert  brillant 
au-dessus,  et  couvertes  d’une  poussière 
jaune  orange  en  dessous.  Serre  chaude. 

G.  ritfa.  — Espèce  très- distincte  par  ses 

LES  GOULl 

Dans  tous  les  établissements  d’horticul- 
ture, on  réserve  à proximité  des  serres 
un  espace  réservé  aux  jeunes  plantes  que 
l’on  sort  des  serres  â miilliplication,  ou  que 


nervures  rouges,  et  les  poils  que  prcvsente 
toute  sa  surface.  Serre  chaude. 

G.  schizophylla.  — Charmante  espèce, 
très-distincte.  Frondes  abondantes,  de  gran- 
deur moyenne  et  présentant  ce  caractère 
spécial  de  se  bifurquer  aux  deux  tiers 
de  leur  longueur.  Les  nervures  sont  le  plus 
souvent  prolifères  aux  points  de  bifurcation, 
ce  qui  permet  de  multiplier  rapidement  la 
plante.  Serre  chaude. 

G.  sulplmrea.  — Espèce  naine,  origi- 
naire de  la  Jamaïque,  la  plus  petite  de  tou- 
tes les  Fougères  dorées.  Frondes  longues 
de  25  centimètres,  vert  clair  en  dessus, 
couvertes  en  dessous  d’une  épaisse  pous- 
sière jaune  soufre.  Serre  chaude. 

G.  tartarea.  — Frondes  à nervures  et 
sores  noires,  longues  de  60  centimètres,  vert 
foncé  en  dessus,  couvertes  d’une  poussière 
d’un  blanc  de  neige  en  dessous.  Serre  chaude. 

G.  tomentosa.  — Espèce  brésilienne  qui 
se  rapproche  du  G.  rufa,  mais  qui  s’en  dis- 
tingue cependant  par  ses  frondes  bipennées 
au  lieu  d’être  pennées,  et  par  les  poils  d’un 
rouge  brun  qui  couvrent  ses  nervures.  Serre 
froide. 

G.  triangularis.  — Espèce  sud-améri- 
caine, dont  le  port  se  rapproche  plus  de  ce- 
lui d’un  CJieüanthes  que  d’un  Gymno- 
gramme.  Frondes  triangulaires,  longues  de 
20  à 25  centimètres,  couvertes  en  dessus 
d’une  poussière  jaune  soufre.  Serre  froide. 

G.  irifoliata.  — Espèce  très-remarqua- 
ble, originaire  de  la  Jamaïque,  et  bien  dis- 
tincte de  toutes  celles  appartenant  au  même 
genre.  Frondes  bipennées,  à segments  tri- 
foliés et  dinéaires,  vert  foncé  en  dessus,  et 
couvertes  en  dessous  d’une  poussière  fari- 
neuse qui  varie  depuis  le  blanc  pur  jus- 
qu’au jaune  orange.  Serre  chaude. 

G,  Weitenhalliana.  — "Variété  très-dé- 
corative se  rapprochant  un  peu  du  G.  pul- 
chella’, mais  ses  frondes  se  terminent  en 
forme  de  corymbe  et  sont  couvertes  sur 
toute  leur  surface  d’une  poussière  jaune 
soufre  pâle.  Ch.  Thays. 

(Traduit  du  Garden.) 

;SES-ABRIS 

leur  tempérament  délicat  empêche  de 
placer  en  plein  air. 

Cet  endroit  doit  être  à l’abri  du  soleil  et 
des  vents  violents.  Pour  obtenir  ce  résultat. 


LES  COULISSES-ABRIS. 


545 


on  divise  le  terrain  par  bandes  de  2 à 
3 mètres  de  largeur,  séparées  entre  elles 
par  des  plantations  en  ligne. 

D’ordinaire,  ces  plantations  sont  recti- 
lignes, et  orientées  de  façon  à briser  les 
rayons  du  soleil  de  midi,  et  à arrêter  les 
vents  de  l’ouest  ou  du  nord. 

Mais  à certaines  heures  de  la  journée,  qui 
varient  suivant  l’orientation  qu’occupent 
les  arbres  plantés  comme  abris,  le  soleil 
frappe  en  plein  sur  toute  la  longueur  des 
i)late -bandes,  et  les  plantes  ainsi  exposées 
pendant  assez  longtemps  reçoivent  souvent 
des  coups  de  soleil. 

Pour  éviter  cet  inconvénient,  mon  père 
eut  l’idée  , il  y a une  trentaine  d’années, 
de  former  des  coulisses-abris,  en  lignes 


circulaires,  suivant  le  dessin  ci-dessous 
(fig.  109). 

Depuis  longtemps  déjà  ces  coulisses- 
abris  ont  atteint  leur  complet  développe- 
ment, et  elles  remplissent  parfaitement  le 
but  proposé  c’est-à-dire  : Éviter  que  les 
rayons  du  soleil  ne  portent  trop  longtemps 
sur  le  même  endroit. 

Il  est  bien  entendu  qu’en  plantant  ces 
abris  circulaires,  il  faut  tenir  compte, 
comme  pour  ceux  plantés  en  ligne  droite, 
de  l’orientation  du  terrain. 

Quels  sont  les  arbres  qu’il  faut  employer 
de  préférence? 

Cela  dépend  du  climat  sous  lequel  on  se 
trouve,  et  de  l’usage  que  l’on  veut  faire  de 
ces  arbres. 


0 ? £ 3 4 5 W 15  S0^\ 


Fig.  109.  — Coulisses-abris  circulaires. 


Dans  l’ouest  de  la  France,  où  le  climat 
est  tempéré,  on  emploie  généralement  le 
Biota  orienialis  (Thuia  de  Chine). 

Mais  dans  le  nord  et  dans  l’est,  ou  cette 
espèce  gèle  facilement,  on  préfère  le  Thuia 
occidentalis  (Thuia  du  Canada). 

En  Belgique  et  en  Angleterre,  c’est  ce 
dernier  qui  est  exclusivement  employé  à 
cet  usage. 

Il  faut,  avant  tout,  éviter  de  choisir  des 
essences  dont  les  racines  traçantes,  en 
coui'ant  à la  surface  de  la  terre,  la  dessé- 
cheraient, enlèveraient  ainsi  toute  nourri- 
ture aux  jeunes  plantes  placées  sous  les 
ahris  et  empêcheraient  même  de  les  en- 
terrer ; il  importe  également  que  les  arbres 
choisis  pour  al)ris  puissent  supporter  facile- 


ment la.  taille  afin  de  prendre  le  moins  de 
place  possible  dans  le  sens  de  la  largeur. 

L’If  commun,  le  Cyprès  pyramidal,  le 
Genévrier  de  Virginie,  le  Houx,  peuvent 
être  employés  pour  former  des  coulisses- 
abris.  On  a essayé  aussi  avec  succès  les 
arbres  fruitiers,  les  Poiriers  surtout,  traités 
comme  contre-espaliers  et  qui  offrent  le 
double  avantage  de  donner  à la  fois  de  l’om- 
brage et  des  fruits. 

Lorsqu’il  s’agit  d’abriter  du  soleil  ou  du 
vent  des  plantes  que  l’on  ne  veut  pas  en- 
terrer , mais  qui  doivent  simplement  être 
placées  en  pot,  sur  le  sol,  on  peut  planter 
de  grands  arbres  pour  former  ombrage 
et  dans  ce  cas  le  Peuplier  d’Italie  nous 
semble  très-convenable.  Il  végète  de  très- 


546 


EFFEUILLAGE  DES  ARBRES  AU  ROINT  DE  VUE  DE  LA  COLORATION  DES  FRUITS. 


Lonne  heure  au  printemps,  pousse  promp- 
tement et  laisse  circuler  l’air  entre  ses 
rameaux  beaucoup  plus  facilement  que  les 
Platanes,  Tilleuls,  et  autres  arbres  dont ‘les 
têtes  s’élargissent  et  empêchent  la  lumière 
et  l’air  de  pénétrer  sous  leurs  branches. 

Sur  les  bords  de  la  mer,  les  Tamarix, 
les  Atriplex,  peuvent  servir  à former  ces 
sortes  de  palissades. 

EFFEUILLAGE 

AU  l'OlXÏ  DE  VUE  DE  LA 

Considérations  générales.  — La  colora- 
tion des  fruits  est  un  phénomène  complexe, 
auquel  concourent  plusieurs  circonstances. 

Les  conditions  nécessaires  pour  que  ce 
phénomène  s’accomplisse  sont  au  nombre 
de  trois  : lumière,  soleil,  Suivant 

que  l’une  ou  l’autre  manque,  ou  n’est 
pas  suffisante,  la  coloration  peut  être  plus 
ou  moins  intense  ou  même  nulle. 

Ainsi,  sans  lumière,  pas  de  coloration; 
sans  soleil,  pou,  bien  que  suivant  l’inten- 
sité de  la  chaleur  il  puisse  y avoir  quelques 
nuances  légères  ; sans  humidité,  et  malgré 
(|u’il  puisse  y avoir  lumière  et  soleil,  la 
coloration  ne  serait  ni  vive  ni  intense,  et 
n’aurait  pas  cet  aspect  brillant  que  l’on  voit 
ordinairement  sur  les  fruits. 

Notons  aussi  que  les  deux  espèces  de 
fruits.  Raisins  et  Pêches,  que  l’on  soumet 
ordinairement  à l’effeuillage,  ne  sont  pas  les 
seules  auxquelles  ce  procédé  peut  s’appli- 
quer avec  avantage;  plusieurs  autres  fruits, 
dont  on  mange  la  chair,  tels  que  les  Abricots, 
Poires,  Cerises,  etc.,  pourraient  également 
gagner  à être  soumis  à cette  opération,  car 
non-seulement  ils  deviendraient  beaucoup 
plus  beaux,  mais  ils  seraient  meilleurs,  plus 
savoureux,  peut-être  moins  aqueux;  ils 
seraient  plus  croquants  s’il  s’agissait  de 
Raisin,  plus  savoureux  dans  les  autres  sortes 
de  fruits,  et  de  meilleure  garde. 

Notons  aussi  que  les  fruits  qui  ne  se 
colorent  pas  gagnent  à être  exposés  à la 
lumière,  à moins  — ce  qui  est  très-rare  et 
exceptionnel  — que  l’on  tienne  à conserver 
à l’épiderme  des  fruits  cette  couleur  pâle  et 
blafarde  qui  semble  dénoter  la  souffrance, 
ou  du  moins  une  élaboration  insuffisante 
des  sucs. 

Maintenant,  examinons  sommairement 


Enfin,  dans  le  Midi,  les  Rarnbous  peu- 
vent remplir  le  même  but  ; mais  il  n’of- 
frent pas  tous  les  avantages  que  présentent 
les  Thuias  de  Chine  et  du  Canada. 

Nous  conseillons  donc  de  planter  ces 
deux  espèces  partout  où  le  climat  le  per- 
mettra. 

L.-A.  Leroy, 

Horticulteur  à Angers. 

DES  ARBRES 

COLORATION  DES  FRUITS 

comment  on  opère  l’effeuillage,  et  voyons 
si,  tel  qu’on  le  pratique,  il  est  rationnel  et 
conduit  au  résultat  que  l’on  se  propose  : 
« faire  acquérir  aux  fruits  une  couleur  vive.  » 

Faisons  d’abord  remarquer,  lorsqu’il  s’a- 
git d’effeuillage,  qu’il  existe  une  idée  fausse  ; 
c’est  que  l’action  directe  de  la  lumière  et 
du  soleil  arrête. le  développement  des  fruits, 
et  les  « durcit  ».  C’est  là  une  erreur  qu’une 
observation  quelque  peu  attentive  aurait 
bientôt  dissipée.  En  efiet,  presque  toujours 
les  plus  beaux  et  les  plus  gros  fruits  sont 
céux  qui  viennent  en  plein  soleil,  et  qui, 
pendant  toute  leur  croissance,  sont  exposés 
à son  influence.  Il  en  est  tout  autrement 
lorsque  ces  fruits  ont  crû  à l’ombre  et  que 
brusquement  on  les  expose  au  soleil  afin 
((  de  leur  faire  prendre  de  la  couleur  ». 
Dans  ce  cas,  le  contraste  très-violent  dé- 
termine une  réaction  dans  les  tissus,  arrête 
le  développement  des  fruits  et  les  durcit. 
Cette  fois  l’expression  est  juste,  le  fait  vrai  ; 
aussi  faut-il  l’éviter,  ce  qui  est  facile  en  ef- 
feuillant successivement  de  manière  à ce 
que  les  fruits  soient  toujours,  et  en  tout 
temps,  bien  éclairés  et  surtout  fortement 
insolés. 

Nous  avons  vu  des  Poires  qui  ordinaire- 
ment ne  se  colorent  pas  ou  ne  se  colorent 
que  très-peu,  et  qui,  soumises  au  traite- 
ment de  l’effeuillage  successif  étaient  non 
seulement  très-grosses  et  très-belles,  mais 
d’une  couleur  rouge  brillant  qui  con- 
trastait considérablement  avec  de  sembla- 
bles fruits  qui  n’avaient  pas  été  elfeuillés,  et 
dont  la  peau,  d’un  vert  foncé,  était  à peine 
çà  et  là  lavée  de  rouge  terne.  Au  point  de 
vue  de  la  beauté,  par  conséquent  de  la 
vente,  la  différence  en  faveur  des  fruits 
effeuillés  était  très -grande. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’iIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


547 


Résumant  les  faits  généraux  qui  viennent 
d’être  rapportés,  nous  disons  : 

Les  fruits  étant  d’autant  plus  beaux, 
plus  gros  et  meilleurs,  qu’ils  sont  plus 
éclairés,  plus  exposés  à la  rosée  et  plus  in- 
solés,jl  faut,  dès  leur  formation,  enlever 
les  feuilles  qui  les  dérobent  à ces  agents  ; 

2'’  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  Pêches 
et  les  Raisins  qu’il  faut  soumettre  à un 
sévère  effeuillage,  mais  tous  les  fruits  qui 
peuvent  gagner  à être  colorés , Poires , 
Pommes,  Prunes,  Abricots,  etc.; 

3'»  En  opérant  aussitôt  que  les  fruits 
sont  formés,  de  manière  à les  habituer  à la 
lumière,  on  n’arrête  pas  leur  développement 
et  l’on  n’a  pas  à craindre  que  les  fruits 
brûlent  ou  durcissent,  comme  cela  a lieu 
lorsqu’on  ne  les  effeuille  que  lorsqu’ils  sont 
presque  arrivés  à leur  complète  maturité. 


Il  va  sans  dire  qu’un  effeuillage  comme 
celui  que  nous  conseillons  ne  dispense 
pas  de  certains  autres  soins,  tels  que  ceux 
d’éclaircissage,  par  exemple. 

Et  comme  d’autre  part  une  atmosphère 
sèche  et  aride  nuit  à la  formation  des 
principes  colorants,  et  que  dans  ces  con- 
ditions la  peau  des  fruits  est  épaisse  et  reste 
d’un  vert  gris  (à  moins  qu’il  ne  s’agisse  de 
fruits  qui  naturellement  et  toujours  pren- 
nent beaucoup  de  couleur),  d’un  aspect  dur 
et  sombre,  on  fera  bien,  si  l’atmosphère  est 
sèche  ou  si  par  leur  position  les  fruits  ne 
reçoivent  pas  de  rosée,  de  les  bassiner  de 
temps  à autre,  en  ayant  soin  de  faire  cette 
opération  le  soir  ou  lorsque  le  soleil  est 
((  tourné  »,  ou  bien  le  matin  avant  qu’il  ait 
pris  de  la  force. 

E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  xNATlONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  8 NOVEMBRE  1883 


Apports.  — Au  comité  de  culture  potayère 
ont  été  présentés  les  objets  suivants  : — Par 
M.  Glieniin,  maraîcher  à Paris,  des  Ptadis  noirs, 
un  Gardon  épineux,  des  Géleris-Raves,  des  Lai- 
tues noires  qui  avaient  été  repiquées  sur  cou- 
ches le  18  octobre.  Tous  ces  légumes  étaient 
remarquablement  beaux  et  surtout  bien  francs. 

— Par  M.  Bertrand,  de  Rungis  (Seine),  un  bel 
assortiment  de  légumes  de  saison  : Garottes, 
Glioux,  Poireaux,  Radis,  Gourges  diverses.  Me- 
lons de  Gliypre,  etc.,  le  tout  comprenant  de 
nombreuses  variétés  d’un  très-beau  choix.  — 
l’ar  M.  Gottereau , maraîcher  à Paris,  des 
Radis  noirs  d’une  grosseur  extraordinaire,  re- 
marquables par  leur  régularité  de  forme  et  la 
franchise  de  leur  type.  De  même  que  ceux  de 
M.  Gliemin,  ils  étaient  très-sains,  lisses  et  d’un 
noir  d’ébène,  et  appartenaient  à la  variété  à 
côtes  violettes. 

Au  comité  d’arèoncuiP/re  ont  été  présentés  ; 

— Par  M.  Régnier,  horticulteur,  à Fontenay- 
sous-Rois,  quelques  fruits  des  variétés  suivan- 
tes de  Poires:  Beurré  PerrauU.,  B.  Bachelie)', 
(]ohna}\  d'Hardenpont,  Beryamotte  Espéreu^ 
Passe-Crassane,  Olivier  de  Serres^  tous  re- 
marquables par  leurs  dimensions  et  leur  beauté. 

— Par  M.  Jourdain,  de  Maurecourt,  une  cor- 
beille de  Ghasselas  de  Fontainebleau,  d’une 
beauté  vraiment  exceptionnelle.  — Par  ]M.  Vau- 
vel,  chef  des  pépinières  du  iMuséum,  des  ra- 
meaux d’arbres  fruitiers.  Poiriers,  Pêchers,  etc., 
qui  avaient  été  soumis  au  bouclaye^  opération 
(pii  consiste  à contourner  et  lier  l’e.xtrémité 
des  rameaux  très- \igoureux , en  arrête  ainsi 


l’élongation  et  fait  développer  les  parties  infé- 
rieures qui,  alors,  se  trouvent  abondamment 
pourvues  de  ramifications,  contrairement  à ce 
qui  serait  arrivé  si  les  bourgeons  avaient  été 
laissés  à eux-mêmes. 

Au  comité  de  floriculture  ont  été  présentés  : 
Par  M.  Vauvel,  des  rameaux  chargés  de  fruits 
du  Cratæyus  Carrierei{\)^  magniüque  et  vigou- 
reuse espèce,  remarquable  par  la  grosseur  et 
la  belle  couleur  rouge  orange  vermillonné 
de  ses  fruits,  et  particulièrement  aussi  par 
la  beauté,  l’ampleur  et  surtout  la  longue 
persistance  de  ses  feuilles.  En  effet,  à cette 
époque  avancée  de  l’année  où  presque  tous  les 
arbres  sont  dépourvus  de  feuilles,  le  Cratæyus 
Carrierei  a conservé  toutes  les  siennes,  et  leur 
belle  couleur  brillante  est  encore  rehaussée 
par  celle  des  fruits,  qui  forme  un  magnifique 
contraste.  — Par  M.  Bruant,  horticulteur,  à 
Poitiers  : l»  une  collection  très-nombreuse  et 
bien  variée  de  Ghrysanthèmes  dits  delà  Gliine, 
}) tantes  éminemment  ornementales  à cette  épo- 
({ue  de  l’année,  et  qu’on  a le  tort  dé  délaisser; 

un  magnifique  pied  en  Heur  de  Caraguala 
sanyuinea  (2),  Broméliacée  nouvelle,  décou- 
verte par  M.  Édouard  André,  dans  la  Nou- 
velle-Grenade. Gette  espèce  est  doublement  re- 
marquable : R au  point  de  vue  ornemental, 
par  la  belle  couleur  rouge  sang  artériel  que 
prennent  ses  feuilles  lors  do  la  Horaison  ; 
2''  au  point  de  vue  scientilique,  par  son  inflo- 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1883,  p.  108. 

(2)  Voir  Revue  horlieole,  1883,  p.  4(38. 


548 


CORRESPONDANCE. 


rescence,  ([ui,  au  lieu  de  s’élever  sur  une 
liainpe  centrale,  comme  dans  le  genre  Cara- 
(juata,  est  sessile  et  profondément  enfoncée, 
exactement  comme  dans  les  Nidularium.  Ce 
fait,  du  reste,  n’avait  pas  échappé  à M.  And^’é, 
(j[ui,  en  parlant  de  cette  inflorescence,  l’a  ap- 
pelée « nidulante  ».  Quoi  qu’il  en  soit,  en  re- 
connaissant que  les  caractères  botaniques  es- 
sentiels de  cette  nouveauté  sont  bien  ceux  des 
Carcujuata,  nous  pensons  ({ue  cette  diversité 
dans  les  caractères  im])ortants  de  l’inflores- 
cence justifierait  la  création  d’une  nouvelle 
section,  celle  des  infinidihu  II  flores^  par  exem- 
})le  (1).  — Par  ]M.  lioyer,  liorticulteur  à Ver- 
sailles, un  pied  bien  fleuri  de  Bouvardia,  })ré- 
senté  sous  le  nom  de  Président  Gàrficld,  qui 
pourtant  ne  paraît  pas  être  la  plante  vendue  j 
ordinairement  sous  ce  nom;  elle  est  plus  naine 
et  plus  com[)acte,  la  couleur  des  fleurs  est 
d’un  rose  beaucoup  plus  vif.  Le  pied  pi'ésenté 
})ar  ]\I.  Royer  provient  d’un  dinior])bisme  du 
B.  Alfred  Neune)\  observé  sur  une  bouture 
coupée  et  bouturée  au  mois  de  février.  — Par 
]\L  Édouard  André,  deux  plantes  nouvellement 
introduites  par  lui  : une  énorme  tète  ramifiée 
du  PhyllanUius  salviæfoUiis , portant,  avec 
un  abondant  feuillage,  des  milliers  de  fleurs 
femelles  et  de  fleurs  mâles  mélangées  sur  les 


memes  rameaux;  des  rameaux  lleuiâs  du 
Monnina  oldusifoUa,  charmante  Polygalée  à 
fleurs  d’un  beau  bleu  violet  foncé;  de  ])lus, 
des  rameaux  chargés  de  fruits  du  Psidiiim 
Cattleyamnn,  provenant  de  sujets  cultivés  en 
pleine  terre  dans  son  jardin  de  Cannes.  Ces 
fruits,  qui,  rappellent  des  sortes  de  Nèfles, 
sont  d’un  rouge  foncé,  luisant,  assez  agréables 
à manger,  sans  pourtant  être  comparables  à 
nos  bons  fruits.  On  les  emploie  surtout  pour 
faire  des  confitures,  qui,  assure-t-on,  sont  ex- 
cellentes. — Enfin,  M.  Godefroy-Lebeuf,  hor- 
ticulteur à Argenteuil,  présentait,  en  forts 
pieds  bien  fleuris,  les  trois  espèces  d’Orchidées 
suivantes:  Alaxillaria  Lehmanni,  es])èce  vi- 
goureuse et  gazonnante,  dont  les  pseudo- 
bulbes, j)etits,  sont  smanontés  de  grandes  et 
belles  feuilles  dressées.  Les  Heurs,  assez 
grandes,  sont  d’un  blanc  carné  très-légèrement 
rosé  ; Oncidium  iweetextum^  à hampe  très- 
longue,  lâchement  et  longuement  ramifiée, 
l)ortant  de  grandes  fleurs  d’un  brun  foncé  lui- 
sant, et  une  belle  et  très-remarquable  variété 
(POncidiurn  Forhesii,  dont  les  Heurs  grandes, 
et  très-rapprochées,  forment  une  inflorescence 
compacte,  bien  que  légère  et  élégante,  à pé- 
rianthes  brun  marron  bordé  d’or.  C’est  une 
plante  hors  ligne. 


CORRESPONDANCE 


M'‘  AL  (Rhône).  — Le  Jahorandi  (Pilocar- 
jnîs  pinïiatus),  ])lante  originaire  de  la  province 
de  Saint-Paul  au  Lrésil,  appartient  à la  famille 
des  Riosmées.  Cette  })lante  est  rare  et  peu 
connue  dans  les  cultures.  Elle  n’a  du  reste 
rien  de  très-ornemental,  et  l’attention  n’a  été 
appelée  sur  elle  que  par  suite  des  propi'iétés 
antirabiques  qu’on  lui  a attribuées  dans  ces 
temps  derniers. 

Vous  pourrez  vous  })rocurer  cette  espèce 
chez  âl.  Rougier- Chauvière  , horticulteur, 
152,  rue  de  la  Roquette,  Paris. 

M*’  L.  S.  A.  (Paris).  — R n’a  rien  été  écrit 
})our  déterminer  des  modifications  dans  la  cul- 
ture des  fleurs  à l’aide  d’agents  chimiques  ; les 
quelques  essais  qui  ont  été  tentés  dans  ce  but 
n’ont  donné  aucun  résultat.  Quant  à la  culture 
dans  la  mousse,  il  en  est  autrement  ; la  plupart 
des  plantes  [)Ourraient  y être  cultivées  avec 
plus  ou  moins  d’avantage;  toutefois,  en  raison 
des  espèces,  il  ne  paraît  pas  indis})ensable  d’a- 
jouter des  engrais  à la  mousse.  Du  reste  les 
expériences  faites  jusqu’à  })résent  à ce  sujet,  ne 
sont  pas  suffisantes  ]»our  qu’on  puisse  se  pro- 
noncer d’une  nuinière  absolue. 

(l)  Nous  apprenons  que  M.  Ed.  André  propose 
pour  cette  section  du  genre  le  nom  de  nidi/lures. 


AR  de  V.  (Charente-Riférieure).  — Nous  ne 
connaissons  pas  la  cause  qui  a déterminé  sur 
vos  Bégonias  l’affection  morbide  constatée. 
L’examen  du  tubercule  que  vous  nous  avez 
adressé  et  qui  offre  un  commencement  de 
décomposition,  semble  démontrer  la  })résence 
d’un  Gham})ignon.  Alaisdequel  genre  est  celui- 
ci?  C’est  ce  que  nous  ne  pourrions  vous  dire. 
Pour  le  moment,  du  reste,  le  nom  importe 
peu,  c’est  la  chose  qu’il  faudrait  pouvoir  com- 
battre, et  malheureusement  nous  ne  pouvons 
que  vous  donner  des  conseils  qui,  eux-mêmes, 
reposent  sur  des  hypothèses. 

Voici  donc,  croyons-nous,  ce  que  vous  pour- 
riez faire  : arracher  vos  plantes  aussitôt  que  la 
végétation  est  terminée,  sans  même  attendre 
que  les  tiges  soient  complètement  mortes;  les 
laisser  sécher  un  peu,  afin  que  la  terre,  s’en 
détache,  puis  les  tremper  dans  de  l’eau  insec- 
ticidée  avec  nicofine,  pétrole,  Fichet,  régénéra- 
teur Guilbert,  etc.,  etc.,  puis  les  laisser  sécher, 
les  sau[)Oudror  de  fleur  de  soufre  et  les  mettre 
à une  température  sèche,  i)as  très-élevée. 
Vous  pourriez  encore  essayer  d’exposer  les 
tubercules  à une  légère  action  de  l’acide  sulfu- 
reux, qui,  ainsi  ([ii’on  le  sait,  jouit  de  la  [)ro- 
priété  de  s’oj>posei‘  au  dév(doj)pcm('ut  des  mi- 
crobes ou  parasites  végétaux  ou  animaux. 


CDLTUUE  J)ES  CROTONS. 


549 


L’adresse  demandée  est  : M.  Crozy  fds  aîné, 
liorticulteur,  20G,  Grande-Rue  de  la  Guillo- 
tière,  à Lyon. 

M'’  Ch.  P.  (Algérie).  — Voici  l’adresse  que 
vous  demandez  ; M.  Lavallée,  à Segrez,  par 


Boissy-sous-Saint- Yon  (Seine-et-Oise).  — Pour 
(te  qui  est  des  Eiiçienia  Ugni,  vous  en  trou- 
verez de  dilférents  âges,  chez  M.  Rougier- 
Chauvière,  liorticulteur,  152,  rue  de  la  Roquette, 
à Paris. 


GULTÜRB  DES  GROTONS 


Dans  toutes  les  expositions  françaises  où 
MM.  Chantrier  frères,  les  habiles  horticul- 
teurs de  Mortefontaine,  ont  apporté  leurs 
beaux  Crotons  {Codiœum  pictum,  var.), 
les  visiteurs  ont  été  émerveillés  de  leur  cul- 
ture, soit  qu’il  s’agît  des  variétés  obtenues 
par  MM.  Chantrier  eux-mêmes,  soit  des 
variétés  du  commerce.  La  culture  de  ces 
plantes  est  facile,  mais  elle  n’est  pas  assez 
connue;  on  peut  en  choisir  plusieurs  as- 
sez distinctes.  Nous  pouvons  recommander 
celle  qui  résulte  des  lignes  suivantes,  ex- 
traites du  Garden  et  dont  nous  avons  pu 
constater  les  excellents  résultats. 

Pour  obtenir  des  plants  hors  ligne,  voici 
la  méthode  à suivre  : choisir,  parmi  des 
boutures  enracinées,  et  n’ayant  qu’un  seul 
bourgeon  terminal,  celles  qui  sont  le  mieux 
développées.  Les  rempoter  au  nombre  de 
quatre  ou  cinq  par  pots,  dans  des  pots  de 
12  centimètres  ; on  pourra,  par  exemple,  en 
placer  une,  la  plus  forte,  au  milieu,  et  trois 
ou  quatre,  également  distancées,  autour  de 
la  première  ; si  l’on  rempotait  isolément  les 
jeunes  plants,  des  pots  de  8 centimètres  suf- 
firaient. Employer  une  bonne  terre  substan- 
tielle, additionnée  de  sable  blanc.  On  tasse 
assez  fortement,  et,  si  besoin  est,  on  soutient 
les  jeunes  plants  à l’aide  de  petits  tuteurs. 
Une  chaleur  de  fond  est  nécessaire.  On 
place  des  petits  châssis  carrés  portatifs 
dans  la  serre  à multiplication,  et  on  plonge 
les  pots  dans  un  lit  de  fibres  de  noix  de  coco. 
Une  chaleur  de  fond  de  28  à 30  degrés  de- 
vra être  maintenue.  Dans  ces  conditions  et 
en  conservant  toujours  une  grande  humidité 
atmosphérique,  les  plantes  se  développent 
rapidement  et  pourront  être  sorties  au  bout 
de  4 à 6 semaines.  Quand  les  Crotons  com- 
menceront à s’habituer  à la  nouvelle  serre 
où  on  les  aura  placés,  on  les  rempotera  un 
peu  plus  largement,  et  on  les  pincera  pour 
régulariser  leur  végétation.  La  forme  à don- 
ner est  variable  et  dépend  du  but  que  l’on 


se  propose.  Pour  soutenir  les  rameaux 
trop  flexibles,  on  plantera  au  milieu  de  la 
touffe  un  tuteur  léger  et  quelques-uns 
plus  faibles  auprès  des  tiges  principales. 
On  placera  les  Crotons  dans  la  partie  la  plus 
humide  de  la  serre  et  on  les  bassinera  abon- 
damment pendant  le  jour,  pour  faciliter  la 
végétation,  et  en  même  temps  pour  éloigner 
les  insectes.  En  hiver,  on  seringuera  une 
ou  deux  fois  par  jour,  suivant  les  conditions 
atmosphériques  plus  ou  moins  sèches  où  les 
plantes  se  trouveront.  On  ombrera  seule- 
ment lorsque  le  soleil  sera  ardent  et  que  les 
plantes  paraîtront  en  souffrir.  La  plus  grande 
quantité  de  jour  est  nécessaire  pour  que  la 
coloration  du  feuillage  soit  parfaite  ; mais  il 
faut  en  même  temps  placer  les  Crotons  près 
du  verre  pour  qu’ils  ne  s’étiolent  pas. 

Pour  les  boutures,  on  emploiera  un  com- 
posé de  terre  de  bruyère  tourbeuse,  sable, 
un  peu  de  terre  franche  et  du  terreau  de 
feuilles  de  bonne  qualité.  Au  premier  rempo- 
tage on  mettra  plus  de  terre  franche,  ensuite 
moitié  de  terre  de  bruyère  fibro-tourbeuse  et 
moitié  de  terre  franche  avec  une  bonne  pro- 
portion de  sable  blanc  et  quelques  fragments 
de  charbon  de  bois  ; on  donnera  un  bon 
drainage,  et  on  tassera  fortement  la  terre. 
Quand  les  plantes  sont  bien  développées, 
on  peut  employer  les  engrais  liquides.  Le 
purin  de  ferme  est  le  meilleur. 

Nous  n’indiquerons  pas  de  liste  complète 
des  variétés  à cultiver,  par  la  raison  que  les 
nouveautés  obtenues  de  semis  deviennent 
de  plus  en  plus  belles  et  dépassent  en  mé- 
rite les  anciennes.  Mais  on  peut  recom- 
mander sans  crainte,  comme  plantes  de 
premier  ordre  pour  former  de  beaux  spé- 
cimens d’exposition,  les  variétés  suivantes  : 
C.  Andreanum^  Baronne  de  Rothschild, 
undulatum,  Mortefontainense,  Veitchia- 
num,Hendersoni,  Williarnsi,  Qiieen  Vic- 
toria, Earl  of  Derhy,  Disraeli,  majesti- 
ciim,  etc.  Bréauté. 


550 


LILAS  A FLEULS  DOUBLES. 


LILAS  A FLEURS  DOUBLES 


En  parcourant  le  catalogue  que  M.  Le- 
moine, horticulteur  à Nancy,  vient  de  pu- 
blier pour  1883,  et  en  voyant  annoncées  qua- 
tre variétés  de  Lilas  à fleurs  pleines,  l’idée 
nous  vint  de  rappeler  l’origine  de  ceux-ci  et 
de  faire  ressortir  l’influence  que  peut  avoir 
le  choix  des  parents  dans  le  croisement  des 
plantes.  La  manière  dont  a opéré  M.  Le- 
moine mérite  d’être  connue,  pour  plusieurs 
raisons  : d’abord,  parce  qu’elle  peut  servir 
de  guide  dans  des  opérations  analogues,  en- 
suite parce  qu’elle  montre  combien  la 
science  peut,  dans  ce  cas  comme  dans  tant 
d’autres,  du  reste,  être  utile  à la  pratique, 
lui  venir  en  aide.  Ici,  en  effet,  c’est  par 
suite  de  combinaisons  reposant  sur  la 
science,  que  M.  Lemoine  est  arrivé  à obte- 
nir, non  pas  une  plante,  mais  une  série  de 
plantes  à fleurs  pleines.  Il  s’est  fondé  sur 
l’influence  que  peuvent  avoir  les  parents 
dans  le  rapprochement  des  sexes,  et  alors, 
procédant  logiquement,  il  a pensé  que,  puis- 
qu’il cherchait  à obtenir  des  Lilas  à fleurs 
doubles,  il  fallait  au  moins  que  l’un  des 
deux  parents  possédât  ce  caractère,  qu’il 
eut  des  fleurs  doubles.  Mais  le  début  parais- 
sait difficile  ; en  effet,  à cette  époque,  on  n’en 
connaissait  encore  qu’une  seule  forme  de 
Lilas  ayant  ce  caractère,  et  elle  était  à fleurs 
complètement  pleines,  de  sorte  qu’il  était 
impossible  de  tirer  du  pollen  de  cette  plante, 
ainsi  que  semblait  l’exiger  le  succès  de  l’o- 
pération. Comment  faire,  alors? 

Néanmoins,  et  en  désespoir  de  cause, 
pourrait-on  dire,  M.  Lemoine  chercha,  dis- 
séqua des  milliers  de  fleurs,  afin  de  voir  s’il 
ne  trouverait  pas  quelque  organe  sexuel; 
son  espoir  ne  fut  pas  trompé,  il  finit  par 
découvrir,  non  pas  des  étamines,  mais  des 
rudiments  de  style,  assez  bien  conformés 
pourtant  pour  qu’on  pût  en  tenter  la  fé- 
condation. C’était  bien  quelque  chose,  mais 
pas  ce  que  cherchait  M.  Lemoine  : du  pol- 
len. Après  réflexion,  il  lui  vint  à l’idée  de 
tourner  la  difficulté  par  l’interversion  des 
rôles,  c’est-à-dire  de  se  servir  de  la  plante  à 
fleurs  doubles,  comme  mère,  et  de  féconder 
les  quelques  organes  femelles  qu’il  avait 
trouvés  sur  elle,  avec  du  pollen  pris  sur 
une  espèce  à fleurs  simples.  L’opération 
réussit,  et  il  obtint  quelques  graines.  Le 
premier  pas  était  fait. 


Voici,  du  reste,  comment  les  choses  se 
sont  passées  : à une  lettre  que  nous  écrivî- 
mes à M.  Lemoine,  pour  lui  demander 
quelques  détails  sur  ces  faits,  qu’il  nous 
paraissait  intéressant  de  constater,  il  nous 
répondit  ce  qui  suit  : 

Tl  existe  dans  les  pépinières  un  Lilas  à 

fleurs  pleines/sous  le  nom  à'azurea  plena.  Il  y 
a bien  25  ans  que  j’ai  acheté  cette  plante  chez 
M.  A.  Wilhelm,  à Luxembourg.  D’où  vient- 
elle?  Je  l’ignore.  Quoi  qu’il  en  soit  sous  ce  rap- 
port, voici  comment  les  choses  se  sont  passées. 

Vers  1869,  en  examinant  le  susdit  Lilas,  j’ai 
remarqué  que  les  fleurs,  mal  conformées, 
étaient  complètement  dépourvues  d’organes 
sexuels,  sauf  parfois,  çà  et  là,  dans  un  thyrse 
où  l’on  découvrait  un  pistil  à peu  près  normal. 
Dès  que  j’eus  constaté  ce  fait,  l’idée  me  vint  de 
chercher  à en  tirer  parti  ; mais  comme  il  était 
certain  que  le  pollen  ne  pouvait  être  pris  que 
sur  des  fleurs  simples,  puisque  la  plante  à 
fleurs  doubles  en  était  dépourvue,  c’est  à ces 
dernières  que  j’ai  eu  recours.  Le  résultat  fut 
celui-ci  : en  deux  années , j’obtins  quarante 
sujets  de  semis  qui  ont  fleuri  vers  1877.  Le 
premier  a épanoui  ses  fleurs  doubles  12  jours 
avant  les  autres;  il  a le  feuillage,  la  couleur  et 
les  caractères  généraux  du  Sijringa  ohlata, 
qui,  du  reste,  était  le  père.  Son  seul  mérite 
consiste  dans  la  précocité  de  sa  floraison,  qui 
tient  de  celle  du  père.  Je  fai  vendu  sous  le 
nom  de  Syringa  hyacinthiflora  plena. 

Parmi  les  autres  (une  quarantaine  de  sujets) 
il  s’est  trouvé  environ  la  moitié  qui  avaient  des 
fleurs  plus  ou  moins  irrégulières,  et  à peu  près 
une  quinzaine  seulement  de  doubles.  Quelques- 
uns  ont  été  nommés  et  sont  actuellement  au 
commerce  sous  les  noms  de  S.  hyacinthiflora 
plena  Lemoinei,  Renoncule,  ruhelJa 
Mathieu  de  Dombasle,  etc. 

Quant  à la  duplicature , elle  consiste  dans 
l’emboitement  de  deux  ou  trois  corolles.  Il 
s’est  cependant  trouvé  un  sujet  à fleurs  semi- 
doubles,  bien  pourvues  d’organes  générateurs 
des  deux  sexes  ; je  m’en  suis  servi  pour  faire 
de  nombreuses  fécondations  de  diverses  varié- 
tés de  Lilas  simples.  Du  premier  de  ces  semis, 
j’ai  obtenu  plus  de  250  plantes  qui  ont  com- 
mencé à fleurir  depuis  deux  ans. 

Malgré  que  la  floraison  ait  été  contrariée  par 
deux  printemps  défavorables,  les  résultats  per- 
mettent néanmoins  d’augurer  favorablement 
pour  l’avenir.  Ainsi,  par  exemple,  les  sujets 
provenant  de  graines  fécondées  par  semi-dou- 
bles, donnent  60  0/0  de  })lantes  à fleurs  pleines, 
petites,  plus  ou  moins  atrophiées,  donnant  des 


EXPOSITION  DE  CHRYSANTHÈMES 

thyrses  maigres;  certains  sujets  ont  des  fleurs 
ayant  des  corolles  présentant  de  2 à 5 emboî- 
tements ; il  en  est  cependant  quelques-uns  de 
très-méritants,  à fleurs  très-grandes,  aussi 
bien  faites  que  les  simples,  mais  avec  la  du- 
plicature  en  plus 

On  a pu  voir,  par  ce  qui  précède,  com- 
bien rinfluence  des  fleurs  doubles  a été 
grande  et  avantageuse  au  point  de  vue  de  la 
* production  de  nouvelles  variétés  à fleurs 
doubles.  On  peut  même  dire  qu'aujourd’hui 
il  existe  une  race  de  plantes  à fleurs  dou- 
bles, c’est-à-dire  plus  ou  moins  pleines. 
Cette  influence,  ici,  est  d’autant  plus  facile 
à démontrer,  qu’elle  est  même  comparative, 
puisque,  parmi  les  millions  de  semis  de  Li- 
las que  l’on  fait  chaque  année,  il  est  exces- 


AU  ROYAL  AQUARIUM  (LONDRES).  551 

sivement  rare  qu’il  s’en  trouve,  même  un 
seul,  à fleurs  doubles. 

C’est  donc  à M.  Lemoine  qu’est  due  la 
série  de  ces  plantes  que  l’on  possède  aujour- 
d’hui. 

« 

Ajoutons  que  ces  Lilas  à fleurs  doubles 
ont  encore  un  avantage  sur  ceux  à fleurs 
simples.  Tout  aussi  abondantes,  leurs 
fleurs  durent  beaucoup  plus  longtemps  et 
sont  par  conséquent  plus  avantageuses  pour 
la  confection  des  bouquets,  ou  pour  l’orne- 
mentation des  appartements.  Il  est  donc  à 
peu  près  hors  de  doute  que,  dans  un  avenir 
prochain,  lorsque  ces  variétés  seront  multi- 
pliées suffisamment,  on  s’en  servira  pour  le 
forçage,  en  vue  de  la  vente  des  fleurs. 

E.-A.  Carrière. 


EXPOSITION  DE  CHRYSANTHÈMES  AU  ROYAL  AQUARIUM 

(LONDRES) 


La  Société  d’horticulture  du  ’ Borough  of 
Hackney,  qui  s’occupe  particulièrement  de  la 
culture  (les  Chrysanthèmes,  a tenu  son  expo- 
sition annuelle  les  13  et  15  novembre  dernier, 
au  Royal  Westminster  Aquarium.  Cette  société, 
instituée  en  1846,  est  une  des  plus  célèbres 
pour  ce  genre  de  plantes;  elle  fut  puissamment 
secondée  par  les  efforts  du  voyageur  feu  Forsyth 
qui,  après  avoir  longtemps  parcouru  le  Japon 
et  introduit  une  quantité  de  plantes,  s’adonna 
spécialement  à la  culture  de  ces  beaux  Chry- 
santhèmes japonais  qu’il  avait  vus  dans  leur 
contrée  natale. 

Dès  cette  époque,  l’impulsion  fut  donnée  et 
depuis  elle  ne  s’arrêta  pas  ; les  cultivateurs  pro- 
fitèrent des  leçons  du  maître,  de  magnifiques 
variétés  furent  obtenues  et  les  races  à grandes 
fleurs  devinrent  à la  mode.  Les  plantes  que 
nous  avons  admirées  à cette  exposition  déno- 
tent une  culture  intensive  et  perfectionnée; 
nous  étonnerons  certainement  beaucoup  de 
nos  collègues  français  en  disant  que  nous  y 
avons  mesuré  parmi  ces  variétés  japonaises, 
beaucoup  de  fleurs  ayant  46  et  47  centimètres 
de  diamètre.  Quant  aux  variétés  incurvées 
(Pivoines),  souvent  un  peu  moins  larges,  leur 
forme  ronde  et  régulière,  leurs  pétales  serrés 
et  cucullés  les  faisaient  ressembler  à de  beaux 
Dahlias,  surtout  parmi  les  nombreuses  collec- 
tions de  fleurs  coupées,  dressées  sur  de  lon- 
gues tables. 

L’exposition  de  cette  année  passe  à bon  droit 
pour  une  des  plus  belles  qu’ait  encore  tenues 
cette  société,  ce  qu’attestent  les  collections  de 
plantes  formées  en  pots  (spécimens),  et  de 
Heurs  coupées.  Quelques  lots  de  légumes,  de 
fruits,  et  surtout  de  Raisins,  avaient  également 
pris  place  dans  le  même  local,  et  ajoutaient  en- 
clore à la  beauté  de  l’ensemble.  Nous  nous 
abstiendrons  de  citer  les  noms  et  adresses  des 
nombreux  exposants,  car  celte  énumération 
n’offrirait  qu’un  intérêt  secondaire  à nos  lec- 
teurs ; notre  but  étant  surtout  de  faire  ressortir 
la  beauté  de  ces  plantes,  nous  nous  sommes 


attachés  à faire  un  choix  des  variétés  les  plus 
méritantes.  Les  variétés  japonaises  étaient  de 
beaucoup  hîs  plus  nombreuses,  car  elles  sont 
toujours  à la  mocbq  ce  (jui  s’explicjue,  tant  pai- 
les  formes  et  les  dimensions,  que  par  la  richesse 
et  la  beauté  des  coloris.  Je  vais  en  citer  quel- 
ques-unes, par  exemple  : 

C.  Hiver  fleuri  (crème)  et  Safrano  (jaune 
pale),  Bex  ruhrorum  (rouge)  et  Flambeau  (cra- 
moisi orange) . De  plus,  ces  plantes  affectent  les 
formes  les  plus  bizarres  et  les  gains  des  se- 
meurs paraissent  s’acheminer  vers  un  pro- 
téisme  effréné  des  pétales  ; ainsi  ils  deviennent 
étroits  Mons  J.  C.  Eguilcor  (cramoisi),  fili- 
formes et  fourchus  ThisipJione  (nouveauté 
rouge  orange  clair),  enchevêtrés,  Chinaman 
(violet  pourpre)  et  Angèle  (rose  tendre),  roulés 
en  spirale  Monsieur  Arclène  (lilas),  larges  et 
enroulés  Comte  de  Germiny  (magnifique  jaune 
nankin),  contournés  Mary  major  (iDlanche), 
très-longs  et  pendants  The  Golden  Dragon 
(jaune  d’or). 

Parmi  les  nombreuses  variétés  exposées, 
nous  avons  noté  les  suivantes  qui  nous  ont 
paru  magnifiques  ; 

Thunberg,  jaune  primevère  délicat,  grande 
fleur;  — Baronne  de  Prailly,  rose  rougeâtre 
à grande  et  belle  fleur;  — Comte  de  Germiny, 
jaune  nankin  brillant,  rayé  d’incarnat,  fleur 
très-grande  et  très-distincte;  — Agrément  de 
la  nature,  jaune  d’or,  ombré  de  rouge  brun, 
pétales  entrelacés,  large  fleur  ; — Fuir  maki 
of  Guernsey,  blanc  pur  ; une  des  plus  belles  ; 

— Chang,  rouge  foncé,  pétales  enchevêtrés, 
large  et  bonne  fleur;  — Elaine,  blanc  pur,  le 
revers  des  pétales  est  teinté  de  carmin,  fleur 
magnifique,  très-pleine  ; — Fanny  Bocharlet, 
blanc  de  crème  teinté  (Je  rose  ; — Incompa- 
rable, bronzée,  ombrée  d’incarnat;  — Mons 
Ardène,  riche  lilas,  très-grande  et  très-belle  ; 

— La  France,  grande  fleur  très-double,  rouge 
bronzé;  — Albert,  énorme  fleur,  pétales  en 
spirale,  rouge  carmin  ; — Chinaman,  longs 
pétales,  violet  pourpre  brillant,  ombré  de 


EXPOSITION  DE  CHRYSANTHÈMES  AU  ROYAL  AQUARIUM  (LONDRES). 


552 

violet  ; — Peter  the  Great,  jaune  citron,  large 
tleur,  argentée  au  centre  ; — Père  Delau.x, 
riche  couleur  incarnat  ; — The  golden  Dragon, 
jaune  d’or  magnifique,  Heur  très-curieuse  ; — 
Source  d’Or,  fleur  grande  et  double,  jaunie 
orange,  ombré  de  jaune  d’or,  couleur  fraîche 
(nouveauté)  ; — Criterion,  jaune  d’ambre  ; — 
The  Daïmio,  granae  fleur  rose. 

I^es  variétés  à pétales  incurvés,  produisant 
des  fleurs  subspbériques  régulières,  étaient 
aussi  très-brillamment  rejirésentées  ; nous 
avons  noté  parmi  les  meilleures  : 

Empress  of  India,  une  des  plus  grandes,  à 
fleurs  blanches  ; — Golden  Empress  of  India, 
jaune,  non  moins  grande  ; — Golden  Queen  of 
England,  beau  jaune,  à pétales  tubulés  et 
cucullés  ; — Princess  Béatrice,  beau  l’ose 
lilas,  belle  forme;  — Jardin -des- Plantes, 
grandes  fleurs  jaune  d’or,  une  des  plus  belles; 
— Alfred  Salter,  jaune;  — Julie  I^agravère, 
incarnat  ; — Eniily  Date,  ambre  pâle,  variété 
obtenue  par  dimorpbisme  ; — Princess  of 
Wales,  blanc  de  perle  de  la  variété  Golden 
(Jueen  ; — Eelicitg,  beau  blanc  à centre  jaune 
citron. 

Les  Gbrysantbèmes- Anémones,  si  gracieuse- 
ment couronnés,  sont  ti-ès-peu  recherchés 
en  Angleterre,  aussi  étaient-ils  moins  nom- 
breux; nous  n’en  avons  pas  moins  remarqué 
(juel({ues  bonnes  variétés,  par  exemple  : J^adg 
Margaret,  très-belle,  à fleurs  blanches; — Dii- 
chess  of  Edinhurgh,  blanc  rosé  au  centre, 
])étales  de  ta  couronne  récurvés  ; — George 
Sand,  rouge,  à centre  doré;  — Marguerite 
d'Anjou,  jaune  nankin; — Gluck,  jaune  orange, 
à disque  })roéminent;  — SunjUnver , jaune 
soufre,  plus  teintée  au  centre. 

Les  gentilles'  variétés  de  Gbrysantbèmes 
pompons,  si  florifères  et  si  utiles, tenaient  éga- 
lement bien  leur  rang;  les  variétés  suivantes 
nous  ont  paru  très-recommandables  ; 

Marie  Stuart,  lilas  rougeâtre,  centre  couleur 
soufre  ; — Madame  Montels,  jaune  pale  ; — 
Antonius,  beau  jaune;  —Dick  Tiirpin,  magen- 
ta brillant,  centre  orange  ;.  — Monsieur  Astié, 
jaune  d’or  ; — Madame  Pentiz,  blanc  pur;  — 
Eire-Elg,  écarlate  clair. 

Les  plantes  exposées  en  pots  étaient  admi- 
rables, et,  de  meme  que  les  fleurs  coupées, 
elles  mar({uaient  encore  un  progrès  sur  les 
années  précédentes;  la  forme  en  ombelle  est 
])resque  exclusivement  employée,  et  nous  en 
avons  remarqué  qui  dépassaient  de  beau- 
coup 1 mètre  de  diamètre.  La  variété  Antonius 
(genre  pompon),  cultivée  de  cette  manière,  est 
une  des  i)lus  tloribondes;  nous  en  avons  re- 
marqué une  sur  laquelle  les  fleurs  étaient  tel- 
lement nombreuses  qu’elles  se  touchaient  les 
unes  les  autres;  leur  réunion  formait  une  masse 
dorée,  ])roduisant  à distance  un  splendide 
coup  d’œil.  La  variété  Défiance,  appartenant 
au  même  groupe  et  cultivée  identiquement,  ap- 
])araissait  comme  une  énorme  boule  rose  lilas, 
et  tout  aussi  bien  garnie  de  fleurs  que  la  pré- 
cédente. 

Beaucoup  d’autres  variétés,  qui  avaient  été 
soumises  au  même  traitement,  étaient  égale- 
ment très-bien  réussies,  surtout  parmi  les  in- 
curvées ; les  fleurs  étaient  tellement  bien  es- 
pacées, qu’on  les  aurait  cru  posées  là  artificiel- 


lement; de  plus,  les  plantes  olfraient  dans  leui’ 
ensemble  une  régularité  ])ar(aite,  telles  étaient 
surtout  : G.  B}nidle,  blanc  pur,  la  plus 

belle  du  genre;  — Barbara,  jaune  d’ambre, 
^et  il/rs  Dixon,  jaune  d’or,  une  des  plus  belles 
*de  cette  couleur. 

Les  variétés  japonaises,  bien  que  moins  sou- 
vent cultivées  de  cette  manière,  étaient  néan- 
moins bien  représentées.  Parmi  celles  à cul- 
tiver dans  ce  but,  notons  Elaine,  une  des  plus 
jolies  blanches;  — Gloire  de  Toulouse,  variété 
très-remarquable; — Triomphe  du  Nord,  cra- 
moisi foncé  tirant  sur  le  marron;  — Madame 
Bertier  Ptendatlcr,  fleur  très-large  orange;  — 
Peter  the  Great,  Gossack,  etc. 

(Quelques  sujets  affectaient  la  forme  d’un 
buisson,  c’est-à-dire  qu’ils  n’avaient  été  ni  tu- 
teurés  ni  pincés.  Ge  genre  a,  croyons-nous, 
l’avantage  de  laisser  à la  plante  son  aspect 
noianal  et  gracieux.  (Quelques  forts  exemj)laires 
olfraient  un  coup  d’œil  très-remarquable  et 
montraient  tout  ce  qu’il  est  possible  d’obtenir 
de  ce  genre  de  plantes.  Parmi  ces  der- 
nières, la  variété  japonaise.  Ile -des -Plaisirs, 
était  une  des  plus  belles  avec  ses  nombreuses 
tleurs  rouge  cramoisi;  puis  La  Nymphe, 
rose;  — Julie  Lagravière,  très-rouge;  — 
John  Salter,  rouge  cannelle,  à très-grandes 
fleurs. 

Les  expositions  anglaises,  à tous  les  points 
de  vue,  sont  fort  distinctes  des  expositions 
françaises;  il  n’y  a même  pas  de  comparaison 
possible,  non  seulement  parce  qu’on  y spécia- 
lise le  plus  souvent  les  genres  de  plantes,  mais 
encore  parce  que  les  locaux  choisis  sont  fort 
différents.  Qu’on  nous  permette,  à ce  sujet  et 
pour  terminer,  de  donner  sur  ce  sujet  quel- 
ques détails  utiles,  en  disant  un  mot  du 
Royal  Aquarium. 

Ce  vaste  bâtiment  où,  par  parenthèse,  les 
poissons  paraissent  presque  oubliés,  présente 
en  petit  et  à l’intérieur,  la  forme  du  Palais  de 
l’Industrie  à Paris  ; cette  ressemblance  est  sur- 
tout accentuée  par  la  couverture  de  verre  qui 
a également  la  même  structure  ; mais  s’il  y 
ressemble  matériellement,  il  s’en  écarte  un 
peu  quant  à la  destination,  car  c’est  une  sorte 
de  théâtre  ou  de  concert-promenade , avec 
scène,  musiciens  et  acrobates;  aussi  fûmes- 
nous  fort  surpris,  lorsqu’on  examinant  les  fleurs 
nous  entendîmes  tout  à coup  la  musique  et 
vîmes  deux  danseurs  de  corde  s’avancer  dans 
l’espace,  à quelques  mètres  au-dessus  des 
plantes. 

Great  attraction,  représentations  de  jour  et 
de  nuit,  avec  exposition  de  fleurs,  sans  supjplé- 
ment  de  prix,  telle  était  la  substance  des  af- 
fiches du  théâtre,  pour  ces  jours  d’exhibition; 
aussi  y eut-il  foule,  tant  il  est  vrai  que  les 
fleurs  et  le  plaisir  vont  bien  de  pair.  Ici  c’est 
un  rapprochement  très-pratique  qui  donne 
une  idée  de  la  spéculation  anglaise.  A Paris, 
il  existe  plusieurs  théâtres  qui  paraissent  se 
rapprocher  du  genre  du  Royal  Aquarium;  ne 
serait-il  pas  curieux,  sinon  avantageux,  d’y 
installer  une  exposition  d’horticulture?  G’est 
une  idée  qui  pourrait  avoir  son  utilité.  Nous 
la  soumettons  aux  horticulteurs  français. 

.1.  Sallieh. 


lmp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


M.  Mas  et  la  Société  d’horticulture 
de  l’Ain.  — Nous  recevons  de  notre  ex- 
cellent collaborateur  M.  Pulliat  la  lettre 
suivante,  qui  rend  un  juste  hommage  à la 
mémoire  d’un  homme  de  bien  et  de  savoir, 
le  regretté  pomologue,  M.  Mas. 

En  payant  ce  juste  tribut  d’éloges  à l’un 
des  principaux  fondateurs  de  la  Société 
dont  nous  avons  récemment  signalé  l’état 
prospère  et  l’heureux  esprit  d’initiative, 
M.  Pulliat  s’honore  lui-même,  car  tout  le 
monde  sait  qu’il  est  le  digne  continuateur 
des  travaux  viticoles  de  celui  qu’il  désigne 
comme  un  « maître  vénéré  ». 

La  notice  que  vous  consacrez  à la  Société 
d’IIorticulture  de  l’Ain  est  très-exacte  et  fort 
intéressante,  mais  beaucoup  de  personnes  au- 
raient désiré  que  vous  rappeliez  en  quelques 
mots  quel  a été  l’instigateur  et  le  principal  or- 
ganisateur de  celte  Association  si  utile. 

Voudriez-vous  me  permettre  de  venir  ici 
remplir  cette  petite  lacune? 

• Tous  les  membres  de  la  Société  d’Horticul- 
ture  de  l’Ain  sont  unanimes  à constater  que 
si  leur  Société  est  aujourd’hui  si  florissante  et 
si  riche  en  belles  collections,  elle  le  doit  pour 
une  large  part  à l’initiative,  aux  travaux  inces- 
sants et  au  dévouement  sans  borne  de  notre 
grand  pomologue,  le  bien  regretté  M.  Mas,  qui 
fut  son  président  depuis  sa  fondation  jusqu’au 
15  novembre  1875,  époque  de  sa  mort. 

Pour  perpétuer  la  mémoire  de  cet  illustre 
collègue,  les  membres  de  la  Société  d’Horticul- 
ture  de  l’Ain  ont  élevé  à leur  président  défunt 
un  superbe  buste  en  marbre  dans  leur  salle  de 
délibération. 

M.  Mas,  il  faut  le  reconnaître,  avait  trouvé 
autour  de  lui  des  collaborateurs  dévoués  et  à 
la  hauteur  de  l’œuvre  si  utile  qu’il  avait  en- 
treprise ; il  suffit  de  nommer  M.  Lahérard, 
]\r.  de  Lapérouse,  M.  le  docteur  Pie,  M.  Ghé- 
vrier,  M.  Aynis,  M.  Siraud,  M.  Gointet,  etc., 
mais  tous  ces  hommes  de  bien  et  de  pro- 
grès se  plaisent  à reconnaître  dans  la  per- 
sonne de  leur  ancien  président  une  supériorité 
d’autant  mieux  acceptée  qu’elle  ne  s’imposait 
pas. 

Je  détache  d’une  notice  nécrologique  sur 
M.  Mas  l’appréciation  suivante,  d’un  membre 
fondateur  de  la  Société  de  l’Ain:  « Je  n’ai  eu 
avec  M.  Mas,  dit  M.  S...,  que  des  relations  de 
courte  durée,  ne  pouvant  le  voir  qu’à  de  rares 
intervalles  seulement.  On  lui  doit  tous  les  suc- 
cès de  la  Société  d’Horticulture,  succès  aux- 

16  Décembre  1883. 


quels  ses  grandes  connaissances  et  son  carac- 
tère conciliant  ont  puissamment  contribué. 
Bien  supérieur  à nous  tous  par  son  talent 
d’observation  et  son  expérience,  il  ne  manquait 
jamais,  quand  l’occasion  s’en  présentait,  de 
faire  prévaloir  les  travaux  et  la  science  de  ses 
confrères.  Gette  disposition  d’un  cœur  droit  et 
ouvert  a fait  beaucoup  pour  le  développement 
de  la  Société.  » 

Je  m'arrête  sur  ce  jugement  porté  par  un  des 
membres  les  plus  distingués  de  la  Société 
d’Horticulture  de  Bourg;  il  rend  un  hommage 
bien  mérité  aux  services  rendus  à l’association 
des  horticulteurs  de  la  Bresse  par  l’homme 
éminent  qui  fut  l’une  des  plus  hautes  représen- 
tations de  la  science  pomologique  de  notre 
époque. 

Il  faut  conclure  de  là  que,  si  nous  avions 
dans  nos  départements  beaucoup  de  prési- 
dents de  Sociétés  d’IIorticulture  comme  le  sa- 
vant et  sympathique  M.  Mas,  nous  aurions 
beaucoup  Je  Sociétés  aussi  florissantes  que 
celle  de  l’Ain. 

Pardonnez-moi  cette  trop  longue  lettre  ; elle 
aura  pour  excuse  un  témoignage  de  reconnais- 
sance que  j’ai  cru  devoir  donner  à celui  qui 
fut  pour  moi  un  maître  vénéré  dont  l’amitié 
m’a  grandement  honoré. 

Agréez,  etc.  V.  Pulliat. 

Enduit  préservatif  contre  le  feu.  — 

Le  journal  américain  Gardeners’  Monthly 
donne  les  indications  suivantes  qui,  paraît- 
il,  permettent  de  soustraire  un  objet  quel- 
conque, clôture,  hangar,  instruments  en 
bois,  voitures,  etc.,  aux  atteintes  d’un 
incendie.  La  question  ayant  une  importance 
capitale,  nous  reproduisons  cette  recette, 
en  engageant  nos  lecteurs  à faire  des  expé- 
riences, et  à nous  en  communiquer  le  ré- 
sultat. 

Réduire  en  poudre  fine  et  mélanger 
ensemble  vingt  parties  de  verre,  vingt 
parties  de  porcelaine,  vingt  parties  de 
pierre  de  nature  quelconque,  dix  parties 
de  chaux  calcinée  et  trente  parties  de 
silicate  de  soude,  tel  qu’on  le  trouve  dans 
le  commerce.  Les  éléments  solides  doivent, 
nous  le  répétons,  être  pulvérisés,  aussi 
finement  que  possible,  et  tamisés.  On 
humecte  le  mélange,  qui  prend  une  con- 
sistance sirupeuse,  et  on  l’emploie  seul,  ou 
mélangé  à une  couleur  ou  peinture  quel- 
conqqe. 


24 


554 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Exposition  d’horticulture  à Rouen.— 

La  Société  centrale  d’horticulture  de  la 
Seine-Inférieure  fera  à Rouen  une  exposition 
générale  d’horticulture,  coïncidant  avec  le 
Concours  régional  agricole  qui  se  tiendra 
dans  cette  ville  du  7 au  15  juin  1884. 

En  faisant  connaître  cette  décision,  la 
Société  fait  aussi  tout  particulièrement  un 
appel  général  à l’arboriculture  fruitière,  no- 
tamment à la  pomologie,  et  l’informe  aussi 
que  vers  la  fin  de  septembre  de  cette  même 
année,  à Rouen  et  à l’occasion  du  Congrès 
pomologique  de  France,  elle  organisera  une 
exposition  générale  des  fruits  comprenant  les 
deux  grandes  divisions  : fruits  de  table  et 
fruits  de  pressoir. 

Les  expositions  horticoles  en  An- 
gleterre. — Nous  ne  cessons  de  citer  à 
toute  occasion  l’activité  que  nous  voyons 
déployer  chez  les  peuples  qui  nous  avoisi- 
nent, dans  tout  ce  qui  touche  aux  intérêts 
de  l’horticulture.  Notre  devoir  n’est-il  pas 
de  tenir  nos  lecteurs  au  courant  de  tout  ce 
qui  se  fait  dans  de  bonnes  conditions,  tant 
en  France,  qu’à  l’étranger,  et  de  montrer 
toujours  le  chemin  qu’il  convient  de  suivre, 
le  résultat  qu’il  faut  surpasser  ? 

Nous  ne  sommes  pas  arrivés  au  point  de 
perfection  où  le  repos  momentané  est 
permis,  tant  s’en  faut. 

C’est  encore  en  Angleterre  que  nous 
prenons  le  fait  suivant. 

Nous  avons  eu  à Paris  une  exposition 
spéciale  de  Chrysanthèmes  qui,  moins  im- 
portante à coup  sûr  qu’elle  aurait  dû  l’être, 
n’en  a pas  moins  eu  un  grand  succès  ; mais 
en  dehors  de  cette  tentative,  qu’a-t-il  été 
fait?  Rien. 

Au  même  moment,  toutes  les  Sociétés 
horticoles  anglaises  organisaient,  suivant 
l’usage,  des  expositions  semblables,  et  le 
compte-rendu  que  la  Revue  horticole  a 
publié  de  celle  du  Palais  de  Cristal,  peut 
donner  une  idée  de  l’importance  de  toutes 
les  autres. 

Les  journaux  anglais  publient  les  compte- 
rendus  détaillés  des  exhibitions  de  Londres, 
Southampton,  Rath,  Hawkhurst,  Lewes, 
Croydon,  Hackney,  Staines,  Kingston,  etc. 

Que  résulte-t-il  de  cet  ensemble  d’initia- 
tives? Les  amateurs  deviennent  de  jour  en 
jour  plus  nombreux,  leur  goût  se  forme, 
s’épure,  des  collections  se  créent  de  tous 
côtés,  et  l’on  n’est  pas  exposé,  là-bas. 


comme  nous  le  sommes  à Paris,  où  le  com- 
merce des  fleurs  est  cependant  considé- 
rable, à voir  sur  les  marchés  aux  fleurs 
des  variétés  de  Chrysanthèmes  ou  de  toutes 
autres  plantes,  apportées  en  quantités  sur- 
prenantes, et  que  leur  infériorité,  par  rap- 
port aux  gains  récents,  comme  forme  et 
coloris,  aurait  dû  depuis  longtemps  faire 
impitoyablement  arracher  des  cultures. 

Le  Pinetum  Britannicum.  — Nous  ap- 
prenons avec  une  vive  satisfaction  qu’après 
un  long  intervalle  la  publication  de  ce  su- 
perbe recueil  va  reprendre  son  cours.  La 
plupart  de  nos  lecteurs  connaissent  le  « Pi- 
netum » qui,  à l’aide  de  ses  belles  planches 
coloriéeSj  et  de  ses  descriptions,  simples  et 
complètes,  fait  connaître  successivement 
tous  les  arbres  résineux  cultivés  en  Angle- 
terre, et  on  sait  que  c’est  leur  pays  de  pré- 
dilection. Les  prochains  fascicules  contien- 
dront la  description  des  Cyprès,  Cèdres  et 
Pins  désignés  ci- après:  Cupressus  Lamber- 
tiana  {macrocarpct),  Pinus  Laricio,  P. 
albicaulis  {flexilis),  P.  Balfouriana,  P. 
aristata,  P.  porphyrocarpa^  etc. 

La  Muscade.  — Le  Journal  of  horti- 
culture estime  qu’il  y aurait  de  grands  béné- 
fices à réaliser  en  cultivant,  sur  de  grandes 
proportions,  le  Muscadier,  dans  la  Nouvelle- 
Guinée. 

L’arbre  qui  produit  la  Muscade  croît 
vigoureusement  dans  cette  île. 

La  plupart  des  fruits  qui  apparaissent 
sur  les  marchés  proviennent  de  Singapore, 
qui  centralise  la  production  des  contrées 
avoisinantes.  Mais  le  Muscadier  a été  im- 
porté dans  ces  régions,  où  il  est  la  source 
de  produits  considérables,  et  où  sa  produc- 
tion est  bien  moindre  qu’elle  le  serait  avec 
la  même  culture,  dans  la  Nouvelle-Guinée. 

Cette  note  du  journal  anglais  intéresse 
nos  cultures  coloniales  d’une  manière  toute 
particulière.  On  sait,  en  effet,  que  la  mus- 
cade est  un  produit  très-recherché  du  com- 
merce. Il  conviendrait  donc  que  la  culture 
en  fût  essayée  très-sérieusement  dans  nos 
colonies  de  l’extrême  orient. 

Les  Camphriers  de  la  péninsule 
malaise.  — Dans  la  relation  d’un  voyage 
qu’il  vient  de  faire  à travers  la  Malaisie, 
M.  Weld,  gouverneur  de  province  dans 
ce  pays  encore  peu  connu  au  point  de  vue 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


555 


botanique,  cite  ce  fait  intéressant  qu’à  Kan- 
ching,  c’est-à-dire  à environ  24  kilomètres 
au  nord  de  Kuala  Lumpor,  il  a traversé 
une  grande  forêt  de  Camphriers  {Laurus 
Camphora)  dont  un  grand  nombre  attei- 
gnent jusqu’à  70  mètres  de  hauteur. 

Cette  forêt  représente  une  valeur  énorme, 
et  M.  Weld  l’a  tout  de  suite  placée  au  nom 
du  gouvernement  anglais  sous  une  sorte  de 
séquestre  qui  en  réglementera  l’exploitation 
et  empêchera  l’abattage  et  la  destruction 
de  ces  magnifiques  arbres. 

La  première  gelée,  à Brest.  — Notre 
collaborateur  M.  Blanchard  nous  adresse  la 
communication  suivante  : 

« Le  14  novembre  1883,  a eu  lieu,  à Brest, 
la  première  gelée  blanche  de  l’automne; 
la  douce  température  qui  n’avait  cessé  de 
régner  depuis  la  tempête  des  1®**  et  2. sep- 
tembre, a enfin  terminé  sa  période  d’exis- 
tence et  va  probablement  être  remplacée 
par  les  gelées  et  les  froids  humides. 
Jusque-là,  on  ne  se  serait  pas  douté  qu’on 
fût  en  automne,  à Brest  ; on  se  serait  plu- 
tôt cru  au  printemps,  tant  la  végétation 
était  avancée;  tous  les  champs  et  jardins  du 
littoral  sont  fleuris  comme  au  printemps. 
Presque  tous  les  grands  arbres , tels 
que  Peupliers,  Ormes,  Allantes,  Marron- 
niers, etc.,  qui  ont  perdu  leurs  [feuilles 
pendant  l’ouragan  du  septembre,  ont 
repoussé  de  nouveaux  bourgeons  et  de  nou- 
velles feuilles  et  même  quelques-uns, 
comme  le  Marronnier  blanc,  ont  produit 
de  nouvelles  fleurs;  d’autres,  comme  le 
Saule  cendré,  commencent  à montrer  leurs 
chatons.  En  nous  promenant  sur  les  bords 
de  la  mer,  nous  avons  remarqué  une  grande 
quantité  d’ Ajoncs  garnis  de  fleurs,  et  de 
Cuscutes,  comme  au  mois  de  mai,  ainsi  que 
sur  beaucoup  de  Poiriers  chargés  de  fruits 
qui  n’étaient  pas  assez  mûrs  pour  être  ré- 
coltés, des  bouquets  de  fleurs  complète- 
ment épanouies  et  de  feuilles.  M.  Grouan, 
le  frère  des  célèbres  algologues  bretons, 
dit  qu’il  a dans  son  jardin  de  nouvelles 
Poires  Duchesse  très-bien  formées;  une 
grande  partie  des  Pommiers  nains  sont  aussi 
en  pleine  floraison.  Nous  avons  également 
vu  près  de  Kerhuon  deux  Pruniers  de  plein 
vent  couverts  de  fleurs,  sans  avoir  une  seule 
feuille,  ainsi  que  plusieurs  Lilas  blancs 
presque  aussi  beaux  que  dans  leur  saison 
ordinaire  ; on  en  a même  vu  au  marché  ; le 


rouge  est  moins  avancé,  nous  ne  l’avons  vu 
qu’en  boutons.  Un  Cytisus  Lahurnum  éi^ii 
couvert  de  fleurs.  Voici  la  composition  d’un 
bouquet  que  nous  avons  fait  dans  différents 
jardins  que  nous  avons  visités  : Vinca  ma- 
jor et  minor^  Saxifraga  ligulata,  Kerria 
japonica,  Rhodotypos  kerrioides,  Ompha- 
Iodes  verna,  la  Vigne,  Fàbiana  imhri- 
cata,  Viburnum  lantana,  V.  Opidusei  V. 
Lentago,  Spirœa  hypericifolia^  Hypericum 
calycinum  et  Androsœmum,  Rïbes  atro- 
sanguineum  et  alpinurn,  Rubus  Idœus  et 
cœsiuSy  Myrtus  communis^  Æsculus  hip- 
pocastanum,  Sorbus  pinnatifida,  Gamellia 
simple,  Colutea  arborescens , Staphylea 
colchica,  et  sur  les  talus  exposés  au  soleil 
les  Fraisiers  à gros  et  à petits  fruits.  Si  l’on 
ajoute  à ces  fleurs  celles  des  Dahlias,  les 
Chrysanthèmes,  les  Véroniques,  les  Fu- 
chsias, les  Pélargonium  zonale  et  toutes 
les  plantes  de  l’Amérique  australe,  telles  que 
Berberis  Darwinii,  dulcis,  Azara  integri- 
folia,  Escallonia  florïbunda,  macrantha, 
rubra,  Aralia  Sieboldii,  Schizostylis  coc- 
cinea  et  des  Roses  de  toutes  variétés,  on 
peut  se  faire  une  idée  de  la  douce  tempéra- 
ture qui  a existé  à Brest  pendant  les  deux 
mois  et  demi  qui  viennent  de  s’écouler,  ce 
qui,  du  reste,  est  un  mauvais  pronostic  pour 
la  récolte  des  fruits  en  1884.  » 

Medinilla  Curtisii.  — Cette  jolie 
plante,  qui  a été  présentée  cet  automne, 
par  MM.  Veitch,  à la  Société  royale  d’hor- 
ticulture de  Londres,  forme  un  petit  ar- 
buste au  port  très-élégant.  Ses  feuilles  sont 
un  peu  charnues.  Ses  fleurs,  nombreuses, 
se  développent  en  cymes  terminales,  pyra- 
midales, paniculées.  La  hampe  florale  prin- 
cipale, qui  se  ramifie  à angles  ^droits,  est 
d’une  belle  couleur  rouge  corail.  Chaque 
fleur  est  large  de  12  à 15  millimètres;  le 
calyce  cupuliforme  est  d’un  blanc  d’ivoire, 
et  entoure  la  corolle  dont  les  pétalles  ob- 
longs  arrondis  sont  d’un  blanc  de  crème. 
Au  centre  de  la  fleur,  les  étamines,  rouge 
violacé,  forment  une  élégante  petite  touffe. 
Cette  plante  a été  introduite  de  Sumatra, 
par  M.  Gurtis;  et  le  Botanical  Magazine 
l’a  récemment  figurée  en  une  très-bonne 
planche  coloriée. 

Extension  du  Phylloxéra.  — L’Ile  de 
Ré  (Charente -Inférieure),  ainsi  que  les  ar- 
rondissements de  Salins  et  de  Saint-Jean- 


556 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


de-Maurienne  (Haute -Savoie),  qui,  jus- 
qu’ici, avaient  été  considérés  comme  in- 
demnes, viennent  d’être  envahis  par  le' 
phylloxéra.  Gomme  on  le  voit,  le  terrible 
puceron  n’arrête  pas  sa  marche  malgré 
toutes  les  ordonnances  et  règlements.  Mais, 
puisqu’il  est  bien  reconnu  et  constaté  scien- 
tifiquement que  rien  ne  l’entrave  et  que 
jamais  il  ne  s’attaque  à aucun  autre  végétal 
que  la  Vigne,  pourquoi  maintient-on  toutes 
les  mesures  restrictives  s’appliquant  à tous 
ces  végétaux  auxquels  il  ne  touche  jamais.? 

Roses  remontantes  : Perle  d’or, 
Jeanne  Drivon.  — Ces  deux  plantes,  qui 
rentrent  dans  le  groupe  des  variétés  naines 
du  Rosa  polyantha  {multiflora),  auquel 
appartiennent  déjà  les  variétés  Ma  Pâque- 
rette, Aune  Marie  de  Montravel,  etc.,  sont 
encore  plus  naines  que  celles-ci,  plus  jolies 
même,  ce  qui  n’est  pas  peu  dire.  Toutes  deux 
sont  lyonnaises.  La  première.  Perle  d'or,  a 
été  obtenue  par  M.  Dubreuil,  rosiériste  à 
Montplaisir-Lyon;  son  feuillage,  d’un  très- 
beau  vert  brillant,  rappelle  celui  des  Thés  ; 
ses  fleurs,  relativement  très-grandes,  sont 
d’un  beau  rose  nankin,  avec  le  centre  encore 
plus  orangé.  Elle  est  tellement  remontante 
et  floribonde  qu’on  pourra,  assure-t-on,  la 
cultiver  pour  la  d fleur  coupée  » ou  en  pots 
comme  plante  de  marché.  L’autre  variété, 
Jeanne  Drivon,  qui  est  un  gain  de 
M.  J.  Schwartz,  de  Lyon,  est  tout  aussi  re- 
marquable que  la  précédente.  Également 
naine  et  excessivement  remontante,  ses 
fleurs,  petites  et  bien  pleines,  d’un  blanc 
légèrement  carné  nuancé,  rappellent  un  peu 
celles  d’une  Balsamine-Camellia. 

Aucune  plante,  peut-être,  mieux  que  le 
Rosa  polyantha,  n’est  plus  propre  à dé- 
montrer, en  même  temps  que  l’extrême 
variation  que  peut  subir  un  type,  comment  se 
créent  les  races,  par  conséquent  les  espèces. 
Pour  s’en  faire  une  idée,  il  suffit  de  se  rap- 
peler ce  que  sont  ees  nouveaux  et 

de  les  comparer  à leur  mère,  ce  que  nous 
allons  faire  en  quelques  mots.  Celle-ci,  qui 
est  excessivement  vigoureuse,  non  remon- 
tante , très  - épineuse  , à fleur  blanche , 
simple,  forme  des  buissons  qui  attei- 
gnent plusieurs  mètres  de  hauteur,  tandis 
que  ses  enfants,  surtout  ceux  dont  nous 
parlons,  sont  des  plantes  pour  bordures,  très- 
remontantes,  à fleurs  doubles,  blanches, 
rose  plus  ou  moins  foncé,  enfin  jaunes, 


Le  Kumara.  — On  parle  beaucoup  en 
ce  moment  d’une  plante  tuberculeuse  origi- 
naire de  la  Nouvelle-Zélande,  et  dont  la 
racine,  ressemblant  à une  Pomme  de  terre 
longue,  de  moyenne  grandeur,  est  comes- 
tible. Cette  plante,  appelée  Kumara  dans 
son  pays  natal,  est  le  Convolvulus  chry- 
sorrhizus,  Forster,  et  se  rapproche,  par  sa 
nature,  du  Dioscorea  Ratatas.  Le  Ku- 
mara, qui  est,  paraît-il,  rustique  sous  le 
climat  de  l’Angleterre,  est,  nous  apprend  le 
Gardeners'  Chronicle,  actuellement  cultivé 
à Kew.  Les  quelques  plantes  que  nous  con- 
naissons ressemblent  assez  à de  jeunes  pa- 
tates. 

Exposition  internationale  d’horti- 
culture à Saint-Pétersbourg.  — Cette 
exposition,  qui  devait  avoir  lieu  en  1883, 
mais  qui  avait  été  ajournée  à cause  du  sacre 
de  l’empereur,  s’ouvrira  définitivement  en 
1884,  à la  même  époque  où  elle  devait  avoir 
lieu  en  1883,  soit  du  5/17  au  16/28  mai 
1884.  En  nous  adressant  cette  c®mmuni- 
cation,  la  commission  directrice  nous  prie 
d’informer  les  horticulteurs  et  amateurs  qui 
voudront  prendre  part  à cette  exposition 
que  toutes  les  mesures  qui  avaient  été 
prises  pour  faciliter  cette  grande  fête  horti- 
cole, soit  pour  la  réduction  du  prix  des 
places  sur  les  différents  chemins  de  fer  de 
l’État  russe,  soit  pour  le  programme  qui 
avait  été  fait,  sont  maintenues  intégralement. 
Néanmoins,  nous  croyons  bon  que  les  per- 
sonnes qui  avaient  adhéré  à cette  exposition 
renouvellent  leur  demande,  et  nous  les  en- 
gageons à le  faire  le  plus  tôt  possible,  afin 
de  recevoir  à temps  toutes  les  pièces  admi- 
nistratives nécessaires  pour  jouir  des  privi- 
lèges qui  seront  accordés  soit  pour  le 
transport  des  marchandises,  soit  pour  celui 
des  voyageurs. 

Toutes  les  demandes  de  renseignements 
ou  d’admission  à exposer  doivent  être 
adressées  à M.  Édouard  Régel,  président  de 
la  commission  de  l’exposition,  à Saint-Pé- 
tersbourg. 

La  « Pomme  de  Neige  ».  — Le  journal 

américain  Gardeners' Monthly  en  par- 
lant de  la  culture  en  grand  qui  est  faite  de 
cette  variété,  tant  dans  le  nord  de  l’Europe 
qu’en  Amérique,  rappelle  qu’elle  a été  ob- 
tenue de  semis  en  Amérique. 

La  « Pomme  de  Neige  ))  est  souvent 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


557 


désignée  là-bas  sous  le  nom  de  « La  Fa- 
meuse y>. 

Le  Cattleya  labiata.  — On  remarquait 
récemment  en  Angleterre,  à Birdhill,  un 
bel  exemplaire  fleuri  de  cette  superbe  espèce. 
Ses  fleurs,  d’une  riche  couleur  lilas-rosé, 
nuancée  de  rose  tendre,  atteignaient  18  cen- 
timètres de  largeur.  Le  labelle,  très-déve- 
loppé,  est  gracieusement  ondulé. 

Cette  plante,  avec  ses  deux  hampes  por- 
tant huit  fleurs,  a été  estimée  1,325  fr.  par 
un  expert  chargé  d’en  fixer  la  valeur. 

Le  Cattleya  lahiata  est  une  espèce  des 
plus  précieuses  par  sa  floraison  automnale. 
Il  est  devenu  très -rare,  extrêmement  re- 
cherché des  amateurs  d’Outre- Manche, 
surtout,  qui  paient  au  poids  de  l’or  les  quel- 
ques exemplaires  que  l’on  peut  rencontrer 
parfois  dans  d’anciennes  collections.  La 
plante,  d’ailleurs,  est  fort  belle  et  mérite  bien 
cette  recrudescence  de  faveur. 

La  Plante  Colombe.  — Le  Garden 
donne  de  précieuses  indications  sur  la  cul- 
ture qu’il  convient  de  donner  à cette  char- 
mante Orchidée  {Peristeria  elata)  pour  lui 
assurer  une  floraison  très-abondante  (1). 

Une  serre  tempérée  est  celle  qui  lui 
convient  le  mieux.  La  terre  à employer  est 
un  compost  de  terre  de  bruyère,  de  spha- 
gnum,  de  terreau  de  feuilles  et  de  sable 
blanc. 

Les  arrosages  doivent  être  peu  fréquents 
et  même,  dans  une  serre  un  peu  humide, 
n’être  donnés  qu’une  fois  par  mois. 

Les  épis  floraux  se  développent  rapide- 
ment, et  la  floraison  a lieu  en  juillet  et 
août,  lorsque  les  plantes  ont  été  mises  en 
végétation  vers  la  fin  de  février.  Il  n’est  pas 
rare  d’obtenir,  avec  des  sujets  bien  cultivés, 
jusqu’à  trente  et  trente-cinq  fleurs  sur  un 
seul  épi. 

Chaire  de  culture  au  Muséum.  — 

Cette  chaire,  vacante  depuis  la  mort  de 
M.  Decaisne,  va  être  prochainement  pour- 
vue d’un  titulaire.  Le  Journal  officiel  du 
22  novembre  dernier  déclarait  la  vacance 
de  cette  chaire,  et  par  conséquent  l’ouver- 
ture du  concours,  en  invitant  les  candidats 
à produire  leurs  titres. 

(1)  Ces  données  complètent  celles  que  nous 
avons  publiées  précédemment.  Voir  Revue  horti- 
cole, 1883,  p.  174. 


Fructification  de  l’Olivier  à Cher- 
bourg. — Le  climat  de  Cherbourg  a beau- 
coup d’analogie  avec  celui  de  Brest  ; aussi 
la  fructification  de  certaines , plantes  de  la 
région  méditerranéenne  y est-elle  égale- 
ment rare  : telle  est  par  exemple  celle  de 
l’Olivier.  Cependant,  et  malgré  que  Cher- 
bourg soit  encore  plus  au  nord  que  Brest, 
la  fructification  de  l’Olivier  y a été  re- 
marquée il  y a déjà  plusieurs  années,  fait 
constaté  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
d’horticulture  de  Cherbourg,  pour  l’an- 
née 1878.  C’est  à M.  H.  de  la  Chapelle,  se- 
crétaire de  cette  Société,  que  nous  devons 
ce  renseignement  dont  nous  le  remer- 
cions très-sincèrement. 

Décorations  à l’horticulture.  — Nous 
avons  le  plaisir  d’annoncer  la  nomination  de 
M.  Besson  aîné,  delà  maison  Besson  frères, 
horticulteurs  à Nice,  comme  chevalier  de 
l’ordre  du  Mérite  agricole.  Cette  distinction, 
qui  honore  justement  l’horticulture  niçoise 
sera  accueillie  avec  plaisir  par  tous  ceux  qui 
connaissent  les  services  rendus,  dans  le  Midi, 
à la  culture  en  plein  air  par  MM.  Besson. 

Nous  applaudissons  aussi  sans  réserve 
à la  distinction  dont  vient  d’être  l’objet 
M.  Bernard  Verlot,  nommé  chevalier  de 
l’Ordre  du  Mérite  agricole.  Le  sympathique 
jardinier  en  chef  de  l’Ecole  de  botanique 
du  Muséum,  qui  est  en  même  temps  pro- 
fesseur à l’École  d’horticulture  de  Ver- 
sailles, est  trop  connu  de  nos  lecteurs  pour 
qu’il  soit  nécessaire  de  rappeler  les  ser- 
vices qu’il  a rendus  à l’horticulture. 

Nécrologie. — Sir  W.  Siemens.  — Nous 
apprenons  avec  grand  regret  le  décès  de 
Sir  William  Siemens  dont  les  recherches, 
au  sujet  de  l’action  de  l’électricité  sur  la 
végétation,  sont  connues  de  tous.  Il  a rendu 
de  grands  services  à la  science.  L’horticul- 
ture à son  tour,  eût  pu  en  retirer  d’utiles 
applications,  et  nous  sommes  persuadés  que 
son  œuvre,  qu’il  laisse  très-avancée,  et  dont 
la  Revue  a plusieurs  fois  parlé,  aura  de 
vaillants  continuateurs.  Déjà,  en  Angleterre, 
Sir  W.  Siemens  a fait  école.  D’autres  expé- 
rimentateurs lui  ont  succédé.  En  France,  on 
suit  également  le  cours  des  expériences  sur 
plusieurs  points  et  le  temps  ne  semble  pas 
éloigné  où  la  culture  pratique  retirera  de 
l’électricité  des  bienfaits  analogues  à toutes 
les  autres  applications  de  cette  force  mer- 
veilleuse. E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


558 


CULTURE  DES  ASPERGES  SOUS  CHASSIS  A FROID. 


CULTURE  DES  ASPERGES 

I 

C’est,  croyons-nous,  M.  Ponce,  maraî- 
cher à Clichy-la-Garenne,  qui,  le  premier, 
a eu  ridée  de  cultiver  les  Asperges  sous 
châssis  à froid.  Convaincu  qu’il  était  que  ce 
mode  devait  produire  de  bons  résultats,  il 
a débuté  par  un  coup  de  maître.  En  effet, 
son  premier  essai  s’est  fait  sur  une  sur- 
face qui  comportait  440  châssis.  Ce  pro- 
cédé étant  avantageux  comme  spéculation  et 
pouvant  aussi  rendre  de  grands  services 
comme  culture  bourgeoise,  nous  allons  le 
décrire  tel  que  le  pratique  M.  Ponce,  et 
d’après  des  documents  que  ce  cultivateur  a 
bien  voulu  nous  communiquer. 

Plantation.  — On  la  fait  en  mars  et  de 
manière  que,  sous  un  châssis  de 
de  côté,  il  puisse  y avoir  seize  touffes  d’ As- 
perges, que  l’on  choisit  aussi  belles  et 
aussi  égales  que  possible.  Après  avoir  bien 
préparé  le  sol,  on  en  égalise  la  surface  sur 
laquelle  on  place  les  griffes,  qui,  bien  dis- 
tantes et  étalées,  sont  ensuite  recouvertes 
d’abord  d’un  peu  de  terreau,  puis  d’une  lé- 
gère épaisseur  de  terre  (à  peine  10  centi- 
mètres). Si  au  lieu  de  planter  à même  le 
sol  on  peut  faire  une  couche  de  fond,  cela 
n’en  vaudra  que  mieux.  La  plantation  a dû 
être  faite  de  telle  sorte  que  les  coffres  puis- 
sent être  placés  en  ligne  et  se  touchant 
par  les  bouts,  de  manière  que  chaque  ligne 
soit  séparée  de  sa  voisine  de  35  centimètres. 
Quant  aux  coffres,  comme  ils  sont  posés  sur 
le  sol,  il  n’est  pas  nécessaire  qu’ils  soient 
très  élevés  : 12  à 15  centimètres  pour  le 
haut  et  environ  8 pour  le  bas  suffisent  : 
de  simples  planches  clouées  sur  les  côtés  et 
maintenues  en  bas  et  en  haut  avec  des  pi- 
quets et  que  l’on  recouvre  de  châssis,  voilà 
tout  le  matériel,  qui,  comme  on  le  voit,  est 
des  plus  simples  et  peu  dispendieux.  Il  va 
de  soi  que  l’on  n’est  pas  obligé  de  faire  les 
choses  aussi  simplement;  nous  indiquons  les 
mesures  économiques,  chacun  sera  libre  de 
les  modifier  suivant  son  goût  ou  ses  moyens. 

Les  Asperges  n’occupant  guère  le  sol  que 
pendant  l’été,  on  peut  l’utiliser  en  cul- 
tures diverses  suivant  la  saison,  les  be- 
soins de  la  consommation  et  la  spéculation 
à laquelle  on  se  livre.  L’essentiel,  c’est  que 
ces  produits  ne  gênent  pas  la  croissance 
des  Asperges  et  qu’ils  soient  enlevés  lors  du 


sous  CHASSIS  A FROID 

fort  développement  de  celles-ci.  Une  con- 
dition également  essentielle,  c’est  que  ces 
plantes  accessoires  se  développent  promp- 
tement et  ne  soient  pas  affamantes  ou  épui- 
santes, et  qu’elles  soient  enlevées  quand  les 
Asperges  commencent  à pousser.  Ce  sont  ou 
des  petits  Radis  rouges,  hâtifs,  à bout  blanc, 
ou  de  la  petite  Laitue  à couper,  ou  mieux 
encore  de  la  Laitue  noire  que  l’on  repique  à 
raison  de  30  à 35  pieds  par  châssis,  culture 
qui,  de  toutes,  donne  les  meilleurs  résultats. 
L’essentiel  étant  de  planter  des  essences  non 
épuisantes  et  d’une  prompte  venue.  Il  ne 
faut  jamais  semer  ou  planter  très-rappro- 
ché,  et  lors  des  labours  ou  des  façons  à 
donner  au  sol,  il  faut  éviter  d’aller  profon- 
dément, afin  de  ne  pas  blesser  les  griffes 
ou  souches  d’Asperges.  Les  Radis  ne  doi- 
vent être  semés  qu’en  janvier  ; quant  aux 
autres  légumes,  on  plante  ou  on  sème  à 
partir  de  la  deuxième  quinzaine  d’octobre, 
suivant  leur  nature  et  les  conditions  dans 
lesquelles  on  est  placé. 

Soins  généraux.  — Aussitôt  la  plantation 
terminée,  on  place  les  châssis  afin  de  favo- 
riser la  reprise,  surtout  si  le  sol  a été  oc- 
cupé par  d’autres  plantes  que  les  Asperges. 
Il  est  bien  entendu  que  ces  cultures  acces- 
soires ou  dérobées  ne  devront  gêner  ni 
entraver  la  végétation  des  Asperges,  qu’elles 
devront  être  claires  et  enfevées  avant 
qu’elles  puissent  nuire.  Les  autres  soins 
consistent  à donner  de  l’air  et  à arroser 
au  besoin.  Les  arrosages  devront  être 
modérés,  parce  que  l’Asperge  redoute 
l’humidité  surabondante,  ce  qui  parfois 
en  détermine  la  rouille.  Il  va  sans  dire 
aussi  que  le  terrain  devra  être  tenu  propre, 
sarclé  et  même  biné  au  besoin.  Un 
paillis  ou  un  terreautage  ne  pourront  être 
qu’avantageux.  Lors  même  qu’on  ne  ferait 
d’autre  culture  que  celle  des  Asperges, 
les  châssis  devront  être  placés  avant  l’hi- 
ver, de  façon  à éviter  les  fortes  pluies 
de  la  fin  d’automne  et  les  neiges  qui 
viendraient  trop  humidifier  le  sol,  et  le 
refroidir:  il  est  toujours  plus  facile  de 
donner  de  l’eau  que  d’en  ôter  lorsqu’il  y en 
a de  trop.  Il  va  également  de  soi  que  plus 
les  Asperges  sont  fortes,  moins  l’on  doit 
mettre  de  plantes  accessoires. 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


559 


Bien  que  les  Asperges  ne  redoutent  pas 
le  froid,  on  pourra,  si  l’on  veut,  recouvrir 
les  châssis  l’hiver  avec  des  paillassons  ; il 
pourrait  même  y avoir  avantage  à concen- 
trer l’a  chaleur  de  manière  à échauffer  le  sol 
et  activer  la  végétation.  Du  reste,  tous  ces 
soins  sont  relatifs  et  subordonnés  aux  con- 
ditions dans  lesquelles  on  se  trouve  et  au 
but  qu’on  cherche  à atteindre.  Ici,  comme 
dans  toute  spéculation,  c’est  toujours  l’inté- 
rêt qui  guide. 

Fumure. — On  fumera  avec  de  la  gadoue 
ou  du  fumier  bien  consommé  qu’on  enter- 
rera à l’automne  par  un  labour  ou  même 
par  un  binage  fait  avec  précaution,  de  façon 
à ne  pas  fatiguer  les  souches. 

Cueillette,  — Elle  est  subordonnée  à 
l’âge  et  à la  force  des  plantes,  et  soumise 
par  conséquent  aux  mêmes  règles  que  toutes 
les  Asperges  en  général.  Il  ne  faut  jamais 
fatiguer  les  plantes  par  une  cueillette  antici- 
pée, et  ce  n’est  guère  que  la  troisième  année 
qu’on  peut  faire  une  récolte  à peu  près 
pleine  ; la  seconde  année,  pourtant,  si  le 
plant  est  fort,  on  peut  enlever  quelques 
Asperges,  mais,  autant  que  possible,  sur 
les  fortes  touffes  qui  présentent  plusieurs 
turions.  Quant  à l’époque  où  l’on  doit  cesser 
la  cueillette  des  Asperges,  elle  n’a  non  plus 
rien  d’absolu.  De  même  que  pour  les  cul- 
tures en  plein  champ,  la  récolte,  sous 
châssis,  est  relative  et  liée  à la  force  des 
plants.  En  général,  la  fin  de  juin  est  la  der- 
nière limite  si  l’on  tient  à conserver  la  plan- 
tation vigoureuse. 

Dans  de  bonnes  conditions  de  culture,  on 
peut  faire  pendant  dix  années  une  pleine 
récolte;  pour  alimenter  la  souche,  il  est 
bon,  au  bout  de  quelque  temps,  de  laisser 
monter  deux  ou  trois  Asperges  à chaque 
touffe.  Vers  la  fin  de  la  saison,  on  laisse 
monter  toutes  les  petites  et  l’on  ne  coupe 
plus  que  les  grosses.  Nous  disons  couper, 
c’est  décoller  qu’il  faudrait  dire.  En  effet, 
autant  que  possible,  on  doit  déterrer  un  peu 


les  Asperges,  puis,  en  les  saisissant  avec  les 
doigts,  le  plus  bas  possible,  on  fait  une  lé- 
gère torsion,  de  manière  à les  détacher  de  la 
souche  jusqu’à  la  base  ou  empâtement,  et 
qu’il  ne  reste  rien  du  jeune  turion  qui, 
s’il  était  coupé,  pourrait  déterminer  de  la 
pourriture.  Si  dans  les  cultures  accessoires 
il  se  développait  quelques  turions,  on  pour- 
rait les  détacher  en  prenant  les  précautions 
nécessaires,  afin  de  ne  rien  endommager. 

Les  Asperges,  en  plein  rapport,  doivent 
être  recouvertes  d’environ  20  centimètres  de 
terre.  Quand  on  cueille,  il  est  bon  d’at- 
tendre que  les  turions  soient  sortis  de  5 à 
6 centimètres,  parce  qu’alors  ils  se  colo- 
rent légèrement  de  rose  et  sont  beaucoup 
plus  beaux,  outre  qu’ils  ont  aussi  un  peu 
plus  de  goût;  ce  qui  est  une  qualité,  quand 
la  saveur  n’est  pas  amère. 

Cette  culture,  bien  entendue  et  bien 
suivie,  est  ‘très-avantageuse,  soit  qu’on  la 
fasse  au  point  de  vue  spéculatif,  soit  qu’on 
la  pratique  en  maison  bourgeoise.  Dans  le 
premier  cas,  les  produits  accessoires  viennent 
en  mars -avril,  époque  à laquelle  ils  se 
vendent  généralement  bien;  puis  arrivent 
sans  frais  les  Asperges  qui,  comme  primeurs 
de  moyenne  saison,  sont  également  très- 
recherchées  et  vendues  à un  prix  relative- 
ment élevé.  Bourgeoisement,  cette  culture 
présente  tous  les  avantages  que  nous  venons 
de  signaler  ; de  plus,  elle  permet  d’utiliser 
le  sol  soit  pour  des  cultures  temporaires  ex- 
ceptionnelles (fournitures  de  saisons),  soit 
pour  des  cultures  ornementales. 

Dans  l’un  ou  l’autre  cas,  c’est-à-dire 
hourgeoiserneut  ou  maraîchèrement,  les 
châssis  et  les  coffres  peuvent  être  enlevés 
en  mai  et  être  employés  à d’autres  cul- 
tures, potagères  ou  florales.  Ajoutons  que 
comme  produit  pécuniaire,  cette  culture  est 
rémunératrice  ; un  hectare  superficiel  et  un 
matériel,  tel  que  nous  l’avons  décrit,  peu- 
ven  produire  un  bénéfice  de  trois  à quatre 
mille  francs  par  an.  E.-A.  Carrière. 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES 


Les  Jasmins  fournissent  aussi  leur  contin- 
gent avec  le  Jasrninum  Sambac  et  la  variété 
à fleurs  doubles,  dont  les  fleurs  blanches 
répandent  une  odeur  suave  et  pénétrante 
qui  les  fait  toujours  rechercher.  Ils  pa- 
(l)  Voir  Revue  Jiorlicole^iBSd,  p.  318,  391  et  486. 


raissent  aimer  la  chaleur,  quoique  nous 
ayons  vu  de  beaux  exemplaires  dans  un 
jardin  d’hiver,  où  la  température  descendait 
à 4"  8»  centigrades. 

Une  ancienne  plante  qui  est  en  train  de 
disparaître , c’est  le  Quisgualis  Indica, 


560 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


Disons,  toutefois,  qu’elle  n’a  jamais  été  bien 
répandue.  Vigoureuse  et  très-floribonde,  si 
ses  fleurs  d’une  nuance  indécise,  allant  du 
jaune  au  rouge,  manquent  d’éclat,  au  moins 
elles  sont  nombreuses.  Malheureusement, 
elle  est  fréquemment  attaquée  par  les 
insectes. 

Les  Allamanda 
pourraient  aussi  être 
employés  avec  avan- 
tage comme  plantes 
volubiles  de  serre 
chaude,  en  choisis- 
sant et  en  appro- 
priant les  espèces. 

Nous  avons  vu 
autrefois  des  Alla- 
manda  cultivés  en 
buisson  dans  de 
grands  vases.  Mais 
leur  floraison  était 
pauvre,  ainsi  du  reste 
que  leur  végétation. 

C’était,  croyons- 
nous,  des  A.  ca- 
thartica  et  nerii- 
folia.  Ces  espè- 
ces, peut-être  moins 
sarmenteuses  que 
les  A.  Schoilil  et 
Wardleyaiia,  au- 
raient été  certaine- 
ment plus  beaux  en 
pleine  terre  et  près 
de  la  lumière.  Notre 
opinion  est  confir- 
mée là-dessus  par 
l’exemple  de  plu- 
sieurs A.  Ward- 
leyana  magnifiques, 
placés  dans  ces  con- 
ditions. Toutefois, 
ici,  une  taille  raison- 
née  est  nécessaire 
pour  faire  naître  les 
rameaux  à fleurs. 

Au  reste,  beaucoup 
de  plantes  sont  dans 
le  même  cas. 

Dans  les  Asclépiadées,  nous  trouvons  le 
Steplianotis  floribimdayVnne  desplusjolies, 
accusée  d’être  rebelle  à la  floraison.  En 
serre  chaude,  en  pleine  terre  et  surtout  bien 
près  du  verre,  elle  fleurit  abondamment,  et 
ses  (leurs  d’un  blanc  pur,  si  agréablement 


odorantes,  sont  très-recherchées.  Elle  exige 
des  soins  incessants  par  sa  tendance  à 
prendre  des  insectes. 

Plus  difficiles  et  plus  rares  sont  les  Hoya 
imperialis  et  fraterna,  de  la  même  famille 
que  le  Ste^dianotis . Le  dernier  paraît  moins 


Fig.  110.  — Cissus  porphyrophyllus. 


exigeant.  Nous  avons  vu,  dans  le  temps,  à 
La  Queue-en-Brie,  chez  M.  Bertrand, 
amateur  bien  connu,  un  Hoya  imperialis 
en  pleine  terre,  dans  une  serre  très-chaude, 
et  couvert  de  fleurs. 

Le  Placostemma  lasiantlium  est  une 


ESSAI  SUE  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


aulre  Asclépiadée  vigoureuse  et  surtout 
très-curieuse  par  ses  fleurs  jaunâtres  et  de 
forme  singulière.  Nous  l’avons  vu  en  fleurs, 
il  y a une  vingtaine  d’années,  dans  l’établis- 
sement de  M.  Chantin.  Il  est  douteux 
qu’on  puisse  se  le  procurer  aujourd’hui. 

Bien  rares  aussi  sont  les  Argyreia,  dont 
nous  n’avons  vu  en  fleurs  que  VA.  argen- 
tea,  délicat  peut-être,  mais  aussi,  tou- 


Fig. 111.  — Scindapsus  pertusus. 

jours  en  pot  ! quand  il  lui  faudrait  la 
pleine  terre,  de  l’espace.  Contrairement  à la 
description,  les  fleurs  nous  ont  paru  petites, 
d’un  rose  terne,  par  suite  de  la  culture,  sans 
doute. 

Quelques  Bignonia  pourraient  aussi 
être  employés,  le  B.  venusta  surtout.  Ses 
fleurs  d’un  jaune  singulier  sont  trop  jolies 
pour  qu’on  les  oublie,  et,  d’autre  part,  cette 


561 

espèce  se  recommande  par  sa  vigueur  et  sa 
floribondité.  Une  autre  plante,  mais  bien 
plus  délicate,  est  le  B.  argyrœa  violascens, 
dont  le  feuillage  offre  des  teintes  très-cu- 
rieuses, qui  fait  ranger  cette  plante  dans  le 
groupe  des  plantes  à feuillage  coloré. 

Dans  cette  même  catégorie  nous  trouvons 
le  Cissus  discoJor,  bien  délaissé  maintenant, 
mais  qui  eut  son  heure  de  célébrité.  Les 
jeunes  feuilles  offrent  tout  ce 
que  la  nature  produit  de  plus 
élégant,  avec  des  nuances 
chatoyantes  qu’on  ne  retrouve 
guère  ailleurs.  Le  C.  porphy- 
rophyllus  (fig.  110),  sans  le 
valoir,  est  également  remar- 
quable, mais  il  est  moins 
vigoureux.  Ces  plantes  doivent 
être  surveillées  à cause  de 
leur  tendance  à être  attaquées 
par  les  insectes,  et,  d’autre 
part,  elle  exigent  une  tempé- 
rature élevée,  si  on  veut  les 
avoir  belles. 

Parmi  les  Thunbergia  de 
serre,  nous  avons  vu  un 
T.  Harrisii  splendide  avec 
ses  belles  fleurs  bleues  à 
gorge  jaunâtre.  Cette  espèce 
vigoureuse,  au  feuillage  am- 
ple et  luxuriant,  est  une  ma- 
gnifique liane  de  serre  chaude 
ou  même  de  serre  tempé- 
rée. Une  bonne  aération  lui 
est  aussi  nécessaire,  car,  à 
l’ombre  et  sans  air,  la  plante 
paraît  souffrante,  et  ses  feuil- 
les tombent  les  unes  après 
les  autres. 

Plus  beaux  encore  sont  les 
Dipladenia;  mais  bien  plus 
rarement,  s’il  est  possible, 
on  en  voit  les  magnifiques 
fleurs.  Nous  ne  parlons  ici 
que  du  D.  Bosa  campestris, 
dont  la  floraison  nous  a tou- 
jours surpris  par  sa  beauté,  quoique  la 
plante  cultivée  en  pot  fût  presque  dépourvue 
de  feuillage.  Mais  quelle  plante  superbe,  si 
elle  eût  été  cultivée  en  pleine  terre  ; et  que 
doivent  être  les  autres  espèces  plus  récem- 
ment introduites  et  que  l’on  dit  être  encore 
plus  jolies!  Malheureusement,  ces  plantes 
sont  très-sujettes  aux  insectes  de  toutes 
espèces  ; mais  il  est  probable  qu’une  forte 


502 


ESSAI  SUR  LES  PLANTES  GRIMPANTES. 


végétation  et  une  bonne  aération,  l’été,  leur 
permettraient  de  surmonter  ces  obstacles, 
tout  en  préparant  leur  floraison. 

Le  genre  Echites,  très-voisin  du  précé- 
dent nous  fournit  aussi  des  plantes  intéres- 
santes par  leurs  fleurs  et  par  leur  feuillage. 

Dans  divers  groupes,  très -différents  de 
ceux-ci,  nous  avons  des  Mikarda  aux  belles 
feuilles  pourpre  noirâtre,  des  Dioscorea 
discolor  et  illustrata  aux  feuilles  bizarre- 
ment maculées,  des  Pothos,  des  Aroï- 
dées  aux  feuilles  élégamment  découpées,  et 
fenestrées,  telles  que  le  Scindapsus  per- 
tusus  (fig . 111) , etc. ,'  toutes  plantes 
à végétation  vigoureuse,  dont  la  petite 
quantité,  ou  même  l’absence  de  fleurs,  est 
largement  rachetée  par  la  beauté  du  feuil- 
lage. Et  que  d’autres  encore  ! On  doit 
comprendre  qu’il  ne  peut  être  question 
ici  de  passer  en  revue  tout  ce  que  la 
culture  nous  offre  en  fait  de  plantes  grim- 
pantes, et  celles  dont  nous  parlons  pour- 
ront suffire  pour  rappeler  l’attention  sur 
elles. 

Le  nombre  des  végétaux  grimpants, 
dont  on  retrouve  des  représentants  jusque 
dans  les  Fougères,  est  tel,  qu’il  faudrait  un 
fort  volume  .pour  donner  leur  description 
et  un  aperçu  de  leur  culture.  D’autre 
part,  il  faut  bien  reconnaître  que  dans  l’état 
actuel,  et  avec  les  goûts  dominants,  il  n’y  a 
pas  urgence  ! 

Du  reste,  la  construction  des  serres  et 
des  jardins  d’hiver  comporte  rarement  les 
dispositions  nécessaires  à la  végétation  vi- 
goureuse de  la  plupart  de  ces  plantes  ; le 
sol,  aussi,  n’est  jamais  disposé  ou  préparé 
en  conséquence,  et  cela,  même  lorsqu’il  y 
aurait  peu  à faire  pour  obtenir  un  bon 
résultat. 

Pourtant  les  fleurs,  parfois  si  riches  et 
souvent  si  nombreuses  de  toutes  ces  lianes 
et  leur  végétation  particulière,  échevelée, 
pourrait-on  dire,  combleraient  les  vides 
que  le  changement  de  culture  a produits 
dans  les  serres,  où  l’on  ne  remarque  bientôt 
plus  que  des  plantes  à feuillage,  ce  qui  est 
beau  assurément,  mais  trop  monotone,  peu 
gai  et  peu  varié. 

On  objectera  l’ombre  produite  par  cette 
végétation  fougueuse,  désordonnée  ! Mais 
des  guirlandes  et  des  cordons  de  feuil- 
lage et  de  fleurs,  et  un  vitrage  clair, 
seraient  bien  préférables  à des  carreaux 
obscurcis  par  le  temps,  la  mousse  et  le 


manque  de  soins.  La  pluie  lave  bien  le  de- 
hors ; mais  l’intérieur,  toujours  humide  par 
la  condensation,  ne  connaît  pas  l’eau  des 
lavages. 

Un  exemple,  que  nous  avons  noté  parti- 
culièrement, peut  faire  voir  qu’il  est  souvent 
facile  de  cultiver  les  plantes  grimpantes, 
d’une  manière  élégante  et  tout  à fait  en 
rapport  avec  la  nature  de  leur  végétation. 
Dans  une  serre  en  bois,  adossée  à un  mur 
de  près  de  3 mètres  d’élévation,  on  avait 
posé  des  fers  servant  d’arcs-boutants  aux 
fermes.  Ces  sortes  de  consoles,  scellées  à 
GO  centimètres  du  faîtage,  d’environ  1 mè- 
tre de  long,  légèrement  cintrées,  formaient 
une  espèce  de  demi-cerceau  au-dessus  du 
sentier,  grâce  aux  nombreux  fils  de  fer  qui 
les  reliaient  l’une  à l’autre.  Là  des  Passi- 
flora  alata,  Decaisneana,  et  d’autres  en- 
core, plantées  au  pied  du  mur  et  dirigées 
sur  ces  fils  de  fer,  formaient  une  magni- 
fique voûte  de  verdure  et  de  fleurs,  mas- 
quant en  même  temps  l’angle  du  haut  de 
la  serre  où  le  vitrage  s’appuyait  sur  le  mur, 
angle  qui  n’est  souvent  qu’un  réceptacle  de 
toiles  d’araignées.  Des  châssis  s’ouvrant  par 
le  haut,  aéraient  parfaitement  toute  cette 
végétation.  Le  mur  lui -même  était  garni 
par  le  bas  de  Ficus  repens  avec  différentes 
plantes  au-dessus,  entre  autres  de  ces  Mu- 
rucuja  dont  nous  avons  parlé  plus  haut. 
Au  moment  de  la  floraison  des  Passiflores, 
le  spectacle  était  magnifique. 

C’est,  comme  on  peut  le  voir,  peu  de 
chose  à établir.  Et  que  de  cas  où  l’on  pour- 
rait faire  aussi  bien  et  mieux  encore  ! 

Dans  les  jardins,  on  fait  de  grands  frais 
pour  les  espaliers  d’arbres  fruitiers,  et  l’on 
trouve  là  de  véritables  merveilles.  Assuré- 
ment, l’on  a raison.  Mais  pourquoi  les 
plantes  grimpantes  ne  seraient-elles  pas 
l’objet  de  quelques  soins  analogues?  Pour- 
quoi les  berceaux  et  les  tonnelles  ne  se- 
raient-ils pas  également  admis  dans  l’orne- 
mentation de  nos  jardins  où  la  fantaisie  pro- 
duit trop  souvent  de  si  singuliers  résultats  ? 

Comme  nous  l’avons  dit  en  commençant, 
on  ne  peut  que  s’étonner  de  l’oubli  où  est 
tombée  toute  une  série  de  plantes  ornemen- 
tales de  premier  ordre,  possédant  un  cachet 
de  végétation  particulier,  et  où,  indépen- 
damment de  la  végétation  spéciale  des 
plantes  et  la  diversité  de  leur  feuillage, 
presque  toujours  la  beauté  des  fleurs  riva- 
lise avec  leur  abondance.  J.  Battse. 


TROIS  RÉCOLTES  DE  RADIS  DANS  UN  MÊME  SEMIS.  — GLAÏEULS  IIYRRIDES  NOUVEAUX.  5C3 


TROIS  RÉCOLTES  DE  RADIS  DANS  UN  MÊME  SEMIS 


Notons  d’abord  ce  fait,  que,  contrairement 
à l’opinion  généralement  admise,  on  peut, 
même  avec  avantage,  repiquer  les  Radis  ; il 
suffit  de  faire  l’opération  en  temps  utile, 
c’est-à-dire  d’assez  bonne  heure,  pour  que 
les  plantes  ne  soient  pas  trop  développées, 
et  qu’il  n’y  ait  pas,  dans  la  végétation,  un 
arrêt  brusque  et  par  trop  sensible. 

Rappelons  aussi  cet  autre  fait,  que  le 
mode  de  traitement  peut  parfois  modifier 
tellement  les  végétaux,  que  les  résultats  en 
soient  complètement  différents. 

Cet  article  va  en  fournir  de  remarquables 
exemples,  soit  comme  formes  de  racines, 
soit  comme  durée. 

Première  récolte.  — Elle  résulte  du 
semis  fait  en  place.  Les  Radis  viennent  plus 
ou  moins  vite,  suivant  la  variété  employée, 
l’époque  où  on  fait  le  semis  et  les  conditions 
dans  lesquelles  il  est  opéré. 

Deuxième  récolte.  — Elle  provient  des 
plants  qu’on  a enlevés  du  semis,  et  qu’on 
doit  repiquer  de  suite,  en  ayant  soin  de  ne 
pas  les  laisser  faner.  Ce  repiquage  doit  se 
faire  à bonne  exposition,  et,  comme  les 
plants  doivent  être  jeunes,  par  conséquent 
tendres,  il  faut  les  bassiner  souvent. 

Suivant  la  manière  dont  ce  repiquage 
aura  été  fait,  on  obtiendra  des  résultats 
très-différents.  Ainsi,  si  l’on  repique  peu 
profondément,  les  Radis  sont  plus  courts, 
plus  sphériques  et  toujours  plus  hâtifs.  Si 
au  contraire,  on  repique  profondément,  alors 
la  racine,  toujours  plus  longue  à se  former, 
s’allonge  davantage  et  est  moins  renflée.  Ce 
sont  ces  Radis  qui  constituent  la  troisième 
récolte. 

Ces  trois  récoltes  de  Radis  provenant 


' d’un  même  semis  sont  distinctes,  bien  que 
successives,  et  permettent,  avec  une  seule 
variété,  d’avoir  des  Radis  pendant  un  mois  à 
six  semaines,  et  même  beaucoup  plus  long- 
temps, suivant  l’époque  où  a été  fait  le 
semis,  et  surtout  aussi  suivant  la  variété 
soumise  à l’essai.  Comme  exemple,  nous 
pouvons  citer  l’expérience  suivante. 

Le  18  août  dernier,  nous  avons  fait  un 
semis  de  Raphanodes,  qui  commencèrent 
à donner  des  produits  mangeables  trois 
semaines  environ  après  que  le  semis  avait 
été  fait.  Des  plantes  provenant  des  éclaircis 
furent  repiquées  en  deux  lots,  l’un  à « fleur 
du  sol  l’autre  beaucoup  plus  profondé- 
ment, c’est-à-dire  que  toute  la  racine  fut 
complètement  enterrée  et  que  très -souvent 
même  une  grande  partie  du  collet  se  trou- 
vait cachée  dans  le  sol.  Le  premier  de 
ces  lots  commença  à donner  trois  semaines 
après  ceux  du  même  semis,  mais  qui  n’a- 
vaient pas  été  repiqués.  Quant  au  deuxième 
lot,  qui  avait  été  planté  profondément,  il 
ne  commença  à donner  que  bien  plus  tard. 
Beaucoup  de  racines  ne  sont  actuellement 
que  dans  leur  première  phase  de  déve- 
loppement, de  sorte  que  la  récolte  pourra 
se  prolonger  pendant  une  grande  partie  de 
l’hiver. 

Cette  expérience,  qui  sert  à la  fois  la 
science  et  la  pratique,  montre  d’abord  que 
l’on  peut,  d’un  même  semis,  récolter  des 
Radis  pendant  plus  d’un  mois.  Voilà  pour 
la  partie  pratique.  Quant  à l’influence  du 
traitement,  elle  est  largement  démontrée 
par  les  résultats,  car  ce  traitement  retarde 
le  développement,  en  modifiant  les  formes. 

E.-A.  Carrière. 


GLAÏEULS  HYBRIDES  NOUVEAUX 


Sur  ces  plantes,  si  ornementales,  et  dont  les 
plus  belles  variétés  ont  été  obtenues  en  France, 
nous  trouvons  dans  le  Garden  (Novembre 
1883,  p.  420),  un  article  qui  nous  paraît  de- 
voir intéresser  nos  lecteurs  et  dont  voici  une 
traduction  : 

J’ai  cultivé  cette  année  les  huit  Glaïeuls 
hybrides  mis  au  commerce  l’automne  der- 
nier par  M.  Victor  Lemoine,  de  Nancy,  pro- 


venant de  ses  croisements  entre  l’espèce  G. 
purpureo-auratus,  et  l’une  des  formes  du 
G.  Gandavensis.  Sur  ces  huit  plantes,  j’ai 
réussi  à en  faire  fleurir  sept,  ainsi  que  deux 
hybrides  analogues,  reçus  de  M.  Deleuil,  de 
Marseille,  et  je  suis  porté  à espérer  que 
quelques  notes,  prises  sur  ces  plantes,  ne 
seront  pas  dépourvues  d’intérêt,  et  pour- 
ront guider  les  amateurs.  Pour  cela  je  vais 


5C4 


CATTLEYÂ  CALUMMÂTÂ. 


les  décrire  toutes  séparément,  de  manière  à 
taire  ressortir  leurs  mérites  comparatifs. 

Les  huit  variétés  de  M.  Lemoine  furent 
plantées  en  pleine  terre  le  7 novembre  1882. 
Ce  sont  les  suivantes  : 

Enfant  de  Nancy.  — Celui-ci,  qui  ou- 
vrit sa  première  fleur  le  11  août,  est  une 
variété  relativement  naine,  à fleurs  moyen- 
nes, cramoisi  foncé,  avec  des  macules  plus 
foncées  et  veloutées  sur  les  pétales  infé- 
rieurs. 

Cléopâtre.  — A commencé  à fleurir  le  14 
août.  C’est  une  plante  vigoureuse,  à belles 
fleurs  bien  formées,  d’une  teinte  rose  sau- 
moné, délicate,  avec  une  macule  cramoisi 
riche,  bordée  d’une  bande  soufre  pâle  sur 
les  pétales  inférieurs. 

Christophe  Colomb.  — Cette  variété,  qui 
a commencé  à fleurir  le  17  août,  est  haute 
et  vigoureuse.  Sa  hampe  ramifiée  porte  des 
fleurs  moyennes,  rose  chair  saumoné,  re- 
marquables par  une  raie  d’or  sur  une  ma- 
cule cramoisi  foncé.  Elle  me  paraît  être  une 
des  moins  belles  de  la  collection. 

Ménudier.  — A commencé  à fleurir  le 
24  août.  Ses  fleurs,  qui  sont  bien  ouvertes, 
d’une  jolie  teinte  rouge  cerise,  à centre  plus 
pâle,  ont  les  pétales  inférieurs  cramoisi 
foncé,  veloutés,  avec  une  légère  veine  d’or 
au  centre.  Très-belle  variété. 

Victor  Hugo.  — A commmencé  à fleurir 
le  2G  août.  C’est  une  belle  variété  vigou- 
reuse et  de  haute  stature,  portant  les  fleurs 
les  plus  grandes  et  les  mieux  ouvertes  que 
j’aie  jamais  vues  dans  cette  classe.  Sa  teinte 

CATTLEYA 

La  curieuse  et  jolie  Orchidée  que  nous 
décrivons  aujourd’hui  est  l’un  des  premiers 
produits  hybrides  obtenus  dans  cette  famille 
par  M.  A.  Bleu,  grâce  à la  fécondation  arti- 
ficielle. 

Que  de  progrès  réalisés,  depuis  l’époque 
où  feu  Lhomme  faisait  ses  premiers  essais 
dans  la  modeste  petite  serre  basse  du  Jardin 
du  Luxembourg  ! Ce  n’est  plus  seulement 
la  Vanille,  dont  on  obtient  sûrement  des 
(L  gousses  y*  bien  mûres,  en  fécondant  les 
fleurs,  c’est  surtout  la  production  presque 
assurée  de  remarquables  hybrides  ou  métis 
pour  la  culture  ornementale. 

La  Revue  horticole  a souvent  cité  les 
conquêtes  de  MM.  Dominy  et  Seden  et, 


est  d’un  beau  cerise  clair,  pâlissant  vers  le 
centre  de  la  fleur,  avec  une  macule  cra- 
moisi foncé,  entourée  d’une  bordure  prime- 
vère clair  sur  les  pétales  inférieurs.  Variété 
magnifique,  d’un  effet  remarquable  et  sans 
conteste  la  meilleure  de  la  collection. 

Mars.  — Cette  espèce  a épanoui  ses 
premières  fleurs  le  2 septembre.  Fleurs 
moyennes,  d’une  teinte  pourpre  rosé  clair, 
à pétales  inférieurs  maculés  rose  vif  sur  un 
fond  blanc. 

Obélisque.  — A commencé,  à fleurir  le 
10  septembre.  Fleur  moyenne,  rose  pour- 
pre foncé,  ornée  d’une  macule  carmin  sur 
les  pétales  inférieurs  et  d’une  lèvre  prime- 
vère. Très-belle  variété. 

Stanley  n’a  pas  fleuri. 

Les  deux  variétés  de  M.  Deleuil,  de  Mar- 
seille, m’ont  fourni  les  caractères  sui- 
vants : 

Cœlus,  qui  commença  à fleurir  le  1®'’ 
août,  a de  belles  et  grandes  fleurs,  bien 
ouvertes,  cramoisi  rosé,  maculées  plus 
foncé,  légèrement  bordées  jaune. 

Zélie.  — Ses  premières  fleurs  se  montrè- 
rent le  18  août.  C’est  une  plante  relative- 
ment basse,  à fleurs  moyennes,  d’un  joli 
rose  pourpré,  avec  une  macule  cramoisi 
rose,  bordée  de  blanc  crème  sur  les  pétales 
inférieurs.  C’est  une  variété  à grand  effet 
qui,  de  plus,  présente  l’avantage  de  se  pro- 
pager très-rapidement;  un  petit  bulbe  a 
donné  quatre  hampes,  dont  trois  ont  fleuri 
cette  année  et  qui  produiront  chacune  un 
bulbe.  W.-E.  Gumbleton. 


sans  parler  d’autres  genres  d’Orchidées,  les 
Cattleya  Mendeli,  Mastersoniæ,  fausta 
radicans,  f.  superba,  f.  alba,  f.  aurea, 
f.  crispa,  f.  delicata,  Chamberlayni, 
témoignent  des  travaux  fructueux  de  ces 
habiles  observateurs. 

C’est  à un  français  cette  fois,  et  à l’un  de 
nos  hybridateurs  les  plus  distingués,  que 
nous  devons  la  production  de  ce  Cattleya 
nouveau.  Nous  sommes  heureux  de  l’en 
féliciter. 

Issu  du  C.  amethystina,  Lem.  (C.  inte^'- 
media,  Grah.),  fécondé  par  le  C.  Acklan- 
diæ,  LindL,  ce  nouvel  hybride  est  remar- 
quable par  son  aspect  intermédiaire  entre  les 
deux  parents.  Un  de  ses  caractères  les  plus 


R-cvtruÂt  //o/‘^zcoli\. 


Gt’da/'d . d-d  . 


üh'ornA)buA  ■.  ü: 


Cattleya  caliuimiata-. 


5G5 


POIRE  CIL\] 

saillants  est  fourni  par  la  forme  du  labelle, 
qui  rappelle  certaines  coiffures  de  femme. 

C’est  pour  cette  raison  que  nous  l’avons 
nommé  C.  X calummata,  du  grec 
capuchon. 

M.  Bleu,  qui  plusieurs  fois  a présenté  sa 
plante  avec  succès  dans  les  expositions  des 
dernières  années,  a pris  soin  de  la  décrire 
lui-même,  en  ces  termes  (1)  : Plante  vi- 
goureuse et  facile  à cultiver.  Pseudo-bulbes 
longs  d’environ  16  à 18  centimètres,  un 
tiers  plus  gros  que  ceux  du  C.  Acklandiæ  ; 
les  feuilles,  d’un  vert  foncé  parfois  mou- 
cheté de  violet,  rappellent  aussi  ce  semis, 
mais  ce  qui  rend  la  plante  très-intéres- 
sante, c’est  sa  fleur  qui,  bien  que  sem- 
blable à celle  du  C.  Acklmidiæ  par  sa 
forme,  s’en  distingue  complètement  par  son 
périanthe,  dont  les  sépales  et  les  pétales 
sont  blanc  rosé  légèrement  verdâtre,  et  par- 

POIRE  CHAI 

Cette  variété  obtenue  par  M.  Cognée,  pro- 
fesseur d’arboriculture  de  l’Aube,  qui  l’a 
dédiée  à son  lils,  est  une  des  plus  riches 
acquisitions  de  la  pomologie  moderne.  Elle 
réunit,  en  effet,  toutes  les  conditions  de 
vigueur,  de  fertilité,  tout  le  mérite  de  la 
beauté  et  de  la  bonne  qualité  dans  son 
fruit  qui,  en  outre,  fortement  attaché,  a 
l’avantage  de  résister  aux  vents  et  de  mûrir 
à la  fin  de  l’hiver. 

Le  fruit  est  beau  et  sain.  L’arbre  est  très- 
vigoureux  sur  Cognassier  et  très-fertile  sur 
Poirier  franc  ; son  avenir  est  donc  assuré 
dans  toutes  les  situations  favorables  au 
Poirier. 

Le  port  de  l’arbre  est  pyramidal,  les  ra- 
meaux ne  se  tourmentent  jamais  dans  leur 
évolution  ; le  bois  est  très-gros,  les  yeux 
sont  saillants,  aigus  ; les  feuilles  sont  assez 
grandes,  peu  dentées,  vert  foncé,  avec  sti- 
pules adnées  au  pétiole. 

La  nature  ramifiable  de  l’arbre  et  sa  fé- 
condité régulière  ne  laissent  rien  à désirer. 
Nous  l’avons  essayé  avec  un  égal  succès, 
en  plein  vent  et  en  espalier,  au  soleil  et  à 
l’ombre,  et  partout  il  s’est  admirablement 
comporté. 

Le  fruit  est  gros,  parfois  très-gros.  Sa 
forme  est  tantôt  renflée,  cydoniforme 

(1)  Voir  Revue  horticole^  1881,  p.  305. 


LES  COGNÉE. 

semés  de  très- nombreux  et  gros  points  vio- 
lets, comme  dans  les  C.  guttata  ameihys- 
toglossa^  Keteleeri  ; ei  ce  qui  achève  d’en 
faire  une  plante  vraiment  remarquable, 
c’est  son  labelle,  d’un  violet  rouge  velouté 
jusqu’au  gynostème  qu’il  laisse  à décou- 
vert, en  s’élargissant  et  formant  comme 
une  aile  rose  tendre  de  chaque  côté. 

Nous  n’avons  qu’un  mot  à ajouter  à cette 
description  et  à cette  notice  historique,  c’est 
que  ce  premier  gain  de  M.  Bleu  dans  les 
Orchidées  sera,  nous  en  somme  assuré, 
suivi  de  produits  similaires,  et  nous  avons 
confiance  que  la  France  ne  restera  pas 
longtemps  en  arrière  de  l’Angleterre  sous 
ce  rapport.  Les  progrès  constants  de  son 
horticulture  sur  d’autres  points  nous  sont 
garants  de  ses  succès  futurs  dans  la  voie 
de  l’hybridation  des  Orchidées. 

Ed.  André. 

LES  COGNÉE 

OU  elliptique,  tantôt  pyriforme  ventrue  et 
tronquée  ; les  contours  sont  souvent  bos- 
sués. 

Le  pédoncule  est  long  de  12  à 15  centi 
mètres,  élargi  au  point  d’attache  sur  la 
bourse  et  implanté  à la  jonction  de  petits 
mamelons  teintés  de  gris.  L’ombilic  est 
moyen,  vert  clair,  au  centre  d’une  cavité 
assez  évasée. 

Le  coloris  de  la  Poire  est  vert  de  mer, 
ponctué  de  vert  foncé,  taché  au  soleil  par 
quelques  stries.  Dès  le  mois  de  janvier,  l’é- 
piderme prend  un  ton  jaune  crémeux, 
nuancé  citron  et  orange  du  côté  insolé. 

La  chair,  très-fine  et  trés-fondante,  est 
bien  juteuse  et  d’un  bon  goût  sucré  ; la  sa- 
veur est  caractérisée  par  un  arôme  fort 
agréable. 

La  maturité  arrive  de  février  en  avril. 

On  peut  dire  que  c’est  un  fruit  sans  dé- 
faut. 

Soumise  en  mars  et  avril  1876  et  1877  à 
l’appréciation  de  la  Société  nationale  d’hor- 
ticulture de  France  et  delà  Société  d’horti- 
culture de  l’Aube,  la  Poire  Charles  Co- 
gnée a été  déclarée  de  toute  première  qua- 
lité. Les  échantillons  d’alors  provenaient  du 
type  et  n’avaient  pas  encore  subi  l’influence 
de  la  greffe. 

B est  maintenant  reconnu  que  cette  va- 
riété sera  une  précieuse  ressource  pour  les 


56G 


PÊCHE  PETITE  MIGNONNE. 


approvisionnements  d’arrière-saison.  Elle  a 
désormais  son  entrée  au  verger  du  spécula- 
teur et  au  jardin  fruitier  de  l’amateur,  au 
même  titre  que  les  Passe-Crasanne,  Olivier 


de  Serres,  Doyenné  dliiver,  Bergamote 
Espéren,  avec  lesquelles  elle  peut  soutenir 
la  comparaison. 

Baltet  frères. 


PÊCHE  PETITE  MIGNONNE 


La  variété  qui  porte  le  nom  Petite  Mi- 
gnonne et  qui  se  trouve  citée  dans  pres- 
que tous  les  ouvrages  d’arboriculture  frui- 
tière sous  le  qualificatif  oc  Double  de  Troyes, 
Avant  Pêche  »,  est  aujourd’hui  très-rare  et 
serait  probablement  difficile  à trouver  ; 
nous  la  croyions  même  à peu  près  perdue 
lorsque,  tout  ré- 
cemment, nous 
avons  eu  la 
chance  d’en  ren- 
contrer, chez  M. 

Sornin,  arbori- 
culteur, à Mon- 
treuil, un  arbre 
chargé  détruits. 

D’une  autre 
part,  comme 
cette  variété  n’a 
jamais  été  que 
très-incomplète- 
ment décrite,  et 
qu’outre  ses 
qualités  elle  est 
relativement  hâ- 
tive si  on  la 
compare  à nos 
anciennes  Pê- 
ches, nous  avons 
cru  devoir  en 
donner  une  des- 
cription et  une 
figure  (fig.112), 
ce  qui  aura 
l’avantage  de 
bien  faire  con- 
naître la  Petite 
Mignonne,  et 
de  fixer  la  place 
qu’elle  doit  occuper  dans  la  classification 
des  Pêchers. 

Disons  d’abord  que  cette  variété  n’appar- 
tient pas  à ce  que  dans  la  pratique  on 
nomme  le  groupe  des  « Mignonnes  » , groupe 
qui  est  caractérisé  par  des  fleurs  rosacées 
(grandes),  des  fruits  suh sphériques  à chair 
non  adhérente  au  noyau  ; enfin,  par  des 


glandes  globuleuses,  tous  caractères  que  ne 
possède  pas  la  Petite  Mignonne  qui,  au 
contraire,  porte  des  glandes  réniformes  et 
des  fleurs  campanulacées  (petites)  ou  en 
((  cuilleron  »,  comme  on  dit  vulgairement. 
Voici  une  description  de  cette  variété  : 

Arbre  d’une  bonne  vigueur  moyenne. 

Feuilles  glan- 
duleuses, très- 
longues  (12  cen- 
timètres et  mê- 
me plus),  régu- 
lièrement atté- 
nuées ‘ en  une 
pointe  aiguë, 
très-courtement 
dentées.  Glandes 
réniformes,  sou- 
vent placées  sur 
le  pétiole,  par- 
fois à la  base  du 
limbe.  Fleurs 
campanulacées. 
Fruits  subsphé- 
riques sur  un 
pédoncule  rela- 
tivement très- 
gros,  d’environ 
3 à 4 centimè- 
tres de  diamètre, 
sensiblement 
sillonnés  d’un 
côté,  portant  au 
sommet  un  mu- 
cron  dressé, 
grêle,  presque 
sétiforme.  Ca- 
vité pédoncu- 
laire  largement 
évasée,  relativement  grande.  Peau  courte- 
ment  duveteuse,  rouge  foncé  sur  les  parties 
ensoleillées,  fortement  sablée,  pointillée  sur 
toutes  les  autres  parties,  se  détachant  diffi- 
cilement de  la  chair.  Chair  fine  non  adhé- 
rente, ou  parfois  plus  ou  moins  adhérente 
au  noyau  sur  lequel  des  filaments  restent 
souvent  attachés,  très-fondante,  blanche. 


TILIA  DASYSTYLA.  — SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’iIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


567 


quelquefois  légèrement  rosée  dans  la  partie 
qui  avoisine  le  noyau  ; eau  extrêmement 
abondante,  finement  et  agréablement  rele- 
vée, parfumée  ; noyau  ovale,  à surface  sen- 
siblement rustiquée. 

La  Pêche  Petite  Mignonne  mûrit  ses 
fruits  du  8 au  20  août. 

Après  avoir  décrit  cette  Pêche  Petite  Mi- 
gonne,  dont  il  a donné  une  bonne  figure, 


et  en  avoir  indiqué  les  caractères,  qui  se 
rapportent  assez  exactement  à ceux  que 
nous  avons  constatés,  \e  Nouveau  Duhamel 
{Traité  des  arbres,  etc.),  ajoute  : 

((  La  Petite  Mignonne  est  une  des  pre- 
mières Pêches  mûres  ; dans  les  années  hâ- 
tives on  peut  en  manger  fin  de  juillet;  dans 
les  années  ordinaires  elle  mûrit  à la  mi- 
août.  » E.-A.  Carrière. 


TILIA  DASYSTYLA 


Il  existe  dans  les  collections  dendrologi- 
ques  un  assez  grand  nombre  d’espèces  de 
Tilleuls  propres  à l’ornementation  des  jar- 
dins, mais  je  crois  qu’il  en  est  peu  qui 
soient  plus  dignes  d’êtres  tirées  de  l’oubli 
que  le  Tilia  dasystyla,  Stev.,  appelé  aussi 
T,  euchlora  par  quelques  auteurs,  sans 
doute  par  allusion  à la  belle  couleur  verte 
de  son  feuillage. 

C’est  un  arbre  qui  se  rapproche  par  quel- 
ques caractères  de  son  faciès  du  Tilleul  à 
petites  feuilles,  T.  parviflora,  L.,  dont  le 
port  est  si  pittoresque  ; mais  il  est  bien  plus 
vigoureux  et  son  feuillage  est  beaucoup  plus 
grand. 

Steven  le  décrit  ainsi  {Nouveaux  mém. 
Soc.  Nat.  Moscou,  t.  III,  page  101)  : 

Bourgeons  glabres,  feuilles  à base  très- 
obliquement  tronquée,  parfois  subcordée, 
un  peu  poilues  en  dessous  et  barbues  à 
l’aisselle  des  nervures  ; capsule  obovée, 
presque  membraneuse,  à côtes  proémi- 
nentes; partie  inférieure  du  style  pyrami- 
dale, tomenteuse,  avec  un  mucron  persistant. 
Habitat  : Tauride  méridionale. 


Boissier  {Flora  orientalis,i.  I,  page  847) 
estime  que  ce  Tilleul  est  peut-être  une  va- 
riété du  T.  ruhra  ; cependant  il  faut  re- 
marquer qu’il  en  diffère  par  les  feuilles  poi- 
lues à la  face  inférieure,  par  la  capsule  plus 
grande,  nervée,  la  base  du  style  mucronée 
et  par  conséquent  non  mutique. 

Une  variété,  le  T.  multiflora  (Ledebour, 
Flora  rossica,  I,  page  442)  a les  feuilles 
suborbiculaires  et  le  corymbe  multiflore. 

Les  qualités  par  lesquelles  cet  arbre  se 
recommande  à l’attention  des  pépiniéristes, 
sont  la  beauté  de  son  port,  la  vigueur 
et  la  rusticité  de  son  feuillage,  qui  reste 
toujours  indemne  des  maladies  qui  dé- 
pouillent prématurément  un  grand  nombre 
de  ses  congénères  plantés  autour  des 
grandes  villes;  enfin  sa  vigueur  bien  su- 
périeure à celle  du  Tilleul  à petites  feuilles 
dont  il  a,  ainsi  que  nous  le  disions  en 
commençant,  le  port  admirablement  pitto- 
resque. 

La  forme  que  nous  cultivons  a les  feuilles 
profondément  cordées,  à lobes  pétiolaires 
très-inégaux.  F.  Morel. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  22  NOVEMBRE  1883 


Il  est  pénible  de  constater  parfois  le  manque 
(l’énergie,  l’indifférence  de  nos  cultivateurs, 
en  ce  qui  concerne  les  présentations  au  siège 
de  la  Société,  présentations  si  intéressantes 
pour  tous,  et  si  profitables  pour  les  amateurs 
et  les  horticulteurs,  en  mettant  les  premiers 
en  rapports  entre  eux,  et  en  donnant  aux  se- 
conds une  publicité  pouvant  accroître  leur 
clientèle. 

Le  nombre  des  visiteurs  grandit  en  raison 
directe  de  l’intérêt  offert  par  ces  présentations. 

Le  22  novembre,  un  seul  apport  avait  été 
fait  au  comité  de  floriculture.  M.  Hamelin, 


chef  de  culture  au  Muséum,  avait  envoyé  des 
rameaux  de  Ficus  ruhiginosa  et  dé Evonymus 
fîmbriatus  couverts  de  Cuscuta  reflexa,  Roxb., 
espèce  vigoureuse,  originaire  des  Indes  orien- 
tales, à fleurs  très-nombreuses,  blanc  trans- 
parent, ressemblant  par  leur  forme  et  leur 
grandeur  à des  fleurs  de  Muguet. 

Au  Comité  de  cidture  2^otagère,  par  le  même 
présentateur , cinq  variétés  nouvelles  de 
Patates  mexicaines,  à tubercules  roses  et 
blancs,  de  formes  rondes  ou  contournées. 
Ces  Patates  sont,  paraît-il,  d’une  culture  très- 
facile  et  demandent  peu  de  chaleur.  — Par 


568 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS. 


M.  Ilédiard,  quelques  fi’uits  d’un  Piment  cul- 
tivé en  Espagne,  dans  la  région  de  Galaliorra, 
près  Logrono.  Les  fruits  ont  à peu  près 
la  forme  et  la  couleur  d’urre  Tomate  bien 
mure. 

Le  même  jour  avait  lieu  une  exposition 
spéciale  de  Chrysanthèmes,  et  en  choisissant 
parmi  les  lots,  nous  avons  pu  dresser  une 
courte  liste  des  variétés  les  plus  belles  et  les 
plus  distinctes. 

M.  Yvon,  horticulteur,  44,  route  de  Châ- 
tillon  (Paris),  avait  envoyé  une  très-belle  et 
nombreuse  collection  de  Chrysanthèmes  en 
pots  : citons  parmi  les  plus  jolies  plantes  (i); 
h' Africaine,  grande  fleur  rouge  brun,  pétales 
frisés  à revers  jaunes.  Gérés,  fleur  moyenne, 
double  jaune  d’or.  Pluie  d'or,  fleurs  jaune  vif, 
pétales  singulièrement  enroulés  et  contournés. 
— Triomphe  de  la  rue  du  Châtelet,  très- 
grande  fleur,  jaune  bronzé,  semi-double,  pé- 
tales très-larges.  Deuil  de  Madame  Thiers, 
fleurs  grandes,  assez  doubles,  carmin  foncé, 
très-jolie  variété.  Album  plénum,  grandes 
fleurs  doubles,  blanc  pur,  élégamment  séparés 
les  uns  des  autres.  Docteur  Masters,  fleurs 
énormes,  ressemblant  un  peu  à celles  de  cer- 
tains Helicmthus,  jaune  d’or,  bord  des  pétales 
nuancés  de  rouge.  Le  diamètre  de  ces  fleurs 
atteint  jusqu’à  15  centimètres.  Mabel  Ward, 
jaune  paille  brillant,  fleurs  très-doubles  res- 
semblant à celles  des  Dahlias  doubles.  Madame 
Audiguier,  fleurs  très-grandes,  très-doubles, 
l'ose  mauve.  Antigone,  fleurs  semi-doubles, 
grandes,  pétales  rouge  brun  bordés  d’or.  Du- 
chesse d'Edimbourg,  fleurs  d’abord  rose  pâle, 
puis  blanches,  à pétales  enroulés,  contournés. 
Efl'et  très-singulier.  Ile  des  Plaisirs,  fleurs 
grandes,  semi-doubles,  jaune  chamois.  Soleil 
d'Austerlitz,  fleurs  très-grandes,  doubles, 


jaune  d’or.  Jardin  des  Plantes,  fleurs  en 
forme  de  Dahlias  doubles,  bien  rondes,  jaune 
vif. 

Parmi  les  lots  de  fleurs  coupées,  nous  avons 
remarqué  : 

Dans  l’envoi  de  M.  Mercier,  horticulteur  à 
Châlons-sur-Saone  : Fulton,  iaune  vif,  pétales 
bizarrement  enroulés.  Gloire  rayonnante, 
fleurs  singulières,  à pétales  recourbés  en 
forme  de  tubes,  rose  lilas  pâle. 

Dans  celui  de  M.  Deschamps,  amateur,  2, 
rue  de  Clichy,  Paris  : Incomparable,  fleurs 
très-grandes,  semi-doubles,  rouge  bronzé,  pé- 
tales larges  et  contournés.  Lacmiatum,  fleurs 
moyennes,  pétales  étroits,  laciniés,  serrés,  d’un 
blanc  légèrement  nuancé  de  jaune.  Rubrum 
Poggi,  fleurs  très-grandes,  rouge  nuancé  de 
brun,  pétales  très-larges. 

M.  Boutigny,  jardinier-chef  chez  M.  Elwell, 
à Rosny , avait  envoyé  une  collection  de 
10  variétés  environ , appartenant  toutes  à la 
catégorie  des  Chrysanthèmes-Dahlias,  à pétales 
incurvés,  doubles  et  qui  toutes  étaient  de  pre- 
mier choix.  Citons  : Prince  of  Wales,  très-jolies 
fleurs,  pétales  carmin  grenat  en  dessus,  rose 
violacé  en  dessous  ; Empress  of  India,  fleur 
blanc  mat  ; Golden  Beverley,  jaune  vif  ; Prin- 
cess  of  Teck,  rose  pâle  très-doux  ; Golden 
Queen  of  England,  fleurs  très-grandes,  jaune 
paille. 

M.  Hamelin  avait  également  exposé  une 
nombreuse  collection,  réunissant  une  bonne 
partie  des  variétés  quenous  venons  de  citer. 

En  somme,  cette  exposition  spéciale,  quoique 
moins  complète  qu’on  eût  pu  le  désirer,  était 
très-intéressante,  et  l’affluence  des  visiteurs  a 
prouvé  que  les  amateurs  de  ces  jolies  plantes 
sont  nombreux. 


FRÜITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS 


Foire  Reine  des  Tardives.  — D’après 
M.  O.  Thomas  {Guide  de  V amateur  des 
fruits,  p.  104)  cette  Poire,  qu’il  place  dans 
ses  ((  variétés  à l’étude  »,  aurait  été  mise  au 
commerce  en  1865,  par  M.  Bruant.  Cet 
auteur  l’a  décrite  ainsi  : « î’ruit  assez  gros, 
jaune  vif,  à chair  juteuse,  sucrée,  et  se 
conservant  facilement  jusqu’en  juin.  » 

Des  échantillons  récoltés  par  M.  Chrétien 
nous  ont  présenté  les  caractères  suivants  : 
Fruit  moyen,  rappelant  un  peu  par  sa 

(1)  Nos  lecteurs  trouveront  une  description  plus 
complète  de  la  plupart  des  variétés  citées,  dans 
l’étude  que  la  Revue  horticole  a publiée  le  16  mars 
1883,  page  134. 


forme  un  Doyenné  blanc  ou  Saint-Michel, 
d’environ  75  millimètres  de  hauteur  sur  un 
diamètre  à peu  près  égal,  atténué  vers  la 
queue.  Œil  petit,  presqu’à  fleur  du  fruit,  à 
divisions  courtes,  étalées.  Queue  d’environ 
2 centimètres,  légèrement  oblique,  insérée 
au  fond  d’une  cavité  régulière.  Peau  assez 
épaisse,  non  colorée,  d’un  beau  jaune  à la 
maturité,  ordinairement  marquée  de  taches 
gris  roux  aux  deux  extrémités  du  fruit. 
Chair  blanche,  fine,  fondante;  eau  sucrée, 
légèrement  parfumée,  peu  relevée.  — Dé- 
gustée le  15  avril  1883,  cette  variété  nous 
a paru  alors  arrivée  à son  extrême  matui  ité. 

POMONA. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS 

DU  VOLUME  DE  188a 


André  (Ed.)  : 

Arjathœa  cœlestis  (Culture  de  F) 166 

Anthurium  Andreanum 223 

— Ferrierense 540 

Bégonias  (Nouveaux)  tubéreux 252 

JJerberis  Thunbergii 48 

Billbergia  thyrsoidea  splendida 300 

Bomarea  Kalbreyeri 516 

Brahea  Roezlii 102 

Broméliacées  (Synopsis  des  genres  de) 270 

Biirsaria  spinosa 273 

Caladium  VAutoimie 228 

Caraguata  car  dîna  Us 12 

— sanguinea 468 

Cailleya  caluyyimata 5G4 

Chænomeles  Japonica  Simonii 275 

Colunmea  (Les) 308 

Cratœgus  oxyacantha  semperjlorcns 140 

Dahlias  simples 401 

Dendrobium  eburneum 132 

Diefj'enbachia  (Le  genre) 249 

Dipladenia  (Culture  des) 78 

Diptotaxis  erucoides 71 

Evonymus  Japonicus  (Les  variétés  de  F)..  233 

Kalmia  myrtifolia 9 

Lepidophorum  repandum 60 

Liatris  pycnosiachga 324 

Monnina  obtusifolia 444 

Onoseris  Drakeana 180 

Orchidées  tropicales.  (Culture  en  chambre).  346 

Passiflora  atomaria 201 

Passitlores  hybrides 332 

Perisleria  e/afa  (Culture  du) 174 

Phyllanlhus  Chantrieri 537 

— salviœfolius 175 

Philodendron  Mamei 104 

Pinus  Peuce 144 

Pritchardia  Vuylstekeana 329 

Prunus  (Fructification  du) 367 

Salpichroma  rhomboideum 525 

Senecio  deltoideus 416 

Stenomesson  Hartivegii 396 

Rtreptosolen  Jamesoni 36 

Telopea  speciosissima 34 

Veitchia  Joannis 344 

Yuccas  (Nouveaux)  de  M.  Deleuil 109 

Jardins  et  serres.  — Barrière  de  Parc. . . 44 

Corbeille  de  Heurs 160 

Jardin  d’acclimatation  d'Hyères 400 

Jardins  Dognin,  à Cannes 29 

Jardins  d’hiver,  construction 519 

Kiosque  à jour  en  fer  rustique 62 

Plantations  dans  les  parcs  paysagers 127 

Promenades  dans  les  jardins  du  Midi 21 

Serre-galerie 159 

Divers.  — Arrosage  en  plein  soleil 334 

Bibliographie  : Palmiers  Brésiliens 239 

Exposition  d’horticulture  de  Tours 446 

— internationale  de  la  Société  royale 
d’agriculture  et  de  botanique  de  Gand...  205 

l’roid  (Le).  Ses  effets  dans  le  Midi  de  la 

France 162 

Inondations  (Les).  Leurs  effets  sur  les  plantes.  360 

Lawn-Tennis 256 

Porte-Heurs  pour  boutonnière 90 

Reboisement  de  l’Algérie 472 


Société  nationale  d’agriculture  de  France.  — 

Distribution  des  récompenses 358 

Société  d’horticulture  de  l’Ain 523 

Angevin  (^L.j.  — Culture  des  Artichauts  aux  en- 


virons d’Angers,  58.  — Commerce  des  fruits  dans 
l’Anjou,  331. 

Aurange  (L.).  — Exposition  d’horticulture  de 
Cannes,  81. 


Bach.  — Destruction  du  puceron  lanigère,  327. 

Bâillon  (H.). — Nouvelles  Rhubarbes  hybrides,  420. 

Raines.  — Culture  des  Centradénias,  486. 

Baltet  (Ch.)  — Les  fruits  et  les  légumes  aux 
concours  généraux  agricoles  de  Paris,  105.  — 
Poire  Charles  Cognée,  565. 

Bardet  (G.).  — Variétés  résistantes  de  Pommiers, 
155,  479. 

Bastie  (L.  de  la).  — Note  complémentaire  sur  la 
greffe  du  Noyer,  347. 

Batise  (J  ).  — Essai  sur  les  plantes  grimpantes, 
318,  391,  487,  559. 

Blanchard  (J.).  — Acacia  dealbata,  253.  — 
Bruyères  (Les)  françaises  au  point  de  vue  de  l’or- 
nementation, 202.  Canna  lUiiflora,  345.  — 
Climat  (Du)  et  de  la  végétation,  286.  — Gunnera 
scabra,  culture,  373.  — Jardin  des  plantes  de 
Saumur,  38. 

Blanchard  et  C.arrière.  — Nouvelle  espèce  de 
Pomme  de  terre,  496. 

Boisbunel., — Pomme  Reinette  verte  d' Autriche, 
395.  — Synonymie  de  trois  Pommes,  180,  — Exa- 
men de  deux  variétés  de  Pommes,  522. 

Boisselot  (A.).  — Les  Clématites,  521. 

Bouley  (L,).  — La  Vigne  et  ses  ennemis  au 
Kahsmii'.  260.  — Culture  de  la  vigne  à Srinagar, 
418.  — Végétation  printanière  au  Kahsmir,  356. 

Bréauté.  — Culture  des  Crotons,  549. 

Bruno  (Em.).  — Culture  du  Nerine  Sarniensis,  94. 


Carrelet.  — Abris  économiques  pour  les  pays 
chauds,  464.  — Taille  du  Pêcher,  183. 

Carrière  (E.-A.^  : 

Adenocarpus  decorticans . 156 

Æschynanthus  pulcher 204 

Alambics  portatifs  Valyn 237 

Amaryllis  bifida 40 

Arbres  fruitiers  (Culture  des)  à branches 

renversées 31 

Arrosage  des  plantes 255 

Asperges.  Culture  sous  châssis  à froid 558 

Begoma  Martiana  gracilis 372 

— Schmidti 56 

— florida  incomparabilis 511 

Betteraves  (Origine  des) 164 

Bibliographie  : De  l'action  du  froid  sur  \les  végé- 
taux, 82.  — Les  produits  naturels  du  Tong-King 
et  des  pays  limitrophes,  240. 

Botanique  (De  la  limite  des  caractères  en).  451 

Bromus  patulus  nanus 233 

Cannas  nouveaux 515 

Céleri  blanc  ou  Céleri  Chemin 467 

Cinéraires  à Heurs  doubles 227 

Clématite  (Nouvelle) 429 

Corydalis  Sewerzowii  116 

Cratœgus  Carrierei 108 

Dracœna  congesta  discolor 103 

Effeuillage  des  arbres 546 

Evonymus  Japonicus  fastigiatus  (Fructifi- 
cation de  F) 449 

Evonymus  sinensis  et  E.  microphyllus  ...  37 

Exacum  affine 512 

Exposition  estivale  d’horticulture  à Paris  . . . 278 

Glaïeuls  (Nouveaux)  en  1883 443 

Fougères,  — Nouveau  mode  de  semis 131 

Fruitier  naturel 332 

Fruits.  — (De  l’éclaircissage  des) 301 

f’ruits  nouveaux  ou  peu  connus  (Voir  table 

alphabétique  des  matières) 288 

Giraumon  Petit  de  Chme. 200 

Greffe  (Inlluence  du  sujet  dans  l’opération 

delà) 390 

Greffe  de  Dahlias  en  écusson 137 

— des  Fusains  à haute  tige 330 

Greffons  (Du  choix  des) 59 

Haricots  (Trois  variétés  de)  pour  châssis. . . . 348 


570 


TAELE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEUBS- 


Héliotrope  géant 376 

Hellébores  hybrides. 84 

Lespedeza  macrocarpa 14 

Lilas  à petites  feuilles 79 

— à tleurs  doubles 550 

Lilium  Hansoni 295 

— Harrisii 211 

Lille  au  point  de  vue  horticole 63 

Maté 527 

Mimulus  cupreus 284 

Mussœnda  theifera 93 

Navet  Petit  de  Berlin  et  N.  de  Teltau 

amélioré 465 

Oncidium  orîujtiiorynchiim  snperbum .. . . 542 

Oranges  triples 19 

Pêche  A lexis  Lepère 448 

— Grosse  Mignonne  hâtive 373 

— Petite  Mignonne 566 

— Précoce  Chevallier 276 

— (sur  quelques)  hâtives. 424 

Pêchers.  Culture  à Montreuil 431 

— (Nécessité  des  caractères  pour  dis- 

tinguer les) 406 

Phalœnopsis  ètuartiana 161 

Pinns  austriaca  foliis  variegatis 432 

Pivoines  (Greffe  en  écusson  de)  ligneuses. . . 398 

Plantes  nouvelles,  rares  ou  peu  connues 
(Voir  table  alphabétique  des  matières).  48,  120 

Poire  chinoise  de  Tigerg 61 

— dorée  de  Montgrijjon 96 

Poiriers.  Obtention  de  nouvelles  variétés. . . 321 

Pois  nains 490 

Pomme  (Développement  anormale  d’une). . . 303 

— Calville  madame  Lesans 113 

— Sabarot  et  P.  Etienne  Pioux 17 

— sans  pépin 138 

Pommier  Châtaignier  d'hiver 252 

Pommiers  greffés  sur  Poiriers 417 

Pomme  de  terre  Excellente  naine 102 

— Joseph  Bigault 518 

Prunier  Myrobulan  à Heurs  roses  doubles. . . 453 

Prunus  Pissardi 68 

Radis  (Trois  récoltes  dans  un  même  semis.  563 

Bobinia  j)seudo-Acacia  Bessoniana.  Multi- 
plication  476 

Rosier  il/nne?<L  Origine 142 

Biibus  rosœfolins  coronarius 215 

Sécateur-échenilloir 42 

Statice  Suworoivi 513 

Thymus  origanoides 38 

Tillandsia  Zahnl  rnagnifica 62 

Vaporisateur  Landry 306 

Vignes  tuberculeuses  à tiges  annuelles.  378,  438 
Vriesea  BariUeti 394 

— tessellata 116 


Carrière  et  Chabas.  — Les  vignes  arabes,  287. 

CONFEVRON.  — Du  calorique  chez  les  plantes,  359. 

CoRREVON  (H.).  — Les  Soldanelles,  178. 

CoupiGNY  (comte  F.  dej.  — FJ.oraison  d’un  Agave 
americana  en  pleine  terre,  518. 

Courtois  (J.j.  — Les  Cornichons  à rames,  35. 

CusiN  ET  Carrière.  — Greffage  Treyve  du  Noyer, 
294. 

Delaville  (Ch.).  — Les  Hortensias  du  Parc  des 
Ruttes  Chaumont,  259. 

Desbois.  — Traitement  spécial  de  la  Vigne,  137. 

Desmur  (F.).  — Les  produits  du  jardinage  en  hiver 
à Moscou,  229. 

Dolivot  (E.).  Cassement  de  la  branche  charpen- 
tière  des  arbres  fruitiers,  184. 

Dubois  (G.).  Culture  des  Artichauts  en  Russie,  445. 

Duchartre  (P.).  — Les  plantes  d’introduction 
nouvelle  à l’Exposition  générale  de  la  Société 
nationale  d’horticulture  de  France,  500. 

Foissy  (A.).  — Des  Calcéolaires  frutescentes,  158. 
— Bichardia  Æthiopica^  298. 

Gagnaire.  — Le  pêcher  à Bergerac,  475, 

Gayot  (Eug.).  — La  rage  et  son  traitement,  502. 

Gentilhomme  et  C.arrière.—  Culture  des  Bruyères, 
119, 150,  174,  222. 


Godefroy-Lebeuf.  — Philodendron  Mamei,  492. 

Goldring.  — Les  Cy^iripedium,  350. 

Guillon.  — Biilbergia  rhodocyanea  purpurea^ 
453.  — Culture  des  Calcéolaires  hybrides,  203.  — 
Encholirion  roseum  variegatum,  470.  — La- 
chenaiia  atirea,  424.  — Poiriers  japonais  (Utili- 
sation des)  comme  porte-fruits,  260.  — Serres 
(Les)  au  point  de  vue  de  la  culture,  161.  — 
Tulipes  hâtives,  371. 

Gumbleton  (W.-E.).  — Étude  sur  les  Abutilons, 
246.  — Glaïeuls  hybrides  nouveaux,  563, 

Houllet.  — Bégonia  suaveolens,  83.  — Epi- 
gBiyllum  Guedeneyi,  273.  — Tritorna  pumila, 
420. 

Lachaume  (J,).  — Le  commerce  des  Heurs  à New- 
York,  349. 

Lambin.  — Appréciation  de  quelques  légumes,  113. 

— Haricots  de  Soissons,  44. 

Lantier.  — Etiolage  des  xArtichauts,  11. 

Lebas.  — Cannas,  Culture  pour  l’ornementation 
d’hiver,  126.  — Greffage  de  la  Vigne  (Nouveau 
mode  de),  258,  — Raves  gigantesques,  63. 

Leducq.  — Culture  des  Fraisiers  Quatre-Saisons, 
428. 

Lemoine  ( V.j.  Pélargoniums  zonales,  69. 

Leroy,  — Les  Coulisses-Abris,  544. 

Lesueur  (V.).  — Culture  des  Chrysanthèmes,  67, 

Martin  (J. -B.).  — Les  Vignes  tuberculeuses  à 
Saigon,  182. 

Malet.  — Culture  florale  du  Xanthoceras  sorbifo- 
lia  et  de  VExochorda  grandi flora^  107. 

May.  — Bégonia  Davisii  superba,  420. — Bordures 
toujours  fleuries,  18.  — Chrysanthème  Petite 
Marie,  493.  — Chrysanthetnuni  coronarium 
plenissimum,  216,  — Cratcegus  Lalandei  et  C. 
Lalandei  macrocarpa,  68.  — Eccremocarpus 
scaber,  430.  Fuchsia  Abel  Carrière,  60.  — Glo- 
xinia  diversi/lora,  — Layia  élégant,  384. 

— Légumes  nouveaux  du  Bon  Jardmier  pour 
1883,  152.  — Leucanthernuni  lacustre,  400.  — 
Oseille-épinard,  262.  — Pin  rustique  pour  plan- 
tations urbaines,  133.  — Poiriers  de  la  Chine  et 
du  Japon,  539.  — Saxifraga  ligulata,  158.  — - 
Scilla  campanulata,  65.  — Taille  à fruit  des 
Vignes  rebelles,  404.  — Tritornas,  525. 

Montreuillois  (Un).  — Pêche  Earty  Béatrice  au 
point  de  vue  de  l'exploitation,  225, 

Morel  (Fr,).  — Campamda  turbinata  et  C.  car- 
pathica,  143.  — Evonymus  Japonicns  (Variétés 
de  l’j,  284.  — Exposition  d'horticulture  à Lyon, 
470.  — Poire  Marguerite  Marillat,  348,  — Ti- 
lia  dasystyla,  567. 

Nanot,  — Société  pomologique  de  France,  533. 

Naudin  (Ch.).  — Nouvelles  observations  sur  les 
sexes  des  plantes,  91.  — Réflexions  au  sujet  de 
la  naturalisation  des  plantes,  282, 

Neumann  (Louis).  — Bégonia  hybride  Victor  Le- 
moine, 311. 

Poisson  (J,).  — Iris  reticulata  et  Tecophilœa 
cyaneo-crocea,  225, 

Pomona.  — Fruits  nouveaux  ou  peu  connus,  167, 
312,  407,  456,  568,  (Voir  Table  alphabétique  des 
matières.) 

Poulin  (Marcel).  — - Particularités  végétales,  342. 

Pulliat  ( V.).  — Les  fruits,  la  Vigne  et  le  phylloxéra 
dans  le  sud-est,  327.  — Raisin  de  Saint-Pierre  ou 
du  Saint-Père,  177. 

Rijk  (F.  de).  — Arbre  à savon,  11.  — Methonica 
superba,  Tl.  — Régions  peu  connues  du  sud-est 
de  Java,  304. 

Rivoire.  — Les  Glaïeuls,  95.  — Conservation  des 
graines,  538. 

Romanet  du  Caillaud.  — Spinovitis  David i et 
Vitis  Bomaneti,  53. 

Sacc  (DQ,  — Solanurn  platense,  210. 

Sallier  (J.)  fils.  — Arrosoir  Vallerand,  213.  — 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  PLANCHES  COLORIÉES  ET  DES  MATIÈRES. 


Exposition  de  la  Société  d’horticulture  de  Seine- 
et-Oise,  à Versailles,  262.  — Exposition  de  Chry- 
santhèmes en  Angleterre,  551.  — Floraison  si- 
multanée de  deux  Dasylirions,  442.  — Floraison 
de  deux  Agave  filifera^  501.  — Ortgiesia  til- 
landsioides,  157.  — Plantes  en  terrine  (Une 
collection  de),  322.  — Richardia  Æthiopica 
maxima,  429.  — Teinture  des  panicules  du 
Gynérium  ^ 111. 

SiSLEY  (J.j.  — Shortia  Californica,  41. 

Thays  (Ch.).  — Les  Anœctochilus  et  leur  culture, 
369.  — Plantes  utiles  cultivées  au  Paraguay,  493. 

— Chrysanthèmes  (Choix  de),  134.  — Correa  (Cul- 
ture des),  299.  — Eucalyptus  (Les)  en  Angleterre 
et  dans  1 Ouest,  414.  — Franciscéas,  culture,  509. 

— Les  Gyrnnogramme,  543.  — Masdevallia, 
culture,  83.  — Meeting  international  des  horti- 
culteurs à Gand,  212.  — Orchidées,  culture  au 
soleil,  401.  — Richardia  Æthiopica,  traitement 
d’été  et  d’automne,  336. 


571 

Thomayer  (F.).  — De  la  classification  des  Pommes, 
85. 

Tricotel.  — Constructions  rustiques,  425. 

Vallerand  (Eug.j.  — Cultures  potagères  aux  envi- 
rons de  Menton,  198.  — Effets  des  inondations 
sur  les  arbres  fruitiers  et  sur  les  plantes  potagères 
382.  — Haricot  zébré,  526.  — Impatiens  Sidtani, 
^ 449. 

Verlot  (B.).  — Exposition  vernale  de  la  Société 
nationale  et  centrale  d’’horticulture  de  France, 
190. 

Wanderer.  — Concours  de  visites  de  jardins,  227. 
j — Fleurs  d’arrière-saison,  513. 

Weber  (J.j.  — Sedum  sempervivum  et  Crassula 
ruhicunda,  139. 

W’iESENER.  — Tricyrtis  hirta,  297. 

Yvon  (J. -B.).  — Culture  du  Ramondia  pyrenaiea, 

i 16. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  PLANCHES  COLORIÉES 


''  A denocarpus  decorticans,  156. 
'^Anthurium  Ferrierense,  540. 
^Æschynanthus  pulcher,  204. 
'^Regonia  Martiana  gracilis,  372. 
''Bégonias  tubéreux,  252. 
vRillbergia  thyrsoidea  splendida,  300. 
vRomarea  Katbreyeri,  516. 
vCaladium  V Automne,  228. 
vCaraguata  cardinalis,  12. 
'^Cairtguata  sanguinea,  468. 

^Cattleya  calummata,  564. 

Æratœgus  Carrierei,  108. 


'''Dendrobium  eburneum,  132. 
''Fuchsia  Abel  Carrière,  60. 
''Hellébores  hybrides,  84. 

'*Liatris  injcnostachya,  324. 
^Monnina  obtusifolia,  444. 
vOnoseris  Drakeana,  180. 
vPêche  Précoce  Chevallier,  276. 
vPhilodendron  Mamei,  492. 
vPoire  Marguerite  Marillat,  348. 
vRhubarbes  (nouvelles)  hybrides,  420. 
'^Stenomesson  Hartwegii,  396. 
Streptosolen  Jamesoni,  36. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  FIGURES  NOIRES 


Akebia  quinata,  320. 

Alambic  portatif  Valyn,  238. 

Ampélopsis  dissecta,  318. 

Anthurium  Andreanum,  224.  — A.  Ferrierense, 
540. 

Arrosoir  Vallerand,  213. 

Aubépine  remontante  de  Bruant,  140. 

Barrière  de  parc,  44. 

Regonia  florida  incomparabilis,  512.  — R.  Mar- 
tiana gracilis,  372.  — R.  Schmidti,  56,  57. 
Bougainvillea  spectabilis,  393. 

Promus  patulus  nanus,  233. 

Rursaria  spinosa,  274, 

Calville  (Pomme  de)  poussée  sur  un  scion  de 
l’année  provenant  d’un  écusson,  303. 

Capucine  de  Lobb,  319. 

Caraguata  sanguinea,  468.  — Caraguata  san- 
guinea, figures  analytiques,  469. 

Cassoir  Dolivot,  186.  — Cassoir  Loriant,  186. 
Chalet  rustique,  426. 

Charrue  cachemirienne,  356. 

Cissus  porphyrophyllus,  560. 

Clematis  cirrhosa,  394. 

Corbeille  de  fleurs,  160. 

Corydalis  Sewerzowii,  114. 

Coulisses-abris  circulaires,  545. 

Cresson  alénois  très-frisé,  152. 

Cueille-fruits,  42. 

Cypripedium  Loicü,  352.  — Cypripediurn  purpu- 
ratum,  353. 

Dahlias.  Greffe  en  écusson,  137. 

Evonymus  Japonicus  fastiqiatus  (Ramille  fructi- 
fère de  U),  449. 

Exacum  affine,  512. 

Giraumon  Petit  de  Chine,  200. 

Gloxinia  diversiflora,  248. 

Haricot  Ronnemain,  152. 

lardin  d’hiver  construit  en  fer.  Élévation  et  plan, 
520. 

Jasminum  officinale,  392. 

Kalmia  myrtifolia,  10. 


Kiosque  à jour  en  fer  rustique,  62. 

Laitue  romaine  ballon,  153. 

Lawn-Tennis  (Jeu  de),  257. 

Lawn-Tennis  (Place  duj,  au  Parc  des  Roches,  258. 
Leucanthemurn  lacustre,  400. 

Lilas  Varin,  jeune  plantule,  80. 

Liliurn  Hansoni,  296.  — Lilium  Harrisii,  211. 
Mimulus  cupreus,  284.  Mimulus  tigrinus,  284. 

— Mimulus  variegatus,  284. 

Navet  Petit  de  Rerlin,  466.  — Navet  de  Teltau 
amélioré,  466. 

Oignon  blanc  Globe,  153. 

Oranges  triples,  20. 

Passif  ora  atomaria,  201.  — Passifora  edulis,  489. 
Pêche  Petite  mignonne,  566. 

Philodendron  Mamei,  104. 

Phyllanthus  Chantrieri,  port  et  fleurs,  537. 

— salviœfolius,  port,  fleurs  mâles  et 
femelles,  176. 

Physianthus  albens,  488, 

Pivoine  en  arbre  (Greffe  en  écusson  d’une)  sur  une 
racine  de  Pivoine  herbacée,  399. 

Plantations  au  parc  du  Trocadéro,  129. 

Poirier  soumis  à la  forme  anglaise,  31. 

Pois  sans  parchemin  très-nam  à châssis,  153. 
Pomme  de  Calville  poussée  sur  un  scion  de  l’année 
provenant  d’un  écusson,  303. 

Ponjme  de  Calville  Madame  Lesans,  113. 

Pomme  de  terre  Ohrond,  499. 

Porte-fleurs  pour  boutonnière,  91. 

Pritchardia  Vuylstekeana,  329. 

Prunus  Pissardi  (Fruit  du),  69. 

Prunus  triloba  (Fruits  mûrs  et  noyau  du),  368. 
Ramondia  pyrenaica,  16. 

Scillo.  campanulata.  Coupe  d’un  oignon,  63. 
Scindapsus  pertusus,  561. 

Sécateur-échenilloir,  42. 

Selenipedium  caudatum,  351. 

Senecio  deltoidjnis,  416. 

Serre-galerie,  159. 

Shortia  Californica,  41. 


572  TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Solanum  OJirondii,  499. 

Statice  Siiivoroivi,  512. 

Sijringa  persica  laciniata,  plantule,  80.  — S\j- 
ringa  persica  laciniata,  rameau  avec  fruits,  80. 
- Sgringa  Bothomagensis  ou  Lilas  Varin  ; 
jeune  plantule,  80. 

Trocadéro  (Plantations  au  parc  du),  129. 
Vaporisateur  Landry,  307. 

Veitchia  Joannis,  344. 


Vigne  de  Cochinchine.  Graines,  441.  — Vigne  de 
Gochinchine.  Grappe,  440.  — Vigne  de  Cochin- 
chine. Grappillon,  441.  — Vigne  de  Cochinchine. 
Jeune  plantule,  441.  — Vigne  de  Cochinchine. 
Souche,  440. 

Vitis  Durandi.  Tubercule  et  feuille,  381.  — Vitis 
Lecardi.  Jeune  plante  d'un  an  de  semis,  380.  — 
Vilis  Lecardi.  Tubercule,  380. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES 


A 

Abris  économiques  pour  les  pays  chauds,  464. 

Abutilons  (Études  sur  les),  246. 

Acacia,  une  plante  rageuse,  245.  — A.  deaîbata, 
253;  variations  dans  Tépoque  de  floraison,  387. 

Acer  Schiveidleri  (Couleur  de  U),  341. 

Achgranthes  et  Gnaphaliurn  lanatum  en  arbres, 
243. 

Adenocarpus  decorticans,  156. 

Æcidium  cancellatum.  — Champignon  du  Poirier, 
475. 

Aerides  (Un  nouvel),  482. 

yEschynanllnis  pulcher,  204. 

Æscutus  intermedia,  268. 

Agathea  cœlestis,  sa  culture,  166. 

Agave  (Floraison  d’un)  Celsiana,  314.  — Floraison 
de  deux  A . filifera,  501.  — Floraison  d’un  A . 
Americana  en  pleine  terre,  518. 

A k ebia  guinala,  320 . 

Alambics  portatifs  Valyn,  237. 

Alcool  de  Topinambours,  435.  — de  Melon,  531. 

Algérie  (Reboisement  de  T),  472. 

Allées  (Destruction  de  l’herbe  des),  293,  403. 

Amaryllidées  exotiques,  leur  végétation,  14. 

Amargllis  bifida,  40. 

AiJipeiopsis  dissecta,  318. 

Ananas  (Culture  dans  la  mousse  de  U),  506. 

Anaictochilus  (Les)  et  leur  culture,  369. 

Anjou  (La  température  et  l’horticulture  en),  8.  — 
Le  commerce  des  fruits.  331. 

Animaux.  (Influence  des  milieux  sur  les),  316. 

A)ithurium  Andreanum,  28,  172,  223. — A.  splen- 
didiün,  292.  — A.  Ferrierense,  540. 

Aphgllanlhes  Monspelliensis,  291. 

Arbres.  Protection  contre  les  ravages  des  lapins, 
340. 

Arbres  fruitiers.  Le  bouturage,  435.  — A.  fruitiers 
à branches  renversées,  leur  culture,  31.  — A. 
fruitiers  de  semis  de  la  villa  Tourasse,  193.  — 
Précautions  à prendre  pour  garantir  les  fleurs 
contre  les  froids,  51. 

Arbre  à la  vache,  196.  — A.  à savon,  11. 

Araucaria  imbricata,  196.  — A.  Cunninghami, 
floraison  en  Europe,  171. 

Armeria  Mauritanica,  120. 

Arrosage  des  plantes,  255.  — A.  en  plein  soleil, 
334. 

Arrosoir  Vallerand,  213. 

Artemisia  marilima,  plante  précieuse  pour  lixer 
les  dunes,  74. 

Artichauts.  L’étiolage,  11.  — Culture  aux  environs 
d’Angers,  58.  — A propos  d’un  semis  de  graines, 
100.  — Culture  en  Russie,  445. 

Association  de  Genève  pour  la  protection  des  plan- 
tes alpines,  76, 122. 

Asperges.  Emploi  du  silicate  de  potasse,  90. 
Culture  sous  châssis  à froid,  558. 

Aubergines  (Maladie  des),  457.  — A.  monstrueuse 
de  New-York,  113,  3)6. 

Aucuba  (Affinité  des  genres  Garrga  et),  291. 

Azalées.  Floraisons  anticipées,  5.  — Emploi  des 
Azalea  inollis  sous  le  climat  de  Paris,  2l8. 

Azalea  narcissiflora,  6. 

B 

Barrière  de  parc,  44. 

Bassinages  chimiques,  244,  293. 

Bégonia  Davisii  superba,  420.  — B.  florida  in- 
comparabilis,  511.  — B.  hybride  Victor  Le-  I 


moine,  311.  — B.  Martiana  gracilis,  372, 529.  — 
B.  Pictavensis  ou  Bruanti,  8,  52.  — JB.  Schmidt i, 
56.  — B.  suaveolens,  83.—  Nouveaux  Bégonias 
tubéreux,  252.  — B.  dont  les  feuilles  se  tachent 
et  pourrissent,  496. 

Berberis  Thunbergii,  48. 

Bergamote  d’hiver  de  Furstenzell,  407. 

Betteraves  Leur  origine , 165.  — (Dichroïsme 
d'une),  244.  — B.  rouge  naine  de  Dell,  152.  — 
B.  rouge,  plate,  de  Trévise,  152.  — B.  rouge  de 
Gardanne,  152. 

Bibliographie.  Les  produits  du  Tong-King  et  des 
pays  limitrophes,  7,  240.—  De  l’action  du  froid 
sur  les  végétaux  pendant  l’hiver  1879-80,  7, 
82.  — Album  Benary,9D. — Dictionnaire  bota- 
nique de  M.  le  docteur  Bâillon,  98.  — Flore  des 
serres  et  des  jardins  de  l’Europe,  217.  — Le 
Généra  plantarum,  194.  — Palmiers  brésiliens, 
239.  — Les  Plantes  potagères,  par  Vilmorin,  29. 
— Traité  élémentaire  d’arboriculture  fruitière, 
246.  — Traité  de  botanique  médicale,  342.  — 
Marseille  horticole,  509. 

Bibliothèque  de  feu  M.  Decaisne  (Vente  de  la), 

121. 

Billbergia  rhodocyanea purpurea,  453.— L’.  thyr- 
soidea  splendida,  300. 

Bois  (Durée  du),  413. 

Bomarea  Kalbreyeri,  516. 

Bordures  toujours  fleuries,  18. 

Boutons  à fruits  (Formation  rapide  des),  6. 
Botanical  Magazine.  Table  générale,  362,  389. 
Botanique  (De  la  limite  des  caractères  en),  451. 
Bouturage  d’arbres  fruitiers,  435. 

Boutures  (Sur  l’enracinement  des),  378. 

Brahea  Boezlii,  27,  102. 

Briot.  Sa  nomination  comme  jardinier-chef  des  pe- 
tit et  grand  Trianon,  339. 

Broméliacées  (Synopsis  des  genres  de),  270. 
Bromus  patulus  nanus,  233. 

Bruyères.  Arrosage  pendant  l'hiver,  27.  — Leur 
culture,  119,  150,  174,  222.  — B.  françaises  au 
point  de  vue  de  l’ornementation,  202. 

Bursaria  spinosa,  273. 

C 

Cactus  gigantesque,  460. 

Café.  Culture  au  Paraguay,  494.  — C.  Maragogipé, 
532. 

Calorique  (Du)  chez  les  plantes,  359. 

Caladium  V Automne,  228. 

Calcéolaires  (Des)  frutescentes,  158.  — (Culture 
des)  hybrides,  203. 

Camellias.  Floraisons  anticipées,  5.  — Sur  leur 
rusticité,  218. 

Camphriers  ( Les)  de  la  péninsule  malaise,  554. 
Camjianula  turbinata  et  C.  carpathica,  143,  508. 
Cannas.  Culture  pour  l’ornementation  d’hiver,  126. 
— C.  nouveaux,  515.  — C.  Annei,  rusticité  et 
robusticité,  433,  496.  — C.  liliiflora,  floraison, 
173,  345. 

Canne  à sucre.  Culture  au  Paraguay,  494. 

Capucine  de  Lobb,  319. 

Caraguata  cardinalis,  12.  — C.  sanguinea,  468. 

Culture  du  Caraguata  au  Paraguay,  494. 
Carbotineum,  d'A . 

Cassement  de  la  branche  charpentière  des  arbres 
fruitiers,  184 

Cassoirs  Loriant  et  Dolivot,  186. 

Cattleya  (Patrie  des)  292.  — C.  Sanderiana,  llo- 


573 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


raison,  460.  — C.  labiata,  556.  — C.  cahimmata, 
550. 

Céleri  blanc  ou  C.  Chemin,  467,  529. 

Céleri-rave  gros  lisse,  de  Paris,  114. 

Centradénias  (Culture  des),  486. 

Cercle  pratique  d’arboriculture  et  de  culture  de 
Seine-et-Oise,  52. 

Charlatans  horticoles,  171. 

Chænomeles  Japonica  Simonii,  275. 

Champignon  du  Noyer,  343. 

Champignons  (Conservation  des),  531. 

Chemins  de  fer  La  circulation  des  plantes  et  la  Con- 
vention de  Berne,  97,  169, 170,  220,  241,  265,  365. 

Chenilles  (La  chasse  aux),  194. 

Chicorée  sauvage  à feuilles  pourpres,  74.  — C. 
troyenne,  115. 

Chloranthie  (Nouvel  exemple  de),  99. 

Chlorose  (Guérison  déjà;  des  plantes,  75,  123. 

Choux.  Repiquage,  267. 

Chou-fleur  monstrueux,  123.  — C.  nain  hâtif  Al- 
leaume,  152. 

Chou  frisé  vert  demi-nain,  153. 

Chutes  du  Niagara  (Protection  artistique  des),  461. 

Chrysanthèmes.  — Culture,  67.  — Choix  de  va- 
riétés, 134.  — Exposition  en  Angleterre,  551.  — 
C.  Petite  Marie,  493. 

Chrysanthernum  coronarium  plenissimiim,  216. 

Chufa  d’Espagne.  — Essai  d’acclimatation,  316. 

Cinéraires  à fleurs  doubles,  227. 

Citriis  triptera.  335. 

Clematis  Jackmayini  alha,  411. 

Clématites,  521,  — C.  nouvelles,  429. 

Climat  (du)  et  de  la  végétation,  286. 

Clivias  (Les)  de  M.  Duval,  222. 

Coignassiers  à fruits,  nouvelles  variétés,  385. 

Columnea,  308. 

Commerce  horticole.  — Est-il  une  industrie  ? 99. 

Concombre  du  Sikkim.  — Essai  d’acclimatation, 
316  — C.  vert  géant  de  Quedlinbourg,  153. 

Concours  général  agricole  de  Paris.  — Les  fruits 
et  les  légumes,  105.  — C.  d’horticulture  à Saint- 
Étienne,  314.  — C.  horticoles  à Montreuil  et  à 
Vincennes,  434.  — C.  de  visites  de  jardins,  227. 
— C.  de  trufficulture,  52.  — (V.  Expositions). 

Conférences  agricoles,  290. 

Congrès  d’horticulture  de  .Marseille,  338.  — C.  de 
pomologie,  292.  — C.  pomologique  de  Montmo- 
rency, 437. 

Conserve  de  fruits  dans  le  miel,  413. 

Constructions  rustiques,  425. 

Convention  de  Berne  (Vexations  exercées  au  nom 
de  la),  290.  — (V.  Chemins  de  fer). 

Corbeille  de  fleurs,  160. 

Cornichons  à rames,  35. 

Correa  (Culture  des),  299. 

Corydalis  Sewerzoïvii,  116. 

Corylopsis  spicata,  194. 

Couiisses-Abris  (Les),  544. 

Courge  de  Boston.  — Essai  d'acclimatation.  315.  — 
C.  de  Siam,  315. 

Cours  d’arboriculture  de  la  Ville  de  Paris,  269, 
508.  — C.  publics  et  gratuits  d'arboriculture  à 
Lillô,  73. 

Crassula  rubicunda,  139. 

Cratœgus  Carrierei.  108.  — C.  Lalandei  et  C. 
Lalandei  macrocarpa,  68.  — C.  oxyacantha 
semperflorens , 140. 

Crème  de  Groseilles  à maquereau,  363. 

Cresson  alénois  nain  très-frisé,  153. 

Crinodendron  Hookerianum.  341. 

Criniun  Kirkii,  315. 

Crotons  (Culture  des),  549. 

Cucurbita  meloniformis. — Essais  d’acclimatation, 
315. 

Cultures  potagères  aux  environs  de  ^lenton,  198. 

Cyclamen  monstrueux,  268. 

Cypripedium,  350. 

» 

Dahlias.  — Greffe  en  écusson,  137.  — - D.  à fleurs 
simples  et  à fleurs  doubles,  458.  — D.  Corne-du- 
Diable,  436.  — D.  simples,  491. 


Daïkons  au  point  de  vue  économique,  77. 

Dasylirions  (Floraison  simultanée  de  deux),  442. 

Decaisne  (Vente  de  la  bibliothèque  de  feu  M.i, 
241. 

Dendrobium  Dearei,  410.  — D.  eburneurn,  132. 

Dichroïsme  d’une  betterave,  244. 

Diefjenbachia  (Le  genre),  249. 

Dimorphisme  (Un  singulier),  196. 

Diospyros  (Multiplication  des),  483,  509. 

Dipladenia . — Culture,  78. 

Dvplotaxis  erucoides,  7 1 . 

Dracæna  conyesta  discolor,  103. 

Dunes  {WArtemisia  marithna  pour  fixer  les),  74. 

E 

Eccremocarpus  scaber,  430. 

Echenillage  des  arbres,  101. 

Eclaircissage  des  fruits,  301. 

Ecole  d’arboriculture  de  la  ville  de  Paris.  — Liste 
des  élèves  inscrits,  26. 

Ecole  d’horticulture  de  Versailles.  — Addition  au 
matériel,  52.  — Rentrée  de  1883,  365,  483. 

Ecole  d’horticulture  en  Italie,  219. 

Effeuillage  des  arbres,  546. 

Encholirion  roseurn  variegatum,  470. 

Epinard  à feuilles  cloquées,  153.  — Un  succédané 
de  l’Epinard,  262. 

Epiphyllum  Guedeneyi,  273. 

Essieu  propulseur;  507. 

Etiquettes  en  zinc,  76. 

Eucalyptus  (Les)  en  Angleterre  et  dans  l’Ouest, 
414” 

Evonyrnus  Japonicus.  — Ses  variétés,  233,  284, — 
Genre  de  ce  mot,  388.  — E.  Japonicus  fastigia- 
tus,  fructifi):ation,  449.  — E.  sinensis  et  E.  mi- 
crophyllus,  ol. 

Exacurn  affine,  512. 

Exochorda  grandiflora,  107,  243. 

Expédition  botanique  au  cap  Horn,  121. 

Expositions.  — E.  d’horticulture  d’Amiens,  169; 
d’Armentières,  318;  de  Cannes,  81  ; de  Dieppe, 
244,266;  d’Epernay,  218;  d’Etampes,  340  ; du 
Hâvre,  99;  de  Lyon,  289;  compte  rendu,  470;  de 
Marseille,  75, 148;  de  Mirecourt,  367  ; de  Nice, 
292,461;  d’Orléans,  de  Rouen,  266;  de  Saint- 
Etienne,  414;  de  Saint-Germain-en-Laye,  242  ; 
de  Saint-Mandé,  367;  de  Saint-Maur-les-Fossés, 
339;  de  Tours,  446;  d’Erfurt,  de  Dresde,  290;  de 
Birmingham,  367. — E.  générale  et  régionale  de 
Troyes,  97.  — E.  de  la  Société  nationale  d’horti- 
culture de  France,  190,  193,  241,  278,  302,  462. 

— E.  internationale  d’horticulture  à Boston,  242; 

— d’Amsterdam,  25,  101;  de  Gand,  25,  75,  205; 
de  Lille,  290;  de  South-Kensington,  à Londres, 
461;  de  Saint-Pétersbourg,  25,  73,  121,  150.  — 
E.  de  la  Société  d’horticulture  d’Orléans  et  du 
Loiret,  246;  de  la  Société  d’horticulture  de 
Seine-et-Oise,  à Versailles,  262.  — E.  générale 
des  produits  de  l’horticulture  à Ostende,  314.  — 
E.  internationale  d’horticulture  à Paris  en  1885, 
266. — E.  horticoles  en  Angleterre,  437.  — E. 
d'Orchidées,  268.  — E.  des  rosiéristes  de  Brie- 
Comte-Robert  et  Grisy-Suisnes,  195,  222,  337. — 
E.  internationale  de  Pommes  de  terre,  195, 460. 

F 

Feu  (Enduit  préservatif  contre  le  feu),  553. 

Figue  San  Pietro  ou  Mecklingea,  4o8. 

Fleuriste  de  la  Muette  (Translation  du),  361. 

Fleurs.  — Conservation.  100.  — F.  coupées  à Pa- 
ris et  à Londres,  172.  — Moyen  de  prolonger 
leur  durée,  267.  — Rétablissement  de  la  tur- 

. gescence  des  fleurs  fanées,  291.  — Le  commerce 
des  fleurs  à New-York,  349.  — Les  fleurs  dans 
les  rues,  à Paris,  508.  — Fleurs  d’arrière-saison, 
513. 

Flore  de  Madagascar,  125. 

Fougères.  — Nouveau  mode  de  semis,  131. 

Fourmis.  — Destruction,  243. 

Fraisiers  (Maladie  des),  277.  — F.  Quatre-Saisons, 
428,  — F.  cultivés  dans  la  mousse,  481, 

Franciscéas.  Culture,  509, 


574 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Frêne -Pleureur  (Développement  remarquable 

d’un),  315. 

Froid.  — Précautions  à prendre  pour  garantir  les 
fleurs  des  arbres  fruitiers,  51.  — Effets  dans  le 
midi  de  la  France,  162.  — Conservation  des 
fruits,  506. 

Fruitier  naturel,  332. 

Fruits.  — Le  commerceidans  l’Anjou,  331.  — Con- 
serve dans  le  miel,  413.  — Conserve  par  le  froid, 
98.  — La  maturation,  149.  — Les  fruits  à Mon- 
treuil en  1883,  289.  — De  l’éclaircissage,  301.  — 
Effeuillage  et  ciselage,  338.  — Les  fruits  dans  le 
sud-est,  327.  — Fruits  passés,  leur  utilisation, 
242.  — Conservation  par  le  froid,  506.  — Fruits  J 
tombés,  leur  utilisation,  409. 

Fuchsia  Ahel  Carrière,  60. 

Fusains  (Greffe  des)  à haute  tige,  330. 

G 

Gardénias  (Les)  en  Angleterre,  293. 

Garrya  (Affinité  des  genres)  et  Aucuha,  291. 

Germeuse  (La),  531. 

Giraumon  Petit  de  Chine,  200. 

Glaïeuls,  95.  — G.  nouveaux,  437,  443,  563.  — 
(Ognons  de),  529. 

Gloxinia  diversiflora,  247. 

Gnaphalium  lanalum  en  arbre,  243. 

Graines  (Conservation  des),  538. 

Greffage  Treyve  du  Noyer,  294  , 347.  — Nouveau 
mode  de  greffage  de  la  Vigne,  258.  — G.  à che- 
val, 90.  — G.  en  écusson  de  Pivoines  ligneuses, 
398.  — G.  des  Fusains  à haute  tige,  330.  — In- 
fluence du  sujet  dans  l’opération  de  la  greffe, 
390.  — Un  nouveau  sujet  pour  la  greffe  des  Ro- 
siers (iIo6'a  poZ;/ an//?  a),  317.  G.,  de  Pommiers 
sur  Poiriers,  417.  — G.  de  Rosiers  sur  semis 
d’Eglantiers,  390,  438.  — G.  « sur  genoux  » des 
Pommiers,  385. 

Greffons  (Du  choix  des),  59. 

Gunncra  scahra,  373,  437. 

Gymnogramme  (Les),  543. — G.  schizophy lia, '20)9. 

Gynérium,  — Teinture  des  panicules,  11  i. 


Halles  de  Paris.  — Approvisionnement,  385. 

Haricot  Bonnemam,  154.  — H.  blanc  géant  sans 
parchemin,  151.  — H.  chocolat  nain,  348.  — H. 
de  Genève  ou  de  Plainpalais,  154.  — H.  nain 
hâtif  de  Chalindrey,  348.  — H.  saumon  du 
Mexique,  348.  — H.  de  Soissons,  44.  — H.  zé- 
bré, 526. 

Helichrysum  rosmarini folium,  484. 

Htdiotrope  géant,  376. 

Hellébores  hybrides,  84. 

Herbes  (Destruction  des  mauvaises)  dans  les  allées 
et  les  cours,  293,  403. 

Hortensias  du  parc  des  Buttes-Chaurnont,  259. 

Houblon  (Conserves  de),  366. 

Hygromètre  végétal,  219.  — Souvenir  hygromé- 
trique de  l’Exposition  d’horticulture,  242. 

I J K 

Impatiens  plalypetala,  409.  — J.  Sultani,  76, 
290,  449.^ 

Inondations.  — Leurs  effets  sur  les  plantes  359, 
382. 

Insectes  (Destruction  des),  26,  316. 

Iris  reticulata,  225. 

Jardin  d’acclimatation  d’Hyères,  49,  400. 

Jardins  et  parcs  de  la  ville  de  Paris.  — Nomination 
de  M.  Laforcade  comme  jardinier  en  chef,  124. 

Jardin  des  plantes  de  Saumur,  38. 

Jardin  Dognin,  à Cannes,  29. 

Jardins  d’hiver,  construction,  519. 

Jardinage  (Les  produits  du)  en  hiver  à Moscou, 
229. 

Jasminum  affine,  339. 

.lava.  — Régions  peu  connues  du  sud-est,  304. 

Kahsmir  (La  Vigne  et  ses  ennemis  auj,  260.  — 
Végétation  printanière,  356.  — Culture  de  la 
Vigne  à Srinagar,  418. 

Kalmia  latifolia  (Intoxication  par  les  graines  du), 
363.  — K.  myrti folia,  10. 


Keteleeria  Fortunei  (Le  plus  fort)  de  l’Europe, 
149. 

Kiosque  à jour  en  fer  rustique,  62. 

Kumara  (Le),  556. 


Lachenalia  aurea,  424. 

Laitue  frisée  d’Amérique,  114.  — L.  frisée  de  Cali- 
fornie, 316.  — L.  Lortois,  154.  — L.  romaine 
ballon,  154. 

Lapageila  (Transplantation  des),  481. 

Lamium  maculatmn  aureum,  son  emploi,  292. 

Lapins  (Protection  des  arbres  contre  les  ravages 
des),  340. 

Lawn-Tennis,  256. 

Layia  élégans,  384. 

Légion  d’honneur.  — Décorations  à l’horticulture, 
337. 

Lepère  (Inauguration  du  monument  d’Alexis),  316, 
388. 

Lepidoph orum  repandum  ,60 . 

Lespedeza  macrocarpa,  14. 

Leucanthemum  lacustre,  400. 

Lézards  (Chasse  aux),  403. 

Liatris  pycnostachya,  324. 

Lierre  à fruits  rouges,  51. 

Lilas  (Des)  à petites  feuilles,  79.  — L.  à fleurs 
doubles,  550.  — Duplicature  spontanée,  266.  — 
Les  expéditions  de  Lilas  blanc  en  Angleterre,  73. 
— Floraison  anormale,  530, 

Lilium  Canadense  rubrurn,  410.  — L.  Hansoni, 
295.  — L.  Harrisii,  211. 

Lille  au  point  de  vue  horticole,  63. 

Limaces,  — Destruction,  195, 

Lis,  — Origine  du  Lis  blanc,  122.  — Arrivage  de 
Lis  japonais,  50.  —Nouveau  mode  de  multiplica- 
tion des  Lis,  505. 

Lunaire  bisannuelle,  plante  nouvelle  pour  bouquets 
d’hiver,  386. 

IW 

Magnolia  Camphelliœ,  28,  315.  — M.  Lenné,  315. 

Mahonia  fascicularis,  124. 

Manulea  oppositifolia,  6. 

Marchés  aux  fleurs  (Visite  des),  245.  — Marché  du 
Château-d’Eau,  414.  — M.  permanent,  485. 

Marronnier  (Variations  du)  à fleurs  rouges,  314. 

Marrubium  Vaillantii,  366. 

Mas  (M.)  et  la  Société  d’horticulture  de  l’Ain,  553. 

Masdevallias  (Culture  des),  83. 

Mastic  à gretTer  à froid,  244,  339,  387. 

Maté,  527.  — Culture  au  Paraguay,  494. 

Medinilla  Curtisii,  555. 

Meeting  international  d’horticulture  à Gand,  148, 
212,  221. 

Melon.  — M,  blanc  du  Japon,  316.  — M.  brodé  Boule 
d’or,  154.  — M.  Cantaloup  de  Vaucluse,  154.  — 
M.  d’eau  hâtif  Seikon,  154.  — Guérison  du 
chancre,  7.  — Alcool  de  Melon,  531. 

Mère  artificielle,  220. 

Methonica  superba,  72, 

Metrosideros  tomentosa,  378. 

Mexique  (Plantations  nouvelles  au),  532. 

Microcachrys  tetragona,  fructification,  51. 

Miel  (Conserve  de  fruits  dans  le),  413. 

Mildiou  (Extension  du),  410. 

Mimulus  cupreus,  284. 

Mirnusops  Balata.  — Un  singulier  empoisonne- 
I ment,  28. 

Monnina  obtusifolia,  444. 

Mouches  phytophages,  218, 

Mousse  (Culture  des  Pommes  de  terre  dans  la), 
435,  — (Culture  des  Ananas,  506. 

Moutarde  tubéreuse,  266. 

Murucuja,  316. 

Musa  Ènsete  à feuilles  panachées,  123. 

Muscade  (La),  554. 

Mussœnda  theifera,  93. 

IV 

Narcisses.  — Particularités  végétales,  342. 

Naturalisation  des  plantes,  282. 


575 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Navet  très-hâtif  de  Milan,  154.  — N.  petit  de 
Berlin  et  N.  de  Teltau,  340,  465. 

Nécrologie  : MM.  A.  F.  Barré,  174  ; Bocquillon, 
293;  Buchetet,  390;  Charpentier,  293;  Cottin 
(Alfred),  461  ; J.  G.  Croux,  125;  G.  Duval  Jouve, 
509;  Duvivier,  198;  H.  B.  Ellwanger,  486; 
Gaillardot,  509;  D.  Granger,  462;  Harpur  Crewe, 
462;  Lamotte  (Martial),  125;  U.  Lévêque,  9; 
J.  de  Liron  d’Airoles,  29;  Pedicino,  509;  Sadler,9; 
W.  Sargent,  28  ; Siemens,  557.  H.  Thierry,  269. 

Nénuphar  (Un  nouveau),  246. 

Nepenthes  Mastersi,  149. 

Nerine  Sarniensis.  — Culture,  94. 

Neviusia  Alahamensis^  173. 

Niaouli,  76. 

Noyer.  — Greffage  Treyve,  294,  347. 

NuttalUa  cerasiformis,  173. 

O 

Odontoqlossum  Euqenes,  337.  — O.  Roezlii  flore 
albo,  120. 

Oïdium.  — Nouveau  remède,  433. 

Œillet  Mignardise.  — Un  nouveau  type,  75.  — 

O.  Mignardise  remontant,  505. 

Oignon  blanc  Globe,  155.  — O.  jaune  de  Ville- 
franche,  114.  — O.  russe  de  conserve.  155. 

Oiseaux  (Les  Wellingtonias  et  les),  217,  265,  313, 
364,  412. 

Olivier.  — Fructification  à Brest,  457. 

Oncidium  ornithorynchum  superbum,  542. 

Ononis  Natrix,  458. 

Onoseris  Drakeana,  180. 

Oranges  triples,  19. 

Orchidées.  — Les  Orchidées  dans  le  midi  de  la 
France,  221.  — Culture  en  chambre  des  Orchi- 
dées tropicales,  346.  — Culture  au  soleil,  404.  — 
Floraison  remarquable,  364.  — O.  gigantesque, 
409.  — Le  prix  des  Orchidées  en  Angleterre,  290. 
— Suspension  nouvelle,  458.  — O.  en  fleurs  chez 
M.  Bleu,  507. 

Ordre  de  Léopold.  — Décoration  de  M.  A.  Lavallée, 
509. 

Orme  du  Nord,  507 . 

Ortgiesia  tülandsioides,  157. 

Ouragan  à Angers,  289. 

P 

Palais  Je  Cristal  français,  146. 

Palissage  au  papier,  98. 

Panorama  pour  l’histoire  naturelle,  486. 

Paraguay  (Plantes  utiles  cultivées  au),  493. 

Parcs  paysagers,  les  plantations,  127. 

Passiflora  atomaria,  201. 

Passiflores  hybrides,  332.  — P.  de  la  Nouvelle 
Grenade,  173. 

Pavonia.  — Un  intéressant  hybride,  196. 

Pêches.  — Quantité  récoltée  annuellement  à Mon- 
treuil, 362.  — P.  Amsden^  385,  410,  459.  — 

P.  Early  Beatrix  au  point  de  vue  de  l’exploita- 
tion, 225.  — P.  Grosse  Mignonne  hâtive,  373.  — 
P.  Petite  Mignonne,  566.  — P.  A lexis  Lepère, 
448.  — P.  Précoce  Chevallier,  276.  — P.  hâtives, 
361,  424.  — P.  hâtives  américaines,  314.  — P.  tar- 
dives, 529. 

Pêcher  (Le)  à Bergerac,  475.  — Culture  à Mon- 
treuil, 431.  — Nécessité  des  caractères  pour  dis- 
tinguer les  Pêchers,  406.  — La  taille,  183 

Pelargoniums  zonales,  69. 

Peristeria  elata.  — Culture,  174,  537. 

Persil  à feuilles  de  Fougère,  114. 

Pé-tsaïe  de  Mongolie,  266. 

Phalangium  lineare  foins  variegatis,  484. 

Phalœnopsis  Sanderiana,  363.  — P.  Stuartiana, 
161. 

Phaseolus  radiatus.  — Essai  d’acclimatation  ,316. 

Phyllanthus  salviœfolius,  175  ; Chantrieri,  537; 
Phyllocalux  edulis,  409. 

Philodendron  Mamei,  104,  492,508. 

Phylloxéra.  — Ses  ravages,  27, 121,  327;  en  Angle- 
terre, 362  ; en  Australie,  217  ; en  Italie,  411  ; en 
Sardaigne,  313.  — Le  prix  de  300,000  francs, 
219.  — Lutte  contre  île  phylloxéra,  366‘.  — Le 
commerce  horticole  et  le  phylloxéra),  485. 


Physalîs  peruviana,  315. 

Pin  rustique  pour  plantations  urbaines,  133.  — 
Concours  sur  la  culture  des  Pins  en  Sologne,  245. 

Pinetum  Britannicum,  554. 

Pinus  austriaca  foliis  variegatis,  422.  — P.  Pence, 
144. 

Pivoines  (Greffe  en  écusson  des)  ligneuses,  398. 

Plagiolirion  horsmani,  362. 

Plantations  dans  les  parcs  paysagers,  127. 

Plantes  (Du  calorique  chez  les),  359.  — Collection 
de  plantes  en  terrines,  322.  — Effets  des  inonda- 
tions, 360.  — P.  chinoises,  culture  expérimen- 
tale, 266.  — P.  égyptiennes  de  l’antiquité,  293. — 
P.  grimpantes,  318,  391,  487,  559.  — P.  bulbeu- 
ses de  l’Asie  centrale,  482.  — P.  d’introduction 
récente  à l’exposition  de  la  Société  nationale 
d’horticulture  de  France,  500. 

Pluie  de  pollen,  362. 

Poire  Barillet-Deschamps,  167. — P.  Belle  des 
Abrés,  408.  — P.  Bési  de  Chaumontel,  erreur 
par  synonymie,  26.  — P.  Charles  Cognée,  529, 
565.  — P.  Chinoise  de  Tigery,  61.  — P.  Léoti 
Déjardin,  168.  — P.  Directeur  Alphand,  267. 
— P.  dorée  de  Montgriffon,  96.  — P.  Etric- 
tiade,  77.  — P.  Gros-Trouvé,  168.  — P.  Mar-r 
guerite  Marillat,  348,  387,  428.  — P.  Beine  des 
tardives, 568.  — P.  Shobden  Court,  408.  — P.  Tar- 
dive d^ Anvers,  456.  — P.  Victoria  Williams, 
288.  — P.  monstrueuses,  243. 

Poirier,  cas  de  floraison  précoce,  170,  266.  — Ob- 
tension  de  nouvelles  variétés,  321.  — h'Æci- 
dium  cancellatum,  475.  — Utilisation  des  Poi- 
riers japonais  comme  porte-fruits,  260.  — P.  de 
la  Chine  et  du  .lapon,  539. 

Pois  Criterion,  114.  — P.  Fillbasket,  114.  — P. 
Merveille  d' Amérique,  115.  — P.  Merveille 
d'Étampes,  153.  — P.  sans  parchemin  très-nain 
à châssis,  155.  — P.  Shah  de  Perse,  114.  — P. 
Téléphone,  114.  — Variétés  de  Pois  nains,  490. 
— Polygonum  Sachalinense,  388. 

Pommes.  — Classification,  85.  — Développement 
anormal  d’une  Pomme,  303.  — Synonymie  des 
Pommes  Locy,  Quétier,  Duchâtel,  180.  — P. 
de  Bretagne  ou  Drap  d'or  de  Bretagne  et 
P.  Golden  noble,  522.  --  P.  Calville  Madame 
Lesans,  113.  — P.  Etienne  Pioux,  17. — P.  Mill- 
iers Spitzapfel,  167.  — P.  Beinette  von  Go- 
mond,  528.  — P.  Beinette  verte  d' Autriche,  395 
— P.  Sabarot,  17.  — P.  Sans  pépin,  138.  — P. 
Wagener,  456. 

Pommes  de  terre.  — Culture  dans  la  mousse,  435. 
— Exposition  au  Palais  de  Cristal,  460.  — P.  de 
terre  Éléphant  blanc,  25,  115.  — P.  de  terre 

Excellente,  naine,  102.  — P.  de  terre  Joseph  Bi- 
gault,  518.  — P.  de  terre  de  Malabry,  115.  — 
P.  de  terre  Ohrond,  496. 

Pommiers.  — Greffe  sur  genoux,  385.  — P.  greffés 
sur  Poiriers,  417.  — Variétés  résistantes,  155, 
479.  — P.  à couteau  croissant  à l’état  sauvage, 
122.  — P.  châtaignier  d’hiver,  252  — P.  Paradis 
jaune,  338.  — P.  Reinette  Ohio,  167. 

Pomologie  (Histoire  de  la),  532. 

Populus  alba  Bolleana,  52. 

Porte-fleurs  pour  boutonnière,  90. 

Poteaux  (Conservation  des),  291. 

Pots.  — Lavage,  197. 

Primes  d’honneur  en  faveur  de  l’horticulture  et  de 
la  petite  culture,  242. 

Primevères.  — Nouvelles  espèces,  27. 

Pritchardia  filifera  (Le)  à Lisbonne,  5.  — P. 
Vuylstekeana,  329. 

Prix  Laisné  à l’établissement  des  pupilles  de  la 
Seine  à Villepreux,  389. 

Professeur  d’arboriculture  de  la  Ville  de  Paris.  — 
Nomination  de  M.  Nanot,  241. 

Promenades  dans  les  jardins  du  Midi,  21. 

Prunes  d’automne  de  Schamal.  312.  — P.  Quetsche 
de  Létricourt,  312  — P.  Yellow  Damask,  407. 

Prunier.  — Les  premières  fleurs  en  1883,  146.  — 
Production  spontanée  d’un  Prunier  à fleurs  dou- 
bles, 243.  — P.  Myrobolan  à fleurs  doubles, 
453. 


576 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  'DES  MATIÈRES. 


Prunus  J acqiiemonti,  861.  — P.  Pissardi,  Q8, 
48*2.  — P.  triloba  (Fructification  du),  367. 

Pucerons  (Nouveau  procédé  pour  détruire  les)  du 
Pêcher,  7. 

Puceron  lanigère  du  Pommier,  147,  327,  386,  507. 

Pudding  de  Roses,  363. 

Pueraria  Thunbergiana.  — Prix  fondé  par  le  Jar- 
din d’Acclimatation,  266. 

Punaises  (Remède  contre  les),  vulgairement  Tigres 
de  bois,  365. 

Q R 

Quinquina  (Acclimatation  du)  dans  l’Assam,  532. 

Radis  (Trois  récoltes  dans  un  même  semis,  563. 

Rage  (La)  et  son  traitement,  502. 

Ramo7idui  pyre7iaica.  — Sa  culture,  16- 

Raisin  Glady,  435.  — R.  de  Saint-Pierre  ou  du 
Saint-Père,  177.  — Conservation  des  Raisins, 
505.  — Nuilure  des  Râlles,  530. 

Raphanodes  (Les),  530. 

Raves  gigantesques,  63. 

Reboisement  de  l’Algérie,  472. 

Revue  des  publications  étrangères,  454,  477. 

Rhododendrons  à fleurs  doubles,  278.  — Les  mas- 
sifs, 457.  — R.  hybride  nouveau,  485. 

Rhubarbe  (Conserves  de),  388.  — (Nouvelles), 
hybrides,  420. 

Richardia  Æthiopica,  298,  336.  — R.  ÆtJiiopica 
maxhna,  429. 

Ribes  Lobbi,  124. 

Robinia  pseudo-Acacia  Ressoniana.  — Multipli- 
cation, 476. 

Rosa  berberifolia,  173.  — R.  Ecœ,  316.  — R.  po- 
hjantha\  nouveau  sujet  pour  la  greffe  des  Ro- 
siers, 317. — R.  polyantha  Mademoiselle  Cécile 
Brunner,  48. 

Rose.  — Les  Roses  au  XIXc  siècle,  146.  — R.  Ma- 
réchal NieU  77.  — R.  Paul  Neyron,  387.  -r.-  R. 
Queen  of  queens,  460. 

Roses  Trémières  (Maladie  des),  74,  147. 

Rosier.  — R.  Willia^n  Fraficis  Beiinett,  363.  — 
Pl.  Gloire  de  Dijon,  1 on  à forcer  et  bon  pour 
tous,  365.  — R.  Manetti,  son  origine,  142.  — 
Nouveau  sujet  pour  la  greffe,  317.  — Greffe  sur 
semis  d’Eglantiers,  340,  438.  — Sur  les  nou- 
velles variétés  mises  au  commerce,  412. 

Rubus  rosœfolius  ^oronarius , 215. 

Russie.  — Les  produits  du  jardinage  en  hiver  à 
Moscou,  229. 

S 

Salpichroma  rhomboideum,  525. 

Saxi fraya  ligulata,  158. 

Sciadopitys  verticillata  (Fructification  en  France 
du),  411. 

Scilla  campa^mlata,  65. 

Scolopendres  (Maladies  des),  148.  — Scolopen- 
drium  officinale  Valloisi,  506. 

Sécateur  échenilloir,  42. 

Sedum  sempervivum,  139. 

Selaginella  grandis,  268. 

Selenipedium  caudatwn,  351. 

Senecio  deltoideus,  416. 

Serre-Ecole  à Versailles.  481. 

Serre-Galerie,  159.  — Les  serres  au  point  de  vue 
de  la  culture,  161. 

Sexes  des  plantes.  — Nouvelles  observations,  91. 

Shortia  californica,  41. 

Sibthorpia  europæa  variegata,  509. 

Société  nationale  d’agriculture  de  France.  — 
Séance  de  distribution  des  récompenses,  358. 

Société  d’horticulture  de  l’Ain,  523. 

Société  nationale  d’horticulture  de  France.  — 
Comptes-rendus  des  séances,  15,  43,  66,  88,  118, 
141,  164,  188,  214,  238,  254,  276,  310,  326,  355, 
377,  397,427, 450,  474,  495,  520,  547,  567.  — Elec- 
tion de  M.  Bleu  comme  secrétaire  général,  289. 


Société  pomologique  américaine,  221. 

Société  pomologique  de  France,  533. 

Soja  d’Etampes,  115.  — Le  Soja  au  point  de  vue 
culinaire,  147.  — Essais  d’acclimatation,  315,  — 

S.  vert  du  Japon,  315. 

Sola72um  platense,  210. 

Soldanelles  (Les),  178. 

Soufrage  des  Vignes,  339. 

Spirœa  palmata  alba,  411. 

Spinovitis  Davidi,  53. 

Spirœa  Lindleyana,  i91. 

Statice  Smvoroioi,  513. 

Stenoynesson  Hartwegii,  396. 

Streptocalyx  Vallerandi,  195. 

Streptosolen  Jaynesoni,  36. 

Sulfatage  des  paillassons,  ficelles,  toiles,  etc.,  475. 

Suspension  nouvelle  pour  les  Orchidées,  458. 

T 

Tabac.  — Culture  au  Paraguay,  493. 

Tecophilœa  cyano-crocea,  226. 

TeloiJea  speciosissima,  34. 

Température.  — Le  temps,  25,  49,  125,  145,  313, 
361.  — Les  journées  pluvieuses  en  1882,  73,  125. 
— Nice  et  Paris  à propos  du  temps,  75.' — L’hiver 
1882  en  Russie,  97.  — Les  effets  du  froid  dans  le 
midi  de  la  France,  193.  — Irrégularité  des 
saisons,  433. 

Thymus  origanoides,  38. 

Tigre  (Remedes  contre  le),  6,  147. 

Tilia  dasystyla,  567. 

Tillayidsia  Zahni  ynagnifca,  62. 

Tomate  Président  Garfeld,  115.  — Vinaigre  de 
Tomates,  229. 

Toile  (Remède  contre  la),  145. 

Topinambours  (Alcool  de),  435. 

Transformation  des  yeux  en  boutons,  opinion  de 
M.  Tourasse,  26. 

Tricyrtis  hirta,  297. 

Tiutoma  piwiila,  ¥20. — T.  uvaria  grandi  fora, 

T.  Saundersi,  T.  nobilis,  525. 

Tulipes.  — Particularités  végétales,  343.  — T.  hâ- 
tives, 371. 

Tuteurs.  — Lenr  conservation,  291. 

\ \l  X Y 

JTmda  Loivi,  483.  — Floraison  gigantesque,  438. 

Vaporisateur  Landry,  306. 

Végétation  (Du  climat  et  de  la),  286.  — (Force  de 
la),  531. 

Végétaux.  — Influence  des  milieux,  316. 

Veitchia  Joayims,  344. 

Veroyiica  prostrata,  268. 

Vers  de  terre.  — Le  camphre  comme  ennemi,  25. 

Vignes.  — Nouveau  m.ode  de  greffage,  258.  — 
Greffe  sur  TAirelle,  459.  — Le  soufrage,  339.  — 
Taille  à fruit  des  Vignes  rebelles,  404.  — Trans- 
formation des  vrilles  en  grappes,  317.  — Traite- 
ment spécial,  137.  — La  Vigne  dans  le  sud-est, 
327.  — La  Vigne  et  ses  ennemis  au  Kahsmir, 
260.  — Culture  à Srinagar,  418.  — Les  dernières 
Vignes  dans  l’intérieur  de  Paris,  507. 

Vignes  américaines  porte-greffes,  436. 

Vignes  arabes,  287. 

Vignes  chinoises,  412. 

Vignes  tuberculeuses  de  la  Cochincbine,  50,  182, 
378,  438. 

Villa  Tourasse.  — Mise  en  vente,  149. 

Vinaigre  de  Tomates,  219. 

Vins.  — La  récolte  en  Algérie,  121, 

Vitis  Ronianeti.  53. 

Vriesea  Bayùlleti,  394.  — TL  tesscllata,  116. 

Wellingtonias  (Les)  et  les  oiseaux,  217,  265,  313, 
364,  412. 

Xayythoceras  sorbifolia.  — Culture  florale  107. 

Yucca.  — Les  nouveaux  Yuccas  de  M.  Deleuil, 
109. 


FIN  DE  LA  TABLE  DU  VOLUME  DE  1883. 


Georges  Jacob,  — Orléaas, 


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